(Onze heures trente minutes)
La Présidente (Mme
Thériault) : Votre attention, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte.
La
Commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le
français.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Allaire (Maskinongé) sera
remplacé par M. Caron (Portneuf); Mme
Guillemette (Roberval), par M. Lévesque (Chapleau); Mme Rizqy
(Saint-Laurent), par M. Barrette (La Pinière); Mme St-Pierre (Acadie), par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); Mme Dorion (Taschereau), par Mme Ghazal
(Mercier); et Mme Hivon (Joliette), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Donc, hier, au moment où nous avons ajourné les
travaux, nous étions à discuter de
l'amendement qui a été déposé par le député de Matane-Matapédia à
l'article 88.0.1 qui était introduit par l'article 58 du
projet de loi. Et je vois que le député de Matane-Matapédia me fait signe. Je
veux juste vous indiquer, M. le député, qu'à
votre temps sur l'article il vous reste... sur votre amendement, pardon, il
reste 2 min 45 s.
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. J'irai droit au but. J'informe cette commission que
je souhaite, avec son assentiment, retirer mon amendement pour le remplacer par
un autre.
La Présidente (Mme
Thériault) : Est-ce qu'il y a consentement pour retirer l'amendement
du collègue le député de Matane-Matapédia? Consentement. Donc, nous retirons
donc l'amendement que vous avez déposé, et je comprends que vous allez me
déposer immédiatement un autre amendement qui est sur Greffier. Est-ce que...
M. Bérubé :
Effectivement, vous l'avez, Mme la Présidente, et...
La Présidente (Mme
Thériault) : L'amendement est sur Greffier, Mme la secrétaire? Oui,
l'amendement est sur Greffier. Donc, vous pouvez y aller, M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Et l'objectif est que ça soit très clair, sans
interprétation, notre proposition. Alors, l'article 58 :
L'article 88.0.1, introduit par l'article 58 du projet de loi, est
remplacé par :
«88.0.1.
L'enseignement collégial doit se donner en français, sauf pour les ayants
droit.»
La Présidente (Mme Thériault) : Donc, sur votre argumentaire, M. le ministre...
M. le député de Matane-Matapédia, désolée. Allez-y.
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Le Parti québécois propose de travailler pour vrai à
stopper le déclin du français au Québec, à Montréal, à Laval, dans toutes les
régions du Québec, sur les réseaux sociaux. Il faut poser des gestes forts. On
s'y connaît. Aucun gouvernement dans l'histoire du Québec n'en a fait autant
pour la langue que le Parti québécois, a utilisé autant de courage pour faire
face à l'adversité.
Quand René Lévesque
et ses compagnons, en 1977, ont fait adopter comme première loi, en fait,
grande loi, avec espoir, la Charte de la langue française, ils avaient en tête
que le statut de minoritaire des francophones au Québec devait cesser. Ils
étaient confrontés à une réalité où le français n'était pas une langue de
prestige, ce n'était pas la langue des patrons. C'est une langue qui avait
besoin de prendre sa place dans le monde des affaires, dans la vie des Québécois, dans leurs rêves, dans leurs
aspirations et aussi dans la vie des nouveaux arrivants. Et c'est peut-être
le changement le plus significatif, les enfants des nouveaux arrivants au
Québec étudieraient en français au primaire et au secondaire. C'est un
changement qui a eu un impact considérable sur le Québec, et je n'ose pas
imaginer ce que serait le Québec aujourd'hui, au plan linguistique, sans cette
mesure.
Il en a fallu, du
courage, face à l'adversité du monde des affaires, de l'opposition officielle,
qui a voté en bloc contre, qui était formée par le Parti libéral du Québec,
face aux chroniqueurs, face à tous ceux qui disaient : On ne peut pas
faire ça. Bien, René Lévesque et Camille Laurin ont dit : Oui, on peut
faire ça, parce qu'il y a une exigence. Ce n'est pas parce que c'est facile,
c'est difficile de faire ça, mais c'est nécessaire. J'aimerais que ce même
courage anime le gouvernement de la Coalition avenir Québec. Il arrive parfois
que des mesures ne soient pas les plus populaires, mais sont nécessaires. Et
là, ici, on parle de l'avenir de la langue française, le plus grand vecteur
historique et actuel de l'identité québécoise, la langue.
Ce projet de loi vise à
améliorer la vitalité du français au Québec en faisant la promotion, en
défendant, en faisant appel à panoplie de moyens, en portant attention à des
phénomènes qui étaient moins présents à l'époque. C'est normal, on améliore les
lois. Mais là on est confrontés à une réalité implacable. Les chiffres qui nous
sont présentés démontrent que, pour la première fois de l'histoire, le nombre
de francophones au Québec passe en bas de la barre des 80 %, que les
transferts linguistiques se font en anglais pour des milliers de Québécois, et
ce n'est pas ce qu'on souhaitait, que le français est véritablement menacé à
Montréal et à Laval et que ça va augmenter, si on ne fait rien de significatif.
Alors, face à cette réalité, des chercheurs, des
démographes, des mathématiciens, des gens qui s'intéressent à cette question
nous ont dit : Nous avons vu le projet de loi du ministre, qu'il qualifie
lui-même de costaud, mais il faut aller plus loin. Le grand Guy Rocher, un des
plus grands intellectuels du Québec moderne, à 97 ans, est venu dans cette
commission nous dire : Si c'était à refaire, j'ajouterais le collégial à
la Charte de la langue française et je vous le dis aujourd'hui — en
2021, c'était l'an dernier — faites-le.
Ça a créé vraiment des alliances inusitées. Le politologue Christian Dufour,
qui a souvent été très favorable au gouvernement de la CAQ, nous a dit : Faites-le,
j'ai changé d'idée moi aussi. Guy Rocher, Christian Dufour, un ensemble
d'intervenants et le Parti québécois aussi. Et le fait d'avoir changé cette
opinion ne rend pas moins valide cette opinion. Elle est basée sur la science,
sur les chiffres, sur la démographie. Ce n'est pas subjectif, quand on regarde
les chiffres.
Alors, ce gouvernement qui nous a demandé
d'écouter la science, qui nous a dit qu'il écoutait toujours la science,
choisirait de ne pas regarder franchement les chiffres, en disant : Les
mesures les plus structurantes, on ne va pas aller de l'avant parce qu'il y a
peut-être un coût politique à payer. Parce que c'est ça, le débat qu'il y a eu
à la Coalition avenir Québec. Radio-Canada nous rapportait, le 14 décembre
2021, qu'il y avait des nationalistes. Je ne parle même plus d'une aile
nationaliste, certains nationalistes qui essaient de faire comprendre à leurs
collègues fédéralistes, ou affairistes, ou parfois les deux à la fois, qu'il
fallait aller de l'avant puis qu'il allait y avoir un débat. Bien, j'ai
dit : Tant mieux, le débat se poursuit, je vais les aider du mieux que je
peux, je vais rencontrer des députés, je vais essayer de les convaincre. J'ai
commencé à le faire, je vais manquer de temps pour rencontrer tout le monde.
Et puis là le ministre de l'Éducation est
arrivé, il y a quelques semaines, en disant : Écoutez, c'est la position
de notre gouvernement. Alors là, j'ai été déçu, parce que je croyais que le
ministre de l'Éducation faisait partie de cette aile, de plus en plus
rachitique de la CAQ, qui pratique un nationalisme homéopathique. Ils n'en
mettent pas trop. Un nationalisme homéopathique.
Et là aujourd'hui, Mme la Présidente, à la
lumière des statistiques, à la lumière des chiffres, j'accuse ce gouvernement
de non-assistance à une langue en danger, rien de moins, de mon siège. Parce
que l'évidence, elle est implacable, tous les chiffres le démontrent. Et non
seulement le gouvernement décide de tourner le dos à cette proposition qui est
sensée, qui recueille de plus en plus d'appuis, notamment dans les syndicats
d'enseignants partout au Québec, y compris dans les comtés où il y a des
députés de la CAQ, mais en plus, à moins d'avis contraire, il sera appuyé par
le Parti libéral du Québec et par Québec solidaire. Ça, c'est une surprise.
J'espère me tromper, que le verdict ne soit pas celui que j'anticipe.
Regardons les chiffres, regardons la réalité.
Les cégeps anglophones ont été inaugurés, en même temps que les autres cégeps, pour desservir la communauté
anglophone, les ayants droit. Savez-vous combien de ces anglophones
fréquentent ces collèges? 25 %. Donc, on a un réseau très complet avec un
des cégeps, Dawson, qui compte près de 10 000 étudiants, pour
accueillir non seulement le 25 % d'anglophones au Québec, ayants droit,
mais aussi des francophones et des allophones. Dans le cas des allophones,
c'est 40 %.
Donc, l'objectif de la loi 101, qui est de
faire en sorte que les enfants des nouveaux arrivants au Québec étudient en
français au primaire et au secondaire, on l'abandonne, au collégial, financé à
plus de 80 % par l'État. On dit : Non, non, allez-y, on va financer
notre assimilation. Et c'est ce qui se produit ici. C'est ce qui se produisait
quand le gouvernement a décidé d'aller de l'avant avec Dawson, en disant :
On va continuer le projet que les libéraux ont apporté. Et là ils ont
dit : On va le retarder. Ils ne l'ont pas annulé, je n'entendrai pas
qu'ils l'ont annulé, ils l'ont retardé. Si d'aventure, ce gouvernement était
réélu, ils vont le refaire.
Je dis à la communauté anglophone, à travers ces
médias qui sont juste derrière moi : N'ayez pas peur de la Coalition
avenir Québec, ils ne sont une menace en aucun temps à vos intérêts,
croyez-moi. Ayez davantage peur de la détermination de gens qui ont fait de
leur engagement politique un témoignage quotidien de ce que c'est, la fierté et des gestes forts pour la politique au Québec.
Ça, vous pouvez compter là-dessus. N'ayez pas peur de ce gouvernement. Les municipalités bilingues, il n'y a rien qui va
changer. Même Otterburn Park, à 5,7 % d'anglophones, dans le comté
du ministre, ils vont rester comme ça, ça va bien se passer. L'immigration qui
connaît le français avant d'arriver ici, oh non, non plus. Bien, il y a une
belle continuité avec le gouvernement précédent, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
Donc, au collégial, il y a un transfert
linguistique qui se fait. Le cas de Dawson, c'est 42 % d'allophones qui
constituent la population étudiante. C'est plus que le nombre d'anglophones
ayants droit. C'est incroyable. Donc, quand ils arrivent au collège, ils ne
sont pas majeurs, ils sont encore mineurs. C'est un argument que je veux
contredire, de la part des opposants. Ils arrivent à un moment où ils font des
choix importants au plan professionnel, au plan de la socialisation. Ils vont
peut-être envisager de fonder une famille, le lieu d'implantation. Ça a un
impact considérable. Je ne vous parle pas de l'université, je parle du réseau
collégial. Bien, si le Québec, à la lumière des chiffres, décide de ne rien faire,
sachant tout ça, bien, c'est non-assistance à une langue en danger.
Je vais passer vite sur les propos du premier
ministre, qui a dit que les gens qui étaient en faveur de cette mesure étaient
des extrémistes. Il peut bien le dire de moi. Je n'ai jamais changé d'opinion,
moi, dans ma vie politique. Je suis fidèle à mes convictions. Vous pouvez me
citer là-dessus, Mme la Présidente. Qu'il ait fait ses choix,
tant mieux, il est premier ministre du Québec aujourd'hui. Mais vous ne l'avez
pas entendu répéter ça à Guy Rocher qui, lui, est en faveur, Christian Dufour,
combien d'autres qui se sont dits : Bien, on est rendus là, on a changé
d'idée parce que le... Même le conseiller du ministre a écrit ça, déjà. On
comprend qu'il ne peut plus le dire, il travaille pour la CAQ. C'est
malheureux. Mais il le pense, j'en suis convaincu. Après la commission, il
pourra me dire s'il a changé d'idée. J'en doute.
Mme la Présidente, j'aurais bien aimé que le
ministre ait l'influence qu'on lui prête dans son gouvernement. Or, il n'en est
rien. Il n'a pas remporté. D'ailleurs, vous me permettrez de lui lancer le défi
suivant. Quand on lui pose la question sur pourquoi le gouvernement n'a pas
changé d'idée, le ministre va dire : C'est la position du gouvernement.
Est-ce la vôtre? Êtes-vous capable de dire : Je suis contre cet amendement
pour telle raison? Je le mets au défi de dire ça tout à l'heure :
Pourquoi, moi, ministre responsable de la Langue française, je suis contre
cette mesure, moi, personnellement. Parce que le ministre a des opinions sur
bien des choses, en matière de magistrature, en matière gouvernementale, en
faveur d'un tribunal spécialisé, de plein d'enjeux, puis il fait bien, puis il
le fait bien, d'ailleurs. Il est volontaire, puis je lui reconnais ça, puis il
sait l'estime que je lui porte, sincèrement. Mais là-dessus je ne le comprends
pas.
J'aimerais ça qu'il dise... S'il me dit que lui
est vraiment contre, je vais arrêter de dire le contraire. Mais là la
résultante, aujourd'hui, c'est que la CAQ va voter comme le Parti libéral puis
Québec solidaire là dessus. Je ne tenais pas à ce qu'on soit les seuls
là-dessus. La réalité est implacable. On avait une occasion, on avait un projet
de loi, on avait un momentum. Ça se passe maintenant. Il n'y a même pas de coût
à payer pour le gouvernement. La population, ça augmente de plus en plus, les
appuis. Je dis aux nationalistes ou ceux qui se prétendent nationalistes dans ce parti : Portez attention à ce que
vous allez faire aujourd'hui. Et je dis au ministre qu'il devrait se présenter
devant son premier ministre aujourd'hui et
renoncer à ses responsabilités de ministre responsable de la Langue française,
parce que c'est une capitulation honteuse, et ça va... et, quand ça va à
l'encontre des principes, il faut poser des gestes.
Dans l'histoire du Parti québécois, des
ministres qui ont décidé de quitter leur fonction et de reprendre leur voiture
pour des convictions, ça existe. Peut-être qu'on verra ça un jour à la
Coalition avenir Québec. Moi, Mme la Présidente,
j'ai beaucoup de renoncements que j'ai faits dans ma vie pour me tenir debout
avec mes convictions. Ça fait en sorte
que je suis dans l'opposition, mais les gens de chez nous, ils m'élisent
toujours plus fort. Pourquoi? Parce qu'ils ont l'heure juste sur mes convictions,
ils savent à quoi s'en tenir. Et, quand je me présente comme un nationaliste,
ça ne paraît pas juste dans les discussions privées, ça paraît dans ce que je
dis ici depuis bientôt 15 ans, Mme la Présidente.
Alors, je dis au gouvernement : Votre
projet de loi, il n'est pas costaud, il passe à côté de l'histoire. Et je
termine en vous disant qu'aujourd'hui, et c'est l'accusation que je porte à ce
gouvernement, c'est de non-assistance à une langue en danger sur le principe
élémentaire que le déclin du français est connu. Et, si on décide de ne pas
porter attention à cette réalité avec des mesures cosmétiques qui font croire
qu'on est nationalistes à quelques mois d'une élection, on passe à côté non
seulement d'un objectif fondamental pour le Québec, mais c'est au-delà du
politique. Il est question ici de l'avenir de la langue française. Et soyez
assurée d'une chose, Mme la Présidente, tant qu'il y aura des députés du Parti québécois, vous entendrez
parler de ces enjeux, parce qu'heureusement qu'on était là dans ce
débat, parce que personne d'autre, manifestement, n'aura ce courage, le même
qu'a eu Camille Laurin et René Lévesque en 1977, de défendre l'existence même
de cette nation québécoise. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, je reconnais maintenant M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Écoutez, je l'ai dit au député de Matane-Matapédia, il défend
son point de vue avec vigueur, avec toute l'énergie qu'on lui connaît. C'est
bien ainsi, et je lui ai déjà dit que je respecte sa position.
Sur le fond
des choses, lorsque le député de Matane-Matapédia nous dit : Écoutez,
j'accuse, j'accuse, j'accuse ce gouvernement de prêter non-assistance à
une langue qui est en déclin, je lui répondrais : Au contraire, nous
agissons. Que s'est-il passé durant toutes ces années? Que s'est-il passé? Où
étaient les gouvernements successifs? Où était le gouvernement du Parti
libéral? Où était le gouvernement du Parti québécois? La période entre 1994 et
2003 n'a pas été extrêmement glorieuse pour la défense de la langue française.
Ces deux gouvernements majoritaires avaient l'occasion d'agir pour la
protection et la défense du français.
Écoutez, lorsqu'on se retrouve en 2002, là, puis
la loi n° 104, elle est adoptée puis
l'article 1 qui prévoit que, sur décret, l'État québécois devra
communiquer exclusivement en français avec les entreprises, qu'est-ce qui est
arrivé, Mme la Présidente? Il y a eu quatre
gouvernements : 2002-2003, 2003-2012, 2012-2014 du PQ, Mme la
Présidente. Et qu'on ne me dise pas : Ah! on était minoritaires, Mme la
Présidente. C'est un décret gouvernemental. Il ne fallait pas revenir à
l'Assemblée puis convaincre l'ensemble des parlementaires. Vous aviez la latitude
de le faire. 2014-2018, le gouvernement du Parti libéral...
C'est la première fois depuis 1977 qu'on a un
projet de loi qui couvre toutes les sphères de la société, qui renforce les
protections associées à la langue française : le fait d'avoir un commissaire
indépendant qui va donner un juste regard sur la situation linguistique, alors
que certaines formations politiques cachaient les chiffres, les données
statistiques; le fait d'avoir un ministère de la Langue française qui va
pouvoir superviser les autres ministères, qui va pouvoir superviser l'État
québécois par rapport à l'utilisation exemplaire de la langue française; le
fait que les différents réseaux vont être assujettis; le fait qu'il va y avoir
des changements au niveau des municipalités bilingues; le fait qu'il va y
avoir, de la part de l'État québécois, une politique linguistique de l'État qui
devra être respectée par l'ensemble de l'Administration — on a
élargi la notion d'Administration; le fait que les droits fondamentaux prévus
dans la Charte de la langue française vont être exécutoires.
Écoutez,
ce n'est pas normal que ça a pris 44 ans avant de rendre les droits
fondamentaux exécutoires. Comment se
fait-il que ça n'a pas été fait avant? Les recours pour les travailleurs, la
langue du travail au Québec, le français, le...
M. Bérubé : Question de règlement,
Mme la Présidente. On est sur un article très précis, le ministre me parle de
tout son projet de loi au complet. J'aimerais qu'on revienne au sujet.
La Présidente (Mme Thériault) : Je
m'excuse, M. le député de Matane-Matapédia, vous savez que la règle que la
pertinence, ici, elle est interprétée largement, et votre amendement porte sur
un article de son projet de loi. Donc, c'est tout à fait pertinent. M. le
ministre, poursuivez.
M. Jolin-Barrette : Alors, on agit
sur la langue du travail, la langue des affaires, la langue du commerce.
Écoutez, le fait de donner aux travailleurs québécois des recours pour que
leurs droits soient respectés. Et c'est ça, la différence fondamentale, Mme la
Présidente, entre eux et nous, c'est le fait que nous, on donne des outils, on
donne des moyens. Au-delà, Mme la Présidente, des idées, des projets, des
volontés, des souhaits, nous, on propose des actions concrètes.
Et l'ensemble des gens qu'on a entendus en
commission parlementaire nous ont tous dit, et la députée de
Marguerite-Bourgeoys nous le dit : C'est un projet de loi qui est
complexe, qui est costaud, qui a des ramifications dans toutes les sphères de
la société. Oui, c'est vrai, parce qu'on l'a travaillé de longue haleine avec
les meilleurs spécialistes linguistiques qu'on a au Québec, dont un qui est à
côté de moi, aujourd'hui. Alors, il n'y a personne, Mme la Présidente, qui
trouve les accusations du député de Matane-Matapédia... qu'elles sont fondées.
Écoutez, même Guy Rocher a dit, lorsqu'il est
venu en commission, qu'on était le premier gouvernement à agir sur la question
des cégeps. M. Rocher n'est pas d'accord avec la formule qu'on propose, il
aurait voulu qu'on aille dans le sens du député de Matane-Matapédia. Mais, par
contre ,on agit, et, au niveau collégial, ce que nous proposons va
véritablement changer le visage de la langue normale d'enseignement au niveau
collégial. Le fait d'avoir une épreuve uniforme de français, le fait de
plafonner... Comment ça se fait, Mme la Présidente, que le Parti québécois n'a
pas vu à plafonner les délais... les devis, en 2012-2014? Il n'avait pas besoin
d'un projet de loi pour faire ça, de faire respecter les devis. Il pouvait le faire.
Alors, je ne
crois pas avoir aucune leçon à recevoir de la part du député de
Matane-Matapédia. Le gouvernement n'a
pas à recevoir aucune leçon du député de Matane-Matapédia. Et, si on parle des
convictions, Mme la Présidente, si on parle des convictions, je crois
que le gouvernement a exprimé très clairement ses convictions, et surtout en
termes de livraison de ses engagements, et surtout en matière de langue, et
surtout en matière de nationalisme.
• (11 h 50) •
Et le député de Matane-Matapédia me connaît très
bien, puis ça ne me fait pas peur, les lobbies. Puis vous savez, quand on est en vie politique, souvent, on
dit, et c'est le député de La Pinière qui nous disait ça : On est
inflexibles. Ce n'est pas d'être inflexible
d'avoir des convictions. Ce n'est pas des... ce n'est pas d'être inflexible de
dire non puis de dire : Ce n'est
pas parce que ça a toujours fonctionné comme ça que ça va continuer de
fonctionner comme ça. Et la vie
politique est un combat permanent pour faire avancer des dossiers, puis le
député de Matane-Matapédia devrait le savoir.
Alors, moi, je respecte son travail, au député
de Matane-Matapédia. Il défend une position qui est légitime, qui est celle de
sa formation politique, mais qui est une position récente de sa formation politique,
avril 2021. Le député de Matane-Matapédia me dit : Qu'est-ce que ça
change? Qu'est-ce que ça change, Mme la Présidente, que ce soit une position
récente? Moi, je trouve que c'est un retournement soudain, à la veille du dépôt
du projet de loi.
Comment ça se fait qu'en 2012-2014, Mme la
Présidente, même si Pierre Curzi, l'ancien député de Borduas, avait fait
inscrire au congrès du Parti québécois que le PQ devait étendre la loi 101
aux cégeps... Qu'est-ce qui est arrivé en 2012? Comment ça se fait que le
député de Matane-Matapédia, en 2012, a accepté de se présenter sous les
couleurs du Parti québécois, alors que ce n'était pas dans la plateforme
électorale, mais que les membres de sa propre formation politique avaient dit
au congrès de 2011 : Il faut que ça soit dedans? Comment ça se fait? Le
député de Matane-Matapédia est-il intervenu
à ce congrès-là? De quel côté du micro était-il, en 2005, en 2006 aussi, quand
il y a eu ces débats-là au sein du Parti québécois?
Alors, Mme la Présidente, tout ce que je veux
vous dire, c'est que je respecte la position du collègue de Matane-Matapédia,
je l'entends bien. Ce n'est pas le choix que nous faisons, mais simplement lui
rappeler qu'il n'y a pas eu de pièce législative comme celle que nous avons
déposée, qui va aussi loin, qui est aussi complète, qui a des ramifications sur
l'ensemble de la société québécoise. Et surtout il faut se rappeler, si on veut
agir pour la pérennité du français, il ne
s'agit pas que d'une mesure comme d'étendre la loi 101 au cégep. Il s'agit
d'une multitude de mesures, et on les retrouve... Et une des bonnes
indications, Mme la Présidente, que c'est un bon projet de loi, notamment,
c'est l'ardeur avec laquelle certains collègues ici, autour de la table,
veulent qu'on l'amoindrisse, et ça n'arrivera pas.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Matane-Matapédia, il vous reste
6 min 30 s à votre disposition.
M.
Bérubé : Le ministre est
très mal tombé avec moi, avec ce qu'il vient de dire, puis je pense qu'il va le
réaliser assez rapidement. Il parle de la
politique qui est une affaire de batailles. Il vient de perdre sa bataille la
plus importante depuis qu'il est en politique, et tout le mouvement
nationaliste a noté qu'il l'a perdue. Alors, je ne sais pas quelle place il
pense avoir dans ce gouvernement ou quelles sont ses ambitions futures, mais il
va y avoir des conséquences à ça. Premier acte.
Deuxième élément. Moi,
j'étais là, en 2012, 2013, 2014. Quand on a déposé le projet de loi n° 14, la CAQ était contre parce que ça allait trop loin.
Puis leur position tardive, c'est le nationalisme. Alors, quand le ministre
dit : C'est une position tardive... On a les nouvelles études, on a les
mêmes chiffres que lui. La différence, c'est qu'on veut agir. Est-ce que vous
pensez qu'il dit ça à Guy Rocher : Aïe! Guy Rocher, vous avez eu cette
position-là toute votre vie, ce que vous
venez de nous dire à l'Assemblée nationale, ce n'est pas valide parce que vous
l'avez eu récemment.
C'est quoi, cet argument-là? Moi, je ne suis pas
juriste, mais j'imagine qu'on apprend, à l'École du Barreau, un certain nombre
de pratiques. Ça ne marche pas, comme argument. Bon, je n'ai pas le prestige du
ministre, mais je me permets de noter ça.
Pourquoi lui, il est contre? Jamais il va le
dire. Le gouvernement est contre, mais, dans d'autres enjeux, il va dire avec
beaucoup d'émotion : Moi, je suis pour ça. Pourquoi il refuse de le dire?
Parce qu'il a perdu la bataille, parce qu'il était tout seul au caucus, parce
que certains de ses collègues me l'ont dit. C'est pour ça que je le sais, Mme
la Présidente. Je le mets au défi, encore une fois, de dire : Je suis
contre, personnellement, pour telle, telle, telle raison. Tant qu'il ne le fera
pas... Bien, peut-être qu'il va démontrer que je ne le connais pas tant que ça
finalement. J'aimerais ça qu'il puisse le dire : Je suis contre ce que le
gouvernement apporte, ce n'est pas mes convictions, je suis dissident
là-dessus. C'est plus important, les titres actuels. Je l'invite à réfléchir
là-dessus.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. le député. M. le ministre, ça va? Pas de
commentaire? D'accord. J'ai Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys qui
veut intervenir. Madame, allez-y.
Mme David : Merci, Mme la
Présidente. J'ai hésité avant de prendre la parole, parce que le débat a l'air
de se faire entre deux partis qui se disent évidemment très nationalistes, un
plus que l'autre. Je salue le collègue de Matane-Matapédia, moi aussi, pour ses
convictions, pour la façon dont il les présente. Et je pense que ça nous donne l'occasion, aux quatre partis représentés ici, de
faire une vraie, une sérieuse discussion démocratique avec quatre
visions qui représentent le Québec d'aujourd'hui, littéralement.
Et je ne pense pas qu'il y a un Québec, je pense
qu'il y a peut-être quatre façons de se dire Québécois. Est-ce qu'il y en a des meilleures que d'autres? Je ne le
crois pas. Je crois qu'il y a quatre façons de dire que nous participons
et que nous avons tous à coeur l'avenir de la langue française au Québec,
quatre façons avec... Le ministre vient de dire qu'il y a des gens, et on ne
sent pas visés du tout, les libéraux, évidemment, mais qui veulent amoindrir le
projet de loi, qu'une autre formation politique voudrait évidemment la rendre
encore plus costaude, et il y a Québec solidaire aussi qui fait de très bonnes
interventions. Alors, j'oserais croire que nous sommes tous ici pour l'avenir
du Québec, pour l'avenir de la langue française. Nous avons des propositions
qui, des fois, sont effectivement plus inclusives, avec raison, de nos
collègues des communautés issues de l'immigration, des communautés anglophones.
Donc, on essaie d'imaginer un Québec de demain qui soit le plus inclusif
possible.
Nous aurons des propositions, et le ministre le
sait, qui vont plus loin que ses propositions pour le collégial, en ce qui a trait à, par exemple, donner... que
chaque étudiant doive suivre obligatoirement trois cours en français et
non pas de français. Qu'est-ce que ça veut
dire? Ça veut dire des étudiants qui, tous ensemble, dans un collège
anglophone, se retrouvent à parler en français, à étudier en français et à
acquérir des connaissances et des savoirs en français. Ce qui va au-delà d'une position plus séparée, je dirais,
entre anglophones et francophones dans un cégep anglophone, c'est-à-dire
certains étudient pour l'épreuve uniforme de français, donc pour l'épreuve
uniforme en anglais. Nous, on propose quelque
chose où on les met ensemble à discuter, en français, soit de culture, soit
d'histoire du Québec, soit de théâtre, de cinéma. Ça, c'est vraiment,
vraiment une façon de garder tout le monde intéressé par la culture
francophone.
Alors, nous aurons cette occasion de discuter
sérieusement de choses qui vont au-delà des clivages loi 101, pas
loi 101, au collégial, et j'espère que le ministre sera ouvert à cette
discussion-là. Mais j'apprécie quand même cet échange
et je tenais à participer à cet échange, parce que la formation politique dont
je fais partie, que je représente, pour la question de la protection de
la langue française, a déposé des propositions, veut protéger la langue
française en tout respect de nos collègues
et des communautés, soit issues de l'immigration soit de la communauté
anglophone, qui tous ensemble veulent
continuer à construire un Québec francophone inclusif et tourné vers l'avenir.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur l'amendement déposé par le collègue
de Matane-Matapédia? Oui, allez-y, il vous reste du temps. Il vous reste cinq
minutes.
M. Bérubé : Cinq minutes?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, il vous reste cinq minutes.
M. Bérubé : Bien, je voudrais
permettre à Québec solidaire, avant moi, d'intervenir, si elle le souhaite.
La Présidente (Mme Thériault) :
Bien, moi, je peux tout simplement vous dire que, si les collègues veulent
faire une intervention, elles vont le signifier, puis je vais les reconnaître.
Mme Ghazal : Oui. Bien, vu
qu'il m'en parle, je n'avais pas l'intention... J'ai beaucoup de choses à dire
sur le sujet, mais pas sur cet amendement. Merci.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme Thériault) :
Il n'y a pas de problème. Allez-y, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Bon, j'aurais bien aimé entendre Québec solidaire
sur cet enjeu. Ça ne sera pas pour cet amendement.
Ceci étant dit, si l'étalon de mesure du
gouvernement, sur cette question-là, c'est le Parti libéral, je l'invite à bien
réfléchir. Quand le Parti libéral du Québec est en faveur de votre projet de
loi en matière de la langue... de langue,
dites-vous qu'il est inoffensif, il n'aura pas de conséquence. Juste ça, ça
devrait être un indicateur pour montrer qu'il n'est pas costaud. En
1977, là, ils ont voté en bloc contre la loi 101 puis maintenant ils s'en
font les fiduciaires. Ça va être correct. Mme la Présidente, ça, c'est un
indicateur. Je trouve que c'est une occasion manquée, je l'ai dit tout à
l'heure.
