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Comité de l'éducation (4)
Séance du 20 février 1969
(Dix heures vingt-six minutes)
M. PROULX (président du comité): La séance est
ouverte!
M. Archer, de Montréal, s'il vous plaît.
M. MacDonald, de la Quebec Metropolitan English Catholic
Parents'Association.
M. Kingwell. Monsieur?
M. MACDONALD: M. MacDonald. M. LE PRESIDENT: Allez-y, M. MacDonald.
M. P.-J. MacDonald
MR. MACDONALD: Honourable members, Mr. Chairman, ladies and
gentlemen.
Our association respectfully greets the members of the permanent
Committee, whose mandate, as we understand it, includes advising the Quebec
Legislature concerning Bill 85 (1968).
The object of this Bill as stated in its explanatory notes, is to
specify the role of the French language in the field of Education of the
Province of Quebec. In announcing it, Prime Minister Bertrand stated that the
bill concerned a delicate and difficult problem; a problem which touches what
men hold dear, their language and their culture; a problem where emotional
reactions can sometimes take precedence over reason.
In presenting its views to the Committee, our association hopes to make
a reasonable contribution rather than an emotional one, and this in the spirit
of collaboration requested of parents in educational matters, which Premiers
Lesage, Johnson and Bertrand, and Education Ministers Ge'rin-Lajoie, Bertrand
and Cardinal have insisted upon since the days of the Parent report.
The Quebec Metropolitan English Catholic Parents'Association
respectfully submits that all parents, regardless of ethnic origin, who have
the primary and inalienable right and duty to educate their children must enjoy
true liberty in their choice of schools and, by the same rights, in the
language of their choice. Consequently, the public power, which has the
authority and responsibility to protect and defend the rights of its citizens,
must see to it, in its concern for distributive justice, that legislation and
facilities are provided so that parents are truly free to choose, according to
their conscience, the schools they want for their children, both from a
linguistic and religious point of view.
We believe that the provisions of Bill 85 are a positive and genuine
contribution to this end, and therefore, we wish to state to the permanent
Committee that we approve their general intent, subject to favourable
consideration of the revisions outlined in the subject brief.
Mr. Chairman, with your permission, I would like to ask the
vice-president of the Quebec Metropolitan English Catholic Parents'Associa-tion
to present the text of our brief in French.
M. LE PRESIDENT: Oui, oui, sans doute.
M. Peter Roy
M. ROY: Alors qu'examinés à la lumière de la
raison...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous répétez le texte?
M. ROY: Non, je ne répète pas ce que M. MacDonald vient de
dire; j'emboîte le pas.
M. LE PRESIDENT: « Emboîtez! »
M. ROY: A partir du paragraphe numéro 3.
M. LE PRESIDENT: C'est évident.
M. ROY: Alors qu'examinés à la lumière de la
raison, les problèmes de culture et de langue auxquels fait allusion
monsieur le premier ministre Bertrand peuvent révéler des aspects
inattendus. Par exemple, une très grande partie de la population du
Québec qui, à cause de leur langue, sont appelés vaguement
« anglo-saxons » ou « franco-latins » sont
poussés par quelques-uns de leurs compatriotes, peut-être trop
émotifs, à défendre des héritages qu'ils
considèrent à court terme comme étant « anglais
» ou « français ». Cependant, l'historien
informé sait que la fraction dont nous parlons était initialement
et il n'y a pas si longtemps en termes de « culture » d'un
peuple - une même nation celtique de l'Europe de l'Ouest. Ceux de la
partie nord se sont vu imposer pour des raisons historiques l'anglais comme
langue de travail; ceux des régions plus centrales se sont vu imposer le
français. Aujourd'hui, émigrés en Amérique du Nord
comme les Bretons, les Picards, les Irlandais et les Ecossais, ces
différents groupes ethniques se trouvent réunis au Québec,
parlant deux langues, ni l'une ni
l'autre n'étant leur langue maternelle, mais reconnaissant
souvent par des traits psychologiques et parfois émotionnables leur
identité culturelle. Entendre des individus de ces groupes
défendre et opposer leurs « héritages »
empruntés respectifs occasionne naturellement des sourires de la part
des historiens. Ou, encore à titre d'exemple, on déploie souvent
beaucoup d'émotion dans la promotion de la pureté de la langue
française ou anglaise. Ici encore la lumière de la raison et de
l'histoire peut modifier les arguments. Si on enlevait de l'anglais tous les
mots d'origine française, espagnole, latine ou allemande, la langue
disparaîtrait tout simplement. De même, il resterait très
peu de la langue française si on éliminait tous les latinismes,
anglicismes, alsacianismes, bretonismes ainsi que les adoptions normandes et
picardes. En effet, s'il avait existé au Moyen Age une académie
puissante et un gouvernement dévoué a la préservation de
la pureté de la langue latine, il n'y aurait jamais eu de langues
française, espagnole ou italienne.
Cette courte digression a comme but d'illustrer notre point de vue que,
bien que l'histoire et la culture soient des acquis et des biens d'importance
primordiale pour un peuple, trop souvent elles sont déformées par
des connaissances et des points de vue beaucoup trop restreints. Or le point de
vue paroissial ne constitue pas une base suffisamment solide sur laquelle on
puisse bâtir des politiques nationales. Nous croyons que les
problèmes soulevés par le bill 85 doivent être
considérés d'un point de vue plus considérable,
c'est-à-dire plus vrai.
Nous soumettons la thèse que le fait de la communauté
bilingue du Québec est une ressource nationale que ne possèdent
pas, pour le moment, d'autres parties de l'Amérique du Nordet que nous
pouvons exploiter pour notre bien politique, économique et culturel. Une
telle ressource nationale est également possédée par
certains pays européens tels que la Suisse et les Pays de la
Scandinavie, et ils l'ont exploitée avec patience et astuce afin de
maintenir des niveaux de vie très élevés comparés
à des pays qui sont plus doués de population ou de ressources
naturelles mais qui sont moins polylingues. Plusieurs parmi vous avez
visité ces communautés européennes où c'est monnaie
courante que de parler quatre langues et dont les citoyens sont recrutés
par les administrations des banques et des corporations internationales aussi
bien que dans les groupes internationaux scientifiques et diplomatiques. Leur
influence et les avantages que cela procure à leur pays est en
proportion beaucoup plus grande que leur nom- bre. Pour illustrer ces points,
nous pouvons attirer l'attention des membres du comité sur des
publications de l'Organisation de la coopération économique de
l'Europe et du Conseil international des unions scientifiques.
Des ristournes semblables et croissantes sont connues par la population
du Québec depuis la deuxième guerre mondiale. Depuis,
malgré les extrapolations impressionnables et les chasses aux
sorcières de certains journaux, le bilinguisme au Québec s'est
beaucoup amélioré. D'un côté, les
Québécois de langue anglaise sont devenus plus
sensibilisés aux avantages du bilinguisme qu'étaient leurs
parents, et cette sensibilisation coïncide avec l'expansion des
universités de langue française.
Ils peuvent maintenant trouver, dans ces universités, des cours
professionnels donnés en français, ce qui n'existait pas il y a
vingt ans.
D'autre part, les Québécois de langue française ont
ouvert le cul-de-sac de l'ancien système d'éducation secondaire
public. On peut atteindre le niveau d'enseignement universitaire en nombre
croissant. Etant donné que l'enseignement universitaire dans toutes les
disciplines rend la chose plus possible, ils sont devenus encore plus bilingues
qu'auparavant.
Ainsi, nous sommes devant le fait que le Québec est le foyer
d'une communauté bilingue qui s'étend et qui s'impose davantage.
Les plaintes et les protestations de groupes réactionnaires des deux
côtés qui aimeraient nous ramener à l'état de chose
du 19e siècle ne peuvent changer ce fait.
Cette ressource nationale que nous possédons porte
déjà beaucoup de fruits. Le Canadien français bilingue est
en grande demande partout au Canada, en 1969, alors que l'industrie canadienne
cherche à faire compétition dans les marchés du monde. La
liste des postes séniors qui ont été accordés,
depuis quelques années, aux Québécois de langue
française, dans les départements gouvernementaux et dans les
industries est bien connue. De même, les Québécois
bilingues d'origine dite anglaise se trouvent dans des positions très
favorables dans ces mêmes organisations.
Bref, les Québécois tout court jouent de plus en plus, en
Amérique du Nord et en Europe, des rôles analogues à ceux
si bien connus des Suisses et des Scandinaves. Malgré nos débuts
dans ce rôle, notre potentiel est beaucoup plus grand que pour eux,
étant donné que nous sommes en Amérique et que nous sommes
le seul groupe sur le continent possédant cette ressource nationale.
Cette ressource nationale doit être traitée
comme un ressource naturelle tout comme les minerais, l'hydro, l'huile,
les forêts ou la pêche. Si les citoyens de 1'Alberta refusaient
d'exploiter l'huile parce que ce n'était pas dans la tradition de leurs
ancêtres, ils seraient évidemment économiquement punis et
considérés comme irresponsables. Si une compagnie
canadienne-française de pâte et de papier refusait d'utiliser le
sapin et l'épinette, parce que ces arbres ne sont pas
généralement indigènes à la France, ce ne serait
certainement pas dans l'intérêt de la province.
M. PAUL: Il ne resterait plus grand chose à manger.
M. LE PRESIDENT: Continuez.
M. LAPORTE: Votre réaction nous indique que ce n'est
peut-être pas la partie la plus sérieuse de votre
mémoire.
M. LEFEBVRE: Vous exagérez, ce sont des choses qui arrivent aux
politiciens.
M. GARDNER: Surtout aux politiciens de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: N'essayez pas de vous justifier, M. Lefebvre.
M. MacDonald, continuons. Prêt, M. Roy.
M. ROY: Bref c'est trahir l'intérêt du peuple que de ne pas
reconnaître et exploiter judicieusement une ressource nationale.
L'étendue et l'importance de cette ressource nationale ne sont
probablement pas suffisamment connues ou documentées. La Commission
royale d'enquête sur le statut du français aidera sans doute
à combler cette lacune.
Il reste que certains faits établis s'imposent: la langue
et la culture françaises ne courent pas le danger de s'éteindre.
Elles ont depuis longtemps gagné la bataille pour la survivance qui se
discutait tellement il y a soixante ans. La culture canadienne-française
augmente en étendue et en influence au Canada à un taux
croissant. Ainsi, l'article de revue par Vincent Prince, dans le Devoir du 28
décembre dernier, raconte les progrès substantiels que l'on peut
mesurer, même dans une période aussi courte que les douze mois de
1968. la langue et la culture dites anglaises ne sont pas non plus en
danger de s'éteindre, et s'étendent également au Canada
français comme le français s'étend au Canada anglais.
le Québécois bilingue, quelle que soit son origine,
croît rapidement en nombre et en influence. cette influence
deviendra d'autant plus importante que les progrès dans les
communications et dans les voyages aériens rapetissent notre globe. Dans
une décennie ou deux, tout homme d'affaires, diplomate, homme de
science, ou professionnel de conséquence, en raison de cette tendance,
se devra de connaître plusieurs langues. plusieurs langues peuvent
et doivent être enseignées aux enfants débutant à la
maternelle; les méthodes éducationnelles modernes rendent le
bilinguisme possible dès la fin de l'école primaire.
Nous soumettons que le gouvernement du Québec doit appliquer des
mesures pour développer, exploiter et protéger cette ressource
nationale de bilinguisme sur laquelle il a couramment le monopole en
Amérique, et qui commence à lui retourner des dividendes
considérables. Il peut le faire; a) en assurant que les deux langues
sont solidement enracinées dans son système scolaire comme
système complet. b) en assurant que, dans chaque système, l'autre
langue soit enseignée tôt et convenablement.
Nous croyons que les prévisions du bill 85 sont une contribution
positive à ce but, et de cette façon, nous désirons
assurer le comité que notre association approuve son intention
générale. Elles assureraient que notre ressource nationale
importante ne serait pas compromise par des aberrations locales. Nous
soumettons également au comité que l'intention du bill serait
davantage renforcée par les révisions suivantes: 1. Que la
section 1 soit revisée, lorsque les écoles existent de
façon qu'à tout parent, quelle que soit son origine ethnique,
soit garanti le droit de choisir si ses enfants doivent recevoir l'enseignement
dans une école publique de langue française ou de langue
anglaise. 2. Que la section 10-c ou une sous-section additionnelle,
prévoie un appel à la cour de justice de 1 décision du
ministre. 3. Que la section 10-c ou une sous-section additionnelle,
prévoie un comité de la revue autre que le comité
linguistique.
Nous désirons également mentionner que lorsqu'on aura pris
ces mesures pour sauvegarder nos ressources actuelles, il faudra penser
à leur expansion future. Comme dans beaucoup de pays européens,
une troisième langue
initialement comme langue accessoire devrait être
enseignée dans nos écoles et, dans le contexte américain,
sans doute l'espagnol serait-il un bon choix. Comme question de fait, les
gestes du peuple devancent souvent les actions du gouvernement, et notre
association connaît un nombre surprenant de Canadiens français
qui, en plus d'être parfaitement bilingues, parlent très bien
l'espagnol et ont profité, du point de vue matériel aussi bien
que du point de vue culturel, de leur capacité.
Dans le cas des ressources naturelles, il y a des
phénomènes désastreux tels que des feux de forêt ou
des sécheresses qui peuvent les détruire. Dans le cas de la
richesse nationale qu'est le bilinguisme, ce sont les réactions
émotionnables auxquelles a référé le premier
ministre Bertrand qui peuvent réduire le rendement de cette ressource,
retarder ses bénéfices, rendre notre monopole actuel moins
effectif, et trahir les intérêts du Canada français. Ces
réactions doivent être amoindries. Une presse moins sensationnelle
aiderait, ainsi qu'une campagne de publicité visant à
éduquer le public concernant la valeur économique du bilinguisme
pour notre peuple. Nous soumettons également au comité qu'une
bonne place pour commencer cette campagne d'éducation serait dans les
écoles normales des deux langues dont tous les diplômés ne
font pas toujours preuve des attitudes raisonnées et de
l'objectivité dans leur enseignement que l'énorme placement de
fonds publics dans leur formation exigerait.
Dans notre mémoire, nous n'avons pas mentionné un autre
avantage moins tangible du bilinguisme. Il s'agit de la vie intellectuelle plus
complète et satisfaisante que ces citoyens peuvent connaître. Dans
un monde où les peuples deviennent de plus en plus éduqués
et culturels, les nations polylingues deviennent de plus en plus attrayantes
pour les touristes comme pour les immigrés éduqués. Ce
thème est plus nuancé et, pour l'instant, nous ne désirons
qu'attirer l'attention du comité sur son importance. Il souligne
davantage les tendances de l'avenir, alors que les pays polylingues seront la
chose normale, les pays qui savent suivre ce courant survivront. Ceux qui ne le
savent pas connaîtront ce que M. Claude Langevin, de la Faculté
des sciences de l'éducation de l'université Laval, a
décrit le 14 novembre dernier comme; « Le génocide par
l'unilinguisme. »
Messieurs les membres du comité, nous vous remercions de votre
attention, alors que nous avons voulu souligner un aspect peut-être trop
négligé de ce problème véritablement délicat
et difficile. Nous espérons l'avoir fait avec objectivité, mais
une objectivité animée d'un amour réel et raisonnable pour
notre province dont nous sommes tous québécois
légitimement fiers. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci monsieur, M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Roy, j'aurais quelques questions à
vous poser. Si je comprends bien votre mémoire, vous êtes
favorable à la généralisation du bilinguisme au
Québec.
M. ROY: Oui, c'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas si vous vous rendez compte
qu'à bien des égards la pratique du bilinguisme est assez
périlleuse pour la conservation du français. Le texte que vous
nous avez lu, dont je ne vous rends pas responsable, est une
démonstration péremptoire du danger que court la langue
française si l'on pratique cette sorte de bilinguisme dont vous nous
avez parlé.
Je voudrais vous poser la question suivante: Avez-vous certaines
suggestions à faire concernant l'enseignement des deux langues? Doit-on
enseigner les deux langues en même temps, parallèlement, dans les
écoles et à partir de quel niveau doit-on enseigner les deux
langues dans les écoles?
M. ROY: Nous croyons, comme nous le mentionnons, d'ailleurs, dans le
mémoire, que les deux langues doivent être enseignées
tôt, c'est-à-dire au début de l'élémentaire.
Nous croyons justement qu'avec les méthodes audio-visuelles
l'enseignement sera beaucoup plus satisfaisant que maintenant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voulez-vous dire que l'on doit commencer
l'enseignement de la langue française ou anglaise, selon le cas, au
niveau primaire?
M. ROY: Au primaire, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On doit poursuivre l'enseignement de ces deux
langues au cours des études qui suivent?
M. ROY: C'est ça, oui, pour qu'à la fin du cours
élémentaire l'enfant soit bilingue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas vous poser des questions trop
personnelles mais, vous-même, avez-vous appris les deux langues en
même temps?
M. ROY: Oui, en même temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. Roy.
M. LAPORTE: A la page 3, de votre mémoire, je lis: « Il
reste que certains faits établis s'imposent. » Le premier fait
établi qui s'impose, d'après votre mémoire, est le
suivant; « La langue et la culture françaises ne courent pas le
danger de s'éteindre. »
Etant donné que nous savons, par des statistiques, hélas
très éloquentes, étudiées particulièrement
par le père Richard Arès dans la revue Relations, qu'à
toutes fins pratiques la langue française est en voie de disparition
totale en Colombie-Britannique; que la langue française, dans les
provinces de l'Ouest que ce soit 1'Alberta, la Saskatchewan ou le
Manitoba traverse des périodes extrêmement pénibles
et que l'on ne semble pas dans ces provinces, sauf peut-être au Manitoba,
vouloir prendre des moyens sérieux pour conserver et développer
ce que vous appelez une richesse naturelle, le bilinguisme; étant
donné qu'en Ontario, en dépit des efforts qu'on semble sur le
point d'entreprendre, une partie très importante des Canadiens de langue
française ont perdu complètement l'usage de leur langue ou le
génie de la langue française.
On pourrait continuer ainsi jusque dans les provinces de l'est du
Canada. Puis-je vous demander et j'ajoute, étant donné que
le gouvernement du Québec vient précisément d'ordonner une
enquête sur l'état de la langue française chez nous
sur quels arguments vous appuyez votre assertion à l'effet que la langue
et la culture française ne courent pas le danger de
s'éteindre?
M. ROY: Comme nous le mentionnons, l'article de M. Vincent Prince
démontre les progrès faits ici dernièrement, dans les 12
mois de 1968. Nous croyons qu'avec un programme d'éducation
amélioré, la langue s'améliorera également. Parce
que, nécessairement, jusqu'à maintenant, l'étude d'une
langue s'est avérée assez aride mais, avec les techniques
modernes, nous croyons que cette étude sera beaucoup plus facile.
M. LAPORTE: Mais, au-delà de laprésence des techniques
modernes les laboratoires des langues existent, évidemment, pour
tout le monde quelle a été votre réaction, disons
au cours de la dernière conférence
fédérale-provinciale nous parlons toujours de
l'état de ce bilinguisme quelle est dis-je, votre réaction
devant le refus assez manifeste qui a été opposé au
développement de la langue française en dehors de cette bonne
vieille réserve que semble être la province de Québec?
M. ROY: C'est sûr que cela est déplorable, mais, parce que
quelqu'un fait fausse route, on n'est pas obligé de le suivre.
M. LAPORTE: Non mais...
M. ROY: J'espère que, par l'exemple donné par la province
de Québec, les autres se réveilleront.
M. LAPORTE: Est-ce que cet exemple de la province de Québec est
récent, ou, puisque l'exemple donné par la province de
Québec est déjà vieux de cent ans, ne pourrions-nous pas
conclure que d'autres ont le réveil lent?
M. ROY: Oui, cela est sûr. Il ne faut pas oublier qu'à
venir jusqu'à il n'y a pas très longtemps, le peuple ne voyageait
pas beaucoup. Nous, nous étions ici dans la province de Québec et
un voyage dans l'ouest, c'était tout un voyage. Aujourd'hui, tout le
monde y va!
Je crois que l'exemple que nous donnons se reprendra beaucoup plus
facilement de nos jours qu'il y a cent ans.
M. LAPORTE: Est-ce que l'association que vous représentez
et je ne vous demanderai pas de vous prononcer pour elle n'est pas
d'avis qu'il serait possible, disons, d'ajouter à votre mémoire
un ou plusieurs paragraphes, à l'effet que vous souhaitez vivement que
la langue française soit traitée dans tout le pays de la
même manière que la langue anglaise est traitée au
Québec, et que l'oubli ou le refus d'accorder à la langue
française un tel statut peut finalement avoir des réactions sur
l'avenir même du pays?
M. ROY: Oui, je crois pouvoir parler au nom de l'exécutif en
disant que je suis sur que nous serions d'accord à inclure ces
paragraphes. D'ailleurs, je ne sais pas si vous avez lu dernièrement
dans « The Nation », une revue commerciale publiée aux
Etats-Unis, un article qui disait justement que, dans l'avenir, le directeur
d'entreprise sera multilingue, non pas bilingue, mais multilingue, et je crois
que nous pouvons d'abord souhaiter qu'il soit bilingue.
M. LAPORTE: Ce qui arrive, il y a des gens qui refusent d'apprendre ou
le français ou l'anglais, mais qui apprennent l'espagnol, l'aile-
mand, le russe, même le japonais pour Ozaka actuellement.
M. ROY: Ah. Il est sûr qu'il faut souhaiter ardemment le
bilinguisme mais aussi le multilinguisme.
M. LAPORTE: Je voudrais vous poser une dernière question, si vous
me le permettez. Disons que l'essentiel de votre thèse est la valeur du
bilinguisme.
M. ROY: C'est ça.
M. LAPORTE : Bon. S'il apparaissait je pose la question de
façon hypothétique que la langue française au
Québec est menacée, non seulement dans le nombre des gens qui la
parlent, mais menacée dans sa morphologie, dans sa syntaxe, disons que
je seconderais un petit peu ce que le ministre des Affaires culturelles
à certains passages a dit: Bon, mais s'il arrive que la langue
française est menacée, est-ce que votre groupe, toujours pour
défendre cette politique du développement du bilinguisme serait
en faveur qu'en reconnaissant tous les droits aux citoyens de langue anglaise,
d'accorder au Québec, au français, un traitement prioritaire?
M. ROY: Oui, cela serait normal et logique, d'ailleurs, que dans le
Québec le français soit prioritaire. C'est normal cela.
M. LAPORTE: Mais si un gouvernement, ou un parti politique mettait cela
à son programme: « Français prioritaire au Québec
», « Obligation pour tous les citoyens du Québec quels
qu'ils soient d'apprendre suffisamment de français pour parler la langue
de la majorité », « Droit absolu des parents d'envoyer leurs
enfants aux écoles de leur choix », croyez-vous que la
majorité des citoyens de langue anglaise du Québec accepteraient
une telle politique comme normale chez nous?
M. ROY: Je crois que oui.
M. LAPORTE: Je vous remercie.
M. PAUL: M. Leduc, vous venez de...
M. ROY: Pardon, M. Leduc est le troisième homme ici.
M. LE PRESIDENT: Alors, quel est votre nom?
M. ROY: Roy.
M. PAUL: Alors M. Roy, vous venez de répondre à
l'honorable député de Chambly que si la langue française
était menacée, il serait nécessaire et logique que le
français soit prioritaire au Québec. Est-ce que vous ne croyez
pas qu'actuellement le français puisse être quelque peu en danger
au Québec?
M. ROY: Je crois surtout que lorsque les Canadiens français
auront appris à fond leur langue, la langue française ne sera
plus menacée. Vous le savez comme moi, jadis c'était un sujet
aride dont personne ne s'occupait. Nous espérons qu'avec les
méthodes modernes d'enseignement les canadiens français seront
plus intéressés à leur langue et à leur
culture.
M. PAUL: M. Roy, vous venez de mentionner que les Canadiens
français devraient apprendre à fond la langue française.
Est-ce que vous pensez qu'il puisse être concevable que le
français et l'anglais puissent être enseignés
simultanément aux degrés primaires de notre enseignement
actuellement?
M. ROY: Oui, parce que c'est à ce moment-là que l'enfant
est le plus susceptible d'apprendre, et disons que je me base sur une
déclaration du Docteur Wilder Penfleld.
M. PAUL: Est-ce que le Docteur Penfield n'aurait pas mis en garde
justement le ministère de l'Education et tous ceux qui
s'intéressent de près à l'enseignement de ne pas aller
trop vite et de tenir compte de certains facteurs de lieu avant de promouvoir
l'enseignement du bilinguisme d'une façon intégrale?
M. ROY: C'est sûr qu'il ne faut pas s'embarquer à fond de
train dans quelque chose avant de l'avoir étudié à fond et
avoir pris les mesures pour atteindre les buts visés.
M. PAUL: Si je me réfère à la page 4 de votre
mémoire, M. Roy, vous semblez faire certaines recommandations dont la
première, à l'effet que la section 1, du bill 85 soit
revisée pour faire disparaître, en quelque sorte, la
responsabilité que devrait assumer le ministre de l'Education, de voir
à ce que la langue française soit enseignée à tous
les immigrants qui peuvent arriver ici au pays. D'après vous, cela ne
serait pas nécessaire.
M. ROY: Non, disons que ceci s'applique seulement aux trois
dernières lignes du paragraphe 1 et non pas à la
nécessité du ministre d'assurer l'enseignement de la langue
française.
M. PAUL: Une dernière question, M. Roy. Toujours à la page
4 de votre mémoire, troisièmement, vous recommandez que la
section 10-c, où une sous-section additionnelle prévoie un
comité de revision autre que le comité linguistique.
Pourriez-vous nous faire quelques suggestions ou nous donner votre point de
vue, nous donner des exemples de tout autre comité qui pourrait
être appelé à jouer le rôle que le bill
prévoit pour le comité linguistique? J'aimerais aussi savoir,
d'après vous, ce que vous entendez par un comité de revue.
M. ROY: Pour répondre à votre première question, la
composition du comité de revue, nous ne l'avons pas
délimité et nous laissons cela au soin...
M. PAUL: Que serait le comité de revue? Composé de
qui?
M. ROY: Je crois que, dans le bill 85, on dit que le comité
linguistique agira comme cour d'appel, ni plus ni moins, pour les
décisions du ministre.
M. PAUL: Là, vous suggérez de mettre ça de
côté et remplacer par un comité de revue.
M. ROY: Un autre comité, oui.
M. PAUL: Mais ce serait quoi ce comité de revue, composé
de qui? Quelle serait sa fonction principale? Nous aimerions également
savoir ce que vous entendez par comité de revue. Le sens que vous donnez
au mot revue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois, M. le Président, que ce que
veut dire M. Roy, c'est un comité de revision et non pas de revue. C'est
la traduction littérale de l'anglais. Alors c'est un comité de
revision.
M. ROY: Oui, d'ailleurs tel que c'est mentionné ici dans le bill
85, ce dernier peut l'approuver, le modifier ou l'annuler 90 jours après
avoir demandé l'avis du comité linguistique du Conseil
supérieur de l'éducation ou plus tôt, s'il a
déjà reçu cet avis.
Alors, au lieu que ce soit le comité linguistique, que ce soit un
comité de revision.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet, une question.
M. BOUSQUET: D'après vous, il semble parfaitement clair que le
bilinguisme a des avantages évidents. Comment se fait-il que, dans les
autres provinces, on ait tellement de difficulté à comprendre
cela? Pourtant, sur le plan intellectuel, les gens de culture anglaise ne sont
pas moins doués que ceux de culture française. Comment se fait-il
qu'ils aient tellement de difficulté à comprendre cela, si c'est
aussi évident?
M. ROY: Peut-être espèrent-ils, en étant beaucoup
plus nombreux, pouvoir l'ignorer, mais comme nous le mentionnons dans notre
mémoire, ceux qui sont bilingues ou polyglottes progresseront beaucoup
plus rapidement que ceux qui tiennent mordicus à connaître
seulement une langue.
M. BOUSQUET: Je ne crois pas que, dans les autres provinces, cela ait la
moindre influence. Les faits sont là pour le prouver, je pense.
Maintenant, lorsque vous endossez l'opinion que l'unilinguisme peut
pratiquement mener les peuples au génocide, je me demande si nous
pouvons croire que les Américains se dirigent vers le génocide.
Il ne faut tout de même pas rêver!
M. ROY: Nous pouvons certainement créer ici un Etat où
nous aurions, peut-être, un pourcentage plus élevé
d'élites que dans le reste du continent.
M. BOUSQUET: Vous semblez croire que la langue et la culture
françaises ne courent pas le danger de s'éteindre. Je pense que
c'est le noeud de la question. Il y a des gens, au Québec, qui
contestent cette affirmation farouchement, et avec raison. En effet, la
situation géographique du Québec n'est pas celle de la Suisse et
de la Scandinavie que vous avez mentionnées. La Suisse a des
nationalités qui parlent des langues différentes, mais il faut se
souvenir que la Suisse allemande est arcboutée sur l'Allemagne, que la
Suisse italienne l'est sur l'Italie et la Suisse française, sur la
France. Nous, nous sommes arcboutés sur l'océan Atlantique.
Alors, comme appui, ce n'est pas ce qu'il y a de plus solide.
M. ROY: C'est pour cette raison qu'en réponse à M. Laporte
nous avons souligné que nous étions pour une priorité de
la langue française, ici, dans la province.
M. BOUSQUET: Dans le concret, priorité, qu'est-ce que cela veut
dire? Il y a déjà longtemps que nous en parlons. M. le
député de Chambly en a parlé au cours d'une campagne
célèbre et dans un prétendu livre blanc. Je voudrais bien
savoir ce que nous voulons dire par la priorité
du français, dans la pratique. Définissons cela, allons au
fond des choses pendant que nous y sommes.
M. ROY: Disons que, dans une entreprise commerciale, la langue de
travail devrait être le français.
M. BOUSQUET: Devrait? M. ROY: Oui.
M. BOUSQUET: A tous les niveaux de l'entreprise?
M. ROY: Assurément.
M. PAUL: Est-ce que cela ne commanderait pas une priorité de
l'enseignement du français?
M. ROY: Non, pas nécessairement. Je ne crois pas que nos gens
soient bornés au point de n'apprendre qu'une langue seulement.
M. BOUSQUET: Mais, priorité du français au travail,
qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que cela veut dire que le quart des
communications dans l'entreprise se fera en anglais et les trois quarts en
français ou si cela veut dire, en fait, l'unilinguisme français
dans les entreprises québécoises? Il faut cesser de rêver,
je veux savoir...
M. ROY: Dans le milieu, dans le local, entre les quatre murs de
l'entreprise, ce devrait être le français. Mais, il ne faut pas se
leurrer; nous avons beaucoup de compagnies dont le siège social est
ailleurs.
Alors, si le siège social est à Dallas, Texas, ne croyez
pas que vous pouvez leur envoyer des mémos en français. Par
ailleurs, ici, dans la province, dans le local, entre les quatre murs,
ça doit être le français. Mais c'est sûr et certain
que la direction doit correspondre avec la maison-mère dans la langue de
celle-ci.
M. BOUSQUET: D'accord. Alors dans un bureau quelconque, je suppose qu'on
prépare un mémoire pour envoyer au Texas. Il y a une
équipe qui travaille à ce mémoire pour le leur envoyer.
Est-ce que nous allons préparer ce mémoire-là en
français tant au niveau de l'écrit que la langue
parlée?
M. ROY: C'est sûr que si ce mémoire est
préparé pour le Texas, il va falloir le rédiger en
anglais.
M. BOUSQUET: Ce qui veut dire, qu'en pratique, dans le bureau, ce sera
presque impossi-ble de communiquer toujours en français.
M. ROY: Non, je ne serais pas prêt à dire ça parce
que, d'ordinaire, tout ce que nous communiquons au siège social, n'est
pas communiqué aux employés. C'est comme tout ce qui se passe
dans le cabinet des ministres...
M. LAPORTE: Cela sort, vous savez! Tout le monde est au courant!
M. BOUSQUET: Alors, le travail pourrait se faire en français dans
le bureau et, par la suite, être traduit pour envoyer au Texas.
M. ROY: C'est ça. Au niveau local, c'est sûr que si vous
demandez à un chef de département de faire quelque chose ou s'il
faut un mémo pour l'usage interne, alors, là le français
est prioritaire. Mais pour les directeurs, dans leurs relations avec
l'extérieur, il ne faut pas se leurrer, ce sera dans une autre
langue.
M. BOUSQUET: Les formules de commande qui composent une partie
importante du travail dans une compagnie et que doivent remplir les
employés, elles se rempliraient dans quelle langue?
M. ROY: En français. Maintenant, si vous me permettez, je vais
passer la parole à M. Leduc qui désire parler davantage sur cette
question.
M. BOUSQUET: Merci.
M. LEDUC: Je dois dire que je travaille dans une industrie d'environ 300
employés à Québec. Maintenant, dans l'industrie locale, il
n'y a pas un mot d'anglais qui se parle. Les ordres sont tous en
français et la correspondance également.
Evidemment, rendu à un certain niveau, probablement lorsque nous
devons communiquer avec le siège social, il faut employer l'anglais
nécessairement. Je crois qu'il y a un danger.
Nous parlons beaucoup du bilinguisme et le danger que je peux
prévoir, c'est que nous donnons à nos étudiants de langue
française un très bon cours de français que j'appuie
à 100%. Mais si nous leur donnons une connaissance trop faible de
l'anglais, j'ai peur que nous reléguions ainsi, nos étudiants,
aux postes inférieurs.
Maintenant, je pense qu'en privant nos étudiants des deux
langues, d'une connaissance gé-
nérale et acceptable en anglais, nous allons les priver... Je
dirais que la plupart de vous, messieurs les députés qui
êtes autour de la table, êtes bilingues. Je me demande si jamais
ça vous a fait du tort d'être bilingue. Peut-être que vous
ne seriez pas rendus où vous êtes maintenant si vous n'aviez eu
qu'une langue!
M. LAPORTE: M. le Président,... M. BOUSQUET: Alors, voici...
M. LAPORTE: ... est-ce que nous pouvons éviter... étant
donné que ça nous sortirait très brutalement du sujet que
nous discutons,...
M. BOUSQUET: Oui.
M. LAPORTE: ... éviter de faire dévier le débat sur
l'utilité d'être bilingue pour un Canadien français dans
certaines sociétés qui ont existé chez nous depuis
longtemps parce que ça nous amènerait probablement à
rappeler que dans certaines compagnies dont nous pourrions donner les
noms...
M. LEDUC: Je suis d'accord avec vous à 100%.
M. LAPORTE: Il a existé une règle non
écrite,...
