Journal des débats (Hansard) of the Committee on Culture and Education
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, September 19, 2024
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Vol. 47 N° 50
Special consultations and public hearings on Bill 64, An Act to establish the Musée national de l’histoire du Québec
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11 h (version non révisée)
(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Rivest) : Alors.
Bonjour à tous, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission aujourd'hui se réunit afin
de poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 64, Loi instituant le Musée national
de l'histoire du Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata) est remplacée par Mme Poulet
(Laporte) et Mme Ghazal (Mercier) est remplacée par M. Zanetti
(Jean-Lesage).
Le Président (M. Rivest) : Merci.
Nous allons entendre les témoins suivants : le Syndicat de
professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec et M. Jean Hébert
en présence.
Je souhaite la bienvenue aux représentants
du Syndicat du gouvernement du Québec et je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour réaliser votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à débuter votre
exposé.
M. Trudel (Martin) : D'accord.
Merci beaucoup. Donc, Mmes et MM. les députés et députées, membres de la
Commission de la culture et de l'éducation, membres du SPGQ plus affectés à la
bonne marche de cette commission et des travaux parlementaires en général,
bonjour. Je suis Martin Trudel, troisième vice-président du SPGQ. Je suis
accompagné de Mélanie Robert, conseillère en relations de travail et à la
négociation, et de Jean-François Landry, conseiller politique.
Le SPGQ est le plus grand syndicat de
personnel professionnel du Québec. Il représente plus de 35 000 spécialistes
travaillant au sein des ministères et organismes de l'État québécois. Parmi
ceux-ci, nous représentons près de 200 professionnels et professionnels
dans les trois musées nationaux du Québec, soit le Musée de la civilisation du
Québec, le Musée d'art contemporain et le Musée national des beaux-arts du
Québec.
Ces expertes et experts jouent un rôle
crucial dans la préservation, la recherche et la diffusion de notre patrimoine
culturel. La volonté du SPGQ de réagir au projet de loi n° 64
repose sur le fait que nos membres, en particulier les 115 professionnels
du Musée de la civilisation, détiennent l'expertise nécessaire et sont
stratégiquement placés pour faire connaître l'histoire du Québec. Leur
expertise et leur dévouement ont déjà permis au Musée de la civilisation de
devenir une institution de renommée internationale reconnue pour la qualité de
ses expositions et de ses collections. Le projet de loi donne peu de détails
sur la nature du Musée national de l'histoire du Québec. Nous nous interrogeons
sur la pertinence de créer un nouveau musée national avec une structure de
gestion indépendante du MCQ, institution muséale déjà dédiée en grande partie à
l'histoire du Québec, d'autant plus que le projet de loi ne prévoit rien en ce
qui concerne un des aspects fondamentaux des musées, soit les collections.
Pourtant, au Québec et ailleurs dans le monde, les institutions qui portent le
nom de musée ont pour mission d'acquérir, de conserver, d'étudier et de mettre
en valeur des collections.
Le MCQ remplit déjà cette mission. En
effet, il possède des collections riches et variées qui couvrent l'histoire du
Québec et de ses communautés. En effet, alors que la mission du MCQ vise à
faire connaître l'histoire et les diverses composantes de notre civilisation,
notamment les cultures matérielles et sociales des occupants du territoire
québécois et celles qu'ils ont enrichies, celle envisagée par le MNHQ est de
faire connaître et de promouvoir l'histoire du Québec, sa culture et son
identité distincte, ainsi que de témoigner de l'évolution de la nation
québécoise de la part des communautés qui ont façonné son parcours et son
territoire. La création d'un nouveau musée entraînerait un dédoublement de
missions, ce qui pourrait diluer les ressources et les efforts du MCQ.
Rappelons aussi que le réseau des musées québécois est déjà fragilisé depuis
plusieurs années...
11 h 30 (version non révisée)
M. Trudel (Martin) : ...le
projet des Espaces bleus est venu ajouter une pression additionnelle sur les
institutions régionales. Nous tenons aussi à souligner que le projet amène des
craintes chez nos membres, bien qu'il soit prévu que les conditions de travail
du MCQ suivent, alors qu'il reste beaucoup d'incertitudes autour du projet.
Le MCQ a accumulé, au fil des années, des
artéfacts, des documents et des œuvres d'art qui témoignent de l'évolution de
notre société. Plutôt que de disperser ces trésors dans une nouvelle
institution, il serait plus judicieux de renforcer et d'enrichir les
expositions actuelles, surtout que le projet de loi ne prévoit pas de volet
collectionnement pour le MNHQ.
Bien que l'emplacement du nouveau musée ne
soit prévu que le... dans le projet de loi, nous savons que l'établissement
sera sur le site du Séminaire situé dans le Vieux-Québec. Cette zone est déjà
desservie par une offre muséale riche et diversifiée portant sur l'histoire du
Québec. Le MCQ et d'autres institutions culturelles y sont déjà implantés.
Le SPGQ estime que tant l'utilisation du
lieu et les objectifs poursuivis à travers le projet de loi n° 104
pourraient exister mais à l'intérieur de la structure administrative du MCQ. Ce
musée a déjà l'infrastructure, l'expertise et l'expérience nécessaires pour
gérer des expositions et des programmes éducatifs sur l'histoire du Québec.
Plutôt que de créer une nouvelle structure administrative, il serait plus
efficient de renforcer les capacités du MTC pour qu'il puisse assumer ses
nouvelles responsabilités.
D'autres exemples de sociétés d'État qui
réagissent... qui régissent plus d'un musée existent en Amérique du Nord :
le Musée canadien de l'histoire à Gatineau et le Smithsonian Institution aux
États-Unis intègrent des musées, des missions et des bâtiments différents sous
une même société d'État. Ces modèles montrent qu'il est possible de concentrer
les efforts de préservation et de diffusion de l'histoire nationale sans créer
de nouvelles entités autonomes.
Dans les années passées, le MCQ a d'ailleurs
eu sous sa responsabilité le Musée de l'Amérique francophone, le musée
Chevalier, le Musée de Place royale et il gère encore le centre national d'études
et de conservation des collections. Cette expérience prouve que le MCQ est
capable de gérer des collections et des expositions spécifiques tout en
maintenant une cohérence institutionnelle. Il n'est pas nécessaire de créer une
structure autonome pour mettre de l'avant l'histoire du Québec et de la nation
québécoise.
Donc, nos conclusions et recommandations
où le SPGQ invite le gouvernement à considérer la création de nouveaux musées
et à privilégier le renforcement... le renforcement du Musée de la civilisation
pour garantir une gestion efficace et cohérente du patrimoine historique et
soumettre à cet effet trois recommandations.
La première : renforcer le MCQ par l'optimisation
des ressources et la valorisation de l'expertise existante. En intégrant
directement la mission souhaitée du MNHQ au sein du MCQ, le dédoublement des
efforts et des ressources serait évité, permettant ainsi une utilisation plus
efficace des fonds publics. Il est essentiel de valoriser et de soutenir cette
expertise plutôt que de la disperser.
Deuxième recommandation : assurer un
financement adéquat des institutions muséales. Les dernières années ont été
difficiles pour les musées. Avant de créer une nouvelle institution, le
gouvernement devrait s'assurer que les musées existants ont des budgets de
fonctionnement et de développement suffisants.
Troisième recommandation : encadrer
correctement la mission. Si le gouvernement va de l'avant avec la création du
MNHQ, le SPGQ recommande de mieux encadrer la mission de celui-ci par une
réelle évaluation des besoins pour éviter les dédoublements avec le MCQ.
Donc, merci de votre attention. Ça termine
notre intervention.
Le Président (M. Rivest) : Merci,
merci à vous. Maintenant, l'exposé est terminé. Je vous remercie pour cela. On
va maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à
vous. On a 13 minutes 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup.
Merci, M. le Président. Merci à vous d'être avec nous aujourd'hui, de vous
avoir... de vous être préparés et de venir nous témoigner de ce que vous
pensez, ce que vous pensez du projet de loi. Je commencerais d'abord avec une
question, parce qu'on a eu beaucoup, bon, de gens qui sont, jusqu'à maintenant,
venus nous partager leur point de vue, surtout des historiens, par exemple, des
gens liés aux musées. Donc, est-ce que c'est juste de dire que, dans le cas qui
nous occupe, la position que vous venez défendre aujourd'hui, c'est davantage
une position syndicale, donc, la position des membres que vous représentez
plutôt que... comme point de vue muséal sur le projet de loi?
M. Landry (Jean-François) : C'est
certain qu'on ne rentrera pas d'historiographie et de muséologie. Il y a quand
même certains éléments dans nos recommandations qui viennent toucher des
aspects de la... des musées, mais c'est vu de l'expertise de nos membres qu'on
a consultés pour l'exercice. Mais évidemment, on vient représenter une position
syndicale par rapport à... les structures...
M. Landry (Jean-François) : ...qui
sont mis en place, là, par le gouvernement.
M. Lacombe : Donc, il est davantage
question, pour vous, aujourd'hui, de venir nous démontrer, pour vous, ce qui
serait davantage gagnant pour les employés du musée, d'un point de vue de leurs
conditions de travail? Puis là je n'entends pas le salaire, là, mais j'entends
leurs conditions d'exercice, leurs conditions d'emploi.
Mme Robert (Mélanie) : Bien,
en fait, c'est des préoccupations qui nous ont été soumises, là, de la part des
membres. Étant donné que le projet de loi a juste quatre pages, c'est sûr que
ça a créé de l'incertitude auprès des membres. Donc, on les a consultés, là,
pour venir ici, effectivement.
M. Lacombe : D'accord. Sur la
mission du Musée national de l'histoire du Québec, et en comparaison avec celle
du Musée de la civilisation, vous nous dites que le Musée de la civilisation,
principalement, s'occupe déjà... vous avez dit... je ne veux pas mettre des
mots dans la bouche, tantôt, là, mais si je vous cite un peu librement, vous
avez dit : S'occupe déjà de ça, majoritairement, là, c'est déjà l'essentiel
de sa mission, au Musée de la civilisation. Vous vous basez sur quoi pour dire
ça?
Mme Robert (Mélanie) : Bien,
veux-tu que j'y aille? Au début... Bien, en fait, il nous a été rapporté qu'il
y a présentement une exposition permanente au musée, puis cette exposition a la
même superficie que le musée que vous voulez, déjà, créer. Donc, ça, c'était
une information qu'on a eue, donc on se base là-dessus. Jean-François...
M. Trudel (Martin) : Je
pourrais juste répondre. Ce n'est pas nécessairement majoritaire, mais il y a
déjà cette mission-là au Musée de la civilisation.
M. Lacombe : D'accord. Bien,
la nuance est importante parce que, tantôt, vous sembliez dire que, et je
voulais juste préciser avec vous, que le Musée de la civilisation, son
principal objet d'étude, entre guillemets, ou, en tout cas, sa principale
mission, c'est l'histoire. Je voulais juste clarifier avec vous.
• (11 h 40) •
Mme Robert (Mélanie) : O.K.
Non, non. Il y a une exposition déjà existante.
M. Landry (Jean-François) : Mais,
si on regarde la mission du Musée de la civilisation, qui est de faire
connaître l'histoire des composants de notre civilisation, notamment les
cultures matérielles et sociales des occupants du territoire québécois, on
comprend qu'il peut y avoir une distinction entre la nation québécoise et les
occupants du territoire québécois.
M. Lacombe : Bien, il y en a
une grande.
M. Landry (Jean-François) : Oui,
mais ça reste quand même... l'élément essentiel du Musée de la civilisation
tourne autour du Québec.
M. Lacombe : D'accord.
M. Landry (Jean-François) : Donc,
pour nous, la distinction entre les deux missions peut causer problème. Ça a
été abordé par d'autres intervenants, préalablement, à la commission parlementaire...
dans les premiers jours de la commission, comment est-ce que les deux
institutions vont collaborer, le partage des collections, le partage des
ressources humaines aussi, c'est sûr que... On l'a mentionné, il y a des
éléments qui créent des incertitudes chez nos membres. Ça a été mentionné aussi
en commission, l'aspect politique qu'il ne faudrait pas y avoir dans le musée.
Donc, c'était un des éléments que...
M. Lacombe : bien, la plupart
des intervenants sont venus nous dire, sur l'aspect politique, si on referme
cette parenthèse-là tout de suite, qu'il n'y avait pas d'inquiétude, vraiment.
M. Landry (Jean-François) : Bien,
qu'il n'y avait pas d'inquiétude, mais que c'est quelque chose qu'il faut
prévoir, donc.
M. Lacombe : Exact. Bien,
c'est-à-dire, c'est, bien sûr, l'idéal à atteindre, c'est ce qu'ils nous
disent, mais lorsqu'on leur demande : Pensez-vous qu'on va y arriver?
Êtes-vous inquiet? Ils disent : On n'est pas du tout inquiets, on pense
que tout est en place pour que ce soit à un bon bras de distance du politique,
comme les autres musées, d'ailleurs. Est-ce que vous êtes de cet avis-là.
M. Landry (Jean-François) : Quand
ce sera mis en place, je pense que oui. Ce n'est pas nécessairement là,
l'inquiétude. Nous, ce qu'on questionne, c'est vraiment le cœur de notre
préoccupation, c'est : est-ce qu'il y a vraiment une nécessité de créer
une autre structure, plutôt que d'utiliser ce qui existe déjà dans le monde
muséal, dans les musées nationaux?
M. Lacombe : Mais, sur
l'ingérence politique, juste pour que ce soit clair dans mon esprit, vous,
est-ce que vous pensez que le musée va être indépendant? Est-ce que c'est
quelque chose qui vous inquiète?
M. Landry (Jean-François) : Pas
sur l'indépendance.
M. Lacombe : D'accord.
M. Landry (Jean-François) : Mais
si... Juste pour compléter, dans le fond, c'est que les éléments qui ont été
mis de l'avant, pour l'instant, c'est parti des espaces bleus. Là, il y a le
musée national de l'histoire qui est mis de l'avant pour le gouvernement, mais
ça n'a pas nécessairement été l'objet d'une consultation plus large du monde
muséal au préalable. Donc, c'était plus là, la préoccupation, d'est-ce qu'on
fait les choses dans le bon ordre?
M. Lacombe : La création d'un
musée, vous voulez dire?
M. Landry (Jean-François) : La
création du musée.
M. Lacombe : Effectivement,
mais vous êtes conscients, j'imagine bien, que le contenu des expositions est
réalisé en vertu de ce qui va être donné comme orientations par le comité
scientifique qui va être mis sur pied par le Musée de la civilisation.
M. Landry (Jean-François) : Oui.
M. Lacombe : Donc, ce ne sont
pas des... ce n'est pas le ministère de la Culture, là, qui réalise ça. Sur...
Bien, je veux juste revenir sur la mission parce que ça me fascine un peu, ce
débat, quand même, parce que moi, j'y vois des distinctions importantes.
Tantôt, vous avez dit : C'est vrai, qu'il y a une distinction entre la
nation québécoise puis l'histoire de la nation québécoise et l'histoire des
occupants, donc, au pluriel, du territoire québécois, de leurs cultures, donc,
au pluriel, matérielles et sociales. Donc, on comprend qu'on parle davantage
d'un musée de...
M. Lacombe : ...donc, qui
peut parler de toutes les composantes de la société québécoise. D'ailleurs, les
intervenants de la Fondation Lionel-Groulx nous disaient qu'il y a une énorme
différence entre la société et la nation. Donc ça, c'est le Musée de la
civilisation. Du côté du Musée national de l'histoire du Québec, c'est
principalement l'histoire de la nation québécoise. Donc, il y a là une
différence qui est, pour moi, majeure, qui est donc beaucoup plus que
significative, elle est majeure. Vous ne trouvez pas que c'est suffisant?
M. Landry (Jean-François) : Suffisant
pour créer une autre institution, on ne pense pas. On pense que ça peut se
faire dans le cadre du Musée de la civilisation, parce qu'au même titre que le
Musée de la civilisation, sa mission, c'est sur la civilisation, notamment le territoire
québécois. Le Musée de l'histoire, ce qui est prévu, c'est sur la nation
québécoise et la part des communautés qui l'ont... Donc, d'une manière ou d'une
autre, puis on n'est pas les seuls à le mentionner, cette ambivalence des deux
missions.
M. Lacombe : Puis c'est vrai
que certains autres intervenants, je n'ai pas fait le pointage, mais je pense
qu'en majorité les gens voient une distinction qui est assez... pardon, qui est
assez marquée, mais, bon, vous avez répondu à mes questions là-dessus,
j'entends bien vos réponses.
Sur les collections, je veux peut-être
vous donner l'occasion de préciser votre pensée. Qu'est-ce qui vous fait
craindre que le musée ne puisse pas constituer sa propre collection?
M. Landry (Jean-François) : En
fait, c'est un questionnement par rapport à la mission du Musée de la
civilisation, qui prévoit des éléments de collectionnement, alors que, dans le
Musée national de l'histoire, ce n'est pas prévu dans ce qui a été mentionné,
parce que, comme on l'a dit, il y a peu de choses qui sont qui sont prévues
dans le projet de loi, vu qu'il n'est pas très long, mais c'est correct. Mais
il y a eu beaucoup mention d'un musée à vocation électronique, donc, des
collections peut-être numériques. Donc, on se questionne sur... jusqu'à quel
point il y aurait un partage entre ce qui se fait par le Musée de la
civilisation puis ce qui serait fait par le Musée national de l'histoire.
M. Lacombe : ...donc, les
collections. Mais, en fait, le projet de loi vient instituer le Musée national
de l'histoire du Québec. C'est un projet de loi qui modifie la Loi sur les
musées nationaux pour faire exister le Musée national de l'histoire du Québec.
Et la Loi sur les musées nationaux prévoit déjà, c'est à l'article 22.2 que, si
je ne m'abuse, que les musées nationaux... En fait, un musée doit adopter une
politique générale de gestion des collections qui regroupe notamment, un, les
axes de développement retenus pour ses collections, etc. Donc, ça, est-ce que
ça vous rassure? C'est déjà prévu à la loi.
M. Landry (Jean-François) : A
priori, ça pourrait rassurer, on n'a pas regardé cet élément-là, en
particulier, dans la modification de la loi.
M. Trudel (Martin) : On peut
dire que c'est une préoccupation des membres que ce musée-là puisse avoir des
connexions. On n'était pas certain.
M. Lacombe : D'accord. Bien,
en fait, donc, ça me permet de vous faire la précision. On crée le Musée
national de l'histoire du Québec, qui devient donc un musée national dans la
loi. Et la loi, elle prévoit déjà que tous les musées nationaux ont cette
responsabilité, même, de se doter d'une politique puis de... bon, pour gérer
leurs collections. Et, à l'intérieur même du projet de loi, on l'écrit, je
pense que j'ai ça ici, peut-être pour vous rassurer un peu plus encore. Donc,
24.1, à l'alinéa 3°, «d'assurer une présence du Québec dans le réseau
international des manifestations muséologique par des acquisitions, des
expositions et d'autres activités d'animation». Donc, on parle aussi d'acquisitions
dans notre projet de loi, là. Ce qu'on vient... ce qu'on propose pour modifier
la Loi sur les musées nationaux, on propose aussi l'acquisition. Ça fait que je
vous le mentionne.
Qu'est-ce qui inquiète vos membres dans le
transfert qui pourrait être fait? Est-ce que ça, c'est une inquiétude de
marquée?
Mme Robert (Mélanie) : Oui,
c'est une inquiétude, parce que les membres qui seraient transférés, en fait,
c'est ceux qui avaient été engagés, des occasionnels pour les espaces bleus.
Donc, ils se demandent, leur poste, qu'est-ce qui va arriver, qu'est-ce qu'ils
vont faire? Ce n'est pas précisé, évidemment, dans la loi, mais c'est sûr que
c'est des grandes préoccupations, l'incertitude. Déjà qu'ils avaient un
statut... tu sais, d'occasionnel... Donc, c'est sûr que ça, ça les inquiète. On
comprend qu'il y a un deux ans pour créer le musée, mais après, qu'est-ce qu'il
va avoir? Tu sais, c'est ça qui les inquiétudes, vraiment, à savoir, après
aussi. Présentement, si c'est adopté, O.K., ils vont travailler, des petites
fourmis qui vont travailler, mais c'est après.
M. Lacombe : Oui, puis
d'ailleurs, ils font de l'excellent travail et, pour cette raison-là, moi, je
pense qu'ils ne devraient pas avoir d'inquiétude parce que...
M. Lacombe : ...justement, ces
gens travaillent sur les expositions, travaillent sur le futur Musée national
de l'histoire du Québec, qui pourrait aller de l'avant si mon projet de loi est
adopté, mais on aura besoin d'eux. On aura besoin d'eux par la suite parce qu'on
devra faire des embauches. Puis d'ailleurs le projet de loi le stipule bien,
là, qu'il pourra y avoir un transfert. Donc, est-ce que ce serait... est-ce que
ce n'est pas plutôt rassurant, même, à l'inverse, de dire... Ces gens qui ont
un emploi qui est un peu plus précaire en ce moment, il y a eu l'incertitude
entourant les Espaces bleus, et là, maintenant on leur dit : On a ce
projet, évidemment, on souhaite qu'il aille de l'avant avec l'adoption du
projet de loi, et au terme duquel vous allez pouvoir être embauchés, parce que
le projet de loi indique bien qu'il pourra y avoir des transferts... du
transfert de personnel. Est-ce que ce n'est pas plutôt rassurant?
Mme Robert (Mélanie) : Bien,
je suis contente de vous entendre si vous le dites comme ça. Ce n'est pas comme
ça que c'est écrit dans la loi, donc c'est sûr que ça peut mener à du positif
pour eux, mais n'empêche que ça crée des incertitudes. Ils vont sûrement nous
écouter aujourd'hui, donc...
M. Trudel (Martin) : Oui, ça
peut être... ça va être rassurant, pour eux, de vous entendre dire ça...
Mme Robert (Mélanie) : C'est
ça.
M. Trudel (Martin) : ...les
35 vont pouvoir continuer dans le nouveau musée d'histoire nationale.
Mme Robert (Mélanie) : Oui,
c'est ça. Parce que vous savez qu'il y a présentement 35... environ 35...
M. Lacombe : Oui, 37.
Mme Robert (Mélanie) : 37.
35... 37. Mais il y en a deux qui sont...
M. Lacombe : Oui. Bien, moi,
on me dit... je ne suis pas un expert des relations de travail, là, comme vous...
Mme Robert (Mélanie) : Non.
C'est moi.
M. Lacombe : C'est ça. C'est
vous puis c'est M. Nolin. Mais on me dit que les... pour les employés
occasionnels, il n'y a pas... il n'y a pas de stress, c'est un transfert. Les
gens vont continuer de travailler automatiquement. Et donc, ça, c'est une bonne
nouvelle.
Mme Robert (Mélanie) : Puis
les statuts vont changer? Est-ce que vous... Parce que là, ils sont
occasionnels. Moi, je veux savoir...
M. Lacombe : Ah! bien là, je
ne m'obstinerai pas sur les...
Une voix : ...
• (11 h 50) •
Mme Robert (Mélanie) : C'est
ça.
M. Lacombe : Je ne peux
pas...
Mme Robert (Mélanie) : Vous
ne pouvez pas vous avancer?
M. Lacombe : Oui. Là, je ne
m'aventurerai pas sur ce terrain-là parce que vous avez l'avantage, vous avez
l'avantage, puis je ne voudrais pas vous induire en erreur. Mais moi, je dirais
que ça complète un peu les questions que j'avais à la suite de votre exposé.
Mais il nous reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Rivest) : ...
M. Lacombe : Deux minutes. Si
mes collègues n'ont pas de question, je vous permettrais peut-être, avec les
deux minutes restantes, de... si vous avez un point que vous n'avez pas eu le
temps d'aborder, si vous voulez réagir à quelque chose que j'ai moi-même
abordé. Sinon, on peut passer au prochain... à la prochaine intervenante. Je la
donnerais au député de Jean-Lesage à la place. Il en a beaucoup moins que vous.
Le Président (M. Rivest) : Est-ce
que... Est-ce que ça vous convient ou ça...
Une voix : ...
Le Président (M. Rivest) : O.K.
Parfait. Alors, merci, M. le ministre. Ça va vous rajouter, vous aviez trois
minutes et quelques, je vais vous le confirmer, trois minutes, vous en auriez
cinq. Cinq min et 48 s, pour être précis. Alors, bien, merci, M. le
ministre. Je vais céder maintenant la parole à la députée de l'opposition
officielle, la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Bonjour. Merci
d'être ici. Un témoignage hautement pertinent, compte tenu que vous n'êtes pas
les seuls. Il y en a eu quand même plusieurs groupes qui ont les mêmes
préoccupations que vous en ce qui a trait aux dédoublements de mission. Et
même, on pourrait aller plus loin. Je comprends, dans votre mémoire, là, que
vous avez parlé de la préoccupation que cela pourrait diminuer les ressources
et les efforts du Musée de la civilisation. On a la professeure Christine
Bernier, que nous allons entendre cet après-midi, qui va même peut-être plus
loin, que peut-être que ça pourrait vampiriser le Musée de la civilisation.
