Journal des débats (Hansard) of the Committee on Culture and Education
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, April 23, 2024
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Vol. 47 N° 45
Étude des crédits budgétaires du ministère de la Culture et des Communications, volet Culture et Communications
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures trente minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Bon
après-midi à tous et à toutes. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte. La commission est
réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du volet Culture et
communication du portefeuille Culture et communication pour l'exercice
financier 2024-2025. Une enveloppe de deux heures a été allouée pour l'étude de
ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Asselin (Vanier-Les Rivières) est remplacé par M.
Lemieux (Saint-Jean); Mme Ghazal (Mercier) est remplacée par M. Zanetti (Jean-Lesage).
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Donc, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs
d'échange d'environ 20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise
aux voix de ces crédits sera effectuée à la toute fin du temps qui nous est
alloué, soit cet après-midi, vers 17 h 30.
Donc, je suis maintenant prête à
reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange. Donc, Mme la députée de Robert-Baldwin, la parole est à
vous.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, M. le ministre et vos collègues. Je vois que vous
avez toute votre équipe, et vos collègues, également, et mon collègue,
certainement, de Québec solidaire. Donc, j'aimerais commencer, c'est notre
premier échange, moi, en tant que porte-parole en culture et communication.
Donc, évidemment, nous devons commencer
cette période de crédits, comme on venait de mentionner, avec le projet des
espaces bleus. Et je pense que c'est le moment de se... de se dire les vraies
choses, M. le ministre, concernant ce projet. Parce que je comprends évidemment
que c'était une promesse phare du gouvernement en 2021, en juin, et même, le
premier ministre avait fait l'annonce avec grande fierté, et avec raison, que c'était
un projet d'envergure. Et, malheureusement, le 4 mars dernier, vous avez
annoncé que vous étiez pour, évidemment, abandonner ce grand projet dans les 17
régions de la province. Parce qu'évidemment, au début, l'estimé, qui était de
259 millions, en 2021, était pour 18 espaces bleus. Et donc moi, maintenant, M.
le ministre, avec un peu de recul, et on regarde l'annonce du 4 mars...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...je comprends
que vous avez misé beaucoup sur l'inflation, l'explosion des coûts concernant
la construction, je comprends tout ça.
Cependant, est-ce que vous reconnaissez
aujourd'hui — et je crois que c'est important pour la population
québécoise de vous entendre — est-ce que vous reconnaissez aujourd'hui
que ce projet, dès le début, dès le départ, était mal ficelé? Est-ce qu'il y a
une reconnaissance de votre part que, lorsque vous avez donné, vous avez
annoncé un estimé de... à ce moment-là c'était 259 millions, après ça c'était
262 millions, mais peu importe, pour 18 espaces bleus, que c'était un
projet mal ficelé?
M. Lacombe : Bien, tout d'abord,
bonjour. C'est vrai que ça commence un peu raide, hein, les crédits, comme ça,
mais ça me fait plaisir d'être ici, d'avoir l'occasion d'échanger avec vous. Je
vous le disais hors micro tantôt, c'est la première fois qu'on a l'occasion d'échanger,
donc très, très heureux, et je prends 15 secondes juste pour remercier
tout l'état-major de la Culture au Québec d'être ici avec nous aujourd'hui. Le
ministère de la Culture, c'est évidemment des centaines de professionnels
dévoués, mais c'est aussi 12 sociétés d'État dont les représentants sont
avec nous aujourd'hui. Donc, je veux les remercier d'être là pour tout le
travail, remercier aussi mes deux collègues adjoints parlementaires qui sont là
et qui travaillent activement avec nous, bien sûr les collègues du gouvernement
qui sont là, puis à vous, chers collègues de l'opposition, qui vous assurez
que, si jamais par malheur nous venait l'idée d'oublier pourquoi on est là,
bien, vous seriez là pour nous le rappeler. Donc, très heureux d'être là puis
de travailler avec vous.
Maintenant, sur les espaces bleus, la
réponse très simple, c'est : Pas du tout. Je persiste et signe, je pense
que le fond de ce projet-là, à la base, était très bon. Je suis encore persuadé
que ce projet était un bon projet, c'est-à-dire mettre en valeur ce qui nous
rend fiers d'être Québécois, ce qui nous distingue en tant que nation, de
pouvoir le faire dans toutes les régions du Québec. Je pense que, sur le fond,
c'était un projet exceptionnel.
Maintenant, évidemment, il y a des
impondérables, et on doit conjuguer avec ces impondérables, comme gestionnaires
de fonds publics. Il se trouve qu'il y a eu une explosion des coûts dans l'industrie
de la construction qui était bien difficile à prévoir, dont l'ampleur était
bien difficile à prévoir il y a de ça quelques années, et, lorsque je suis
arrivé en poste et que j'ai pris connaissance de ce dossier-là, bien,
rapidement, je me suis aperçu qu'au fur et à mesure que les mises à jour
budgétaires sur les... c'est-à-dire sur les chantiers entraient, que le coût de
ces chantiers, individuellement, était en train d'exploser, ce qui faisait en
sorte, évidemment, d'une part, que l'enveloppe de départ devenait irréaliste.
Ça, c'est une chose. Une enveloppe, ça se bonifie toujours. Donc, à ce
moment-là, ce n'était pas insurmontable. Mais c'est qu'à un moment donné, on
doit aussi se demander si ça en vaut le coût, c'est-à-dire : Est-ce que,
lorsqu'on est rendu à près de 60 millions pour un espace bleu dans
Charlevoix, ça vaut littéralement ce prix-là? Est-ce que c'est de l'argent qui
est bien investi, ou est-ce qu'on ne devrait pas l'investir dans d'autres
projets? Quand on part... Quand on part avec un projet, par exemple, qui est à
30 millions et qu'on arrive à la fin à 60, je pense qu'on est en droit de
se poser des questions.
Donc, c'est la décision que j'ai prise, qui
n'est pas une décision sur le fond, c'est-à-dire qui n'est pas une décision sur
la valeur en tant que telle du projet, mais qui est une décision de
gestionnaire, c'est-à-dire : Investissons cet argent dans des projets
culturels qui existent déjà, assurons-nous que les projets qui sont
actuellement sur la table continuent, c'est-à-dire pas sous la forme d'espaces
bleus, mais dans une autre forme.
Parce que, je vous le rappelle, il y a
cette tentation... Et j'entendais notamment le chef du Parti libéral encore
hier, si ma mémoire est bonne, parler de gaspillage de fonds publics dans le
dossier des espaces bleus. Soyons prudents, parce qu'il s'agit d'investissements
d'abord et avant tout, pour les investissements qui ont été faits, pour
requalifier des bâtiments patrimoniaux qui en avaient grandement besoin. Donc,
est-ce qu'investir dans le patrimoine, c'est du gaspillage? Je ne pense pas, je
pense que c'est important. Pensons à la Villa Frederick James, par exemple.
Cette villa, qui est un bijou patrimonial, était au bord du gouffre, c'est le
cas de le dire. Il fallait déplacer la maison, il fallait la restaurer, c'est
ce qu'on a fait. Donc, est ce que c'est du gaspillage? Je prétends que non.
Certains prétendent que oui, parce qu'ils veulent dépeindre ce dossier-là comme
étant un gaspillage de fonds publics.
Donc, voilà, c'est la décision que j'ai
prise, parce que je pense que non seulement on peut réorienter les projets qui
étaient déjà commencés, dans les autres régions où il n'y avait pas encore de
projet sur les rails, je pense qu'on peut continuer d'investir dans des
infrastructures culturelles qui en ont bien besoin, parce que, je le disais,
les coûts sont en explosion, les finances publiques actuellement sont
difficiles, donc je pense qu'il faut être très stratégique.
Puis, pour Québec, qui devait être le
vaisseau amiral des espaces bleus...
M. Lacombe : ...des Espaces
bleus, on garde le cap sur la requalification ou en tout cas sur les travaux au
pavillon Camille-Roy du séminaire. Et dans les prochains jours — j'avais
bien hâte — mais dans les prochains jours, j'aurai l'occasion de
présenter ce qu'il adviendra de ce projet, quelle forme il prendra, et on peut
déjà dire que c'est un projet d'envergure qui va bénéficier à tous les
Québécois.
Mme Garceau : Mais là, en ce
moment, parce que vous dites «dans les prochains jours, vous allez garder le
cap», mais on est rendus à 100 millions au niveau du projet.
M. Lacombe : C'est-à-dire
le... pour le pavillon Camille-Roy?
Mme Garceau : Oui, oui.
M. Lacombe : Bien, on est à
92... on est à 92 millions de dollars.
Mme Garceau : O.K.
M. Lacombe : Donc, oui, c'est
la dernière mise à jour du projet. En même temps, les travaux vont bon train.
Les travaux sont commencés depuis déjà un bon moment, donc personne n'est assis
sur ses mains. Je suis allé visiter le chantier à quelques reprises. Il y a
beaucoup de travaux qui ont été faits à l'intérieur. Il fallait travailler sur
l'enveloppe du bâtiment. Indépendamment de ce qu'on va faire à l'intérieur, on
devait... on devait travailler, on devait préparer le bâtiment parce
qu'évidemment son usage va changer. Évidemment, il va accueillir beaucoup plus
de gens qu'il n'accueillait auparavant. Donc, on devait faire ces travaux-là,
et ils ne sont pas encore terminés, ils sont en train d'être faits.
Donc, oui, il y a eu effectivement une
augmentation de la facture. J'imagine que c'est là que vous allez. Mais je
pense que, dans le contexte, c'est un projet qu'on doit... qu'on doit
conserver, notamment parce qu'il met en valeur le patrimoine, première
université ici, en sol québécois, en Amérique du Nord, mais en plus de ça,
parce que c'est un projet qui, quand on l'annoncera, vous en comprendrez le sens,
va accueillir des milliers de visiteurs par année.
Mme Garceau : Mais là, M. le
ministre, est-ce qu'on travaille toujours avec la même enveloppe budgétaire?
Est-ce qu'on travaille toujours avec le 262 millions? Actuellement, est-ce que
c'est toujours la même enveloppe budgétaire?
M. Lacombe : La même
enveloppe budgétaire pour faire quoi? Pouvez-vous préciser votre question?
Mme Garceau : Pour faire...
Bien là, c'est parce que, là, vous avez évidemment Capitale-Nationale. Là, je comprends
que, pour les trois autres, on va en discuter un petit peu plus tard. Mais
est-ce que vous avez augmenté l'enveloppe? Parce qu'on a tenté, ma collègue,
l'ancienne porte-parole en culture et communications...
• (15 h 40) •
M. Lacombe : La députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Garceau : De Mont-Royal.
La députée de Mont-Royal vous avait posé quand même plusieurs questions en
période de questions, interpellations, au niveau des coûts. On n'avait jamais
la confirmation de l'évolution du montant pour l'enveloppe budgétaire. Combien
que c'était pour coûter? Là, on avait oublié...
M. Lacombe : Oui.
Mme Garceau : ...à un moment
donné, les 18, là. Mais même en octobre 2023, lors de l'interpellation,
vous disiez qu'on en a assez pour l'enveloppe budgétaire, pour les quatre, et
peut-être même possiblement d'autres.
M. Lacombe : Pour en ajouter,
oui, c'est ce que je disais à ce moment-là, effectivement.
Mme Garceau : En octobre.
M. Lacombe : Oui.
Mme Garceau : Ça, c'était...
ça ne fait pas longtemps, M. le ministre. Donc...
M. Lacombe : Et je vous
dirais que, si on avait gardé le cap, les chiffres tiendraient toujours la
route. D'ailleurs, vous me permettrez de dire que c'est difficile lorsque
l'opposition nous demande de chiffrer un projet comme celui des Espaces bleus,
et là je nous remets dans les souliers de l'époque. Maintenant, on a tourné la
page. Mais à l'époque, évidemment, lorsque vous me questionniez sur le projet
qui est encore sur les rails, c'est difficile pour le gouvernement de vous
dire : Voici exactement combien ça va coûter, parce que, dans chacune des
régions, les lieux n'étaient pas encore identifiés. Vous parlez de
18 Espaces bleus dans chacune des régions du Québec, et on devait en avoir
un... deux dans la région de la Capitale-Nationale, puisqu'il y en avait un à
Charlevoix. C'est difficile parce que, dans Lanaudière, par exemple, quel
bâtiment avait été identifié, ce n'était pas encore confirmé, dans les Laurentides,
quel bâtiment, ce n'était pas encore confirmé. Donc, évidemment, les coûts
variaient. Ce que je disais, les coûts auraient varié. Ce que je disais à ce
moment-là, puis c'est toujours la réponse, je pense qu'il fallait donner, c'est
que l'enveloppe que nous avions, compte tenu de l'explosion des coûts dans
l'industrie de la construction, nous permettait de... de compléter les
chantiers que nous avions déjà entamés, possiblement, à cette époque-là, d'en
annoncez de nouveau. Donc je suis toujours bien à l'aise avec ma réponse de...
de l'époque.
Mme Garceau : Donc, je dois
revenir à... sur cette question des coûts, M. le ministre, parce que je répète
ma question : À l'heure actuelle, parce que, dans les prochains jours, là,
vous allez nous confirmer, je ne sais pas, le total des coûts concernant
L'Espace bleu Capitale-Nationale. C'est ça qui s'en vient dans quelques jours.
Parce que je vais vous rappeler, l'année passée, en crédits, puis vous l'avez
mentionné à quelques reprises, votre implication personnelle, et je vous cite,
et ça, ça fait un an : «Je suis personnellement impliqué dans ce
dossier-là. Je le suis, je le suis à la trace, que ce soit avec la Société
québécoise des infrastructures, que ça soit évidemment avec le ministère, par
le biais du bureau de projet avec lequel nous travaillons avec le Musée de la
civilisation...
Mme Garceau : ...civilisation
et que l'enveloppe budgétaire en 2003, avril l'année passée, était suffisante
pour, certainement, les quatre projets.
Donc, je reviens à ma question parce qu'il
me semble que c'est assez fondamental, en ce moment, qu'il faut garder un cap,
comme vous avez dit : C'est quoi ce cap-là aujourd'hui?
M. Lacombe : Bien, en fait,
je ne suis pas certain de comprendre la question, dans le sens où je suis très
clair, je suis, en fait, transparent, l'enveloppe de départ à laquelle vous
faites allusion est effectivement pour plusieurs projets. Vous comprenez bien
qu'on n'atteindra pas cette somme-là parce qu'on a tourné la page sur le
concept des espaces bleus. Donc, on ne les déploiera pas partout au Québec.
Donc, de continuer de faire référence à cette enveloppe-là, je comprends, mais,
en même temps, elle est beaucoup trop élevée pour ce qu'on va véritablement
réaliser, c'est-à-dire mener à bien le chantier Pavillon Camille-Roy du
séminaire, première chose. On est à 92 millions. Je ne peux pas être plus
clair que ça, on est, dernière mise à jour, à 92 millions de dollars
pour les coûts de chantier.
Ensuite, évidemment, on se garde une marge
de manœuvre pour être capable d'installer un projet, j'imagine que vous me
poserez des questions, à Amos, où des travaux étaient déjà commencés. Je le
répète, aucun gaspillage, c'est un bâtiment qui avait notamment besoin de
travaux. Et, avant que le gouvernement s'implique, la municipalité,
propriétaire du bâtiment, se demandait comment elle allait arriver,
financièrement, à faire les travaux, parce qu'elle n'avait pas les moyens.
Donc, je pense qu'à la fin c'est une bonne nouvelle qu'on se soit impliqué.
Donc, on se garde une marge de manœuvre pour Amos, on se garde une marge de
manœuvre pour, effectivement, Percé. Et là j'ai toujours peur d'en oublier,
Amos, Percé, Charlevoix, donc à Baie-Saint-Paul, où on n'a pas le même enjeu,
c'est-à-dire les travaux n'étaient pas... n'étaient pas du tout commencés, même
que nous n'étions pas encore passés chez le notaire. Donc, on travaille, je
reviens de là, j'étais là hier, je travaille avec le maire, notre collègue la
députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré travaille avec la municipalité pour être
capable de voir, bien, d'abord, comment on négocie avec la ville, parce
qu'évidemment on avait pris certains engagements. Ça va bien, on a une
discussion très constructive. Puis, ensuite, comment on peut, par ailleurs,
poser des gestes à Baie-Saint-Paul, parce qu'on avait pris l'engagement
d'investir en culture à Baie-Saint-Paul, donc comment on peut tenir cet
engagement-là dans une forme différente.
Donc, si je résume, de faire référence à
l'enveloppe de 257 millions, c'est bien correct, mais il y a bien une
certitude, c'est qu'on ne dépassera jamais ça pour Québec, Baie-Saint-Paul,
Amos et l'Abitibi, c'est impossible.
