(Onze
heures quarante-trois minutes)
La Présidente (Mme
Guillemette) : Donc, votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte.
La Commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi
sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. M. Chassin (Saint-Jérôme) sera remplacé par M. Lévesque
(Chapleau); Mme Rizqy (Saint-Laurent), par M. Barrette (La Pinière); Mme Dorion
(Taschereau), par Mme Ghazal (Mercier); et Mme Hivon (Joliette), par M. Bérubé
(Matane-Matapédia).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la secrétaire. Donc, aujourd'hui, nous
poursuivons l'étude de l'amendement du
ministre, qui vise à modifier l'article 88.0.3 introduit par
l'article 58 du projet de loi. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui...
La Présidente (Mme
Guillemette) : L'article avait été lu, si je ne... Oui, l'article
avait été lu.
M.
Jolin-Barrette : Là, on est rendus à 88.0.4, on a eu une discussion
sur l'amendement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : On est sur l'amendement, oui.
M.
Jolin-Barrette : C'est ça.
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...est-ce qu'il y a des interventions? Oui, Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Donc, c'est ça, hier, on avait une discussion avec...
j'avais une discussion avec M. le ministre sur son amendement et sur la
proposition que Québec solidaire faisait par rapport au financement des cégeps.
Et je me rappelle que le ministre me disait qu'on n'était pas dans un projet de
loi sur le financement des cégeps, mais qu'on est dans un projet de loi sur la
protection de la langue. Mais les deux sont quand même liés, puisque
l'amendement et l'article qu'on a ici, devant nous, dont on discute, parle des
places qui sont réservées, du plafonnement de places dans les cégeps. Et donc
c'est tout à fait normal et tout à fait justifié.
Donc,
écoutez, je ne vais pas... J'ai eu une longue discussion, hier, avec le
ministre, puis j'avais un sous-amendement à son amendement, qui a été
déposé. Je ne sais pas par contre s'il est déjà sur Greffier.
La Présidente (Mme
Guillemette) : On va suspendre quelques instants, le temps de
vérifier.
(Suspension de la séance à
11 h 45)
(Reprise à 11 h 47)
La Présidente (Mme
Guillemette) : Donc, nous reprenons les travaux avec le
sous-amendement à l'article 58 de Mme la députée de Mercier. Est-ce qu'il
y a des interventions? Mme la députée.
Mme Ghazal : Oui.
Bien, en fait, là, je dépose un sous-amendement. Là, il est écrit comme
amendement. Je ne sais pas si on a mis la bonne version...
La Présidente (Mme Guillemette) : ...au
niveau de la technique, là, ça fait que... Mais c'est vraiment un sous-amendement
que vous déposez.
Mme Ghazal : Oui,
c'est ça, exact.
La Présidente (Mme Guillemette) : Tout
à fait.
Mme Ghazal : C'est
parce qu'on n'aurait pas pu... sinon je n'aurais pas pu déposer un amendement.
C'est un sous-amendement à celui du ministre.
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
est inscrit comme ça au Greffier. C'est juste que, là, il y a des petits
problèmes au niveau de l'informatique.
Mme Ghazal : O.K., donc, je vais le
lire... Très bien, je comprends.
La Présidente (Mme Guillemette) : Vous
pouvez y aller.
Mme Ghazal : Donc je vais le lire
et, partout où c'est écrit «amendement», je vais lire «sous amendement», donc,
pour clarifier. Alors, le... Bien, écoutez, là, je ne sais pas, je vais lire ce
que j'ai devant moi, puis après ça, vous me parliez... si c'est recevable, et
tout ça. C'est vraiment un sous-amendement.
Donc, l'amendement à l'article 88.0.4
introduit par l'article 58 du projet de loi est modifié par l'ajout, à la
fin, de l'alinéa suivant :
«Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Recherche, de la Science et de la Technologie doit revoir graduellement le
financement des établissements offrant un enseignement collégial francophone et
anglophone afin que, d'ici 2032, il corresponde davantage au poids
démographique respectif des francophones et des anglophones.»
Donc, ce que ça fait, ça, cet amendement-là...
Puis le ministre avait déjà cette information-là, je me rappelle, hier, où il
était au courant, puis on a eu la discussion hier, puis donc je ne prendrai pas
énormément de temps, sur le fait que, oui,
il peut très bien vouloir plafonner les places, et geler l'augmentation, puis
qu'il n'y ait plus aucune augmentation de ces places-là, aux cégeps
francophones, mais ça a quand même des effets pervers que ça vient créer,
comme, par exemple, l'élitisme. Ça va devenir beaucoup plus prestigieux... et
ça l'est déjà, puis ça ne va faire qu'empirer la situation actuelle du prestige
des cégeps anglophones, puisque les places, pour les francophones et les allophones
qui veulent aller au cégep en anglais, vont
être limitées. Et là on va... ces cégeps-là vont continuer encore plus,
écrémer, à prendre la crème de la crème des étudiants francophones et
allophones, et les cégeps francophones, si on n'augmente pas leur financement,
pas uniquement... et qu'on ne revoit pas... si on n'augmente pas leur
financement, bien, elles vont être moins,
disons, attrayants et attractifs pour les étudiants, même si on augmente leur
nombre et, par le fait même, le financement.
Ce qui est très, très important pour nous, à
Québec solidaire, et c'est même écrit dans notre programme, c'est d'équilibrer
le financement du réseau collégial au Québec et aussi universitaire — mais
là, je vais juste parler du cégep puisqu'on
est dans cette... c'est le sujet de la discussion maintenant, dans le projet de
loi — pour
que ce financement-là soit proportionnel au poids démographique de la
population... des populations francophones et anglophones. Donc, normalement,
notre position ne serait même pas que ça soit 17,5 %, il faudrait que...
Si on se fie aux chiffres et à la composition des anglophones, au Québec, elle
est à 8 %. Le financement et même le nombre de places devraient être à
8 % dans les cégeps anglophones, aujourd'hui, au Québec.
• (11 h 50) •
Évidemment, on ne peut pas, d'un claquement de
doigts, faire tous ces changements-là. Ça prend du temps. Il faut aussi revoir
le financement, le mode de financement, pour arriver à cet équilibre-là. Il
faut qu'il y ait des discussions, aussi,
avec les différents acteurs du milieu universitaire... pas universitaire, mais
des cégeps, collégiaux, etc. pour arriver à ça, et ça prend du temps.
D'où le fait que mon sous-amendement mentionne qu'il faudrait qu'on revoie
«graduellement le financement des établissements des cégeps francophones et
anglophones pour que, d'ici 2032, il corresponde au poids démographique
respectif» de ces deux communautés, francophones et anglophones, en 2032. Selon
les prévisions, même les anglophones, peut-être, là, vont être réduits, et
peut-être que ça serait même moins que 8 %. Mais c'est à ça qu'il faut
travailler pour arriver à cet équilibre-là, alors que, selon les données du
ministre, même en 2032 — moi,
je les avais demandées hier, mais elles étaient aujourd'hui publiées — on va
arriver, quoi, à 11 % pour les cégeps anglophones.
Et ce que je veux aussi mentionner et vraiment
souligner : ça ne veut pas dire qu'on veut réduire le financement des
cégeps anglophones. En ce moment, le financement, la façon qu'il est fait, il
est fait par étudiants, par nombre d'étudiants. Il faut qu'il soit revu. Et
même, à la limite, on pourrait augmenter le financement des deux réseaux, parce
que c'est ça qu'il faut, il faut revoir et
il faut corriger le sous-financement chronique qui a été fait à cause des
dernières années, notamment, de l'austérité libérale, il faut le revoir
et augmenter le financement, même, des deux réseaux, mais toujours en
s'assurant de garder cette proportion en fonction du poids démographique des
francophones et des anglophones.
Donc, c'est ça, le sens de mon sous-amendement
qui vient peut-être corriger ou faire en sorte que ce ne sera plus seulement à
17,5 %, comme le désire le ministre, sans aucune augmentation, mais qu'il
soit même relatif au poids démographique. Voilà.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. Monsieur... Oui, j'ai le
député de Matane-Matapédia qui m'a demandé la parole.
M. Bérubé : Mme la Présidente, le
sens de mon intervention d'hier, c'était justement pour que les cégeps puissent
accueillir les ayants droit. Si on avait disposé de cette question-là, cet
enjeu-là du financement ne se poserait pas. À Dawson, par exemple, 42 %
d'allophones. Ils n'ont pas d'affaire là, pas avec la philosophie qu'on s'est
donnée avec la Charte de la langue française. À la rigueur, pas plus les
francophones. Ils sont 25 %. Donc, ça voudrait dire qu'on finance à
25 % un collège comme Dawson. L'ajustement va se faire.
J'aimerais
ça qu'on ait, pour bien étudier l'amendement, une liste des cégeps qui
obtiennent trop de financements, avec le montant qui y est rattaché,
selon l'évaluation de Québec solidaire. Mais ce qu'on pourrait faire aussi,
c'est donner des points différemment aux collèges : un ayant droit, ça
vaut 1; quelqu'un qui ne devrait pas y être, ça vaut moins de points. Et c'est
peut-être là que les cégeps vont décider de ne prendre prioritairement que des
ayants droit. C'est une solution possible.
Donc, moi, je veux bien parler du financement,
mais j'aimerais savoir qui en a trop, c'est quoi, le trop. Parce que je sais
qui n'en a pas assez, il y en a un, cégep, dans mon comté. Donc, je trouvais
que notre solution d'hier réglait ça, mais la différence, c'est qu'au lieu
d'affronter des étudiants puis les conséquences négatives qui nous
disent : Oh! vous avez voté pour ça, bien... Il y a moins de directeurs de
cégeps, c'est pas mal moins médiatisé. Donc, je veux comprendre quel cégep en a
trop, il descendrait de comment puis comment on y arriverait. Parce que, moi,
avec la proposition qu'on a faite hier, elle va dans le sens de ce que Québec
solidaire souhaite, ils vont être ajustés exactement au même montant :
c'est 25 % d'ayants droit, bien, c'est 25 % de financement, pas plus
que ça. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Alors, l'amendement de la députée de Québec
solidaire est un peu complexe, je vous dirais, parce que, dans le fond, les méthodes de financement actuelles, c'est
financé, notamment, par étudiants. Donc, nous, ce qu'on dit... Et la
structure de financement relève du ministère de l'Enseignement supérieur.
Alors, nous, ce qu'on dit : Le financement,
c'est les règles administratives du ministère de l'Enseignement supérieur qui
s'appliquent. Ce qu'on fait dans le cadre
du projet de loi, c'est qu'on vient mettre un plafond du nombre de places dans
les établissements collégiaux anglophones.
Votre amendement, si on fait le raisonnement
intellectuel d'amener à ça, là, c'est comme si, dans le fond, on venait sous
financer les établissements collégiaux anglophones, parce que votre financement
veut être rattaché aux ayants droit, à la proportion d'ayants droit. Donc, on
ne fera pas ça, là. Dans le fond, l'étudiant qui est admis à l'intérieur d'une
place dans un établissement collégial anglophone, même s'il n'est pas un ayant
droit, le Collège va se voir financer la place mais à l'intérieur du plafond, à
l'intérieur de la fréquentation scolaire, actuellement. On ne commencera pas à couper la place... couper le
financement de la place qui est à l'intérieur du volume d'étudiants
autorisés.
Par contre, si le volume, il est dépassé, là, on
va le voir un petit peu plus loin, ça ne sera pas financé. Donc, ça, c'est
important. Dans le fond, les places qui sont accordées dans le 17,5 %,
elles sont toutes financées, que vous soyez un ayant droit, que vous soyez un
allophone ou un francophone. Mais, dans le réseau francophone également, c'est
financé par étudiants. Mais, bien entendu, le réseau francophone va grossir, donc,
nécessairement, il y aura plus de sommes
dans le réseau francophone parce que les places supplémentaires vont être
financées dans le réseau francophone puis le financement va être donné
en conséquence.
Donc, il n'est pas question de revoir le
financement dans le cadre du projet de loi n° 96. Les
règles de financement relèvent du ministère de l'Enseignement supérieur, et
c'est à eux à établir les règles de financement.
Mme Ghazal : ...le nerf de la
guerre, c'est le financement, et personne n'en parle, pas plus... L'amendement
du député de Matane-Matapédia ne parlait pas du financement. On parle du nombre
de places, où est-ce qu'on les déplace, où est-ce qu'on les met. Mais le
ministre me dit : Bien, on n'est pas dans le bon projet de loi pour en discuter.
Mais c'est parce que, si on veut protéger le français, il faut revoir le
financement des cégeps aussi, au lieu de laisser toute la même logique
actuelle, là, qui veut que ça soit le financement par nombre d'étudiants, ce
qui fait que les cégeps, à cause du sous-financement chronique...
Je le répète,
je ne peux pas en faire abstraction. Ce n'est pas pour faire... de ne pas
plaire aux députés qui sont ici, du Parti
libéral, c'est parce que c'est un fait, et on ne peut pas ne pas travailler
avec ce qu'on a en ce moment. Et c'est ça qui est arrivé avec les cégeps. Les cégeps, partout en
région, s'arrachaient les étudiants pour pouvoir avoir du financement.
Ils allaient les chercher n'importe où pour parler... puis leur donner aussi,
des cégeps francophones, des programmes en anglais.
Donc, moi, je peux faire abstraction de ça puis
faire comme si ça n'existait pas, mais ça a un impact sur la langue d'étude des
étudiants puis qu'est-ce qu'ils vont choisir, puis qu'est-ce qui va être
vraiment attractif, quel cégep va être plus prestigieux, où les étudiants vont
vouloir aller étudier là. Et cette logique-là, elle doit être remise en
question. La logique actuelle du financement doit être remise en question. On
n'est peut-être pas dans le bon projet de loi, mais moi, je travaille avec les
moyens que j'ai. Mais les deux, le financement et la langue, la protection de
la langue, sont foncièrement liés. Moi, je ne peux pas faire comme si ça
n'existait pas.
Et, en même temps, moi, ce que je fais, c'est un
sous-amendement pour dire qu'il faudrait arriver à cet équilibre-là, et je mets
un temps, 2032. Là, le... Et je ne remets pas en question... je n'enlève pas le
17,5 % pour maintenant, mais l'objectif, c'est de travailler pour qu'il
soit réduit. Le ministre fait le pari, avec des prévisions et des calculs qui
ne sont pas dans la loi... ni même le terme, jusqu'à quand cette... le
17,5 %, sans aucune augmentation, va continuer. Jusqu'à quand? Jusqu'à
2032? Jusqu'à 2035? Jusqu'à 2040? Ici, il y a une cible qui est mentionnée dans
la loi pour dire que c'est vers ça qu'il faut travailler. Puis oui, après ça,
il faut travailler à revoir le financement. Peut-être pas ici, mais il faut que
ça soit fait aussi, en même temps.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...proposition
de la députée de Mercier, là, c'est de faire en sorte d'appliquer la
loi 101 aux cégeps en 2032.
Pratico-pratique, la résultante, c'est ça, là. Parce que vous dites : Dans
le fond, on va financer... en 2032,
on va financer les cégeps anglophones uniquement basé sur le nombre d'ayants
droit dans les cégeps anglophones.
Mme
Ghazal : Non...
M.
Jolin-Barrette : Bien oui, sur le poids relatif, c'est ça que ça
amène, votre amendement. Donc, ce que...
Mme Ghazal : Juste
pour être sûre...
M.
Jolin-Barrette : Mais je veux juste terminer, là. Ce que ça fait, là,
c'est qu'en disant : Bien, en 2032, on va financer en fonction du poids
relatif des membres de la communauté anglophone, donc ça veut dire que, même
s'ils vont avoir 17,5 % des places, ils ne seront pas financés à hauteur
de 17,5 % parce que la population maternelle de langue anglaise est de huit
point quelques pour cent. Alors, votre financement devrait être seulement de
huit point quelques pour cent. Nous, ce n'est pas ça qu'on dit, on dit :
Il y a un gel de places, ils vont être financés pour ces places-là, comme dans
le réseau francophone, en fonction de tête de pipe par étudiant.
• (12 heures) •
Mme Ghazal : Moi,
ce que je dis, c'est que la tarte...
Une voix :
...
Mme Ghazal :
Non, mais je veux compléter la discussion avec le ministre. La tarte, le
ministre la voit comme : C'est ça, la tarte, et c'est dans ce paramètre-là
avec lequel on va travailler, et c'est tout. Et c'est sûr que, si on dit :
On n'agrandit pas la tarte du financement des cégeps, puis que, là, les cégeps
anglophones, selon le sous-amendement, d'ici 2032... si, par exemple, la
communauté anglophone est encore à 8 % en 2032, ça va être 8 % de la
même tarte, oui, c'est sûr que ça va être réduit.
M.
Jolin-Barrette : Bon...
Mme Ghazal :
Moi, ce que je dis... Non, mais attendez. C'est des mathématiques. Moi, ce que
je dis, c'est qu'il faut aussi agrandir la tarte en même temps. Là, je ne peux
pas l'écrire, là, je travaille avec les moyens que j'ai, je ne peux pas
l'écrire dans un amendement, ici, parce que c'est tout un travail. Je pourrais
peut-être, à la limite, si le ministre est d'accord qu'il faut revoir le
financement pour agrandir la tarte. Et peut-être qu'à terme, si on croit
vraiment à notre réseau collégial, et qu'on veut le financer comme il faut,
puis qu'on veut que les étudiants, ils aillent partout au Québec puis qu'ils
aillent dans tous les programmes dont ils rêvent, ils ne soient pas obligés de
venir à Montréal s'ils sont, par exemple, en région éloignée, puis que ça soit
intéressant d'aller dans les cégeps francophones, sans augmenter les frais de
scolarité, évidemment, bien, il faut agrandir cette carte-là, augmenter le
financement, et ça... On pourrait même augmenter le financement des cégeps
anglophones. L'important, c'est de garder la proportion du poids démographique.
C'est ça, la logique.
Donc, si le ministre
est d'accord, on pourrait... et puis là il ne peut pas sous-amender mon
sous-amendement, mais, si on est d'accord, on peut trouver un moyen, on
pourrait écrire dans la loi qu'il faudrait revoir... Je ne sais pas si ça se fait,
pour les juristes, moi, je ne suis pas juriste ni avocate. On pourrait dire,
écrire dans la loi : Il faut aussi revoir le mode de financement des
cégeps en consultation avec tous les partenaires.
M.
Jolin-Barrette : Juste un point, là. C'est un peu confus, Mme la
Présidente, la proposition, là. Nous, le choix que nous faisons, là, il est
très clair, c'est que l'État n'est plus à la remorque des choix individuels des
individus. Donc, ce ne sera pas le choix individuel d'un individu qui va dicter
la politique linguistique de l'État au niveau des établissements collégiaux.
Ça, c'est très clair. C'est le choix que nous faisons.
Donc, il y a un
maintien de libre choix, mais je donne un exemple. Quand mes collègues d'en
face, au niveau du Parti libéral, reviennent sur l'agrandissement de Dawson,
c'était en fonction des choix individuels des individus qui choisissaient
d'aller dans un cégep anglophone. Donc, ça, c'est une approche individualiste
de choix qui était fait pour répondre aux besoins d'un choix individuel. Là,
l'État québécois décide de dire : On gèle le nombre de places dans les établissements collégiaux anglophones, et
la progression qui va survenir sera attribuée au collégial francophone.
Mais les règles de financement associées au nombre d'individus... Ils sont
financés en fonction du nombre d'individus qu'ils reçoivent. On ne peut pas se
retrouver dans une situation où...
Prenons le cas de
Dawson. Avec votre proposition, ça voudrait dire, supposons qu'ils ont
8 000 étudiants, faisons un chiffre rond, avec votre proposition,
vous dites : Bien, on regarderait qui va à Dawson, donc, tous ceux qui ne
sont pas des ayants droit qui vont à Dawson, on ne les financerait pas. Alors,
ce n'est pas le choix que nous faisons. Dans le fond, le collège va être
financé en fonction du nombre d'étudiants qu'ils accueillent, qu'ils soient
anglophones, francophones ou allophones. Donc, ils vont conserver, mais avec un
maximum de 8 000 places. Puis ils ne pourront pas accueillir plus de
gens. S'ils accueillent plus de gens, ils ne sont pas financés.
Mais par contre
prenez le cégep du Vieux Montréal, supposons, à côté, qui a
5 000 places cette année, supposons,
qui est financé pour ses 5 000 places. Mais, si, au cours des
prochaines années, il y a un facteur d'accroissement puis il est rendu,
dans 10 ans, à 6 000 places, bien, les 6 000 places
vont être financées.
Je donne un
exemple : au Vieux Montréal, vous avez des étudiants qui sont
francophones, allophones ou anglophones. On ne commencera pas à ne pas financer
toutes les places qui sont dans l'établissement public, qui sont offertes puis
qui sont autorisées, là. C'est pour ça que votre amendement, en termes de
financement, de venir enlever du financement en termes de places par élève...
pardon, par étudiant, n'est pas cohérent avec ce que nous souhaitons faire par
rapport au plafonnement.
Dans le fond, c'est pour
ça que je vous dis : C'est comme si vous appliqueriez la loi 101 au
cégep, mais en termes de financement. Ultimement, c'est ce que ça amène, votre
amendement, puis ce n'est pas le choix qu'on fait. Nous, on dit : On
plafonne en fonction de la fréquentation scolaire.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre. J'ai le député de Matane-Matapédia qui avait une intervention,
puis...
Mme Ghazal : Je vais terminer. Je
n'aurais pas d'autre intervention. Je vais juste terminer là-dessus. En fait,
le rôle des politiques publiques, c'est d'orienter les choix puis c'est ce
qu'aussi le gouvernement fait avec son plafonnement. Moi, ce que je dis, c'est
qu'il faut revoir le financement, que ça ne soit pas uniquement, uniquement par
tête de pipe, par le nombre d'étudiants, qui est d'autre chose, parce que ça
existait avant que le premier ministre actuel, quand il était ministre de l'Éducation,
puis qu'il fasse le changement de financement, puis que ça soit fait par nombre
d'étudiants, il y avait d'autres façons de financer. Je ne dis pas qu'il faut y
retourner, il faut trouver d'autres façons pour financer. Puis, c'est ça, c'est
le choix de financement qu'on fait qui peuvent, après ça... qui vont orienter
les choix individuels, mais avec des objectifs ciblés. Et c'est ce que je mets
dans la loi, des objectifs pour arriver à une proportion
qui soit égalitaire, et qui soit juste, et équilibrée entre les francophones et
les anglophones. Je m'arrête là-dessus. Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Oui. Mme la Présidente,
j'ai une position personnelle comme député depuis des années quant aux écoles privées au secondaire. Ce n'est pas une
position de mon parti. Si c'était juste de moi, le Québec ne financerait
pas un sou des écoles privées, comme en Ontario, comme au Nouveau-Brunswick. Je
sais où je prends l'argent puis je sais où est-ce que je l'envoie. Je la prends
du privé, je l'envoie au public. Là, j'ai un impact validable, vérifiable.
Dans ce cas-ci, je ne sais pas qui perd de
l'argent au profit de qui. Ça serait intéressant de le savoir. Parce que Dawson
a, je ne sais pas, moi, 20 millions de trop, puis il s'en va où? Il s'en
va-tu au cégep de Matane ou à un cégep à Montréal? Je ne le sais pas. Mais, ce
que je trouve intéressant, c'est un enjeu qu'on n'a pas souvent abordé avec les
institutions anglophones au Québec, la minorité la plus choyée au Canada,
rappelons-le, qui a toutes ses institutions. Si
les francophones hors Québec avaient la moitié de ce qu'ont les anglophones au
Québec, je peux vous dire qu'il y aurait davantage d'espoir.
Ceci étant dit, prenons l'exemple évoqué par la
députée du financement selon le nombre de personnes. Bien, Dawson a été créée
initialement pour ne desservir que la communauté anglophone. Le problème, c'est
que ça occupe 25 %. Moi, je suis bien prêt à les financer pour 25 %,
mais ça, c'est pas mal plus sujet à brasser le pommier que ce que j'ai proposé
hier. Ça veut dire que... qui ferait la job de ne plus choisir de francophones
et d'allophones? Le directeur. Il dirait : Moi, je suis financé pour
25 %, ça fait que je peux en avoir pour 8 000, d'anglophones ayants
droit, puis, les francophones puis les allophones, je ne vous prends pas parce
qu'ils ne me les paieront pas. C'est ça, le poids. Les étudiants allophones
sont réputés... tu sais, appartenir à la communauté francophone et poursuivre
leur cursus. C'est ce que je dis. Dawson, 42 % des nouveaux arrivants,
c'est des allophones. On leur a dit, au primaire et au secondaire : Étudie
en français, participe à la grande aventure québécoise, mais, rendu au cégep,
c'est activités libres, chacun pour soi. Ça ne marche pas. C'est ça que Guy
Rocher est venu nous dire.
Alors, moi, je veux bien qu'on regarde le financement,
si ça permet d'ajuster selon la clientèle historique. Puis, la clientèle
historique, la députée a raison, s'ils ne desservaient que cette clientèle-là,
ça aurait un impact sur le financement. Ils perdraient de l'argent.
Marianopolis, John-Abbott, nommez-les, ils perdraient de l'argent. Pourquoi
Dawson est à 8 000? Parce qu'il y a des décrets systémiques où ils ont
besoin de 1 000 places de plus. On leur accorde temporairement, ça
devient permanent, un autre 1 000 places, un autre 1 000
places. S'il y avait, cette année, par exemple, 10 000 étudiants
supplémentaires qui faisaient leur première demande avec d'excellents résultats
à Dawson, ils feraient quoi? Ils demanderaient un décret pour 10 000 de
plus? Ça ne finira jamais.
Il y a une façon d'y arriver. À 8 000, là,
ils sont capables de bien fonctionner, à 5 000 aussi. Qu'ils arrêtent
d'accueillir des gens qu'ils ne devraient pas accueillir. Ils ont été créés,
originellement, dans leur charte, là, pour desservir la communauté anglophone.
Mais là, maintenant, la majorité de leurs étudiants, c'est des allophones. Ça
fait qu'ils disent aux allophones : Si tu es bien gentil, là, la
loi 101, là, tu sais, allez apprendre le français au primaire puis au
secondaire, mais ici, là, vous n'entendrez plus parler de ça, puis embarquez
dans la gang. Alors, si c'est le sens de la motion de Québec solidaire, moi,
j'embarque.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
écoutez, je n'ai pas d'autre chose à dire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait.
M. Jolin-Barrette : Parce que,
lorsqu'on se retrouve dans la situation du financement, c'est les règles de
financement applicables qui s'appliquent. L'objectif du projet loi n° 96 ne révise pas le financement qui irait à... la
responsabilité du ministère de l'Enseignement supérieur. C'est plutôt le
plafonnement des places.
• (12 h 10) •
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. Mme
la députée.
Mme David : Écoutez, Mme la
Présidente — merci — je ne
sais pas par où commencer, là, je ne sais pas par où commencer, mais j'entends
des choses tellement inquiétantes, et injustes, et fausses, et tout ce que vous
voulez.
D'abord, quand on dit «sans augmenter les droits
de scolarité», je rappellerais à la députée de Québec solidaire qu'il n'y en a pas, de droits de scolarité au
cégep, nulle part, au cégep public, nulle part. Alors, si l'étudiant décide
d'aller en région, il ne va pas payer plus
cher que si... Et non seulement ça, on a mis des bourses, que la CAQ a continué
à mettre parce que c'était très bon. On l'avait même annoncé chez vous,
je pense, Mme la Présidente, parce que vous venez de Roberval. Et j'étais au
cégep de Roberval pour annoncer, à Saint-Félicien, des bourses, oui. Eh bien,
c'était une bonne raison parce qu'il y avait technique de soins des animaux,
quelque chose comme ça, et on annonçait le premier million de dollars pour
avoir des bourses, justement, et des bourses pour que les étudiants des grandes
villes aillent en région, que tout soit payé : le déplacement, le loyer,
le ci, le ça — toutes
les misères du monde à faire déplacer les étudiants.
