(Onze heures quarante et une
minutes)
La
Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte et je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Melançon (Verdun) est
remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
Auditions (suite)
La
Présidente (Mme Thériault) : Parfait. Merci. Donc, cet avant-midi,
nous entendrons la Fédération québécoise de l'autisme et la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec.
Donc, nous
avons rajusté les temps des parlementaires au niveau des échanges puisqu'il
nous manquait quelques minutes ce
matin. Et, sans plus tarder, je vais vous demander, Mme Plourde ou M. Labonté,
de nous présenter votre mémoire. Vous
avez environ une dizaine de minutes pour le faire, et, par la suite, on passera
aux échanges avec les parlementaires. La parole est à vous. Bienvenue à
l'Assemblée.
Fédération québécoise de l'autisme (FQA)
M. Labonté
(Michel) : Donc, Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, merci de nous recevoir
aujourd'hui.
Nous, dans
notre lettre qu'on a fait parvenir au ministre en début de semaine... la semaine passée, je
crois, on a mentionné qu'on avait des
inquiétudes au niveau du projet
de loi. La première inquiétude qu'on
a, c'est qu'il n'y a pas de personne... il n'y a pas de parent qui représente les personnes
EHDAA sur le conseil
d'administration. Ça a pris plusieurs décennies
avant qu'on puisse l'avoir sur le conseil des commissaires, et puis, avec cette
réforme-là, bien, cette personne-là n'est
même pas dans le conseil d'administration. Alors, pour nous, c'est non. On doit
maintenir les acquis qu'on a eus, sinon c'est un net recul.
Et puis, en
ce sens, la Fédération des comités de parents, à sa recommandation 9, font
une recommandation à l'effet qu'on ajoute un parent qui représente les
EHDAA. Et nous, on va un peu plus loin. C'est que le parent qui représente les EHDAA, pour nous, doit être élu dans une
assemblée annuelle des parents du comité EHDAA, qui doit se faire au plus
tard au 30 septembre de chaque année.
De plus, pour ce comité de parents particulier pour le EHDAA, qui, aujourd'hui,
est assujetti dans la loi au comité
de parents général, nous, on requiert à ce que ça devienne un comité à part
entière qui n'a plus à faire de redevances à ce comité-là. Quiconque a
participé à ces comités-là... Actuellement, c'est les gens qui se rencontrent de façon annuelle, et on va élire nos
représentants, mais il y a quand même une forme d'assujettissement qui est fait au comité de parents, qui doit passer une
résolution, qui reconnaît qui sont les membres qui ont été élus, tout ça.
Donc, on va juste entériner dans la loi ce qui se fait en pratique. De toute
façon, les parents de ces enfants-là, c'est des grandes personnes, ils sont capables de se mener comme les autres. Et
puis c'est peut-être le temps qu'on soit reconnus comme tels. Ça,
c'était notre inquiétude sur ce point-là.
Notre
deuxième inquiétude, c'était pour le comité, si je me rappelle bien, le comité
d'engagement vers la réussite des élèves. Encore là, sur ce comité-là,
il y a une mention de 18 personnes qui peuvent y siéger, et on dit que,
bon, il doit y avoir une personne qui a une
expérience de travail auprès des élèves EHDAA. Nous, on croit que ce n'est pas
assez. Ça prend quelqu'un qui a une
expérience professionnelle reconnue, qui travaille auprès de ces élèves-là,
pour être en mesure de bien
représenter ce que ça consiste pour ces élèves-là dans les sphères des
décisions. Et on ajoute aussi une autre personne qui, selon nous, doit être là de facto. À l'article 265 de la loi
courante, il y a une personne qui est désignée par le conseil des
commissaires comme étant le responsable des services éducatifs aux EHDAA. Il
est déjà membre de deux comités décisionnels,
et on croit que cette personne-là,
puisqu'il est le responsable des services EHDAA, se doit d'être aussi sur
ce comité-là.
On a un autre
élément par rapport à cette personne-là qu'il soit aussi de facto sur
le comité EHDAA lui-même, au même titre que le directeur général des futurs
centres de services scolaires, à une exception près, c'est que lui, il n'a pas
le droit de déléguer quelqu'un à sa place. Ces comités-là ont besoin de
personnes-ressources qui connaissent les dossiers internes de la commission
scolaire, et puis on croit que cette
personne-là, en siégeant sur ce comité-là, bien, elle va être efficace
pour les EHDAA.
On avait deux autres sous-points, notamment
on parle des articles 96.14, 234 et 235. Pour nous, ces trois articles-là,
c'est le coeur de ce qui fait qu'aujourd'hui la Commission des droits de la personne a émis un rapport, en
juin 2018, disant que les droits de
ces élèves-là ne sont pas respectés encore, parce que la façon dont ces
articles-là sont compris et mis en fonction
dans les commissions scolaires actuellement, c'est à
peu près n'importe quoi. On sait que
les plans d'intervention, on peut
imager que c'est une maison dans laquelle on construit les besoins pour les
élèves, mais cette maison-là, si elle est construite sur du sable, s'il
n'y a pas de solage, premier coup de vent, ça prend le camp, ça ne marche pas,
là.
Beaucoup de gens
parlent beaucoup des plans d'intervention, mais ce qui est en amont, qui
précède les plans d'intervention, c'est les évaluations
qui doivent être faites par, actuellement, les commissions
scolaires, et on sous-entend que ça
va être encore quelque chose qui devrait être fait par les centres de services scolaires. Actuellement, beaucoup de commissions
scolaires, par l'article 174
sur la délégation des pouvoirs, vont déléguer l'article 234 comme responsabilité au directeur d'école. C'est un non-sens. Cet article-là commence
par : «La commission scolaire doit». Le législateur, quand il a créé cet article-là, s'il avait voulu que ce
soit le directeur de l'école, il aurait dit : «Le directeur de l'école». L'article 174
dit que la commission scolaire peut
déléguer certains de ses pouvoirs, mais pas tous ses pouvoirs. Beaucoup
de commissions scolaires, puis
j'en ai un échantillon, un exemple ici, c'est le Règlement de la délégation de
pouvoirs de la commission scolaire de la Capitale, adopté 21 août 2018. À la
page 12, on voit que l'article 234 est délégué au directeur de l'école. Le
directeur de l'école, il n'a pas la compétence pour faire ça, il n'a pas les ressources
pour faire ça.
Ce n'est pas toutes
les écoles qui peuvent avoir des classes spécialisées pour l'autisme, ou tout
autre type de handicap, ou de besoins
particuliers, là. C'est leur imposer un fardeau qu'ils ne sont pas capables de
rencontrer. Et c'est pourquoi la Commission
des droits de la personne dit que, dans son rapport, les services ne sont pas
adaptés adéquatement parce que les commissions scolaires vont
déléguer un pouvoir à quelqu'un qui, à la base, ne peut pas faire ce qui doit
être fait. Puis il y a
un peu une incohérence dans cette délégation-là, parce que l'article 96.14
mentionne un genre de processus
assez simple. La commission scolaire ou le centre de services
scolaire doit adapter les services à l'élève — on parle d'une manière
individuelle — selon
une évaluation des capacités de l'élève faite par, actuellement, les
commissions scolaires avant qu'une décision
de classement — un
groupe ordinaire, ou un groupe spécialisé, ou toute autre chose — soit prise et avant qu'il soit inscrit dans une école. Alors, comment un directeur
d'école peut faire respecter l'article 96.14 quand, lui, il arrive
à la fin de la chaîne? C'est une incohérence.
Aujourd'hui,
quand les parents se présentent dans les commissions scolaires, puis on soulève
des points comme ça, bien, on se fait
dire : Bien, tu ne comprends pas la loi. Pardon? Je lis le français aussi
bien que toi. Puis : Ah! bien là, si tu n'es pas d'accord, tu iras te chercher un jugement déclaratoire. Bien
oui, la Fédération québécoise de l'autisme, on a le temps, on a l'argent,
l'effort, puis on a des enfants autistiques à s'occuper, ou autres handicaps
qu'il peut y avoir dans le système
scolaire, on a le temps, nous autres, de faire ça. On trouve qu'au niveau de
l'organisation puis la gouvernance des commissions scolaires, bien, ça
ne fait pas notre affaire. Alors, ça, c'est un élément qui nous inquiète.
• (11 h 50) •
Maintenant,
il y a tout le volet des demandes de révision et les mécanismes de plainte. Les
commissions scolaires, actuellement,
ont le devoir de faire un règlement sur les plaintes, et ils s'arrangent
toujours pour mettre, à la fin de ça, les demandes de révision. On
s'excuse, là, mais les demandes de révision, là, les articles 9 à 12, là,
précèdent de plusieurs décennies, si on peut
dire, l'instauration du protecteur de l'élève, là. Et puis, dans les mécanismes
de plainte, il n'y a jamais de délai qui est déterminé. Donc, il y a un service
qui ne fait pas notre affaire, on se
plaint, oui, du professeur, ça peut prendre
un délai x, ou on se plaint d'un service qui est donné par une entité, ça peut
s'étirer dans le temps, puis on n'arrive pas à en voir le bout avant la
fin de l'année scolaire. Donc, ça, c'est des éléments qu'on va déposer dans
notre mémoire.
Puis
un dernier point... ou deux derniers points. Ce qui fait notre affaire, par contre,
dans la loi, c'est nécessairement
la mise en place du comité d'engagement
vers la réussite scolaire. C'est important pour les enfants handicapés autant que les autres. Et un autre élément qui nous préoccupe
mais qui nous intéresse, c'est les nouvelles prérogatives que le ministre se
donne dans cette nouvelle loi là. Nous, on pense que, du moment que le ministre
qui est responsable de sa loi est en mesure de faire en sorte que les commissions
scolaires qui ne respectent pas
l'esprit et la lettre de la loi, il puisse leur dire : Écoutez,
les amis, là, ce n'est pas comme ça que ça se passe, vous allez modifier vos us
et coutumes pour faire en sorte que
les droits des élèves handicapés soient respectés. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci pour votre présentation, M. Labonté. Sans plus tarder, je me tourne
vers le ministre pour votre bloc d'échange de 13 minutes. M. le
ministre.
M.
Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Merci, Mme Plourde,
M. Labonté. Je me souviens bien d'avoir discuté avec vous préalablement dans d'autres dossiers. Ça
fait un bon bout de temps que vous vous impliquez dans ce style de dossiers là. Vous avez une bonne expertise ou une
fine connaissance de la loi actuelle, ça paraît, pour vous y être colletaillés,
je vous dirais même, avec diverses
instances, toujours pour faire valoir les droits et les besoins des enfants qui
ont des besoins particuliers. Je pense qu'il y en a qui sont bien
contents de pouvoir compter sur votre passion et votre dévouement.
Je
veux juste bien saisir la nature des demandes que vous formulez, ou des
propositions d'amendement, ou, enfin, on
pourra peut-être formuler des amendements par la suite. Par rapport à
l'article 234 actuel, vous dénotez — je ne suis pas dans le projet de loi, mais dans la LIP actuelle — peut-être un problème qu'on pourrait
peut-être corriger, c'est le fait que,
si rien ne change, la commission scolaire ou, donc, le centre de services
puisse déléguer à la direction d'établissement ses responsabilités.
Est-ce que c'est bien... Est-ce que j'ai bien saisi, là, la problématique que
vous avez énoncée?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. Labonté.
M. Labonté
(Michel) : Ce qu'on reproche, c'est que cet article-là est délégué à
l'extérieur, bien, aux entités subalternes,
comme les écoles. C'est un service qui ne peut être fait que de façon
centralisée parce que des écoles n'ont pas l'expertise, les équipes multidisciplinaires
nécessaires pour faire des évaluations professionnelles. Ça ne peut pas être
fait au niveau des écoles. Ça n'a pas de bon sens. C'est notre position.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Très bien.
Et simplement pour bien comprendre, quand je regarde le 234, en ce moment, on dit : La commission scolaire doit, bon, adapter les
services, etc., et vous nous dites qu'en ce moment, souvent, les commissions scolaires
délèguent, là, à l'établissement ou à la direction d'école ce travail-là. Et elles
utilisent quel article pour déléguer?
M. Labonté (Michel) : L'article 174,
qui leur permet de déléguer certains de leurs pouvoirs. Maintenant, le législateur n'a pas défini tous les pouvoirs, parce qu'évidemment le bon sens dicte que quand
c'est écrit à quelque part qu'une entité
doit faire quelque chose, l'entité qui l'a définie qui doit faire cette
chose-là, on s'entend qu'on ne délègue pas son pouvoir, là.
Donc, quand
c'est dit que c'est la commission scolaire qui doit faire ça, on s'entend que
c'est la commission scolaire qui a
les services centralisés, les professionnels. On pense aux services éducatifs
aux jeunes où est-ce qu'il y a une concentration des psychologues puis
des différents intervenants professionnels.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : O.K. Très bien. Je vous
remercie. On va regarder si c'est possible de faire cette correction-là.
Ensuite, vous...
Je veux bien comprendre votre préoccupation par rapport au conseil
d'administration, aux parents que
vous aimeriez avoir associés au comité de parents HDAA. Et là vous dites qu'ils
devraient être élus par ce comité-là de parents HDAA plutôt que par simplement les parents qui sont sur les
conseils d'établissement. C'est bien ce que je comprends?
Je veux juste
savoir quels sont les critères actuels ou qu'est-ce que... Dans les us et
coutumes de ce qui se passe en ce
moment, pour être sur un comité de parents HDAA, est-ce que, en ce moment, il
suffit qu'un parent dise : Bien, moi, mon enfant a des besoins
particuliers ou bien, si, dans les commissions scolaires, on a tendance à
exiger, je ne sais pas, qu'il y ait un plan
d'intervention, que l'enfant ait un diagnostic? Comment on se qualifie, de
cette façon-là, pour aller sur le comité HDAA, là? Pour voir la
mécanique.
M. Labonté
(Michel) : Une petite correction. On sous-entend que la personne au
conseil d'administration soit élue dans
une assemblée annuelle des membres EHDAA pour être désignée pour aller sur le
conseil d'administration. Une petite nuance.
Maintenant, pour ce qui est de siéger sur ces comités-là,
à la base, l'expérience que j'en ai, c'est : les parents qui ont un enfant
à besoins particuliers qui ont un plan d'intervention reçoivent une communication
par la commission scolaire à l'effet qu'il va se tenir une assemblée
annuelle de ce comité-là, et ils peuvent s'y présenter. Il n'y a
pas d'exigences particulières dans la
loi. On se présente là, on discute avec les gens qui sont déjà là,
qui ont l'expérience, et puis on passe à des élections, et puis
les gens sont nominés de cette façon.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
O.K. Bien, merci pour cette précision. Et, vous dites, une des choses qui est
peut-être intéressante, là, dans le
projet de loi n° 40, de votre perspective, c'est la création du comité
d'engagement vers la réussite. Cependant, vous souhaiteriez, là, en modifier la composition, encore une fois, pour
avoir cette perspective-là de parent ou... non, en fait, non pas de parent, d'une personne qui a une
expérience reconnue. Encore une fois, cette personne qui a une expérience
reconnue, comment on pourrait le qualifier
dans un article de loi? Est-ce qu'on y va tout simplement en disant que c'est
un professionnel en... Est-ce que vous voudriez qu'on mette, supposons, un
psychologue ou un psychoéducateur? Est-ce qu'on irait par un
professionnel? Comment on qualifierait cette personne-là?
Vous savez,
quand on est en train de rédiger le projet de loi, là, il faut être capable de
le définir pour que tout le monde ait
une même compréhension de la loi, qu'il n'y ait pas de disparités d'un centre
de services à l'autre. Alors, comment on pourrait la définir, cette
personne-là, ensemble?
M. Labonté (Michel) : On la
définit comme étant une professionnelle selon le Code des professions. Il y a cinq professions qui, dans le code, ont des attributions pour les
plans d'intervention. Donc, c'est des gens qui ont des fonctions
spéciales à leur profession
qui font en sorte qu'ils sont certainement mieux informés qu'une TES, par exemple. Ce n'est pas qu'on ne veut
pas des TES, mais on veut quelqu'un qui a une formation continue sur la situation dans son cadre professionnel.
Et on veut aussi que la personne désignée responsable pour les services aux
enfants EHDAA soit sur ce comité-là. Donc, c'est deux personnes qui ont l'intérêt
des EHDAA sur ce comité-là.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Très
bien. Je vous remercie, Mme la Présidente. Et je permettrais à ma collègue de poursuivre, si vous permettez.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Jonquière... non, de Roberval. Mon Dieu! Excusez.
Je vous change de comté.
Mme Guillemette :
...s'il vous plaît, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Thériault) : Non, je vais vous laisser à Roberval, il n'y
a pas de problème.
Allez-y. Il vous reste six minutes et un peu plus qu'et demi.
Mme Guillemette : Merci,
Mme la Présidente. Bien, d'abord,
merci d'être ici et de nous partager la réalité de ces enfants-là.
Vous
nous parliez du comité d'engagement de la réussite des élèves, que
vous aviez des craintes, un petit peu, là. Pouvez-vous
m'en dire plus? Comment verriez-vous... Comment on pourrait améliorer ce comité
d'engagement là pour la réussite de vos enfants?
M. Labonté
(Michel) : Il y a d'autres aspects dans le projet de loi qui parlent
d'améliorer la formation des enseignants et
des différents intervenants à la commission
scolaire. Cet élément-là vient
appuyer quand on demande à ce que les
personnes sur ce comité-là ou qui auraient à représenter les EHDAA... l'une des
deux personnes, si elle est formée en fonction des EHDAA, évidemment, on
s'attend à ce qu'on risque d'avoir une préoccupation réelle et appliquée des difficultés
vécues dans le système et qu'ils sont à même de pouvoir donner une
opinion professionnelle. De plus, en ajoutant le responsable EHDAA de la commission,
qui est nommé par la commission
scolaire, évidemment,
on vient doubler la capacité que ce comité-là puisse avoir un son de
cloche efficace pour la réussite des élèves EHDAA.
Les élèves autistes,
à 85 %, quand ils ont fini leur formation scolaire, ils n'ont pas
d'emploi. Et 15 % de ceux qui ont un
emploi, c'est des emplois précaires. Ils ne s'achèteront jamais une maison, eux
autres. Bien, ça serait important que
les mécanismes mis en place pour assurer la réussite globale de tous les
étudiants soient aussi en fonction des besoins particuliers des élèves
EHDAA. C'est très important.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Guillemette :
Oui. Que pensez-vous du principe soutenu par le projet de loi qui vise à
instaurer... les conseils d'administration,
qu'ils soient formés à majorité par des personnes qui travaillent directement
avec les enfants, les intervenants, les enseignants? Je pense que ça
pourrait être une bonne nouvelle en soi pour vous.
• (12 heures) •
M. Labonté
(Michel) : Évidemment, on ne peut pas être contre ça, nous autres.
C'est ce qu'on demande depuis des décennies.
On veut que les gens qui travaillent auprès des enfants à besoins particuliers
soient le plus formés possible.
Mme Guillemette :
Présentement, il n'y a pas un poste, là, disons le comme ça, là, excusez, tagué
pour les EHDAA. Mais par contre, s'il y avait un poste de tagué, est-ce
que ça pourrait être une solution gagnante?
M. Labonté
(Michel) : Absolument.
Mme Guillemette :
Tout à fait?
M. Labonté
(Michel) : Du moment qu'il y a quelqu'un que la prémisse de sa
présence est les EHDAA, je veux dire que ça ne peut être gagnant que
pour nous, là.
Mme Guillemette :
Y a-t-il des mesures qui pourraient venir bonifier le projet de loi, permettant
d'assurer la persévérance et la réussite
scolaires? Est-ce qu'il y a des choses que vous n'avez pas vues qu'on pourrait
ajouter pour faciliter la réussite scolaire?
Mme Plourde
(Lili) : Je n'ai pas fait une lecture exhaustive du projet de loi, là,
comme Michel, là, c'est vraiment notre conseiller spécial en éducation, mais on
a parlé beaucoup de formation. Moi, je suis aussi directrice générale d'Autisme Québec, qui est l'association de
parents de personnes autistes de la ville de Québec, et on passe un temps fou
à faire de l'accompagnement scolaire. Ça utilise beaucoup de nos ressources
d'accompagner les familles dans les plans d'intervention.
Et ce qui ressort comme principal obstacle à la réussite scolaire des enfants
autistes, c'est le manque de formation du personnel dans les écoles.
Donc, tu sais, pour
assurer la réussite des élèves autistes, ça prend des gens qui sont formés et
qui comprennent qu'est-ce que ça représente,
être autiste dans la vie de tous les jours et à l'école. Parce que c'est
vraiment un des principaux obstacles, le manque de formation, le manque de
connaissances et de vouloir appliquer un moule. Tu sais, on parle d'un spectre, ce n'est pas pour rien. Puis, dans
d'autres EHDAA aussi, on parle aussi, là, qu'on ne peut pas appliquer un moule,
il faut vraiment, tu sais, prendre les
besoins d'un enfant puis greffer les services autour de lui, peu importe son
diagnostic.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Guillemette :
Merci. Dans le contexte actuel, dans l'organisation et la gouvernance actuelles
des commissions scolaires, des obstacles à la mise en place d'approches
favorisant la persévérance et la réussite scolaires, présentement, qu'est-ce qu'il y aurait
de différent entre... quelle différence vous voyez entre ce qu'on a
présentement et ce qu'il y aura dans le futur avec le nouveau projet de
loi? Les différences marquantes.
M. Labonté
(Michel) : Une différence marquante, pour nous, c'est qu'il y a une
interprétation de l'esprit et de la lettre de la loi qui est en lien avec les
articles 96.14, 234 et 235. Déléguer un article qui... Quand on le lit, on
voit que c'est pour un organisme
central, pour faire en sorte que des évaluations... Parce que les évaluations,
pour les élèves, ne sont pas faites
et les plans d'intervention devraient être appuyés là-dessus. Et la Commission
des droits de la personne le dit à
profusion dans son rapport de juin 2018. Et nous, qu'il y ait une
modification de la Loi sur l'instruction publique et qu'on n'adresse pas
immédiatement les éléments soulevés dans ce rapport-là, pour nous, ça nous
inquiète.
Et puis,
quand l'analyse, l'évaluation des besoins, des capacités des élèves vont être
faites, avant qu'on prenne une décision de classement, avant qu'on
l'inscrive dans une école, ça ne peut être qu'aidant. Il faut faire en sorte
que ces articles-là ne puissent pas être
chambardés par les centres de services scolaires. C'est le coeur de nos
problèmes que des articles de loi
sont mal interprétés. Pour quelles raisons? Je ne le sais pas. Mais nous, quand
on a à faire des représentations aux
commissions scolaires, bien, on se rend compte que ça tire dans tous les sens,
il y a des disparités. Être autiste en Gaspésie ou à Montréal, là, il y a une
différence dans ta réussite scolaire. Ce qui est un non-sens. C'est une forme
de discrimination. Il faut que ça arrête.
Mme Guillemette : Merci, de
votre présence.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée.
Mme Guillemette : Merci, ça va
être tout pour moi.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, sans plus tarder, je
vais aller du côté de l'opposition officielle, en reconnaissant la députée de Westmount—Saint-Louis, et vous mentionner que vous avez
8 min 40 s à votre disposition.
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Et merci de votre présence aujourd'hui. Je sais que
vous avez dû militer fort auprès des
médias pour être entendus ici en commission. Je regrette que vous n'avez pas eu
assez de temps pour déposer votre mémoire en avance pour qu'on puisse en
prendre connaissance, mais j'ai hâte à faire cette lecture-là, surtout que,
oui, c'est une cause qui m'interpelle personnellement.
Parce que,
moi, ce que j'entends de vos propos puis votre témoignage, c'est que les
priorités sont peut-être à part dans ce qu'on voit dans le projet de loi. Tout
ce que vous avez cité n'apparaît pas
dans le projet de loi. Alors, on parle vraiment d'un brassage de
structure, mais, c'est vrai, il faut prendre en connaissance et aider les
élèves en situation de vulnérabilité et qui sont vulnérables. Ça devrait être
la priorité, surtout pour la communauté autiste, étant donné qu'ils sont en
croissance. On sait que les codes 50, dans les réseaux scolaires, ça
représente 50 % de la population EHDAA.
Alors, je
vous appuie à 100 % pour les démarches que vous avez mentionnées dans
votre témoignage. Surtout que moi
aussi, j'ai vécu ceci. J'ai siégé sur le comité EHDAA et j'ai trouvé ça bizarre
que j'avais dû remplir un formulaire, qui était approuvé par le comité de parents, pour reconnaître que j'étais un
parent des enfants handicapés, alors pour être en mesure de déposer un vote au sein de ce comité-là.
Alors, je pense que ce serait une modification qui serait vraiment bienvenue
par non seulement le comité de parents, qui
disaient souvent, eux aussi : C'est bizarre qu'on ne connaît pas cette
personne-là... Ce n'est pas moi qui
vais me mettre entre eux et de siéger sur un comité pour qu'ils militent pour
cette communauté-là. Alors, j'appuie.
Puis, c'est
sûr, j'ose croire qu'il y aura des amendements pour ceci. C'est un projet de
loi, pour moi, qui est un peu pêle-mêle,
on met un peu de tout là-dedans. On parle non seulement de la gouvernance, la
démocratie, mais des changements pour les droits... pour les
administrateurs, de qui qui siège où, on enlève des droits de nos enseignants,
etc.
Mais, pour le bien-être des gens ici, dans la
salle — vous
n'avez pas à vous virer de bord, mais il y a plusieurs personnes derrière
vous — je
pense que ce serait important que vous décriviez un peu, pour nous, c'est quoi,
un élève autiste dans une école. Parce que
moi, je connais très bien le chemin, mais je sais que mes collègues ici, autour
de la table, c'est peut-être une connaissance qu'il nous manque un peu.
Mme Plourde (Lili) : Je vais essayer
de faire ça court.
Mme Maccarone : Bien, prenez votre
temps. Le temps que ça...
Mme
Plourde (Lili) : O.K. Comme on a parlé, le trouble du spectre de
l'autisme, c'est très large. On a différents portraits et on a
différents modèles qui sont offerts aux enfants autistes. On a les écoles
spécialisées, on a des classes spéciales qui peuvent avoir différents noms, des
classes COM, des classes uniques, qui peuvent porter différents noms, et
l'inclusion en classes régulières. Le problème vient que... Bien, je vais finir
le portrait avant de parler des problèmes.
Oui, je sais,
on a insisté beaucoup pour être ici aujourd'hui. Mais on est
16 associations régionales en autisme, puis je vais vous dire que
l'inclusion scolaire, c'est un mythe dans plusieurs régions du Québec. C'est
extrêmement difficile, les parents ont
besoin de beaucoup de soutien. C'est très difficile de faire en sorte qu'un
enfant autiste termine son secondaire. On
parle de trois garçons pour une fille. La diplomation pour les garçons est déjà
difficile, la diplomation pour un enfant autiste est encore deux fois plus difficile. Donc, on a des enfants qui
pourraient fonctionner très bien en classe régulière en autant qu'ils ont l'accompagnement nécessaire pour
fonctionner en classe régulière. Souvent, ce qu'on va entendre, dans les plans d'intervention, c'est : Il va bien,
maintenant, on va enlever son accompagnateur. C'est la pire erreur qu'on peut
faire à une enfant. Mira a une très belle campagne, ces temps-ci, que... Est-ce
qu'on enlève un fauteuil roulant à une personne?
Non, on ne lui enlève pas son fauteuil roulant. On ne lui enlève pas son chien
et on n'enlève pas son éducateur, si c'est ça qu'il a besoin pour faire
en sorte d'assurer sa réussite scolaire.
Donc... Puis,
souvent, on... — j'ai
juste un mot anglais dans ma tête, là — tu sais, bon, on développe de plus en
plus des services pour les personnes autistes
à l'école. Les enfants qui pourraient aller en classe régulière, on les met en
classe COM. Les enfants qu'on peut mettre en
classe COM, on les met en classes spécialisées plutôt que de faire confiance
aux enfants puis de dire : Mettons les services nécessaires en classe pour
les aider, pour les remonter puis faire en sorte qu'ils soient capables de fonctionner dans une classe qui répond à leurs
besoins, ce qu'on ne voit pas tout le temps. Puis, il y a des enfants qui bénéficieraient d'avoir une
classe spéciale, mais pas une classe, je vais le dire avec des gros guillemets,
là, toute mélangée. Les enfants autistes...
Ce qui marche en autisme marche avec tout le monde; ce qui marche avec les
autres ne marche pas en autisme. Ça fait que ce qu'il faut, c'est vraiment leur
donner les services qui répondent à leur besoin à eux.
On a beaucoup...
un des gros problèmes, à l'école, c'est les enfants qui se désorganisent, qui
ne respecte pas le code de vie. On
étiquette beaucoup les enfants autistes avec un trouble de l'opposition. Ils
n'ont pas de trouble d'opposition, ils
n'ont pas compris les consignes. Ça fait que c'est pour ça qu'on parle
beaucoup, beaucoup de formation des gens qui travaillent avec eux.
• (12 h 10) •
Puis, tu sais, tant qu'à faire une réforme,
faisons-la pour que, justement, les besoins de tous les élèves EHDAA soient
respectés. Les parents se font dire : Bien, on n'a pas d'argent, on ne
peut pas te donner ça. Non, ce n'est pas le problème
du parent. L'enfant, il a des besoins dans sa classe et il doit avoir les services qui répondent à ses
besoins. Puis ça ne coûte pas nécessairement plus cher de faire
différemment non plus, là.
Donc, c'est
ça, ça fait que... Puis, tu sais, nous quand on parle avec une personne
autiste, peu importe son âge, on ne
lui dit pas : Qu'est-ce que tu as compris... On ne lui dit pas :
As-tu compris ce que je viens de te dire, qu'est-ce que tu as compris
dans ce que je viens de te dire?, jusqu'à tant qu'on ait la même version. Puis
à l'école, ce n'est pas comme ça que ça se
passe. Les enseignants ont beaucoup de monde dans leur classe, n'ont pas
nécessairement le temps de s'asseoir avec
la personne et de s'assurer qu'elle a bien compris qu'est-ce qu'on attend d'elle.
Parce qu'en autisme tu ne peux pas dire : Non,
ne fais pas ça. C'est : Qu'est-ce que tu peux faire?, à la place.
Donc, c'est un peu ça, le portrait scolaire québécois.
Et puis, comme je vous le disais, nous, on fait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'accompagnement scolaire parce que
c'est très difficile de réussir à finir son année scolaire, même pour les enfants qui n'ont pas de déficience
intellectuelle puis qui sont capables de faire leur apprentissage scolaire.
J'ai fait ça le plus vite que je pouvais.
Mme Maccarone : ...parfait.