M. LEDUC: Oui.
M. LAPORTE: ... à l'effet que bilingue ou pas bilingue, lorsque
nous étions Canadiens français, nous accédions à
certains échelons et pas plus haut. C'est ça qu'il faut faire
disparaître...
M. LEDUC: Je suis d'accord avec vous...
M. LAPORTE: ... dans la province de Québec.
M. LEDUC: J'ai travaillé pour une compagnie semblable il y a 15
ans, et je peux vous dire qu'il y a eu...
M. LAPORTE: Bon, alors ce qui...
M. LEDUC: ... un gros changement depuis ce temps-là.
M. LAPORTE: Ce qui, d'une certaine manière n'infirme pas votre
affirmation, en disant: Jeunes Canadiens français, soyez des parfaits
bilingues, et vous allez accéder à tous les pos- tes. Je suis
d'accord pour que les Canadiens français soient bilingues, mais ce sera
loin de régler tous les problèmes.
M. BOUSQUET: Ce qui est souvent le cas, à Montréal, c'est
que la personne de langue anglaise va avoir un poste supérieur aux
personnes bilingues. Elle va demander un meilleur salaire, alors que le fait
d'être bilingues devrait permettre aux personnes qui le sont d'obtenir un
meilleur salaire. Très souvent, les entreprises de langue anglaise,
à Montréal, n'exigent pas le bilinguisme des gens de langue
anglaise, leur donnent les postes de commande, et les Canadiens français
qui sont bilingues, pour les récompenser de leur bilinguisme, ont un
salaire inférieur, un salaire moins prestigieux.
M. LEDUC: Je pense que vous avez probablement raison. Je crois qu'il y a
eu une grosse amélioration depuis dix ou quinze ans. L'Ontario fait son
possible pour augmenter le bilinguisme dans sa province. Les provinces
maritimes font leur possible pour augmenter le bilinguisme chez elles.
D'accord, les provinces de l'Ouest sont encore loin. Nous avons, de notre
côté, des gens qui sont peut-être radicaux au point de vue
de la langue française seulement. Il faut comprendre qu'il y aura des
gens de langue anglaise qui auront les mêmes idées, et je pense
que ce sera probablement une question d'éducation. Il y a eu de
l'éducation depuis quinze ans, dans la province et dans le pays, et,
personnellement je vois un gros changement.
M. BOUSQUET: Est-ce que ce ne serait pas plutôt une question de
danger? Un peuple menacé doit être plus radical qu'un peuple qui
est tout puissant.
M. LEDUC: Peut-être. Je crois que si nous ne parlons qu'une langue
dans la province, la province n'ira pas loin non plus. Il faut exister pour
parler. J'ai peur que, si nous avions une province unilingue, l'existence
deviendrait peut-être un autre gros problème. Si nous avons
à faire face à ce problème, nous aurons à faire
face à des problèmes beaucoup plus graves que ceux que nous avons
maintenant.
M. GRENIER: J'ai demandé la parole.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson, s'il vous plaît.
M. PEARSON: M. Leduc, cela fait plusieurs fois qu'on nous sert
l'argument du Québec qui
devrait donner le bon exemple. Je dois vous avouer franchement que vous
n'êtes pas le premier qui donnez cet argument. Cela ne m'impressionne pas
moi-même outre mesure, parce que nous savons aujourd'hui comment les
enfants ne suivent pas facilement les traces de leur père. Vous n'avez
pas, à la suite de plusieurs observateurs, l'impression que c'est
plutôt rattaché au fait que les autres provinces canadiennes
craignent que la Confédération éclate? Si nous approchons
à un moment donné d'une situation ou d'une période de
temps où nous avons l'impression que la Confédération est
près d'éclater, cela a l'air d'aller un petit peu plus vite,
comme, par exemple, l'Ontario, qui est tout près du Québec,
semble aller beaucoup plus vite dans le sens du bilinguisme que la
Colombie-Britannique, qui est beaucoup plus loin.
M. LEDUC: C'est normal. C'est un peu comme un nuage qui s'agrandit.
Québec est le centre de la culture française dans
l'Amérique. C'est assez difficile de s'attendre que les gens de la
Colombie-Britannique vont peut-être voir l'avantage d'une telle chose.
Mais la province de l'Ontario étant avoisinante, ainsi que les
Maritimes, c'est normal que ce soit là que le progrès va
commencer.
M. PEARSON: Ce n'est pas à ce moment-là une question de
bon exemple. C'est une question de « give and take ».
M. BOUSQUET: Le bon exemple n'a rien à voir dans ces
affaires-là.
M. LEDUC: Je pense qu'il y a beaucoup de progrès de fait.
M. PEARSON: Non, je ne le nie pas c'est la question de l'argument
du bon exemple qui est souvent évoquée en disant que, moi,
personnellement, cela ne m'impressionne pas, et je ne vois pas comment cela
peut aider.
M. LEDUC: Vous parlez d'un bon exemple, excusez-moi, mais je ne vous
suis pas très bien.
M. PEARSON: C'est vous qui invoquez cela dans votre mémoire, en
mentionnant que le Québec devrait continuer à donner le bon
exemple, même si les autres provinces ne le donnent pas.
Assurément, je pense qu'il faut que nous ayons le bilinguisme, et
à mesure que l'effet va se faire sentir dans le pays, on voit
déjà l'exemple, que les provinces avoisinantes ont fait des pas
énormes.
M. BOUSQUET: A force de trop vouloir donner l'exemple, on passe parfois
pour des « nonos ». On finit par passer pour des « nonos
».
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas difficile pour le député de
Saint-Hyacinthe.
M. LE PRESIDENT: Soyez sage.
M. LE PRESIDENT: Comme toujours.
M. LEFEBVRE: M. Roy ou M. Leduc, j'aurais une première question
à vous poser. D'abord, je veux sympathiser avec vous parce que,
indépendamment des points de vue que vous exprimez, comme vous
êtes les premiers à vous présenter ce matin, c'est tout
juste si on ne vous rend pas responsables de l'éclatement du pays.
Quant à moi, j'aurai des commentaires sur certaines questions que
le ministre des Affaires culturelles et le député de
Saint-Hyacinthe vous ont posées. Auparavant, j'aurais une question
à vous poser sur un état de fait. Je comprends que vous
représentez les parents catholiques de langue anglaise du Québec
métropolitain. Par ailleurs, je constate que vous êtes,
vous-même, de langue française ainsi que M. Roy. J'aimerais savoir
quelle est la proportion des parents de langue française, dans la
région du Québec métropolitain, qui envoient leurs enfants
dans les écoles anglaises.
M. LEDUC: Je regrette, mais présentement, je n'ai pas cette
statistique-là.
M. LEFEBVRE: Vous n'en avez pas la moindre idée?
M. LEDUC: Cela est très difficile à dire.
M. LEFEBVRE: Très bien. Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, je tiens à protester avec véhémence
contre l'attitude des représentants du gouvernement. Tout le monde sait
que, de ce côté-ci de la table, nous sommes favorables à la
priorité du français et que nous avons, depuis longtemps,
exprimé nos vues quant aux mesures à prendre pour promouvoir le
français comme langue de travail. Je trouve inconvenant,
incompréhensible et même scandaleux que les gens qui ont
l'initiative législative dans ce Parlement, les gens qui sont au
pouvoir, vous invitant à venir vous prononcer sur un bill qu'ils ont
eux-mêmes rédigé, vous fassent...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. TREMBLAY (Chicoutimi): A
l'ordre!
M. BOUSQUET: D'abord, au sujet de la priorité, les
libéraux n'ont rien fait dans ce domaine-là durant à
ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le problème
n'est pas là.
M. BOUSQUET: Alors, qu'ils ne viennent pas nous faire la
leçon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne s'agit pas de savoir pour quelle ou
quelle raison le projet de loi est ici devant le comité, mais de savoir
quels sont les amendements que les citoyens veulent proposer au projet de loi
que nous avons à étudier. Alors, ce n'est pas le procès du
gouvernement ni le procès de qui que ce soit des membres de
l'Assemblée nationale que nous avons à faire ici. Il s'agit
seulement d'entendre des gens et des associations qui viennent nous dire ce
qu'elles trouvent bon ou mauvais dans le projet de loi qui a été
présenté, puis, déféré à ce
comité.
Excusez-moi, je trouve que ces observations sont
déplacées.
M. BOUSQUET: J'ajouterais sur ce point, si vous le voulez bien...
M. LEFEBVRE: Sur le point d'ordre, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas un point d'ordre, M. le
Président; c'est un rappel au règlement.
M. LE PRESIDENT: Pour éviter toute discussion...
M. BOUSQUET: Le gouvernement a présenté le projet de loi,
mais il a aussi pris l'initiative de l'envoyer en comité. Il n'y aucune
espèce de contradiction.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, jusqu'à présent, le
comité a bien siégé...
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je dois comprendre
qu'avant même d'entendre les représentants de l'Opposition vous
êtes prêt à rendre votre décision?
M. LE PRESIDENT: Vous avez compté un but au Forum, la semaine
dernière.
M. LAPORTE: Mais n'essayez pas de « scorer » sans
l'Opposition; vous voyez que ce n'est pas possible.
M. LE PRESIDENT: Le comité a pour fonction principale
d'écouter les témoins. Je vous demanderais, s'il vous
plaît, de questionner les témoins le plus prudemment possible.
M. LAPORTE: M. le Président, je vais maintenant, sur un ton fort
sérieux, réclamer les droits de ce comité. Le
comité de l'éducation a étudié le bill 85. Lorsque
les témoins auront tous été entendus, lorsque chacun aura
eu la liberté de venir s'exprimer devant ce comité, rien, ni dans
le règlement ni dans la tradition, n'interdit que le comité
continue ses séances afin de donner son avis sur le bill 85 et sur
l'attitude du gouvernement. Ceci m'amène à conclure que, pendant
que nous interrogeons ou que nous entendons les témoins, il n'est
absolument rien qui interdise à M. Lefebvre, qui le fait strictement
dans un langage parlementaire, de reprocher au gouvernement son attitude ou de
le féliciter ou de prétendre que le bill devrait être
amendé ou ne pas l'être.
Je ne vois pas bien, M. le Président, en vertu de quel article de
notre règlement ou de quelle tradition devant ce comité M.
Lefebvre ou tout autre membre du comité ne serait pas strictement libre
de donner son avis, à cause de la présence d'un témoin,
à l'occasion, ou sans la présence d'aucun témoin.
M. PAUL: Voici, M. le Président. Nous avons manqué la
présence de l'honorable député de Chambly dès la
première séance de ce comité. A ce moment-là, il
avait été convenu et je fais appel aux souvenirs des
honorables membres du comité que nous entendrions les
mémoires et que nous n'entrerions pas dans des détails du bill,
sur l'opportunité de présenter tel ou tel amendement.
Je comprends que, théoriquement, l'honorable député
de Chambly a parfaitement raison, en alléguant certains faits comme il
vient de le faire. Mais ce serait peut-être dévier de la ligne
d'action que le comité a adoptée. Je sais que l'honorable
député d'Ahuntsic, en s'engageant sur cette voie ce matin, a
oublié qu'il aura probablement l'occasion de faire part, ici même,
devant le comité, de sa réaction personnelle sur la politique du
gouvernement, qui a d'ailleurs été débattue par une motion
qui a été présentée en Chambre.
En second lieu, il est bien probable que, lors de la discussion du bill,
en Chambre, l'honorable député d'Ahuntsic et tous les membres
du comité auront l'opportunité de blâmer ou de
féliciter le gouvernement.
Quant à moi, j'en profite pour féliciter les membres du
comité qui ont jusqu'ici travaillé dans un excellent esprit de
coopération. Je n'ai aucun doute que nous pourrons continuer notre
travail dans la voie dans laquelle nous nous sommes engagés
jusqu'ici.
M. LEFEBVRE: M. le Président, au sujet de l'appel au
règlement, j'aimerais attirer votre attention, avant que vous ne preniez
une décision qui, j'imagine, pourrait faire l'objet d'un vote. Quoi
qu'il en soit, il est bien évident que nous sommes ici à la merci
de la décision majoritaire. Je fais cependant appel aux membres...
M. PAUL: Voici, M. le Président...
M. LEFEBVRE: M. le Président, je n'ai pas interrompu l'honorable
ministre. Je demande qu'il ait la peau un peu moins sensible sur le langage de
ce Parlement. Je suis en train de répondre au ministre, et je demande
qu'il me laisse parler.
M. le Président, le ministre, dans son appel au règlement,
a parlé tout à fait en dehors de la question. Il a lui-même
mentionné que nous ne pouvions pas, ici, discuter des détails du
bill.
M. PAUL: Non, non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. LEFEBVRE: C'est ce que vous avez dit, vous vous relirez.
M. PAUL: Non, non.
M. LEFEBVRE: Il avait été convenu que nous ne discutions
pas des détails du bill.
M. PAUL: Cela est différent.
M. LEFEBVRE: Il est bien évident, M. le Président, que je
ne discute pas des détails du bill. Je veux faire une remarque qui
eût d'ailleurs été beaucoup plus brève que le long
interrogatoire que j'ai entendu, pour ne pas dire subi, de la part du ministre
des Affaires culturelles et du député de Saint-Hyacinthe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allez au fait, allez au fait!
M. LEFEBVRE: Si ces messieurs ont le droit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Abrégez!
M. LEFEBVRE: ... de questionner pendant un temps assez long, je ne vois
pas pourquoi moi, en tant que membre de ce Parlement, je n'aurais pas le droit
de mentionner mon impression quant à leur façon de questionner et
quant à leur droit de poser certaines questions aux gens qui viennent
à cette barre donner leur opinion.
Je dis que nous sommes devant une situation incongrue, M. le
Président, en ce sens que l'on questionne ces messieurs, à tort
ou à raison. Pour l'instant, je n'entre pas dans le mérite du
débat, mais je dis qu'on veut faire dire aux gens qui sont à la
barre que le français est menacé. On veut leur faire dire qu'il
est important de défendre le français comme langue de travail.
Cependant, le gouvernement, lui, n'a proposé rien autre chose qu'une
commission d'étude. Si ces messieurs sont si convaincus que le
français est menacé, pourquoi ne présentaient-ils pas en
plus, en dehors ou à l'intérieur du bill 85
personnellement, je m'en balance des mesures à cet effet? La, ils
auraient eu le droit de demander aux gens qui viennent à la barre:
Messieurs, qu'en pensez-vous?
Mais on nous présente un bill je suis convaincu que ce
bill ne reviendra jamais devant la Chambre c'est un bill dont le
gouvernement lui-même ne veut plus et dont il ne sait pas comment se
défaire! Ils voudraient, M. le Président, que ce soient les gens
ici à la barre qui lui disent que ce bill n'est pas convenable!
M. PAUL: M. le Président...
M. BOUSQUET: M. le Président, un point d'ordre!
M. LEFEBVRE: Le gouvernement a la peau bien sensible, bien sensible!
M. PAUL: M. le Président, je ne reconnais pas, ce matin,
l'honorable député d'Ahuntsic...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le reconnais bien, moi!
M. PAUL: Ah, vous le reconnaissez, mais vous ne le connaissez pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne le connais pas suffisamment.
M. PAUL: Ah, très bien! Voici, M. le Président...
M. LAPORTE: Parlez-vous toujours du bill 85?
M. PAUL: Oui, oui. Quand l'honorable député déclare
que le comité, une fois son travail terminé, ne retournera pas le
bill en Chambre, je crois qu'il n'a pas le droit de prêter de telles
intentions au gouvernement, en vertu de l'article 285-19e. D'ailleurs, M. le
Président, si vous vous rappelez le débat qui s'était
déroulé à l'Assemblée nationale, le comité
ne devait même pas siéger. A ce moment-là, le gouvernement
a pris la responsabilité de faire siéger le comité. Nous
assistons actuellement aux séances.
L'honorable député a peut-être mal compris
l'intervention qui a été faite tout à l'heure. En aucune
façon, nous ne voulons l'empêcher de poser des questions.
Absolument pas, M. le Président, parce que nous avons besoin de son
concours et du concours de tous les membres du comité. Je ne voudrais
pas, cependant, que l'honorable député nous prête des
intentions que nous n'avons pas. Et c'est dans cette optique que j'ai
rappelé à l'honorable député dans quelle option
nous avions pensé à travailler devant le comité. Quant
à moi, M. le Président, je n'ai aucune objection à ce que
l'honorable député d'Ahuntsic pose toutes les questions
pertinentes qui pourront nous aider à mieux apprécier la
portée du problème présentement à
l'étude.
M. BOUSQUET: M. le Président, je soulève un point d'ordre.
Tout à l'heure, M. Lefebvre a laissé entendre que nous voulions
faire dire aux témoins des choses autres que les choses qu'ils veulent
bien dire. Ceci est malhonnête et malveillant.
M. LEFEBVRE: Je suis persuadé que vous ne seriez pas capables de
faire cela. Si j'ai eu l'air de dire cela, je me suis mal exprimé.
M. BOUSQUET: Bon, d'accord. Si vous acceptez cela, très bien.
Nous voulons faire dire aux témoins seulement ce qu'ils veulent bien
dire.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je vous demanderais, s'il vous plaît,
un peu plus de collaboration. Les gens sont venus de Montréal pour
témoigner. Nous allons cesser ces prises de bec. Vous êtes tous
bons. M. Lefebvre, voulez-vous poser votre question au témoin, s'il vous
plaît?
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'aurais une seule question
à poser au témoin. Je voulais faire une brève observation;
elle est faite. Je ferais remarquer que, si ces messieurs avaient
été moins nerveux, ce matin, nous aurions épargné
dix minutes.
M. BOUSQUET: Si vous n'étiez pas allé à
côté de la question, nous aurions épargné dix
minutes.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre, avez-vous des questions à poser au
témoin?
M. LEFEBVRE: J'en avais une, je l'ai posée.
M. LE PRESIDENT: Ah bon, merci. Ya-t-il d'autres questions?
DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: Messieurs Peter Roy et Leduc, je vous remercie
infiniment. Mr. Archer, s'il vous plaît.
Qui représentez-vous, Mr. Archer?
MR. ARCHER: Mr. Chairman...
M. G.-H. Archer
M. LE PRESIDENT: Je vous pose une question, M. Archer. Qui
représentez-vous? Est-ce que vous représentez un groupe, une
association ou un comité?
MR. ARCHER: Myself.
M. LE PRESIDENT: Vous avez la parole. Vous pouvez procéder.
MR. ARCHER: Mr. Chairman, Honorable Members, I was one introduced as one
of those terrible people from Toronto. And having been born and raised in
Toronto, I am also the victim of a unilingual school system which will explain
why my brief has been presented in English and why my presentation is given in
English.
I represent no pressure group but a private citizen who voluntarily
chose to live in Montreal a number of years ago because I wish my children to
grow up in a bicultural atmosphere.
At the time, French appeared to be its greatest asset. However, I have
become most concerned at the economic consequences of certain events in Quebec,
not the least of which is the St. Leonard situation.
As a member of the insurance industry, I am constantly being made aware
of the daily loss of business to Ontario. I fear that one opportunity the
Legislature has of restoring confidence in investors In the passing of Bill 85
and its guarantee of linguistic rights may be lost.
It was intended that Bill 85 would correct what many felt was an
injustice created by the
forced imposition of the French language on an unwilling immigrant
community.
While I, as an Anglo Saxon, am concerned at this situation, à am
ever more concerned at the fact that this will become a highly emotional issue
where logic or reason will disappear in the passion of an ethnic heritage. The
issue is already pitting English againts French and history is full of examples
where revolutions have started on lesser issues.
I feel that this committee shoulders a tremendous responsibility and its
actions will shape the future of the Province of Quebec. While the defence of a
culture or language appears to be the main issue, the economic development or
lack of it will be its immediate effect.
It is submitted that the economic consequences must be considered in
conjunction with Bill 85, since the committee must envisage the environment
that children entering the education process now will graduate into I 15
years hence.
As a direct result of the St. Leonard crisis, it is evident to anyone
involved in the business community itself that future development is in a state
of limbo. Business decisions have been held in abeyance. Capital is moving at
an ever increasing rate to « safer » areas. By the time, however,
that the consequences of this are more fully realized, it may be too late to
reverse the trend. In the end everyone will suffer except the dedicated fools
and the power hungry demagogues who have their own ulterior motives, but who,
in the meantime, are causing irreparable damage in the name of culture.
I submit, for the consideration of this committee, several situations
which have come to my personal attention.
Case 1 is a company with two branches, its head office in Toronto, and a
branch in Montreal and the president happens to live in Montreal, and, at this
time, he is commuting between the two cities. He has attempted to move his head
office to Montreal but his key men in Toronto adamantly refuse, for fear of the
educational situation.
On the termination of this company lease in Dorval, during this year,
this company will be moved to Toronto with a loss of twenty jobs to
Montrealers.
Case 2 concerns a real estate consultant whom I met about four years ago
and who was one of the greatest salesman of Montreal and, as a consequence, had
developped or plans to develop certain areas in Montreal with, at least, $20
millions in U.S. capital. He has been forced to curtail his plans and, a few
weeks ago, he has moved to Toronto.
Case 3 concerning nine investors who intended to develop a recreational
centre near Sutton, in the Eastern Townships. Following the St. Leonard
situation, they changed their plans and purchased 300 acres in Northern
Vermont, with options for an additional 600 acres. Incidently, à am
informed that 85% of the real estate transactions in Northern Vermont involved
Montrealers today. Potential purchasers of this land are all Montrealers and
what this represents in loss to the Province in terms of jobs and money cannot
be estimated.
Case 4 involves a very well known retail chain in Quebec. This company
has curtailed any future developments in this Province and new outlets are
planned only for Ontario and New Brunswick, and, as leases expire in Quebec,
many of these will not be renewed.
This company employs more than 1,000 people.
All these are clients of mine. Every time they move out, I lose a
client, the Province of Quebec loses a taxpayer and the people lose an
employer.
The economic loss that these cases represent is quite a small sampling
of what is being repeated daily. As capital and investment is directed
elsewhere, unemployment will continue to rise with dire and serious
consequences.
It is not very reassuring to find that unemployment is higher in Quebec
than any other province. In my opinion, this will become even higher when the
economic repercussions are more severely felt. For instance, in 1968, 50% of
the graduating students in the Engineering Faculty at the University of
Montreal did not have jobs on graduation. Within two years, 100,000 CEGEP
graduates will be on the job market. It is difficult to imagine the problems
this will create if 50% are unemployed. It might be predicted that the events
in the last 12 months will be a mild taste of what might be expected. We will
live in an explosive environment and it may well lead to panic.
I think that it is rather ironic that these children who were highly
educated in comparison to their parents may be the educated unemployed. I think
it is even more frightening to make certain historical comparisons. In the past
year, this country and this world have been shocked at the Nigerian situation,
where a majority has effectively eliminated a minority. Less recent, but within
the memory of most, is Nazi Germany.
Hitler rose to a power as a result of three basic issues, and these were
economic depression and unemployment, the Versailles Treaty and the persecution
of a minority.
I am not suggesting that anyone In the Government is a Nazi. I do
suggest that the same environment exists, and if we compare the Versailles
Treaty to the constitutional issue in this country, such could lead to and give
the same circumstances which could lead to power a similar individual. To deny
that it cannot happen here is to deny that it did not happen in Nazi Germany.
The memories of our legislators appear to be shorter than the memories of
investors?
The legislative process cannot change the fact that English is the
language of commerce and finance, not only in North America, but throughout the
free industrial world. To legislate against this fact is to legislate against
future growth and development.
It is stated that the English speaking Quebecer has had many advantages
at the expense of his French speaking cousin. It is further stated that
unilingualism will correct this injustice and a unilinguistic school system
will preserve the French language.
I submit that we live in an age of rapid or instant communication.
Quebec is surrounded by 250 million English speaking North Americans. Quebec is
also a part of this culture and environment. Indeed, it has risen from a rural
and agrarian society to the industrial North American economy. To deny a child
the right to learn English is to deny that child the right to participate or
communicate within the North American context and inability to compete in this
economy.
It would appear that forced unilingualism will perpetuate the injustice
against the French speaking student graduates. I live in Westmount which, I
think, is the center of a vast community in Quebec, if such exists. The
children in kindergarten at Rosland in public schools are all going to French
kindergartens. There is no such thing as an English kindergarten. And if these
children progress through Rosland public schools, I believe that 50% to 100% of
their education will be given in French.
It would appear that if this were the case that once again the English
will have the advantage in management and executive positions, he will be in
greater demand because of his ability to communicate inside and outside of
Quebec. He would be free to work or travel anywhere whereas his French speaking
cousin would be forced into a subservient position and restricted to
Quebec.
There is a danger that the Legislature may attempt to enforce
unilingualism on immigrants and the French speaking without regard to their
future needs. This committee should also consider that there was a time when a
person was born, grew up, married, worked and died without moving more than 50
miles. Mobility of labour and the ability to complete both within and outside
of Quebec are factors that must be considered. It will be a completely
different world that the next generation of graduates will face.
There are unfortunately many outside this Province that would encourage
Quebec to perpetuate the St. Leonard situation. The movement of capital to
other areas, such as Toronto, will be an advantage to Ontario. Real estate
prices in Toronto, have increased by about 30% to 40% in the last two years,
whereas they have decreased in the Montreal area by about 20%. Besides capital,
there is obviously a movement of people as well. However, this price
differential could, at this moment, be a tremendous impetus to Montreal's
economy. With the right environment, the trend could be reversed. In other
words, people would move outside into Montreal. However, we must consider that,
as more industry moves into Ontario, it becomes self perpetuating, since other
industry is attracted to support the ever increasing demand.
This submission is largely concerned with the economic consequences of
the persecution of the English language. Within the immediate future, it
appears that several things could happen to increase the economic development
of this Province with positive encouragement.
I feel that the Vietnam war may come to an end in 1969. Interest rates
should drop as a consequence and capital will be released for more constructive
purposes. Canada is one of the most attractive areas for investment and,
following the Czechoslovakia situation, there has been a tremendous influx of
European capital to this country. The Canadian dollar is underpriced in
relation to other currencies. There is a fear of increased civil strife in the
United States which makes Canada even more attractive. Whether Quebec will
share in this buoyant development will depend on the encouragement given to
investors and the people who would be attracted here by increased economic
activity.
Positive action is required to restore the confidence of capital and
business. The Government should discourage the negative and foster the
bicultural development so that there can be mutual pride in mutual achievement.
There can be a tremendous advantage in having both cultures living and working
together providing their energies and resources are directed towards a common
goal.
I think that the perfect example of this, Mr. Chairman, is Expo. As a
Torontonian, I have often wondered what kind of a show Expo would
have been if it would have been placed in Toronto. But I think we can be
very proud of it as being Quebecers.
Rather than nurture the antagonism between races, the legislative
process must be used in a positive way to allay fears of persecution. Political
courage rather than political expediency is required. Guarantees of minority
rights will do much to guarantee the economic prosperity and future development
of Quebec to the mutual advantage of all people living in this Province.
I, personnally, have worked and lived in five Canadian cities and have
travelled extensively in the Western world. I was attracted to Montreal almost
six years ago because this city epitomized to me the best features of my three
favourite cities. Paris, London and San Francisco. The people of Montreal and
of Quebec have so much to offer this country including their heritage and
culture. This in itself is a tremendous asset when its use is applied in a
positive way. The persecution of the English language is in my opinion, a
retrograde step which may, through a combination of external and economic
circumstances, lead to the very destruction of the culture and the language
which it is intented to save.
Mr. Chairman, I also have an addendum which I would like to submit,
consisting of recommandations...
M. LE PRESIDENT: Avez-vous plusieurs copies?
Mr. Archer, qu'est-ce qui vous attache à la ville de Paris?
Qu'est-ce que vous aimez dans la ville de Paris?
Mr. ARCHER: Would you direct your question in English, Sir?
MR. PRESIDENT: What is more attractive to you in Paris?
MR. ARCHER: Paris is a very colorful city. Montreal shares that, London
is very cosmopolite, San Francisco is a North American city and Montreal is
combination of all these, including the French.
MR. BOUSQUET: Westmount? MR. ARCHER: Westmount?
M. LE PRESIDENT: M. Goldbloom a une question, s'il vous plaît.
MR. GOLDBLOOM: Mr. Archer are you intending to read your supplement?
MR. ARCHER: May I? Since submitting my original brief I would like to
make certain recommendations. There are two basic premises that must be
considered: 1. French is and will remain the language of the majority in
Quebec, and as such will be the social language of family, school, church, and
of internal relations within Quebec including most work and government. 2.
English is the language of the majority outside of Quebec, and will be the
language of travel, communication, and our external relations , and as such
will be the language of business which is national or international in scope or
ownership.
By accepting what we cannot change, it is submitted that it is therefore
desirable for Quebecers to acquire a working knowledge of both languages and a
positive attempt should be made to promote the learning of both French and
English at the earliest scholastic level. Ideally, English children should go
to French schools, and French children to English schools. This, it is
admitted, is impractical, but there should be an immediate attempt to introduce
the language of the other possibly by the teaching of certain courses in the
opposite language. While Bill 85 was intended to protect certain linguistic
right, its need would be redundant under a system that encourages the teaching
and use of both languages since the fear of persecution would disappear in
favour of mutual understanding and respect.
Because many of us were denied the opportunity as students, to learn the
language of the other is not justification why this denial should be passed to
our children. The mistakes which have been made in the past can be rectified
with the creation within a generation of a bilingual younger group of
Canadians. The learning and speaking of French would become a status symbol
outside of Quebec, and it is use fostered and encouraged throughout the
country. Our children, with their bicultural background, would feel free to
travel or work anywhere within Canada.
This Province is in the enviable position of being able to initiate a
positive program of creating a tryly unique and exciting environment where
French could be its greatest asset. This development, in itself, would create
an enthusiastic desire on the part of business, capital and people to
participate, and economic growth would replace persecution, fear, and
uncertainty. This Committee has the opportunity of moulding a new and
distinctly Canadian character which would be neither strictly English or
French, but hopefully have the best characteristics of each. It is an
interesting and rewarding challenge where the preservation of the French
language and culture would be assured to the advantage of all
Canadians.
MR. GOLDBLOOM: You began by a brief personnal reference to your own
background and I am sorry I did not catch exactly what your background was. You
were educated in Toronto?
MR, ARCHER: I was born, raised and educated in Toronto. I am in the
insurance industry, I have lived and worked in five Canadian cities plus two in
Europe.
MR. GOLDBLOOM: How long have been in the Province of Quebec?
MR. ARCHER: Five years.
MR. GOLDBLOOM: Your education in Toronto did not provide you as a
grounding in a French language?
MR. ARCHER: Not sufficiently, really, it is too late I feel to introduce
a child of the age of thirteen or fourteen into French.
MR. GOLDBLOOM: Mr. Archer, you make considerable reference in fact it
seems to be the main theme of your brief to persecution of the English
language, do you have any comments about persecution of French language in
Canada?
MR. ARCHER: I think it must be admitted that this is existing, but it is
changing tremendously. It has changed as a result of the B & B Report. In
Toronto, I understand this year that there will be 26 schools starting teaching
French at the grade one and Kindergarten level. I think this environment and
encouragement outside of Quebec could lead to a completly, as I say, bicultural
group of Canadians.
MR. GOLDBLOOM: Do you think that bilinguism « per se » will
create economic opportunities in business and industrial community?
MR. ARCHER: Certainly, if we can get away from the fear of persecution.
And I think this is what is upsetting the business community today, In Montreal
and Quebec.
MR. GOLDBLOOM: The point was raised by Mr. Laporte in commenting on the
brief that preceded yours, that for people who in the past have been bilingual
and quite fluent in English, although their mother tongue was French, there
have been certain barriers against their ad- vancement. I happened to know the
situation in which people who were very fluent in both languages were denied
advancement because of other characteristics of their racial or religious or
national background. Are you prepared to tell us that these barriers have been
removed now from the business and industrial community?
MR. ARCHER: I think we have all heard of examples where this has
happened and someone pointed out to me, the other day, that he was a victim of
this fact. But when I investigated a little further, I found that the two more
senior positions in his company have been filled by French-Canadians, and he
was arguing that the position that he could have filled have been filled by.
English Canadian.
I think these things are changing in any way, but I think that there can
be other barriers besides being a French Canadian, perhaps, such as education.
I do not know. Certainly, it is a changing environment in this respect. This
may have been more true five, six, seven or ten years ago. But I have not found
that so apparent. For instance, in my own company, we have been attempting to
fill several positions with French Canadians but we have been unable to find
those that were qualified.
MR. GOLDBLOOM: Mr. Archer, may I ask you what may be a rather difficult
question? Your brief is predicated on an account of how bad things are at the
present time in the Province of Quebec, on how much capital is leaving and how
much investment is failing to come to us, and so on. You are aware that there
are important companies which, running contrary to the main stream of your
argument here, have made substantial investments and are continuing to.
MR. ARCHER: Sure, but may I just say something there? I think an
announcement has been made that Golden Eagle or Ultramar are building a
refinery in Quebec City. It represents, I think, an investment of $72 million.
But, I ask you also to consider that so far as major industries are concerned
they will always come to Quebec, regardless of what happen. Even if it becomes
a separated state, they will still be here and there will be a demand for. What
I am concerned is that there is a $72 million investment which, In the end,
will employ some or between 300, 350 people.
Now I have clients, for instance, in the furniture business with insured
values of $300,000 that are employing a 117 or 150 people. When
we add up the other related industries, such as there is subcontracting
for upholstering, the lumber and so on, I am sure that they are employing
almost as many people than a $72 million industry will employ.
MR. GOLDBLOOM: Well, Mr. Archer, I am aware of these situations and I
hear accounts of different individual instances but this was not really the
sense of my question which I have not quite come to.
I wanted to ask you, because we are all here, both sitting at this table
and both presenting briefs, we are all presumably here for a constructive
purpose. I was going to ask you if you would be able to elaborate on the
constructive purpose of your brief. What are you asking us constructively and
specifically to do in order to make things better in this situation, apart from
avoiding the persecution of the English language?
MR. ARCHER: I think by introducing Bill 85, and as I say in my brief, I
think it might be redundant, that is in certain circumstances, but at least to
allay the fears which seem to exist in the business community today, of
persecution.
I think that when Bill 85 was delayed and put into committee stage,
there is a great fear that it would eventually be shoved aside or shelved and
no action would be taken on it. I think that certainly there should be
linguistic guarantees in this Province. That is item one.
Secondly, once this has been achieved, then I think that there should be
a positive attempt to encourage the children, French and English, to learn the
language of the other at the earliest possible age, I would say, grade 1. I
think there should be a greater attempt to do this.
MR. GOLDBLOOM: You think there is any hope for the adults? You must know
adults who have followed crash courses in French?
MR. ARCHER: I am an example of one and I was not very successful,
no.
MR. LAPORTE: Mr. Archer, would I go too far, in summarizing your two
recommendations, if I state that in a nutshell, you suggest that the French
language in this Province would be a sort of a folk language...