Donc, je voulais vous entendre un petit peu plus là-dessus.
Et, en termes des préoccupations des
professionnels que vous représentez, il y en a 115 au musée, donc peut-être
élaborer sur toutes les préoccupations.
M. Landry (Jean-François) : Si
je peux y aller sur la vampirisation, c'est... bien, un des éléments qu'on a
amenés par exemple dans notre mémoire, c'est l'offre muséale qui est déjà
présente, très présente dans le Vieux-Québec. Il y a déjà beaucoup
d'institutions autres que des musées aussi qui sont... qui sont présentes. Puis
évidemment, quand les gens ont à se présenter, à visiter des musées, bien, ils
font des choix. Nous, ce qu'on... ce qu'on mentionne, puis c'est un peu une
logique avec laquelle on revient dans différentes recommandations, pas juste
ici dans le p.l. 64, c'est pourquoi créer des nouvelles structures, alors que
ça peut se faire dans le mode existant. On faisait exactement la même
recommandation, la semaine dernière, au p.l. 61 sur la création de Mobilité
Infra Québec. Donc, il y a un peu cette logique-là de dire : Est-ce que
c'est une bonne utilisation des fonds publics, de créer des structures? Ça va
prendre plus de temps encore pour mettre en place les expositions, parce qu'il
va falloir mettre en place un conseil d'administration, une nouvelle
organisation, alors que les professionnels...
M. Landry (Jean-François) : ...qui
travaillent sur les expositions sont déjà présents actuellement au Musée de la
civilisation. Donc, pour nous, il y aurait moyen de donner des orientations
gouvernementales pour mettre de l'avant la nation québécoise. Ça pourrait être
un volet du Musée de la civilisation qui serait... qui serait mis en place. On
donne des exemples, par exemple, le Smithsonian, à Washington, le Musée
canadien d'histoire à Ottawa, où c'est un musée, mais qui a différents volets
Le Musée de la civilisation a déjà fonctionné aussi dans ce modèle-là, avec
d'autres... d'autres organisations. Donc, c'est quelque chose qui existe déjà,
pour nous, ce serait plus simple, ce serait une meilleure utilisation des fonds
publics et du temps aussi, pour prendre l'expertise des professionnels qui sont
déjà là. Donc, plutôt que d'avoir une période d'incertitude, même si on sait qu'ils
vont être transférés avec les conditions de travail qui sont prévues
actuellement au musée, bien, ça va quand même amener de l'incertitude, alors
que ce serait possible de le faire dans les moyens actuels.
Mme Robert (Mélanie) : J'ai
un complément d'information à votre question aussi. Sur les préoccupations, il
y avait aussi le fait de mettre à terme dans deux ans, à l'adoption de la loi.
Donc, on trouvait... bien, «on», les membres trouvaient, en fait, bon, que ça
mettait de la pression sur eux pour un livrable dans une courte durée, là.
C'était une préoccupation qui nous a été soumise par ailleurs.
Mme Garceau : Est-ce qu'il y
a une préoccupation, également, puisqu'on est dans le sujet... Ce n'est pas...
on n'a pas vraiment précisé, c'est l'article 11, je crois, là, au niveau du
transfert du personnel. Je comprends, pour ceux qui étaient attitrés, là, au
niveau des espaces bleus, mais d'autres membres du personnel du Musée de la
civilisation... est-ce qu'il y a une inquiétude qu'on pourrait... qu'ils
pourraient être imposés de travailler au nouveau musée? Est-ce que c'est une
inquiétude, de transfert, peut-être, imposé, qu'ils vont devoir? Non?
Mme Robert (Mélanie) : Je ne
pense pas que... Tu sais, je ne suis pas le MCQ, non plus, là, mais je pense
qu'il y aurait des discussions entre l'employeur et moi, là, s'il y avait...
s'ils imposaient, là, des transferts comme ça, je pense qu'il y aurait des
discussions à y avoir. Ce n'est pas dans le projet de loi non plus, puis je
n'ai pas eu... je n'ai pas ces préoccupations-là... aujourd'hui.
M. Trudel (Martin) : ...particulièrement
préoccupés que ce soit au choix des membres, que ce ne soit pas imposé.
Mme Robert (Mélanie) : C'est
ça. C'est pour ça que je dis... des discussions avec l'employeur, là.
Mme Garceau : Non, c'est pour
ça, parce que c'est peut-être dans le détail, lorsqu'on sera rendu là...
Mme Robert (Mélanie) : Tout à
fait.
Mme Garceau : ...au niveau de
cette disposition particulière. Je comprends que vous représentez quand même,
là, 35 000 membres. Je voulais savoir, est-ce qu'il y a eu écho ou... vous en
avez touché un peu, en ce qui a trait à l'impact de la création d'un nouveau
musée, surtout dans la ville de Québec, puisqu'il y a le Musée de la civilisation.
Est-ce qu'ils peuvent coexister, deux musées qui vont sensiblement avoir la
même mission, et ça, c'est l'histoire du Québec?
Mme Robert (Mélanie) : Bien,
ce qu'on vient faire ici, c'est de vous dire qu'il y aurait peut-être un
dédoublement de la mission. Donc, ça va de soi que, s'il y a des changements au
projet de loi, ça pourrait plus cohabiter, d'une certaine façon, là, mais...
Jean-François.
M. Trudel (Martin) : Bien,
moi, je voudrais rajouter qu'on sent qu'il y a une saturation du nombre de musées
possibles que les gens vont fréquenter. Si on voit... Pour aller au Musée de la
civilisation, il y a plusieurs types d'expositions, donc, on y va puis on va
voir différents... mais je pense que, dans les habitudes des touristes ou
Québécois, ça se pourrait que le choix, ce ne soit pas nécessairement fait pour
les plus petits musées comme ceci, puis je pense qu'il y a certains musées,
justement, que ça va peut-être moins bien à cause de ça, là, ça cause qu'il y a
une trop grande offre.
M. Landry (Jean-François) : Si
je peux, peut-être, juste compléter, ce qui nous a été rapporté, en termes de
besoin muséal, pour la région Québec, ce serait plus un musée des sciences,
qu'on ne retrouve pas dans la région de Québec. Je pense qu'il y a d'autres
intervenants qui l'ont mentionné aussi lors de la commission. Donc, c'est cet
élément-là qui nous a été ramené, en termes d'offre muséale, là.
Mme Garceau : Je vais vous
poser la question, puisque vous avez touché un peu, en termes de la pertinence
et le pourquoi... et c'est suite à l'annonce qu'on a mis un terme... le
ministre a mis un terme aux espaces bleus. Est-ce que, pour vous, le choix d'un
musée de l'histoire, c'est un choix politique, et non de nécessité?
Des voix : ...
Mme Robert (Mélanie) : ...s'avancer.
Mme Garceau : Non, je vous
pose la question.
Mme Robert (Mélanie) : Ici,
on représente les membres. On a avancé nos préoccupations. On n'a pas dit qu'on
était nécessairement contre ça, on a des recommandations, on dit la meilleure
façon qu'on pense que ça pourrait être viable...
Mme Robert (Mélanie) : ...mais
je ne pense pas que notre mandat ici, c'est de s'avancer sur le politique.
M. Landry (Jean-François) :
Le seule chose que je rajouterais, c'est ce qu'il y a, ce qui aurait
probablement dû être fait, c'est une consultation préalable à l'annonce.
Mme Garceau : Une
consultation préalable, j'étais pour... j'arrivais là parce qu'il y a d'autres
groupes qui en ont mentionné en termes de déterminer les besoins dans l'écosystème
muséal ici, au Québec, les besoins de créer un autre musée de cette envergure
dans la ville de Québec, surtout lorsque nous savons très bien que plusieurs
musées régionaux sont sous-financés. Est-ce que vous avez écho des musées
régionaux en termes de leurs inquiétudes?
M. Landry (Jean-François) :
Parce qu'il nous a été rapporté. C'est sûr que nous, on représente les membres
des musées nationaux donc, pas des musées régionaux. Par contre, le financement
des musées au Québec en général, c'est une préoccupation du milieu depuis de
nombreuses années. Donc, c'est sûr que quand il y a une nouvelle institution
qui arrive, bien, là, il y a des préoccupations sur où va aller le financement,
que ce soit par les autres musées nationaux ou par les musées régionaux. Donc,
c'est sûr qu'il y a des préoccupations à ce niveau-là. On le mentionne aussi
dans nos recommandations de se questionner à savoir bien, si... est-ce qu'on ne
devrait pas assurer au préalable un bon financement des institutions qui
existent actuelles avant d'en créer une autre pour s'assurer que ce soit
pertinent? Parce qu'on pourrait se retrouver avec la création d'un musée
national de l'histoire qui est très beau sur papier, mais que dans les faits,
pourrait être une coquille presque vide si le financement ne suit pas.
• (12 heures) •
Mme Garceau : Et donc,
d'après vous, et à la lecture de votre mémoire, votre recommandation, ça serait
de pas mal intégrer la mission dans la... la mission du nouveau musée à
l'intérieur de la mission du Musée de la civilisation que vous avez les
experts, vous avez les professionnels, vous pouvez rencontrer les exigences, si
je peux dire, ou l'objectif de cette mission.
Mme Robert (Mélanie) : Oui,
puis on a la superficie aussi, comme on l'a dit au début, c'est ce qui est
revenu là de nos membres. On l'a ici, puis ils ont la structure, il y a la
volonté aussi de le faire, puis dans le transfert, on a le personnel pour le
faire. Donc...
M. Landry (Jean-François) :
La gestion administrative est déjà là, donc...
Mme Garceau : Dites-moi, en
termes de la consultation nationale, qu'est-ce que vous auriez aimé voir en
termes de consultation, en termes de différents acteurs du milieu? Est-ce qu'il
y a quelque chose en spécifique que vous auriez aimé dans ce dernier.
Mme Robert (Mélanie) : Bien,
les membres nous disent qu'il y avait peut être une place pour un musée des
sciences. Peut-être que c'est ça qui aurait ressorti de la consultation. Mais
c'est... on est dans le peut-être, là, mais...
Mme Garceau : Non, mais...
M. Landry (Jean-François) :
Évidemment dans la consultation, bien, je pense que l'ensemble des intervenants
du réseau muséal, tant les gens en région qui ont déjà vécu des préoccupations
avec l'annonce des espaces bleus finalement qui ont été retirés, là, on a
l'annonce d'un musée national qui va être à Québec avec un volet numérique.
Mais ce qui vient jouer dans l'offre muséale de la région, la région de Québec,
puis, évidemment, c'est un aspect qu'on n'aborde pas de notre côté, là, sur
les préoccupations des premiers peuples, donc qui sont moins dans les
préoccupations du niveau des relations de travail et de la représentation de
nos membres, mais ça doit faire partie des consultations qui devraient avoir
lieu si ça devait se faire.
Mme Garceau : O.K., je
comprends que M. le ministre mise beaucoup d'avoir une exposition permanente
sur l'histoire du Québec. Ça, vous pourriez le faire au Musée de la
civilisation.
M. Trudel (Martin) : Bien, ce
qu'on disait justement, c'est qu'il y a une exposition qui n'est pas permanente
mais semi-permanente d'environ 10 années. C'est quelque chose qui est, qui se
fait déjà, là, au Musée de la civilisation, en effet.
Mme Garceau : Merci.
Le Président (M. Rivest) :
Merci. nous allons... Maintenant, je laisse la parole au député du deuxième
groupe d'opposition, le député de Jean Lesage, pour une période de
5 min 24 s.
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour votre présentation, votre mémoire. Je... je voudrais
avoir votre point de vue à la fois de relation de travail, mais il y a souvent
quelque chose de politique dans les relations de travail, là, par rapport à
l'indépendance du nouveau musée. Ou même l'indépendance du Musée de la
civilisation, là, parce qu'essentiellement, ils vont avoir le même type de
rapport au gouvernement puis...
12 h (version non révisée)
M. Zanetti : ...ce qui nous a
été souligné par beaucoup d'intervenants jusqu'ici, c'est, O.K., si on est pour
faire non pas juste un musée d'histoire, mais un musée, de mémoire, où on
commémore puis où on fait un récit national pour générer de la fierté, bien, ça
va être important que ça ne soit pas instrumentalisé par les gouvernements
successifs, là, peu importe le gouvernement, qu'aucun gouvernement ne puisse s'ingérer
là-dedans. Vous voyez où je veux en venir. Puis là, bien, le mode de
nomination, par exemple, du premier conseil d'administration, la première
direction générale, en gros, c'est le gouvernement qui va nommer ces gens-là,
puis ça va donner le coup d'aller à tout ça. Puis, après ça, ça va être... Les
remplacements seront faits selon les lois établies déjà comme pour les autres
musées.
Mais je ne prends pas pour acquis qu'il n'y
a pas de problème avec la loi actuelle sur les nominations, là. Mais en ne
prenant rien pour acquis par rapport à ça, vous, est-ce que vous avez eu des
échos de vos membres par rapport à ça, c'est-à-dire la... Est-ce qu'ils ont...
Est-ce qu'ils sentent que les institutions, à l'heure actuelle, ont l'indépendance
nécessaire pour pouvoir faire un contenu qui n'est pas instrumentalisé
politiquement par aucun gouvernement?
Mme Robert (Mélanie) : Je
réponds. Ce n'est pas venu jusqu'à mes oreilles, en fait, non. Déjà, le musée,
le mandat du présent directeur est à échéance, sous peu, là, ils vont le
renommer. Puis il va y avoir aussi... Si l'autre musée est créé, mais ils vont
nommer aussi, mais ce n'est pas les préoccupations qu'on a eues à cet effet-là,
non.
M. Trudel (Martin) : Je
pourrais ajouter que c'est une préoccupation générale pour nos membres qu'on
représente, des professionnels, entre autres de la fonction publique, qu'ils
puissent être autonomes, qu'ils puissent être indépendants de ce qui... des
décisions politiques. Donc, oui, ça serait une préoccupation générale aussi
pour les employés des musées.
M. Zanetti : O.K. Mais, si
jamais... Bon, évidemment, là, vous venez aujourd'hui en commission, mais,
après ça, des communications sont possibles tout le temps, après. S'il y a des,
parmi vos membres, des gens qui ont des suggestions particulières par rapport à
ça, parce que ça va être l'occasion d'ouvrir ce pan-là de la loi aussi,
peut-être, de faire des amendements, proposer des choses pour améliorer même l'état
des lois actuelles, puis aussi la façon dont est formulé l'actuel projet de
loi, moi, je serais très intéressé, en tout cas, d'avoir ça. Ça fait que n'hésitez
pas à nous écrire.
Mme Robert (Mélanie) : Sur la
nomination, vous voulez dire?
M. Zanetti : Oui, la façon
dont c'est nommé. Est-ce que la façon dont sont nommés, bien, les C.A. et les
directions générales, ça assure l'indépendance nécessaire à un musée pour
accomplir une mission de façon non partisane? Ce serait ma question pour le
futur.
Mme Robert (Mélanie) : Pour
le futur. O.K. On va la prendre en note.
M. Zanetti : Super! Puis bon,
pour l'encadrement de la mission, j'entends ce que vous dites, là, puis vous n'êtes
pas les seuls à dire ça, il peut y avoir un recoupement. Et évidemment, si,
mettons, tout ça avait découlé d'une espèce d'enquête où on dresse le portrait
général de l'état des musées au Québec puis de leur mission, bien là, on
aurait... Mais là, on essaie d'insérer ça dans quelque chose, puis je pense que
ça répond à un besoin, mettons... Ça fait quelque chose de plus que le Musée de
la civilisation, mais, en même temps, il y a des choses que ça a l'air de faire
qui sont exactement pareilles. Donc, j'entends la question de recoupement.
Vous, est-ce que... Bon, puis vous proposez de... dans le fond, que le nouveau
musée soit un peu inféodé au Musée de la civilisation, en soit une partie pour
éviter qu'il y ait des dédoublements de missions. C'est ce que je comprends.
Puis si, mettons, le gouvernement ne va
pas... Mettons, on avait un plan B, si le gouvernement ne va pas dans cette
voie-là, est-ce que vous auriez une proposition de modification de la mission?
Faudrait-il modifier la mission du nouveau musée ou la mission du musée de la
situation actuelle selon l'écho de vos membres?
M. Landry (Jean-François) : Ce
serait probablement plus simple de modifier la mission du Musée national de l'histoire,
comme on le dit, les deux missions étant assez semblables malgré les
différences. C'est toujours là qu'on revient, c'est la pertinence de se doter d'une
autre structure, un autre conseil d'administration, alors qu'il y a une
institution qui existe depuis de nombreuses années. Puis là c'est peut-être une
préoccupation qui pourrait être répondue, de dire : BIen, est-ce qu'une
organisation qui a son conseil d'administration, qui a une expérience de plus
de 40 ans...
Le Président (M. Rivest) : En
terminant.
M. Landry (Jean-François) : ...est
plus indépendante qu'un nouveau musée qui doit faire sa place avec un nouveau D.G.?
Ça pourrait être une préoccupation.
Le Président (M. Rivest) : Je
vous remercie. Je vous remercie de votre contribution...
Le Président (M. Rivest) : ...à
nos travaux.
La commission suspend quelques instants
afin qu'on puisse accueillir les prochains témoins. Merci à chacun d'entre
vous.
(Suspension de la séance à 12 h 08)
(Reprise à 12 h 11)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
bonjour à tous. On reprend nos travaux en compagnie de M. Jean Hébert et Mme
Nathalie Gravel. Alors, je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour votre
exposé. Par la suite, nous allons procéder à une période d'échange avec les
membres de la commission. Alors, allez-y, on vous écoute.
M. Hébert (Jean) : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les députés. Je suis invité à titre
personnel, officiellement, mais je représente aussi le Regroupement des
géographes du Québec. J'en ai été le vice-président jusqu'à tout récemment.
Donc, on... le Regroupement des géographes du Québec remercie la Commission de
la culture pour cette invitation à partager notre réflexion concernant le
projet de loi n° 64 portant la création du Musée national de l'histoire du
Québec. Donc, nous sommes très heureux d'avoir cette opportunité.
Donc, je suis Jean Hébert et je représente
notre association à la commission. Je suis accompagné par Mme Nathalie Gravel,
qui est professeure agrégée de géographie à l'Université Laval et présidente
sortante de l'Association canadienne des géographes, à laquelle le RGQ est
rattaché. Notre présidente, Mme Chantal Déry, aurait aimé être avec nous
aujourd'hui, mais elle ne pouvait se libérer, donc la présidente du RGQ.
Le RGQ a été créé en 1962 à l'instigation
de professeurs de géographie de l'Université Laval et de l'Université de
Montréal. Donc, il existe depuis une soixantaine d'années sous différentes
appellations. Il a comme mission de défendre les intérêts des géographes
québécois et de favoriser les échanges entre les professionnels, les
chercheurs, les enseignants, les professeurs, les diplômés, les employeurs et
la société dans son ensemble. Donc, le RGQ a comme objectif spécifique de faire
la promotion de l'enseignement, de la recherche et de la pratique
professionnelle de la géographie au Québec, de défendre les intérêts des
géographes du Québec et de contribuer au débat public sur des enjeux de société
d'intérêt pour les géographes du Québec. C'est ce qu'on fait, en fait,
aujourd'hui avec vous.
Donc, les géographes sont présents dans de
multiples sphères de la société, et cela déborde largement les domaines de
l'enseignement ou de la cartographie auxquels nous les associons généralement.
De nombreux géographes...
M. Hébert (Jean) : ...en
aménagement du territoire, en gestion de l'environnement, en développement
régional, en planification des transports, en tourisme ou encore en
développement international.
Je me permets d'illustrer mon parcours
personnel aussi pour montrer ces différentes facettes, là. Je suis géographe
depuis toujours, ayant été séduit par cette discipline dès mes études
secondaires. J'ai fait mes études collégiales en géographie, c'était possible à
l'époque sous cette appellation-là, et j'ai poursuivi à l'université, toujours
en géographie, en me spécialisant en gestion de l'environnement et
développement international lors de mes études graduées. J'ai fait carrière à
Hydro-Québec pendant 30 ans pour réaliser des études d'impact sur
l'environnement de leurs projets internationaux et québécois. Je dirige
maintenant deux associations professionnelles qui font la promotion de l'évaluation
environnementale au Québec et en francophonie, soit l'Association québécoise
pour l'évaluation en impact et le Secrétariat international francophone en
évaluation environnementale. Je suis également membre additionnel au Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement du Québec. Donc, vous voyez que la
géographie et être géographe permet de faire bien des choses. Nous en sommes
fiers.
Donc, nous saluons d'entrée de jeu
l'initiative du gouvernement du Québec de créer le Musée national de l'histoire
du Québec. Il s'agira d'un lieu important qui permettra aux Québécois et aux
Québécoises de mieux se connaître et d'être fiers de leur parcours et de leur
nation. Toutefois, nous croyons que cette initiative serait incomplète si la
dimension géographique n'y était pas ajoutée. Les caractéristiques du
territoire national, son climat, ses ressources naturelles, sa population, les
types d'occupation humaine, ses particularités régionales sont autant
d'éléments de nature géographique parmi d'autres qui façonnent aussi l'identité
et la fierté d'une nation.
La géographie permet aux citoyens et
citoyennes de connaître leur quartier, leur ville, leur région et leur pays. La
géographie est cette discipline qui nous permet de connaître notre territoire
et de le comprendre. Elle permet aussi de savoir comment aménager et développer
ce territoire harmonieusement en protégeant son environnement et son
patrimoine.
Donc, à toutes les échelles, le territoire
du Québec donne à voir ce qu'est le Québec et à comprendre qui nous sommes.
Chaque territoire a son histoire et sa géographie. Chaque région du Québec a
aussi une histoire et une géographie qui méritent notre attention. Comme le
disait le géographe Roger Brunet, «la terre habitée est l'objet de la
géographie. Tous les jours, l'humanité produit du territoire. La géographie a
le mandat de mémoire et d'intelligence de la terre habitée.» Rappelons que
Samuel de Champlain, qui est une figure historique emblématique au Québec,
était aussi un grand géographe et cartographe. C'était le géographe du roi.
Cela illustre déjà ce mariage entre l'histoire et la géographie qui... cher aux
Québécois et Québécoises.
Donc, sans géographie, il n'y a pas
d'histoire. C'est l'espace et le temps propres à la destinée humaine. Ainsi,
pour qu'il y ait une histoire, il y a d'abord un lieu physique, un espace, un
territoire qui a été modelé dans un temps hors de l'échelle humaine, ou encore
par des événements environnementaux ou un espace travaillé par les humains,
dans lequel une histoire se crée, évolue, se transforme, se complexifie et
rayonne. Donc, par exemple, lorsque l'on fait des fouilles archéologiques, il
est nécessaire de connaître le site, soit la géographie physique et la
géographie humaine, pour que l'histoire se dévoile par la suite; ou encore, le
choix de localisation des lieux de traite des bourgades qui ont évolué en ville
ou en métropole ou qui ont périclité s'explique au départ par des choix
géographiques. Donc la géographie peut ajouter à cette compréhension des lieux
qui manque à l'histoire du Québec.
Les lieux géographiques conditionnent les
modes d'appropriation et d'utilisation du sol québécois de même que tout ce qui
concerne les échanges commerciaux, financiers, culturels, et autres. La
localisation et le rôle des frontières connues et reconnues ou non avec nos
voisins étatsuniens ou canadiens expliquent aussi l'histoire du Québec et les
relations que nous avons tissées.
Donc, la géographie modèle l'histoire par
sa physiographie et son évolution, sa richesse et son âpreté. Les changements
appartenant au domaine de la géographie, comme les changements climatiques
qu'on vit en ce moment ou les impacts environnementaux qu'on peut remarquer,
expliquent les modes d'appropriation des lieux par les humains. Et puis,
modélisés dans un avenir rapproché, on tente d'expliquer les changements que
nous devons faire dans nos modes d'appropriation des lieux pour mieux
cohabiter.
Donc les outils et les méthodes propres à
la géographie, avec ses analyses du territoire à différentes échelles et les
systèmes d'information géographique qui compilent et mettent en relation des
sources d'informations diverses, sont incontournables. On a l'exemple de
l'évolution de la production de la vigne au Québec, qui est de plus en plus
possible avec l'augmentation des degrés-jour. C'est donc un exemple des
modifications de l'occupation du territoire associées aux changements
climatiques.
Donc, l'histoire et la géographie sont des
jumelles indissociables et complémentaires d'une meilleure compréhension des actions
qui ont été posées, qui se posent et qui se poseront et des développements de
modes de vie qui évoluent et qui sont adaptés pour le Québec et qui parfois
sont copiés à travers le monde. Nous avons juste à penser au développement de
l'urbanisme souterrain propre à Montréal, par exemple, en raison du climat, qui
est visité par plusieurs délégations internationales qui...