J'appuie. C'était très éloquent. Je peux vous dire que, comme ancienne
présidente d'une commission scolaire, j'ai toujours milité pour la mixité sociale ainsi que l'inclusion. Je
dis souvent qu'on vit dans un monde inclusif et tout intégré, alors
notre milieu scolaire devrait être une réflexion de ceci. Alors, j'étais fière
de Sir-Wilfrid-Laurier, on avait un taux d'inclusion de 94 %. Alors, oui,
c'est super.
J'aimerais
que vous expliquiez un peu. Je comprends que vous militez pour avoir un parent
EHDAA qui va siéger sur un potentiel C.A. Il siège déjà sur le conseil des
commissaires, comme vous avez mentionné. Mais la lourdeur des tâches,
pour ces parents-là, de se représenter auprès de tous ces comités-là, ce n'est
pas un peu exclusif? Parce qu'on se comprend
que, déjà, on est là, on est en train de prendre soin de nos enfants qui ont
des besoins particuliers. Souvent, moi, j'étais présidente d'un comité
EHDAA, puis rare que j'avais le quorum parce que, écoute, c'est difficile se
déplacer, c'était difficile trouver du
gardiennage pour nous. Mais maintenant ça veut dire on est en train de rajouter
à cette tâche-là parce qu'il faut
siéger à plusieurs comités pour siéger au C.A. Est-ce qu'il y a une autre
manière de voir ceci pour s'assurer que la voix reste forte et
importante, autour de cette table-là, mais de ne pas rajouter une lourdeur pour
ces parents-là?
La Présidente (Mme Thériault) : En
40 secondes.
M. Labonté (Michel) : C'est
difficile de répondre à cette question-là. On anticipe que les gens qui vont se
présenter pour occuper ce poste-là
comprennent les exigences et les implications. À partir de ce moment-là, ça
prend des volontaires, il n'y a pas
midi, quatorze heures là-dessus, à l'élection de la personne en assemblée. On
peut développer des procédures internes, comment est-ce qu'on va s'y
prendre, mais pour l'instant c'est une question qui est difficile à répondre mais qui est une réalité. Moi, je peux
dire présent, dans ma région, je n'ai pas de problème. J'ai un enfant, il a
15 ans. Quelqu'un qui a deux enfants autistiques puis qui sont en
bas de 10 ans, là, c'est une autre paire de manches. Ça dépend des
gens.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci beaucoup. Donc, nous allons maintenant du côté de la députée de
Sherbrooke pour 2 min 40 s. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci. J'aimerais ça
valider ma compréhension avec vous de ce que vous avez dit par rapport à la
délégation de l'évaluation. Si j'ai bien compris, ce que ça aurait pris dans le
projet de loi, c'est une confirmation explicite
que ce pouvoir-là ne peut pas être délégué aux écoles... ne doit pas être
délégué aux écoles. Et ce qu'on y retrouve en ce moment, dans le projet
de loi, c'est plutôt une délégation
formelle de ce pouvoir-là aux directions d'école. Est-ce que c'est ce
que vous dites?
M.
Labonté (Michel) : Ce n'est pas tout à fait ça. Ce qu'on sous-entend,
c'est que, si les commissions scolaires respectaient
l'esprit et la lettre de la loi, elles ne feraient pas des délégations
semblables. Maintenant, avec les prérogatives que le ministre va s'octroyer dans la nouvelle loi, on croit que
l'unicité directionnelle du ministère pour dire aux commissions scolaires : Il y a des
choses que vous faites que vous n'êtes pas corrects, quand vous faites ça,
c'est un bénéfice pour nous, on ne peut pas être contre ça. Ce qui va être
bénéfique pour les enfants EHDAA, autistes et autres, c'est que l'esprit de la
loi soit respecté et la lettre. La façon dont c'est écrit, aujourd'hui, ça nous
semble limpide, mais c'est la façon dont les commissions
scolaires l'interprètent qui est une
autre paire de manches, et qu'on préfère être sous des prérogatives du ministre
que le joug ou la tyrannie des commissions scolaires d'aujourd'hui. C'est aussi
simple que ça.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée.
Mme
Labrie : Donc, vous trouvez
que... dans la formulation du projet
de loi n° 40, vous sentez que
vous allez être mieux protégés par rapport au respect de cette
disposition-là de la loi actuelle, qui est parfois mal interprétée?
M.
Labonté (Michel) : Ces
articles-là ne sont pas dans le projet
de loi n° 40. Mais, quand on
parle de gouvernance, on parle de
comment est-ce qu'on interprète la loi qui nous dirige. C'est pour ça qu'on
croit que c'est important d'en parler ici aujourd'hui. Avec les
prérogatives additionnelles au ministre, qui est en mesure de dire aux commissions
scolaires... De toute façon, le ministre, il
va avoir des juristes avec lui. On s'attend qu'il va y avoir la bonne foi du
ministre, quand il va rendre des règlements. Ça nous semble quelque
chose qui est probant pour nous.
Est-ce
que ces articles de loi peuvent être améliorés? Certainement. L'article 96.14,
là, c'est un peu mélangé, là, dans la séquence, là, et ça peut être
mieux fait. Notre mémoire va en faire l'étalage.
Mme
Labrie : Dans le fond, c'est
comme un espoir que vous fondez qu'avec le nouveau mode de gouvernance le
ministre va pouvoir imposer ça aux centres de services et s'assurer qu'ils le
comprennent bien, mais ce n'est pas, textuellement dans le projet de loi,
un pouvoir que c'est certain qu'il se donne, donc il faudrait l'inscrire. C'est
ça?
La Présidente (Mme
Thériault) : Cinq secondes.
M.
Labonté (Michel) : ...234,
96.14, ils sont bien écrits dans l'ensemble. 96.14 doit être revu un peu. Mais
ce qu'on veut, c'est que ces trois
articles de loi là soient vécus efficacement pour les enfants EHDAA dans les commissions scolaires.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci, M. Labonté. Mme la
députée de Joliette,
2 min 40 s pour vous aussi.
Mme
Hivon :
Oui. Merci beaucoup. Alors, je vais poursuivre. Je veux bien comprendre aussi.
Donc, vous ne voulez pas que ce soit un
pouvoir qui soit délégué et donc qui soit aux écoles. Vous dites que les
écoles, il faut que ça se fasse de
façon centralisée, globale, pour avoir de l'expertise, parce que
vous dites que les écoles n'ont pas cette expertise et cette formation-là.
Je vous comprends bien?
M.
Labonté (Michel) : Les
directeurs d'école n'ont pas la compétence professionnelle pour faire
l'évaluation des capacités des
personnes handicapées, en partant. Et puis ce n'est pas parce qu'ils veulent mal faire, là, c'est parce
qu'ils n'ont pas la compétence. Leur déléguer quelque chose pour laquelle
ils n'ont pas la compétence, c'est un non-sens, là. Ils n'ont pas les
ressources.
Ça
prend des équipes multidisciplinaires de professionnels et de
non-professionnels qui ont des prérogatives dans l'évaluation des
capacités d'élèves, qui doit être faite avant sa décision de classement. La
décision de classement, c'est fait avant que
l'élève soit inscrit dans une école. Comment est-ce qu'un directeur d'école
peut précéder tous ces éléments-là? C'est un non-sens. Donc, c'est mal
interprété.
Aujourd'hui, avec la capacité du ministre de faire des règlements qui font en sorte
que des choses comme ça, ces aberrations-là ne se présentent plus, bien,
on ne peut pas être contre ça, nous autres. C'est le noeud de nos problèmes.
Mme Plourde
(Lili) : Je voudrais juste rajouter une petite chose. Présentement,
quand on accueille un enfant dans une école,
au lieu de dire... Tu sais, on ferait son analyse de besoins puis on
dirait : Cet enfant-là doit aller dans tel modèle. On ne peut pas faire ça. Ce n'est pas comme ça que ça se fait
présentement. On dit : On aurait à
peu près ça qui pourrait répondre à
ses besoins, donc l'enfant va aller dans ce milieu, dans ce modèle scolaire là
et qui ne répond pas nécessairement à son besoin, tout ça parce que
l'évaluation de l'enfant n'est pas faite dans les règles de l'art, selon ce qui
est prévu dans la loi actuelle.
C'est
ça qu'on veut éviter, c'est qu'on continue de faire faire l'évaluation des
enfants par des personnes qui n'ont pas
les capacités nécessaires puis, après ça, dire : Oui, vraiment,
on a fait une bonne analyse puis on va offrir à cet enfant-là des services qui répondent vraiment
à ses besoins en termes scolaires. C'est pour ça qu'on veut éviter que ça
continue de se faire comme ça se fait présentement.
La Présidente (Mme
Thériault) : 20 secondes.
Mme
Hivon : Puis dans
une école il n'y a pas la diversité d'expertises qui permettent de faire ça de
manière globale en partant des besoins de l'enfant?
Mme
Plourde (Lili) : Souvent, non.
M. Labonté
(Michel) : Non. C'est ce que la Commission des droits de la personne
dit dans son rapport de juin 2018. On aurait
le bénéfice que ce rapport-là soit implémenté dans leurs recommandations. Ça
nous aiderait tellement, là.
La
Présidente (Mme Thériault) : ...l'impression que les gens ici vont
lire le rapport. Malheureusement, je dois mettre fin à nos échanges.
Donc, merci, Mme Plourde, M. Labonté, de votre témoignage.
Nous
allons suspendre quelques instants pour permettre aux représentants de la
fédération des travailleurs du Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 19)
(Reprise à 12 h 21)
La
Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous
allons reprendre nos auditions. Et
nous entendons maintenant les représentants de la fédération
des travailleurs du Québec. M. Boyer, vous êtes familier avec nos règles, donc bienvenue à l'Assemblée nationale.
Vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter votre mémoire ainsi
que les gens qui vous accompagnent. La parole est à vous.
Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ)
M. Boyer (Daniel) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le
ministre, MM. Mmes les députés. Je vous présente... bien, je pourrais commencer par ma droite, là,
Wilfried Cordeau, du Service de la recherche à la FTQ, Denis Bolduc, président
du SCFP-Québec, Syndicat canadien de la
fonction publique et vice-président de la FTQ, et Pierrick Choinière-Lapointe,
du SEPB, également un syndicat affilié à la
FTQ, et vice-président de la FTQ, également. Et j'ai des collègues, bien sûr, à
l'arrière. On est plus que quatre, on est...
il y a des gens qui sont solidaires. C'est comme ça qu'on travaille, à la FTQ,
bien souvent.
Bien,
écoutez, avant tout, je tiens à vous remercier d'avoir invité la FTQ à prendre
la parole sur les enjeux de la démocratie,
de la gouvernance et de l'organisation scolaires. Ce sont des questions très
importantes, bien sûr, pour les membres qu'on représente, notamment ceux et celles qui travaillent dans les
réseaux scolaires ou dont les enfants fréquentent les écoles publiques
du Québec.
La FTQ représente
600 000 travailleurs, travailleuses dans tous les secteurs
d'activités économiques à travers l'ensemble
des régions du Québec. Elle représente des milliers de personnes qui
travaillent quotidiennement dans plusieurs commissions scolaires francophones
et anglophones. Nos membres occupent diverses fonctions dans les services
de garde, le transport scolaire, le soutien
manuel, le soutien administratif de même que les services complémentaires ou
professionnels.
La FTQ, vous n'êtes
pas sans le savoir, là, est un acteur important au sein de la société
québécoise et du réseau de l'éducation du Québec, et c'est pour cette raison
qu'elle a participé à toutes les grandes consultations portant sur l'éducation et le système scolaire depuis sa
fondation. À chaque reprise, la centrale a exprimé son attachement au réseau
des commissions scolaires et à une
démocratie scolaire dynamique et à chaque reprise elle s'est opposée à toute
volonté de rebrasser de manière
excessive les structures et même d'abolir les commissions scolaires ou leurs
élus. Or, c'est précisément ce que ce projet de loi n° 40
vise à faire une nouvelle fois.
Nous
ne pouvons donc que nous y opposer et rejeter ce projet de loi dans son ensemble,
pour de nombreuses raisons que nous avons soulevées dans notre mémoire, bien
sûr, mais au moins pour les trois principales raisons que nous souhaitons
porter à votre attention aujourd'hui.
La première :
rebrasser des structures, ce n'est pas une priorité ni une solution. Donc, on
constate que l'école québécoise est en crise
depuis des années. Chaque semaine, les médias nous rapportent des problèmes
vécus au quotidien par des élèves qui
vivent de l'anxiété, des difficultés importantes et peinent à obtenir des
services, des membres du personnel épuisés
ou en détresse psychologique, des cours d'école inadéquates, des écoles où on
respire un air malsain, où on boit de
l'eau contaminée au plomb, et j'en passe. Les travailleurs et travailleuses du
réseau scolaire que nous représentons nous témoignent que leurs
conditions de travail et les conditions d'apprentissage des élèves se dégradent
au fur et à mesure et que les milieux
scolaires doivent encaisser tantôt des compressions budgétaires, tantôt des
difficultés de recrutement et de rétention
de la main-d'oeuvre ou tantôt de la concurrence des écoles privées. Dans ce
contexte, la FTQ pense que rebrasser les structures ne constitue
actuellement ni une priorité ni une solution.
Pour nous, ce dont le
réseau a le plus besoin, à court terme, c'est d'une bouffée d'air. Il faut
s'assurer que des professionnels et des
services complémentaires accompagnent et soutiennent le personnel enseignant
ainsi que les éducateurs et
éducatrices dans les écoles, que les élèves soient moins nombreux dans les
classes, qu'une stratégie fonctionnelle et concertée soit déployée pour attirer et retenir les
travailleurs et les travailleuses de tous les corps d'emploi. Nous sommes
convaincus que l'école, les élèves et
le personnel de l'éducation ont actuellement besoin d'un véritable soutien et
d'une stabilité dans l'organisation des services scolaires et non d'être
de nouveau ballottés dans un autre rebrassage de structure.
Notre
deuxième commentaire concerne, naturellement, l'abolition des commissions
scolaires et de la démocratie scolaire
à proprement parler. La centrale a toujours
valorisé la participation citoyenne et parentale dans la vie et la gestion
des choses scolaires. Pour la FTQ, la commission scolaire comme on la connaît aujourd'hui est un véritable gouvernement de proximité,
transparent et responsable auprès de sa population, qui constitue l'une des
originalités du Québec et permet de dynamiser sa vie scolaire ainsi que
ses régions et ses communautés.
Nous avons toujours
reconnu que la gouvernance et la démocratie scolaires n'étaient pas
parfaites. Mais nous avons, par contre, toujours soutenu qu'elles
étaient perfectibles, qu'elles peuvent et doivent être améliorées. Nous
considérons cependant qu'il revient à l'État
de soutenir adéquatement les commissions
scolaires et leurs élus pour leur
permettre de remplir pleinement leur
mission auprès des communautés et des élèves. Malheureusement, on constate que
les gouvernements successifs
ont échoué à cette tâche et nous sommes aujourd'hui convoqués devant
la facilité qui consiste à faire disparaître le problème plutôt qu'à le résoudre. Au lieu de recourir à des solutions
constructives, le projet de loi tire un trait sur une instance démocratiquement élue et redevable à la
population pour créer un régime de nomination discriminatoire et opaque.
Pour
la FTQ, le remplacement des commissaires scolaires par un conseil d'administration principalement composé de personnes
nommées par un collège de parents impliqués au niveau des conseils
d'établissement n'a aucun sens. D'abord, ce
choix élimine le suffrage universel dans le réseau francophone, mais le maintien dans le réseau
anglophone. Non seulement le projet de loi crée deux vitesses de
démocratie et deux catégories de citoyens, mais il crée également deux classes de contribuables face à la taxe
scolaire : il y aura maintenant ceux qui paieront leurs taxes en anglais
et pourront avoir voix au chapitre et
ceux qui paieront leurs taxes en français et n'auront plus aucun mot à dire ni
personne à qui s'adresser parce que
les membres du nouveau conseil d'administration ne seront manifestement
redevables à personne en particulier et ne prendront les mandats de
nulle part.
Or,
l'un des avantages des commissaires élus, actuellement, c'est qu'ils sont
redevables aux citoyens d'une circonscription,
qu'ils jouent un rôle de proximité pour les écouter et qu'ils portent leurs
préoccupations et leurs intérêts dans l'instance décisionnelle de la commission
scolaire. Cela ne sera plus le cas avec un conseil d'administration tel
qu'il est proposé, et c'est fort regrettable, et c'est une perte du lien de
proximité avec la communauté et une perte de pouvoir pour la population francophone. Nous croyons que ces
qualités seront mises à rude épreuve en exigeant des parents du conseil
d'administration qu'ils siègent en plus à des conseils d'établissement, et ce,
de manière bénévole. En ne recevant qu'un
maigre jeton de présence, comment pourraient-ils se permettre de se dégager du
temps de qualité pour pleinement jouer leur rôle au sein du réseau et
auprès de la communauté?
Nous
refusons que la relation de proximité et la qualité du travail de cette
instance soient mises en péril au nom d'une
économie de bouts de chandelle. Pour la FTQ, il est temps de reconnaître le
rôle des personnes qui s'engagent dans la
vie démocratique et de les soutenir pleinement dans leurs fonctions, et cela
est également vrai pour les personnes qui représentent la communauté ou
le personnel scolaire.
Nous
ne pouvons manquer de noter, aux annexes I et II du projet de loi, l'intention
d'exclure d'office de l'élection du
premier conseil d'administration toute personne exerçant un mandat syndical
pour le personnel de la commission scolaire. Nous remarquons aussi que les membres de la communauté ne pourront pas
provenir du milieu du travail, comme c'est le cas actuellement. Pour nous, il s'agit d'un procès d'intention à
l'endroit des organisations de travailleurs et de travailleuses qui n'a
pas sa place dans le débat qui nous occupe.
La FTQ est bien
placée pour témoigner de l'importance du dialogue social et de la concertation
de tous les acteurs dans le développement
régional au Québec. Or, que ce soit la commission scolaire ou ailleurs, il est
important de reconnaître à sa pleine valeur l'expertise et l'expérience
des travailleurs et travailleuses et de leur faire une place dans les lieux où cela compte. Les syndicats peuvent
jouer un rôle positif à ce sujet puisqu'ils travaillent étroitement auprès de
leurs membres, les consultent régulièrement
sur des enjeux qui les touchent et portent leur parole avec rigueur et
fidélité.
C'est en apprenant à
dialoguer qu'on s'assure d'une richesse et d'une profondeur de débat et de
réflexion qui permettent aux projets d'aller plus loin et avoir moins
d'erreurs. Pour nous, il est donc impératif de lever les obstacles à une
participation active et inclusive de toutes les catégories de personnel aux
instances décisionnelles ainsi qu'à leurs représentants syndicaux, si c'est
leur volonté.
• (12 h 30) •
Enfin,
la FTQ constate qu'en remplaçant le conseil des commissaires par un conseil
d'administration le projet de loi en affaiblit considérablement le
pouvoir et la portée. En effet, les membres du conseil se voient dépouillés de
leurs porte-parole, de leur comité exécutif,
de leur droit de surveillance sur les conseils d'établissement, de leur droit
d'arbitrer la répartition des ressources et d'une partie de leur autonomie
puisqu'ils devront motiver leurs décisions à des comités subalternes auxquels ils ne pourront même pas
siéger. Or, nous constatons que ces
pouvoirs ne seront pas nécessairement
transférés vers les établissements, comme le ministre l'a dit, mais plutôt dans des comités spécialisés
ou entre les mains du directeur
général ou du ministre
lui-même. Pour nous, c'est l'un des nombreux signes que
cette réforme ne donne pas lieu à la décentralisation annoncée. Au contraire,
on assiste plutôt à un nouvel écartèlement de la structure qui accentue la bureaucratisation
et la centralisation du réseau pourtant dénoncée par le gouvernement. Il
en résulte une nouvelle perte d'autonomie
pour la commission scolaire et ses décideurs. C'est pour le moins inquiétant,
car cela réduit la capacité de la structure
à jouer son rôle d'arbitre et à assurer l'équité au sein du réseau. Selon nous,
ça ne rend pas service aux élèves, puis ça ne contribue en rien à la
réussite éducative. La FTQ ne peut y souscrire.
Une
dernière raison, le troisième élément que nous voulons souligner tient au
pouvoir du ministre et du gouvernement. Nous venons de l'évoquer, la transformation de la commission scolaire et
de son instance décisionnelle ont moins pour effet de redistribuer les
pouvoirs vers les écoles que vers le ministère et le Conseil exécutif.
À
plusieurs égards, le projet de loi leur octroie de nouveaux pouvoirs
réglementaires, ce qui augmente la marge de manoeuvre quasi discrétionnaire du
pouvoir exécutif sur le réseau. Trois de ces nouveaux pouvoirs inquiètent
particulièrement les membres de la
FTQ. Le ministre va pouvoir établir les cibles, les objectifs de gestion
interne sur l'administration, l'organisation
ou le fonctionnement d'un ou de l'ensemble des centres de services. Pour nous,
ce n'est pas nécessaire de rajouter
des leviers de contrôle ou des sources d'anxiété. Encore une fois c'est un
moyen... C'est de moyens et de soutien dont
les gens ont besoin. Le ministre va pouvoir forcer les commissions scolaires à
favoriser le partage de leurs ressources entre elles avec d'autres organismes publics et même avec des
municipalités ou des écoles privées. Et là, je vous avoue... Il me reste
une minute? Non? Il ne m'en reste plus?
La Présidente
(Mme Thériault) : Plus de temps. Non, vous n'en avez plus.
M. Boyer (Daniel) :
Bien, je vais vous conclure ça. Puis là on est inquiet... — on
aura l'occasion d'y répondre, j'imagine, là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui.
M. Boyer
(Daniel) : On est inquiet de
fusions avec ces partages de services. Donc, on est d'avis que les besoins des
écoles, des écoles puis du personnel
scolaire sur le terrain sont trop nombreux et criants pour que la société
québécoise fasse de nouvelles réformes de structure...
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Merci, M. Boyer. Je vais
vous demander si c'est possible d'avoir une copie de votre discours. On
le transmettra intégralement aux membres. Comme ça, on ne manquera pas les
derniers paragraphes que vous aviez pour nous.
M. Boyer (Daniel) : ...bout là, là?
La
Présidente (Mme Thériault) : Bien, si vous voulez, il n'y a pas
de problème, on va le prendre. Donc, sans plus tarder, M. le ministre,
pour votre bloc, vous avez 13 minutes.
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Merci à vous d'être présents et présentes
aujourd'hui et à tous ceux qui vous
accompagnent. Vous êtes les bienvenus à l'Assemblée nationale. Beaucoup,
beaucoup d'éléments en si peu de temps. Vous avez ramassé votre mémoire,
mais évidemment on prendra le temps de le regarder au complet.
Vous
comprenez qu'à certains égards on diverge d'opinion ou, alors, j'ai plutôt des
questions pour mieux comprendre sur
quoi reposent, là, vos interventions. Et je vais aller sur un des points que
vous avez soulevés en dernier, là, la question de partage de services.
Ça semble vous déranger comme si ça menaçait le réseau d'une quelconque façon.
C'est
l'article 102 du projet de loi n° 40. Quelqu'un hier y
faisait référence, mais en en regardant seulement une portion, mais, si
on le regarde dans son ensemble, là, l'article 102, ça dit : Cette
loi est modifiée par l'insertion, après l'article 215.1, des
suivants :
«215.2. Les
centres de services scolaires doivent favoriser le partage de ressources et de
services, notamment de nature administrative, entre eux ou avec d'autres
organismes publics, dont les municipalités, ou des établissements [déjà] régis par la Loi de l'enseignement privé
lorsque cela permet, dans le cadre de leur mission, de répondre à des besoins
d'efficacité ou de rentabilité dans la gestion des ressources humaines,
financières et matérielles.»
Après ça, on
dit, bon, on peut faire des recommandations en ce sens. Il ne s'agit pas, ici,
de fusionner des services, mais de
les partager pour mieux rentabiliser chaque dollar qu'on investit dans le
réseau pour qu'il y ait plus de services aux écoles, aux directions
d'écoles, alléger leur tâche, mieux soutenir ceux qui travaillent dans nos
centres de services, on pourrait dire nos commissions scolaires, peu importe,
dans nos écoles, dans un objectif d'efficacité pour des ressources financières
et matérielles.
Pouvez-vous m'expliquer où est le danger à
partager avec une municipalité des ressources, des services ou avec un autre organisme pour essayer d'être plus
efficace des deux côtés, hein, quand c'est gagnant-gagnant pour les deux?
Parce que vous ne pouvez pas forcer encore
moins l'autre côté, là, à partager
des ressources, des services. Mais pourquoi c'est perçu, de votre côté,
comme un problème?
M.
Boyer (Daniel) : Bien,
voyez-vous, ça, plus ça, plus ça, ça donne des affaires un peu
bizarres parce que, quand vous vous octroyez aussi le droit de
modifier les territoires, ça fait en sorte qu'on peut se ramasser avec une drôle d'affaire. Puis c'est pour ça qu'on voit, dans ce partage...
Si ce n'était que ça, ça pourrait peut-être être positif. Le problème qu'on a avec ça, c'est est-ce que c'est une ouverture vers
le privé? Est-ce que c'est une ouverture vers des fusions de centres de service? Ça, c'est la... Elle est là, notre
inquiétude, purement et simplement, là. On n'écrit pas ça pour rien, juste pour
faire des économies. Avec les
pouvoirs qui vous sont conférés en vertu de ce projet de loi là, notre
inquiétude, elle est plus grande que
ça. C'est une interprétation qu'on fait, mais une interprétation qu'on fait à
la lecture de plusieurs articles qui redonnent plusieurs pouvoirs au
ministre de modifier soit les territoires, soit d'aller en impartition. On est
inquiets, on est inquiets.
Puis, si ce n'était qu'une question d'efficacité
ou de sauver des sous, bravo!, mais, à un moment donné, je vous avoue, je ne sais pas si c'est le cas dans le
secteur scolaire, là, mais je vous avoue que la possibilité d'économies, elle
est de moins en moins grande, et même
qu'on voit l'effet inverse à un certain moment donné. Plus c'est gros, plus
c'est difficile aussi.
Et là on pourra se parler, si vous voulez, de la
réforme dans le secteur de la santé, là, parce que je l'associe exactement à la réforme dans le secteur de la
santé. Je dis «la réforme», les deux, puisqu'il y a eu des fusions
d'établissements suite à un projet de loi n° 25
en 2003 et qu'il y a eu une nouvelle fusion d'établissements dans la santé en
2014.
Donc, je vous
avoue, là, qu'on est inquiets. On voit, dans ce projet de loi là, quand on lit
les articles et les pouvoirs que vous
vous octroyez comme ministre, bien oui, de l'impartition, de la privatisation
et des fusions de commissions scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Mme la Présidente, je laisserai le Parti libéral défendre ou
renier sa réforme en santé. Moi, je vais me concentrer sur le projet de loi n° 40. Mais vous venez de dire,
parlant de l'article 102 : On n'écrit pas ça pour rien, juste pour faire des économies. Mais, pour moi, ce n'est pas rien,
disons, faire des économies, pas nécessairement faire des économies dans le sens d'en sauver plus, en
dépenser moins, pour couper. C'est peut-être justement... Puis je ne dirai pas
non plus en faire plus avec moins. C'est en faire plus avec plus ou en faire
mieux.
Quand on parle de gestion de... supposons, gérer
un aréna, est-ce qu'on peut le cogérer si l'aréna est directement à côté de l'école pour mieux répartir le temps de
glace? Si une école secondaire se dote d'un gros gymnase ou d'une piscine,
est-ce qu'on peut après partager cette
ressource-là plutôt que la louer à la ville puis facturer, puis... Est-ce qu'on
peut la cogérer, est-ce qu'on peut
partager la ressource, la personne qui surveille, le «life-guard», en bon
français, est-ce qu'on peut partager la paye de cette personne-là qui
tantôt surveillera des aînés, tantôt surveillera des élèves, tantôt surveillera
des aînés au fil des plages horaires? C'est
ça, ici. Puis on ne parle pas de fusionner des commissions scolaires ou ces
centres de service avec
l'article 102, on parle de partager des ressources matérielles,
financières pour que plus de citoyens puissent bénéficier de nos
infrastructures, de nos capacités.
• (12 h 40) •
Sur la
question des territoires, c'est important de le préciser parce que d'autres
l'ont mentionné avant vous, le projet de loi n° 40 a un article là-dessus,
l'article 46. Mais l'article 46 ne vient pas donner un nouveau
pouvoir au gouvernement, il
dit : Bien là, avant, ce n'était pas possible de revoir les territoires
des commissions scolaires, mais, avec l'article 46, là, on se donne
ce pouvoir-là. Ce n'est pas vrai, là. En ce moment, les articles 116 et
117.1 de la Loi sur l'instruction publique permettent
au gouvernement... puis c'était vrai, là, il y a un an et quelques au
gouvernement libéral, puis c'était vrai si on recule au gouvernement du
Parti québécois, c'était déjà là.
Les
gouvernements, en vertu des articles 116 et 117 actuels, pouvaient
redécouper les territoires des commissions scolaires. C'était déjà là. L'article 46 du projet de loi
n° 40 l'ajuste un peu en disant : Bien, si on devait faire ça, il
faudrait d'abord consulter. On vient se donner une obligation
supplémentaire que si on devait toucher un territoire, il faudrait d'abord le consulter. Donc, je ne pense pas qu'il
faut mettre ça dans la colonne du tout-puissant projet de loi n° 40 qui
viendrait tout à coup donner des
pouvoirs au ministre de fusionner. Ce n'est pas la lecture qu'il faut en faire.
Est-ce que vous avez cette même compréhension? Est-ce que vous aviez vu
qu'il y avait déjà ce pouvoir et que le projet de loi n° 40 ne vient que
le limiter en donnant une obligation
supplémentaire de consulter? Et je vous le dis tout de suite, ce n'est pas
notre intention de redécouper, là, mais on est dans le projet de loi
puis le projet de loi survit au gouvernement, j'en suis bien conscient.
M. Boyer (Daniel) :
Mais là vous êtes en train de nous dire qu'il n'y a pas d'intention de fusion,
là.
M. Roberge : Absolument pas.
M.
Boyer (Daniel) : Bon. Mais
écoutez, c'est parce qu'un plus un plus un, quand je vous disais tantôt...
C'est parce que, quand on vient
uniformiser la taxe scolaire, donc, tout le monde est égal. On dirait qu'on est
en train de tout mettre en place, des mécanismes, dans le but de faire des fusions de commissions scolaires. Nous, c'est de la façon qu'on l'interprète.
Tant mieux si vous me dites qu'il n'y aura
pas de fusion de centres de service ou de commissions scolaires, on s'en
réjouit, mais nous, on le voit comme ça.