MR. ARCHER: No.
MR. LAPORTE: ... and that English would be used almost everywhere?
Would you please explain recommendations one and two where you say:
« French will remain the language of the majority, will be the social
language of family, church and school and English will be the language of
business, which is national or international in scope or ownership. Would you
please try to explain, having lived in Montreal for five years?
MR. ARCHER: I think...
MR. LAPORTE: Just one more phrase, having lived in Montreal for five
years, I am quite sure that you were aware of what has taken place in this
Province during the last ten years. We have been living in Canada for a hundred
years, we plan and wish to remain in Canada but we are not ready to go along
the lines which were general in our country for a hundred years?
So, starting from there, we want to stay in Canada but in a way that
will permit French to be not only a folk language but the real language of
business in our Province and, at the same time, protecting all the rights of
the English.
So, would you summarize your two recommendations and tell me what you
plan to do to protect the rights of the French language in this Province?
MR. ARCHER: To go back to the beginning, I think that English may remain
the language of business, which is in the international sense or the national
sense, in Quebec, not only in Quebec, but everywhere in a free world.
MR. LAPORTE: But you spoke about Paris. You said that a large company
which is in Montreal, an American company of which I met the vice-president
about a month ago. told me that they just bought in Paris...
MR. ARCHER: Yes.
MR. LAPORTE: ... a huge company. He said that the six first floors are
entirely French and we never thought that it could be otherwise. The second
floor, where the Executive is, which is in constant correspondence with the
United States, most of everything is French but, what would you do with the six
first floors, Sir? Anywhere in the world?
MR. ARCHER: It is going to be the language of the country in which the
business exists.
I think the point I am trying to make is that we should encourage the
children it may be too late for people like myself, I do not know
that are coming up now.
MR. LAPORTE: You should try harder, like...
MR. ARCHER: That is right. But for the next generation coming up, if we
can give them the start, which perhaps was denied to me and perhaps was denied
to many of us here, I think that this in itself would guarantee the
preservation of the French language. And, even more important, I think that
things are happening in other parts of the country too, which are encouraging
the use of French. So that a French Canadian can feel free to travel, perhaps a
lot more extensively that he could previously, I think...
MR. LAPORTE: He could travel a lot more if he speaks English?
MR. ARCHER: No, French. French would not be the barrier that it has been
in the past.
I do not think it is going to be the same barrier in the future that it
has been in the past. And through the educational process, as I say, if it
starts early enough, we could develop a bilingual society. I do not think it is
going to affect our generation that much, but our children, yes. Because we
were denied that privilege, I do not think there is any reason why we should
deny it to our children.
This, I think, if I can sum up my brief, is the gist of it.
MR. LAPORTE: Yes, but I would like you to be more precise in your
recommendation number one; « French is and will remain the language of
the majority in Quebec, and as such, will be the social language of family.
» How can you preserve and promote a language that you have to leave
every morning at home, using another language to work all day long, and find
back your language when you come back at home to listen to TV or radio. How can
you protect and promote a language that way?
MR. ARCHER: I go on and say, Sir, that it would be the language of
church, school, and of internal relations within Quebec, including most work
and Government.
MR. LAPORTE: But we go to church once a week, and not everybody!
MR. ARCHER: I also say : « Most work and Government », and I
sincerely believe this.
MR. LAPORTE: Most work?
MR. ARCHER: Most work and Government. And I think, by encouraging
bilingualism, perhaps more on the English side than on the French, I do
not know that there is a greater chance for the preservation of the
French language that there would be otherwise.
MR. LAPORTE: So, would you agree that it would not be persecution
against any language in Quebec to see that, as far as it is possible, most of
the laborers can work in French?
MR. ARCHER: I would agree with that, I think it should be taken one step
further. Again, the children of both should be taught the language of both, to
their mutual advantage.
MR. LAPORTE: Yes. I agree with that, too.
MR. PEARSON: Mr. Chairman, I would like to carry this a little further,
and I would like to have your experience, Mr. Archer. I understand you are in
contact with many businessmen and industrialists. I am sure you must know of
the following situation I will try to describe. Let us say that we have an
industry employing about three or four hundred workers and belonging to either
English Canadians or Americans. In that industry I think we find many
industries along this pattern where all the foremen, the superintendents
and the managers will be English, there would be a tendancy maybe not
for the man who sweeps the floor; he can sweep in French all right the
minute you go a little higher in the hierarchy, that English be imposed on the
group. Now, would you agree and again, I think on this side of the table
we have often stated our point, we agree that the rights of the
individuals should be respected, as far as the language of teaching is
concerned? There is no doubt in our mind about this. Although I am not sure if
the Government is clear on this, but this is an another point.
They do not like us to say that. They get mad when we say that, so I
will not insist too much. But to come back to my case, would you agree that
some kind of rule of the majority could be applied in individual industry by
which the language of work if the great majority of the work is all
French after a certain period of warning, would become French? Of
course, I am not thinking of the Gazette or the Montreal Star where I imagine,
it would be difficult to establish French as the language of work, but I am
thinking of a biscuit manufactory, of the Dominion bridge, for instance. Would
you agree around your mind of thinking that, in this situation, we do not claim
the right of the individual but the collective right of the group to establish
French as the language
of work? What would be the reaction to this proposition in the «
milieu » that you know?
MR. ARCHER: It is something I would like to see, Sir, but I think it is
extremely difficult because we are living in an age of mobility of labour.
People who have no background in French are being transferred from Vancouver or
Halifax to Montreal or Toronto. I am not too sure of just what we can expect
from them. I fear to suggest, for instance, that directors'meetings in Montreal
should be held in French. I think of our own company where we have directors
from Vancouver, Winnipeg, three from Toronto, two from Montreal and one from
Halifax. Directors'Meetings are difficult enough as it is that with the
majority not being able to understand French, I think it would be a fiasco. I
don't think we can expect what you are suggesting in this generation but I
think, possibly, we could even next providing where there is agreement.
MR. LEFEBVRE: If I may go justa little bit further, would I be right to
think that in your company or in any company when a manager moves from Toronto
to Paris, for instance, he has to learn some French, don't you think? So why
would it be different if we think of Quebec?
MR. ARCHER: Well, I have known chartered accountants who have gone to
Paris and came back with less knowledge of French than perhaps I have. But, I
quite agree...
MR. LEFEBVRE: Well, Mr. Archer, Pigalle is all in French and it Is very
interesting.
MR. ARCHER: I think it is the ideal and, personally, I have no
objection. But I don't think it is something that could be done next year or
the year after. It is something that we should work throughout. But if you
legislate that all business must be done in French, I think again that English
would develop a persecution complexe.
MR. LEFEBVRE: Well, my proposition, Sir, was not to legislate in a
general way but to establish a rule by which each individual enterprise would
decide by itself, and the rule of the majority would be applied to each
enterprise. This was my opinion!
MR. ARCHER: Do you mean the rule of all the workers without
management?
M. LEFEBVRE: Yes.
MR. ARCHER: Well, I think that if we try to conduct business on that
scale, we would have a lot of difficulties if everything is opened to a
majority vote.
MR. LEFEBVRE: Then, there is not much hope, in your point of view, that
in the industry milieu, there is an opened mind to the growing of French
language?
MR. ARCHER: I think there is an opened mind and that this could very
easily changes in the next few years. I think it would be very difficult to
impose it today. As I said, there is this problem of mobility of labour for
people coming from Vancouver, and so on. Possibly in this environment, they
will be forced to learn French.
MR. LEFEBVRE: Well, we have the same problem. When we move to Vancouver,
we have to learn English. Otherwise, we are very unhappy there.
MR. ARCHER: This is what we are trying to generalize.
M. LE PRESIDENT: M. Archer, je vous remercie infiniment pour votre
témoignage. Je vais demander à Mlle Kanh-Tineta Horn, de la tribu
des Mohawks, de témoigner.
M. LE PRESIDENT: Mademoiselle, s'il vous plaît, vous nous avez
remis deux textes, en quelle langue voulez-vous témoigner?
Mlle Kanh-Tineta Horn
MISS HORN: We do not speak
French.
MR. PRESIDENT: WiU you speak in French or English?
MISS HORN: I speak Mohawk and English, and she speaks only Mohawk. So I
will translate.
MR. LAPORTE: I do not know if we speak English, but I am sure that we do
not speak Mohawk.
MISS HORN: I will speak English.
MR. LAPORTE: Good.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît!
M. LAPORTE: Nous soulevons un point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: Un instant s'il vous plaît, je demanderais
quelques minutes de silence. Mademoiselle Kanh-Tineta read the text in English,
please.
MISS KANH-TINETA: Quebec City, P.Q. Ladies and gentlemen.
My greetings to all who are assembled here at this ancient city where
once our former foe, the Hurons, organized their efforts to destroy the people
of the Longhouse and in failing paid for their treachery to their blood
brothers with their lives.
My greetings to all who are assembled here to discuss in a spirit of
friendship the problems that confront the descendants of the French speaking
people who came to our land nearly 350 years ago, and the great numbers of
people who came from other countries who now speak the English language.
My greetings to those who will, in coming years, read these words of
wisdom for be it known that the people of the Longhouse, the Mohawks, Oneidas,
Cayugas, Onondagas, Senecas and Tuscaroras, have always been people of peace
and goodwill, and are the founders and creators of the first United Nations,
the first Confederacy for peace, understanding and brotherhood, the Six Nations
Iroquois Confederacy.
My statements today concern the fact that the Iroquoian people have long
believed that a person could think and speak in only one language, but that
thinking and learning and speaking more than one language reduced the power of
the man to act, to achieve, to reason and to accomplish. For that reason many
of the greater leaders of the Iroquois made sure that they did not confuse
their powers by speaking a second language. The wisdom of the Indians is that
the learning of a second language makes a man less, not a greater man. This may
conflict with the popular history, but the Indians have survived and will
survive longer than those who disagree with us.
My statements today concern the fact that education is not a federal
matter as we Indians are told, and that it is not a provincial matter as it is
claimed, and that it is not a municipal matter. Education is a personal matter
and it always will be. Unfortunately, education is being greatly abused and
many persons who should not be educated are now being educated. What is worst
of all, it would appear to many of us that education will make it impossible
for many of these educated to work in what is available and there may not be
enough work in the educated fields for those qualified. Therefore, at this time
some of the wisdom of the Iroquois will be considered. We, therefore, present
these points to be reviewed at your hearing.
The first language of this continent, about 20,000 years of age, is the
language of the Indians. All laws respecting education must respect the first
language of this continent. a)It must be remembered that the people who speak
the first language defended the French speaking Canadians in a bloody war from
1776 to 1783 when the Americans sought to wipe out their language, their
culture and their religion. And for that reason, it for no other, the language
of the first people has a right to survive and to grow. b)I must be remembered
that the people who speak the first language defended Canada in a bloody war
from 1812 to 1814 and preservedthe existence of Canada, and for that reason, if
for no other, the language of the First people has a right to survive and to
grow. c)Indians should not be forced to learn a second language. Many do not
need it, and only if the need arises and the parents demand it should Indians
in their early childhood be required to speak a second language. d) Indians
should not be forced to learn a second language. Many do not need it, and only
if the need arises and the parents demand it should Indians in their early
childhood be required to speak a second language. There are such people as the
Nascapi, who may well perish after thousands of years of existence if obliged
to assume the complications of a language in addition to their own. e) Those
Indians who need a second language should have complete freedom of choice,
without pressure or coercion, to choose either English or French. It must be
realized that 93% of the Indians in Canada do not speak French and 7% of the
Indians in Canada speak French. f) The Iroquois, for some mechanical reason,
once they have learned their own language, cannot learn French. This accounts
for the absolute failure of all true Iroquois to truly pass elementary, high
school or university examinations in French. g) In Caughnawaga, there is hardly
a single Mohawk who speaks his language and can speak French, despite expensive
lessons, taking courses, attending high school and other efforts. Mohawks have
all failed to learn the French language. h) The Iroquois, for example, and most
other Indians, for reasons of construction technique and racial suspicions,
have no hope of ever finding any employment in the Province of Quebec. The
Iroquois work exclusively on high
steel beamed construction which is carried on in the United States, but
not in Canada, except in very rare circumstances. Therefore, there is no hope
of the Iroquois finding any employment in the Province of Quebec and in the
French language. i) In order to work, the Iroquois must understand Iroquois
which is used on the high steel, and the English language, which is used by
people of many races in this kind of work. j) The idea that if an Indian
arrives in Quebec they must be forced to learn French, not English, is a
violation of all the treaties. An Iroquois returning from some distant place
with his children under this proposed law would be forced to attend a French
school. This would cut the child off from all communication with other Iroquois
and would deprive the child of any prospective employment and would destroy the
very roots of Indian culture. k) Even more important than the attempts to take
away our rights to learn the English language, is the need to revise the
falsehoods from the history books. The painting of such men as Dollard des
Ormeaux as heroes is false and misleading fiction. The constant twisting of the
truth to make it appear as if the Indians were savages is something that should
be wiped out from the history books of the Province of Quebec without delay in
all languages. 1) Immediately, history book recognition should be made to the
fact that the Six Nations Iroquois Confederacy was created for peace. It must
be acknowledged that the French speaking people were invaders who attacked the
Indians first and mercilessly, and the Iroquois struck back with inadequate
weapons in order to survive. m) The truth must be brought out in the history
books that the French speaking Canadians were saved by the Iroquois in the
attack by the Americans that lasted for seven years from 1776 to 1783. It must
be made clear to all that if the Iroquois had not chosen to defend those who
had tried to kill them previously, that the Roman Catholic faith and the French
language would have been wiped out forever by the American invaders.
Il) It must be remembered that, in 1812, which is 18 years after the
Government of what became Canada signed the Jay Treaty, the Iroquois once again
saved Canada, the English speaking Canadians this time, and once more saved the
French speaking Canadians from invasions by the Americans. All of this must go
into the revision of education so that the Roman Catholic people and the French
speaking Canadians will all know they owe their existence to the Iroquois. o)
The regretful ignorance of many politicians in the Government of Canada
concerning the treaties and rights of Indians is a sad and regretful thing. The
Government of the Honourable Daniel Johnson, while he was alive, was careful
not to intrude in the rights of Indians. It had been my privilege to inform him
that the Provincial Government could not aid in solving of this problem and he
had remained away from involvements.
I very respectfully request the Government of Honourable Mr. Bertrand to
avoid serious damage to the white society and not to violate the rights of
Indians by insuring me that Indians will be allowed to learn their own language
first and whatever second language they wish, and never be influenced or forced
to learn a second language. Other than that, the Indians should not be
interfered with in any manner, but should be allowed to retain their reserves,
their own way of life, and to call upon the Government of Canada to make good
the obligations under the treaties.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre, vous avez une question? Vous avez le
droit, on ne leur laissera pas vous enlever la parole.
M. LEFEBVRE: J'apprécie énormément, M. le
Président, votre amabilité inhabituelle.
MR. GOLDBLOOM: I just want to ask if this brief is presented in Miss
Horn's personal name or it is presented on behalf of the Iroquois Community of
Caughnawaga?
MISS HORN: She wrote it by herself, but all the Indians want It that
way.
MR. GOLDBLOOM: Was there a meeting held at which this brief was
presented to them and accepted by them?
MISS HORN: Yes. That is the Long House Iroquois Confederacy. This is the
way they believe in, this is the way they want it.
MR. GOLDBLOOM: Can you give me any more information as to how larger
group is represented, how many people were at the meeting, where and when was
the meeting held?
MISS HORN: It is not only in Quebec, in the Onondaga, in the Saint-Regis
reserve, they all want it this way.
MR. GOLDBLOOM: Thank you.
MISS HORN: We should have a language of our choice, If we want to learn
English or if... we want to have our choice. And it is almost impossible to
learn French. And besides, we do not have employment here in Quebec, we do not
work in Quebec at all. We only get along with the American people, the ones
that can speak English, because we understand each other. But in French, we
never understood each other so we never... And the history, it stands way back
from the history which you have painted on the Indian people. So, this is right
in us, once you have learned Mohawk language, you cannot learn French.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, on peut...
M. LE PRESIDENT: Non, je vous remercie beaucoup de votre
témoignage, merci beaucoup. Messieurs, la séance est
ajourné à 2 heures et demie. Un instant Mademoiselle.
Saint-Thomas disait: Quidquid recipitur ad modum recipiendis
recipitur.
Reprise de la séance à 14 h 45
M. PROULX (président du comité): A l'ordre, messieurs!
Est-ce que le père McCormack peut présenter son mémoire,
s'il vous plaît?
MR. McCORMACK: Mr. Chairman, members of the committee, I represent the
English-speaking Roman Catholic High School Chaplains of Greater Montreal.
We represent some 46 English-speaking priests who work as chaplains in
the high schools of greater Montreal and our group serves in eleven School
Commissions and four private schools. We are neither representing our
respective School Commissions, nor the Catholic Church, in an official manner.
We have voluntarily grouped together in order to present this brief.
As citizens of this province and country, and as Priest-Chaplains
involved in the educational community, we consider it our obligation and
responsability to present our views with respect to Bill 85.
Refering to Bill 85 we wish to make the following statements: 1) We
fully endorse that portion of the Bill which would establish, in law, French
language and English language schools. 2) We maintain, and defend the right of
every citizen in Quebec, whether he be an immigrant or of long standing
residence, to freely choose French or English instruction for his children. The
law, with reference to immigrants, appears to be ambiguous on this point. 3) We
are in full agreement that the French language must be enhanced in Quebec and
the rest of Canada. Thus the English-speaking student must be assured of a
« working knowledge of the French language » in his education.
Conversely, the French student should have the same opportunity to know English
in his schools.
Our brief will dwell on these three points.
We strongly defend the right of every parent, living in Canada, to
educate his children in either of the two official languages of his choice. The
Royal Commission on Bilingualism and Bi-culturalism has said so: the Parent
Commission has said so; the principle of acquired rights says so.
Bill 60, establishing the Education Department Act in Quebec in 1964,
states in its preamble (which is intended to set the spirit and philosophy of
the law) the following principle: « ..parents have the right to choose
the institution which according to their convictions ensure the greatest
respect for rights of their children. »
Conceived in the context of religious and moral rights of parents, it
does not contain explicitly any mention of linguistic rights. But there is more
here than mere legality. There is a long tradition in educational matters in
Quebec. To impose a language system upon anyone, in this province, represents a
deliberate and clear break with the line of conduct followed on linguistic and
school matters in Quebec for a century.
Commenting on this preamble to Bill 60, Mr. Claude Ryan pointed out, in
an editorial of September 12th, 1968, in « Le Devoir »: «
There is the intention of the legislator at the time the law was adopted. There
is particularly the real intention of the people at this point in time. «
Educational institutions were considered up to now as being the property of
neither a religious majority nor a linguistic majority, nor a minority, but of
the whole population. Following the spirit of our tradition and our laws, it
was never a question of establishing a standard for the majority and another
standard for the minority. The existence of one and the other was recognized.
Flowing from this fact, each was considered equal... However a movement wants
to introduce into our public life a new way of interpreting the general concept
of co-existence, in equality of the two communities, to substitute the concept
of a dominating community to which would be attached subordinated and secondary
additions. It identifies the French-speaking group and public institutions. It
is declaring, in effect, a monolithic conception of the Quebec of tomorrow.
« This type of political philosophy amounts to making the political
institutions the instruments in service of the majority. This is contrary to
the true function of public institutions in a democracy, which is to take
account of the very legitimate diversities and not to look to mould them by
force of the majority. Here is a case where tradition, from the beginning, is
nobler and more reasonable that what one presumes to put in its place.
»
Thus, a responsible and democratic government has the obligation to
protect all the rights of all its citizens, either human, acquired, or
established in law. Otherwise the government is neglecting its duty» As a
result it gives the advantage to extremists by default, who are, and will
continue to pursue their purposes regardless of the human and acquired rights
of the minority. It is our opinion that there must be an immediate
implementation in law protecting linguistic rights of parents In the education
of their children.
Immigrants are attracted to this province and country, not merely to
better their standard of living. They are anxious to exercice those freedoms
which our country enjoys, and which were frequently denied in their mother
country. Our contact, as High School Chaplains, with immigrant students and
parents would substantiate this statement.
To deny the immigrant the right of educating his children in either of
the two officiai languages of this country is to curtail his freedom and to
deny a human right.
Bill 85 is seeking to integrate the newcomer into the French community,
but it would be unfortunate if this were attempted by force rather than by
choice. The government, and French language schools, should use all the
persuasion possible to integrate the immigrant, but never by force of law.
To some, the following statement may sound harsh, but in all honesty it
must be said as it represents a fact. The vast number of immigrants and ethnic
groups attending English language schools were never enticed or persuaded by us
to do so. Rather, there was a marked indifference on the part of the
government, and some French schools, who failed to encourage the immigrant to
opt for a French language education.
We consider it unjust to force a language of instruction upon any parent
and his child. The State must uphold all the human rights of its citizens,
whether they be of recent arrival or long standing residents.
We are in full agreement with the principle of Bill 85, requiring more
and more English-speaking students to be bilingual. However, we would hope that
the government would introduce into the Bill, the same guarantees for the
French-speaking student, thus having the opportunity of learning the English
language.
Our school systems, both French and English leave much to be desired in
this respect. In the past, a mere academic approach to the subject of French or
English has been generally used, proving inadequate and insufficient for a
working knowledge of the respective languages.
In order to improve the working knowledge of both languages in our
school systems we recommend the following: 1- French classes should be
conducted in French, in English-speaking institutions,, Conversely, English
classes conducted in English, in French-speaking institutions,, This approach
is used in some school systems but it is far from being universal. 2- The
modern techniques of language lab, film-strips, etc., should be used more
extensively.
3- As a result of the communications explosion, radio, TV, films,
newspapers and periodicals, which are all pervasive in both languages, could be
used more extensively in imaginative and updated school systems.
With each group, French and English, becoming more and more bilingual,
the communications gap would be lessened. Learning one another's language will
give us more than a working knowledge for a day to day exchange. It will be the
means to appreciate the culture and mentality of one another. Communications is
the great vehicle of our times, yet sadly neglected in our educational
systems.
To communicate with one another affords the opportunity for greater
understanding and cooperation, which will be to the benefit of the Quebec
society.
To deny the French speaking population an opportunity of learning
English, in a practical sense, is to ostracize him culturally, socially, and
eventually economically from the rest of North America, with which he must live
as a fact. On the other hand, not to update the teaching of French in English
institutions is to deny the student the opportunity of enriching his background
and accepting the fact that this country has opted for billngualism and
biculturalism.
In conclusion, while we endorse Bill 85 in principle, we would hope that
this committee would seriously consider our recommendations and modifications.
The sooner a bill endorsing linguistic rights is passed, the sooner the
educational rights of all parents and students will be safeguarded in Quebec.
Otherwise, we continue to give the advantage to extremists, who do not hesitate
to deny the rights of others, since they maintain only the majority have
rights. We must not continue to live with indecision, confusion and floundering
on this vital matter of linguistic rights in education.
MR. GOLDBLOOM: Father may I just ask you a small question? Referring to
the top of page 6 of your brief...
MR. McCORMACK: Yes.
MR. GOLDBLOOM: ... where you express the opinion that to fail to «
update the teaching of French in English institutions is to deny the students
the opportunity of enriching his background, and accepting the fact that we
have opted for billngualism and biculturalism. » Would you not be
prepared to go a little bit further than that, and to ray that to fail to
update and to improve to the maximum extend possible teaching of French in
English institutions is to deny to the English speaking students access to an
economic market, a five million people in this province and outside of this
province? Is it not a useful thing as well as a controlling advantage?
MR. McCORMACK: Yes, of course.
MR. GOLDBLOOM: You traced a communication relationship very well but I
think that it should go a little bit further than you put at the top of page
6.
MR. McCORMACK: I would agree. MR. GOLDBLOOM: Thank you.
MR. LAPORTE: You said on top of page 2: We strongly defend
the right of every parent, living in Canada, to educate his children in either
of the two official languages of his choice. The Royal Commission on
bilingualism and biculturalism has said so; the Parent commission has said so.
Do you think that Canada would say so, very seriously?
MR. McCORMACK: Yes.
MR. LAPORTE: You said that the B & B commission has said so and the
Parent Commission, but what about Canada? I am speaking of the right of every
parent to send his children to the school of his choice.
MR. McCORMACK: I think that it depends to a great extend on the
decisions that would be taken on this bill 85.
MR. LAPORTE: On what?
MR. McCORMACK: On the bill 85.
MR. LAPORTE: Would you say that historically this was the case between
Canada and Quebec?
MR. McCORMACK: No.
MR. LAPORTE : But how would that change?
MR. McCORMACK: But I think that if we continue to respect the rights of
the English speaking people in this Province that the climate which has already
taken place in Canada after the first constitutional conference last year and
the desire to see French education in other parts of the country would
continue.
But à am afraid, right now, that we are having a reaction from
certain parts of the country, the West, apparently, at the last session of the
Constitutional Conference, simply because there is a halting and indecisive
ness here, in our own province, as to the education of the English-speaking
students.
MR. LAPORTE: I would go along with those lines, but would you think, if
we put the problem the other way around, if we do accept, as I wish we will, to
recognize legally the right of every parent to send his children to the school
of his choice, in Quebec, and if the same right is not in practice not
only in principle but in practice given to French-speaking parents in
other provinces, would you think that this might create a reaction in
Quebec?
MR. McCORMACK: Well, it possibly would, but I would be inclined to
think, on the other hand, once we have settled this matter here in our own
province, that there are areas in Canada where there is 10%, I believe,
has been a figure they have used a population of French-speaking people,
in various parts of the West and the Eastern part of the country, where there
would be pressure put upon them, not only by what we have done, but also by
what I think the Federal Government would be able to do in the way of seeing
that the French rights are respected in other provinces as well. We fully
endorse this, but we believe that there has been an injustice in the past as
far as French Canadians are concerned in the rest of the country.
MR. LAPORTE : May I say that your brief is quite clear and
constructive.
MR, McCORMACK: Thank you. MR. LAPORTE: Thank you, Mr. McCormack. MR.
LEFEBVRE: Father, if I may... MR. McCORMACK: Yes?
MR. LEFEBVRE: I am sure that since you work in the Catholic Schools of
Montreal, you certainly know the exact figure of the student population which
is not of English origin. I think it is about 60%. Am I right?
MR. McCORMACK: It is approximately that. Yes. I do not know the exact
figure myself.
When you say English, would you mind giving me a definition of what you
mean by English?
MR. LEFEBVRE: I mean people for whom English is not the mother
language.
MR. McCORMACK: Yes. Fine.
MR. LEFEBVRE: Now, of course, I am sure you are aware of the
insatisfaction that this situation creates among French Canadians in Montreal
who, of course, would like to see more immigrants choose freely the French
language. As Mr. Laporte has stated, as far as we are concerned, we support the
right of the parents to make a choice. But, of course, we would like to see
more immigrants choose the French language. My question is the following. Since
you are in contact with the new Canadians in Montreal, who are in great number
in your schools, do you think that if some improvement is made in the use of
French as the language of work, the language that is used commonly at work in
the Montreal district, this would help to bring a better balance between the
immigrants that would choose the English language and those who may choose in
the future the French language? Freely, I am speaking of a free choice.
MR. McCORMACK: I believe that this is the manner in which it should be
done.
But the immigrant should be given the opportunity of free choice and at
the present time, in our industrial and business life of Montreal, there is
certainly much more bilingualism actually involved, as well as people being
required to be bilingual to enter into industry, particularly in business at
least. And the more that the Government would push this particular idea of
increasing the necessity of bilingualism, I would say, in positions of industry
and of business, the immigrant, then, who comes here, concerned about his bread
and butter, would certainly be more inclined to go to a French school.
MR. LEFEBVRE: I thank you, but l take note of the fact that you do not
seem to agree very much that the French, as such, should be used more
frequently as a language in the working place. You insist on bilingualism.
MR. McCORMACK: I do not necessarily insist upon it, but I have not been
able to settle it in my own mind. I am afraid that if we make a top priority,
we will run into all kinds of complications in our dealings in business,
particularly at the top echelon where business is conducted internationally and
nationally in the English language.
But I would certainly be in favour, and so are my confreres, of at
least, to begin with, a bilin-
gual atmosphere in our places of industry and our places of
business.
MR. LEFEBVRE: Thank you, Sir.
M. LE PRESIDENT: Merci, Père. Est-ce que nous pouvons demander
à Mme Stoddart de se présenter, s'il vous plaît? Mme
Stoddart n'est pas ici.
Le Comité Canada, s'il vous plaît. Que les personnes
veuillent bien se présenter.
M. LAPORTE: Monsieur Anthony Malcolm.
Me T.R. Anthony Malcolm
M. MALCOLM: Merci, M. le président. M. le président, je
suis Anthony Malcolm, coprésident du Comité Canada. Je me
propose, avec votre permission, de présenter notre mémoire
conjointement avec notre directeur-général, M. Trottier. Je n'ai
pas l'intention de lire notre mémoire en français et en anglais,
mais de présenter alternativement les sections en anglais et en
français. Avant de commencer, mais avec votre permission, je vais
demander à M. Trottier notre directeur-général,
d'introduire brièvement les représentants qui sont ici avec nous
aujourd'hui.
M. TROTTIER: Parmi le groupe qui nous accompagne, il y a M. Beaudoin,
assureur de Val d'Or; M. Charles de L. Harwood, conseil auprès de
l'exécutif du comité; M. Jacques Taschereau, notaire de
Québec; M. Malcolm, notre président; M. Kbtrly, assureur de
Montréal; M. Vézina, assureur de Saint-Lambert; M. White,
industriel de Montréal; M. Labelle, industriel de Montréal; M.
Pelletier, administrateur; M. Therrien de Trois-Rivières,
évaluateur; M. Bruce Kippen, le vice-président du Comité
Canada, courtier en valeurs mobilières de Montréal; M. Campbell,
du service des relations publiques de l'industrie de l'aluminium; M.
Jaffé, exportateur de métaux de Montréal, malheureusement
pas avec nous et qui nous a fait parvenir une lettre à cet effet; M.
Gustave Tardif, doyen d'une faculté de l'université Laval; M.
Claude Taillefer, étudiant à Montréal; M. Pierre Mercier,
étudiant à l'université de Montréal; M. Georges
Lefebvre, étudiant à Montréal; M. Théoret,
étudiant à Montréal; M. Slessinger, étudiant
à Montréal; M. Fernand Bolduc, de l'industrie du camionnage; M.
Jean-Paul Gagnon, administrateur d'une société de communication;
M. Pierre Côté, industriel de Québec; Mlle
Thérèse Martin, infirmière; Mlle Myriam Payette,
infirmière; Mlle Céli- ne Richard, étudiante; Mlle
Michèle Boyer, étudiante; Mlle Christiane Davis,
étudiante, et Mlle Rollande Mallet, également étudiante.
Nous avons reçu un télégramme de M. Marcel Caron, notre
président, qui nous indique qu'il regrette de ne pouvoir participer
à notre présentation à cause de ses affaires qui le
retiennent à Montréal, de même que du doyen de la
faculté de droit de McGill, M. Maxwell Cohen, qui, à cause de la
maladie, est retenu à Montréal.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, est-ce que ce sont là tous vos
membres?
M. TROTTIER: Ce ne sont pas tous nos membres, mais tous ceux qui sont
ici sont membres.
M. LE PRESIDENT: Combien avez-vous de membres dans votre
comité?
M. MALCOLM: Nous avons, dans notre comité, approximativement
trois mille personnes dans tout le Canada, incluant tous les autres qui sont
associés avec notre comité, soit approximativement deux mille
trois cents personnes qui résident dans la province de Québec. Il
y a peut-être 80% de nos membres qui sont de langue française.
M. le Président, permettez-moi de lire quelques amendements
à notre mémoire en langue anglaise.
Page 9, section c), we should read: The teaching of the French language
be mandatory at the first year of the elementary level, through High School as
an effective useful second language in English Schools. Page 15, second
paragraph, tenth line, should read: « Although the Government might have
arbitrarily expressed his views through legislation ». Page 18 paragraph
c, third line, should read: This doctrine of « acquired rights »
has not yet been judicially defined. There is a small typographical error,
unfortunately, on page 21, paragraph f), eighth line: the word « on
» should read « or ». There is also an amendment in French,
on page 18, paragraph b):
Dans le texte français, à la page 18, paragraphe b),
septième ligne, il faudrait lire: « Il découle de cette
interprétation juridique que l'enseignement en français, en
anglais ou en toute autre langue n'est garanti par aucun droit constitutionnel
au Québec et dans les autres provinces du Canada.
A la page 9 du texte français, il faudrait lire le titre: «
Politique scolaire et linguistique ».
M. MALCOLM: Maintenant, M. le Président,
avec votre permission, voici la première partie du
mémoire. Section one.
The Canada Committee.
The Canada Committee is an apolitical group of both French and English
speaking Canadians who are dedicated towards the achievement of a strong and
united Canada, from coast to coast, for all Canadians.
Its membership represents all segments of our professional, labour,
business and cultural communities and comprises Canadians of many origins and
differing cultural backgrounds who have pride in their heritage and a desire to
build Canada together towards the fulfilment of their ideals.
The Canada Committee believes that the political, economic and social
progress of our country necessitates a closer collaboration and a better
understanding on the part of all Canadians. The Canada Committee maintains that
the protection of the rights of minorities is an essential element in the
realization of such purposes.
M. TROTTIER: Principes généraux.
Les observations et les recommandations de ce rapport se fondent sur
quelques principes généraux qu'il convient tout d'abord de
souligner.
La langue, moyen d'expression et de communication, est un
élément fondamental de l'activité humaine dans ses
diverses manifestations sociales, intellectuelles et économiques. Toute
législation relative à la langue, à son enseignement et
à son usage, par les effets multiples qu'elle comporte, est donc d'une
importance primordiale. A ce titre, le bill 85 est d'une importance
fondamentale pour toute la population du Québec.
La vitalité de la langue française est indispensable au
maintien et à l'épanouissement de la culture française au
Québec. Les Canadiens de langue anglaise de cette province doivent en
être conscients et doivent faciliter davantage l'usage du
français. Ils doivent contribuer dans toute la mesure du possible
à faire du français la langue de travail des francophones au
Québec. La promotion sociale et économique des Canadiens
d'expression française en sera facilitée d'autant.
D'autre part, l'économie du Québec étant partie
intégrante de celle de l'Amérique du Nord, il est
nécessaire que l'enseignement de l'anglais soit étendu et
amélioré dans les écoles de langue française afin
que les Canadiens français participent davantage au progrès
socio-économique de tout le Canada. A cet égard, il faut
remarquer qu'un grand nombre d'entre eux y par- ticipent déjà:
d'après le recensement de 1961, 1,300,000 personnes ou 30% des Canadiens
français sont bilingues ou ont une bonne connaissance d'usage de
l'anglais. Ce nombre est nettement supérieur actuellement.
