(Onze heures trente-quatre minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc,
bonjour, tout le monde. Votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte.
La commission est réunie ce matin afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur la langue
officielle et commune du Québec, le français.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Allaire (Maskinongé) sera remplacé par M. Thouin
(Rousseau); M. Chassin (Saint-Jérôme), par M. Caron (Portneuf); Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
par M. Lévesque (Chapleau); M. Poulin (Beauce-Sud), par
Mme Boutin (Jean-Talon); Mme Rizqy (Saint-Laurent), par M. Barrette
(La Pinière); Mme St-Pierre (Acadie), par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee);
Mme Dorion (Taschereau), par Mme Ghazal (Mercier); et Mme Hivon
(Joliette), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la secrétaire. Donc, aujourd'hui, nous sommes à l'étude de
l'article 101 du projet de loi. Donc, on a terminé avec une intervention
de Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. Et est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cet article? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : On est vraiment à
l'article 101? C'est un chiffre magique, Mme la Présidente, 101.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Ça va très bien. Et j'espère qu'aujourd'hui on
continuera aussi bien qu'hier.
Mme David : Et je cherche, parce que
j'avais laissé des choses, à cette page-là, pour bien se souvenir où nous
étions rendus, l'article 101, le projet de loi... Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) : Qui
fait référence à l'article 165.
Mme David : Mais il ne l'a pas...
Mme la Présidente, j'ai très bien dormi, mais je me suis un peu mêlée. Il me
semble qu'il n'a pas... que le ministre n'a pas lu l'article proposé, 165.
Est-ce que je me trompe?
La Présidente (Mme Guillemette) : Oui,
l'article avait été lu. Et vous aviez profité des dernières 50 secondes
pour nous dire que demain vous auriez des interventions.
Mme David : Ah! que vous êtes
gentille de me rappeler des choses que j'avais oubliées. On a beaucoup parlé
hier. J'ai beaucoup parlé.
Donc, je vais évidemment vous annoncer que nous
allons déposer un amendement. Et mes collègues pourront certainement aussi
participer à cette réflexion sur la gouvernance, que je trouve toujours aussi
intéressante aujourd'hui qu'hier et importante.
Alors, je trouve que... Et je vais vouloir
entendre le ministre là-dessus, indépendamment de l'amendement. Et il le devine
très bien, où je m'en vais avec mon amendement, parce que je n'en ai pas fait
beaucoup de cachettes. Puis il n'y a pas de cachette à y avoir du tout puis il
n'y a pas de surprise à y avoir sur la question de conseil d'administration.
Mais prenons-le comme il est là. Prenons-le
comme il est, comment l'office est composé maintenant. Je suis quand même étonnée
de... C'est rare que... Puis Dieu sait que le ministre ne veut pas être défini
comme quelqu'un qui n'aime pas le changement. Je pense qu'il aime beaucoup le
changement. Et, dans ce cas-ci, on pourrait presque dire que c'est de
l'immobilisme. C'est une sorte de sidération, d'arrêt sur image. C'est ça que
c'est depuis toujours. Puis personne ne m'a dit qu'il n'y avait rien à changer.
Puis moi, je pense qu'il n'y a rien à changer.
Ça m'étonne, Mme la Présidente, parce que c'est
quand même une institution importante, l'OQLF, là. C'est quelque chose de... et
qui va prendre encore tellement plus d'importance avec... avec les prochaines
années et ce... cette modification à la Charte de la langue française. Et c'est
quand même incroyable que le produit probablement le plus important de la
loi 101 de 1977, là, mais... mais pas que ça, évidemment, mais c'est le
rôle de l'Office québécois de la langue française... C'est... C'est un rôle
très important, parce qu'il est le gardien de l'application de la loi 101.
Ce n'est pas rien, ça.
Et cette loi 101 qui est très modifiée, à
laquelle on ajoute beaucoup, beaucoup d'éléments, bien, on en profite pour
regarder tous les racoins, de ne pas faire le... un beau ménage dans tout ça,
avoir une maison non pas neuve mais une maison avec beaucoup de rénovations
qui, probablement, dans plusieurs cas, s'imposaient... Des fois, la rénovation est peut-être un peu trop poussée, mais, dans ce cas-ci,
alors que le ministre change tellement de choses, bien, ça ne bouge pas. C'était huit membres, ça reste
huit membres. Il y avait un P.D.G. pour un mandat de cinq ans, il y a
un P.D.G. pour un mandat de cinq ans. Il y avait six personnes
nommées pendant... pour un mandat d'au plus cinq ans, ce qui est vraiment
une affaire... Ça, ça me... Ça, c'est une autre chose qui m'embête, autant que
la masculinité des termes «le ministre», «le sous-ministre».
Bien, je pense, la deuxième chose que j'ai...
qui m'a un peu vexée au gouvernement, c'est quand j'ai vu le nombre de postes
échus. Puis là je ne mets pas la faute sur personne, je mets ça sur une sorte
d'immobilisme là aussi. Dans les cégeps, je pense que j'étais — mon
ex-directeur de cabinet pourrait me le confirmer, qui m'accompagne encore — à
143, ou quelque chose comme ça, membres échus d'un conseil d'administration.
Puis, je répète, j'y crois, moi, maintenant, au... maintenant, parce qu'avant
je pensais que c'était de l'activisme un peu inutile, la gouvernance. Mais,
écoutez, le regretté Michel Nadeau, qui était membre de l'IGOPP, et Yvon Allaire,
de qui j'avais suivi des formations, qui ont fondé l'institut sur la
gouvernance des organismes publics et privés, ils ont fait, finalement, oeuvre
très utile de dire : Bien, de la gouvernance, ça veut dire quelque chose,
puis, dans les cégeps, ça veut dire quelque chose. Puis, quand tu vois que le
monde est assis sur des chaises échues depuis trois ans, quatre ans,
cinq ans, six ans, sept ans, et je n'exagère pas plus que ça,
même, puis que personne n'a dit : Bien, ça vaudrait peut-être la peine de
mettre du monde nouveau, du sang neuf...
• (11 h 40) •
Alors, j'en ai fait nommer, mais je ne sais pas
combien, de nouveau monde. Bien, j'ai dit : Ça n'a pas de bon sens. Là, on
a exactement... Je retrouve la même chose que je retrouvais, en disant : Ils
sont... ils «demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient remplacés ou nommés
de nouveau». Ce n'est pas de la bonne gouvernance. Si Yvon Allaire était là ou
notre cher regretté Michel Nadeau, ils diraient : Bien, voyons donc! Il
faut du... En langue française, il faut des jeunes, il faut des communautés
culturelles qui se sont francisées, qui adorent la langue française, il faut
des gens qui font du rap, il faut... il faut des gens qui ont un esprit autre.
Puis moi, quand, dans le milieu universitaire,
j'étais responsable de la valorisation de la langue française dans l'université que... où j'étais affiliée, membre,
bien, les gens disaient : Il n'y en a plus, de recherche en langue
française qui se fait. Si on compare
aux années 70, 80, 90, tu avais des grands chercheurs en langue française,
pas seulement des recherches de
l'OQLF, mais de la recherche sur l'importance de la langue, sur l'avenir de la
langue française, sur le rôle du Québec dans la francophonie. Là,
depuis, on dirait que le débat est comme... Le député... Enfin, il y a des...
Il y a encore des gens qui militent, et il faut toujours admirer les
convictions, quelles qu'elles soient, là, de... bien, presque quelles qu'elles
soient, de... Mais les gens croyaient beaucoup, beaucoup à la protection de la
langue française, en parlaient beaucoup.
Là, il y a beaucoup moins de recherche, c'est un
fait, c'est avéré, il y a beaucoup moins de recherche et de chercheurs en langue française. Mais ce n'est pas
une raison pour laisser des membres assis sur une chaise échue depuis
un an, deux ans, trois ans, quatre ans. Puis là je ne parle
pas juste de l'OQLF, je parle en général, dans toutes sortes d'organisations liées à l'État. Et, que des gens
ne soient pas renouvelés, je trouve ça très triste, parce que ça veut dire
qu'on dirait qu'on n'a pas de motivation
à... à rebrasser les cartes, à avoir du sang neuf, des jeunes, des gens issus
de la diversité.
Alors là, je m'aperçois que, dans le fond, la
seule chose qui change, bien, c'est qu'avant le sous-ministre, il s'appelait...
je le sais, j'en ai eu un, puis il était... il était très bien, mais «associé
responsable de l'application de la politique linguistique». Maintenant, on va
l'appeler le sous-ministre de la Langue française.
J'ai le goût de dire : Mme la Présidente,
connaissant le ministre, il pourrait être un peu plus audacieux, il pourrait
réfléchir un peu plus sur, lui, là, qu'est-ce qu'il veut léguer comme OQLF.
Parce que lui aussi ne sera pas... Un jour, son siège va être échu aussi, puis
il va être nommé ailleurs, à d'autres horizons. On le sait capable de toutes
sortes de choses. Alors, il ne sera pas ministre de la Langue française jusqu'à
tant qu'il ait 75 ans. On ne le sait pas, mais ce n'est pas arrivé souvent
dans l'histoire, jamais arrivé.
Donc, ce qu'il veut, puis ça, je suis certaine,
il veut léguer la meilleure loi possible. Or, moi, sincèrement, je vois une
faille ici ou une distraction. On est passé vite. C'est correct, on n'a pas
entendu rien. Bien non, les gens ne se plaindront pas tant que ça, là. Les
gens... La gouvernance, là, ça n'excite pas grand monde. En tout cas, moi, ça
ne m'excitait pas avant que je m'y intéresse et avant, peut-être, que l'IGOPP
existe. Puis savez-vous quoi? J'avais fait organiser par l'IGOPP des sessions
de formation aux C.A. des cégeps, puis les gens... puis j'ai assisté à des
formations, puis il y avait plein de C.A. de cégep.
Bien, on a plein de choses à apprendre de la
bonne gouvernance. Puis c'est quand on ne l'a pas... Ça, c'est comme la santé.
Quand on l'a, là, on se réveille le matin puis on ne pense pas être malade,
mais, le matin où on se réveille puis on dit : «Oh my!» j'ai une bosse
puis... là, c'est drôle, là, on pense à ça toute la journée puis là on va faire
une biopsie. Quel mot effrayant qui nous fait peur! Puis là on attend. Bon,
bien, l'être humain est fait de telle sorte que, quand qu'il n'a pas à
s'inquiéter de quelque chose, il ne s'inquiétera pas.
Là, moi, j'essaie de vous inquiéter sur la...
une belle discussion qu'on pourrait avoir sur l'OQLF, comment on pourrait le
rendre moderne, avoir une vision d'avenir, avoir... qu'il y a un beau
renouvellement et avoir un conseil d'administration qui regarde les choses.
S'il y en a dans les cégeps, s'il y en a dans les organismes communautaires,
s'il y en a dans toutes les sociétés d'État... Ça a beau être un office — qu'on
appelle ça comme on voudra — je
pense que n'importe quel ministre responsable de la Langue française aimerait
ça avoir un C.A. entre lui et un P.D.G., qui vient à l'étude des crédits, qui
va répondre aux questions. Mais il n'y a pas d'agence intermédiaire qui
regarde. Moi, puis je suis sûre que, le ministre, c'était pareil, quand j'étais
responsable de la Langue française, bien, je ne parlais pas nécessairement tous
les jours, là, au responsable de l'office, puis c'était comme un employé de
l'État.
Alors, moi, je pense
qu'il nous faut une structure intermédiaire. Mais, indépendamment de ça — ça,
ce sera quand je déposerai l'amendement — il nous faut réfléchir à la composition
de l'office et à l'expiration des mandats pour être un
peu plus modernes, visionnaires et vouloir que l'office représente vraiment le
Québec, non seulement d'hier, mais d'aujourd'hui et, encore plus, de demain. Je
vais m'arrêter là pour l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Donc, est-ce que votre amendement est prêt à
déposer?
Mme David :
Est-ce que mon amendement est prêt...
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Donc, M. le ministre, est-ce que vous avez une... une
réponse?
M. Jolin-Barrette : ...que l'amendement soit... soit déposé, là, par la députée de Marguerite-Bourgeoys, simplement lui dire qu'effectivement il arrive que certaines
personnes soient laissées en poste sur des conseils d'administration ou comme
membres d'un office pendant une certaine période de temps et que leur
renouvellement... dans le fond, le mandat est échu et que ça prend un certain
temps avant qu'il soit renouvelé. Moi-même, il m'est arrivé, comme ministre,
d'arriver avec certaines organisations et de voir que... Écoutez, ça faisait
plusieurs années que les gens étaient en poste puis que leurs mandats n'avaient
pas été renouvelés.
Moi, je crois que
c'est la responsabilité du ministre responsable de l'organisme de procéder au
comblement des vacances ou au renouvellement des mandats. Exemple, pour l'OQLF,
depuis que je suis ministre, on a... on a nommé ou renommé certaines personnes
rapidement. En 2020, là, lorsque je suis arrivé comme ministre, là... Écoutez,
on a un office avec des gens qui viennent de différents domaines, notamment du
domaine syndical, du domaine du droit, du domaine de la... de...
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette : ...linguistique, pardon, du monde de l'enseignement, de la
francisation, du monde économique également. Alors, il y a une belle
diversité à l'OQLF.
L'autre point
également, puis la députée de Marguerite-Bourgeoys fait bien de le dire, à 165,
on passe d'un sous-ministre associé à, désormais, le sous-ministre en titre qui
va siéger sur le... à titre... à titre de membre de l'office. Et je pense que
c'est significatif. Et ça vient avec le fait qu'on a un... on va avoir un
ministère de la Langue française, du fait que, désormais, on aura quelqu'un
avec le rang de sous-ministre en titre, qui va s'occuper de la langue
française, ce qui change beaucoup de choses dans l'administration publique.
Vous le savez, un poste de sous-ministre associé, c'est un poste qui est avant
le poste de sous-ministre ou de sous-ministre adjoint. Là, dans ce cas-ci,
c'est un poste de sous-ministre associé, et il m'apparaît tout à fait
fondamental de donner cette... cette importance-là.
L'autre point, Mme la
Présidente. Les offices ne sont pas comme une société d'État, Mme la Présidente.
Une société d'État, on lui donne un mandat qui est distinct, avec leur propre
imputabilité, avec leur C.A. distinct. L'office, c'est un pouvoir délégué de
l'État de régir et surtout d'appliquer la loi. Donc, c'est la prérogative du
ministre qui s'applique à l'office. C'est comme ça que ça se passe au niveau de
l'Office québécois de la langue française mais également auprès de l'Office des
professions.
Dans le fond, en
quelque sorte, l'office est le régulateur. Donc, en ce sens-là, Mme la
Présidente, le régulateur, appliquant la loi et appliquant la branche
exécutive, doit avoir un lien également. Donc, ce n'est pas le même niveau...
bien, en fait, pas que ce n'est pas le même niveau, ce n'est pas le même... la
même nature et le même objet qu'une société d'État, exemple, qui vient gérer le
développement culturel, ou qui vient gérer la Place des Arts, ou qui vient
gérer une société d'État comme Loto-Québec, la SAQ, ou tout ça. La langue,
c'est fondamental et c'est relié à l'État lui-même. Donc, c'est pour ça que je
souhaite conserver le fonctionnement actuel. Puis les membres sont
indépendants, aussi, de l'office puis ils sont là pour veiller à la
vérification de la bonne gestion de l'OQLF.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Donc, est-ce que vous
êtes prête à déposer votre amendement?
Mme David :
L'amendement... Oui, bien, il est... Je ne sais pas. Il circule dans l'univers
numérique.
La Présidente
(Mme Guillemette) : On va suspendre quelques instants, le temps
de déposer l'amendement officiellement.
(Suspension de la séance à
11 h 50)
(Reprise à 11 h 52)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, la commission reprend ses travaux sur
l'amendement de Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. Mme la députée, est-ce
que vous pouvez venir nous présenter votre amendement, s'il vous plaît?
Mme David : Oui,
Mme la Présidente, certainement, avec plaisir. Donc, l'article 101 — encore
une fois, je souligne, l'article 101 : L'article 165 de la
Charte de la langue française introduit par l'article 101 du projet de loi
est modifié par l'insertion, au premier alinéa, des mots «Le conseil
d'administration de» avant les mots «L'office».
Commentaire. L'article 165 de la Charte de
la langue française introduit par l'article 101 du projet de loi, tel
qu'amendé, se lirait ainsi :
«165. Le conseil d'administration de l'office
est composé de huit membres.
«Le gouvernement y nomme :
«1° un président-directeur général, pour un
mandat d'au plus cinq ans;
«2° six personnes, pour un mandat d'au plus cinq
ans.»
Alors, moi qui aime beaucoup, je le répète, la
gouvernance... C'est sûr que, là, on fait ça vite, là. On dit : L'idée
générale, c'est un conseil d'administration. J'ai quand même présidé à deux
projets de loi qui créaient des conseils d'administration — ça
prend des projets de loi, là — un
pour la Bibliothèque et Archives nationales, avec consultations particulières, en fait, tout ce que... tout ce
qu'on connaît d'un processus de nomination dans un conseil
d'administration, et puis j'ai fait celui des... du Conservatoire de musique et
d'art dramatique du Québec. Dans chaque fois, il y a eu des consultations. Les
gens venaient dire : Voici telle suggestion, telle suggestion. C'est... Ça
a l'air anodin, hein, mais c'est fascinant,
créer un conseil d'administration. Parce que, là, les conservatoires ont
dit : On veut des régions. Je me souviens d'une députée, qui était,
à l'époque, la députée de Joliette, qui avait dit : Bien là, il faut
absolument qu'il y ait telle ou telle chose dans le conseil d'administration,
il faut qu'il y ait ci, il faut qu'il y ait ça. Même chose pour Bibliothèque et
Archives nationales, qui, quelque part, ressemble à l'Office québécois de la
langue française. Qu'est-ce que c'est, Bibliothèque et Archives nationales?
C'est un lieu spécialisé, c'est un lieu qui a besoin d'universitaires, qui a
besoin de gens dans l'action, qui a besoin
de gens qui connaissent la littérature, qui a besoin d'être présent dans toutes
les régions du Québec, parce qu'on
sait qu'il y a des prêts entre bibliothèques. C'est une grosse, une formidable
création, ça, de l'État du Québec,
Bibliothèque et Archives nationales. Merci, Lise Bissonnette, aussi, qui a
largement, évidemment, contribué.
Bien, quand je suis arrivée, il y avait un
P.D.G. qui était en même temps président du conseil d'administration. N'importe
qui spécialisé en gouvernance vous dirait : Ça ne marche pas, il faut
séparer. Il faut qu'il y ait une entité, qui s'appelle un conseil d'administration,
qui surveille les activités d'un P.D.G. Bien là, un P.D.G., dans ce cas-ci,
c'est le ministre qui surveille. Ça ne marche pas, ça non plus. Le ministre, il
ne veut pas ça. Il ne peut pas. C'est... Il faut qu'il y ait quelque chose
entre lui et... et le P.D.G. Puis, à Bibliothèque et Archives nationales, bien,
c'est devenu un conseil d'administration. C'est la même chose au Conservatoire
de musique et d'art dramatique.
Je veux dire, c'est... c'est quand même...
J'espère que je n'ai pas à plaider, en 2022, ce que c'est, un conseil
d'administration, mais, un conseil d'administration, il y a de l'imputabilité.
Quand tu es président d'un conseil d'administration... Puis là on parle de
conseils bénévoles, là. Il y en a qui sont très, très payants, mais on ne
navigue pas dans ces ligues-là, on est dans le service public. Mais il y a des
membres qui sont nommés, puis ça peut être des membres par le gouvernement, ça
peut être des membres par... par des organismes extérieurs, membres dépendants,
membres indépendants. Il y a... Tu sais, il
y a beaucoup de littérature sur comment on forme un conseil
d'administration.
Je ne prétends pas qu'avec mes deux petits
points rapides, là, ça règle la question, mais je pense que, sur le fond, il
faut un conseil d'administration qui, sous la... qui a sous lui le
président-directeur général et des personnes, qui ne sont pas juste des membres
dont on ne sait pas très bien leur rôle. Ils sont très compétents, il n'y a pas
de problème, mais leur imputabilité, leur rôle...
Alors, les conseils d'administration donnent des
rôles sociaux aux gens qui en font partie, et là on n'a pas ça. Les procès-verbaux, les décisions qui se prennent
là... Le ministre dit : Oui, mais ils sont indépendants. Bien,
indépendants de quoi? Parce que ce n'est même pas une question d'être
indépendant ou dépendant. Ils ne sont pas payés par l'OQLF. Ils viennent là en
toute bonne foi, avec leur expertise. Ils ne peuvent pas arrêter une décision
du ministre. Ils ne peuvent pas prendre le téléphone puis dire : On ne
fera pas ci, on ne fera pas ça.
Un conseil d'administration... Quand moi,
j'avais à parler aux directions des collèges, disons, je pouvais... ou des
universités, je pouvais parler aux recteurs, mais, quand ça devenait sur des
politiques de financement, des encadrements de salaire de recteur, je parlais
au président du conseil d'administration, puis ça voulait dire quelque chose,
parce que lui... Je savais que je parlais à l'ensemble des membres du conseil
d'administration, de qui relève le recteur.
Alors, c'est... Sinon, tu laisses... Que ce soit un recteur d'université, un
D.G. de collège, un D.G. d'organisation X ou Y ou d'une
entreprise...
Ça, on le sait, dans les entreprises... Bien,
pourquoi les entreprises ont toujours décidé d'avoir des conseils
d'administration? Ce n'est pas pour rien, là. C'est parce qu'il faut ce regard
externe et... Et c'est très convoité être membre
d'un conseil d'administration de certaines entreprises. Non seulement c'est
payant, mais c'est souvent convoité aussi.
Mais savez-vous quoi? Ça l'est, même
quand c'est fait bénévolement, pour dire : Moi, je veux redonner, je veux
être membre. Moi, j'en voyais
beaucoup quand j'étais à l'Université de Montréal. On devait être consultés
pour envoyer des représentants universitaires
sur le conseil d'administration des cégeps de la grande région de Montréal ou
même d'ailleurs. Alors, on envoyait des noms des gens qui étaient très
contents, finalement, de siéger sur des conseils d'administration de... de
cégep.
Alors, je ne comprends toujours pas pourquoi
c'est... ça n'existe pas. Puis ça ne date pas du ministre, là, ça date de tout
temps. Mais là on réouvre la loi 101, donc quelle belle occasion pour se
dire : Est-ce qu'on a fait le maximum dans ce territoire-là aussi, qui est
le territoire de la gouvernance de l'office?
Alors, je dépose ça en sachant très bien que ce
n'est pas sur le coin d'une table, vite, vite, qu'on crée un conseil
d'administration. C'est pour susciter la discussion, si, oui ou non, on veut un
conseil d'administration. Et, le cas échéant, c'est évident qu'il aurait, sous
sa... un pouvoir de... ou un rôle à jouer, peut-être pas exclusif, mais un rôle
à jouer dans la nomination d'un président-directeur général et de membres.
Mais j'en ai fait un avec
un collègue de... du ministre, le ministre de l'Agriculture. On a eu beaucoup
de plaisir ensemble à créer, justement, l'ITAQ, l'ITAQ, qui s'appelait l'ITA,
Institut de technologie agricole, et qui est devenu l'institut de technologie
agricole du Québec, et puis là on avait à créer... Et le ministre pourra en
parler à son collègue. J'en ai parlé, de gouvernance, là aussi beaucoup, puis
le ministre a été très à l'écoute. Puis je pense qu'on a sincèrement,
sincèrement bonifié la première mouture de son conseil d'administration, puis,
finalement, tout a l'air d'être... d'être très positif. Et je pense que l'ITAQ
y a gagné, à avoir un conseil d'administration représentatif, parce que ça
aussi, c'est plusieurs régions. C'est l'Institut de technologie agroalimentaire,
là. C'est un rôle très important dans la société. Alors, je suis très fière
d'avoir fait partie de cette commission-là pour essayer de donner la meilleure
gouvernance possible à cette école très, très, très spécialisée, très
convoitée.
Alors, c'est dans le même esprit, Mme la
Présidente, que je dépose cette suggestion-là, avec les bons coups qu'on a
faits, dans d'autres commissions, pour créer des conseils d'administration puis
éviter peut-être aussi les mauvaises idées par le passé.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je comprends l'objectif de la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Cependant, exemple, pour l'institut de technologie agricole du Québec, qui est,
d'ailleurs, un très bon projet de loi, puis je sais que la députée de
Marguerite-Bourgeoys a contribué largement lors de l'étude détaillée de ce
projet de loi là, bien, l'ITAQ se retrouvait à être un établissement de
formation, l'équivalent collégial, un peu, au niveau
de la technologie agricole, mais c'était dans le ministère de l'Agriculture.
Mais la mission même, c'est de former des étudiants qui vont pouvoir
aller travailler. Puis je connais l'ITAQ assez bien, c'est dans ma région, à
Saint-Hyacinthe aussi, capitale agroalimentaire du Québec.
Mme David : ...
M.
Jolin-Barrette : ...et La
Pocatière, effectivement. Le siège social est à Saint-Hyacinthe, désormais,
par contre. Auparavant, il était à
Québec. Savez-vous qui a enseigné à La Pocatière et qui est un ancien
premier ministre du Québec?
Une voix : Jean-Jacques Bertrand.
M. Jolin-Barrette : Non. Un de votre
gang.
Mme David : Pas Robert Bourassa, pas
Jean Charest. Voyons! Pas Jean Lesage. Bien non.
M. Jolin-Barrette : Non plus. Un
professeur en agriculture.
Mme David : Bien, on va retourner
beaucoup plus loin.
M. Jolin-Barrette : Ah! pas tant que
ça. Peut-être qu'il est déjà venu chez votre père...
Mme David : Ah! chez mon père.
M. Jolin-Barrette : ...ou votre
grand-père, votre grand-père.
Mme David : Ah! bien, O.K. Bien,
alors, Godbout?
M. Jolin-Barrette : Godbout, Adélard
Godbout.
Mme David : Adélard.
M. Jolin-Barrette : Oui, Adélard
Godbout. Dans le fond, il était, dans le fond, professeur, justement, à
La Pocatière à l'époque, et c'est pour ça qu'en 1935, quand ils ont été le
chercher pour se présenter puis qu'il a remplacé, dans le fond, l'ancien
ministre de l'Agriculture, qui était également dans... dans la région, tout le
monde avait reconnu sa forte expertise dans le domaine agricole. Puis il avait
été formé à l'étranger également, Adélard Godbout,
puis il avait ramené son expertise. Parce qu'à l'époque il faut savoir qu'en
agriculture ce n'était pas évident. Les connaissances n'étaient pas très développées. Alors, il a enseigné de
nombreuses années au cégep de La Pocatière avant de devenir
ministre de l'Agriculture et de devenir premier ministre rapidement en 1932, peut-être,
qui est... 1932, 1933.
Mme David : ...1936, 1937, 1938.
M. Jolin-Barrette : Non, non, mais
il est devenu ministre avant, là, avec le gouvernement Taschereau.
Mme David : Ah! oui, ministre, mais
pas premier ministre. 1939-1945, pour ministre... premier ministre.
• (12 heures) •
M.
Jolin-Barrette : 1936.
Mme David : 1936?
M. Jolin-Barrette : 1936. Dans le
fond...
Mme David : Oui, 1936, c'est vrai.
M. Jolin-Barrette : ...vous vous
souviendrez des... du scandale des culottes à Vautrin, hein, et que, là, le
premier ministre Taschereau a démissionné suite à ça, parce qu'il y avait eu
des élections en 1935. Bien, ensuite, le premier ministre... bien, en fait, le
chef de l'opposition officielle, Duplessis, hein, dans une des salles de
commission parlementaire juste en haut, avait dénoncé les différents scandales
de l'époque.
Puis ça me faisait penser, Mme la Présidente,
tout à l'heure aussi, pour faire des liens, la ministre... la députée de Marguerite-Bourgeoys
nous a dit : Je ne pense pas que le ministre va être là pendant... jusqu'à
l'âge de 75 ans, tout ça. Mais, à cette époque-là, on avait eu un
gouvernement libéral de 1897 à 1936, sans interruption. Les gens...
Mme David : Bien, il n'y avait pas
tellement de parti.
M. Jolin-Barrette : Les gens
devaient être fatigués. Bon, tout ça pour dire que, sur le C.A., ce n'est pas
la même mission. Ce n'est pas un organisme, l'OQLF, comme un établissement
collégial. Ce n'est pas un établissement qui vise à gérer, supposons, la Place
des Arts. Alors, c'est vraiment le régulateur, donc où est-ce qu'on dévolue
l'application de la loi. Donc, c'est vraiment un pouvoir qui est dévolu. C'est
une branche de l'exécutif. Et ça n'a pas la même fonction, l'office, qu'une
société d'État, supposons.
Je vous donne un exemple. Vous vous souvenez, ma
collègue la députée de Berthier et la ministre du Tourisme a transformé la
Régie des installations olympiques en la société du Parc olympique. Mais, eux,
ce qu'ils font, c'est qu'ils gèrent les installations olympiques. Ils n'ont pas
le mandat d'appliquer la Charte de la langue française, eu égard des lois et
des règlements. Donc, ce n'est pas l'organisme régulateur. Donc, c'est la différence
entre un C.A., une société d'État puis l'office, où est-ce que c'est un pouvoir
dévolu de l'État. Puis les membres sont indépendants également lorsqu'ils sont
nommés.
Mme David : Bien, vous ne me
convainquez pas. Vous ne me convainquez pas du tout, du tout, du tout, parce
que, de comparer l'importance de la langue française au Québec à une société
qui gère le Parc olympique, là, je ne trouve pas que c'est la meilleure
comparaison au monde, là. Puis, de dire que l'OQLF a un mandat de les... de
gérer... bien, de gérer une des plus importantes lois au Québec, puis non
seulement ça, de faire de la recherche, on en a assez parlé hier, si ça n'est
pas suffisant pour avoir sa propre gouvernance, je ne sais bien pas qu'est-ce
qui est suffisant, là.
Alors, oui, la Place des Arts, oui, les musées
ont chacun leur conseil d'administration. Ils gèrent chacun la mission qui leur
est dévolue. L'ITAQ a son conseil d'administration, il gère la mission qui lui
est dévolue, l'ITHQ, nommez-les, ils ont tous des conseils d'administration.
Alors...
M. Jolin-Barrette : Mais la
mission...
Mme David : ...je ne trouve pas
encore le bon argument. Vous me... Je ne l'ai pas encore entendu, l'argument
qui me ferait changer d'idée.
M. Jolin-Barrette : Mais la mission,
elle est différente. Exemple, à l'ITHQ, à l'ITAQ, à la SODEC, à la société du
Parc olympique, aux différentes sociétés, ce n'est pas un mandat d'application
législative ni d'application réglementaire, c'est un mandat, exemple,
d'enseignement. Donc, la différence, elle est là. L'OQLF, lui, a un pouvoir
d'ordonnance, un pouvoir... C'est... Dans le fond, c'est...
Mme David : C'est un pouvoir de
recherche. On en a parlé hier sans arrêt.
M. Jolin-Barrette : Aussi, mais
c'est dans la finalité de l'application de la loi aussi, de générer des données
pour s'assurer de l'application de la loi et de la pérennité du français aussi.
Alors, ils ont un rôle vraiment important aussi en termes de pouvoir
d'ordonnancement aussi. Donc, c'est vraiment le prolongement de l'exécutif.
Mme David : ...respect, je ne suis
pas d'accord. Puis je ne suis pas d'accord avec votre définition de la
recherche. Générer des données... Je reviens à l'exemple de l'Hôpital
Sainte-Justine, des données, là, des données... Des données, des prises de
sang, il y en a des millions, et des millions, et des millions, sinon des
milliards, qui se font. Ça, c'est des
données. Le génie de la recherche, c'est d'en faire quelque chose, de ces
données-là. C'est là que ça devient de la recherche. Ce n'est pas
d'accumuler des données, c'est qu'est-ce qu'on en fait. Une thèse de doctorat,
c'est ça. Des publications scientifiques, c'est ça. Les grands chercheurs, ils
génèrent de la connaissance à partir de données.
Alors, de dire que
l'OQLF va juste avoir des données puis il va les mettre ensemble pour... Moi,
je suis beaucoup plus ambitieuse pour le volet recherche de l'OQLF. C'est pour
ça que je me demande ce qu'il fait là. Ou alors qu'on ait une vraie division
recherche avec des gens qui ont une renommée qui est bien au-delà des... je ne
peux pas dire frontières, mais du territoire du Québec.
Et on a un rôle immense. Et votre collègue, évidemment, présidente du Conseil
du trésor et des Relations en francophonie, et tout ça, va être d'accord, on a
un rôle de locomotive dans la francophonie. Mais, oui, c'est à partir de
données qu'on peut en faire quelque chose, mais, des données, on peut ne rien
en faire, ou être plate à mort, ou ne pas avoir de créativité.
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est ça, le problème. Le problème, c'étaient
les rapports quinquennaux. Parce que l'OQLF recensait des données, notamment,
mais le problème, c'est qu'elles n'étaient pas divulguées de la bonne façon,
puis adéquatement, puis ce n'étaient pas les bons indicateurs linguistiques.
Alors, vous savez, il
y a quatre personnes titulaires d'un... Philosophiae Doctor?
Mme David : Philosophiae
Doctor.
M.
Jolin-Barrette : Philosophiae Doctor. Alors, bien, écoutez, là... puis
trois titulaires de maîtrise, puis le service de recherche pourrait être appelé
à grossir. Mais ce qui est surtout important, c'est d'avoir les bonnes données,
véhiculées de la bonne façon, pour que les décisions de l'OQLF soient prises
d'une bonne façon, et que l'État aussi dispose des bonnes données, puis,
surtout, et là on vient jumeler, le Commissaire à la langue française, qui va
pouvoir évaluer tout ça et dire : Est-ce que c'est bon?, est-ce que c'est
fait de la bonne façon?, est-ce qu'on a le juste portrait de la situation
linguistique? Parce que, vous le savez, là, il y a encore des gens, au Québec,
qui nient le déclin du français puis qui prennent des chiffres à gauche, à
droite, puis là ils disent : Ah! finalement, c'est correct. Or, si vous
prenez cinq minutes sur la rue, à Montréal, vous voyez qu'il y a un enjeu avec
la langue française.
Mme David : Bien,
vous me donnez des... Plus vous parlez, plus vous me donnez des bonnes idées.
Moi, un jour, je vais m'asseoir puis je vais vous proposer quelque chose, là.
Il faudrait qu'il y ait un vrai directeur de la recherche. Ce n'est pas parce que tu as un Ph. D... En tout
respect, là, j'en ai fréquenté, des Ph. D., ce n'est rien que ça
qu'ils ont, les universités, mais ça ne veut pas dire que ça fait de vous un
bon gestionnaire de la recherche, que ça met les gens ensemble pour réfléchir,
qu'est-ce qu'on va faire, etc. Ce n'est pas juste des indicateurs qui créent de
la recherche, parce que le nombre de prises de sang prises à Sainte-Justine, ça
ne fera pas tellement avancer la recherche sur la leucémie, le cancer des os, le ci, le ça. C'est des gens qui, vraiment,
réfléchissent, ont une formation de calibre mondial, etc.
Il faudrait, dans le
conseil d'administration, un directeur de la recherche... ou dans votre
organisation. Je ne sens pas qu'il y a une direction. Parce que directeur de la
recherche, ça donne les grandes directions scientifiques aussi. Il y a ça dans
tous les centres de recherche. Être directeur de recherche, être un Yoshua
Bengio, ça veut dire que tu as 200 chercheurs sous toi, là. Tu dis :
O.K., on fait des journées de recherche, on fait... on s'en va où, on fait
quoi. Ce n'est pas juste d'avoir la matière brute, c'est qu'est-ce qu'on en
fait.
Puis, ça, je pense
que votre voisin de gauche le sait très, très bien, parce que, lui, quand il a
écrit son livre, c'est à partir de sa thèse de doctorat, de ses réflexions. Il
aurait pu faire un livre dont personne ne se préoccupe, parce qu'il y a... Tu
as beau mettre des données ensemble... Mais c'est parce qu'il a réfléchi à ça
et il s'est dit : O.K., comment on fait ça 40 ans après? Puis là il a
pris des choses puis il a réfléchi. Mais ça, ce n'est pas juste d'avoir, en
tout respect, un Ph. D., parce que je m'accuserais moi-même aussi, c'est
qu'est-ce que tu en fais, de ça, qu'est-ce que tu en fais, de ça. Et ça,
j'aurais une ambition particulière pour l'OQLF là-dessus.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la députée. J'ai M. le député de D'Arcy-McGee
qui aurait une intervention. M. le député.