Et je vous
avoue que, le bémol, puis je l'ai dit tantôt, là, l'impartition, la
privatisation des services, ça nous inquiète. Parce que le partage, est-ce que ça va être à la municipalité
ou il s'arrête ailleurs? Parce que qui est le véritable employeur de
l'employé qui va travailler dans cet aréna-là, là? Puis on a des questions, là,
il y a des certificats d'accréditation qui s'appliquent.
Est-ce qu'on est en train de se compliquer les choses dans le but, justement...
Il me semble que c'est plus simple que
ça, d'améliorer la réussite scolaire au Québec que d'aller tripoter
ces affaires-là. Je ne sais pas. Il me semble. Il me semble.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Oui. Je vous
dirais qu'il y a plusieurs façons d'améliorer notre cadre bâti, de rénover
nos écoles, de donner plus d'argent
pour les rénover, pour les agrandir aussi pour qu'il y ait plus de place, notamment
pour les professionnels puis tous
ceux qui sont là pour les services aux élèves. Il y a d'ajouter les ressources
professionnelles, des ressources techniques, d'aider les profs à aider les élèves. Il y a un paquet de mesures à
mettre en place, puis on a commencé, avec notre premier budget,
à aller définitivement dans cette
direction-là. Puis on s'est dit ensuite, bien : Toutes ces nouvelles
ressources là, est-ce qu'on peut
mieux les gérer, les administrer? Puis on arrive avec cette proposition-là
d'améliorer la gouvernance. Pour nous, ça ne s'oppose pas. Plus de
ressources puis une meilleure gestion des ressources.
Sur ce, si vous permettez, Mme la Présidente, je
laisserais la parole à mon collègue de Sainte-Rose.
La
Présidente (Mme Thériault) : Oui. Je vais reconnaître le député de
Sainte-Rose. M. le député, la parole est à vous. Il vous reste 3 min 30 s,
question, réponse.
M.
Skeete : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour et bienvenue à
votre Assemblée nationale. Content de vous voir. J'ai quelques
questions. Je n'ai pas beaucoup de temps, donc je vais essayer d'aller rapidement...
Une voix : ...
M.
Skeete : Je vous comprends. Je dois vous dire, il y a eu beaucoup
d'éléments rapportés dans votre mémoire et dans votre discours d'ouverture. J'aimerais juste ça vous entendre sur
l'exception qu'on fait pour les communautés d'expression anglaise. Il y a des gens qui nous disent que ce
n'est pas égal, et tout, mais, l'intention du gouvernement, c'est de respecter une minorité
linguistique, respecter la loi, oui, mais aussi respecter, dans le sens
honorable des mots, une minorité qui a des droits et qui doit être
considérée.
Vous
dites que, d'un côté, ce n'est pas égal, mais le gouvernement du Québec, lui
aussi, regarde les enjeux plus larges. De dire : Il y a aussi les
commissions scolaires francophones outre Québec qu'on doit considérer, si on ne
donne pas un peu l'exemple aux
autres, est-ce qu'on ne fragilise pas les réseaux francophones extérieurs?
J'aimerais ça vous entendre sur ce
balancier-là, comment que le gouvernement a fait ça, et comment que vous
arrivez à conclure que ce n'est pas équitable.
M. Boyer (Daniel) : Bien, écoutez, je vais répondre bien simplement. On est bien
d'accord à respecter la minorité linguistique
de langue anglaise, mais il faudrait aussi respecter la majorité linguistique
de langue française. Et, nous, c'est... On bafoue les droits
des francophones, les droits démocratiques des francophones.
C'est
vrai, là, qu'il n'y a pas un haut taux de participation aux élections
scolaires. C'est vrai, là, on l'admet, ça. Mais là on est après détruire tout ça parce qu'il n'y a pas assez de
monde qui vont voter. Mais là les gens qui vont être nommés ou élus sur nos CS, nos C.E., ils vont avoir des
mandats de qui? Ils vont être nommés par qui? Ils vont consulter qui? Je
ne le sais pas.
M.
Skeete : Ça, c'est un bon
point parce qu'on arrive à la légitimité, mais, sur ce, je pense que ça a été
assez clair. On parle d'abolir les commissions scolaires, au Québec, dépendamment de l'année, pendant assez
longtemps. Il y a eu le dernier gouvernement qui a dit : Si vous tenez à vos institutions, allez voter en grand
nombre. Même avec ça, le taux de votation,
dans le réseau francophone, est inférieur à 5 %. N'est-ce pas, justement... — puis, en plus, mon parti en a fait une
promesse électorale — n'est-ce
pas un mandat d'agir, justement?
La
Présidente (Mme Thériault) : Vous avez une minute pour répondre, M.
Boyer, avant de changer d'interlocuteur.
M. Boyer (Daniel) : Bien, moi, ce que j'ai entendu des élus, autant
de votre parti que le Parti libéral, c'est plutôt un son de cloche de ne pas
aller voter. Ça, je vous avoue que c'est inquiétant dans une instance
démocratique qui existait encore à
l'époque. Mais, moi, je vous le dis, là, la façon... quand on veut tuer son
chien, on dit qu'il a la rage, là. Moi, il me semble que, si on veut... il ne faut pas détruire les commissions
scolaires parce qu'il y a peu de monde qui vont voter. Il faut tenter de
convaincre le monde d'aller voter.
Puis là on propose...
bon, c'est de joindre les élections, les élections scolaires avec les élections
municipales. Il nous semble... Puis ça
existe ailleurs, là, ça existe en Ontario, au Nouveau-Brunswick. Il me semble
qu'on aurait quelque chose... Là, on
détruit un gouvernement de proximité démocratiquement élu, comme ça, paf! on le
fait disparaître, alors que, votre
monde — bien, je
dis votre monde, là, les gens qui vont siéger sur les centres de services ou
les comités d'école ou les comités de parents — ils
vont être nommés par une petite poignée de monde, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mais je dois...
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Thériault) :
Non, et je dois mettre fin, malheureusement. On a déjà dépassé le temps, désolée. On pourra peut-être continuer avec l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la
parole est à vous,
8 min 40 s.
Mme Rizqy : Bonjour, merci d'être ici présents. Très contente
de vous voir, et on va devoir faire ça vraiment court, le temps file.
Ça,
plus ça, plus ça, ça donne ça. Vous avez vu, là, projet de loi n° 3, on
uniformise le taux de taxation scolaire partout au Québec. Les gens qui ont des grosses baraques, pas de
problème, vous avez un gros congé de taxes. Puis, si vous ne vivez pas
au Québec, ce n'est pas grave, une grosse entreprise étrangère, vous allez
avoir droit aussi à des économies. Projet de
loi n° 12, frais facturés aux
parents, le ministère de
l'Éducation ne savait même pas qu'il y avait des programmes au Québec
où est-ce qu'on pouvait demander à des parents, dans le système
public, de payer 5 000 $,
7 000 $, 10 000 $ par frais... par projet. Et là, maternelles quatre ans, on a fini avec une
surprise de la bouche du ministre, les agréments pour les écoles
privées. Bien que ça faisait plus de 12 ans qu'il y avait un moratoire,
tout à coup, le ministre, lui, ne se sent pas trop
attaché avec ce moratoire-là. Il n'y en a pas, de problème. Et là
vous avez mis le doigt sur l'article 102, comme d'autres personnes
avant vous. Et hier, il y avait M. Vigneault qui, avec le Mouvement
L'École ensemble... — parce
que vous le savez, l'OCDE l'a dit, hein, on
est, malheureusement... il y a des inégalités des chances au Québec — ici, dans l'article 102, hier, M. Vigneault a posé la question
suivante, puis le ministre n'a pas voulu répondre : Est-ce que l'école
privée va devoir aussi prêter des services à l'école publique?
Pensez-vous que ça, c'est une question légitime à se poser?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Bien sûr,
c'est une question légitime. Puis, quand on parle d'impartition puis de
privatisation, c'est notre grande
inquiétude. Nous, on n'a rien contre le partage de services dans le réseau
public, mais ça s'étend jusqu'où, cette affaire-là? Puis on va-tu avoir
une seule école au Québec éventuellement, là? J'avais dit au ministre de la
Santé à l'époque : Est-ce qu'on va avoir un seul centre hospitalier au Québec éventuellement qui va être runné par le ministre? La question reste entière.
Mme Rizqy :
Est-ce que le ministre, là-dedans... dans l'article 102, est-ce que vous
voyez si les municipalités auront l'obligation de prêter des services? Est-ce
que le ministre, quelque part, a mis
une disposition qui va être un corollaire pour dire : Bien, vous aussi, les municipalités, les plateaux de services, ça s'en va dans les écoles publiques. Est-ce que
ça, vous l'avez trouvé quelque part dans le projet de loi n° 40?
M. Boyer (Daniel) : On n'a rien vu. Puis je soulevais, tantôt :
L'employé relève de qui? Parce que je peux vous mentionner que le Syndicat
canadien de la fonction publique, le SCFP, le syndicat le plus présent pour
représenter les employés des municipalités, on va être dans un micmac tantôt, là, difficilement compréhensible.
Puis moi, je n'ai pas de problème à
ce qu'on se partage des services, mais il va... Ce n'est pas ça, la solution
pour améliorer la réussite scolaire au Québec.
Mme Rizqy : Écoutez, tantôt, là, j'avais l'impression d'halluciner. L'article 46, dans le projet de loi, vous l'avez dit, d'autres personnes
l'ont dit, ça permet au ministre de pouvoir fusionner des territoires.
Il vous a répondu : Ce n'est pas
dans mon intention. Je me suis dit : Coudon, est-ce qu'au Québec, notre devise, c'est Je me
souviens ou ce ne l'est pas? Donc,
plan de gouvernance scolaire, janvier 2018, ça ne fait même pas encore un an.
Ça ressemble pas mal à la face du ministre
de l'Éducation. Donc, si je m'en vais à la page 5 : «Moins coûteux et
éventuellement moins nombreux, les centres de services aux écoles seront intégrés au ministère de l'Éducation. Ils
auront mission de fournir des services administratifs et de faciliter au maximum la gestion des écoles.»
Donc, si je comprends bien... Puis c'est sûrement là que vous avez trouvé
l'intention du ministre de pouvoir fusionner les différents centres de
services.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Choinière-Lapointe.
M. Choinière-Lapointe
(Pierrick) : Oui, bonjour, Pierrick Choinière-Lapointe,
SEPB-Québec. Donc, voyez-vous, c'est le principal problème qu'on trouve avec le
projet de loi — et je
reviens à la question du ministre, tantôt : l'inquiétude, en fait.
Pourquoi parle-t-on de ça si ça existe déjà? L'utilité de ça va être quoi?
Dans
notre mémoire, on en parle comme d'un cheval de Troie. Donc, on est en train,
au lieu de discuter un plan sérieux,
réel — quelles
seront les économies qui pourraient être générées par tel ou tel projet de
fusion clair — on est
en train de débattre sur une
hypothèse, une intention qu'on nous dit qu'elle ne se produira pas, mais,
néanmoins, c'est dans le projet de loi.
Alors,
si c'est déjà là, qu'on n'en a pas besoin, pourquoi on fait un projet de loi?
Alors, c'est pour ça que nous, on parle vraiment d'une... La question
était bonne, c'est une inquiétude, et, dans notre mémoire, on en parle comme
d'un cheval de Troie. Je pense que c'est
comme ça qu'il faut le voir. Elle est où, l'étape 2, c'est quoi, la
phase II? C'est plus ça qui nous préoccupe que des pouvoirs
supposément, là, qui existeraient déjà.
• (12 h 50) •
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée.
Mme
Rizqy : Merci. La FAE aussi en parle comme un cheval de Troie, les
enseignants aussi sont inquiets. Hier, j'étais
au cocktail de Force Jeunesse et j'ai rencontré des jeunes du Comité Jeunes de
la FTQ, Kathia et Mme Loubov. Et parlons de ceux qu'on parle
rarement, personnels de soutien : Eux, ils vivent ça comment?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. Bolduc.
M. Bolduc (Denis) : O.K. Oui. Bien, la question est intéressante, les gens qui nous accompagnent sont des gens du peuple, du personnel de soutien dans
différentes commissions scolaires de partout au Québec, hein, ils viennent de l'Abitibi, de la région de Québec, de partout. Et, oui, il y a des inquiétudes, il
y a des inquiétudes face à, justement, le partage de services, fusion de
territoires, parce qu'on le voit, on le voit dans le projet de loi. Et la
première étape, vous l'avez très bien dit,
on a uniformisé la taxe scolaire. Une fois que la taxe scolaire est uniformisée
partout, là, c'est facile, financièrement, là, de fusionner des territoires, d'en découper, d'en refaire.
Et
donc c'est ce qu'on voit dans le projet de loi, une multitude de choses,
M. Boyer l'a bien dit, vous l'avez bien soulevé, et, évidemment, quels
seront les impacts. On a vécu... Il n'y a pas longtemps, dans le secteur de la
santé et des fusions d'établissements, avec des votes obligatoires dans
le système de la santé qui ont retenu l'attention pendant deux ans, pendant deux ans, là, on a retenu
l'attention d'une multitude de personnes, des centaines de personnes, dans tous
les établissements, qui étaient préoccupées
par le vote, des organisations syndicales qui étaient préoccupées par le vote,
puis ça dérange, ça dérange
énormément dans les établissements. Ça va faire la même chose dans les
commissions scolaires si on arrive avec un projet comme ça.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée des Mille-Îles, 2 min 30 s.
Mme
Charbonneau : Merci, Mme la Présidente. Messieurs, je vais
vous faire la remarque que j'ai faite à chaque fois que j'ai vu une ligne de gars, ça aurait été le fun d'avoir une
fille, mais, ceci dit, je le sais que vous êtes d'accord puisque vous êtes très bien accompagnés, puis je peux voir
qu'en arrière de vous il y a des femmes qui sont là aussi. Donc, merci.
M.
Boyer, je vous ai entendu, je vous ai écouté avec beaucoup d'attention, et j'ai
entendu votre question au ministre. Et
je comprends votre scepticisme, je comprends votre scepticisme parce que vous
avez entendu bien des ministres, tous partis
confondus, eux, c'est leur première fois, là, mais je ne pense pas qu'il y a de
grandes différences et, quelquefois, entre ce qui se dit puis ce qui se
fait, il peut y avoir de grandes différences.
Donc, j'apprécie entendre votre
inquiétude par rapport au partage des responsabilités. On sait que les petites
écoles, quelquefois, font la location de leur établissement, ils font
des aménagements, puis il y en a qui ont des très beaux partenariats avec les villes, mais on sait qu'il y a des endroits où les
villes n'ont pas accès à l'école, puis d'avoir un pied dans le terrain, ça aide
toujours un peu plus, surtout si c'est le ministre de l'Éducation qui donne le
droit de débarrer la porte à la place du directeur ou du personnel de
l'école.
J'aimerais vous
entendre sur le fait où vous rappelez l'importance d'avoir les gens des
services de garde qui sont des partenaires.
Je vous dirais, c'est ceux qui rouvrent l'école puis c'est ceux qui ferment
l'école. Puis c'est ceux qui ramassent les jeunes au moment où ils sont
fébriles, du matin, puis au moment où ils sont fébriles de la fin de la
journée, et qui peuvent peut-être amener des
pistes de solution puis des choses différentes au sein des conseils
d'établissement, puis, maintenant, bien,
moi, j'ai bien de la misère à dire «conseil d'administration», mais j'aime bien
«commission scolaire», mais au sein des commissions scolaires.
La Présidente (Mme
Thériault) : Je vais vous demander de faire ça en 40 secondes.
Mme
Charbonneau :
Tu es capable. Go!
M. Boyer (Daniel) : Bien, écoutez, autant pour les services de garde, puis la question
était posée tantôt pour le personnel de soutien, le personnel
administratif, il faut à tout prix considérer ces gens-là comme faisant partie
du projet éducatif au Québec. Puis, tant
qu'on ne fera pas ça, bien, on va se tirer dans le pied, bien évidemment. Et là
vous m'inquiétez quand vous me dites
que le ministre va avoir le droit, en vertu de projet de loi, de débarrer la
porte puis de barrer la porte de l'école, là, ça, là, je vous avoue, là,
que, si c'est la job du ministre, là...
La
Présidente (Mme Thériault) : On va aller du côté... Non, non, je
m'excuse, Mme la députée des Mille-Îles, vous aurez une conversation
après, si vous voulez. Mme la députée de Sherbrooke pour vos
2 min 40 s.
Mme Labrie :
Merci. Dès le début de votre mémoire, vous dites : «Le projet de loi crée
de nouveaux leviers de gestion axés sur les résultats qui ne peuvent
qu'accroître la pression sur le personnel [et notamment] les conditions dans lesquelles ceux-ci [concourent] à la réussite
des élèves...» J'aimerais ça que vous nous parliez de ça, de la gestion axée
sur les résultats et ce projet de loi là.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. Boyer.
M.
Boyer (Daniel) : Écoutez, vous prenez un bout de la phrase,
mais je vais prendre toute la phrase. «Axés sur
[tous] les résultats». Vous savez qu'on débute les négociations dans le secteur
public, c'est vrai aussi dans le secteur de l'éducation. Nous, on a
fait deux choses. On a... On aura, bien sûr, puisqu'on n'a pas encore déposé
nos demandes salariales à la table
centrale, parce qu'on veut se donner la chance à nos tables sectorielles, dont
celle de l'éducation, de trouver des moyens
d'améliorer les conditions d'exercice d'emploi, pour que ce soit véritablement
de la réussite scolaire — scolaire,
mais également en santé puisqu'on est dans
le cadre de la négociation dans le secteur public. Donc, on tente de donner
cette chance-là à nos tables sectorielles pour améliorer les conditions
d'exercice d'emploi qui vont améliorer, effectivement, les conditions de
réussite scolaire, éventuellement.
Mme
Labrie : J'aimerais savoir
ce que vous voyez de gestion axée sur les résultats, dans le projet de loi
actuel. On va laisser les négociations se faire...
M. Cordeau
(Wilfried) : Merci. Alors... Bien, merci de nous apporter l'occasion
de se prononcer là-dessus. Effectivement, la gestion axée sur les résultats,
c'est une analyse qu'on fait sur les dernières années, les dernières réformes, notamment 1988, 1986, qui ont échoué,
mais qui s'est transposée dans le 105 également, où on donne, à chaque fois, un peu plus, ce qu'on appelle une approche
d'écartèlement de la commission scolaire. On réduit son autonomie de gestion, d'initiative puis sa capacité d'avoir de
l'emprise, là, sur ce qui se fait au niveau de la région au profit d'une part
du pouvoir ministériel de contrôler ou
piloter, surveiller le système, envoyer, injecter des directives, des attentes
chiffrées, des statistiques, des
indicateurs de réussite, de performance, et au profit également, au niveau des
établissements, d'organiser cette gestion-là, qui est de plus en plus
basée sur des colonnes comptables de chiffres.
Qu'est-ce
que ça fait dans la vraie vie? C'est qu'on rationalise tout. Après,
aujourd'hui, on doit se poser la question à savoir comment on pourrait partager
les services plutôt que d'ajouter des ressources dans les milieux, d'une part.
Mais, d'autre part, c'est que ça met de la
pression sur tous les personnels. On a vu les scandales, là, de trafiquage de
notes, et là le projet de loi,
notamment, amène la possibilité, encore une fois, aux directions
d'établissements de réviser les notes des élèves. C'est une inquiétude qu'on soulève. Le ministre va
pouvoir envoyer des directives, ce qu'il peut déjà faire, mais qu'il peut
aussi envoyer des objectifs et des cibles de gestion interne dans les
commissions scolaires. Donc, ça nous inquiète de renforcer la pression sur le
personnel.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange. Donc, on va du côté de la députée de Joliette pour 2 min 40, vous aussi, Mme la
députée.
Mme
Hivon : Oui, merci beaucoup, merci de votre
présentation. À la lumière de votre analyse, est-ce que vous avez le
sentiment que c'est un projet de loi qui comporte plus de centralisation ou de
décentralisation?
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Boyer.
M.
Boyer (Daniel) : Bien, écoutez, plus de centralisation, on voit
mal la décentralisation dans tout ça, là. Oui, on est capables de lire qu'il y a un objectif de décentralisation, mais
quand je disais on additionne une affaire, plus une autre affaire, plus une autre affaire, c'est un objectif
de centralisation pur et simple, là. Puis je pense que votre collègue l'a bien
mentionné, quand c'est le pouvoir du ministre de pouvoir débarrer puis fermer
les portes, bien, on est là, là. On est vraiment là. Et ça, je vous avoue que
ça nous inquiète. Ça nous inquiète terriblement.
Mme
Hivon : À votre
recommandation 10, vous parlez de préserver les pouvoirs du conseil,
particulièrement leur capacité à arbitrer la répartition des ressources
au sein du territoire. Il y a cette idée-là qu'on va perdre un peu une vue d'ensemble, donc, sur la répartition des
ressources. Comment vous voyez ça? Qu'est-ce qui vous inquiète
particulièrement? Parce qu'on a deux
discours qui s'opposent là-dedans, donc j'essaie toujours de voir les deux
points de vue. Puis l'autre élément,
c'est la représentation territoriale, donc les membres vont pouvoir tous
provenir du même endroit, il n'y a pas de territoires, de
sous-territoires ou de districts. Est-ce que vous vous êtes penchés là-dessus?
La Présidente (Mme
Thériault) : Vous avez 1 min 15 s pour répondre à la question.
Mme
Hivon :
1 min 15 s, oui.
M. Boyer (Daniel) : Bien, écoutez, peut-être le premier bout. Après
ça, le deuxième bout, peut-être qu'un de mes collègues pourrait y répondre.
Mais le premier bout, écoutez, concernant la capacité à arbitrer la répartition
des ressources, ça va dans le même
sens que ce qu'on s'est mentionné tantôt, hein? À partir du moment où tu n'es
pas un élu, tu ne représentes pas des
gens puis tu n'as pas des mandats de quelqu'un, comment tu fais pour faire cet
arbitrage-là, puis c'est quoi, les motifs qui t'amènent à prendre des
décisions?
Et
c'est là, au coeur de ce projet de loi là. Elle est là, la problématique. On
abolit une instance démocratique, donc on
remet ça entre les mains des gens qui représentent qui? On ne le sait pas. Qui
sont nommés par qui? On ne le sait pas trop
non plus, puis qu'ils ont quels pouvoirs, puis qu'ils sont redevables à qui? Ça
non plus, on ne le sait pas. Ça fait que le pouvoir d'arbitrage, on a
des doutes. Actuellement, c'est la commission scolaire qui décide, puis il y a
des élus qui décident de ça.
La Présidente (Mme
Thériault) : Il reste 10 secondes pour une autre réponse.
Mme
Hivon : La
recommandation 6, où vous parlez du lien territorial, maintenir le lien de
représentation territoriale pour la majorité des membres du conseil, je
voulais que vous explicitiez.
• (13 heures) •
La Présidente (Mme
Thériault) : En 10 secondes, parce qu'on est... plus de temps.
M. Cordeau
(Wilfried) : Donc, dans le fond, actuellement, c'est des circonscriptions
dont émanent les élus. Il n'y aura plus ça,
d'après ce projet de loi là. Donc, on craint des disparités dans la
représentation. On a des longs... des grands
territoires au Québec. On a des milieux urbains avec des grandes
densités mais des grands écarts également socioéconomiques, et on craint que ça
affecte la capacité des gens à faire valoir leurs besoins auprès des
représentants qui sont là.
La Présidente (Mme
Thériault) : Et, sur ce, je vous remercie, M. Cordeau,
M. Boyer, M. Bolducainsi que M. Choinière-Lapointe.
Et
je vais suspendre les travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi. Donc, bon
appétit, tout le monde! Et merci de votre participation en commission
parlementaire.
(Suspension de la séance à
13 h 01)
(Reprise à 15 h 07)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la Commission
de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je vous demande de
bien vouloir éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques.
Nous poursuivons les
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation
et à la gouvernance scolaires.
Donc,
cet après-midi, nous entendrons tout d'abord la Fédération des
transporteurs par autobus, ensuite, en audition conjointe, le Regroupement des commissions scolaires du
Bas-Saint-Laurent, le Regroupement des commissions scolaires de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine et le Regroupement des
commissions scolaires de la Côte-Nord, pendant une heure, et, enfin, en audition conjointe également,
le Regroupement des commissions scolaires des Laurentides et le Regroupement
des commissions scolaires de Lanaudière.
Donc, sans plus tarder, j'invite les
gens qui sont devant moi, soit la Fédération des transporteurs par autobus.
Vous avez une dizaine de minutes pour
nous présenter votre mémoire, et je ne
sais pas si c'est M. Lafrance qui fait la présentation, nous présenter...
Fédération des
transporteurs par autobus (FTA)
M.
Lafrance (Luc) : En partie.
La
Présidente (Mme Thériault) : ... — en
partie? — à ce
moment-là, nous présenter les gens qui vous accompagnent.
M. Lafrance, la parole est à vous. Bienvenue à l'Assemblée.
M. Lafrance (Luc) : Merci, Mme la Présidente. Merci, MM. et Mmes les députés, M. le ministre. Je suis accompagné avec moi du nouveau président du conseil
d'administration de la Fédération des
transporteurs par autobus, M. Sylvain... Stéphane Lefebvre,
excusez, qui est aussi transporteur scolaire dans la région du Lac-Saint-Jean.
J'ai aussi avec moi Mme Valérie Cloutier, qui est directrice des affaires
juridiques à la Fédération des transporteurs par autobus, ainsi que Mme Christine Deslauriers, qui est avocate et
conseillère à la Fédération des transporteurs par autobus. Alors, sans plus
tarder, je vais passer la parole à M. Lefebvre.
M. Lefebvre
(Stéphane) : Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les
députés. La fédération tient à remercier les
membres de la Commission de la culture et de l'éducation de lui donner
l'occasion de s'exprimer dans le cadre
d'un mémoire portant sur les enjeux possibles en regard du projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement
à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Le
transport scolaire fait partie intégrante de notre système d'éducation, au
Québec, et occupe une part importante des activités des membres transporteurs
de la fédération. La sécurité des élèves transportés quotidiennement est au
coeur des valeurs de ces entreprises,
pour qui la qualité des services offerts est prioritaire. Au fil des ans, le
système de transport scolaire québécois s'est forgé une réputation plus
qu'enviable, et ce, jusqu'en Europe.
La
Fédération des transporteurs par autobus regroupe plus de 600 entreprises
privées de transport par autobus de tous gabarits, oeuvrant dans
plusieurs secteurs d'activités tel le transport scolaire interurbain, urbain,
nolisé touristique, adapté, aéroportuaire, médical et par abonnement.
• (15 h 10) •
En
transport scolaire, les entreprises membres de la fédération représentent
96 % du marché du transport des élèves. Au Québec, ça représente une industrie qui regroupe près de
575 entreprises privées, avec près de 11 000 véhicules dédiés
au transport scolaire seulement,
qui emploient plus de 21 000 personnes, qui transportent pas moins de
520 000 écoliers matin et
soir et qui couvrent l'ensemble de la province avec près de 1 million de kilomètres
parcourus par jour en toute sécurité.
Bien
que le projet de loi n° 40 ne semble pas modifier l'organisation du transport scolaire au Québec, les changements proposés à la gouvernance des commissions scolaires vers la création des centres de services
soulèvent toutefois quelques préoccupations quant aux impacts de cette réforme sur la
gestion future du réseau de transport scolaire au Québec.
Sur ce, je vais laisser le soin à M. Lafrance de présenter nos quatre préoccupations.
M. Lafrance (Luc) : Comme le disait M. Lefebvre, on a quatre préoccupations principales. La première est en vertu de l'article 297, qui est une disposition transitoire et
finale du projet de loi n° 40 : «Les procédures auxquelles est
partie une commission scolaire se poursuivent sous son nouveau nom, sans
reprise d'instance.» Donc, devons-nous comprendre que les procédures auxquelles
est partie une commission scolaire incluent de fait les contrats de transport
d'élèves signés en cours de réalisation?
Il
est important de comprendre que, pour une grande majorité
des entreprises de transport membres de la fédération,
le contrat de transport d'élèves est leur
raison d'être. D'ailleurs, les experts-comptables notent aux états financiers
de ces entreprises qu'elles font l'objet d'une dépendance économique car
leur source de revenus provient essentiellement de contrats de transport scolaire octroyés par une commission scolaire. Donc, la fédération souhaite maintenir le statu quo quant aux
procédures et le maintien des contrats en vigueur qui sont en vigueur jusqu'en
2022, 2023 et 2024 pour certains transporteurs.
La deuxième préoccupation
est en termes de représentativité des transporteurs scolaires. Au fil des ans,
les commissions scolaires et les
transporteurs scolaires ont su développer une connaissance pointue dans
l'organisation du transport des
élèves, dans la réglementation s'y afférant, des territoires desservis et des
types de clientèles à transporter, et ce, dans un cadre des plus sécuritaires.
C'est ce qui explique le haut niveau d'efficacité et d'efficience du transport
scolaire québécois d'aujourd'hui. Ce
que la fédération comprend, à la lecture du projet de loi, c'est que les
conseils d'établissement des écoles
et les conseils d'administration seront composés en grande majorité de parents
et de représentants de communauté, tous
bénévoles, ayant probablement une méconnaissance de l'organisation du transport
scolaire. Les conseils d'administration seront supportés par plusieurs
comités consultatifs, dont un, en transport scolaire, composé de nombreuses
personnes, notamment d'un membre d'organisme public de transport en commun. La
fédération souhaite, au même titre que ces organismes
publics de transport en commun, avoir un représentant des transporteurs privés
au sein du comité consultatif de
transport, et ce, pour toutes les raisons évoquées plus haut. De cette façon,
le niveau de connaissance du transport scolaire serait bonifié et le
représentant serait la personne la plus apte à donner son avis sur la
planification, la coordination et l'administration du transport des élèves.
Troisième
préoccupation, c'est au niveau des partages des ressources. L'article 102
du projet de loi indique que la Loi sur l'instruction publique est
modifiée par l'insertion de l'article suivant, qui est 215.2 : «Les
centres de services scolaires
doivent favoriser le partage [des] ressources et de services, notamment de
nature administrative, entre eux ou avec d'autres organismes publics, dont des municipalités...» Elle ne définit
pas ce qu'elle entend par «des ressources» ou par «services». Devons-nous comprendre que cette
notion pourrait inclure le service de transport exclusif des élèves organisé
par la commission scolaire pour la rentrée
et la sortie quotidienne des classes? Tel que précisé précédemment, la tâche du
comité consultatif de transport, comme définie au Règlement sur le transport
des élèves, est de donner son avis sur la planification,
la coordination, le financement et l'administration des transports des élèves.
À notre avis, le nouvel article 215 vient dénaturer le mandat du
comité consultatif en transport.