Les étudiants, là, il faudrait qu'ils aillent
beaucoup plus en région, on est tous d'accord. Puis ils peuvent y aller. Puis
il y a des places dans les cégeps en région. Puis je l'ai dit, les cégeps en
région sont superbien équipés, tellement que ce sont des hôpitaux de réserve, à
Jonquière ou à Chicoutimi, au cas où il y ait une pandémie, au cas où il y ait
besoin de lits. Il n'y a pas ça à Dawson. Ils sont dans des armoires à balais,
les mannequins simulateurs. On ne va pas mettre des patients là, ils sont dans
des armoires à balais, puis il faut qu'ils les sortent au fur et à mesure qu'il
y a un cours puis qu'ils les rentrent parce que, là, il va y avoir un autre
cours, puis c'est... ils sont entassés comme des sardines.
Alors, quand j'entends des choses sur : il
n'y a pas d'étudiants dans les cégeps en région, il n'y a pas d'argent pour les
cégeps en région, bien là, je vais faire une fleur à la CAQ. Je n'ai pas bien
le goût d'en faire, ce matin, avec qu'est-ce qui s'est passé hier, mais je vais
dire que l'argent a continué à exister pour un certain nombre de programmes,
entre autres pour des cégeps en région. Pourquoi? Parce qu'ils ont décidé de
financer le FABRES. Là, ça ne vous dit rien, puis je fais exprès d'être un peu
ésotérique. Le FABRES, là, c'est passé du FABES au FABRES — puis
là je vais regarder la caméra parce que... tous les cégeps qui nous regardent,
là — le
FABES est devenu le FABRES. Il y a un «R». Ça, c'est le mode de financement.
On parle de financement. Je vais en parler, de
financement. Le FABES est ce qui, depuis 50 ans, encadre le financement
des cégeps. Alors, c'est les salaires des professeurs, c'est les salaires qu'on
peut donner en effectifs étudiants, etc. Ça, c'est le pain et le beurre, de
l'argent qu'on envoie aux cégeps. On a changé le FABES pour ajouter un «R»,
FABRES. «R» pourquoi, Mme la Présidente? Région et recherche. Pourquoi? Parce
qu'il faut aider les cégeps en région. Puis la CAQ a continué ça. C'est un
rapport de Mme Hélène P. Tremblay, qui était avec deux autres D.G. de
cégeps. Et ce rapport-là a été bien accueilli. C'est moi qui l'avais demandé en
disant : Il faut revoir le modèle de financement des cégeps. Pourquoi?
Parce que les régions ont besoin de plus d'aide. Il faut trouver des façons. Il
faut les rendre plus attrayants. Il faut
donner des programmes exclusifs. Puis on y arrive, tranquillement, pas vite, on
y arrive. Et, là-dessus, je pense qu'il y a eu une belle continuité. On
ne m'accusera pas de partisanerie, là. Je dis : Il y a eu une belle
continuité entre le travail qui était commencé jusqu'en 2018 puis le travail
qui a continué.
Alors, ça, là, quand on dit : Les cégeps en
région meurent de faim, les cégeps en région, ils ne meurent pas nécessairement
de faim, mais ils meurent d'envie d'avoir plus d'étudiants. Puis il faut
continuer, essayer d'aller en chercher plus. Puis, ça, le député de
Matane-Matapédia a raison. Puis il y a des programmes, à Matane, formidables,
en vidéo puis en... Ils ont une créativité formidable. Il y a un programme qui
s'appelle TACH à Baie-Comeau.
Mais moi, quand j'allais accueillir les
étudiants internationaux, parce que j'y allais à chaque année, à l'aéroport,
leur dire bonjour, l'autobus les attendait, ils s'en allaient direct à
Baie-Comeau, ils s'en allaient direct à Jonquière, à Art et technologie des
médias. Tout le monde connaît ça. Il y a des enfants de députés qui sont allés
là. Il y a peut-être même des députés qui sont allés là. Il y a le programme
Tourisme d'aventure, à Gaspé, qui est superpopulaire. Puis il y a des
programmes, à Matane, extraordinaires aussi en vidéo, et tout ça. Et toutes ces
régions-là, bien, elles sont attirantes pour ça. On voudrait que nos urbains y
aillent plus, c'est vrai. Mais de dire, par exemple, que les étudiants peuvent
aller tant qu'ils veulent à Dawson ou à Vanier, faux, c'est faux. Ce n'est pas
vrai. C'est un choix individuel de postuler, le ministre a raison, pas d'être
accepté. Voyons donc! On est acceptés en fonction des places disponibles.
Puis, quand le député de Matane-Matapédia
dit : S'il y en a 1 000 de plus, le ministre, on signe où pour qu'il
y en ait 1 000 de plus? Bien, voyons donc! Ça ne se passe pas comme ça.
C'est des devis que la ministre autorise...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le député, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys va terminer. Je vous donnerai
la parole après le député de La Pinière. Merci.
Mme David : Alors, ce sont des devis
que la ministre autorise, et j'expliquais au ministre, hier, responsable de la
Langue française, que ce sont des devis souvent par région. Le RCMM, le
regroupement régional des collèges du Montréal métropolitain, s'entendent entre
eux. Ce n'est pas toujours facile, mais ils s'entendent entre eux. Puis j'ai
dit qu'ils ne s'entendaient pas entre eux en fonction de divisions
linguistiques, mais ils s'en parlent entre eux pour dire... puis là ils proposent au ministre... puis le ministre dit :
O.K., toi, ton devis, c'est 9 615 dans tel cégep, 7 600, etc.
Et là les cégeps essaient de... espèrent avoir le plus d'étudiants possible,
parce que, oui, il y a un financement par étudiant, mais les régions ont plein
de mesures spéciales dans le fameux modèle FABRES pour les aider, des mesures
que n'ont pas les cégeps des régions urbaines.
Alors,
je voudrais empêcher ou, disons, corriger un certain nombre de légendes
urbaines sur le fait que les cégeps anglophones vont se développer comme des
fous tant qu'ils veulent puis qu'ils ont de la place. Mais ils n'ont plus une
seule place. C'était dans ce sens-là, notre proposition, nous, de dire :
On va maintenir quelques années la quantité d'étudiants dans ces cégeps-là,
anglophones. De toute façon, ils m'ont dit : Mme la députée, on n'est pas
capables d'en prendre un seul de plus, on n'a pas d'espace, de toute façon.
Puis on est corrects, puis, à Vanier, ils sont corrects. Mais savez-vous où
est-ce qu'ils pratiquent le piano quand ils étudient en musique à Vanier? Ils
étudient dans des containers. Des containers. Petite porte, c'est en métal,
puis là ils jouent leur piano. Parce que, quand on étudie en musique dans un cégep,
là — j'ai
visité, entre autres, à Jonquière ou à d'autres endroits — ils
sont... il y a des belles installations, vraiment, pour faire du jazz, et tout
ça, mais, dans certains cégeps, dont les cégeps anglophones, bien, ça peut être
beaucoup plus restreint. Alors, ce n'est pas le grand luxe.
Et l'étudiant peut
faire le choix individuel, oui, de postuler, mais il ne peut pas faire le choix
individuel. Moi, je veux entrer en médecine, je vais entrer en médecine; moi,
je veux aller en pharmacie, je vais aller en... Ce n'est pas de même que ça
marche, la vie, Mme la Présidente. Tu postules, tu espères être accepté, puis
tu fais trois, quatre choix de cégeps. Puis là il y a les cégeps d'admission au
premier tour, puis les cégeps d'admission au deuxième tour, puis au troisième
tour, puis au quatrième tour. Parce que, souvent, le cégep ne se remplit pas du
premier coup. Les meilleurs sont pris, qu'ils soient anglophones, francophones.
Je peux vous parler
du cégep Bois-de-Boulogne. Puis j'ai 20 minutes puis je pense que je vais
les prendre, mes 20 minutes, pour remettre un certain nombre de pendules à
l'heure. Alors, Bois-de-Boulogne est un des cégeps très forts en sciences,
cégep de premier tour en sciences. Les étudiants savent que, s'ils vont à
Bois-de-Boulogne, ils ont des chances. Et c'est-tu anglophone,
Bois-de-Boulogne? À ma connaissance, c'est un cégep francophone. Cégep
Ahuntsic, cégep Édouard-Montpetit, des cégeps formidables, cégeps de premier
tour. Puis après ça, une fois le premier tour, ils disent : Ah! il nous
reste 1 000 places, 800 places. Alors là, deuxième tour, on
prend ceux dont c'est peut-être le deuxième choix, puis après ça troisième
choix, puis quatrième choix jusqu'à ce que les places soient remplies.
Est-ce qu'on peut
encore trouver d'autres façons de mettre plus d'étudiants dans des cégeps en
région? Vous venez de régions. Vous le savez, le problème, il n'est pas juste
pour le collégial, il est là pour avoir de la main-d'oeuvre. Il est là... On veut des familles. On veut... Et,
s'il y avait tout ça, oui, les régions, si elles étaient aussi pleines que, je
ne sais pas, dans les années 40, 50, 60, ça serait formidable. Puis on a
créé un réseau de cégeps pour donner l'accès à l'enseignement supérieur.
Maintenant,
parlons d'accès à l'enseignement supérieur. La... Ce qui est, disons, de
postuler, dans l'amendement de la collègue, c'est qu'on change
complètement le système et qu'on ne paie... pour les effectifs étudiants, des
étudiants qui seraient admis mais qui auraient le statut d'anglophones, mais on
ne paierait pas pour les autres. C'est totalement incohérent, totalement
incohérent. Et, là-dessus, je suis obligée d'être d'accord avec le ministre,
qui dit : On ne changera pas ce modèle de financement là. De toute façon,
ce n'est pas son travail à lui d'aller jouer dans le mode de financement. Je ne
suis pas sûre que sa collègue de l'Enseignement supérieur serait très contente.
Je ne suis pas sûre que le ministre de la Santé aimerait ça, qu'on aille
changer toute son architecture du système de santé parce qu'on décide que c'est
de la langue française : Puis, «by the way», les hôpitaux anglophones...
Parce qu'il y en a qui ont proposé ça, là. Il y a des chercheurs qui proposent
que ce qui est proposé en ce moment au prorata de la population anglophone, ça s'applique aux hôpitaux aussi puis
aux universités parce que, là, ils ont beaucoup de... ils ont de
l'argent, etc. Combien de premiers ministres sont allés se faire traiter dans
des hôpitaux anglophones puis ils ont dit : C'est génial, c'est très bon,
très compétent? De toute façon, ils parlent très bien français pour l'immense
majorité des hôpitaux. Le ministre... ex-ministre de la Santé pourrait en
parler.
Alors là, on s'en
vient vraiment assez exagérés, et ça m'apparaît dangereux de dire : On va
financer seulement des étudiants avec leur certificat de naissance puis leur
statut d'ayants droit. Si on les accepte dans un cégep, qu'ils soient
anglophones ou francophones, ce qu'on a voulu depuis le rapport Parent... — on
parle de Guy Rocher, j'ai lu la biographie de Guy Rocher, j'ai parlé à Guy
Rocher — ce
qui est important, c'est l'accessibilité universelle pour tous les Québécois,
Québécoises, quel que soit leur couleur, leur âge, leur langue, leur race.
Alors,
l'accessibilité, ce que ça veut dire, c'est qu'on a un modèle de financement
qui va avec ça, qui permet l'accessibilité. On a créé le réseau des UQ pour ça,
pour mettre de l'accessibilité en région au niveau universitaire, pour mettre
de l'accessibilité en région par les 46 cégeps partout en région. Ça,
c'est de l'accessibilité. C'est un modèle québécois que tout le monde nous
envie en Amérique du Nord parce qu'il n'y a pas cette accessibilité ni de
droits de scolarité, le cégep est gratuit, je le répète. C'est quand même
formidable. Ils ont juste quelques frais afférents. Bien, l'Ontario, là, il y a
bien des jeunes qui aimeraient ça, avoir ça, parce que ça coûte extrêmement
cher.
Alors, quand on dit
qu'il faut changer le modèle de financement, financer juste les anglophones
pour les cégeps anglophones, moi, je trouve que c'est une iniquité qui est
absolument terrible, et ça nuit beaucoup à l'accessibilité.
Maintenant, qu'on
décide qu'il y a tant d'étudiants dans les cégeps, ça, ça s'appelle un devis
anglophone. Qu'il puisse être différent de francophone, on est en train d'en
discuter, mais de dire qu'on ne financera pas ou qu'on va financer la moitié
seulement d'un étudiant, mais c'est quoi, ça? Il y a les bons étudiants, qu'on
finance à 100 %, puis il y a les autres, qu'on finance à 50 %,
30 %, 25 %? Ça m'inquiète beaucoup.
• (12 h 20) •
Une voix :
C'est incroyable.
Mme David :
Je pense que le mode de financement qu'on a actuellement, il est correct. S'il
n'était pas correct, les gens s'en plaindraient énormément.
Ce n'est pas ça
qu'ils veulent, changer le mode de financement. Ils veulent que tout le monde
ait un mode de financement équitable, accessible, qui tient compte de certains
paramètres, dont les régions. Effectivement, ça a été rajouté
de façon très claire dans le dernier rapport qui a été fait sur le financement
des cégeps, et puis, donc... et financer des programmes exclusifs. Si vous
demandez aux cégeps en région, là, c'est ça qui est important.
Une voix :
Demandez-le-moi, je vais vous le dire.
Mme David :
Puis le député de Matane-Matapédia le sait. Ça prend des programmes exclusifs.
Ça prend des programmes qu'il n'y a pas nécessairement à Montréal. L'étudiant
dit : C'est tellement bon, ATM, là, Art et technologie des médias. Moi, je
veux être journaliste. Je vais aller à Jonquière, même si je viens de Montréal,
de Québec, de Sherbrooke. Ça, ça s'appelle des programmes exclusifs importants
et qui attirent les étudiants. Mais c'est difficile en région. Ça l'était, ça
l'est, ça risque de le demeurer. Il faut trouver des bonnes façons. Mais de
dire que les cégeps anglophones ne doivent avoir que des étudiants
anglophones... D'abord, où on va mettre les autres étudiants? On va... Disons
que c'est le 8 %. On enlève, disons, 6 000 étudiants,
5 000 étudiants à Dawson...
Une voix :
Des cégeps francophones.
Mme David :
...4 000 à Vanier, il faut les mettre quelque part demain matin, tous ces
étudiants-là, ils vont déborder, on attend 25 000 étudiants. Donc,
une approche qui est quand même un peu plus réaliste parce qu'à un moment
donné... parlons de réalisme aussi dans cette réflexion-là. Je pense que
changer le modèle de financement ou dire qu'il y a les étudiants financés à
100 % puis d'autres à 50 %, ça m'apparaît plus que discutable, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. M. le député de La Pinière et ensuite ce sera M. le
député de Matane-Matapédia. M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
J'ai vu que votre doigt, à un moment donné, avait fait une courbe pour
l'octroi de parole. Merci, Mme la Présidente. Je vais être bref. Je ne prendrai
pas 20 minutes, mais je vais dire ce que j'ai à dire. Québec solidaire,
là, c'est un parti radical. Et la proposition, le sous-amendement qui est
déposé ici, là... Moi, je déteste les choses, en politique, qui ne sont pas
nommées et... je déteste ça.
Alors, le ministre a
raison, cet amendement-là, c'est un amendement de loi 101 avec une date.
Je préfère la position du député de Matane-Matapédia parce que, lui, c'est
clair, c'est tout de suite. Pas de subtilité. Il n'en veut pas. Tout de suite,
merci, bonsoir.
Québec solidaire, là,
c'est croche. Il n'y a pas d'autre mot. Puis, en plus, madame...
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...
M. Barrette :
Oui, vous avez raison, Mme la Présidente. Je peux le retirer, ça ne me
dérange absolument pas.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Juste un petit rappel à l'ordre, M. le député de
La Pinière.
M. Barrette :
Ça ne me dérange absolument pas, mais, au moins, je vais l'avoir dit.
Et l'autre affaire,
Mme la Présidente, quand, en plus, on utilise l'argument : Oui, mais, nous
autres, nous sommes purs parce que nous demandons une augmentation du
financement, bien oui, mais, quand bien même le financement global est
augmenté, là, quand on ramène tout à la proportion, c'est la loi 101
pareil. Ça ne changera rien.
Alors, l'enjeu ici,
là, ce n'est pas bien, bien compliqué, là. Et ça me fait rire, parce que le
commentaire totalitaire de... Les politiques publiques sont faites pour
orienter les choix des gens, là... C'est ça qui a été dit, Mme la
Présidente : Les politiques publiques sont faites pour orienter les choix
des gens. Bétail, allez par là parce que j'en ai décidé ainsi. Bien non. Alors
là, ici, l'enjeu, là, c'est de... oui ou non, allons-nous continuer à permettre
à des gens, particulièrement les francophones, d'avoir le choix?
Ce qui a été proposé
par le ministre en matière de choix, on l'a débattu hier. J'ai fait la
mathématique. Bien là, ce qui est présenté à matin là, ça fait dur en titi, Mme
la Présidente. C'est radical, avec des arguments fallacieux. Alors, je peux
vous dire une chose, là, puis je vais arrêter là, je vais être d'accord avec le
ministre, là, puis je peux vous assurer qu'on va voter avec enthousiasme contre
cet amendement-là.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Contre le sous-amendement, M. le député.
M. Barrette :
Je m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : On
s'y habitue. Ce sera une autre collaboration entre le gouvernement et
l'opposition.
Mme la Présidente,
d'entrée de jeu, j'ai accordé à la députée de Marguerite-Bourgeoys, qui a été
ministre, un argument d'autorité. Et là j'étais bien attentif à une vision
très, très claire. Force est de constater que c'était particulièrement confus,
en tout respect, et je vais donner des exemples. J'ai rarement été aussi confus
à qui j'accordais la crédibilité d'avoir été ministre du ministère de
l'Enseignement supérieur.
D'abord, prenons le cas de Dawson. Ce n'est pas
la première fois que Dawson fait une demande en disant : J'ai trop de
demandes, je ne veux pas les envoyer ailleurs, je veux les garder.
M'accordez-vous un décret pour cette année? Je veux faire
des rallonges. Oui, mais, à terme, le ministère ne leur dit pas : Vous les
abandonnez. Donc, elles s'additionnent. C'est comme ça qu'on est arrivé à
8 000.
Dans le cas de l'agrandissement prévu sous le
gouvernement libéral et ensuite sous la CAQ, c'est 800 étudiants. Ça,
c'est Richard Filion, l'ancien directeur général de Dawson et du cégep de Gaspé
autrefois, qui nous l'a dit candidement, c'est pour ajouter des étudiants. Bien
sûr, si tu continues d'en ajouter, tu as moins de place.
Moi, j'ai fait une sortie, comme député, il y a
plusieurs années, avec le cégep de Matane, parce que, dans les cégeps
francophones aussi, on le faisait, on permet d'augmenter le nombre d'étudiants
parce qu'ils ont de la demande. On ne leur dit pas : Il y a des
alternatives d'aller en région. On va vous financer ça. Vous allez vivre une
expérience à Matane, à Rimouski, à Rivière-du-Loup, à Sept-Îles, à Baie-Comeau
que vous allez apprécier. Non. Ils gardent leur premier choix puis ils
augmentent le nombre. Donc, ces rallonges deviennent permanentes, et ça crée de
très, très gros cégeps et plusieurs cégeps qui sont sur le bord de n'être plus
viables au nombre d'étudiants. Ça, c'est la réalité.
Donc, le gouvernement libéral, des rallonges, il
en a accordé beaucoup. Je vais sortir la liste tout à l'heure. Ce n'est pas la
première fois. Alors, oui, les D.G. cognent à la porte : Moi, j'aimerais
ajouter 200 étudiants, je les ai déjà puis je sais ce que je vais faire
avec. Est-ce que je peux faire l'aménagement de mon cégep? Le ministère peut
dire non, sauf que l'expérience me démontre qu'il a à peu près tout le temps
dit oui. Alors, ce n'est pas tout à fait ce que la ministre a dit...
l'ex-ministre a dit tout à l'heure.
Ce que la députée solidaire dit — puis
là on se retrouve davantage qu'hier, si je comprends bien : Regardons le
financement des collèges, 40 % des étudiants sont des allophones, donc ce
n'est pas des ayants droit. Quand on a créé ces cégeps-là, c'est pour les
anglophones, la communauté anglophone, rien de plus, rien de moins. Là, ils ont
pris l'habitude, eux aussi, d'accueillir ces étudiants. C'est pour ça qu'ils
ont plus de financement. Ils ont monté, puis on peut voir l'évolution des
chiffres. Il y a un intérêt, il y a un engouement. Puis les premiers allophones
qui y vont invitent leurs frères, leurs amis, leurs voisins en disant : Je
suis passé par là, tu devrais venir. Tu es venu jouer au basket, tu as vu
comment c'était. Tu as vu la formation, les ateliers. Alors, il se crée de
l'émulation comme ça.
Si on continue d'accepter, ça ne finira jamais.
À un moment donné, Dawson demandera d'avoir 10 000 étudiants puis une
autre rallonge. Un gouvernement qui ne sera pas celui du Parti québécois, mais
qui en sera un autre qui croit à ça, va continuer de leur accorder. Ça ne
finira jamais.
Quand la députée a dit tout à l'heure : On
va les mettre où, les étudiants? Bien, dans des collèges francophones. Il y en
a à Montréal puis il y en a dans le 450. Puis des étudiants qui voyagent pour
avoir un cours collégial, ça existe — puis ce n'est pas plus loin
Matane-Montréal que Montréal-Québec, c'est la même distance, je l'ai mesurée — avec
des incitatifs. Puis, sinon, ça va toujours avec le même jeu : Je veux
aller à ce cégep-là. Mais ils sont déjà 8 000. 8 001, juste moi. Mais
il y en a beaucoup, des «juste moi», puis on l'accorde parce qu'on accorde à
des francophones ce droit-là qui n'était pas prévu à l'origine des collèges.
Mais le pire, ce n'est pas les francophones,
c'est les allophones. Je termine là-dessus. Un des grands gains de la
loi 101, c'est que leur parcours scolaire est en français au primaire et
au secondaire, et ça donne des résultats admirables sur la connaissance de la
langue. Ça aide à l'intégration dans la société. Ça aide aussi à penser en
français. C'est important, ça, rêver, penser, imaginer son futur, ce qui
n'empêche pas de parler trois, quatre ou cinq langues, ce que je valorise,
évidemment. Moi-même, je ne me débrouille pas si mal en langues.
• (12 h 30) •
Mais ce n'est pas ça, l'enjeu. C'est une
institution publique, le collège, financée à très forts pourcentages de fonds
publics. On peut faire le choix de dire : Certains francophones vont y
aller. Bon, il y en a moins qu'avant, mais il y en a quand même certains. Ça va
être lesquels? Ça va être les meilleurs puis ceux qui sont plus près de
Montréal. Parce que ceux qui sont loin des collèges anglophones, il va falloir
qu'ils payent le gîte, le logis. Il va falloir que papa, maman viennent les
porter avec les boîtes au début de la session. Je le sais, comment ça marche,
là. Ils n'y iront pas. Donc, ça va favoriser une certaine classe. C'est pour ça
que je pense que le gouvernement serait mieux de ne pas en inviter pantoute. Il
n'y en a pas, de prix à payer là-dessus.
Là, j'ai réalisé aujourd'hui que le Parti
libéral n'est plus en faveur de la loi n° 96. J'ai lu
ça sur Twitter. J'espère que la cheffe a averti ses deux députés. Elle n'appuie
plus le projet de loi parce qu'elle trouve qu'il va trop loin. Alors là, moi,
je sentais, depuis le début, qu'il y avait une volonté d'améliorer ou de
diminuer la portée du projet de loi pour que ce soit le moins problématique
possible pour la communauté anglophone. Ça expliquait notamment la présence de
certains députés.
À partir de
maintenant, là, je vais regarder les interventions en disant : Ce parti-là
ne votera pas pour la loi n° 96. Donc,
qu'est-ce qui va les guider pour la suite? Est-ce qu'ils veulent qu'il soit
adopté dans cette session? Est-ce qu'il y a quand même des choses qu'ils
veulent qui soient dans le projet de loi mais eux ne se lèveront pas pour
l'adopter? Ça, ça va me guider aussi pour analyser les interventions et les
propositions.
En ce qui nous concerne, on a plus envie de
faire la chose inverse, de ne pas voter pour un projet de loi puis lui donner
l'importance qu'il n'a pas. Je réfléchis à ça présentement. Quand je serai prêt
à vous le dire, je vais vous le dire. Mais ça se peut que le gouvernement soit
seul, un peu comme le ministre, comme nationaliste à la CAQ, à adopter son
projet de loi.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la
Présidente, le député de Matane-Matapédia fait un bon point. Là, on sait que le
Parti libéral va voter contre le projet de loi. C'est ce que la cheffe de
l'opposition officielle a dit. Ce qui me surprend, par contre, c'est la
position du député de Matane-Matapédia, parce que, dans le projet de loi
n° 96, malgré qu'il n'y a pas de toutes les volontés
du député de Matane-Matapédia, il voterait contre un projet de loi qui va
améliorer les protections associées à la langue française. Alors, je vais le
laisser expliquer sa position, dans le futur, si jamais il vote contre...
M. Bérubé : C'est de la bouette.
M. Jolin-Barrette : C'est de la
bouette?
M. Bérubé : C'est ridicule.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, sérieusement, en termes de crédibilité, là, on voit la position du
député de Matane-Matapédia qui cherche quelque chose à attraper, ce sur quoi
affirmer, mais ça lui glisse des mains, ça lui glisse des mains. Et
manifestement il constate que, dans le projet de loi n° 96,
il y a plusieurs mesures qui font avancer le français. Puis je l'invite, par la
suite, à aller expliquer aux Québécois pourquoi il va voter contre un projet de
loi qui améliore le statut du français, même si ce n'est peut-être pas le
projet de loi qu'il aurait déposé, Mme la Présidente. Mais ça voudrait dire,
Mme la Présidente, beaucoup de choses de la part du Parti québécois. Ça va
au-delà de l'entendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M. le Président, la
Coalition avenir Québec, en matière de défense linguistique, pour reprendre les
termes qu'il utilisait lui-même à mon endroit, c'est une conversion très
tardive et intéressée, électoralement parlant. Dans tous les forums où ils
discutent des positionnements pour la prochaine campagne, ils parlent de
ça : Il faut que ça soit adopté, on est le parti de la langue. Ils ont
fait la même récupération que la laïcité, un projet de loi qui était pas mal
moins intéressant que le nôtre, pas mal moins intéressant, mais il voulait
passer pour une forme de héros, tu sais, là-dessus. Ça n'a pas marché
longtemps.
En matière de langue, je le mets au défi d'aller
voir les partenaires du Québec français puis lui demander ce qu'ils pensent de
ce qu'il a fait hier. Le Mouvement Québec français lui a répondu aujourd'hui.
C'est assez cinglant. Je pense qu'il va en avoir pour un bout de temps à s'en
remettre.
Pourquoi, nous, on cautionnerait un projet de loi
qui choisit volontairement de regarder ailleurs des enjeux très importants?
Nous, au Parti québécois, on n'a personne à convaincre de l'importance de la
langue. Vous autres, vous avez manifestement beaucoup de monde à convaincre. Ce
n'est pas dans votre ADN, vous ne connaissez pas ça vraiment, ces enjeux-là.
Respectez ceux qui connaissent ça puis qui les ont fait, les batailles, qui ont
fait les batailles puis qui les ont gagnées, qui ne s'autoproclament pas
eux-mêmes comme étant des gens qui font des choses historiques, ils attendent
que ce soit des tiers indépendants qui le disent, qui auront marqué l'histoire
parce que c'est des gens courageux qui ont mis leurs sièges en jeu, quand leurs
convictions allaient à l'encontre des positions de leur gouvernement. Ça
devrait faire réfléchir le ministre, ça, qui est obligé d'avaler une autre
couleuvre, avec la langue.
