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Commission de l'éducation
Crédits du ministère
Séance du 22 avril 1969
(Seize heures, treize minutes)
M. PROULX (président de la commission de l'Education): A l'ordre!
M. le Ministre, s'il vous plaît.
M. CARDINAL: M. le Président, il me fait plaisir de satisfaire le
voeu, semble-t-il, assez commun que les crédtis du ministère de
l'Education soient étudiés au plus tôt. Vous me permettrez
cette année, vu que je participe à cette commission au même
titre que ceux qui sont ici à cette table, de présenter mes
crédits par un texte préliminaire qui donnera un ensemble de
réponses de principe et qui comparera le budget de l'an passé
à celui de cette année; quitte par la suite, comme par le
passé, à répondre à toutes les questions,
recueillir tous les documents qui sont nécessaires et à les
déposer devant cette commission.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
me permettrait de dire un mot au début. Je comprends qu'il doit
faire...
M. CARDINAL: S'il est court, M. le Président.
M. GERIN-LAJOIE: Chacun pourra juger; le ministre pourra intervenir
à sa guise, laissant évidemment au président le soin
d'agir dans son rôle de président.
Le ministre nous a annoncé qu'il voulait faire, comme c'est la
coutume, un exposé général à l'occasion du poste
budgétaire numéro 1. Mais avant que cet exposé ne soit
fait, j'aimerais soulever une question qui implique la procédure des
documents et des renseignements dont nous pourrons avoir besoin au cours de
l'étude des crédits de l'Education.
Voici le premier point que j'aimerais soulever: Il y a au moins une ou
deux questions au feuilleton, auxquelles nous aimerions avoir des
réponses au cours de l'étude des crédits, en particulier
sur le montant des emprunts bancaires des commissions scolaires, à des
dates qui sont spécifiées dans la question qui est au feuilleton,
1969, 1968, 1967.
D'autre part, la question plus vaste que j'aimerais soulever tout de
suite, c'est une question qui se rapporte à la situation concernant les
enseignants au Québec. La question de la négo- ciation des
conventions collectives entre les enseignants, les commissions scolaires et le
gouvernement, de même que les conventions collectives entre les
enseignants et les CEGEP d'autre part, relève, nous le savons, à
l'Intérieur du partage des responsabilités gouvernementales, du
ministre d'Etat à la Fonction publique.
C'est un sujet que nous ne pouvons ignorer à l'occasion de
l'étude des crédits de l'Education. Toute la question des
enseignants, ça touche à la question de la formation, ça
touche à la tâche des enseignants tout autant qu'à l'aspect
financier.
Dans les circonstances, M. le Président, j'aimerais, au tout
début, signaler la gravité de la situation dans laquelle nous
nous trouvons. Aujourd'hui même, il y a grève d'une centaine de
mille enseignants au Québec et il y a menace de grève dans divers
groupes. Enfin, d'une façon plus générale, des conventions
collectives sont en vole de négociation, depuis maintenant un an et demi
ou environ et ne sont pas encore arrivées à
échéance. Mais bien au contraire, les négociations sont
arrivées dans une impasse complète. Le ministre d'Etat à
la Fonction publique nous a dit, tout à l'heure à
l'Assemblée nationale, qu'il n'y a aucune réunion de
négociations en cours depuis l'échec de la médiation du
juge Lippé dans le secteur des commissions scolaires.
Cette situation est grave. Je ne doute pas que, du côté du
gouvernement, on s'en rende compte, mais la gravité de la situation
exige non seulement que le gouvernement fasse ce qu'il croit devoir être
fait, mais que les membres de l'Assemblée nationale et en particulier,
de la commission de l'éducation, se renseignent le plus à fond
possible sur cette question pour qu'ils soient à même de juger et
d'éclairer l'opinion publique.
Le rôle d'une commission comme celle-ci, je pense bien que nous en
conviendrons tous, c'est d'analyser l'administration gouvernementale, secteur
par secteur. La responsabilité de la commission de l'éducation,
en particulier c'est bien d'analyser toute l'administration du secteur de
l'éducation par le gouvernement, de façon que le public soit le
mieux renseigné possible.
M. le Président, nous savons que la situation est grave au point
que, dans certains cas, les études de divers groupes
d'élèves sont mises en cause. Et d'une façon plus
générale, je pense que je peux qualifier de pourrissement
général la situation dans le domaine des relations entre les
enseignants et leurs employeurs, que ce soit dans les commissions scolaires et
dans les CEGEP. Et incidemment, dans les CEGEP, je pense que nous ne pouvons
pas iso-
ler complètement la question des négociations qui
n'aboutissent pas, de celui du climat général d'insatisfaction,
d'inquiétude, de contradiction auquel est en butte ce secteur de
l'enseignement Alors, pour que les membres de cette commission soient le mieux
renseignés possible sur toute cette question des négociations, M.
le Président, il est de mon devoir de proposer que cette commission
convoque et entende, à sa prochaine séance, les personnes
susceptibles de la renseigner: a) sur l'échec des négociations et
l'échec de la médiation entre le gouvernement, les commissions
scolaires et les enseignants; b) sur l'impasse résultant de ces
échecs successifs; c) sur les dispositions que le gouvernement entend
prendre pour éviter la perte d'une année scolaire par les
élèves; d) sur les moyens que le gouvernement devrait prendre
pour favoriser la conclusion d'une convention collective.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne voudrais soulever une
question de procédure...
M. GERIN-LAJOIE: Deuxièmement pour terminer cette motion
que J'ai devant moi et dont je transmets une copie au président et au
ministre de l'Education que les personnes suivantes soient
convoquées pour mercredi, demain, le 23 avril, à 3 heures de
l'après-midi, qui est la prochaine séance de la commission,
à savoir:
M. Raymond Laliberté, de la Corporation des enseignants du
Québec;
M. Mathias Rioux, de l'Alliance des professeurs de Montréal;
M. William Breier et M. Kevin Quinn, du Provincial Association of
Catholic Teachers;
Dr Allana Reid Smith et M. Donald Peacock, du Provincial Association of
Protestant Teachers;
M. Fernand Lefebvre, de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec;
M. André Gagnon, de la Commission des écoles catholiques
de Montréal;
M. Wilbrod Bherer, de la Commission scolaire de Québec;
M. A.R. Tilley, du Quebec Association of Protestant School Board;
M. R. A. McKeawon, du Protestant School Board of Greater Montreal.
Troisièmement, que la commission décidera plus tard des
autres personnes à convoquer.
Voilà le texte de la motion que j'ai l'honneur de soumettre
à la considération de cette commission.
M. CARDINAL: A la première question qu'a posée le
député de Vaudreuil-Soulanges, quant aux questions qui sont
déjà inscrites au feuilleton et d'une en particulier sur les
emprunts bancaires, nous pourrions, dès maintenant, informer cette
commission que d'ici quelques jours deux ou trois jours nous
serions en mesure de fournir tous ces renseignements.
Quant à la deuxième partie, vous me permettrez d'exprimer
une certaine surprise. On m'avait parlé de deux questions. Or, comme
cela s'est déjà produit à cette commission où f
aurais désiré qu'il y eut beaucoup d'efficacité et que
l'on étudie les crédits du ministère, c'est une motion
devant laquelle nous nous trouvons.
Vous me permettrez quelques brefs commentaires parce que je ne voudrais
quand même pas retarder indûment les travaux de cette commission et
déplacer des questions.
L'un des problèmes qui concernent justement les
négociations, c'est de savoir, à quel endroit, par rapport au
bill 25 de l'an dernier, comme l'a indiqué le ministre
délégué à la Fonction publique, ces
négociations doivent se dérouler, de savoir s'il y a convocation
devant un comité, à quel comité il appartient justement de
convoquer des gens, de les recevoir et de les interroger.
Je pense, M. le Président, que l'on doit se rendre compte qu'une
telle question relève directement des négociations et des
modalités des négociations. Je pense que, pour l'avantage de la
population, l'avantage des étudiants, l'avantage des enseignants,
l'avantage de ceux qui représentent ce que nous pouvons appeler, dans ce
domaine, « la gestion », les fédérations des
commissions scolaires, nous ne pouvons, à la suite d'une motion
semblable, sans examiner la situation, en l'absence du ministre directement
responsable des négociations et qui en connaît l'état,
prendre une décision qui engagerait l'avenir des négociations,
qui, déjà, les détournerait peut-être, Je n'en sais
rien, de leur route actuelle, et qui, peut-être, ne serait pas,
malgré les apparences, un avantage pour aucune des parties
concernées.
Je constate, comme tous les membres de cette commission, que le ministre
d'Etat délégué à la Fonction publique, responsable,
à la demande même des syndicats, au nom de tout le gouvernement,
n'est pas membre de la commission permanente de l'éducation de
l'Assemblée nationale, comme il l'était de l'ancien
comité. C'est pourquoi je pense qu'il faut dans ce
domaine des conventions, et c'est la nature de ce domaine
user d'une prudence minimale dans l'intérêt des véritables
solutions qui peuvent être apportées et des véritables
intérêts de toutes les parties concernées, plutôt que
d'en faire un instrument d'attaque contre le gouvernement, à l'occasion
de l'étude des crédits du ministère de l'Education.
J'ai, avec plaisir, parce que je m'attendais à des
questions qui auraient pu aider tous les membres de la commission et tous les
membres de l'Assemblée nationale à accomplir ce devoir avec plus
d'efficacité laissé la parole au député de
Vaudreuil-Soulanges, avec le résultat que nous nous trouvons maintenant
dans cette situation; et au lieu d'expliquer généralement le
budget du ministère, la politique de ce ministère,
d'établir des points de comparaison avec le passé, d'indiquer ce
que nous entendons faire pour le bien du Québec, pour l'avenir des
étudiants, nous nous trouvons devant une question de procédure
qui se rapporte à une question dont nous ne savons même pas si
elle, est dans le moment, de la compétence directe de cette commission:
commission permanente de l'éducation de l'Assemblée
nationale.
Je ne puis donc pas, au nom du gouvernement, accepter ceci d'une
façon aussi superficielle, même si nous croyons à
l'entière bonne foi de celui qui a proposé cette motion, qui
recherche certainement, comme nous, le bien-être de toute la population
du Québec Je ne puis donc pas, M. le Président, me prononcer en
faveur de cette motion et l'accepter comme s'il s'agissait d'une simple motion
de procédure qui n'engageait pas les intérêts
supérieurs à une simple proposition qui pourrait
immédiatement régler un problème urgent, important, mais
qui n'est peut-être qu'une apparence de solution, qui n'est
peut-être pas conforme aux solutions que le gouvernement entend apporter
à ce problème des négociations avec les enseignants au
niveau des commissions scolaires et au niveau des collèges
d'enseignement général et professionnel.
M. CHOQUETTE: M. le Président, puis-Je avoir la parole s'il vous
plaît?
M. le Président, à l'appui de la motion du
député de Vaudreuil-Soulanges, je voudrais demander au ministre
il pourra me répondre tout à l'heure ce qui est
urgent aujourd'hui d'après lui. Est-ce que c'est de comparer le budget
actuel ou le budget tel que déposé par le ministère de
l'Education par rapport à l'ancien budget de l'Education ou est-ce que
c'est le fait de grèves tournantes qui ont été
déclenchées à partir d'aujourd'hui et qui affectent
100,000 élèves anglophones ainsi qu'environ 6,000
professeurs.
Par conséquent, ce qui est urgent et c'est, je pense,
assez évident ce sont ces grèves qui atteignent le secteur
un secteur très important dans le domaine de
l'éducation. Par conséquent, il me semble qu'il est absolument
clair et évident qu'il ne s'agit pas d'une motion de procédure,
comme l'a qualifiée le ministre de l'Education, mais qu'il s'agit, au
contraire, d'une motion qui va directement à une des questions urgentes.
Je pense que c'est le devoir de l'Opposition de soulever immédiatement,
dès l'ouverture de l'étude des crédits de l'Education,
cette question, puisque c'est la question qui est en train de brûler au
ministère de l'Education.
Le ministre, au cours de son exposé, en réponse à
celui du député de Vaudreuil-Soulanges, a dit: Je ne sais
même pas si c'est le comité qui est compétent en la
matière pour étudier cette question-là. Or, je lui
rappellerai que, lorsque nous avons étudié la question de la
politique salariale du gouvernement au comité de la Régie des
alcools, nous avons étudié cette question au comité des
Régies gouvernementales à caractère industriel et
commercial et, dans les circonstances où nous nous trouvons
actuellement, nous sommes vis-à-vis de grèves qui affectent le
domaine de l'éducation. Alors, je ne vois de commission qui soit plus
compétente que celle de l'éducation pour étudier,
justement, la situation.
Egalement, le ministre disait: Le ministre d'Etat à la Fonction
publique n'est pas ici. Eh bien, le ministre d'Etat à la Fonction
publique peut très bien se rendre à la séance de la
commission, il a le droit de parole, il n'a pas besoin d'être membre du
comité. D'ailleurs, la demande de convocation du député de
Vaudreuil-Soulanges n'est pas une demande de convocation immédiate. Elle
est, je pense, pour dans deux jours.
M. GERIN-LAJOIE: Pour demain.
M. CHOQUETTE: Pour demain. Alors, le ministre d'Etat à la
Fonction publique pourra être i la commission et faire valoir la position
gouvernementale à l'occasion des négociations dans le secteur de
l'éducation.
M. le Président, ce qui m'a étonné, c'est que le
ministre de l'Education n'ait pas rentré dans le mérite des
questions qui créent les divergences entre les parties et la table des
négociations. Suivant ce que j'ai entendu dire, ces divergences portent,
d'une part, sur la participation des enseignants au niveau du
procès-
sus de décision dans l'enseignement. Ceci est un premier point
où il y a divergence entre les négociateurs gouvernementaux ou la
partie patronale d'une part et les enseignants d'autre part. Or, il s'agit bien
là, me semble-t-il, d'une question sur laquelle les
députés ont le droit d'exprimer leurs vues 2 la commission de
l'éducation et non pas à une autre commission. Il me semble que
le ministre de l'Education a une responsabilité immédiate
à cause de son mandat de ministre de l'Education, enfin, de voir
jusqu'à quel point la participation des enseignants sera reconnue dans
le processus des décisions.
Par conséquent, c'est une question qui intéresse nettement
le ministre de l'Education comme tel.
Il y a, également, la charge de travail qui est l'autre domaine
où il y a divergence de vues entre la partie patronale ou le
gouvernement d'une part, et les enseignants d'autre part. Mais là,
encore, la détermination des devoirs et de la charge de travail des
enseignants, c'est une question qui regarde le ministre de l'Education d'une
manière immédiate. Et le pourrissement comme le
décrivait tout à l'heure le député de
Vaudreuil-Soulanges de la situation dans le domaine de l'enseignement,
puisqu'il y a maintenant plus de deux ans que le bill 25 a été
voté, que les enseignants n'ont pas de convention collective librement
négocié, qu'ils sont en négociation, comme on le sait,
depuis je ne sais pas combien de temps, eh bien, devant ce pourrissement, je ne
vois pas que le ministre de l'Education puisse se laver les mains de la
situation actuelle et dire: Je vais laisser faire les choses et je ne prendrai
pas mes responsabilités. Je ne ferai pas l'effort de voir à ce
que les principales parties intéressées à ce conflit
soient convoquées devant la commission et puissent expliquer leur point
de vue.
On sait quels ont été les résultats, assez heureux,
de cette façon de procéder dans le conflit de la Régie des
alcools. Je n'ai qu'à le rappeler au ministre de l'Education. Lorsque
nous avons siégé de cette façon-là, à la
commission des Régies gouvernementales à caractère
industriel et commercial, pendant le même temps que nous siégions,
les parties négociaient et en sont arrivées à des accords
sur différents points qui ont, évidemment, contribué a la
solution définitive du litige, qui s'est produite quelque temps plus
tard.
Finalement, un dernier point qui me parait fondamental, c'est que, si le
ministre de l'Education ne veut pas prendre ses responsabilités et si le
moral, disons des enseignants du Québec doit être affecté
par ces négociations extrê- mement longues, par cette absence de
convention de travail librement négociée, par, enfin ce jeu qui
se joue actuellement entre la partie patronale et la partie syndicale, le
ministre de l'Education doit avoir à coeur le maintien du moral, en
quelque sorte, du corps enseignant dans le Québec.
Je pense que la requête du député de
Vaudreuil-Soulanges arrive à point et qu'il ne s'agit pas, comme je le
disais tout à l'heure, d'une question de procédure mais d'une
question qui intéresse l'enseignement, d'une façon
immédiate, et peut-être tout l'avenir de notre enseignement.
M. CARDINAL: Le député vient d'émettre une
série d'opinions. Sur plusieurs de ces points, nous ne sommes pas
d'accord avec les affirmations du député.
Tel n'est pas le problème qui est devant nous, lors de la
convocation de cette commission, et, même si ce problème est
urgent et, même si on reconnaît son urgence et son importance, il
ne doit pas, justement, parce qu'il est urgent, tel est le cas, parce qu'il est
important, tel est le cas, être résolu à la
légère, à la suite d'une motion de cette nature.
L'Opposition peut demander un débat d'urgence en Chambre sur une
question semblable. Je serais surpris que cela puisse se faire, à la
commission, à l'occasion du début de l'étude des
crédits.
L'on répond que le ministre d'Etat pourrait être
présent demain. Il sera présent demain, mais alors le lit sera
fait et les décisions seront prises avant que nous ne l'ayons attendu et
sans qu'il n'ait été prévu. Ne serait-ce que le jeu normal
des assemblées délibérantes de la démocratie, je
pense que l'on aurait dû l'informer que l'on entendait, à
l'occasion de l'étude des crédits du ministère,
procéder de cette façon.
Le mandat de la commission, d'ailleurs, et j'y reviens, est
l'étude des crédits. Présentement, nous n'avons pas, le
mandat de la Chambre pour convoquer des personnes, à ce que je sache.
Et, il y a toute une série d'affirmations qui ont été
faites par le député et qui me semblent gratuites. Il a
mentionné que la façon de mes affirmations indique que je ne veux
pas prendre mes responsabilités, que je me lave les mains du
problème. Je n'ai fait aucune affirmation, qui permette une semblable
interprétation, bien au contraire. Les quelques mots qu'il m'a
été permis de dire au début de cette séance, alors
que nous avons eu la courtoisie de laisser la parole au député de
Vaudreuil-Soulanges, ont été, justement, pour informer
les membres de cette commission que nous étions a leur
entière disposition pour répondre à toutes les questions,
déposer tous les documents, expliquer toutes les politiques du
ministère et du gouvernement, en ce qui concerne l'éducation.
Encore une fois, je pense qu'il ne faudrait mélanger les
problèmes. Si nous reprenons du début les négociations,
à compter du bill 25, faut-il répéter pour la xième
fois que ce sont les membres eux-mêmes des corps enseignants qui ont
demandé, non pas que le ministre de l'Education soit à cette
table de négociation, mais que le gouvernement lui-même, dans son
entier, délègue quelqu'un qui représente à cette
table, avec les représentants des fédérations des
commissions scolaires et les représentants des grands syndicats des
enseignants, qui représente le gouvernement pour que, sans cesse dans
les cadres du mandat qui lui sont donnés par le gouvernement il puisse
agir dans le meilleur intérêt, encore une fois, de toutes les
parties intéressées.
Il ne faudrait pas que nous ne nous rendions pas compte de la
façon dont tout s'est déroulé et dans quel esprit tout
s'est déroulé jusqu'à présent pour que tout
à coup, à la suite d'une motion, au sujet de laquelle une
quantité de questions concernant la procédure seraient
soulevées, qui n'aideraient en rien sinon en apparence à
régler un problème urgent, un tel débat se tienne ici et
que, pendant ce temps-là, nous ne réglions ni un problème
ni l'autre, c'est-à-dire que nous ne réglions pas le
problème des négociations, ou que nous le réglions d'une
façon hâtive. Ce n'est pas à cette table que les
négociations doivent être remplacées tout à coup,
comme si elles étaient absolument terminées et comme si toutes
les parties en cause ne voulaient plus se rencontrer, ce qui est
déjà supposer des faits qui n'existent pas.
Cet après-midi même nous avons entendu des réponses
du ministre responsable dans ce domaine. Ce n'est pas, de la part d'un autre
ministre, un manque de responsabilité. C'est au contraire un sens de la
responsabilité, devant un problème véritable, que de ne
pas sauter sur la première occasion de vider toute l'affaire et de dire:
Tiens, cela est réglé.
Bien au contraire, je pense que, lorsque nous avons, dans un
gouvernement, donné un mandat précis à un ministre de
négocier avec des parties identifiées, il ne faut pas subitement,
à la suite d'une motion, remplacer cette table par une autre dont le
mandat principal et dont la raison de la convocation... Nous ne sommes plus
avec les règlements de l'an passé, nous ne sommes plus avec
exactement les mêmes comités que l'an passé. D'ailleurs,
nous employons peut-être parce que c'est la première fois
des termes qui ne sont pas toujours les bons termes pour désigner
ces nouvelles commissions, nous référons à des faits
passés dans une situation nouvelle.
Par conséquent, je répète ce que j'ai
mentionné tantôt. Il ne s'agit pas de reculer devant des
responsabilités, il ne s'agit pas de refuser de régler un
problème, il s'agit de le faire sans réflexion, sur le champ,
à la suite d'une motion qui vient d'être déposée et
dont le délai d'exécution n'est même pas de 24 heures, au
moment où nous étudions cette motion.
Ce n'est pas que le gouvernement se sente pris par surprise. C'est tout
simplement que l'on détourne le mandat de cette commission au moment
mime où, pour la première fois, elle commence ses travaux, alors
que depuis des semaines, en Chambre, on nous pose des questions et que l'on dit
sa hâte d'entendre toutes les réponses sur certains
problèmes concernant l'administration directe du ministère de
l'Education.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais appuyer la
résolution du député de Vaudreuil-Soulanges et avec le
plus grand respect, M. le Ministre, je crois que la situation est très
urgente.
Dans mon comté, les étudiants ne sont pas en grève,
mais ils font des démonstrations. Deux sur trois des sièges
sociaux des syndicats se trouvent dans le comté de
Notre-Dame-de-Grâce. Un de ces syndicats est en grève et l'autre
veut faire la grève.
M. le Président, nous sommes devant une situation où la
conciliation et la médiation ont conduit les parties des deux
côtés à un cul-de-sac. Le gouvernement a formellement
refusé l'arbitrage par ses déclarations en Chambre
récemment.
Lss protestants sont prêts à régler, soit la partie
patronale et la partie syndicale.
Les catholiques de langue anglaise sont prêts à
régler. Les deux côtés. Mais, le gouvernement n'est pas
prêt à agir et donc, en conséquence, nous avons aujourd'hui
une grève qui affecte 100,000 citoyens de notre province et, de plus,
6,000 enseignants. Je crois que c'est un cas très urgent, M. le
Président.
En effet, nous avons deux recours, soit que les enseignants se mettent
en grève ou, parce qu'il n'y a pas de médiation, ni de
conciliation, ni d'arbitrage, qu'il y ait un forum où les parties
peuvent, au moins, communiquer. Je crois qu'ici, dans cette salle et à
cette commission, c'est l'endroit.
Je note aussi que la population s'inquiète depuis longtemps. Hier
soir, j'ai eu une réunion dans mon comté. J'ai posé la
question: Avez-vous des questions sur n'importe quel sujet? Nous n'avons pas
parlé que des enseignants. Le seul sujet...
Je voudrais, en effet, répéter brièvement mes
arguments. D'abord il y en a six. 1) La conciliation est terminée sans
succès. 2) La médiation est terminée sans succès,
sans aucune entente. 3) L'arbitrage a été refusé par le
gouvernement. 4) Il n'y a pas beaucoup de différends entre les parties.
Les protestants, en effet, règlent leur cas et les catholiques de langue
française. 5) Le gouvernement a refusé des négociations
séparées et, encore en Chambre, cet après-midi, à
la question que j'ai posée, le gouvernement n'a offert aucune solution
aujourd'hui ni jeudi dernier. 6) En conséquence, M. le Président,
il n'y a pas d'autre forum que cette commission et je crois que les parties
peuvent expliquer pourquoi il n'y a pas d'entente, y compris le
gouvernement.
Donc, j'appuie la motion.
M. CARDINAL: M. le Président, vous me permettez. Je ne nie ni
l'urgence, ni l'importance encore une fois. Mais tout simplement, nous
n'acceptons pas la motion proposée comme étant la solution la
meilleure au problème des négociations.
C'est pour cette seule et unique raison. Il ne sert à rien
d'interpréter cette prise de position et d'invoquer une multitude
d'arguments qui reposent sur l'opinion que cette motion sera la meilleure
solution. C'est normal que nous soyons divisés aussi sur ceci, bien que
la commission de l'éducation ne devrait pas être le lieu.
Encore une fois, il faut le répéter cette année,
où cette division entre deux groupes qu'on appelle des partisans,
membres d'un parti politique, joue à prime abord. Je ne crois pas que
l'étude des crédits du ministère de l'Education soit une
occasion de ne manifester nous le remarquons encore, qu'à
ce jeu en vertu duquel un groupe, appelé l'Opposition, attaque un autre
groupe, appelé le gouvernement.
Au contraire, l'an passé, certains membres de cette commission se
sont élevés au-dessus de cette division de partisanerie et ont
vraiment, à ce moment-là, étudié d'une façon
positive les crédits du ministère de l'Education.
Je pense que c'est inutile de faire de longs discours qui montreraient
que, d'une part, en invoquant l'urgence, l'on perd du temps sur une question
semblable. Pour cette seule et unique raison et pour des raisons
d'efficacité et voulant éviter qu'un long débat se fasse,
à l'occasion d'une question jugée urgente, nous nous opposons
à cette motion. M. le Président, je pense que nous devrions,
dès maintenant, disposer par le vote à cette commission.
UNE VOIX: Vote.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais dire quelques mots
avant que nous ne tirions conclusion de la proposition que vient de faire le
ministre de l'Education.
Il y a, je crois, une différence d'interprétation du
mandat et de la fonction de cette commission, et de l'étude que nous
devons faire des crédits du ministère. Il s'agit, selon
l'Interprétation que nous, de ce côté-ci, nous donnons
à cette étude, d'un examen global des politiques du
ministère et d'un examen global de ce domaine très important et
aujourd'hui crucial, qui est celui de l'éducation.
Le ministre a suggéré que l'Opposition, par l'effort
qu'elle mène pour faire adopter sa motion, détourne le mandat et
la fonction de la commission. Je ne suis pas du tout d'accord avec lui. Il me
semble que, pour chacun des ministères, nous abordons la discussion en
faisant l'examen de la politique générale, et nous examinons les
problèmes majeurs qui existent à l'heure actuelle. Il n'y a pas
de problème plus important, plus crucial que celui qui nous
confronte.
La négociation provinciale était la décision
acceptée par le gouvernement et refusée, mais de façon
minoritaire évidemment, par l'Opposition; cette décision de
procéder à une négociation provinciale est maintenant mise
en cause et peut-être mise en doute. Il y aura lieu de discuter de toute
cette question ouvertement, en public, et il n'y a pas d'occasion meilleure que
celle-ci.
Il me semble, M. le Président, que nous nous faisons
répondre assez souvent, en Chambre, quand des questions sont
posées: Faire inscrire la question au feuilleton, ou faire discuter
cette question à l'occasion du débat sur les crédits du
ministère. Or, c'est pour moi l'occasion toute désignée de
discuter de cette question. Je ne voudrais pas que nous nous fassions
répondre maintenant que nous devrions retourner devant la Chambre et y
demander un débat d'urgence.
On choisit, en certaines circonstances, M. le Président, le
moindre des maux; quand on
est devant des problèmes de divers ordres, je pense que nous
devons faire face au plus grand des dangers. Je crois que nous connaissons
suffisamment l'intégrité du ministre et l'intégrité
de ses fonctionnaires pour croire que le plus grand danger ne se trouve pas
dans l'examen minutieux des chiffres où, peut-être, on pourrait
trouver quelque chose qui ne va parfaitement; le plus grand danger est
sûrement celui d'un arrêt peut-être complet, de tout notre
système d'éducation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, permettez-moi
d'exprimer ma surprise de la proposition présentée par le
député de Vaudreuil-Soulanges. Voici que nous sommes
réunis pour discuter des prévisions budgétaires du
ministère de l'Education. Or, le député de
Vaudreuil-Soulanges présente une proposition demandant que l'on examine
tout le problème des négociations, alléguant, à
l'appui de sa proposition, qu'il y a situation urgente, que le problème
des enseignants est un problème très grave, très
sérieux; que le problème des négociations est très
sérieux, que peut-être l'année scolaire des
étudiants est compromise, tout cela est pertinent. Il est évident
qu'il y a un problème urgent. Les négociations se sont
poursuivies entre les enseignants et la partie patronale pendant très
longtemps; elles n'ont pas jusqu'à présent abouti à des
résultats satisfaisants, mais il semble bien que des progrès
importants aient été réalisés. Je ne vois pas, par
conséquent, dans les circonstances, que nous instituions un débat
d'urgence à cette commission pour examiner des problèmes qui
font, à l'heure actuelle, l'objet de l'examen de ceux qui sont
engagés dans les négociations. Il m'apparaît donc que la
proposition du député de Vaudreuil-Soulanges est
prématurée, qu'elle retarderait indûment l'étude des
prévisions budgétaires du ministre de l'Education, et que,
utilisant ce forum de la commission de l'éducation pour discuter d'un
problème de cette nature, nous risquerions peut-être d'envenimer
le problème, de politiser une question qui doit se situer bien au-dessus
de la politique.
Je m'élève contre les propos que vient de tenir le
député de D'Arcy-McGee, à savoir que nous n'avons pas
répondu, en Chambre, aux questions qui ont été
posées à ce sujet,
Toutes les fois que des questions ont été posées au
ministre d'Etat délégué à la Fonction publique qui
s'occupe, en instance, des négociations, celui-ci a répondu, a
fait rapport sur l'état des négociations, sur leurs
progrès, sur le cheminement de ces négociations. Il a dit encore
aujourd'hui que, malgré les divergences qui existent, il semble que des
progrès se font sentir, que les parties, enfin, se rapprochent, que le
climat s'améliore de telle sorte qu'on peut espérer un
règlement bientôt.
Le meilleur moyen de faciliter ce règlement, c'est justement
d'éviter de politiser la question parce qu'un débat de la nature
de celui que demande le député de Vaudreuil-Soulanges
dégénérerait forcément en un débat
politique.
Pour toutes ces raisons et pour permettre au ministère de
l'Education d'étudier les prévisions budgétaires, de les
soumettre à l'attention, à l'examen des membres de
l'Assemblée nationale, je ne puis pas accepter la proposition qu'a faite
le député de Vaudreuil-Soulanges. A moins que quelqu'un d'autre
veuille prendre la parole, je désirerais que nous mettions la question
aux voix.
M. CHOQUETTE: Puis-je avoir la parole?
Pour répondre brièvement au député de
Chicoutimi et au ministre de l'Education, l'Opposition n'a pas
réclamé un débat d'urgence sur la question. Je pense qu'on
déforme le sens de la motion faite par le député de
Vaudreuil-Soulanges. Ce n'est pas un débat d'urgence sur la question que
nous voulons avoir. C'est que nous voulons être éclairés
par les parties intéressées de part et d'autre à ces
négociations.
On nous dit: Il n'y a pas urgence, surtout, à employer ce moyen.
Par contre, le gouvernement ne nous suggère aucun autre moyen. Nous, de
l'Opposition, prenant nos responsabilités, nous considérons que
la suggestion du député de Vaudreuil-Soulanges est un moyen,
justement, de faire avancer les négociations qui, actuellement, ont
échoué, puisqu'il n'y a eu aucune relation entre les parties
suivant ce qu'a dit le ministre d'Etat à la Fonction publique
tout à l'heure à la Chambre il n'y a eu aucune relation,
contact ou communication entre les parties depuis le rapport Lippé ou
depuis que la médiation Lippé s'est terminée,
c'est-à-dire il y a trois semaines.
Par conséquent, il faut trouver un moyen de réunir de
nouveau les parties. Nous, de l'Opposition, nous considérons que, d'une
part, des séances comme celles que nous suggérons entendre
les témoins qui ont été suggérés
c'est une occasion, peut-être indirecte, de réunir ces parties.
C'est, en plus, une occasion pour éclairer l'opinion publique sur les
raisons qui causent l'échec actuel dans les négociations entre
les parties.
On nous dit que des progrès importants ont été
accomplis. C'est le député de Chicoutimi qui a employé cet
argument. Ce progrès se fait à la lenteur d'un escargot, si on me
permet la comparaison, parce que, comme on le sait, les
négociations durent maintenant, je pense, depuis environ 18 mois,
au moins.
Au point de vue juridique, on a semblé mettre en doute la
possibilité, pour la commission actuelle, d'entendre ces parties et de
se pencher sur ce problème que l'on reconnaît, par ailleurs,
être urgent et immédiat. Mais l'article 465 de nos
règlements dit justement qu'il s'agit d'une question sur laquelle la
commission de l'éducation peut se pencher. Et l'article 40'J est
exactement au même effet.
Nous ne pouvons guère avoir confiance dans la façon de
procéder du gouvernement lorsque nous sommes pertinemment bien
informés que les groupes de professeurs protestants ainsi que les
commissions scolaires protestantes ont demandé de rencontrer le ministre
d'Etat à la Fonction publique et que celui-ci leur a refusé cette
rencontre.
Dans ces circonstances, nous voyons le gouvernement impuissant à
régler ce litige, ce conflit syndical et, même prenant une
attitude, disons, satisfaite, n'est-ce pas, devant une situation qui, par
ailleurs est urgente, nous, de l'Opposition, nous pensons que c'est la
façon de procéder pour contribuer à un accord
éventuel entre les parties.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous opposant tout simplement à la
question de privilège, je voudrais vous faire observer que le
député d'Outremont n'a pas le droit de dire que le gouvernement
manifeste une satisfaction en face de...
M. CHOQUETTE: Une satisfaction...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... la situation actuelle.
M. CHOQUETTE: J'appuirais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, Je m'Insurge à nouveau contre
cette expression, M. le Président; je voudrais bien que le
député la retire, parce que les gestes qu'a posés le
gouvernement indiquent suffisamment ils sont assez clairs qu'il a
agi et qu'il n'est pas satisfait du tout de la situation qui existe a l'heure
actuelle, ce dont font foi l'attitude du ministre de l'Education et l'attitude
du ministre d'Etat à la Fonction publique.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre dit que le gouvernement n'est pas
satisfait?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je dis que le gouvernement n'a pas dit qu'il
était satisfait de la situation...
M. CHOQUETTE: Alors, le gouvernement n'est pas satisfait.
Si le gouvernement n'est pas satisfait, quels moyens emploiera-t-il?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas là la question, M. le
Président; j'ai dit que je posais la question de privilège parce
que le député d'Outremont avait prêté des intentions
au gouvernement.
M. CHOQUETTE: Je ne prête pas des intentions. Je constate un
état psychologique léthargique dans le rapport des ministres qui
sont à la table de cette commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pourriez laisser...
M. CHOQUETTE: M. le Président, je maintiens...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pourriez laisser ce problème
à votre collègue qui est médecin. Il connaît le
problème des léthargies, il a examiné votre cas
particulier, entre autres...
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, je reconnais
l'importance plus urgente de la solution au problème des grèves
qui se déroulent ou qui se dérouleront probablement dans le
futur, ici, dans le Québec, concernant les instituteurs. Cependant, je
comprends que cette motion qui a été proposée ici à
la commission, cet après-midi, ne fasse pas l'objet de la séance.
Alors, je pense bien que cette motion devrait être
référée à la Chambre pour que la commission puisse
référer de nouveau et discuter de ce problème des
grèves, qui est, à la fois urgent, je le répète et
qu'il est très important de régler, et qui, hélas,
traîne en longueur depuis trop longtemps.
M. PEARSON: M. le Président, personnellement je trouve absolument
inquiétante cette question de partage des responsabilités au
ministère. Le principal intéressé, celui qui subit
directement et entièrement les conséquences de l'aboutissement
des négociations, se sent obligé de dire: Ce n'est pas de notre
juridiction. C'est le ministère qui a le plus gros budget: $882
millions, si vous ajoutez les budgets des commissions scolaires à
presque $1,400,000,000. Alors quels efforts le mi-
nistère fait-il pour accélérer le succès de
cette négociation? Lui, qui doit simplement se contenter de nous dire
présentement: Mol, je dois tout simplement subir le résultat de
cette négociation.
Pendant ce temps, les professeurs dans les écoles sont
frustrés, les enfants subissent leur mauvaise humeur, le problème
s'éternise et pourrit, et les parents sont déconcertés et
inquiets. Plusieurs l'ont mentionné tout à l'heure. En nous
basant sur les questions de Juridiction, le ministre a peut-être
légalement raison, si nous nous fions au volume de procédure,
mais humainement tort.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais ajouter quelques
mots à ce moment. Le ministre de l'Education, dans ses premières
interventions à la suite de la présentation de la motion, nous a
dit que, sans s'opposer à l'idée d'étude de la situation
concernant les négociations, il ne pouvait prendre la
responsabilité d'accepter une telle motion puisque la question ne
relevait pas de sa responsabilité, du moins, pas intégralement de
sa responsabilité ou pas principalement de sa responsabilité. Et
qu'en l'absence du ministre d'Etat délégué à la
Fonction publique, une telle proposition était absolument inacceptable
au gouvernement.
Mais, il a ajouté que le ministre d'Etat, en plus d'être
absent à. ce moment-là, n'est pas membre de cette commission, et
que par conséquent, le ministre de l'Education voyait difficilement,
comment de toute façon cette motion pourrait être acceptée
ici.
Alors, M. le Président, je pense bien que nous sommes heureux de
constater que le ministre d'Etat délégué à la
Fonction publique s'est joint à nous. Il y a dans ce Parlement des
moyens de communication télépathique ou autres qui font qu'il est
rendu parmi nous. Et nous savons tous, qu'il a aussi comme député
à l'Assemblée nationale, le droit de prendre la parole à
cette commission, même s'il n'en est pas membre, et s'il n'y a pas le
droit de vote.
Je pense donc, M. le Président, que cette première
objection soulevée par le ministre de l'Education est donc
tombée. Le ministre de l'Education a ensuite enchaîné pour
dire que la réunion ou convocation de témoins devant cette
commission n'était peut-être pas la meilleure solution. Mais
quelle est donc, M. le Président, la meilleure solution à un
problème qui dure depuis des mois, qui dure depuis un an et demi et qui
s'aggrave sans cesse de semaine en semaine; et maintenant c'est de jour en jour
que la situation s'agrave de façon très sérieuse.
Je trouve fort inquiétant pour ne pas dire, d'une certaine
façon, révoltant... On invoque que la commission est
réunie pour étudier le budget du ministère de l'Education
dans le sens d'étudier des chiffres les uns après les autres.
Je pense que, dans notre régime démocratique, une
commission comme celle-ci, à l'occasion de l'étude des
crédits d'un ministère, a un rôle beaucoup plus vaste.
C'est celui d'étudier toute l'administration d'un ministère,
d'étudier toute l'administration d'un secteur du gouvernement.
Effectivement, l'étude du budget du gouvernement, tel qu'il est contenu
dans le budget des dépenses du livre bleu cette année, doit
permettre aux députés à l'Assemblée nationale de
faire une étude d'ensemble et aussi en profondeur que possible de
l'ensemble de l'administration gouvernementale. Il faut, pour procéder
avec un certain ordre, diviser l'étude de ce budget ministère par
ministère et éviter le double emploi. Il ne faut pas que cette
division du budget de l'ensemble du gouvernement du Québec par
ministères, par secteurs, par commissions de l'Assemblée
nationale ait pour résultat de soustraire, à l'étude des
représentants du peuple, aucune des phases de l'administration, aucun
des secteurs où les membres du gouvernement doivent assumer leur
responsabilité.
Quant à nous, M. le Président, nous avons beaucoup
étudié depuis quelques jours la question de savoir quel
était le meilleur endroit et le meilleur moment pour soumettre la
question qui est actuellement soumise à cette commission. Nous avions
songé à présenter vendredi dernier une motion de
non-confiance, une motion de blâme à l'égard du
gouvernement, lors de la motion du ministre des Finances pour aller en
subsides. Nous en sommes venus à 1a conclusion qu'il ne fallait pas
présenter sous le couvert ou sous l'allure d'une motion de blâme
que le gouvernement se sente automatiquement le devoir de rejeter
une demande comme celle-ci qui n'est pas en soi un reproche à
l'égard du gouvernement, qui est simplement une démarche pour
permettre aux députés de remplir leur rôle,
d'étudier une question qu'ils n'ont eu aucune occasion d'étudier
depuis le début de la présente session, d'éclairer ainsi
l'opinion publique et de permettre également comme on l'a si bien
souligné tout à l'heure aux parties de se rencontrer
geste que le ministre d'Etat à la Fonction publique et le
gouvernement semblent incapables de réaliser depuis au moins trois
semaines.
Non, M. le Président, ce n'est pas une motion de blâme, et
nous ne voulons à aucun prix que le gouvernement accepte ou
considère cette motion comme si elle était un blâme
à son égard. Nous avons, bien sur, des reproches à faire
au
gouvernement, mais nous ne voulons prendre le prétexte de la
présentation de cette motion à ce moment-ci pour faire ces
blâmes et ces reproches à l'égard du gouvernement. Nous
voulons nous le souhaitons à tout événement
dans un commun désir faciliter un règlement de cette question qui
inquiète et préoccupe on l'a dit combien de fois
toute la population, les parents, les enseignants, les enfants, les Jeunes.
Nous ne voulons pas que cette question soit un enjeu partisan. C'est pour cela
que nous avons proposé que cette commission entende des témoins.
Nous sommes très fermement d'opinion que la question relève de la
compétence de la commission. La motion qui est actuellement à
l'étude ne propose pas que la commission étudie la question de la
négociation. Nous tenons pour acquis qu'elle est étudiée
à cette commission, cela va de soi, cela est l'Intérieur des
crédits du ministère de l'Education. C'est pour ça que
J'ai qualifié ma motion de motion de procédure.
Il y a peut-être eu un petit malentendu sur la signification des
mots, à entendre ce qui s'est dit de part et d'autre, tout à"
l'heure, j'ai qualifié cette motion de motion de procédure parce
que nous tenons pour acquis qu'au fond la commission n'a non seulement le
pouvoir mais le droit d'étudier cette question.
La motion en est une de procédure, et c'est pourquoi j'ai voulu
la faire dès le début parce que nous voulions tout simplement
que, pour remplir notre mandat qui est d'étudier les crédits et,
par conséquent, l'ensemble de l'administration de l'éducation,
nous ayons l'avantage d'entendre des témoins qui pourront nous
renseigner sur l'un ou l'autre des aspects du problème qui est
mentionné dans la motion.
Il va de soi que l'on ne peut pas convoquer des témoins pour
comparaître tout de suite, instanter devant nous, il faut leur donner un
délai. Alors, nous avons proposé que la convocation se fasse pour
demain. Elle pourrait bien se faire, je pense, pour après-demain. Une
fois cette motion adoptée, le ministre de l'Education donne sa
présentation d'ouverture comme il se proposait de le faire et nous
procédons à l'étude des postes budgétaires, l'un
après l'autre et, au moment voulu, nous pourrons interroger des
témoins.
On nous a dit, il y a un moment, que nous avons obtenu à
l'Assemblée nationale tous les renseignements demandés et que le
ministre d'Etat a la Fonction publique a répondu à nos questions.
Le ministre a, bien sûr, répondu à des questions et, ce que
je vais dire ne veut être, en aucune façon,
désagréable à son sujet et il va, j'en suis sûr, le
comprendre. Mais, les règlements de notre Assemblée nationale
sont tels qu'il ne nous est pas possible, à l'Assemblée
nationale, d'interroger un ministre ou qui que ce soit comme nous pouvons le
faire à cette commission. C'est dans les commissions ou en comité
des subsides de la Chambre que l'on peut interroger les ministres autant que
nous en sentons le besoin pour remplir nos fonctions.
A l'Assemblée nationale, le ministre nous a donné certains
renseignements, mais nous n'avons pas pu aller au fond des problèmes,
bien loin de là. Quand le ministre d'Etat à la Fonction publique
nous a dit tout à l'heure, à l'Assemblée nationale, qu'il
n'y avait pas eu de séance de négociations depuis la fin de la
médiation, il y a trois semaines, que les parties ne se sont pas
rencontrées, je pense que ce renseignement donné tout à
l'heure à l'Assemblée nationale par le ministre d'Etat devrait
être une raison suffisante en soi, indépendamment de tout le reste
de la situation, pour justifier la convocation des témoins.
S'il n'a eu aucune rencontre, même en dehors du sens formaliste
d'une séance de négociations, aucune rencontre des parties
intéressées depuis l'échec de la médiation, depuis
trois semaines, je pense que ce devrait être une raison
péremptoire pour que nous décidions, instanter, de convoquer des
témoins et, particulièrement des témoins qui sont
directement en cause dans les négociations comme porte-parole des
parties à la négociation.
Alors, c'est pour ces diverses raisons: compétence indiscutable
de notre commission, urgence du sujet, présence du ministre d'Etat
à la Fonction publique, impossibilité d'aller au fond du sujet
par nos questions à l'Assemblée nationale, mais seulement
à cette commission-ci, nécessité de faire se rencontrer de
toute urgence les parties en cause qui ne se sont pas vues depuis des semaines
et qui se parlent par voie de communiqués et de conférences de
presse, quand ce n'est sous forme de dénonciation, eh bien, pour toutes
ces raisons, tenant pour acquis la compétence indiscutable de cette
commission, je crois que la motion devrait être acceptée, motion
qui, est uniquement et je dis bien, uniquement le fait de
convoquer un certain nombre de personnes, quitte à ce que nous ajoutions
plus tard à la liste et surtout que nous considérions plus tard,
s'il y a lieu, d'englober le secteur des CEGEP qui se trouve lui aussi dans une
très grave situation, mais que nous avons voulu exclure de notre motion
initiale pour éviter toute confusion dans l'étude et la
discussion des problèmes.
C'est pour cela que notre motion porte, pour l'Instant, uniquement sur
le secteur des commissions scolaires.
Voilà, M. le Président, pourquoi nous croyons
nécessaire de convoquer ces témoins. Je pense bien que je n'ai
pas à insister sur les observations que le ministre de l'Education a
faites, à un moment donné, dont, je l'avoue, je n'ai pas compris
la portée. Il a parlé de partisanerie politique. Je me suis
demandé exactement dans quel sens il en parlait. Mais j'espère
bien qu'il n'a pas voulu dire qu'une motion comme celle-ci a un sens partisan,
parce que je ne veux pas faire un discours sur les idées
démocratiques ou non du ministre de l'Education. Ce n'est pas la place,
mais je pense bien qu'il ne devrait pas contester que le rôle des membres
de cette Chambre est d'analyser les gestes administratifs du gouvernement, que
le gouvernement n'a pas comme mandat d'administrer en silence, sans examen ou
analyse par les membres de cette assemblée, pendant quatre ans ou toute
la durée de son mandat, entre deux élections, laissant seul aux
électeurs à juger, mais qu'il est du devoir de cette
assemblée, et effectivement non seulement des députés de
l'Opposition, mais de tous les députés de l'assemblée,
d'analyser l'administration gouvernementale.
Je pense bien que cela n'est pas un geste partisan. C'est tout
simplement remplir nos fonctions de député.
M. CARDINAL: M. le Président, je dois, je pense, féliciter
le député de Vaudreuil-Soulanges de tant vouloir aider le
gouvernement et de faire tant d'efforts pour y réussir. Ceci est tout
à son honneur et je pense qu'il n'a pas compris justement que je
l'accusais de partisanerie parce que ce n'est pas ce que j'aifait, à
aucun moment.
Le fond de la question est toujours le même, c'est que l'on nous
offre ici, à la fois un moyen d'étudier une question et, à
la fois un moyen, croit-on, de résoudre un problème. Nous ne
croyons pas que cette façon de résoudre le problème qui
vient d'une façon impromptu et qui n'a pas été
étudiée par des experts dans ce domaine et qui s'occupent de
négociation, soit la meilleure solution. Encore une fois, c'est pour
cette raison principale que nous nous opposons à cette motion.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, Juste un mot. Le ministre a
parlé de façon impromptu de présenter la motion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, écoutez, cela
fait trois ou quatre fois que...
M. GERIN-LAJOIE: C'est mon privilège.
M. GRENIER: J'ai demandé la parole d'ailleurs avant M.
Gérin-Lajoie.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. GRENIER: Je pense que nous avons des discussions là-dessus
depuis 15 h 30 environ que nous avons commencé ici et, si j'avais le
personnel qu'a le ministre dans son entourage, je me ferais même un
plaisir de faire analyser les discours des députés que je ne
nommerai pas par leur comté, parce que je les connais moins bien, mais
M. Gérin-Lajoie et monsieur ici, M. Choquette, M. Tetley et M. Pearson.
Nous rencontrions là-dedans les mêmes arguments qu'on nous a
servis et là, M, Gérin-Lajoie se prépare pour nous les
resservir pour la quatrième fois. Alors, si ce n'est pas uniquement pour
tenir les journaux en alerte jusqu'à 18 heures ce soir pour qu'ils aient
chacun leur petite manchette pour demain matin, je me demande pourquoi nous
perdrions encore une heure pour régler les problèmes qu'eux ont
décrit comme très urgents dans la province. Je demande
immédiatement, avant qu'on commence à nous servir la même
sauce qu'on nous sert depuis une heure ou une heure et demie, que nous passions
au vote immédiatement.
DES VOIX: Vote!
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, c'est le privilège des
membres de cette commission d'adresser la parole. Il y a des règlements,
il y a des durées de temps qui sont prévues par le
règlement...
M. GRENIER: Ah oui, nous allons « placoter » et dire
beaucoup de choses.
M. GERIN-LAJOIE: En comité ou en commission, c'est le
privilège des membres d'adresser la parole autant de fois qu'ils le
désirent. C'est le règlement et c'est à la population de
juger si nous abusons de nos droits ou non.
Je me placerai, M. le Président, au-dessus des procès
d'intention qu'a voulu faire le député...
M. GRENIER: J'établis les faits.
M. GERIN-LAJOIE: ... de Frontenac qui fait des procès d'intention
au sujet...
M. GRENIER: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a simplement fait un diagnostic et non pas
un procès.
M. GERIN-LAJOIE: Je me tiendrai au-dessus des procès d'Intention
du député de Frontenac.
M. GRENIER: Bon, une fausse bombe.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, laissant cette question de côté, je
veux simplement soulever une question assez simple.
Le ministre de l'Education a parlé du caractère de
surprise ou du caractère impromptu de cette motion. Le
député de Chicoutimi, tout à l'heure, a parlé de
l'aspect prématuré de cette motion. Mais, on ne nous a pas dit
quand serait le bon moment d'en présenter une du genre, ou quel autre
genre de motion il pourrait être utile de présenter.
A tout événement, si le gouvernement se sent vraiment pris
au dépourvu, alors que nous avons ici le ministre de l'Education et le
ministre d'Etat à la Fonction publique, si les membres du gouvernement
croient qu'il serait sage, à leur point de vue, de faire étudier
cette motion ou la procédure qu'elle a pour but de mettre en marche, eh
bien, de notre côté, je pense bien je vais parler pour moi,
mais j'ai l'Impression que cette expression d'opinion pourrait être
partagée de ce coté-ci de la table que nous pourrions
être disposée à remettre l'étude de cette motion,
soit après souper, ce soir, soit tout de suite à l'ouverture
demain après-midi, quitte à changer le moment de comparution des
témoins.
Je vous avoue, M. le Président, que nous n'avons entendu aucune
raison contre l'étude de la situation par les membres de
l'Assemblée nationale. Nous n'avons eu des objections qu'à ce
qu'on pourrait appeler le « timing », c'est-à-dire quant au
moment choisi pour entendre et interroger des témoins.
Le ministre d'Etat à la Fonction publique c'est son
privilège n'a pas dit un mot. Mais je pense bien qu'il ne
voudrait pas nous refuser le plaisir de nous donner quelques explications, lui
qui est à la table des négociations quand cette table est
occupée par d'autres parties. Mais je pense, M. le Président, si
l'on nous dit que le gros argument contre la motion c'est que ce n'est pas le
moment et que ce n'est pas la forme, eh bien, qu'on devrait nous dire quelle
autre forme le gouvernement envisage et quel autre moment il jugerait plus
opportun. Mais d'une façon ou d'une autre, que le gouvernement nous
éclaire d'une façon positive sur ce qu'il entend faire pour
permettre aux membres de cette assemblée de se renseigner et, de cette
façon-là, permettre au public lui-même d'être
renseigné.
C'est une question que Je pose au ministre de l'Education...
DES VOIX: Vote!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vote!
M. GERIN-LAJOIE: ... et au ministre d'Etat à la Fonction
publique. Il me semble qu'il serait légitime de notre part d'attendre
une réponse de la part du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vote! UNE VOIX: Votel
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, est-ce que les ministres du
gouvernement considèrent que ce n'est pas à propos pour
eux...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vote!
UNE VOIX: Votel
M. GERIN-LAJOIE: ... de nous dire à quel moment il pourrait
être opportun...
UNE VOIX: Votel
M. GERIN-LAJOIE: ... de proposer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, l'on a à
disposer d'une proposition qui est devant la commission. Nous avons
demandé le vote, alors...
M. GERIN-LAJOIE : Eh bien oui, c'est le privilège des
députés de demander le vote, mais c'est mon privilège de
pouvoir exprimer...
UNE VOIX: Vote!
M. GERIN-LAJOIE: ... ce que je crois devoir exprimer. Je suis sûr
que le député de Chicoutimi...
M. GRENIER: Cela fait quatre fois.
M. GERIN-LAJOIE: ... ne le contestera pas, et l'objet des
réunions de ces commissions, c'est de poser des questions tout autant
que d'exprimer des opinions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. GERIN-LAJOIE: Alors Je demande au ministre de l'Education ou au
ministre d'Etat à la Fonction publique, comme nous pouvons et nous
devons le faire en commission, je leur pose une question à savoir quel
autre moment ils jugeraient plus opportun pour entendre des témoins et
étudier de cette façon, avec les personnes au courant, la
situation dans le domaine des négociations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vote! DES VOIX: Vote!
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre de l'Education se refuse
vraiment...
DES VOIX: Votel
M. CHOQUETTE: C'est de l'arrogance... En vue d'une autre solution,
est-ce que le gouvernement a l'intention de revenir devant la commission?
M. LE PRESIDENT: A ma droite, on demande le vote. Est-ce qu'à
gauche, on veut encore continuer... On peut vous laisser la parole. Ce n'est
pas mon Intention de brimer qui que ce soit. A ma droite, on demande le vote;
à ma gauche, bien je vous laisse toute la liberté de vous
exprimer.
M. GRENIER: II nous reste 35 minutes à tuer encore!
M. GERIN-LAJOIE: Le député de Montmorency a posé
une question. Peut-être que le ministre de l'Education pourrait nous
éclairer.
M. CARDINAL: M. le Président, permettez... Je ne ferai pas de
discours à cette occasion où l'on essaie, justement, de faire
durer le débat en déplaçant les questions.
Il est malheureux que nous n'ayons pas encore, en 1969, des moyens
techniques qui nous permettent de faire jouer une partie d'une séance de
commission pour que l'on entende vraiment ce qu'un ministre dit. Je n'ai jamais
dit que ce n'était pas le moment d'étudier la question. J'ai dit
et j'ai redit que cette proposition n'était pas la meilleure solution au
problème des négociations. Et quant à la réponse
aux questions du député de Montmorency, je répète
ce que j'ai dit, avant que l'on ne m'interrompe pour passer à un sujet
autre que les prévisions budgétaires du ministère de
l'Education: Je serai prêt en tout temps, pendant ces séances de
la commission, à répondre à toutes les questions qui
seront posées et à en chercher la réponse, si je ne l'ai
pas sur le champ, et à l'apporter, devant cette commission, avec la
meilleure diligence possible et avec touts les documents requis.
M. GERIN-LAJOIE: Vous me permettez maintenant d'exprimer une opinion, si
on ne veut pas répondre aux questions. Je considère que c'est du
mépris de cette commission et du mépris du Parlement, de la part
du ministre et, en particulier, du ministre d'Etat à la Fonction
publique, de ne pas répondre à nos questions. Le ministre d'Etat
à la Fonction publique est ici. Nous discutons de la question, nous
soulevons la question de la négociation dans le domaine de
l'enseignement. Je pense que les membres de cette commission ont le droit
d'avoir des renseignements. Nous posons des questions et le ministre d'Etat
à la Fonction publique, dont c'est la responsabilité principale,
se refuse à toute réponse quelconque. M. le Président,
bien sûr que ce n'est pas à moi à mettre des
réponses dans sa bouche, mais j'ai le droit d'exprimer très
clairement l'opinion que cela m'apparaît comme un mépris des
droits de cette commission, un mépris des droits des
députés à l'Assemblée nationale.
M. CARDINAL: M. le Président, j'invoque une question de
privilège. Ecoutez, on fait vraiment de l'interprétation des
paroles comme des silences! En aucun moment, personne ici a
déclaré n'être pas prêt à répondre
à des questions. J'ai commencé mon exposé, et je le
répète il semble qu'il y a des gens qui ont des
difficultés à entendre ou à comprendre ce qui est dit dans
cette salle j'ai répété mille fois que fêtais
disposé à faire un exposé qui donnerait déjà
des réponses générales à tout un ensemble de
problèmes de l'éducation au Québec, et que, lorsque
j'aurai fait cet exposé, on pourrait poser toutes les questions que l'on
désirerait. En aucun moment, aucun des collègues qui m'entourent,
ni celui qui vous parle n'ont refusé à répondre à
des questions. Je viens même de faire la démonstration du
contraire en répondant à deux questions précises, l'une du
député de Vaudreuil-Soulanges et l'autre du député
de Montmorency.
M. MASSE: M. le Président, pour éviter un débat qui
monte dans l'échelle des qualificatifs inacceptables, je pense qu'il y
aurait lieu de répondre à certaines remarques qui ont
été faites, en particulier par le député de
Saint-Laurent, concernant la non-participation du ministre de l'Education dans
les négociations. Quoique cela
ait été expliqué à plusieurs reprises, c'est
par ignorance ou par malveillance que le député a soulevé
cette remarque.
M. PEARSON: Un instant, je n'ai accusé personne, j'ai seulement
posé une question. J'ai demandé: Quel effort le ministre de
l'Education fait-il ou son ministère fait-il pour
accélérer... puisqu'il est directement intéressé,
puisque c'est le plus gros budget actuellement de la province; c'est une
question que je pose.
M. MASSE: Disons que je la reposerais également sous la forme
d'une question: Serait-ce de l'ignorance ou de la malveillance? Le gouvernement
a décidé, compte tenu de la masse monétaire énorme
en jeu dans les négociations dans le secteur public près
d'un milliard et demi de dollars le gouvernement a
considéré de l'intérêt public de remettre entre les
mains d'une même structure, sous l'autorité d'un même
porte-parole, l'ensemble des négociations dans ce domaine du secteur
public et parapublic. Je ne crois pas que ce geste du gouvernement est un geste
d'imprévoyance, mais, au contraire, c'est un geste permettant
l'utilisation maximale des ressources de la population dans ce secteur. Ces
négociations ne se font pas par l'équipe ou la structure des
négociations et le ministre responsable, ces négociations ne se
font pas en vase clos. Les négociations, que ce soit dans le secteur de
l'Hydro-Québec, que ce soit dans le secteur de la RAQ, que ce soit dans
le secteur de la raffinerie de betteraves à sucre, du ministère
de l'Education, de celui de la Santé ou des ministères en
général, ces négociations ont toujours été
faites en collaboration très étroite avec les responsables de ces
secteurs.
Il m'est possible de rassurer la commission à l'effet que les
négociations dans le secteur de l'éducation ont été
faites avec la plus étroite collaboration entre le ministre de
l'Education, les responsables des négociations et les fonctionnaires de
ces deux groupes.
Il est faux de prétendre ou de laisser entendre que le ministre
de l'Education soit désintéressé dans cette
négociation. C'est là soulever un faux problème ou, au
contraire, c'est là faire une basse accusation.
M. PEARSON: J'ai posé une question, c'est pour que vous y
répondiez simplement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. PEARSON: Le ministre n'y a pas répondu. Vous pouvez y
répondre.
M. MASSE: Alors je puis vous dire certaines choses. Que cette
réponse soit bien comprise de la part du député de
Saint-Laurent et que ces accusations, il ne les répète plus dans
les couloirs ou dans le Parlement.
M. PEARSON: C'est une question que je pose.
M. MASSE: Les négociations dans le secteur de l'enseignement
durent depuis de longs mois. La longue marche des groupes en présence
vers la conclusion d'une convention collective est une marche difficile, pour
plusieurs raisons, entre autres de coordonner plusieurs centaines de
conventions collectives pour arriver avec un seul instrument de travail qui
fasse que tous les employeurs du Québec aient des droits égaux,
que tous ses enseignants soient à part entière enseignants au
Québec. Cela pose évidemment des difficultés de toutes
sortes. Je ne voudrais pas ici énumérer l'ensemble de ces
difficultés. Mais soyez certains que les groupes en présence sont
des groupes de plus en plus informés des difficultés qui sont
rencontrées.
Dimanche dernier, j'ai eu l'occasion, pendant quelques minutes, de
rencontrer, à une réunion qui avait été
convoquée à cette fin, les commissaires d'école du
Québec. Plus de 1,500 commissaires d'école de l'ensemble du
territoire québécois étaient représentés
à Montréal pour discuter et étudier cette question. Je
puis vous assurer que ces gens sont bien informés des difficultés
et des avantages de cette convention collective.
Nous ne refusons pas, comme étant un des moyens, la convocation
de témoins à cette commission. Nous croyons qu'il n'est pas dans
l'intérêt public, à ce moment-ci, de se servir de ce moyen
pour faire avancer les négociations. Si les parties ne se sont pas
rencontrées officiellement depuis quelque temps, cela ne veut pas dire
qu'elles ne se sont pas rapprochées. Il est souvent, dans les
négociations, dans le secteur privé comme dans le secteur public,
plus facile de se rapprocher sans se rencontrer et qu'au contraire, souvent, se
rencontrer c'est s'éloigner.
Je n'ai pas à faire un exposé des techniques
employées en matière de négociations, quoique ceux qui ont
travaillé dans ce secteur ou ceux qui ont l'imagination sans y avoir
travaillé peuvent comprendre que sous ces mots, il y a beaucoup de
réalité.
Il y a plusieurs endroits où la question pourrait être
soulevée. A un moment donné, on a parlé de cette
commission de l'éducation. Il y a également la commission qui
siégera pour étudier le budget du Conseil exécutif, les
articles 5 et 6
relèvent directement de la responsabilité du ministre
délégué à la Fonction publique et ce sont
également des articles qui peuvent prêter à l'Opposition
l'occasion de poser ces questions.
Pour l'instant, sans pour autant dire que ce moyen n'est pas un des
moyens qui pourraient être employé dans cette négociation,
nous ne croyons pas que pour l'instant ce soit un moyen qui recouvre bien
l'intérêt public dans ce secteur. Présentement, les parties
ont un certain travail à faire. Nous en avons parlé dimanche
dernier à l'occasion de cette réunion avec les commissions
scolaires et nous ne croyons pas que, pour l'instant, la convocation des
parties à cette table soit le moyen d'aider les parties à se
rapprocher.
M. CHOQUETTE: Quel est le moyen? J'aimerais savoir quel est le moyen
puisque celui-ci n'est pas le bon? Quel est le moyen?
M. CARDINAL: Je pense que poser une question semble indiquer justement
qu'on ne connaît pas du tout la nature des négociations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vote, M. le Président!
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LE PRESIDENT: Ceux qui sont contre, ceux qui sont en faveur de la
motion?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président appelle les noms un par un, je
pense, en comité.
M. LE PRESIDENT: M. LeChasseur.
M. LECHASSEUR: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet.
M. BOUSQUET: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal.
M. CARDINAL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Grenier.
M. GRENIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M.Gérin-Lajoie?
M. GERIN-LAJOIE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Maltais?
M. MALTAIS (Limoilou): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Morin?
M. MORIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Jean-Noël Tremblay?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson?
M. PEARSON: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay?
M. TREMBLAY (Montmorency): Contre.
M. LE PRESIDENT: Moi-même, je suis contre étant
donné que j'ai le droit de vote. Contre 8, et pour; 4.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, est-ce que Je pourrais vous
demander, conformément aux règlements qui ont été
adoptés au début de la présente session, de faire rapport
de ce vote à la séance d'ouverture de l'Assemblée
nationale à la première occasion, c'est-à-dire normalement
demain, s'il vous plaît?
M. LE PRESIDENT: Oui, certainement.
M. CARDINAL: M. le Président, par conséquent, je pense
qu'il peut m'être permis de repartir de...
M. GERIN-LAJOIE: Bien sûr, faire rapport des points que nous
jugeons à propos. Et le président a accepté, c'est dans
l'ordre.
M. CARDINAL: Nous n'avons pas jugé apropos...
M. GERIN-LAJOIE: Le président doit faire rapport des
délibérations de ce comité. Alors, je demande qu'il fasse
rapport sur la motion qui a été rejetée.
M. LOUBIER: Ah, bien non! Nous ne pouvons pas sur une motion
spécifique... Sauf s'il y a...
UNE VOIX: II a envie de rire là!
M. GERIN-LAJOIE: Je n'ai pas envie de rire du tout. La chose est assez
sérieuse.
M. LOUBIER: Les règlements de la Chambre prévoient
d'autres possibilités à l'intérieur même des
règlements de la Chambre pour ramener à l'ordre du jour en
Chambre, une question qui aurait pu être discutée à la
commission. Mais pas faire rapport d'une motion de ce genre...
M. GRENIER: M. le député, vous allez l'avoir aujourd'hui
et demain matin dans les journaux. Ce n'est pas nécessaire de l'avoir
après-demain.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas si c'est au collège de Bourget
que le député de Frontenac a...
UNE VOIX: A Rio!
M. GERIN-LAJOIE: ... développé cette mentalité
d'anglicisme...
M. GRENIER: Dans votre comté.
M. GERIN-LAJOIE: C'est pour cela que je m'interroge.
M. CHOQUETTE: Mais, comment se fait-il, M. le Président, que vous
ayez changé d'avis dans un si court délai? Vous avez dit:
D'accord.
M. LOUBIER: J'ai demandé la parole!
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, je n'ai jamais...
M. CHOQUETTE: Non, mais vous qui êtes si savant en matière
de règlements, je ne comprends pas que vous vous laissiez influencer par
le député de Bellechasse.
M. LOUBIER: J'ai demandé...
M. GRENIER: II a donné la parole à M. Lou-bier.
M. LOUBIER: J'ai demandé la parole au président...
M. CHOQUETTE: Vous étiez en retard. M. LE PRESIDENT: J'ai dit
oui.
M. CHOQUETTE : M. le Président avait donné
déjà des instructions au secrétaire d'enregistrer la
requête de M. Beaudry?
M. LE PRESIDENT: Non, non, Je n'ai fait qu'un signe de tête pour
dire: Je suis pas d'accord.
UNE VOIX: Vous voulez changer d'opinion?
M. LOUBIER: Je ne pense pas que nous soyons « à la seconde
» au moment présent...
M. CHOQUETTE: Au quart de seconde.
M. GERIN-LAJOIE: Comme le ministre de l'Education nous avons
procédé exclusivement, le président aussi.
M. LOUBIER: Le député de Vaudreuil-Soulanges l'a
souligné lui-même tout à l'heure lorsqu'il a dit qu'il
aurait pu procéder en Chambre autrement avec une motion de blâme
contre le gouvernement, et là, nous aurions pu vider la question
à fond. Mais si, toutes les fois où il y a une motion au cours
des délibérations en commission, il fallait faire rapport
à la Chambre, eh bien, M. le Président, Je pense qu'à ce
moment-là... Est-ce que le député prétend que nous
pourrions, à la suite de ce rapport, soulever des discussions?
M. GERIN-LAJOIE: Cela, c'est le privilège de la Chambre.
Mais, M. le Président, je pense bien que le député
de Bellechasse, qui est ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, est à se préparer un voyage dans le règlement
de la Chambre, alors que ce n'est pas là qu'il trouvera ce à quoi
j'ai fait allusion.
M. LOUBIER: Je n'ai fait qu'une incursion.
M, GERIN-LAJOIE: Je vais croire que le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche est rendu dans les incursions.
Alors, M. le Président, Je me réfère aux
procès-verbaux de l'Assemblée nationale du 18 mars, à la
page 129, alors que nous avons adopté le règlement suivant qui
doit être en vigueur pendant toute la présente session. Il est dit
et je lis: « Que chacune des commissions soit autorisée à
délibérer et à s'enquérir de toutes les affaires et
de toutes les matières que la Chambre lui aura renvoyées ou qui
sont de sa compétence, à faire de temps à autre des
rapports exprimant ses observations et ses vues sur ces affaires et ces
matières, et à envoyer chercher les personnes, les pièces
et les dossiers dont elle aura besoin ».
Alors, M. le Président, je soutiens que la commission vient
d'exprimer une opinion, de
formuler des observations à l'effet que la motion qui a fait
l'objet de discussions pendant un bon moment, n'est pas agréée
par la commission.
En conséquence, en vertu du règlement que Je viens de lire
et qui a été adopté le 18 mars, il est du devoir de notre
président de faire rapport sommairement à la Chambre à
l'effet qu'une motion soumise par le député de
Vaudreuil-Soulanges a fait l'objet d'un débat et qu'elle a
été rejetée par le vote qui vient d'être
enregistré par monsieur le président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous fais observer
que ces propos du député de Vaudreuil-Soulanges ne peuvent pas
être acceptés parce qu'il a bien pris soin de préciser que
la proposition qu'il avait faite portait sur la procédure et non pas sur
le fond de la question. Or, nous n'avions pas encore examiné le fond du
problème, à savoir que nous n'avions pas encore commencé
l'examen des prévisions budgétaires, ce qui fait l'objet des
séances de la commission et que par conséquent la proposition du
député de Vaudreuil-Soulanges ne peut pas être
acceptée et le rapport que vous pouvez faire ne peut pas inclure la
proposition du député de Vaudreuil-Soulanges parce que nous
n'avions pas encore abordé le problème de fond. Le
député de Vaudreuil-Soulanges s'est lui-même
emprisonné en disant qu'il s'agissait d'une simple question de
procédure pour les travaux de la commission, ici, au départ.