• (12 h 10) •
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. J'essaie de comprendre en quoi on risque de nuire
les opérations, l'efficacité, le positionnement d'un office québécois de la
langue française avec une... si on se dotait d'un conseil d'administration. J'espère, j'ose croire que le
ministre partage notre préoccupation avec l'importance d'inclure la
société dans toutes ses dimensions dans la promotion collective de notre langue
commune et de les inclure dans l'analyse progressive des activités qui
l'entourent.
J'ai
eu, dans mes vies antérieures, Mme la Présidente, quelque 26 ans en étant
directeur général de trois organismes où j'avais à rendre compte aux
conseils d'administration, qui se dotaient, évidemment, d'une série de
règlements en tout ce qui avait trait à la nomination des gens, la façon de
faire, la gouvernance, quoi. Je trouve que ma collègue avait, à juste titre,
souligné l'expertise, la grande contribution de Michel Nadeau, que j'ai eu le
plaisir de... avec qui j'ai eu le plaisir de collaborer, avec les commissions
scolaires, justement, sur la gouvernance. Et, dans chacune des instances où
moi, j'étais impliqué, je ne dis pas que c'était toujours facile, mais
l'exécution de la mission de ces organismes a été toujours accentuée, des fois,
mise au défi comme il faut, mais accentuée par le fait qu'il y avait une veille
d'un conseil d'administration qui avait à la fois des obligations, pour moi,
qui sont à être assumées, qui le sont, en quelque part, déjà par l'office et
qui risquent d'être bonifiées avec le projet de loi devant nous, c'est-à-dire
d'assurer une... comme on dirait ça, un
doigt sur le pouls de tout ce qui se passe au Québec, est-ce que les mesures
sont efficaces, est-ce qu'elles sont bien comprises par le public.
Ma collègue a parlé
beaucoup de la recherche. Est-ce que... La recherche, il faut que c'est sur les
questions pertinentes. Y a-t-il une façon, avec un conseil d'administration,
j'ose croire, de clarifier, en quelque part, de solidifier les rôles mutuels du
ministre de la Langue, du commissaire... la commissaire, d'aider le public, ce
qui est facilitant pour qu'on participe tous dans les... la réalisation des
objectifs du projet de loi devant nous? Est-ce que tout ça n'est pas valorisé,
validé avec un conseil d'administration qui serait doté, comme on le sait, avec
des règles d'opération, et tout ça? Est-ce que nous ne sommes pas en train de
parler d'une valeur ajoutée?
Et, si oui, je comprends
qu'on ne serait pas ici pour identifier toutes les modalités. Mais, qu'on se
comprenne, si on parlait d'un conseil d'administration, éventuellement, par
projet de loi, ce conseil pourrait être exigé de se renouveler, une moitié de
ses membres chaque cinq ans, d'assurer une représentation des communautés
issues de l'immigration et récemment arrivées, un membre issu de la communauté
québécoise de l'expression anglaise, de s'assurer,
dans ses règlements, qu'il y ait une panoplie d'expertises pertinentes à la
mission, tout cela pour suggérer que... comme je dis, que... De notre
lecture, on parlerait d'une valeur ajoutée au rôle de l'OQLF, aux rôles mutuels
et, on ose espérer, complémentaires, mais peut-être pour accentuer et clouer,
en quelque part, cette complémentarité, un rôle pour mettre en relief les
tâches respectives et la hiérarchie entre le commissaire, le ministre et
l'office.
Alors, si je peux inviter le ministre à
identifier clairement les contraintes qu'il envisage par l'instauration d'un
conseil d'administration, les obstacles aux objectifs, tels qu'il les perçoit,
pour l'office advenant la création d'un conseil d'administration...
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
en fait, comme je le disais, l'office, là, c'est vraiment un régulateur qui est
chargé de l'application de la loi. C'est
différent d'une société d'État. Et je comprends la volonté de mes collègues,
mais, honnêtement, la gouvernance de l'office fonctionne bien. Les membres de
l'office, c'est l'équivalent d'un conseil d'administration,
approuvent, valident, sont là pour surveiller. Ils sont indépendants également.
Mais la façon dont c'est constitué,
ce régime-là, comme l'Office des
professions, comme les différents
offices qui existent au sein de l'État québécois...
Bien, je comprends les craintes relativement au
renouvellement, tout ça, mais ça, c'est la responsabilité du ministre. Mais
c'est sûr que le lien entre le ministre et l'OQLF est important, parce que
c'est une délégation qui est faite envers l'office sur l'application de la loi.
Puis l'office lui-même a des pouvoirs qui sont particuliers, qu'une autre
société d'État n'a pas.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre. J'avais M. le député de La Pinière qui voulait prendre
parole également. M. le député.
M. Barrette : Ce ne sera pas
très long. Je vais vous avouer, Mme la Présidente, que l'échange m'étonne. Qu'est-ce qui m'étonne? C'est la... Je n'avais
jamais regardé ça comme ça. Le ministre, là, je veux juste qu'il me
précise, dans sa pensée, lui, là, là : Parce que c'est une régulation, il
n'y a pas de raison d'avoir un conseil d'administration, par opposition à une
autre entité qui, elle, offre des services. C'est une question de
compréhension, là.
M. Jolin-Barrette : ...mais,
dans ce cas-ci, en raison de la nature particulière... Effectivement, il peut y
arriver que, dans certaines organisations, il y a un régulateur, il y a un
conseil d'administration, c'est vrai. Cependant, la nature du mandat qui est
conféré à l'OQLF — l'application
de la Charte de la langue française — ne milite pas en faveur d'un
conseil d'administration.
M. Barrette : Alors, pourquoi
c'est vrai dans un cas puis pas dans l'autre? Alors, qu'est-ce qui milite?
C'est quoi, le primum movens de la chose, là?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
ce cas-ci, l'office, avec le modèle de gouvernance qui existe depuis plusieurs
années, permet d'avoir des membres de l'office qui agissent pour surveiller les
décisions, pour approuver certaines décisions de l'office. C'est constitué, en
soi, comme étant un véhicule qui permet d'atteindre les objectifs rattachés à
l'application de la Charte de la langue française, en lien avec le pouvoir
exécutif qui est dévolu à l'office, particulier, d'application de la loi.
M. Barrette : La question, c'est...
Ce que j'essaie de comprendre, là, c'est pourquoi, dans... Est-ce que le
ministre peut nous donner un exemple d'organisme régulateur qui, lui, dans son
esprit, est justifié d'avoir un conseil?
M. Jolin-Barrette : Écoutez, je ne
répondrai pas sur des questions d'opportunités qui ont été prises dans le
passé, mais on... Dans certaines situations où il y a des missions
commerciales, exemple, comme la Société des alcools, la Société des loteries,
où, là, il y a un C.A., des missions financières, comme la Caisse de dépôt ou Investissement
Québec, des missions d'assurance, comme la Société d'assurance automobile du
Québec ou La Financière agricole, des missions, je vous dirais, de
transfert, bien, il y a des raisons pour lesquelles c'est constitué en C.A., ou
c'est constitué en régie, ou c'est constitué en office.
Dans ce cas-ci, l'application de la loi par le
corps «office», qui, lui, est chargé de l'application de la loi, c'est un
pouvoir d'application, et qui doit être lié directement au ministre, et où le
ministre a une responsabilité en lien avec l'application de la loi qui est
dévolue à l'OQLF.
M. Barrette : Quand j'entends ça,
Mme la Présidente, puis, encore une fois, c'est pour bien comprendre la
finalité de l'affaire, parce que... Quand j'écoute ma collègue de
Marguerite-Bourgeoys, je comprends son point de vue, puis là j'essaie de
concilier ça avec... pas les motivations, là, mais la pensée du ministre,
organisationnellement parlant.
Alors, ce que je comprends, là, c'est que, quand
il y a une saveur commerciale... Alors, j'utilise un mot, là, qui n'a pas de
portée particulière. Il n'y a pas de bibitte, là, puis de piège là-dedans.
Quand le ministre fait référence à la SAAQ, à la SAQ et
autres choses de ce genre-là, il y a une saveur commerciale, il y a un service,
il y a... par opposition au côté éminemment
politique de l'Office de la langue française. Ça fait que, donc, plus c'est
politique, et moins il y a de conseils d'administration, plus ça devient
lié directement au ministre.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas un
caractère politique, c'est un caractère d'application de la loi. Dans le fond,
là, l'OQLF a un pouvoir d'ordonnance. Je vous donne le cas de l'Office des
professions, avec le système d'ordres professionnels que nous avons. Exemple,
le Collège des médecins, exemple, le Barreau du Québec, exemple, l'Ordre des
ingénieurs se retrouvent dans une situation où, de la façon dont le système
professionnel a été construit, bien, c'est l'État qui délègue son pouvoir à ces
organismes-là, avec le pouvoir d'application réglementaire. Dans le cas de
l'office, c'est un pouvoir d'application de la loi, direct également.
• (12 h 20) •
M. Barrette : Bien, c'est ça. Donc,
c'est plus politique qu'autre chose, là, c'est-à-dire qu'il y a... Je vois la
position comme étant défensive, là. C'est comme de dire... Puis on prend
l'exemple, là, des ordres professionnels, là. C'est comme, en quelque part, de
conclure que ces entités-là ont tellement une... j'allais dire une fragilité,
ce n'est pas le bon mot, là, mais il y a une portée suffisamment politique pour
qu'on ne les laisse pas aller tout seuls. Parce que le principe du conseil
d'administration ne donne pas une autonomie complète mais donne une plus grande
autonomie, mais pas complète, évidemment, là, mais qui est quand même dans
l'esprit de la mission qui lui est octroyée. Mais là, si on décide de ne pas
donner de conseil d'administration, c'est qu'on considère qu'il y a un risque,
que je qualifierais volontiers de politique, de les laisser aller un peu plus
tout seuls que moins.
M. Jolin-Barrette : Bien, moi, je
vous dirais que ce n'est pas politique. C'est une question d'application de la loi, d'orientation, puis c'est le pouvoir de
l'exécutif qui se retrouve à l'OQLF. Donc, c'est important que le lien soit
direct.
M. Barrette : O.K. Je vais faire un
parallèle avec les CISSS, par exemple. Un CISSS, c'est une extension du gouvernement. Et, vous-mêmes, quand vous étiez
dans l'opposition pour... pas le ministre lui-même, Mme la Présidente,
mais sa formation politique plaidait pour qu'il y ait des conseils
d'administration, plaidait qu'il fallait avoir un conseil d'administration.
Pourtant, ce ne sont que des extensions du ministère. Les missions viennent du
ministère au même titre que les missions sont établies par le ministre de la Langue
française, là. Il y a un parallèle qui est peut-être limite, là, mais il se
fait, là. Ça fait que, d'un côté, là, il fallait avoir un conseil
d'administration, c'était une bonne idée, puis, de l'autre, ce n'est pas une
bonne idée, parce que... pour cause de proximité ou de filiation plus directe
avec le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est différent.
Les CISSS ne sont pas responsables de l'application de la loi.
M. Barrette : Bien oui. C'est parce
qu'eux autres il n'y a rien qu'ils font... qu'ils font sans appliquer la loi,
là.
M. Jolin-Barrette : Non, non, non,
mais, exemple, ils n'ont pas de pouvoir d'ordonnancement.
M. Barrette : Non, ils n'ont pas de
pouvoir d'ordonnancement.
M. Jolin-Barrette : Ils n'ont pas de
pouvoir... l'équivalent de poursuite.
M. Barrette : Un CISSS? Bien, ils
peuvent poursuivre qui ils veulent, là, si...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, en matière pénale.
M. Barrette : Ah! en matière
pénale. O.K. Bon, moi, je vois...
M. Jolin-Barrette : Tu sais,
dans le fond, là, le CISSS, là, c'est une entité, c'est une personne morale
distincte, oui, mais ce n'est pas lui qui va se retrouver devant la chambre
criminelle et pénale avec le lien d'une poursuite qui va être... dans le fond,
qui ne sera pas le mandataire du Directeur des poursuites criminelles et
pénales, qui va transférer la poursuite. C'est la distinction que j'applique
entre un organisme avec C.A. qui est dévolu, exemple, pour donner des services
à la population, comme le CISSS. C'est une mission particulière, exemple, comme
l'institution d'enseignement. L'office, dans ce cas-ci, il a... c'est une
bibitte en soi. C'est ce que je pourrais dire.
M. Barrette : C'est vrai, mais
ce que je comprends aussi de la position du ministre, là, c'est qu'il ne voit
pas de valeur ajoutée d'avoir un conseil d'administration. Il veut garder le
lien politique le plus maximal possible.
M. Jolin-Barrette : ...ce n'est
pas un lien politique, c'est un lien de l'exécutif.
M. Barrette : Bien... O.K.,
bien, l'exécutif, c'est rarement apolitique, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
parce que ça dépend comment vous interprétez le terme «politique».
M. Barrette : Bien, c'est parce
que, moi, quand je regarde...
M. Jolin-Barrette :
Exemple... Je vous proposerais une avenue. Si on le perçoit dans une
perspective... Je serais d'accord avec vous si on l'amène dans une perspective
d'application de politique publique et non pas dans le cadre d'une perspective
de politique partisane, parce que... Exemple, ce qu'on fait avec le projet de
loi n° 96, c'est une modification de politique
publique qui se traduit par un changement législatif mais qui va se répercuter
également dans les orientations de l'État avec un grand E sur la protection et
la promotion de la langue française puis la valorisation de la langue
française. Donc, l'OQLF, l'importance du lien avec l'exécutif et notamment avec
les mesures budgétaires qui lui sont consacrées, c'est l'application d'une
politique publique de promotion et de protection de la langue française dans le
cadre de sa mission.
M. Barrette : Oui, oui, j'ai
compris ça. Mais ce que je constate, là, c'est que, dans la constitution de
l'OQLF, là, dans ce qui est proposé dans le projet de loi, tout est lié... bon,
O.K., je le donne au ministre, le fait que c'est l'exécutif, là, mais tout est
lié directement à l'exécutif et/ou au ministre de la Langue française, là. Les
membres sont nommés, puis, pour être certain, là, qu'il y a une influence... en
tout cas, au moins une surveillance, du ministère en question, de l'OQLF, bien,
il y a un représentant qui est là, le sous-ministre va être là. Je ne le
reproche pas, là, on voit ça souvent. C'est très fréquent que les ouailles...
On s'assure qu'il y ait quelqu'un qui est lié directement au ministère. Je l'ai
fait, moi aussi, là. Il ne vote pas, mais il est là. Il parle, par exemple.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais,
dans ce cas-ci, la sous-ministre en titre va être sur le conseil... bien, sur
le... comme membre de l'office.
M. Barrette : C'est ça que je
dis, là. Tout ça pointe, nous ramène à un lien qui est plus près... Je
comprends, là, le point du ministre, comme quoi que c'est l'exécutif puis ce
n'est pas nécessairement la politique, mais, en même temps, ça l'est beaucoup.
Parce que la politique, par définition, ça peut être positif ou négatif au sens
de l'action, on peut être actif ou passif. Alors, c'est lié à la politique par
définition, mais en la...
Le conseil d'administration, lui, dans ses
grands principes, est un rôle de surveillance. Là, il n'a pas de rôle de
surveillance puis il n'aura pas non plus de grand débat sur des orientations x,
y, z, là. J'entendais ma collègue, avec beaucoup d'énergie et d'à-propos,
militer pour la recherche. Mettons qu'il n'y aura pas grande initiative là, à
moins qu'elle soit permise par l'exécutif ou l'État avec un grand E.
M. Jolin-Barrette : Mais, en
lien, là, avec le projet de loi, là, ce qui est important également de voir,
c'est que, puisqu'on crée le commissaire aussi, ça garantit également un
contrepoids à tout ça. Écoutez, hier, je parlais des poids et des contrepoids.
Donc, le commissaire va être là, avec la légitimité du fait qu'il va être nommé
aux deux tiers de l'Assemblée nationale, pour vraiment regarder ce que fait
l'office, pour regarder la situation linguistique. Donc, on vient créer une
institution, justement, qui va être un chien de garde également pour surveiller
l'exécutif, surveiller, notamment, l'exemplarité de l'État, entre autres.
M. Barrette : L'autre chose que
je voulais aborder, là, sur cette question-là... Les nominations, là, est-ce
que... Je ne les ai pas vues. C'est peut-être que j'ai mal regardé. Ils ont-tu
des critères?
M. Jolin-Barrette : Au niveau
des membres de l'office?
M. Barrette : Oui.
M. Jolin-Barrette : Généralement,
c'est des gens de diversités... de différents milieux...
M. Barrette : Mais est-ce qu'il
y a des critères formellement établis?
M. Jolin-Barrette : Non, il n'y
a pas de critère formellement établi, je crois.
Des voix : ...
M.
Jolin-Barrette : ...comité
d'officialisation qui a des critères, mais, comme membre de l'office, non, il
n'y a pas de critère. Mais, traditionnellement, il y a quelqu'un qui
vient du domaine syndical, du domaine patronal, du domaine de l'éducation
également.
M. Barrette : Mais il n'y a pas
de... Il n'y a rien de formalisé.
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Barrette : Ce n'est pas une
faiblesse, ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, par
tradition, ça a toujours bien fonctionné. Puis les gens qui sont là sont des
gens qui sont très compétents dans le domaine de la langue française.
• (12 h 30) •
M.
Barrette : Je ne critique personne ni aucun fait, mais je pose la
question. Évidemment, je fais référence à d'autres entités que j'ai connues, où
les membres... D'ailleurs, c'est... Moi, là, je ne veux pas faire de parallèles
à outrance, là, mais, quand on a mis en
place des conseils d'administration... De mon bord, là, on a fait affaire avec
l'IGOPP et avec l'ENAP, et les deux se sont
entendus sur la nécessité, chez les dirigeants, qu'il y ait un conseil
d'administration ou non, d'avoir un
certain nombre de compétences, que ce ne soient pas des sièges où on va
s'asseoir par prestige et connexion.
Puis je ne fais pas
de... Je ne porte pas de jugement. Je ne fais pas référence à la situation
actuelle de l'OQLF, je ne la connais pas. Mais, dans les grands principes de
direction, la variété des compétences apparaît, pour ceux qui font la
gouvernance, comme étant essentielle. Et je dirais que ce n'est pas
nécessairement essentiel d'avoir un représentant de la CSN, là. Je donne un
exemple caricatural à dessein.
Alors donc, je
comprends, là, que le ministre ne souhaite pas avoir un conseil
d'administration et ne souhaite pas non plus que les membres nommés aient, eux,
un profil dont la somme des profils soit déterminée. Donc, il ne souhaite pas
ça et... Voilà. Bon.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
M. Barrette :
C'est dommage.
Mme David : Bien,
je ne veux pas qu'on s'arrête là-dessus en si bon chemin, parce qu'elle est
extrêmement importante. Depuis quand on a parlé de gouvernance de l'OQLF?
Sincèrement, la dernière fois, là, qu'on a parlé de ça, moi, je pense, ça fait 20 ans sûrement, dernier... loi n° 104, probablement, puis pas tant que ça, parce qu'il n'y a pas eu
de changement, finalement. Mais il en a été question dans des rapports, dont
celui de Conrad Ouellon, qui revoyait la gouvernance, parce que... Je trouvais
qu'il y avait des choses qui n'avaient vraiment pas de bon sens. Puis là,
d'entendre qu'il n'y a même pas de critère de nomination...
Puis savez-vous quoi,
Mme la Présidente? Je le répète, dans ceux qui s'intéressent à la langue
française depuis longtemps et qui veulent passer le flambeau... Parce que c'est
bien beau de t'intéresser à ça depuis 40 ans, tu veux du sang neuf, tu
veux des jeunes, tu veux des gens, comme le conseiller du ministre, qui
s'intéressent à la langue française, tu veux
des rappeurs, tu veux des David Goudreault, tu veux du monde, là, qui
disent : Moi, je prends ça à bras-le-corps puis je vais faire
avancer cet organisme-là.
Le ministre voit ça
comme une entité qui gère une loi. Si c'était vrai, là, il n'y aurait pas de
service de recherche digne de ce nom. Quand
on parle de recherche, il parle juste d'indicateurs. Ce n'est pas ça, de la
recherche. La recherche, c'est de réfléchir après. On n'aurait pas
inventé le téléphone puis l'électricité si on n'avait rien que vu des affaires.
Il faut mettre nos neurones ensemble, puis, tout à coup, que... pouf! voilà,
c'est ça, l'électricité, c'est ça, la physique quantique, c'est ça, le nouveau
médicament, c'est ça, le vaccin pour la COVID-19. Il a fallu que du monde
réfléchisse avec toute la modélisation des données. Mais tu ne peux pas juste
avoir des données, il faut que tu saches quoi en faire.
Alors, un conseil
d'administration, mon collègue le dit très bien, de La Pinière, il y a
l'IGOPP, il y a l'ENAP. Il y a des gens qui
passent leur vie à réfléchir à c'est quoi, la meilleure gouvernance. Le
gouvernement fait abondamment appel et à l'ENAP et à l'IGOPP, avec
raison, mais là c'est comme si, pour cette entité-là qui est au coeur, au coeur
de la création d'un nouveau ministère...
Bien, celle-là, comment les membres sont nommés? Bien, finalement, ils sont
nommés entre eux, entre eux. Bien oui, mais combien de temps ils sont là? Bien,
ils sont là jusqu'à tant qu'un ministre se réveille
puis dise : Ça fait 18 ans, là, peut-être qu'on pourrait passer la
rampe puis mettre un... de mettre un jeune qui est un rappeur formidable, puis qui... pour lui, l'avenir de la
langue française, c'est bien important, puis qui croit à ça énormément,
puis qui dit : Moi, je vais faire
quelque chose avec ça. Ça peut être un Will Prosper, ça peut être un Fabrice
Vil, ça peut être un David Goudreault, ça peut être un jeune chercheur
de 35 ans qui dit : Moi, la langue française, je trouve ça
superimportant.
Et je ne vous dis pas
qu'il n'y en a pas eu, mais je vous dis qu'il faut ouvrir les fenêtres de cette
place-là, il faut ouvrir, laisser l'avenir pénétrer dans l'OQLF. Je suis rendue
une poète. Mais, même moi, on m'offrirait la job, je dirais : Écoutez,
allez chercher des nouvelles générations, là, des gens qui voient le Québec
avec un avenir lié à la qualité de la langue française, la présence de la
langue française, mais avec une nouvelle vision.
Puis là on a un
ministre qui est d'une autre génération que la mienne. Ça, c'est évident. Je le
dis souvent, il pourrait être mon fils, là. Bon, bien, je ne sais pas s'il
ressemblera à ce qu'il est là. Bien, il y a de la génétique, il y a de
l'éducation, il y a toutes sortes de choses. Mais ce n'est plus à moi, là, il
faut passer le flambeau. Puis là je ne sens pas de motivation à passer le flambeau,
à se dire : Je vais en profiter, je suis le ministre, là, c'est moi qui ai
toutes les possibilités de faire ça, puis je vais rester dans ce qu'on fait
depuis tout le temps, puis, des nominations, on ne sait pas trop comment. Puis
je trouve ça extrêmement dommage.
Les théâtres, les
théâtres, Théâtre d'Aujourd'hui, là, l'Espace Go, ils ont des conseils
d'administration. Puis, Dieu sait, c'est du monde en culture, bien, il faut
qu'il y ait du monde qui les ramène à l'ordre, il faut que le théâtre soit
rentable un petit peu, l'égalité hommes-femmes, il faut qu'il y ait des pièces
de théâtre... c'est quoi, notre... c'est quoi, notre clientèle. Je trouve qu'on
passe, dans ça, à côté d'une des plus belles opportunités de tout le projet de
loi, et c'est dommage. Puis je ne comprends pas que le ministre, par... je ne
sais pas, je ne sais pas pourquoi, n'a pas du tout la même définition que moi,
j'ai, d'un OQLF qui est un acteur social important.
Puis, pire encore, je
n'ai pas compris puis je ne comprends toujours pas l'autorité qu'a un
commissaire sur le P.D.G. de l'OQLF. Ce n'est pas clair. Parce que, des fois,
il faut qu'ils travaillent ensemble — le mot, c'est «en
collaboration» — puis,
d'autres fois, il a droit de lui taper dessus. Pour moi, le commissaire, on va
y arriver, c'est un petit peu complexe, la
définition des rôles du commissaire. Ça aussi, je ne suis pas sûre que je
voudrais avoir cette job-là, Mme la Présidente, ni l'OQLF ni le
commissaire. Parce que je trouve qu'on ne profite pas de ce moment historique
pour bien placer les choses.
Je sais que le ministre
avait plein d'autres motivations dans son projet de loi, qui sont très
détaillées, très, très, très détaillées. Je ne suis pas sûre qu'il a passé
beaucoup de temps à penser à la gouvernance de la langue française. Alors,
s'ils votent contre, ils vont voter contre. C'est dommage, on aura raté un
moment historique, parce que ça ne reviendra pas. Puis le ministre le sait, là,
on n'ouvre pas la loi 101 à tous les ans, même pas à tous les deux ans,
même pas à tous les cinq ans.
Alors, comment ça se fait qu'il y a... On veut
le garder, sincèrement, un organe de l'État, mais un peu beige, j'oserais dire,
un peu... Il reprend des données puis il écrit des affaires, avec ça, puis des
rapports. Mais des vrais chercheurs qui pensent en dehors de la boîte, qui
disent : Le Québec, c'est vers là qu'on s'en va... Bien, je m'excuse, mais
ça prendrait un petit peu plus de feu en dessous de la paille, là, pour mettre
de quoi.
Là, je ne sens pas qu'on permet la structure qui
générerait des jeunes qui ont à coeur cette langue française. Ce n'est pas
vrai, ce n'est pas en se nommant entre eux, ce n'est pas en disant : Bien,
je connais le frère d'Untel, puis là mon fils, puis... Alors, ce n'est pas
vrai, ça ne marche plus... En 2022, la gouvernance, ça ne marche plus comme ça.
Donc, on se retrouve avec un office qui a
toujours été le même et puis, si je comprends bien, qui va rester le même
encore pendant les prochains 25 ans. C'est très dommage.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. D'autres interventions? Oui, M. le député, de D'Arcy-McGee.
Ensuite, ce sera le député de La Pinière. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Si on a bien
compris, notre amendement serait à fin de non-recevoir. Y aurait-il au moins
une ouverture, par une autre voie, de s'occuper de quelques-unes des
préoccupations qui auraient été impliquées dans notre proposition, c'est-à-dire
la transparence, le renouvellement, la créativité, l'imputabilité? Et je me
permets juste de sonder, voir si le ministre
serait ouvert, en dedans d'une structure qu'on aurait aimé voir évoluer,
peut-être de considérer un autre... un changement, au moins d'apporter
un aspect pour accroître la gouvernance, la transparence, la créativité, comme
j'ai dit.
On peut peut-être au moins mettre dans la loi
une assurance que trois des six membres seraient renouvelés chaque cinq ans. On
ne parle pas d'un an et demi ou d'un manque de respect pour les membres qu'on
espère vont être bien choisis et nommés. Cinq ans, Mme la Présidente, c'est
substantiel, dans un premier temps. Et, pour assurer la continuité, la sagesse,
des choses qui sont toujours intéressantes, une telle proposition assurerait
que les autres trois membres seraient là pour peut-être 10 ans, peut-être
même 15 ans. Mais est-ce qu'il serait ouvert à considérer au moins un tel
genre de modalité que trois... un troisième alinéa, je ne sais pas, que trois des
six soient renouvelés chaque cinq ans? Parce que, si j'écoute mes collègues et
surtout ma collègue de Marguerite-Bourgeoys, voilà au moins un des éléments de
notre lecture, primordial. Il y en avait plusieurs dans notre proposition, mais
un qui était primordial était l'inclusion de la diversité au sein des membres
de l'office et de faire en sorte qu'il y a du renouvellement. Est-ce que le
ministre peut nous répondre pour savoir s'il y a la moindre ouverture de faire
une adaptation, une modification de l'article 165 d'une autre façon?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
• (12 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Bien, l'enjeu
avec ça, là, c'est que, pratiquement dans toutes les lois, également, qui
constituent des conseils d'administration, c'est prévu que les gens restent en
poste jusqu'à tant qu'ils soient renouvelés ou jusqu'à tant qu'ils soient
remplacés, parce que ça assure la continuité du C.A.
Est-ce qu'il y a eu des enjeux dans le passé
relativement au fait que, certaines personnes, leur mandat était expiré depuis
un certain temps puis que ça n'a pas été renouvelé? La réponse à cette
question-là, c'est oui. Mais cette responsabilité-là revient au ministre. C'est
au ministre à faire en sorte de renouveler son conseil d'administration. Puis
je vous dirais que c'est dans le rôle de l'action de contrôleur, l'action
gouvernementale que ces questions-là peuvent être posées, notamment, à savoir
pourquoi ce n'est pas renouvelé.
Mais l'autre enjeu, c'est le nombre de personnes
qui sont intéressées à occuper ce genre de postes là également. On parle de
postes bénévoles, on parle de postes qui requièrent les soirs, ou les fins de
semaine, ou le fait d'avoir du temps aussi, alors... Et puis il faut avoir des
candidats qui ont une expertise aussi dans ce domaine-là. Donc, ça entraîne
certaines difficultés. Puis, honnêtement, dans certains cas parfois également,
certains sont prêts à rester en poste pour un certain laps de temps ou certains
candidats vont être prêts à un certain moment. Alors, il faut être sûrs d'avoir
la flexibilité nécessaire.
Mais je suis d'accord avec vous que quelqu'un
qui reste là, que son mandat est expiré depuis 10 ans, bien, il faut faire
en sorte soit de le renouveler soit de nommer quelqu'un d'autre. Mais ça se
retrouve sur tous les conseils d'administration de l'État, là, où est-ce que
l'État nomme les gens, cette disposition-là, pour faire en sorte qu'ils restent
en poste. C'est comme une obligation de «caretaker», je pourrais dire.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Bon, trois petites
choses. Je comprends que ce n'est pas toujours facile de trouver du monde, mais
je suis étonné d'entendre le ministre constater cet état de choses que c'est
difficile de trouver du monde. On parle d'un sujet assez important.
Deuxième chose, je respecte et je partage la
préoccupation avec la continuité. C'est pourquoi je me permettais de parler d'une idée, ce serait que la moitié du
conseil reste, s'il le souhaitait, pour un deuxième mandat,
potentiellement, même, un troisième mandat. Alors, la
continuité, il me semble, peut être respectée. Est-ce qu'on peut savoir s'il y
a une contrainte objective sur le plan législatif ou jurisprudentiel, une contrainte
qui rendrait la proposition informelle que je fais irrecevable?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce n'est
pas irrecevable. Tout peut se faire. Cependant, quand on prend différents
exemples... Exemple, dans le Code civil du Québec, qui régit les conseils
d'administration qui ne sont pas prévus par loi, on dit : «La durée du
mandat des administrateurs est d'un an; à l'expiration de ce temps, leur mandat
se continue s'il n'est pas dénoncé.» Même chose à la Loi sur les sociétés par
actions : «Malgré l'arrivée du terme de son mandat et à moins qu'il ne
démissionne, l'administrateur demeure en fonction jusqu'à ce qu'il soit réélu
ou remplacé.» La Loi sur Investissement Québec : «À l'expiration de leur
mandat, les membres du conseil d'administration demeurent en fonction jusqu'à
ce qu'ils soient remplacés ou nommés de nouveau.» Même chose sur la Loi sur la
Société de développement des entreprises culturelles, la SODEC : «À
l'expiration de leur mandat, les membres du conseil d'administration demeurent
en fonction jusqu'à ce qu'ils soient remplacés ou nommés de nouveau.»
Donc, c'est une mécanique qui est fréquente.
Puis, honnêtement, pour combler les différents postes, il faut être sûr de ne
pas mettre non plus l'office, dans ce cas-ci, comme membre, ou un conseil
d'administration à risque par défaut de quorum, notamment.
M. Birnbaum : Bon, alors, je me
permets de constater que le ministre admet que ce serait possible d'assurer,
dans ce projet de loi, le renouvellement. Alors, si l'ambition et les
orientations étaient au rendez-vous, ce serait possible, mais ce n'est pas
l'intention du ministre, si j'ai bien compris.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre, ça va?
M. Jolin-Barrette : Ça va.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...de La Pinière. M. le député.
M. Barrette : C'est quoi, la
traduction française de «caretaker»?
M. Jolin-Barrette : Attendez,
je vais vous dire ça. C'est parce que c'est une expression en politique,
notamment, lorsque...
M. Barrette : Je ne l'ai jamais
utilisée.
M. Jolin-Barrette : ...notamment,
exemple, je donne un exemple, lorsque...
M. Barrette : Non, mais ce
n'est pas un exemple que je veux. C'est quoi, le mot en français?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
une obligation de prendre les mesures raisonnables pour préserver l'intégrité
de la chose publique ou de la mission...
M. Barrette : Ça fait qu'il n'y
a pas de mot en français?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Un
intendant? Un intendant, obligation d'intendance. Mais est-ce que l'obligation
d'intendance fait...
Une voix : Fiduciaire.
M. Jolin-Barrette : Oui, peut-être
plus fiduciaire, oui, un fiduciaire. C'est vrai. Ce serait le bon terme.
M. Barrette : Fiduciaire.
M. Jolin-Barrette : Un
fiduciaire. Exemple, lorsqu'aux élections...
M. Barrette : Ah! ça, on sait
c'est quoi, un fiduciaire.
M. Jolin-Barrette : Oui. Non,
mais ce que je veux dire, pour l'illustrer dans le propos, là, concrètement,
quand les Québécois, en 2018, ont choisi un nouveau gouvernement, vous êtes
demeurés en poste, vous ainsi que la députée de Marguerite-Bourgeoys, vous êtes
demeurés membres du Conseil des ministres jusqu'au 18 octobre, et, durant
ce laps de temps là, en fait, même au moment... La convention constitutionnelle
veut qu'au moment de la dissolution de l'Assemblée vous
aviez une responsabilité davantage de fiduciaires, de ne pas engager,
supposons, des sommes, des fonds publics, et, particulièrement suite à la date
de l'élection, à ce moment-là, votre obligation de fiduciaires est encore plus
renforcée à ce moment-là.
M. Barrette : Correct, c'est
bon. Question autre, Mme la Présidente. Là, là, toujours dans l'esprit d'être
contre le conseil d'administration, si l'office est un régulateur qui applique
les lois, là, est-ce que le ministre peut me donner des exemples, pourquoi ces
gens-là votent sur quelque chose? C'est des exécutants, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
exemple, ils se retrouvent dans une situation où ils approuvent certaines
mesures de l'office. Ils sont constitués en formation, c'est le conseil de
l'office. Et, exemple, le comité de suivi linguistique, il y a un sous-comité
relativement à la réunion des membres du conseil de l'office. Donc, ces gens-là
s'assurent d'approuver certains éléments qui doivent être approuvés par les
membres de l'office. C'est un corps qui est constitué par les différents
membres. En fait, l'office existe en raison de son membership, si je peux dire.
M. Barrette : O.K. C'est un
petit peu obscur, là, ça, là.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais vous prenez l'équivalent avec l'Assemblée. L'Assemblée, elle, existe du fait qu'elle est composée de 125 membres. Et
l'Assemblée... À partir, supposons, de la prise du décret de la dissolution
de l'Assemblée, l'Assemblée n'existe plus,
parce qu'elle n'est plus composée de membres, et elle est reconvoquée par la
suite.
M. Barrette : Oui.
Et ça, c'est un moment, ça, dans la vie de l'Assemblée, là. Elle est dissoute,
elle est reconduite.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, ce que je veux dire, la constitution même d'une assemblée, c'est le fait
qu'il y ait des membres. Alors, c'est la même chose pour l'office.
M. Barrette : Oui, mais, moi,
ma question, c'est : Si la chose, l'Assemblée qui est constituée, qui
étudie une loi puis qui est sous l'autorité du ministre, ou de l'exécutif, ou
des deux vote, c'est parce que c'est quasiment... Ils votent sur quelque chose,
là, ils sont...
M. Jolin-Barrette : ...sur les
programmes de francisation...
M. Barrette : Tu
sais, voter, ça veut dire qu'on est... on n'est pas juste un exécutant, là, on
n'est plus un régulateur.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
une approbation. L'office approuve, c'est des gestes d'approbation, mais les
pouvoirs sont délégués à la présidente...
M. Barrette : Ils vont voter sur
l'approbation d'une directive qui vient d'en haut?
M. Jolin-Barrette : Non, ce n'est
pas sur une directive qui vient d'en haut. C'est, exemple, au niveau...
M. Barrette : Une orientation.
M. Jolin-Barrette : Non. C'est au
niveau de l'exécution de la loi. Exemple, on dit : L'office délivre un
certificat... Suite au programme de francisation, on est rendus au certificat
de francisation, ça fait que l'office, l'office, qui est composé de ses membres,
approuve le certificat. Ce n'est pas un vote, là, c'est une approbation.