Mme Garceau : O.K. Donc là,
je vais revenir, parce que vous vous basez sur quoi pour faire cette
affirmation-là aujourd'hui? Parce qu'au début, avec les 18 Espaces bleus,
vous étiez certain que cette enveloppe budgétaire, et, à ce moment-là, c'était
259 millions, était suffisante pour les 18 Espaces bleus. Donc, moi,
j'aimerais savoir, à ce moment-là, en 2021, vous vous êtes basé sur quoi pour
chiffrer un montant, un estimé de 259 millions? Est ce qu'il y avait des
études, il y avait des documents? Vous avez fait l'annonce en juin 2021 basée
sur quelque chose, sur 18, la construction, on parle de 18 Espaces bleus.
M. Lacombe : Oui, c'était
l'objectif de départ, mais, en même temps, j'ai toujours été très clair, je
l'ai dit ouvertement à la période de questions, notamment, en réponse à la
députée de Mont-Royal Outremont à l'époque, et si ma mémoire est bonne, je l'ai
répété ici aussi en crédits ou, en fait, je pense même que c'est ici que je
l'ai dit en premier, c'est que lorsqu'on a constaté l'explosion des coûts, donc
l'augmentation assez phénoménale des factures dans chacun des chantiers,
rapidement j'ai dit publiquement que l'enveloppe consentie au départ ne serait
pas suffisante pour faire les Espaces bleus, pour les réaliser partout au
Québec. Donc, je l'ai admis de façon très transparente parce que c'est une
évidence. Donc, ça, je l'ai fait rapidement.
Ensuite, vous me dites : Comment
faisiez-vous en 2021, si ma mémoire est bonne, pour dire : Bien, avec le
budget qui nous est imparti, 257 millions, on sera capable de mener à bien
les quatre projets qui sont sur les rails et peut-être d'en ajouter un ou deux
supplémentaires, par exemple? Bien, sur quoi je me basais, à ce moment-là? Sur
les estimations de coûts de construction que nous avions à ce moment-là. Et je
vous dis qu'avec les chiffres que j'ai aujourd'hui, probablement que cette
réponse là sera encore bonne, c'est-à-dire si nous avions gardé le cas,
probablement qu'on aurait été capable non seulement de terminer les quatre
Espaces bleus annoncés, mais d'en annoncer...
M. Lacombe : ...un ou deux
supplémentaires dans le budget qui nous était imparti, sans avoir besoin de
demander un ajustement, une bonification de l'enveloppe au Plan québécois des
infrastructures. Donc, je vis très bien avec cette... avec cette réponse-là,
qui était, à l'époque, la réponse la plus exacte possible et qui a bien
vieilli, en ce sens où, encore aujourd'hui, je le répète, si nous avions gardé
le cap, ça aurait été possible.
Et je répète encore une fois que,
maintenant, faire référence à cette enveloppe-là, ça ne tient plus la route
parce qu'on n'aura pas du tout besoin de 257 millions pour réaliser le... ce
qu'on va réaliser au pavillon Camille-Roy, ici, à Québec, et pour trouver des
projets qui vont pouvoir s'installer dans les trois autres espaces, à moins
qu'on assiste à un dépassement de 250 %, mais je pense qu'on peut être
optimiste, là, quand même.
Mme Garceau : Donc là, en ce
moment...
La Présidente (Mme Dionne) : ...30
secondes.
Mme Garceau : 30 secondes.
Vous avez dépensé combien, en ce moment, pour les... depuis 2021 à aujourd'hui,
vous avez dépensé combien pour les quatre projets?
M. Lacombe : Bien, il faut
être, d'abord, prudent avec les chiffres, parce que, si vous me demandez, en ce
moment, la facture totale, elle est estimée à combien, parce qu'on a des
estimations, on travaille avec la SQI, ç, c'est une chose. Je vous parlais, par
exemple, de 92 millions pour Québec. Pour les trois autres, c'est plus
difficile parce qu'on est en ce moment en processus de discussion avec les
trois communautés, nos collègues députés...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. C'est tout le temps qu'on a pour ce bloc. Alors, je cède
maintenant la parole au député de Jean-Lesage, porte-parole du deuxième groupe
d'opposition. M. le député, vous disposez d'un temps de 12 minutes.
M. Zanetti : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, M. le ministre. Merci à tout le monde qui
l'accompagne, c'est très apprécié. Je vous ai fait part déjà, dans une question
en Chambre, il y a quelques semaines, de mon inquiétude par rapport au
financement qui est alloué à la culture, particulièrement aux arts de la scène,
le CALQ. Bon. Au début, on a eu une espèce de confusion sur les chiffres, mais,
finalement, je pense que le milieu de la culture est assez unanime, puis vous
avez reconnu vous-même, et je suis content de savoir ça, qu'il faut bonifier
les sommes, bon. Dans les derniers jours, vous l'avez... vous l'avez reconnu,
effectivement, parce que les sommes qui sont là, au CALQ, étant donné la
disparition des sommes qui venaient aider les entreprises culturelles et les
projets... à cause de la question de la COVID, le retrait de ces sommes-là fait
qu'aujourd'hui on est dans une situation de recul relatif. Et, étant donné
l'explosion des coûts de production dans le domaine de la culture,
particulièrement les arts vivants, qui est supérieure à l'inflation qu'on voit
dans d'autres domaines, de façon générale, bien, ça entraîne un véritable
recul.
• (15 h 50) •
Ce que les gens me disent, dans à peu près
tous les milieux, c'est qu'aujourd'hui, produire un spectacle, ça coûte
30 % de plus qu'avant. Alors, 30 % de plus, c'est énorme. C'est
difficile d'amener des spectacles comme ça en tournée, donc c'est difficile de
faire rayonner la culture québécoise partout au Québec et c'est difficile aussi
de faire... ça va être difficile de faire des gros spectacles, par exemple,
pour les théâtres, d'avoir des spectacles avec beaucoup de comédiens, avec des
décors élaborés, parce qu'il va falloir se serrer la ceinture énormément. Puis
se serrer la ceinture, c'est un peu un euphémisme, en fait, ce dont les gens
parlent, quand ils regardent les chiffres alloués pour les prochaines années,
c'est carrément de démantèlement d'institutions culturelles importantes qui ont
pris des décennies à se construire au Québec et à se bâtir. Alors, c'est
vraiment super préoccupant.
Je suis content que le ministre ait
reconnu qu'il faudrait améliorer le financement du CALQ. Évidemment, je pense
qu'on... le ministre, aussi, modérait les attentes en disant : Bien là, on
ne peut pas mettre 100 millions de plus, on va mettre des sommes à partir du
budget du ministère de la Culture. Cela dit, ce qu'on a vu dans le dernier
budget, c'est aussi que le ministère de la Culture a diminué son budget de 244
millions. Alors, la question est... déjà, j'aurais eu une question, à
savoir : Mais où allez-vous couper là-dedans, qui va subir, faire les
frais de cette réduction importante de 244 millions du budget de la culture,
mais, surtout, si, en plus, on prend de ce budget-là de l'argent pour augmenter
au CALQ, dans le fond, qui, dans le milieu des cultures, va en subir les
conséquences? Est-ce que c'est le patrimoine qui va en subir les conséquences?
Est-ce qu'il y aura des coupes de postes de fonctionnaires. Où est-ce qu'il y
aura coupure, M. le ministre?
M. Lacombe : Bien, merci pour
la question. D'abord, je pense que c'est important, faisons un pas de recul
pour bien placer ma réponse dans son contexte. Lorsqu'on est arrivés, en
2018... entre le moment où on est arrivés au gouvernement, en 2018, et
aujourd'hui, le Conseil des arts et des lettres du Québec, si vous regardez son
budget d'alors et son budget de maintenant...
M. Lacombe : ...on constate
une augmentation de 35 %. Au même moment, pendant la même période,
2018-2024, l'inflation a été de 22 %. Donc, non seulement le gouvernement
a été au rendez-vous à travers les années, quand on regarde la tendance, pour
soutenir les arts de la scène au niveau de l'inflation, pour les aider à faire
face à ces défis-là, mais on a été bien au-delà. Donc, je le répète,
bonification de 35 %, alors que, pour la même période, l'inflation était à
22 %.
C'est vrai que, dans le dernier budget, je
l'ai dit clairement, il y a eu une légère baisse, entre l'année dernière et
cette année, du budget du... du Conseil des arts et des lettres du Québec.
Quand on parle des crédits qui lui sont accordés, on parle d'une baisse de
0,2 %, on parle de 621 000 $, au moment où, d'un côté, il y a
des mesures liées à la COVID qui se terminaient, et, ces mesures-là, leur fin,
elle était déjà annoncée. Donc, ce n'est pas une mauvaise nouvelle qui est
arrivée avec le budget. Cette fin, elle était annoncée, d'une part.
D'autre part, pour... pour balancer ça, on
est allés chercher des sommes supplémentaires, 28 millions sur quatre ans, pour
bonifier les ententes qui vont être signées dans les prochains mois entre le
CALQ et les... les organismes culturels sur le terrain. Donc, pour cette année,
on parle de 4,8 millions de dollars supplémentaires.
Donc, je pense que c'est important de
remettre les choses dans leur perspective. Non seulement la tendance, elle est
très positive, mais, en plus de ça, à court terme, vous voyez, la baisse, elle
est marginale. Et les programmes qui avaient été annoncés pendant la pandémie,
c'était bien indiqué qu'ils étaient temporaires. Je pense à la mesure d'aide à
la billetterie, par exemple. On ne pourra pas, année après année, continuer de
compenser les billets qui sont invendus par les salles de spectacle, par
exemple. Je pense qu'il faut, et je l'ai dit dès mon arrivée en poste... je
pense qu'on doit arriver avec des moyens qui sont plus structurants. Plutôt que
de compenser, on doit soutenir, par exemple en soutenant à la mission.
Donc, une fois que j'ai dit tout ça, ce
qui veut dire qu'on est au rendez-vous, je comprends qu'il reste quand même des
défis. Je ne suis pas en train de vous dire : Tout va bien, le milieu de
la culture se plaint le ventre plein. Je ne suis pas en train de dire ça, je
suis en train de dire : Je sais qu'il y a des défis. C'est pour ça qu'on a
agi autant depuis 2018. Et c'est pour ça que, malgré tous les chiffres que je
viens de vous donner, on est en train de faire un effort supplémentaire. Puis,
vous savez, on est capables d'être plus efficaces. On est capables de réallouer
des sommes qui vont être capables de soutenir à la mission ces organismes-là.
Le soutien à la mission, j'y crois
fermement. Quand j'étais ministre de la Famille, on l'a fait. On a réutilisé
des sommes à l'interne pour investir dans la première ligne. À l'époque,
c'étaient les organismes communautaires famille. Maintenant, j'ai envie de
dire, c'est les... c'est ces organisations qui sont soutenues à la mission par
le CALQ, qui font un travail extraordinaire, qui est difficile, qui a beaucoup
de défis... où il y a beaucoup de défis à relever.
Donc, oui, dans les prochains...
prochaines semaines, je vais rester prudent, on va être capables d'annoncer...
d'annoncer la hauteur de ce financement supplémentaire, qui est comme un... une
deuxième étape après le budget, où j'ai moi-même reconnu que, même si on l'a
priorisé, j'aurais souhaité qu'on ait plus. S'il y a un ministre qui vous dit
qu'il n'aurait pas souhaité avoir plus, croyez-le pas, parce qu'on...
évidemment, on veut toujours avoir plus pour le secteur qu'on représente.
Première étape, donc, le budget. Mais là maintenant, deuxième étape, on a... on
a un budget qui est important, au ministère de la Culture, dans nos sociétés
d'État aussi, et on est capables de faire un effort de plus pour être capables
de soutenir à la mission les organismes qui vont signer des ententes avec le
CALQ dans les prochains mois.
M. Zanetti : Merci. Bien, le
salaire moyen des artistes, là, des arts de la scène, c'est à peu près
17 300 $, là. Mon chiffre n'est peut-être pas le chiffre de l'année
passée, mais c'est un chiffre très récent. Donc, c'est... c'est
superpréoccupant. C'est une situation qui n'est pas soutenable. Et évidemment
que ce qu'on voit, là, avec le recul du financement, bien, ça compromet encore
plus. Ça veut dire qu'il y a encore plus d'artistes qui vont cesser de
travailler dans le... dans le milieu artistique. Puis une des choses qui a fait
augmenter aussi le prix des productions, c'est que, durant la COVID, il y a
beaucoup d'artistes qui... ou de travailleurs culturels qui ont quitté le
milieu, puis là il y a une rareté, il y a une perte d'expertise, une rareté de
la main-d'œuvre, et ça cause beaucoup de problèmes.
C'est... Ce que... Ce que je voudrais
savoir... Bon, là, je comprends qu'on n'aura pas tout de suite les sommes que
vous allez ajouter au CALQ, mais, quand vous dites : On va être capables
de trouver des mesures d'efficacité au milieu du... dans le ministère de la
Culture, qui vient de se faire couper plus que 10 % de son budget, ce
qu'il faut que vous trouviez en budget dans le ministère de la Culture, c'est
244 millions. C'est plus que le budget du CALQ lui-même. Alors, je me
dis : Comment allez-vous faire, là? Est-ce que tout le monde va garder son
emploi? Est-ce que le Patrimoine va avoir les mêmes sommes? Qu'est-ce qui va se
passer au ministère de la Culture? Et qui... où... qui va perdre des sommes,
finalement?
M. Lacombe : La somme à
laquelle vous faites référence, de 272 millions de dollars...
M. Lacombe : ...et là je ne
veux perdre personne dans les chiffres, parce qu'on peut s'obstiner bien
longtemps. Puis d'ailleurs notre échange au salon bleu portait un peu
là-dessus, dans un autre contexte, celui du CALQ, où on mélangeait les crédits,
d'une part, puis les dépenses, donc les crédits qu'on octroie au CALQ dans une
année donnée et les dépenses varient parce qu'il y a des dépenses qui sont
reportées d'année en année. Donc, on peut dépenser cette année de l'argent qui
nous avait été consentie l'année dernière.
On est un peu dans le même univers avec ce
que vous soulignez, c'est-à-dire, oui, effectivement, quand vous regardez les
dépenses consolidées, c'est important, les dépenses consolidées du ministère de
la Culture, il y a eu une baisse. Cette baisse-là, elle est liée à quoi? Elle
est liée aux crédits d'impôt pour la production de services. Il y a eu beaucoup
moins de tournages étrangers à Montréal, au Québec, au cours de la dernière
année, je pense qu'on peut prendre cette période de référence, donc, qui nous
amène avec les chiffres qu'on connaît en ce moment. C'est-à-dire, puisqu'il y a
eu moins de tournages, bien, il y a eu moins de réclamations de ce crédit
d'impôt là, puis c'est de la fiscalité, ce n'est pas quelque chose sur quoi le
ministère de la Culture a du contrôle. Il y a eu moins de tournages, donc ça se
répercute dans les chiffres, mais ce n'est pas du financement, ça ne touche pas
le budget, ça ne touche pas les crédits du ministère. Donc, c'est simplement de
l'argent qu'on n'a pas envoyé à ces entreprises américaines, par exemple, qui
seraient venues, peut-être, en temps normal, mais qui, là, ne sont pas venues
faire de tournages. Ça a d'autres conséquences, on pourrait en parler, mais,
quand on parle de cette baisse-là, donc de ce 272 millions, on ne parle pas
d'une baisse de crédits en tant que telle du ministère de la Culture, on ne
parle certainement pas de gens qui vont perdre leur emploi, on ne parle pas de
baisse de budget de nos sociétés d'État, on n'est pas du tout dans cet
univers-là.
M. Zanetti : Je vais lancer
sur un autre sujet. La question de la découvrabilité de la culture, du contenu
culturel québécois sur les plateformes, il y a eu un rapport important qui a
été déposé. La question : Est-ce que vous allez... est-ce que vous allez
faire un projet de loi sur la découvrabilité, et, si oui, quand est-ce que vous
allez le déposer?
• (16 heures) •
M. Lacombe : Oui, oui, oui,
on va faire un projet de loi là-dessus. On est en train d'y travailler. Ce
n'est pas simple, mais, comme je dis souvent, ça tombe bien, parce qu'on est
payés pour faire des choses qui ne sont pas simples. Donc, on est en train d'y
travailler, et j'avais une rencontre encore au cours des derniers jours,
là-dessus, je pense que c'était avant-hier. Donc, c'est un travail qui avance
bien, mais qui, bien qu'il soit passionnant, est ardu, parce qu'on arrive avec
un rapport du comité d'experts, que vous avez probablement vu, qui est très
riche, avec des propositions qui sont audacieuses, lorsqu'on parle de
modifications à la charte, par exemple. Donc, bien sûr, il faut bien faire les
choses, il faut prendre le temps de bien, je vous dirais, réfléchir à notre
stratégie et à ce qu'on va faire. Donc, oui, on est en train d'y travailler. Et
je vous dirais que l'échéance qu'on se donne, c'est la prochaine... la
prochaine année. J'ai bon espoir que, lorsqu'on fera nos crédits l'année
prochaine, on ait un projet de loi dont on pourra discuter.
M. Zanetti : Est-ce que le
ministre reconnaît qu'il serait plus facile d'assurer la découvrabilité du
contenu culturel québécois si on était un pays plutôt qu'une province de langue
minoritaire au Canada?
