(Neuf heures trente-cinq minutes)
La
Présidente (Mme Guillemette) : Donc, bienvenue, tout le monde. C'est la première
séance de l'année 2022. Donc, mes souhaits de bonne année à tous
les collègues, la santé avec ça. Je pense qu'on va faire un grand bout.
J'espère qu'on va passer une belle année 2022 ensemble.
Et, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Guillemette) : Oui? Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission
est réunie aujourd'hui afin de procéder aux auditions publiques dans le cadre
des consultations particulières sur le projet de loi n° 9,
la Loi sur le protecteur national de l'élève.
Donc, Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme
la Présidente. M. Skeete (Sainte-Rose) sera remplacé par M. Lefebvre (Arthabaska); Mme David
(Marguerite-Bourgeoys), par Mme Charbonneau (Mille-Îles); Mme St-Pierre
(Acadie), par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis);
Mme Dorion (Taschereau), par Mme Labrie (Sherbrooke).
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc, ce matin, nous allons débuter par les
remarques préliminaires puis nous entendrons les témoins suivants,
donc : la Fédération autonome de l'enseignement, l'Association des comités
de parents anglophones et la Fédération des syndicats de l'enseignement
conjointement avec la Centrale des syndicats du Québec.
Remarques préliminaires
Donc, je cède maintenant la parole à M. le
ministre de l'Éducation pour ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous
disposez de six minutes. La parole est à vous.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. D'abord, je veux saluer mes collègues. Je suis content de vous
revoir, donc de l'opposition officielle, de la seconde opposition, de la deuxième
opposition. Très content de vous revoir après la pause des fêtes. Content de
vous voir en personne. On est en mode hybride, mais je suis content qu'on ait
quand même cette occasion-là de se voir de cette manière-là.
Évidemment, je salue les partenaires de la FAE
qui sont présents ce matin, mais aussi tous les autres partenaires qui vont
venir nous prêter main-forte dans l'étude de ce projet de loi là. Je suis
accompagné, ce matin, de ma collègue députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré,
j'ai failli oublier le nom complet, évidemment, de mon conseiller du cabinet,
Hubert Laprise, merci pour ton aide tout au long de la préparation de ce projet
de loi là, de la sous-ministre adjointe, Mme Stéphanie Vachon, merci
beaucoup. Je souligne au travail... au passage le travail aussi de
Mme Lucie Lapointe, du soutien au réseau financement du ministère, qui,
tout le long de l'élaboration de ce projet de loi là, a été d'une grande aide.
Je sais qu'il y a des collègues aussi de la Commission culture et éducation qui
suivent nos travaux à distance. Il y a aussi des citoyens, citoyennes, des
parents, des gens de tous les groupes et des groupes. Donc, content de vous
savoir présentes et présents en ligne aujourd'hui.
On arrive avec un quatrième projet de loi
pendant cette législature. Je pense que c'est un bilan qui sera intéressant,
mais concentrons-nous sur ce projet de loi là, projet de loi n° 9
sur le protecteur de l'élève.
Il existe, au
moment où on se parle, des protecteurs de l'élève. Il y en a dans chaque centre
de services scolaire, chaque commission scolaire. Il n'y en a pas pour
les écoles privées. Et, bien que ces mécanismes-là aient été instaurés en toute
bonne foi par les législateurs, au moment où ils l'ont fait, je pense que
c'était une avancée, mais force est de
constater que le bilan n'est pas à hauteur des attentes. Le diagnostic sur le
processus actuel est assez sévère.
D'ailleurs, la Protectrice du citoyen, la
commission des droits de la personne et de la jeunesse ont émis des rapports,
des recommandations préalables à ce projet de loi là qui demandaient des
correctifs importants. On disait que le système actuel était trop complexe,
qu'il était méconnu, qu'il était trop lent, qu'il y avait des iniquités d'une
région à l'autre et qu'il manquait d'indépendance. Essentiellement, c'étaient
les critiques par rapport au système actuel, donc c'est sûr qu'on a pris acte
de ça.
Déjà, en 2018, on s'engageait à changer ce
mécanisme, à le moderniser, à le rendre plus efficace. Et on arrive aujourd'hui
avec un projet de loi qu'on soumet humblement aux partenaires puis aux
collègues en vue d'être amélioré. D'accord? C'est important, là, le processus,
c'est le processus d'amélioration. Mais, je croirais même, c'est un projet de loi, quand même, qui nous amène davantage d'équité,
qui vient offrir pour la première fois les services d'un protecteur de l'élève
au réseau privé, qui était totalement exclu du régime précédent, qui amène une
meilleure concertation d'un protecteur de l'élève à l'autre. On n'avait pas ça
du tout. Ce n'était pas présent au départ. Donc, une meilleure cohérence dans
les recommandations qui seront formulées, un processus qui respecte la
subsidiarité, c'est-à-dire qu'on permet d'abord aux gens des équipes-écoles,
parce qu'on a confiance dans le personnel de nos écoles, de répondre aux
doléances, aux plaintes, aux demandes des gens qui sont dans le réseau, un
processus qui vient amener des délais qui sont prescrits et qui amène une
flexibilité aussi.
• (9 h 40) •
Donc, oui, il y a des balises, mais il y a aussi,
dans le projet de loi, des éléments où on permet de déroger quand il y a des
situations exceptionnelles. Ça, je pense que c'est important de le mentionner
aussi.
En lisant déjà les mémoires, il me vient des
réflexions, des questions à poser aux partenaires. J'ai hâte qu'on commence le
processus. Mais, d'ores et déjà, on va voir qu'il y aura des arbitrages à
tracer parce que je vois qu'il y a certaines recommandations des groupes qui
vont venir nous voir qui sont aux antipodes.
Par exemple, il y a des groupes qui trouvent que
le projet de loi a des délais qui sont trop courts, qu'il faudrait étirer le
processus, que ça soit plus long de passer à travers le processus, et d'autres
groupes qui trouvent que le projet de loi, en ce moment, dit que les délais
sont trop longs, il faudrait resserrer et que ce soit plus court.
Donc, il faudra questionner pour savoir ce qu'il
y a derrière ces recommandations-là. Mais c'est sûr qu'à la fin, dans les
arbitrages puis dans les recherches de consensus, bien, il faudra tracer des
lignes quelque part. Puis je me fie sur la collaboration de mes collègues et
députés, autant du gouvernement que des oppositions, pour nous aider, dans le
fond, à améliorer le projet de loi, puis à avoir quelque chose qui fera
consensus pour améliorer notre réseau scolaire. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Donc, j'inviterais maintenant, pour l'opposition
officielle, la députée de Mille-Îles à faire ses remarques préliminaires...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Guillemette) : ...Westmount—Saint-Louis, excusez, à faire ses remarques préliminaires pour une durée
maximum de quatre minutes.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M la
Présidente. Bonne année à tous les collègues puis tous les gens qui se joignent
à nous aujourd'hui. Petite mention spéciale pour ma collègue la députée de
Saint-Laurent qui n'a pas pu se joindre à nous aujourd'hui. Et je suis très
contente d'être accompagnée aujourd'hui par la collègue de Mille-Îles ainsi que
notre recherchiste extraordinaire, Florence Thivierge.
Je veux
d'emblée faire un petit rappel qu'on souhaite bon courage aux 1,3 million
d'élèves et 226 000 équipes-écoles qui sont à la rentrée
aujourd'hui. Le retour en classe, on aurait aimé vraiment à avoir un débat
d'urgence pour discuter tout ce qui s'est
passé pendant la période des Fêtes, après la fermeture de la dernière session.
Mais le gouvernement a refusé, car
ils ont dit que c'était contre-intuitif. Après tout, apparemment, l'air est
sécuritaire dans nos écoles, ça fait que c'est assez bon pour les
élèves, c'est assez bon pour nos équipes-écoles. On a testé l'air et mesuré
ici, à l'Assemblée nationale, apparemment, elle est bonne, elle est donc... est
assez sécuritaire pour qu'on se rejoint ici en personne pour faire un débat en
ce qui concerne le projet de loi n° 9 et entendre les
consultations particulières. Ça fait que j'ai un peu de la misère à comprendre
pourquoi on n'a pas pu tenir un débat d'urgence en ce qui concerne la pandémie.
Je veux aussi soulever les points qui sont
intéressants. Je ne veux pas qu'on oublie que les masques N95, Mme la
Présidente, sont toujours refusés en option pour nos équipes-écoles, pour nos
professionnels dans le réseau de l'éducation, dont un million ont été aux
enchères par le gouvernement de la CAQ. Ce n'est quand même pas n'importe quoi,
Mme la Présidente. Et que les parents n'ont pas tous encore reçu les tests
rapides pour s'assurer la sécurité au sein de nos écoles et de nos familles.
Je veux mentionner que ce n'est pas tous les
lecteurs de CO2 qui sont toujours installés, puis c'est repoussé
pour une troisième fois. Et aussi de mentionner qu'en octobre 2020, le ministre
avait vanté d'avoir parlé avec un expert de l'OMS et qu'il disait à quel point
que c'est important de tester, isoler et de tracer. Alors, aujourd'hui, ils ont perdu complètement le contrôle, à ce
gouvernement, en ce qui concerne le système de santé. On est
excessivement inquiet pour ce qui est vraiment rendu la génération COVID. Puis
le message qu'on reçoit sur le terrain, c'est : Débrouillez-vous, les
camarades.
Alors, on a des choses à jaser en ce qui
concerne le projet de loi, Mme la présidence... Mme la Présidente. Je l'ai lu,
j'ai lu les mémoires qui ont été déposés et je partage quand même les
inquiétudes des gens en ce qui concerne le manque de cohérence dans le projet
de loi n° 9, le manque de clarté, le manque de
définition, le manque de savoir où est-ce qu'on y va. Dans l'état actuel où ce
qu'on cherche, c'est la protection de nos élèves, ce n'est pas le projet de loi
dont nous allons accomplir ceci. Si le but, c'est vraiment de les protéger, il
va falloir qu'on travaille en concertation. Et, oui, le ministre peut compter
sur notre collaboration pour s'assurer que nous allons bonifier ce projet de
loi pour rejoindre le but et, comme j'ai dit, je vais répéter encore une fois,
la protection de nos élèves parce que ce n'est pas le cas avec le projet de
loi 9 dans son état actuel. Alors, je vous remercie, Mme la Présidente, et
au plaisir d'avoir des échanges avec tous les gens qui viennent témoigner
aujourd'hui et demain.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la députée de Mille-Îles. Donc, j'invite
maintenant la porte-parole...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) : Westmount—Saint-Louis.
On est au retour des Fêtes, désolée. Donc j'invite maintenant la porte-parole
du deuxième groupe d'opposition et députée de Sherbrooke à faire ses remarques
préliminaires pour une minute.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Donc, d'abord, je suis très contente qu'on soit ici pour étudier le
projet de loi sur le protecteur de l'élève. À un certain moment, je doutais
qu'on ait l'occasion de le faire avant la fin de la législature. Donc, pour
moi, c'est une belle opportunité qu'on a. J'ai entendu très souvent des
témoignages inquiétants de la part de familles, de la part d'élèves sur
l'incapacité du système de traitement des plaintes actuel de répondre à leurs
besoins, le manque de confiance envers l'indépendance du processus, la
difficulté d'accès à ce processus-là aussi. Donc, je suis contente que le
ministre ait de l'ouverture à ce qu'on puisse bonifier le projet de loi, je vois déjà quelques pistes de réflexion pour
l'améliorer. Je suis certaine que les groupes qu'on va entendre vont
nous en dire davantage. Puis je vais nommer
que je suis particulièrement contente qu'on ait fait la place à des groupes
d'élèves pour venir témoigner ici de leurs
besoins. Ce sont des groupes qu'on n'a pas eu l'habitude d'entendre ici quand
on a discuté d'enjeux en éducation,
mais je pense que c'est nécessaire dans un projet de loi comme celui-là. Donc,
je vous remercie.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup, Mme la députée. Donc, j'inviterais
maintenant la députée de Joliette, la porte-parole du troisième groupe
d'opposition, à nous faire ses remarques préliminaires pour un maximum d'une
minute.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Merci, Mme la Présidente.
Alors, heureuse de vous retrouver, heureuse de retrouver l'ensemble des
collègues, mon recherchiste, fidèle allié, Étienne Richer, pour entreprendre ce
chantier important. Moi aussi, je salue le geste posé par le ministre de
vraiment déposer une réforme de cette fonction qui devrait être importante, du
protecteur de l'élève et qui a, malheureusement, dans les dernières années,
connu beaucoup trop de ratés. Et le seul objectif qui va nous guider à travers
l'étude de ce projet de loi, c'est vraiment d'arriver au projet de loi le plus
efficace, le plus collé sur les besoins des élèves pour répondre réellement aux
situations problématiques qu'ils vivent, au manque de services qu'ils vivent.
Et je pense que c'est la seule chose qui doit nous animer, et, oui, il va y avoir place à l'amélioration, c'est certain.
C'est le cas dans chaque projet de loi, et je suis convaincue qu'on va
être capable de travailler avec les meilleures idées qui vont nous être
présentées, là, par les groupes et par l'opposition qui, des fois aussi, ça lui
arrive d'avoir des bonnes idées et de pouvoir travailler main dans la main pour
avoir le meilleur projet de loi au nom des élèves du Québec. Merci, Mme la
Présidente.
Auditions
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. Merci, tout le monde. Donc, je souhaite maintenant la bienvenue
aux représentants de la Fédération autonome de l'enseignement, soit
M. Sylvain Mallette, président, et Mme Nathalie Morel, qui est
vice-présidente à la vie professionnelle. Donc, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
exposé. Par la suite, il y aura un échange avec les membres de la
commission. Donc, sans plus tarder, je vous cède la parole.
Fédération autonome de
l'enseignement (FAE)
M. Mallette (Sylvain) :
Merci, Mme la Présidente. M. le Ministre, Mmes, MM. les députés, mon nom est
Sylvain Mallette. Je suis un enseignant en histoire au secondaire et je suis
président de la FAE. M'accompagne aujourd'hui Mme Nathalie Morel,
enseignante au primaire et vice-présidente à la vie professionnelle.
Je tiens à dire notre solidarité à l'endroit de
nos collègues enseignantes et enseignants ainsi qu'à leurs élèves, jeunes et adultes, qui ont repris aujourd'hui le
chemin des établissements scolaires alors que, comme le disait le
ministre de la Santé et des Services sociaux le 7 janvier dernier, le
Québec fait face à un raz de marée.
La FAE regroupe neuf syndicats qui représentent
plus de 50 000 enseignantes et enseignants de tous les secteurs d'enseignement et est présente dans les
régions de Montréal, de Laval, de la Capitale-Nationale et de
l'Outaouais, dans lesquelles se trouvent les quatre plus grands pôles urbains
du Québec, ainsi que dans les régions de l'Estrie, de la Montérégie et des
Laurentides.
• (9 h 50) •
Depuis 2008, les protecteurs de l'élève ont
relativement peu défrayé la chronique, hormis au moment de passer sous la loupe du Protecteur du citoyen, en 2017, et, dans une moindre mesure, de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse en 2018. À l'issue de son enquête qui constatait
le faible volume de demandes et de plaintes faites auprès des protecteurs de l'élève,
le Protecteur du citoyen recommandait une simplification de la
procédure, un rôle accru pour le protecteur
de l'élève et la possibilité pour les plaignants d'avoir ultimement recours à
ses services.
Pour sa part, la CDPDJ reprenait certains des
constats formulés par le Protecteur du citoyen dans une étude portant davantage sur le respect des droits des
élèves HDAA. Déjà en 2017, alors député dans l'opposition, le ministre
de l'Éducation promettait une réforme en profondeur de la procédure de
traitement des plaintes et du protecteur de l'élève. Comme vous le savez, Mme
la Présidente, le projet de loi qui fait l'objet des travaux de la commission
ne modifie pas la LIP, sinon quelques articles à des fins de concordance. Cette
façon de faire ainsi que plusieurs articles du projet de loi s'inspirent
directement de la Loi sur le protecteur des usagers en matière de santé et de
services sociaux. Le ministre de l'Éducation répond ainsi aux demandes de
parents d'élèves qui fréquentent le réseau privé et qui veulent avoir accès au
même recours que ceux qui existent dans le réseau public.
La recherche d'une procédure de traitement des
plaintes qui soit accessible, équitable et suffisamment souple est un objectif
légitime. Cependant, la FAE est d'avis que le projet de loi, dans sa forme
actuelle, ne permet pas d'atteindre pleinement cet objectif. En effet, étant
donné la nature des fonctions qui seraient dévolues au Protecteur national de
l'élève, une nomination par le gouvernement sur recommandation du ministre de
l'Éducation ne nous apparaît pas comme un gage suffisant de neutralité.
Or, le Protecteur du citoyen proposait plutôt, en
2017, qu'il devienne le recours des personnes insatisfaites du traitement des
plaintes faites auprès des commissions scolaires. Une telle disposition, qui
existe déjà pour la santé et les services sociaux, serait réalisable à moindre
coût, tout en évitant un dédoublement d'expertise que détient déjà le Protecteur
du citoyen et aurait finalement l'avantage de simplifier et de raccourcir la
tortueuse procédure proposée par le ministre de l'Éducation.
La FAE demande donc à ce que le mandat du Protecteur
du citoyen, dont l'indépendance et l'impartialité sont déjà reconnues, soit
élargi. De nombreux encadrements structurent au quotidien le fonctionnement des
écoles et des centres et agissent sur les
élèves ainsi que sur les personnels. Les protecteurs régionaux des élèves
devront témoigner d'une connaissance
réelle des multiples complexités du réseau de l'éducation, autrement leurs
actions risquent d'envenimer certaines situations déjà conflictuelles.
À ce
stade-ci, nous ne pouvons passer sous silence le phénomène inquiétant de la
marchandisation de l'éducation marquée par la concurrence déloyale des
écoles privées, très largement subventionnées par des fonds publics et par la
prolifération des projets pédagogiques particuliers. Cette marchandisation de
l'éducation est encouragée par l'entremise des plans d'engagement vers la
réussite des CSS et de leurs cibles chiffrées à atteindre à tout prix qui
nourrissent auprès des parents une approche client. Les CSS ont déjà un
penchant marqué pour cette expérience client à la satisfaction des parents,
qu'en sera-t-il des protecteurs régionaux des élèves?
Ajoutons à cela que tant le Protecteur du
citoyen que la CDPDJ font état, dans leur rapport respectif, de plaintes
reliées de près ou de loin à l'insuffisance des services et des ressources
disponibles. Considérant les enjeux soulevés par le projet de loi, la FAE
recommande d'abord qu'en lieu et place de la création d'un protecteur national de l'élève, que le mandat du Protecteur du citoyen
soit élargi pour inclure le secteur de l'éducation et que les ressources
supplémentaires requises soient fournies. Ensuite, la FAE demande à ce que les
personnes choisies pour occuper les postes
de protecteurs régionaux ne proviennent pas des organismes scolaires et n'aient
aucun lien avec les responsables des plaintes dans les centres de
services scolaires. J'invite Mme Morel à poursuivre.
Mme Morel (Nathalie) : Merci, M. Mallette. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour.
Afin de poursuivre dans la présentation des
quelques éléments que la FAE souhaite voir corriger dans le projet de loi,
mentionnons premièrement la notion de droit des élèves. En effet, les
articles 15 à 20 définissent les fonctions
et responsabilités du Protecteur national et des protecteurs régionaux en
stipulant que ces personnes veillent au respect des droits des élèves ou
en assurant la promotion de leur rôle par la diffusion de l'information de ces
droits. Toute la procédure de traitement des plaintes repose donc sur le sens à
donner à l'article 15.
Or, le projet de loi ne donne aucune définition
de ce qui pourrait constituer les droits des élèves. À quoi fait-on référence?
À la Convention relative aux droits de l'enfant? Aux nombreuses dispositions de
la LIP, aux divers articles des régimes
pédagogiques ou des instructions annuelles? Le texte actuel ouvre la porte à
beaucoup d'interprétations, et donc à une possibilité considérable de
plaintes excessives, frivoles ou injustifiées. Une définition explicite de
cette notion de droit des élèves fait défaut.
De plus, le libellé de l'article 21 vient
rendre encore plus opaque ce brouillard. Vous y introduisez la notion
d'insatisfaction face à un service ou des services reçus ou qui auraient dû
être reçus ou requis de la part d'un CSS. Toutefois,
les services eux-mêmes ne sont pas plus définis à l'article 21 que ne le
sont les droits des élèves à l'article 15. En somme, ces deux
libellés sont tout aussi dysfonctionnels. Nous croyons qu'il vaut mieux prendre
un pas de recul et définir précisément les objets en cause.
Nous vous soumettons qu'un exercice large,
rassemblant tous les acteurs concernés dans un comité de travail, serait de
rigueur pour définir ces questions préalablement à l'adoption du projet de loi.
Nous devons également fortement insister sur le
fait que cet exercice devra clairement exclure tout ce qui relève du champ
d'expertise réservé au personnel enseignant, dans le respect de leur autonomie
professionnelle, notamment, mais non exclusivement, les dispositions prévues
aux articles 19 et 19.1 de la LIP, explicitant les droits des enseignantes
et des enseignants en matière de pédagogie.
Un autre élément
posant problème pour la FAE est celui de la procédure du traitement des
plaintes. Dans un premier temps, les
articles 24 et 36 sont incomplets à nos yeux. Nous croyons qu'ils
devraient stipuler systématiquement que les informations concernant les
étapes et le cheminement des plaintes doivent être transmises, le cas échéant,
aux personnes visées
par celles-ci ainsi qu'à leurs représentants syndicaux. Le principe de l'équité
procédurale commande que cela se déroule ainsi.
Un autre enjeu dans
cette procédure est celui des délais prévus pour conclure certaines étapes du
traitement des plaintes. Nous proposons d'en augmenter quelques-uns. Rappelons
qu'il s'agit de délais maximums et qu'une étude minutieuse des plaintes est
essentielle. Citons, par exemple, que le délai de 10 jours prévu à
l'article 39 est particulièrement bref, étant donné les implications
potentielles de cette décision.
Vous proposez que la
procédure de traitement des plaintes inclue les dispositions de la LIP
concernant la lutte contre l'intimidation et la violence. Les plaintes prévues
en fonction de ces dispositions deviendraient des dénonciations. La FAE propose
que le projet de loi définisse clairement la différence entre ces termes. De
plus, la modification prévue à l'article 220.2 nous laisse perplexes. Cet
article détaille la procédure d'examen des plaintes présentement en vigueur, ainsi que la fonction et les pouvoirs des
actuels protecteurs de l'élève. Puisque ces deux éléments seraient
rendus caducs par les dispositions prévues au projet de loi, on ne peut pas
comprendre l'ajout proposé, qui signifierait de maintenir une procédure locale,
mais qui ne s'adresserait pas aux élèves ni à leurs parents. Il serait donc
important pour nous de clarifier le libellé de cet article.
Finalement, les
questions touchant les violences sexuelles mériteraient une approche spécifique
et adaptée au contexte des écoles et des centres. À l'exemple des dispositions
de la loi dans les établissements d'enseignement supérieur, la FAE souhaite l'insertion, dans le projet de loi, d'un
mécanisme comprenant un champ d'application défini pour les
dénonciations en matière de violence à caractère sexuel.
En conclusion,
l'instauration d'une procédure de traitement des plaintes accessible et
équitable est un objectif légitime pour le réseau de l'éducation. Cela dit, il
convient de s'assurer de sa neutralité, de l'efficacité et de la probité de son
processus. Il est, par contre, impératif qu'il ne puisse s'immiscer dans le
champ de compétence du personnel enseignant. Nous croyons que ces objectifs ne
sont toutefois pas inconciliables.
Par contre, ce projet
de loi peut également être un bel écran de fumée pour donner aux parents et à la
population une impression que les services seront bien rendus en éducation,
tout en continuant de sous-financer le réseau des écoles publiques et en
favorisant la privatisation des services réservés aux mieux nantis.
Les
premiers protecteurs nationaux d'élèves ne devraient-ils pas être l'État et le
ministre de l'Éducation lui-même? La solution ne réside-t-elle pas
plutôt dans le fait de donner les moyens au système d'éducation publique de
répondre à ces questions, notamment par l'ajout substantiel de ressources pour
répondre aux besoins de tous les élèves, jeunes et adultes, incluant ceux à
risque ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage?
Je vous remercie de
votre attention.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci beaucoup pour votre exposé. Nous passons
maintenant à la période d'échanges avec les parlementaires, en débutant par M.
le ministre, pour 16 min 22 s.
• (10 heures) •
M. Roberge :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, M. Mallette, Mme Morel,
pour votre présentation qui vient donner, je
dirais, des précisions sur ce qu'il y avait dans votre mémoire. Voilà, j'ai
quelques questions pour mieux comprendre vos réflexions puis vos
propositions. Vous parlez, à la recommandation 2, on voit : «Que les
personnes choisies [comme] protecteurs régionaux ne proviennent pas des
organismes scolaires et n'aient aucun lien avec les responsables des plaintes
[des centres de services scolaires].» Donc, je comprends cette inquiétude-là.
Et je me réfère au projet de loi à l'article 9, et là on dit : «Le
protecteur national de l'élève ou un protecteur régional de l'élève ne peut — après
ça, on dit :
«1° être membre
[d'un] conseil d'administration d'un centre de services scolaires, d'un comité
de parents [...] d'un conseil d'établissement ou employé d'un centre de
services scolaire;
«2° être
administrateur, actionnaire, dirigeant ou employé d'un établissement
d'enseignement privé qui dispense des services éducatifs», puis être parent ou
allié d'une personne visée à ces paragraphes-là. Et là vous nous dites qu'il ne
faudrait pas qu'il soit... il ne faudrait pas qu'il n'y ait aucun lien avec les
gens des centres de services scolaires ou des organisations. Il me semble que
l'article 9 fait déjà ce travail-là. Est-ce que vous voulez m'expliquer où
serait le danger ou alors qu'est-ce qu'on devrait ajouter pour vous rassurer à
cet égard-là?
M. Mallette
(Sylvain) : Si je peux me permettre, et Mme Morel
complétera si elle le juge nécessaire, c'est que, par exemple, ce qu'on observe
dans le réseau, c'est que des gens qui ont pris leur retraite se trouvent des
mandats de consultant, et donc retournent dans le réseau, mais à titre de
retraités qui... disposant, là, d'un contrat de service. Donc, il y a une
volonté de notre part de s'assurer que ces passerelles-là ne puissent pas être
utilisées pour s'assurer de la neutralité, parce qu'il y a à la fois la
perception puis la certitude que la personne qui occupe le poste est neutre. Donc, on cherchait à préciser cet
élément-là en le soulignant, qu'il faut... Pour nous, il faut éviter ce genre
de passerelles là. Et, si Mme Morel
souhaite compléter, je vais l'inviter à le faire, si vous me le permettez, Mme
la Présidente.
Mme Morel
(Nathalie) : Bien, peut-être en élargissant un petit peu la
question, M. le ministre, dans le fond, le modèle que la FAE met, dans le
mémoire, là, sur la table, c'est de dire : Au lieu d'avoir un protecteur
national, ça devrait être le Protecteur du citoyen qui rapatrie, en fait, les
mandats, là, que vous mettez dans le projet de loi n° 9,
avec, bien sûr, des ressources, là, dédiées au réseau de l'éducation. Et, pour
nous, les protecteurs régionaux, qu'on voyait davantage avec plusieurs, hein,
CSS ou établissements privés, parce que c'est ce qu'on voit dans le projet de
loi, donc on les voyait comme une structure régionale.
Mais, oui,
c'est vrai que l'article 9 exclut, mais, en même temps, un peu comme
M. Mallette l'a dit, les liens... Hein,
quand vous dites «aucun lien avec», bien, nous, on en voit beaucoup, des liens
politiques s'installer à l'intérieur de ces
nominations-là. Et c'est pour ça aussi, au niveau du Protecteur national de
l'élève, qu'on préfère le Protecteur du citoyen, parce que, pour nous, c'est
une distance qui est très grande, donc, au niveau de la neutralité. Puis on
voudrait qu'il y ait une assurance de neutralité aussi au niveau des
protecteurs régionaux.
M. Roberge : Je comprends,
parce qu'à la base, c'est vrai qu'une des critiques par rapport au système
actuel, c'est peut-être l'absence d'indépendance. Puis je pense que c'est
quelque chose que vous souhaitez voir régler, dans le fond, avec le nouveau
projet de loi.
Par contre, si on exclut, comme dans
l'article 9 tel qu'il est actuellement, puis moi, je suis ouvert à ce
qu'il soit adapté ensuite... plutôt modifié, amendé dans le cadre des travaux, en
ce moment on parle des gens qui sont déjà à l'emploi, donc ces gens qui sont à
l'emploi ne peuvent pas exercer le rôle de protecteur régional ou national.
M. Mallette nous dit : Oui, mais peut-être que même un retraité ne
devrait pas le faire.
Maintenant, ça m'amène à un questionnement que
vous soulevez vous-même à la page 4 de votre mémoire quand vous
dites : «Le risque est réel de voir les protecteurs régionaux des élèves,
faute [de] connaissance suffisante des multiples complexités du réseau de
l'éducation, envenimer certaines situations. Pensons, par exemple, aux
multiples encadrements légaux comme les règles budgétaires, les infos-sanctions,
[...]les instructions annuelles, qui viennent édicter plusieurs règles et
procédures souvent méconnues des parents et élèves.» Et là vous continuez
avec... dans le fond, en énonçant la complexité du réseau scolaire et des
encadrements. Il me semble que, si on exclut toute
personne ayant déjà travaillé dans le réseau, ça devient difficile après ça
d'exiger une connaissance du réseau et des rouages, comme vous le
mentionnez. En tout cas, c'est quelque chose dont on devra tenir compte. Il
faudra peut-être faire des arbitrages pour voir si on peut mettre des balises
supplémentaires, mais il y a quand même une difficulté, je vous dirais, là, à
exclure tous les gens qui travaillent, tous les gens qui ont travaillé puis,
après ça, vouloir que les gens connaissent très, très bien le réseau. Il faudra
voir, là, si on réussit à donner suite à votre recommandation.
Je ne sais pas si vous avez une autre
proposition à me faire à cet égard-là. Sinon, je passerais à une seconde
question.
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, peut-être, si vous me permettez... c'est
qu'il faut aussi, je pense, lire le projet de loi en tenant compte du mécanisme
qui est prévu, qui permet, au niveau... parce qu'il y a un processus avec ce
qui serait... si vous n'acquiescez pas à la proposition que nous faisons
d'envoyer le mandat au Protecteur du citoyen, le comité de sélection... il y a
un comité de sélection qui se réunirait. C'est ce qu'on comprend de la
mécanique qui est prévue. Il y a aussi ce qu'on appelle, dans certains
secteurs, un temps de disette, là, une période de disette où un individu qui
quitte un secteur d'activité ne peut pas y revenir dès le lendemain, après
avoir quitté, là, le secteur dans lequel il agissait.
Donc, ça peut peut-être être une option, parce
que c'est vrai qu'il faut s'assurer que les personnes qui assument ce mandat-là
connaissent le système, en connaissent les rouages, être dans une... Par
exemple, dans un centre de formation professionnelle, ce n'est pas enseigner
dans une école préscolaire ou primaire. Donc, il faut à la fois connaître le
réseau... mais l'objectif qu'on souhaite que vous partagiez, puis on le... que
vous partagez, puis on le perçoit aussi dans l'écriture du projet de loi,
d'assurer la neutralité, elle doit être effective, la neutralité. Donc, c'est
la précision qu'on souhaite apporter, tout en rappelant que, pour nous, le Protecteur
du citoyen, par l'expertise qu'il détient, peut déjà lui-même s'assurer de la
neutralité des personnes qui occuperaient le poste.
M. Roberge : Merci. Non, cette
préoccupation de neutralité, on va sans doute l'entendre exprimée de différentes manières, avec différentes
propositions pendant les auditions. Puis sans doute que ça nous éclairera si on
a des changements, des amendements à faire par la suite.
Je tiens à mentionner que, c'est vrai, il y a un
diagnostic qui a été fait, là, sur sur les problèmes du système actuel, je vous dirais, d'abord par, on dit,
l'institution du Protecteur du
citoyen, mais on pourrait dire Mme la
Protectrice du citoyen, et la commission des droits de la personne et de la
jeunesse en 2017-2018, si je ne me trompe pas, puis ça a alimenté les
réflexions.
Le précédent gouvernement aussi avait déposé un
projet de loi qui réformait le mécanisme juste avant l'élection. Puis on a
travaillé, on a consulté les groupes, on a essayé de trouver des arbitrages. On
a déposé quelque chose qui donnait suite, je pense, aux propositions, mais qui,
je vous dirais, ne mettait pas nécessairement en oeuvre toutes et chacune des
recommandations de la Protectrice du citoyen dans son rapport original.
Puis c'est
intéressant de voir qu'à la lumière des réflexions puis du projet de loi la Protectrice du citoyen, dans son
mémoire qu'elle a déposé tout récemment, nous dit — et là je lis un extrait, ça dit : «Globalement, le
Protecteur du citoyen estime
que le projet de loi n° 9 donne suite à une majorité des recommandations
qu'il a formulées en 2017...» Puis
après ça on dit : «À cet égard, il salue le fait...» «Le projet de loi n° 9 a aussi pour effet de donner aux protecteurs national et
régionaux l'indépendance requise par rapport au monde scolaire, étant donné
leur mode de nomination.»
Donc, je comprends que le Protecteur du citoyen,
dans son mémoire, puis on aura l'occasion de questionner Mme Rinfret plus tard
au cours des consultations, ne demande plus de devenir le protecteur de l'élève
mais reconnaît que le projet de loi fait le travail.
Maintenant, ce n'est pas le diagnostic que vous
avez fait, je comprends très, très bien ça, mais l'institution même du Protecteur
du citoyen, je vous dirais, a évolué puis, en voyant le projet de loi, a
considéré qu'il faisait le travail, qu'il n'était pas nécessaire, dans le fond,
d'impliquer le protecteur du citoyen là-dedans.
Puis je me demande,
justement, considérant la complexité de la tâche puis toutes les particularités
du réseau... Vous l'avez dit, le préscolaire
ne ressemble pas au secondaire, puis ça ne ressemble pas à la formation
générale des adultes,
puis ça ne ressemble pas à la formation professionnelle, puis c'est différentes
régions de Montréal, puis le secteur anglophone versus le secteur
francophone. Est-ce qu'il n'y a pas, justement, la nécessité d'avoir une
institution, certains pourraient dire un «ombudsman», qui développe une
compétence exclusive sur quelque chose d'aussi particulier plutôt que de
confier ça au Protecteur du citoyen, qui couvre tous les secteurs?
• (10 h 10) •
M.
Mallette (Sylvain) : Bien, évidemment, Mme
la Présidente, je vais laisser Mme Rinfret répondre, là, au nom de
l'institution qu'elle représente. Mais la logique soulevée par le ministre
devrait donc s'appliquer dans le secteur de la santé et des services sociaux.
Le Protecteur du citoyen couvre ce champ, ce domaine-là qui est très vaste, on
le constate, hein, les derniers mois nous ont permis de comprendre à quel point
le système est vaste, et ça n'empêche pas le Protecteur du citoyen de porter un
regard sur un domaine très vaste, très complexe, aux ramifications multiples.
Et donc c'est cette logique-là qui nous guide et c'est parce que le Protecteur
du citoyen détient déjà une expertise sur ces matières-là. Donc, ça répond
aussi à des propos qui avaient été tenus notamment, là, par le premier ministre, durant une campagne électorale, à l'effet
qu'il fallait trouver le moyen de simplifier les structures, faire en
sorte que ça soit moins lourd et quand on a l'occasion. Donc, pour nous, c'est
une occasion d'éviter de dédoubler une structure qui existe déjà. Donc,
pourquoi refaire ce qui existe déjà?
Mme Morel
(Nathalie) : Si tu me permets, Sylvain, M.
le ministre, moi, je compléterais aussi la réponse de mon collègue en disant
que, pour la FAE, tout ce qu'on a fait comme échanges, analyses sur ce contenu
du projet de loi, si la nomination d'un protecteur national était maintenue tel
que c'est libellé, bien, pour nous, on ne pense pas du tout qu'on est dans la
distance politique. Pour nous, que ce soit le gouvernement sur recommandation
du ministre, pour nous, ce n'est pas un gage de neutralité.
Alors,
si vous nous dites : Bien, ça serait un protecteur de l'élève, mais ça va
être, par exemple, aux deux tiers de l'Assemblée nationale ou ça va être
un comité constitué de l'ensemble des partis, on va être dans un autre... un
autre univers au niveau de la distance politique. Alors, je souhaitais juste
ajouter ces éléments-là.
M. Roberge : O.K. Par rapport à la nomination des protecteurs
régionaux, je pense que vous vous êtes attardés là-dessus. On parle,
dans le projet de loi, là, d'un comité de six personnes. Est-ce que vous
pouvez nous partagez votre réflexion sur le processus qu'on devrait suivre puis
le mécanisme des gens qui devraient être sur ce comité de sélection là pour
avoir des candidats qui, évidemment, seront rassurants, compétents, mais qui
auront la confiance de tout le monde?
Mme Morel
(Nathalie) : Je peux y aller, si tu veux,
Sylvain.
M. Mallette
(Sylvain) : Oui. Je compléterai.
Mme Morel
(Nathalie) : Bien, c'est ça, nous, je vous
dirais, de façon générale, la question que ça soit une nomination par un
comité, là, on trouvait ça intéressant. Comme on vous disait, pour nous, c'est
des nominations qui vont devoir faire
l'objet de beaucoup de soins, hein? Encore une fois, toujours cet attribut
super important de neutralité chez
les personnes candidates. On pense que, quand les comités sont composés de
personnes qui représentent d'autres personnes, donc qui sont élues ou
nommées par des pairs, c'est ça qui amène, pour nous, un contexte...
Aussi,
on parlait de probité, hein, neutralité, probité, alors, bien sûr, s'assurer
que l'ensemble des intervenants du réseau, alors les usagers, mais aussi
les différents personnels, que tout le monde puisse avoir des représentants,
donc que ça soit... que ça se fasse de façon
transparente, ouverte, avec du temps, hein, pour réfléchir, prendre
connaissance. Parce que toute cette notion-là, pour nous, là, des délais, bien,
quand il y a des rencontres, il faut que les gens aient eu l'information
préalablement, aient pu avoir connaissance d'un certain nombre d'informations,
et qu'on ne soit pas dans le genre de comité où les décisions sont prises avant
de se réunir, et il y a quelques personnes qui ont des droits de veto, là. Donc, que ça soit, je dirais, avec
des voix égales au niveau de la décision finale. Je pense, ultimement, si
on pouvait travailler davantage dans un
esprit de consensus, c'est parce qu'on pense que c'est justement des
nominations qui devraient faire consensus auprès de tous les membres de ces
comités.
M. Roberge :
Merci. La notion de recherche de consensus, là, c'est absolument quelque
chose qui va nous guider pendant qu'on va travailler sur ce projet de loi là.
Je
pense que ma collègue voulait vous poser des questions. Je vous remercie
beaucoup pour votre présentation.
Mme Foster :
Oui, merci. Mme la Présidente, est-ce que je peux vous demander il reste
combien de temps?
La Présidente
(Mme Guillemette) : 2 min 40 s.
Mme Foster :
O.K. Parfait. Bien, salutations, M. Mallette, Mme Morel. Très
heureuse de pouvoir vous recevoir ici. Merci. Merci pour votre mémoire, merci
pour vos idées. C'est très éclairant, c'est très enrichissant.
Moi,
ma question concernerait la recommandation 3 de votre mémoire, qui
dit : «...exclure du champ d'application de cette législation tout ce qui relève des choix pédagogiques et de
l'autonomie professionnelle du personnel enseignant, tels qu'ils sont
définis dans LIP, les contrats de travail et autres encadrements légaux.»
Bon, moi, ça me
suscite deux questionnements, cette recommandation. Le premier questionnement,
c'est, bon, par rapport à la définition de la notion de droit de l'élève, O.K.,
à savoir qu'elle devrait être la définition du droit de
l'élève pour vous, parce qu'il me semble que, si on prévoit d'emblée une
exclusion de cette portée-là, on risquerait peut-être de priver les élèves et
les parents de leviers qui leur permettraient de faire valoir leurs droits dans
diverses situations d'apprentissage.
Donc, ça me mène à
ces deux questionnements principaux là, à savoir : Comment vous définiriez
le droit de l'élève? Et deuxièmement, bien, justement, est-ce qu'on ne
risquerait pas de priver, avec une telle exclusion, tout un champ
d'application, là, qu'on risquerait de priver les élèves et les parents pour
faire des plaintes?
M.
Mallette (Sylvain) : Je vais laisser Mme Morel débuter
puis, s'il reste du temps, je compléterai.
Mme
Morel (Nathalie) : Bien, dans un premier temps, là...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Il reste 1 min 10 s.
Mme Morel (Nathalie) : O.K. Alors, c'est sûr que vous amenez une
confusion qu'on a soulevée nous-mêmes. Il faut définir c'est quoi, les droits
des élèves. Les droits des profs sont déjà encadrés. Alors, les droits, 19,
19.1 de la LIP, ça s'appelle droits du personnel enseignant.Alors, les
droits du personnel enseignant, c'est bien sûr de choisir nos approches
pédagogiques, la conduite du groupe qui nous est confié. Il y a, bien sûr,
toute la question de l'évaluation des
apprentissages. Alors, il y a des droits. Même dans la dernière mouture de la Loi sur l'instruction publique, là, on a ajouté des champs exclusifs d'expertise aux enseignantes et aux
enseignants. Alors, c'est de ça qu'on parle, nous. On dit ce qui est déjà circonscrit légalement. Le projet
de loi devrait faire en sorte que les lectures, je dirais, légales ou
juridiques de la Loi sur l'instruction publique et du futur... le projet de loi
n° 9 qui deviendra une future loi.
Alors, qu'est-ce que
c'est, les droits des élèves? Bien, on a mis des suppositions. Il y a la
convention des droits de l'enfant. Les droits, c'est le droit à l'éducation,
c'est le droit de recevoir des services éducatifs, des services
complémentaires, des services éducatifs particuliers. C'est ça, les droits des
élèves. Les élèves ou les parents n'ont pas
de droits sur la prestation de travail du personnel, ils n'ont pas de droits
sur le choix de nos approches pédagogiques, sur, par exemple,
l'évaluation des apprentissages qu'on fait. Et c'est ça qu'on dit, c'est
dangereux.
Et je vous entendais,
dans votre question, puis je me disais : Oh mon Dieu! Où est-ce qu'on s'en
va avec ça? Il ne faudrait pas que le mécanisme de traitement des plaintes soit
là pour venir dire : Je ne suis pas d'accord que le prof a utilisé tel
outil pédagogique ou a conduit sa classe de telle façon, a décidé, par exemple,
de donner des leçons, des devoirs. Ça, ça
appartient aux profs. Et je dirais : À chacun son métier, là. Nous autres,
on ne veut pas devenir parents, mais il ne faut pas que les parents non
plus s'immiscent dans le travail des profs en questionnant nos choix. Ils peuvent être mécontents, ça, c'est correct, mais
le protecteur national de l'élève ne doit pas être mis en place pour
venir dire : On va s'immiscer dans le
champ d'expertise, qui est légalement reconnu, là. Nos contrats de
travail disent clairement que ça relève du prof, tout ça. Alors, c'est
vraiment, je dirais, les deux lectures juridiques qui doivent concorder.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme Morel. On va pouvoir continuer les échanges
avec la députée de Westmount-Saint-Louis. Mme la députée.