Moi, je l'invite — je le sais qu'il a un
petit rictus, là — je
l'invite à penser à c'est quoi, son rôle de nationaliste dans ce gouvernement-là, qu'est-ce que ça veut
dire. Il reste que, d'être ministre, c'est assez pour l'occuper. Mais là-dessus,
là, il est passé à côté de l'essentiel, je le maintiens. Il peut penser ce
qu'il veut de ma formation politique, c'est très bien, il peut le faire, mais, comme
le disait Sacha Guitry : «Ceux qui parlent contre nous, s'ils savaient ce
qu'on pense d'eux, ils diraient bien pire.»
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci...
M. Bérubé : Mme la Présidente, j'ai
presque terminé. Elle est intéressante, la proposition de Québec solidaire,
puis d'ailleurs elle devrait se poser dans un ensemble de secteurs. Si on
finançait les francophones et les anglophones, à Montréal, en matière de santé,
au prorata, vous auriez des surprises. On aurait un deuxième hôpital dans l'est
de Montréal, je vous le garantis. On aurait de grandes surprises. La communauté
anglophone québécoise est la minorité la plus choyée du Canada. Qu'on me dise
le contraire. Alors, à partir de ça, Dawson n'est pas sur le bord de fermer ses
portes. Qu'elle fasse ce pour quoi elle a été créée, desservir la communauté
anglophone.
Et le point le plus important, en terminant,
c'est qu'on accepte, nous, d'avoir investi énormément de temps, d'énergie,
d'amour pour que des jeunes immigrants apprennent le français au primaire, au
secondaire, puis ensuite de regarder ailleurs en disant : Au collégial,
c'est vous qui décidez, puis ça peut être l'anglais, il n'y a aucun problème.
Puis on finance ça avec nos fonds publics, on finance cette assimilation. S'il
trouve que c'est glorieux, le ministre, ce projet de loi là, en oubliant
nommément ça, puis quand il a les chiffres puis qu'il nous dit respecter la
science, dans d'autres domaines, je trouve que ça ne vaut pas la peine de
l'appuyer. Et c'est ma position. Mon caucus tranchera.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente, merci. Bien, écoutez, le député de Matane-Matapédia aime beaucoup
citer Guy Rocher. Je vais vous le citer. Il dit, en consultation,
M. Rocher, il dit : «Premièrement, j'appuie le projet de loi
n° 96 pour deux raisons. La première, c'est que je trouve que ce projet de
loi s'inspire des mêmes sources que celles des sources qui ont inspiré la
loi 101, il y a déjà un peu plus de 40 ans, et que ce projet de loi,
comme la loi 101, cherche à établir le français
comme langue officielle et langue commune sur l'ensemble du paysage québécois,
que ce soit l'administration, l'enseignement, le monde des affaires, etc. C'est
donc dans ce sens-là que je pense que ce projet de loi demeurera historique.»
Guy Rocher qui ça.
«Deuxièmement, j'appuie ce projet de loi parce
qu'il crée quatre institutions que je trouve extrêmement importantes, et cette
partie de la loi me paraît extrêmement importante, quatre institutions qui vont
contribuer, dans l'avenir, c'est ce qu'on espère, à l'application de la loi,
c'est-à-dire l'Office de la langue française, le ministre et son ministère, le
Commissaire à la langue française et Francisation Québec. Ce sont quatre
organismes auxquels j'accorde beaucoup d'importance parce que je sais
d'expérience que ce sont des organismes qui seront les moteurs, les agents de l'application de la loi dans les années à
venir, à la condition, bien sûr, qu'ils recevront l'appui financier à l'appui
des ressources humaines de la part du
gouvernement et l'appui du pouvoir politique. C'est certain, c'est toujours la
condition.»
Alors, voyez-vous, appuyer le français, là, au
Québec, là, ce n'est pas toujours d'être dans la division comme le Parti
québécois. Appuyer le français, c'est de faire le pont entre les différents
membres de la société québécoise. Et ce que nous faisons, ce sont... nous
développons des solutions concrètes et pragmatiques qui vont avoir une incidence.
Le Parti québécois, lui, préfère s'emmurer dans la solution du grand soir.
Nous, on agit concrètement.
M. Bérubé : Mme la Présidente,
est-ce que le ministre a entendu, ce que les gens sont venus nous dire en
commission parlementaire sur les cégeps en français? Le seul, je pense, qui est
contre, c'est lui et son groupe de parlementaires.
C'est lui qui divise. On avait un momentum pour le faire. Il n'est même pas
capable de vendre ça à son gouvernement. Il rit, mais ce n'est pas drôle
pour son avenir, là. Il n'est pas capable de vendre ça à son gouvernement.
C'est quoi, l'avenir du nationalisme, dans ce gouvernement-là? Ce n'est pas
avec lui.
M. Jolin-Barrette : Pas avec
moi, non?
• (12 h 40) •
M. Bérubé : Non, ça ne sera pas
avec vous. Ça peut être dommage pour lui mais dommage surtout pour la langue.
Ça ne passera pas par lui. C'est une occasion manquée. Guy Rocher, la mesure
sur les cégeps, c'est une mesure majeure. Bien sûr, qu'il est d'accord avec
d'autres mesures qui ont moins d'impact, mais elle est majeure. C'est pour ça
qu'il est venu ici. Quand il s'est inscrit, là, c'était pour parler de ça. Je
le sais, puis assurément.
Quand il dit : Le Parti québécois, c'est le
grand soir, la loi 101 s'est faite dans un régime canadien; la loi sur la
réforme des institutions démocratiques, sur le financement politique. Regardez
la liste des réalisations du Parti québécois, ça s'est fait dans un régime
fédéral. Mais on pourrait aller bien plus loin, si on contrôlait tous les
leviers, les leviers législatifs, financiers, signer nos traités
internationaux.
On peut rire
de ça. On peut être habité par d'autres symboles. Le ministre, par exemple,
probablement, est davantage ému avec... du fait de prêter serment à la
reine que de penser à la souveraineté du Québec. C'est son choix. Mais moi, je
trouve qu'en ce qui me concerne le combat pour la langue il y a des occasions
fortes. C'est arrivé en 1990, après l'échec
du lac Meech, il y avait une volonté de dire : On devrait gérer la langue.
C'est arrivé dans les années 80. Là, il y a un momentum, il y a un projet de loi, ne passons pas
à côté, soyons fiers tous ensemble de la législation qui va sortir,
faisons la meilleure loi possible. Je vous l'avais dit, depuis le début :
Si vous vous accotez sur les libéraux pour savoir si c'est consensuel, ce n'est
pas un bon étalon. Là, ils viennent de vous lâcher. Bon, ça fait que vous avez
déçu les libéraux.
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
vous reste deux minutes, M. le député.
M. Bérubé : Moi, à date, vous me
décevez pas mal aussi. Revenez sur le dossier des cégeps en français, puis là
on va être enthousiastes. Moi, je sais qu'au bout de la ligne, là, vous voulez
être debout, puis là vous allez applaudir, puis là vos collègues vont vous dire :
bravo!, puis là vous allez traverser chez le lieutenant-gouverneur, là, vous
allez prendre un angle de photo pour ne pas
trop qu'on voie le lieutenant-gouverneur, vous allez signer ça une heure après,
puis là, là, on va attendre les chroniques qui disent que j'étais un superman
de la langue... Non, elle a déjà eu lieu, celle-là.
Ce n'est pas ça qu'il faut faire. La victoire,
c'est pour tout le Québec, pas pour un parti politique, pour tout le Québec.
Puis, moi, c'est ça que j'aimerais avoir, comme bataille pour les prochaines
années. On envoie un message clair, ce n'est pas ce qu'il y a de plus
populaire, mais je pense que Guy Rocher a raison, et d'autres :
Assujettissement du réseau collégial. Là, on a quelque chose qui va nous
survivre, qui va être là beaucoup plus loin que nous dans la politique, puis ça
va marcher. Convaincu. C'est mon souhait, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la
Présidente, on a des approches différentes, vraiment différentes. Parce que,
vous savez, pour moi, le nationalisme, là, c'est de faire tous les gains qui
sont possibles et ne pas s'emmurer dans un dogmatisme, de faire avancer les
compétences du Québec à chaque moment. Puis comme ministre de la Justice, c'est
ça que je fais, je peux vous dire, comme Procureur général, dans les différents
dossiers, lorsqu'on va à la cour. C'est également le cas dans le dossier de la
langue.
Oui, le député de Matane-Matapédia a bien beau
dire : C'est nous autres qui ont plus à coeur la langue française. Tu
sais, dans l'échelle des valeurs, là, ce n'est pas vraiment mesurable, à part
la conviction profonde que nous avons, propre à chaque individu. Et je ne doute
aucunement que le député de Matane-Matapédia a à coeur la défense du français
puis de la Charte de la langue française, il est reconnu pour ça, puis je
partage son amour pour la langue. Mais on met les mesures en place pour agir,
ce qui n'a pas été fait depuis les 25 dernières années.
Moi, j'invite le député de
Matane-Matapédia à le dire clairement que, dans le projet de loi n° 96, le
fait de rendre les droits linguistiques exécutoires... Expliquez-moi ça comment
ça se fait que vous n'avez jamais fait ça. Expliquez-moi ça comment ça se fait,
là, que vous vous levez, là, à l'Assemblée, là... Puis vous avez réclamé, là,
la motion, puis vous êtes l'auteur, puis vous nous l'avez dit à plusieurs
reprises, là, de la motion «Bonjour! Hi!», O.K.? Vous avez dit : Il faut
qu'au Québec, là, on accueille en français. Puis tout le monde a dit oui,
d'être servi puis d'être informé en français dans un commerce. Comment ça se
fait que, durant toutes ces années-là où votre formation politique a été au
pouvoir, donc on parle de 18, 20 ans environ, là, 20 ans sur les
43 dernières années, comment ça se fait que vous n'avez jamais rendu les
droits linguistiques exécutoires? Expliquez-moi ça? Nous, on fait des
applications concrètes, on donne des droits aux travailleurs, de dire : Le
travailleur québécois a le droit de travailler en français au Québec. O.K.?
Comment ça se fait que vous ne lui avez jamais donné les moyens de faire
respecter son droit? Comment ça se fait que c'est nous qui le faisons, dans le
projet de loi n° 96? Vous étiez où? Qu'est-ce que
vous faisiez, à part des discours? Qu'est-ce que le Parti québécois, Mme la
Présidente, faisait, ces années-là? Où était-il?
Je comprends que les discours, c'est important
dans la vie politique. Mais, au-delà des discours, c'est les actions qui sont
importantes. Mme la Présidente, moi, là, je ne veux pas avoir... d'une machine
à perdre, Mme la Présidente, à perdre sur le statut du français. Ce que je
veux, c'est que le français progresse, fasse des gains au Québec puis au
Canada. Puis on va s'arranger pour que ça arrive. Les entreprises de
juridiction fédérale, là, le député de Matane-Matapédia est résigné, il
dit : La solution du gouvernement ne fonctionnera pas, ça ne marchera pas.
Bien, c'est sûr que, si, dans la vie, on part de même puis on dit : On
n'ira pas défendre nos compétences, on ne se donnera pas les moyens législatifs
pour agir puis pour encadrer les entreprises de juridiction fédérale, c'est sûr
que ça n'arrivera pas, hein? Ça n'arrivera pas. Mais si, par contre, on le
fait, on légifère puis on défend nos compétences, bien, ça va arriver. Mais
c'est sûr que, si on reste assis, deux mains en dessous nos fesses, puis qu'on
fait juste des discours, pas grand-chose qui va bouger.
Alors, voyez-vous la différence d'approche?
Donc, je reconnais au député de Matane-Matapédia qu'il veut défendre la langue
française, je le remercie pour son appui, son dévouement, son engagement en
faveur de la langue française, que je reconnais, qui est sincère et légitime,
et des membres de sa formation politique. Il est tout aussi sincère et intègre
de notre côté. La différence, c'est dans l'application. Comment est-ce qu'on
fait pour s'assurer que les choses arrivent puis que ça change, Mme la
Présidente? Elle est là, la différence fondamentale...
M.
Bérubé : Non, il y
en a une autre.
M. Jolin-Barrette : ...entre notre
formation politique et la sienne.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre.
M.
Bérubé : Mme la
Présidente...
La
Présidente (Mme Guillemette) :
M. le député de La Pinière, il reste une minute au député de Matane-Matapédia,
et je vous cède la parole après.
M.
Bérubé : Vous ne
voulez pas manquer ça.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le député de Matane-Matapédia, une minute.
M. Bérubé : Donc, ça serait les
discours, de notre côté, versus l'héritage du ministre qu'on attendait depuis
tant d'années. Il fallait qu'il arrive à l'Assemblée nationale pour que ça
arrive. Je remercie les électeurs de nous l'avoir envoyé pour l'Assemblée
nationale.
Je le mets au défi de nous dire, maintenant, au
«je», pourquoi lui est contre la mesure de français au cégep? Pas «notre
gouvernement», pas «nous», lui. Je le mets au défi. Et, s'il le fait, je
m'engage à financer une organisation communautaire dans sa circonscription,
1 000 $. Alors : Pourquoi je suis contre? Il y a le mouvement
nationaliste qui a hâte de vous entendre là-dessus. On a le temps.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, on ne fait pas du marchandage, et j'invite...
M.
Bérubé : ...
M. Jolin-Barrette : Et j'invite le
député de Matane-Matapédia à... s'il souhaite investir dans un organisme
communautaire de ma circonscription, qu'il le fasse, je pense que ça serait un
beau geste de solidarité de sa part. Et la position du gouvernement...
M.
Bérubé : La vôtre.
M. Jolin-Barrette : ...elle est très
claire, et elle a toujours été...
M. Bérubé : La vôtre, la vôtre.
M.
Jolin-Barrette : ...et elle a toujours été la même, et je pense que
c'est extrêmement important...
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le député, s'il vous plaît! C'est le ministre qui a la parole.
M. Jolin-Barrette : C'est
extrêmement important de faire ce que nous faisons, en mettant un gel de
places, comme l'amendement que nous avons déposé hier.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre. M. le député de...
M. Bérubé : ...qui va le suivre
longtemps.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député de Matane-Matapédia. M. le député de La Pinière, la parole est à
vous.
M.
Barrette : Vous voyez, là, si on était allés de l'avant avec
notre proposition d'il y a quelques jours, là, on aurait pu invoquer l'article 35 pour cruauté
intellectuelle politique, là. La torture du ministre par le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le député, s'il vous plaît! Il n'y a que le député de La Pinière qui a la
parole présentement.
M. Barrette : Vous avez remarqué ça?
Ça ne le dérangeait même pas, parce que c'est amusant, parce qu'on n'a pas la
réponse.
La Présidente (Mme Guillemette) : Allez-y,
M. le député.
M. Barrette : Bien, si le ministre
veut répondre au député Matane-Matapédia sur le «je».
M. Jolin-Barrette : Bien, je viens
de répondre.
M. Barrette : Ah! O.K.
M. Jolin-Barrette : Je viens de
répondre.
M. Barrette : La phrase n'a pas
commencé par «je».
M. Jolin-Barrette : Mais j'aime
mieux être inclusif et avoir un «nous» inclusif.
M. Barrette : Brother!
M. Bérubé :... essaie de te croire,
Simon.
• (12 h 50) •
M. Barrette : Moi, c'est correct,
moi, là, je ne suis pas dans l'échange. Je trouve ça juste amusant. Non, mais
il faut qu'on s'amuse, quand même, en commission parlementaire.
Maintenant, pour le député de Matane-Matapédia
et aussi pour le ministre, avant qu'il nous envoie sarcastiquement plein de
commentaires, là, je m'en vais lire — juste une petite seconde, Mme
la Présidente — ce
que notre cheffe a dit, c'est très clair et c'est rapporté comme ça
aussi : «Le projet de loi n° 96 va trop loin, et, dans sa mouture
actuelle, on ne peut pas l'endosser.»
Comme le député de Matane-Matapédia ainsi que le
ministre ont une capacité intellectuelle suffisamment développée, et je fais un
commentaire positif, je pense qu'ils peuvent comprendre ici le sens du mot
«dans sa mouture actuelle». Bon, c'est la raison pour laquelle il y a des
travaux parlementaires, ce n'est pas dur à comprendre, ça, vraiment pas dur à
comprendre. Et nous, évidemment, bien, on n'a pas une bonne position... on ne
fait pas partie, nous autres, des radicaux solidaires, là, on n'essaie pas de
passer par la porte d'en arrière pour faire une affaire ou une autre, là, on
n'est pas comme ça.
Alors, Mme la
Présidente, je trouve que... Et ce qui m'amuse là-dedans aussi, Mme la
Présidente, c'est que j'ai déjà entendu des collègues nous dire :
Bien là, on n'est pas sur l'amendement, on n'est pas sur ci, ta, ta, ta, en
voulant dire : On perd notre temps. Là, on en a perdu pas mal, de temps,
là, mais c'est amusant. Alors, tant mieux, Mme la Présidente.
Je veux juste poser
une question au ministre, puis après ça, là, si le ministre veut voter, là, je
n'ai aucun problème, personnellement, à moins que ma collègue ait un problème,
là. Un des problèmes qu'il y a, dans toute étude détaillée, dans tout projet de
loi, ce sont les surprises. Là, j'écoute les échanges du ministre. Comme, hier,
on a eu une surprise, on a eu la surprise de l'amendement, alors personne ne
l'avait vu venir comme ça. Il n'est pas nécessairement contraire à la
philosophie de la CAQ, mais il vient faire quelque chose de plus qui était non
annoncé, qui était l'impossibilité de croissance, puis qui, elle, n'est pas
assez suffisante, là. Cette impossibilité-là, là, elle n'est même pas bonne pour les radicaux solidaires. O.K., au moins, leur
opinion est claire, même si elle est très, très facile à battre, là. Nous, on a trouvé que c'était une surprise
négative, dans une optique où on dit : Bien là, dans la mouture actuelle,
là... Bon.
Là,
j'écoute les échanges avec le député de Matane-Matapédia. Et c'est intéressant
parce que, veut veut pas, là, en écoutant
ça à répétition, parce que ce n'est pas la première fois que ça se passe... Et
j'ai même souligné la qualité oratoire du député Matane-Matapédia et la précision de sa pensée, quoique des fois
il y a des coins qui sont tournés un petit peu rond, comme affirmer que
nous allons voter contre, alors que c'est écrit que très clair, dans le tweet
de la cheffe, que c'est «dans la mouture actuelle».
Est-ce que, là... Et là il peut parler au nom de
son gouvernement ou à son nom personnel, là, est-ce qu'on peut s'attendre
aujourd'hui, là, est-ce que le ministre
s'engage aujourd'hui... Ma question est très simple, puis la réponse devrait
l'être, et franchement
transparente : Est-ce que le ministre s'engage aujourd'hui à faire en
sorte que, lorsqu'on votera sur le projet de loi n° 96, il n'y aura
pas la surprise d'inclure les cégeps dans la loi 101? Il peut-tu prendre
cette position-là aujourd'hui?
M. Jolin-Barrette :
Votre question, c'est : Est-ce qu'on va étendre la loi 101 au
cégep?
M. Barrette :
Oui, c'est ça... Non, ma question, elle est plus précise. Oui, c'est ça,
pour le sujet. Maintenant, ma question est : Ça, ce sujet-là, est-ce qu'on
a l'assurance, aujourd'hui, qu'il n'y aura pas de manoeuvre de dernière
seconde, et, quand on va se lever en Chambre, là, le ministre ne sera pas
arrivé avec, à la dernière minute : Nous incluons la loi 101 au cégep
ou le cégep à la loi 101?
M. Jolin-Barrette :
Bien, je ne peux pas être plus clair de ce que j'ai dit, notamment hier et
depuis toujours, à l'effet que la position du gouvernement est de mettre un
plafond et de laisser le libre choix.
M. Barrette :
Puis c'est correct, mais...
M.
Jolin-Barrette : C'est ce que nous faisons. Et l'amendement... Et je
suis un peu surpris, Mme la Présidente, parce qu'on nous dit : Ah! on est
surpris de l'amendement. Voyons donc! Vous m'avez présenté hier un article de
journal, imprimé, qui date de juin 2021, qui dit qu'on va faire un gel dans les
cégeps anglophones. Là, là, vous me dites, à matin : On est surpris. Vous
n'êtes pas surpris, vous le saviez.
M. Barrette :
Ce n'est pas la même chose, Mme la Présidente...
M. Jolin-Barrette :
Bien oui, c'est la même chose. Juste une précision, Mme la Présidente...
Une voix : ...
Mme Ghazal :
J'ai le droit de suspendre puisqu'il y a un vote. Oui, s'il vous plaît.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Il y a un vote, donc nous devons suspendre
parce qu'il y un vote.
M. Barrette :
Mme la Présidente, il n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député de La Pinière. Ce sera votre tour immédiatement au retour.
Donc, nous
suspendons.
(Suspension de la séance à
12 h 54)
(Reprise à 12 h 59)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, la commission reprend ses travaux.
Mais, compte tenu de
l'heure...
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Compte tenu de
l'heure, je suspends... la commission suspend les travaux jusqu'à
14 heures. Donc, bon appétit, tout le monde. Merci.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 14 h 08)
La Présidente (Mme Guillemette) : Votre
attention, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux.
Nous sommes à l'étude
détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur la
langue officielle et commune du Québec, le français.
Lors de la suspension, ce matin, de nos travaux,
nous étions à l'étude du sous-amendement, à l'article 58, de Mme la
députée de Mercier. Et je vais céder la parole au député de La Pinière.
M. Barrette : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Ce matin, quand on s'est quittés, j'avais abordé un sujet qui
faisait suite aux multiples échanges qui avaient eu lieu entre la... Québec
solidaire, avec sa proposition que je considère assez radicale, et le Parti
québécois, et je disais au ministre la chose suivante, je vais le redire pour
situer les gens.
Quand on regarde le déroulement des travaux et
quand on regarde ce qui s'est passé hier, en ce qui a trait à l'apparition d'un
amendement qui allait plus loin que ce qui était évoqué précédemment, alors
j'ai dit au ministre : Bien, quelque part, il y a bien des gens qui sont
très inquiets que, dans la dynamique actuelle qu'il y a entre les formations
politiques... que le ministre arrive à la dernière minute, parce qu'il a le pouvoir
de faire ça... qu'il arrive avec une... je ne dirais pas «une manoeuvre», là,
parce que le ministère n'aimera pas le mot, mais avec une procédure, on va
dire, d'abord, là, qui vient imposer la loi 101 au cégep. Bon, puis là le
ministre nous dit : Non, non, non, vous voyez bien dans le projet de loi,
actuellement, que ce n'est pas ça.
O.K., bien, c'est parce que, jusqu'à hier, à peu
près 17 heures, là, on voyait bien qu'il y avait une croissance, par
exemple, de l'effectif en fonction de la croissance de la population dans le
réseau anglophone. Puis hier, à 17 heures, grosso modo, ça s'est fermé, la
porte s'est fermée de façon, disons, surprenante. Bon, c'est sûr que ça peut
faire plaisir à des formations politiques plus radicales, c'est une vision peut-être
plus orange des choses, mais c'est là pareil, ça s'est passé puis ça pourrait
se passer encore.
Alors, Mme la Présidente, j'ai dit la chose
suivante au ministre : Comme ça ressemble à un scénario... Ah oui! je me
rappelle avoir dit aussi que le ministre, lui, dans le choix qu'il avait fait
des groupes à être consultés en consultation publique, là, ceux qui venus, son
choix, de sa formation, c'étaient tous du monde qui sont venus lui reprocher de
ne pas faire ça. Alors, peut-être que le ministre serait enclin à écouter ces
gens-là qui sont relayés avec beaucoup d'énergie et de conviction par le député
de Matane-Matapédia. Et j'ai dit au ministre : Si vous n'allez pas faire
ça, pourquoi ne pas le dire maintenant : Notre formation politique, on
s'engage à ce que, d'ici au vote, incluant le jour du vote, il n'y a pas de
manoeuvre, procédure, geste qui amènerait à ça, nous n'allons pas appliquer la
loi 101 au cégep? Est-ce qu'il pourrait faire cet engagement-là?
Et là, nous
avons fait une pause, et nous revenons de la pause, et la question que je pose,
c'est : Il a-tu une réponse?
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, la position du gouvernement, elle est très claire, et ce, dès que
j'ai déposé le projet de loi, notre
intention et notre volonté est de plafonner le nombre de places dans les
établissements collégiaux anglophones. C'est ce que nous avons fait. Et
d'ailleurs ce n'est pas une surprise pour personne, l'amendement d'hier soir,
considérant le fait que la ministre de l'Enseignement supérieur avait annoncé
elle-même un gel, en juin 2021.
Donc, pour nous, c'est très clair que le choix
que nous faisons n'est pas d'étendre la loi 101 au cégep, mais plutôt
d'avoir un plafonnement du nombre de places et de limiter le facteur de
croissance des établissements collégiaux anglophones. Il n'y a pas de surprise
là-dedans, Mme la Présidente, c'est ça, la position du gouvernement, ça l'a
toujours été. Le PQ voudrait que j'applique la loi 101 au cégep, j'ai dit
non; on a voté, hier, non là-dessus. Québec solidaire,
eux, c'est sur la formule de financement, qui aurait pour effet d'appliquer la
loi 101 au cégep également. Vous, c'est : On laisse ça comme
c'était puis comme que c'est.
Mais d'ailleurs, manifestement, j'ai constaté
que votre cheffe a indiqué très clairement que votre formation politique allait
voter contre le projet de loi. Alors, on se retrouve dans une situation où le
Parti libéral est, encore une fois, comme en 1977, en train de dire aux
Québécois : La protection de la langue française n'est pas importante, et
on ne veut pas qu'il y ait des outils législatifs pour la protéger. C'est le
message que je reçois aujourd'hui, là, de la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne
puis de la cheffe de l'opposition officielle.
Je trouve ça très malheureux, je trouve ça très,
très, très malheureux que la cheffe du Parti libéral fasse encore, à nouveau,
une erreur historique. Le choix qu'elle fait, à titre de cheffe, il est
malheureux et il doit être dénoncé. Plutôt que de se ranger du côté de la
défense du français, elle décide de dire : Non, le Parti libéral, encore
une fois, ne déploiera pas ses énergies à défendre la langue française. C'est
le choix de la cheffe, c'est le choix de la cheffe. Je ne dis pas que le député
de La Pinière est d'accord avec ça, mais, comme on dit, c'est le choix de la
cheffe.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Barrette : On se croirait dans
une épicerie, le choix du président.
M. Jolin-Barrette : ...
M.
Barrette : Effectivement.
Alors, Mme la Présidente, normalement, je ne prendrais pas de temps, s'il n'y
avait pas des faits à rectifier, alors je vais les rectifier. Bon, je l'ai dit
ce matin, j'ai même dit que je faisais mon intervention pour ne pas enjoindre
le ministre à ne pas faire ce genre de commentaire là. Alors, je vais le
redire. Je n'ai pas besoin de le relire, c'est facile à se rappeler, le
ministre devrait s'en rappeler, ma cheffe, la cheffe de notre formation, a
dit : «Dans sa mouture actuelle». Ce sont les mots prononcés, ils sont sur
Twitter, ce n'est pas subtil : «Dans sa mouture actuelle».
Ça ne veut pas dire que c'est une position définitive, ça veut dire : dans
sa mouture actuelle. Donc, il y a un intérêt, pour nous, comme formation
parlementaire, à continuer à travailler sur la mouture, c'est aussi simple que
ça.
Maintenant, Mme la Présidente, le ministre nous
dit qu'on va voter comme en 1977. Je suis allé voir le vote, puis ça m'a
beaucoup surpris. Parce que, vous voyez, j'étais jeune, en 1977, j'avais
21 ans, alors je ne comptais pas les votes, ce n'était pas... Vous savez,
à 21 ans, on ne regarde pas ça, là. Bien, peut-être que le...