M. Hébert (Jean) : ...qui
veulent aussi développer des systèmes de métro.
La description et la compilation des
paysages, un point fort de l'expertise géographique, illustrent aussi ce
mariage entre l'histoire et la géographie. On a qu'à penser qu'à l'astroblème
de Charlevoix et son empreinte paysagère, qui est un bon exemple, le
développement d'un Club Med dans Charlevoix en est un autre, le développement
hydroélectrique et du Nord avec tous les changements opérés sur la géographie
physique et humaine des lieux en est un autre, merveilleusement analysé par le
concept de nordicité, qui est éminemment géographique.
Donc, nous avons quelques recommandations
à faire pour bonifier le projet de loi n° 64. Vous vous en doutez, on aura
compris que le futur Musée national de l'histoire du Québec ne peut donc
exister sans la géographie. Donc, insuffler de la géographie au musée... au futur
musée va de soi. Il faut à cette vérité, que la géographie est pertinente et
utile.
Donc, en regard du projet de loi proposé,
nous avons deux recommandations en particulier. Modifier le nom du futur musée
par un musée national de l'histoire et de la géographie du Québec. On aurait pu
dire aussi musée national de la géographie et l'histoire. On n'a pas osé aller
jusque là. Ça pourrait être le musée national du Québec aussi, tout simplement.
Et, au chapitre III, alinéa 8, on souhaite que la géographie du
Québec soit ajoutée aux compétences et expériences exigées pour les membres du
futur conseil d'administration du musée.
• (12 h 20) •
De manière générale, donc, nous souhaitons
que soient associés des géographes aux comités de réflexion mis en place ainsi
que d'associer des géographes à la conception des collections du musée.
Il y a plus d'une centaine de personnes,
membres du RGQ et amoureux de la géographie qui ont d'ailleurs signé une
pétition en appui à nos recommandations.
Donc, l'histoire et la géographie ont
toujours été intrinsèquement associées dans l'enseignement et comme outil de
connaissance de soi. C'est le cas au secondaire, avec l'enseignement de
l'univers social par exemple. Donc, le nouveau musée national de l'histoire et
de la géographie viendrait appuyer cet enseignement et serait un outil
d'apprentissage pour les élèves et étudiants du Québec. Comme l'écrivait
récemment le géographe Rodolphe De Koninck : «Mieux connaître son pays,
mieux fréquenter son histoire et sa géographie, par les moyens autres que ceux
de l'éducation scolaire : qui pourrait contester la valeur de tels
objectifs?»
Il y a aussi le fait que la géographie du
Québec est mal connue par ses citoyens, d'autant plus que la grande majorité de
la population occupe une faible superficie de son territoire. La population qui
est majoritairement urbaine connaît mal la ruralité du Québec. Le territoire du
Québec est grand, et nous en sommes fiers, mais il est méconnu. Il fait partie
de notre ADN sur les plans imaginaire, culturel, historique et économique, mais
ses contours sont flous.
Le Musée de la civilisation du Québec, qui
sera le maître d'oeuvre de ce projet, dépose... dispose déjà d'une collection
très riche à mettre en valeur non seulement sur le plan historique, mais
également géographique. Il y a eu déjà, à la fin des années 2000, une
excellente exposition intitulée Territoire, le Québec : Habitat,
ressources et imaginaire, qui est un excellent exemple. Plus récemment, le
Musée de la civilisation a aussi collaboré avec les géographes de l'Université
Laval pour la mise en œuvre de la nouvelle exposition Le Québec, autrement dit.
Or, cette exposition, qui fait une bonne place au territoire, ne néglige pas de
solliciter la géographie et la cartographie. Cela se fait en parallèle à la
production d'un nouvel atlas du Québec qui pourrait ainsi trouver un nouveau
lieu de diffusion.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
M. Hébert. Je m'excuse de vous interrompre. Merci pour votre exposé. On va
procéder avec la période d'échange avec la partie gouvernementale. M. le
ministre, vous avez une période de 14 minutes.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Inquiétez-vous pas, ça nous fait toujours ça. À l'Assemblée
nationale, on se fait toujours couper, souvent en plein cœur de notre élan, au
salon bleu, maintenant le salon rouge. C'est rare qu'on ait le temps de dire
tout ce qu'on veut dire. Merci beaucoup d'être là. Merci de vous être préparés.
Peut-être d'entrée de jeu, juste pour mettre la table, nommer l'évidence, je
comprends que vous êtes en faveur du projet de loi de façon générale.
M. Hébert (Jean) : Oui. Oui,
oui, tout à fait.
M. Lacombe : Donc, vous
trouvez que l'idée d'avoir un musée national de l'histoire du Québec dont le
cœur serait l'histoire de la nation québécoise, pour vous, ça va de soi, c'est
souhaitable.
M. Hébert (Jean) : Oui. Oui,
oui, tout à fait. Vous aurez compris qu'on souhaite que la géographie devienne
une dimension de la...
M. Lacombe : Bien sûr.
M. Hébert (Jean) : ...du
projet. Et, à travers la géographie aussi, ça peut permettre aussi à d'autres
habitants du Québec aussi d'y trouver leur place également, même si le focus
sera sur la nation québécoise, on comprend ça.
M. Lacombe : Oui. Vous souhaitez
même qu'on inscrive «géographie» dans le nom du musée.
M. Hébert (Jean) : Oui.
M. Lacombe : Donc, rien de
moins.
M. Hébert (Jean) : Rien de
moins.
M. Lacombe : Bien, c'est tout
à votre honneur de défendre votre profession. Puis je comprends que vous êtes
tombé en amour très jeune avec...
M. Hébert (Jean) : Oui.
M. Lacombe : D'ailleurs,
c'est remarquable. En fait, j'ai envie de dire : Est-ce que ce n'est pas intrinsèquement
lié de toute façon? C'est-à-dire l'histoire du Québec, l'histoire de la nation
québécoise, elle est liée à son territoire, elle est liée au Saint-Laurent,
elle est liée...
M. Lacombe : ...et à la façon
dont le territoire... quel serait le bon mot, est construit, pas aménagé, mais,
en tout cas, la façon dont il existe...
M. Hébert (Jean) : Développé,
vécu.
M. Lacombe : ...dont il est
développé sur le territoire québécois donc. Est-ce que ce n'est pas déjà
intrinsèquement lié, donc, de facto?
M. Hébert (Jean) : Bien, vous
avez donné d'excellents exemples, effectivement, pour expliquer que c'est lié,
mais, à notre point de vue, ça mérite d'être souligné, d'être relevé, donc
d'être indiqué formellement que la géographie est une dimension de cette
démonstration-là, elle est complémentaire à celle de l'histoire aussi.
M. Lacombe : Oui. Parce que,
sur la prémisse de base, moi, je suis tout à fait d'accord avec vous, c'est
lié, puis évidemment, bon, je pense qu'on ne peut pas dire le contraire. C'est
certain que là où je me pose la question, par exemple, on pourrait aussi nommer
ce musée Musée national de l'histoire et de la culture du Québec, parce que la
culture québécoise, elle est intrinsèquement liée aussi à l'évolution de la
nation. On pourrait nommer d'autres disciplines ou, en tout cas, d'autres
perspectives. Si on met la géo... comment expliquer qu'on mettrait la
géographie? Puis je le dis vraiment respectueusement, là, je me pose la
question comment expliquer qu'on mettrait la géographie sur un piédestal, alors
que, par exemple, l'économie, le commerce des fourrures, donc, par exemple, ça
fait partie de notre histoire? Bon, on mettrait la géographie en haut, la
culture même chose. Est-ce que «histoire», justement, ce n'est pas une bonne
façon d'englober tout ça?
Mme Gravel (Nathalie) : Bien,
si je peux me permettre, il y a une partie de la réponse qui réside dans le
fait que la discipline qu'est l'histoire utilise une perspective temporelle. Et
puis la géographie, c'est une perspective spatiale qui est très complémentaire.
Mais les historiens ne vont pas nécessairement mettre de l'avant la perspective
spatiale de facto. Donc, il faut un peu leur rappeler pour connecter l'histoire
avec le territoire. Parce que c'est facile de parler de personnages historiques
et de leurs vies, comment ils ont eu un impact, sans nécessairement faire des
liens avec le territoire. Et les outils propres d'analyse de la géographie
incluent notamment les échelles d'analyse spatiales, donc de pouvoir faire des
liens entre le local et le global, en passant par les échelles régionale et
nationale. Donc, ici, c'est fort intéressant, c'est vraiment l'outil d'analyse
par excellence des géographes qui pourraient être mis au service des différentes
expositions du musée.
M. Lacombe : Ah, bien, c'est
intéressant. Je... Parfois, on a le même objectif, mais on a peut-être des
moyens différents d'y arriver. Je vous pose la question : Est-ce qu'un
moyen d'arriver à ça... Et je ne suis pas un expert en histoire ni en
géographie, donc je reste prudent. Mais est ce qu'un moyen d'arriver à ça, qui
me semble louable, ce ne serait pas de s'assurer que, sur les comités
scientifiques parce que c'est là où se décide le contenu des expositions, ce
n'est pas avec le titre du musée, ce n'est pas le conseil d'administration, ce
n'est pas le P.D.G. non plus, c'est le comité scientifique qui travaille sur la
conception des expositions lorsqu'on en crée une nouvelle. Est-ce que ce serait
une bonne façon d'atteindre cet objectif-là? De s'assurer que lorsqu'on crée un
comité scientifique on ait une préoccupation pour la géographie, pour avoir
quelqu'un qui représente cette discipline?
M. Hébert (Jean) : Oui. Oui,
oui, tout à fait. C'est ce qu'on a d'ailleurs dans le mémoire, là, non
seulement que sur le conseil d'administration il y ait un géographe, par
exemple, mais dans les comités scientifiques qu'il y en ait aussi. Puis ce que
je n'ai pas eu le temps d'illustrer ces différents exemples aussi. J'ai parlé du
Musée de la civilisation qui avec deux expositions, une plus ancienne, mais une
qui est en cours, la toute nouvelle, Le Québec autrement dit, il y a eu une
collaboration de géographes aussi. Donc, on sent que le Musée de la
civilisation a cette ouverture-là, cet intérêt aussi envers la géographie. Ça
s'est reflété dans plusieurs des expositions qu'ils ont faites.
M. Lacombe : C'est une bonne
nouvelle. Donc, vous ne prêchez pas dans le désert.
M. Hébert (Jean) : Non. Non,
non, ils ont vraiment cette ouverture-là. Puis il y a d'autres exemples aussi
de musées nationaux ailleurs dans le monde, en Irlande ou en Écosse, au
Danemark aussi, que j'illustre dans le mémoire, qui ont explicitement aussi
intégré la géographie dans leurs collections. Donc, et on croit que c'est un
atout. Même de le mettre dans le nom, ça pourrait attirer davantage de
visiteurs.
M. Lacombe : Je comprends.
Puis je fais même un pas de plus. Je ne sais pas si vous allez être d'accord
avec moi, mais là on parle du caractère scientifique de la chose, c'est-à-dire
s'assurer que lorsqu'on présente l'évolution historique de la nation québécoise
on le fasse en prenant en compte la façon dont ça s'est fait sur le territoire,
de quelle façon de territoire, est-ce que je résume bien ça, a influencé le...
M. Lacombe : ...le cours des
événements. Mais si je fais un pas de plus, j'ai envie de dire est ce que...
est ce que même le territoire québécois, ce n'est pas pour beaucoup de
Québécois dans chacune de nos régions, une source de fierté et qu'on devrait
justement... Je pense, au Saguenay-Lac-Saint-Jean où il y a des paysages
absolument incroyables à Charlevoix, à la Gaspésie, je pense aux montagnes en
Outaouais qui sont absolument magnifiques en automne, c'est incroyable. Je
pense évidemment au majestueux fleuve Saint-Laurent, qui traverse le Québec, au
Grand Nord. Est-ce que, pour vous, mettre ça en valeur, même peut-être avec des
expositions spécifiquement dédiées aux paysages ou au territoire, est-ce que
vous pensez que c'est une façon de stimuler cette fierté-là envers notre
territoire?
M. Hébert (Jean) : Oui, tout
à fait. Ça va tout à fait dans le sens de ce qu'on prêche.
M. Lacombe : Oui, hein? Je
sens votre...
M. Hébert (Jean) : Oui, oui.
Puis on est heureux de constater que, déjà, en sent qu'on vous a peut-être bien
sensibilisés à la chose.
M. Lacombe : Bien, c'est
parce qu'honnêtement, c'est quelque chose à quoi on a déjà pensé quand on
pensait à qu'est ce qu'on pourrait retrouver? Parce qu'évidemment, bon, ce
n'est pas moi qui va dessiner les expositions, mais il y aura une grande expo
sur un parcours historique, là, sur l'histoire de la nation québécoise, ça,
c'est entendu. Et là je comprends ce que vous nous avez dit, vous souhaitez que
la géographie, tout ça, soit dans la lorgnette, mais il y a des expositions
aussi qui seront temporaires. Et là on peut penser, par exemple, à une
exposition sur le fleuve Saint-Laurent, on peut penser à une exposition sur les
plus beaux paysages québécois, on peut penser à une exposition sur le Nord, on
peut... ou sur la nordicité, vous l'avez évoqué tantôt. Donc, ça, est-ce que ce
sont des avenues qui sont intéressantes?
• (12 h 30) •
Mme Gravel (Nathalie) : Oui,
bien, tout à fait, là, ça reflète ce qu'on avait déjà pensé, et les thèmes que
vous suggérez pourraient devenir des thèmes transversaux dans les expositions,
qui rallierait à la fois la science, la technologie, les nouvelles... les
innovations technologiques qui ont eu lieu, notamment avec le Musée de la
civilisation et le département de géographie de l'Université Laval. Il y a eu
une collaboration qui a permis de mettre en place une carte permettant aux
non-voyants de saisir le territoire. Donc, ça, c'est des innovations
technologiques qui ont eu lieu. Donc, ici, ça viendrait chercher un peu la
composante... le Musée des sciences qui a peut-être été laissé de côté. Donc,
on pourrait peut-être aller la retrouver de ce côté là, et puis ramener aussi
les arts, donc comment les paysages de Charlevoix, par exemple, invitent à des
représentations artistiques. Déjà, il y a... c'est tout un rassemblement
d'artistes qui se retrouvent. Donc, on peut faire des liens, ça peut devenir
multidisciplinaire.
M. Lacombe : Super. Bien, je
trouve que c'est une discussion vraiment très intéressante, puis je vais céder
ma place à des collègues, je pense, qui ont des questions pour vous.
La Présidente (Mme Poulet) : Oui,
bien sûr. Alors, le député de Richelieu. Allez-y.
M. Émond : Oui. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci pour votre présence, un témoignage et une
participation très intéressante. Et j'ai senti dans votre introduction une
passion pour un de vos prédécesseurs, le célèbre cartographe Champlain, hein,
si je ne m'abuse, sous Henri IV, je pense. Et dites-moi, je ne veux pas
vous entendre... je ne voudrais pas vous imposer de voir de quelle manière vous
voudriez lier l'histoire et la géographie, mais vous avez cité des musées dans
les pays nordiques qui le font. De quelle manière ils ont abordé le côté,
peut-être, scientifique de la géographie avec les notions historiques?
M. Hébert (Jean) : Oui. J'ai
quelques exemples qui sont présentés dans le mémoire. Je ne suis pas muséologue
non plus, là, ce n'est pas ma spécialité, mais je peux donner quelques
exemples. Il y a le Musée national de l'Irlande, par exemple, qui a un pavillon
complet qui est dédié à l'histoire naturelle du pays, géologie, zoologie,
hydrographie. Dans son pavillon dédié à l'archéologie, la géographie est
omniprésente par l'entremise d'un recours systématique aux outils
cartographiques pour illustrer les expositions. À Belfast, un autre musée aussi
en Irlande du Nord, qui a été mis sur pied par un géographe qui fait en sorte
que les... à l'échelle de l'histoire du musée, l'héritage géographique est bien
présent, et il y a aussi une aile qui est dédiée à l'histoire naturelle de la
région.
Donc, il y a, à l'intérieur d'un certain
nombre de musées, il y a un autre exemple à Édimbourg, à Copenhague aussi...
c'est le fait de faire ressortir la géographie physique aussi, qui ressort
peut-être moins spontanément dans un musée sur l'histoire, où il peut avoir une
dimension de géographie humaine qui va transpirer. Donc, d'avoir la géographie
aussi comme objectif, ça permet de couvrir la dimension physique, là,
géographie physique du...
12 h 30 (version non révisée)
M. Hébert (Jean) : ...du
territoire, puis ça permet aussi de mettre de l'avant les outils
cartographiques qui sont le propre de la géographie aussi. Puis il y a beaucoup
d'innovations ces dernières années en cartographie avec les avancées de la
géomatique, et on peut utiliser des images satellitaires, enfin, on peut
utiliser différentes innovations, virtuelles ou non, pour illustrer notre
propos.
M. Émond : La notion physique
de la géographie, comme vous venez de le dire, M. le ministre a dit, avec
raison, qu'il peut y avoir là une manière d'animer ou de dévoiler le sentiment
de fierté d'habitation de notre territoire, qui a été découvert, là, pour... M.
le ministre a cité la région du Lac-Saint-Jean, mais plusieurs régions à
travers notre... la nation québécoise qui peut susciter de la fierté. Je pense
que les collègues, on a tous une fierté régionale des comtés respectifs que l'on
représente. Je vous remercie beaucoup pour votre passage. C'était très
intéressant.
M. Hébert (Jean) : Merci.
M. Émond : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions du côté gouvernemental? Il reste
une minute 24 secondes. Non? Parfait. Alors, Mme la députée de Robert-Baldwin,
vous avez... c'est votre temps de parole pour une période de 14 minutes.
Mme Garceau : O.K. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous. Fort intéressant. Merci pour cette
présentation. C'est sûr que ça fait en sorte que ça nous fait penser à d'autres
éléments en termes de composantes qu'on pourrait ajouter, si je peux dire, dans
la... une trame chronologique de grands repères en termes de l'histoire du
Québec.
Je voulais vous entendre particulièrement
sur... parce qu'on sait, histoire, géographie, intrinsèquement lié, parce que
je vous entends sur la question de, oui, il pourrait y avoir des expositions
sur différents sujets, surtout liés à nos régions, différentes perspectives,
mais, lorsqu'on regarde l'histoire du Québec, la trame chronologique, là on
parle de la grande trame chronologique, comment voyez-vous votre rôle en termes
de la... si je peux dire, de... du récit historique, le... l'idée de la
géographie intégrée dans le récit historique du Québec?
M. Hébert (Jean) : Comme je
le disais, je ne suis pas muséologue, là, ce n'est pas ma spécialité, mais la
géographie peut apporter des éléments de compréhension aux différentes
échelles. Vous avez mentionné l'échelle régionale, où le... l'initiative des
espaces bleus était très intéressante aussi, et ça aurait permis de mieux
connaître les régions du Québec à cette échelle-là. Là, vous faites allusion à
l'échelle nationale, là, québécoise, qui en est une autre aussi, puis la
géographie peut être très constructive aussi pour ça.
Donc, on peut penser à l'importance du
fleuve Saint-Laurent, ça a été mentionné par le ministre, à la façon dont les
établissements humains se sont concentrés le long de certains grands cours d'eau
comme le fleuve et d'autres... d'autres rivières, l'importance de certaines
ressources naturelles aussi qui ont guidé le développement du Québec et aussi
sa colonisation, si je peux dire, l'établissement de la population. Donc, il y
a... il y a constamment un lien à faire entre la... les caractéristiques du
milieu dans lequel les gens s'établissent, les ressources naturelles qui s'y
trouvent aussi et la trame historique qu'on peut essayer de comprendre à
travers ça.
Donc, ça se fait à l'échelle nationale, ça
se fait à l'échelle régionale aussi, et on espère aussi... ce n'est peut-être
pas dit nommément dans le mémoire, mais que les efforts qui avaient pu être
mettre... mis pour les espaces bleus, par exemple... que ça puisse être
récupéré, rentabilisé aussi à travers ce qui sera présenté au Musée national de
l'histoire et de la géographie du Québec, qui pourrait mettre de l'avant l'échelle
régionale aussi et la lecture qu'on peut faire des éléments qui s'y trouvent,
là.
Mme Garceau : Mais il
pourrait y avoir des expositions temporelles spécifiques liées, même, aux 17
régions du Québec et d'intégrer l'aspect géographique.
M. Hébert (Jean) : Chacun va
vouloir avoir sa... son exposition, là, chaque région, si on commence avec
certaines... Puis effectivement elles le méritent toutes.
Mme Garceau : Parlez-moi un
peu de votre collaboration avec le Musée de la civilisation concernant, là, que
vous avez fait deux expositions, et surtout la dernière, juste pour voir cette
collaboration et l'intégration de la géographie dans l'exposition.
M. Hébert (Jean) : Moi, je n'ai
pas personnellement participé, là, à...
M. Hébert (Jean) : ...ces
expositions-là. J'ai bien apprécié la première à laquelle je faisais référence,
là, qui a été faite dans les années... au début des années 2000. Il y en a
une toute récente qui... que je n'ai pas vue encore. Et je compte sur mon
passage à Québec ces jours-ci pour aller la voir justement. Mais des collègues,
là, de l'Université Laval ont contribué à ça. Peut-être que Nathalie, Mme
Gravel peut vous en dire plus, là.
Mme Gravel (Nathalie) : Oui.
Bien, je n'en ai pas la responsabilité moi-même, mais j'ai su que ça avait
donné plusieurs fruits, donc, dont celui d'un atlas numérique sur le Québec. Et
c'est une autre manière de présenter le territoire. Et il y a, de plus, comme
je le disais, là, des... une cartographie qui est faite à l'exclusivité pour
les non-voyants. Donc, ça, c'est une innovation technologique aussi. Donc,
c'est une collaboration qui dure depuis un certain nombre d'années, là, qui est
assez prolifique. Très souvent, là, les professeurs de géographie sont appelés
par le musée, le musée de la civilisation pour collaborer.
• (12 h 40) •
Puis il y a une autre échelle que
j'aimerais ajouter à celle qui dépasse l'échelle régionale, ça serait aussi
l'échelle internationale. Comment le Québec se reflète à l'échelle
internationale, comment il brille, comment il a hébergé aussi des événements
importants. Très peu savent que ça a été le site de création de l'Organisation
des États américains en 1948, dans la ville de Québec. En 2001, on a reçu le
Sommet des Amériques aussi. Tout ça, c'est des moments qui nous ont permis de
nous connecter à l'espace international et qu'on doit mettre de l'avant. C'est
une des fiertés qu'on doit retrouver, là, de ces différentes manifestations,
là, qui ont eu lieu sur notre territoire et qui nous connectent avec le reste
du monde d'une manière où on a fait une grande contribution. La même chose avec
la FAO, l'Organisation internationale des Nations unies pour l'agriculture et
l'alimentation. Donc, elle a... elle a débuté ici en 1945, je crois, donc aussi
le siège de... à la ville de Québec. Et il y a une pancarte qui nous le
rappelle dans le Vieux-Québec d'ailleurs, et aussi à l'Arboretum du Domaine de
Maizerets. Donc, il y a... il y a plusieurs lieux comme ça qui nous
permettraient... quand on regarde l'histoire des lieux, on peut découvrir après
ça les liens à différentes échelles, jusqu'à même à l'échelle internationale.
Mme Garceau : Encore très
intéressant. Merci beaucoup. Mais contente d'apprendre qu'il y a quand même
cette belle collaboration avec le Musée de la civilisation. Est-ce que vous
savez s'il y a d'autres projets qui s'en viennent où il va y avoir cette
collaboration entre l'histoire et la géographie?
M. Hébert (Jean) : On peut
penser que le futur musée serait une opportunité de le faire. Déjà les gens du
musée de la civilisation m'ont contacté, il y a quelques jours, là, pour me
présenter un peu le travail qu'ils avaient fait jusqu'à maintenant pour
élaborer ce futur projet, et donc on sent un intérêt, là. Puis on ne sait pas
où est-ce que ça nous mènera, mais notre message principal, c'est de s'assurer
que la géographie sera présente. Ça, c'est sûr.
Mme Garceau : Bien, je vois,
d'après votre mémoire, que vous voulez avoir une place, une place importante au
sein du nouveau musée, en termes de non seulement cette collaboration
d'intégration de la géographie, mais aussi d'avoir... d'être sur le C.A. et sur
le comité scientifique.
M. Hébert (Jean) : Oui,
effectivement. On pense que l'importance de la discipline, enfin, pour toutes
les raisons qu'on a évoquées, là, justifie qu'il y ait des géographes, là,
vraiment, qu'ils soient présents dans ce grand projet, alors que ce n'est pas
nommément indiqué, là, dans le projet de loi tel qu'on... tel qu'on le connaît,
là, pour l'instant.
Mme Garceau : J'ai... À la
page six, vous parlez des peuples autochtones et une porte d'entrée liée à la
géographie. Je voulais juste vous entendre un petit peu plus à ce sujet.