Mme Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Mallette. Bonjour,
Mme Morel. Un plaisir d'échanger avec vous ce matin. Je veux
revenir un peu sur ce que vous avez évoqué au début de votre mémoire puis votre
exposé, l'impartialité ainsi que
l'indépendance du protecteur national de l'élève. J'ai entendu l'échange que
vous avez eu avec le ministre. Si ce n'est pas le Protecteur du citoyen
et qu'on procède de la façon que c'est écrit dans le projet de loi, si j'ai
bien compris, vous, votre recommandation, c'est que cette personne serait
nommée par deux tiers de l'Assemblée nationale ou autre mesure?
M.
Mallette (Sylvain) : Bien, ce qu'on a indiqué, c'est qu'on
pense que la nomination sur recommandation du ministre de l'Éducation ne permet
pas d'envoyer le message clairement qu'il s'agit d'une nomination où la
neutralité serait complète. Ça reste une nomination de nature politique. Et on
pense que, si c'était le cas, de passer par un vote aux deux tiers de
l'Assemblée nationale, ça permet de répondre à cette inquiétude-là et ça
légitimise encore davantage la personne qui occuperait ce poste-là à partir du
processus, là, dont on a parlé, là, si c'est, par exemple, un vote aux deux
tiers de l'Assemblée. Mme Morel veut peut-être compléter? Ça va.
Mme
Maccarone : Je sais que vous avez fait référence, dans votre mémoire,
que vous avez basé un peu vos recommandations de la façon que ça fonctionne
dans le réseau de santé. Puis, oui, nous avons procédé dernièrement avec des
changements en ce qui concerne les plaintes pour protéger les usagers du réseau
de la santé, mais on a eu beaucoup de débats en ce qui concerne l'indépendance
et la peur des représailles.
Avez-vous des
recommandations en ce qui concerne ceci? Représailles, ce n'est pas quelque
chose qui a été évoqué nécessairement dans le mémoire, mais je pense que c'est
quand même un aspect qui est très important quand on parle du dépôt d'une
plainte, surtout que, la mesure de dénonciation, il y a plein de choses qui ne
sont pas identifiées dans ce projet de loi. Alors, avez-vous des
recommandations pour nous par rapport à ceci?
M.
Mallette (Sylvain) : J'inviterais peut-être Nathalie à débuter.
• (10 h 20) •
Mme Morel (Nathalie) : O.K. Bien, moi, je vous amènerais davantage... Non, nous, on
n'a pas amené le côté représailles, en effet. C'est sûr qu'on est dans une
gradation aussi, tu sais, le projet de loi encourage quand même
qu'on s'adresse à la personne, qu'on essaie, entre guillemets, de trouver des
solutions. Ce n'est pas tout de suite au protecteur national de l'élève, là.
C'est sûr que ça, ça serait plus inquiétant. Mais, aussitôt que s'enclenche, je
vous dirais, le processus, que ce soit protecteur national ou... protecteur régional,
pardon, ou national, bien, nous, où on trouvait qu'il y avait un vide très
grave, là, c'est que les informations concernant les étapes, hein, puis le
cheminement de ces plaintes-là, on ne dit pas, dans le projet de loi, que ça va
être systématiquement transmis aux personnes visées et on ne parle pas non plus
de leurs représentants syndicaux. Alors, c'est dans cet esprit-là, nous, qu'on
a pensé qu'en mettant, je dirais, ce garde-fou là, que, bien, il va falloir
rendre ça... porter à la connaissance, pardon, des personnes, s'il y a des
personnes qui sont visées par des plaintes, et leurs représentants syndicaux.
Donc, je pense que les risques sont moins grands de représailles à ce
moment-là, parce qu'il va y avoir des personnes au courant qui vont pouvoir se
défendre ou amener, je dirais, leur point de vue de la situation. Mais c'est
sûr qu'on ne souhaite pas que ça se rende à ce niveau-là, personne. C'est, je
vous dirais, ce qu'on a regardé, là, qui pourrait être un peu plus en lien avec
des représailles.
M. Mallette (Sylvain) :
D'où, je pense, si vous me permettez, l'importance de circonscrire de quels
droits on parle quand on parle des droits qui pourraient permettre à des
parents d'élèves de porter plainte. Parce que, là, ça ne peut pas être sur tout
et sur rien, puis je vais essayer d'illustrer mon propos. Vous savez, il ne
faudrait pas qu'on se retrouve devant des parents rois qui ont donné naissance
à des enfants dieux qui, pour toutes sortes de raisons pas toujours légitimes,
utilisent un processus pour finalement chercher à obtenir gain de cause. Donc,
d'où l'importance de préciser de quel droit
il s'agit pour éviter, justement, qu'on se retrouve à devoir gérer des cas
problématiques où, là, il y a des
gens qui se disent ou qui sont victimes de représailles parce que le processus
a été mal utilisé parce que mal défini.
Mme Maccarone : Vous savez
qu'actuellement... moi, dans mon expérience comme ancienne présidente de
commission scolaire, évidemment, j'avais plein de parents qui m'ont appelée,
puis moi, j'avais toujours encouragé les parents de... tu sais, il faut aller,
premièrement, parler avec le professeur ou parler avec la direction d'école
avant d'aller plus loin avec votre plainte,
parce qu'on veut toujours essayer de régler ça sur le terrain avant d'aller
plus loin. Mais actuellement un parent ou un élève peut aller
directement au commissaire des plaintes à l'intérieur d'un centre de services
scolaire ou la commission scolaire.
Vous, est-ce que vous recommandez qu'on peut
garder cette étape? Parce que ça arrive qu'il y a des parents qui ont peur des
représailles, ça fait qu'ils veulent, mettons, pas nécessairement traiter la
plainte directement sur le terrain, ils veulent aller directement au
commissaire aux plaintes, que, je comprends, reste dans le modèle, ou bien ils
peuvent peut-être aller directement au directeur... le protecteur de l'élève
régional dans tous les cas, malgré que ça peut complexifier les choses.
Mais, selon
vous, est-ce que ça, c'est une étape qu'on devrait prendre en considération ou
on devrait mettre en place dans ce projet de loi, une séquence de...
quoi qu'ils soient, profs, directions d'école, centre de services scolaire,
etc.?
M. Mallette (Sylvain) :
Bien, là encore, en tout cas, c'est un peu difficile de... Je comprends votre
question, ma collègue complétera si... mais
ça dépend de la nature du problème. Parce que, par définition, un prof va
accompagner ses élèves, va expliquer à ses élèves un certain nombre de choses.
Par exemple,
le litige reporte sur un résultat qu'a obtenu l'élève. Le prof explique à
l'élève et ultimement à ses parents
sans se sentir... sans cependant devoir se sentir comme dans un procès, là.
Vous comprenez ce que je veux dire?
Donc, il y a, par définition, dans la logique
même de ce qu'est un enseignant, des rapports continuels avec les élèves, avec
les parents, et donc il faut concevoir l'utilisation du processus comme étant
une exception. Si ça devient l'équivalent
d'une porte tournante, c'est que, là, on s'est trompés de mécanisme et on s'est
trompés dans la construction du mécanisme.
Et donc, moi, c'est pour ça que j'ai un peu de
difficulté. Ça dépend de la nature du problème, la nature du litige, les gens qui sont impliqués, de quoi on
parle exactement, et donc je nous inviterais à la prudence. Puis peut-être
Mme Morel pourrait compléter si elle le juge nécessaire.
Mme Maccarone : Je ne la vois pas.
Alors, peut-être on va continuer sur l'élan de... Je vais ramener la
conversation où est-ce qu'on était, ça fait juste quelques minutes, en ce qui
concerne l'implication des enseignants, enseignantes. Vous avez mentionné que
ça va être important que les enseignants, enseignantes soient impliqués, soient informés du processus. Puis aussi, dans le
projet de loi, la même chose est écrite en ce qui concerne le plaignant.
Alors, le plaignant doit être informé de ce
qui se passe en termes de résultat de leur plainte. Ça fait que, s'il y a un
professeur, par exemple, qui va être amené à dire qu'il y a une contravention
contre cette personne, le plaignant va être informé.
Vous n'avez pas des craintes en ce qui concerne
ressources humaines si on dit qu'il va y avoir... je m'excuse, le mot m'échappe
en français, mais dans le sens que, tu sais, quelqu'un va se faire taper sur
les mains comme professeur? On n'a pas peur de l'approche ressources humaines
et la protection de nos employés à l'intérieur de ceci? Moi, dans mon
expérience, ça, c'est quelque chose qu'on a dit, par exemple, à la personne qui
a placé la plainte, que, oui, les démarches ont été faites, mais je ne peux pas
divulguer la nature de la punition parce que je veux quand même protéger mon
employé à l'intérieur de ceci, que ça soit professeurs, directions d'école ou
autre.
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, si j'ai bien compris votre question, le
projet de loi ne peut pas avoir pour effet, selon nous, de réécrire les
procédures déjà prévues dans les contrats de travail. Il y a déjà des
mécanismes, hein, ce qu'on appelle les dossiers
disciplinaires qui prévoient certaines étapes, des délais, même, il y a des
étapes pour lesquelles il y a des délais de conventionnés. Donc, le projet de
loi, pour nous, ne doit pas avoir pour effet de rendre inopérants, là, des mécanismes déjà existants. Puis, dans les contrats
de travail, il y a une volonté, évidemment, d'assurer les droits des membres qui seraient visés, par
exemple, par une procédure disciplinaire, et donc je pense que c'est
important que le... d'éviter ces travers-là. Et donc c'est la réponse, en tout
cas, à ce stade-ci, que je pourrais vous donner, là.
Mme Maccarone : ...projet de
loi, c'est écrit qu'on devait informer le parent si le dossier était référé aux
ressources humaines. Avez-vous des craintes en ce qui concerne ceci?
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, le projet de loi n'aurait pas pour effet
d'empêcher les mécanismes prévus aux contrats de travail. De toute façon, si ça
se rend aux ressources humaines, il y aura... comment je vous dirais ça? Le
danger, ce n'est pas que ça se rende aux ressources humaines, c'est qu'une
plainte frivole se rende aux ressources humaines parce que le mécanisme mis en
place permet d'ouvrir ou de mettre en place le principe de la porte tournante
où, si je n'ai pas obtenu ce que je voulais là, je vais me retourner puis je
vais aller ailleurs parce que je pense que je pourrais peut-être le retourner.
Donc, les
contrats de travail continuent de s'appliquer, mais encore faut-il... puis je
reviens à cette question-là, il faut définir de quoi on parle quand on
parle des droits des élèves.
Mme Morel
(Nathalie) : Exact. Si je peux me permettre aussi,
Mme Maccarone, c'est la question des services. Comme on le dit dans notre
mémoire, ce n'est pas juste les droits des élèves, c'est les services. Quand on
dit «service reçu» ou... requis par le CSS,
de quoi on parle-t-on? Et «services» dans la loi, c'est les services
éducatifs, les services complémentaires,
services éducatifs, services particuliers. Mais, si les parents, la population
pensent que, par le projet de
loi n° 9, ça peut ouvrir la porte à : Ah! on va
s'assurer de discipliner le personnel enseignant ou d'un enseignant,
s'immiscer dans, comme je disais tout à l'heure, l'expertise... oui, les
relations de travail, bien là ça ne marche pas.
Mais le projet de loi prévoit cette
exclusion-là, et ça, c'est tout à fait juste et correct, la procédure exclut
les problèmes relevant potentiellement des contrats de travail. Alors, c'est
pour ça, puis je suis d'accord avec mon collègue, il faut circonscrire, et ça,
c'est des grands absents, qu'est-ce qu'on entend par droits des élèves,
qu'est-ce qu'on entend par services, et d'exclure, donc, ce qui relève des
enseignants, mais j'imagine que les autres personnels vont venir parler de leur
champ d'expertise propre. Mais c'est super important, parce que, si, dans le
fond, on lance comme message : Faites des plaintes pour un rien, là, tu sais,
faites toutes les plaintes que vous voulez si vous n'êtes pas content, là, on
sort vraiment de l'objectif.
Mme Maccarone : Je suis 100 % d'accord avec vous, le manque
de cohérence en ce qui concerne les définitions.
S'il nous reste du temps, j'aimerais vous
entendre en ce qui concerne la particularité de nos élèves HDAA...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Malheureusement...
Mme Maccarone : Bon, merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Malheureusement, nous n'avons plus de temps, mais nous allons continuer quand
même les échanges avec la députée de Sherbrooke. Mme la députée, 2 min
55 s.
Mme Labrie : O.K. Merci, Mme la
Présidente. Donc, je veux revenir sur la question de la nomination aux deux
tiers. J'aimerais juste avoir une confirmation que c'est une avenue
intéressante pour renforcer l'indépendance du protecteur national de l'élève,
selon vous.
M. Mallette
(Sylvain) : Pour nous, oui.
• (10 h 30) •
Mme Labrie : Parfait. Merci.
J'ai une autre question pour vous. Souvent, les membres du personnel, notamment
les enseignants, connaissent mieux la Loi sur l'instruction publique que les
élèves ou les familles. Donc, ils sont plus à même de se rendre compte s'il y a
des droits de cette loi-là qui ne sont pas respectés. En ce moment dans l'article 21, on prévoit seulement que
les élèves ou les parents peuvent même faire une plainte quand ils
constatent que ces droits-là ne sont pas respectés. Pensez-vous qu'on devrait
créer la possibilité, pour des membres du personnel,
quand ils en sont témoins, par exemple, d'un service non rendu, d'un droit non
respecté, de signaler eux-mêmes au protecteur
de l'élève? Je pense, par exemple, à un enseignant qui se rend compte qu'une
mesure d'un plan d'intervention n'est pas effective, là, qu'elle n'est
pas respectée dans l'école, qu'il puisse le faire en étant protégé.
Mme Morel
(Nathalie) : ...peut-être émettre, oui, c'est ça, des éléments de réponse. On a eu cette
réflexion-là la semaine dernière, mais moi, je vous dirais,
Mme Labrie, en l'état, je ne pense pas que c'est une bonne idée, parce que c'est sûr qu'on parlait tout à l'heure de
représailles, hein? On parlait tout à l'heure... Il ne faudrait pas qu'un
membre du personnel enseignant, là, se place
en conflit au niveau, par exemple, hiérarchique, hein, de son supérieur
immédiat du centre de services
scolaire. Mais, si on protégeait, ce qui serait probablement quelque chose qui
est nécessaire, hein, dans notre société démocratique, si on protégeait
le fait que les membres du personnel puissent faire de tels gestes, bien là,
dans un environnement, je dirais, juridique différent, possiblement que ce
serait une bonne idée.
En même temps, moi,
j'émets personnellement une réserve en me disant : Est-ce que c'est ça, le
véhicule? Nous, on a des contrats de
travail, hein? On a déjà des prérogatives, par exemple, par le dépôt de griefs,
de se faire entendre au Tribunal administratif du travail. Les profs, on
n'est pas là pour défendre les droits des élèves. En même temps, on veut les
faire respecter. C'est le travail des parents. Est-ce qu'on ne viendrait pas
dédoubler, est-ce qu'on ne viendrait pas justement confondre les rôles qu'on ne
veut pas, nous, rendre confus, hein? Les parents exercent le rôle parental. On
n'est ni tuteurs ni parents de nos élèves. Alors, je vous dirais que c'est une
discussion fort intéressante, mais il faudrait vraiment valider ça.
Mme Labrie : Les parents,
parfois, pour toutes sortes de raisons, ne sont pas francophones, ne sont pas
familiers avec le système, peuvent ne pas être connaissants de leurs droits
suffisamment pour les exercer. Ce que j'entends, quand même, si on garantissait
l'impossibilité de représailles, si on protégeait un membre du personnel qui
signalait une situation comme celle-là, vous auriez de l'ouverture?
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, moi, si je peux me permettre... Est-ce qu'il
y aurait des cas qui pourraient être soumis? Il y en aurait à la pelletée. Les
profs sont témoins tous les jours... Puis peut-être qu'on pourrait même
élargir, hein? Des profs, ça donne des exemples. On pourrait regarder ce qui se
passe en ce moment, les conditions qui sont réunies pour ramener les élèves
dans les établissements scolaires, alors que la cinquième vague, Omicron,
déferle sur le Québec. Ça pourrait peut-être amener, si le mécanisme existait,
des parents à utiliser le mécanisme, puis il y aurait possiblement des raisons
de l'utiliser. Est-ce qu'il y a, donc, des règles qui permettraient à des
profs...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. Mallette. C'est tout le temps que nous avions. Nous allons
continuer les échanges avec la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux.
Je veux vous amener sur votre
recommandation 4, donc vraiment sur la question de la définition des
droits des élèves. Donc, c'est quelque chose qui est très présent dans votre
mémoire, c'est une question qui se pose, effectivement. Là-dedans, vous
recommandez donc la création d'un groupe de travail pour circonscrire ce de
quoi on parle quand on parle des droits.
Là, nous, on est devant... Je suis dans
réflexion très pratico-pratique, là. On est devant un projet de loi. Est-ce que
vous jugez que l'on devrait, dans ce projet de loi, se référer à des sources
externes pour, tout de suite, venir écrire noir sur blanc ce qui est prévu
comme droits, des sources externes étant, par exemple, des lois existantes, des
conventions, ou si on devrait laisser ça ouvert, garder juste le nom, les
«droits» et se référer à un autre document qui serait élaboré par un groupe de
travail, si je vous suis? Donc, ma question est simple : Est-ce qu'il faut
l'inscrire dans la loi, ce que sont les droits, ou si quelque chose d'externe
serait suffisant?
Mme Morel
(Nathalie) : Bien, nous, on pense que quelque chose d'externe
pourrait être suffisant. Par contre, il faut absolument que le travail se fasse
rapidement, sérieusement. Et, quand on parle de droits, hein... Tout à l'heure, on disait : Les services aussi ne
sont pas définis. Il faudrait que l'exercice porte un peu, je dirais, sur le
miroir de l'un et de l'autre.
Maintenant, si on l'écrit directement dans le
projet de loi, il faut faire attention, vous savez, hein, la limitation... Il y a-tu un «notamment» qui
viendrait avec, par exemple, la convention des droits des enfants, par
exemple, la Loi sur l'instruction publique? Nous, on a cité quelques exemples,
là, dans lesquels sont inscrits certains droits. Ça serait toujours mieux que
rien. Mais on pense qu'un exercice où tout le monde serait réuni pour que,
justement, on puisse, comme je le disais tout à l'heure, faire lire, hein,
juridiquement, ce qui existe... Souvent au Québec, hein, on est dans la
courtepointe. On ajoute des morceaux sans regarder si ça fonctionne avec les
autres. Alors, on pense que le comité serait, avec un document à côté, plus
intéressant, plus exhaustif, mais, si ce n'est pas possible, bien, au moins,
écrire de quoi parle-t-on quand on parle des droits...
M. Mallette (Sylvain) : Et ça permettrait de tenir compte particulièrement de la
question des élèves EHDAA où, là, il y a vraiment... Il y a déjà des décisions
qui ont été rendues par des tribunaux sur la question des services à rendre à
ces élèves-là, et ça, je pense que c'est une facette importante du
questionnement.
Mme Hivon : Il me reste quelques
secondes?
La Présidente (Mme Guillemette) : 10 secondes.
Mme
Hivon : O.K., c'était juste...
«dénonciation» et «plainte», vous voulez vraiment qu'on clarifie les
concepts, donc vous voudriez qu'on inclue des définitions?
Mme Morel (Nathalie) :
Oui.
Mme Hivon : Parfait, merci.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Merci beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et
je suspends les travaux quelques instants, le temps d'accueillir nos prochains
invités. Merci.
Mme
Morel (Nathalie) : Merci beaucoup. Bonne journée.
M.
Mallette (Sylvain) : Merci à vous. Bonne journée.
(Suspension de la séance à
10 h 36)
(Reprise à 10 h 41)
La Présidente (Mme
Guillemette) : Donc, nous reprenons les travaux et nous accueillons
maintenant l'Association des comités de
parents anglophones, avec Mme Katherine Korakakis, présidente, et
Mme Trina Hubley, vice-présidente. Bienvenue. Merci d'être avec
nous aujourd'hui. Donc, comme on vous a expliqué, vous disposez de
10 minutes pour faire votre présentation. Il y aura un échange avec les
membres de la commission pour une période de 35 minutes. Donc, je vous
cède la parole.
Association des comités de parents anglophones (ACPA)
Mme Korakakis (Katherine) : Merci.
Hello.
I am Katherine Korakakis and I am a volunteer parent. I am an executive
comittee member of the English Montréal
School Board Parents' Committee, an access committee member, Governing Board
Chair of Hampstead School and president of...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Sorry, wait a minute, please.
On n'entend pas bien.
Est-ce qu'on peut monter le son? Merci. O.K.
Mme
Korakakis (Katherine) : Should I start again?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Yes.
Mme Korakakis (Katherine) : Hello.
I am Katherine Korakakis and I am a parent volunteer. I
am an executive committee member of the
English Montréal School Board Parents' Committee, an access committee
member, Governing Board Chair of Hampstead School and president of EPCA.
Mme
Hubley (Trina) : Hi, my name is Trina Hubley.
I am a volunteer parent and member of the Governing Board of D'arcy McGee High School in Gatineau, a parents' committee
member for the Western Québec School Board and vice-president of EPCA.
The
English Parents' Committee Association, or EPCA, is a coalition of parents'
committees from English language school boards across Québec reprensenting nearly 100,000 students in the English language youth
sector. EPCA is a non-profit association
funded by the «ministère de l'Éducation» that advocates for
English public education in Québec and
lobbies on issues of concern for our parents' committee members. Whenever there is an educational issue, we are the voice of parents.
Mme
Korakakis (Katherine) : EPCA has studied the
details of Bill 9 and undertook a broad consultation with its member
parents' committees across the province of Québec. We wholeheartedly agree that the student ombudsman process in Québec has to be revamped and are generally
in support of the bill. We believe the bill responds
strongly to the requirements of transparency, but only partially responds to
requirements of accessibility and neutrality.
We are here today to advocate to ensure that the reform to the student
ombudsman function and complaints procedure is fair and equitable,
accessible and effective for students and their families across Québec, including English-speaking families.
Currently in the English language school system, the complaints process is
generally underused and little-known by the stakeholders it serves.
Mme
Hubley (Trina) : EPCA supports the creation of
the National Student Ombudsman and, under it, the creation of the regional
student ombudsmen. For the remainder of our presentation, we will refer to
these as the NSO and RSO, respectively.
EPCA
is in favor of having the same complaints handling process throughout Québec. However, it is fundamental that any
and all proceedings can take place in English from the moment of the initial
complaint to the final resolution and all steps in between, either verbally or
documented. We agree that the NSO and RSO should be independent of stakeholder
interests.
We
also agree that the NSO and RSO should have knowledge of the education system
in Québec and dispute resolution mechanisms and also
should have diversity, equity and inclusion training. EPCA believes that the implementation of this act will enable consistency
of application of the student complaints process across Québec, which is
very welcome. EPCA supports the idea that each school board has a person
responsible for handling complaints and that this person be easily identified
and accessed.
We
support the three-step complaints process. However, EPCA maintains that, in the
case of a report of bullying or violence, the complainant should be able to
make a complaint directly to the student ombudsman of the school board, and we
recommend that the RSO can review a complaint even though the steps in the
complaint's procedure have not been followed
in specific instances. EPCA agrees that a person should not be prosecuted for
making a complaint in good faith or for cooperating in a complaint's process
and that there'd be a statutory prohibition against retaliation. We agree that
a person who believes he or she has been the victim of reprisals should be able
to make a complaint to an RSO.
Mme Korakakis (Katherine) : L'EPCA souhaite mettre en évidence trois
principaux domaines de préoccupation des parents anglophones concernant
ce projet de loi : l'accessibilité, les processus et la présentation des
résultats.
Nous souhaitons recevoir l'assurance que les
personnes nommées dans le rôle de protecteur régional de l'élève seront
accessibles à toutes les familles québécoises et qu'il n'y aura pas
d'obstacles, tels que la langue de communication,
devant toute famille ou élève qui aurait besoin de faire appel à cette
ressource. La création d'obstacles importants,
tels que de devoir faire une démarche supplémentaire pour pouvoir accéder à de
l'information ou un document dans la langue officielle de son choix,
pourrait avoir des graves répercussions sur les familles anglophones. Personne
ne devrait être marginalisé dans un système de gestion de plaintes des élèves.
Le Québec est divisé en 17 régions
administratives qui doivent être desservies de manière équitable. La majorité
des commissions scolaires anglophones desservent plus d'une région
administrative. Par exemple, la commission scolaire Western Québec en dessert
trois. La façon dont le projet de loi n° 9 est
actuellement rédigé porte à croire que la plupart des commissions scolaires
anglophones auraient à traiter avec plusieurs protecteurs de l'élève, ce qui
augmentera la complexité de naviguer le système pour les parents et le
personnel des commissions scolaires. Une dilution de plaintes du secteur
anglophone dans des régions très francophones pourrait entraîner la
marginalisation des plaintes des parents de commissions scolaires anglophones
en raison de leur faible proportion.
We do not think that regional
students... Excuse me. We do not think that our regional territorial model will
be able to guarantee RSO services in English and are concerned about
availability of bilingual positions. The RSO needs to be sensitive to the
cutural and educational differences of our network.
Compte tenu de ce qui précède, l'EPCA recommande
que des amendements soient apportés au projet de loi n° 9
afin d'assurer que la nature linguistique de notre système scolaire soit
reconnue en instituant un ou plusieurs protecteurs régionaux de l'élève qui
traiteront uniquement les plaintes provenant de familles, de commissions scolaires et d'écoles privées anglophones... que
des dispositions législatives permettant aux deux commissions scolaires
à statut particulier, crie et Kativik, ainsi qu'à un centre de services
scolaire à statut particulier, le centre de services scolaire du Littoral, de
choisir de participer au modèle proposé, s'ils le souhaitent.
Mme Hubley
(Trina) : EPCA believes that the selection of
the NSO and RSOs must be mutual and free of political influence. As such, EPCA
recommends that there be selection committees that have power to formalize our
decision-making process, including the selection of a chair.
Moreover,
EPCA recommends that the selection process ensure equal representation of
different constituencies across Québec, including
parents from English and French educational systems, educational stakeholders
and the grassroots population outside of the political sphere. The current
definition of «ally» in the bill could, in many cases, block the candidacy of a
person with all the necessary qualifications for the position while the risk of
conflict of interest would remain low.
EPCA recommends that this
criterion be clarified and interpreted in such a way to maximize the available
number of candidates. EPCA also recommends that the mandate of NSOs and RSOs be
reduced to three years and that an existing RSO can only be reappointed for a
subsequent term after going through the selection process again.
Mme Korakakis
(Katherine) : EPCA recommends that the terms
and conditions for filing a complaint and the processing of complaints by the
student ombudsman be a shared responsibility between the Minister and the NSO.
EPCA's consultations have revealed that the current proposed timeline for the
processing of complaints is too long, and we recommend it to be limited to 30
days of an overall processing of the complaint.
EPCA strongly recommends that
reports include desegregated data about race, ethnic groups, in order to expose
hidden trends, identify vulnerable populations, determine the scope of problems
for specific groups and make vulnerable groups more visible to policymakers. In
addition, EPCA recommends that there should be separate reporting of complaints
related to bullying, violence and sexual violence. Finally, EPCA recommends
that reports are available to all stakeholders in both English and French at
the same time.
• (10 h 50) •
Mme Hubley
(Trina) : In addition to EPCA's three main
areas of concern that we've just presented to you, EPCA would also like to present some general recommendations that we
believe will serve to strengthen the bill and ensure that the student complaints process is accessible
to all students and their families across Québec in an equitable manner.
EPCA recommends strongly
that all information involved in the complaints process needs
to be accessible and available in English. We want to ensure all Québec parents
are included in this process and not excluded because of the language barrier.
EPCA
recommends that the linguistic nature of the English school system must be
recognized with amendments
to Bill 9. Leaving the bill as it is now would have a negative impact on
English-speaking parents, contributing to a division in access and
equitability at a time when all students and parents in Québec should be treated equally.
EPCA
maintains that the complainant should have access to the RSO from the beginning
of the process, regardless of the process being followed.
In addition, EPCA recommends
that RSO decisions and the reasons be transmitted by e-mail. As the complaint
should be in writing, EPCA recommends that a designated person should be made
available to help parents and students in writing the complaint. No complainant
should be unable to exercise their rights due to their inability to express
themselves in writing.
EPCA recommends that there
should not be a time limit for an individual to submit a complaint. EPCA
maintains that all information should remain confidential.
Finally, EPCA recommends that
the bill be strengthened by including directions regarding collaboration and
the sharing of best practices among RSOs and the NSO to ensure consistency, the
utilization of mediation as a primary tool and enhanced confidentiality
requirements.
Mme Korakakis
(Katherine) : EPCA is very much in support of
Bill 9. However, as described earlier, we believe there are advantages to
strengthening some components.
In summary, EPCA wants to
ensure equal access for English-speaking students and their families, a
shortened time frame for processing a complaint, enabling selection processes
that are free of political influence, and that include a wide range of
stakeholders, the desegregation of reporting that also separates information on
bullying, violence, sexual violence, and confidentiality of complaints, and
other information.
The student ombudsman system is
a critical resource for students and their parents. Many families aren't familiar
with the role of the student ombudsman or the student complaint process. As
such, there needs to be a clear and identifiable way to access and make best
use of the resources when they are looking to resolve a complaint.
EPCA believes the
recommendations will make Bill 9 an accessible and impactful law that will
benefit all families in Québec.
We appreciate the opportunity to present our recommendations on Bill 9. Thank
you.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Donc, nous allons maintenant passer à la période d'échange avec les
parlementaires en débutant par M. le ministre.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme Korakakis et Mme Hubley. J'espère que je l'ai
bien mentionné.
De prime abord, je veux juste faire une petite
mise en contexte pour les gens qui nous écoutent. Je veux dire qu'il y a eu un
malentendu avec l'organisation de la commission. Il n'y a aucun enjeu,
évidemment, à ce que les gens s'expriment en anglais. Cependant, on aurait dû
avoir la traduction pour les parlementaires ici et pour les gens qui nous
écoutent à la maison. Bien sûr, vous aviez le droit de vous exprimer en
anglais, mais normalement on aurait dû avoir
cette traduction-là pour que tout le monde puisse saisir vos présentations. Je
sais que je peux m'exprimer en anglais, puis qu'on va se comprendre. Il n'y a pas d'enjeu là-dessus, mais, bon,
c'était quelque chose qui devait être mentionné.
D'abord, je vous remercie pour la clarté de
votre mémoire. Vous avez vraiment fait le tour de plusieurs éléments. C'est un
projet de loi qui ratisse assez large, et vous touchez à plusieurs éléments.
Je vois que
vous appuyez le recours vers un seul et même mécanisme pour l'ensemble du
Québec. Cependant, vous souhaitez que des protecteurs régionaux soient,
en quelque sorte, des protecteurs linguistiques. Plutôt que de séparer en fonction des régions, d'après ce que je
comprends, vous souhaitez avoir certains protecteurs qui ne seraient pas
affectés sur la base d'une région, mais sur la base d'une langue, parce que
vous dites : Il faudrait avoir quelques protecteurs
régionaux qui ne couvrent que le réseau anglophone. J'aimerais savoir pourquoi
cette demande-là puisque, dans le
fond, j'ai comme l'impression qu'autant dans le réseau francophone que dans le
réseau anglophone on aura des plaintes
qui seront sans doute... ou des demandes qui seront sans doute similaires, puis
évidemment on veut une cohérence. Donc, pourquoi se séparer comme ça?
Mme Korakakis (Katherine) : M. le
ministre, est-ce que c'est correct que je m'exprime en anglais, s'il vous
plaît?
M. Roberge : Oui, oui, allez-y,
allez-y.
Mme Korakakis
(Katherine) : OK. So, for us, the reason why
it's so important to have a dedicated person for the English-speaking community
is we want to make sure that parents and students are able to understand and
have access to the information. In such an important process, we can't have
barriers that would stop us from being able to exercise our rights as parents
or students. And the cost of bringing in our own lawyers or translators and the
cumbersome process could lead students to drop out of school or have so much
expenses on parents that they just don't even follow through with that
complaint because, you know, it's just so cumbersome that they just drop it. So
that's why we strongly recommend that.
I don't know if you had
anything to add, Trina, yes?
Mme Hubley (Trina) : I will, thank you. So, if we could ensure equitability of access in
the model as it existed right now for the English parents, it would be really
great. But, given the size of the territories of the English boards and as well
as... What we see is potentially an issue with bilingual postions. That's why
we are suggesting that perhaps it would be regional and linguistic. Thank
you.
M. Roberge : En réalité, puis vous
me corrigerez si je comprends mal, l'objectif n'est pas tant d'avoir des
protecteurs régionaux exclusivement dédiés au réseau anglophone, mais c'est
d'avoir une garantie pour la communauté anglophone de pouvoir s'exprimer en
anglais et recevoir des services en anglais. Est-ce que je me trompe? S'il y avait une garantie, supposons, que
le protecteur régional qui dessert, on va dire, l'Estrie, sur laquelle....
bien, il y a des commissions scolaires anglophones à la grandeur du Québec, mais,
si on avait cette garantie-là que les parents puissent recevoir l'information...
communiquer et recevoir les informations en anglais, est-ce que vous
demanderiez quand même d'avoir des protecteurs exclusifs au réseau anglophone
ou si cette garantie-là serait satisfaisante pour vous? Je veux juste
comprendre, là, vraiment, la nature de la demande.
Mme Korakakis
(Katherine) :
So,
for us, it's not only just... it's also the... Well, we said it in our brief
and just when we spoke, there's also the cultural aspect of our community,
that's distinct. So, for us, we really want people in place that understand or
are sensitive to our communities and are able to handle complaints coming from
our communities. So I think that having a dedicated regional student ombudsman
hearing concerns would be the preferred
model. And what we're more worried about is, in the regions where, you know,
you have, like we said, some school boards covering three administrative
regions and some populations of the English schools are really low, we wouldn't
want those parents not to have access to this very critical and important
resource.
M. Roberge : Je comprends la
question d'accès au centre de votre préoccupation. Parlant encore de traitement distinct, vous mentionnez dans votre
mémoire, puis, je pense, vous l'avez dit aussi dans votre présentation,
que vous souhaitez que les commissions
scolaires crie, Kativik et centre de services scolaire du Littoral puissent
s'exclure du mécanisme qui est proposé. J'avoue que je ne comprends pas
pourquoi on voudrait avoir deux réseaux puis exclure des parents, des élèves du mécanisme de protecteur de l'élève. Est-ce
que vous pouvez m'expliquer, en réalité, pourquoi vous faites cette
proposition ou cette demande-là?
Mme Korakakis (Katherine) : Ce n'est
pas nécessairement pour exclure, mais pour...
It's not to exclude, but it's
to allow the three school boards you mentioned, the two... the special schools
to be able to access the English student ombudsman if they so choose, because,
again, they have English-speaking, you know, parents there and students there.
So, if it enables them to get the services they require, then why not, right?
They should... Everybody should have... Like, this law should not stop families
or have a brick wall for families to be able to access the resources they need.
It's really under that guise that we want to make sure that everydoby has
access equally, across the province of Québec, to this important resource.
M. Roberge : O.K., on va s'entendre
sur l'objectif, qui est vraiment l'accessibilité, la facilité d'avoir... pas
seulement accéder aux processus, aux mécanismes, mais accéder à l'information,
puis qu'il y ait même une facilité de se
comprendre, de comprendre le mécanisme, d'avoir des informations puis d'avoir
une confiance qu'on est entendus et compris. Je vous dirais, je pense,
c'est l'objectif derrière votre réflexion ou vos propositions.
• (11 heures) •
Mme Korakakis (Katherine) : Oui.
Puis aussi je vais juste ajouter que c'est aussi les ressources, parce que,
s'il y a de la médiation, bien, c'est important que... parce que ça, c'est
l'outil qu'on veut privilégier, la médiation, mais que les parents anglophones
ont accès à ça. On a peur que, si c'est dans un réseau majoritairement en
français, bien, on va perdre tout ça. On a de l'expérience, malheureusement,
dans notre réseau, de ne pas tout le temps avoir accès aux mêmes services ou
aux mêmes outils, «so», pour quelque chose comme ça, c'est tellement important.
C'est un outil qui, vraiment, aide les
parents et les élèves dans des situations très difficiles. «So», il ne peut pas
y avoir d'obstacle dans tout ce processus-là, M. le Ministre.
Mme Hubley (Trina) : Et c'est quand
même... c'est l'équitabilité, je pense que c'est un mot en français, «the
equitability of access», merci. C'est le même pour les anglophones, pour les
francophones. Merci.
M.
Roberge : O.K.
Vous parlez aussi du délai. Le précédent groupe s'inquiétait que c'était trop
court, trop rapide, qu'il fallait peut-être donner plus de temps pour
s'assurer de bien faire les choses.
Vous, de votre côté, je sens que vous trouvez
que les délais, qui sont quand même, je vous dirais, en escalier, là, on privilégie d'abord que la plainte ou la
préoccupation soit exprimée localement avec un délai de 10 jours, après
ça, régionalement, 15 jours, et puis... non, localement, 10 jours, après
ça, dans l'institution, 15 jours puis, après ça, régionalement, si
nécessaire, 20 jours. Mais vous, je comprends que vous voulez raccourcir
ces délais-là. Comment on fait pour réconcilier... raccourcir les délais, mais,
en même temps, s'assurer que le travail est bien fait? Parce qu'on ne veut pas
bâcler le travail, là. Donc, comment vous conciliez ça?
Mme Korakakis (Katherine) :
Oh, listen, you know, I don't necessarily have an answer for that
and I think that you, guys, you know, you
have all the specialists there that could assess the time frame. So, what I
want to say is, when you are in a situation where you're going to a
student ombudsman, right, these are not... these are situations... you're not
going for nothing. These are important situations. Something is happening
that's «grave», that you need an answer for. And those kinds of delays can
just... it doesn't give enough time... it just takes too long to resolve the
issue, right? And sometimes you need sooner to resolve an issue than waiting up
to two months, right? So, we're recommending up to 30
days, it could be 45 days, I don't know, but I leave it up to you guys to come
up with that time frame. We just feel that
60 days, two months, for resolution of a complaint to a student ombudsman is
just too long.
M. Roberge :
Si je peux vous rassurer à certains égards par rapport aux délais, c'est qu'on
n'est pas obligé du tout de se rendre aux
trois étapes, hein? On y va avec des étapes en escalier. On souhaite que, quand
il y a une insatisfaction, l'élève ou le parent, d'abord, évidemment,
s'adresse à son établissement scolaire, à son organisation, puis on souhaite
que ça s'arrête là, hein? On souhaite de ne pas avoir... Le deuxième mécanisme,
ça se trouve à être un mécanisme d'appel. On ne prévoit pas que les gens vont
aller d'abord à l'école, ensuite au centre de services scolaire ou à la
commission scolaire, puis ensuite au protecteur régional en disant que c'est
ça, le mécanisme de plaintes. On souhaite évidemment que, d'abord, ce soit
réglé à l'échelle de l'école puis qu'on arrête ça là. Ça, c'est important de le
mentionner, parce que, souvent, on a tendance à additionner les délais puis à
dire : Bien, voici le traitement des plaintes, c'est tout ça, puis là
c'est très long.
Je précise aussi que
ce sont des maximums. On a mis des balises, des plafonds, parce que, dans le rapport
de la Protectrice du citoyen, on disait que, écoutez, le mécanisme actuel,
parfois, prenait plus qu'une année. Imaginez, une année pour passer à travers
des plaintes. Puis ce n'était pas une fois tous les 20 ans, il y avait à
peu près 20 %, 20 % à 25 % des plaintes qui prenaient une année
à passer à travers le mécanisme actuel, tandis que, là, on arrive avec un
maximum de 10 jours pour la première étape. Ça peut très bien se faire en
deux ou en trois, on le souhaite, après ça un maximum de 15 jours pour la
seconde. Puis, encore une fois, c'est un maximum, peut être que ça pourrait
être plus bref que ça. Donc, je voulais quand même penser qu'on ne pouvait pas
simplement additionner les maximums, dire : Voici le mécanisme de plaintes
chaque fois qu'on a une insatisfaction.
Peut-être une autre
question. Excusez-moi, je vais retrouver mes notes ici. Alors, je vais... Non,
on me dit que ma collègue de Charlevoix-Côte-de-Beaupré aurait une question. Je
vais lui laisser la parole. Merci beaucoup pour votre présentation et votre
mémoire. Au plaisir...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la députée.
Mme Foster : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'ai une question. Donc, peut être le ministre
aura le temps de regarder ses notes entre-temps et peut être de revenir
selon... en fonction du temps qu'il reste.
Merci, mesdames,
d'être présentes ici ce matin. Merci beaucoup pour vos propos. Merci beaucoup
pour l'éclairage que vous apportez également par votre avis au projet de loi.
Je désirerais discuter avec vous de la recommandation 9 de votre mémoire
quant à la durée du mandat du Protecteur national de l'élève, qui, selon vous,
devrait être réduite à trois ans, et celui du protecteur régional qui ne
devrait pas excéder trois ans, bon. Est-ce que, selon vous, ça n'enlèverait pas
une certaine stabilité, une certaine pérennisation à l'expertise de
l'organisation que de réduire ça? Parce que, par exemple, le Coroner en chef a
un mandat de cinq ans, bon, également, Protecteur du citoyen a un mandat de cinq
ans. Donc, est ce que, selon vous, ça ne viendrait pas... est-ce qu'il n'y aura
pas un risque, là, que ce genre de personne là s'installe, puisse exercer son
expertise, puisse la développer également? Donc, selon vous, est-ce qu'il
pourrait y avoir un enjeu parce que vous recommandez que ce soit plus court?
Donc, je voudrais en connaître les raisons.
Mme Korakakis
(Katherine) : Do you want to go, Trina?
Mme Hubley (Trina) : I think what
we heard from our parent committees was the fact that it's good if it's good
and, if it's not great, then it leads to the potential for parents to feel
really disengaged with the process and to not want to participate in the
process. And so, I'm not sure what the mechanisms could be put in place that
would allow for a trial period, and maybe it would be five years with a trial
period of a year so that, if things weren't working out, then that there was an
option to move to a new person, because I understand the stability.
Je
comprends ça, mais, de l'autre côté, si la personne ne représente pas les
anglophones, par exemple, c'est difficile d'attendre cinq ans pour une
nouvelle personne dans ce rôle. Kathy?
Mme Korakakis
(Katherine) : Exactement. En tout cas, pour nous, c'est vraiment là
pour s'assurer si jamais un problème avec la personne qui est nommée que... tu
sais, si les délais... cinq ans, c'est long. Puis aussi, tu sais, dans
notre mémoire, on a dit qu'on peut renouveler, tu sais, la personne a juste à
refaire le processus. Ça fait qu'on n'est pas contre que la personne repasse
par un... dans le même processus d'embauche, puis «it's hired again», mais on
voudrait s'assurer que la personne qui est là représente vraiment les parents
comme... «like properly. The way that they suppose to be.»