M. Lacombe : Bien, d'abord,
moi, je n'utilise pas le mot «province», je parle d'État, je parle de nation,
parce que je pense que, même si on est à l'intérieur du Canada... Puis c'est
intéressant, comme question, et je le verbalise souvent, je dis : Même si,
effectivement, nous faisons partie de la Fédération canadienne, en tant
qu'État, en tant que nation, non seulement on a la responsabilité, mais on a
les outils pour être capable de poser... de poser des gestes. Puis je pense que
lorsqu'on lit bien le rapport, notamment, auquel a contribué Patrick Taillon,
qui est constitutionnaliste, Geneviève Guèvremont aussi... Véronique
Guèvremont, pardon, qui est professeure titulaire de la chaire UNESCO, ici, à
l'Université Laval, bien, on constate bien que le Québec, en tant que nation,
en tant...
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
malheureusement tout le temps...
M. Lacombe : ...qu'État, a
les moyens de poser des gestes, et on va les poser.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. C'est malheureusement tout le temps qu'on a pour ce bloc
d'échange. Donc, je cède la parole à Mme la députée de Robert-Baldwin pour une
période de 18 minutes.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. On retourne.
M. Lacombe : ...
Mme Garceau : On retourne,
oui, les espaces bleus. Je n'ai pas terminé, compte tenu de vos réponses, et
j'aimerais revenir sur la question des déboursés. À date, en date
d'aujourd'hui, vous avez des déboursés... le montant total est de combien pour
les quatre projets?
M. Lacombe : 40,7 millions de
dollars.
Mme Garceau : Et ça, c'est
reparti de quelle façon entre les quatre projets?
M. Lacombe : Il faudrait que
je vous le donne de façon plus précise. Donc, on est à... on est à... PQI
dépensé, donc, 21,2 millions pour la sauvegarde et la restauration de la villa
Frederick James. C'est un chantier qui a bien été fait, qui est très très
avancé. 12 200 000 $ en conception et travaux pour le pavillon
Camille-Roy...
16 h (version non révisée)
M. Lacombe : ...donc, on parle
de chantier ici, à Québec, 3,7 millions pour Amos, 2,5 millions pour
Baie-Saint-Paul et 1,1 million qui avaient été dépensés en études,
analyses pour les autres régions. Et je souligne, je... je veux que ce soit
bien clair, il y a eu beaucoup de travaux de réfection qui ont été faits autour
de bâtiments patrimoniaux. Donc, avant de crier au gaspillage, encore une fois,
là, soyons prudents. Parce que s'intéresser à l'état de santé de nos bâtiments
patrimoniaux, ce n'est jamais perdu, c'est toujours à mon sens un
investissement dans notre patrimoine.
Mme Garceau : O.K.. Donc,
est-ce que vous avez des... des documents à l'appui? Je vais commencer avec
Capitale-Nationale au niveau du 92 millions, parce que vous avez dépensé
12 millions, vous êtes à 92 millions. C'est basé sur quoi, le 92 millions?
M. Lacombe : Bien,
honnêtement, là-dessus et vous pourrez... vous pourrez confirmer avec vos
collègues, je suis très ouvert et transparent à déposer habituellement tout ce
que je peux déposer. Là, on parle de... on parle de contrats, on parle d'appels
d'offres. Tout ça est complexe. Donc, moi, je suis transparent sur les
chiffres. Maintenant, pour les documents, c'est sûr que je vous inviterais à
faire des demandes d'accès à l'information, parce que le ministère, évidemment,
gère ça. Moi, je ne me mêle pas de ça. Puis ils seront en mesure de vous
divulguer qu'est-ce que... qu'est-ce qui peut être divulgué, qu'est-ce qui peut
effectivement être divulgué légalement, là, sans nous mettre dans le trouble
avec les entrepreneurs.
Mme Garceau : Réponse assez
intéressante, M. le ministre, concernant que vous êtes transparent sur les
chiffres, parce que je dois vous avouer qu'il me semble c'est pas mal le
contraire depuis le début de ce projet, et surtout avec ma collègue la députée
de Mont-Royal–Outremont, qui vous a posé plusieurs questions concernant les
chiffres, l'évolution des coûts. Et vous n'avez jamais une réponse spécifique,
juste que l'enveloppe budgétaire était suffisante. Et, même lorsqu'on a fait
des demandes d'accès à l'information pour avoir une confirmation de l'évolution
des coûts, puis, je vous montre le tableau, ce qu'on a reçu, tout ce qui a
trait au projet était caviardé. On n'avait aucune, aucune confirmation des
coûts. Donc, en termes de transparence..
Et c'est pour ça que je reviens là-dessus,
parce que c'est quand même des fonds publics, c'est important. Et vous avez un
estimé au tout début sur 18 espaces bleus qui ne tenait pas la route. Et même
si on tient compte de l'inflation et une explosion des coûts, ça ne tenait pas
la route, cet estimé-là de 262 millions au début. Et même avec le premier
ministre qui l'avait estimé, quand lui est sorti en juin 2021, à 456 millions.
Ça fait que, dès le départ, là, les chiffres, ça ne marchait pas. Donc, sur
cette question-là de transparence...
Et c'est pour ça que... Parce que vous
avez... vous affirmez encore avec beaucoup de conviction, confiant comme vous l'avez
fait en crédits, période de crédits en 2003, concernant les chiffres, là, ça ne
va pas dépasser l'enveloppe budgétaire. Mais... Mais là, je veux m'assurer que
ça ne va pas dépasser l'enveloppe budgétaire. Donc, encore une fois, vous avez
dépensé 40,7 millions. Est-ce que l'enveloppe budgétaire pour les quatre
projets est toujours de 262 millions? Vous devriez le savoir aujourd'hui.
M. Lacombe : Bien, tout à
fait, c'est ce que je vous dis depuis tantôt. Mais je j'essaie de bien cerner
votre question. C'est-à-dire vous pensez raisonnablement... Parce que moi, je
ne pense pas ça, mais vous semblez penser que l'achèvement du chantier ici au
pavillon Camille Roy, qu'on a évalué à 92 millions, pour lequel, bon, on a
déjà déboursé une certaine somme, c'est-à-dire 12,2 millions de
dollars. Donc, on l'évalue à 92 millions. Et, pour les trois autres
espaces bleus, on a dit que ce ne seront pas des espaces bleus, mais qu'on va
plutôt installer un autre projet à l'intérieur. Donc, vous semblez
sous-entendre que la facture pourrait dépasser 257 millions de
dollars. Je vous dis : Ça n'arrivera pas, ça n'arrivera pas, c'est
impossible. À moins qu'on assiste à une augmentation, une explosion des coûts
surprise de 200 % ici au... au pavillon Camille Roy. Mais permettons-nous
d'être optimistes, j'ai plus peur de la fin du monde que de ça en ce moment,
là.
Mme Garceau : ...en train de
dire que ça va dépasser ce montant-là, mais je cherchais une confirmation...
Mme Garceau : ...là, vous me
le dites concernant... que ça ne va pas dépasser le 262 millions. Vous le dites
avec confiance, conviction. Vous aviez fait la même chose l'année passée, et
c'est pour ça que, quand je vous pose la question, vous avez dépassé... 12,2
millions au niveau d'espaces bleus Capitale-Nationale. Là, il y a un estimé de
92 millions. C'est basé sur quoi le 92 millions? Comment est-ce qu'on peut
faire une vérification de cet estimé-là? Vous avez des documents. Il y a des
études. Il y a...
M. Lacombe : Bien, d'abord,
sur Camille-Roy, le travail a avancé. Les plans et devis sont terminés
actuellement à 100 %. Il y a beaucoup d'eau qui a coulé sous les ponts,
donc on est capable... et c'est là que je vous dis qu'il y a une différence
entre les déboursés... comme quand vous faites construire une maison, vous dites :
Bon, le budget total pour la maison, on s'est entendu avec l'entrepreneur, ce
sera, je ne sais pas, tout dépendant de nos moyens, 400 000, 500 000 $.
Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui vous avez payé ça? Non. Ça veut dire
qu'à la fin, ça va vous coûter ça, selon les plans qui ont été faits, selon les
soumissions qui ont été reçues, puis, au fur et à mesure, vous déboursez, au
fur et à mesure que les travaux sont faits. Donc, je fais ce parallèle-là parce
qu'il y a une grande différence entre les déboursés et l'estimation totale des
travaux.
Donc, oui, on est en mesure pour l'instant
de vous dire que c'est 92 millions. Est-ce que ce sera plus? Peut-être.
Actuellement, aujourd'hui, on est à 92 millions. On suit ça de façon très
assidue et on s'assure de contrôler les coûts le plus possible. Mais là où je
sursaute un peu, c'est lorsque vous parlez de la dernière fois où vous semblez
un peu remettre en doute ce que je vous dis en disant : Bien là, on prend
ça avec un grain de sel, parce que la dernière fois, vous nous assuriez aussi
que vos chiffres étaient bons. Mais je ne sais pas exactement quel chiffre vous
remettez en question parce que je suis très... très transparent.
Mme Garceau : C'était...
C'était le 262 millions, que l'enveloppe budgétaire en... en avril...
M. Lacombe : Que j'ai dit...
que j'ai jugée insuffisante.
Mme Garceau : Que l'enveloppe
était suffisante.
M. Lacombe : En fait, je l'ai
dit ouvertement.
Mme Garceau : Que l'enveloppe
était suffisante. Et non seulement juste pour les quatre...
M. Lacombe : Elle était
suffisante pour quatre projets, peut-être pour cinq ou six...
Mme Garceau : Peut-être plus.
M. Lacombe : ...ce qui est
encore vrai aujourd'hui.
La Présidente (Mme Dionne) : Un
à la... s'il vous plaît, juste pour...
Mme Garceau : Et peut-être
plus.
La Présidente (Mme Dionne) : ...les
gens qui nous écoutent, je vous demanderais de parler un à la fois. Merci.
Mme Garceau : Peut-être
plus. Mais quand est-ce que vous vous êtes rendu compte? C'était vers quelle
période que, ah! il y a une explosion des coûts?
• (16 h 10) •
Des voix : ...
Mme Garceau : C'était quand,
ça? Quand vous avez comme...
M. Lacombe : Bien, il y a
eu... il y a eu plusieurs moments, c'est-à-dire, on a des mises à jour
ponctuelles sur le coût envisagé des travaux puis on suit à la lettre,
d'ailleurs. Parce que vous faites référence à notre transparence, moi, je pense
qu'on a été exemplaire, dans notre transparence, c'est-à-dire à chaque fois
qu'on doit communiquer des chiffres. Et tout ça est normé, tout ça fait l'objet
de directives du Conseil du trésor, et on les respecte, ces directives-là.
Donc, on ne lance pas des chiffres le lendemain matin du jour où on les a
reçus, on suit, évidemment, ce qui nous a demandé, on les publie, il y a des
décrets qui sont pris par le Conseil des ministres. Donc, on fait tout ça, on
fait tout ça dans l'ordre.
Maintenant que j'ai dit ça, évidemment, on
a de l'information qui nous vient de la SQI qui nous démontre, par exemple, que
lorsqu'on ouvre des enveloppes à la suite d'un lot d'appel d'offres puis qu'on
constate qu'il y a un dépassement, je ne sais pas, de 100 %, par exemple,
bien là, on se dit : D'accord, ça augure mal pour le reste, parce que...
et, dans le cas d'Amos, je ne me rappelle pas c'était exactement à quelle
proportion, le lot en question, d'appel d'offres, sur le total du projet... on
était à 55 % de plus. Donc, il y a eu plusieurs événements comme ça qui, à
la fin, m'ont fait dire : Bon, moi je fais la somme des évidences, et
encore une fois, je ne remets pas en cause le fond du projet, parce que je
trouve encore que c'est une superbe idée, mais c'est qu'à un moment donné
est-ce que ça vaut ça, je prends Charlevoix, par exemple? La réponse, c'est
non, ça ne vaut pas ça, en dollars publics d'investissement, ça ne vaut pas ça.
Donc, il faut être capable, je pense, comme gouvernement, à un moment donné, de
débrancher des projets au bon moment, lorsqu'on se dit qu'ils sont rendus à un
niveau trop élevé pour ce que ça va nous rapporter.
Et vous faites référence aux demandes
d'accès à l'information. Moi, je veux vous dire une chose, là, si vous avez
des... si vous avez des désaccords avec les réponses qui vous sont données,
moi, je vous invite très cordialement à utiliser les recours que vous avez,
parce que, moi, je ne me mêle pas de l'accès à l'information. Donc, les
fonctionnaires qui reçoivent vos demandes les traitent de la façon dont elles
doivent être traitées, j'imagine bien. En tout cas, on ne m'a jamais informé du
contraire. Et, si ce que vous recevez, vous jugez que ce n'est pas correct,
bien, à ce moment-là, il y a des recours qui existent, mais moi je ne me mêle pas
de ça. Je suis responsable des réponses que mon cabinet vous donne, mais, pour
les demandes d'accès à l'information, je pense que ça devrait vous préoccuper
si je vous disais que c'est moi qui décide ce que vous avez ou pas.
Mme Garceau : J'aimerais
avoir une réponse à ma...
Mme Garceau : ...à ma
question. Du moment... Quel a été le moment quand vous avez dit : On
lâche... on lâche prise, on laisse tomber, on va abandonner»? Àa un moment
donné, vous avez des rencontres mensuelles, vous... vous voyez effectivement
l'augmentation des coûts. Donc, à un moment donné, il y a une décision qui est
prise. Vous voyez, l'augmentation. C'était quand ça? Ce n'était pas au mois de
mars, c'est avant le mois de mars.
M. Lacombe : Non, je ne me
suis pas levé, le 3 mars, en disant : Ça y est, demain, on tire la
plug.
Mme Garceau : Exactement.
C'était quand, ce moment-là?
M. Lacombe : Bien,
effectivement. Mais je vous dirais que c'est un processus en évolution. C'est
une réflexion, puis il y a des intrants dans cette réflexion-là qui sont
arrivés, notamment les résultats d'appels d'offres qui sont entrés sur
plusieurs chantiers. On l'a dit, il y a notamment la... la recherche qui se
faisait dans d'autres régions qui nous démontrait que, dans certaines régions,
ça coûterait très cher. Donc, ce serait difficile pour moi de vous dire :
Bien, c'est ce jour-là, en mangeant mon sandwich, puis en me levant, que je me
suis dit ça y est, ma décision est prise. C'est un processus qui s'est fait en
continu. On y a réfléchi, on a retourné ça de tous les côtés, puis, bien
honnêtement, je pense que la décision qu'on a prise, c'est la meilleure.
La date que je peux vous donner, c'est le
4 mars. Hein, le 4 mars, on l'a annoncé clair, net, précis. Il y en a
qui sont rapidement montés dans les arbres pour dire : Voici un autre
recul de la CAQ. Voici un gaspillage de fonds publics. Moi, au-delà de parler
de recul, je pense que c'est important d'avoir des gens en place qui sont
capables de reconnaître que, quand le scénario change, il faut avoir le courage
de... de débrancher des projets qui n'ont plus de sens. Il faut être capable
d'être agile, de les repositionner, de les transformer, puis c'est ce qu'on est
en train de faire. Donc moi, je suis très à l'aise avec cette décision-là.
Mme Garceau : Mais avec, M.
le ministre, vos... vos rencontres mensuelles, parce que c'était important pour
vous, cette implication personnelle, d'être au courant des coûts et de
l'évolution. Et je me... je me rappelle, il y a eu une période des questions et
une interpellation. Là, on parle à la fin du mois d'octobre, 25,
26 octobre, 26... 25, 26 octobre, vous étiez encore très confiant, il
n'y avait aucun doute dans votre esprit concernant l'enveloppe budgétaire pour
la réalisation des quatre projets, en octobre. Et même vous aviez dit :
«Ah! Il va y avoir une mise à jour dans les prochaines semaines», dans les
prochaines semaines. La mise à jour, on l'a eue le 4 mars, et c'était la
mort du projet. Donc, je présume, M. le ministre, et avec grand respect, que
vous saviez, avant octobre, qu'il y avait des problèmes, puis vous avez attendu.
Je ne sais pas pourquoi vous avez attendu jusqu'au 4... au 4 mars. Vous
avez attendu cinq mois plus tard. Mais, à un moment donné, si vous aviez...
M. Lacombe : Non, mais...
Mme Garceau : ...cette
implication personnelle puis qu'on vous met au courant, ça ne prend pas
tellement de temps pour se dire : Non, non, on dépasse largement les
coûts, il faut arrêter.
M. Lacombe : Bien, je...
je... Bien, écoutez, c'est peut-être une différence entre votre style de
gestion et le mien, mais je vous assure, là, que, dans la vie d'un ministre, on
ne se lève pas un matin en se disant : Oui, vous savez quoi? Moi, je suis
écœuré de ce dossier-là, je trouve que ça coûte trop cher. La semaine
prochaine, on annonce qu'on débranche ça. Voyons! Si vous avez des ministres
qui gouvernent comme ça, je pense que ce serait une bien mauvaise nouvelle. Il
faut prendre le temps de bien faire les choses, de peser les pour et les
contre, d'avoir des analyses. On... Évidemment, nos décisions reposent sur
l'analyse de nos professionnels, et c'est bien correct comme ça.