Par
ailleurs, le dépôt du projet de loi n° 37 — même si ce n'est pas l'objet de la
consultation d'aujourd'hui — qui vise
principalement à instituer un centre d'acquisitions gouvernementales et
infrastructures technologiques... le ministre responsable de l'administration gouvernementale et président du Conseil
du trésor confère des pouvoirs au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur à l'égard des organismes qui relèvent de sa responsabilité
d'acquérir, pour le compte de ces
organismes publics, des biens et des services, de les gérer et de les planifier
en procédant à des regroupements ou
en exécutant des mandats. La fédération se questionne sérieusement s'il est de
l'intention du ministre d'inclure le transport scolaire dans les services pour lesquels le recours au partage des
ressources ou l'exercice du pouvoir, semblables à ceux d'un centre d'acquisitions gouvernementales,
deviendraient obligatoires. Une telle centralisation des pouvoirs fait craindre
le pire aux transporteurs en région, qui, au fil des ans, ont su développer une
expertise régionale en matière de transport scolaire
répondant aux besoins de leur clientèle. Cette centralisation pourrait avoir
aussi un impact négatif sur le développement économique des régions par
la fermeture d'entreprises et la perte d'emplois qu'elle pourrait occasionner.
On suggère donc de
supprimer l'article 102 du projet de loi, qui introduit
l'article 215.2. Quant aux nouveaux pouvoirs découlant du projet de loi
n° 37, la fédération souhaite connaître les intentions du ministre afin
qu'elle puisse faire les représentations qui s'imposent devant les instances
compétentes.
Quatrième
préoccupation : la pénurie de main-d'oeuvre. L'industrie du transport de
personnes est actuellement en pénurie
de main-d'oeuvre autant au niveau des conducteurs que des mécaniciens et des
répartiteurs et, en fait, de tous les employés qui gravitent autour de
l'industrie du transport scolaire. De surcroît, la fédération est informée
régulièrement par ses membres à l'effet que
des circuits scolaires n'ont pu être exécutés faute de chauffeurs. Certaines
entreprises n'ont plus de chauffeurs
remplaçants disponibles et risquent de ne plus pouvoir exécuter l'entièreté de
leurs circuits dans un avenir rapproché.
À cet effet, la fédération vous réfère à un article rendu... qui a été paru récemment dans Le Journal de Montréal, que
vous avez en annexe du mémoire qu'on vous a déposé.
La
fédération tente de multiples approches afin d'aider ses membres à surmonter
cette pénurie où un risque important et
réel demeure. Actuellement, le Règlement sur le transport des élèves prévoit que
chaque transporteur doit fournir chaque année, avant d'entreprendre l'exécution de son contrat de transport
d'élèves, une garantie d'exécution de contrat qui couvre toute la durée du
service, exclusion faite des périodes de grève ou lock-out. Dans le contexte
actuel de pénurie de main-d'oeuvre dans le transport de personnes, nous demandons
respectueusement de revoir le texte de l'article 23 et 31 du règlement sur
le transport des élèves afin qu'il soit tenu
compte d'une nouvelle exclusion d'application, soit le fait même du créancier
soit le transporteur qui a été empêché d'exécuter son obligation par le
manque de main-d'oeuvre.
En
conclusion, la Fédération des transporteurs par autobus et ses membres tiennent
à réitérer leur entière collaboration à
l'amélioration continue de leur système d'éducation, lequel inclut notamment le
transport sécuritaire des élèves. Ils sont ouverts aux propositions améliorant
l'efficacité du transport scolaire, sans toutefois diminuer la qualité des
services actuellement offerts. La sécurité des écoliers est au coeur des
valeurs des transporteurs scolaires du Québec car c'est l'avenir de notre
province qu'ils transportent quotidiennement. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci beaucoup, M. Lefebvre et M.
Lafrance, pour votre présentation. Donc, sans plus tarder, je passe la
parole au ministre pour le premier bloc d'échange de 16 minutes. M. le
ministre.
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. On a eu déjà
quelques moments, à l'occasion, de collaborer ensemble, de discuter ensemble.
Donc, aujourd'hui, on poursuit dans cette veine.
Je
comprends que vous avez quelques inquiétudes puisque, dans le fond, vos membres
font affaire avec les instances des commissions scolaires, les
60 francophones et neuf anglophones. Donc, un changement peut être
inquiétant à certains égards. Mais
qu'est-ce qui va changer dans le cadre légal? Est-ce que les contrats peuvent
changer? Est-ce que la façon de les attribuer peut changer? Je veux vous rassurer
à cet égard-là. À «préoccupations», allons-y avec des messages rassurants.
Première
préoccupation, la poursuite des ententes en vigueur. C'est vrai pour vous comme
pour d'autres personnes qui ont des contrats avec les commissions scolaires, il
y a plusieurs dispositions dans le projet de loi qui précisent que les contrats se poursuivent. Vous avez parlé tout à
l'heure de l'article 297 qui est dans les dispositions transitoires et
finales. Donc, ça le dit : «Les
procédures auxquelles est partie une commission scolaire se poursuivent sous
son nouveau nom, sans reprise
d'instance.» Donc, pas besoin de resigner, ou de renégocier, ou de perdre du
temps, simplement continuer ce qu'on fait déjà.
Il
y a l'article, aussi, 295 du projet de loi actuel, du projet de loi n° 40,
qui va en ce sens-là, quand ont dit : «À moins que le contexte ne s'y oppose ou que la présente
loi n'y pourvoie autrement — ce qui n'est pas le cas ici — dans toute loi, tout règlement ainsi que
dans tout autre document...» Et là les autres documents, bien, ce sont les
contrats qui auraient été signés. On
remplace tout simplement l'expression «commission scolaire» : supposons,
«commission scolaire Pointe-de-l'Île» par
«centre de services scolaire Pointe-de-l'Île» ou «commission scolaire de
Montréal» par «centre de services de Montréal»,
etc. On changerait tout simplement ça. Mais donc il y a peut-être d'autres
articles qui vont dans ce sens-là, mais le 295 et 297 vont dans ce
sens-là. Je pense que ça va répondre à votre préoccupation.
Puis ce qui
est intéressant, des fois, c'est : quand un groupe vient, soulève des
questions, bien, des fois, vous portez la voix de d'autres aussi. Il y a
peut-être d'autres personnes qui ont des contrats avec les commissions
scolaires, qui se posaient cette question-là, qui seront contentes que vous l'ayez posée,
qui seront contents de la réponse, ou, des fois, ce qui est intéressant aussi,
c'est : des groupes viennent puis amènent une réponse à une question qui a
été précédemment posée. Ça arrive aussi.
Votre
deuxième préoccupation, recommandation, c'est la représentativité des
transporteurs scolaires. Et là
j'aimerais vous entendre davantage là-dessus. Je ne suis pas certain. Est-ce que
vous craignez qu'avec le changement de gouvernance
vous ayez moins de représentativité ou c'est plutôt que vous voulez profiter de...
pardon, de l'amélioration de la
gouvernance pour améliorer votre représentativité puis votre écoute dans les
instances? Donc, pouvez-vous me préciser ça un petit peu?
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Lafrance.
M.
Lafrance (Luc) : Oui. Bien,
c'est assez simple. C'est d'ailleurs déjà plusieurs années où nous avons demandé à l'effet que les représentants des transporteurs
scolaires puissent siéger sur les différents comités consultatifs en transport.
Je peux comprendre que, pour certaines personnes
ou certains administrateurs de commission scolaire, ça peut être quelque
chose de pas faisable ou farfelu, parce que les transporteurs sont à contrat avec
les commissions scolaires. Mais il faut reconnaître toute l'expertise
qui a été développée. C'est que les transporteurs sont sur le terrain, ils
connaissent l'organisation, ils connaissent
le territoire, ils connaissent la clientèle. Alors, on trouve que c'est se
priver d'une connaissance ou d'une
information quand même très pertinente, que ne pas avoir de transporteur privé
qui siège à ces comités de consultation là.
Dans un contexte de nouveau centre où... Les
commissaires, il faut quand même reconnaître qu'ils étaient là depuis plusieurs années. Ils ont su développer une
connaissance de l'organisation du transport scolaire. Alors, pour eux,
ce n'est pas nouveau pour eux, donc, ou elles, et ils le connaissent depuis des
années. Maintenant, on arrive avec des nouvelles personnes en poste, à titre de
parents, sur le conseil d'administration. Pour certains, peut-être qu'il y a
une connaissance du transport, mais peut-être qu'ils ne l'ont pas suffisamment
approfondie.
Vous savez, le transport scolaire, ça peut
paraître simple, comme ça, à première vue, on voit un autobus scolaire passer, mais c'est quand même beaucoup plus
complexe qu'on peut le penser. Et là-dessus je peux peut-être passer la parole
à M. Lefebvre, qui est un transporteur lui-même. Donc, il est capable de
répondre à cette partie-là de la question.
M. Lefebvre (Stéphane) : Oui. Il est
certain qu'au niveau des comités de transport consultatifs c'est important,
l'expertise qu'on peut apporter au niveau du secteur, parce que chaque
commission scolaire ou centre de services est propre
à son secteur. Donc, ils ont des particularités différentes. Les bassins de
population ne sont pas les mêmes. Les routes ne sont pas les mêmes. Chaque école a des particularités. On a des
écoles qui sont dans des programmes particuliers qui demandent des
offres de services de transport différentes. On a une expertise qu'on a
développée avec nos commissions scolaires,
localement, où est-ce qu'on peut apporter et voir à ce qu'on complète les
circuits de façon sécuritaire, de façon efficiente. Ça fait que c'est des éléments d'information qu'autour d'une
table on est capables d'apporter et, du même coup, là, faire en sorte de
maximiser le service qu'on offre dans nos secteurs d'activité.
C'est certain qu'un petit changement qui peut
sembler mineur, pour une personne qui n'est pas en connaissance de cause dans le transport scolaire, va être très
grand pour l'ensemble de la commission scolaire couverte. Par exemple, un changement
de service pour une demande, pour une école particulière, de cinq minutes avant
la cloche... on veut que la cloche soit cinq
minutes avant ou elle finisse cinq minutes plus tard, le soir, va avoir des
conséquences sur l'ensemble du réseau et donc doubler des véhicules, doubler le
service. Parce que, maintenant, nos véhicules ne peuvent plus faire l'école
d'à côté, ce qui fait en sorte que les coûts
augmentent, la main-d'oeuvre n'est pas disponible. Donc, il y a toute la
facette à regarder sur l'ensemble du réseau scolaire de chaque secteur
propre à chaque région.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je laisserais la parole
à mon collègue de Richelieu, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
certainement. M. le député de Richelieu, vous avez encore 10 minutes devant
vous.
M.
Émond : Parfait. Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Lafrance,
heureux de vous retrouver, M. Lefebvre, Mme Deslauriers et
Mme Cloutier. M. Lefebvre, on me disait tantôt que vous étiez le
nouveau président de la région du Lac-Saint-Jean, c'est bien ça?
M. Lefebvre (Stéphane) : Pour le
Québec au complet, mais je suis de la région du Lac-Saint-Jean.
M.
Émond : C'est parfait. J'ai eu le bonheur de dîner, ce midi, avec mon
collègue le député de Lac-Saint-Jean, qui me... qui me charge, pardon,
de vous saluer...
M. Lefebvre (Stéphane) :
M. Girard.
M. Émond : ...exact, dans votre
passage en commission avec nous aujourd'hui.
D'entrée de
jeu, vous avez dit tantôt, M. Lafrance, que la fédération et ses membres
tiennent à réitérer leur entière collaboration
à l'amélioration en continu de notre système d'éducation. Je vous remercie pour
ces propos. Puis on reconnaît en vous des partenaires importants. Vous êtes une
composante importante dans le système éducatif, au Québec, parce que nos élèves doivent se rendre dans les
établissements d'enseignement en toute sécurité, et je pense que vous le faites
bien, et on vous en remercie pour ça.
Vous savez,
vos membres, qui sont disséminés un peu partout au Québec, ont fait un bon
travail dans le sens d'amener vers les députés un peu partout, dans l'ensemble
des partis concernés, les préoccupations que vos membres peuvent avoir.
Dans mon coin — moi,
je suis député de Richelieu, avec la ville centre, Sorel-Tracy — M. Jasmin Bibeau, que vous connaissez
bien, un transporteur scolaire de ma région que j'ai eu le plaisir de
rencontrer, m'a parlé de différents enjeux. Ça s'est fait avec une
collaboration évidente et, encore une fois, avec un désir de bien servir la
clientèle étudiante.
Une de vos préoccupations, en ce
qui a trait à la garantie d'exécution des contrats, je pense que M. le ministre
vient de se faire rassurant en ce sens-là,
il va y avoir des changements, probablement,
de nom ou de libellé à l'intérieur des contrats, mais rien qui fait en
sorte de remettre en question les contrats qui sont déjà engagés.
Moi, j'aimerais vous entendre. J'ai travaillé un
peu dans le système d'éducation, brièvement, dans ma carrière professionnelle,
mais surtout dans le milieu des affaires, et je sais que les gens comme vous,
vos membres ont besoin non seulement de
prévisibilité, mais, comme l'ensemble des entrepreneurs, des gens d'affaires du
milieu économique que je rencontre dans mon comté, vous avez des enjeux
de pénurie de main-d'oeuvre qui sont assurément très importants. Et j'aimerais vous entendre davantage
là-dessus : Qu'est-ce que vous faites pour sécuriser les gens qui
travaillent déjà pour vous, et quels
sont les moyens d'action que votre fédération, vos membres, prennent pour
essayer d'attirer davantage de gens à travailler dans votre milieu?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Luc Lafrance.
M.
Lafrance (Luc) : Bien, dans
un premier temps, pour la fédération — je
laisserai M. Lefebvre compléter au niveau de son entreprise — au
niveau de la fédération, on met tout en oeuvre pour aider nos transporteurs à
faire du recrutement dans le milieu, faire une... Bien là, on devrait
lancer, début 2020, une campagne de recrutement national pour reconnaître le métier de conducteur puis
essayer d'attirer des nouveaux candidats, candidates, au poste de conducteur
ou conductrice d'autobus scolaire.
Parallèlement
à ça, bien, on a eu un comité de réflexion avec le ministère de l'Éducation, récemment, pour élaborer, peut-être,
des pistes de solution ou des alternatives qui pourraient faire en sorte qu'on
pourrait avoir des mesures d'attraction ou de rétention de notre personnel dans l'industrie, au même titre que
ça se passe en Ontario. Il y a d'ailleurs un rapport qui a été déposé à M.
le ministre, récemment, alors on a hâte d'avoir les suites là-dessus. Je me
permets de passer le message, tant qu'à être
ici. Mais, il y a plusieurs mesures qui sont mises en place en ce sens-là. On
travaille fort. Il y a CAMO-Route, je ne sais pas si vous connaissez, qui
est un organisme sectoriel en main-d'oeuvre des métiers du transport lourd,
avec qui on travaille, qui a un diagnostic
sectoriel qui a été émis. Il y a des formations qui sont mises de l'avant, on
travaille avec les centres de formation
pour essayer d'arriver avec des formations plus adéquates qui répondent aux
attentes et aux besoins des nouveaux candidats, candidates. Alors, il y a
plusieurs mesures au niveau national qui se font. Et maintenant, au
niveau de l'entreprise, bien, je vais laisser M. Lefebvre compléter.
M.
Lefebvre (Stéphane) : C'est
certain qu'on fait face à une pénurie de main-d'oeuvre généralisée dans tous
les domaines, dans tous secteurs d'activité. Dans notre domaine
particulier, c'est sûr qu'en transport scolaire on a certaines barrières à
l'entrée. De un, on n'a pas de garantie sur des emplois permanents. On a
beaucoup d'entreprises, au Québec, où est-ce
que le service est offert avec des horaires entrecoupés. Bien sûr, on a le
matin et le soir où est-ce que le service est obligatoire. On a, pour certaines régions encore, du service offert le
midi, qui est autofinancé, mais c'est de plus en plus rare.
Donc, nos
emplois, souvent, sont avec des heures précaires, un nombre d'heures qui est...
difficile à aller recruter des gens, et on devient en compétition avec beaucoup
de commerces, beaucoup de... Et nous, on a une réglementation très sévère dans le transport. On a une classe 2
obligatoire. On ne se lève pas un matin puis on dit : Je vais être
conducteur de véhicule lourd ou d'autobus scolaire demain matin. On a un
cours de métier unique à faire.
La fédération
travaille aussi avec l'ensemble des transporteurs et le gouvernement, sur
d'autres ministères, pour accélérer
le processus. Quand on veut prendre quelqu'un puis le faire cheminer dans notre
domaine d'activité, bien, il est important qu'il puisse faire une
classe 2, mais accélérée. Parce que nous, les entreprises privées,
localement, on n'a pas le temps d'attendre. Demain matin, les enfants doivent
aller à l'école. C'est sûr qu'on ne demande pas de faire une formation complète
en une semaine, mais on a des barrières administratives, des fois, qui nous
alourdissent les tâches. On a de la réglementation à respecter, puis c'est
correct, parce qu'on est un domaine sécuritaire puis c'est important. Mais il faut être en mesure de pouvoir avancer
rapidement. Puis, dans l'entreprise privée, c'est important d'être en mesure de
vendre notre domaine d'activité et de pouvoir dire : Bien, voici ce qu'on
peut t'offrir maintenant, avec ce que tu as à faire pour devenir
conducteur de véhicule.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député de Saint-Jean. 4 min 15 s qu'il vous reste.
M. Émond : Richelieu.
La Présidente (Mme Thériault) :
Richelieu, excusez-moi. Oui, Saint-Jean, c'était l'autre.
M.
Émond : Il n'y a pas de problème. Merci, Mme la Présidente. Merci pour
votre réponse. Vous avez parlé de classe 2 accélérée. Pour pour mon
bénéfice personnel mais des gens qui nous écoutent aussi, j'aimerais vous
entendre davantage
là-dessus. Quelle est la formation des gens qui intègrent votre champ
d'activité, la réglementation, aussi, qui peut-être est... des barrières ou pas? Parce que, je le disais d'entrée
de jeu, je vous remerciais de le faire en toute sécurité, mais c'est
important, quand même, que les gens qui travaillent chez vous aient la
formation adéquate. Parce que, les tout-petits,
là, je m'adresse aux plus jeunes des élèves qui sont votre clientèle, vous êtes
souvent... les conducteurs sont la première personne qu'ils côtoient,
dans la journée, et la dernière.
• (15 h 30) •
Moi, j'ai de
très beaux souvenirs. J'hésite à dire le nom du transporteur scolaire, du
chauffeur qui m'a amené en autobus tout au long de ma jeunesse, mais je
vais le faire. À Sainte-Anne-de-Sorel, à l'école Sainte-Anne-les-Îles, le conducteur s'appelait «Toasté». Pourquoi je me
permets de le nommer? Parce que non seulement il m'a transporté, il a transporté ma grande soeur, il a transporté ma
fille et mon beau-fils aussi. Je pense que monsieur a été là pendant 32 ans comme transporteur scolaire, puis c'est des... Vous faites un travail
très important auprès de nos jeunes. Il y a
une forme d'éducation qui est faite. Même si je suis convaincu que, dans
la formation, vous n'allez pas me parler de pédagogie, il y en a quand même une
à l'intérieur des autobus scolaires.
Peut-être me
parler un peu rapidement de la classe 2 accélérée. Puis, tantôt, M.
Lafrance, vous avez parlé... vous avez
eu une interrogation quant au rôle des parents qui vont joindre le conseil
d'administration dans le projet de loi qui est présenté. Vous avez des
inquiétudes quant à la connaissance des parents, dans le domaine des
transports, qui pourraient s'y joindre. J'aimerais vous entendre peut-être
davantage là-dessus, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Lafrance.
M.
Lafrance (Luc) : Oui, je
vais en faire une partie. Je vais peut-être laisser mon collègue en faire un
autre bout.
Pour ce qui
est, justement, de la perte de connaissance... je ne dirai pas le mot
«expertise», mais perte de connaissance de l'organisation du transport scolaire,
les parents, souvent, viennent de différents milieux, que ce soit du milieu économique,
social ou autre. Donc, la connaissance de l'organisation du transport scolaire...
Et je me
prends à titre d'exemple. Avant d'arriver avec les gens de la Fédération des
transporteurs par autobus, qui était un autre nom avant, la seule connaissance
que j'avais du transport scolaire, c'est de l'avoir, comme vous, pris lorsque
j'étais étudiant et de voir l'autobus scolaire passer à la porte ou au coin de
la rue. Mais derrière ça se cache toute une organisation
du transport qui est quand même très complexe. On ne peut pas changer les
horaires d'école ou changer les horaires d'entrée et de sortie, les
points d'embarquement, les points de débarquement.
Souvent, il y
a des parents, actuellement, qui vont faire des demandes au transporteur,
directement au transporteur ou à la
commission scolaire, pour mieux adonner leur horaire de travail, est-ce que
l'autobus pourrait passer 10 minutes plus tard ou cinq minutes plus tard, mais, comme le disait M. Lefebvre, le
fait de changer un cinq minutes ou un 10 minutes va faire en sorte que ça impacte beaucoup d'organisations
au niveau du transport. Un autobus ne fait pas seulement qu'un circuit,
c'est-à-dire desservir un circuit vers une école. Souvent, il va faire un
double circuit. Il va y avoir un triple circuit dans certains endroits, étant donné qu'on manque de
main-d'oeuvre. Donc, il faut user d'imagination dans l'organisation des
circuits.
Alors, le
fait de venir jouer des fois dans les cinq minutes ou dans les 10 minutes
pour satisfaire, des fois, des besoins autres
que l'organisation du transport scolaire, bien, ça a un impact. C'est un peu
dans ce sens-là qu'on dit : Bien, qui est mieux placé pour
planifier ça puis donner son avis? Ce sont les transporteurs scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) : En
45 secondes, M. Lefebvre, vous complétez?
M.
Lefebvre (Stéphane) : Oui.
Au niveau des classes de permis, c'est certain qu'une personne qui veut
conduire un autobus scolaire doit faire sa classe 2. On a les
centres de formation de Charlesbourg et de Saint-Jérôme qui peuvent venir nous aider. On a développé, avec, je pense,
CAMO-Route, des formations pour pratiquer nos gens, parce que, souvent,
quand ils arrivent pour faire l'examen, ils ne sont pas prêts.
Il y a la ronde de sécurité également à
apprendre. Il y a plusieurs étapes à ce niveau-là. Donc, les gens n'avaient pas de facilité à se pratiquer, à avoir un aperçu
de comment le faire, puis, nous, en entreprise, comment les guider là-dedans,
ça fait qu'on est en train de mettre en place des outils pour nous aider.
On a une
formation de métier unique, également, qui nous sert à aller adapter certaines
choses importantes dans le transport
scolaire, mais on est le prolongement de l'école. On le sait, que, le matin,
c'est nous, les premiers qui rencontrent les jeunes. On ne sait pas ce
qu'ils ont vécu chez eux. On ne sait pas ce qu'ils ont vécu dans la journée à
l'école non plus. Donc, on finit la journée avec eux, puis c'est sûr qu'on n'a
pas de cours de pédagogie comme un
professeur peut avoir.
Donc, au niveau des conducteurs, souvent, il y a
de la gestion de discipline. Il y a de la gestion de collaboration à faire avec chacune des écoles, et non seulement
l'ensemble du secteur, mais chaque école a des enfants particuliers. Donc, il y
a une gestion vraiment à l'unité qui est nécessaire, en collaboration avec les
entreprises de transport, la commission scolaire, les écoles et nos
conducteurs, bien sûr.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et ceci met fin... avec le bloc d'échange
avec la partie ministérielle. Donc, on regarde maintenant la députée de
Saint-Laurent, pour l'opposition officielle. Vous avez une période de
10 min 40 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bienvenue parmi nous. Heureuse de vous retrouver. On s'était parlé lors du projet de loi n° 5,
qui portait sur les maternelles quatre ans, où est-ce que vous avez donné
beaucoup d'indications et de recommandations
pour éviter que les enfants glissent sur le banc. Alors, j'espère que le
ministre, cette fois-ci, va pouvoir y
donner suite dans le projet de loi puis bonifier les recommandations avec ce
que vous venez de décrire aujourd'hui.
Dans votre mémoire, vous parlez
justement d'un article que plusieurs autres personnes ont amené ici, l'article
qui permet justement de pouvoir
fusionner un des territoires, l'article 46, mais aussi... pardon, juste
pour ne pas me tromper, l'article 114, le centre de services...
non, pardon, pas 114, désolée, je cherche mon... parce que, des fois, j'ai la
version longue et la version courte. Alors,
si on regarde le 215.2, on peut avoir un partage de ressources. Puis, tantôt,
vous avez aussi parlé du projet de loi n° 37, qui est, en ce moment
même, avec mon collègue le député de La Pinière. Vous, là, concrètement, ça serait quoi, la plus grande préoccupation qu'on peut avoir
là-dedans? Non seulement on a un article dans le projet
de loi n° 40 qui permet de
fusionner des territoires, on a un article dans le projet de loi n° 40 qui permet de partager des ressources, notamment avec le privé. Et
vous avez aussi amené ici le projet
de loi n° 37, qui permet de
centraliser des achats regroupés.
M. Lafrance (Luc) : Bien, on a, je dirais, quand même
plusieurs préoccupations par
rapport à ce que vous venez de
mentionner.
Pour
nous, dans un premier temps, de centraliser l'achat de biens et services... Est-ce que
«services» veut dire aussi les services de transport scolaire? Première
des choses.
Deuxièmement, si tel est le cas, bien, ça peut avoir un impact majeur sur les
petites entreprises familiales qui sont très présentes dans l'industrie
du transport scolaire. Souvent, on en est rendus à la deuxième, troisième
génération dans les entreprises de transport
scolaire, et, je dirais, 80 % de
nos membres sont de petites entreprises de 10 autobus et moins. Demain
matin, s'il y a un un regroupement de services sous une seule entité, par
expérience, parce que ça a été vécu en
Ontario, on ne donne plus des contrats un à un, ou trois contrats, ou quatre
contrats à un transporteur à gauche, à droite. Tu sais, on va venir faire des blocs de contrats, de la manière dont ça
fonctionne habituellement, ce qui va faire en sorte que ces petites entreprises là n'auront pas la
capacité d'aller proposer leurs services pour l'organisation de
50 circuits. Ils n'ont seulement que 10 autobus et moins dans leur
flotte. Donc, ça pose déjà problème. Et, si tel était le cas, bien, ça veut
dire la fermeture de plusieurs entreprises
familiales qui sont rendues à la troisième génération. Alors, pour nous autres,
ce bout-là est inquiétant.
Lorsqu'on
parle de service municipal, bien, on sait qu'actuellement la Loi sur
l'instruction publique, le Règlement sur
le transport des élèves... une commission scolaire qui est sur le territoire
d'une société de transport doit l'offrir à la société de transport avant de négocier avec les transporteurs.
Alors, est-ce que l'objectif du ministre avec ça, c'est de dire... de venir imposer que ces centres de services là
fassent affaire uniquement avec les sociétés de transport? On ne voit pas,
nous, où est l'économie, parce qu'on sait déjà comment coûtent les autobus,
comment coûte le salaire des conducteurs dans le transport urbain versus le transport scolaire. Et, encore là, l'impact
que ça risque d'avoir, c'est des pertes d'emplois puis des fermetures
d'entreprises.
Mme Rizqy :
Puis, dites-moi, quand on regarde le p.l. n° 37 plus cette disposition,
est-ce qu'on parle plus de décentralisation ou de centralisation?
M. Lafrance (Luc) : Bien, nous, notre préoccupation, la lecture qu'on
en fait — et c'est
la question qu'on pose, et on vient de donner un pouvoir supplémentaire au
ministre de centraliser tout l'achat de biens et services sous un seul chapeau : Est-ce qu'il inclut là-dedans le
transport scolaire? Si on l'inclut, bien là on parle de centralisation, ça va
de soi.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Mme la députée de Mille-Îles,
vous avez un peu moins de sept minutes à votre disposition.
Mme Charbonneau :
Merci, c'est gentil. Mesdames messieurs, bonjour. Vous avez, dans vos quatre
points, fait le tour un peu de votre réalité du quotidien. Je l'ai écrit
sur mon papier d'une façon différente, mais je me suis fait plaisir, j'ai écrit
gris, jaune, parce que je le sais, que vous savez ce que ça veut dire, et vous
avez touché un peu cet aspect-là.
C'est-à-dire,
quand un ministre met dans une loi que les commissions scolaires... Parce que
j'ai encore de la misère d'appeler ça de l'autre titre, je garde toujours les
mots «commissions scolaires». Quand les commissions scolaires auront la
possibilité de faire affaire avec le privé, mais auront aussi la possibilité de
partage de services avec différents partenaires, ça veut aussi dire que, pour les villes qui, depuis longtemps, cherchent
à mettre en place un transport en commun en se disant qu'on pourrait utiliser
les autobus jaunes, du moins... à moins que ça ait beaucoup changé en
10 ans, mais j'ai beaucoup entendu,
dans certaines régions, que le transport scolaire devrait aussi servir de
transport en commun. Y a-t-il là, pour vous, une inquiétude plus
grande, pas sur la sous-utilisation, mais sur la surutilisation d'un service
que vous pouvez offrir, puisque, quelquefois, les frais entre faire un service
toute la journée puis faire des services atypiques, c'est-à-dire le matin et le soir... Parce qu'à moins que ce soit le
contraire, mais je crois qu'au dîner, maintenant, vous n'avez pas de service. Avant, il y avait certains
services. Il y en a... C'est rare? C'est ça. Avant, ça existait beaucoup.
Maintenant, ça n'existe presque plus.
Mais est-ce qu'il n'y a pas là lieu de s'inquiéter sur la surutilisation de la
flotte de transport qui peut vous appartenir pour un service hors
contexte, c'est-à-dire un service municipal?
• (15 h 40) •
M. Lefebvre (Stéphane) : Si je peux peut-être faire du pouce là-dessus,
c'est qu'il y a deux éléments. Il y a cet élément-là de, peut-être, surutilisation, mais il y a un autre élément
primordial, qui est... Le transport qu'on fait actuellement est du transport d'écoliers, d'élèves. On est
régis par des réglementations qui sont, au niveau de l'instruction publique,
des antécédents judiciaires avec nos propres conducteurs, avec les gens
qui côtoient nos enfants. Ça fait que c'est sûr que, surutiliser des véhicules avec des jeunes qui sont déjà à
bord, ça, on l'a essayé, mais ça ne se fait quasiment pas, parce que les
gens qui viennent s'intégrer dans le véhicule scolaire devraient être tous
vérifiés. Ils devraient s'assurer qu'ils puissent côtoyer les enfants. Ça
fait que ça, c'est pratiquement impossible à ce niveau-là.
Pour
ce qui est des plages horaires qu'il reste de disponibles, souvent,
les heures ne concordent pas. Souvent, c'est des gens qui veulent aller au travail,
mais, nous, nos véhicules deviennent disponibles après, vers neuf heures. Donc,
il y a peut-être des particularités, dans certaines places, que ça
pourrait faire, mais on est limités, là, dans les situations possibles.