Mme
Foster : Donc, votre... oui, allez-y.
Mme
Hubley (Trina) : It's the reason we also
recommended that the report not be for five years. You know, as we implement
the new law, it's really, in our opinion, better to be looking at it, to make
any examinations after three years versus five years, because, again, five
years is a really long time. That extra two years, we felt, was a really... and
our constituencies felt it was a really long time. Thank you.
Mme Foster : Donc, dans le fond, si
j'entends vos préoccupations correctement, votre enjeu, il est vraiment de
pouvoir s'assurer que celui qui serait nommé comme protecteur national,
protecteur régional également, puisse assurer un bon
service aux clientèles anglophones également. O.K. Par contre, si on
s'assurait, au moment où il est nommé, qu'il est en mesure de le faire, entre
autres dans les critères de sélection pour la langue, mais, vous, ce que vous
avez peur, c'est après, à l'usage, d'avoir quelqu'un qui, finalement n'est
pas... n'agit pas, selon vous, au maximum de ce qu'on pourrait tirer pour les
anglophones. Donc, de là votre inquiétude pour le délai de nomination. Si je
vous suis bien, là, c'est le principal enjeu.
Mme Korakakis (Katherine) : Oui,
mais ce n'est pas seulement pour la question anglophone. C'est une question que
ce n'est pas la bonne personne, point. Ça se peut, là. Ça fait que c'est pour
ça qu'on dit : Les délais de trois ans
avec la possibilité de «repostuler», refaire le processus, ça va, mais cinq
ans, on trouve ça très long. C'est juste ça.
Mme Foster : Parfait. Merci.
Mme Korakakis (Katherine) : Merci.
Mme Hubley (Trina) : Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, il reste une minute. M. le ministre.
• (11 h 10) •
M. Roberge : Oui, je veux revenir
sur un élément de... d'allié. Vous mentionnez le terme «allié» quand on parle,
dans le réseau... quand on parle d'un parent ou de quelqu'un qui est là... doit
être défini. Je veux juste vous mentionner que c'est quelque chose qui est
utilisé fréquemment dans le cadre législatif, qui est comme déjà compris,
notamment dans le cadre de déontologie de l'Assemblée nationale. Et, quand un
terme n'est pas défini dans la loi... puis il y a plusieurs groupes qui disaient :
Il faudrait définir telle loi. Dans les lois au Québec, tous les termes ne sont
pas définis, et, quand ils ne sont pas définis, on dit qu'on les utilise en
fonction des termes tels qu'ils sont compris, en se référant tout simplement au
dictionnaire. Parfois il y a des termes juridiques qui ont un terme différent
dans une loi que dans le sens commun, des affaires d'avocats, comme on dit,
mais, d'autres fois, c'est tout simplement le sens commun qui doit prévaloir.
Donc, je voulais juste vous rassurer à cet égard là, il n'y a pas de... il n'y
a pas d'opacité avec ces termes. Merci.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, je passe la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
pour 11 min 40 s.
Mme Maccarone : Merci, Mme la Présidente.
Good morning, ladies. It's a
pleasure to have you with us today. Thank you for your presentation and thank
you for the briefs that you've provided to the members of this committee. I
know that it was deposited in English and in French. So that this is, of
course, appreciated.
I want to talk to you a little
bit about the process. I know that you are familiar with the process. Right
now, if there is a complaint, for example, from a parent, they... the
expectation is that the parent tries to resolve it locally, speaking with the
teachers, speaking with the administrator. In the event that they are not able
to resolve the complaint, then they would go to the schoolboard and speak to
the head office personnel. In the event that that does not resolve again the
situation, then they could go to the complaint's commissioner or the ethics
commissioner that each schoolboard is mandated to have. They could also bypass
all of that and go directly to the commissioner. So, they could go directly to
their local student's ombudsman. Are you recommending that we maintain this
process or are you suggesting there's in the bill... that it's not clear, the
process that parents or individual that wish to lodge a complaint should
undertake? What's your recommendation?
Mme Korakakis
(Katherine) : So, for sure, I think that we...
you always try to resolve your issue with a person. So, let's say it's with the
teacher, you would go to the principal or you talk to the teacher. So, for
sure, we are in agreement that that process must be maintained 100%, yes, of
course, yes.
Mme Hubley (Trina) : However, just to reiterate what we said in our brief and then in
our conversation today, we do feel that there should be entry points outside of
that as well, especially for bullying, and violence, and sexual violence, and
in other areas where the parent may feel that it's untenable to go through that
process. And so, we wanted to have assurances that they could go into the
process of meeting. Thank you.
Mme Maccarone : And other particular considerations that we should implement in
this bill in terms of fear of reprisals? We talked a lot, and earlier, in your
earlier exchange and part of your presentation, in terms of independence of the
individuals that will potentially be named. Do you have recommendations to
insure that parents or anyone who lodges a complaint will be protected from
that fear of reprisal? Because I know that it is always a big concern.
Mme Korakakis
(Katherine) : I think that, first and
foremost, that's why confidentiality has to be at the forefront of everything.
The number of parents that I personally had to, you know, walk off the ledge,
so to say, because they are scared to say something, because they are scared of
what will happen to their children, that's unfair. You
shouldn't be afraid to exercise your right because you are afraid that
something is going to happen to your children, you know. That's just not where
we live. This is not... That should never be a thought in anybody's mind when
they want to pursue something where they are complaining about. Like that
shouldn't be possible. So, I think that confidentiality should be at the
forefront from the beginning of the process.
Mme Hubley (Trina) : And I think that... I'm so sorry. We think that we should have
those... I think we call it... If you feel that you've been the victim of
reprisal, you can go right to the RSO. So, the RSO should have some ability to
monitor and manage that. So, the other thing is that we are recommending
mediation be the tool, the primary tool to be used. And so, hopefully, fear of
reprisal goes down when people feel that they're just in mediation and not
being reviewed or reported. And so, their may be other ways to manage the fear
of reprisals when it doesn't get to the point where people are feeling
attacked. Thank you.
Mme Maccarone : And what of expertise in training? You've mentioned that, to some
extent, your recommendation is that there is a selection committee. Currently
in the bill, it's the Minister, the «Conseil des ministres» that would do the
nomination. Where should this individual get their expertise and training if we
also want to ensure that they are
maintaining a certain manner of independence? But we... And if you could, in
your response, pay particular attention to students that have handicaps.
Mme Korakakis (Katherine) : Do you want to go, Trina?
Mme Hubley (Trina) : Well, I think I will be just very, very quick. I think we talked
about diversity, equity and inclusion training. I don't know specifically, in
the province of Québec, where that is. I'm a relatively newcomer to that. So, I will let Kathy expand on that for
sure. But, definitely, that's also why we wanted to have people on grass
roots, community members speak from the
educational institutions, English and French. We want a representation
across all sorts of different demographics and definitely people who have
experience in dealing with people with different needs. Kathy.
Mme Korakakis
(Katherine) : Yes. So, for instance, in our
recommendations nearly, we talked about parents, right, that should be a part
of that because it's important we're stakeholders in this. And we also talked
about representatives, perhaps, of access or... or the special heads, because, you know, as a mother of a student with
special needs, many times, special needs students are unfairly targeted, as we
know. So, that's why it's important to have around that table people who can
nominate the right individual that can really understand the portrait of
different needs, and the students, and the parents.
Mme Maccarone :
One of the issues that's been
highlighted in this bill is the lack of clarity in term of definitions. It's
not terribly coherent in terms of what is a service, what's the process of
highlighting depositing your complaint. What do you feel should encompass the
definition of «service»? Because people are going to have their own ideas of
what it is, and, right now,
it's wide open. So, I'll give you an example. If school boards receive a
service, and the parent doesn't like the service, then the parent could
potentially deposit a complaint. Should that be something that is aloud or are
we putting our school boards at risk?
Mme Korakakis
(Katherine) : I think that what we're looking
at right here is... I guess... Yes, I think that... Listen, schools are
supposed to... they exist in order to service the community they serve. So, if
there is a service in place that doesn't meet the needs of the student, I think
that parents should have the ability to complain about it or, you know, use that mechanism that's in place
in order to say : Hey!, you know, how about this? Did you look at that? Because the schools are
really supposed to service the community they serve. So, by definition, that
shouldn't happen, right? We should be able to service the needs of our children
attending our schools.
Mme Maccarone :
What about student that are expelled
from school because there isn't a service, so students with special needs, a
student with autism who is sent home because the school doesn't have the
appropriate services or expertise to service the needs of that student?
Mme Korakakis
(Katherine) : What is your question? Because I
am not understanding. Are you saying...
Mme Maccarone :
Is that something that should be the
nature of a formal complaint that should be treated by the National Student
Ombudsman? And, if so, what should the repercussion be?
Mme Korakakis
(Katherine) : I don't think that... Well,
services need to... Schools need to exist in order to provide services of the
students they serve. So, if there is a student that has special needs and that
can't be served, well, then, you make it work, you open a program or you bring
him to a school that can meet the needs of the student. I mean, that shouldn't happen, you shouldn't have situations
where your children... It's a right to be educated in Québec for everybody, not just neurotypical
individuals, for everybody across the province. So, that doesn't exist, well,
then, you create the place for that... to exist for your children. So, I mean,
yes, I think that, for sure, it should be a part of it. For sure, yes.
Mme
Maccarone :
OK.
To go back to the expertise and training, one of the things that you mentioned
is that we want to make sure that the individuals that are going to be working
directly with these school boards, anglophone school boards, and the parents
that send their children there have access to English language services,
education being and essential service. So,
are you recommending that all the regional directors be bilingual in the event
that there is not a regional director, as you're proposing, that would
be responsible, for example, for the nine English language school boards?
Mme Korakakis (Katherine) : So, we, for sure, we want to prioritize that we want... because we
want to make absolutely sure that all families across the province of Québec have equal access to the student
ombudsmen, period. There should not... Language should not be a barrier in
order for you to exercise your rights for your children and for yourself. That
should not be an issue.
• (11 h 20) •
So, that's why we're
prioritizing having a dedicated person handling the English community, because
they can also understand the cultural sensitivities of our community. If... We
just don't think that, preventively, you can guarantee hiring people that would
be bilingual enough to be able to handle all of these complaints or all of
these communities coming forth, right? In areas where the population of English
speakers are very... they are not very big, well, you
know, we might have a reflex not to hire somebody
that's bilingual, but those students or most parents have the right to hear their complaints. They have to have the right to
have a mechanism in place to help them. So, that's what we're worried
about more than anything. I mean, we've just had too many experiences when we
don't have access to resources or to tools.
So, that's why we're recommending the one regional... or two regional student
ombudsmen.
Mme Maccarone :
So, within the debates that you had
which regards to these one or two regional student ombudsmen, did you also take into consideration that each of the 17
administrative regions in Québec is distinct?
I know that you're a
member of EMSB and you're a member of Western Québec, two very, very different regions. So
should we also take into consideration the particularities between urban and
regions that are not as urban?
Mme Korakakis
(Katherine) : Yes, I think so. That's why we...
you know, ideally, we would like to have two, you know, two regional student
ombudsmen exactly for what you just said, for what you just outlined, yes.
Mme Maccarone :
In the event that this isn't the case,
that this isn't the direction that the Government chooses to go for... I'll give
you an example. Currently, there's the assistant deputy minister that should be
responsible for the anglophone sector in education. This position has been
vacant for quite some time. In the event that the position doesn't get filled,
what do you think parents should expect in terms of potential delays or
accessibility? What do you think the fallout will be?
Mme Korakakis
(Katherine) : Well, the fallout will be that
the continued... you know, the service to parents
and families... and, you know, the minister, before, mentioned something about
a year in delay. That's unacceptable. We can't have a system that has
two tiers of citizens. We are all... All children are the same. All parents are
the same or all Québec
residents or children are just as valued as just the same as French students.
So, that cannot be a possibility. We cannot have a system in place that we, as
parents and our student, don't have recourse for services. That's unacceptable,
I'm sorry.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Nous allons continuer les échanges avec la
députée de Sherbrooke. Mme la députée.
Mme Labrie :
Merci. «I'll ask my question in French,
but feel free to answer in English if you want.» Vous nous avez demandé
de mettre en place un système différent pour les communautés anglophones.
J'entends votre demande, mais, à ma connaissance, il n'y a pas de système
différent pour le traitement des plaintes, par exemple, dans le système de
santé, il n'y a pas de protecteur du citoyen différent pour les communautés
anglophones. Donc, j'aimerais comprendre, le besoin que vous nous exprimez,
est-ce qu'il est spécifique, pour vous, au secteur de l'éducation ou, en
général, c'est quelque chose... Est-ce qu'il y a des problèmes en lien avec le
fait qu'il y a juste un protecteur du citoyen, par exemple, ou qu'il n'y ait
pas de processus en anglais en santé?
Mme Korakakis
(Katherine) :
So,
there might not... so, you use the health as an example, but you can go to an
English hospital, right, like you can get services there. But what we're
worried about is, if you hit a wall at your school, right, and you need to
escalate... and generally, when we're escalating an event, something, it's very
serious. You want to make sure that you're able to have access to all the
resources and tools in your language of choice. When you're dealing with law,
when you're dealing with something as emotional as your children, you want to
be able to understand your rights and responsibilities, right? So, we have to
take away any obstacle in the way to be able to exercise that right. That's why
we're so focused on that. Trina, I don't know if you wanted to add something.
Mme
Hubley (Trina) :
Just for clarity, we don't want a separate system, we don't want a
separate... anything. We want equitability
of access. And, if the only way that we can get equitability of access is to
have English regional, quote on
quote, RSO's, then that's what we need. If everybody could be bilingual, if
everybody could understand the differences of the
English culture in all of the different regions, that would be great as well.
So, we just want to be sure that we're clear,
that we're not advocating at all for anything separate. We're actually
advocating the opposite way, but the exact same resources that will be
given to the francophone parents and students. Thank you.
Mme Labrie : O.K.,
donc, si on était capable d'assurer une garantie, si on le précisait, par
exemple, dans la loi, que chaque protecteur régional de l'élève doit être en
mesure de fournir toute l'information, tous les services en anglais à toute
personne qui les demanderait dans cette langue-là, on aurait répondu, là, à
votre demande.
Mme
Maccarone : Oui.
Mme Labrie :
Parfait. Bien, je vous remercie. «Thank you.»
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Donc, nous continuons les échanges avec
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Oui. Bonjour à vous deux. Merci beaucoup pour votre présentation. Vous avez
fait ressortir, avec raison, des fois la difficulté d'avoir toute l'information,
que les parents se sentent accompagnés, outillés pour porter plainte, ils ont
peur des représailles. Est-ce que vous avez réfléchi à des moyens qu'on
pourrait mettre en place pour mieux faire connaître les droits aux parents des
enfants, pour mieux les accompagner quand vient le temps de porter plainte?
Est-ce que vous avez des suggestions à cet égard?
Mme
Korakakis (Katherine) :
Yes,
absolutely. So, one of the things that we have said is that the information has to be sent on how to access the student ombudsman
when the welcome kits... every parent gets a welcome kit before they go into school
each year. So, that should be in the welcome kit, a clear infographic clearly
that states : This is how you access the student ombudsman, these are the
steps, not hidden on a website, clear. And then the other thing that we
strongly suggest is that there is writer in place or somebody to accompany
parents throughout the process so that they're not overwhelmed by it, they're
not intimidated by it. And nobody should not have access to recourse because
they can't express themselves correctly in writing, right? Like, it has to be
an equal playing field for everybody. So, I think that those two actions would
really help parents.
Mme Hubley (Trina) :
We can also have social media campaigns to talk
about this, potentially advertisements on the
television to talk about this. I think there's a lot of good things that are
happening now. With the social media, I think we can do that, and schools
should be sending out information as well, and not to put... to find the point
of it, but in English and French at the same time.
Mme Hivon : OK.
En fait, parce que je réfléchis à ça depuis un petit moment, puis, en vous
écoutant, vous savez peut-être que dans le
domaine de la santé, dans chaque région, il y a des comités d'assistance et
d'accompagnement aux plaintes pour les citoyens. Donc, ce sont des organismes
communautaires qui sont désignés par le ministère de la Santé. Chaque région
doit en avoir un, et je me demande si on ne devrait pas penser au moins à
quelque chose qui s'en approche pour vraiment faciliter l'exercice de ces
droits-là. Donc, j'étais curieuse de savoir si, quand vous dites d'avoir quelqu'un qui accompagne, ça pourrait être
une structure de ce genre-là, communautaire, mais formellement prévue.
Mme Korakakis (Katherine) :
Yes, why not? Why not? And I think that anything that we can put in
place to help accompany parents and help
level the playing field for everybody without putting obstacles or barriers, I
think it can only just help serve everybody, I think, yes, why not?
Mme Hivon : Merci.
Mme Korakakis
(Katherine) : Merci.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Donc, merci beaucoup, mesdames, pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Nous suspendons les travaux quelques instants, le temps d'accueillir nos
nouveaux invités. Bonne fin de journée.
(Suspension de la séance à
11 h 28)
(Reprise à 11 h 32)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, la commission reprend ses travaux. Et
nous accueillons maintenant la Fédération
des syndicats de l'enseignement et sa présidente, Mme Josée Scalabrini,
ainsi que la Centrale des syndicats du Québec, représentée par Éric
Gingras, son président.
Donc, vous disposez
de 10 minutes pour votre présentation, et, par la suite, il y a un échange
avec les membres de la commission pour une période de 35 minutes. Donc,
sans plus tarder, je vous cède la parole.
Fédération des syndicats de
l'enseignement (FSE-CSQ)
et Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
M. Gingras (Éric) : Merci
beaucoup. Alors, M. le ministre, Mmes et MM. les parlementaires, merci d'avoir
accepté de nous entendre en ce qui concerne le projet de loi sur le protecteur
de l'élève. Je vous rappelle que la CSQ représente 200 000 membres,
dont 125 000 provenant du secteur de l'éducation. Et d'ailleurs je suis
accompagné, comme vous l'avez dit, de Josée Scalabrini, la présidente de la
Fédération des syndicats de l'enseignement. Mais, comme le projet de loi touche
à toutes nos fédérations en éducation, notre voix aussi sera celle de nos
collègues de la Fédération du personnel de soutien scolaire, de la Fédération
des professionnelles et professionnels en éducation et de la Fédération du
personnel de l'enseignement privé.
Alors, d'abord, la CSQ a toujours été favorable
à l'amélioration des mécanismes de protection des élèves et des services auxquels ils ont droit. Nous
accueillons donc positivement le projet de loi, mais plusieurs questions
demeurent, et des améliorations doivent être
apportées. Bien sûr, nos propositions visent à privilégier le dialogue et la
collaboration chaque fois que cela est possible. Il est toujours préférable de
régler les différends de cette manière plutôt que de recourir à des plaintes.
Je ne pourrai
pas aborder toutes nos propositions, faute de temps. Je vais me concentrer
d'abord sur la question de l'indépendance des protecteurs et sur la
composition des comités de sélection et je laisserai la parole à ma collègue
Josée Scalabrini par la suite.
Le projet de loi devrait aller plus loin pour
renforcer encore plus l'indépendance et l'impartialité des protecteurs. Comme
le rôle du protecteur de l'élève est analogue à celui du Protecteur du citoyen,
pourquoi ne pas privilégier le même mode de nomination? Le protecteur national
devrait être nommé par l'Assemblée nationale plutôt que par le gouvernement.
Pour poursuivre l'analogie avec le Protecteur du citoyen, les protecteurs
régionaux devraient être nommés par le gouvernement plutôt que par le ministre
pour assurer une saine distance entre eux.
L'idée de recourir à un comité de sélection pour
la nomination des protecteurs régionaux est intéressante. Toutefois, le comité
devrait avoir le pouvoir d'analyser des candidatures et non pas seulement de
s'assurer de la conformité d'un processus bureaucratique et administratif. On
propose donc de renforcer son rôle en lui donnant la possibilité de faire des
recommandations.
De plus, la composition du comité ne nous semble
pas représentative. Nous trouvons inacceptable qu'aucune place ne soit réservée aux personnels
professionnels et de soutien, qui sont pourtant essentiels dans nos
établissements et qu'on oublie beaucoup trop souvent. Une place doit être
réservée pour chacun de ces groupes, de même qu'à une personne représentant le
personnel des établissements privés. On y reviendra tantôt.
Par ailleurs, la loi sur le protecteur de
l'élève doit s'appliquer aux commissions scolaires crie et Kativik, et nous
souhaitons que ce soit clairement écrit dans la loi. Le processus de plainte
devrait être accessible dans ces commissions scolaires.
Un mot maintenant sur la distinction entre
«insatisfaction» et «plainte». La personne insatisfaite devrait pouvoir
s'adresser à la personne concernée pour lui en parler, pour lui en faire part
et tenter de trouver une solution sans que
cela soit automatiquement considéré comme une plainte. Et malheureusement le
projet de loi ne définit pas ce qu'est
une plainte. C'est quoi, la différence entre une plainte et une simple
insatisfaction? À partir de quand pouvons-nous parler de plainte? À
partir de quand le délai de 10 jours commence? Comment la personne
concernée peut-elle savoir qu'elle doit aviser son supérieur immédiat? Tant de
questions sans réponse. Si ce n'est pas clair, cette personne pourrait s'exposer
à des représailles et donc, tout en l'ignorant, simplement faire l'objet d'une
plainte.
Lorsqu'il est question d'une plainte, cela
devrait se faire par écrit. De plus, il faut laisser un certain temps pour une
discussion entre les parties avant d'enclencher formellement le processus.
D'ailleurs, réunir le plaignant et la personne concernée pour les aider à
s'entendre devrait être possible à chacune des étapes du processus et devrait
figurer clairement dans le projet de loi.
Finalement, je veux porter à votre attention un
problème d'application du processus dans les établissements privés concernant
le responsable du traitement des plaintes. Si cette personne se trouve dans
l'établissement, sachant qu'il s'agit d'un membre du personnel, elle se
trouvera dans une situation très inconfortable puisqu'elle devra traiter des
plaintes formulées à l'égard des collègues avec qui elle est en relation chaque
jour. C'est un peu la fusion des étapes 1
et 2 alors qu'on aborde la question avec le supérieur dans la première étape.
Le responsable du traitement des plaintes ne devrait pas se trouver dans
l'établissement, pour plus d'indépendance et une plus grande légitimité, comme
c'est le cas pour les écoles publiques.
Je passe donc maintenant la parole à ma collègue
Josée Scalabrini pour la suite.
Mme Scalabrini
(Josée) : Bonjour, M. le ministre. Bonjour, messieurs dames les
parlementaires. Je vais poursuivre en vous parlant d'un enjeu très
important : l'objet des plaintes.
Le projet de loi permet aux élèves et aux parents
de formuler une plainte lorsqu'ils sont insatisfaits d'un service. La notion de
service étant très large, le projet de loi devrait mieux préciser ce qui peut
faire l'objet d'une plainte. À chacune des
étapes du processus, un tri des plaintes devrait être fait pour distinguer ce
qui peut faire l'objet d'une plainte de ce qui devrait être traité par
la voie d'autres mécanismes déjà existants.
Selon le projet de loi, si la plainte soulève
des questions d'ordre disciplinaire, le responsable du traitement des plaintes
avise le responsable des ressources humaines. Si les faits portés à sa
connaissance concernent une faute grave ou
un acte dérogatoire posé par un enseignant, il doit alors aviser le ministre.
Le problème, c'est que le responsable du traitement des plaintes en
poursuit l'examen de son côté plutôt que de laisser le soin à l'autorité
compétente d'agir. On ne voit pas, dans ce cas, l'utilité
d'ajouter la possibilité d'un recours supplémentaire venant du protecteur de
l'élève.
On fait déjà face à des situations très
complexes. Par exemple, un membre du personnel doit faire une intervention
auprès d'un élève, comme l'isoler ou le retenir physiquement pour l'empêcher de
se blesser en attendant qu'il se calme s'il
est en crise. Les parents du jeune ou d'autres personnes sont témoins de
l'intervention. Ne comprenant pas le sens de l'intervention, ils
décident de porter plainte au supérieur immédiat du membre du personnel qui a
effectué l'intervention.
Suivant la
nature de la plainte, le supérieur contacte le service des ressources humaines,
qui décide d'informer la DPJ. La DPJ déclenche l'entente
multisectorielle, ce qui signifie que la police et le Procureur général sont
saisis de la situation. Une enquête de
police est donc déclenchée. Parallèlement à ça, le service des ressources
humaines fait enquête, tout comme le ministre, s'il s'agit d'un
enseignant détenant un brevet.
Donc, pour ces gestes, trois enquêtes peuvent
être menées simultanément, une par le service des ressources humaines
relativement au dossier disciplinaire et administratif de la personne, l'autre
par le ministre de l'Éducation relativement au droit d'exercice de la
profession, une par la police et le Procureur général, accompagnés de la DPJ,
relativement à de possibles accusations criminelles.
A-t-on
vraiment besoin d'ajouter la possibilité d'une quatrième enquête? Le
responsable du traitement des plaintes devrait
cesser d'examiner une plainte lorsque d'autres actions sont en cours ou si
d'autres recours sont plus appropriés.
• (11 h 40) •
L'objet des plaintes devrait être mieux
circonscrit pour une autre raison excessivement importante pour le personnel
enseignant. Le processus de traitement des plaintes ne devrait en aucun cas
s'immiscer dans la pratique professionnelle des enseignants. Les modalités
d'intervention pédagogique et les stratégies d'évaluation relèvent de
l'autonomie professionnelle et sont régies par l'article 19 de la LIP.
L'attribution d'un résultat à un élève est une prérogative de l'enseignant,
article 19.1, et la LIP détaille la manière dont la révision d'un résultat
peut être effectuée. Toutes plaintes portant sur l'application par le personnel
enseignant des droits prévus à l'article 19 et 19.1 de la LIP ne peuvent
être jugées recevables.
Avant de conclure, je veux porter à votre
attention une autre proposition. Les personnes qui peuvent formuler une plainte
sont les élèves et les parents. Nous pensons que les membres du personnel
devraient pouvoir s'adresser au protecteur régional pour le saisir d'une situation
où les droits des élèves ne peuvent être respectés, exemple : des services
dont certains élèves ont besoin, des élèves en difficulté, et qu'ils ne
reçoivent pas, du matériel auquel ils auraient droit et qui ne sont pas
accessibles. Les enseignants doivent pouvoir faire... sans crainte de
représailles si leur démarche est faite de bonne foi, de manière objective, en
toute honnêteté et dans le souci d'amélioration des services aux élèves.
Les informations fournies par le personnel
pourraient contribuer à la formulation de recommandations à portée collective.
Le projet de loi donne la possibilité au protecteur national de formuler de
telles recommandations. En plus, cela répondrait à la volonté du ministre de
l'Éducation de donner une voix au personnel de l'éducation pour dénoncer sans
crainte des situations inacceptables, comme il l'avait exprimé publiquement en
2017.
Pour conclure, nous reconnaissons que le
processus de plainte devra être amélioré et rendu accessible à tous les élèves.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais il faut qu'il soit
bonifié. Nous croyons qu'il serait opportun de dresser un bilan de la mise en
oeuvre du nouveau processus dans quelques années afin de l'améliorer encore
davantage. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Donc, nous débutons maintenant la période d'échange
avec M. le ministre.
M. Roberge : Oui, merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Scalabrini, M. Gingras. Juste, votre dernier
commentaire, là, à savoir qu'il faudrait faire un bilan de la mise en oeuvre
après quelques années, c'est déjà prévu dans le projet de loi. Beaucoup,
beaucoup d'éléments, à la fois dans votre présentation puis dans le mémoire, on
va essayer de faire le tour rapidement.
J'ai été surpris de voir que vous souhaitiez
avoir un mécanisme distinct pour le privé. Les intervenants précédents, avant
vous, les partenaires précédents, eux, voulaient un protecteur régional pour le
réseau anglophone. Là, on veut un protecteur régional pour le réseau privé, et
le régional ne veut plus rien dire... programme. C'est comme si on voulait un
protecteur sectoriel, si j'ose dire. On n'est plus par région si on va dans
cette direction-là.
Pourquoi, si on a un projet de loi qui veut avoir
davantage de cohérence pour... si on a un projet de loi qui vient répondre à
plusieurs critiques de la situation actuelle, qui montrent qu'il y a trop de
disparité, pourquoi, après ça, essayer de transformer les protecteurs régionaux
en protecteurs plutôt sectoriels puis risquer qu'il y ait, au fil des décisions
ou des recommandations qui vont être prises, vraiment des tendances où on va
traiter différemment les élèves d'un réseau à l'autre quand des plaintes
peuvent être identiques?
M. Gingras
(Éric) : Bien, écoutez, je pense que, là-dessus, il faut le
voir davantage comme la particularité du réseau privé par établissement. Puis ça, je pense, c'est un peu cet
élément-là où... notamment en lien avec les étapes, ça, je pense que je le mentionnais, là, où, avec les
étapes, c'est plus difficile, on pense, à mettre de l'avant au niveau du
secteur des écoles privées. Est-ce qu'il y a
une possibilité de voir... de trouver la meilleure manière pour y arriver? Oui,
effectivement.
Mais derrière ça se cache quand même... puis ça,
l'exemple, pour nous, là, qui est important, c'est les fameuses étapes. Puis je
le disais, là, c'est que dans une école privée, de la manière que c'est
présenté à l'intérieur du projet de loi, bien, on peut penser qu'à même l'école privée il puisse y
avoir quelqu'un qui s'occupe des plaintes et qui puisse subir une certaine pression de la part de l'établissement. Et
c'est avec justement cette même volonté là de nous assurer d'une indépendance et que le mécanisme
fonctionne qu'on pense qu'il peut y avoir des ajustements au niveau
privé.
Maintenant, on propose des choses. Est-ce qu'il
y a un dialogue possible pour trouver la meilleure solution, toujours en
gardant l'esprit de ce qui est présenté, parce qu'on l'a dit d'entrée de jeu
qu'on était favorable à ça? Bien, ça, après
ça, bien sûr, il y a des discussions à avoir, mais, vraiment, c'est la notion
d'indépendance et c'est avec ça qu'on a travaillé pour rédiger
l'ensemble du mémoire, incluant nos collègues du réseau des écoles privées
affiliées à la CSQ.
M. Roberge : Merci. Non, mais
j'essayais de savoir ce qu'il y avait derrière. On n'est pas... on n'est pas au
moment de faire les arbitrages, dire qu'est-ce qu'on retient, qu'est-ce qu'on
ne retient pas. On n'a même pas fini les auditions avec vous encore puis
beaucoup de groupes. Mais j'essaie tout le temps de savoir ce qu'il y a
derrière la proposition ou la... ou
peut-être la... je vous dirais, peut-être la critique du projet de loi tel
qu'il est pour qu'on l'améliore, hein? Des fois, on essaie de voir ce
qu'il y a en arrière.
Vous avez mentionné que vous aviez un inconfort
avec le processus de nomination tel qu'il est proposé dans le projet de loi actuel, là, où c'est le
gouvernement qui nomme le protecteur national, et le ministre, après
recommandation du comité, pour les protecteurs
régionaux. C'est pourtant quelque chose qu'on a pour d'autres institutions en
ce moment où ce sont... c'est soit le gouvernement, soit le ministre qui
nomme, par exemple, le commissaire-conseil à la santé, puis il y a quand même
des ressemblances pas mal avec ce qu'on fait par rapport à la santé, le coroner
en chef, le directeur national de la DPJ.
Disons que ce
n'est pas tous les officiers ou tous les responsables qui sont nommés par
l'Assemblée nationale. Habituellement, on y va dans ce sens-là pour, je
vous dirais, des organisations où il y a des inquiétudes politiques, des
considérations politiques ou alors, je vous dirais, des institutions qui sont
un peu chien de garde par rapport aux actions du gouvernement.
Or, le mécanisme de traitement des plaintes
qu'on est en train de rénover ensemble s'adresse davantage au palier local. Tu
sais, un parent qui dirait, supposons... ou deux parents qui sont séparés, il y
a deux adresses, le centre de services scolaire dit : On va offrir le
transport juste à maman ou juste à papa. Puis là les parents disent :
Bien, voyons donc, notre vie familiale, on a besoin de transport des deux
côtés. Si d'aventure le protecteur régional ou, à la fin, le protecteur
national donne son avis en tranchant d'un côté plutôt que de l'autre, il n'y a
pas d'implication politique, ministérielle ou gouvernementale, on est plus...
on est plus sur le local, je vous dirais. Et je pense que c'est pour ça qu'on
pourrait penser qu'il y a une différence entre le dirigeant de l'UPAC puis le
protecteur national.
D'ailleurs, une institution nommée aux deux
tiers, la Protectrice du citoyen, le protecteur, l'institution, c'est le
protecteur, mais, en ce moment, on a une femme, c'est la Protectrice du citoyen,
dans son mémoire pour les auditions, nous
dit qu'elle est parfaitement à l'aise avec le mécanisme. Puis je vois quand
même qu'il y a une différence parce que, si on se fie, par exemple, au
rapport de 2017, elle recommandait quelque chose. Les travaux ont avancé, les
réflexions se sont faites, on a déposé le projet de loi. Et là on voit que,
dans son mémoire, qu'on regarde et sur lequel on pourra la questionner bientôt,
elle nous dit qu'elle est parfaitement à l'aise avec le niveau d'indépendance
du projet de loi. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas le bonifier, mais je
voulais quand même amener cette réflexion-là, parce qu'on peut être porté de
dire : Bien, on va en mettre, on va en mettre, puis trop fort ne casse
pas. Mais, en même temps, je pense qu'il faut avoir quelque chose qui est
balancé.
Et je finis sur une question, en fait, je finis
mon intervention sur une question par rapport aux commissions scolaires crie et
Kativik, on pourrait dire du Littoral aussi, là, le centre de services scolaire
du Littoral, qui ont des statuts particuliers; vous voulez qu'ils soient
couverts. Or, il me semble qu'ils le sont, mais vous voudriez qu'on le mette de
manière plus explicite. J'aimerais ça que vous m'expliquiez pourquoi, là.
• (11 h 50) •
M. Gingras (Éric) : Bien oui,
ça va me faire plaisir, là. Si vous permettez, quand même, je vais juste
revenir sur votre bref exposé, parce que j'ai quand même eu une question, j'ai
senti une question là-dedans, parce que, dans le fond, on veut profiter du
moment où on est en train de réviser quelque chose pour le faire, selon nous,
le mieux possible, en donnant la meilleure indépendance possible.
C'est certain qu'il y aurait plusieurs
situations, plusieurs exemples qui peuvent se contredire ou qui nous donnent
différents éléments. Mais nous, on pense que de le rendre le plus indépendant
dès le départ, éventuellement, on pourra réévaluer, mais on pense que d'y aller
immédiatement le plus indépendant possible, comme on l'a mentionné, et aussi de
mettre à contribution le comité qui pourrait, à ce moment-là, recommander une
espèce de courte liste en plus de voir si les candidatures, là, sont adéquates,
on viendrait recommander aussi au gouvernement, donc, ça, on trouve qu'on viendrait ajouter de l'indépendance, mais
aussi une certaine confiance du public, mais aussi du personnel qu'on
représente, parce qu'on l'a mentionné, c'est vrai pour les enseignantes, les
enseignants, le personnel de soutien, mais aussi les professionnels, donc,
pourraient se sentir justement interpellés par cette indépendance-là.
Concernant les commissions scolaires crie,
Kativik, Littoral, dans ce que vous dites, ce qu'on veut, c'est qu'on vienne le
mettre tel quel. Et, vous le savez comme moi, au niveau de l'application,
lorsqu'on arrive dans les commissions scolaires, on est beaucoup dans des zones
grises dans ces commissions scolaires, où, à cause de la Loi de l'instruction
publique qui ne s'applique pas, etc., on vient dans les zones grises où ils
peuvent, on est dans les possibilités. Là, ce qu'on aimerait, c'est que ce soit
là, que ça soit défini et clair dans le projet de loi. C'est un peu dans cet
esprit-là qu'on vous le présente et non pas la possibilité de. Alors, c'est
dans ce sens-là, si on le met comme étant clairement, on pense que ces
commissions scolaires là bénéficieraient de pouvoir participer à ce
mécanisme-là de ce côté-là. Voilà.
Mme
Scalabrini (Josée) : Et je vais renchérir sur ce que
M. Gingras vient de dire, crie, Kativik, on se fait souvent
répondre : Oui, mais ils sont inclus. Mais, quand on va parler avec ces commissions
scolaires là, ils ne se sentent pas nécessairement toujours concernés, parce
que, pour eux, ce n'est pas clair, la façon dont c'est formulé, c'est écrit. Cette fois-ci, on vous demande, on
voudrait que ce soit très clair qu'ils sont touchés par ces
modifications-là.
M. Roberge : Merci. Effectivement,
c'est clair. Ce qui est particulier au fil des consultations, des fois, c'est
qu'on voit que différents groupes arrivent avec des regards différents, puis il
va falloir qu'on discute. Le groupe juste avant vous nous disait que c'était
important de permettre, justement, aux commissions scolaires crie et Kativik de
s'exclure, vous nous dites que c'est très
important de les inclure. D'emblée, ils étaient inclus. Voyons ce que diront
les groupes suivants, puis on essaiera de trancher dans l'intérêt, comme on
dit, l'intérêt supérieur des Québécois puis, je vous dirais, des élèves et des
familles.
J'aimerais
revenir sur un élément que vous mentionnez dans votre mémoire. Vous y allez sur
le rôle du protecteur national, qui dans la philosophie, dans la pensée,
lorsqu'on a rédigé le projet de loi, était vu comme quelqu'un qui coordonne,
qui assiste, qui assure les formations, qui voit à la cohérence pour que, dans
des situations semblables, on ait des recommandations semblables. Mais il
semble que, dans le projet de loi, on parle du fait que le protecteur doit surveiller les protecteurs régionaux, ça semble
vous déranger. J'aimerais ça que vous m'expliquiez pourquoi. Et est-ce
qu'il n'y a pas un danger, si on affaiblit le protecteur national, de revenir à
ce qu'on a en ce moment, c'est-à-dire des disparités puis des incohérences en
fonction des écoles puis des régions?
M. Gingras (Éric) : Oui. Écoutez, ce
qu'on vient mentionner, c'est davantage... on vient modifier un peu l'aspect de
surveillance, hein, donc pour nous permettre d'avoir effectivement, je vous
dirais, une cohésion plus grande. Je
comprends votre questionnement par rapport au fait de dire : Bien, est-ce
qu'on ne vient pas, à ce moment-là, changer l'esprit? Nous, de notre
côté, on vient un peu assurer une coordination dans ce qu'on propose, mais on
pense qu'on ne remet pas en question, là, l'esprit, comme vous le dites, là, de
ce qui est proposé.
M. Roberge : Merci. Parce que je
vous dirais que ce n'est pas... on ne vient pas apporter une petite
modification, là, d'apparat, là, on change le système, on part, je vous dirais,
des principes de ceux qui ont institué le protecteur de l'élève. Puis je ne
critiquerai pas ceux qu'ils l'on fait au départ, même si, après, on se rend
compte qu'il faut le moderniser, je pense que c'était quand même une avancée
quand ça a été fait. Mais on essaie de réparer le système actuel puis on
cherche des repères, des balises pour dire : On pourrait s'inspirer de
quel autre mécanisme de l'État qui fonctionne, puis on voit que... bien, on
regarde pas mal, je vous dirais, ce qui se passe avec les coroners, et la
santé, et la DPJ pour avoir des comparables, pas simplement pour copier-coller
un mécanisme, là, mais pour s'inspirer de deux, trois mécanismes, puis on a...
dans la Loi sur les coroners, on dit : «Le coroner en chef répartit et
surveille le travail des coroners», qui travaillent plus localement. Puis, à la
DPJ, la direction nationale de la protection
de la jeunesse exerce des contrôles requis sur les DPJ régionales, exige des
correctifs. Donc, on voit qu'il y a quand même un... je vous dirais, une
vigie nationale, donc, mais on va essayer de l'ajuster en fonction de vos
commentaires puis de vos craintes aussi, là, je vous dirais.
M. Gingras (Éric) : Mais, si vous me
permettez, nous, dans la mesure.. Comme je l'ai dit, là, on ne veut pas
nécessairement modifier l'esprit, mais on parle de collaboration,
d'indépendance. C'est pour cette raison-là qu'on va parler de «soutenir» à la
place de «surveiller», là, je ne l'avais pas mentionné dans ma réponse, là. Ce
mot-là, on pense qu'il ne vient pas dénaturer, au contraire, on est dans la
collaboration, on est... Justement, tantôt dans votre exemple, vous parliez d'aspects très locaux. Bien, à ce moment-là, on
dit : Non, on ne surveille pas, on soutient, justement, et ça
permet à tout le monde d'avoir une plus grande indépendance.
M. Roberge : Et, je vous dirais, sur
la question qui a été soulevée par Mme Scalabrini tout à l'heure, où on
parlait qu'un membre du personnel puisse, lui ou elle, utiliser le mécanisme de
traitement des plaintes, je me questionne, parce qu'il existe déjà, supposons,
bien, toutes les instances syndicales, les griefs, etc., qui font un travail,
et il y a, je vous dirais, une voix pour le personnel, mais à travers des
instances. Dans le projet de loi, on ne prévoit pas, là, qu'une seule personne,
un employé d'un centre de services scolaire se prévale de ça, mais, par contre,
on dit qu'un comité de parents, un comité d'élèves, un conseil
d'administration, sur lequel siègent d'ailleurs des enseignants et des
employés, puisse demander un avis à un protecteur régional.
Est-ce que vous ne pensez pas qu'avec ces
possibilités-là, où on permet à des membres du personnel, mais à travers
l'institution, supposons, du conseil d'administration ou d'un regroupement,
comme je l'ai mentionné, est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a un équilibre
entre une demande d'une personne qui pourrait, à travers le protecteur
national, demander quelque chose à son employeur, un peu comme si c'était
l'instance syndicale, bien, d'y aller plutôt à travers une organisation plus
neutre? Il me semble que c'est déjà prévu dans la loi avec quelques balises qui
évitent des dérapages.
Mme
Scalabrini (Josée) : Vous avez vous-même,
M. le ministre, en 2017, été frappé par le fait que des enseignants qui
remarquaient une injustice qui se vivait dans un milieu et qui souhaitaient le
dénoncer... peut se retrouver, à cause de la loyauté qu'il doit à l'employeur,
à des poursuites quelconques. Donc, on dit : Vient un mécanisme ici où on
pourrait permettre de faire connaître des situations difficiles dans un milieu,
et là le protecteur régional pourrait arriver avec des recommandations qui
viendraient servir le collectif. Donc, nous, c'est dans l'objectif
que le jour où on réalise que, dans des milieux, des élèves n'ont pas les
services auxquels ils ont droit, bien, qu'on soit capable de le dénoncer. Les
élèves n'ont pas droit au matériel auquel ils ont droit présentement, il
appartient à des parents de pouvoir le dire, mais les gens qui le vivent au
quotidien n'ont pas l'espace pour faire connaître
cette réalité-là. C'était plus dans ce sens-là et c'était pour répondre à une
recherche que vous aviez, vous-même, de trouver le chemin pour que ça
puisse se faire sans que l'enseignant se retrouve avec des représailles.