Mme Gravel (Nathalie) : Bien,
la géographie permet d'avoir un regard pluriel et de considérer tous ceux qui
ont... qui ont contribué à la construction du territoire comme on le connaît
aujourd'hui. Et, si on peut l'apprécier dans son ensemble avec la belle nature
qu'on a encore...
Mme Gravel (Nathalie) : ...sur
notre territoire. C'est en grande partie dû aux Premières Nations qui l'ont si
bien protégé et préservé pendant... pendant des millénaires. Donc, je pense
qu'on a... on a reçu en héritage ce territoire-là, et puis on doit être
reconnaissants envers les Premières Nations. Et, donc, je pense que c'est tout
naturel de les inviter pour représenter leur vision et de montrer qu'on a
progressé et dans un geste de réconciliation aussi. Et la réconciliation avec
les peuples autochtones ne se fait pas que dans les belles paroles, mais dans
les actions aussi. Donc, on doit les inviter autour de la table pour qu'ils se
sentent présents, qu'ils puissent opiner, qu'ils puissent nous dire comment ils
voient leur territoire. Et c'est très riche pour nous dans un... comme société
alors qu'on est à envisager la construction de la résilience devant les
changements climatiques. On peut en apprendre beaucoup de la sagesse des
peuples autochtones, de leur connexion à la nature et s'en inspirer comme
certains pays ont fait dans les Andes, par exemple, avec les nouvelles
Constitutions, du côté de la Bolivie, de l'Équateur, où il y a une reconnaissance
des droits de la nature, reconnaissance de la Terre-Mère. C'est par là que si
on peut envisager des changements climatiques et construire une résilience,
c'est : il y en a plusieurs qui sont d'accord pour dire que c'est par là
qu'on doit... qu'on doit aller. Donc, je pense que de s'ouvrir en ayant un
regard pluriel, on peut apprendre beaucoup. Et puis le musée de l'histoire, ce
n'est pas seulement de regarder, de se regarder le nombril, de regarder le
passé, mais aussi comment on envisage le futur et l'avenir pour construire une
société meilleure.
Mme Garceau : Donc, pour
vous, les peuples autochtones, Premières Nations ont quand même un rôle
important à jouer dans ce nouveau musée?
Mme Gravel (Nathalie) : Oui,
tout à fait, oui.
M. Hébert (Jean) : Ce qu'on
suggère, on comprend que le Musée national de l'histoire du Québec est dédié à
la nation québécoise. Et c'est bien aussi. Mais il faut, il faut se rappeler
que les nations autochtones ont leur musée, plusieurs nations autochtones dans
leur propre musée. Par ailleurs, c'est au Québec. Mais ce qu'on suggère, c'est
que la géographie, à travers la géographie, si elle est bien présente dans les
collections du futur musée, on peut en apprendre plus. La nation québécoise
peut en apprendre plus sur son.. sur son pays, sur son territoire, à travers le
regard des autochtones aussi, qui ont un regard distinct, complémentaire de
leur rapport au territoire aussi. Donc ça pourrait... c'est dans ce sens-là
qu'on dit c'est une porte d'entrée, ça pourrait permettre aux autochtones sans
que le musée porte sur les nations autochtones. On comprend bien que ce n'est
pas le but de ce nouveau musée, mais c'est de les... d'intégrer leur regard,
leur mode de vie, leur façon d'occuper le territoire pour nous permettre, pour
permettre à la nation québécoise de mieux connaître ce territoire, le
territoire qui est partagé avec ces nations-là aussi. Donc, ça vient enrichir
les différents regards qu'on peut porter sur notre territoire. C'est dans ce
sens-là, là.
Mme Garceau : Est-ce que vous
avez eu dans des projets, des collaborations avec les Premières Nations à ce
sujet-là pour certaines des expositions?
M. Hébert (Jean) : Non, je ne
suis pas actif dans le milieu muséal, là, comme je le disais, donc je ne peux
pas évoquer d'exemple. Mais dans le cadre de ma carrière à Hydro-Québec, ce fut
pratique courante dans le cadre des études d'impact que l'on fait pour les
futurs projets, il y a toujours un partenariat avec les nations autochtones qui
peuvent être impliquées par les futurs projets qui s'en viennent. Donc, c'est
dans la culture de l'entreprise, c'est dans les pratiques habituelles de
travailler étroitement. Donc, j'ai eu d'excellentes expériences dans ce
sens-là. Mais pour ce qui est d'expériences muséales, je ne pourrais pas vous
en dire plus.
Mme Gravel (Nathalie) : Bien,
de plus en plus dans les projets universitaires quand ça concerne la
gouvernance, on essaie de diversifier, là, les invités autour de la table, puis
de voir une représentation finalement de tous les habitants du territoire.
Donc, je pense que ça serait bien de refléter ces tendances-là.
Mme Garceau : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup, Mme Gravel, M. Hébert. Alors, merci beaucoup de votre contribution
à la commission. La commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 05)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
bonjour à tous! La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses
travaux. Nous poursuivons les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 64, Loi instituant le Musée national de l'histoire
et du Québec.
Alors, cet après-midi, nous allons
recevoir les témoins suivants : Pre Christine Bernier, la Société du
patrimoine politique du Québec, et Pr Olivier Hubert, conjointement avec le
Groupe d'étude sur le colonialisme québécois.
Alors, bonjour, Mme Bernier. Je vous
rappelle que vous avez 10 minutes et, par la suite, on va pouvoir faire les
échanges avec les membres de la commission. Alors, allez-y, on vous écoute.
Mme Bernier (Christine) : Oui,
merci. Alors donc, je me présente très brièvement, Christine Bernier. Je suis
professeure au Département d'histoire de l'art, de cinéma et des médias
audiovisuels et je suis directrice du programme de muséologie à l'Université de
Montréal. Alors, sans plus tarder, je débute. Il semble que ce projet parte d'une
bonne intention, puisqu'il s'agirait de développer la fierté. Évidemment, cet
objectif ne sera atteint que si ce futur musée est un succès au plan de la
fréquentation et surtout s'il jouit de la reconnaissance du réseau muséal
international. Malheureusement, quand on lit la revue de presse, c'est plus d'une
vingtaine d'articles, dans mon cas, on constate que ce projet de musée présente
un sérieux problème d'acceptabilité sociale. C'est important, je crois, de
prendre acte de cette levée de boucliers. Je cite ici le titre d'un article du
journal Le Monde, dans son édition internationale du 22 juin : «À peine
dévoilé, il suscite déjà la controverse.» Fin de la citation.
Je retiendrai maintenant deux facteurs de
risque d'échec de ce projet, tant au plan culturel, que sociétal et
muséologique. L'article 24.2 donne un premier axe des fonctions du futur musée
que j'ai comparé avec celui du Musée de la civilisation - l'acronyme étant le
MCQ - donc que j'ai comparé avec le MCQ, en le divisant en trois segments, je
cite : «Musée de la civilisation, faire connaître l'histoire et les
diverses composantes de notre civilisation; futur musée, faire connaître et
promouvoir l'histoire du Québec; MCQ, notamment les cultures matérielles et
sociales; futur musée, sa culture et son identité distincte; MCQ, des occupants
du territoire québécois, de même que celles qui les sont enrichie; futur musée,
ainsi que témoigner de l'évolution de la nation québécoise et de l'apport des
communautés qui ont façonné son parcours...
Mme Bernier (Christine) : ...et
son territoire.» Fin de la citation. Ces phrases, elles montrent qu'il s'agit
là de simples variations sur un même énoncé de base et qu'il y a un
dédoublement évident dans les fonctions muséales. Ce futur musée, le petit
frère, comme l'appellent les professionnels du MCQ, a donc un gros problème
d'identité.
Il y a une deuxième source d'inquiétude.
On se demande si le petit frère va vampiriser le MCQ. Les professionnels du
Musée de la civilisation doivent travailler très fort à la réalisation de
l'exposition inaugurale qui est prévue pour le printemps 2026, ce qui est
très, très tôt, et cela, avec des chargés de projet pour le numérique et avec
des objets de la collection du MCQ. Je ne doute pas ici, vraiment pas, de la
compétence des employés du MCQ, un musée qui a produit d'excellentes
expositions tant au plan scientifique qu'au niveau populaire. Cependant, on se
demande ce qu'il en est pour la suite de ce musée d'histoire qui se voudrait
national. La question se pose car selon le projet de loi, le deuxième axe des
fonctions du futur musée stipule qu'il assurera une présence du Québec dans le
réseau muséal international, entre autres, par des acquisitions. Fort bien,
cela est en effet une fonction classique d'un véritable musée national, et
d'ailleurs des trois musées d'État du Québec. Mais surgit alors le problème du
budget de fonctionnement, car des objets, même acquis par donation, par
d'autres, exigent un traitement avec du personnel compétent, des archivistes,
des restaurateurs, etc., ainsi que des espaces d'entreposage. Il est donc à
prévoir que ce seront malheureusement les ressources du MCQ qui seront
utilisées. En effet, l'article 11 du projet de loi stipule que certains
employés du MTQ deviendront des employés du futur musée d'histoire.
• (14 h 10) •
Avec ces constats, je peux faire trois
recommandations. Premièrement, si le ministère veut absolument gouvernance
indépendante du MCQ, ce futur musée d'histoire pourrait être un OSBL, un
organisme sans but lucratif, et s'appeler le centre d'exposition de l'histoire
du Québec, car il n'a pas de collection, comme les centres d'expositions, et
son installation est déjà prévue dans le pavillon Camille-Roy du Séminaire de Québec,
soit l'édifice du défunt Espaces bleus de Québec. Avec ce titre de centre
d'exposition, moins pompeux que celui de musée national, il aurait un budget
modeste, des ambitions moins arrogantes, surtout aux yeux des musées régionaux
qui crient famine, et il serait sans nul doute mieux accueilli.
Deuxièmement, une autre possibilité, et
qui est de loin préférable à mon avis, est fondée sur le fait que ce futur
musée d'histoire, qui n'a ni employés ni objets de collection, agit déjà comme
un satellite du MCQ dont il reprend l'énoncé de mission presque mot à mot et
dont il dépend entièrement pour son exposition inaugurale. Il se présenterait
donc comme un pavillon supplémentaire du Musée de la civilisation, qui pourrait
être inauguré en grande pompe, ça va de soi.
Troisièmement, enfin, je considère qu'un
musée qui se veut national, j'insiste, se doit d'avoir dès sa fondation une
vision à très long terme, une stature avec un budget de fonctionnement
conséquent, et il ne doit surtout pas compter sur la vampirisation d'un musée
d'État déjà existant, simplement parce que ce musée fonctionne très bien...
Mme Bernier (Christine) : ...souhaite
pour le futur, d'ailleurs. Pour que cette entreprise s'avère un succès, elle
doit prendre la forme d'un nouveau pavillon du MCQ, je le pense sincèrement.
Nous avons déjà trois musées d'État, au Québec, ils ont une belle histoire et
de beaux succès, et je recommande que le ministère en prenne soin, de ces trois
musées, et davantage, avant d'en créer un autre à la hâte. Je vous remercie de
votre écoute.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup, Mme Bernier. Alors, on va débuter les échanges avec le ministre pour
une période de 16min 30s.
M. Lacombe : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci à vous de vous être prêtés à l'exercice.
Comme je dis à tout ceux qui viennent, je sais que ça vous demande de la
préparation, et c'est toujours apprécié, même si nos opinions sont parfois
divergentes, mais c'est très, très apprécié que vous soyez là.
Je saute tout de suite dans le vif du
sujet, la question du... et tantôt vous l'avez disséquée, n'est-ce pas :
la mission du Musée de la civilisation, celle du musée que nous proposons, pour
le Musée national de l'histoire du Québec. C'est au cœur des discussions qu'on
a, ça revient assez souvent. Pour moi, il y a une distinction qui est majeure,
quand même, dans les... même si les mots peuvent se ressembler, le sens qu'ils
ont est important aussi. Le Musée de la civilisation est un musée de société.
Le Musée national d'histoire sera un musée d'histoire. Le Musée de la
civilisation, c'est un musée, donc, de société, qui a un regard, bon... un
regard qui est différent qu'un regard historique, ce qu'aurait le Musée
national de l'histoire du Québec. Donc, prenons l'exposition, actuellement, sur
le Québec, au Musée de la civilisation, elle n'a pas été conçue dans une
perspective historique, elle a été conçue dans une perspective sociétale,
davantage, donc. Et le Musée de la civilisation s'intéresse à beaucoup d'autres
choses que l'histoire en tant que telle. Et ce qu'on souhaite, avec le Musée
national de l'histoire du Québec, c'est de s'intéresser à la nation québécoise,
à son histoire. Est-ce que, selon vous, ce n'est pas une distinction qui est
assez importante?
Mme Bernier (Christine) : À
mon avis, il s'agit d'une distinction qui est minime. Quand on parle... S'il y
avait... s'il s'agissait d'un musée d'histoire à Trois-Pistoles, oui, il
pourrait y avoir des ressemblances, des similitudes. Si on parle d'un musée national
du Québec... Vous n'avez qu'à comparer, par exemple, avec les deux autres
musées d'État. Quand on regarde les trois musées, qui sont des sociétés d'État,
que nous avons déjà, on voit très bien, en lisant les axes de la mission de
chacun de ces musées, qu'ils sont très différents et parfaitement
complémentaires. La mission, l'énoncé de mission du Musée d'art contemporain de
Montréal ne ressemble absolument pas à celui du Musée national des Beaux-Arts
du Québec, et, conséquemment, les acquisitions pour leurs collections sont très
différentes.
M. Lacombe : Vous avez un
collègue qui est venu... Bien, c'est intéressant, comme discussion. Vous avez
un collègue qui est venu, si ma mémoire ne me trompe pas, je pense que c'est
hier, nous dire que c'était une bonne nouvelle parce que, selon lui, il nous
manque deux musées nationaux, au Québec, pour compléter l'offre si on regarde
ce qui se passe sur la scène internationale. Il nous parlait, donc, de ce musée
national d'histoire que nous proposons. Et le dernier, selon lui... la dernière
étape pour compléter le réseau, selon lui, ce serait éventuellement de se doter
d'un musée scientifique, un musée de sciences. Et donc, pour lui, avoir un
musée de société comme le Musée de la civilisation, avoir un musée d'histoire,
avoir un musée de sciences, ça venait former un tout qui est cohérent. Et il
nous dit que c'est ce qui se fait sur la scène internationale. Vous, vous êtes
en désaccord avec ça?
Mme Bernier (Christine) : Non,
je ne suis pas en désaccord avec ça, pas du tout. C'est parfait, dans un monde
idéal. Comme nous connaissons bien la situation budgétaire des musées au
Québec, donc là je parle de tous les musées, les musées en région, des musées à
Montréal, donc, tous les musées autres que les trois musées d'État, quand on
connaît la situation budgétaire des musées... C'est certain qu'on peut rêver à
connaître au Québec un ensemble de plusieurs musées d'État. C'est vrai qu'un
musée des sciences... un musée national des sciences, c'est vrai qu'il n'y en a
pas, mais encore faut-il...
Mme Bernier (Christine) : ...que
le financement de fonctionnement soit là. Autrement, autrement, face à ces bons
vœux, je ne peux qu'acquiescer.
M. Lacombe : Oui. C'est Yves
Bergeron qui est venu nous dire ça. Mais c'est intéressant, ce que vous nous
dites. Si je comprends bien, ce que vous nous dites, c'est le projet que nous
proposons, dans un monde idéal, sur le fond, donc, c'est un projet qui est
légitime, c'est un projet qui est bon. Mais vous dites, dans le contexte
budgétaire actuel, on ne peut pas se le payer.
Mme Bernier (Christine) : Non,
ce n'est pas ce que je dis. Ce que je dis, c'est que, dans le contexte actuel,
les prémisses de sa mise en œuvre prennent la forme d'une vampirisation du
Musée de la civilisation. Donc, si le musée n'est pas encore né mais qu'il est
déjà en train de phagocyter un autre musée qui est reconnu pour bien
fonctionner, le Musée de la civilisation a une très bonne réputation,
maintenant, bon, avec les départs, les annonces des missions, on espère que
tout continuera à bien aller dans ce musée.
M. Lacombe : Oui. Mais vous
savez, juste peut être pour clarifier, parce que c'est important, là, ce à quoi
vous faites référence, ce sont des employés qui ont été ajoutés à l'équipe du
Musée de la civilisation spécifiquement pour travailler sur le projet d'Espaces
bleus et, maintenant, sur le projet de Musée national de l'histoire du Québec.
Donc, ce ne sont pas des employés du Musée de la civilisation qui étaient là
avant qu'on va transférer. On ne dépouillera pas le musée, c'est-à-dire qu'il
va y avoir le même nombre d'ETC, comme on appelle dans le jargon
gouvernemental, donc d'employés d'équivalents temps complet, qu'avant la mise
sur pied du Musée national de l'histoire du Québec. Donc, les employés qu'on a
embauchés expressément pour ça, évidemment, on va pouvoir les transférer, mais
sinon on ne dépouillera pas le musée. Donc, une partie de votre argumentaire
était basé là-dessus. Est-ce que ça change un peu votre perspective?
• (14 h 20) •
Mme Bernier (Christine) : Mon
argumentaire supposait que, ce qui doit être évité, puisque le Musée de la
civilisation travaille déjà à l'exposition inaugurale, bon, on est à cette
étape de l'expo inaugurale, puisque c'est le Musée de la civilisation, oui, il
peut y avoir des ressources supplémentaires, des chargés de projets. Ce n'est
pas sur une équipe de chargés de projet, même s'ils sont très nombreux, qu'on
fonde un musée national.
M. Lacombe : Ils sont 35.
Mme Bernier (Christine) : Bien
oui, c'est ça, c'est une armée de chargés de projets, mais ce n'est pas avec
des chargés de projets.... Quand, par exemple, le directeur général donne sa
démission, quand le directeur des collections donne sa démission, il y a quand
même des piliers qui méritent d'être soutenus et encouragés de la part du
ministère. Il y a quand même beaucoup de démissions.
M. Lacombe : Oui, tout à
fait, mais là, est-ce que vous faites un lien entre la mise sur pied d'un musée
national d'histoire du Québec et le départ du P.D.G. du Musée de la
civilisation? Ce serait un peu hasardeux de lui prêter cette intention-là, je
pense.
Mme Bernier (Christine) : Non,
non, non, je ne fais aucun lien de cause à effet, là, mais les personnes ne
sont plus là. C'est un simple constat, là, ce n'est rien qu'un fait.
M. Lacombe : Oui. Non, c'est
vrai qu'il y a eu du mouvement. On ne peut pas empêcher un cœur d'aimer. Donc,
il y a des gens qui souhaitaient relever des défis ailleurs, puis on les a...
Et dans l'autre cas, c'est un départ à la retraite. Je parlais de Stéphan quand
je parlais... on ne peut pas empêcher un cœur d'aimer l'art contemporain.
Mme Bernier (Christine) : Oui.
M. Lacombe : D'accord. Bien,
je vous avoue que ce n'est pas nécessairement très clair, par contre, dans mon
esprit, et je le dis respectueusement, parce que quand je vous parle d'Yves
Bergeron qui dit : Bien, on peut tout à fait et il faut avoir un musée de
société et un musée d'histoire. Et en plus de ça, idéalement, il faudrait
ajouter un musée des sciences. Quand je vous parle de ça, vous dites :
Oui, effectivement, mais on n'a pas vraiment en ce moment un contexte
budgétaire, les sommes, pour être capables de tout bien faire. Donc, continuons
de faire ce qu'on fait bien. Puis, dans un monde idéal, ce serait le fun, mais
attendons plus tard. C'est à peu près ce que vous me dites. Mais là, après ça,
vous me dites : Non, il y aurait quand même une vampirisation. Je ne suis
pas certain de vous suivre. Dans un monde idéal, est-ce que ça en prend un ou
ça n'en prend pas, un musée d'histoire?
Mme Bernier (Christine) : Bien,
dans un monde idéal, ça prend de la planification, premièrement. Donc, oui, mon
collègue de l'UQAM présente très bien le monde idéal, le contexte idéal, mais
qui doit être...
Mme Bernier (Christine) : ...planifier,
pas pour... pas pour une ouverture en 2026.
M. Lacombe : Je comprends.
D'accord. Je comprends votre point de vue. Ensuite, j'aimerais savoir, quand
vous parlez... Il me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Poulet) : ...
M. Lacombe : Quand vous
parlez de trop de concurrence, je vous avoue que ça me fait sursauter un peu,
quand on parle de vampirisation du musée de la civilisation, quand on parle de
concurrence. Je regarde, par exemple... vous me direz que, la population, elle
est différente, mais je regarde Montréal, qui a une abondante offre muséale, et
je pense qu'aujourd'hui on ne voudrait pas fermer d'institutions parce qu'on
trouve qu'elles sont complémentaires, parce qu'elles participent aussi à un
certain réseau qui intéresse les gens à venir visiter Montréal. Est-ce que ce
ne serait pas la même chose à Québec? C'est-à-dire, ajouter un musée, est-ce
qu'à la fin ce n'est pas une bonne nouvelle et que ça ne rend pas Québec encore
plus intéressante pour les touristes qui seraient plus nombreux, et donc le
visiteur disponible, je ne sais pas si je peux utiliser cette expression-là,
seraient... seraient plus nombreux?
Mme Bernier (Christine) : O.K.
Je vais vous répondre en deux temps. Premièrement, je n'ai pas utilisé le terme
concurrence, donc je ne peux pas...
M. Lacombe : Vous avez...
Vous avez effectivement parlé de vampirisation.
Mme Bernier (Christine) : Oui,
oui, oui. Mais pas de concurrence. Mais puisque vous parlez... c'est vous qui
parlez de concurrence, puisque vous en parlez et qu'on... que vous mentionnez
la situation des musées à Montréal, l'agrandissement du Musée McCord
s'éternise, le retour à la Place des arts du Musée d'art contemporain
s'éternise. Ce ne sont pas des situations enviables. Je suis désolée de parler
encore de budget, mais c'est quand même... Toute la durée de la fermeture du
Musée d'art contemporain, c'est l'absence d'un musée et c'est l'absence d'un
musée d'État. Dans un centre d'achats, il ne peut pas accomplir correctement sa
mission...
M. Lacombe : On est d'accord,
on est d'accord.
Mme Bernier (Christine) : On
s'entend qu'on est d'accord, hein? Je pense que... Bon. Donc, il faut... il
faut... il faut en prendre soin. Le Musée national des Beaux-Arts du Québec a
un gros chantier, là, avec l'espace Riopelle. Bon. Donc, j'ai... je crains que
cette idée d'un nouveau musée détourne l'attention de musées qui ont déjà
besoin d'aide, qui ont besoin...
M. Lacombe : Nos musées
nationaux, vous parlez?
Mme Bernier (Christine) : Oui,
exclusivement. Les autres ne sont pas ou totalement sous votre responsabilité.
La situation des musées nationaux, évidemment, c'est directement rattaché au
ministère et donc...
M. Lacombe : Je comprends.
D'accord. Bien, on a... Je termine peut-être juste là-dessus en disant :
Vous venez aussi de citer plusieurs exemples qui démontrent qu'on investit dans
nos musées nationaux avec l'espace Riopelle, par exemple, avec
l'agrandissement, la modernisation, certains diront la transformation du Musée
d'art contemporain aussi à Montréal, dont on a finalisé et bouclé le budget.
Donc, je veux quand même peut-être vous rassurer sur le fait qu'on n'abandonnera
pas. Et le Musée de la civilisation, qui va... qui va très bien, qui est
très... qui est très populaire puis qui offre de très belles expositions aussi.
Je voulais aussi vous demander peut-être
une clarification. Quand vous dites qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale,
est-ce qu'on peut vraiment dire ça? Parce que moi, depuis que j'entends les
témoins qui viennent nous voir depuis le début, on est en consultations sur le
projet de loi, les gens les plus concernés, les plus interpelés par ce projet
viennent nous voir. Et je vous dirais que jusqu'à présent, bon, je n'ai pas
fait le compte exact, mais la très grande majorité des gens nous disent... nous
dit que c'est un projet qui doit aller de l'avant. Ils nous font des
recommandations puis ils font part de quelques désaccords sur la façon par
exemple de présenter les contenus, mais sont d'accord avec le fond du projet.
Est-ce que se baser, respectueusement, là, sur une revue de presse pour
déterminer l'acceptabilité sociale, ce n'est pas un peu hasardeux?
Mme Bernier (Christine) : Ce
n'est pas hasardeux puisque vous avez fait une conférence de presse. Ça sert à
quelque chose. Donc, vous aviez fait une conférence de presse pour qu'il y ait
de l'information qui soit diffusée, qu'il y ait des opinions qui se forment, et
le résultat, puis c'est ce que... quand je parle d'acceptabilité sociale, dans
tout ce que j'ai lu, puis c'est plus d'une vingtaine d'articles, tout le monde
est contre, quelles que soient les positions éditoriales des journaux, c'est
une réception, une réception qui est négative.