Pour que la Confédération survive, il est donc
indispensable que le bilinguisme et le biculturalisme puissent s'exercer de
manière fonctionnelle dans tout le Canada, chaque fois qu'un nombre
suffisant de personnes des deux groupes linguistiques le justifie.
Nous avons conscience du fait que le français doit jouir au
Québec d'une priorité fonctionnelle parce que c'est la langue de
la majorité de la population de la province, mais il convient de
souligner que cette priorité relève du libre choix de l'individu
et qu'elle ne peut pas être imposée.
Le Comité Canada estime donc que la coexistence harmonieuse des
Canadiens de toute origine exige le respect des principes suivants à
l'égard des droits linguistiques et scolaires: 1) Pour des raisons de
justice et d'ordre pratique, tout législation relative aux droits de la
langue ne doit pas être fondée sur l'origine ethnique ou
linguistique. 2) Toute personne doit pouvoir opter librement pour l'une de nos
deux langues officielles, le français ou l'anglais, comme langue
principale pour elle-même et pour sa famille. Les parents doivent donc
pouvoir choisir la langue d'enseignement de leurs enfants; c'est une
liberté individuelle fondamentale. Toute coercition doit être
exclue. L'histoire des peuples nous enseigne que la priorité
accordée aux droits collectifs conduit souvent à
l'intolérance, à l'arbitraire, au totalitarisme et à la
négation même des droits individuels. En démocratie, la
liberté et le mieux-être de l'individu doivent avoir la
primauté dans les objectifs de la nation. La valeur et la survivance
d'une langue dépendent de l'amplitude de son usage. Chaque personne
éprouve le besoin d'apprendre et de comprendre une langue. Nous devons
satisfaire ce besoin sans coercition, sinon il sera impossible de bâtir
un Canada démocratique et bilingue. 3) Pour assurer dans la pratique une
égalité raisonnable du français et de l'anglais, il est
essentiel que les Canadiens d'expression anglaise aient une connaissance
d'usage du français. La population de langue française
représente 81% environ de la population du Québec; les Canadiens
de langue anglaise y sont donc minoritaires. Il convient également qu'un
plus grand nombre de Canadiens français apprennent l'anglais. Ajoutons
enfin que la connaissance d'une seconde langue constitue un enrichissement
culturel considérable.
MR. MALCOLM: Section III, Mr. Chairman; Language and school rights.
Articles 93 and 133 of the British North America Act, as we will discuss
later, guarantee no legal protection whatsoever for the French language insofar
as it relates to education in the Province of Quebec, or in fact in other
Provinces of Canada. Similarily there is no constitutional quarantee for
English language instruction, insofar as it relates to education in the
Province of Quebec or in other provinces of Canada.
We believe, however, that in Quebec, after more than one hundred years
under Confederation, the Province has opted for a doctrine of « acquired
rights » as to the choice of instruction for children in either of the
two official languages. To now deny parents the right to choose the language in
which their children will be educated would, in our opinion, be both arbitrary
and discriminatory.
The Canada Committee believes that the right of parents to have their
children educated in one of the two official languages should now be formally
recognized by constitutional amendment in the school system of the Province of
Quebec, as well as in other provinces wherever justifiable on regional
basis.
Restrictive or coersive legislation would be regrettable at a time when
an enlightened approach to linguistic problems in Canada is in progress.
There is note I annexed to that paragraph which points out that in the
Province of Ontario in 1967, there were 3,042 students who attended private
secondary French language schools, which means private schools. In 1968, these
schools, with the exception of only two, have voluntarily absorbed themselves
into the French language nonconfessional schools system, the public system. The
two remaining private French language schools are located in higher income
urban areas and were attended in 1968 by only 625 out of the initial 3,042
other students who attended such private schools in 1967. All the others were
absorbed into the public schools system. I think it is a very noteworthy fact.
The recent policies of the Federal Government and the Governments of Manitoba,
New Brunswick and Ontario, which are aimed at repairing past injustices
suffered by French speaking minorities in other provinces of Canada and which
have been initiated pursuant to the recommendations of the Royal Commission on
Bilingualism and Biculturalism, are indeed significant in this respect. Any
legislation which, therefore, tends to be restrictive or coersive, enacted in
this province, might restrain or bring to a halt the adoption of these
progressive poli- cies with respect to language rights across the country. At
this juncture, we consider it most opportune to draw attention to the following
relevant facts.
According to the 1961 census this being the last available
it is indicated that there were 697,402 Canadians residing in the Province of
Quebec whose mother tongue was English. In the Provinces of Ontario and New
Brunswick, there were respectively 425,302 and 210,530 Canadians whose maternal
language was French. The number of French-speaking Canadians in our two
neighbouring provinces was, therefore, equal to the number of the
English-speaking Canadians residing in the Province of Quebec.
The significance of these figures, we believe, is self-evident.
M. TROTTIER: Chapitre IV - Politique scolaire et linguistique.
Quel que soit le système scolaire adopté dans la province
de Québec, celui-ci doit pourvoir au développement et à
l'amélioration de l'enseignement du français dans les
écoles de langue anglaise et de l'anglais dans les écoles de
langue française.
Le Comité Canada recommande donc: a) L'établissement d'un
système scolaire basé sur la langue et non plus sur la religion,
à condition toutefois que les droits de l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique soient respectés et qu'une
protection constitutionnelle soit accordée aux droits linguistiques. b)
L'amélioration de la qualité de l'enseignement du français
dans les écoles de langue anglaise. c) De rendre obligatoire
l'enseignement du français, comme seconde langue, dans les écoles
de langue anglaise, depuis la première année du primaire et
pendant toutes les années du secondaire.
Ces deux dernières recommandations s'appliquent également
à l'enseignement de l'anglais dans les écoles de langue
française.
Le choix de la langue d'enseignement pourrait être
déterminé au niveau régional par les commissions scolaires
représentant les deux groupes linguistiques. Leurs décisions
devraient s'appuyer cependant sur des critères déterminés
de manière précise par la loi. Ces décisions devraient
être assujetties à un droit d'appel devant le ministre de
l'Education ou les tribunaux.
Les droits confessionnels de l'article 93 de l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique ne peuvent pas être modifiés
unilatéralement par une loi du Québec. Le Comité Canada
estime qu'un système scolaire juste au Québec doit être
basé sur les droits linguistiques et non
sur les droits religieux. En attendant que la Constitution soit
révisée dans ce sens, il serait judicieux que les institutions
qui tiennent leurs droits de l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique établissent leurs programmes scolaires en se basant sur
la langue et non plus sur la religion. Le Comité Canada espère
qu'un tel système pourrait s'instaurer sans porter préjudice aux
groupes religieux quels qu'ils soient et pourrait prévoir une aide
financière aux écoles privées qui souhaiteraient maintenir
un certain caractère religieux ou confessionnel à leur
enseignement.
MR. MALCOLM: The last paragraph is made in full realization of the
government passage of Bill 56, Mr. Chairman.
Immigrant and Language Policy Section V.
Immigrants have made a great contribution to the economic growth of new
countries. They provide not only talents, skills, capital, they also expand the
consumer markets. The population of Canada has been enriched by new Canadians.
Immigrants coming to this country do so because they wish to come to Canada and
not, in particular, to the Province of Quebec. Often they have not decided
where they will reside prior to their departure from their own country and a
final decision is only reached after many trials and tribulations. In effect
they are, by necessity, a mobile people.
The immigrant normally leaves his own country to improve his standard of
living and in the expectation that his civil liberties will not be diminished.
One of his initial concerns is to seek an environment best suited to his
economic and social needs. All of these factors weigh heavily in the
determination of his ultimate domicile. The immigrant soon realizes that Quebec
is an integral part of Canada both geographically and economically. He also
becomes aware of the geographic proximity of the United States. He soon becomes
cognizant of the fact that English is the prime economic language of over 220
million persons in North America. Therefore he realizes that he must acquire a
sufficient knowledge of English in order to avail himself of all opportunities
and progress in his work in Canada as well as in the United States. Language
is, therefore, an important working tool in the economic activities of each
immigrant.
Thus legislation pertaining to language and education in all school
systems in which French is established as the mandatory first language might
influence immigrants to settle outside of or immigrate from the Province of
Quebec. Unilingualism hinders the mobility of men and such a factor is
essential for the maximum so- cial and economic development in our country. It
is just and reasonable that immigrants should be free to choose the language of
instruction for themselves and for their children. However, it is also
essential that they acquire as soon as possible a practical knowledge of the
language spoken by the majority of Quebecers.
With respect to « persons who settle in the Province of Quebec
» within the meaning of Article 1 of Bill 85, we would like to point out
the following: a. Legislation based upon ethnic origin would be, in our
opinion, unjust. If the children of English or French speaking immigrants are
permitted to attend the school of their parents' choice, then all immigrants
must also, in all fairness, be permitted the same right. This is, of course, a
choice that is an integral part of our social system. b. As soon as a person is
a landed immigrant, he should be vested with the same rights as those of other
Canadians to choose the language in which he and his children shall be
instructed. He must, therefore, be considered as a citizen « à
part entière ». He must be able to enjoy this right in all
provinces of Canada or at least in any areas of such provinces where a
sufficient number of both language groups make the application of such right
practical. c. If the Province of Quebec considers that it has a responsibility
for the protection of the language of its majority and that the influx of
immigrants will dilute its efforts in this regard, it is encumbent upon the
province to organize and maintain extracurricular courses for the children of
such immigrants with appropriate incentives and supervision.
M. TROTTIER: Le comité Canada croit que l'intégration d'un
plus grand nombre d'immigrants dans la société
canadienne-française pourrait être réalisée par des
mesures d'incitation et par une politique fonctionnelle. A cet égard,
nous recommandons ce qui suit: i) Il convient de rendre la langue
française plus attrayante. Il faudrait donc améliorer la
qualité de l'enseignement et de la pratique du français. Il
faudrait généraliser l'usage du français comme langue de
travail et rendre le français rentable. La réalisation de cet
objectif exige, d'une part, que les chefs d'entreprise canadiens anglais
entreprennent ou poursuivent un effort dans ce sens et, d'autre part, que les
Canadiens français s'affirment davantage dans le domaine des affaires et
constituent une plus grande force d'attraction pour les immigrants. Seule la
puissance socio-économique permet l'intégration.
ii) Le Québec devrait offrir aux immigrants un plus grand nombre
d'emplois. Ceci met en cause la croissance de l'économie
québécoise et son industrialisation qui ne peuvent se
réaliser de manière satisfaisante qu'avec la stabilité
politique, économique et sociale. Si, de 1946 à 1966, l'Ontario a
accueilli près de la moitié des 2,700,000 immigrants au Canada,
c'est dans une large mesure à cause du dynamisme de son économie.
iii) Il convient que les autorités gouvernementales mettent en oeuvre
une véritable politique d'immigration libérale et efficace. Il
est essentiel qu'à l'étranger les postulants à
l'immigration soient informés de manière précise et
honnête au sujet des réalités économiques et
sociales du Québec, en particulier du système d'enseignement, de
l'usage du français et de l'anglais. Il faut que les agents
d'immigration canadiens, à l'étranger, les renseignent avec
précision sur le milieu social dans lequel ils seront amenés
à s'intégrer au Québec. iv) Les Québécois
devraient être plus accueillants, manifester plus de compréhension
et d'intérêt pour l'immigrant Trop souvent, celui-ci reste en
marge de la société québécoise et demeure «
Néo-Canadien » toute sa vie durant.
Il en résulte un sentiment de frustration. Il convient de se
débarrasser des préjugés et de faire sentir aux immigrants
qu'ils sont des nôtres, sinon le progrès de notre économie
en sera freiné.
Pour faciliter cette intégration, il faudrait que la province de
Québec offre aux immigrants des cours spéciaux, afin de faciliter
leur adaptation à la société québécoise et
de les inciter à apprendre davantage le français.
Le système scolaire confessionnel a pour résultat de
diriger vers l'école protestante de langue anglaise des
élèves dont les parents francophones sont protestants,
chrétiens orthodoxes, juifs ou agnostiques. Il s'exerce donc au
détriment de la société canadienne-française. Un
système scolaire basé sur la langue et non plus sur la religion
éliminerait, selon nous, cette discrimination.
MR. MALCOLM: Section VI Mr. Chairman. Bill 85 Observations.
The Government, through the provisions of Bill 85, has endeavoured to
present we believe, legislation which it hopes will resolve questions
concerning language and educational rights.
The Canada Committee, while appreciating that the Government has a great
responsibility towards those who represent the majority of its citizens, also
realizes that the Government has an obligation towards those comprising the
minorities within the province and that it intends to offer fair and equitable
treatment to such minorities. Quebec has developped one of the most interesting
and diverse societies in Canada where everyone is afforded an opportunity of
fulfilling his aspirations. How, then, can the Government promote the greater
use and advancement of the French language while at the same time protecting
the individual rights and status of others? Although the Government might have
arbitrarily expressed its views through legislation, it has, on the contrary,
offered an opportunity to all segments of our society for a frank exchange of
views in the hope of determining the appropriate solution to this question.
The Canada Committee congratulated the Government for having accorded it
and all others who have presented their views on this Bill the occasion of
submitting its comments and recommendations with respect to this important and
far reaching piece of legislation.
Some questions raised by Bill 85 require careful attention and
discussion:
Firstly, the Bill establishes the French language as a « priority
language in Quebec » and provides for the protection of this priority.
However, how far does this priority extend? Is it fair or desirable to
legislate for a priority language in a period when bilingualism is the
principal object of Canadian language and social policy?
Secondly, how far does Bill 85 protect the full freedom of choice for
all parents whatever their own linguistic origin? The present bill is by no
means clear on this crucial issue.
Thirdly, in the light of what is taking place in other provinces, and in
particular in the provinces of New Brunswick and Ontario, is Bill 85 likely to
be a blow against the achievement of bilingualism elsewhere in Canada? Nothing
in this bill appears to suggest any further protection of language rights over
and above the rights already existing under Section 133 and the indirect
benefits under Section 93 of the British North America Act.
The Canada Committe believes that Bill 85 does not meet the concerns
expressed above and in fact may be disruptive to Canadian bilingualism. More
concretely, the following criticisms and difficulties are suggested: a. In
Article 1 of Bill 85, the words « persons settling in the Province of
Quebec » could be interpreted to mean Canadian citizens from outside of
Quebec, immigrants from foreign countries, transitory residents or even a
person
from another part of Canada marrying a person residing in the Province
of Quebec.
Notwithstanding this criticism, we are of the opinion that this article
should be completely revised in both wording and tenor in order to give effect
to those basic principles which we have previously enunciated to the effect
that all persons settling in the Province of Quebec shoud be given complete
freedom in choosing the language of instruction for themselves and their
children. b. The application of the powers conferred under Article 10a of the
Bill to School Commissioners or Trustees might well encounter difficulties in
application in cases where there is only a small minority residing in any given
school jurisdiction.
In numerous cases the School Commission will be inadequately equipped,
whether in personnel or facilities, to organize the appropriate courses
recommended in this article and to give effect to any obligations which may be
placed upon them therein. Indeed it is also possible that the Commissioners or
Trustees may neglect to organize appropriate courses either in consequence of
negligence or bad faith.
Parents affected by such decisions might, and with good cause,
strenuously object to the decisions of the School Commissioners. Unfortunately,
there is no criteria or formula provided in the statute which will enable
either the Commissioners or the Minister of Education to decide if a minority
in any given school jurisdiction is large enough to be entitled, as a matter of
right, to education in one or the other of the official languages. It would,
therefore, be important to establish such criteria in the statute itself, and
that is most essential, we feel.
It is also to be noted that no procedure is set forth in the proposed
legislation providing for an appeal from the decisions of the Minister of
Education. As previously stated, we would strongly recommend the establishment
of such right of appeal and that Bill 85 should clearly define and set forth
the precise procedures with respect thereto.
M. TROTTIER: Chapitre VII -Aspects constitutionnels et
légaux.
La constitution et les droits linguistiques.
Le statut constitutionnel actuel des droits linguistiques et scolaires
au Canada et dans la province de Québec peut être divisé en
trois grandes parties: a) Les droits fondamentaux relatifs à
l'utilisation du français et de l'anglais au Parlement
fédéral, devant les tribunaux fédéraux, et à
la protection de l'anglais à la Législature et devant les
tribunaux du Québec, régis par l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique; b) Les dispositions de l'article 93 de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique garantissaient les
écoles confessionnelles séparées de l'époque dans
toutes les provinces. Ces dispositions ont probablement maintenu au
Québec les droits établis par le statut de 1861 et les lois en
vigueur avant la confédération. Selon la jurisprudence, l'article
93 ne protège que la religion et non pas la langue. Il semble en
résulter qu'aucun droit constitutionnel ne garantisse l'enseignement en
français ou en anglais au Québec et dans les autres provinces du
Canada. c) Les droits linguistiques dont on jouit actuellement dans les
écoles du Québec peuvent être considérés
comme des droits acquis plus de cent ans après l'Acte de
l'Amérique du Nerd britannique. Cette doctrine des « droits acquis
» reste à définir. Nous remarquons que dans les autres
provinces du Canada il n'existe aucun précédent nous permettant
de croire à l'application d'une semblable doctrine des « droits
acquis ».
Deuxièmement, observations.
Il est fort probable que, de nos jours, les tribunaux du Québec
jugeraient qu'ils n'existe aucune protection constitutionnelle pour la langue
anglaise dans l'enseignement au Québec, de même qu'il n'y a aucun
droit constitutionnel pour l'enseignement du français dans les autres
provinces du Canada.
Au Québec, il y a, cependant, un rapport constitutionnel
implicite entre l'enseignement en langue anglaise et la religion protestante.
De cette longue pratique de l'anglais comme langue d'enseignement dans les
écoles protestantes, découle le fait historique suivant: les
parents, quelle que soit leur langue maternelle, ont toujours pu choisir la
langue d'enseignement de leurs enfants, le français ou l'anglais.
Il est probable qu'une commission scolaire pourrait décider non
seulement des questions relatives aux manuels scolaires, aux examens, aux
locaux scolaires, au personnel enseignant, mais également à la
langue d'enseignement. Mais ce droit des commissions scolaires ne peut, en
aucun cas, supprimer le droit fondamental qu'ont les parents de
déterminer la langue d'enseignement pour leurs enfants. Il est donc
nécessaire de rendre compatible l'exercice de ces deux droits
concurrents, au moyen de mesures légales et administratives.
Néanmoins, nous voulons également espérer qu'un
« droit acquis » à l'enseignement en anglais ou en
français s'est dégagé et que les pa-
rents ont le droit de choisir la langue d'enseignement pour leurs
enfants.
MR. MALCOLM: Section III: The Constitutional position and
recommendations of this committee. a) If we are to conclude that local school
boards have the discretionary right to determine the language of instruction
for those residing within their jurisdiction, then this right must be exercised
reasonably and fairly as it is the case with all administrative agencies which
possess discretionary powers. b) In order to ensure the fair application of
these discretionary powers and the fair and equitable treatment of all persons;
1) There should be an effective supervision at the Provincial level based upon
a predetermined policy and uniformly applied throughout the Province, or, 2)
the discretionary right in a local school board should be completely withdrawn.
c) Whether one or two of the above alternatives is adopted, adequate rights of
appeal should be established from the decisions of the local school boards to
the Minister of Education and or from the decisions of the Minister to the
courts. The methods of instituting such appeals should be set forth in the
proposed statute. d) All provinces of Canada should be prepared to entrench
French language rights, generally, over and above any rights which may
presently exist under the British North America Act, and the same holds true
for the Province of Quebec with respect to English language rights, all of
course subject to practicalities or population figures in any given area.
We must realize that governments change and policies are revised. For
this reason, language rights must be firmly entrenched in the Constitution and
not be subject to the changing views of governments and parties.
While the Canada Committee is prepared to accept a statute in lieu of
constitutional amendment, for the time being, it recommends that: 1) the
statute must be clear on the question of leaving the choice of language of
instruction to the family regardless of their linguistic origin; 2) this right
must be envisaged as becoming, in due course, a constitutional right. e)
Minimum standards should be set forth in the statute entrenching linguistic
rights which would guide not only the conduct of local school boards but also
the Minister responsible for enforcement there of. We would recommend, Mr.
Chairman, the acceptance of the proposals of the Royal Commission on
Bilingualism and Bi- culturalism to the effect that language and school rights
be accorded to persons in defined districts where the minority official
language group comprises at least 10% of the population. We recognize that this
minimum requirement has been bettered in many areas in Quebec. But it should be
pointed out, however, that this has been accorded on denominational grounds
only, and to the extent that these rights exist as language advantages, they
are exercised as a right ex gratia and not as a right ex lege. It should be
noted that even these minimum requirements have not been respected in other
Provinces of Canada, although their situation is rapidly improving. f) The
Canada Committee believes that no province can amend section 93 or 133 of the
British North America Act unilaterally. Therefore, denominational school rights
under section 93 are not subject to any legislative variation or diminution by
the Act of the National Assembly of the Province of Quebec or elsewhere in
Canada by any analogous provincial legislation. Nevertheless, it is possible
for Quebec and other provinces to create rights exceeding those or different
from those set out in section 93, providing such legislation does not diminish
any of the rights accorded under the said section. It is, therefore, important
to examine Bill 85 or any other legislation on the basis of this general
principle. g) In the opinion of the Canada Committee it is imperative to
provide the strongest safeguards for the advancement of the French language and
culture throughout Canada. That policy, however, should lead to an effective
bilingualism throughout Canada and not to a potential unilingualism in the
Province of Quebec. The future of Canada rests upon a sense of equality in
language opportunities for French and English speaking Canadians in all
provinces of Canada.
Mr. Chairman, respectfully submitted, 20th of February 1969, The Canada
Committee, signed by Il. Marcel Caron, Co-Chairman and myself, T.R. Anthony
Malcolm, as Co-Chairman. Thank you Mr. Chairman for your indulgence.
M. LE PRESIDENT: Vous avez terminé? M. MALCOLM: Oui.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie, messieurs. Vous avez parlé de
bilinguisme en nous présentant un mémoire dans un français
et dans un anglais impeccables. Je pense que c'est le premier mémoire
qui est présenté dans les deux langues d'une façon si
parfaite.
J'ai une question à vous poser: Depuis quand le comité
Canada existe-t-il?
M. MALCOLM: Depuis quand?
M. LE PRESIDENT: La date de votre fondation?
M. MALCOLM: C'est en 1964, M. le Président. Au tout début,
ce n'était pas un comité incorporé. Nous avons
fonctionné comme un groupe volontaire de 1964 à 1966. En 1966,
nous avons été incorporés sous la troisième partie
de la Loi des compagnies du Québec.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet, vous avez une question?
M. BOUSQUET: A votre avis les Britanniques vivant à Chypre
ont-ils des droits acquis relativement au choix de l'école où ils
pouvant envoyer leurs enfants? Voici ce qui est arrivé à Chypre.
Il y a eu une conquête, comme il y en a eu une ici. Alors, est-ce que le
conquérant a des droits acquis pour envoyer ses enfants dans
l'école de son choix? Je veux dire des droits éternels.
MR. MALCOLM: Mr. Bousquet...
M. BOUSQUET: La même chose pourrait s'appliquer aux Indes. Je
pourrais vous demander la même chose pour tous les pays d'Afrique et pour
tous les pays décolonisés ou en voie de
décolonisation.
MR. MALCOLM: Mr. Bousquet, I came here with the group voluntarily to
present views on language rights and education in the Province of Quebec. With
your kind permission, Mr. Chairman, I would like to restrict myself to Quebec.
I am not familiar with Cyprus; I have no interest in Cyprus. However, if I may
be permitted, Mr. Chairman, I do realize that these questions of acquired
rights, legally, have not been judicially defined. But there is a possibility
that the courts would uphold these rights on what happens in other countries,
Mr. Chairman, judicially, I have no knowledge.
M. BOUSQUET: Etant donné que vous vous appelez le Comité
Canada, est-ce que vous savez ce qui se passe à Terre-Neuve? Peut-on
faire des comparaisons avec Terre-Neuve ou avec la Colombie-Britannique, par
exemple?
MR. MALCOLM; It is part of my country. I hope I do.
M. BOUSQUET: Peut-être. Alors, quels sont les droits acquis des
Canadiens-français à Terre-Neuve?
MR. MALCOLM: Acquired rights. Well, unfortunately, there are very few
French Canadians in Newfoundland.
M. BOUSQUET: Je ne vous demande pas le nombre de Canadiens
français, je parle des droits acquis.
MR. MALCOLM: The question of acquired rights, Mr. Bousquet, I believe,
is dependent on the exercise of rights. Since there are very few...
M. BOUSQUET: Lorsque ces droits sont exercés au bout de la
baïonnette dans certains pays, cela ne dépend pas de l'exercice.
Dans certains pays, ces droits sont exercés au bout de la
baïonnette. Ce n'est pas l'exercice du droit qui fait alors que le droit
est acquis. Ce n'est pas uniquement cela. Il ne faut quand même pas
divaguer.
MR. MALCOLM: Mr. Chairman, with all due respect...
M. LAPORTE: Je ne peux comprendre que le député de
Saint-Hyacinthe est en train de dire, en faisant le tour par Chypre et la
moitié du tour du globe, que les Canadiens de langue anglaise dans la
province de Québec n'ont pas de droits acquis.
M. BOUSQUET: Ce n'est pas cela que j'ai dit, je veux procéder par
comparaison.
M. LAPORTE ; Pour aboutir à quoi?
M. BOUSQUET: C'est toujours un procédé valable, de
procéder par comparaison avec d'autres pays ou d'autres parties de pays
qui sont dans une situation semblable à la nôtre.
M. LAPORTE: C'est votre conclusion qui finirait par nous
intéresser.
M. BOUSQUET: Non, je n'ai pas de conclusion à tirer actuellement.
Je cherche à me renseigner; je cherche les lumières du
Comité Canada pour mieux me guider. Tout à l'heure, s'il y a
lieu, vous pourrez faire appel aux lumières du député de
Chambly.
M. LAPORTE: Cela ne pourra pas vous nuire. Cela ne pourra certainement
pas vous nuire.
M. BOUSQUET: D'ailleurs, c'est pour cela que je ferai sûrement
appel à vos lumières. Je connais la vigueur de votre
intelligence.
M. PAUL: M. le Président, je crois que l'honorable
député de Saint-Hyacinthe en résumé, pose la
question suivante: Est-ce que messieurs les membres du Comité Canada
n'ont pas l'impression qu'ils ont beaucoup de travail à faire dans les
autres provinces pour tâcher d'obtenir la même
égalité de droits en faveur des Canadiens français que
nous, nous accordons aux citoyens de langue anglaise au Québec? Je crois
qu'en résumé c'est probablement la pensée de l'honorable
député de Saint-Hyacinthe.
M. LEFEBVRE: Vous l'exprimez beaucoup mieux.
M. BOUSQUET: Je dirais que pour les questions syndicales, M. Lefebvre
est peut-être une autorité, mais dans le domaine de la langue
française,...
M. LAPORTE: Vous êtes le spécialiste de votre parti.
M. BOUSQUET: ... j'ai l'impression que M. Lefebvre en a encore à
apprendre et qu'il aurait tout intérêt à se recycler.
M. LE PRESIDENT: Dans son prochain volume.
M. BOUSQUET: Ceci étant dit, je sais que le député
de Maskinongé connaît bien sa langue; il la connaît
même aussi bien que le député de Saint- Hyacinthe.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions, s'il vous plaît? M.
Lefebvre?
M. LEFEBVRE: J'aurais une question très brève. Pour ma
part, j'en aurais plusieurs, mais je crois que d'autres groupes sont
désireux de présenter leur mémoire cet après-midi.
Je me restreindrai donc à une seule question pour cette raison. A la
page 13 du texte français de votre mémoire, M. Malcolm, je lis la
phrase suivante: Il convient de rendre la langue française plus
attrayante; Il faudrait donc améliorer la qualité de
l'enseignement. Il faudrait généraliser l'usage du
français comme langue de travail et rendre le français rentable.
La réalisation de cet objectif exige d'une part que les chefs
d'entreprise Canadiens anglais entreprennent ou poursuivent un effort en ce
sens. Et d'autre part, que les Canadiens français s'affirment davanta-
ge, etc.. Ma question est la suivante: Qu'est-ce qui arrive si les chefs
d'entreprise Canadiens anglais n'entreprennent pas l'effort que vous
souhaitez?
MR. MALCOLM: à would like to ask Mr. Bill White to reply to that
question. Mr. William Leblanc, excusez-moi.
M. LE PRESIDENT: M. William Leblanc.
M. LEBLANC: Je suis un manufacturier du Québec. I am a
manufacturer of Quebec. J'emploie environ 100 personnes au Québec. Mon
nom est White.
Je dois, afin de progresser comme manufacturier, lutter contre la
concurrence.
M. LE PRESIDENT: M. Leblanc, est-ce que vous répondez à la
question de M. Lefebvre ou si vous présentez un autre
mémoire?
M. LEBLANC: Je réponds à M. Lefebvre. Donc, ce
manufacturier que vous l'appelliez anglais ou canadien-français
doit, pour progresser, trouver, comme hommes clefs, les hommes les plus
efficaces. Ces hommes, dans la concurrence que nous connaissons aujourd'hui,
nous le constatons, doivent être bilingues. C'est pour cette raison que
répondant ainsi à votre question le manufacturier
anglais doit voir à trouver les hommes les plus efficaces qui doivent
être habiles dans la langue anglaise afin d'évoluer à
l'extérieur de la province de Québec et aussi habiles dans la
langue française afin de donner les mêmes avantages à tous.
Je vous implore, peut-être avec émotion, comme
Québécois, de ne pas enlever le privilège que j'ai, moi,
peut-être par coincidence, de pouvoir naviguer en anglais et en
français. J'espère avoir répondu à votre
question.
M. LEFEBVRE: Je regrette, M. White, que nous soyons un peu
pressés. Quant à moi, je pense que vous devez savoir que je ne
suis pas du tout un partisan de l'unilinguisme. Je crois tout de même
que, dans la petite phrase que j'ai citée, réside, en quelque
sorte, la clef de ce problème. Il s'agit de savoir quels moyens il faut
prendre pour protéger le français, parce que si nous relevions
d'autres passages de votre mémoire, nous nous rendrions compte que,
somme toute, vos vues sont assez pessimistes quant à l'influence de
l'Immigration au Québec. Il me semble que vous êtes un peu
pessimiste sur le plan des chances de l'avancement du français.
Il n'y a aucun doute possible que sans vouloir nuire aux droits des
individus, par exemple aux droits en matière de langue d'enseignement,
quant à nous, de ce côté-ci de la table, ce que nous
recherchons, c'est des moyens efficaces de promouvoir le français comme
langue de travail sans nuire aux droits individuels des parents pour ce qui est
de la langue de l'enseignement; sans, par ailleurs, cloisonner la langue
française, comme elle l'a été depuis trop longtemps, en
particulier dans la région métropolitaine de Montréal. Il
faut trouver le noeud de ce problème. Autrement, on aura quelque
difficulté à faire un concensus parmi la population
québécoise.
M. LEBLANC: Je crois que ceci ne règle pas la concurrence.
L'industrie la plus efficace aujourd'hui a plus de succès en ayant un
personnel clef qui connaît les deux langues. L'homme le plus
progressiste, celui qui a le plus d'ambition, l'homme qui veut évoluer
le plus verra à apprendre les deux langues si, naturellement, on met les
moyens à sa portée,
M. LAPORTE: M. Leblanc, vous croyez, d'après la thèse que
vous nous avez soutenue et qui, à bien des points de vue est raisonnable
au bilinguisme. Vous croyez que le bilinguisme est une richesse pour le
Canada.
M. LEBLANC: Une richesse naturelle pour la province de
Québec.
M. LAPORTE: Disons que je ne la trouve pas naturelle tous les jours,
mais c'est une richesse qui s'acquiert.
Pour qu'il y ait bilinguisme, il faut qu'il y ait deux langues... S'il
arrive, à cause de circonstances qu'on pourrait mettre des heures
à analyser, historiques, économiques, de population, que la
langue française, qui est une des deux langues qui forment notre
bilinguisme, est en danger, qu'est-ce que vous suggérez que nous
fassions pour préserver ce bilinguisme auquel nous tenons?
M. LEBLANC: Qu'est-ce que je suggère?
MR. MALCOLM: May à ask to delegate this question to Mr. Charles
Lotbinière-Harwood?
M. HARWOOD: Est-ce que vous me permettez..,
M. LAPORTE : Je vous en prie.
M. HARWOOD: ... de faire une correction, parce que vous demandez une
suggestion? Comment peut-on promouvoir le français, sans que le
Québec devienne unilingue? Est-ce bien ce que vous m'avez dit?
M. LAPORTE: Si vous limitez votre question au Québec, cela
modifie un peu ma question. Je dis qu'actuellement, dans votre mémoire,
il y a une chose qui me plaît et que le député de
Saint-Hyacinthe n'a pas souligné, peut-être par distraction
c'est que vous demandez que les autres provinces consentent à placer
dans la Constitution du Canada la reconnaissance officielle des droits du
français.
Donc, dans le Québec, qui est quand même la maison
mère du français au Canada, qu'est-ce qui devrait être fait
pour que la langue française cesse d'être dans l'état
inquiétant dans lequel nous la trouvons actuellement?
M. HARWOOD: Je vais vous faire une suggestion pratique. Je ne connais
pas l'organisme qui peut la mousser ou la réaliser, mais je crois que le
gouvernement peut y prêter main forte. Commençons d'abord, dans la
province de Québec, par insister pour que, dans la province de
Québec les gens, de langue française, chaque fois qu'ils
demandent une tasse de café ou un taxi, parlent français. Moi, je
parle des Canadiens français.
M. LAPORTE: Très bien, mais pour en revenir à votre
mémoire...
M. HARWOOD: C'est la base. Il faut commencer là, avec le peuple.
Si on veut conserver le français dans la province de Québec, il
faut que le Canadien français parle le français quand il y a
lieu. Lorsqu'ils ne sont pas certains si c'est un Anglais ce n'est pas
parce qu'il porte un habit qui vient de je ne sais pas où que l'on doit
lui parler en anglais qu'ils lui parlent en français en
partant.
M. LAPORTE : Vous avez raison. Il doit y avoir je n'ai pas fini,
monsieur, une question encore un désir collectif de parler notre
langue. Dans votre mémoire, une chose m'a plu, mais elle semble avoir
été diluée vers la fin. Vous vous prononcez pour le
français prioritaire, mais plus loin, par les questions que vous posez,
vous semblez diluer sensiblement votre assertion quant au français
prioritaire. Est-ce qu'il vous apparaîtrait injuste pour l'autre groupe
ethnique que, pour promouvoir la langue française au Québec, nous
lui accordions le statut de langue prioritaire, sans attenter aux droits des
autres?