Vous me demandez si, en octobre, j'étais
déjà au courant. Vous dites, comme si c'était une grande découverte : «Je
suppose qu'en octobre vous étiez au courant qu'il y avait des enjeux? Bien oui,
j'étais au courant qu'il y avait des enjeux en octobre. C'est pour ça que je
vous disais : Bien, on arrivera avec... avec des... on arrivera avec une
mise à jour. Et je vous incite aussi à aller voir le verbatim de la dernière
étude de crédits où je disais de façon très claire s'il y a des projets qui
atteignent un coût qui, à notre sens, devient inacceptable, on va débrancher
ces projets-là. Donc, je ne vois pas comment je peux être plus transparent.
À un moment donné, là, on gouverne, on
fait des choix qui doivent être responsables et quand on prend ces choix-là,
bien, on ne se lève pas, un matin, avec une... une bonne idée puis on la
réalise l'après-midi. On s'assure que ce soit fait correctement. Puis entre le
moment où vous parlez octobre où, effectivement, moi j'étais très conscient
qu'il y avait des enjeux, que vous m'interpellez, évidemment, j'imagine bien
que vous comprenez que je ne fais pas cette réflexion-là sur la place publique
avec vous en toute sérénité, ça ne serait pas possible. Mais, à un moment
donné, on avance, on avance puis, quatre mois plus tard, comptez là-dedans, les
vacances de Noël, bien, on a fait l'annonce. Moi, je trouve que je suis...
M. Lacombe : ...moi, je trouve
que je suis très conséquent avec ce que j'ai dit publiquement. Et je répète
sortez le verbatim de l'étude de crédits de l'année dernière, j'étais
transparent, puis d'ailleurs ça m'avait étonné que ce ne soit pas repris par
l'opposition. Je le disais candidement, s'il y a des projets qui atteignent un
budget anticipé de réalisation qui pour nous n'a pas de sens, bien, on prendra
les décisions qui s'imposent.
Mme Garceau : Ce n'était pas
vraiment ça, le verbatim, c'était plus que l'enveloppe était suffisante,
vous...
M. Lacombe : Non, mais
citez-moi, là, parce que moi, je vous dis que j'ai dit ça.
Mme Garceau : ...était
suffisante, et malgré l'augmentation des coûts, parce que vous étiez conscient,
à cette époque, qu'il y avait une augmentation des coûts, et c'était plus s'il
était pour avoir de l'argent pour annoncer d'autres projets.
M. Lacombe : Oui, mais est ce
que ce que vous dites est exact, et ce que je dis l'est aussi, là,
c'est-à-dire, moi, j'étais là l'année passée, j'étais dans cette salle puis je
suis responsable de ce que j'ai dit. J'ai effectivement dit ce que vous venez
de mentionner, c'est-à-dire que le 257... 262... 262 millions qui nous étaient
consentis à ce moment-à était suffisant, et je répète, était suffisant pour
mener à terme les quatre chantiers, pas les 18, les quatre, et peut-être en
ajouter un ou deux supplémentaires.
Si aujourd'hui on avait gardé le cap sur
les Espaces bleus, je vous répète que ce budget-là serait encore réaliste. Il
serait encore réaliste, peut-être pour un de plus, pas deux, peut-être pour un.
Mais donc ça, je... je suis encore tout à fait d'accord avec moi-même. Et ce
que j'ai dit par ailleurs, donc vous avez raison sur le propos précédent, mais
j'ai aussi raison sur le fait qu'en étude de crédits, j'ai dit textuellement---
et là, si vous l'avez, je vous invite à me citer---j'ai dit de façon très
ouverte : «S'il y a des projets qui atteignent une facture qu'on juge
inacceptable...
La Présidente (Mme Dionne) : En
terminant, M. le ministre.
M. Lacombe : ...et j'y vais de
mémoire, je disais : On va tirer la plug parce qu'il faut... à un moment
donné, il faut aussi respecter la capacité de payer des...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. Lacombe : ...contribuables.
Donc, tout ça se tient.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
C'est tout le temps qu'on a pour ce bloc d'échange. Je cède maintenant la
parole au député de Matane-Matapédia. Vous disposez d'une enveloppe de
5 min 50 s.
M. Bérubé : Oui. Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, chers, chères collègues, moi aussi, j'ai parlé
des Espaces bleus l'année passée. Savez-vous ce que j'ai dit, Mme la
Présidente? J'ai dit que le ministre était poigné avec ça puis qu'il devait
avoir hâte d'en finir. Il a été exaucé. Un poids de moins sur vos épaules, M.
le ministre, et pour les gens qui vous accompagnent aussi. C'était une demande
du premier ministre. C'est un legs qu'il souhaitait. Un texte de Denis Lessard,
je m'en souviens. Mais les choses progressent. Alors, vous avez d'autres
dossiers amplement à regarder.
Le ministre l'a dit souvent, et je le
crois. Et il était déjà engagé sur cette voie avant même que la CAQ soit
populaire, c'est le nationalisme. Et la CAQ a un plan, un nouveau projet pour
les nationalistes du Québec. Alors, ça vous est familier, ce document, vous le
reconnaissez.
• (16 h 20) •
M. Lacombe : Je n'étais pas à
la CAQ à l'époque. J'étais journaliste. C'est 2015, ça, je pense.
M. Bérubé : Oui. Mais là,
vous êtes aussi poigné avec ça.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Bérubé
:
Alors, voici : «L'affirmation de la volonté du Québec d'être le maître
d'oeuvre du développement de sa culture se traduit concrètement par la mainmise — mainmise — des
budgets dédiés aux médias culturels par les institutions fédérales, car le
Québec doit pouvoir jouer pleinement son rôle dans la promotion de ses produits
culturels, notamment à l'étranger ainsi que, dans l'univers numérique».
Tout le monde a compris que c'est
l'ensemble des pouvoirs et des budgets en matière de culture. À chaque année,
je pose la question. Alors, depuis l'an dernier, depuis notre dernier
rendez-vous, est-ce que vous pouvez me fournir la correspondance écrite entre
vous ou votre ministère et le gouvernement fédéral qui indique qu'il faut
rapatrier l'ensemble des pouvoirs? Donc, l'écrit, les lettres, la
correspondance.
M. Lacombe : Bien, j'imagine
que vous les avez, là. On a eu plusieurs échanges par écrit...
M. Bérubé : Non, on a un
refus.
M. Lacombe : ...avec mais
plusieurs... Ah! bien, je ne le sais pas. Encore là, je ne me mêle pas de
l'accès à l'information. Mais on a eu plusieurs... j'ai eu plusieurs
échanges...
M. Bérubé : De quelle
nature?
M. Lacombe : ...unidirectionnels,
écrits avec le ministère du Patrimoine canadien.
M. Bérubé : Êtes-vous en
mesure de déposer ces documents ici?
M. Lacombe : Est-ce que...
Bien, il faudrait... il faudrait voir, là, je ne sais pas ce qu'on peut
déposer, ce qu'on ne peut pas déposer.
M. Bérubé : Mais vous... mais
vous, vous nous dites devant la commission que vous savez que vous avez déposé
des documents. Je... je vous suggère que plusieurs des personnes qui sont dans
cette salle le savent aussi. Savez-vous pourquoi je vous dis ça? Parce que
chaque...
M. Lacombe : Bien là, on me
dit qu'on me dit que vous les avez eus.
M. Bérubé : Non. Alors...
M. Lacombe : Oui, oui, oui,
on me dit que oui, là.
M. Bérubé : Voulez-vous
savoir la réponse? Exercice financier 2020‑2021, aucun document d'échange avec
le gouvernement fédéral n'a porté sur le rapatriement des compétences.
M. Lacombe : Mais là, vous
êtes spécifiquement sur le rapatriement des...
M. Bérubé : Ma question est
très claire.
M. Lacombe : Oui, là je vois
le...
M. Bérubé : 2021‑2022, c'est
la même affaire.
M. Lacombe : Ce n'était pas
si évident que ça.
M. Bérubé : 2022‑2023, 2023‑2024,
2024‑2025, ça, ça vient de votre ministère.
M. Lacombe : D'accord,
d'accord. Là, je comprends mieux la nuance. Bien, on a... J'ai plusieurs
échanges avec mon homologue. J'en ai eu deux...
M. Lacombe : ...jusqu'à
maintenant sur une variété de sujets, des revendications du Québec sur cet
enjeu-là particulier. Effectivement, je ne pense pas qu'il y ait eu de lettre,
mais, vous savez, la... une lettre, c'est une façon, et je ne parle pas des
textos, mais une lettre c'est une façon de faire valoir ses revendications. Je
peux vous dire qu'on a eu plusieurs discussions, j'ai eu plusieurs discussions
avec mes homologues fédéraux, en personne, face à face, sur des demandes du
Québec, notamment dans le cadre de séances, de ce qui va en découler et de ce
que nous, on a comme prétention de vouloir accomplir ici. Ce qui veut
nécessairement dire être capable d'aller chercher les budgets qui, selon nous,
devraient relever du Québec.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, pour les fins de l'exercice, donc, si je cherche une lettre qui dit
au gouvernement canadien ou au ministe de la Culture ou la ministre de la
Culture : Nous, là, on a un document qui dit : On veut tous les
pouvoirs, alors, j'applique notre politique, je veux tous les pouvoirs. Ça
n'existe pas, il n'y a aucune lettre?
M. Lacombe : Bien, M....
M. Bérubé : Il faut croire le
ministre sur parole qu'il en a parlé.
M. Lacombe : Mais, M....
M. Bérubé : Je vous crois sur
parole.
La Présidente (Mme Dionne) : Un
à la fois, s'il vous plaît, sinon vous vous adresserez la présidence. Allez, M.
le ministre, vous pouvez répondre.
M. Lacombe : D'accord, je
vais me conformer à ça. Désolé de mon...
M. Bérubé : Donc, ça va, il
n'y a pas de document.
M. Lacombe : Mais, en fait,
il y a peut-être une différence dans la façon, donc, et c'est correct, là, je
veux dire, je ne remets pas du tout en cause votre nationalisme, je n'oserais
pas faire ça, vous le portez très, très bien. J'ose croire que je le porte
aussi, peut-être avec des moyens différents. Mais, vous savez, moi, demander la
permission à Ottawa de faire quelque chose puis d'aller lui quémander quelque
chose en lui écrivant une lettre, qui, je pense, une fois sur deux, a une
chance de tomber entre deux chaises, pour laquelle je n'aurai pas de réponse,
bien, je préfère qu'on pose des gestes. Puis on a des discussions, mais on
n'attend pas nécessairement... Je vous donne l'exemple de notre projet de loi.
Bien, le fédéral, essentiellement, nous laisse entrevoir que c'est lui qui
devrait s'occuper de ça. Moi, je ne demanderai pas la permission. Ce n'est pas
vrai que je vais écrire une lettre à Ottawa pour lui demander de travailler
avec nous puis de nous laisser le faire. On va le faire. Ça, c'est le genre de
nationalisme que... dont moi, je fais la promotion.
M. Bérubé : Bien, Mme la
Présidente, il y a toujours bien des limites. L'argent, vous ne l'avez pas.
Vous avez beau vouloir faire ce que vous voulez, l'argent, ils l'ont. Alors,
vous pouvez texter, vous pouvez échanger, vous pouvez avoir des intentions, je
veux dire, la réalité vous rattrape. Il y a des juridictions que vous ne
contrôlez pas, d'accord, puis il y a de l'argent que vous n'avez pas.
Moi, j'ai lu votre programme. On parle des
programmes, des pouvoirs et de l'argent, donc s'il n'y a pas de correspondance,
c'est pas mal sûr qu'il n'y aura pas de réponse. Moi, je vous dis :
Asseyez-vous, tu sais. Une motion, quelque chose, une déclaration de
souveraineté culturelle. Je pense que ça, je peux vous dire ça sans que ça vous
choque?
M. Lacombe : Mais non, je
porte ce terme-là solidairement avec vous.
M. Bérubé : Parlez-en à
Louise Beaudoin, tu sais. Vous l'avez engagée pour un comité, là, continuez de
jaser avec Louise Beaudoin, elle va vous dire qu'il y a des limites à ce que
vous pouvez faire en culture dans un statut de province. C'est comme ça que ça
se passe. Donc, il n'y a pas de lettre cette année, il n'y en a pas eu l'année
passée. Je n'en espère pas pour l'année prochaine. J'ai une autre question.
M. Lacombe : Non, mais une
lettre, là... moi j'ai plus qu'une lettre, là.
M. Bérubé : Mais vous n'avez
rien à me donner.
M. Lacombe : Une lettre, ça
vaut le papier sur lequel c'est écrit. On a toute la force d'un rapport
d'experts derrière nous, la légitimité d'aller de l'avant avec des actions
structurantes pour la culture au Québec. Moi, je préfère poser ces gestes-là
plutôt que de quémander la permission à Ottawa de faire quelque chose.
M. Bérubé : O.K. C'est
embêtant parce que vous avez cinq collègues qui ont fait une conférence de
presse puis qui ont envoyé une lettre. Alors, je ne sais pas ce que ça a dit
sur votre appréciation de leur stratégie, versus Ottawa, mais vous avez vos
façons différentes.
M. Lacombe : À chaque dossier
sa stratégie, selon les défis qu'on a devant nous. Probablement que, dans leur
cas, c'était la bonne chose à faire. Dans certains cas, je leur ai écrit aussi
des lettres. Donc, vous pouvez tenter de me dépeindre en opposition avec mes
collègues, j'ai écrit des lettres à Pablo Rodriguez, j'ai écrit des lettres à
Mme St-Onge, au sujet de séances, par exemple, mais écrire une grande lettre
générale sur : nous souhaitons rapatrier les pouvoirs, je pense qu'ils
sont au courant parce qu'on leur en parle toujours. Je pense qu'ils sont très au
courant de ça. Je pense qu'ils ne sont pas d'accord. Mais ce que je vous dis,
c'est que, plutôt que d'envoyer cette lettre-là dans le vide, pour laquelle je
vous dis, on a une chance sur deux de ne pas avoir de réponse, moi, je préfère
qu'on pose des gestes, des gestes concrets, structurants pour l'avenir de la
culture québécoise.
M. Bérubé : O.K., j'ai
compris.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député, il vous reste une minute.
M. Bérubé : Je vous ai vu à
la télé, au Gala des Oliviers, vous étiez accompagné.
M. Lacombe : Bien oui, tout à
fait.
M. Bérubé : De la directrice
de l'École nationale de l'humour.
M. Lacombe : Vous êtes un
coquin, vous.
M. Bérubé : C'est une
assertion que... auquel je ne veux pas répondre.
M. Lacombe : C'était,
effectivement, ma «date» pour la soirée. On a eu une très belle soirée.
M. Bérubé : Vous savez
qu'elle a un désir ardent, qui est celui...
M. Lacombe : Bien, je suis là
pour répondre à ce désir ardent.
M. Bérubé : Vous n'êtes
qu'amour, c'est connu.
La Présidente (Mme Dionne) : O.K.,
revenons au sujet du jour. Merci.
M. Bérubé : Elle veut...
M. Lacombe : Non, non, on est
dans le sujet, on est dans le sujet.
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
il vous reste 25 secondes.
M. Bérubé : Elle souhaite que
l'École nationale de l'humour puisse déménager dans le Quartier latin. Est-ce
que vous allez financer ce déménagement, qui est vital pour l'école?
M. Lacombe : On va être au
rendez-vous pour soutenir l'École nationale de l'humour. Le dossier avance
très, très bien...
M. Bérubé : Une annonce
bientôt?
M. Lacombe : ...très bien.
M. Bérubé : C'est possible,
une annonce?
M. Lacombe : Il avance très
bien.
M. Bérubé : Vous me rassurez.
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant passer à Mme la députée de...
La Présidente (Mme Dionne) : ...Baldwin
pour un temps de 18 minutes. La parole est à vous.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je ne pense pas que je vais vous poser des questions, M. le
ministre, concernant la «date» que vous aviez. On va... On va parler des...
M. Lacombe : ...
Mme Garceau : Oui. ...de
quelque chose évidemment de très sérieux, et ça, c'est le secteur des arts de
la scène. Je sais que mon collègue l'a mentionné, mais nous savons très bien
que les artistes souffrent, ils souffrent depuis plusieurs années et surtout
depuis la pandémie. Et là on est... vous avez des cris du cœur, que ça soit de
la présidente de l'Union des artistes et plusieurs organismes. Vous avez eu la
manifestation devant vos bureaux jeudi passé. Ils étaient environ quoi,
1 000 artistes qui manifestaient concernant les coupures au budget
du... Et là, M. le ministre... et mon collègue a touché au salaire médian d'un
artiste. C'est abominable, là. Je ne sais pas pour vous, mais 17 300 $
par année quand c'est 56 % au-dessus du revenu médian de la population en
général qui est 39 000, il faut passer à l'action. C'est... Les artistes
sont au cœur de notre culture. C'est dans leur ADN, ils sont des passionnés.