M. Barrette : Bien, c'est parce que
moi, quand je vois que le sous-ministre n'a pas droit de vote, c'est parce
qu'il y a des votes en quelque part.
M. Jolin-Barrette : Bien, il
n'approuve pas. Il participe aux réunions.
M. Barrette : Je comprends, mais il
n'a pas droit de vote. Ça, c'est assez explicite pour dire que les autres ont
un droit de vote.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais il ne
se prononce pas sur le contenu.
M. Barrette : Bien, comment on peut
voter sans se prononcer sur le contenu?
M. Jolin-Barrette : Il ne fait pas
de geste positif d'approbation.
M. Barrette : Bien, comment on peut
voter sans se prononcer sur le contenu?
M.
Jolin-Barrette : Bien, ce que je veux dire, l'office, là, ils
regardent si le contenu du dossier fait en sorte qu'ils peuvent approuver. Si
les membres de l'office ne sont pas en accord, ils trouvent que le certificat
de francisation... la procédure de francisation n'a pas
été respectée, il ne sera pas émis s'ils n'ont pas la majorité des membres qui
sont en faveur.
M. Barrette :
Eh bien! Parce que, moi, il me semble que le certificat de francisation,
c'est une check-list, là. Ce n'est pas une affaire sur laquelle on fait une
dissertation ou un débat.
M.
Jolin-Barrette : Bien, il faut voir le dossier au niveau du service de
francisation pour voir si le programme de francisation a été suivi.
M. Barrette :
Bien oui, ce sont des éléments à constater, non pas à débattre.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais c'est ça. Mais
les membres, pour pouvoir le constater, analysent le dossier et
disent : Est-ce que le dossier permet
d'émettre le certificat de francisation? Et c'est les membres de l'office qui
ont ce pouvoir-là.
M. Barrette :
O.K. Donc, ça dénature, pour moi,
un petit peu le sens du mot «voter». C'est plus une approbation. Mais
parce que voter, c'est voter, là. La raison pour laquelle je dis ça, Mme la Présidente,
je pense que le ministre a compris, là, c'est parce que n'importe quoi qui
ressemble à un comportement de conseil d'administration, c'est un conseil
d'administration. Ça, ça ressemble à ça.
M.
Jolin-Barrette : Ça ressemble, mais ce n'est pas ça.
M. Barrette :
Bien, si c'est juste de l'approbation, enlevez le mot «vote», là, puis...
une approbation, là. C'est parce que, ces nominations-là, le ministre l'a dit,
là, hein, il y en a beaucoup, hein, qui sont passées dues, là, j'imagine.
M.
Jolin-Barrette : À l'OQLF?
M. Barrette :
Oui.
M.
Jolin-Barrette : Aucune.
M. Barrette :
Aucune, actuellement? Il y en a déjà eu dans le passé.
M. Jolin-Barrette : Bien, il y en a déjà eu
dans le passé, mais d'où la responsabilité du ministre de s'en occuper.
M. Barrette :
Alors, sur la question des nominations, là, le ministre m'a informé tout à
l'heure, Mme la Présidente, qu'il n'y avait pas de critère, il n'y en avait
pas, c'est aussi simple que ça. Il n'y en a pas formellement, ils ne sont pas
formalisés. Bon, y a-tu un appel de candidatures?
M.
Jolin-Barrette : Il peut y avoir un appel de candidatures, mais pas
dans tous les cas.
M. Barrette :
Ah bon! Alors, d'abord... Donc, il y en a dans certains cas puis il n'y en
a pas dans certains cas.
M.
Jolin-Barrette : Non, non, mais ma réponse n'est pas pour l'OQLF, là.
• (12 h 50) •
M. Barrette :
Bien, je parle de l'OQLF, moi, là, là.
M.
Jolin-Barrette : Non, je ne crois pas qu'il y a eu d'appel de
candidatures.
M. Barrette :
Donc, c'est des nominations discrétionnaires.
M.
Jolin-Barrette : Comme sur les conseils d'administration.
M. Barrette :
Non, parce que, dans un conseil...
M.
Jolin-Barrette : Oui.
M. Barrette :
Bien, moi, je peux parler pour ma paroisse, là, de laquelle je ne suis plus
le curé...
M.
Jolin-Barrette : Vous avez été excommunié.
M. Barrette :
Totalement. Et, non, quand je regarde ce que le ministre actuel fait,
disons qu'on va dire que...
M.
Jolin-Barrette : Mais vous savez que, dans l'histoire de l'Église, il
y a eu des schismes...
M. Barrette : ...disons qu'il a bien
lu l'Évangile, selon moi, là.
M. Jolin-Barrette : Il
y a eu des schismes, puis ça arrive, des fois, qu'il y a réconciliation. Il y a
rédemption aussi.
M. Barrette :
Oui, mais disons que...
M.
Jolin-Barrette : Il y a l'achat d'indulgences aussi.
M. Barrette :
Bien, Mme la Présidente, on ne peut pas dire que, de son bord, on est dans
l'orthodoxie. Mais ce n'est pas grave, là. Ceci... Ce n'est pas grave.
Ceci étant dit, donc,
il y a des cas où il y a... Bien, résumons, là. Il y a des cas où il y a des
appels. Moi, les appels de candidatures, ça... Puis je vais même aller plus
loin, là, hein, il y a des organisations, que je connais bien, que non
seulement il y a des appels de candidatures pour les conseils d'administration,
mais il y a des comités de nomination. Je veux juste dire au ministre, là,
qu'il n'y a pas un seul membre de conseil d'administration au Québec, sous moi,
qui n'est pas passé par un comité de nomination indépendant. On a fait des
recommandations, je vais choisir parmi les finalistes. Ça, c'est normal, à un
moment donné. Mais il y a eu les deux, puis c'est vrai. Le ministre me regarde
avec un grand étonnement. Je suis étonné qu'il soit étonné, parce des gens
rigoureux, ça existe.
M.
Jolin-Barrette : Oui, oui, tout à fait. Mais, si le député de
La Pinière veut discuter de la gouvernance des CISSS et des CIUSSS et des
nominations des P.D.G., moi, je suis prêt à en discuter longuement.
M. Barrette :
Ah! bien, n'importe quand. Je
veux dire, ces nominations-là ont été faites par des recommandations de
comités indépendants qui, dans les deux cas... Parce qu'il y avait deux comités
indépendants. Dans la grande région de Montréal, c'était l'IGOPP. Ailleurs au
Québec, c'était l'ENAP. J'imagine que c'est des organisations qui, aux yeux du ministre,
sont respectables.
M.
Jolin-Barrette : Tout à fait.
M. Barrette :
Bon, fin de la discussion. Alors donc, ici, je comprends que, là, il n'y a
pas d'appel de candidatures et il n'y a donc pas de processus ou de procédure
d'analyse des candidatures. Ça devient discrétionnaire.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement, ce sont des nominations qui sont
présentées par le ministre.
M. Barrette :
Bon, mais discrétionnairement.
M.
Jolin-Barrette : Bien, dans tous les cas, les nominations de l'État
québécois, là, sont faites de façon discrétionnaire également...
M. Barrette :
Avec ou sans procédure préalable.
M.
Jolin-Barrette : Avec ou sans.
M. Barrette :
Et, dans le cas présent, sans.
M. Jolin-Barrette :
Effectivement.
M. Barrette :
Alors donc, on peut supposer que, disons, le rajeunissement ou la
modernisation de l'esprit de l'organisation pourrait ne pas être au rendez-vous
ou, pire, stagner.
M.
Jolin-Barrette : C'est une allégation que vous faites.
M. Barrette :
Non, c'est une supposition, ce n'est pas une allégation. Si c'était une
allégation, ce serait presque une accusation. Mais ce n'est pas une allégation,
c'est une supposition.
M.
Jolin-Barrette : D'accord.
M. Barrette :
Voilà. O.K. Et le ministre n'a pas l'intention de revoir ça.
M.
Jolin-Barrette : Non.
M. Barrette :
Alors, comme c'est souvent le cas dans certaines instances, il y a des
nominations pour acheter la paix. C'est comme les décisions qu'on voit
actuellement en santé avec les syndicats. On achète la paix et, dans le cas
actuel, on l'achète avec des vrais dollars. Mais ce n'est pas grave, Mme la
Présidente, c'est hors d'ordre. Je ne veux pas continuer là-dessus. Mais je me
suis fait un petit plaisir personnel, ponctuel, alors... Mais donc le ministre
n'est pas... ne voit pas d'utilité à revoir cette façon de faire là.
M. Jolin-Barrette : Non.
M.
Barrette : O.K. Bon, bien, c'est dommage, parce qu'honnêtement Mme la
Présidente, là, je ne veux pas faire un grand débat puis reprendre les propos
que ma collègue a dits, là, a entamés, peut-être terminés, je ne sais pas, là,
parce que c'est son choix, mais il y a une utilité à un conseil d'administration,
là, il y a une utilité. Le problème des conseils d'administration, c'est quand
ils sont dirigés plutôt par le P.D.G. plutôt que d'avoir leur indépendance.
Mais, dans l'orientation ou le développement d'une organisation et/ou d'une
entreprise...
Ce qui est amusant
dans le public, Mme la Présidente, je vais faire un petit éditorial ici, ce qui
est étonnant et malheureux dans l'espace public, c'est que les principes qui
fonctionnent dans le monde privé, principes qui fonctionnent avec des
motivations qui sont dans l'intérêt de l'organisation, on ne peut jamais les
appliquer au public. Dans une entreprise privée, l'intérêt du conseil
d'administration est toujours la progression, le succès de l'organisation, et,
dans ce cas-là, dans le privé... Oui. Non, c'est correct. Le ministre me fait
des signes de dollar. Probablement qu'il veut dire «le profit». Bien oui, bien,
l'intérêt de...
M.
Jolin-Barrette : Des actionnaires.
M. Barrette :
Bien, l'intérêt des actionnaires...
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est l'intérêt des actionnaires.
M. Barrette :
Bien oui, tout à fait. Il n'y a pas de problème. Il n'y a pas de problème
avec ça. Mais l'entreprise qui travaille... le conseil d'administration qui
travaille dans l'intérêt des actionnaires, obligatoirement, passe par la
performance de l'entreprise et doit prendre les décisions dans un équilibre qui
fait en sorte que l'entreprise progresse et soit un succès. Ça, ça va dans le
cas...
M.
Jolin-Barrette : Mais vous comparez des pommes avec des oranges.
M. Barrette :
Je fais exprès.
M.
Jolin-Barrette : Bien oui, mais l'office...
M. Barrette :
Mais ces principes-là peuvent se transposer au public...
M.
Jolin-Barrette : Ça dépend des circonstances.
M. Barrette :
...mais on ne le fait jamais, jamais, jamais. Alors, c'est dommage. Puis je
sais pourquoi. Puis je vais finir là-dessus, il me reste à peu près juste une
minute, je dirais, là, 1 min 30 s. Alors, Mme la Présidente, ça
ne se fait pas parce que, s'il y avait un conseil d'administration, à l'OQLF,
et que les gens qui étaient nommés là-dessus et qui travaillaient dans
l'intérêt ultime et maximal de la langue française... ils pourraient réclamer
ou proposer des actions qui, elles, évidemment, commanderaient des budgets. Et
évidemment la partie budgétaire est la prérogative de l'État, et rarement
l'État met les budgets adéquats, dans n'importe quelle de ses activités, ce qui
fait que... Pardon?
M.
Jolin-Barrette : ...et c'est pour ça que le commissaire va être nommé
et que lui va avoir cette fonction-là.
M. Barrette :
Oui, mais le commissaire n'aura pas le pouvoir du dollar, ne l'aura jamais.
Il va avoir un pouvoir de commentaire.
M.
Jolin-Barrette : Mais les C.A. non plus n'ont pas le pouvoir du
dollar, non plus. Puis surtout il y a une obligation de loyauté envers le C.A.,
envers l'organisation...
M. Barrette :
Oui. Alors là, ici, le conseil
d'administration aurait un devoir de loyauté envers la langue française,
ce qui devrait... une chose qui devrait exciter le ministre. Je vois, Mme la
Présidente, que le ministre est affamé, alors...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le député.
Donc, compte tenu de
l'heure, la commission suspend...
M.
Jolin-Barrette : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : Vous
êtes prêts à voter? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article?
M. Barrette :
...
La Présidente (Mme
Guillemette) : On pourrait voter l'amendement tout de suite.
Mme David : ...
La
Présidente (Mme Guillemette) : Puis on peut le voter cet après-midi
aussi.
Donc, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi. Merci et bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 h 07)
Le Président (M.
Ciccone) : Votre attention, s'il vous plaît! La Commission de la
culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Nous poursuivons
l'étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et
commune du Québec, le français.
Lors de la suspension
ce midi, la commission était à l'étude d'un amendement visant à modifier
l'article 101 du projet de loi et proposé par la députée de
Marguerite-Bourgeoys. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cet
amendement? Mme la députée, à vous la parole.
Mme David : La
première question : Combien me reste-t-il de secondes?
Le Président (M.
Ciccone) : Il vous reste 55 secondes.
Mme David : C'est
ça que je pensais, M. le Président. Alors... Mais je pense que je vais
conclure, parce que je ne pense pas qu'il y ait tellement d'autres intervenants
après moi, conclure que je continuerai être déçue, mais que je trouverai
d'autres façons de revenir à la charge, parce qu'il y a d'autres articles qui
se prêtent à ça dans les prochains que nous allons faire. Alors, vous allez
être tannés de m'entendre là-dessus, mais j'ai quand même plus d'un tour dans
mon sac, M. le Président. Donc, cet amendement-là va être passé aux voix. Je
pense qu'il n'y a pas d'autre issue.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, madame. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors, s'il n'y
a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Ciccone) : ...vous avez le droit de l'inscrire. Alors, l'article
est... l'amendement est rejeté. Nous allons maintenant passer à... On continue
sur l'article 101. Est-ce qu'il y a des interventions?
Mme David : Là
aussi, mais je pense que je n'avais plus beaucoup de temps, de toute façon.
Alors, voilà, je... L'article 101, vous remarquerez, vous tombez bien, M.
le Président...
Le Président (M.
Ciccone) : Huit minutes, Mme la députée.
Mme David : Ah!
O.K. Donc, vous tombez bien, c'est l'article 101 pour modifier la
loi 101. Alors, c'est assez emblématique. Et on discutait de la
composition de l'office, et c'est intéressant, parce que le ministre parle de
huit membres, six personnes pour un mandat d'au plus cinq ans. En ce moment, en
tout cas, dans le dernier rapport annuel de 2021, il y avait... J'y arrive dans
quelques secondes. Au 31 mars 2020, il y avait six membres et seulement
quatre membres externes. Est-ce que c'est encore le cas?
M. Jolin-Barrette :
Non. Dans le fond, tous les postes sont comblés à l'OQLF. Il y en a qui ont
été nommés au cours de l'année 2020. Alors, voyez-vous, ceux que... Les
fins de mandat, là, que... pour les gens, c'est le 28 janvier 2025,
4 février 2025, 28 avril 2025, 28 avril 2025, 28 avril 2025
puis 8 décembre 2025. Donc, tout le monde a été renouvelé, puis, dans le
fond, la présidente-directrice générale de l'OQLF vient de voir son mandat
renouvelé par le gouvernement d'une année.
• (15 h 10) •
Mme David :
Là, vous parlez de mandats renouvelés. Justement, ça m'amène à ma prochaine
question. En 2020 — on
a toujours la liste dans les rapports annuels — il y a un membre que... ce
n'est pas nécessaire de le nommer, mais c'est pour montrer, faire la preuve de
ce que je disais, dont il est écrit : Monsieur X, membre dont le
mandat a été renouvelé le 4 mai 2011. Et c'est le rapport du 31 mars
2020, et il est peut-être encore là dans votre liste.
M. Jolin-Barrette :
Non, il n'est pas là.
Mme David : Mais est-ce que vous
comprenez ce que je veux dire? Un mandat renouvelé en 2011, c'est-à-dire
qu'il a déjà eu au moins un mandat, sinon deux avant. Là, vous ajoutez cinq
ans. Ça veut dire que ça fait 10 ans de ça. On est rendus à 15 ans.
M. Jolin-Barrette : Mais, avec
égards, vous-même, vous avez occupé les fonctions que j'occupe, alors, ce
membre-là, vous saviez que son mandat était échu. Vous auriez pu le changer ou
le renouveler.
Mme David :
Vous pouvez m'accuser de tous les maux, M. le ministre, je n'en ai cure,
parce que ce que je vous dis, c'est qu'il faut améliorer ces pratiques-là.
M. Jolin-Barrette :
Je comprends, mais ce que je veux dire : C'est la prérogative du
ministre.
Mme David :
Mais vous comprenez que ce genre de chose peut arriver facilement. C'est
arrivé dans le passé. On n'a pas de mécanisme d'alerte. On n'a pas de C.A. On
n'a aucun mécanisme qui empêche, c'est ce qu'on va voter, là, de demeurer en
fonction jusqu'à tant que quelqu'un se réveille.
M. Jolin-Barrette :
Mais en fait tous les C.A. du gouvernement, de l'État, sur lequel l'État
nomme les membres, ils sont construits comme ça. Tout à l'heure, je vais faire
la nomenclature des différentes lois, et c'est prévu comme ça. Mais là, si le
ministre ne renouvelle pas, c'est sa responsabilité ministérielle, là, qui est
en cause. Il doit s'occuper de ses organismes, là, qui sont sous sa
responsabilité.
Mme David :
...peut-être aux gens qui connaissent bien ça, qui sont autour de lui, de
l'alerter à ça, mais ce que je veux dire, c'est que le message ne circule pas
nécessairement. Et je l'ai vu dans d'autres ministères, là. Ce n'est pas ni
vous ni moi qui sommes en cause, c'est... Il faudrait qu'il y ait un petit...
des petites directives données aux ministres, quand ils deviennent ministres,
là, du secrétaire général ou je ne sais trop : Attention, mettez à jour
vos... les organismes dont vous avez la responsabilité.
M. Jolin-Barrette :
Je suis d'accord avec vous, mais c'est, légalement, la responsabilité du
président-directeur général d'alerter le ministre...
Mme David :
Aussi.
M. Jolin-Barrette :
...pour dire : M. le ministre, j'ai des membres sur mon conseil... sur
mon... j'ai des membres de l'office qui sont dus pour être renouvelés ou pour
être changés.
Mme David :
J'adore votre lapsus.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est parce que...
Mme David :
Vous l'avez dit.
M. Jolin-Barrette :
...on en parle depuis tout à l'heure. Donc, c'est normal que...
Mme David :
C'est sorti spontanément de votre bouche.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça, exactement.
Mme David :
Je le retiens, je le retiens, parce que j'ai lu beaucoup, depuis qu'on
s'est quittés tout à l'heure, sur l'office, et plus je lis, plus je suis
convaincue de mon idée. Mais que voulez-vous? Alors, c'est tout pour l'instant,
M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 101? Non? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 101 est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Ciccone) : Sur division. C'est noté. Maintenant, nous allons passer à
l'article 102. M. le ministre, à vous la parole.
M. Jolin-Barrette :
Oui. L'article 165.3 de cette charte est modifié par le remplacement,
dans le deuxième alinéa, de «131 à 133, 139, 143 et 151» par «128.6 à 134.6,
139, 143, 146.1, 146.2, 149 et 151 ainsi que des dispositions du
titre III.1».
Commentaire.
L'article 102 du projet loi propose de modifier l'article 165.3 de la
Charte de la langue française afin de simplifier et d'accélérer l'action de
l'office. À cette fin, il ajoute des actes à ceux qui peuvent être posés par le
président-directeur général de l'office plutôt que par tous les membres de
l'office agissant comme un corps.
Le Président (M.
Ciccone) : Vous comprenez, M. le ministre, qu'il y a des gens qui vous
écoutent à la maison, puis ils suivent ça comme un téléroman. Peut-être
ralentir un peu votre explication, c'est très important.
M. Jolin-Barrette :
Ils sont habitués à notre rythme.
Le Président (M. Ciccone) : Formidable,
parfait. À vous la parole, Mme la députée.
Mme David : M. le Président, je vous dirais qu'il parlait très
lentement, le ministre. Attachez vos patins, ça patine vite.
M. Jolin-Barrette : ...patine pas
sur la bottine.
Mme David : Alors, nous sommes à
165.3, où vous changez des noms. Ça n'a l'air de rien, mais j'ai quand même une
question. Ça me permet de poser la question : Qu'est-ce que ça vient
faire, «l'office peut lui déléguer tout autre
pouvoir ou fonction»? Donc, l'office, qui est formé de membres nommés comme ci,
comme ça, a un P.D.G., mais ces membres-là, qui ne sont pas imputables,
etc., qui sont non rémunérés, peuvent donner tout pouvoir ou fonction?
M. Jolin-Barrette : Oui, ils peuvent
déléguer... Dans le fond, l'office... Lorsqu'on parle de l'office, et, tout à
l'heure... Ça revient à la question du député de La Pinière, de quelle
façon il fonctionne, bien, c'est... Lorsque la fonction n'est pas
spécifiquement attribuée au président-directeur général par la Charte de la
langue française, c'est l'office qui décide. Donc, l'office, comment il est
constitué, c'est l'office... le président-directeur général plus les autres
membres de l'office qui prennent la décision, mais ils peuvent décider de
confier certains pouvoirs au président-directeur général, en outre de ce qui
est prévu à la loi.
Mme David : ...
M. Jolin-Barrette : Bien, comme...
Supposons, là, les certificats de francisation, l'approbation des certificats
de francisation, les membres de l'office pourraient décider de déléguer ça à la
responsabilité du président-directeur général de l'office.
Mme David : Mais vous ne trouvez pas
que c'est une gouvernance à l'inverse? C'est du «bottom up» beaucoup, là. C'est
comme... Les membres peuvent décider qu'ils confèrent au président des
fonctions qui, d'habitude, sont conférées au même président par le ministre,
pas par les membres autour.
M. Jolin-Barrette : Non, mais parce
que ce qu'il faut comprendre... La structure de la Charte de la langue
française, là, c'est que, parfois, il y a certains pouvoirs dans la loi qui
sont indiqués : L'office décide que... l'office détermine... Puis vous
avez d'autres pouvoirs que c'est : Le président-directeur général de
l'office fait ceci, ceci. Ce que l'article faisait déjà, O.K., c'est qu'il
permet aux membres de l'office de dire : Écoutez, pour certaines
situations, au lieu que ce soient les membres de l'office, donc, l'office dans
son corps entier, bien, que ce soit attribué au directeur... au président-directeur
général de l'office, un peu comme quand le ministre, dans un ministère, par le
biais de son sous-ministre, délègue certains pouvoirs. Donc, ultimement, c'est
le ministre qui est responsable, mais, ce que je veux dire, il vient confier
l'exercice de certains pouvoirs en délégation. Dans chacun des ministères,
notamment quand vous étiez au ministère de la Culture, il y avait des
délégations qui sont faites pour certains fonctionnaires.
Mme
David : Évidemment, c'est ce que je dis, c'est fait de
haut en bas. Mais là on fait une délégation de bas en haut.
M. Jolin-Barrette : Bien, pas
nécessairement, parce que, dans le fond, le président-directeur général, là, de
l'office, là, il est... supposons, prenons votre exemple, il est en haut, O.K.,
mais il est aussi un exécutant de l'office en soi. Il occupe un siège comme
membre de l'office, mais c'est également un exécutant de l'office.
Mme David : Donc, il n'a de pouvoir
que le nom, puisque les autres, qui ne sont pas rémunérés ou à peu près pas,
frais de déplacement, ou tout ça, peuvent... C'est de la... C'est un système de
cooptage très égalitaire.
M.
Jolin-Barrette : Non, non. Il y a certaines fonctions qui sont
attribuées au P.D.G., O.K., mais il y a certaines autres fonctions qui
sont aux membres de l'office, dont le P.D.G. est membre. Mais les membres
peuvent décider, conformément à ce qui était prévu, là... Déjà, à 131 à 133,
139, 143, 151, c'était déjà prévu que les membres pouvaient confier certaines responsabilités au
président-directeur général, comme dans un C.A. Normalement, il y a certaines
fonctions du C.A. qui peuvent être déléguées, supposons, au directeur général
ou au président-directeur général de l'organisation.
Mme David : Mais en cas... parce
qu'il faut toujours, en gouvernance, penser à la politique du pire, s'il y a
une plainte d'une entreprise qui ne reçoit pas son certificat de francisation
puis qui décide que, là, franchement, là, pas d'accord avec ça, puis ça se
retrouve en cour, qui est imputable dans cet office-là? Qui va en cour plaider
la décision?
M.
Jolin-Barrette : Dans le fond, ils n'ont pas de personne morale,
l'OQLF. Donc, c'est l'État qui se retrouve en cour.
Mme David : Le DPCP?
M. Jolin-Barrette : Bien, lorsque,
supposons... Vous, vous faites référence à une poursuite pénale?
Mme David : Bien, une poursuite de
n'importe quoi, là. Une poursuite de quelqu'un qui n'est pas content de ne pas
avoir eu son certificat ou d'avoir eu une étape avec laquelle il n'est pas
d'accord, il veut contester quelque chose, puis, vraiment, ça va mal, là, entre
les deux, puis ça se retrouve en cour.
M.
Jolin-Barrette : Bon, c'est le Procureur général du Québec.
Mme David : Puis l'office va venir,
mais qui va être imputable dans l'office?
M. Jolin-Barrette : Non, mais...
Exemple, vous voulez dire : S'il y a un interrogatoire?
Mme David : S'il y a un
interrogatoire.
M. Jolin-Barrette : Bon, bien,
l'interrogatoire dépend de qui y est assigné puis qui, la partie, veut être
assigné. Mais, exemple, supposons qu'il y a une contestation en droit
administratif, exemple, je veux avoir mon certificat de francisation, vous ne
me l'avez pas donné en vertu de la Loi sur la justice administrative, à ce
moment-là, c'est le Procureur général du Québec qui prend fait et cause pour
l'office, parce qu'il n'a pas de personnalité morale distincte. Donc, c'est le
Procureur général qui représente, c'est l'État. Lorsqu'on est en matière
pénale, là, à ce moment-là, c'est le Directeur des poursuites criminelles et
pénales qui agit à titre de poursuivant pour l'office.
Mme David : Puis, si le ministre
veut taper sur les doigts de quelqu'un parce que, vraiment, il y a eu quelque
chose qui n'a pas de bon sens...
M. Jolin-Barrette : Vous voulez dire
de la part de l'office?
Mme David : Oui. Sur qui, vous, vous
tapez? Sur quels doigts vous tapez?
M. Jolin-Barrette : Le
président-directeur général.
• (15 h 20) •
Mme David : Donc, là-dessus, il est
imputable. Là, c'est vraiment le patron. C'est lui qui risque de perdre sa job,
pas un des membres de l'office. Vous n'avez aucun pouvoir sur les membres de
l'office.
M. Jolin-Barrette : Bien, les
membres de l'office, à partir du moment où ils sont nommés pour x temps,
ils sont nommés pour x temps.
Mme David : Oui, mais, admettons
qu'ils font une décision que vous jugez, vous, là, déraisonnable, très
mauvaise, là, si... quel est le pouvoir du ministre sur cette entité qui
s'appelle l'office?
M. Jolin-Barrette : Bien, le Conseil
des ministres a toujours la juridiction pour nommer des membres... les membres,
nommer le président-directeur général.
Mme David : Ou dénommer.
M. Jolin-Barrette : Là, il faudrait
voir relativement à des cas d'application comme ça, mais je ne pense pas que
c'est déjà arrivé.
Mme David : Bien, écoutez, tant
mieux pour vous, là. Mais on peut occuper des fonctions où, comme ministre, on
est obligé de prendre des sanctions à l'encontre d'un directeur général de
collège, ou d'un recteur d'université, même, ou d'un directeur général d'une
institution. L'office est-elle protégée contre toute forme de mauvaise humeur
bien fondée d'un ministre?
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, les décisions ne doivent pas être
prises en fonction de l'humeur d'un ministre ou non.
Mme David : Non, mais vous savez ce
que je veux dire, là. Il s'est passé quelque chose de vraiment pas correct.
Quel est votre pouvoir, comme ministre, par rapport à l'OQLF, puisqu'il n'y a
pas de conseil d'administration, puisque c'est nommé d'une façon, bon...
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
très certainement, l'office se rapporte au ministre, et donc le ministre a
toute la latitude pour indiquer ce qu'il attend de l'office en soi.
Mme David : Ça m'étonne que vous ne
disiez pas : Peut-être que le secrétaire général devrait être impliqué
puis qu'il y aurait une fin de contrat ou de mandat pour le ou la P.D.G. de
l'office. Ça existe, ça, en termes de hauts fonctionnaires, là. On a vu à peu
près tout dans ce... déplacé dans un autre ministère...
M. Jolin-Barrette : Bien, le Conseil
des ministres conserve toujours la latitude d'agir sur un titulaire d'un emploi
supérieur.
Mme David : Voilà
la bonne réponse. C'est ça, la réponse, dans le fond, sauf qu'il y a un article
juste après, qui n'est pas dans votre projet de loi puisque vous n'y faites pas
de changement, mais il est bien dit qu'en cas d'absence ou
d'empêchement du P.D.G. il est suppléé par un autre membre de l'office désigné
par le ministre dans ce cas-ci. Là, on n'est
plus du tout dans la cooptation, les gens qui donnent des mandats. Là, le
P.D.G. n'est pas là, c'est le ministre qui nomme quelqu'un. Ça veut dire
que vous avez un pouvoir de nomination sur les membres qui sont autres que le
P.D.G.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement, le pouvoir de nomination entraîne le
pouvoir de retrait également. Et donc, dans le fond, pour suppléer la vacance à
la présidence, le ministre va pouvoir désigner un autre membre pour occuper la
charge de président-directeur général en cas d'empêchement.
Mme David : Ce
qui est bizarre, c'est que tous ces modes de gouvernance... Je vous parle
souvent de 2002, là, puis de la loi n° 104. On
est là-dedans, là. C'est tout du 2002, ça. Je me demande comment ça marchait
avant, parce ça a été créé en 1977, l'OQLF, puis ça, ça arrive en 2002, puis il
ne s'est rien passé avant, puis il ne s'est rien passé après, si je comprends
bien, puis vous, vous ne touchez à rien de tout ça.
M.
Jolin-Barrette : Non, mais, avant, il y avait eu l'Office de la langue
française qui avait été créé par...
Mme David : L'office
et non pas l'OQLF. C'était l'office...
M.
Jolin-Barrette : ...de la langue française, l'OLF.
Mme David : Mais,
en 2002, c'est là qu'on a mis ces règles de gouvernance là, puis, si je
comprends bien, il ne s'est rien passé depuis ce temps-là, et là on continue
avec les mêmes fonctions, puisque le prochain... la prochaine chose s'en vient
à 165.8. Pardon?
M.
Jolin-Barrette : Il y a un drôle d'entête sur votre document.
Mme David : Il
y a un drôle d'entête sur mon document? Quel document?
M.
Jolin-Barrette : Le document que vous aviez dans les mains.
Mme David : Celui-là?
Bien oui, bien oui, c'est très intéressant. C'est une analyse avec ce qui est
changé puis ce qui est nouveau. Il n'y a
aucun commentaire. Il n'y a aucun... Très utile. Ça devrait être fait comme ça,
ces trucs-là. C'est un très bon bureau d'avocats. C'est vraiment très
utile.
M.
Jolin-Barrette : Est-ce que c'est eux qui vous conseillent?
Le Président (M.
Ciccone) : Est-ce qu'on peut rester sur l'article et le sujet?
M.
Jolin-Barrette : Mais c'est pertinemment sur l'article. Je crois qu'il
est écrit sur ce document...
Le Président (M.
Ciccone) : On parle...
M.
Jolin-Barrette : Est-ce qu'on peut demander le dépôt pour la commission?
Mme David : Bien
non...
Le Président (M.
Ciccone) : ...madame?
Mme David : Bien
non, il n'en est pas question. C'est juste la loi avec du rouge puis du noir.
C'est mes notes personnelles.
M.
Jolin-Barrette : C'est des notes personnelles.
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
si vous voulez bien, on va revenir, là, à l'article. Ça allait très bien, là.
Il y avait une belle discussion. On va rester sur le sujet de
l'article 102, si vous voulez bien, chers collègues.
Mme David : Ça
va.
Le Président (M.
Ciccone) : Ça va? Y a-t-il d'autres interventions? Non? Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix de l'article 102. Est-ce que l'article 102 est adopté? Adopté.
Nous allons maintenant passer à l'article 103. M. le ministre, à vous la
parole.
M.
Jolin-Barrette : Oui. L'article 165.8 de cette charte est modifié
par la suppression du cinquième alinéa.
L'article 103 du
projet de loi modifie l'article 165.8 de la Charte de la langue française
par concordance avec le remplacement de l'article 47 de la charte que
propose l'article 37 du projet de loi. Suivant le droit nouveau, l'office
ne fera plus de médiation.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il des interventions? Mme la députée?
Mme David : Non.
Le Président (M. Ciccone) : Pas
d'intervention. Alors, s'il n'y a pas d'intervention, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix de l'article 103. Est-ce que l'article 103
est adopté? Adopté. Nous allons maintenant passer à l'article 104.
M. Jolin-Barrette : L'article 165.10
de cette charte est remplacé par le suivant :
«165.10. L'office doit transmettre annuellement
au ministre, dans les quatre mois de la fin de l'année financière, un rapport
de ses activités pour cette année financière.
«Le ministre dépose ce rapport à l'Assemblée
nationale dans les 30 jours de sa réception ou, si elle ne siège pas, dans
les 15 jours de la reprise de ses travaux.»
Commentaire. L'article 104 du projet de loi
propose de remplacer l'article 165.10 de la Charte de la langue française
afin d'assurer la cohérence de cet article avec les dispositions introduites
par le projet de loi qui prévoient le dépôt de documents à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
des interventions sur l'article 165.10 proposé à l'article 104?
Mme David : Oui, M. le Président. Je
vais faire... lancer des fleurs au ministre, et je vais lui dire que c'est très
bien qu'il y ait un rapport annuel et un rapport des activités pour l'année
financière, et c'est très bien que le ministre dépose ce rapport à l'Assemblée
nationale dans les 30 jours de sa réception ou, si elle ne siège pas, dans
les 15 jours de la reprise de ses travaux. Pourquoi je dis ça, c'est parce
que je suis d'accord avec lui qu'il faut qu'il y ait plus de transparence pour
qu'on puisse suivre les travaux. Et il faut que le ministre n'oublie pas,
justement, que l'OQLF est une entité, et là on le voit, à quel point c'est une
entité liée au ministère, qui va devenir le ministère de la Langue française,
et au ministre. Alors, c'est très, très important qu'il puisse transmettre,
comme plein d'autres organismes, des rapports d'activité annuels. Donc, je suis
pour, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article est adopté, sur
l'article 104?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ciccone) : Formidable.
M. le ministre, l'article 105.
M. Jolin-Barrette : Oui.
105, M. le Président : L'article 165.12 de cette charte est modifié,
dans le premier alinéa :
1° par le remplacement, dans ce qui précède
le paragraphe 1°, de «[...]cinq membres» par «[un] président, désigné par
le gouvernement parmi les membres de l'office qu'il nomme, et des quatre
membres suivants,»;
2° par la suppression du paragraphe 1°.
Commentaire. L'article 105 du projet de loi
modifie l'article 165.12 de la Charte de la langue française afin de
prévoir que les présidents respectifs du Comité d'officialisation linguistique
et du Comité de suivi de la situation linguistique sont nommés par le
gouvernement parmi les membres de l'office qu'il nomme.
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
des interventions? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
• (15 h 30) •
Mme David : Bien oui, vous n'avez
pas grand choix, M. le Président. Alors, c'est moi, c'est moi qui parle et qui
a cette belle conversation avec le ministre. Alors là, on revient, on revient à
la composition des comités maintenant. Ce
n'est plus la composition de l'office, c'est la composition des comités. Donc,
moi, ce que... ce dont je rêve, qui est une vraie direction de la recherche, avec des chercheurs qui ont un
directeur de la recherche, etc., bien, c'est là que c'est le plus
clairement décrit, que ce sont des comités. Il y a deux sous-comités. Il y a le
sous-comité de la... c'est très intéressant, de l'officialisation linguistique — bon,
ça, c'est souvent un peu moins publicisé — et puis il y a un comité de
suivi de la situation linguistique. Et c'est
là, la méprise. Moi, mon rêve, ce n'est pas que ça s'appelle un comité de suivi
de la situation linguistique, c'est que ce soit vraiment une direction
de la recherche sur l'état de la langue française au Québec.