Mme
Charbonneau : J'entends votre souci d'être présent aux tables
de discussion, je vais les appeler comme ça, en même temps, chez moi, il y a deux choses; la première,
c'est : vous êtes un transporteur qui a des contrats avec les commissions scolaires. Donc, d'être assis à la table... Je comprends que vous nous dites que vous connaissez vos chauffeurs, vos transporteurs connaissent bien le réseau,
mais, en même temps c'est quelqu'un qui va vendre des services. Je le dis comme je le pense, là. Donc, c'est quelqu'un
qui a des contrats avec la commission
scolaire. D'être assis à la même
table, j'ai une forme d'inquiétude. Par
contre, où j'aimerais vous entendre,
c'est qu'à partir du moment où cette table-là aurait des discussions sur les maternelles quatre ans,
sur une récréation supplémentaire, ce qui vient changer l'horaire. Puis là,
bien, qui change l'horaire d'une école
change l'horaire du transporteur. Chez nous, à Laval, quatre transporteurs quand même importants, ce qui fait que,
si je bouscule l'horaire, bien... On appelle ça quatre plages horaires, chez
nous, là. Le premier, il débarque les petits poux, après ça, il va
chercher des secondaires, après ça, il va rechercher des petits poux, puis, après ça, il redébarque des secondaires, parce que
c'est quatre plages horaires le matin, quatre plages horaires l'après-midi.
Est-ce qu'il y aurait lieu, là, pour vous,
d'avoir une opinion sur des gestes que le ministre s'apprête à poser, en disant : C'est facile, on va faire une autre
récréation, ils vont bouger plus, sans comprendre la conséquence du geste à
partir du moment où il prend une décision comme celle-là?
M. Lefebvre (Stéphane) : C'est
certain que l'expertise qu'on peut y apporter... Je comprends qu'il y a le côté
contrat, financement, ainsi de suite, sauf que ce n'est pas l'ensemble des
transporteurs. Il y avait un représentant pour chaque centre de services ou commission
scolaire. Et on peut apporter tout
l'élément de planification, coordination de ces types de transport là ou de ces changements souhaités sur certains
éléments. C'est sûr que, cette expertise-là, on peut l'amener. Comme
d'autres gens autour de la table, on pourra apporter une certaine expertise,
mais, nous, tout ce qui est l'aspect de ce
qui peut faire changer nos circuits, changer le type de route qui a été mise en
place pour la sécurité des élèves, souvent,
ça peut paraître anodin, mais les... Un groupe de parents peut vouloir des
nouveaux arrêts parce que... mais mon enfant marche déjà un kilomètre pour
aller à l'autobus, mais ces arrêts-là sont possiblement, peut-être, dangereux.
Il y a des éléments à analyser avant de
dire : On fait des nouvelles choses. On peut apporter cette expertise-là
de façon... en continu, et, pour être consultés, pour pouvoir donner une
opinion, c'est certain qu'on est en mesure de le faire.
La Présidente (Mme Thériault) :
1 min 15 s, Mme la députée, question, réponse.
Mme
Charbonneau : Oui...
M.
Lafrance (Luc) : J'aimerais
peut-être juste rajouter un complément dans la réponse. Actuellement, pourquoi
les sociétés de transport, qui vont aussi
être à contrat avec les commissions scolaires, sont à contrat avec les
commissions scolaires, siègent à ce
comité-là? Alors, pourquoi eux et pas nous? En quelque part, le conflit
d'intérêts peut aussi exister avec la société de transport, et eux ont
le droit, en vertu du règlement actuel...
Mme
Charbonneau :
Et qu'adviendrait-il si un conseil d'administration décide d'exiger de son
transporteur que tous ses autobus soient électriques parce qu'ils ont un
souci environnemental?
M. Lefebvre (Stéphane) : C'est sûr
que, du jour au lendemain, c'est impossible, par souci de rentabilité de l'entreprise privée. On n'est pas contre l'aspect
environnemental, le déploiement graduel de toute l'électrification qui se
passe au Québec actuellement, mais il y a
tout l'aspect des durées des contrats qui vient jouer. Localement, chaque
centre de services ou commission
scolaire donne, attribue des contrats selon des durées qui sont parfois
différentes, mais, pour qu'une
entreprise privée puisse investir pour qu'on soit capables d'aller, au niveau
financier, chercher notre financement, on
doit être attachés et pouvoir dire : Bien, regardez, on a une entente puis
on peut aller de l'avant. C'est à ce niveau-là.
La
Présidente (Mme Thériault) : Ceci met fin à l'échange avec la partie
de l'opposition officielle. Maintenant, la députée de Sherbrooke, pour
la deuxième opposition, 2 min 40 s.
Mme
Labrie : Merci. Vous nous avez parlé de l'incidence de décisions qui
peuvent avoir l'air anodines, mais qui, finalement, sont très importantes
localement. Puis on a parlé de l'exemple des récréations. Je pense aussi à
celui du parascolaire, pour lequel ce n'est pas trop clair si, avec
l'ajout de parascolaire gratuit, le transport va être adapté en conséquence. Quand les décisions sont prises de manière plus centralisée comme ça...
Puis je pense avoir compris... si j'ai bien compris vos propos, vous voyez une
tendance à la centralisation dans le projet
de loi. Est-ce que la présence des
transporteurs dans un comité va suffire par rapport au fait que les
décisions peuvent arriver déjà prises en haut, finalement?
M.
Lefebvre (Stéphane) : C'est
certain que c'est plus difficile quand une décision a été prise sans
consultation, parce qu'on vit avec ce
qui va arriver, avec... On doit s'adapter. S'il y a une consultation avant, puis
qu'on puisse donner une opinion, puis
voir s'il y a une réalité qui se fait dans notre domaine, on va pouvoir avancer
beaucoup plus facilement. Que ce soit du parascolaire, que ce soit de l'ajout de nouveaux
véhicules ou encore d'un nouveau type de service, bien, il s'agit de
voir comment qu'on peut arrimer ça dans chacun des secteurs, parce que...
Alors,
on n'a pas toutes les mêmes réalités. Une réalité au Saguenay—Lac-Saint-Jean et Charlevoix—Côte-Nord peut
être différente de ce qui se passe à Laval. L'étendue du territoire est plus
grande. Là-bas, on va avoir des écoles, dans le secteur de Montréal, Laval, à 300 élèves et plus, la majorité.
Nous, la majorité des écoles va être 100 élèves. Dans les véhicules, on va avoir de 25 à 50 élèves.
Ailleurs, ça va être 50 élèves et plus, parce que les routes sont plus
longues. L'élève ne doit pas rester si longtemps dans le véhicule avant
d'entrer en classe.
Ça fait qu'il
y a beaucoup de réalités à tenir compte dans chacune des
facettes du Québec. Avant d'instaurer des nouvelles choses, bien, c'est
sûr que ces éléments-là doivent être pris en compte également.
Mme Labrie : D'accord. Au-delà du
comité, je comprends que vous voyez un rôle essentiel que vous avez à jouer là, mais, en amont, il faudrait que vous
soyez consultés par le ministère
avant qu'il adopte des politiques à large échelle qui peuvent avoir un
impact sur ce que vous faites.
M. Lefebvre (Stéphane) : Si c'était le
processus actuel qui est prévu, c'est sûr qu'il va falloir s'adapter à ce
niveau-là.
Mme Labrie : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Joliette, pour votre 2 min 40 s, vous aussi.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup. Justement, moi, j'aimerais comprendre, en ce moment, comment ça
fonctionne. Donc, quand il y a un changement comme ça qui se fait,
maternelle quatre ans, récréation, éventuellement, parascolaire, mettons qu'on
restait dans la situation actuelle, comment vous êtes impliqués dans les prises
de décision?
M.
Lefebvre (Stéphane) :
Actuellement, localement, quand il y a une nouvelle façon de faire qui arrive,
on va s'asseoir avec nos dirigeants,
avec les gens, nos donneurs de contrats, pour voir de quelle façon que,
localement, ils vont arrimer cette
situation-là. Donc, on travaille en collaboration avec des gens de la
commission scolaire, avec nos permanents au niveau de la commission
scolaire, les gens qui sont spécialisés dans le transport, mais aussi tout le
service éducatif, parce que ça a des
conséquences sur chacune des écoles. Chaque secteur est visé. Dans chacune des
commissions scolaires, souvent, il y
a des éléments, des écoles différentes. Donc, on s'assoit avec l'ensemble des
acteurs. Les transporteurs sont consultés,
effectivement, parce qu'il y a des conséquences, puis, des fois, on doit vivre
avec et on doit voir si on est en mesure de réaliser de nouveaux
services.
Mme
Hivon : O.K. Puis
je veux comprendre si... Entre comment ça fonctionne maintenant, puis ce que
vous proposez, là, d'avoir un représentant
formellement assigné, et ce qui est dans le projet de loi, qu'est-ce qui est,
pour vous, la meilleure solution?
M. Lafrance (Luc) :
Bien, comme on mentionnait, on va avoir une perte de connaissance de
l'organisation du transport, et, le fait
d'être là ou qu'un représentant de l'industrie soit là, bien, on vient pallier
à ce manque-là. Mais je vais vous
donner un exemple. La commission scolaire de Laval, où il y a eu un chambardement
complet de l'organisation du transport,
ils ont adopté un système de logistique, je ne me souviens plus le terme, le
nom exact de la compagnie, mais qui est venu chambouler complètement sur
les façons de faire et d'organiser les circuits de transport scolaire.
Traditionnellement,
le conducteur d'un autobus ou un autobus, les élèves qu'il apporte le matin à
une école, c'est le même transporteur
qui va les reprendre en fin de journée. Mais là, avec ce système-là, ce qu'on
m'a dit sur le territoire, c'est que
ce n'est plus comme ça. C'est l'autobus le plus près de l'école qui va venir
prendre les élèves et les transporter. Alors, c'est venu chambouler
complètement tout le système. Ça aurait été intéressant si les représentants
des transporteurs auraient été au
comité consultatif, puis regardé ça en amont, puis amené leur expertise, amené
leurs connaissances, puis peaufiné un
peu ce système-là. Malheureusement, ça ne s'est pas fait comme ça. Je ne dis
pas qu'ils n'ont pas été consultés du tout, mais, s'ils avaient été là au
départ, en amont, ça aurait été probablement plus intéressant, plus efficace,
et ils auraient été partie prenante au lieu de se faire imposer un système.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et cela met fin à l'échange. Donc,
Mme Deslauriers, MM. Lefebvre, Lafrance et Mme Cloutier, merci
pour votre participation en commission parlementaire.
Nous allons
suspendre quelques instants pour permettre au Regroupement des commissions
scolaires du Bas-Saint-Laurent, le
Regroupement des commissions scolaires de Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine et celui de la Côte-Nord de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 50)
(Reprise à 15 h 52)
La Présidente (Mme Thériault) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons poursuivre nos travaux.
Avant
d'entendre le Regroupement des commissions scolaires du Bas-Saint-Laurent, celui de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine et le
Regroupement des commissions scolaires de la Côte-Nord, je vais avoir besoin
d'un petit consentement
du côté de mes collègues pour reprendre le petit cinq minutes de retard que
nous avions en début de séance. Donc,
un petit consentement? On terminera avant 18 heures de toute façon. Donc,
il y a consentement? Merci beaucoup.
Et, sans plus
tarder, je vais passer la parole à nos invités. Simplement vous présenter et
nous présenter les gens qui vous
accompagnent, et vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter votre
mémoire avant les échanges avec les parlementaires. La parole est à
vous. Bienvenue à l'Assemblée.
Regroupement des commissions scolaires du
Bas-Saint-Laurent, Regroupement
des commissions scolaires de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine et
Regroupement des commissions scolaires de la Côte-Nord
Mme Samson
(Edith) : Mme la Présidente, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés,
bonjour. Je suis Edith Samson, présidente
de la commission scolaire Kamouraska—Rivière-du-Loup et du Regroupement des commissions
scolaires du Bas-Saint-Laurent.
M'accompagnent, à ma droite, Mme Francine Cyr, présidente de la commission
scolaire des Îles et du Regroupement
des commissions scolaires Gaspésie—les Îles-de-la-Madeleine; à ma droite, Mme Ginette Côté, présidente
de la commission scolaire de l'Estuaire et
du Regroupement des commissions scolaires de la Côte-Nord; et M. Luc Noël,
le préfet élu de la MRC de la Minganie. Des présidents, présidentes et des
commissaires de nos régions sont aussi présents dans la salle. Merci de nous
permettre de nous exprimer sur ce projet de loi et de vous faire part de nos...
de ses impacts majeurs en région.
Nous nous serions attendu qu'une réforme aussi
importante en éducation comme celle qui nous est imposée vienne nous parler de réussite éducative, de
persévérance scolaire, de valorisation de la profession enseignante, et la
liste pourrait s'allonger. Malheureusement, ce projet de loi ne met absolument
pas l'élève au coeur de l'action des priorités. Nous en sommes extrêmement déçus. La mobilisation est grande contre le projet de loi dans nos régions, les craintes le sont aussi. Plusieurs acteurs et partenaires de nos commissions scolaires se questionnent sur ce brassage de structure
coûteux, stérile et inutile, quoi
qu'en dise le ministre. Les municipalités
craignent même pour les petites écoles et la vitalité de nos régions.
Mme Côté.
Mme Côté (Ginette) : Le territoire
de la Côte-Nord subit annuellement une forte décroissance de sa clientèle scolaire. 92 élèves ont encore quitté nos écoles
cette année. C'est un problème majeur de dévitalisation de nos milieux. Nos
municipalités mettent tellement d'efforts à préserver la qualité des services
offerts à la population et à susciter l'attraction à venir s'établir en
région que nous ne voulons à aucun prix reculer sur cet enjeu important.
Nous avons
une soixantaine d'écoles de moins de 50 élèves sur le territoire de nos
trois régions. Nous savons tous que
fermer une école, c'est aussi fermer un village. Nous nous sommes toujours
fait un devoir, autant que faire se peut, de les maintenir ouvertes.
À titre d'exemple,
la commission scolaire des
Monts-et-Marées a décidé en 2012 de maintenir l'école de Saint-Léandre
ouverte avec six élèves, tout en s'assurant de la qualité des services offerts.
Aujourd'hui, nous comptons 18 élèves dans cette école.
Une autre
de nos craintes est associée au manque de représentativité des membres à un
éventuel conseil d'administration,
ce qui nous préoccupe grandement. En effet, chaque commissaire représente actuellement
un territoire où est présent un ou des
établissements scolaires. Avec la disparition des circonscriptions électorales,
les membres d'un éventuel conseil
d'administration pourraient provenir exclusivement de la plus
grande ville ou du plus grand village, sans tenir compte des petites municipalités environnantes, souvent
éloignées. Est-ce que le ministre y a pensé? Cet éventuel conseil d'administration aura-t-il le souci
de s'assurer de l'équité et de la qualité des services entre toutes les écoles,
au-delà des aspects de rentabilité budgétaire?
S'ajoute aux
nombreux défis de ce projet de loi la difficulté de mobiliser les membres qui
souhaiteront s'impliquer dans les divers comités d'un éventuel centre de
services scolaire. Les distances sur nos territoires sont très grandes à parcourir et pourraient demeurer un frein à leur
implication. Et, soyons clairs, il ne s'agit en aucun cas ici de discréditer la
capacité et la disponibilité des parents à
siéger, comme M. le ministre a laissé entendre lors de cette commission
parlementaire. Les parents ont
toujours été nos premiers partenaires et le demeureront toujours. Nous ne
faisons qu'exprimer une réalité que nous vivons.
Nous aimerions
soulever une autre problématique d'application du projet de loi, concernant les
nombreux partenariats que les commissions scolaires, et souvent nous,
les élus, avons créés avec plusieurs intervenants locaux. Ces liens sont particulièrement tissés serrés dans nos régions.
L'adoption de ce projet de loi viendrait supprimer ce lien qui permet de
répondre aux besoins individuels et collectifs de nos communautés. Nous y
constatons une importante coupure liée au développement de nos communautés.
Les discours publics du ministre affirment qu'il
y aura moins de bureaucratie et que les écoles seront les maîtres d'oeuvre de leur gestion. Cette affirmation, pour
nous, n'est que de la poudre aux yeux. Quelqu'un peut-il nous expliquer comment il y aura moins de bureaucratie et plus de
décentralisation avec ce projet de loi, alors que le ministre de l'Éducation
s'apprête à transformer chaque école en petite commission scolaire, sans
compter les nombreuses redditions de compte qu'il
exige déjà des commissions scolaires, et ce, dans un délai souvent irréaliste?
Sachant que, dans nos régions, nous avons des effectifs de personnel réduits au maximum ainsi que des
employés-cadres qui occupent plusieurs fonctions administratives,
comment va-t-on y arriver? Il y a des limites à exiger plus avec moins.
Et que dire
du sort réservé aux directions d'établissements qui, au lieu d'être les leaders
pédagogiques auprès de leurs
équipes-écoles, deviendront des administrateurs centrés sur la reddition de
comptes au ministre? Nous risquons ainsi de voir reculer plusieurs actions mises en place pour améliorer la
réussite des élèves. Nous nous en désolons amèrement. Si le ministre souhaite
vraiment réduire la bureaucratie, il doit commencer par identifier les
redditions de compte essentielles à la réalisation du mandat
gouvernemental et accepter d'éliminer les autres.
De plus, en
analysant attentivement le projet de loi n° 40, il est facile de constater
comment le ministre de l'Éducation se donne des pouvoirs de contrôle
extrêmement importants, même s'il en affirme le contraire. Nous parlons ici de
fusion de services, de fusion de commissions scolaires, d'un droit
d'ingérence dans la profession enseignante, et la liste pourrait s'allonger.
Mme Cyr.
• (16 heures) •
Mme Cyr
(Francine) : Nous profitons
de cette tribune pour déplorer également le manque de considération du ministre à venir consulter, avant le dépôt de son
projet de loi, tous ses partenaires. Nous sommes loin de la proposition qu'il a
faite aux présidentes et présidents de la commission scolaire, lors de son
arrivée en poste, de coconstruire ensemble.
Comment le ministre peut-il affirmer bien
connaître les besoins en éducation, alors que, depuis sa nomination, il ne s'est jamais présenté sur aucun territoire
de tout l'est du Québec? Il aurait pu, entre autres, constater comment nous
réussissons, avec les moyens que nous avons,
à obtenir un taux très enviable de réussite scolaire chez nos jeunes et nos adultes.
De plus,
comment le ministre ose-t-il mettre
en place un système
d'élections scolaires à deux vitesses, un pour les anglophones et un autre pour les francophones?
Depuis quand, en éducation, traite-t-on, au Québec, les Québécois différemment
sur la base de la langue?
Nous avons
trouvé insultant qu'avant même le dépôt de ce projet de loi le ministre
ait débuté une campagne de dénigrement
envers les quelque 700 élus scolaires du Québec
en discréditant le travail que nous accomplissons chaque jour avec
passion. Inciter la population sur la place publique à ne pas aller voter aux
élections scolaires, comme l'a fait le ministre, c'est faire de la démagogie et
de ne pas croire en la capacité du citoyen à se forger sa propre opinion.
Nous invitons plutôt le ministre à nous
démontrer le bien-fondé de sa réforme de la gouvernance scolaire en s'appuyant sur des recherches et des données
probantes, entre autres sur le fait de retirer le droit à tout citoyen
de siéger sur un éventuel conseil d'administration.
Un récent
sondage effectué par notre fédération auprès des Québécois sur les priorités en
matière d'éducation révèle que
les trois premières priorités sont en lien avec l'amélioration des services
directs aux élèves, alors que l'amélioration des structures scolaires est arrivée en
10e place. Lorsque nous nous rappelons que les derniers états généraux
datent de plus de 25 ans, force
est de constater qu'il est grand temps de refaire une vaste consultation publique permettant à la population
du Québec de se positionner sur l'éducation qu'elle désire pour tous, en impliquant, cette fois-ci, tous les
partenaires du milieu.
Mme Samson
(Edith) : Mme la Présidente, nous espérons que le ministre
a pu cerner toutes les particularités et réalités associées à chacune de nos régions, oui, éloignées, mais
combien dynamisantes, pour développer le Québec de demain. Nous serons toujours au rendez-vous pour coconstruire avec le ministre de l'Éducation afin d'améliorer notre système d'éducation actuel, et ce, pour le plus grand bénéfice de
notre mission première qu'est la réussite
éducative de tous les jeunes
et adultes du Québec.
Nous
convenons que tout n'est peut-être pas parfait dans le modèle de gouvernance actuel. Mais, au lieu de jeter le
bébé avec l'eau du bain, nous souhaitons travailler ensemble à moderniser notre
gouvernance et son efficience, tout en mettant en place des moyens pour stimuler la
participation des citoyens, entre
autres par l'élection conjointe
municipale et scolaire, comme en Ontario, et par l'ajout du vote
électronique. Le ministre a préféré rester insensible aux propositions amenées
par notre fédération et celles du Directeur général des élections.
De plus, nous
tenons à redire à la population du Québec que ce projet
de loi vient refermer le milieu de l'éducation sur lui-même, plutôt que de l'ouvrir sur sa communauté.
Sous le règne de la Coalition avenir
Québec, l'adage africain
affirmant qu'il faut tout un village pour élever un enfant perdra tout son
sens. Le Québec s'en souviendra. Nous vous remercions de votre écoute.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mmes Côté, Samson et Cyr, pour votre présentation conjointe. Sans plus
tarder, M. le ministre, c'est un bloc d'une heure, donc vous avez
23 min 30 s avec nos invités.
M.
Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Merci, M. et Mmes les commissaires. Vous comprendrez qu'on diverge d'opinions à plusieurs
égards. On va essayer d'engager une discussion pour comprendre là où il y a
des différends ou des problèmes de perception puis essayer de trouver peut-être
là où il y a des points de convergence aussi.
D'abord, je
ne comprends pas la finale, en disant que, bon, là, le projet de loi n° 40 irait à l'encontre de cette vision que ça prend un village pour élever un enfant. Je
pense, au contraire, qu'en remettant davantage les écoles entre les mains des communautés puis en remettant des centres de services
scolaires entre les mains des communautés, des gens qui font l'école tous les
jours, il me semble, au contraire, qu'on prend soin les uns des autres. Mais
j'aurais quelques questions concernant des affirmations que vous avez faites
sur le mode de scrutin des élections scolaires.
Vous avez
mentionné, il me semble, cette idée, peut-être, de tenir les élections
scolaires en même temps que les élections municipales. Je ne suis pas
certain si vous avez mentionné la question du vote électronique — il me
semble, aussi. Ce sont deux demandes qui
sont répétées fréquemment. Et je vous réfère, à ce moment-là, à des phrases qui
ont été mentionnées ici par le Directeur général des élections la
semaine dernière, bon, et il nous a dit : «Je peux vous informer que les
expériences de vote par Internet, menées dans d'autres pays et dans certaines
municipalités canadiennes, nous apprennent que ce mode de votation ne nous
permet pas d'augmenter significativement la participation électorale. On observe plutôt un déplacement dans le mode de vote.» Et pour les élections en même temps que les municipales, ça dit, bien : «Les enjeux politiques
municipaux monopolisent l'espace médiatique», là où ça a été essayé.
Donc,
est-ce que vous aviez entendu le DGEQ, est-ce que vous aviez pris connaissance
de ses déclarations, lorsqu'il est venu la semaine dernière, avant de préparer
votre mémoire?
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme Samson.
Mme Samson (Edith) : ...de préparer le mémoire, pas nécessairement puisque vous savez le court délai qu'on a eu. Mais par
contre, quand on parle d'élections
scolaires et municipales, on vous a mentionné que ça se fait en Ontario. M. le ministre, à
plusieurs reprises, vous avez cité l'Ontario
sous différents volets, en termes
de : On pourrait être sensibles
ou regarder ce qui se fait en
Ontario, déplacer... prendre certains éléments. Et, quand on arrive à
l'élection scolaire et municipale, comme
il se fait en Ontario et dans d'autres provinces, bien, à ce moment-là, ça semble une option à ne pas prendre, selon ce que vous en
pensez.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme Côté.
Mme Côté (Ginette) : Ce qu'on demande, finalement : Est-ce
que le Québec est prêt à l'essayer?
C'est ce qu'on demande. Puis on a des
exemples qui se sont faits ailleurs. On regarde aussi au Nouveau-Brunswick, lorsque le gouvernement
avait aboli les élus scolaires, et ça a pris
six ans, qu'il a dû les remettre en place. Alors, l'histoire nous parle aussi,
le passé, et on devrait s'inspirer de ça.
Et
ce qu'on demande... J'ai pris la représentation du Directeur général des élections, et ce n'est pas tout du négatif. Il croit
à la démocratie. Je pense que c'est le message qu'il faut retenir, qu'il y a
une démocratie qui est importante, la démocratie scolaire. Alors, comme gouvernement,
est-ce qu'on est prêt à prendre une large consultation et à regarder ensemble pour mettre des moyens, justement,
pour améliorer cette démocratie scolaire? C'est le message qu'on veut livrer
aujourd'hui.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre...
Mme Côté (Ginette) : Et j'aimerais peut-être ajouter,
si vous permettez, Mme la Présidente... parce que vous ne compreniez pas notre adage que ça
prend tout un village pour élever un enfant. Ce qu'on dit, ici, c'est qu'actuellement
dans nos régions, et on parle pour nos régions, nous travaillons très
étroitement avec la communauté, l'ensemble.
D'ailleurs,
en région Côte-Nord, je peux vous confirmer, vous affirmer que toutes
les MRC de la Côte-Nord ont appuyé
la démocratie scolaire. D'ailleurs, M. Noël, qui est préfet élu, pourra peut-être
vous entretenir. On a des ententes scolaires-municipales
avec toutes nos municipalités, on travaille avec les chambres de commerce,
avec la grande entreprise également,
dans nos territoires, pour développer différents projets pour permettre à nos
jeunes d'avoir un service supplémentaire ou vraiment de choisir.
Alors,
pour nous, c'est ça, ça prend tout un village pour élever un enfant, c'est de
travailler avec la communauté. Ce que
le projet de loi n° 40 nous propose, c'est qu'on va limiter, la
communauté ne sera pas présente, on parle de parents ayant des enfants à
l'école. Alors, on vient de retirer ce volet-là.
• (16 h 10) •
Mme Samson (Edith) : Et je pourrais poursuivre avec l'adage «tout un village pour élever un
enfant». C'est qu'il faut être conscient aussi que, dans nos régions,
oui, on a des écoles, mais on a aussi un regroupement d'écoles qu'on appelle
les actes d'établissement et qui, là, viennent nous... jumeler certaines
écoles. Parfois, une direction d'école a trois
écoles sous sa gouverne, et, à ce
moment-là, le conseil d'établissement est composé de parents des trois milieux
différents.
Quand
on vous parle de représentativité au niveau des commissaires, les circonscriptions sont entièrement représentées. Tout le territoire de la commission
scolaire est divisé, comme vous le
savez, en circonscriptions, et on a un élu, un commissaire élu qui a le souci d'être à l'écoute, mais aussi
qui a comme mandat, dans la Loi sur l'instruction publique actuelle, cette
obligation-là d'être à l'écoute des gens du milieu, être à l'écoute de tous les
gens du milieu. Parce que le commissaire ne représente pas uniquement
ce qui est de la dynamique au niveau des écoles primaires, des écoles
secondaires, mais aussi de la formation professionnelle, de la formation
aux adultes et même le développement du service aux entreprises.
Alors,
c'est toute cette fine écoute là que nos commissaires ont autour de la table,
de rapporter les attentes, ce qu'ils ont entendu du milieu, pour qu'ensemble la
commission scolaire, le conseil des commissaires répondent encore et
davantage aux attentes. Mais aussi
ils sont redevables à la population, pas juste par le rapport annuel, mais au
quotidien on rencontre les gens.
Donc, toute cette notion d'être redevable à la population prend tout son sens
quand on est dans un milieu donné et
non pas, comme le projet de loi n° 40 vient de le signifier, que ça sera une élection
qui sera, je dirais, aléatoire, comme on
l'a dit dans notre mémoire, sur le fait que ça pourrait être des gens d'une municipalité,
une forte municipalité sur un territoire donné que sont nos commissions
scolaires.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Roberge : Merci bien. Beaucoup
d'information dans votre intervention. Je ne penserais pas que
l'élection des gens sur les conseils d'administration serait aléatoire, mais je vais revenir un peu
plus tard sur cette notion de territoire que vous défendez.
Je
ne doute pas que les commissaires, vous en particulier et bien d'autres, soient
bien intentionnés et fassent ce que
vous dites en ce moment, mais je ne pense pas qu'en revanche il faut
présumer que les gens sur les conseils d'établissement et les gens sur
les conseils d'administration et les centres de services scolaires ne feraient
pas ça et que les centres de services scolaires ne pourraient pas faire
ce qui se fait en ce moment.
Et j'ai entendu plusieurs
fois des commissaires venir nous parler, dans les dernières semaines, puis j'ai
comme cette impression que ce qui se
fait de correct, dans le réseau scolaire, ça dépendrait exclusivement de
l'implication des commissaires. Je ne
doute pas de la bonne foi et des heures qui sont mises sur le terrain par vous
et vos collègues, mais je pense qu'il faut faire attention de ne pas présumer que d'autres personnes ou une autre
gouvernance ne pourraient pas faire au moins aussi bien.
Puis
j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de craintes. Et je les comprends parce que vous
êtes animés des meilleures intentions
puis vous voulez que ça aille bien dans le réseau, j'en suis convaincu, vous
voulez la réussite de chaque élève. Il
n'y a pas personne qui se lève, ni moi, ni mes collègues, ni eux, ni vous,
surtout, pour dire : Bien là, j'espère que ça n'ira pas bien dans le réseau. Je suis sûr que chaque
geste, vous le faites parce que vous êtes investis dans votre milieu, mais,
des fois, j'ai l'impression que les
interventions sont basées davantage sur, mettons, des craintes qu'une analyse fine de
ce qui arriverait si le projet de loi était adopté.
Par exemple, vous avez dit dans votre déclaration, au départ, que ça allait être
une transformation coûteuse. Ça a été
mentionné. Or, ce n'est pas moi qui l'ai dit, là, il y a plusieurs
personnes qui se sont penchées là-dessus, des gouvernances, l'équipe ministérielle,
ils ont vérifié, ils ont dit : Bien là, si on transforme les commissions
scolaires en centres de services, avec
ce qui se passe et le coût des élections scolaires, etc., on devrait économiser
à peu près 45 millions en quatre ans. Certains disent : Ah! un
peu moins.