M. CHOQUETTE: Les arguments employés par le député
de Chicoutimi n'infirment pas du tout la suggestion et même la motion
faite par le député de Vaudreuil-Soulanges parce que, même
si une question est qualifiée de question de procédure, ça
ne veut pas dire que la commission peut ne pas en faire rapport à la
Chambre.
Par conséquent, quel que soit le qualificatif qu'on attache
à la motion initiale du député de Vaudreuil-Soulanges, le
député de Vaudreuil-Soulanges est parfaitement libre de demander
au président de faire rapport des procédés et des
procédures devant le comité, de dire: Bien, il y a eu motion dans
ce sens-là qui a été défaite par tant de voix
à tant de voix. A ce moment-là, la Chambre est libre d'en
discuter.
Je pense que c'est un moyen détourné, le
député de Chicoutimi s'en vient de plus en plus
procédurier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je propose, si vous me
le permettez, que le vote soit pris sur la proposition du député
de
Vaudreuil-Soulanges immédiatement, et sans discussion. Cela ne se
discute pas, ce genre de motion-là.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous prenons le vote de tout S. l'heure?
M. CARDINAL: Ensuite on se demandera s'il faudrait faire reproche sur le
vote.
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas sur le vote, d'aucune façon
sur...
M. LE PRESIDENT: On dit bien « de temps à autre
».
M. CHOQUETTE: « De temps à autre » cela veut dire
à intervales.
M. LOUBIER: Vous n'avez même pas commencé la discussion des
crédits budgétaires.
M. CHOQUETTE: Oui, nous l'avons commencée.
M. LOUBIER: Non.
M. CHOQUETTE: Le ministre de l'Education avait commencé et il a
cédé son droit de parole au député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. TREMBLAY: Non, M. le Président, le député de
Bagot, ministre de l'Education, a commencé son exposé. Il a
été interrompu par le député de Vaudreuil-Soulanges
qui a posé une question qui était une question de
procédure. Il a fait une proposition sur une question de
procédure, cette proposition a été défaite aux
voix. Je propose, M. le Président, que soit refusée, au
député de Vaudreuil-Soulanges, l'inscription qui fait que cette
proposition a été défaite aux voix lorsque nous avons pris
le vote tout à l'heure.
M. CHOQUETTE: Lorsque le député de Vaudreuil-Soulanges a
demandé la parole, après que le ministre de l'Education l'eut
prise, le ministre de l'Education n'a pas insisté pour reprendre la
parole. Il a laissé la parole au député de
Vaudreuil-Soulanges. Le fait est que nous avons eu un débat que vous
avez vous-même considéré long sur la motion du
député de Vaudreuil-Soulanges, alors je ne vois pas en quoi le
député de Vaudreuil-Soulanges pourrait être accusé
de s'être saisi intempestivement du droit de parole alors que vous avez
débattu la question pendant environ deux heures et demie.
M. CARDINAL: Qui a dit cela, M. le député d'Outremont?
M. CHOQUETTE: C'est ce que semble dire... M. CARDINAL: Vous
semblez...
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, c'est une proposition bien
simple. Je m'étonne considérablement qu'on s'oppose à ce
que vous fassiez rapport à l'Assemblée nationale de ce qui se
passe ici. Je pense qu'il est de notre devoir... Cela me paraît tellement
simple que je m'étonne de cette opposition qu'on a du côté
du gouvernement. Il me semble que si l'on a le moindre respect, la moindre
parcelle de respect de nos institutions démocratiques on devrait faire
rapport à la Chambre de nos délibérations. Si le
président de notre commission a quelques hésitations à ce
sujet, bien, je ne veux pas prolonger un débat qui est
véritablement un débat de procédure et je lui ferais la
suggestion de prendre la question en délibéré. Il s'agit
d'un nouveau règlement adopté parnotre Assemblée
nationale.
Je pense que cela pourrait être un peu un précédent,
alors il aimerait peut-être consulter le président de
l'Assemblée nationale sur cette question, avant de rendre une
décision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je reviens sur ce que j'ai dit tout à
l'heure à savoir que la proposition originale du député de
Vaudreuil-Soulanges a été présentée comme une
proposition portant strictement sur une question de procédure. Alors,
nous l'avons mise aux voix, elle a été défaite et ne fait,
par conséquent, pas partie de l'ensemble des délibérations
qui, elles, doivent porter sur la substance du problème que nous avons
à étudier, à savoir les prévisions
budgétaires du ministère de l'Education que nous n'avions pas
encore commencé d'examiner. Or, ce sur quoi vous avez à faire
rapport en tant que président de la commission, c'est sur les
délibérations portant sur le « formel quod »,
c'est-à-dire la substance des délibérations à
savoir, dans les circonstances, les prévisions budgétaires du
ministère de l'Education. Pour cette raison, je demanderais, M. le
Président, que vous refusiez l'inscription qu'a demandé le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GRENIER: Très bien, travaillons maintenant!
M. TREMBLAY (Montmorency): Au sujet de la guestion de procédure,
parce que je suis tout à fait en faveur que la commission se
réunisse pour écouter les témoins sur cette question de
grève qui se passe actuellement à Montréal. Cet
après-midi, nous nous réunissons ici pour étudier les
crédits du ministère de l'Education. Je suis d'accord, à
savoir que cela doit être étudié par la commission, ce
problème soulevé par la motion du député de
Vaudreuil-Soulanges. De toute façon, il s'agit des crédits cet
après-midi...
M. LE PRESIDENT: Alors, je consulterai le président de
l'Assemblée nationale et je demanderai les directives et je lui
demanderai conseil, lui qui a beaucoup d'expérience.
M. le Ministre et député de Bagot.
M. CARDINAL: Pour revenir aux prévisions budgétaires du
ministère de l'Education, le discours inaugural de la présente
session, par son insistance sur le développement économique du
Québec a peut-être créé chez certains l'impression
que le gouvernement conjuguerait tous ses efforts et orienterait toutes ses
ressources et toutes ses énergies vers le progrès
économique de la nation, de sorte que seraient peut-être
négligés des secteurs aussi vitaux que celui de
l'éducation.
De plus, le climat d'austérité qui a entouré la
présentation du budget des dépenses pour l'année 69/70 n'a
pas été sans susciter certaines craintes quant à l'avenir
de la réforme de l'enseignement, pendant que l'augmentation
substantielle du budget du ministère de l'Education semblait à
plusieurs une contradiction avec les déclarations du ministre des
Finances, quant au caractère d'austérité du budget des
dépenses, pour l'année qui commence. Ces réactions
diverses m'invitent à faire certaines mises au point en dégageant
d'une analyse très sommaire de l'ensemble du budget du ministère
de l'Education, les grandes lignes de la politique actuelle du gouvernement en
matière d'éducation.
Je suis convaincu, M. le Président et MM. les membres de la
commission, que cette analyse permettra de constater que l'effort du
gouvernement pour l'éducation, loin de diminuer, augmente, que cet
effort est principalement orienté vers l'efficacité et vers la
productivité.
Je pense qu'il faut ajouter quelques mots sur cet effort du gouvernement
pour l'éducation. Quel effort du gouvernement pour l'éducation?
On se rend compte qu'au cours de la prochaine année, la preuve nous en
est fournie, tant par l'augmentation du budget du ministère de
l'Education que par l'augmentation de la proportion du budget total qu'il
représente.
L'un des députés à cette commission le soulignait
lui-même tantôt.
Si nous considérons que le budget des dépen-
ses ordinaires du ministère de l'Education pour l'année
1968/69 se chiffrait par $697,140,700, et que celui de l'année 69/70
atteindra, c'est exact, $881,547,700, nous constatons, en chiffres absolus, une
augmentation de $184,405,000. Il s'agit d'une augmentation de 26.5% du budget
de l'année précédente alors que pour l'ensemble de tout le
budget de la province, le taux d'augmentation des dépenses ordinaires
n'est que de 14.1%.
D'autre part, si nous comparons la proportion du budget total que
représentait celui du ministère de l'Education en 68/69 à
celle qu'il représentera en 69/70, nous obtenons pour l'an passé
29.2% et, cette année, 32.3%.
Si nous voulons prendre ces chiffres autrement et prendre une autre base
comme point de comparaison, en prenant comme point de comparaison les chiffres
du budget des dépenses brutes, nous obtenons les résultats
suivants. Augmentation pour le ministère de l'Education 68/69, $794
millions; 69/70 $974.6 millions, soit $200.6 millions ou 22.7%.
Augmentation maintenant du budget total du Québec 68/69,
$2,995,600,000; 69/70, $3,374,900,000, soit $379.3 millions ou 12.7%. Ainsi,
alors qu'en 68/69, le budget brut du ministère de l'Education
représentait 26.5% du budget brut total du Québec, en 69/70, il
en représente 28.9%.
Toutes ces données sont autant d'indices de l'accroissement de
l'effort fiscal du gouvernement en faveur de l'éducation et
démontrent que celle-ci demeure l'une des grandes priorités de
l'heure, même en période d'austérité.
Cet effort doit cependant s'accomplir, tout particulièrement
cette année, sous le signe de l'efficacité et de la
productivité. En effet, l'augmentation des dépenses pour fins
d'éducation est telle, et le ministre de l'Education et le gouvernement
le constatent, qu'elle provoque chez tous les citoyens, du plus petit
contribuable jusqu'au ministre des Finances, de sérieuses
inquiétudes. Tous se demandent jusqu'où nous pouvons aller dans
cette voie et jusqu'à quel point le succès des transformations
entreprises peut être compromis faute, à un moment donné,
de ressources financières suffisantes.
Permettez-moi de vous rappeler que cette préoccupation n'est pas
nouvelle chez moi.
La conjoncture économique présente nous force à
nous interroger plus sérieusement encore sur le coût de certains
services dont, en particulier, celui de l'éducation. Pour ma part, j'ai
la ferme conviction que, s'il faut maintenir l'éducation comme la toute
première priorité, il est temps d'instaurer, en ce domaine, un
régime que j'appelerais régime d'économie.
A plusieurs reprises, j'ai souligné qu'en définitive
chaque citoyen est responsable, pour sa part, de la saine administration du
système scolaire. Chacun doit voir à ce que chaque dollar
affecté à l'éducation en augmente le rendement, en
qualité ou en quantité, sinon ce dollar n'est pas, quelles que
soient les affirmations que l'on fasse, un investissement, mais tout simplement
une dépense que le gouvernement du Québec, que nous tous n'avons
pas les moyens de nous permettre.
Surtout, que l'on réalise bien,dans la vie réelle, qu'avec
des quantités semblables en nombre d'étudiants, en nombre
d'enseignants et en nombre de dollars investis ou dépensés, il
n'y a plus de quantités négligeables, lorsque toutes ces
quantités sont multipliées par 1,500,000 élèves et
il n'y a plus de pourcentage insignifiant, lorsque la base du calcul est
environ on l'a mentionné tantôt $1 milliard.
Je ne puis que regretter qu'en dépit de nombreux avertissements
donnés à tous ceux qui ont l'ultime responsabilité de la
répartition des deniers publics, avertissements d'ailleurs auxquels de
nombreux éditorialistes, commentateurs et journalistes ont fait
écho, que malgré les hauts cris des contribuables, que l'on
retrouve dans les lettres qu'ils écrivent au ministère, dans les
lettres ouvertes aux journaux, que malgré tout ceci, certaines personnes
et certains groupes et certaines associations continuent de rêver d'un
système idéal dont le coût serait hors de proportion avec
les moyens dont nous disposons. Pour eux, l'argent est sans importance.
Quand donc réaliserons-nous tous que nous n'avons pas les moyens
de nous payer tout ce dont nous pourrions rêver, pas plus en
éducation qu'en d'autres domaines. D'ailleurs, pas un pays au monde n'a
les moyens de le faire et tous doivent adapter leurs objectifs aux
impératifs de la réalité.
Or, cette réalité exige, justement d'une manière
impérieuse je m'excuse de la redondance, M. le Président
et a tous les niveaux de l'administration scolaire, une politique
d'économie, de saine administration, ce qui en définitive veut
justement dire une politique d'efficacité, une politique de
productivité.
L'analyse des principales variations du budget 69/70 par rapport
à celui de l'année précédente démontrera que
le gouvernement et le ministère de l'Education, en particulier,
entendent orienter tous leurs efforts en ce sens.
Politique d'efficacité
Une étude des augmentations les plus importantes
révèle que trois groupes d'article du
budget correspondant à trois secteurs de l'enseignement,
comportent à eux seuls, ces trois groupes, des augmentations d'environ
$200,000,000, soit $10 millions de plus que l'augmentation des $184 millions
constatée pour l'ensemble du budget de tout le ministère de
l'Education. Je veux être clair ici, trois secteurs, si nous les prenons
dans les nouvelles prévisions budgétaires en rapport aux
prévisions de l'an passé, représentent une augmentation
plus forte que toute l'augmentation du budget. Ceci semble paradoxal, nous
l'expliquerons. Il en résulte nécessairement et vous le devinez
dès maintenant, des diminutions importantes à d'autres articles
de ce budget.
Dans le secteur des commissions scolaires, les subventions ici
j'entends les subventions de fonctionnement et celles pour le service de la
dette à long terme totalisent à elles seules, ces
subventions, environ $142 millions de dollars d'augmentation, alors que dans le
secteur des collèges d'enseignement général et
professionnel, l'augmentation pour les mêmes subventions atteint environ
$36 millions. Quant au niveau de l'enseignement supérieur, au niveau
universitaire, l'augmentation de ces subventions est de l'ordre de $22 millions
environ, dont la moitié à peu près, dont $11 millions pour
l'Université du Québec à elle seule.
Trois facteurs expliquent cette augmentation globale pour ces secteurs
de $200 millions de dollars pour les commissions scolaires, les collèges
et les universités.
Une première tranche de cette augmentation est tout simplement
due à l'intégration des écoles de métiers, de
certains instituts de technologie et de certaines écoles normales, soit
aux commissions régionales c'est à-dire au niveau
secondaire soit aux collèges d'enseignement général
et professionnel les CEGEP soit même aux
universités.
Dans ce cas, il faut mentionner que l'augmentation est beaucoup plus
apparente que réelle, puisqu'elle est en partie compensée par une
diminution de plus de $32 millions aux articles concernant les institutions
intégrées. Il s'agit d'un déplacement et, lorsque nous
verrons les divers postes du budget, nous tenterons d'être
préparés, dans la plus grande mesure du possible, à
établir ces déplacements et ces comparaisons.
J'ai indiqué qu'il y avait trois facteurs qui expliquaient cette
augmentation de $200 millions environ dans trois secteurs de
l'éducation. Je viens d'en mentionner un. Avec votre permission, vu
qu'il est près de six heures, Je me réserverais de continuer
cette explication et d'exprimer les deuxième et troisième
facteurs à la reprise des travaux de cette commission et de continuer
cet exposé général sur les politiques du gouvernement et
du ministère de l'Education.
M. le Président, si les membres de cette commission
étalent aussi d'accord, fappré-cierais beaucoup que les travaux
de cette commission ne reprennent que vers 8hl5 ou 8h30 afin de me permettre,
d'ailleurs, d'apporter une documentation qui pourrait compléter cet
exposé.
M. LE PRESIDENT: Nous revenons à 8h 30? M. CARDINAL: Merci.
Reprise de la séance à 20 h 34
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): A
l'ordre, messieurs! La séance est ouverte.
M. CARDINAL: Je reprendrai le sujet où Je l'ai laissé.
J'avais mentionné qu'il y avait une augmentation d'environ $200 millions
que l'on retrouvait à trois postes principaux, et que cette
augmentation, qui était plus substantielle que l'augmentation de tous
les crédits du ministère, supposait des déplacements et
des diminutions à d'autres postes.
J'ai rappelé par la suite, M. le Président, que trois
facteurs principaux expliquaient cette augmentation. J'ai donné le
premier de ces facteurs. Et le deuxième facteur nous en
étions rendus là qui explique une partie substantielle de
l'augmentation des subventions mentionnées déjà, est
l'accroissement de la population scolaire. Lorsque nous parlons de
l'accroissement de la population scolaire, il faudrait quand même bien se
comprendre: il ne s'agit pas d'une augmentation de nouveaux étudiants,
mais bien d'une augmentation de la scolarisation. C'est-à-dire que,
selon les prévisions que nous estimons naturellement conservatrices, cet
accroissement devrait être de l'ordre de 60,000 élèves. Si
l'on tient compte du fait qu'il y aura diminution à
l'élémentaire, tant à cause de la baisse de la
natalité, dont il avait été question lors du débat
sur les prévisions budgétaires l'an dernier, que de
l'intégration progressive des classes de 7e année au niveau
secondaire, nous constatons donc que cette augmentation se situe au niveau
secondaire, au niveau collégial et au niveau universitaire. C'est ainsi
qu'alors qu'il y a diminution du nombre des entrées au début de
l'année scolaire, les étudiants demeurent plus longtemps à
l'école ou au collège, et leur nombre augmente à ces
niveaux, c'est-à-dire que ces nombres augmentent aux niveaux où
le coût de l'enseignement est le plus élevé, où les
services sont les plus coûteux.
Je pense que ce deuxième facteur parle par lui-même et
montre une augmentation substantielle des frais d'enseignement au Québec
aux niveaux collégial et universitaire, et aussi secondaire.
Le troisième facteur important est tout simplement un facteur que
l'on retrouve dans tous les ministères et dans tous les secteurs de la
vie, c'est l'augmentation du coût des services qui participe de
l'augmentation générale du coût de la vie.
Si l'on fait exception des articles concernant les écoles de
métiers, les instituts de technologie, les écoles normales et les
éco- les de Beaux-Arts, où l'on constate une forte diminution
résultant de l'intégration progressive de ces institutions, soit
aux commissions scolaires, soit aux collèges d'enseignement
général et professionnel, soit aux universités, selon les
cas, les augmentations d'effectifs sont peut nombreuses et peu
élevées. La plupart des articles n'en comportent aucune et l'on
enregistre même, nous le verrons dans plusieurs cas, certaines
diminutions.
Quant à la politique d'efficacité et de
productivité du ministère, elle se manifeste par une série
de mesures que l'analyse du budget nous permet de constater.
Mentionnons cependant, M. le Président, qu'en premier lieu il
convient de signaler que le ministère devient de moins en moins un
administrateur direct d'institutions d'enseignement et qu'il concentre ses
efforts dans le sens de l'animation, de la coordination et de la
réglementation. Ceux qui ont assisté à ces réunions
de l'ancien comité des budgets se rappellent que, dans certains cas
d'écoles administrées directement par le gouvernement, le
coût de l'enseignement était élevé par tête.
Cette diminution parce que le ministère devient de moins en moins
un administrateur direct c'est la signification de l'intégration
progressive des institutions d'enseignement déjà
mentionnées à quelques reprises aux commissions scolaires, aux
collèges et aux universités.
Cette politique permet de rapprocher les niveaux de décision des
niveaux d'exécution et assure une meilleure intégration des
institutions d'enseignement aux milieux qu'elles doivent desservir.
J'ajouterai que cette intégration cause certains problèmes
en elle-même; les instances locales qui absorbent de nouvelles
responsabilités doivent apprendre à vivre avec ces
responsabilités et à se libérer en quelque sorte, de
l'hégémonie qu'avait le ministère en ce domaine. Ils
doivent apprendre à vivre avec ces responsabilités et à
s'en tirer, cependant avec l'aide du ministère.
Dans ce même esprit, et pour éviter une dispersion des
efforts et un émiettement du système, l'action des bureaux
régionaux, qui entre dans la même ligne de pensée, sera
élargie et intensifiée. Cette orientation est d'ailleurs conforme
à la politique générale de déconcentration et de
régionalisation du gouvernement dans d'autres domaines que
l'éducation, et elle permet l'application au niveau régional de
la politique d'animation et de coordination du ministère. Il s'agit, on
s'en rappellera, d'une politique que nous avons commencée il y a environ
un an.
Cette orientation, en vue d'une plus grande
efficacité, explique l'augmentation quand même
légère du budget et des effectifs à l'article 33
concernant les bureaux régionaux.
C'est cependant dans la gestion interne du ministère que les
fluctuations des effectifs et du budget traduisent une préoccupation
marquée d'efficacité.
Certaines tâches, comme l'élaboration et la révision
des programmes, l'étude des manuels exigent une plus grande
participation du milieu et la collaboration de très nombreux
spécialistes appartenant à des disciplines de plus en plus
diverses. De plus, ces tâches, sans avoir un caractère strictement
temporaire, ne présentent pas la même régularité ou
constance que celles reliées à l'administration courante
proprement dite.
Dans ces cas ou dans la majorité de ces cas, il y a de nombreux
avantages à retenir les services occasionnels de collaborateurs de
l'extérieur, d'experts, de spécialistes sur une base
d'honoraires. Cette pratique permet, en effet, de recourir aux
spécialistes dont on a besoin et seulement pour le temps
nécessaire, et à tous ceux dont on a besoin, sans compter qu'elle
assure la participation active d'un plus grand nombre d'éducateurs qui
demeurent en contact avec la réalité quotidienne de
l'éducation tout en participant au travail du ministère.
C'est ce qui explique que, malgré une augmentation
considérable du travail en ce domaine vital, car la mise à jour
des programmes est maintenant l'une des préoccupations majeures du
gouvernement actuel, les effectifs des directions générales de
l'enseignement élémentaire et de l'enseignement secondaire, poste
4, de l'enseignement collégial, poste 6, et de la formation des
maîtres, poste 11, ne sont pas augmentés, alors que ces
mêmes articles comportent cependant une augmentation importante et un
accroissement substantiel des honoraires.
Inversement, dans d'autres secteurs, il a été Jugé
préférable de recourir tout d'abord à des
spécialistes de l'extérieur, soit pour effectuer des
études de caractère temporaire, pour assurer la mise en place de
système ou pour élaborer des normes, méthodes ou
procédures.
Maintenant que ces travaux de caractère temporaire et
l'élaboration de certaines méthodes, de certaines
procédures sont accomplis, il est plus avantageux de remplacer ces
occasionnels, si l'on peut s'exprimer ainsi, ces experts, considérant le
coût et l'efficacité des opérations, de remplacer, donc,
ces collaborateurs occasionnels par du personnel permanent.
C'est ce qui explique, par exemple, l'aug- mentation des effectifs au
service de l'informatique, poste budgétaire 3, et la diminution des
honoraires à la Direction générale de l'équipement,
poste budgétaire 13, et à la Direction générale du
financement, poste budgétaire 14.
Non seulement le ministère et le gouvernement entendent
administrer à l'éducation du Québec sur une base
d'efficacité et de productivité, il entend aussi mettre en place
un certain nombre d'Initiatives nouvelles. Cette politique de rendement et
d'efficacité n'empêchera donc pas la poursuite des tâches
entreprises et se manifestera même dans certains cas par l'expansion de
projets récents ou la mise en place de nouvelles initiatives.
Au niveau des institutions, est-il besoin de signaler la continuation du
développement du réseau des collèges d'enseignement
général et professionnel et, l'on se rappelle qu'il y avait en
fin d'année, 23 collèges qui fonctionnaient et un
vingt-quatrième dont la charte avait été émise et
qui n'était pas en état de fonctionnement.
En septembre prochain, sept nouveaux collèges ouvriront leurs
portes, en plus de ceux-ci, ce qui porte le nombre de ceux qui fonctionneront
à 30.
Il ne faut pas oublier l'ouverture, à la même date, en
septembre prochain, de l'Université du Québec en divers endroits.
La population étudiante des institutions de niveau collégial,
dans le réseau des collèges d'enseignement général
et professionnel, qui est présentement d'environ 35,520
élèves comme nous l'avons mentionné en Chambre cet
après-midi atteindra le chiffre d'environ 51,000
élèves.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'insister sur l'importance
de cet enseignement collégial dans le système d'éducation
ni sur le rôle capital qu'il est appelé à jouer dans le
Québec de demain, dans l'avenir, malgré quelques critiques que
certains peuvent apporter, alors que nous ne sommes qu'à l'an 2 des
CEGEP, au début donc d'une expérience.
A la grande satisfaction de la population du Québec, et au grand
désappointement de ceux qui avaient savamment entretenu des doutes
à ce sujet, l'Université du Québec ouvrira ses portes en
septembre prochain, non seulement à Montréal, comme promis, mais
aussi à Trois-Rivières et à Chicoutimi. Dans cette
Université du Québec, en ces trois endroits, seront reçus
un total approximatif de 10,000 étudiants.
L'enthousiasme général qui a accueilli les récentes
décisions et les nominations qui relevaient du gouvernement,
c'est-à-dire la nomination du président de l'Université du
Québec,
de trois des membres du conseil des gouverneurs et des trois recteurs,
c'est-à-dire non seulement à Chicoutimi et à
Trois-Rivières, mais même à Montréal, trois recteurs
responsables, avec les autres membres du conseil, des gouverneurs et du
président, de cette colossale entreprise, ne laissent, je pense, aucun
doute sur son succès dans l'avenir. Comme tous peuvent le constater, les
travaux accomplis sans bruit, mais avec méthode et
persévérance, au cours des derniers mois, permettent un
démarrage rapide et sûr.
Bien entendu, il faut regarder les choses avec lucidité. Il ne
faut pas s'attendre à l'idéal dès l'ouverture de cette
Université du Québec. Mais cette fondation est en quelque sorte
le couronnement de toutes ces modifications qui se sont produites dans le
domaine des structures, de l'élémentaire Jusqu'à
maintenant, le niveau le plus élevé, celui de l'enseignement
universitaire.
L'avenir confirmera je ne dis pas: Je l'espère, nous
l'espérons tous ensemble les espérances que toute la
population a déjà placées dans l'Université du
Québec.
Parmi les institutions nouvelles, en plus de ces sept nouveaux
collèges d'enseignement général et professionnel, de ces
trois universités constituantes de l'Université du Québec,
il convient de mentionner aussi les institutions d'enseignement privé.
Nous venons de mentionner la Loi de l'enseignement privé, non seulement
la loi mais aussi la Commission consultative de l'enseignement privé,
qui, en plus de mettre un terme aux inquiétudes de ces institutions et
à l'angoisse d'un grand nombre de parents, anxiété que
nous avions entendue devant l'ancien comité de l'éducation, cette
loi et cette commission sont venues intégrer cette catégorie
d'établissements à l'ensemble du système scolaire.
Désormais, les écoles privées de tout niveau et de
toute nature fonctionneront à l'intérieur des cadres d'un
système unifié et en coordination avec les autres
éléments du système. On pourra s'Interroger sur leur
complémentarité ou sur leur concurrence. Il s'agit ici de
catégories qui ne représentent pas la réalité.
Chacune aura sa place et saura à quoi s'en tenir, quant à ses
droits et quant à ses obligations.
L'accueil fait à cette loi, le bill 56, prouve, M. le
Président, suffisamment qu'elle est venue répondre à un
besoin réel et qu'elle répond à la volonté de
l'opinion publique. Même si les incidences budgétaires de cette
nouvelle initiative n'ont pas une importance tellement grande, ceci est
important et, le fait que l'impor- tance en chiffre absolu ne soit pas
remarquable, s'explique par le fait qu'il s'agit principalement de
déplacement ou de transfert de fonds.
Au niveau des institutions, mentionnons aussi l'organisation des Centres
d'orientation et de formation des immigrants dont le rôle consiste
essentiellement à initier les nouveaux Québécois à
leur nouveau milieu de vie et à les familiariser avec les langues en
usage dans leur pays d'adoption, ceci en collaboration avec le nouveau
ministère de l'Immigration.
Déjà, au moment où nous commençons
l'étude des prévisions des dépenses du ministère de
l'Education pour l'année 69/70, sept de ces centres sont en marche et
reçoivent environ 1,000 immigrants. Ceux-ci doivent tout d'abord
apprendre le français, s'ils ne le possèdent pas suffisamment, et
peuvent ensuite apprendre l'anglais s'ils le désirent.
Cette nouvelle initiative s'inscrit dans le cadre d'une politique
générale d'immigration du gouvernement du Québec, encore
une fois, en collaboration avec le ministère de l'Immigration du
Québec.
Ces pensées et considérations générales
n'empêchent pas une étude détaillée du budget. Ces
observations n'expliquent pas tous les articles et sous-articles de ce budget.
Elles nous ont paru néanmoins utiles pour dégager les grandes
lignes des politiques du ministère de l'Education et du gouvernement en
matière d'éducation, à l'occasion de la
présentation de ce budget.
Au besoin, comme nous l'avons déjà indiqué, nous
nous permettrons d'introduire chacun des articles par quelques
considérations appropriées, si c'est l'intention des membres de
ce comité.
Encore une fois, je désire répéter, M. le
Président, que nous serons disposés à fournir tous les
renseignements pour que les membres de la commission et que les membres de
l'Assemblée nationale, pour que la population qu'ils représentent
soit satisfaite et qu'une réponse soit donnée à ces
questions afin que l'on connaisse vraiment à quoi sert cet effort
énorme de tous les citoyens du Québec et de son gouvernement pour
l'éducation de ses enfants.
M. le Président, je suis donc à la disposition de la
commission pour présenter maintenant chacun des postes du budget et
répondre aux questions.
Des copies de ce texte seront à la disposition des membres du
comité et de toute la deputation.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, l'ex-
posé que vient de nous faire le ministre, est inscrit dans le
cadre du poste budgétaire 1, qui a pour titre « administration
», selon l'habitude dans notre Parlement. C'est à ce titre
également que j'aimerais à ce moment-ci faire certaines
observations d'ordre général qui se situeront dans la même
perspective au point de vue de la technique budgétaire que celle
adoptée par le ministre de l'Education.
Je dois dire toutefois, M. le Président, que l'exposé du
ministre de l'Education a été tellement technique, tellement sec
qu'il nous laisse vraiment sur notre appétit, et au point que l'on se
demande si le ministre est vraiment au courant des problèmes
réels auxquels le Québec a actuellement à faire face dans
le domaine de l'éducation. Bien sûr, au Québec, depuis
quelques années, on a mis en place tout un système de nouvelles
structures depuis la maternelle publique jusqu'à l'université.
Cette entreprise a été commencée il y a quelques
années déjà, et, au cours de la dernière
année financière du gouvernement, la mise en place de ces
nouvelles structures s'est complétée. Le ministre y a
référé et il a raison sur ce point.
Mais, M, le Président, la réforme de l'éducation,
ce n'est pas simplement un ensemble de structures nouvelles remplaçant
les structures anciennes. La réforme de l'éducation c'est fait
pour des jeunes, c'est fait pour des élèves et des
étudiants, c'est fait pour des citoyens à part entière qui
se préparent à occuper une place dans une société
d'hommes actifs. Je ne puis m'empêcher de rappeler les critiques qui ont
été formulées à l'égard de la réforme
de l'éducation par nos amis d'en face au cours des années
passées. On a traité la réforme de l'éducation
d'Inhumaine, on a reproché au gouvernement précédent de ne
pas tenir compte suffisamment des situations sociales, des situations
familiales, des situations strictement humaines.
Mais, M. le Président, on se serait attendu qu'une fois ces
critiques d'hier en place, avec les responsabilités de diriger le
gouvernement et d'assumer à leur tour la direction du système
d'éducation de la province, cette situation se trouverait vraiment
transformée car on ne peut pas nier que la mise en place de nouvelles
structures, il y a quelques années, le début de cette mise en
place, s'est accompagnée de certains bouleversements dans les habitudes
de notre société. Or, M. le Président, au lieu de
s'améliorer, cette inconvénient de la transformation de notre
système d'éducation est allé en s'accentuant.
J'aurais espéré qu'aujourd'hui le ministre de l'Education
nous aurait dit des choses pour aider à diminuer les inquiétudes
des parents, des jeunes et des maîtres, nous aurait indiqué quels
moyens son ministère entend prendre pour diminuer ce bouleversement des
esprits auquel nous avons assisté depuis un an ou deux en particulier.
Je me serais attendu à ce que le ministre nous eût indiqué
comment il entend sortir du marasme dans lequel se trouve aujourd'hui le
système d'éducation. Je préciserai ce que j'entends par
là, je ne me contenterai pas d'affirmations générales.
Je pense que la situation est grave au point qu'il est important de
dire, quand on le croit, comme c'est mon cas, qu'on est en train de perdre de
vue, en haut lieu, les objectifs mêmes du rapport Parent. Je dirais
même que la réforme de l'éducation en est gravement
compromise. Compromise, comment et pourquoi? Non pas parce qu'il n'y a pas,
dans le ministère de l'Education, un certain nombre de fonctionnaires
dans les divers postes de responsabilité qui ne soient pas vraiment
imprégnés de l'esprit du rapport Parent et
déterminés à mettre cet esprit en oeuvre le plus
complètement et le plus efficacement possible, mais après avoir
observé la situation, après avoir consulté, après
avoir été en bien des milieux de l'éducation du
Québec depuis quelques années, j'en arrive comme bien d'autres
à la conclusion que le marasme actuel, que l'état
d'inquiétude qui existe dans tous les esprits est véritablement
dû au manque d'orientation, de direction, au manque de souffle dans le
système d'éducation du Québec
J'énumérerai cinq aspects particuliers de ce que j'appelle
cette inquiétude, ce bouleversement, ce marasme dû au manque de
direction dans le système d'éducation du Québec. Tout
d'abord, le domaine de l'organisation pédagogique. C'est une expression
qui englobe beaucoup. Mais, ce que f envisage, ce que f ai à l'esprit,
à l'heure actuelle, quand je parle de l'organisation pédagogique
qui est au coeur même de cette inquiétude profonde, j'ai en vue
cette organisation en vertu de laquelle les jeunes devraient circuler
normalement à l'aise à l'intérieur du système pour
s'orienter suivant leurs aptitudes et suivant les besoins de la
société.
On me dira que bien souvent ces deux objectifs ou ces deux exigences ne
concordent pas. Mais précisément, l'un des défis d'un bon
système d'éducation, c'est de réconcilier ces deux
exigences, d'offrir aux jeunes des enseignements conformes à leurs
aptitudes et en même temps, de leur offrir un enseignement qui
corresponde aux besoins de notre société. Les jeunes ne savent
pas comment s'orienter, à l'intérieur du régime d'options
du secondaire, ils ne savent pas où cela les mènera, ils ne
peuvent pas trou-
ver, dans le système actuel, ce qui leur sera nécessaire
dans l'orientation qu'ils visent, à l'orée du CEGEP ou en
envisageant déjà l'université éventuelle.
Lorsqu'ils franchissent le cap de l'entrée du CEGEP, eh bien
là, c'est la pagaille. On se dirige considérablement, en
très grande majorité, vers les options universitaires, au point
que l'enseignement technique ou professionnel en général est
tombé en déconfiture, depuis un an.
Deuxième aspect ou secteur, celui des êtres qui sont dans
le système de l'éducation; les maîtres et les
étudiants. Les uns et les autres sont préoccupés des
problèmes de formation des maîtres, des problèmes de
négociation qui n'aboutissent pas, des problèmes de la place des
enseignants dans la direction des institutions d'enseignement et du
système dans son ensemble, la place des étudiants dans les
institutions, leur vrai rôle dans les institutions, rôle qui n'a
pas été repensé, qui n'a pas été
conçu à neuf, étudiants auxquels on donne un poste, deux
postes dans les comités, dans des conseils d'administration sans se
préoccuper du problème qui fait qu'en définitive, une fois
que deux étudiants accèdent à un comité ou à
un conseil, ils ne représentent déjà plus le milieu
étudiant dont ils sont issus.
D'où toute la contestation que nous avons connue et qui n'est pas
finie. Loin de là! Nous n'avons qu'à lire les journaux. Et que
Dieu protège le ministre et le Québec tout entier de
contestations, l'automne prochain, dans les milieux universitaires!
Troisième aspect: celui du financement.
Nous y entrerons en détail, bien sûr, comme à
l'égard de tous les aspects que Je mentionne, lorsque nous
étudierons les postes un à un. Mais le problème du
financement, malgré les observations qui sont sans doute bien
générales, mais qui ont l'air de voeux pieux du ministre
concernant l'économie et l'efficacité, le financement qui est une
source d'Inquiétude pour toute notre population.
Taxes scolaires, qui devaient disparaître incidemment! Taxes
provinciales dont nous n'avons pas eu le dernier mot évidemment!
Endettement des commissions scolaires, subventions qui n'entrent pas, emprunts
qui augmentent par les cent millions chaque année nous aurons des
chiffres précis du ministre un peu plus tard, j'y compte bien .
En somme dans le domaine du financement, c'est une autre pagaille.
Quatrième aspect: celui du divorce entre l'éducation et le
milieu du travail.
Je ne sais pas si le ministre est conscient de la façon dont est
répandue, à travers le Qué- bec, l'inquiétude que
nos diplômés de demain, sortant des CEGEP ou d'universités,
ne trouvent pas le travail auxquel ils auront été
préparés.
Il y en a d'autres qui se sont exprimés publiquement sur ce sujet
depuis quelque temps, et nous y reviendrons tout à l'heure; c'est l'un
des cinq aspects que je tenais à mentionner au début de cette
étude des prévisions budgétaires, et je vous avoue, M. le
Président, que les paroles du ministre sur ce point n'apportent aucun
réconfort.
Le cinquième aspect, puisqu'il faut sortir de l'immédiat
il faut sortir des problèmes que nous touchons du doigt tous les
jours, que nous soyons administrateurs, étudiants, maîtres,
parents c'est l'aspect de la prévision à long terme.
Il s'est fait des efforts depuis plusieurs années au
ministère de l'Education, depuis la fondation du ministère et
même un peu avant, pour faire certaines prévisions. Le ministre a
référé un peu au système de l'informatique. Mais
est-ce que vraiment au ministère de l'Education la même
observation s'appliquerait évidemment à l'ensemble du
gouvernement et peut-être encore plus gravement au reste du gouvernement
on s'occupe de prendre des perspectives, avec un certain recul, de ce
qui arrivera dans cinq ans, de ce qui arrivera dans dix ans?
M. le Président, s'il est un domaine où le travail qu'on
fait aujourd'hui est nécessairement un travail à long terme,
c'est bien celui de l'éducation. Quand on est au tourisme, quand on est
dans le domaine de la santé, quand on est dans le domaine du
bien-être social on compte sur des résultats tout de suite,
l'année même, et à tout événement,
l'année suivante. Mais, dans l'éducation, il faut bien
reconnaître que les résultats tangibles, immédiats sont
moins nombreux et moins évidents que dans d'autres domaines de
l'administration publique.
De là l'importance, encore plus grande dans ce secteur
qu'ailleurs, de prendre un certain recul des gestes qu'on pose, et de
prévoir ce que d'autres récolteront dans l'administration
publique après qu'on n'y sera plus, et ce que les Jeunes, les enfants
d'aujourd'hui récolteront dans cinq ou dix ans.
C'est depuis plusieurs années la coutume de tous les grands
gouvernements modernes, d'établir des prévisions au moins sur une
base de cinq ans. Eh bien, est-ce qu'au ministère de l'Education on fait
une pareille chose? Se préoccupe-t-on des conséquences, dans
trois ans, dans cinq ans des gestes qu'on pose aujourd'hui, et des
augmentations successives de budgets qu'on
a d'année en année et dont les ministres de l'Education,
les uns après les autres, tirent une certaine fierté pour montrer
qu'un gouvernement consacre une part importante des ressources nationales du
Québec au domaine si vital de l'éducation? Ces augmentations
posent des problèmes que personne, ni d'un côté ni de
l'autre, bien sûr, ici n'ignorons. Nous avons le devoir aussi de voir
plus loin et de voir, sur une période de cinq ou dix ans, où nous
nous en allons. Je pense que c'est le devoir des membres de cette commission,
comme le devoir des membres de l'Assemblée nationale de se renseigner
sur ces prévisions et de voir ou le budget d'aujourd'hui, avec tout ce
que cela implique, décisions législatives et administratives,
derrière cela, où ce budget nous conduira dans cinq ans de
maintenant.
Voila, M. le Président, des observations liminaires que J'ai
Jugé à propos de faire. J'ai voulu les exprimer de la
façon la plus simple possible, mais de la façon la plus sentie
possible. J'ai vraiment voulu dans ces paroles relativement succintes exprimer
l'inquiétude de toute une population. La responsabilité du
gouvernement actuel est d'autant plus grave que les membres qui le composent
ont fait de la vie publique avant d'accéder à leurs
responsabilités actuelles pour la plupart d'entre eux et, c'est à
tout événement le cas du gouvernement pris dans son ensemble.
Ils ont eu l'occasion de voir se dérouler les débuts de la
réforme de l'éducation alors qu'elle était mise en place,
mise en marche par d'autres, alors qu'eux pouvaient avoir un oeil critique,
alors qu'eux pouvaient voir les failles que peut-être ceux qui
étaient dans le coeur de l'action, pour mettre tout cela en place,
pouvaient ne pas voir aussi clairement qu'aujourd'hui. Ils ont la
responsabilité d'administrer en ayant l'expérience d'avoir vu ces
failles, d'avoir vu ces inquiétudes de la population dont ils se
faisaient les échos multipliés à de multiples puissances
à l'époque. Aujourd'hui la population aurait été en
droit d'attendre au moins certaines améliorations de ce point de vue
humain, de ce point de vue psychologique, de ce point de vue de l'organisation
sociale sur laquelle les réformes de structures ont tellement
d'Importance.
Le gouvernement actuel tout en continuant, à petits pas timides
et à retardement, la réforme des structures s'est montré
totalement incapable de résoudre ce problème difficile, j'en
conviens. Ce problème qui doit avoir une solution, ce problème du
bouleversement psychologique et social qu'entraîne la réforme des
structures, problème psychologique et social dont la population
manifeste l'expression à la journée longue et à
l'année longue, et au sujet desquels le ministre de l'Education s'est
contenté jusqu'à maintenant de dire qu'il s'agissait d'un
phénomène universel, disons que pour nous, de ce
côté de la Chambre, nous abordons l'étude des
crédits du ministère de l'Education en nous disant que nous nous
refusons à nous laisser entraîner purement et simplement en
fatalistes dans une ère de contestation universelle. Tout cela reste
à définir.
Nous croyons, comme législateurs, avoir la responsabilité
et nous croyons être capables, dans une certaine mesure, de donner au
développement du Québec une orientation qui soit voulue, qui soit
prévue et qui soit conforme à nos propres aspirations. Ce ne sont
pas les contestataires d'Allemagne, de France ou de Chine qui dicteront au
Québec la façon dont il se développera et s'orientara.
Bien sûr que ce qui se passe ailleurs ne peut pas manquer d'avoir une
influence chez nous, mais nous devons cesser de dire que nous sommes dans un
courant universel contre lequel nous ne pouvons rien. En face de ces mouvements
extérieurs à nous, nous devons avoir la force et la
détermination, tout autant que l'intelligence, et je parle là
collectivement, comme peuple, de déterminer notre propre
orientation.
Alors voilà l'esprit dans lequel, je pense, nous devons aborder,
dans le fond, l'ensemble des prévisions budgétaires du
ministère.
Alors, M. le Président, après avoir consulté..
M. LE PRESIDENT: J'aurais une question à vous poser, M. le
ministre, vous dites que le budget de l'éducation représente 29%
du budget. Est-ce que nous pourrions savoir, en comparaison avec les autres
provinces, ce que représente le budget del'éducation par rapport
à l'Ontario et les autres provinces?
M. CARDINAL: Le travail pourrait toujours être fait. Je ne sais
pas évidemment de mémoire, mais, si la question était
posée, si le député de Saint-Jean veut la poser à
la commission ou au ministre en d'autres lieux, il me fera plaisir de faire
établir ces chiffres.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. BOUSQUET: La proportion est encore plus considérable en
Ontario.
M. CHOQUETTE: Je peux vous donner la réponse, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Des questions, s'il vous plaît?
M. CARDINAL: Si vous me permettez, avant qu'on ne parle d'un document
comme celui que j'aperçois entre les mains du député de
Notre-Dame-de-Grâce, ce que je sais des budgets des autres provinces
permet difficilement des comparaisons prima facie. Par exemple, le gouvernement
de l'Ontario a deux ministères qui se composent pour former
l'éducation.
Dans certaines provinces, les dépenses du ministère de la
Santé ne font pas partie des dépenses d'un ministère de la
Santé au même titre qu'ici. Lorsqu'il s'agit des proportions des
dépenses de l'éducation par rapport aux dépenses totales
d'une province, il faut vraiment analyser la façon dont on
procède. Les dépenses pour les universités en Ontario, par
exemple, à cause de cette « corporation » qui a
été créée pour leur financement, fait que certains
chiffres n'apparaissent pas du tout sous le titre « Education » et
sont quand même utilisés à ces fins.
Il faut donc longuement épurer ces chiffres pour les comparer de
façon je m'excuse comparable aux nôtres. On ne peut
arriver qu'à des approximations avec les autres provinces ou les autres
pays.
M. LE PRESIDENT: En Ontario, c'est une espèce de
ministère...
M. CARDINAL: C'est une corporation qui finance les universités et
qui achètent leurs obligations, etc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avec la permission du
ministre de l'Education, vous me permettrez de faire quelques observations en
reprenant l'un ou l'autre des points qu'a soulevés le
député de Vaudreuil-Soulanges. Faisant allusion, notamment,
d'abord à la situation générale qui prévaut dans le
domaine de l'éducation et à l'inquiétude qui s'est
emparée d'un grand nombre de citoyens qui, enfin, se demandent dans quel
sens s'infléchit, non pas la politique du gouvernement, mais
s'infléchit le mouvement général de l'éducation
dans le Québec.
Je voudrais d'abord remercier le ministre de l'Education d'avoir fait un
exposé extrêmement clair, extrêmement simple et lucide de la
situation, en examinant rapidement, sommairement, quitte à y revenir
comme il l'a indiqué, le budget général de l'Education et
ses orientations pour l'exercice financier qui vient de commencer.
Il a brossé un tableau très lucide et très clair et
il a insisté sur deux aspects de la politique du ministère,
à savoir celui de l'efficacité et celui de la
productivité. Nous nous som- mes rendu compte au cours des années
qui ont précédé, particulièrement pendant les
premières années de cette réforme de l'éducation
dont on a dit qu'elle était une révolution, que personne ne
savait exactement où se dirigeait le ministère de l'Education et
dans quel sens s'infléchissaient ses politiques. Je n'hésite pas
à dire, puisque nous y avons fait allusion tout à l'heure et
c'est le député de Vaudreuil-Soulanges qui l'a fait, que
plusieurs d'entre nous, c'est-à-dire plusieurs des députés
du gouvernement, ont critiqué l'administration précédente
lorsqu'ont été mises en place les premières structures qui
préludaient à une réforme dont on disait qu'elle serait
globale, une réforme de l'éducation.
Si nous avons fait ces critiques et si bon nombre de ces critiques sont
encore valables aujourd'hui, c'est précisément que ceux qui ont
présidé à la mise en place de ces structures ne se sont
pas suffisamment préoccupés des conséquences que pourrait
avoir la réforme de l'éducation et n'ont pas su voir pour
l'avenir les répercussions dans le domaine humain de ce qu'ils
appelaient la grande réforme de l'éducation.
Je n'ai pas besoin de revenir sur des propos que j'ai tenus
moi-même publiquement et qui ont fait l'objet de conférences,
notamment sur le rapport Parent, pour enfin vous dire que la façon dont
le gouvernement qui nous a précédés a mis en place les
réformes de l'éducation, ne nous paraissait pas respecter
suffisamment l'aspect humain du problème qui était en cause
lorsque nous avons commencé ces réformes.
J'ai dit à maintes reprises, je l'ai fait pendant la campagne
électorale de 1966 et je ne crains pas de le répéter que
ce que je reprochais au gouvernement qui nous a précédés,
ce n'était pas d'avoir entrepris une réforme de
l'éducation, mais c'est d'avoir voulu aller trop vite, de ne pas avoir
tenu compte en ce faisant, d'abord de la situation qui existait, des habitudes
acquises, de la tradition, de l'ensemble des institutions d'enseignement qui
existaient dans le Québec et surtout des moyens financiers des
contribuables.
Et je suis bien placé pour en parler parce que je
représente une circonscription où s'est fait sentir de
façon aiguë ce manque de planification qui a présidé
à la mise en place des nouvelles structures de l'éducation, A
telle enseigne qu'à l'incitation de fonctionnaires ou de responsables du
nouveau ministère de l'Education, les institutions d'enseignements, dans
la région du Lac-Saint-Jean et de Chicoutimi, se sont lancées
dans de vastes programmes de construction, se sont endettées si
vous me permettez l'expression, M. le Président jusqu'au cou et
se sont retrouvées dans cette si-
tuation où elles ont dû faire appel de façon urgente
au ministère de l'Education pour qu'on les dépannât, A
telle enseigne que depuis bientôt trois ans que je suis
député de Chicoutimi, j'ai dû, comme je l'ai dit plusieurs
fois dans ma circonscription, liquider des institutions d'enseignement en
essayant de tirer le meilleur parti possible des bâtiments existants afin
de répondre au besoin d'une scolarisation qui, enfin, avait pris une
ampleur très grande et je m'en réjouis mais d'une
scolarisation qui n'avait pas été prévue et pour laquelle
on n'avait pas, enfin, planifié.
Aujourd'hui, on a créé dans la région du
Saguenay-Lac Saint-Jean, deux CEGEP, celui de Jonquière et celui de
Chicoutimi; maintenant, on a créé l'Université de
Chicoutimi. On commence à voir dans notre région qu'il y a,
actuellement, au ministère de l'Education, des gens qui s'occupent de
planifier et qui ne font pas simplement inciter les responsables de
l'éducation, à quelque échelon qu'ils se trouvent, qu'on
ne fait pas simplement les inciter à dépenser en leur disant; Le
ministère de F Education règlera ça tôt ou tard.
Bien, lorsque J'ai assumé la responsabilité de
député et qu'on est venu me voir en me disant: Le
ministère de l'Education nous avait promis de régler les
problèmes, je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucun
élément de solution qui avait été apporté et
nous avons dû reprendre tout le problème par la base et redonner
à ces institutions un sens et une orientation qui leur avaient fait
défaut.
C'est que la réforme de l'éducation c'est là
l'aspect humain du problème qu'évoquait tout à l'heure le
député de Vaudreuil-Soulanges s'est faite sur le plan
d'une équivoque. On a parlé, en voulant parler de scolarisation
et d'accessibilité de tous les étudiants au niveau des
études depuis la maternelle jusqu'aux études supérieures,
selon les talents, les aptitudes, les goûts et la volonté des
étudiants, on a parlé de gratuité d'enseignement, de
démocratisation de l'enseignement quand on eut dû parler
d'accessibilité de tous les citoyens à l'enseignement,
jusqu'à l'enseignement supérieur.
De telle sorte que les parents, dans la région du Saguenay-Lac
Saint-Jean, les étudiants et les maîtres ont cru que la
réforme de l'éducation signifiait une sorte de
démocratisation qui aurait consisté à mener tout le monde
à l'école sans égard aux conséquences, aux
coûts, etc., que cela devait entraîner.
Il y a eu au départ, à mon sens, un manque d'information
de la population et nous souffrons encore, à l'heure actuelle, des
conséquences qu'a entraînées cette absence d'information
sur la réforme de l'enseignement, sur son orientation et sur ses
objectifs.
On est parti des conclusions et des recommandations du rapport Parent
dont j'ai déjà dit, au moment où ce rapport a paru, qu'il
s'agissait d'une réforme de papiers, non pas que je condamnais le
rapport Parent, mais je disais qu'il faudrait voir à l'usage ce que
donnerait le rapport Parent.
Or, j'estime encore aujourd'hui que le rapport Parent n'est pas à
tous égards une bible, qu'il appartient au ministre actuel de
l'Education d'adapter certaines des recommandations du rapport Parent et de ne
pas s'en tenir strictement à la lettre de ce rapport Parent. C'est ce
que le ministre de l'Education est en train de faire. Je le félicite et
le remercie de mettre de l'ordre dans un domaine extrêmement vaste,
extrêmement important et qui n'était pas dans une situation fort
réjouissante au moment où l'honorable Bertrand et l'honorable
Cardinal ont assumé la responsabilité qu'avait assumée le
député de Vaudreuil-Soulanges.
Les problèmes qui me paraissent les plus importants et ce ne sont
pas des problèmes qui peuvent être réglés en une
seconde, en une année ou en deux ans, ce sont des problèmes qu'a
soulignés tout à l'heure le député de
Vaudreuil-Soulanges, un problème d'organisation pédagogique. Il y
a un problème, comme le député de Vaudreuil-Soulanges
l'appelait, de circulation des étudiants, à travers les multiples
options qui leur sont offertes.
Il y a le problème de l'orientation des étudiants. Bien,
si aujourd'hui les étudiants ont du mal à s'orienter à
travers le système d'options, c'est qu'ils n'ont pas été
informés au départ de ce que pouvaient présenter ces
options selon les termes du rapport Parent.
On n'a pas su non plus prévoir la formation d'un nombre
considérable d'orienteurs professionnels qui pourraient aujourd'hui
diriger ces étudiants selon leurs aptitudes et leurs talents pour qu'ils
puissent faire des carrières, des métiers professionnels, etc. et
non pas leur indiquer que la fin, l'objectif final des études, c'est
forcément l'université.
Il y a aussi ce problème de base, qui est fondamental et
très important, le problème de la formation des maîtres. Je
suis un éducateur de carrière et j'enseignais
précisément dans une faculté où l'on s'occupait de
préparer des maîtres. Eh bien, avant que l'ancien ministre de
l'Education ne fit entendre ses doléances, qu'il ne jouât les
Cassandre comme il l'a fait tout à l'heure, on déplorait à
ce moment-là que le ministère de l'Education, au temps où
il était, lui, le ministre de l'Education, ne s'occupât
point de former des maîtres et de mettre en place des structures
qui nous permettent d'en former et d'en former en très grand nombre, en
égard à la scolarisation massive qui s'annonçait à
partir du moment où on a parlé des réformes scolaires, des
réformes d'ensemble, des structures de l'éducation.
Je ne veux pas évidemment aborder le problème du
financement. Nous aurons l'occasion d'en reparler en étudiant les
diverses rubriques, les divers postes du budget. Mais, je voulais, à la
suite de l'exposé du ministre de l'Education et des observations qu'a
faites le député de Vaudreuil-Soulanges, souligner que dans la
région du Saguenay Lac-Saint-Jean, grâce a
l'autorité du ministre de l'Education et la collaboration qu'il a
reçue des collègues du gouvernement dans notre région, la
situation est en voie de s'améliorer, de prendre une orientation qui va
bientôt permettre aux parents, aux maîtres et aux enfants de voir
dans quel sens s'infléchit la politique du ministère de
l'Education, c'est-à-dire dans le sens de l'efficacité et de la
productivité. Ce qui inquiète actuellement les parents qui
investissent, enfin tous les contribuables, chacun de nous qui investissons
dans l'éducation, c'est de voir le rapport qui peut exister entre ces
investissements et l'efficacité, la productivité ou tout
simplement le rendement de ces investissements.
M. le Président, avant de terminer ces brèves
observations, Je voudrais résumer en disant que je ne reproche pas au
député de Vaudreuil-Soulanges d'avoir entrepris des
réformes de structure; je lui reproche de ne pas avoir tenu compte de la
capacité de payer des contribuables. Le reproche qu'il fait aujourd'hui
au ministre de l'Education de ne pas prévoir l'avenir, c'est le reproche
que nous lui avons fait en 1966, que nous lui avions fait auparavant, et qui
vaut encore, puisque nous avons hérité une situation qui est
celle qu'avait créée ceux qui nous ont
précédés. Et lorsqu'on dit que le ministère de
l'Education avance à pas de tortue, je crois que c'est là une
expression un peu exagérée, c'est une figure de
rhétorique. D'ailleurs, le peu de conviction avec lequel le
député de Vaudreuil-Soulanges a prononcé ces paroles nous
laisse bien croire qu'il n'est pas tout à fait convaincu de ce qu'il
dit, puisque le ministre de l'Education nous a fait savoir cet
après-midi combien de CEGEP on avait créés, qu'on venait
de créer l'Université du Québec et qu'on était
justement en train de mettre de l'ordre dans ces structures, dans les
structures du ministère de l'Education afin que la politique du
ministère de l'Education ne se traduise pas simplement par des bulletins
qui étaient distribués, enfin, à des milliers et des
milliers d'exemplaires et qui exigeaient de la part des éducateurs et
des parents, des séances et des séances de travail, que venait
illuminer de temps en temps le député de Vaudreuil-Soulanges
à l'occasion de rencontres avec les citoyens qui se disaient
après ces rencontres: C'est très beau ce qu'on nous a dit
là, mais où cela nous mène-t-il et qu'est-ce que cela va
nous coûter?
J'ai mémoire d'une entrevue à la télévision,
c'est-à-dire d'une émission de télévision à
laquelle j'avais participé. Après la présentation du
budget de 1965, j'avais participé à une émission avec un
groupe de spécialistes et je m'en étals pris, non pas au
député de Vaudreuil-Soulanges « ut sic », mais au
ministre de l'Education d'alors, et j'avais indiqué que la
réforme de l'éducation, sur le plan financier, tel qu'en parlait
le député de Vaudreuil-Soulanges et ministre de l'Education
à l'époque, coûterait, vers les années 1969-1970 ou
1970-71, au-delà d'un milliard et quart, et le député de
Vaudreuil-Soulanges avait pris la peine de faire une mise au point en Chambre
en disant que ce pauvre et minable professeur de l'université Laval, qui
s'appelait Jean-Noël Tremblay, à l'époque, était
complètement dans l'erreur et que la réforme de
l'éducation en 1970 ou 1971 serait bien loin de coûter un milliard
et quelques centaines de millions de dollars.
Or, c'est la situation à l'heure actuelle, selon ce que nous
indiquons le ministère de l'Education et les prévisions que nous
faisions, nous, à la faculté des sciences de l'éducation
de l'université Laval, sont aujourd'hui confirmées par le budget
que le gouvernement a déposé et que doit maintenant
défendre le ministre de l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: J'aimerais ajouter quelques mots à ce moment-ci.
A certains moments de l'intervention du ministre des Affaires culturelles, on
avait un peu l'impression de voir une société de contemplation
mutuelle en face de nous avec un député de Chicoutimi qui vantait
et glorifiait son poulain à des fonctions supérieures et, d'autre
part... Est-ce que l'expression n'est pas parlementaire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, elle est bien. Elle est
classique.
M. GERIN-LAJOIE: Et que, d'autre part, craignant de ne pas avoir la
pareille, il prenait bien soin de se vanter lui-même de son rôle
concernant son propre milieu, celui qu'il représente, celui de
Chicoutimi.
Je pense bien que, si le ministre des Affai-
res culturelles, dans son for intérieur, pense avec fierté
à son université, non pas de Chicoutimi, mais Université
du Québec à Chicoutimi, et pense aux deux CEGEP de la
région, il admettra volontiers, je dis bien dans son for
intérieur, que c'est grtce à la planification et aux
prévisions de l'époque d'avant 1966 et que si, à cette
époque, on n'avait pas fait ce qu'on a fait dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, je pense bien qu'aujourd'hui, le député
de Chicoutimi n'aurait pas la joie de remercier et vanter le ministre de
l'Education pour la réalisation de ses oeuvres dont nous sommes tous
fiers et qui devraient contribuer grandement au développement de la
région, et partant, de l'ensemble du Québec.
Je pense que ces choses méritent quand même d'être
signalées. Quand le ministre des Affaires culturelles parle du manque
d'information, bien sûr que je le reconnais, cela a peut-être
été l'une des déficiences les plus graves de ceux qui ont
présidé à la première étape de la
réforme de l'éducation au Québec pour les années
soixante. Il y a des lacunes qui existent, quelles qu'elles soient, et
celle-là en est une. Mais j'aurais souhaité que le gouvernement
suivant eût corrigé cette lacune plus efficacement qu'il ne l'a
fait.
Lorsque le ministre soulève cette question de l'information en
rapport avec l'orientation des jeunes, il faut bien déplorer
l'état déplorable de ce que le gouvernement actuel a pu mettre en
place au plan de l'information pour les jeunes qui entrent au CEGEP. Au mois de
septembre dernier, pendant toute l'année qui vient de s'écouler
et encore aujourd'hui, il y a une déficience catastrophique
d'information. J'emploie un mot qui paraîtra exagéré, il ne
l'est pas, mais il veut être imagé, parce que le manque
d'information sous toutes ses formes à l'entrée du CEGEP est
actuellement une cause de ce qu'on peut constater dans les CEGEP sous forme de
contestation ou autrement.
Cela met même profondément en cause le rôle
véritable que doivent jouer les CEGEP. Il en est de même au niveau
universitaire quand nous constatons combien de jeunes se dirigent vers les
facultés des sciences humaines, que ce soit dans les branches
anthropologiques, sociologiques, ou toutes autres. Elles sont toutes
très bonnes, mais elles ne peuvent qu'absorber qu'un nombre
limité de diplômés sur le marché du travail. Je
pense que le plan de l'information est un domaine, un aspect auquel le
gouvernement devrait attacher la plus grande importance, et au sujet duquel
nous avons l'impression qu'il y a vraiment absence presque totale. C'est tout
ce que j'ai à ajouter pour le moment, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne veux pas
accaparer le temps de la commission, mais je voudrais ajouter un petit mot
à ce que vient de dire le député de
Vaudreuil-Soulanges.
D'abord je lui ferai observer que ce qu'il a dit concernant celui qu'il
appelle « mon poulain », qu'il est fort imprudent de parler de tout
cela. Je voudrais bien que le député de Vaudreuil-Soulanges
eût quelque jockey s'il a l'intention d'être poulain quelque
part.
D'autre part...
M. GERIN-LAJOIE: Tenez compte que je ne vous en ai pas fait un reproche.
Ce n'est pas un reproche au « poulain ».
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une blague.
Alors, au sujet de l'information dont il dit que nous ne nous en sommes
pas occupés, eh bien, avant que de préparer tout ce programme
d'information, il fallait bien essayer de voir quels étaient les
morceaux que nous avaient laissés le ministre qui nous a
précédés. Il a fallu les rassembler, en dégager les
éléments et préparer un programme d'information. C'est
pour cette raison que le ministère de l'Education est justement en
mesure maintenant de faire de l'information objective et précise qui
rendra service aux étudiants, maintenant que nous savons, que nous avons
pu ramasser tous les morceaux, que nous avons pu tout remettre en place et
mettre de l'ordre surtout dans ce que vous aviez laissé.
M. HOUDE: II était quand même important d'avoir des
morceaux. A vous entendre parler, s'il n'y avait pas eu de morceaux,... parce
qu'il y en a eus, cela a été trop rapide...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais quand il y a trop de morceaux...
M. HOUDE: II reste que, grâce à cette rapidité, vous
êtes fiers de constater que vous aurez l'université.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand il y a trop de morceaux dans la sauce,
cela fait du hachis, du ragoût.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. HOUDE: Si cela n'avait pas été si vite, vous auriez eu
une école secondaire à Chicoutimi actuellement, vous seriez tout
fier de celai Là, vous avez une université.
M. LE PRESIDENT: Si nous reprenions maintenant le poulain du ministre
des Affaires culturelles, est-ce que nous pouvons connaître votre
cheval?
M. CARDINAL: M. le Président, nous pourrions peut-être
laisser ces questions de courses, et revenir...
M. GERIN-LAJOIE: C'est parce qu'à Saint-Jean, cela a
été un sujet d'actualité à un certain moment.
M. LE PRESIDENT: Oui, et qui vous a coûté très
cher!
M. CARDINAL: Ne parlons pas de cela parce qu'il y a eu des endroits pas
tellement éloignés aussi.
Revenons à l'éducation, messieurs.
Je dirais que le ministre ne peut tout de même pas tout dire,
surtout lorsqu'il essaie d'être clair et concis, de ne pas prendre
inutilement de temps de cette commission. Si l'on considère le niveau
secondaire et que nous regardons la situation présente par rapport
à celle qui existait l'an dernier, alors que nous en avons
discuté, il y a présentement dans les commissions scolaires
régionales des conseillers en orientation, des psychologues, des
personnes affectées à l'information: 271 conseillers
d'orientation, 44 psychologues et 292 personnes affectées à
l'information pour former un total de 600 personnes, ce qui donne une moyenne
de onze personnes affectées à l'orientation et à
l'information des étudiants au secondaire pour chacune des
régionales. Ce qui est vraiment un progrès rapide par rapport
à un passé qui n'est pas tellement récent.
J'ajouterai que cette brochure, par exemple ce n'est qu'un
exemple CEGEP, Gouvernement du Québec, ministère de
l'Education, Direction générale de l'enseignement
collégial, a eu un premier tirage de 300,000 exemplaires. Elle est
présentement épuisée. Actuellement des brochures
explicatives des divers cours et options sont à l'impression et seront
distribuées à tous les étudiants.
Il est évident qu'en matière d'orientation et
d'information, il y avait un manque. Le gouvernement actuel a tout fait pour le
combler et est en mesure de fournir non pas des voeux pieux, mais des
renseignements précis.
M. le Président, quant à la formation des maîtres,
j'ai eu l'occasion de déposer à l'occasion de rencontres avec
cette commission pendant une campagne qui se poursuivait l'automne dernier et
qui m'a mené à représenter le comté de Bagot, un
bilan de la formation des maîtres au ministère de l'Education sur
la période de six mois qui précédait, et ceci n'a pas
été achevé. Je réfère donc au journal des
Débats qui remplit deux cahiers pour la période de ces
débats.
Quand au financement, il est à souligner que, dans le budget
présenté, que nous étudions, les sommes, par exemple, de
subventions d'équilibre budgétaire par rapport à l'an
passé, sont presque doublées, ce qui a déjà
d'ailleurs été souligné par le ministre des Finances.
Quant au divorce entre l'éducation et le travail, je rappelle ce
qui à plusieurs reprises a été mentionné à
l'effet qu'il existe une commission interministérielle entre le
ministère du Travail, du Bien-Etre social et de l'Education pour
résoudre ces problèmes.
Quant à la prévision à long terme, je ne voudrais
certainement pas faire injure à ce service important de la planification
qui existe au ministère de l'Education et qui d'ailleurs apparaît
au poste budgétaire 1 de l'administration.
Je ne veux pas immédiatement reprendre les détails de
l'administration. Je rappelle que, sur chacun des articles du budget, il y a un
texte explicatif liminaire dont je pourrai faire état, quitte, selon les
circonstances, peut-être à en obtenir des copies pour ceux qui
seraient intéressés.
Encore une fois, je ne reviendrai pas sur tout ce qu'a dit le
député de Vaudreuil-Soulanges. Dans bien des cas, comme mon
collègue, le ministre des Affaires culturelles, je serais d'accord, et
l'une des questions qui m'est venue à l'esprit, après
l'exposé du député de Vaudreuil-Soulanges, en cette
cinquième année du ministère de l'Education, maintenant
que nous savons ce qui s'est produit, faute de prévisions, cinq
après, nous sommes certainement plus en mesure de prévoir dans
les cinq prochaines années.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il des questions?
M. PEARSON: M. le Président, une petite remarque. Cela fait
plusieurs fois qu'on entend toujours la même argumentation pour excuser
politiquement parlant, certaines déficiences. Pour autant que je me
souvienne, le ministère de l'Education a été crée
en 1964.
M. CARDINAL: Ce que je viens de dire, cinq ans cette année.
M. PEARSON: 1964, ce qui veut dire deux ans. Cela fait trois ans que le
gouvernement actuel est là. Alors il ne faudrait tout de même pas
exagérer. De toute façon...
M. CARDINAL. Il faudra plus que trois ans pour corriger ce qui s'est
fait en deux ans.
M. PEARSON: Disons que c'est une excuse assez facile et, si vraiment il
y avait eu autant de tort que ça, le gouvernement se serait
dépêché de se débarrasser des conseillers que
l'ancien gouvernement avaient avec lui, puisque ce sont ceux qui ont fait les
prévisions qui continuent encore aujourd'hui. J'ai l'impression qu'on se
gorge de mots, à un moment donné, et que ça ne nous avance
pas à grand chose...
M. CARDINAL: De part et d'autre.
M. TETLEY: M. le Président, j'ai une question au sujet des
prévisions. Vous avez parlé des prévisions, et le
député de Vaudreuil-Soulanges a parlé de prévisions
aussi. Avez-vous un plan ou avez-vous des prévisions pour les cinq
années qui vont suivre? J'ai noté dans vos remarques
préliminaires, à la page 3, qu'il y a une augmentation cette
année de 26.5% au lieu de 14% qui est l'augmentation du budget de toute
la province. Avez-vous un plan sur cinq ou trois ans?
Si oui, pourriez-vous nous donner les prévisions?
M. CARDINAL: II n'y a pas, sur le plan des prévisions
budgétaires globales, un plan général qui dise que dans un
an, deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, le budget du ministère de
l'Education serait normalement rendu à tel montant.
Il y a cependant je reviendrai sur cette affirmation
continuellement par la planification et par plusieurs directions
générales, des prévisions qui sont faites dans le domaine,
par exemple, de clientèle scolaire, dans le domaine du
développement du réseau des collèges d'enseignement
général et professionnel, dans le domaine du développement
de l'enseignement supérieur, dans le domaine de la formation des
maîtres, etc. C'est l'ensemble de ces prévisions qui sont remises,
d'ailleurs, chaque année au ministère des Finances et nous
permettent de préparer le budget du ministère de l'Education qui
est une partie totale du budget du gouvernement du Québec.