Alors, vous voyez la méprise. C'est parce que,
si on fait juste un comité de suivi de la situation linguistique... Bien oui,
c'est la partie très, très, très quantitative, sociolinguistique, oui, il y a
du social aussi, démographique. Alors, c'est pour ça qu'il y a au moins un
spécialiste de chacun, un en démographie ou l'autre en sociolinguistique, ce
qui est normal, parce que c'est un comité de suivi de la situation
linguistique. Mais je trouve, encore une fois, qu'on aurait dû voir plus grand,
voir plus large, et que ce ne soit pas un comité qui est mis au même niveau
qu'un comité d'officialisation linguistique et que... Je sais qu'il y a un
membre qui est comme le coordonnateur, là, le... «Chacun de ces comités se
compose d'un président, désigné par le gouvernement parmi les membres de
l'office qu'il nomme, et des quatre membres suivants», donc le secrétaire,
«trois personnes qui ne sont pas membres de l'office ou de son personnel, pour
un mandat d'au plus quatre ans».
Alors, ce qui est
intéressant, c'est que ces personnes-là, quand on regarde ça, sont des
personnes, encore une fois, non rémunérées. Donc, on n'est pas dans la perspective
d'un centre de recherche qui a beaucoup, beaucoup de marge
de manoeuvre. On est vraiment dans un comité de suivi de situation linguistique
avec des chercheurs qui sont rémunérés pour
leurs déplacements. C'est ce que j'ai compris. Rémunérés... Ce n'est pas ça,
c'est des frais de déplacement.
Alors, il est bien
écrit :
«165.13. Les membres
de ces comités ne sont pas rémunérés, sauf dans les cas [ou] aux conditions et
dans la mesure que peut déterminer le
gouvernement.» Puis, bon : «Ils ont [...] droit au remboursement des frais
raisonnables engagés par eux dans l'exercice de leurs fonctions...» Ça,
ça veut dire le lunch, le stationnement, la passe d'autobus, peut-être.
Alors, je trouve que
c'est dommage, parce que ça pourrait être beaucoup plus ambitieux, comme
projet, de faire de la recherche. Parce qu'on sait, et je l'ai dit tout à
l'heure, que, malheureusement, dans les derniers 25 ans, la recherche en
langue française a beaucoup, beaucoup diminué, beaucoup, beaucoup, dans les
universités, beaucoup. Et donc ça prendrait plus de chercheurs, ça prendrait
plus de visibilité, ça prendrait, pour moi, une division de la recherche, là,
qui devient un leader en termes de langue française.
Et là ce que je
comprends, c'est qu'il n'y a pas de gros changement, sinon que vous
ajoutez : «Un président, désigné par le gouvernement parmi les membres de
l'office qu'il nomme — donc,
un de ceux dont on parle depuis tout à l'heure — et des quatre membres
suivants, nommés par l'office», et là c'est un secrétaire, bon, ça va, trois
personnes qui ne sont pas membres de l'office, pour un mandat d'au plus quatre
ans.
Mais c'est là qu'on
voit qu'ils sont renouvelables, et ils demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils
soient remplacés ou nommés de nouveau. Il n'y a pas de nombre de mandats
maximum. Alors, ça peut être des années, des années, des années et des années.
Et là-dessus ce que je comprends, c'est que le ministre n'a pas d'autorité
parce que c'est des membres nommés par l'office et renouvelés par l'office à
165.12. Le président est «désigné par le gouvernement parmi les membres de
l'office qu'il nomme, et des quatre membres suivants, nommés par l'office». Et
là-dedans tu as trois personnes qui ne sont pas membres de l'office, pour un
mandat d'au plus quatre ans, mais renouvelables ou nommés de nouveau.
Alors là, on descend
dans l'organigramme, là. Là, on n'est plus dans le comité de huit personnes
nommées par le ministre, puis renouvelables,
et qui restent assises sur leur chaise jusqu'au renouvellement, on est dans les
deux comités, dont votre fameuse direction, qu'on n'appelle pas comme
ça, là, de la recherche, Comité de suivi de la situation linguistique, où, là,
vos membres peuvent rester aussi longtemps que l'office veut bien les garder.
Alors, on est dans l'entre-nous pas mal, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, si je peux juste
ajouter, là, à l'OQLF, il y a une direction de la recherche, de
l'évaluation et de la vérification interne. Donc, les sept chercheurs qu'il y a
présentement, il y a une directrice de la recherche, avec ce poste formel là,
et, dans le fond, la direction de la recherche travaille en collaboration avec,
notamment, le Comité d'officialisation linguistique puis le Comité de suivi de
la situation linguistique aussi.
Donc, l'objectif,
puis, à l'office, c'est comme ça... Tu sais, voyez-vous, la composition, bon,
il y a le président, qui est désigné parmi les membres de l'office, puis les
quatre autres personnes qui vont être sur le comité, bon :
«2° un secrétaire, choisi parmi [le] personnel», ça
fait que lui, c'est le secrétaire du comité, qui est un fonctionnaire;
«3° trois personnes qui ne sont pas membres de
l'office ou de son personnel, pour un mandat d'au plus quatre ans.» Ça, ça veut dire, c'est des gens à l'externe, mais
c'est... c'est des personnes qui sont choisies en fonction de leur profil,
qui connaissent ça pour être sur le Comité
d'officialisation linguistique ou sur le Comité de suivi de la situation
linguistique.
Ça fait que vous avez
un peu ce que... ce que vous recherchez, parce qu'à l'interne vous avez une
direction de la recherche, vous avez une équipe de recherche à l'OQLF, mais,
parallèlement à ça, le Comité de suivi de la situation linguistique, eux, là,
c'est des gens de l'externe, c'est des experts qui sont choisis en fonction de
leur expertise et qui, eux, viennent siéger. Ça fait qu'il y a comme une... un
dialogue entre la direction de la recherche puis le comité de suivi
linguistique qui est là. Puis, parallèlement à ça, je rattacherais toujours le
commissaire, qui est là aussi pour vérifier l'office.
Mme David :
Mais je vous dirais qu'en nommant tout ce que vous avez nommé là vous avez
à peu près fait le tour, au Québec, des... de ceux qui s'intéressent le plus à
la recherche en langue française. Alors, en plus, vos chercheurs, ils ne sont
pas rémunérés, ceux qui viennent gentiment dialoguer avec les gens de l'office,
qui, eux, sont... sont les chercheurs qui sont rémunérés, parce que c'est leur
emploi. Il y a 240 personnes environ à l'OQLF. Eux autres sont rémunérés.
Il y a... Mais vous avez dit : Il y a sept chercheurs. Mais ces
chercheurs-là, ils viennent de l'extérieur, être membres du Comité de suivi de
la situation linguistique, non rémunérés. Puis là on fait affaire beaucoup,
malheureusement, je le dis, à un groupe qui est relativement restreint, parce
qu'il n'y a plus tant que ça de chercheurs qui s'intéressent à la langue
française.
M. Jolin-Barrette :
Mais savez-vous quoi? On a adopté un article préalablement, puis on en a
discuté ensemble, relativement à l'importance de financer la recherche en
français mais aussi de faire en sorte de valoriser la recherche sur la langue
française. Ça, je pense que c'est important aussi puis...
Mme David :
Bien, je... Ce n'est pas... Je le sais.
M. Jolin-Barrette :
...puis ça va de pair avec le fait, également, qu'il y a très peu de
recherche qui se fait maintenant, dans les universités québécoises, sur
l'histoire québécoise, sur les personnages québécois, sur les patriotes, sur
l'identité québécoise, sur le nationalisme québécois, sur les spécificités, les
valeurs sociales du Québec aussi.
Mme David :
Vous avez raison, puis sur la langue encore moins. Donc, il faudrait
avoir... C'est pour ça qu'il faut avoir des structures qui sont attirantes et
visionnaires, pour dire : On va pérenniser la question de la recherche en
langue française.
M. Jolin-Barrette :
Puis on va le voir un petit peu plus tard aussi, on vient confier un mandat
à l'Institut de la statistique du Québec aussi en matière de recherche.
Mme David :
Ah! ça va être encore des données, puis des données, puis des données.
Bien, il faut que vous ayez des chercheurs, puis des chercheurs, puis des
chercheurs pour analyser ces données-là, puis des chercheurs qui ont des idées
à déposer puis à fouiller sur la situation de la langue française. Mais je
comprends que, là, c'est... c'est plus au niveau exécutif... exécutoire, je
dirais, là. C'est vraiment un comité de suivi de la situation linguistique.
C'est des graphiques, c'est... Mais c'est parce qu'il me semble qu'il y a
tellement plus à dire sur la recherche de la langue française. Mais, bon,
alors, c'est ça. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup. Il n'y a pas d'autres commentaires? Est-ce
que l'article 105 est adopté? Adopté. Nous passons maintenant à
l'article 106. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'intitulé du
titre III.1 de cette charte est modifié par le remplacement de
«inspections et enquêtes» par «plaintes, dénonciations, mesures de protection,
inspections, enquêtes et mesures de redressement».
Commentaire.
L'article 106 du projet de loi propose de modifier l'intitulé du
titre III.1 de la Charte de la langue française par concordance avec
l'ajout de nouvelles dispositions que proposent les articles 107 et 113 du
projet de loi qui concernent les plaintes, les dénonciations, les mesures de
protection et les mesures de redressement.
Le Président (M.
Ciccone) : Mme la députée... Oh! M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
...une courte suspension, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Alors, on va suspendre.
(Suspension de la séance à
15 h 38)
(Reprise à 15 h 52)
Le Président (M.
Ciccone) : Alors, nous sommes de retour. Votre attention, s'il vous
plaît! Nous étions à l'étude de l'article 106. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 106?
Mme David : ...s'il
vous plaît, là. Ça va, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Pas du tout? Alors, est-ce que l'article 106 est
adopté? Adopté. Nous allons maintenant passer à l'article 107. M. le
ministre.
M.
Jolin-Barrette : Alors, M. le Président, je vais faire la lecture de
l'article 107. Je vais y aller par sous-article. Donc, 165.15, je vais
lire les commentaires, ensuite, je vais faire 165.16, je vais lire les
commentaires.
Le Président (M.
Ciccone) : Effectivement.
M. Jolin-Barrette : Donc : Cette charte est modifiée par l'insertion, après l'intitulé
du titre III.1, de ce qui suit :
«Chapitre I
«Plaintes,
dénonciations et mesures de protection
«Section I
«Plaintes
«165.15. L'office
reçoit les plaintes relatives à tout manquement aux dispositions de la présente
loi.»
Et le commentaire.
Commentaire. L'article 107 du projet de loi propose l'introduction, dans
la Charte de la langue française, d'un nouveau chapitre comportant les
articles 165.15 à 165.26 visant à établir la procédure de traitement des
plaintes à l'office, à permettre la dénonciation de manquements à la charte et
de certains autres actes répréhensibles et à protéger les dénonciateurs et les
personnes qui collaborent aux enquêtes de l'office.
Afin
d'éviter aux personnes désirant formuler une plainte relative à un manquement à
une disposition de la charte de
devoir chercher l'autorité compétente pour recevoir cette plainte,
l'article 165.15 de la charte que propose l'article 107 du
projet de loi prévoit que l'office reçoit toutes ces plaintes. L'office est
donc toujours l'autorité compétente pour recevoir n'importe quelle plainte,
pourvu qu'elle soit relative à un manquement à une disposition de la charte.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il des commentaires sur l'article 165.15 proposé
à l'article 107?
Mme David : Non, M. le
Président.
Le
Président (M. Ciccone) : Parfait. Nous allons maintenant passer à
l'article 165.16. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. «L'office doit, sur réception d'une plainte, transmettre au plaignant un
avis de la date de cette réception.
«Lorsque la
description des faits justifiant la plainte n'est pas suffisamment précise,
l'office aide le plaignant à formuler sa plainte.»
Commentaire. Le
premier alinéa de l'article 165.16 de la Charte de la langue française que
propose l'article 107 du projet de loi prévoit que l'office doit aviser le
plaignant de la date de réception de la plainte.
Le second alinéa de
cet article confère à l'office le devoir d'assister le plaignant dans la
formulation de sa plainte lorsque la description des faits la justifiant n'est
pas suffisamment précise.
Comme
l'article 165.16 ne comporte aucune précision eu égard à la forme de la
plainte, il s'applique aussi bien à la plainte verbale qu'à la plainte écrite
et, en ce dernier cas, quel que soit le support... qu'elle soit sur un support
papier ou qu'il s'agisse d'un document technologique tel qu'un courriel.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il des commentaires? Madame? Oui? Mme la députée, à
vous la parole.
Mme David :
Oui. Écoutez, là, c'est... C'est peut-être une question que les avocats ont
souvent en tête, là, mais la personne qui porte plainte s'adresse à l'office...
L'office, qui doit gérer la plainte, qui doit poser des accusations, et tout ça, aide à écrire la plainte, le cas
échéant, si la personne n'est pas très bonne à l'oral, à l'écrit, etc., ou si
c'est une plainte verbale. À quel point il peut y avoir un conflit
d'intérêts entre aider la personne à rédiger une plainte pendant que c'est ce
même organisme qui va analyser la plainte? Il la fait... Il l'écrit, il
l'analyse, puis après ça il poursuit.
M. Jolin-Barrette :
Bien, premièrement, là, c'est des personnes distinctes au sein de l'Office
québécois de la langue française.
Et, l'autre élément
qui est important, ce n'est pas l'OQLF qui accuse, ce n'est pas l'OQLF qui
porte des accusations à l'endroit d'une personne, c'est le Directeur des
poursuites criminelles et pénales.
On se retrouve dans
une situation où... Ce qu'on veut éviter, là, c'est que... En fait, l'office
est là pour accompagner les gens, la population et également les entreprises,
mais, lorsqu'on se retrouve dans une situation où une personne n'est pas
capable de formuler sa plainte adéquatement, supposons, pour l'écrire ou pour
la recevoir, bien, je pense que c'est le devoir du personnel de l'office de
pouvoir accompagner pour recevoir. Parce que, qu'est-ce qui arrivait
concrètement, les gens, supposons, faisaient une plainte à l'office, n'avaient
pas nécessairement de retour, n'avaient pas de suivi. Ils ne savaient pas si
leur plainte avait été reçue. Alors là, l'office va pouvoir... un, va devoir leur dire : On a reçu votre plainte, et faire
un suivi et un traitement du dossier, puis aussi accueillir la plainte pour
qu'elle soit intelligible aussi, pour ne pas pénaliser un citoyen qui peut
avoir des difficultés à s'exprimer. Donc, on dit que l'OQLF a le devoir de
l'accompagner dans la réception de sa plainte. Puis l'objectif, c'est toujours
de faire en sorte, également, que les droits des citoyens soient garantis.
Donc, pour que l'OQLF
puisse intervenir... Parce qu'on le sait, on n'est pas en mode bâton, là. On
reçoit... L'OQLF reçoit une plainte, mais la première étape qui arrive, lorsque
l'OQLF reçoit une plainte, c'est de contacter, supposons, l'entreprise pour
dire : Écoutez, on a reçu une plainte, voici comment est-ce qu'on peut
vous accompagner, on va aller vérifier et on
va également vous accompagner s'il y a une situation qui est dérogatoire à la Charte de la langue française. Donc, c'est
de l'accompagnement, de l'accompagnement, de l'accompagnement.
Là, si l'entreprise
ne se conforme pas, à partir de ce moment-là, il peut y avoir un pouvoir
d'ordonnance, comme on a vu, pour dire : Écoutez, vous devez vous
conformer, vous êtes en situation de dérogation. Et là, par la suite, si jamais l'entreprise ne se conforme pas à
l'ordonnance, à ce moment-là, l'ordonnance peut être transmise au Directeur
des poursuites criminelles et pénales pour dire : Bien, écoutez, évaluez
ça, est-ce qu'il y a matière à poursuite pénale?
Mme David :
Mais là j'ai deux questions là-dessus. Vous parlez du DPCP. Je pensais que,
dans vos nouveaux pouvoirs que vous donnez à l'OQLF, de... d'intervention, de
fouille, de saisie, et tout ça, il y avait moins d'interventions du DPCP puis
qu'il y avait la CNESST aussi qui entre en ligne, là. On l'a vu précédemment.
Alors là, j'essaie de voir quelle sorte de
plainte donne lieu à telle sorte d'intervenant, genre, DPCP plutôt que CNESST,
plutôt qu'OQLF elle-même.
M. Jolin-Barrette :
O.K. Juste une précision. L'OQLF possède déjà, là, un service de réception des
plaintes, où est-ce qu'on... qui accompagne déjà les gens pour leurs plaintes
sur support papier ou par courriel, supposons, pour remplir... pour remplir le
formulaire. Donc, il y a déjà un accompagnement, mais on vient le formaliser
dans la loi.
À votre question,
dans quelles circonstances... Prenons le cas du DPCP.
Ça, c'est une poursuite pénale. Donc, qu'est-ce
qui est la genèse de ça, c'est
si, supposons, un organisme est en contravention à la Charte de la langue française.
Prenons, supposons,
l'affichage, O.K.? Il y a une entreprise... Supposons, on se reporte, là, dans
six ans, lorsque la nette prédominance du français va être entrée en vigueur.
Donc, la disposition entre en vigueur dans trois ans, puis là il y a un
établissement qui ne respecte pas l'affichage. L'OQLF reçoit une plainte d'un
citoyen qui dit : Aïe! écoutez, ça ne respecte pas la nette prédominance.
L'OQLF va contacter l'entreprise pour dire : Écoutez, votre affichage
n'est pas conforme. L'entreprise va dire : Ah! oui, O.K., tout ça. L'OQLF
va faire un suivi par la suite : Est-ce qu'on peut vous aider? Est-ce
qu'on peut vous accompagner? Voici les normes d'affichage, tout ça. Nos gens, à
l'OQLF, nos répondants pour les entreprises, on va dire : Bien, écoutez,
il faudrait changer ça, ci, ça pour être conforme à la loi.
L'entreprise ne se conforme pas. L'OQLF fait un
rappel, retourne sur les lieux pour faire un rappel, pour dire : Écoutez,
il faudrait changer ça, la loi a été changée, on vous explique, tatati, tatata.
Là, au bout du compte, l'entreprise dit : Non, mon affiche, elle va rester comme
ça, c'est juste écrit en anglais, ça finit là. Bien là, l'OQLF va envoyer, à
un moment donné, une ordonnance et va dire... avec un préavis d'ordonnance, va
dire : Écoutez, j'ai l'intention de prendre une ordonnance pour vous dire de remplacer votre affiche. Là, on est
rendus, supposons, à six ou sept ans. Là, l'entreprise dit : Bien
non, je ne me conforme pas à l'ordonnance. Là, à ce moment-là, on est en
contravention de l'ordonnance, et là l'OQLF
pourra transmettre le dossier au Directeur
des poursuites criminelles et pénales,
qui, lui, jugera est-ce qu'il y a lieu d'entamer une poursuite pénale
qui pourrait, ultimement, se retrouver devant la cour, poursuite pénale qui a
des amendes... une amende financière. Ça, c'est le volet pénal.
Lorsqu'on est avec la CNESST, ça, c'est
relativement à une plainte en relations de travail. Moi, je suis un employé.
Supposons que j'ai participé au comité de francisation de mon entreprise, qui
compte 100 employés et plus, puis mon employeur m'a rétrogradé ou il m'a
congédié parce que j'ai participé au comité de francisation. Là, à ce moment-là, je fais une plainte à la CNESST,
puisque je n'étais pas syndiqué. La CNESST prend fait et cause pour moi.
• (16 heures) •
Mme David : O.K.
C'est très clair. Est-ce que... Est-ce que ça se passe de la même façon...
Excusez, je n'écoute peut-être pas assez District 31, là,
mais est-ce que ça se passe de la même façon si quelqu'un qui a été victime,
qui porte plainte... Et vous connaissez
beaucoup les plaintes, admettons, en agression sexuelle, les plaintes en voie
de fait, etc. Est-ce que les policiers qui reçoivent les plaintes aident
à écrire ou à mieux, je ne sais pas, verbaliser la plainte, rédiger la plainte?
Est-ce qu'autrement dit il y a des équivalents dans ce qu'on connaît le plus,
nous, humbles mortels, par rapport au fait de porter plainte, et qui peut nous
accompagner?
M. Jolin-Barrette : O.K.
Exemple, supposons que vous êtes en matière d'agression sexuelle. Normalement,
dans un premier temps, vous vous présentez au poste de police, puis,
généralement, c'est un enquêteur spécialisé qui va vous accueillir en lien... Mais peut-être que c'est... l'agent, c'est
la première fois, puis ils vont rapidement vous diriger vers l'équipe
qui est spécialisée en matière d'agression sexuelle. Là, l'enquêteur va vous
rencontrer, et vous allez lui relater, dans le fond, les différents faits qui
vous sont arrivés. Et là l'enquêteur, lui, va prendre des notes et va également
préparer une déclaration écrite. Ça peut se faire de deux façons. Soit que la
personne victime dicte, dans le fond, son histoire, puis le policier prend des
notes, puis, dans le fond, le policier... Souvent, ça arrive, là, que c'est le
policier qui écrit la déclaration de la victime, parce que ce n'est pas tout le
monde qui est à l'aise d'écrire, tout ça, pour être bien sûr. Ça fait que le
policier, à partir du moment où il a fini de rédiger la déclaration, relit la
déclaration à la personne victime, et la personne victime signe : Oui,
c'est la déclaration que j'ai faite au policier, ou la victime peut faire elle-même la déclaration tout au long. Ensuite de ça,
le policier, à partir du moment où il a les preuves suffisantes, va voir
le procureur aux poursuites criminelles et pénales et lui soumet le dossier
pour autorisation pour déposer... pour entamer les accusations.
Donc,
contrairement aux autres provinces... contrairement aux autres entités fédérées
de la fédération canadienne, où c'est les policiers qui ont
l'autorisation de poursuite, ici, c'est le Directeur des poursuites criminelles
et pénales qui est le poursuivant, qui doit... qui autorise la plainte avec la
dénonciation et qui porte les accusations qu'il autorise.
Mme David : ...de penser qu'il
y a un certain parallèle entre la... le circuit que peut parcourir un plaignant
avec l'OQLF puis l'accompagnement qu'il peut recevoir et le circuit que
quelqu'un, quand il porte plainte à la police pour x ou y raison...
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est un
peu différent, parce que, quand vous êtes avec la police, vous êtes dans une
logique en matière pénale ou criminelle pure — bien souvent, c'est criminel — donc,
qui va mener à un dépôt d'accusations vraiment rapidement. À partir du moment
où il y a la constatation d'une infraction criminelle, le poursuivant, le DPCP,
va porter des accusations, tandis qu'ici, avec l'OQLF, ça ne va pas
nécessairement se traduire en accusations, en poursuite pénale, parce qu'il y a
tout le chemin avant d'arriver là pour éviter d'avoir à ce que l'OQLF prenne
une poursuite pénale.
Mme David : Bien, je suis d'accord
avec vous. C'est juste la question des fonctions et des rôles de chacun. Ça n'aboutit pas à la même chose au civil puis, bon,
ça n'a pas nécessairement la même gravité de sanction, et tout, mais
c'est la question que l'OQLF est à la fois la personne qui reçoit la plainte,
qui la rédige, même, et qui... bien, qui la rédige.
M. Jolin-Barrette : ...bien, c'est
un accompagnement.
Mme David : C'est un peu comme le
policier qui accompagne la cliente, là.
M. Jolin-Barrette : Oui et non,
parce qu'il y a déjà des formulaires pour faire une plainte. Mais supposons que
vous prenez quelqu'un qui n'est pas capable d'écrire, bien...
Mme David : Bien, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : Mais comment...
On a quelqu'un, à l'OQLF, qui accompagne la personne pour dire : O.K.,
monsieur, madame, vous nous dites que vous êtes allé, supposons, sur la rue
Sainte-Catherine, vous n'avez pas été... vous n'avez pas pu être informé ni
être servi en français. C'est exact, voici les détails, tatati, tatata, pour
que la personne puisse signer sa plainte puis la déposer.
Mme
David : Bien, vous dites : Il n'y a pas plus de conflit de rôles.
C'est ça, le mot que je cherchais.
M.
Jolin-Barrette : Non, il n'y a pas...
Mme David : Il
n'y a pas plus de conflit de rôles à l'OQLF qu'il y en aurait à... dans une
autre façon de recevoir des plaintes et d'aider la victime à...
M.
Jolin-Barrette : Exactement. Je donne un autre exemple. L'Office de la
protection du consommateur est chargé de recevoir les plaintes des
consommateurs.
Mme David : Et
ça ne l'empêche pas, cet office-là, d'après ça faire des suivis et, à la
limite, porter plainte.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais, encore une fois, là, c'est le DPCP qui
agit comme poursuivant.
Mme David : O.K.
O.K. Je m'instruis à toutes les minutes, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il d'autres interventions? Non? Alors, nous allons
passer à l'article 165.17. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : «Lorsque les faits justifiant la plainte sont visés
par les dispositions de l'article 45, 45.1 ou 46, l'office soit dirige le
plaignant à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail et transmet la plainte à celle-ci, soit dirige le plaignant
à l'association de travailleurs qui le représente. Avec le consentement du
plaignant, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité
du travail transmet à la Commission des droits de la personne et des droits de
la jeunesse, aux termes d'une entente intervenue entre elles et approuvée par
le ministre du Travail, toute plainte qui concerne une conduite à caractère
discriminatoire visée à l'article 45.1. Cette entente prévoit en outre les
modalités de collaboration entre les deux organismes, notamment afin d'éviter
que le délai de transmission de la plainte ne porte préjudice au plaignant.
«Lorsque les faits
justifiant la plainte visent une institution parlementaire, l'office transmet
la plainte au Commissaire à la langue française et en avise le plaignant.
«Dans les autres cas,
l'office ouvre un dossier concernant la plainte, avise le plaignant de ce fait
et, à sa demande, l'informe du traitement de
la plainte et, le cas échéant, des mesures qu'il prend pour que l'auteur du
manquement y mette fin et ne le reproduise pas.»
Commentaire.
L'article 165.15 confère à l'office la compétence pour recevoir toutes les
plaintes. Cependant, l'office n'est pas forcément compétent pour traiter toutes
ces plaintes. En effet, une plainte concernant une institution parlementaire
relève du Commissaire à la langue française, alors que celle justifiée par des
faits constituant soit une pratique interdite visée aux articles... par les
articles 45 ou 46 soit de la discrimination ou du harcèlement visé à
l'article 45.1 relèvera de la CNESST, et, en ce dernier cas, de la CDPDJ
ou, en présence de relations collectives de travail, d'un arbitre.
L'article 165.17 prévoit donc la transmission par l'office des plaintes
qu'il reçoit et dont le traitement ne relève pas de sa compétence.
Lorsque le traitement
de la plainte relève de l'office, le troisième alinéa de l'article 165.17
prévoit qu'il doit ouvrir un dossier la concernant et en aviser le plaignant
qu'il... le plaignant. Il prévoit aussi que l'office doit, si le plaignant lui
en fait la demande, informer le plaignant du traitement de la plainte et, le
cas échéant, des mesures prises par l'office pour que l'auteur du manquement y
mette fin et ne le reproduise pas.
Les dispositions du
deuxième alinéa de l'article 165.17 entreront en vigueur à la date à
laquelle entrera en fonction le premier Commissaire à la langue française,
ainsi que le prévoit le paragraphe 7° de l'article 201. Donc...
Le Président (M.
Ciccone) : ...M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Juste pratico-pratique, ce que l'article dit,
dans le fond, c'est que... pour faciliter la vie des citoyens, c'est qu'il n'y
a qu'un guichet unique pour déposer une plainte et que, par la suite, l'office
les communique aux organismes concernés.
Le Président (M.
Ciccone) : Mme la députée.
Mme David : Bien,
c'est à peu près ce que j'avais compris, en disant : Il faut faire un peu
de ménage dans tous les circuits que peuvent emprunter... Tout le monde,
évidemment, ne lira pas la loi aussi attentivement qu'on la lit. Alors, c'est
important d'avoir ça.
L'autre commentaire,
c'était... Les dispositions entreront en vigueur à la date à laquelle entre en
fonction le premier Commissaire à la langue française. Curiosité, on sera
rendus, un jour, peut-être, à l'article 201. Parce qu'il y a beaucoup de
choses à l'article 201, il y a toutes sortes de délais importants à
discuter. Et il prévoit quoi? Je ne le sais pas par coeur. Quand est-ce que
serait nommé le premier Commissaire à la langue française?
M.
Jolin-Barrette : Ça relève de l'Assemblée.
Mme David : Oui, mais ça risque de
ne pas être dans cette législature-ci.
M.
Jolin-Barrette : Bien, moi, je pense que oui.
Mme David : Bien, c'est parce qu'il
faut le trouver avant de le proposer.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais on va
soumettre des noms aux différentes formations politiques. Je crois que c'est le
premier ministre qui soumet des noms aux différents chefs de parti.
Mme David : Un peu comme on nomme...
M. Jolin-Barrette : Comme le Protecteur
du citoyen, comme le Vérificateur général du Québec, récemment, on a nommé le
Protecteur du citoyen, M. Dowd, comme on nomme le Commissaire à l'éthique,
comme on nomme les... les membres de la Commission de la fonction publique, les
membres de la Commission des droits de la personne. Donc, il y a plusieurs
nominations qui sont faites aux deux tiers.
Mme David : Donc, vous seriez même
optimiste qu'il y ait un commissaire avant...
M. Jolin-Barrette : Bien, moi, c'est
mon souhait, tout dépendant à quelle date on adopte le projet de loi. Mais moi,
je pense que, d'ici le mois de juin, on a le temps de pouvoir choisir ensemble
un commissaire. Puis je vais être heureux d'entendre vos suggestions.
• (16 h 10) •
Mme David : Ce que je veux dire,
c'est que la mécanique aussi fait en sorte, à l'article 201, que vous
pourriez bouger rapidement. C'est ça? Vous n'avez pas besoin de faire un
affichage, genre, d'un mois.
M. Jolin-Barrette : Non.
Mme David : Parce que, là, chaque
jour va compter, là, dans ce qui s'en vient. O.K. M. le Président, je peux
juste vous dire que, là, vous avez eu la version la plus lente de la lecture
que j'ai vue jusqu'à maintenant. Alors, il vous écoute au doigt et à l'oeil
parce qu'il ne veut pas faire 50 «push-ups».
Le Président (M. Ciccone) : Le
connaissant, il va accélérer pour démontrer que ce n'est pas à cause de moi,
là. Vous n'auriez pas dû dire ça. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme David : Non, ça va pour moi.
Le Président (M. Ciccone) : M. le
ministre, M. le député de D'Arcy-McGee, tout est beau? On va passer à l'article
suivant, 165.18. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est juste, M.
le Président, que je souhaite que vous reveniez à notre commission puis que
vous ne soyez pas traumatisé. Alors, vous savez à quel point j'apprécie votre
présence.
«165.18. La réception par l'office d'une plainte
visée au premier alinéa de l'article 165.17 suspend le délai à l'intérieur
duquel cette plainte doit être introduite auprès de la Commission des normes,
de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail ou, selon le cas, de
l'association de travailleurs qui représente le plaignant.
«La suspension prend fin au moment où l'office
dirige le plaignant vers la commission ou l'association.»
Commentaire. L'article 165.18 de la Charte
de la langue française que propose l'article 107 du projet de loi complète
le premier alinéa de l'article 165.17 de la charte. Il prévoit la
suspension du délai prévu pour introduire une plainte auprès de la CNESST ou
d'une association de travailleurs pendant la période comprise entre la
réception de la plainte par l'office et le moment qu'il... où il dirige le
plaignant vers la CNESST ou l'association.
Le Président (M. Ciccone) : Mme la
députée.
Mme David : Je ne trouve pas de
commentaire à faire, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Formidable.
Il n'y a plus de commentaire. M. le député de D'Arcy-McGee, c'est beau? On va
passer maintenant à l'article 165.19.
M. Jolin-Barrette : Oui. «Lorsque
les faits justifiant la plainte auraient été commis par un ministère, un
organisme gouvernemental ou un organisme municipal auquel s'applique la
politique linguistique de l'État, l'office en avise sans délai le ministre de
la Langue française.
«Le ministre peut détacher auprès de l'office
tout membre du personnel du ministère afin qu'il participe au traitement de la
plainte. Le traitement de la plainte s'effectue par l'office en collaboration
avec le ministre.»
Commentaire. Comme l'article 168.23 de la
Charte de la langue française introduit par l'article 73 du projet de loi
confère au ministre de la Langue française le pouvoir d'imposer la prise de
mesures pour remédier à la situation dans laquelle se trouve le ministère,
l'organisme gouvernemental ou l'organisme municipal auquel s'applique la
politique linguistique de l'État qui ne satisfait pas à une obligation qui lui
incombe en vertu de la charte, le premier alinéa de
l'article 165.19 de la charte que propose l'article 107 du projet loi
prévoit que l'office doit aviser le ministre lorsque les faits justifiant une
plainte auraient été commis par l'un de ses ministères ou de ses organismes.
Le deuxième alinéa de l'article 165.19
permet la participation du personnel du ministère de la Langue française au
traitement d'une telle plainte par l'office et prévoit la collaboration de
l'office avec le ministre. Ces dispositions visent donc à permettre au ministre
d'exercer les pouvoirs que la loi lui confère.
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
des interventions? Oui, Mme la députée.
Mme David : Alors, si je comprends
bien, le ministère ou l'organisme, qu'il soit municipal, gouvernemental ou
carrément un ministère, va déléguer quelqu'un pour... «Le ministre peut
détacher auprès de l'office tout membre du personnel du ministère — donc,
du ministère qui est visé...
M. Jolin-Barrette : Non, du
ministère de la Langue française.
Mme David : ...ah! du ministère de
la Langue française — afin
qu'il participe au traitement de la plainte.» Pas du ministère visé. Admettons
que, le MIFI, il y a quelqu'un qui porte plainte...
M. Jolin-Barrette : Non. C'est du
ministère de la Langue française.
Mme David : Pour faire quoi? Pour
aller appuyer l'OQLF?
M. Jolin-Barrette : Oui, bien,
exactement. C'est parce que ce qu'il faut comprendre, là, c'est que toutes les
plaintes vont entrer à l'OQLF, à moins que les organismes reçoivent eux-mêmes
la plainte. Mais on veut que ce soit simple pour les citoyens, puis, dans la
tête des gens, l'OQLF est l'organisme le plus connu. Ça fait qu'on voulait
éviter de faire en sorte que...
Bon, je ne sais pas, là, je m'adresse au... à la
Vérificatrice générale du Québec puis j'ai un service uniquement dans une autre
langue que le français. Donc là, on voulait éviter que le citoyen se
demande : À qui je fais ma plainte, là? Il faut-tu que je la fasse au
Vérificateur général? Il faut-tu que je la fasse au commissaire? Il faut-tu que
je la fasse... Donc, théoriquement, lorsque ça touche une institution
parlementaire, l'organisme responsable, c'est le Commissaire à la langue
française, ça fait que le Commissaire à la langue française peut recevoir la
plainte.
Cependant, ce que l'on fait, c'est qu'on a fait
une mécanique où l'OQLF reçoit toutes les plaintes, et, par la suite, elle les
distribue à l'organisme concerné. Donc, quelqu'un qui ferait une plainte contre
le Vérificateur général du Québec, à l'encontre du... du Vérificateur général
du Québec pourrait le faire à l'OQLF, puis la plainte va être transférée au
Commissaire à la langue française, ou le citoyen, s'il le sait, il peut faire
la plainte directement au Commissaire à la langue française, parce qu'il n'a
pas été servi adéquatement par le Vérificateur général du Québec.
Dans le cas des ministères, des organismes et
des municipalités, la personne qui est responsable de l'application de la loi,
c'est le ministre. Donc, la plainte devrait rentrer au ministre. Mais, les
gens, ça se peut bien qu'ils ne le sachent pas. Supposons qu'au ministère des
Forêts, des Faunes et des Parcs ils sont en contravention avec la Charte de la
langue française, bien, la plainte pourra être formulée à l'OQLF, qui va la
transférer au ministre. Mais, durant le traitement de la plainte, puisque
l'OQLF a la plainte, le ministre de la Langue française peut déléguer un
employé du ministère de la Langue française pour évaluer la plainte avec
l'OQLF.
Mme David : Je pense qu'on va
appeler ça, bientôt, le 9-1-1 OQLF, parce que ça a bien l'air d'être l'OQLF qui
risque de recevoir des appels de partout.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
parce que, pratico-pratique, actuellement, c'est déjà le cas. Les citoyens,
lorsqu'ils vivent une situation en contravention avec la Charte de la langue
française ou lorsqu'ils pensent vivre une situation qui est en contravention,
appellent déjà à l'OQLF. Donc, on voulait éviter de diviser les points
d'entrée, puis que ce soit clair pour le citoyen, que ce soit le plus simple
possible, pour dire : J'appelle l'OQLF, puis là l'OQLF s'occupe de
transférer.