M. Lacombe : Oui. Bien moi,
je ne suis pas... je ne suis pas responsable de... je ne suis pas responsable
de que les journalistes...
M. Lacombe : ...mais ce que je
vous dis, c'est : Depuis le début de la consultation, il faudrait faire le
compte exact, mais, je vous dirais, je ne pense pas me tromper, là, en disant
que la très grande majorité... à tout le moins la majorité, sinon la très
grande majorité des gens nous disent : Oui, sur le fond, on est d'accord
avec l'idée, mais, bon, après, voici, dans la façon de le faire, on n'est pas
d'accord sur telle ou telle chose, il faudrait préciser ceci ou cela.
Mme Bernier (Christine) : Malheureusement,
je ne peux pas répondre à ça parce que je ne suis pas à votre place puis je
n'ai pas entendu les autres auditions.
M. Lacombe : D'accord. Bon,
bien, je dépose ceci pour... peut-être pour considération. Jusqu'à maintenant,
en tout cas, le fond du projet ne semble pas avoir tant d'opposition que ça.
Même que ce matin, si vous avez lu la revue de presse, les Premières Nations
nous disent qu'ils souhaitent donner une chance au musée. Donc, eux-mêmes, sur
le fond, disent : Bien, tu sais, on... il y aurait... il y aurait
possibilité de trouver un moyen d'entente. Je le dépose ici pour considération.
Puis la... peut-être la dernière question,
parce qu'il me reste peu de temps...
La Présidente (Mme Poulet) : Une
minute 10 secondes.
M. Lacombe : Une minute 10.
Je vais... Je vais terminer là-dessus. Vous dites... Ça m'a fait sursauter
tantôt, vous parlez du Musée national de l'histoire du Québec, vous
dites : On devrait plutôt faire un pavillon ou un espace de diffusion, et
vous dites, avec une ambition moins arrogante. Là, je suis allé lire la
définition exacte du mot «arrogance» dans le dictionnaire. C'est... Ce n'est
pas particulièrement tendre. Qu'est-ce que... Donc, vous sous-entendez quoi en
utilisant ce mot-là par rapport au MNHQ?
• (14 h 30) •
Mme Bernier (Christine) : Bien,
si ça s'appelle un centre d'exposition, par exemple... Pour des musées en
région qui crient famine, c'est sûr que musée national, ça fait arrogant.
Centre d'exposition, bien, ça fait plus... C'est mot à mot ce que j'ai écrit.
M. Lacombe : D'accord. Parce
que «arrogance», c'est quand même : «insolence méprisante ou agressive».
Je trouvais que le mot était peut-être chargé pour parler d'un projet qui somme
toute est assez... ne fait pas l'unanimité, mais qui semble créer quand même un
certain consensus, si je m'en tiens aux propos qu'on a recueillis ici.
Mme Bernier (Christine) : Grand
bien vous en fasse.
M. Lacombe : D'accord. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
c'est tout le temps qu'il nous reste. On va poursuivre les discussions avec la
députée de Robert-Baldwin pour une période de 12 minutes et 23 secondes.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Bernier. Merci beaucoup pour votre mémoire et votre
témoignage fort intéressant aujourd'hui.
Peut-être avec... Il va y avoir une
divergence, peut-être, d'opinions au sujet des... de la majorité ou une grande
majorité ou une majorité concernant toute la question qu'on est pour ou contre.
C'est sûr et certain qu'il y a plusieurs
groupes qui ont soulevé la même préoccupation que vous concernant le
dédoublement de missions. Ça, on est clairs là-dessus. Et donc... Et, en raison
de la définition de la mission... Et vous avez touché à un aspect fort
important, toute la question du problème d'acceptabilité sociale qui découle
aussi des... comme vous avez dit, moi, je l'appelle le cri du cœur des musées
régionaux, le sous-financement des musées régionaux. Et on l'entend parler, là,
depuis longtemps. Et là vous mentionnez en ce qui a trait... les besoins des
musées d'État, des... également des musées nationaux.
Je vais vous poser la question d'une
certaine façon, parce qu'il y a certains groupes qui sont venus nous parler
d'une consultation, une consultation, qu'il aurait fallu, peut-être même avant
le dépôt du projet de loi, avoir une consultation pour vraiment déterminer les
vrais besoins, les vrais besoins des... dans le secteur muséal du Québec.
Est-ce que vous êtes d'accord avec cette proposition qu'on aurait dû faire une consultation?
Mme Bernier (Christine) : C'eût
été une bonne idée.
Mme Garceau : O.K. Pour
déterminer. Et donc on aurait pu peut-être venir... on aurait pu satisfaire
peut-être cette question d'acceptabilité sociale et aussi de voir les vrais besoins
des musées à travers le Québec en termes de décider : est-ce qu'on a
besoin d'un autre musée national sur l'histoire du Québec qui vient rejoindre
la mission du Musée de la civilisation ou est-ce qu'on pourrait d'ailleurs
bonifier, parce qu'il y a quand même une...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...enveloppe
budgétaire très intéressante, au niveau du ministère, concernant... c'étaient
les espaces bleus, et là on l'a mis dans ce nouveau musée. Est-ce qu'on ne
pourrait pas utiliser ces fonds-là pour bonifier, évidemment, ou aider
financièrement les musées régionaux? Donc, vous seriez d'accord avec ce genre
de processus?
Mme Bernier (Christine) : Ça
pourrait être une possibilité, en effet.
Mme Garceau : Dites-moi, Mme
Bernier, parce que vous avez quand même utilisé un verbe très, très important,
«vampiriser»... C'est la première fois, là, que je le vois dans les mémoires.
Est-ce que vous pourriez expliquer? Parce qu'à l'appui de tout ça vous avez
parlé de l'exposition inaugurale qui va avoir lieu au printemps 2026 au Musée
de la civilisation. Est-ce que vous pourriez nous donner, peut-être, des
détails à ce sujet-là?
Mme Bernier (Christine) : Bien,
je ne suis pas une employée, une professionnelle du Musée de la civilisation,
les employés du musée seraient mieux placés que moi pour vous donner des
détails concernant cette exposition inaugurale. Ce que je sais, c'est ce que
tout le monde sait : ça va avoir lieu en 2026, il y a plusieurs chargés de
projets qui seront engagés, particulièrement pour le numérique, des œuvres de
la collection du MCQ seront utilisées pour cette exposition inaugurale, puis le
personnel du Musée de la civilisation est en train d'y travailler.
Mme Garceau : O.K. Et
peut-être nous parler un petit peu plus de votre idée concernant ce centre d'exposition
de l'histoire. Comment vous voyez ce centre?
Mme Bernier (Christine) : Bien,
en fait, ça pourrait être la même chose, c'est juste que le terme de «musée
national» et la stature de ce projet de musée... Quand on lit le projet de loi,
quand on utilise l'information dont on dispose, ça n'a pas la stature de musée
national. Un centre d'exposition n'a pas de collection, fonctionne avec des
plus petits budgets. En fait, ce que ça annonce, ça ressemble davantage à un
centre d'exposition. Un musée, par définition puis historiquement, c'est fondé
sur une collection. On ne commence jamais avec un bâtiment qu'on va appeler
musée puis, ensuite, on cherche des objets à mettre à l'intérieur. C'est le
contraire qui se produit : on a d'abord une collection, puis on a d'abord
des objets, puis ensuite on construit, donc. Puis, si l'espace est déjà là,
bien, ça peut être un centre d'exposition, puis il n'est pas nécessaire d'avoir
de collection.
Puis tout le personnel spécialisé qui doit
prendre soin d'une collection, les espaces d'entreposage, c'est beaucoup de
travail, c'est une grosse entreprise, un musée national, puis même un musée
tout court. Donc, je me disais : Bon, bien, oui, ça ressemble un peu à un
centre d'exposition. Bien, puis, en même temps, bien, ce centre d'exposition
ressemble tellement au Musée de la civilisation du Québec que je...
Mme Garceau : Il n'y aurait
pas... oui?
Mme Bernier (Christine) : Ça
se ressemble tellement...
Mme Garceau : Oui, oui, je...
non, je vous comprends. Je vous comprends entièrement.
Mme Bernier (Christine) : J'ai
beau être spécialiste...
Mme Garceau : Moi, je trouve
qu'il y a un élément... Vous aviez mentionné avec le ministre l'élément de la
concurrence, c'est la ministre qui l'avait soulevé. Je trouve qu'il y a un
élément de concurrence, ici, là, entre la création du nouveau musée. Et, si on
va évidemment, avec cette question de collection, il va y avoir évidemment une
concurrence là-dessus, n'est-ce pas, entre les deux musées, si on va de l'avant
avec le projet et il y a une création d'un musée national de l'histoire?
Mme Bernier (Christine) : Il
faudra que les deux directeurs généraux s'entendent très, très, très bien.
Mme Garceau : Il va falloir
qu'il y ait une collaboration.
Mme Bernier (Christine) : Plus
que ça.
Mme Garceau : Qu'est-ce que
vous voulez dire, «plus que ça»?
Mme Bernier (Christine) : Bien,
c'est comme, il y a une telle fusion entre... tel que le décrit le projet de
loi, que le musée d'histoire empruntera des...
Mme Bernier (Christine) : ...les
objets de la collection du Musée de la civilisation. C'est sûr que les musées
se prêtent des objets, ça fait partie de leur fonctionnement. Les prêts :
on emprunte, on prête. Ça va. Mais s'il y en a un qui n'a pas de collection au
point de départ, bien, le musée qui est prêteur en fait beaucoup. Bien, il y a
une grande dépendance du musée d'histoire face au Musée de la civilisation.
Mme Garceau : Et que le Musée
de la civilisation a déjà ses professionnels, ses experts qui pourraient très
bien faire le travail. Parce que, juste pour que vous soyez au courant, je ne
sais pas si vous avez écouté les groupes de cet avant-midi, mais on avait le
Syndicat de professionnels... des professionnels du gouvernement du Québec qui
représente les 115 professionnels du Musée de la civilisation, qui sont
venus dire carrément que la mission du nouveau musée, on pourrait très bien
l'intégrer dans la mission du Musée de la civilisation : on a les experts,
on a les professionnels, on peut très bien faire l'exposition telle que demandé
par le ministre. Donc, même pas un pavillon. On va même plus loin,
Mme Bernier, juste pour que vous soyez au courant, on va plus loin qu'un
pavillon d'avoir un musée, un nouveau musée dans le Grand Séminaire, ça serait
d'intégrer dans l'emplacement du Musée de la civilisation la mission du nouveau
musée. Est-ce que ça, vous seriez d'accord? Est-ce que vous êtes contre? Est-ce
que vous pourriez le voir?
• (14 h 40) •
Mme Bernier (Christine) : Non
seulement je suis d'accord, mais je pense que ce serait facilement réalisable.
Mme Garceau : Merci beaucoup.
Je n'ai pas d'autre question. Merci beaucoup.
Mme Bernier (Christine) : Je
vous en prie.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci.
Je cède la parole au député de Jean-Lesage pour une période de 4 min 8 s.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup. C'est vraiment intéressant. Je voulais vous poser
une question, je vais droit au but vu que j'ai moins de temps, mais par rapport
à la... au temps que ça prend pour mettre sur pied un tel musée national. Vous
évoquiez, là, que 2026, printemps 2026, pour l'ouverture, c'est assez optimiste
ou, en tout cas, ambitieux. Selon vous, ça prendrait combien de temps, disons,
pour monter ça, quelque chose qui a cette ampleur-là? Pour faire les choses
comme il faut, ça prendrait des délais qui ressemblent à quoi à peu près,
mettons?
Mme Bernier (Christine) : Bien,
entre le moment où l'idée est lancée par un gouvernement, puis le moment où on
peut inaugurer le musée, bah, il peut facilement se passer huit ans. Le centre
à Beaubourg, ça a pris deux présidents de la France, entre le moment où il y a
un premier qui a énoncé le vœu puis l'autre qui a fait l'inauguration.
M. Zanetti : Il peut se
passer beaucoup d'élections en huit ans. Je vais des jokes. Excusez. O.K.
Mme Bernier (Christine) : Ça,
je ne m'y connais pas.
M. Zanetti : Ah, oui.
Habituellement deux. Bon. Puis c'est... Bien, ma question ici est un peu
connexe à ça, là, c'est... Une des choses qui me préoccupe par rapport à ça,
puis et je veux avoir votre point de vue là-dessus, ça a été soulevé par
d'autres personnes aussi, c'est, disons, étant donné que ça va être un musée
qui fait de l'histoire et aussi de la mémoire, de la commémoration et qui a
pour but de promouvoir l'identité québécoise, et la fierté, et tout ça,
évidemment, il y a des gens qui disent : Bien, il faut que ça soit très
indépendant de n'importe quel gouvernement, il faut qu'il y ait une
indépendance là-dedans. Dans le mécanisme de nomination, par exemple, de la
direction générale ou du C.A., bon, les premières... la première direction, le
premier C.A. seront nommés par le gouvernement, ensuite, ce sera nommé comme
par la Loi sur les musées, mais je voudrais savoir, selon vous, est ce que,
même actuellement, là, en ce moment, est-ce que les musées comme le Musée de la
civilisation ont une indépendance suffisante des gouvernements pour faire un
travail de façon indépendante, ou est-ce que tout le monde se sent un
peu : Hi, si je fais ça, peut-être que ça ne plaira pas puis ça se peut
que je ne reste pas longtemps à la direction générale ou sur le C.A. ou...
est-ce que vous avez déjà entendu ce genre de crainte là dans l'écosystème
muséal québécois?
Mme Bernier (Christine) : Premièrement,
un musée, qui est une société d'État, n'est jamais totalement indépendamment...
Mme Bernier (Christine) : ...n'est
jamais totalement indépendant du gouvernement. Ça, c'est... ce n'est pas un
musée d'État, sinon. Puis même les musées qui ne sont pas des musées d'État ont
une dépendance d'ordre économique, bien, ils ont besoin du gouvernement pour le
financement. Mais les décisions du gouvernement peuvent avoir un impact sur les
musées d'État. Ce n'est pas une chose anormale.
M. Zanetti : O.K. Puis est-ce
que, selon vous, dans le cadre d'un musée par exemple national de l'histoire,
est-ce qu'il y a des mécanismes qu'on... qui pourraient être mis en place ou
peut-être que dans d'autres pays... mettent en place pour maximiser
l'indépendance, disons, même si elle est toujours relative?
Mme Bernier (Christine) : Ça,
ça sort de mon champ d'expertise. Non...
M. Zanetti : C'est bien
correct. Je vous remercie infiniment.
Mme Bernier (Christine) : Je
vous en prie.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
je vous remercie, Mme Bernier, pour votre contribution aux travaux.
Je suspends les travaux quelques instants
afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 14 h 45)
(Reprise à 14 h 47)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on reprend nos travaux et on accueille la Société du patrimoine politique du
Québec avec Mme Manon Blanchet, Alain Lavigne et M. Dave Turcotte. Alors, je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la
suite, on va procéder aux échanges avec les membres de la commission. Alors,
allez-y, on vous écoute.
Mme Blanchet (Manon) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les députés, bonjour à
toutes et à tous. La SOPOQ, la Société du patrimoine politique du Québec,
vous... désire vous remercier pour l'invitation qu'elle a reçue pour participer
à cette commission parlementaire dans le cadre des consultations publiques sur
le projet de loi n° 64, et pourra... justement, on pourra vous transmettre
nos commentaires et recommandations.
Mon nom est Manon Blanchet. Je suis
vice-présidente de la SOPOQ et ex-députée de Crémazie. Je suis accompagnée à ma
gauche de M. Alain Lavigne, également vice-président de la SOPOQ et professeur
titulaire au Département d'information et de communication de l'Université
Laval, et à ma droite de M. Dave Turcotte, administrateur de la SOPOQ et ex-député
de Saint-Jean.
La Société du patrimoine politique du
Québec est un OBNL qui a été créé en novembre 2001 à l'initiative de Marcel
Masse, un ancien ministre dans les gouvernements québécois et canadien. La
SOPOQ est un organisme non partisan à vocation culturelle dont la mission
consiste à mettre en valeur le patrimoine politique par ses actions de
conscientisation, d'animation, de commémoration et de diffusion des
connaissances.
Notre vision, c'est... ce serait que les
Québécoises et les Québécois aient une... sachent qu'ils ont une histoire
politique riche et unique. La connaissance et la préservation de leur
patrimoine politique...
Mme Blanchet (Manon) : ...sont
des éléments essentiels à leur perpétuation citoyenne. Les Québécoises et les Québécois
doivent donc unir leurs efforts afin de préserver et enrichir leur patrimoine
politique et en assurer la plus grande diffusion possible, notamment auprès des
générations futures. Pardon. Je vais laisser maintenant la parole à mon
collègue M. Lavigne.
M. Lavigne (Alain) : Merci de
nous accueillir cet après-midi, chers Présidente, ministres et députés. Comme
on a dit, la mission de la SOPOQ, on va peut-être passer aux parties
recommandations. On a trois recommandations, je vais vous en présenter deux, et
mon collègue Dave Turcotte va poursuivre avec la troisième. Je crois comprendre
que vous n'avez pas le mémoire. Bon, on va essayer d'être un peu plus
didactique, peut-être dans la présentation, même si on est un peu succinct dans
le temps.
En fait, nous, vous avez entendu notre
mission, on ne peut pas être contre la création d'un musée national. Ce qu'on
veut vous dire aujourd'hui, c'est que, dans les fonctions telles que
présentées, on aimerait bien que soit précisée un peu l'histoire politique. Je
pense que ça fait partie de notre patrimoine, c'est ce qui nous anime. On est
tous des administrateurs bénévoles. D'ailleurs, la SOPOQ n'a pas de permanence,
on est tous des bénévoles. On fait des choses depuis plusieurs années à notre
échelle. Et je pense, comme je vous dis, on est d'accord avec le projet de loi.
On aimerait que la fonction, à ce moment-là, de, peut-être, dans le sens de la
protection, la promotion du patrimoine politique devrait y figurer. Si ce n'est
pas dans le projet, au moins d'y penser, de l'avoir dans l'horizon, parce qu'on
n'est pas le seul patrimoine, je dirais, aussi au niveau québécois.
• (14 h 50) •
Et, au cours des dernières années, dans
nos travaux, entre autres pour le plan directeur, on s'est aperçu qu'il n'y
avait pas vraiment de définition bien arrêtée de ce qu'est le patrimoine
politique, et on y a travaillé. Elle est assez longue la définition, je ne la
lirai pas au complet, mais je vais aller à la fin. Le préambule est
relativement long, mais vous allez voir qu'elle est porteuse et très ouverte.
On n'est pas juste dans les artéfacts et, je dirais, l'histoire
institutionnelle liée, je dirais, à des personnages. La spécificité du
patrimonial, d'un objet, d'une œuvre, d'un site, d'un événement ou d'un
personnage marquant tient à la signification que lui reconnaît une communauté
ou l'État. Fondé sur l'histoire et la mémoire, le patrimoine politique est non
seulement en lien avec le passé, mais il interagit avec le présent et le futur.
Donc, il faut voir ce type de patrimoine là comme étant un patrimoine
intéressant à avoir, je dirais, dans vos travaux en tant que législateur. Donc,
c'est... peut-être, on voulait vous présenter cette définition-là, pour
soutenir un peu notre recommandation, qu'on soit un peu dans vos intentions,
puis qu'on aille un petit peu plus... d'avoir cette sensibilité-là par rapport
au patrimoine politique.
Notre deuxième recommandation irait dans
le sens qu'on possède un patrimoine politique riche, diversifié, marqué par des
luttes pour la démocratie, des mouvements sociaux ou des figures politiques
importantes et des événements déterminants qui ont façonné notre identité. Et
je pense qu'on est tout à fait dans le Musée national d'histoire et ses
institutions. Pourtant, je trouve qu'au Québec on manque peut-être des
occasions de se le rappeler. C'est peut-être parce qu'on est tous un peu... Par
rapport à cette histoire-là, comme parlementaires, vous êtes... vous la vivez,
vous faites partie. Vous serez dans le patrimoine, vous contribuez. Mais je pense
que, quand on est dedans, on oublie qu'on est un acteur important. Donc, je
pense que... Puis, actuellement, dans le réseau, dans les musées, c'est
dispersé, souvent, sous-estimé, pas mis en valeur tant que ça. Donc, je pense
qu'il serait peut-être intéressant, c'est une belle occasion de fédérer les
forces autour d'un projet ambitieux. Puis on vous suggère la création d'un
réseau de préservation et de mise en valeur du patrimoine politique québécois
qui pourrait être rattaché à la mission, je dirais, de ce que vous... du projet
de loi, là, de l'institution qui est en voie d'être créée.
Donc, dans ce sens-là, on estime qu'il
serait important d'élargir - je vais aussi dans le projet de loi - la liste des
partenaires, parce qu'actuellement, dans le projet de loi, vous avez, comme
partenaires, le réseau, le réseau québécois des musées, qui est incontournable.
Mais nous, on aimerait peut-être vous donner la perspective que ça peut être
plus large que ça pour la diffusion ou l'écoute des différents acteurs, les
sociétés d'histoire, de généalogie, des fondations privées, des passionnés de
patrimoine, les municipalités, peuvent être aussi des lieux de diffusion, mais
des lieux d'écoute, de transfert d'information, puis...
M. Lavigne (Alain) : ...on est
beaucoup là-dedans, depuis quelques années, on n'est pas juste Québec et
Montréal, on va dans les régions, on va dans des bibliothèques, on diffuse,
donc, d'abord, cette... Et le patrimoine, il est là aussi, dans l'histoire de
certains parlementaires, dans leurs régions, etc.
Qu'est-ce que je peux ajouter sur cette
deuxième recommandation? Je ne veux pas brûler tout le temps de... Bref,
pensons aux institutions que je viens... qui existent, là, qui y sont
présentes, qui peuvent aussi participer, aider. Puis aussi de penser à des
nouvelles initiatives, d'enrichir notre mémoire collective par des expositions
thématiques, transversales, itinérantes dans les régions. Québec oui, Montréal
oui, mais je pense qu'on a cette vision-là pour la diffusion du patrimoine politique.
Merci.
M. Turcotte (Dave) : Bien,
pour pouvoir réaliser... C'est très ambitieux, le Musée national de l'histoire,
puis on considère que c'est vraiment une belle chose parce que ça peut donner
une impulsion au Québec, j'expliquerai un peu plus en détail pourquoi, mais ça
prend les ressources, les ressources, bien entendu, financières, et on
considère qu'il ne faut pas que ça se fasse au détriment des initiatives déjà
en place. Il y a déjà des initiatives de patrimoine, patrimoine politique, dans
les musées régionaux, dans les sociétés d'histoire, dans les municipalités. Il
y a le programme de commémoration des anniversaires qui vient d'être lancé, il
y aura... on le voit, des fois, des projets par rapport au patrimoine politique
dans ce genre d'enveloppe là. Mais il ne faut pas que l'argent, qui est déjà
difficile, en culture, bien, que le musée national prenne ce qui se... Il faut
additionner.
Et, pour ce faire, nous considérons qu'il
y a un modèle qui existe, qui est le modèle américain, avec les musées d'État,
les State Museum, qui fonctionne très bien. Pratiquement chaque État américain
a un State Museum, un musée d'État. Et, dans ces musées-là, on voit une
diversité d'expositions, mais aussi une diversité de partenariats, de
collaborations entre les différentes agences gouvernementales, l'équivalent
de... mettons, de la SEPAQ ou de Parcs Canada, bien, aux États-Unis, mais aussi
avec différentes organisations, des fondations privées, etc. Et ils traitent de
différents aspects. Oui, bien entendu, l'écologie, la technologie, etc., mais
la place de l'histoire et de... l'histoire politique a une place importante
dans ces musées-là, souvent même associée en proximité géographique avec
l'équivalent des Parlements, là, des capitoles américains. Dans le mémoire,
lorsque vous l'aurez, vous pourrez regarder, on a fait une courte liste
d'exemples d'expositions qui ont été présentées dans différents musées, entre
autres, le musée de New York, une exposition sur le droit de vote des femmes,
le musée de la Caroline du Sud, une exposition sur la reconstitution en lien
avec la guerre civile, le Musée d'histoire de l'Ohio, une exposition sur la
présidence américaine et son évolution dans le temps. Donc, la place qu'occupe
le patrimoine politique, l'histoire politique dans ces musées-là est quand même
assez importante.
On considère que ce modèle-là pourrait
être un exemple pour le Québec puis on se questionne, avec tous ces
partenariats-là, ce réseau-là qui se fait au Québec, on se dit : On est
capables, nous-mêmes, au Québec, avec le Musée national de l'histoire,
d'appliquer ce modèle-là et de faire valoir notre histoire nationale.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Bien, merci beaucoup pour votre exposé. Alors, on va commencer les échanges
avec le ministre pour une période de 16min 30s.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, si je comprends bien... Bien, merci, d'abord, de vous
prêter à l'exercice, c'est apprécié. Merci d'avoir pris le temps de préparer un
mémoire. On me dit qu'il y a eu un petit inconvénient, mais que vous l'aviez
bien transmis. Donc, ça nous est envoyé à l'instant, donc on va en prendre
connaissance plus en détail, mais donc, sur le fond, je comprends que vous êtes
d'accord avec le projet.