C'est-à-dire que et là je reviens sur cette affirmation
lorsque le gouvernement prépare un budget, il doit établir
des priorités et ces priorités peuvent évoluer parce que
l'art, justement, de gouverner, cette importance de planification est quand
même adaptée à la réalité. Je n'hésite
pas à affirmer devant ce comité que toutes ces projections que
l'on fait au ministère de l'Education sont des instruments de travail
qui ser- vent au gouvernement mais que ce ne sont pas des choses qui collent
nécessairement à la réalité. En d'autres pays avec
ces généralités, l'on a fait énormément de
planification et sans cesse, les événements sont venus les
changer.
Que le gouvernement actuel demeure au pouvoir pendant cinq ans, ce qui
est certainement une prévision facile de réalisation, il est
certain que les priorités qu'il établira évolueront durant
cette période de cinq ans.
Je ne prends qu'un exemple tiré à même le budget de
cette année et que j'ai mentionné au début de mon
exposé liminaire. C'est que, cette année, le gouvernement, tout
en accordant la priorité éducation, a insisté davantage,
par rapport aux années passées, sur l'économique.
Les modifications dans nos priorités viennent donc changer cette
planification et les données théoriques qui peuvent être
faites. J'ajoute que même au ministère de l'Education, il est
nécessaire, à partir de ces prévisions ou de ces
planifications, de les adapter à la réalité. L'exemple en
est donné par la planification dans le domaine du réseau des
CEGEP et dans le domaine des trois centres universitaires. L'on construit
toujours sur le passé, mais aussi sur le présent. Même si
je suis d'accord avec le député de Vaudreuil-Soulanges, il faut
établir une planification qui est importante, il faut établir des
prévisions gouvernées par, normalement, l'ordre à
prévoir. Je pense qu'il faut davantage s'attacher à la
réalité que de, sans cesse, se planifier pour la planification.
C'est pourquoi j'ai commencé tantôt par donner cet exemple de
l'orientation au niveau secondaire. Réalisation dans le domaine de
l'orientation qui est faite conformément à un plan mais qui
dépasse peut-être les prévisions que nous aurions
faites.
L'on sait par exemple que, dans le domaine des clientèles
scolaires, il est facile actuellement d'établir des projections mais
qu'il n'est pas facile d'établir quelles seront les options que les
étudiants choisiront. Toutes ces choses sont en fonction les unes des
autres et de certains modes de vie, de certaines tendances qu'il y a dans la
société et que l'on peut analyser.
Encore une fois, je ne voudrais pas ici, je me rallierais au
député de Vaudreuil-Soulanges que ces transformations dans
le domaine de l'éducation se fassent sans que le ministère ne
s'arrête et sans que les enfants ne soient arrêtés à
un moment donné. Nous devons les rapprocher le plus possible de la
réalité, tout en nous servant des planifications ou des
prévisions comme d'un instrument et non pas d'un but en soi. Cependant,
je puis répondre au député d'Outremont que, sans cesse au
minis-
tère, dans chacune des directions, ce travail s'effectue et qu'il
n'y a pas une prévision générale des budgets du
ministère de l'Education pour une période de...
M. TETLEY: M. le Président, je trouve la réponse du
ministre três inquiétante, à mon avis, et pour la raison
suivante. Je note que l'Ontario a une augmentation de 7.5% de ses
prévisions budgétaires de toute la province. Notre province a une
augmentation, durant une année d'austérité, de 14.1%,
suivant le ministre. Je vois qu'il n'y a aucune planification pour trois ou
cinq ans.
Je voudrais lire quelques phrases du discours du budget de l'honorable
trésorier de la province d'Ontario, M. McNaughton, le 4 mars 1969, et
vous verrez la grande différence entre notre gouvernement et le
gouvernement d'Ontario.
Le trésorier a dit les mots suivants, à la page 1804;
« As a first stage, all departments and agencies were instructed to
prepare detailed expenditures for the five year period 68/69 to 72/73. These
forecast covered expenditure increases for existing programs, qualitative of
improvements to existing programs and new programs, given assumptions for such
variables as population change and price increases. »
Et chaque ministère, y compris le ministère de l'Education
de l'Ontario, devait produire un plan de cinq ans. Le résultat, à
la page 1805: « à would like to point out that our achievement in
holding expenditures to 7.5% increase for 69/70 is considerably better than the
Federal Government's record of 9.5% ». Il ne parle pas de la province de
Québec, et ainsi de suite.
M. le Président, je trouve que c'est très
inquiétant que le gouvernement n'ait pas de planification, surtout dans
un ministère qui nous coûte un milliard de dollars et qui a
augmenté son budget de 26.5% cette année. N'oubliez pas... Vous
avez parlé de sommes que vous n'avez pas dépensées, etc.
Est-ce que l'année prochaine, à cause du grand effort que vous
avez fait, nous aurons besoin d'une augmentation de 36%? Planifier
d'année en année, pour moi, c'est une erreur.
Je crois qu'un système comme celui-ci ou manque la planification
est inacceptable.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, je pense
qu'il ne faudrait pas dramatiser. Dans ma réponse, je vous ai
donné quelques exemples. Nous n'avons pas indiqué, le ministre
des Finances n'a pas encore prononcé le discours du budget. Il a
simplement déposé ses crédits, il n'a pas indiqué
les voies et moyens encore. Nous n'avons pas indiqué comment ce budget a
été construit. Je ne prends qu'un exemple sur tant d'autres.
Dans le domaine de la construction des écoles, le
ministère a présenté divers plans, des priorités
sur une période de temps, qui étaient un choix pour le
ministère des Finances. En travaillant, en accordavec le
ministère de l'Education, pour choisir la somme qui serait prévue
au budget, il y a donc une planification. Il est certain qu'à cause de
la clientèle scolaire qui est connue pour les années à
venir selon qu'on établit comme priorité, et qu'on prenne des
planifications sur des périodes plus ou moins longues de temps, il faut
arriver à tel but en particulier.
Ce que J'ai voulu indiquer, c'est qu'il n'y a pas de prévu, au
ministère, un plan global qui indique quel sera exactement le budget
proposé dans cinq ans à compter d'ici, un plan
général. Il y a, je le répète parce que je
réponds à la question, c'est la réalité au
ministère qu'il y a sans cesse dans tous les ministères de
ces projections, de ces planifications qui se font et que c'est l'ensemble de
tout ceci qui est présenté au conseil des ministres, et au
ministère des Finances pour préparer le budget du
ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1 accepté?
M. TETLEY: Puis-je passer une remarque? M. le Président, pardon.
C'est exactement votre exemple, M. le Ministre, la construction
d'écoles. Si par exemple, cette année vous avez construit une
école, si l'an prochain, vous n'avez pas l'argent pour les professeurs
ou les livres ou pour les dépenses de l'école, qu'avez-vous? Une
école vide. Je crois qu'un plan à l'année est
inacceptable.
M. LE PRESIDENT: On ajourne à demain? M. CARDINAL: Oui.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1 accepté?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je pense que, de ce
côté-ci, mes collègues sont d'accord pour que nous passions
au poste budgétaire suivant. Seulement, comme ce sont les coutumes, nous
le laissons en suspens pour adoption à l'Assemblée nationale, en
haut. Nous avons toujours le privilège de faire un débat sur un
sujet de notre choix. Nous n'exerçons pas toujours ce
droit-là.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Non, tant mieux. Poste budgétaire 2?
M. CARDINAL : Numéro 2, la Direction générale de la
planification. Vous pouvez souligner, si l'on compare les chiffres, que la
diminution des effectifs notés au sous-article 1 est simplement la
conséquence du transfert au service de l'informatique, au service des
statistiques. Il y a là un déplacement de fonds.
M. LE PRESIDENT: Nous ajournons, demain trois heures.
M. CARDINAL: Le numéro 2 est commencé.
M. LE PRESIDENT: Demain, après la période de questions
à l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance: 21 h 56)
Séance du 23 avril 1969
(Quinze heures trente-trois minutes)
M. PROULX (président de la commission de l'éducation): A
l'ordre, messieurs!
Je déclare la deuxième séance ouverte. M. le
Ministre.
M. CARDINAL: J*ai déjà mentionné que, si l'on
compare les deux montants totaux de l'an passé et de cette année,
la différence, qui est une diminution, s'explique par la diminution des
effectifs qui est la conséquence du transfert du service des
statistiques au service de l'informatique.
Il n'y a rien de particulier à souligner. C'est cela.
C'est-à-dire la planification.
M. TREMBLAY (Montmorency): Lorsque vous parlez de planification, est-ce
qu'il s'agit de planification en matière de programmes scolaires ou en
matière de dépenses gouvernementales?
M. CARDINAL. Il s'agit de planification dans tous les domaines qui
existent au ministère. C'est un des grands services et cela s'applique
autant à la planification, disons, dans le domaine des programmes, bien
que lui-même ne fasse pas de programmes. Il y a un service à
l'élémentaire, au secondaire pour ces fins. Mais c'est un service
de planification du travail du ministère dans toutes ses
sphères.
Comme j'ai répondu hier à une question du
député d'Outremont, il ne s'agit pas d'un service de
planification pour prévoir quels seront les budgets sur une
période de cinq ans ou de dix ans. Absolument pas. Il y a, à
travers le ministère, dans les divers services, des projections qui sont
préparées et qui sont présentées lors de la
préparation du budget, chaque année. Mais il n'y a pas une
prévision globale de montants établie d'une façon
systématique sur une période donnée,
présentement.
M. TREMBLAY (Montmorency): Mais est-ce que cela signifie que cette
Direction générale de la planification ne saurait
déterminer, en définitive, les dépenses futures,
même sur une période de deux ou cinq ans, comme le
député d'Outremont le disait hier?
M. CARDINAL: Dans certains domaines, oui. Il est évident que
lorsque nous préparons un projet donné comme, par exemple, le
projet REPERES pour la formation des maîtres ou certains nouveaux projets
qui sont lancés, à ce mo-
ment-là, des projections sont établies. On sait quelles
sont les dépenses du projet, disons, pour l'année et l'on
prévoit pour la durée du projet.
Si c'était le cas du projet TEVEC, par exemple, projet pilote de
la région du Lac-Saint-Jean, l'on prévoit, pour la durée
du projet, quelles seront les dépenses.
Dans le fond, la Direction générale de la planification
s'occupe surtout de la clientèle scolaire. C'est surtout dans ce domaine
qu'il y a planification de l'équipement scolaire en fonction par exemple
des mouvements de cette clientèle. Hier le député de
Vaudreuil-Soulanges parlait de la circulation des étudiants à
travers le système. Cette direction, en général, n'est pas
une direction de financement. Son rôle n'est pas de planifier le budget
du ministère globalement, sur une période de temps.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce qu'il y a une autre direction qui
s'occupe de cette planification, à court terme ou à long terme,
des finances du ministère?
M. CARDINAL. Il y a au ministère un administrateur
général et un service de l'administration générale
c'était au poste budgétaire 1 des études qui
y sont poursuivies.
Il n'y a pas, comme telle, une direction générale qui
s'occupe je le répète peut-être pour la
troisième ou la quatrième fois de prévoir quel sera
le montant total prévu pour le budget de l'éducation sur cinq
ans.
Je répète un peu ce que f al dit hier à l'effet que
le budget qui est préparé au gouvernement tient compte des
travaux qui sont préparés dans chacun des ministères et
des priorités que le gouvernement établit. Et par
conséquent, pour le budget du ministère, même s'il est
très important par rapport au budget total du Québec, il n'a pas
paru possible jusqu'à présent de prévoir quel sera
exactement le montant de ce budget sur une période donnée.
Cependant, ceci pourrait être prévisible, puisque cette
direction prévoit la clientèle scolaire, prévoit
l'équipement, prévoit d'autres services; nous pourrions, a partir
de ce que nous possédons déjà, établir quel serait
normalement le coût de l'éducation, toutes choses demeurant les
mêmes, sur une période donnée. Cela pourrait se faire.
Disons que la structure administrative prévoit, au
ministère de l'Education, la Direction générale de la
planification sous laquelle il y a le service de l'informatique; il y a un
certain nombre de services généraux qui sont le
secrétariat général et l'administrateur
général, dont j'ai parlé tout à l'heure. Il y a
aussi des services généraux à l'enseignement, des
directions générales pour chacun des niveaux d'enseignement, des
bureaux régionaux, un service du financement, mais il n'y a pas un
service je ne sais pas comment vous l'appelleriez, si je comprends bien
votre question qui s'occuperait d'abord et exclusivement de recueillir
tous les renseignements sur le ministère pour dire, aujourd'hui, ce que
coûtera l'éducation dans cinq ans, par exemple.
M. PEARSON: Est-ce que cet article comprendra, par exemple, la question
de l'orientation, si à un moment donné le ministère se
rend compte qu'il y a une anomalie dans l'orientation des étudiants au
niveau des CEGEP? Comme actuellement, 25% des étudiants, ou à peu
près, s'orientent...
M. CARDINAL: Non, du tout. L'orientation est à la direction
générale de chacun des niveaux. Par exemple, le secondaire et le
collégial.
Hier, j'ai donné comme exemple qu'il y avait je cite les
chiffres de mémoire 600 personnes au niveau secondaire s'occupant
de l'orientation et de l'information; cela faisait une moyenne de onze
personnes par régionale. Mais à ce moment-là, ceci
dépend de la direction générale du secondaire.
La même chose pour le document que j'ai produit hier, qui avait
été distribué à plus de 300,000 exemplaires et qui
est un document d'orientation pour les étudiants au niveau
collégial, dans les collèges d'enseignement général
et professionnel. Il émane de la direction générale de
l'enseignement collégial. C'est ce qu'on appelle le DIGEC.
M. PEARSON: Oui, je suis d'accord avec vous jusqu'à un certain
point, mais actuellement il y a une anomalie grave, parce que c'est
laissé justement à l'initiative des orienteurs au niveau
secondaire.
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, M. le Président, je ne
trouve pas cette anomalie grave. Si le député veut dire que nous
devons faire du dirigisme au ministère, établir des
contingentements qui diraient combien d'étudiants devraient aller dans
telle sphère, il y a une anomalie grave.
Je ne le pense pas. Ici j'exprime clairement cette opinion que j'avais
soulignée l'an passé. Le ministère veut faire tout son
possible pour informer les étudiants, avec le ministère du
Travail et d'autres ministères, pour leur indiquer quel-
les seraient les ouvertures les plus propices, les plus favorables au
développement du Québec. Nous ne croyons pas présentement
qu'il y ait lieu de diriger les étudiants vers des options
précises. Il y a lieu de les diriger en les orientant; ceci se fait
à l'instance locale par les services d'orientation et d'information qui
sont offerts à l'instance locale, secondaire ou collégiale,
grâce aux services du ministère que nous fournissons. Il n'y a pas
à la planification générale ou ailleurs, un service qui
établisse un dirigisme dans ce domaine.
M. PEARSON: Oui, je suis d'accord avec vous jusqu'à un certain
point. Il y a dirigisme et dirigisme! Prenez, par exemple, la faculté de
médecine qui, à cause de la grandeur de ses locaux et du nombre
des étudiants, peut être limitée à un moment
donné.
M. CARDINAL: Non, M. le Président. La faculté de
médecine, tout d'abord, ne dépend pas du tout du ministère
de l'Education et les universités...
M. PEARSON: Je citais ça comme exemple.
M. CARDINAL: Oui justement, et les facultés de
médecine...
M. GERIN-LAJOIE: C'est un bon exemple parce que c'est le gouvernement
qui autorise ou non les constructions d'agrandissement.
M. CARDINAL: Un instant, M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que jepeuxfaire une suggestion au ministre? Le
ministre va-t-il nous inviter à maintenir l'ordre? Je voudrais faire
cette suggestion au ministre. Les députés de cette Chambre
je pense bien que le ministre comprendra que ce n'est pas un reproche ne
sont pas familiers avec la structure du budget, surtout pas avec la structure
du ministère de l'Education.
M. CARDINAL: Sauf le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Dans une certaine mesure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le sens inverse, c'est lui qui ne
connaît pas.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre pourrait peut-être nous
suggérer à quel moment discu- ter certaines choses comme la
question de l'orientation; peut-être qu'il serait à propos, comme
en faisait allusion le ministre, d'en discuter au poste de l'enseignement
élémentaire et secondaire. Autrement, j'ai peur qu'on ait un
chassé-croisé et qu'on revienne sur les mêmes sujets.
M. CARDINAL: C'est possible. Evidemment si on prend l'exemple de la
faculté de médecine, c'est au niveau de l'enseignement
supérieur. L'orientation est au niveau élémentaire et
secondaire. Mais disons que vous avez les postes du budget. Il est difficile
je suis d'accord avec le député de Vaudreuil-Soulanges
de prévoir où va se situer telle question. Si nous
regardons ces postes, nous verrons qu'après les services dont j'ai
parlé tantôt, nous allons prendre les écoles
spécialisées et les directions pour chacun des niveaux
élémentaire, secondaire, collégial, les écoles de
métiers et les instituts de technologie, la formation des maîtres,
l'enseignement supérieur et ensuite les services: équipement,
financement, etc. Les questions qu'on vient de poser auraient pu se poser ici
lors de l'étude du poste budgétaire 1. Nous en avions d'ailleurs
parlé parce qu'elles recouvrent plusieurs niveaux. Ce n'est pas a
l'occasion de l'étude du poste de la Direction générale de
la planification que ces questions pourraient être logiquement
posées, parce que ce n'est pas le rôle de la planification.
M. PEARSON: Je suis d'accord ici. Si j'ai posé la question
à ce moment-là, c'est parce que j'avais l'impression que
justement, à cause de certaines anomalies, je me demandais si, au
ministère cela ne serait pas tombé sous ce poste de la
planification.
Etre capable de prévoir, disons, les besoins futurs pour
éviter certaines anomalies comme il y en a à l'heure actuelle
où un grand nombre de CEGEP donnent les mêmes cours. Puis il
arrive, à un moment donné, un surplus de diplômés
qui vont devenir tout simplement des chômeurs. Dans d'autres domaines, il
y a des étudiants qui ne sont même pas assez nombreux pour
répondre au minimum de demandes. C'est pour cela que j'avais posé
la question au niveau de la planification.
M. CARDINAL: D'accord. Enfin je suggérerais qu'on en parle...
M. PEARSON: Si vous permettez qu'on y revienne, oui, d'accord.
M. LEFEBVRE: Pour ce qui est de l'orien-
tatlon au niveau secondaire, je comprends que nous pourrons en parler au
poste budgétaire 4: Direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire. Le ministre y a fait allusion, mais je
ne voudrais pas que, parce qu'il y a fait allusion, l'on puisse
considérer que ce sujet est vidé.
M. CARDINAL: Non,il n'est pas vidé. M. Lefebvre a
déjà évoqué des absences des députés.
Je rappellerai que, hier, nous avons déjà parlé de ceci
dans l'exposé préliminaire et nous avons même donné
des statistiques sur les services d'orientation et d'information. Je serais
disposé quand même à y revenir. Le document auquel je fais
allusion a été distribué aux députés; si le
député d'Ahuntsic ne l'a pas eu, je pense que nous pourrions le
lui remettre.
M. LEFEBVRE: Est-ce que je peux clarifier la question des allusions
à certaines absences? Le ministre se rendra compte en lisant le journal
des Débats que je ne me scandalisais pas de son absence en soi, mais
dufait qu'il était absent en même temps que le ministre d'Etat.
Deuxièmement, le ministre conviendra que le pouvoir comporte certaines
servitudes. Si cela lui est trop lourd, il pourrait toujours suggérer de
changer de place avec les gens d'en face. Mais, dans la mesure où il a
la responsabilité du pouvoir, je crois qu'il est obligé
d'admettre qu'une de ses responsabilités, c'est de répondre aux
questions des députés, même quand c'est ennuyeux.
M. CARDINAL: Je pourrais peut-être répondre ceci. Je ferai
remarquer au député d'Ahuntsic que, depuis dix-huit mois que je
suis au ministère de l'Education, je n'ai en aucun moment pris des
vacances, sauf trois jours, la semaine dernière, qui ont
été employés à préparer la défense
des prévisions budgétaires de mon ministère.
M. TREMBLAY (Montmorency): Le budget du ministère de l'Education
comporte des dépenses d'à peu près $1 milliard. Je pense
que ce serait bien important que le gouvernement sache où il va dans les
dépenses futures. On a souvent reproché au ministère de
l'Education je pense que ce n'est pas sans raison d'aller trop
vite et de ne pas trop savoir où il allait. Vous avez différents
services qui peuvent prévoir la clientèle, les fonctions, les
mouvements de la clientèle scolaire, etc. Vous avez des services qui
peuvent donner des informations, et vous produisez des informations, des
extrapolations etc.
Actuellement, ce qui serait important pour le peuple de savoir, en fait,
ce serait de pouvoir proportionner l'effort qui se fait dans le paiement des
taxes au gouvernement.
Une dépense de $1 milliard est à peu près 30% du
budget. Je me demande si l'on ne devrait pas calculer, comme cela se fait dans
d'autres pays et dans d'autres provinces, ces dépenses futures pour que
l'on puisse concentrer les efforts sur les problèmes les plus urgents en
matière d'éducation, et de façon à prévoir
aussi les incidences économiques.
Vous savez qu'au point de vue économique, il nous faut des jeunes
qui soient préparés au rôle qu'ils auront à jouer,
à prendre la relève, en fait, de leurs aînés. Dans
nos CEGEP, les jeunes se plaignent d'insécurité. Tant du
côté des étudiants que du côté des professeurs
et des parents, tout le monde se demande: Où est-ce qu'on va avec ces
sommes d'argent que nous dépensons?
Je pense bien que, lorsqu'on parle de Direction générale
de la planification, est-ce que c'est possible et je pense que c'est
possible... Je sais que l'entreprise est énorme, elle est gigantesque
même au point de vue éducatif. Je pense que c'est absolument
nécessaire de faire des tentatives pour savoir exactement où nous
allons au point de vue des dépenses et au point de vue budgétaire
pour les quelques années à venir. Si nous ne voulons pas
établir de planification à long terme, nous pouvons
sûrement établir en fait des probabilités à court
terme pour quelques années.
M. CARDINAL: M. le Président, j'accepte les remarques du
député de Montmorency et j'en prends bonne note. D'ailleurs,
certaines des notes qu'il a lui-même données apparaissaient
déjà dans le texte préliminaire que j'ai lu hier. Nous
avons même souligné ces inquiétudes non seulement de la
population, mais de la députation et même du ministre des
Finances.
Il est certain que ce que vise le ministre actuellement c'est justement,
non seulement l'efficacité et la productivité, mais
l'économie, je l'ai déjà mentionné hier. Je veux
ajouter que le gouvernement, se rendant parfaitement compte de cette situation,
a d'ailleurs créé, avant que la session ne cesse pour les
fêtes dernières, l'office de planification chargé d'un plan
global de planification pour le budget entier du gouvernement y compris, et
tout particulièrement, celui du ministère de l'Education. Ceci se
fait en collaboration entre le ministère de l'Education et cet office,
grâce aux renseignements que nous avons déjà.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, avant de « liquider
», si je peux employer cette expression, le poste budgétaire 2,
j'aimerais faire
l'observation liminaire suivante. Pour la plupart d'entre nous, de ce
côté-ci de la table de la commission, nous n'avons pas l'intention
d'étudier en détail chacun des postes budgétaires. Disons
qu'il y a certains secteurs qui sont davantage l'objet de nos
préoccupations à ce moment-ci. Alors, je mentionne la chose
simplement pour qu'on ne s'étonne pas si, sur plusieurs postes
budgétaires, nous n'avons pas de questions particulières à
poser.
M. CARDINAL: M. le Président, je pourrais même offrir ma
collaboration à la députation de l'autre côté de
cette table et je pourrais tout simplement, au début de chacun des
postes, donner une très brève explication. Si elle est
satisfaisante, nous pourrions passer au poste suivant. Si ceci même n'est
pas nécessaire pour une raison d'efficacité, je pourrais
même oublier ma suggestion.
Poste budgétaire 2 adopté?
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2 adopté.
Poste budgétaire 3: Service de l'informatique. Il y a une
augmentation de $80,000.
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que vous pourriez, M. le Ministre, me
définir plus exactement dans quel sens le ministère de
l'Education utilise le mot « informatique »?
M. CARDINAL: C'est au sens précis du terme, c'est-à-dire
que ce sont ces procédés mécanographiques qui nous
permettent à la fois de recueillir toute une série de
renseignements très précis, de les codifier et de pouvoir obtenir
des réponses à des questions qui sont ensuite posées
à la mémoire de cette machine. Ce service nous permet, par
exemple, d'obtenir beaucoup plus rapidement des résultats d'examens.
Cette machine nous permet, même s'il y a des retards dans ce domaine, je
le dis avant qu'on nous le dise, de régler le problème des
bourses où il y a eu cette année un nombre record de demandes. Ce
service nous permet de codifier tout le financement des commissions scolaires,
états financiers, budgets, etc. Ce service permet aussi au
ministère même de codifier tous les renseignements que nous avons
dans chacune des directions générales.
Il s'agit donc, si vous voulez, de ce que nous appelons normalement un
cerveau électronique qui possède une mémoire et qui
répond très rapidement à toutes les questions que nous
pour- rions nous poser au ministère ou qu'on pourrait nous poser au
ministère touchant le gouvernement ou d'autres services.
Le service de l'informatique s'est occupé particulièrement
cette année des examens à l'élémentaire. Il a
créé un fichier pour les étudiants de sixième et de
septième année. Il a produit des statistiques permettant de juger
le système d'examens et d'enseignement. Il a permis la compilation des
résultats d'examens.
Il a fait de même au secondaire. Il s'est occupé des
examens à l'éducation permanente. Il s'est occupé du
service d'admission aux collèges et aux universités, non
seulement pour le Québec mais c'est un fichier central qui a
été créé. Il s'occupe des prêts-bourses,
comme je viens de l'indiquer. Il a permis d'établir des statistiques
pour l'éducation des adultes. Il sert à la gestion automatique du
personnel du ministère; comme vous le savez c'est déjà un
nombre record. Il permet d'établir toute espèce de statistiques
sur l'enseignement, organismes, écoles, personnels,
élèves, à tous les niveaux et à chacun des niveaux.
Il permet d'évaluer la scolarité, c'est-à-dire la
qualification des enseignants, à partir de certains critères. Il
a servi, dans le cas du projet témoin TEVEC, où tout se faisait
à partir, Justement, de l'informatique, c'est-à-dire de cartes
perforées. Il permet des relevés financiers mensuels ou à
des périodes déterminées. Il permet d'établir des
prévisions de caisse d'un budget de $1 milliard. Il permet de
préparer des prévisions budgétaires pour le même
ministère. Il permet de calculer les subventions dans tous les domaines
où nous donnons des subventions. Il permet d'établir le budget
d'immobilisation. Il nous a permis l'inventaire des locaux des
universités, pour répondre aux objections qui avaient
été faites dans ce domaine. Il permet de codifier et de
développer un système intégré de gestion des
commissions scolaires. Il sert, actuellement, vu que c'est au début de
l'expérience, à la gestion des CEGEP.
Il sert à l'analyse du journal de paie du ministère avec
toutes les écoles qui en dépendent, etc., etc. Je ne sais pas si
je devrais continuer. Mais je pourrais continuer pendant, enfin, dix pages.
M. LE PRESIDENT: Enseignement élémentaire et secondaire.
Poste budgétaire 4:...
M. C ARDIN AL: Est-ce que je comprends que le poste budgétaire
à est terminé?
M. GERIN-LAJOIE: Bien oui.
UNE VOIX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Unanimement.
M. TREMBLAY (Montmorency): Pouvez-vous dire que vous êtes
satisfait des services que vous donne le service de l'Informatique?
M. CARDINAL: Satisfait? Je suis rarement satisfait de quelque service
que ce soit, non pas que les gens qui y soient ne font pas un travail
satisfaisant. Mais, dans le domaine de l'informatique, c'est quelque chose qui
évolue très rapidement et où il faut des experts. C'est
justement un de ces domaines où la clientèle étudiante, au
niveau des collèges d'enseignement général et
professionnel devrait voir qu'il y a vraiment des ouvertures puisque, d'ici peu
de temps, nous manquerons de plusieurs milliers d'experts dans ce domaine. De
plus, la demande est tellement grande au ministère à certaines
périodes de pointe et c'est le cas particulièrement des
bourses qu'il y a là des périodes de trafic intense qui
fait que même une machine aussi bien rodée, sans se bloquer, se
trouve engorgée.
Cependant, actuellement le service de l'informatique est un service qui
est suivi de très près par les autorités du
ministère et par le ministre de façon à tirer le maximum
d'efficacité avec le maximum d'économie aussi.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire à accepté.
Poste budgétaire 4: Direction générale de
l'enseignement élémentaire et secondaire.
M. HOUDE: M. le Président, je vais revenir sur la question
d'orientation. Le ministre a parlé de quelques centaines d'orienteurs
dans nos écoles dans tout le Québec. Je voudrais savoir si onze
orienteurs, en moyenne, par école régionale...
UNE VOIX: Par commission régionale. M. HOUDE: ... par commission
régionale... M. CARDINAL: Oui.
M. HOUDE: ... si cela, bien sûr, est un nombre suffisant, si le
ministère entend faire des efforts considérables pour augmenter,
premièrement, le nombre des orienteurs par commission scolaire
régionale. Deuxièmement, j'aimerais savoir si, là
où il y en a des orienteurs, les élèves sont
obligés de passer par le bureau de l'orienteur ou si c'est fait sur une
base tout à fait volontaire.
M. CARDINAL: Je vais essayer de me rappeler des trois questions.
Première question; Ce nombre est-il suffisant?
M. HOUDE: D'après vous.
M. CARDINAL: C'est une question d'opinion. Donnez une opinion, si vous
voulez? Non. C'est beaucoup mieux que par le passé et c'est à
améliorer.
Deuxième question: Ce que le ministère entend faire. Il
entend, justement, faire comme il a fait au cours de l'année
passée: développer non seulement le service d'orientation
mais f ai joint les deux, hier mais aussi le service d'information. Le
député de Vaudreuil-Soulanges avait admis que ceci avait
été longtemps au ministère l'une des lacunes.
Développer le service d'information et d'orientation, parce que, pour
être bien orienté, il faut quand même avoir une base
d'information nécessaire.
Troisième question: Est-ce que ce service est obligatoire ou
facultatif? Je ne crois pas me tromper en mentionnant qu'il est facultatif et
qu'il n'y a pas d'obligation, pour les étudiants, de fréquenter
les orienteurs. C'est purement sur une base volontaire que ces services sont
offerts vraiment aux étudiants au niveau secondaire
particulièrement.
M. HOUDE: Maintenant, est-ce que les orienteurs à l'emploi de nos
commissions scolaires ont la possibilité actuellement dans
certains cas, oui de se recycler et, dans d'autres cas, d'être
presque journellement renseignés sur tout le système des options
et, bien entendu, sur le système des possibilités quant à
l'avenir?
M. CARDINAL: Première question, ils ont la possibilité,
comme tous les membres des commissions scolaires, de se perfectionner ou de se
recycler. Deuxième question, c'est oui, hors de tout doute. Nous avons
mentionné hier que nous avons déjà sous presse un certain
nombre de documents d'information qui sont sans cesse envoyés à
tous les étudiants, aux orienteurs et aux informateurs, dans tout le
système, en particulier au niveau secondaire dont nous parlons. Et la
brochure que j'avais montrée hier, en mentionnant que déjà
300,000 exemplaires avaient été épuisés, ils
avaient déjà été envoyés à tous les
étudiants, et nous avons de nouvelles impressions mises à jour de
cette brochure. Actuellement on prépare une autre brochure pour
expli-
quer aux étudiants du secondaire ce qu'est le collégial
qui est le niveau subséquent.
M. HOUDE: J'ai une autre question concernant le primaire. Je voudrais
savoir si le ministère a des directives précises ou si chacune
des commissions scolaires locales est tout à fait libre quant au choix
des méthodes dans les programmes au primaire. Je m'explique. Dans une
région donnée, on déplore souvent que plusieurs enfants du
primaire, appartenant à des commissions scolaires différentes,
arrivent tous en même temps ou à peu près à la
même école secondaire régionale; mais parfois avec des
méthodes très différentes pour l'arithmétique, les
mathématiques, la lecture, etc. Est-ce qu'il y a des efforts concrets et
précis pour qu'au moins, dans une même région, au primaire,
on enseigne à peu près selon les mêmes méthodes, de
telle sorte que tous ces enfants, lorsqu'ils arrivent au secondaire, soient
à peu près sur le même pied?
M. CARDINAL: Je répète ce que Je pense avoir dit l'an
passé à une question du même genre. Je réponds 3. la
question. D'abord c'est exact que les méthodes sont différentes
au niveau élémentaire entre diverses écoles et diverses
commissions scolaires d'une même région. Et à ceci, il y a
deux raisons, Je pourrais même en ajouter une troisième. D'abord,
une raison que J'appellerai de philosophie. En France, dans tout le
système français, à un niveau donné, tous les
petits Français, à la même heure, font le problème
302 de mathématique; ici, il y a une grande liberté qui est
laissée aux administrations locales, aux directions pédagogiques
locales. Ceci est voulu, c'est dans l'esprit du ministère de
l'Education. Cela existe, je pense, depuis que le ministère existe.
Deuxième raison, c'est qu'en certains endroits il se poursuit des
expériences on les appelle pilotes ou témoins et
par conséquent, ces expériences ne sont pas terminées et
elles ne se poursuivent pas partout en même temps, et ce ne sont pas
nécessairement non plus les mêmes. Et enfin une troisième
raison, c'est que, dans un programme donné, il y a un programme
français et un programme anglais, un programme catholique, un programme
protestant, etc., on a la liberté aux instances locales, encore une
fois, de prendre des moyens jugés appropriés pour arriver
à cette fin. Je sais, d'autre part et Je le souligne parce qu'il
faut être lucide que les parents sont parfois inquiets de
constater ces différences de méthodes lorsqu'ils
déménagent ou lorsqu'ils ont des enfants qui vont dans diverses
écoles. Il y a cette période d'expérience qui va se
terminer. J'ai mentionné hier dans le discours de présentation
que maintenant que les structures ont été transformées, il
y a maintenant priorité au ministère de l'Education pour la
« réfection », si l'on me permet ce néologisme, des
programmes. Et ceci se fera à partir des expériences qui se sont
poursuivies dans les années qui viennent de se terminer.
M. LEFEBVRE: M. le Président, au sujet de l'orientation
professionnelle, le ministre parle d'environ 600 orienteurs pour 11 commissions
scolaires...
M. CARDINAL: Non, 607 personnes pour toutes les commissions scolaires
régionales, ce qui en donne en moyenne 11 par commission scolaire.
M. LEFEBVRE: Excusez-moi, c'est moi qui al mal cité. Mais ce que
Je voulais dire, c'est que la relation orienteurs-commissions scolaires, cela
ne dit rien. Ce qui dirait quelque chose, c'est la relation entre les
orienteurs et le nombre d'élèves. Je suis sûr que le
ministre a en mémoire, sinon ses fonctionnaires ont sûrement en
mémoire le chiffre total des élèves qui doivent être
desservis par ces 607 orienteurs, il y en a combien de milliers? Des
centaines.
M. CARDINAL: Oui, M. le Président, pendant qu'on cherche le
chiffre, Je répondrai quand même que la moyenne par commission
scolaire régionale ou la moyenne par nombre total d'étudiants
signifie pour moi à peu près la même chose puisque, dans le
fond, ce qui est important dans la réalité, c'est combien il y en
a pour tant d'étudiants dans telle commission scolaire.
Vous connaissez tous cette histoire du savant qui s'est noyé dans
un ruisseau où il y avait trois pieds d'eau en moyenne, parce qu'il est
tombé dans un trou de trente pieds!
M.LEFEBVRE: C'est justement.
M. CARDINAL: En essayant de présenter un tableau de chacune des
commissions scolaires avec le nombre d'orienteurs et d'informateurs...
M. LEFEBVRE: Je crois que le ministre argumente dans mon sens. Ce que je
veux dire c'est que ce qui compte ce n'est pas le nombre
d'orienteurs par commission, mais le nombre d'orienteurs en rapport avec la
population étudiante.
M. CARDINAL: La population étudiante... M. LEFEBVRE: Au
secondaire.
M. CARDINAL: Au secondaire, la population étudiante est d'environ
435,000 élèves.
M, LEFEBVRE: Alors, c'est...
M. CARDINAL: C'est au niveau secondaire. Or, dans le niveau secondaire,
il y a aux régionales 300,000 élèves, vous avez donc 600
pour 300,000 pour faire un chiffre rond. Cela fait six pour 3,000. Cela fait un
pour 500.
M. LEFEBVRE: Cela fait un orienteur... M. CARDINAL: Cela fait un sur
500.
M. LEFEBVRE: Cela fait un orienteur par 500 élèves?
M. CARDINAL: Oui. Actuellement.
M. GERIN-LAJOIE: Je vais demander une précision.
M. CARDINAL: Ou un informateur.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre parle seulement des régionales. Des
commissions scolaires comme Montréal et Québec ne doivent-elles
pas être incluses dans le calcul? Le nombre d'orienteurs que le ministre
vient de donner, est-ce que cela ne couvre pas Montréal et
Québec?
M. CARDINAL: Un instant, je vérifie.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que le renseignement est disponible
autour.
M. CARDINAL: Je vais vous le dire, je vais vérifier tout de
suite.
Dans la liste que j'ai devant moi, ce nombre de 607 ne comprend pas les
deux grandes commissions scolaires. Il faudrait les ajouter.
M. GERIN-LAJOIE: Cela ne comprend pas les protestants non plus?
M. CARDINAL: Non. Cela comprend les régionales protestantes, mais
pas la « Greater Protestant School Board of Montreal ». Cela
comprend toutes les régionales, sauf CECM et CECQ, c'est comme cela
qu'elles s'appellent, etc.
M. LEFEBVRE: Si on peut enchaîner à partir de là, je
suis certain que, dans les normes administratives du ministère, il y a
une norme concernant l'engagement d'orienteurs. Je pense bien qu'une commission
scolaire, même si elle en avait le désir, ne pourrait pas
pour pousser les choses à l'absurde engager un orienteur pour
deux élèves. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a sûrement
une norme. Quelle est cette norme?
M. CARDINAL: II y a des orienteurs et des informateurs.
M. LEFEBVRE: Parmi vos 607...
M. CARDINAL: Parmi les 607, il y a 271 orienteurs et 292 professeurs
d'information.
M. LEFEBVRE: II y a 271 orienteurs?
M. CARDINAL: Oui, et il y a 292 professeurs d'information.
M. LEFEBVRE: Pour 300,000 élèves?
M. CARDINAL: Maintenant, pour les orienteurs, la norme actuelle, c'est
un sur 1,200,...
M. LEFEBVRE: Un sur 1,200, c'est la norme?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: Mais la réalité?
M. CARDINAL: La réalité, c'est un sur 1,000 en moyenne. Si
vous prenez le tiers de la norme...
M. LEFEBVRE: Cela veut dire que toutes les régionales sont en
défaut, alors?
M. CARDINAL: Toutes? Je vous donnerai la même réponse que
tantôt. Nous prenons un tableau global. Je n'oserais pas donner une
réponse...
M. LEFEBVRE: Vous dites que, selon la norme théorique, les
commissions scolaires auraient le droit d'avoir un orienteur pour 1,000
élèves?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: Et elles en ont un pour 1,200 actuellement? C'est cela?
M. CARDINAL: C'est le contraire. M. LEFEBVRE: Le contraire?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: Elles ont le droit d'en avoir un sur 1,200
élèves?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: Et elles en ont un pour 1,000?
M. CARDINAL: Oui. Mais c'est « across the board ». Cela veut
dire qu'il y en a peut-être qui sont en faute, et d'autres qui sont en
faute, mais dans un autre sens.
M. LEFEBVRE: Oui. Si je comprends bien..
M. CARDINAL: Ce n'est pas une grosse faute.
M- LEFEBVRE: Si je comprends bien, cela veut dire qu'il n'y a pas de
postes vacants actuellement; il n'y a pas de postes d'ouverts pour des
orienteurs, il n'y a pas de demandes, il n'y a pas tellement d'offres de
service sur le marché pour ce qui est des commissions scolaires?
D'offres d'emploi, dis-je!
M. CARDINAL: La question, si vous voulez, ne peut pas se poser comme
ceci parce que, si la norme d'un sur 1,200 est la norme cette année et
que vous avez ce résultat-ci, elle sera corrigée pour l'an
prochain par le service de planification dont nous parlions tantôt et par
la Direction générale de l'élémentaire et du
secondaire. Je n'ai pas la norme qui sera proposée aux commissions
scolaires.
M. LEFEBVRE: C'était ma question suivante au ministre...
M. CARDINAL: Nous avons un bilan et non pas une projection.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre est satisfait de cette norme? Est-ce
qu'il croit que cela répond aux besoins?
M. CARDINAL: J'ai déjà répondu, hier, que ceci ne
me satisfaisait pas, mais j'ai rappelé que ceci était beaucoup
mieux que lorsque la question avait été posée
l'année dernière et que nous faisions un effort particulier,
présentement, dans le domaine de l'orientation et de l'information.
M. le Président, je dois ajouter un détail additionnel.
C'est que nous faisons un bilan à partir de chiffres globaux qui ne
représentent pas la vérité totale, puisque, en plus des
con- seillers en orientation, des personnes affectées à
l'information, il y a aussi des psychologues ils sont peu nombreux: 44
pour toutes les commissions scolaires régionales mais ils sont
quand même là. Nous avons en plus de cela je l'avais
mentionné l'an dernier des gens de l'extérieur qui
viennent donner des renseignements pour des métiers, des industries, des
commerces. Vous avez en plus un autre phénomène. Dans la
formation des maîtres, nous insistons davantage sur le rôle du
maître qui doit participer à l'orientation des
élèves avec lesquels ils sont en contact de façon plus
constante que ne le sont les orienteurs, les psychologues et les personnes
attachées à l'information.
Alors, si nous prenions le tableau total, je dirais que ce n'est pas
encore l'idéal, mais c'est mieux que tout simplement ces chiffres froids
et objectifs, qui ne sont pas en relation avec la réalité dans
chacun des endroits.
M. LEFEBVRE: Le ministre dit que la situation est bien meilleure cette
année qu'elle ne l'était l'an dernier. Est-ce qu'il peut nous
rappeler quelle était la situation l'an dernier?
M. CARDINAL: Je n'ai pas les chiffres devant moi; ils apparaissent au
journal des Débats. Cependant, puisque la même question avait
été posée, s'il fallait les sortir de nouveau un
jour...
M. LEFEBVRE: Non, non. Je demandais cela incidemment, parce que 271,
cela ne m'apparaît pas colossal. J'ai peine à imaginer que la
situation était pire l'an dernier.
M. CARDINAL: Je ne me qualifie pas de colossal, non plus.
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que nous pourrions savoir du
ministre si ces orienteurs, qui sont au service des régionales, sur le
plan administratif, sont à la fois responsables de l'orientation des
adultes qui suivent des cours £ la commission scolaire régionale,
ou s'ils s'occupent uniquement des jeunes?
M. CARDINAL: Je ne pourrais pas donner des renseignements précis.
C'est-à-dire que ce n'est pas exclu. Où il y a de
l'éducation pour les adultes, il est arrivé que les commissions
scolaires s'en servent aussi pour l'éducation des adultes. Mais, quand
j'ai parlé de la norme tout à l'heure, c'était la norme
pour les élèves réguliers que sont les enfants. Mais ceci
n'est pas exclu, n'est pas défendu.
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que je dois comprendre, de
la réponse du ministre, que les commissions scolaires, jusqu'à
maintenant, selon les normes établies par le ministère, ne sont
pas autorisées ou n'ont pas, en fait, ce sont deux questions
embauché des orienteurs spécifiquement pour la
clientèle adulte?
Est-ce laissé à leur discrétion de se servir des
orienteurs des jeunes pour aider les adultes?
M. CARDINAL: C'est cela. C'est sur cette base.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre ne croit pas que c'est là une
lacune très grande, parce que, M. le Président si on me
permet d'en faire brièvement la remarque je rencontre pour ma
part, toutes les semaines, des adultes qui sont intéressés
à suivre des cours de recyclage et qui se plaignent de ne pas pouvoir
recevoir les services d'un orienteur compétent qui les aide à
choisir ces cours. Et tout de suite, M. le Président, pour, non pas
diminuer la responsabilité du ministre, mais la replacer peut-être
à la bonne place, je dirai que je suis moi-même bien au fait de la
difficulté de recruter des orienteurs spécialisés dans
l'orientation des adultes. Il n'y en avait pas il y a quelques
années.
M. CARDINAL: C'est cela.
M. LEFEBVRE: Mais, il n'y en avait pas il y a quatre ans, et
c'était compréhensible parce que l'éducation des adultes
au niveau des commissions scolaires je suis payé pour le savoir
c'était au tout début, nous avons été les
premiers à Montréal à en faire, mais depuis trois ans que
le gouvernement est responsable de l'administration du ministère de
l'Education, est-ce qu'un effort quelconque a été fait pour
former des orienteurs spécialement adaptés aux besoins de la
clientèle adulte?
M. CARDINAL : A ma connaissance, pour être très franc: non.
Mais de toute façon le temps qui serait pris pour former un orienteur
dépasserait déjà la période de temps qui s'est
écoulée depuis que l'enseignement aux adultes s'est
développé.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne pense pas que cela soit une
réponse satisfaisante, en ce sens, que si nous voulons avoir un jour des
gens compétents pour faire l'orientation des adultes, il faut commencer
à un moment donné. Le fait que cela prenne un certain temps pour
les former n'est pas une excuse pour ne jamais commencer. J'ai peine à
comprendre...
M. CARDINAL: M. le Président, ce n'est pas une excuse. Je
réponds simplement à la question, en donnant les choses comme
elles sont plutôt que d'essayer de tourner autour de la question ou de
l'éviter. Il s'agit, ici, d'un programme de formation d'orienteurs qui
se situe au niveau des universités. Je pense que le député
d'Ahuntsic l'admettra, et encore une fois, je suis obligé de
répéter qu'avant la création de l'Université du
Québec, le ministère de l'Education n'avait aucun rôle,
sinon un rôle d'information et un rôle moral sur le choix des
cours, des orientations, des facultés, des écoles, la
planification au niveau universitaire.
Son seul rôle, c'était de payer des subventions. Par
conséquent, il faut partir de cette réalité-là.
Deuxièmement, je prends la question du député
d'Ahuntsic comme étant une suggestion faite de bonne foi et je la note,
mais quand même avec ces contraintes que j'indique qui font que,
même si le ministère avait eu ce voeu, il aurait paru beaucoup
plus comme un voeu pieux à moins de la collaboration normale et
spontanée des facultés et des écoles
spécialisées ne nous soit accordée.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne saurais accepter la
réponse du ministre qui a l'air de dire qu'avant la création de
l'Université du Québec, le ministre de l'Education qui est
un personnage extrêmement important dans le Québec, à mon
avis, il a une autorité morale considérable, comme poste, je ne
parle pas de celui qui l'occupe, je parle de la fonction alors le
ministre semble dire que...
M. GRENIER: Vous étiez bien parti, vous n'auriez pas dû
arrêter.
M. LE PRESIDENT: Des petites fleurs, ça ne fait pas de tort.
UNE VOIX: Pas trop de citrons.
M. LEFEBVRE: Non, non. M. le Président, les fleurs sont tellement
chères de nos jours que je les distribue avec beaucoup de
parcimonie.
M. GERIN-LAJOIE: Le député de Bagot en a
spécialement besoin de ce temps-ci?
UNE VOIX: M. le Président, qu'est-ce qu'on fait?
UNE VOIX: Celui de Vaudreuil-Soulanges aussi.
M. LE PRESIDENT. Il faut mettre de l'humanité
là-dedans.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si vous me le permettez, fleurs ou
non, c'est une discussion sérieuse. Je pense que nous pourrions en
rester à ce niveau-là.
Le ministre semble dire qu'il aurait bien aimé s'occuper de la
formation d'orlenteurs pour les adultes mais qu'il n'avait pas les pouvoirs
jusqu'à ce qu'il ait voix au chapitre dans la création de la
nouvelle université. Honnêtement, je trouve ça
extrêmement faible comme réponse. Si je parle de ça avec
une certaine conviction, c'est parce que c'est un problème que je
connais bien. Je parle en termes de niveau de revenus, et je vois tous les
jours des exemples... Voulez-vous, on va continuer à être
sérieux parce qu'autrement vous allez dévaloriser les
débats.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas dit un mot, monsieur.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si on veut rigoler, je veux bien,
mais qu'on fixe une heure déterminée. Moi, j'adore rigoler...
UNE VOIX: Cela se voit.
M. LEFEBVRE: Quand le temps est venu. Je vais devenir méchant,
là!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Soyez naturel.
M. LEFEBVRE: Je disais donc, avant qu'on m'interrompît de toutes
parts, que c'est un problème dont je vis les difficultés tous les
jours. Les adultes viennent nous trouver et ils ne savent pas quoi faire. Ils
viennent un peu trouver leur député pour avoir des conseils,
comme autrefois on allait trouver le curé de sa paroisse.
Evidemment ce n'est pas très satisfaisant comme service
professionnel je suis le premier à le reconnaître, pour ce
qui est de mon cas et pour ce qui est de tous mes collègues, parce que
je ne sache pas qu'il y en ait aucun qui soit spécialisé...
M. CARDINAL: Seulement dans Bagot où ils ont un cardinal,
mais...
M.LEFEBVRE: Oui, mais vous arrivez trop tard, car justement la mode
d'aller voir le curé est passée. Vous êtes trop tard.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais on nomme des cardinaux laïques
maintenant.
M. LEFEBVRE: Vous êtes une révolution en retard.
M. GERIN-LAJOIE: Un cardinal, ça finit par se retrouver en
Afrique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un grand hommage au cardinal
Léger.
M. LEFEBVRE: Je constate que les gens du pouvoir voudraient perdre les
questions sérieuses dans les frivolités, j'Insiste pour que ma
question soit jugée à sa valeur et je pense que c'est une
question fort importante.
Je ne comprends pas, pour ma part, que le ministère de
l'Education, sous la responsabilité du ministre actuel et de son
prédécesseur et peut-être rival, ait...
M. CARDINAL: Vous parlez du député de
Vaudreuil-Soulanges?
M. LEFEBVRE: Non, non je parlais du député de
Missisquoi.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, soyez sages parce qu'on va parler de M.
Wagner.
UNE VOIX: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE. Il faudrait quelqu'un pour maintenir l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Si vous commencez, moi, je vais continuer comme
président.
M. LEFEBVRE: C'était simplement pour vous remettre 5% des
méchancetés que vous avez faites tout à l'heure.
Alors le ministre laisse et encourage de cela je l'en
félicite le développement de l'éducation des adultes
au sein des commissions scolaires régionales. On bâtit un chiffre
d'élèves considérable dont le ministère se vante
d'ailleurs abondamment. Nous savons que le secteur où le gouvernement
est le mieux organisé est celui de la publicité. Je n'ai pas
besoin de vous dire que le nombre d'élèves qui fréquentent
les écoles et qui suivent les cours du ministère est abondamment
publié. Ce chiffre est abondamment publié. Comment peut-on
être justifié, M. le Président, de créer un
système, de créer ce que j'appellerais une machine aveugle? Parce
qu'un système d'éducation qui n'est pas pourvu d'un bon service
d'orientation professionnelle m'apparaît comme une chose un peu
aberrante, et surtout dans le cas des adultes où le problème de
l'orientation est particulièrement complexe. Or, le ministre
vient d'avouer tout candidement qu'il ne se sentait pas assez puissant
pour aborder l'étude de la question, avant qu'on ne lui donne une
université a lui.
Enfin, il a son mot à dire, parce qu'il se sentait en dehors des
autres facultés universitaires.
Les gens du métier, les orienteurs professionnels, les
psychologues et un bon nombre de gens, à l'intérieur
même du ministère, j'en suis sûr, reflètent les
préoccupations de cette catégorie de professionnels et ils
ont sûrement voulu apporter à l'attention du ministre ces
problèmes-là.
J'ai l'impression que le ministre était absolument inattentif
à cet ordre de préoccupations puisqu'il ne semble pas,
Jusqu'à maintenant, avoir eu la moindre sensibilité à
cette question. Je répète que si l'on dépense des millions
en fonds publics pour l'éducation des adultes ce dont je me
réjouis, Dieu sait comment, mais à une condition: Qu'on le fasse,
non pas de façon aveugle, mais qu'on le fasse en fournissant à ce
système d'enseignement aux adultes les instruments essentiels à
son orientation.
Je répète que je me scandalise qu'on ait
développé le secteur de l'éducation des adultes sans avoir
fait le moindre effort... Le ministre vient de l'admettre, peut-être se
repentira-t-il et trouvera-t-il dans ses activités quelque bonne action
en ce sens, ce en quoi sa faute deviendra moins grande, mais s'il n'en trouve
pas, je trouve cela impardonnable. Je trouve cela impardonnable. J'ai
terminé.
M. CARDINAL: Ce n'est pas une question qui vient d'être
posée. Ce sont de nombreuses affirmations. J'avais dit avant que j'avais
considéré la question du député d'Ahuntsic comme
venant d'un bon naturel, et d'entière bonne foi. Je vais être
obligé de retirer mes paroles s'il continue à faire de
l'interprétation qui n'est pas conforme aux réponses que je
donne. Mais, quand même, disons que j'oublie cette part des affirmations.
Très sérieusement, je répondrai au député
d'Ahuntsic qu'il y aura de rencontres avec l'Association des orienteurs dans
deux semaines, justement au sujet de ce qui vient d'être abordé
par le député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: Si le ministre avait dit cela au début, cela aurait
été mieux. Mais cela aurait valu pour l'avenir, cela n'aurait pas
valu pour les trois ans...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me le permet, je voudrais
d'abord souligner que le ministre de l'Education a bien indiqué qu'il se
préoccupait du problème de l'orientation. Mais, ce que vient de
dire le député d'Ahuntsic révèle de façon
très nette qu'il n'a aucune sorte d'idée du temps que cela peut
prendre pour former un orienteur.
M. LEFEBVRE: Bien, voyons!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut d'abord passer par le centre de
formation des maîtres ou par une faculté des sciences de
l'éducation, obtenir, enfin, une qualification qui est un brevet
d'enseignement, obtenir, ensuite, un diplôme qualifiant un
étudiant à devenir un orienteur. Il faut tenir compte, dans ces
conditons-là, des aptitudes, des talents et des goûts des
étudiants qui se dirigent dans les carrières de
l'éducation. Ayant oeuvré moi-même en faculté des
sciences de l'éducation, je sais très bien que le nombre des
étudiants qui choisissaient l'orientation était quand même
assez restreint par rapport aux autres carrières de l'enseignement. Les
normes dont a parlé le ministre de l'Education ne sont peut-être
pas satisfaisantes, autant pour les étudiants plus jeunes que pour les
adultes. Nous sommes quand même au début d'une transformation dans
ce domaine, et tout l'effort du ministère de l'Education, à mon
sens j'en fais la demande à mon collègue et je sais qu'il
va bien l'entendre, parce que, cette fois-ci, nous avons un ministre de
l'Education qui n'est pas sourd aux revendications du public l'effort du
ministère de l'Education va aller dans le sens de la formation d'un plus
grand nombre d'orienteurs, compte tenu de ce que je viens de dire et de ce
qu'ignore le député d'Ahuntsic, à savoir le temps que cela
prend pour former un orienteur professionnel, former un psychologue. Il y a
diverses catégories de psychologues. Il y a des psychologues en
matière de pédagogie, il y a des psychologues cliniciens,
etc.
Le député d'Ahuntsic aurait grand profit à suivre
un cours en faculté de sciences d'éducation; cela lui permettrait
de voir combien il est difficile de trouver des spécialistes et combien
peu de cas...
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre est ridicule.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... l'on a fait, avant 1966, de la formation
de ces spécialistes en matière d'orientation.
M. LEFEBVRE: J'aimerais qu'on continue à discuter
sérieusement. Le ministre sait très bien que je n'ai pas attendu
qu'il vint au monde ou qu'il vînt au pouvoir pour savoir combien
d'années il fallait pour former un orlenteur. Voyons donc! Soyons
sérieux!
Le ministre de l'Education a répondu et J'ai le droit
d'être en désaccord avec lui. Je ne pense pas que l'appui que lui
accorde actuellement le ministre des Affaires culturelles lui soit d'un grand
secours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout simplement que J'ai voulu souligner
à l'attention de cette commission que le député
d'Ahunt-sic parle d'un problème qu'il ne connaît pas et qui,
à mon sens, est très sérieux.
M. LEFEBVRE: Bien, voyons donc!
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, ce qu'il y a de clair, c'est
que de ce côté-ci de la table, nous savons très bien le
temps que cela prend pour former un orienteur. Ce que nous reprochons au
ministre de l'Education, c'est de n'avoir même pas commencé , de
ne pas avoir fait le premier pas. C'est cela qui est grave.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela prend quatre ans pour en former un.
Combien en avez-vous formés pendant que vous étiez là?
M. GERIN-LAJOIE: Ce qu'il y a de grave, c'est qu'il y a trois ans que
vous êtes là et que le ministre nous dit que c'est dans quinze
jours que nous aurons une réunion des orienteur s pour discuter ce
problème-là. C'est cela qu'il y a de grave.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été discuté depuis
très longtemps.
M. BOUSQUET: M. le Président, Je vous demanderais d'orienter la
discussion dans ce sens.
M. LE PRESIDENT: Plus serein. M. BOUSQUET: Plus serein.
M. LE PRESIDENT: Plus serein, alors que ce comité... Pax
vobiscum, domine.
M. CARDINAL: M. le Président me permettrait-il d'ajouter deux
remarques? Il me fait plaisir de répondre à cette question se
rattachant aux commissions scolaires secondaires tout en mentionnant qu'il y a
quand même au ministère un service spécial d'enseignement
aux adultes en rappelant que l'une des priorités indiquées par le
ministère et le ministre de l'Education lors de la formation de
l'Université du Québec était justement la formation des
maîtres. Comme tous les gens qui sont initiés dans ce domaine le
savent, la formation des maîtres comprend, non seulement les
maîtres au sens strict que nous l'entendons, mais toutes ces professions
ancillaires qui se retrouvent maintenant dans les facultés des sciences
de l'éducation. Il y a donc encore là un fait important qui
augure bien pour l'avenir.
M. PEARSON: Au sujet du même article, relativement au programme
d'étude, je n'ai pas de question à poser mais j'aurais une
suggestion à faire qui, je pense, mériterait étude. Ce
serait celle d'introduire un cours d'information et de discussions politiques
à la fin du secondaire. Je pense qu'un tel cours serait non seulement
utile mais absolument indispensable à l'heure actuelle. Un tel cours
serait fait par un animateur vraiment objectif ayant un jugement
équilibré et non engagé en politique afin d'éviter
de transformer les autres cours en séances de propagande politique par
un trop grand nombre d'amateurs qui ne donnent qu'une information partielle et
souvent tendancieuse. Quand nous savons les difficultés que le jeune a
à distinguer le vrai du faux, cela devient un viol criminel des esprits
et des sentiments. Autrefois, nous avons déjà blâmé
sévèrement et avec raison, le fait d'apprendre à calculer
selon certains manuels, en termes de petit chinois converti ou
d'Enfant-Jésus ou de Saint-Joseph.
Aujourd'hui, il est tout aussi mauvais et pernicieux de profiter d'une
assemblée de jeunes qui n'ont d'autre choix que d'écouter et de
les soumettre au traitement de propagande, d'idées personnelles, par
quelqu'un engagé par l'Etat pour enseigner autre chose et conserver la
plus élémentaire objectivité et neutralité, afin
que l'étudiant pose des jugements et fasse des choix vraiment
personnels.
A mon sens, il est urgent que nous formions ces animateurs, et que nous
introduisions un tel cours à la fin du secondaire ou au programme
régulier pour éviter ce que nous avons vu trop souvent dans nos
écoles, qu'un athée soit engagé pour enseigner la
religion, qu'un professeur préparé pour les mathématiques
enseigne les arts. A mon sens, c'est de l'amateurisme institutionnalisé.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'un professeur engagé et
payé par l'Etat pour sa compétence en mathématiques soit
catholique, protestant ou de n'importe quelle couleur, s'il remplit bien son
mandat. J'en ai cependant, lorsque son mandat lui sert de tribune pour
prôner des idées n'ayant absolument rien à voir avec son
engagement.
C'est de la fausse représentation et cela devrait être
considéré comme un bris de contrat.
Autrement, nous verrons petit à petit des agitateurs ou des gens
non valables s'infiltrer sans cesse dans notre système
d'éducation, s'emparer de la jeunesse et, avec nos deniers, la manipuler
et propager des idées personnelles impunément. Je pense que c'est
sûrement indispensable. La preuve c'est que ces fameuses discussions
politiques se font à peu près à toutes sortes de cours, ce
qui veut dire que c'est sûrement un besoin réel.
M. CARDINAL: M. le Président, je suis entièrement d'accord
avec la première phrase du député. Cependant, par la
suite, je me suis demandé quelle sorcière il cherchait à
chasser en lisant ce texte qu'il a préparé. Je soulignerai les
points suivants.
Dans l'éducation politique, il y a eu une expérience
pilote qui s'est faite et c'est justement dans cette expérience
témoin de TEVEC où il y avait de prévu, au niveau
secondaire, un enseignement politique. Je suis d'accord avec le
député que ceci est, en soi, nécessaire tout en
étant dangereux.
D'autre part, je soulignerai que les professeurs au niveau
élémentaire ou secondaire ne sont engagés ni par le
ministère, ni par le gouvernement, ni par le ministre, mais qu'ils sont
bien engagés par les instances locales et qu'ils sont directement sous
leur responsabilité pédagogique et administrative»
J'ajouterai même que je me méfie de ces réactions
à l'emporte-pièce sur les qualifications de nos professeurs et
sur le rôle qu'ils peuvent jouer. C'est une question d'éthique, de
Jugement et de préparation. C'est impossible, je pense, et le
député l'admettra avec moi, qu'un professeur s'en tienne
uniquement à ce rôle d'enseigner une discipline donnée en
dehors de tout contexte, non seulement de l'Instruction, mais de
l'éducation qui est donnée. Je pense qu'au Québec on y
tient.
Je ne reviens pas sur chacune des choses qui ont été
mentionnées. Ce n'est pas une question qui a été
posée, c'est un commentaire. II est noté au journal des
Débats. On en tiendra compte dans la mesure qu'il est possible d'en
tenir compte au ministère.
M. PEARSON: Oui, mais une petite remarque tout simplement. Remarquez
bien que je n'ai pas mentionné de nombre, pour essayer de
généraliser ou de donner l'impression que c'est l'ensemble des
professeurs. Ce sont des anomalies. Il suffit d'avoir été
professeur dans les écoles secondaires pour savoir que c'est un
défaut qui existe. C'est un danger qui existe à un moment
donné. Je me suis servi de cela comme exemple pour mentionner le besoin,
justement, de l'Introduction d'un tel cours à la fin du secondaire.
M. LE PRESIDENT: Vous voulez poser une question, M. Tetley? Pas M.
Pearson, M. Hou-de.
M. HOUDE: M. le Président, quitte à me
répéter pour la troisième année
consécutive...
M. CARDINAL: Education physique.
M, HOUDE: Justement, c'est l'éducation physique. Je repose la
question en faisant un parallèle, peut-être, entre la
réponse à cette question de l'an passé, soit le 10 juin,
journal des Débats, quand je demandais au ministre s'il avait
l'intention d'augmenter le personnel en éducation physique au sein de la
direction générale du ministère, au service de
l'éducation physique.
Je rappelais l'an dernier au ministre que Raymond Benoît, le
directeur actuel, était quand même le seul et unique
employé à ce moment-là. Par la suite, dans votre
réponse, vous aviez dit: « Oui, en effet, nous avons même
prévu un certain montant et nous nous proposons d'ajouter des
collaborateurs au niveau des commissions scolaires ». Par la suite, M. le
Ministre, il y a eu dans les journaux un concours portant le numéro
67PE-2123, et par la suite 68PE-2123 encore une fois, demandant des
spécialistes en sciences de l'éducation et spécifiquement
pour le service de l'éducation physique. Se sont présentés
à ce concours un grand nombre de Québécois et de
Québécoises.
M. GRENIER: Les noms?
M. HOUDE: Ah! j'ai tous les noms ici. Ce serait peut-être trop
long de donner la liste. D'ailleurs, j'ai reposé ma question au
feuilleton et j'ai reçu la réponse. Mais le point suivant, c'est
que, le 24 octobre, vous avez reçu du président de la
Fédération d'éducation physique du Québec, et en
même temps, du directeur du service d'éducation physique de
l'Université de Montréal, M, Arthur Sheedy, une lettre assez
violente qui faisait état de ces deux concours annoncés. M.
Sheedy, au nom de la Fédération, ne peut pas arriver à
comprendre pourquoi cinq candidats, en particulier, dont les noms suivent: M.
Guéret, Lupien, Pinchaud, Pelletier et Sauvé, cinq candidats
très hautement recommandés par la Fédération
d'éducation physique du Québec, cinq gars hautement
qualifiés, du moins sur papier de
par leurs diplômes et leurs études en Europe et un peu
partout, n'ont pas été acceptés par la Fonction
publique.
Ce qui est encore plus grave, et les noms sont cités ici, c'est
que nous avons appris c'était un peut le but de cette lettre
que des coopérants français étaient à
l'emploi du ministère de l'Education exactement aux postes pour lesquels
avaient été annoncés ces concours.
Autrement dit, nous nous posons comme question: Pourquoi, de quelle
autorité, comment un jury de la Fonctionpublique, j'imagine, a-t-il pu
arriver à la conclusion que cinq personnes dont j'ai donné les
noms sont refusées pour un concours pour occuper un emploi au
ministère de l'Education et que, d'autre part, on nous répond
et j'ai la réponse ici à la suite de ma question au
feuilleton que des Français, beaucoup moins qualifiés,
dispensés du service militaire, gagnant sûrement moins cher que ce
que vous auriez dû débourser à des Québécois,
j'en conviens, occupent, jusqu'à ce jour, ces emplois.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux poser une question, M. le
Président, au député? Est-ce que cette lettre m'est
adressée personnellement et est-ce qu'elle a reçu une
réponse personnelle du ministre?
M. HOUDE: Cette lettre vous était adressée personnellement
avec copie à M. Marcel Masse, M. Lesage, M. Gérin-Lajoie, M.
René Léves-que, M. Tremblay, Mlle Baron, M. Jean-Jacques
Bergeron, M. Paul-Emile Larose, M. Pierre-Yves Paradis, M. Jean-Guy Vennes, et
M. Raymond Benoît, est datée du 24 octobre 1968.
M. CARDINAL: Si je l'ai reçue, j'ai certainement accusé
réception, c'est le moins qui a pu être fait.
M. HOUDE: Oui, c'est un accusé de réception. Apparemment,
il n'y a pas eu, selon les informations, de vraie réponse, de vraies
explications.
M. CARDINAL: Je vais répondre, je vais donner les explications
aujourd'hui.
Dans votre exposé, il n'y a que la fin qui n'est pas exacte. Les
coopérants dont il est question n'occupent pas les postes prévus
dans le concours dont vous avez donné le numéro. Nous ne faisons
que nous tirer d'affaire avec eux parce que ces postes n'ont pas
été remplis à cause de cette règle
d'austérité établie par le gouvernement à
l'automne, qui ne permettait pas de créer de nouveaux postes. Même
s'il y avait des listes d'éligibilité, même s'il y avait
des concours, quoique ce soit, il fallait qu'un poste se vide pour qu'on puisse
remplacer par quelqu'un d'autre. De fait, ce qui est arrivé, c'est la
réponse, nous avons pris ces coopérants pour nous tirer d'affaire
plutôt que de n'avoir qu'une personne qui était M. Benoît.
Ces règles d'austérité ne semblent pas devoir s'appliquer
pour un nouveau budget, puisque nous n'avons pas été
informés de ceci, ni par la Fonction publique, ni par le
ministère des Finances. Il sera donc possible maintenant, dans les mois
qui suivent, de compenser par de véritables experts dans ce service de
l'éducation physique au niveau élémentaire et
secondaire.
M. HOUDE: Alors, je voudrais me rassurer et cela va en rassurer
d'autres. Est-ce que j'ai bien compris que, pour aucune considération,
des coopérants français ne remplacent effectivement des
Québécois à des postes déterminés?
M. CARDINAL: Ils n'occupent pas les postes que vous avez
mentionnés. Mais nous nous servons d'eux pour nous tirer d'affaire,
parce que ces postes-là n'étaient pas libres
budgétairement au ministère.
M. HOUDE: D'accord, mais le fait d'avoir des coopérants
français à $157 par mois, d'autres à $400 ou $500 par
mois, selon les qualifications pour d'autres personnes, est-ce que cela
influence beaucoup justement l'austérité? Je veux dire par
là, M. le Ministre, qu'à un moment donné, si vous avez le
choix d'avoir quatre ou cinq coopérants français à$157 par
mois, est-ce que c'est suffisamment fort comme argument pour dire: Tel poste,
tel poste, austérité, on va retarder d'un an ou de deux ans?
M. CARDINAL: Ce n'est pas la réponse. Je reprends, selon la
règle d'austérité, on ne pouvait pas créer de
nouveaux postes ou remplir des postes qui n'étaient pas
déjà ouverts au moment où le budget s'est appliqué.
Il y avait eu une réunion présidée par l'ancien premier
ministre, M. Johnson, où il y avait eu des représentants des
fédérations des commissions scolaires, des agences du
gouvernement, où toutes ces règles qui s'appliquaient et à
la Fonction publique et aux agences dans la mesure du possible, avaient
été expliquées lors du budget de l'an passé. Ce
n'est pas le fait que ces coopérants coûtent moins cher pour
remplir le même poste, mais ils ne remplissent pas les mêmes
postes, c'est à d'autres postes qu'ils ont
servi si vous voulez pour compenser, et j'aiemployé l'expression,
« se tirer d'affaire »..
M. HOUDE: Mais la note optimiste c'est que cette année,
l'austérité, vous avez dit, peut disparaître un peu
à ce poste-là et on peut espérer effectivement que ceux
qui ont passé le concours seront appelés
éventuellement.