Mme David : ...dans votre affaire,
c'est que... Ça, je comprends. Ça fait 50 quelques années que ça existe.
Puis c'est normal, puis j'espère que les gens ont le réflexe OQLF. Là, on
introduit un nouvel acteur qui est le commissaire pour tout ce qui est
ministère, organisme...
M. Jolin-Barrette : Non, institution
parlementaire.
Mme David : Institution
parlementaire.
M. Jolin-Barrette : Pour les
plaintes.
Mme David : C'est parce qu'il est
marqué : «Auraient été commis par un ministère, un organisme
gouvernemental ou un organisme municipal auquel s'applique la politique [...]
de l'État». Donc, ce n'est pas tous ces gens-là qui sont sous le commissaire,
non?
M.
Jolin-Barrette : Non. Ils sont sous le ministre de la Langue
française.
Mme David : Bon,
ils sont sous le ministre de la Langue française.
M.
Jolin-Barrette : Dans le fond, le responsable... Là, ce qu'il faut
voir, là, c'est que... Reculons un instant. Lorsque c'est un organisme
parlementaire, lorsque c'est une institution parlementaire, la personne
responsable, c'est le Commissaire à la langue française. Donc, Commissaire au
lobbyisme, Commissaire à l'éthique, Vérificateur général, Directeur général des
élections, Protecteur du citoyen...
Mme David : Assemblée
nationale.
M.
Jolin-Barrette : ...Assemblée nationale, tout ça, la personne qui
examine les plaintes, c'est le Commissaire à la langue française, parce qu'il
est nommé aux deux tiers, puis ça... ces organismes-là relèvent de
l'indépendance de l'Assemblée nationale, tout ça. Ils sont dans une case à
part.
Pour ce qui est de
l'Administration — ministères,
organismes, municipalités — la
personne responsable de l'application de la loi, c'est le ministre. Donc, c'est
lui qui traite les plaintes rattachées à ces organismes-là. Puis, vous vous
souviendrez peut-être, dans le projet de loi, au début, on a vu que le pouvoir
réglementaire du ministre, lorsque le ministre adopte un règlement, pour que ça
puisse s'appliquer aux institutions parlementaires, il faut que le...
Mme David : ...
M.
Jolin-Barrette : ...oui, il faut que le commissaire donne son accord.
Mme David : Mais
donc le ministre, et le ministère de la Langue française, est aussi une sorte
d'OQLF pour les organismes gouvernementaux et municipaux.
M.
Jolin-Barrette : De l'Administration, effectivement.
Mme David : Oui,
mais, attention, là! Moi, ça me... Je n'avais pas vu ça de même. Ça veut dire
que votre futur ministère devra avoir toute la mécanique et la compétence pour
traiter des plaintes, exactement comme l'OQLF fait, mais avec une clientèle
différente.
M.
Jolin-Barrette : C'est parce que l'ensemble des ministères, des
organismes puis les municipalités font partie
de l'Administration avec un grand A, comme on l'a vu. Donc, ce sont des corps
publics qui doivent respecter la politique linguistique de l'État. Donc,
normalement, on ne devrait pas avoir de plainte, parce que l'État sera
exemplaire.
Mme David : Mais
admettons que l'État...
M.
Jolin-Barrette : Admettons qu'on a une plainte, là, à ce moment-là,
bien, c'est le ministre qui va intervenir rapidement pour dire au
ministère : Vous changez ça, on a eu une plainte. Puis les employés du
ministère de la Langue française vont régler ça.
Mme David : Et
donc l'OQLF ne s'occupera pas de ça du tout, sauf dans le cas où la personne se
trompe de numéro de téléphone. Puis ça, c'est bizarre. Plutôt que de le référer
à vous, c'est vous qui allez vers le mauvais numéro, comme on dit, puisqu'ils
ont appelé à l'OQLF.
M.
Jolin-Barrette : Bien non, mais c'est parce qu'on l'a construit de
cette façon-là, justement, pour permettre aux citoyens de ne pas avoir quatre
numéros de téléphone différents.
Mme David : Vous
avez dit tout à l'heure : Oui, ça va être un genre de guichet unique,
l'OQLF. Mais pourquoi l'OQLF ne vous transfère pas quand ça vous concerne? Ça
devient le citoyen, dans le fond, qui, par hasard, appelle au mauvais numéro,
qui se fait servir par le mauvais numéro plutôt que de se faire envoyer ça au
ministre de la Langue française. Ça, je ne comprends pas ce bout-là.
M.
Jolin-Barrette : Bien, il transfère la plainte également au ministère
de la Langue française. Le ministère...
Mme David : Oui,
mais il la traite lui-même, puisque vous y envoyez un renfort.
M.
Jolin-Barrette : Mais on n'est pas obligés d'envoyer un renfort, là.
On peut détacher, auprès de l'office, tout membre du personnel du ministère.
Mme David : Afin
qu'il participe au traitement de la plainte. Alors, ça... Moi, la façon dont
c'est écrit, c'est l'OQLF : «...s'effectue par l'office en collaboration
avec le ministre.» Tout ça à cause d'une erreur d'aiguillage.
M.
Jolin-Barrette : Bien non, parce qu'à la base on veut que le citoyen
fasse sa plainte. Bien, il peut le faire au ministère de la Langue française,
mais, pour faciliter les choses, c'est plus simple qu'il la fasse à l'OQLF.
Mme David : Je sens que ce n'est pas
fort, fort, là, votre argument, c'est-à-dire que... Vous voulez ou vous ne
voulez pas avoir des plaintes dans votre ministère? Vous aimeriez mieux faire
de la publicité auprès de l'OQLF puis dire... ou auprès des citoyens pour
dire : Appelez à l'OQLF, appelez-nous pas? Parce que, si c'est le cas, que
ce soit vous, on est dans une autre dimension, là.
M. Jolin-Barrette : Non. C'est parce
que, le citoyen, on veut éviter qu'il soit ballotté, O.K.? Donc, l'OQLF, elle, elle prend le dossier, puis le ministère de
la Langue française va traiter la plainte, O.K.? Mais on veut que la
réponse au citoyen, ce soit par l'OQLF.
C'est pour ça qu'on peut permettre de détacher quelqu'un à l'OQLF pour traiter
la plainte, pour dire... Parce que, nous, l'objectif, c'est d'avoir un
suivi avec le citoyen.
• (16 h 20) •
Mme David : Oui, mais ça veut dire
que, lundi matin, un citoyen appelle à l'OQLF, là, vous détachez quelqu'un.
Mardi matin, un citoyen appelle chez vous, puis là vous gardez la plainte, vous
ne détachez pas quelqu'un. Mercredi matin, c'est l'OQLF. Bien, c'est compliqué,
la gouvernance.
Le Président (M. Ciccone) : Avez-vous...
Avez-vous autre chose?
Mme David : Bien oui, M. le
Président. Je trouve que ça manque un peu de logique, parce que ce n'est pas
rien, s'équiper pour traiter une plainte, d'abord, au ministère de la Langue
française, puis l'OQLF a énormément d'expérience là-dedans. Alors, ou bien
toutes les plaintes vont là ou bien elles vont toutes au ministère de la Langue
française quand ça... quand... même si la personne a appelé au mauvais numéro.
M. Jolin-Barrette : On veut que le
citoyen, là, il ait un guichet unique puis qu'il ne soit pas ballotté. Ça fait
que, même si la plainte, elle est traitée par le ministère de la Langue française,
là, parce que ça touche l'Administration, on veut que ce soit l'OQLF qui fasse
la relation avec le citoyen. Donc, c'est pour ça qu'on dit : «Le ministre
peut détacher auprès de l'office tout membre du personnel du ministère afin
qu'il participe au traitement de la plainte», notamment, l'explication au
citoyen. Parce que, dans le fond, là, l'OQLF, un coup qu'elle a la plainte, là,
qui touche, supposons, le ministère de la Forêt, des Faunes et des Parcs, là,
bien, le ministère de la Langue française va agir avec le ministère de la
Forêt, des Faunes et des Parcs pour dire : Écoutez, voici la plainte, vous
n'avez pas respecté ça, vous devez changer telle, telle, telle mesure. Mais
après ça, puisque l'OQLF est déjà en contact avec le citoyen, dans ce cas-là, c'est lui qui va faire le suivi, mais, pour
faire le suivi, le ministère de la Langue française va pouvoir accompagner
l'OQLF.
L'idée, là, c'est que le citoyen, il a un numéro
de téléphone, c'est l'OQLF, puis c'est l'OQLF qui va le rappeler. Là, on est en
mesures administratives, par en arrière, pour dire comment ça va se passer.
Nous, on veut avoir la possibilité, au ministère de la Langue française, qu'un
des fonctionnaires qui va avoir fait le pont avec le ministère de la Forêt, des Faunes et des Parcs, qui est en
situation dérogatoire, puisse venir avec l'OQLF pour dire : Voici qu'est-ce
qu'on a fait, quelles ont été les mesures réparatrices, voici la situation puis
voici le traitement de votre plainte.
Mme David : Alors, je vais prendre ma
question par l'inverse. Lundi matin, le citoyen, lui, il n'a pas le numéro de
l'OQLF. Il a lu, quelque part, qu'il pouvait appeler le ministère de la Langue
française. Puis, pour lui, il sait c'est qui, le ministre, puis il a décidé
qu'il appelait directement dans son ministère. Qu'est-ce qui arrive avec
celui-là?
M. Jolin-Barrette : On va prendre la
plainte.
Mme David : Donc, vous allez avoir
toute l'infrastructure, toute la compétence pour traiter les plaintes de la
même façon que l'OQLF.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis la
réponse à cette question-là, c'est : Oui, le ministère de la française va
avoir l'infrastructure. Puis on a adopté aussi 128.1, qui est à
l'article 73, où est-ce que, dans chacun des organismes de
l'Administration, ils doivent recevoir la plainte... bien, ils doivent avoir
une procédure de traitement des plaintes. Donc, ils vont l'envoyer au ministère
de la Langue française.
Exemple, là, le citoyen, là, il s'en va
camper...
Mme David : SEPAQ, exemple, oui.
M.
Jolin-Barrette : ...SEPAQ, à
Oka, O.K., vacances en famille, puis il veut avoir de l'information en
français. Il va au comptoir d'accueil, là, puis il veut s'acheter un sac
de bois. Pas capable d'être servi par le préposé à l'accueil qui est embauché
par la SEPAQ. Il se dit : Bien, j'ai le droit d'être servi en français,
c'est un parc national, c'est un employé de
la SEPAQ, appelle le ministère des Forêts, Faune et Parcs, il dit : Moi,
je veux faire une plainte parce que je n'ai pas été servi en français
par... par le préposé. Au ministère de la Forêt, ils vont prendre la plainte,
vont avoir une procédure de traitement des plaintes, vont le régler et vont
transmettre l'information au ministère de la Langue française également.
Mme David :
Transmettre. Qui va régler la plainte? Qui va analyser la plainte?
M. Jolin-Barrette : Le ministère de
la Langue française. Bien, dans le fond, ils vont le faire à l'interne, là. Le
ministère, là, en premier, là, il va...
Mme David : Le ministère de la
Forêt?
M.
Jolin-Barrette : Le
ministère de la Forêt, il va régler la situation, mais il va avoir transmis la
plainte également au ministère de la
Langue française, ça fait que le ministère de la Langue française va regarder
si ça a été fait. Il va se...
Mme
David : À titre
d'information. Mais ça veut dire que tous les ministères... Parce que, là, il
faudrait retourner en arrière, à l'article... Tous les organismes de
l'État, dans le fond, vont devoir savoir comment gérer une plainte puis
appliquer la loi 101, on peut dire, modifiée aux plaintes de ses propres
commettants.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais ils
vont appeler le ministère de la Langue française, puis on va les accompagner
là-dedans.
Mme David : Oui, d'accord, mais ça
peut être une municipalité, là.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mme David : On parle très, très,
très large, là.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
effectivement. Ils vont appeler le ministère de la Langue française. Dans le
fond, là...
Mme David : Donc, le citoyen, il
peut appeler le ministère de la Langue française, il peut appeler la SEPAQ, il
peut appeler le ministère de la Forêt, Faune et Parcs puis il peut appeler
l'OQLF.
M. Jolin-Barrette : Oui. Mais, dans
les faits, là, les gens, ils vont appeler l'OQLF, parce que, vous l'avez dit
vous-même, ça fait 50 ans que l'OQLF existe, puis les gens, ils vont avoir
le réflexe d'appeler l'OQLF. Mais, moi, ce que je ne souhaitais pas, c'est que
je ne souhaitais pas que quelqu'un qui est à la SEPAQ, qui veut sa... son sac
de bois pour faire ses guimauves avec son chocolat, avec les enfants, la
guitare... On ne veut pas qu'il se fasse dire par la SEPAQ, pour dire :
Bien, écoutez, là, moi, je suis un client, puis j'ai été dans votre parc
national, puis je n'ai pas été capable d'être servi en français... On ne veut
pas que la SEPAQ dise : Ah! bien, écoutez, appelez donc au ministère de la
Langue française ou appelez donc à l'OQLF.
Le citoyen a quand même pris le temps d'appeler
puis de dire : Écoutez, je veux formuler une plainte. Ça fait que la
personne qui va recevoir ça, au ministère des Forêts, Faune et Parcs, bien, il
va dire : Parfait, je prends votre nom, je prends votre plainte, et on
s'en occupe. Puis là ça va cheminer dans la machine. La plainte va être
également transmise par le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs au
ministère de la Langue française. Le ministère de la Langue française va dire : Est-ce que c'est réglé? Oui, non,
peut-être. Si ce n'est pas réglé puis si c'est peut-être, le ministère
de la Langue française va faire un suivi rigoureux pour que la plainte soit
réglée, puis le citoyen va être informé.
Mme David : O.K. Est-ce que ça va
jusqu'à... le ministère Forêts, Faune et Parcs qui applique une sanction par
rapport au manquement?
M. Jolin-Barrette : Non. Il n'y a
pas... Pour l'Administration, il n'y a pas vraiment de sanction. Ce n'est
pas... C'est le ministre de la Langue française qui peut appliquer une sanction
mais qui a le pouvoir de dire : Voici, vous changez les façons de faire.
Mme David : Et là ça va être
surveillé par le commissaire. Là, on est dans le territoire du commissaire,
éventuellement, parce que c'est quelque chose de... Ce n'est pas une
institution parlementaire mais...
M. Jolin-Barrette : Bien, le
commissaire va avoir... Dans le fond, le pouvoir est au ministre de la Langue
française, O.K., d'apporter des... de faire apporter des correctifs par les
ministères. Annuellement, le ministre de la Langue française va publier un
rapport. Le commissaire va regarder le rapport. Puis, si le commissaire, dans
le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés, décide d'aller vérifier comment ça
a été traité, les plaintes, dans l'Administration québécoise, par le ministre
de la Langue française, il a tout le loisir de faire enquête puis de regarder
si c'est fait de la bonne façon.
Mme David : Bien, s'il s'aperçoit
qu'il y a trop de plaintes dans un... un organisme plutôt qu'un autre, comme
l'exemple que vous apportez, qu'il y en aurait eu 150, plaintes, cet été-là, de
camping ou de... quel est le pouvoir du commissaire par rapport au ministère de
la Forêt, Faune et Parcs, par rapport au ministre de la Langue française? Quel
acteur a quel pouvoir dans ça?
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le fond, le ministre de la Langue française va publier annuellement
combien il y a eu de plaintes par organisme. Ça fait que, premièrement, c'est
public dans le rapport qui va être déposé. Deuxièmement, le
commissaire, lui, va pouvoir être très critique et il va pouvoir aller sur le
terrain pour voir de quelle façon c'est fait. Bien, dans le fond, là, le
commissaire, là, il va pouvoir débarquer, va pouvoir dire au ministère des
Forêts, des Faunes et des Parcs : Ça ne marche pas, mais, en plus, le
ministère de la Langue française n'a pas agi. Ça fait qu'il va passer dans le
tordeur les deux.
Puis là l'opposition va se lever, va dire :
Je demande la démission du ministre de la Langue française, qui n'a pas agi.
Mais ça, c'est une situation fictive, parce ça n'arrivera pas, pas dans ce
gouvernement-là.
Mme David : O.K. Puis qu'est-ce
que ça prend comme infrastructure, dans votre futur beau ministère, pour gérer, traiter les plaintes? Parce que vous allez
en gérer vous-mêmes, même si vous n'avez pas de client, en fait. La
personne à la SEPAQ, là, c'est... elle n'appellera peut-être pas le ministre de
la Langue française, ou peut-être que oui...
M. Jolin-Barrette : Bien, elle
peut l'appeler, mais ils risquent d'appeler à l'OQLF.
Mme David : Oui, mais, s'ils
vous appellent vous-mêmes, vous dites... c'est vous qui la traitez. Vous ne
vous référez ni à l'OQLF ni à la... ni au ministère Forêts, Faune et Parcs. Si,
vous, là, votre voisin dit : Moi, j'ai été camper puis je n'ai pas eu mon
service en français, ça s'adonne que votre voisin, c'est un contact direct, là,
admettons, bien là, vous allez dire quoi, vous? Qui vous allez lui dire
d'appeler?
M. Jolin-Barrette : On va avoir
un service d'accompagnement. Donc, on va prendre la plainte de la personne. On
va avoir un service d'accompagnement des organismes de l'Administration pour
faire les correctifs nécessaires. Il va y avoir une équipe au sein du ministère
de la Langue française.
• (16 h 30) •
Mme David : Ma question est
plus pointue que ça. S'ils appellent au ministère de la Langue française, mais
que ça relève forcément d'un de vos collègues... Ils sont allés camper, ça
relève d'un collègue.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui.
Et donc le service, à l'intérieur du ministère de la Langue française, qui est
responsable de l'accompagnement va prendre la plainte et va agir vers l'autre
ministère pour dire : On a reçu telle plainte,
quels sont vos processus?, est-ce que la plainte est fondée? Puis c'est le
ministre de la Langue française qui agit.
Mme David : Qui agit, qui peut
aller jusqu'à... jusqu'à des recommandations de...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais il faut que la situation soit corrigée.
Mme David : C'est ça, c'est ça.
Oui, mais l'OQLF aussi peut faire ça face à l'analyse d'une situation.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
pas pour l'Administration. Pour l'Administration, ça va être le ministre de la
Langue française. L'OQLF, lui, agit au niveau des entreprises.
Mme David : Des entreprises.
O.K. C'est simple, M. le Président, c'est vraiment une petite loi très facile.
M. Jolin-Barrette : Puis, si c'est
une instance parlementaire, c'est le commissaire.
Mme David : C'est le
commissaire.
M. Jolin-Barrette : Voyez-vous
comment c'est simple?
Mme David : Ah! ça va être
l'organigramme du ministère de la Santé, bientôt.
Le Président (M. Ciccone) : Je cède
maintenant la parole au député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Pour un sous-article qui a comme objectif, tel qu'identifié par le
ministre, de simplifier l'affaire pour le citoyen, moi, pour un, je suis assez,
assez confus, dans un premier temps.
Deuxièmement, bon, j'inviterai le ministre de...
peut-être de trouver un autre exemple. Ce serait très intéressant de savoir si
la SEPAQ, depuis sa création, n'a été jamais assujettie à une seule plainte — ça
m'étonnerait — en
tout ce qui a trait au... à la disponibilité des services en français.
Là, vous allez m'aider peut-être. Il y a un axiome, en anglais, où on dit : «You cannot be judge
and executioner at the same time.» Je ne sais pas comment le dire en
français, mais j'ai peur qu'on est en train de le faire.
Une chose qui sème ma confusion, l'article se
lit : «Lorsque les faits justifiant la plainte auraient été commis par un
ministère, un organisme gouvernemental ou un organisme municipal auquel
s'applique la politique linguistique de l'État, l'office en avise sans délai le
ministre de la Langue française.» Alors, il y a un ministère, donc, en quelque
part, un ministre qui aurait commis une erreur, une faute en tout ce qui a
trait à l'implantation de la politique linguistique, et le «judge and
executioner»... le traitement de la plainte s'effectue par l'office en
collaboration avec le ministre. Donc, le ministre risque
de se trouver au Conseil des ministres, M. le Président, et de regarder son
collègue pour dire : «See you in court», on a un litige entre nous.
Écoutez, je ne suis pas avocat, mais est-ce que
ce n'est pas un bizarre de phénomène? Et est-ce que ça s'explique sur le plan
déontologique ainsi que légal?
Le Président (M. Ciccone) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, je vais répéter ce que j'ai dit à la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Dans le fond, ce qu'on veut pour les citoyens québécois, c'est un guichet
unique en matière de plaintes. Parce que, déjà, depuis l'expérience que l'OQLF
a, les gens, lorsqu'il y a une situation qui leur semble dérogatoire avec le
français, ils appellent déjà à l'OQLF. Donc, l'OQLF agit comme canal principal
pour recevoir l'ensemble des plaintes, peu importe quel est l'organisme qui est
en contravention avec la plainte. Donc, que ce soit pour une institution
parlementaire, que ce soit pour une entreprise ou que ce soit pour un ministère
ou un organisme de l'Administration, 1 800 OQLF, O.K., le citoyen
peut faire toutes ses plaintes à l'OQLF.
Bien, à partir de ce moment-là, l'OQLF,
lorsqu'elle reçoit la plainte, elle les répartit aux organisations concernées
qui sont responsables du traitement de la plainte : lorsque c'est
l'Administration, c'est le ministre de la Langue française; lorsque c'est une
institution parlementaire, c'est le Commissaire à la langue française; lorsque
c'est les entreprises, c'est l'OQLF. Pour ce qui est d'un ministère ou d'un
organisme, donc un organe de l'Administration, qui est en contravention, qui
aurait une plaine, un organisme de l'Administration, on l'a vu, au niveau de
l'exemplarité de l'État, ils ne peuvent pas être en dérogation. Ils doivent
respecter intégralement la politique linguistique de l'État. Et donc, oui, le
ministère de la Langue française est celui qui est responsable, au sein de
l'Administration, d'agir, de faire corriger immédiatement une situation qui est
dérogatoire.
Et il n'y a pas, comme vous dites, de «see you
in court», là. Il n'y a pas de poursuite du ministère de la Langue française à
l'encontre d'un autre ministère, parce que l'administration publique, elle est
tenue de respecter la loi, elle est tenue de respecter la politique
linguistique de l'État. Et, si jamais on avait un organisme qui était
récalcitrant, le ministre... on l'a vu et on l'a adopté préalablement au début,
là, de l'exemplarité de l'État, le ministre a un pouvoir réglementaire
d'imposer des mesures correctrices à l'encontre d'un organisme, d'un autre
ministère, tout ça. Donc, on vient vraiment imputer la responsabilité de
l'Administration au ministre de la Langue française lorsque ça touche un
ministère, un organisme.
Lorsqu'il s'agit d'un organisme parlementaire,
une institution parlementaire, là, à ce moment-là, c'est le Commissaire à la
langue française qui agit. Ça n'empêche pas les citoyens, supposons, de faire
la plainte directement au ministre de la Langue française, si ça touche
l'Administration, ou de faire la plainte directement au Commissaire à la langue
française. Mais ce qu'on voulait, c'est un processus le plus simplifié possible
pour que l'interlocuteur privilégié du citoyen soit le Commissaire à la langue
française... soit l'Office québécois de la langue française.
Le Président (M. Ciccone) : M. le
député.
M. Birnbaum : Merci. Je comprends
les obligations en tout ce qui a trait à l'exemplarité de l'État, mais, si on
décrit une obligation, c'est parce qu'il y a la possibilité que cette
obligation ne soit pas rejointe. On espère que tout le monde va être au
rendez-vous.
Mais je poursuis ma question. Advenant que le
ministre des Affaires municipales et une aile de son ministère n'est pas au
rendez-vous avec cette exemplarité, il y a, à quelque part, j'imagine, un
processus quelconque, correctif, peut-être pas de l'ordre des sanctions, mais
un genre de processus qui se déclenche. Alors, le ministre a peut-être tenté de
répondre, mais je ne suis pas sûr comment.
M. Jolin-Barrette : Oui, j'ai
répondu à cette question-là précisément. Dans le fond, l'Administration se doit
de respecter la politique linguistique de l'État. Si jamais on avait un
organisme de l'Administration qui ne respectait pas, le ministre de la Langue
française a un pouvoir réglementaire, qu'on a adopté au départ lorsqu'on a fait
l'exemplarité de l'État, pour imposer des mesures correctives. Et l'organisme
de l'Administration se voit imposer précisément un règlement en lien avec sa
conduite dérogatoire.
M. Birnbaum : Bon, finalement, comme
on est dans le principe et l'attente d'une simplification... Il y a le
commissaire, le ministre, l'office, et là on parle du traitement qui devrait
s'effectuer avec la collaboration du ministre avec
l'office. Et, je m'en excuse, s'il y avait une explication, j'aimerais davantage
avoir une dernière tentative là-dessus. Cette collaboration se manifeste
de quelle façon? Et je comprends que ce n'est pas à la vue, nécessairement, du
grand public, mais ça se tranche comment, cette collaboration? Si le ministre
avait quelque préoccupation avec la plainte, et l'office était d'un autre point
de vue... Collaboration, comment ça se manifeste dans l'exemple concret?
M. Jolin-Barrette : Prenons un
exemple de, supposons, la SEPAQ. Je reviens à mon bois de chauffage. Le citoyen
fait sa plainte à l'OQLF, O.K.? L'objectif de l'article, c'est d'avoir un
guichet unique. Puisque le citoyen a fait sa plainte à l'OQLF, dans le fond, on
veut que ce soit l'OQLF qui lui revienne. Alors, l'article prévoit que le
ministère de la Langue française peut déléguer quelqu'un au ministère... à l'Office
québécois de la langue française pour accompagner l'OQLF dans le traitement de
la plainte, pour renseigner adéquatement le citoyen. Donc, l'idée, c'est
vraiment d'avoir un clés en main pour le citoyen. Le citoyen a fait sa plainte
à l'OQLF. L'OQLF transmet la plainte au ministère de la
Langue française. Le ministère de la Langue française revient avec l'OQLF vers
le citoyen. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
L'idée, c'est d'avoir un service à la clientèle
de qualité et que l'OQLF soit l'interlocuteur privilégié pour le citoyen, pour
lui donner les renseignements adéquats en lien avec le traitement de sa
plainte. Le citoyen, dans le fond, n'a pas à se préoccuper de savoir qui est-ce
qui va faire corriger la situation. Le citoyen, lui, ça ne le dérange pas que
ce soit l'OQLF, le ministre de la Langue française ou le commissaire. Il veut
juste, face à une situation qui est dérogatoire puis est contraire à la Charte
de la langue française, que la situation soit réglée puis que sa plainte soit
traitée efficacement et avec célérité.
M. Birnbaum : Bon, M. le
Président, finalement, je me permets d'employer un autre axiome que je n'ai
jamais particulièrement aimé ou compris, en anglais : «The proof will be
in the pudding.» On va voir comment ça va se dérouler, mais je suis à peine
rassuré. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Maintenant, je passe la parole au député de La Pinière.
M. Barrette : Merci,M.
le Président. Je vais rassurer mon collègue, parce que moi non plus, je n'ai
jamais compris comment une preuve pouvait être dans du pudding. Mais ça doit
être une mauvaise traduction de l'expression anglaise en français.
Je ne sais pas si le ministre... Je vais lui
poser une question tout de suite. Je ne veux pas lui faire perdre de temps
parce que je sais qu'il est pressé. Est-ce que, plus loin dans le projet de
loi, on va parler de l'opérationnalisation de ça ou j'en parle maintenant?
• (16 h 40) •
M. Jolin-Barrette : L'opérationnalisation
de la plainte?
M. Barrette : De toute la
gestion de la plainte. On peut en parler maintenant?
M. Jolin-Barrette : On peut en
parler maintenant, si vous voulez.
M. Barrette : Parfait. Y a-tu
une place, dans le projet de loi, où on en parle? Je ne pense pas.
M. Jolin-Barrette : Bien, j'ai
déjà expliqué comment ça allait se passer.
M. Barrette : Oui, justement.
Justement, c'est de ça que je veux parler, là. Ça s'adonne, M. le Président,
que j'ai raté, là, je fais mon acte de
contrition, là, j'ai raté le début. Ça se peut que le ministre ait à répéter,
mais je vais le lui demander quand
même au cas où. Puis, s'il l'a déjà dit, il l'a déjà dit, il me le dira, puis
ma collègue de Marguerite-Bourgeoys ou mon collègue de D'Arcy-McGee me
transmettront les informations. Ça ne me dérange pas.
La raison pour laquelle je vais poser ces
questions-là, M. le Président, c'est que j'ai fait bien des choses dans ma vie, dont celui de présider des comités de
plaintes. J'ai fait ça. J'ai fait bien des d'affaires. Et ce que décrit le
ministre, là, c'est correct, je n'ai pas de critique à faire sur le concept.
Alors, moi, avoir un 1 800 OQLF, ou un 1 800 plaintes, ou
1 800... vous pouvez l'appeler comme ça, je comprends ça, c'est une bonne
idée. Je ne critique pas ça d'aucune manière. Maintenant, par expérience, le
problème, c'est que ça ne se passe pas toujours comment on l'a dessiné. Alors
là, c'est le dessin qui m'intéresse. Alors, je vais poser quelques éléments...
questions sur quelques éléments.
Une plainte
arrive. J'ai entendu le ministre en parler, et le ministre nous dit qu'il va y
avoir un accompagnement. Ça, c'est parfait. C'est parfait dans la mesure
où les gens qui sont là, qui font l'accompagnement sont indépendants de la
structure qu'ils doivent défendre. Il y a une plainte contre quelque chose, et
le quelque chose, en général, va être rébarbatif aux plaintes. C'est la nature
humaine des choses. Et, dans un processus de gestion de plainte, normalement,
on s'assure que les gens qui reçoivent la plainte et fassent l'évaluation... le
cheminement de la plainte soit indépendant. Est-ce que le ministre peut nous
assurer que ça va être le cas?
M. Jolin-Barrette : Le
processus de la plainte, il est fait pour faire en sorte que la situation, elle
soit corrigée. Donc, au sein du ministère de la Langue française, au niveau de
l'Administration, l'objectif est de régler la plainte le plus rapidement possible, même chose au niveau du
Commissaire à la langue française. C'est lui qui va être responsable.
Pour les entreprises, ce sera l'OQLF qui va agir avec le traitement, comme ça
se fait actuellement.
M. Barrette : Bien, ce n'est
pas la réponse à la question que je pose. Il n'y a pas de piège dans ma
question. Là, le ministre me parle de la vertu, avec laquelle je suis d'accord.
Le ministre me dit : On veut une ligne 1 800 pour déposer une
plainte à propos de laquelle on va offrir un traitement le plus rapide possible
puis on va corriger la situation. Bien, écoutez, c'est parfait, pas de problème
avec ça.
Maintenant, la question que je pose est simple,
elle est liée à l'expérience : Est-ce que ceux qui vont recueillir la
plainte et ceux qui vont accompagner la plainte vont être indépendants? C'est
sûr qu'ils vont être indépendants si c'est une entreprise. C'est sûr. Mais,
quand on va être dans les instances gouvernementales, là, on est l'État dans
l'État, et là ça pourrait être moins indépendant, ça pourrait être plus
«touchy». Est-ce que...
M. Jolin-Barrette : Non.
M. Barrette : Le
ministre me dit non. Oui, je sais ce qu'il va me dire, mais je vais finir ma
phrase. Je vais juste la finir. Quand bien même il me dise non, moi, je dis oui
quand même, puis on en débattra, mais à la question... Elle est simple, ma
question, elle se répond par oui ou par non : Est-ce que, ces gens-là,
d'office, on va avoir une indépendance de la structure de l'organe, comme dit
le ministre, public auquel ça va s'adresser?
M. Jolin-Barrette : Au ministère de
la Langue française, il va y avoir des gens désignés pour s'occuper du traitement des plaintes qui vont être reçues. Ça
va être traité selon les bonnes pratiques relativement au traitement des
plaintes. Chacun des ministères va avoir une procédure de traitement des
plaintes. On l'a déjà vu, on a adopté l'article également.
M. Barrette : Oui, mais les bonnes
pratiques, ça commence par l'indépendance de ceux qui reçoivent et
accompagnent. Alors, je repose ma question : Est-ce que ça, ça va exister
ou non?
M. Jolin-Barrette : Juste vous dire,
là, parce que la façon dont on a construit le tout, là... Un ministère, là, qui
reçoit une plainte, là, supposons, le ministère de la Forêt, là, il a
l'obligation de transmettre la plainte au ministère de la Langue française,
qui, lui, fait le suivi. L'agent coercitif, là, de suivi de la plainte, là,
c'est le ministère de la Langue française. Donc, c'est lui qui va aller voir
chacun des ministères pour intervenir, pour voir si la plainte a été réglée.
Puis, annuellement, on va publier le nombre de plaintes, on va publier dans
quels ministères, et, surtout, le Commissaire à la langue française, lui, va
venir comme un chien de garde pour voir est-ce que ça a été traité de la
bonne façon.
M. Barrette : O.K. Donc, je n'ai
toujours pas la réponse, là. Le ministre me dit que, dans sa vision des choses
et, pour utiliser son terme, dans sa construction de l'affaire, tout va bien
aller. M. le Président, il y a 2022 ans, il y a quelqu'un qui a écrit un texte
selon lequel on devait s'aimer les uns les autres, puis ça ne marche toujours
pas. Ça marche un peu mais pas complètement.
Alors là, d'où l'importance de l'indépendance.
Là, je n'ai pas la garantie qu'il va y avoir une indépendance. Ce n'est pas du
gossage, là, c'est juste que, dans lesdites bonnes pratiques du ministre, il y
a l'indépendance. C'est un fait, c'est établi, ça, pour n'importe qui qui gère
des plaintes. Là, ici, il n'y aura pas ça, là, mais le ministre va me répondre
qu'il a bien confiance, à cause de la loi, que les gens vont être obligés
d'agir correctement. Correct, mais il n'y aura pas d'indépendance.
M. Jolin-Barrette : Il va y avoir
une direction qui va être responsable des plaintes.
M. Barrette : O.K. Bien oui, mais
l'histoire est jonchée, hein, jonchée, c'est des montagnes d'histoires où, quand, dans les directions des plaintes, il n'y a
pas d'indépendance, bien, il n'y a pas d'indépendance et il y a des
travers.
M. Jolin-Barrette : Alors, on vient
corriger, dans le projet loi n° 96, un, le suivi de
la plainte avec le citoyen. Avant, à l'OQLF, là, ils ne faisaient pas de suivi
de la plainte avec le citoyen. Le citoyen, il faisait sa plainte, là, il
n'avait pas de retour. Là, il va avoir un retour. Il n'y avait pas de
Commissaire à la langue française. Le Commissaire à la langue française, c'est
le chien de garde qui va vérifier l'ensemble des organismes.
M. Barrette : Je sais, M. le
Président. Je comprends, là.
M. Jolin-Barrette : ...c'est une structure
qui est innovante...
M. Barrette : Bien non, M. le
Président, ce n'est pas juste une structure innovante, c'est une structure
parfaite. Parce que, quand je pose une question, ça ne se peut pas que ce soit
une réponse sur la question pour parler d'autre chose de périphérique qui va
implicitement nous faire conclure que c'est parfait, alors que toute la
littérature de la gestion des plaintes commence par l'indépendance à la fois de
la réception de la plainte et de l'accompagnement de la plainte. D'accord, je
comprends que j'ai ma réponse : Dans la loi, ce n'est pas prévu. Bien, je
dis au ministre que ça, malgré ses très bonnes intentions, que l'on appuie,
c'est une faiblesse.
Alors, le deuxième point, M. le Président, qui
est important, là, parce que vous avez compris qu'il ne faut pas perdre de
temps, ça doit aller vite, alors, le deuxième point, M. le Président qui est,
pour moi, très important : Où est-ce que, dans la loi ou dans la
procédure, dans la réglementation, dans «whatever» ou dans l'esprit du
ministre, il y a un délai de réponse aux plaintes? Dans le monde d'où je viens,
là, je vous le dis tout de suite, là, c'est dans les règles, c'est écrit, 45
jours, 45 jours, il doit y avoir une réponse. Alors là... Pas nécessairement un
correctif, parce que des correctifs, ce n'est pas toujours faisable en
45 jours, mais là, dans le cas présent, là, de 96, où est-ce qu'il y a une
obligation temporelle de résultat?
M.
Jolin-Barrette : Il n'y a pas d'obligation temporelle de résultat
parce qu'on est en mode accompagnement...