M. Roberge : Et
considérant... Sur une autre question, vous nous demandez de préciser la notion
de droit des élèves. On fait référence au droit des élèves dans le projet de
loi, mais précédemment, sous le régime qu'on a en ce moment, on parle des
services rendus : le protecteur des élèves peut recevoir des plaintes en
fonction des services rendus aux élèves. Et vous dites qu'il faudrait définir
les droits des élèves. Dans la loi en ce moment, on ne définit pas «services
rendus», mais je pense que tout le monde comprend. Est-ce que vous ne pensez
pas que ça tombe sous le sens un peu qu'on réfère au droit de recevoir une
éducation, au droit de recevoir de l'aide, au droit de recevoir le matériel
nécessaire, un peu comme, dans la loi précédente, on référait aux services
rendus? Puis, à ce que je sache, il n'y a pas eu, là, de grande confusion sur
l'interprétation des dispositions actuelles.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre, on n'aura pas le temps pour la réponse, malheureusement,
mais on continue nos échanges avec la députée de Mille-Îles. Mme la députée.
• (12 heures) •
Mme
Charbonneau : Merci, Mme la Présidente. Cette fois-ci, c'est la
députée de Mille-Îles. Bonjour, tout le monde. C'est la première fois que je
prends la parole, donc, bonjour, tout le monde. Monsieur, madame, merci de
votre présentation.
Mon premier... ça ne
sera pas une question, ça va être un constat. Puis vous allez m'aider à mieux
établir le processus par rapport à ça, puisque, dans l'ensemble du projet de
loi n° 9, on parle de gens qui vont faire des
recommandations. Ce n'est pas un pouvoir décisionnel. Ce n'est pas un pouvoir
de mettre en place un processus qui fait en sorte que l'élève, que les parents
de l'élève... que le service rendu sera rendu ou l'équipement sera rendu. Je
pourrais vous parler du trajet d'autobus que le ministre parlait plus tôt. Tout
revient à un principe monétaire. Je le dis bien simplement, là, mais je suis
sûre que vous êtes capable de me comprendre.
Si un élève n'a pas
le matériel requis pour pouvoir être en classe, je pense à un élève dyslexique
qui a besoin d'un appareil électronique pour être capable de suivre puis être
capable d'avoir la compétence, la compréhension qu'il se doit d'avoir de ce
qu'il reçoit, parce que la commission scolaire lui dit : Bien, nous, on
n'en a plus, on n'en a plus, on n'a plus de financement pour ça, mon protecteur
de l'élève qui reçoit la plainte, il ne peut faire qu'une recommandation, il ne
peut pas faire une ordonnance. Il ne peut pas faire une décision.
Quelle
est votre perception de ce pouvoir-là du protecteur de l'élève? Puisqu'une
recommandation n'est que : Je crois
que vous devriez donner les outils nécessaires à l'élève. Est-ce que vous
pensez qu'on pourrait donner un pouvoir plus fort, plus intéressant au protecteur de l'élève pour qu'on puisse mettre
en place vraiment plus qu'une recommandation?
M. Gingras (Éric) : Bien, écoutez, moi, dans un premier temps, j'aurais tendance à ramener
certains éléments, là. Notamment, dans notre mémoire, on fait beaucoup
l'analogie avec le Protecteur du citoyen. Donc, le Protecteur du citoyen,
lorsqu'il va parler ou qu'elle, la protectrice, va parler, ça a quand même un
appel fort, et elle n'a pas plus la
possibilité de faire plus que recommander. Elle fait une étude de cas, elle
amène la situation et, quand la Protectrice ou le Protecteur du citoyen
va parler, elle émet son rapport, ses recommandations. C'est quand même fort
comme geste et c'est un peu ce qu'on sent ici.
En même temps, vous
savez, le milieu scolaire est un milieu qui est complexe. On veut avoir
justement un mécanisme, mais on ne veut pas non plus que ce mécanisme-là, à la
fin, serve finalement à tout régler. On l'a dit dès le départ, l'important,
c'est qu'on se parle. Si on se parle au niveau des établissements, si on se
parle, au niveau du réseau, entre les personnes concernées, lorsqu'il y a des
insatisfactions, notamment... Puis, ça, il faudra revenir aussi sur «plainte» versus «insatisfaction». Pour nous,
cet élément-là, il est important, mais on pense qu'on va régler peut-être,
quoi, 95%... Et ce sera lors de certains enjeux qu'il y aura le protecteur de
l'élève qui pourra, à ce moment-là, y aller de ses recommandations. Mais on
pense qu'il y a quand même quelque chose d'important avec l'analogie de la
protection du citoyen, de la citoyenne, donc une analogie importante à faire.
Mme
Charbonneau :
Merci. Allez-y.
Mme
Scalabrini (Josée) : Et, si on a amené la recommandation qu'il
fallait que l'enfant ait les besoins d'orthophonie qu'il avait droit, s'il a
fait une recommandation, c'est que l'analyse a été amenée qu'il ne l'avait pas
eu. Donc, c'est porté même par le protecteur de l'élève qu'il faut les donner,
les services, s'ils n'avaient pas été donnés.
Il y a un constat plus que par ceux qui faisaient la plainte, c'est ceux qui
ont reçu la plainte ont dit : Effectivement, cet enfant-là, à
l'avenir, doit avoir son service.
Mme
Charbonneau : Je comprends la version que vous me donnez. Je suis
obligée de vous dire que l'expérience en commission scolaire que j'ai eue, au
niveau francophone, fait en sorte qu'une belle recommandation, ça reste une
belle recommandation. Si le centre scolaire ou la commission scolaire ne reçoit
pas le financement pour la mettre en place, bien, on reste toujours dans le
même paradigme.
Je voulais vous entendre un peu plus sur la
possibilité d'un enseignant d'avoir recours au protecteur de l'élève. Vous avez
parlé de la loyauté à son employeur. Je m'étire un peu le cou en vous
disant : La loyauté à son syndicat. La protection de cette personne qui cherche... Et je pense
sincèrement qu'à tous les matins les enseignants se lèvent, qu'ils soient en télétravail ou bien en
présentiel... à aider ces élèves et à l'amener à une meilleure
performance et à sa propre réussite. Comment je fais pour écrire un projet de
loi qui vient protéger cet individu qui veut donner un service, qu'il soit un enseignant, là, ou un professionnel? Parce que
j'ai compris que vous couvrez plus que l'enseignement.
M. Gingras (Éric) : Le personnel de
soutien aussi, bien sûr.
Mme
Charbonneau : Oui. De ce
fait, comment je fais pour bien protéger cette personne pour ne pas qu'il y
ait de désavantage, puis j'utilise le mot
«désavantage» parce que je pourrais utiliser bien d'autres mots, là, par
rapport à son employeur, par rapport à son syndicat, par rapport à ses pairs
dans le même établissement scolaire, nécessairement?
M. Gingras (Éric) : Bien, dans un
premier temps, il y a tout l'aspect de l'indépendance, hein? Pour nous, si on a
un protecteur de l'élève tant régional que national comme... étant indépendant,
bien, déjà là, on vient le sortir... Puis ça, ça me permet, hein, justement, de
revenir... Puis il y a le secteur public, il y a le secteur privé aussi où on disait : Dans les écoles, il faut sortir de
ça, parce qu'il faut qu'il n'y ait pas de possibilité de conflit d'intérêts
lorsqu'on intervient. C'est un peu ça, hein?
Tantôt, lorsqu'on m'a posé la question, il ne
s'agissait pas d'avoir des réseaux distincts, mais juste de s'assurer que les
étapes puissent être correctes dans chacun des endroits. Mais, dans le secteur
public, si on veut être en mesure... Puis ça, je pense que ma collègue Josée
Scalabrini l'a très bien mentionné, on cherche un endroit pour que le personnel, quel qu'il soit, enseignant,
soutien, professionnel, puisse avoir un espace pour dire : Bien, il
manque du matériel dans l'école, il manque du matériel dans le centre, et de
pouvoir soumettre ça. Et, si on a un processus indépendant qui est bien fait,
bien, à ce moment-là, ça pourra permettre justement d'avoir un suivi de ça et
éventuellement d'avoir des recommandations qui viendront confirmer qu'il y a quelque
chose là.
Donc, c'était en ce sens-là, dans cet esprit-là,
je pense, qu'on amène cette proposition-là.
Mme Charbonneau : J'attendais de
voir si, Mme Scalabrini, vous aviez quelque chose à rajouter. Je vois que vous
n'avez rien à rajouter. Tantôt, je vous ai un peu interrompue. J'essaie d'être
prudente.
Je comprends le principe de l'indépendance. J'ai
apprécié le fait que vous ameniez la différence entre le privé puis le public.
Le parent du privé doit signer un contrat, et, si l'enfant ne répond pas au
contrat, l'enfant peut être expulsé. À l'école publique, on ne peut pas avoir
cette relation-là, hein? C'est un service obligatoire. Vous faites une
distinction. Je me permets, je la trouve un peu légère.
Mais y a-t-il, pour vous, une autre distinction
à faire pour l'école à la maison? Parce que c'est aussi un propos qu'on tient
dans le projet de loi n° 9. Il n'y a pas personne à
date qui nous en a parlé. J'imagine qu'il y a peut-être des gens qu'on va
recevoir qui vont le faire, mais il y a nécessairement un droit de service là.
Puis, quelquefois, il y a appel à vos collègues pour pouvoir faire l'évaluation
de l'apprentissage de cet enfant. Donc, est-ce que vous vous êtes penchés un
peu là-dessus ou vous êtes restés au niveau de vos membres seulement?
M. Gingras (Éric) : Bien, dans ce
cas-ci, vous le savez comme moi, il existe un encadrement pour l'enseignement à
la maison. Au-delà de ça, je dois vous dire que c'est certain qu'on peut en
tenir compte. Mais vous avez qualifié ça d'étant un peu léger. Bien, je dois
vous dire que ce n'est pas tant que ce n'est pas important, mais, vous le
savez, en même temps, lorsqu'on tente de travailler sur un dossier comme ça, il
y a tellement d'enjeux. Puis déjà, tantôt, on vous l'a dit, on ne pouvait pas
présenter tout ce qu'on a présenté étant donné que ça représente quand même un
plus petit nombre. Il y aura peut-être des groupes qui pourront faire mieux que
nous, là, mais, quand même, là, là on l'aborde, mais de cette façon-là,
effectivement.
Mme Charbonneau : Ce n'est surtout
pas une critique sévère, là.
M. Gingras (Éric) : Je ne l'ai pas
senti comme ça.
Mme Charbonneau : C'est probablement
notre soif ou notre faim d'avoir encore plus d'information pour écrire le
meilleur projet de loi.
Au niveau
des commissions scolaires anglophones et les centres scolaires francophones, il
y a nécessairement une différence de services, pas nécessairement dans
l'attribution des sommes, j'en conviens, mais peut-être dans la philosophie. Il
y en a un qui est géré par un principe politique, hein? Le conseil des
commissaires, c'est un regard de gouvernance politique. L'autre est maintenant
rendu administratif. Est-ce que, pour vous, il y a une différence sur la
relation par rapport à cet aspect-là ou vous n'y voyez pas de différence par
rapport au traitement des plaintes et au cheminement de cette plainte-là à
l'intérieur de la structure?
• (12 h 10) •
M. Gingras (Éric) : Bien, écoutez,
pour nous, c'est un système qui est un mécanisme, là, plutôt qu'un système. C'est un mécanisme qui est pour la
défense, la protection des élèves, comme ça le dit. Donc, dans ce sens-là,
que ce soit du côté anglophone ou francophone, on n'a pas fait de distinction
pour ce qui est de cette analyse-là, parce que ce mécanisme-là, le but, on l'a
mentionné tantôt, hein, oui, protéger l'élève, mais aussi en lien avec la
protection des services auxquels ils ont
droit, et ça peu importe, là, de quel endroit, quel réseau on provient. C'est
dans ce sens-là qu'on a fait l'analyse.
Mme
Charbonneau : Il me reste peu de temps. Je vais le compléter en vous
demandant si, pour vous, il serait opportun... Parce que vous allez avoir un
poids certain au moment où on va arriver dans l'article par article. Est-ce
qu'il y aurait chez vous une intention de pouvoir voir des définitions
distinctes sur l'ensemble du processus du protecteur de l'élève?
C'est-à-dire... Puis vous l'avez bien dit au début, là. Je fais juste vous
lancer la perche pour que vous acquiesciez encore une fois sur le terme des
mots et la valeur des mots qu'on utilise, entre «plainte» et «dénonciation»,
puis je n'ai pas parlé d'intimidation ou de violence sexuelle, mais qu'il y ait
une belle distinction et un lexique probant pour que tout le monde s'y
retrouve.
M. Gingras
(Éric) : Bien, absolument, ça a été clair pour nous dans le mémoire,
ça prend une définition, on a besoin d'expliquer, parce qu'après ça aussi, ça
va aider, parce que le but, ce n'est pas d'alourdir non plus le mécanisme,
d'alourdir le réseau. Et, si on peut permettre, notamment en ayant les bonnes
définitions, que chaque élément se trouve au bon endroit et chemine à la bonne
place, bien, c'est le temps de le faire. On est en train de retravailler
quelque chose. Faisons-le correctement, et ça passe effectivement par,
notamment, «plainte» versus «insatisfaction», mais aussi pour l'ensemble des
mécanismes. On l'a mentionné, hein? On ne veut pas alourdir non plus,
notamment, on l'a mentionné avec les enseignants, ce qui existe déjà pour la
Loi de l'instruction publique. Mais on peut
penser aussi que nos collègues professionnels, notamment avec les ordres
professionnels, c'est important de le dire, il y a aussi, là... il y
aura une surabondance de mécanismes. Alors, si on prend le temps de bien les
expliquer, ça va mieux progresser puis ça va juste être meilleur pour s'occuper
des bonnes choses au bon moment.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. Gingras.
Mme
Scalabrini (Josée) : Et je veux attirer l'attention... Je
voulais attirer l'attention sur ce qu'on avait...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. C'est tout le temps qu'on avait.
Mme
Scalabrini (Josée) : O.K., merci.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mais on continue nos échanges avec la députée de
Sherbrooke. Merci, Mme la députée. À vous, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Donc, si j'entends bien ce que vous dites, le projet
de loi serait vraiment incomplet, là, si on ne permettait pas au personnel de
signaler des manquements, là, au respect des droits des élèves. Qu'est-ce qu'on
doit prévoir pour éviter les représailles? Est-ce que, par exemple, le nom du
plaignant, qui est un peu un lanceur d'alerte, devrait rester confidentiel dans
la plainte? Qu'est-ce que vous pensez qu'on devrait mettre en place pour être
certains, là, qu'ils ne vont pas avoir aucun impact d'avoir utilisé le
processus?
Mme
Scalabrini (Josée) : Bon, moi, je veux
commencer en disant que, oui, il manque un élément important, parce qu'on est
en train de parler des services aux élèves. Qui de mieux placé que le personnel
pour savoir si on a tous les outils, si on avait tout le matériel, si on a pu
avoir un contact avec les professionnels qui pouvaient donner le service? Donc,
oui, c'est important aussi quand, on le disait, une recommandation collective
pourra venir.
Là, pour ce qui est
de : Est-ce que, dans cette plainte-là, on devrait ne pas mettre le nom,
ne pas mettre le milieu?, ce qui est important pour nous, c'est qu'on
n'embarque pas dans la démarche disciplinaire où un centre de services,
anciennement la commission scolaire pour les centres de services qui existent
aujourd'hui, pouvait faire que, parce qu'il avait manqué de loyauté à
l'employeur, on se retrouvait avec une poursuite. Il faut enlever cette
dimension-là. On a le droit de faire connaître les services qui ne sont pas
donnés à l'élève. C'est pour ça que ça existe, le protecteur de l'élève, pour
être capable de cheminer.
Mme Labrie :
Donc, si on précisait, par exemple, dans la loi qu'un processus disciplinaire
ne pouvait pas être enclenché suite au dépôt d'une plainte auprès du protecteur
de l'élève, ça viendrait répondre... On n'aurait pas besoin nécessairement que
l'école ne soit pas informée du nom du membre du personnel. On aurait
simplement besoin de prévoir que ce soit impossible d'utiliser ça pour démarrer
un processus disciplinaire. Je pense que c'est important, parce que moi, je
pense, comme vous, que les mieux placés pour voir les manquements aux droits,
c'est souvent le personnel, mais on veut qu'ils puissent le faire en étant
certains de ne pas avoir de représailles.
Mme
Scalabrini (Josée) : Effectivement, à partir du moment où on
dit : Il faut qu'il y ait un regard qui se pose pour attirer l'attention
sur le fait que l'élève n'a pas le service auquel il avait droit, on ne doit
pas aller vers une mesure disciplinaire parce qu'on a voulu attirer
l'attention.
Mme Labrie :
Parfait. Bien, ça répond bien à ma question. Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci beaucoup, Mme la députée. Donc, nous poursuivons
nos échanges avec la députée de Joliette. Mme la députée.
Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Heureuse de vous retrouver en début 2022.
Je veux poursuivre
exactement dans la même veine. En fait, je viens de retrouver le cas auquel je
pensais. Vous ne commenterez pas le cas précis, mais c'est pour juste se mettre
dans le contexte. En décembre 2018, il y avait
eu le cas de l'enseignante Kathya Dufault, qui avait dénoncé publiquement des
manques de services pour des élèves en difficulté.
Il y a eu quelque temps après une procédure en congédiement. Certains disent
que c'était relié, pas parfaitement relié... Je ne veux pas entrer dans
le cas précis, mais le ministre, à l'époque, avait dit qu'il souhaitait
justement briser la loi du silence pour permettre aux gens qui sont en première
ligne de pouvoir soulever les enjeux de manque et de rupture de services.
Donc, moi, ce sur quoi je veux vous entendre...
Il avait dit que ça ferait l'objet de discussions au moment des renouvellements
de conventions collectives. J'aimerais ça savoir où on en est par rapport à ça.
Puis comment on... tous ces morceaux-là, un peu, d'une même équation, le droit
de s'exprimer, d'être un peu un lanceur d'alerte quand on est dans le réseau sans se faire dire qu'on manque de loyauté, le
fait de pouvoir initier une plainte dans le processus actuel, que ce
soit structuré, versus ce qui peut être prévu dans les conventions collectives
et la situation pas évidente dans laquelle peut se trouver un enseignant ou un
membre du personnel de soutien. C'est quoi, la recette idéale, je dirais, pour faire le tour de tout ça et s'assurer
que les gens qui sont en première ligne aient toute la marge de
manoeuvre pour faire en sorte que les choses
s'améliorent pour des élèves qui sont sous leur supervision ou qu'ils
accompagnent?
Mme Scalabrini (Josée) : Je vais faire un petit bout. Éric, tu pourras peut-être
compléter.
Quand vous nous demandez où on en est, j'ai le
goût de vous dire : On n'est pas allés plus loin et qu'on voit l'opportunité
justement de relancer ce débat-là par les ajustements que l'on va faire à la
loi. Dans la convention collective, même si on a voulu amener le sujet à la
dernière négociation, ça n'a pas été traité. La partie patronale ne voulait pas
qu'on touche à ça, ne voulait pas mettre ça dans la convention collective. Pour
régler un problème, il faut d'abord commencer à en parler. Il faut dépasser le
discours. Il faut trouver les pistes où on peut se rattacher pour aider à
solutionner un problème. Bien, pour nous, voici un premier chemin où on
pourrait ajuster cette réalité-là.
M. Gingras (Éric) : Voilà,
effectivement, là, et c'est vrai pour les enseignantes, les enseignants, c'est
vrai pour les professionnels, c'est vrai pour le personnel de soutien. Ça prend
un espace pour que tout le monde puisse parler en toute connaissance de cause
de ce qu'ils connaissent de leur milieu, et, s'il y a quelque chose qui est à
signaler d'important, avoir une place pour pouvoir le faire, et ça, ça passe
par ce mécanisme-là, probablement. Et, en plus, par ce mécanisme-là, où on
vient ajouter au niveau de l'indépendance pour permettre justement aux
personnes de pouvoir s'exprimer, on pense que c'est une façon de le rattacher.
On l'a devant nous présentement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup, Mme Scalabrini, M. Gingras, pour votre contribution aux
travaux. Merci, Mme la députée.
Donc, nous
suspendons les travaux jusqu'à 14 h 30. Bon appétit, tout le monde.
Et je vais garder les membres de la commission quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 18)
(Reprise à 14 h 02)
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc,
la Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Nous
poursuivons donc les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi numéro n° 9, la Loi
sur le protecteur national de l'élève.
Et, cet après-midi, nous entendrons la
Fédération des centres de services scolaires du Québec, conjointement avec l'Association des directions générales
scolaires du Québec, le Protecteur du
citoyen, le collectif Béliers
solidaires et le collectif La Voix des jeunes compte.
Donc, nous accueillons maintenant Mme Caroline
Dupré, présidente-directrice générale de la Fédération des centres de services
scolaires du Québec, et M. Lucien Maltais, président de l'Association des
directions générales scolaires du Québec. Donc, merci d'être avec nous cet
après-midi.
Fédération
des centres de services scolaires du Québec (FCSSQ) et
Association des directions générales scolaires du Québec (ADGSQ)
Mme Dupré (Caroline) : Merci à vous.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Comme on vous l'a mentionné, vous disposez de 10 minutes pour faire votre
présentation. Il y aura un échange avec les membres de la commission par la
suite. Donc, je vous cède maintenant la parole.
Mme Dupré
(Caroline) : Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes et
MM. les députés. Je remercie la Commission de la culture et de l'éducation de permettre à la Fédération des centres de
services scolaires du Québec et à l'Association des directions générales
scolaires du Québec d'exprimer leur point de vue sur le projet de loi n° 9, Loi sur le protecteur national de l'élève. Je vais
laisser la parole à M. Maltais, qui va apporter quelques précisions.
M. Maltais
(Lucien) : Alors, mes salutations. Je désire apporter une précision
quant à la portée de notre mémoire et de notre présentation. Notre association
représente les directions générales francophones et anglophones des commissions
scolaires ainsi que des centres de services scolaires. Demain, vous aurez une
présentation de l'Association des commissions scolaires anglophones où sera
présent mon collègue Sylvain Racette, représentant des directions générales
anglophones. Ils vous suggéreront des adaptations nécessaires au projet de loi
pour tenir compte de leur réalité. Je redonne la parole à Mme Dupré.
Mme Dupré (Caroline) : Merci, M.
Maltais. Alors, d'entrée de jeu, la Fédération des centres de services
scolaires du Québec et l'Association des directions générales scolaires du
Québec saluent la réforme du processus de traitement des plaintes proposée par
le projet de loi n° 9. Aussi, nous tenons à souligner
l'importance de maintenir un palier local de traitement des plaintes tel que
reconnu dans le projet de loi.
De fait, chaque jour, les centres de services
scolaires déploient des services éducatifs de qualité à plus d'un million
d'élèves. Bien sûr, il arrive parfois que ceux-ci génèrent certaines
insatisfactions. Cependant, il importe de souligner
que la grande majorité des plaintes se règlent au niveau des
établissements ou du centre de services scolaire, et ce, à la
satisfaction de tous.
Ceci dit, nous appuyons les objectifs du projet
de loi, lesquels visent à renforcer l'efficacité du processus de traitement des plaintes, à l'uniformiser, à en
rehausser l'indépendance et la transparence, à professionnaliser la
fonction et à en assurer une meilleure
accessibilité. La fédération et l'Association des directions générales croient
que, de manière générale, les dispositions du projet de loi sauront
permettre l'atteinte de ces objectifs. Nos commentaires visent donc à optimiser l'efficacité du processus et de
l'institution, notamment par la précision de certains termes, par la
simplification de certains processus administratifs et par l'attribution de
pouvoirs et de moyens conséquents au responsable du traitement des plaintes.
Le processus
de traitement des plaintes doit être clair pour toutes les parties. Il s'agit
d'une condition essentielle à l'atteinte des objectifs du projet de loi.
Ainsi, certains termes employés dans le projet de loi gagneraient à être
précisés. D'abord, l'utilisation du terme «protecteur» peut avoir une
connotation défensive. En conséquence, nous proposons
plutôt d'utiliser celui d'ombudsman, qui, de notre point de vue, donne une
perception plus juste du mandat attribué au protecteur de l'élève,
renforçant ainsi la confiance du public. Puisque la notion de plainte est
centrale au processus, l'ajout d'une définition de ce que constitue une plainte
accroîtrait l'efficacité du processus prévu au projet de loi. Par ailleurs, il y a lieu de préciser la signification et la
portée du terme «dénonciation», propre aux cas de violence et
d'intimidation.
En ce qui a trait aux rôles et responsabilités
du protecteur de l'élève, soulignons d'abord que la LIP inscrit explicitement, dans la mission conférée aux
centres de services scolaires, notamment par l'intermédiaire des
directions d'établissement et des directions générales de centres de services
scolaires, la responsabilité de veiller au respect des droits de l'élève afin qu'il développe son plein potentiel. En ce sens,
le projet de loi devrait spécifier que la responsabilité du protecteur
national et des protecteurs régionaux s'exerce lorsqu'il est saisi d'une
plainte dans le cadre du processus prévu au projet de loi.
De plus, le projet de loi prévoit que les
protecteurs régionaux donnent leur avis sur toute question que soumet le
conseil d'administration, un comité de parents ou un comité d'élèves
relativement aux services que rend le centre de services scolaire. Or, nous
nous interrogeons sur l'étendue du pouvoir du protecteur de l'élève de répondre
à toute question relative aux services que rend le CSS. En effet, il est
difficile de concevoir qu'un protecteur régional qui donne son avis sur un
service rendu par le centre de services scolaire puisse par la suite, en toute
objectivité et neutralité, se prononcer et faire des recommandations concernant
une plainte sur ce même service.
Ainsi, nous sommes d'avis que l'étendue des
pouvoirs du protecteur régional devrait être circonscrite aux questions
relatives au processus de traitement des plaintes prévues à la loi.
Je cède maintenant la parole à M. Lucien
Maltais.
• (14 h 10) •
M. Maltais
(Lucien) : Plus largement,
nous appréhendons certains alourdissements administratifs qui nuiraient à l'atteinte d'objectifs du projet de
loi, notamment ceux d'accélérer, d'uniformiser et de renforcer
l'efficacité du processus.
D'une part, il convient de prévoir des
mécanismes visant à éviter la saturation du processus de traitement des
plaintes et, d'autre part, il convient de prévoir les critères qui permettront
de tenir compte des particularités des régions dans le découpage du territoire,
comme la superficie, l'étendue et la densité.
Enfin, nous craignons que la nouvelle procédure
proposée génère une lourdeur administrative, en plus de surcharger le travail
des membres du conseil d'administration, notamment en augmentant de façon
importante le nombre de séances du conseil.
Dans un principe de subsidiarité, la gestion
courante des centres de services scolaires relève du directeur général. De son
côté, le conseil d'administration veille à l'atteinte de la mission du centre
de services et exerce ses fonctions et
pouvoirs dans une optique d'identification et d'atteinte des objectifs et
orientations de l'organisation. C'est pourquoi le centre de services scolaire
devrait désigner lui-même la personne responsable du traitement des plaintes. Afin de ne pas alourdir ses tâches, le conseil
d'administration ne devrait être saisi que des plaintes traitées par le
protecteur régional ou national de l'élève, et ce, puisqu'il est d'une évidence
que les autres plaintes adressées au responsable du traitement des plaintes ont
trouvé en amont un dénouement à la satisfaction des parties.
Par ailleurs, la reddition de comptes du
responsable du traitement des plaintes devrait se faire à la direction
générale, laquelle est responsable de la gestion courante des activités du
centre de services scolaire. Ainsi, dans la foulée
et au nom du principe de subsidiarité enchâssé dans la Loi sur l'instruction publique, les plaintes résolues localement ne devraient pas faire
l'objet d'une reddition de comptes au protecteur régional de l'élève. Le projet
de loi prévoit que le conseil
d'administration d'un centre de services scolaire peut infirmer, en tout ou en
partie, une décision visée par des conclusions ou des recommandations
formulées en application de l'article 38 et prendre la décision qui, à son
avis, aurait dû être prise en premier lieu. Ce pouvoir devrait plutôt être
conféré au centre de services scolaire afin d'en permettre la délégation.
L'analyse par
le conseil d'administration de toutes les décisions visées par des conclusions
ou des recommandations formulées en application de l'article 38
peut s'avérer une charge imposante, notamment par la tenue de nombreuses
séances du conseil à cette fin seule. Par ailleurs, le conseil d'administration
devrait pouvoir bénéficier d'un délai plus long
pour informer les parties des suites à donner à une recommandation ou à une
conclusion du rapport du protecteur de l'élève. Je passe la parole à
Mme Caroline.
Mme Dupré (Caroline) : Merci,
M. Maltais. Certaines de nos recommandations visent à améliorer le
processus local de traitement des plaintes. Dans l'esprit du projet de loi, il
importe que le responsable du traitement des plaintes ait le temps et les
moyens suffisants pour effectuer son travail. Par souci de cohérence et
d'efficience, ce dernier devrait se voir octroyer certains pouvoirs attribués
au protecteur régional de l'élève. De fait, puisque le délai de 15 jours
ouvrables consenti au responsable du traitement des plaintes ne suffit pas
toujours à l'analyse de cas, le responsable du traitement des plaintes devrait
également pouvoir bénéficier d'un délai supplémentaire, sous réserve d'un avis
écrit, en expliquant les motifs. Il en va de même pour les attributions liées
au refus, à la cessation de traitement d'une plainte ainsi qu'à celles portant
sur la médiation et la conciliation.
Enfin, le responsable du traitement des plaintes
dont les fonctions existent déjà dans les centres de services scolaires devrait
être un interlocuteur privilégié du protecteur régional de l'élève, notamment
dans la communication de ses conclusions et
recommandations. De notre point de vue, cela renforcerait la qualité de
traitement des plaintes tout en contribuant
à l'efficacité générale du nouveau processus, notamment en ne surchargeant pas
le protecteur régional.
Enfin, le responsable du traitement des plaintes
pourrait être rapidement submergé lors de la transition vers le nouveau régime.
À cet égard, afin que le nouveau processus de traitement des plaintes soit
efficace, le processus actuellement en
vigueur devrait continuer de s'appliquer lorsque le traitement des plaintes
actuelles n'a pas atteint l'étape du traitement par un protecteur de
l'élève.
En conclusion, la Fédération des centres de
services scolaires et l'Association des directions générales scolaires du
Québec réitèrent leur appui à la volonté gouvernementale de réformer
l'institution du protecteur de l'élève et saluent le maintien d'une étape
locale de traitement des plaintes. Aussi, les suggestions présentées visent à
améliorer l'efficacité du processus au bénéfice du droit des élèves dans un
souci d'accroître la confiance du public et de toutes les parties prenantes à
l'égard de ce nouveau système. C'est pourquoi la fédération et l'Association
des directions générales offrent leur
entière collaboration à la mise en oeuvre de la structure instituée par le
projet de loi n° 9.
Nous vous remercions de nous avoir accordé ce
moment d'audition et sommes disposés à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, nous débutons maintenant les échanges en commençant par
M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à
Mme Dupré et à M. Maltais pour votre présentation et votre mémoire. Plus la journée avance puis les
consultations avancent, ça va continuer jusqu'à demain, vous comprenez
que, des fois, on met en relation les affirmations, les propositions, les
critiques au projet de loi par rapport à ce que des gens ont précédemment dit
ou ce qu'ils vont dire parce qu'on a déjà lu quand même plusieurs des mémoires.
J'aimerais
vous entendre sur l'indépendance du protecteur national, des protecteurs
régionaux et le mécanisme de nomination. Quand on regarde la situation
actuelle, on en a 72. En fait, on en a un ou une par soit commission scolaire
ou centre de services scolaire, puis ils sont nommés par l'instance qu'ils
doivent je ne dirais pas surveiller, mais dont ils doivent relever, dont ils
doivent s'occuper. Là, on y va avec un mécanisme différent, avec nomination par
le gouvernement pour le protecteur national et par le ministre, mais sur
recommandation d'un comité, pour les protecteurs régionaux.
C'est quelque chose qui satisfait la Protectrice
du citoyen, qui dit, dans son avis... dans son rapport, elle nous dit : «De l'avis du Protecteur du citoyen, le mode de désignation proposé par le projet de
loi conférera aux protecteurs régionaux
et au protecteur national l'indépendance institutionnelle
nécessaire...» Mais j'aimerais vous entendre là-dessus. Il y a d'autres
groupes qui ne sont pas en accord avec ce que je viens de lire. Mais l'opinion
de la Fédération des centres de services scolaires en regard de l'indépendance
de l'institution et de ce qui est actuellement prévu au projet de loi, c'est
quoi? Vous vous situez où là-dessus?
Mme Dupré (Caroline) : De notre
point de vue, la formation d'un comité de sélection, de par sa composition,
assure cette neutralité. Par ailleurs, pour nous, l'important en matière de
neutralité se situe davantage dans les
pouvoirs qu'on va conférer au protecteur national et au protecteur régional
plus que dans le mode de désignation, de nomination, en fait.
M. Roberge : D'accord, merci. Les
plaintes ou les dénonciations peuvent se rendre d'abord à l'instance locale avant d'aller, je vous dirais, à la hauteur
du centre de services puis au protecteur régional, le cas échéant. Est-ce
que vous pensez que c'est correct de favoriser d'abord l'instance locale,
l'école, en réalité, avant d'aller au centre de services
scolaire puis au protecteur régional ou vous pensez que le parent pourrait...
devrait avoir le choix de dire : Bien, soit je me présente à l'école, soit
je vais directement au protecteur? Quelle est votre vision par rapport à ça?
Mme Dupré (Caroline) : M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) : Si vous me
permettez, Mme Dupré, bien, je pense que l'important dans le principe de
subsidiarité, c'est qu'on veut que les choses se traitent à la bonne place.
Évidemment, nous, ce qu'on souhaite, c'est que les situations se règlent. Donc,
on croit que l'étape préalable... Donc, par exemple, un jeune qui a une
problématique dans son école, bien, de le régler avec les personnes. Que le
parent puisse déposer sa plainte et de le régler avec les gens qui travaillent
avec le jeune, bien, c'est la situation qui est souhaitée. D'aller trop
rapidement au protecteur de l'élève, pour nous, ça peut faire que la situation
va se régler, mais plus difficilement.
Donc, nous croyons qu'il y a un palier local à
respecter, et ce, comme je l'ai mentionné précédemment, en lien avec la
subsidiarité, là, qui est très prisée dans notre réseau.
Mme Dupré (Caroline) : De notre
expérience aussi, on s'aperçoit que, parfois, il s'agit d'une plainte, mais,
parfois, il s'agit d'insatisfactions, de désaccords, d'incompréhensions, de
mécontentements, et, à ce compte-là, le palier local est tout indiqué pour
traiter la situation avec le plaignant. Et, quand on regarde le nombre de
plaintes qui se rendent à l'étape du protecteur de l'élève, bon nombre se
règlent à un palier inférieur. Donc, il y a fort à parier qu'on peut faire
l'hypothèse que c'est parce que c'est un palier qui est efficace et apprécié.
Alors, pour nous, c'est important de le maintenir.
M. Roberge : Honnêtement, je suis
assez d'accord avec ça, mais je voulais savoir ce que vous en pensiez avant de
vous questionner. C'est ce qu'on prévoit, là, dans la loi telle qu'elle est
rédigée, le projet de loi. Mais ça fait quand
même... ça fait quand même débat au sein de certains groupes, là, qui pensent
qu'il faudrait d'abord aller directement au protecteur régional plutôt que de s'adresser à l'école. Je comprends que
vous souhaitez que ça se règle d'abord à l'école.
Idéalement, on ne se rend pas au bout des
processus. Il y a des personnes qui sont passées avant vous aussi qui nous disaient que c'était trop court, d'autres
que c'était trop long. Mais, si on additionne les délais maximaux qui
sont prévus à chacune des étapes, ça donne
l'impression que c'est très, très long, le processus, mais on oublie que c'est
des délais qui sont maximaux et que, très souvent, on ne se rendra pas à
l'étape suivante, hein? C'est en escalier, puis, idéalement, on reste à la première marche, on ne grimpe pas jusqu'en
haut. C'est comme ça qu'on a pensé le projet de loi.
Par rapport à l'utilisation des compétences des
protecteurs, il est prévu, dans le projet de loi, que le conseil d'administration
puisse demander un avis. Tout à l'heure, vous parliez qu'il y a des choses qui
relèvent davantage du directeur ou de la directrice générale et du conseil
d'administration. Qu'est-ce que vous pensez de l'opportunité qui est prévue au
projet de loi de permettre au C.A. de demander un avis, même s'il n'y a pas une
plainte, là, parce qu'il s'interroge sur un service?
Mme Dupré (Caroline) : Là où il faut
faire attention, cependant, c'est d'aller demander un avis sur un élément qui
risque par la suite d'être une plainte qui revient, et donc que des
recommandations soient formulées au conseil d'administration à l'égard d'une
plainte. Donc, il faudra juste s'assurer de ne pas placer le conseil
d'administration en porte-à-faux par rapport à une prise de position qu'il
pourrait avoir prise puis l'application de recommandations qui lui sont faites.
M. Roberge : Ça va être à l'usage,
d'après ce que je comprends, là. Mais il y a une certaine prudence, d'après ce
que je comprends. Vous ne voulez pas fermer cette porte-là, mais c'est un
pensez-y-bien. En même temps, c'est une recommandation.
Mais quelqu'un l'a dit avant moi ce matin, il y
a quand même un argument d'autorité. Le protecteur n'est pas décisionnel, ne se
substitue pas aux commissaires dans les commissions scolaires, au D.G., au
conseil d'administration, mais c'est sûr que, quand, au Québec, la Vérificatrice
générale ou la Protectrice du citoyen rend un rapport public, rend des
recommandations publiques, il y a un certain poids. Donc, il faudrait que le
C.A. y pense quand même avant de demander un avis, parce que... Bien sûr, il
pourrait ne pas y donner suite, mais il y aurait quand même une certaine
pression, puis il pourrait avoir à répondre à des questions s'il va à
l'encontre. Est-ce que je comprends bien votre interprétation?
• (14 h 20) •
Mme Dupré (Caroline) : Oui, tout à
fait. Là où ça pourrait être délicat pour le protecteur de l'élève, cependant,
c'est sur le fait d'avoir donné son avis sur un élément qui risque de lui être
déposé par la suite comme plainte, donc qui pourrait se retrouver, à la limite,
dans un potentiel conflit d'intérêts ou... en tout cas, il y aurait un enjeu de
neutralité par rapport aux premières recommandations qu'il aurait faites puis
aux secondes qu'il ferait lors du traitement de la plainte.
M. Roberge : Mais, quand des situations sont similaires, en même temps, c'est normal
que les recommandations aillent dans la même direction. Chaque cas
d'élève étant distinct, il y a quand même une certaine cohérence. Puis c'est un
peu ça qu'on avait en tête quand on a eu l'idée d'avoir une espèce de réseau de
protecteurs de l'élève régionaux, là. Puis
ça fait partie de l'utilité d'avoir un protecteur national, de s'assurer qu'il
y ait des formations, qu'il y ait une cohérence puis pour que, dans des
situations semblables, il y ait, de la part des protecteurs, des
recommandations semblables.
Après ça, les écoles, les instances et les centres de services peuvent tenir
compte vraiment des particularités puis ne pas faire ce qu'on appelle du
mur-à-mur.
Mais, du point de vue
du protecteur, il y aura quand même l'éclairage d'autres recommandations
formulées dans des situations similaires, ce qu'on n'a pas en ce moment. On n'a
pas du tout cette perspective nationale, ou cette cohérence, ou ce partage
d'expertise d'un protecteur à l'autre. On n'a pas ça en ce moment.
Vous avez parlé, dans
votre présentation, des délais en disant qu'il faut faire attention. Oui, on
veut des délais qui sont courts, mais, en même temps, on veut bien faire les
choses. Dans le projet de loi, on parle qu'à une des étapes il est possible
d'avoir une extension. Est-ce que je comprends que vous êtes d'accord avec les
délais, mais que vous voudriez qu'à chaque fois, donc, pour les trois étapes,
il puisse y avoir... qu'on prévoie déjà dans la loi qu'avec une demande on
pourrait extensionner le délai pour les trois étapes?
M. Maltais
(Lucien) : Bien, peut-être, si... Ce que je mentionnerais là-dessus,
c'est que je pense que, pour la personne responsable du traitement des plaintes
à l'intérieur de l'organisation, à l'étape 2 et même à l'étape 1,
selon certaines circonstances, par exemple, le classement d'un élève pour
lequel l'enseignant qui a évalué le jeune est parti en vacances puis pour
lequel on peut mettre un délai qui fait qu'il n'y aura pas d'impact sur le
cheminement scolaire de l'élève, bien, ça
pourrait être une raison qui explique que le délai soit modifié. Mais
certainement que cette mesure-là pourrait être utilisée de manière
exceptionnelle puisqu'on demande, de toute façon, de justifier les raisons.
Mais, oui, évidemment,
là, pour nous, ce serait un élément, là, qui serait important, pensons, bon, à
certains moments, par exemple, certaines vacances, certains congés où est-ce
qu'on pourrait avoir des difficultés. Mais, en général, on va comprendre que c'est des délais qu'on souhaiterait quand
même respecter. Mais, de manière exceptionnelle, il pourrait arriver des raisons qui font que les intervenants qui
traitent la plainte puissent demander un délai supplémentaire.
Mme Dupré
(Caroline) : À titre d'exemple, il nous est apparu, parfois dans des
dossiers qui impliquent le secteur de la santé, qu'on se retrouve à... Par
exemple, on veut organiser un plan de services individualisés qui nécessite la
présence de différents acteurs du réseau de la santé puis, à court terme, on
n'est pas en mesure de convoquer la rencontre rapidement ou on est en attente
d'une évaluation, disons, en pédopsychiatrie. Et là il y a des délais qui sont
encourus qui sont d'un ordre qui dépasse celui du centre de services scolaire.
Donc, c'est vraiment dans des situations particulières, comme le dit
M. Maltais, en le justifiant par écrit, que ce pouvoir d'extensionner
pourrait être utilisé par le responsable.
M. Maltais
(Lucien) : Et à l'étape 1 et 2 on pourrait ajouter aussi qu'il
serait intéressant d'ajouter aussi le pouvoir d'arriver à une médiation. Parce
qu'évidemment, on se rappelle, ce qu'on souhaite, c'est que la situation se règle le plus rapidement possible. Donc, à
l'intérieur du projet de loi, bien, la médiation semble réservée au protecteur
régional et au protecteur national, mais on croit quand même que, peut-être de
manière plus explicite, ça devrait être mentionné aux paliers 1 et 2 pour
évidemment essayer de régler la situation le plus rapidement possible.
M. Roberge :
Bien, je suis content que vous l'ameniez parce que je ne savais pas si j'allais
me rendre jusqu'à cette question-là. Est-ce que ça ne se fait pas déjà à
l'échelle de l'école et du centre de services scolaire, le réflexe de discuter
avec la personne ou de chercher une voie de passage qu'on pourrait appeler une
médiation?