M. CARDINAL: Ce n'est pas une promesse électorale, il faut
certainement espérer. Je reviens à ma réponse pour dire
que c'est toute la différence entre des postes occasionnels ceux
qui sont déjà au ministère le connaissent et des
postes permanents à remplir à la Fonction publique. C'est
purement ce phénomène qui s'est produit dans ce cas-là
à cause des règles d'austérité qui s'appliquaient
à tous les ministères lors de l'application du dernier budget
pour l'année 68/69.
M. TETLEY: M. le Président, M. le Ministre, je voudrais vous
poser une question au sujet de l'enseignement de la langue française
dans les écoles protestantes surtout à Montréal et de
l'enseignement de la langue anglaise dans les écoles
françaises.
M. CARDINAL: Je vais tenter de répondre à condition que
j'aurai des renseignements sur place.
M. TETLEY: Je crois que l'enseignement est inacceptable en effet, et je
parle comme père, j'ai quatre enfants dans les écoles
protestantes. L'an dernier, trois sur quatre de mes enfants apprenaient le
français des instituteurs et des institutrices de langue anglaise.
A mon avis, le plus grand défi à la langue
française ici, dans notre province, c'est le fait que nous, les
Québécois de langue anglaise, ne pouvons pas parler de langue
française après onze ans de scolarité. Est-ce qu'il y a un
programme en vue d'améliorer cette situation? Est-ce que vous pouvez
forcer, surtout le Protestant School Board of Greater Montreal,
c'est-à-dire la commission scolaire du grand Montréal, à
embaucher des professeurs de langue française?
Il y a un mois, un des commissaires a expliqué avec joie, dans
mon comté de Notre-Dame-de-Grâce, que cette année encore la
commission protestante enverra une commission en France et en Algérie ou
je ne sais où, sauf dans notre province, afin de trouver des
professeurs. Je suis très content que cet homme ait été
hué par les électeurs de Notre-Dame-de-Grâce. Je crois que
la population ne trouve pas une telle situa- tion de leur goût. Je crois
que le système doit être modifié. Avez-vous un
programme?
M. CARDINAL: Je donnerai tout d'abord des . explications.
L'on sait que Jusqu'à tout récemment encore les
règlements des comités catholique et protestant n'avaient pas
été modifiés et que l'une des grandes difficultés
pour l'enseignement d'une langue autre, c'est-à-dire du français
aux anglophones et de l'anglais aux francophones, était une question de
religion. Il n'était pas possible d'engager un professeur
français catholique dans une école protestante.
Comme la majorité des francophones était catholique, il y
avait tout de suite une grande difficulté. Ceci vient à peine
d'être enlevé, mais les professeurs qui étaient
déjà là, enfin, ils sont déjà
employés...
Deuxièmement, l'autre difficulté vis-à-vis du
ministère, c'est la même que je donnais tantôt dans d'autres
domaines, c'est qu'il appartient à ces commissions scolaires, surtout
aux grandes commissions scolaires qui ont des chartes qui leur donnent plus de
pouvoirs, c'est à eux que revient le choix des professeurs. C'est eux
qui engagent directement ces professeurs.
D'ailleurs, l'exemple que donne le député de
Notre-Dame-de-Grâce, à l'effet que sa commission scolaire voulait
aller chercher des professeurs à l'extérieur, indique que c'est
leur responsabilité, ce sont eux qui l'appliquent.
Troisièmement, il y a un autre fait et je pense qu'il faut le
dire comme il existe. Beaucoup de gens, dans les milieux anglophones,
considèrent que le français parlé par les Canadiens
français n'est pas celui qui doit s'enseigner dans les écoles
anglophones. L'exemple le prouve encore et je l'ai entendu encore tout
récemment. Cela a été prononcé devant moi il n'y a
pas une dizaine de jours.
M. TETLEY: Ils ont tort.
M. CARDINAL: A l'occasion d'une rencontre avec un milieu anglophone.
Cependant, pour répondre plus précisément à
la question, l'on sait que, par des déclarations récentes, j'ai
indiqué qu'au ministère de l'Education l'enseignement des
langues, tant anglaise que française, était l'une de nos
préoccupations présentement. Et c'est par le biais que nous
pouvons y arriver, c'est-à-dire par les règles administratives
concernant les diplômes qui sont décernés au secondaire et
au collégial. Ceci est encore relativement nouveau. Au collégial
les premiers diplômes seront décernés cette
année.
Je pense que c'est par ce biais que nous pour-
rons, si les lois demeurent ce qu'elles sont, inciter les commissions
scolaires à donner un enseignement soit du français, soit de
l'anglais aux gens qui parlent l'autre langue, d'une façon plus
efficace.
Il y a cependant une difficulté. Je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce admettra avec moi que,
même si un excellent enseignement d'une langue seconde est donné
à certains niveaux et que ceci n'est pas complété par la
pratique, ceci se perd rapidement ou s'acquiert difficilement.
En passant, je soulignerai que, si le député de
Notre-Dame-de-Grâce a appris la langue française dans les
écoles, il ne devrait pas tellement s'inquiéter de la
qualité de l'enseignement de la langue française dans les
écoles protestantes.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Parlons bilingue.
M. TETLEY: J'ai appris mon français après l'école,
mais je vous remercie de votre aimable compliment.
C'est pénible de voir des gens munis de diplômes de nos
écoles, et qui ne peuvent pas s'exprimer en français. Je suis
d'accord, les protestants étalent prêts à aller chercher
des athées, des gens de toutes les religions, sauf des catholiques,
comme instituteurs; et encore aujourd'hui la langue française est
enseignée comme langue étrangère, par des
étrangers. Et si je peux faire une suggestion pour l'année
prochaine, à la condition que vous soyez au pouvoir, c'est de trouver
une solution à ce problème. Je vous souhaite bonne chance dans ce
domaine.
M. CARDINAL: M. le Président, je remercie le député
de Notre-Dame-de-Grâce de ses souhaits. Il est fort probable qu'ils
soient réalisés, étant donné que les deux
conditions qu'il a mentionnées seront certainement
réalisables.
M. TETLEY: C'est la deuxième condition.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, J'aimerais intervenir sur cette
question qui est vraiment d'importance capitale pour l'avenir du Québec.
Je ne veux pas entrer dans des débats particuliers qui se poursuivent au
Québec depuis maintenant plus d'un an; je m'en tiendrai à une
question d'ordre général. Au Québec, nous voulons avoir un
coin de pays nettement à prédominance française. C'est le
moins que nous désirions; il y en a qui demandent que ce soit uni-lingue
français, je ne suis pas de ceux-là. Je pense, M. le
Président, qu'il ne faut passe con- tenter de voeux pieux, il ne faut
pas se contenter de discours et de déclarations, il faut poser des
gestes.
Le ministre de l'Education a eu l'occasion de nous parler de certains
gestes en ce qui concerne l'adaptation des immigrants au milieu
québécois.
En ce qui concerne spécifiquement la question de la langue, je
pense que nous devons nous préoccuper tout d'abord cela n'exclut
pas les immigrants, bien sûr des résidants, de ceux qui
habitent le Québec; gens de langue française qui ont besoin
d'apprendre l'anglais, parce qu'ils vivent en Amérique du Nord, et
personnes de langue anglaise qui ont besoin d'apprendre le français
parce qu'ils vivent au Québec.
M. le Président, je me serais attendu, à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère de l'Education à
ce moment-ci, alors que la question de la langue et de l'école est dans
l'opinion publique, fait l'objet même de débats dans ce Parlement
depuis des mois, que le ministre nous présente un programme
d'activités, nous présente un projet de son ministère.
Qu'entendons-nous faire pour assurer l'enseignement de la langue seconde
dans nos écoles? C'est vrai depuis très longtemps ce qu'a dit le
député de Notre-Dame-de-Grâce pour ne pas dire depuis des
décennies et des décennies. Rares sont les Canadiens
français qui ont appris l'anglais à l'école, et rares,
pour ne pas dire inexistants, sont les Canadiens anglais qui ont appris le
français à l'école. Cela est dû au fait que nous
avions des professeurs qui n'étaient pas préparés à
un enseignement efficace, et qu'on ne se sert pas aujourd'hui de tous les
moyens de la pédagogie moderne. Et il y a aussi des programmes
d'étude, des programmes d'enseignement qui sont en cause. Je pense que
le ministre espère se défiler trop facilement en disant...
M. CARDINAL: Non, M. le Président.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, le ministre pourra s'expliquer tout à
l'heure, Je pense bien qu'il aura la patience d'attendre...
M. CARDINAL: Oh! il a manifesté suffisamment de patience
jusqu'à présent, M. le Président. Pourquoi employer des
mots semblables, alors qu'on peut simplement dire: Le ministre n'a pas eu le
temps encore de répondre à la question, au lieu de dire d'avance
qu'il se défilera?
M. GERIN-LAJOIE: Je dis que le ministre s'est défilé en
répondant au député de Notre-Dame-de-Grâce, en
disant il serait capable
d'y répondre lui-même que ce n'est pas la
responsabilité principale du ministère de l'Education et que
c'est la responsabilité des commissions scolaires; il a même
semblé faire une différence entre les commissions scolaires qui
ont une charte spéciale et les autres. Ce sont toutes les commissions
scolaires: celle de Saint-Pie-de-Bagot, comme celle du Greater Montreal
Protestant School Board d'engager elles-mêmes leur personnel. Ce que le
ministre a semblé ignorer tout à l'heure.
M. CARDINAL: Vous rappelez des souvenirs.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que le ministre devrait établir,
à l'intérieur de son ministère, une politique d'ensemble
qui fasse participer les commissaires d'école à la mise en oeuvre
d'un véritable programme efficace d'enseignement des langues modernes et
d'un système qui mette en usage les moyens modernes d'enseignement dans
ce domaine.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce a dit qu'on
n'enseignait pas le français dans les écoles anglaises à
la façon d'une langue vivante. En effet, je pense que la langue anglaise
et la langue française sont enseignées dans nos écoles
comme on nous enseignait le grec et le latin. Rares sont ceux qui en conservent
un peu quelque chose. Je suis de ceux qui n'en conservent rien.
M. LE PRESIDENT: Je me souviens très bien de mon latin, moi.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas si le ministre peut nous apporter
quelques éclaircissements à ce sujet-là, mais je
déplore pour le moment qu'il ne nous offre aucun programme et aucune
perspective d'amélioration à ce sujet-là.
M. CARDINAL: M. le Président, je passerai par-dessus la
qualification des termes employés pour poser la question et je
rappellerai, tout d'abord, que le gouvernement a manifesté un effort
loyal en déposant en première lecture le bill 85 et en le
référant par la suite au comité permanent de
l'éducation où il a été étudié
pendant maintes et maintes séances. Le gouvernement a, de plus,
créé la commission Gendron qui, au moment où nous tenons
ces séances, étudie le statut des langues au Québec et
tout particulièrement dans le domaine de l'enseignement des langues.
Troisièmement, il existe déjà au ministère
des Affaires culturelles un Office de la langue française et, enfin,
comme je l'ai indiqué dans le texte préliminaire, nous avons
maintenant comme priorité au ministère de l'Education la refonte
des programmes y compris évidemment celui de l'enseignement des langues.
Enfin, je pense que j'ai indiqué à plusieurs reprises je
sais que ce sont des déclarations mais ce sont des déclarations
qui sont des manifestations d'intention cette intention d'avoir des
examens qui établiront vraiment si la connaissance de ces deux langues
est suffisante pour les étudiants du Québec qui auront à
vivre au Québec.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je pense que le ministre vient
de nous montrer justement qu'il ne comprend rien au problème quand il
nous parle de droits et de statuts des langues. Ce n'est pas de statuts dont
j'ai parlé mais c'est de la pratique de la chose. Comment peut-on
apprendre l'anglais, si on veut l'apprendre, comment peut-on apprendre le
français si on est de langue anglaise et qu'on veut l'apprendre? C'est
quelque chose de nettement concret et pratique, ce n'est pas une question de
droit ou de statut. C'est une question de méthode et d'orientation
pédagogique. C'est sur ça que j'aimerais que le ministre nous
éclaire.
M, BOUSQUET: II ne faudrait pas oublier la dernière partie de son
exposé.
M. CARDINAL: M. le Président, c'est précisément ce
que je viens de dire au député de Vaudreuil-Soulanges, il
pourrait le lire. Je l'ai dit à un journaliste du Devoir qui l'a
écrit longuement dans deux publications de ce journal
sérieux.
UNE VOIX: M. Lefebvre l'a.
M. LEFEBVRE: J'allais justement citer un paragraphe, le ministre me fait
une présentation.
J'allais demander un éclaircissement. Je lis dans le Devoir du 12
avril...
M. LE PRESIDENT: Non, hors d'ordre.
M. GERIN-LAJOIE: C'est le ministre qui y réfère parce
qu'il ne veut pas répondre à la commission. Il nous
réfère à l'article du Devoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne fait pas état d'article de
journal ici. Le député n'a pas le droit d'invoquer un article de
journal.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre des Affaires culturelles aurait la
condescendance de me citer l'article du règlement qui m'empêche,
en commission d'étude des crédits, de demander
la justification d'une déclaration faite par le ministre?
M. LE PRESIDENT: C'est dans la législation.
Est-ce que cela concerne le poste que nous touchons?
M. LEFEBVRE: Cela touche le problème de l'enseignement des
langues et ça touche le problème de la langue d'enseignement.
UNE VOIX: Question de coutume.
M. LEFEBVRE: Si vous voulez citer le règlement, M. le
Ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La coutume veut, M. le Président,
qu'à une commission de la nature de celle-ci on ne fasse pas état
d'articles de journal ou quoi que ce soit, comme d'ailleurs on ne peut pas le
faire en Chambre.
M. GERIN-LAJOIE: C'est le ministre qui vient de le faire, c'est lui qui
nous a référé au Devoir plutôt que de nous
répondre à nous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a tout simplement évoqué
l'article en vous demandant de le lire...
M, LEFEBVRE: C'est ce que je veux faire,
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et il vous reste de le comprendre et d'en
saisir, enfin, toute la portée.
M. GERIN-LAJOIE : Tâchez de vous brancher tous les deux. Vous
allez perdre la course à la chefferie si vous ne vous branchez pas tous
les deux ensemble.
M. BOUSQUET: La vôtre est perdue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis que vous avez perdu le poste de
l'Université du Québec.
M. LE PRESIDENT: Non, non, soyons sérieux.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne citerai pas le journal
puisque le ministre des Affaires culturelles semble avoir tellement peur des
propos précis tenus par son confrère et son candidat à la
chefferie dont il a fait éloge à Chicoutimi...
M. LE PRESIDENT: Eh bien là, s'il vous plaît!
M. LEFEBVRE: C'est vous qui avez parlé de ça, c'est vous
qui avez commencé tout à l'heure.
M. CARDINAL: N'est-ce pas le député d'Ahuntsic qui
tantôt demandait qu'on s'en tienne au sérieux?
M. LEFEBVRE: Absolument. Alors, M. le Président, je pose la
question suivante au ministre: Qu'est-ce que le ministre veut dire au juste
quand il affirme que les Canadiens anglais devront conserver pour un certain
temps encore temps que je ne saurais évaluer les
écoles de langue anglaise? Qu'est-ce qu'il voulait dire exactement?
M. CARDINAL: Cela veut exactement dire ce que vous venez de lire.
M. LEFEBVRE: Je regrette, mais je me demande si un ministre responsable
de l'Education dans la province de Québec peut se permettre de faire des
déclarations aussi floues que celles-là. Pour ma part, je trouve
cela inacceptable et je pense bien que c'est la même chose pour un
certain nombre de gens. Je remarque toutefois que le ministre a fait cette
déclaration, évidemment, à un journal de langue
française. Je ne sais pas s'il aurait fait la même
déclaration s'il avait été interviewé par un
Journal de langue anglaise.
M. CARDINAL: Je l'ai faite le lundi devant un auditoire de langue
anglaise, devant les membres du Canadian Club.
M. LEFEBVRE: Pour ma part, je trouve assez curieux le fait qu'un homme
en autorité, qui n'est pas un philosophe écrivant ses
mémoires ou quelqu'un qui peut jouir d'une liberté
complète, mais quelqu'un qui a une responsabilité et qui doit
éclairer la population sur les intentions de son gouvernement et qui
fait des déclarations aussi vagues que celles-là, qui suspendent
une épée de Damoclès sur la tête de bon nombre de
gens.
M. CARDINAL: C'est effayant!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les fournisseurs de sa caisse sont
menacés.
M. LEFEBVRE: Les gens jugeront et évalueront la réponse du
ministre.
M. CARDINAL: C'est ça, comme ils ont jugé le ministre
précédent, je veux dire celui qui a précédé
l'honorable Bertrand.
M. LEFEBVRE: C'est ça. Mais, attendez, votre tour viendra.
M. CARDINAL: J'attends, j'ai dit dans ce même article que
j'attendais de voir ce que l'histoire nous apprendrait... Pour revenir au
sérieux de ces délibérations, J'ajouterai que la
pénurie de spécialistes en enseignement de langue
française ou de langue anglaise est une des causes pour lesquelles le
ministère n'a pas pu fonctionner S. une vitesse qu'il aurait aimé
avoir comme vitesse de croisière.
C'est que, de fait, les professeurs de français dans les
écoles anglaises et les professeurs d'anglais dans les écoles
françaises sont justement aux commissions scolaires plutôt que
d'être au ministère. Et je pourrais élaborer pourquoi ils
préfirent être avec leur famille, chez eux, dans les commissions
scolaires, plutôt qu'à Québec au ministère, etc.
Deuxièmement, je rappelle que des programmes sont actuellement
revisés et tout particulièrement dans le domaine des langues.
Troisièmement, je rappelle que nous avons favorisé et aidé
l'organisation de laboratoires de langues dans les polyvalentes. Les devis de
plusieurs polyvalentes prévoient, d'ailleurs, la construction de tels
laboratoires.
De plus, dans les nouveaux programmes au niveau secondaire, il y a une
augmentation du nombre de périodes d'enseignement non pas de la
langue étrangère, mais de la langue seconde. Ce sont cinq
périodes au lieu de trois et, enfin, pour obtenir son diplôme
d'études secondaires, il y a maintenant obligation de réussir non
seulement l'examen de sa langue maternelle, mais l'examen de la langue seconde
pour obtenir le diplôme de onzième année.
M. GRENIER: C'est bien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux vous dire que j'étais
moi-même, pendant dix ans, professeur de langue seconde au collège
militaire? Et de 1956 à 1966, il était extrêmement
difficile de trouver des professeurs spécialisés en langue
seconde. Tous les professeurs dans les différentes classes
n'étaient pas des gens préparés mais qui se
préparaient constamment à cette profession. Je pense que, depuis
deux ou trois ans, les universités font un effort sérieux pour
préparer les professeurs de langue seconde, spécifiquement de
langue seconde avec les méthodes audio-visuelles.
Depuis 1966, J'ai quitté l'enseignement...
M. BOUSQUET: Si vous me permettez, M. le Président, j'aimerais
connaître la réaction de l'ancien ministre de l'Education à
la suggestion que le but soit atteint par le biais du diplôme i la fin du
secondaire?
M. GERIN-LAJOIE: Le diplôme, c'est une bonne chose, puisque vous
me posez la question. Mais J'en suis encore sur les moyens. J'ai des enfants,
comme la plupart d'entre nous, au cours secondaire à l'heure actuelle,
et, j'ai l'impression que cela n'a pas été amélioré
depuis le temps où j'y étais, moi, au cours secondaire.
Je trouve cela très inquiétant. Evidemment ce n'est pas
une situation créée par le ministre. Bien sûr. Je pense
bien que tout le monde le comprend et le ministre le premier. Mais il s'adonne
à être là aujourd'hui. Il a une responsabilité
à assumer, quelle qu'ait été la situation dans le
passé.
Je dis que l'exigence d'un diplôme, c'est une bonne chose, bien
sûr. Mais il faut s'assurer que les moyens existent pendant le cours pour
que les jeunes puissent acquérir cette connaissance pratique de la
langue seconde dont nous parlons actuellement.
M. BOUSQUET: Auriez-vous des moyens précis à
suggérer étant donné que vous avez habituellement un
esprit très constructif?
M. GERIN-LAJOIE: Je ne voudrais pas m'engager dans un exposé,
mais, seulement, il est clair que le ministre a référé
à l'autonomie des commissions scolaires et à la difficulté
qu'il éprouve au ministère de l'Education à trouver des
fonctionnaires pour assumer des responsabilités dans ce
domaine-là, ajoutant que, dans la plupart des cas, les gens qui seraient
aptes à remplir les fonctions au ministère,
préfèrent demeurer dans les commissions scolaires.
Alors, je pense que le ministre doit, dans un cas comme cela, s'assurer
la coopération des commissions scolaires de la direction des commissions
scolaires et des professeurs appropriés dans ces commissions-là
pour établir ce que j'appellerais qu'on m'excuse d'employer une
expression anglaise un « crash-program ». Je pense que le
ministre devrait former n'appelons pas cela une commission, c'est devenu
un mot tabou parce que cela donne l'impression que c'est quelque chose qui
reporte aux calendes grecques la solution, surtout quand les rapports restent
sur les tablettes comme cela arrive tellement souvent sous tous les
gouvernements, et cette bonne habitude ne se perd pas, semble-t-il ou
mettre sur pied un « task force » quelconque, une mission
quelconque, si
nous voulons, parce que les missions, au ministère de
l'Education, donnent un peu plus l'idée de dynamisme que les
comités ou les commissions, pour qu'en dedans de trois ou six mois nous
mettions quelque chose en oeuvre, quelque chose de plus concret que ce qui a pu
être mis en oeuvre depuis trois an ou depuis quinze ans.
M. CARDINAL: M. le Président, c'est justement pourquoi au poste
budgétaire 4, à l'article « honoraires »,
c'était $138,000 l'an passé, c'est $301,000 cette année.
Comme je l'ai Indiqué dans mon texte préliminaire, nous allons
engager des spécialistes qui sont dans les commissions scolaires, pour,
d'une part, avoir des gens occasionnels pendant la période «
crash-program » et, deuxièmement, pour faire participer les gens
du milieu de l'enseignement et des commissions scolaires à ce que nous
désirons atteindre.
M. GERIN-LAJOIE: C'est épouvantable, M. le Président
permettez-moi de m'exprimer de la sorte de voir un ministre qui
prend des voies d'évltement de cette façon-là. Il y a de
l'argent de prévu pour des études, pour des honoraires à
payer à des experts ou à des membres de comités ou de
groupes d'étude, j'en conviens. Mais ce que nous demandons au ministre
à l'occasion du débat actuel, c'est ce qu'il entend faire dans un
des cas particuliers. Ce n'est pas parce qu'il y a quelques centaines de mille
dollars pour des études que nous pouvons deviner que cela sera
affecté à telle ou telle fin.
Alors, je pense que le ministre prend les choses d'un peu trop haut
quand il répond de cette façon-là. Nous lui demandons quel
est son programme d'action dans ce domaine. A cela, il ne semble pas avoir de
réponse, sauf de nous parler de droits et de statut de la langue, avec
des commissions.
M. CARDINAL: Je m'excuse, M. le Président, si par hasard mon ton
a su déplaire au député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GRENIER: A un député libéral.
M. CARDINAL. Il vient lui-même d'élever le ton. Je rappelle
que tantôt, quand j'ai mentionné j'avais pris des notes
auparavant, je vais les apporter devant moi je ne m'en suis pas tenu au
statut. J'ai commencé par le bill 85, c'est exact. J'ai raconté
l'histoire de la commission Gendron, de l'office de la langue qui existait
déjà, et j'en suis arrivé aux programmes et aux
diplômés. J'ai indiqué qu'il y avait revision du programme.
J'ai indiqué que déjà dans le programme il y avait cinq
plutôt que trois périodes d'enseignement des langues secondes.
J'ai indiqué déjà par le passé que nous prenions
des gens des commissions scolaires pour refaire des programmes et plus
particulièrement dans le domaine des langues. Et j'ai moi-même,
à plusieurs reprises, dit et redit que ce n'était pas par des
statuts, par des lois, par des questions juridiques que nous règlerions
le problème de l'enseignement des langues ni même des langues
elles-mêmes au Québec.
Par conséquent, si je me suis mal exprimé ou si on m'a mal
compris, je le regrette. Je suis, encore une fois, très heureux de
tenter, dans la mesure du possible et dans la mesure où il est possible
à tous de bien comprendre, de répondre aux questions qui me sont
posées. Je regrette si parfois il peut exister des
incompréhensions entre les deux côtés de la table; c'est
probablement dû à une mauvaise sonorité de cette salle.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, j'ai une ou deux
questions précises supplémentaires. Est-ce qu'il y a des
fonctionnaires ou des personnes qui travaillent actuellement, pour le compte du
ministère de l'Education, à la question des programmes pour
l'enseignement de la langue seconde, soit le français, soit
l'anglais?
M. CARDINAL: Oui, évidemment, je n'ai pas le détail
précis quant au nombre...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous donner les
noms?
M. CARDINAL: ... il existe, comme je l'ai indiqué tantôt,
une revision des programmes dans le domaine des langues.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre peut nous donner les noms des
personnes qui sont responsables?
M. CARDINAL: Je ne les al pas. Je puis, si vous permettez, voir à
ceci avec mes fonctionnaires.
M. GERIN-LAJOIE. Il a ses fonctionnaires autour de lui; est-ce qu'il
peut obtenir la réponse?
M. CARDINAL: Si vous voulez attendre quelques intants, je vais la
donner.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que ce sont des fonctionnaires ou des personnes
d'en dehors?
M. CARDINAL: Il y a des fonctionnaires actuellement. Mais seulement, je
reviens sur la réponse donnée; j'ai indiqué à
quelques reprises, depuis le début de l'étude des
prévisions de dépenses que, justement, dans les domaines
où il est difficile d'avoir des experts à temps plein, dans les
domaines où nous pouvons faire participer les gens des commissions
scolaires, les enseignants tout particulièrement, nous avions
diminué le montant prévu l'an passé en salaires pour les
remplacer par des montants d'honoraires, ce qui permettait d'avoir des experts
pour la période de revision des programmes dans des domaines
donnés où il était difficile d'avoir des gens à
temps plein.
Pour ce qui est de l'enseignement des langues et de la revision du
programme, il y a M. Costello qui s'occupe de la langue anglaise et M,
Haeberlé qui s'occupe de la langue française. Ils sont tous deux
des fonctionnaires permanents..,
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'ils ont des collaborateurs...
M. CARDINAL: ... mais à titre de langue seconde, dans les deux
cas.
M. GERIN-LAJOIE: .. ou est-ce qu'ils sont seuls?
M. CARDINAL: Ils sont entourés de comités auxquels
siègent des gens qui sont de l'extérieur du ministère; ils
ne sont pas des fonctionnaires.
M. GERIN-LAJOIE: Ils ont fait des rapports au ministre ou à la
direction générale?
M. CARDINAL. Il n'y a pas eu de rapport fait au ministre. Il y en a eu
de fait aux officiers supérieurs, à la direction
générale et au sous-ministre responsable.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a eu des changements de programme ou
est-ce qu'il y a eu un chemin de fait qui peut nous être décrit,
depuis disons deux ans dans ce domaine-là?
M, CARDINAL: Bien, il y a déjà ce changement, vous
permettez, que j'ai déjà indiqué. Il y a la période
d'enseignement des langues secondes qui a été portée de
trois périodes à cinq périodes. Cela en est
déjà un changement d'indiqué. Il y en aura peut-être
d'autres.
Nous pourrions déposer le rapport ici, si vous le
désiriez.
M. GERIN-LAJOIE: S'il vous plaît.
M. CARDINAL: Bon.
M. HOUDE: M. le Président, sur le même sujet, dans l'esprit
du ministère ou du ministre, lorsque vous parlez comme ça, de
spécialistes qui travaillent au niveau d'un programme, est-ce que
ça inclut également la partie matérielle?
Je voudrais m'expliquer. J'ai vécu dans des écoles
régionales nouvelles et modernes. Je sais qu'on a dépensé
énormément d'argent, par exemple, pour construire des
laboratoires de langues. Vous y avez fait allusion il y a à peine
quelques minutes.
Disons que je recule de deux ou trois ans. On se réveillait dans
une école extrêmement moderne avec un magnifique laboratoire de
langues qui avait coûté, peut-être $100,000, avec des
programmes tant qu'on en voulait, les programmes théoriques
écrits en noir sur blanc, parfois avec d'excellents professeurs, mais on
n'avait pas de matériel audio ou visuel, selon le cas, pour l'enseigne
ment.
Alors, aujourd'hui, je me pose la question. Est-ce qu'il y a eu
amélioration dans ce domaine-là? C'est bien beau un laboratoire
de langues, c'est bien beau avoir des magnétophones et des
écouteurs et d'avoir un technicien qui sait exactement sur quel bouton
peser. Mais s'il n'y a rien dans la machine, s'il n'y a pas de matériel!
Est-ce que ça existe maintenant? Est-ce que le ministère a
également des savants des experts, qui étudient et qui fabriquent
du matériel devant être vendu ou distribué?
M. CARDINAL. Il n'y a pas, au ministère, d'expert qui fabrique,
vende ou distribue du matériel. Je rappellerai qu'il y a deux
organismes, il y a le BDAV, ce Bureau de développement audio-visuel, qui
sert à coordonner l'acquisition et la distribution de
l'équipement audio-visuel à tous les organismes gouvernementaux
et leurs agences, y compris les commissions scolaires, qui sert à
établir les normes pour l'équipement qu'acquièrent les
commissions scolaires, etc.
D'autre part, au ministère même, un service des
méthodes audio-visuelles voit justement à étudier
l'utilisation dans les divers niveaux d'enseignement de ces méthodes
audio-visuelles. Tout récemment, d'ailleurs, ce service a
été réformé au sein du ministère. Il n'y a
donc pas, au sein du ministère, si vous voulez, des experts qui font un
travail physique, mais il y a un organisme gouvernemental et un service du
ministère qui sont coordonnés pour aider les commissions
scolaires dans l'acquisition de ces équipements pour qu'ils
obéissent tous aux mêmes normes, non pas seulement du point de vue
fi-
nancier, mais pour qu'ils puissent être coordonnés entre
eux.
L'on sait que certains de ces équipements sont interchangeables
ainsi que des bandes sonores, des films ou des diapositives et peuvent
être échangés entre diverses institutions si c'est le
même équipement. L'on peut même relier certains de ces
équipements par fils ou par téléphone si c'est du
même équipement. Alors, il y a cet effort qui a été
fait au ministère et au gouvernement.
M. BOUSQUET (président de la commission de l'Education):
Adopté.
UNE VOIX: M. le Président, le poste budgétaire 4...
M. LE PRESIDENT: M. Tetley.
M. TETLEY: Avant d'assumer vos fonctions de président, M. le
Président, vous avez posé une question et des sous-questions
à l'ancien ministre. J'ai une suggestion, M. le Ministre. La prochaine
fois que vous nommerez quelqu'un à la Commission scolaire protestante de
Montréal, que l'homme ou la dame soit bilingue, afin que cette personne
puisse comprendre les problèmes. Je crois que vous avez droit de nommer,
de temps en temps...
M. CARDINAL: J'ai le droit de recommander au conseil des ministres.
M. TETLEY: Bon... que vous recommandiez tout simplement les
bilingues.
M. CARDINAL: M. le Président, Je remercie le député
d'Outremont...
M. GERIN-LAJOEE: Les demandes sont-elles toujours acceptées?
M. CARDINAL: Ah! je ne le sais pas. M. le Président, je remercie
le député d'Outremont de...
M. TETLEY: Notre-Dame-de-Grâce.
M. CARDINAL: Notre-Dame-de-Grâce, je m'excuse. C'est un lapsus. Je
ne parle pas de Notre-Dame-de-Grâce, je parle de...
M. LEFEBVRE: M. le Président, je voudrais tout de suite poser
quelques questions qui auront leur aboutissement lorsque nous parlerons des
CEGEP. En fait, comme chacun le sait, au niveau collégial, les CEGEP
reçoivent leur clientèle d'étudiants qui viennent des
écoles secondaires. Alors, d'une certaine façon, les
problèmes des CEGEP ont leur origine au niveau secondaire...
M. CARDINAL: D'accord, au départ.
M. LEFEBVRE: Merci, M. le Président. Le ministre et moi venons de
tomber d'accord au moins sur une chose.
M. LE PRESIDENT: C'est un bon départ.
M. LEFEBVRE: Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre est en
mesure d'informer les membres de ce comité et la population, par le fait
même, de l'évolution de la répartition des
élèves, du contingent d'élèves inscrits au niveau
secondaire entre les options professionnelles et les options de types
humanités ou lettres?
M. CARDINAL: M. le Président, nous avons ces statistiques plus
facilement au niveau des collèges d'enseignement général
et professionnel qu'au niveau secondaire. Cependant, nous avons un certain
nombre de statistiques déjà accumulées. Je pourrai les
apporter à ce comité à une séance
subséquente.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si vous me permettez,...
M. CARDINAL: Nous pourrions y revenir. Je serais d'accord pour que nous
revenions à ce moment-là au niveau collégial.
M. LEFEBVRE: J'apprécie les bonnes dispositions du ministre.
M. CARDINAL: Nous n'avons pas tout. Je le dis, parce que dès
qu'on pose des questions sur les commissions scolaires, il y a des
renseignements qui ne sont pas fournis automatiquement par les commissions
scolaires. Il est temps de faire une enquête à un moment
donné, parce qu'un détail particulier a été
demandé, avant qu'on ait les réponses et tout...
M. LEFEBFRE: Je n'ai aucune objection, M. le Président, à
mentionner clairement au ministre l'objectif de ma question. Je pense qu'il
conviendra que c'est un objectif important. L'objectif est le suivant; Je
voudrais que nous puissions mesurer, disons depuis trois ans,
l'évolution à l'intérieur de cette notion de la
polyvalence dont on a tant parlé depuis le rapport
Parent, l'évolution dans l'orientation de la population
étudiante entre les options humanités, les options sciences et
les options professionnelles. Mais comme question adjacente, si vous voulez,
quels sont les efforts qui ont été faits, s'il y en a eus, de la
part du ministère pour développer de façon
systématique le secteur de la formation professionnelle
conformément aux recommandations du comité Tremblay, qui date
déjà de quelques années, mais qui conserve à mon
avis son actualité?
Alors, j'aimerais que le ministre nous dise où on en est à
ce point de vue-là, au niveau secondaire parce qu'on verra plus
tard que cela débouche drôlement sur la crise des CEGEP et
qu'il nous dise également, en plus de nous donner les faits, quels sont
les efforts qui ont été faits par son ministère au cours
de la dernière année, pour développer le secteur
professionnel. Chacun sait que, quelle que soit la situation de fait que le
ministre nous décrive, mon hypothèse est celle, je pense, de la
plupart des gens, c'est que le secteur professionnel demeure
sous-développé. Il s'agit de savoir dans quelle mesure il l'est
et quels efforts le ministre fait pour pallier ce sous-développement. Si
le ministre est d'accord, je n'ai pas d'objection qu'il réponde lorsque
nous arriverons à l'article des collèges. C'est lié,
d'ailleurs.
M. CARDINAL: M. le Président, nous préparons justement une
réponse à cette question. Je ferai cependant quelques
commentaires immédiatement. Le député d'Ahuntsic a
parlé d'hypothèses. Disons qu'on admettra qu'en dehors du fait
d'être ministre de l'Education, j'ai fréquenté assez
longtemps le milieu de l'enseignement. Comme le député de
Vaudreuil-Soulanges le disait, moi aussi, J'ai des enfants à tous les
niveaux de l'enseignement. J'ai l'impression que les faits que j'expliquerai et
les efforts du ministère que je pourrai mentionner indiqueront quand
même que l'hypothèse de travail de départ, c'est qu'une
partie de la responsabilité de l'orientation au niveau des
collèges est certainement au niveau secondaire. Ceci étant admis
comme hypothèse de travail parce qu'encore une fois il faut
regarder les choses comme elles sont, et non pas s'imaginer qu'elles sont
autrement nous préparons une réponse à cette
question et nous l'apporterons à une autre séance.
M. LEFEBVRE: Très bien.
M. GERIN-LAJOIE: J'aimerais apporter un complément ou une
précision complémentaire à la question. Pour mesurer le
mieux possible et le plus simplement possible en même temps le
résultat du régime de polyvalence, est-ce que le ministre ne
pourrait pas obtenir des chiffres pour indiquer, parmi des finissants du cours
secondaire, 11e ou 12e année cela varie selon les institutions et
selon les cas d'étudiants parmi les finissants du cours
secondaire, quel nombre, les proportions par le fait même, s'engagent
dans les CEGEP?
D'autre part, parmi ceux qui s'en vont sur le marché du travail,
quelle proportion le fait sans avoir reçu de formation professionnelle
attestée par le diplôme? Ma question est-elle assez claire?
M. CARDINAL: Elle est très claire. Mais je devrai tout de suite
prévenir le député de Vaudreuil-Soulanges que, pour avoir
des réponses précises à ses deux questions, d'une part il
faudrait plusieurs jours et, d'autre part, tout particulièrement
à la deuxième question, il est probable qu'il sera toujours
impossible d'avoir le renseignement précis.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends très bien la réponse du
ministre et je comprends le problème lui-même. Maintenant, on
étudie le problème...
M. CARDINAL: Disons que dans la mesure...
M. GERIN-LAJOIE: ... pas seulement pour aujourd'hui. On pose le
problème dans son ensemble et dans une perspective d'avenir. Si le
ministre et le ministère ne sont pas en mesure de fournir assez
rapidement, s'ils n'ont pas à leur disposition des renseignements comme
celui que je demande, il me paraîtrait assez important que le
ministère s'organise pour obtenir à l'avenir et 3. partir du mois
de juin qui s'en vient des statistiques de ce genre pour que le
ministère soit vraiment au courant du type de formation qu'on donne aux
jeunes, surtout à ceux qui quitteront l'école après la fin
du secondaire.
M. CARDINAL: Je suis heureux de souligner que, de fait, pour l'avenir,
nous aurons ces statistiques.
Justement, le service de l'informatique dont nous parlions tantôt
nous permet actuellement de suivre la clientèle scolaire et de voir
quelle proportion, depuis qu'existent les CEGEP, particulièrement, et
non plus seulement les Institutions privées qui étaient
financées sur d'autres bases, soit par des subventions aux
élèves, soit par des subventions à l'institution, ce qui
donnait des statistiques qui n'étaient pas très précises
souvent. Nous posséderons, à l'avenir, tous
ces renseignements sur une période de temps donnée
permettant d'établir des lignes de force, des projections, etc.
Est-ce que Je pourrais suggérer, vu le temps que cela pourrait
prendre pour répondre à toute cette question et pour ne pas
retarder l'étude des prévisions budgétaires, que si nous
nous rendons compte qu'il est impossible d'obtenir ces renseignements à
court terme, je préparerais ou ferais préparer quand même
la réponse et je pourrais l'apporter en Chambre au moment où elle
serait prête, et la déposer pour le bénéfice de tous
les députés?
M. LEFEBVRE: Nous serions d'accord si le ministre veut bien. C'est parce
que le problème d'une déclaration ministérielle...
M. CARDINAL: Je ne parle pas d'une déclaration
ministérielle, je parle d'une réponse à la question
posée.
M. LEFEBVRE: Le problème, c'est qu'à ce moment-là
nous n'ayons plus rien à dire. Nous sommes obligés de prendre
comme une vérité d'évangile ce que le ministre nous
transmet comme information.
Quant à moi, si le ministre disait: Dis que le rapport sera
prêt, je convoquerai le comité, je serais d'accord. Parce
qu'autrement, je pense qu'il faut être conscient du fait que les
députés de cette Chambre ont très peu d'occasions de
vraiment dialoguer. On a des occasions ou de faire des discours en Chambre, ou
de poser des questions. Mais des échanges de vues du type de celui que
nous avons, nous avons une occasion dans l'année, c'est l'étude
des crédits.
Je ne veux pas être méchant, mais je me rappelle certaines
promesses du ministre l'an dernier qu'il n'a jamais tenues quant à des
documents qu'il devait déposer.
M. CARDINAL: Ah! je regrette.
M. LEFEBVRE: En particulier, le contrat de Lalonde et Valois.
M. CARDINAL: Non, je m'excuse mais...
M. LEFEBVRE: Le ministre avait dit qu'il n'y avait pas d'objection,
qu'il était pour le déposer...
M. CARDINAL: L'autre jour, quand cette question a été
posée en Chambre, M. le député d'Ahuntsic, J'ai
souligné, sans pouvoir vérifier sur place, que, d'une part, les
documents dont on avait demandé le dépôt l'an passé
avaient été déposés et que, dans ce cas, en
particulier, il avait été question du dépôt, mais
que je ne me rappelle pas qu'il y ait eu une demande formelle pour qu'il soit
déposé.
M. LEFEBVRE. Il n'y a pas eu de vote. Il y a eu une demande de ma part
et le ministre a dit: Je suis bien d'accord pour le transmettre. Il ne l'a
jamais transmis. J'espère que, cette année, il le
transmettra.
M. CARDINAL: En temps et lieu, disons que cette mise au point
étant faite...
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre serait d'accord, compte tenu de
l'importance de ces questions...
M. CARDINAL: Non, Je répondrai autrement. Je serai d'accord pour
apporter, dans les jours qui suivront, la réponse à la question
tel que nous pouvons y répondre pour le moment.
M.LEFEBVRE: D'accord.
M. CARDINAL: Quitte à apporter plus tard plus de réponses.
Quant à la promesse de convoquer la commission à une date que je
ne connais pas, je m'en garde.
Je soulignerai cependant que je dois corriger une partie de
l'affirmation du député d'Ahuntsic. A la commission de
l'éducation, nous avons eu quelquefois l'occasion d'avoir certaines
é-changes. Pendant les 18 mois que j'ai dirigé ce
ministère, cette commission a été réunie en juin
pour l'étude des budgets. Elle a été réunie
à l'automne, pendant la campagne de Bagot, pour étudier la crise
scolaire et elle s'est ensuite réunie pour étudier le bill 85 et
là, elle se réunit pour étudier à nouveau les
budgets.
M. LEFEBVRE: Pour des objets spécifiques, M. le Ministre.
Ce que Je veux dire, par exemple, la question dont nous parlons, il est
fort probable que nous n'aurons pas, avant une année complète,
l'occasion d'en rediscuter. Alors, je trouve qu'une année, c'est
long!
M. CARDINAL: Tout dépend. Si la contestation dont parle le
député de Vaudreuil-Soulanges se produit, nous aurons
peut-être des occasions nombreuses.
M. LEFEBVRE: Enfin, je suis satisfait. On verra la réponse que le
ministre nous apportera.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le ministre a parlé de
renseignements de cette nature par le système d'informatique du
ministère. Est-ce qu'au ministère on a en banque le dossier
scolaire de chaque étudiant aux niveaux élémentaire et
secondaire? Ou est-ce qu'on a un système de communications par
informatique avec les commissions scolaires?
M. CARDINAL: Evidemment, nous avons des dossiers sur les examens qui
sont contrôlés par le ministère, il n'y en a pas sur la
carrière des étudiants. Nous n'en avons pas.
Nous pouvons toujours augmenter les crédits du ministère
et réaliser un tas de choses que nous n'avons pas. Mais là, il se
poserait un autre problème.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre fait une boutade, mais la question dont
nous parlons: vérifier l'orientation prise par les étudiants dans
le secteur du secondaire, c'est quelque chose de très important,
à savoir au ministère pour, évidemment, déterminer
tous les changements de programmes ou d'organisation pédagogique. Je
pense bien que le ministre est d'accord.
M. CARDINAL: Celapeutparaîtreparadoxal, mais si le ministre
justement le prend sur ce ton, c'est qu'il voit tellement l'importance du
problème qu'il préfère le prendre de cette façon.
Parce que ce problème est vraiment important et nous allons y revenir
tout à l'heure, et je suis loin de le prendre à la
légère.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au même poste
budgétaire, nous pourrions soulever la question après
avoir abordé celle de l'organisation pédagogique ou des aspects
pédagogiques des structures administratives des commissions
scolaires. Quant à moi je ne veux pas parler pour mes
collègues je ne me propose pas au cours de l'étude des
crédits de poser des questions sur la réforme des structures
administratives à l'intérieur du territoire des
régionales. Mais, j'ai des questions à poser mes
collègues en ont également sur les structures
administratives dans les endroits qui n'ont pas été
régionalisés. A toutes fins pratiques, c'est le cas du grand
Montréal et celui de Québec. Est-ce que nous abordons ce
problème ici, ou à l'occasion poste budgétaire concernant
les subventions à la Commission des écoles catholiques de
Montréal?
M. CARDINAL: Je vous pose une question. Est-ce que nous avons
l'intention d'ajourner à six heures exactement, ou auparavant? De fait,
cela peut se discuter à l'un ou à l'autre poste.
M. LEFEBVRE: M. le Président, nous aimerions le savoir d'avance;
pour éviter des débats de procédure, est-ce que nous
pourrions nous entendre quant à savoir à quel poste?
M. CARDINAL: Si on m'offre le choix, j'aimerais que cela soit
discuté au moment où nous parlerons des commissions scolaires
comme telles plutôt que du niveau de l'enseignement.
M. LEFEBVRE: Alors, c'est à quel poste?
M. CARDINAL: Ce qui nous permettrait de nous préparer.
Poste 16: Subventions de fonctionnement aux commissions scolaires.
Nous savons qu'il y a environ 1,522 commissions scolaires dans les
territoires organisés, etc. Mais je pense que nous pourrions y revenir
à l'occasion des subventions.
M. GERIN-LAJOIE: Quant à moi, M. le Président, je parle
seulement pour moi, je ne parle pas pour mes collègues, je n'ai pas
d'autres questions sur le poste budgétaire 4.
M. HOUDE: M. le Président, j'aurais juste une question.
Concernant le niveau élémentaire, j'aurais pu en parler à
un autre poste budgétaire concernant les institutions privées,
mais je voudrais le rattacher justement au système public. C'est pour
cela que je demande la permission d'en parler tout de suite. C'est une
question.
Actuellement, je pense savoir comme député, par les
confidences des gens, par les demandes que nous recevons à nos bureaux,
qu'il y a une autre demande de plus en plus grande peu importent les
raisons, elles sont très nombreuses pour des pensionnats au
niveau primaire. Or, nous sommes devant la situation qu'il y en a presque plus
de ces écoles privées où on peut garder les enfants en bas
âge, par exemple, du dimanche soir au vendredi soir. Peu importent les
raisons. Est-ce qu'il y a dans les plans ou dans les projets du
ministère de l'Education des études à ce sujet? Est-ce
qu'un jour le ministère demandera peut-être à certaines
institutions privées ou à certaines communautés, selon le
cas, de rouvrir certains anciens collèges ou couvents au niveau
primaire? Ou est-ce que le ministère de l'Education peut-être, en
collaboration avec le mi-
nistère de la Famille et du Bien-Etre social aura
éventuellement de ces maisons pour enfants au primaire?
M. CARDINAL: M. le Président, je rappellerai que le bill 56 a
été adopté en décembre et qu'il va permettre de
subventionner à tous les niveaux, y compris celui de la maternelle et de
l'élémentaire, les institutions privées. Ce bill est
complété par la création de la commission qui va
établir les normes et les critères. L'on sait que cette
commission va fixer les critères pour les trois catégories de
subventions. Les institutions qui sont d'intérêt public, les
institutions qui sont financées à 80%, celles qui sont
financées à 60% et celles qui auront le permis d'enseignement.
C'est donc à cette commission dont les membres ont été
nommés et quirepré-sente tous les secteurs de l'enseignement
privé, d'établir au cours des années qui vont venir, pour
des fins de financement, des critères qui pourront se rapporter à
des choses comme ce qui vient d'être mentionné par le
député de Fabre si je ne me trompe pas.
Je ne pourrai donc pas répondre pour le moment sauf pour dire
qu'au ministère il n'existe pas présentement de telles normes ou
de telles planifications. Ces institutions sont disparues soit parce que la
réforme qui s'est effectuée dans les premières
années a inquiété ces institutions ou que les modes de
financement ne les satisfaisaient pas ou soit que les modes de vie
étaient tels que le besoin a diminué dans la population. Il y a
peut-être un retour à cette nécessité pour d'autres
raisons que par le passé. C'est pourquoi il appartiendra à cette
commission, qui travaille en collaboration avec les institutions
privées, de définir les critères, les normes, les
objectifs qui seront fonction de financement. Je n'ai pas d'autres
réponses à donner pour le moment et je ne crois pas qu'il y en
ait d'autres.
M. LE PRESIDENT: Accepté?
M. LEVESQUE (Laurier): Si vous me permettez?
M. LE PRESIDENT: Ah, oui! M. Lévesque, je m'excuse.
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse, dans la situation où je suis,
il m'arrive de manquer le moment en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Vous étiez absent pour une motion cet
après-midi, M. le député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Il n'y a plus de question a poser du
côté de l'Opposition? Un gars arrive à 3 h 25 et c'est
déjà fini.
UNE VOIX: M. le Président, c'est hors d'ordre.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais c'est sa faute.
M. GERIN-LAJOIE: L'Opposition, ça comprend le
député de Laurier. Cela suppose qu'il n'a jamais de question
à poser?
M. LE PRESIDENT: Je demanderais aux membres de l'Opposition de
s'entendre ensemble.
M, LEVESQUE (Laurier): Je suppose qu'ils ne s'intéressent plus
aux affaires publiques, ils n'ont plus de questions.
Si la question a été posée, je m'excuse au
départ. A propos des niveaux primaire et secondaire, j'aurais une couple
de questions dont la raison d'être s'explique toute seule en les posant:
Le ministère a-t-il un tableau des effectifs? Si on en a
déjà parlé j'élimine la question. Cela arrive
toujours un an après, ces tableaux d'effectifs pour les institutions
d'enseignement du secteur publics, primaire et secondaire, qui nous arrivent,
en général, peut-être un an, deux ans en retard, ce qui est
normal comme publication. Je pense que récemment nous avons eu ceux de
l'année 1967 ou 1968, ce qui fait qu'on serait un an et demi en retard,
ce qui est normal. Est-ce que le ministère a des tableaux des effectifs
de l'année courante, par exemple, pour qu'on puisse comparer?
Il me semble avoir lu quelque part qu'à Montréal, dans le
secteur de la commission des écoles catholiques, secteur français
en particulier, que cette année il y a eu, pour la première fois,
une baisse des inscriptions des enfants dans le secteur
élémentaire. Je voudrais savoir si on a ça pour deux
raisons. Lapremière c'est qu'au point de vue d'un avenir collectif
quelconque, ça rejoint tout le problème de la natalité. On
en voit une première répercussion, forcément, au niveau
élémentaire ces années-ci. Deuxièmement, même
au point de vue financier, ça recoupe un peu la question du
député de Notre-Dame-de-Grâce, hier soir, que j'avais
saisie au vol par rapport à une planification quelconque
vis-à-vis des nécessités d'écoles,
d'édifices, de campus, de personnels et tout ce qu'on voudra. Y a-t-il
moyen d'établir une projection pour les années qui viennent?
Premièrement donc a-t-on les tableaux géné-
raux des effectifs du secteur élémentaire pour
l'année courante depuis l'automne, pour qu'on puisse se préparer?
Deuxièmement, a-t-on en marche les éléments d'une
projection? Parce qu'il est évident que la dénatalité va
continuer à montrer ses effets et, au point de vue financier c'est
sûr que ça peut avoir une énorme importance de la voir
venir.
M. CARDINAL: M. le président, j'apporte trois réponses.
Tout d'abord c'est que, dans le texte que j'ailuhier et les copies ont
été remises au député de Laurier, à la page
9, j'ai déjà parlé de cette question et j'indique certains
chiffres. Deuxièmement...
M. LEVESQUE (Laurier): Un tableau détaillé
existe-t-il?
M. CARDINAL: ... dans Hebdo-Education du 14 janvier 1969, il y a un
tableau des inscriptions au 30 septembre 1968, dans les commissions scolaires,
par niveau d'enseignement et par nombre d'élèves comprenant
particulièrement la CECM, la CECQ ,le PSBGM et le PSBG...
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, ce sont les chiffres qui suivent ceux de la
dernière publication?
M. CARDINAL: C'est exact. Ensuite, il y a des systèmes
d'enseignement dans ce même Hebdo-Education où l'on donne le
nombre d'élèves non plus par commissions scolaires, mais par
niveau d'enseignement c'est-à-dire maternelle,
élémentaire, secondaire et collégial.
Quatrièmement, il est exact qu'il y a au niveau
élémentaire, celui-ci est du 3 décembre, une diminution
des inscriptions actuellement et dans les prévisions à venir
aussi.
M. LEVESQUE (Laurier): L'Hebdo-Education dont le ministre parle, c'est
décembre.
M. CARDINAL: Je recommence...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, la date, la date.
M. CARDINAL: Le 14 janvier 1969, 3 décembre 1968.
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne vois pas pourquoi je ne prendrais pas cela
à la bonne source, je l'ai oublié...
M. CARDINAL: Et de plus, M. le député de
Laurier, je vous dirai que la revision de ces chiffres
déjà parus en décembre et en janvier s'effectue et qu'il y
aura de nouveaux programmes qui seront éventuellement donnés.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que ma deuxième question pourrait
amener une toute petite réponse du ministre aussi. Celle-là, je
ne crois pas qu'elle ait paru jusqu'ici, cela rejoint cette question
générale de la planification. Est-ce que les projections sont
disponibles sur les besoins décroissants, à toutes fins
pratiques, de l'enseignement primaire, par voie de conséquence de
l'enseignement secondaire et éventuellement les CEGEP, etc, de
façon qu'on les voit venir?
M. CARDINAL: Elles ne sont pas disponibles présentement. Elles
sont en préparation. J'avais, je pense - c'était pour
l'après-midi d'hier, en répondant, non pas à cette
question-lâ, mais à une semblable indiqué que nous
prévoyions une diminution des inscriptions au niveau
élémentaire, dans les années à venir et une
augmentation de la scolarisation. Ce qui fait qu'il y avait une certaine
inversion de proportion d'étudiants et qu'à cause de cela, par
exemple, le coût de l'enseignement, le genre de construction pour le
genre de clientèle scolaire devait être revisé. Et de fait,
par exemple, à la Direction générale de l'enseignement
secondaire, à la Direction générale de
l'équipement, nous revisons actuellement la politique de construction
des écoles puisque, là il faut le voir, il existe
déjà des écoles dans le Québec où les
inscriptions seront tellement diminuées l'an prochain que ces
écoles sont déjà trop grandes.
J'ajouterai même que, dans un cas précis que je connais,
dans une paroisse du comté de Bagot, il n'y aura que neuf
élèves qui vont se présenter à
l'élémentaire dans cette école, en septembre prochain,
d'après les prévisions que nous connaissons. Et si le mouvement
continue... De fait, dans ce cas-là, c'est qu'il y a eu une polyvalente
de construite à Acton Vale et cette école est utilisée en
partie pour d'autres fins communautaires que les simples fins
d'enseignement.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que les neuf élèves vont rester
là ou s'ils vont aller ailleurs...?
M. CARDINAL: Ils vont rester dans cette école-là, parce
qu'il y a quand même non seulement la première année, mais
la 2e, la 3e, la 4e, la 5e, la 6e et la 7e qui sont là pour un
certain nombre d'années. Le besoin de cette école
subsiste.
M. LEFEBVRE: La solution à brève échéance
serait d'annexer le comté de Bagot au comté voisin.
M. CARDINAL: D'ailleurs si vous me permettez, nous avons des
recensements...
M. GERIN-LAJOIE: Je n'aurais pas d'objection à cela.
M. CARDINAL: Nous avons les recensements des enfants d'un à six
ans. Ces recensements seront étudiés pour permettre
l'établissement de projection qui, malheureusement, ne sera pas
disponible parce que c'est un travail qui est à se faire
présentement.
Ce qui indique d'ailleurs la préoccupation du ministère,
dans ce domaine, parce que c'est un phénomène qui frappe tout le
monde, pour les raisons qu'a indiquées d'abord le député
de Laurier et pour d'autres raisons que l'on trouve partout, par exemple, dans
les prévisions budgétaires et dans les directions
générales du ministère de l'Education.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, puisque nous parlons de
prévisions pour l'Instant, est-ce que le ministère prévoit
le maintien de ce rapport maîtres-élèves de 1 à 27
ou est-ce que la diminution possible des inscriptions à
l'élémentaire permettrait d'améliorer ce rapport qui est
en somme un peu fictif parce que les classes sont de plus de 27
élèves dans...
M. CARDINAL: J'apporterai trois essais de réponse à cette
question. Le premier, c'est que le rapport 1-27 ou 1-26, ou quel qu'il soit,
est évidemment purement un module. C'est-à-dire que vous ne
trouverez probablement pas une seule classe où il y a un professeur pour
27 élèves. C'est dans une institution donnée l'ensemble
des professeurs par rapport à l'ensemble des étudiants.
Deuxièmement, est-ce que les changements dans la natalité,
sur une période de temps donnée, feront qu'après un
certain temps, à l'élémentaire, le nombre de professeurs
par rapport au nombre d'élèves sera tel que sa proportion puisse
être changée.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, ils vont signer un contrat vers
1975 à peu près?
M. CARDINAL: Je n'en sais rien pour le moment. Troisièmement, sur
le fond même de la question, je ne me prononcerai pas parce que c'est
justement l'objet d'une négociation.
M. GRENIER: Une seconde, monsieur le député de Gouin
arrive, il faudrait bien faire une pose.
M. LE PRESIDENT: Ah, oui! s'il vous plaît, le député
de Gouin, le jeune et brillant député, l'écrivain, le
journaliste, il me fait plaisir.
M. BOUSQUET: M. le Président, je proteste.
M. LE PRESIDENT: II est 17 heures 45, M. Michaud, il reste quelques
minutes. Avez-vous des questions intelligentes à poser? Vous voyez comme
on traite bien l'Opposition.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, il est 17 heures 30, à
l'heure de Dorval.
M. LE PRESIDENT: A l'heure de Dorval, mais Dorval est en
grève.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre peut rappeler aux membres de ce
comité depuis combien de temps le négociation est en cours?
M. CARDINAL: Tout ceci apparaît au journal des Débats et a
fait l'objet d'une discussion qui a duré 90 minutes hier
après-midi.
M. LEFEBVRE: Nous le savons, 22 mois. C'était juste pour faire un
test de mémoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été refusé
hier.
M. CARDINAL: Est-ce que le député d'Ahunt-sic voudrait se
rappeler tout ce qui a été dit à ce sujet et que, par
conséquent, quandil s'adresse au ministre de l'Education à ce
sujet, celui-ci reconnaît l'urgence et l'importance du problème
mais que le député d'Ahuntsic ne fait que jouer le jeu d'un
certain nombre de personnes qui semblent oublier la responsabilité
directe d'un certain autre ministre et ainsi brouiller les cartes, ce qui
n'aide en rien à la négociation.
M. LEFEBVRE: Est-ce une condamnation du ministre des Finances?
M. CARDINAL: Je ne parle pas du ministre des Finances, je parle... Il me
semble que le député d'Ahuntsic oublie qu'il y a un
représentant direct du gouvernement à la table des
négociations. En tout cas, ceci n'est pas de l'ordre du jour.
M. LEFEBVRE: C'est parce que le ministre parle par parabole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme il oublie souvent de venir en
Chambre.
M. LEFEBVRE: Le ministre peut-être parce qu'il s'appelle Cardinal,
parle par parabole. C'est parfois difficile de le suivre.
M. LE PRESIDENT: A la prochaine séance, messieurs, j'apporte un
prix orange et un prix citron. Ceux qui sont trop... on pourrait leur donner un
prix citron.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, nous apporterons des tomates
pour le président.
UNE VOIX: Et des oignons.
M. TREMBLA Y( Chicoutimi): Et des concombres.
M. LE PRESIDENT: Je vais vous apporter un prix pamplemousse, vous, M.
Lévesque.
Poste budgétaire 4 accepté.
Poste budgétaire 5: Ecoles dans les territoires non
organisés pas au point de vue politique, mais au point de vue
scolaire et cours spéciaux écoles d'agriculture et
écoles ménagères pratiques. Territoires non
organisés.
M. Lévesque, c'est pour vous cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Nous en avons encore quelques-uns.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je n'ai pas de question sur
l'article 1 du poste 5.
M. LEVESQUE (Laurier): Les territoires non organisés, soit dit en
passant, peut-être que ce n'est pas relié directement,
quoique si cela n'a pas changé, cela l'est au moins indirectement
est-ce que cela comprend les territoires nordiques enfin un secteur entre
autres des régions esquimaudes?
M. CARDINAL: Non, pas jusque là.
M. MICHAUD: Parce que c'est organisé, là?
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que c'est encore à cheval plus ou
moins? Les efforts qui ont été faits pour essayer d'introduire la
qualité ou enfin les normes québécoises dans
l'enseignement du Grand Nord, continuent-ils?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que cela dépend du ministère
des Richesses naturelles?
M. CARDINAL: C'est-à-dire que c'est en collaboration maintenant
avec le ministère des Richesses naturelles et le ministère de
l'Education. Si vous vous rappelez, je pense, d'une loi qui a été
déposée et d'un arrêté qui a été
adopté, il y a cette commission scolaire dont j'ai oublié le nom,
enfin du Golfe, qui a été organisée conjointement par les
deux ministères et ces deux ministères font les nominations et
administrent cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre parle de la basse
Côte-Nord là?
M. CARDINAL: Le Nouveau-Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): II yenaune maintenant au
Nouveau-Québec?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Et c'est organisé conjointement par les
deux ministères?
M. CARDINAL: Par les deux ministères.
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne sais pas si c'est ici la place pour avoir
juste un petit tableau lapidaire de cela. Est-ce ici ou à l'autre?
M. GERIN-LAJOIE: Pas ici, c'était tantôt, au poste
budgétaire no 4.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, cela fait trois fois que vous
demandez des tableaux, nous ne sommes pas à « Point de mire
» ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il n'y a pas beaucoup de votes à
recueillir là-dedans.
M. LEVESQUE (Laurier): Ces gars-là qui sont dans le nord, on ne
s'en occupe pas très souvent. Us existent quand même. Je voudrais
juste savoir s'il y aurait moyen, à une place quelconque, d'avoir une
idée de ce qui se fait pour eux en fonction de leurs problèmes
et...
M. CARDINAL: Est-ce que vous auriez une ou plusieurs questions
précises?
M. LEVESQUE (Laurier): Essentiellement ce qui m'intéresserait, ce
serait de savoir si on leur envoie des professeurs, si le nombre se multiplie,
si les programmes sont revus par Québec, à quel point on a
Introduit un enseigne-
ment du français, parce qu'il y avait seulement de l'anglais dans
le temps et on avait commencé à essayer de pénétrer
cette espèce de mur, à toutes fins pratiques, d'annexion
culturelle idiote, et si ça continue, si ça se
développe.
M. CARDINAL: M, le Président, pour une question semblable qui est
un peu élastique et omnibus, il me fera plaisir, M. le
député de Laurier, de préparer une réponse et de
l'apporter à une réunion subséquente de cette
commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que je pourrais avoir un tableau?
M. CARDINAL: Oui, je vais préparer un tableau de ce qui se fait
actuellement.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord?
M. CARDINAL: Avec plaisir, je l'apporterai.
M. MICHAUD: Je voudrais ajouter cet élément à ma
question. Y a-t-il des difficultés de recrutement du personnel pour
l'enseignement dans le Grand Nord...?
M. CARDINAL: Hors de tout doute.
M. MICHAUD: ... dans les Territoires du Nord-Ouest? Deuxièmement,
j'ai entendu dire que les primes d'éloignement étaient
plutôt mesquines pour le personnel enseignant qui irait là-bas?
Est-ce que je me suis trompé ou est-ce que c'est vrai?
M. CARDINAL: C'est une qualification tendancieuse.
M. MICHAUD: Pardon?
M. CARDINAL; C'est une qualification tendancieuse, qui serait
plutôt légère...
M. MICHAUD: Non, non, je pose simplement la question: Ai-je
été trompé? J'aimerais que le ministre réponde.
UNE VOIX: Il a été trompé.
M. MICHAUD: Et quel est l'état des progrès? Est-ce qu'il y
a progrès dans l'enseignement du français au niveau des
territoires? J'y suis allé il y a déjà deux ans,
c'est-à-dire même un peu plus loin, et on m'a dit qu'au niveau de
l'enseignement de l'anglais, on pouvait enseigner aux Esquimaux pendant 20 ans
et qu'ils pouvaient à peine balbutier l'anglais au bout de ces 20
années.
M. CARDINAL: A ce moment-là, il n'y avait pas cette organisation
de la commission scolaire qui vient d'être créée; c'est
nouveau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pourriez vous tailler une belle
carrière.
M. CARDINAL: Non, nous préparons...
M. LEFEBVRE: C'est la meilleure que le ministre des Affaires
culturelles...
UNE VOIX: Il n'accepte pas ça, pas du tout.
M. MICHAUD: M. le Président, ça se passe en
bouffonneries...
M. CARDINAL: M. le Président, j'ai offert et je maintiens l'offre
de préparer un tableau qui me permettrait de répondre en fonction
des renseignements que nous possédons, après avoir pris contact
avec les fonctionnaires du ministère des Richesses naturelles, qui
possèdent eux aussi, une part de renseignements. J'apporterai ce tableau
devant la commission.
M. GERIN-LAJOIE: Dois-je comprendre, du fait qu'il existe une commission
scolaire, tel que mentionné, que cette commission scolaire du
Nouveau-Québec est régie par le même régime de
subventions que les autres commissions scolaires du Québec?
M. CARDINAL: Non, c'est une loi particulière qui
l'établit. C'est la responsabilité des deux ministères, et
ce que je pourrais dire, c'est que ce sont des subventions ad hoc,
c'est-à-dire que ce ne sont pas des subventions qui obéissent aux
normes que nous avons pour les subventions de fonctionnement prévues
dans les crédits budgétaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Comment se fait-il que le député de
Vaudreuil-Soulanges ne sache pas qu'il y a une loi?
UNE VOIX: Chacun son tour.
M. GERIN-LAJOIE: Le député va le savoir par la question
que je vais poser. Il existe une loi qui constitue une commission scolaire mais
cette loi-là ne détermine pas le régime de subventions et,
autant que je sache, le ministère de l'Education et le ministère
des Richesses naturelles participent à la nomination des responsables
qui font fonctionner cette commission scolaire-là. Mais c'est une
commission scolaire qui a son entité juridique, qui a ses responsables,
qu'on les appelle commissaires ou autrement, et
ce sont eux qui administrent la commission scolaire, comme les
commissaires d'écoles dans toute la province administrent les leurs.
C'est pour cela que je pose la question de savoir si cette
commission-là, qui est une entité juridique, est soumise au
même régime que les autres commissions scolaires...
M. CARDINAL: Pas exactement...
M. GERIN-LAJOIE: ... au point de vue des subventions et du
système financier.
M, CARDINAL: Non, la comparaison, c'est qu'elle fonctionne comme les
autres sur une base budgétaire. Vous ne pouvez pas appliquer à ce
cas vraiment particulier, si vous voulez c'est ce que je voulais
indiquer tantôt, je me suis peut-être mal exprimé les
normes des autres commissions scolaires; c'est pourquoi j'ai employé
l'expression de « subventions ad hoc ». Disons, pour être
complet, subventions ad hoc en fonction de budgets approuvés par les
ministères concernés.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais j'imagine que les normes budgétaires
applicables aux autres commissions scolaires ne doivent pas s'appliquer de la
même façon...
M. CARDINAL: C'est sûr.
M. GERIN-LAJOIE: ... quant au nombre d'élèves requis pour
constituer une classe ou un groupe et des choses comme ça.
M. CARDINAL: C'est justement ce que je viens de dire. Quand je dis
« ad hoc », je dis qu'elles n'obéissent pas aux
règles générales des subventions pour les autres
commissions scolaires qui n'ont pas l'éloignement, qui n'ont pas la
grandeur du territoire, qui n'ont pas le nombre d'étudiants
disséminés sur leur territoire, qui ont affaire à des
enfants à l'origine d'une autre langue que la langue d'enseignement ou
la langue enseignée, etc., et qui d'ailleurs est toute jeune
créée.
M. LEVESQUE (Laurier): Je suppose que c'est l'enseignement, le mode
d'administration, le mode de financement, le budget courant. Les responsables
feront partie de ce tableau pour que nous ayons une idée...
M. CARDINAL: Nous ferons notre possible, comme d'habitude.
M. MICHAUD: En gros, il y a combien de petits Esquimaux ou de petits
Cris qui tombent sous...
M. LE PRESIDENT: Les Cris sont en loi.
M. CARDINAL: Cela pourrait être dans le rapport, mais,
malgré ma mémoire, je n'en ai retenu ni le nombre, ni les
noms.
M. TREMBLAY: Je dirai au député de Gouin de
s'intéresser davantage, s'il veut faire une carrière, aux
Têtes-de-Boule dans le nord de Mistassini.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre, est-ce que je peux vous poser une
question...
M. MICHAUD: J'allais répondre à M.Tremblay, mais je me
retiens.
M. LE PRESIDENT: ... à laquelle seul le député de
Gouin peut répondre? Est-ce qu'il se vend beaucoup de manuels
d'Astérix dans ce territoire, M. le Ministre?
M. CARDINAL: Je n'ai aucun intérêt dans la vente d'aucun
manuel ou d'autres volumes.
M. MICHAUD: Vous avez bien de la chance.
M. CARDINAL: De ne pas avoir d'intérêt, vous trouvez que
c'est de la chance?
M. TREMBLAY: Je suis compromis mol, ils m'ont envoyé la
collection complète.
M. MICHAUD: Cela ajoutera à la culture du ministre, s'il ne la
possède déjà.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 5 accepté?
M. GERIN-LAJOIE: L'article 1, peut-être. L'article 2 sur les
écoles d'agriculture, cela existe encore, cela? Quelles sont les
écoles d'agriculture qui existent?