Qu'est-ce que vous répondez, peut-être
juste pour mettre la table à ceux qui nous disent qu'on n'a pas besoin de ce
musée parce qu'on a déjà un musée de société, pas d'histoire, mais de société,
qui s'intéresse notamment à l'histoire des gens qui peuplent le territoire
québécois et que, donc, ce n'est pas nécessaire d'avoir un musée d'histoire qui
va s'intéresser principalement à la nation québécoise?
M. Turcotte (Dave) : Bien,
vous comprendrez que, pour notre part, notre demande principale, c'est
d'ajouter le patrimoine politique dans la mission du Musée national de
l'histoire, donc on serait bien mal vu de dire que ce n'est pas une bonne idée
de créer le Musée national de...
M. Turcotte (Dave) : ...parce
que notre organisation a pour mission de promouvoir l'histoire nationale dans
le patrimoine politique. Et il y a aussi un enjeu d'espace au Québec, un espace
de... Il y a une limitation des espaces disponibles pour des expositions ou
pour des projets de valorisation de notre patrimoine. Il y a des musées
régionaux, mais il y a une limite, là, dans la capacité de présenter des
expositions dans une année. Même le Musée de la civilisation a le même enjeu
aussi, le fait que les expositions coûtent de plus en plus cher. Souvent, on
présente les expositions sur une période plus longue, donc il y a moins
d'expositions à terme qui sont présentées. Donc, d'avoir un lieu supplémentaire
de diffusion dans la Capitale-Nationale, mais qui pourrait avoir des
partenariats, des liens avec des musées régionaux, des sociétés d'histoire, que
des expositions présentées à Québec pourraient être par la suite présentées en
région et des expositions régionales qui pourraient aussi être présentées à
Québec, c'est ça, notre réseau qu'on pense. Au fond, c'est qu'il ne faut pas...
ce n'est pas un ou l'autre, c'est un et l'autre qui font ensemble un tout.
M. Lacombe : Donc, c'est
votre réponse à ceux qui... Je trouve que c'est une bonne réponse. Donc, je la
note, je pourrai la citer. Ensuite, peut-être sur... voyons, où est-ce que je
m'en allais, sur...
Une voix : ...
M. Lacombe : Pas la
commémoration, je vais y revenir, mais, en fait, je vais rebondir sur ce que
vous étiez en train de dire. Le musée que nous avons en tête aurait une grande
exposition sur l'histoire du Québec, donc d'un point de vue historique et non
pas sociétal. Et il y aurait évidemment des expositions temporaires. Puis là,
évidemment, le musée va travailler sur ces expositions-là. Est-ce que, ce que
je comprends, c'est que, vous plaidez pour qu'il y ait, par exemple,
ponctuellement, des expositions qui s'intéressent à... évidemment, parce
qu'évidemment que la politique, il va en être question tout au long du grand
parcours historique du Québec, c'est sûr. D'ailleurs, M. Bouchard, qui est
venu témoigner, et ça, je trouvais que c'était assez intéressant, nous
disait : L'histoire, l'histoire du Québec, c'est l'histoire de combat. Les
Québécois sont des combattants. Est-ce que c'est le mot exact qu'il a utilisé?
Je pense que oui. Oui. Donc nécessairement, un combat, c'est politique. Donc,
ça, ça... Et je pense que c'est une évidence, mais est-ce que ce que vous
voulez aussi dire, c'est important, par exemple, dans des expositions
temporaires qu'on s'intéresse à tel ou tel premier ministre qui a marqué le
Québec ou à telle ou telle lutte, par exemple pour le droit de vote des femmes,
pour, je ne sais pas, la naissance des CPE, pour, etc. Est-ce que c'est ce que
vous avez en tête?
• (15 heures) •
M. Turcotte (Dave) : ...lorsque...
vous pourrez consulter notre mémoire, là, vous allez voir qu'on a eu quelques
projets dans les dernières années, dont une exposition qui a été présentée ici,
à l'Assemblée nationale, qui, là, sera présentée prochainement à l'Assomption,
sur Jacques Parizeau, en lien avec son 30 ᵉ anniversaire d'élection qui
était il y a quelques jours, mais en lien avec la Révolution tranquille,
architecte de la Révolution tranquille à premier ministre du Québec. Donc, on
traite des gouvernements Lesage, des gouvernements de Daniel Johnson, de
Jean-Jacques Bertrand, de René Lévesque, le gouvernement de M. Parizeau.
On a fait aussi une exposition sur Félix-Gabriel Marchand, malheureusement
moins connu, qui était un grand premier ministre, le premier à mourir en
fonction, mais sur tout son héritage. Puis la Révolution tranquille, c'est
beaucoup Félix-Gabriel marchand, parce qu'à l'époque les principales demandes,
la création du ministère de l'Éducation, c'était Félix-Gabriel marchand en
1900, là, et même avant.
Donc, tout ça pour dire que nous, on
considère, oui, on répond oui à la question, mais il n'est... Puis dans le
modèle américain, j'ai dû écourter un peu à cause du temps, mais aux
États-Unis, il y a une culture incroyable, là, des musées présidentiels à
partir de Hoover jusqu'à tout récemment. Les présidents ont leur musée avec une
bibliothèque présidentielle où on collectionne les archives, les artefacts,
etc., les maisons natales de ces présidents-là, etc. Au Québec,
malheureusement, il y a seulement que trois lieux — et prochainement,
peut-être, un quatrième premier ministre — qu'on peut visiter, un
lieu physique...
M. Lacombe : Le quatrième,
vous parlez de René Lévesque?
M. Turcotte (Dave) : Oui.
M. Lacombe : Ça va arriver,
ça va arriver.
M. Turcotte (Dave) : Exact.
Mais là, en ce moment, il y a l'espace René Lévesque, qui est quand même une
très belle initiative...
M. Lacombe : Je vous confirme
que ça va arriver.
M. Turcotte (Dave) : ...mais
Honoré-Mercier, sa maison natale, Paul Sauvé, sa maison à Saint-Eustache et Joly
de Lotbinière, son domaine. Puis ce n'est pas normal qu'au Québec on ne puisse
pas visiter. Et dans le mémoire, on mentionne que ça pourrait être aussi une
initiative du gouvernement. La maison de Daniel Johnson à Saint-Pie a été
vendue durant la pandémie pour une bouchée de pain. Il y a quand même un
premier ministre qui a habité là et deux autres premiers ministres qui sont nés
dans cette maison-là. De pouvoir l'acheter pour une bouchée de pain...
15 h (version non révisée)
M. Turcotte (Dave) : ...comme
gouvernement, il dit créer un centre d'interprétation sur l'histoire de la
famille Johnson, qui est une famille importante dans l'histoire politique du
Québec, mais aussi au-delà de la politique. Parce que la politique, ce n'est
pas de la partisanerie, nécessairement. C'est des grandes réalisations, c'est
des grands moments de l'histoire. Quand vous parlez des CPE, je pourrais vous
parler de la langue française, Je pourrais parler de différents enjeux, donc de
pouvoir, par l'entremise d'une maison ou d'un. Là, dans le cas du Musée
national d'histoire, une exposition sur un premier ministre, pouvoir aborder
quel était le Québec à cette époque-là, etc. En lien avec la politique, nous,
on trouve ça inspirant.
M. Lacombe : Je trouve ça
inspirant aussi. Je trouve que c'est... ce sont de très belles pistes de
réflexion sur ce que pourrait... Parce qu'évidemment, un musée, c'est vivant,
ça peut... ça peut évoluer, ça peut nous faire des propositions aussi lorsqu'il
voit le jour pour... pour... pour être justement capable d'évoluer puis de
grandir. Donc, je trouve que c'est intéressant. Là où j'allais tantôt et ça m'était
sorti de la tête, il y a aussi des gens qui nous disent, ou en tout cas qui
laissent entendre, pas nécessairement ici, mais aussi dans l'espace public, que
de créer un musée qui s'intéressera à l'histoire de la nation québécoise, c'est
instrumentaliser en quelque sorte une institution, c'est poser un geste
politique qui est sous-entendu partisan. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Lavigne (Alain) : Bien, je
dirais que l'exemple des musées nationaux aux États-Unis, je pense que ça
montre que l'on peut le ramener à l'État, là. Est-ce que l'État peut parler de
sa culture, de sa façon d'être, de son histoire, ses étapes par rapport au
parlementarisme. Donc, je pense qu'on peut faire ça au Québec, là, en tant que
nation, là, je ne veux pas entrer dans le débat parce que nous, on est des
passionnés, on ne fait pas de la politique, là, vous comprendrez...
M. Lacombe : Vous n'avez pas
envie de marcher sur une pelure de banane, aujourd'hui.
M. Lavigne (Alain) : Mais en
fait, c'est peut-être une...
M. Lacombe : Vous voulez
passer une belle fin de journée.
M. Lavigne (Alain) : ...espèce
de prudence là, mais on n'a pas une posture d'experts, on est des passionnés de
l'histoire, on essaie de la faire vivre, l'histoire politique de la faire vivre
en tant que bénévole. Nous, on n'a pas à prendre ces positions-là que vous
écoutez. Puis je pense que là-dessus, vous comprenez, quand on ne se commet pas
trop, là.
M. Lacombe : Moi, je suis
tout à fait compréhensif. Je pose des questions et je respecte vos réponses.
M. Lavigne (Alain) : Mais,
nous, on... je dirais que ça nous anime une histoire, l'histoire politique du
Québec nous anime et je pense que notre contribution à la SOPOQ c'est de voir,
oui, les expositions, c'est une façon de diffuser, mais on fait de plus en plus
aussi de conférences. Lors de l'année Lévesque, du 100e anniversaire, on a fait
une conférence qui s'appelait René Lévesque Le plaisir d'en collectionner les
traces et on a fait cette conférence-là à New Carlisle parce que c'est là qu'il
a grandi et où il est né. On l'a fait à Québec et à Montréal. On trouvait que c'était
une formule au Musée de la civilisation à Québec, ici, avec effectivement un
partenariat avec le musée. Donc, ça peut être des conférences. On peut animer
autrement l'histoire politique, le musée. Moi, je le vois comme dans ses
fonctions. C'est pour ça que je vous disais que peut-être il y a une fonction
qu'il faudrait peut-être voir là pour pointer notre histoire politique, mais il
y a beaucoup de façons de la décliner. Puis il y a déjà des partenaires qui
existent partout. Il s'agit d'animer et de donner un mandat d'une certaine
manière pour quelqu'un pour qu'il y ait une institution qui coordonne tout ça.
J'avoue que ce n'est pas simple.
M. Lacombe : Non mais je
comprends. On dirait que pour moi c'est une évidence. On dirait que pour moi,
quand on parle de l'histoire de la nation québécoise, je suis, je suis et je
trouve que M. Bouchard l'a résumée avec beaucoup de justesse, c'est les
combats, c'est comment un peuple arrive à se doter d'une nation comme elle est,
comme elle est aujourd'hui. C'est à travers tous ces combats que nécessairement
les combats sont politiques. Puis effectivement, on n'entend pas nécessairement
par là politique partisane. Quand on parle du droit de vote des femmes, c'est
un combat qui a été éminemment politique, qui n'était pas bon, je ne pense pas
qu'on peut dire que c'était de la partisanerie. Donc, pour moi, c'est comme si
c'est, c'est indissociable, c'est certain, c'est comme... Mais je comprends en
même temps que vous êtes ici pour nous rappeler que c'est important puis qu'il faut,
il faut axer là-dessus. Peut-être une dernière question sur la commémoration et
ça, c'est large, la commémoration, mais, mais on a peu cette culture de
commémoration au Québec et moi je m'en désole parce que je trouve que tout
comme c'est utile d'avoir un musée national de l'histoire pour savoir comment
la nation s'est construite. D'où on part...
M. Lacombe : ...ça a été quoi,
les grands combats. Parfois, on apprend beaucoup du passé, ça nous évite de
refaire des erreurs ou ça nous inspire de nouveaux combats pour l'avenir. Je
trouve qu'on fait plus ou moins de commémorations. On a... On a commencé, là,
on s'est doté d'une première... d'une première stratégie, tout ça, mais c'est
encore, je dirais, de façon générale, plutôt désordonné. Est-ce que vous
trouvez que le Musée national de l'histoire du Québec pourrait jouer un rôle
dans la coordination, dans la réflexion, dans la mise sur pied d'un cadre,
peut-être, pour réfléchir la façon de mener des commémorations dignes d'une
nation comme le Québec?
M. Turcotte (Dave) : Bien,
tout à fait, parce qu'il y a un enjeu. Quand je vous parlais de la
disponibilité des espaces, bien, d'avoir un espace supplémentaire qui est quand
même insignifiant, là, le Musée national de l'histoire, on s'entend que ce ne
sera pas dans un cabanon, là, donc il y aura un grand espace...
M. Lacombe : 1 800 mètres
carrés.
M. Turcotte (Dave) : ...différents
espaces d'exposition. Donc, lors des différentes commémorations, il pourrait
soit y avoir des activités ou des expositions en lien. Et ce n'est pas parce
qu'on n'a pas d'histoire au Québec. On en a... on a une très belle histoire,
une grande histoire, puis on a des moments importants à se rappeler. Puis
souvent, c'est ça, quand il y a des initiatives citoyennes... Je donnais un
exemple, justement, Félix-Gabriel Marchand. J'en parle beaucoup, là, mais
l'année prochaine, c'est son 125e anniversaire de décès, c'est le premier
ministre du Québec à mourir en fonction. Là, j'essayais de voir est-ce qu'on
peut faire quelque chose. Mais là, je me heurte à des portes de musées qui me
disent : Bien, notre programmation est complète.
M. Lacombe : Parce qu'il n'y
a pas eu de planification.
M. Turcotte (Dave) : Exact.
Puis là, des fois, c'est... c'est pour ça que...
M. Lacombe : Et c'est... Et
c'est exactement ma question. C'est : Est-ce que vous êtes d'accord qu'il
faut planifier ça? Et est-ce que vous pensez que le MNHQ pourrait jouer un
rôle?
• (15 h 10) •
M. Turcotte (Dave) : C'est
l'idée... C'est l'idée de mon collègue M. Lavigne, qui a présenté dans la...
dans la... dans ce qu'on voit comme un réseau, de pouvoir mettre autour, pas
nécessairement une table physique, là, mais que les musées, les sociétés
d'histoire, de généalogie, parce que, des fois, on les oublie, mais sont des
acteurs importants, là, dans les communautés, des municipalités, avec les
services des loisirs, des cultures, font de plus en plus dans la... dans
l'histoire aussi des activités de patrimoine, les fondations privées, bon, Fondation
Lionel-Groulx, mais il y en a d'autres. Puis il y a les amateurs. Souvent les
citoyens, là, comme nous, on est des passionnés, puis on... M. Lavigne et moi,
on est des grands collectionneurs de notre patrimoine, mais on a un rôle à
jouer. On peut... Il y a des musées qui nous interpellent pour nous... pour
prêter des objets, etc. Même l'Assemblée nationale. M. Lavigne, une bonne
partie de sa collection est donnée à l'Assemblée nationale, à la bibliothèque.
Moi, la bibliothèque me contacte à quelques occasions pour avoir des pièces.
L'exposition sur les femmes, j'ai une ou deux pièces qui sont là. Donc,
c'est... c'est... c'est... on a un rôle à jouer, et ça nous ferait plaisir de
le faire davantage. Puis là je parle pour nous, mais c'est... je suis certain
qu'il y a plein de collectionneurs au Québec.
M. Lacombe : Bien oui. On va
avoir une collection à bâtir, donc on garde vos coordonnées.
M. Lavigne (Alain) : Peut-être
en complément là-dessus. J'ajouterais que, bien, si on va au projet de loi, Loi
sur les musées nationaux, l'article un, 24.2, là, 2, bon, ce n'est très habile,
avec vos façons de numéroter, mais c'est à la page trois, et il y a trois
éléments, là, dans les fonctions. Et moi, j'en verrais bien, pour libeller un
peu de façon, je dirais, plus dans vos travaux, là, je verrais bien un élément
qui s'ajouterait, «d'animer un réseau de préservation et de mise en valeur du
patrimoine politique». C'est ça qu'on pourrait peut-être confier directement au
nouveau musée, d'avoir ce mandat-là.
M. Lacombe : Je comprends
bien, je comprends bien.
M. Lavigne (Alain) : Mais
dans une optique de réseau. Et là, nous, on... c'est des spécialistes, là, vous
avez reçu les gens des musées, eux, feront et penseront aux commémorations, et
tout ça. On leur donnera des idées. Et nous, on est là pour contribuer aussi.
On est un OBNL et on va être actifs et on fait partie du réseau, là.
M. Lacombe : Bien, c'est
clair que si le projet de loi est adopté, ça deviendra, ce musée,
nécessairement un pôle aussi, où il y aura une expertise en matière d'histoire
nationale du Québec. Et je... Et vous êtes plusieurs intervenants à qui je pose
la question. Vous êtes nombreux à dire que, oui, ce futur musée devrait jouer
ce rôle pour planifier, pour réfléchir. Parce que c'est sûr que, quand on
planifie un événement la veille, c'est plus difficile d'avoir quelque chose qui
se tient. Quand on planifie cinq ans d'avance, on peut faire des liens aussi
intéressants avec la fête nationale, avec la ville d'origine de tel ou tel
personnage qui va fêter un anniversaire. On peut réfléchir à l'avance à un lieu
qui pourrait être renommé en son honneur, avec la Commission de la toponymie.
On pourrait avoir, disons, un plan stratégique en commémorations, qui ferait
consensus, qui serait appuyé sur des bases scientifiques, qui serait...
M. Lacombe : ...rassembleur.
Donc je comprends que vous êtes d'accord avec ce...
Mme Blanchet (Manon) : Oui.
M. Lacombe : D'accord. Merci.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci.
Alors, on va poursuivre les discussions avec la députée de Robert-Baldwin pour
une période de 12 minutes 23 secondes.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous d'être ici aujourd'hui. Fort intéressant, votre
témoignage. J'ai bien hâte de lire votre mémoire.
C'est évident que dans notre histoire,
l'histoire du Québec, le patrimoine politique en fait partie. C'est juste une
question maintenant de comment, si on peut dire, raconter toute l'histoire avec
ses composantes. Mais... Et donc il y a une reconnaissance, c'est sûr et
certain. Maintenant, il y a un enjeu qui a été soulevé par plusieurs groupes
concernant, un, les finances, budgets de fonctionnement, et probablement vous
êtes très bien au courant des... du sous-financement des musées régionaux, et
donc il y a tout cet aspect de préoccupation en termes de... bien là, on est en
train de créer un nouveau musée, mais là, dans l'écosystème muséal au Québec,
il y a des problèmes de financement, et il y a l'autre aspect aussi que... le
Musée de la civilisation.
Et, si on regarde l'article 24.2 du
nouveau projet de loi, avec la création du nouveau musée, il y a un
dédoublement de mission entre les deux. Et on a même eu le syndicat de
professionnels, qui représente les 115 membres professionnels du Musée de
la civilisation, venir nous dire qu'on pourrait très bien intégrer dans la structure
du Musée de la civilisation la mission du nouveau Musée national. Nous avons
les experts, les professionnels. On en a fait des expositions concernant
l'histoire du Québec. Et je vous entends, en termes de... la création du
nouveau musée, bien, ça serait un autre emplacement, un autre lieu pour faire
nos expositions. C'est... Il y a un équilibre, je crois entre les deux. Donc,
je voulais juste vous entendre là-dessus, au sujet du manque de ressources, la
création d'un nouveau musée et, de votre côté, parce que tout l'aspect de la
commémoration, patrimoine politique, c'est très important, ça fait partie de
notre histoire, il faut le mettre... il faut le souligner à travers la nation.
Donc, je voulais juste vous entendre là-dessus.
M. Turcotte (Dave) : Je comprends
qu'il y a... une bonne partie de votre intervention porte sur les ressources
financières. Notre recommandation trois de notre mémoire traite essentiellement
de cet aspect-là. Nous considérons qu'il est important de ne pas soustraire à
ce qui se fait déjà pour financer le Musée national de l'histoire, qui est
nouveau. Nous, on considère qu'il faut additionner. Ce que le Musée national de
l'histoire coûtera devra être additionné et non pas soustrait aux musées
régionaux ou au Musée de la civilisation ou à d'autres initiatives qui se fait
dans... en matière d'histoire et de patrimoine. Parce que là, finalement, ce
serait contre-productif. Je ne pense pas que ce serait avantageux, pour
réaliser la mission ambitieuse que le Musée national pourrait... pourrait avoir
et aura, si le projet de loi est adopté. Donc, nous, on considère qu'il ne faut
pas que ça se fasse au détriment des ressources financières, qui sont déjà
faméliques dans plusieurs... plusieurs organisations. Mais c'est pour ça qu'on
dit que, s'il y a une addition d'énergies et de ressources, on pourra en faire
plus.
Si les musées régionaux sont dans le coup,
les sociétés d'histoire, les fondations privées, les municipalités, etc., si
tout le monde se met autour de ce projet-là... Il ne faut pas que ce soit vu
comme le musée national qui descend et qui pourrait imposer certaines visions
dans les régions, dans les communautés. Mais il faudrait que ce soit dans les
deux sens, qu'aussi les communautés puissent soumettre. On a fait une belle exposition
dans notre coin, on considère que c'est important, bien, on l'amène au Musée
national de l'histoire. Puis je comprends qu'il va y avoir des spécialistes
puis il va y avoir des historiens puis il va y avoir des gens qui vont regarder
ça. Puis ce n'est certainement pas à nous de juger de ça. Nous, on lance des
idées, là, puis une vision. Après ça, il y aura des gens qui ont... qui ont
comme travail, qui ont les études, la compétence de pouvoir analyser ça au
mieux et au mérite. Mais...
M. Turcotte (Dave) : ...pourquoi
que le musée national de l'histoire n'aurait pas, à un moment donné, une
exposition sur l'histoire de Charlevoix ou sur la Gaspésie, là? Donc, c'est
très possible, ça fait partie de l'histoire nationale, nos régions font aussi
partie du Québec.
Mme Garceau : Oui, et je ne
dis pas le contraire.
M. Turcotte (Dave) : Je n'ai
pas dit ça non plus.
Mme Garceau : Dans le sens
que... et c'est ça, je crois, les préoccupations, en ce moment, ce n'est pas...
c'est vraiment lié en termes d'aujourd'hui, où nous sommes financièrement, et
les besoins actuels des musées régionaux. Et, au lieu de mettre de l'argent
dans la création d'un nouveau musée, est-ce qu'on ne peut pas au moins
satisfaire les besoins des autres, afin que vous puissiez intégrer différentes
composantes du patrimoine politique?
Et, surtout, j'adore l'idée, quand on
regarde les figures marquantes de notre histoire et... on pouvait faire des
expositions dans différents musées régionaux, d'où, peut-être, la personne est
née. Ça peut vraiment ajouter à la vitalité culturelle, mais aussi bonifier les
musées, la visibilité des musées régionaux. C'est juste l'aspect de :
est-ce que c'est vraiment le moment, actuellement, de créer un nouveau musée
lorsqu'il y a des besoins criants dans nos musées régionaux? Et donc c'est de
tenter de voir avec vous, parce que je trouve tout à fait louable qu'est-ce que
vous voulez, et vous êtes passionnés, et on le voit et on le ressent, et c'est
sûr et certain que, dans les musées régionaux, ce serait important d'intégrer
ce patrimoine politique.
• (15 h 20) •
M. Lavigne (Alain) : En fait,
on est souvent en contact avec les musées régionaux, mais on s'aperçoit que, là
aussi, les ressources manquent et qu'on n'a pas nécessairement de place pour
parler de l'histoire politique tant que ça, parce que c'est toujours des
petites organisations qui ont de la difficulté, je dirais, à fonctionner et qui
ont leurs limites d'espace, et tout ça. Mais nous, on croit que la création
d'un musée national, c'est une occasion en or. Si on a des ambitions, je pense
que les ressources viennent un peu avec, là... C'est vous qui... vous soulevez
la question, mais vous avez les réponses, là. Mais moi je vous dirais, on ne
veut pas monopoliser l'enveloppe budgétaire du nouveau musée juste en histoire
politique, là, on veut juste avoir un peu plus d'espace aussi et de
possibilités.