M. Jolin-Barrette : ...
M. Barrette : Bien oui, je
comprends, je savais qu'il allait dire ça, et ça ne me surprend pas. Je l'ai
dit à la période des questions, ce matin, le
ministre a un intérêt, sur l'histoire parlementaire, très prononcé. C'est un
compliment, ce n'est pas une critique. Alors, ça ne me surprend pas qu'il me
réponde ça, qu'à 21 ans il regardait ça. Mais la formation qui est
l'ancêtre de la CAQ, l'Union nationale, a... l'Union nationale a voté
totalement contre.
Et j'ai constaté quelque chose, Mme la
Présidente, qui m'a beaucoup intéressé, c'est qu'au Parti québécois, qui se
présente toujours comme étant le porte-étendard unanime et tous... contre
tous... tu sais, ce n'est pas les trois mousquetaires, c'est les
72 mousquetaires, là, il y a quand même 20 personnes qui n'étaient
pas là, là, sur 72, je pense, qui n'ont pas voté. C'est beaucoup, c'est
25 % de leur...
M. Jolin-Barrette : En 1977.
M. Barrette : Non, non, non, il y a
20 personnes qui n'ont pas voté, qui n'ont pas enregistré leur vote.
M. Jolin-Barrette : En 1977.
M. Barrette : Qu'est-ce que j'ai
dit?
M. Jolin-Barrette : En 1972.
M. Barrette : Je m'excuse, Mme la Présidente,
c'est un lapsus, parce que j'ai effectivement le 26 août, de mémoire, 1977.
Alors, les travaux étaient repris, là, techniquement, et l'ancêtre de Québec
solidaire, l'Union nationale, pas avec le chef... pas Québec solidaire, mais de
la CAQ... Mais j'aime ça le dire.
M. Jolin-Barrette : Juste pour un
peu d'histoire politique, dans le fond, quand le député de La Pinière
dit : Les travaux avaient repris, c'est parce qu'à l'époque ils ont siégé
tout l'été sur le projet de loi, et donc le calendrier parlementaire était
distinct que... celui que nous connaissons aujourd'hui. Un point d'information
pour le député de La Pinière, oui, je m'intéresse depuis fort longtemps aux
questions importantes qui gouvernent notre société puis notre nation puis je
trouve que ça devrait être valorisé.
M. Barrette : Bien, je n'ai pas
de problème avec ça.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Merci. Alors
donc, le parti qui était l'ancêtre de la CAQ, ou du moins on pourrait le
qualifier... la muse, hein, beaucoup de gens font le lien entre un chef de
parti célèbre de l'Union nationale, dans le passé, bien, ils ont voté contre.
C'est quand même étonnant, l'Union nationale qui était nationaliste, dans une
certaine, pas mal, mesure, ils ont voté contre.
Et le Parti québécois, j'aimerais bien ça... Je
ne comprends pas, là, pour une affaire aussi historique et importante, qu'il y
en ait eu 20 qui n'étaient pas là, là. C'est 25 % de son électorat, à
l'époque. C'est étonnant. Moi, je trouve ça étonnant. Il y en a eu aussi dans
l'autre gang, là, juste quatre. Alors, que s'est-il passé? Est-ce qu'on peut
présumer que les gens qui ont voté... qui n'étaient pas là, ils étaient contre?
Qui sait? Ça veut dire qu'il y aurait 25 % du PQ de l'époque qui avait été
contre, mais pas mal toute l'Union nationale, qui était aussi avec les libéraux
et le Parti créditiste. Mais ça, c'est une autre affaire. Alors, ça, c'est
juste pour le point de forme historique, là.
Alors donc, Mme la Présidente, ce n'est pas
bien, bien compliqué, nous, on regarde ça puis on fait cette demande-là au
ministre simplement parce que, si c'est si clair, pour le ministre, que ça
n'arrivera pas, bien, pourquoi ne pas le dire maintenant? Parce que, nous, si
c'est si clair, on est heureux. Mais, comme on a eu une surprise...
Le ministre a encore dit, là, que nous autres,
on avait ce qu'on voulait, on avait ce qu'on voulait parce qu'on avait un
montant fixe puis qu'il y avait un plafonnement. Il dit : Le Parti
libéral, vous étiez d'accord avec le plafonnement. Mais on n'a jamais dit qu'on
était d'accord avec un plafond qui baissait. C'est comme dans les films de
science-fiction ou les films de peur de série Z, là, où les murs se rétrécissent,
et la personne, dans la dernière seconde, va réussir, par un pouvoir
quelconque, à sortir de là. Malheureusement, dans la vie parlementaire, on
n'arrive jamais à sortir de là. Alors, on n'a jamais dit ça, nous autres là,
là, on n'a jamais dit qu'on était en accord avec un plafond qui baissait.
Alors, nous, on était d'accord avec un plafond qui suivait la croissance de la
population.
C'est sûr que, les
positions radicales de Québec solidaire, qui passent par le financement pour
faire la loi 101 en 2032... Je l'ai dit tantôt, je l'ai dit tantôt, Mme la
Présidente, j'aime bien mieux les positions claires, même si je ne suis pas
d'accord, de Matane-Matapédia qui dit : C'est maintenant, bang! puis c'est
ça que je veux, plutôt que de passer par toutes sortes de
circonvolutions, là, radicales pour arriver à la même affaire en 2032. Mais ça,
Québec solidaire, on est habitués.
Moi,
je me rappelle Jean-François Lisée, dans la dernière campagne électorale, qui
avait sorti le manifeste, là, qui est
disparu, depuis, de l'Internet, où Québec solidaire prenait possession,
essentiellement, de tous nos REER pour pouvoir faire je ne sais pas
quoi. Je veux dire... Mais, tu sais, ça, c'est le parti qui... Je suis sûr
qu'ils n'aiment pas ça se faire dire qu'ils
sont radicaux. Mais, quand je pense à Québec solidaire, je pense toujours à
Amir Khadir puis ses souliers, quand il se promenait devant un magasin
puis il garrochait ses souliers pour toutes sortes de raisons de politique
étrangère.
Mais,
Mme la Présidente, je digresse, là. On est en dehors, évidemment, du projet de
loi. Alors, je demande encore une
autre fois au ministre : Qu'en pense-t-il? Ne devrait-il pas... Qu'est-ce
qu'il y a de si risqué de dire ça, là, de s'engager?
• (14 h 20) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, je pense avoir répondu à la question, déjà, préalablement,
en disant que la position gouvernementale, elle était claire, et ce, au moment
où on a déposé le projet de loi et avec les indications de la ministre de
l'Enseignement supérieur. Et on donne suite à ça très clairement. Alors, notre
position est à l'effet d'amener un plafond au niveau du collégial anglophone et
de ne pas avoir de facteur de croissance. Ça ne peut pas être plus clair que
ça, alors... Et hier j'ai même voté contre un amendement qui étendait la
loi 101 aux cégeps. Donc nous, on maintient le libre choix.
Autre point. Là, je
comprends que ça préoccupe beaucoup le député de La Pinière, le fait que ses
REER soient à l'abri du contrôle de Québec solidaire. Je le comprends. Donc,
ses REER pourront être convertis en FERR, dans quelques années, et je crois
qu'il pourra les conserver. Donc, le voilà rassuré.
Et pour ce qui est de
l'Union nationale, écoutez, en 1976, là, ce n'était pas l'équipe historique des
bleus, hein? C'était rendu le PQ. Mais là l'équipe des bleus, c'est la CAQ.
Vous, c'est l'équipe des rouges, puis l'équipe des rouges, bien, c'est ça, des
fois, ils prennent des mauvaises décisions, comme celle de la cheffe de
l'opposition officielle, aujourd'hui, de dire qu'on n'appuiera pas le projet de
loi n° 96, de renoncer à tout le travail qui a été
fait par la députée de Marguerite-Bourgeoys, avec les amendements qui ont été
apportés, avec une volonté sincère de la députée de Marguerite-Bourgeoys de
faire avancer la défense du français. On constate que la cheffe de l'opposition
officielle, elle, pour on ne sait quelque raison, informe son caucus que son
caucus va voter contre le projet de loi. Je trouve ça bien malheureux, bien
malheureux.
Puis surtout, aussi,
moi, je ferais attention, si j'étais le député de La Pinière, parce que...
lorsqu'il dit : La CAQ, la CAQ, la CAQ. Il en a fait partie, Mme la
Présidente. Puis, savez-vous quoi, aujourd'hui, je le sens nostalgique,
honnêtement, je... Comment je pourrais dire? Vous savez, ça arrive parfois
qu'on a des regrets mais on a de la difficulté à se les avouer. Puis, dans, parfois... ce que je pourrais qualifier
d'acharnement, un peu, ou d'une vindicte à l'endroit du gouvernement, je sens un désir profond et sincère,
au fond du député de La Pinière, de dire : Bien, oui, je me suis
trompé, je n'aurais pas dû aller avec le
Parti libéral, je ne me reconnais pas, ce n'est pas ma famille politique, je
n'aurais pas dû faire ça.
Alors je comprends,
puis j'ai beaucoup d'empathie pour ça. Puis j'accueille ces propos, j'accueille
avec bienveillance, je le dirais, donc, cette position-là. Puis malheureusement
on ne peut pas refaire l'histoire. C'est sûr qu'en rétrospective, peut-être, le
député de La Pinière pense que ça n'a pas été un bon choix, en 2014. Mais il
peut savoir que, nous, pour nous, ça n'a pas changé grand-chose, puisqu'on
l'apprécie toujours autant. Puis on accepte que les gens puissent faire des
erreurs, puis on accepte l'erreur du député de La Pinière dans son choix de
carrière.
Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise, Mme la Présidente? Nous, on est cohérents avec la
politique linguistique qu'on met en place. Le Parti libéral avait dit qu'il
était pour la défense du français. Là, ils nous ont annoncé, par le biais de la
cheffe de l'opposition officielle, qu'ils étaient contre un renforcement des
mesures pour protéger le français, pour freiner le déclin, en annonçant... et
ça pour l'agrandissement du cégep de Dawson, Mme la Présidente, là. C'est ça,
là, le coeur, là, de la politique linguistique du Parti libéral. Ils veulent
que Dawson s'agrandisse, puis c'est pour ça qu'ils vont voter contre le projet
de loi n° 96.
Je trouve ça
malheureux, parce qu'il y a tellement de mesures dans le projet de loi. On peut
être contre une mesure, dans le projet de loi, mais là vous prenez le bébé et
vous le jetez avec l'eau du bain. C'est un choix qui est fait par le Parti
libéral, un choix déplorable, comme en 1977. Écoutez, en 1977, là, ils étaient
d'accord avec la Sun Life, là. Puis là, aujourd'hui, ils disent : Ah! on
est d'accord avec la loi 101, tout ça.
Le député de Matane
Matapédia parlait de la profondeur des convictions, tantôt. Est-ce que, pendant
ces quarante quelques années là, c'est une véritable conviction, la défense du
français, pour le Parti libéral du Québec? Je comprends que le député de La
Pinière, il est mal à l'aise avec la position de sa cheffe. Et honnêtement, Mme
la Présidente, le député de La Pinière n'a rien à perdre, parce qu'il nous a
annoncé qu'il terminait son mandat. Puis il a bien servi le Québec pendant huit
ans, comme député, comme ministre, il a fait des efforts, je crois, sincères,
comme tout le monde qui occupe des charges ministérielles.
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Louables. Puis, je dois dire, ça n'a pas dû être
facile non plus, parce qu'il voulait mettre en place d'importantes réformes, et
là il se retrouve dans une situation où il aurait certainement une très grande
liberté de dire : Je vais voter pour la défense du français, je vais voter
pour le projet loi n° 96. Libérez-vous de vos
chaînes, libérez-vous des libéraux, M. le député de La Pinière, vous avez cette
possibilité-là. Libre à vous. Il n'y aura aucune conséquence, aucune. Puis
savez-vous quoi, je pense que tous les parlementaires ici vont dire... vont
vous féliciter d'avoir fait vos propres choix. Puis on sait que vous êtes
capable de le faire.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le ministre. Je rappelle qu'on est sur le
sous-amendement de Mme la députée de Mercier.
M.
Barrette : ...à quel point j'aime les échanges avec le député
de Matane-Matapédia. J'aime plus ça quand le député de Matane-Matapédia torture le ministre, parce que, comme le député
de Matane-Matapédia connaît bien les gens qui sont en face de lui, parce qu'on sait qu'il y a une espèce de filiation
quasiment biologique, là, génétique entre les deux formations, je le sais que le député de Matane-Matapédia
vise dans le mille. Puis ça, ça me fait toujours plaisir de voir ça.
Et là il y a un autre principe, en psychologie,
Mme la Présidente, qui est celui de la projection. Alors là, le ministre,
ici, vient de faire beaucoup, beaucoup, beaucoup de projection. Je l'apprécie.
Il y a un fond là-dedans qui est bien correct, là. Il me fait des compliments,
mais il exprime ses souhaits. Je comprends aussi qu'il souhaite que je revienne
chez eux. Je le comprends. C'est une invitation cordiale, mais on n'est pas là,
là, Mme la Présidente. Prenez-le pas mal, vous personnellement, là, mais on
n'est pas là.
Mais puisque nous sommes chaleureusement dans la
même conversation et dans la même description, je retiens aussi qu'il a dit
qu'il était le bleu de l'époque, là. Ça fait que, donc, c'est comme s'il nous
confirmait, là, qu'il y avait vraiment une filiation avec l'Union nationale
puis Maurice, tant qu'à faire, là. Tu sais, écoute, c'est une admission, là,
qui venait des tripes, là. Quand il nous a dit ça, là, que : C'est nous,
aujourd'hui, l'Union nationale. Alors, c'est correct. On l'avait compris, là,
celle-là.
Mais revenons à l'amendement ou, du moins, à la
question que j'avais...
La Présidente (Mme Guillemette) : Le
sous-amendement.
M. Barrette : Le
sous-amendement. C'est vrai, je n'arrête pas, hein? Mais soyez attentive, je
vais en refaire encore, faites-vous-en pas. Alors bon, donc, le ministre, là...
parce que dans les choses que je dois préciser, le ministre nous dit, il l'a
encore dit, là : C'est ce que vous vouliez. Non. Le ministre nous a encore
dit : C'était clair, au dépôt du projet de loi. Non, ce n'était pas clair,
au projet... au dépôt du projet de loi, qu'il allait y avoir un plafonnement
dont le plafond — c'est
un pléonasme, mais permettez-le-moi — allait baisser. Ce n'était
pas clair, ça. À moins que nous autres, on soit absolument analphabètes
politiquement, là. Ce n'est pas écrit dans le projet de loi : Nous allons
mettre un plafond, parce que vous êtes d'accord avec, puis on va le faire
baisser. Ce n'est pas ça, là.
Alors là, le ministre, lui, prend tout le temps
cet argument-là. Ça fait que j'espère qu'il ne sera pas surpris si je lui
dis : Bien, s'il ne s'engage pas puis il ne veut pas, bien, c'est
peut-être qu'on a raison d'être un petit peu paranoïaques puis se dire :
Dans le fond, on est peut-être dans une grande pièce de théâtre où on s'est
arrangés avec les radicaux solidaires et le Parti québécois pour arriver, à la
fin, Mme la Présidente, puis dire : Regarde, on fait tout ça, ce show-là,
mais inquiétez-vous-pas, à la fin, on va mettre les cégeps dans la
loi 101. Est-ce que je me trompe? Est-ce que je vois, dans les yeux du
ministre, que c'est ça, leur plan?
M. Jolin-Barrette : Juste
une question de compréhension et d'appréciation : Est-ce que, pour le
député de La Pinière... est-ce que toute personne qui a été membre de
Québec solidaire est un radical?
M. Barrette : Je vois
exactement où il voit... où il veut aller. La réponse, c'est non. Il fut un
temps où Québec solidaire était composé d'une personne sensée et puis d'une
personne radicale. La personne sensée est partie et la personne radicale aussi,
et sont arrivées de nouvelles personnes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Attention...On fait attention à nos propos, s'il vous plaît.
M. Barrette : ...faire
attention, là.
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
vous reste 20 secondes, M. le député.
M. Barrette : J'ai terminé, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup.
M. Barrette : S'il veut, le
ministre, que je continue, je peux continuer, mais je pense avoir été assez
clair.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup, M. le député. M. le ministre.
• (14 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Assez
clair. Et l'histoire nous a enseigné que, parfois, le Parti libéral du Québec a
fait des bons choix, de bons choix. En 1988, là, quand l'arrêt Ford de la Cour
suprême survient, là, le Parti libéral avait fait un bon choix d'utiliser la
disposition de souveraineté parlementaire. Malheureusement, en 1993, ils ont
fait un mauvais choix. Mais ça peut arriver,
parfois, que, dans cette formation politique là, il y a des moments de
lucidité. Ça peut arriver. Honnêtement, il faut les saisir au moment
opportun puis bien les encapsuler, là, parce qu'ils ne sont pas fréquents.
Mais j'avais espoir, dans le cadre du projet de
loi n° 96, que ce moment de lucidité là serait
présent. Vous m'en voyez déçu, Mme la Présidente, avec l'annonce de la chef de
l'opposition officielle, aujourd'hui, qui a fait son choix, qui a fait son lit
contre la défense et la protection de la langue française, en n'appuyant pas le
projet de loi n° 96.
Honnêtement, c'est un
projet de loi pragmatique qui touche toutes les sphères de la société et qui
aura un impact durable sur le déclin du français, au-delà de ne pas avoir agi,
en 2014‑2018 , malgré les indicateurs linguistiques que vous aviez, comme on
dit, vous avez une chance de vous reprendre, puis là, la cheffe de l'opposition
officielle dit : Non. Non, je ne veux pas agir sur la question du
français. Je trouve ça triste, Mme la Présidente, vraiment triste.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre. Je cède la parole au député de Matane-Matapédia pour
50 secondes. M. le député, et ensuite ce sera Mme la députée de Mercier.
M. Bérubé : Mme la Présidente,
tout à l'heure, le ministre a dit que... il parlait de Dawson. Dawson, c'est
une conversion récente de la part de la CAQ.
Est-ce que ça devrait être suspect? Est-ce qu'on devrait se questionner? Ils
viennent d'avoir cette réflexion-là. Je le reprends à son propre jeu. Ils
viennent de décider en se disant : Bon, il faut jeter du lest.
Quant au député de La Pinière, qui
questionne la présence des députés ou non selon les votes importants, je lui ferai remarquer, à lui, le médecin, que, lors de
la loi n° 52, du vote de mourir dans la dignité, 22 de ses
collègues ont voté contre cette
loi-là, et que le Parti libéral continue d'en faire la promotion. 22. Zéro au Parti québécois. On a tous voté pour.
Alors, je tiens à le noter pour sa gouverne.
C'est une loi importante. Ils s'en font les fiduciaires, comme la loi 101.
Je veux bien croire que c'est des convictions personnelles, mais ça teinte, ça
teinte ce parti-là au plan moral, au même titre que le Parti conservateur du
Canada. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
ne vous reste plus de temps, M. le député.
M. Bérubé : ...réaction.
M. Barrette : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : Prochain
20 minutes. Donc, Mme la députée de Mercier.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) : Oui.
M. Jolin-Barrette : L'article 213
s'applique-tu ici?
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Sûrement,
suite à une intervention.
La Présidente (Mme Guillemette) : Sur
un droit de réplique?
M. Jolin-Barrette : Oui.
J'aimerais poser une question au député de La Pinière.
La Présidente (Mme Guillemette) : S'il
y a consentement. On peut tout faire avec le consentement.
M. Jolin-Barrette : Consentement.
M. Barrette : ...pas consentement.
M. Jolin-Barrette : J'aimerais
savoir ce que pense le député de La Pinère de l'intervention du député de
Matane-Matapédia.
M. Barrette : Mme la
Présidente, est-ce que j'ai le temps? Est-ce que je peux répondre?
La Présidente (Mme Guillemette) : Et
il n'y avait plus de temps.
M. Barrette : Bien là!
La Présidente (Mme Guillemette) : Mais
là, si M. le ministre a posé une question...
Une voix : C'est ça, la règle.
M. Jolin-Barrette : Oui, la
règle, il faut que tu acceptes. Il faut qu'il accepte de répondre à la
question.
M. Barrette :
Non, non, j'accepte de répondre. Je vais répondre avec plaisir.
La Présidente (Mme Guillemette) : Mais,
M. le député de La Pinière, je vous dirais, une réponse courte, s'il vous
plaît.
M. Barrette : Elle va être
courte. Alors, Mme la Présidente, tout le monde, au Parti québécois, là, tout
le monde incluant le député de Matane-Matapédia, décrivent ce moment-là,
décrivent ce moment-là comme étant un moment monolithique de courage du plus
grand parti du Québec, le Parti québécois. Il y en avait quand même 25 %
qui avaient moins de courage, là.
Maintenant, pour ce qui est de l'aide médicale à
mourir...
M. Jolin-Barrette : ...Lady
Gaga?
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Barrette : Alors, Mme la
Présidente, pour ce qui est...
La Présidente (Mme Guillemette) :
J'ai dit une réponse courte.
M. Barrette : Oui, oui. Pour ce
qui est de l'aide médicale à mourir, là, c'est un sujet qui est un sujet...
c'est le sujet par excellence de tous les sujets, qui est individuel. Et qu'il
y ait eu un vote libre, Mme la Présidente, c'était la chose à faire. C'était la
chose à faire parce que, je vais faire un parallèle, là, qu'il y ait, ici, des
gens qui croient au bon Dieu puis qu'il y en a d'autres qui n'y croient pas,
là, jamais l'un ne va convaincre l'autre. C'est personnel. Ça n'a rien à voir.
L'autre, c'est politique. Ça a tout à voir avec une formation politique. Et,
dans ce moment-là, là, le courage exprimé, décrit, rappelé ad nauseam par le Parti
québécois, il n'était pas très, très uniforme.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Une discussion très
intéressante, mais je nous ramènerais au sous-amendement de Mme la
députée de Mercier, à qui je vais céder la parole.
Mme Ghazal : Oui. Merci, Mme la
Présidente. J'ai...
Une voix : ...
Mme Ghazal : Oui,
merci. J'ai l'impression de rentrer dans une conversation entre petits gars,
hein? Les femmes, nous, on est quand
même pas mal sages, hein, dans cette commission puis... Mais ce n'est pas
grave. C'est tout à fait normal.
Moi, ça me réjouit qu'on qualifie mon amendement
et mon parti de radical parce que je connais très, très bien mon français, et,
radical, ça veut dire «qui tient à l'essence, au principe d'une chose, d'un
être; qui vise à agir sur la cause profonde» de ce que l'on veut modifier. Et
c'est exactement ce que sont les propositions de Québec solidaire. On veut agir
sur les causes profondes. On veut les corriger de façon... à long terme, pas
juste à courte vue.
Et, si je reviens à mon sous-amendement, c'est
exactement ce qu'il essaie de faire. Si on veut protéger le français au Québec,
si on veut que les jeunes aillent au cégep en français puis que ça soit
attractif, et non pas une... et non pas une obligation, bien, il faut voir le
financement. Et c'est exactement ce qu'il amène.
Et je veux juste corriger le ministre par
rapport au... quand il dit que ce qu'on veut, c'est appliquer la loi 101
dans 10 ans. Appliquer la loi 101, ça veut dire qu'on arrête le libre
choix. Ça veut dire que les jeunes n'ont pas le droit d'aller dans les cégeps
anglophones.
Avec ma proposition, c'est... ça serait toujours
possible, un peu comme la proposition du ministre, mais, au lieu d'arrêter à
17,5 % puis après ça réduire les pourcentages, notre objectif est
d'arriver au poids démographique de la
communauté anglophone au Québec qui va au cégep en anglais. Les allophones et
les francophones auront toujours le droit d'aller dans les cégeps
anglophones. Donc, il n'y aura pas une interdiction. Donc, ce n'est pas
appliquer la loi 101 au cégep, ni aujourd'hui, ni dans 10 ans, ni en
2032. Donc, voilà. C'est radical parce que ça va à la source, à la racine.
D'autres personnes pourraient dire, qui étaient
contre la réforme Barrette — excusez-moi
de l'appeler comme ça, c'est sa marque de commerce — d'autres personnes qui
étaient contre la réforme Barrette, la qualifier de radicale. Radicale, ça
serait un compliment à donner à cette réforme. Parce qu'elle a été extrémiste,
elle a été nuisible pour le Québec, et elle l'est encore aujourd'hui, et on en
paie le prix, elle n'est pas radicale du tout. Québec solidaire est radical
parce qu'on va à la source des choses. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée de Mercier. Donc, M. le ministre, oui.
M. Jolin-Barrette : Je prends
acte que Québec solidaire se déclare radical. Alors, alors...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : ...alors, je
veux que ça soit enregistré au procès-verbal, Mme la Présidente. La députée de
Mercier affirme que sa formation politique est radicale, l'était, l'est
présentement, le sera. Alors, je suis sans mot.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme Ghazal :
Pour un ministre de la Langue française qui ne va pas à la racine des mots
puis ce qu'elles veulent dire, je suis déçue. Je suis vraiment déçue. Radical,
c'est dans le sens de la définition que je l'ai mentionnée, et je suis déçue
qu'il trouve que ce n'est pas...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Je nous ramènerais au sous-amendement, s'il
vous plaît, de la...
Mme Ghazal :
On est en train de qualifier le sous-amendement.
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, c'est quand même important parce que, pour les locuteurs
de langue française... Je comprends que la députée de Mercier indique dans quel
sens elle veut qu'on entende le terme «radical» et la définition qu'elle lui
donne, mais le public...
Mme Ghazal :
Pas que je lui donne, la définition.
M. Jolin-Barrette :
...la population entend très bien également. Et je vais laisser la
population comprendre ce qu'ils comprennent de la langue française, c'est que Québec
solidaire se déclare radical.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. D'autres
interventions? Mme la députée.
Mme Ghazal :
Mme la Présidente, bien, ce n'est pas la première fois. On a déjà donné la
définition de «radical». Ça veut dire aller
à la source des choses. Et, dans le sens que, moi, là, je parle aussi en plus
de mon amendement, je comprends que le ministre trouve que mon
sous-amendement est plus... va plus loin, si on prend le mot qui est utilisé
dans la population, est plus radical que ce qu'il amène dans la loi 101.
Donc, pour protéger le français, nous allons plus loin que la CAQ. C'est ce que
je comprends du ministre, et je suis d'accord avec lui.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc, d'autres interventions sur le
sous-amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que le
sous-amendement de Mme la députée de Mercier est adopté?
Des voix : Rejeté.
Mme Ghazal :
Vote par appel nominal.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Vote par appel nominal. Mme la secrétaire,
s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Veuillez répondre pour, contre ou abstention.
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
La
Secrétaire : M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
La Secrétaire :
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Contre.
La
Secrétaire : M. Émond (Richelieu)?
M. Émond :
Contre.
La
Secrétaire : M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
La
Secrétaire : M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : Mme David
(Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Contre.
Le Secrétaire : M. Barette (La
Pinière)?
M. Barrette : Contre.
Le Secrétaire : Et madame... pardon,
Mme Guillemette (Roberval)?
• (14 h 40) •
La Présidente (Mme Guillemette) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté.
Nous allons maintenant passer... bien,
retourner, en fait, à l'amendement de M. le ministre.
Mme David : Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) : Oui.
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Il me semble que ça
fait des lunes qui ont passé avant qu'on retourne à ça. Donc, est-ce qu'on peut
savoir le temps qu'il nous reste à chacun? Parce que j'avoue que, moi-même, je
suis un peu perdue. Alors, votre... Mme Cameron va vous aider.
La Présidente (Mme Guillemette) : Quelques
minutes.
M. Jolin-Barrette : ...sur
l'amendement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Sur
l'amendement, oui.
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys,
25 secondes.