M. Maltais
(Lucien) : Ce qu'il faut comprendre, c'est que, les centres de
services scolaires et commissions scolaires, on n'aime pas ça, les plantes. On
aimerait ça, être parfaits. Et ce qu'on souhaite, c'est que nos jeunes, nos
élèves soient le plus satisfaits possible, ainsi que leurs parents, des
services qu'ils ont dans nos établissements. Donc, oui, lorsque la médiation
est une solution... souvent une solution envisagée pour régler des différends.
C'est pour ça qu'on trouvait que, peut-être qu'à l'intérieur du projet de loi,
on pourrait l'écrire de manière plus explicite.
M. Roberge :
Merci. Je vais céder la parole à ma collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Dupré
(Caroline) : Merci.
La Présidente
(Mme Guillemette) : ...
Mme Foster :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Merci à vous deux. Bienvenue ici. Merci beaucoup
pour vos commentaires. Merci du temps que vous consacrez à venir nous jaser du
projet de loi, du temps que vous avez pris à l'examiner
également, parce qu'on sait que chaque organisme qui arrive ici a pris beaucoup
de temps pour se préparer, pour lire le projet de loi, et on l'apprécie.
Donc, merci à vous.
D'entrée de jeu,
j'aurais deux ou trois petites questions, la première étant assez simple. Au
tout début, vous avez mentionné, au début de votre présentation,
recommandation 1 : «Substituer l'appellation "protecteur de
l'élève" par "ombudsman".»
Mais est-ce que vous pourriez aller un peu plus loin? Parce que vous avez passé
un peu rapidement. J'aimerais savoir qu'est-ce que ça changerait, là, en
pratique, de renommer le titre. Parce que vous savez que, pour d'autres, il y a des appellations, là... d'autres
ombudsmans, comme le Protecteur du
citoyen, protecteur des usagers,
tu sais, qui portent déjà ce nom-là. Donc là, pourquoi vous, vous voudriez
avoir "ombudsman"?
Mme Dupré (Caroline) : On parle, en
fait, de protection des droits de l'élève et on nomme la personne «protecteur
de l'élève». Alors, pour nous, ça crée une certaine confusion. Puis j'avouerai
qu'en éducation on aime l'utilisation du bon terme, du
mot juste, du mot qui crée le moins de biais possible dans la compréhension.
Donc, c'est dans cet esprit-là qu'on l'a souligné.
Mme Foster : C'est juste que ça
piquait ma curiosité, là, parce que vous l'avez rapidement mentionné en début
de présentation.
Maintenant, j'irais sur la
recommandation 5, qui porte sur les régions. Vous mentionnez vouloir
modifier l'article 12 pour y inclure des critères et des modalités afin
que le découpage des régions respecte les réalités géographiques, sociales,
économiques, culturelles des centres de services scolaires qui leur sont
communes.
Donc, dans le projet de loi, l'article 12,
on laisse... Dans un souci de souplesse et d'efficacité, là, le projet de loi
accorde au protecteur national les leviers nécessaires qui vont lui permettre
de définir l'organisation optimale de l'institution. La notion de région n'est
pas définie. Là, si je vous suis bien, vous, vous voudriez... mais je veux
savoir pourquoi, là, vous voudriez, dans le fond, que, quoi, la liste des
régions et la définition très claire des régions soient déjà inscrites et
enchâssées dans la loi? C'est bien ça?
Mme Dupré (Caroline) : En fait, ce
qu'on souhaiterait, c'est qu'il y ait des critères qui viennent déterminer un
peu le territoire, le terrain de jeu, là, je dirais, du protecteur pour
s'assurer d'offrir aux protecteurs les meilleures conditions possibles dans
l'exercice de leur profession.
Ce qu'on ne souhaiterait pas, par exemple, c'est
se retrouver dans une situation où on nomme un seul protecteur régional pour
l'ensemble de l'île de Montréal, où il aurait à s'occuper de plus de
200 000 élèves, et un seul protecteur de l'élève pour, disons, la
région de la Côte-Nord, où, là, il aurait à s'occuper de 10 000 élèves.
Donc, les proportions en termes de dossiers à
traiter, les distances à parcourir, pour nous, ce sont des éléments importants
dans les conditions d'emploi. Ce qu'on souhaiterait éviter, c'est de nommer des
gens qui vont quitter la profession au bout de quelque temps parce qu'ils
trouvent que la charge est trop lourde ou inéquitable.
Mme Foster : O.K. Donc, je comprends
un peu mieux. Donc, ce n'est pas tant la définition des régions en tant que
telle que des critères qui guideraient que vous voudriez qu'ils soient
enchâssés dans la loi. O.K. Bien, ça m'éclaire un peu plus là-dessus.
Mais est-ce que vous ne pensez pas que ça
n'enlèverait pas un peu d'agilité, que ce ne serait pas directement au PNE, au
Protecteur national de l'élève, de déterminer lui-même ce genre de choses là?
Est-ce que vous ne pensez pas que ça enlèverait un peu d'agilité que
d'enchâsser... d'aller trop loin dans la loi?
M. Maltais (Lucien) : Peut-être. Par
contre, on trouvait que l'idée des critères était quand même intéressante pour
au moins que le législateur puisse mentionner clairement qu'il faut tenir
compte des situations particulières.
Puis demain, tel que mentionné, là, au début de
mon introduction... c'est que, demain, vous aurez une présentation des
commissions scolaires anglophones. Bien, les commissions scolaires anglophones,
pour lesquelles le territoire est vraiment immense et couvre quelques régions,
donc, évidemment que le protecteur national aura une réflexion à avoir sur la
distribution des postes des protecteurs régionaux dans ce contexte-là.
Mme Foster : O.K. Parfait. Dernière
petite question. La recommandation 12, lorsque vous parlez de modifier
l'article 22 pour prévoir que le responsable du traitement des plaintes
soit désigné par le centre de services scolaire parmi les membres du personnel,
à quelque part, est-ce que ça n'enlèverait pas un peu...
Tu sais, la crédibilité, ça repose un peu sur
l'indépendance. Puis le fait que ça soit nommé par le conseil d'administration,
bien, ça enlève un peu aussi une pression que ce soit soumis à des... ça enlève
un peu la possibilité que ce soit soumis à des pressions administratives, là,
au niveau des plaintes. Est-ce que vous ne croyez pas que ça entacherait un
petit peu la crédibilité, donc, l'indépendance de procéder comme ça?
• (14 h 30) •
M. Maltais (Lucien) : Bien, dans ce
cas-ci, on parle de la nomination, donc ce n'est pas quelqu'un qui relèverait
du conseil d'administration. On comprend que ce serait un employé du centre de
services scolaire, donc, automatiquement, qu'il y aurait un supérieur immédiat
qui serait administratif.
Mais nous, lorsqu'on a fait des commentaires en
lien avec le conseil d'administration et le centre de services scolaire à
l'intérieur de notre mémoire, c'était vraiment de dire : Est-ce qu'on peut
laisser aux organisations, donc aux centres de services scolaires, dans leur
règlement de délégation de fonctions et pouvoirs, de juger, selon leurs
caractéristiques propres, selon la réalité de leur organisation, la façon que...
quelle personne va nommer le responsable. Donc, oui, dans certains cas, ça
pourrait être le conseil d'administration et, dans d'autres cas, ça pourrait
être, par exemple, la direction générale.
Mme Foster : Parfait. Moi,
c'est tout ça. Il restait-tu du temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, je cède la parole à Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. C'est un plaisir de vous avoir avec nous, puis
je vais prendre la balle au bond tout de suite sur le sujet que ma collègue a
pris, c'est-à-dire la recommandation 5.
En
ce moment, je vais utiliser le terme «commissions scolaires» francophones et
anglophone, parce que ça me fait du bien de
le dire une fois de temps en temps, mais sachez que je vise aussi les centres
scolaires. En ce moment, les centres scolaires comme les commissions
scolaires n'ont pas choisi leur territoire. Ils sont attribués de par le
gouvernement, qui dit... bon, je vais vous donner deux exemples, là, que je
connais très, très bien, c'est-à-dire la Commission scolaire de Laval, hein, sa
dimension, la clientèle qu'elle doit desservir, et la commission scolaire
anglophone Sir-Wilfrid-Laurier, qui a en partie Laval, mais aussi
Laurentides-Lanaudière. Il n'y a aucune étude à l'intérieur du gouvernement, du
ministère, pour dire que la clientèle de Laval est définie de telle ou telle
façon, donc elle devrait être à l'intérieur de la commission scolaire de Laval
ou pas.
Alors, quand vous
dites : Il devrait y avoir des modalités qui fait en sorte que les
critères... les modalités et les critères pour le découpage des régions
devraient respecter la réalité géographique, moi, j'ai un petit peu de misère
avec ça. Alors, je veux que vous me l'expliquiez dans la perspective objective
de ce que vous visez. Parce que, si je prends, en ce moment, la volonté du
gouvernement, qui n'est pas... puis ce n'est pas encore tout à fait défini,
mais si je prends les régions du Québec, là, ça va être fort simple, là, je
vais dire : Dans la région 13, qui est la région de Laval, le
protecteur de l'élève va couvrir la commission scolaire anglophone, la
commission scolaire ou le centre scolaire francophone et les écoles privées
subventionnées. Je n'ai pas vu, dans le projet de loi n° 9,
les non subventionnés ou les écoles dites à connotation religieuse ou... c'est
vrai que ça couvre aussi l'école à la maison. Mais comment je détermine les
modalités à partir du moment où je reconnais une forme de clientèle ou une
géographie quelconque? Vous le voyez comment?
Mme Dupré
(Caroline) : Bien, en fait, c'est plus, comme je disais tout à l'heure
à M. le ministre, dans le souci d'offrir à nos protecteurs des conditions de
travail qui sont favorables. D'éviter, par exemple, qu'un protecteur régional
ait à traiter 150... bien, une possibilité, là, de dossiers reliés à
150 000 élèves versus un autre qui serait appelé à traiter des
dossiers pour l'équivalent d'une clientèle de 10 000 élèves. Donc,
c'est... et, derrière ça, notre souci, c'est
d'éviter qu'il y ait un roulement, qu'on soit toujours à la remorque d'avoir un
nouveau protecteur de l'élève qui
arrive, qui doive être formé, qui doive intégrer le groupe de partage de bonnes
pratiques avec le protecteur national.
Mme Charbonneau :
Je comprends mieux l'intervention, merci. Par contre...
M. Maltais
(Lucien) : Si vous permettez, Mme Charbonneau.
Mme Charbonneau :
Oui, allez-y.
M. Maltais
(Lucien) : Je ne sais pas si vous me permettez, mais je pourrais
peut-être vous donner quelques exemples, là. Par exemple, là, sur la Côte-Nord,
il y a le Centre de services scolaires du Littoral pour lequel il y a une
clientèle francophone et anglophone. Donc, il faudrait y réfléchir. Il y a les
commissions scolaires crie, Kativik pour lesquelles ils sont dans un certain
territoire qu'il y aurait une réflexion à avoir. Est-ce que, par exemple, sur
l'île de Montréal, un seul protecteur régional serait suffisant? Évidemment,
poser la question, c'est y répondre. Donc, on n'a pas déterminé ça serait quoi,
le modèle, mais évidemment qu'il y a une réflexion importante à avoir, là, pour
être le plus optimal possible.
Mme Charbonneau :
Tout à fait. Puis, pour vous rassurer, je vous dirais qu'au moment où j'ai lu
le projet de loi, puis on le saura dans l'article par article, mais j'ai comme
compris que le directeur qui serait reconnu comme le protecteur de l'élève
aurait des gens qui travailleraient avec lui, en équipe, qui feraient en sorte
qu'il ne serait pas tout seul, là, de son seul chef. Mais je comprends votre
inquiétude par rapport à la lourdeur de la tâche. D'ailleurs, on la lie aussi,
puis vous l'avez bien dit, sur la lourdeur de l'administration que vous voyez
venir avec le projet de loi, c'est-à-dire toute l'interaction entre le centre
scolaire et son conseil d'administration, parce que ce n'est pas un conseil des commissaires. Par contre, il y aura,
dans la version anglophone qu'on va avoir demain, le côté des
commissions scolaires, des conseils des commissaires. Mais, dans votre souci de
lourdeur d'administration, j'ai peu entendu votre inquiétude de ne pas être
capable de répondre à l'élève ou à son parent. Puis là je veux vous entendre
parce que le premier souci que j'ai compris du ministre et du projet de loi n° 9, c'est de pouvoir répondre à une demande explicite
d'un parent ou d'un élève, hein, parce que vous avez sous votre joug la
formation professionnelle et l'éducation des adultes. On n'a pas, dans le
projet de loi n° 9, les cégeps et les universités,
mais vous avez des élèves de l'âge du cégep et de l'université. J'ai comme un
souci par rapport à la réponse qu'on devrait avoir envers ces gens. Qui aurait
droit à un service pour lever la main puis dire qu'ils ont une plainte à
formuler?
Puis je rajoute à ma
question le fait que, dans... vous faites une explication pour
l'article 18 et vous dites qu'on devrait donner un pouvoir discrétionnaire
et le pouvoir de refuser de répondre à une question au protecteur de l'élève,
le dernier paragraphe de la page 9, là : «Si toutefois l'étendue [du
pouvoir] des protecteurs régionaux était maintenue, ce pouvoir devrait être
discrétionnaire. [Le] protecteur de l'élève devrait pouvoir refuser de donner
son avis...» Ça m'a un peu heurtée, puis vous allez me rassurer, j'en suis
certaine, là, parce que, dans le fond, que ce soit pédagogiquement ou pour des
réponses, on se doit de donner une réponse, sinon de guider le citoyen, l'élève
ou son parent vers le meilleur service possible. Si ça ne peut pas être le
protecteur de l'élève, la tâche du protecteur de l'élève, ça devrait être de le guider. Mais vous semblez dire qu'il
pourrait avoir un regard discrétionnaire et refuser une question. Alors,
j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme Dupré
(Caroline) : L'objectif étant de donner aussi une place importante au
palier 1, notamment, puis ensuite au palier 2, de pouvoir faire en
sorte que la plainte puisse se traiter à la satisfaction du plaignant le plus
rapidement possible, dans un délai le plus court possible. Bon, c'est beaucoup
dans cet esprit-là qu'on a réfléchi à cette recommandation-là.
Mme Charbonneau : Donc, votre souci,
c'est plus pour pouvoir répondre rapidement que pour dire : Non, je ne
vais pas répondre à la question. Parce que, de la façon que c'est formulé, je
semblais lire, puis ça peut être mon interprétation tout à fait personnelle,
là, mais je semblais lire que le protecteur de l'élève pourrait refuser de
répondre à un centre administratif ou à quelqu'un en disant : Bien, de par
le pouvoir qui m'appartient, je refuse de répondre à cette question. Mais je
comprends bien que ce n'est pas l'objectif que vous aviez.
Mme Dupré (Caroline) : Mais, si vous
me permettez, j'ajouterais aussi que, si on avait une définition, comme on l'a
évoqué, claire de ce que c'est, une plainte, bien, peut-être que ça viendrait
éviter que ça, ça se passe. Là, ce qui pourrait arriver, c'est que ça se rende
à un palier supérieur et puis que, finalement, le protecteur régional ou même le protecteur national se dise : Il
ne s'agit pas là d'une plainte, il s'agit d'un désaccord, ou d'un
mécontentement, ou d'une insatisfaction, alors on retourne à l'étape 1.
Mme Charbonneau : Je comprends.
C'est plus un retour puis une discussion qui pourrait se faire à la personne
qui formule... Un peu comme le ministre le disait, c'est des paliers, puis,
quand j'ai commencé à monter l'escalier, ça va, là. Alors, je comprends
votre...
Dans votre expérience, chacun de votre côté ou
peut-être avec vos collègues avec qui vous parlez, est-ce que c'est arrivé
souvent que vous refusiez de mettre en application une recommandation qui
venait soit du protecteur de l'élève ou du Protecteur du citoyen?
M. Maltais (Lucien) : Bien, de mon
expérience de direction générale, là, évidemment, tout dépendant du nombre de
recommandations, en général, là, je pense que, quand les situations sont bien
traitées puis... on va de l'avant avec les recommandations. Est-ce que ça règle
toutes les situations? Bien, on va comprendre qu'on a des situations très
complexes. Mais, tout à l'heure, vous aviez la question à savoir : Est-ce
qu'on a... on veut répondre... Est-ce qu'on
croit qu'on sera en mesure de répondre à toutes les insatisfactions? Bien,
nous, on croit que oui, si on respecte les étapes 1 et 2. Donc, les
étapes 1, c'est évidemment le plus près possible de l'élève; à
l'étape 2, au responsable du traitement des plaintes à l'intérieur de nos
organisations; et après on passe au protecteur régional. Pour nous, c'est
extrêmement important de respecter ces deux paliers.
• (14 h 40) •
Mme Charbonneau : Je comprends le
principe du respect. Mais je reprends un exemple que le ministre a pris ce
matin que je trouvais fort intéressant, qui parlait des autobus, parce que vous
gérez beaucoup de pédagogie, mais vous gérez aussi beaucoup de services qui
rendent la chose plus facile au niveau de la pédagogie. Puis nous, on appelait
ça l'enfer jaune, là, quand on était... quand j'étais en commission scolaire,
parce qu'on trouvait que ça gérait bien des affaires, l'autobus, le matin et le
soir. Qu'advient-il quand vous avez une recommandation où, là, on vous demande
de transporter un élève qui... au départ, ça ne répond pas aux règles qui sont
en place dans votre centre scolaire? Donc, j'ai deux adresses, il y a un parent
qui n'est pas dans l'aire de desserte de l'école, je fais... Puis je m'excuse
aux gens qui nous écoutent, mais je vous fais un cas type, là, de quelque chose
qui arrive habituellement vers le mois d'octobre. À chaque année, là, il y a
quelques parents qui lèvent la main, qui disent, bon : Il y a eu une
séparation, un des conjoints reste trop loin, il n'a pas le service d'autobus,
ça m'adonnerait vraiment bien qu'il puisse avoir le service d'autobus. La
recommandation vous vient qu'il faudrait mettre le service d'autobus en place
pour s'assurer que l'élève reçoive le bon
service et arrive à l'école à temps. Comment vous recevez cette
recommandation-là?
M. Maltais (Lucien) : Peut-être deux
éléments, là, à distinguer. Évidemment, les situations sont différentes, là,
c'est toujours difficile de généraliser. Mais on peut comprendre que, pour
certaines raisons humanitaires, là, puis on le fait déjà dans nos
organisations, là, pour certaines situations, on va organiser des choses qui
vont sortir du cadre. Mais, en général,
lorsqu'on a le traitement des plaintes et qu'on a des politiques, exemple, du
transport, où est-ce qu'on définit les distances, qu'on définit
l'utilisation, par exemple, des places disponibles, les deuxièmes adresses, et
ainsi de suite, la plupart du temps dans l'analyse de ces situations-là, on y
va avec une recommandation de respecter la politique, parce que vous
comprendrez que plusieurs élèves sont touchés par les encadrements que nous
avons. Mais évidemment on s'ajusterait, là, tout dépendant de la situation de
l'élève, là. C'est difficile ici d'extrapoler, mais ce n'est pas une situation
que j'ai vue très régulièrement.
Mme Charbonneau : Ah! je vous dirais
que vous devriez donner un coup de fil à la commission scolaire de Laval, elle
pourrait vous en expliquer une couple. Des fois, le territoire est plus court
et la problématique est plus marquée. Donc, je comprends que vous n'avez pas eu
à faire face beaucoup à cette problématique-là. C'était plutôt...
Mme Dupré (Caroline) : Non, en
fait... puis je suis assurée que les protecteurs prendraient soin de faire des
recommandations qui permettent les encadrements qui sont déjà en vigueur, qui
ont déjà été adoptés, soit par le conseil d'administration ou précédemment, par
le conseil des commissaires. L'idée étant de faire en sorte qu'une
recommandation qui s'appliquerait ne fasse pas en sorte que ça vient gérer
d'autres situations de plaintes parce qu'on est venu
priver un autre élève d'un droit qu'il avait. Voyez-vous, là, tu sais, l'idée,
c'est de ne pas créer un effet domino sur une décision puis d'éviter aussi de
traiter un cas d'espèce, mais de voir comment ça s'applique pour l'ensemble des
élèves.
M. Maltais (Lucien) : Mme
Charbonneau, si vous me permettez de me reprendre, là, oui, ça arrive souvent,
les gens qui nous questionnent sur l'application des règles. Et là on leur
explique notre politique. Mais, pour que ces gens-là se rendent avec une
plainte formelle, et ainsi de suite, souvent, dans l'étude de la situation,
bien, on en vient à dire : Voici les règles, c'étaient les règles déjà
établies par soit le conseil des commissaires ou le conseil d'administration,
donc on vous demande de les respecter.
Mme Charbonneau : Tout à fait,
d'ailleurs...
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée.
Mme Charbonneau : Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup. Je céderais maintenant la parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Il y a des choses que j'ai lues dans votre mémoire qui m'ont rendue
perplexe, là. Notamment, vous voulez que le conseil d'administration ne soit
pas informé des plaintes qui sont reçues par le centre de services. Vous
privilégiez que ce soit plutôt seulement la direction générale qui en soit
informée. J'avoue être assez mal à l'aise avec cette idée-là. Il me semble que
c'est un exercice de transparence important, que le conseil d'administration
soit informé. Puis vous mentionnez même que... Vous dites : En effet, une
plainte qui n'est pas référée au protecteur régional de l'élève est une plainte
résolue à la satisfaction du plaignant.
J'avoue que je trouve ça particulier de lire ça,
là, parce que ça fait quand même, bon, plusieurs années que je travaille avec
des, bon, des victimes, des gens qui sont insatisfaits de toutes sortes de
choses, puis je vous dirais que des raisons pour abandonner un processus de
plainte en cours de chemin, elles sont nombreuses, là. Ça peut être le manque
de confiance envers le processus, ça peut être la lourdeur du processus, ça
peut être le sentiment que ça ne donnera rien. Donc, je pense que de présumer
que quand les gens ne montent pas en escalade dans le mécanisme, c'est parce
qu'ils sont satisfaits, c'est quand même erroné, là. J'aimerais ça que vous
m'expliquiez pourquoi vous ne souhaitez pas que le conseil d'administration
soit informé des plaintes reçues.
Mme Dupré (Caroline) : En fait, on
souhaite fonctionner par délégation de pouvoir, et donc, quand on fonctionne
par délégation de pouvoir, nécessairement, ça vient avec une reddition de
comptes. Ce qu'on souhaite éviter, c'est que, dans un gros centre de services
scolaire, où, quand même, le nombre de plaintes à traiter est plus important de
par la taille, il y ait des plaintes en continu qui doivent être ramenées au
conseil d'administration, fassent en sorte que le conseil d'administration
doive se réunir en séance extraordinaire à répétition. On pouvait faire le calcul,
là, rapidement, que, dans des gros centres de services, ça pourrait être à
toutes les deux semaines ou à toutes les semaines, ce qui ne fait pas de sens.
Et, en matière de confidentialité aussi, bien là il faudrait... ce sont des
séances publiques, alors caviarder des informations, tout ça.
Alors, nous, ce qu'on se disait, c'est ce qui
serait peut-être plus optimal, c'est que la personne qui est responsable du
traitement des plaintes vienne deux fois, trois fois par année en mode
reddition de comptes, rendre compte des plaintes qu'il a reçues puis de la
façon dont elles ont été traitées. Actuellement, les centres de services
scolaires en rendaient compte dans les rapports annuels. Cependant, je dirais
que le format n'était pas le même d'un centre de services scolaire à l'autre.
Nous savons très bien, là, que le gouvernement réfléchit actuellement sur
l'adoption éventuelle d'un projet de règlement pour venir, je dirais,
uniformiser les rapports annuels, ce qui facilitera aussi, pour les citoyens,
là, un meilleur accès aux informations liées notamment au traitement des
plaintes.
Mme Labrie : Vous ne pensez pas que,
justement...
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Je cède la parole à la députée
de Joliette. Mme la députée.
Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour, j'ai moins de trois minutes. Deux questions. Premièrement,
vous parlez de la définition de «plainte» qui devrait être inscrite, donc
j'aimerais entendre quelle définition vous nous suggérez. Et, par ailleurs,
plusieurs... bien, on vient de commencer, mais un groupe nous a dit ce matin
que c'était un enjeu, l'accompagnement des parents qui veulent faire une
plainte, que c'est un enjeu de même connaître la possibilité de le faire, donc
l'information par rapport à l'existence du protecteur de l'élève. J'aimerais
savoir si vous avez des recommandations et ce que vous entendez faire pour que
ce rôle-là soit mieux connu des gens que vous desservez.
M. Maltais
(Lucien) : Bien, peut être juste sur la notion de plainte, la
définition, présentement, on n'a pas fait de propositions, mais, dans le projet
de loi, on pense que le mot, par exemple, «plainte», «allié», «dénonciation», lorsqu'on fait référence au plan de lutte et intimidation,
là, auraient tendance à être bien définis, être le plus précis possible et
explicite à l'intérieur de la loi. Pour ce qui est de la formation,
l'information et l'accompagnement au niveau des parents, je pense que vous avez
tout à fait raison que ça devrait être une préoccupation, là, du protecteur
national, régional ainsi que de nos organisations, là, de s'assurer... Parce
que ce qu'on souhaite, évidemment, c'est améliorer la confiance du public
envers le traitement des plaintes, et je crois qu'évidemment, là, que ce serait
quelque chose de très, très pertinent à travailler, là, tous ensemble.
Mme Hivon : Merci
beaucoup.
Mme Dupré (Caroline) : Moi, je vous dirais qu'on a vraiment travaillé en ayant le souci que nos
recommandations visent vraiment à renforcer le processus pour faire en sorte
qu'il soit connu, qu'il soit efficace, qu'il soit efficient puis qu'il soit à
la satisfaction des gens qui auront à l'utiliser.
Mme Hivon : O.K. Puis pour poursuivre rapidement sur... dans
la même veine que ma collègue, je comprends ce que vous nous dites pour les distinctions entre direction générale et
conseil d'administration, là, en termes d'efficacité, puis tout ça, mais
est-ce que vous ne pensez pas que, dans la perception des gens et du traitement
de leurs plaintes, de savoir que ça va être reçu par le conseil
d'administration, ça leur donnerait un certain gage de distance qui pourrait
être salutaire dans la confiance qu'ils auraient dans le processus et la baisse
de leur crainte de représailles? Parce qu'à tort ou à raison beaucoup de gens
ont des craintes que, dans le processus, il pourrait y avoir des représailles
ou que leur enfant pourrait peut-être être pénalisé de ça. Alors, est-ce que
vous ne pensez pas qu'en termes justement d'image, de processus de confiance,
ça pourrait donner un coup de main?
M. Maltais
(Lucien) : Nous autres, on croit quand même, avec le nombre d'élèves
que nous avons dans nos organisations puis le nombre de plaintes que nous
pouvons recevoir dans une année, bien, évidemment, quand on est au
palier 1, on va comprendre la personne qui traite la plainte, mais
évidemment c'est elle qui va décider, suite à l'analyse de sa plainte,
d'appliquer ou non les recommandations. Lorsqu'on en arrive au responsable du
traitement des plaintes à l'intérieur de l'organisation suite aux
recommandations, on croit que le moyen le plus agile, plus rapide et efficace,
c'est que la direction générale puisse statuer sur l'application des
recommandations. Et ce qu'il faut comprendre, c'est que le tout, on est
d'accord pour qu'il y ait une très, très belle transparence dans notre rapport
annuel, mais les plaintes qui sont traitées par la direction générale, il y a
quand même une imputabilité très, très grande. Il faut penser que, si le
plaignant n'a pas satisfaction, il va aller au protecteur régional.
Ça fait que j'essaie
de m'imaginer, moi, dans mon rôle de direction générale, vous comprendrez que
je prendrai avec rigueur ce rôle-là qui me sera attribué, mais on pense que ce
sera beaucoup plus efficace que passer nos rencontres de conseil
d'administration à traiter des plaintes. Et, vous le savez, les situations sont
très complexes, il y a la confidentialité qui y est associée. J'essaie de voir
à quoi va ressembler nos réunions du conseil, surtout dans la grosseur de
certaines organisations.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Donc, merci, Mme Dupré, M. Maltais, pour votre contribution aux travaux de la Commission, et nous suspendons les
travaux quelques instants, le temps d'accueillir nos nouveaux invités.
Mme Dupré
(Caroline) : Merci à vous.
M. Maltais
(Lucien) : Merci.
(Suspension de la séance à
14 h 49)
(Reprise à 14 h 52)
La Présidente (Mme
Guillemette) : La commission reprend ses travaux. Donc, nous
accueillons maintenant le Protecteur du
citoyen et ses représentantes, Mme Marie Rinfret, Protectrice du citoyen,
ainsi que Mme Marie-Claude Ladouceur, directrice des enquêtes et
des mandats spéciaux. Donc, comme d'habitude, vous avez 10 minutes pour
nous présenter votre exposé avec un échange, par la suite, avec les membres de
la commission.
Donc, sans plus
tarder, je vous cède la parole.
Protecteur du citoyen
Mme Rinfret
(Marie) : Bonjour, Mme la Présidente de la Commission de la culture et
de l'Éducation. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, membres de cette
commission, je vous présente la personne qui m'accompagne, Marie-Claude
Ladouceur, directrice des enquêtes et des mandats spéciaux. Est-ce que ça va
pour moi?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Est-ce qu'on peut monter le son un petit peu, s'il vous
plaît? O.K. Merci. C'est peut-être votre son aussi, Mme Rinfret.
Mme Rinfret (Marie) : Je ne sais
pas. Écoutez, ça fonctionnait bien, tout à l'heure.
La Présidente (Mme
Guillemette) : O.K. Parfait. Comme ça, ça...
Mme Rinfret (Marie) : Est-ce que
c'est mieux?
La Présidente (Mme Guillemette) : Ça
va mieux comme ça, oui.
Mme Rinfret (Marie) : On va
s'ajuster. On va y arriver.
La Présidente (Mme Guillemette) : Parfait.
Merci.
Mme Rinfret (Marie) : Alors, je vous
avais fait les salutations d'usage, je vous présentais la personne qui m'accompagne, Marie-Claude Ladouceur, directrice
des enquêtes et des mandats spéciaux. Je remercie la Commission de la culture et de l'éducation d'avoir invité le
Protecteur du citoyen à participer aux consultations sur le projet de loi
n° 9, Loi sur le protecteur national de l'élève.
Je rappelle brièvement le mandat du Protecteur
du citoyen. Il reçoit les plaintes de toute personne insatisfaite des services
d'un ministère, ou d'un organisme du gouvernement du Québec, ou d'une instance
du réseau de la santé et des services sociaux. Nous menons aussi des enquêtes
de notre propre initiative sur des préjudices à portée collective. Le
Protecteur du citoyen veille également à l'intégrité des services publics en
traitant des divulgations d'actes répréhensibles qui s'y rapportent. Lorsqu'il
le juge opportun et conforme à l'intérêt général, le Protecteur du citoyen
propose des modifications à des projets de lois ou de règlements. C'est à ce
titre que je présente aujourd'hui les constats et mes recommandations sur le
projet de loi n° 9.
Je me permets d'abord de rappeler que le
Protecteur du citoyen a rendu public, le 31 octobre 2017, un rapport spécial
intitulé Traitement des plaintes en milieu scolaire : pour une
procédure simple, rapide, efficace et impartiale. Ce rapport dressait un
bilan de l'application de la procédure de traitement des plaintes et de la
fonction de protecteur de l'élève. Il soulevait plusieurs lacunes, comme la
longueur des délais, l'entrée en scène tardive du protecteur de l'élève dans le
processus, le manque de notoriété des processus de traitement des plaintes, la
perception de non-indépendance du protecteur de l'élève par rapport au monde
scolaire. Notre rapport soulignait également l'importance de prévoir un recours
possible au Protecteur du citoyen.
Aujourd'hui, le projet de loi n° 9
propose la création d'un organisme autonome indépendant du réseau scolaire et
couvrant l'ensemble du Québec. Cet organisme sera dirigé par un protecteur
national de l'élève. De nouveaux
intervenants ou intervenantes indépendants des centres de services scolaires et
des établissements d'enseignement privés agiront à titre de protecteurs
régionaux. Le protecteur national sera responsable de l'application adéquate et
optimale de la procédure de traitement des plaintes. Il sera aussi chargé de
coordonner, soutenir et conseiller les protecteurs régionaux.
Il m'importe ici de souligner que le protecteur
national de l'élève sera assujetti à la compétence du Protecteur du citoyen.
Globalement, j'estime que projet de loi n° 9
donne suite à une majorité des recommandations formulées en 2017 dans notre rapport
spécial.
Permettez-moi de revenir sur les avancées
proposées. En fait, je veux insister ici sur ces avancées, car il est essentiel qu'elles soient maintenues au terme de
l'étude du projet de loi. Ces améliorations concernent principalement la
notoriété, la transparence, la durée de la
procédure de traitement des plaintes ainsi que l'indépendance de ses
principaux acteurs. Je salue, par exemple, le fait que le protecteur national
devienne responsable de la promotion de son rôle et de celui des protecteurs
régionaux, tout comme de l'ensemble de la procédure de traitement des plaintes.
Mieux connu, le mécanisme sera plus accessible aux personnes qui doivent s'en
prévaloir.
Le projet de loi a aussi pour effet de donner
aux protecteurs, national et régionaux, l'indépendance requise pour assurer
leurs fonctions de façon impartiale par rapport au monde scolaire, étant donné
leur mode de nomination. Leur désignation devient, en effet, respectivement du
ressort du gouvernement et du ministre de l'Éducation à la suite d'un processus
de sélection. On prévoit également de la formation pertinente pour les
protecteurs régionaux et des occasions d'échanges entre eux au sujet des bonnes
pratiques. Cela ne peut que renforcer leurs compétences.
De plus, davantage d'information sera transmise,
en temps opportun, sur la procédure de traitement des plaintes. Cette procédure
unique de traitement des plaintes sera désormais plus simple et comptera moins
d'étapes. Les personnes plaignantes pourront automatiquement passer à l'étape
suivante si elles n'obtiennent pas de réponse ou si elles en sont
insatisfaites. On y réaffirme aussi qu'une personne d'âge mineur peut porter
plainte, ce qui, en 2017, était exclu par
plusieurs procédures d'examen des plaintes. Une protection contre les
représailles sera instaurée. Les protecteurs, national et régionaux, de
même que les responsables du traitement des plaintes seront tenus à une
reddition de comptes plus complète et transparente. Le projet de loi prévoit
une marche à suivre pour la dénonciation d'actes d'intimidation ou de violence.
Donc, dans l'ensemble, des avancées importantes sont proposées, et il y a lieu
de s'en réjouir.
Je souhaite toutefois porter à votre attention
des enjeux qui demeurent. Il en va de l'efficacité de la procédure, de sa visibilité et de sa portée. Les
améliorations sont de nature à bénéficier, selon les modalités qui
peuvent différer, tant à la clientèle du réseau public qu'à celle des
établissements privés, aux enfants qui reçoivent l'enseignement à la maison et aux
parents de ceux-ci.
Le mémoire
que je porte à votre attention comporte 18 recommandations. Ainsi, selon
moi, le délai du traitement de la
plainte à la première étape pourrait être réduit. À ce stade, la personne
plaignante communique avec la personne concernée
par sa plainte ou avec son supérieur immédiat. Le délai rattaché à cette
première étape est de 10 jours ouvrables. Puisqu'à cette étape on
s'adresse généralement à une personne déjà au fait du différend, ce délai
pourrait être réduit de moitié.
Autre
constat. Le responsable du traitement des plaintes dans les établissements
privés conserve, par son mode de nomination, un lien hiérarchique avec
le milieu qu'il est susceptible de critiquer au terme de l'examen d'une
plainte. Cela peut générer une perception de proximité ou de partialité. Il
devrait donc être nommé selon des règles qui lui confèrent l'indépendance
nécessaire.
Le monde scolaire est complexe, et les personnes
qui veulent porter plainte ne savent pas, bien souvent, à qui s'adresser. Le
protecteur régional devrait être chargé de les renseigner sur l'ensemble du
processus.
Les décisions du responsable du traitement des
plaintes et celles du protecteur de l'élève peuvent avoir un impact
considérable sur les personnes concernées, jeunes et adultes. Étant donné la
nature des enjeux et pour faciliter la compréhension de leurs conclusions, ces
deux acteurs du mécanisme devraient avoir l'obligation de transmettre leurs
conclusions par écrit à toute personne concernée par la plainte qui en fait la
demande.
Par l'effet du projet de loi, le protecteur
régional a le pouvoir d'intervenir en tout temps au fil de la procédure de
traitement des plaintes. L'information relative à ce pouvoir devrait être
diffusée.
Avant de rendre ses conclusions, le protecteur
régional devrait systématiquement donner l'occasion aux personnes intéressées
de faire valoir leur point de vue.
• (15 heures) •
Autre élément important, le projet de loi
devrait accorder à toute personne plaignante le droit de recourir au protecteur
national si elle est insatisfaite des conclusions du protecteur régional. De
même, pour accorder aux protecteurs
régionaux de l'élève une réelle autonomie décisionnelle et réduire par le fait
même des délais de traitement, il y a
lieu de retirer l'examen systématique par le protecteur national de l'élève des
plaintes pour lesquelles le protecteur régional a formulé des
recommandations.
En vertu du projet de loi, les protecteurs
régionaux ne peuvent agir qu'à la suite d'une plainte. Selon moi, ils devraient pouvoir intervenir de leur propre
initiative, par exemple à la suite d'un signalement. Ils devraient
également pouvoir, en tout temps, formuler des recommandations à portée
collective. Un comité de suivi d'implantation des recommandations devrait être
mis sur pied dans les centres de services scolaires et les établissements
d'enseignement privés. Ce comité veillerait à ce que les engagements donnent
lieu aux actions attendues. La reddition de compte des protecteurs régionaux
prévue au projet de loi m'apparaît perfectible et devrait comporter des données
additionnelles. Enfin, l'information concernant la procédure de traitement des
plaintes devrait être mieux diffusée auprès des enfants qui reçoivent
l'enseignement à la maison et de leurs parents.
Je termine en mentionnant que les moyens
d'intervention des protecteurs national et régionaux de l'élève, leur
notoriété, leur indépendance et l'étendue de leur rôle sont des éléments au
coeur de la réalisation de leur mission. Le projet de loi n° 9,
Loi sur le Protecteur national de l'élève, est un fondement essentiel à la
protection des droits des élèves, à une étape de leur vie où ils construisent
ce qu'ils seront dans l'avenir, individuellement et à l'échelle de la
collectivité.
Je vous remercie de votre attention et répondrai
maintenant à vos questions.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup. Donc, nous débutons les échanges par M. le ministre.
M.
Roberge : Alors, je vous
remercie beaucoup, Mme la Présidente. Merci et bonjour, Mme Rinfret.
Bonjour, Mme Ladouceur. Merci d'être
présentes parmi nous, technologiquement, à tout le moins. Je vous remercie pour
votre avis.
Puis je veux
souligner le travail que vous avez fait, le travail de votre institution,
l'institution que vous représentez, parce
qu'il y a fort à parier qu'on n'en serait pas là ou, en tout cas, qu'on n'en
serait pas avec un projet de loi, je vais dire, aussi bien ficelé, bien
que perfectible — puis
on va travailler dessus — si
vous n'aviez pas fait le travail que vous avez fait en, je ne veux pas me
tromper, 2017, je crois bien.
Donc, c'est certain que l'analyse qui a été
faite a vraiment mis la lumière sur les problèmes qu'a, je dirais, notre
mécanisme de traitement des plaintes actuel. Puis on a essayé, je vous dirais,
sans perdre de vue les objectifs, d'adapter les moyens pour répondre à vos
recommandations. Je pense qu'on a mis en fonction plusieurs de vos
recommandations. Pour les autres, on va essayer de s'améliorer.
J'ai bien
aimé ce que vous avez dit au début. Consciente du fait qu'on est au début d'un
processus, qu'il va y avoir des arbitrages, des amendements à ce projet
de loi là, vous avez dit : Oui, il y a des choses qui sont bonnes, là,
mais attention de ne pas les perdre au fil des travaux en commission.
Et, parmi les choses que vous dites qui doivent
rester, bien, c'est l'indépendance du mécanisme de protecteur de l'élève — là,
en ce moment, tel qu'il est défini, ça semble répondre à vos standards avec la
nomination par le gouvernement pour le protecteur national, par le ministre
pour les protecteurs régionaux — la formation pertinente, l'information,
une procédure unique pour tout le Québec, une simplification de la procédure,
la possibilité, pour les personnes d'âge mineur, de porter plainte, la protection
contre les représailles, une reddition de comptes — quoique je pense qu'il
y a des choses à améliorer dans la reddition de comptes, je comprends qu'il y a
des pour, mais il y a des contre aussi — puis des marches à suivre
pour la dénonciation d'actes d'intimidation et de violence. Donc, c'est des
choses qu'il ne faudra pas perdre au fil des ajustements qu'on fera pour
bonifier le projet de loi. Des fois, qui choisit prend pire, là, puis il ne
faudrait pas faire ça.
Donc, je vais y aller dans mes questions sur les
modifications que vous nous proposez ou les zones d'ombre, là, qu'il faut
éclairer dans le projet de loi quand on va s'y plonger. Puis vous parlez
notamment du réseau privé. Vous dites qu'il faudrait...
Vous dites : «Le mode de désignation du responsable du traitement des
plaintes dans les établissements privés
devrait lui conférer plus d'indépendance.» Dans l'absolu, je suis d'accord,
mais comment on fait pour faire ça? Étant donné que les écoles privées
n'appartiennent pas, là, à un centre de services scolaire, une organisation
régionale, ce sera obligatoirement quelqu'un qui fait partie de l'institution.
Donc, concrètement, ça pourrait donner quoi si on voulait mettre en oeuvre
votre proposition?
Mme Rinfret (Marie) : Ce qu'on
propose, c'est un peu sur le modèle du réseau de la santé et des services sociaux en ce qui concerne la nomination
des commissaires aux plaintes et à la qualité des services, où, pour
justement offrir l'autonomie décisionnelle, l'indépendance, le recul nécessaire
aux commissaires, ceux-ci sont désignés par le président du conseil d'administration et relèvent directement de cette
personne. Donc, en conséquence, ça vient conférer une certaine autonomie
aux commissaires aux plaintes, une autonomie qu'on juge suffisante par rapport
aux actions qui auraient pu générer un préjudice à un élève au sein de
l'établissement d'enseignement.
M. Roberge : Donc, on peut
s'inspirer de ce modèle-là, très bien. Ensuite, je me balade dans votre mémoire
pour retrouver l'élément ici, excusez-moi,
maintenant... Ah oui! «Toute personne plaignante devrait pouvoir recourir
au protecteur national si elle est insatisfaite des conclusions du protecteur
régional.» Je voulais vous référer à un article. Je croyais qu'on avait assez
bien, je dirais, balisé ça dans le projet de loi, mais je veux juste être sûr
qu'on s'entend.
Je suis à l'article 38. De la manière que
c'est fait, on est en trois étapes, là, on ne veut pas multiplier les étapes.