Vous avez... surtout aujourd'hui et
j'aimerais le souligner parce que c'était... c'est venu me chercher, je dois
vous dire, là. Le directeur général du Conseil québécois de la musique, Dominic
Trudel, qui est sorti aujourd'hui dans Le Devoir avec un regroupement, un front
commun pour les arts et les lettres, qui ont signé, évidemment, endossé
cette... ces demandes. Et je crois, M. le ministre, qu'aujourd'hui vous avez
l'opportunité, parce que c'est ça qu'ils vous demandent, de prendre un
engagement formel envers eux, que vous allez bonifier le budget du... pour
sauver leur vie, sauver leur dignité. Parce que c'est pas mal grave la
situation actuelle, et je voulais en leur nom vous poser quelques questions,
parce que c'étaient les questions qui étaient mentionnées dans l'article
d'aujourd'hui. En cette journée d'étude des crédits à l'Assemblée nationale,
nous aimerions entendre le ministre nous expliquer comment nous arriverons dans
ce contexte, à poursuivre notre travail. Que nous suggère-t-il de répondre aux
demandes du personnel et aux artistes qui aimeraient voir leur salaire indexé
au coût de la vie? Quels arguments nous conseille-t-il d'invoquer pour les
convaincre de ne pas changer d'emploi ou de carrière? Avec quels moyens
souhaite-t-il que nous maintenions la réputation enviable de nos artistes sur le
plan international? Comment... envisageait-il que nous, nous prenions pour que
les créations demeurent accessibles et circulent aux quatre coins du Québec?
Qu'arrive-t-il avec les orientations de la culture... de la politique
culturelle du Québec? En visite à Paris la semaine dernière, le ministre plus
nuancé qu'au lendemain du budget, semblait concéder que les sommes disponibles
étaient insuffisantes. Il dit maintenant travailler activement avec... pour
trouver une façon d'améliorer le soutien financier aux organismes culturels à
même les enveloppes budgétaires du ministère.
Donc, nous attendons évidemment vos
réponses à ces questions qui sont fort importantes.
• (16 h 30) •
M. Lacombe : Bien,
plusieurs... J'aurais vraiment plusieurs choses à dire. D'abord, et là, c'est
sûr que ça va... je vais un peu répéter ce que je disais à notre collègue de
Jean-Lesage tantôt parce que la question, elle est similaire. C'est un dossier
qui est délicat en ce sens où on a agi puis on a agi de façon très affirmée,
là, de façon très engagée. Lorsqu'on est arrivés en 2018, il faut dire que le
budget du Conseil des arts... Bon, ici, je ne veux pas faire de petite
politique, mais rappelons-nous l'époque libérale, où il y a eu des compressions
de... de plusieurs millions de dollars. Donc, de notre côté, plutôt que de
couper dans les budgets, notamment pour les organismes de regroupements, les
associations de regroupements, ce qu'on a décidé de faire, c'est d'investir
massivement. Donc, entre 2018 et aujourd'hui, la bonification, elle est de
35 %. Je veux dire, il faut reconnaître que c'est un engagement sincère
à...
16 h 30 (version non révisée)
M. Lacombe : ...promouvoir, à
appuyer les arts de la scène puis les artistes qui les font vivre, ces arts de
la scène. Donc, plus 35 % depuis 2018, alors que l'inflation, parce qu'il
faut toujours voir avec quoi on met ça en relation, avec quoi on le compare,
pendant ce temps-là, l'inflation a été de 22 %. Donc, inflation à 22 %,
augmentation de budget de 35 %. Donc, non seulement on a préservé, disons,
le pouvoir de dépenser de ces associations, de ces organisations, des arts de
la scène en général, mais on l'a bonifié. Ça, c'est une chose.
Deuxièmement, la loi sur le statut de l'artiste.
Rappelons-nous, fin de la dernière législature, je dois le souligner, avec le
concours des partis d'opposition qui ont rendu ça possible, parce que moi-même,
j'étais sceptique, je regardais ça aller, c'est un dossier qui m'intéressait
beaucoup, la culture, je regardais ça aller, puis je me demandais si ça allait
passer parce qu'on était rendus très loin, puis, grâce au travail de ma
prédécesseure, appuyée par les oppositions qui ont mis vraiment du leur... du
sien... du leur, ça se dit, on a été capables de le faire. Donc, ça, la loi sur
le statut de l'artiste, on vient mieux protéger les artistes. C'est... Ce sont
des lois qui n'avaient pas changé depuis les années 80. Donc, je pense qu'il
faut reconnaître qu'on est... qu'on est en action.
Et j'entendais une collègue qui siège avec
nous ici, à l'Assemblée nationale, à la manifestation, dire que les artistes
avaient raison de se sentir méprisés par le gouvernement. Moi, je dis :attention,
attention, on ne peut pas non plus envenimer le climat en lançant des
déclarations comme celle-là, alors que les chiffres sont sans équivoque, on est
au rendez-vous. Je dis par contre que c'est une situation délicate. Parce que,
oui, on investit à la hauteur de tout ce que je viens de vous nommer, mais
en... puis on pose des gestes avec le levier législatif, mais en même temps, il
y a encore beaucoup de défis. Vous parliez du salaire moyen ou du salaire
médian, tantôt... du salaire médian, c'est vrai que c'est un enjeu. Donc, c'est
ce que je disais tantôt à notre collègue de Jean-Lesage. Je ne suis pas en
train de dire : On a fait tout ce qu'on avait à faire, puis maintenant,
bien là, qu'ils s'arrangent avec ça parce que notre job est faite. Ce n'est pas
ça que je vous dis. Je vous dis : On a fait un bout de chemin, mais je
pense qu'il faut continuer le travail.
Donc, oui, rapidement, après le budget, j'ai
reconnu que le budget, c'était l'étape numéro un, que j'aurais souhaité en avoir
plus. Comme je vous dis, s'il y a un ministre qui vous dit le contraire, prenez
ça avec un grain de sel, on veut toujours plus pour nos clientèles. C'est quand
même une demande qu'on a priorisée. On a quand même obtenu 28 millions,
alors qu'il y a d'autres groupes qui n'ont rien reçu. Donc, c'est un point de
départ. Mais la deuxième étape, c'est de voir... Et pour moi, c'était clair
dans mon esprit, rapidement, ça a été de dire : Bon, qu'est-ce qu'on peut
faire dans les sommes que nous avons déjà, au ministère de la Culture, mais
aussi dans certaines de nos sociétés d'État, pour être capables de faire un pas
de plus. Parce que c'est vrai que, spécifiquement pour les ententes
quadriennales qui sont signées avec des centaines d'organismes culturels, c'est
difficile, puis on veut que ça suive, évidemment, le plus possible l'inflation.
Et les sommes qu'on va dégager, bien, on pourra les investir directement dans
ces ententes-là.
Mme Garceau : O.K. Mais il y
a des... il y a des choix. Le gouvernement fait des choix, surtout dans les
enveloppes budgétaires. Et, dans ce cas-ci, vous étiez très au courant des
doléances des différents regroupements dans le secteur, évidemment, de la
scène, des artistes de la scène, et il y a eu des choix de couper au niveau du
budget de la... cependant, pour les... le milieu des arts visuels, vous avez
rencontré leurs demandes. Donc, pourquoi est-ce que vous avez priorisé le
milieu des arts visuels?
M. Lacombe : Bien, quand vous
parlez de décision, je vous en donne une qu'on a prise. Quand on parle de
soutenir, et peut-être que ça va aussi répondre à la question du député de
Jean-Lesage, de tantôt, je suis persuadé en tout cas que ça va l'intéresser,
parlons des bourses, par exemple, qui sont octroyées directement aux artistes
pour les aider dans leur création. 2018-2019, le montant de bourses qui étaient
octroyées par le CALQ, 12,6 millions, 2022-2023, donc pour les années...
pour l'année 20220-2023, on est à 26,8 millions de dollars. Et là, le
taux d'acceptation m'échappe, mais on en parlait, on est passé de... En tout
cas, on a augmenté de beaucoup. C'est moi, là, qui a... qui a un blanc, mais on
a augmenté de beaucoup. Donc, en voici un choix qui a un impact direct sur les
finances des artistes. On parle de bourses directement pour les aider. Donc,
ça, c'est une chose.
Vous dites qu'on a fait des compressions
dans le budget du Conseil des arts et des lettres. Encore une fois, on peut
bien l'amener de cette façon-là, mais la vérité, c'est que vous regardez ça puis
vous dites : Il y a des programmes... Ce qu'on constate, c'est qu'il y a
des programmes dont la fin était déjà annoncée, qui servait à répondre à un
besoin qui est né pendant la pandémie. Je pense à la mesure, par exemple,
pour...
M. Lacombe : ...la
billetterie. C'était... C'était annoncé, là, à un moment donné, qu'on passerait
à d'autres choses. Donc, ça, c'est une... c'est une mesure dont la fin était
annoncée. Par ailleurs, on est allés chercher des nouvelles sommes pour
bonifier le budget du CALQ. Si bien que, alors qu'on a pour 4 millions et
demi, de mémoire, de mesures liées à la COVID qui sont... qui se terminent,
bien, on est allés bonifier le budget de l'autre côté de 4,8 millions.
Donc, je veux juste... je veux juste vous souligner qu'on peut bien tourner de
la façon qu'on veut, mais à la fin, la façon dont moi je le présente, c'est
qu'on est allés chercher les sommes nécessaires pour maintenir le budget du
CALQ, on parle d'une variation de 0,2 %, je pense qu'il faut... il faut
remettre les choses en perspective, là. Alors qu'il y a des mesures qui se
terminaient, malgré ça, on a maintenu le budget à peu près, là, à la même
chose. Donc, je pense que c'est important de le souligner.
Puis pourquoi on a répondu... pourquoi
j'ai répondu... pourquoi j'ai... j'ai contribué à ce qu'on réponde
favorablement à la demande des acteurs de l'industrie de l'audiovisuel, donc
là, on parle des gens qui font des films, on parle des gens qui font des séries
télé, parce que je pense que là, il y a un défi qui est par ailleurs
exceptionnel avec l'univers numérique, avec le décrochage de nos jeunes.
C'est-à-dire, avec la fracture générationnelle qu'on constate actuellement,
quand vous regardez les statistiques, elles sont alarmantes, c'est près de 60 %
des gens qui vont sur les plateformes Netflix, Amazon Prime, Disney Plus, qui
préfèrent regarder le contenu en anglais, près de 60 %. Quand vous
regardez les statistiques, pour les 44 ans et moins, pour les plus de
44 ans, il y a un fossé. Tout dépend des données statistiques, là, qui
sont relevées par l'OQLF, on parle d'à peu près une différence de 20 %
dans les habitudes d'écoute en français ou en anglais. Donc, évidemment, les
gens plus âgés sont davantage nombreux à l'écouter en français. Donc, il faut
agir. Il faut agir de façon urgente.
Et ça, ça veut dire produire plus de
contenus, notamment pour la jeunesse. Donc, c'est pour ça qu'on investit, pas
dans ce budget-ci, mais dans le précédent, donc l'année dernière,
101 millions de dollars pour Télé-Québec, programmation jeunesse.
C'est pour ça qu'on a rajouté un 20 millions de dollars dans le budget
qu'on vient de passer. C'est important. Il faut se réapproprier le diffuseur
public, qui, je vous dirais, avant qu'on arrive, n'a pas connu ses meilleures
années parce qu'il était sous-financé depuis bien, bien longtemps. On est en
train de remédier à ça. Puis il faut s'assurer que nos diffuseurs aient du
contenu, du contenu original, de qualité, et que ce contenu-là circule bien
aussi dans l'univers numérique.
Donc, je pourrais partir très longtemps,
mais vous allez m'arrêter, avec raison, parce que... parce qu'il y a
beaucoup...
• (16 h 40) •
Mme Garceau : J'étais pour
vous arrêter.
M. Lacombe : Non, mais on a
beaucoup de pain sur la planche. Puis je pourrais répondre à vos questions, si
vous en avez là-dessus, mais sur la façon dont on finance aussi nos
productions, parce que, et j'aurai l'occasion de l'annoncer dans les prochaines
semaines, on va lancer un chantier là-dessus parce qu'il faut que nos
productions circulent mieux dans l'univers numérique. Donc, le défi, là, qu'on
a devant nous, il est énorme. Les arts de la scène ont aussi leurs défis. C'est
pour ça qu'on investit plus 35 % depuis 2018. Mais il ne faut pas oublier
pendant ce temps-là que nos jeunes, qu'on le veuille ou non, sont sur les
grandes plateformes puis que ce qu'ils consomment, c'est du contenu américain.
Et moi, ça me préoccupe. Donc, il faut agir là. Donc, c'est la raison pour
laquelle on a accédé à la demande des diffuseurs, des producteurs, des
comédiens, des comédiennes qui nous demandaient sensiblement à peu près tous la
même chose.
Mme Garceau : O.K. Changeons
de sujet. Journaux régionaux. Malgré de nombreux appels à l'aide de la part des
acteurs du milieu, vous avez décidé, malheureusement, M. le ministre, de faire
la sourde oreille. J'aimerais... Vous avez... Sans doute vous avez le tableau
de la FNCC-CSN, où on voit les chiffres, le tableau pour la presse écrite,
papier et numérique, où, évidemment il y a une baisse assez importante. Dans
les dernières années, le nombre de journaux hebdomadaires est allé de 175 à 95,
le nombre de MRC sans médias est allé de 34 à 45... à 47 en 2023. Et la
population québécoise sans médias, on est allés de 907 296 à 1 647 504.
Donc, compte tenu des chiffres, M. le ministre, je présume que ça vous
préoccupe, ce genre de chiffres là et tableau. Donc, pourquoi est-ce que vous
n'avez pas considéré d'étendre les crédits d'impôt sur la masse salariale des
salles de presse, aux médias électroniques, radio et télévision?
M. Lacombe : D'accord, je
vois où votre question atterrit, parce que, le préambule, je pensais que vous
alliez parler des médias écrits dans les régions. Parce que... vous en avez
beaucoup parlé...
M. Lacombe : ...Permettez-moi
quand même de... de remettre encore une fois les... les choses en perspective.
Ce n'est pas moi qui vous dis ce que je vais vous dire, c'est Brian Myles du
Devoir, qui, lui-même, reconnaît que le Québec est l'endroit en Amérique du
Nord... le gouvernement du Québec est l'État en Amérique du Nord qui soutient
le mieux ses médias écrits. Donc, je pense qu'il faut être fiers de ça parce
que c'est un investissement dans notre vie démocratique. Puis, par la bande, je
suis le ministre de la Culture et des Communications, bien, le volet
Communications, les médias, évidemment, ça vient aider l'effervescence, la
vitalité du milieu culturel. Je pense à ma région, l'Outaouais, évidemment, si
on n'a personne qui couvre les arts et spectacles, la Beauce, c'est, j'imagine,
un peu la même chose, l'Est du Québec aussi, la Montérégie, Montréal, donc, si
on n'a personne qui s'intéresse à la scène culturelle, bien, c'est difficile.
Donc, on est là. Puis je pense que c'est
important de le mentionner, 35 % de crédit d'impôt sur le salaire des
journalistes jusqu'à un salaire... jusqu'à concurrence d'un salaire de
75 000 $ par année. On soutient bien les médias écrits.
Maintenant, c'est vrai qu'il y a eu une
demande insistante, je vais dire, cette année, que je comprends, des grands...
de grands groupes comme Bell Media, comme Cogeco, comme Québecor, par exemple,
qui nous demandent d'appliquer ce crédit d'impôt aux journalistes qui
travaillent dans les salles de nouvelles de leurs médias, donc, par exemple, à
la radio puis à la télévision. Et c'est un dossier qu'on est en train de
continuer de travailler. Ce n'est pas un dossier qui est simple. C'est assez
complexe, parce que le modèle est très différent de ce qu'on connaît dans la
presse écrite, mais comme je leur ai dit au lendemain du budget, la discussion
n'est pas terminée. Continuons la discussion avec eux. L'objectif, c'est d'être
capables d'aider tout le monde. On le fait avec la presse écrite de façon assez
remarquable et on va continuer de le faire. Mais je pense qu'il faut poursuivre
la discussion puis la réflexion pour la façon dont on aide les médias, les
médias électroniques.