M. Barrette : Ah bon!
M. Jolin-Barrette : ...et de
correction.
M.
Barrette : Ah bon! Alors là, on est dans un mode
d'accompagnement, mais il n'y a pas d'obligation temporelle.
M. Jolin-Barrette :
Et je vous donne un exemple...
M. Barrette : Ah! bien, O.K.
M. Jolin-Barrette : ...l'Office
québécois de la langue française, O.K.? Est-ce que, selon le député de
La Pinière, une entreprise qui est en dérogation, O.K., où est-ce qu'on
reçoit une plainte, on doit... la situation doit être corrigée dans la semaine
ou dans les deux semaines? Parce qu'on veut amener à changer les comportements.
Alors, est-ce que le député de
La Pinière veut que l'OQLF se mette à envoyer des ordonnances tout de
suite, après deux semaines, aux différentes entreprises?
M. Barrette : Alors, M. le
Président, manifestement, le ministre n'a jamais géré une plainte, là. C'est
correct, là. Ce dont je parle...
M. Jolin-Barrette : Ça, c'est ce que
pense le député de La Pinière.
M. Barrette : Bien, je suis obligé
d'en conclure, de l'inférer par la réponse qu'il vient de me faire.
M. Jolin-Barrette : Il ne faudrait
pas inférer des éléments sur lesquels vous n'avez pas la connaissance.
M. Barrette : Ah! bien, c'est vrai.
M. Jolin-Barrette : C'est un peu
comme les questions en Chambre sur différents sujets où vous affirmez beaucoup
de choses. Et, honnêtement, j'aimerais...
Le Président (M. Ciccone) : On va
rester sur le sujet, M. le ministre, O.K.?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
justement sur le sujet...
• (16 h 50) •
M. Barrette : Bien, ça ne me dérange
pas qu'il y ait le sujet du salon bleu, parce que...
Le
Président (M. Ciccone) :
Non, mais... Non, un instant. Wo! Un instant, un instant, un instant. J'offre
beaucoup de latitude parce que c'est intéressant, on apprend beaucoup de choses
dans ce projet de loi n° 96. Cependant, il faut se laisser finir de
parler. C'est important. Les gens nous regardent pas mal plus qu'on pense
aujourd'hui, là, parce que c'est un projet de loi qui est important, M. le
ministre et M. le député. Alors, un à la fois.
Je donne la parole maintenant à M. le ministre.
À vous la parole, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bon, pour
revenir au salon bleu, M. le Président, j'aimerais avoir toutes les certitudes
que le député de La Pinière a. Je suis en admiration devant tant de
connaissance fine du contenu d'un dossier pour affirmer avec autant de vigueur
certains faits qui lui semblent avérés.
M. Barrette : M. le Président, pour
revenir au salon bleu, si le ministre était transparent, et faisait son
travail, et nous faisait part de ses résultats, bien, peut-être qu'il n'y
aurait même pas de question au salon bleu. Mais ça, ça dépend de lui.
Alors, M. le Président, je vais continuer sur ma
lancée. Alors, je ne sais pas s'il a déjà géré des plaintes, il ne l'a même pas
dit. Il aurait pu prendre l'occasion puis dire : Oui, oui, j'ai déjà fait
ça dans la vie.
Ceci étant dit, M. le Président, pour répondre à
sa question qu'il m'a posée, est-ce que je m'attends à ce qu'en une semaine un
correctif soit apporté, non, non. Ce n'est pas ça du tout, l'objet de la chose.
L'objet de la chose, M. le Président, c'est d'arriver puis de dire :
Monsieur X, vous êtes venu porter une plainte sur le sujet y, on va vous
accompagner, et, dans notre façon de faire, on prévoit vous revenir en dedans,
par exemple, de 45 jours pour vous faire part de ce que l'on a constaté et
des mesures qu'on va prendre, et, un coup qu'on aura fait ça, on s'engage à ce
qu'en dedans de, je ne le sais pas, moi, 90 jours on vous fasse un rapport
d'où on est rendus. Est-ce qu'il y a quelque chose comme ça qui va exister? Parce que moi, quand j'écoute le ministre, M.
le Président, là, c'est comme si j'entendais parler de
l'institutionnalisation de la filière 13, parce qu'à moins qu'il y ait une
armée, là, pour faire cet accompagnement-là, pas sûr qu'il va être capable de
répondre en temps apprécié, on va dire, requis à toutes les plaintes qu'il va y
avoir.
Ce dont le ministre parle, c'est très bien sur
papier, mais, pour que ça existe, il faut des balises, dont temporelles, et il
va falloir du monde en titi pour suivre ça, là. Puis évidemment, dans le projet
de loi... On l'a vu dans 96. C'est comme pour la francisation, là. Vous savez
que... Peut-être que vous ne le savez pas, M. le Président, mais le sujet qu'on
n'a pas réussi à gagner dans la loi, c'est que les gens aient accès à des cours
de francisation en dedans d'un délai. Pas question de mettre de délai. Bien,
moi, je fais le parallèle avec les plaintes, là. Si on n'est pas capables de
s'engager dans un délai pour franciser le monde, ce qui est une des fondations
de ce projet de loi là, j'ai de la misère à m'imaginer que, sans balise, sans
obligation, on va réussir à traiter, accompagner, corriger toutes les
situations qui vont arriver, parce qu'avec la mouture actuelle de 96 il risque
d'y avoir pas mal plus de plaintes qu'avant.
Le Président (M. Ciccone) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette :
Ah oui! M. le Président, il y aura pas mal plus de plaintes qu'avant, parce que nous, on veut agir sur la situation du français puis on prend les mesures pour
faire en sorte que les citoyens puissent déposer des plaintes, puissent avoir un suivi également de
leurs plaintes. Et le détail relativement au traitement des plaintes va être
dans la politique de mise en place du processus de plainte, comme ça se fait
dans les différents ministères sur d'autres sujets.
M. Barrette :
Alors donc, M. le Président, là, on établit qu'il n'y aura pas de délai garanti
à partir duquel il y aura un suivi... un retour, pas un suivi, un retour auprès
du plaignant. Ça, on n'a pas ça. On n'a pas ça. Est-ce qu'on a la garantie, là,
que, dans le suivi de la plainte, il va y avoir une espèce de rapport, de mise
à jour, d'état des lieux de ce qui a été fait et de ce qu'il reste à faire?
C'est-tu prévu, ça?
Le Président (M.
Ciccone) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
On va avoir une procédure de traitement des plaintes à l'intérieur de
chacun des ministères, relativement au traitement des plaintes en lien avec une
violation à la politique linguistique de l'État. L'OQLF également va répondre
et va informer les citoyens du traitement de leurs plaintes. Alors, toute la
mécanique va être mise en place.
M. Barrette :
Elle n'est pas prévue dans la loi actuellement, là.
M. Jolin-Barrette :
Non, comme dans les autres lois.
M. Barrette :
Évidemment, ce n'est pas prévu, mais le ministre ne peut pas nous dire ses
intentions.
M. Jolin-Barrette :
Bien, les intentions, c'est... exemple, la plainte est transmise à l'intérieur
de cinq jours. Si elle rentre à l'OQLF, elle est transmise à l'intérieur de
cinq jours au ministère de la Langue française. Le ministre de Langue française
y donne suite et remplit...
M. Barrette :
En dedans de...
M. Jolin-Barrette :
Bien, dans le délai le plus court possible.
M. Barrette :
Oui, mais là on tombe dans la raisonnabilité, et la raisonnabilité...
M. Jolin-Barrette :
Mais juste un point, là. Exemple, là, aux trois mois, l'OQLF publie un rapport
sur le traitement des plaintes. C'est public. Le Commissaire à la langue française
va pouvoir critiquer, si jamais les plaintes ne sont pas traitées de façon
adéquate, en temps opportun. Alors, voyez-vous, on a mis énormément de leviers
un peu partout, notamment au commissaire, pour critiquer. Si jamais l'État ne
traite pas les plaintes, ça va être au vu et au su de tous, et vous pourrez,
vous-même, critiquer cet état de fait là, si ça s'avérait.
M. Barrette :
Bien, si la critique amenait des changements, ça fait longtemps que le projet
de loi aurait été grandement modifié. C'est ça qu'on fait à journée longue,
puis ce n'est jamais possible. Alors...
M. Jolin-Barrette :
Ce n'est pas vrai...
M. Barrette :
Bien oui.
M. Jolin-Barrette :
...ce n'est pas vrai. Sciemment, vous venez de dire quelque chose qui n'est
pas le reflet de la réalité des travaux que nous vivons ensemble.
M. Barrette :
Bien, moi, je pense qu'on ne refera pas tous les travaux, parce que le ministre
veut que ça aille vite, mais il y a plein d'éléments pertinents qu'on a avancés,
notamment, les délais de francisation, ça aurait dû être dans la loi, que le
ministre a refusés. La critique n'amène pas nécessairement un changement.
M. Jolin-Barrette :
Parfois oui, parfois non.
M. Barrette :
Parfois oui, parfois non. Mais une chose qui est certaine, quand il y a des
balises qui sont établies, il y a plus de garanties de changement, lorsqu'il y
a des plaintes, que quand il n'y en a pas.
M. Jolin-Barrette :
D'accord.
M. Barrette :
C'est tout, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 165.19?
Mme David : Non, M. le
Président.
Le Président (M.
Ciccone) : Alors, est-ce que... Parfait. On va passer à
l'article 165.20. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Cette
charte est modifiée par l'insertion, après l'intitulé du titre III.1, de
ce qui suit :
«165.20.
L'office met fin au traitement d'une plainte lorsqu'il prend des mesures pour
que l'auteur du manquement y mette fin et ne le reproduise pas.
«Il met également fin au traitement d'une
plainte dans les cas suivants :
«1° il considère la plainte abusive, frivole ou
manifestement mal fondée;
«2° le plaignant refuse ou néglige de fournir,
dans le délai qu'il fixe, les renseignements ou les documents qu'il lui
demande;
«3° il est d'avis que les circonstances ne
justifient pas son intervention.
«Dans le cas d'une plainte dont le traitement est
effectué en collaboration avec le ministre en vertu du deuxième alinéa de
l'article 165.19, l'office lui fait rapport du traitement de la plainte et
des motifs pour lesquels il estime justifié d'y mettre fin.
«L'office avise le plaignant des motifs pour
lesquels il met fin au traitement de la plainte.»
Commentaire. L'article 165.20 que propose
l'article 107 du projet de loi prévoit les circonstances dans lesquelles
l'office peut mettre fin au traitement d'une plainte et prévoit les formalités
qu'il doit alors accomplir.
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
des interventions?
Mme David : Pas pour moi, M. le
Président.
Le Président (M. Ciccone) : Non? M.
le député de D'Arcy-McGee, vous avez la parole.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Écoutez, je ne suis pas enquêteur, mais il y a deux ou trois choses
qui me troublent ici. Comment on évalue que l'auteur du manquement aurait mis
fin à l'objet de la plainte? Peut-être, c'est une réponse qui était tout à fait
inapropos. Peut-être, c'était le fournisseur de bois pour feu à la SEPAQ...
comme je dis, je trouve ça un exemple pas si crédible que ça, M. le Président,
mais qui a dit : «Here is your firewood.» «What? I don't understand.» Bon,
dans cet exemple-là, l'auteur du manquement aurait fait ce manquement, et là ça
termine. Donc, on ne poursuit pas la plainte.
Deuxième question : Comment, dans le temps
réel, on peut comprendre que le manquement ne se reproduise pas? Peut-être, le
client qui vient, le lendemain, chercher son bois, se fait traiter... se fait
répondre en anglais aussi ou pas de façon suffisante, correctement en français.
Comment, une autre fois, ça marche?
M. Jolin-Barrette : L'alinéa
dit : «L'office met fin au traitement d'une plainte lorsqu'il prend des
mesures pour que l'auteur du manquement y mette fin et ne le reproduise pas.»
Alors, vous avez l'obligation de l'office d'agir positivement.
L'office met fin au traitement d'une plainte,
donc va classer la plainte, lorsqu'il, hein, l'office, prend des mesures pour
que l'auteur du manquement, la SEPAQ, y mette fin et ne le reproduise pas.
Donc, l'office va être intervenu à la SEPAQ et va s'assurer : Est-ce que
votre employé... de quelle façon il accueille les gens, de quelle façon il sert
les gens? Voici. Est-ce que la situation est corrigée? Oui. Bon, bien, si c'est
corrigé puis ça ne se reproduira plus, elle peut mettre fin au traitement de la
plainte. À un moment donné, une plainte, là, ça ne dure pas dans le temps si la
situation est corrigée. C'est ce que l'article dit.
M. Birnbaum : O.K.
Le Président (M. Ciccone) : Merci. Y
a-t-il d'autres interventions? Nous sommes prêts maintenant à passer à
l'article 165.21. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : «165.21.
L'office produit trimestriellement un rapport faisant état des plaintes reçues,
de leur nombre et de leur traitement, puis le transmet au Commissaire à la
langue française et au ministre.»
Commentaire. L'article 165.21 de la Charte
de la langue française que propose l'article 107 du projet de loi prévoit
la reddition de comptes à laquelle l'office est tenu envers le ministre de la
Langue française et le Commissaire à la langue française eu égard aux plaintes
qu'il reçoit et au traitement qu'il en fait.
Les dispositions de l'article 165.21
entreront en vigueur à la date à laquelle entre en fonction le premier
Commissaire à la langue française, ainsi que le prévoit le paragraphe 7°
de l'article 201.
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
des interventions? Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : ...de façon anonyme,
devant l'Office de la langue française, le législateur n'a pas jugé à propos de changer ça. Mais, selon cet article, y a-t-il
un mécanisme de protection pour l'office contre, disons, une seule
personne qui décide de passer sa vie, visiter des instances et déposer trois
plaintes par semaine et durant la période estivale, parce qu'il y a beaucoup de
touristes, 10 plaintes par semaine? Comment... Compte tenu de la nature
possible anonyme des plaintes, comment l'office peut s'assurer une efficacité
et une crédibilité dans son traitement de la plainte?
• (17 heures) •
M.
Jolin-Barrette : Alors, je vous ramène à l'article précédent, sur
lequel on discutait :
«165.20. L'office met
fin au traitement d'une plainte lorsqu'il prend des mesures pour que l'auteur
du manquement y mette fin et ne le reproduise pas.
«Il met — donc,
il met, l'office — fin
au traitement d'une plainte dans les cas suivants :
«1° il considère la
plainte abusive, frivole ou manifestement mal fondée;».
Donc,
dans un cas comme vous décrivez, ça pourrait rentrer dans le critère 1°. Donc,
il n'y aurait pas nécessairement de traitement de plainte.
«3° il est d'avis que
les circonstances ne justifient pas son intervention.»
Donc, quelqu'un qui
serait, comme vous dites, quérulent, qui ferait des plaintes à répétition, à
répétition, à répétition, l'office ne serait pas tenu de traiter la plainte.
M. Birnbaum :
O.K.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il d'autres interventions? Oui, Mme la députée.
Mme David : Bien,
une question. L'anonymat, donc, ne concerne pas l'individu qui porte plainte
mais concerne... face à la personne visée ou à l'organisation générale.
L'office, lui, sait c'est qui qui a porté plainte, parce que, sinon, il ne
saurait pas que c'est un plaideur quérulent.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement.
Mme David : Donc, quand on dit «anonyme», c'est anonyme aux
yeux de tiers ou aux yeux de la personne visée.
Des voix :
...
M. Jolin-Barrette : Alors, actuellement, ce n'est pas possible de faire une plainte
anonyme, donc, avec la loi 101. Avec le projet de loi n° 96, on va pouvoir recevoir des plaintes anonymes de la
part d'individus qui ne voudraient pas s'identifier,
mais elles vont être documentées, ces plaintes-là, dans le rapport annuel puis
dans le rapport aux trois mois.
Mme David :
Bien là, je ne comprends plus, là, parce que... Pourquoi vous enlevez ça,
l'anonymat? Je ne parle pas de le rendre public auprès de la...
M. Jolin-Barrette :
Non, on ne l'enlève pas, on le rajoute. Ça n'existait pas, des plaintes
anonymes. Aujourd'hui, là, avec la loi 101...
Mme David :
Mais pourquoi vous rendez ça...
M. Jolin-Barrette :
Pour faciliter la dénonciation, pour que ça puisse être fait. Une personne
qui se sentirait mal à l'aise, pour x, y raison, puis qui aurait une
crainte de perdre son emploi, une crainte de représailles, tout ça, on permet
de faire une plainte anonyme.
Mme David :
Mais moi, je pensais que ça concernait justement... que ça protégeait
beaucoup, beaucoup le plaignant, au niveau de l'anonymat.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est ça, ça le protège. Du fait qu'il peut faire une plainte
anonyme, ça le protège.
Mme David :
Oui, mais je ne pensais jamais que c'était anonyme aux yeux de l'office,
mais que l'office avait un devoir complet de confidentialité, de transmettre
l'information. Ce n'est pas la même chose du tout, là. Parce que votre
quérulent, s'il appelle de numéros différents chaque fois, à part de
reconnaître la voix, qu'est-ce qu'on fait, là? Ça existe-tu souvent, ça, des
affaires complètement anonymes de même, même aux yeux de l'organisme qui doit
traiter la plainte? Ne serait-ce que pour rappeler monsieur X... Comment
il fait pour rappeler monsieur X après analyse de la plainte pour conclure
que c'est frivole? Il ne sait même pas qui l'a appelé.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, mais la
personne qui veut faire un suivi de sa plainte va dénoncer ses
informations puis son nom, là.
Mme David :
Mais donnez-moi d'autres exemples dans la société où ça existe, là. Faire
une plainte anonyme à la police, ça n'existe pas, je pense. La police, il faut
qu'elle sache à qui elle a affaire. Faire une plainte... Souvent, la... Les
gens vont respecter la confidentialité. Ça, c'est autre chose.
M. Jolin-Barrette :
Vous pouvez avoir des lanceurs d'alerte.
Mme David :
Oui, mais des lanceurs d'alerte, là... La personne, comme dit mon collègue,
qui passe sa vie à appeler, à un moment donné, l'office va faire un plus un
puis va être obligé de dire : Bien, nous, on a besoin de savoir c'est qui,
parce qu'on n'en peut plus, là. Moi, je... Là, je suis étonnée.
Je pensais que, moi,
l'anonymat était dans le sens de protéger la source, comme on dit. C'est comme
si... Un journaliste, quand il dit qu'il protège ses sources, puis on a des
exemples, ici, de gens qui ont fait le métier, bien, il sait au moins à qui il
parle, j'ai l'impression, enfin, mais il ne dévoilera pas, même sous la
torture.
Le Président (M. Ciccone) : Voulez-vous
suspendre quelques instants, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Non. Ça va
aller, M. le Président. On introduit le concept de dénonciation dans le projet de loi, puis ça, ça permet à toute personne qui a
un accès privilégié à des informations de dénoncer une situation
actuelle ou future et d'avoir une assurance supplémentaire que son identité ne
sera pas divulguée.
Mme David : Le
moins qu'on puisse dire, c'est que la confiance ne règne pas, là, c'est... Moi,
je ne sais pas, mais, si j'appelle à
l'OQLF pour dire : Je dénonce mon voisin, mais vous êtes tenus à ne pas
dire mon nom parce que j'ai peur...
Le Président (M. Ciccone) : On va...
Merci, Mme la députée. Ce qu'on va faire... On va suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 08)
(Reprise à 17 h 09)
Le Président (M. Ciccone) : Collègues,
on va reprendre nos travaux. S'il vous plaît, veuillez prendre place. M. le
ministre, vous voulez ajouter?
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
dans le fond, l'ajout du concept de dénonciation dans le projet de loi, pour
faire en sorte que toute personne peut
porter à l'attention de l'office une situation qui est dérogatoire, fait en
sorte qu'il peut y avoir un certain anonymat, parce que le concept même
de dénonciation fait en sorte que ça n'a pas besoin d'être une plainte formelle
d'un individu. C'est pour attirer l'attention de l'office sur une situation qui
est en situation de dérogation. Ça fait que, bien entendu, la personne qui fait
la dénonciation, elle qui ne s'identifie pas, il n'y aura pas de suivi qui va être fait avec elle. Par contre, quelqu'un qui
fait une plainte, normalement... Monsieur X fait une plainte, ça fait que,
là, l'office va prendre ses
coordonnées puis il va lui faire un suivi du dossier. Mais on a amené le
concept de dénonciation dans la loi pour
faire en sorte que quelqu'un pourrait porter à l'attention de l'office une
situation qui est dérogatoire, contraire à la loi.
Prenons une situation d'affichage. Quelqu'un
pourrait dire : Bien, écoutez, tel panneau, sur tel endroit, est en
situation de dérogation. Je ne veux pas nécessairement qu'on me rappelle, je
veux que vous traitiez la plainte, je veux que vous traitiez la situation.
Mme David : ...exactement vous
suggérer cet exemple-là, exactement. Ce n'est pas une plainte au sens : Je
porte plainte, et je veux un suivi à ma plainte, et je veux savoir ce qui va
arriver puis quand est-ce que le panneau va être changé, puis je veux envoyer
une photo, etc., puis voici mon nom, mon numéro de téléphone. C'est quelqu'un
qui dit : J'ai été témoin de quelque chose, allez vérifier ça.
C'est parce que moi, je vous le dis, là, je
n'aime pas du tout... puis peut-être que c'est pour ça que je ne suis pas allée
en droit pénal ni en droit tout court, mais le mot «dénonciation». Je trouve ça
tellement, tellement dur, là. C'est un mot
tellement, tellement agressif. Je n'aime pas le mot «dénonciation», puis il est
nouveau dans la charte. Je ne sais
pas si Camille Laurin aurait bien aimé ce mot. René Lévesque, sûrement pas.
Mais «dénonciation», ça fait comme...
M. Jolin-Barrette : Il faut juste
faire attention de prêter des propos à des gens qui ne sont pas là, tu sais.
• (17 h 10) •
Mme David : Bien là, ils ne sont pas
là, mais ce n'était pas là dans la loi, en tout cas. Ça n'a jamais été mis, le
mot «dénonciation», avant. Ça, c'est vrai.
M. Jolin-Barrette : Je comprends.
Mme David : Alors, ça n'a jamais été
mis, et on décide... quelqu'un, quelque part, décide qu'il est confortable avec
ce mot-là, ce qui arrive. Il est écrit «dénonciation». Donc, dénoncer, ça
fait... vous le savez, là, ça fait... Mon voisin a fait ci, puis ta, ta, ta,
puis, bon, les rivalités fraternelles, là, tu sais : Ce n'est pas moi,
c'est lui, bon. Mais, dans ce sens-là, je comprends que... Ce n'est pas une
plainte, dans ma tête à moi, ça. C'est pour ça que j'allais vous donner cet
exemple-là. Ce n'est pas vraiment une plainte, c'est-à-dire, c'est une
observation qui dérogerait à la loi, mais dont le plaignant n'est pas un
plaignant, est un... bien, c'est ça, un peu comme vous dites, est une espèce de
lanceur d'alerte : Je vous alerte que l'affichage est vraiment... Puis ça,
je pense que ça existe pas mal déjà, à l'OQLF, ça, des gens qui appellent pour
dire : Bien, allez voir l'affichage sur la rue je ne sais pas quoi,
regardez, là, c'est tout en anglais ou ça ne respecte pas le nouveau règlement
de la précédente législature qui demande que ce soit aussi visible que ta, ta,
ta. Est-ce que c'est une plainte ou c'est une information qui n'exige pas...
M. Jolin-Barrette : C'est une
dénonciation.
Mme
David : Pourquoi il faut que ça s'appelle de même, tant qu'on en
parle?
M.
Jolin-Barrette : Bien, parce que c'est le mot. Je dénonce une
situation qui m'apparaît dérogatoire.
Mme David : C'est
peut-être moi qui trouve que c'est une connotation très, très pas gentille,
méchante, non?
Une voix : ...
Mme David :
Ça, c'est encore pire. Ça, vous avez raison.
Une voix : ...
Mme David :
Oui, vous avez raison. Je vous donne raison là-dessus. Je fais un lien évident
entre dénonciation puis délation.
Une voix :
...
Mme David :
Délation, c'est pire, c'est vrai, très péjoratif, un délateur, mais, des fois,
c'est utile. En tout cas, hein, bon... Mais dénoncer... Ça ne fait rien. C'est
tout dans...
M. Jolin-Barrette :
Moins dans une formation politique.
Mme David : Pardon?
M.
Jolin-Barrette : Moins dans une formation politique.
Mme David : Quoi?
Que c'est moins grave?
M.
Jolin-Barrette : Non.
Le Président (M. Ciccone) :
Restons sur le sujet, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Un délateur dans une formation politique...
Le Président (M.
Ciccone) : M. le ministre, restez sur le sujet, s'il vous plaît.
Des voix :
...
M. Jolin-Barrette :
Disons que ça brise le secret du délibéré du caucus.
Mme David : O.K.
Donc, ce que vous voulez dire, c'est que quelqu'un pourrait appeler à l'OQLF,
et peut le faire, et je suis sûre que ça existe beaucoup depuis 50 ans,
appelle pour dire : Moi, je n'ai pas besoin de donner mon nom, je ne veux
pas donner mon nom. Mais, si je comprends bien de vos explications, on n'a pas
le droit de faire ça. La personne au bout du fil va dire : J'ai besoin de
votre nom, votre numéro de téléphone.
M. Jolin-Barrette :
Là, ce qu'on vient faire avec le régime de 165.23, qu'on va venir voir un
petit peu plus loin, c'est qu'on vient permettre la dénonciation puis on vient
permettre aussi... pour ne pas qu'il y ait des mesures de représailles à
l'endroit de la personne. Parce qu'il peut y arriver qu'une personne, en raison
de... malgré les garanties qu'on lui donne, là, le fait de... ne pas qu'il y
ait de mesures de représailles, quoi que ce soit... Il peut être mal à l'aise
de s'identifier, mais il veut informer l'office qu'il y a une situation qui est
dérogatoire dans son milieu de travail, dans l'environnement dans lequel il
évolue. Donc, on vient garantir le droit à l'anonymat en ce sens-là.
Mme David : Mais,
ce faisant, on garantit aussi qu'il n'y aura pas de suivi auprès de l'individu.
Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de suivi ou... de la nouvelle
information...
M.
Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : ...et
que l'individu dit... Il ne peut pas dire : Je veux être anonyme, mais,
voici, moi, je tiens à avoir un suivi puis je vais vous rappeler tous les
jours, puis etc.
M.
Jolin-Barrette : Non, il ne pourra pas.
Mme David : C'est
une information qu'il vous donne.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Moi,
je préfère ce mot-là. O.K. Bon, bien, je comprends. On est toujours au 165.20,
là?
M. Jolin-Barrette : 21.
Le Président (M. Ciccone) : 21.
Mme David : 21. O.K. On n'est pas
rendus encore à 165.22.
Le Président (M. Ciccone) : Non.
Mme David : O.K. Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Ciccone) : M. le
député de La Pinière.
M.
Barrette : Juste pour m'assurer que j'ai bien compris, là, le
dénonciateur, il doit s'identifier, là. J'ai compris ça, là.
M. Jolin-Barrette : ...
M. Barrette : Il ne doit pas
s'identifier, il n'est pas obligé de s'identifier.
M. Jolin-Barrette : Il n'est pas
obligé.
M.
Barrette : À 1 800 OQLF, je me plains — ce
n'est pas satirique, là — la
personne ne va pas dire : Vous êtes qui?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Barrette : Bon, correct.
M. Jolin-Barrette : Donc, je vous
donne un exemple.
M. Barrette : Non, non, j'ai
compris.
M. Jolin-Barrette : Non, non, mais
je veux juste l'illustrer. Un coup que ça va être en place, vous, en tant que
député de La Pinière, quand vous allez vous promener sur le boulevard
Taschereau, vous pourriez appeler l'OQLF pour dénoncer certaines situations.
M. Barrette : Bon, et là, si je
comprends bien l'esprit de ce que le ministre veut faire, dans l'état actuel de
la rédaction du projet de loi, ça, c'est traité sur un pied d'égalité avec les
autres.
M. Jolin-Barrette : Qu'est-ce que
vous voulez dire, sur un...
M. Barrette : Plaintes.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Barrette : Est-ce que ça, ça veut
dire que, là, les plaintes vont être traitées dans l'ordre qu'elles sont
reçues?
M.
Jolin-Barrette : Bien, l'OQLF va traiter les plaintes en fonction
de la politique de traitement des plaintes qu'ils ont.
M. Barrette : Non, je comprends.
M. Jolin-Barrette : Ils vont
transférer les plaintes en fonction de... Si ça touche un ministère, ça va s'en
aller au ministère de la Langue française. Si ça touche une entreprise, ça
touche une entreprise.
M. Barrette : Non, non, je...
M. Jolin-Barrette : Donc, il y a un
système de priorisation des plaintes, comme à tout endroit. Donc, l'OQLF va
traiter les plaintes en fonction de son système de priorisation.
M. Barrette : Bon, bien, juste de
même, là, le système de priorisation, il n'est pas établi, lui non plus.
M. Jolin-Barrette : Actuellement, à
l'OQLF, ils ont déjà un système de priorisation des plaintes.
M. Barrette : Qui ressemble à quoi,
juste par curiosité, là?
M.
Jolin-Barrette : Je vais vous revenir avec la réponse.
M. Barrette : J'aimerais ça le
savoir. Puis la raison pour laquelle je pose ces questions-là, c'est en
parallèle... Je vais rappeler des souvenirs au ministre. Quand il y avait... je
ne me rappelle plus quel article, là, l'article qu'il y a eu, qu'on a amendé,
de mémoire, sur le fait qu'on devait traduire en anglais tous les... en
français tous les jugements, j'avais levé la main en disant : Si, demain
matin, l'OQLF... pas l'OQLF, mais la Société Saint-Jean-Baptiste décidait de
débarquer et de demander la traduction sans délai de tous les jugements
passés... Bon, là, ça posait un problème, évidemment, puis on a traité ça.
Là, si la même société, demain matin, après
l'adoption de la loi, là, décide de parler à tous... fait une campagne de dénonciation et décide de dire à ses
membres : Là, là, vous quadrillez le Québec, là, et vous photographiez la
devanture, là, on parle d'affichage, de tout
ce qui est dérogatoire, que c'est qui arrive? Ça se peut que ce soit un grand
volume, là.
M. Jolin-Barrette : En
réponse à votre question, de quelle façon sont priorisées... Lorsque ça touche
un individu physique, une personne directement, c'est priorisé, à
l'OQLF. Donc, si c'est une plainte d'intérêt personnel et direct, exemple, un
dossier personnel, un contrat, un dossier médical ou quoi que ce soit, ou
relative à la santé et sécurité, c'est en priorité.
M. Barrette : O.K. Correct. Ça tombe
sous le sens. Mais le ministre me dit que toutes les plaintes sont traitées sur
le même pied, mais il y a une priorisation. Quand le ministre me dit que ça va
être traité sur le même pied, ça veut dire qu'elles vont toutes être traitées
si elles sont fondées.
M. Jolin-Barrette : Oui. Elles sont
toutes analysées, oui.
M. Barrette : Bon. Non, elles ne
sont pas juste analysées, elles sont analysées...
M. Jolin-Barrette : Bien, sous
réserve de 165.20, que, si la plainte est frivole, abusive...
M. Barrette : Tout à fait. Mais, si
c'est fondé, il y a une action qui est posée.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
M. Barrette : Bon, ça fait que, là,
si, demain matin, là, dans un élan patriotique, une organisation organise un
quadrillage du Québec, là, il va y avoir une marée, parce que, là, il y a du
monde qui nous écoute, là, je vais leur donner des idées, il va y avoir une
marée de dénonciations qui devront être traitées, là. C'est oui, la réponse à
ça?
M. Jolin-Barrette : La réponse à
cette question-là, c'est oui.
M. Barrette : Bon, bien, votre armée
de soldats, là... J'aimerais bien ça savoir combien de personnes vous allez
engager, là, pour faire tout ça. Mais, regardez, vous n'êtes pas obligé, M. le
ministre, de répondre à ça, là.
M. Jolin-Barrette : Est-ce que le
député de La Pinière souhaite que nous ne traitions pas des plaintes avec des
situations dérogatoires?
M. Barrette : Ce
n'est pas ça que je dis du tout. Je ne souhaite rien, M. le Président. Moi, je
vais citer... Je ne sais plus... Je vais citer un ministre qui a parlé
ce matin à la période de questions, qui dit : On n'est pas dans le
dogmatique, on est dans le pragmatique. Ma question, elle est dans le
pragmatique. Mais c'est comme les jugements, là, ça, là.
M. Jolin-Barrette : C'était-tu
une imitation?
M. Barrette : Non, pas du
tout...
M. Jolin-Barrette : O.K. Parce
que...
M. Barrette : ...parce que je
n'avais pas la voix qui correspondait...
M. Jolin-Barrette : Non, ni le
ton...
M. Barrette : ...et je ne
souhaitais pas l'avoir non plus.
M. Jolin-Barrette : ...ni la
livraison.
M. Barrette : Non
plus. Absolument pas. Maintenant... ni la qualité de la livraison ou la qualité
de ce qui est livré.
Mais là je
comprends que, là, ça, ça peut se passer et ça risque de se passer. Et là,
quand on parle de dénonciation, on comprend, et c'est dans tous les
domaines, là, bon, et ça, là...
Je vais prendre un exemple
qui est celui qui terrorise actuellement le milieu médical et de la santé en
général. Alors là, là, il pourrait très bien
y avoir une vague de dénonciations de tel ou tel professionnel qui ne parle pas
suffisamment bien français. Parce qu'on prévoit, dans la loi n° 96,
évidemment, qu'on doit avoir une bonne connaissance du français. Et ça, ça veut
dire que cette plainte-là doit être traitée, et, pour être traitée, cette
plainte-là, là, il va falloir que... quoi, là, que l'ordre professionnel
débarque ou l'OQLF? Qui va débarquer pour aller voir Gerry? Parce qu'en général
je prends l'exemple de Gérard, mais je vais le prendre en anglais : Gerry,
parle-moi donc un petit peu, là, pour voir si tu parles assez français, là.
C'est ça qui va se passer, là?
• (17 h 20) •
M. Jolin-Barrette : L'obligation,
elle est sur l'ordre professionnel, on va le voir un petit peu plus loin, pour
faire en sorte de valider la compétence linguistique de ses membres. Et, je le
réitère, ce n'est pas nouveau qu'un professionnel, au Québec, doit pouvoir
communiquer en français avec le public.
M. Barrette : Mais mon point
n'est pas là, M. le Président. Mon point, là, il est simple, là. Quiconque
dénonce... Et la personne qui dénonce le fait selon sa propre appréciation de
la situation. Elle n'a pas une grille, la personne, là. Elle dénonce selon son
appréciation de la situation, et l'OQLF va poser un geste pour soit demander à
l'ordre professionnel soit elle-même... est-ce que c'est possible que ce soit
elle-même, je ne le sais pas... juste après, là, et là, à la fin, quelqu'un
doit débarquer pour aller faire une vérification.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, le député de La Pinière a oeuvré longtemps dans le domaine de la
santé. Ce n'est pas différent des plaintes qui sont faites dans les
établissements, ce n'est pas différent des plaintes qui sont faites à la
Commissaire à la santé et au bien-être, ce n'est pas différent des plaintes qui
sont faites au commissaire... au Protecteur du citoyen. Ce n'est pas différent.
Dans le fond, lorsqu'il y a un mécanisme de plainte, bien entendu, la plainte,
elle est reçue, puis c'est un service au citoyen qui est offert par l'État,
parce qu'il y a des lois, elles doivent s'appliquer, puis on permet au citoyen
de dire : Voici, il y a une situation dérogatoire. Et l'État doit agir,
particulièrement lorsque ça touche l'exemplarité de l'État.
M. Barrette : Alors, M. le
Président, là, c'est vrai que j'ai oeuvré longtemps dans la santé, puis là je
vais informer le ministre qu'il se trompe, parce que, dans ce monde-là, on ne
peut pas dénoncer une situation à propos de laquelle il n'y a pas un fait
objectif à mettre sur la table au moment de la plainte.
Là, dans ce cas-là, dans le réseau des
professionnels, ça va être l'appréciation de l'individu qui va déclencher une
intervention, et le ministre me dit que, s'il y a une dénonciation, il y aura
obligatoirement déclenchement d'une intervention soit par l'OQLF ou je ne sais
pas... ou l'ordre professionnel. Ça m'étonne, là. Je veux dire, j'additionne
les deux cas de figure que je viens de donner, là, il va y avoir de l'ouvrage
en titi. Mais c'est correct.
M. Jolin-Barrette : O.K. Mais
quel est l'objectif recherché? L'objectif recherché étant de faire que la loi
s'applique, étant de faire... de changer le visage linguistique du Québec pour
assurer la pérennité du français. Je crois que le député de La Pinière est
d'accord avec ça. Il me dit : Bien, écoutez, on fait un projet de loi,
mais n'ayons pas d'outil pour l'appliquer.