Je trouve que le ministre, qui avait une
position, semblerait-il, avantageuse pour faire la promotion d'idées
nationalistes... Ça, c'est du vrai nationalisme. La laïcité, ce n'est pas du
nationalisme, je le dis sur toutes les tribunes. C'est une posture qu'un
gouvernement se donne pour séparer l'État du religieux. On ne devrait jamais
placer ça dans le nationalisme, sinon ça nous amène aux frontières d'enjeux
glissants. Le français, c'est du nationalisme. Le nationalisme économique, les
sièges sociaux, la culture, c'est nationaliste. D'ailleurs, la culture aurait
dû se retrouver vraiment très près de ce projet de loi là, mais manifestement
on n'aura pas ça.
Donc, la demande que je fais, elle repose sur
des données probantes, sur des chiffres. Est-ce que le ministre a des
projections qui lui permettent d'indiquer que le déclin du français va être
stoppé par ses mesures? S'il a ça, ça ne serait pas trop tard ni prématuré de
les sortir. Je doute qu'il en ait. Est-ce qu'une organisation indépendante lui
a dit : Grâce à vos mesures, on va changer le cours des choses? Grâce à
votre manoeuvre, qui indique que le Québec est la seule langue, est-ce que ça
va permettre de bloquer le transfert linguistique massif qui se fait des
nouveaux arrivants vers l'anglais? Bien sûr que non. C'est du symbolisme.
D'ailleurs, quand on va y arriver, à ça, je vais pousser la logique beaucoup plus loin de l'idée qu'il a
resquillée de Patrick Taillon, pour avoir eu des bonnes discussions là-dessus.
On va voir jusqu'où il est autorisé à aller en matière de nationalisme, elle
est où, la jauge.
C'est important, là, en matière linguistique...
Encore une fois, je remets au défi le ministre de nous indiquer pourquoi,
personnellement, il est contre notre amendement. S'il ne le fait pas, tirez vos
conclusions. Ce n'est pas compliqué : comme parlementaire, comme citoyen,
comme ministre responsable de la Langue, voici pourquoi je suis contre votre
proposition. Une fois qu'il l'aura dit, j'arrêterai d'en parler, Mme la
Présidente. Mais je suis plutôt persistant de nature. Je veux en savoir plus
là-dessus, parce que ça n'engage pas juste la CAQ, ça engage l'ensemble du
gouvernement du Québec.
Je regrette que le gouvernement s'attache à des
symboles au lieu de s'attaquer à l'essentiel. Quand il choisit, dans un projet
de loi, de nommer une circonscription au nom du grand Camille Laurin,
évidemment qu'on est pour. Mais, dans le processus régulier, ça s'apparente à
de la récupération. Le directeur des élections lui a dit, la semaine dernière,
ça peut être comme Maurice Richard. On l'a fait, dans le processus, mais là, de
mettre ça dans le projet de loi, c'est de s'approprier la mémoire de Camille
Laurin. Moi, je souhaite qu'il s'approprie la mémoire de Camille Laurin, mais
la meilleure façon de le faire, c'est dans le projet de loi, là où ça compte,
sur le cégep en français. Là, on va parler. Pour le reste, je pense qu'il va y
avoir des communications, prochainement, qui vont peut-être l'inviter à
reconsidérer cet article-là. Ça pourrait arriver. Ça, c'est un geste qui
compte, avoir une loi courageuse.
Camille Laurin, il a convaincu son premier
ministre avec la loi 101. La première mouture allait beaucoup moins loin.
Il est allé voir son premier ministre, il l'a convaincu. Alors, je souhaite que
le ministre, puis là il commence à se faire tard, ait le même pouvoir de
persuasion que Camille Laurin a pu convaincre René Lévesque... Bien, je
souhaite que le ministre responsable de la langue puisse convaincre le premier
ministre. Il me semble qu'il devrait avoir moins de chemin à faire. Je l'ai
connu, moi, le premier ministre, dans d'autres circonstances. Je le croyais
sincère, quand il me parlait de la langue. J'ai hâte de voir. Là, à date, c'est
non.
Alors, à moins d'un renversement spectaculaire
d'ici l'heure du lunch, finalement, je me serais peut-être trompé sur les intentions réelles en matière de
nationalisme, qui devient de plus en
plus, je vous le dis,
homéopathique.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le député de Matane-Matapédia. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la
Présidente, je vous l'ai dit, je respecte les interventions du député de
Matane-Matapédia, je respecte sa position également, mais la stratégie derrière
ça aussi, c'est de dire : Ah! vous n'êtes pas nationalistes. Au contraire,
on est nationalistes, et tous les gestes qu'on a faits depuis 2018 pour
démontrer le nationalisme, vous en êtes témoins, Mme la Présidente, le député
de Matane-Matapédia en est témoin. Alors, on comprend qu'on est un peu plus
dans les effets de toge présentement.
Un point sur lequel je souhaite intervenir en
lien avec l'intervention du député de Matane-Matapédia, lorsqu'il parle de
Camille Laurin, c'est vrai qu'il a eu du courage. Puis il vient du Parti
québécois, puis on attribue de grandes réalisations au Parti québécois pour la
nation québécoise, et je le dis, tout comme le Parti libéral également avec M.
Bourassa ont fait des avancées pour le Québec. Il y a des bonnes choses qui
sont faites par toutes les formations politiques, Mme la Présidente. Il y en a
juste, parfois, des fois, qui sont en retard, comme en 1977 avec le PLQ par
rapport à l'adoption de la loi 101, mais on va voir avec le projet de loi
n° 96.
Pour ce qui
est du processus de modification de la circonscription de Bourget, puis on
revient à un débat qu'on a déjà eu,
là, ici, notamment, Mme la Présidente, entre le député de Matane-Matapédia et
moi, moi, je pense qu'il revient aux élus
de la nation, si on souhaite faire certains gestes qui rentrent dans les
paramètres législatifs, de les faire puis d'assumer ça.
Alors, je pense que Camille Laurin, son héritage
appartient à tous les Québécois. Et je suis persuadé et je suis convaincu que
le fait de l'inscrire dans le projet de loi, ça va permettre de l'honorer,
d'honorer la mémoire de sa famille
également. Puis je souhaite que toutes les formations politiques votent en
faveur de cette modification législative là, parce que lorsqu'on veut
quelque chose, comme représentants des Québécois, c'est à nous à prendre la
décision.
Oui, il y a un processus
qui existe avec le DGEQ, avec la Commission de la représentation électorale. On
ne nie pas ça. Le DGEQ et la Commission de la représentation électorale peuvent
faire les modifications, s'ils le souhaitent,
aux huit ans, minimum, aux huit ans. Je pense qu'on ne doit pas attendre
davantage avant d'honorer Camille Laurin. Je pense que, dans notre
histoire collective commune, il doit avoir la place... une place importante qui
lui est désignée puis il ne faut pas
attendre avant de faire les choses. En politique, il faut faire les choses
lorsqu'elles se présentent.
Dans ce cas-là, c'est ce que nous faisons, puis
je suis convaincu que vous allez être heureux de pouvoir désigner la
circonscription de Bourget maintenant comme étant la circonscription de
Camille-Laurin. Là-dessus, au niveau de la mécanique, le DGEQ a son opinion, je
la respecte, mais ce n'est pas le choix que le gouvernement a fait. Puis je
pense qu'honnêtement, pour un sujet aussi important, c'est important d'agir à
ce niveau-là. Puis j'espère que vous allez appuyer la proposition.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Ça va, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) : Il
vous reste 30 secondes, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme la Présidente, ça
n'a aucunement sa place dans le projet de loi. Je veux dire, c'est à part,
c'est du symbole, c'est de la récupération, c'est très clair. Le ministre,
tantôt, il dit «stratégie». Nous, ce n'est pas de la stratégie, la langue,
c'est une conviction.
Camille Laurin était membre de ma famille
politique. Chaque fois qu'ils écrivent sur Camille Laurin, ils oublient de dire
que c'est au Parti québécois, à escient. Camille Laurin était membre de ma
famille politique. J'ai connu Camille Laurin. Le ministre n'est pas Camille
Laurin. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, loin de
moi, et je n'ai jamais affirmé ça, cette prétention-là. Puis jamais je
n'oserais dire ça avec tout ce qui a été accompli par M. Laurin.
Moi, je pense qu'on lui doit respect, qu'on doit
respect à sa mémoire. Puis surtout, ce qu'il a subi comme homme politique, c'est horrible, horrible. Le
traitement qu'il a eu en 1977, le traitement que certains élus de
l'Assemblée nationale lui ont fait, c'est disgracieux, horrible. Quand vous
regardez ça en rétrospective, ça donne mal au coeur. Il ne méritait pas ça,
puis il a été combatif, puis il a pu livrer la loi 101.
Puis, à juste titre, vous l'avez dit
aujourd'hui, c'est vrai que le Parti libéral se réclame de la loi 101,
alors que certains élus de la formation politique d'en face lui ont vomi dessus
durant les travaux parlementaires, l'ont traité... l'ont affublé de tous les
noms. Alors, là-dessus, je pense qu'on s'entend.
Puis, vous savez, c'est toujours particulier de
mesurer les convictions, Mme la Présidente. Alors, le député de
Matane-Matapédia le fait, puis tout le monde a ses propres convictions, et
elles sont sincères et engagées aussi. Puis je pense qu'on fait très bien la
démonstration que l'État... puis le gouvernement du Québec est résolument
engagé en faveur de la défense puis la protection du français avec le projet de
loi n° 96.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je voulais juste
corriger une information. Moi, je veux intervenir sur l'enjeu. Je ne veux juste pas... Je ne vois pas
l'intérêt d'intervenir sur cet amendement. Moi, j'ai fait plein
d'amendements pour renforcer le français dans le travail. C'est extrêmement
important, et jamais... jamais, en fait, le député de Matane-Matapédia n'est
intervenu, et c'est tout à fait son droit, et je le respecte. Merci.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est dit. Donc, on est prêts à mettre aux voix l'amendement déposé par le
député de Matane-Matapédia...
M. Bérubé : Par appel nominal,
s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Thériault) :
...puisque je ne vois plus d'intervention, et on nous demande un vote par appel
nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Veuillez répondre
pour, contre ou abstention. M. Bérubé (Matane-Matapédia)?
M. Bérubé : Pour.
La Secrétaire :
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Contre.
La Secrétaire : M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Contre.
La
Secrétaire : M. Émond (Richelieu)?
M. Émond :
Contre.
La
Secrétaire : M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
La Secrétaire :
M. Chassin (Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Contre.
La
Secrétaire : M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
La
Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
La
Secrétaire : Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David :
Ah oui! Pour. Contre. Attendez. Contre. Excusez. C'est parce que...
La
Secrétaire : M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Contre.
La
Secrétaire : M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Contre.
La
Secrétaire : Et Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)?
La Présidente
(Mme Thériault) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté.
Donc, nous pouvons
donc revenir à l'article introduit au 58, 88.0.1. Est-ce que j'ai d'autres
interventions sur l'article et non pas sur l'amendement? M. le député de La
Pinière.
M. Barrette :
Oui. J'avais... Bien, je ne sais pas si ma collègue voulait prendre la parole
tout de suite, là. Sinon, je peux la prendre. Je vais lui laisser le choix, Mme
la Présidente. O.K.
Mme la Présidente, la
semaine dernière... pas la semaine dernière, hier, j'avais posé une question,
là, qui était un petit peu hors d'ordre, là, je le sais, mais le ministre, juste
pour lui rappeler, lui remettre ça à l'esprit, j'avais posé la question
suivante, là : Le projet de... l'article, là, en question, sa condition
d'application, c'est que l'établissement reçoive des fonds publics? Il m'avait
dit oui à ça. Et c'est encore oui, Mme la Présidente? Je veux juste... juste se
remettre dans le bain, là.
M. Jolin-Barrette : ...la classification des établissements, à
l'article 88.0.1, c'est sûr que... «les établissements offrant
l'enseignement collégial, à l'exception des établissements privés non agréés
aux fins de subventions et des établissements qui sont des organismes
gouvernementaux au sens de l'annexe I», donc, quand on dit «non agréés aux fins
de subventions», c'est privé-privé, «et des établissements qui sont des organismes
gouvernementaux au sens de l'annexe I», là-dedans, vous avez l'ITAQ, vous avez
aussi... vous en avez un autre, là, un autre organisme qui n'est pas couvert,
il me semble, là, gouvernementaux en vertu de l'annexe I, «ainsi que les
établissements d'enseignement universitaire visés aux paragraphes 1° à 11° de
l'article 1 de la Loi sur les établissements d'enseignement».
M. Barrette : Alors là...
M.
Jolin-Barrette : Excusez, ITHQ.
M. Barrette : ITHQ. C'est ce que
j'ai pensé.
M. Jolin-Barrette : ITAQ, ITHQ.
M. Barrette : Oui, ce que j'ai
pensé, là. Bon, là, Mme la Présidente, est apparu, dans les médias, une affaire
que je ne connaissais pas, que le ministre connaît, j'imagine, là, la fameuse
école 42 Québec.
M. Jolin-Barrette : Juste en complément d'information, là, dans...
pour compléter ma réponse, c'est à l'annexe I, quand vous êtes au
paragraphe 4°... non, oui, 4°... non, 5°, 5° ii, dernier alinéa.
M. Barrette : Bon, alors donc,
je répète, là, au cas où le ministre n'a pas saisi ma question, commentaire,
là. Il y a une chose qui est apparue sur
l'écran radar de l'éducation, là, dans les médias, que je ne connaissais
absolument pas, qui est l'école 42 Québec. Est-ce que le ministre est au
fait de cette affaire-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
École 42 Québec?
M. Barrette : Oui.
M. Jolin-Barrette : Je vais
vérifier.
M. Barrette : Alors là, juste
pour son équipe, là, si jamais ils n'en ont pas entendu parler, ce qui est
possible, là, moi, je n'avais pas connu ça,
là, il y a eu un article dans Le Soleil, là, le 2 décembre 2021, à propos de cette
école-là, qui s'appelle 42 Québec, qui fait partie d'un réseau international
qui est subventionné par le gouvernement et qui enseigne en anglais. Qu'en
est-il de cette patente-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Moi,
ce qu'on m'a dit, ce n'est pas une école qui est reconnue par le ministère de
l'Enseignement supérieur.
M. Barrette : Là, c'est pour ça
que j'ai posé ma question précédemment, Mme la Présidente, à savoir que, ça, est-ce que ça couvre les établissements qui...
est-ce que la condition de recevoir des fonds publics... Et on constate,
Mme la Présidente, toujours selon... parce que ça, on apprend ça par les
médias, là, dans un article du Soleil, le 2 juillet dernier. Le gouvernement du Québec a versé une subvention
de 5 millions pour mettre sur pied une formation de niveau collégial. La formation est en anglais,
dispensée au centre-ville de Québec, et c'est reconnu, là, parce que,
dans le... sur les formations admissibles du
gouvernement du Québec, il est là. Quand on regarde, là, sur le site du
gouvernement, là, la liste des formations collégiales admissibles reconnues
dans l'ensemble du Québec, entièrement à distance, il est là.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Donc, ce
qu'on me dit, c'est une école qui est privée-privée, sans permis de la ministre
de l'Enseignement supérieur. Là, peut-être qu'il y a eu des fonds relativement
à un autre programme.
M. Barrette : Peut-être, là. Le
ministre ne va pas me dire...
M. Jolin-Barrette : C'est avec
la Commission des partenaires du marché du travail.
M. Barrette : Est-ce que le
ministre est en train de me dire qu'il y a des ponts? Vous savez, les ponts,
c'est quasiment le cousin d'une école passerelle.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Non.
L'objectif de l'article est de faire en sorte que ceux qui sont financés par le
ministère de l'Enseignement supérieur soient visés par l'article et donc ceux
qui sont titulaires de permis qui sont reconnus par la ministre de
l'Enseignement supérieur.
M. Barrette : Bien oui, Mme la Présidente, là, moi, je suis
vraiment perdu, parce que le discours du ministre, depuis le début, là,
c'est en lien avec un financement public. Et là le financement est public,
mais, c'est vrai, il ne vient pas de l'Éducation, le financement, semble-t-il,
vient de son collègue au Travail. C'est quand même pas mal public, là. Il
pourrait venir de la Santé, ce serait public aussi.
Alors là, on donne une
formation, financée par le public, en anglais. Moi, je veux juste comprendre,
parce que, là, il me semble, Mme la
Présidente, qu'il y a là un problème de cohérence dans l'ensemble de l'oeuvre.
J'ai posé la question très clairement au ministre, là, puis je ne veux
pas le prendre en défaut, ce n'est pas ça. C'est que c'est un fait que je
décris. Je veux comprendre. Mais j'ai posé la question : Son projet de
loi, là, c'est quoi, la condition d'application? Financement public. Alors là,
c'est bien plate, là, mais le financement est public, c'est en Anglais, à des
francophones au centre-ville de Québec. De que c'est?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, ce
n'est pas un établissement collégial qui offre un diplôme d'études collégiales.
Puis vous le voyez, là, ce n'est pas une école privée subventionnée, donc c'est
privé-privé, et donc il n'y a pas de diplôme à la clé de cette formation-là.
C'est indiqué dans l'article, notamment, auquel vous faites référence, dans Le Soleil
du mois de février, là... du mois de décembre, là.
M. Barrette : Mme la
Présidente, nous naviguons de plus en plus dans le brouillard, là. Ça veut dire
quoi, à ce moment-là, la liste des formations admissibles? Je montre ici, Mme
la Présidente, le document visuellement au ministre, là. Je peux faire une
pause puis aller lui en donner une copie, ça ne me dérange pas, là. Mais ça,
c'est admissible à quoi, là?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
faudrait nous renseigner ça émane de qui, c'est de quel ministère, c'est
quoi...
L'objectif de l'article 88.0.1, c'est de
viser les établissements collégiaux qui émettent des diplômes. Là, dans ce
cas-ci, de ce que je comprends, là, de 42 Québec, c'est un centre de formation,
mais qui n'est pas reconnu comme étant un établissement d'enseignement
collégial qui délivre des diplômes d'études collégiales. C'est un centre de
formation qui ne donne pas de diplômes.
M. Barrette : J'imagine, il
doit donner sûrement une attestation quelconque, là. Moi, je ne connais pas
d'organisation, qu'elles soient publiques ou privées, qui donne une formation
sans donner un document à la fin, là. C'est étonnant. Ce n'est pas... Ce n'est
pas un stage, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
je vous réfère à votre article de journal, que vous m'avez référé, là...
M. Barrette : Oui, mais l'article de
journal... Mme la Présidente, je vais interrompre le ministre. Je ne veux pas
l'interrompre pour l'empêcher de parler, là, mais simplement pour... Je lui ai
indiqué pour qu'il trouve de quoi qu'on parle, là. Je ne m'assois pas... Je n'assois
pas toutes mes questions sur un article de journal. Il est très bien, l'article
de journal, il est bien écrit, là, par Mme Lajoie, là... ou M. Lajoie, pardon.
Je n'ai aucun problème avec ça, là. C'était juste pour orienter le ministre.
Mais là, un coup qu'on est orientés, là...
M. Jolin-Barrette : Juste pour
compléter ma réponse...
M. Barrette : Je veux juste finir,
Mme la Présidente. Un coup qu'on est orientés, là...
M. Jolin-Barrette : Bien, c'était
mon temps de parole. C'est vous qui m'avez interrompu.
• (12 h 20) •
M. Barrette : Non, non, mais il va
pouvoir...
M. Jolin-Barrette : C'est moi qui
étais en train de parler.
M. Barrette : C'est juste pour qu'il
puisse me répondre précisément.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député de La Pinière...
M. Jolin-Barrette : C'est lui.
La Présidente (Mme Thériault) : ...le
ministre a raison. Il l'avait, la parole.
M. Barrette : Il a raison, hein? Ce
n'est pas grave. Je vais revenir.
La Présidente (Mme Thériault) : Vous
reviendrez. Il n'y a pas de problème.
M. Barrette : C'était juste pour
l'aider à me donner une réponse précise, ce qu'il ne fait pas souvent.
La Présidente (Mme Thériault) : Il
n'y a pas de problème. Les discussions sont assez cordiales. Le ton est bon ce
matin, là. Donc, M. le ministre, vous avez la parole. Continuez.
M.
Jolin-Barrette : Bien, j'aime ça quand le député de La Pinière veut
m'aider, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Thériault) : Il va vous aider après. Je suis convaincue qu'il
va vous offrir encore son aide.
M.
Jolin-Barrette : Je me sens bien outillé en sa compagnie. Je suis
sûr que je vais bénéficier de sa sollicitude.
Alors, dans l'article, ils disent
clairement : La nouvelle formation n'est pas, à ce jour... pas encore
reconnue par le ministère de l'Éducation.
Aucun diplôme officiel ne sera fourni. Donc... Et dans la Loi sur l'enseignement privé : «Le ministre peut, après consultation de la
commission, agréer aux fins de subventions un établissement
d'enseignement privé relativement à tout ou partie des services éducatifs
appartenant aux catégories visées [...] 1° à 4°, 7° et 8°...»
Donc, pour pouvoir faire en sorte qu'un tel
établissement soit agréé, la ministre doit le faire en vertu de la Loi sur
l'enseignement privé. Donc, le fait que ce centre de formation là reçoive une
forme... une aide financière du ministère du Travail ne fait pas
automatiquement en sorte que l'école est un établissement d'enseignement privé
agréé aux fins de subventions.
M. Barrette : Donc, dans l'esprit du
ministre, là, si je comprends bien, là, sa porte de sortie de ce mystère
administratif, c'est qu'il est dans les limbes. Il n'existe pas pour le
gouvernement, en tout cas, au sens de la loi n° 96.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas...
En fait, c'est en vertu de la Loi sur l'enseignement privé. Ce n'est pas un
établissement d'enseignement reconnu. Donc, si vous allez là, vous n'avez pas
de diplôme.
M. Barrette : O.K. Donc, ça a...
M. Jolin-Barrette : C'est des... Cet
organisme-là a proposé au ministère... de ma compréhension, là, a proposé au
ministère du Travail des formations qui sont non reconnues, puis le ministère
du Travail a financé des formations qui sont non reconnues en lien avec,
j'imagine, certains besoins du marché du travail.
M.
Barrette : C'est amusant, là, parce que... Mme la Présidente,
c'est amusant parce qu'on navigue dans toutes
sortes de concepts, là, et le concept principal dans lequel... sur lequel on
navigue, c'est celui de l'enseignement de niveau collégial. Et moi,
j'essaie... Je ne le connaissais pas, moi, cette affaire-là... je ne la
connaissais pas, cette affaire-là, Mme la Présidente, École 42, mais
clairement, là, ça donne de l'enseignement... Mais là je comprends que, pour le
ministre, le projet de loi n° 96, là, il ne s'applique pas à cette
école-là parce que l'enseignement n'est pas reconnu. C'est ça, là? Je comprends
bien?
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas un
établissement collégial. Ce n'est pas une formation qui est reconnue pour
obtenir un diplôme d'études collégiales.
Dans les articles dans lesquels on est
présentement, on vise le réseau collégial, donc les établissements qui sont
autorisés, en vertu du ministère de l'Enseignement supérieur, à émettre, à
produire un diplôme. Ceux qui sont des
collèges privés subventionnés au Québec, là, anglophones, vous avez le collège
Centennial, le collège Marianopolis, TAV également. Donc, ce n'est pas
dans la liste. Donc, il n'y a pas de désignation d'établissement parce que
c'est... Ils font des formations, mais ce n'est pas des formations collégiales,
ce n'est pas des attestations d'études collégiales. Le diplôme... Il n'y a pas
de diplôme de reconnu, là. Vous aussi, vous pouvez... vous pourriez vous partir
un centre de formation, si vous voulez.
M. Barrette : Alors, si je comprends
bien, là, Mme la Présidente, juste pour être certain de bien faire le tour de
la question, cet établissement-là, et s'il y en avait d'autres, il n'entre pas
dans le 12 %, il n'entre pas dans le 2 %, il n'entre pas dans ces pourcentages-là, là. Il est dans les limbes de
la loi n° 96, il n'est pas dedans. Pas une critique,
là. C'est juste une question que je pose.
M. Barrette : Bien, la réponse à
cette question-là, c'est non parce que ce n'est pas un établissement d'enseignement. Ce n'est pas un établissement
d'enseignement reconnu, ce n'est pas un établissement d'enseignement
public ni privé, donc c'est... il n'y a rien. Puis ce n'est même pas agréé au
sens de donner un diplôme. Ce n'est pas un privé-privé qui permet de donner un
diplôme d'études collégiales.
M. Barrette : Alors, je vais poser
une question, Mme la Présidente, qui pourrait faire plaisir au député de
Matane-Matapédia. Je ne sais pas s'il a la chance de pouvoir m'écouter
là-dessus. Le ministre, là, depuis le début, il insiste sur son projet de loi qui fait quelque chose qui n'est jamais
fait par son gouvernement et lui-même, le gouvernement duquel il fait
partie lui-même, parce que, le marché du travail, c'est en français que ça se
passe. C'est ça qu'il nous dit, là. Il nous dit ça à répétition. Et là on a,
là... puis avec conviction, même. Et là on constate, dans cette affaire-là de
Québec 42, que c'est le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale — on
va insister sur Travail et Emploi — qui subventionne une
formation donnée en anglais à des francophones, notamment. En tout cas, on peut
dire que, très probablement, l'École 42 au centre-ville de Québec, c'est
des francophones qui y vont. Il y a de fortes chances que ce soit une majorité.
Alors, au Québec,
c'est en français que ça se passe, mais le ministre du Travail va faire de
l'enseignement en anglais. Et, en plus, le ministre du Travail, lui, il dit,
parce que ça, c'est cité dans l'article : «Ça répond à un besoin concret du marché du travail.» Il n'y a-t-il pas là, Mme la
Présidente, un problème de cohérence? Ou peut-être que le problème de cohérence
explique pourquoi le ministre, comme dit le député de Matane-Matapédia, a dû
céder devant les pressions de ses collègues.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, vous savez, il y a différents types
d'organismes qui donnent des formations. Il y a notamment des formations en
alphabétisation qui ne sont pas des organismes qui sont dans le cadre des
plafonds d'études collégiales, des diplômes d'études collégiales. Alors, c'est
un organisme qui donne certaines formations. Puis
la Commission des partenaires du
marché du travail a recommandé, de ce
que je constate, d'attribuer un financement. Mais, pour l'objectif des articles que nous avons aujourd'hui, nous ce
qu'on vise, c'est les établissements d'études collégiaux.
M. Barrette :
Mais, Mme la Présidente, ne trouve-t-il pas incohérent que, lorsqu'on
dépose un projet de loi qui vise à franciser le milieu du travail, que l'État,
par son ministère du Travail, subventionne une formation donnée en anglais à
des francophones pour répondre à des besoins estimés du ministère du Travail?
Il me semble, Mme la Présidente, que l'un vient en opposition avec l'autre.
Le ministre peut bien
me dire : C'est des formations, ils ont le droit d'en donner. L'enjeu
n'est pas là. L'enjeu est : l'État le subventionne. N'y a-t-il pas là un
problème de cohérence comme dans cohérence?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, écoutez, très clairement, le projet de loi
n° 96 encadre les établissements d'études collégiaux. Et on va voir qu'il
y aura des dispositions, dans le projet loi, relativement aux contrats de
service qui sont donnés en termes
d'exemplarité de l'État. Donc, on constate qu'il y a une subvention qui a été
donnée à cet organisme-là par le ministère du Travail en lien avec la Commission
des partenaires du marché du travail.
M. Barrette :
Mme la Présidente, le ministre a établi deux conditions pour l'application
de sa loi, une que je n'avais pas
parfaitement saisie, qu'il nous a expliquée, établissement collégial reconnu,
agréé, et ainsi de suite, deuxième condition, qui reçoit des fonds
publics. Elles sont les deux, là... Elles ne sont pas... Elles sont plutôt
indissociables. Elles ne sont pas dissociables. Alors, je reviens avec ma
question : N'y a-t-il pas là un problème de cohérence?
Mme la Présidente, à
Montréal, là, que l'Institut Goethe donne des cours d'allemand, là, «big deal»,
là. Ce n'est pas au gouvernement d'aller jouer là. On s'entend-tu? Puis je
pense que le ministre va être d'accord. Mais, à partir du moment où il met,
lui, une condition pour faire partie du périmètre de sa loi, qui est le financement
public, dans un discours : Nous allons franciser le milieu du travail,
bien, il me semble que, là, c'est le ministère du Travail qui finance de
l'enseignement en anglais pour des francophones à Québec. Mettons qu'il y a
quelque chose qui ne marche pas, là. Point d'interrogation.
La Présidente
(Mme Thériault) : Bien, c'est une question. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, moi, on m'indique que la formation est en français.
M. Barrette :
...pas ça qui est dans ce journal.
M. Jolin-Barrette :
Je comprends, mais, selon mes sources, on me dit que la formation qui a été
financée par le ministère du Travail, c'est une formation qui est en français.
M. Barrette : Bien, alors donc, est-ce que le ministre est en
train de nous dire que le journaliste a botché son article?
• (12 h 30) •
M. Jolin-Barrette :
Non, pas du tout, mais ça mérite... parce que vous nous avez référés à cela. On
est en train de faire les vérifications, mais, selon les informations que je
dispose actuellement, c'est que la formation serait en français.
M. Barrette :
Étonnant, Mme la Présidente. Écoutez, c'est rare que les journalistes font de
telles erreurs. Bien, Mme la Présidente, moi, ce qu'on m'indique, là, c'est
qu'il y a les deux, en anglais et en français. Dans tous les cas, Mme la Présidente, nos informations soit
concordent partiellement ou totalement, mais il y a de l'enseignement en
anglais à des francophones, subventionné par l'État québécois qui tient un
discours de marché du travail en français.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, juste apporter une nuance un peu. Puis, en fait, dans l'article,
là, du Soleil, ce n'est pas écrit que c'est en anglais. Donc, c'est
indiqué où, dans l'article, que c'est en anglais?
M. Barrette : Je ne l'ai pas... Je n'ai pas la référence exacte, là, mais c'est ce
que l'on me donne. Ceci étant dit...
M. Jolin-Barrette :
Mais attendons. Attendons, je n'ai pas terminé. Je n'ai pas terminé.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Oui. Non, non,
non. Donc, écoutez, heure du jour... installés derrière leurs écrans... un
programme d'enseignement basé sur l'apprentissage... sans prérequis de diplôme
nécessaire... les étudiants devront démontrer et récolter des points... en
moyenne... de ce financement...