Puis, en parallèle, je le dis aussi parce
que je pense que c'est important, il faut continuer d'investir pour la qualité
de l'information. Parce qu'actuellement on connaît une baisse de la confiance
des citoyens envers les médias qui est assez importante. Chez les jeunes, c'est
60 %. 60 % des jeunes qui regardent les médias se disent que ce
qu'ils regardent a probablement été trafiqué et que ce n'est probablement pas
le reflet de la réalité. Ça, pour moi, c'est très inquiétant. Donc, qu'est-ce
qu'on peut faire pour améliorer cette confiance-là. Je le dis souvent, ce n'est
pas toujours populaire, mais je le répète quand même, on est là pour soutenir
les médias, on le fait, je pense que personne ne peut douter du fait qu'on y
croit, mais en même temps, il faut aussi se poser cette question-là. Donc, on
investit, par exemple, dans le conseil de presse, on a annoncé 750 000
cette année, bonification, ensuite, 250 000 par année de son budget de
fonctionnement pour que les gens aient confiance envers leurs médias.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Il reste cinq secondes, alors... il vous reste quatre secondes. Nous
poursuivrons au prochain bloc. Alors, je cède la parole au député de
Jean-Lesage pour une période de 12 minutes.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Je veux qu'on parle la fête nationale. Le protocole de financement
de la fête nationale envers le Mouvement national des Québécois, qui organise
la majorité des fêtes nationales au Québec, incluant C'est la grande fête
nationale de Québec à Québec, leur financement, normalement, est renouvelé pour
plusieurs années à la fois. Je sais que la dernière fois, étant donné, là,
c'était une sortie de pandémie, et tout ça, c'étaient deux ans, mais ça a été,
par le passé, trois ans, cinq ans, ce qui assure une meilleure prévisibilité
pour l'organisation, plus facile d'embaucher des gens, de trouver des
partenaires aussi externes pour financer, mais à long terme. Et là, la dernière
fois, ça a été renouvelé uniquement pour un an. Pourquoi est-ce que c'est
renouvelé pour un an? Est-ce que vous envisagez de rapatrier l'organisation des
fêtes nationales au sein du gouvernement?
Une voix : ...
M. Lacombe : Bien, ce que je
peux vous dire, c'est que pour nous, la fête nationale, c'est important,
évidemment, et que, conséquemment, il y aura une augmentation des budgets. Donc,
ça, c'est la bonne nouvelle. Il y aura une augmentation des budgets consentis à
l'organisation de la fête nationale au Québec, aux festivités. Donc, j'aurai
l'occasion de faire des annonces lorsque je serai prêt à faire ces annonces-là.
Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on va être en mesure d'offrir une bonification
aux festivités. Donc, les bottines suivent les babines. On y croit, c'est une
chose, mais on n'y croit pas juste avec des paroles puis des intentions, on va
passer de la parole aux actes.
M. Zanetti : Donc, je répète
ma question : Est-ce que ça fait partie des scénarios que le
gouvernement...
M. Zanetti : ...gouvernement
rapatrie l'organisation des fêtes nationales au sein du gouvernement?
M. Lacombe : Bien, je dirais
que, pour l'instant, on est en train de voir ce qu'on fera avec les sommes
supplémentaires qu'on va investir dans la fête nationale.
M. Zanetti : O.K. Je vais
vous partager une inquiétude importante. C'est que, pour moi, c'est vraiment
important que ce soit une organisation de la société civile qui soit non
politique au sens où elle n'est pas... elle ne fait pas partie du gouvernement,
qui organise cette fête-là. Parce que, bien, c'est une fête dans laquelle... je
veux dire, imaginez, là, que le gouvernement, par exemple... imaginez ce que ça
fait à la liberté, par exemple, d'expression des artistes, qui pourrait
dire : Bien, si tu veux aller jouer à la Saint-Jean, là, pour la fête
nationale, bien, fais attention, tu sais, critiques pas le gouvernement parce
que c'est eux qui l'organisent. Puis on sait que les fêtes nationales, c'est à
peu près 5 millions, là vous dites ça va être encore plus, tant mieux,
c'est des gros spectacles, c'est des contrats importants pour des musiciens,
pour du monde dans le milieu des arts, milieu de la scène au Québec. Ça fait
que c'est pour ça que le fait qu'en ce moment ça ne soit pas le gouvernement
qui l'organise, ça fait qu'il n'y a pas cette espèce de pression là.
Moi, je trouverais ça très préoccupant, je
vous le dis, là, que le gouvernement rapatrie ça. Puis pas à cause que c'est
votre gouvernement, mais parce que c'est n'importe quel gouvernement. Je pense
que c'est important que la fête nationale, elle n'est... il n'y ait aucun
soupçon pour les gens qui... pour les artistes aussi qui vont être engagés ou
pas, qu'il y ait une espèce de vision politique partisane derrière
l'organisation dans le choix des artistes. Alors, je vous le mentionne. Je
pense que, si jamais vous allez dans cette voie-là, parce que j'entends que
vous l'envisagez, il va y avoir des inquiétudes importantes, et ça va soulever
des questions fondamentales.
M. Lacombe : ... peut-être
juste souligner que là on me prête des propos que je n'ai pas tenus.
M. Zanetti : Je lis entre les
lignes. Que, ne niant pas le fait que vous l'envisagez, ça doit être parce que,
quelque part, vous l'envisagez un petit peu. Mais niez-le et je dissiperai le
doute.
M. Lacombe : Mais je n'ai pas
tenu ces propos-là.
M. Zanetti : Non, non,
mais...
La Présidente (Mme Dionne) : ...l'interprétation,
s'il vous plaît. Merci.
M. Zanetti : Vous avez
raison, Mme la Présidente. Alors, s'il veut dissiper tout doute, j'invite le
ministre à nier qu'il envisage ce scénario.
M. Lacombe : Mais je veux
souligner quelque chose. Parce que, sur le fond, le député de Jean-Lesage et
moi, on est d'accord, là. Je suis d'accord avec vous qu'il ne faut absolument
pas que ce soit une fête qui soit politisée. Et je le dis sincèrement. Et je ne
pense pas que ce... Bien, en fait, la fête, elle est politique dans un certain
sens, mais c'est-à-dire elle n'est pas contrôlée par le politique. Et je pense
qu'on a de très bons exemples de ça. Pensons à l'année dernière où le
porte-parole de la fête nationale n'a pas fait l'unanimité. Donc, vous voyez
bien qu'il n'y a rien de téléguidé par le gouvernement et je ne pense pas que
ça va l'empêcher de... je parle bien sûr d'Émile Bilodeau, qui est un artiste
que je respecte, je ne pense pas que ça va l'empêcher de jouer à la prochaine
fête nationale, dans le sens où il n'y a pas de contrôle gouvernemental, bien
que, je vous dirais, il y a quand même une relation de dépendance avec le
gouvernement parce que c'est le gouvernement qui finance les fêtes. Et
effectivement, à chaque année, bien, il faut s'entendre, il faut s'entendre
avec le Mouvement national des Québécois, avec la Société Saint-Jean-Baptiste.
Puis ils viennent dans notre bureau puis on a des discussions, pas sur le
contenu, mais on a des discussions. Puis je vous dirais que, dans l'état actuel
des choses, s'il y a un gouvernement qui voulait dépasser la ligne, je pense
qu'il serait en mesure de le faire parce qu'il agit sur le financement.
J'espère qu'il n'y a pas de gouvernement qui fera ça. En tout cas, moi, ce
n'est pas mon intention.
• (16 h 50) •
Donc, je pense qu'il y a déjà une ligne à
ne pas franchir. Puis je pense que peu importe le modèle que prendra la fête
nationale, dans l'histoire du Québec, c'est-à-dire dans les décennies à venir,
je pense qu'il n'y aura pas de modèle parfait, mais que, dans tous les cas, ce
qu'il faut préserver, c'est l'indépendance d'esprit, c'est-à-dire il faut
que... il ne faut pas que ce soit un organisme qui est un porte-parole du
gouvernement, effectivement. Ça, là-dessus, on est très, très d'accord.
Puis je vous partage une réflexion. Et peu
importe qui opère la fête nationale au Québec, moi, je suis un jeune Québécois
qui pense qu'en tant que nationaliste on peut voir grand pour le Québec, puis que
nous festivités de la fête nationale doivent avoir plus d'envergure que ce
qu'elles ont actuellement. Je pense que vous serez d'accord avec moi sur cette
question-là. Donc ça demande non seulement un investissement, ça, c'est une
chose, mais ça demande aussi une réflexion. Est-ce qu'on peut penser plusieurs
années à l'avance comment est-ce qu'on peut célébrer les grands Québécois, les
moments importants de notre histoire collective? Je pense qu'il faut avoir
cette réflexion-là parce que, comme nation, si on veut avoir une fête nationale
digne d'une nation qui ne soit pas juste un spectacle, mais qui soit une
célébration de la nation québécoise planifiée dans le temps, structurée, bien,
nécessairement, il faut avoir des réflexions là-dessus, là. Donc, si vous en
avez, moi, je serai preneur de...
M. Lacombe : ...hâte de vous
entendre. Je suis sûr que vous vous en rappelez.
M. Zanetti : Merci. Je vais
aller sur un autre sujet, la crise des médias. Vous en avez un peu parlé avec
d'autres collègues. M, mais moi, c'est le constat que je fais, c'est que les
mesures du gouvernement du Québec, en ce moment, pour soutenir les médias au
Québec, les grands médias, mais aussi les médias régionaux particulièrement,
elles sont insuffisantes. Je ne dis pas qu'elles sont inexistantes, donc
inutile d'en refaire la liste, mais... puis on a beau être les meilleurs en
Amérique du Nord, je dirais, quand on... se comparer aux États-Unis, là, ce
n'est pas une référence, ce n'est pas intéressant puis ça ne donne rien.
Il y a... il y a encore des coupures de
postes importantes. Il y a du monde qui sont... qui vivent beaucoup
d'incertitude. Il y a tout ça. Le modèle d'affaires, les fonds disponibles ont
une influence sur le contenu qu'on a, tu sais, de moins en moins de grands
reportages de fond parce que ça coûte cher. Donc, il y a moins de moins en
moins de contenu qui coûte cher, et il faut donner un coup de barre absolument.
Moi, ce que j'entends en ce moment, c'est
que la crise des médias, on est dedans, on n'en est pas sortis. Les mesures qui
sont là en place ne sont pas en train de stabiliser les choses, même si les
stabiliser en ce moment, ça serait comme un peu les stabiliser en posture
d'insuffisance de moyens, là... Dans le dernier budget, ce que je constate,
c'est qu'il n'y a pas de coup de barre là, il n'y a pas de mesures
spectaculaires et fondamentales qui vont vraiment nous sortir de la crise, ni à
court, ni à moyen, ni à long terme.
Alors, c'est un constat, là, que je
partage, mais je vous ramène à une proposition qu'à Québec solidaire on fait
depuis quelques années, c'est l'idée d'instaurer un fonds des médias énorme qui
serait financé à partir de la taxation des GAFAM et qui pourrait nous permettre
vraiment d'amener un financement structurel au milieu médiatique québécois.
Est-ce que c'est quelque chose que vous pourriez envisager?
M. Lacombe : Je dis très
candidement, sachant bien que peut-être ça va être repris par les journaux
comme si c'était proactivement moi qui avait fait cette annonce-là en
conférence de presse. Mais je suis à l'aise avec mes propos en disant que ce
n'est pas quelque chose que je veux exclure parce que je pense qu'il faut
réfléchir à tous les moyens. Est-ce que c'est le meilleur moyen? Je ne le sais
pas à l'heure actuelle. Est-ce que c'est un moyen auquel on doit réfléchir? Je
pense que oui, parce qu'exclure des moyens à ce moment-ci, je ne pense pas que
ce serait la meilleure stratégie. Maintenant, il faut... il faut bien y penser,
puis il faut regarder ce qui se fait déjà, puis voir comment on peut être
complémentaire. Il y a évidemment ce qui se fait sur la scène fédérale
actuellement, avec les suites de C-18, l'entente qui a été... qui est
intervenue avec Google. Bon, il y a encore des discussions à avoir à ce
sujet-là. Vous m'avez entendu prendre position là-dessus. Donc, il y a un
élément de ce côté-là. Il y a tout le travail qui est fait avec l'OCDE, par
exemple, pour la taxation des GAFAM. Maintenant, je pense qu'on est de plus en
plus à dire, les GAMAM parce qu'on parle de Meta plutôt que de Facebook.
Donc, il y a beaucoup d'initiatives qui se
mettent en place un peu partout, et je pense que... et c'est ce qu'on est en
train de faire, on est en train de réfléchir aussi, dans cet écosystème-là,
comment nous, on est capable de s'insérer puis de venir apporter des solutions
québécoises à cet enjeu qui ici, au Québec, est distinct peut être du reste du
Canada par exemple, parce que, pour nous, c'est un enjeu qui est culturel, qui
est identitaire, c'est... c'est d'être capable de faire la promotion de notre
culture dans notre propre écosystème puis de ne pas perdre ce... j'ai envie de
dire ce «star-system» — il n'y a pas vraiment d'équivalent français
pour ça — mais ce «star-system», tu sais, qui a fait du Québec ce
qu'il est puis qui a fait de la culture québécoise qui... qui nous a préservés
un peu de l'influence américaine pendant longtemps. Donc, la journée où tous
les médias vont tomber, ça n'existera plus. Donc, je pense que, bref, on ne
doit pas... on ne doit pas éliminer des solutions tout de suite, on doit plutôt
additionner que soustraire. Est-ce que ça va atterrir avec ça à la fin?
Beaucoup trop tôt pour le dire, mais d'emblée, n'excluons rien.
M. Zanetti : O.K. Je vais
vous insuffler un sentiment d'urgence supplémentaire parce que ça fait... ça
fait six ans que la Coalition avenir Québec est là. Ça fait même plus longtemps
que ça qu'on parle de crise des médias. C'est extrêmement... c'est extrêmement
grave, puis l'hémorragie, là, elle n'est pas arrêtée, ça continue de saigner.
Des centaines de coupures de postes qu'on a vues avant Noël, c'est... c'est...
c'est extrêmement alarmant. On ne peut pas remettre l'avenir du financement non
plus, même de la société d'État Radio-Canada entre les mains du Canada, là. On
sait que... en tout cas, on pense vraisemblablement qu'il y ait un gouvernement
conservateur relativement hostile à Radio-Canada qui s'en vient aussi à un
moment donné. Ça fait qu'il y a un de vos anciens collègues qui va être dedans.
On ne le sait pas. Puis ça veut dire qu'il faut agir maintenant avant que, ça,
ça arrive. Il faut qu'on protège de façon autonome l'information au Québec pour
des raisons démocratiques évidentes. Ça fait que je rajoute une couche de
sentiment d'urgence là-dessus. Je regarde...
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes, M. le député.
M. Zanetti : En
30 secondes, c'est cruel! Ah! bien, je vais vous écrire une lettre.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Lacombe : ...Bien, je
comprends ce... ce sentiment d'urgence, puis je le... je le partage aussi, là,
bien sincèrement. Puis je ne referai pas la... la... je ne nommerai pas tous
les chiffres, là, mais, tu sais, c'est... c'est plus de 828 millions
depuis notre élection, ils sont contre la publicité, là, tout ce qu'on a donné
aux médias pour les aider à passer à travers la crise...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. le ministre.
M. Lacombe : ...puis on
continue la réflexion.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
C'est tout le temps qu'on avait. Donc, Mme la députée de Robert-Baldwin pour
votre dernier bloc de 10 minutes.
Mme Garceau : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Il y a sentiment d'urgence également dans le
secteur muséal, comme vous le savez, M. le ministre, surtout les musées en
région souffrent énormément. Depuis des années, ils font des demandes
récurrentes d'augmenter de façon importante l'enveloppe du PAFIM. Il y a eu les
effets combinés de l'inflation, de la pandémie font en sorte que plusieurs
musées, principalement en région, voient leur survie compromise à court et
moyen terme. Il y a des conditions de travail sont déplorables pas de filet
social, absence de fonds de retraite et des salaires souvent en dessus de ce
que les restaurants de restauration rapide offrent pour des travailleurs et
travailleuses, en majorité diplômés de niveau universitaire. Et donc je sais,
M. le ministre, que vous avez eu des demandes au niveau d'augmenter l'enveloppe
du PAFIM, que surtout il y avait une inquiétude. Ils étaient préoccupés, et
avec raison, avec le projet des espaces bleus, que vous aviez dit, c'était pour
être en complémentarité. Mais quand est-ce qu'ils vont recevoir leur
financement, dont ils ont besoin pour fonctionner adéquatement?
M. Lacombe : Donc, pour
préciser votre question, ce que vous me demandez, c'est : À quel moment on
compte bonifier...
Mme Garceau : Oui.
M. Lacombe : ...le
financement des institutions muséales...
Mme Garceau : En région.
M. Lacombe : ...en région...
Mme Garceau : En région.
M. Lacombe : ...donc le
programme d'aide au financement des institutions muséales, le PAFIM. J'imagine
que c'est ce à quoi vous... vous faites référence.
Mme Garceau : Oui, c'est ça.
M. Lacombe : Dans la
dernière... Là, je n'ai pas le document sous la main, mais dans la dernière,
donc, mouture du PAFIM, on a fait des bonifications importantes.
17 millions et demi de dollars, puis en pourcentage, en proportion,
c'est... c'est important, là. On parle de... de... de sommes qui... qui sont
très conséquentes. Donc, on a... on a fait cette bonification. Puis le PAFIM,
quand est-ce qu'on le renouvelle? L'année prochaine.