M. Barrette : Bien non.
Regardez, M. le Président, on n'est pas là, là.
M. Jolin-Barrette : Bien là...
Bien, c'est ça, on tourne en rond.
M. Barrette : Non, on ne tourne
pas du tout en rond.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien
oui.
M. Barrette : M. le Président,
je veux juste comprendre une affaire, là, puis le ministre va pouvoir me le
dire, là. Dans les deux cas que je viens de donner, là, donc, dans les deux
cas, ce que le ministre va me dire, c'est que, s'il y a une enquête et un
constat qui est confirmé, celui du dénonciateur, bien là, dans le cas de
l'affichage, on a tant de temps pour corriger, puis, dans le cas de l'autre, il
faut qu'il prenne des mesures ou l'ordre professionnel prenne des mesures. Je
fais simplement souligner, M. le Président, là, que disons qu'il va y avoir une
marée de... dénonciatrice. Puis, vous savez, il y a des lois, des fois, là, qui
ne sont pas applicables, puis ça se peut que ça en soit une, ça. Mais on verra,
regardez.
M. Jolin-Barrette : Pourquoi vous qualifiez
les dénonciateurs comme étant des dénonciatrices?
M. Barrette : J'ai-tu dit ça?
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Barrette : Non. J'ai
dit «une marée dénonciatrice». Je comprends que...
M. Jolin-Barrette : Vous avez dit «une
marée de dénonciatrices».
M.
Barrette : Non, une marée dénonciatrice. Je comprends que le ministre
ne porte pas toujours attention à ce qu'on dit, là, mais c'est correct. Ça
prouve à quel point son idée est faite.
M. Jolin-Barrette :
Je vous écoute religieusement.
M. Barrette :
Non, mais ne mettez pas la religion là-dedans, s'il vous plaît.
M.
Jolin-Barrette : C'est vous qui m'avez invité à réfléchir à des
indulgences.
Le Président (M.
Ciccone) : O.K. On va rester sur le projet de loi, M. le ministre, M.
le député. Merci beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député
de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. J'ai devant moi le formulaire de plainte du ministère
de l'Éducation et ministère de l'Enseignement supérieur, pour toutes sortes de
plaintes, qui peuvent être d'un ordre assez sérieux et problématique : un enfant issu des... problèmes d'adaptation et des
handicaps, ça peut avoir à régler une situation d'intimidation, toutes
sortes de choses. Et les premiers champs, sur le formulaire, avec astérisque
parce qu'ils sont obligatoires, sont l'identification du plaignant.
Je n'ai pas à nous
rappeler le fardeau, qui peut être tellement, en quelque part, tragique et
triste, de quelqu'un victime d'un acte
d'agression, de violence, qui, devant notre système criminel, a l'obligation,
comme je dis, douloureuse et, des fois, très endommageante de faire ces
dénonciations de façon identifiable. Il faut qu'il s'identifie. Et là, comme je
dis, je parle d'une autre instance de l'État québécois, d'un autre ministère,
où, c'est clair, il faut s'identifier.
Et là on parle d'une
proposition, une décision prise par le législateur de faire exception pour des
plaintes qui peuvent être de l'ordre important. Je ne remets pas en question le
rôle de vigilance, de vigie de l'Office québécois de la langue française, mais
est-ce que ce gouvernement est en train de faire la part des choses et de
dire... de trancher sur l'idée que c'est plus important de sauvegarder
l'anonymité d'un plaignant, plaignante dans cette situation que dans toute
autre? Parce que, de toute évidence, les mécanismes de l'État ne font pas
exception. Là, j'ai un exemple du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur, il faut qu'on s'identifie.
Alors, est-ce que le
ministre peut nous expliquer le raisonnement derrière cette décision de faire
exception aux procédures dans les cas que... j'ose dire, peuvent être beaucoup
plus sérieux, où l'option de garder le caractère d'anonymité n'est pas
possible?
Le Président (M.
Ciccone) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Il faut arrêter les parallèles, là, avec le
droit criminel, là. Ce n'est pas du droit criminel. Ce n'est pas des
accusations, tout ça.
L'autre élément,
c'est que l'OQLF a le pouvoir d'intervenir de plein droit, déjà, même sans
dénonciation, même sans plainte, lorsqu'il y a une situation dérogatoire qui
est contestée... qui est avérée et qui est constatée. Alors, écoutez, on est
dans une situation où on donne les outils aux citoyens pour pouvoir porter à
l'attention de l'OQLF une situation qui est dérogatoire. Je ne vois pas où est
l'enjeu avec ça.
Le Président (M.
Ciccone) : M. le député.
M. Birnbaum :
L'enjeu, M. le Président... Dans la vie, ce qui est exprimé par des
exigences légales, des procédures, on a, en quelque part, l'obligation d'avoir
le courage de nos convictions. Je ne dis pas que... Des fois, ça peut nous
rendre inconfortables de signaler quelque chose qu'on trouve injuste.
Moi, j'ai toujours
appris à mes enfants... Je me permets une petite parenthèse. J'étais à l'épicerie
avec ma fille de quatre ans, qui était tellement embarrassée. Devant moi, à la
caisse, était une immigrante très récente du Nigéria, parce que je l'ai
entendue, elle parlait. La caissière l'a traitée de façon épouvantable et elle
a dit, même, à son ami : Ah! c'est fatigant, là. Elle était tellement
irrespectueuse. Et ma fille, naïvement... a dit : Papa, tu fais une scène,
là. Et j'ai pris le temps de la faire comprendre que, des fois, il y a des
choses qu'il faut signaler. Et je veux que tu comprennes, ma fille, que, oui,
peut-être que j'ai fait un fou de moi, je m'en foutais, c'était la chose de
faire.
Alors, ma petite
anecdote, c'est pour nous rappeler que, oui, des fois, c'est un tout petit peu
plus difficile. Je ne crois pas qu'on va perdre notre job parce qu'on a
dit : Aïe! comment ça se fait que le panneau n'est pas dûment en français,
comme il faut? Bon, alors, on s'identifie. On ne parle pas de «whistle-blower»
qui va signaler son patron qui a agressé un autre employé, on parle de quelqu'un,
en bonne et due forme, qui veut se prévaloir de ses droits pour se plaindre
d'un manque d'adhérence à la Charte de la langue française. «Fine.» Est-ce
qu'on... Comment ça se fait que le gouvernement aurait décidé qu'il faut, de
façon exceptionnelle, permettre au plaignant de garder son identité secrète?
Le Président (M.
Ciccone) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, je pense avoir répondu à de multiples reprises, M. le Président. En
cas de situation de dénonciation, une personne n'a pas à s'identifier. Elle
porte à l'attention de l'office une situation qui est dérogatoire, que ce soit
dans son milieu de travail, que ce soit sur la rue, que ce soit en termes de
services publics, et elle peut, en toute liberté, refuser de s'identifier en
lien avec ça. Elle peut aussi dire : Moi, je fais une plainte puis je veux
avoir un suivi de ma plainte, ce que l'OQLF ne faisait pas avant.
M. Birnbaum :
M. le Président, avec respect, comment ça peut être une réponse, à maintes
reprises, à ma question, qui est : Comment ça se fait que, de façon
exceptionnelle, on aurait décidé de protéger la qualité anonyme d'une plainte quand,
devant d'autres instances de l'État... Et j'insiste que mon parallèle, même si
c'est dans le champ criminel, est pertinent, mais, bon, on va rester avec
l'État. Comment ça se fait que le gouvernement aurait décidé d'ajouter cette
coche exceptionnelle dans le cas actuel? Est-ce que je peux avoir une réponse à
cette question?
• (17 h 30) •
Le Président (M.
Ciccone) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, M. le Président, qu'on m'explique quel est votre enjeu avec le fait
de permettre à un citoyen québécois d'appeler à l'OQLF pour dire :
Écoutez, là, moi, là, je veux vous informer, là, qu'il y a de l'affichage
dérogatoire, là, puis je ne veux pas en entendre parler, là, par la suite, là,
mais je veux le faire, là, puis je ne veux pas laisser mon nom, je ne veux pas
laisser mes coordonnées, ou, mieux que ça : Moi, je travaille dans une
entreprise, O.K., puis il n'y a personne qui parle, mais... comme... le droit
des travailleurs n'est pas respecté, mais je ne veux pas faire de plainte parce
que j'ai peur de perdre ma job, mais j'aimerais ça avoir le droit de travailler
en français, puis l'entreprise, elle ne respecte pas les droits des
travailleurs, mais, écoutez, je suis craintif, puis j'ai une famille à faire
vivre, puis je ne veux vraiment pas perdre mon emploi, puis je veux... même si
c'est prévu, là, que c'est un acte, une pratique interdite, là, prévue à la...
puis que je vais être... fait et cause, va être pris par la Commission des
normes du travail, bien, je ne veux vraiment pas que ce soit relié à moi parce
que je ne peux pas me permettre de vivre ce stress-là ou ce combat-là à
l'intérieur de l'entreprise puis je ne veux pas être ostracisé, parce que je
sais que c'est ce qui va m'arriver. Est-ce que le député de D'Arcy-McGee a un
enjeu avec ça, avec le fait de permettre à une personne qui veut faire valoir
ses droits de travailler en français d'appeler l'OQLF puis de dire :
Écoutez, dans telle entreprise, ils ne respectent pas le droit de travailler en
français? Est-ce que c'est problématique pour le député de D'Arcy-McGee?
Le Président (M.
Ciccone) : M. le député.
M. Birnbaum :
Là, M. le Président, là, en réponse à ma question, j'ai une question qui
n'est pas une réponse à ma question. J'avais déjà dit qu'on est devant un
processus tout à fait légitime. Il y a des plaintes qui peuvent se faire.
Je veux savoir
pourquoi le ministre trouve ça tout à fait à-propos quand le parent, dans
l'école primaire, à l'autre côté de ma maison, si elle veut signaler le fait
que son enfant aurait été brutalisé par un autre enfant, et il y avait la
surveillante qui n'a rien fait, doit afficher son nom en s'inquiétant que son
fils, sa fille va retourner à l'école le lendemain, et, peut-être, des profs
vont savoir que... ah mon Dieu! sa mère a fait une plainte, ou le petit, la
petite va se faire harceler par un autre enfant plus costaud, d'un plus grand
âge, parce que ce parent aurait fait une plainte dûment signée, parce que l'État du Québec insiste, dans tous les cas, sauf
l'actuel, que le plaignant s'identifie. C'est ça, ma question.
M. Jolin-Barrette : Alors, M. le Président,
je reçois la question du député de D'Arcy-McGee avec bienveillance. Et d'ailleurs
savez-vous quoi? À cette même commission, un coup que le projet de loi n° 96 va être adopté, il y a le projet de loi n° 9 sur le protecteur de l'élève. Peut-être que la
suggestion du député de D'Arcy-McGee, en lien avec son expérience dans le
milieu de l'éducation, pourrait être pertinente en lien... et peut-être qu'il
pourrait suggérer ça à mon collègue de l'Éducation. Parce que ça me touche, ce
qu'il dit, et effectivement peut-être qu'on doit se questionner par rapport au
traitement.
Alors, ce n'est pas
parce que ça n'a pas été fait avant, un mécanisme de dénonciation anonyme dans
le domaine de l'éducation, que ça ne devrait peut-être pas exister. Alors, je
le comprends, mais ce n'est pas parce que ça ne s'est pas fait ailleurs qu'on
ne peut pas avancer puis qu'on ne peut pas innover.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Non? Pas d'intervention. Sur consentement, je comprends qu'on va suspendre
l'article 165.22. Mais, avant de le suspendre, M. le ministre, voulez-vous
le lire avant ou vous voulez...
M. Jolin-Barrette :
Écoutez, on va le suspendre, puis je le lirai quand on y reviendra.
Le Président (M.
Ciccone) : Oui, parfait. Parfait. On va passer à l'article 165.23.
M. Jolin-Barrette :
Oui. «L'office doit prendre toutes les mesures nécessaires afin de
s'assurer que l'anonymat de la personne qui a effectué une dénonciation soit
préservé.»
Commentaire.
L'article 165.23 de la Charte de la langue française que propose
l'article 107 du projet loi impose à l'office l'obligation de prendre
toutes les mesures nécessaires pour préserver l'anonymat d'un dénonciateur.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il des interventions? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David :
Bien, écoutez, on a déjà beaucoup, beaucoup discuté de la question de
l'anonymat, mais là ce que je comprends, c'est que, si le dénonciateur est
anonyme par définition, l'office ne sait même pas c'est qui. Donc, en quoi
peut-il protéger quelqu'un qu'il ne sait pas c'est qui? Est-ce que je suis
claire ou...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
il pourrait y arriver une situation où une personne vient voir l'OQLF puis elle
est identifiable, parce que, supposons, elle vient physiquement, là, ou elle
s'est identifiée d'une quelconque façon, mais elle
dit : Écoutez, moi, je ne veux pas que mon identité soit dans le dossier
et je vous demande de protéger mon identité, donc, je fais une dénonciation.
Alors là, l'obligation est sur l'OQLF de dire : D'accord, je prends votre
dénonciation puis je protège votre identité.
Mme David : Donc, c'est dans le
cas où le dénonciateur s'identifie physiquement, verbalement...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : ...n'importe
comment, là, parce que, sinon, c'est impossible de protéger quelqu'un dont on
ne connaît pas l'identité.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Donc, ça s'applique
aux gens qui le font à visage plus découvert, disons ça comme ça.
M. Jolin-Barrette : Exemple,
qui l'auraient fait... Vous, vous allez à l'édifice Camille-Laurin, à Montréal,
puis vous dites : Moi, je veux faire
une plainte. Mais vous êtes connue, là, vous êtes la députée de Marguerite-Bourgeoys,
supposons, là, puis vous avez une certaine notoriété, bien, vous voulez que la
plainte demeure confidentielle...
Mme David : O.K. Mais...
M. Jolin-Barrette : ...pour
éviter les représailles.
Mme David : Oui, mais ça, il me
semble que ça existe. Il me semble que les avocats, les... il y a plein de
monde, là, la police sont obligés de vous protéger la... Les journalistes, dont
on parlait, sont obligés de protéger la... l'identité. Alors...
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
ça, c'est... Ça, c'est des interdits de publication, dans certaines
circonstances, qui sont autorisés. En matière de crimes de nature sexuelle,
le... l'identité de la victime...
Mme David : Bien, voilà.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
ça, c'est des règles qui sont prévues en droit criminel.
Mme David : Mais là ça
n'existait pas, parce que c'est tout du... des nouvelles... des nouveaux
articles. Donc, la préservation, si on peut dire, de l'identité, pour les
représailles, tout ça, ils n'ont pas vécu avec ça, l'OQLF, depuis de nombreuses
années?
M. Jolin-Barrette : Non.
C'est un nouveau mécanisme qu'on met en place, justement, pour protéger ce
droit-là à la dénonciation.
Mme David : Puis, quand vous
dites : C'est un nouveau mécanisme, il n'est pas décrit dans l'article
dont on parle, 165.23. «Toutes les mesures nécessaires». Est-ce qu'il y a toute
une... toute une architecture derrière ça, une construction pour prendre ces
mesures-là? Est-ce que...
M. Jolin-Barrette : Bien, ça va
être développé par l'OQLF.
Mme David : Donc, on n'a pas
besoin d'aller plus que ça dans les détails de comment protéger, s'assurer de
l'anonymat, mais il y a un engagement, par contre, légal.
M. Jolin-Barrette : Il y a une
obligation légale de l'OQLF de... pour l'OQLF de le faire.
Mme David : Et, si l'anonymat n'est
pas préservé, c'est l'OQLF qui est en faute, sauf si l'OQLF dit : Ce n'est
pas moi, ce n'est pas moi, c'est le voisin de bureau de celui qui voulait être
anonyme.
M. Jolin-Barrette : Ça peut... Ça
peut engager la responsabilité de l'OQLF sur le plan civil.
Mme
David : Sur le... Bien, enfin, sur... Oui, c'est ça. Je
n'étais peut-être pas rendue nécessairement en poursuite, mais ça
pourrait aller jusque-là. C'est quand même assez engageant pour l'OQLF, cet
article-là. Je comprends bien?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme David : Et il pourrait arriver
que la conclusion, c'est : L'OQLF n'a pas pris toutes les mesures
nécessaires, parce qu'une preuve doit pouvoir être infirmée.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais ce n'est pas... Ce n'est pas le souhait,
là. Tu sais, l'OQLF, c'est un corps public. Donc, ils vont mettre en place un
mécanisme pour assurer la confidentialité.
• (17 h 40) •
Mme David : Mais
c'est ça que ça implique aussi, c'est que le contraire arrive et que le
plaignant dise : On n'a pas protégé mon anonymat, et je me fais... j'ai
des représailles, admettons.
M.
Jolin-Barrette : À ce moment-là, la responsabilité de l'OQLF pourrait
être engagée.
Mme David : Pourrait
être engagée, mais elle doit être prouvée. Mais elle peut être engagée. C'est
ça que ça implique, là, le 165.23.
M.
Jolin-Barrette : Mais là on est dans le cadre d'un corps public où
est-ce que le législateur lui dit : Vous allez faire ceci, corps public.
Donc, il doit se conformer à la loi.
Mme David : Je
comprends. Mais je comprends que ça n'existait pas jusqu'à maintenant.
M.
Jolin-Barrette : Ça n'existait pas.
Mme David : Des
fois, je me demande comment tout ça a fait pour exister ou pour être protégé
jusqu'à maintenant, sur la bonne foi, sur...
M.
Jolin-Barrette : Bien, ça ne l'était pas... bien, d'une façon
administrative, mais là le législateur vient clairement protéger le droit des
Québécois. C'est toujours...
Mme David : De
porter plainte anonymement.
M.
Jolin-Barrette : Exactement. Puis c'est toujours une question...
Mme David : Bien,
pas juste anonymement, au contraire, là.
M.
Jolin-Barrette : Pas juste anonymement. Ils peuvent le faire...
Mme David :
Pas anonymement. Un...
M.
Jolin-Barrette : Mais ce que je veux dire, c'est que ça vient garantir
la protection contre les représailles.
Mme David : O.K.
Ça, ça marche. Je comprends mieux.
Le Président (M. Ciccone) : Y
a-t-il d'autres interventions? Non? On va passer à l'article 165.24. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette :
«Il est interdit d'exercer des représailles contre la personne qui, de
bonne foi, fait une dénonciation à l'office ou contre celle qui collabore à une
enquête faite en vertu du chapitre II, ou encore de menacer une personne
de représailles pour qu'elle s'abstienne de faire une dénonciation ou de
collaborer à une telle enquête.»
Commentaire.
L'article 165.24 de la Charte de la langue française que propose
l'article 107 du projet de loi interdit les mesures de représailles à
l'encontre de la personne qui fait, de bonne foi, une dénonciation ou qui
collabore à une enquête. De même, il est interdit de menacer de représailles
une personne pour qu'elle s'abstienne de faire une dénonciation ou de
collaborer à une enquête.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il des interventions? Mme la députée.
Mme David : Encore
de compréhension. Là, ça... Les représailles seraient contre une personne qui
fait une dénonciation non anonyme, mais qui donne lieu à des gestes qui la
rendent anonyme... c'est-à-dire, qui la rendent, si je peux dire, dévoilée
puis... Parce que, là, l'OQLF ne peut pas prendre... ah! n'est pas dans la
situation de prendre des mesures nécessaires pour s'assurer de l'anonymat.
M.
Jolin-Barrette : C'est, exemple... Oui. C'est, exemple, une situation
où, je ne sais pas, un collègue de travail dit : Aïe! ne va pas
dénoncer... bien, supposons, un supérieur immédiat dit : Ne va pas
dénoncer, sinon, tu vas te faire clairer, tu
vas être congédié. Donc, ça, c'est une menace de mesures de représailles si la
personne allait dénoncer.
Mme David : Oui, mais disons qu'elle a... elle n'y va même
pas, dénoncer, quelle sorte de mesures? Elle peut appeler l'OQLF pour
dire : Je veux dénoncer, mais je ne veux pas dénoncer parce que j'ai peur
des représailles, ou elle reste tranquille dans son coin.
M. Jolin-Barrette : Non, mais, si
jamais il y a quelqu'un qui l'empêchait de faire, menacer une personne de
représailles, ça peut devenir une infraction.
Mme David : Mais
il va falloir qu'elle le dise à un moment donné.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, il va
falloir qu'il y ait une plainte à un moment donné.
Mme David : Ou, si elle y fait la
plainte et que ça se sait, même si elle a soit demandé l'anonymat ou qu'elle
n'a pas demandé l'anonymat...
M. Jolin-Barrette : Bien, supposons
que ça se sait, finalement, là, puis qu'elle se fait congédier parce qu'elle a
voulu faire une dénonciation ou parce qu'elle a fait une dénonciation, ça,
c'est interdit.
Mme David : Oui. Ça, il me semble
qu'on a vu ça beaucoup déjà dans le projet de loi. Je ne sais plus à... On en a
trop fait, là.
M. Jolin-Barrette : Oui, on l'a déjà
vu. Ça, c'était pour le droit du travailleur.
Mme David : Oui, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Ça
fait que, le travailleur, lui, on vient lui offrir une couverture, dans le
fond, une assistance pour contester, supposons, son congédiement en lien avec
ça. Là, ce qu'on vient créer ici, c'est la mesure qui va constituer une
infraction de nature pénale.
Mme David : O.K. C'est ça, la
différence. Là, on est dans le pénal, là. C'est pour ça que...
M. Jolin-Barrette : Bien, on est
sur... On va voir une disposition, qui est plus loin, quand on va être rendus
dans les dispositions pénales, qui va être rattachée à l'article 165.24,
que, si vous faites le geste prévu à 165.24, vous êtes passible d'une amende de
x, tandis que l'autre, c'était pour protéger le travailleur.
Mme David : O.K. Tandis que ce qu'on
a vu antérieurement, c'était du droit du travail.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Pas le droit d'être
congédié ou des choses comme ça.
M.
Jolin-Barrette : C'est ça. Puis, si vous êtes congédié, bien là, la
CNESST va prendre fait et cause pour vous ou votre plainte, si vous êtes un syndiqué, va être traitée par votre
syndicat, puis là vous allez procéder par voie de grief.
Mme David : Tandis que, là...
Continuez, là. Je commence à... Oui.
M.
Jolin-Barrette : Tandis qu'ici, dans le fond, on vient camper le
fait que c'est interdit d'exercer des représailles contre la personne
qui, de bonne foi, fait une dénonciation à l'office ou, si on la menace, de
dire : Toi, si tu vas dénoncer, tu perds ta job. Donc, ça, c'est l'assise
législative pour mener à une poursuite pénale.
Mme David : Bien, ce n'est pas du
droit du travail aussi? Parce que l'autre aussi, c'était perdre la job, là. Il
n'y a pas le droit de perdre une job en droit du travail, CNESST, etc.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais la différence, c'est qu'on venait créer
la pratique interdite en vertu de la Loi sur les normes du travail.
Donc, on dit... Dans le fond, c'était ce qui venait entourer la protection au
droit de travailler, O.K.?
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette : Donc là, on
venait garantir au travailleur que vous ne pouvez pas être congédié pour ce
motif-là. Puis là on venait lui prêter le régime d'assistance.
Mme David : Le droit de travailler
en français.
M. Jolin-Barrette : Droit de
travailler en français.
Mme David : Tandis que, là, c'est de
dénoncer quelque chose.
M. Jolin-Barrette : C'est de
dénoncer quelque chose. C'est interdit. Mais l'article va servir d'assise aussi
à une infraction pénale. La personne qui va faire ça, là... Supposons, là, moi,
je te congédie parce que tu as été dénoncer à l'office, là, je vais pouvoir
recevoir une amende.
Mme David : Mais donc, la même
personne pourrait travailler sur les deux tableaux...
M.
Jolin-Barrette : Elle serait obligée de...
Mme David : ...pourrait se plaindre
qu'elle n'a pas le droit de travailler en français, puis là ça peut être la
CNESST, ça peut être le droit du travail, mais peut aussi porter plainte à
l'OQLF de manière pénale, de dire : Je n'ai pas le droit de parler
français, ou, ça, non?
M. Jolin-Barrette : Dans le fond, ce
n'est pas la personne qui prend l'infraction pénale, c'est le DPCP, au bout du
compte. Parce qu'il y a deux choses. Quand, là, vous êtes un travailleur...
Supposons, là, moi, je vais à l'OQLF, O.K.? Supposons, je travaillais dans une
organisation puis là je dis : Écoutez, je ne pouvais pas travailler en
français, j'avais été voir l'OQLF, là, mon employeur me congédie, O.K.? Ça fait
que, là, je vais m'en aller à la CNESST, puis eux vont prendre mon dossier pour
que je sois réintégré dans mon emploi. Donc là, ça va passer devant le Tribunal
administratif du travail, puis là le Tribunal administratif du travail va dire
à l'employeur : Monsieur, ce que vous avez fait, de congédier une personne
parce qu'ils ont porté... ils ont fait une plainte à l'OQLF, vous n'aviez pas
le droit de le congédier pour ce motif-là, donc vous devez le réintégrer avec
salaire, avec indemnité du salaire perdu. Premier élément. Ça, c'est le recours
de nature civile en droit du travail.
Mais, de l'autre côté, ce que
l'article 165.24 fait, c'est qu'il vient permettre au Directeur des
poursuites criminelles et pénales de porter une poursuite pénale à l'encontre
de la personne qui fait ça. Donc, l'employeur pourrait se voir imposer une
amende en matière pénale parce qu'il a commis un geste qui est dérogatoire à la
charte, le fait d'empêcher quelqu'un de porter plainte ou de faire une mesure
de représailles.
Mme David : Et qui est la même
mesure de représailles que le congédiement.
M. Jolin-Barrette : Bien oui, c'est
ça.
Mme David : Mais donc ça peut être
joué sur deux tableaux, parce que...
M.
Jolin-Barrette : Oui, sauf que la différence... Au niveau de la
résultante, lorsqu'on est en matière civile, la réparation de la faute, elle est faite à l'encontre d'une partie qui est
privée, donc le travailleur en question, tandis qu'à 165.24 la
réparation, elle est à l'encontre de la société. C'est le principe du système
pénal et criminel, où est-ce que c'est l'État qui
vous poursuit, le Directeur des
poursuites criminelles et pénales,
parce que vous avez eu un comportement répréhensible à l'endroit de...
un comportement qui est prohibé dans la société. Donc, l'amende s'en va au
fonds consolidé.
Mme David : Mais c'est ça, donc...
M. Jolin-Barrette : C'est punitif.
Mme
David : C'est punitif. Mais on voit souvent ça, que la
plainte peut avoir deux carrières, si on veut, la carrière en droit
civil, la personne doit être réintégrée avec indemnité et réparation, puis
la... la personne porte même plainte au niveau pénal, et là c'est une autre...
un autre système qui prend ça en charge et qui pénalise celui qui a congédié.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, mais
ça ne veut pas dire que les deux vont vivre. Ça peut arriver que vous ayez un
dossier en droit du travail, mais que vous n'avez pas de dossier en droit
pénal.
Mme
David : ...que le DPCP n'accueille pas la plainte au
niveau pénal, parce que les critères ne sont pas les mêmes.
M. Jolin-Barrette : Exactement,
exactement.
Mme David : Et là, ici, on est dans
la partie pénale.
M. Jolin-Barrette : Bien, on va
le...
Mme David : Tout à l'heure, on
était... bien, tout à l'heure... antérieurement, il y a quelques jours,
semaines, je ne sais plus, on était dans la partie plus civile, droit du
travail, pour l'employé lui-même.
M.
Jolin-Barrette : Oui. On va le voir, on va accrocher l'infraction
un petit peu plus loin. Ça, c'est la base de l'infraction.
Mme David : Bien, je sais qu'il y a
des amendes. Mais il y en a toujours eu, là.
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Il y
en a toujours eu. Mais...
Mme David : Mais on indexe les
montants, mais...
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Mais,
dans le fond, cet article-là va pouvoir générer une plainte pénale... pas une
plainte pénale, une poursuite pénale.
Mme David : Et
ça, j'ai compris que l'OQLF... Parce qu'il y a des chiffres qui sortent, qui
sont publics, là, que c'est une proportion relativement petite, congrue qui se
rend jusque-là. C'est...
M. Jolin-Barrette : Il y a très,
très peu de poursuites pénales par année.
Mme David : 1 %, je pense, à
peine.
M. Jolin-Barrette : C'est minuscule.
Parce qu'on est vraiment dans une logique, à l'OQLF, d'accompagner les
entreprises pour corriger la situation. L'objectif n'est pas de taper sur la
tête de qui que ce soit mais plutôt de changer les comportements.
• (17 h 50) •
Mme David : Mais est-ce que, tout
ça, vous anticipez que ça va augmenter le pénal ou vous le faites pour mieux
encadrer le pénal, mieux encadrer la situation?
M. Jolin-Barrette : Je ne peux pas
prévoir, parce qu'honnêtement on souhaite que tout le monde se conforme à
l'application de la loi. Dans le fond, ça, c'est toujours le levier pour faire
respecter. C'est pour ça que, dans chacune des lois, il y a des dispositions
pénales, souvent, qui sont à la fin de la loi, pour assurer que l'État puisse
faire respecter l'application de sa loi. Donc, on ne souhaite pas qu'il n'y ait
aucune poursuite pénale qui soit entreprise, là. On souhaite que le monde
respecte.
Mme David : Mais le mécanisme est
là, mais il n'était pas là avant. C'est ça qui est bizarre.
M. Jolin-Barrette : Bien, cette
mesure de protection là, relativement à la dénonciation, n'était pas là parce
que ça n'existait pas, la dénonciation.
Mme David : Donc, les gens ne
pouvaient pas porter plainte... Ils pouvaient porter plainte?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais le
mécanisme de dénonciation n'était pas là. On vient garantir la protection du
travailleur. Dans le fond, l'infraction, c'est : Si vous congédiez votre
travailleur parce qu'il a porté plainte à l'OQLF...
Mme David : Ça, je comprends.
M. Jolin-Barrette : ...bien, vous
n'avez pas le droit de faire ça puis vous êtes passible d'une poursuite pénale.
Mme David : Mais vous n'êtes pas en
train de me dire, ou alors je comprends mal, qu'il n'y a jamais d'employés qui
ont appelé à l'OQLF pour se plaindre en 50 ans.
M. Jolin-Barrette : Non, non. C'est
déjà arrivé.
Mme David : Bien oui, mais il n'y
avait pas ce mécanisme-là.
M. Jolin-Barrette : Il n'y avait pas
le mécanisme de protection pour le travailleur.
Mme David : Vous voyez, M. le
Président, c'est un vrai cours de droit, en même temps, puis de vécu des
55 dernières années. Ça va pour moi.
Le Président (M. Ciccone) : Ça va. Y
a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Le mot «représailles»,
est-ce qu'il a une connotation plus importante, une dénotation claire et nette,
et est-ce qu'on parle d'un mot, un concept qui peut englober des actes qui
iraient jusqu'aux actes criminels? «Représailles», c'est un mot, bon,
j'imagine, fort, mais c'est quoi, le sens légal du terme, dans le contexte de
165.24?
M. Jolin-Barrette : Mesures de
représailles, notamment, supposons qu'on est dans le domaine du travail, ça
peut être un déplacement, un congédiement, du harcèlement, une diminution
salariale, un congédiement déguisé, toute mesure associée à l'environnement de
travail, l'empêcher de recevoir une promotion, vous déplacer de local, tout ce
qu'on peut penser comme mesure qui comporte des conséquences en lien avec votre
geste que vous avez effectué.
M. Birnbaum : La deuxième petite
précision : Est-ce que les mots qui suivent presque tout de suite après
ont une connotation, une qualité qu'on peut décrire de façon, bon, légale, en
quelque part, de bonne foi? Parce que, et je pose la question en sincérité, il
y a des plaintes qui peuvent être déposées de façon peut-être frivole, où la
bonne foi serait très difficile à établir. Est-ce que les mots sont bien
placés? Cette personne-là, ce serait légitime qu'elle soit assujettie à des
représailles. Parce que, là, on note que la personne qui pose une plainte de
bonne foi est protégée. En toute sincérité, la personne où la bonne foi n'est
pas si évidente que ça, quand même, est-ce qu'on laisse entendre que cette
personne-là risque de perdre son job, etc.? Est-ce que les mots sont bien
placés?
M.
Jolin-Barrette : Bien, je vous dirais, à 2805, la bonne foi se présume — du
Code civil. Mais, cela étant, quelqu'un qui
fait une fausse dénonciation et pas... en vue de nuire est susceptible d'une
poursuite en matière civile. Quand vous
avez quelqu'un, là, qui commet, là... Supposons, là, qu'il dit : Mon
employeur m'a congédié, il m'a fait du harcèlement,
il m'a congédié, tout ça, là, puis ça s'avère que ce n'est pas vrai, c'est déjà
arrivé comme ça, bien, l'employeur a un recours civil contre la personne qui l'a amené devant les tribunaux, qui a sali
sa réputation, puis tout ça, là. Ce n'est pas différent.
M. Birnbaum : Donc, ce genre
d'exemple dénoterait un manque de bonne foi, donc, les circonstances qui
peuvent être issues après. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions? Oui.
Mme David : ...que c'est très
intéressant, la question, parce que... Là, le député de D'Arcy-McGee l'a mis à
l'inverse, et je pense que la réponse du ministre est importante, parce que ça
peut arriver que quelqu'un prenne en grippe son employeur et dénonce des choses
à peu près inexistantes. Alors, ce n'est pas toujours facile, pour l'OQLF, de
voir s'il y a du...
M. Jolin-Barrette : Tout ce que
je veux dire, c'est qu'à sa face même, là, supposons, là, que la personne, là,
n'est pas de bonne foi, là, l'article fait en sorte que ça ne donnera pas
ouverture à une poursuite pénale, parce que la personne n'est pas de bonne foi.
Donc, les critères pour rencontrer les éléments générateurs de l'infraction ne
seront pas remplis, parce que la personne n'était pas de bonne foi pour le
faire.
Mme David : Bien, j'ai tenu à
reprendre la parole pour que vous redisiez ça très clairement, parce que... On
le sait, il n'y a peut-être pas un seul gestionnaire, dans toute une carrière,
qui n'a pas eu, à un moment donné, à faire face à ce genre de... que ce soit
pour la langue ou pour n'importe quoi d'autre, là, ce genre d'inquiétude qu'un
employé, vraiment, n'était pas nécessairement de bonne foi ou pouvait croire
sincèrement qu'il se passait quelque chose, alors que c'était de la mauvaise
interprétation. Alors, il faut que ça joue un peu dans les deux sens et que ça
prévoie aussi que l'employeur n'est peut-être pas toujours celui qui est de
mauvaise foi. C'est ça que je veux dire. Je pense que c'est ça que le député
voulait dire aussi.
Le Président (M. Ciccone) : Ça va,
M. le ministre? Il n'y a plus d'autres interventions? Formidable. Nous sommes
prêts maintenant à passer à l'article 165.25 proposé à l'article... mon
Dieu! il faut retourner... 107.
M. Jolin-Barrette : «Pour
l'application du présent chapitre, sont présumées être des représailles contre
une personne sa rétrogradation, sa suspension, son congédiement ou son
déplacement ainsi que toute sanction disciplinaire ou autre mesure portant
atteinte à son emploi ou à ses conditions de travail.»
Commentaire. L'article 165.25 que propose
l'article 107 du projet de loi complète l'article 165.24 et établit
une présomption selon laquelle certaines mesures telles que le congédiement, la
suspension et la rétrogradation d'une personne sont des représailles. Cette
présomption pouvant être repoussée, il incombera au défendeur de faire la
preuve que la mesure n'était pas, dans les circonstances, une mesure de
représailles.
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
des... Oui, Mme la députée.
Mme David : Écoutez, si je
n'avais pas eu tous mes cours de droit depuis un an, je ne comprendrais rien à
ça, mais maintenant que je sais la différence entre «présumé» et «réputé»,
j'adore lire : «Cette présomption pouvant être repoussée...» Parce que,
«réputé», on ne peut pas contester. «Présumé», on peut dire : Attention,
«présumé», j'ai droit de faire la preuve du contraire.
Alors, je trouve ça intéressant, parce que, là,
j'ai lu attentivement un commentaire et j'allais vous dire : Ah! tiens,
ici, M. le ministre, on a «présumé». Parce qu'à d'autres fois, vous le savez,
vous avez mis «réputé», l'article 46.1, entre
autres. Alors, c'est très réfléchi, votre affaire, là. Ce n'est pas seulement
un compliment que je vous fais, mais c'est...