M. CARDINAL: Je ne le sais pas. J'ai la liste. Il y en a deux sortes, on
parle d'écoles moyennes d'agriculture.
M. GERIN-LAJOIE: Ici, ce n'est pas spécifié. J'imagine que
ce sont les seules dont il puisse être question.
M. CARDINAL: M. le Président, le nombre d'élèves
dans les écoles d'agriculture et le nombre d'écoles
d'agriculture. Il y a les écoles de
Brigham, Caplan, Chicoutimi, La Ferme, La Pérade...
M. GEEIN-LAJOIE: « Caplan » dans le comté de
Bonaventure, c'est français.
M. CARDINAL: C'est parce que j'étais parti sur l'élan,
quand je lais face à des gens qui s'apellent Pearson, Wagner,
Goldbloom,Tetley, si vous voulez...
M. LEVESQUE (Laurier): Nous aurons tout vu.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre semble oublier qu'il peut y avoir des
délégués de Caplan à la délégation,
il est mieux de leur plaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela demande un certain enracinement, la
chefferie jusqu'en Gaspésie aussi.
M. CARDINAL: Je reprends: Caplan, La Ferme, Chicoutimi, La
Pérade, Nicolet, Rimouski, Saint-Barthélémy, Sainte-Croix
et Sainte-Martine, pour un total d'environ 300 élèves dans ces
écoles.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que l'intégration aux commissions
scolaires régionales n'est pas déjà
décidée?
M. CARDINAL: Oui, c'est l'objet de la mission qui est une mission non
pas d'études, etc., mais d'intégration. Dans le texte que j'ai lu
au début, j'ai indiqué que certains déplacements de fonds
viendraient justement de l'intégration qui s'effectuerait.
M. GERIN-LAJOIE: Dans ce cas, il n'y a pas grand déplacement de
fonds, c'est à peu pris stable, c'est pour cela que je manifeste un peu
d'étonnement. Je demandais des explications au ministre, des
éclaircissements.
M. CARDINAL: Voici, l'intégration se fait au fur et à
mesure que l'on peut obtenir l'accord avec la polyvalence, qui est
elle-même construite et en service etc., c'est un processus qui se fait
sur une période de temps, mais la décision est déjà
prise...
M. GERIN-LAJOIE: Tout ce qui manque, c'est la mise en application?
M. CARDINAL: Oui, mais il y aura une mise en application progressive
pour que nous puissions voir les conséquences de nos actes à
mesure que nous les posons et non pas après.
M. LE PRESIDENT: Progressives et organiques.
M. GERIN-LAJOIE. Il ne se produit pas la même chose que dans les
CEGEPI
M. CARDINAL: Bien oui!
UNE VOIX: Pas d'autre question.
M. LE PRESIDENT: Pas d'autre question? Merci, M. le
député.
Le poste budgétaire 5 accepté?
DES VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 6: Direction
générale de l'enseignement collégial.
M. LEFEBVRE: Etant donné que nous sommes sur le point d'ajourner,
entre les postes 5 et 6, j'aurais une question à poser au ministre de
l'Education.
M. CARDINAL: C'est 5 1/2, celai
M. LEFEBVRE: Je la vois inscrite entre les postes 5 et 6.
M. CARDINAL: Parlez-vous de l'heure ou des postes?
M. LEFEBVRE: Je parle des postes. Entre les postes 5 et 6,
Je n'ai pas d'objection à poser la question
àl'intéressé. J'ai prétendu publiquement que si le
ministre posait sa candidature à la chefferie, il devrait
démissionner comme ministre de l'Education. J'aimerais savoir s'il est
d'accord avec cette suggestion.
M. CARDINAL: Je ne pense pas que j'ai de prétentions dans...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On se retrouvera bientôt devant une
Chambre où il n'y aura plus d'Opposition. Vous êtes tous candidats
actuellement!
M. LEFEBVRE: J'ai posé une question. Laissez le ministre de
l'Education répondre!
M. MICHAUD. Il savait que le facisme couvait!
M. CARDINAL: Fort sérieusement, le député a
avoué qu'il avait prétendu. J'avoue que je ne suis pas du tout
impressionné par ses prétentions...
M. MICHAUD: Je n'ai pas été impressionné par la
vôtre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il est prétentieux!
M. MICHAUD: Vous n'avez rien à répondre!
M. CARDINAL: Non. Cela ne se rapporte en rien aux prévisions
budgétaires du ministère de l'Education.
M. LEFEBVRE: Sûrement. Mais cela se rapporte à l'immense
tâche qu'a le ministre de l'Education et au fait que je pense nous avons
prouvé depuis les quelques heures que nous étudions les
crédits, que la fonction de ministre de l'Education est une fonction
à temps plein et qu'on prend des risques considérables
actuellement dans la situation présente, au moment où nous en
sommes dans l'évolution de la réforme scolaire à ce que le
ministre de l'Education qui a cette fonction s'occupe de quoi que ce soit
d'autre que des problèmes d'éducation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député...
M. LEFEBVRE: Le ministre a droit d'avoir des opinions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député d'Ahuntsic...
M. LEFEBVRE: ... j'ai le droit d'avoir les miennes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député d'ahuntsic aurait
dû faire...
M. LEVEBVRE: Je vois que le ministre des Affaires culturelles vient
à la défense du ministre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais je souligne que le
député d'Ahuntsic aurait dû faire cette observation
à M. Trudeau qui est resté ministre de la Justice alors qu'il
était candidat à la chefferie!
M. LEFEBVRE: Je soulignerai au ministre des Affaires culturelles que,
pour l'instant, je fais de la politique provinciale et je n'ai jamais, moi,
fait de la politique fédérale!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cet après-midi, oui. Vous avez bien dit
pour l'instant!
M. LEFEBVRE: A chacun son boulot! M. CARDINAL: Mais, M. le
Président...
M. LEVESQUE (Laurier): Je n'ai pas à vous aider mais je me
demande si dans la logique du député d'Ahuntsic, il ne faudrait
pas que nous n'ayons pas de premier ministre jusqu'au mois de juin, ce qui
n'aiderait pas beaucoup...
M. LEFEBVRE: Non, c'est différent.
UNE VOIX: Nous allons nommer M. Lévesque premier ministre
intérimaire!
M. LE PRESIDENT: Comment le chef de l'Opposition peut-il garder...
M. LEVESQUE (Laurier): Comme le sait le ministre de l'Education, le fait
d'être premier ministre, même intérimaire, cela fait un
sérieux tremplin pour un gars]
M. LE PRESIDENT: Je retire... Messieurs, est-ce que nous ajournons.
M. CARDINAL: Ce soir, il y a le conseil des ministres, alors nous
pourrions ajourner à demain...
M. LE PRESIDENT: Nous pourrions ajourner tout de suite et revenir demain
à 3 heures?
M. CARDINAL: Demain 3 heures?
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie beaucoup de votre collaboration.
(Fin de la séance: 17 h 48)
Séance du 24 avril 1969
(Quinze heures cinquante minutes)
M. GARDNER (président de la commission de l'éducation): A
l'ordre, messieurs!
Le ministre de l'Education aurait quelques mots à dire avant de
commencer le poste budgétaire 6.
M. CARDINAL: Ce n'est pas une déclaration. Je crois bien qu'hier
nous avions terminé le poste budgétaire 5 et que nous commencions
le poste budgétaire 6 qui se rapporte aux collèges d'enseignement
général et professionnel. Alors, une autre fois, je
répète ce que j'ai dit: Si je puis bien entendre les questions,
je vous donnerai quelques remarques générales.
M. GERIN-LAJOIE: Avant de reprendre le poste budgétaire 6,
j'aimerais faire une observation d'ordre général, M. le
Président. Je constate que vous occupez maintenant votre siège.
J'aimerais faire, sans aucune malice ou malveillance, l'observation qu'à
la réflexion le déroulement de la séance d'hier
après-midi n'est peut-être pas de ce qu'il y a de plus honorable
pour nous tous collectivement, sans faire aucune personnalité, et sans
m'exclure. Ce n'est peut-être pas non plus la façon la plus
efficace de remplir notre mandat. Alors, M. le Président, j'exprimerais
le voeu que vous puissiez assumer avec autant de fermeté, autant de
doigté possible le rôle qui est le vôtre comme
président. Et nous tous mol le premier nous rappeler
à l'ordre si vous voyez que nous prenons le moindrement des tangentes
qui ne sont pas tout à fait appropriées. Comme vous le voyez, je
m'efforce de faire ces observations de la façon la plus simple possible,
mais c'est de façon très sentie, pour la bonne marche de nos
travaux.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le député de
Vaudreuil-Soulanges pour ses commentaires. J'espère être à
la hauteur de la situation au bon vouloir et de l'Opposition et du parti au
pouvoir, en toute justice impartiale.
Poste budgétaire 6: Direction générale de
l'enseignement collégial.
H, CARDINAL: Pourrais-je rappeler, M. le Président, pour le
bénéfice de ceux qui n'étaient peut-être pas
là le premier jour, que l'explication de l'augmentation qui
apparaît à ce poste a été donnée au cours de
l'exposé général. Je rappelle de plus qu'à ce
poste, comme à celui de la Direction générale de
l'enseignement élémentaire et secondaire, au lieu d'augmenter le
person- nel permanent, nous avons recours à des spécialistes de
l'extérieur, lorsqu'il est jugé plus avantageux de
procéder de cette façon pour les deux raisons que j'ai
déjà indiquées.
C'est tout particulièrement le cas, au niveau du collège,
lorsqu'il s'agit d'élaborer ou de reviser des programmes.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais à ce stade
faire des observations qui, je pense, tombent sous ce poste budgétaire
tout autant sans doute que sous le poste 7, qui est plus particulier que le
poste 6. Il s'agit de l'orientation que les CEGEP prennent dès leur
formation.
C'est un sujet qui n'est pas nouveau, dont il a été
question et à l'Assemblée nationale et en dehors de
l'Assemblée, depuis maintenant un an ou un an et demi.
Le Conseil supérieur de l'éducation a confié
à un groupe particulier l'étude de la question du sort subi par
l'enseignement professionnel dans le cadre des CEGEP depuis qu'ils sont en voie
de constitution. Autant que je sache, aucun rapport émanant du conseil
supérieur ou de l'un de ses organes n'a été rendu public
jusqu'à ce jour sur cette question.
D'autre part, M. le Président, je ne sais pas si, au
ministère de l'Education, on a mis sur pied une mission ou une
équipe particulièrement chargée non pas seulement de
l'intégration des instituts de technologie et des collèges
classiques et autres institutions dans le nouveau cadre des CEGEP.
Je pense que je dois faire ici écho aux inquiétudes et aux
protestations d'éléments très considérables de
notre population. Assez récemment nous avons eu connaissance de
l'Intervention faite, dans un style imagé qui lui est particulier, par
M. Gérard Filion. Je pense que la façon dont il s'est
exprimé lors d'une conférence a été faite de
façon assez saisissante pour le grand public.
On a nettement l'impression, à voir les inscriptions dans les
CEGEP, à voir le comportement du personnel de direction et
pédagogique à l'Intérieur des CEGEP et à voir
l'attitude des jeunes qui abordent les études collégiales, que
les CEGEP sont en train de devenir ce qu'étaient les anciens
collèges classiques et qu'ils sont en train de se buter absolument aux
mêmes écueils.
La réforme de l'éducation, telle que proposée par
le rapport Parent, à ce niveau, avait pour but non pas de faire
disparaître l'enseignement professionnel en l'absorbant à
l'intérieur des nouvelles institutions qui s'appellent maintenant les
CEGEP, mais il avait, très net-
tetnent, comme objectif, de favoriser l'accession des jeunes aux
études qui leur conviennent le mieux tout autant qu'aux études
qui correspondent le mieux comme préparation pour remplir les besoins
réels de notre société.
Or, le résultat net depuis maintenant un mois au deux, c'est que
l'enseignement professionnel a pris une plongée que je qualifie de
catastrophique. On sait que l'enseignement professionnel au Québec n'a
jamais joui d'un prestige très, très élevé,
particulièrement à cause du rôle social qu'ont rempli dans
notre histoire les collèges classiques.
Au cours des sept ou huit dernières années, en particulier
depuis l'enquête gouvernementale dirigée par M. Arthur Tremblay et
depuis la publication du rapport Tremblay, ce secteur de notre enseignement
avait commencé, à n'en pas douter, une remontée dans
l'esprit de nos gens et dans l'échelle des valeurs sociales. On
constatait dans tout le Québec, d'abord un désir très
profond et tros ouvertement manifesté de voir s'établir partout
des institutions d'enseignement professionnel notamment, des écoles de
métiers et des instituts de technologie, où on réclamait
ces institutions, la population, les parents les réclamaient, les
étudiants les réclamaient.
Un programme d'établissement de telles institutions a
été élaboré, mis en oeuvre pendant deux ou trois
ans, jusqu'au moment où le rapport Parent a paru. Evidemment, le rapport
Parent proposait une formule différente de celle qui existait à
l'époque puisqu'il proposait l'intégration de l'enseignement
professionnel et de l'enseignement général dans le cadre d'une
même institution. Institution unifiée sur le plan administratif et
sur le plan pédagogique.
Le rapport Parent était loin de proposer l'absorption sous forme
de disparition de l'enseignement professionnel comme cela est en train de se
faire actuellement au Québec Je ne suis pas sans reconnaître les
difficultés auxquelles le ministère de l'Education a eu à
faire face. Je sais que créer de nouvellesinstitutions, CEGEP, selon
l'esprit du rapport Parent et selon l'esprit du bill 21, adopté au
printemps de 1967, n'était pas une tâche facile. Il fallait
regrouper les institutions existantes, regrouper des corps enseignants
déjà existants dans des milieux qui n'avaient eu auparavant aucun
lien, presque aucunes relations entre eux. Il fallait regrouper des milieux
étudiants qui étaient aussi très distincts les uns des
autres sur le plan social.
Mais, M. le Président, je pense que le ministère de
l'Education a été nettement négligent dans sa
responsabilité de procéder à cette constitution des CEGEP
avec les ressources existantes de façon à assurer non seulement
la survie, mais le développement de l'enseignement professionnel sous
forme d'option dans le cadre des CEGEP.
Le ministère de l'Education a été déficient
dans le programme d'information qu'il aurait dû mettre sur pied. Et soit
dit en passant, ce n'est pas la publication d'une brochure en couleur qui
règle le problème de l'information. Je trouve très
naïf le ministre de l'Education de nous avoir produit l'autre jour cette
brochure qui, je l'espère, n'est qu'une parcelle au moins de ce qui
existe déjà au ministère de l'Education à titre
d'Information pour le public étudiant et pour le public professoral.
Mais enfin, c'est une parenthèse que j'ai ouverte et que je ferme.
Déficiences! Le ministre de l'Education pourra corriger tout à
l'heure, mais je persiste dans ce que j'ai dit. J'ai trouvé d'une
naïveté inconcevable la façon dont le ministre s'est
comporté l'autre Jour. Il lui appartiendra de corriger tout à
l'heure, si cela lui plaît.
Je dis que le ministère de l'Education a été
très déficient dans sa responsabilité de bien informer,
informer en profondeur, informer par une diversité de moyens, le public
étudiant, les parents et les professeurs. Je dis que le ministère
de l'Education a manqué à sa responsabilité de bien
préparer la direction des CEGEP, de bien préparer les
régistraires des CEGEP, quel que soit le nom sous lequel on les
désigne, responsables des inscriptions, et qui, depuis le début
des CEGEP, dans un grand nombre de cas à ma connaissance, conseillent
aux étudiants qui ne sont pas déjà fermement
décidés quant à leur choix d'options de se diriger vers le
préuniversitaire et c'est là le scandale, nous revenons
dix ans en arrière en leur disant: Si vous ne réussissez
pas dans le préuniversitaire, dans le général, eh bien il
sera toujours temps de passer au professionnel. Le secteur professionnel a
été trop longtemps considéré chez nous comme un
enseignement de second ordre, comme un enseignement pour les incapables. Nous
avions commencé à déraciner cette fausse idée dans
la population et voilà que nous y retombons aujourd'hui.
Le ministère de l'Education a été
complètement déficient dans sa responsabilité de voir
à ce que les éléments existants de l'enseignement
professionnel conservent une place bien marquée dans le cadre des CEGEP,
auquel ils devaient être intégrés.
Opération délicate tout celai Opération, bien
sûr, qui ne pouvait pas se régler par une directive écrite,
quelle qu'elle fut.
M. le Président, il y avait un ensemble de moyens à mettre
en oeuvre, et je n'ai pas parlé de la responsabilité du
ministère de l'Education
dans l'autorisation à donner aux CEGEP quant au choix des options
à offrir aux jeunes.
Qu'on offre, dans 21 CEGEP sur 21 ou 23 sur 23, peu importe, dans la
totalité des CEGEP, des options dans presque toutes les sciences
humaines, comme cela a bien été signalé récemment,
alors que dans telle spécialité qui a aujourd'hui une grande
importance, on n'offre l'option que dans un seul des CEGEP de la province. Et
le mal qu'on a signalé au niveau universitaire qu'on a
signalé de ce côté-ci du moins; on l'a signalé dans
le grand public aussi, si le ministre ne semble pas le reconnaître, c'est
du moins l'impression que j'ai recueillie le malaise ou le mal qu'on
constate au niveau de l'université aussi, de l'engorgement dans certains
départements ou certaines facultés qui vont produire un nombre de
diplômés beaucoup trop considérable pour les besoins du
marché du travail, par rapport aux besoins du marché dans
d'autres secteurs où il y a une déficience grave.
Il y a un certain nombre de mois, le ministre nous a dit
c'était lors de la contestation étudiante de l'automne dernier:
II y en a de s options professionnelles. On en a prévues. On constate
combien le marché du travail en a besoin. C'est le cas de
l'informatique, par exemple. Les étudiants n'y vont pas. On n'est pas
pour aller les chercher par le collet.
Encore là, quelle naïveté ou quel manque de sens des
responsabilités, M. le Président! L'informatique, les gens ne
savent pas ce que c'est. L'informatique, les gens ne savent pas 1 quoi cela
mène. L'informatique, les gens ne savent pas ce que ça paie dans
la vie. L'informatique, les gens ne savent pas à quel endroit ça
s'insère, dans l'ensemble de l'entreprise moderne.
Comment peut-on espérer que des jeunes s'orientent les yeux
fermés dans un secteur, dans une option, dans un domaine comme
celui-là? Je ne parle pas en l'air. Je parle en pleine connaissance de
cause. Je parle à la suite de conversations que j'ai eues avec des
étudiants, avec des présidents d'associations étudiantes,
au niveau secondaire. Je parle à la suite de conversations avec des
professeurs et des directeurs de secteur à l'intérieur des
institutions.
Eh bien, M. le Président, je pense qu'à tous ces points de
vue le gouvernement a été gravement en défaut. Quand le
ministre nous dit qu'il se refuse au contingentement je pense que c'est
son expression là encore c'est une simplification absolument
inacceptable des choses.
D'abord le ministre a les yeux bouchés parce qu'en sociologie
à l'Université de Montréal, les autorités font du
contingentement, bloquent les inscriptions. Alors dans un secteur qui
relève, au moins partiellement de l'autorité du ministre, parce
que les budgets des universités sont étudiés par les
fonctionnaires du ministère de l'Education, les activités des
universités sont analysées à l'intérieur du
ministère de l'Education. Le ministère de l'Education a, en vertu
du bill constituant le ministère de l'Education, la
responsabilité, en toutes lettres, d'agir quand il s'agit de
coordination à l'Intérieur du secteur universitaire.
Cette responsabilité est inscrite là en toutes
lettres.
Et en plus, je ne parle pas à ce moment-ci du conseil des
universités qui a été constitué par une loi
adoptée au mois de décembre et dont on n'entend pas encore
parler, nous y reviendrons plus loin. Mais conseil ou pas de conseil, le
gouvernement a une responsabilité. Le gouvernement, fidèle en
cela à ce qui semble être sa philosophie de la politique, son
attitude profonde en politique, laisse faire les choses sans jamais intervenir
pour imprimer une orientation. Il laisse l'université de Montréal
contingenter en sociologie. De quelle façon est-ce arbitraire ou non? Je
n'en sais rien, quoique je n'ai eu aucune indication que nous soyons
basés sur des caractères précis, mais peu importe. Je
signale le fait qu'il y a contingentement présentement à
l'université de Montréal en sociologie, comme il y a
contingentement en médecine à l'université de
Montréal, et dans d'autres facultés. Contingentement par les
limitations de l'équipement, de l'organisation pédagogique et du
corps professoral, en somme de toute l'organisation universitaire. Et le
ministre, devant cela, s'enfonce dans son fauteuil et dit: Pas de
contingentement, je m'y refuse si c'est cela qu'on veut, c'est
inacceptable.
Eh bien, ce que je dis, M. le Président, c'est que notre notion
du rôle de l'autorité publique en matière de
développement de l'enseignement, et en particulier de l'enseignement
professionnel, c'est ceci: le gouvernement a premièrement comme
responsabilité de prendre les moyens pour connaître les besoins du
marché du travail; deuxièmement, le gouvernement a la
responsabilité de faire en sorte que nos institutions d'enseignement au
niveau du CEGEP et au niveau universitaire également soient
aménagées en équipement, en personnel, en organisation,
pour offrir un enseignement qui corresponde à de tels besoins du
travail, besoins identifiés comme je viens de le mentionner. Que ce
rôle du gouvernement de voir à ce que l'aménagement de
l'enseignement, ainsi jugé nécessaire, se fasse, c'est soit
directement par des directives, par des programmes d'étude, par des
autorisations ou des refus d'autorisation à donner
tel ou tel enseignement, comme le gouvernement peut le faire dans le cas
des CEGEP, ou par l'initiative qu'il peut prendre de convoquer les
représentants des universités pour les amener à une table
ronde pour discuter le problème en commun, et en arriver conjointement
avec le ministère à des décisions sur ce
plan-là.
Le gouvernement a donc la responsabilité de voir à ce que
s'aménage l'enseignement nécessaire. Il a, troisièmement,
la responsabilité de voir à ce que ne s'aménage pas un
enseignement qui ne corresponde pas en nature ou en nombre aux besoins du
marché du travail. Et là encore, le gouvernement a des moyens qui
varient selon les extrêmes de tout un éventail, depuis les ordres
directs dans certains cas, jusqu'à, l'incitation et la convocation de
tables rondes à l'autre extrême de l'éventail»
Le gouvernement a, quatrièmement, la responsabilité de
mettre sur pied un véritable programme d'information qui comprenne des
écrits et leur diffusion, qui comprenne des émissions de
radio-télévision et leur diffusion, qui comprenne des colloques
de professeurs, qui comporte des réunions de direction, qui comporte des
réunions avec les étudiants, qui comporte la préparation
de films distribués dans les institutions, qui comporte je ne sais quoi
encore. Il faut un ensemble de choses qui soient faites, qui soient
prévues en fonction de leur rentabilité sur le plan de l'objectif
poursuivi qui est celui de l'information.
Je sais d'expérience qu'il peut y avoir des publications qui ne
sont pas fort utiles et qui n'ont pas une grande rentabilité au point de
vue de l'objectif proposé. J'ai vécu au ministère de
l'Education suffisamment pour en savoir quelque chose. Mais, ce qu'il faut,
c'est un programme d'ensemble qui soit évalué le mieux possible
avant qu'on en commence la mise en oeuvre et qu'on réévalue
périodiquement de trois mois en trois mois ou de six mois en six
mois pour s'assurer de la rentabilité constante.
Je comprends que le ministre, assurément, ne peut pas savoir tout
ce qui se passe dans la province. C'est impossible dans ses fonctions. Je
comprends qu'un ministre est tout naturellement exposé à
être relativement isolé je dis bien relativement
mais un ministre a le devoir de prendre les moyens pour être
renseigné. Quand on voit à l'intérieur de nos
écoles secondaires polyvalentes qui fonctionnent le mieux je
pourrais en nommer quelques-unes, je n'établis pas un ordre de
préférence ou de priorité dans les résultats
obtenus, mais il y a un bon nombre d'écoles secondaires
régionales dans la province dont il est reconnu, au ministère et
dans le public, qu'elles ont bien réussi eh bien je sais que,
dans bon nombre de ces cas, il se trouve du personnel pédagogique
supérieur, il se trouve des directeurs généraux des
études de commissions scolaires, il se trouve des principaux
d'écoles secondaires régionales qui se trouvent eux-mêmes
dans l'incapacité de répondre aux interrogations des
étudiants concernant leur orientation, à leur entrée dans
les CEGEP. Si, à ce niveau, on n'est pas capable de renseigner les
étudiants, je me demande bien où les étudiants pourront
trouver l'information à laquelle ils ont droit.
Voilà un tableau que je crois assez rapidement brossé qui
touche du doigt un problème, celui de l'encombrement du
général et de la désertion du professionnel dans les CEGEP
et qui présente, je pense, divers aspects sous lesquels le
ministère de l'Education est lamentablement en défaut dans
l'accomplissement de ses responsabilités aujourd'hui.
Ce n'est pas la première fois que ces choses sont
signalées, Je l'ai mentionné tout à l'heure. En
dépit des protestations, je dirais même des cris d'alarme
lancés par divers milieux dans le public, depuis au moins un an, en
dépit des protestations et des cris d'alarme je pense bien que je
puis employer encore une fois cette expression formulés à
l'Assemblée nationale ou dans ses commissions, nous avons l'impression
que rien ou à peu près rien n'a bougé à cet
égard.
Et Je mentionnerai ici, pour compléter le tableau et situer ce
problème dans son cadre général, parce que le danger,
quand on procède à une étude de budget, comme nous le
faisons actuellement, c'est qu'on isole tellement les problèmes, pour
fins de discussion, l'un après l'autre, qu'on oublie le contexte
général et les objectifs généraux qu'on poursuit.
Quand on parle du rôle et de la place de l'enseignement professionnel
dans les CEGEP, comme au secondaire et à l'université, M. le
Président, je pense que nous touchons là au point central du
problème de l'éducation en 1969. Parce qu'au Québec, nous
sommes rendus à un point où la réforme de
l'éducation a été presque intégralement accomplie
dans ses structures administratives. Et en même temps, nous en sommes
à un point, au terme de l'accomplissement de ces réformes de
structures administratives, où nous constatons que l'état de
l'économie québécoise est dans un état des plus
inquiétants. Je n'entre pas dans le domaine que nous devons discuter,
soit à l'occasion du discours du budget ou à l'occasion des
crédits de l'Industrie et du Commerce, ou à l'un ou l'autre des
ministères particuliers qui touchent au secteur de l'économie:
Terres et Forêts, Agriculture, etc.
Mais, M. le Président, il importe simplement de rappeler ici des
chiffres de chômage accentué, des chiffres de postes à.
caractère technologique, des postes à caractère de
direction au niveau des contremaîtres et de la gérance, ce qui
comprend tous les aspects de ce que nous pouvons grouper sous le titre du
secteur de l'administration dans les CEGEP et à l'université. Il
y a dans ces divers secteurs que je mentionne de façon
générale, un grand nombre de postes à remplir pour
lesquels nous voyons des annonces dans les journaux, pour lesquels les bureaux
de la main-d'oeuvre, à Montréal et à travers le
Québec, nous donnent périodiquement des chiffres effarants.
Mon collègue me rappelle un certain niveau qui est celui de la
spécialisation et non pas celui des hommes à tout faire et des
journaliers. Un certain niveau des emplois spécialisés, à
l'heure actuelle à Montréal, il y a 5,000 postes ouverts au
bureau fédéral de la main-d'oeuvre.
Eh bien, je pense que c'est là que nous touchons du doigt, M. le
Président, jusqu'à quel point la réforme de
l'éducation n'est pas axée directement sur les besoins de
l'économie comme elle devrait l'être. Et c'est cela qui devient
tragique. C'est cela qui risque, aux yeux de la population, de créer un
état d'esprit à l'effet que la réforme de
l'éducation était de la foutaise, qu'on abouleversé nos
institutions sociales existantes pour le plaisir de les bouleverser, qu'on a
engagé des sommes considérables touchant au portefeuille, aux
gousets du plus modeste contribuable québécois parce que
tout le monde paie, d'une façon ou de l'autre, l'impôt foncier,
même les locataires à des fins inutiles. Ce qui ne devrait
pas être le cas si la réforme de l'éducation se faisait
vraiment selon l'esprit du rapport Parent bible ou pas bible, cela n'a
pas d'importance selon l'esprit et non pas les détails du rapport
Parent, et tout simplement selon les besoins réels du Québec,
parce que la réforme de l'éducation s'est faite, bien sûr,
pour permetre à l'être humain de s'épanouir.
Cette épanouissement ne se fait pas dans un monde
théorique ou éthéré, il se fait dans une
société donnée, à une époque donnée
et cet épanouissement de l'être humain se fait en fonction d'une
société existante avec ses structures, avec ses entreprises, avec
son marché du travail. C'est en fonction d'une telle
société bien précise, telle qu'elle existe chez nous, avec
tout son potentiel de développement, avec ce qu'on peut prévoir
de son développement et des besoins du marché du travail, dans
deux ans, dans cinq ans, dans dix ans qu'on a le devoir d'axer vraiment le
système de l'éducation du Québec.
Je n'hésite pas à le dire à ce moment-ci, on a
parlé de diverses choses depuis le début de l'étude des
crédits du ministère de l'Education, nous parlerons de
financement qui est très grave, nous parlerons des universités,
nous parlerons des problèmes relatifs aux enseignants, leur formation,
leur convention collective, des problèmes relatifs aux étudiants,
leur financement, leur participation à la direction des institutions
d'enseignement, mais, encore une fois, le point central du problème
actuel de l'éducation au Québec, c'est le manque d'ajustement du
système d'éducation aux besoins du marché du travail
québécois d'aujourd'hui et tel qu'on peut en prévoir les
développements pour, tout au moins, les cinq ou dix ans à venir.
C'est en cela, par conséquent, que la responsabilité du ministre
de l'Education est la plus nette et que sa défaillance comme elle
s'étale au grand jour depuis un an ou deux est la plus
sérieuse pour l'avenir du québec.
Ma conclusion non seulement, évidemment, est de décrire un
état de chose, de lancer un cri d'alarme mais c'est un appel au ministre
de l'Education de vraiment donner à son ministère l'orientation
dont il a besoin, l'impulsion, le dynamisme en fonction de cet objectif
principal et central de façon que le peuple du Québec soit un peu
rassuré et que, dans la réalité, nous ayons vraiment les
institutions dont nous avons besoin.
M. CARDINAL: M. le Président, il n'y a pas de plongée
catastrophique dans le domaine de l'enseignement professionnel. Le
ministère n'a pas été négligent, n'a pas
été déficient dans le domaine de l'information et il n'y a
pas de défection dans le domaine professionnel.
La longue critique que nous venons d'entendre et qui est sensée
nous rappeler à la réalité est fondée sur des
généralités et ne s'appuie pas sur tous les
éléments du problème. Il suffit par exemple, tout
simplement de voir l'Expo CEGEP de Chicoutimi pour se rendre compte que des
réalisations semblables faites par les enseignants, les
étudiants, par leurs parents indiquent clairement un
intérêt accru, une information plus sérieuse, un
intérêt davantage marqué pour satisfaire les options
professionnelles au niveau collégial. Si le député de
Vaudreuil-Soulanges avait terminé son exposé par des suggestions
concrètes quant aux moyens à employer pour corriger certaines
lacunes que je reconnais, ceci aurait pu être un apport positif aux
délibérations de ce comité.
Il oublie peut-être qu'avant la fondation des collèges
d'enseignement général et professionnel, le problème qu'il
vient de souligner, était certainement pire qu'actuellement. Depuis
la
création des collèges d'enseignement général
et professionnel, il n'y a que 21 mois de cela, rappelons-le, l'enseignement
professionnel était loin de péricliter, tout au contraire. Depuis
1966, au contraire, cet enseignement s'est sans cesse
développé.
Une certaine personne, s'est exprimée récemment sur ce
sujet, dans le style qu'on lui reconnaît. Elle a oublié tout
d'abord, comme le député de Vaudreuil-Soulanges, que les
collèges d'enseignement général et professionnel n'ont pas
intégré tous les instituts ou écoles autres que les CEGEP
qui relèvent de la Direction générale de l'enseignement
collégial et qui sont des instituts ou des écoles
professionnelles.
Il y a, par exemple, l'institut technologique de Lauzon où il y a
409 étudiants dans le secteur professionnel et qui n'apparaissent pas
dans ces proportions que l'on porte de 70 à 30, par exemple. Ils sont
étudiants au niveau collégial dans le secteur professionnel
actuellement, même s'ils ne sont pas dans les 23 collèges
d'enseignement général et professionnel.
M. LEFEBVRE: 400 sur 50,000...
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce qu'on pourrait me laisser le
même silence que j'ai accordé au député de
Vaudreuil-Soulanges? Est-ce que vous pourriez rappeler à l'ordre, comme
l'a demandé le député de Vaudreuil-Soulanges, ceux qui
voudront m'interrompre, s'il vous plaît?
M. LEFEBVRE: J'ai fait une parenthèse comme le ministre a faite
tout à l'heure pendant l'exposé du député de
Vaudreuil-Soulanges...
M. LE PRESIDENT: Je crois que le ministre... A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais dans vos parenthèses, il n'y a
Jamais rien, vous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois que le ministre de l'Education
avait la parole...
M. LEFEBVRE: Ce qui gâte les choses, ce sont les remarques du
ministre des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que vous ne les entendez pas, elles sont
en français.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: Merci, M. le Président. On oublie l'institut
technologique de Tracy où il y a 230 étudiants qui s'ajoutent aux
409 que Je viens de mentionner. Ce qu'on oublie, c'est l'institut de
technologie de Vaudreuil où il y a 169 étudiants. L'institut de
technologie maritime où il y en a 76. L'institut de marine de Rimouski
où il y en a 79. L'institut des textiles où il y en a 72.
L'école des arts appliqués où il y en a 165.
L'école des arts graphiques où il y en a 351. L'école des
pêcheries où il y en a 16. L'école du meuble et des bois
ouvrés où il y en a 57, etc. Ce qui ajoute déjà aux
étudiants qui, dans les collèges d'enseignement
général et professionnel, sont dans le secteur professionnel une
liste de plus de 1,600 étudiants.
De toute façon, cette liste de 1,600, si on la retient, s'ajoute
à une liste de 12,243 étudiants qui présentement, dans les
collèges, ont choisi des options professionnelles. Contre une liste
d'environ 23,000 étudiants qui ont choisi des options que l'on appelle
sciences humaines.
Pourquoi en est-il ainsi. Il y a tout d'abord parmi ces 23,000
étudiants 5,100 étudiants qui sont des étudiants de
l'ancien programme, au moment de la création des CEGEP.
La proportion n'est donc pas de 70 à 30 comme on le dit. Elle est
même inférieure à 1: 2. Donc l'on dit des
généralités et l'on ne voit pas tous les chiffres.
Deuxième erreur commise, c'est lorsque l'on regarde le programme
donné par les CEGEP en 1968 et 1969 et que l'on dit: Telle option est
dans tous les collèges, et qu'en certains cas on a mal
interprété le tableau. Le tableau se divise par sections, et l'on
n'a pris que la section conduisant à l'université. Il est
évident que dans la section qui conduit à l'université ce
sont toutes des options non professionnelles en général.
Dans le général sont comptés de plus les
élèves de l'ancien cours du BA, les brevets d'enseignement, ce
qui augmente la proportion de ce qu'on appelle le cours général
considérablement, cours qui n'est pas une périclita-tion, un
déclin, un plongeon catastrophique de l'enseignement professionnel.
La hausse des exigences d'admission a causé un vide d'un an dans
les inscriptions, aux CEGEP, soit lorsqu'on a porté, de la
onzième à la douzième année, l'exigence de
l'admission. La gratuité de l'enseignement général, de
plus, a attiré, il est vrai, une forte partie d'étudiants qui,
pour une fois, se sont vu ouvrir les portes de l'université, je le
reconnais. Ceci n'était pas anormal dans la situation présente,
en partant de ce que le député de Vaudreuil-Soulanges a dit,
cette fois-là d'une façon fort judicieuse, de certaines
traditions québécoises. Le ministère n'est pas
resté in-
sensible, sourd, muet et aveugle devant cette situation, ni le ministre
d'ailleurs.
Les efforts du ministère pour développer l'enseignement
professionnel ont été nombreux, ont été efficaces
et ont été planifiés. Par exemple, en moins de deux ans,
en moins de vingt et un mois, de nouvelles spécialités ont
été ajoutées. Elles n'existaient ni dans les
collèges d'enseignement général et professionnel, ni dans
les collèges classiques, ni dans les instituts ou écoles de
métiers ou professionnelles.
Il y a toujours l'informatique sur laquelle on peut s'interroger. Il
n'est pas exact que les gens ne soient pas informés, J'y reviendrai. Il
y a les techniques forestières. Il y a les techniques de
secrétariat et les techniques d'administration où, seulement dans
ce secteur, il y a 1,100 étudiants d'inscrits. Les techniques
électroniques, de télécommunication, la production
mécanique, l'exploration et la géologie minière, les
pêcheries. Rappelons la bénédiction de ce
chalutier-école, la Grande-Rivière, l'assistance sociale...
M. GRENIER: Est-ce que c'était M. Gérin-Lajoie qui
était ministre de l'Education...
M. GERIN-LAJOIE: Bien oui, c'était de notre temps! Ne me faites
pas intervenir. Bien oui, c'est de notre temps.
M. GRENIER: Vous n'aviez pas l'air de le savoir.
M. GERIN-LAJOIE: Le chalutier-école, c'est nous qui avons
lancé le projet. Le ministre l'a récolté.
M. CARDINAL: Comme d'habitude, c'est nous qui l'avons
terminé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous coulez à pic et puis nous avons
renfloué.
M. CARDINAL: Les techniques journalistiques, les techniques maritimes,
l'architecture navale, le cargo-école qui vient d'être acquis tout
récemment, le cargo-école pour permettre l'enseignement aux
marins du Québec, le pilotage aéronautique.
Non seulement ces nouvelles options ont été
créées, mais il existe plus de 26 comités qui ont
été constitués au ministère, comités
consultatifs avec l'industrie; et il y a de 15 à 18 rapports qui
viennent d'être présentés au ministère. Il n'y a pas
que la brochure, même en couleur peut-être qu'elle serait
mieux en noir et blanc qui a été mentionnée
à quelques reprises ici. J'ai indiqué hier ou avant-hier que
plusieurs textes explicatifs étaient en voie d'impression, ce qui est
une réalisation actuelle. Il y a des brochures explicatives des
différentes spécialités et il y a aux prévisions de
cette année, une augmentation réelle des crédits qui est
presque du double pour l'orientation.
A la direction générale, la proportion du personnel
même venant du professionnel, dans le ministère lui-même,
est très élevée. Exception faite de deux membres de ce
personnel, tous les directeurs, à partir du directeur
général, viennent du professionnel et non pas du
général. L'adjoint même de M. Desbiens, qui est l'un des
deux que j'ai mentionnés qui n'étalent pas du professionnel,
vient du professionnel.
Le ministère lui-même s'est donc structuré en
manifestant cet intérêt pour ce secteur. Non seulement il n'y a
pas de déclin, il y a regain, dans la formation professionnelle.
Par exemple, ce que nous connaissons pour l'avenir des inscriptions dans
les collèges d'en-seignement général et professionnel,
nous indique que les inscriptions vont peu à peu augmenter dans le
domaine professionnel pour diminuer dans le domaine général, pour
les raisons que nous avons déjà indiquées.
Les étudiants, au début de la création des CEGEP,
ont réagi d'une certaine façon, parce qu'il n'y avait pas
à ce moment-là toutes les options que je viens de mentionner,
tous les moyens d'information que je viens de mentionner; il y avait cet ancien
groupe d'étudiants qui venaient des collèges déjà
existants et qui étalent déjà engagés dans une
voie, celle de la préparation d'un B.A.
Il faut remarquer que l'enseignement professionnel, lorsqu'il
était décerné par le gouvernement, était gratuit et
que l'enseignement général devait être payé. Lorsque
celui-ci est devenu gratuit, ce fut une raison de plus qui a fait qu'un certain
nombre d'étudiants se dirigent de ce côté.
En matière d'information, on dit que les gens ne savent pas ce
que c'est et qu'ils ne connaissent pas cela. Des émissions de
télévision ont été données, sont
prévues et vont continuer justement pour informer les gens. Si l'on
regardait, par exemple « L'éducation, c'est votre affaire »
ou d'autres programmes du genre, on verrait justement que le mot «
informatique » et la réalité qu'il représente, sont
sans cesse expliqués et le seront encore davantage dans l'avenir.
De plus, des services aux étudiants dans les collèges
viennent compléter l'effort du ministère. Dans 23
collèges, nous avons un person-
nel d'environ 50 personnes à temps plein ou à temps
partiel s'occupant d'orientation, et les cadres de ces services sont en voie
d'être remplis. Dans le cas de certaines spécialités, par
exemple les pêcheries, les autorités du CEGEP circulent
présentement dans les écoles secondaires de la région et
préparent une brochure d'information. Non seulement nous
préparons des textes écrits qui sont envoyés par la poste,
mais les gens se déplacent dans les écoles techniques, dans les
écoles de métiers pour faire le tour des étudiants des
écoles secondaires et des collèges pour les mieux informer.
Dans un CEGEP en particulier, plus de la moitié des inscriptions
de l'an dernier, ont été orientées, alors que ce
n'était pas le cas au début lorsque les CEGEP ont
été créés. Ce fut une très belle
réussite et tous les étudiants en ont été
satisfaits. Evidemment, ce ne sont jamais tous les étudiants qui
désireront passer par l'orientation ou qui en auront besoin, car
déjà au secondaire, comme nous l'avons indiqué hier, ils
ont été aidés par les 607 personnes qui, soit en
matière d'orientation, de psychologie ou d'information, les ont
déjà aidés.
En administration, par exemple, comme en informatique, des séries
d'émissions sont également réalisées,
prévues. Il y a dans ce domaine 1102 étudiants. 100% de nos
productions du service des moyens techniques, nouveau service dont j'ai
parlé hier, lorsque j'ai parlé du BTVA sont destinées aux
CEGEP pour les informer dans le domaine professionnel, tout
particulièrement en électro-technique, dans le bâtiment,
l'imprimerie, l'Informatique, la chimie Industrielle, le dessin technique; il
n'y a aucune Information de ce genre dans les sciences sociales, que ce soit
l'anthropologie, la criminologie, la démographie, l'économique,
etc., lesquelles, dans les collèges d'ailleurs ne sont que des options
préparatoires à l'université et non pas des options qui
donnent un diplôme terminal comme dans le domaine professionnel. Autre
erreur commise par ceux qui interprètent l'information qui est
donnée.
UNE VOIX: Ah, bon!
M, CARDINAL: En sciences d'administration, 15 collèges sur 23
offrent l'option. Les inscriptions sont celles-ci présentement: En
première année, il y a 730 étudiants; en deuxième
année, 301 et en troisième, 71. Ces simples chiffres
démontrent déjà que ceux qui sont en troisième sont
ceux qui étaient inscrits au début; ils étaient peu
nombreux. Ceux qui sont en deuxième, c'est presque déjà
plus de 400%. Et ceux qui sont en première, c'est déjà le
double de ceux qui sont en deuxième.
Ce qui indique déjà le cheminement non pas vers une chute
mais vers un sommet de l'intérêt dans le domaine professionnel, vu
l'excellent et efficace travail du ministère, de ses services et du
gouvernement. Ce qui fait un total, je l'ai déjà indiqué,
de 1,102 étudiants dans ce domaine.
UNEVOK: C'est bon.
M. CARDINAL: La distribution, d'ailleurs, de ces sciences
d'administration, cinq sections: finance, production, personnel, distribution
qu'on appelle « marketing » et le secrétariat, est
collée à la réalité.
M. le Président, pour des raisons d'efficacité et parce
qu'il n'est pas besoin de justifier les critiques générales qui
ne sont que les mêmes mots que nous entendons de moins en moins lorsque
cette commission se réunit, je n'ai pas l'intention de faire de discours
et de ralentir les travaux de cette commission.
J'ai répondu au député de Vaudreuil-Soulanges, M.
le Président, non pas par des généralités mais par
des chiffres précis, par des références à des
documents, par des statistiques du ministère et je pense que les gens de
bonne foi seront convaincus que cette critique n'était pas fondée
et qu'en conséquence le ministère n'a été ni
négligent, ni déficient mais a été plus qu'à
la hauteur de la situation. Il a démontré son dynamisme et non
pas son immobilisme.
M. GRENIER: Très bien.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre a parlé de
13,843 inscriptions dans l'enseignement professionnel au niveau
collégial.
M. CARDINAL: C'est bien 1,243... M. LEFEBVRE: Oui plus 500.
M. CARDINAL: ... sans compter... C'est exact.
M. LEFEBVRE: Alors votre chiffre de 13,000, M. le Président, il
serait intéressant que le ministre nous donne le partage de ces
étudiants comme il l'a fait pour un cas en particulier,
c'est-à-dire pour les sciences d'administration, entre les
étudiants qui sont en première année et ceux qui sont en
poursuite d'études.
Parce que ceci pourrait être un indice de la tendance.
M. CARDINAL: On va vous les donner. Je ne peux pas les avoir tout de
suite, en deux minutes, il faut les préparer. Mais on peut les avoir,
ces renseignements sont...
M. LEFEBVRE: M. le Président, pour ne pas retarder les travaux,
disons qu'on retient cette question entre parenthèses. J'aurais, pour ma
part, une question précise. A mon avis, le ministre a reproché
à tort au député de Vaudreuil-Soulanges de ne pas avoir
fait de suggestions concrètes. Je pense qu'il y avait un tas de
suggestions implicites dans l'exposé du député de
Vaudreuil-Soulanges. Mais, j'aimerais pour ma part demander au ministre: Est-ce
que ce ne serait pas possible que le ministère fasse les pressions ou
les suggestions nécessaires pour que, dès la prochaine
rentrée scolaire, au niveau collégial, il y ait, à
Montréal, par exemple, un cours qui prépare au métier de
technicien forestier?
Actuellement, si je suis bien informé, il n'y a qu'un seul CEGEP
dans toute la province qui donne ce cours-là. Or, on sait que
l'industrie forestière est une industrie extrêmement importante.
D'après mes informations, il y a dans cette industrie une carence de
main-d'oeuvre spécialisée. Est-ce que le temps ne serait pas venu
pour le ministère de tenter d'implanter soit au CEGEP d'Ahuntsic, un des
meilleurs de la province, CEGEP qui...
UNE VOIX: Ah?
M. LEFEBVRE: ... a été gagné d'ailleurs de haute
lutte par les citoyens d'Ahuntsic contre la volonté du ministère
dans le temps qu'il voulait...
M. GRENIER: Ce n'est pas l'humilité qui vous étouffe!
M. LEFEBVRE: ... retarder la création de ce CEGEP-là.
Cela, c'est une autre histoire sur laquelle je ne m'étendrai pas pour
l'instant. Mais est-ce que le ministre vraiment n'admet pas que, dans ce cas
spécifique, il y aurait d'autres cas, mais celui-là me frappe
particulièrement... Encore une fois, si mes informations sont bonnes, il
n'y a qu'un seul CEGEP où l'on forme des techniciens en forêt.
M. CARDINAL: M. le Président, il est exact qu'il n'y a qu'un seul
CEGEP où cette option se donne. J'en ai vu moi-même des
résultats dans cet Expo CEGEP de Chicoutimi, c'était celui-ci. Je
ne qualifie pas le CEGEP d'Ahuntsic d'aucune façon pour ne pas le
comparer aux autres parce qu'il y en a d'autres excellents dans le
Québec. Je vous dirai que justement l'implantation de l'option de
techniques forestières dans d'autres CEGEP est présentement
à l'étude au ministère pour application en septembre
prochain. Je ne tiens pas de promesse quant au CEGEP d'Ahuntsic.
M. TREMBLAY (Montmorency): Voyant le projet du CEGEP de Sainte-Foy, le
service des programmes, c'est bien indiqué que Sainte-Foy donne aussi
ces cours: technique forestière, aménagement, exploitation,
transformation, etc.
M. CARDINAL: Ah, là, je m'excusel J'ai dit Chicoutimi et c'est
Sainte-Foy. Il n'y en a qu'un qui l'a.
M. TREMBLAY (Montmorency): Parce que là je me demande si
réellement ce programme... Nous avons reçu des programmes et
c'est pour savoir s'ils sont vraiment appliqués.
Cela, M. le Ministre, je veux bien vous croire, en fait, pour ce qui
s'est fait dans le passé, mais je ne partage pas tout à fait
votre optique concernant les CEGEP, parce que, dans certains milieux qui s'y
connaissent, on met en doute le rôle du CEGEP. La polyvalence y
paraît même inapplicable sous certains aspects. Il règne un
manque de planification pédagogique. Le programme des cours semble assez
mal défini aussi; en plus de l'absence de l'enseignement des valeurs
spirituelles et morales, il règne ici au Québec, dans nos CEGEP,
un climat d'insécurité et de confusion. La preuve est que nos
étudiants contestent continuellement, nos professeurs font la
grève, et je pense bien que ce n'est pas uniquement pour des questions
de salaires et de dollars.
Les parents même semblent démoralisés et
démissionnent en face des problèmes dans les CEGEP. On pose
certaines questions aux administrateurs, on veut avoir des informations et ils
ne savent pas. Pour la formation de notre jeunesse, pour l'orientation future
de cette jeunesse, je voudrais bien savoir ce que le ministre entend faire.
Quelles mesures entend-il prendre pour mettre de l'ordre à la direction
générale de l'enseignement collégial?
M. CARDINAL: M. le Président, si vous permettez, j'ai deux
questions à la fois, je vais les prendre l'une après l'autre.
Pour revenir à la question posée par le député
d'Ahuntsic, J'apporte une précision. Il est exact que c'est au CEGEP de
Sainte-Foy que se termine l'enseignement des techniques forestières.
Cependant, j'ai reçu une information additionnelle qui me permet
d'ajouter qu'il y a présentement en première année trois
collèges d'enseignement général et professionnel où
se donnent ces techniques, et Chicoutimi est l'un d'entre eux. Comme le nombre
d'étudiants est très restreint, pour le moment ceux qui sont dans
cette option finissent tous à Sainte-Foy. Je répète ce que
J'ai dit: II y aura d'autres endroits où cette option pourrait
être donnée au complet.
Deuxièmement, j'ai devant mol un tableau assez long, qui pourrait
être refait pour répondre avec précisions à la
question posée tantôt. Il faudrait des recherches dans tout le
tableau. On pourrait le réaménager et le distribuer ou le
remettre au député d'Ahuntsic, nous avons les inscriptions de
tous les étudiants, vous comprendrez que, quand vous prenez cela par
année...
M. LEFEBVRE: Est-ce que c'est dans la brochure qui a été
distribuée?
M. CARDINAL: Non, c'est un tableau que nous avons au ministère.
Ce n'est pas dans la brochure, on pourrait le mettre à jour pour
répondre à la question.
M. LEFEBVRE: Je l'apprécierais.
M. CARDINAL: Ceci n'est pas aussi complet que ce que je possède
au ministère. Quant à la réponse à la question du
député de Montmorency, c'est une question générale
qui en quelque sorte attaque...
M. TREMBLAY (Montmorency): Je n'attaque pas, je veux savoir.
M. CARDINAL: Je ne sais pas si le mot est trop fort. Enfin il critique
la direction générale du niveau collégial. Il est exact
que cette direction générale est en voie de
réorganisation. Il ne s'agit pas de la même raison que
tantôt, c'est qu'il n'y a que 21 mois que les collèges
d'enseignement général et professionnel sont créés,
et les explications que j'ai données tantôt indiquent qu'il s'y
fait continuellement un travail et, dans l'exposé général
que j'ai donné au début, j'ai mentionné que les honoraires
professionnels étaient augmentés à ce poste, cette
année, justement pour recourir à un plus grand nombre de
professionnels et d'experts qui vont venir nous aider à former une
équipe pour compléter le personnel permanent qui se trouve sur
place.
Quant à l'esprit dans lequel les collèges d'enseignement
général et professionnel ont été
créés, j'y reviens. Il y a trois choses importantes. La
première, c'était la polyvalence, non cloisonnée, si vous
voulez, pour permettre aux étudiants venant de divers milieux et se
destinant à divers métiers ou professions, de vivre ensemble et
déjà de s'habituer à former cette société de
demain. C'était, deuxièmement, assurer la gratuité
scolaire jusqu'au seuil de l'université. C'était,
troisièmement, donner un nouveau genre d'enseignement quant aux
structures qui permettent à tous les étudiants du Québec,
qu'ils soient de langue française, qu'ils soient de langue anglaise,
qu'ils soient dans des institutions autrefois privées, d'avoir des
structures uniformes qui leur permettent de se réorienter en cours de
route et non pas d'abandonner, comme on le faisait au cours classique, en cours
de route et de se retrouver sans issue.
C'étaient non pas les seules raisons, mais les raisons
principales. Il y a eu, je le sais, même si je n'étais pas au
gouvernement à ce moment-là, un long débat autour du
projet de loi 56. Mais je ne crois pas, comme le député de
Montmorency, que la population n'admette pas le phénomène des
CEGEP. Au contraire, l'un des problèmes du ministère et du
ministre a été de retenir les demandes de la population qui
aurait voulu avoir, dans un délai très bref, 108 CEGEP,
c'est-à-dire un par comté. J'exagère à peine, si
vous voulez, j'en appelle aux députés! Peut-être 107, si le
député de Montmorency n'était pas d'accord.
Par conséquent, ce n'est pas le ministère qui a voulu
imposer à la société actuelle, à la population
actuelle une nouveauté qu'elle ne désirait pas. Au contraire, six
mois après l'adoption de la loi, les demandes étaient et sont
encore très fortes pour continuer cette expérience malgré,
encore une fois, qu'elle ne soit pas idéale vu qu'elle est très
jeune et qu'elle a besoin, sans cesse, d'être
réorientée.
Je pense que les détails que j'ai donnés tantôt ont
indiqué que le ministère, en 21 mois, a suffisamment
réorienté sa politique, restructuré sa direction
générale et entend compléter ses effectifs par des experts
occasionnels afin d'assurer aux étudiants qui augmenteront en nombre,
qui doubleront presque, dans les CEGEP, un enseignement de valeur qui sera sans
cesse amélioré au cours des années et au fur et à
mesure que l'expérience se déroulera.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, on parle de modifier
certaines structures de la polyvalence?
M. CARDINAL: Non, je parle de structures au sein du ministère, et
non pas au sein des collèges d'enseignement général et
professionnel.
M. LEFEBVRE: J'avais quelques questions à poser qui
enchaînent avec celles du député de Vaudreuil-Soulanges, si
le député de Montmorency n'a pas d'objection. C'est parce que
lui, il remet en cause même la polyvalence, le ministère et
enfin... Je pense que sa position nous rapporte à Mathusalem. Je ne veux
pas remonter si loin que cela pour ma part.
Le ministre a dit, tout à l'heure, qu'il pou-
vait assurer les membres de cette commission que, l'an prochain, le
ministère ferait des efforts pour qu'il y ait au moins un CEGEP ou deux
CEGEP additionnels où l'on offre l'option des techniques
forestières. J'aimerais que le ministre soit un peu plus précis.
Est-ce qu'il peut nous assurer qu'il y aura un de ces CEGEP à
Montréal? Parce qu'à Montréal, il y a quand même un
bassin de population extrêmement vaste, et je pense que, si l'on veut
répondre aux aspirations des jeunes, il est normal, tenant compte du
bassin d'alimentation des CEGEP de la région de Montréal, qu'il
se trouve à Montréal un certain nombre de jeunes qui veulent
opter pour les techniques forestières.
M. CARDINAL: Je ne pourrais pas promettre ceci puisque le comité
consultatif qui est un des 26 comités dont j'ai parlé
tantôt, qui agit comme consultant pour le ministère, recommande
actuellement ses travaux ne sont pas terminés trois autres
collèges où il y aurait des techniques forestières.
M. LEFEBVRE: Oui, mais pouvons-nous savoir...
M. CARDINAL: Non, je ne peux pas pour le moment, le travail
n'étant pas terminé, promettre ou assurer quelque population que
ce soit que ce sera à Montréal ou ailleurs.
M. LEFEBVRE: Mais la recommandation du comité en question, est-ce
qu'elle ne spécifie pas l'endroit où seraient situés ces
cours?
M. CARDINAL: Pas à ma connaissance actuellement, mais il y a une
chose, enfin, qui est difficile à prouver puisque c'est une mission,
c'est que la demande qu'apporte devant cette commission le député
d'Ahuntsic, c'est la première fois à ma connaissance qu'elle est
faite et elle n'est pas venue ni de la part de l'administration des
collèges de Montréal, ni de la part des étudiants.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je pense qu'il est facile de faire
l'hypothèse qu'il y a, dans la région de Montréal, un
nombre certainement plus considérable d'étudiants susceptibles de
s'inscrire au métier de technicien forestier que dans la région
de Saint-Hyacinthe, de Victoriaville ou Sherbrooke par exemple. Je veux dire,
si c'est une question de pures mathématiques.
M. CARDINAL: Les options n'ont pas été choisies sur une
question de mathématiques, parce qu'à ce moment toutes les
options seraient à Montréal.
M. LEFEBVRE: Ce serait normal, d'ailleurs, que tous les choix
professionnels, sauf exception... je veux bien croire que, si on a un cours
extrêmement spécialisé, on puisse l'avoir dans un seul
CEGEP, je suis d'accord. De même au niveau universitaire, je ne suis pas
de l'opinion de ceux qui veulent multiplier, doubler partout les
facultés, et avoir, dans toutes nos universités, tous les cours
professionnels. Je crois que c'est une erreur pour le niveau universitaire-Mais
dans le cas du niveau collégial encore une fois, si nous tenons compte
de la concentration de la population, il me semblerait normal que les cours de
formation professionnelle qui sont susceptibles d'être les plus
nécessaires, au point de vue de la formation de la main-d'oeuvre, soient
d'abord offerts là où se trouve la masse de la population.
M. CARDINAL: M. le Président, je retiens la suggestion du
député d'Ahuntsic comme étant une suggestion qui peut
aider le ministre. Je reprends un peu ce que j'ai dit: Ces comités sont
des comités consultatifs, ce ne sont pas des comités qui
décident. La recommandation qu'ils soumettront à la direction
générale sera étudiée par la direction
générale. Et c'est le ministre qui approuve les programmes, qui
prendra la décision finale, selon les voies ordinaires. Par
conséquent, j'ajoute à ces recommandations qui peuvent venir d'un
comité consultatif la suggestion du député d'Ahuntsic,
mais je ne prendrai pas une décision sur le champ, n'ayant pas vu ce
rapport du comité consultatif.
M. LEFEBVRE: Dans le même ordre des suggestions, M. le
Président, remarquez que je pourrais formuler mes remarques sous forme
de critique au ministère, parce que je suis à peu près
convaincu que ce que je suggérerai n'a pas été
tenté; mais je le ferai sous forme de suggestion, de façon
à être agréable au ministre, et peut-être à
donner plus de chance à ma suggestion d'être acceptée, ce
qui m'intéresse, ce sont les résultats. Compte tenu de la
rareté des professeurs dans les options professionnelles, compte tenu de
la rareté des locaux équipés en ateliers, est-ce que le
ministère ne songerait pas à recommander aux CEGEP et ne
faciliterait pas lui-même, par ses méthodes administratives, des
ententes avec l'industrie dans certains cas? Le ministre sait sûrement ou
ses fonctionnaires savent sûrement que, dans certains pays, cela s'est
fait avec beaucoup de
succès, notamment en Allemagne, où vous avez un cours de
formation, en mécanique par exemple. Le CEGEP X pourrait passer une
entente avec telle entreprise, entente en vertu de laquelle l'entreprise
fournirait un certain nombre de professeurs choisis parmi les cadres de
l'entreprise, louerait des locaux qui puissent servir d'ateliers. Des ententes
de ce genre ont l'avantage de permettre un certain entraînement au
travail même: « training on the job », si le ministre des
Affaires culturelles me permet de dire quelques mots en anglais, et en
espérant qu'il les comprenne.
M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il
s'est fait quelque chose dans ce sens: s'il ne s'est rien fait, est-ce qu'il ne
pourrait pas envisager de promouvoir des mesures de cet ordre?
M. CARDINAL: M. le Président, je suis très heureux
d'affirmer que ceci s'est fait dans le domaine des pêcheries, dans le
domaine maritime, dans le domaine de l'informatique; c'est ce que nous avons
appelé le système coopératif où nous avons des
ententes avec l'industrie privée.
J'ajouterai que c'est ce que nous allons faire dans le domaine des arts
graphiques, et c'est ce que nous ferons éventuellement dans d'autres
domaines. Comme autre élément de réponse, j'ajouterai que
le manque de professeurs en nombre sera éventuellement, et très
bientôt, comblé par les émissions de radio-TV,
particulièrement de Radio-Québec, ce qui permettra de relayer
à plus d'étudiants les services d'un ou de plusieurs professeurs
dans les domaines technique et professionnel; ce sont justement des domaines
où ces moyens audiovisuels peuvent servir.
M. LEFEBVRE: Je suis très heureux d'apprendre cela et
j'espère que le ministre voudra, en plus des secteurs qu'il a
mentionnés, considérer la possibilité d'utiliser des
ententes du même genre dans le domaine de la mécanique, par
exemple.
M. LE PRESIDENT: Dr Tremblay.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, est-ce que
l'existence de ces comités consultatifs signifie une dépense des
deniers publics, soit sous forme de rémunérations, soit sous
forme de dépenses de voyage ou frais de transport? Je vois ici, par
exemple à l'article 6: Etudes et recherches. $24,000 sont
assignés cette année à cet article, alors que, l'an
dernier, il y avait $65,000. Est-ce qu'il aurait une possibilité d'avoir
une liste des dépenses qui ont été faites l'an dernier et
les prévisions pour cette année?
M. CARDINAL: M. le Président, nous ne payons aucun per diem,
aucune indemnité, aucun salaire, aucun honoraire, aucune autre somme de
quelque nature que ce soit aux personnes hors de ces comités, sauf leurs
frais de voyage, ce qui me semble raisonnable, surtout en fonction du travail
excellent qui est fait par ces comités. Ces sommes, pour les frais de
voyage, représentent à peu près, annuellement, $700 par
comité, dans un budget d'un milliard.
Cela ne me paraît pas tellement important pour qu'il vaille la
peine de s'en préoccuper, vu qu'il y a des commissions ou des
comités qui reçoivent des per diem tellement plus
considérables, etc., dans d'autres domaines ou d'autres
ministères. Pour répondre au député de Montmorency,
je n'hésite pas à dire que les frais, sont tellement minces par
rapport au nombre de personnes, aux heures employées. Ils sont, enfin,
nominaux, si le terme est exact,
M. TREMBLAY (Montmorency): En fait j'aimerais avoir le chiffre
exact.
M. CARDINAL: Le chiffre précis total, je pourrais l'obtenir. Je
ne l'ai pas pour le moment, je vous donne un chiffre moyen pour chacun des
comités.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: M. le Président, il y a environ deux mois, le
ministre...
M. CARDINAL: Puis-je ajouter quelque chose, si vous me le permettez?
C'est que, pour obtenir un chiffre total, il serait d'à peu près
26 fois $700, si vous voulez...
Disons qu'autrefois, il y a un peu plus de deux ans, les membres de ce
comité avaient un per diem. Il a été aboli au
ministère. D'ailleurs cette façon de procéder se
généralise.
M. HOUDE: II y a à peu près deux mois après deux
ans de mémoires et de travaux exécutés, le ministre a
répondu à une question posée en Chambre, que très,
très bientôt nous saurions si oui ou non, nous aurions, a Laval,
notre CEGEP. Je ne veux pas parler davantage de cette question, mais je pense,
M. le Ministre, qu'il y a quand même un facteur important maintenant. Je
ne veux pas entrer dans la querelle de l'emplacement de l'aéroport, mais
puisqu'on parle de l'enseignement, puisqu'on
parle du choix des options, je pense qu'il est urgent actuellement,
puisque la mission semble être d'accord pour dire que la ville de Laval
était quand même l'endroit unique, actuellement au Québec,
où on pourrait créer de toutes pièces un CEGEP en partant
de zéro. Puisque nous n'avons pas d'anciennes institutions, comme, par
exemple le collège classique, tout le monde semblait d'accord sur
l'implantation d'un CEGEP à Laval.
Maintenant que nous savons que nous aurons de 75,000 à 100,000
nouveaux emplois d'ici quelques années, grâce à cet
aéroport, il devient encore plus urgent d'avoir notre CEGEP et de
commencer immédiatement en collaboration avec le ministère du
Travail et de l'Industrie. Je me suis informé la semaine passée
et le ministre de l'Industrie m'a dit qu'il y avait effectivement un projet
immédiat entre votre ministère, celui du Travail et le sien pour
penser, déjà, dans le domaine des options à communiquer
avec les futures industries qui viendront se greffer autour de
l'aéroport.
Personnellement, je crois qu'il est urgent à Laval, d'avoir notre
CEGEP qui n'existe pas c'est quand même la deuxième ville
importante en population, au Québec et de commencer à
travailler déjà sur le choix des options à offrir à
nos étudiants et étudiantes, même au niveau secondaire, en
vue de leur procurer de l'emploi.
M. CARDINAL: M. le Président, j'ai déjà
annoncé publiquement que le collège d'enseignement
général et professionnel de Laval ouvrirait ses portes en
septembre 1970. J'ai mentionné, à l'occasion de cette annonce qui
a été faite à la mi-mars, que dès cette
année, une charte serait accordée à ce collège
même s'il n'ouvrait pas ses portes en septembre 1969. Je dois souligner,
à l'occasion de l'étude des prévisions budgétaires,
que, dans ce cas particulier, les prévisions budgétaires ont
été faites, même si le collège n'est pas en
état de fonctionner, pour qu'il puisse obtenir l'équipement
nécessaire afin d'ouvrir ses portes en septembre 1970. Lorsque je dis
que la charte sera accordée, cela signifie que des personnes seront
nommées à cette occasion et pourront, dès ce moment,
commencer à travailler pour la direction administrative et
pédagogique de ce collège.
M. HOUDE: Quand vous dites que ces personnes seront nommées,
est-ce vraiment dans l'immédiat?
M. CARDINAL: Ce ne sera pas cet après-midi.
M. HOUDE: Non, je comprends, mais ça fait deux ans et demi que
vous nous le répétez: Cela s'en vient, cela s'en vient. La
dernière fois que vous en avez parlé, vous avez dit: Très,
très bientôt. Il était question d'un CEGEP anglophone avand
un CEGEP francophone. Vous avez démenti cette nouvelle parue dans les
journaux, tout ça et encore aujourd'hui, le 24 avril, vous nous dites;
Très bientôt. Ce sera à peu près quand, cette
fois-ci, le très bientôt?
M. CARDINAL: Non, M. le Président, je ne le sais pas, mais ce que
je sais, c'est que des collèges peuvent ouvrir leurs portes en septembre
1969. Dans ce cas, l'urgence dépasse celui qui ouvrira ses portes en
septembre 1970. De toute façon, présentement au ministère,
et en particulier au cabinet du ministère de l'Education, il y a des
personnes qui sont chargées de préparer tout ce qui est
nécessaire au point de vue juridique, au point de vue consultatif, au
point de vue des nominations pour que, dans les semaines qui vont suivre, il y
ait des nominations de faites dans les sept collèges d'enseignement
général et professionnel annoncés pour cette année
et dans ceux qui sont prévus pour septembre 1970.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que vous prévoyez là
construction de nouveaux édifices ou si vous utilisez des
édifices existants qui appartiennent déjà à des
institutions privées pour les nouveaux CEGEP prévus cette
année?
M. CARDINAL: Au sujet de ceux dont j'ai parlé pour cette
année, il n'est pas prévu de constructions nouvelles. Ce sont,
comme les 23 autres qui précèdent, de l'équipement
existant. Cependant, pour compléter ma réponse, je dirai deux
choses. Dans les CEGEP déjà existants ou dans ceux qui seront
créés, il y a quand même des prévisions de
dépenses soit pour du réaménagement, soit pour de
l'agrandissement, soit pour ajouter des services qui n'existent pas»
D'autre part, dans le cas de certains collèges qui ouvriront leurs
portes en septembre 1970, comme l'a indiqué le député de
Fabre, il n'y a pas du tout d'équipement. C'est en deuxième ronde
que nous prenons de ces collèges qui sont créés à
des endroits où il n'y a pas suffisamment d'équipement ou de
professeurs, etc. Là, il faudra, à ce moment-là, dans ces
prévisions budgétaires, inscrire les sommes pour des
constructions qui n'existent pas.
Cependant, il est possible que des études dans les régions
concernées nous permettent, pour commencer l'opération, de
trouver de l'équipement temporaire. Il y a parfois des
réaménagements qui sont possibles par l'acquisition
d'édifices déjà construits, je ne peux pas apporter de
précisions. Je viens de mentionner que ce collège de Laval n'est
pas encore en état d'ouvrir ses portes, je ne peux donc pas
dépasser les administrateurs et dire d'avance ce qui va se
produire»
Mais, disons que je souhaite généralement que,
plutôt que l'on construise tout de suite à partir de zéro,
l'on réaménage l'équipement qui existe
déjà.
M. LE PRESIDENT: Celui de Dawson...
M. CARDINAL: Un exemple, celui de Dawson qui va ouvrir ses portes, avait
été créé auparavant, c'était le
vingt-quatrième, où il n'y avait absolument rien, où on
croyait qu'il fallait construire, mais on a loué un édifice
à Montréal pour que le collège puisse fonctionner. Ceci
peut se répéter ailleurs. Je préfère cette
façon de procéder, au début, plutôt que de
construire un édifice alors qu'on ne sait pas ce que sera le CEGEP dans
tant d'années à partir du début de cette construction.
M. TREMBLAY (Montmorency): Quelle est la proportion du personnel
enseignant sur lequel vous pouvez compter pour ces nouvelles institutions que
vous prévoyez.