Mme David : C'est ça que je pensais.
O.K. Puis le député de La Pinière?
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le député de La Pinière, 5 min 5 s.
Mme David : Ah! c'est ça. O.K.
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la députée de Mercier, sept minutes et... Donc, 5 min 25 s, M. le
député de La Pinière.
M. Barrette : Alors, je peux y
aller?
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
vous cède la parole.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Vous savez, quand je reproche... Je l'ai dit ce matin, moi, j'aime
les choses qui sont précises et je déteste les imprécisions en politique et les
manigances. Dans le dictionnaire, Mme la Présidente, le mot «radical» peut être
utilisé comme adjectif et il peut être utilisé comme nom. Et, quand moi, je
l'utilise et que je parle des radicaux solidaires, évidemment, radicaux, c'est
un nom, et solidaires, c'est un adjectif. Et l'adjectif, bien sûr, ça fait
référence aux racines, aux sources, l'essence d'une chose, ce genre de chose
là, mais le nom «radical», Mme la Présidente, je vous donne la définition du
dictionnaire, en politique, ça veut dire : «partisan du radicalisme,
doctrine des partis radical et radical-socialiste, par exemple;
politique : partisan de l'extrême gauche politique aux États-Unis», par
exemple, ça s'applique bien ici; «chimie : partie fondamentale ou
inchangée d'un composé chimique».
Je suis, comme le ministre, content.
J'enregistre aussi ma satisfaction de constater que la députée de Mercier
considère son parti comme étant composé de gens radicaux, comme dans le sens du
dictionnaire, radicaux solidaires.
Mme la Présidente, alors j'aurais un amendement
à... sous-amendement. Merci. Vous voyez, je vous l'avais prédit, que j'allais
le refaire. Je pense qu'il est sur Greffier.
La Présidente (Mme Guillemette) : On
va vérifier. Est-ce qu'il est sur Greffier, madame la... Oui. Donc,
l'amendement est déjà déposé sur Greffier. Je vous laisse nous le présenter.
M. Barrette : Oui, avec plaisir, Mme
la Présidente. Alors, article 58. L'amendement proposé à
l'article 88.0.4 de la Charte de la langue française, introduit par l'article 58 du projet de
loi, est modifié par l'insertion de l'alinéa suivant :
«Le ministre doit, au plus tard le (indiquer
ici la date qui suit de trois ans celle de l'entrée en vigueur de
l'article 88.0.4 de la présente loi) et par la suite tous les cinq ans,
faire rapport au gouvernement sur les effets et la mise en oeuvre de [...] 88.0.4
et de la présente section.»
Alors, l'article tel
qu'amendé se lirait donc ainsi :
«Lorsqu'il détermine un [effet] total
particulier pour une année scolaire, le ministre s'assure que, pour cette année
scolaire, l'ensemble des effectifs totaux particuliers des établissements
anglophones n'augmente pas et n'excède pas la moindre des proportions suivantes
de l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les établissements
anglophones et francophones :
«1° — de... pas «de», le «de» n'est
pas là — 17,5 %;
«2° la part de l'ensemble des effectifs totaux
particuliers pour l'année scolaire précédente des établissements anglophones
sur l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les établissements
anglophones et francophones pour cette même année scolaire.
«Le ministre doit, au plus tard le (indiquer ici
la date qui suit de trois ans celle de l'entrée en vigueur de
l'article 88.0.4 de la présente loi) et par la suite tous les cinq ans,
faire rapport au gouvernement sur les effets et la mise en oeuvre de
l'article 88.0.4 et de la présente section.»
Alors, explications, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) : Allez-y.
M. Barrette : Alors, on est dans un
article qu'on a déjà commenté. Je vais utiliser un mot que le ministre aime,
nonobstant tout ce que le ministre nous a dit à date, nonobstant tout ce qu'il
nous a dit, il n'en reste pas moins que le dépôt de projet de loi a été
présenté d'une certaine manière, a été amendé hier, et cet exercice-là, à
l'intérieur de cet article-là, est un exercice mathématique. Alors, il
m'apparaît tout à fait raisonnable qu'il y ait une évaluation périodique qui
soit faite, non pas une évaluation que je dirais... La visée de l'amendement,
là, n'est pas de faire une évaluation politique, même si ça peut mener à de la
politique, mais au moins de faire, au moins, au moins, je dis «au moins», pas
«exclusivement», une évaluation numérique, quantitative de l'évolution du
dossier.
Je vous rappellerai que je suis intervenu
précédemment, puis je n'ai pas eu de réponse précise à ça, définitive, du
moins, sur qu'est-ce qui allait arriver, par exemple, au devis d'un
établissement dans le sous-groupe des cégeps anglophones, par exemple. Il va y
avoir plein d'enjeux, Mme la Présidente, qui vont découler de ça. Ça va avoir
un effet, cette affaire-là. Le ministre va être content, là, du commentaire que
je fais là. Il va avoir un effet. Il veut un effet. Là, il va le qualifier, là,
ça, c'est normal, ça fait partie du jeu parlementaire.
Alors, il m'apparaît normal qu'on puisse
rapidement... et, si on peut mettre en vigueur le projet de loi maintenant pour
la prochaine rentrée scolaire, parce qu'un peu plus loin, c'est ce qui est
prévu dans le projet de loi, je pense qu'il est tout à fait raisonnable d'exiger
d'avoir une première évaluation des effets de tout ça dans trois ans et aux
cinq ans, tout simplement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, bien,
en fait, vous savez, c'est déjà prévu par le projet de loi que le Commissaire à
la langue française qui va être désigné aux deux tiers de l'Assemblée nationale
va faire le suivi. Donc, les articles 195 et 197 de la Charte de la langue
française qui sont introduits par l'article 113 du projet de loi prévoient
déjà que le commissaire va vérifier l'état des effectifs déterminés en vertu
des articles 88.0.4 et 88.0.5 et de leur respect par leurs établissements
concernés. Donc, ça, c'est à l'article 197 du projet de loi. Puis le
commissaire peut faire d'office les vérifications et les enquêtes qu'il juge
utiles à l'exécution de ses fonctions. Il peut faire une telle vérification ou
une telle enquête à la demande du gouvernement ou de l'Assemblée nationale.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Donc, le...
M. Barrette : Oui. Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Guillemette) : Allez-y.
M. Barrette : ...je n'ai pas de
problème avec les explications du ministre, je veux juste faire une
vérification, parce qu'il fait référence à l'article... il a dit...
M. Jolin-Barrette : 113, qui sont...
Dans le fond, l'article 113 introduit les articles 195 et 197 de la
Charte de la langue française pour les pouvoirs attribués au commissaire, et
notamment à 195... 197.3°, paragraphe 3°, on voit déjà que le commissaire doit
se pencher là-dessus. Donc, il produit annuellement...
M. Barrette : Mais, j'ai de la
misère à suivre, là, c'est 113 du projet de loi?
M. Jolin-Barrette : Oui,
l'article 113 du projet de loi.
M. Barrette : Mais là
l'article 113 est celui qui dit : L'article 177 et le
titre IV? Ce n'est pas le bon, là, que je devrais avoir, là.
M. Jolin-Barrette :
Donc, l'article 113 introduit une série d'articles. Donc,
l'article 177 et le titre IV de cette charte, comprenant les
articles 185 à 198, sont remplacés par ce qui suit, donc les mesures de
redressement.
Ensuite, quand vous
allez un petit eu plus loin, à la page suivante, vous tombez dans le
titre IV, Commissaire à la langue française, chapitre I, Nomination,
chapitre II, Fonctions, pouvoirs et immunité. Ensuite, là, vous tombez à
l'article 195 et, supposons, l'article 197. 197, paragraphe 3° :
«Il fait état des effectifs déterminés en vertu des articles 88.0.4 et
88.0.5 et de leur respect par les établissements concernés.»
Et à 195, si on
revient, 195, paragraphe 3°... 193, oui : «...le
commissaire...», excusez-moi, alinéa 2, 193, deux : «...le commissaire
peut informer le public sur toute question relative à la langue française.»
Également, il peut faire des enquêtes sur «le respect des dispositions de la
section II du chapitre VIII et du chapitre VIII.1 [et] du titre
I».
Donc,
vous, ce que vous voulez, ça serait un rapport aux cinq ans, mais le
commissaire, annuellement, va pouvoir faire un suivi de la situation...
bien, en fait, va devoir faire un suivi en vertu de 197. Puis, à 195, c'est son
pouvoir habilitant de faire des enquêtes.
• (14 h 50) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Barrette :
Mme la Présidente, je demanderais un consentement de suspendre juste pour
faire le tour ça, pour être sûr que je ne rate rien.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. Donc, on va suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à
14 h 51)
(Reprise à 14 h 54)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Nous reprenons. La commission reprend ses
travaux.
M. Jolin-Barrette :
...
La Présidente
(Mme Guillemette) : M. le ministre, s'il vous plaît!
M.
Jolin-Barrette : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : M. le ministre, s'il vous plaît! Je laisse la
parole à la députée de Marguerite-Bourgeoys... à vous, M. le député de La
Pinière. Donc...
M. Barrette :
Oui. Bon, le ministre... j'ai bien pris connaissance... j'étais à la bonne
place, mais c'était un petit peu plus loin, pour 195, là. Bon, d'abord, 195,
là, on s'entend que ce n'est pas obligatoire, là. 195, c'est «le
commissaire peut». Il peut. Il n'est pas obligé. Alors, tout ce qui est dans
195, pour moi, a moins d'intérêt, même si c'est intéressant, là, mais ce n'est
pas une obligation. 197, alors là il y a une obligation. Et effectivement, dans
l'obligation, il y a un certain nombre d'éléments qui recoupent notre affaire.
Nous autres, là, dans
l'amendement que le... qu'on dépose, il y a une partie qui est clairement
numérique, je dirais, mais il y a une partie qui est plus subjective, là.
Alors, quand on dit, là : «Faire rapport au gouvernement sur les effets et
la mise en oeuvre de [...] 88.0.4 et de la présente section», les effets, c'est
pas mal large. Et là il me semble que c'est plus large que ce que 197 propose.
197 m'apparaît essentiellement factuel.
La Présidente
(Mme Guillemette) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Effectivement, 197
dit : «3° il fait état des effectifs déterminés en vertu
des articles [84.0.4] et 88.0.5 et de leur respect par les
établissements concernés.»
M. Barrette :
Là, toute cette politique-là, là, 96 va amener des effets. Puis là on peut
en imaginer plusieurs, là. On peut imaginer
les effets sur le fonctionnement d'une institution, les effets sur le
fonctionnement d'une communauté, et ainsi de suite, là. On peut imaginer
plusieurs choses. Ça demande une analyse, je pense, qui est plus élaborée. Mais
je ne dis pas que le commissaire n'est pas bon, là, ce n'est pas ça que je dis.
M. Jolin-Barrette :
...même pas choisi encore. Il n'a même pas commencé sa première journée de
travail.
M. Barrette :
Alors, ce que je viens de dire, c'est que...
M.
Jolin-Barrette : Laissez-lui la chance, là.
M. Barrette :
Bien oui, je le sais bien, mais je ne veux pas dire que la fonction décrite
dans la loi n'est pas bonne. Ce n'est pas ça que je dis. Je dis que
l'amendement va intrinsèquement un petit peu plus loin. Et c'est ça qui me
paraît la bonne affaire à faire.
Je comprends le ministre,
là, qui va me dire que ça se recoupe, puis il a raison, mais je pense que
l'amendement ne vient pas nuire à 197, il vient juste ajouter à l'affaire.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais...
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : ...ce n'est
pas nécessaire. Ce n'est pas nécessaire.
M. Barrette : Bien, ça, c'est
une question de point de vue.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
ça, c'est votre point de vue. Nous, on... Le commissaire a tous les pouvoirs
pour enquêter, même à la demande de l'Assemblée nationale, même à la demande du
gouvernement. Il a tous les outils pour le faire.
M. Barrette : Mais la question,
Mme la Présidente, ce n'est pas de savoir si le commissaire, dans la loi, a
tous les pouvoirs. La question, ici, est de s'assurer que, de façon statutaire,
il y ait un rapport. Il ne faut pas me dire : Il a tous les pouvoirs pour
faire le rapport que vous souhaitez. Nous, on fait un amendement pour que le
rapport arrive.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais on multiplie les acteurs avec votre amendement. Ça serait le ministre
de l'Enseignement supérieur.
M. Barrette : Bon, je veux
dire, moi... Bien, M. le Président, le ministre n'est certainement pas sans
savoir que parfois...
M. Jolin-Barrette : Madame.
Madame.
M. Barrette : Mme la
Présidente, excusez-moi. Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Vous êtes pardonné, M. le député. Oui.
M. Barrette : Vous me
pardonnez? Vous êtes bien gentille.
M. Jolin-Barrette : Ça, c'est
parce qu'ils vous donnent trop de questions à la période les questions. Vous
pensez encore être au salon bleu.
M. Barrette : C'est vrai. Aujourd'hui, c'est vrai, parce que
j'en avais une de plus, plus longue. Ça m'a inspiré, puis...
La Présidente (Mme Guillemette) :
On se ramène sur votre sous-amendement, M. le député.
M. Barrette : Ça devait être
30 secondes, j'ai eu une minute, ça fait que... bon.
Alors, Mme la Présidente, je comprends ce que le
ministre dit. Il comprend ce que je veux dire, je comprends ce qu'il veut dire,
là. Alors, il n'est pas sans savoir que, dans un gouvernement, là... Vous, Mme
la Présidente, n'êtes pas sans savoir que, dans un gouvernement, pour un même
sujet, un ministère peut être plus performant dans son analyse que l'autre et
arriver, même, à des conclusions différentes. Et il n'y a rien de... Moi, je ne
vois pas de problème là, là. Ce n'est pas
nécessairement du dédoublement. Parfois, le regard d'une personne différente
amène des conclusions plus intéressantes. Et ça se vit, je dirais,
régulièrement. Alors, moi, je vois ça comme ça.
Alors là, je vois que le ministre, là, n'est pas
vraiment inconfortable avec l'amendement. Sur l'argument de la quantité, moi,
je trouve qu'il n'y en a jamais trop, là, de ce genre de choses, là. Alors, si
le ministre veut voter pour, là, on peut faire ça tout de suite.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. D'autres interventions sur... Oui, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Je voudrais
savoir, puisqu'on parle justement de reddition de comptes, c'est à partir des
effectifs qui est dans... qui est écrit : «Lorsqu'il détermine un effectif
total particulier», est-ce que l'effectif, pour vous, est synonyme de devis?
M. Jolin-Barrette : Non, parce
qu'ils n'ont pas respecté leur devis. Donc, on l'a dit, c'est les effectifs qui
sont en date du 1er...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Les
effectifs 2019‑2020.
Mme
David : Ça, c'est la photo dont vous avez parlé, là?
M. Jolin-Barrette :
Oui, la photo 2019‑2020. Donc, ils dépassent leur devis. Puis, tu sais,
vous disiez : Ah! bien, tout le monde dépassait. Oui, mais ils ont
sciemment dépassé puis, là, après ça, ils disent : On manque d'espace.
Oui, mais vous avez sciemment dépassé le devis. C'est un gel au niveau de 2019‑2020.
Mme David :
Je m'excuse de dire ça, mais ce n'est pas exact, exact, parce qu'on
pourrait dire la même chose d'autres cégeps auxquels vous avez attribué des
projets dans des cégeps francophones. Alors, dépasser les devis, là, c'est tellement
défoncer une porte ouverte, là... On leur a demandé de dépasser les devis parce
qu'on ne savait plus où mettre les étudiants à certains moments, dans certaines
années fastes de cégeps francophones.
M. Jolin-Barrette :
Alors, ça, c'est intéressant. Donc...
Mme David :
Mais ce n'est pas de ça dont je veux parler.
M.
Jolin-Barrette : Oui, oui, mais, moi, c'est...
Mme David :
Puis je peux faire de digression pendant une heure puis parler de...
M. Jolin-Barrette :
Non, non, on n'en parlera pas... Deux minutes. Deux minutes. Alors, vous...
• (15 heures) •
M. Barrette :
Deux minutes? Moi, là, je vais partir ça sur un moment historique, Mme la
Présidente. Je vais voir si ça va durer deux minutes.
M. Jolin-Barrette :
Alors, dans le fond, vous êtes en train me dire... Mme la Présidente, la
députée de Marguerite-Bourgeoys est en train de me dire que vous avez demandé à
Dawson de défoncer leur devis.
Mme David :
Tous les ministres de l'Enseignement supérieur, depuis des décennies, quand il
y avait trop d'étudiants, permettaient et autorisaient le dépassement de devis.
M.
Jolin-Barrette : Donc, je comprends que...
Mme David : Alors,
arrêtez de parler de ça comme si c'était un acte criminel. C'était un acte
humanitaire pour admettre des étudiants qui n'avaient pas de place dans les
cégeps.
M.
Jolin-Barrette : Donc c'est un... Dans le fond, je comprends que le
Parti libéral a fait le choix de dire...
Mme David : Tous
les partis...
M.
Jolin-Barrette : ...aux cégeps anglophones....
Mme David : Pas
du tout.
M.
Jolin-Barrette : ...défoncez vos devis.
Mme David : Pas
du tout. C'est épouvantable, reprendre d'une façon aussi démagogique des propos
que je dis. Ce que je dis, c'est que tous les cégeps ont eu des autorisations
de dépassement de devis, même jusqu'à 10 %. Puis même, ce que vous pensez
être des sanctions épouvantables, là, vous allez faire des sanctions, des
pénalités, savez-vous que vous défoncez une autre porte ouverte? Parce que les
pénalités, ça existe depuis toujours, dans les cégeps, s'ils dépassaient, justement, leurs devis ou le 10 % qu'on
autorisait. Puis à un moment donné, ils nous ont dit : On a trop d'étudiants. Ça, ça veut dire, vous dites à
vos collègues, là : Ton fils qui veut aller au cégep de Sainte-Foy, s'il
y a de la place, non, il ne peut pas. Il ne peut pas parce que, là, c'est son
devis x ou y. Qu'est-ce que vous allez faire avec les 25 000 étudiants que vous voulez qu'ils aillent dans les
cégeps francophones? Eux autres, ils ont le droit d'être criminels tant
qu'ils veulent? Parce que c'est ça que vous dites, là, c'est un acte quasi
criminel, la façon dont vous parlez de ça.
M.
Jolin-Barrette : Non.
Mme David : Qu'est-ce
que vous allez faire dans les cégeps francophones?
M.
Jolin-Barrette : Pour que ça soit criminel... Puis là je ne suis plus
dans mon deux minutes parce que c'est une question. Pour que ça soit criminel,
il faut que ça soit inscrit par une loi fédérale à l'intérieur du Code
criminel...
Mme David : Non,
mais écoutez, là, vous jouez sur les mots, puis on repart sur n'importe quoi,
là.
M. Jolin-Barrette : Bien non, mais
ce n'est pas une infraction criminelle, là.
Mme
David : Un geste qui ne serait pas autorisé par un ministre ou par un
gouvernement. Qu'est-ce que vous faites avec vos 25 000 étudiants?
Vous allez les mettre où?
M.
Jolin-Barrette : Écoutez, vous n'appliquiez même pas les pénalités.
Mme David : Il
y a eu des pénalités qui ont été appliquées à travers les décennies par tous
les gouvernements, d'argent retenu, s'il y avait une infraction.
M.
Jolin-Barrette : Donc, vous êtes en train de me dire que les ministres
péquistes, eux aussi...
Mme David : Mais
vous pensez que vous inventez quelque chose avec les pénalités? Ce n'est pas
vrai. La preuve, c'est que vous l'avez inventé parce que ça existait déjà. Vous
avez dit : Ah! on va mettre des pénalités aux cégeps anglophones parce
qu'eux autres c'est les méchants en partant. Qu'est-ce que vous allez faire
pour les autres?
M.
Jolin-Barrette : Juste...
Mme David : Le
ministre, là...
M.
Jolin-Barrette : Rectification. Moi, là...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la députée, laissez répondre M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Rectification. Moi, il
n'y a pas de bons puis il n'y a pas de méchants. Il n'y a pas
d'opposition, il n'y a pas de dualité, pas du tout.
Mme David : Ah
non?
M.
Jolin-Barrette : Non, on n'est pas dans cette logique-là. On est dans
la logique, Mme la Présidente, de faire du français la langue normale des
études collégiales. Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on amène un gel au niveau
des établissements collégiaux anglophones et avec la photo de 2019‑2020
relativement à leur fréquentation scolaire. On ne diminue pas ça. C'est le gel.
La croissance ira du côté francophone, dans les établissements collégiaux
francophones. Ce n'est pas une question de bons ou de méchants, là.
Québec solidaire
voudrait qu'on leur coupe leur financement par étudiants. Ce n'est pas ce qu'on
fait, là. Nous autres, on a une position, on a un gel de la proportion, ça
demeure intact. C'est une position qui est responsable. On fait des choix
linguistiques. L'État décide de dire : Écoutez, voici comment je veux
contrôler l'élargissement de mon réseau collégial financé par des fonds
publics. Alors, on fait en sorte que c'est... le facteur de croissance sera du
côté francophone, mais on maintient le libre choix, tout ça. Ce n'est pas une
question de bons, de méchants, tout ça, c'est une question de choix de l'État
dans la gestion de sa politique linguistique. Ce n'est pas plus compliqué que
ça.
Mme David : Mme
la Présidente, j'ai une question pour le ministre : Est-ce qu'il est
d'accord que la ministre de l'Enseignement supérieur va fonctionner par devis
pour les cégeps, tous les cégeps francophones, quant à la question de
l'augmentation des clientèles dans les cégeps francophones qui sont attendus à
Montréal ou ailleurs? Est-ce que ça va fonctionner par devis?
M.
Jolin-Barrette : La ministre de l'Enseignement supérieur est maître
des responsabilités qui lui appartiennent. Elle pourra ou elle pourrait
fonctionner par devis. Cela étant dit, dans le cadre du projet de loi n° 96, c'est au niveau de la fréquentation, au niveau du
gel des proportions.
Mme David : Pour
les cégeps anglophones. Qu'est-ce que vous allez faire si un cégep dépasse son
devis dans un cégep francophone? Eux, ils
n'ont pas de sanction? Parce qu'ils vont avoir des devis comme les cégeps
anglophones.
M.
Jolin-Barrette : Les dispositions de la loi, sur le projet de loi n° 93... n° 96, pardon, touchent
la fréquentation scolaire. La logique du projet de loi n° 96
ne touche pas aux devis, c'est sur la fréquentation scolaire.
Mme David :
Ah! on change de terme, là. C'est quoi, la différence entre les deux?
M. Jolin-Barrette :
Bien, la différence, c'est que les devis n'étaient pas respectés. Vous ne
les avez pas fait respecter, notamment, vous venez de l'affirmer ici. Là, on y
va par la fréquentation scolaire. Ça, c'est l'article...
Mme David : Ça,
c'est l'effectif étudiant.
M.
Jolin-Barrette : C'est ça, exactement.
Mme David : Mais alors, je vais
reposer ma question différemment : Si l'effectif scolaire est dépassé,
dans un cégep francophone, qu'est-ce qui va arriver?
M. Jolin-Barrette :
Non. Ce qu'on vient encadrer, c'est l'effectif maximal au niveau collégial
anglophone.
Mme David : ...Est-ce que vous
acceptez avec moi que les devis vont être dépassés, dans des cégeps
francophones, ou peuvent être dépassés?
M. Jolin-Barrette : Non, ce n'est
pas ça que je vous dis. Moi, je ne parle pas de devis dans le projet de loi,
là. 88.0.4, là, parle de fréquentation scolaire, là.
Mme David : Bien, il va y avoir des
fréquentations scolaires, vous l'espérez, dans les cégeps francophones, au
cours des prochaines années à Montréal? Comment on appelle ça, au ministère de
l'Enseignement supérieur? On appelle ça des devis autorisés par la ministre.
M.
Jolin-Barrette : Actuellement, c'est le terme qui est utilisé. Moi,
je ne peux pas vous dire, administrativement, ce qui va être développé
par le ministère de l'Enseignement supérieur, là, je ne suis pas à
l'Enseignement supérieur. Moi, le mandat que j'ai, c'est relativement aux
effectifs étudiants. Ce sont des nombres, là. Exemple, à Dawson, supposons, il
y avait 8 000 étudiants, 2019‑2020, ça va être
8 000 étudiants. Ça demeure comme ça. On n'est pas dans le cadre du
devis, on n'est pas...
Mme David : Mais pas... vous ne vous
occuperez pas du cégep Édouard-Montpetit, là?
M.
Jolin-Barrette : On n'est pas dans le cadre du devis. Dans le cadre
du collégial anglophone, il y a un plafond sur l'effectif étudiant. Le ratio est par rapport à l'effectif total au
Québec, les deux réseaux confondus. Pas plus compliqué que ça.
Mme David : Donc, ils vont être sur
un régime de sanctions totalement différent.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas la
même chose. Les devis, c'est à l'Enseignement supérieur. Dans le cadre du
projet de loi n° 96, c'est l'effectif total. Les établissements collégiaux
anglophones ont, exemple, 8 000 étudiants, qui est l'effectif
d'aujourd'hui, supposons, 2019‑2020, là; leur effectif, là, total ne respecte
pas leur devis. On dit : Vous n'avez pas respecté votre devis. O.K., on en
prend acte. Donc, ce qu'on fait, c'est que c'est votre fréquentation
scolaire 2019‑2020 qu'on prend comme valeur de référence. Et c'est sur ce
ratio-là d'effectif réel de fréquentation scolaire qu'est basé
l'article 88.0.4.
Mme David : Et qu'est-ce qui va
arriver dans les cégeps francophones, s'il y a, dans l'effectif... Parce que le
dénombrement d'effectifs, je ne veux pas vous faire de peine, mais il est dans
tous les collèges puis il n'arrive pas deux mois après, là. C'est très compliqué
faire le dénombrement d'effectifs, très compliqué. Qu'est-ce que vous allez
faire s'il y a des dépassements de devis dans les collèges francophones?
M. Jolin-Barrette : Non, non, mais
moi, je ne vous parle pas des devis, je parle de l'effectif total.
Mme David : D'effectifs étudiants,
d'effectifs étudiants qui dépassent le devis.
M.
Jolin-Barrette : Non, mais il faut sortir de la notion de devis. Il
n'est pas question, dans le projet de loi n° 96, de la notion de
devis, c'est une...
Mme David : Bien, c'est 17,5 %
de l'effectif total.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : L'effectif total, c'est
la somme de tous les devis.
M.
Jolin-Barrette : Non. Savez-vous pourquoi? Parce que les devis, vous
me l'avez dit vous-même, ont été défoncés.
Mme David : Oui, c'est pour ça que
je vous demande si vous allez accepter que tout le monde dépasse leurs devis,
sauf les cégeps anglophones? Parce qu'il y a 25 000 étudiants qui
s'en viennent, là.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais, Mme
la Présidente, les devis, ils sont déjà défoncés. C'est pour ça que je ne
prends pas cette mesure-là. Ce que je prends, c'est l'effectif total 2019‑2020.
Mme David : Allez-vous accepter
qu'il y ait des dépassements d'effectifs étudiants dans les cégeps
francophones?
M. Jolin-Barrette : Non, mais il n'y
aura pas de dépassement d'effectifs parce que la notion d'effectif total, là,
c'est le nombre de personnes qui fréquentent, ça n'a pas de lien avec le devis.
En 2019‑2020, supposons que vous aviez
30 000 étudiants dans le réseau collégial anglophone, ça reste à
30 000 étudiants dans le réseau francophone. Le facteur de
progression va être du côté francophone et donc le pourcentage de 17,5 %
va peut-être être appelé à diminuer en proportion du nombre d'élèves...
d'étudiants qui vont être dans le réseau global, donc dans le facteur de
croissance francophone. On ne fait pas référence aux devis. Je comprends ce que
vous me dites, à l'Enseignement supérieur, ils fonctionnaient par des devis,
mais là on introduit un nouveau concept d'effectif de fréquentation scolaire.