M. Jolin-Barrette : ...
Mme David : Ce que je veux dire,
c'est que ce n'est pas fait naïvement, là, c'est... Chaque mot est... Et, en
droit, vous le dites souvent, chaque mot a sa place. Alors, dans ce cas-ci, il
y a quand même une présomption, mais qui peut être d'innocence aussi. C'est-à-dire
que la personne peut se défendre, l'autre... La personne accusée peut se
défendre, là. Si vous aviez mis : Pour l'application, sont réputées être
des représailles, bien là, ça ne laisserait plus grand place à l'employeur.
Est-ce que je fais une bonne lecture?
M. Jolin-Barrette : Une bonne
lecture, c'est une présomption qui est réfragable.
Mme David : Voilà. Et l'autre,
c'était... qui m'a montré ça, M. le député? Irréfragable. Ça fait longtemps
qu'on n'avait pas parlé de ça. Merci de me rappeler ce nouveau mot dans mon
lexique, qui ne sera pas, celui-là, interdit.
M. Jolin-Barrette : ...pour le
Barreau.
Mme David :
Pardon?
M. Jolin-Barrette :
Vous êtes prête pour le Barreau.
Mme David :
Alors, je suis prête pour le Barreau, moi.
Le Président (M.
Ciccone) : Y a-t-il d'autres interventions?
Mme David :
Non. Ça va.
Le Président (M.
Ciccone) : On est prêts maintenant à passer à l'article 165.26.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. «Toute personne qui, de bonne foi et conformément à
l'article 165.22, dénonce à l'office un manquement à la présente loi
n'encourt aucune responsabilité civile de ce fait.
«Il en est de même de
la personne qui formule une plainte visée à l'article 165.15.»
Commentaire.
L'article 165.26 de la Charte de la langue française que propose l'article 107
du projet de loi prévoit une immunité au bénéfice de la personne qui fait une
dénonciation de bonne foi et conformément à l'article 165.22. Cette
immunité bénéficie aussi à la personne qui formule une plainte visée à
l'article 165.15.
Le Président (M.
Ciccone) : Mme la députée.
Mme David : Bien,
c'est ce que vous... C'est ce à quoi vous faisiez référence, la bonne foi.
C'est ça, le fait nouveau dans cet article-là, là. Mais, quand vous
dites : Toute personne qui, de bonne foi, bon, dénonce, il n'encourt
aucune responsabilité civile, ça veut dire qu'il ne peut pas... que la personne
ne peut pas être poursuivie au civil si on peut faire la démonstration et la
preuve qu'elle était de bonne foi. Est-ce que je comprends bien?
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme David : Donc,
un DPCP de ce monde ou je ne sais pas qui... non, pas DPCP parce que c'est au
civil... En tout cas, quelqu'un dirait : Elle était de bonne foi, il ne
peut pas y avoir de poursuite au civil. Ça, ce n'est pas le DPCP qui va évaluer
ça, c'est...
M.
Jolin-Barrette : Non.
Mme David : C'est
qui qui réévalue ça? C'est CNESST?
M.
Jolin-Barrette : Non. Supposons, l'employeur, là, dit : Écoutez,
là, vous avez porté une plainte contre moi à l'OQLF, et je veux vous
poursuivre, bien, la...
Mme David : Au
civil.
• (18 heures) •
M.
Jolin-Barrette : ...au civil, pour des dommages et intérêts, là, le
citoyen, lui, va dire : Bien, écoutez, moi, là, M. le juge, j'étais de
bonne foi, là, je n'ai pas voulu nuire à l'employeur. Alors, j'ai un motif de
défense pour dire : Écoutez, j'étais de bonne foi, oui, c'est vrai que
j'ai déposé une plainte, c'est vrai qu'il y a eu une enquête de la part de
l'OQLF par rapport à ma plainte, sauf que moi, je ne voulais pas nuire à
l'employeur, en fonction des faits que j'ai constatés, il était légitime que je
puisse poser ma plainte, j'étais de bonne foi.
C'est différent de
dire : Aïe! on va aller déposer une plainte, là, contre tel employeur,
manifestement, alors que je sais que ce n'est pas avéré puis que ce n'est pas
une vraie situation. Alors là, puisque je suis de mauvaise foi, l'employeur va
me poursuivre, pourrait me poursuivre au civil.
Mme David : Je
continue mon cours de droit, là. Est-ce que, le juge, ce n'est pas sa job, de
toute façon, d'évaluer si la personne était de bonne foi ou pas de bonne foi?
En quoi l'article apporte quelque chose de plus, de dire que c'est... elle est
présumée être de bonne foi?
M.
Jolin-Barrette : Ça dépend de la nature du litige qui est présenté
devant le juge. Les juges, là, ils n'ont pas nécessairement à évaluer la bonne
foi d'une personne. Ça dépend de la nature du litige. Lorsqu'il y a une
question d'interprétation... Supposons qu'il y a un contrat entre deux
personnes, puis un dit : Je te vends ma remorque pour 500 $, puis
l'autre, il dit : Bien, j'accepte de te payer 500 $, puis que, là, la
remorque, deux jours après, un coup que j'ai mis mon réfrigérateur pour le
transporter, la remorque, elle brise...
Mme David :
...
M. Jolin-Barrette : Bien, ça dépend
si vous l'aviez inspectée, si c'était apparent ou pas apparent, tout ça. En
tout cas, tout ça pour dire que, la personne, sa responsabilité... Supposons
qu'elle était en parfait entretien, mais qu'il arrive une situation où, par un cas fortuit, la remorque, elle brise,
bien, ce n'était pas déjà une situation avérée, c'est que...
Mme
David : Un nid de poule terrible.
M.
Jolin-Barrette : Oui, un nid de poule terrible. Bon, bien, vous avez
raison, la personne était de bonne foi, mais il est passé dans le nid de poule.
Mme David : Mais
ce n'est pas la job du juge, ça, de dire... «N'encourt aucune responsabilité
civile». Ce n'est pas le juge qui doit décider, là, s'il y a... s'il y a une
responsabilité civile ou pas dans le cas où l'employeur, justement,
poursuivrait son employé?
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais tout ce qu'on dit, là, c'est le fait de
faire la dénonciation. Tu sais, dans le fond, vous ne pouvez pas être poursuivi
parce que, tu sais, je constate une situation, O.K., où...
Supposons, là, bon,
l'entrée en vigueur des dispositions relativement à l'affichage va se faire
trois ans après la sanction de la loi, O.K.? Dans deux ans... Supposons que la
loi était sanctionnée aujourd'hui. Dans deux ans, quelqu'un appelle à l'OQLF pour dire : Écoutez, je
constate que l'affichage est dérogatoire, là, ce n'est pas... ce n'est pas à
présence... nette prédominance du français.
Mme David : Présence
suffisante, pour l'instant.
M. Jolin-Barrette : Non, non, mais, c'est ça,
c'est présence suffisante, mais ça va être nette prédominance. Mais la
personne a suivi nos travaux, puis elle s'est trompée d'une année, puis elle
pensait que ça rentrait en vigueur après deux ans, puis là elle appelle à
l'OQLF pour dire : Aïe! allez voir ça, là, c'est juste... il n'y a pas la
nette prédominance. Mais elle était de bonne foi. Elle pensait qu'elle était...
qu'il y avait véritablement une situation dérogatoire. Elle ne pourra pas être
poursuivie au civil...
Mme David : Par?
M.
Jolin-Barrette : Par l'employeur qui a eu une visite de l'OQLF.
Mme David : ...qui
a mis la pancarte mais qui a encore un an pour la changer.
M.
Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Elle
pourra... Donc, ça protège même en amont de la plainte. Ce que ça dit là, c'est
que l'employeur ou la personne intimée, je pense que c'est ça qu'on dit, n'a
pas le droit de... même pas de déposer une plainte au civil. C'est comme :
Essaye-toi même pas, la personne est protégée parce qu'elle était de bonne foi.
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, ce que ça fait, c'est que la personne
qui a fait la dénonciation, elle bénéficie d'un moyen d'exonération de sa
responsabilité civile parce qu'elle était de bonne foi. Si la personne démontre
qu'elle était de bonne foi, elle a un motif d'exonération de responsabilité.
Parce qu'il y a trois choses...
Mme David : Je
pensais que c'était ça, toutes les règles de droit, là, si tu es de bonne
foi...
M. Jolin-Barrette : Bien, pas tout le temps.
Vous pouvez avoir créé un préjudice, même si vous étiez de bonne foi.
Mme David : Oui,
mais il semble qu'on vient...
M.
Jolin-Barrette : Votre responsabilité civile peut être engagée. Dans les
règles de droit civil régulier, là, votre responsabilité civile peut être
engagée, même si vous êtes de bonne foi. Vous pouvez avoir causé un préjudice
par une faute, même si vous étiez de bonne foi, qui a causé des dommages.
Mme David : Donc,
si les juges voient ça, là, cet article-là, ils vont dire : C'est
important de le mettre dans le projet de loi pour...
M.
Jolin-Barrette : Oui, parce que le législateur vient dire :
Écoutez, «toute personne qui, de bonne foi et conformément à l'article 165.22,
dénonce à l'office un manquement à la présente loi n'encourt aucune
responsabilité civile de ce fait». Ça veut dire que tu ne peux pas être tenu
responsable d'avoir appelé l'OQLF pensant qu'il y avait une infraction qui
était commise. Ce n'est pas un fait générateur d'un recours, parce qu'en
responsabilité civile il y a trois éléments : faute, lien de causalité,
dommages et intérêts. Moi, quand je suis le demandeur, les trois... Oui, le
préjudice, excusez. Quand je suis le demandeur, je dois prouver ces différents
éléments là.
Mme David : Puis
ça, c'est important dans...
M.
Jolin-Barrette : Préjudice... dommages et intérêts qui sont générés
par le préjudice.
Mme David : Ah! bien là, vous allez
trop vite dans votre cours, là. Je vous ai perdu.
M.
Jolin-Barrette : Bien, faute, je commets une faute, lien de causalité,
il y a... entre la faute puis le préjudice, il y a un lien. Préjudice, donc,
j'ai perdu de l'argent, ça m'a causé de l'argent... ça a causé un dommage à ma
réputation. Donc, je demande des dommages et intérêts.
Mme David : Ça, c'est version
employeur, tout ce temps-là, là, version employeur devant quelqu'un qui n'était
pas de bonne foi.
M. Jolin-Barrette : Bien oui, c'est
ça.
Mme David : Mais ici on parle des
gens de bonne foi, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, la
personne de bonne foi, elle, là, quand elle va se faire poursuivre, là, elle va
pouvoir dire : M. le juge, oui, c'est vrai, j'ai déposé une plainte, j'ai
déposé une dénonciation, est-ce qu'il y a eu une faute de ma part? Oui, parce
que...
Mme David : Mais j'étais de bonne
foi.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais ce
n'était pas avéré, là, il était conforme à la réglementation, ça fait que je me
suis trompé, là, O.K.?
Mme David : Là, vous, vous dites,
dans ça... Le juge n'a pas le droit...
M. Jolin-Barrette : De trouver sa
responsabilité civile, parce qu'elle était de bonne foi puis elle pensait...
Mme David : Et ça, vous avez le droit
de dire au juge quoi faire.
M. Jolin-Barrette : Bien, on est le
législateur, puis, oui, c'est nous qui édictons le droit, et les juges...
Mme David : Non, mais, même la
conclusion... Vous n'avez pas le droit d'arriver à la conclusion, M. le juge,
qu'il y a une responsabilité civile, parce que la personne était de bonne foi
de ne pas savoir qu'elle avait trois ans pour se conformer plutôt que deux.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme
David : Puis ça, c'est dans beaucoup de lois, là, de dire
un peu... d'orienter la réflexion, si je comprends bien.
M. Jolin-Barrette : Oui. C'est comme
un régime d'immunité.
Mme David : Bon, vous nous suivez,
M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) : Oui,
oui, très bien.
Mme David : C'est passionnant, hein?
M. Jolin-Barrette : On me glisse à
l'oreille que c'est supplétif au Code civil.
Mme David : Ah! les docteurs.
M. Jolin-Barrette : Ah! les
docteurs, hein? Moi, honnêtement, on ne m'invite jamais aux clubs de discussion
et de lecture le dimanche après-midi.
Mme David : C'est une vie
palpitante.
M. Jolin-Barrette : Je sais. Je
change des couches, à la place.
Le Président (M. Ciccone) : Y a-t-il
d'autres interventions? Non? Formidable. Compte tenu du fait qu'on a suspendu
l'article 165.22, on va suspendre l'article 107 et on va passer
immédiatement à l'article 108. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. L'article
166 de cette charte est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant...
Le
Président (M. Ciccone) : M. le ministre, juste un instant, j'ai commis une
erreur. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article 107?
Consentement. Excusez-moi, M. le ministre. Vous pouvez continuer.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 166 de cette charte est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«Il ne peut cependant
effectuer une telle inspection ou une telle enquête auprès d'une institution
parlementaire au sens de l'annexe I ou,
en l'absence de plainte, de dénonciation ou d'une requête du ministre en vertu
de l'article 156.7, d'un organisme de l'Administration auquel
s'applique la politique linguistique de l'État.»
Commentaire. L'article 108 du projet de loi
propose de modifier l'article 166 de la Charte de la langue française pour
circonscrire les pouvoirs d'inspection et d'enquête qu'il confère à l'office
par concordance avec les pouvoirs que le projet de loi confère au ministre de
la Langue française et au Commissaire à la langue française.
Donc, l'article signifie que l'office est
responsable des entreprises, mais, lorsque ça touche les ministères et les
organismes, c'est le ministre de la Langue française qui agit. Lorsque ça
touche les institutions parlementaires, c'est le Commissaire à la langue
française qui agit.
Le Président (M. Ciccone) : Commentaires?
Mme David : C'est intéressant, parce
que, dans la charte actuelle, c'est : «L'office peut, pour l'application
de la présente loi, effectuer des inspections et des enquêtes.»
Mais là, étant donné la création du commissaire,
il faut apporter cette précision-là que, les institutions parlementaires, ce
n'est pas l'office qui s'occupe de ça.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
C'est dans le terrain de jeu du Commissaire à la langue française.
Mme David : C'est une autre
patinoire, M. le Président, non?
Le Président (M. Ciccone) : Oui.
Mme David : Bien non, mais je
me trouve, à cette heure-ci, quand même assez vive d'esprit encore.
Le Président (M. Ciccone) : Bien
sûr.
Mme David : Bon. Mais ça va
pour cet article-là.
Le Président (M. Ciccone) : Oui.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Non? Est-ce que
l'article 108 est adopté?
• (18 h 10) •
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ciccone) : Formidable.
On passe à l'article 109. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Les
articles 167 à 169 de cette charte sont remplacés par le suivant :
«167. L'office doit établir un programme d'inspection
concernant la conformité aux dispositions des articles 46 et 46.1 des
employeurs autres que l'Administration.»
Commentaire. L'article 109 du projet de loi
propose le remplacement des articles 167 à 169 de la Charte de la langue
française par un nouvel article 167 ayant pour objet d'améliorer la
protection du droit des travailleurs d'exercer leurs activités en français et
obligeant à cette fin l'office à établir un programme d'inspection afin de
vérifier la conformité des employeurs aux articles 46 et 46.1.
Mme David : Ça,
c'est intéressant. Là, on revient, on en a... C'est drôle qu'on en ait parlé il
y a quelques minutes. On revient à l'affichage des offres d'emploi.
M. Jolin-Barrette : Oui,
exactement.
Mme David : Je pense
que, là, on circonscrit la patinoire, là. On revient... Et là autre
responsabilité confiée à l'office... Là,
on rajoute encore quelques autres employés. L'office doit aller inspecter,
donc, décider d'emblée et non pas à partir de plaintes ou à partir de... si je comprends bien, la conformité des
employeurs autres que l'Administration. Mais c'est énormément de monde,
là. Comment vous allez faire ça ou comment... Il me semble que c'est une
mégaresponsabilité de plus.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
mais en fait, là, ce n'est pas de vérifier chacune...
Mme David : Des offres
d'emploi...
M. Jolin-Barrette : ...des
offres d'emploi.
Mme David : En ce moment,
surtout, il va y en avoir en...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
L'objectif, là, c'est comme n'importe quelle autre inspection... programme
d'application de la loi qui est fait par n'importe quel organisme.
Je vous donne un exemple.
Prenons le MAPAQ, O.K.? Bien, le MAPAQ, ils ont des programmes d'inspection. Ils vont à l'épicerie, supposons, ils vérifient de
temps à autre la température des réfrigérateurs, la salubrité, quels
produits sont utilisés, est-ce que c'est nettoyé, tout ça. Ils font la même
chose dans les restaurants pour obtenir le permis. Donc, c'est un peu la même
chose, c'est un programme d'inspection.
Et c'est un peu comme quand vous travaillez dans
un ordre professionnel, l'inspection professionnelle. Est-ce que vous allez
visiter tous les psychologues? Non. Par année, vous en avez x nombre que
vous vérifiez les dossiers, tout ça. Donc, dans son mandat de régulateur,
l'OQLF, on lui donne le mandat également de vérifier l'application des
articles 46 et 46.1.
Mme David : Alors, il faut bien
remarquer, M. le Président, qu'on est dans le chapitre Inspections et enquêtes,
chapitre II, deux types de... je ne
sais pas quoi, de sections ou je ne sais pas quoi, là, on est tellement...
c'est tellement complexe.
Mais l'ancien 167, c'était : «L'office
agit d'office...» Drôle de formulation. «L'office agit d'office ou à la suite
de plaintes.»
Alors, c'est
une façon plus ciblée, je dirais, «agit d'office». Ça, ça veut dire : Il
décide d'agir proactivement ou alors quand il y a des plaintes.
Alors, dans le fond, vous, ça revient un peu au
même. Un programme d'inspection, c'est agir d'office. Mais, plus précisément ou
chirurgicalement, sur les articles 46, 46.1, ça, ce n'était pas
nécessairement là dans la charte actuellement.
M. Jolin-Barrette : Non,
effectivement.
Mme David : Parce qu'il n'y a
pas juste ça, là, d'agir d'office. Il peut aller pour l'affichage, mais il peut
aller pour tout le reste, là.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Il y a d'autres articles également dans la charte qui sont prévus, mais,
spécifiquement pour ces deux postes-là, 46 puis 46.1, pour ces deux
articles-là, on veut que l'OQLF, en raison de l'importance rattachée au domaine
du travail, bien, puisse établir un programme d'inspection au sein de l'OQLF
pour vérifier cette application-là.
Mme David : Qu'il n'y ait pas,
abusivement, on pourrait dire, des postes affichés en exigeant une langue autre
que le français, là, tout ce qu'on a vu dans l'article 46, 46.1. Alors,
soit qu'il y a des plaintes soit qu'ils vont vérifier, comme les ordres
professionnels font.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Ça va.
Le
Président (M. Ciccone) : O.K. Est-ce qu'il y a d'autres inventions? Non?
Est-ce que l'article 109 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ciccone) : On
passerait à l'article 110. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 172 de cette charte est modifié par le remplacement, dans le
premier alinéa, de «L'» par «Dans une enquête autre que celle relative à une
infraction à la présente loi, l'».
Commentaire. L'article 110 du projet loi
propose de préciser l'article 172 de la Charte de la langue française afin
que l'office ne puisse utiliser les pouvoirs des commissaires nommés en vertu
de la Loi sur les commissions d'enquête dans le cadre d'une enquête relative à
une infraction à la charte.
Le Président (M. Ciccone) : Mme la
députée.
Mme David : ...ça... Ayant eu
l'expérience d'une commission spéciale qui avait... qui donnait les pouvoirs
d'une commission d'enquête, je suis un peu sensible à ça.
«L'office ne puisse utiliser les pouvoirs des
commissaires nommés en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête dans le
cadre d'une enquête relative à une infraction». Ça, je pense que, pour les fins
de compréhension, il faudrait que vous nous donniez un petit peu plus de
pédagogie sur cette question.
M. Jolin-Barrette : Alors, le nouvel
article, là, tel que proposé, lorsqu'on le lit, ça dit : «Dans une enquête
autre que celle relative à une infraction à la présente loi, l'office a les
pouvoirs et l'immunité des commissaires nommés en vertu de la Loi sur les
commissions d'enquête, sauf le pouvoir d'ordonner l'emprisonnement.
«Dans les cas
qui le requièrent, l'office peut conférer ces pouvoirs et cette immunité à
toute personne qu'il désigne.»
Donc là, on parle d'une enquête autre que celle
relative à une infraction à la présente loi. Ça veut dire que, si l'OQLF, là,
amène une enquête relativement à une infraction potentielle qui est prévue à la
Charte de la langue française, elle n'a pas le pouvoir prévu à la Loi sur les
commissions d'enquête d'assigner la personne. Pourquoi? Parce qu'éventuellement cette enquête-là pourrait mener à une
poursuite pénale, O.K.? Ça fait qu'on ne souhaite pas... Dans le fond, on vient
limiter l'action de l'OQLF, O.K.? On vient dire : Tu ne pourras pas
contraindre quelqu'un à venir témoigner contre toi-même, O.K.? Si ça constitue
une infraction qui est prévue dans la loi, je ne peux pas t'asseoir puis
t'obliger à répondre à mes questions, parce que tu pourrais recevoir une
poursuite pénale.
Par contre, l'OQLF a le pouvoir de contraindre,
en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête, lorsqu'elle mène une enquête
qui n'est pas susceptible de générer une infraction pénale. Exemple, l'OQLF
mènerait une enquête sur la situation du français au Québec, puis elle
démarrerait ses travaux, puis là supposons qu'elle voulait entendre, je ne sais
pas, le président d'Air Canada, puis le président d'Air Canada refuse de venir
témoigner à la commission, bien, elle pourrait dire : Bien, monsieur, je
vous assigne à venir témoigner devant la commission... devant l'office dans le
cadre de l'enquête que je mène sur la situation du français.
Mme David : Elle ne pourrait pas
assigner.
M. Jolin-Barrette : Oui, elle
pourrait l'assigner.
Mme David : Si c'était une
commission d'enquête.
M. Jolin-Barrette : Non. Elle mène
une enquête, l'OQLF...
Mme
David : Vous dites qu'elle n'a pas le droit de mener des
enquêtes selon la Loi sur les commissions d'enquête.
M. Jolin-Barrette : Non. Ce qu'elle
n'a pas le droit, là... Quand on dit, si vous êtes dans votre page de gauche,
là, «dans une enquête autre que celle relative à une infraction à la présente
loi», O.K., ça veut dire que, si, là, l'enquête que mène l'OQLF... L'OQLF mène
une enquête sur la situation linguistique au Québec, O.K., puis elle veut entendre
différents intervenants, puis elle veut les faire comparaître, O.K., elle peut
le faire parce qu'elle a les pouvoirs qui sont prévus à la Loi sur les
commissions d'enquête.
Mais, où on vient restreindre son pouvoir, c'est
qu'elle ne pourrait pas le faire... Elle ne pourrait pas assigner quelqu'un,
supposons, elle ne pourrait pas le faire si c'est susceptible de mener à une
poursuite pénale parce qu'il y a une infraction qui est prévue à la loi. On
veut éviter l'auto-incrimination d'une personne. L'office ne pourra pas
dire : Vous venez vous asseoir ici, puis, en plus, je pourrais vous
poursuivre. Dès qu'il y a une infraction qui est prévue dans la Charte de la
langue française, la personne ne peut pas être contrainte de venir témoigner.
Mme David : Je ne sais pas, là, si
je peux faire le parallèle. On nous dit souvent... Puis je ne sais jamais où
est-ce qu'on est protégés, comme élus, là, si c'est dans le salon bleu ou en
dehors du salon bleu. On dit souvent : Allez répéter ça en dehors. Donc,
c'est au salon bleu qu'on est protégés, qu'on n'a pas le droit d'être
poursuivis pour des choses qu'on aurait dites.
M. Jolin-Barrette : Ce que... En
fait, ce que...
Mme David : Ça ressemble-tu à ça,
là? Non?
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
c'est différent, parce que votre privilège parlementaire, ce qu'il fait dans le
cadre des travaux... Exemple, ce que vous dites au micro présentement, c'est
protégé par le privilège parlementaire, même chose lorsque vous parlez au salon
bleu. Vous pouvez dire tout ce que vous voulez au salon bleu, sous réserve des
mots qui sont au lexique et sous réserve de la procédure parlementaire. Donc,
vous ne pouvez pas être poursuivie pour ça si vous le dites dans le salon bleu
ou si vous le dites dans le cadre des délibérations des travaux parlementaires.
Par contre, il y a une décision, je crois, de la
Cour suprême à l'effet... puis ça se passe à Ottawa, où quelqu'un s'était fait
poursuivre et qui avait dit un petit peu des propos un petit peu blessants à
l'extérieur de la Chambre. Il avait été poursuivi, mais son privilège
parlementaire, le fait de pouvoir dire ça, l'avait suivi en dehors de la
Chambre parce qu'il avait dit exactement les mêmes mots qu'il avait prononcés à
l'intérieur de la Chambre. Donc, c'est son prolongement.
Mme David : Mais donc répétons.
Notre président, notre haut dirigeant, admettons, là, de compagnie, l'OQLF fait
une enquête, alors, ça, ce n'est pas dans le... — fait une enquête... je
n'aime pas le mot «enquête», parce qu'on est... — fait
un sondage, fait une étude sur la situation de la langue chez les hauts
dirigeants au Québec. Ça se pourrait, ça.
M. Jolin-Barrette : Ça se pourrait.
Mme David : Mais c'est une étude. Ce
n'est pas : Je veux cibler Untel pour le poursuivre en cour après.
M. Jolin-Barrette : Si c'était ça,
c'est exactement ce que l'article fait, c'est qu'on vient exclure ça. On vient
dire : Vous ne pouvez pas faire ça.
• (18 h 20) •
Mme David : Mais donc... Mais là
elle peut contraindre le P.D.G. de telle entreprise de venir.
M.
Jolin-Barrette : Oui, si ce n'est pas...
Mme David : Elle peut le
contraindre, mais elle ne peut pas se servir de ça pour déposer des accusations
après.
M. Jolin-Barrette : Non. Elle ne
pourra pas le contraindre si son enquête a un lien avec une infraction qui est
prévue à la loi.
Mme David : «Dans une enquête autre
que celle relative à une infraction à la présente loi...» Donc, dans une
enquête innocente sur la situation du français chez les hauts dirigeants, qui
ne vise personne, genre, sondage, mais on veut avoir des personnes en face de
nous, ça, on peut lui dire...
M. Jolin-Barrette : Tu viens
témoigner.
Mme
David : ...tu viens
témoigner. La personne vient, parle, mais les choses ne peuvent pas être
retenues contre elle pour qu'après ça l'OQLF se retourne de bord et
porte plainte contre cette personne-là en vertu de son témoignage.
M. Jolin-Barrette : Exactement. Parce que, si c'est susceptible
d'être une infraction, d'être poursuivi par infraction, le pouvoir de contrainte tombe. Dans le fond, on
veut éviter, là, que l'OQLF assigne du monde puis qu'après il les
poursuive.
Mme David : Elle s'en serve. C'est
ça?
M. Jolin-Barrette : C'est ça, oui.
Mme David : Mais pourquoi l'OQLF a
besoin d'avoir les pouvoirs et l'immunité des commissaires en vertu de la Loi
sur les commissions d'enquête?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est un
pouvoir qui leur a été donné, à l'époque, pour faire la lumière sur différents
phénomènes... Il pourrait, d'entrée de jeu, l'OQLF, à cause de la situation du
français, tenir des auditions sur la situation du français ou sur une situation
particulière qui est arrivée.
Mme David : Est-ce que ça ressemble,
donc, à la commission d'enquête à laquelle j'ai participé... commission
spéciale, mais tu es quand même nommé et assermenté, le droit de réserve, et
tout, mais on pouvait faire venir des gens. On pouvait dire : On veut vous
voir. Mais on n'avait pas le droit, il me semble, c'est là que ça ressemble,
c'est les mêmes pouvoirs, de dire : Je me sers du témoignage pour dire que
tel ou tel organisation ou sous-groupe était fautif de telle ou telle façon.
C'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui, mais en
fait, pour vous, dans le fond, parce que c'est une commission qui a été bâtie
un peu sur mesure, là, dans le fond...
Mme David : Mais je ne parle pas
«moi, députée», je parle «moi, commissaire nommée».
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, mais,
ce que je veux dire, vous aviez une commission qui était particulière parce que
ça regroupait à la fois des élus, à la fois des gens, tout ça. Mais
effectivement les témoignages que vous avez reçus n'auraient pas pu servir en
cour.
Mme David : C'est ça. Mais c'est un
peu comme les commissions d'enquête qu'il y a eu, de nombreuses commissions
d'enquête.
M. Jolin-Barrette : Supposons,
commission Charbonneau.
Mme David : Les gens viennent
témoigner.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme
David : Coroner, la même
chose, témoignages au coroner. Je ne vise absolument personne, là, mais
j'essaie de comprendre. C'est le même genre...
L'OQLF décide d'approfondir un sujet, ça lui prend des témoignages, elle a le
droit de dire : Moi, venez me témoigner
sur la situation, puis la personne n'a pas à craindre de conséquences
personnelles sur elle.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Parce que vous ne pouvez pas être contraint si c'est susceptible de constituer
une infraction. Si vous êtes passible d'être poursuivi, vous ne pouvez pas être
contraint à témoigner. Donc, on vient circonscrire les pouvoirs de l'OQLF.
Mme David : O.K. Alors, un avocat
pourrait gentiment dire à son client : Tu es mieux de refuser parce que ça
risque de se retourner contre toi.
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est parce que, si la nature de l'enquête est
susceptible de mener à une poursuite pénale, il ne peut pas être assigné.
Mme David :
Pénale, mais ça peut être civile.
M. Jolin-Barrette : Non. C'est relativement à
une infraction à la présente loi. Donc, une infraction... On parle...
Mme David :
O.K. Oui, oui, une infraction... Ah! dès qu'il y a le mot «infraction»,
c'est pénal.
M. Jolin-Barrette :
Ça fait référence à pénal.
Mme David :
Moi, je pensais, «infraction», ça veut dire : Tu n'écoutes pas tous
les articles de la loi, là, tu désobéis, mais...
M. Jolin-Barrette :
Non, c'est infraction pénale, quand c'est rattaché à une infraction pénale.
Mme David :
Ah! O.K. Je vais être plus attentive au mot «infraction». Puis là on est
dans le chapitre des infractions, beaucoup, là. C'est ça?
M. Jolin-Barrette :
Enquêtes, inspections.
Mme David :
O.K. Bien, je... Ça va.
Le Président (M. Ciccone) : Ça
va? Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non? Est-ce que l'article 110
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Ciccone) : On passe à l'article 111. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. L'article 174 de cette charte...
Mme David :
...je pense qu'on est sous le coup du même genre de suspension dans
l'article 111 que 107.
M. Jolin-Barrette :
Oui, vous avez raison.
Le Président (M.
Ciccone) : On va suspendre quelques instants.
M. Jolin-Barrette :
Non, non, pas besoin.
Le Président (M.
Ciccone) : Non, pas besoin?
M. Jolin-Barrette :
On va suspendre l'article, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : O.K.
Est-ce qu'il y a consentement? Oui? Formidable. O.K. On suspend
l'article 111.
M. Jolin-Barrette :
112, M. le Président.
Le Président (M.
Ciccone) : On passe à 112.
M. Jolin-Barrette :
L'article 175 de cette charte est remplacé par le suivant :
«175. La personne qui
effectue une inspection pour l'application de la présente loi peut, par avis
notifié, exiger de toute personne qu'elle lui communique, dans le délai
raisonnable fixé par l'avis, tout renseignement ou [tout] document relatif à
l'application de la présente loi.»
Commentaire.
L'article 112 du projet de loi propose le remplacement de
l'article 175 de la Charte de la langue française par un nouvel article
poursuivant le même objet et précisant que la demande de renseignement ou de
document qu'elle prévoit est faite par la personne habilitée à effectuer une
inspection plutôt que par l'office lui-même. Le nouvel article prévoit
également que la demande doit être faite par avis notifié afin d'en conserver
la preuve.
Le Président (M.
Ciccone) : Mme la députée.
Mme David :
Oui. «La personne habilitée à effectuer une inspection plutôt que par
l'office lui-même». C'est quoi, la différence entre être habilité puis l'office
lui-même? Il me semble que l'office n'a que des personnes habilitées.
M. Jolin-Barrette : Non, mais c'est...
Exemple, si jamais ça peut arriver, là, lorsqu'un office ou un
mandataire... En fait, lorsqu'un corps
public a des pouvoirs, supposons, d'enquête, il peut déléguer à quelqu'un de
faire une inspection ou une enquête. Il peut
confier ses pouvoirs. Donc, ça prend une résolution. Puis ça arrive dans
certains corps publics qui disent : Bien, voici, telle personne va agir à
titre d'enquêteur.
Mme David :
Et donc c'est d'elle dont on parle à 175 : «La personne qui effectue
une inspection [...] peut, par avis notifié, exiger de toute personne qu'elle
lui communique, dans le délai raisonnable — c'est ça, dans un délai
raisonnable — [...],
tout renseignement ou document relatif...» Donc, la personne déléguée...
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est la personne qui effectue une inspection.
Mme David :
Oui, mais pourquoi les commentaires vont ailleurs, on dirait? Par un nouvel
article... le même objet... que la demande de renseignement...
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est la personne habilitée à effectuer une inspection.
Mme David :
Plutôt que l'office lui-même. Bien oui, mais l'office, ce n'est pas un
building qui se promène, là, c'est des individus qui sont délégués, forcément.
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais l'office, c'est les huit membres.
Mme David :
L'office quoi?
M. Jolin-Barrette :
L'office, c'est les huit membres.
Mme David :
Oui, oui, mais... Oui. C'est les 240 employés aussi, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est pour ça...
Oui, bien, en fait, c'est justement pourquoi, l'article, on le modifie,
pour que ce soit... le texte soit adapté
pour véritablement dire ce que ça dit. Lorsqu'on parle de l'office, bien, dans
le fond, on le traduit en langage d'aujourd'hui. À l'époque, ça a été
écrit comme ça, mais la formulation qu'on a, elle est préférable.
Mme David :
Bon, ça va. J'ai compris. Merci.
Le Président (M.
Ciccone) : Formidable. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non?
Est-ce que l'article 112 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Ciccone) : On passe à l'article 113.
M. Jolin-Barrette :
L'article 177 et le titre IV de cette charte, comprenant les
articles 185 à 198, sont remplacés par ce qui suit :
«Chapitre III
«Mesures de
redressement
«Section I
«Ordonnance de
l'office
«177. Lorsque
l'office constate un manquement aux dispositions de la présente loi ou d'un
règlement pris pour son application, il peut ordonner à celui qui en est
l'auteur de s'y conformer ou de cesser d'y contrevenir, dans le délai indiqué
par l'office.
«L'ordonnance visant
un manquement à l'un des articles 51, [52.2] et 54 peut être rendue à
l'encontre de quiconque distribue, vend au détail, loue, offre en vente ou en
location ou en offre autrement sur le marché, à titre onéreux ou gratuit, ou en
détenant à de telles fins :
«1° un produit, si
les inscriptions sur celui-ci, son contenant ou son emballage, ou sur un
document ou un objet accompagnant ce produit, y compris le mode d'emploi et les
certificats de garantie, ne sont pas conformes;
«2° un logiciel, y
compris un ludiciel ou un système d'exploitation, un jeu ou un jouet non
conforme.
«Il en est de même de
tout exploitant d'établissement où des menus ou des cartes [de] vins non
conformes aux dispositions de l'article 51 sont présentés au public.
«Avant de rendre
[publique] une telle ordonnance, l'office, lorsque l'article 5 de la Loi
sur la justice administrative (chapitre J-3) s'applique, notifie par écrit
à l'auteur du manquement un préavis d'au moins 15 jours mentionnant les
dispositions de la présente loi à l'encontre desquelles le manquement aurait
été commis, les autres motifs qui paraissent justifier l'ordonnance, la date
projetée pour sa prise d'effet et la possibilité pour l'auteur du manquement de
présenter ses observations.»
Le Président (M.
Ciccone) : Avant de vous céder la parole, si vous voulez prendre la
parole, il reste à peu près 20 secondes. Est-ce que vous voulez reprendre
demain?
Mme
David : On va reprendre. On rentre, de toute façon, dans
un autre chapitre, sur les mesures de redressement.
Le Président (M.
Ciccone) : Oui, exactement.
Mme David : Alors, je pense qu'on
peut laisser ça à la prochaine séance.
Le Président (M. Ciccone) : Oui,
effectivement.
Alors, compte tenu de l'heure, chers collègues,
merci beaucoup de votre présence et de votre collaboration, j'ajourne la
commission et ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 30)