M. Barrette : Mme la
Présidente, j'ai un complément d'information qui va faire plaisir au ministre.
J'ai ici... Mme la Présidente, on me donne ça, là. Je ne l'avais pas vu, là. Je
remercie les gens de mon équipe pour leur vigilance et leur rapidité de
réaction. L'école 42 fournit... On voit ça sur les sites Internet, là,
FAQ, hein? D'ailleurs, FAQ, c'est un anglicisme, Mme la Présidente. Alors, dans
cette affaire-là, Mme la Présidente, dans les questions posées fréquemment, alors
il y a ici : Puis-je suivre la formation en anglais? Réponse : Oui,
le parcours académique de 42 est dispensé en anglais et en français. FAQ, ça,
c'est pour le titre qui est en anglais. Et puis la réponse...
M. Jolin-Barrette : Foire aux
questions.
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est foire aux questions...
M. Jolin-Barrette : Foire aux
questions.
M. Barrette : Vous avez raison,
ça peut se dire comme ça.
M. Jolin-Barrette : Mais je
veux juste vous dire, Mme la Présidente, que le député de La Pinière nous a
référés à l'article puis il a dit : Il est écrit que la formation est en
anglais. Je viens de lire rapidement l'article, et il n'est pas écrit que c'est
en anglais dans l'article.
Alors là, Mme la Présidente, quand le député de
La Pinière dit : Ah! vous mettez en doute l'intégrité du travail
journalistique, ta, ta, ta, alors que lui-même, dans son rôle de député, n'a
même pas pris la peine de lire l'article pour voir qu'il était écrit dedans,
comment on appelle ça? Il y a quelqu'un qui a déjà dit, Mme la
Présidente : rigueur, rigueur, rigueur. Je pense que ça s'applique, Mme la
Présidente. Au-delà, là, de la discussion intéressante que nous avons, faisons
nos travaux sérieusement.
M. Barrette : Mme la Présidente,
dans la piscine de documents que j'ai devant moi, bon, il se peut que j'aie mis la main dans la mauvaise place. Mais il n'en
reste pas moins que, dans ladite piscine, l'information est là. Et avant
que le ministre ne se noie en conjectures, est-ce qu'il peut me répondre si
c'est cohérent que le gouvernement donne du financement à une école, l'école
qui va donner de la formation, maintenant que c'est établi...
M. Jolin-Barrette : ...reconnue.
M. Barrette : O.K., l'argent
qui est donné, là, c'est-tu du vrai argent? Il est-tu public?
M. Jolin-Barrette : Ce qu'il
est important de faire, c'est de faire les vérifications nécessaires, ce que je
vais faire sur l'heure du dîner. Notamment, vous dites : Est-ce que la
formation peut être suivie en français et en anglais? On va vérifier à quelle fin est destinée la subvention. Donc, on va
aller rigoureusement vérifier toutes les informations. Je comprends qu'à
ce stade-ci ce sont des allégations du député de La Pinière. Alors, on va...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
comme ça qu'on appelle ça, des informations qui ne sont pas encore prouvées. Ça
s'appelle une allégation avant de devenir un fait, si c'est prouvé et démontré.
Document déposé
M. Barrette : Mme la Présidente,
est-ce que vous souhaitez que je dépose la copie? Je vais déposer la...
La Présidente (Mme Thériault) : Vous
pouvez le déposer. Ça va aider la réflexion du ministre au niveau des
recherches aussi, j'imagine.
M. Barrette : Voilà. On va déposer
la copie de la page de l'école, surlignée, qui dit... Voilà, M. le ministre, la
question a été posée...
La Présidente (Mme Thériault) : Je
vais demander, M. le député de La Pinière, à votre recherchiste de la faire
parvenir par courriel au secrétariat de la commission. Comme ça, on pourra en
prendre connaissance, et ça sera versé au site Greffier pour... comme étant un
document reçu pour la commission.
M. Barrette :
Donc, en attendant que tout ça circule, je vais quand même poser une ou deux
questions additionnelles. Comme ce n'est pas une école reconnue par le
ministère de l'Éducation, donc, je conclus que les gens qui tirent... qui reçoivent là une formation ne sont pas assujettis à
des épreuves uniformes de français, ce genre de choses là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, comme je
l'ai dit préalablement, ce n'est pas une formation qui est reconnue. Il n'y a
pas de diplôme à la clé dans le cadre de cette formation-là. L'épreuve uniforme
de français est rattachée au diplôme d'études collégiales. Là, on est dans un
établissement non agréé qui n'est pas subventionné en vertu des règles qui sont
prévues à la loi qui couvre les collèges d'enseignement. Donc, c'est
privé-privé. Ce n'est pas une formation... il n'y a pas de diplôme, là, à la
clé.
M. Barrette : C'est correct. Et, si
je comprends bien, Mme la Présidente, cette formation... Bien, en fait,
peut-être que je comprends mal, parce que je vais en faire une question. Cet
argent-là public dépensé pour de la formation... La formation, c'est quand même
de l'enseignement, là, même si, dans l'esprit du ministre, ce n'est pas reconnu
puis peut-être que, dans les faits, effectivement, ça ne l'est pas, il y a...
M. Jolin-Barrette : ...
M. Barrette : Bien là, je n'ai pas
fini ma question, là, Mme la Présidente. Je vais finir ma question.
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y.
M. Barrette : Alors, il n'y aura pas
non plus de reddition de comptes? L'État subventionne une formation en anglais
à des francophones, sans reddition de comptes?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
on va faire les vérifications, notamment à savoir de quelle façon est octroyée
la subvention, quelle est l'entente intervenue entre l'État québécois et cet
organisme-là, puis je vais pouvoir vous répondre de façon plus approfondie
après la pause du dîner.
M. Barrette : O.K. Alors, c'est très
intéressant, les échanges qu'on a, Mme la Présidente, parce que ça vient
clarifier toutes sortes d'affaires. Ça veut dire, là, que le ministre nous dit,
là, que le français, c'est la langue commune au Québec, que le français, avec
la loi n° 96, va devenir la langue du travail au
Québec. Quand il nous dit, là... parce qu'il nous dit ça, aussi : Le
français, c'est la langue de l'enseignement au Québec, bon, bien, ça, c'est
vrai partiellement, ce n'est pas un mur-à-mur, alors il y a plein de
circonstances où on peut passer à côté.
Hier, je disais ça au ministre, puis il n'aimait
pas ça, je pense, mais, si je comprends bien, là, il y a des manières de passer
à côté qui sont autorisées par l'État, puisque ça, c'en est un bel exemple. Et
puis je pourrais même aller jusqu'à dire qu'on va pouvoir, au Québec, continuer
à se payer une voie d'évitement. Il n'aime pas ça, quand je dis ça, mais c'est
ça.
Le ministre nous dit : On va restreindre
l'accès, par exemple, aux cégeps francophones — peut-être qu'il ne le dit pas
comme ça, mais sûrement qu'il le pense comme ça — mais, à certaines
conditions que je qualifierai de pécuniaires, on va pouvoir le faire. Moi, je
trouve qu'il y a un problème de cohérence là-dedans, dans l'esprit du ministre,
pas dans notre esprit à nous autres. Mais, Mme la Présidente, je vais attendre
patiemment les explications du ministre, qui
vont nous arriver après la pause. Et je crois comprendre que ma collègue
souhaite, après, prendre la parole.
La Présidente (Mme Thériault) :
...le ministre qui veut intervenir. Oui, merci, M. le député. J'ai le ministre
qui veut intervenir avant.
M. Jolin-Barrette : Juste un point
rapide, là, là-dessus, là. Dans le projet de loi, j'ai toujours été clair que
la langue normale des études, au niveau
collégial doit être et doit demeurer le français. Alors, c'est pour ça qu'on
met les balises en lien avec cette
section-là, donc, qui mène à l'obtention d'un diplôme d'études collégiales.
C'est ce dont on parle.
Le député de La Pinière, ce qu'il fait, c'est
qu'il va sur un autre sujet qui n'est pas visé par l'objectif des dispositions
sur lesquelles... desquelles on étudie. Puis l'autre élément également, c'est
qu'on a conçu le projet de loi de cette façon-là dans l'objectif également de
respecter les établissements de la communauté anglophone et de faire en sorte
de les indiquer très clairement.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député, allez-y.
M. Barrette :
...choix, avant de laisser la parole à ma collègue, Mme la Présidente, de
revenir sur ce que le ministre vient de dire : financé par le public. Là,
on se retrouve avec deux conditions : reconnu, financé par le public. Là,
on a un cas important qui a peut-être une seule des deux conditions pour le
moment. Peut-être que ça va changer en revenant de la pause. Mais la condition
«financé par le public», ce n'est pas une condition banale, à prendre à la légère. D'autant plus qu'on parle de quoi, ici?, de
formation, de marché du travail, dans le cadre d'une loi qui met les deux
ensemble, hein, comme objectif de franciser le marché du travail. Alors, voilà.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, vous avez
2 min 45 s qui restent à votre temps.
• (12 h 40) •
Mme David :
Oui. Je veux juste donner de l'inspiration au ministre pendant sa recherche. Le
site Web de l'école dit bien qu'il y a une formation informatique de trois ans,
là, pas trois jours, trois ans, pour accéder à une foule de métiers liés au
numérique. Et là on est à Québec puis on est en anglais.
Alors, moi, ce que je
veux savoir, c'est le rôle de la CPMT par rapport au ministère de
l'Enseignement supérieur — j'en
aurais très long à dire là-dessus — qui décide qui va avoir des
bourses Perspective Québec, qui... les étudiants vont être payés ou pas. Mais,
en plus, la CPMT finance des formations paracollégiales, littéralement, en
dehors du système, et qui peuvent durer jusqu'à trois ans, et qui sont en
anglais ou en français, qui se passent à Québec, et qui donnent une formation
numérique qui donne accès à une foule de métiers.
Ça, si ce n'est pas,
comme dit mon collègue, contourner le système, je ne sais pas ce que ça prend.
Ça, ça veut dire que... bienvenue, CPMT va donner de l'argent à plein de
formations comme ça, puis là le ministre, avec la loi n° 96,
bien, il va se retrouver avec les officiels qui sont agréés puis tous les
autres qui ne sont pas agréés, qui vont donner de la formation, qui peuvent
durer jusqu'à trois ans. Ce n'est pas rien, là, on n'est pas à trois jours,
petite formation de fin de semaine... et qui vont aller allègrement dans tous
les métiers très en demande, comme les technologies de l'information, dont on
est si friands au Québec.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, comme je vous dis, les vérifications
vont être faites, mais les dispositions que
l'on étudie présentement, c'est pour le réseau collégial, ce n'est pas pour des
organismes qui offrent de la formation x, y, z. Alors, je comprends que
cet organisme-là a reçu une subvention. Je sais qu'il y a pas mal de
partenaires également qui mettent de l'argent là-dedans. Mais il n'en demeure
pas moins que la langue de travail, c'est le français, puis ça doit être le
français. Puis il n'y a pas de diplôme associé à ça, à la clé.
Mme David :
Bien, il est même dit que ça va être facile, après, ils auront juste à faire de
la reconnaissance d'acquis à partir de ça pour avoir un diplôme. Alors, je vous
le dis que c'est une pente qui peut être glissante et linguistiquement, et
financièrement, et après sur la reconnaissance d'acquis. Alors, ça, ça
s'appelle un système parallèle au collégial. Donc, vous avez peut-être le
pouvoir sur certaines choses, mais le ministre de l'Emploi a le pouvoir sur
plein d'autres choses. J'ai hâte aux vérifications.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, moi aussi. Est-ce qu'on peut voter 88.0.1?
La Présidente (Mme
Thériault) : Si je n'ai pas d'autres interventions, nous pouvons
passer au vote. Votre... Non, on ne le vote pas, on ne vote pas les articles
introduits, on va voter à la fin, M. le ministre. On passe tout simplement à
l'autre article, lorsqu'on a terminé. Est-ce que ça va? La discussion est faite
ou vous m'avez demandé la parole? Vous m'avez demandé la parole? O.K., allez-y,
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Bon, question de précision sur l'article. Au deuxième paragraphe : «Tout
établissement offrant un tel enseignement
est francophone, sauf lorsqu'il est désigné comme établissement anglophone par
le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science
et de la Technologie et par le ministre de la Langue
française.» Précision. Le ministre nous a confirmé, on l'a revu, que ces
établissements sont identifiés dans l'annexe.
Alors,
est-ce qu'on peut comprendre la portée, le raisonnement derrière l'inclusion de
ce deuxième paragraphe? Est-ce que c'est advenant un nouvel
établissement? C'est quoi qui est opérationnalisé par ce deuxième paragraphe?
Voilà. Merci.
La Présidente (Mme
Thériault) : Une réponse au retour, M. le député de D'Arcy-McGee,
puisque, compte tenu de l'heure, je dois suspendre les travaux. Et je vous
souhaite bon appétit. Et je vous rappelle en même temps qu'il y a un caucus
dans cette salle, donc merci de libérer promptement.
(Suspension de la séance à
12 h 45)
(Reprise à 15 h 13)
La Présidente (Mme
Thériault) : Votre attention! À l'ordre, s'il vous plaît, collègues!
Donc, la Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du
Québec, le français.
Lors
de la suspension de nos travaux, nous en étions à l'étude de l'article 18...
non, excusez-moi, 88.0.01, qui est à l'article 58 du projet de loi. Je vais...
Avant de passer la parole, le ministre avait des vérifications à faire. Il les
a faites. Donc, avant de lui passer la
parole, je vais tout simplement mentionner que le document qui nous a été...
dont le député de La Pinière avait, on a eu le consentement, il est
présentement sur le site Greffier. Donc, les parlementaires en ont accès, et
les gens qui suivent nos travaux pourront avoir accès plus tard, à la fin de la
journée.
Donc, cette mise au
point étant faite, M. le ministre, pour les informations que vous avez été
chercher pendant la pause.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors, aux questions du député de La Pinière, dans le fond, le
quartier 42 ou... l'organisme qui s'appelle 42, là, c'est un concept qui
est inspiré de la France, a démarré en France, cette organisation-là, et il y a
eu un démarrage ici, au Québec, d'où la subvention de 5 millions de
dollars.
Donc, dans le cadre
de cet organisme-là, il n'y a pas d'enseignement qui est donné. Il y a deux
ressources, deux personnes qui sont là pour
accompagner les personnes qui reçoivent la formation, et les deux personnes qui
donnent la formation, si je peux dire, ou qui accompagnent au niveau de la
formation, ce sont deux unilingues francophones, donc les deux personnes qui
sont au studio 42.
Les personnes qui
suivent la formation là, c'est de l'apprentissage avec les pairs, dans le fond,
puis il n'y a pas de cours magistraux qui sont donnés. Le matériel est en
français... En fait, en France, le matériel est en anglais et le matériel est
traduit ici. Donc, l'étudiant a le matériel didactique en français. Donc, on le
traduit pour le Québec, et ça se passe en français.
Pour le matériel,
l'étudiant peut avoir accès aux documents en français. Également, le matériel,
l'aide pédagogique, les interactions entre les participants sont en français.
Les deux coordonnateurs pédagogiques sont unilingues francophones et... par
contre, l'étudiant, s'il souhaite avoir le matériel didactique dans une autre
langue, il peut l'avoir dans une autre langue. Et c'est ça, il décide de
télécharger dans la langue de son choix le matériel didactique. Donc, ça se
passe en français.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. le ministre, pour votre précision.
Est-ce que j'ai, j'imagine, M. le député de La Pinière? Oui, attendez.
M. Jolin-Barrette : Pour plus de précisions également, là, la subvention sert à payer les
licences d'utilisation de la méthode 42, le personnel
d'accompagnement en français et les frais administratifs pour opérer 42 Québec
au Québec. Donc, ça se passe en français.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Je ne sais pas si vous avez remarqué, là, mais disons que, dans tout ce
que le ministre a dit, il y avait une certaine confusion, là. On est
passé de : Il n'y a pas d'enseignement, il n'y a pas de formation, mais il
y a un accompagnateur, à : Il y a une formation.
Je vais revenir à
l'article du Soleil puis je vais dire ce qui est écrit, là, dans
l'article, là. Alors, il y a un projet pilote puis il va y avoir une
évaluation, et c'est marqué, là : «Le financement est conditionnel à la
mise en place d'un observatoire du projet afin — je cite — "d'évaluer
ses retombées réelles dans la réalité québécoise et d'évaluer la possibilité
pour les étudiants d'obtenir une reconnaissance des acquis et des compétences
avec des établissements d'enseignement postsecondaire reconnus", selon le
gouvernement. La nouvelle formation n'est, à ce jour, pas encore reconnue», et
ainsi de suite. Ça, c'est du monde financé, là, qui se voie, à un moment donné,
siglé dans un cours reconnu d'un cégep. C'est ça qui est écrit là, là.
M.
Jolin-Barrette : C'est écrit... Ce n'est pas ça qui est écrit.
M. Barrette :
Je ne dis pas que c'est ça maintenant, Mme la Présidente.
M.
Jolin-Barrette : Ce n'est pas ça qui est écrit. Ce n'est pas ça
l'article.
La Présidente (Mme
Thériault) : Ça ne sera pas long. M. le ministre, ça ne sera pas long.
On va laisser compléter...
M.
Jolin-Barrette : Il cite un article puis il ne cite pas l'article en
disant ce qui est écrit.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre, c'est le...
M. Jolin-Barrette :
Il dit : C'est ça que ça veut dire.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre, vous n'avez pas la parole.
M.
Jolin-Barrette : Ça m'induit en erreur, Mme la Présidente. Ce n'est
pas permis.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre, vous aurez l'occasion de corriger les propos du député. Pour le
moment...
Tout à l'heure, vous aviez la parole, puis j'ai
dit au collège que vous avez la parole. Je ne veux pas vous interpeler, donc je vais laisser le député de La
Pinière terminer. D'abord, de toute façon, il ne vous reste pas beaucoup
de temps, puis, par la suite, le ministre corrigera les propos.
M. Barrette : ...combien de temps,
Mme la Présidente, là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Pardon?
M. Barrette : Combien il me reste de
temps?
La Présidente (Mme Thériault) : Il
vous reste à peu près 2 min 30 s. Je vous dis ça à peu près, là.
On est dans ces eaux-là.
M. Barrette : Je lui ai lu l'article
de journal. Bon, parce que je n'ai pas beaucoup de temps, je vais lui poser une question bien simple, là : Est-ce qu'il
souhaite fermer la porte à ce genre de parcours là pour le futur? Si la
réponse est oui, est-ce qu'il a l'intention de mettre un amendement dans son
projet de loi, puis je ne sais pas où, il peut me dire où, pour fermer la porte
à ça? Est-ce que c'est son intention?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, la réponse
à cette question-là, Mme la Présidente, c'est : Est-ce qu'on va empêcher d'autres types de formation que des
formations collégiales accréditées par le ou la ministre de l'Enseignement supérieur? La réponse à ça, c'est non. Les gens ont le droit de suivre des
formations qu'ils souhaitent suivre, de formation... Pardon?
Mme David : ...c'est bien.
M. Jolin-Barrette : Non, non, ce
n'est pas une formation collégiale, c'est ça.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Non, je m'excuse. Je m'excuse, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys...
Mme David : Je m'excuse, je
m'excuse, je m'excuse.
La
Présidente (Mme Thériault) :
...je suis obligé de vous dire la même chose que je viens de dire au
ministre. Le ministre a la parole.
Mme David : Mais j'entendais des
choses fausses comme j'ai entendu tout à l'heure.
La Présidente (Mme Thériault) :
Non... Oui, mais le ministre a la parole. Vous avez du temps. Il n'y a pas de
problème. Si vous voulez parler, vous me faites signe, puis je vais vous donner
la parole. J'ai fait la même chose au ministre, là. J'essaie d'être conséquente
avec moi-même. Si tout le monde parle chacun son tour, ça va être beaucoup plus
convivial pour nos travaux. Enfin, il ne faut pas s'interpeler, s'il vous
plaît.
M. le ministre, vous avez la parole. Continuez.
• (15 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Alors, ce n'est
pas une formation collégiale, ce n'est pas une formation universitaire. La
question du député de La Pinière, c'est : Est-ce que vous souhaitez
interdire ce genre de formation là, le fait que les gens aient du matériel pédagogique traduit en français puis qu'ils
puissent faire un apprentissage? Non, on n'interdira pas le fait que les
gens acquièrent certaines connaissances puis qu'il y a un apprentissage.
Honnêtement, et vous l'avez dit dans l'article, il n'y a pas de diplôme à la
clé.
Alors, je comprends que le député de La Pinière
voudrait interdire tout type de formation, mais c'est un concept inspiré de la France qui a été incorporé
ici. C'est pour démarrer le studio 42, la méthode 42 avec la Commission
des partenaires du marché du travail. Et les coordonnateurs pédagogiques sont
unilingues francophones, le matériel pédagogique est en français, puis, en
plus, on me dit que le projet est en nomination pour le plus beau projet
franco-canadien de la Chambre de commerce France-Canada.
Donc, on est vraiment loin des questions, avec
le député de La Pinière, sur... le chapitre sur l'enseignement collégial puis
les programmes de D.E.C. prévus à l'article 88.0.6.
M.
Barrette : Mme la
Présidente, j'aurai un amendement à déposer parce que j'ai l'intention de vider
le sujet. Et je vous demanderais de
suspendre. Ce ne sera pas très long puis ça ne sera pas un amendement très
compliqué à déposer.
La
Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. Je vais suspendre quelques instants, le temps de préparer
l'amendement.
(Suspension de la séance à 15 h 21)
(Reprise à 15 h 29)
La Présidente (Mme Thériault) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons poursuivre nos travaux. M. le
député de La Pinière, votre amendement est sur Greffier, donc les collègues
peuvent en prendre connaissance. Est-ce que vous voulez nous en faire la
lecture, s'il vous plaît?
• (15 h 30) •
M. Barrette : Avec plaisir, Mme la
Présidente. Alors, article 58 : L'article 88.0.1 de la Charte de
la langue française introduit par l'article 58 du projet de loi est
modifié par l'ajout, dans le premier alinéa, des mots «recevant des fonds
publics» après le mot «collégial».
Alors, Mme la Présidente, l'article se lirait
ainsi :
«Les établissements offrant l'enseignement...»
Je m'excuse. «Les établissements — et il y a une coquille, Mme la
Présidente, là, il manque un "s", voulez-vous me pardonner — offrant
l'enseignement collégial recevant des fonds
publics, à l'exception des établissements privés non agréés aux fins de
subventions et des établissements qui sont des organismes
gouvernementaux au sens de l'annexe I, ainsi que les établissements
d'enseignement universitaire visés aux paragraphes 1° à 11° de l'article 1
de la Loi sur les établissements d'enseignement de niveau universitaire
(chapitre E-14.1) appartiennent à une seule des catégories
suivantes : francophone ou anglophone.».
Alors, Mme la Présidente, ici, il y aura une
intention pour nous de clarifier la situation, essentiellement selon les paramètres que j'ai exprimés à date. Alors,
ici, Mme la Présidente, à un moment donné, il va falloir que le
gouvernement prenne une position ou le ministre prenne une position. Ils sont
où, ces établissements-là, là?
Et là, Mme la Présidente, je sais tout de suite
ce que le ministre va nous dire. Alors, je vais répondre tout de suite à cet
argumentaire-là. Il va nous dire : Ce n'est pas un établissement collégial
au sens de la loi. O.K. Mme la Présidente, là, il va falloir qu'il nous
explique pourquoi, au ministère du Travail, là, pourquoi on liste parmi... pourquoi on met cet établissement-là? On le met
parmi 174 institutions. Vous allez me dire que c'est un
établissement parmi 174, mais on le met dans la catégorie «formation
collégiale». Alors, je veux simplement, Mme la Présidente, encore une fois,
insister sur l'incohérence que je vais qualifier de gouvernementale. Le
ministre nous dit une chose dans le ministère de l'Éducation, le ministère du
Travail, lui, en dit une autre. Commençons donc par clarifier ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le député de La Pinière. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, juste sur
l'amendement député par le déposé de La Pinière, là, ça amène une contradiction
avec l'objectif de l'amendement... avec l'objectif de l'article, là. Dans le
fond, un établissement non agréé aux fins de
subvention, c'est du ministre de l'Enseignement
supérieur. Donc, le débat, là, il est
sur les établissements collégiaux, il
n'est pas sur d'autres types d'établissements Le débat, présentement, il est
sur les établissements collégiaux reconnus. Il n'est pas sur les autres
types d'établissements. Et là, dans cette situation-là, c'est en français et le
matériel pédagogique qui est également en français. Donc, on ne parle pas
d'établissement collégial, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député.
M.
Barrette : Mme la Présidente,
le ministre nous dit qu'on ne parle pas... Je n'ai pas compris son
argumentaire. On ne parle pas d'établissement collégial parce que le matériel
pédagogique est en français? J'ai dû mal comprendre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. À
l'école 42, là, les formateurs sont unilingues francophones, le matériel
pédagogique est disponible en français. Ça se
passe en français, là, puis ce n'est pas une école qui est régie, ce n'est pas réglementé, c'est privé-privé. Puis ce n'est
pas... Vous n'avez pas de diplôme, là, à la fin, là. Ce n'est pas
reconnu par le ministère de l'Enseignement supérieur, là. Vous n'avez pas de
D.E.C. quand vous sortez de là. Vous n'avez pas de A.E.C. quand vous sortez de
là.
M. Barrette : Bon, je vais le
répéter, Mme la Présidente, là. Je l'ai dit ce matin, je l'ai déposé. Dans la
foire aux questions, hein, il est clairement indiqué que l'individu peut faire
sa formation en anglais. S'il peut la faire en anglais, O.K., c'est qu'il y a
du matériel en anglais. S'il peut le faire en anglais, c'est très probable
qu'il y ait du personnel pédagogique qui est anglophone. C'est écrit dans leurs
documents. Je les ai déposés.
Et tantôt le ministre me reprochait d'avoir mal
lu l'article du Soleil, là, mais je veux bien, là, mais j'imagine qu'il
a eu le temps de le regarder, là. Et, dans l'article du Soleil, c'est
clairement indiqué, Mme la Présidente, que leur
souhait, à cette organisation-là, c'est d'être reconnue, d'avoir une
attestation quelconque. Regardez, je vais répéter, là, «une reconnaissance
des acquis et des compétences». Atteindre... Obtenir des acquis et des
compétences, là, c'est de la formation. Et une reconnaissance, c'est une forme
quelconque de diplôme, d'attestation, peu importe. Il y a un papier et, le
papier, il faut qu'il soit reconnu, validé par l'État.
Et il se trouve que le ministère du
Travail, là, qui, lui, a une bonne intention, qui essaie de rattraper le monde,
particulièrement les décrocheurs, en leur donnant une liste de diverses
formations reconnues dans le réseau collégial et
universitaire, bien, ils mettent cet établissement-là eux-mêmes dans les
établissements reconnus de niveau collégial. Là, il y a une incohérence
à sa face même.
Alors, nous, là, on
voit des gens qui veulent arriver à cette destination-là, qui sont appuyés par
l'État... Et je rappelle au ministre qu'il a dû le voir, quand il a pris la
documentation en compte. Il y avait deux autres ministres qui étaient là, Mme
la Présidente, si j'ai bien compris. Il y avait... En fait, il y avait deux ministres
qui étaient là à une occasion,
le Travail et le ministre responsable de la transformation... le ministre
délégué à la Transformation numérique, où tout le monde était bien
content d'être là, là. Alors, ça, là, si ce n'est pas clairement un chemin vers
une attestation dans notre système, c'est quoi? Je ne vois pas, là, comment le
ministère du Travail va regarder ça. Je ne le vois pas.
Alors là, moi, ce que
je demande au ministre, c'est, un, de clarifier la situation : On s'en va
où avec ça? Veut-il le maintenir? Veut-il le développer? Je vais en poser une
autre, question, simple : Des comme ça, il y en a combien? Il y en a combien? Ça, ça m'apparaît être... Et j'ai emprunté la
formule que ma collègue la députée de Marguerite-Bourgeoys a déjà
utilisée : Est-ce que ça va devenir la voie royale de contournement de la
loi n° 96?
Mme la Présidente,
qu'on ne me réponde pas : Aujourd'hui, c'est de même, rassurez-vous, M. le
député. Les intentions de l'organisation sont clairement exprimées ici. Il y a
un problème de cohérence dans cette situation-là. Qu'en est-il? Et il veut
faire quoi?
Je vais le répéter,
s'il veut le laisser, c'est son choix, il est majoritaire. S'il veut le fermer,
c'est son choix aussi. Alors, qu'il fasse un
amendement ou qu'il nous propose un amendement, qu'il nous dise là où il va le
mettre. C'est quoi qu'il va faire? C'est une réalité, ça. Et qu'on
arrête de nous dire qu'il n'y a rien en anglais, là, ce n'est pas vrai. Ce
n'est juste pas vrai.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, est-ce que le député de La
Pinière, à l'époque où il faisait son cours de médecine, a eu à avoir recours à
du matériel pédagogique en langue anglaise?
M. Barrette :
Mme la Présidente, je vais y répondre. Je n'aime pas ça, ces questions-là,
parce que je trouve ça inapproprié, mais je vais y répondre...
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est tout à fait approprié.
M. Barrette :
...mais je vais y répondre, Mme la Présidente. Il n'y avait pas de
ministre, quand j'ai fait mon cours de médecine, qui était là avec une
loi n° 96. «Irrelevant.»
M. Jolin-Barrette :
Est-ce que le député de La Pinière croit que, dans tous les cas, là,
lorsqu'il va y avoir de la formation dans les établissements collégiaux et
universitaires, on va pouvoir empêcher d'avoir des ouvrages de référence dans
une autre langue que le français? Ah! il faut favoriser le recours au matériel
pédagogique en français. Mais est-ce qu'il croit que, dans tous les programmes,
il est possible d'avoir recours à des ouvrages de référence uniquement en
langue française?
M. Barrette :
Alors là, Mme la Présidente, ça, c'est une question à laquelle le ministre
doit répondre lui-même. Ce n'est pas à nous. Il fait un projet de loi pour que
l'enseignement se fasse en français. Il est, à mon avis, implicite que le
matériel pédagogique est en français. Et je vais lui renvoyer la balle. S'il
advenait qu'un cégep fournisse un matériel pédagogique exclusivement en
anglais, est-ce que ça serait acceptable pour le ministre?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Alors, voyez-vous comment le député de La Pinière ne veut pas répondre à ma
question? Alors, les articles qu'on étudie présentement, là, ça vise la langue
de l'enseignement au collégial, pas dans tout le reste des formations qui sont
données dans la société. Puis ça, je pense que vous en êtes bien conscient.