Puis le protecteur régional, avant de rendre publique sa recommandation,
l'envoie au protecteur national, qui, lui, a
cinq jours pour dire... En réalité, il va la regarder passer. Il aurait cinq
jours pour dire : Ça semble aller à l'envers d'autres recommandations, ça semble peut-être
manquer de cohérence avec d'autres, je vais m'en saisir pour m'assurer
que je peux la réaliser puis qu'il y a une
cohérence avec les autres. Ça, c'est ce que dit, grosso modo,
l'article 38. Est-ce que vous ne
trouvez pas, là, qu'il y a déjà la caution du protecteur national quand une
décision est... quand une recommandation est rendue par le protecteur
régional?
Mme
Rinfret (Marie) : Écoutez, c'est intéressant que vous mentionniez
l'importance que le protecteur national assume un rôle de cohérence dans
les recommandations, dans les conclusions rendues par les protecteurs
régionaux. Mais, selon nous, ce n'est pas uniquement... ce rôle de cohérence là
ne devrait pas être rendu uniquement lorsque les conclusions conduisent à une
recommandation.
Par exemple, si une plainte est non fondée,
bien, le Protecteur national de l'élève devrait aussi, que ce soit de manière aléatoire ou autrement, là, je n'en suis
pas là dans les moyens, mais devrait avoir aussi le pouvoir de s'assurer
d'une cohérence dans l'appréciation de la nature des plaintes, et des faits qui
ont été observés, et de la conclusion, fondée ou non fondée.
Ici, la façon dont le projet de loi est rédigé,
c'est que ça... Puisque le protecteur national intervient avant que la
recommandation ne soit transmise, selon nous, ça vient affecter, d'une part,
l'autonomie décisionnelle des protecteurs régionaux de l'élève. Et, également,
la façon dont l'article est écrit, c'est comme si le Protecteur national de
l'élève ne se saisissait que de ces dossiers-là.
Donc, les personnes plaignantes ne pouvaient pas
avoir recours au Protecteur national de l'élève sur d'autres types de dossiers
que ceux où il y a une recommandation, et ça, pour nous, ça causait problème
puisque ce que la... Je vous dirais,
l'objectif qu'on vise, c'est vraiment d'offrir au Protecteur national de
l'élève un réel et complet pouvoir d'action
sur les droits des élèves, donc de pouvoir intervenir auprès des protecteurs
régionaux, mais sur l'ensemble des dossiers
qui auraient pu être soumis dans le réseau scolaire. Je ne sais pas si je
réponds clairement à votre question, là.
• (15 h 10) •
M. Roberge : Oui, bien, absolument.
C'est une discussion très intéressante. Donc, vous ne nous répondez pas simplement
en disant oui ou non. Vous nous donnez le contexte de la réflexion. Puis on est
en train de faire des espèces d'arbitrages
pour avoir un processus qui soit simple, rapide, mais, en même temps, où aucune
des étapes n'est bâclée. Puis il y a
un arbitrage à faire entre l'autonomie des protecteurs régionaux, la cohérence
du régime. Donc, c'est là qu'on est, là. Je pense, c'est le coeur de
votre réflexion. Puis je comprends que ce que vous mettez sur la table, c'est
qu'on peut utiliser le protecteur national comme une espèce d'instance d'appel.
Mme Rinfret (Marie) : Oui,
exactement.
M. Roberge : Je trouve que
c'est intéressant. Mais, en même temps, il y a un danger, donc, d'allonger le
délais, alors que, sans doute, les parents vont venir nous dire que c'est déjà
trop long, vous comprenez, la balance des inconvénients dont on parle
tellement.
Mme Rinfret (Marie) : Si vous
me permettez, M. le ministre, à cet égard-là... Je vous dirais qu'en termes de
délais, puisqu'il n'y aurait pas d'obligation de revoir systématiquement toutes
les conclusions où il y a une recommandation, on vient de sauver du délai à cet
égard-là. Et donc ça appartiendrait aux personnes qui ont déposé une plainte,
si elles sont insatisfaites de la décision du protecteur régional, de faire
appel en révision au Protecteur national de l'élève. Donc, ici, il ne s'agit
pas d'un délai imposé par la loi, mais d'un délai choisi par le parent ou
l'élève qui serait insatisfait de la décision du protecteur régional de
l'élève.
Donc, vous voyez un
peu la distinction qui est faite et qui permet aussi au Protecteur national de
l'élève d'avoir un réel pouvoir sur les droits des élèves. Actuellement, ce
qu'on lit, c'est que c'est un aviseur, c'est un répondant
ministériel, c'est un organisme et c'est une personne, à titre de Protecteur
national de l'élève, qui offre un soutien, une coordination aux protecteurs
régionaux.
Et, à cet égard-là,
son intervention à l'égard du respect des droits des élèves, elle ne se fait
actuellement, en vertu du projet de loi, qu'à l'égard des dossiers où il y
aurait une recommandation de la part du protecteur régional, ce qui fait qu'en
ce sens-là, pour nous, on voyait vraiment l'importance d'élargir son pouvoir,
et, bon, ce n'est certainement pas de manière automatique, parce que, là, vous
avez raison, on embourberait le système, mais c'est dans l'hypothèse où une
partie plaignante est insatisfaite de la conclusion du protecteur régional de
l'élève. À ce moment-là, elle porte le dossier à l'attention du Protecteur
national de l'élève, qui, lui, intervient un peu comme nous faisons en matière
de santé et services sociaux, où nous avons un regard à la suite d'une
insatisfaction d'une personne à l'égard d'une décision du commissaire aux
plaintes et à la qualité des services.
M. Roberge :
Je comprends bien. Bien, écoutez, merci pour la mise en contexte, pour cette
réflexion-là. Si vous permettez, je vais laisser la parole à mon collègue
député de Saint-Jean.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Oui, le député de Saint-Jean.
M. Lemieux :
Merci. Pour combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Guillemette) : Six minutes, M. le député.
M. Lemieux :
Merci beaucoup. Bonjour, Mme Rinfret, bonjour, Mme Ladouceur.
Je vais poursuivre
sur la lancée, parce que, quand vous avez commencé à en parler avec le
ministre, j'ai dit : Bien oui, c'est comme une cour d'appel. Puis là il
vous a posé la question... Mais je veux juste aller un petit brin plus loin
dans le processus, parce que ce que vous suggérez, c'est que tous ceux qui
veulent porter en appel, pour l'appeler comme ça, peuvent aller voir le
protecteur national.
Est-ce qu'on peut
penser que, comme une cour d'appel.. Même si je suis loin d'être avocat, là,
mais j'ai compris ça dans la vie, une cour d'appel peut décider de ne pas se
saisir... Alors, quand on parle de congestion parce qu'il y aurait trop de
demandes d'appel puis trop d'études de cas, essentiellement, puisque le
protecteur national, si j'ai bien compris, aura reçu la décision avant et,
saisi d'un appel éventuel, peut décider de ne pas s'en saisir justement en
disant : Non, moi, la décision régionale me va, ça pourrait... Est-ce que
ça fait partie de votre... pas de votre réflexion, mais de votre vision des choses?
Mme Rinfret
(Marie) : Absolument, c'est de répondre qu'effectivement la décision
qui a été rendue — et
la conclusion — est
la bonne, et donc je confirme la décision rendue. Là, rendu là, ça appartiendra
dans les mécanismes administratifs de l'organisme du Protecteur national de
l'élève de voir dans quelle mesure, là, il règle ces dossiers-là.
M. Lemieux :
Très bien. Maintenant, je veux retourner à ce que je voulais aborder en vous
posant des questions, c'est à savoir... parce que le ministre l'a bien dit, il
y a beaucoup de vous là-dedans, vous, Protecteur du citoyen, dans ce projet de
loi là. Et moi, quand je regardais ce que vous avez retenu, de ce que vous
aimiez puis de ce que vous considériez qui méritait plus d'attention, je me disais :
Un peu comme un coroner est là pour prendre un cas et y aller pour l'intérêt
général éventuel, un peu comme vous, avec des plaintes qui reviennent régulièrement,
vous finissez par, de votre propre chef, décider d'aller dans un champ
particulier d'étude en disant : Ça, il faut qu'on regarde ça parce
qu'on a trop de plaintes là-dessus... Est-ce que vous pensez qu'on est équipés
ou qu'on... On commence, là. Il n'y a pas de jurisprudence. Il va y en avoir
une après la première décision du protecteur national, appelons-le comme ça.
Mais est-ce que vous pensez que, là-dedans, on a un peu la même capacité
d'universaliser ce qu'on fait, et ce qu'on fait de bien, surtout, et ce qu'on
peut faire de mieux? Est-ce qu'il y a ce qu'il faut là-dedans?
Mme Rinfret
(Marie) : Écoutez, je vous dirais que le pouvoir d'enquête à
l'initiative, il n'est pas donné au protecteur régional de l'élève, et c'est ce
qu'on demande. Et j'entendais ce matin différentes présentations qui vous
étaient faites où on soulignait le fait que les enseignants, dans le projet de
loi, n'avaient pas droit de déposer une plainte, hein? Il faut bien se rappeler
que le Protecteur national de l'élève est là pour veiller au respect des droits
des élèves et des parents dans le réseau scolaire, et, ce faisant, il le
regrettait.
Moi, je vous dirais,
par l'effet d'un pouvoir d'enquête à l'initiative, un protecteur régional de
l'élève... le Protecteur national de l'élève pourrait se saisir d'un
signalement qui lui est formulé par toute personne et émettre une conclusion
contenant des recommandations du côté du Protecteur national de l'élève,
émettre un avis. Mais, à tout événement, il faudrait permettre ce... il
faudrait donner au protecteur régional de l'élève ce pouvoir-là et également le
pouvoir de faire des recommandations à portée collective, ce qu'il n'a pas,
actuellement, également, et, en ce sens-là, c'est important, là.
M. Lemieux :
Il me reste un peu de temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Guillemette) : Deux minutes.
M. Lemieux :
D'accord. Loin de moi de vouloir débattre avec vous en lieu et place du
ministre, et il fera sa tête lorsqu'il
décidera, mais ma question demeure pour le protecteur national. Je comprends,
là, vous dites : Le protecteur régional
devrait avoir l'initiative, pouvoir d'enquête, tout ça. Mais est-ce que vous ne
pensez pas qu'à terme, avec la jurisprudence qui va s'accumuler du point de vue
du protecteur national, ça peut évoluer vers ce genre de bienfait là pour la
société, éventuellement, plutôt que d'y aller toujours cas par cas puis de
tasser les choses dans les cases, mais de s'en inspirer à un moment donné pour
dire : Attention, il y a quelque chos, ici, là?
Mme Rinfret
(Marie) : Absolument, vous avez parfaitement raison. Le pouvoir d'enquête
à l'initiative, les recommandations à portée collective, c'est ce qui nous
permet... Dans un contexte même de plaintes individuelles, quand on a un
pouvoir d'action à portée collective, ça nous permet de régler une situation à
l'égard de personnes qui craignaient, par exemple, de déposer une plainte ou de
porter la situation à l'attention... Donc, ce sont vraiment des pouvoirs qui
sont actuellement essentiels dans une fonction de protection des droits des
citoyens, que ce soit dans le réseau scolaire ou autrement.
M. Lemieux :
Merci, Mme la Protectrice du citoyen.
Mme Rinfret
(Marie) : Ça me fait plaisir.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le député. Donc, je cède la parole
à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, mesdames, un plaisir de vous avoir
avec nous aujourd'hui. J'aurais quelques questions.
Vous avez dit que
vous avez entendu les témoignages que nous avons entendus plus tôt aujourd'hui.
Ça fait que vous êtes déjà au courant qu'il y a des gens qui demandent que le
protecteur de l'élève national se relève à vous. Que pensez-vous de cette
suggestion?
• (15 h 20) •
Mme Rinfret
(Marie) : Écoutez, je dois vous dire que j'étais plutôt contente.
C'est pour vous faire un clin d'oeil, ceci étant dit, là. Et, bon, dans la
mesure où on reprend le modèle du réseau de la santé et des services sociaux, c'est vraiment le chemin qui est
emprunté, là, on parle de... Par exemple, si on le colle... Vous avez
entendu... On colle à un protecteur
régional, puis ensuite le Protecteur du citoyen, bon... Dans la discussion,
actuellement, moi, mon travail, c'est de
vous éclairer à l'égard d'un projet de loi qui vous est soumis. Ici, ce n'est
pas ce qu'on propose. Toutefois, ce qu'on constate, c'est la volonté d'avoir une cohérence dans le traitement des
plaintes du réseau scolaire en créant, à toutes fins utiles, un organisme autonome qui est celui du
Protecteur national de l'élève, qui va, de manière impartiale,
indépendante, faire le travail dans le réseau scolaire.
Cependant, ce qui
nous rassure, c'est que le Protecteur national de l'élève, l'organisme du
Protecteur national de l'élève, puisque son personnel fait partie de la
fonction publique... Et là, bon, on questionne un peu le statut du protecteur
régional de l'élève, mais le personnel du Protecteur national de l'élève,
l'institution, donc, du Protecteur national de l'élève, va relever de la
compétence du Protecteur du citoyen. Donc, on aura un regard sur les actions.
Et, si quelqu'un était insatisfait du travail du Protecteur national de
l'élève, il pourra toujours s'adresser à nous, et, à ce moment-là, on pourra
évaluer le travail qui a été fait et réparer les préjudices, le cas échéant.
Mme Maccarone :
Ça fait que ce que vous évoquez, c'est un peu de fonctionner de la même manière
que nous avons, comme un comité d'usagers, comme nous avons, dans le réseau de
santé, un peu.
Mme Rinfret
(Marie) : Écoutez, bon, je suis moins familière avec le mode de
travail des comités des usagers puis leurs devoirs également à l'égard, là,
du...
Mme Maccarone :
Protecteur des usagers.
Mme Rinfret
(Marie) : C'est ça. Ah oui! Bon, là, si vous me parlez du protecteur
des usagers, bien oui, ça, c'est mon rôle, puis effectivement je vais l'exercer
à l'égard du Protecteur national de l'élève. Voilà.
Mme Maccarone :
Je comprends les raisons pour lesquelles... que, les gens qui nous présentent
des mémoires ou des témoignages, ils aimeraient beaucoup votre implication
aussi, parce qu'il y a des doutes en ce qui concerne l'indépendance. Il y a
toujours des doutes en ce qui concerne les représailles, etc. Quelle est votre
opinion par rapport à la nomination aux deux tiers de l'Assemblée nationale du
Protecteur national de l'élève, comme on fait pour le Protecteur ou la
Protectrice des citoyens?
Mme Rinfret
(Marie) : Écoutez, actuellement, la façon dont le projet de loi... En
fait, en ce qui concerne les pouvoirs qui
sont octroyés au Protecteur national de l'élève en vertu du projet de loi n° 9 tel qu'il est rédigé actuellement, là, je vous soumettrais que
la nomination par l'Assemblée nationale ne règle pas tout, parce qu'il y a un
grand... un bout du mandat qui est exercé par les protecteurs régionaux qui
n'est pas sous la loupe du protecteur national.
Quand j'expliquais,
tout à l'heure, au ministre que le protecteur régional, lorsqu'il émet une
conclusion... donc, quand il juge une
plainte non fondée, bien, à ce moment-là, le protecteur national n'ira pas voir
si la conclusion que la plainte est non fondée est satisfaisante, et
donc la personne ne se retrouve avec plus aucun autre recours. Et, à cet
égard-là, nous, on s'interroge sur notre compétence à l'égard du protecteur
régional de l'élève.
Donc,
il y a tout ça à s'assurer, dans le fond, que le Protecteur national de l'élève
ait un réel pouvoir d'action sur le réseau scolaire et sur les droits des
élèves pour lui permettre effectivement d'agir. Et, à ce moment-là, qu'il
relève de l'Assemblée nationale ou qu'il soit nommé par le gouvernement, nous,
on juge, de notre côté, que les conditions sont remplies pour qu'il ait
l'indépendance et l'impartialité nécessaires pour faire son travail à l'égard
du réseau scolaire, hein? On est vraiment dans une autre entité, là. On est à
l'égard du réseau scolaire. Et, en ce sens-là, donc, les conditions émises dans
le projet de loi nous permettent d'être satisfaits quant à l'indépendance du
protecteur national et des protecteurs régionaux.
Mme Maccarone :
Et, en ce qui concerne les délais, j'ai lu que vous êtes d'avis que le 10, 15,
20, qui est l'équivalent des 45 jours, c'est les mêmes délais que vous
avez comme Protectrice du citoyen. Mais, si, mettons, je parle avec la CDPDJ,
je pense qu'ils vont passer témoigner... On a déjà entendu : Écoute, les
délais vont être longs. Puis je comprends qu'on peut tous être d'avis que le
45 jours au total, au début de la plainte au sein de l'école, le centre de
services scolaires ou la commission scolaire, le protecteur régional de l'élève...
Et après, si on monte au Protecteur national de l'élève, que devons-nous
prévoir sur le terrain pour s'assurer qu'on rejoint ces attentes? Parce que, selon mon avis puis mon expérience, ça va
être vraiment difficile, et les centres de services scolaires, les
commissions scolaires vont faire face à
vraiment beaucoup de délais, beaucoup de travail. Leur charge de travail, c'est
déjà énorme. Alors, que devons-nous faire pour s'assurer qu'ils sont
équipés pour rejoindre ces délais dont vous dites que vous êtes en accord?
Mme Rinfret
(Marie) : Écoutez, à l'égard des délais, nous, ce qu'on propose, c'est
de réduire le délai de la première étape. Bon, en vertu, puis là-dessus on est
tout à fait d'accord, là, en vertu du principe de subsidiarité, il y a là une
prise en charge qui peut être faite rapidement de la plainte qui est soumise à
la personne visée puis, à la limite, au directeur, également, de
l'établissement. Donc, on peut déjà, là, agir de manière rapide.
Et ensuite je vous
dirais que, et ça, c'est quelque chose de très intéressant qu'on retrouve dans
le projet de loi, tout au long, on voit qu'on peut faire appel au protecteur
régional pour qu'il nous aiguille rapidement vers le meilleur endroit pour
régler notre plainte. Il y a aussi tout l'aspect de médiation qui vient
interrompre les délais, qui vient favoriser, à cet égard-là...
Mme
Maccarone : Ça fait que ça va...
Mme Rinfret
(Marie) : Mais là je vois que je ne réponds pas à votre question, là.
Mme
Maccarone : Oui, oui, oui, tout à fait. Mais ça, ça veut dire que ça
va prendre une formation quand même assez importante. Si je pense, par exemple,
aux élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation, ça doit faire une grande
partie de plaintes que vous recevez à votre bureau. Que devons-nous prévoir
aussi comme formation? J'ai lu, dans votre mémoire, je pense que c'est la
page 11, que vous dites que, écoute, ça fait des lunes depuis qu'une
formation, ça n'a pas été fait. Alors, est-ce que ça, c'est quelque chose que
nous devons prévoir aussi dans la loi, qu'une formation régulière soit faite
sur le terrain, un peu comme on fait avec les cadres professionnels... qu'il y
a quand même le perfectionnement qu'on fait régulièrement?
Mme Rinfret
(Marie) : Oui. Écoutez, c'est sous la responsabilité du Protecteur
national de l'élève. Il a un devoir de superviser. Il a un devoir d'encadrer et
d'offrir l'accompagnement, la formation auprès des protecteurs régionaux de
l'élève. Maintenant, vous avez raison, il devra y avoir à cet égard-là des formations
offertes de manière à ce que l'ensemble des... dans le fond, une formation dite
obligatoire puis ensuite des formations plus particulières selon le type de
dossier qui nous est soumis et le type de clientèle qui fait partie, là, des
dossiers que peuvent avoir chacun des protecteurs régionaux. Mais il y a là,
effectivement, quelque chose qui est à prévoir sur le plan administratif. Mais
moi, quand je lis le projet de loi n° 9, j'y vois
tous les éléments pour permettre au Protecteur national de l'élève de faire en
sorte que les protecteurs régionaux soient outillés et compétents pour répondre
aux demandes des parents et des élèves.
Mme
Maccarone : Mais ça, ça dépend des définitions qui sont manquantes
dans ce projet de loi. Je vais vous donner un exemple, les services. Tu sais,
un parent ou un élève peut placer une plainte en ce qui concerne un service non
rendu. Bien, aujourd'hui, j'ai reçu des textes, juste aujourd'hui, des parents
qui disent : Est-ce que je peux placer une plainte parce que mon enfant
n'a pas eu accès à un test rapide? Est-ce que je peux placer une plainte parce
que je trouve que la ventilation dans l'école ou dans ma classe n'est pas
suffisante? Est-ce que je peux placer une plainte parce que je veux que la
professeure dans l'école... dans mon école, qui enseigne à mon enfant... ne
peut pas choisir de porter un masque N95? Est-ce que ça, c'est un genre de
plainte qu'on veut dire fait partie des services?
Mme Rinfret
(Marie) : Je vous dirais, puis là je vais prendre l'exemple de mon
institution, toute personne peut s'adresser à nous, et, à partir de là, on
l'accompagne. On lui dit si, effectivement, cela relève de notre compétence. Si
ça ne relève pas de notre compétence, on la dirige vers le service qui va
répondre à sa demande.
Dans l'hypothèse où
ça fait partie de ma compétence, on accompagne la personne. Et, en ce sens-là,
ça appartient, je vous dirais, aux institutions publiques de définir ce qui est
un service de ce qui n'en est pas. Et, dans un contexte où on est un protecteur
régional ou national de l'élève, les services doivent s'entendre de manière
assez large pour permettre aux parents et aux élèves d'obtenir les services
auxquels ils ont droit.
Donc, à ce titre là, s'il
y a un droit qui est prévu dans une directive, dans une loi, dans une
résolution, bien, ma foi, ça deviendra de la compétence du protecteur régional
de l'élève, puis, avant ça, bien, de la personne qui n'a pas rendu le service.
Après ça, ça sera le responsable du traitement des plaintes, ensuite le
protecteur régional. Et, à la limite, selon notre recommandation pour modifier
le projet de loi, ça pourrait également être soumis au protecteur national.
Donc, moi, je vous dirais qu'une définition des services, une définition trop
précise, c'est toujours comme un couteau à deux tranchants, mais il va
appartenir au Protecteur national de l'élève d'émettre, cependant, des
directives à ses protecteurs régionaux pour avoir une compréhension cohérente
et une saisine qui ne sera pas disparate entre les régions.
• (15 h 30) •
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, Mme Rinfret. Donc, nous continuons les discussions avec Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je vais continuer là-dessus, donc, parce qu'il y en a qui nous ont
demandé de préciser dans le projet de loi les droits qui sont couverts, par
exemple, en soulevant la question : Est-ce que c'est la convention des
droits de l'enfant? Est-ce que c'est la Loi sur l'instruction publique? Bon,
là, j'entends que vous nous invitez, nous, à peut-être préciser une certaine
liste de types de droits, par exemple, qui relèveraient d'une loi, d'une
directive, d'un règlement. Est-ce que c'est une mention comme celle-là que vous
nous suggérez d'inscrire dans la loi? Ou comment on devrait procéder?
Mme Rinfret (Marie) : Je vous
dirais, pour moi... et, à cet égard-là, je vais en référer à la façon, encore
une fois, dont on procède au Protecteur du citoyen, mon mandat, c'est de
veiller au respect des droits des personnes qui font affaire avec les services
publics. Alors, pour moi, le protecteur régional de l'élève va avoir comme
mission, et c'est ce qui est inscrit dans la
loi, de protéger les droits, de faire respecter les droits des élèves et de
leurs parents dans le cadre du service... du service, je vais oublier ce
mot-là, dans le contexte scolaire. Bon, et donc, pour... Et là je vous mettrais
en garde d'être trop précis.
Vous savez, il y a un bilan de cette loi qui
vous est soumise, sur laquelle vous travaillez, que vous allez éventuellement
adopter et sanctionner, il y a un bilan qui devra vous être présenté dans cinq
ans, et, à partir de là, on pourra voir quelles sont les insatisfactions des
parents. Et c'est pour ça qu'on demande, de notre côté, que le Protecteur
national de l'élève puisse avoir un droit de regard sur ce que le protecteur
régional aurait déclaré comme n'étant pas une plainte fondée, donc, par
exemple, que ce ne serait pas un service que devrait rendre l'établissement. Il
faut qu'il puisse avoir cette vision-là. Il faut qu'il puisse en être saisi par
les personnes qui vont être insatisfaites pour être en mesure de bien définir
la patinoire sur laquelle tant les protecteurs régionaux que le Protecteur
national de l'élève vont avoir.
Et, à ce titre-là, moi, je vous dirais que tant
une directive d'un établissement d'enseignement privé, qu'un règlement émis par
le ministre, qu'une résolution émise par le centre de services scolaire peut
définir des droits aux élèves, qui sont distincts d'un endroit à l'autre, de
sorte qu'il faut laisser l'appréciation aux personnes qui ont une décision à rendre de vraiment évaluer s'il s'agit
effectivement d'un droit qui a été brimé, au fond, et pour lequel il y a
un correctif de la part de l'établissement qui doit être rendu.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Donc, je cède la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Merci pour votre excellent mémoire. Deux
questions pour faire suite aux questions de ma collègue de Westmount—Saint-Louis
et aux recommandations que vous avez faites
dans votre rapport, où vous étiez prêt à prendre et assumer le rôle. Et, compte
tenu du fait qu'il y a un groupe, ce matin, qui a demandé ça, que ça
relève directement de vous, je veux juste bien comprendre. Je comprends que
vous vivez bien avec le contenu actuel du projet de loi, mais, pour vous,
est-ce qu'il demeurerait des avantages à ce qu'ultimement ça soit l'institution
de la Protectrice du citoyen qui soit responsable? Si oui, lesquels?
Et ma deuxième question, c'est un peu une
proposition, c'est que, dans le secteur de la santé, que vous connaissez bien,
il y a une obligation d'avoir, dans chaque région, des comités d'assistance et
d'aide aux plaintes pour les usagers qui
veulent porter plainte. Et, compte tenu que, pour beaucoup de parents, c'est
intimidant, ce n'est pas évident, ils
n'ont pas nécessairement l'information, est-ce qu'on devrait songer à se doter
d'une structure communautaire semblable dans la réforme qu'on est en
train de faire?
Mme Rinfret (Marie) : D'abord, je
commencerai par votre dernière question. À la lecture du projet de loi, le
protecteur régional de l'élève a ce mandat d'accompagner les parents. Il faut
cependant qu'il soit bien connu. Et c'est une de nos recommandations de faire
en sorte que le Protecteur national de l'élève fasse vraiment la promotion de
ce devoir qu'a le protecteur régional de l'élève d'accompagner les parents qui
le demandent. Donc, c'est un peu... ça reprend un peu le modèle des CAAP.
En ce qui concerne le recours de deuxième
niveau, Protecteur du citoyen, bon, écoutez, en termes d'avantages, je vous
dirais que, bon, au Protecteur du citoyen, lorsqu'on agit en deuxième recours,
on est totalement indépendant, impartial. Et l'intérêt dans tout ça, c'est
qu'on a une vision horizontale de l'ensemble des services publics, et, à ce
titre-là, notamment dans le réseau de la santé et des services sociaux, il
n'est pas... il va arriver qu'on va faire des liens, puis là je pense notamment
aux enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, on pourrait faire des
liens avec le réseau de la santé et des services sociaux et formuler une
recommandation également au réseau de la santé et des
services sociaux, donc pas uniquement au réseau scolaire, et faire travailler
deux réseaux ensemble. C'est la force qu'on a chez nous, au Protecteur du
citoyen.
Par ailleurs, notre reddition de comptes, elle
est faite aux parlementaires. Alors, c'est à vous, à chaque année, que je fais mes redditions de comptes. Quand je
décide d'intervenir de ma propre initiative, j'en avise l'établissement,
donc le CISSS ou le CIUSSS, et voire même le
ministre ou voire même le gouvernement pour annoncer que je fais une enquête à l'initiative, et ensuite je vais faire
ma reddition de comptes à la Commission des institutions, aux
parlementaires ou à la Commission de l'administration publique.
Donc, vous voyez que mon rôle à cet égard-là, il
peut... il y aurait toujours, selon moi, une plus-value à ce que le Protecteur
du citoyen agisse en deuxième recours, compte tenu de la crédibilité de
l'institution, de notre indépendance, de notre impartialité, de la vision
horizontale, comme je vous le disais, voire même... oui, c'est ça, horizontale,
j'allais dire verticale, mais c'est vraiment...
Mme Hivon : Intégrée.
Mme Rinfret (Marie) : Oui, c'est ça,
oui, voilà, donc une vision intégrée et les pouvoirs que j'ai. J'ai déjà les
pouvoirs d'enquête à l'initiative, j'ai déjà le pouvoir de faire des
recommandations à portée collective, donc, à cet égard-là... et j'assure le
suivi des recommandations que l'on fait. Donc, voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Merci beaucoup, Mme Rinfret, Mme Ladouceur. Donc, merci pour votre contribution
aux travaux de la commission.
Et nous suspendons nos travaux quelques
instants, le temps d'accueillir les nouveaux intervenants. Merci.
Mme Rinfret (Marie) : Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise à 15 h 47)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bonjour. La commission reprend ses travaux. Nous accueillons maintenant
le groupe Béliers solidaires avec leurs représentants, M. Olmos et
Mme Jabouirik, c'est bien ça? Donc, je vous cède la parole pour
10 minutes, et, par la suite, il y aura un échange avec les membres de la
commission. Donc, sans plus tarder, la parole est à vous.
Béliers solidaires
Mme Jabouirik (Hiba) : Parfait.
Merci beaucoup. Donc, bonjour à tous et à toutes. Dans le fond, notre présence
ici aujourd'hui est le résultat d'un constat d'échec. Nous voilà aujourd'hui,
comme depuis le signalement de notre enseignant, en octobre 2020, à mobiliser
notre temps, énergie, santé mentale pour faire avancer tant bien que mal un
projet de société à notre âge, sans qualification et sans rémunération.
Donc, pour rappel, les Béliers solidaires est un
collectif qui rassemble des étudiants, étudiantes, anciens, anciennes et
actuels de l'école secondaire Henri-Bourassa. Depuis les années 90, nous
sommes plusieurs générations à avoir étudié au sein des corps aussi diversifiés
que la population de Montréal-Nord elle-même. Malheureusement, les directeurs d'établissement ont refusé de se
former, de s'adapter et d'écouter la population étudiante pour la
protéger des violences systémiques évidentes dans les relations, la structure
organisationnelle et le curriculum de l'école.
M. Olmos (Gio) : Cette violence,
appelée racisme systémique, hétéro-cis-sexisme et
capacitisme structurels sont plus que des gros termes, ce sont des séquelles
psychologiques, des traumas dans les années de formation, de construction de
soi et de socialisation les plus importantes des enfants. Ces violences qui
atteignent aux droits et libertés des élèves les plus marginalisés de la
société ne méritent-elles pas d'être nommées? Que les instances
gouvernementales sachent que leur refus de nommer ces dures réalités n'empêche
pas les élèves, eux, de les vivre.
Mme Jabouirik (Hiba) : M. le
ministre...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Pour une meilleure compréhension, peut-être vous nommez ainsi que votre titre au niveau du groupe Béliers
solidaires, s'il vous plaît. Je ne l'avais pas mentionné au début, je m'en
excuse.
Mme Jabouirik (Hiba) : Gio, tu veux
y aller?
M. Olmos (Gio) : Donc, mon nom,
c'est Gio Olmos, pronom iel. Je suis membre du collectif Béliers solidaires. Nous sommes un groupe à hiérarchie
horizontale. Voilà. Ancien élève de l'école secondaire Henri-Bourassa.
Mme
Jabouirik (Hiba) : Mon nom
est Hiba Jabouirik, ancienne élève de l'école Henri-Bourassa, de la
cohorte 2016, aussi membre du collectif Béliers solidaires.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Vous pouvez continuer.
• (15 h 50) •
Mme Jabouirik (Hiba) : Donc, dans le
fond, comme je disais, M. le ministre, vous et vos conseillers et conseillères
n'avez pas été à la hauteur du devoir qui vous a été confié. Nous remarquons
ici que les exigences des considérations mentionnées dans la pétition pour la
réforme des dispositions législatives régissant le protecteur de l'élève n'ont
été que partiellement adressées. Le vocabulaire qui fait l'essence même des
revendications a été complètement occulté du projet de loi n° 9,
aucune mention de protocole en cas de discrimination raciale, aucune mention
des compétences en matière d'intersectionnalité dans le processus d'embauche
des protecteurs régionaux et aucune mention de suivi psychosocial obligatoire
auprès des mineurs plaignants.
La question se pose donc : Qui a été invité
à votre table lors du processus de rédaction de ce projet de loi? Certainement
pas les premiers concernés. Si même le ministre de l'Éducation est tétanisé par
la reconnaissance des termes de discrimination, de racisme systémique et de
support psychosocial, quelles garanties avons-nous que les protecteurs
régionaux sauront reconnaître et juger de la pertinence d'une plainte qui est
motivée par des traitements injustes impliquant les réalités citées plus haut?
Ainsi, pendant que nos dirigeants se concentrent
sur la politisation du corps des femmes pour dire ce qui doit être porté et qui ne doit pas l'être, la jeunesse
québécoise est laissée à elle-même. Permettez-moi de prendre le temps de
vous mettre en contexte. Nous allons prendre
une petite minute pour prendre notre cas, nous-mêmes, comme exemple.
Donc, du haut de mes 16 ans, on ne m'a pas
seulement blâmée, mais on a attendu de moi que je comprenne ce que cela
signifiait de commettre des meurtres de masse. On m'a donc demandé, dans une
classe de plus de 25 élèves, de m'excuser solennellement au sujet des
événements de Charlie Hebdo, ce que je n'ai pas pleinement compris à
l'époque et que je ne comprends toujours pas.
Donc, dans ce cas, sachant que j'ai pris le
temps, bien qu'absolument terrifiée, de me plaindre à l'enseignant après le
cours et au directeur après de multiples remarques supplémentaires de la part
de l'enseignant, comment ce processus de protecteur de l'élève serait-il
concrètement appliqué? C'est bien, en théorie, de mettre sur papier un tel
projet de loi, mais comment le gouvernement expliquerait-il ce concept à un
jeune de 16 ans? Comment serais-je en mesure de déposer une plainte?
Honnêtement, si nous ne parvenons pas à saisir pleinement nos droits, comment
voulez-vous que des étudiants adolescents le fassent? C'est tout à fait
irréaliste.
Et, avec tout le respect que je vous dois, les
fonctionnaires qui n'ont pas franchi les portes d'une école au cours des cinq
dernières années sont totalement déconnectés de la réalité actuelle à laquelle
nous sommes confrontés. De plus, certains élèves n'ont pas le privilège de voir
leurs parents intervenir lorsqu'ils sont victimes de violence scolaire,
d'intimidation ou de racisme, par manque de ressources, parce qu'ils doivent
travailler pour permettre à leurs enfants d'aller à l'école ou parce qu'ils ne
comprennent pas le français. Alors, qu'est-ce qui sera mis en place pour les informer en conséquence du processus? Le
vocabulaire utilisé actuellement est beaucoup trop bureaucratique pour qu'ils le comprennent. Comment allez-vous
faciliter la lecture et la compréhension? Comment comptez-vous informer
des parents non francophones de leurs droits?
Enfin, nous avons dû nous débrouiller, nous, en
tant que Béliers solidaires, seuls, pas par l'intermédiaire d'un parent ni
d'aucun autre adulte. En tant que tel, nous pouvons confirmer que cette loi a
besoin d'être révisée pour que les élèves se sentent validés tout au long du
processus et non intimidés.
Selon l'article 21, à notre connaissance,
vous stipulez que la plainte doit être déposée auprès de l'enseignant ou de son supérieur direct. J'aimerais
savoir : Que se passe-t-il lorsque l'enseignant et le directeur sont amis,
comme dans notre école? Comment
s'assurer vous... comment s'assurer que le protecteur régional a été informé et
que le processus, pardon, se déroule correctement?
M.
Olmos (Gio) : On estime que
l'opportunité qu'on a aujourd'hui n'est pas seulement valide pour
commenter le projet de loi qu'on a devant nous, mais aussi pour responsabiliser
nos élus des obstacles auxquels la jeunesse québécoise fait face en milieu
scolaire lorsqu'elle est racisée. Lorsque mes collègues musulmanes se sont
plaintes au directeur de notre école des confrontations islamophobes qui les
attendaient jour après jour dans leurs cours d'histoire, on leur a dit de tenir
bon. Le comportement de notre professeur n'était considéré ni violent, ni
intimidant, ni harcelant, encore moins raciste, il était même loué en tant
qu'un excellent pédagogue, et c'est exactement ce qui va continuer d'arriver
avec cette réforme.
Le projet de loi, complètement dénudé de
vocabulaire spécifique en matière de discrimination raciale, donne une passe au
directeur d'école qui note les plaintes sur un post-it avant de les oublier.
Puis, dans les cas où le mineur plaignant
est assez motivé et psychologiquement fort pour escalader l'échelon
bureaucratique jusqu'au responsable régional, le projet de loi prévoit
déjà une clause qui permet au fonctionnaire de classer un comportement comme
celui de notre professeur dans une liste de plaintes frivoles. Est-ce que c'est
frivole de s'indigner des propos racistes prononcés sous le voile d'une pédagogie quelconque? Quelles idéologies veut-on
transmettre à travers notre système d'éducation?
Je vous partage encore des phrases que j'ai
entendues de la bouche de différents profs à l'école secondaire et que je n'aurais probablement pas pu amener en
forme de plainte pour intimidation jusqu'au protecteur régional
tellement elles sont riches en subtilités
dégradantes. Donc, des exemples : Des petites «notochtones» se sont
pointées à Oka avec leurs armes, mais là c'est quoi? lls vont commencer
à dire que tout leur appartient? C'est ridicule. Le Québec accepte des immigrants ingrats qui viennent et se
reproduisent comme des lapins pour repartir dans leurs pays avec la
citoyenneté. Fredy Villanueva et ses amis, c'étaient tous des crottés, le
policier avait des bonnes raisons pour tirer sur eux.
Et enfin, que
dire de l'hypersurveillance et la surdiscipline des élèves afrodescendants?
Lorsqu'un établissement réfère une
majorité d'élèves racisés vers des parcours scolaires réduits, est-ce que ces
comportements restent invisibles devant la
définition de «violence» et d'«intimidation» du projet de loi? On a beau
accaparer l'attention du public avec les
bénéfices de la laïcité dans notre éducation, mais ce n'est pas parce qu'on est
laïque qu'on n'avance pas des dogmes dangereux, des idées génocidaires
et des préjugés qui blessent et qui tuent. Les infirmières de Joyce Echaquan
ont été scolarisées dans un Québec laïque. Alexandre Bissonnette a lui aussi
été scolarisé dans un Québec laïque.
Ministre Roberge, à la fin de votre mandat, vous
aurez réformé le protecteur de l'élève, vous allez pouvoir cocher une case
d'une promesse électorale. Bravo! On va vous faire passer le cours, même avec
un bulletin médiocre. Entre-temps, nos enfants et nous serons encore ici en
train d'attendre la mise en place d'un curriculum scolaire décolonial, d'un
protocole en matière de discrimination raciale au sein des établissements
scolaires et du soutien psychosocial sensible et informé aux enjeux de la
discrimination raciale. Nous attendons encore et toujours que le gouvernement
se dote de moyens pour nommer, documenter, comptabiliser et remédier au racisme
systémique dans ses institutions scolaires, sans quoi la vision de notre
gouvernement restera incomplète et nous écartera aux marges des institutions,
peu importent l'âge qu'on a et la région où on vit. Ça va être tout, pour ma
part.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Donc, nous passons maintenant à la période d'échange, en débutant par M. le
ministre.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, je veux saluer votre courage de venir faire ce que vous
faites, comme vous le faites, en commission parlementaire, de nommer ce qui
vous dérange, ce qui vous enrage, puis d'arriver avec, je vous dirais, des
propositions, en disant qu'il y a des choses qui doivent changer. Puis moi, je
suis d'accord qu'il y a des choses qui
doivent changer. Puis je pense qu'autour de la table, la plupart des gens qui
s'impliquent en politique, là, peu importe le parti, il y a beaucoup plus de
choses qui rassemblent que de choses qui divisent. On est tous là pour
améliorer les choses. Là, aujourd'hui, on siège en Commission culture,
éducation, mais il y a des députés qui siègent sur plein de commissions. Puis
on ne peut pas arriver à la table, comme ça, cynique, en disant qu'il n'y a
rien à faire, on est portés par des idéaux, comme vous l'êtes, puis on veut
améliorer les choses.
Puis je pense que le fait que vous ayez
l'occasion de présenter votre point de vue, bien, ça témoigne qu'il y a une
certaine ouverture autour de la table parce que ça veut dire... c'est par
consensus qu'on décide qui peut venir présenter des mémoires, et pas seulement
des mémoires, mais aussi présenter vos choses. Puis on est probablement même
nombreux à s'être impliqués assez jeunes dans des mouvements étudiants, ou des
regroupements, ou des collectifs, comme vous le faites aujourd'hui.
Donc, je veux vous dire qu'il ne faut pas perdre
espoir puis penser qu'il n'y aura pas de modifications qui seront faites. On
est là pour faire des modifications, autant à la loi telle qu'elle est, puis au
projet de loi aussi. C'est pour ça qu'on
appelle ça un projet de loi, hein? On est animés des meilleures intentions des
deux côtés de la table. Il y a quatre partis représentés ici, puis tout
le monde veut améliorer les choses.
D'après ce que j'ai compris, il y a eu des
choses totalement inacceptables qui se sont passées à l'école que vous avez
fréquentée dans votre parcours scolaire, mais ça ne veut pas dire que
l'ensemble du réseau est inadéquat. Il arrive, des fois, des injustices qu'on
doit corriger sans que tout le système soit à jeter aux poubelles. Dans les
lois qui nous gouvernent, avant qu'on arrive, hein, avant même que je sois élu,
il y avait des éléments qui n'ont peut-être pas été mis en place correctement dans le cadre de votre parcours. Il y a eu
vraisemblablement des choses, là, qui n'étaient pas correctes, mais, déjà dans la loi, avant qu'on
arrive avec des modifications, parce que je ne prétends pas, là, que
j'arrive tout régler ce que d'autres avaient brisé avant nous, ce n'est pas ça,
mais il y avait quand même, dans la loi, la notion d'intimidation en disant
qu'il faut lutter contre l'intimidation, puis on la définissait. Puis je pense
qu'il y a des choses là-dedans que vous et vos collègues que vous représentez
avez vécues.
• (16 heures) •
Quand on dit intimidation, on parle de :
«Tout comportement, parole, acte ou geste délibéré ou non à caractère répétitif, exprimé directement ou
indirectement, y compris dans le cyberespace, dans un contexte
caractérisé par l'inégalité des rapports de force — je pense que vous
parlez de ça — entre
personnes concernées, ayant pour effet d'engendrer des sentiments de détresse
[...] de léser, [de] blesser, [d'opprimer ou d'ostraciser].»