Mme David : Pour une seule partie
des étudiants, qui s'appelle les cégeps anglophones.
M. Jolin-Barrette : Non, pour tout
le monde.
Mme David : Bien non.
M. Jolin-Barrette : Bien oui.
L'effectif total...
Mme David : Parce que vous allez
sanctionner seulement une sorte d'étudiants, c'est ceux qui fréquentent les
cégeps anglophones.
M. Jolin-Barrette : Non. L'effectif
total, c'est tout le réseau collégial, francophone puis anglophone. Mais ce
qu'on dit, c'est que, dans un cas, pour le collégial anglophone, ils ont leur
effectif, au départ, 2019‑2020, puis ils peuvent augmenter le nombre de
l'effectif qu'ils ont. C'est clair, c'est...
Mme David : En tout cas, vous êtes
passé maître dans l'art de faire de la plaidoirie, disons ça comme ça.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce n'est
pas de la plaidoirie, c'est des explications. C'est des concepts distincts puis
c'est un nouveau concept qu'on introduit.
• (15 h 10) •
Mme David : Alors, quel concept
appliquez-vous pour ceux qui ne fonctionnent pas par devis dans les
établissements d'enseignement supérieur? Parce qu'il y a des collèges qui ne
fonctionnent pas par devis ni par effectifs étudiants. Vous ne savez pas à quoi
je fais référence?
M. Jolin-Barrette : Bien, les
effectifs, c'est le nombre d'inscriptions. Combien de personnes sont inscrites?
Mme David : Alors, est-ce que vous allez
inclure, dans vos effectifs étudiants, le nombre d'étudiants qui n'a pas de
devis et qui s'appelle les collèges anglophones privés subventionnés?
M. Jolin-Barrette : Ils sont inclus
en termes d'effectifs. C'est le nombre de personnes, là, qui étaient assis, là,
en 2019‑2020, là, combien de places il y a avait, là, dans le réseau collégial
anglophone. Puis on vient lister les collèges désignés comme anglophones.
Mme
David : Alors, vous allez additionner tout ce monde-là. Il
y en a des publics, et je le répète, qui fonctionnent à devis, il y en a
des privés dont le concept n'a jamais été de devis, c'étaient des places qui
peuvent et qui ne sont pas obligatoirement mises sur le permis, quand la
ministre renouvelle le permis. Comment vous allez fonctionner pour répartir
lesdits effectifs étudiants, 17,5 %, avec des gens qui ont des devis puis
avec des gens qui n'ont pas de devis?
M. Jolin-Barrette : Je vais vous
référer à l'article 88.0.6 qu'on va étudier tout à l'heure, là :
«Pour l'application des articles 88.0.4 [puis] 88.0.5, "effectif
total" s'entend du nombre d'étudiants inscrits à temps plein, au sens de
la Loi sur les collèges d'enseignement général et professionnel et des
règlements pris pour son application, dans un programme d'études conduisant au
diplôme d'études collégiales ou au diplôme de spécialisation d'études
techniques ou dans un cheminement d'études rendu obligatoire dans le but de
favoriser la réussite d'une personne dans l'un de ces programmes.» Donc,
concrètement, c'est les effectifs à temps plein pour obtenir un D.E.C.
Mme David : Mais est-ce que vous
savez c'est quoi, un D.S.E.T.?
M. Jolin-Barrette : Vous allez me le
dire.
Mme David : J'ai eu un fils qui
ressemblait à ça : réponse à tout. Là, il ne sait pas c'est quoi, mais il
vient de le dire dire, il vient de le dire, ce que c'est, puis il ne le sait
pas qu'il a dit ce que c'était.
M. Jolin-Barrette : Je ne suis pas
un spécialiste comme vous de l'enseignement supérieur. J'admets mon
infaillibilité.
M. Barrette : J'admets mon
infaillibilité!
Mme David : C'est ça qu'il a dit, en
plus.
La
Présidente (Mme Guillemette) : M. le député de La Pinière, vous
m'aviez demandé la parole.
M. Barrette :
Mme la Présidente, le ministre vient d'admettre son infaillibilité. Il me
semble que c'est un propos assez papal. Il est en connexion en direct, en ce
moment présent, avec Dieu.
M.
Jolin-Barrette : Mon absence d'infaillibilité.
M. Barrette :
Admet-il son humilité aussi, tant qu'à faire?
M. Jolin-Barrette : Oui, j'admets. J'aurais
dû dire : Mon absence d'infaillibilité. C'est un lapsus, Mme la
Présidente.
Mme David : Alors,
voulez-vous que je vous apprenne quelque chose?
M. Jolin-Barrette :
Bien, certainement.
Mme David : Parce
que vous venez de le lire : Le diplôme spécialisé d'études techniques,
D.S.E.T., qui est, pour ainsi dire...
M.
Jolin-Barrette : Vous êtes dans les acronymes.
Mme David : Bien,
c'est des acronymes, mais vous avez lu. Vous ne vous êtes pas demandé c'est
quoi, ça, le diplôme spécialisé d'études techniques? Ça n'existe à peu près
pas. Si vous lisez les rapports du Conseil supérieur de l'éducation, là,
malheureusement, ça n'existe à peu près pas, c'est pour des diplômes
spécialisés d'études techniques qui demandent plus que le cégep technique
habituel. Bon, c'est... je ne vous en veux pas, parce que vous ne pouvez pas
tout savoir, comme vous dites. Mais c'est parce que, des fois, c'est comme si
vous saviez tout. Alors, ça fait du bien des fois, tu sais... Il n'est pas
infaillible.
Bon, alors là, si je
comprends bien, les collèges privés subventionnés, pas les non subventionnés,
les subventionnés, feront partie de l'effectif total du 17,5 %. Et là,
comme ils ne fonctionnent pas sur le même régime, c'est le règlement sur les
collèges privés. J'ai bien hâte de voir comment vous allez vous débrouiller
avec ça.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Est-ce que vous voulez une suspension, M. le ministre?
Ça va? Ça va. Donc, je vous cède la parole.
M.
Jolin-Barrette : Mais on peut continuer, parce que je suis juste en
train de vérifier quelque chose.
La Présidente (Mme
Guillemette) : O.K. Parfait. Donc, je vais... on prend la question de
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys en suspend...
Mme David : Comment
la ministre va faire? Parce qu'on travaille différemment avec... Ce sont deux
réseaux séparés, ça, réseau des collèges privés subventionnés et le réseau des
cégeps publics. C'est comme deux réseaux différents. Un a des devis, que vous
aimiez ou pas le nom, ça fait 50 ans qu'ils vivent avec le terme «devis»,
O.K.? Puis là ça fait deux ans...
M.
Jolin-Barrette : ...avec les devis.
Mme David :
...depuis que la ministre de l'Enseignement supérieur est là, elle travaille
avec eux, les cégeps du Grand Montréal. D'ailleurs, c'est la première fois
qu'ils se mettent en regroupement plus large que juste l'île de Montréal, ils
ont été jusqu'à Saint-Jean, ils ont été... pour se dire : O.K., il y a une
manne, en principe, parce que des fois, disons, les prévisionnistes se sont un
peu trompés... mais il y a une manne importante d'étudiants qui s'en vient, on
va se mettre tous ensemble pour proposer à la ministre comment répartir les
25 000 étudiants. C'est quand même intéressant de travailler
ensemble. Puis, tout ce temps-là, cégeps francophones, cégeps anglophones,
cégeps plus ou moins région ou bien peut-être que... plus ou moins
périphériques, Grand Montréal, couronnes, on va se mettre ensemble puis on va
regarder comment répartir ça. Ils ont fait leurs propositions à la ministre,
puis, entre temps, vous êtes arrivé. Et puis là on enlève les anglophones, on
les met à part dans une catégorie.
Mais une catégorie
qui a toujours été comme à part, ce sont les cégeps privés subventionnés. Alors
là, on parle de Marianopolis, en anglais, on parle d'un certain nombre de
cégeps qui, eux, peuvent avoir, puis ce n'est pas obligatoire, un nombre
d'étudiants dans leurs permis, quand on renouvelle le permis. Ça, la ministre,
ce n'est pas la même job que faire les devis avec tous les cégeps publics.
Alors, ceux-là, d'une part, vont faire partie de votre grand calcul d'effectif
étudiant, mais, d'autre part, vous allez peut-être envoyer ça à la ministre, si
je comprends bien, puis vous allez dire : Répartis ça comme toi, tu
penses, etc.? C'est ça, la question qui est importante.
M. Jolin-Barrette :
En fait, les établissements privés subventionnés vont faire partie de
l'effectif total, donc ils sont dans le cadre des plafonds également. Donc, ce
qu'on fait, c'est une photo 2019‑2020 au niveau de la fréquentation, au
niveau des étudiants qui sont aux études en 2019‑2020, donc qui sont inclus
dans le calcul. En termes de répartition, ça, ça appartient à la ministre
l'Enseignement supérieur. Ça n'appartient pas au projet de loi n° 96.
Mme David : Alors,
c'est là que va devoir se faire la... comment on dit ça, l'arbitrage entre le
public et le privé, entre un collège puis un autre? Parce qu'il peut y avoir
des situations où il y a un collège, dans une région en particulier, qui est
particulièrement en hausse puis qui n'est pas un bien gros collège, là, mais
qui espère... Donc, l'arbitrage, vous dites, va se faire à partir d'un chiffre
global que vous allez déterminer — puis ça, ça n'a juste pas de bon sens de
le faire à tous les ans, là, c'est... je ne voudrais plus jamais être la
ministre l'Enseignement supérieur comme ça, de toute façon, les fonctionnaires
ne pourront pas vous suivre, là — à tous les ans, et puis là vous allez
répartir par chacun. Donc, est-ce que je comprends bien, au moins, la
mécanique?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est la ministre l'Enseignement supérieur qui va répartir. Mais c'est
pour ça qu'on ne fait pas référence aux devis, dans le projet de loi
n° 96. Ce n'est pas une question de devis, c'est une question d'effectif
total, donc...
Mme David : ...à un moment
donné, le devis, c'est quand même la capacité d'accueil autorisée, là. Ça a
toujours été ça depuis 50 ans. Je sais que vous voulez tout changer, mais
là...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais moi, ça ne me dérange pas, là. Les devis, là, moi, qu'il y ait des devis,
qu'il n'y ait pas de devis... Manifestement, les devis, ça ne marchait pas, il
n'y a personne qui les respectait, à ce que vous me dites, alors ça donne quoi
d'avoir des devis que personne ne respecte? Non, mais...
Mme David : Bien non, mais
c'est parce qu'à un moment donné il faut partir d'un nombre x et puis
dire : On vous autorise à 10 %, parce qu'on a des étudiants en pleurs
qui nous appellent puis qui n'ont pas de place dans un cégep. Puis on parle de
francophones, là. J'espère que vous comprenez ça, là, que c'est le fun avoir
des étudiants en enseignement supérieur. C'est juste ça. Puis que, pour être
sûr que ce n'est pas les cégeps de Montréal qui ont tout, les devis permettent
à des cégeps, Sorel-Tracy, Granby, Drummondville, toutes les couronnes, de dire :
Bien, moi aussi, j'ai droit à ma part du gâteau. Donc, si c'est plein à une
place, on les envoie à une autre place, on dit : Bien, c'est là qu'il
reste la place. De là les tours dont je vous ai parlé tout à l'heure :
premier tour, deuxième tour, troisième tour.
M. Jolin-Barrette : Bien, moi,
je n'ai pas d'enjeu avec ça, là, aucun enjeu. Le projet de loi n° 96 ne
touche pas ça, là, zéro, là. Ça, ça relève de l'Enseignement supérieur. Nous,
on est sur les effectifs totaux. Donc, on gèle le nombre de places dans les
cégeps anglophones, facteur de croissance francophone.
Je veux juste
apporter une précision, Mme la Présidente. Parce que, tout à l'heure, la
députée de Marguerite-Bourgeoys nous a renseignés sur les D.S.E.T., et
on m'indique que, bien qu'ils soient prévus dans la loi et dans les règlements,
il n'y a aucun étudiant inscrit en D.S.E.T.
Mme David : Bien, qu'est-ce que
je vous disais? C'est exactement ça que j'ai dit.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mais, ce que je veux dire : Il est prévu parce qu'ils sont déjà dans les
lois.
Mme David : Je le sais. Je sais
tout ça.
M. Jolin-Barrette : Et il
pourrait éventuellement y en avoir.
Mme David : Bien, je le sais.
M. Jolin-Barrette : Donc, c'est
pour ça qu'on le couvre.
Mme David : Est-ce que vous
savez qu'il y a un cégep technique qui est en quatre ans, officiellement, et
non pas trois ans? C'est le cégep, quand on va en théâtre, à
Saint-Hyacinthe. Quatre ans.
• (15 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Très bon
cégep. Alors, je l'invite...
Mme David : Je
vais vérifier si... parce que je ne suis pas sûre, je pense que c'est
Lionel-Groulx. Lionel-Groulx. Je suis désolée pour vous. Un très bon...
Celui qui est à... près de Saint-Jérôme, c'est Lionel-Groulx?
Des voix : ...
Mme David : Oui,
c'est Lionel-Groulx. Voilà. Il y a beaucoup de petits exemples formidables dans
le réseau collégial. Je vous invite
vraiment, un jour, à vouloir vous occuper du réseau. Je ne suis pas sûre qu'ils
vont aimer ça beaucoup, mais...
M. Jolin-Barrette : Donc, Mme
la Présidente, je comprends que la députée de Marguerite-Bourgeoys souhaite un
remaniement ministériel pour que je puisse un jour avoir le privilège d'être
ministre l'Enseignement supérieur. C'est ce qu'elle me souhaite, mais elle me
dit...
Mme David : Vous
allez peut-être changer d'idée beaucoup, beaucoup sur l'appréciation que vous
avez des collèges.
M. Jolin-Barrette :
Elle me dit, Mme la Présidente, que je serais attendu avec une brique puis
un fanal.
M. Barrette : ...
Mme David : Hein?
M. Barrette : ...
Mme David : Je ne le sais pas.
Alors, les collèges privés subventionnés vont faire partie de l'effectif total,
et c'est la ministre de l'Enseignement supérieur, sûrement surveillée quelque
part par Big Brother de la langue française, qui va surveiller si elle applique
bien la répartition. Puis là c'est eux qui vont devoir, avec la ministre,
répartir lesdits effectifs étudiants?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, Mme la Présidente, je ne sais pas qui est Big Brother de la langue
française. Très certainement, le Commissaire à la langue française va
surveiller cela, on l'a vu, ça va être prévu aux articles 195 et suivants.
Mais, ce qui est important, la ministre a la latitude, avec ses règles
administratives, de répartir, comme vous le dites, les devis. Cela étant, au
niveau des effectifs totaux du régime collégial, il y a un plafond pour le
réseau anglophone, qui est la photo 2019‑2020.
Mme David : Je comprends.
M. Jolin-Barrette : Donc, le
ministère de la Langue française n'est pas responsable des devis, il est
responsable de l'effectif total et de la proportion. Le projet de loi n° 96 fait en sorte que la proportion doit être respectée.
C'est ce qu'on fait...
Mme David : Il est responsable
d'une statistique, il n'est pas responsable de l'effectif total, là. Ce n'est
pas vous qui allez être responsable de l'effectif total de tous les étudiants
au cégep au Québec.
M. Jolin-Barrette : Non,
mais...
Mme David : C'est de la
proportion que vous allez vérifier que c'est bien 17,5 %.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
exactement.
Mme David : Puis vous n'irez
pas vérifier... Parce que votre tête est beaucoup au-dessus de l'épaule de la
ministre de l'Enseignement supérieur, partout dans le projet de loi, mais vous
n'irez pas vérifier comment elle répartit ça et comment... si elle en met plus
à une place, moins à l'autre. Vous allez la laisser travailler avec la
responsabilité qui lui échoit.
M. Jolin-Barrette : C'est bien
défini dans la loi, là, et, la majorité des cas, c'est en consultation, après
consultation du ministre la Langue française. Donc, on travaille en collaboration
au sein du gouvernement, puis je pense que c'est une bonne chose et que deux
ministères... Parce que ça a un impact fondamental sur la langue française, les
études collégiales, et pour ce faire, je trouve ça normal que le ou la ministre
responsable de la Langue française soit associé à cette démarche-là. Mais c'est
la ministre de l'Enseignement supérieur qui prend les décisions par rapport à
son réseau.
Mme David : Alors, à la
page 333, mais ça revient beaucoup, beaucoup de pages dans les commentaires
du cahier mammouth : «Les dispositions de l'article 88.0.4 entreront
en vigueur à compter de l'année scolaire 2022‑2023 ainsi que le prévoit le
paragraphe 4° de l'article 201.» Ça, vous allez
faire quelque chose, là, ça n'a juste pas de bon sens, là. On est en pleine période d'admission, là. Puis je vous annonce
que j'ai un amendement tout à l'heure, là-dessus, là, parce que ça n'a
juste pas de bon sens. Et ça n'a même pas de bon sens de demander à la
ministre, à tous les ans, de refaire cet exercice-là, elle n'aura même pas les
chiffres en main, tellement c'est compliqué.
Parce que les chiffres... Pourquoi vous
travaillez avec 2019, vous pensez, à la photo que vous avez prise? Vous allez
me répondre qu'il y avait une pandémie, mais vous auriez voulu 2020‑2021, vous
n'auriez même pas pu les avoir parce que ça prend à peu près deux ans, le
dénombrement, pour être capable de vraiment dire sérieusement : Il y a
tant d'étudiants. Donc là, faire des statistiques, des 17,5 %, avoir les
chiffres de tout un énorme réseau de 300 000 étudiants, c'est
impossible. Impossible, d'abord, de mettre ça en vigueur pour septembre,
impossible de déterminer tout ça. Puis après ça il va falloir penser autrement,
que les cégeps puissent eux-mêmes, parce que, là, on parle de professeurs, on
parle de programmes, on parle de locaux, on parle d'horaires, prévoir sur une
base beaucoup plus qu'annuelle.
Vous ne pouvez pas, ce n'est pas humain de
demander à un réseau, à tous les ans, de recommencer. De toute façon, les chiffres de septembre... Vos enfants
n'ont pas l'âge d'aller au cégep, mais vous allez voir que le
dénombrement se fait fin septembre. Bien
souvent, les jeunes, ils changent d'idées, ils vont au cégep pendant une
semaine, deux semaines : Ah! papa, je haïs ça, là, je ne veux plus
rester en sciences, là, je m'en vais faire le tour du monde, je prends une
année sabbatique, je recommence en janvier, je veux aller en sciences humaines.
Alors, c'est tellement, tellement fluctuant qu'il faut
donner au moins un mois, depuis l'entrée à la fin août, jusqu'au mois de
septembre. Pensez-vous vraiment que la ministre, entre fin septembre et début
décembre, puis après ça... peut dénombrer tous ces effectifs-là, puis après ça
on peut dire aux cégeps comment se préparer? Impossible. Impossible.
M. Jolin-Barrette : Et je
notais quelque chose de particulier avec le député de La Pinière.
M. Barrette : ...commentaire.
M. Jolin-Barrette : ...pour dire : L'entrée en vigueur est
prévue à l'article 201, relativement à la date de l'entrée en
vigueur. Bien entendu, nous aurons cette discussion rendus à
l'article 201. Je note bien votre commentaire sur la...
Mme David : Donc, le commentaire de la page 333, là, il
y en a partout, des commentaires, ça va avec les articles...
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme David : ...ne vous engage pas à respecter ce qui est
écrit dans le commentaire, au moment où on étudie l'article?
M. Jolin-Barrette : Non, le
commentaire ne fait pas partie de la disposition législative, le commentaire
est juste à titre indicatif pour expliquer aux députés, lors de l'étude du
projet de loi, c'est quoi, l'intention de l'article, avec plus de détails.
Donc, il est vrai que, présentement, l'article 201, c'est prévu que ça
entrerait en vigueur pour l'année scolaire 2022‑2023. Mais, bien entendu,
tout dépendant à la date à laquelle ce projet de loi sera adopté, malgré le
fait que le Parti libéral va voter contre le projet de loi, si les
parlementaires souhaitent qu'il soit adopté, bien entendu, bien, à ce
moment-là, il est possible que nous ajustions la date, effectivement, parce que
c'est différent que si le projet de loi avait été adopté la première semaine de
février. Ça fait qu'il est possible que la date d'entrée en vigueur de la
disposition change.
Mme David : O.K. Alors, ça, je
vous aurai dit et je vous aurai averti que c'était infaisable. Donc, le...
M. Barrette : Bien, juste un bémol là-dessus. La députée de
Marguerite-Bourgeoys me dit que ça fait... c'est infaisable...
Mme David : Pour septembre
prochain.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
ce que je veux dire, là, je comprends qu'il y avait certaines façons de faire,
au ministère de l'Enseignement supérieur,
mais ça ne veut pas dire qu'il faut améliorer et moderniser nos façons de
faire, aussi.
Mme David : Mais là vous voulez
en plus aller regarder comment les façons de faire se font au ministère de
l'Enseignement supérieur...
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas ça que je dis, je dis qu'on travaille en...
Mme David : ...ainsi que tous
les ministères? Le ministre pléripotentiaire... pluripotentaire...
M. Jolin-Barrette : Pléni,
pléni, pléni.
Mme David :
...plénipotentiaire.
M. Jolin-Barrette : Oui. Non,
pas du tout. Mais ce que je vous dis, c'est qu'on travaille en collaboration
avec le ministère de l'Enseignement supérieur, puis ça va très bien. Puis tout
le monde pousse dans la même...
Mme David : Vous connaissez le
système Socrate, vous?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
connais Socrate.
Mme David : Non. Bien, le
système Socrate, c'est le système de dénombrement, justement. Bonne chance.
M. Jolin-Barrette : Merci.
Mme David : Je ne vous dis pas
qu'il n'y a pas de l'amélioration, comme dans tous les ministères...
M. Jolin-Barrette : Bon, mais
c'est ça, mais c'est ce qui arrive en politique, tu sais, trop souvent, là, on
dit : Ça marche de même, ça va marcher de même puis ça continue de même.
Bien non, il faut arrêter ça.
Mme David : Je pense que ce
n'est pas ça que j'ai fait. J'ai fait un nouveau modèle de financement des
cégeps, un nouveau modèle de financement des universités...
M. Jolin-Barrette :
Mais ce n'est pas vous que je vise.
Mme David :
...une loi sur les violences à caractère sexuel. Je pense j'ai brassé la cage
pas mal.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça...
Mme David :
Mais je peux vous dire que des systèmes comme les systèmes de dénombrement, il
y a des choses qui sont un peu complexes. Je ne vous dis pas qu'on ne peut pas
les améliorer, mais, pour septembre 2022, je vous dis juste que la ministre va
vous dire : Impossible. C'est juste ça.
M. Jolin-Barrette :
O.K. Mais on est d'accord là-dessus, Mme la Présidente, la députée de
Marguerite-Bourgeoys, elle a fait des choses qui sont significatives, durant
son mandat, et je la félicite. Puis je trouve ça important qu'elle ait fait des
choses, c'est important, parce que, quand on est en politique, on est là pour
améliorer les choses. Puis je sais que la députée de Marguerite-Bourgeoys
partage cette volonté-là. Mais mon message ne s'adressait pas à elle. Il est
plus général. En termes de l'administration publique puis en termes d'État, ce
n'est pas parce qu'on fonctionne toujours d'une certaine... Des fois...
Ça me fait penser,
Mme la Présidente, à... et ce matin, on a rendu hommage à Jean-Marc Vallée, qui
a réalisé le film La jeune Victoria, puis justement je regardais le film
récemment, puis...
Mme David :
...très beau film.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça.
Mme David :
Mais elle a voulu changer des choses.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme David :
Absolument.
M. Jolin-Barrette : C'est ça. Puis il y a des choses qui marchaient
d'une certaine façon, puis elle a changé les choses.
Mme David :
...mais il y a beaucoup de monde qui essaie de faire ça, puis on va en politique,
souvent, pour changer les choses.
M. Jolin-Barrette :
Puis même, pour rester dans la royauté, il y avait un bon reportage sur la
reine Elizabeth, l'autre jour, puis ils parlaient du duc d'Édimbourg, qui est
désormais décédé, puis ils disaient... Je vous raconterai l'anecdote une autre
fois.
• (15 h 30) •
Mme David :
Parce que j'ai regardé la même émission. Bon...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme David :
Mais je n'ai pas terminé et j'essaie d'avancer, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Cinq minutes, Mme la députée.
Mme David :
«Et par la suite tous les cinq ans, faire rapport au gouvernement sur les
effets et la mise en oeuvre». Les effets et la mise en oeuvre, c'est... on ne
le connaît pas encore, le commissaire, mais c'est... Je n'ai rien contre, au
contraire, je l'ai proposé moi-même dans le plan. Mais les effets et la mise en
oeuvre, c'est un peu plus gros que juste des chiffres. Alors, si
l'article 197.3°, c'est juste pour avoir des chiffres, bien, ça prend un
peu de temps de réflexion sur ces chiffres-là. Alors, ma question, c'est...
Nous, avec cet amendement-là, on veut un peu d'analyse circonstancielle, la
mise en oeuvre, les effets. Les effets, ce n'est pas juste les chiffres, les
effets de ces chiffres-là. Alors, moi, je pense que ça pourrait être fort
intéressant d'avoir ça indépendamment. Le commissaire pourrait donc se référer
à ce bel amendement et dire : Ah, oui, on me permet d'aller un peu plus
loin que juste faire un rapport annuel plate avec des chiffres. Puis il n'y a
rien d'autre, il n'y a pas de jugement, il n'y a pas d'analyse, il n'y a pas de
critiques, il n'y a pas de commentaires.
C'est... Moi, je voudrais que le commissaire, tant qu'à faire, ait du plaisir à
faire son travail.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Ça va.
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : J'espère que le
ministre a, dans sa faillibilité, malgré tout, a vu... Moi, j'écoute l'échange
que le ministre vient d'avoir avec ma collègue députée de Marguerite-Bourgeoys,
puis il me semble que ça met encore plus d'importance sur
la validité de cet amendement-là, là. Où est-ce qu'il en est, à cette étape-ci,
le ministre, vis-à-vis l'amendement?
M. Jolin-Barrette : Bien, moi, je
crois qu'il n'est pas nécessaire.
M. Barrette : Bien, vraiment, là, ça
dépasse l'entendement. Ici, autour de la table on a la radicalité d'un bord,
puis, de l'autre bord, on a quasiment un aveuglement volontaire. Puis ça, ce
n'est pas méchant ce que je dis là, c'est juste
que c'est bien clair, avec les propos de ma collègue, que les ramifications sur
le terrain, sur le terrain de cette loi-là, qui va venir changer les
choses de façon drastique, diront certains, en tout cas, certainement
significative, ça demande une certaine analyse, une certaine réflexion.
Il y a plein, plein, plein d'éléments qui ne
sont pas pris en considération, parce que moi ce qui m'inquiète, là, puis je ne
suis pas un expert, moi, dans ce milieu-là, mais j'écoute, puis j'entends, puis
je comprends un certain nombre de choses parce que ça se transpose à mon
univers source, on va dire. Il y a des complexités là-dedans, là, ce n'est pas
simple. Ça va changer les choses.
Alors, ça demande un certain niveau d'analyse
périodique pour pouvoir ajuster le tir. À moins que le ministre me dise que le
projet de loi, il est tellement parfait que les choses vont aller toutes seules
après, puis, dans le fond, on n'a probablement pas besoin de s'occuper de ça,
tout est «built-in», puis ça va bien aller, ce que je ne vois pas
nécessairement dans 197, là, 197 est plus factuel, et là cet amendement-là
amène une démarche qui est à la fois quantitative et qualitative.