Vous en êtes bien conscient que ça touche la langue du collégial. Puis là vous
m'emmenez complètement à un autre sujet qui n'a pas de lien avec la formation
au niveau du D.E.C. On vient, à l'article 88.0.1, classifier les
établissements d'enseignement publics au
niveau collégial et privés subventionnés, prévus par la loi avec l'agrément, en
deux catégories : anglophone, francophone. C'est de ça dont on
discute.
Vous, vous parlez
d'autre chose qui n'est pas dans le périmètre de la loi, qui n'est pas sur le
débat, sur la question des cégeps. Ce n'est pas un établissement collégial, le
lieu de formation dont vous me faites référence. Puis pire que ça, vous
dites : C'est en anglais. Ce n'est pas en anglais. Les coordonnateurs
académiques sont unilingues francophones. Il y a du matériel pédagogique en
français. Puis c'est indiqué également, ils peuvent avoir le matériel pédagogique dans autre langue, s'ils le
souhaitent, mais ça se passe en français. Puis ce n'est pas un enseignement,
c'est un apprentissage par les pairs. Ce
n'est pas dans un cégep, là. Je ne peux pas être plus clair que ça, là. Ce
n'est pas collégial.
• (15 h 40) •
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, je reviens à ma question. C'est plutôt le ministre
qui n'aborde pas la question. Non seulement il n'aborde pas le sujet, il ne
répond pas aux questions qu'on pose. Moi, quand on me pose des questions, là,
je ne fais pas partie, là... Ce n'est pas mon projet de loi, là. Il ne peut pas
me reprocher de ne pas répondre à ses questions, franchement, là.
Alors, Mme la
Présidente...
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est vrai, c'est une discussion.
La Présidente (Mme Thériault) : Non,
mais vous avez une discussion quand je vous reconnais, mais là, présentement,
c'est le député de La Pinière qui a la parole. Je viens de reprendre le cinq
minutes de la députée de Marguerite-Bourgeoys parce
qu'elle vous a interrompu. C'est correct. On va juste prendre chacun son temps,
puis la personne que j'ai reconnue, c'est elle qui a la parole. Puis, si vous
voulez répliquer après, M. le ministre...
M. Jolin-Barrette : C'est correct.
La Présidente (Mme Thériault) :
...bien, je vous reconnaîtrai, ça va me faire plaisir.
M. Jolin-Barrette : Je constate
qu'ils prennent tout leur temps, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Bien, il n'y a pas de problème. C'est le rôle des parlementaires. Allez-y, M.
le député.
M. Barrette : Alors, il y a là une
formation. Les responsables de ladite formation disent que ça peut se faire en anglais. Alors, à un moment donné, il faudrait
arrêter de nier les faits. Et ensuite ces gens-là visent à ce qu'ils
soient officiellement reconnus. Bon. Et aujourd'hui, au moment où on se parle,
ils reçoivent de l'argent public pour ce qui est clairement une formation.
Et on est dans un projet de loi, un projet de
loi où on classe ces établissements-là, ces situations-là, en francophone et
anglophone. Juste là-dessus, là, le ministre, est-ce qu'il va nous dire s'il a
l'intention de les classer? Est-ce qu'il a l'intention de les amener à une
certification officielle, un diplôme? Mais surtout, Mme la Présidente, surtout, il y en a-tu d'autres, des comme ça,
ailleurs dans la société? Y a-t-il d'autres formations de ce type-là qui
reçoivent des millions, des milliers ou des
millions de dollars? Est-ce qu'il y en a d'autres? Avons-nous levé le voile sur
un problème qui est beaucoup plus grand que celui qui n'y paraît dans ce
seul exemple-là? C'est clair qu'il ne l'avait pas vu ni prévu. Il est là, là. On a trouvé ça. On n'a plus besoin de chercher,
là. C'est un article d'il y a deux mois. Alors, on fait quoi? C'est ça
qu'on veut savoir.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, le député de La Pinière n'est pas dans la
bonne section. On parle du collégial. Il n'y a pas de diplôme associé à
cette école-là. Je comprends que, Mme la Présidente, le député de La Pinière
pensait être bien fier de son coup puis
dire : Ah! Ha! j'ai trouvé quelque chose. C'est ça, votre prétention, là,
alors que ce n'est pas le cas.
Alors, Mme la Présidente, si le député de La
Pinière veut introduire une nouvelle section, qu'il fasse un amendement à
l'endroit approprié, mais là on parle des établissements collégiaux.
M. Barrette : Pour ce qui est des
«ah, ha», Mme la Présidente, je laisse le député de Matane-Matapédia faire
preuve de cruauté intellectuelle, lui, à nouveau, parce qu'on sait ce qui
touche le ministre, on l'a vu hier.
Pour le reste, non, je n'ai pas ici la
prétention d'avoir trouvé quelque chose. On a vu quelque chose, Mme la
Présidente, et on demande au ministre de clarifier. Et, en réponse, on a des
effets de toge bien... on ne le dira pas, Mme
la Présidente. C'est d'un autre âge, on va dire ça, donc moins 50 ans par
rapport à moi... non, même pas, moins 60.
Mme la Présidente, je pense que ma collègue
aimerait avoir la parole. Je vais la lui laisser.
La Présidente (Mme Thériault) : Est-ce
que...
M. Jolin-Barrette : Question de
règlement. Je ne comprends pas les propos du plaignant. J'aimerais qu'il les
précise pour les membres de la commission. Il a fait référence à hier. Je ne
sais pas à quoi il fait référence. Il fait référence
à des histoires de 50 ans, 60 ans. Je voudrais juste savoir. J'ai de la
difficulté à comprendre, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Bien, j'avoue que je n'ai pas compris moi non plus, M. le ministre.
M. Barrette : Ah! bien, moi, je
laisse, Mme la Présidente, je laisse essentiellement au député de Matane d'avoir la chance, éventuellement, d'expliquer les
défaites politiques et historiques du ministre à propos de sa défense du
français. J'aurais bien aimé ça hier... Et pour ce qui est des effets de toge
qu'il fait aujourd'hui, je trouve ça un petit peu puéril, mais ça, c'est une
autre affaire.
Je laisse la parole à ma collègue qui a levé la
main, Mme la Présidente, si elle le souhaite toujours.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, je reconnais maintenant la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Merci, Mme la
Présidente. Je pense qu'on va reprendre les choses par la base. On a... La
CPMT, ministère de l'Emploi reconnaissent 174 formations universitaires et
collégiales, des formations. Des fois, c'est plusieurs formations dans une
université. Je vois l'Université Laval ici, le cégep Garneau, cégep de Lévis,
toutes des formations en numérique. On appelle ça «en numérique». C'est bien à
la mode. On est des chefs de file, au Québec, en numérique.
Alors, je
vous donne un exemple ici : Université
Laval, microprogramme de deuxième
cycle en informatique, génie logiciel; cégep de Lévis, une A.E.C. en
automatisation et instrumentation industrielle; UQAR, certificat en commerce
électronique. Il y en a 174 qui sont toutes, toutes, toutes données par des
établissements reconnus dans la liste de la CPMT, du ministère de l'Emploi et avec le beau drapeau du
gouvernement du Québec, et c'est... l'adresse, c'est : www.quebec.ca/emploi/planification-et-gestion-de-carriere/formation/programme-requalification-accompagnement-ti-communications/liste...
des formations. Les 173 sur 174 sont des établissements reconnus et
subventionnés par le gouvernement du Québec. Il y en a une qui représente
0,22 %, je pense, ou... même pas 1 %, donc une formation qui est non agréée par personne, qui n'est pas agréée,
pas reconnue, mais qui est subventionnée à hauteur de 11,5 millions
de dollars, 11,5 millions de dollars par le gouvernement du Québec, donc
le ministère de l'Emploi — c'est
pour ça que le ministre de l'Emploi était au lancement — et la
ville de Québec qui donne aussi 3,5 millions de dollars. Donc, on est, en
tout, à une subvention de 11,5 millions de dollars sur cinq ans.
Et le ministre de la Transformation numérique
était là aussi. Tous les deux étaient enchantés. Et ce que le gouvernement dit,
probablement à travers un communiqué de son ministère de l'Emploi, c'est que ce
qu'il vise, c'est une reconnaissance d'acquis et de compétences. Pour qui
connaît le moindrement ce qu'on appelle dans le jargon du réseau collégial de
la RAC, reconnaissance des acquis et compétences, bien, les compétences, là,
tout le système collégial fonctionne par
compétences. Ils veulent avoir des reconnaissances d'acquis et compétences par
des institutions scolaires reconnues. Donc, non seulement ce n'est pas
une formation donnée à côté, à côté de... même, ce sont des fonds publics.
Et, quand le ministre dit que c'est une
formation privée-privée, bien non, les étudiants ne paient aucun sou pour fréquenter.
C'est totalement gratuit. Pourquoi? Parce que ce sont les gouvernements qui
paient, le palier municipal, le palier provincial. Donc, c'est complètement
gratuit pour les étudiants.
Il n'y a pas de professeur. Effectivement, le
ministre s'est bien fait dire que c'était des accompagnateurs. Quand l'étudiant
pose la question dans la foire à questions : Est-ce que je peux étudier en
anglais — en
anglais — ou
en français?, on répond : Vous pouvez
étudier dans la langue de votre choix. Oui, vous pouvez étudier en anglais.
Pourquoi? C'est simple, c'est un réseau. Ils appellent même ça le
42 Network. C'est français, c'est vrai, mais on connaît les Français et
leur appréciation de la langue anglaise. Ça s'appelle le 42 Network, et ce
network-là a tous les vidéos, évidemment, toute la formation qui est
entièrement de l'autoformation. Les accompagnateurs, là, c'est s'il y a un
bogue, s'il y a quelque chose. C'est de l'autoformation. Tu viens là...
Et je ne dis
pas que je suis contre un modèle de formation comme ça. Ça raccroche des gens,
et la CPMT a bien vu, et le ministère de l'Emploi, que ça pouvait aller
chercher des décrocheurs. J'en suis. Ça peut aller permettre...
Alors, c'est
ouvert sept jours-semaine, 24 heures par jour. C'est un modèle totalement,
totalement inédit qui a séduit beaucoup le ministre de l'Emploi, qui est
allé à Paris regarder ça, qui a visité puis il a dit : Mais c'est fort
intéressant.
Sauf que, dans la liste, là, des 174, là, ce
sont toutes des institutions reconnues, toute la gang, donc qui vont être sous
la loupe, évidemment, et le... j'oserais dire, la gouverne du projet de loi
n° 96. Donc, elles vont être toutes, les
174 sauf une, classés anglophones, francophones avec tout ce qui vient avec. Et
on va le voir, Mme la Présidente, là, on
y arrive avec les 17,1 %, les 8 % d'augmentation, les 2 % chez
les francophones d'avoir le droit d'enseigner en anglais.
Mais cette formation-là, qui vise à être
reconnue par ce même réseau collégial, qui ne l'est pas encore, mais qui est
subventionnée par des fonds publics, d'où notre amendement recevant des fonds
publics, ça ne coûte pas un sou à l'étudiant. Ce n'est pas une formation comme
quand on part des écoles privées-privées non subventionnées ou l'exemple du
collègue de La Pinière, Saku Koivu, par exemple. On a parlé beaucoup des
enfants de ressortissants. Ils auront juste à aller au privé-privé. Ça va leur
coûter 30 000 $, 40 000 dollars par année.
Là, on ne parle pas de ça. C'est entièrement
gratuit. Donc, comme c'est entièrement gratuit et que c'est financé par l'État,
bien... et que ça peut se faire en anglais, en français, n'importe comment,
bien, moi, je pense que le gouvernement, l'État devrait regarder, et d'où notre
question : Est-ce que ça ne devrait pas être regardé en fonction des
critères du projet de loi n° 96? Parce qu'à ce moment-là l'État
pourrait...
Et la CPMT,
j'en ai parlé un peu tout à l'heure, parle beaucoup, beaucoup de formation de
main-d'oeuvre, il y a une grande pénurie de main-d'oeuvre, veut trouver
toutes sortes de modèles parallèles de pouvoir faire de la formation
rapidement. C'est un modèle, à ce moment-là, extrêmement intéressant. On ne se
bâdre pas de réseaux, on ne se bâdre pas de critères puis là, bien, on peut
enseigner en anglais, on peut enseigner en français. On va former, qui, un technicien en informatique, qui, un... quelqu'un
en n'importe quoi, en n'importe quelle formation où on a une urgence,
puis, à ce moment-là, bien, ça réussit à éviter tous les critères que le
ministre essaie d'installer avec le projet de loi n° 96.
• (15 h 50) •
C'est ça, l'enjeu, Mme la Présidente. C'est
qu'ils visent une reconnaissance. Alors là, quand il va y avoir la
reconnaissance... parce qu'ils vont essayer de l'avoir, un cégep va lever la
main, un cégep de Québec, probablement, parce que tout ça se passe à Québec.
C'est Québec numérique qui chapeaute ça.
Et, encore une fois, je ne dis pas que c'est une
formation qui est nécessairement mauvaise, il y a même des stages à la clé.
Moi, quand je parle de stages, d'habitude, c'est reconnu comme un établissement
reconnu avec un État qui surveille la formation. Là, il n'y a personne qui
surveille la formation. Ce n'est pas le ministère, ce n'est pas le ministre de
la Transformation numérique qui va aller voir si on peut agréer ce
programme-là. On parlait de médecine. C'est pas mal surveillé par les
universités, les programmes de médecine. Il y a... Ce n'est pas le ministre de
l'Emploi qui va aller surveiller non plus la qualité de la formation. On a
créé, depuis 50, 60, 70 ans, deux réseaux extraordinaires qui sont là pour être
sûrs de la qualité des formations qui se donnent.
Cette formation-là n'est pas surveillée dans ce
sens-là, mais elle est financée. C'est là qu'il faudrait être cohérent. Ou vous
financez la formation puis vous êtes très contents, mais vous utilisez les
réseaux que vous avez et qu'on a tous collectivement créés, formés, admirés,
soutenus depuis 60 ans, ou bien vous n'investissez pas, puis là vous les
laissez vraiment faire du privé-privé à 50 000 $ par année, puis il
n'y a personne qui surveille. Mais là vous subventionnez. C'est gratuit pour
l'étudiant. Puis ils veulent intégrer le réseau collégial, puis vous
dites : Ce n'est pas de mes affaires. Ça ne marche
pas beaucoup, ce n'est pas cohérent. Puis, dès qu'ils vont demander leur
affiliation au réseau collégial, peut-être un cégep de Québec va lever la main,
bien là, tout à coup, il va falloir qu'ils suivent tous les règlements. Il va
falloir que ça rentre dans un devis quelconque, ces étudiants-là. Il va falloir
que... s'ils ont un diplôme d'études collégiales ou une A.E.C, bien là, ça va
tomber dans vos critères.
Alors, ce n'est pas complètement farfelu qu'on
demande, un : Étiez-vous au courant? La réponse, c'est non. Pourtant, il y avait deux de vos collègues qui
étaient là. Deuxièmement, ça va poser beaucoup d'enjeux pédagogiques, ça
va poser des enjeux linguistiques. Ça pose des enjeux de financement, parce que
vous ne donnerez peut-être pas 11,5 millions tous les cinq ans, là. Ou, si
c'est ça, bien, soyez cohérent avec tout ce que vous voulez installer dans le
réseau collégial, parce qu'ils visent le réseau collégial, c'est ça qu'ils
veulent obtenir, puis c'est ça que le ministère de l'Emploi... La citation de
mon collègue est marquée «selon le gouvernement», là. Ce n'est pas... Alors,
c'est eux qui disent : On voudrait qu'ils soient agréés par un collège.
Alors, ça vous guette.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Moi, Mme la
Présidente, je veux bien des affaires dans la vie, j'ai beaucoup de souhaits
dans la vie. Ça ne veut pas dire que toutes mes volontés et tous mes souhaits
sont exaucés, loin de là, Mme la Présidente. J'en ai un, grand souhait, puis il
n'est pas exaucé, Mme la Présidente.
Mme David : ...celui du député de
Matane-Matapédia?
M. Bérubé : C'est-tu un changement
de fonction?
M. Jolin-Barrette : Le changement de
fonction? Écoutez, ça, c'est la prérogative du premier ministre, vous le savez
bien.
M. Bérubé : ...pour le remplacer un
jour, je ne sais pas.
M. Jolin-Barrette : Non, pas du
tout, loin de là, loin de là.
M. Bérubé : C'est noté. En tout cas,
vous êtes fixés.
M. Jolin-Barrette : Alors, sur la
question de la disposition, on vise les D.E.C., les diplômes d'études
collégiales. Je comprends ce que vous me dites, là, mais ce centre de formation
là, là, ou ce lieu-là, ce n'est pas accrédité. Ce n'est pas un D.E.C., ce n'est
pas un A.E.C. Nous, on se concentre sur les D.E.C., les A.E.C. Puis la prémisse
de base du député de La Pinière, quand il a introduit ça tout à l'heure,
c'est : Il donne de l'enseignement en anglais, puis tout est en anglais,
puis tout ça, alors que ce n'est pas le cas, c'est factuellement faux. Il y a
quelqu'un auparavant, dans votre formation politique, qui disait : C'est
factuel. Alors, c'est...
Mme David : ...en anglais ou
français, première des choses, mais c'est possible d'être en anglais. C'est
comme si un étudiant va étudier en sciences humaines au cégep Garneau puis là
il dit : Je pourrais-tu étudier en anglais au cégep Garneau? On lui
répond : Bien oui, pas de problème. Tu n'as rien qu'à tout faire ça en
anglais. Ça ne marche pas, la réponse.
M. Jolin-Barrette : ...pas un établissement collégial. On est dans
les dispositions sur les établissements collégiaux. Vous savez c'est
quoi, un D.E.C.?
Mme David : O.K., je vais vous
poser une question là-dessus. Vous dites : On ne touche pas à la formation
continue, etc. Pas vrai, pas vrai. Vous allez aller regarder dans les cégeps
anglophones. Puis vous dites même qu'il ne
faut pas qu'il y ait de recherche dans une langue autre que le français. Il ne
faut pas qu'il y ait de formation en entreprise dans une langue autre
que le français par des cégeps reconnus. Donc, vous... Plus loin, là, on va
s'apercevoir que vous mettez des contraintes aux cégeps anglophones pour aller
donner des A.E.C., des formations continues et même faire de la recherche dans
une langue autre que le français, puis ça, c'est des cégeps drôlement reconnus.
Puis là vous dites : Non, non, non, ce n'est pas grave, on ne touche pas à
ça. Ce n'est pas vrai que vous ne touchez pas à ça.
M. Jolin-Barrette : Alors, moi,
je vous invite à... lorsqu'on sera rendus sur les articles pertinents, on fera
le débat sur ces sujets-là.
Mme David : Oui, je peux quand même
me permettre de vous reprendre, parce que vous dites des choses qui sont,
j'oserais dire, pas vraies, parce que, plus loin, on va retrouver des choses
qui sont exactement à l'encontre de ce que vous dites, à moins que vous ayez
des beaux amendements à proposer.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, je ne suis pas d'accord avec cette interprétation-là de la vérité.
Mme David : J'ai hâte de voir,
Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous aurez l'occasion de voir dans les autres
qui vont suivre.
Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'amendement apporté par le député de La Pinière? M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Alors, si je
comprends bien, là, pour conclure, Mme la Présidente, parce qu'à un moment
donné il va falloir conclure, à moins que... d'autres collègues qui sont
intéressés à revenir, là. Alors, si on conclut, on comprend que le ministre, parce que la formation en question n'a pas
atteint le niveau encore par non-reconnaissance, ça ne le dérange pas que cette formation-là, qui est
au moins partiellement, sinon complètement donnée en anglais, financée
par l'État, ça ne le dérange pas que l'État n'ait pas son mot à dire de quelque
manière que ce soit. Mme la Présidente, là, c'est fort, c'est vraiment fort.
C'est...
Je comprends, là, que le ministre, il aime ça,
avoir le dernier mot. Vous... Savez-vous quoi, Mme la Présidente? Moi, ça me
passe 100 pieds par-dessus la tête. Il est majoritaire, il va l'avoir, le
dernier mot. Mais, à un moment donné, il ne peut pas, lui, là, venir ici puis
tout le temps parler de principes puis de principes, puis vous autres, puis
nous autres, nous autres, on est ci puis, nous autres, on est ça, nous sommes
les héros du français et, à la première
occasion, Mme la Présidente, plier... bien, la première occasion connue, parce
qu'il y a eu d'autres occasions.
Regardez, Mme la Présidente, là, très déçu de
l'attitude du ministre dans ce dossier-là, mais une déception n'en attend pas
l'autre. Je vais attendre la prochaine.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le député de La Pinière. M. le ministre, est-ce que ça va?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, Mme la Présidente, je fais preuve d'empathie envers le député de La
Pinière. J'espère que, d'ici la fin du projet de loi, je vais avoir comblé ses
attentes. Je vais essayer d'être à la hauteur de ses aspirations.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, je comprends que c'était la dernière intervention sur l'amendement du député de La Pinière, que je peux mettre au
vote. À moins qu'il y ait quelqu'un d'autre qui veuille prendre la
parole? Je ne vois pas personne d'autre. Donc, est-ce que l'amendement déposé
par la députée de La Pinière est adopté?
M. Jolin-Barrette : Rejeté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Rejeté? Rejeté. L'amendement est rejeté.
Donc, nous revenons à l'article 88.0.1. Il
ne reste pas beaucoup de temps. M. le député de D'Arcy-McGee, vous, vous en
avez beaucoup. Allez-y.
M. Birnbaum : Madame, avant
le... votre break, j'avais déposé une question.
La
Présidente (Mme Thériault) : Oui, c'est vrai, avant la suspension, vous aviez posé une question.
Absolument, vous avez raison.
M. Birnbaum : Oui, sur le
deuxième alinéa de 88.0.1, où... bon, j'ai déposé la question. Le ministre nous
fait constater, à juste titre, que la liste apparaît déjà dans l'annexe. Alors,
qu'est-ce qu'il apporte, ce deuxième alinéa? Et c'est quoi, le cas de figure où
ces deux ministres auraient à trancher?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
• (16 heures) •
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, la question porte sur le deuxième alinéa, qui indique clairement :
«Tout établissement offrant un tel
enseignement est francophone, sauf lorsqu'il est désigné comme établissement
anglophone par le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la
Science et de la Technologie et par le ministre de la Langue française.» Nous,
dans le fond, c'est... on vient créer un pouvoir de désignation, si on voulait
désigner un établissement collégial anglophone. C'est ce que ça fait. Ça permet
de donner le pouvoir de désignation. On a déjà, à l'article 179... comme vous
l'avez bien dit, on les identifie déjà, mais on pourrait venir en identifier un
nouveau. C'est un pouvoir de désignation qui est là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Alors, le législateur
envisage la possibilité d'une croissance de la communauté d'expression anglaise
et la possibilité que l'État a jugé nécessaire de financer et d'autoriser
l'ouverture d'un autre établissement collégial de langue anglaise, si j'ai bien
compris.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
la disposition... Attendez-moi juste un instant.
(Consultation)
M.
Jolin-Barrette : Alors, le pouvoir de désignation, il est là,
effectivement, si on voulait en désigner un nouveau.
Donc, puisqu'on n'ouvre pas la charte à chaque semaine, dans le fond, ça permet
la possibilité aux deux ministres de désigner un établissement collégial
anglophone.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le député.
M. Birnbaum : ...bon courage, mais je ne note aucune... ce n'est pas mon travail à
faire pour le ministre, mais je ne note aucune référence à : sous
toute réserve de 84.0.4, alinéas 1° et 2°. Est-ce que je peux comprendre que
les critères qu'on va discuter bientôt ne
s'appliqueraient pas quand il s'agirait de la possibilité d'ouvrir un autre
établissement de langue anglaise?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Non, il faut... ça doit être lu en concordance avec
les deux. Donc, le plafond s'applique.
La Présidente (Mme
Thériault) : Ça va? Est-ce que j'ai d'autres interventions sur
l'article 88.0.1? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Oui. Merci, Mme la Présidente. J'avais une question. Dans l'article, au premier
alinéa, on parle : «À l'exception des établissements privés non agréés aux
fins de subventions...» Est-ce que, dans le projet de loi n° 96, il y a un endroit où on va... où on parle des
collèges privés non subventionnés? Est-ce que le ministre a l'intention
de légiférer là-dessus? On a beaucoup parlé, là, notamment, les collèges qui
amenaient beaucoup, beaucoup des gens de l'Inde pour venir ici étudier, puis c'était
vraiment scandaleux, là, comment c'était fait dans ces collèges-là.
Donc, je voulais
savoir si le... Parce qu'ici on dit «à l'exception», donc j'imagine qu'eux sont
exclus de cet article-là. Mais je n'ai pas vu ailleurs où est-ce qu'on va
légiférer sur ces collèges-là. Je me rappelle, c'était une enquête, là, dans le
journal, ça avait fait grand bruit, à Radio-Canada, en juin dernier.
La Présidente (Mme
Thériault) : Oui, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Donc, en réponse à votre question, est-ce qu'on vise
les privés-privés, les établissements collégiaux
privés-privés, donc privés non subventionnés, la réponse, c'est non, mais... ou
non, sauf à l'article 88.0.11, où est-ce que, là, on va venir
prévoir que s'il doit... si on établit un programme, ça doit être autorisé par
la ministre de l'Enseignement supérieur. Parce que l'enjeu, actuellement, c'est
que la ministre de l'Enseignement supérieur n'avait pas les leviers pour
autoriser un nouveau programme.
Donc, pour pouvoir
enseigner au collégial, il y avait un règlement, mais la ministre n'avait pas
besoin d'autoriser un développement d'un nouveau programme. Donc là, on va
venir baliser ça. Donc, lorsqu'il y aura un nouveau programme d'offert dans un
privé-privé, ça devra être autorisé par la ministre de l'Enseignement
supérieur.
Mme Ghazal :
Et ça, on le voit où, là?
M.
Jolin-Barrette : 88.0.11.
Mme Ghazal :
L'article où on est?
M.
Jolin-Barrette : Non, 88.0.11.
Mme Ghazal : Ah!
O.K. Plus loin.
M.
Jolin-Barrette : On va le voir plus loin.
Mme Ghazal :
Donc, ce que ça fait, c'est que ça donne... ça habilite...
M.
Jolin-Barrette : Ça habilite la ministre. Dans le fond, en fait, ça
habilite la ministre. Elle va devoir autoriser tout nouveau programme.
Mme Ghazal :
Mais les programmes existants actuellement?
M.
Jolin-Barrette : Non, bien, ceux-là, ils existent, là.
Mme Ghazal :
Mais il n'y a aucune action qui est faite pour ces programmes-là, pour
légiférer d'une quelconque façon? C'est-à-dire que, si je comprends bien, le
contingentement, là, qu'on va voir un peu plus loin, à 88.0.4, ça, ça ne s'applique pas, évidemment, à ces collèges-là... bien,
pas évidemment, mais... C'est une question que je pose.
M.
Jolin-Barrette : Non, le plafonnement ne s'applique pas aux
établissements privés non subventionnés. Par contre, un établissement privé non
subventionné qui voudrait ouvrir des nouveaux programmes devra obtenir
l'autorisation de la ministre de l'Enseignement supérieur, ce qui n'était pas
le cas actuellement.
Mme Ghazal : Puis qu'est-ce que ça
va changer dans la situation qu'on a... qui était sortie?
M. Jolin-Barrette : Bien, ce que ça
change, c'est qu'actuellement, un coup que j'étais un collège reconnu,
privé-privé, je pouvais ouvrir le nombre de places, je pouvais ouvrir le nombre
de programmes que je voulais, sans autorisation de la ministre.
Mme
Ghazal : Et là la ministre, quand elle va autoriser, elle
pourrait autoriser que ça soit aussi tout en anglais?
M. Jolin-Barrette : Elle pourrait,
mais elle va devoir l'autoriser.
Mme Ghazal : Parce qu'il y a
l'aspect...
M. Jolin-Barrette : Actuellement,
là, il n'y avait pas de balise, là.
Mme Ghazal : C'est ça, il y a
beaucoup...
M. Jolin-Barrette : Toutes les
balises, c'était une balise réglementaire pour dire, genre : Vous
remplissez 1, 2, 3, telles conditions, le programme était ouvert. Là,
maintenant, la ministre va devoir l'autoriser.
Mme
Ghazal : Mais qu'est-ce que... C'est parce que là... parce
que ça touche à beaucoup d'aspects, le fait que, bien, il y a des gens qui viennent, qui payent des gros, gros montants
ici pour s'acheter encore le droit d'étudier uniquement en anglais. Donc, ils peuvent, en payant des gros
montants, aller dans des collèges. Oui, c'est privé-privé, mais quand même...
M. Jolin-Barrette : Privé-privé.
Mme Ghazal : Oui, mais il y avait
aussi toutes sortes de pratiques douteuses, des pratiques commerciales
douteuses. Les gens qui venaient ici, ils avaient l'espoir d'avoir un diplôme
avec lequel ils pourraient travailler ici, mais finalement ce n'était pas le
cas. Tout cet aspect-là, c'est peut-être en dehors du projet de loi n° 96, mais c'est quoi, les actions de la ministre, autre
que dire que, par règlement, j'approuve un programme ou pas? Parce que ça, ça
ne va pas régler tous les problèmes qui existent actuellement et le cafouillis
dans ces collèges-là.
M. Jolin-Barrette : Bien là, nous,
ce qu'on vient faire, c'est qu'on met un cliquet. On met un cliquet, pour la
ministre de l'Enseignement supérieur, pour faire en sorte que les programmes
n'ouvrent pas comme ça. Ça doit être autorisé par la ministre. Donc, il n'y
aura pas de multiplication de programmes comme ça. Parce qu'elle n'avait aucun
levier, la ministre de l'Enseignement supérieur, pour freiner le développement
dramatique...
Mme Ghazal : ...vous parlez?
M. Jolin-Barrette : Bien, vous
savez, quand on parle de ministre, on parle de ministres dans le temps, tu
sais, comme on réfère à l'institution. Donc, ça, ça va permettre d'éviter la
multiplication des programmes sans que le gouvernement ait quoi que ce soit à
dire.
Mme Ghazal : Puis, dans l'article de
juin, ce que ça disait, bon : «À l'heure actuelle, aucune loi ne force les
collèges privés à donner des cours de français à leurs étudiants.» Ça ne le
sera pas non plus avec le projet de loi n° 96.
Mais «la ministre — actuelle,
là, de l'Enseignement supérieur — ouvre cependant la porte à de telles
dispositions.» Puis là elle dit que «"des notions de français seront
possiblement intégrées dans le parcours scolaire", précise son équipe. Une
modification réglementaire est analysée pour inclure un cours de français
langue seconde pour tous.» Est-ce que c'est le cas? Est-ce que c'est déjà le
cas? Le règlement est passé? Je n'ai pas suivi ça...
M. Jolin-Barrette : Je ne crois pas.
Je ne crois pas, mais on commence la section sur les cégeps, là.