M. MALCOLM: M. Marcel Therrien.
M. THERRIEN: M. le Président, messieurs, je crois que cette
question est tout à fait hypothétique, car, dans l'avenir que
nous envisageons, le français sera toujours la langue prioritaire
à l'Assemblée législative et dans toute la province de
Québec.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. THERRIEN: Le français n'est pas une langue de quatrième
ordre; c'est une langue de premier ordre dans le monde. C'est une langue, comme
nous le savons, qui est parlée par 150 millions d'individus et que les
Anglo-Canadiens de tout le Canada ont intérêt à
connaître. C'est une langue que tous les Canadiens français ont
également intérêt à bien connaître et à
bien parler.
Je pense que, si nous donnons une meilleure éducation en langue
française, si nous avons de meilleurs maîtres et cela est
une des responsabilités du gouvernement de la province de Québec
les Canadiens français parleront mieux la langue
française. Ils acquerront des situations importantes non seulement au
Canada, mais également dans le monde entier. On a besoin de Canadiens
français dans les grandes entreprises internationales. Le Canada peut
fournir des Canadiens de langue française et de langue anglaise pour
prendre des situations extrêmement importantes dans le monde entier.
C'est à vous qu'il importe, messieurs, de faire ce travail en vue
d'améliorer le français dans la province de Québec.
M. LAPORTE: M. Therrien, je retrouve cette belle vigueur que vous avez
mise au service de la Chambre de commerce des jeunes quand nous la
fréquentions ensemble. Cependant, si nous extrayons de votre message une
partie que j'appellerais émotive, je pense que nous nous illusionnerions
collectivement si nous allions prétendre, cet après-midi, que
l'état de la langue française parlée et écrite au
Québec est satisfaisant.
Je pense que nous devons constater, pour toutes sortes de raisons que
bien d'autres avant moi ont soulignées que nous sommes, comme les
journalistes l'ont souligné un jour, dans un état d'urgence, afin
justement de donner aux Canadiens français ce à quoi ils ont
droit. Dans les mémoires qui nous ont été
présentés, on a insisté avec beaucoup de force sur les
droits inaliénables des Canadiens de langue anglaise à la
protection de leur langue. En sens inverse, que devons-nous faire si nous cons-
tatons qu'en pratique le droit des Canadiens français à leur
langue n'est pas suffisamment protégé? Ceci m'amène
à vous demander si une politique de français prioritaire, visant
justement à redonner à notre langue le caractère de grande
langue internationale qu'elle aurait toujours dû avoir, serait injuste
pour qui que ce soit.
M. THERRIEN: Non, je pense que la langue française est
nécessairement prioritaire, en ce moment, dans la province de
Québec et qu'elle le restera pour une longue période. Maintenant
je pense que nous sommes ici dans le but de discuter du bill 85 qui veut
protéger l'éducation dans les deux langues au Québec et
donner la liberté de choix à tous les citoyens de la province de
Québec.
M. LAPORTE: Vous nous ramenez à des déclarations qui ont
déjà été faites à l'effet que nous
n'accepterions pas personnellement que l'on accorde à la langue anglaise
des droits que nous sommes disposés à lui accorder, alors que
l'on n'accorde qu'une enquête à la langue française. Nous
croyons c'est pour cela que je vous pose des questions à
la nécessité d'établir au Québec une politique de
la langue.
M. THERRIEN: Nous sommes...
M. LAPORTE: Cette politique de la langue doit tenir compte des droits de
la langue anglaise sans aucune hésitation, mais sans que nous oubliions,
de l'autre côté, que pour qu'il y ait bilinguisme, encore une
fois, il ne faut pas qu'il y ait une langue vivante et un patois.
M. THERRIEN: Nous sommes entièrement de cette opinion. Dans ce
mémoire, vous allez trouver tous les arguments qui peuvent vous aider
à travailler d'une façon encore plus sérieuse que nous
l'avons fait dans le passé pour améliorer la langue
française dans la province de Québec et dans le Canada.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, M. Malcolm veut nous présenter, en
dernier lieu un de ses amis...
M. MALCOLM: Oui, s'il vous plaît, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Etant donné qu'il y a encore trois groupes qui
doivent être entendus...
M. MALCOLM: Je comprends.
M. LE PRESIDENT: ... et que cela doit se faire avant six heures:
étant donné également que ces gens-là viennent de
Montréal, j'aimerais respecter les lois les plus
élémentaires...
M. MALCOLM: Je comprends.
M. LE PRESIDENT: ... de la simple démocratie.
M. LAPORTE: C'est une loi, mais pas élémentaire.
M. LE PRESIDENT: Pas élémentaire, mais secondaire.
Alors, c'est votre dernier témoin, Me Malcolm, avant que nous
passions à un autre groupe.
M. MALCOLM: Messieurs les membres du comité, si vous avez
d'autres questions, puisque vous n'avez pas le temps de les poser ici, vous
serait-il possible de me les adresser par écrit? Je m'arrangerai, avec
les membres de notre comité, pour donner une réponse par
écrit.
M. LE PRESIDENT: C'est parce qu'il nous reste 75 mémoires
à entendre.
M. MALCOLM: Je comprends. Si vous désirez une réponse,
envoyez-moi les questions par écrit chez moi, à mon bureau.
à would like to call upon Dr. Kotrly, who is a recent immigrant to this
country. à think he has some inviting remarks in connection to section
on immigrants.
M. KOTRLY: M. le Président, mon nom est Joseph Kotrly, courtier
d'assurances de Montréal, d'origine tchèque, Canadien et
Québécois par le choix et par amour.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. KOTRLY: Je travaille depuis quelque temps parmi les nouveaux
réfugiés tchécoslovaques qui sont venus dans ce pays. Ils
furent très bien accueillis dans cette province, mais certains faits me
font mal. Le nombre des gens qui sont venus ici récemment, après
l'invasion russe en Tchécoslovaquie, est entre dix et douze mille. Cela
change continuellement, parce qu'il y a des gens qui arrivent chaque jour.
Maintenant, ici dans la province de Québec, il en est venu
à peu près 10%, tandis que l'Ontario en a accueilli à peu
près 40%. Or, ce ne sont pas des gens ordinaires. Ce sont des
intellectuels, des professeurs d'université. Je peux vous citer
seulement un joli exemple qui a affaire encore avec la possibilité de
parler et d'enseigner les langues. Une jeune fille, une mathématicienne,
parlant très bien français est venue ici.
Elle se présente dans une grande entreprise qui appartient
à la province pour du travail mathématique sur les machines
comptables. Elle parle français. Enfin, tout est satisfaisant. A la fin,
on lui demande: Est-ce que vous parlez anglais? Elle dit: Non. Alors, on lui
dit: Nous ne pouvons pas vous accepter parce que les machines comptables ne
parlent que l'anglais. C'est vrai. Elle s'est inscrite à
l'université et en trois mois, elle a fait sa maîtrise en
mathématique et elle enseigne maintenant. C'est vraiment quelque chose
d'extraordinaire.
Un jeune ingénieur en électronique qui parle
français ne fut pas admis dans les cours de langue anglaise. Maintenant,
il s'est présenté dans une grande entreprise et on a dit: Nous
regrettons, le français n'est pas suffisant, parce que toutes les
instructions sont en anglais. Il y a des douzaines de cas comme ça que
je peux présenter. C'est-à-dire qu'il faut vraiment tenir
à la question du choix et de la liberté de chacun, parce que les
gens sont venus pour chercher la liberté dans ce pays. Ils demandent le
choix de leur langue. Ils ne peuvent pas l'obtenir, pas même maintenant,
parce qu'on commence... Vous avez lu dans les journaux, probablement, qu'il y a
eu une protestation et qu'ils ne peuvent pas obtenir des cours de langue
anglaise. Tous mes enfants sont bilingues, mais ce n'est pas par la force de la
loi que nous avons fait cela; c'est tout à fait volontairement que nous
avons appris les deux langues, le français et l'anglais. Je dois dire
que je parle le français beaucoup mieux que l'anglais. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je vous dirai, monsieur: Vive la
Tchéchoslovaquie libre!
M. KOTRLY: Merci bien.
M. LAPORTE: C'est très original!
MR. MALCOLM: Mr. Chairman, on be half of our committee, I would like to
express our sincere thanks for your patience, indulgence and courtesy which you
have extended to us today. Thank you very much.
M. LE PRESIDENT: Quand M. de Gaulle est allé en Bretagne, il a
dit: Vive la Grande-Bretagne libre! Et les Français ont dit: Vive M.
Wilson!
M. LAPORTE: Et puis Pauline Julien n'a pas eu le temps de chanter.
M. LE PRESIDENT: M. le député?
M. BOUSQUET: Juste une remarque en terminant. Je voudrais bien ne pas
être mal compris. Je pense que le point essentiel, c'est justement ce que
soulignait M. Laporte. C'est la nécessité d'éviter la
disparition du français au Québec. Il s'agit de déterminer
ce que l'on doit faire pour s'assurer que le Québec ne disparaisse pas
et que le français fasse des progrès au Québec. S'il y a
une menace assez grande pour exiger des mesures d'urgence, il s'agit de savoir
quelles mesures d'urgence il faut prendre. Il faut aussi que nos amis de langue
anglaise acceptent que nous prenions des mesures pour des raisons, justement,
de légitime défense.
M. THEORET (président du comité): A l'ordre, messieurs.
Nous passons au mémoire suivant qui est le numéro 82 dans l'ordre
des mémoires. Le mémoire du Parti conservatif
québécois est présenté par M. Paul J. Kingwell,
n'est-ce pas?
M. KINGWELL: Merci, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Nous vous écoutons, M. Kingwell.
M. BOUSQUET: Avant de commencer, j'aimerais demander s'il s'agit du
parti conservateur ou du parti conservatif.
M. Paul J. Kingwell
M. KINGWELL: Non, monsieur, conservatif. C'est pour faire une
distinction avec les progressistes.
M. BOUSQUET: D'accord.
MR. KINGWELL: Mr. Chairman, honorables messieurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît. Pouvons-nous avoir un
peu de silence dans la salle, s'il vous plaît?
M. KINGWELL: Bien que je parle français, ma femme a dit que je
parle français comme les vaches ou les Basques espagnols. Comme je n'ai
pas l'accent ou la connaissance des mots de Bossuet, Voltaire, Dumas, de
Maupassant et les autres grands noms de la littérature fran-
çaise, je vous prie de m'excuser si je prends l'option que j'ai de
m'adresser à vous en anglais.
Other groups have presented briefs and no doubt others will, in which
various statistics played and will play prominent parts. This leaves us with
one very important role which has either been minimized or overlooked in the
presentation of facts and figures. We shall be compelled to quote some figures
ourselves and percentages and to show certain physical evidence which, beyond
the shadow of a doubt, will support the theme of this brief.
So much publicity has recently been given to the fact that there are
6,250,000 French-speaking Canadians of whom approximately 5,000,000 live in the
Province of Quebec and that these people are surrounded by 200,000,000
Americans and 15,000,000 English-speaking Canadians, that only the completely
mute would not have heard about this particular facet of the French-English
situation which confronts us today. In the presentation of these figures, we
believe that a most important aspect has received absolutely no consideration;
that is, while at least 5,000,000 French-speaking Quebecers have a fear of
assimilation, there are at the very least 1,000,000 non-French-speaking
Quebecers who understand the problem and can, therefore, be classed as allies
of the 5,000,000.
These 1,000,000 allies can be found in the majority of English-speaking
Quebecers even though they, themselves, may not speak the language of the
majority in this Province. These allies believe that the desire of
French-speaking Quebecers is legitimate in that their language should be
recognized in Canada as being representative of one of the two founding
peoples, as a means of communication across Canada, and respected when it is
spoken as well as taught in other parts of Canada. It is a travesty that the
words and actions of certain people in the provincial government and other
regulatory bodies are quickly losing or hastening the loss of these allies. We
think the following points support this theory in connection of which we will
submit some exhibits.
The first one comes just about now.
And this is a pamphlet which is passed through French-speaking schools,
issued by the MIS. There is a lie right there, in two pictures. People are
being manipulated. It shows McDonald-Cartier Memorial High School and le
Collège de Longueuil. It shows two buildings, one brand new and one old.
And on the other picture, it shows Loyola, troisième université
anglaise de Montréal actuelle, which is a lie, because Loyola is not a
university, it is a college. And it shows la
deuxième université française de Montréal
future which, is the back door of Ste-Marie College on Bleury street.
The words « Treat French-Canadians in the rest of Canada, the way
we treat English-Canadians in Quebec » have been uttered as requests,
prayers perhaps, and even as a demand.
The reactions of people in the rest of Canada may not have been as
positive or as prompt as the petitioners would have liked, and it is not our
intention here to discuss any past errors. But it was only about by the
way, excuse me gentlemen, this was written on the 15th of January and it was a
month after that Mr. Robarts announced various changes in the school system in
Ontario two weeks ago that we were able to read and to see on television
that bilingual schools are a fact of life in certain parts of Ontario, where,
only a short five years ago this was almost unthinkable. French-speaking
Canadians can see the visible support of at least one other province which is
actively sympathetic to the retention of the French language and the teaching
of it. In accordance with the recommendations of the B & B Commission,
other provinces have voiced their plans to teach French to those who so desire
it.
At the very same time that other areas are providing, or at least are
preparing for bilingual educational systems which we consider is a step
forward it is in Quebec, the home of bilingualism, that the proponents
of French unilingualism seem to be receiving the support of the Government and
its opposition which we consider is a step backward. Perhaps we can say
facetiously that Quebec is the only area on the North American continent where,
on boarding a bus, you will be told: « Avancez en arrière »,
« Go to the back » or « Advance to the back »1
Seriously, there are indications which give some cause for worry: the range all
the way from Pierre Laporte's « French must have priority » to
Jean-Noël Tremblay's advice to store employees « When addressed in a
store in English, employees should reply in French » to Jean Lesage's
« Companies must organize under French names », right down to the
action of the St. Leonard School Board which has since been supported by a
court decision! This kind of action impresses the English-speaking Quebecer in
one or both of two ways: a) it is a church dictum «Don't do as I do, do
as I say » which has been assumed by the politicians and it is a form of
dictatorship, or b) it is a matter of chauvinistic emotionalism or emotional
chauvinism taking, or being given, preference over common-sense.
The furtherance of the concept of a Utopian
French unilingual Quebec, we submit, is political manipulation of
French-speaking Quebecers themselves, and it is detrimental to English-speaking
Quebecers, to financial investments and to fiscal responsibility.
It is unfair to French-speaking Quebecers because, in spite of the
belief voiced in his book by the late Daniel Johnson that « Quebecers
will be more free in a French unilingual society », it is impossible for
any person or group to be more free if the horizons are narrower. Unilingualism
in Quebec implies the teaching and the use of French only; even a child could
reasonably predict that, if and when this occurs, the future life of Quebecers
will be limited with in the borders of Quebec, or within the confines of
Francophonie. In purely arithmetical terms this means that, in order to be
number one in Quebec, French-speaking Quebecers will be relegated to the
community which is approximately 10th on the list of world languages.
Injustices are perpetrated against French-speaking Quebecers by the
infusion of ultra or supra-nationalism effected in and by the teaching of a
one-sided inflammable Canadian History by vengeful teachers and by those, like
Canon Lionel Groulx, who believed that « French Canadian civilization was
contaminated by the Protestant and Anglo-Saxon atmosphere » (Time
Magazine, June 2nd, 1967, page 57). We submit that, with this kind of teaching,
on one can blame the French-speaking Quebecer for hating or resenting his
English-speaking counterpart. Let us all learn one Canadian History, but let it
be the history taught from fact rather than from adulation. As no one in the
teaching community, no one in the legal community and no one in the political
community in Quebec has objected to this kind of manipulation, we are forced to
the conclusion that the leaders of the French-speaking community are
accessories before, during and after the fact of alienating one Canadian from
another. We further submit that this hearing is a direct consequence of this
alienation.
We have exhibit one here, just a moment.
It is from the Montreal Star, dated February 13th, 1969, page 17:
« Move to evict English students ». Parents claim: « We are
scapegoats ». Just coincidently, we have John Lynch-Staunton's expense
account $28,000 for that last election. « Move to evict English students
» « Parents claim: We are scapegoats ».
The concept of a French unilingual society is detrimental to the
English-speaking Quebecers because, at the moment, they fear certain signs just
as France, England and the United States of America feared certain signs in the
late 1930's. This fear did not deter their ability and
eventually their desire to resist their agressors and finally to defeat
them. It would be unreasonable for us to suggest that level-headed
English-speaking Quebecers and Canadians want to suppress the normal and
natural wishes of the French-speaking Canadians in the matter of language
retention, recognition and education, but by the very same token it would be
unreasonable to expect that English-speaking Quebecers will surrender their
rights to the use and education of their language which have been rights,
constitutional or acquired, since 1867. Although some English-speaking
Quebecers and some French-speaking Quebecers as well have already left the
province, taking a considerable amount of money with them, just as some
Hungarians left their country in 1956 and as some Chechoslovakians did in 1968,
most will stay and defend their rights and their heritage in the democratic
way. The names of the remaining Quebecers, those who stay, should be inscribed
in Quebec's history: Page 7 of the Montreal Gazette dated January 18th, 1969,
headlines that « In the Field of Human Rights Quebec Ranks Badly »
I have the exhibit in my hands, gentleman and right underneath
that « Ontario is way ahead ». You may laugh but this is what we
read. You may be smarter than we are but we are the public who read these
things.
M. BOUSQUET: C'est de l'humour anglais.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires culturelles a demandé
la parole.
MR. KINGWELL: If such a comparison were made about me...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, M. Kingwell; j'ai accordé la parole
au ministre des Affaires culturelles. Il a une remarque à faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je m'excuse
d'interrompre le témoin.
M. KINGWELL: Mais, excusez-moi, je suis un Anglais qui ne comprend pas
le français, mais je parle français.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse d'interrompre le témoin.
J'ai écouté jusqu'à présent la lecture de son
mémoire; il y a une telle quantité d'affirmations inexactes, de
phrases tirées d'articles de journaux, etc. qui ne rendent absolument
pas compte de la réalité... J'espère que le reste du
mémoire sera plus conforme aux faits. Quant à moi, je ne crois
pas devoir rester plus longtemps pour entendre débiter des affirmations
aussi gratuites et aussi odieusement fausses, (applaudissements)
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, quelque soit le groupe dans la
salle, nous avons demandé, depuis le début... J'ai assisté
à la plupart des séances...
MR. KINGWELL: I am sorry, I don't understand.
M. LE PRESIDENT: Je ne m'adresse pas à vous, M. Kingwell; je
m'adresse à ceux qui manifestent. Vous avez droit à vos opinions
et nous vous demandons d'écouter religieusement, comme les membres du
comité savent le faire. Alors, Mr. Kingwell, please continue the reading
of your presentation.
MR. KINGWELL: You want me to stop?
MR. PRESIDENT: No, I say, please continue. I hope you understand my
Oxford accent?
MR. KINGWELL: Did I understand you did not want to see the exhibits
either?
MR. LAPORTE : Sir, we want to see everything you have. Please would you
stick to your text and use your exhibits because we could sight thousand of
exhibits from other provinces. You are just forgetting about a hundred years of
history in Canada.
M. HOUDE: Cent ans d'histoire.
M. BOUSQUET; Continuez, c'est très distrayant.
MR. PRESIDENT; Read your brief and then we will go to the questions.
MR. KINGWELL: All right sir. The resurgence of ultra or
supra-nationalism and separatism has unfortunately been accompanied by the
actions of extremists who place bombs on Federal property and in locations
frequented by English-speaking Quebecers. In conjunction with the declarations
of « La révolution tranquille » et « Maîtres
chez nous », bombs have been a fact of life in « La belle province
», since approximately 1963.
We already have some martyrs and one truly Canadian hero who were only
performing their assigned jobs when bombs exploded. This kind of action
occurring mostly on the Island of Montreal has resulted in the decision of
certain companies to relocate in other parts of
Canada, notably in Ontario. Some have ceased operations completely,
while others have lost many of their regular clientele. This translates into
loss of investment and therefore loss of revenue to the Province of Quebec; but
these are not the only reasons. The people and the companies who have moved
have not done so because they hate French-speaking Quebecers as although they
have set up their business here. They have also been guided by the signs which
point to political instability and irresponsibility clearly enunciated by two
Provincial Prime Ministers in Quebec as follows: « We shall not recognize
the authority or the decision of the Supreme Court of Canada ». Some
people have moved because of fear. They fear that the loss of English language
education rights is only the first loss in a long line of unreasonable
victimization. In connection with this, our exhibits 3, 4, I and 5a.
MR. PAUL: How many exhibits do you have?
M. LAPORTE: Pourrait-on contre-interroger vos « exhibits
»?
M. BOUSQUET: On pourrait peut-être les exposer si ce sont des
pièces d'une si grande importance.
MR. KINGWELL: No, I am sorry, Sir, but the police...
M. LAPORTE: Il est surtout bilingue en anglais.
MR. KINGWELL: The last one is the stock exchanges.
M. PEARSON: L'Assemblée législative serait souvent vide si
l'on sortait chaque fois que l'on entend des choses non conformes à la
réalité.
MR. KINGWELL: That is what bombs have done, we must assume that,
Mid-town area, that is the armory on Cathcart Street.
MR. LEFEBVRE: Do you belong to the same party as the Honourable Minister
used to in Ottawa? The Conservative party, I guess?
MR. KINGWELL: If you will take a look at the signature, Sir, we say that
we are not affiliated with the Progressives in any way.
MR. LEFEBVRE: Oh, I see!
M. BOUSQUET: C'est un peu comme le parti créditiste et les
bérets blancs!
MR. LAPORTE: You are not affiliated with the Progessives in any way?
This I can understand.
MR. KINGWELL: Well, you are entitled to the way that you are looking at
things, à suppose, Mr. Laporte. The concept of a French unilingual
society is detrimental to the financial investments, because commercial
entreprises have either shut down or moved their affairs because of the
foregoing reasons, and because they fear damages to their real estate, their
revenues as well as the loss of their investments. I dare say that this
committee is well aware of the truth of this statement, especially when you can
see for yourself that Government revenues are falling below the toleration
point, if I may use that term.
If you were not aware of it, I have here page I of La Presse, dated
December the 7th 1968, which shows that 34 English-speaking companies have
closed down, have left or are leaving the Province, resulting in the loss of
8,023 jobs, and it must be pointed out that these 8,023 jobs were filled in the
majority by French-speaking Quebecers!
UNE VOIX: La Presse?
MR. KINGWELL: La Presse.
Provincial losses have been incurred also by the similar actions of
other companies whose decisions have not been publicized. Page 1, of the
Montreal Star, dated January 18th, 1969, is self-explanatory with the words
« Investors weary of Quebec ».
M. BOUSQUET: Ce serait le cas de Golden Eagle?
MR. KINGWELL: Golden Eagle is one company. It happens to be British as
well not Canadian. It is Canadian Investments that we are supposed to be
talking about.
Exhibit 6 and 6a. Editorial on the Gazette called « This disaster
week » that include the bombing of the Stock exchanges and I must read
this one paragraph: « It is not only a matter of public order but of
economic necessity » that is the key to this discussion «
economic necessity » the Province has admitted that his economic
worries are in the top place. The best answer to insufficient Government
revenues is the expansion of the commerce and the industry of Quebec. But
commerce and industry
are unlikely to expand when the metropolis of the Province that
metropolis, that provides the Province of Quebec with most of its revenues for
all purposes has 50 bombings in one year and eight bombings in a new
year that is not yet eight weeks old. »
Exhibit 6a. Yesterday's Gazette: « Edge atmosphere drives a
business man out of City ». This is datelined, Sydney Nova Scotia, John
W. Kennedy who is a manufacturer of sanitary products. He is operating now in
Sydney, Nova Scotia.
M. BOUSQUET: Est-ce que vous arrivez à Sir George Williams,
là? C'est passé?
M. PAUL: C'est passé, ce bout-là.
M. BOUSQUET: J'aimerais savoir l'influence canadienne-française
qui est à l'origine des émeutes de Sir George Williams.
MR. KINGWELL: I was asked to read this through and then you could
comment later. I think that this would be the best thing, Sir.
MR. BOUSQUET: That is all right.
MR. KINGWELL: Toronto Daily Star, February 15th, 1969. « Will that
Montreal blast send money to Toronto?
MR. THEORET (président du comité): Mr. Kingwell, may I
bring to your attention that the Journal of Debates does not reproduce any
pictures and it might go faster if you could read you « mémoire
» and we will take the brief pieces as a whole after to have a look in
it.
MR. KINGWELL: Very well.
MR. PRESIDENT: If you do not mind.
M. BOUSQUET: Il ya d'autres places pour dépouiller les
journaux!
MR. KINGWELL: Some politicians on both the Federal and Provincial levels
have travelled about the countryside bemoaning the fact that « foreign
» American and « foreign » British capital has « milked
the country dry » the French franc is seldom called «
foreign » in Quebec yet, when it does decide to move away from
areas where it is not wanted, the same people who do not want the «
foreigners » in here are the first to question the right of the «
foreigners » to move away! Marie-Antoinette is credited with the words:
« Let them eat cake ». In Canada, particularly in Quebec, we might
be able to say: « You can't have your cake and eat it, too » !
The concept of a French unilingual society is detrimental to fiscal
responsibility in that the government cannot now maintain those expensive
commitments it undertook before the quiet revolution became noisier and uglier
noisier with the bombs, and uglier with the reduction of English
education and the prognosis for further reductions in English rights . We
have some comparisons to make on the subject of fiscal and other
responsibilities which are directly related to the subject of this brief.
Quebec politicians have talked much about the manner in which the rest of
Canada allegedly ignores Quebec's needs.
Instead of furthering the cause of French Canadianism by investing some
of its revenues in English Canadians, the Quebec Government has stated that it
will sponsor 100 French (from France) students by awarding them scholarships in
this country: during the time of their studies, single students will be paid
$250 per month while married students will receive $350, not to talk of the
costs of the studies themselves. Here was an opportunity to offer
English-speaking Canadian students a chance to learn about French-speaking
students and French-speaking Canadians in Quebec, and certainly it would reduce
the claim that other Canadians ignore Quebec; here also was an opportunity to
offer French-speaking Quebec students scholarships in other provinces which,
for some reason, in unappealing to the leaders of the French-speaking
cummunity. Thus, we are forced to ask ourselves the question: Why French
students in the name of common sense? Frenchmen know how to speak French; what
other affinity have you with France than an Englishman who never saw England
has with England? He has only the English language, nothing else. In your own
words, it is the English-speaking Canadians who do not know you or understand
you and ignore you. Why would you not have made these arrangements with
Canadian universities? At a time when the Province of Quebec has, within the
past month, declared its urgent need for more revenue, why would Quebec even
think of spending another $300,000 or so in the manner so described?
As a common knowledge of each other is a simple matter of reciprocation,
we suggest that you should, by every means possible, including the granting of
scholarships, let our younger Canadians who will inherit the
consequences of our good efforts as well as our bad ones know how the
« other half » lives. Let them know that the majority of
French-speaking Que-
becers are not ogres who kow-tow to De Gaulle or to Levesque. Let the
rest of Canada learn by experience that French and English Quebecers live side
by side in harmony every day of the year. Let all Canadians know that there are
French-speaking Quebecers who believe in a Canada from sea to sea. Let
Canadians know, as well, that it is only a few ultra-nationalists who are
paving the road to dissension, disunity and discord, ans we suggest that the
best way in which to accomplish this is to publicly deny the irresponsible
mouthings of pseudo-intellectuals whose actions resemble those of the Pied
Piper of Hamlin. Let Canadians know in a positive way that Quebec has been
Canada's Sleeping Beauty; but let them know, too, that this Sleeping Beauty
must not be awakened by the kiss of an hydra-headed Medusa operating in the
guise of a patriot.
If you want to be known as astute politicians who were given the mandate
only to manage the affairs of the second largest province, then you should
assume the role of the Avis Rent-A-Car System: « We are not number 1 but
we try ». You might try adopting a new description: « La Province
Aimable » « The Friendly Province ». It might be more
in keeping with your efforts because it is in Canada, not « francophonie
», where you must achieve the status of Canadians No. 1, not Enemy No.
1.
The ultra-nationalism, as personified by the reduction in English
language education and other rights is the very area in which Quebec is earning
the reputation of Enemy No. 1. For instance, I know of French speaking children
who cannot live at home (or choose not to) because the parents of a certain age
do not believe in ultra-nationalism and separatism in which unilingualism will
be one of the first laws of the land.
I know of husbands and wives who have already separated, most of whom
are intermarried French with non-French, but there are some purely French
Canadian families who are so affected. At the rate the province is moving now
on the question of language rights, it is not too difficult to predict that,
sooner or later, English-speaking citizens will not be permitted to marry
French-speaking citizens, or that divorce because of political and linguistic
incompatibility will be the easiest way to end that which no man is allowed to
put asunder.
Mr. René Levesque, on « This Hour Has 7 Days », April
16th, 1966, said « I am not a separatist, but I will be a separatist
unless Canada changes and there will be only what is left when Canada splits
» at another time he said that « In order to gain control of
Quebec, we (the separatists) must control Montreal. » We take this
opportunity to point out that recently released figures prove that more than
half of Quebec's revenues are paid by individuals and companies in Montreal;
because of this fact and in the event of the remote possibility of a separatist
party becoming the official a word we prefer to « loyal » in
this case opposition, we must also advise that steps will be taken to
campaign for the separation of Montreal from the Province of Quebec. Whether
Montreal will become the 11 th province, a Free Port, an International Zone, or
a State unto itself will depend on the Canadian political situation at that
time.
M. LAPORTE: Vous voulez vous séparer de la province?
MR. KINGWELL: I said that it has been talked about, I do not say that
Montreal is going to separate because of linguistic reasons, but because of
financial reasons.
ME. LEFEBVRE: If you do that, Ahuntsic will separate from Montreal.
MR. KINGWELL: O.K., it is a deal.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais aux membres du comité de ne pas
poser de questions afin qu'on termine la lecture de ce mémoire.
MR. KINGWELL: Now, in this introduction to our brief, we wish to point
out that English-speaking Quebecers have been insulted and badgered by some of
our ultra-nationalistic politicians simply because we are
English-speaking! and unfortunately cannot master the French language
since approximately 1963. We have been accused of having a « White
Rhodesian attitude »; we have sneeringly been referred to as « The
English in their châteaux in Hampstead and Westmount » and, either
in jealousy or hatred depending on the context of the various statements
it has been said; «In Quebec, money talks English;
Québécois talk French ». Both French and English-speaking
Quebecers have been lied to almost daily. Remembering all of these and many,
many more remarks, we ask you to bear in mind the following; a) You were not
elected to insult us or mislead us; you were elected to manage the affairs of
this province in a just and business-like manner. b) The present Minister of
Education, Jean-Guy Cardinal, has recently stated: « The State has rights
too, and sometimes these are more
important than other rights ». The only time when the rights of
the electorate are less important than those of the State, is during the time
of armed conflict or siege. You were not elected to foist your personal,
political party, or caucus desires on us; rather your mandate is to represent
the French-speaking and English-speaking population equally, without favour to
either. c) As taxpayers, we are entitled to a fair representation which seems
to have been waning since approximately 1963. d) We are informed by various
information groups that the English-speaking Quebecersare from 1/à to
1/3 of the population, and we know that the majority of provincial revenues are
paid by those domiciled on the Island of Montreal, of which 45% nearly
1/2 are English-speaking; yet we have only a meager 1/18 not even
à% representation! All this, in spite of the false promises of
eager-beaver candidates who, on election, dare not contradict statements of the
party leaders or their ministers. In one community at least there is taxation
without representation in that those who are paying school taxes cannot obtain
bilingual not uni-lingual English lower grade classes for their
children.
We refuse to be held responsible for the decisions of a battle held 210
years ago and for which some ultra-nationalists wants a bitter, and ugly, and
weak revenge. We refuse to be held responsible for the alleged indiscretions,
exploitations and abuses we repeat, allegedly claimed against all
those of English persuasion, whether or not they were direct antecedents,
distant relatives or no relationship at all. We are not living in those times;
we are living in Quebec today, 1969, with Québécois whom most of
us have respected all our lives, even though some of us have difficulty in
mastering the French language. In private conversations held with
ultra-nationalists and separatists, each group has said, in effect: We do not
like you because the English have all the money and all the good jobs; we
cannot get work unless we speak English. They do not believe it when we say
English-speaking Que-becers must speak French in order to get work today, the
same good jobs that the other people want. We hope the comparison is pertinent
when we point out that people aged 50 are turned away from prospective
employment simply because they cannot reduce their age to 25, 35 or 40.
Using the plaint of the ultra-nationalists and separatists as a basis
for conduct. Every jobseeker aged 50 should hate or resent those in the younger
age brackets, and, à ask you gentlemen, do we? Of course, we don't. On
voicing it, we think the comparison is pertinent. On the North American
continent where, because of the spirit of our pioneers, we have managed to live
quite harmoniously, the only difference between Canadians is that of language,
even our cultures are intermingled, although our Cultural Affairs Ministry
seems to ignore it.
My parents were born right here in Quebec City in a section which one of
them called Wolfe's Cove while the other called it l'Anse-aux-Foulons. They
strolled on land, not too far from here, which was known as Spencerwood and
which has since been changed to Bois de Coulonge. My parents were married in
St. Patrick's Church, which has since been vandalized, on McMahon Street. My
parents lived out their lives in Quebec, and they lay buried in Quebec soil.
Does this not, in sufficient quantity and quality, represent heritage, culture
and entitlement to rights? There are many of English descent, some of
French-English descent; all of us claim the title « Quebecer »,
which translates into « Québécois », with as much
right, with as much love and with as much pride as the most illustrious
French-Canadian who ever lived.
That which we have tried to point out was summed up perfectly in Sir
Walter Scott's « The Lay of the Last Minstrel », Canto VI. Do you
remember the words? « Breathes there a man with soul so dead
Who never to himself hath said « This is my own cette terre
ici, messieurs my native land... »
Quebec is our native land. We are as entitled to any and all rights in
every meaning of the word as any man in this room. We ask you to respect these
rights because, in so doing, you will only be respecting your own.
We therefore respectfully submit our brief on page 7. We are firmly
convinced that, in accepting our point of view, the Government of the Province
of Quebec will dispel any doubts that it has the best interests of its
citizens, its integrity, and its proper place in Canada as its supreme and
undeniable goal ».
The brief, seven points. 1. That, inasmuch as the members of the
Government of the Province of Quebec were elected to provide a sensible, a
just, and an impartial administration of provincial affairs, the citizens of
the Province of Quebec respectfully demand that this commitment be honoured. 2.