M. CARDINAL: Pour les sept nouveaux collèges?
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui.
M. CARDINAL: Bien, nous avons indiqué au moment de l'annonce de
la création de ces collèges que c'étaient des institutions
qui feraient partie de chacun de ces collèges, et c'est le personnel
enseignant qui est déjà dans ces institutions, qu'il s'agisse de
collèges classiques, de séminaires, d'écoles
d'infirmières ou d'instituts technologiques.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce un personnel qualifié dans
toutes les options que vous avez...
M. CARDINAL: Oui, au moment de l'ouverture d'un CEGEP, nous prenons les
options pour le personnel que nous avons là. Alors quand je parle
d'écoles d'infirmières, le personnel est déjà
préparé pour cela. Quand je parle d'un institut technologique
dans un domaine donné, le personnel est déjà
préparé. Au départ d'un collège, nous prenons et
l'équipement et le personnel d'enseignants, si vous voulez, qui nous
permettent de fonctionner tout de suite, quitte à ce que, par la suite,
la direction pédagogique et les administrateurs de collège
aillent engager des professeurs, au fur et à mesure qu'ils créent
de nouvelles options.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je vous entendais parler des écoles
d'infirmières tout à l'heure, c'est justement pourquoi je
voudrais un renseignement. Est-ce que vous pensez que ces jeunes
infirmières qui vont sortir des CEGEP après une année vont
être aussi qualifiées que celles que nous avons eues dans le
passé et qui passaient trois années complètes dans les
milieux hospitaliers et qui avaient une pratique quotidienne en
définitive?
M. CARDINAL: C'est purement une question d'opinion, par
conséquent, qui ne se rattache pas aux prévisions
budgétaires ou politiques du ministère. Cependant,
généralement, lorsqu'il y a intégration dans les
structures actuelles, c'est pour des raisons sérieuses, et, ayant
été longtemps dans l'enseignement au niveau universitaire, je
sais qu'il y a certaines options qui existaient au niveau universitaire et qui
étaient purement ce que j'appellerais de l'inflation scolaire. Ce n'est
pas parce qu'un enseignement se donne sur un campus d'université qu'il
est de meilleure qualité que s'il se donne sur un campus de
collège.
Si l'on compare les enseignements qui se donnaient dans les
universités ou françaises ou anglaises, ce n'est pas du tout la
situation qui détermine le niveau. Et le phénomène se
rencontre surtout dans les facultés des arts.
Les infirmières qui, autrefois, partaient d'une formation
générale plus faible pour ensuite faire trois ans, partent
maintenant d'une formation générale plus large parce qu'elles ne
viennent qu'après la douzième année, pour ajouter aussi
trois ans. Alors c'est purement un déplacement des niveaux et non pas
une diminution dans les qualifications qui leur sont accordées.
Enfin, une dernière remarque. Je sais que les gens en
général, surtout dans les corporations dites professionnelles,
tiennent beaucoup à ce que l'enseignement se donne au plus haut niveau,
beaucoup plus pour des fins de prestige je n'attaque pas ici les
infirmières, ni qui que ce soit que pour des raisons de valeur de
diplôme.
M. LE PRESIDENT: M. Tetley.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, concernant les écoles
d'infirmières, il y a l'exemple de l'Ecole des infirmières de
Sherbrooke où une institution a été construite il y
a quelques années seulement et qui va être complètement
inoccupée, inemployée, inutilisée, semble-t-il...
M. CARDINAL: Cela, semble-t-il...
M. TREMBLAY (Montmorency): II a des dépenses de deniers
considérables et qui ne sont sûrement pas utilisées dans le
meilleur intérêt de la population.
M. CARDINAL: Pas, semble-t-il... Je ne connais pas ce cas en
particulier, il faudrait que je l'analyse, mais je reviens sur ce que je disais
tantôt. Lorsqu'il y a des intégrations, il y a des
déplacements d'étudiants et certains édifices deviennent
libres. Le ministère s'emploie à les utiliser à d'autres
fins ou à les vendre de façon qu'il n'y ait pas de deniers
récemment employés qui deviennent des dépenses qui ne
rapportent rien.
De toute façon, dans le cas des écoles
d'infirmières, il y a un phénomène, c'est que les
hôpitaux eux-mêmes ont besoin d'édifices. Si nous prenons
par exemple ce qui s'est passé à l'Université de
Montréal, nous savons qu'il y avait une école
d'infirmières dont j'ai oublié le nom sur le Chemin
Sainte-Catherine. Elle était dirigée par des religieuses et
lorsqu'elle a été abandonnée par les religieuses, elle a
été immédiatement achetée par l'université.
Le problème est beaucoup plus un manque d'équipement qu'un
surplus d'équipement à ce niveau collégial et
universitaire.
M. LE PRESIDENT: M. Tetley.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais faire quelques
commentaires au sujet de Dawson College, le nouveau CEGEP et, surtout, je crois
que nous sommes tous heureux de voir que ce collège ouvrira ses portes
cette année. Je note aussi, M. le Ministre, que je crois que vous avez
bien choisi vos administrateurs. Je note que cinq sur cinq parlent couramment
les deux langues, ce qui est très important. M. Paul Gallagher, votre
directeur général est bilingue, William Belyca, le
secrétaire général est aussi bilingue, Philippe Wood, le
contrôleur est aussi bilingue, la soeur Sylvie McDonald est bilingue et
Louis Sontra, deux autres administrateurs.
Je note aussi avec plaisir qu'apparamment Dawson College
coopérera avec un autre CEGEP, le collège du
Vieux-Montréal et aussi le collège d'Ahuntsic et va
peut-être même offrir des cours en français,
c'est-à-dire le cours de ma- thématiques en français s'il
y a encore assez d'étudiants, etc. Donc, je crois, avec vous sans doute,
que ce collège est un grand succès et je n'ai pas d'autres
commentaires.
M. CARDINAL: M. le Président, je remercie le député
de Notre-Dame-de-Grâce et j'ajouterai justement, au sujet de Dawson
College, qu'il y a eu certaines difficultés quand il a fallu le
créer. Nous avons agi avec toute la diligence possible. Il y a
présentement 7,000 demandes d'admission à ce collège et il
n'y a de place que pour 2,000 étudiants. Ce qui veut dire que c'est un
problème insoluble; non, parce qu'il y a l'aide des autres
collèges. Il y a le « college equivalence » qui a
été établi avec certaines institutions en particulier
l'université Mc-Gill et Sir George Williams, qui permettraient
d'absorber le trop plein des étudiants.
D'autre part, il n'y a pas de manque de professeurs, il y a au contraire
des offres de professeurs qui dépassent les besoins pour ce
collège. Comme je l'ai indiqué tantôt, l'édifice qui
logera ce collège est déjà trouvé. C'est une
location, il n'y a donc pas de nouvelle construction. Les administrateurs qui
font partie de ce collège nous ont particulièrement aidés
à partir du moment où ils ont été nommés. Je
suis heureux d'apprendre qu'on est satisfait du choix de ces
administrateurs.
M. LE PRESIDENT: M. Houde.
M. HOUDE: M. le Ministre, l'automne dernier, pendant les contestations
dans les CEGEP, contestations étudiantes, le comité parlementaire
de l'Education s'était réuni, vous vous en souviendrez, à
peu près cinq ou six semaines de suite pour essayer justement
d'étudier le problème de la contestation.
M. CARDINAL: Je m'en souviens, c'était pendant la campagne
électorale de Bagot.
M. HOUDE: Exactement. De toute façon, c'est que, durant ces
réunions-là, nous avions émis toutes sortes d'opinions,
toutes sortes de suggestions. Pour ma part, j'avais parlé d'une
espèce de jamboree des leaders étudiants ou de la jeunesse.
Vous-même aviez dit que c'était une suggestion qui était
valable, le ministre des Affaires culturelles aussi. Enfin d'autres
députés avaient suggéré peut-être un genre de
retraite fermée presque obligatoire avec les chefs de file
étudiants. Maintenant, depuis ce temps-là, nous n'en avons pas
trop entendu parler. Bien sûr, la contestation s'est terminée dans
certains CEGEP. Est-ce qu'il y a eu
effectivement des recherches de faites, depuis ce temps-là?
Est-ce qu'il y a eu des rencontres organisées?
Est-ce qu'on pense encore à un projet quelconque de réunir
ou de grouper les leaders étudiants pour essayer d'éviter
d'autres contestations, essayer de les faire participer davantage, ouvrir le
dialogue, mais d'une façon bien structurée, bien
organisée?
M. CARDINAL: M. le Président, si je me souviens bien, dans ma
déclaration du 18 octobre 1968, j'ai indiqué aux
étudiants, dans un texte d'une vingtaine de pages, un certain nombre de
suggestions dans le domaine de ce qu'on a appelle l'action sociale
étudiante.
Aux crédits, cette année, il y aura le double de la somme
de l'an passé pour permettre, au cours de l'été prochain,
des réalisations, qui ne seront pas nécessairement le jamboree
qui avait été suggéré, mais des réalisations
qui voudront prévenir la contestation en faisant participer les
étudiants du Québec à bâtir le Québec, en les
incitant à travailler pour le Québec et à
s'intégrer à la vie du Québec.
M. LE PRESIDENT: M. Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le ministre, il y a quelques
semaines à peine, a fait une déclaration selon laquelle la
population était assurée que tous les finissants des
écoles secondaires et tous les finissants des CEGEP trouveraient la
place qu'ils chercheraient dans nos CEGEP et dans nos universités, selon
le cas.
Je ne mets pas en doute la déclaration du ministre. Cette
assertion est sûrement véridi-que puisqu'il l'a faite. Il vient
lui-même de faire allusion, quand même, à des moyens termes
qui ont été nécessaires dans le milieu anglophone. Je n'en
connais pas dans d'autres milieux, peut-être qu'il y en a eu là
aussi.
On sait que les universités qui ont accepté et qui ont
même proposé dans certains cas d'offrir des cours
équivalents à ceux qui s'offriraient dans le secteur
d'éducation générale des CEGEP ont été en
mesure de réduire mais non d'abolir les frais de scolarité.
Donc, il y a intérêt à savoir, selon les
prévisions du ministère, pour combien de temps est-ce que ces
moyens termes seront appelés à durer? Dans le cas de ceux qui
fréquentent l'université plutôt que le CEGEP, mais dans le
cours équivalent, d'autres modifications jusqu'à la
gratuité scolaire?
M. CARDINAL: Oui, M. le Président, de fait, j'avais
indiqué en réponse à la question posée en Chambre,
à l'Assemblée nationale, qu'il n'était pas question de
créer un collège d'enseignement général et
professionnel dans la région de Laval, disons avant le collège
français. A ce moment-là, lorsque j'ai répondu à la
question, je n'avais pas le rapport de la mission. J'ai reçu depuis le
rapport de la mission. Il y aura d'autres collèges d'enseignement
général et professionnel de langue anglaise qui seront
créés pour la clientèle de langue anglaise. D'autre part,
au fur et à mesure que les niveaux seront rétablis, les
facultés des Arts ou les « Arts Faculties » perdront leur
clientèle au profit des collèges d'enseignement
général et professionnel, ce qui libérera d'autant ces
facultés universitaires dans les écoles de langue anglaise.
Troisièmement, dans le cadre de l'Université du
Québec, il y aura éventuellement je ne suis pas en mesure
de l'annoncer pour le moment, je ne sais pas d'ailleurs quelles seront ces
réalisations d'autres constituantes qui seront
créées pour former un réseau d'enseignement
supérieur dans la province pour les gens des deux langues, selon les
besoins.
Cependant, les études que nous avons faites au ministère
sur l'utilisation des locaux dans les universités et sur les projections
des clientèles scolaires au niveau de l'enseignement supérieur,
nous permettent d'affirmer que, dans le milieu anglophone, la scolarisation
étant déjà beaucoup plus avancée que dans le milieu
francophone, au moment de la création des collèges d'enseignement
général et professionnel, il y a un certain palier qui est
atteint et que l'accroissement ne se maintiendra pas au même taux.
Je me permets de référer à Hebdo-Education du 8
avril 1969 où il y a une explication avec chiffres à l'appui des
places dans les collèges et dans les universités. Je ne pense pas
qu'il soit utile aujourd'hui de relire cet article qui donne des chiffres
précis et qui les extrapole sur une période donnée.
M. LEFEBVRE: M. le Président, f aimerais enchaîner une
sous-question à celle de mon collègue. Moi, je me rappelle
très bien, pour ma part, d'avoir lu dans les journaux une
déclaration du ministre à l'effet que tous les étudiants
qualifiés qui sortiraient des CEGEP trouveraient place dans les
universités.
Pour ma part, je ne me souviens pas que le ministre ait fait une
déclaration formelle concernant les places disponibles au niveau des
CEGEP.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. LEFEBVRE: Et j'aimerais bien que le ministre, aujourd'hui, nous fasse
une telle déclaration parce que j'ai deux informations, dont l'une vient
de nous être transmise à l'instant par le ministre lui-même,
a l'effet qu'au Dawson College, par exemple, les demandes étaient de
7,000 et les places de 2,000.
M. CARDINAL: Me permettez-vous de vous interrompre?
M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: J'ai dit que ceci était corrigé
immédiatement par le « college equivalence. »
M. LEFEBVRE: Oui, je sais, je ne nie pas ça, mais le ministre a
mentionné ces chiffres-là et il nous dit qu'il a trouvé
des solutions d'accommodement. Dans le cas du CEGEP d'Ahuntsic, je suis
informé qu'il y a 4,900 demandes et 900 places disponibles.
Et des sources sérieuses me disent que, probablement, un autre
millier d'étudiants pourra se placer soit au CEGEP Bols-de-Boulogne ou
au CEGEP du Vieux-Montréal, mais les prévisions les plus
optimistes qu'on me donne, sont à l'effet qu'il y aurait environ 1,500
étudiants qui n'auraient de place nulle part.
M. CARDINAL: Non, ces affirmations ne sont pas fondées.
M. LEFEBVRE: Je pose la question au ministre.
M. CARDINAL: Si nous prenons le cas d'Ahuntsic, il est évident
qu'il est rempli, et que dans certaines options, comme par exemple, la
radiologie, il y a eu des refus. Cependant, les collèges de
Bois-de-Boulogne, de Saint-Laurent et les autres qui sont créés
dans la région de Montréal absorberont cette différence.
Les sept collèges que nous venons de créer, dont certains dans la
région de Montréal, vont permettre d'absorber la clientèle
étudiante au niveau des CEGEP.
Je ne ferai pas une déclaration aussi formelle que celle que j'ai
faite pour les universités où tous les calculs avalent
été donnés à ce moment-là, et je ne ferai
pas de déclaration générale sans avoir tous les calculs
devant mol. Mais je peux vous assurer que le ministère, dans sa
Direction générale de l'enseignement collégial,
étudie sans cesse ceci et que les réseaux de collèges
d'enseignement général et professionnel sont constitués au
fur et à mesure qu'il y a des besoins.
Mais, un fait nouveau vient changer ces prévisions, c'est
l'adoption du bill 56 où certaines institutions privées qui
auraient été appelées à disparaître ou qui du
moins le croyaient sont maintenant, au contraire, encouragées à
demeurer et recevront elles-mêmes des étudiants pour ce niveau
collégial.
Il va donc falloir au ministère, au fur et à mesure que la
commission qui a été créée pour accréditer
ces institutions privées d'ordre public, au fur et à mesure que
l'on fera ce travail, que l'on corrige les prévisions de la
clientèle scolaire qui serait allée dans des collèges
d'enseignement général et professionnel publics plutôt que
dans des collèges publics. J'ajoute que dans la région de
Montréal on prévoit même présentement au
ministère, de louer des locaux à la CECM, par exemple dans le cas
de Saint-Laurent ou dans le cas de Bois-de-Boulogne, pour recevoir un plus
grand nombre d'étudiants.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si vous me le permettez, c'est sur
les mêmes chiffres. Le ministre a déjà mentionné en
Chambre l'autre jour, en réponse à une question que je lui avais
posée, qu'il prévoyait des inscriptions de 52,000
étudiants comparativement à 35,000 l'an dernier. 52,025
d'après le journal des Débats.
M. le Président, je suis sûr que les officiers du
ministère ont en mémoire sûrement le nombre
d'étudiants qui doivent terminer leur cours secondaire cette
année. Autrement dit, également en mémoire le chiffre
normal de persévérance scolaire dans le passage du niveau
secondaire au niveau collégial. J'aimerais savoir, M. le
Président Je pense que cela peut être établi tout de
suite bien facilement si le ministre n'est pas un peu trop optimiste
lorsqu'il envisage que les problèmes d'inscription se régleront
assez facilement au niveau collégial.
M. CARDINAL: Non, je ne suis pas trop optimiste. Il y a environ 40% de
persévérance après le niveau secondaire. Le rapport Parent
prévoyait comme idéal 48%, après peu d'années
à peu près. Et la réponse que j'ai donnée en
Chambre était une réponse globale. Mais, la réponse
globale était donnée à partir d'un tableau, par
région, par collège créé ou annoncé ou
à être créé. Par conséquent, l'étude a
été très précise à partir des projections
possibles. Ce sont des effectifs prévus et non pas réels. Je
réponds qu'à compter des renseignements que
nous possédons pour nous permettre d'établir des effectifs
prévus, nous ne prévoyons pas de problèmes insolubles
c'est-à-dire que nous prévoyons en même temps la solution
à ces problèmes pour les fins de place.
M. LEFEBVRE: Mais, si J'ai bien compris les explications du ministre, M.
le Président, dans sa réponse en Chambre, il a donné le
nombre de places disponibles. Ce qu'il a donné, ce n'est pas três
précis.
M. CARDINAL: Si vous voulez, Je peux revenir.
M. LEFEBVRE: Est-ce que ce sont les places disponibles ou la demande que
vous avez données? Le chiffre de 52,000, est-ce que c'est la demande
prévue ou si c'est le nombre de places?
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas le nombre de places, c'est la demande
prévue.
M. LEFEBVRE: La demande prévue.
M. CARDINAL: Ce sont les effectifs prévus, si vous voulez,
à la suite des demandes d'admission.
M. LEFEBVRE: Mais, est-ce que vous prévoyez que ces 52,000
places, Je comprends qu'il peut y avoir des problèmes d'ajustement au
plan régional...
M. CARDINAL: Nous prévoyons que ce sera possible. Je les ai au
plan régional. Voyez-vous si, par exemple, Je prends les 23 CEGEP qui
existent. Nous prévoyons pour 1969-1970 qu'A-huntsic en aura 2,300,
Bois-de-Boulogne: 1,500 Chicoutimi: 2,170, c'est-à-dire que le chiffre
global de 45,000 dans ce cas-là, part du total du « break-down
» si vous voulez, de chacun des collèges et par région.
Quand on parle de Lionel-Groulx, on comprend par exemple, non seulement,
Sainte-Thérèse, mais aussi Saint-Jérôme; quand on
parle de Saint-Hyacinthe, on comprend également l'Institut technologique
de Tracy; quand on parle de Sherbrooke, on comprend également Granby qui
est associé; quand on parle des nouveaux collèges
annoncés, c'est aussi par région. Comme Je le disais
tantôt, ce qui ne veut pas dire qu'au collège d'Ahuntsic, au
collège de Bois-de-Boulogne, il y ait présentement, en marge de
l'un de ces chiffres, la place pour accueillir ces étudiants.
Nous avons prévu au ministère, soit la location de locaux,
soit des déplacements d'étudiants qui permettent d'assurer que,
si les effectifs prévus se concrétisent, ces effectifs pourront
être reçus dans les collèges existants ou
annoncés.
M. LEFEBVRE: A propos des prévisions qu'on m'a fait valoir
à l'effet que, peut-être, 1,500 étudiants, qui avaient fait
des demandes au collège d'Ahuntsic, ne pourraient être
reçus ni au collège d'Ahuntsic, ni à d'autres
collèges, le ministère prend-t-il les moyens nécessaires
pour trouver des places à ces élèves?
M. CARDINAL: C'est exact. Ce sont ceux qui ne pourraient pas être
reçus à Ahuntsic, mais qui pourraient l'être à
Bois-de-Boulogne, à Saint-Laurent et dans des édifices
loués de la Commission des écoles catholiques de
Montréal.
M. LEFEBVRE. Il y a un élément de la réponse du
ministre qui m'inquiète un peu et Je suis sûr qu'il le
comprendra c'est lorsqu'il a fait allusion au bill 56.
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: II ne faudrait pas, Je crois, que la sélection des
étudiants au niveau collégial se fasse de façon
discriminatoire. Ce que je veux dire, c'est que les institutions privées
qui survivront ou même s'aggrandiront grâce au bill 56 pour
ma part, je n'y vois pas d'objection pour ceux qui le préfèrent
. Il ne faudrait pas que les étudiants non fortunés, par
exemple, soient tenus, faute de place dans les collèges publics, d'aller
dans les institutions privées et de payer des frais de
scolarité.
Je veux bien croire que les maisons privées d'enseignement
dégageront un certain nombre de places-élèves dans les
collèges publics. Mais je veux m'assurer également et je
pense que tous les membres de cette Chambre seront d'accord là-dessus
que cette sélection doit se faire sur la base du volontariat et
que personne ne doit être tenu de s'inscrire à un collège
privé, même s'il n'en a pas les moyens, uniquement parce qu'il n'y
aurait pas de place pour lui au collège public.
M. CARDINAL: Non, je peux rassurer le député d'Ahuntsic.
C'est sur une base de volontariat. Et ici, sans être méchant, je
rappellerai que, contrairement à ce que disait le député
de Vaudreuil-Soulanges, encore une fois je tiens
à ce qu'il n'y ait pas de contingentement dans ce domaine. On ne
forcera pas, au ministère, les étudiants à choisir entre
les institutions privées et les institutions publiques.
M. LEFEBVRE: Vous employez « contingentement » dans un sens
tout à fait différent de celui que...
M. LE PRESIDENT. Il est peut-être bon de vous faire remarquer que
nous sommes collés au poste budgétaire 6 depuis deux heures
complètes. Je ne voudrais pas que l'Opposition pense qu'on la
bâillonne! Mais nous avons parlé de hautes considérations,
nous avons parlé de toutes les questions d'ordre purement
spéculatif...
M. TREMBLAY (Montmorency): Il n'y a pas de dialogue?
M. LE PRESIDENT: ... et de suppositions. Je pense bien que si nous
n'avons pas uniquement les crédits de l'Education à voter d'ici
la fin de la session, sur laquelle les leaders parlementaires se sont entendus,
il serait peut-être bon que nous songions à passer à un
autre poste budgétaire au moins au cours de l'après-midi, puisque
nous n'avons même pas pensé d'aborder l'article 1 du poste
budgétaire 6.
M. LEFEBVRE: M. le Président, au sujet de la marche des travaux,
avant que mon collègue de D'Acry-McGee poursuive ses questions,
j'apprécie le ton aimable sur lequel vous faites vos observations, mais
je tiens et je suis sûr que c'est l'opinion de mes
collègues à affirmer qu'il nous appartient, je crois, de
décider du nombre de questions que nous allons poser.
M. LE PRESIDENT: Absolument.
M. LEFEBVRE: Je ne pense pas que nous ayons posé, quant à
nous, aucune question oiseuse ou sans objet, ni fait des commentaires inutiles.
M. le Président, vous constaterez vous-même que certains postes
budgétaires seront adoptés très rapidement, mais nous
poserons des questions sur ceux auxquels nous attachons beaucoup d'importance
et sur lesquels nous avons des questions à poser. Si nous ne terminons
pas cette semaine, nous terminerons la semaine prochaine où nous
terminerons éventuellement.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas dit qu'il y avait eu des questions
oiseuses. J'ai dit qu'il y avait des questions d'ordre purement spécu-
latif et des questions supposées, étant donné qu'on a dit:
J'ai entendu dire que. C'est revenu à plusieurs reprises. Le ministre a
dû répondre à des questions de ce genre. Alors, il serait
peut-être bon de...
M. BOUSQUET: Si vous me permettez...
M. LE PRESIDENT: ... préciser ces questions et de tenter de
procéder plus rapidement.
M. BOUSQUET: Je pense qu'on ne peut que constater que certains membres
de l'Opposition ont plus d'esprit de synthèse que d'autres membres;
alors je comprends qu'il faut parfois être indulgent pour ceux qui sont
portés à émietter les questions.
M. CARDINAL: Pour la marche des travaux, est-ce que je pourrais tout de
suite, justement, pour qu'on s'ajuste, faire une suggestion que je fais
toujours vers ce moment-ci? J'en avais parlé au député de
Vaudreuil-Soulanges qui est parti. Je pense que l'on peut
répéter. C'est que l'on termine vers 5 heures 45 et que l'on
reprenne ce soir vers 8 heures 15, pour terminer à 10 heures si cela
convient aux membres de cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on considère que 6 est
adopté?
M. GOLDBLOOM: Non, je n'avais pas terminé la petite série
de questions...
M. LE PRESIDENT: M. Goldbloom, alors, vous avez la parole.
M. GOLDBLOOM: Au niveau des écoles de métiers, les
écoles anglophones de métiers et même certaines classes
anglophones à l'intérieur d'autres écoles de
métiers semblent en bonne voie de disparaître. Ceci pose un
problème assez important parce qu'il s'agit, généralement,
pour ceux qui cherchent à fréquenter de telles écoles, de
jeunes qui ne sont pas dotés de quotients intellectuels des plus
élevés, donc, qui ne sont pas facilement admis à
l'université, qui ne trouvent pas assez de place à Dawson College
pour le moment...
M. LE PRESIDENT: Un instant, monsieur. Puis-je vous rappeler que vous
avez une question qui porte sur le poste budgétaire 7?
M. BOUSQUET: Ecoles de métiers et instituts techniques.
M. LE PRESIDENT: Alors, si vous pouviez garder votre question pour le
poste budgétaire 7, nous y reviendrons.
M. GOLDBLOOM: Je n'ai pas d'objection. Cela s'enchaîne...
M. LE PRESIDENT: D'accord, mais pour éviter que nous soyons
obligés de revenir ensuite au poste 6 et de retourner à 7
après, terminons avec le poste budgétaire 6, et ensuite nous
procéderons à votre question immédiate ment.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai cru comprendre que nous
étions à discuter le sort de ceux qui terminent leurs
études secondaires. Alors, si vous préférez que je
réserve ma question pour le prochain poste...
M. LE PRESIDENT: C'est ce qui serait le plus dans l'ordre.
M. GOLDBLOOM: ... je n'ai aucune objection. Je voudrais faire un bref
commentaire sur un sujet soulevé par le député de
Montmorency. Le ministre, en parlant des écoles d'infirmières et
de la formation des infirmières, a dit avec raison qu'il n'y a qu'une
question de prestige dans le choix de l'endroit où se donne cette
formation; que ce soit aux CEGEP ou que ce soit à l'université,
il n'y a aucune différence nécessaire quant à la formation
qui est offerte. Mais, ce qui fait la différence entre le régime
que nous avons connu jusqu'à aujourd'hui et le régime qui sera le
nôtre dorénavant, c'est que l'expérience pratique de
l'infirmière sera réduite parce que les écoles ne seront
plus greffées directement à l'hôpital, mais feront partie
du campus, d'une institution d'enseignement, soit d'un CEGEP, soit d'une
université. La formation étant réduite d'une année
qui aurait été une année entièrement passée
à l'hôpital, un changement assez profond est apporté
à la formation de l'infirmière.
Je fais ce commentaire parce que je le crois important; je sais que cela
dépasse un peu le domaine du ministre de l'Education lui-même,
mais je pense qu'il était intéressant de le faire.
M. CARDINAL: Si le député de D'Arcy-McGee me le permet, je
répondrai deux choses. D'abord, pour sa première question, je
pense que, s'il était d'accord, nous pourrions peut-être attendre
au poste 7 où j'aurai des renseignements sur les écoles de
métiers. Quant à son deuxième commentaire, il a
parfaitement raison de mentionner que cela ne concerne pas seulement le
ministre de l'Education, puisque ce tra- vail, quant aux spécialisations
qui concernent le secteur de la santé, se fait en collaboration avec le
ministère de la Santé, et que, tout particulièrement, ce
domaine des infirmières est réglé conjointement par les
deux ministères.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, finalement, je sais que, quand on
cherche à discuter des sujets qui sont en négociation, il est
souvent préférable de les considérer comme s'ils
étaient sub judice. Quand même, il y a une question de politique
générale du ministère dans ce domaine très
important, au sujet de laquelle je voudrais demander au ministre certaines
explications.
Nous avons parlé hier de rapports
maîtres-élèves en ce qui concerne les écoles
élémentaires et secondaires. Nous savons que le ministère
cherche à établir ce qui serait un dénominateur commun
pour le rapport maîtres-élèves,
maîtres-étudiants, pour tous les CEGEP. Nous savons pourtant que
les CEGEP, qui diffèrent quelque peu des écoles
élémentaires et secondaires dans ce sens, accusent une variation
considérable de la nature des cours, des options qui y sont
offertes.
Nous savons donc que, dans un CEGEP donné, un rapport
maîtres-élèves de 1 sur 15 peut suffire très bien
et, dans un autre, ce rapport obligerait ou une augmentation des heures
d'enseignement des professeurs, ou bien une augmentation du nombre
d'étudiants par cours, ou bien une diminution du nombre des options qui
seraient offertes. Est-ce que dans ce secteur important ce secteur qui
est très disparate pour l'instant il n'y aurait pas lieu
d'être un peu plus souple dans l'imposition de ces normes? Et est-ce que
le ministre songe à assouplir un peu l'attitude ou la politique de son
ministère?
M. CARDINAL : M. le Président, je ferai trois commentaires.
Premièrement, c'est que la question posée par le
député est exactement l'objet de négociations.
Deuxièmement, la proposition patronale, c'est un fait, est de 1 sur 15.
Troisièmement, il y a un autre fait, c'est que, contrairement à
la table des négociations, au niveau élémentaire et
secondaire, il y a des syndicats différents qui fonctionnent dans des
CEGEP différents. Il n'y a pas là une table commune des
négociations.
Par conséquent, je ne me prononcerai pas j'aimerais bien
qu'on me le permette sur la question posée, pour les mêmes
raisons que tout à l'heure. Je n'entends pas intervenir dans ce
domaine.
Il y a, encore une fois, un ministre délégué qui en
est responsable, il y a un sous-ministre au ministère de l'Education qui
participe à ces
négociations. Malgré la demande qui a été
faite à plusieurs reprises par des administrateurs de certains CEGEP, je
reviens sur la réponse qui a été donnée par
l'honorable premier ministre en Chambre, en mon absence. Nous n'entendons pas
intervenir dans ces négociations à d'autre titre qu'à
celui où nous y sommes déjà, c'est-à-dire par le
ministre délégué à la Fonction publique.
Je me permettrai d'ajouter autre chose, en réponse à la
première question sur les Infirmières. Je reçois à
l'Instant un rapport que je n'ai pas eu le temps de lire, daté
d'ailleurs d'avril 1969, qui s'appelle « Rapport de synthèses de
l'enseignement des techniques infirmières au Québec » et
qui va permettre probablement au ministre de s'éclairer sur
l'état de la situation, les aspects pédagogiques, les aspects
financiers, les aspects administratifs et la perspective pour l'avenir de cet
enseignement.
M. GOLDBLOOM: Le ministre, après avoir pris connaissance de ce
rapport, permettra-t-il à d'autres députés de s'y
renseigner?
M. CARDINAL: Je n'ai aucune objection. C'est purement un rapport pour
fins de travail au ministère.
M. LEFEBVRE: J'aurais une dernière préoccupation
concernant l'article 6. Il s'agit de la situation qui existe dans les CEGEP
quant au non-réengagement d'un nombre assez étonnant de
professeurs. Je comprends que les CEGEP ont une certaine autonomie
administrative en vertu du bill 21, et je suis bien d'accord; mais j'aimerais
tout de même que le ministre nous dise quels efforts ont
été faits par son ministère, qui a certainement un
rôle à jouer dans ce domaine-là, en vue de clarifier cette
situation. Parce que, du point de vue du public, aussi bien que du point de vue
des membres de cette Chambre, il apparaît un peu étonnant que chez
un employeur, quel qu'il soit, après avoir embauché un certain
nombre de gens on imagine qu'il les a embauchés après
enquête et non pas à la légère la proportion
de ceux qui ne seraient pas réengagés soit aussi
considérable. Dans un cas, pour l'un des CEGEP de Montréal, je
crois que c'est un tiers, si ma mémoire est bonne. Un tiers des
professeurs. Le ministre a-t-il des commentaires à faire sur cette
situation, sur les malaises qu'elle crée et sur les façons que le
ministre envisage pour trouver une solution au problème?
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, M. le Président, c'est
encore une question sur la- quelle je vais être obligé de prendre
la même attitude que sur la question précédente.
Il s'agit de deux choses. D'abord, comme l'a indiqué le
député d'Ahuntslc, c'est une matière de régie
interne à cause de l'autonomie réelle des collèges
d'enseignement général et professionnel. Deuxièmement,
c'est une question de négociations aussi. A cause de cela je ne me
permettrai pas d'opinion.
Quant au problème général de la période de
probation dans les CEGEP, justement c'est une des choses qui est un des points
mêmes de la négociation. Alors, je ne me permettrai pas, à
cause de cette nature sub judlce ou de cette nature de situation chaude, si
vous voulez, de crise, des commentaires au moment où l'on tente à
la table des négociations de résoudre des problèmes.
M. LEFEBVRE: Le ministère fournit-il aux CEGEP des normes ou des
directives quelconques dans le choix de son personnel enseignant?
M. CARDINAL: Oui, il y en a. Il y a deux genres de normes. Il y a des
normes purement administratives qui viennent des normes budgétaires et
qui, dans le fond, pour une part, établissent la proportion, le prorata,
et d'autre part il y a aussi des normes de nature pédagogique.
M. LEFEBVRE: Donc, le ministère n'est pas étranger au
choix des professeurs?
M. CARDINAL: Non, il n'est pas étranger. Encore une fols le
ministère n'est pas étranger aux négociations ni au niveau
élémentaire, ni au niveau secondaire, ni au niveau
collégial. Il n'est pas le responsable directement
désigné, mais il y participe d'ailleurs au niveau d'un
sous-ministre. Il y participe pour plusieurs raisons, c'est que ceci n'est pas
d'abord entièrement étranger aux politiques du ministère,
ceci a de l'Influence sur les prévisions du ministère, ceci peut
avoir une influence éventuellement sur une série de questions qui
se rapportent à la responsabilité directe du
ministère.
La négociation elle-même, je pense qu'il faut l'admettre et
il faut voir les choses comme elles sont, est la responsabilité d'un
ministre délégué qui a certaines responsabilités
directes, avec lequel nous collaborons constamment par une présence
réelle; mais je ne me permets pas de faire des commentaires, si vous
voulez, n'étant pas moi-même à cette table de
négociations et ne voulant pas perturber cette négociation, alors
que quelqu'un de responsable peut
répondre à ces questions dans la mesure où il croit
d'intérêt public d'y répondre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je m'étonne; il me semble
qu'il y a une contradiction dans ses réponses. D'un côté il
nous indique que le ministère participe par des directives aux
critères de sélection des professeurs, il nous indique que le
ministère participe aux négociations; mais, quand on lui demande
son avis sur un aspect de crise qui sévit présentement dans le
personnel enseignant des CEGEP, il nous dit: Je ne m'en mêle pas.
M. CARDINAL: Non, je ne dis pas que je ne m'en mêle pas, j'ai dit
que je ne me permettais pas d'opinion sur les questions qui faisaient l'objet
des négociations. C'est une nuance importante.
Je ne dis pas que je ne m'en préoccupe pas, je ne dis pas que ce
n'est pas un de mes soucis au sens le plus français du terme. Je ne dis
pas que je suis désintéressé et non responsable. Je dis
que je laisse aux responsables le soin non seulement de faire ces
négociations en collaboration avec nous, mais de faire les
déclarations qu'ils jugent d'intérêt public et
d'émettre des opinions qu'ils jugent d'intérêt public, de
faire ou d'émettre...
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président...
M. CARDINAL: Mais, je m'abstiens Justement parce que je sens la
responsabilité qui m'incombe de ne pas m'immiscer, alors que je ne suis
pas personnellement présent dans ces négociations.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre ne conviendrait pas qu'il serait
assez invraisemblable que ce soit le ministre délégué
à la Fonction publique? Je suis sûr d'avance de sa réponse.
Quand nous allons étudier les crédits de son service, si on lui
posait la question, Je suis sûr qu'il répondrait que cette
question touche la régie interne de l'éducation, les
critères pédagogiques et qu'il me renverrait au ministre de
l'Education.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Nous avons convenu au début des séances de
cette commission de ne pas toucher à ce problème. Je crois que la
question du député d'Ahuntsic en instance est absolument hors
d'ordre et que le ministre a répondu à la satisfaction de la
commission, en expliquant de quelle façon il est engagé dans
l'en- semble du problème et les raisons pour lesquelles il ne veut pas
discuter le fond de la question.
M. LEFEBVRE: Sur le point d'ordre soulevé par le ministre des
Affaires culturelles, c'est son droit à lui, évidemment,
d'être satisfait de l'explication du ministre et Je comprends fort bien
les raisons de sa satisfaction facile. Mais, quant à nous, nous trouvons
et je maintiens qu'il y a une contradiction entre la position du ministre qui
nous dit, d'un côté que cela concerne son collègue de la
Fonction publique, alors qu'il nous dit, d'autre part, que c'est bien le
ministère de l'Education qui établit les critères pour la
sélection du personnel et qui participe aux négociations.
M. CARDINAL: II n'y a contradiction que dans l'interprétation que
l'on fait de mes paroles ou dans l'interprétation que l'on fait des
faits eux-mêmes. Si la convention était signée, je
répondrais avec plaisir à toutes ces questions, de la
façon la plus étendue et la plus détaillée qu'il me
serait possible de le faire. Encore une fois, ce n'est qu'à cause de la
situation de négociation que je m'abstiens de commentaires et d'opinions
sur les problèmes qui sont eux-mêmes l'objet direct des
négociations.
Quant au point d'ordre, je rappellerai aussi Je ne veux pas
ballonner les députés de l'Opposition que lors de
l'ouverture de l'étude de ces prévisions budgétaires, le
député d'Ahuntsic était absent ce n'est pas un
reproche, c'est une constatation et que par conséquent, il n'a
pas participé à ce débat d'une heure et demie, Justement
pour décider si nous avions mandat ou non à cette commission de
discuter les points qui sont à une telle négociation et cette
motion a été battue au vote, ici.
M. LEFEBVRE: Je me permettrai une dernière remarque très
brève pour dire que le ministre n'a pas compris ma question, je pense.
Ma question ne porte pas sur ce qui fait présentement l'objet des
négociations. J'ai demandé au ministre quelle solution il
envisageait pour l'avenir, pour éviter des impasses comme celles dans
lesquelles on se trouve.
Je ne veux pas négocier ici le sort des professeurs non
réengagés. Est-ce que les normes du ministère ou est-ce
que les procédures à" l'endroit des CEGEP ne seraient pas
drôlement faibles et inadéquates pour en arriver a une telle
impasse? C'est ma question. Je ne veux pas discuter du cas de tel ou tel
professeur, ni du mérite de tel ou tel non-réengagement. Je dis
qu'il est anormal qu'une proportion aussi forte de professeurs ne soient
pas
réengagés. Je ne sais pas de quel côté sont
les torts. Je n'ai pas étudié le dossier, je l'admets. Je pense
que tout le monde conviendra que nous ne sommes pas placés pour le faire
facilement, non plus, parce que nous n'avons pas les outils que le ministre,
lui, a. Je lui dis: Est-ce qu'il a quelque chose à dire à la
population sur les moyens qu'il entend prendre pour éviter des
situations comme cela, qui sont tout à fait anormales? Je pense qu'il en
conviendra. Je ne dis pas qui a tort, qui a raison. Sont-ce les professeurs?
Est-ce que c'est la direction du CEGEP? Je ne me prononce pas. Je demande au
ministre qu'il nous dise ce que lui en pense.
M. CARDINAL: Justement, je reviens... M. LEFEBVRE: Bien, laissez-le
répondre.
M. MALTAIS (Limoilou): Le député d'Ahunt-sic pense faire
indirectement ce qu'il ne peut pas faire directement. Il revient par une
question indirecte et veut atteindre le même but qui serait
illégal directement. Alors, je soumets que cette question est hors
d'ordre. Absolument. Elle a déjà été
tranchée par la commission à l'occasion d'une motion qui a
été défaite ici. Je ne pense pas que le
député puisse revenir indéfiniment sur cette même
question.
M. LEFEBVRE: Une remarque sur le poste budgétaire 6. Je veux
faire remarquer au ministre je ne sais pas, nous recevons tellement de
courrier nous, les députés, peut-être que ça se
serait perdu le fameux document avec le grand tableau-là que M.
Filion nous a montré à la télévision l'autre jour
pour ma part je l'ai vu car j'ai un de mes fils qui est inscrit à
un CEGEP, j'en ai même deux, en fait je l'ai vu de cette
façon-là. Je ne sache pas que cela ait été
distribué aux députés. Tout à l'heure, j'en al
demandé copie aux officiers du ministère. Ils n'en n'avaient pas.
J'en ai demandé une copie au bureau du chef de l'Opposition, il n'en
n'avait pas.
M. CARDINAL: Pardon. Cela avait été déposé
devant la commission de l'éducation lors du débat sur la crise
scolaire.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Pourrait-on demander au ministre de le faire
distribuer aux membres de la Chambre?
M. CARDINAL: Avec plaisir, s'il n'est pas épuisé
présentement. La première édition est
épuisée, mais elle est en réimpression. Elle sera
distribuée à tous les membres de l'Assemblée
nationale.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors poste budgétaire 6 adopté.
Poste budgétaire 7: Ecoles de métiers et instituts
techniques. Je crois que nous en avons parlé en même temps.
M. CARDINAL: Non, il y avait des questions.
Est-ce que nous pourrions, à ce moment-ci, M. le
Président, comme nous l'avions convenu, suspendre et reprendre à
20 h 15 ou 20 h 30?
M. LE PRESIDENT: Alors très bien, à 20 h 15.
M. CARDINAL: Certains députés suggèrent
plutôt 20 h 30.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): 20 h 30. M. LE PRESIDENT: Alors 20 h 30.
Reprise de la séance à 20 h 35
M. PROULX (président de la commission de l'Education): II me fait
plaisir de retrouver mon poste.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. BOUSQUET: Le plaisir n'a pas l'air d'être partagé 1
M. CARDINAL: ... pour vous renseigner, nous étions rendus au
poste budgétaire 7: Ecoles de métiers et instituts techniques. Je
souligne, au départ, que la diminution considérable notée
pour l'ensemble de ce poste budgétaire et chacun des articles indique
une intégration de ces institutions aux commissions et aux
collèges, tel qu'il avait été annoncé lors de la
défense des crédits, l'année dernière, et c'est en
grande partie réalisé. En effet, les effectifs...
M. LEFEBVRE : M. le Président, est-ce que vous permettez, M. le
Ministre? J'ai une question qui concerne la procédure de la commission
et qui est antérieure à toute autre...
M. CARDINAL: Ah! sur la procédure, Je m'incline toujours.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne voudrais pas être
désagréable pour le député de Saint-Jean,
d'ailleurs cela ne s'adresse pas à lui personnellement. Mais je pense
que nos travaux ne se poursuivraient pas de façon
régulière si la commission n'était présidée
par un membre.
Or, à ma connaissance, ce matin, à l'ouverture des
débats, l'assemblée a voté pour remplacer M. Proulx par M.
Gardner. Je ne sache pas que cette décision ait été
revisée par l'Assemblée et je pense qu'on pourrait attaquer la
régularité de nos travaux si M. Proulx siégeait à
ce moment-ci, avant que l'Assemblée nationale ne l'ait rétabli
dans ses fonctions, comme membre de la commission. M. Proulx n'est pas
techniquement membre actuellement de cette commission.
M. LE PRESIDENT: Quelle est l'opinion du député de
Limoilou?
M. MALTAIS (Limoilou): Je concours...
M. LE PRESIDENT: Vous donnez raison au député
d'Ahuntsic?
M. BOUSQUET: Je crois qu'avec le consen- tement unanime de la
commission, on pourrait lui permettre de continuer d'exercer ses droits
magnifiques.
M. GRENIER: Ils ne sont pas bienveillants!
M. LEFEBVRE: Je ne crois pas, M. le Président, que ce soit une
question de bienveillance de la part des membres de la commission. Je pense que
les règles de la Chambre... C'est tellement vrai qu'un
député qui n'est pas membre, par exemple, n'a pas droit de
vote.
Ce n'est pas une question de bienveillance, c'est une question de
respecter le règlement.
M. CARDINAL: Ce n'est une question ni de bienveillance ni surtout de
malveillance, mais je pense que, pour hâter les débats, ça
pourrait nous faire un jugement de Salomon: M. Gardner pourrait peut-être
s'asseoir dans votre fauteuil et vous à côté de lui. Ce qui
ne vous empêchera pas d'intervenir et ce qui règlerait la question
de procédures.
M. LE PRESIDENT: Bon, le président, est-ce qu'il faut qu'il
s'assoie ici ou là?
M. LEFEBVRE: Non, je crois que c'est sérieux, M. le
Président.
M. BOUSQUET: Je crois.
M. LEFEBVRE: Je le regrette, je ne voulais pas être
désagréable au député de Saint-Jean.
UNE VOIX: Vous l'êtes quand même. M. LE PRESIDENT: Non, non,
jamais.
M. BOUSQUET: Vous ne voulez jamais, mais vous l'êtes parfois.
M. GARDNER (président de la commission de l'éducation):
Alors, très bien. A l'ordre! Nous recommençons avec...
M. CARDINAL: M, le Président, est-ce que je peux reprendre la
parole? Je mentionnais que la diminution est considérable à cause
de la réalisation en grande partie de l'intégration. Un exemple,
c'est que les effectifs sont passés de 3,903 personnes à 366, et
le budget de $35,687,500 à $7,918,000 ce qui dans un ordre de grandeur,
indique déjà, là, sans que d'autres détails ne
soient donnés pour le moment, que cette intégration est en grande
partie complétée. Je suis maintenant disposé à
répondre aux questions.
M. GOLDBLOOM: J'avais presque formulé une question. Dans le
milieu anglophone, on constate la disparition des écoles de
métiers et même des classes de langue anglaise dans certaines
autres écoles de métiers. Le problème se pose surtout dans
le cas des étudiants qui ne sont pas doués d'un quotient
intellectuel des plus élevés, qui ne sont donc pas admissibles
à l'université pour poursuivre leur carrière, qui trouvent
difficilement une place à Dawson College et qui malheureusement,
éprouvent plus de difficultés à devenir bilingues et
à suivre des cours en langue française, qui n'est pas leur langue
maternelle.
Le ministre vient de parler de l'intégration de ces cours de
métiers à certaines commissions scolaires; est-ce que l'on peut
s'attendre que cela se fasse dans le milieu anglophone?
M. CARDINAL: M. le Président, il n'est pas question de refuser
l'accès des cours professionnels à la clientèle
anglophone. Je pense que le député de D'Arcy-McGee le comprend.
Cette clientèle anglophone ou bien est catholique ou bien est
protestante, au sens de la loi. Si cette clientèle anglophone est
catholique, elle est évidemment servie par les écoles de
métiers intégrées aux commissions scolaires catholiques
qui, surtout dans la région de Montréal, pour un nombre assez
important, comportent des écoles de langue anglaise.
Si cette clientèle est protestante, rien n'empêche pour le
moment, pendant que la mission fait son travail j'y reviendrai
une entente avec la commission catholique de langue anglaise, par exemple, pour
recevoir ces écoles de métiers intégrées. Dans
l'île de Montréal je suis d'accord avec le
député de D'Arcy-McGee le problème se pose de
façon particulière. Par exemple, l'école des
métiers de Verdun, l'école des métiers de l'automobile,
etc. La mission de l'intégration des enseignements professionnels n'a
pas terminé son travail et continue actuellement son étude
à ce sujet avec les groupes concernés et particulièrement
certains groupes de langue anglaise.
Je me permets, cependant, sans aucun désir de critique je
pense que peut-être le député a dépassé sa
pensée de dire qu'il ne faudrait pas croire que l'enseignement
professionnel au niveau secondaire vise une clientèle qui se
caractérise par un manque d'aptitudes intellectuelles. Je pense
qu'après ce qui a été dit cet après-midi et hier le
choix des options professionnelles au secondaire comme au collégial,
doit autant que possible reposer sur des critères positifs,
c'est-à-dire des aptitudes physiques, des aptitudes intellectuelles, des
goûts, des conditions familiales, parfois la difficulté
financière, je l'avoue.
Mais pour revenir à la question, c'est un fait qu'à
Montréal ce problème se pose et que la mission
d'intégration se penche présentement sur ce problème. Mais
il faudrait faire les distinctions que j'ai apportées entre le groupe
catholique et le groupe protestant.
M. GOLDBLOOM: Le ministre a déjà souligné le fait
et c'est un fait bien reconnu que l'éducation
professionnelle est offerte àdes étudiants de haute
qualité et qu'elle ne devrait pas être l'éducation des
moins doués. Mais le problème se pose pour celui qui,
malheureusement, par la volonté du bon Dieu, est moins doué que
d'autres. Il ne trouve pas son destin à l'université, il ne
trouve pas facilement son destin au CEGEP du milieu anglophone, Dawson College;
donc, le problème se pose tout particulièrement pour les familles
qui n'ont vraiment pas le choix, pour lesquelles le seul débouché
pour leur enfant, à cause de ses capacités, est une formation
professionnelle quelconque c'est-à-dire les métiers dans le sens
que nous discutons.
Je n'ai aucun mépris à l'endroit de cette formation, de
cette éducation, mais je constate un problème particulier en ce
qui concerne certains étudiants.
M. CARDINAL: D'accord. Il faudrait analyser chaque cas. Par exemple,
dans le cas de l'école de métiers de Verdun, l'entente semble
présentement difficile au sein du groupe d'intégration.
La population étudiante est peut-être insuffisante pour
alimenter cette école qui est une grande école de métiers.
Les possibilités d'entente avec la commission scolaire de la ville de
Lasalle ou celle de Verdun sont étudiées, mais ne sont pas
facilement réalisables. Il y a eu une demande d'intégration, dans
ce cas, au « Protestant School Board of Greater Montreal ». Le
personnel enseignant de l'école des métiers semble d'accord. Dans
ce cas je le prends comme exemple pour montrer que le ministère
ne l'oublie pas un comité spécial de représentants
de la région de Montréal a été formé et
tente de trouver une solution acceptable à toutes les parties
intéressées.
Je ne donne ce cas de Verdun que comme exemple du fait que la commission
d'intégration, dans ces cas, tente de faire des ententes qui permettent
une intégration qui ne soit pas au détriment de la
clientèle anglophone.
M. GOLDBLOOM: A Lachine, il y avait des
classes qui existaient et qui n'existent plus. Alors, il y a des
familles déçues parce qu'il n'y a pas de débouché
pour leurs enfants.
M. CARDINAL: C'est le même problème: Lachine, Verdun et
Lasalle.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CARDINAL: C'est la même partie de la ville de
Montréal.
M. GOLDBLOOM: Je remercie le ministre.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je vois ici, par exemple: Traitements. Vous
passez de $25 millions à $5 millions pour les écoles de
métiers et les instituts techniques.
M. CARDINAL: Quel article?
M. TREMBLAY (Montmorency): Le poste budgétaire 7.
M. CARDINAL: Oui, mais quel article?
M. TREMBLAY (Montmorency): Article 1: Traitements.
M. CARDINAL: Oui.
M. TREMBLAY (Montmorency): Que deviennent les professeurs dans les
écoles de métiers et d'instituts techniques?
M. CARDINAL: Lorsqu'il y a intégration d'une école de
métiers, que ce soit au niveau secondaire ou au niveau collégial,
c'est une intégration qui se fait totalement. C'est-à-dire qu'en
fait les bâtiments sont transmis à la commission scolaire, les
professeurs sont intégrés dans le système d'enseignement
de la polyvalente secondaire. Il y a d'ailleurs un travail qui se fait en
collaboration avec les syndicats d'enseignants pour que, lors de cet
intégration, les intéressés ne perdent pas des droits
acquis et s'intègrent, malgré certaines difficultés qui se
rencontrent: différences de salaires, systèmes de pension
différents, etc.
La question du député de Montmorency prouve justement ce
que je mentionnais tout à l'heure. Le nombre de personnes, 3,903, qui
dépendaient directement du ministère, parce que c'étaient
des écoles de métiers, est passé à 366. Ce qui veut
dire que les 3,600 autres ou 3,500 et quelques autres ont été, de
fait, intégrés.
Il n'y a personne qui n'ait été laissé sur le
pavé ou qui ait été abandonné à l'occasion
de cette intégration. Les problèmes que nous rencontrons, c'est
que parfois il peut arriver, dans certains secteurs, qu'il y ait un
surcroît de professeurs à cause de l'intégration; mais il y
a des accords, des congés sont donnés avec solde pour des fins de
perfectionnement, par exemple, ou de recyclage, pour permettre
l'intégration dans les nouvelles structures des professeurs, autrefois
d'écoles de métiers ou d'instituts technologiques. Il y a,
d'ailleurs, priorité d'engagement de ceux qui sont déjà
dans le système dans ces écoles secondaires ou dans les
collèges, dans l'école de métiers, et il y a un
comité conjoint composé de représentants des syndicats, de
représentants soit des commissions scolaires soit des CEGEP, selon le
cas, et du ministère. S'ils n'ont pas d'emploi, parce que c'est
impossible de les intégrer au collège ou à la commission
scolaire, à ce moment-là, ils sont intégrés dans
les cadres du ministère lui-même.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce qu'un effort spécial sera fait
cette année pour revaloriser les écoles de métiers et les
instituts technologiques? C'est-à-dire pour que la clientèle soit
plus forte et que les étudiants choisissent davantage les
métiers.
M. CARDINAL: Oui. Quand nous parlons d'instituts technologiques, c'est
au niveau du collège d'enseignement général et
professionnel. M. le Président, la question du député de
Montmorency se rapporte à la réponse que j'ai donnée au
député de Vaudreuil-Soulanges cet après-midi, en citant de
nombreux chiffres. Nous revenons exactement au même problème. J'ai
mentionné quelles étaient les étapes que le
ministère avait parcourues ou entendait parcourir pour augmenter et la
qualité et l'importance de l'enseignement des métiers ou
l'enseignement professionnel au niveau collégial.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 7, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 8: Subventions de
fonctionnement aux collèges d'enseignement général et
professionnel.
M. CARDINAL: Bien, il y a une explication simple. Vous remarquez une
augmentation qui est presque le double. Elle résulte de l'augmentation,
d'une part, du nombre des collèges, et, d'autre part, du nombre des
étudiants. De 23 collèges en septembre 1968, nous passons 1 30
collèges en septembre 1969, sans oublier les
collèges qui, sans être en état de fonctionnement,
auront une charte et auront un budget. Et de 35,520 étudiants, question
à laquelle j'ai déjà répondu au
député d'Ahuntsic, nous passons a plus de 51,000
étudiants.
M. LEFEBVRE: Est-ce que les subventions de fonctionnement sont multiples
ou s'il y a un seul barème? Je veux dire: Est-ce que c'est fait sur une
base per capita ou si c'est un système comparable à ce qui existe
pour l'établissement des budgets au niveau secondaire par exemple?
M. CARDINAL: Non. Cela se fait en collaboration avec chacun des
collèges et le ministère sur une base d'étude de budget,
mais à partir de normes et de critères qui sont établis au
ministère. Nous en déduisons par la suite des coûts per
capita, mais ces coûts per capita ne sont qu'une extrapolation parce que
le coût per capita peut varier beaucoup d'un collège à un
autre. Je prends deux exemples que le député d'Ahuntsic
comprendra. Je pense qu'il admettra facilement qu'il y a une différence
entre le per capita du collège d'Ahuntsic et celui de Gaspé. Le
nombre d'étudiants étant considérablement
différent, le nombre d'options n'étant pas du tout du même
genre, le genre d'institutions qui ont été
intégrées n'étant pas du tout non plus de même
nature. Alors ça ne se fait pas sur le per capita, ce qui serait un
critère absolument abstrait puisqu'il ne correspondrait pas aux
réalités des régions, des genres de collèges, des
équipements qui s'y trouvent. Cela se fait par une base d'étude
de budget pour chacun des collèges, en collaboration avec les
administrateurs de ces collèges, bien qu'après nous fassions des
calculs pour établir, pour des fins budgétaires futures, des
bases de per capita qui sont un résultat, mais non pas un point de
départ.
Pour donner des exemples, si vous voulez, si l'on prend pour base
l'année 1969-70 où le résultat per capita là
et non pas la base de départ est de $1,296 par étudiant,
ceci se répartit dans les proportions suivantes: pour l'enseignement
même, il y a $720; pour l'éducation permanente, il y a $2; pour le
laboratoire, il y a $63; pour la bibliothèque, il y a $54; pour le culte
pastoral, il y a $11 par élève. $11 par élève,
c'est une norme dans ce cas-là. Loisirs et sport, $7; santé, $4;
etc. On arrive à un montant total de $980 auquel on ajoute une somme
pour l'administration générale qui peut être très
variable d'un collège à l'autre et qui donne ce montant total de
$1,296, mais résultat par étudiant, en moyenne. Par rapport
à l'an passé, la moyenne était de $1,247. Il y a une
très légère augmentation.
M. LEFEBVRE: Le ministre vient d'expliquer avec beaucoup
d'à-propos qu'évidemment les dépenses per capita varient
selon la nature des cours et selon le nombre d'élèves, etc., dans
un cas comme celui du budget consacré au paiement des professeurs, le
ministre est-il d'opinion que la relation maître-élèves
doive varier également selon le type d'enseignement?
M. CARDINAL: M. le Président, on pourrait considérer la
question hors d'ordre. Je la prendrai autrement, par le biais en disant
que...
M. LEFEBVRE: Le ministre aura remarqué que je l'ai posée
en souriant.
M. CARDINAL: C'est ça.
M. LEFEBVRE: J'espérais contre toute espérance qu'il
justifiât sa position.
M. CARDINAL: Vous espériez contre toute espérance que je
me fasse attrapper.
M. LEFEBVRE: Non.
M. GOLDBLOOM: Vous n'êtes pas ici pour ça.
UNE VOIX: Le ministre est très intelligent. UNE VOIX: Ne le
faites pas rougir.
M. LEFEBVRE: Non, mais le ministre allait répondre quelque
chose.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CARDINAL: J'allais répondre que tout le monde comprend dans
cette salle que la relation maître-élèves est une relation
abstraite. J'ai déjà expliqué comment elle s'appliquait
à travers les institutions.
M. GOLDBLOOM: Une petite question, M. le Président, je n'ai pas
saisi le chiffre que le ministre vient de citer pour la
bibliothèque.
M. CARDINAL: Pour la bibliothèque, le coût moyen par
étudiant dans un collège d'enseignement général et
professionnel est de $54.
M. GOLDBLOOM: Approximativement 5% du coût total?
M. CARDINAL: Oui. D'accord. Mais seulement, ceci est une moyenne. Il y a
des collèges qui n'ont pas de fonds de bibliothèque, par exemple,
et pour lesquels la somme pourrait être tout autre. D'ailleurs, on verra
plus tard que le ministère fournit certains services en matière
de bibliothèque. Encore une fols, ces sommes-là, dans certains
cas, sont purement des résultantes et non pas un point de départ.
Si vous avez une institution qui devient CEGEP et qui a déjà une
bibliothèque considérable, le coût ne sera pas le
même par étudiant que si vous commencez une
bibliothèque.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministère a des normes pour la
proportion du budget qui devrait être affectée à la
bibliothèque?
M. CARDINAL: Non, il n'y a pas encore de critères. Encore une
fois, cette somme est une somme moyenne et, dans certains cas, des subventions
spéciales sont accordées pour des achats de collection, par
exemple, et non pas pour des livres isolés.
M. GOLDBLOOM: Oui, parce qu'après tout ce sont de nouvelles
institutions, dans plusieurs cas, où il faut construire la
bibliothèque. D'après des normes dont j'ai entendu parler
Je ne suis pas expert dans la matière on dit qu'au moins 6% du
budget devrait être consacré et vous êtes à 5%...
M» CARDINAL: Enfin, disons, une somme qui représente
environ 5%, et je dirai que, si l'on comparaît avec le niveau
universitaire... Au niveau universitaire, il y a eu de nombreuses études
et des rapports de faits, et l'on sait aujourd'hui quel est le coût moyen
dans une nouvelle université ou dans une université
établie par rapport au budget total de l'université. Au niveau
des collèges d'enseignement général et professionnel,
après vingt et un mois, alors que les collèges ont
été créés par groupes de 11, de 12 et de 7, on ne
peut pas encore établir une norme qui sera arbitraire. Quand le
réseau aura été complété et que l'on aura
atteint un minimum nécessaire partout, là, on pourra
établir des normes qui, d'ailleurs, sont relativement faciles à
établir. Je le répète, il y a eu de nombreuses
études de faites dans ce domaine de la bibliothéconomie.
M. GOLDBLOOM: Oui, et le ministre est grosso modo satisfait du
progrès dans ce secteur?
M. CARDINAL: Le ministre est satisfait du progrès dans ce
secteur, mais, encore une fois, il n'est jamais entièrement satisfait,
il désire toujours faire davantage, pour autant que les moyens le
permettent.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 8, adopté.
Poste budgétaire 9: Subventions aux collèges
d'enseignement général et professionnel pour achat, construction
et transformation d'écoles.
M. LEFEBVRE: Moi, je n'ai pas de question là-dessus. Quelqu'un
a-t-il des questions à poser de ce côté-ci?
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Poste budgétaire 10: Subventions aux collèges
d'enseignement général et professionnel pour le service de la
dette à long terme.
M. CARDINAL: Puis-je donner une explication? C'est que la diminution au
poste budgétaire 9, que nous venons de passer, est l'effet d'un
changement de politique du gouvernement c'est qu'au lieu d'acheter ou de
construire pour le compte des collèges, ces derniers achètent ou
construisent grâce à un nouveau mode de financement. Alors, c'est
ce qui explique les différences dans les chiffres. Le ministère
assume le service de la dette à long terme d'où le nouveau poste
budgétaire 10 qui n'existait pas.
M. LEFEBVRE: Je remarque que, lorsqu'on lui fait confiance, le ministre
est désarçonné et sent le besoin de s'expliquer.
M. CARDINAL: C'est de peur que certains ne comprennent pas et n'osent
pas poser la question pour ne pas le manifester.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 10, adopté.
Poste budgétaire 11: Direction générale de la
formation des maîtres, à la page 70.
M. CARDINAL: Je ne donnerai pas d'explications générales
de peur qu'on m'attribue des intentions...
M. LEFEBVRE: Moi, je n'ai pas de question...
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 11, adopté.
Poste budgétaire 12: Ecoles normales? Des questions?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il a été...
M. LE PRESIDENT: Un instant, le député de Montmorency,
s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Montmorency): Combien reste-t-il d'écoles
normales?
M. CARDINAL: II y a présentement, au moment où je
réponds à la question, 42 institutions de formation de
maîtres qui existent.
M. TREMBLAY (Montmorency): Elles sont toutes sous juridiction de l'Etat,
du ministère?
M. CARDINAL: Sous Juridiction, oui, mais il y a encore des institutions
privées.
M. TREMBLAY (Montmorency): Combien y a-t-il d'institutions
privées?
M. CARDINAL: 28 institutions privées.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire 12,
adopté.
M. GOLDBLOOM: S'il vous plaît, M. le Président, il a
été question, l'an dernier surtout, de la fusion de certaines
institutions dans ce domaine. Il y a eu une mission surtout dans l'Ouest du
Québec. Est-ce que le ministre peut nous faire rapport sur le
progrès de ces travaux.
M. CARDINAL: Certainement, M. le Président, si l'on regarde le
total des montants attribués à ce poste, l'année
dernière c'était $11,296,400 et cette année $6,604,000.
Cette différence de près du double s'explique par
l'intégration de certaines écoles normales, soit aux
collèges d'enseignement général et professionnel pour les
cours de niveau préuniversitaire et aux universités pour les
cours au niveau universitaire et, plus particulièrement, en cours
d'année à l'Université du Québec.
M. GOLDBLOOM: Le ministre se souviendra que nous avons souligné
à plusieurs reprises le fait que des étudiants et des
enseignants, dans des écoles normales, n'étaient pas en mesure de
savoir où se diriger pour le mois de septembre, et c'était
déjà vers la fin de l'année scolaire. Est-ce que tous ces
problèmes sont maintenant résolus? Je pense à
l'école normale de Chapeau dans l'Ouest de Québec, dans le
comté de Pontiac.
M. CARDINAL: Celui-là est résolu.
M. GOLDBLOOM: A l'école normale de Hull, il y avait
plusieurs...
M. CARDINAL: Encore une fois, tous les problèmes ne sont pas
résolus. Ce serait de l'impertinence que de répondre de cette
façon; mais vous vous rappelez que l'an passé j'avais
annoncé la création d'une mission d'intégration qui
poursuit son travail. Le cas que nous venons de donner est un des cas
résolus. Hyena d'autres qui ne le sont pas encore, la mission n'ayant
pas terminé son travail. Il y avait eu je pense que je vous l'ai
mentionné lors des débats sur les crédits l'an
passé des régions prioritaires qui avaient
été données comme régions où la mission
devait d'abord travailler, et l'une de ces régions prioritaires
était celle de Hull-Gatineau-Pontiac.
M. GOLDBLOOM: Une dernière question pour ma part, M. le
Président: Est-ce que nous formerons cette année plus de
maîtres que l'an passé et quelle est la différence?
M. CARDINAL: Ce sera grosso modo, pour autant que nous pouvons le
prévoir, à peu près le même chiffre,
c'est-à-dire environ 8,000 brevetés.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste budgétaire 12 adopté.
Avez-vous une question, M. Tetley?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parmi les 28 institutions privées qui
restent, est-ce que d'autres seront intégrées au système
public ou si...
M. CARDINAL: Oui, il se pourrait. Les institutions privées se
trouvent devant deux faits, la mission d'intégration qui fait le travail
de concert avec les institutions publiques ou privées, et, d'autre part,
pour celles qui demeurent ou demeureront, le bill 56 leur permet un
financement. Ce bill s'applique à tous les niveaux et dans toutes les
catégories.
Mais il y aura une continuation à cette intégration. Le
but de la mission est normalement d'Intégrer soit au niveau
collégial, public ou privé, soit au niveau universitaire la
formation des maîtres. Il restera donc des institutions privées.
Je n'en connais pas le nombre au moment où je vous parle.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 12: Ecoles normales,
adopté. Poste budgétaire 13: Direction générale de
l'équipement.
M. CARDINAL: M. le Président, me permet-
tez-vous quand même une remarque pour rassurer le
député de Montmorency? Je sais qu'il avait des
inquiétudes. J'ai toujours employé le mot «
intégration » en parlant des écoles normales. La mission
d'intégration est une mission et d'intégration et de
coordination. Quand j'évoque le bill 56, j'entre dans la partie de la
coordination, si vous voulez, entre le secteur public et le secteur
privé.
M. TREMBLAY (Montmorency): Un dernier détail, si vous voulez,
avant... Quel est le coût per capita, par élève?
M. CARDINAL: Dans la formation des maîtres au niveau des
écoles normales? C'est un chiffre qui est encore abstrait, mais disons
que c'est sensiblement le même qu'au niveau collégial,
c'est-à-dire environ $1,200 par élève.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 13...
M. CARDINAL: Evidemment, il peut y avoir de fortes variations. Si vous
êtes dans une très petite école... mais en moyenne...
M. TREMBLAY (Montmorency): Mais pour les subventions aux institutions
privés, vous vous basez sur cette moyenne de $1,200?
M» CARDINAL: Pour les subventions aux institutions privées,
celles qui bénéficieront du bill 56, à l'avenir ce sera la
règle de 60% ou 80%, selon que la loi le prévoit.
M. LE PRESIDENT: Direction générale de
l'équipement,...
M. LEFEBVRE: M. le Président, au poste budgétaire 13, nous
avons un certain nombre de questions à poser. Je ne sais pas si le
ministre a une déclaration préliminaire à faire ou s'il
préfère que nous passions tout de suite aux questions?
M. CARDINAL: Elle sera très brève. Comme il a
été exposé à plusieurs reprises à d'autres
postes budgétaires et particulièrement dans le texte du
début, au cours des observations générales, certaines
tâches comme l'élaboration des normes et des procédures
sont terminées. Il a été possible de diminuer d'une
manière appréciable le recours à des spécialistes
de l'extérieur.
M. LEFEBVRE: C'est votre déclaration? M. CARDINAL: C'est ma
déclaration.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ma première question
concerne un contrat qui a fait couler beaucoup d'encre et passablement de
salive jusqu'à maintenant, le contrat entre le gouvernement du
Québec et la firme Lalonde àVa-lois. Il en avait
été question l'an dernier lors de l'étude des
crédits. Le ministre a répété à deux
reprises qu'il n'avait pas d'objection à déposer ce contrat.
Ce soir, je lui demande officiellement, au nom de l'Opposition:
Aurait-il l'amabilité de déposer une copie du contrat de
même que la soumission de la compagnie Kayser concernant le travail pour
lequel la compagnie Lalonde à Valois a été
embauchée?
M. CARDINAL: M. le Président, je suis disposé à
déposer copie du contrat. Cependant, la question du comté
d'Ahuntsic est peut-être complète quant à lui, mais je la
trouve incomplète quant au gouvernement et au ministère, il ne
faudrait pas laisser croire qu'il n'y avait que deux soumissions.
Si on fait un très bref historique, si vous me le permettez,
c'est que, le 4 avril 1967, un CT autorisait la Direction
générale de l'équipement à employer la firme
Lalonde, Valois, Lamord, Valois à Associés dans le but d'ajouter
et non de remplacer comme je l'ai déjà dit en Chambre
au personnel technique du service des plans et devis un certain nombre
de membres pour satisfaire au programme de constructions établies.