Mme Ghazal : Donc, on commence la
section, mais là ça ne règle pas... À 12, vous avez dit, non?
M. Jolin-Barrette : À 11.
Mme Ghazal : 11. Mais on n'en parle
pas à 11 non plus.
M. Jolin-Barrette : Pas encore.
Mme Ghazal : Ah! il va y avoir un
amendement?
M.
Jolin-Barrette : Bien, je ne sais pas. Il faut se rendre jusque-là, il
faut...
Mme
Ghazal : Ah! je pensais que le ministre déposait les
amendements à l'avance pour faciliter notre travail, comme nous, on fait
quand on a le temps. Lui, avec son équipe, il aurait le temps de le déposer
avant.
M. Jolin-Barrette : Bien, il faut
qu'on discute des articles.
Mme Ghazal : Ah! O.K., une surprise.
Bon, mais est-ce que... Donc, ça va répondre aux questions que j'ai en ce
moment, cet article-là... de dire : Il faut juste l'autoriser. Il faut juste
l'autoriser, mais, si un ministre décide d'autoriser tout, puis tout est en
anglais, puis il n'y a pas de problème, on n'est pas plus avancés.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
l'enjeu par rapport au privé-privé, c'était la multiplication des programmes,
actuellement, sans autorisation du ministère. Là maintenant la ministre va
devoir les autoriser.
Mme Ghazal : ...balises, c'est quoi,
les critères qui vont faire qu'elle va les autoriser ou les refuser? Est-ce que
ça, ça va être écrit à 8.0.11?
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est la
prérogative du ministre de les autoriser ou non.
Mme Ghazal : Mais basé sur quoi?
C'est-à-dire que moi, j'essaie juste de voir, avec ce qui est sorti, comme je
vous disais, le cafouillis de ces collèges privés-privés...
M. Jolin-Barrette : Bien,
voyez-vous...
Mme Ghazal : ...non subventionnés,
comment est-ce que ça va être réglé.
M. Jolin-Barrette : Voyez-vous,
l'analyse du deuxième alinéa de 88.0.11, ça nous dit aussi également que le
ministre ou la ministre, avant de donner son autorisation, doit consulter le
ministre de la Langue française. Donc, c'est un travail d'équipe.
• (16 h 10) •
Mme Ghazal : Donc, je comprends,
puis ça va être seulement les ministres. Mais il n'y a pas de balise pour
guider le ministre de la Langue française et le ministre... le ou la ministre
de la Langue française ou le ou la ministre de l'Éducation supérieure, sur
quoi... Je veux dire, ils vont juste prendre un café, jaser puis dire : On
l'accepte ou pas? Basé sur quels critères? Sur le nombre de programmes? Sur le
nombre de collèges?
M. Jolin-Barrette : Écoutez, je ne
sais pas s'ils vont prendre un café, mais, très certainement, il y aura une
discussion.
Mme Ghazal : Ils vont prendre un
verre.
M. Jolin-Barrette : Mais, si vous
voulez, on va ramener à 88.0.1 puis on aura cette discussion-là au fur et à
mesure des différents articles.
Mme Ghazal : Bien, O.K., on va
l'avoir à ce moment-là.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. J'ai Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, toujours sur le
88.0.1.
Mme David : Oui. Je pense qu'avant
d'avoir la discussion on va vérifier un certain nombre de choses. Parce que je
me souviens très bien que je signais et qu'il fallait que je signe, pour les
programmes privés-privés, avec trois critères : ressources matérielles,
ressources financières, locaux. Et puis là on signait une liste de programmes
par établissements. Je ne vous dis pas du tout que c'était parfait. Je voulais
aller jouer là-dedans, si j'avais eu l'occasion de rester, et de mettre des
quotas sur le nombre d'étudiants. Et comme on n'avait pas, à ce moment-là,
autant le problème de surpopulation ou de recrutement de certains étudiants...
Mais attention, il y avait des critères. Ce n'est pas vrai que la ministre ne
signait pas, ce n'est pas... ça, ce n'est pas vrai.
M. Jolin-Barrette :
...spécification. Dans ce que vous venez de m'énoncer, là...
Mme David : Ce sont des critères qui
me frustraient un peu.
M. Jolin-Barrette : Bon, O.K., mais,
dans le fond, de la façon que le règlement était fait, c'est une décision qui
n'est pas discrétionnaire. Dans le fond, lorsque le dossier vous était
présenté, là, ou était présenté à la ministre, dans le fond, puis ça arrive,
là, parfois que les règlements sont comme ça, le règlement ne conférait pas de
discrétion à la ministre. Il n'y avait pas
d'habilitation là-dessus, sur la discrétion. Or, là, ce qu'on change à 88.0.1,
c'est exactement ça, c'est la discrétion ministérielle.
Parce
que, quand le dossier vous était monté, ça devait dire, dans les paramètres,
comme vous l'avez dit : Est-ce qu'il y a x nombres d'espaces? Est-ce que
votre deuxième critère... si c'est oui, oui, oui, ça devient un pouvoir lié, ça
ne devient pas un pouvoir discrétionnaire. Ça fait que bien entendu que le ou
la ministre signe, mais, puisqu'il n'y a pas de discrétion, tu sais, le
ministre peut... ou donne son autorisation. À ce moment-là, vous êtes dans une situation où, à partir du moment où on remplit les
objectifs prévus par règlement, vous n'avez pas le choix de délivrer le
permis, tandis que, dans ce cas-ci, c'est différent, il doit donner son
autorisation.
Puis je vous fais le
parallèle un peu avec... vous vous souvenez, dans... projet de loi, quand on a
eu la discussion sur les subventions.
Mme David :
...
M. Jolin-Barrette : Bon, c'est ça. Ça fait que, là, on est dans un cas réglementaire où
est-ce que la subvention... bien, l'apport financier n'a pas le choix
d'être donné, parce que l'on coche les cases...
Mme David :
En tout respect, M. le ministre, vous n'avez pas besoin de me l'expliquer, je
l'ai pratiqué pendant plusieurs années. C'est ça, exactement, que je vous dis.
Mais vous ne pouvez pas dire qu'on ne signait pas puis qu'on laissait faire. On
était obligé de signer, si les trois critères étaient cochés, cochés, cochés.
M.
Jolin-Barrette : Oui, exactement.
Mme David :
C'était frustrant parce qu'on n'allait pas dans le pédagogique puis
l'académique, je vous l'accorde. Oh! je n'ai plus le droit de parler. On en
reparlera, mais je voulais juste apporter la petite précision.
La Présidente (Mme
Thériault) : Je m'en allais simplement vous mentionner que votre temps
est écoulé. Donc, vous aurez l'occasion de refaire la discussion lorsqu'on sera
rendus à l'article. Mais, si vous voulez continuer, M. le ministre, puisque
vous êtes parti, allez-y.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Bien, c'est ça, à cause que le cadre
réglementaire était inapproprié... Là, avec le pouvoir habilitant, on vient
corriger cette situation-là. Mme la Présidente, on ne pourra pas dire que je ne
suis pas à l'écoute. Je viens soulager les frustrations de la députée de
Marguerite-Bourgeoys par cet article-là.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça vous honore, M. le ministre. Donc, est-ce que
j'ai d'autres commentaires sur le 88.0.1? Je n'en vois pas, donc nous
pouvons passer au 88.0.2., et, M. le ministre, vous avez un amendement.
M.
Jolin-Barrette : Oui, je vais avoir un amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui, je vous annonce tout de suite aussi que la
députée de Marguerite-Bourgeoys aussi a un amendement, mais vous avez la
préséance. Allez-y, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Alors : «88.0.2. L'enseignement collégial
dans un établissement francophone se donne en français sous réserve des
exceptions prévues à la présente sous-section. Il peut être donné en anglais
dans un établissement anglophone.»
Commentaires :
L'article 88.0.2 de la Charte de la langue française que propose
l'article 58 du projet de loi vise à établir le principe selon lequel
l'enseignement collégial se donne en français dans les établissements
francophones et qu'il peut être donné en anglais dans un établissement
anglophone.
Les dispositions de
l'article 88.0.2 entreront en vigueur à compter de l'année scolaire 2022‑2023,
ainsi que le prévoit le paragraphe 4° de l'article 201.
L'amendement, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme
Thériault) : Qui est sur Greffier, donc les collègues peuvent en
prendre connaissance. Allez-y, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Donc : À l'article 58 du projet de loi,
ajouter à la fin de l'article 88.0.2 de la Charte de la langue française
qu'il propose l'alinéa suivant :
«L'établissement qui
donne en anglais l'enseignement collégial doit néanmoins s'assurer que tout
étudiant qui n'a pas été déclaré admissible
à recevoir l'enseignement en anglais conformément à la section I, lorsqu'il est
inscrit dans un programme d'études
conduisant au diplôme d'études collégiales, réussisse, avant que ne lui soit
délivré un tel diplôme, un minimum de
trois cours donnés en français, à l'exclusion des cours de langue
d'enseignement et de langue seconde
de même que des cours d'éducation physique. L'établissement doit voir à ce que
ces cours soient donnés à l'étudiant.»
Alors, cet
amendement vise à ce qu'un étudiant qui à la fois n'a pas été déclaré
admissible à l'enseignement en anglais et
est inscrit dans un programme menant à un diplôme d'études collégiales qui est
offert en anglais, complète néanmoins un minimum de trois cours en
français parmi les cours autres que les cours de langue d'enseignement, de
langue seconde et d'éducation physique. L'établissement doit voir à ce que ces
cours soient donnés à l'étudiant.
La disposition
proposée s'applique tant aux établissements anglophones que francophones
offrant de l'enseignement en anglais.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Questions, commentaires sur l'amendement du
ministre? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Le ministre a lu dans
mes pensées et il m'a précédée, parce que moi, je l'avais mis à 88.0.3... Mais
là je ne l'avais pas sous les yeux parce que, croyez-moi ou pas, je ne peux pas
aller sur Greffier parce que je n'ai pas fait tous les mots de passe, ou je ne
sais pas quoi. Alors, je l'attends. Je l'attends, mais j'ai compris, à la
lecture, que ça commençait à ressembler à...
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
c'est ça qu'elle veut, c'est celui-là qu'elle veut.
M.
Jolin-Barrette : Pour les
fins d'explication, dans les établissements collégiaux anglophones, à
l'exception des ayants droit, tout étudiant devra suivre trois cours en
français, donnés en français, qui ne sont pas des cours de langue seconde, qui
ne sont pas des cours d'enseignement de la langue et qui ne sont pas des cours
d'éducation physique. Donc, exemple, supposons que je fais mon D.E.C. sciences
humaines, pas de mathématiques, bien...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Ah! O.K.
Je pensais que c'était ça que vous vouliez. Excusez.
Mme David : ...en titi. Excusez.
M. Jolin-Barrette : À ce moment-là,
je suis en D.E.C. en sciences humaines, pas de mathématiques, alors je vais
devoir, en anglais, supposons, à Dawson, O.K... je vais devoir suivre mon cours
d'histoire, de géographie et d'anthropologie en français. Donc, ça rejoint
votre proposition n° 16.
Mme David : Pas du tout, c'est le
contraire, vous faites... Aux étudiants qui ont étudié primaire et secondaire
en français, il faut leur demander de suivre trois cours en français. Moi,
c'est le contraire, aux étudiants qui n'ont jamais étudié en français, je leur
demande de suivre trois cours en français. Là, vous francisez des francophones
au lieu de franciser des anglophones. J'hallucine, là, excusez. Dites-moi pas
que tout ce que j'ai dit dans tous mes discours d'adoption de principe, vous
avez... Ah! on recommence à zéro.
Comprenez-vous? Vous appliquez ça aux étudiants
qui n'ont pas été déclarés admissibles à recevoir de l'enseignement en anglais.
C'est qui, ça? Allophones, francophones. Eux, ils doivent aller suivre encore
plus de cours en français, en plus d'avoir l'épreuve uniforme de français. De
toute façon, l'épreuve uniforme de français va exiger que vous changiez le
régime... le Règlement sur le régime des études collégiales, puisqu'il faut
qu'ils soient au moins aussi formés que les étudiants des cégeps francophones,
ce qui veut dire quatre cours, des cours de littérature, société, philosophie.
Tout ça, c'est des cours qui vont devoir se donner en français pour les amener
à l'EUF, l'épreuve uniforme de français. Alors, ils n'ont pas besoin de trois
cours de plus, ils vont déjà en avoir quatre.
M. Jolin-Barrette : Je pense que
c'est pertinent, au contraire, qu'ils aient plus de cours.
Mme David : Bien non, on répète la
même chose. Moi, ce que je veux, c'est que les étudiants anglophones puissent
suivre des cours en français.
M.
Jolin-Barrette : Ce que vous
voulez, dans le fond, c'est assujettir les ayants droit aux cours... à trois
cours de français...
Mme David : Ah! c'est exactement ça.
M. Jolin-Barrette : ...en plus de
leurs deux cours de langue seconde.
Mme David : Bien oui. Puis ça, c'est
apprendre «John and Mary» en français, là. Ce n'est pas la même chose. Ce n'est
pas la même chose, suivre des cours de langue et suivre des cours dans une
autre langue.
M. Jolin-Barrette : Ah! je suis
d'accord avec vous, mais les ayants droit vont pouvoir le faire. Ils vont
pouvoir prendre des cours en français. L'amendement ne les interdit pas.
Mme
David : Mais moi, c'est là
que je dis que... je vais plus loin. Puis ça, je vous le dis depuis des mois,
mon amendement, c'est : « Pour l'obtention
d'un D.E.C. dans un établissement anglophone, l'étudiant devra suivre au
moins trois cours dispensés en français.»
L'étudiant, on ne précise pas. Donc, les francophones, automatiquement, vont en
suivre, puisqu'il faut qu'ils passent l'EUF
en français. Puis là on n'est pas rendus là. Ça va être de la configuration
complexe.
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : ...chose, là.
Dans le fond, vous, vous dites, théoriquement, si le règlement change, pour
suivre des cours, supposons... pour passer l'épreuve uniforme de français,
vous, vous dites : Bien, il va falloir qu'ils suivent littérature, les
trois cours de français préalables.
Mme David : ...vous avez le souci d'une équité entre
l'étudiant francophone qui est dans un cégep anglophone et celui qui est
dans un cégep francophone. Dans le cégep francophone, ils ont 240 heures
de préparation à l'épreuve uniforme de français, à travers les cours, pendant
deux ans de cégep. Au cégep anglophone, ils ont 90 heures de cours de
français. Ce n'est pas la même chose du tout, du tout, du tout. Et ils suivent
l'épreuve uniforme en anglais, hein, dans
les cégeps anglophones, qu'ils soient allophones ou francophones. Et c'est ce
qu'on appelle les «humanities», et c'est prévu au règlement n° 12
du régime... Règlement sur le régime des études collégiales.
Alors là, si vous
voulez qu'on rentre là-dedans, là, c'est la complexité. C'est une révolution
dans le monde des cégeps anglophones que vous demandez, parce qu'il va falloir
qu'ils aient tout un nouveau parcours de formation pour donner... pour rendre
justice et que ce soit équitable entre le francophone qui va dans un cégep
francophone et le francophone qui va dans un cégep anglophone. Il faut qu'ils
puissent être préparés de la même façon, parce que l'examen est le même pour
tous les étudiants, l'épreuve uniforme de français. C'est le même jour à la
même date, le même examen. Mais ils seront mal préparés, donc ils vont échouer,
et donc ça va être une catastrophe, puis ce n'est pas gentil de leur faire ça.
M.
Jolin-Barrette : Ça, c'est une autre discussion avec la ministre de
l'Enseignement supérieur, mais c'est un
choix. Vous savez, en choisissant d'aller étudier au collégial en anglais, si
vous êtes un allophone ou un francophone, que vous devrez passer
l'épreuve uniforme de français. Dans tous les cas, ça, c'est... Dès le départ,
ils vont le savoir, si vous choisissez ça.
Mais juste vous
entendre... Vous, votre proposition, là... bien, Mme la Présidente, la
proposition de Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, là, vous dites, la
communauté... les ayants droit, la communauté anglophone souhaite avoir... être
obligée de suivre trois cours de français... en fait, trois cours de matières
en français, alors qu'ils n'auront pas nécessairement, outre français langue
seconde, là, au secondaire puis au primaire, là, suivi des cours.
Donc, je reprends
votre argument que vous me dites sur l'épreuve uniforme, là, pour... s'il n'y a
pas de cours préparatoire. Vous ne pensez pas que ça va être difficile, pour
les membres de la communauté anglophone, d'avoir trois cours, comme
anthropologie, géographie, histoire, dispensés en langue française? C'est ce
que...
Dans le fond, là, ce
qu'on dit, là, nous, dans l'amendement : Ils peuvent le suivre. Ils
peuvent le suivre, mais ce n'est pas une obligation pour les membres de la
communauté anglophone.
Mme David :
Mais moi, je pense que ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait une belle mixité de
clientèles dans les cégeps anglophones, où quelque chose se passe en français.
Comprenez-vous? Donc, d'amener... Déjà que les francophones fréquentent...
certains francophones et allophones fréquentent les cégeps anglophones, bien,
ça peut être une bonne idée de faire... de prévoir un certain nombre d'heures
où ils sont ensemble dans une activité qui est dispensée en français. Donc, ce
n'est pas juste réservé aux anglophones, qui disent : Là, je m'en vais suivre
mon cours d'histoire en français. Ça peut être un cours d'histoire qui est
donné par...
M.
Jolin-Barrette : Je veux juste être clair, là. L'amendement que nous
proposons, là, ce qu'il fait, là, c'est qu'il impose, dans un établissement
collégial anglophone, on s'entend, supposons, à Champlain, à
Saint-Lambert, O.K., il impose à l'établissement collégial de faire en sorte
que les étudiants allophones et francophones, dans leur cursus, supposons c'est
un D.E.C. préuniversitaire, de suivre un minimum de trois cours en langue
française qui ne sont pas les cours de langue seconde, là, ça fait que...
exemple histoire, géographie, anthropologie. Ça, c'est l'article.
Ce que l'article fait
également, c'est qu'il n'empêche pas une personne qui est ayant droit, membre
de la communauté anglophone, de prendre
trois cours de français aussi. Ça ne l'empêche pas, mais ce qu'on dit, c'est
qu'on ne l'oblige pas. Si jamais l'étudiant anglophone, là, ayant droit, lui,
ça ne l'intéresse pas, dans son parcours académique, de suivre des cours en
français, il aura ses cours de langue seconde prévus, mais on n'en fait pas une
obligation.
Donc, ça, c'est
l'article, mais je vais être intéressé à entendre le député de D'Arcy-McGee.
La Présidente (Mme
Thériault) : Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Moi, j'ai tendance à croire qu'en bonne foi
une chose intéressante de faire, ce serait d'inviter le ministre de
suspendre son projet d'amendement et de nous inviter à proposer la nôtre.
Qu'on
soit clairs, la députée de Marguerite-Bourgeoys, de façon publique et devant
cette commission, a exposé assez souvent l'objectif de notre
proposition. Et qu'on soit clairs, c'est dans l'optique, qui a l'air malheureusement d'être oubliée souvent par le
ministre... c'est qu'il y ait des participants de toutes origines linguistiques, au Québec, qui ont un rôle très
important à jouer dans le rayonnement, et la protection, et la
sécurisation de notre langue française.
Alors, qu'on soit
clairs, la proposition dont la députée de Marguerite Bourgeoys a souvent parlé
imposerait une obligation sur les étudiants,
tous confondus, dans des établissements, qu'on se rappelle, payés par l'État,
là. Ce n'est pas des visiteurs qui
font leurs petits choix à gauche puis à droite. Les cégeps, que ça soit Dawson
ou Bois-de-Boulogne, c'est des établissements de l'État. Et, en toute
conséquence, notre proposition n'est pas facultative, c'est que chaque élève inscrit dans un cégep de langue
anglaise ait l'obligation de suivre trois cours en français, pas «de
français».
Là, l'amendement du
ministre va dans tous les autres sens. Et que ça soit compris, en quelque part,
si moi, j'ai bien compris, l'objectif de l'amendement, un petit peu à
l'envers... proposé par le ministre serait comblé par la proposition mise de
l'avant à plusieurs reprises par la députée de Marguerite-Bourgeoys.
La Présidente (Mme
Thériault) : Oui, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, après ça...
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Question pour
compléter la discussion: Est-ce que le député... en fait, est-ce que mes collègues
sont d'accord avec le fait qu'on exclue les membres de la communauté anglophone
qui sont des ayants droit de l'épreuve uniforme de français ou
souhaiteraient-ils qu'on les assujettisse?
Mme David : ...pas la même chose.
M. Jolin-Barrette : Non, non, on
discute, là.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : ...non, non, on
l'exclut. La réponse, c'est exclu, parce que ça, c'est vraiment très
évaluatif, là, très normé, et tout ça.
M. Jolin-Barrette : O.K. Alors, si
je peux...
Mme David : Mais j'aurais juste un
commentaire de plus pour expliquer une autre petite nuance de mon collègue.
Vous me donnez la parole, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
Certainement.
• (16 h 30) •
Mme David : Merci beaucoup. C'est
que le collègue explique très bien, trois cours en français pour tout le monde,
mais les étudiants ayants droit sont obligés de le suivre... d'en suivre trois.
Maintenant, là, je vais dire comme des avocats,
même, de facto, il va y avoir des cours en français pour les francophones. À partir du moment où vous imposez
l'épreuve uniforme de français à ces étudiants allophones et francophones, ils vont être obligés de suivre les
mêmes cours qu'ils suivraient s'ils étaient... Ça n'a aucun sens, sinon,
sincèrement, parce que ce n'est pas des cours avec une grammaire, puis un Grevisse,
et puis un Antidote, là. Ce n'est pas ça. Ce sont des cours qui
préparent à la logique de certaines choses à faire, à faire de la
littérature...
Vous demanderez c'est comment... en quoi ça
consiste, les 240 heures de préparation à l'épreuve uniforme de français. Ça fait 50 ans qu'ils font des
choses comme ça, là, dans les cégeps francophones. C'est une grande
tradition, tout comme les cégeps anglophones
ont la grande tradition de ce qu'ils appellent les «humanities». Alors, il faut
importer la tradition de préparation à l'épreuve uniforme de français des
cégeps francophones dans les cégeps anglophones. Ils n'auront pas le choix.
Si le projet de loi passe et qu'ils doivent se
soumettre à l'EUF, ce n'est pas chez eux, par les soirs, qu'ils vont devoir... Est-ce qu'ils vont devoir prendre
peut-être ce qu'ils appellent, dans le jargon des collèges, des
commandites? Des commandites, c'est des cours qu'ils peuvent aller suivre dans
un autre cégep. Alors là, il faudrait que, disons, 5 000 étudiants ou
4 000 étudiants de Dawson, pour ne pas le nommer, ou ça pourrait être
Vanier, ou Champlain, ou... aillent dans un cégep francophone, puis là des
histoires d'horaire, suivent les cours que les francophones suivent pour se
préparer à l'EUF. Sinon, on est dans une iniquité inimaginable.
C'est comme un étudiant en médecine qui ferait
tout son cours de médecine pour passer son LMCC. Lui, tous les cours sont
orientés vers l'examen. Puis tu aurais une gang d'étudiants qui seraient dans
une autre faculté, qui eux n'auraient pas du
tout en vue de préparer pour cet examen-là, bien, c'est sûr que le taux d'échec
serait épouvantable. Alors, on n'a pas le droit de les traiter d'une
façon...
Vous dites : Oui, mais ils choisissent
d'aller en anglais. Ils choisissent d'aller en anglais, oui, mais ils
choisissent d'aller en anglais puis de passer... Tout le système est basé sur
l'épreuve uniforme d'anglais. Là... puis je ne vous dis pas que je suis contre
qu'ils passent l'épreuve uniforme de français, mais il faut au moins avoir une
équité entre la préparation. Donc, il va falloir qu'il y ait des cours... donc
c'est là qu'on réouvre le régime d'études collégiales, il va falloir qu'il y
ait des cours donnés qui sont tout à fait symétriques aux cours donnés dans les
cégeps francophones. Puis ça, c'est des cours en français.
Maintenant, est-ce que ça pourrait être
ces cours-là que des anglophones viennent suivre? Parce que c'est des cours de
littérature, c'est des cours qui peuvent être fort intéressants, mais peut-être
trop avancés pour le niveau où on veut que les anglophones suivent les cours.
Mais ça n'exclut pas qu'un anglophone pourrait s'inscrire dans ces trois cours,
en français, aux cours que les allophones francophones vont suivre. Mais ça
pourrait être aussi d'autres cours. Là, les cégeps pourront certainement
trouver les meilleures façons, comme ils sont habitués de le faire.
Mais vous n'avez pas idée ce que c'est, là,
ouvrir le régime d'études collégiales, là. C'est comme ouvrir la... je
n'oserais pas dire le mot, mais c'est comme ouvrir la Constitution. Pour les
cégeps, c'est leur loi constitutive.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien, je
vais vous demander une courte suspension, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Une
courte suspension? Parfait, pas de problème.
On va suspendre les travaux quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 17 h 08)
La Présidente (Mme Thériault) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons poursuivre nos travaux. Nous étions...
Nous avons suspendu les travaux puisqu'il y a eu des petites discussions entre
le ministre et la députée de Marguerite-D'Youville sur l'amendement qui avait
été... de Marguerite-Bourgeoys, pardon, sur l'amendement qui avait été déposé
par le ministre. Donc, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, je vous donne la
parole.
Mme David : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, le sous-amendement, donc, de l'article 58 se lirait
comme suit :
Dans l'amendement à l'article 58 du projet
de loi, dans le deuxième alinéa de l'article 88.0.2 de la Charte de la
langue française qu'il propose, supprimer «qui n'a pas été déclaré admissible à
recevoir l'enseignement en anglais conformément à la section I, lorsqu'il
est».
Alors, ce que ça implique... Est-ce que je peux
parler maintenant?
• (17 h 10) •
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
allez-y.
Mme David : Oui?
La Présidente (Mme Thériault) : Le
sous-amendement est recevable. Allez-y puis vous pouvez...
Mme David : Ce que ça implique, dans
le fond, c'est que tous les étudiants qui fréquenteront un cégep anglophone,
qu'ils soient francophones, allophones ou ayants droit, c'est-à-dire ayant
étudié majoritairement en anglais au primaire, secondaire, devront suivre au
moins trois cours en français, et non pas de français, parce que, là, le
ministre explique bien, dans son amendement, un certain nombre de précisions
par rapport à ces cours-là. Alors, le sous-amendement fait en sorte que nous
enlevons... il enlevait la... il excluait une catégorie, qui était les ayants
droit, donc déclarés admissibles à recevoir
l'enseignement en anglais, de son amendement. Nous réintégrons tout le monde
pour qu'ils soient, dans le fond... qu'ils suivent le même régime pédagogique
en ce qui a trait à l'amendement du ministre.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Est-ce que vous pourriez me lire l'amendement du ministre, tel que ça
devrait, s'il était sous-amendé? C'est juste
pour les fins de compréhension, pour qu'on puisse comprendre quel texte on va
voter.
Mme David : Oui. Le seul problème,
c'est que je ne l'ai pas, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Parce qu'on va voter votre sous-amendement.
M. Jolin-Barrette : Je peux le
faire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui?
Vous allez le faire, M. le ministre? Parfait. Allez-y.
M.
Jolin-Barrette : Dans le
fond, l'amendement tel que sous-amendé, le texte tel que sous-amendé, là,
88.0.2, en intégralité, se lirait ainsi :
«L'enseignement collégial dans un établissement
francophone se donne en français sous réserve des exceptions prévues à la
présente sous-section. Il peut être donné en anglais dans un établissement
anglophone.»
Alinéa deux : «L'établissement qui donne en
anglais l'enseignement collégial doit néanmoins s'assurer que tout étudiant
inscrit dans un programme d'études conduisant au diplôme d'études collégiales
réussisse, avant qu'il ne lui soit délivré un
tel diplôme, un minimum de trois cours donnés en français, à l'exclusion des
cours de langue d'enseignement et de langue seconde de même que des
cours d'éducation physique. L'établissement doit voir à ce que ces cours soient
donnés à l'étudiant.»
Donc, ça, ça serait la version consolidée.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
ça serait la version avec le sous-amendement présenté par la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Donc, s'il n'y a pas d'autre commentaire sur votre sous-amendement, on peut
voter votre sous-amendement.
Mme David : Oui, je n'ai pas
vraiment d'autre commentaire. J'aurai... On pourra...
La Présidente (Mme Thériault) : On
va revenir sur l'amendement du ministre après.
Mme David : O.K. Parfait.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
allez-y, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Peut-être juste
simplement souligner que je pense que c'est un sous-amendement qui est approprié. Dans l'amendement que j'avais proposé,
on excluait les ayants droit. La députée de Marguerite-Bourgeoys ainsi que le député de D'Arcy-McGee nous ont invités, à
juste titre, à inclure, dans le fond, qu'il y ait trois cours en français qui
soient suivis. Je pense que c'est une bonne mesure pour faire en sorte que,
dans l'environnement francophone... à
l'intérieur d'un établissement collégial. Et on va approuver, on va appuyer la
proposition d'amendement de la députée de Marguerite-Bourgeoys.
La Présidente (Mme Thériault) : Le
sous-amendement. Donc, est-ce que j'ai d'autres commentaires? M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Je me permets de noter
notre fierté d'avoir proposé cet amendement et je salue les efforts de ma
collègue de Marguerite-Bourgeoys de l'avoir fait. Ça a fait sujet des
discussions élaborées, mais je crois que nous sommes en train, ensemble, de
souligner un principe de grande importance, c'est-à-dire la contribution qu'il
y a à donner... des non-francophones en ce
qui a trait à leurs études au niveau collégial. Et surtout je trouve... dans ce
cas-là, c'est intéressant de souligner un fardeau qu'on invite à
assumer, les Québécois d'expression anglaise, les ayants droit, comme on dit. On parle des établissements
qui sont financés par les contribuables, par l'État. On parle des
étudiants qui choisissent de continuer leurs
études ici, au Québec. Et qu'ils aient cette obligation qui s'ajouterait dans
la plupart des cas à leurs études secondaires, où ils auraient eu à
réussir en français — la
langue seconde souvent aussi — est tout à fait digne et normal. Alors, c'est
avec fierté qu'on va voter sur cet... ce sous-amendement, cet amendement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Bien, évidemment,
je remercie le collègue de D'Arcy-McGee aussi de son grand support dans ça,
d'autant qu'on parle de la clientèle d'ayants droit, donc particulièrement
d'étudiants issus des commissions scolaires anglophones, pour la grande
majorité. Ce qui est important pour nous, c'est de faire une belle mixité, je dirais,
linguistique à l'intérieur d'un cégep anglophone dans des cours qui sont donnés
en français pour que, tous ensemble, quelle que soit leur origine linguistique...
parce que, quand on parle d'allophones, c'est souvent une langue seconde. Et
donc j'insiste sur le fait que, toutes origines linguistiques confondues, on
puisse suivre ensemble un cours donné en
français de littérature, d'histoire du Québec, etc., qui sont... qui est pour
moi un progrès et un signe important de protection de la langue française,
dans un choix que nous appuyons, évidemment, de laisser, jusqu'à un certain
point... même s'il y a des contingentements, même s'il va y avoir des mesures
pour limiter le nombre de fréquentations dans les cégeps anglophones, on pourra
dire, à partir de la loi adoptée, qu'il y aura, dans les cégeps anglophones, une très belle mixité linguistique et
que cette mixité se traduira par une valorisation et une pratique de la langue française à l'intérieur même du cégep, pas
seulement dans les corridors, mais dans les activités d'apprentissage.