That, inasmuch as acquired rights are as valid as constitutional rights, steps
must be taken to ensure that these rights are guaranteed to
every Canadian citizen and / or resident in Quebec from this day
forward. 3. That, inasmuch as naturalization implies full Canadian status and
rights to all immigrants, steps be instituted immediately to ensure that these
proper and legal clarifications are made. 4. That, inasmuch as children born in
Canada to those who have not yet obtained their citizenship papers are as
Canadian as those who landed here in 1534 at least legally their
rights as Canadian citizens domiciled in Quebec must be guaranteed. 5. That,
inasmuch as words and actions by the people's representatives and the
Government of Quebec itself have indicated the dictatorial reduction of certain
rights, government of the people and for the people must never be surrendered
to, or forsaken for, dictation of and to the people. 6. That, inasmuch as the
freedom of the ballot box is the the most significant proof that ours is a
democratic society, no future government be allowed to appoint ministers in or
to any department unless and until they have been elected by, through, or in, a
constitutionally approved election. 7. The recent events in St. Leonard, which
the opposing unilingual faction intends to implement in other areas of Quebec,
are all related to the foregoing items. Immediate appropriate action must be
inaugurated by the Government of the Province of Quebec to prevent the
recurrence in any locality of the incidents which prompted the submission of
this brief. Recpectfully yours.
M. LE PRESIDENT: Pas de question?
M. CARDINAL: Le mémoire est soumis avec respect comme on l'a dit
dans la clôture.
M. LE PRESIDENT: Alors, s'il n'y a pas de question, nous allons passer
au mémoire suivant.
M. Laporte.
M. LAPORTE: M. le Président, il est bien évident que j'ai
écouté presque d'un bout à l'autre, avec beaucoup de
mécontentement, la lecture de ce mémoire. Il est bien
évident que les membres du comité ont décidé de
rester ici comme c'était leur devoir, parce que c'est le droit strict
des gens de venir ici, exprimer des idées que nous ne partageons pas.
Dans le cas actuel, il s'agit d'un ramassis de faits qui ne sont pas
reliés les uns aux autres. C'est un mémoire qui contient des
blancs de mémoire tellement étonnants que l'on s'étonne
que ce soit ainsi de la part d'un homme qui, sur certains points, paraît
si renseigné.
C'est un mémoire qui fait fi de toute l'histoire du Canada, des
problèmes considérables qu'a eu à vivre dans toutes les
provinces du Canada et même ici, au Québec, la langue
française et qui réussit par un tour de force inimaginable
à nous présenter, nous Canadiens français, comme des
persécuteurs.
On a même parlé de la Hongrie et de la
Tchécoslovaquie. On a dit que les gens ont fui la Hongrie et la
Tchécoslovaquie à cause de la persécution et que les gens
s'apprêtent à quitter le Québec à cause de la
persécution.
Je pense qu'il serait bon que les Québécois de langue
anglaise qui croient véritablement que nous devrons, à l'avenir,
vivre dans un Canada bilingue et uni, que les Canadiens de langue anglaise
évitent de nous présenter des mémoires que j'appellerais
aussi injurieux que celui-là. Injurieux dans son fond, injurieux dans sa
forme et injurieux pour les membres de ce comité et la population
québécoise par les omissions, encore une fois, incroyables qu'il
manifeste.
M. le Président, je pourrais poser des questions à n'en
plus finir. Demander, par exemple, à quel moment Pierre Laporte s'est
prononcé en faveur de l'unilinguisme français au Québec.
Nous pourrions poser des douzaines de questions. Quant à moi, ayant
simplement résumé ce que j'aurais pu faire sur un ton fort
coléreux et beaucoup plus longuement je pense que ceci n'en vaut
pas la peine ayant résumé mon opinion, je pense que mieux
vaut tourner la page et passer à d'autres choses.
M. BOUSQUET: M. le Président, seulement quelques remarques. Je
tiens d'abord à m'inscrire en faux contre les accusations portées
contre les professeurs d'histoire que l'on qualifie de vengeurs. Ce n'est
absolument pas fondé, naturellement. Deuxièmement, on accuse deux
premiers ministres du Québec d'être des êtres irresponsables
et, troisièmement, je crois que c'est souverainement injuste de la part
du témoin de laisser entendre que les bombes qui sont lancées ici
et là dans le Québec sont justement la conséquence des
revendications des Canadiens français. Tout ce que nous demandons, c'est
la justice véritable. Pas la justice qui existait dans l'Empire
britannique à l'époque de Kipling ni à l'époque de
Victoria. Nous avons l'impression que ce mémoire a été
rédigé à l'époque de Kipling, à un moment
où on disait que le peuple britannique était né pour
diriger le monde. Je pense tout simplement que tout ce que nous demandons
actuellement, ici à ce comité, c'est un peu de justice, et nous
demandons que dans les
autres provinces, des concessions se fassent parallèlement
à celles qui se font au Québec.
Nous ne céderons pas, au Québec, sur tous les points aussi
longtemps que dans les autres provinces, on n'aura pas cédé. Nous
n'abandonnerons pas ici, au Québec, le morceau en entier. Nous
n'abandonnerons pas ici toutes les armes qui peuvent nous rester pour ensuite
être à la merci d'une majorité anglo-canadienne. Nous
voulons une justice, la même mesure de justice de l'Atlantique au
Pacifique. On ne nous fera pas céder, ici au Québec, avant
d'avoir démontré plus de sens de la justice dans toutes les
autres provinces, tant au niveau fédéral qu'au niveau
provincial.
MR. KINGWELL: Mr. Chairman, I heard Mr. Laporte and Mr. Bousquet and I
am sorry that the French I have heard them speak is a little bit either too
fast or too deep for me and I am not able to answer them in any kind of depth.
I have an idea that Mr. Laporte said that he could not compare Quebec with
Czechoslovakia and while the comparison is there, it was not quite in the same
context. I was saying that people are leaving the province and they are taking
their investments with them.
I did not say that they were being shot right on the way. That is all I
said, if I understood you correctly Mr. Laporte.
MR. LAPORTE : You did not understand my French, I am most sorry. I am
forgetting my English.
MR. KINGWELL: I am more sorry than you, Sir, believe me.
M. LE PRESIDENT: M. Kingwell, je vous remercie beaucoup.
M. KINGWELL: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons demander aux Etats
généraux de se présenter?
M. Rosaire Morin
M. MORIN: M. le Président, MM. les membres du comité,
pardonnez-moi si j'ai oublié ma valise. Permettez-moi de me
présenter: Rosaire Morin...
M. LAPORTE: Avez-vous des exhibits?
M. MORIN: ... vice-président des Etats généraux du
Canada français. Permettez-moi, ici, de présenter quelques
collègues de travail: le père Richard Arès, Michel
Pelletier, Georges-Henri Fortin, Léo Gagné, Albert Boulet,
René Blanchard, Guy Bertrand, membres de la commission
générale ou de la commission politique des Etats
généraux du Canada français.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, M. Morin. Est-ce que vous avez remis un
mémoire?
M. MORIN: J'ai remis un mémoire.
M. LAPORTE: C'est cela que nous distribuons actuellement.
M. MORIN: ... Il y a quelque deux heures.
Le caractère des Etats généraux du Canada
français limite la dimension de ce mémoire. Dans la
présentation des faits et des idées qui suivent, nous devons
rigoureusement demeurer fidèles à l'expression des opinions
émises par les délégués, lors des assises de
1967.
La gravité de la situation de la langue française au
Québec est le seul motif de notre intervention. La langue
française tend à n'être plus qu'un parler régional.
Dans la plus grande ville française de langue anglaise, Montréal,
elle demeure à la porte des usines, des commerces et des bureaux. Les
Canadiens français eux-mêmes doivent parler l'anglais dans les
moyennes et grandes entreprises montréalaises. L'anglais est la «
langue des employeurs et des riches » (Durham).
Face au bill 85, nous soumettons au comité de l'éducation
quelques considérations sur les sujets suivants: 1- l'enseignement aux
francophones 2- l'enseignement aux anglophones 3- l'enseignement aux
Néo-Québécois 4- la langue française au
Québec.
Premièrement: l'enseignement aux francophones. Les francophones
comprennent les Québécois d'origine française et d'autres
origines ethniques dont la langue maternelle est la langue
française.
En 1961, le nombre des « parlants » français
d'origine française s'élevait à 4,164,880 et le nombre du
second groupe à 104,809. Les francophones représentaient alors
81.2% de la population québécoise.
A ces francophones, la résolution adoptée aux Etats
généraux précise que l'enseignement devra être ainsi
dispensé: - L'anglais ne doit pas être enseigné au niveau
primaire dans les écoles du Québec sauf dans les écoles de
la minorité anglophone. - Dans les écoles françaises du
Québec, l'enseignement d'une langue seconde doit être fa-
cultatif et il doit se faire à partir du niveau secondaire. 821
délégués québécois ont voté pour
cette résolution; 22, contre; 28, se sont abstenus.
L'article 10 du bill 85 est incompatible avec cette résolution
puisqu'il permet à des parents francophones et
néo-québécois d'inscrire leurs enfants, s'ils sont
jugés aptes à suivre ces cours, aux écoles
supérieures de langue anglaise.
Le sens des débats aux Etats généraux du Canada
français indique la volonté des délégués de
voir les francophones recevoir un enseignement de qualité dans leur
langue.
Les délégués craignaient les conséquences
à long terme d'un enseignement bilingue, particulièrement au
niveau primaire. Leur jugement concorde avec l'expérience universelle et
avec les témoignages de nombreux pédagogues, linguistes,
philosophes et psychologues.
Mlle Gertie Kathleen Hart écrit qu' « aucun pays libre du
monde ne permet d'aborder l'étude d'une deuxième langue
dès l'école primaire. » Pour illustrer son affirmation,
elle énumére l'exemple de nombreux pays.
Vers 1962, à une enquête de l'Unesco, 44 pays ont
apporté à la question: A quel âge peut-on dire qu'un enfant
a acquis une maîtrise suffisante de sa langue pour aborder sans danger
l'étude d'une autre langue? La réponse suivante: La
maîtrise de la langue maternelle est universellement reconnue comme
insuffisante avant l'obtention du certificat d'études primaires
décerné dans la seule langue maternelle. Permettez-moi de vous
faire part de quelques citations :
Etienne Gilson: Je pose d'abord comme principe qu'il est absolument
impossible d'avoir une éducation bilingue. Les langues sont comme des
modes de penser et de sentir; vouloir les mettre sur le même pied, ce
serait une monstruosité. Ce qui revient à dire, si on applique
cette théorie au jeune Canadien français, que s'il veut conserver
son héritage français, il doit être entouré de
français, parce qu'il devra vivre dans un milieu anglais. Le
français est une langue qui s'acquiert difficilement, mais qui se perd
vite.
Richard Ares : Préoccupée avant tout de
l'économique et non de l'enfant à former, l'école urbaine
a accueilli comme une panacée le bilinguisme et l'a prôné
comme la clé de tous les succès, sans trop se rendre compte que
par cette manière de faire, elle trahissait la seule culture qu'elle
eût dû servir, en même temps qu'elle brisait l'unité
psychologique chez le type humain qu'elle était supposée ouvrer.
Alors que tout dans le milieu urbain exige que le petit citadin soit un
être unifié et fort, l'école, à force d'insister sur
la nécessité d'apprendre l'anglais, d'acquérir l'esprit
pratique anglais, de se servir des méthodes anglaises, a réussi
à en faire un être divisé et faible, soumis à
l'empirisme, frappé de stérilité par suite du doute qu'il
ne cesse de porter au coeur et à l'esprit.
Esdras Minville: L'étude d'une langue étrangère
peut avoir la même utilité et la même valeur de formation
que n'importe quel autre sujet: arithmétique, littérature ou
science naturelle. L'important est de le concevoir comme langue seconde, sujet
de formation, non d'information (au sens philosophique) de l'esprit.
William Mackay: Le bilinguisme est maintenu par deux unités
unilingues. Si l'une devient entièrement bilingue, cela assure la
suprématie linguistique de l'autre unité qui peut alors assimiler
la communauté bilingue.
Deuxièmement, l'enseignement aux anglophones.
Les anglophones comprennent les Québécois de diverses
origines ethniques qui ont l'anglais pour langue maternelle. En 1961, leur
nombre était de 697,402 Québécois, soit 13.3% de la
population. En novembre 1967, les délégués des Etats
généraux ont adopté une résolution qui
définit le statut du français dans l'enseignement aux anglophones
: Une minorité anglophone pourra disposer à tous les niveaux,
d'institutions d'enseignement publiques à condition qu'elles soient
bilingues. 94% des délégués québécois ont
voté pour cette résolution; 3% contre; 3% se sont abstenus.
Nous entendons par institutions bilingues celles où le
français n'est pas seulement une matière enseignée mais
aussi une langue d'enseignement.
L'article 10 du bill 85 est incompatible avec cette résolution,
puisqu'il permet aux parents anglophones d'inscrire leurs enfants aux
écoles publiques de langue anglaise, reconnaissant
l'égalité juridique d'un tel secteur linguistique et se
contentant d'une connaissance d'usage de la langue française.
Constatations : Au Québec, il n'est pas nécessaire de
protéger l'usage de l'anglais par des mesures législatives et il
ne suffit pas, selon les termes de l'article 22 b), d'assurer une connaissance
d'usage de la langue française à toute personne qui
fréquente une institution de langue anglaise.
Car la langue anglaise n'est pas en danger. Alors que le Québec
ne comptait, en 1961, que 567,057 citoyens d'origine britannique, 697,000
Québécois considéraient l'anglais comme leur langue
maternelle; 608,000 Québécois ne parlaient que l'anglais et
1,338,000 Québécois parlaient anglais et français; 68,000
Canadiens
d'origine française déclaraient même que l'anglais
était devenu leur langue maternelle.
Au Québec, en 1961, 27,000 citoyens d'origine britannique ne
parlaient que le français et 162,000 parlaient français et
anglais. Ainsi, 70% des Québécois d'origine britannique ne
parlaient pas le français. Cette situation d'une minorité
unilingue est unique au monde.
En reconnaissant aux parents le droit d'inscrire leurs enfants aux
institutions publiques de langue anglaise, le gouvernement du Québec
reconnaît un secteur anglophone égal en droit au secteur
francophone. Une législation en ce sens affaiblit le statut de la langue
française.
Minoritaires dans les autres provinces, les Canadiens français
deviendraient alors juridiquement égaux au Québec et, à
long terme, nulle part chez eux. La question fondamentale, qui est sousjacente
à l'étude de ce problème, est de savoir si le gouvernement
du Québec doit protéger le droit de la collectivité
canadienne-française.
Aucune communauté minoritaire au monde ne jouit d'un statut
d'égalité juridique. Aucun groupe d'immigrants polonais ne
réclame des écoles polonaises en Angleterre. Aucun groupe
d'immigrants hongrois n'exige des écoles hongroises en Italie. A plus
forte raison, aucun groupe minoritaire ne songe à réclamer
l'égalité juridique.
Dans la situation actuelle, le gouvernement du Québec devrait
simplement réglementer l'enseignement de l'anglais et les structures de
cet enseignement, selon les usages des autres provinces à l'égard
de l'enseignement du français.
Troisièmement: L'enseignement aux
Néo-Québécois.
Les Néo-Québécois comprennent tous les futurs
immigrants. On peut aussi entendre que les immigrants non naturalisés
soient inclus dans ce vocable. Tout nouveau venu, sans distinction d'origine
ethnique, est considéré comme
Néo-Québécois.
En novembre 1967, les délégués ont adopté la
résolution suivante qui détermine la langue principale de
l'enseignement aux Néo-Québécois: « Les
Néo-Québécois... ont droit, au niveau primaire, à
des écoles ou à des classes publiques françaises avec
l'enseignement de leur langue maternelle, là ou un nombre suffisant de
parents le désirent. » 821 délégués
s'expriment en faveur de la résolution; 22, contre; 28 se sont abstenus
de voter.
L'article 10 du bill 85 est incompatible avec cette résolution,
puisqu'il permet aux parents néo-québécois d'inscrire
leurs enfants aux écoles publiques de langue anglaise.
Intolérance. Certains prétendent que l'ins- cription des
enfants néo-québécois aux écoles françaises
constitue une atteinte à la liberté et une mesure
d'intolérance. Il n'y a vraiment rien d'intolérant à ce
que le Québec oblige tout nouveau venu à s'instruire dans la
langue de la majorité. L'immigrant qui décide de vivre au
Québec fait un choix. S'il allait demeurer pour toujours aux Etats-Unis
ou même en Ontario, il accepterait au préalable que ses enfants
soient forcés d'apprendre l'anglais. L'immigrant, en Italie, envoie ses
enfants à l'école italienne et, en Allemagne, à
l'école allemande.
Si l'immigrant savait qu'en venant s'établir au Québec il
choisit une terre française, où serait l'intolérance? Si
les 300,000 francophones qui émigrent chaque année connaissaient
le Québec et le savaient français, il n'y a aucun doute que le
peuplement français du Québec en serait facilité.
Désormais, le Québec devrait rechercher des immigrants dans la
communauté des 33 pays francophones ou dans les pays de culture
latine.
Ce qui est intolérable au fond, c'est la situation actuelle. En
1961, sur 388,449 immigrés domiciliés au Québec et
nés en pays étrangers, 191,573 ne parlaient que l'anglais,
110,495 parlaient l'anglais et le français et 55,704 seulement ne
parlaient que le français. 120,586 de ces immigrants avaient
adopté la langue anglaise comme langue maternelle; 57,946 avaient
opté pour le français.
Quatrièmement: La langue française au Québec.
Le problème de la langue d'enseignement au Québec ne se
poserait pas si le français était la langue d'usage, une langue
utile et nécessaire.
Si l'usage généralisé du français
était consacré dans les faits, si le Québec
établissait le français comme seule langue officielle, si la
toponymie du Québec était refrancisée, si l'affichage
était prioritairement français, si le français devenait la
langue du travail dans l'industrie et dans les affaires, l'obligation
disparaîtrait d'imposer l'enseignement du français aux Anglophones
et aux Néo-Québécois.
Spontanément, ces derniers, dans le sens de leurs
intérêts, apprendraient le français et s'associeraient
davantage au progrès du Québec et à l'émancipation
nationale des Canadiens français.
Nos législateurs feraient bien de s'interroger sur l'influence de
la langue française dans la société
québécoise. La qualité du français parlé et
écrit doit devenir, dans tous les domaines de la vie publique,
l'instrument d'une civilisation française dynamique.
Que nous le voulions ou non, si le Québec demeure un état
bilingue où les deux langues
sont reconnues officiellement, la vie française en
Amérique, au lieu de s'épanouir, diminuera de
génération en génération.
Seul un Québec français, puissant par le nombre et
l'influence, demeure l'espoir d'une vie française en
Amérique.
M. LE PRESIDENT: M. Morin, je m'excuse d'intervenir; nous reviendrons
à vous dans un instant. Y a-t-il dans la salle d'autres personnes qui
voudraient témoigner?
Oui? Quels sont vos noms, messieurs?
UNE VOIX: La Société culturelle québécoise.
M. LE PRESIDENT: Et vous, monsieur?
M. DALLAIRE: Lionel Dallaire, de la Société
Saint-Jean-Baptiste de Jacques-Cartier.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vos témoignages sont longs,
messieurs?
M. DALLAIRE: Disons que le mien prend à peu près 12
à 15 minutes pour la lecture, sans compter la période de
questions.
M. LE PRESIDENT: Quinze minutes. UNE VOIX: Et moi, 20 minutes
environ.
M. LE PRESIDENT; Merci. Nous revenons à M. Morin.
M. CARDINAL: M. Morin, votre mémoire apporte quelque chose
d'original, en ce sens qu'à plusieurs endroits vous
référez non pas à une enquête, mais à des
résolutions adoptées en donnant la proportion des gens qui
étaient favorables, neutres ou contre. En ce sens, il représente
l'opinion d'un groupe identifié et l'opinion d'une partie de la
population.
Cependant, dans ce mémoire, il y a, au bas de la page 7, ce que
j'appellerais, peut-être, un argument de convenance qui est ou peut
paraître discutable. Lorsque vous dites « qu'aucune
communauté minoritaire ne jouit d'un statut d'égalité
juridique », on peut l'admettre au départ comme étant un
principe généralement accepté dans la majorité des
pays. Cependant, je ferai le commentaire suivant. Devant ce comité, sans
cesse, on passe des droits d'une communauté aux droits des individus. A
ce moment-là, le schème de raisonnement varie beaucoup. «
Aucun groupe d'immigrants polonais ne réclame des écoles
polonaises en Angleterre; aucun groupe d'immigrants hongrois n'exige des
écoles hongroises en Italie ». Est-ce que vous croyez qu'un
exemple ou qu'un argument semblable peut s'appliquer au Québec? Voici
pourquoi je pose cette question. Ces pays sont des pays unitaires; ce ne sont
pas des Etats d'une fédération où il y a renversement des
majorités et minorités selon les Etats. Deuxièmement,
c'est qu'au Québec il y a quand même une situation de fait
où le groupe minoritaire ou les individus de ce groupe ont toujours eu
la possibilité pour ne pas appeler ceci autrement d'avoir,
justement, des écoles donnant l'enseignement dans leur langue. Est-ce
que, par conséquent, cet argument a vraiment une valeur ici au
Québec? Peut-on s'en servir comme d'un exemple logique?
M. MORIN: Dans le contexte de votre question, je Êiis d'abord
remarquer qu'il s'applique à l'article 2 de notre réclamation:
l'enseignement aux anglophones.
M. CARDINAL: Oui, oui.
M. MORIN; Nous convenons de prodiguer aux anglophones du Québec
un enseignement bilingue. En conséquence, cette remarque qu'aucun groupe
de Polonais, en Angleterre, n'exige des écoles polonaises est un peu
empirique dans le texte et n'est pas en logique absolue avec notre propre
résolution qui consent à accorder aux anglophones du
Québec un enseignement bilingue.
Je crois qu'il aurait été plus juste, dans le
mémoire, de nuancer davantage, mais nous voulions souligner,
peut-être par l'absurde, la situation dans laquelle nous sommes. Nous
sommes devant une situation de fait que nous reconnaissons. Nous croyons qu'il
est normal, ici, au Québec, dans notre contexte nord-américain,
d'accorder un traitement d'enseignement bilingue, en conséquence,
l'enseignement du français et l'enseignement de l'anglais aux
anglophones du Québec.
Toute autre situation, à longue échéance, jouerait
sans doute gravement contre le fait français. Il s'agit tout simplement
de regarder outre-frontière pour constater quelle a été
l'assimilation progressive des nôtres dans les autres provinces. Plus de
33% des Canadiens français sont disparus. Or, si nous obligeons la
majorité au Québec à pratiquer le bilinguisme, nous nous
mettrons, nous, dans une situation d'infériorité dans ce vaste
continent et dans ce vaste pays. Nous sommes devant cette situation, nous,
là où nous n'avons pas besoin d'être bilingues, de demeurer
au Québec unilingues français. Pour cela nous le disons
dans notre conclusion
il faudra que le français devienne une langue nécessaire,
une langue utile. Il faudra obliger ces anglophones, qui ne sont bilingues, au
Québec, que dans une proportion de 30%, à devenir
véritablement bilingues, par conséquent, à diminuer
d'autant notre obligation de devoir nous-mêmes nous plier au jeu de
l'assimilation progressive.
M. CARDINAL: M. Morin, si nous appliquions cette recommandation de votre
mémoire à l'effet que les anglophones fréquentent
l'école bilingue, qu'est-ce que vous pensez qu'il arriverait sur une
certaine période de temps?
En d'autres mots, si le bilinguisme d'après votre
mémoire, je parle toujours dans votre hypothèse de travail
chez les Canadiens français amène peu à peu la disparition
du français ou l'assujettissement, si vous voulez, de ce groupe à
la majorité du Canada, quels seraient les effets dans le groupe
minoritaire anglophone de fréquenter pendant un certain nombre de
générations des écoles bilingues? Y aurait-il danger, par
exemple, que la langue anglaise disparaisse au Québec; ou y aurait-il
danger que ces gens soient, comme nous l'avons indiqué ailleurs dans un
mémoire, placés dans une situation où,
pédagogiquement, cela serait mauvais pour eux, où ils se
placeraient dans une situation pédagogique défavorable, etc.
Quelles seraient les conséquences d'un semblable geste?
M. MORIN: Je crois que nous n'avons pas le choix. Ou nous consentirons
à placer collectivement les Canadiens français dans une telle
situation de dépérissement national et de perte
consécutive d'un vouloir-vivre collectif, ou nous placerons les
Canadiens français dans un processus d'assimilation et d'anglicisation
qui nous engloutira et nous noiera dans la masse anglo-saxonne et
américaine, ou les immigrants anglophones du Québec, avec les
générations, s'intégreront à un Québec
français. Nous sommes devant cette alternative, et je crois que nous
devons l'envisager. Je ne vois pas personnellement d'autre issue si nous
voulons vivre en français que de décider de vivre
nous-mêmes et de voir la communauté anglophone au Québec,
progressivement et continuellement dans un processus psychologique acceptable,
s'intégrer à la communauté française.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous le permettez, j'aurais une
dernière question. Je pense que je comprends bien votre réponse
en disant que vous croyez que l'application de cette recommandation
amènerait peu à peu l'as- similation des groupes anglophones ou
des immigrants, de quelque langue qu'ils soient, au groupe francophone du
Québec.
M. MORIN: En ce qui concerne les immigrants, nous émettons dans
notre résolution une distinction fondamentale. Tout nouveau venu au
Québec devrait être orienté vers les écoles
françaises du Québec avec le droit, là où les
parents le désirent en nombre suffisant, de recevoir l'enseignement de
sa langue maternelle dans nos écoles françaises. C'est là
une distinction fondamentale, parce que nous croyons, tel que nous l'avons
mentionné dans votre mémoire, que tout nouvel immigrant fait un
choix au départ. Il décide, s'il va aux Etats-Unis de vivre dans
un pays anglais; s'il va en Allemagne, de vivre dans un pays allemand; s'il
vient au Québec de vivre dans un pays français.
M. CARDINAL: Merci M. le Président, merci M. Morin.
M. GOLDBLOOM: M. Morin, l'organisme dont vous êtes ici le
porte-parole s'appelle les Etats généraux du Canada
français et pourtant votre mémoire ne fait aucune allusion aux
Canadiens français des autres provinces. Comment voyez-vous leur
avenir?
M. MORIN: Nous comparaissons devant le comité de l'Education de
l'Assemblée nationale du Québec, et c'est pourquoi nous n'avons
pas traité du problème des minorités françaises
à travers le Canada. A votre question directe: « Comment
voyez-vous l'avenir des minorités? » Je répondrai que dans
cette Assemblée qui compte 425 représentants répartis dans
les huit autres provinces canadiennes, n'ayant pas de délégation
venant de Terre-Neuve, nous croyons qu'au Nouveau-Brunswick, il y a une
possibilité de rayonnement français. En Ontario, certains centres
semblent viables et pourront vivre en français, au moins pendant
plusieurs générations. Dans les provinces de l'Ouest,
personnellement, je crois que la vie française est dangereusement
menacée et qu'il faudra une véritable politique sur tous les
plans, sur le plan démographique, sur le plan de l'enseignement, sur le
plan des instruments culturels, radio, télévision, journaux,
etc., si nous voulons conserver une vie française dans ces quatre
provinces de l'Ouest, particulièrement où le taux d'assimilation
et d'anglicisation s'élève globalement à plus de 40%
à l'heure actuelle. Déjà, en Ontario, nous connaissons un
processus d'assimilation de l'ordre de 33% des Franco-ontariens.
Il va de soi que le gouvernement du Québec aurait un rôle
important à jouer pour l'épanouissement culturel des Canadiens
français dans les autres provinces.
M. GOLDBLOOM: M. Morin, votre mémoire, à la page 10,
déclare: « Si le Québec demeure un Etat bilingue où
les deux langues sont reconnues officiellement, la vie française en
Amérique, au lieu de s'épanouir, diminuera de
génération en génération. » Or, si j'en tire
la conclusion qui s'impose, les Etats généraux croient que le
seul salut pour le Québec est de devenir un Etat unilingue
français. Est-ce que je tire la bonne conclusion?
M. MORIN: Vous tirez une conclusion qui est la bonne et elle est dans la
logique de la vie française en Amérique. Si l'Ontario, comme
exemple, adoptait officiellement le bilinguisme, je ne crois pas que l'anglais
serait en danger dans cette province. Ils sont dans un milieu anglais et, en
conséquence, ils ont une force de rayonnement étant plus nombreux
même dans leur province et étant un pôle d'attraction dans
le Canada.
Ici, au Québec, la situation est à l'inverse. Si le
Québec joue ce rôle, qui m'apparaît personnellement
équivoque, de trafiquer une forme de bilinguisme et
d'égalité, à l'intérieur du Québec et
je n'entends pas, par cela, brimer les droits des citoyens anglophones vivant
actuellement au Québec je crois qu'à long terme nous
glisserons rapidement en tant que groupe national. Je ne crois pas qu'il soit
possible pour nous, coincés comme nous le sommes en Amérique,
étant un très petit nombre, de pouvoir résister aux forces
d'attraction du milieu nord-américain, si nous ne développons
pas, au Québec, une vie qui soit française à partir de son
gouvernement jusqu'à la moindre des institutions publiques.
Si nous n'avons pas un tel climat de vie française au
Québec, notre population n'aura ni le discernement, ni la force de
vouloir vivre et de résister pendant plusieurs
générations. C'est là un défi et je ne crois pas
que, dans cet esprit, il faille voir des sentiments isolationnistes, qu'il
faille voir ce que nous ne disons pas. Nous sommes dans un continent où
l'interdépendance s'impose sur tous les plans, dans tous les aspects et
dans tous les problèmes. C'est en étant nous-mêmes que nous
pourrons collaborer, coopérer avec les autres provinces canadiennes et
avec les Etats-Unis.
M. GOLDBLOOM: Alors, est-ce que ce Québec unilingue ferait
toujours partie du Canada?
Et, si la réponse est affirmative, quelles seraient ses relations
précises avec les autres provinces du Canada?
M. MORIN: Vous posez une question hypothétique à laquelle
il m'est tout à fait impossible de répondre. D'une part, notre
assemblée ne s'est pas prononcée sur le régime politique
de demain et je ne peux pas, non plus, émettre d'opinions personnelles
pour répondre à votre question.
M. LE PRESIDENT: Tel n'est pas le sujet du comité, non plus, M.
Morin.
M. MORIN: Je dirais simplement, et très brièvement, que
toutes les alternatives constitutionnelles me semblent possibles, pour autant
que les conditions de vie et d'épanouissement françaises nous
soient assurées et que nous puissions maîtriser et contrôler
par nous-mêmes tous les leviers essentiels de la vie d'un peuple.
M. GOLDBLOOM: Je soumets respectueusement que, même si ce n'est
pas précisément le sujet de nos débats ici, c'est une
conclusion qui découle normalement des propositions du mémoire.
Je voudrais poser une dernière question.
M. MORIN: Je m'excuse, M. le député. Vous dites que la
séparation du Québec est une conclusion qui découle du
mémoire. Je crois que vous interprétez de façon abusive le
mémoire et qu'il n'est pas, même intellectuellement, honnête
d'adopter une telle conclusion.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, M. Morin, peut-être me suis-je mal
exprimé tout à l'heure. Je n'ai pas voulu dire que telle
était la conclusion logique de votre mémoire. J'ai voulu dire
simplement que la possibilité pour moi de poser des questions sur ce
sujet découlait des affirmations et des recommandations de votre
mémoire. Je voudrais vous demander tout simplement si vous proposez que
le Québec érige un système d'éducation qui aurait
des qualités particulières en ce qui concerne l'enseignement des
langues qui serait offert aux immigrants.
Ces immigrants seraient nécessairement des immigrants au
Québec. Ils ne seraient pas, sous un tel régime, des immigrants
au Canada, parce qu'ils ne seraient plus en mesure de traverser les
frontières du Québec et de s'installer dans les autres provinces
du Canada à cause des différences très marquées des
systèmes d'éducation. Donc, il y a un changement que vous
pro-
posez, qui est un changement assez profond dans les relations entre le
Québec et les autres provinces du Canada.
M. MORIN: Je ne voudrais pas répondre à l'aspect
constitutionnel de votre question. Je me limiterai à son aspect
linguistique. Vous émettez une suggestion qui me paraît
personnellement excellente sur ce plan-là.
M. LAPORTE: J'imagine, M. Morin, que lorsque tout à l'heure vous
avez, au hasard de l'improvisation, laissé supposer que le docteur
Goldbloom faisait une remarque intellectuellement malhonnête, vous avez
dépassé votre pensée.
M. MORIN: Je l'admets.
M. LE PRESIDENT: M. Bousquet.
M. LAPORTE: Un instant, s'il vous plaît.
Il était fort pertinent que nous partagions ou que nous ne
partagions pas son point de vue de vous demander si, à votre
avis, il est possible d'avoir, dans un Canada, une province qui décide
d'être unilingue. C'est une question qui était tout à fait
logique. Est-ce qu'il vous apparaît possible d'avoir un Québec
unilingue sans nous séparer du reste du Canada? Vous avez
vous-même dit: Nous allons nous prononcer bientôt sur ce
deuxième aspect.
M. MORIN: C'est-à-dire que j'ai modifié largement le sens
de la question. A l'interprétation que j'en avais déduite, je
voyais une interprétation plus définitive d'une obligation d'un
Québec séparé, et c'est pourquoi j'ai dit que nous ne
pouvions pas en tirer cette conclusion. Quant à votre propre
réflexion, M. Laporte, d'un Québec unilingue à
côté de neuf provinces unilln-gues, je n'en vois pas bien la
différence.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que vous consentiriez, et je pense que
la question est infiniment sérieuse, à ce que les neuf autres
provinces, constitutionnellement, deviennent unilingues anglaises. Quel sort
faites-vous, à ce moment-là, à nos compatriotes des autres
provinces.
M. MORIN: Je ne crois pas qu'il nous faut partir dans un voyage, vers
une illusion. Si nous regardons, par exemple, les débats des
récents mois et des dernières semaines, nous nous rendons compte,
pour le moins, que plusieurs provinces canadiennes disaient « non »
assez catégoriquement au bilinguisme. Je crois qu'en 1895, on parlait de
reconnaissance des droits du français au Manitoba. J'ai un peu
l'impression que nous en parlons encore aujourd'hui.
Quant à l'autre partie de votre question, je dirais qu'au
Nouveau-Brunswick, il y a peut-être possibilité, à cause
d'une population à 38% francophone ou acadienne, de connaître une
province qui serait véritablement bilingue. En cette province, il me
semble qu'il pourrait y avoir une étude de district bilingue ou une
formule comme celle-là. Et, à ce moment-ci, je parle en mon nom
personnel.