La durée du contrat était d'environ deux ans, à un
coût prévu d'environ $175,000 dans ce CT pour l'année
budgétaire 67/68; y était spécifiée la question du
personnel additionnel, etc. En juillet 1967, M. Jacques Parizeau avait
demandé d'accélérer au maximum la mise en place du
réseau d'écoles polyvalentes pour des motifs reliés
à l'économie provinciale. Dans ce but, le personnel de la firme,
à toutes fins pratique s, a été doublé. Des bureaux
additionnels ont été accordés.
Si l'on se reporte aux soumissions, je n'ai pas le tableau devant mol,
mais il y avait douze soumissionnaires et non pas simplement deux. C'est
pourquoi je voulais apporter cette précision.
Alors, M. le Président, il y a donc ici une copie de ce contrat
de services professionnels entre le gouvernement du Québec,
représenté par le sous-ministre de l'Education, et la
société Lalonde, Valois, etc., appelée
lasociété, contrat qui a été signé le 18
avril 1968 par le gouvernement et par la société en question.
M. LEFEBVRE: Je remercie le ministre. Il
comprendra que nous devrons évidemment jeter un coup d'oeil sur
le contrat, je ne vais pas le faire séance tenante pour ne pas
retarder...
M. CARDINAL: Je pourrais apporter demain le détail des
soumissions.
M. LEFEBVRE: Je vais confier cela à mon avocat.
M. TREMBLAY (Montmorency): Quelles sont les responsabilités de la
Direction générale de l'équipement?
M. CARDINAL: A la Direction générale de
l'équipement, comme les mots l'indiquent, il s'agit tout d'abord de
prévoir la construction, le mot « équipement » ici
est pris dans son sens français, c'est-à-dire qu'il
désigne tout d'abord les édifices, si l'on veut, et ce qui est
nécessaire à l'intérieur de ces édifices pour
permettre l'enseignement. Alors, ce n'est donc pas l'équipement au sens
strict où on l'emploie ordinairement ici, mais dans son sens le plus
général. Et quand on parle de la firme Lalonde, Valois, etc., le
but principal c'était justement le programme de construction des
écoles, et c'est une des responsabilités importantes de la
Direction générale de l'enseignement.
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors, ils ont le contrôle des
soumissions, des contrats, de la surveillance des travaux...
M. CARDINAL: Bien, disons qu'ils établissent des normes, ils
établissent des critères, ils voient à ce que les
procédures soient suivies. Ce sont les commissions scolaires qui,
elles-mêmes, vont en appel d'offres, ouvrent les soumissions, font
rapport au ministère, qui, lui, ensuite approuve, s'il le juge à
propos, ou refuse ou demande de nouvelles soumissions. Le ministère ne
va pas directement en soumissions, sauf pour les écoles qui sont
directement de sa compétence et qui sont de moins en moins
nombreuses.
M. TREMBLAY (Montmorency): L'école régionale de
Charlesbourg...
M. LEFEBVRE: M. le Président, si vous me le permettez, j'aurais
une question de procédures à soulever ici. Je ne veux absolument
pas nuire à la liberté du député de Montmorency de
poser toutes les questions qu'il veut poser évidemment.,.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je l'espère bien.
M. LEFEBVRE: Cependant, je crois que tout le monde conviendra qu'il
serait peut-être normal, comme je suis ici le porte-parole de
l'Opposition officielle et que j'ai un certain nombre de questions à
poser au ministre, pour éviter un cheminement d'un sujet à
l'autre et d'une perspective à l'autre, peut-être serait-il
préférable que j'épuise mes questions, ce qui ne restreint
la liberté du député de Montmorency qui pourra ensuite
poser au ministre, j'en suis sûr, toutes les questions qu'il voudra,
à son tour, mais peut-être que cela mettrait plus d'ordre.
M. TREMBLAY (Montmorency): Si vous les posez, je n'aurai pas la peine de
les compléter.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je remercie encore une fois
le ministre d'avoir bien voulu déposer le contrat. Est-ce
qu'également le ministre aurait l'amabilité de nous donner
connaissance de la soumission de la compagnie Kayser, en particulier?
M. CARDINAL: On pourrait apporter demain le détail des
soumissions, je ne les ai pas avec moi, au moment où je réponds
à cette question.
M. LEFEBVRE: C'est bien, nous prenons note. Maintenant, M. le
Président, j'aimerais que le ministre nous dise exactement, qui est
responsable actuellement du secteur de l'équipement, qui prend les
décisions au nom du ministère lorsqu'il s'agit de projets de
construction d'écoles?
M. CARDINAL: Je ne sais pas comment je puis prendre la question d'une
façon précise. La Direction générale de
l'équipement est une des grandes directions générales.
Elle est présentement sous la responsabilité de M. Michel
Gendron, qui est directeur général adjoint du service de
l'équipement. Cette direction générale, pendant un certain
temps, dépendait de M. Maheux, qui était sous-ministre et qui est
passé ensuite au service du ministère des Travaux publics. Elle
dépend présentement, au point de vue de la responsabilité
au sein du ministère, de M. Jean-Marie Beauchemin, sous-ministre
associé.
Qui prend les décisions? Il faut référer 1 la loi.
Car, en fin de compte, dans ce domaine-là, en vertu de la Loi de
l'Instruction publique, c'est le ministre qui donne l'autorisation ou refuse
l'autorisation. Mais encore là, il faut voir qu'il y a une
procédure qui est suivie, c'est que le ministre n'arrive qu'au bout de
la ligne, ce n'est pas lui qui étudie les soumissions et tout le
res-
te. Il se fie à la recommandation de ses officiers et de ceux qui
l'assistent, de ses conseillers, pour donner une autorisation, sauf lorsqu'il
lui apparaît lui-même pour des motifs qu'il connaît et qui
peuvent parfois ne pas avoir été portés à la
connaissance de certains officiers, puisqu'il fréquente la Chambre et
qu'il a des contacts, il lui arrive d'user de la discrétion que la loi
lui accorde lorsqu'il est juge dans le meilleur intérêt du
gouvernement et de la population.
M. LEFEBVRE: M. Gendron si je comprends bien, agit depuis un certain
temps comme directeur général adjoint de cette direction?
M. CARDINAL: Oui, M. Gendron agit à ce titre depuis le
départ de M. Maheux pour le ministère des Travaux publics. Je
n'ai pas la date en mémoire, mais c'est depuis ce moment. Il
était déjà à ce poste, sous M. Maheux. Il
était déjà le directeur adjoint de ce service depuis
environ deux ans avant...
M. LEFEBVRE: Sous M. Maheux.
M. CARDINAL: ... le départ de M. Maheux. Alors, ce n'est pas un
nouvel employé qui a remplacé quelqu'un d'autre. Il était
déjà là.
M. LEFEBVRE: Et au niveau des cadres, est-ce que le ministre voudrait
bien nous dire combien il y a de personnes environ qui travaillent sous la
direction de M. Gendron? Je parle des cadres...
M. CARDINAL: Du ministère.
M. LEFEBVRE: Oui. Des permanents et non pas des consultants.
M. CARDINAL: Nous allons vous le dire ce ne sera pas long. C'est 65
personnes.
M. LEFEBVRE: C'est 65 personnes?
M. CARDINAL: Dans l'effectif permanent du ministère, à la
Direction générale de l'équipement.
Pour revenir à votre question de tantôt, disons que la
Direction générale de l'équipement et en même
temps, je réponds aux questions des députés d'Ahuntsic et
de Montmorency n'est pas la seule direction qui s'occupe de la
construction, puisque les priorités, quant aux projets, sont d'abord
établies par la direction générale de
l'élémentaire et du secondaire. La Direction de
l'équipement est un service qui vient ensuite et qui prend charge de
l'exécution des projets prioritaires.
M. LEFEBVRE: Ces 65 personnes, comment se répartissent-elles
selon leurs qualifications professionnelles? Je veux dire: Est-ce qu'il y a un
grand nombre d'architectes, d'ingénieurs...?
M. CARDINAL: On pourrait vous préparer un tableau qui indique
pour chacun...
M. LEFEBVRE: Non, mais je suis certain que les officiers du
ministère peuvent dire au ministre, à peu près...
M. CARDINAL: Si vous pouvez attendre un peu, je vais vous les
donner.
M. LEFEBVRE: Pendant qu'on recherche ce détail, j'aimerais
rappeler au ministre un incident qui s'est produit en Chambre alors qu'il
était absent, je crois, alors que le premier ministre, à quelques
reprises, avait fait allusion à la démission de M. Gilles
Bergeron comme sous-ministre adjoint. Je lis ici, en date du 27 mars, dans le
journal des Débats, une question du député d'Ahuntsic
M. le Président, ma question s'adresse au premier ministre:
« Le premier ministre, compte tenu des faits qu'il a
révélés tout à l'heure i la Chambre, serait-il
d'accord maintenant pour que la commission de l'éducation siège
et invite M. Gilles Bergeron à venir répondre aux questions des
députés? »
Un de mes copains a alors fait un gag là... Mais ce qui est
important, c'est la réponse du premier ministre.
M. GRENIER: Lequel?
M. LEFEBVRE: M. Bertrand: « J'ai répondu tantôt
à cette question. Je n'ai aucune objection. Si on veut le faire venir
M. Bertrand continue un peu plus loin communiquez donc avec lui
».
Evidemment, je lui ai fait remarquer que ce n'était pas moi le
premier ministre, que c'était lui, du moins pour le moment ai-je
ajouté, pour être fidèle dans ma lecture. Comme j'avais
reçu quand même une invitation officielle du premier ministre,
à communiquer avec M. Bergeron, je l'ai fait. J'ai
téléphoné à M. Bergeron. Je lui ai fait part des
débats que nous avions eus en Chambre; d'ailleurs il en avait pris
connaissance par les journaux. Il avait d'ailleurs lui-même
répliqué, à un journaliste, et l'on se souviendra qu'il ne
semblait pas particulièrement heureux de l'interprétation que le
premier ministre avait donnée en Chambre aux motivations de sa
démission.
Quoi qu'il en soit, compte tenu de l'invitation qui a été
faite officiellement par le pre-
mier ministre, ma question est la suivante: Est-ce que le ministre de
l'Education conviendrait que nous invitions pour notre séance de mardi
prochain M. Bergeron à venir témoigner devant le membres de ce
comité et à éclalrcir, peut-être, certaines choses
concernant les motifs de sa démission, démission que le premier
ministre s'est permis d'interpréter d'une façon qui a
semblé injuste à l'intéressé et qui a paru injuste
également je dois le dire en toute franchise aux membres
de l'Opposition.
Je pense que M. Bergeron, qui a été à l'origine de
la Direction générale de l'équipement, si mon souvenir est
bon, qui a été à l'origine de l'Opération 55,
aurait sans doute des choses intéressantes à dire, aux membres
des deux côtés de la Chambre qui voudront bien lui poser des
questions. C'est pourquoi je formule la proposition à l'effet que nous
invitions M. Bergeron à venir à l'une de nos prochaines
séances.
M. GRENIER: ... pour tous ceux qui ont été
remerciés, il faudrait remonter à 1960.
M. LEFEBVRE: Je préfère que le ministre réponde
lui-même.
M. CARDINAL: M. Bergeron, dans une lettre du 8 mars 1967
déposée à l'Assemblée nationale si mes souvenirs
sont bons, indiquait son désir de quitter officiellement son poste de
sous-ministre adjoint au ministère de l'Education, en date du 11 mars
1967.
Je pense que, depuis le 11 mars 1967, nous avons eu le loisir, 3.
plusieurs reprises, étant donné que cette commission siège
depuis 10 mois, d'inviter M. Bergeron; comme l'honorable Jean-Jacques Bertrand,
je ne m'oppose pas à ce genre d'invitation, mais je ne prendrai pas sur
mes épaules le soin de remplacer la commission et d'accepter ou de
refuser. J'aimerais bien que les membres de la commission se prononcent sur la
nécessité ou l'utilité de convoquer M. Bergeron.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me le permettez, M. le
Président, je crois que la demande que fait actuellement le
député d'Ahuntsic est absolument irrégulière. Il
s'agit d'un fonctionnaire qui a quitté volontairement le
ministère de l'Education, qui n'a donc rien eu à voir à la
préparation du budget que nous sommes à étudier, et je ne
vols pas de quelle utilité il pourra être ici pour nous expliquer
quel est le bien-fondé des demandes de crédits que fait
actuellement le ministre de l'Education. Je propose donc, à moins que
d'autres collègues aient d'autre chose à dire, que la question
soit mise aux voix si le député en fait une proposition
ferme.
M. LEFEBVRE: M. le Président, voici...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député d'Ahuntslc veut
répondre à la question?
M. LEFEBVRE: Si j'en fais une proposition? M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEFEBVRE: Ah oui, sûrement! Appuyé par mon
collègue M. LeChasseur qui est membre du comité. Le
résultat est connu à l'avance, mais cela ne fait rien, c'est bon
que ce soit inscrit dans les procès-verbaux.
M. LECHASSEUR: Quelles seraient les objections actuellement du ministre
des Affaires culturelles?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, les objections sont très simples,
M. LeChasseur. Vous avez peut-être beaucoup plus d'expérience que
je n'en ai dans l'interprétation des règlements. Mais voici qu'il
s'agit d'un fonctionnaire qui a quitté le ministère
volontairement, qui n'a pas participé à la préparation du
budget que nous étudions actuellement, et le but de la réunion de
cette commission, c'est d'étudier le budget pour l'exercice 69/70.
Alors, le fonctionnaire en question, qui a quitté volontairement en
1967, ne peut nous apporter aucune lumière sur les divers articles du
budget qui font actuellement l'objet de l'étude de la commission. Alors,
je crois que la demande du député d'Ahuntsic peut être
fondée, si nous pensons à la curiosité que cela pourra
satisfaire en ce qui le concerne; mais cela ne peut pas aider les travaux de la
commission puisque nous étudions le budget 69/70, et que M. Bergeron,
étant parti depuis longtemps, n'a rien eu à voir à la
préparation de ce budget. Nous sommes à un poste
spécifique du budget 69/70, et je ne vois pas ce que M. Bergeron puisse
venir nous dire.
M. LE PRESIDENT: Alors, tel que demandé nous allons...
M. LEFEBVRE: Si vous permettez, M. le Président, nous pouvons
argumenter. Mol, J'étais convaincu que le ministre accepterait de bon
gré cette suggestion.
M. CARDINAL: II n'a pas refusé de mauvais gré. Il s'en
remet à la décision de la commission.
M. LEFEBVRE: Oui, je comprends, mais cela veut dire qu'il est contre,
c'est bien clair.
M. CARDINAL: Oh! pardon, M. le Président...
M. LEFEBVRE: Même si c'est d'une façon princière...
Mais voterez-vous pour?
M. BOUSQUET: Même le député de Verchères ne
peut pas l'appuyer.
M. CARDINAL: Je voterai selon ma conscience, M. le Président.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ne tentons pas...
M. LE PRESIDENT: Attendons le vote tout à l'heure, nous
verrons.
M. LEFEBVRE: Les Anglais, M. le Président, ont une façon
élégante de parler des gens qui tiennent le genre de langage que
le ministre vient de tenir en disant: « They speak from both sides of
their mouth ».
M. CARDINAL: Moi, je trouve...
M. BOUSQUET: Même le député français de
Verchères n'est pas prêt à vous appuyer.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je pense que M. Bergeron, au
contraire, aurait beaucoup de choses à apprendre aux membres du
comité. D'abord, il aurait à se défendre lui-même,
il a été injustement traité par le premier ministre qui a
donné à sa démission une explication...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Hors d'ordre!
M. LEFEBVRE: J'entends des vociférations, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT; M. Tremblay a demandé la parole sur une question
de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je viens de dire, en réponse à
l'observation qu'a fait le dé- puté de Verchères, que le
but de la réunion de cette commission était d'étudier les
prévisions budgétaires 69/70. Or, le député
d'Ahuntsic nous demande de convoquer un fonctionnaire qui est parti depuis
1967, qui n'a eu rien à voir avec la préparation de ce budget.
Peu importe que l'on ait interprété d'une façon ou de
l'autre sa démission, je ne vois pas que ce soit le lieu pour M.
Bergeron de venir s'expliquer. Il a eu, depuis très longtemps, le temps
de s'expliquer. Il y a d'ailleurs d'autres tribunes pour s'expliquer, dont la
presse, dont la télévision, etc., et il peut engager s'il le veut
un débat personnel avec le premier ministre qui a fait des observations
à ce sujet. Le but de la réunion de cette commission est
d'étudier des prévisions budgétaires. Nous sommes à
un poste précis et je ne comprends absolument pas le sens de la demande
que fait le député d'Ahuntsic.
Nous ne sommes pas ici pour discuter du départ ou de l'engagement
d'un fonctionnaire, nous sommes à un poste très précis qui
est la direction générale de l'équipement et nous avons
à justifier du bien-fondé de la demande de crédits faite
par le ministère de l'Education.
Je crois que la proposition du député d'Ahuntsic ne
s'explique absolument pas et doit être rejetée, même sans
être mise aux voix parce qu'elle est irrégulière.
M. BOUSQUET: Elle est irrégulière.
M. LEFEBVRE: Je dois éclairer la lanterne du député
de Chicoutimi, l'honorable ministre des Affaires culturelles.
M. GRENIER: Ce n'est pas l'humilité qui vous étouffe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une lanterne que j'ai, c'est une
dynamo.
M. LEFEBVRE: Je vous le dis en toute modestie. C'est parce que le
ministre ne semble pas faire de relation entre certains faits, son instinct
pour les enquêtes ou pour les analyses n'est pas très
poussé.
Le ministre de l'Education vient de dire que, le 4 avril 1967,ily a eu
un CT ça c'est un machin du Conseil de la
trésorerie...
M. CARDINAL: C'est ça c'est une demande au Conseil de la
trésorerie.
M. LEFEBVRE: Voilà! Elle a été
expédiée au Conseil de la trésorerie relativement à
la signature d'un contrat avec la maison Lalonde et Valois. Or, il serait
intéressant M. le Président
il n'est pas d'usage pour les membres de cette Chambre de
révéler ou d'utiliser des renseignements dont ils ont eu une
connaissance en dehors de leurs fonctions officielles mai s quant
à moi, je présume qu'il serait fort intéressant de
connaître les origines de ce contrat en entendant l'homme qui, à
ce moment-là, avait la responsabilité première en
matière de construction scolaire et de planification des constructions
scolaires.
S le ministre des Affaires culturelles, lui, ne voit pas le lien entre
les deux choses, de deux choses l'une, ou il a la vue courte ou sa
partisa-nerie l'aveugle. Mais quant à nous, M. le Président, nous
croyons qu'il serait fort pertinent d'entendre M. Bergeron. Remarquez que
j'étais tellement certain de l'acceptation du ministre à la suite
de l'invitation du premier ministre que je n'ai pas cherché à
argumenter longuement. J'ai mentionné que cette visite de M. Bergeron
lui permettrait de se justifier et de clarifier certaines choses. Bien
sûr, ce n'est pas l'argument de base. J'admets que M. Bergeron n'a
qu'à donner une conférence de presse et il pourra dire tout ce
qu'il veut sur les déclarations du premier ministre; mais notre
intention, en demandant à M. Bergeron de venir à la barre de
cette commission n'est pas tellement de se justifier lul-même comme de
nous éclairer sur certaines transactions qui nous apparaissent avoir
été faites dans des circonstances douteuses.
Je l'ai dit en maintes circonstances et je le répète: II y
a dans toute cette affaire une situation de conflit d'intérêt qui
est scandaleuse à sa face même, dont le ministre a nié
l'existence l'an dernier et qui pourtant a entraîné la
démission inexpliquée, annoncée par le ministère de
l'Education, d'un commissaire d'école à Montréal
nommé par le gouvernement actuel.
M. CARDINAL: Pardon, M. le Président...
M. LEFEBVRE: Le ministre des Affaires... Mais si j'ai la parole, j'ai la
parole. Si vous avez un point d'ordre, vous pouvez toujours le soulever, mais
vous aurez à le justifier.
M. le Président, le ministre des Affaires culturelles, qui ne
semble rien comprendre, qui ne connaît peut-être d'ailleurs rien
à ce dossier... Je suis prêt à plaider ignorance en sa
faveur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Plaidez votre propre ignorance!
M. LEFEBVRE: Je veux bien. Je sais ce dont je parle, c'est la
différence peut-être avec le ministre des Affaires culturelles.
Or, nous sommes ici...
M. BOUSQUET: Dans les choses douteuses. M. LEFEBVRE: Nous sommes ici en
face...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voulez-vous dire que vous êtes un
habitué des scandales?
M. BOUSQUET: Oui, oui.
M. LEFEBVRE: Nous sommes ici en face d'une situation qui a
été abondamment commentée dans les journaux, qui a
été abondamment commentée dans les séances
publiques de la Commission des écoles catholiques de Montréal,
d'une situation qui est pour le moins trouble. Je ne fais d'accusation
précise envers personne, envers aucun individu, mais je dis que c'est
une situation de conflit d'intérêt à sa face même
quand à un moment donné je l'ai dit et je vais le
répéter encore une fois puisqu'un certain nombre de ces messieurs
ne semblent pas comprendre quand vous avez, dans toute la planification
des constructions scolaires, un réseau où tout tourne autour de
la même firme Lalonde à Valois, le sous-ministre adjoint qui a
remplacé M. Bergeron vient de là, les consultants viennent de
là, tous les consultants qui entourent le ministre de l'Education et qui
le conseillent en matière de construction scolaire, le commissaire qui a
le gros mot à dire à Montréal et dans le choix des
professionnels et dans l'acceptation des constructions, il vient de la
même firme et il est employé du ministère lui aussi, tout
ça, on le conte au ministre l'an passé, et il dit: II n'y a pas
de conflit d'intérêt là-dedans. S'il n'y avait pas de
conflit d'intérêt, le ministre aujourd'hui veut-il expliquer aux
membres de cette Chambre pourquoi la démission de M. Le-Borgne a
été annoncée par un communiqué non identifié
mais venant vraisemblablement du ministère de l'Education
qui a été distribué aux membres de la tribune de la presse
le jour même...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. LEFEBVRE: Justifiez votre point de vue.
M. LE PRESIDENT: Sur un point de règlement, le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le rappel au règlement porte sur ceci.
Il y a une proposition ferme qui a été faite par le
député d'Ahuntsic,
à savoir la convocation d'un fonctionnaire qui a
démissionné. A l'heure actuelle, le député
d'Ahuntsic est en train d'entrer dans le fond du débat. Il nous faut,
auparavant, disposer de la proposition qu'il a soumise, avant d'entrer dans le
fond du débat, si toutefois cette proposition était soumise.
Alors, que le député s'en tienne strictement à sa
proposition, à savoir la demande de convocation de M. Bergeron,
fonctionnaire démissionnaire depuis 1967.
M, LEFEBVRE: Le ministre ne pourra que retarder les travaux de la
commission en soulevant des points d'ordre aussi mal fondés.
Le ministre des Affaires culturelles le sait très bien, mais il
pense m'intimider en parlant de points de règlements. Encore faudrait-il
qu'il l'explique, qu'il le fonde sur un article précis. Il n'y aucun
règlement de cette Chambre qui interdise...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement tout de suite.
En comité des subsides...
M. LEFEBVRE: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... chaque article du budget des
dépenses est pris en considération. A la note, on dit ceci: Le
débat doit porter exclusivement sur l'article à
l'étude.
M. LEFEBVRE: C'est clair.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Or, le député a fait une
proposition demandant la convocation d'une personne qui est
étrangère à cette commission. Nous devons disposer de
cette motion avant d'aller plus avant.
M. LEFEBVRE: Si le ministre veut faire de la procédure, nous
allons en faire. Lui qui prétend si bien comprendre le français!
Vous avez entendu la lecture de ce texte? Qu'est-ce que le texte dit. Il dit
qu'on doit discuter article par article. C'est clair comme le jour. Or, je suis
au poste 13 et j'ai fait une proposition qui concerne le poste 13. Ce n'est
certainement pas le député de Chicoutimi qui va décider
combien longtemps je vais parler sur ma proposition ni quels arguments
j'emploierai.
J'avertis le député de Chicoutimi qu'il perd son temps et
qu'il allongera les travaux de cette commission en voulant restreindre ma
liberté absolue de parole sur la proposition qui est devant nous. C'est
clair?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mon intention n'est pas du tout de
restreindre...
M. LEFEBVRE: Alors, écoutez donc un peu, vous allez vous
instruire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le droit de parole du député
d'Ahuntsic. Il en use et en abuse à volonté. Le problème
est de savoir si sa proposition est recevable ou non. Tout à l'heure
nous avons donné des arguments à l'effet que cette proposition
n'est pas recevable. J'ai indiqué que le député entrait
dans le fond du débat avant d'avoir reçu la permission de la
commission de le faire. C'est le fond du problème.
M. LEFEBVRE: Non, je regrette. L'argument en faveur de ma proposition
est à l'effet d'inviter M. Bergeron. Lorsque la commission aura
voté contre ma proposition, ce ne sera plus le temps d'argumenter en sa
faveur. Voyons donc!
J'espère que le ministre des Affaires culturelles, même si
je comprends qu'il voudrait bien que nous attaquions le moins possible son
candidat favori, aura la tolérance et la gentilhommerie de
m'écouter. Or, je disais avant que l'on m'interrompit c'est du
bon français, ça!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait vieux style!
M. LEFEBVRE: Je disais donc ceci...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est de votre époque. C'est bien.
M. LEFEBVRE: Je disais que le ministre devra à un moment
donné expliquer certaines choses. Je disais cela à la
défense de ma proposition d'inviter M. Bergeron, parce que je crois
savoir que celui-ci est l'un des hommes qui peuvent le mieux éclairer un
secteur qui, à mon avis, reste trouble. Or, pourquoi le gouvernement,
après que le premier ministre eut officiellement et solennellement
déclaré en Chambre qu'il n'avait pas d'objection, comment se
fait-il que le ministre de l'Education, aujourd'hui, lui, voit des objections
et qu'il essaie...
M. CARDINAL: Je n'ai jamais dit cela.
M. LEFEBVRE: Ecoutez, soyons francs. Si vous êtes favorable, vous
allez voter pour. Voyons, ne venez pas nous dire que vous êtes
favorable à ma proposition alors que vous annoncez que vous allez
voter contre. Quand même, vous n'êtes pas au jardin de l'enfance,
ici Vous êtes dans une réunion d'adultes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... c'est le « nous »
épiscopal, j'imagine.
M. LEFEBVRE: Non, non, c'est le « nous collectif. Alors, M. le
Président...
M, MALTAIS (Limoilou): Je soulève un point d'ordre.
M. LEFEBVRE: Si le ministre s'en mêle, cela va éclairer
beaucoup.
M. MALTAIS (Limoilou): Après avoir écouté longtemps
le député d'Ahuntsic..
M. LEFEBVRE: Cela commence seulement.
M. MALTAIS (Limoilou): Si c'est une enquête pour un cas
particulier ou une personne en particulier que le député
d'Ahuntsic veut faire, il faudrait qu'il en éclaire la commission
d'abord. La commission, à ce moment-là, se prononcera sur quelque
chose de valable. On ne peut pas se prononcer sur quelque chose de valable,
à savoir si l'on doit oui ou non faire venir ici une personne, à
moins de savoir à quel sujet, s'il s'agit d'une enquête.
Alors, si c'est le désir du député d'Ahuntsic de
faire une enquête ici, qu'il manifeste clairement sa proposition à
ce sujet et là le comité, à mon point de vue, aura
à se prononcer.
Si le comité en vient à la conclusion qu'il n'y a pas lieu
à une enquête sur le cas, il n'est pas question de faire venir et
de faire assigner un témoin. On ne peut assigner un témoin devant
la Chambre et à plus forte raison devant un comité que s'il y a
une matière et donc une enquête quelconque. Il faudrait d'abord
déterminer si oui ou non nous devons faire une enquête sur le
cas.
M. LE PRESIDENT: Alors, je crois bien qu'il faudrait se restreindre dans
ses discussions à parler sur la proposition que nous avons sur la table
actuellement et non pas sur le fond. Si nous avons quelque chose à dire
à la suite de cette proposition-là, nous pouvons continuer, sinon
nous en viendrons aux voix.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Je suis certain, M. le Président, que
vous allez, dans votre impartialité dont je n'ai aucun doute, admettre
que la justification de ma proposition est précisément le fait
que M. Bergeron est placé dans une position où il peut
éclairer tout le débat que nous entreprenons sur le
problème de l'administration, de la Direction générale de
l'équipement. Or, évidemment, il ne s'agit pas simplement de
faire une proposition disant: Invitons donc M. Bergeron et là nous
sommes pour ou contre. Pour justifier cette proposition, parce que c'est un peu
exceptionnel d'inviter un ancien fonctionnaire à venir témoigner,
je l'admets, mais pour justifier cela, il faut bien vous dire un peu pourquoi.
Et ce pourquoi je suis intéressé à ce que M. Bergeron
vienne devant le comité... Je répète que le premier
ministre a dit qu'il était tout à fait d'accord. Il n'y a pas
beaucoup d'unité dans ce gouvernement-là, parce qu'il y a deux de
ses ministres qui n'ont pas l'air à être d'accord. Nous ferons
rapport demain au premier ministre qu'il y a trois ministres...
M, MALTAIS (Limoilou): Je regrette, le député d'Ahuntsic
ne peut pas me prêter des motifs que je n'ai pas...
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Je ne vous prête rien.
M. MALTAIS (Limoilou): Je suis parfaitement en accord avec le
règlement quand je parle comme je l'ai fait tout à l'heure.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Je dis que vous n'êtes pas d'accord avec
le premier ministre qui, lui, voulait que nous invitions M. Bergeron.
M. BOUSQUET: Personne ne s'est prononcé.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): J'ai bien hâte de voir cela,
j'espère que ces messieurs...
M. CARDINAL: Le premier ministre n'a pas dit qu'il n'était pas
d'accord, mais il a dit qu'il n'avait pas d'objection.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): N'inventons pas des choses.
Encore cela, c'est l'affaire de M. Johnson. Je ne dîne pas avec la
reine, mais je soupe avec elle, pour faire plaisir aux anglais et aux
séparatistes à la fois. C'est la même politique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: M. le Président, je reviens au sujet du
débat, mais si on m'interrompait moins... Vous admettrez qu'à
cette heure-ci, nous avons quelque mérite à suivre un raison-
nement, car il y a plusieurs personnes qui se fixent comme seul objectif
de vous empêcher de le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Alors, avec un peu de collaboration, nous pourrions y
arriver. Alors, M. le Président, la situation est donc la suivante. Il y
a eu nous aurons l'occasion de le démontrer au cours de
l'étude, par les questions qui vont venir par la suite une sorte
de démembrement à la Direction générale de
l'équipement. Il y a eu un brassage général et beaucoup de
gens ont l'impression...
M. BOUSQUET: On se serait cru en 1960. Un brassage
général.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Beaucoup de gens ont l'impression que la firme
Lalonde et Valois est devenue omniprésente et omnipotente. Or, ce que
j'ai dit au ministre je comprends que ce n'est pas la peine qu'il me
réponde tout de suite, je le préviens que je lui poserai la
question aussitôt après le vote sur cette proposition c'est
que l'un des éléments troublants qui semblerait justifier notre
inquiétude... Et je répète une chose que le ministre sait
fort bien, c'est que si nous faisons cela, ce n'est pas dans un esprit policier
ou pour le plaisir de faire des enquêtes, mais parce que nous
considérons que c'est notre devoir. Quand le ministre sera dans
l'Opposition, il fera la même chose. Cela ne devrait pas tarder
d'ailleurs. Mais c'est notre devoir de nous assurer que les fonds publics sont
bien administrés.
M. CARDINAL: Le ministre de l'Education y veille.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Mais ce sont les Affaires culturelles que je
voudrais que vous remplaciez.
M, BOUSQUET: L'Education, ça irait bien à M. Lefebvre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Pour avoir un gars qui parlerait français sans
complexe.
Alors, M. le Président, Je préviens le ministre que, tout
de suite après le vote, ma question suivante sera et si je le
mentionne maintenant, c'est parce que c'est un argument enfa- veut de ma
proposition concernera la situation de M. Leborgne.
M. LE PRESIDENT: Nous répondrons à vos questions
après.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Non, mais ce que je veux dire, M. le
Président, c'est qu'avant de voter pour ou contre ma proposition,
j'Invite une dernière fois le ministre à bien comprendre qu'en le
faisant, il se place, à mon avis, dans une fort mauvaise position
vis-à-vis de l'opinion, parce qu'il a l'air d'un homme qui a quelque
chose à cacher.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sans blague!
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): M. Bergeron est un honnête homme, c'est un
garçon franc et droit. Je ne vois pas ce qu'il pourrait dire à la
barre de ce comité, M, le Président, qui fasse tort à qui
que ce soit qui n'a rien à se reprocher.
Si le ministre est sûr de son affaire, qu'il vote pour la
proposition.
M. MALTAIS (Limoilou): Ah là, par exemple! C'est ennuyeux de
reprendre le député d'Ahuntsic, mais il doit savoir qu'il n'a pas
le droit de prêter des motifs au ministre. L'expression qu'il a
employée tout à l'heure ne devrait pas être
employée.
M.LEFEBVRE: Laquelle, M. le Ministre?
M. MALTAIS (Limoilou): Bien, vous avez prêté des motifs au
ministre en disant qu'il semblait avoir quelque chose à cacher, qu'il
avait l'air d'avoir quelque chose à cacher. Il donne cette
impression...
M. LEFEBVRE: Non, monsieur... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MALTAIS (Limoilou): ... à ce moment-là.
M. LEFEBVRE: ... ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que le public
aura l'impression que le ministre a quelque chose à cacher.
M. MALTAIS (Limoilou): Peu Importe.
M. LEFEBVRE: Le public prête facilement des intentions, M. le
Ministre, vous le savez.
M. MALTAIS (Limoilou): Peu importe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le public, en vous
entendant, peut avoir aussi une impression que vous commencez à
ouvrir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... l'épandeur d'engrais! Soyez donc
prudent!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Alors je crois bien...
M. LEFEBVRE: Oh, quel joli terme!
UNE VOIX. Il faut appeler un chat, un chat!
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président, on verra. Le public aura
l'impression... Je suis allé dans Chicoutimi, récemment,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez eu beaucoup de succès: 17
personnes dans une salle!
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas vrai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dont cinq étaient contre vous.
M. LEFEBVRE: Ah, non! J'étais hors d'ordre mais J'avais des
choses intéressantes à raconter au ministre, là-dessus.
Ses propres organisateurs l'ont abandonné à Chicoutimi; il est
seul.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LEFEBVRE: Un camp d'admiratrices, croyez-le ou non, des
admiratrices!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: J'ai vu cela quand je suis allé à Chicoutimi,
il y en avait 100 autour de lui. Pas des admiratrices, des organisateurs.
M. LEFEBVRE: Mais là on sort...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons à l'épandeur.
M. LEFEBVRE: Alors, Je pense, M. le Président, que le plus simple
serait de voter.
M. LE PRESIDENT: Alors, trSs bien. M. Tetley.
M. TETLEY: Pardon, je veux parler de la motion, M. le Président,
et surtout je voudrais essayer de répondre à vos remarques, M. le
Ministre. Le poste budgétaire 13 parle de direction
générale, etc., et M. Bergeron, en effet, a fait une
déclaration, vous savez, à l'effet que les coûts... Vous
avez critiqué le député d'Ahuntsic parce qu'il n'a pas
parlé du coût suivant le poste budgétaire 13.
Mais en effet, la déclaration de M. Bergeron était exacte
lorsqu'il a répondu au premier ministre. En effet, il a parlé de
coûts de construction et d'une firme canadienne, sur l'insistance de M.
Dozois. etc. Une firme américaine pour le « strict management
» c'est exactement les mots ici de la construction des
écoles aurait pu faire ces travaux au coût de $175,000 ou
$200,000. Donc, je crois qu'en effet le député d'Ahuntsic parle
clairement et veut questionner M. Bergeron exactement sur les questions de
coûts. C'est pourquoi Je crois que cette motion a sa raison
d'être.
M. LE PRESIDENT: Alors, très bien! Je crois que les membres de la
commission sont prêts à prendre le vote. Ceux qui sont favorables
à la proposition du député d'Ahuntsic concernant la
convocation de M. Gilles Bergeron devant la commission... Quelles sont les
personnes...?
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, quand même!
J'aimerais bien, avant de me prononcer sur la venue d'un témoin ici,
dire deux choses. D'abord, à mon sens, c'est irrégulier. On
soulève un point qui pourrait fort bien être soumis à la
commission des comptes publics. En vertu d'un contrat c'est la
conséquence d'un contrat si je comprends bien ça pourrait
faire l'objet d'une motion devant la commission des comptes publics. Or, je
soumets d'abord que ce n'est pas la bonne commission.
Deuxièmement, je soumets qu'on aurait dû commencer par une
motion. Ensuite, sur une motion débattue, à ce moment-là,
on aurait pu convoquer les témoins. Mais il ne s'agit pas d'interroger
un témoin sur une question de fond, il s'agit de faire venir un
témoin ici pour savoir s'il est crédible, oui ou non. On n'a
jamais vu ça, M. le président. On n'est pas pour convoquer un
témoin pour s'assurer uniquement de sa crédibilité ici ce
n'est pas ça. Il s'agit de le convoquer sur une matière de fond.
A ce moment-là, il faudrait procéder par une motion et à
la suite d'une motion! C'est tellement vrai que je vous réfère,
M. le Président, à l'assignation des témoins, au livre des
r? glements...
M. LEFEBVRE: Lisez donc cela, M. le Président, on va...
M. MALTAIS (Limoilou): Sûrement.
M, LEFEBVRE: Si c'est aussi instructif que le ministre a l'air de le
penser je pense que ça pourrait être intéressant pour tout
le monde. A mon avis, M. le Président, la commission a parfaitement le
droit, sur simple résolution, d'inviter des personnes à venir
témoigner devant eux.
M. MALTAIS (Limoilou): Bien, je regrette...
M. LEFEBVRE: J'aimerais que le ministre nous cite un article qui
l'interdit.
M. MALTAIS (Limoilou): Le député d'Ahunt-sic peut avoir
cette prétention...
M. LEFEBVRE: Non, non, ce n'est pas une prétention, c'est une
impression.
M. MALTAIS (Limoilou): Une opinion.
M. CARDINAL: C'est une impression qui est contraire à celle
qu'avait l'Opposition l'année dernière, lorsque, le 10 juin 1968,
je me suis assis à la table de la salle 81-A.
Pendant plus de deux heures, on m'a empêché de parler sous
prétexte que je n'étais pas membre de la commission et qu'il
fallait une motion de la Chambre ou l'unanimité de la commission pour
que je puisse ouvrir la bouche. Cette année, l'on prend la position
inverse, je ne suis certainement pas un expert en procédures
parlementaires, loin de là, mais je trouve singulier que les mêmes
arguments servent à des fins absolument contradictoires.
M. MALTAIS (Limoilou): Si vous me permettez, M. le Président,
pour compléter mon argumentation, je vous référais au
règlement numéro 708, à la page 210 du règlement,
et il est dit de l'assignation des témoins, c'est le chapitre des
témoins: « La Chambre peut, au moyen d'ordre signé par
l'orateur ou par le greffier, assigner des personnes à venir
déposer devant elle ou devant une de ses commissions et le
requérir de lui apporter des livres, des pièces, des dossiers.
» Admettons que pour les besoins de la cause, la commission aurait ce
privilège, par extension. A l'article 708, 1: « Avant d'ordonner
l'assignation d'un témoin, il est nécessaire que, d'une
façon ou d'une autre, la Chambre ait décidé de faire une
enquê- te sur le sujet sur lequel doit porter l'interrogatoire du
témoin ». Si la Chambre, par extension, à plus forte
raison, la commission doit procéder d'abord par voie de motion à
demander une enquête, et, une fois que l'enquête, par
majorité de la commission, a été acceptée, à
ce moment-là seulement on peut assigner un témoin. J'estime que
c'est absolument irrégulier et hors d'ordre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, sur le point d'ordre, je souligne
simplement que l'an dernier, le règlement exigeait que l'on
prévoie la présence de témoins et que l'on permette par
motion de la Chambre aux témoins de venir parler devant la commission.
Cette année, nous travaillons sous l'autorité de nouveaux
règlements adoptés temporairement, mis à l'essai pour
cette année. Je regrette que je n'aie pas le texte devant moi, mais j'ai
lu le texte qui disait que la commission n'avait pas besoin d'autres
autorités que la sienne pour faire venir les documents et les personnes
dont elle aurait besoin. Et, en même temps, nous avons changé
cette restriction. Nous avons aboli cette restriction qui ne permettait pas aux
députés qui ne sont pas membres de la commission de participer
aux débats s'ils n'étaient pas autrement autorisés ou
acceptés par la commission. Cette année, nous avons
accepté que tout député de la Chambre puisse participer
à toutes les délibérations et toutes les activités
de la commission, sauf qu'ils n'auraient pas droit de vote et j'ai lu
textuellement que la commission est autorisée a faire venir les
documents et les personnes dont elle aurait besoin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sous toute
réserve d'un examen plus approfondi de ce que vient de dire le
député de D'Arcy-McGee, qui est une interprétation assez
large de cette nouvelle réglementation que vous avez adoptée, il
reste que nous sommes en présence d'une proposition ferme et je
demanderais qu'on la mette aux voix.
M. LECHASSEUR: M. le Président, si vous me permettez, je voudrais
que ce soit clair ou non dans notre esprit, qu'il y ait une question de cause
à effet dans la présence de M. Bergeron à ce
moment-là à la commission de l'éducation et ce dont nous
discutons ce soir. Si nous établissons dans notre esprit qu'il y a une
question de cause à effet, il me semble que nous devrions voter si, oui
ou non, nous devrions l'avoir ici. Mais premièrement, est-ce que nous
pouvons établir dans notre esprit qu'il y a une relation de cause
à effet?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est 5. vous d'interpréter.
M. LECHASSEUR: C'est ce que M. Lefebvre soumet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous estimons qu'il n'y en a pas pour
l'instant.
M. LECHASSEUR: Est-ce que vous n'êtes pas d'accord ou si vous
êtes d'accord?
Ensuite, nous jugerons de l'opportunité de le convoquer ou
non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous estimons que la proposition...
M. LECHASSEUR: Parce que ce que M. Lefebvre a soulevé ce soir, en
profane j'étais complètement ignorant de tout cela. Alors, je
l'ai écouté parler et c'est ma déduction. Je vois le
député de Saint-Hyacinthe, n'est-ce pas, qui acquiesce à
ce que je dis. Alors, oui ou non, il y a cause à effet. Sinon, je ne
suis pas prêt à voter pour. Mais si c'est oui...
M. MALTAIS (Limoilou): Puisqu'il demande notre opinion sur le sujet,
j'aimerais quand même savoir moi-même l'opinion de M. LeChasseur
sur ce que j'ai soutenu à prime abord.
J'ai défendu deux points. J'ai prétendu qu'il y avait
irrégularité en vertu de deux causes, deux points. D'abord, si on
l'avait appelé en Chambre, est-ce qu'il n'est pas d'accord avec moi pour
prétendre qu'il aurait été convoqué, à ce
moment-là, devant la commission des comptes publics et non pas devant
une commission des subsides? Je pense que c'est la première des
questions qu'il faut décider»
M. LE PRESIDENT: Combien de membres de la commission actuellement...
M. LEFEBVRE: Pour éviter toute question de doute quant à
la procédure, si mon secon-deur, le député de
Verchères est d'accord, je serais prêt, quant à moi,
à modifier ma proposition de la façon suivante. De cette
façon, je pense que les membres du gouvernement seront plus à
l'aise et il n'y aura pas de doute sous l'aspect de la procédure.
Ma nouvelle proposition serait à l'effet que cette commission
fasse rapport à la Chambre demain matin à l'effet qu'elle
requiert la permission d'entendre M. Gilles Bergeron à l'une de ses
séances subséquentes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président...
M. LEFEBVRE: A ce moment-là, il n'y a pas de question possible
quant à la juridiction et la Chambre se prononcera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y aune proposition ferme qui a
été faite et il n'est pas permis au député qui a
fait la proposition de l'amender lui-même. Il l'a soumise telle quelle,
il l'a défendue et nous la mettons aux voix.
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Quels sont ceux qui sont en faveur de la proposition du
député d'Ahuntsic? M. Bousquet.
M. BOUSQUET: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal.
M. CARDINAL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Gérin-Lajoie est absent.
M. Grenier.
M. GRENIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. LeChasseur.
M. LECHASSEUR: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Maltais, Limoilou.
M. MALTAIS (Limoilou): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Morin.
M. MORIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. PEARSON: ...
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay, Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay, Montmorency.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je ne vote pas, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Par un vote de 6 contre 1...
M. LEFEBVRE: Vous ne m'avez pas appelé. Je remplace M.
Choquette.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre, d'accord. M. LEFEBVRE: Pour.
M, LE PRESIDENT: Donc, 6 contre 2. La proposition du
député d'Ahuntsic est rejetée.
M. LEFEBVRE: Alors je propose, appuyé par mon collègue, M.
LeChasseur, que le comité fasse rapport à la Chambre, demain
matin, et requière la permission d'entendre M. Gilles Bergeron.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. MALTAIS (Limoilou): Voici, je soulève une objection de nouveau
sur cette question. Je soumets que cela ne doit pas venir ici! Je soumets que
c'est absolument irrégulier. C'est un cas qui ne peut aller que devant
la commission des comptes publics. Si on prétend que je suis dans
l'erreur, qu'on me le démontre.
M. LEFEBVRE: Voici. Je crois que le ministre aurait raison si nous
partions de l'hypothèse qu'il y a eu fraude ou qu'il y a eu directement
quelque chose d'illégal. Cela n'est pas notre prétention.
Notre prétention, c'est qu'il y a lieu de faire de la
lumière sur le système administratif à l'intérieur
de la Direction générale de l'équipement.
Et à ce moment-là, je suis tout à fait d'accord
avec le ministre que nous pourrons soumettre cela à la commission des
comptes publics; mais, j'aurais une question à poser au ministre: Si
c'est soumis à la commission des comptes publics, est-ce que le ministre
y sera favorable?
M. MALTAIS (Limoilou): Si c'est soumis à la commission des
comptes publics?
M. LEFEBVRE : Oui. Est-ce que le ministre serait favorable à ce
que M. Bergeron...
M. MALTAIS (Limoilou): Ce serait établi en temps et lieu, je ne
peux pas sur une seule...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Pourquoi voulez-vous faire croire aux gens que vous
êtes d'accord...
M. MALTAIS (Limoilou): Un instant!
M. LEFEBVRE: ... en disant que c'est seulement parce que cela n'est pas
à la bonne place?
M. MALTAIS (Limoilou): Ce serait trop facile pour le
député d'Ahuntsic...
M. LEFEBVRE: Voyons donc!
M. CARDINAL: M. le Président, c'est encore un procès
d'intention.
M. MALTAIS (Limoilou): Un instant! Cela serait trop facile pour le
député d'Ahuntsic de renfermer dans la coquille d'un oeuf tout le
fond de sa pensée et de me faire dire oui à l'avance, avant que
je n'aie toute l'argumentation. Je ne pense pas que je vais me laisser prendre
au jeu.
M. BOUSQUET: C'est du Wagner.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Quels sont ceux qui sont en faveur de la proposition du
député d'Ahuntsic? M. Bousquet?
DES VOIX: Même vote, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Même vote? Alors, cette proposition est
rejetée.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous le permettez. Tout à
l'heure, on me posait une question à laquelle j'ai la réponse.
Dans la Direction générale de l'équipement, il y a quinze
professionnels dont douze ingénieurs, un avocat et deux attachés
d'administration. Il y a dans les cadres huit ingénieurs...
M. LEFEBVRE: M. le Président, si le ministre veut être
assez gentil de patienter une seconde. Je n'ai pas tous les aides qu'il a, et
je suis perdu dans mes papiers. Je voudrais écrire ce qu'il me dit, mais
l'écrire à la bonne place. Je n'ai personne pour classer mes
papiers. Allez-y donc! Excusez-moi.
Vous avez dit...
UNE VOIX: ... nous ne nous prenons pas pour d'autres, par exemple.
M. LEFEBVRE: Moi non plus, mais c'est parce que vous n'avez pas la
même responsabilité que moi. Soyons sérieux.
M. CARDINAL: Je rappelle la question...
M. LEFEBVRE: Nous sommes plus responsables.
M. CARDINAL: ... on me demandait quels étaient ceux qui
étaient des professionnels, des techniciens, dans les cadres, dans le
personnel.
M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: Alors, les renseignements que J'ai sont les suivants: 14
techniciens.
M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: Quinze professionnels, dont douze ingénieurs, un
avocat, deux attachés d'administration.
M. LEFEBVRE: II n'y a aucun architecte alors?
M. CARDINAL: Aucun architecte, et justement j'apporte une
précision: A la page 950 du journal des Débats du vendredi 14
juin 1968, j'avais déjà mentionné que M. Leborgne n'avait
jamais été à l'emploi du ministère. Il est
architecte.
Alors, voici ma réponse, M. le Président, et je ne refais
pas le débat dans lequel nous nous engagions.
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'avais déjà
prévenu le ministre qu'après le vote sur ma proposition
vote dont je suis extrêmement déçu enfin, chacun
jugera et nous verrons ce qui se produira, mais j'avais prévenu le
ministre que la question suivante je crois qu'il serait dans
l'intérêt du ministère, du gouvernement et de la population
en général que le ministre nous fournisse quelques explications
au sujet du cas précis de M. Leborgne. Je rappelle très
brièvement les faits je pourrai citer les textes si on insiste
20 juin 1968: J'avais, lors de l'étude des crédits l'an
dernier, rapporté au ministre exactement la situation dans laquelle se
trouvait M. Leborgne. Le ministre a dit textuellement qu'il ne voyait pas de
conflit d'intérêt dans cela.
M. CARDINAL: Oh, pardon, monsieur.
M. LEFEBVRE: Oui, j'ai la citation, M. le Président.
M. CARDINAL: Alors, donnez-la.
M. LEFEBVRE: Je l'ai, juste une seconde. C'est à la page 1,029,
M. le Président. Le mi- nistre disait ceci: « J'ai répondu
que, dans l'ordre purement administratif, il n'y avait certainement pas de
conflit d'intérêt au sens technique ou légal du terme, que
s'il en existait dans l'ordre de la conscience, cela se posait à ce
niveau, et que M. Leborgne allait y répondre. » Or, la
prétention du ministre est que le conflit d'intérêt ne
pouvait exister que dans la conscience de M. Leborgne, et que, quant à
lui, il ne voyait pas de conflit. Or, le 26 mars dernier, M. le
Président, en Chambre, à la suite d'un article qui a fait
beaucoup de bruit, publiée dans le quotidien Le Soleil...
M. CARDINAL: Vous voulez y revenir... c'est intéressant.
M. LEFEBVRE: Je crois que le ministre des Affaires culturelles
prétend qu'on n'a pas le droit de citer des journaux ici; vous allez
être mal pris tantôt.
M. CARDINAL: Non, pas du tout.
M. LEFEBVRE: Parce qu'hier il y a une jurisprudence qui a
été établie par l'honorable député de
Chicoutimi à l'effet que c'était interdit de citer les
journaux.
M. CARDINAL: Je ne citerai pas les journaux, Je donnerai les faits, M.
le Président... Elle m'a été appliquée.
M. LEFEBVRE: Ah! Ce n'est pas ça qu'il a dit?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas de la façon que je l'ai
dit.
M. LEFEBVRE: Ce n'était pas sûrement de la même
façon. M. le Président, le 26 mars, à la suite du chef de
l'Opposition, J'ai soulevé tout le problème de l'attitude et des
procédures du ministère concernant la construction des
écoles et en particulier les modes d'engagement des professionnels et
tout ça. Et le 27 mars, par un hasard vraiment curieux, pendant que M.
Leborgne siégeait à la Commission des écoles catholiques
de Montréal Je ne sais pas au juste à quelle heure, mais
vers quatre heures de l'après-midi, si je suis bien informé
on a distribué à la tribune de la presse un
communiqué, dont j'ai le texte, publié dans les journaux, disant
tout simplement que M. Leborgne avait été remplacé par M.
Archambault. Or, normalement, quand quelqu'un démissionne, il donne une
raison, soit lui, soit ceux qui acceptent sa démission.
Dans ce cas-ci, on a simplement dit, et je cite un communiqué de
la Presse canadienne, que « M. Rosaire Archambault mais
c'était pris ici à la tribune de la presse homme
d'affaires de Montréal, deviendra à compter du 1er avril 1969,
membre de la Commission des écoles catholiques de Montréal en
remplacement de M. Gaétan Leborgne dont la démission a
été acceptée par le ministère de l'Education.
» Or je demande au ministre de bien vouloir nous dire à quelle
date la démission de M. Leborgne a été acceptée par
le ministère de l'Education, premièrement. Deuxièmement,
qui a transmis la nouvelle? Troisièmement, quels sont les motifs que M.
Leborgne ou que le ministère ont invoqués pour donner ou pour
demander la démission de M. Leborgne?
M. BOUSQUET: Est-ce que ce sont les crédits de 1967 ou de
1968?
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LEFEBVRE: Le député de St-Hyacinthe est perdu dans la
brume.
M. BOUSQUET: Pas du tout.
M. CARDINAL: Je peux quand même répondre à la
question. Disons au départ que M. Leborgne n'a jamais été
employé au ministère, qu'il n'a agi qu'à titre de
consultant, qu'il n'a jamais approuvé aucun plan, qu'il a fait des
remarques et des observations au sein d'un comité consultatif
composé de cinq membres et que c'est le directeur de la direction
générale et le ministre qui décident.
Cependant, le 17 mars 1969, M. Gaétan Leborgne a signé une
lettre dont le texte suit: « M. le Ministre, les activités
professionnelles qui me retiennent éloigné de Montréal
pendant une bonne partie de la semaine m'empêchent de consacrer en plus
des jours d'assemblée, bien entendu, tout le temps qu'à mon avis,
du moins, je crois de plus en plus nécessaire d'accorder à ce
poste d'importance qu'est celui de commissaire à la Commission des
écoles catholiques de Montréal. En conséquence, avec votre
permission, je me vols obligé de vous remettre ma démission comme
membre de la commission à compter du 1er avril prochain. Ce n'est pas
sans regret, croyez-le. La tâche est lourde et n'en n'est pas moins
captivante. « Je remercie le gouvernement de la confiance qu'il m'a
témoignée et je suis heureux d'avoir pu coopérer à
la bonne administration de la chose scolaire à Montréal au cours
des deux dernières années. Soyez assuré, par ail- leurs,
de mon entier dévouement au ministère que vous dirigez.
«Veuillez agréer, M. le Ministre, l'expression de mes sentiments
les plus distingués. » Le 17...
M. LECHASSEUR: Le 17 mars. A quelle date le député
d'Ahuntsic a-t-il fait son intervention?
M. CARDINAL: Le 26.
M. LEFEBVRE: La démission a été annoncée le
27.
M. CARDINAL: Justement, j'ai reçu cette lettre. Je n'ai pas ici
l'estampille. C'est une photocopie.
M. LEFEBVRE: Oui, cela serait important. Parce que les lettres
antidatées, on a déjà vu cela.
M. CARDINAL: Je regrette, M. le Président, mais on attaque la
bonne foi d'une personne qui n'est pas présente, et du ministre. J'ai
reçu cette lettre...
Dans les jours qui ont suivi le 17 mars, j'ai écrit à M.
Leborgne pour accepter sa démission, et c'est par un arrêté
ministériel que M. Rosaire Archambeault a été
nommé. Il n'y a absolument rien et je l'affirme qui
permette de croire, d'affirmer de la façon dont on le fait que des dates
ont été modifiées dans les lettres et certainement pas
dans un arrêté en conseil.
Par conséquent, les raisons de la démission de M. Leborgne
sont celles qui apparaissent dans sa lettre. Pour ces raisons, nous avons, au
gouvernement, accepté cette démission. Le gouvernement, par
arrêté ministériel je n'ai pas ici la date de cet
arrêté, malheureusement, mais je pourrais l'obtenir a
nommé M. Rosaire Archambeault, comme il est exact.
Quant au communiqué qui émane de Canadian Press, je
regrette, mais le ministre ne sait pas où la Canadian Press a pris ce
communiqué.
M. LEFEBVRE: Je l'ai ici dans le Soleil.
M, LECHASSEUR: J'ai la parole du ministre qu'il a reçu cette
lettre avant le 27 mars... J'ai une intervention...
M. CARDINAL: Je vous l'assure d'autant plus que, lorsque M. Lefebvre a
posé cette question, si je me souviens bien, il y avait eu intervention
du président de la Chambre
qui n'avait pas permis de répondre à cette question. A ce
moment-là et la lettre de démission était arrivée
et la démission était acceptée et la nomination de M.
Archambeault avait été faite.
M. LEFEBVRE: Si le ministre a reçu la démission de M.
Leborgne le 17...
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit que je l'avais reçue le 17; j'ai dit
qu'elle était signée du 17 mars...
M. LECHASSEUR: Avant le 27...
M. LEFEBVRE: Si le ministre l'a reçu avant le 26, comment se
fait-il qu'en Chambre il n'ait pas mentionné le fait que M. Leborgne
avait démissionné.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): C'est un peu étonnant, parce que, si je
relisais l'attaque que nous avons faite contre le ministre à ce
sujet-là, il me semble que la chose normale pour lui aura
été de dire: Ecoutez, vous vous attaquez à un cheval mort,
M. Leborgne a déjà démissionné.
M. CARDINAL: M. le Président, j'aurais deux réponses
à donner à ceci. On se rappellera que tout ceci a suivi un
article publié dans le Soleil, une intervention qui a été
faite en Chambre par deux membres de l'Opposition et qu'à ce
moment-là le premier ministre et moi-même avons dit: Nous
répondrons à toutes ces questions à la commission
permanente de l'éducation, lors de l'explication des prévisions
des dépenses de ce ministère.
C'est une première raison pour laquelle j'ai attendu
jusqu'à ce jour pour parler du sujet.
La deuxième raison, c'est que je ne sentais en aucune
façon le besoin ni de m'expliquer ni de me justifier, n'admettant aucune
des affirmations ou des interprétations qui ont été faites
devant cette commission à ce sujet ou en Chambre.
M. GRENIER: Très bien.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Alors, vous continuez de prétendre qu'il
n'y avait pas de situation de conflit d'intérêt.
M. CARDINAL: Je continue à rien prétendre, M. le
Président.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Cestcequevous venez de dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Président. Il y a
mauvaise foil
M. CARDINAL: M. le Président, tout simplement à l'oule de
ceux qui entendent mes réponses.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): M. le Président, nous relirons le journal
des Débats, mais moi, j'ai interprété que le ministre
venait de nier encore une fois...
M. GRENIER: Cela va être édifiant de vous entendre.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): ... qu'il y ait conflit d'intérêt.
Incidemment, M. le Président, un de mes collègues me remet un
article de journal différent de celui que f avais. Dans cet article qui
est publié dans le Soleil du 28 mars, on mentionne que le
communiqué annonçant la démission de M. Leborgne
était en provenance du bureau du ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, ce fait est peut-être
à vérifier. Je ne sais pas ce que nous appelons le bureau du
ministre de l'Education, il y a au ministère un service de
l'information. Je me souviens que la nomination de M. Rosaire Archambault a
été mentionnée publiquement par communiqué qui
émanait du ministère de l'Education. Je ne puis ni affirmer ni
infirmer qu'il y ait eu un communiqué préparé par l'un des
services du ministère au sujet de la démission de M.
Leborgne.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): M. le Président, au sujet de cette
affaire où le ministre je ne mets pas sa bonne foi en doute, mais
je répète ce que j'ai dit l'an dernier, si ce n'est pas un
problème de bonne foi, c'est un problème de naïveté
est-ce que le ministre est au courant que la firme Lalonde et Valois,
pendant que M. Leborgne était commissaire, a eu des contrats pour
services professionnels avec la CECM?
M. CARDINAL: Au moment ou je vous réponds, je ne suis pas au
courant. Maintenant, si nous revenons à la firme Lalonde et Valois, il
faut se rappeler que c'est à la suite d'un rapport préparé
en date du 30 août 1965 on s'interrogera sur qui était au
gouvernement à ce moment-là à la suite de la
construction d'une école polyvalente à Hull, que le directeur du
ser-
vice des programmes techniques de construction suggérait des
coupures de l'ordre de $1 million à ce projet d'école.
La régionale de l'Outaouais construisait, sans s'occuper des
recommandations du ministère, cette école dont les travaux
débutaient en juin 1966 et dont le coût, au pied carré, se
chiffrait par $18.30. C'est à la suite de ce fait et de faits semblables
que le gouvernement, après recommandation d'officiers du
ministère, fit appel à la firme Lalonde à Valois pour
travailler sous la responsabilité de la Direction générale
du financement.
J'ajoute qu'aujourd'hui je suis informé que cette même
firme, en raison de la qualité du travail effectué au
ministère de l'Education du gouvernement du Québec vient
d'obtenir d'une province de l'Ouest un mandat similaire à celui que nous
lui avons confié, et ce, à des taux d'honoraires de beaucoup
supérieurs à ce que le gouvernement québécois paie
actuellement à cette firme, ou lui payait dans le passé.
UNE VOIX: Eh bien!
M. LEFEBVRE: M. le Président, je note que le ministre n'a pas
répondu à ma question au sujet des contrats accordés
à Lalonde à Valois. Enfin, il a dit qu'il n'était pas au
courant de ces contrats. Nous aurons l'occasion de revenir là-dessus.
Mais, j'aimerais demander au ministre ce qui a fait opter le gouvernement pour
accorder ce contrat à la firme Lalonde à Valois alors que, selon
certaines sources d'information fiables, il y avait eu une recommandation
officielle en provenance du ministère ce n'était pas le
ministre actuel qui était là, mais son prédécesseur
à l'effet que ce contrat soit accordé à une autre
firme.
Effectivement, comme on le sait, cette soumission de la firme Kayser
était pour une somme bien inférieure à ce que
coûtent les services de la firme Lalonde à Valois.
M. CARDINAL: M. le Président, je répondrai deux choses
à ceci. Je n'ai pas ici la liste des 12 soumissions dont j'ai
parlé tantôt. Je l'apporterai demain et l'on pourra alors tous
vérifier ces faits.
Deuxièmement, j'apporte un autre élément quand
même, parce qu'il faut, devant tout ceci, non pas interpréter,
mais regarder les choses comme elles le sont. Si l'on ne prend que la firme
Lalonde à Valois et que la firme Kayser, il y a un fait que je veux
quand même souligner; L'une est canadienne et québécoise et
l'autre, américaine. Ceci a peut-être été pris en
considération par les autorités du temps. Et si ceci a
été fait, c'était certainement une bonne
décision.
UNE VOIX: Très bien.
M. LE PRESIDENT. Il est dix heures. Nous continuerons nos travaux
demain, après la période des questions. La Chambre est
censée se réunir à 10 heures trente, je crois. Alors, nous
siégerons vers onze heures.
M. LEFEBVRE: Très bien, M. le Président. (Fin de la
séance: 22 h 4)
Séance du 25 avril 1969
(Onze heures vingt-trois minutes)
M. GARDNER (président de la commission de l'éducation): A
l'ordre, messieurs! Hier, nous étions à discuter du poste
budgétaire 13: Direction générale de l'équipement,
et le ministre de l'Education avait la parole. M. le ministre de
l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, pour être plus précis,
Je veux simplement ajouter quelques explications à la suite d'une
question posée hier. J'ai eu certains documents. J'ai mentionné
hier que la lettre de M. Gaétan Leborgne était datée du 17
mars. J'écrivais moi-même à M. Leborgne le 25 mars 1969,
c'est-à-dire deux jours avant qu'il en soit question en Chambre. «
M. Leborgne,
J'ai bien reçu votre lettre du 17 mars 1969. C'est avec regret
que f al pris connaissance de votre décision de quitter la Commission
des écoles catholiques de Montréal à compter du 1er avril
prochain. « Au nom du gouvernement et en mon nom personnel, je veux vous
remercier de l'oeuvre que vous avez accomplie dans ces fonctions lourdes de
responsabilité et je veux vous assurer ma gratitude. Je sais combien
vous vous êtes dépensé pour le meilleur fonctionnement de
la Commission des écoles catholiques de Montréal et c'est ce qui
me fait le plus regretter d'avoir à accepter votre démission.
« Je vous prie de me croire. »
Quant à la date de la réception de la lettre, elle
n'apparaît pas. C'est une lettre qui était confidentielle. Ces
lettres arrivent à mon bureau sans être ouvertes, l'estampille du
ministère est donc sur l'enveloppe qui, malheureusement, a
été jetée, vu que nous n'avions pas pensé que cette
question pouvait se présenter.
Quant à la nomination de M. Rosaire Ar-chambeault,
l'arrêté en conseil est daté du 26 mars 1969 et porte le
numéro 914.
M. LEFEBVRE: Le soir du 26 mars.
M. CARDINAL: Oui, le 26 mars, au conseil régulier. Alors cette
note est: « Que M. Rosaire Archambeault, homme d'affaires, telle adresse,
soit nommé, à compter du 1er avril 1969, membre de la Commission
des écoles catholiques de Montréal, conformément à
l'article 1, chapitre 80 des lois de 1947, en remplacement de M. Gaétan
Leborgne, démissionnaire. »
M. LEFEBVRE: Le conseil des ministres siège le soir pour
l'information du député.
M. CARDINAL: Pas toujours.
M. LEFEBVRE: Le mercredi, d'habitude, alors que la Chambre ne
siège pas. Comme vous n'avez pas le don d'ubiguité, quand on vous
voit en Chambre, on présume que vous n'êtes pas en même
temps au conseil des ministres.
M. CARDINAL: Cela n'est pas sûr.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: C'est encore une interprétation, M. le
Président.
M. LEFEBVRE: Nous voulons bien faire confiance au gouvernement, mais pas
jusque là.
M. CARDINAL: J'apprécie l'admission qui vient d'être
faite.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je remercie le ministre des
détails. Je prends sa parole quant aux dates qu'il nous a
mentionnées, mais je pense qu'il conviendra que les coïncidences
sont pour le moins frappantes. Je n'ai pas à interpréter ces
coincidences, mais, quant à nous, nous étions justifiés de
vouloir aller, comme on dit à Paris, au fond des choses sur cette
question.
M. CARDINAL: Puis-je ajouter, M. le député d'Ahuntsic, que
dès le mois de février M. Leborgne avait manifesté
verbalement, non seulement au ministre, mais même à des
fonctionnaires du ministère, son intention de démissionner.
M. LEFEBVRE: Je maintiens, M. le Président, que le ministre a eu
tort de se fier uniquement à la conscience de M. Leborgne comme il le
déclarait le 20 juin 1968 pour détecter le conflit
d'intérêt évident.
Là-dessus, je pense que le dossier est fort Incriminant à
l'endroit du ministre de l'Education, quelle que soit la date de
démission de M. Leborgne. Mais enfin, Je prends note des faits et des
dates que le ministre a précisés ce matin.
Nous avons eu l'occasion, au cours de la nuit, d'étudier...
UNE VOIX: De la nuit?
M. LEFEBVRE: De la soirée, enfin, tard hier soir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après la partie de hockey!
M. LEFEBVRE: Après la partie de hockey, sûrement.
Après même les affaires provinciales où nous avons eu
l'occasion de voir évoluer le ministre des Affaires municipales avec sa
baguette.
Je ne ferai pas de commentaires sur la lourdeur de la baguette I
Soyons sérieux. Je ne voudrais, pour ma part, être
aucunement responsable d'une baisse du niveau de la discussion, parce que nous
avons à discuter de choses sérieuses, et c'est notre intention de
poursuivre le débat sur le même ton qu'hier. Avec votre
collaboration, M. le Président, je suis sûr que c'est ce qui se
produira.
Relativement à ce contrat, passé entre le gouvernement et
la firme Lalonde et Valois, voici ma première question au ministre:
Puisqu'il s'agissait d'un contrat de deux ans, signé le 18 avril 1967,
est-ce que ce contrat est maintenant terminé ou est-ce qu'il a
été prolongé?
M. CARDINAL: II est maintenant terminé et n'a pas encore
été prolongé. La question est à l'étude.
M. LEFEBVRE: Est-ce que je dois comprendre, alors, qu'il n'y a
actuellement aucun consultant de la firme Lalonde et Valois qui travaille au
ministère?
M. CARDINAL: Je répondrai très précisément
à la question. Le contrat vient de se terminer il y a quelques semaines.
J'ai reçu, des fonctionnaires du ministère, un certain nombre de
recommandations. J'ai apporté au conseil des ministres un rapport
à ce sujet. La décision n'est pas encore prise.
Par conséquent, les gens n'ont pas encore été
physiquement déplacés parce que la décision n'est pas
prise. Ou bien le contrat ne sera pas renouvelé et alors il y aura une
réorganisation de ce service, ou bien le contrat sera renouvelé
et alors, à ce moment-là, il le sera rétroactivement de la
date où s'est terminé le premier contrat.
M. LEFEBVRE: Je ne suis pas avocat, mais j'ai l'impression qu'il est
peut-être un peu anormal que des gens soient actuellement à
l'emploi du gouvernement alors qu'il n'y a aucun contrat qui les lie, puisque
ce contrat est échu en date du 18 avril.
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit qu'ils étaient à l'emploi du
gouvernement, et présentement il n'y a pas d'honoraires de payés
à* la firme depuis la date d'échéance du contrat.
M. LEFEBVRE: Ah, bon! Très bien.
Un détail, peut-être, mais je ne sais pas si c'est
l'habitude pour ma part, n'ayant jamais eu l'honneur de siéger au
conseil des ministres, il y a peut-être certains détails
administratifs qui m'échappent mais...