Et, ça, c'est
quelque chose de totalement nouveau, qui est, d'après moi, est-ce que j'oserais
dire, un compromis, mais un compromis formidable, historique sur le fait
que les choses puissent se passer en français dans des cégeps anglophones, qui donc va être un peu à la mesure,
effectivement, de la fréquentation d'étudiants francophones et
allophones dans les cégeps anglophones, mais
aussi de l'importance du français pour les étudiants anglophones, disons-le
comme ça. Et donc, de les retrouver tous ensemble dans un cours qui va être
donné en français, je pense que c'est là une très belle réalisation de... qui
donne espoir sur l'avenir de nos cégeps anglophones, mais aussi,
éventuellement, de toute cette prépondérance et préséance de la langue
française comme vecteur d'unification de la culture du travail qui va, après
ça, je pense, peut-être avoir comme conséquence, effectivement, une meilleure
appréciation de la langue française, particulièrement
aux âges où on fréquente le cégep, ça a été beaucoup dit, donc importance de
parler de culture, de socialiser en français, de parler de littérature
en français. Alors, c'est quand même, je pense, une très, très belle
initiative.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Est-ce que j'ai d'autres commentaires? Non.
Est-ce que le sous-amendement proposé à
l'amendement de M. le ministre à l'article 88.0.2 est adopté?
M. Jolin-Barrette : ...un vote
par appel nominal.
La
Présidente (Mme Thériault) : Vous voulez un vote par appel nominal. Mme la secrétaire, sur le
sous-amendement.
La Secrétaire : Oui. Mme David
(Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Pour.
La Secrétaire : M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
La Secrétaire : M. Barrette (La
Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire :
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Pour.
La Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Pour.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire : M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Pour.
La Secrétaire : Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
La Secrétaire : M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire : Et Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel)?
La Présidente (Mme Thériault) :
Abstention. Donc, le sous-amendement est adopté.
On revient maintenant à l'amendement déposé par
le ministre. Donc, on peut faire la discussion sur l'amendement tel qu'amendé.
Allez-y. Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur l'article 88.0.2, dans
l'amendement présenté par le ministre?
Mme David : ...le ministre...
La
Présidente (Mme Thériault) : Bien, c'est l'amendement tel qu'amendé, tel que vous venez de le sous-amender
maintenant, parce que je dois adopter l'amendement avant de passer à l'autre
article.
• (17 h 20) •
Mme David : Bien, écoutez, je
vais simplement rajouter que notre sous-amendement s'inscrit bien dans l'amendement. En fait, c'était... la solution
était plus simple, linguistiquement, que je ne le pensais, d'enlever une
partie de son amendement, et je pense que ça donne, encore une fois, un
équilibre souhaité, souhaitable, même si ça va demander, oui, on le sait, des aménagements dans les collèges pour...
mais il y a d'autres choses qui vont demander des aménagements, de toute
façon. Alors, je pense qu'ils sont déterminés à faire leur contribution à la
francophonie, à la francophilie, à cette
mixité dont je parlais. Alors, je pense que, oui, le ministère, j'espère, de
l'Enseignement supérieur sera là pour les accompagner.
Et ça va
prendre, évidemment, un certain temps. Il faut leur laisser, comme on dit, un
peu le temps de s'organiser. Mais, comme dit le ministre, on n'ouvre pas
souvent la Charte de la langue française. Et cette façon, peut-être, qu'on a
trouvée est assez créatrice et... et témoigne du fait qu'on pense que chacun
doit faire sa part dans cette question de la pérennité du français. Et cette
façon d'introduire beaucoup plus de langue française dans les collèges
anglophones va être une belle façon de ne pas oublier que le Québec a une
langue commune, effectivement, et c'est le français, et que ça a été déclaré,
en 1974, la langue officielle du Québec par un certain Robert Bourassa, qui
était le chef et le premier ministre du... chef du Parti libéral du Québec.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur l'amendement du
ministre?
Si je n'ai pas d'autre commentaire, on est prêts
à mettre l'amendement aux voix. Est-ce que l'amendement du ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. Donc, on retourne donc à l'article 88.0.2 tel qu'amendé. Est-ce
j'ai d'autres commentaires sur cet
article-là? Si je n'en ai pas d'autre, je serais prête à passer à
l'article 88.0.3. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors :
«L'article 88.0.2 n'empêche pas, dans un établissement offrant
l'enseignement collégial, l'enseignement
dans une autre langue que le français afin d'en favoriser l'apprentissage,
selon les modalités et aux conditions prescrites
dans le régime des études collégiales établi par le gouvernement en vertu de
l'article 18 de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel (chapitre C-29).»
L'article 88.0.3 de la Charte de la langue
française que propose l'article 58 du projet de loi a pour objet de
permettre l'enseignement d'une langue autre que le français afin d'en favoriser
l'apprentissage, conformément au régime des études collégiales.
Les dispositions de l'artiste 88.0.3
entreront en vigueur à compter de l'année scolaire 2022‑2023, ainsi que le
prévoit le paragraphe 4° de l'article 201.
La Présidente (Mme Thériault) :
Questions, commentaires? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : ...c'est parce qu'on a
été distraits par un autre amendement qu'on...
Je vais demander une petite suspension parce
qu'on avait envoyé un amendement sur Greffier pour le 88.0.2.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. Donc, on va prendre une petite suspension?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. On suspend les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 24)
La Présidente (Mme Thériault) : Nous
allons poursuivre nos travaux. Donc, nous en sommes rendus à 88.0.3. Le ministre en a fait la lecture, et
j'étais au niveau des commentaires. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme
David : Alors, là, ça...
Merci beaucoup, Mme la Présidente. L'article dit bien que le précédent
article 88.0.2 «n'empêche pas, dans un établissement offrant l'enseignement
collégial, l'enseignement dans une langue autre que le français afin d'en
favoriser l'apprentissage, selon les modalités...» Ah! my God, que c'est
compliqué.
M.
Jolin-Barrette : Dans le
fond, l'article, ce qu'il veut dire, c'est que, malgré l'article précédent, ça
n'empêche pas d'avoir des cours d'allemand, des cours d'espagnol, des cours
d'anglais langue seconde, des cours de français langue seconde, des cours de
mandarin.
Dans le fond,
«l'article 88.0.2 n'empêche pas, dans un établissement offrant
l'enseignement collégial, l'enseignement dans une autre langue que le
français afin d'en favoriser l'apprentissage, selon les modalités et conditions
prescrites par le régime des études
collégiales», ça dit, dans le fond, que, dans le régime collégial, vous pouvez,
dans un établissement francophone, avoir un cours de... Ce n'est pas des
crédits, au cégep, là, c'est...
La Présidente (Mme Thériault) :
Allemand, espagnol.
M. Jolin-Barrette : Allemand,
espagnol.
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est des langues fréquentes, là.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme David : C'est ça. O.K. Bien, je
dois être fatiguée parce que c'est effectivement comme ça que je l'avais lu,
là, il y a peut-être une ou deux journées, là. Ça va, mais ça veut dire aussi
que ça peut permettre et, je pense, c'est déjà le cas, là, qu'il y ait des
cours d'anglais langue seconde dans des... je pense, c'est même obligatoire
dans le régime d'études collégiales.
M. Jolin-Barrette : Exactement. Vous
avez deux cours d'anglais obligatoires.
Mme David : Parce qu'il y avait déjà
eu des velléités. Je me demande si ce n'était pas un ex-chef du PQ qui
proposait même que les cégeps francophones soient bilingues pour ne plus qu'il
y ait de cégeps anglophones et francophones, en tout cas, qu'il y ait beaucoup
plus d'accès à l'apprentissage de langue anglaise pour justement éviter d'avoir
trop d'attrait vers les cégeps anglophones. Mais ce n'est pas exclu dans le
régime pédagogique actuel, dans le fond, de mettre des cours d'apprentissage de
langue.
M. Jolin-Barrette : Exactement, ce
n'est pas exclu, mais là, ici, on vient le confirmer dans la loi, que, dans le
cursus, c'est possible de le faire.
Mais ce à quoi vous faites référence, c'est
avant que le PQ change de position par rapport à l'étendue de la loi 101 au
cégep.
Mme David : ...quelques-unes.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
La Présidente (Mme Thériault) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires? Il n'y en a pas? Parfait.
Donc, M. le ministre, 88.0.4., et je crois que
vous avez un amendement.
M. Jolin-Barrette : Et j'aurai un
amendement également, qui doit être sur Greffier.
La Présidente (Mme Thériault) : Je
vais juste... parce que je n'ai pas... On va l'imprimer, M. le ministre. Je ne
l'ai pas en main.
M. Jolin-Barrette : O.K., mais je
vais vous faire la lecture 88.0.4 en attendant.
La Présidente (Mme Thériault) : 88.0.4,
oui, vous pouvez faire la lecture de... oui. À ce moment-là, ça va me permettre
d'avoir la copie en main pour l'amendement. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Donc : «Le
ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie détermine, pour chaque année
scolaire, un effectif total particulier à chacun des établissements
anglophones offrant l'enseignement collégial.
«Lorsqu'il détermine un effectif total
particulier pour une année scolaire, le ministre s'assure que, pour cette année scolaire, l'ensemble des effectifs totaux
particuliers des établissements anglophones remplit les conditions
suivantes :
«1° il n'excède pas la moindre des proportions
suivantes de l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les
établissements anglophones et francophones :
«a) 17,5 %;
«b) la part de l'ensemble des effectifs totaux
particuliers pour l'année scolaire précédente des établissements anglophones
sur l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les établissements
anglophones et francophones pour cette même année scolaire;
«2° le cas échéant, son accroissement, par
rapport à l'année scolaire précédente, n'excède pas 8,7 % de l'accroissement, pour cette même année scolaire,
de l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les
établissements anglophones et francophones.»
Même, est-ce que vous voulez que je lise
l'amendement, Mme la Présidente?
La
Présidente (Mme Thériault) : Voulez-vous... Peut-être le commentaire parce que
je n'ai pas l'amendement encore, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui, le
commentaire. L'article 88.0.4 de la Charte de la langue française que propose l'article 58 du projet de loi a pour objet
d'encadrer le développement des établissements anglophones offrant
l'enseignement collégial.
Aux fins de cet encadrement, le ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie
doit, pour chaque année scolaire, déterminer l'effectif total de chacun de ces
établissements. Lorsqu'il fait cette détermination, le ministre doit s'assurer
que l'ensemble de ces effectifs totaux remplit les deux conditions prévues aux
paragraphes 1° et 2° du deuxième alinéa de l'article 88.0.4.
La première
condition est de ne pas excéder 17,5 % de l'ensemble des effectifs totaux
de tous les établissements francophones et anglophones ou, lorsque
l'année précédente, l'ensemble des effectifs totaux des établissements anglophones sur l'ensemble des effectifs totaux de
tous les établissements francophones et anglophones correspondait à une
proportion inférieure à 17,5 %, de ne pas excéder cette proportion
inférieure à 17,5 %.
La deuxième condition est de ne pas s'accroître,
d'une année scolaire à une autre, de plus de 8,7 % de l'ensemble de
l'accroissement, pour les mêmes années, de l'ensemble des effectifs totaux de
tous les établissements anglophones et
francophones. Ainsi, si l'ensemble des effectifs totaux de tous les
établissements s'accroît de 1 000 étudiants, l'accroissement
des effectifs totaux de l'ensemble des établissements anglophones sera d'au
plus 87 étudiants.
Les dispositions de l'article 88.0.4 n'entreront
en vigueur qu'à compter de l'année scolaire 2022‑2023, ainsi que le prévoit le
paragraphe 4° de l'article 201. Et là l'amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : ...je
l'ai en main, et il est sur Greffier, donc vous pouvez en prendre connaissance.
M. Jolin-Barrette : Donc,
l'amendement à l'article...
La Présidente (Mme Thériault) : Attendez
juste quelques secondes. Parfait. C'est beau. Allez-y.
• (17 h 30) •
M. Jolin-Barrette : À l'article 58
du projet de loi, remplacer le deuxième alinéa de l'article 88.0.4 de la Charte
de la langue française qu'il propose par l'alinéa suivant :
«Lorsqu'il détermine un
effectif total particulier pour une année scolaire, le ministre s'assure que,
pour cette année scolaire, l'ensemble des effectifs totaux particuliers des
établissements anglophones n'augmente pas et n'excède
pas la moindre des proportions suivantes de l'ensemble des effectifs totaux
particuliers de tous les établissements anglophones et
francophones :
«1° 17,5 %;
«2° la part de l'ensemble des effectifs totaux
particuliers pour l'année scolaire précédente des établissements anglophones
sur l'ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les établissements
anglophones et francophones pour cette même année scolaire.»
Commentaire. Cet amendement vise à supprimer les
dispositions du paragraphe 2° de
l'article 88.0.4 proposé par le projet de loi et, en remplacement de
celle-ci, à prévoir, au deuxième alinéa de cet article, le plafonnement de
l'ensemble des effectifs totaux particuliers des établissements anglophones. Il
apporte également, au deuxième alinéa, les modifications de forme qui doivent
s'ensuivre, notamment que les sous-paragraphes a et b deviennent les
paragraphes 1° et 2°.
Donc, concrètement, Mme la Présidente, c'est le
gel du nombre de places relativement aux établissements collégiaux anglophones.
Donc, on vient affirmer, dans le fond, dans le premier alinéa, que c'est une
photo, là, c'est une photo qui est prise. Donc, la part du nombre de places
dans les établissements collégiaux anglophones est à 17,5 %, donc elle ne
peut excéder 17,5 %. Et le deuxième... Donc, ça, c'est le plafond
supérieur. Et par la suite, le plafond inférieur, si je peux dire, c'est
l'alinéa deux, donc c'est la moindre des proportions suivantes. Ça veut
dire que c'est «la part de l'ensemble des effectifs totaux particuliers pour
l'année scolaire précédente des établissements anglophones sur l'ensemble des
effectifs totaux», et donc il n'y a pas de facteur de croissance.
Et donc, si le collégial, en général, grossit,
le nombre de places de cégeps... dans les cégeps anglophones, en nombre absolu,
demeure le même. Donc, c'est soit... Actuellement, c'est 17,5 %, mais il
pourrait arriver que ça descende en bas du 17,5 %, si le nombre absolu de
nombre de places augmente. Et il n'y a plus de facteur de croissance de
8,7 %. Donc, c'est conforme à ce que souhaitait, notamment, ma collègue de
Marguerite-Bourgeoys, le fait qu'il y ait un gel. Et puis la ministre de
l'Enseignement supérieur a indiqué clairement, également, qu'il y avait un gel
là-dedans, donc c'est cohérent avec la volonté du ministère de l'Enseignement
supérieur.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : J'essaie d'imaginer le
choc des gens, en ce moment. J'essaie juste d'imaginer, parce que, justement,
j'osais croire qu'un projet de loi était plus fort qu'une simple annonce par
communiqué. Il faut croire que vous avez changé votre projet de loi pour aller
avec le gel des places.
Donc là, vous enlevez la... toute possibilité
d'accroissement mais vous assurez une décroissance. Parce que, c'est sûr, on
attend 25 000 étudiants nouveaux, d'ici 2029, dans la grande région
de Montréal. Donc, les gens ont calculé que ça allait tomber à peu près à
13 %, puisque c'est le moindre des deux, donc ça va être le... Évidemment,
«n'excède pas la moindre des proportions de l'ensemble des effectifs totaux»,
soit 17 %, ou «la part de l'ensemble des effectifs totaux particuliers
pour l'année scolaire précédente». Donc, 17,5 % de 20 000, ce n'est
pas 17,5 % de 30 000. C'est sûr que le chiffre va être moindre. Et
donc, comme il n'y a pas le paragraphe 2°, il n'y a
plus de possibilité d'accroissement.
Donc, ça veut dire qu'à moins qu'il y ait une baisse
des effectifs étudiants, ce qui n'est pas du tout le cas du ministère de l'Enseignement supérieur, dans ses
prévisions... Il prévoit, d'ailleurs, 25 000 nouveaux étudiants, et
c'est pour ça qu'ils disent : Il faut
agrandir les cégeps puis agrandir, sauf Dawson, où là il y a un recul
inexplicable et cruel.
Mais c'est un peu cruel aussi de dire, dans le
paragraphe 2°, qu'on ne permet pas aucun
accroissement. Et donc, c'est sûr qu'on fait tout pour faire en sorte qu'ils
n'aient même plus la photo. On n'est plus dans la photo du 9 715 pour
Dawson, disons, parce que les devis vont être annuellement mis en fonction du
17,5 % des effectifs totaux. Mais, comme les effectifs totaux, ils n'en
ont aucune, part du gâteau. Ça veut dire que ça va être de 17,5 %, disons, de 30 000, au lieu de 20 000, et
là, bien, ça ne sera plus 9 600, leur devis, ou 9 715, ça risque
d'être 9 400, 9 300. Alors, tout le monde va être en
décroissance.
Et sachant que vous prévoyez d'enlever ce
paragraphe-là, vous vous êtes dit : Bien, on va arrêter de dire qu'ils ont
besoin d'un nouveau pavillon, à Dawson, pour mettre du monde, puisqu'on va les
diminuer, les diminuer, donc ils s'entasseront moins, éventuellement, dans des
armoires à balais, comme on dit. Mais je trouve que c'est une drôle de façon de
leur annoncer la nouvelle, disons-le comme ça, alors... alors que vous aviez,
je le répète, maintenu, dans le plan d'accélération des infrastructures, le
projet de Dawson. Parce que, je le répète, ce n'est pas du tout un projet pour
mettre des étudiants en plus, c'est un projet pour répondre aux normes
gouvernementales.
Et ça faisait 20 ans... plus que
20 ans, mais ça faisait 20 ans, quand nous l'avons mis au PQI.
C'était depuis... c'était en 2018. C'était en 1998 qu'ils avaient eu un devis que
les étudiants sont vraiment très, très, très entassés. Pour avoir visité tous
les cégeps du Québec, je peux vous dire, Mme la Présidente, que les étudiants
se pilent sur les pieds. Ils sont obligés de prendre un autobus jaune pour
aller faire des cours de gymnastique, d'éducation physique ailleurs, parce
qu'ils n'ont même plus de place pour mettre des palestres. Les programmes en
sciences de la santé qui se sont sophistiqués, ne prenons que les mannequins
simulateurs, il faut avoir des espaces.
Alors, quand on compare la façon dont ils ont
d'être obligés de mettre ça dans des armoires à balais, à Dawson, alors qu'on
va dans des cégeps autres, qui sont souvent en région ou... et ça n'enlève
rien, là, je suis contente qu'ils aient ça. Mais c'est tellement des espaces
bien installés, dans les cégeps, que le CIUSSS les prend comme hôpital de
réserve, s'il y a une épidémie, une pandémie, des besoins de lits d'hôpitaux.
Ils n'iront pas dans des
armoires à balais, à Dawson, là. Alors, les étudiants qui étudient en sciences
de la santé sont tellement à l'étroit qu'il fallait, justement, des mètres carrés pour être... en toute justice et
équité pour les autres cégeps qui avaient cette place-là.
Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas d'autres
cégeps, avec les 25 000 étudiants, qui n'auront pas besoin d'espace.
Oui, le cégep Ahuntsic, là, il fallait qu'ils commandent des espaces modulaires
pour mettre leurs étudiants, Édouard-Montpetit aussi. Mais Édouard-Montpetit a
des très, très beaux projets de cliniques de santé, et tout ça, des très beaux
projets, là, dans des cégeps francophones, mais, pendant ce temps-là, on
entasse littéralement des étudiants les uns par-dessus les autres, parce qu'on
ne veut pas leur donner les mètres carrés auxquels ils ont droit, avec le maintien
des étudiants, et pas avec une augmentation d'étudiants, ce qui est
malheureusement trop souvent véhiculé par ceux qui sont contre le projet de
Dawson ou tout projet qui toucherait la communauté anglophone, ce qui est une
immense injustice.
Jamais, jamais le ministère de l'Enseignement
supérieur n'a fonctionné en raison... Les normes, là, un fonctionnaire ne se
dit pas et ne se dit jamais, et heureusement : Ça, c'est un cégep
anglophone, je vais changer les normes, on
va les entasser comme des sardines, puis ça, c'est un cégep francophone, bien
là, les normes vont changer, puis eux autres vont avoir beaucoup de
place. Ce n'est pas comme ça que ça marche. Ça marche par des besoins normés.
Puis, dans les besoins normés, quand un cégep dit : Au secours! Je ne sais
plus où mettre mes étudiants, ce qui d'habitude est une bonne nouvelle, ça veut
dire que les étudiants ont accès à l'enseignement supérieur, veulent étudier à
l'enseignement supérieur, au collégial ou à l'université, bien, on leur donne
des espaces dont ils ont besoin.
Parce que,
savez-vous quoi, l'avenir du Québec et de toutes les sociétés modernes, ça
passe par l'enseignement supérieur,
ça passe par une meilleure... Et la CAQ elle-même est un gouvernement qui
dit : Il faut scolariser nos jeunes, il faut au moins des salaires... un minimum 56 000 $ par année.
Bien, ça, ça s'appelle des D.E.C. techniques, bien souvent, ça s'appelle
des métiers membres d'ordres professionnels. Puis là, pénurie de main-d'oeuvre,
on paie les étudiants pour étudier, on leur donne de l'argent plein les poches
pour faire des techniques puis bon... Puis ça, c'est un autre enjeu qui peut
être discriminatoire à plusieurs égards.
Mais ce que je veux dire, c'est qu'on est
supposés valoriser l'enseignement supérieur et que ça ne soit pas une question linguistique. Alors là, on en fait
des normes de bâtiments, terrains et bâtiments, qui deviennent
linguistiques. Alors, évidemment que retirer le projet de Dawson, c'est d'une
cruauté inimaginable, parce que, pendant qu'on dit ça, après leur avoir
dit : Non, non, il est au PQI puis après avoir dit : On fait un
projet de loi spécial, spécial pour accélérer
des projets, il reste dans le projet de loi, puis tout à coup, on retire
complètement ce projet-là. C'est vraiment assez inhumain. Et puis après ça, bien là, on leur dit : Finalement, il
n'y a en aura plus, d'accroissement, il n'y aura même plus de possibilité, jusqu'à la fin de vos
jours, de dire... Non seulement il n'y aura plus d'accroissement, mais c'est
sûr qu'il va y avoir une décroissance, si on
attend 25 000 étudiants. C'est mathématique, ça, il n'y a pas
d'autres façons de le dire.
Alors, je pense que ce n'est pas une bonne
nouvelle, que c'est très triste, alors que nous, on veut, justement, permettre
une mixité linguistique intéressante dans les cégeps anglophones. Mais là on
leur annonce qu'ils vont vraiment dépérir à petit feu puis être de plus en plus
contraints dans leurs petits espaces et puis qu'ils n'auront pas le droit
d'avoir aucun étudiant de plus.
• (17 h 40) •
Moi, je suis certaine, quand le ministre a fait
son projet de loi, parce qu'il y a pensé à tous ces articles, ils ont réfléchi à tout ça, ce n'est pas venu de nulle
part, ça, ce deuxième alinéa, de dire : «Le cas échéant, son
accroissement, par rapport à l'année scolaire précédente, n'excède pas
8,7 % de l'accroissement, pour cette même année scolaire, de l'ensemble
des effectifs totaux particuliers de tous les établissements anglophones et
francophones.» Le ministre, là, il n'avait pas nécessairement... comme on dit,
il en avait fumé du bon quand il a écrit ça. Je suis sûre que non. Il savait ce qu'il faisait, il le savait, puis ça a
été écrit en pure connaissance de cause. Donc, il était d'accord, tout
comme la CAQ était d'accord pour Dawson. À
ce moment-là, ils étaient vraiment d'accord pour l'agrandissement du cégep,
parce que, vraiment, c'était tellement dû et tellement retardé depuis de
nombreuses années. Puis il était d'accord avec son deuxième alinéa.
Puis là je vais faire un peu comme le député de
Matane-Matapédia. Je suis certaine que, quand il a écrit son truc, il était
d'accord. Qu'est-ce qui est arrivé pour qu'on retire Dawson? Qu'est-ce qui est
arrivé pour que, là, on retire cet alinéa? J'avoue que les deux bras m'en
tombent et que je trouve ça vraiment un acharnement thérapeutique, là. C'est de
l'acharnement pour faire en sorte que, les cégeps anglophones, on soit sûrs de
les étouffer bien comme il faut et puis de dire que... Je ne suis pas sûre que
les enfants des collègues de la CAQ vont être bien contents de ça, ce soir,
puis qu'ils vont dire : Bien, moi, j'espérais pouvoir aller à
Saint-Lawrence, là, puis j'espérais pouvoir aller à Champlain, puis j'espérais
pouvoir aller à Lennoxville, j'espérais pouvoir aller à Heritage, j'espérais
pouvoir aller à John-Abbott, mais là... Puis ça, c'est les enfants qui veulent
aller là, là, c'est... Demandez aux parents, là, des députés de la CAQ, là,
combien sont allés au cégep anglais ou combien veulent aller...
Alors, je ne dis pas qu'il faut tous aller au
cégep anglophone, ce n'est pas ça que je dis. Mais, entre ça et le dépôt d'un
projet de loi où il y avait une mesure proportionnelle, une mesure que le
ministre a approuvée, parce qu'il n'y a rien qui est déposé qui n'est pas
approuvé par le ministre de la Langue française, c'est bien évident, et qui a
été ultravérifié par tout le monde, tout à coup, pouf, il retire ça. Puis, tout
à coup, pouf, dans la même occasion, on dit à la ministre de l'Enseignement
supérieur... parce qu'on lui a dit, sûrement : Toi, tu déplugues Dawson.
Alors là, elle a dit : Oui, oui, oui, je vais le dépluguer, O.K.
Alors là, il y a un mouvement très clair,
préélectoral, à cause des... de toutes...
M. Jolin-Barrette : ...je suis
désolé, je dois faire une question de règlement là-dessus. On me prête des
intentions, en vertu de l'article 35...
Mme David : Alors,
je ne dirai pas «préélectoral», mais disons qu'il y a un calendrier qui fait
qu'à une certaine date il y a eu un retrait d'un projet, après certaines mises
en situation, pour faire plaisir à certaines franges qui n'aimaient pas trop ce
projet-là. Mais je trouve que là, ça fait deux coups de marteau, disons,
appelons ça comme ça, coup sur coup. Ça fait mal, c'est triste. Et puis le
ministre n'a pas voulu les présenter d'avance. Je le comprends, quand je vois
ça, mais ça ne veut pas dire que je suis d'accord avec ça puis je trouve que
c'est loin d'être très, très sympathique pour...
Et là je comprends pourquoi il ne voulait jamais
me répondre à cet article-là. Qu'est-ce qu'on va faire? Un côté, il y a un gel
puis, de l'autre côté, il y a l'accroissement. Alors, je ne savais pas qu'il
gardait ça dans sa poche. J'en suis très triste et très déçue, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme
la Présidente, je suis un peu surpris parce que... de la position de ma
collègue de Marguerite-Bourgeoys, parce que, écoutez lorsque le Parti libéral,
le 23 avril 2021, ont déposé leur plan, leurs 27 propositions, ça va
faire un an bientôt, la collègue de Marguerite-Bourgeoys, lors de sa conférence
de presse, est questionnée, disait : «Contrairement au Parti québécois qui
souhaite désormais interdire aux francophones et aux allophones de fréquenter
les cégeps de langue anglaise, le Parti libéral du Québec propose de maintenir
le nombre de places à leur niveau prépandémie.
«"Ça veut dire : ni plus ni
moins", a précisé la porte-parole libérale pour la protection de la langue
française», la députée de Marguerite-Bourgeoys, pas plus, pas moins.
«Avec la
croissance démographique, toutefois, le ratio de places du côté anglophone
diminuera graduellement, a-t-elle reconnu.»
Donc, c'est votre position, notamment, que vous
avez exprimée le 23 avril 2021, à l'effet que ça prenait un gel des places
dans le réseau anglophone. Alors, c'est ce que nous faisons. La ministre de
l'Enseignement supérieur a exprimé très clairement qu'il allait y avoir un gel,
également, dans les établissements anglophones, et on donne suite à ça dans le
cadre du projet de loi. C'est pour ça que, le deuxième alinéa, il est supprimé.
Donc, il n'y aura pas de facteur de croissance. Donc, à la photo, c'est
17,5 %. Si jamais il y a un accroissement du côté francophone, bien,
effectivement, le plafond de 17,5 % diminuera pour rééquilibrer les deux
réseaux.
Et ça va de pair également avec la proposition
de faire du français la langue normale des études au niveau collégial. Et on va voir un petit peu plus tard...
et ça, je l'ai annoncé hier, que j'allais avoir un amendement pour faire
en sorte que ça ne sera plus favoriser les ayants droit pour la sélection dans
les établissements collégiaux, mais ça va plutôt être prioriser. Donc, on va
venir clarifier le tout pour vraiment permettre à la communauté d'expression
anglaise, aux ayants droit, d'avoir la priorité dans les établissements
d'enseignement de langue anglaise.
Alors, l'objectif, et vous savez, vous m'avez
parlé... Mme la Présidente, la députée de Marguerite-Bourgeoys m'a parlé de
Dawson, beaucoup. La ministre de l'Enseignement supérieur a annoncé qu'elle
avait fait un choix relativement au projet, qui avait été placé au PQI,
d'ailleurs, juste, juste, juste avant l'élection de 2018. La députée de Marguerite-Bourgeoys
fait référence à certains éléments, donc, dans le PQI, à la fin. Alors, les
motifs justifiants ont été exprimés, notamment, par la ministre de
l'Enseignement supérieur, mais notamment, également, sur le fait que c'était
important de bien financer l'ensemble du réseau collégial également.