• (17 heures) •
Mme Garceau : O.K. Loi sur le
patrimoine culturel, qui a été modifiée en avril 2021. Et évidemment, la loi
venait donner aux ministères de nouveaux outils afin de mieux gérer la
protection du patrimoine et donnait aussi aux municipalités, aux villes plus de
pouvoirs pour agir de leur côté. Ma première question porte sur l'inventaire
que doivent faire les municipalités d'ici 2026. À 2 ans de l'échéance,
est-ce que vous pouvez nous dire, M. le ministre, quel pourcentage des
municipalités du Québec ont déjà fait leur inventaire?
M. Lacombe : Vous avez raison
de dire que c'est jusqu'en 2026, ça fait qu'il leur reste encore un moment. Je
pense que c'est important de le remettre en perspective puis... puis de bien
constater aussi le fait que la vitesse d'exécution constatée, disons, entre le
moment de l'annonce, la mise en vigueur et maintenant n'est assurément pas, en
tout cas, je prédis, représentative de ce que sera la vitesse d'exécution pour
les années à venir. Parce qu'au départ, évidemment, tout ça était nouveau.
Donc, les municipalités, les MRC devaient se familiariser avec... avec le
processus. On les a accompagnées, et je pense qu'on prendra de la vitesse. Mais
jusqu'à maintenant, on parle de plus de 83 MRC ou municipalités qui ont des
processus d'inventaire en cours. Donc, il y en a certaines qui l'ont complété.
Le chiffre est peu élevé, on parle de 21. En cours, on parle de 62 plus
globalement. Donc, on souhaiterait que ce soit plus élevé, c'est sûr, mais, en
même temps, comme je vous le disais, il nous reste encore quelques années
devant nous, et la vitesse de réalisation constatée jusqu'à maintenant, je ne
pense pas qu'elle va être représentative. Elle est à mon sens probablement
inférieure à ce qu'on va voir d'ici 2026, parce que là, on va être capable de
prendre de la vitesse. Les gens vont être beaucoup plus habitués, rompus aux
processus puis à tout ce que ça implique, parce que ce n'est pas un... un
processus qui est simple, nécessairement, là, c'est compliqué. Donc, on est là
aussi pour les appuyer.
Mme Garceau : ...vous avez
mentionné avec la loi, vous avez donné de nouveaux pouvoirs aux villes et aux
municipalités afin qu'elles puissent plus facilement agir pour protéger un
immeuble. En janvier 2023...
17 h (version non révisée)
Mme Garceau : ...un article du
Devoir disait que les MRC n'utilisaient pas leur pouvoir de citation de biens
patrimoniaux et que les villes, de leur côté, ne voulaient pas non plus le
faire pour peur de coûts élevés que cela était pour engendrer pour leurs
municipalités. Est-ce que... Je sais qu'à l'époque vous disiez que la loi
allait bien, que vous étiez pour laisser le temps aux acteurs, là, d'agir.
Est-ce qu'en ce moment, un an plus tard, vous avez la même réponse? Est-ce que
vous pensez que ça va se faire, que ça va de bon train?
M. Lacombe : Est-ce que vous
venez de me citer? Parce que je ne suis pas... En tout cas, peut-être que ma
mémoire me fait défaut, là. Mais est-ce que vous m'avez cité à l'effet que je
disais que c'était lent avec les municipalités, les MRC parce que ça impliquait
des coûts pour elles? Est-ce que j'ai entendu ça?
Mme Garceau : Non, c'est...
Non, pas... Non, non.
M. Lacombe : Non. O.K., vous
ne m'attribuez pas la citation. O.K. Bien, en fait... Puis la question, c'est :
Est-ce qu'on sent que, là, elles sont volontaires de mener le processus?
Mme Garceau : Oui,
exactement.
M. Lacombe : Oui? Bien, il n'y
a rien qui me porte à croire en ce moment qu'elles ne le sont pas. Collectivement,
je pense qu'elles sont... Et, on le répète souvent, le patrimoine, c'est une
responsabilité partagée. Donc, je pense qu'elles sont très conscientes du fait
que ça va leur servir, cet inventaire-là, parce que, nécessairement, si elles
le réalisent comme elles doivent le faire, bien, chez nous à Québec, on va être
capables d'avoir une meilleure lecture de la situation partout puis d'adapter,
par exemple, nos programmes à ce que ça prend véritablement sur le terrain,
parce qu'on aura une meilleure lecture de ce qui se passe sur le terrain.
Donc... Puis on les appuie aussi financièrement, tu sais : 2,7 millions de
dollars en 2023-2024 pour un total de 10,7 millions annoncés depuis 2022
pour soutenir justement les MRC dans la réalisation de ces inventaires-là
partout au Québec, des inventaires évidemment puis des obligations qui
découlent de ce qu'on a fait adopter comme modifications législatives. Donc, il
y a ces obligations qui leur sont demandées, qui vont par ailleurs, je le
disais, leur être bénéfiques, parce qu'on aura plus d'informations, puis en
plus de ça on les aide financièrement à pouvoir réaliser... à pouvoir réaliser
ces obligations-là.
Mme Garceau : L'un des grands
défis, M. le ministre, surtout pour une personne qui est propriétaire d'un
bâtiment historique, c'est de l'assurer. Vous savez qu'il y a des grands
problèmes à ce niveau-là, et il y avait un article du 10 mars 2024... que le
propriétaire d'une maison deux fois centenaire dans le Vieux-Québec avait reçu
un refus de la part de Desjardins concernant le renouvellement de sa police d'assurance.
Malheureusement, ce n'est pas un cas ciblé, il y en a beaucoup d'autres. Et
donc, qu'est ce que vous comptez faire, M. le ministre, pour venir en aide aux
propriétaires qui doivent faire des rénovations, qui doivent obtenir de l'assurance?
M. Lacombe : Bien, on va
continuer le travail qui est en cours déjà depuis un moment, c'est-à-dire... C'est
un réel problème, et, chaque fois que je rencontre des propriétaires de maison
ancienne, ils me le rappellent bien. Donc, on va continuer le travail, entre
autres, qui est commencé avec le Bureau d'assurance du Canada. Par exemple, le
ministère a émis aussi une directive pour bien expliquer aux assureurs... Parce
qu'une part du problème, selon nous, résidait là, c'est-à-dire que les
assureurs ne comprennent parfois pas très bien les obligations qui viennent
avec la propriété de ces maisons anciennes. Donc, en cas de sinistre, est-ce qu'on
parle de reconstruction à l'identique, où tout doit être fait pareil, pareil?
Souvent, bien, c'est une crainte pour l'assureur, qui se dit : Le coût de
reconstruction est tellement astronomique que, bien, on doit soit se retirer de
ce marché-là parce qu'il y a trop de risques ou encore augmenter de façon
importante les primes. Donc, ça, c'est un geste concret qu'on a posé. Puis,
très récemment, donc à la fin du mois de mars, on a aussi lancé un appel d'intérêt,
donc publiquement, pour qu'il y ait des acteurs de l'industrie des assurances,
du monde des assurances qui s'assoient avec nous, qui travaillent avec nous
pour développer des solutions.
Donc, je n'exclus... je n'exclus pas de...
Un peu comme je le disais tantôt à notre collègue de Jean-Lesage, je pense qu'on
ne doit rien exclure. Protéger le patrimoine, c'est important. Pour le
protéger, il faut l'habiter; pour l'habiter, il faut qu'il y ait des gens qui l'achètent;
puis, si les gens veulent l'acheter, il faut qu'il soit assuré. Tout est dans
tout. Donc, on y travaille. Mais ce n'est pas simple, ce n'est pas simple,
parce qu'on parle d'assurance, et, évidemment, c'est un domaine que le
gouvernement ne contrôle pas. Mais j'ai bon espoir qu'avec l'appel d'intérêt qu'on
a lancé, il y ait des gens qui lèvent la main, si ce n'est déjà fait, puis qu'on
puisse travailler avec eux sur des solutions.
Mme Garceau : O.K. Donc, vous
avez... il y a une réponse à une question 6 concernant un contrat que vous
avez... Il y a eu un contrat de 10 000 $...
Mme Garceau : ...octroyé à la
firme MLG Stratégies inc. afin d'accompagner et de conseiller le ministère dans
ses démarches visant à développer des outils de financement alternatifs en
matière de patrimoine bâti. Est-ce que le ministre peut nous dire quels ont été
les résultats de cet accompagnement?
M. Lacombe : Bien, je peux y
aller de façon générale, je peux y aller de façon générale, parce qu'on est en
réflexion sur cette question-là. Mais je pense — et c'est le sens du
travail qu'on fait, actuellement, au ministère — qu'on doit sortir
des sentiers battus et des méthodes traditionnelles de financer la préservation
du patrimoine. Quand je regarde tout ce qu'on a comme bâtiments patrimoniaux au
Québec, quand je vois l'ampleur des demandes qui nous sont faites et quand je
vois, aussi, le nombre de bâtiments qu'on classe, par exemple, mais dont on
n'arrive pas vraiment à déterminer un nouvel usage, parce que ce sont des
bâtiments de très grande envergure, je pense qu'on doit réfléchir à des
nouvelles façons, entre autres, d'intégrer le privé, qui peut devenir un
investisseur, entre autres, de voir comment on peut rentabiliser ces lieux-là,
générer peut-être des revenus autonomes, par exemple. Donc, je pense que c'est
important de réfléchir à ça. Et ce que je comprends, c'est que ce contrat va...
les services que nous avons retenus vont nous permettre, disons, d'approfondir
la réflexion. Moi, c'est ce que je peux vous dire, en tout cas, sur la
réflexion générale. Pour les termes plus précis du contrat, bien, évidemment,
je pourrai... je pourrais passer la parole à nos collègues.
Mme Garceau : Est-ce qu'il y
a un rapport? Est-ce qu'il y a un document qui a été déposé?
Mme Verge
(Nathalie) :Bien, le rapport a été... est
encore en...
Mme Garceau : Oui, oui,
consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui?
Consentement? D'accord, merci. Excusez-moi.
Mme Verge
(Nathalie) :Oui, c'est certain que le...
La Présidente (Mme Dionne) : Madame...
juste de vous présenter, en entrée de jeu, puis... prendre la parole.
Mme Verge
(Nathalie) :D'accord. Nathalie Verge,
sous-ministre. Oui, effectivement, c'est certain qu'on a eu des documents en
lien avec cette expertise-là. Maintenant, la décision du ministre, c'est
toujours en réflexion. Donc, c'est un document qui n'est pas encore final, qui
n'a pas abouti à une décision sur un nouveau mode de financement alternatif.
Mais c'était une expertise qu'on ne détenait pas, une expertise financière très
pointue qu'on ne détenait pas au ministère, donc on est allés chercher des
conseils à l'externe.
• (17 h 10) •
Mme Garceau : Parlons
maintenant de l'état des bâtiments du ministère. Lorsqu'on regarde l'objectif,
qui est d'atteindre une proportion de 65 % des immeubles, des organismes
et des sociétés d'État dans un état satisfaisant, ou mieux, on constate que le
gouvernement est loin de sa cible. En effet, on constate même que, plutôt que
d'aller en s'améliorant, la situation empire. Le pourcentage est, en effet,
passé de 57 %, en 2020-2021, à 51 % en 2024-2025. Comment est-ce que
le ministre explique-t-il cette pente descendante?
Mme Verge
(Nathalie) :Oui, je peux répondre sur ce
point. C'est... Vous parlez du PAGI. Donc, effectivement, il y a une partie du
PAGI, quand même, qui s'est améliorée dans les édifices, là, du ministère,
notamment avec certains entretiens qui ont été faits à nos musées, mais c'est
certain qu'il y a d'autres bâtiments, par contre, qui font baisser la note
générale. Donc, globalement, si on regarde le nombre d'édifices, ça va un peu
mieux, mais il y a des édifices qui se détériorent un peu plus, et donc sur
l'importance de ces travaux là, oui, ça fait descendre la cote. Mais sur le
nombre d'édifices, ça va quand même mieux, mais sur certains édifices qui
nécessitent des investissements plus grands, bien, ça se détériore un peu.
Donc, en dollars, ça va un peu moins bien, mais en nombre, ça va un peu mieux.
Mme Garceau : Donnez-moi
juste une minute, là, j'ai... M. le ministre, je voulais vous poser... Il y a
eu des inquiétudes soulevées dernièrement concernant la composition du conseil
d'administration de la SODEC — vous êtes bel et bien au courant — et
les possibles conflits d'intérêts. La situation a été même dénoncée récemment
dans une lettre ouverte transmise au gouvernement, et signée par un
regroupement des principaux syndicats...
Mme Garceau : ...des milieux
culturels. Est-ce que le ministre peut nous dire... Qu'est-ce que vous comptez
faire pour rassurer le milieu des arts que la SODEC est impartiale et neutre?
M. Lacombe : Bien, ce que je
peux faire pour les rassurer... parce que je vais vous donner le fond de ma
pensée sur cette question-là juste après, mais, pour les rassurer, ce que je
peux dire, c'est que, du moment où tout ça est connu, du moment où tout ça est
su... Et, je ne sais pas, combien de temps il nous reste, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Dionne) : Il
nous reste trois minutes.
M. Lacombe : Trois minutes.
Du moment où tout ça est su, connu... Ça revient dans l'espace public,
effectivement, parce qu'il y a des gens qui ont des inquiétudes, j'ai envie de
dire, légitimes, ça leur appartient, ils l'expriment. Donc, ça revient dans
l'actualité, et je suis appelée à commenter ça, on est ici en train d'en
parler. Donc, je pense que, du moment où tout ça est public, ça fait en sorte
que tout le monde s'assure que les règles sont respectées, qu'il n'y a pas,
effectivement, de conflits d'intérêts qui s'avéreraient, que tout est fait dans
les règles de l'art. Donc, je pense que de le faire dans la lumière, comme ça,
bien, ça, nous prémunit, ça nous protège de certaines dérives qui pourraient
peut-être exister.
Mais là où je vous dis le fond de ma
pensée, c'est qu'à un moment donné il faut être conséquents, puis il faut aussi
choisir son camp. Soit on veut que les conseils d'administration soient
représentatifs des secteurs dont ils s'occupent, hein... Donc, par exemple, au
CALQ, est-ce qu'on veut qu'il y ait des gens du milieu? Oui. Bien, est-ce qu'on
veut qu'il y ait des gens du milieu à la SODEC? Oui. Bien, soit on fait ça ou
soit on se dit : Bien, on abdique ça puis on ne met que des
administrateurs indépendants, et, dans ce cas-là, je prédis qu'on va se faire
dire qu'on est déconnectés. Parce qu'on s'est fait critiquer là-dessus, là,
dans la foulée de ce dont vous parlez, en disant, par exemple : Dans
certaines sociétés d'État, il n'y a pas assez de gens du milieu. Donc, on ne
peut pas critiquer une chose et sa solution. Dans le cas de la SODEC, Société
de développement des entreprises culturelles, la loi de la SODEC, elle est
faite comme ça. Il y a des commissions qui représentent des secteurs. C'est des
gens de l'industrie, ce sont des entreprises. Donc, évidemment que, s'ils
siègent au conseil d'administration, parce que la loi est faite comme ça, puis
qu'on veut que le C.A. de la SODEC soit représentatif, bien, c'est normal que
ce soient des gens de l'industrie, qui peuvent être, effectivement, par
ailleurs, admissibles à certains programmes de la SODEC. Mais c'est là que je
dis qu'on doit s'assurer qu'il y a un mur. Puis moi, je fais confiance à la
SODEC, qui est habituée, depuis des décennies, d'opérer comme ça, puis je ne
pense pas qu'actuellement ça cause problème. Si on fait la balance des
inconvénients, je pense qu'on est gagnants.
Mme Garceau : Si je peux
juste finir là-dessus, parce que c'est sûr et certain qu'il y a d'autres... il
y en a plusieurs, critiques, concernant le fonctionnement et la représentation
au sein du... de la SODEC. Et peut-être avoir une variété des acteurs du
milieu, incluant des artistes. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Lacombe : Bien, le C.A. de
la SODEC, d'abord, précision, parce que je pense que c'est important, le
conseil d'administration s'occupe de gouvernance, ne s'occupe pas d'attribuer
de subventions, donc, ne s'occupe pas d'attribuer de subventions. Donc, ça,
c'est une distinction, je pense, qu'il est important de faire. Maintenant, s'il
y a des gens qui ont des propositions sur la conception ou, enfin, la
composition, voilà, du conseil d'administration de la SODEC, je les invite à
nous les formuler. Mais dans l'état actuel des choses, je pense que les milieux
qui sont desservis par la SODEC, les secteurs qui sont desservis par la SODEC
sont bien représentés. Puis, encore une fois, quand on fait la balance des
inconvénients, c'est vrai que ce sont des gens qui sont dans l'industrie que la
SODEC dessert...
La Présidente (Mme Dionne) : En
terminant, M. le ministre.