Et là la création d'un réseau, l'animation
d'un réseau par des acteurs qui sont déjà en présence, c'est plus de l'ordre de
la coordination puis de trouver les bons espaces puis le bon lieu. Ce n'est
peut-être pas à Québec, ce n'est peut-être pas à Montréal, cette fois-là, on le
fait là, puis c'est un peu cette logique-là. Je sais qu'il y a des coûts à ça,
mais nous, on est là pour dire qu'on est... patrimoine politique, puis je pense
qu'il faut se donner un peu les moyens de nos ambitions. Mais je pense que...
On ne veut pas... c'est quoi, l'expression? Déshabiller Jacques pour habiller
Pierre, là. Je pense que c'est...
Mme Garceau : Non, mais c'est
bien parce que vous alimentez nos nos discussions puis notre réflexion,
évidemment, parce que c'est important de voir aussi votre expérience, en ce qui
a trait, là, à faire des expositions concernant différentes composantes du
patrimoine politique dans des musées régionaux. Donc, je comprends que...
manque d'espace mais aussi manque de ressources pour les faire.
Est-ce que vous pouvez... est-ce que vous
avez des exemples où vous vouliez faire une exposition en particulier, et, en
raison d'un manque de ressources, vous ne pouvez... vous ne pourriez pas le
faire?
M. Turcotte (Dave) : Bien,
nous, on est une organisation qui est essentiellement, là, financée... en toute
transparence, on sollicite les soutiens à l'action bénévole des 125 députés de
l'Assemblée nationale, là, c'est essentiellement ça, notre budget, et, quand on
a certains projets, on va chercher de l'argent, mais on n'a pas des... il n'y a
pas plusieurs... il n'y a pas beaucoup de zéros à nos montants de budget, là.
On essaie de faire beaucoup avec peu. On a réussi à faire, selon nous, une très
belle exposition sur Jacques Parizeau. Celle de Félix-Gabriel Marchand, c'est
un bel exemple. C'était une exposition qui avait été faite initialement par le
musée du Haut-Richelieu, dans mon coin de pays, qu'on a... fait un partenariat
avec eux, qu'on a... La Société du patrimoine politique...
M. Turcotte (Dave) : ...le
bonifier avec des nouveaux panneaux, avec une nouvelle mouture qui a été aussi
présentée ici à l'Assemblée nationale pendant une période de temps. Et, par la
suite, elle est revenue dans la région de Saint-Jean, a été présentée dans un
hôtel de ville, la Saint-Valentin, à la frontière américaine, parce que M.
Marchand, à l'époque, sa circonscription se rendait là, après ça, dans une
bibliothèque dans la ville de Saint-Jean, puis au musée du fort Saint-Jean, qui
est sur le site du Collège royal militaire, donc en lien avec la Défense
nationale, parce que M. Marchand a aussi... il y a eu un aspect militaire. Donc,
c'est ça, on essaie de faire des partenariats avec différentes organisations.
Là, notre exposition sur Jacques Parizeau sera présentée cet automne dans... à
la salle de théâtre Hector-Charland, dans la circonscription de M. Parizeau,
après avoir été présentée ici. On est en pourparlers pour qu'elle soit
présentée à Montréal. Donc, c'est ça qu'on souhaite.
Oui, on a... Notre problème, c'est qu'on
se réveille quasiment la nuit pour avoir des nouvelles idées, là, de promouvoir
notre patrimoine. Ça fait qu'on pourrait vous en nommer plusieurs exemples,
mais ce n'est pas nécessairement parce qu'on s'est fait dire non. C'est parce
qu'à un moment donné il y a aussi une question de temps. On est des bénévoles,
on a des emplois aussi en dehors, on n'a pas d'employés. On ne souhaite pas
nécessairement en avoir un nécessairement, là, mais nous, au fond, ce qu'on
souhaite, c'est que le Musée national de l'histoire, s'il y a une collaboration
entre les partenaires, bien, qu'une organisation comme la SOPOQ mais aussi comme
une fondation privée, comme une municipalité, qui se met ensemble, qui a un
projet en particulier de commémoration, on a beaucoup parlé des premiers
ministres, mais ça peut être aussi de ministres ou de femmes importantes dans
notre histoire politique, là...
Mme Garceau : Très important!
M. Turcotte (Dave) : Très
important, très important. Donc, c'est pour ça qu'on considère que tout ça, là,
c'est... on additionne. Mais la recommandation 3 de notre mémoire est
claire, il ne faut pas prendre, pour financer le Musée national de l'histoire,
de l'argent qui est déjà dédié à nos musées régionaux puis aux autres
organisations, qui se fait déjà. Il faut additionner. Puis ça, on fait
confiance aux parlementaires pour faire ce travail-là de surveillance du
gouvernement. On l'a déjà été dans le passé. Ça fait qu'on sait que vous êtes
capables.
Mme Garceau : J'ai encore du
temps?
La Présidente (Mme Poulet) : Il
vous reste... oui, c'est terminé, 10 secondes. Alors, je cède
maintenant...
Mme Garceau : Oh! Dix
secondes. Bien, merci beaucoup.
Une voix : Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
je cède maintenant la parole au député Jean-Lesage pour une période de quatre
minutes huit secondes.
M. Zanetti : Merci beaucoup.
Merci. Bon. Beaucoup de sujets ont été abordés. Je pense que vous avez pu,
disons, dire ce que vous aviez à dire sur ces sujets-là.
Je vous amènerais sur un sujet, disons,
plus général, là, qui est celui de la... de la mission, en fait, comment, pour
ce musée-là, accomplir sa mission de susciter de l'unité nationale, tu sais,
puis une fierté nationale. Comment est-ce que, dans votre expérience puis dans
votre... vos réflexions de passionnés du patrimoine comme vous décrivez, là,
bien, comment est-ce que vous pensez qu'on doit faire ça pour réussir?
M. Lavigne (Alain) : En fait,
nous, on amène souvent le patrimoine politique par des artefacts, là, qui font
réagir des gens qui ne sont peut-être pas tant que ça intéressés à l'histoire.
Mais on a tellement des bonnes histoires à raconter autour de l'artefact et
d'amener une explication historique. C'est souvent dans la manière de le faire,
mais on s'aperçoit qu'on peut rejoindre des publics qu'on pense plus
difficiles. Moi, je pense toujours aux jeunes, là, je suis un... j'enseigne,
puis ce n'est pas toujours simple de voir les nouvelles générations qui
arrivent et de s'adapter, mais je suis toujours étonné de voir que ça marche
encore parce qu'on livre des choses pertinentes. Et je pense que, quand on
parle, puis de l'histoire politique, via peut-être des expositions, des objets
signifiants, etc., je pense qu'on suscite la fierté. Nos histoires, nos
événements, ce n'est pas juste les personnages, là, ça peut être un moment
historique qui est... qui est... qui est relaté, qu'on a oublié puis on ramène.
Les gens sont sensibles. Donc je pense qu'il faut nourrir ça. Puis notre
message, je pense, c'est de dire : Bien, il y a... il y a peut-être une
belle occasion, là, pour voir que dans notre histoire nationale, il y a notre
histoire politique, l'histoire des grands événements, des grands personnages
mais aussi des oubliés de l'histoire, là. Je pense qu'il y a toutes sortes
d'angles, les femmes en politique, c'est... Pour moi, c'est les classiques,
d'une certaine manière, mais il y a plein d'angles pour aborder l'histoire
politique. Et on s'aperçoit que les gens sont là pour écouter, il s'agit de
trouver les bonnes tribunes, être... être chez eux, dans leur milieu, parler.
Combien de fois qu'on... qu'on est allés dans des régions puis...
M. Lavigne (Alain) : ...moi,
je commence mes conférences, je dis : Qui était votre député sous
Duplessis? Je me monte une affiche, il n'y en a pas beaucoup qui s'en
souviennent, mais là, il a fait deux mandats, trois mandats, puis là, bon... ça
devient fascinant. Puis évidemment, moi, c'est une façon, dans mon... je dirais
que, dans mes projets, je suis plus sur l'histoire de la communication
électorale, c'est ce qui m'a rallié un peu à la SOPA et à la com que j'enseigne,
là, les relations publiques. C'est assez fascinant, notre histoire de la
communication électorale et que je réussis à démontrer que, sous Duplessis,
c'est le début du marketing au Québec, là. La mise en marché, ça commence en
1948, selon moi. J'ai une conférence à Saint-Romuald en fin de semaine et...
Mais les gens sont fascinés de voir, sous Duplessis, qu'on a un peu étiqueté
plutôt, je dirais, une plus grande noirceur, qu'il y avait une modernité de la
com et de la mise en marché. Ça, c'est tout le monde. Mais moi, je reste dans
cet angle-là, le début que... Je ne vais pas trop sur le terrain
d'interprétation politique. Mais, vous voyez, quand on fait la démonstration,
on aborde des choses sous un angle de projection, un cocon qu'on lit avec les
députés locaux, leur histoire, ce qui était le milieu, la connexion et la
fierté, elle vient rapidement.
M. Zanetti : Bon, là, vous
avez suscité ma curiosité par rapport à votre conférence et vos objets de
patrimoine de communication politique. J'ai une petite question de curiosité.
Juste en terminant, selon vous, quelle est votre époque préférée pour les
pancartes électorales?
Mme Blanchet (Manon) : Elle
est bonne. Chaque campagne, j'imagine, a ses pour et ses contre, là. Je ne sais
pas.
M. Zanetti : C'est dur à
dire.
Mme Blanchet (Manon) : C'est
pas mal difficile parce qu'il y a des thématiques qui sont prises à chaque
campagne électorale, et ce, tous partis confondus, mais savoir...
M. Lavigne (Alain) : On va
pouvoir continuer en privé.
La Présidente (Mme Poulet) : Je
vous remercie tous les trois pour votre contribution à la commission. Alors, je
suspends les travaux quelques instants afin d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 30)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 34)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on reprend nos travaux. Nous accueillons M. Arsenault, Mme Choquette et M.
Dansereau, ainsi que M. Hubert. Alors, merci de votre présence à cette
commission. Vous avez 10 minutes et, par la suite, on va avoir une période
d'échange. Alors, allez-y, on vous écoute.
(Visioconférence)
M. Hubert (Ollivier) : Parfait.
Merci beaucoup de l'invitation. On tenait à vous remercier en premier lieu.
Nous intervenons à titre d'expertes et d'experts en histoire de la colonisation
au Québec, inscrivant leurs recherches dans un domaine d'étude très dynamique à
l'échelle internationale qui est l'histoire des colonies de peuplement, dont le
Québec est un exemple parmi d'autres.
La colonisation est un phénomène
historique majeur et complexe de l'histoire de l'humanité. Le colonialisme de
peuplement est une variante de cet ensemble. Il concerne les sociétés où le
processus de colonisation, d'abord piloté par les métropoles, a ensuite été
dirigé par des gouvernements coloniaux puis nationaux.
Dans les colonies de peuplement, les
colons venus d'outre-mer et leurs descendants entrent en concurrence, notamment
territoriale, avec les peuples qui y vivent depuis des milliers d'années. Sur
le terrain, diverses institutions permettent la mise en œuvre de la
colonisation, telles que les églises, les compagnies commerciales, les
municipalités, les cours de justice, les systèmes éducatifs, les systèmes de
santé et de services sociaux, etc.
Les relations entre les autochtones et les
colons et leurs descendants, parfois cordiales, parfois conflictuelles, sont
notre objet d'étude. Notre délégation est composée, donc, de Mathieu Arsenault,
professeur au Département d'histoire de l'Université de Montréal. Il est spécialiste
d'histoire autochtone et des relations entre la métropole britannique et les
colonies canadiennes au XIXe siècle. Ses recherches actuelles portent sur
la politique autochtone et les relations avec la population québécoise au XIXe siècle
ainsi que sur le colonialisme municipal et le colonialisme médical au Québec.
Éléna Choquette est professeure au Département des sciences sociales de l'Université
du Québec en Outaouais. Elle est spécialiste des idées politiques au Québec et
au Canada et ses recherches portent sur les conséquences territoriales et
linguistiques de la colonisation au Québec et au Canada. François Dansereau est
directeur des archives des Jésuites au Canada et chargé de cours en
archivistique au Département des sciences de l'information de l'Université
McGill. Ses recherches portent sur les pratiques de description et de
redescription des contenus autochtones dans les centres d'archives allochtones
et sur les modes d'accès aux archives, selon une perspective anticoloniale. Et
finalement, moi-même, Olivier Hubert. Je suis professeur titulaire à l'Université
de Montréal et directeur du Département d'histoire de cette même université. Je
suis spécialiste d'histoire de l'éducation ainsi que d'histoire religieuse. Et
mes recherches actuelles portent sur le rôle des communautés religieuses dans
la mise en place du système d'acculturation des populations autochtones. Nous
sommes tous les quatre membres du Groupe d'études sur le colonialisme
québécois, qui regroupe une vingtaine de chercheurs et chercheuses.
Nous voulons transmettre au comité un
avis... un avis, d'une part, et trois recommandations.
Notre avis est que nous sommes
enthousiastes à l'égard du projet de Musée national d'histoire du Québec. Nous
considérons que c'est une très bonne nouvelle pour le milieu de l'histoire,
pour celui des musées, pour celui des archives. C'est aussi une excellente
nouvelle pour la société québécoise et le monde de l'éducation. Nous avons la
conviction que ce musée peut favoriser la diffusion d'un savoir scientifique
mis à jour. Il présente le passé québécois dans son originalité et sa
complexité. Nous croyons qu'il est essentiel pour un peuple d'avoir une
représentation juste de son histoire, avec ses côtés positifs, mais aussi sa
part d'ombre, qui est le lot du parcours historique de toute nation.
Connaître le passé dans sa complexité
permet de mieux comprendre le présent. Une meilleure connaissance des faits
historiques est susceptible d'éclairer le jugement des citoyennes et des
citoyens du Québec quant aux origines des défis d'aujourd'hui et, par
conséquent, de favoriser des débats sociaux rationnels qui sont un pilier de la
démocratie.
Outre ces considérations démocratiques,
quel doit être l'objectif des pouvoirs publics en créant un Musée national d'histoire
du Québec? Selon nous, il faut viser à ce que ce musée se distingue dans le
paysage muséal québécois comme un...
M. Hubert (Ollivier) : ...comme
un grand musée, qui va s'inscrire dans le temps et avec succès. Pour ce faire,
le musée devra respecter les plus hauts standards actuels de qualité dans le
domaine des musées d'histoire. Mais il peut, et, à notre avis, il doit, viser
plus haut et aspirer à devenir une référence à l'échelle internationale, une
référence pour d'autres institutions du même type dans le monde, devenant une
source de fierté et de rayonnement pour le Québec. Nos recommandations visent à
l'atteinte de cet objectif.
Notre première recommandation est qu'un
des mandats spécifiques du musée soit de représenter dans sa complexité et sa
profondeur historique les principaux faits de la colonisation de peuplement
depuis ses débuts au XVIᵉ siècle jusqu'à nos jours. Le musée doit permettre de
comprendre l'impact du colonialisme de peuplement sur le développement de la
nation québécoise et son rapport au territoire avec objectivité et rigueur.
Notre deuxième recommandation est que
cette mise en récit de la colonisation prenne en considération le point de vue
autochtone. Pour être complète, cette histoire doit rendre compte de la
perspective des colons et de leurs descendants, mais aussi de celle, moins
connue du grand public, des populations autochtones historiquement
marginalisées par la colonisation. L'histoire de l'implantation de la nation
québécoise en Amérique est, aussi, une histoire marquée par la dépossession
territoriale, les manœuvres de déplacement et d'exclusion ainsi que par
diverses formes de violences physiques, symboliques et culturelles. Par
expérience, nous savons qu'il y a dans la population, en général, et peut-être
particulièrement chez les jeunes, une grande soif de savoir à l'égard de cette
question du processus de colonisation.
• (15 h 40) •
Notre troisième et dernière recommandation
est que le musée se dote, en plus d'un comité scientifique général, d'un comité
scientifique particulier qui aura pour vocation de conseiller le musée sur la
manière dont devrait être présentée la question de la colonisation. Il nous
semble que cette dimension de notre histoire nécessite un comité particulier
parce qu'elle est à la fois fondamentale pour comprendre l'histoire du Québec,
mais aussi sensible politiquement et déterminante pour l'avenir des relations
entre le peuple québécois et les peuples autochtones. Ce comité scientifique
particulier devrait être constitué d'experts et d'expertes de l'histoire du
colonialisme et de la colonisation du Québec. Il devrait regrouper des expertes
et des experts aussi bien autochtones qu'allochtones, provenant de diverses
disciplines académiques et jouissant de la reconnaissance de leurs pairs. Il
devrait nourrir des perspectives diversifiées sur la question et participer aux
développements de la recherche qui s'inspire des meilleures pratiques dans le
domaine. Dans la mesure où le colonialisme de peuplement est un phénomène global
auquel participe le Québec, des expertes et des experts internationaux
spécialistes du colonialisme de peuplement devraient également être invités à
siéger à ce comité.
Nous terminons notre exposé en remerciant
votre comité pour son attention et, bien sûr, nous nous tenons à votre
disposition pour répondre à vos éventuelles questions. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons débuter la période d'échange avec le ministre pour
une période de 16 minutes 30 secondes.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à vous quatre d'être là aujourd'hui. Merci d'avoir
pris le temps de vous préparer, d'être... j'allais dire ici, virtuellement, du
moins, donc dans le confort de vos bureaux, c'est encore mieux, on est
efficaces. J'aurais besoin, je vous avoue, de comprendre concrètement l'impact
de vos propositions. C'est-à-dire le comité, bon, c'est la recommandation
numéro trois. Ça, c'est assez clair pour moi, je comprends bien. Quand... Votre
première recommandation, par exemple, vous dites, bon : «Représenter dans
sa complexité et sa profondeur historique les principaux faits de la
colonisation de peuplement depuis ses débuts au XVIᵉ siècle jusqu'à nos
jours... comprendre l'impact du colonialisme de peuplement sur le développement
de la nation québécoise». Je n'arrive pas tellement à saisir concrètement, là.
Il y a des gens qui nous écoutent peut-être, peut-être, qui ne connaissent rien
à la muséologie, à peu près rien aux récits, au pluriel, historiques. Comment
vous...
M. Lacombe : ...expliqueriez
ça en le vulgarisant, ou comment l'expliqueriez-vous à un étudiant du
secondaire, un élève du secondaire par exemple.
M. Hubert (Ollivier) : Je
vais commencer la réponse et peut-être certains de mes collègues pourront bien
sûr compléter. Ce qui... Ce qui est frappant, c'est que la manière dont les
historiens ont très longtemps raconté l'histoire du Québec, c'était avant tout
comme colonies de peuplement, tellement ce fait était central et évident. C'est-à-dire
que ce processus de colonisation par des personnes d'origine européenne d'un
territoire nouveau était central, était même considéré comme structurel dans
l'histoire du Québec. C'est quelque chose qui a peut-être eu tendance à
s'éclipser un peu... dans le récit, peut-être à partir des années 60 et
70, et qui revient de manière plus présente de nos jours. Et, bien, peut-être
je vais laisser mes collègues continuer, mais la réponse à votre question,
c'est qu'on ne peut pas comprendre le Québec autrement qu'à travers ce
processus de colonisation. Parce qu'un des aspects structurels de l'histoire de
ce pays, c'est d'être une colonie de peuplement, c'est-à-dire d'être issu de ce
processus de colonisation et d'avoir poursuivi ce processus de colonisation jusqu'à
nos jours...
M. Lacombe : Est-ce que...
est-ce que vous faites... peut-être pour orienter la poursuite des explications
par vos collègues, est-ce que ce que vous sous-entendez, c'est l'impact de
l'arrivée des colons ici sur le territoire, leur impact sur les nations
autochtones par exemple? J'essaie de comprendre, là, concrètement comment ce
que... comment cette recommandation s'appliquerait dans une exposition comme le
grand parcours historique, là, qui est projeté?
M. Hubert (Ollivier) : Bien
sûr. Mathieu, peut-être.
M. Arsenault (Mathieu) : Oui.
Merci. Bonjour à tous et à toutes. En fait, c'est intéressant, parce que le
processus du colonialisme de peuplement fait référence à la naissance même de
la nation québécoise. À travers l'arrivée de Français en Nouvelle-France,
comment est-ce qu'on en vient à ce que ces Français deviennent des Québécois,
qu'il y ait une nation québécoise qui naisse? Alors, quand on dit des faits de
colonisation, ces faits de colonisation sont parmi des facteurs déterminants
qui ont généré cette transformation d'une population étrangère qui naît sur un
territoire nouveau, comme une nation québécoise. On peut donner quelques
exemples. La transformation du paysage, par exemple, la création du régime
seigneurial, la privatisation du territoire, la déforestation. Ce sont des
éléments qui ont contribué à ce que des Français qui, à travers certaine
génération, naissent, s'imprègnent du territoire, se l'approprient, hein, la
colonisation, le peuplement, c'est s'approprier un territoire qui appartenait à
quelqu'un d'autre, ici les Premières Nations. Ça fait que comment est-ce que ça
contribue à la naissance d'un particularisme qu'on appelle la nation
québécoise? La mise en place de lois d'un régime légal français qu'on adapte,
qui devient un régime légal québécois, fait partie de ces faits de
colonisation.
M. Lacombe : Donc, est-ce
que... je vous pose peut-être deux ou trois questions rapides pour bien saisir
ou peut-être... Est-ce que vous vouliez intervenir aussi pour faire des
nuances?
Mme Choquette (Éléna) : Un
peu de nuance, simplement pour dire... parce que vous cherchiez des exemples
concrets, je me dis, on pourrait arriver au musée, puis il y a une carte de ce
qu'est le Québec tel qu'on se le représente territorialement, dans ses
revendications de souveraineté. On a tout bien en tête, là, les frontières que
l'on connaît. On pense qu'il faut mettre en contexte cette carte-là en
disant : Bien, ces frontières, ces revendications québécoises de souveraineté,
elles ont une histoire. C'est-à-dire que la colonisation débute autour du
fleuve du Saint-Laurent, autour de la vallée du Saint-Laurent, on s'étend. Il y
a donc des entreprises de colonisation en dehors de ça, puis ça monte jusqu'au
nord, aujourd'hui, donc, territoire inuit.
Donc, il faut... Je pense qu'on pourrait,
si on présentait une telle carte, dire : Bien, il y a des... Il y a
plusieurs histoires, même dans la cartographie du Québec tel qu'on se le
représente, parce que ce n'est pas tout le monde sur le territoire qui va
dire : Ici, il y a souveraineté québécoise, vraiment mur à mur, parce
qu'il y a des paroles autochtones qui vont dire : Bien, ici, on est plutôt
en territoire innu, ici, on est plutôt en territoire inuit. Donc, il faut...
c'est peut-être une façon dont on pourrait, dans un musée d'histoire nationale,
dire... mettre en... mettre en récit la parole autochtone sur un sujet tel que
la territorialité ou la souveraineté, par exemple.
M. Lacombe : Je comprends
bien, je comprends bien. Donc, est-ce que vous... parce que l'idée, bon, c'est
de se doter d'un musée national de l'histoire du Québec ou l'histoire de la
nation québécoise...
M. Lacombe : ...va être au
cœur, là, de ce qui sera présenté, notamment avec ce grand parcours historique.
Est-ce que, dans votre esprit, le fait de parler, bon, de ces rencontres, donc,
qui sont à la naissance, là, qui sont qui sont à la base de la naissance de la
nation québécoise, rencontre avec les peuples autochtones, les nations autochtones,
et de mettre évidemment tout ça en contexte, là — vous avez donné des
exemples — et que ce soit un peu le point de départ et qu'ensuite on
relate l'histoire de la construction de la nation québécoise, puis, comme on
l'a dit, des gens qui l'ont influencé, qui l'ont influencé dans son
développement, est-ce que ça, ça répond à ce que vous nous présentez, aux
demandes que vous nous présentez aujourd'hui?
M. Arsenault (Mathieu) : Si
je peux intervenir, puis François, après, je te laisserai la parole, je pense
que la distinction entre une nation québécoise d'un côté puis l'histoire des
nations autochtones de l'autre côté est un faux point de départ pour bien
comprendre l'histoire de la nation québécoise. On a souvent placé dans le temps
des origines, hein, la rencontre avec les Premières Nations, puis, après, la
nation québécoise évoluerait en vase clos ou de manière indépendante. Je crois
que ça nous permet mal de comprendre la complexité des interactions entre
Québécois et autochtones et qu'il y a un dialogue qui reste à établir pour
proposer une histoire nationale commune qui fait place à la question de la
dimension coloniale.
Parce que, si on ne le fait pas, comment
est-ce qu'on peut comprendre des choses comme, par exemple, dans la Déclaration
de l'indépendance du Bas-Canada de 1838, lorsque les Canadiens français, les
patriotes, disent : Les autochtones jouiront des mêmes droits que les
autres citoyens dans la République. Ou comment on peut comprendre que le
conseil de bande de Kahnawake, en 1850, cogne à la porte de l'Assemblée
législative pour que l'Assemblée législative passe une loi sur le statut
indien? Et on pourrait multiplier les exemples, mais un des plus frappants pour
moi, c'est la question des députés. Ludger Bastien, en 1924, est élu comme député
à Québec, c'est un Huron-Wendat. Alexis Wawanoloath, en 2007, en Abitibi-Est.