Et, bon, la députée de Marguerite-Bourgeoys fait
référence aux devis. Bien entendu, dans le devis de Dawson, le devis était excédé depuis plusieurs années également. Donc,
la part du français est importante, au Québec, et elle doit être
protégée, elle doit être valorisée. Et le choix que nous faisons, c'est
effectivement un gel du nombre de places dans le réseau collégial anglophone.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : D'une part, les devis
sont excédés dans beaucoup, beaucoup de cégeps... et que ce n'est pas du tout
privilégié pour des cégeps anglophones, l'excès de devis. Et ça a été permis,
demandé par les cégeps et autorisé par les différents ministres de
l'Enseignement supérieur, parce qu'il y avait trop d'étudiants qui ne
trouvaient pas de place dans les cégeps. Alors, c'était de la pure équité et de
l'accès à l'enseignement supérieur que de permettre ça.
Mais ça a été... vous faites un dépassement
comme si c'était une punition, mais plusieurs cégeps ont dépassé puis ils
avaient droit à un dépassement de 10 %, en plus. Ils y avaient droit.
Puis, après ça, on a même levé la restriction de 10 %, puis savez-vous
lesquels m'ont le plus demandé de lever? C'étaient les cégeps de Québec, cégep
Garneau, Sainte-Foy, parce que là, ils dépassaient, ils refusaient des
étudiants. Ça n'avait pas de bon sens. Alors, j'ai dit : Oui, O.K., on va
leur enlever le... et vous allez pouvoir prendre les étudiants que vous êtes
capables d'accueillir en fonction de vos mètres carrés. Évidemment, il y a une
limite à ce qu'on peut faire, mais ce n'est pas dans un autre contexte que
Dawson a fait ça, comme des cégeps francophones. Première des choses.
Deuxième des choses, c'est une chose de dire,
dans un plan d'action... de maintenir, qui n'est pas quelque chose qu'on met
dans une loi ad vitam aeternam. Ça peut être une mesure administrative. Là, on
va, dans une loi, dire : Jamais plus vous n'augmenterez. Et puis, après
ça, de dire que la ministre a décidé que Dawson n'aurait plus de projet... Oui,
on l'a mis, en 2018, c'est vrai qu'on l'a mis, en 2018. Vous l'avez remis dans
votre PQI en 2019, en 2020 puis en 2021, puis là, à la dernière minute, vous
retirez le projet. C'est ça que je trouve cruel.
Et, quand vous avez
déposé votre projet de loi, notre plan d'action était le 23 avril, le
dépôt du projet de loi était le 13 ou le 14 mai, et puis le gel est
annoncé le 18 juin. Alors là, effectivement, nous, on parle de maintenir,
au moment où on a déposé le plan d'action, ce n'est pas
un projet de loi. Vous, après ça, il y a une annonce de gel, on se dit :
Qu'est-ce que c'est, cette histoire-là? Parce qu'entre les deux il y a eu le
dépôt de projet de loi. On se dit : Ah! bien, quand même, les gens des
collèges anglophones regardent ça puis ils se disent : Bon, bien, écoutez,
on va... c'est correct, là, 8,7 % d'accroissement, etc. Puis ils vivaient
avec ça en se disant, depuis le mois de mai : Bon, bien, déjà qu'on nous
met quand même un certain nombre de balises nouvelles, on va vivre avec ça.
Mais là ils apprennent aujourd'hui que non seulement ils vont vivre sans ça,
mais que, dans un des cégeps importants, bien là, on décide aussi un changement
de cap à 180 degrés. On retire le projet délibérément en disant quoi?
Qu'il y a besoin de places dans d'autres cégeps.
Est-ce qu'on peut
faire les deux en même temps, Mme la Présidente? Est-ce qu'on peut rendre
justice à un problème de norme ministérielle
pour un besoin très, très documenté de mètres carrés, très documenté? Les
fonctionnaires qui ont fait ça, eux autres, là, que ce soit quelque parti que
ce soit au pouvoir, eux autres, ils regardent le nombre de mètres carrés qui
manquent, puis là, bien, oui, il va en manquer éventuellement.
• (17 h 50) •
Puis c'est une bonne
nouvelle qu'il y ait des projets dans les cégeps francophones. C'est une très
bonne nouvelle, je le dis et le redis, qu'il y ait 25 000 étudiants
de plus au niveau collégial. Bravo, c'est formidable. Oui, ça va coûter cher.
Oui, ça va coûter cher au gouvernement, il va falloir mettre plus de places.
Mais qu'est-ce que vous voulez, c'est le fun, c'est un beau problème d'avoir
plus d'étudiants qui étudient au collégial. On en voudrait plus en région. On en voudrait plus qui acceptent de se
délocaliser un peu plus. Mais qu'ils acceptent d'étudier plus longtemps,
c'est une magnifique nouvelle pour le
Québec. Mais là non seulement on décide de cibler un projet... Toi, tu t'en
vas...
Puis qui est sorti
pour dire que ça n'avait pas de bon sens? Là, je vais le dire, là, vraiment au
ministre : le Regroupement des cégeps de Montréal. Sa présidente Mme
Vallée, qui est la D.G. du cégep Ahuntsic, qui, elle, a eu de l'argent pour
pouvoir agrandir son cégep, c'est une bonne nouvelle pour elle, elle dénonce le
fait que son collègue... ses collègues de
Dawson n'aient pas droit à la même chose. Parce qu'elle, elle le sait, puis les
cégeps le savent, là. Dans la région de Montréal, ils avaient le RCMM,
le Regroupement des collèges du Montréal métropolitain, qui s'appelle le RCM
maintenant, ils ont toujours tous travaillé ensemble, pas de questions
linguistiques. Jamais le ministère de l'Enseignement supérieur n'a dit :
Bien là, les anglos vont avoir moins, les francos vont avoir plus. Tout ce
monde-là travaille ensemble, tout ce monde-là applique le règlement sur les
études collégiales. Tout ce monde-là admet des étudiants, se parle entre eux.
Là, on les divise. Alors, la D.G. d'un cégep est obligée de dire à
l'autre : Bien, c'est plate, hein, toi, tu ne l'auras pas, moi, je l'ai
eu.
Donc, les
francophones l'ont puis les anglophones qui ont besoin d'espace ne l'ont pas...
et qui avaient besoin d'espace bien avant la future arrivée des
25 000 étudiants, là. Alors, moi, je ne suis pas contre du tout
d'aider Édouard-Montpetit, d'aider Ahuntsic, d'aider tous les cégeps en manque
d'espace, mais tant qu'à aider un, soyons cohérents sur la quantité d'étudiants
actuels. Ce n'est pas pour des étudiants futurs, là, c'est les actuels. Alors,
il y a vraiment, je trouve, une injustice faite. Et puis là on leur dit :
En plus, vous allez être gelés dans la loi. Ça, ce n'est pas une mesure
administrative. Le gel de la ministre de l'Enseignement supérieur, c'est un gel
administratif, c'est des devis, qu'on appelle, ça. Puis les devis, ça veut dire
qu'on garde le même devis dans les cégeps anglophones, puis là elle
dit 10 ans. Il y a bien des gouvernements qui peuvent passer, d'ici
ce temps-là, qui pourront changer, si c'est par règlement, mais là il va falloir
carrément amender la loi, si on veut revenir à ça.
Alors,
c'est une mesure ultraforte, ultrablessante, je trouve, pour nos collègues
anglophones, puis ultrablessante, probablement, pour les étudiants, en
plus, qui veulent aller là. Et la CAQ devrait se poser des questions sur,
justement, ces jeunes qu'elle voudrait bien qu'ils votent pour elle, mais qui
peut-être sont ailleurs dans leur tête ou sont... Alors, il faut se poser la
question. Plusieurs chroniqueurs le disent : Mais qu'est-ce que c'est
que cet attrait-là? Qu'est-ce que c'est que cet attrait-là? Puis qu'est-ce
qu'on peut faire pour valoriser la langue française? Puis je suis la première à
dire qu'il faut valoriser la langue française, mais là je trouve que c'est une
drôle de façon de parler aux cégeps anglophones, par ce retrait de
l'alinéa deux.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, quelques éléments de clarification, puis je
tiens à rassurer les gens, là. Le nombre de places, c'est une chose, puis la
proportion, c'est autre chose, le ratio, c'est autre chose. Donc, les
établissements collégiaux anglophones conservent leurs places, en termes
absolus. Il n'y a pas de diminution de places dans les établissements
collégiaux anglophones. C'est une photo de leur fréquentation, hein, et ils
sont hors devis, pour la plupart. Donc, ils ont excédé le devis. Et vous me
l'avez dit tout à l'heure, Mme la Présidente, la députée de
Marguerite-Bourgeoys me l'a dit, même quand il y avait des règles qui
disaient : C'était 10 % pour excéder le devis, ils ne respectaient
pas non plus ces règles-là, et ça a été levé. Alors, il n'y a pas de diminution
de nombre de places dans les établissements collégiaux anglophones.
Aujourd'hui, s'ils ont 8 000 places, ils vont conserver leurs
8 000 places. S'ils ont 5 500 places aujourd'hui, ils
conservent leurs 5 500 places.
Mme David : ...projet
de loi.
M.
Jolin-Barrette : Bien oui, c'est ça que ça dit.
Mme David : Expliquez-moi
le 17,5 %.
M. Jolin-Barrette : Le
17,5 %, actuellement... Le réseau, là, supposons, là, qu'il y a
100 000 places dans le réseau collégial. C'est un chiffre
fictif, O.K.? Actuellement, le réseau anglophone a 17,5 %. Ça veut dire
17 500 places sur 100 000. Donc, ça, c'est la photo actuelle,
donc ils ont 17 500 places. On ne diminuera pas le nombre de places
de 10 000... de 17 500 places. C'est le nombre absolu, il n'y a
pas de diminution. Ensuite, si...
Mme David : ...vous voulez dire que le 9 615 étudiants
actuel, au devis du Collège Dawson — excusez
si je prends toujours cet exemple-là,
je le connais par coeur, là, leur devis — va
rester à 9 615, malgré l'alinéa un, tiret a et tiret b?
M. Jolin-Barrette : En cas de croissance au
niveau global, ça demeure toujours 17 500 places. Premier
élément. Donc, supposons qu'on reste...
Supposons qu'il y a 100 000 places, O.K.? Il y a 17,5 %, donc
17 500 places qui sont dans le réseau collégial anglophone.
Ça, ça demeure ainsi. Si le réseau collégial augmente, supposons, de
20 000 places, les
20 000 places iront dans le collégial francophone. Donc, le réseau
collégial anglophone maintient ses 17 500 places. Ça, c'est
l'alinéa un.
L'alinéa deux, c'est
le ratio par rapport au total du nombre de places. Donc, si jamais le ratio
diminue... Supposons, la fréquentation totale du niveau collégial diminuait, on
est à 100 000 places totales, puis qu'on se retrouve dans une
situation où on tombe à 90 000 places, au lieu de
100 000 places, bien, le 17,5 %, la proportion, va s'établir sur
le 90 000.
Mme David : Mais
si c'est 150 000?
M.
Jolin-Barrette : Là, c'est 150 000, ils conservent leurs
17 500 places. Supposons qu'on passe de 100 000 à 150 000,
il n'y a pas de facteur de croissance pour le réseau collégial anglophone.
Mme David : Mais
ils gardent leurs devis actuels?
M. Jolin-Barrette : Oui, ils gardent leurs
devis actuels. Si, là, on est en croissance, là... On est à
100 000 places totales, aujourd'hui, O.K., ils ont
17 500 places... c'est des chiffres fictifs, là, mais juste pour
faire des chiffres ronds. Il y a
100 000 places dans le réseau collégial anglophone et francophone
ensemble. Actuellement, ils ont 17,5 %, donc 17 500 places. Il y a
50 000 étudiants de plus dans le réseau collégial, ils vont aller
dans le réseau collégial francophone, le
nombre de places va être ouvert dans le réseau collégial francophone. Donc, ils
vont conserver, dans les établissements anglophones, leurs
17 500 places, mais, au lieu que ça soit sur 100 000, ça va être
sur 150 000 ou 120 000.
Mme David : Puis
ça, ça répond à : «Il n'excède pas la moindre des proportions suivantes»?
M.
Jolin-Barrette : Le b... Oui, c'est ça, «la moindre des proportions
suivantes», c'est les deux scénarios. C'est soit 17,5 % ou, 2°, «la part de l'ensemble des effectifs totaux particuliers pour
l'année scolaire précédente des établissements anglophones sur l'ensemble des établissements
totaux particuliers pour tous les établissements anglophones et francophones pour
cette même année scolaire.»
Mme David :
Expliquez-moi le b, pour me rassurer que ça, ça ne veut pas dire une baisse.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : C'est le pourcentage.
• (18 heures) •
La Présidente (Mme
Thériault) : Le ministre va compléter sa réponse. Après ça, j'irai à
vous, M. le député de La Pinière.
Donc, collègues, le ministre
va nous donner son explication, par la suite, j'irai à vous, M. le député de La
Pinière. Puis j'ai la députée de Mercier aussi qui s'est inscrite dans le
débat. Donc, je vais laisser M. le ministre compléter l'explication. M. le
ministre, allez-y.
M. Jolin-Barrette :
Donc, à 17,5 %, c'est le ratio actuel, si on reste à
100 000 places. Puis, si jamais on montait à
150 000 places, bien, le 17 500, il demeure intact.
L'alinéa deux, par
contre, c'est «la part de l'ensemble des effectifs totaux particuliers pour
l'année scolaire précédente des établissements anglophones sur l'ensemble des
effectifs totaux particuliers de tous les établissements anglophones et
francophones pour cette même année scolaire». Ça veut dire, si le réseau
collégial anglophone était rendu à 15 %, il va demeurer à 15 %. Il ne
retournera pas à 17,5 %, et, dans un autre cas, si jamais il y avait
contraction du réseau collégial, ce qui n'est pas le cas à court, moyen ou long
terme, là, bien là, à ce moment-là, c'est sûr que, si l'ensemble du réseau
contractait, tout le monde pourrait contracter.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
Mme la Présidente, je vais demander au ministre de me suivre, et il m'arrêtera,
là, je n'ai aucun problème, parce que, là, je veux juste faire de la
mathématique. Et on va prendre des chiffres plus simples. O.K.? On va faire des
chiffres ronds. O.K.?
Dans son amendement, il y
a deux conditions : il y a le 17,5 % et le... C'est un ratio. Je veux
juste qu'on s'entende en partant, là. Est-ce
que je comprends bien que c'est un ratio entre l'année d'avant et l'année
actuelle, l'année 1, l'année 2, pour établir le nombre dans l'année 2?
Je m'explique Mme la Présidente. Suivez-moi.
Dans l'année 1, là, l'année de la photo,
admettons que, dans les cégeps anglophones, il y a 10 000 étudiants
pour un total de 100 000, ça fait 10 %. Année 1, des chiffres
fictifs, là, on s'entend, là. Puis là je veux que le ministre me suive, là,
parce que je veux juste qu'on comprenne, tout le monde. Année 2, on va faire
des chiffres très ronds, le cégep... le réseau passe de 100 000 à
200 000.
M. Jolin-Barrette :
Francophones ou anglophones?
M. Barrette : La somme des
deux.
M. Jolin-Barrette : La somme
des deux.
M. Barrette : La somme des
deux.
M. Jolin-Barrette : Donc, vous
passez de 100 000 à 200 000.
M. Barrette : On passe de
100 000 à 200 000. Le 10 000, là, ça ne sera plus 10 %, ça
va devenir 5 % de 200 000. N'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette :
Effectivement.
M. Barrette : Très bien. Il
passe, l'année d'après, à 300 000. Alors là, ça va faire 3,3 %, et
ainsi de suite. C'est correct?
Bon, on va prendre l'autre scénario, qui serait
fictif et catastrophique. Le réseau ne passe pas de 100 000 à 200 000
puis à 300 000, il passe de 100 000 à 50 000. Là, selon ce que
le ministre explique, sa loi va faire en sorte que c'est le plus petit des deux. Ça ne peut pas être... 10 000 de
50 000, c'est 20 %. Alors donc, il va falloir que le réseau
anglophone s'attritionne de 50 %. C'est ça.
M. Jolin-Barrette : S'il y a diminution dans l'ensemble du réseau,
effectivement, il y aura diminution pour tous.
M. Barrette : On s'entend.
C'est ça je veux qu'on établisse, là. Alors, nous établissons que le ministre
de l'Enseignement supérieur, à chaque année... parce qu'à chaque année le ou la
ministre doit déterminer un pourcentage d'étudiants globaux. On prend le
chiffre de l'année d'avant qu'on applique sur le total de l'année courante. Ça,
ça va toujours garantir les 10 000 places, dans l'exemple fictif, à
la condition expresse que le nombre augmente ou reste stable. Si le nombre
total anglais-français diminue, ça vient imposer, dans l'année courante, une
diminution d'étudiants dans le réseau anglophone. Ça, c'est la mathématique. Est-ce
que le ministre me le confirme?
M. Jolin-Barrette : En
fait, le paragraphe 2°, là, s'il y a diminution de la fréquentation dans
le réseau anglophone, c'est le cliquet de l'alinéa deux qui
s'applique, donc on reste au pourcentage de l'année précédente. Donc...
M. Barrette : ...on reste au
pourcentage, donc 10 %.
M. Jolin-Barrette : Exactement,
de l'année...
M. Barrette : Mais, sur
50 000, ça fait 5 000. Si, l'année d'avant, il y en avait
10 000, de 100 000, l'année d'après,
il va y en avoir 5 000 sur 50 000. Donc, le réseau anglophone va
passer de 10 000 places à 5 000 places. C'est ça, la
loi, qu'elle dit, là, telle qu'elle est écrite actuellement, là.
M. Jolin-Barrette : Il va falloir
qu'il y ait une diminution.
M. Barrette : Bien oui, bien oui. Je
l'ai dit, Mme la Présidente, là. Je ne veux pas...
M.
Jolin-Barrette : Non, mais c'est parce que, dans... les cas de
figure sont importants parce que les prévisions pour les
10 prochaines années, c'est une augmentation du réseau collégial de
25 000 étudiants.Le nombre absolu de places dans le réseau
anglophone va demeurer intact.
M. Barrette : Oui, mais, Mme la
Présidente, je fais la mathématique des choses. Savez-vous à quoi ça sert, les mathématiques? À éviter les égarements
intellectuels. Ça permet de dire : Voici ce qui arrive dans la situation
a, b, c, sans égard à la politique. C'est tout ce que je fais, là.
Alors là, on vient d'établir comment ça
fonctionne. Est-il possible que le réseau anglophone diminue? La réponse,
aujourd'hui, c'est oui, à la condition que le total, lui, diminue. C'est tout.
Ça, ça devient, en mathématiques, un axiome. C'est incontournable. C'est
axiomatique.
M.
Jolin-Barrette : Donc, pour être très clair, si le réseau collégial
total, francophone et anglophone, diminue, effectivement, tout le monde va
diminuer. À l'inverse, et c'est des... et il n'y a que des projections de croissance, et la ministre de l'Enseignement supérieur va annoncer le gel également, donc, 25 000 individus au cours
des 10 prochaines années. Ce que ça va
faire, c'est que ça va venir garantir le nombre de places du réseau collégial
anglophone.
M. Barrette :
Maintenant qu'on a établi ça... parce qu'avec le tout respect que je lui
dois, ça ne donne rien, ce commentaire-là. On va faire la mathématique, juste
la mathématique, Mme la Présidente. C'est tout.
Alors là, on vient
d'établir, là, que le chiffre, il change parce que c'est l'année précédente sur
l'année d'après. Puis on veut maintenir le chiffre. Donc, la proportion
diminue, donc le 17,5 % change en fonction... Le 17,5 %, là, il va
changer en fonction du changement du total. C'est tout. On l'a établi, c'est
clair, n'en parlons plus.
Là, j'ai une autre
question à poser, Mme la Présidente, qui est dans le même thème, la
mathématique des choses. Ce qui est dans la loi, peut-être que c'était ailleurs
dans la loi et que je ne l'ai pas vu, peut-être que je suis trop tôt, le
ministre me le dira, dans sa mécanique, là, pour prendre l'exemple que j'ai
pris, puis on va rester avec mon 10 000, là, le 10 000, actuellement,
là, il serait réparti, mettons, entre trois cégeps anglophones : cégep A,
B, C. Correct? 10 000. Puis là la répartition, là, c'est 2 000,
4 000, 4 000, ça fait 10 000.
Est-ce que, dans sa
loi, ça va permettre à la ministre de l'Enseignement supérieur de jouer avec
les chiffres, en enlever à un pour en donner à un autre, et ainsi de suite?
Est-ce que la protection, on va dire ça comme ça, est-ce que la fixation du
chiffre de 10 000, c'est ce que le ministre veut faire, est-ce que ça fixe
également le nombre par établissement ou est-ce que la loi permet de faire des
changements? Ça, c'est très, très, très important.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, ce que la loi
fait, les mesures législatives que nous mettons dans le projet de loi
n° 96 relativement à cet article-là, c'est au niveau du pourcentage et du
total de nombre de places. Donc, ce n'est pas par établissement, c'est le
réseau collégial anglophone et le réseau collégial global. Donc, la proportion,
elle est là. Les règles d'attribution du nombre de places en fonction des
établissements collégiaux anglophones relèvent du ministère de l'Enseignement supérieur en vertu de leurs propres règles. Ce n'est pas dans le cadre du projet
de loi n° 96, ce n'est pas dans la Charte de la langue française
qu'on vient régir le nombre de places par établissement.
• (18 h 10) •
M. Barrette :
Mme la Présidente, ma question, elle est simple : Est-ce que l'état
actuel du projet de loi n° 96 permet de
jouer avec tout ça? Parce que, comme c'est fixe et que la population va
augmenter, c'est possible qu'il y ait des pressions de un, de l'autre,
et ainsi de suite.
Moi, la question que
je pose, c'est bien simple, là. Est-ce que ce qui est... le 10 000 dans
l'exemple fictif que je viens de donner, là, avec trois cégeps, là, le
cégep A qui en a 2 000, le B qui en a 4 000, le C qui en a
4 000, est-ce qu'à la fin ça pourrait devenir 3 000, 1 500,
5 500? Ça pourrait-tu arriver? Et, si ça pouvait arriver, ça serait selon
l'exercice de quel pouvoir? Qui déciderait ça? Je veux juste comprendre ça.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Non, ça, ça relève de la ministre de l'Enseignement
supérieur et des règles qui sont prévues au ministère de l'Enseignement
supérieur.
Dans
le fond, le projet de loi n° 96, ce qu'il fait avec la disposition, là,
c'est qu'il fait en sorte, là, que le plafond, c'est 17,5 % actuellement. Si jamais il y a augmentation du réseau,
et donc on est rendus, supposons, à 120 000 étudiants, la
proportion du réseau anglophone, sur le 120 000, va diminuer, ça, c'est
l'alinéa deux, et ne pourra pas excéder l'alinéa deux. Ça fait qu'on
diminue, supposons, à 15 %.
M. Barrette :
...Mme la Présidente, ce n'est
pas ma question. Ce que je comprends du commentaire précédent du
ministre, c'est que les devis, là... pour chacune des institutions, n'est pas
fixé, lui. Ça peut changer. Bon, très bien.
Pourquoi je pose
cette question-là? Pourquoi je pose cette question-là? Parce que là, là, ça,
là, la dynamique, là, 10 000 pour un
total de 100 000, 200 000, 300 000, 400 000, c'est clair
que ça va évoluer avec le temps, potentiellement vers le haut. C'est une
courbe. Ça fait une courbe. L'autre courbe, elle ne bouge pas. L'autre, c'est
une ligne, et ça, ça fait en sorte, Mme la Présidente, là, qu'il va se passer
la chose suivante. Suivez-moi bien.
L'Institut de
statistique du Québec, là, elle prévoit que la population du Québec, par
exemple, de 2016 à 2031, va augmenter de 1 million. C'est ça que... puis
c'est en train de se faire. On n'a rien qu'à regarder les chiffres, c'est
exactement ce qui se passe. Ils sont bons à l'ISQ, ils ne se trompent pas
souvent et ils prévoient qu'il y ait 750 000 personnes de plus dans
la grande région de Montréal. O.K. Ce n'est pas tous des jeunes, ce n'est pas
tous des gens qui ont des enfants qui vont aller au cégep, mais clairement, on
s'en va vers une augmentation, du moins dans la grande région de Montréal.
Le point que je veux
faire ici, de façon nationale, le point que je veux faire ici, là : Est-ce
qu'on peut imaginer une croissance du total des étudiants, du total, le 100 000
qui devient 200 000, qui devient 300 000, et ainsi de suite, et qui
arrive à un point tel qu'il n'y ait plus assez de places, par exemple, pour les
ayants droit dans le réseau anglophone? Mathématiquement, c'est possible, et
ça, le projet de loi ne l'a pas prévu. Il n'y a pas de provision, dans le
projet de loi, qui prend en considération, mathématiquement, le nombre des
ayants droit, qui va croître lui aussi,
normalement, peut-être pas de façon olympienne, mais, comme ma collègue de
Marguerite-Bourgeoys l'a bien dit, ça, c'est une loi qui ne bougera pas
pendant 50 ans, là. Ce n'est pas un règlement, là.
Alors
donc, ce que ça va faire avec le temps, Mme la Présidente, avec l'augmentation
de la population qui est prévisible, ça veut dire que les premiers à moins
aller dans le cégep anglophone, et ça va faire plaisir au député de
Matane-Matapédia, ce sont les francophones et les allophones, dans l'ordre ou
dans l'ordre inverse, mais, à la fin, il est mathématiquement possible que même
les ayants droit n'aient pas assez de places, par le jeu des proportions qu'il
met en place et des limitations qu'ils mettent en place. Parce qu'à
10 000, là, si la population augmente beaucoup, là, pour l'exemple que
j'ai donné, là, bien, c'est parce qu'à un moment donné, proportionnellement, la
population, il y a moins de places. Mais, dans le 10 000, là, il y en a x
qui sont les ayants droit, y qui sont les francophones et z qui sont les
allophones. La proportion de la population générale baissant constamment, là, il
y a y ou z, et ça va être probablement z qui va baisser, puis, à un moment
donné, les y vont baisser, puis, à un moment donné, il n'y aura plus assez de places pour les x et il n'y aura pas
assez de places pour les ayants droit. Me suivez-vous, Mme la Présidente?
C'est simple, là, c'est de l'algèbre élémentaire, é-lé-men-taire.
Alors, le projet de
loi, il est quasiment machiavélique, mais il est un petit peu trop
machiavélique parce qu'il va un peu trop loin. Ce qui serait sain, Mme la
Présidente, ça serait un équilibre, vous savez, la chose dont je parle
régulièrement puis qui n'arrive jamais, qu'on prévoie que, dans le réseau
anglophone, il y ait toujours un accès garanti pour les ayants droit, une
certaine proportion de francophones, mais ce n'est pas ça. La mécanique nous
amène à une attrition, Mme la Présidente, forcée, avec le temps, de ce
réseau-là, et ça va toucher aussi les anglophones, les ayants droit, et aussi
les francophones. Bon, je sais que le ministre, il est content, dans le fond,
là, parce que, je le vois, il me regarde, là. Il me dit : Boy! il a tout
compris, là. Oui, oui, c'est ça qui va se faire.
Alors, est-ce que le
ministre trouve ça équilibré qu'on puisse en arriver, dans 30 ans, à ce
qu'il n'y ait même plus assez de places pour les anglophones ayants droit?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Alors, non, ça n'arrivera pas.
M. Barrette :
Ah! bien non, ça n'arrivera pas.
M.
Jolin-Barrette : Ça n'arrivera pas, d'autant plus que, vous allez
voir, puis j'ai déjà annoncé mon amendement également, pour les établissements
collégiaux anglophones, ils devront non plus favoriser, mais plutôt prioriser
les ayants droit. Donc, les places leur seront réservées et devront les
prioriser. Et il y a une marge de manoeuvre, parce que, lorsque vous regardez
les établissements collégiaux anglophones, bien, écoutez, dans certains cégeps
anglophones, il y a seulement 11 % d'ayants droit qui fréquentent ces
établissements-là.
Et je suis en
désaccord avec vous relativement au fait qu'une loi ne se modifie pas. Je
comprends qu'il y a certaines formations politiques qui ont décidé de ne pas
modifier la loi, mais la pérennité du français, notamment sur l'île de Montréal,
elle est importante, et ça passe notamment également par le fait de favoriser
les études collégiales en français, donc que ça soit la langue normale des
études... et les dispositions que nous mettons en place visent à faire en sorte
que le réseau francophone puisse grandir, grossir et que les étudiants puissent
étudier en français tout en garantissant à la communauté anglophone l'accès à
leurs institutions en priorisant les places pour la communauté.
M. Barrette :
Bon, Mme la Présidente, le ministre est dans la rhétorique. Je suis dans la
mathématique et je n'ai pas entendu le ministre contredire la mathématique.
Bon, elle est clairement exposée, là, le ministre l'a admis, oui, ça peut
amener une diminution, et ainsi de suite, bon. Les francophones qui écoutent,
là, qui veulent envoyer leurs enfants au cégep anglophone comprennent qu'avec
le temps, bien, tant mieux pour eux autres, ceux qui sont là, ils vont pouvoir
et puis, un jour, ils ne pourront plus. Bon, ça, c'est la mathématique des choses.
Maintenant, ce qui
m'importe beaucoup aussi : Est-ce que le ministre, lui, serait disposé à
recevoir un amendement... parce que, lui, il aime ça, figer les choses... sans
dire que tout va baisser, mais je ne lui fais pas de procès, juste que, c'est ça,
là, on l'a compris. Est-ce qu'il serait disposé à avoir une mécanique incluse
dans la loi qui fasse en sorte que, dans
l'institution concernée, photographiée aujourd'hui, on lui garde sa proportion
de devis? Est-ce qu'il serait disposé à regarder ça?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est ce qu'on fait, parce que...
M. Barrette :
Non.
M.
Jolin-Barrette : Oui, c'est son devis actuel. Donc, le devis actuel,
il est là et il est respecté. Le facteur... Le réseau collégial va aller en
croissance. Donc, les 5 500 places ou les 8 000 places qui
sont dans un établissement collégial, l'établissement collégial anglophone va
les conserver. Puis la démonstration de ça, c'est qu'on a pris la fréquentation
scolaire. On n'a même pas pris le devis, on est allés au-delà du devis. On est
allés au devis défoncé pour dire la véritable fréquentation, parce que, si on
était au devis, on serait pas mal plus bas que ça pour les établissements
collégiaux anglophones. Ce n'est pas ça qu'on a fait. On a pris la
fréquentation réelle.
M. Barrette :
Mme la Présidente, le ministre n'a pas compris ma question. Je vais la
répéter. Lui, il me parle de la somme des devis individuels et, lui, me parle
du devis global de la proportion des anglophones avec le total francophones-anglophones. Je lui parle du devis 1, plus le
devis 2, plus le devis 3, trois points de suspension, plus le devis «n», qui donne le devis total. Est-ce qu'il
serait disposé à avoir un amendement qui ferait en sorte que le devis 1
soit, dans sa proportion, maintenu, le devis 2 soit, dans sa proportion,
maintenu, et ainsi de suite? En français, non en mathématiques. Vous savez, Mme
la Présidente, les mathématiques, ce n'est que du français écrit différemment,
là.