Dans les autres provinces, même si l'Ontario adoptait le
bilinguisme, mon Dieu, tant mieux pour nos compatriotes de là-bas!
M. LAPORTE: Parce que certaines provinces disent « non »
à nos compatriotes, vous venez de le souligner, je n'imagine pas que
vous suggérez que nous décidions, nous, de les abandonner.
M. MORIN: Je ne vois pas de relation entre la réponse et la
politique du Québec et les réponses affirmatives ou
négatives des autres provinces. Je crois que le Québec doit se
donner une politique qui soit conforme aux aspirations, aux besoins et aux
exigences de la majorité de sa population.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il ne vous apparaît pas que la
première vérité ou la première constante de notre
nouveau, respectable et défendable désir de francophonie, auquel
je crois? Est-ce que vous pensez que notre première constante ne devrait
pas être, pour nous, Québécois de langue française,
de nous porter, par tous les moyens de pression, d'assistance culturelle ou
autres, à la défense de nos propres compatriotes de langue
française du Canada?
M. MORIN: Notre première constante est de vivre nous-mêmes
pleinement au Québec, en français.
M. LAPORTE: Oui.
M. MORIN: Et, ensuite, d'établir des liaisons et une politique
avec tous les francophones du Canada. Personnellement, je suis nettement
favorable à ne pas oublier 800,000 Canadiens d'origine française,
qui parlent encore le français et qui vivent dans les autres provinces.
Je crois que, pour l'épanouissement et pour le rayonnement culturel du
Québec, il y va de notre intérêt de pratiquer une politique
réelle en ce domaine.
M. LAPORTE: Très bien. Alors, est-ce que je peux associer, dans
votre esprit, les mots « politique réelle » et «
politique réaliste »? Je m'explique. Vous avez nos compatriotes de
langue française de la Colombie-Britannique, qui ont commencé
à y immigrer, il y a déjà plusieurs décennies, et
contre lesquels le gouvernement du Canada et le gouvernement de la province se
sont battus depuis toujours. Pourtant, isolés dans leur petite province,
les Canadiens français n'ont pas perdu complètement, jusqu'ici,
leur langue. Dans le Québec, dans l'entourage dont vous avez
parlé, le milieu nord-américain, les 220 millions d'Anglo-saxons
avec lesquels nous devons, de toute façon, avoir des relations
commerciales ou autres constantes, comment espérez-vous, dans une
période raisonnablement courte et sans une guerre qui va nous user,
réussir à imposer au Québec un Etat unilingue de langue
française?
M. MORIN: Tout dépendra de la volonté du peuple du
Québec et également de l'entendement des législateurs du
Québec. Je ne crois pas que le problème se pose dans des termes
de guerre. Je crois qu'il s'agit pour nous, de nous affirmer tout
simplement.
Depuis une dizaine d'années, l'Etat du Québec a connu une
marge de progrès dans certains secteurs et dans certains domaines. Je
crois qu'il faudrait généraliser cette politique de
progrès et d'émancipation du Québec.
M. LAPORTE: Est-ce que vous pensez que plutôt que de tenter de
donner à Québec... Ceci serait, à mon avis, illusoire pour
la défense de la langue française. La défense de la langue
française, nous en sommes à fond, cela est évident. Ce
sont sur les moyens que nous pouvons peut-être cesser de nous entendre.
Pensez-vous que c'est plus nécessaire de consacrer nos efforts
limités il ne faut pas que nous nous prenions pour un peuple de
50 millions d'habitants à tenter d'imposer l'unilinguisme
plutôt qu'à développer des choses qui véritablement
vont nous rendre maîtres,chez nous, comme la Société
générale de financement, comme la Caisse de dépôt et
de placement, comme Soquem et comme d'autres moyens qui vont nous permettre,
dans deux, cinq, dix ou vingt ans, de ne pas être absolument, pieds et
poings liés, prisonniers d'autres gens que nous?
M. MORIN; Personnellement, je crois que, dans une politique de
développement de la société canadienne-française au
Québec, tous les éléments sont étroitement
liés et que nous ne pouvons pas négliger une politique de la
langue, même si nous croyons essentiel comme nous le soulignons
dans notre mémoire de rendre d'abord cette langue utile et
nécessaire.
Lorsque nous parlons de langue utile et nécessaire, je crois que
nous pouvons entendre une promotion de la communauté française au
Québec sur tous les plans, particulièrement dans le secteur
économique. En effet, si nous sommes maîtres de notre
économie, nous l'admettrons tous. Il y aura des répercussions et
des conséquences heureuses sur tout le développement culturel et
sur la politique linguistique.
M. LAPORTE: Là, je suis d'accord.
M. MORIN: Tandis que, si nous demeurons minoritaires dans ce secteur
particulièrement...
M. LAPORTE: D'accord.
M.MORIN: ... et si nous sommes dépendants des institutions
étrangères, culturellement, nous vivrons en étrangers
à brève échéance.
M. LAPORTE: Evidemment, monsieur Morin, comme nous sommes d'accord sur
les objectifs à atteindre, il ne faudrait pas me faire dire ou nous
faire dire que nous négligeons l'importance d'une politique culturelle.
Peut-être qu'à l'intérieur d'une politique culturelle nous
recommanderions que le français devienne, au Québec, langue
prioritaire, que tous les Québécois, sans exception, soient tenus
d'apprendre suffisamment de français pour parler la langue de la
majorité.
Que ces deux étapes étant accomplies que,
troisièmement, tous les parents seraient libres d'envoyer les enfants
aux écoles de leur choix et que, quatrièmement, vous avez
écrit des choses fort intéressantes sur l'immigration, M. Morin,
y compris l'incompréhensible négligence que nous avons eue
à son endroit qu'auprès des immigrants nous fassions tous
les efforts possibles, avec les moyens les plus modernes, pour les inviter
à se joindre à notre groupe ethnique. Je pense que ces quatre
postulats d'une politique culturelle pourraient probablement atteindre les
objectifs que nous partageons, de faire de la langue française une
véritable langue du peuple québécois, une langue de
culture, sans nous amener à livrer, sur le plan de la culture, une
bataille peut-être perdue d'avance pour l'instauration de l'unilinguisme,
ce qui nous empêcherait de consacrer à d'autres domaines,
économiques, par exemple, les efforts prioritaires qui sont
également nécessaires.
C'est là notre politique culturelle. Elle tend
vers les mêmes objectifs, mais peut-être qu'elle nous
éviterait de gaspiller en cours de route des énergies dont nous
avons éminemment besoin.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Hyacinthe.
M. BOUSQUET: Est-ce que vous ne prévoyez pas une diminution des
immigrants au Québec dans le cas où on appliquerait une politique
unilinguiste, étant donné que la plupart des Européens
s'en viennent ici croyant venir en Amérique du Nord?
M. MORIN: Le premier motif pour lequel un émigrant choisit
d'aller demeurer dans un autre pays est un motif d'ordre économique. Et
c'est toujours pour améliorer les conditions de sa vie qu'un
émigrant songe à aller s'établir dans un autre pays. Je
crois que cette règle est générale dans tout le mouvement
migratoire, et elle s'applique au Québec autant qu'à toute autre
contrée.
Conséquences: Si nous pouvons intégrer l'immigrant dans la
main-d'oeuvre québécoise dis son arrivée et si nous
pouvons particulièrement intégrer dans la main-d'oeuvre
québécoise un immigrant spécialisé qui
répond aux besoins de notre main-d'oeuvre et aux
nécessités de notre économie, je ne vois pas pourquoi cet
homme, s'il connaît une condition meilleure que celle qu'il connaissait
dans son pays d'origine, refuserait de parler français.
Par surcroît, ceci peut ouvrir au Québec une portée,
une dimension nouvelle de sa politique d'immigration vers les 33 pays
francophones. Nous le soulignons dans notre mémoire; 300,000
francophones émigrent à travers le monde chaque année; au
Québec, nous en recevons à peine à,000 par année.
Et il y a parmi ces personnes qui voyagent à travers le monde
au-delà de 35,000, 30,000 immigrants de langue française qui
s'établissent chaque année aux Etats-Unis. Je crois que nous
avons là un champ de prospection, de recrutement assez immense pour nous
et qui peut répondre aux besoins du développement
économique du Québec.
M. BOUSQUET: Maintenant, une autre question: Etes-vous persuadé
au fond de vous-même qu'il est possible de concilier l'impératif
économique et l'impératif culturel dans le cas des Canadiens
français du Québec?
M. MORIN: Il faudra le concilier et s'il y avait imcompatibilité
permanente, comme à l'heure actuelle entre l'économie d'une part,
et la culture d'autre part, nous serions prolétaires pour longtemps au
Québec au plan culturel. Il nous faudra le concilier et maîtriser
au Québec par tous les moyens possibles notre économie dans tous
les secteurs et dans tous les domaines. Si nous continuons à
contrôler 20% de notre finance, 20% de notre industrie, 10% de nos
ressources naturelles nous allons nous maintenir nous-mêmes dans un
état de dépendance qui nous maintiendra minoritaires au plan
culturel.
M. PEARSON: A la page 2. Dans les écoles françaises du
Québec, l'enseignement d'une langue seconde doit être facultatif
et il doit se faire à partir du niveau secondaire.
C'est le mot « facultatif » qui me surprend un peu.
Supposons que c'est facultatif, dans la région de Montréal, il
est possible que ça devienne, quand même, général,
il y a tout lieu de le croire parce qu'il y a une bonne proportion de parents
qui sont intéressés à faire apprendre l'anglais à
leurs enfants. Alors, à ce moment-là, que vient faire ici la
réalité du mot « facultatif », même si
ça devient facultatif? Je comprends que dans l'Est de la province, il y
a peut-être moins de gens qui vont apprendre l'anglais, mais dans une
région comme Montréal, il y a beaucoup de choses qui portent les
gens à apprendre l'anglais.
M. MORIN: Vous avez répondu vous-même à la question
en disant que dans certaines régions du Québec, on n'a pas
tellement besoin d'anglais pour gagner sa vie, à la condition, disons,
d'y connaître une certaine expansion industrielle ou commerciale qui
n'existe peut-être pas à l'heure actuelle, dans ces
régions, ce qui oblige les citoyens de ces comtés à se
déplacer continuellement vers Montréal. Le mot « facultatif
» a été là comme s'appliquant d'une part à
l'enseignement quant aux régions concernées. Dans une
région comme Montréal, l'obligation est plus rigoureuse
qu'à Saint-Louis-du-Ha-Ha! Deuxièmement, le mot «
facultatif » s'applique aussi au choix de la langue. Certains
délégués envisageaient l'enseignement d'une langue seconde
dans un but culturel et auraient préféré que leurs enfants
apprennent plutôt l'italien que l'anglais. C'était le sens de
cette résolution.
M. PEARSON: La réalité, dans une région comme
Montréal, c'est que chez les Italiens ou les autres, en somme, et
même chez les Canadiens français, c'est l'anglais que les jeunes
vont apprendre à l'école.
M. MORIN: Dans une région comme Mont-
réal, je crois, personnellement, que le mot «facultatif
» ne s'appliquerait pas.
M. PEARSON: Maintenant, autre chose. Quelquefois, on a
présenté l'argument suivant, cet après-midi en particulier
et je voudrais connaître votre opinion là-dessus. On a dit que
l'avenir du bill 85, le bill futur sur les droits linguistiques au
Québec, peut avoir des conséquences énormes sur l'avenir
des minorités dans les autres provinces canadiennes ou sur l'avenir des
Canadiens français dans les autres provinces canadiennes. Est-ce que cet
argument vous émeut, vous dit quelque chose?
M. MORIN: Cet argument ne m'angoisse pas beaucoup parce que depuis
plusieurs années, le Québec a accordé à la
minorité anglophone un traitement des plus justes, des plus
équitables. Après quelque cent ans, les autres provinces n'ont
pas jugé bon de donner une égalité de traitement à
nos minorités françaises. Je ne crois pas que l'Anglais
réagisse de cette façon-là.
M. PEARSON: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. LE PRESIDENT: M. Morin, vous qui connaissez beaucoup le
problème de l'immigration, je vous donne un fait, qui est arrivé
dans mon comté et dont j'ai pris connaissance cette semaine. Une famille
roumaine est arrivée dans mon comté il y a un mois, et le chef de
famille n'avait pas d'ouvrage. Il s'est présenté au bureau de la
main-d'oeuvre et les gens de ce bureau lui donnent depuis, $75 par semaine pour
suivre des cours d'anglais. Est-ce que cette attitude se présente
partout? Je vous le demande, vous qui connaissez très bien les
problèmes de l'immigration.
M. MORIN: Je ne peux pas répondre personnellement à votre
question. J'ai peu d'expérience dans ce domaine. Il est malheureux que
cet immigrant n'ait pu, d'abord, être intégré dans la
main-d'oeuvre du Québec avant même son arrivée au
Québec. La situation ne se serait pas présentée.
Plutôt que de lui donner $75 par semaine pour apprendre l'anglais,
personnellement, je lui aurais donné $75 par semaine pour
travailler.
M. LE PRESIDENT: Je parle de ça au comité parce que j'ai
pris connaissance de ce fait cette semaine.
M. CARDINAL: C'est peut-être beaucoup de travail pour lui.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Morin. Excellent.
M. LAPORTE: Merci, M. Morin.
M. LE PRESIDENT: Il reste deux mémoires. M. Chevalier s'il vous
plaît.
M. Julien Chevalier
M. CHEVALIER: Julien Chevalier, président de la
société culturelle québécoise, fondée en
1968. Environ 100 membres. Le seul but de ladite société est la
défense de la culture de langue française dans l'Etat du
Québec.
M. Jérôme Proulx, président, MM. les commissaires.
Mémoire sur le bill 85.
Il me fait plaisir de vous présenter un mémoire
divisé en quatre sections et qui se résume ainsi: 1)
Résumé historique sur le statut de la langue et de la culture
française de la conquête (1760) à la Révolution
tranquille (1960); 2) Etat actuel de la langue et de la culture
françaises de 1960 à 1S>68 dans l'Etat du Québec; 3)
Suggestions, recommandations et conclusions du mémoire sur le bill 85 et
la politique linguistique à adopter pur l'Etat du Québec; 4)
Quelques notes sur notre association fondée en 1968 pour défendre
et promouvoir la culture et la langue françaises dans tout l'Etat du
Québec.
Nous soumettons le tout, respectueusement, à votre bienveillante
attention et vous prions de nous croire.
Vos tout dévoués,
Julien Chevalier, président Germain Bertrand,
secrétaire
Mémoire présenté au comité parlementaire du
ministère de l'Education de l'Etat du Québec. Bill 85. Chapitre
1.
Résumé historique du statut légal de la culture et
de la langue françaises, de la conquête (1760) à la
révolution tranquille (1960).
Lors de la capitulation de Montréal, en 1760, et du traité
de Paris, en 1763, ledit acte de capitulation de Montréal et le
traité de Paris n'accordaient aucune existence légale à la
langue et à la culture françaises aux 65,000 colons
français qui, séparés de leur mère patrie,
résidaient dans la vallée du Saint-Laurent.
En 1774, l'Acte de Québec, promulgué par le
conquérant anglais, ne donnait aucune garantie à la langue et
à la culture françaises dans le Bas-Canada, province de
Québec à l'époque.
Selon l'Acte constitutionnel de 1791, aucune clause ne garantissait la
reconnaissance offi-
cielle ou l'usage de la langue française dans le Bas-Canada.
La langue employée, officielle, par l'assemblée des
députés, les cours de justice et tout l'appareil administratif
gouvernemental.,,,
M. LAPORTE: M. Chevalier, est-ce que vous seriez vexé,
étant donné l'heure...
M. CHEVALIER: Passer ça? Oui.
M. LAPORTE: ... si nous disions que les faits historiques nous
amènent à conclure qu'il faut remonter le courant, qu'il faut
noyer Montréal d'éléments français et que,
évidemment...
M. CHEVALIER: Oui, je comprends. Je peux passer une couple de pages.
M. LAPORTE: Nous pourrions passer à vos recommandations.
M. PAUL: Je pense bien, M. Laporte, que le consentement serait cependant
donné pour que toute cette partie du mémoire soit inscrite au
journal des Débats.
M. LAPORTE: Au journal des Débats.
M. CHEVALIER: Nous allons simplement référer...
M. LE PRESIDENT: A la page Il.
M. CHEVALIER: La page Il, oui. Conclusions et recommandations. (Voir
annexe)
M. le Président, messieurs les commissaires, nous vous soumettons
les conclusions et recommandations suivantes: a) sur le bill 85; b) sur la
politique linguistique future de l'Etat du Québec.
En premier, nous déclarons que ledit bill 85 est un projet
désuet, vieillot et périmé pour les raisons suivantes:
L'entête du bill 85 déclare: « Sa Majesté, de
l'avis et du consentement du Conseil législatif (lequel est disparu
depuis le 31 décembre 1968) et de l'Assemblée législative
(laquelle a été remplacée par l'Assemblée
nationale, fin décembre 1968) décrête ce qui suit:
A l'article 15: « Un comité catholique, un comité
protestant et un comité linguistique du conseil, composé chacun
de quinze membres sont institués. »
Notre recommandation: Pourquoi le ministère de l'Education de
l'Etat du Québec ne forme-t-il pas un comité exclusivement
composé de commissaires unilingues français, comme dans le
Manitoba, la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Canadienne qui
possèdent un ministère de l'Education exclusivement basé
sur l'unilinguisme anglais?
Ce comité linguistique français aurait le pouvoir de
former des sous-comités qui régiraient les langues secondes. Ces
sous-comités, sous l'autorité du comité supérieur
linguistique français, auraient pouvoir pour organiser l'étude
des langues secondes; allemande, italienne, anglaise ou espagnole, etc, dans
des cours spéciaux. Ces cours spéciaux seraient donnés en
dehors du programme régulier du ministère de l'Education de
l'Etat du Québec.
Référant à l'article 17a qui prévoit la
formation du comité linguistique de dix représentants
francophones et de cinq représentants anglophones; cet article est
discriminatoire et injuste pour la nation québécoise à 86%
de culture et de langue françaises.
De plus, tous les Etats souverains, l'Angleterre, la France,
l'Allemagne, les U.S.A., etc n'acceptent aucun représentant officiel des
minorités avec pouvoir souverain de vote dans leur ministère de
l'Education. Si les ministères de l'Education de ces Etats souverains
désirent obtenir des études pédagogiques et techniques sur
les problèmes de l'enseignement des langues secondes, ils font
témoigner en comité ou par enquêtes des spécialistes
dans chacune des langues secondes. Mais jamais ces spécialistes
étrangers ne détiennent le pouvoir souverain de voter sur les
résolutions finales.
Après étude de l'article 22, nous sommes convaincus que
les pouvoirs accordés audit comité linguistique sont trop
étendus pour l'importance qu'on doit donner aux minorités de
langues secondes; les pouvoirs trop discrétionnaires du comité
linguistique de quinze membres de faire des règlements suivant lesquels
le ministre reconnaît comme étant de langue française ou de
langue anglaise les institutions d'éducation.
Relativement à l'article 10, nous nous opposons à
l'obligation pour les commissaires d'écoles et les commissions scolaires
d'organiser des cours en anglais de la première à la
onzième année sur le simple désir ou la demande
exprimée par les parents.
Il découle que le bill 85 oblige par procédure
péremptoire et coercitive les commissions scolaires d'obéir aux
règlements adoptés par ledit comité linguistique et que
les commissaires d'écoles sont à la merci d'une telle loi abusive
et dictatoriale, ce qui est intolérable en démocratie.
Donc, pour résumer, le pouvoir accordé par le bill 85 de
réglementer la politique linguistique des commissions scolaires
locales
el régionales est une grave atteinte à la liberté
démocratique des commissaires élus, des pères et
mères de famille et du peuple.
Il est impensable et inadmissible que le gouvernement de l'Etat du
Québec ait eu l'audace de présenter une loi (bill 85) accordant
des droits officiels aussi complets à la minorité de langue
anglaise, sans avoir reconnu, au préalable, par loi officielle, incluse
dans la constitution du Québec, les droits sacrés et
séculaires de la langue française, langue de fait de la nation
québécoise. Nous demandons donc le rejet pur et simple du bill 85
par l'Assemblée nationale de l'Etat du Québec.
Car advenant l'acceptation de ce bill odieux, nos valeureux
ancêtres, les Papineau, les Lafontaine, les Riel, les Delorimier, les
Chénier, les Honoré Mercier, les Garneau, les Bourassa, les
Lionel Groulx, et les centaines de héros inconnus de notre histoire
nationale, qui ont défendu au prix de lourds sacrifices, au cours des
siècles passés, notre héritage culturel français,
ces grands héros de notre histoire nationale se seraient battus en
vain.
Hyppolite LaFontaine défendant avec énergie les droits des
Canadiens français des deux Canada à l'usage libre et officiel,
dans leurs institutions parlementaires, leurs systèmes scolaires, de la
langue française aurait-il combattu inutilement? Lionel Groulx, notre
historien national, se serait-il trompé? Non, messieurs.
La fidélité à nos origines françaises et aux
valeurs spirituelles de notre culture et de notre patrimoine français,
valeurs fondamentales pour conserver l'identité nationale, commande,
après un siècle de Confédération canadienne,
à l'Etat et au gouvernement de l'Etat du Québec de proclamer,
à la face du Canada et du monde, par une loi officielle incluse dans la
constitution, que la langue française soit seule officielle dans l'Etat
du Québec. Nous avons le droit fondamental, après deux
siècles de survivance, de vivre en nation adulte.
De plus, la pression de plus en plus forte des compagnies
anglo-canadiennes et américaines exemple: Noranda Mines Ltd.,
Matagami Lake Mining Ltd., etc oblige progressivement la majorité
des Québécois de langue française à se prononcer
pour ou contre la langue française comme langue d'usage quotidienne et
de travail.
Il est certain que la perte, dans la région de Montréal,
par la majorité de la population de l'usage quotidien et au travail de
la culture et de la langue françaises sonnerait le glas de la nation
québécoise canadienne-française. Nous vous
référons à nouveau au tableau de la page no 87,
intitulé: La population néo-montréalaise selon le groupe
ethnique, 1961. Citation tirée du livre intitulé: L'Immigration
au Canada, de Rosaire Morin.
Donc, M. le Président et messieurs les commissaires du
comité parlementaire du ministère de l'Education de l'Etat du
Québec, il y a grave péril en la demeure. Nous vous soumettons
quelques considérations philosophiques et historiques le prouvant.
Les individus, les familles et les nations naissent, vivent et meurent.
Exemple: la perte de leur langue nationale par le pays de Galles, l'Irlande,
etc. Le gaélique, langue celtique de la nation irlandaise et du pays de
Galles est disparu après environ cinq siècles de domination
anglaise. Ainsi en est-il des langues nationales. Elles n'ont aucune garantie
de durée séculaire.
La langue française, véhicule et médium de la
culture française séculaire, ne possède en Amérique
du Nord, au Canada et dans l'Etat du Québec aucune garantie de survivre
et de s'épanouir après l'an 2,000.
D'ici l'an 2,000, au rythme de l'anglicisation de nos compatriotes dans
les neuf province s anglo-canadiennes et dans l'Etat du Québec, surtout
dans la région de Montréal, telle que prouvée au chapitre
3: « La population de l'Etat du Québec », volument «
L'immigration au Canada, » de M. Rosaire Morin, pages 67 à
86...
Il est certain que la langue et la culture françaises au Canada
et dans notre problème présent, l'Etat du Québec, vu qu'il
y a péril en la demeure, ne peut survivre, vivre et s'épanouir
sans la prise en main par le gouvernement de l'Etat du Québec de
pouvoirs souverains garantissant officiellement et légalement dans la
constitution dudit Etat du Québec l'usage du français obligatoire
dans tous les ministères de l'administration gouvernementale ainsi que
dans tout notre système d'éducation.
Pour résumer, M. le Président et messieurs les
commissaires, nous demandons que ledit bill 85 soit retiré
définitivement du feuilleton de l'Assemblée nationale, que
dès cette année une nouvelle constitution
québécoise soit adoptée incluant le français
à titre de langue officielle et nationale. Nous croyons d'une
nécessité fondamentale et urgente l'adoption de cette
constitution incluant la loi du français officiel dans l'Etat du
Québec, car il est évident, par les faits et statistiques
énumérés dans notre mémoire, que le temps, facteur
capital dans l'état actuel des choses, travaille contre la langue, la
culture française et la nation québécoise.
Nous soumettons le tout à votre bienveillante attention.
Vos tout dévoués,
« La Société culturelle
québécoise »
Maintenant, il y a deux appendices, un sur le bill 75, loi du
ministère de l'Immigration, et un sur la francophonie.
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, M. Chevalier, l'appendice sur le
bill 75 ne paraît pas pertinent à ce comité qui discute du
bill 85.
M. CHEVALIER: Nous pourrions le passer.
M. CARDINAL: Quant à celui sur la francophonie, je n'ai pas
d'objection, c'est aux membres du comité d'en décider.
Voulez-vous que nous le déposions tout de suite?
M. CHEVALIER: Il a seulement trois pages.
M. PAUL: Nous pourrions peut-être le déposer et puis le
rayer.
M. CHEVALIER: Comme vous le voudrez.
M. PAUL: Quel groupement représentez-vous exactement?
M. CHEVALIER: C'est une association qui a été
fondée l'an dernier. Nous groupons une centaine de membres. C'est
récent.
M. PAUL: Où se recrutent les membres?
M. CHEVALIER: Dans la classe moyenne, comme moi-même, qui suis
courtier d'assurances.
M. LAPORTE: Avez-vous des membres de langue anglaise?
M. CHEVALIER: Pas encore. Nous avons quelques amis Néo-Canadiens
qui sont sympatiques à la cause. Ce n'est pas une question de race,
c'est une question de culture en soi.
M. LE PRESIDENT: De quel comté êtes-vous, Monsieur?
M. CHEVALIER: Du comté de Chambly.
M. LE PRESIDENT: Et ça va bien chez vous?
M. PAUL: La porte est largement ouverte pour le recrutement.
M. LE PRESIDENT: C'est ça. L'état du comté au point
de vue de la politique, est bon.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. PAUL: Nous vous remercions, M. Chevalier.
UNE VOIX: C'est un chevalier sans peur et sans reproche.
M. LE PRESIDENT: M. Dallaire, de la Société
Saint-Jean-Baptiste de Ville Jacques-Cartier.
M. Lionel DallaireM. DALLAIRE: M. le Président... M. LE
PRESIDENT: Comté de Chambly. M. DALLAIRE: Comté de Taillon. M. LE
PRESIDENT: Taillon? Ah...
M. DALLAIRE: M. le Président, MM. les membres du comité,
la Société Saint-Jean-Baptiste de la Cité de
Jacques-Cartier, municipalité de 65,000 habitants, par la voix de son
conseil, se fait un devoir d'exprimer publiquement ses revendications contre le
projet de loi intitulé bill 85 qu'elle considère comme
néfaste pour les Canadiens français du Québec, s'il
était adopté.
Le bill 85 donnerait force de loi à des privilèges
jusqu'ici consentis à la minorité anglophone. Il est d'ores et
déjà reconnu que le bilinguisme intégral ne peut exister
longtemps et qu'il finit toujours par l'unilinguisme du plus fort
économiquement. Comme la finance au Québec est en majeure partie
détenue parles anglophones et que nous sommes cernés par les
Etats-Unis et neuf provinces anglophones, il est assuré que le
bilinguisme se fera au détriment des Canadiens français. Qu'on
n'essaie pas de nous leurrer avec le bilinguisme des provinces anglaise
à la Pierre-Elliott Trudeau; ces provinces seraient bilingues dans les
textes de loi, mais unilingues anglaises dans les faits.
Car si les recommandations des deux premiers volumes de la Commission
Laurendeau-Dunton de former des districts bilingues dans les provinces du
Nouveau-Brunswick, Québec et Ontario étaient appliquées,
ces districts bilingues conduiraient fatalement à l'unillnguisme
anglais. Si le bill 85 était adopté, la même situation se
produirait inévitablement ici, au Québec, à notre
détriment d'ici quelques années.
Comme nous croyons que plusieurs autres associations vous ont fourni et
vous fourniront suffisamment de statistiques, notre société
se
bornera à vous soumettre des considérations d'ordre
pratique.
A l'heure actuelle, ce n'est pas l'anglais qui est menacé, mais
bien la langue française. Il est urgent que le gouvernement de l'Etat du
Québec prenne ses responsabilités et vote immédiatement
une législation intelligente, ferme et positive, proclamant le
français langue nationale et officielle dans tout l'Etat du
Québec. Voici un extrait d'une déclaration émise par le
conseil général de la Fédération des
sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec, à l'issue
de sa réunion du 7 décembre 1968: « Il n'y a pas de
demi-mesures qui puissent améliorer la situation. Seules des mesures
législatives fermes et contraignantes et une action politique positive
pourront faire contrepoids à la contrainte économique et sociale
qui brime le peuple québécois. C'est en raison des conditions
sociales et économiques qu'il faut être plus vigilant encore;
qu'il faut envisager l'ensemble de la question avec des arguments de raison et
non pas avec des arguments émotifs.
Ce qu'il faut vigoureusement corriger, ce sont les trois états de
fait suivants: a) L'unilinguisme anglais qui se perpétue au
Québec, car plus de 600,000 citoyens ne parlent que l'anglais,
d'après le recensement fédéral de 1961; b) L'anglicisation
massive et galopante des Néo-Québécois dont plus de 90%
des enfants fréquentent l'école anglaise; c) L'imposition de la
langue anglaise à la majorité francophone,
particulièrement dans le monde du travail et des affaires.
Les causes profondes de ces trois états de fait proviennent du
bilinguisme officiel de l'Etat québécois et du libre choix par
les parents de la langue d'enseignement pour leurs enfants ».
Nous considérons que le libre choix de la langue d'enseignement
à l'école publique est impensable, parce qu'il n'existe pas dans
aucun pays véritablement souverain du monde.
Ce n'est pas à la majorité de se plier aux désirs
de la minorité, même si elle est plus cossue. Comme le disait Me
Yvon Groulx, président général de la
Fédération des sociétés Saint-Jean-Baptiste du
Québec: « Le libre choix des parents n'existe que lorsque les
anglophones sont en minorité ».
Voici, d'ailleurs, un extrait de son allocution lors du dernier
congrès national des sociétés Saint-Jean-Baptiste du
Québec: « Et à ceux qui croiraient encore au droit des
parents, si souvent invoqué, de choisir librement la langue de
l'école pour leurs enfants, je leur demande de faire un tour d'horizon
du monde et notamment du monde anglophone; ni aux Etats-
Unis, ni dans les neuf provinces anglo-canadiennes, ni en Angleterre, ni
en Ecosse, ni au pays de Galles, un groupe minoritaire quelconque n'a droit
à l'enseignement dans la langue de son choix à l'école
publique. On y accepte parfois l'école bilingue seulement, comme en
Ontario. Même à 1'Île Maurice, dont la population est
francophone, l'école unilingue anglaise était la seule
école publique jusqu'à l'indépendance récente. Ce
libre choix n'exister ait-il que lorsque les anglophones sont en
minorité? »
Notre société est pleinement d'accord avec la
déclaration des représentants d'associations francophones qui ont
rencontré le premier ministre du Québec, le 25 novembre 1968:
« Les droits des minorités doivent être conçus en
fonction de ceux de la majorité. Ce n'est pas la culture anglaise qui
est menacée au Québec, mais bien la culture française. Ce
ne sont pas les anglophones qui doivent gagner leur vie dans une autre langue.
Ce ne sont pas les anglophones qui gagnent un revenu moindre à
compétence égale au Québec. Ce ne sont pas les anglophones
qui souffrent d'un niveau d'instruction inférieur au Québec. Ce
ne sont pas les anglophones qui manquent de facilités universitaires au
Québec.
Nous croyons qu'en attendant de régler le problème de la
langue dans sa totalité, en s'inspirant du mémoire de la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, qui a reçu
l'appui d'un éventail des groupes représentatifs, qu'au moins le
gouvernement ne consacre pas dans une loi l'injustice de la situation
linguistique actuelle, alors qu'au Québec même, les Canadiens
français voient brimer leurs droits fondamentaux de vivre pleinement
dans leur langue, notamment dans les domaines du travail, des communications,
de l'information, du commerce, de l'industrie, de l'affichage, etc.
Un Etat dont 85% des citoyens parlent français a le droit et le
devoir de déterminer que la langue de la majorité soit la langue
d'enseignement dans les écoles publiques, sans préjudice aux
droits individuels ni à l'enseignement de l'anglais comme langue
seconde. »
Le fait que les citoyens de langue française soient contraints de
savoir et d'utiliser l'anglais pour obtenir une bonne situation leur cause une
sorte d'aliénation culturelle en même temps qu'une grave
injustice.
Le bilinguisme officiel permet aux anglophones, selon la remarque de
Laurier Lapierre, dans une conférence prononcée devant un
auditoire en majorité anglaise, d'être au Québec, sans
être du Québec.
Et c'est en déplorant cette attitude, trop fré-
quente chez les Anglo-Québécois, que Laurier Lapierre, en
les invitant à s'identifier au Québec français, concluait
par cette mise en garde cinglante: « Speak French or get out...
»
Ici, j'ai la reproduction d'un article de Jean Beaudry. Je peux
peut-être la passer... Alors, nous allons continuer avec la page 8 au
centre de la page pour sauver un peu de temps. « Le gouvernement que nous
avons porté au pouvoir a cette juridiction implicitement reconnue:
à lui d'en user avant que les Québécois ne se fassent dire
au Québec de parler anglais ou de déménager en France...
« Il est beaucoup plus tard qu'on ne le pense! » C'est la fin de la
citation de l'article de Jean Beaudry.
Pour démontrer à quel point les anglophones sont
conscients de vouloir et de pouvoir nous angliciser, nous vous citons ce que
Lord Durham déclarait dans son rapport au gouvernement impérial
de Londres de 1839. « Je serais bien étonné que les plus
réfléchis parmi les Canadiens français eussent encore
l'espérance de conserver leur nationalité; quelque
résistance qu'ils fassent, l'absorption de leur race est
déjà commencée. Notre langue se propage comme le fait tout
naturellement la langue des employeurs et des riches. » (Citation de
l'histoire du Canada, de Jean Bruchési, la page 470).
L'adoption du Bill 85 permettrait une réalisation encore plus
rapide de la prédiction de Lord Durham et serait un véritable
croc-en-jambe à notre désir de survivance et
d'épanouissement.
Ici, il y a deux paragraphes qui appuient la position des Etats
généraux à 100%. Je ne la répéterai pas
parce que vous venez de l'entendre. Au bas de la page, il y a une citation.