Je
veux bien discuter, là, je pense que c'est à peu près 45 millions, c'est
un chiffre qui est assez juste. Peut-être qu'on pourrait discuter pour voir si ce serait peut-être... Est-ce que
ça serait 42? Je ne le sais pas. Mais, pour que vous nous disiez que ça soit
coûteux, j'aimerais bien que vous nous déposiez, s'il vous plaît, ce qui
justifie et comment vous arrivez de
faire passer une économie de 45 millions de dollars à zéro et même à des
coûts supplémentaires. Alors, quel est l'argumentaire derrière cette
déclaration que vous avez faite au départ?
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme Côté.
Mme Côté (Ginette) : Mme la Présidente. Alors, vous aussi, vous avez beaucoup
de questions dans votre... je vais tenter
d'y répondre. Alors, dans un premier temps, quand vous parlez que les parents
qu'on va mettre... on a des craintes par
rapport à la participation des parents, comme bien d'autres commissions scolaires qui... ont mentionné en commission parlementaire, il y a des
écoles où il n'y a pas de conseil d'établissement. Je pourrais vous dire que, pour ma commission scolaire, celle de l'Estuaire,
j'ai une résolution des parents, du comité de parents, qui ne veulent pas
siéger dans la nouvelle gouvernance
et qui appuient la démocratie scolaire parce qu'ils sont, comme on le
mentionnait, des partenaires avec la commission scolaire, les élus au
suffrage universel. Alors, les parents, chez nous, n'en veulent pas.
Et,
quand je regarde le projet de loi... Et je l'ai dénoncé à plusieurs reprises et j'ai eu l'occasion déjà, M.
le ministre, de vous rencontrer, de le dire : Lorsque vous adoptez
une politique, un règlement, projet de loi, pouvez-vous penser qu'il y a une différence dans les régions du
Québec? Et ce qui est bon pour s'appliquer à Montréal, Québec, Trois-Rivières
ne s'applique pas en région de Côte-Nord, ou
en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine. C'est le mur-à-mur que l'on vit depuis...
Moi,
j'en ai vu, des restructurations, j'en ai vu, des potentielles économies que
chaque ministre de l'Éducation... Il
faut dire que ça fait 42 ans que je suis impliquée dans le monde de l'éducation.
D'abord, j'ai commencé comme parent, il
y a 42 ans, et je suis devenue commissaire. J'ai été commissaire-parent et
commissaire et je suis présidente de la commission scolaire depuis 34 ans. Alors, des réformes
en éducation, on en a connu, on en a connu aussi que les municipalités
voulaient prendre la gestion des commissions scolaires. Il y avait
toujours un potentiel d'une grande économie de millions.
Dans notre commission
scolaire, on a analysé, là. Quand vous nous parlez de l'économie du 43 millions
pour engager des ressources, dans un premier
temps, ce que coûte la masse salariale, je vais le dire comme ça, masse
salariale du conseil des
commissaires, incluant les trois commissaires parents à notre commission, c'est
120 000 $ par année pour le travail que l'on fait de fin de semaine,
de soir, des réunions, comme les parents des commissaires sont impliqués aussi.
Alors, 120 000 $ par année qu'on
aura économisé sur la masse salariale en n'ayant plus de commissaire. Par
contre, au niveau de l'élection, je
ne pense pas qu'il va y avoir des économies parce que, dans votre projet de
loi, vous voulez avoir une rotation des parents, des membres.
Et, quand on regarde
le projet de loi n° 40, on le met à côté de la Loi sur les élections
scolaires, c'est identique, même chose. La
seule chose qui dérange, c'est la liste électorale. Ce sont seulement des
parents qui ont des enfants qui fréquentent l'école qui vont faire
partie de la liste électorale. Ça, on vient d'enlever un droit aux citoyens,
citoyennes du Québec. L'élection va se faire
aux deux ans, alors il va y avoir des coûts, ça fait qu'il n'y aura pas
d'économie sur l'élection scolaire
qui a lieu aux quatre ans, elle va se faire aux deux ans maintenant. Je vais
attendre que vous compreniez bien comme il faut qu'est-ce que je veux vous expliquer. Alors, il n'y a pas
d'économie là. Alors, quand je reviens encore à l'élection scolaire, on n'y voit pas d'économie. Quand on
vient parler de la masse salariale que coûtent les commissaires actuellement,
120 000 $. Si je calcule que vous
allez verser un jeton de présence aux membres de l'éventuelle d'administration,
les frais de déplacement vont demeurer
peut-être une économie parce qu'il n'y aura pas de parents qui vont provenir de
La Haute-Côte-Nord ou de petits villages où j'ai 120 personnes dans
les habitants. Alors là, peut-être qu'il y aurait une petite économie si, comme on le craint... que les parents vont provenir
de la grande ville ou du grand village du point central. Et autre chose, c'est que tout ce que ça va
demander avec le changement de nom... Je comprends que commission scolaire,
ça peut être agaçant un peu parce qu'on parle d'élus, mais d'appeler ça centre
de services, alors il faut changer pas seulement au niveau de la papeterie,
toute l'identification sur nos bâtiments.
On
a eu les transporteurs tout à l'heure, bien, tous nos autobus sont identifiés,
les numéros de circuit, avec le nom de la commission scolaire de l'Estuaire.
Alors, on pourra dire : Ça, ça va coûter des sous et ça va prendre des
ressources humaines pour s'occuper de
cette partie-là. Alors, le temps qu'on fait ça, il n'y aura pas d'économie et
le temps qu'on fait ça, on ne s'occupe pas de la réussite éducative puis de
l'amélioration pour nos jeunes. Alors, elle est là, notre crainte, et je
pense qu'elle fondée.
Mme Samson
(Edith) : Si je peux poursuivre pour répondre à M. le ministre.
La Présidente (Mme Thériault) : Brièvement.
Mme Samson
(Edith) : Concernant l'obligation, quand je vous disais d'être à l'écoute, c'est que, dans la loi actuelle, à l'article 176.1,
si je la résume, l'obligation des membres du conseil des commissaires
d'informer le conseil des besoins et
des attentes de la population ou de leur milieu dans le cadre de leur
participation à la définition des orientations et des priorités de la commission
scolaire a été retirée. Alors, quand on retire un mandat dans une loi, même si,
de par les informations contenues dans le projet de loi, il va y avoir
de la formation, quand ce n'est pas donné par mandat, c'est
facile, à un moment donné, de l'oublier et ne de pas pouvoir se rabattre
sur un élément légal qui représente une si grande importance pour nos régions, pour nos commissions
scolaires, bien, ça peut être très problématique pour le futur.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Samson. Je vais aller au ministre, je reviendrai à vous tout à l'heure. M. le ministre.
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Bien, écoutez, concernant les
coûts, je comprends votre préoccupation, puis vous dites : Bon, à l'échelle de la commission scolaire, le
conseil des commissaires n'a pas un coût si élevé à l'échelle de la commission scolaire, mais, en tout cas, je
n'ai pas entendu la démonstration que la hauteur à l'échelle du Québec, là, le
45 millions d'économies sur cinq ans, allait être balayé du revers de la
main puis qu'on allait même tomber dans les coûts, là. Je n'ai pas eu cette
démonstration-là.
Vous avez dit
tout à l'heure, et je vous cite : Les directions deviendront des
administrateurs centrés sur la reddition de comptes plutôt que des leaders pédagogiques. C'est une affirmation
qui est grave, parce que je pense que les directions d'école veulent pas mal devenir des leaders
pédagogiques, d'avoir plus de temps pour faire ça. Et les deux, les
associations nationales, sont venues appuyer les principes de base du
projet de loi. Donc, je sais que les directions d'école veulent devenir des leaders pédagogiques et les
associations nationales sont venues dire : Il y a des bonnes choses
là-dedans, il y a une subsidiarité. On peut faire quelques ajustements,
mais on veut que le projet de loi soit adopté.
Alors,
comment vous expliquez que votre interprétation, c'est que les directions ne
pourront pas faire ce qu'elles veulent, mais qu'elles, connaissant leur
travail au quotidien, voyant le projet de loi, ont une interprétation
totalement différente de l'impact qu'aurait
le projet de loi sur leur travail au quotidien? Comment pouvez-vous prétendre
savoir mieux qu'eux ce qui est bon pour eux?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
Cyr.
• (16 h 20) •
Mme Cyr
(Francine) : Bien, je vous
donnerais comme réponse que c'est votre interprétation contre la nôtre, parce
que là vous citez deux associations de
direction d'établissement qui semblent dire qu'ils veulent avoir plus de
pouvoirs, mais on sait tous qu'avec
plus de pouvoirs vient aussi la reddition de comptes, et on sait comment le
ministère en demande, des redditions
de comptes à nos commissions
scolaires. D'ailleurs, on est étouffés par les demandes de redditions de
comptes. Les petites commissions scolaires comme la nôtre, on n'arrive
pas à répondre à toutes les demandes, tellement elles arrivent vite. Et on l'a dit dans notre mémoire, on a des employés qui
occupent souvent plusieurs fonctions. Alors, c'est une problématique.
Puis je pense
aussi qu'il y a des directions d'établissement qui n'en veulent pas, de ce
pouvoir-là, tout simplement, parce
qu'ils ne veulent pas, justement, devenir des gestionnaires. Leur rôle
principal, c'est d'être dans les écoles, d'accompagner leur équipe-école, de favoriser la réussite
scolaire, c'est ça, leur mission première, aux directions d'école. Ce n'est pas
d'être à travailler sur des budgets puis, je dirais, à devenir des
gestionnaires administratifs. Alors, c'est un petit peu ça qui est notre crainte parce que, nous aussi... Je
pense qu'il y a des directions d'école qui ne veulent pas de ce pouvoir-là, et
malheureusement, vous ne les avez pas entendues. Parce qu'il y a un discours
corporatif aussi, et il ne faut pas... il faut quand même faire des
nuances.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Bien, je suis
assez d'accord que... je ne pense pas que les directions veulent devenir des
administrateurs, mais plutôt des
leaders pédagogiques dans les milieux. Mais là je vais laisser la parole à mon
collègue de Saint-Jean qui, je pense, voudrait intervenir dans le
débat.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Oui, M. le député de Saint-Jean, il vous reste 5 min 30 s., à peu
près, à l'échange.
M.
Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Recommandation 5 de votre mémoire, messieurs
dames : «Nous demandons à tous les élus de l'Assemblée nationale
d'exiger de l'actuel gouvernement, élu que par 24 % des électeurs inscrits, qu'il expose clairement à la population
les fondements sur lesquels il se base pour abolir un palier de démocratie
régionale qui travaille conjointement avec les municipalités à la vitalisation
et l'occupation du territoire.»
Il a fallu
que je regarde vraiment plusieurs fois pour comprendre que vous avez pris les
votes du côté gouvernemental de toute la province. Je suis quand même
allé voir : 66 % en 2018, ce n'était pas beaucoup, j'en conviens;
71 %, 2014. La raison est politique, de
la même façon qu'en 2008 il n'y avait eu que 57 %, que 57 % de votes
au suffrage exprimés au Québec. C'était le plus bas en 70 ans.
On ne s'entendra pas sur le principe,
mais on peut s'entendre sur les détails et, au moins, j'espère, sur le contexte,
parce que je me plais à répéter, à qui veut
l'entendre et à chaque tribune que j'ai, que Montréal, c'est juste l'autre
moitié du Québec. La région, j'y crois. Les régions, j'y crois. On va arriver
dans une minute, là, à des problèmes que j'ai compris, connus, vécus en Gaspésie, par exemple. Mais,
juste pour qu'on se comprenne, sur le fondamental, là, sur le principe, zéro
puis une barre, on ne réussira jamais à s'entendre. Vous voulez que ça soit élu
ou rien. Oui? Non?
Mme Cyr
(Francine) : Bien, parce qu'on y croit.
M. Lemieux :
C'est correct. Et moi, je crois que le contraire... mais c'est correct. Mais,
au bout du compte, la mécanique qui permet l'élection au suffrage universel ou
ce que le ministre propose dans son projet de loi, il y a, effectivement, en ce qui me concerne, pour les
régions, et les régions éloignées en particulier, un regard à avoir, parce que
les centres de service devraient garantir un siège, peut-être, j'imagine ou, en
tout cas, on pourrait imaginer, aux petites communautés
afin que l'autonomie de chacune soit préservée. Parce que vos territoires sont
tellement grands qu'il y a danger, en ce qui me concerne, qu'il y ait une sorte
de déficit. On prend Gaspé, par exemple, c'est sûr que Gaspé va être beaucoup
plus pesante dans n'importe quelle structure, elle l'est déjà, tu sais, c'est toujours
Gaspé qui mène tout, là. Mais, je veux dire, il l'est déjà, dans...
votre commission scolaire, tu sais?
Mme Cyr
(Francine) : Pas dans la mienne.
M.
Lemieux : Non, non, mais
dans les commissions scolaires. Mais, puisqu'on veut un système encore mieux,
bien, à quelque part, j'imagine que
le ministre va être capable de trouver une façon de nous permettre de garantir
que les régions soient bien représentées jusqu'au bout. On l'a beaucoup entendu
à la table, puis les gens derrière moi hochent du bonnet. Je comprends
que c'est un point qui inquiète tout le monde.
En
Gaspésie, quand ils ont fermé l'école de Percé où j'habitais pendant cinq ans,
il n'y avait pas personne de Percé à
la commission scolaire. Il y avait quelqu'un qui représentait Percé, mais il ne
venait pas de Percé, on est juste 234 au village, tu sais? Bien, il n'y
avait pas personne qui avait été élu à la commission scolaire.
Donc, le même
problème est vrai, quel que soit le système, à quelque part. Alors, dans la
mesure où le ministre réussit à avoir un bon système qui tient compte de cette
réalité-là, à laquelle je crois, bien, il y a peut-être moyen de faire de quoi. Alors, même si vous ne vous
entendez pas avec nous sur le principe, en pratique, si on avait le projet de
loi n° 40, dans sa forme plus ou moins actuelle, si on était
capables de trouver un mécanisme pour garantir une représentation régionale à l'intérieur de ces régions-là, on
fait-u un bout de chemin? On est-u capables au moins de s'entendre sur ça?
La Présidente (Mme
Thériault) : Vous allez avoir 45 secondes pour répondre à la question
du député.
Mme Côté (Ginette) : D'abord, je retournerais la question. Quand on parle d'abolir une démocratie, la représentativité, on y revient... Abolir une
démocratie sur la base... parce que le taux de participation n'est pas assez élevé...
Je vais vous donner un exemple concret : Le monde municipal, on a
eu... Les dernières élections municipales, le taux d'élections par acclamation
était plus élevé aux municipales qu'il a été aux commissions scolaires. Est-ce
que, si on suit le même raisonnement que vous avez pour le projet de loi
n° 40, les prochains à être abolis, ce seront les petites municipalités?
Et
j'aimerais vous donner un exemple. Pendant 37 ans que je suis commissaire,
je suis une élue scolaire, à l'intérieur de ce parcours-là, j'ai été au monde municipal en même temps, j'étais
maire de ma municipalité pendant huit ans. Deuxième mandat au municipal,
le conseil municipal, les six conseillers et moi-même, comme maire, nous avons
tous été réélus par acclamation. On m'a fait
le message : C'est parce que vous faites un beau travail. C'est un vote
unanime de la population. L'année
suivante, je me représente à la commission scolaire, renouveler mon mandat, je
suis élue par acclamation. Et là on me dit : C'est parce qu'il y a un
désintéressement de la population puis on y croit plus ou moins. Je suis la
même personne, c'est de la démocratie.
Alors,
c'est ça que je veux savoir : Quelle est la base fondamentale d'éliminer
la démocratie scolaire? C'est ça qui... J'attends une réponse très
claire.
La Présidente (Mme
Thériault) : Il reste 20 secondes. M. le ministre.
20 secondes.
M.
Roberge : Très rapidement, je pense que l'argument de la légitimité
démocratique avec un taux de participation très bas à l'échelle du
Québec est un argument très faible. Mais, ceci dit, là, je parle très, très
vite, je pense, c'est une bonne idée de
remplacer les conseils des commissaires par les conseils d'administration parce
qu'on souhaite avoir une coordination
scolaire, mais sans avoir des minigouvernements élus régionalement. Je pense
qu'on veut avoir davantage des centres de
service aux écoles parce qu'on veut que la prise de décision se prenne pas mal
plus dans les écoles qu'à l'échelle régionale. C'est ça, ma perspective.
Mme Samson (Edith) : Mais il faut se souvenir que l'éducation, les écoles appartiennent à
l'ensemble des citoyens, appartient à la communauté, à l'ensemble des
communautés.
M. Roberge :
Les CLSC aussi.
La Présidente (Mme
Thériault) : Et, sur ce, je vais mettre fin à l'échange avec les
membres du gouvernement puisqu'on n'a plus
de temps, on l'a dépassé. Donc, je vais regarder du côté de l'opposition
officielle, qui va certainement poursuivre la conversation avec vous.
Donc, Mme la députée...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) : S'il
vous plaît, s'il vous plaît!
Une voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Non,
attendez. Vous n'avec pas encore la parole, Mme la députée. Je vais vous donner votre temps puis vous prendrez la
parole par la suite, et je vais vous demander de le faire calmement. Vous
avez 16 minutes... non, ce n'est pas vrai, excusez-moi, vous avez
15 minutes...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée, s'il vous plaît. Vous
avez 15 min 40 s pour prendre la parole. Allez-y.
Mme Rizqy :
Bonne journée de la gentillesse, tout le monde! Et je n'arrive pas à croire que
le ministre de l'Éducation a répondu
à nos invités : Bien, les CLSC appartiennent à tout le monde. La
différence... Je vais vous le dire, c'est quoi, la différence entre l'éducation puis CLSC :
CLSC, ça se peut que tu n'aies pas besoin de le fréquenter; l'éducation, bien,
tous nos enfants vont fréquenter notre système d'éducation parce que ça
s'appelle la Loi sur l'instruction publique. Elle est obligatoire pour tous nos
enfants.
Moi, là, je ne me rappelle même pas c'est quand,
la dernière fois que je suis allée dans un CLSC tellement que je n'y vais pas souvent. Heureusement, je ne suis
pas tout le temps malade. Mais je suis contente de savoir que lui, il adore
comparer sa réforme avec la réforme en santé. Ça, il aime ça. On se pose des
fois des questions.
Bonjour, mesdames, bonjour, monsieur. Bienvenue
parmi nous. La table est mise. Ici, on peut voir, dans notre horaire : Regroupement des commissions
scolaires du Bas-Saint-Laurent, Regroupement des commissions scolaires de la
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Regroupement
des commissions scolaires de la Côte-Nord. En un seul bloc, différentes régions
sont entendues. Pourquoi? Souci de temps. Ah! Parce qu'on est pressés. Mais
savez-vous quoi? L'excuse d'efficacité, on
l'entend souvent avec ce gouvernement. Et, à l'article 46 du projet de
loi, on voit clairement que, par décret, le ministre peut fusionner. Étant donné que vous êtes déjà
fusionnés pour vous entendre dans un projet de loi hyperimportant, est-ce
un mauvais présage?
La Présidente (Mme Thériault) : ...
• (16 h 30) •
Mme Cyr
(Francine) : Bien,
j'aimerais prendre la parole. Commission scolaire des Îles, aux
Îles-de-la-Madeleine, on a deux petites écoles, 20 élèves à
l'extrémité puis une soixantaine à l'autre extrémité. Pour nous, parce qu'on
n'a plus de circonscription électorale, le
pouvoir de fusionner que se donne le ministre est extrêmement inquiétant pour nous. On l'a dit, fusionner des
écoles, on perd tout de suite la vitalité d'un village, alors, nous, ça nous
préoccupe énormément. Donc, il faut revoir cette façon de voir, la façon
dont le ministre voit l'éducation, là, dans sa structure qu'il veut amener avec
un C.A.
Puis, tantôt,
le ministre — je le ramène — il nous a parlé... Pourquoi le C.A. ne
pourrait pas faire la même chose qu'un
conseil des commissaires? Bien, évidemment, c'est toute la différence parce que
justement on a des élus qui sont dans ces territoires éloignés qui nous
permettent d'être à la table et de pouvoir entretenir des rapports importants,
justement, pour garder les petites écoles ouvertes. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Noël, vous vouliez ajouter...
M. Noël
(Luc) : O.K., excusez... Merci. Merci, Mme la Présidente. La raison
pour laquelle les trois régions sont ici présentes, c'est que beaucoup
de gens connaissent les régions. Les députés, les ministres atterrissent...
Moi, je viens de la région de la Côte-Nord,
je suis préfet élu de la MRC de la Minganie. Tout le monde vient à Sept-Îles,
tout le monde vient à Baie-Comeau,
ils sont venus sur la Côte-Nord. Moi, je suis préfet de la MRC de Minganie, qui
est à 225 kilomètres de
Sept-Îles. C'est une sous-région. Sur la Côte-Nord, on a six MRC. Sept-Îles,
Baie-Comeau, Manicouagan et le fer — c'est ça, le nom de leur MRC — regroupent environ 60 % des
92 000 habitants de la grande Côte-Nord sur
250 000 kilomètres carrés. L'autre 40 % et l'autre
75 % du territoire est occupé par les autres quatre MRC :
Caniapiscau, Schefferville, que vous connaissez,
Fermont, le golfe, Blanc-Sablon. Et, lorsqu'on atterrit a Sept-Îles, je veux
juste vous faire une remarque, vous êtes à mi-chemin entre Québec et
Sept-Îles, comme Sept-Îles et Blanc-Sablon, c'est le même temps de vol. Et on a
la Haute-Côte-Nord, et on a la Minganie, ma région à moi.
Ce qui est malheureux, c'est que, lorsque j'ai
lu le projet de loi... Moi, actuellement, ça fait six ans que je suis préfet
élu à la MRC de Minganie. Avant, voilà quatre ans, je n'avais aucun problème au
niveau de la santé, et, lorsque j'ai vu le
projet de loi n° 40 arriver... J'ai pris la peine de le lire, le
projet de loi n° 40. Quand je suis arrivé à l'article 46, les
deux bras m'ont tombé. On dirait que quelqu'un avait plagié sur le projet de
loi des CISSS. Le même problème qu'on voit au niveau de
la santé, actuellement, qui occupe maintenant 20 %, 25 % de mon
temps, je viens à Québec rencontrer Mme McCann,
j'ai appelé, j'ai voulu rencontrer le ministre Barrette, le même problème au
niveau de la loi n° 40 va se produire.
L'école
publique va devenir malheureusement une école politique. Plus aucun pouvoir
dans les régions, le ministre vient
de le souligner lui-même, on ne veut pas de contre-pouvoir en région. Mais,
pour nous, les commissaires scolaires, c'étaient
des partenaires ou ce sont des partenaires pour nous, les MRC, pour les
municipalités. On partage des bâtiments pour les bibliothèques, pour les conseils, on partage les plateaux
sportifs, on a des baux emphytéotiques avec les commissions scolaires. Les commissions scolaires maintiennent
sur notre territoire... L'Île-Michon, Aguanish, ça ne vous dit rien, ça?
Cinq élèves parce que le pouvoir politique
des commissaires a réussi à le maintenir. C'est ça, les sous-régions du Québec,
c'est les mêmes sous-régions, les mêmes
régions qui vous ont portés au pouvoir, M. le ministre. C'est les mêmes régions
et les mêmes sous-régions qui se sont fait
vider de fonctionnaires ou d'administrateurs de haut niveau. C'est les mêmes
régions que vous nous avez promis que
vous alliez ramener dans nos régions, et là avec ce projet de loi, bien, vous
allez contribuer encore à nous
appauvrir et vous allez contribuer à fermer nos régions. Et c'est
malheureusement ça que je viens témoigner ici, parce que la loi n° 40, si elle passe dans l'état où est-ce qu'elle
est là, ça va être un jour triste pour les régions et les sous-régions. Ça va être un jour où on n'aura plus
de contre-pouvoir. On nous a enlevé le pouvoir des CISSS, on va enlever maintenant le pouvoir des commissions scolaires
parce que vous allez avoir tous les pouvoirs, M. le ministre. Ce n'est pas vrai
que, dans six ans d'ici, si vous êtes réélu au prochain mandat et, l'autre
mandat, vous n'êtes pas élu, l'autre va dire : Bien, pourquoi on va maintenir le même ratio dans
la Minganie avec cinq élèves? Ça n'a pas de bon sens, fermons ça, puis on va mettre ça à Sept-Îles, on va mettre ça à
Baie-Comeau, bien, on va régler le problème, mais c'est ma région qui va s'appauvrir, c'est
ma région qui va mourir. C'est pour ça que je suis ici aujourd'hui.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent. Il vous reste
neuf minutes.
Mme Rizqy : Ça fait quand
même plusieurs personnes qu'on
entend, et, à ce jour, c'est le témoignage le plus senti que nous avons reçu. Et il vient quand même de M. Noël,
préfet de Minganie. J'espère que le ministre entend. C'est un préfet. Puis sincèrement je
pense que tout le monde a senti ici l'émotion, puis j'espère que vous aussi.
Ce
n'est pas rien, qu'est-ce qui est en train d'arriver en ce moment dans l'éducation mais aussi dans nos petits, petits endroits, les régions très éloignées au Québec. On parle d'écoles de
cinq, six élèves. Puis vous le savez aussi bien que moi, M. le ministre,
que des fichiers Excel, malheureusement, des fois, à Québec, ça ne rend pas la
réalité.
Et
vous savez, là, tantôt, le ministre... pardon, pas le ministre, mais le député
de Saint-Jean a dit : Moi, j'ai à coeur les régions. Bien, moi, j'ai à coeur Montréal,
j'ai à coeur les régions, j'ai à coeur le Québec en entier, mais j'ai aussi à
coeur nos francophones, nos anglophones, nos allophones puis nos nouveaux arrivants. Puis
j'ai aussi, surtout, à coeur la démocratie.
Je
me tourne vers vous, aux Îles-de-la-Madeleine, comment on va pouvoir expliquer aujourd'hui qu'on va avoir une petite communauté
anglophone qui auront le droit de vote puis une grande communauté
francophone qui n'aura pas le droit de vote dans notre
même Québec, un seul Québec? Est-ce que vous, vous êtes capable de l'expliquer?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Cyr.
Mme Cyr (Francine) : Non. Malheureusement, non. Je
trouve que... Et effectivement aux Îles-de-la-Madeleine, on a
deux commissions scolaires, une commission
scolaire francophone, puis on a sur un même territoire une commission
scolaire anglophone.
Comment je vais expliquer ça à mon milieu? Je ne suis pas capable de
l'expliquer. Parce que je
trouve ça extrêmement désolant qu'au
Québec, justement, on fasse une différence sur la langue, deux
poids, deux mesures. C'est extrêmement décevant.
Mme Rizqy :
Comment qu'on peut expliquer ça à nos enfants...
Mme Samson
(Edith) : ...
Mme Rizqy :
Oui, absolument.
Mme Samson (Edith) : Je pourrais compléter. Et, à travers tout ça,
comment on pourra expliquer aux enfants, à nos enfants, nos élèves? On est ici, au Parlement, la plus grande assise de
la démocratie. Il y a un programme qui s'appelle l'ABC de la démocratie, et on
commence avec nos tout-petits. Au secondaire, les gouvernements étudiants sont très présents. Je
n'ai pas fait le décompte, M. le
ministre, mais j'en suis persuadée,
que c'est plus que la très, très grande majorité, dans les écoles secondaires, qu'il y a
des gouvernements étudiants. Il y a même le programme l'ABC de la démocratie. Comment on va pouvoir expliquer aux enfants?
Comment je vais pouvoir expliquer à mes petits-enfants que, quand ils
vont parler de démocratie, il y aura une démocratie différente tout dépendant
de notre langue ou même... on ne parlera pas nécessairement d'origine, mais,
tout dépendant de la langue, j'aurai plus de pouvoir ou moins de pouvoir.
Est-ce que
c'est ce qu'on veut pour le Québec? J'en doute énormément. Et, si on allait
demander à chaque citoyen au Québec, en leur expliquant bien la différence,
si les commentaires seraient les mêmes ou, encore, est-ce que
l'indifférence serait la même? J'en doute.
La Présidente
(Mme Thériault) : 5 min 20 s, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Moi, j'ai juste une... Bien, en fait, j'ai deux
élections derrière la cravate, mais je m'en rappelle, avoir vu des parents amener leurs enfants au bureau de
vote. Je m'en rappelle aussi, avoir vu des mères avoir mis leur face sur
le poteau puis d'expliquer à leur enfant pourquoi
elles se présentaient. Et je me demande comment qu'aujourd'hui on va avoir des enfants d'expression anglaise qui, eux, vont voter,
puis ils vont dire à leurs amis francophones : Ah! moi, ma mère, elle se présente puis on s'en va tous voter. Puis le francophone, l'enfant francophone dit : Bien, de quelle élection
tu parles? Ah! celle que tu es exclu. Pour le même système public.
Et j'aimerais aller dans le projet de loi
n° 37. Vous, là, en ce moment, dans la Loi sur l'instruction publique, vous avez aussi une mission, développement économique régional. Projet de loi n° 37, on
centralise des pouvoirs. Ici, on centralise
des pouvoirs. Est-ce qu'on est en train de vraiment mettre à mal toutes
nos petites régions avec ces deux projets
de loi côte à côte qui roulent en parallèle?
• (16 h 40) •
M. Noël
(Luc) : En tout cas, avec le projet de loi
n° 40, moi... C'est certain que,
dans le monde municipal, chez nous,
dans des petites régions comme les nôtres, c'est très clair que ce projet de loi là ne passe pas. C'est un projet
de loi, pour nous, qui manque de sensibilité de terrain. Parce que, pour nous, ce
projet de loi là va faire en sorte qu'on va encore continuer à vider la Côte-Nord. On a déjà un
problème de démographie en Côte-Nord. Bien, un projet de loi comme ça va
faire en sorte que nos petits milieux... On
va fusionner les écoles et on va fermer les villages. Ça, pour nous, c'est
clair en Côte-Nord. On le voit avec
les CISSS, ça va être la même affaire. Ça va être exactement la même chose. Les
décisions vont se prendre ailleurs et non dans le milieu.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée... Oui, allez-y, Mme Samson.
Mme Samson
(Edith) : Si vous permettez,
Mme la députée de Saint-Laurent, quand on fait le lien avec le projet de loi n° 37... Tout à l'heure on parlait de
vitalité, d'occupation du territoire et l'importance de l'ensemble des
entreprises qui sont sur notre territoire, et même les transporteurs en on fait
mention aussi par rapport aux contrats de transport, on tombe encore plus dans la bureaucratie, il y aura
une centralisation, les demandes, les analyses de demandes, les analyses
de re-re-re-demandes, et vous avez
mentionné, tantôt, je pense, les fichiers Excel, alors, le projet de loi
n° 37 viendra encore et toujours plus augmenter la bureaucratie.