M. Jolin-Barrette : Mais,en
fait, la ministre de l'Enseignement supérieur, c'est elle qui va gérer ça avec
son réseau. Il n'y a pas nécessité d'avoir un rapport supplémentaire. Et, s'il
y a des enjeux, le Commissaire à la langue française, lui, a le loisir, pour
88.0.4, 88.0.5, de le faire, un, dans son rapport annuel, puis, par la suite,
s'il y a une problématique quelconque, il va pouvoir faire enquête, il pourra
faire rapport également. Mais la ministre de l'Enseignement supérieur,
actuellement, elle agit avec son réseau, elle agit avec ses devis, comme l'a
expliqué la députée de Marguerite-Bourgeoys, mais ce n'est pas nécessaire de
produire un rapport là-dessus, là. Il y a déjà des relations entre la ministre
de l'Enseignement supérieur et son réseau.
M. Barrette : J'écoutais le
ministre, Mme la Présidente, tantôt, puis c'est bien intéressant, les positions
du ministre, parce qu'elles sont très campées. Puis quand les positions sont
très campées et qu'on connaît les milieux, c'est là qu'on voit que ça détonne.
Je vais donner un exemple. Le ministre
reprochait à ma collègue, quand elle était ministre du même domaine, de ne pas
avoir appliqué des pénalités. Bon, je veux juste dire au ministre une chose
bien, bien simple, là, des exemples que lui-même vit dans son gouvernement, là,
dans le gouvernement duquel il fait partie. Saviez-vous, Mme la Présidente, que
tous les CISSS et les CIUSSS du Québec et les hôpitaux non fusionnés ont un
budget qui, par la loi, doit être respecté, puis que 40 % d'entre eux sont
déficitaires, puis à chaque année, on les éponge? Puis il n'y a pas de
pénalité, là, qu'on applique, on ne fait pas ça, là. C'est un exemple.
Saviez-vous, Mme la Présidente, que, dans le gouvernement dont le ministre fait
partie, le ministre de la Santé signe des ententes avec les deux fédérations
médicales, qui ne sont pas respectées, qu'il
y a des pénalités qui sont à la clé, et que ce n'est pas appliqué? Alors, ce
n'est pas appliqué.
Alors, quand le ministre prend ce genre
d'argument là, pour un amendement, là, comme celui-là, je trouve que ça ne mène
nulle part, ça ne mène nulle part. Je vais poser une question qui est en lien
avec les conséquences de... et du projet de loi et de l'amendement, là. Le
ministre, lui, là, dans cet article-là, il vient imposer des frontières, des
plafonds, c'est ça qu'il fait, il fait ça, là, pour une situation qui, elle,
est mouvante, elle est mouvante. C'est un peu comme un hôpital. On n'est pas
capable de dire, dans un hôpital, Mme la Présidente, on n'est pas capable de
faire ça : Vous allez faire tant de chirurgies de la vésicule biliaire,
tant d'ongles incarnés, vous allez voir tant d'asthmatiques, vous allez traiter
tant de cancers du côlon, mais pas de cancer de la prostate. Vous ne pouvez pas
faire ça. Vous donnez un budget qui, lui, est dans l'institution et
l'institution a la responsabilité de donner les services.
C'est ça,
essentiellement, ma réforme, en passant, là, c'est : les décisions se
prennent localement, là, contrairement à tous les hurluberlus qui disent
que les décisions se prennent à Québec, là. Non, non. Nous autres, on envoie un
budget, là, puis on dit : On vous impose les figures, là. La figure,
c'est : vous devez traiter votre monde, puis vos listes d'attente
devraient être raisonnables, et ainsi de suite, mais organisez-vous pour
arriver, puis vous êtes libres de faire.... d'organiser ça comme vous voulez.
C'est tout. C'est comme ça que ça marche. Il n'y a pas pantoute, là, de...
comme le monde disent dans les médias : Le ministre, le ministre... Bien
non.
Par contre, le parallèle que je fais avec
l'éducation, lui, le ministre, dans sa loi, là, il vient de fixer des choses.
Le 17 % ou la part prévue au deuxième paragraphe, là, ça, ça vient fixer
les choses dans une situation mouvante. La situation mouvante, puis elle va
être encore en mouvement, le ministre l'a dit lui-même à plusieurs reprises,
c'est l'arrivée d'étudiants. Peu importe d'où ils arrivent, l'enjeu n'est pas
là. Il y a des étudiants qui vont arriver dans des établissements qui sont à
peu près tous au-dessus de leurs devis. Et là on vient fixer les affaires et ce
qui est fixé est attaché à un budget. Comment... Lui impose des choses à sa ou
son ministre de l'Enseignement supérieur. Alors là, j'arrive à ma
question : Si l'argent n'est pas là, ils font quoi? Est-ce qu'à cause de
ça, la partie anglophone ne va pas avoir une pression indue d'appliquée sur
elle? Parce qu'en plus d'avoir des problèmes budgétaires, on lui impose un
carcan qui... Bien, ça, c'est un carcan, là, ce n'est pas... C'est un carcan,
un carcan, c'est ce que ça fait.
Une voix : ...
M.
Barrette : Un cadre, mais un cadre... Mettons que... D'ailleurs, un
carcan, ça ressemble à un cadre, hein? Alors, on lui... on leur impose ça.
Alors, ça, là, dans l'esprit du ministre, ça va avoir préséance sur toutes les
autres décisions du ou de la ministre de l'Enseignement supérieur. Le ministre de
l'Enseignement supérieur, là, va... ne peut pas passer à côté de ça. Il ne peut
pas. Ça fait que, si le ministre, à quelque part, a un problème budgétaire et
qu'en plus, il y a un enjeu de nombre, est-ce que je suis correct de penser
que, dans l'esprit du ministre, c'est son projet de loi qui va avoir préséance?
M.
Jolin-Barrette : Non, mais il faut juste être clair, là.
M. Barrette :
Bien, c'est ça que j'essaie de faire, là, clarifier les affaires, là.
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est ça. Puis c'est pour ça que je vous réponds, pour que tout soit
clair. La ministre de l'Enseignement supérieur conserve la juridiction sur son
réseau. Tout ce que le projet de loi n° 96 vient faire, c'est au niveau
des effectifs. On vient plafonner les effectifs du réseau collégial anglophone
à 2019‑2020, à l'année scolaire 2019‑2020, pour fixer l'établissement du
ratio à 17,5 %. À chaque année, ça va être ce ratio-là s'il n'y a pas
d'augmentation. S'il y a une augmentation du réseau francophone, le pourcentage
va diminuer, mais ils conservent leur nombre de places en termes absolus.
La crainte de la
députée de Marguerite-Bourgeoys, c'est relativement au fait... est-ce qu'on va
enlever des places ou non ou est-ce qu'ils
vont respecter leur devis ou non. Eux, ils ne sont pas dans une logique... Le
projet de loi n° 96 n'amène pas la question de devis ni de règle
associée aux devis, on est juste au niveau de la fréquentation des effectifs
qui fréquentent. Les devis relèvent de la ministre de l'Enseignement supérieur,
et ça, ça ne change pas, à moins que la ministre de l'Enseignement supérieur
les change.
Votre préoccupation
était à l'effet... est-ce qu'on peut garantir à Marianopolis ou à Dawson leurs
devis, leur fréquentation. Ça, ça relève de la ministre de l'Enseignement
supérieur. On ne vient pas réglementer ça dans le cadre du projet de loi
n° 96. Par rapport à la situation actuelle, par rapport aux devis, il n'y
a rien qui change dans le projet de loi n° 96, ce qui change, c'est les
effectifs totaux puis les effectifs... la fréquentation scolaire dans les
établissements collégiaux anglophones demeure ainsi.
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le député.
M. Barrette :
Donc, je comprends bien, Mme la Présidente, que ça, ça aura préséance sur
les décisions de l'actuelle — c'est une dame — de la
ministre de l'Enseignement supérieur. Mais la raison pour laquelle je pose
cette question-là...
M.
Jolin-Barrette : Mais la réponse à cette question-là, c'est oui.
M. Barrette :
...ou je fais cette remarque-là, Mme la Présidente, et ça, ça m'amène à une
autre question qui, pour moi, demande à être clarifiée, là : Pourquoi 2019‑2020?
Parce que ce que je comprends, là, du reproche que fait le ministre à la situation
actuelle, même à ma collègue, au fil de ses commentaires qui sont liés au fil
du temps — puis
d'ailleurs, le député de Matane-Matapédia y a fait référence souvent — à
chaque année, il y en a toujours plus, il y a toujours plus d'étudiants, là. Ma
collègue a expliqué dans quelle situation le ministre se trouve puis qu'il est
pris.
Alors là, il va y
avoir une espèce de double effet, là, à partir de l'adoption du projet de loi.
Comme on sait que, et là, je présume, je n'ai pas les chiffres, comme on sait
que, et je présume — en
fait, je ne devrais pas dire «comme on sait» — je présume qu'en 2019, il y
en avait tant, puis en 2020, il y en avait tant plus x, puis en 2021, tant plus
x, plus x, et ainsi de suite. Ça fait que là, avec le projet de loi, à l'application,
on impose une réduction immédiate de l'effectif plus un plafonnement par la
suite. Est-ce que ma lecture est correcte?
M.
Jolin-Barrette : La réponse à la question pour l'année de référence
est l'année de référence au moment où on a déposé le projet de loi. Donc, on
s'est basés sur l'année antérieure.
M. Barrette :
O.K., je comprends. Donc, si aujourd'hui, là, dans les faits, dans une
institution x, il y a plus d'étudiants que dans l'année de référence, ce
qui est probablement le cas de toutes les institutions, du moins dans la grande
région de Montréal et de Québec, ça veut dire qu'ipso facto, à l'application de
la loi, il y a une décroissance.
M.
Jolin-Barrette : Ipso facto, c'est l'année de référence 2019‑2020.
Chaque cas est un cas d'espèce.
M. Barrette :
C'est ça que je dis. Bon, bien, je vais prendre un cas de figure numérique
pour que ça soit plus clair, parce que je cherche un oui ou un non. Il y avait
1 000 étudiants en 2019‑2020, là, et en 2022‑2023, il y en a... j'ai
dit 1 000? 1 100. On revient à 1 000. C'est ça que ça veut dire.
Je ne sais pas vous, Mme la Présidente, si vous comprenez la même affaire que
moi. Ne me répondez pas, mais ça ressemble à ça.
M.
Jolin-Barrette : Bien, ça dépend, Mme la Présidente, ça dépend.
M. Barrette : Mais, Mme la
Présidente, la question que je pose ne dépend de rien, je prends un cas de
figure. Puis je vais le préciser, là, pour ne pas que le ministre me
dise : Ça dépend. Si, dans le total, puis, admettons, c'est un cas de figure, la somme
de chaque institution comptabilisée dans le réseau anglophone est excédentaire
de tant en 2022, et que la somme du total de chaque institution était
inférieure de la même proportion, on passe... il y a une réduction dans le
réseau.
M. Jolin-Barrette : Bien, comme je
vous l'ai dit, la valeur de référence, c'est 2019‑2020. C'est la photo. Alors,
il est... Ce que vous avancez comme hypothèse, c'est une possibilité, ça ne
veut pas dire que ça sera le cas.
M. Barrette : Elle existe.
M. Jolin-Barrette : Dans l'univers
des possibilités, ça pourrait arriver, comme votre histoire de météorite, si
vous me demandez quelque chose de possible ou quelque chose de probable.
M. Barrette : C'est correct. Mais le
raisonnement que je fais, si les conditions sont présentes, ça donne le
résultat que j'ai exprimé.
M. Jolin-Barrette : Non, là, vous
dites comme si c'était une affirmation, comme si votre hypothèse était
vérifiée. C'est une hypothèse parmi tant d'autres, là, ça pourrait arriver.
M. Barrette : J'ai demandé, Mme la
Présidente, au ministre de porter attention aux mots qu'il utilise. La phrase
que j'ai faite commençait par «si». D'ailleurs, je peux la rendre encore plus
forte. Si et seulement si ces conditions-là sont présentes, ça donne ce
résultat-là.
M. Jolin-Barrette : Bien, s'il
s'agit d'une hypothèse. C'est une hypothèse qui peut être possible, mais tout
le monde est au courant qu'au moment où on a déposé le projet de loi, la valeur
de référence qu'on a prise, c'est 2019‑2020. Donc, ce n'est pas une surprise,
c'est la valeur de référence.
M. Barrette : Ce n'est pas...
M. Jolin-Barrette : Mais c'est sûr,
à partir du moment où, savez-vous quoi, à partir du moment où le projet de loi
est longuement discuté, et ça prend des mois et des mois, et probablement une
année, avant son adoption, bien entendu, qu'il y a des effets dans le temps.
M. Barrette : Regardez...
M. Jolin-Barrette : Mais c'est sûr
que si on avait eu votre concours dès le mois de juin... Bien, vous savez, ça
arrive, là, des fois, qu'on adopte des projets de loi, là, un, deux, trois, là.
Mais il y a un choix différent qui a été fait, puis, aujourd'hui, bien, comme
on dit, les masques tombent et la cheffe de l'opposition officielle nous
annonce que votre formation politique va voter contre. En suivi de la discussion
que vous avez eue tantôt avec le député, là, de Matane-Matapédia, là, j'ai hâte de voir s'il va manquer des députés de
votre formation politique au moment du vote final.
M. Barrette : Mme la Présidente,
c'est comme les météorites, ça, tout peut arriver, c'est une hypothèse, alors,
Mme la Présidente — puis,
d'ailleurs, qui a beaucoup moins d'intérêt, mais elle a vraiment celle-là, là,
aucun... pas mal moins d'intérêt en ce qui me concerne — mon
point ici, Mme la Présidente, parce que le ministre, lui, dans sa façon de
fonctionner, voit bien... voit toujours le danger de ses réponses, pas l'erreur
de ses réponses, mais le danger politique de ses réponses, alors, lui, ça ne le
dérange pas que le feu pogne, mais il ne veut pas qu'on annonce que le feu va
prendre. Il ne veut pas que quelqu'un réalise que, dans le coin de la pièce,
ici, là, dans un an, il va y avoir un incendie, parce qu'on est capable de le
prévoir.
Alors, c'est ça qu'il fait. Il ne répond jamais
aux questions, même si les questions sont claires, et, dans la façon dont je le
présente, elles sont infaillibles, juste pour l'hypothèse. Et la réponse, c'est
oui, la réponse, c'est que... Puis il ne veut pas qu'on en parle, c'est pour ça
qu'il ne répond pas. C'est sa manière de fonctionner. Il sait que ça va générer
un certain litige, du questionnement, certaines réactions dans la société. Il
ne veut pas qu'on arrive puis qu'on dise : Bon, écoutez, chères
institutions, là, réalisez bien, là, que, parce que vous le savez toutes, là,
vous en avez plus, d'étudiants, en 2022‑2023 puis en 2023‑2024, mais, comme on
va prendre le point de référence de 2019, alors, année 1, vous allez avoir
une réduction imposée. C'est ça qui va arriver et, après ça, ça va être
plafonné sans croissance. Il ne veut pas la prononcer, cette phrase-là. Je le
comprends comme politicien.
Mais ce qui est dommage, c'est qu'évidemment
ici, autour de la table, on ne puisse pas l'évoquer. S'il le souhaite... — ou le
confirmer, plutôt — s'il
le souhaite, Mme la Présidente, on peut très bien suspendre puis qu'il me
dise : Oui, tu as raison, c'est comme ça, mais je ne peux pas le dire dans
le micro. Est-ce que c'est ça qu'il voudrait que je fasse? Je l'apprécierais.
Je trouverais ça correct. Je ne veux le faire mal paraître, je veux juste qu'on
s'entende sur la réalité des choses. C'est ça, la différence, nous autres,
entre le Parti libéral et les radicaux solidaires. On ne fait pas l'accroire du
père Noël, on dit les choses telles qu'elles sont. Puis on va au point a, point
a, pas plus compliqué que ça. Mais là on a bien de la misère à arriver au point
b, mais je lui offre de me le confirmer via une suspension.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député de La Pinière. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Je comprends très bien l'intervention du député de La
Pinière, et, dans l'univers des possibilités, effectivement.
M. Barrette : Alors là, je vais...
Il me reste peu de temps, Mme la Présidente? Une minute...
La Présidente (Mme Guillemette) : 1 min 30 s.
• (15 h 50) •
M. Barrette : Vous voyez les
impacts, vous voyez, Mme la Présidente, les impacts de la loi, ils sont grands.
Je ne veux pas partir un débat sur les impacts, ils sont grands, vont être
grands et même probablement imprévisibles. D'où l'importance de l'amendement
qui, à mon avis, le ministre l'a dit lui-même, va plus loin que 197. Je ne
comprends pas qu'on ait à débattre pendant une heure, deux heures de temps sur
ce que je considère une quasi-lapalissade politique. C'est le fair-play
parlementaire, ça, législatif. On fait quelque chose qu'on sait qui va avoir
des impacts, de même qu'on recherche les impacts, puis on propose d'avoir un
moyen d'observation de mesures de quantification, de qualification. Puis on
s'obstine sur la validité d'avoir ça ou non. Il me semble que... On appelle ça,
dans d'autres domaines, des garde-fous, des pare-feux, vous pouvez trouver le
nom que vous voulez, là, dépendamment du domaine, puis on se refuse ça. Je ne
comprends pas, ne comprends pas. On n'est pas sur le fond, là, on est sur une
espèce de protection de notre environnement législatif opérationnel.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. Oui, M. le ministre, pour une réponse.
M. Jolin-Barrette : Mais la question
fondamentale, c'est : Est-ce que les choses vont changer avec le projet de
loi n° 96? La réponse, c'est oui.
M. Barrette : Bien, c'est ça.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
ça. Mais, tu sais, à partir du moment où vous vous retrouvez...
M. Barrette : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le député de La Pinière, vous n'avez plus de temps malheureusement.
M. Barrette : Je me sens, je me
sens...
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
vais céder la parole à Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Puis moi, j'en ai
combien, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) : Quatre
minutes.
Mme David : Je vais rajouter à
la complexité, parce que je sais que le ministre réalise à quel point c'est
complexe, des réseaux. Vous n'en avez pas géré, mais vous avez quand même une
idée, je pense, de ce que c'est un réseau. De faire ça sur une base annuelle,
là, oublions ça, c'est kafkaïen, c'est un cauchemar, d'autant que les
dénombrements sont souvent même par session. Donc, on le sait et c'est voulu et
c'est souhaité, c'est un grand progrès de
société que d'admettre des étudiants pour la session d'hiver, par exemple, et
pas seulement pour la session d'automne.
Alors là,
quand on dit de dénombrer à tous les ans, puis la pauvre ministre, ils
s'assurent que, pour cette année-là scolaire, l'ensemble des effectifs
ne dépassent pas... n'excèdent pas la moindre des proportions, ta ta, ta, et
que, pour l'année scolaire précédente... Alors, ça prend tellement de chiffres.
Puis, on répète, hein, 300 000 étudiants qui fréquentent le réseau
collégial, alors... ou 200 000 étudiants, et là on se retrouve avec
des besoins de sortir des effectifs annuellement, mais, en plus, on ne sait pas
d'avance, par exemple, combien d'étudiants, d'une année à l'autre, vont tout de
suite décider de passer à l'an 2 de leur cégep. Parce que, pour ceux qui
ont eu des enfants ou qui sont allés au cégep, on le sait qu'entre, des fois,
l'an 1 et l'an 2, il se passe qu'il y a eu une job en
Colombie-Britannique, qu'ils veulent aller faire les vendanges, qu'ils veulent
faire ci, faire ça, ils ont une belle job, maman, je vais reprendre mes études
l'an prochain, au trimestre de... C'est ça. Alors là, le cégep ne sait pas
combien vraiment d'étudiants vont venir en septembre ou vont s'ajouter en
janvier. C'est un cauchemar numérique, cette affaire-là.
Alors, les effets puis la mise en oeuvre de tout
ça, ça rajoute, pour nous, qu'il faut absolument non seulement que ça soit des
devis pluriannuels, comme on va le proposer plus tard, mais que ça soit aussi
surveillé, qu'on regarde les effets, qu'on regarde les admissions à l'automne,
à l'hiver, le parcours des étudiants. La CAQ, avec ses bourses, ses bourses
perspectives, pense qu'on est revenu aux années 70. Puis tous les
étudiants étudient à temps plein, puis ils n'ont pas de besoins particuliers.
Puis tous les étudiants étudient sans arrêt d'un semestre à l'autre, sans
jamais s'arrêter. Puis tous les étudiants, ils n'échouent jamais un
cours : Ça, là, c'est des conditions pour avoir les bourses. Alors là,
imaginez, dans cette façon de voir là, comme on est en retard sur la réalité de
nos étudiants actuels, qui est tout sauf linéaire, qui est tout sauf en
suivi : Je fais mon cégep en deux ans, je fais mon cégep en trois ans. Ça
ne marche plus de même, les statistiques le montrent. C'est hallucinant,
comment ça prend plus que deux ans ou que trois ans, parce qu'ils font d'autres
choses, puis, en pénurie de main-d'oeuvre, ils vont encore plus faire d'autres
choses.
Donc,
je trouve que tout ce qu'on dit là milite en faveur de regarder pas seulement
des chiffres, mais des effets de la mise en oeuvre de ça. Puis ça, le
commissaire ne semble pas avoir ça, avec 197.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Alors, en complément de réponse à la question du député de La Pinière,
depuis 2019, les places dans le réseau anglophone ont été gelées, donc il n'y
aura pas de facteur de décroissance pour les places. Donc, tout l'argumentaire
du député de La Pinière fait en sorte qu'il n'y aura pas d'effet, une perte de
nombre de places, en termes absolus, dans les établissements collégiaux
anglophones. Donc, ça a été fixé à 2019, et il n'y a pas eu plus d'inscriptions
en 2020 ou en 2021. Donc, voilà la réponse à votre question.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre, pour la réponse. Il reste 50 secondes, Mme la
députée.
Mme David :
Encore une fois, on gèle, mais bonne chance pour savoir exactement si vous
allez garder exactement le même poids au 24 septembre 2022 que vous avez
là, genre, 22 kilos 500 grammes, vous allez peut-être être à
24 kilos 200 grammes. Alors, en termes de poids, bien là, je fais la
comparaison que, dans un cégep, ça peut être la même chose, c'est... Ils le
savent, ils sont gelés à 2019, ils ont chacun leurs devis et... mais c'est
très, très difficile à mesurer à l'étudiant près, je vous dirais, à
l'équivalent temps plein.
La Présidente (Mme
Guillemette) : D'autres interventions sur le sous-amendement de M. le
député de La Pinière? Donc, est-ce que le sous-amendement est adopté?
M. Barrette :
Vote nominal, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Vote par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il vous
plaît.
La
Secrétaire : M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette :
Pour.
La
Secrétaire : Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David :
Pour.
La Secrétaire :
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M.
Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire :
M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Contre.
La Secrétaire :
M. Émond (Richelieu)?
M. Émond : Contre.
La Secrétaire :
M. Allaire (Maskinongé)?
M. Allaire :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Foster (Charlevoix-Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
La
Secrétaire : M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
La
Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire :
Et Mme Guillemette (Roberval)?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Abstention. Donc, le sous-amendement est rejeté. Ça nous ramène à l'amendement
de M. le ministre. Donc, M. le ministre.
M. Barrette : J'aurais un
sous-amendement nouveau.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Est-ce qu'il est déposé sur le Greffier?
M. Barrette : Ma compréhension,
c'est qu'il est là, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Donc, présentez-nous votre sous-amendement, M. le député.
M. Barrette : Oui, Mme la
Présidente. Alors, article 58 : L'amendement proposé à
l'article 88.0.4 de la Charte de la langue française, introduit par
l'article 58 du projet de loi, est modifié par l'insertion de l'alinéa
suivant :
«Le ministre peut, par règlement, prévoir la
révision des effectifs des établissements prévus au présent article.»
Commentaires : L'article 88.0.4 de la
Charte de la langue française, introduit par l'article 58 du projet de
loi, tel que sous-amendé, se lirait ainsi :
«Lorsqu'il détermine un effectif total
particulier pour une année scolaire, le ministre s'assure que, pour cette année
scolaire, l'ensemble des effectifs totaux particuliers des établissements
anglophones n'augmente pas et n'excède pas la moindre des proportions suivantes
de l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les établissements
anglophones et francophones : «1° 17,5 %;
«2° la part de l'ensemble des effectifs totaux
particuliers pour l'année scolaire précédente des établissements anglophones
sur l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les établissements
anglophones et francophones pour cette même année scolaire.
«Le ministre peut, par règlement, prévoir la
révision des effectifs des établissements prévus au présent article.»
Alors, ici, Mme la Présidente, là, l'objectif de
cet article-là est d'apporter de la souplesse dans l'univers que vient créer
son projet de loi n° 96. Et le ministre, il va
probablement.... Non, non, là, j'exagère. Là, je fais une... C'est très... Non,
non, non! J'allais dire «probablement», là, c'est vraiment exagéré, là.
Possiblement, Mme la Présidente, le ministre
va peut-être admettre que l'univers qu'il va créer, qui est un changement, va
amener à des situations où il y aura, potentiellement, nécessité de
faire des ajustements dans sa loi, sa loi qui fixe les choses dans le béton
pour longtemps, et on sait, évidemment, on sait que faire un changement dans ce
nouvel univers là, tel que la situation est présentée aujourd'hui, va exiger
qu'on passe par une modification de la loi, puis on connaît la complexité de la
procédure, du processus qui nous mène à un changement.
Alors, ici, on ne vient pas changer la finalité
de sa loi, on ne vient pas changer les paramètres de sa loi, on vient
simplement dire que, s'il y avait à y avoir des changements, si ça pouvait se
passer par un règlement, ça serait plus simple. Il y a des contre-arguments, je
les attends, je vais les entendre sûrement, mais on pense, nous, que ça serait utile. Le gouvernement pourrait, tu sais... Le
ministre pourrait très bien nous dire aussi : O.K., on va mettre un
règlement pour 10 ans. Je ne sais pas. Tu sais, il y a toutes sortes de
variantes, là, qu'on peut utiliser dans cette circonstance-là.
Alors, nous, on vient, ici, déposer un
amendement qui vise à amener une certaine souplesse. Voilà.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
honnêtement, là, le Parti libéral nous a annoncé qu'il allait voter contre le
projet de loi. Là, la question qu'on se pose, c'est : Pourquoi est-ce
qu'on légifère? C'est justement pour changer la tendance. Mais là, avec
l'amendement du député de La Pinière, ce que ça fait, c'est que, par voie
réglementaire, on viendrait contrevenir à l'article qui fait en sorte d'imposer
un plafonnement au niveau des effectifs. On dit : Bien, dans le fond,
voici le plafonnement des effectifs, puis là votre amendement a pour effet de
donner le pouvoir au ministre de déroger au plafond des effectifs. On ne fera
pas ça, là. Ce qui va arriver, là, si jamais c'est le Parti libéral qui revient
au pouvoir, on va dégeler le plafond par voie réglementaire. C'est comme... vous
télégraphiez ce que vous souhaitez faire, vous allez vouloir déchirer le projet
de loi n° 96.
M. Barrette : Bien non.
M. Jolin-Barrette : Bien oui. En
plus, vous êtes en désaccord, vous votez contre. Bien oui, c'est exactement ça.
Par voie réglementaire, vous venez de dire : On peut déroger au plafond.
Non. On met le plafond dans la loi justement pour que le plafond soit là. Donc,
ça, c'est une clause libérale pour ne pas que le plafond s'applique. C'est sûr
qu'on ne pourra pas accepter ça. Mais j'aurais une question, Mme la
Présidente. La cheffe de l'opposition officielle
a dit : On va voter contre dans sa forme actuelle. Ça veut dire que, même
avec le 8,7 % de facteur de croissance, vous auriez voté contre le
projet de loi, c'est ma compréhension.
M. Barrette : Mme la Présidente,
là...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
répondez à la question.
M. Barrette : Non,
non, non.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, oui.