M. Lacombe : ...mais je pense
que c'est un avantage qu'ils soient là, parce qu'ils comprennent bien, aussi,
les enjeux du terrain.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Alors, c'est tout le temps que nous avions pour ce bloc. Je cède
maintenant la parole à la partie gouvernementale. M. le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. À mon tour de saluer le ministre, mes collègues de
l'Assemblée nationale qui m'accompagnent également, les représentants du
ministère de la Culture et des Communications également, les représentants des
différentes sociétés d'État qui sont avec nous.
C'est important de le rappeler, M. le
ministre, et je pense que les crédits de la Culture et des Communications,
c'est un bon moment pour le faire... Parce que, sur 125 députés à l'Assemblée
nationale, souvent, des gens se targuent d'être issus du milieu des affaires,
ou d'être des avocats, et d'avoir une sensibilité pour un domaine très, très
particulier, mais c'est important de rappeler qu'il y a beaucoup de
parlementaires, comme vous, qui ont une sensibilité pour le domaine de la
culture et des communications. J'en suis un. Mon collègue de Côte-du-Sud... Je
pense que tous mes collègues qui sont ici, autour de la table, évidemment, ont
une sensibilité culturelle très, très forte.
Mais dans les choix qui dictent un
gouvernement, dans les choix qui dictent un budget, dans les choix qui dictent
les priorités, il faut se rappeler l'importance de la culture au Québec, et
l'importance non seulement d'y investir, d'y mettre les énergies... On dit
souvent : C'est notre identité, c'est notre âme, mais c'est encore plus
concret que ça. C'est des retombées économiques qui sont fort importantes. Vous
parliez des investissements en audiovisuel. Ça en est un bon exemple. L'avenir
de la langue française, qui est fondamental...
M. Poulin : ...encore
aujourd'hui, on fait un débat sur le «Bonjour! Hi!». C'est probablement des
gens qui ne consomment pas de la culture québécoise, quand tu dis «Bonjour!
Hi!» à l'entrée d'un commerce. C'est pour dire à quel point qu'investir en
culture, ça va d'une librairie, d'une bibliothèque, d'une production
audiovisuelle ou dans le domaine des arts vivants, c'est tout ce qu'on est,
mais c'est tout ce qu'on peut transformer également comme société. Et à une
heure où, on le sait, qu'il y a une certaine indifférence de la jeunesse face à
l'avenir de la langue française, que la consommation de la culture québécoise
fait face à de nombreux défis, il est important de se rappeler qu'il y a
125 parlementaires et qu'il y en a qui sont encore plus sensibles à la
culture québécoise. Et trop souvent, en campagne électorale, il y a quoi, un
débat en culture. Puis souvent, c'est un panel, là, et puis... et puis j'en
passe. Il y a des formations politiques que leur programme en culture fait un
paragraphe, alors que c'est tellement, mais tellement important. Et il faut...
Il faut le mentionner, il faut le rappeler, il faut le noter.
Il y a beaucoup de choses qui ont été
dites, vous comprenez, après déjà près de deux heures de crédits, mais vous
avez été sur X aujourd'hui, M. le ministre, où vous avez, entre autres,
commenté un article du Devoir sur l'accès aux films québécois, l'accès à notre
culture québécoise, qui est extrêmement important. Encore l'année dernière,
lors de l'étude des crédits, on réfléchissait, on se demandait comment on peut
faire pour avoir davantage accès à nos films québécois, pour avoir accès à
notre culture québécoise. Il y a tous les enjeux de numérisation, il y a tous les
enjeux de faire connaître aussi nos différentes plateformes. Il faut le noter,
hein, Télé-Québec, je vois Mme Collin qui est là, a une plateforme qui
fonctionne bien, qui peut facilement se comparer à ce que Netflix fait ou
d'autres applications, comme Tou.tv, par exemple, au niveau de Radio-Canada,
c'est une application qui semble bien fonctionner, et sur lesquelles on
pourrait continuer aussi, hein, de mettre de l'argent en culture québécoise.
Dans votre... Est-ce qu'on se dit encore
un tweet? Mais ce n'est pas un tweet, en fait, c'est une pub...
Une voix : Micromessage.
M. Poulin : Micromessage,
oui, c'est ça, sur la plateforme X, vous parlez aussi d'un modèle qui est
révolu. Vous dites : Si on n'a pas accès suffisamment à la culture
québécoise, c'est probablement parce qu'il y a un modèle, entre autres,
lorsqu'on parle des films, qui est révolu. Alors, ma question, parce que je
sais que mon collègue de Côte-du-Sud en a également une et que le temps est
serré, mais à partir de maintenant, qu'allons-nous faire pour rendre davantage
accessible cette culture? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on peut faire à
court terme pour un certain nombre de films, un certain nombre de séries pour
les rendre accessibles auprès des Québécois? Et puisque Télé-Québec a une
application, et on a toutes les raisons du monde d'en être fiers, parce qu'elle
relève de notre gouvernement, qui fonctionne bien, est-ce qu'on peut encore
faire plus?
M. Lacombe : Bien, on
peut toujours faire plus, et je sais que vous êtes aussi de cet avis-là, M. le
député, parce qu'on a la chance de travailler ensemble. Donc, il y aurait
tellement à dire, je ne sais pas combien de temps il nous reste, parce que je
veux garder du temps.
• (17 h 20) •
M. Poulin : ...on vous
arrêtera si jamais on sent le besoin.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je vais quand même vous le mentionner. Vous avez neuf minutes.
M. Lacombe : Neuf
minutes au total.
La Présidente (Mme Dionne) :
Au total.
M. Lacombe : O.K. Donc,
je serai bref quand même. Mais il y a tellement de fronts, il y a tellement de
fronts sur lesquels on doit agir. Il y a différents leviers. On a parlé tantôt,
donc je ne m'étendrai pas là-dessus, du levier législatif. Il faut qu'on pose
des gestes. Puis, quand Ottawa nous dit : Ce n'est pas à vous de faire ça,
on est en désaccord. On pense, nous, qu'il faut poser ces gestes-là parce que,
d'abord, on ne sait pas de quoi l'avenir est fait à Ottawa. Et ça ne veut pas
dire que les projets de loi qui ont été adoptés, que les lois qui sont en
vigueur actuellement vont continuer de l'être longtemps si les gouvernements
changent. Ça, c'est une chose. Et parce que l'avenir de la culture doit se
décider au Québec et non pas à Ottawa.
Donc, il y a le levier législatif, il y a
le levier budgétaire. On a parlé tantôt des investissements supplémentaires, le
budget. Quand on regarde les dépenses consolidées du ministère de la Culture,
on est à 1,9, 1,9 milliard de dollars. Donc, il y a ça. Puis quand je
parle du modèle qui est révolu, bien, c'est qu'effectivement l'article de ce
matin, il est criant de vérité dans Le Devoir. C'est ce que je dis aux gens que
je rencontre, et je pars toujours de la même anecdote. Je leur dis : Je
veux... Je voulais revoir un documentaire politique, À hauteur d'homme,
pour ne pas le nommer. J'essaie de le trouver et je ne le trouve nulle part.
M. Poulin : Vous le
vouliez à la maison...
M. Lacombe : Oui. Puis
je connais des gens qui l'ont aussi, mais... Mais j'ai fini par le trouver à la
bibliothèque. Mais comment ça se fait qu'on n'est pas capable de louer ça, que
ce n'est disponible nulle part? Ça a été financé avec des fonds publics. Et là,
ce matin, l'article, quand je dis qu'il est criant de vérité, c'est ça, c'est
qu'on dit que des films qui ont gagné le prix, l'IRIS maintenant, à l'époque
c'était un Jutra, de l'année, ils sont indisponibles, on ne peut pas les
retrouver pour des questions de droit. Puis je me rappelle, dans mon cas, je ne
veux pas trop long, mais j'ai créé un courriel à son adresse personnelle, je
suis ministre de la Culture, puis là, je ne veux pas mettre de...
M. Lacombe : ...de près de
100 personnes, j'écris un courriel à la maison de production du
documentaire en question en leur disant : Je ne trouve ça nulle part. Là,
ils me disent : Ah! non, pour une question de droits, ce n'est plus
disponible partout. Il pensait que j'étais un étudiant, donc il me
répond : Demandez à votre enseignant de vous le rendre disponible, peut-être
qu'il y a accès, bon, tout ça. Donc, vous voyez, on a un énorme défi. Pourquoi
on en arrive là? Parce que la façon dont est conçue la chaîne de financement,
du moment où quelqu'un a une idée jusqu'à ce que cette idée-là se retrouve sur
un écran, bien, ça fait en sorte qu'on est emprisonnés dans un modèle qui date
d'une autre époque où les plateformes n'existaient pas, où le numérique
n'existait pas puis où on n'avait pas les mêmes préoccupations. Donc, il faut
revoir tout ça.
Puis, oui, je le dis, bon, légiférer pour
encadrer les plateformes, assurer la découvrabilité des œuvres, oui, travailler
sur la scène internationale avec d'autres pays pour donner de la légitimité à
ce qu'on va faire face aux grandes plateformes, mais il faut aussi revoir tout
ce modèle de financement pour nous assurer que les œuvres circulent plus
librement dans l'univers numérique, parce qu'elles sont financées par des fonds
publics. Donc, est-ce que, je pose la question, je ne fais pas d'annonce ici,
mais est-ce qu'on pourrait penser qu'un jour les œuvres qu'on finance, tout en
s'assurant que tout le monde soit rémunéré à sa juste valeur et que tout le
monde y trouve son compte... est-ce qu'on peut aussi penser aux citoyens puis
se dire : Bien, un jour, les œuvres qu'on finance avec des fonds publics
vont se retrouver sur une plateforme comme celle de Télé-Québec, comme celle de
BANQ par exemple, peu importe la plateforme, un endroit où on pourra ensuite
les consulter parce qu'elles seront, par exemple, libres de droits ou elles seront
disponibles en troisième fenêtre de diffusion ou en quatrième? Je... On n'a pas
les réponses à ces questions-là, mais, dans les prochaines semaines, on va...
on va, vous le savez... on va annoncer le chantier.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. M. le député de Côte-du-Sud, la parole est à vous.
M. Rivest : Merci, merci à
tout le monde. Je me sens choyé aujourd'hui de pouvoir, un, à la fois
travailler avec vous, M. le ministre, mais aussi avec l'ensemble des équipes
qui travaillent aux crédits. Puis je tiens à vous féliciter parce que je sais
combien le ministère de la Culture, des Communications est vaste dans
l'ensemble des facettes sur lesquelles tu dois intervenir, Mathieu, puis je
trouve ça... Mme la Présidente, pardon, je trouve ça assez impressionnant de
voir le travail qui est fait puis aussi les réponses très claires que tu nous
donnes. J'aimerais...
Toutefois, tu sais que je... vous savez,
Mme la Présidente, que je travaille en région, hein? Je suis... J'habite le Kamouraska,
le merveilleux Kamouraska. J'y ai donné une partie de ma vie à titre de
gestionnaire culturel. Puis je trouve qu'il y a des actions qu'on réalise en
région qui sont formidables. Qu'on parle des bibliothèques, qu'on parle des
organismes de formation en art, qu'on des organismes qui font un soutien tel
que les conseils régionaux de la culture, les ententes de développement
culturel... Puis hier, pas plus tard qu'hier, j'étais à Saint-Jean-Port-Joli
puis je parlais avec les gens de la MRC qui me disaient comment ils étaient
fiers, heureux de pouvoir compter sur le soutien du ministère de la Culture sur
ces ententes culturelles là. J'aimerais qu'on puisse échanger ensemble, qu'il
puisse nous... qu'on puisse parler de ce volet-là d'aide et d'appui en région
qui sont apportés partout dans toutes les régions du Québec, que ça soit aussi,
je pense, au projet Culture et inclusion, je pense aussi à un nouveau programme
que j'ai appris à connaître, là, dans les derniers jours, sur... qu'on appelle
le PAFOCAC, là, un soutien au niveau des organismes qui travaillent aussi en
culture et qui travaillent aussi au soutien d'organisations communautaires, ce
volet d'action communautaire là, évidemment tout le soutien aux institutions
muséales de partout au Québec. Donc, je t'invite à choisir un ou deux de ces
éléments-là qui sont importants pour le ministère et qui permettent justement
de rayonner, de propulser notre culture en région.
M. Lacombe : Merci. Et, Mme
la Présidente, j'ai combien de temps pour répondre à cette longue liste
d'épicerie?
M. Rivest : ...
La Présidente (Mme Dionne) : O.K.
Il va falloir être expéditif. Vous avez trois minutes.
M. Lacombe : Trois minutes.
Allons-y. Parlons peut-être rapidement de développement culturel, donc de ce
qu'on fait dans les régions, parce que c'est important. Je nous vois tous ici,
pour la plupart, nous sommes élus en région. Puis la culture, ce n'est pas
seulement Montréal. Évidemment, Montréal, métropole culturelle, bien sûr. On a
de grandes institutions qu'on continue de soutenir, mais il faut s'assurer
d'être partout sur la territoire. Une des façons d'y arriver, vous en avez fait
mention brièvement, ce sont nos ententes de développement culturel où,
effectivement, avec la capitale, avec la métropole, on a des ententes, mais...
et là on est en année de transition, on en a 178... 170, mais, en temps normal,
on parle de plus de 200, près de 210. Mais, si vous prenez l'année précédente,
on vient concrètement financer plusieurs projets culturels avec les
municipalités, donc en partenariat avec elles puis c'est un... ce sont des
ententes qui sont très performantes, très dynamiques partout sur le territoire.
On continue d'investir dans nos musées aussi avec le PAFIM, on continue
d'investir dans nos musées régionaux, j'entends, on continue d'investir dans
les...
M. Lacombe : ...infrastructures
aussi dans les régions. Voyez, hier, justement, j'étais au Domaine Forget, dans
Charlevoix, où on est allés annoncer 10,3 millions de dollars pour la mise
aux normes du bâtiment, pour l'ajout d'équipements. Et ça, je sais que c'est un
secteur qui vous touche particulièrement, l'apprentissage de la musique. Donc,
voilà. Je pense qu'on en fait beaucoup, puis on peut toujours en faire plus, on
peut toujours en faire plus.
M. Rivest : Tout à fait. On
pense... Est-ce que mon collègue, M. Lemieux...
M. Lemieux : Ah non! Tu peux
continuer...
M. Rivest : Ça va? O.K. Bien,
effectivement, effectivement, comment c'est important, entre autres, les
immobilisations partout au Québec, comment on a des projets qui...
M. Lacombe : Oui, dans toutes
les régions.
M. Rivest : ...qui attendent
un grand soutien dans toutes les régions du Québec.
M. Lacombe : C'est ça, exact.
Parfois, c'est des dossiers compliqués, avec plein de ministères, mais on
travaille fort.
M. Rivest : On travaille tous
très fort. C'est merveilleux.
La Présidente (Mme Dionne) : Il
reste une minute, M. le député.
M. Rivest : D'accord. Bien,
question bonbon. Partout dans le budget, on a parlé de plusieurs, plusieurs
éléments, puis, je pense, j'ai apporté comme un élément autre que le soutien,
exemple, soit au niveau de la diffusion, au niveau... etc. Est-ce que vous
auriez un élément à l'intérieur du budget, que ça soit du soutien des
entreprises culturelles, que ce soit du fonds de patrimoine, au niveau de la
mise en place du passeport culturel, de la stratégie d'aide aux médias, de la
bonification de Télé-Québec, des mesures fiscales pour soutenir les médias, des
mesures fiscales pour encourager l'industrie, est-ce qu'il y a un des éléments
que vous aimeriez nous partager en fin de course pour ces crédits?
M. Lacombe : Bien, puisque
nous n'avons pas eu de question là-dessus, peut-être que j'ouvrirais la porte
sur le passeport culturel, en quelques secondes...
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes.
M. Lacombe : ...en
30 secondes, pour dire qu'avec notre collègue le député de Beauce Sud on y
travaille très fort. Donc, il y a des sommes consenties dans le dernier budget
pour continuer le développement, et je pense sincèrement tout comme notre
collègue qu'à la fin, quand on présentera ce que ça va donner, bien, ça va
faire une différence dans la vie de beaucoup de jeunes qui n'ont pas toujours
les moyens de fréquenter les salles, de se procurer des produits culturels
québécois, et, nécessairement, ça va stimuler leur curiosité aussi.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. le ministre.
M. Lacombe : Donc... très
heureux de continuer le travail. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Alors, c'est le temps... Tout le temps alloué à l'étude du volet
Culture et communications des crédits budgétaires du portefeuille Culture et
communications est écoulé. Donc, nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix des crédits.
Donc, le programme 1, intitulé
Direction, administration et soutien à la mission, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Garceau : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
division. Le programme 2, intitulé Soutien et développement de la culture,
des communications et du patrimoine, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Garceau : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté
sur division. Et, finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille Culture et communications pour l'exercice financier 2024-2025
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Garceau : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté
sur division. Merci. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements des oppositions.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 24 avril, 11 h 30, où elle
entreprendra l'étude des crédits budgétaires du volet Éducation primaire,
secondaire.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) :
M. le député, je n'ai pas...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Alors...
(Fin de la séance à 17 h 30)