Est-ce que, Mme la
Présidente, le devis n° 3, qui est Vanier, puis le
devis n° 7, qui est Dawson, est-ce qu'il serait
disposé à mettre un amendement dans le projet de loi qui garantit que, dans la
somme, les devis individuels, proportionnellement, soient maintenus de façon à
ce que on ne leur enlève pas à un pour aller donner à un autre pour des raisons
politiques?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais je ne vois pas en
quoi la dernière intervention est pertinente. C'est les règles du ministère
de l'Enseignement supérieur qui s'appliquent relativement aux devis. Nous, on
ne vient pas légiférer sur la question des
devis, on ne retire pas aucun devis. Ce qu'on vient, c'est garantir la somme
globale du réseau collégial anglophone.
• (18 h 20) •
M. Barrette :
Bon, O.K., je vais le dire encore plus simplement. Est-ce que, si un devis
total est 10 et que le devis 1, c'est 2, le devis 2, c'est 5, et le devis 3,
c'est 3, le ministre nous garantit le 10, est-ce qu'il peut garantir le 2, le
3, le 5, si c'est ça que j'ai utilisé, là, peu importe? Ça, ça ne peut pas être
plus simple que ça, là.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : La ministre de l'Enseignement supérieur a annoncé un gel des devis pour 10 ans, 2019-2029,
dans les établissements collégiaux anglophones.
M. Barrette :
O.K. La question que je pose, c'est : Est-ce qu'on pourrait mettre...
Est-ce qu'il serait enclin à recevoir un
amendement qui, dans la loi, pas dans l'annonce de la ministre, garantit à ces
institutions-là, essentiellement, leur existence?
Je
m'en vais aborder un dernier cas de figure, Mme la Présidente. S'il advenait
que, par un miracle miraculeux... Puis
ça, c'est un grand miracle. Ça, c'est la Vierge Marie à Lourdes, à Fatima, Mme
la Présidente. Admettons que les nuages
s'ouvrent, là, puis là il y a une apparition, là, et là la CAQ construit un
cégep anglophone, un miracle miraculeux, ça, c'est quelque chose, là. On
construit un cégep anglophone dans Borduas. Il fait quoi? Il va l'enlever à
qui?
Alors,
peut-être que, là, le ministre va me dire : Bien non, bien non, il n'y
aura plus jamais de cégeps anglophones qui vont être construits, alors
auquel cas la question que j'ai posée précédemment a quand même une utilité,
là, elle en a peut-être moins. Mais là, admettons, là, que le ministre décide,
là, dans une région donnée, pour des raisons sans aucun doute
organisationnelles, construit un cégep. Il les prend où?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Alors, comme je vous l'ai dit, c'est l'effectif
global qui est encadré par la loi. Les règles actuelles relativement à
l'attribution des devis demeurent la responsabilité du ministère de
l'Enseignement supérieur, comme c'était le cas auparavant. Ça ne change pas.
M. Barrette :
Mme la Présidente, je suis heureux d'avoir fait une démonstration
mathématique claire, que tout le monde de
bonne foi a compris, puis on a quand même des réponses. On a des réponses. Ce
n'est pas nécessairement glorieux, là, mais on a des réponses.
Pour le moment, je
n'ai pas d'autre commentaire. Je me réserve la possibilité de revenir.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci. Il va vous rester à peu près cinq minutes quand
vous allez revenir. J'avais déjà avisé que
la députée de Mercier voulait faire une intervention et après j'irais au député
de D'Arcy-McGee. Allez-y, Mme la députée de Mercier. La parole est à
vous.
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Donc, j'écoutais les échanges et les interventions du ministre.
Je veux juste être certaine de quelque chose. Ce que j'ai compris... J'ai
compris la logique avec les exemples fictifs du ministre, mais, si on va dans
la tendance actuelle, il existe des prévisions sur la fréquentation des cégeps
dans les prochaines années. Je pense que j'ai entendu le ministre dire
25 000 dans les cégeps anglophones.
M.
Jolin-Barrette : ...de 25 000 étudiants.
Mme Ghazal : Sur
quelle période?
M.
Jolin-Barrette : La période, c'est 10 ans?
Mme Ghazal : Sur
10 ans?
M. Jolin-Barrette : Sur 10 ans.
Mme Ghazal : Donc,
est-ce que l'objectif est celui qui avait été annoncé par la ministre de
l'Enseignement supérieur, d'arriver à 13,4 % d'ici 10 ans? C'est dans
cette logique-là que l'amendement a été fait?
M. Jolin-Barrette : Non. En fait, la
ministre de l'Enseignement supérieur a annoncé un gel du nombre de places dans
le réseau collégial anglophone pour 10 ans, 2019‑2029, un gel des devis, dans
le fond.
Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on répercute ça
dans la loi à l'effet qu'il n'y aura pas de facteur d'accroissement pour les
établissements collégiaux anglophones. Ça signifie que c'est un gel du nombre
de places, aujourd'hui, à la proportion qu'ils ont. Donc, comme je l'ai dit, si
le réseau collégial est de 100 000, ça reste à 17 500. Si le réseau
collégial monte à 200 000, bien là, c'est le nombre de places que le
réseau collégial a, en termes absolus, puis, dans le fond, ça reste comme ça.
Mme
Ghazal : Oui, mais on se fie sur... Parce que je ne connais
pas... en fait, ce qu'il me manque comme information pour faire le
calcul puis arriver à combien on va être rendus dans 10 ans, si la prévision
est de 25 000 d'augmentation au niveau collégial, je n'ai pas le chiffre total.
Donc, ce serait... ça arriverait à 13,4 %, peut-être?
M.
Jolin-Barrette : Bien, il faudrait que je fasse la vérification,
mais, dans le fond, c'est proportionnellement. Dans le fond, ça, c'est
le paragraphe 2°, le réseau ne pourra pas excéder, par la suite, un
pourcentage supplémentaire de l'année précédente. Ça signifie que, si, oui, il
y a un accroissement, supposons, on passe de 100 000 à 150 000, bien,
le nombre de places absolu dans le réseau collégial anglophone demeure ainsi,
mais son pourcentage, son poids relatif va diminuer et, par la suite, ne pourra
pas excéder ce nouveau poids relatif.
Mme Ghazal : Le principe, je l'ai
compris. J'essaie juste de voir avec les chiffres réels et les prévisions.
Donc, peut-être, ce qu'il me manque, là, ça doit être une information facile à
trouver, je ne sais pas si quelqu'un du ministre peut lui donner
l'information : c'est quoi, le nombre d'étudiants totaux inscrits dans un
cégep francophone ou anglophone? C'est peut-être ça qu'il me manque, plus...
c'est-à-dire c'est quoi, le... Je sais que 18 % des étudiants
inscrits dans un cégep vont dans un cégep anglophone, mais je n'ai pas le
chiffre total de gens qui sont inscrits. Parce que vous avez dit que les
étudiants anglophones vont augmenter de 25 000 d'ici...
M. Jolin-Barrette : ...étudiants
collégiaux.
Mme Ghazal : Qu'est-ce que j'ai
dit?
M. Jolin-Barrette : Vous avez
dit «anglophones».
Mme Ghazal : Non, non. C'est...
d'étudiants... Ah! d'étudiants collégiaux, c'est 25 000. Et actuellement
on est à combien?
M. Jolin-Barrette : Le
nombre... Vous voulez le nombre d'étudiants collégiaux au total?
Mme Ghazal : Oui, oui,
aujourd'hui.
M. Jolin-Barrette : Je vais
demander l'information. On va me dire ça.
Mme Ghazal : Oui,
juste pour me permettre de savoir on va être rendus à quel pourcentage en 2010.
Moi, ce que j'ai vu circuler dans les
médias, c'est 13,4 %. Est-ce que c'est ça? C'est ça que je veux confirmer.
Je peux trouver l'information si j'ai cette information de base, que je
suis certaine que votre équipe... l'équipe du ministre va pouvoir me donner.
M. Jolin-Barrette : On va
vérifier, mais, dans le fond, ce que l'on doit retenir, c'est que le chiffre
absolu dans les établissements collégiaux anglophones demeure intact. Ça, c'est
garanti. Il y a... S'il y a plus d'étudiants au collégial, comme c'est prévu,
bien, dans le fond, les nouvelles places vont aller dans le réseau collégial
francophone, mais le nombre de places dans le réseau collégial anglophone
demeure.
Mme Ghazal : Et c'est ce qui va
faire que le pourcentage de 17,5 %...
M. Jolin-Barrette : Il va
diminuer.
Mme Ghazal : ...va diminuer,
parce qu'on sait, selon les prévisions...
M. Jolin-Barrette : Qu'il y
aura une augmentation.
Mme Ghazal : ...que ça va
augmenter. Alors, on peut très bien faire... dire : Ah! ça va diminuer, et
tout ça, mais, pour les 10 prochaines années, qu'est-ce qui va arriver?
Puis après ça, bien, s'il y a une diminution ou... la loi pourrait être
amendée.
Donc, je pense que vous avez le nombre.
M. Jolin-Barrette :
On est en train de faire valider les chiffres.
Mme Ghazal : Oui, très bien.
Puis, peut-être, je ne sais pas si c'est possible de le déposer aussi, parce
que, là, je vais le prendre en note, si l'information va m'être communiquée, si
c'est possible de le déposer.
Donc, je vois ce que le ministre veut faire,
c'est-à-dire qu'on est, à Québec solidaire, d'accord avec le constat. Je l'ai
mentionné, c'est 18 % des étudiants inscrits dans un cégep qui vont dans
un cégep anglophone, alors que la communauté historique anglophone ou les
ayants droit constituent 8 %, si je ne me trompe pas, au Québec. Et il y a
une tendance qui va faire que, si on n'agit pas, ça va augmenter. Donc, on est
d'accord avec les constats qui font qu'il y a vraiment une attractivité des
cégeps anglophones. On est aussi d'accord avec le résultat qu'on veut
atteindre. On veut augmenter la fréquentation des cégeps francophones
actuellement, parce qu'à nous entendre on a l'impression qu'il n'y a plus
personne dans les cégeps francophones, mais la grande majorité des étudiants
vont quand même... 83 %, je pense, de la population étudiante va dans les
cégeps francophones. Mais, si on ne fait rien, cette proportion-là va continuer
à diminuer.
Mais ce qu'on n'est pas d'accord, c'est avec les
moyens. Est-ce que le ministre, il n'a pas une inquiétude avec le fait de
réduire le nombre, de faire en sorte que... de réduire le nombre d'étudiants
qui vont être admis dans les cégeps anglophones? Évidemment, les ayants droit,
eux, vont pouvoir y aller sans condition, facilement, mais pour ce qui est...
peut-être pas sans condition... Oui. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : ...on ne
réduit pas le nombre de places dans le réseau collégial anglophone, là. Il n'y
a pas de réduction. Le nombre de places, en termes absolus, demeure.
Mme Ghazal : Oui,
peut-être que j'ai... c'est ce que j'ai laissé entendre, mais ça, je l'ai
compris. Ça demeure. Ce qu'on veut, c'est augmenter la fréquentation des
cégeps francophones. C'est ça, l'objectif.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est les cégeps francophones qui vont croître, effectivement. S'il y a une
augmentation du nombre d'étudiants collégiaux, ils vont aller dans le réseau
collégial francophone.
Mme Ghazal : Exactement. Donc,
ça, l'objectif, on est d'accord, on veut arriver à ça, mais, comme je le
disais, les moyens, pas vraiment.
Est-ce que le
fait qu'il y ait ce plafonnement-là ou contingentement, comme souvent les gens
disent, est-ce que le ministre n'est pas inquiet que ça crée un effet
d'élitisme de la part, par exemple, des allophones, de moins en moins nombreux,
ou des francophones, de moins en moins nombreux, qui vont pouvoir aller dans un
cégep anglophone?
M. Jolin-Barrette : Non.
L'objectif est de faire en sorte que la langue normale des études soit le français
au niveau collégial. Alors, on met en place des balises, un mécanisme pour
favoriser les études en français. Le libre choix, il est maintenu tout en
priorisant les ayants droit au niveau de leur admission dans les établissements
collégiaux anglophones.
• (18 h 30) •
Mme Ghazal : Mais il va
continuer à avoir une proportion plus petite de francophones et allophones qui
vont fréquenter les cégeps anglophones.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mme Ghazal : Ça va continuer.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
sauf qu'il faut rééquilibrer, dans le fond, la fréquentation, il faut
renverser les tendances. Vous le savez, particulièrement à Montréal, c'est
extrêmement préoccupant. Près d'un étudiant sur deux au préuniversitaire étudie
en anglais. Alors, si on veut agir sur le marché du travail, si on veut agir
durablement sur l'état de la situation linguistique à Montréal, ça passe
notamment par cette mesure-là.
Mme Ghazal : C'est
ça que je dis, c'est qu'on est d'accord avec les objectifs, on veut augmenter
la fréquentation des cégeps
francophones, puis, si on ne fait rien, la tendance va faire en sorte qu'on va
se retrouver avec une situation pire qu'aujourd'hui. À Montréal, ça va
être plus que 50 %. Là, je pense que c'est 49 % ou... et on est aussi
d'accord avec ça, mais pour ce qui est des
moyens, l'élitisme, le moyen qui est choisi par le gouvernement, qui est le
plafonnement sans aucune possibilité
d'augmentation, est-ce que, ce moyen-là, le ministre n'est pas inquiet que ça
crée de l'élitisme dans le sens que les cégeps anglophones vont être
beaucoup plus attractifs, et ça va être uniquement la crème de la crème des francophones et des allophones qui vont pouvoir y
aller, comparativement aux cégeps francophones qui vont devenir... Ah!
bien ça, c'est pour tout le monde, c'est pour le bon peuple. Il n'y a pas cette
inquiétude-là de la part du ministre?
M. Jolin-Barrette : Non, je
crois qu'on doit changer notre perspective relativement à tout ça. On doit dire
clairement qu'on peut vivre, on peut travailler, on peut étudier en français et
atteindre la réussite que nous souhaitons. On ne doit pas être gêné de notre
langue, on ne doit pas être gêné d'étudier dans notre langue, puis le fait
d'étudier en français vous ouvre toutes les opportunités également. Il n'y a
pas de hiérarchisation à faire par rapport au réseau collégial et francophone.
Mme Ghazal : Mais
l'effet de rareté va faire en sorte... puis on le voit déjà ou... par exemple,
les cégeps, certains cégeps comme
Dawson. Puis c'est une bonne chose que vous ayez décidé de ne pas accepter
l'agrandissement puis de reculer. Est-ce que c'était déjà le cas... c'est déjà
le cas, c'est beaucoup plus attractif, puis ils vont... ils choisissent les
étudiants qu'ils veulent. Est-ce qu'il n'y a pas d'autres moyens auxquels le
ministre a pensé pour rendre les cégeps francophones, surtout en région, plus
attractifs?
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, peut-être avez-vous des suggestions à nous faire? Dans votre
cinquième proposition, là, je crois que c'est la bonification du financement du
réseau d'enseignement supérieur francophone afin qu'il corresponde au poids
démographique des francophones du Québec. Ça, c'était une de vos propositions.
Mme Ghazal :
...ministre peut déposer mon amendement, vu qu'il le lit à ma place. Je suis
contente qu'il l'ait vu puis qu'il l'ait lu.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, je travaille beaucoup, mais je ne travaillerai pas pour vous
là-dessus, là. Je veux vous laisser le loisir et le bonheur de faire vos
amendements.
Mme Ghazal :
Mais c'est que... Oui.
M. Jolin-Barrette :
Mais ce que je veux dire, pour nous, c'est clair que ce qu'on veut faire,
c'est renverser la tendance et faire en sorte que le réseau francophone puisse
grossir, tout en préservant les places dans le réseau anglophone. C'est pour ça
qu'on amène un gel. Mais, si on veut renverser la tendance linguistique,
particulièrement sur l'île de Montréal, il faut agir, notamment, sur la langue
normale des études au niveau collégial. Et c'est ce qu'on annoncé puis c'est ce
qu'on fait.
Mme Ghazal :
Mais il n'y a absolument aucun autre changement qui va être fait pour
améliorer la qualité puis réparer le sous-financement chronique des cégeps à
cause de l'austérité, entre autres, de l'austérité libérale? Il n'y a pas
quelque chose à faire avec ça?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en ce...
Mme Ghazal :
Mais le ministre dit : Bien, on va réduire les places, les gens, ils
n'auront pas le choix, ils vont aller dans
les cégeps francophones. Mais il faut aussi qu'il y ait une augmentation de la
qualité et du financement, en même temps, qui accompagne ça. Parce que
le financement actuel, et je pense que le ministre le sait, ça a été déterminé par le premier ministre actuel, quand il
était ministre de l'Éducation, au début des années 2000, où le
financement est par tête de pipe. Les cégeps s'arrachent... et usent de
beaucoup, beaucoup de créativité pour attirer des gens, parce que le
financement en dépend.
M. Jolin-Barrette :
Bien là, cette discussion là par rapport aux cégeps, c'est plus avec la
ministre de l'Enseignement supérieur que vous pourriez l'avoir. Vous savez, on
passe tellement de temps ensemble que vous connaissez...
à me connaître et à prévoir mes réponses. Alors, c'est signe qu'on a passé
beaucoup de temps ensemble.
Mme Ghazal :
Mais c'est parce que...
M. Jolin-Barrette : Alors, tout simplement
pour vous dire, Mme la Présidente, dans le fond, il y a deux approches,
là, pour intervenir. Il y a l'approche du PQ, supposons, pour dire : On
étend la loi 101 aux cégeps. Nous, on a choisi une autre approche, on
dit : On gèle le nombre de places, on impose également l'épreuve uniforme
de français dans le réseau collégial
anglophone, on impose également les cours de français, donc, pour agir. Mais,
dans votre proposition, je ne vois pas d'autre... Dans votre
proposition, la résultante de ça serait pratiquement d'imposer la loi 101
aux cégeps aussi, d'enlever le libre choix.
Mme Ghazal : Est-ce
que le ministre parle de mon amendement?
M.
Jolin-Barrette : Oui, votre proposition à vous, là.
Mme Ghazal : Ma
proposition....
M.
Jolin-Barrette : Bien là, je ne sais pas si c'est un amendement, moi,
je l'ai vu dans votre...
Mme Ghazal : Ah!
dans quoi?
M.
Jolin-Barrette : ...dans votre cahier, là, mais...
Mme Ghazal : Mon
livre orange.
M. Jolin-Barrette : Votre livre
orange... votre cahier orange, votre cahier orange.
Mme Ghazal : Le
livre... C'était le livre blanc de Camille Laurin, le livre orange de Québec
solidaire.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien, je
pensais que, chez vous, tout était orange.
Mme Ghazal : Même nos livres.
M. Jolin-Barrette : Même vos livres.
C'est lumineux.
Mme Ghazal : Je pense qu'il commence
à se faire tard.
M. Jolin-Barrette : Mais donc, c'est
ça, mais votre proposition, là, relativement, là, au financement, dans le fond,
vous dites, de ce que je comprends de votre proposition, c'est juste financer
le réseau francophone.
Mme Ghazal : Non, pas
nécessairement...
M. Jolin-Barrette : Nous, on va
financer en fonction des devis. Mais quand vous dites...
Mme Ghazal : Oui... Bien, continuez,
continuez.
M. Jolin-Barrette : Je veux dire, on
va financer en fonction des devis qui sont là. Pour le réseau anglophone, leurs
places sont plafonnées, c'est le nombre de places, c'est... En fait, c'est la
fréquentation qu'ils ont là, parce qu'ils excèdent le devis, donc c'est la
fréquentation actuelle qui va être prise par rapport au plafond. Donc ça, c'est
clair, puis, si le réseau collégial grossit, il va grossir du côté francophone
puis il sera financé en vertu des règles de financement. Mais, s'il y a lieu de
revoir les règles de financement, ça, ce n'est pas dans le cadre d'un projet de
loi comme le projet de loi n° 96 sur la langue, c'est relativement aux règles
de financement qui sont au ministère de l'Enseignement supérieur.
Mme Ghazal : Mais là, ici, on est
dans un article qui parle des cégeps, qui plafonne les places, puis on le fait
dans un projet de loi sur la langue française. Parce que la proposition qu'on
fait, à Québec solidaire, a un impact aussi sur la fréquentation des cégeps
francophones et aussi la protection de la langue française et de sa pérennité. Donc, en ce moment, il y a un déséquilibre.
D'ailleurs, bien, en fait, le déséquilibre, c'est que 18 % des étudiants
vont dans les cégeps... des étudiants inscrits dans un cégep au Québec vont
dans des cégeps anglophones, alors que la communauté historique des anglophones
ou des ayants droit ne constitue que 8 %. Donc, déjà... Ça, c'est au
Québec. À Montréal, c'est encore pire, où c'est près de 50 % de la
population.
Maintenant, ce déséquilibre-là... pour qu'on
revienne à un équilibre, il faudrait normalement que 8 % de la population
du Québec, aujourd'hui, puis probablement... peut-être que ça va évoluer plus
tard, ça va être encore peut-être moins, si on regarde la tendance, 8 %
des étudiants inscrits aillent dans un cégep anglophone et 92 % dans un
cégep francophone. Ça devrait être ça, et c'est ce que nous voulons, c'est ce à
quoi nous voulons arriver. Et le moyen, bien, ce n'est pas en faisant du
plafonnement et en rendant les cégeps anglophones plus attractifs. Parce que,
je comprends, on ne réduit pas les places, mais, au final, les places vont être
beaucoup restreintes, et donc ça a un effet d'attractivité plus grand des
cégeps anglophones auprès de ces populations-là, de ces étudiants-là.
Donc, ce
qu'on propose, c'est d'augmenter le financement et de réparer les erreurs
passées du sous-financement chronique du réseau d'enseignement supérieur — il y
a aussi les cégeps... bien, les universités, mais là on est sur les cégeps francophones — notamment dans les cégeps. Je veux dire, le
ministre veut que les immigrants restent dans les cégeps, qu'ils aillent dans les cégeps, qu'ils
vivent leur vie dans les... excusez-moi, qu'ils restent dans les régions,
qu'ils vivent leur vie dans les régions, qu'ils s'intègrent dans les régions,
qu'ils travaillent dans les régions, et
c'est là qu'il veut les envoyer. Mais nos étudiants, des fois, par exemple, ils
ont envie d'étudier dans un domaine dans un cégep et dans leur région,
là où il y a tout un réseau, dans toutes les régions du Québec, qu'on a
construit, mais malheureusement, il n'y a pas le programme dans lequel ils
veulent étudier, ou il n'y a pas suffisamment d'activités, ou le cégep de la
région n'est pas suffisamment attractif. Donc, ils quittent puis ils vont
ailleurs, notamment à Montréal, en anglais.
Donc, n'y
a-t-il pas là une opportunité pour renforcer notre réseau francophone, pour que
les étudiants y aillent, et protéger le français, puis qu'ils étudient
en français, d'augmenter le financement, mais de façon... pas uniquement,
nécessairement, pour les cégeps francophones seulement, ça peut même être pour
les cégeps anglophones, tout en s'assurant d'arriver à cet équilibre-là,
92 %, 8 %?
M. Jolin-Barrette : Bien, vous, là,
votre proposition, là, ça serait de diminuer le financement des établissements
collégiaux anglophones pour l'envoyer...
Mme
Ghazal : ...je viens de dire que non, pas nécessairement de
diminuer. On peut augmenter tout le monde. L'important, c'est de garder la proportion 92 %, 8 % ou
en s'assurant que ça respecte la proposition démographique actuelle.
• (18 h 40) •
M.
Jolin-Barrette : Bien, je veux juste vous dire, avec votre
proposition, là, ce que ça fait, c'est que ça condamne les
établissements collégiaux anglophones à être sous-financés, si le financement
est rattaché au poids des ayants droit, à 8 %, comme vous le proposez.
Mme
Ghazal : Bien, c'est ça...
M.
Jolin-Barrette : C'est ça, mais ça, on ne fera pas ça, parce que, dans
le fond, on va financer... Bien, les règles actuelles... puis la ministre de
l'Enseignement supérieur pourra me contredire, mais les règles actuelles sont à
l'effet que c'est les étudiants qu'on finance. Ça fait que, même s'il y a des
allophones puis des francophones dans un établissement collégial anglophone...
Dans le fond, avec votre proposition, vous voudriez qu'on les coupe pour qu'on
envoie l'argent... qu'on surfinance le réseau francophone. C'est un peu ça, là.
Mme Ghazal : Je ne sais pas quelle page du livre orange le
ministre a lue, mais, en fait, dans notre proposition, il y avait deux
choses. Il y avait ce que je viens de dire, de rééquilibrer le financement des
réseaux francophones... des cégeps francophones et anglophones pour arriver à
la proportion... pour qu'ils soient proportionnels au poids démographique des
francophones et des anglophones au Québec, un, mais aussi de revoir le
financement par tête de pipe, qui a été fait par le premier ministre quand il
était ministre de l'Éducation, quand il a modifié le financement, que ce soit
par nombre d'étudiants, de le revoir autrement. Puis ça, ce n'est pas nous qui
allons le proposer comme ça. Aussi complet
peut être notre livre orange, ça, ça prend les discussions avec les partenaires
des réseaux des cégeps.
M.
Jolin-Barrette : Ce que je vous propose, c'est que j'en glisse un mot
à la ministre de l'Enseignement supérieur
sur votre proposition. Mais par contre, dans le cadre du projet de loi, on ne
viendra pas toucher au financement,
parce que ça relève du ministère de l'Enseignement supérieur. Puis vous
connaissez ma grande flexibilité, puis je ne voudrais pas être trop
flexible dans le cadre de mon projet de loi, alors que c'est un dossier qui
touche ma collègue à l'Enseignement supérieur.
Mme Ghazal : Donc,
est-ce que le ministre est d'accord avec le fait qu'il faut revoir le
financement des cégeps, qui a été mis en place par son premier ministre? Et
est-ce qu'il est d'accord qu'il faut rééquilibrer le financement des deux
réseaux pour qu'il corresponde au poids démographique, pour protéger le
français, pour que les allophones, les anglophones aillent dans les cégeps
francophones de qualité, financés à la hauteur de nos ambitions? Est-ce qu'il
est d'accord avec ça?
M.
Jolin-Barrette : Juste vous dire... Parce que votre question est drôlement
posée, là. Puis moi, je vous l'ai dit, là, pour le réseau anglophone, là, on ne
commencera pas à couper le financement du réseau anglophone parce qu'il y a des
francophones puis des allophones.
Mme Ghazal :
...j'ai dit ça? Quand est-ce que j'ai dit ça?
M.
Jolin-Barrette : Non, non, mais laissez-moi terminer. Parce que vous
me dites : Êtes-vous d'accord...
Mme Ghazal : Mais
parce que vous laissez entendre devant les gens que c'est ce qu'on veut faire,
qu'on veut couper...
M.
Jolin-Barrette : Bien, la conséquence...
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée de Mercier...
Mme Ghazal : À
Québec solidaire, depuis 2012 et avant, depuis notre fondation, on ne veut pas
couper le financement des cégeps.
La Présidente (Mme
Thériault) : ...on va laisser le ministre compléter. Je l'ai fait à
plusieurs reprises. Tant que ça va bien, il n'y a pas de problème là, mais là
vous vous interrompez puis vous vous interpelez. Donc, on va laisser le
ministre compléter sa réponse, puis, par la suite, bien, si vous voulez
corriger le tir sur ses propos, bien, ça sera bienvenu, vous pourrez le faire.
M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Ma compréhension de la conséquence de votre
proposition amènerait à ça, à venir sous-financer, dans le fond, les places
dans le réseau collégial anglophone, parce qu'il y aurait des francophones et
des allophones. Cette discussion-là... Nous, on ne fait pas ça dans le cadre du
projet de loi n° 96. Je comprends que voulez revoir le financement, mais ça,
c'est la ministre de l'Enseignement supérieur, qui est maître de son réseau,
puis c'est elle qui établit les règles financières associées à ça. Ce n'est pas
dans le cadre du projet de loi n° 96.
Mme Ghazal : Le
ministre parle de ma proposition qu'il a devant les yeux. Je ne sais pas où
est-ce qu'il regarde, mais ma proposition, et ce qu'on a dit très, très
clairement, c'est qu'on pourrait même augmenter le financement, aussi, du
réseau des cégeps anglophones et francophones. L'important, c'est de garder la
proportion. C'est ça, l'important. Donc, s'il regarde la proportion du
financement...
M.
Jolin-Barrette : Mais votre proportion, là, vous la basez sur le
critère...
Mme Ghazal : Le poids démographique.
M.
Jolin-Barrette : Oui, c'est ça. Mais comment vous faites pour
rallier une proposition sur le poids démographique sans sous-financer le
réseau anglophone?
Mme Ghazal : Parce qu'il faut revoir
le financement. Parce que la proposition... Vous regardez... Le ministre
regarde une seule proposition qu'il a devant lui, mais il y en a d'autres, là.
C'est un ensemble, et, là-dedans, il y a aussi la révision du financement des
cégeps.
M. Jolin-Barrette : Je serais
intéressé d'entendre la députée de Marguerite-Bourgeoys sur votre proposition,
parce que je pense qu'elle pourrait nous informer.
La Présidente (Mme Thériault) : Mais
malheureusement, la députée de Marguerite-Bourgeoys, il lui reste
30 secondes à son actif seulement. Il reste à peu près de 30 secondes
à la séance d'aujourd'hui aussi, M. le ministre. Donc, pour 30 secondes...
M. Jolin-Barrette : ...puis de
passer à l'article, à l'autre article.
La Présidente (Mme Thériault) : Bien,
non, j'avais le collègue de La Pinière qui avait une intervention à faire
aussi. Donc, on n'aurait pas conclu comme... aujourd'hui non plus.
M. Barrette : ...j'ai encore du
temps dans notre intervention. On peut dire que, question finances publiques,
quand on parle de ça à Québec solidaire, ce n'est pas sûr que c'est
sécuritaire.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
je dois mettre fin, sur ces paroles... Désolée, il est 18 h 45.
Donc,
j'ajourne les travaux, compte tenu de l'heure. Et ici, à l'agenda, moi, je dois
dire que c'est jeudi 17 mars 2022, à 8 h 30, où elle
se réunira en conseil de travail, sauf si le ministre nous convoque avant,
étant donné... Non, ce n'est pas vrai, excusez-moi, demain, il y a une séance.
Désolée. Oui, désolée. C'est parce que vous la convoquez seulement que demain?
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est pour ça. Désolée.
Donc, j'ajourne les travaux. Merci beaucoup,
tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 46)