Il faut
toujours se souvenir, et M. le ministre pourra en être témoin, qu'une année
scolaire, au niveau administratif, commence
le 1er juillet et se termine le 30 juin, mais que nos élèves rentrent
à l'école dans la dernière semaine d'août, et se termine, au plus tard, le 23 juin, et quand on fait des commandes,
quand on a besoin de matériel, ça doit être à l'année scolaire. S'il y a une dynamique particulière, une
surcharge, je vais appeler ça, au niveau de la dynamique du n° 37, bien,
il ne faudrait pas qu'un pupitre
arrive à l'école le 15 décembre. L'élève en sera bien content puisque ça
sera son cadeau de Noël, mais ça serait très malheureux que les
équipements... et, quand on parle au niveau informatique, et tout, et tout,
donc, l'année scolaire est primordiale dans cet effet-là. Je pense que les
décisions locales pour vitaliser nos milieux, c'est essentiel.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et j'ai la députée de Westmount—Saint-Louis qui veut faire une intervention.
Il reste 1 min 30 s.
Mme Maccarone :
Bon, bien je vais vous dire que je trouve votre témoignage très émouvant. Ça me
touche énormément. C'est mon anniversaire d'assermentation de présidente de
commission scolaire, ça fait cinq ans. Je vous félicite, Mme Côté, pour vos
34 années de service. Je vois l'émotion dans votre visage. Je vous promets
que je vais faire mon possible pour
protéger les régions. Je vous crois quand vous dites que vous êtes en péril
réel. Et j'espère que le gouvernement a bien écouté votre témoignage
parce que ce que vous partagez avec nous aujourd'hui, c'est du concret.
S'il nous
reste peut-être un 10 secondes, j'aimerais vous faire entendre sur
peut-être une expérience que vous avez eue
avec votre communauté qui a déjà une représentation dans chaque région
présentement avec les circonscriptions. Si vous avez quelque chose à
partager avec nous qui vous a touché particulièrement, la proximité,
gouvernance locale.
Mme Côté
(Ginette) : Je pourrais...
Je peux y aller, Mme la Présidente? On pourrait tous vous en donner. Je vous
mentionnais qu'on avait, dans nos trois régions, une soixantaine d'écoles de
moins de 50, mais, des écoles à trois élèves, à cinq élèves, à huit élèves, on
en a — j'ai
joint une liste, trois élèves, alors, on en a, et pourquoi les élus ont fait la
différence et qu'un commissaire était
dans la circonscription. J'ai une circonscription, ce qu'on appelle l'est du
territoire, j'ai trois petites
municipalités qui sont... quand on regroupe la clientèle, les habitants, c'est
à peine 800 habitants dans trois
municipalités. Elles ont chacune leur école primaire avec cinq élèves, avec
huit... Pourquoi on les a gardées? Parce que le commissaire de la circonscription a sensibilisé ses collègues à
la problématique, à la difficulté. Nous sommes allés rencontrer le
milieu.
Vous savez qu'en région Côte-Nord, on en a parlé
tantôt, on est sur le long du littoral, nous avons une route. Il y a une partie de notre territoire qui n'est
même pas reliée par la route, il y a une île, il y a une ville nordique aussi
qui est accessible en avion, mais il
y a seulement une route et c'est la route 138, actuellement qui a beaucoup
de travaux, mais tout le transport
lourd passe sur cette route-là. Alors c'est évident qu'à chaque année, oui, il
y a des accidents, oui, c'est une
route qui est dangereuse, oui, il y a du transport. Les conditions climatiques
en hiver font en sorte qu'il y a des tronçons de la route qui sont
fermés.
Alors, c'est toutes ces raisons-là qui ont fait,
quand on a rencontré les parents des enfants de cinq ans, six ans, sept ans... Est-ce qu'on va mettre ces enfants-là
sur un autobus le matin pour les emmener à 25, 30, 35 kilomètres, et quand
on sait que, dans la journée, la température
peut changer et que la route va être interdite au transport lourd, alors,
l'autobus scolaire, elle ne s'en retournera pas. Les
parents nous disaient... on a des émotions, bien, on les a vécues avec les
parents, ils nous disaient :
Moi, ma fille, moi, mon garçon, il a besoin de son toutou le soir pour
s'endormir. Il a besoin de sa doudou même
s'il est en première année, deuxième année, les parents étaient inquiets.
Alors, on a fait en sorte... Mais, quand on décide de maintenir une petite école de village ouverte avec
cinq élèves ou huit élèves, le conseil des commissaires doit
faire des choix et on ne les fait pas seulement... on doit les faire en
concertation.
Quand on parle de travailler la communauté, le
comité consultatif de gestion qui regroupe toutes les directions d'établissement le font en concertation avec nous.
Ils doivent accepter qu'un certain budget... qu'on puisse les transférer pour
donner une ressource additionnelle à cette école-là parce que la clientèle ne
génère pas assez de ressources. Alors, on
le fait. C'est ça, ça prend tout un village pour élever un enfant. Les
municipalités, le maire vont dire : Écoutez, nous, on est prêts à vous céder l'école, on est prêts à
faire le déneigement de l'école, on est prêts à aller aménager la cour, on
aurait des exemples.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme Côté, j'ai dépassé le
temps, je dois malheureusement mettre fin à votre exposé. Par contre, il reste encore un peu de
temps avec les deux collègues des deuxième et troisième oppositions. Donc,
Mme la députée de Sherbrooke, 3 min 55 s, et ça sera suivi par
la députée de Joliette, 3 min 55 s aussi.
Mme Labrie :
Merci. Écoutez, il y aurait tellement de choses que je voudrais vous dire, je
n'ai pas arrêté de prendre des notes.
D'abord, il n'y a pas de sous-régions au Québec, ça, c'est très clair. Je vous
remercie, M. le préfet, d'être venu aujourd'hui puis qu'on ait pu entendre votre témoignage, mais c'est
clair que la CAQ, avec sa vision de comptable, on le voit dans différents projets de loi, a des
preuves à faire par rapport à sa considération pour les régions, j'espère
qu'ils vous ont bien entendu.
Vous avez
posé la question si on demandait à chaque citoyen au Québec : Est-ce que
les commentaires seraient les mêmes par rapport à ce projet de loi là,
par rapport à l'attachement à la démocratie scolaire? C'est vraiment
intéressant comme question et je trouve ça fascinant que pour la réforme du
mode de scrutin, on a un gouvernement qui tient absolument à faire un référendum, mais pour abolir tout un palier de
démocratie, par exemple, on se permet de le faire en quelques semaines, en laissant à peine le temps
aux gens d'étudier le projet de loi sérieusement. Il y a des questions à se
poser là-dessus.
Vous avez
mentionné que les commissions scolaires sont parmi les employeurs les plus
importants de vos régions, c'est vrai
aussi chez moi, c'est vrai dans presque toutes les régions, probablement. Une
bonne nouvelle, peut-être, dans tout ça, le ministre a dit : Il n'y aura
pas de pertes d'emploi associées au projet de loi, c'est quelque chose qu'il a
dit à plusieurs reprises, mais il continue de dire que c'est une
réduction de la bureaucratie, donc j'aimerais ça vous entendre là-dessus. Comment il va faire pour réduire la bureaucratie?
Est-ce que c'est possible avec ce projet de loi là? Qu'est-ce que ça prendrait?
Comment il faudrait faire pour la réduire,
la bureaucratie, en ce moment? Quels pouvoirs il faudrait donner aux
commissions scolaires, ou aux centres de services, ou aux écoles pour y
arriver?
Mme Samson
(Edith) : Bien, je pense
qu'on a eu un bel exemple de bureaucratie, hier matin, dans nos commissions
scolaires. Lorsqu'il y a un courriel qui est
rentré aux alentours de 7 h 05, 7 h 10, notre collègue,
M. Alain Grenier, en a fait
mention hier, vers 7 heures et quelques, pour une demande de reddition de
comptes concernant la tempête de neige et l'ouverture ou la fermeture des écoles, et le mandat était donné pour
être... les informations devaient être rendues à 8 h 30, ici même, à Québec. Un exemple de bureaucratie.
Quand on parle de bureaucratie, on faisait le lien, tantôt, avec la loi
n° 37, c'est aussi une bureaucratie.
Je pense
qu'un gouvernement local a une gouverne qui est là pour répondre, et je le
répète, aux besoins du milieu. Une centralisation... Tantôt, M. le
ministre a fait le lien avec le CLSC, j'en suis, je suis infirmière de
formation et j'ai travaillé — si je résume — 30 ans de ma vie en CLSC. On a même
dit, à un moment donné : Mon CLSC, j'y crois. J'ai vécu la transformation des CLSC en fusion avec les
CHSLD et avec les hôpitaux, qui sont devenus des CSSS. Et j'ai vécu aussi, et très impliquée dans la dynamique, quand
il a été le temps de fusionner les CSSS en CISSS. Ça aussi, c'est un exemple
de bureaucratie.
Alors, la gouverne
locale est très importante, et la reddition de comptes peut se faire par le
rapport annuel et par d'autres
redditions, mais la reddition au quotidien, c'est une très grande lourdeur,
sachant que nos petites commissions scolaires n'ont pas tout le personnel
non plus.
La Présidente (Mme Thériault) :
...secondes, Mme la députée.
Mme Labrie :
Bien, écoutez, je vous remercie. Je pense que vous avez été très, très
éclairants, puis l'appui de tous les
préfets qui sont derrière aussi, qu'on aurait aimé entendre si on avait eu des
consultations générales, ça aurait été très précieux, mais il n'est pas
trop tard pour élargir les consultations là-dessus.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui,
merci beaucoup, vraiment, c'est très, très intéressant et éloquent de vous
entendre.
Moi, je veux
revenir sur la question des pouvoirs pour les directeurs d'établissement. Moi, je veux juste le dire, parce
que
je l'ai demandé aux deux associations, les deux m'ont dit qu'ils ne voyaient
pas quels nouveaux pouvoirs ils obtenaient. Je pense que c'est assez éloquent quand on dit qu'il y a
une grande décentralisation, mais que les directeurs ne sont pas capables de dire ça. Mais, par ailleurs, c'est
vrai que je pense qu'il peut y avoir un préjugé favorable de leur part parce qu'ils se
disent : On va avoir moins de monde dans nos pattes, on va gérer nos
trucs. Mais c'est sûr que ça vient avec plus de lourdeur puis de gestion, et moi, je me demande
sincèrement, en termes d'économies, s'ils sont tous obligés de s'engager un
adjoint pour être capables de faire
les choses dans leur école correctement, où est-ce qu'on va voir des économies là-dedans. Donc, ça, c'est juste un élément. Ça fait que, pour ce
qui est de la bureaucratie puis la reddition de comptes, on n'a pas vu
grand-chose.
Moi, je
voudrais vous entendre, parce que je sais à quel point, pour les régions, puis
les régions éloignées, de surcroît, c'est
fondamental. Puis moi, j'ai une hypothèse que les citoyens sont encore plus
attachés à leur réseau scolaire, leurs petites écoles parce que c'est un moteur de développement très important, encore
plus important. Ça fait que j'aimerais beaucoup vous entendre sur... On a un préfet, on a la chance d'avoir un préfet.
Parce qu'on se fait dire qu'il y aura moins de politique, moins de contre-pouvoirs, comme si c'était une
bonne chose, alors que, moi, je pense que mener des combats dans la vie
pour se battre pour des convictions puis des réseaux scolaires surtout, c'est
une bonne chose.
Qu'est-ce que
ça donne? Parce qu'il y en a qui nous ont dit : Ah! bien, il va y avoir la
même sensibilité sur les C.A., puis,
voyons, les maires, ils vont rester aussi sensibles — m-a-i-r-e-s — donc, dans le fond, qu'est-ce que ça fait de
perdre des commissaires élus? Alors
que vous, vous avez l'air à y tenir beaucoup, M. le préfet notamment. Donc,
j'aimerais ça vous entendre, la différence que ça fait, pour vous.
M. Noël
(Luc) : Je vais vous donner
un exemple qui n'est pas si loin que ça, la semaine
dernière. Moi, dans ma MRC, j'ai deux
commissions scolaires. J'en ai une avec des élus puis j'en ai une à
statut particulier. À statut particulier, c'est la commission scolaire du Littoral, avec des élus, c'est la Moyenne-Côte-Nord.
La semaine dernière, il y avait deux journées pédagogiques à l'école Monseigneur-Labrie, qui est l'école secondaire,
qui étaient le jeudi et le vendredi. J'ai des élèves qui viennent de l'île d'Anticosti. C'est une île, donc il n'y a pas de route, il n'y a
rien. Et on sait qu'à l'île d'Anticosti tu rentres le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi. Tu ne rentres pas à
l'île d'Anticosti au niveau aérien à part ces journées-là puis tu ne peux pas revenir chez vous dans la même
journée. Le bateau qui dessert Anticosti, 55 % du temps, il n'est pas
dans son horaire.
Ça fait que
la semaine dernière où il y avait des journées pédagogiques, il y avait une
élève qui était là, puis elle voulait
retourner chez elle, chez ses parents. Ça fait qu'au lieu de la garder à
l'école parce qu'on n'avait pas de transport ou de lui payer un charter, ce qu'on appelle un charter, qui coûte
4 000 $, en passant... De Havre-Saint-Pierre, Anticosti, un charter d'avion, 4 000 $. Puis il n'y a
personne d'entre vous qui va aller à l'île d'Anticosti pendant les fêtes avec
l'avion entre le 22 décembre et le 3 janvier. Ils n'en
prennent pas, de location. Ils prennent juste des charters.
Ça fait que,
la semaine dernière, cette petite fille là est partie le mardi matin de
Havre-Saint-Pierre sur le vol de 10 heures
pour s'en aller chez eux, à Anticosti, puis elle n'a pas pu revenir le
dimanche. Elle, là, l'île d'Anticosti, c'est une commission scolaire à
statut particulier, il n'y a pas d'élu, cette commission scolaire là, ça fait
qu'ils ont pris la décision de ne pas
l'envoyer pour 4 000 $, ça fait qu'elle a manqué quatre jours
d'école. C'est vers ça qu'on s'en va. C'est-u ça, moi, que je devais entendre dans ma région? C'est
ça, là? Passez un projet de loi puis disons qu'on va fermer les régions.
C'est ça qui se passe chez nous.
Ça fait que, quand il n'y a pas de
contre-pouvoir, là, dans des régions comme les nôtres... Qu'est-ce qui fait avancer le Québec? C'est les contre-pouvoirs.
C'est ce qui nous permet d'avoir une sensibilité. Dans mon travail à tous
les jours, si personne ne vient contester
les décisions que je prends, il faut que je me recule puis je réfléchisse. Je
n'ai peut-être pas pris la bonne
décision. C'est ma sensibilité qui va faire la différence. Mais, si on n'en a
plus au Québec puis si on ramène ça juste à Québec, on va les fermer,
les régions. C'est aussi simple que ça.
La
Présidente (Mme Thériault) : Il ne reste plus de temps. Donc, je
vous remercie pour votre passage en commission parlementaire.
Je vais
suspendre quelques instants pour permettre au Regroupement des commissions
scolaires des Laurentides et celles de Lanaudière de se joindre à nous.
Donc, on suspend quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 16 h 58)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux. Donc, sans
plus tarder, le Regroupement des commissions scolaires des Laurentides
et le Regroupement des commissions scolaires de Lanaudière sont nos derniers
invités pour nos auditions. Donc, vous êtes familier avec notre fonctionnement également.
Donc — je
ne sais pas lequel d'entre vous va prendre la parole — se
présenter, présenter les personnes qui vous accompagnent, et vous avez
une dizaine de minutes pour nous présenter votre mémoire et, par la suite, ça
sera les échanges avec les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Regroupement des commissions scolaires des Laurentides et
Regroupement des commissions scolaires de Lanaudière
M. Bélanger
(Normand) : Merci. Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les
députés, bonjour. Je me présente, Normand
Bélanger, ancien enseignant, directeur de centres, directeur de services de
formation professionnelle, directeur général de la commission scolaire.
Je cumule 30 années d'expérience dans le monde de l'éducation. Je suis
présentement président de la commission scolaire Pierre-Neveu depuis cinq ans.
Aujourd'hui, je suis accompagné par quatre de mes collègues, présidents des
commissions scolaires des Laurentides et de Lanaudière. Ils représentent une
somme d'expérience très
impressionnante dans le monde de l'éducation. M. Thomas Duzyk, président
de la commission scolaire des Affluents depuis cinq ans, M. Michel Forget,
évaluateur depuis 40 ans, commissaire depuis 25 ans et président
de la commission scolaire des Samares depuis cinq ans, Mme Paule Fortier a
été représentante du comité de parents pendant cinq ans, elle possède une maîtrise en éducation et est présentement
présidente de la commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles
depuis 16 ans, M. Jean-Pierre Joubert a été conseiller municipal
pendant 13 ans, il a été aussi enseignant,
directeur d'école, secrétaire général, tout cela pendant 29 ans. Il est
président de la commission scolaire de la Rivière-du-Nord.
• (17 heures) •
D'entrée
de jeu, je tiens à vous remercier de nous avoir invités à participer à cette
consultation. Posons-nous la question :
Est-ce que ça allait si mal pour qu'on bafoue d'un seul coup tant d'années
d'expérience en gouvernance scolaire? Au
cours des dernières années, nous avons surmonté de nombreuses difficultés, de
la mauvaise presse, des coupures budgétaires sans précédent. Ce projet
de loi va encore plus loin. C'est une attaque importante au système d'éducation
québécois et à la démocratie, une
non-reconnaissance de la bonne gouvernance qui est un levier de développement local très précieux. Le système
d'éducation québécois a d'abord besoin de stabilité, j'ose dire d'amour
et de considération. Ce sont des conditions simples et gagnantes pour se
concentrer davantage sur la réussite des élèves.
Avec
ce projet de loi, toute la gouvernance sera plutôt
systématiquement poussée vers la sortie, entraînant une vague importante
d'inquiétude et d'instabilité. Le peu de représentativité et peut-être le manque de disponibilité pourront très
bien faire l'affaire de ceux et
celles qui souhaitent une plus grande concentration des pouvoirs entre les
mains du ministre de l'Éducation à
Québec. Ce projet de loi donne l'impression que le ministre de l'Éducation ne
connaît pas le rôle du conseil des
commissaires ni celui d'une commission scolaire. Annoncer de si grands
changements sur la base de problématiques isolées est réducteur et non
respectueux du réseau et de ses acteurs.
Cela
étant dit, je souhaite attirer votre attention sur certains éléments et
incohérences proposés dans le projet de loi. Les citoyens perdront leur voix puisque les élus scolaires ne pourront
plus les représenter. La proximité qui existait entre le milieu de
l'éducation et la population locale en sera assurément affectée.
L'économie
d'argent présentée reste questionnable. De tout temps, les changements de
structure ont généré des coûts
importants, rarement mesurés avant de procéder, et souvent regrettés. Nous
n'avons qu'à penser aux coûts engendrés par la papeterie, les logos, les contrats de services, les comptes
bancaires, les adresses courriel de l'ensemble des employés, les
opérations informatiques et financières, et j'en passe.
Le
court délai de mise en oeuvre exclut systématiquement tous les commissaires en
place, qui, pour la plupart, ont des
enfants dans les écoles de la commission scolaire et qui auraient pu se faire
élire dans les conseils d'établissement. La majorité des membres du C.A. seront désignés par les parents siégeant au
conseil d'établissement des écoles et des centres de formation. Cette proposition ne tient pas
compte de l'importance du comité de parents de chaque commission scolaire,
qui avait la responsabilité de nommer ses représentants au conseil des
commissaires.
Ainsi,
le comité de parents ne participera plus directement aux délibérations du
conseil d'administration. De plus, les représentants des parents
d'élèves handicapés ou en difficultés d'apprentissage risquent d'en être
exclus, puisqu'ils n'auront plus de place
réservée. Ce sont pourtant ces parents, élus par environ 2 % de leurs
pairs, qui désigneront ceux qui vont remplacer les actuels commissaires.
En plus de cet enjeu de
légitimité, il existe un risque réel qu'une ou des parties du territoire d'une
commission scolaire ne soient pas
représentées au conseil d'administration. Cette proposition qui, en principe,
doit régler le problème de représentation ne fait que l'accentuer. C'est
une réelle menace pour les intérêts des petites écoles dans les milieux
défavorisés et éloignés.
La
responsabilité de l'élaboration de la politique relative aux contributions
financières, qui serait confiée au comité de parents et, par la suite, adoptée
par le C.A., est préoccupante quand on sait que le litige vient de coûter
153 millions dans l'ensemble du
Québec. Le comité de parents devrait être consulté, mais non responsable. Des
modèles probants de décentralisation,
tels qu'on les connaît dans les Laurentides et dans Lanaudière, auraient pu
être appliqués sans modifier toute la gouvernance.
Dans
nos commissions scolaires, le conseil des commissaires adopte depuis longtemps
des budgets décentralisés qui
permettent aux écoles d'adopter leurs plans d'effectifs en fonction de leurs
besoins. Toutes les écoles disposent de leurs budgets, et les directions en sont imputables et responsables. En
promettant une plus grande autonomie aux écoles et aux centres, il y a un risque important que cela entraîne
un manque de cohérence et d'équité entre les milieux. La décentralisation
démesurée peut aussi apporter une lourdeur administrative pour les directions
d'établissement.
Il
est surprenant que, jusqu'à maintenant, la population ne s'insurge pas du fait que
le projet de loi fait une distinction entre
les francophones et les anglophones, alors qu'on demande toujours, partout,
l'équité. La population est-elle vraiment informée? Le ministre de l'Éducation aurait pu remédier au faible taux
de participation aux élections scolaires de diverses façons, comme en
jumelant les élections scolaires et municipales.
Cet
élément constitue un tour d'horizon de quelques thèmes et enjeux qui, à notre
avis, posent problème, mais ce n'est
pas les seuls. Jusqu'ici, le ministre de l'Éducation n'a jamais fait la
démonstration que son projet de loi allait
améliorer la réussite des élèves. M. Duzyk.
M. Duzyk (Thomas) : Je voudrais d'abord souligner que, depuis 1967, j'ai enseigné et oeuvré
comme conseiller pédagogique en renouveau
pédagogique, dirigé des écoles primaires et secondaires ainsi que les services
de l'enseignement, avant d'accéder à la direction générale de cette même
commission scolaire durant 25 ans.
Je
suis très ouvert aux changements et j'étais très heureux d'entendre que le gouvernement, par l'entremise de son nouveau ministre de l'Éducation,
souhaitait proposer une réforme du modèle de gouvernance, pensant que cette
réforme s'inscrirait à l'intérieur d'un
processus de consultation et de réflexion afin d'améliorer la réussite des
élèves et la valorisation des enseignants.
Vous
comprendrez, certes, ma grande déception à la lecture du projet de loi, projet de loi qui n'aide en rien plus d'élèves à réussir et à réussir mieux, pas plus,
d'ailleurs, qu'il ne cherche à aider les enseignants à mieux enseigner, à se
sentir valorisés. Les directions d'école
n'obtiennent pas plus de marge de manoeuvre qu'elles n'en ont déjà au sein de
notre commission scolaire.
Qui plus est,
l'ajout de responsabilités administratives liées aux redditions de comptes
additionnelles les empêchera de jouer
pleinement leur rôle de leader pédagogique. Enfin, les directions générales,
faute de temps, devront se consacrer elles
aussi à des tâches plus administratives que pédagogiques, encore une fois au
détriment de l'exercice d'un leadership pédagogique primordial dans
l'amélioration de la réussite, de la diplomation et de la persévérance.
Je termine
avec deux questions et une mise en garde. Pourquoi avoir négligé l'opportunité
qui s'offrait de tenir des états généraux sur l'éducation, comme l'ont
fait Claude Ryan au milieu des années 80 et Pauline Marois au milieu des années 90? Pourquoi ne pas s'inspirer des
pratiques des commissions scolaires performantes pour proposer des changements
qui pourraient être profitables à tous?
Ma mise en
garde : dans un contexte de négociations qui s'annoncent houleuses, de
pénurie de main-d'oeuvre, de problèmes
d'épuisement et de santé mentale au sein du personnel de nos écoles, alors même
que nous sentons l'importance de
repenser la formation des mailles et la valorisation des enseignants, il ne
faudrait pas prendre le risque de fragiliser l'équilibre bien précaire
que les élus scolaires s'efforcent de maintenir.
Et, en
terminant, j'aurais une toute dernière question pour M. le ministre. À la lumière des propos tenus hier
par votre collègue, M. Simon
Jolin-Barrette, vous n'auriez pas le goût de partir en consultations dès demain
afin de permettre à tous les
Québécois de vous aider à apporter des changements pour réellement améliorer
notre système d'éducation? Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci pour votre présentation,
M. Bélanger et M. Duzyk. Donc, M. le ministre, pour votre bloc de
23 minutes et quelques... 23 min 30 s, pardon.
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Merci à vous, chers commissaires représentants
du coin de la région des Laurentides.
Plusieurs
questions et commentaires, mais d'abord je vais répondre brièvement, là,
d'est-ce qu'on devrait consulter. J'ai
l'impression que cette consultation-là est presque ininterrompue depuis fort
longtemps. Depuis 2014 que j'ai eu la chance
d'avoir le dossier de l'éducation pour ma formation politique, j'ai fait la
tournée de je ne saurais pas combien de dizaines d'écoles, parlé à
plusieurs, plusieurs personnes dans le réseau depuis un certain temps, discuté
avec plusieurs personnes aussi, des fois,
dans des forums. Il y a eu aussi une espèce de grand forum de mon prédécesseur,
Sébastien Proulx, aussi, dont on
tient compte des résultats, évidemment. Donc, je pense qu'il y a des réflexions
en continu. Puis, je vais vous dire,
je pense que le réseau gagne à avoir des réflexions en continu plutôt que
d'avoir une espèce de mégaréforme à tous les 20 ans, qu'on fait un «reset» et puis on repart en neuf. Je ne
pense pas que ça soit ce qui soit souhaité tant que ça dans les réseaux.
Puis, tout à
l'heure, vous avez mentionné toute l'expertise que vous avez. Effectivement, je
pense qu'il y a beaucoup d'expertise au bout de la table. Je n'en doute
absolument pas, mais il y a beaucoup d'expertise partout dans le réseau. Il y en a ici aussi, des gens qui ont de
l'expérience en éducation, de l'autre côté... des deux côtés de la table. De
mon côté aussi, je pense, en tant
qu'enseignant dans le réseau public... dans différents conseils
d'établissement, le Conseil supérieur de
l'éducation... Bref, je pense qu'ensemble on peut essayer de collaborer puis de
bonifier ce projet de loi là. C'est essentiellement ce que je souhaite.
• (17 h 10) •
Vous arrivez en tant que regroupement des
commissions scolaires des Laurentides et de Lanaudière. Justement, il y a la commission scolaire des Laurentides, qui
n'est pas présente avec vous mais qui est venue précédemment, qui pensait que c'était une bonne chose de revoir la gouvernance puis qui nous a fait une suggestion que je vous retourne en forme
de question. Vous avez mentionné la représentativité, et les gens de la commission scolaire des Laurentides nous ont suggéré que, pour les représentants des parents... La commission scolaire se divise en districts, un
peu à la manière des commissaires
ou à la manière des circonscriptions pour le Québec. S'il y
avait, supposons, huit parents, c'est
la proposition actuelle du projet
de loi n° 40, mais d'autres ont suggéré que ça soit cinq ou
six, mais on va dire que c'était huit, est-ce
que vous voyez ça d'un bon oeil de diviser la commission scolaire en districts en région? Eux parlaient d'avoir... par écoles secondaires
et avec bassins d'écoles primaires, mais ça pourrait être autre chose. Est-ce
que vous verriez ça d'un bon oeil d'avoir cette représentation régionale sous
forme de districts pour les membres parents du conseil d'administration?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Bélanger.
M.
Bélanger (Normand) : C'est sûr
que, pour ma part, effectivement, là, d'avoir une représentation dans toutes
les régions, c'est primordial, parce que notre territoire, là, on a beau dire
les Laurentides, les gens... bon, les gens de Saint-Jérôme
vont vous dire qu'ils sont au nord des Laurentides, mais, les Laurentides, ça
va jusqu'à presque Grand-Remous, la
commission scolaire Pierre-Neveu, c'est 72 % du territoire des
Laurentides. Donc, quand les gens me disent qu'on s'en va dans le Nord, puis ils arrêtent à Saint-Jérôme,
ils ne sont pas dans le Nord, ils sont dans le Sud encore pour moi. Ça fait
qu'il reste que d'avoir, je vous dirais,
Sainte-Anne-du-Lac, Notre-Dame-du-Laus... On a l'Outaouais... On est près de
l'Outaouais, on est près des Laurentides. Donc, effectivement, ces
secteurs-là doivent être représentés.
On
a, dans les Laurentides... dans Laurentides et Lanaudière, mais, dans
Laurentides, on a deux réalités, la réalité de Pierre-Neveu, qui est une commission scolaire avec 3 500 élèves
en région éloignée et en milieu défavorisé, et on a la commission scolaire Seigneurie-des-Mille-Îles, qui
est une commission scolaire d'au-delà de 40 000 élèves avec à peu près
tous des milieux défavorisés.
Ça fait que
c'est pour ça que c'est important, je pense, M. le ministre, d'avoir de la
représentativité sur l'ensemble, surtout
dans les grandes régions, pour que ces petites écoles là soient représentées au
niveau d'un conseil d'administration ou d'un conseil des commissaires.
M. Roberge : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Excusez-moi. M. le ministre.
M. Roberge : Je pense qu'il y a
plusieurs souhaits, c'est d'avoir, sur cette instance de conseil
d'administration, plusieurs l'ont nommé, une notion de représentativité
régionale. Plusieurs personnes l'ont nommé. Voyons voir si on peut y arriver. Il y a aussi, je vous dirais,
certains profils de compétence puis pluralité des intervenants. Puis c'est de
trouver un équilibre pour avoir, tant
qu'à moderniser la gouvernance, quelque chose qui soit à la fois représentatif,
mais en même temps riche d'une diversité.
Donc, qu'est-ce
que vous pensez de l'idée... je vous ai posé la question de la représentativité
régionale, des districts, de la
commission scolaire des Laurentides, mais de l'idée d'avoir un nombre défini de
parents, de membres de la communauté qui
doivent, donc, être ni parents ni employés, et d'avoir des gens qui font partie
du centre... des écoles, en fait, des gens qui font l'école à tous les jours, pour avoir, disons, ces profils de
compétence qui soient distincts? Comment vous voyez cette perspective-là qui s'inspire un peu de ce
qui se fait ailleurs, de ce qui se fait, notamment, dans les cégeps, dans les
universités ou ailleurs? Mais, peu importe,
là, est-ce que ça pourrait apporter quelque chose comme vision dans un conseil
d'administration pour un centre de services scolaire?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Duzyk.