Donc, ça, c'est déjà dans la loi avant qu'on
arrive avec des modifications. Après, il va falloir travailler sur des
mécanismes pour que ça reste, pour que ça soit plus fort que simplement des
mots sur le papier. Vous l'avez mentionné, ce n'est pas parce qu'on change des
discours, qu'on change des articles de loi, qu'on coche une case puis on est
content. Ce n'est pas ça qu'on veut faire. On est tous des gens qui... des
parents, des oncles, des tantes, on a des enfants qui fréquentent le réseau scolaire,
on veut que ça change pour vrai. Dans la loi en ce moment, on définit
«violence», parce qu'il y a déjà des plans de lutte à la violence et à
l'intimidation, puis, quand on définit violence, on dit : «Toute manifestation de force, de forme verbale, écrite,
physique...» D'après ce que je comprends, vous parlez plus de formes verbales ou écrites, mais je n'exclus
pas qu'il y a de la violence physique, des violences psychologiques ou
sexuelles exercées intentionnellement contre une personne ayant pour effet
d'engendrer des sentiments de détresse, de la léser, de la blesser ou de
l'opprimer en s'attaquant à son intégrité ou son bien-être psychologique ou
physique, à ses droits ou ses biens. Donc, on pourrait dire : Bien, c'est
réglé, tout était déjà dans la loi. Ce que je vous dis là, c'est avant le dépôt
du projet de loi n° 9, mais il y en avait, des
problèmes avant le dépôt du projet de loi n° 9.
Pourquoi? Parce que, quand arrivaient ces choses-là, ces gestes d'intimidation
et ces gestes de violence sexuelle ou autre, il y a manifestement des gens
blessés qui se sont exprimés et qu'on n'a pas suffisamment écoutés. Et c'est ça
qu'on essaie de réparer, c'est le mécanisme de traitement des plaintes pour que
vous, vos collègues, vos amis, vos cousins, vos cousines et peut-être un jour
vos enfants ayez confiance dans un système de traitement des plaintes, et c'est
ça qu'on doit faire.
Dans le projet de loi n° 9, qu'on va travailler ensemble pour bonifier, on parle
de promotion du mécanisme de plainte, je pense qu'il était méconnu et
imparfait, le mécanisme de plainte avec lequel vous avez vécu, on doit le faire
connaître. Vulgarisation. Vous avez dit : Oui, mais, si les parents ne le
savent pas, si les parents ne parlent pas la même langue et ne reçoivent pas
d'information dans leur langue, je suis d'accord avec vous, un mécanisme qui
est inconnu ne fonctionne pas. Un extincteur
qu'on ne peut pas atteindre n'éteindra jamais le feu si on ne peut pas
l'utiliser, il faut être capable d'accéder. Ça fait que c'est pour ça qu'on
travaille fort pour écrire dans la loi officiellement, puis donner le mandat à
cette instance-là de faire connaître les recours, puis d'aider aussi. Le
protecteur régional aura pour mission d'aider la personne qui porte plainte à
porter plainte. Ça, c'est important, c'est un très, très grand changement, il n'y avait pas ça, la personne était
un peu laissée à elle-même. Donc on va l'aider dans la rédaction de ça.
Outre le fait de mieux former les gens, de mieux
les outiller, ceux qui reçoivent les plaintes, et de donner le mandat aux gens
d'aider les plaignants, qu'est ce qu'on devrait faire? Je me retourne vers
vous, vous avez nommé les problèmes très... avec beaucoup de franchise, mais
qu'est ce qu'on peut faire de plus dans un projet de loi pour que ce qui vous a
blessées, vous et vos collègues, n'arrive plus?
Mme Jabouirik (Hiba) : Donc, si je
peux me lancer vite fait, donc je voudrais peut-être faire aussi un retour sur
ce que vous nous avez dit. Dans le fond, je pense, la question, je ne sais pas
si elle a été mal formulée, mais j'ai le sentiment qu'elle n'a pas été
répondue. La question principale vraiment, c'est : Oui, il y avait un
processus de plainte avant ce projet de loi, on comprend qu'on essaie de
l'améliorer. La situation, par contre, c'est que, dans notre cas, le cadre
enseignant, donc nos enseignants au programme à Henri-Bourassa, la direction
était du côté de l'enseignant, ce qui fait en sorte qu'on était ici contre un
système complet qui nous débalançait carrément. Donc, la question :
Comment on peut faire confiance au nouveau projet de loi, au protecteur de
l'élève à pousser cette plainte quand, d'après notre compréhension, il n'y a
pas vraiment moyen de s'assurer que la plainte est poussée, à part à l'aide du
système que vous voulez mettre en place du projet de loi?
Donc, je ne vois pas vraiment l'amélioration
qu'il y aurait comparé à l'autre moyen de porter plainte qu'on avait déjà,
parce qu'on n'a pas été écoutés une fois, comment pourrez-vous faire confiance
pour être écouté une seconde fois? C'est là,
vraiment, ma question. Parce qu'il y a beau vous donner des propositions, à la
fin de la journée, même si on les met
en place, il y a pareil un débalancement de pouvoirs. Et donc, si on ne vous a
pas fait confiance une fois, comment on peut vous faire confiance une
seconde fois? C'est vraiment ça, ma question.
Surtout qu'au chapitre II, 21, vous dites
qu'il faut formuler une plainte à la personne directement concernée par la
plainte. Donc, est-ce que je me mets en danger de mettre mon identité connue
par l'enseignant? Donc, je dois vivre l'école sachant que l'enseignant est au
courant que j'ai porté plainte. Il y a vraiment des zones floues qui font en
sorte que je me sens intimidée, je ne veux même pas aller porter plainte. Je ne
ferai pas confiance à personne, dans le fond, pour m'aider dans ces situations.
M. Roberge : D'accord. Je veux vous
dire qu'il y a... oui, il est prévu d'agir localement dès le départ.
Je vous précise aussi que, dans le projet de loi,
et c'est une nouveauté, je dirais que c'est un gain, ça vient d'être souligné
par les intervenants juste avant vous, Mme Rinfret, qui est la Protectrice
du citoyen en ce moment, en disant qu'une des avancées de ce projet de loi là,
c'est qu'il y a un mécanisme prévenant tout plaignant contre des représailles;
donc, ce qu'on n'avait pas avant. Là, on a, là, pour justement rassurer les
gens puis leur donner confiance... Mais sachez qu'en portant plainte à
l'avenir, advenant le cas où le projet de loi serait adopté tel qu'il est, là,
je ne veux pas présumer de rien, mais il y a un mécanisme contre des
représailles. Donc, ça, c'est clairement balisé. Puis on ne pourra pas aller
contre ça si c'est mis de l'avant.
Et, dans le cas où c'est très délicat, où on sent
que de porter plainte à l'échelon local dans l'école pourrait même augmenter
les préjudices, bien, il y a un processus d'exception à l'article 31, qui
dit qu'on peut directement, exceptionnellement, aller au protecteur régional,
donc sauter l'étape locale, bien qu'elle soit prévue initialement, mais on
pourrait la sauter, et le protecteur régional peut accepter de traiter la
plainte en première instance, donc en sautant l'étape locale, si le protecteur
juge, là, qu'il est d'avis que le respect de ces étapes n'est pas susceptible
de corriger adéquatement la situation ou alors si ça occasionne un délai trop
grand.
Donc je
pense, il y a quand même des mécanismes là-dedans quand on parle de protection
contre les représailles puis quand on
parle de la possibilité d'aller directement au protecteur régional, des
mécanismes susceptibles de ramener de la confiance.
Une voix : Gio, tu peux y aller.
M. Olmos (Gio) : Oui, mais,
justement, parlant du mécanisme de protection contre les représailles, si on
comprend bien, il faut traverser les trois niveaux de révision de la première
plainte. Et puis ensuite, si on croit qu'on est victime de représailles, il
faut relancer une deuxième plainte.
Donc ici, nous sommes très inquiets par les
angles morts en termes d'accessibilité du projet de loi et le manque de qualité
dans les services qu'on voit venir, étant donné la distance entre les
mécanismes, donc entre le protecteur régional et la réalité des élèves.
Juste en commençant par le processus d'embauche
dans le chapitre I, section I.1, la personne nommée au protecteur de
l'élève a un profil de fonctionnaire dont les connaissances des besoins
psychosociaux des mineurs, des enjeux de discrimination et d'accessibilité sont
insuffisantes. La maîtrise des mécanismes des règlements du système d'éducation
ne compare pas les compétences nécessaires pour se distinguer qu'est-ce qui
constitue une plainte frivole, vexatoire ou faite de
mauvaise foi. Ces connaissances ne suffisent pas non plus à étudier ou
identifier les obstacles potentiels qui peuvent déterrer, empêcher ou dévier un
mineur et ses parents dans leur dépôt de plainte. Donc, ça condamne ce rôle à
une qualité de service stagnante au niveau de l'accessibilité.
Puis il manque aussi une précision quant à la
quantité limite de participation qu'un individu du comité d'embauche peut avoir
lors du renouvellement des postes. Puis on déplore d'ailleurs, au niveau du
renouvellement des postes, que le projet de loi ne prévoie pas des mécanismes
d'évaluation et des redditions des comptes qui pourraient déclencher les
conditions pour le remplacement du protecteur national et que la perspective
des élèves n'est pas prise en considération dès le début d'entrée en poste de
ce personnel.
M. Roberge : Sur la sélection du
protecteur régional de l'élève, je pense, il faut tenir en compte que le profil
de candidature va être travaillé avec un comité de personnes qui interagissent
directement avec les élèves. Et là ça m'amène à ce comité-là. Est-ce que c'est
bien ça? Donc, ici on parle au moment où on se parle, puis beaucoup de
personnes, dans les mémoires puis dans les présentations, nous ont parlé de ce
comité-là. Il y a des amendements, probablement, qui viendront, mais, voyons,
on parle de la représentation des parents, des enseignants, directions
d'établissements, directeurs généraux de centres de services scolaires,
l'établissement d'enseignement. Après consultation de ces associations-là, je
me rends compte qu'il n'y a pas de consultation d'élèves.
Peut être qu'on pourrait, en amendement, aller
dans cette direction, c'est à voir, pour s'assurer que le profil de
compétences, je vous dirais, amène une confiance des élèves. Bien que, souvent,
ce sont les parents qui risquent de porter plainte, mais en même temps, on
prévoit justement une nouveauté dans ce projet de loi là, que des élèves eux-mêmes puissent porter plainte, ce qu'on
n'avait pas précédemment. Est-ce que vous avez d'autres propositions à faire?
• (16 h 10) •
M. Olmos
(Gio) : Oui, tout à fait. On
peut sauter directement au point 48. Donc, alors qu'il s'agit
d'intimidation, de violence, de la santé des jeunes et de leur avenir scolaire,
on pense que le public ne peut pas attendre un délai d'un an avant de
connaître, par le biais d'un rapport, la nature, le nombre et les
recommandations des plaintes. Puis on déplore aussi d'ailleurs l'absence des
élèves aussi dans la livraison de ce rapport-là, puisque, vous savez, dans le
délai d'un an, on parle de la différence entre un élève qui est dans un
établissement et qui part pour aller au cégep et qui doit donc faire concession
de plusieurs aspects de sa vie scolaire s'il ne connaît pas l'évolution d'une
plainte quelconque dans sa cohorte. Hiba, est-ce que tu veux rajouter quelque
chose?
Mme Jabouirik (Hiba) : Oui.
Donc, parce qu'on a mentionné que, dans ce nouveau projet de loi, je suis
d'accord, c'est une bonne chose qu'on essaie de faire en sorte que nous, les
étudiants, on puisse porter plainte. Par contre, je pense qu'il faudrait
rajouter une notion où c'est bien beau de porter plainte, mais, dans notre cas
et, je pense, dans le cas de plusieurs élèves, on n'a aucun support, comme on a
dit, psychosocial. Donc, notre santé mentale,
c'est la première chose qui n'est pas en ligne. Un étudiant qui est stressé par
ses notes, par graduer le secondaire, comment est-ce qu'il peut se
lancer dans ce système si la TES n'est pas là pour le supporter mentalement, si
notre santé mentale, comme je vous dis, est prise au dépourvu. Donc, qu'est ce
qui pourrait être mis en place pour nous aider dans cet aspect-là?
M. Roberge : La question de la santé mentale, je vous dirais
que la COVID nous a amenés à se pencher là-dessus, bien qu'il aurait
probablement fallu en faire une priorité avant la COVID. Je vous dirais que,
depuis un certain temps, c'est vraiment devenu une priorité pour le
gouvernement, puis on travaille là-dessus. Mais je vais quand même passer la
parole à mon collègue député de Saint-Jean qui voulait vous... poursuivre la
discussion avec vous. Je vous remercie de votre présentation.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...30, M. le député.
M. Lemieux : Combien, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
1 min 30 s.
M. Lemieux : Ce ne sera pas
très long, le temps de vous saluer, vous deux, et de vous demander, dans la
mesure où, comme le ministre l'a bien dit d'entrée de jeu, ce que vous nous
rapportez est inacceptable... ce qui a été dit et ce que vous avez subi est
inacceptable. Avec un peu de chance, c'est l'exception qui confirme la règle.
Mais, une fois qu'on a dit ça, vous, dans votre
action depuis ce moment-là jusqu'à vous présenter devant nous aujourd'hui,
qu'est ce que vous en pensez, de ce problème, ce qu'on essaie de régler,
d'ailleurs? Parce que le projet de loi, malgré toutes ses imperfections,
devrait théoriquement permettre de mieux encadrer les plaintes, de mieux
encadrer le traitement des plaintes. Mais vous, vous êtes dans l'action, là.
D'ailleurs, la seule chose que je pense quand je vous écoute, c'est :
C'est malheureux que la confiance puisse éventuellement vous faire défaut dans
la mesure où vous êtes pleins d'action, vous êtes pleins de conviction, et on a
besoin de ça dans la société, et pas un désengagement.
Vous êtes engagée, là. Qu'est-ce que vous voyez autour de vous quand vous
poursuivez cette action-là pour essayer de venir influencer le
gouvernement comme vous le faites, là?
M. Olmos (Gio) : Bien, je peux
nous ramener à octobre 2020 pour dire qu'est-ce qu'on voit autour de nous suite
à cette mobilisation. On reçoit énormément de messages anonymes de profs,
d'anciens élèves d'autres écoles et d'autres régions pour
nous rapporter que nous ne sommes pas une anecdote qui... Nous ne sommes pas
une exception à la règle, là, qu'il y a bel et bien un problème structurel dans
les établissements scolaires primaires, secondaires, cégeps, universités.
Bien sûr, chaque établissement a des enjeux
différents, mais on nous a témoigné, par différents moyens, que cette
expérience-là, de discrimination structurelle, existe. Et donc, nous avons
formulé des revendications, effectivement, qui ne sont pas nécessairement en
lien juste avec le projet de loi et le protecteur de l'élève. Nous avons
proposé aux élus qui nous écoutent aujourd'hui, à la presse, qui nous a écoutés
en octobre 2020, plusieurs moyens de désamorcer l'environnement qui a causé que
nous nous sommes retrouvés dans les situations que nous nous sommes retrouvés
génération après génération. Hiba.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. le député. Je céderais maintenant la parole à la députée de
Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. D'entrée de jeu, je vous le dis tout de suite,
avant de vous parler de votre courage et du travail que vous faites depuis
octobre 2020, je dois vous saluer au nom de deux personnes qui ne pouvaient pas
être ici. Les places sont comptées, et, de ce fait, ces deux personnes nous ont
signifié, avec beaucoup d'importance, qu'il fallait saluer votre présence et
parler de votre courage, dont la députée de Bourassa-Sauvé et la députée de
Saint-Laurent. Quand on est ici, à l'Assemblée, on doit se nommer par nos noms
de comté, mais je suis sûre que vous êtes capables de les situer, puisque vous
avez eu le... elles ont eu le privilège d'échanger avec vous.
Je dois vous dire que, d'entrée de jeu, pour
être capable de régler un problème, il faut être capable de le reconnaître.
Quand ça marche comme un chat, quand ça parle comme un chat, c'est un chat.
Donc, tant que je ne dirai pas «racisme
systémique» au nom du gouvernement, je ne pourrai pas régler mon problème. Je
vous le dis parce qu'on vous demande, depuis tantôt, comment, et vous répondez
toujours la même chose : Si je ne nomme pas le problème, je ne peux pas le
régler.
Alors, je vous encourage à maintenir votre
colonne droite, votre bâton fort de pèlerin pour continuer à pouvoir dire les
choses correctement. Il faut les dire pour être capable de les défendre et il
faut être capable de les nommer pour être capable de les contrer. Et, si on ne
le nomme pas, on ne pourra pas le régler.
Ce n'était pas une question. Je vous dirais que
c'était presque un éditorial, mais je vous le dis parce que vous le dites
depuis le début, vous l'avez nommé d'entrée de jeu. Tant que le gouvernement ne
le reconnaît pas, on ne pourra pas le nommer dans une loi, lui apporter des
recours puis l'accompagner. On pourra juste dire : Vous pouvez faire une
plainte. Alors, je vais vous amener sur le principe où, là, on vous dit :
Un étudiant pourrait faire une plainte.
Vous l'avez mentionné, vous avez ouvert la
porte, vous avez cogné à quelques endroits. Vous vous êtes butés à... entre la
réputation d'une personne et le regard qu'on porte sur la personne qui fait la
plainte. Comment on peut faire mieux pour accompagner une étudiante ou un
étudiant qui lève la main puis qui dit : Moi, je vis une situation
particulière, moi, en classe, on m'a demandé de poser un geste, d'annoncer
quelque chose, de me faire pardonner quelque chose qui ne m'appartient pas
parce que l'enseignant a reconnu en moi quelque chose qu'il a généralisé?
Le gouvernement ne veut pas appeler ça un
problème de racisme systémique, ça lui appartient. Comment je fais, par contre,
dans le système, pour mieux accompagner l'étudiant, pour qu'il n'y ait ni de
représailles, qu'il y ait surtout de l'écoute et qu'il y ait de
l'accompagnement, dans le geste qu'il s'apprête à poser, pour s'assurer que la
prochaine personne à qui l'enseignant va s'adresser, il y aura politesse, respect
et reconnaissance plutôt qu'un geste qui pourrait... Puis je joins ma voix à
celle du ministre. Tous les enseignants professionnels ne sont pas comme celui
que vous avez eu à rencontrer. Comment je fais pour mieux accompagner cette
personne-là?
Parce que l'opportunité que vous avez
aujourd'hui, c'est de nous dire, s'il le faut, geste par geste, acte par acte,
comment mieux accompagner un étudiant dans la mesure où il se sent dans un
système qui met en application un racisme, une violence par rapport à qui il
est, que ce soit son genre, que ce soit sa nationalité ou le regard qu'on porte
sur lui. Comment je fais... (panne de son) ...faire mieux. Dans le fond, c'est
ce que j'ai le goût de vous dire, en vous précisant que je dois accompagner une
personne, puis qu'il ne doit pas y avoir de représailles, là. Il faut vraiment
que je sois capable de l'accompagner.
Je vais vous donner un exemple. Puis tous les
exemples sont boiteux, mais je vous donne l'exemple. Si je suis une étudiante
de 14 ans et je me présente au CLSC pour avoir des services médicaux, mes
parents ne sont pas obligés de le savoir. Je
peux avoir des services, je peux avoir recours à un médecin sans que personne
ne le sache. Comment je fais pour accompagner un étudiant dans sa
démarche pour qu'il soit reconnu, respecté, puis accompagné?
• (16 h 20) •
Mme Jabouirik (Hiba) : Donc, dans le
fond, si je fais un parallèle avec la notion des enseignants, on est conscients
que ce n'est pas tous les enseignants qui étaient comme celui qu'on a eu. Je pense
que ce qui nous a blessés un peu plus, c'est que, malgré le fait qu'on était
conscients de cette réalité, les enseignants qui étaient de notre côté, entre
guillemets, sont restés silencieux, donc sont restés silencieux eux-mêmes par
peur de cet enseignant parce qu'ils étaient au courant de la relation qu'il y
avait à l'école, donc encore une fois l'aspect systémique de la chose. Et non
seulement ça, c'est qu'on n'était pas... nos paroles n'avaient aucune valeur,
puisque ce n'est que des enfants qui étaient en train de parler contre un
adulte.
Donc, le fait de mettre en place quelqu'un au
sein de cette école qui intervient avec les enfants, qui les écoute... C'est
pour ça qu'on a amené le point de la santé mentale, qui nous fait voir que nos
mots ont de la valeur. Déjà, c'est un pas de
plus, parce que, je me répète encore, bien beau porter plainte, c'est que ma
mère ne... si, admettons, elle ne comprend pas la
langue, ma mère n'a pas les ressources, l'adulte qui est supposé m'aider dans
cette situation est déjà parti, et donc, là, je suis vraiment un enfant contre
des adultes. Donc, juste mettre en place un système qui pourrait nous aider
mentalement juste à mieux comprendre nos droits, parce que c'est bien beau...
et c'est des gros mots, dans le fond, qui nous font peur, qui nous intimident.
Donc, vraiment, pour moi, la première étape, c'est ça, c'est de s'assurer de
nous encadrer psychologiquement dans tout le processus, pas juste au début et à
la fin.
M. Olmos (Gio) : Si je peux rajouter
quelque chose, on oublie aussi l'aspect de groupe qu'une attaque comme ça a sur
la construction de soi pour tous les autres étudiants qui n'étaient pas
concernés par l'insulte ou les propos aggravants, et tout ça. C'est une porte
d'entrée pour la radicalisation, pour qu'il y ait des sentiments de haine qui
soient validés par une figure d'autorité. Et je pense que, tout comme, des
fois, il arrive, quand il y a un crime de meurtre, par exemple, dans une
communauté et qu'un des enfants d'une école, on lui enlève la vie de façon très
violente, et qu'on comprend que ça affecte toute sa cohorte, toute sa
communauté, et qu'il y a des spécialistes qui s'assoient avec eux en classe
pour passer à travers les étapes de deuil, je pense que, lorsqu'on reconnaît
qu'il y a une porte d'entrée de pensée extrême et de haine comme celle qu'on a
eue, le réflexe devrait être aussi pas juste d'accompagner la personne qui va
porter la plainte, mais aussi de réfléchir à tout ce qu'on doit déconstruire
maintenant dans ces cerveaux encore ouverts à toutes sortes d'opinions, et
vifs, et créatifs, qui vont maintenant absorber ces idées-là et que ces
idées-là pourront se manifester dans toutes sortes d'aspects de leur vie. Et,
pour ça, on a des activistes, des gens qui militent, qui sont formés. Donc,
c'est... Puis ce n'est pas nous nécessairement, c'est des gens qui sont dans
nos communautés depuis vraiment longtemps et qui ont fait le travail d'éduquer
certains élus à leur époque, qui ont fait le travail de construire des
curriculums alternatifs et faire des caravanes de tolérance, de faire toutes
sortes d'ateliers créatifs pour pouvoir déconstruire, défaire ce genre de biais
qui existent dans le curriculum, qui existent dans les relations avec certains
profs, comme celui qu'on a eu. Donc, voilà.
Mme Charbonneau : Ce n'est quand
même pas simple de se dire que, malgré toute la sensibilisation qui a été
faite, malgré tout le chemin qu'on essaie de parcourir, il reste encore des
gens qui sont capables de vous amener à vouloir faire un regroupement pour
dénoncer des gestes dans une école secondaire. Donc, je vous entends quand vous
me dites, tu sais : Il y a eu plein de choses qui ont été faites. Mais
j'aimerais tellement ça qu'en trois gestes concrets ou en trois précisions de
votre côté je puisse dire, je vous donne un exemple : Ça prend de la
formation pour nos enseignants, ça prend quelqu'un sur place dans une école où
il y a une multiplicité ethnique pour être capable d'entendre, d'écouter puis
d'échanger avec les jeunes puis ça me prendrait un local où je peux avoir
l'assurance non seulement d'une intimité avec une personne, mais aussi d'une
confidentialité pour être sûr d'être capable d'avoir cette discussion-là sans
être visé.
Mais le point où vous me faites peur, je vous le
dis, là, parce que vous le dites haut et fort, le point qui me fait peur, c'est
entre la réputation d'une personne et la parole d'un jeune. Et vous avez le
courage, on le soulignait plus tôt, de venir nous le dire, mais vous avez...
vous vous battez depuis longtemps. Il reste qu'il y a des jeunes qui rentrent
en Secondaire I, là, qui vont peut-être avoir à faire face, parce que cette
personne-là, je crois qu'elle est toujours là, je ne suis pas sûre. J'espère
qu'il y a eu des gestes qui ont été posés pour appuyer tout ce que vous avez
dit. Mais, si vous aviez trois choses à nous demander à l'intérieur du projet
de loi, que vous n'avez pas vues... Parce que moi, j'entends, là, il faut
écrire en plus qu'une langue. Il ne faut pas juste le dire en français, il ne
faut pas juste le dire en anglais, si on veut parler à des parents qui ne
parlent pas ni français puis anglais, il faut être capable de traduire les
choses correctement pour leur dire que le protecteur de l'élève existe, qu'on
peut accompagner son jeune puis qu'il faut croire le jeune parce que c'est lui
qui est en train de se construire puis qu'il y a quelqu'un qui lui tape sur la
tête pour toutes sortes de raisons qui ne lui appartiennent pas à ce jeune-là.
Alors, si je vous demandais trois gestes
concrets, pourriez-vous m'en nommer trois que je pourrais faire en sorte... je
dis «je», là, mais vous parlez à l'ensemble des députés qui sont dans cette
pièce, qu'on pourrait faire en sorte que ça se retrouve dans le projet de loi
puis qui feraient qu'il serait meilleur parce que Béliers solidaires est venu à
l'Assemblée nationale et nous l'a dit?
Mme Jabouirik (Hiba) : Gio, tu me
permets? Donc, honnêtement, le point le plus important, selon la situation
qu'on a eue à Montréal-Nord et Henri-Bourassa, c'est vraiment, comme on a dit,
la situation de la langue. Donc, non seulement nous supporter nous, supporter
nos parents, peut-être s'assurer d'avoir un interprète ou un spécialiste à
l'école qui est en contact, qui serait peut être un médiateur entre nous et nos
parents, qui expliquerait la situation qu'on vit sans que nous, on ait à
l'expliquer directement à nos parents, parce que ça aussi, c'est une relation
qui n'est pas facile à expliquer si on ne vient pas de ces communautés-là, mais
il y a un balancement qu'il faut venir régler. Donc, je pense, avoir une
personne externe viendrait aider cette situation. Ensuite, Gio, est-ce que tu
avais autre chose que tu voulais ajouter?
M. Olmos (Gio) : Oui. Bien, l'appui
psychosocial est hyper important. Je ne pense pas qu'on peut avancer sans ça,
et parler des mineurs, et de leur santé mentale, et de leur avenir académique,
c'est prétendre qu'ils peuvent porter le fardeau bureaucratique tout seul,
parfois pas par choix, mais parce que, justement, les ressources manquent dans
la maison. Et puis je valide aussi, mis à part le projet de loi, les idées que
vous avez amenées, donc le personnel qui viendrait faire des formations, de la
sensibilisation auprès des profs. Et puis je voudrais juste rajouter qu'on
pense à ces ressources-là comme étant importantes dans un milieu diversifié
comme Montréal-Nord, mais il y a aussi les milieux qui ne sont pas comme
Montréal-Nord, qui sont majoritairement blancs et que j'ai des frissons à
penser c'est quoi être le seul élève racisé dans cette
classe et être visé par tout ça. Nous, on avait notre groupe de 150 personnes, on s'est rassemblés, on se
comprenait, mais les personnes qui habitent en région, j'ai une pensée pour
eux.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, merci, Mme la députée. Nous allons poursuivre nos discussions avec Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci. C'était un
témoignage très, très puissant, difficile à entendre pour nous, parce qu'on voudrait que nos écoles soient des espaces
sécuritaires, mais on sait que ce n'est pas le cas, puis merci de nous le
rappeler.
Je vais y aller brièvement, parce que j'ai peu
de temps, vous le savez, en vous proposant des pistes de solution, puis vous
pourrez commenter, savoir l'intérêt que ça présente de l'ajouter dans le projet
de loi. Qu'est-ce que vous pensez, par exemple, d'inscrire dans la loi que le
personnel qui est témoin d'une situation où un droit d'un élève n'est pas
respecté, qu'il puisse dénoncer lui-même au protecteur de l'élève? Qu'est-ce
que vous pensez qu'on inclue dans la loi une obligation de formation sur le
racisme et les différentes formes de discrimination pour les protecteurs
régionaux, nationaux et leur personnel, qu'on inscrive plus clairement les
attentes en termes de diffusion d'information sur les droits puis les recours
des élèves? Vous avez nommé plusieurs langues, mais qu'il y ait aussi plusieurs
moyens de diffuser ça, par exemple, de l'affichage, distribution de documents
imprimés, par exemple. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Jabouirik (Hiba) : Je pense que
c'est tous... c'est des points importants. Je me pencherais peut-être plus sur
la formation. Vraiment s'assurer de mettre en place une formation, autant pour
l'enseignant ou le personnel de soutien, pour que ce soit une formation antiraciste.
Donc, vraiment s'assurer d'expliquer ce que c'est, une micro-agression, parce
que, pour notre part, la plupart de ce qu'on a vécu, c'est des
micro-agressions. Ce n'était pas du pas du racisme direct, si je peux nommer ça
comme ça. Donc, même pour nous, c'était dur d'expliquer qu'on s'était fait
blesser, alors comment on peut s'attendre qu'un enseignant ou un personnel soit
capable de faire la même chose? Donc,
vraiment s'assurer de mettre en place des formations antiracistes, c'est
vraiment ce qui est plus important pour nous.
• (16 h 30) •
Mme
Labrie : Parfait, mais en
termes de confiance envers le protecteur de l'élève aussi, parce que,
d'emblée, tout à l'heure, vous avez dit : Le protecteur de l'élève,
comment... s'il est mis sur pied par un système qui n'a pas nécessairement une
approche antiraciste, comment on peut lui faire confiance à ce mécanisme-là?
Est ce que vous pensez qu'on devrait rendre obligatoires aussi des formations
pour eux comme instances, que chacun des membres du personnel soit aussi... pas
juste dans l'école, mais dans le mécanisme de plainte que les gens qui sont là,
ça fasse partie de ce qu'ils sont obligés de faire une fois embauchés, d'être
équipés, là, en termes de formation?
M. Olmos (Gio) : C'est sûr que d'embaucher
quelqu'un et de lui donner des formations par après, c'est mieux que rien, mais c'est encore mieux si on peut
embaucher quelqu'un qui, dans sa candidature, démontre déjà une sensibilité à ces enjeux-là et une connaissance
des besoins psychosociaux des enfants. Nous, on ne peut pas concevoir
que ce rôle-là puisse exister sans ces compétences-là, à la base, alors que les
prix à payer sont vraiment trop grands.
Mme Labrie : Parfait, je vous
remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Nous poursuivons la discussion avec la députée de Joliette. Mme la députée.
Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci pour votre témoignage très précieux pour nous. En fait, vous
l'avez mentionné, je pense, vous avez vraiment fait une analyse poussée du
projet de loi. À l'article 50, ça dit que «le Protecteur national de
l'élève peut, dans le cadre de son rapport annuel, formuler toute
recommandation à portée collective qu'il juge utile». Puis, si je vous ai bien
entendue, tantôt, vous avez dit : Bien, ça peut être bien, mais, dans son
rapport annuel, ça peut être tard pas mal quand il peut y avoir des urgences
dont il faut s'occuper, quand on se rend compte qu'il y a un problème
systémique, collectif, qui peut toucher beaucoup d'éléments.
Est-ce que vous pensez qu'une piste pourrait
être que, lorsque le protecteur national se saisit d'un tel enjeu, il le
déclare tout de suite, donc qu'il y ait une trace, pas en attendant le rapport
annuel, mais que, dès lors qu'il se saisit d'un problème systémique collectif,
qu'il le déclare pour qu'on sache qu'il se penche là-dessus? Première question.
Puis la deuxième, vous revenez beaucoup, avec
raison, sur l'absence d'information, d'accompagnement, notamment des parents
qui peuvent se sentir dépourvus, mal accompagnés dans tout ça. Est-ce que
l'idée d'avoir, un peu comme en santé, des comités d'aide et d'accompagnement
aux plaintes qui visent réellement, concrètement, à accompagner les gens quand
ils pensent porter plainte serait une avenue intéressante pour vous?
Mme Jabouirik (Hiba) : Personnellement,
je pense que oui, c'est nécessaire d'avoir un comité d'accompagnement. Encore une fois, notre peur, c'est qu'il y a un
manque d'anonymat pour les élèves, un manque d'autonomie carrément
total, donc, dans le sens où ce comité, si... on me pose la question, si on met
en place ce comité, comment on s'assure qu'il est autonome, qu'ils n'ont pas de
relations avec... les profs inclus, la direction, qu'il n'y a pas un conflit d'intérêts, dans le fond? Donc, c'est vraiment ça,
et c'est de là où on est en train de mentionner le manque de confiance
envers ce protecteur de l'élève, c'est que, pour nous, il n'y a, très
honnêtement, aucune raison de faire confiance à un système qui ne nous a jamais
aidés. Et, jusqu'à maintenant, on ne voit vraiment pas une avenue où on est
certain d'être en sécurité, on est certain que les
adultes qui s'impliquent avec nous ne vont pas mettre leurs intérêts avant le
nôtre et qu'ils sont prêts à nous aider, uniquement que nous et pas leurs
collègues. C'est vraiment... c'est ça, notre inquiétude. Et, si je vous
remettrais la question, c'est vraiment : Qu'est-ce que les adultes qui
nous entourent ici sont prêts à faire pour s'assurer qu'on puisse vous faire confiance?
Mme Hivon : Moi,
j'amène cette piste-là parce qu'en santé ce sont des organismes communautaires
qui sont complètement indépendants, justement, ils doivent exister, mais ils
sont indépendants, donc on peut se tourner vers eux, dire : Est-ce que ça serait
une bonne idée que je porte plainte? Qu'est-ce que ça implique si je porte
plainte? Puis il n'y a personne qui va le savoir dans le système officiel en
santé. Donc, c'est pour ça que j'ai cette réflexion-là avec vous, je pense que
ce serait une piste qui pourrait répondre à une partie des inquiétudes, là,
dans le système, c'est pour ça que je vous soumettais ça.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. Merci à vous
deux pour votre présentation, et sachez que nous sommes ici pour améliorer le
projet de loi, il y aura des discussions par la suite avec tous les collègues
de la commission. Donc, merci pour votre contribution.
Et nous suspendons
les travaux quelques instants, le temps d'accueillir nos nouveaux invités.
(Suspension de la séance à
16 h 35)
(Reprise à 16 h 41)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Bonjour, est-ce que vous m'entendez bien?
Une voix :
Oui, on vous entend très bien.
La Présidente (Mme Guillemette) : Parfait, je vais vous demander... Je crois qu'on
a quelqu'un au téléphone, hein, donc je vais vous demander de vous
nommer ainsi que votre titre. On reçoit maintenant La Voix des jeunes compte...
O.K., vous êtes de retour, on a un petit problème technique. Donc, je vais vous
demander de vous nommer ainsi que votre titre, et on va débuter par la dame qui
est au téléphone.
La Voix des jeunes compte
Mme Deluy
(Josiane) : Bonjour à tous. Mon nom est Josiane. Donc, je fais partie
du collectif La Voix des jeunes compte et je suis très reconnaissante de
pouvoir prendre la parole aujourd'hui, parce que cette cause m'a affectée
personnellement en milieu scolaire. Donc, pendant des années, j'ai dû vivre
avec des traumatismes sans avoir les outils et le soutien à ma disposition. Voilà
pourquoi un collectif comme le nôtre se bat aujourd'hui.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
On va ajuster le son parce qu'on n'entend pas... ce n'est pas tellement
clair. Donc, je vous cède la parole, aux trois également, les trois personnes
qu'on a à l'écran, vous présenter.
Mme Lemay
(Mélanie) : Alors, bonjour. Mon nom, c'est Mélanie Lemay, cofondatrice
de Québec contre les violences sexuelles, et je coordonne La Voix des jeunes
compte.
Mme Ba (Ndeye
Oumy) : Bonjour, je m'appelle Ndeye Oumy Ba, je suis également membre
du collectif La Voix des jeunes compte.
Mme Chahidi
(Kenza) : Et moi, je
m'appelle Kenza, et je suis également membre de La Voix des jeunes
compte.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, vous aurez 10 minutes pour faire
votre présentation, et, par la suite, nous passerons à l'échange avec les
membres de la commission pour une période de 35 minutes. Donc, je vous
cède la parole.
Mme Lemay
(Mélanie) : Alors, bonjour, Mme la Présidente, les membres de la
commission. D'abord, en tant que collectif jeunesse La Voix des jeunes compte,
nous tenons à prendre un moment pour reconnaître que nous sommes toutes et tous
situés sur des terres et territoires autochtones qui n'ont jamais été cédés. De
notre côté, les terres sur lesquelles nous nous réunissons personnellement
aujourd'hui font partie du territoire traditionnellement cédé des Kanienkehaka ou Mohawks, qui ont
longtemps servi de lieu de rassemblement et d'échange entre les nations.
Aujourd'hui, ces terres sont la maison de diverses populations autochtones
et... La Voix des jeunes compte reconnaît également
sa présence sur le... sur les différents territoires autochtones composant ce
qui est appelé aujourd'hui le Québec.
En tant que collectif
jeunesse oeuvrant sur les enjeux liés aux relations... à la sexualité, au
genre, aux orientations, ainsi que les violences... on tient à reconnaître
l'oppression historique exercée sur les territoires, les cultures et les subjectivités sexuelles de genre
bispirituel propres aux Premières
Nations, Métis et Innus. Nous
reconnaissons que la colonisation est étroitement liée à l'implantation d'un
mode oppressif d'organisation sociale basée, entre autres, sur le racisme,
l'hétéronormativité et la cisnormativité.
Nous
désirons également reconnaître que les activités de prévention et de lutte aux
violences qui prennent place dans les établissements scolaires où les enjeux
propres au système d'éducation sont influencés par l'héritage colonial de ce
système, notamment pour les 10 nations autochtones et la nation inuite du
Québec.
Nous tenons à
encourager toute personne qui nous écoute aujourd'hui de prendre le temps de se
renseigner sur la véritable histoire du Canada et du Québec qui, soit dit en
passant, n'est toujours pas adéquatement enseignée dans les écoles. Nous vous
invitons donc à prendre le temps de vérifier quelle nation autochtone occupait
et occupe toujours le territoire sur lequel vous vous situez physiquement
aujourd'hui et à avoir une pensée en hommage à ces jeunes qui n'ont jamais pu
retrouver le chemin de la maison.
Sinon, en tant que
membres de la commission, on espère vraiment que vous avez bien visionné le vidéo
que nous vous avons envoyé, ce qu'on avait fait afin de nous assurer de donner
parole à toutes les jeunes qui, elles aussi, auraient voulu s'exprimer
aujourd'hui et qui ne pouvaient pas en raison du format de la présente
commission. Je les salue, d'ailleurs, au passage, car elles nous écoutent
toutes en ce moment même. Je remercie aussi Clorianne Augustin, qui les
soutient à un niveau personnel depuis plus de 10 ans et qui figure aussi
dans le vidéo.
On remercie également
toutes les personnes, groupes et organismes qui, à travers les années, ont
toujours cru en leur vision. De notre côté, avec Québec contre les violences
sexuelles, ce n'est pas d'hier qu'on le dit et qu'on le répète : C'est
urgent de protéger tous les jeunes du Québec face aux violences sexuelles. Et
les mécanismes et les lois déjà existantes ne sont pas du tout adaptés ni
spécialisés sur l'enjeu des violences sexuelles vécues par les jeunes. En fait, la grande majorité d'entre eux
passe constamment à travers les mailles, et rien n'est fait en
prévention afin de veiller à cesser de transmettre ces violences d'une
génération à l'autre. Comme Mme Labrie l'a mentionné plus tôt aujourd'hui, on remercie d'ailleurs le ministre de
nous avoir permis aujourd'hui de nous exprimer en tant que collectif
jeunesse ainsi que le groupe des Béliers solidaires, parce que ce n'est pas
tous les jours que des jeunes ont la chance de
pouvoir s'exprimer et de faire entendre leur voix au sein d'instances
décisionnelles, particulièrement quand ça comporte d'importants enjeux de
violence systémique. Sur ce, et pour en parler plus en profondeur, je cède la
parole à Oumy.
Mme Ba (Ndeye
Oumy) : Bonjour, Mme la Présidente et membres de l'Assemblée. Hier,
nous célébrions l'héritage et le legs d'un homme qui, comme nous aujourd'hui, a
toujours défendu une cause plus grande que lui. Martin Luther King s'est dévoué
corps et âme dans un combat pacifique toujours en étant intègre à lui-même et à
ses valeurs. Lorsqu'il militait, il pensait à ses enfants et aux générations
futures. Sa voix résonne encore en nous, sa force, son courage et sa résilience
nous ont inspirés, en tant que collectif, une fois de plus, à prendre la
parole.
Je m'appelle Ndeye
Oumy Ba, je suis membre du collectif La Voix des jeunes compte. Ça fait maintenant
beaucoup trop longtemps que nous revendiquons l'adoption d'une loi-cadre pour
prévenir les violences à caractère sexuel dans les écoles primaires et
secondaires au Québec. À l'heure actuelle de la pandémie, où s'est exacerbé les
violences sexuelles, conjugales et où, plus que jamais, il y a une hausse des
féminicides, nous continuons à mener cette bataille et nous la menons de front,
car c'est un devoir de société.
Juste en 2021, nous
avons donné plus de quatre conférences de presse, participé à plusieurs panels
de discussion. On a reçu le prix d'une médaille de la paix auprès de Michèle
Audette et nous avons rencontré plusieurs acteurs,
vecteurs de changement, dont Tarana Burke, instigatrice du mouvement
international #metoo, qui nous a réitéré à plusieurs reprises son
support.
La
réponse que nous avons reçue de la part du ministère de l'Éducation ne nous
satisfait pas. Le protecteur de l'élève n'est pas la solution en matière
de violences sexuelles. Il ne cible pas véritablement tous les enjeux liés à ce
fléau spécifiquement et ne tient pas compte
des réalités vécues dans nos écoles. En outre, la dimension
intersectionnelle a trop longtemps été écartée du débat. Le racisme, le
sexisme, le capacitisme et la stigmatisation vécus par plusieurs d'entre nous
et conjugués à ces violences sexuelles là amplifient les difficultés reliées à
la dénonciation des victimes.
Nous demandons des
protocoles adaptés pour tous, des espaces sécuritaires pour faciliter la
démarche de dénonciation des victimes, car tous et chacun ont une voix et ont
le droit d'être entendus. Il faut condamner l'impunité. On ne demande pas la
lune, on ne fait que réclamer les droits les plus fondamentaux : le droit
de grandir et de nous épanouir dans un cadre sain et sécuritaire. Merci.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Donc, une autre intervenante?
Mme Lemay
(Mélanie) : Je pense que, malheureusement, Josiane n'est pas en mesure...
(panne de son) ...donc je vais lire son texte : «Alors, bonjour à tous. Je
m'appelle Josiane et je suis très émue et reconnaissante de pouvoir prendre la
parole, car cette cause m'a affectée personnellement en milieu scolaire.
Pendant des années, j'ai dû vivre avec des traumatismes sans avoir les outils
et le soutien à ma disposition. Voilà pourquoi un collectif comme le nôtre se
bat aujourd'hui.