M. GRENIER: Cela va être long!
M. LEFEBVRE: ... je ne savais pas que M. Pagé pouvait signer
« sous-ministre de l'Education ». J'avais un autre nom à
l'esprit en tant que sous-ministre de l'Education. Comment se fait-il que ce
contrat, qui prévoit le sous-ministre comme signataire au nom du
gouvernement est signé par M. Pagé?
Est-ce que tous les sous-ministres associés ou adjoints signent
« sous-ministre »?
M. CARDINAL: M. le Président, en vertu de la loi du
ministère de l'Education, le sous-ministre et les sous-ministres
associés ont le pouvoir et la juridiction de représenter le
ministère.
M. LEFEBVRE: Oui, mais à ce moment-là, signent-ils «
sous-ministre »?
M. CARDINAL: Sur ce point de détail, j'ai remarqué
moi-même qu'il n'y avait que cette indication: « sous-ministre
». Le projet de contrat a probablement été
préparé par des juristes je ne sais pas lesquels et
on a indiqué « sous-ministre », sans qualifier si
c'était sous-ministre en titre, ou sous-ministre adjoint ou
sous-ministre associé, et je ne pense pas que la qualification que l'on
donne sous la signature a quelque importance juridiquement. Ce qui compte,
c'est que la personne qui signe soit autorisée par la loi, par
l'arrêté en conseil et qu'elle signe. Il pourrait n'y avoir aucune
indication sous sa signature et cela serait aussi valide.
M. LEFEBVRE: Cela, je l'admets.
M. CARDINAL: C'est tout simplement une erreur de copiste qui a
été faite ou un manque de qualification du titre de la personne.
Mais le début du contrat Je ne l'ai pas sous les yeux doit
sûrement indiquer qu'il représente chacune des parties.
M. LEFEBVRE: Justement, le début du con-
trat indique que le gouvernement est représenté par le
sous-ministre de l'Education.
M. CARDINAL: Ah! il y a une erreur de copiste, c'est le moins que je
puisse dire ou le plus que je puisse dire.
On m'Informe le député d'Ahuntsic a pu voir qui
m'informe, c'est certainement une personne qui est au courant qu'en
vertu de la loi de la Fonction publique, le titre de sous-ministre comprend les
sous-ministres et sous-ministres adjoints et les sous-ministres
associés.
M. LEFEBVRE: Je constate que le ministre et moi-même ignorions ce
détail.
M. CARDINAL: C'est exact, je ne sais pas tout comme le pense...
M. LEFEBVRE: Moi non plus. Qui pense cela? Est-ce qu'il y a des gens qui
pensent cela?
M. CARDINAL. Il y a des gens qui pensent.
M. GRENIER: II y en a qui ont déjà pensé cela et
ça n'a pas été bon.
M. LEFEBVRE: Je reviendrai à certains aspects de ce contrat plus
tard; est-ce qu'il est exact qu'en janvier 1967, donc plusieurs mois avant
l'adoption par le conseil du trésor d'une résolution engageant la
firme Lalonde & Valois, que les autorités du ministère
avalent recommandé au conseil du trésor l'engagement de la firme
Kayser aux fins d'exécuter les travaux subséquemment
confiés en date du 4 avril 5 la firme Lalonde à Valois?
M. CARDINAL: Je ne saurais répondre à cette question, mais
j'expliquerais que, dans la demande au conseil de la trésorerie, il y
avait plusieurs sociétés qui étaient mentionnées
par les autorités du ministère. C'était M. Pagé qui
signait comme fonctionnaire et le ministre de l'Education du temps signait
aussi cette demande au conseil de la trésorerie.
Us ont mentionné, entre autres, Brown à Root Ltd.,
Montreal Engineering; Montreal Engineering-Mannix Services, Bechtel Company;
Technical Service Council; l'Association des diplômés de
Polytechnique; McGill Placement Service; Canadian Industries Limited; Expo
Henry J. Kayser Co. Ltd., Surveyer, Nenniger, Chênevert; Lalonde,
Lamarre, Valois et Associés.
Il est possible que des gens au ministère aient recommandé
Kayser, en particulier. Cependant la demande au conseil de la
trésorerie, comme la demande au conseil des ministres, exigeait des
soumissions et la décision appartenait non pas aux hauts fonctionnaires,
ni même au ministre concerné, mais au conseil de la
trésorerie et au conseil des ministres.
Ce qui s'est produit pour autant que je puisse voir d'après des
documents que nous avons au ministère, c'est qu'il y avait une
différence entre les deux soumissions, mais lorsque l'entente a
été faite avec Lalonde, Valois etc., l'entente a
été faite sur la même base approximativement, qu'elle
aurait pu être faite avec Kayser. C 'est-à-dire qu'il n'en n'a pas
coûté plus cher aux contribuables pour avoir choisi, au
gouvernement, la firme Lalonde, Valois, Lamarre, Valois et Associés. La
charge budgétaire était approximativement la même, que
l'une ou l'autre soit choisie. Evidemment, je l'ai mentionné hier, l'une
des firmes était québécoise, que l'autre était
américaine. Cela est peut-être une des raisons, je ne suis pas en
mesure de vérifier qui a fait choisir la firme Lalonde, Valois, Lamarre,
Valois et Associés.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre n'a pas tout à
fait répondu à ma question. Je lui ai demandé s'il
était exact que le ministère de l'Education avait
recommandé la firme Kayser?
M. CARDINAL: D'après les demandes qu'ils ont au conseil de la
trésorerie, ce n'est pas exact parce qu'au contraire dans cette demande
c'est la firme Lalonde, Valois, Lamarre, Valois et Associés qui est
recommandée sur une base de dépenses d'environ $175,000 pour
l'année budgétaire.
M. LEFEBVRE: Qui est recommandée par qui?
M. CARDINAL: Qui est recommandée par le sous-ministre, M.
Pagé et par le ministre, M. Bertrand.
M. LEFEBVRE: Le ministre aurait-il l'obligeance de me dire à
quelle date s'est faite cette recommandation?
M. CARDINAL: Cette demande au conseil de la trésorerie est
datée du 29 mars 1967.
M. LEFEBVRE: Le 29 mars? M. CARDINAL; Oui, 1967.
M. LEFEBVRE: Mais ma question était de savoir s'il y avait une
recommandation antérieure au mois de janvier 1967?
M. CARDINAL. Il y a eu au cours de janvier et de février des
discussions qui ont abouti à cette recommandation qui est la seule
apparaissant au dossier.
M. LEFEBVRE: Qui est la seule apparaissant au dossier.
M. CARDINAL: La seule qui a été acceptée.
M. LEFEBVRE: Est-ce la seule qui a été acceptée ou
est-ce la seule qui apparaisse au dossier?
M. CARDINAL: C'est une seule et même chose. Cette demande au
conseil de la trésorerie est la seule qui ait été
signée par le sous-ministre et le ministre concernés.
M, LEFEBVRE: Comme recommandation émanant du
ministère?
M. CARDINAL: Emanant du ministère. Cependant un fonctionnaire du
ministère avait rencontré toutes et chacune des firmes que j'ai
mentionnées avant que cette demande au conseil de la trésorerie
ne soit signée par les personnes responsables.
M. LEFEBVRE: Le ministre a également mentionné que la
procédure prévoyait une demande de soumissions. Ces soumissions
ont-elles été demandées?
M. CARDINAL. Il n'y a pas eu de demande de soumissions officielle. Ce
qui est arrivé, c'est que des demandes de propositions ont
été faites 3. chacune des firmes et c'est pourquoi il y a eu
rencontre avec chacune des firmes par un fonctionnaire du ministère.
M. LEFEBVRE. Il n'y a donc pas eu de demande de soumissions?
M. CARDINAL: Non, pas au sens officiel du terme.
M. LEFEBVRE: Est-ce que...
M. CARDINAL: Un instant, si vous permettez. Le député
d'Ahuntsic n'est peut-être pas au courant, et ce n'est pas une critique
quand je dis qu'il n'est pas au courant, du fait que, dans le domaine de
l'engagement des professionnels, il n'y a jamais de soumissions publiques de
faites.
M. LEFEBVRE: C'est le ministre lui-même, qui, dans une explication
antérieure, a dit que la procédure prévoyait une demande
de soumissions.
M. CARDINAL: Oui, mais je m'excuse, les mots ont dépassé
ma pensée. Il y a eu des propositions demandées il chacune des
firmes. Mais pas des soumissions au sens d'appels d'offres comme on le fait
pour des constructions. Mais jamais cela ne se fait pour l'engagement de
professionnels. D'ailleurs les professionnels n'acceptent pas, ni les avocats,
ni les notaires, ni les médecins. Justement les lois qui les
régissent ne leur permettent pas de faire des soumissions au sens
où les entrepreneurs le font.
M. LEFEBVRE: Le ministre a dit hier qu'il a déposé le
contrat de Lalonde à Valois, et qu'il n'avait pas d'objection à
déposer la proposition de la compagnie Kayser. Est-ce qu'il est
prêt à le faire ce matin?
M. CARDINAL: Je n'ai pas tout à fait mentionné ceci. Mais
si je l'avais entre les mains, Je n'aurais pas d'objection.
M. LEFEBVRE: Je crois voir que vous l'avez entre les mains.
M. CARDINAL: Si je l'ai entre les mains... Ah! vous croyez voir,
oui?
M. LEFEBVRE: Non, mais je veux dire que je vois des gens qui s'affairent
à vous la fournir.
M. CARDINAL: S'ils la cherchent et qu'ils la trouvent, je n'ai pas
d'objection.
M. LEFEBVRE: C'est parce que vous avez dit cela hier. Vous avez dit que
vous n'aviez pas d'objection.
M. CARDINAL: Non, je n'ai pas d'objection. Je le réplte.
M. GRENIER: Si c'est signé avec de belles majuscules, c'est
important.
M. LEFEBVRE: Alors, pendant qu'on cherche cette chose, est-ce que le
ministre aurait l'obligeance de nous dire à quelle date les con-
sultants de la firme Lalonde à Valois ont commencé leur
travail?
M. CARDINAL: Un instant, je vais vérifier. J'avais un document
hier.
Dès la signature du contrat, dont le dépôt a
été effectué, la firme est entrée en fonction, cela
veut dire au mois d'avril 1967.
M. LEFEBVRE: Très bien. Est-ce que M. Gaétan Leborgne
était du nombre de ceux qui formèrent le premier contingent de
consultants? Parce que je comprends que ce nombre a varié avec le
temps.
M. LE PRESIDENT: C'est la question mystère?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEFEBVRE: Combien de personnes compte actuellement l'équipe de
Lalonde et Valois? C'est-à-dire combien y en avait-il au début?
Combien y en a-t-il maintenant? Combien y en avait-il à la fin du
contrat? Autrement dit, est-ce qu'il y a eu une grande fluctuation dans le
nombre des professionnels?
M. CARDINAL: Oui, si vous voulez, pour éviter une série de
questions, je vais reprendre l'historique d'hier et faire le
développement et, pendant ce temps-là, on va chercher les
chiffres précis.
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. CARDINAL: Pour rappeler, il y a donc eu le 4 avril 1967, le CT 27022,
autorisant la Direction générale de l'équipement à
employer la firme Lalonde, Valois, Lamarre, Valois à Associés
dans le but d'ajouter temporairement au personnel technique du service des
plans et devis, huit membres pour suivre le programme de constructions
établi.
La durée du contrat était spécifiée à
environ deux ans à un coût de $175,000 et commençait pour
l'année budgétaire 67/68.
Le CT en question spécifiait le personnel additionnel suivant: un
directeur de service, un ingénieur en électricité, un
ingénieur en mécanique, quatre ingénieurs de projet, un
architecte, ce qui forme les huit personnes.
En juillet 1967...
M. BOUSQUET: Avez-vous une firme à suggérer, M. le
député d'Ahuntsic?
M. CARDINAL: Alors, je continue et Je reviendrai sur la question
tantôt.
Donc, en juillet 1967, M. Parizeau dont j'ai parlé hier, demande
d'accélérer au maximum la mise en place du réseau
d'écoles polyvalentes pour des motifs reliés à
l'économie provinciale. A cette fin, le personnel de la firme est
à toutes fins pratiques doublé.
En septembre 1967, afin de simplifier l'administration, il
s'avère nécessaire de programmer l'ordonnance des projets sur
l'ordinatrice, enfin de se servir de l'informatique. Ce qui fut fait par
l'addition d'un personnel approprié. Simultanément, afin de
systématiser les normes de construction pour que celles-ci puissent
servir le plus tôt possible, il a fallu ajouter du personnel à ce
service, c'est-à-dire au service de l'informatique.
En octobre 1967, la mise en chantier des écoles polyvalentes, de
même que les nombreux besoins de transformation des écoles
existantes, exigeaient un contrôle sur place que l'ingénieur de
projet ne pouvait être en mesure de fournir vu son travail à temps
plein à Québec. Plusieurs commissions scolaires nous ont
demandé elles-mêmes d'engager des consultants pour la
période de construction. Il a paru préférable, à ce
moment-là, d'ajouter plutôt aux consultants que nous avions sur
place pour qu'eux aillent voir les commissions scolaires.
A cette fin, de concert avec l'établissement des bureaux
régionaux, l'emploi d'ingénieurs régionaux fut
créé, ajoutant sept ingénieurs au personnel
déjà prêté par la firme.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Excusez-moi, M. le Président, j'aimerais
que le ministre précise cela. Si J'ai bien compris ce qu'il vient de
dire, c'est que les sept ingénieurs qui ont été
ajoutés ont été des consultants sous contrat avec le
ministère de l'Education, mais qui ont exécuté des
travaux, somme toute, pour le compte des commissions scolaires
régionales.
M. CARDINAL: Pour le compte du ministère, pour surveiller...
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Mais sur le plan régional.
M. CARDINAL: Sur le plan régional, par l'intermédiaire des
bureaux régionaux.
M. LEFEBVRE (Ahuntsic): Est-ce que ces consultants se trouvaient
à remplir les fonctions de professionnels prenant charge d'un projet de
construction ou si la commission scolaire régionale, en plus d'avoir les
services de ce personnel consultant du ministère, confiait
elle-même ses travaux à d'autres bureaux d'ingénieurs et
d'architectes?
M. CARDINAL: Attention, M. le Président, c'est que la commission
scolaire, comme cela se fait toujours, engageait elle-même, suivant la
procédure prévue, les entrepreneurs, les ingénieurs, les
architectes. Cependant, dans les contrats avec ces ingénieurs et
architectes, il pouvait y avoir de prévue la surveillance des travaux.
C'était au nom de la commission scolaire. Mais fai dit que ces sept
personnes étaient engagées par le ministère en vertu du
contrat dont nous avons parlé pour remplacer les consultants que
certaines commissions scolaires auraient voulus, si vous voulez.
Ils rendaient donc un double service. D'une part, au nom de la Direction
générale de l'équipement du ministère, ils
surveillaient si ces travaux se faisaient conformément à ce qui
avait été accepté, et, d'autre part, ils pouvaient rendre
certains services de consultation aux commissions scolaires, mais pas en plus.
Ce n'était pas le même rôle pour les ingénieurs
engagés par les commissions scolaires pour réaliser le projet. Ce
ne sont pas les ingénieurs qui réalisaient le projet.
Les ingénieurs de projet et leurs surveillants ont
été un des principaux facteurs je tiens à le
souligner de la réduction des coûts et de
l'accélération des travaux.
Je peux continuer, en décembre 1967, si vous voulez, si nous
voulons voir tout le portrait. Alors, jusqu'à cette date, les principaux
efforts avaient tendu vers le secteur le plus important du budget de
construction, c'est-à-dire le bâtiment proprement dit; le domaine
de l'outillage, c'est-à-dire l'équipement au sens strict,
représentant quelque 10% du budget total devait être
étudié en fonction des exigences pédagogiques d'une part
et d'un souci d'économie d'autre part. Il a fallu également,
à ce moment, augmenter le personnel affecté à cette
fonction précise.
En janvier 1968, M. Parizeau réitère ses pressions pour
qu'une centaine d'écoles polyvalentes soient mises en chantier avant
l'automne 1968. On se rappelle que ceci avait été
mentionné dans le discours du budget par le ministre des Finances. Il a
fallu, à ce moment-là, augmenter encore le nombre des
ingénieurs de projet pour faire face aux exigences du nouveau
programme.
Le 31 mars 1968, les honoraires, à ce moment-là, de la
firme Lalonde à Valois, couvrant la période de l'année
budgétaire 67/68, s'élevaient donc à $502,939.
En mai 1968, compte tenu de l'accélération donnée
aux divers projets de construction d'écoles depuis janvier, il est
décidé de diminuer la pression sur les mises en chantier et de
rétablir le personnel au niveau de la mise en marche normale.
On prend donc l'autre versant de la monta- gne. Lors de l'emploi des
ingénieurs régionaux, il avait été
décidé qu'après une période expérimentale,
ces postes seraient intégrés à la Fonction publique au fur
et à mesure que ceci serait possible.
En conséquence, au cours de l'année 68/69, après
l'annonce que j'ai faite de la création officielle des bureaux
régionaux et de la nomination des directeurs de ces bureaux
régionaux, sept ingénieurs régionaux prêtés
par la firme furent avisés de cette décision à l'effet que
nous entendions, à l'avenir, avoir nos propres employés dans ces
bureaux régionaux.
Le 31 mars 1968, les honoraires de la firme Lalonde et Valois couvrant
la période de l'année budgétaire 68/69 s'élevaient
à$720,677. Vu la disparition des ingénieurs régionaux
prêtés par la firme, vu la diminution des effectifs parce que
l'opération du départ était complétée, il y
avait à ce moment-là huit ingénieurs de la firme qui
travaillaient à temps plein en vertu du contrat.
Si vous voulez, je peux ajouter les détails suivants: le
personnel régulier pour l'année 67/68 s'élève
à 15.2%, c'est une moyenne; il est monté jusqu'à 20%. Il
est baissé en moyenne à 14% et il s'est ensuite stabilisé
à 8%.
M. LEFEBVRE: Ces chiffres-là, M. le Président, se
comparent à... Le ministre a dit, hier, quel était le nombre
de...
M. CARDINAL: C'était 65, je pense, que j'ai mentionné.
M. LEFEBVRE : Non, mais vous avez parlé.».
M. CARDINAL: Et j'ai mentionné ensuite 14 techniciens, huit
ingénieurs, etc.
M. LEFEBVRE: Très bien, je remercie le ministre de ses
explications. Maintenant, est-ce que le ministre aurait l'obligeance de nous
dire à quelle date M. Gaétan Leborgne a été
nommé président du comité de revision des plans pour les
écoles polyvalentes?
M. CARDINAL: Je n'ai pas la date précise, M. le Président,
c'est soit en juillet, soit au mois d'août 1967.
M. LEFEBVRE: Juillet ou août 1967?
M. CARDINAL: Oui. C'était au titre d'architecte qu'il
était devenu membre de ce comité.
M. LEFEBVRE: Oui. Est-ce que le ministre aurait l'obligeance de nous
dire à quelle date
M. Leborgne a été nommé commissaire à la
CECM?
M. CARDINAL: Je ne pense pas que j'aurais immédiatement sous la
main ce renseignement, M. le Président. Je pourrais le
vérifier.
M. LECHASSEUR: Est-ce que ce monsieur a démissionné de la
firme Lalonde à Valois lorsqu'il a été nommé
commissaire?
M. CARDINAL: Non, M. le Président. Mais encore une fois, je
spécifie que, comme membre du comité consultant, il ne devenait
pas un employé du ministère. Il était consultant comme
tout professionnel membre de comité.
M. LEFEBVRE: Le ministre a bien répondu à ma question que
M. Leborgne avait été nommé non seulement membre mais
président du comité de revision. C'était ma question.
M. CARDINAL: C'est exact, il dirigeait les activités de ce
comité...
M. LEFEBVRE. Il dirigeait».
M. CARDINAL: ... qui comprenait quatre ou cinq architectes.
M. LEFEBVRE: ... les activités de ce comité. M. le
Président, je suis sûr que les fonctionnaires du ministère
se feraient un plaisir de vérifier, pour le compte du ministre, la date
de la nomination de M. Leborgne à la CECM. Cela me paraît
important.
M. CARDINAL: Nous allons le vérifier, M. le Président.
M. LEFEBVRE: Je l'apprécie. Je vais le noter. M. le
Président, le ministre a sûrement pris connaissance qu'à la
suite d'une déclaration du premier ministre en Chambre, M. Bergeron a
mentionné qu'il s'était déjà opposé à
l'engagement de M. Leborgne comme fonctionnaire au ministère. Est-ce que
le ministre...
M. CARDINAL: Je regrette, M. le Président, je n'ai pas pris
connaissance de cette déclaration. Non, écoutez, vous me posez la
question et je vous réponds.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre aurait la condescendance je
ne sais pas si ça lui est possible, puisqu'on nous annonce que dimanche
il deviendra le rival du premier minis- tre mais est-ce que le ministre
croit que ce serait opportun...
M. CARDINAL: Qui a annoncé ça?
M. LEFEBVRE: Un de vos fonctionnaires. J'ai entendu cela à la
télévision.
M. CARDINAL: J'ai entendu cela. Il n'a jamais été question
de rival.
M. LEFEBVRE: Un fonctionnaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LEFEBVRE: M. le Président, non, soyons sérieux...
M. GRENIER: Ce n'est pas une mauvaise nouvelle!
M. LEFEBVRE: C'est vrai, il ne faut pas mêler les questions. Je
m'excuse d'avoir mêlé cette question-là.
M. CARDINAL: Vous êtes tout excusé, monsieur.
M. LEFEBVRE: Puisque le premier ministre en Chambre tout à
l'heure a dit que si le ministre le jugeait à propos, il se ferait un
plaisir de venir faire un tour à la commission, est-ce que le ministre
croit que ce serait abuser du temps du premier ministre que de lui demander de
bien vouloir nous donner cinq minutes de son temps pour répondre
à cette question-là?
M. CARDINAL: M. le Président, j'aurais deux commentaires à
faire. Le premier, c'est que je ne suis pas sûr d'avoir entendu
exactement la même chose que ce qu'on vient de rapporter. C'est vrai que
ce matin les échos en Chambre étalent plus mauvais que
d'habitude. J'ai cru comprendre que le premier ministre a dit: Le ministre de
l'Education pourra répondre, il est présent.
M. LEFEBVRE: Non, vous vérifierez au journal des Débats.
Il a ajouté et je prends à témoins ceux qui étaient
là: Si le ministre de l'Education actuel juge qu'il a besoin de mes
services, il pourra me faire demander.
M. CARDINAL: C'est possible qu'il l'ait ajouté, mais
jusqu'à présent, je ne pense pas que l'on ait eu besoin de
services d'autres personnes pour répondre à ces questions.
M. LEFEBVRE: Sauf, M. le Président, que Je note que le ministre,
de cette façon-là, nous empêche d'avoir réponse
à une question précise, à savoir pourquoi M. Bergeron
s'était opposé à l'engagement de M. Leborgne. Celui qui
était titulaire à ce moment-là, c'était le premier
ministre actuel, il pourrait nous éclairer là-dessus. Le ministre
ne veut pas nous donner accès à cette source d'information...
M. CARDINAL: Pardon, M. le Président, je m'objecte. Je n'ai
jamais dit que je ne voulais pas. En aucun moment, je n'ai prononcé
cette phrase. Je n'ai certainement pas d'objection à ce que le premier
ministre vienne, s'il accepte, mais je n'ai certainement pas l'Intention,
d'autre part, de convoquer moi-même le premier ministre et le chef du
gouvernement, devant ce comité. Faisons la part des choses.
M. LEFEBVRE: II y a une différence entre le convoquer et le prier
aimablement.
M. CARDINAL: Même le prier aimablement. Si le comité
manifestait cette intention, je pense que le premier ministre accepterait. Je
pense qu'il ne m'appartient pas même de prier le premier ministre de
venir à un comité. Ce n'est pas une objection. Je ne m'oppose en
rien à la présence du premier ministre à ce comité,
bien au contraire.
M. GRENIER: J'ai l'impression que le député d'Ahuntsic
aimerait faire une proposition qui sort de l'ordinaire pour se donner un peu de
prestige quand il arrivera à Paris au mois de juin, pour se faire
connaître à l'avance! Vous allez rencontrer le grand Charles!
M. LEFEBVRE: Vous me prêtez des motifs, ce que vous n'avez pas le
droit de faire. Mais, de toute façon, cela ne me trouble pas.
M. CARDINAL: Non, si le député d'Ahuntsic veut
lui-même envoyer une invitation au premier ministre et que celui-ci
l'accepte, écoutez...
M. LEFEBVRE: Je l'ai fait ce matin en Chambre et le premier ministre a
dit qu'il répondrait seulement à l'invitation de son
collègue. M. le Président, je ne sais pas, je me vols
forcé de faire une proposition formelle même si le résultat
est connu d'avance pour que la commission prie respectueusement le premier
ministre de bien vouloir venir, pour cinq minutes, répondre...
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, je soulève un
point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: II serait peut-être bon, je crois, d'attendre la
proposition du député d'Ahuntsic.
M. MALTAIS (Limoilou): Je ne sais pas dans quelle mesure la proposition
ou les propos que tient actuellement le député d'Ahuntsic, sont
sérieux ou sont mi-badins...
M. LEFEBVRE: Non, ils sont très sérieux, je ne suis jamais
mi-badin, sauf quand je dialogue avec le ministre des Affaires culturelles.
M. MALTAIS (Limoilou): Je dois dire que le premier ministre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il vous faut de l'exercice pour vous donner le
sens de l'humour.
M. MALTAIS (Limoilou): Je dois dire que le premier ministre et
cela rejoint encore ce que je disais hier soir ne fait pas partie de la
commission. S'il doit être convoqué ici, il pourrait l'être
volontairement et c'est ce que vient d'indiquer fort à propos le
ministre de l'Education. Seulement par ailleurs, si c'est l'intention du
député d'Ahuntsic de le convoquer à tout prix, il faudrait
qu'il le dise. A ce moment-là, nous prendrons ici les dispositions,
c'est-a-dire que nous aurons à parler sur cette question. Question de
légalité; qui peut-on convoquer devant un comité? A quel
moment peut-on les convoquer. Il s'agit de l'assignation d'un témoin,
alors on va tout savoir cela.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre emploie des termes que
je n'ai pas employés. Il ne s'agit pas de l'assignation d'un
témoin, il s'agit de prier respectueusement celui qui était
titulaire du poste de ministre de l'Education...
M. CARDINAL: Est-ce que vous en faites une proposition?
M. LEFEBVRE: Certainement. Je propose donc, M. le Président,
appuyé par mon collègue M. Tetley, qui veut d'ailleurs parler sur
la proposition, que nous invitions respectueusement l'honorable premier
ministre de bien vouloir venir faire un tour pour cinq minutes à la
commission de l'éducation, parce que nous avons quelques questions
à lui poser qui sont pertinentes au débat.
M. CARDINAL: M. le Président, si on me
permettait une parenthèse qui ne retarderait en rien le
débat, M. Leborgne a été nommé à la
Commission des écoles catholiques de Montréal en vertu
d'un arrêté ministériel portant le numéro 1477, le 2
Juin 1967, en remplacement de Me Marc Jarry, démissionnaire.
Le deuxième renseignement que je me permettrai d'ajouter dans
cette brève parenthèse c'est que, peu importe le résultat
de la discussion que nous aurons sur cette motion, s'il y en a une, c'est que
je voudrais en montrer l'importance. Même si les honoraires de la firme
en question ont pu coûter environ un million de dollars sur la
période de deux ans, totalisant cette période qui était
prévue, ceci ne représente, en fait, que moins d'un
dizième d'un pour cent de l'ensemble du budget de construction
d'écoles dans le Québec.
Voici l'importance de cette question, dont on ne prend encore qu'un
secteur qui ne représente peut-être qu'un dizième d'un pour
cent. Fin de la parenthèse.
M. LEFEBVRE: Puisque le ministre s'est permis cette aprenthèse,
j'ai une remarque à faire sur cette parenthèse.
Je crois que c'est très mal venu de la part du ministre
d'écarter une question en disant: C'est un dizième d'un pour cent
ou c'est un pour cent. A ce compte-là, il n'y a aucune des
dépenses dont on parlerait, parce que toutes les dépenses sont un
pourcentage de cette somme globale. Voyons donc!
Nous discutons actuellement d'une question d'éthique
professionnelle. La date qu'on vient de me fournir montre jusqu'à quel
point nous avons raison. Le gouvernement, le 2 juin 1967, nomme un commissaire
à Montréal. En juillet 1967, soit le mois suivant, il nomme cette
même personne pour présider le comité de revision des
plans.
Je trouve incroyable le rapprochement de ces deux dates, parce que,
justement, le gouvernement a créé de toutes pièces ce
conflit d'intérêt et il l'a fait à un mois d'intervalle.
Ceci, c'est sur la parenthèse du ministre.
M. CARDINAL: D'accord, au sujet de la réponse à la
parenthèse, s'il y a eu vraiment un manquement à l'éthique
professionnelle, je suis surpris que la chambre professionnelle, qui gouverne
chacun de ses membres et, entre autres, M. Leborgne, n'ait jamais agi, à
ma connaissance.
M. LEFEBVRE: Le notaire Cardinal devrait savoir que les professions sont
parfois lentes à agir. Il y a des cas célèbres dans sa
profession...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. LEFEBVRE: ... dont il devrait se souvenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il y a une proposition sur...
M. LEFEBVRE: J'ai fait ma proposition. Je sais que mon collègue,
M. Tetley, avait demandé la parole, je crois, sur cette...
M. TETLEY: La procédure est, en effet, comme la procédure
à la cour mon collègue, mon ancien copain le solliciteur
général le sait très bien c'est comme un examen au
préalable ou un examen d'un témoin avant un procès; vous
avez le droit de présenter votre témoin qui doit connaître
tous les faits un seul témoin mais ce témoin doit
connaître tous les faits.
Comme le ministre l'a expliqué hier soir et même
aujourd'hui, il n'était pas ministre en ce temps-là et il ne
connaît donc pas tous les faits. A ce moment-là, nous avons le
droit d'envoyer un « subpoena », ou nous avons le droit de
questionner le témoin ou un deuxième témoin qui
connaît tous les faits.
En effet, c'est le cas du premier ministre qui, ce matin, a dit qu'il
était prêt. Donc, je ne vols aucune raison pour laquelle le
premier ministre ne doit pas être un témoin, ou un membre de notre
commission, et qu'il ne nous renseigne pas sur des faits qui sont très
importants.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. GRENIER. Il est bien clair que le député d'Ahuntsic
veut monter en épingle une insignifiance. Il le fait depuis hier soir.
Il peut me dire: Le député de Frontenac volt drôlement un
montant aussi intéressant, aussi imposant, que je traite
d'insignifiance.
M. Leborgne a lui-même remis sa démission. Si on demande de
faire comparaître ici le premier ministre sur une chose aussi
insignifiante que celle-là, j'ai l'impression que d'abord, c'est
abaisser assez bas le titre de celui qui dirige la province et,
deuxièmement, si on doit appeler ici M. Leborgne, qui a remis
lui-même sa démission, eh bien moi, je demanderai qu'on appelle
ici, non pas ceux qui ont donné leur démission, mais ceux qui ont
été mis dehors assez singulièrement après 1960. Et
il y en avait, là-dedans, qui étaient des gens qui dirigeaient
des services d'autant d'importance que celui-ci. On les a «
remisés » de la belle façon sans jamais les convoquer ici,
devant la commission.
Et pourtant, nous ne nous en sommes pas scandalisés.
Je ne verrais pourquoi, pour une insignifiance de ce genre, on tiendrait
la province en alerte pendant deux jours. On voudrait même faire
témoigner le premier ministre qui pourrait avoir certains faits à
donner ici. Si on fait cela, on le fera sûrement pour d'autres, et moi je
donnerai des noms qu'on devra appeler ici. Des gens de chez nous, des gens de
Québec que le parti a tout simplement remerciés sans aucune
raison, sans jamais qu'ils aient à se défendre devant la
commission.
Si on fait cela pour lui, on fera cela pour bien d'autres. Nous
sortirons une liste, à ce moment-là, qui est assez volumineuse,
de 1060 à 1966, avec des personnages assez importants à
l'intérieur de la liste.
M. LECHASSEUR: II n'est pas question de dire si oui ou non monsieur
Untel a été congédié ou s'il a
démissionné, là n'est pas le point, c'est que le
député d'Ahuntsic veut établir qu'il y a eu un conflit
d'intérêt. Ce matin, le premier ministre a gracieusement offert sa
collaboration pour venir nous éclairer ici. Alors, je me demande
pourquoi nous discutons. Il s'agit de lui demander s'il a encore la même
idée, s'il veut venir nous éclairer.
M. GRENIER: Nous n'avons rien à cacher, mais c'est
insignifiant.
M. MALTAIS (Limoilou): A ce stade-ci, je voudrais être bien clair.
Je ne voudrais pas que l'on...
M. LECHASSEUR: Il n'est pas question de le convoquer comme
témoin.
M. MALTAIS (Limoilou): M. LeChasseur me comprendra, je ne voudrais pas
que la proposition faite par le député d'Ahuntsic soit telle que
si nous enregistrions, ici, un vote négatif, nous puissions ensuite
aller crier sur les toits que nous ne voulons pas que la lumière se
fasse sur un point qui nous semble assez éclairé, à venir
jusqu'à maintenant, et cela dépend de l'opinion que nous pouvons
nous en faire.
M. LEFEBVRE: Nous pourrons nous demander pourquoi.
M. MALTAIS (Limoilou): Je dois dire ceci: il y a une façon qui me
semble et je pense que M. LeChasseur opinera dans mon sens une
façon tout à fait légitime et bien vue de le faire; il
pourrait demander au premier minis- tre s'il veut bien se présenter
volontairement devant la commission pour répondre.
Mais, je n'ai pas cru comprendre le mot « volontairement ».
J'ai cru que vous avez dit: Je prie respectueusement...
M. LEFEBVRE: Oui, respectueusement le premier ministre de bien vouloir
nous faire une visite.
M. MALTAIS (Limoilou): Bien, à ce moment-là...
M. LEFEBVRE: C'est ce qu'il y a de plus poli; nous ne sommes pas pour
nous mettre le ventre à terre.
M. MALTAIS (Limoilou): Je crois que nous devons quand même
souligner qu'il doit le faire volontairement.
UNE VOIX: Nous l'invitons, nous ne l'obligeons pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Il y a une proposition.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal a demandé la parole.
M. CARDINAL: M. le Président, pour aider les membres de la
commission, y compris le député d'Ahuntsic, je peux donner un
détail additionnel si vous voulez; justement dans le but que j'ai
mentionné. M. Leborgne, aux dates que j'ai indiqués, a eu les
nominations ou les engagements mentionnés. M. Leborgne, comme membre du
comité des architectes et comme directeur de ce comité,
n'approuvait aucun plan. Deuxièmement, comme membre de la CECM, à
compter de la date que j'ai indiquée, il n'a pas eu non plus à
approuver un ensemble de projets de construction pour la CECM puisque
l'ensemble de ces projets ne fait que commencer et ne partira vraiment
qu'à la suite du projets RAS dont il a été question
d'ailleurs, dans une autre interrogation en Chambre. La CECM n'a
présenté que peu de projets je n'ai pas dit qu'elle n'en
avait présenté aucun depuis 1967; le député
d'Ahuntsic a laissé entendre, hier, qu'il y avait peut-être
je ne sais pas s'il a mentionné deux cas dans deux cas des
agrandissements d'école où il a eu comme commissaire à
prendre une décision, il ne s'agissait pas de construction. S'il
avait...
M. LEFEBVRE: M. le Président, pour l'information du ministre: il
y a un contrat de construction de $5 millions accordé à la firme
La-
londe & Valois; c'en est un au moins dont je suis au courant, le
ministre devrait le savoir,
M. CARDINAL: Je n'ai pas ce détail devant moi, M. le
Président, et si on me le donnait, quand même...
Je veux arriver au but de la question. Je ne sais pas ce que l'on veut
établir ou ce que l'on veut prouver. Cette question était venue
l'en dernier. Le député d'Ahuntsic a référé
à deux ou trois reprises à une affirmation faite à la
commission l'an dernier, qui était une affirmation qui venait par-dessus
une affirmation plus nuancée à la page 950 du vendredi 14 juin,
si ma mémoire est fidèle il m'arrive que je me trompe
d'une page on peut vérifier ceci en attendant.
M. LEFEBVRE: Oui, je vous écoute quand même.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmorency.
M. TREMBLAY (Montmorency): Ce n'est pas dans l'ordre des
questions...
M. CARDINAL: Oui, c'est exact, c'est à la page 950, à
gauche au début de la page, jusqu'au bas de la page 951.
UNE VOIX: Quelle est la proposition, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: La proposition est d'assigner le premier ministre
à venir comparaître devant la commission de
l'éducation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le prier de venir.
M. LE PRESIDENT: ... et le prier de venir.
M. LEFEBVRE: De prier respectueusement le premier ministre de bien
vouloir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la proposition.
M. LEFEBVRE: ... visiter la commission. C'est ce que j'ai
proposé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va la mettre au point.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres discussions sur la proposition?
M. LECHASSEUR: Pourrait-on faire une autre proposition? Pourrait-on
demander au premier ministre s'il aurait objection à venir nous
rencontrer à la demande des membres de la commission, membres de
l'Opposition?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a déjà une proposition sur
la table qu'il faut discuter avant.
M. PLAMONDON: Cette proposition m'apparaît même un peu
irrégulière. Je ne crois pas qu'il soit dans l'ordre d'assigner
quelqu'un à une commission comme celle-ci, d'autant plus qu'il est de
tradition dans cette Chambre que, lorsque nous étudions des
crédits en commission, l'Opposition se réserve la plupart du
temps un article ou une question à ramener en Chambre, à ramener
sur le parquet. Si l'Opposition considère qu'elle ne peut pas avoir de
réponse à ses questions aujourd'hui... Oui, oui mais en fait elle
a le choix à ce moment-là.
M. CARDINAL: La suggestion de M. Plamondon est très juste pour
éviter de ruiner l'efficacité de cette commission qui
fonctionnait assez bien jusqu'ici. Comme on a déjà
réservé l'article 1 pour des questions qui pourraient être
posées en Chambre par les membres de l'Opposition, le
député d'Ahuntsic pourrait réserver sa ou ses questions
pour ce moment. Il aurait des réponses, le premier ministre étant
présent.
M. LE PRESIDENT: Les membres veulent-ils voter sur la proposition?
M. LEFEBVRE: Je demanderais qu'on vote sur la proposition. Si la
proposition est rejetée, nous sommes évidemment au courant que
nous pouvons utiliser d'autres moyens, ce que nous ferons. Puisque nous avons
fait une proposition, c'est que nous croyons raisonnable d'utiliser le premier
moyen. Ce n'est peut-être pas nécessaire de prendre tout le temps
de la Chambre pour une simple réponse à une simple question.
Alors, nous maintenons notre proposition.
M. CARDINAL: C'est singulier, M. le Président. C'est une simple
question.
M. LE PRESIDENT: Qui est en faveur de la proposition du
député d'Ahuntsic? M. Bousquet êtes-vous en faveur?
M. BOUSQUET: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal?
M. CARDINAL: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre?
M. LEFEBVRE: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Tetley?
M. TETLEY: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Grenier?
M. GRENIER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. LeChasseur?
M. LECHASSEUR: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Maltais (Limoilou)?
M. MALTAIS (Limoilou): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Morin?
M. MORIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Fortier?
M. FORTIER: Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay (Montmorency)?
M. TREMBLAY (Montmorency): Contre.
M. LE PRESIDENT: Alors la proposition du député d'Ahuntsic
est rejetée.
M. LEFEBVRE: Je constate que le député de Montmorency est
retourné au pouvoir.
M. TREMBLAY (Montmorency): Cela ne sert à rien de perdre notre
temps...
M. LEFEBVRE: M. le Président, nous prenons évidemment
bonne note de l'invitation que le ministre nous a faite de réserver
à cet article à la fin ou, du moins, les questions sans
réponse pour les ramener à la Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut bien préciser que l'article
n'est pas réservé comme tel, mais qu'au poste 1 vous aurez le
droit de reposer le problème.
M. LEFEBVRE: Non.
M. CARDINAL: Ce n'est pas le poste 13.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas le poste 13 qui est
réservé.
M. CARDINAL: Avant votre arrivée, M. le député
d'Ahuntsic, nous avions convenu, des deux côtés, que le poste 1
était réservé pour toutes les questions concernant toutes
les prévisions budgétaires.
M. LE PRESIDENT: Le poste 13 est-il accepté?
M. LEFEBVRE: Non, non. On a convenu que je terminerais ma liste de
questions et qu'ensuite le député de Montmorency... je sais,
d'ailleurs, que mes collègues ont d'autres questions aussi.
J'aimerais savoir à quelle date M. Yves Ma-heux a
été nommé sous-ministre adjoint au ministère de
l'Education?
M. GRENIER: M. le Président, M. le Dr Tremblay avait des
questions à poser. M. Lefebvre avait dit qu'il avait une série de
questions du même ordre; Je vois qu'il change l'ordre des questions. Je
pense bien que le Dr Tremblay avait la parole avant lui.
M. LEFEBVRE: Non. Je regrette je ne pense pas que le
député de Frontenac accélère les travaux en
mêlant les cartes. On a convenu hier, comme j'étais ici le
remplaçant de M. Paul Gé-rin-Lajoie...
M. GRENIER: Vous aviez une série de questions. J'étais
présent moi aussi, hier.
M. LEFEBVRE: ... que je poserais ma série de questions et
qu'ensuite le député de Montmorency...
M. GRENIER: Si elles étaient dans le même ordre... mais
vous changez l'ordre des questions.
M. LEFEBVRE: Je ne change pas l'ordre, je suis toujours au poste 13.
M. GRENIER: Je pense bien que le sujet est différent de celui
d'hier.
M. LEFEBVRE: Bien, si c'est votre Jugement... Je regrette, mais ce n'est
pas le jugement de la plupart des membres de la commission, J'en suis
sûr.
M. CARDINAL: M. le Président, M. Maheux a été
nommé sous-ministre par una rrété ministériel dont
je n'ai pas sous la main ni le numéro, ni la date précise.
C'était au cours du mois d'août 1967.
M. CARDINAL: M. le Président, M. Maheux a été
nommé sous-ministre, comme tout autre sous-ministre, par un
arrêté ministériel dont je n'ai pas sous la main ni le
numéro, ni la date précise. C'était au cours du mois
d'août 1967.
M. LEFEBVRE: Août 1967? Je fais lentement l'addition. Avril 1967,
un contrat avec la firme Lalonde à Valois. Juin 1967, nomination de M.
Leborgne, membre de la firme Lalonde à Valois, à la CECM. Juillet
1967, nomination de M. Leborgne comme président du comité de
revision des plans. Août 1967, nomination de M. Maheux, membre de la
firme Lalonde à Valois, comme sous-ministre adjoint. Cela fait beaucoup
de Lalonde à Valois.
M. CARDINAL: Dès qu'il est devenu sous-ministre adjoint, il a
cessé d'être membre de la firme Lalonde à Valois, comme Me
Beaulieu avait auparavant cessé d'être membre de la firme que l'on
a mentionnée ce matin, lorsqu'il a pensé se présenter aux
élections.
Nous n'avons tellement rien à cacher dans ce domaine. Je suis
prêt à répondre à toutes les questions et chaque
fois qu'on voudra des dates précises, on fera des recherches où
il faudra pour donner les réponses.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre aurait l'obligeance de nous dire
pour quelle raison...
M. MALTAIS (Limoilou): Chasse aux sorcières.
M. LEFEBVRE: Je pense que nous posons nos questions sur un ton
raisonnable. Pourquoi toujours ces remarques déplaisantes?
M. MALTAIS (Limoilou): Oui, mais c'est long...
M. LEFEBVRE: Nous avons le droit déposer des questions. Je
regrette, M. le Président, mais...
M. GRENIER: Ce n'est pas le ton, c'est l'insignifiance des
questions...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Vous croyez vraiment que vous avancez quelqu'un en disant
ces stupidités que vous dites en Chambre depuis trois ans.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Est-ce que le député de Frontenac...
M. GRENIER: Vous, vous allez vous rendre compte que vous en avez fait
perdre joliment du temps avec de telles questions.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Je regrette, mais nos questions sont polies, elles sont
raisonnables, elles peuvent déplaire au gouvernement, elles peuvent lui
faire mal, mais nous avons le droit...
M. GRENIER: Elles ne nous font pas mal, elles nous font perdre notre
temps...
M. LEFEBVRE: ... et ce n'est pas par les injures du député
de Frontenac qui n'a jamais rien dit de sensé en Chambre depuis trois
ans que nous allons avancer les travaux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. GRENIER: Vous lirez le journal des Débats.
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas non plus les expressions savantes du ministre
des Affaires culturelles qui vont m'empêcher de poser mes questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. LEFEBVRE: Qu'on nous laisse poser les questions que nous voulons
poser.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
La parole est au ministre des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. LEFEBVRE: Autrement, cela va prendre des semaines...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes disposés à recevoir
toutes les questions et le ministre de l'Education a répondu à
toutes les questions qui lui ont été posées. La seule
chose qu'a soulignée tout à l'heure mon collègue le
député de Frontenac, c'est qu'il a insisté sur le ton des
questions en apparence bénignes que pose le député de
Ahuntsic. Or, on sait l'esprit pernicieux, insidieux et souvent de mauvaise foi
du député pour que l'on soit Justifié, à certains
moments, de s'impatienter de ce miel qu'il essaie de servir et qui recouvre ce
qu'on répand ordinairement avec des épandeurs d'engrais. Bon.
Voilà la précision qu'il faut apporter pour qualifier ce que vous
êtes.
M. LEFEBVRE: Lorsque des insultes d'un être aussi
déséquilibré que le ministre des Affaires
culturelles...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois qu'il serait bon de revenir
à la question que vous posiez tout à l'heure, M. le
député d'Ahunt-sic.
M. LEFEBVRE: Oui. Sauf, M. le Président, que j'aimerais vous
faire remarquer ceci. Si vous permettez au ministre des Affaires culturelles de
nous insulter en disant que nous répandons... de la merde!!! ... c'est
ça, des épandeurs d'engrais! Voyez-vous? Si vous permettez cela
au ministre des Affaires culturelles, de deux choses, l'une...
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Il a enfin compris. J'en suis très
heureux.
M. LEFEBVRE: ... ou nous allons.»
M, TREMBLAY (Chicoutimi): Hier, il l'avait seulement senti et ce matin,
il comprend.
M. LEFEBVRE: ... continuer de parler avec des
déséquilibrés ou bien nous allons prendre la chose sur un
autre ton et cela peut être très long, la discussion des
crédits.
J'ai eu à remplacer au pied levé mon collègue, M.
Gérin-Lajole. J'ai fait preuve depuis le début, je pense, de pas
mal de modération. Je n'ai insulté personne. J'ai posé des
questions poliment. Je salue avec plaisir la présence du premier
ministre. J'espère qu'il concourra à ramener des débats
à un niveau acceptable et à faire taire son insulteur
professionnel de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Président!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LEFEBVRE: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement encore une fois.
M. LE PRESIDENT: Sur un point de règlement, le
député de Chicoutimi.
M. LEFEBVRE: Invoquez tout ce que vous voudrez!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour faire observer que ce que j'ai dit au
député d'Ahuntsic, ce n'est pas une insute, cela constate, c'est
un diagnostic. C'est l'esprit le plus pernicieux, le plus malhonnête de
la Chambre et je retire ces paroles tout de suite.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Oui, c'est ça. C'est bien le cas d'un être vil
qui dit des insultes et qui les retire. La conduite...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. BERTRAND: M. le
Président...
M. LEFEBVRE: Je m'excuse, M. le Premier ministre, sur le point d'ordre.
La conduite du ministre des Affaires culturelles en cette Chambre est un
scandale pour un homme qui est censé diriger les activités de la
culture. Quant à moi, à l'avenir, je ne répondrai en
aucune façon à ses remarques insidieuses. Cet homme est d'une
prétention incroyable et il est un insulteur public.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEFEBVRE: M. le Président, je parle sur le point de
règlement... je vous demande à l'avenir de faire respecter la
décence et la politesse élémentaire dans cette commission,
et d'exercer à l'endroit du ministre des Affai-
res culturelles le même bon Jugement dont vous faites preuve
à l'endroit de la plupart des membres de cette commission.
Je ne pense pas que le ministre puisse bénéficier d'un
traitement spécial, parce qu'il est ministre des Affaires culturelles et
député de Chicoutimi. Je compte sur vous parce que Je n'aime pas
à dialoguer avec cet individu.
M. BERTRAND: M. le Président, Je vous demanderais la parole
étant donné que ce matin, en Chambre, le député
d'Ahuntsic a posé certaines questions relatives aux estimations
budgétaires du ministère de l'Education. J'ai répondu que
le ministre de l'Education était en mesure de fournir aux
collègues tous les renseignements sur tous et chacun des actes, non
seulement sur ceux qu'il a posés, mais sur ceux qui ont
été posés par moi-même. J'ai fait allusion que s'il
fallait demander la présence de tous les anciens ministres de
l'Education, cela exigerait également la présence de l'ancien
ministre, M. Paul Gérin-Lajoie.
Et tantôt le problème est revenu devant vous. Mon
collègue est en mesure de répondre et d'ailleurs m'indique qu'il
a donné tous les renseignements a la commission. Nous pouvons être
satisfaits des réponses ou ne pas l'être. Cela dépend de
quel côté nous nous trouvons.
De toute façon, au sujet de l'engagement de la firme Lalonde
à Valois, M. Cardinal a donné tantôt les
renseignements.
M. CARDINAL: Tout l'historique et les dates.
M. BERTRAND: Tout l'historique, et les renseignements qu'il vous a
donnés sont exacts. Dans les circonstances, on comprendra
aisément, M. le Président, que nous devons partager les taches.
J'ai du travail à accomplir ailleurs, et ce n'est pas une excuse en vue
de refuser de me présenter devant cette commission. Au contraire, J'y
suis venu malgré le vote qui a été pris. Je tiens à
dire que mon collègue, le ministre de l'Education, a tous les documents
lui permettant de fournir des réponses pleines et entières
à la commission sur tous et chacun des gestes administratifs
posés par celui qui parle, dans le domaine de l'éducation.
Dans les circonstances, vous voudrez bien comprendre que Je ne peux pas
revenir chaque fois qu'il y aura une question posée par le
député d'Ahuntsic ou un autre. Dans ces domaines-là comme
dans les autres, il y a des documents; il y a eu des actes qui ont
été posés qui étaient basés sur les
renseignements que nous avions à l'époque, et ces actes sont
devant vous.
Nous pourrons ne pas être satisfaits du Juge- ment que vous
poserez, mais Je crois que personne ici, le ministre en tête, n'a
intérêt à cacher des faits, et il n'en cache pas. Je
voudrais bien que la situation soit clairement établie, que les
positions soient clairement établies aussi; ce n'est pas que Je refuse
de venir devant la commission.
Est-ce que le député d'Ahuntsic me comprend?
M. LEFEBVRE: M. le Président, f apprécie
énormément que le premier ministre nous ait fait une visite. Je
sais d'ailleurs que le premier ministre est un « gentleman ». Je
souhaiterais qu'il communiquât ses bonnes manières a ses
collègues.
M. BERTRAND: Pourquoi des remarques!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Encore le même ton pernicieux,
malhonnête.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Toutàl'heu-re J'ai
considéré l'incident clos; il ne faudrait pas y revenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A condition que le député ne
récidive pas.
M. LEFEBVRE: M. le Président, Je suis très content que le
premier ministre nous fasse cette visite. Nous n'avions qu'une ou deux
questions à lui poser; puisqu'il est là, est-ce que nous
pourrions les lui poser?
M. BERTRAND: Oui, posez-les.
M. LEFEBVRE: La première question est celle que f avais
posée au ministre de l'Education. Evidemment, c'est vous-même qui
étiez ministre de l'Education à cette
époque-là.
Dans un article de Journal, M. Bergeron, protestant contre
l'interprétation que vous aviez donnée à sa
démission, a mentionné entre autres choses qu'il s'était
déjà opposé à l'engagement de M. Leborgne comme
fonctionnaire à la direction de l'équipement au sein du
ministère de l'Education. Or, Je ne cherche pas querelle à M,
Leborgne.
M. BERTRAND: Si le député d'Ahuntsic me permet
immédiatement de répondre, M. Leborgne n'a jamais
été fonctionnaire.
M. LEFEBVRE: Je sais, ce n'est pas ma question.
M. BERTRAND: Non, alors posez votre question.
M. LEFEBVRE: C'est la question que j'ai posée au ministre de
l'Education, et je comprends que le premier ministre actuel serait
sûrement en mesure d'y répondre. Est-ce que le premier ministre
peut nous dire pourquoi M. Bergeron s'était opposé à
l'engagement de M. Leborgne comme fonctionnaire régulier à la
commission?
M. BERTRAND: A ma connaissance, M. Bergeron n'a pas eu à
s'opposer. S'il s'est opposé à cet engagement, ce n'est pas en ma
présence.
M. LEFEBVRE: Je cite un article duDevoir du 29 mars, et c'est entre
guillemets. Ce n'est pas moi qui ai parlé à M. Bergeron, c'est le
journaliste.
M. Bergeron dit: « M. Bertrand savait pourquoi je m'opposais
à l'engagement de l'architecte Leborgne. Le sous-ministre Jos.
Pagé, à qui j'avais demandé d'envoyer M. Leborgne a mon
bureau, m'appela un jour pour me dire que Leborgne et lui aimeraient me voir
dans le bureau de M. Pagé. J'ai répondu: Envoie-le à mon
bureau. »
M. Bergeron faisait allusion à ce qui se passait à la CECM
avant 1960.
M. BERTRAND: Là, vous voyez où on en est rendu avec ces
propos-là, à remonter...
M. LEFEBVRE: On est rendu...
M. BERTRAND: ... en 1960. Alors, vous allez bien comprendre que je
n'avais pas le temps au ministère de l'Education de m'occuper des
papotages de cette nature. J'avais tout simplement à administrer les
fonds publics qui m'étaient votés par la Chambre, à les
administrer de la manière la plus honnête possible, la plus
objective possible et je pense que, lorsque j'ai quitté le
ministère de l'Education, si on va rencontrer tous les fonctionnaires,
depuis les plus haut gradés, le sous-ministre, à aller jusqu'au
niveau des directions générales et ailleurs, on comprendra que...
J'espère que la réputation que j'ai laissée là, a
été celle d'un homme objectif et qui a essayé de bien
administrer les fonds publics et de continuer les étapes de la
réforme scolaire.
M. LEFEBVRE : Si je comprends bien...
M. BERTRAND: Voilà quelle a été monatti-tude. Et le
papotage de la nature des propos de M. Bergeron...
M. LE PRESIDENT: M. le ministre de l'Education a des commentaires.
M. BERTRAND: ... quant à moi,... M. LEFEBVRE: C'est du papotage.
M. BERTRAND: ...c'est du papotage.
M. CARDINAL: M. le Président, vous me permettez d'ajouter ceci;
deux faits qui sont des faits. Que M. Bergeron se soit ou non opposé
à une recommandation qu'aurait faite quelqu'un, rien ne le prouve dans
aucun des documents du ministère. La nomination de M. Leborgne comme
fonctionnaire, prouve quoi, puisque M. Leborgne n'a jamais été
engagé comme fonctionnaire? Alors, c'est plus que de défoncer une
porte ouverte, c'est s'opposer à une chose qui ne s'est jamais
réalisée...
UNE VOIX: Oui.
M. CARDINAL: ... s'il s'est opposé.
M. BERTRAND: II n'est pas devenu fonctionnaire, c'est tout.
M. CARDINAL: Bien, c'est parce que le premier ministre n'a pas
assisté à toute la discussion, hier. Elle a été
longue.
M. BERTRAND: Non, mais dès l'instant le
député d'Ahuntsic me permettra où il dit: M.
Leborgne comme fonctionnaire. M. Leborgne n'a jamais été
fonctionnaire. Alors, immédiatement la base de son argumentation
s'écroule. A ce moment-là, et j'ai raison de dire qu'il s'agit de
papotage. Est-ce que M. Bergeron a été bien rapporté ou
non? Cela, c'est un autre problème.
Le cas de M. Bergeron, j'ai eu l'occasion d'en parler en Chambre et je
l'ai dit à l'époque, j'ai même fait une mise au point
à la suite d'un article qui avait paru dans le journal Le Soleil, je
crois, où j'ai rétabli les faits. Quant à moi et je
l'ai dit d'ailleurs au téléphone à Gilles Bergeron
je n'avais plus l'intention de parler de ce problème.
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président, le premier ministre...
M. BERTRAND: J'ai établi ma position. Son interprétation,
cela, libre à lui de donner celle qu'il voudra à son attitude.
Mais, j'ai donné, quant à moi, des faits. Alors, à ce
moment-là, quant à moi, |e considère le cas de M. Bergeron
clos.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le premier
ministre, en Chambre il s'en souviendra sûrement le
27 mars, je lui ai posé une question parce qu'il y avait un imbroglio,
là, au sujet de la raison de la démission de M. Bergeron. Cet
incident se trouve relié à toute une discussion que nous avons
actuellement et qui concerne, non pas un individu seulement, mais qui concerne,
à notre avis, l'éthique administrative du ministère de
l'Education et qui concerne une responsabilité, à notre avis,
exorbitante confiée à une firme qui en est rendue, pratiquement,
à remplacer le ministère dans les... Est-ce que le premier
ministre me permet?
M. BERTRAND: Oui, oui, je n'ai pas d'objection.
M. LEFEBVRE: Cela en est pratiquement rendu 5 remplacer le service
d'équipement du ministère de l'Education dans tous les
problèmes de planification. J'en apporterai une preuve tantôt.
Lorsque les journaux ont attaqué le ministère c'est
important, ça, M. le Premier ministre, écoutez bien, ça va
vous inquiéter vous-même ...
M. CARDINAL: Avez-vous besoin du Soleil? On peut y revenir si vous
voulez.
M. LEFEBVRE: Non, non, ony reviendra. Ce que je veux dire, M. le
Président, et c'est pour montrer jusqu'à quel point c'est
sérieux, ça, en dépit de certains gloussements qui
viennent mêler notre affaire, c'est pour vous montrer comme c'est
sérieux. Lorsque certains journaux ont révélé des
faits que je n'ai pas à justifier, qu'on pourrait discuter cependant,
concernant le coût de construction, disons des opinions si le ministre
préfère, parce que les preuves, nous allons en discuter. Le
ministre aura à faire certaines preuves.
M. BERTRAND. Il a tous les renseignements pour y répondre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ceci a été
rapporté dans les journaux. Savez-vous ce qui est arrivé? On n'a
pas vu une déclaration de la part du ministère de l'Education, on
a vu dans les journaux une déclaration de la part du bureau de la firme
Lalonde à Valois. La firme Lalonde à Valois nie qu'il en
coûte plus cher pour construire des écoles au Québec. Mais
qui c'est, ça, la firme Lalonde à Valois? Est-ce que c'est le
gouvernement?
M. BERTRAND: Alors voici. Là vous déplacez, M. le
Président, à la commission...
M. LEFEBVRE: Je ne déplace rien, j'explique au premier ministre
que ce qu'on fait, ce ne sont pas des enfantillages.
M. BERTRAND: J'ai déjà compris...
M. LEFEBVRE: Je voudrais qu'il explique cela au ministre...
M. BERTRAND: M. le Président, si vous me permettez, les
explications que donne ce matin le député d'Ahuntsic, j'ai tout
compris cela l'autre jour quand j'ai lu l'article dans le Soleil, quand j'ai
entendu des commentaires. A ce moment-là, je pense que le chef de
l'Opposition m'a posé des questions. J'entends ce matin les commentaires
du député d'Ahuntsic.
Le problème, ce n'est pas le problème de M. Bergeron,
c'est le problème d'un acte posé par le ministère...
M. CARDINAL: Absolument.
M. BERTRAND: ... où le fonctionnarisme n'est pas mis de
côté. Il y a 65 personnes encore à l'emploi du
ministère de l'Education à la Direction générale de
l'équipement. Il y a une firme qui est engagée en vue d'effectuer
un meilleur contrôle et qui travaille, c'est bien entendu, en
étroite coopération avec les fonctionnaires du ministère
de l'Education. Est-ce qu'à cause de ces actes-là, c'est mauvais?
Le député d'Ahuntsic dit que c'est mauvais. Qu'il le prouve! Le
ministre de l'Education vous répondra. Alors, à ce
moment-là, ce n'est pas le cas de Gilles Bergeron, c'est le cas d'un
acte qui a été posé qui n'est pas le mien, par le
ministère de l'Education. Si l'on trouve que c'est un acte mauvais, si
on trouve cela, qu'on le prouve. Le ministre répondra. A ce
moment-là, essayez de faire des personnalités, que la firme
Lalonde & Valois ait répondu, je n'avais pas lu cela dans le
journal. Le firme Lalonde à Valois...
M. LEFEBVRE: C'est significatif.
M. BERTRAND: ... je ne veux pas la défendre, mais quand des
personnes sont attaquées, est-ce qu'on peut les blâmer de
répondre? Quand le député d'Ahuntsic est attaqué,
jamais je ne le blâmerai de répondre. Et quand quelque firme que
ce soit fait affaire avec le gouvernement, si elle est attaquée, qui
pourra la priver de son droit de répondre? Je pensais que le
député d'Ahuntsic était un homme féru des grandes
libertés civiles, des droits fondamentaux. C'est un droit fondamental
que celui de pouvoir répondre en face d'une attaque. Alors, M. le
Président,
quant à moi, je considère cet incident clos au sujet de
Gilles Bergeron, au sujet des actes administratifs du ministère. J'ai
dit dans quel cas cela avait été posé. D'ailleurs le
ministre l'avait dit tantôt. Pour le moment qu'on continue l'étude
des estimations budgétaires, sans en faire de belle personnalité
en s'en tenant aux actes administratifs! C'est tout ce que j'avais à
dire.
M. LEFEBVRE: Avant que le premier ministre parte, M. le
Président, j'aurais une autre question à lui poser, c'est une
dernière. Je sais que le premier ministre est pressé parce que
j'aimerais...
M. BERTRAND: Je ne suis pas pressé, je peux rester encore.
M. LEFEBVRE: Si vous avez une minute de plus, M. le Premier ministre,
vous venez de dire que quand quelqu'un est attaqué, il doit se
défendre.
M. CARDINAL: M. le Président, c'est justement sur ceci que je
voulais intervenir. Je veux rappeler deux faits précis. Parce qu'il faut
quand même qu'on place les choses dans leur contexte. Lorsque l'article
du Soleil est paru et que le député d'Ahuntsic a fait une
intervention en Chambre, à ce moment-là le premier ministre s'est
levé et je me suis levé moi-même et nous avons tous les
deux affirmé que nous ne répondrions pas tout de suite et que
nous répondrions lors de l'étude des budgets. Il n'y avait donc
dans ce geste absolument pas une défense de répondre, la Chambre
en a convenu. Deuxièmement, j'ai mentionné hier en l'absence du
premier ministre que si, je n'ai pas à ce moment-là,
mentionné la démission de M. Leborgne, la nomination de M.
Archambeault et certains autres faits, c'est que je n'avais absolument à
justifier d'aucun acte qui pouvait être interprété d'aucune
façon comme étant des actes que le gouvernement n'aurait pas
dû poser. Ce sont les deux seules raisons qui ont fait que,
jusqu'à ce que cette commission se réunisse et que ces questions
soient posées, j'ai gardé le silence sur ces questions. Il n'y a
pas là de quoi fouetter un chat et l'article du Soleil si l'on
veut y revenir, nous y reviendrons c'était l'opinion d'un
journaliste. Il avait ses sources et nous avons au ministère nos sources
et nous pourrons rétablir les faits.
M. BERTRAND: M. le Président, je suis en état de dire
je ne donnerai pas ma source de renseignements que tous ces
renseignements-là qui ont été fournis au Soleil sont
sortis du mi- nistère, pas les documents comme tels, mais ils ont
été préparés de manière à fournir des
munitions à l'Opposition, je n'en dirai pas plus. Cela ne veut pas dire,
comme on l'a dit à l'époque, que ces renseignements-là
étalent fondés et c'est ici que l'on doit tenter d'aller au fond
des choses et d'éviter des personnalités.
M. LEFEBVRE: M. le Président le premier ministre vient de dire
quelque chose d'extrêmement grave. Il dit que les renseignements
étaient sortis du ministère et que c'étaient des
renseignements non fondés...
M. BERTRAND: C'est-à-dire des renseignements, j'ai bien
nuancé des renseignements partiels, alors il y a par exemple des noms
qui ont été donnés, c'est fondé, Lalonde à
Valois, mais l'interprétation que l'on a donnée au sujet des
actes de Lalonde à Valois, c'est mal fondé.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne veux pas prendre du temps du
premier ministre, je veux seulement, s'il permet, donner un commentaire
à ce qu'il a dit et ensuite lui poser une question. Le premier ministre
a dit que, lorsque quelqu'un est attaqué, il a droit de se
défendre. Tout le monde est d'accord. L'article du Soleil n'attaquait
pas Lalonde & Valois. L'article du Soleil attaquait le gouvernement et
affirmait un certain nombre de choses. Or Lalonde & Valois, ce qu'ils ont
défendu, ce n'était pas leur honneur professionnel, je cite
l'article: « Un porte-parole de la firme d'ingénieurs-conseils
Lalonde, Valois et associés a déclaré hier que le
Québec a réussi à construire des écoles à un
coût moindre que toutes les autres provinces du Canada. Au cours d'une
conversation téléphonique, il a qualifié de surprenante la
nouvelle selon laquelle il en coûterait maintenant 70% plus cher, etc.
» Ce que je dis, M. le Président, je dis qu'il est
étrange...
M. CARDINAL: Puis-je intervenir? M. LEFEBVRE: Oui.
M. CARDINAL: Vous dites au cours d'une conversation
téléphonique. J'aimerais beaucoup savoir si c'est la firme
Lalonde et Valois qui a pris l'initiative, ou si un journaliste n'a pas
interrogé un représentant de la firme.
M. LEFEBVRE: Malheureusement...
M. CARDINAL: Ah!
M. LEFEBVRE: Cela, je ne le sais pas.
M. CARDINAL: Nous non plus.
M. BERTRAND: Même si cette conversation était vraie,
comment le député d'Ahuntsic pourrait-il blâmer des gens
dont les noms ont été jetés en pâture à
l'opinion publique et qui travaillent en collaboration étroite avec la
direction de l'équipement, qui sont au courant des faits et qui peuvent
probablement établir des comparaisons. Comment pourrait-on les
blâmer d'avoir fait cette déclaration?
M. LEFEBVRE: De toute façon, je tiens à préciser
que nous n'avons aucun grief contre la firme Lalonde et Valois. Nous ne mettons
aucunement en cause la compétence de cette firme. Ce n'est pas du tout
la question. Notre préoccupation est d'éthique administrative,
d'éthique professionnelle et de bonne administration au sein du
ministère de l'Education.
Pour ne pas retarder le premier ministre, je n'ai qu'une question
à lui poser. En Chambre, le 27 mars, il a mentionné
lui-même n'avoir pas d'objection à ce que M. Bergeron soit
invité à venir devant la commission. Il m'a dit:
Téléphonez à M. Bergeron, appelez-le vous-même. J'ai
mentionné au premier ministre que je trouvais cela un peu anormal, mais
puisqu'il m'invitait à le faire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, a l'ordret
M. LEFEBVRE: Le premier ministre est présent, il n'était
pas là hier. Est-ce que le premier ministre serait d'accord?
M. BERTRAND: J'ai dit que quant à moi et je l'ai dit au
téléphone à Bergeron je considérais
l'incident comme absolument clos.
M. LEFEBVRE: Alors vous n'êtes pas d'accord.
M. BERTRAND: Personne n'en tirerait profit et cela n'avancerait pas les
travaux de cette commission que de continuer à faire des
personnalités. On voit où cela nous conduit, on est en train de
faire des procès d'intention à une firme...
M. LEFEBVRE: Non.
M. BERTRAND: ... qui est engagée par le gouvernement, le
gouvernement ne le nie pas.
M. LEFEBVRE: On fait le procès du gouvernement, M. le Premier
ministre.
M. BERTRAND: Faites le procès du gouvernement, cela vous
regarde.
M. LEFEBVRE: C'est cela.
M. BERTRAND: Mais vous verrez si vous gagnerez votre cause. Moi je vous
dis non.
M. LE PRESIDENT: Je crois, pour terminer cette chose, que la commission
en est venue à la décision, hier, de ne pas convoquer M.
Bergeron. Alors nous ne pouvons pas, selon moi, revenir sur une décision
prise par les membres de la commission.
Etant donné qu'il est midi et demi, je crois que nous allons
ajourner à mardi...
M. CARDINAL: Après la période des questions.
M. LE PRESIDENT: ... après la période des questions.
M. MALTAIS (Limoilou): Ce n'est pas tout à fait la
décision du comité, qui a été prise si je me
rappelle bien. Bien au contraire, la décision était à
l'effet que la proposition telle que faite par le député
d'Ahuntsic était irrégulière, non recevable.
M. LEFEBVRE: Non, c'est faux. Il y a eu deux votes. Un premier qui
proposait d'inviter M. Bergeron. Un deuxième qui proposait de faire
rapport à la Chambre pour que la Chambre nous autorise à inviter
M. Bergeron. Le gouvernement a voté contre, aux deux votes. Le
gouvernement ne veut pas que M. Bergeron...
M. BERTRAND: Non, M. le Président...
M. LEFEBVRE: Le gouvernement ne veut pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Je note que le député d'Ahuntsic aime cela,
premièrement, faire des procès d'intention,
deuxièmement...
M. LEFEBVRE: J'aime la vérité.
M. BERTRAND: ... donner en pâture des personnes à l'opinion
publique.
M. LEFEBVRE: Non, je ne donne personne en pâture.
M.BERTRAND: J'admets d'ailleurs que c'est sa manière de penser et
sa manière d'agir.
M. GRENIER: Exactement.
M. LEFEBVRE: Non, je juge les actes du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à mardi,
après la période de questions.
(Fin de la séance: 12 h 35)