« Dans la semaine du 18 novembre 1968, le journaliste anglophone P.Il.
Desbarats disait n'être nullement scandalisé par l'affaire de
Saint-Léonard. Pour la première fois, disait-il, les Canadiens
français ont agi comme des êtres normaux, comme tous les peuples
normaux.
Et voici le témoignage d'une importante association anglophone:
« Lors du congrès du 24 septembre 1968, la Canadian Trustees
Association s'est prononcée contre la proposition des protestants du
Québec qui demandaient pour les immigrants le droit de choisir la langue
d'éducation de leurs enfants. Seuls les délégués du
Québec favorisaient qu'on enseigne aux immigrants dans l'une ou l'autre
des langues de travail du Canada selon le choix des parents. Tous les
délégués des autres provinces proposèrent qu'on
enseigne aux immigrants dans la langue de la communauté.
Devant les faits énoncés dans ce mémoire et les
témoignages des meilleurs défenseurs de nos droits et même
d'anglophones, ne croyez-vous pas, messieurs les commissaires, que le
gouvernement de l'Etat du Québec peut et doit proclamer
immédiatement le français seule langue officielle ou nationale au
Québec, comme mesure valable et que nous prônons d'ailleurs depuis
des années.
Nous aimerions vous faire remarquer que la position actuelle de notre
Société Saint-Jean-Baptiste de Jacques-Cartier en faveur de la
proclamation du français comme langue officielle ou nationale de l'Etat
du Québec n'est pas nouvelle parce qu'elle adoptait en 1966 et en 1968
des résolutions en ce sens. Notre société a
également appuyé lors des congrès de la
Fédération des sociétés Saint-Jean-Baptiste du
diocèse de Saint-Jean, en 1965, 1966 et 1968, des résolutions
réclamant que la langue française devienne la seule langue
officielle du Québec.
Nous avons de plus débattu les mêmes résolutions qui
ont été adoptées aux congrès nationaux de la
Fédération des sociétés Saint-Jean-Baptiste du
Québec, en 1963, 1966, 1967 et 1968.
En terminant, nous vous prions instamment de bien vouloir recommander au
gouvernement de retirer sans délai son projet de loi intitulé
bill 85 que nous considérons comme néfaste aux
intérêts des Canadiens français.
Et nous vous recommandons, messieurs les commissaires, de garder
constamment en mémoire et surtout de mettre en pratique
l'objectivité que définissait Me Daniel Johnson dans sa
dernière conférence de presse, qui est en quelque sorte son
testament politique: « Le Québec doit devenir aussi
français que l'Ontario est anglais. »
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: M. Dallaire, est-ce que vous endossez le mémoire
présenté par la Fédération?
M. DALLAIRE: Par la Fédération des sociétés
Saint-Jean-Baptiste? Sûrement, parce que je suis un des conseillers de la
fédération.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous été consulté lorsqu'elle
a présenté son mémoire?
M. DALLAIRE: Assurément, à plusieurs reprises
même.
M. LE PRESIDENT: Si vous endossez en entier le témoignage de la
fédération, pourquoi,
vous, comme société membre, présentez-vous un
mémoire?
M. DALLAIRE: Nous avons réalisé, M. le Président,
qu'il y avait beaucoup d'associations anglaises qui étaient beaucoup
moins importantes que la nôtre.
Nous en avons une preuve aujourd'hui, parce que nous avons entendu
ergoter, pendant une partie de la journée, des témoins qui sont
passés, sans arrêt, pour venir nous raconter des balivernes,
à tel point que le ministre des Affaires culturelles...
M. LAFRANCE: Des balivernes, il y en a de tous les
côtés.
M. DALLAIRE: ... a eu un geste très intelligent en...
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas le seul qui soit intelligent!
M. DALLAIRE: Non, je comprends qu'il y en a beaucoup d'autres qui
auraient aimé en faire autant.
M. LAPORTE: C'est offusquant pour les autres. Si vous en aviez fait
autant...
M. PAUL: Cela ne veut pas dire...
M. LE PRESIDENT: Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas tous
intelligentst
M. LAPORTE: ... vous n'auriez pas pu présenter votre
mémoire.
M. DALLAIRE: Justement.
M. LE PRESIDENT: J'invoque mon privilège de président.
M. DALLAIRE: Je crois que M. le Président désire se faire
entendre.
M. LE PRESIDENT: Notre quotient intellectuel, ici...
M. LAPORTE: M. le Président, ajoutez des rires, parce que, dans
le journal des Débats, cela n'apparaîtra pas.
M. LE PRESIDENT: Ce sont des sourires sympathisants.
M. DALLAIRE: Maintenant, si vous me permettez, justement, j'aimerais
à faire cette ré- flexion-là. Aujourd'hui, nous avons eu
une quantité d'associations anglophones, qui ne sont certainement pas
plus représentatives que celle que je représente ici, ce soir, et
qui ont pris les trois quarts de la journée. Vous aviez, je pense, trois
mémoires qui étaient assez bien faits; je parle surtout des deux
autres: les Etats généraux du Canada français et la
Société culturelle qui sont très bien structurés et
nous avons dû les passer à la vapeur. Je vous comprends, vous
êtes fatigués.
M. LE PRESIDENT: M. Dallaire, je ne mets pas en doute la
représentativité et le sérieux de votre mémoire, je
vous en prie. Je voulais savoir la relation qu'il y a entre votre
société et la fédération. C'est le seul sens de ma
question. Si nous mettons beaucoup d'humour...
M. DALLAIRE: La Société de Jacques-Cartier fait d'abord
partie de la société diocésaine de Saint-Jean qui compte
environ 10,000 membres. La société diocésaine fait partie
de la fédération qui compte 250,000 membres environ.
M. LAPORTE: Cela doit vous étonner que le député de
Saint-Jean ne soit pas au courant de ça?
M. DALLAIRE: Bien oui!
M. LE PRESIDENT: M. Dallaire, s'il fait partie du comté de
Taillon, il fait partie de mon diocèse.
M. DALLAIRE: Exactement. Nous avons eu le plaisir d'avoir votre visite
à la Société Saint-Jean-Baptiste de Jacques-Cartier.
M. LAPORTE: René Lévesque vient lui-même de ce
diocèse-là.
M. LE PRESIDENT: Vous avez bien apprécié ma visite,
n'est-ce pas?
M. DALLAIRE: Certainement, parce que, cette fois-là,
c'était à la veille de l'inauguration officielle de l'Expo 67.
Vous aviez retardé votre participation à la réception
intime qui se donnait sur les îles.
M. LE PRESIDENT: Ce n'était pas une visite pastorale, mais
c'était une visite amicale. Vous savez que nous pouvons être,
à la fois, très sérieux et très joyeux.
M. DALLAIRE: Oui.
M. LAPORTE: Qui est-ce qui peut vous rappeler à l'ordre, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: C'est moi-même.
M. PAUL: M. Dallaire, vous souhaiteriez que le français devienne
langue nationale et officielle au Québec?
M. DALLAIRE: Sûrement.
M. PAUL: Est-ce que vous vous objecteriez à ce que l'anglais
continue d'être enseigné?
M. DALLAIRE: Non, sûrement pas, parce qu'il faut quand même
être logique.
M. PAUL: A quel degré?
M. DALLAIRE : Maintenant, si vous me permettez de donner mon impression,
je suis persuadé que, même si le gouvernement adoptait
l'unilinguisme français au Québec c'est-à-dire le
français, langue nationale et officielle dans les textes et dans tous
les différents services législatifs et de justice, etc.
l'anglais ne s'éteindrait pas facilement au Québec.
Il n'y a pas besoin de craindre là-dessus; ils sont suffisamment
forts.
M. PAUL: Mais le fait pour le gouvernement de proclamer le
français langue officielle et nationale, est-ce que, chez vous,
ça impliquerait l'idée d'arrêter l'enseignement de
l'anglais?
M. DALLAIRE: Non, pas dans mon idée, et je pense que ce n'est
dans l'idée de personne. En définitive, comme nous sommes
entourés d'au-delà de 200 millions d'anglophones et que nous
devons avoir des relations avec eux, je pense qu'il faudrait quand même
tolérer l'anglais comme langue seconde et probablement avoir une
période d'adaptation. Aimerais-tu dire quelque chose
là-dessus?
J'ai ici mon président.
M. LE PRESIDENT: Il fait bien ça.
M. LAPORTE: En bon président, il vous laisse travailler.
M. DALLAIRE: Disons qu'à Jacques-Cartier, il est en avant de moi
et qu'au diocèse de Saint-Jean je suis en avant de lui.
M. le Président, comme j'ai fait, avec la voix fluette que j'ai,
un effort déjà assez considérable, si vous me le
permettez, je vais délé- guer M. Yvon Lefebvre pour
répondre à vos questions. Je vais lui fournir du
matériel.
M. LEFEBVRE: Avec les résolutions adoptées lors du dernier
congrès, je vais répondre exactement à la question de M.
le commissaire.
Je m'excuse, ce sont celles de 1965. Il s'est passé pas mal de
choses au Québec depuis.
M. LE PRESIDENT: Oui, il y a 1966, une année importante.
M. LEFEBVRE: Je vais vous donner l'essentiel de la pensée et cela
rejoint le point de vue de la société diocésaine
concernant la question des écoles.
M. PAUL: Quand vous dites la pensée, c'est la pensée de la
fédération?
M. LEFEBVRE: Non, de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Jacques-Cartier et du diocèse de Saint-Jean, puisque c'est nous qui
avons amené ces résolutions-là au diocèse où
elles ont été adoptées de nouveau.
M. PAUL: Très bien.
M. LEFEBVRE: La Société Saint-Jean-Baptiste accorde son
appui non équivoque au MIS donc cela rejoint la question de
l'intégration scolaire et recommande que le français
devienne graduellement la seule langue d'enseignement au Québec, quitte
à ménager certains accommodements a l'intention de la
minorité d'origine anglo-saxonne et que l'enseignement du
français reçoive une attention plus grande de la part du
ministère, des enseignants et des commissions scolaires de façon
à ce que la langue seconde retrouve, dans les programmes d'enseignement
au Québec, la place qu'une langue seconde reçoit dans tous les
pays normaux du monde. La Société Saint-Jean-Basptiste affirme de
nouveau que les subventions de l'Etat québécois aux
universités et aux écoles affiliées devraient se faire en
fonction du bassin de population de chacun des groupes linguistiques en
présence, de manière à redresser progressivement la
situation en faveur des francophones.
Les avantages de la polyvalence devraient être utilisés
pour permettre aux anglophones de suivre particulièrement des cours de
français et d'histoire en langue française. Il y a d'autres
résolutions, également, qui concernent l'adoption de manuels
scolaires de langue française de manière à ce que,
progressivement, les anglophones reçoivent un enseigne-
ment en langue française. Il va sans dire que c'est prévu
sur une période de temps peut-être assez longue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lefebvre, d'après ce que vous venez
de dire est-ce que nous pouvons conclure que vous endossez toutes les
idées du MIS, les théories prônées par le MIS,
l'intégration scolaire. Est-ce que c'est cela que vous avez voulu
dire?
M. LEFEBVRE: Parlant au nom de la Société
Saint-Jean-Baptiste de Jacques-Cartier, je dis oui, puisque cela a
été adopté à la suite d'une longue discussion
à un congrès local et que cette même résolution a
été adoptée à un congrès diocésain
qui s'est tenu à Jacques-Cartier en novembre 1968. A ce
moment-là, cette résolution a été
adoptée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lefebvre est-ce que le fait que vous
adoptiez la politique du MIS en matière de langue signifie que vous
accepteriez l'idée de l'exclusion totale de l'enseignement de l'anglais
dans les écoles du Québec et que vous envisageriez de faire
à la minorité anglophone du Québec une situation
équivalente à celle qui a été faite aux
minorités francophones des autres parties au Canada?
M. LEFEBVRE: Sur une période longue, oui. C'est-à-dire
qu'il s'agit de ménager...
M. LAPORTE: C'est-à-dire que vous êtes d'accord?
M. LEFEBVRE: Il faudrait éventuellement arriver à
créer un seul système scolaire français.
M. LAPORTE: Vous êtes d'accord pour accorder aux anglophones du
Québec le traitement très condamnable et que vous
condamnez sans hésitation qui a été accordé
aux Canadiens français dans les autres provinces?
M. LEFEBVRE: Tout dépend dans quelle optique on se place.
M. LAPORTE: Quel est votre optique?
M. LEFEBVRE: La nôtre est choisie. Elle a été...
M. LAPORTE: Laquelle?
M. PAUL: Est-ce que vous avez pris con- naissance, par la voix du
journal ou de la radio, d'un mémoire qui nous a été
présenté ici par un imminent juriste de Montréal, Me
Howard, qui prétend que par extension de l'article 93, les droits des
minorités s'appliquent également dans le domaine de la langue et
que dans les circonstances, le geste posé par la commission scolaire de
Saint-Léonard est tout à fait conforme à l'esprit de la
constitution et que par voie de conséquence, tout autre commission
scolaire aurait également le droit, au Québec, d'adopter la
même résolution que celle qui a été adoptée
par Saint-Léonard.
M. LEFEBVRE: Le problème...
M. PAUL: Remarquez bien, je ne dis pas que c'est l'opinion des membres
du comité, mais c'est une opinion qui nous a été
émise par un juriste qui mérite notre attention.
M. LEFEBVRE: Le problème c'est que vous pénalisez sur le
plan de la langue les protestants ou les catholiques, puisque c'est le
système qui existe actuellement. Les catholiques, parce qu'ils
appartiennent au secteur qui est contrôlé en majorité par
des francophones, seraient pénalisés, et les protestants
continueraient à avoir leur enseignement dans leur langue. Ce qui est
tout à fait illogique. Dans son ultime logique, le raisonnement qui a
été proposé par ce juriste mène à cette
impasse.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il ne vous apparaît pas raisonnable, pour
défendre cette langue française et cette culture française
auxquelles nous croyons tous, est-ce qu'il ne vous apparaît pas plus
raisonnable d'accorder à la langue française au Québec un
traitement prioritaire et ne pas nous imaginer que ce serait une victoire
majeure pour nous qui représentons 85% de la population, d'arracher la
langue à 15% de la population. Ce serait véritablement une preuve
de force inouïe!
M. LEFEBVRE: Cest ce qui se fait dans tous les pays normaux du
monde.
M. LAPORTE: C'est ce qui se fait dans tous les pays normaux du
monde?
M. LEFEBVRE: Si vous êtes italien...
M. LAPORTE: Si c'est votre conception de relations normales entre
humains...
M. LEFEBVRE: Me permettez-vous d'expliquer?
M. LAPORTE: Disons que je suis un peu déçu, oui.
M. LEFEBVRE: Me permettez-vous d'expliquer? Ce que je veux dire, c'est
ceci: Les immigrants parce que, dans les anglophones, nous incluons
aussi les immigrants qui se joignent à ce groupe-là s'ils
sont placés dans une situation de fait, où la majorité
parle le français et où les écoles sont françaises,
adopteront l'école française.
Il s'agit de créer une situation qui soit tolérable,
à court terme. C'est pourquoi nous avons prévu des
accommodements. Nous demandons que la minorité anglophone de
Montréal, en particulier, ou d'ailleurs au Québec, reçoive
un traitement juste, c'est-à-dire des écoles anglaises pendant un
certain temps, quitte à les intégrer progressivement à un
seul système qui serait français et non pas basé sur la
religion. L'erreur serait de croire qu'en créant deux systèmes
basés sur la langue, on règle le problème. On ne
règle strictement rien, puisqu'on se place toujours dans une situation
où on risque d'être assimilé d'une manière ou d'une
autre, à cause de l'importance économique des Anglo-Saxons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lefebvre, je ne voudrais pas charger
d'émotivité le témoignage que vous venez de rendre, mais,
je ne sais pas, je dirais, personnellement et je pense que beaucoup de
Canadiens français penseraient comme ça qu'instinctivement
nous voudrions tous faire du Québec un Etat français où on
ne parlerait que le français, etc. Il nous faut, quand même, tenir
compte de certaines conditions qui nous ont été imposées
par l'histoire, par la géographie, etc. Nous représentons 85%
d'une population francophone. Nous avons à tenir compte de l'existence
d'une population qui représente 15% de l'ensemble de la population du
Québec et qui est de langue anglaise.
Ne croyez-vous pas qu'une attitude aussi radicale parce que je
pense qu'il faut employer le mot que celle que vous préconisez,
à la suite du MIS et de certains autres groupements qui ont comparu
devant nous, risquerait de nous entraîner vraiment dans une guerre
civile? Il ne faut pas minimiser l'importance de cet aspect du
problème.
M. MORIN: Croyez-vous que c'est notre attitude qui risque
d'entraîner des conséquences aussi désastreuses ou si ce
n'est pas plutôt que des problèmes existent et qu'ils ne se
règlent pas? Il y a longtemps qu'elle existe, cette iné-
galité entre les Canadiens français et les Anglo-Canadiens sur le
plan scolaire et sur le plan des chances.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le veux bien, M. Lefebvre, mais, quand vous
avez parlé tout à l'heure de normalisation de la situation, j'ai
l'impression que les moyens que vous préconisez sont de nature à
nous faire craindre une situation qui serait pire que celle que nous vivons, et
que celle que nous avons vécue.
M. LEFEBVRE: La différence, c'est que, nous, nous disons ce que
les anglophones ont pratiqué partout, en dehors du Québec, sans
le dire.
M. LAPORTE: Et que vous avez condamné continuellement.
M. LEFEBVRE: Et que nous avons condamné à l'époque
où nous croyions encore qu'il était possible de sauver les
minorités.
M. PAUL: Croyez-vous, monsieur...
M. LAPORTE: Encore une fois, vous êtes des Canadiens
français nationalistes, progressistes, qui êtes disposés
à sacrifier toutes les minorités françaises duCanada, mais
à défendre à cor et à cri la francophonie en dehors
du pays.
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas nous qui sacrifions les
minorités...
M. LAPORTE: Non, alors...
M. LEFEBVRE: ... c'est une situation de fait qui est historique et qu'on
ne peut plus nier maintenant. Les minorités françaises en dehors
du Québec, sauf quelques groupes relativement bien
organisés...
M. PAUL: Pourquoi les abandonner?
M. LEFEBVRE: On a pas à les abandonner, ça n'exclut
rien.
M. PAUL: Vous ne croyez pas encore...
M. LEFEBVRE: On a pas à sacrifier les droits de la
majorité, au Québec, au bénéfice de quelques droits
partiels...
M. LAPORTE: D'accord.
M. LEFEBVRE: ... qui seront éventuelle-
ment éteints, parce qu'il n'y aura plus personne pour s'en
servir.
M. LAPORTE: D'accord. Si nous trouvions une formule qui protège
à la fois les deux, est-ce que ça ne vous apparaîtrait pas
plus raisonnable?
M. LEFEBVRE: Il reste à savoir si les Anglais sont suffisamment
de bonne foi, en dehors du Québec, pour appliquer ce qu'ils vont nous
promettre de faire.
M. LAPORTE: Est-ce que les Canadiens français sont suffisamment
forts et veulent suffisamment la promotion de leur langue et de leur culture
pour prendre eux-mêmes les moyens pour que leur langue devienne chez eux,
véritablement ce qu'elle devrait être: une langue de culture, une
grande langue de qualité internationale? Il n'y a personne qui nous
empêche de faire ça nous-mêmes. Deuxièmement, est-ce
qu'il ne vous apparaît pas plus raisonnable, puisque vous affirmiez tout
à l'heure que nous ne contrôlons pas notre économie, de
continuer des politiques, qui ont été entreprises il y a quelques
années et qui se poursuivent actuellement, pour amener graduellement les
industriels anglo-saxons à franciser leurs exploitations ou leurs usines
dans la province de Québec? Troisièmement, ne devrions-nous pas
exercer sur les autres provinces, avec tous les concours dont nous pourrons
bénéficier, des pressions pour les amener à sauver ceux
qui sont de notre sang et qui sont d'autres nous-mêmes et qui ont le
mérite d'avoir souffert plus que nous encore.
M. LEFEBVRE: Bon.
M. LAPORTE: Moi, je ne suispasprêt à les abandonner.
M. LEFEBVRE: Je suppose qu'on compare notre situation, pour un instant,
à celle des minorités en dehors du Québec, à celle
des Belges wallons qui ont conservé leur langue dans un état de
pureté et d'intégrité à peu près totale.
Ce qui arrive, c'est que les Belges, comme les habitants des autres pays
francophones collés sur la France, peuvent s'appuyer sur un
arrière-pays qui est puissant. A cause de la France, les Belges de
langue française ne sont pas menacés dans leur langue. La
même chose pour les Suisses, les Luxembourgeois, etc.
Ce qui arrive des minorités, ici, c'est qu'elles prennent leur
seule force d'un Québec faible sur le plan linguistique.
M. LAPORTE: Moi, ce que je ne peux pas comprendre...
M. LEFEBVRE: Le jour où le Québec sera fort, le jour
où le Québec s'affirmera comme un Etat français
à l'intérieur ou à l'extérieur de la
Confédération, le problème n'est pas là
souverainement français, intégralement français, où
tout se fait en français et où le vie économique se passe
en français, à ce moment-là, les arrière-pays
pourront peut-être espérer vivre en français et on pourra
négocier en position de force avec les Anglo-Saxons et avec les
gouvernements des autres provinces des droits pour les nôtres que nous
n'avons pas l'intention d'abandonner.
M. LAPORTE: Moi, ce que je ne peux pas comprendre, c'est qu'on puisse
applaudir quand une Pauline Julien criera au Niger; « Vive le
Québec libre! » alors qu'on est prêt, chez nous, à
laisser disparaître, sans les défendre, 1,500,000 Canadiens
français!
M. LEFEBVRE: Vous avez le droit de préférer Félix
Leclerc à Pauline Julien!
M. LAPORTE: Pardon?
M. LEFEBVRE: Vous avez le droit de préférer Félix
Leclerc à Pauline Julien.
M. LAPORTE: Non, disons que c'est peut-être subtil, comme image,
mais je vous pose le problème de la francophonie à laquelle nous
devons participer. Qu'il y ait des gens qui soient disposés à
participer à la francophonie, ceci est bien, mais qu'au départ on
sacrifie ce qui est chez nous la francophonie...
M. LEFEBVRE: Vous n'ignorez pas, certainement, M. Laporte, que la
francophonie, telle qu'elle est en train de s'organiser, est une espèce
de Commonwealth et que cela deviendra, d'ici très peu de temps, d'un
intérêt économique vital pour chacun des Etats membres.
M. LAPORTE: Ah ça, les intérêts économiques
vitaux, on en reparlera, si vous me permettez. Vous me direz quels sont les
intérêts économiques vitaux qu'on défend avec la
francophonie. Vous direz cela à Michelin, par exemple. Vous direz cela
à la compagnie de plumes BIC, qui est rendue en Ontario, et vous direz
cela à Pêchiney qui est rendue aux Etats-Unis! Les
intérêts économiques majeurs qu'on défend avec la
francophonie, je n'y crois pas! Je crois qu'avec la francophonie nous allons
dé-
fendre les intérêts culturels qui sont fondamentaux, mais
qu'on ne nous vende pas plus de pain qu'on est capable de nous en livrer!
M. PROULX: Ou de pneus! M. LEFEBVRE: Ou de beurre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. Lefebvre.
M. LE PRESIDENT: M. Lefebvre et M. Dallaire, je vous remercie
infiniment.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux me permettre, en
terminant, de dire à M. Dallaire et à M. Lefebvre que leur
mémoire, même si nous n'en partageons pas tous les points de vue,
représente une quantité de travail que nous apprécions.
Vous êtes des gens de notre région; vous avez brillamment
défendu des idées que je ne partage pas nécessairement. Je
voudrais vous remercier de votre présence et vous souhaiter un bon
retour.
M. LEFEBVRE: Merci, M. Laporte.
M. LE PRESIDENT: Sachez que nous siégeons depuis 10 heures ce
matin et que ce sont des journées très lourdes...
M. LAPORTE: Ce qui prouve l'intérêt de votre
mémoire. Nous devions y consacrer dix minutes et nous y avons
consacré une heure.
M. LEFEBVRE: Nous vous remercions de nous avoir
écoutés.
M. LE PRESIDENT: Les quatre plus brillants membres du comité sont
restés ici à vous entendre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, merci!
M. LAPORTE : Ne répétez pas cela aux autres!
M. PAUL: M. le Président, je propose l'ajournement du
comité au 19 mars 1969.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. (Fin de la séance; 18 h
14)
ANNEXE
Mémoire présenté au Comité Parlementaire du
Ministère de l'Education de l'Etat du Québec. Re: Bill 85
CHAPITRE I
RESUME historique du statut légal de la culture et de la langue
française de la conquête 1760 à la Révolution
tranquille 1960.
Lors de la capitulation de Montréal en 1760 et du traité
de Paris en 1763, ledit acte de capitulation de Montréal et le
traité de Paris n'accordaient aucune existence légale à la
langue et à la culture française aux 65,000 colons
français qui, séparés de leur mère-patrie
résidaient dans la vallée du St-Laurent. 1- En 1774, l'Acte de
Québec promulgué par le conquérant anglais, ne donnait
aucune garantie à la langue et la culture françaises dans le
Bas-Canada, province de Québec à l'époque. 2- Selon l'acte
Constitutionnel de 1791, aucune clause ne garantissait la reconnaissance
officielle, ou l'usage de la langue française dans le Bas-Canada.
La langue employée, officielle, par l'assemblée des
députés, les cours de justice et tout l'appareil administratif
gouvernemental à l'époque était la langue anglaise. 3-
Suite à l'Insurrection de 1837-38, le gouvernement impérial de
Londres abrogeait les clauses de l'Acte Constitutionnel de 1791 et imposait
l'Acte d'Union des deux Canada, le Haut-Canada (Ontario actuel) et le
Bas-Canada (Province de Québec).
Cet Acte d'Union, suite à l'odieux rapport de Lord Durham,
promulguait la langue anglaise comme seule officielle pour le Parlement des
deux Canada. Donc, aucune existence légale de la langue et de la culture
française.
Notre historien national, M. le Chanoine Lionel Groulx, n'a-t-il pas
déclaré que le rapport Durham, base de l'Acte d'Union de 1840,
visait en pratique à l'assimilation des Canadiens-Français et
à la disparition de la langue et culture françaises au Canada. 4-
En 1864, les provinces de Québec, d'Ontario, du Nouveau-Brunswick et de
Nouvelle-Ecosse jetaient les bases d'un gouvernement central à la
conférence de Québec.
En 1867, le gouvernement de Londres proclamait l'Acte de
l'Amérique Britannique du Nord, qui accorde le libre exercice de la
langue et de la culture françaises seulement au parlement central
fédéral et au parlement de la province de Québec.
Cependant, l'Acte de l'Amérique Britannique du Nord de 1867,
n'accordait aucune garantie à la culture, à la langue et au
système scolaire français d'importantes minorités
canadiennes françaises des provinces d'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de
la Nouvelle-Ecosse et de l'Ile du Prince-Edouard, ainsi que des Métis et
Canadiens-Français habitant les territoires du Nord-Ouest.
S.V.P., référez messieurs les Commissaires au chapitre
intitulé « Le Statut de la langue française », pages
25 à 31, du volume ETATS GENERAUX DU CANADA FRANÇAIS,
exposé de base et documents de travail, 1967.
Pour prouver que la Confédération canadienne depuis 1867,
a été l'instrument du génocide culturel des
minorités canadiennes-françaises des neuf provinces anglaises du
Canada,
nous vous citons au texte, les paragraphes suivants extraits du volume
« Les Etats Généraux », exposé de base,
documents de travail 1967, page 27, no: 2 L'évolution
constitutionnelle et politique.
Le statut de la langue
A l'extérieur du Québec, le statut de la langue
française a souvent connu le sort de la confessionnalité. Nous
relevons les faits historiques:
Le 17 mai 1871, au Nouveau-Brunswick, l'Acte des écoles communes
« n'admet que l'école publique, c'est-à-dire
non-confessionnelle, avec la douloureuse alternative pour les Acadiens, »
ou d'envoyer leurs enfants à des écoles réprouvées
par leur conscience, ou de se bâtir des écoles de leur choix au
prix coûteux de la double taxe ».
En 1877, à l'Ile-du-Prince-Edouard, le « Public School Act
» ne reconnaissait que le régime obligatoire de l'école
publique non confessionnelle et le Bureau d'éducation fermait les portes
des écoles acadiennes.
Le 22 mars 1890, au Manitoba, la Législature votait l'abrogation
des droits officiels de la langue française au Parlement et devant les
tribunaux provinciaux et le 31 mars, 1'Advisory Board et un département
d'éducation uniquement ouverts aux protestants contrôlaient le
choix des instituteurs, les nominations des inspecteurs et la rédaction
des programmes.
En 1892, l'Assemblée législative du Nord-Ouest proscrit la
langue française dans ses délibérations et dans ses
procès-verbaux.
En 1905, en Saskatchewan et en Alberta, le Gouvernement du Canada
sacrifie les droits du français et consent aux catholiques une
demi-heure d'enseignement religieux entre trois heures et demie et quatre
heures à la discrétion des commissaires.
En mars 1912, au Keewatin, les écoles confessionnelles sont
supprimées et la langue française est interdite.
La promulgation du règlement XVII en 1912 restreint l'usage du
français dans les écoles bilingues de l'Ontario. Aux termes
même du Règlement, l'usage du français n'est
toléré qu'au bénéfice du jeune écolier
incapable de comprendre et de parler la langue anglaise.
En 1916, le Parlement de Winnipeg supprima, dans les écoles du
Manitoba, l'enseignement de toute autre langue que l'anglais.
Ce bref résumé historique démontre l'insuffisance
des droits constitutionnels garantis aux Canadiens français
répandus à travers le Canada.
Pour prouver l'insuffisance des droits constitutionnels des
minorités françaises du Canada, nous vous résumons le
tableau de la page 31 extrait « Etats Généraux du Canada
français », exposés de base et documents de travail
1967.
La situation se résume comme suit dans les diverses provinces:
PROVINCESFRANÇAIS ANGLICISES PERTE EN %
Terre-Neuve 14,021 81.65%
Colombie-canadienne 40,791 60.90%
Yukon et T.N.O. 1,409 58.63%
Nouvelle-Ecosse 48,315 54.97%
Ile-du-Prince-Edouard 9,460 54.31%
Alberta 41,043 49.26%
Saskatchewan 23,661 39.55%
Ontario 222,639 34.36%
Manitoba 23,037 27.44%
Nouveau-Brunswick 21,597 9.30%
Québec 68,339 1.61% 5- Après avoir réalisé
la spoliation de la culture et de la langue françaises et l'abolition du
système scolaire français dans les provinces d'Ontario, Manitoba,
Saskatchewan, Alberta, Colombie-Canadienne, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Ecosse
et Ile-du-Prince-Edouard, huit provinces de culture et de langue anglaises,
enlevant aux minorités canadiennes françaises de ces provinces
leur système scolaire, on abrogea à toute fin pratique le libre
exercice de leur langue au parlement provincial, devant les cours de justice,
dans tous les ministères de ces neuf (9) provinces anglaises.
Nous croyons avoir prouvé, hors de tout doute, selon les faits
historiques précédemment énumérés, que la
Confédération Canadienne de 1867 a été une formule,
un système, un instrument, imposés par le gouvernement
impérial de Londres, qui a permis à la majorité anglophone
du Canada, d'assimiler les canadiens-français des neuf provinces
anglo-canadiennes.
CHAPITRE II
Situation actuelle de la langue et de la culture françaises dans
l'Etat du Québec (1960 à 1968).
Voici un résumé de l'état actuel de la langue et de
la culture françaises dans l'Etat du Québec:
Selon le volume intitulé: « L'Immigration au Canada »
de Rosaire Morin, édité en 1966, nous vous soumettons les
statistiques suivantes: Page 69, tableau no 59, M. Rosaire Morin établit
par le tableau des naissances et décès la baisse continue de
notre natalité de 1926 à 1960.
En conclusion du tableau 59 page 70 de l'étude de M. Rosaire
Morin, il ressort qu'une politique de redressement s'impose concernant la
natalité de la population française de l'Etat du
Québec.
De la page 74, nous extrayons, tiré du livre de l'étude de
M. -Rosaire Morin, le texte suivant: L'Immigration au Canada
Malgré notre proportion de 80.6% de la population, nous sommes
dominés et asservis dans notre vie économique. Nos ressources
naturelles immenses sont exploitées au profit de l'étranger.
Absents de la haute finance, de la grande industrie et du grand commerce, nous
contrôlons à 12% nos assurances-vie, nos assurances
générales, nos banques et nos fiducies.
« Au Québec, dix rois étrangers se partagent 51
directorats dans 14 entreprises géantes dont l'actif dépasse 21
milliards, soit plus que la richesse totale des entreprises
canadiennes-françaises. Ces rois sont Georges Arnold, Reeve Hart, Colin
W. Webster, George Wesley Bourke, G. Blair Gordon, Hubert Gray Welsford, Norris
Roy Crump, Robert Dickson Harkness, R. Ewart Stavert, Herbert Hayman Lank. H.
Greville Smith ». Fin de la citation.
Ces dirigeants étrangers ont puissamment contribué, depuis
près d'un siècle, à l'anglicisation de milliers de
travailleurs canadiens-français de l'Etat du Québec.
La comparaison entre la langue maternelle et l'origine démontre
que l'anglicisation est monnaie courante dans les Iles de Montréal et
Jésus. 82.9% des habitants du Québec qui ont adopté
l'anglais comme langue maternelle sont domiciliés à
Montréal. L'influence du français y est restreinte et son
rayonnement limité.
La population néo-montréalaise selon le
groupe ethnique, 1961
Tableau 87
Groupes ethniques Zone métropolitaineMontréal
Britannique 79,762 32,978
Français 28,575 17,876
Allemand 18,707 9,979
Italien 63,364 51,816
Hollandais 4,193 1,416
Polonais 15,823 10,903
Russe à,239 3,693
Scandinave 2,856 1,225
Ukrainien 6,660 4,740
Autre Européen 86,083 62,660
Asiatique 6,120 4,546
Autres 3,709 2,450
Les Français immigrés représentent 8.8% des
immigrants de la zone Métropolitaine et les Britanniques comptent pour
24.8%. La disproportion choque. Dans le milieu montréalais, neuf sur dix
immigrants rejoignent l'élément anglophone. Même les
groupes ethniques apparentés au point de vue culturel et racial passent
graduellement à l'élément anglais. Avec la croissance de
l'immigration, il est à redouter qu'un bon matin, nous nous
réveillions en minorité dans la seconde ville française au
monde.
Il faut remonter le courant. Il faut noyer Montré al
d'éléments français. Il vaut mieux établir un
Allemand à St-Louis du Ha! Ha! et dix Français à
Montréal.