M. Barrette : Non, non, non.
M. Jolin-Barrette : Oui, oui, oui.
M. Barrette : Là, Mme la Présidente,
là...
La Présidente (Mme Guillemette) : S'il
vous plaît!
M. Barrette : Mme la Présidente, là,
le ministre est dans des hypothèses que lui-même a modifiées. Là, on va
s'occuper de l'actuel puis on ne fera pas de débats oniriques, là. On n'est pas
ici dans un rêve éveillé, là, on est dans la réalité, les deux pieds sur le plancher
des vaches, où il y a parfois des vacheries. Alors, ça, c'est la réalité.
Alors, le ministre a dit une chose qui est
fausse, je l'ai dit à plusieurs reprises, je vais le redire, la... notre cheffe
n'a pas dit qu'elle allait voter contre, elle a dit que... dans sa forme
actuelle. Le ministre, régulièrement, répète comme un mantra pour que ça
devienne une réalité, parce que c'est comme ça qu'il fonctionne, que notre
décision est prise. Bien non, elle n'est pas prise, c'est écrit noir sur blanc
aujourd'hui, dans l'espace-temps, hein. Bien oui, c'est... il y a quelque chose
qui ne marche pas, puis on travaille ici pour améliorer les choses. Ça fait que
fin de cet argument-là, sur l'hypothèse de
la croissance, fin de cet argument-là, parce que la possibilité n'est pas là,
il a fermé la porte à double tour.
Et après qu'est-ce qu'il dit? Il dit : Bien
là, son intention, c'est clair, c'est ce règlement-là, c'est ça. La seule et unique chose qui va se passer, c'est
littéralement, fonctionnellement... fonctionnellement d'abroger la loi. Dans la
tête du ministre, là, ça ne peut pas
puis ce n'est pas possible qu'un ministre de quelque formation que ce soit
puisse vouloir améliorer les choses, parce qu'elles sont perturbées par
une exécution trop rigide, en ayant la souplesse de cet amendement-là.
Bon, le ministre, et puis c'est une qualité en
politique, je l'ai moi-même, je le comprends, d'être paranoïaque, là, je le
comprends, je le suis moi-même, mais, à un moment donné, il y a des limites à
tout, où plus tôt ça se traite... Moi, je me suis traité, ça va bien. Alors, le
ministre devrait le faire lui aussi.
M. Jolin-Barrette : La cheffe de
l'opposition officielle a dit : Dans sa mouture actuelle, nous allons
voter contre le projet de loi. Soyons pratiques. L'amendement que j'ai déposé
n'a pas encore été adopté. Donc, ce n'est pas à cause de l'amendement que la
députée de... Sainte-Marie—Saint-Jacques...
pardon, Saint-Henri—Sainte-Anne,
la cheffe de l'opposition officielle dit qu'elle va voter contre le projet de
loi. Ce n'est pas à cause de l'amendement, parce que, dans sa mouture actuelle,
il y a le 8,7 % de croissance. Alors, la cheffe de l'opposition officielle
dit : Avec le texte que nous avons devant nous, non amendé, elle va faire
voter sa formation politique contre le projet de loi n° 96.
Alors, vous le saviez depuis combien de temps
que vous alliez voter contre le projet de loi n° 96? Tantôt, le député de La Pinière
m'a parlé d'une vaste pièce de théâtre. Moi, je trouve que vous m'avez mené en
bateau si, depuis le début, vous aviez l'intention de voter contre le projet de
loi dans le cadre de sa mouture actuelle. Ce n'est pas à cause, dans... du fait
qu'on supprime le facteur de croissance de 8,7 %, vous aviez déjà
l'intention de voter contre le projet de loi. Et c'est ce qu'on s'est aperçu
aujourd'hui, c'est ce que votre cheffe a dit.
M. Barrette : Mme la Présidente,
quelle pauvreté de raisonnement! Pensez-vous vraiment, Mme la Présidente, que
la cheffe actuelle, hein, ne suit pas les travaux parlementaires?
M. Jolin-Barrette : J'aime bien que
vous dites «cheffe actuelle», actuelle...
M. Barrette : Pensez-vous vraiment,
Mme la Présidente, pensez-vous vraiment...
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre...
M. Barrette : ...que notre cheffe,
comme leur chef, n'est pas informée littéralement à la minute près de... du
développement des travaux parlementaires? Quand le député de Matane-Matapédia,
là, reproche au ministre de ne pas avoir de courage, là, de ne pas avoir le
courage de mettre le cégep dans la loi 111 que nous-mêmes, on ne veut
pas, là. Quand il lui reproche ça, c'est parce qu'il a ses antennes, et il sait
que le ministre a perdu cette bataille-là à l'interne, et il sait très bien,
comme on le sait tous, on a tous nos antennes, qu'il a perdu cette bataille-là.
Parce que les plus gros joueurs économiques, ils ont dit : Les nerfs,
Lionel, tu n'iras pas là, mon homme. Alors, le ministre, il a perdu cette
bataille-là. Et ça l'affecte, je comprends que ça l'affecte. On a tous remarqué
qu'il était essentiellement bien plus dans l'école du député de
Matane-Matapédia que quoi que ce soit d'autre. Et, pour lui, c'est une défaite.
On le comprend que ça soit une défaite, c'est décevant. Il avait l'occasion de
faire l'histoire, il ne la fera pas. Il va la faire pour les mauvaises raisons.
On le comprend, mais
le raisonnement qu'il tient actuellement, il est fallacieux. Pourquoi? Parce
que la mouture actuelle, ce n'est pas la mouture déposée. C'est la mouture qui
est rendue où elle est rendue là, à 4 h 07 aujourd'hui, le
24 février 2022. Aujourd'hui, à 16 h 07, le 24 février
2022, on a ça, on a un plafonnement qui va aller en se réduisant, c'est ça
qu'on a. Ce n'était pas ça, là, le 24 janvier 2022, ce n'était pas ça,
mais aujourd'hui c'est ça. Alors, le ministre qui fait
une plaidoirie en disant que la décision de la cheffe de notre formation
politique est basée sur le passé, alors qu'on sait tous que le présent, qui
sont les éléments sur lesquels on prend une décision, hein... C'est comme de
dire : Aïe! Vous vous rendez vous compte, Mme la Présidente? J'ai fait...
j'ai déposé un amendement, puis je pense que je vais le renverser, puis je
pense que je ne le ferai pas adopter. Bien, voyons donc, là, franchement...
Alors, la réalité,
elle est celle-là. Il a le droit, le ministre, là, de faire ses raisonnements
puis ses effets de toge basés sur une réalité déformée. Je comprends qu'il a
été impressionné par les cirques, lorsqu'il était jeune, quand il rentrait dans
la salle de glaces et que, là, il voyait des miroirs qui déformaient tout, puis
ça l'a impressionné, puis il a intégré ça à sa façon de penser. Mais
aujourd'hui, là, ce n'est pas ça, là. Notre cheffe, elle a dit :
Aujourd'hui, là, la mouture telle qu'existante aujourd'hui après-midi, le
24 février 2022, non, mais ça ne veut pas dire non le jour où ça sera
voté. On ne sait pas quand, par exemple, quand ça va être voté, là.
M. Jolin-Barrette :
Soyons clairs, là, soyons clairs...
M. Barrette :
Je suis clair.
M. Jolin-Barrette :
Non, non, non, vous n'êtes pas clair. La cheffe de l'opposition officielle
dit : Dans sa mouture actuelle. Quelle est la mouture actuelle du projet
de loi? Ça inclut un facteur de croissance. Donc, ça signifie... Parce que
l'amendement n'est pas adopté. Si... Bien, votons l'amendement, puis ensuite
votre raisonnement va se tenir, mais, tant que l'amendement n'est pas adopté,
la cheffe de l'opposition officielle vient de nous faire des aveux et vient de
dire : Bien, dans le fond, depuis le début, j'étais contre puis je ne l'ai
pas dit...
M. Barrette :
Bien voyons...
M. Jolin-Barrette : ...puis je ne voulais pas le dire. Elle a laissé
présager que le Parti libéral était en faveur de la défense du français, ce qui est manifestement
faux. Alors, adoptons l'amendement, et là vous pourrez dire
officiellement : On va voter contre le projet de loi n° 96. Ça va
simplifier la vie de tout le monde puis ça va clarifier bien des choses.
Alors,
je vous propose, en toute bonne foi, qu'on vote l'amendement. Vous allez voter
contre. Puis là vous allez pouvoir dire : Bien oui, on va s'opposer
au projet de loi n° 96, parce que telle était notre volonté.
• (16 h 10) •
M. Barrette : Bien non, Mme la Présidente, on va plutôt faire une affaire bien plus
simple. Tout le raisonnement du ministre, tout, là, tout ce qu'il vient
de dire, d'exprimer dans les 10 dernières minutes, tout ce qu'il vient de
dire est basé sur la mouture de dépôt. Alors, s'il veut vraiment qu'on fasse ce
raisonnement-là, bien, qu'il soit cohérent, qu'il retire son amendement, qu'on
revienne à la mouture de départ. Je vais appeler la cheffe puis je vais lui dire :
Aïe! Imagine, il a retiré son amendement, il a retiré au complet 88.0.4 parce
qu'il voudrait avoir ton opinion si la mouture était celle-là, la mouture
initiale. Tout son raisonnement est basé sur la mouture initiale. Alors,
puisqu'il veut avoir cette réponse-là, qu'il retire son amendement maintenant,
ainsi que tous les autres.
La Présidente
(Mme Guillemette) : On est sur le... On est présentement sur le
sous-amendement du député de La Pinière. Donc, on va régler le sous-amendement,
et après on réglera l'amendement de M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, moi, j'ai une proposition, mettons-la sur la ligne tout de
suite. Parce que ce que le député de La Pinière dit, ce n'est pas la même chose
que ce que dit la cheffe du Parti libéral. Parce que la cheffe du Parti libéral
dit... ne parle pas de mouture initiale, mais elle parle de mouture actuelle.
M. Barrette :
Bien oui.
M.
Jolin-Barrette : Donc, il y a des amendements qui ont été adoptés
depuis le dépôt du projet de loi et qui font
partie du texte, donc, ça, c'est la mouture actuelle. Ça... elle avait voulu
dire «mouture initiale», bien là, c'est le projet de loi tel qu'il a été déposé. Alors, aujourd'hui,
on se retrouve avec la mouture actuelle qui n'inclut pas encore le
8,7 %.
Donc, ça signifie
qu'entre le moment du dépôt du projet de loi puis le travail parlementaire que
vous avez fait elle a soit changé d'idée ou elle a affirmé que sa formation
politique, qui est le Parti libéral du Québec, allait être contre le projet de
loi. Voyez-vous la nuance?
M. Barrette :
Bien non, Mme la Présidente.
M. Jolin-Barrette :
Bien oui, c'est ça.
M. Barrette :
Bien non.
M.
Jolin-Barrette : Alors, vous pouvez la mettre sur la ligne. Je ne sais
pas à quelle fréquence vous parlez.
M. Barrette :
Mme la Présidente, ça me ferait plaisir si le ministre retire ses
amendements. C'est lui qui est arrivé avec l'argument... On va répéter ce qu'il
a dit, M. le Président : Le député de La Pinière, hein, ça ne marche pas
son affaire, parce qu'elle a pris sa décision sur la mouture actuelle, mais
moi, j'ai un amendement qui n'a pas été encore adopté. Donc, ça veut dire
qu'elle était contre avant... avant que je dépose mon amendement.
M.
Jolin-Barrette : Oui.
M. Barrette :
Je vous fais la preuve que c'est avant qu'elle avait décidé de dire non et
non pendant, maintenant.
M.
Jolin-Barrette : Exactement.
M. Barrette :
C'est une évidence. Alors, qu'il retire son amendement.
M.
Jolin-Barrette : Vous voulez qu'on retire tous les amendements?
M. Barrette :
Bien, regardez, M. le Président, c'est lui qui est mêlé dans ses pinceaux,
là.
M.
Jolin-Barrette : Madame. Mme la Présidente.
M. Barrette :
Encore une fois, Mme la Présidente, c'est lui qui est mêlé dans ses
pinceaux, là. Vous l'avez dit, il y a quelques instants, hein, on est sur mon
amendement. On n'est plus sur mon amendement, on est sur...
M.
Jolin-Barrette : Son sous-amendement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : On est sur votre sous-amendement.
M. Barrette :
Sous-amendement. Je vous l'avais dit aussi que je le dirais plusieurs fois,
mais là il y a une chose sur laquelle on est, puis «big time» à part de ça, on
est sur la fabulation du ministre. Le ministre a construit une histoire qui ne
tient pas la route...
La Présidente (Mme
Guillemette) : On porte attention à nos propos.
M. Barrette :
...puis il veut qu'on débatte de son histoire qui ne tient pas la route.
Franchement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Même... M. le député, même si on n'est pas au salon
bleu, on doit quand même avoir des propos parlementaires et...
M. Barrette :
...Mme la Présidente, êtes-vous en train de nous dire que «fabulation»,
c'est non parlementaire? Je ne sais pas. Vous pouvez nous le dire... sait pas,
ça.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Je vous demande, à tout le monde... Il nous reste un
15 minutes. On va finir ça en beauté, dans la paix et le respect, s'il
vous plaît. Donc, on est sur le sous-amendement, M. le député, et je vais vous
ramener au sujet du sous-amendement.
M. Barrette :
Parce que moi, je ne peux pas, moi, là, débattre sur quelque chose qui
commence par «il était une fois». Alors, il y a un amendement, là, qui est là,
qui est assez clair. Puis j'ai exprimé tout aussi clairement la finalité de ce
que je visais et je n'ai pas entendu, là, de raisons... Oui, j'en ai entendu
une, ce n'est pas vrai, j'en ai entendu une, mais qui était, disons... Là, on
n'est pas dans le verre à moitié plein, à moitié vide, là, on est... Moi, je le
vois vide, même s'il y a de l'eau dedans, là.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le député. Complément, M. le ministre?
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, j'invite le député de La Pinière à
ne pas faire comme Picsou, hein, puis ne pas regarder son coffre-fort à moitié
vide ou son verre d'eau à moitié vide, qu'il soit positif, et de noter que
c'est une nette avancée pour la protection du français au Québec.
Alors, Mme la
Présidente, je ne peux pas le forcer à appuyer le projet de loi, mais je
l'invite très sérieusement à considérer les options qui s'offrent à lui pour
retrouver sa liberté et vraiment faire en sorte de pouvoir voter selon son âme
et conscience.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. D'autres interventions sur le sous-amendement...
M. Barrette :
Oui, je sais. C'est parce que...
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...de M. le député?
M. Barrette :
...je n'ai pas le choix d'intervenir sur le commentaire du ministre et faire un
aveu. Je vais faire un aveu qui est très sérieux. Je ne suis pas de la
génération de Picsou. C'est qui, Picsou? Je n'ai pas lu... puis j'ai lu bien
des affaires à mes enfants et chanter bien des chansons, mais Picsou, je ne le
connais pas.
M. Jolin-Barrette : Bien, Picsou,
c'est l'oncle de Donald...
M. Barrette : Ah!
O.K. D'accord.
M. Jolin-Barrette : ...le canard.
La Présidente (Mme Guillemette) : Donald
Duck.
M. Barrette : Ce n'est pas très
nationaliste, ça, ça fait pas mal États-Unis.
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
savez, moi, je pense, ça fait partie de la culture populaire. Il y a des
oeuvres québécoises également.
M. Barrette : Ça dépend. Ça dépend.
Ça dépend.
M. Jolin-Barrette : Mais, vous
savez, moi, mes horizons sont très ouverts aux différentes cultures.
M. Barrette : Mais c'est bien, ça.
Ah! c'est nouveau, ça, on n'a pas vu ça dans le PEQ.
M. Jolin-Barrette : Bien, au
contraire, parce que, savez-vous, la réforme du Programme de l'expérience
québécoise permettra justement d'avoir un impact sur l'accueil de l'immigration
au Québec en français selon les différents besoins des différentes régions du
Québec. Puis, ça, je pense que le Parti libéral aurait intérêt à se reconnecter
sur les différentes régions du Québec. Il n'y avait pas une question de plan
régional, ou je ne sais pas trop, là? La Charte des régions... il est arrivé
quoi avec ça?
M. Barrette : Oui, mais, Mme la
Présidente, moi, ce que j'ai constaté, c'est que, d'ici quatre ans, dans la
plupart des secteurs d'activité et d'influence du gouvernement, il n'y a pas
grand-chose qui s'était passé avec la CAQ, là. Bon, à part certains conflits
éthiques, là, de certains ministres, là, qu'on ne nommera pas aujourd'hui parce
que ce n'est pas l'endroit, là, ni le sujet de l'amendement. Mais, regarde, là,
c'est parce que, si on veut parler du PEQ, de l'immigration, les régions, et
ainsi de suite là, hum!
M. Jolin-Barrette : Hum? Hum, quoi?
M. Barrette : Il ne s'est pas passé
grand-chose, là.
M. Jolin-Barrette : On a quoi?
M. Barrette : Il ne s'est pas passé
grand-chose.
M. Jolin-Barrette : Vous trouvez
qu'entre 2018 puis 2022 il ne s'est pas passé grand-chose?
M. Barrette : Bien, c'est-à-dire que
moi, quand je regarde... Moi, j'ai beaucoup de famille en région, là, et
puis... en région, là, qui réclame de l'immigration. Ils entendent bien des
paroles, mais ils voient peu de gens arriver.
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
profiterais du moment pour vous ramener au sujet du sous-amendement, s'il vous
plaît, du député de La Pinière.
M. Barrette : Je vous comprends, Mme
la Présidente, c'est juste que vous avez remarqué, sans aucun doute...
La Présidente (Mme Guillemette) : C'est
très intéressant, ce qu'on dit, mais c'est hors propos.
M. Barrette : Mais vous avez raison,
mais vous avez sûrement remarqué que les pas... les digressions que l'on fait,
les territoires extra... extralégaux qu'on...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...
M. Barrette : Oui, c'est parce que
ce n'est pas nous autres qui les apportons, là, c'est toujours le ministre, là.
Ça fait qu'à un moment donné, comme son commentaire est toujours teinté de
certains... de certaines appréciations de notre formation politique, vous
n'allez quand même pas nous reprocher de répondre.
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
ne reproche rien à personne, M. le député.
M. Barrette : Je le sais.
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
veux juste nous ramener au sous-amendement. Et, sur ce, je vais céder la parole
à Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme
David : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je ne serai pas
très longue, mais je pense que ce qui est important dans des changements aussi
significatifs... de prévoir des choses qu'on peut faire par règlement, et Dieu
sait que...
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le ministre, M. le député, la députée de
Marguerite-Bourgeoys a la parole. Excusez-moi, Mme la députée.
Mme David : Non,
mais c'est moi, c'est moins intéressant parce que c'est très sérieux.
M.
Jolin-Barrette : ...Mme la Présidente, c'est très intéressant, députée
de Marguerite-Bourgeoys. Je fais juste répondre à l'interpellation que me fait
le député de La Pinière, mais je vais me concentrer sur vous.
Mme David : Alors,
le ministre...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Allez-y.
Mme David :
«Le ministre peut, par règlement, prévoir la révision des effectifs des
établissements prévus au présent article.» C'est parce que, dans toutes les
lois, là, il faut effectivement se dire : Là, moi, je ne serai plus là un
jour. Je suis infaillible, parce que c'est peut-être comme ça que le ministre
se voit, mais un jour il y aura...
M.
Jolin-Barrette : ...
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...je vais vous donner la parole.
• (16 h 20) •
Mme David : Un jour, il y aura un autre ministre, un autre
gouvernement, une autre situation sociodémographique, une autre
situation économique, financière, etc. Donc, nous, les législateurs, il faut
prévoir ce qui n'est pas prévisible. C'est ça qui est plate dans les lois, là.
Ça, c'est comme lire un contrat d'assurance quand on achète une laveuse à
linge, là. Qui lit les 50 pages de mise en garde de ci, de ça? C'est quand
elle brise, Mme la Présidente, c'est quand, finalement, on se dit : Mais
ça ne marche pas, et là tu vas lire puis tu t'aperçois que ce qu'il pensait...
tu pensais être couvert par telle chose, tu ne l'es pas parce qu'il y a mille
et une prévisions ou prédictions qu'a faites la compagnie qui fait en sorte
que, si ça arrive, là, tu n'es pas couvert, tu n'es pas couvert, tu n'es pas
couvert.
Bien, les règlements,
ça permet un certain ajustement. Moi, je n'aime pas toujours qu'on fasse des
choses où on dit : On peut tout faire par règlement. Ça peut être
dangereux, parce qu'un ministre peut tout mettre sous règlement. Puis vous
savez ce que c'est, un règlement, là, c'est remis à plus tard. Le règlement
peut être passé, édicté, en principe, Gazette officielle, 45 jours,
bien, c'est tellement moins visible que dans une loi. Alors, nous, on se
dit : S'il arrive quelque chose, si la situation change pour toutes sortes
de raisons, bien, on prévoit qu'il peut y avoir un règlement, par règlement,
que le ministre peut regarder «la révision des effectifs des établissements
prévus au présent article».
Alors, je ne trouve
pas que c'est excessif. Je ne trouve pas que c'est partisan d'un parti ou d'un
autre, parce qu'il pourrait tout aussi bien répondre : Bien oui, dans le
fond, vous me donnez l'opportunité de changer à la hausse ou à la baisse, alors
que lui voit surtout de mettre, probablement, quelque chose qui nuirait encore
plus aux anglophones, ce qui, évidemment... non, c'est-à-dire quelque chose qui
aiderait les anglophones, si nous, on était au pouvoir, et que lui pourrait
s'en servir pour le contraire. En fait, nous, l'idée de mettre un règlement,
c'est de tout prévoir, c'est de prévoir qu'il puisse avoir un outil
supplémentaire au cas où, un jour, il a une vision qui change un peu ou une
situation externe qui peut le faire changer dans son... dans la révision des
effectifs, ni plus ni moins.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Mme la Présidente, on légifère pour changer les
choses, on ne légifère pas pour permettre de faire du surplace. Imaginez-vous
si, dans la loi 101, là, relativement aux clauses scolaires, là, il y
avait un pouvoir réglementaire, là, pour permettre, par voie réglementaire, de
contourner l'article de la loi. Ça aurait pu être problématique, puis peut-être
que les gouvernements successifs n'auraient pas respecté la loi 101, parce
que, par voie réglementaire, il y aurait eu une échappatoire. Alors, ce que
vous nous invitez à faire, c'est de créer une échappatoire. Donc, vous comprendrez
que je ne veux pas donner suite à votre amendement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le ministre.
Mme David : C'est
clair que le ministre ne le voit pas nécessairement de la même façon que je
peux le voir.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait...
Mme David :
Alors, je n'ai rien de plus à ajouter, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Donc, d'autres commentaires sur le
sous-amendement de M. le député de La Pinière? Donc, est-ce que le
sous-amendement est adopté?
M. Jolin-Barrette : Rejeté.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Donc, comme le sous-amendement est rejeté, nous passons... nous retournons à
l'amendement de M. le ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement de M. le ministre? Oui, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Juste une courte
suspension, là, juste pour aligner nos affaires, là.
La Présidente (Mme Guillemette) : O.K.,
on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 23)
(Reprise à 16 h 26)
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc,
nous reprenons les travaux sur l'amendement de M. le ministre. Donc, s'il n'y a
pas d'autre intervention, je serais prête à mettre l'amendement de M. le
ministre aux voix.
M. Barrette : ...juste un instant,
là.
La Présidente (Mme Guillemette) : L'amendement.
On est sur l'amendement de M. le ministre.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : On
est... on est sur l'amendement de M. le ministre. On va voter l'amendement...
bien, on va adopter l'amendement.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : C'est
ça, on va adopter l'amendement de M. le ministre, puis après vous pourrez
redéposer le vôtre.
M. Barrette : Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Guillemette) : Ça
va?
M. Barrette : Je suis réorienté.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le député. Donc, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Jolin-Barrette : Je vous
demanderais un vote par appel nominal, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Donc, un vote par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire : M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Pour.
La Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
M.
Allaire : Pour.
La Secrétaire :
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Pour.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Oui, pour.
La Secrétaire :
Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David :
Contre.
La Secrétaire :
M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
La Secrétaire :
Et Mme Guillemette (Roberval)?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Donc, nous
retournons à l'article 58. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 58 amendé? Oui, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors,
je déposerai un amendement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Il est déjà sur Greffier, donc je vais vous demander de
nous le présenter.
Mme David : Oui.Alors, l'article 58 :
L'article 88.0.4 de la Charte de la langue française, introduit par
l'article 58 du projet de loi, est modifié, dans son 1er alinéa, par
le remplacement des mots «pour chaque année scolaire» par les mots «sur une
base pluriannuelle de trois ans».
Commentaires :
L'article 88.0.4 de la Charte de la langue française, introduit par
l'article 58 du projet de loi tel qu'amendé, se lirait ainsi :
«Le ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie
détermine, sur une base pluriannuelle de trois ans, un effectif total
particulier à chacun des établissements anglophones offrant l'enseignement
collégial.»
La Présidente (Mme
Guillemette) : Avez-vous des commentaires...
Mme David :
Bien, je pense que j'ai...
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...il reste deux minutes, donc.
Mme David : Bien,
je vais les prendre pour laisser ça dans la réflexion du ministre que c'est
impossible de tout faire ça à chaque année, là. Il demande un travail colossal,
monumental, impossible à vivre pour les collèges, de se dire : Si, au moins, on savait pour trois ans comment se
gouverner pour les admissions, les réadmissions, les incomplets, les...
j'allais dire : les démissions, les abandons. Donc, ils demandent
tous : Donnez-nous au moins une vision sur une base de trois ans, ce n'est
pas compliqué, c'est juste pour rendre ça viable, parce que, sinon, ce n'est
juste pas viable. Je pense que j'en ai fait la démonstration à plusieurs
reprises. «Food for thought» pendant la fin de semaine.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Merci, Mme la députée. Je... Oui, monsieur...
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait, M. le ministre. Et après je vous cède la
parole, M. le député.
M. Jolin-Barrette : Je sais que vous
allez lever la séance. Alors, Mme la Présidente, on s'en va deux semaines en
circonscription, donc ça va donner l'occasion de réfléchir au projet de loi,
notamment à mes collègues du Parti libéral, mais,
nonobstant le tout, je voulais offrir un présent, Mme la Présidente, un cadeau
à la députée de Marguerite-Bourgeoys. On a beaucoup discuté de notre amour
commun du droit civil, et je voulais lui offrir l'édition du Code civil du
Québec pour les deux semaines de circonscription, pour qu'elle ne m'oublie pas,
alors...
La Présidente (Mme Guillemette) : Chose
promise, chose due, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Chose promise,
chose due. Alors, je voulais profiter durant ces deux semaines-là, où elle aura l'occasion de faire de la lecture... et un
guide complet avec les rapports qui régissent le droit privé au Québec.
Alors, j'espère transmettre mon amour et ma
passion du droit à la députée de Marguerite-Bourgeoys. Alors, je vais lui
remettre.
La Présidente (Mme Guillemette) : Avec
une dédicace?
M. Jolin-Barrette : Mais bien
certainement, c'est déjà fait.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Guillemette) : Et
je céderais... avant que vous lui remettiez, je céderais la parole au député de
Beauce-Sud. M. le député, vous avez une annonce pour nous.
M. Poulin : Non, mais très
rapidement, Mme la Présidente, je... Parce que je trouve ça important, c'est l'anniversaire du ministre demain. Alors, je tiens
à lui souhaiter bonne fête, lui dire qu'on l'aime beaucoup. Tout à fait.
La Présidente (Mme Guillemette) : Tout
à fait. Bonne fête, M. le ministre, pour demain. Donc, merci à tout le monde
pour la collaboration aujourd'hui, des belles discussions encore une fois
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au jeudi 17 mars 2022, à 8 h 30, où
elle se réunira en séance de travail. Bon congé à tous!
(Fin de la séance à 16 h 31)