Aujourd'hui, on a Kateri Champagne Jourdain dans Duplessis ou le maire innu
Henri Wapistan à Natashquan en 2021. Alors, si on dit : Ce sont deux
nations qui n'ont pas d'histoire commune, comment est-ce qu'ils peuvent être
représentés à l'Assemblée nationale ou comme maire d'une communauté québécoise?
• (15 h 50) •
M. Lacombe : Bien, ce n'est
pas ce que nous disons. En fait, la conclusion, je trouve, est un bon point de
départ pour la poursuite des échanges, c'est-à-dire, nous ne disons pas que les
deux nations n'ont pas d'histoire commune, au contraire, parce que la nation
québécoise... et moi, je ne suis pas un historien, là, mais la nation
québécoise, c'est une évidence de dire qu'elle est née de la rencontre avec les
peuples autochtones, avec les nations autochtones. Donc, évidemment qu'on a une
histoire qui est commune parce que notre histoire est née à la rencontre de ces
nations autochtones. Mais c'est aussi juste de dire... et là, c'est là que je
suis peut-être moins sûr de votre interprétation, mais que nous sommes des
nations qui sont différentes, qui ont des histoires, même si elles sont liées,
qui sont différentes, et des musées sur les nations autochtones, il en existe,
un musée sur la nation québécoise, il n'en existe pas. Donc, on veut doter le
Québec d'un tel musée. Mais en même temps, c'est certain que, dans ce musée-là,
on ne peut pas faire abstraction de l'apport des Premières Nations à la
naissance de la nation québécoise, puis, par la suite à l'influence qu'elles
ont eu sur nous.
Les exemples que vous nommez là, par
exemple, quand vous parlez, bon, d'une nation qui vient cogner à la porte de
l'Assemblée nationale parce qu'elle souhaite qu'on passe une loi, bon,
évidemment, ce sont des faits historiques que vous relatez qui sont propres à
l'histoire de ces nations autochtones, qui sont arrivés... qui sont peut-être
moins... Est-ce que vous diriez moins marquantes, peut-être, pour la nation
québécoise que pour cette nation-là, qui avait besoin de ce développement-là,
pour qui ça a eu un impact important? Est-ce que vous voyez la nuance que
j'essaie de faire? J'aimerais ça peut-être vous entendre là-dessus.
M. Hubert (Ollivier) : Oui,
je pense... Si tu... Je pourrais dire un mot là-dessus, si vous voulez. En tout
cas, je pense que la manière de... Tout à coup, un boom m'est venu en vous
écoutant, c'est le mot «entremêlé». En fait, il s'agit d'histoires qui sont entremêlées
et on ne peut pas... on ne peut que les comprendre dans cette interrelation
constante, pas seulement au moment des origines, mais toute l'histoire du
Québec ne peut se comprendre que dans cette relation avec celles des peuples
autochtones. Elles sont entremêlées, ces histoires, et donc en faire une place
juste à l'origine, ce serait vraiment ne pas permettre aux gens qui
visiteraient le musée de bien comprendre ce qu'est le...
M. Hubert (Ollivier) : ...Québec,
le développement de son territoire, le développement même de sa culture, de la
culture québécoise, et ne peut être compris que dans une relation constante
d'emprunt, des fois de rejet, de relation très complexe avec les populations
autochtones qui sont sur ce territoire.
Donc, à mon avis, je... que le...
disons... je ne sais pas si mes collègues sont d'accord avec moi, mais
peut-être le point principal de notre intervention, c'est de... c'est de dire
qu'il ne s'agit pas de faire une place, par exemple, aux autochtones, une place
à part à l'intérieur d'un musée, mais plutôt de faire en sorte que cette
dimension du colonialisme soit une dimension essentielle de la trame narrative
qui va être celle de ce musée parce que c'est un fait. C'est-à-dire qu'à peu
près dans toutes les dimensions, rapports économiques, politiques, culturels,
le Québec ne serait pas ce qu'il est s'il n'avait pas cette histoire entremêlée
avec les populations autochtones avec lesquelles il est rentré en contact, donc
dès... depuis les origines...
M. Lacombe : C'est clair,
oui.
M. Hubert (Ollivier) : ...mais
ce contact se poursuit...
M. Lacombe : Encore
aujourd'hui, oui.
M. Hubert (Ollivier) : ...avec
une histoire tout aussi intéressante au XVIIIe siècle et ça continue de manière
tout aussi intéressante au XIXe, etc.
M. Lacombe : Tout à fait,
puis on a des... on a des pans plus sombres, et il y a des pans plus lumineux
aussi, je dirais, de belles... de belles collaborations. Mais est-ce que...
Puis je veux préciser, parce que l'idée, ce n'est pas du tout de cantonner les
Premières Nations dans le garde-robe à l'entrée en disant : Bon, voici,
c'est fait, on passe maintenant aux choses sérieuses. Ce n'est pas du tout ça,
ce serait odieux de faire ça, mais c'est... c'est de remettre les choses en
perspective, c'est-à-dire : Voici la trame historique de... sur laquelle
la nation québécoise s'est... est née puis a évolué, puis, à la naissance,
bien, effectivement, s'il n'y avait pas eu de collaboration avec certaines des
Premières Nations, on ne serait pas là aujourd'hui, puis voici comment ça s'est
passé, de façon objective, comité scientifique, et tout ça. Et ensuite, bien,
on se dirige de plus en plus vers le Québec contemporain, les luttes. Puis
évidemment qu'à travers... Et là, encore une fois, je ne suis pas historien,
puis c'est toujours un peu hasardeux pour un ministre de s'aventurer là, parce
qu'en même temps les contenus vont être élaborés par des experts qui sont
indépendants, mais est-ce que ce n'est pas juste de le construire de cette
façon-là, et, bien sûr, même à une époque plus contemporaine, de continuer de
parler des relations que le Québec entretient avec les Premières Nations, que
ce soit dans le développement de l'hydroélectricité par exemple, que ce soit la
paix des braves, que ce soit... Et là vous connaissez 100 fois plus d'exemples
que moi. Donc, évidemment, ce n'est pas d'en faire abstraction, mais c'est de
se concentrer d'abord sur la nation québécoise et de parler de ce qui a eu de
l'influence sur elle, pas essayer de faire l'histoire de la nation québécoise
et des nations autochtones parce que, là, on perdrait... on perdrait le sens.
Donc, je pense, je le résumerais comme ça.
Est-ce que vous êtes d'accord avec cette idée de faire un musée sur la nation
québécoise et de parler de ce qui a eu de l'influence sur elle, donc
nécessairement des autres nations, les nations autochtones?
M. Hubert (Ollivier) : Bien,
en tout cas... ça me convient tout à fait. Je pense qu'on converge tout à fait
à ce niveau-là. C'est-à-dire aussi on intervient parce qu'on a été convoqués
notamment parce qu'on anime ce groupe d'étude sur la question de la
colonisation. En fait, je veux aussi préciser que ça nous apparaît comme une
trame essentielle, cette idée de la colonisation de peuplement, mais ce n'est
pas la seule trame qui permet d'expliquer l'histoire du Québec. Il y a... Il y
a des considérations démographiques, il y a des événements internationaux, il
y a des... il y a l'industrialisation, enfin il y a toutes sortes de contextes
qui permettent de rendre compte de cette... Mais, dans le projet de loi, il y
avait cette question de ce qui la distingue et son originalité et... Bien, une
chose qui la distingue, bien qu'il y ait d'autres colonies de peuplement,
beaucoup d'autres, dans le monde, bien, c'est quand même d'être... de s'être...
d'être née à l'intérieur de ce contexte colonial.
M. Lacombe : Bien sûr. Bien,
je pense que... En tout cas, c'est un sujet qui est éminemment délicat et très
politique aussi à la fois. Donc, à chaque fois qu'on en parle, on ne veut pas
glisser, on veut que le débat reste serein, parce que je pense que tout le
monde est bien intentionné puis que parfois on est dans les nuances qui sont
très minces, qui sont... qui dépendent vraiment d'un petit éclairage. Donc, je
pense qu'on en est... on est beaucoup là-dedans en ce moment, mais je... ça me
rassure de voir qu'on est assis sur quelque chose, je pense, qui est non
seulement légitime, mais qui est bien enligné. Et après ce sera important de
s'assurer que, dans les nuances, on fasse les bonnes choses. Mais je pense
qu'on a de bonnes suggestions pour partir les... pour partir...
M. Lacombe : ...travaux, je
dirais ça comme... je dirais ça comme ça. Est-ce qu'il y a autre chose que vous
souhaitiez ajouter peut-être?
M. Arsenault (Mathieu) : Moi,
peut-être deux mots. Mais François, Éléna, est ce que vous voulez parler avant
que je reprenne la parole?
La Présidente (Mme Poulet) : Il
reste 10 secondes.
M. Lacombe : Oh, il nous
reste 10 secondes. Bien, les... mes deux collègues des oppositions ont du
temps avec vous, donc vous pourrez peut-être élaborer. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : ...effectivement,
on poursuit les discussions avec la députée de Robert-Baldwin pour une période
de 12 min 23 s.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, messieurs et madame. Vraiment très intéressant
comme présentation. Et j'aimerais... je ne sais pas si vous vouliez ajouter un
point avant que je commence de mon côté. Est-ce que vous vouliez ajouter
quelque chose?
M. Arsenault (Mathieu) : Bien,
la seule chose que je voulais dire peut-être, c'est que je voulais répondre à
la question de M. le ministre en disant : Oui, je crois que faire
l'histoire de la nation québécoise est tout à fait important et légitime sans
faire... intégrer des histoires des nations. Mais c'est justement ce que
l'histoire du colonialisme de peuplement nous permet de faire, en fait, c'est
de réintégrer tout ça dans des histoires entremêlées. Et donc il n'y a pas de
contradiction interne, je crois, entre ces deux... ces deux visions. Voilà.
• (16 heures) •
Mme Garceau : Donc, merci
pour cette précision. J'aimerais revenir sur vos recommandations. Et la
première étant celle concernant ses débuts en termes de la trame narrative, si
je peux dire, de l'histoire du Québec. Et, pour vous, le début serait au
XVIe siècle jusqu'à évidemment, nos jours, mais je voulais comprendre le
pourquoi du XVIe siècle en particulier.
M. Hubert (Ollivier) : Parce
que Jacques Cartier visite le Saint-Laurent au XVIe siècle, établit une
première... c'est très, très modeste, hein, les premières installations qu'il
met en place. Mais en fait les historiens, récemment, ont montré que dès
Jacques Cartier, il y avait un projet de colonisation très modeste, mais il y
avait un projet d'établir, de manière permanente, une communauté française sur
les rives du Saint-Laurent. Et donc la colonisation commence, si on voulait,
historiquement, à proprement parler, là. On pourrait même remonter un peu en
avant, puisque les Bretons et les Basques fréquentaient aussi le Saint-Laurent,
mais c'était de manière, disons, non permanente. Mais chez Jacques Cartier, il
y avait déjà un projet d'une implantation permanente qui n'a pas été un succès,
c'est le moins que l'on puisse dire, mais ça fait partie de l'histoire quand
même, même les échecs. Ce qui compte ici, c'est l'intention, en fait, hein,
c'est donc vraiment le moment où les pays européens, finalement, commencent
réellement leur projet d'expansion coloniale. Et le voyage de Jacques Cartier
rentre à l'intérieur de ces projets.
Mme Garceau : Donc, c'est
vraiment lié à la colonisation. Mais je comprends, d'après vos propos et aussi
évidemment à la lecture de votre mémoire, il y a quand même une place très,
très importante en termes de l'histoire des peuples autochtones. Et il me
semble qu'il faudrait commencer avant le XVIe siècle pour avoir cette...
Dans la trame narrative, si je peux dire, de l'histoire du Québec, est ce que
vous êtes d'accord avec moi que, pour être fidèle, si je peux dire, au début
des... au début de l'histoire du Québec, que ça pourrait commencer avant?
M. Hubert (Ollivier) : Je
comprends mieux votre question. On intervient ici à titre de spécialistes de
l'histoire de la colonisation, donc on n'est pas dans la trame générale, et
donc j'imagine que vous avez vu toutes sortes de personnes et de... qui ce qui
vont se présenter devant votre comité, et vous allez en voir d'autres, et il y
aura encore d'autres experts, sans doute, qui vont aider à construire ce musée,
et donc c'est pour ça que le XVIe siècle est là, parce que nous, c'était
cette idée que la question de la colonisation nous apparaît être une trame
déterminante, donc c'était à l'intérieur de ce champ là qu'on le posait, mais
il est bien évident qu'il faut remonter beaucoup plus loin si on veut vraiment
bien comprendre le territoire de Québec, du Québec et son histoire.
Mme Garceau : Mais c'est ça.
Et nous allons avoir mardi matin en audition le Conseil en éducation des
Premières Nations. Donc, on va en avoir, exactement, un petit plus à ce sujet.
Mais je voulais continuer nos discussions en termes de...
16 h (version non révisée)
Mme Garceau : ...les points
importants pour vous à souligner, dans cette trame historique, en termes de la
colonisation, est-ce qu'il y a des moments importants que vous tenez qui soient
soulignés?
M. Hubert (Ollivier) : Est-ce
que quelqu'un veut prendre la parole? J'ai déjà assez parlé.
M. Arsenault (Mathieu) : Élena?
Mme Choquette (Éléna) : ...pour
dire peut-être, nous, on ne s'est pas prononcé sur les contenus, donc on s'est
pas concerté comme délégation pour faire des propositions qui vont dans ce
sens-là. On étudie le projet de loi tel qu'il nous a été présenté, puis on a
plutôt fait des orientations générales, puis on conseille donc la constitution
d'un comité scientifique particulier sur la question de la colonisation, dont
la responsabilité sera de se pencher sur cette question-là pour faire une
recommandation plus précise.
Mme Garceau : Et donc, sur ce
comité particulier, parce que je crois que vous voulez avoir une place... le
comité scientifique en général, et là un comité particulier. Qui serait membre
de ce comité particulier?
M. Arsenault (Mathieu) : Bien,
je crois que des personnes qui travaillent sur l'histoire du colonialisme, que
ce soit à l'international, hein, on pense à d'autres sociétés de colonisation,
de peuplement comme l'Australie, l'Afrique du Sud, les États-Unis, peuvent
avoir des perspectives intéressantes sur le contenu que les experts
déterminent. Mais aussi, bon, si on regarde, il y a une vingtaine de chercheurs
dans le groupe d'histoire du colonialisme québécois. Je pense qu'il y a
plusieurs personnes là-dedans qui pourraient servir d'experts sur un comité tel
que celui-là.
Si je veux donner deux... peut-être deux
exemples, parce que... comme ma collègue Éléna Choquette, elle l'a dit, on n'était
pas vraiment concerné sur les contenus détaillés, mais moi, je pense à des
travaux que je fais sur, par exemple, le colonialisme municipal, la création
des municipalités au Québec, au Bas-Canada, à partir de 1840, 1845, c'est un...
c'est une structure du colonialisme de peuplement qui est marquante, parce que,
là, on vient donner à la population, des hommes, propriétaires qui peuvent
voter dans les conseils municipaux, un pouvoir politique pour s'organiser au
sein d'une municipalité et décider de l'administration puis de la gestion du
territoire. Ce qui fait qu'on voit des gens à Châteauguay, par exemple, mais
aussi à L'Isle-Verte, qui s'organisent puis qui commencent à dire : Nos
voisins, les autochtones, que ce soit les Malécites... à Viger, ou les Mohawks
à Kahnawake, ce sont des mauvais voisins. Et là on va commencer à mettre de l'avant
des résolutions pour essayer de les exproprier de leurs terrains. Donc, on voit
le peuple qui s'organise à travers des structures politiques mises en place
comme les municipalités pour mettre en marche une politique de déplacement des
populations autochtones. Donc, ça, pour moi, c'est un élément marquant.
Mme Garceau : Intéressant. Donc,
c'est sûr que lorsqu'on regarde évidemment la grande pertinence à la naissance
du Québec, les peuples autochtones, leur pertinence continue à travers
différents... à travers différents événements durant notre histoire, n'est-ce
pas? Donc, leur implication en termes du contenu va être très important pour...
s'il y a... un nouveau musée est créé.
M. Hubert (Ollivier) : Il s'agit
d'un processus, et c'est-à-dire que c'est un processus qui balbutie au 16ᵉ et
qui commence franchement au XVIIᵉ siècle et qui se continue jusqu'à nos jours.
Et donc c'est pour ça qu'on peut parler d'une trame essentielle, et c'est aussi
pour ça qu'on fait les recommandations qu'on fait, c'est-à-dire qu'il s'agit d'un
élément constitutif et qui distingue l'histoire du Québec et qui donc concerne
l'ensemble de l'histoire du Québec depuis ses origines jusqu'à nos jours. J'en
profite pour lancer une perche vers François Dansereau, parce qu'on a parlé d'experts
sur ce comité. Les archives, c'est très important, et j'imagine que vous avez
eu déjà des gens qui vous en ont parlé, les archives...
Mme Garceau : Pas vraiment.
M. Hubert (Ollivier) : Ah!
bon alors, ça va être le cas... lui céder la parole, mais pas d'archives, pas d'histoire.
C'est... l'histoire, ce n'est pas juste un récit qu'on se raconte et qu'on
invente. Il faut que... le créer, en fait, ce récit. Et pour ça, il faut les
archives. Donc, je laisserais la parole à François.
M. Dansereau (François) : Oui,
si je peux me permettre, Mme la députée, les archives témoignent de certains
niveaux de relations qui s'inscrivent dans le temps. Et comment on utilise ces
archives-là, comment on les met à disposition... à la disposition des
chercheurs dans les expositions, que ce soit même dans des bases de données en
ligne, a un impact sur la manière...
M. Dansereau (François) : ...dont
les gens rencontrent l'information. Et puis, à ce titre-là, moi, je ne suis pas
un historien, même si j'ai une formation d'historien, je suis plutôt
archiviste. Donc, un élément important, c'est comment on contextualise les
archives qui sont produites il y a des décennies ou il y a des siècles même
avec des terminologies qui sont tout simplement erronées ou des terminologies
qui témoignent d'une certaine... de certaines conceptions de mémoire qui ne
tiennent pas compte, par exemple, comment les communautés autochtones se
nomment elles-mêmes. Donc, comment dans un musée comme celui-ci, qui témoigne
de rencontres et de diverses échanges entre colons et, par la suite, entre le
développement de la nation québécoise avec les Québécois, comment on peut
mettre ça en contexte pour faire évoluer, justement, les conversations entre
différentes nations par exemple, comme on a parlé plus tôt. Et ça, c'est... je
pense, c'est un élément important qu'il faut mettre en contexte. Donc, on
parle... on parle des terminologies utilisées pendant des décennies, des
siècles, le terme «indien», qui est tout simplement erroné, mais ces termes-là
existent dans les archives. Donc, comment, dans des expositions où... que ce
soit en ligne ou physique, comment on contextualise ça? Et ça, c'est...
L'utilisation des terminologies, justement, erronées fait partie, témoigne un
certain colonialisme de peuplement puisqu'on impose une certaine vision du
monde, de certaines terminologies qui contribuent à l'effacement de
l'agentivité autochtone, par exemple, qui contribuent à la dépossession
culturelle autochtone, que ce soit par l'utilisation des terminologies qui ne
correspondent pas à leurs valeurs, à leur vision, qui souvent ne correspondent
pas même... même pas comment ces communautés-là se nomment. Donc, ça, c'est un
élément important, je crois, à considérer, quand on met en contexte le
colonialisme de peuplement.
• (16 h 10) •
Mme Garceau : O.K. Merci
beaucoup. Je voulais juste, je crois, c'est.... M. Hubert, vous aviez parlé des
jeunes. Et j'ai pris note : Une grande soif sur le processus de la
colonisation. Je voulais savoir comment est-ce que vous allez satisfaire à
cette soif de nos jeunes. Qu'est-ce que vous proposez?
La Présidente (Mme Poulet) : En
10 secondes.
M. Hubert (Ollivier) : Bien...
Parce qu'en fait, je pense que tous mes collègues peuvent en témoigner, ce sont
des questions que, chez les jeunes...
La Présidente (Mme Poulet) : ...c'est
tout le temps qu'il nous reste. Je vais transférer les échanges. On va
poursuivre les échanges avec le député de Jean Lesage pour une période de
quatre minutes et huit secondes.
M. Zanetti : Oui. Bonjour.
Merci beaucoup pour votre contribution, c'est vraiment apprécié. Je partage
tout à fait votre avis sur l'importance de parler, justement, du phénomène
colonial, et en même temps ça pose un défi dans un musée d'histoire qui se
donne la mission aussi de susciter l'unité nationale puis la fierté nationale.
Comment... puis je vous pose la question, je veux dire, j'ai des réponses dans
ma tête, là, mais j'aimerais ça vous entendre là-dessus. Comment est-ce qu'on
peut... Comment le musée pourra faire ça, à la fois parler de façon objective
et honnête de la colonisation puis, en même temps, générer une envie,
finalement, d'appartenir à cette communauté, à cette nation-là, pour toute
l'importance aussi qu'on connaît colle à... le sentiment de fierté nationale
pour réaliser des projets collectifs ensemble? Grosse question.
M. Hubert (Ollivier) : Il y
a... Bien, il y a un élément de défi, c'est évident. Et c'est pour ça qu'on
fait les recommandations qu'on fait, c'est-à-dire que ce soit un objet qui
mérite une réflexion particulière. C'est pour ça qu'on a proposé ce comité
particulier parce qu'il y a une dimension de défi. Et on a aussi mis dans notre
exposé cette ambition, qui devrait être, à notre avis, celle du musée, d'être
une référence à l'échelle internationale et notamment pour les autres sociétés
qui sont issues... et qui sont confrontées aux mêmes défis, si vous connaissez,
bon, les... ce qui se passe en Nouvelle-Zélande, en Australie. Toutes les
anciennes colonies de peuplement et qui sont encore des sociétés issues du
processus de colonisation sont confrontées à des questions comme celles que
vous devez poser, c'est-à-dire réconcilier la fierté légitime qu'on peut avoir
pour la société qu'on a construite...
M. Hubert (Ollivier) : ...et
en même temps reconnaître sur quoi... à travers quels processus historiques,
avec ses côtés pas forcément toujours très reluisants... ça s'est fait à
travers ce processus. Et, bon, ce sera ce comité qui devra réussir ça. Et, à
mon avis, si on réussit bien ça, on sera cette référence internationale, et
d'autres musées du même type dans le monde se diront : Au Québec, ils ont
réussi à faire quelque chose de formidable, c'est-à-dire qu'ils ont réussi à
faire un musée d'histoire nationale captivant sans balayer sous le tapis
certains aspects qui, a priori, paraissent moins reluisants. Mais, pour ça, il
faut faire confiance, tout simplement, aux gens. Si on... les choses sont bien
expliquées, sont bien contextualisées, sont... si on met de l'avant des faits,
si on est capable de rendre des notions complexes de manière simple, je pense
que les gens qui auront visité le musée auront compris qu'on peut à la fois...
comment dire, on peut à la fois comprendre l'histoire du Québec et comment
cette société en est arrivée à la société qui... qu'elle est aujourd'hui, qui,
à mon point de vue personnel, est admirable de bien des façons, mais que ça s'est
fait à travers des difficultés, que ça s'est fait à travers des défis, que ça
s'est fait à travers des gens qui ont contesté lorsqu'il y avait des décisions
injustes qui étaient prises, et qu'aujourd'hui encore il nous reste du chemin à
faire.
M. Arsenault (Mathieu) : Si
je peux donner une perspective qui est tirée de mon expertise du XIXe siècle,
je dirais que l'histoire du colonialisme peut nous permettre de mieux
comprendre comment la majorité s'est affranchie de certaines dominations. Si on
regarde les Canadiens français, ils sont sortis du XVIIIe siècle conquis par
une métropole étrangère, hein, les Britanniques. Et c'est à travers le
colonialisme de peuplement qu'ils ont réussi à s'en émanciper. Longtemps, le
cri de ralliement de la nation québécoise a été : Emparons-nous du sol.
Ça, c'est un acte de colonialisme. On peut penser, hein, à une réappropriation
économique, mais aussi défricher le territoire, créer les régions, et créer les
régions, c'est créer la culture, créer la culture québécoise. Mais ça, ça s'est
fait en dépossédant des peuples autochtones de leurs territoires. Donc, à la
fois le colonialisme peut être bénéfique pour la majorité canadienne-française,
donc être porteuse d'un certain pouvoir positif pour la création d'une culture
régionale, mais en même temps faire du tort à une minorité ou d'autres
cultures, nations sur son territoire.
La Présidente (Mme Poulet) : Je
vous remercie de votre contribution à vous quatre.
Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux au mardi 24 septembre à 9 h 45.
(Fin de la séance à 16 h 16)