«Le protecteur de
l'élève n'est pas adapté pour aucune violence systémique. C'est pourquoi,
encore aujourd'hui, nous prenons la parole pour vous parler de violences
sexuelles. Nous sommes conscientes que c'est un enjeu qui est difficile. Cependant, nous ne pouvons pas nous permettre
de laisser en liberté des agresseurs qui côtoient en toute impunité les jeunes. Ces violences ne peuvent
pas se régler par un service de troisième ligne tel que les protecteurs
d'élèves régionaux ou même nationaux de l'élève, car il s'agit d'actes
criminels à potentiel hautement traumatique qui nécessitent des interventions
immédiates, spécialisées et intégrées.
«Donc, nous réitérons
la demande aujourd'hui parce que la voix des jeunes compte. Aujourd'hui, nous
demandons une rencontre formelle avec vous, M. le ministre de l'Éducation.
C'est avec notre coeur d'enfants, de jeunes
ados, de jeunes adultes que nous demandons à l'ensemble des partis politiques
de nous croire, de nous écouter, de nous soutenir et de nous protéger,
parce que la voix des jeunes compte aussi.
«Nous avons exprimé et
expliqué à plusieurs reprises à quel point les violences sexuelles sont
difficiles à dénoncer. Suite à des années de travail, de mobilisation, de
réflexion, de découragement, de larmes de joie, de peine, nous avons persévéré parce que nous savons que des
jeunes, partout au Québec, nous regardent présentement et attendent un
changement. #metooscolaire. On vous demande d'agir, agissez maintenant.» Et je
cède la parole à Kenza.
• (16 h 50) •
Mme Chahidi (Kenza) : Mme la
Présidente et les membres de l'Assemblée, je m'appelle Kenza, membre de La Voix des jeunes compte, et je prends
aujourd'hui parole au nom de ces incroyables jeunes femmes pour
représenter les jeunes du Québec.
Actuellement, il existe la loi n° 22.1
visant à prévenir les violences à caractère sexuel dans les établissements
d'études supérieures, soit les cégeps et les universités. Cependant, il n'y a
encore rien de concret dans les écoles primaires et secondaires, donc qui
éduquent et protègent les plus jeunes d'entre nous, nos petits frères et
petites soeurs. Il n'y a en place aucun
protocole clair, aucune loi qui encadre les suivis, punit les agresseurs ou
apporte de l'aide aux victimes.
Pourtant, plus de la moitié des victimes d'agression sexuelle au Canada n'ont
même pas 18 ans et fréquentent donc
les établissements primaires et secondaires du Québec. Ces jeunes ne
méritent-ils pas d'être protégés, eux aussi?
De plus, il est extrêmement important de
différencier et de ne pas mettre dans la même case les violences à caractère
sexuel et l'intimidation, car les violences sexuelles constituent un fléau à part
entière et non une simple composante de l'intimidation telle que présentée par
le protecteur de l'élève. Il est impératif de reconnaître cette problématique
afin d'appliquer les bonnes solutions. L'adoption d'une loi-cadre tiendrait
davantage compte de la diversité des situations vécues et des nombreuses formes
de violence sexuelle.
Il faut nous croire, car nous sommes ou avons
été dans ces écoles. Nous avons vu ce qui se passe quotidiennement. Nous avons été témoins de certaines situations. Nous
avons dû supporter des victimes dans un processus sans fin. Nous avons
été même nous-mêmes des victimes. Le moyen d'avoir des écoles plus sécuritaires
pour tous, du personnel mieux qualifié pour venir en aide aux élèves et un
environnement sain pour s'épanouir et apprendre, c'est en adoptant ces lois,
car la voix des jeunes compte.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, nous allons maintenant passer à la période d'échange en débutant
par M. le ministre. Je vous cède la parole.
M. Roberge : Merci, Mme la Présidente. Je vais commencer comme
j'ai commencé pour le groupe précédent. Je pense que vous avez eu l'occasion d'écouter les Béliers solidaires, qui
sont passés avant vous. Je vous remercie d'avoir le courage de porter
cette cause-là. C'est quelque chose de venir présenter à l'Assemblée nationale,
comme vous le faites, mais d'avoir fait
aussi plusieurs autres gestes, des points de presse, des rassemblements, des
écritures de mémoires, de lettres ouvertes. C'est une implication
importante, mais j'ai le goût de dire que c'est une contribution importante, ce
qui est différent.
Je suis convaincu, puis c'est déjà commencé,
que, du fait de votre implication, il y a des choses qui vont changer, la vôtre
et celles que vous induisez aussi, parce que vous êtes des leaders, puis peut-être
que vous ne le voyez pas à chaque fois, mais vous semez des graines. Puis les
gens que vous inspirez se mettent à réfléchir, se mettent à s'impliquer, peut-être
parlent de vous, même, sans que vous le sachiez, posent gestes et font changer
des choses aussi. Puis c'est un peu ce qu'on essaie de faire, comme élus de
tous les partis, s'impliquer humblement puis travailler en écoutant les gens,
comme on le fait en audition aujourd'hui, pour améliorer les choses, en
espérant que le monde soit toujours un petit peu mieux après qu'avant.
Mais je vous comprends d'être tannées, je vous
comprends d'être pressées, parce que ce n'est pas un dossier normal, c'est un
dossier qui appelle à l'urgence. Donc, je veux qu'on prenne conscience, quand
même, que, dans les dernières années,
beaucoup de choses ont été faites, il y a eu une accélération, puis, je pense,
ça va être le cas pour les années à venir aussi, mais... Puis je veux
saluer le travail de ma collègue qui était ministre, mon Dieu! je ne veux pas nommer son nom, je n'ai pas le droit, celle qui
était ministre de l'Enseignement supérieur sous le dernier gouvernement libéral, je n'ai pas le droit de nommer son nom,
mais vous savez très bien de qui je parle, qui a fait quelque chose de
très, très bien pour l'enseignement
supérieur. Je travaillais de l'autre côté, comme membre de la commission, pour
adopter cette loi-là, mais même pour la tournée avant. C'est quelque chose qui
a été fait par le précédent gouvernement.
Est arrivé notre gouvernement, puis là il y a eu
l'adoption d'une loi qui est venue instituer, avec les collègues des
oppositions, ce n'est pas le fait du simple gouvernement dans lequel je fais
partie, un tribunal sur les violences sexuelles et conjugales. C'est quand même
deux choses en, quoi, en trois, quatre ans. C'est majeur comme avancées.
On arrive aujourd'hui avec un dépôt d'un projet
de loi qui fait faire un pas supplémentaire. J'entends, dans votre présentation,
vous dites : Mais ce n'est pas exactement ce qu'on voulait puis ce n'est
pas suffisant. Je pense que chaque pas est insuffisant mais nous rapproche de
la destination, parce que, pris isolément, chacune des mesures, même ce qu'a
fait l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur, ce que notre gouvernement
a fait, chaque pas, on peut dire : Voyons, pourquoi on n'est pas arrivé?
Mais je pense que l'important, c'est d'avancer à chaque fois puis quitte à
accélérer puis à faire des pas qui sont plus grands.
Puis c'est pour ça qu'après on va l'amender, ce
projet de loi là, puis on va le modifier. Puis ce n'est pas le dernier des
projets de loi. Ma collègue de Sherbrooke a déposé un projet de loi, puis je
lui en ai parlé, puis il n'y a rien qui dit qu'on ne pourra pas aller de
l'avant, ultérieurement, avec d'autres projets de loi pour faire d'autres pas.
Donc, je veux juste poser ça en partant.
Je vais aller plus vite parce que, je pense,
vous avez entendu la dernière présentation contre les Béliers solidaires, mais,
en début de présentation, je leur disais que le mécanisme de traitement des
plaintes est vraiment imparfait, là, il a été décrié par
beaucoup de personnes, mais la Loi sur l'instruction publique avait quand même
de bons éléments. Puis vous avez raison de dire, dans votre présentation :
Les violences sexuelles, ce n'est pas comme l'intimidation, c'est différent,
quoique l'intimidation, c'est dramatique, mais, quand même, ce n'est pas une
composante de l'intimidation, c'est quelque chose de distinct, mais c'est ce
que dit la loi aussi. On dit... la loi sur la lutte à l'intimidation et la
violence, on ne met pas la violence comme un élément à l'intimidation. C'est
deux choses. Et, dans «violence», dans la
loi, comme j'ai dit tantôt, on parle de «toute manifestation de force, de forme
verbale, écrite, physique, psychologique ou sexuelle», donc c'est déjà
là. Est-ce que tout... Attention, quand je dis que c'est déjà là, les mots sont
déjà là.
Est-ce que tous les mécanismes sont en place
pour que ça se passe bien? Non. On parle de prévention. Est-ce que, vraiment,
il y a suffisamment de prévention? Probablement pas. On parle de soutien aux
victimes, vous nous dites que ce n'est pas encore au rendez-vous. Très bien.
Mais quand ça ne l'est pas, quand les mécanismes de la loi ne sont pas mis en
place, bien, il faut être capable d'interpeller les gens qui gèrent nos écoles
et nos centres de services scolaires pour que ça se fasse. Puis là il y avait
une craque quand quelqu'un était insatisfait, soit d'un événement qui lui est
arrivé personnellement ou du fait que la loi est mal appliquée : le
protecteur de l'élève, tel qu'on le connaît en ce moment — je ne
peux pas parler au passé parce que, tant que la loi n'est pas adoptée, c'est ça — était
vraiment imparfait. La Protectrice du citoyen nous a dit qu'à peu près 70 %
des gens qui utilisent le mécanisme actuel sont insatisfaits. Vous comprenez
pourquoi on veut changer les choses.
Maintenant, d'après vous, qu'est-ce qu'on peut
faire comme modifications au projet de loi actuel qui ferait qu'au lieu de
faire un petit pas ou un moyen pas on ferait un grand pas? Quels sont les
amendements que vous nous proposez pour
bonifier ce projet de loi là, sachant qu'il y en aura d'autres, je veux juste
faire attention, sachant qu'il y en aura d'autres? Voilà.
Mme Lemay (Mélanie) : Bien, d'abord,
je vais me permettre de répondre, parce que c'est des questions peut-être plus
techniques sur des amendements. Donc, d'une certaine façon, c'est très bien
libellé que le protecteur de l'élève intervient une fois que, comme vous l'avez
nommé plus tôt, le directeur d'école ou peu importe, il y a eu un problème dans
le processus de plainte. L'enjeu ici, c'est que, je pense que vous l'avez très
bien nommé, vous avez parlé qu'il y a eu un travail réfléchi avec vos collègues
sur le tribunal spécialisé, c'est ce que vous proposez en ce moment, c'est que
vous revictimisez inutilement une jeune qui a vécu une agression sexuelle à
répéter à plusieurs reprises en quoi sa situation a été traumatisante, pourquoi
elle a besoin d'être protégée. Et on demeure dans une logique non pas de
prévention des agressions sexuelles, mais de réaction une fois que la situation
s'est produite, alors que, dès aujourd'hui et même depuis que, même, toutes ces
réflexions-là sont en branle, ça fait déjà quatre ans qu'on demande à avoir une
rencontre avec vous, et on est très heureuses aujourd'hui de pouvoir
s'exprimer, parce que ça répond à cette demande qu'on avait, mais on veut
s'assurer, en fait, que cette réflexion-là, qui doit être faite avec vos collègues, on puisse être partie prenante et au
coeur des réflexions. Parce que, malheureusement, à ce stade-ci, il n'y
a pas de protocole de défini spécifiquement sur comment accueillir un
traitement de plainte d'agression sexuelle.
Comme, dans votre loi, c'est indiqué aussi que
personne ne peut, s'il a fait des erreurs de bonne foi, être considéré comme ayant connu certaines
problématiques. Donc, le fait qu'il n'y a pas de critère non plus qui
détermine comment on va traiter ces enjeux-là de violences qui sont
systémiques, c'est là, l'enjeu, pour nous. C'est qu'en réalité on donne, en
fait, une carte blanche pour ce qui est du traitement des plaintes parce qu'il
n'y a pas, en fait, de balises, de protocoles de définis.
Donc, déjà,
si vous définissez clairement que, dans l'éventualité d'avoir une loi qui
encadrerait spécifiquement l'enjeu de la violence sexuelle... je vois
mal comment, en fait, des erreurs de bonne foi peuvent être une réponse aux
lacunes et à la revictimisation que vivent tous les jeunes du Québec quand ils
dénoncent avoir vécu des agressions sexuelles à l'école.
• (17 heures) •
M. Roberge : Pouvez-vous préciser
quand vous me dites : La revictimisation de quelqu'un qui a subi quelque
chose d'inacceptable, lorsqu'elle dénonce... Je pense que la première chose à
faire, là, c'est d'avoir un lieu.
Vous avez parlé, tantôt, le droit de grandir,
nous épanouir dans un cadre sain et sécuritaire, bon, ça, en tout cas, je l'ai
noté, c'est notre objectif. Il faut faire de la prévention. Il faut faire de
l'éducation. Puis je ne parle pas d'éducation... D'éduquer les jeunes, oui,
bien sûr, mais éduquer les adultes pour avoir ce lieu sain et sécuritaire, mais
pour recevoir les plaintes. Mais, s'il arrive une agression, ne faut-il pas que
la personne la dénonce?
Mme Lemay (Mélanie) : Bien, il faut
déjà que l'espace sécuritaire soit déjà en place pour que le jeune sente qu'il peut le faire. L'enjeu, puis vous l'avez
très bien nommé, vous avez reçu notre mémoire, c'est très clair que,
selon plusieurs chercheurs, même l'INSPQ, il
y a un grand délai de décalage entre le moment où une plainte qui a été
émise par un élève soit prise au sérieux par
les intervenants, les enseignants et les professeurs, premièrement parce que ce
n'est pas dans le cadre de leur formation de base d'être sensibilisés à
reconnaître et dépister des jeunes qui manifesteraient des symptômes d'avoir
vécu une agression sexuelle et, deuxièmement, parce qu'à ce stade-ci, qu'on le
veuille ou non, ils sont déjà exposés, tous les intervenants du milieu
scolaire, à côtoyer à tous les jours des jeunes victimes d'agressions sexuelles
et même des jeunes qui commettent... dans leurs salles de classe. Donc, le
fait, en fait, qu'il n'y ait pas de formation continue ponctuelle, qu'il n'y
ait pas de financement dédié non plus à assurer, en fait, une mise à jour
continue des enseignements fait en sorte qu'il n'y a même pas l'espace de
manière sécuritaire à pouvoir dénoncer.
Et vous les avez nommées tantôt, tout à l'heure,
il y a la Loi sur l'instruction publique, ça garantit des droits, en fait, à
tout jeune de pouvoir vivre et étudier dans un lieu qui est exempt de violence.
Vous avez parlé tout à l'heure aussi, peut-être qu'il y a
déjà des mécanismes en place ou des lois à amender ou à adopter. Il y a
l'entente multisectorielle qui déclenche, en fait, tout un processus s'il y a
un dévoilement. Mais l'enjeu, à ce stade-ci, c'est que, si un professionnel,
que ce soit un directeur d'école ou un professeur, n'agit pas et qu'il ne déclenche
pas une entente multi ou qu'il n'y a aucune intervention qui est faite, il n'y
a aucune responsabilité ou... Il y a une impunité, en fait, face à l'inaction
de ces professionnels-là, de un. Et, de deux, à ce stade-ci, disons que tout se
passe bien, que ça aboutit à une condamnation, aucun juge ne peut dire à un
directeur d'école comment gérer son école et encore moins à un professeur
comment gérer sa classe. Ça fait que c'est de là toute l'importance, en fait,
d'avoir une loi dédiée pour la violence sexuelle.
M. Roberge : D'accord. Donc, je
comprends qu'il y a des éléments que vous souhaiteriez, il y a des choses,
même, qu'on peut mettre en place par des politiques gouvernementales sans même
passer par le cadre législatif.
Mais, dans le fond, ce que vous nous dites, puis
vous me reprendrez si je ne vous cite pas bien, oui, il y a des choses à
resserrer dans ce projet de loi là. Ce que vous dites, essentiellement, c'est
qu'il en faudra un autre. Comme je disais tantôt, c'est un premier pas, mais ce
que vous dites, c'est qu'il y a un cadre différent. Au-delà des critères à
établir, d'un protocole, de la prévention, de la formation, c'est revenu à
quelques reprises, des personnels, vous nous dites : C'est correct, on va
avoir un bon protecteur de l'élève, on va améliorer les choses, on va resserrer
les boulons dans la loi, mais ça prendrait, de toute manière, une autre loi qui
vient faire autre chose à part.
Mme Lemay (Mélanie) : C'est que,
d'une certaine manière... (panne de son) ...protecteur de l'élève parce que, de
toute façon, je pense que c'est une demande qui a été supportée par plusieurs
groupes, ça a même été une promesse-phare de votre dernière campagne
électorale. Nous, en fait, c'est simplement qu'on constate que l'absence de lois
et de balises claires fait en sorte qu'il ne pourra pas appliquer un protocole
qui est inexistant. Il ne pourra pas, le protecteur régional ou même national,
intervenir pour éviter, justement, qu'une situation qui a été dévoilée... bien,
la jeune qui dénonce se retrouve revictimisée à plusieurs reprises parce que
l'inaction des directions d'école, souvent fait en sorte que ça retombe sur les
épaules de la survivante. De finalement se retrouver dans un contexte où elle n'est pas protégée parce que des gens la pointent
du doigt, la ridiculisent, elle se retrouve finalement à devoir peut-être
changer elle-même d'école.
Ça fait que c'est ça un peu. On dénonce
l'improvisation qui a lieu en ce moment dans les écoles face aux agressions
sexuelles chez les mineurs. On dénonce le fait que, justement, tant et aussi
longtemps qu'il n'y aura pas quelque chose de dédié et de spécifique aux
agressions sexuelles, bien, on laisse... on abandonne les jeunes. Et, d'une
certaine façon aussi, bien, ça va être utile, peut-être, le protecteur de
l'élève, pour émettre des recommandations sur comment la politique a été
appliquée ou non. Comme c'est déjà le cas dans les cégeps, les universités, il
faut que ça soit révisé aux cinq ans, donc peut-être que d'analyser une fois
que les traitements des plaintes ont été faits.
Mais, en ce moment, toute la substance qui
permettrait de faire une analyse adéquate d'une situation, si ça été bien
traité ou quoi, on n'est pas capables de la retrouver en ce moment avec ce qui
est proposé. Je pense que... pourrait peut-être complémenter, là. Il manque des
définitions claires, des choses qui, selon nous, sont essentielles pour
complémenter aussi les violences que vivent les jeunes qui se retrouvent à
l'intersection des différentes formes de discrimination.
M. Roberge : Je vous remercie. Je
vais laisser ma collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré continuer...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Foster : Merci. Mme la
Présidente, il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme Guillemette) :
3 min 30 s.
Mme Foster : Oh! 3 min
30 s. O.K. Ce ne sera pas... Ce n'est pas beaucoup, mais, quand même, je
prends ces quelques minutes pour m'adresser à vous. Je vais être honnête, je ne
sais même pas si, à la toute fin, il y aura une question en soi, parce que
toutes celles que j'aurais voulu poser, plus techniques, le ministre l'a fait
sur... bon, sur les amendements qu'on pourrait apporter ou sur la façon de voir
le projet de loi, puis tout ça. Mais je vais y aller avec mon coeur.
Je veux souligner votre courage, votre
engagement. Et je le fais en tant que femme au-delà de la députée. Je le fais
en tant que femme. Je sais que vous pouvez vivre un paquet de choses, qu'en
tant que femmes on vit un paquet de choses. Des fois, c'est difficile de
dénoncer. Il y a un pourcentage très élevé de femmes qui, dans leur vie, seront
victimes de violences à caractère sexuel et qui soit ne dénoncent pas ou ce
n'est pas su. Il y a un pourcentage effarant. Je ne l'ai pas en tête, là, mais
je sais que c'est très élevé.
Je peux vous
raconter, moi-même, à l'âge de 14 ans, là, dans une bibliothèque, là, il y
a quelqu'un qui a tenté de s'attaquer à moi dans un sous-sol parce que j'allais
chercher une barre de chocolat à la distributrice. C'était en 1993. C'était tout juste après la
désinstitutionnalisation. Il y avait un hôpital psychiatrique à côté, puis il y
avait quelqu'un qui était sorti de
là, puis... bon. Là, ce bonhomme-là s'est promené un peu partout en ville puis,
bon, il tentait d'attoucher les filles. Puis moi, je me suis défait
rapidement, je suis remontée en haut, j'étais catastrophée, mais il a eu le
temps de se sauver. Et j'ai parlé à la dame
au comptoir de la bibliothèque. Je... Moi, j'étais... le coeur me débattait, je
paniquais, mais elle, son réflexe, et c'est là où je veux en venir, à quel
point c'est dur de dénoncer, puis c'est dans la culture, parce
que c'est encore beaucoup comme ça aujourd'hui, elle, tout simplement, ce
qu'elle a fait, c'est qu'elle est allée faire vérifier quelqu'un s'il était
encore en bas, puis il n'y a jamais personne, tu sais, qui a pensé à
dire : Aïe, on appelle-tu la police? Jamais personne qui n'a pensé à ça.
Puis toi, quand tu as 13 ans, tu ne réalises même pas, là, tu sais,
exactement que tu viens de subir une violence à caractère sexuel. Tu es juste
dans la peur. Puis je me souviens par après, les semaines après, j'étais
terrorisée. Bref, j'avais peur qu'il me retrouve. Bon, tu sais, on reste
là-dedans, puis c'est quelque chose qui marque.
Ça fait que je
voulais juste vous parler avec mon coeur puis vous dire que peut-être qu'on ne
pourra pas tout adresser avec le projet de loi ici présent, mais on va adresser
tout ce qu'on peut, je pense, dans la limite du possible. Puis vous dire de
continuer cet engagement-là, parce que, comme femme, ça me touche beaucoup.
Donc, c'était ce que j'avais à vous dire. Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. Donc, nous
passons maintenant à la députée de Mille-Îles. Mme la députée, c'est à
vous.
Mme
Charbonneau : Merci, Mme la Présidente. Mesdames, merci de finir notre
journée, même si vous ne la finissez pas de façon facile puisque le combat que
vous menez, c'est un combat de tous les jours et de tous les temps. Parce qu'il
faut se rappeler, puis on se le dit, là, on fait des pas à chaque fois, mais on
n'a pas encore réussi à faire le grand pas qui fait en sorte que les filles et
les garçons sont protégés.
Je vais prendre
quelques minutes, si vous me permettez, pour dire merci à ma collègue. Vous
savez, quand qu'on fait de la politique, quelquefois on ne se connaît pas tous
par coeur. Puis, dans des moments comme ça, c'est très précieux de pouvoir
avoir un témoignage. Puis ça vous assure peut-être d'une voix qui va porter au
niveau de la CAQ pour dire : Ça existe.
Et j'ai aimé le fait
que vous nous rappelez que la victimisation, c'est de répéter son histoire, et
de la répéter, et de la répéter jusqu'à tant que quelqu'un dise : Je
t'entends, je t'écoute et je vais poursuivre avec toi le chemin qu'il y a à
faire. Tu n'auras plus besoin de le raconter. Je vais t'accompagner pour le
reste de l'histoire puisque ça fait suffisamment de fois que tu le racontes et
que tu le répètes. Il y a certaines statistiques qui disent que c'est une fille
sur cinq ou un garçon sur 10, donc ce n'est quand même pas rien.
Je
vais aussi prendre quelques minutes pour dire à mon collègue : C'était la
députée de Mont-Royal—Outremont, c'est maintenant la députée de
Marguerite-Bourgeoys, parce qu'il y a eu des redécoupures puis on a changé les
noms. Donc... Mais vous auriez aimé l'appeler Hélène David, mais vous n'avez
pas le droit. Alors, il faut l'appeler par son comté.
• (17 h 10) •
Mais ce que vous nous
rappelez, c'est qu'il y a des gestes qui ont été posés à l'université. Il y a
des gestes qui ont été posés pour faire en sorte que, dans nos cégeps puis nos
universités, on puisse couvrir cet aspect-là. Malheureusement, un peu comme le
groupe qui est arrivé avant vous, Béliers solidaires, au niveau secondaire,
puis je vais rajouter formation professionnelle, éducation des adultes parce
qu'on les oublie quand on parle des écoles, mais ce sont aussi sous le joug des
services scolaires puis des commissions scolaires, ce sont des endroits où on
n'a pas beaucoup développé la chose. Puis souvent, les Béliers solidaires nous
le rappelaient, on est confrontés à la compétence reconnue d'un enseignant ou
de quelqu'un de professionnel de l'établissement puis la parole d'un jeune qui
dit : Moi, je pense que je viens de vivre quelque chose que je ne suis pas
confortable. Vous nous avez dit : Il faudrait un projet de loi
spécifiquement pour ça.
Alors, moi, je vais
vous amener au pont qu'on pourrait avoir ensemble. C'est-à-dire que, là, on a
un projet de loi qui est déposé pour parler de comment protéger nos élèves. On
s'est attardés bien longtemps aux services pédagogiques, mais ce n'est pas là
qu'on est en ce moment. On est dans un endroit sécuritaire pour avoir des
services pédagogiques puis donner toute son attention à ce service-là plutôt
que de s'arrêter à dire : Si je vais à la chambre de bain, si je vais au local en bas, est-ce qu'il y
aura quelqu'un qui va avoir des tentations pour poser des gestes que je
ne serai pas capable de dénoncer parce que j'ai 13 ans? Puis je veux le
dire, que j'ai vécu quelque chose de pas correct.
Alors, je vous pose
la question, elle a été posée de façon différente : Comment je fais un
pont entre le projet de loi n° 9 puis un projet de
loi qui pourrait arriver ou se rajouter à l'intérieur de projets de loi qui
existent déjà, là, pour protéger nos jeunes, pour faire en sorte... puis je
reprends le mot que j'ai pris avec Béliers solidaires parce que je le trouve fort, c'est-à-dire : Comment je
maintiens l'anonymat, puis je vais rajouter, dans votre cas, la
victimisation? Comment je fais en sorte que je peux accompagner mon jeune pour
qu'il puisse avoir accès à des services adéquats pour raconter son histoire une
fois devant les bonnes personnes, avec les bonnes autorités pour être
accompagné dans sa démarche plutôt que d'être obligé de le dire au directeur
d'école, au directeur de centre de formation ou de centre scolaire, après,
finalement, peut-être avoir accès à un policier puis, après ça, avoir accès aux
policiers spécialisés dans les agressions sexuelles? Je suis rendue à quatre
fois que je raconte mon histoire. J'ai 13 ans. Je veux qu'on m'entende, je
veux qu'on me respecte puis je veux qu'il y ait une suite à mon histoire. Je ne
veux pas qu'on me dise que je l'ai imaginée.
Comment je fais pour
mettre en place le meilleur processus à l'intérieur d'un bâtiment, là, pas d'un
gros système, là, mais d'un bâtiment scolaire pour accompagner ce jeune-là,
pour l'emmener plus loin? Par la suite, vous pourrez me dire : Bien, ça va
prendre une loi. Mais comment je fais pour l'accompagner jusque là avant même
de tomber dans un processus légal, qui existe peut-être en partie, mais qui
devra être amélioré?
Mme Lemay (Mélanie) : Bien, je ne sais
pas si vous voulez répondre aussi, mais, en gros, ce que vous nous demandez en
ce moment, c'est d'essayer de construire quelque chose avec aucune fondation.
Nous, ce qu'on veut faire, là, c'est de construire une
cathédrale pour protéger tous les jeunes du Québec pas juste contre les
agressions sexuelles, mais sur toute forme de violence systémique.
Donc, ce qu'on vous dit en ce moment, là, c'est
qu'il n'y a aucune base sur laquelle, au quotidien, un jeune peut sentir qu'il
est en sécurité à l'école. Et je pense qu'on ne peut pas, de façon crédible,
réfléchir à cet enjeu-là sans nommer le fait qu'à ce stade-ci, malgré tout ce
qui est déjà existant, si ça fonctionnait, on n'aurait jamais existé en tant
que collectif. L'existence même de notre collectif démontre et témoigne de
toute l'importance de nommer un chat un chat et que, d'une certaine façon, on
ne pourra pas passer à côté du fait... et on ne peut pas se faire l'épargne non
plus d'un projet de société comme celui-là si on est capables de le faire pour
des structures qui, selon moi, comme la justice, sont encore plus difficiles à
faire bouger.
Donc, si le gouvernement actuel a réussi à faire
le tour de force par rapport au tribunal spécialisé, avec tout le... vous qui
avez collaboré aussi pour le construire, ce projet de loi là, je ne vois pas
pourquoi on n'est pas capables de protéger les jeunes, alors que toutes les
statistiques sont là pour démontrer toute l'importance de le faire.
Et je pense que je vais céder aussi la parole à
mes collègues pour m'assurer que ce soit bien clair, ici, pourquoi les jeunes
ne sont pas en sécurité à l'école.
Mme Chahidi (Kenza) : Bien, pour
compléter ce que tu as dit, Mélanie, comme j'ai dit précédemment, c'est
qu'actuellement il n'existe rien de concret. Donc, qu'est-ce que va faire un
enseignant s'il reçoit une personne qui a vécu des violences à caractère
sexuel? Il n'y a pas de protocole, il n'y a pas de suivi qui est fait. Il n'y a
rien qui est mis en place. Bon, comme Mélanie a dit, il n'y a aucune structure qui
est imposée pour toutes les écoles, et ça devrait être le cas, parce que,
comme... de cette manière-là, en fait, il y a un cadre qui est fait pour que
les jeunes se sentent écoutés, se sentent en sécurité, sentent que c'est
l'endroit pour venir en parler, qu'ils aient des personnes qui aient les bonnes
compétences, en fait, pour les accompagner. Parce qu'un enseignant qui n'a reçu
aucune formation, qu'est-ce qu'il va faire avec l'élève? Ce n'est pas normal
qu'il n'y ait personne dans l'école au complet, même voire un directeur, qu'il
n'a pas reçu aucune formation pour aider un élève.
Donc, c'est important qu'il y ait des structures
de base, si on veut que l'endroit soit sécuritaire et sain pour les élèves,
pour qu'ils puissent en parler, pour qu'ils puissent apprendre puis qu'ils
n'aient pas à répéter leur histoire encore et encore.
Mme Ba (Ndeye Oumy) : J'aimerais
finir en disant que c'est un processus, c'est hyperlong. Pour plusieurs d'entre
nous, ça commence à cet âge-là, et on nous dit de répéter notre histoire à
maintes reprises pour qu'au final on arrive au cégep, on arrive à l'université,
et il n'y a rien qui a été fait, et on continue à vivre ce trauma-là.
Donc, il faut cibler les jeunes. Ça commence....
On aurait dû même avoir une loi avant celle des universités et des cégeps.
Donc, c'est vraiment essentiel de faire ça, pour juste rajouter à tout ce que
mes collègues ont dit.
Mme Charbonneau : Vous avez
raison de dire que vous êtes en train de nous parler d'une cathédrale, mais, je
vous dirais, ça se bâtit une pierre à la fois. Puis malheureusement on n'est
pas rendus encore au premier étage, là. On part vraiment de loin, vous nous le
dites très bien, hein? Nos jeunes, nos très jeunes, on a eu de la difficulté à
mettre en place un processus.
La Fondation Marie-Vincent nous a beaucoup
sensibilisés à la violence faite aux jeunes, hein, comment on peut accompagner,
comment on peut, je vous dirais, à la limite, faire parler un jeune. Parce que,
quelquefois, pour certains jeunes, ce n'est pas quelque chose qu'ils voient
comme anormal, ce qu'ils vivent. C'est en côtoyant les autres qu'ils voient
bien que ce qu'ils vivent, ce n'est pas normal puis ça ne devrait pas se passer
comme ça.
Puis je vous entends quand vous me dites :
Bien là, on est tannés de se répéter puis on veut que vous fassiez quelque
chose. Mais, en ce moment, le projet de loi qui est sur la table, il n'adresse
pas, même si c'est un anglicisme, ce que vous nous dites.
Alors, moi, quand je vous dis : Comment je
fais un pont? Comment je fais en sorte que ce que vous nous dites peut avoir sa
place? Est-ce que c'est parce que, dans chaque établissement, il faut que j'aie
quelqu'un qui soit le premier répondant d'un enfant qui lève la main? Est-ce
que ça veut dire qu'il faut que je regarde comment ça se passe au cégep, à
l'université, puis j'essaie de calquer quelque chose pour les plus jeunes, puis
que je lui donne un rapport tout à fait spécifique, puis je passe par la justice
plutôt que par l'éducation? Parce qu'il ne faut pas juste dire, il faut
informer, former puis accompagner. Il faut arrêter puis faire en sorte que les
crétins, ils ne sont plus proches de nos jeunes.
Mais, un coup que je vous ai dit ça, je n'ai pas
trouvé de solution encore puisqu'on est à l'aube de l'écriture de quelque chose
qui dit qu'on veut protéger les élèves au Québec. Puis on n'en a pas assez
parlé. On va sûrement en parler, d'intimidation, à d'autres moments donnés. On
a parlé du service pédagogique, mais je veux vous entendre sur comment
j'accompagne un jeune pour m'assurer que je me rends jusqu'à la justice.
Mme Lemay (Mélanie) : Bien, je
pense que vous l'avez nommé, on est à l'aube, on est... Ça veut dire que la
première pierre, on ne l'a même pas encore dans les mains en ce moment, parce
qu'à ce stade-ci ce qui est présenté devant nous... Puis c'est très bien décrit
aussi dans chacune de nos recommandations qui se retrouvent dans notre mémoire,
et même chose pour ce qui est de c'est quoi, être un jeune qui vit des
agressions sexuelles à l'école.
Donc, moi, ce que je tiens à mentionner à ce
stade-ci, c'est que, si je veux être respectueuse du fait qu'en ce moment même
il n'y a pas la possibilité de faire valoir le fait que... Premièrement, on ne
peut pas mettre sous le même chapeau, en
fait, violence, intimidation, et tout, parce qu'au sein même de la définition
des agressions sexuelles il y a tout un spectre;
ça va des commentaires jusqu'au viol collectif qu'on a pu déjà entendre comme
témoignage dans une cour de récréation. Ça fait qu'il ne faut pas douter que
ces violences-là se produisent à tous les jours.
Il y a un contexte aussi pandémique actuellement
qu'il faut aborder. Puis je pense que ça fait suffisamment longtemps que des
gens, des jeunes, des parents... D'ailleurs, sachez qu'ils appuient à
100 % la démarche d'avoir une loi dédiée. Ça fait que c'est pour ça que,
pour nous, aujourd'hui, l'essentiel, c'est de vous appeler... de faire un appel à l'action qui vous engage en tant qu'élus à
faire en sorte que, dans chacun de vos partis, vous preniez l'engagement
de travailler de concert pour lutter contre les agressions sexuelles chez les
mineurs. Et ça débute par la prévention, qui
ne se retrouve pas en ce moment dans notre société, malheureusement. Je pense
que peut-être une de nous voudrait rajouter sur la
pandémie.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. On va continuer nos discussions avec Mme la députée de
Sherbrooke.
• (17 h 20) •
Mme Labrie : Merci, Mme la Présidente.
Je veux vous remercier. J'ai écouté la vidéo que vous nous avez envoyée.
J'invite mes collègues qui ont... s'il y en a qui n'ont pas eu le temps de le
faire, à aller le faire. Il y avait vraiment des témoignages très éloquents sur
le type de violences sexuelles qu'il peut y avoir dans nos écoles. Je veux vous
remercier pour ça.
Je pense que
vous faites deux choses très importantes avec nous aujourd'hui : vous nous
démontrez qu'il y en a, des violences sexuelles dans nos écoles, et puis
vous nous démontrez que ce projet de loi là ne permettra pas de régler ce
problème-là. Ça fait que c'est vrai que je sens qu'on essaie de vous demander
comment améliorer le projet de loi. Vous n'êtes pas capables de répondre à
cette question-là puis vous avez raison de ne pas le faire parce que ce n'est
pas le bon outil pour régler le problème que vous nous présentez. Donc, moi, je
trouve ça très correct que vous soyez aussi limpides là-dessus, là. On ne
pourra pas réussir à améliorer assez ce projet de loi là pour répondre à
l'enjeu des violences sexuelles dans nos écoles. Mais déjà vous nous faites la
démonstration aujourd'hui qu'on a besoin d'un autre projet de loi. Ça fait que
je trouve que c'est déjà très important, ce que vous nous faites réaliser, à
tout le monde, j'espère, là, autour de la table en ce moment.
Peut-être, pour les deux minutes qu'il me reste,
j'aimerais ça peut-être vous entendre nous expliquer l'impact sur le parcours
des jeunes, des élèves, quand ils en vivent, des violences sexuelles, par
exemple, à l'école ou quand l'école est
inadéquate pour répondre à ces enjeux-là. J'aimerais que vous nous parliez des
impacts de ça, donc, peut-être pour miser encore plus sur pourquoi il
faut agir.
Mme Chahidi (Kenza) : Bien, Oumy, je
ne sais pas si tu voulais intervenir, mais moi, je dirais que ça impacte
grandement le cheminement scolaire, déjà, parce que, justement, s'ils vivent
des violences dans un établissement scolaire, ça fait que, peut-être, les
jeunes n'auront plus envie d'y aller. Ça crée du décrochage scolaire, voire
même le suicide, malheureusement. Il y a des répercussions qui restent à vie.
Il y a du manque de confiance en soi, du manque de confiance envers les autres
qui peut s'installer aussi. Puis c'est vraiment très important, justement,
comme on le disait puis on le répétait, qu'il y ait un bon cadre, parce
qu'aussi ça apprend à respecter les limites de chacun. Si on a une bonne éducation dans les écoles par rapport à ça, tu
sais, ça créerait qu'on respecterait plus chaque personne qui nous
entoure pas juste dans le cadre sexuel, mais aussi dans le cadre de la vie en
général, si chacun apprend à respecter ses limites et les limites des autres.
Oumy, je ne sais pas si tu voulais rajouter quelque chose.
Mme Ba (Ndeye Oumy) : Kenza a
vraiment tout dit. Et j'aimerais rajouter que ce sont des séquelles qui restent
à vie. Puis aujourd'hui on voit encore les «patterns», ça continue d'instaurer
dans notre société. Quand on voit des féminicides, quand on voit encore
l'augmentation des violences conjugales, c'est qu'à quelque part on a failli...
on a failli aux jeunes, parce que ça commence tôt et ça continue à se perpétuer
parce que c'est juste ça qu'on connaît. Je trouve ça absolument aberrant. Et
honnêtement je ne pourrais pas rajouter plus que ce que Kenza a dit puis tout
ce qu'on a mentionné. Ça fait déjà des années qu'on se répète. Et, quand on
fait ça à des jeunes, on leur montre que leur société ne les considère pas,
qu'ils sont des citoyens de seconde catégorie. Donc, il faut changer cette
mentalité-là dès maintenant pour que, plus tard, ils puissent prendre leurs
responsabilités de citoyens à coeur et qu'ils puissent avoir le courage que
nous, on a en ce moment de pouvoir continuer à se battre pour les vraies choses
et pour les choses qui leur tiennent à coeur.
Mme Labrie : Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.Merci beaucoup. Nous allons continuer les discussions avec la députée de
Joliette. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour
cette éloquente présentation. Je pense qu'il y a quelque chose qui est
fondamental, c'est tout l'aspect d'agir le plus tôt possible. Et le plus tôt
possible, ça veut dire avec les jeunes qui sont les plus jeunes possible pour
changer les comportements, pour prévenir puis aussi pour pouvoir faire une
différence le plus tôt possible.
Puis ça me frappe, en vous entendant, à quel
point, des fois, on met des ressources et des énergies au bout d'un processus. J'avais eu... On avait eu un
expert qui était venu témoigner, qui travaillait en protection de la
jeunesse avec les délinquants, puis, à un moment donné, il a dit : J'ai le
sentiment que je mets tellement d'énergie à ce bout du spectre
qu'il a complètement changé sa pratique puis il est allé travailler avec les
tout-petits pour essayer de voir comment prévenir les comportements difficiles,
la lutte à la pauvreté, et tout ça.
Donc, je pense qu'aujourd'hui vous nous envoyez
un message puissant qu'il faut vraiment s'attaquer à ces violences-là et à les
prévenir. Et c'est ça, l'affaire, c'est qu'avec un projet de loi comme ce qui
est devant nous ça remplit un certain rôle, mais c'est dans le fait, comme
Mélanie l'a bien dit, puis vous l'avez dit aussi, après le coup. Et il faut
vraiment avoir un plan de match pour la prévention.
Alors, moi,
je pense que votre message est assez clair. Moi, je verrais une espèce de
programme en trois volets, un plan d'action sur la lutte aux violences
sexuelles avec des actions très concrètes, et vous nous inspirez beaucoup avec
la liste que vous nous fournissez. Donc, je pense qu'il y a une bonne partie
qui est déjà écrite, un projet de loi vraiment sur le traitement de cette
violence-là, avec des équipes dédiées spécialisées dans le milieu scolaire et,
troisièmement un lien, éventuellement aussi, s'il le faut, avec le protecteur
de l'élève, parce que le protecteur de l'élève, il est supposé répondre à tous
les droits et à l'exercice de tous ces droits-là. Mais je pense qu'effectivement
il faut ratisser beaucoup plus large puis il faut le faire de manière rapide.
Alors, je veux juste savoir si c'est quelque
chose... je le sais que vous voulez un projet de loi spécifique. 100 %
d'accord avec vous. Mais est-ce que vous pensez aussi que ça prend un plan
d'action plus global, vraiment sur tous les
aspects de prévention qui coïncident peut-être moins avec un projet de loi puis
une mécanique législative?
Mme Lemay (Mélanie) : Bien, je
peux peut-être y aller rapidement, là. Il y a la stratégie qui va se mettre à
jour bientôt sur justement... tu sais, avec la Condition féminine. Je pense que
ça, c'est vraiment un espace clé pour commencer à peut-être mettre en place une
commission d'enquête, commencer à réfléchir, à recueillir les expertises. Parce
que nous, on est une voix, mais, les experts, on a cette richesse-là au Québec,
la recherche, on a des gens qui sont spécialisés.
Tantôt, on a nommé la Fondation Marie-Vincent.
Elle est essentielle, l'expertise qui a été développée là-bas, et elle devrait
être étendue à toutes les régions du Québec. Toutes les écoles devraient avoir
un pont direct, une expertise qui est capable d'intervenir auprès des jeunes
qui commettent ces gestes-là, des comportements problématiques, qui deviennent
agresseurs à partir de 12 ans — parce que c'est ça, le
critère clinique — et
également faire en sorte que les familles puissent être soutenues aussi dans le
fait de traverser cette épreuve et que les jeunes puissent être accompagnés.
Parce qu'à ce stade-ci, il n'y en a pas, de ressources communautaires terrain.
Peut-être qu'elles existent. Elles sont très rares, elles sont très
clairsemées, très peu financées, elles luttent pour leur survie. Donc, je pense
qu'il y a vraiment nécessité de construire aussi un filet social, qui est
inexistant en ce moment pour les jeunes et pour leur famille.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, c'est tout le temps que nous avions pour les discussions cet
après-midi. Je vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Donc, la commission ajourne ses travaux jusqu'à
mercredi, demain, le 19 janvier à 9 heures.
Merci encore, mesdames, d'avoir été avec nous
cet après-midi pour ce beau partage.
(Fin de la séance à 17 h 28)