M. Duzyk
(Thomas) : Bien, moi, je
trouve que ça serait excellent parce que c'est ce qu'on a déjà. Un conseil de
commissaires, c'est exactement ça, ça répond exactement à la description que
vous faites.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, j'ai de la misère
à accepter ça, puisque les directions d'école, professionnels, enseignants, employés de soutien ne peuvent siéger au conseil
des commissaires. Ça serait... Vous être en train de me dire qu'il y a une
infraction à la loi dans votre commission scolaire, et j'en doute. Donc,
pouvez-vous m'expliquer ça?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Bélanger.
M.
Bélanger (Normand) : Bien, je vous dirais que, pour avoir, dans mon
ancienne vie, été directeur général et avoir
été, en même temps... Le président de la FQDE, c'était un de mes anciens
directeurs d'école. Je vous dirais qu'à un moment donné j'aurais de la difficulté, un mardi soir, d'avoir comme
patron le conseil d'administration, que M. Prévost soit mon patron, puis,
le lendemain matin, être obligé de faire une directive à M. Nicolas
Prévost. Tu sais, ça devient comme difficile,
à un moment donné, d'avoir des employés, des cadres, des directions d'école qui
sont mes patrons, puis je me posais même la question, puis c'est arrivé
dans quelques cas, c'est arrivé chez nous, qui va s'assurer que la direction générale... Qui va s'assurer de la compétence de
la direction générale et que, si la direction générale ne fait pas son travail,
qui va s'assurer de la remplacer? Est-ce que
c'est les parents du conseil d'administration? Le conseil d'administration,
c'est très délicat. Parce qu'on l'a
vécu dans notre commission scolaire, et une chance qu'on avait une présidente
et un conseil des commissaires, des élus qui étaient bien, bien connaissants de
la situation pour faire en sorte qu'ils ont été capables de régler la situation. Mais je me pose la question. Si
j'avais été... Si le conseil n'avait pas été là, je pense que la personne, elle
serait toujours en place.
Moi, je vous
dirais, M. le ministre, quand je regarde ça... Je suis un peu comme vous. Quand
j'étais enseignant, là, je me suis souvent
posé la question : À quoi ça sert, un conseil des commissaires? Parce que
c'était loin, c'était loin de mes
préoccupations. Moi, j'étais dans mon école, j'enseignais. Même, je vous
dirais, un peu à la direction. Quand j'étais à la direction, des fois, j'appliquais sur un poste, je n'étais pas
retenu, ah! le conseil des commissaires... Par contre, quand j'ai tombé
à la direction générale, oh! là, je me suis aperçu de l'importance d'élus.
Quand notre député nous convoquait... Les
premières fois, notre député nous convoquait, M. Pagé nous convoquait, on
a dit : Non, vous ne nous convoquez pas, vous nous invitez. On est des élus, comme vous, et vous nous invitez. Et
on était invités à toutes les années pour parler de la commission
scolaire, pour parler de comment il pouvait nous aider à faire avancer notre
réussite éducative.
Au conseil
des maires, on y va régulièrement. Mon préfet devait être ici aujourd'hui,
mais, à cause de maladie, il n'a pas pu être là, M. Gilbert Pilote, mais
j'ai une résolution de l'ensemble des 17 maires de notre MRC, qui appuient
notre démocratie scolaire.
Ça fait que
c'est pour ça qu'un élu, c'est important. Ce n'est pas... On parle à des
vis-à-vis. Donc, on a un pouvoir qui est bien plus grand. C'est pour ça que,
quand on parle de conseil d'administration, bien, je me pose la question,
moi, sur le temps que je peux mettre dans le
jour, je me pose la question sur la disponibilité de ces parents-là, de jour,
qui ont des enfants.
J'en ai eu quatre. Je me disais : Comment j'aurais pu, de jour,
administrer un conseil d'administration, être sur un conseil d'administration
et faire de la représentation dans les... auprès des instances municipales, des
instances au niveau des... communautaires, et tout ça? Ça fait que c'est
une chose qui m'inquiète.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je dois passer la parole au ministre pour
équilibrer le temps. Je reviendrai à vous, M. Duzyk, ne soyez pas
inquiet.
M.
Roberge : Brièvement, avant de passer la parole à mon collègue de
Saint-Jérôme, je comprends que c'est le système actuel. Donc, vous
dites : Bien là, je m'imagine mal la direction générale, avec un C.A.
C'est sûr, ce n'est pas la situation
actuelle, mais je peux vous dire que, dans les universités, dans les cégeps, il
y a des gens qui travaillent et qui sont
sur les conseils d'administration, et je ne pense pas que les directions des
cégeps ou les recteurs d'université y voient un si grand problème.
Et ce n'est pas parce que ce ne sont pas des
élus, les directions de cégep et les recteurs d'université, que je me permettrais de les convoquer. Ça, je ne pense pas
que ce serait bien vu et je ne pense pas que ce serait une marque de respect.
Je pense que ces gens-là peuvent s'exprimer
et sont tout à fait respectés par les élus. Quand un député, quand un ministre
rencontre un directeur de cégep ou un
recteur d'université, je pense, ça se fait avec énormément de respect, même si
ces gens-là ne sont pas élus. Je n'ai
aucune crainte, là, sur leur capacité à se faire respecter. Mais, M. le député
de Saint-Jérôme, si vous voulez poursuivre.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je vais inviter, M. le ministre, le
député de Saint-Jérôme à poursuivre l'échange.
M. Chassin :
Vous ne me convoquez point, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, M. le député de Saint-Jérôme, vous avez 12 min 40 s.
M.
Chassin : D'accord. Merci.
Madame, messieurs, bienvenue. M. Joubert, je vous salue en particulier
puisque nous avons l'occasion de nous croiser à Saint-Jérôme.
Je vous
dirais qu'à la lecture de vos recommandations puis de votre prise de position,
c'est sûr qu'il y a un peu... Il y a
deux aspects, là. Il y a un débat de fond sur les principes. Puis je reprends
un peu... Vous avez entendu le député de Saint-Jean faire un peu le même
exercice avec les groupes précédents. Il y a une question de principe sur
laquelle, à l'évidence, on ne pourra s'entendre parce qu'il me semble qu'il y a une
réelle volonté dans la population, que vous ne percevez pas, mais que moi, je semble percevoir clairement,
puis, de ce côté-ci, qu'on perçoit, de modifier la gouvernance scolaire
avec des buts, hein, notamment d'augmenter, par exemple, la subsidiarité et
donc les pouvoirs des écoles.
Vous en
parlez, de la subsidiarité. Vous parlez d'un certain nombre de principes qui nous sont chers, et c'est là où on peut peut-être passer à un deuxième volet qui, au lieu de
l'opposition de principe, pourrait nous permettre peut-être
de bonifier un certain... dans
certains regards, à tout le moins, là, le projet de loi n° 40.
Parce que, par exemple pour le principe de subsidiarité, vous parlez du fait
que vous ne voyez pas de réel pouvoir supplémentaire au conseil d'établissement,
puis j'ai envie un peu de vous ouvrir la
porte. Vous semblez souhaiter dans votre formulation davantage de subsidiarité.
Vous parlez même d'expériences qui ont déjà été menées, notamment dans
les Laurentides, dans vos commissions scolaires, finalement, pour donner davantage de pouvoir, et, dans ce cas-là, est-ce
qu'il y aurait des pistes que vous pourriez nous donner qui seraient
intéressantes pour pouvoir avoir un plus grand degré de subsidiarité?
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Duzyk, oui, allez-y.
M. Duzyk
(Thomas) : Bien, d'abord, je
dois dire qu'en complément avec ce que soulignait mon collègue, si on prend l'exemple qui était sur la table, celui des
conseils d'administration de cégeps, j'étais président d'un conseil d'administration de cégep pendant trois ans. Et ce
n'est pas parce que les gens n'en parlent pas qu'il n'y a pas de problèmes
qui se posent, justement parce qu'à la même
table siègent le directeur général et des représentants du personnel de
soutien, du personnel enseignant et du personnel professionnel.
Et je dirais qu'au niveau du... Vous parlez de
l'ajout de pouvoir à ces conseils d'administration ou aux conseils d'établissement, encore là, il faut faire
attention, parce que, particulièrement, on le sent dans nos écoles primaires,
quand des parents siègent au sein
d'un conseil d'établissement, et qu'ils sont en présence de représentants
d'enseignants, puis que ça s'adonne,
entre autres, puis ça arrive quand même assez fréquemment au primaire, que
c'est l'enseignant de leur enfant, il y a comme une espèce de malaise
qui se crée, une espèce de gêne.
Quand, à un
moment donné, on a fait allusion également... il y a eu l'action collective
concernant les frais chargés aux
parents, bien, chez nous, j'ai voulu savoir, moi, comment ça se faisait qu'au
niveau des conseils d'établissements, qui avaient ce pouvoir-là en vertu de loi...
c'est eux autres qui sont les décideurs, mais pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas
décidé de dire : On n'en veut
pas, de ces frais-là, c'est trop élevé. Et il y avait ce malaise-là. Et les
membres des conseils d'établissements que je connaissais puis qui, habituellement,
disent assez facilement ce qu'ils pensent, bien, ils étaient mal à l'aise quand la direction de l'école et les
enseignants partageaient cette résolution qu'ils voulaient faire adopter par le
conseil d'établissement.
M.
Chassin : ...plus de place aux parents, comme c'est prévu
dans le projet de loi, pourrait être, dans le fond, une façon aussi de
leur donner davantage d'allant, là, si je suis votre raisonnement.
M. Duzyk (Thomas) : Oui. Mais vous me demandez est-ce qu'on
pourrait leur donner plus de pouvoir. Il faudrait faire attention au
type de pouvoir qu'on donne aux parents, à ce moment-là.
M.
Chassin : Lesquels privilégieriez-vous?
M. Duzyk (Thomas) : ...pour ne pas les mettre en contradiction ou en malaise. Alors que quand...avant
que cet article-là soit inclus dans la Loi sur l'instruction publique,
c'est le comité de parents qui était consulté. Il n'était pas le décideur, mais il était consulté. Mais, avant
d'être consulté, comme tout ce qui passe puis qui se rend au comité de parents,
bien, ça passait par le conseil des
commissaires. Et là les commissaires se sentaient très à l'aise, eux, de
dire : On n'est pas d'accord avec ça parce que c'est trop élevé.
M.
Chassin : Ça fait que je comprends, M. Duzyk.
M. Duzyk (Thomas) : On avait même des listes de classiques de toutes les écoles puis on les
révisait ensemble. Et, moi, à ce moment-là, quand j'étais directeur général,
bien, ça me donnait une orientation que je revalidais avec les directions
d'école. Et puis là ce qui était soumis au
conseil d'établissement puis finalement au comité de parents pour consultations,
bien, il correspondait au modèle qu'on voulait développer.
M.
Chassin : Ça fait que je comprends, M. Duzyk.
M. Duzyk
(Thomas) : Et il n'y en avait pas, à ce moment-là d'action collective.
M. Chassin : Puis là je vous interromps brièvement, mais dans votre intervention,
finalement, il n'y a pas particulièrement
de pouvoir que vous avez identifié que vous aimeriez céder pour augmenter la
subsidiarité. Parce que vous dites...
vous ne voyez pas que, dans le projet de loi n° 40, on donne tant de
pouvoirs que ça aux conseils d'établissement, mais ce que je comprends de votre intervention, c'est que vous ne
proposez pas d'en donner davantage? Est-ce que je range ça finalement
dans ce sur quoi on ne pourra pas s'entendre?
M. Duzyk (Thomas) : Non, non, mais pas du tout. Moi, là, que les conseils d'établissement aient des pouvoirs ou que le nouveau conseil ait
des pouvoirs, ce n'est pas là-dessus que j'en ai, je dis, il faut
que ce type de fonctionnement
là, bien, il soit propice à faire quelque chose en lien direct avec notre
mission, qui est la réussite des élèves...
M. Chassin :
Parlons-en, alors.
M. Duzyk
(Thomas) : ...ce n'est pas juste de donner des pouvoirs pour donner
des pouvoirs.
M. Chassin : Parce
que vous mentionnez, effectivement, que vous analysez ce projet
de loi là comme ne comportant pas de
mesure bonifiant le coeur de la mission, là, de notre réseau scolaire, par exemple, d'augmenter la réussite éducative. C'est un constat que je ne partage pas. Mais vous mentionnez plus spécifiquement, même, le Conseil supérieur de l'éducation,
puisqu'on fait ressortir son avis, hein, à la page 4 de votre mémoire,
comme quoi les réformes, généralement, ce n'est pas des moments qui sont propices à l'amélioration des résultats. Je comprends ce que vous dites, mais, en
même temps, il y a une certaine nuance peut-être
à apporter, là, parce que le Conseil supérieur de l'éducation était nuancé dans ses propos. Je vous, d'ailleurs, cite, si vous
n'avez pas eu la chance de l'écouter, la présidente, Maryse Lassonde, qui
mentionnait qu'il y a des choses qui favorisent la réussite éducative
dans ce projet de loi. Quand on parle, par exemple, au niveau de la décentralisation, souvent la
décentralisation a été accompagnée par un sentiment de plus grande autonomie
chez les enseignants et les enseignantes.
Donc, c'est une citation du Conseil supérieur de l'éducation qui vous donne
peut-être un portrait qui appuie, par ailleurs, pour moi, là, le
principe de subsidiarité.
Évidemment,
je peux comprendre que, quand on parle d'une nouvelle formule, notamment avec
les parents, on cherche évidemment à
avoir, nous, une formule qui réponde aux réalités concrètes du terrain. On se
dit aussi qu'on va les outiller.
Donc, on parle de formations, des formations nationales obligatoires. On vous
donne même un rôle, aux anciens commissaires, puisqu'il est prévu un
comité-conseil à l'article 298 du projet de loi.
Évidemment,
ce n'est peut-être pas suffisant, mais est-ce que ça peut être des pistes, à
vos yeux, de solution ou d'avancée, ces formations puis ce comité-conseil?
M. Duzyk
(Thomas) : Bien, d'abord... Excusez, madame.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...oui.
M. Duzyk (Thomas) : D'abord, vous parlez de décentralisation. La décentralisation, là, puis je l'ai toujours dit...
M. Chassin :
C'est le Conseil supérieur de l'éducation qui en parle.
M. Duzyk (Thomas) : Ce n'est pas un objectif à atteindre, la décentralisation. C'est un outil de gestion, comme la centralisation. Des fois, puis
c'est le cas au niveau de notre commission
scolaire, des fois, c'est mieux de
centraliser, puis, des fois, c'est mieux de décentraliser.
J'ai dit, tantôt, j'étais directeur
d'école. J'ai entendu M. le ministre qui disait : Il y a des directions d'école
qui ne sont pas tout à fait de votre avis, tantôt, quand il disait : Bien, eux autres, ils
sont d'accord avec la loi. Bien, je ne le sais pas ailleurs,
parce que je ne suis pas ailleurs, moi, je suis chez moi. Et, quand j'étais
directeur d'école, je pense qu'il n'y en a pas un au Québec qui a exigé autant au niveau des marges de manoeuvre et puis des pouvoirs, comme on l'appelait
dans le temps, mais c'étaient surtout des marges de manoeuvre.
Et
une journée mon directeur général m'a fait venir dans son bureau puis il
dit : Écoute, Thomas, là, on est
tannés, alors ce qu'on va faire, si
c'est correct, là, on va te donner un chèque en début d'année, là, et puis tu
déposes ça où tu voudras, puis, à la
fin de l'année, tu nous en rends compte. Puis j'ai dit : Ce n'est pas ça
qu'on veut. Il y a déjà des gens qui sont payés pour tenir compte de mon budget. Qu'ils fassent leur job. Mais, quand, à
un moment donné, à la fin de l'année, là, il me reste 100 $ dans mes achats de volume puis que je ne peux pas
transformer ça pour acheter des ballons parce qu'on a plus besoin de
ballons pour finir l'année que de volumes, bien, c'est là que ça vient me
chercher. Alors, ce n'est pas...
M. Chassin :
Ça, c'est un exemple d'autonomie.
M. Duzyk (Thomas) : Je ne peux pas avoir le pouvoir, je veux juste
qu'on comprenne que moi, je suis un leader pédagogique et je n'ai pas de temps à pendre à ce qui est autour. Je ne
veux pas devenir un gérant de bâtisse. Je suis un directeur d'école.
Et
je disais la même chose quand j'étais directeur général. Le directeur général
d'une commission scolaire, pour moi, c'est un leader pédagogique.
M. Chassin : Oui, là-dessus, je pense qu'on a une vision qui se rejoint. Est-ce que,
sur les formations — je
reviens un peu là-dessus — d'outiller tant les gens qui sont les conseils d'établissement que
sur le conseil d'administration, puis incluant
le conseil... le comité-conseil, pardon, des anciens commissaires, je reviens
là-dessus, je ne sais pas si vous avez un avis là-dessus.
• (17 h 30) •
M. Duzyk (Thomas) : Bien, moi, je pense que la formation, quel que
soit le modèle de gouvernance, c'est
primordial. Et, tantôt, je
disais : J'aimerais ça qu'on s'inspire des modèles qui existent déjà, des commissions scolaires qui sont performantes dans plusieurs
domaines puis qu'on en fasse le partage. Bien, chez nous, ça fait des années
qu'on met à la disposition des élus scolaires et des parents qui sont
élus au sein du comité de parents ou ceux qui sont élus au sein des conseils
d'établissement des formations pour
les aider à mieux jouer leur rôle, à mieux comprendre les enjeux, à mieux
voir les aspects de la Loi sur l'instruction publique qui les concernent plus spécifiquement. Alors, c'est sûr que je n'ai aucun
problème avec la formation.
La Présidente (Mme
Thériault) : Et j'ai Mme Fortier, je pense, qui a levé la main.
Mme
Fortier (Paule) : ...on est vraiment
en faveur des formations. Puis, comme M. Duzyk vient de le dire, chez
nous aussi, on a, deux fois par année, des formations
pour les conseils d'établissement auxquelles on participe, avec des mises en situation,
puis il y en a dans les autres commissions scolaires, puis c'est très apprécié,
puis c'est essentiel d'avoir des formations. Puis, quand il y a des changements, des
nouvelles personnes qui arrivent, il faut aussi continuer à le faire.
M.
Chassin : On est content de l'avoir inclus dans le projet de
loi. Je voudrais vous amener...
La Présidente (Mme
Thériault) : Je m'excuse, monsieur.
M.
Chassin : Combien de temps?
La Présidente (Mme
Thériault) : C'est parce que j'ai M. Joubert, puis il reste
15 secondes.
M.
Chassin : Ah! c'est vrai. Bon.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Puis c'est votre directeur scolaire, ça
fait que je pense que ça serait
intéressant. M. Joubert.
M.
Chassin : M. Joubert, à vous la parole.
M.
Joubert (Jean-Pierre) : ...nous
avez volé un peu... Parce que j'ai écouté quelques personnes comme nous qui
sont passées, puis le ministre
se plaisait à demander : Est-ce que vous trouvez quelque chose de bon dans
mon projet de loi? Et nous,
ici, c'était la formation. En tout cas, je voulais juste vous reconnaître ça.
M.
Chassin : M. Joubert, merci.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Cela met fin à l'échange avec la portion gouvernementale. Donc, on
va aller maintenant du côté de
l'échange avec l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez 15 min 40 s.
Une voix : ...
Mme Rizqy : À vos souhaits! Bonjour, merci d'être présents.
Pouvez-vous, s'il vous plaît, juste nous dire — je crois que
quelqu'un a mentionné qu'il a déjà été directeur général mais aussi président — c'est
quoi, la différence entre les deux, entre quelqu'un qui siège à titre de
D.G. et quelqu'un qui siège à titre de président?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. Bélanger, peut-être?
Une voix :
Bien, il y en a trois.
La Présidente (Mme
Thériault) : Ah! il y en a plusieurs, O.K.
Une voix :
Nous deux.
La Présidente (Mme
Thériault) : Deux.
M. Duzyk
(Thomas) : Écoutez, la différence... et puis, chez nous, moi,
j'appelais ça des carrés de sable, alors il
y a le carré de sable, là, des commissaires puis il y a le carré de sable, là,
de la direction générale. La direction générale, elle est choisie par le
conseil des commissaires, puis, une fois qu'elle est choisie par le conseil des
commissaires, bien, elle prend faits et
causes, c'est-à-dire qu'elle entre en fonction puis elle est redevable
envers le conseil des commissaires. Il n'y
a pas un commissaire particulièrement, même pas le président, qui est le patron, c'est
le conseil des commissaires. Et la direction
générale, c'est dans la loi, elle est responsable, dans le fond, de tous les
autres personnels, tandis qu'au niveau du conseil, bien, il y a un carré
de sable politique. Par exemple, chez nous, bien, il est clair que, si un maire
ou un député s'adresse à la commission scolaire pour une visite ou... bien, ça, ça concerne le président. Si c'est une
direction générale de municipalité qui veut s'entendre, bien, il ne passe pas par
le président. Il va directement au niveau de la direction générale.
Autrement dit, on respecte les carrés de sable.
Je
l'ai dit tantôt, je disais tantôt à mes collègues : Bien, chez nous, on
n'a pas entendu dire qu'à un moment donné il y avait des commissions scolaires où il y aurait eu, semble-t-il, des pressions des
élus scolaires sur la direction générale ou même... Je ne sais pas si ça s'est passé ailleurs. Chez nous, ce
n'est pas comme ça que ça se passe. Ce n'est pas comme ça. Il y a, encore une fois, des attributions qui
sont pour la direction générale et des attributions pour le conseil des
commissaires.
Et,
dans mon cas, je n'ai jamais voulu faire carrière, moi, comme commissaire
d'école. Et, si un jour j'ai décidé, après mes 40 ans passés dans
ma commission, à soumettre ma candidature, c'est parce qu'il y avait un
suffrage au vote universel pour la
présidence. Et c'est à la demande justement des gens de la commission que j'ai soumis ma
candidature. Et la journée où, pour
x raisons, il n'y aura plus d'élus scolaires, ce n'est pas parce que les
élus scolaires ne seront pas là que
ça va me peiner, c'est de voir l'énergie, le temps, l'argent même qu'on va
mettre pour remplacer ce qui marche bien, même si ça ne fait pas de bruit, par quelque chose qui devrait être
semblable mais meilleur, mais on ne sait pas dans combien de temps. Moi, ma première retraite comme D.G., je
l'ai prise au moment où, en 1998, il
y a eu des fusions de commissions scolaires. Moi, j'étais directeur général d'une grosse commission
scolaire, dans le temps, 20 000 élèves, et on nous fusionnait
avec une autre commission scolaire de
20 000 élèves, sans raison. Parce que vous vous souvenez, ceux qui
étaient-là en 1998, les fusions... On
voulait faire en sorte que des commissions, des petites commissions scolaires
qui ne pouvaient pas se donner de
services suffisants pour les élèves, bien, en les regroupant, elles pouvaient
s'en donner. Et la cible qu'avait déterminée Mme Marois...
Mme Rizqy :
L'autre Mme Marois, hein?
M. Duzyk
(Thomas) : L'autre madame... c'étaient des commissions scolaires de
20 000 élèves qui couvraient le
territoire d'une seule MRC. Et, dans notre cas, c'étaient deux commissions
scolaires de 20 000 élèves qui couvraient le territoire d'une seule MRC. Et je suis parti, et
j'ai expliqué au conseil des commissaires, puis j'avais expliqué à
Mme Marois, on a deux mentalités
tellement différentes que ça va prendre des années à rebâtir. Je donnais un
exemple d'un gâteau au chocolat. Tu
peux avoir deux recettes de gâteau au chocolat, mais si tu mêles les deux,
peut-être que ça ne donnera pas le même résultat, mais c'est ça.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. Bélanger?
M. Bélanger
(Normand) : Non, c'est correct, je vais laisser... Thomas a répondu
pas mal.
Mme
Rizqy : Mais, si vous me
permettez, j'aurais peut-être une petite question. Tantôt,
le ministre a dit : Eh, ah! ça fait longtemps qu'on parle d'abolir les commissions scolaires, ça fait longtemps qu'on en parle, on a eu des consultations,
on a eu des... Je suis allée faire un petit
tour. Effectivement, c'est vrai que c'est la quatrième tentative. Il y a
eu le Forum sur la démocratie de la
gouvernance de commissions scolaires en février 2008, par la suite, il y a
eu d'autres fois des réflexions pour
vous abolir, mais, à chaque fois, ça s'est soldé par non, il ne fallait pas
abolir les commissions scolaires, il ne fallait pas abolir la démocratie scolaire. Alors, est-ce que l'argument du ministre, de dire : On en a
tellement parlé, puis, aujourd'hui, bien,
vu qu'on en a parlé, mais que toutes les autres fois en 10 ans,
c'était : Non, non, non, pourquoi quoi qu'aujourd'hui, en 2019, on
devrait dire oui tout à coup?
M.
Bélanger (Normand) : Moi, je pense qu'effectivement, là, ça fait des
années, puis moi personnellement, je suis
un peu tanné d'en entendre parler parce que je pense que je joue un rôle
important dans ma communauté. Puis, quand j'ai pris ma retraite, en 2014, puis j'ai décidé,
c'est parce que je voulais poursuivre le travail que j'avais commencé dans
ma commission scolaire pour la réussite des
élèves. Avec Mme Courchesne, quand on a mis en place les conventions de partenariat, elle nous avait donné des cibles. Ces
cibles-là, on les a atteintes depuis... Elle nous avait donné jusqu'en 2020 pour
atteindre des cibles. Mais l'avantage, c'est que Mme Marois, elle s'est
attaquée à la diplomation et à... Elle avait cinq buts : la diplomation...
Une voix : Mme Courchesne.
M.
Bélanger (Normand) : Mme Courchesne, excusez. Mme Courchesne, elle
avait cinq buts : la diplomation, les sortants sans diplôme, les enfants en difficulté, la langue française
puis la formation professionnelle. Puis on a fait tout ce temps-là, et là on a répondu à ces cibles-là, donc,
mais elle n'a pas touché aux structures, Mme Courchesne. Elle s'est tout
de suite en allée sur la réussite des élèves, et ça a donné des résultats.
Ça fait que moi,
quand j'ai pris ma retraite, depuis six ans, puis j'ai été longtemps,
10 ans en formation professionnelle, puis c'était ma passion, j'ai voulu poursuivre ça un petit peu, faire
une préretraite puis rentrer à la présidence pour être capable de
supporter les gens de la commission scolaire pour aller un peu plus loin.
Mme
Rizqy : Merci. Dites-moi, avec le projet de loi n° 40, les
parents vont pouvoir un petit peu magasiner leurs écoles. Donc, si, par exemple, j'ai un parent que,
lui, à l'école Saint-Jérôme, ça ne lui tente pas trop d'aller à la polyvalente,
il dit : Bien, moi, je travaille à Laval, donc je vais le déposer à Laval,
mon enfant, qu'est-ce que vous en pensez?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Bélanger.
M. Bélanger (Normand) : Moi, je vous
dirais, Mme la...
La Présidente (Mme Thériault) : La
députée de Saint-Laurent.
• (17 h 40) •
M.
Bélanger (Normand) : ...la députée, je vous dirais que chez nous, ça a
un impact majeur. La commission scolaire de Pierre-Neveu, on est voisins de la commission scolaire des
Laurentides. Vous savez qu'à la... puis ceux qui connaissent la 117, la
fameuse 117 qu'on parle depuis 40 ans puis qui n'a jamais été refaite, là,
bien, cette 117 là, quand on part de Rivière-Rouge
puis on s'en va vers Tremblant, c'est moins loin que d'aller à Mont-Laurier.
Présentement, on a 80 élèves qui
restent en résidence à Mont-Laurier, du secteur de Rivière-Rouge. Ils arrivent
le lundi matin, ils repartent le vendredi soir. Ces élèves-là sont près de
Saint-Jovite, ça fait qu'en n'en ayant plus, de territoires de commissions
scolaires, c'est sûr que ces
parents-là vont souhaiter envoyer leurs élèves à Saint-Jovite. Qu'est-ce qui va
arriver, comme ça arrive tout le temps. C'est arrivé dans réforme Barrette. C'est qu'on va prendre des élèves,
on va les amener à Saint-Jovite, on va vider les écoles du Nord, on va remplir les écoles au Sud, on va
construire des agrandissements à Saint-Jovite, on va... C'est toujours ça qui
arrive. La réforme Barrette, c'est ça qui
est arrivé. On a pris des gens, des familles, on les a amenés à Saint-Jérôme,
on a stationné le monde sur les autoroutes, sur la 640 puis sur la 15,
on a pris des enfants, on les a mis dans des préfabriqués, puis on vide les écoles du nord. Ça fait que c'est
ça qui est la problématique présentement. Si on arrive puis on est en mesure
de laisser les territoires, bien, à ce moment-là, je me dis : Au moins, on
va pouvoir conserver... Parce que c'est plusieurs emplois, là, dans les résidences, c'est des techniciens en loisirs,
c'est des surveillants d'élèves, c'est des gens. Puis, je vous dirais, le taux de réussite est meilleur pour des
élèves qui sont en résidence, parce qu'ils sont encadrés, ils ont des cuisines
collectives, ils ont plein de choses qu'ils
font en résidence en quatrième et cinquième secondaire. Ce n'est pas secondaire I, II, III, ils l'ont à Rivière-Rouge,
mais IV et V. Donc, c'est un impact majeur pour notre région, cette... le fait
qu'il n'y a plus de territoires de commission scolaire.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée, 6 min 30 s.
Mme Rizqy : Donc, il y avait un
risque de voir votre région être vidée de ses élèves vers une autre commission scolaire, puis, une fois que ça, c'est vidé, donc
c'est plus facile d'aller avec l'article 46 du projet de loi puis tout
simplement vous fusionner avec un
autre centre de services, surtout que c'était l'indication à la page 5 du
plan de gouvernance scolaire du
ministre et que ça marque : «Moins coûteux et éventuellement moins
nombreux, les centres de services aux écoles seront intégrés au
ministère de l'Éducation.» Et je sais que le député de Saint-Jérôme est un
fervent des économies.
M.
Bélanger (Normand) : Effectivement, puis c'est la crainte que j'ai
exprimée, moi, au conseil des maires encore la semaine dernière, puis c'est pour ça que le conseil des maires est
contre le projet de loi, parce que c'est sûr que... Je suis obligé de vous dire : La réforme de M.
Roberge va ressembler beaucoup à la réforme de M. Barrette, et les régions
vont y goûter. C'est bien de valeur, mais c'est ça qui va arriver.
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Bélanger, vous ne devez pas appeler
les députés ni les ministres par leur nom, vous pouvez dire
l'ex-ministre de la Santé et le ministre de l'Éducation.
M. Bélanger (Normand) : Excusez.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, pour les 5 min 30 s
qu'il reste.
Mme Maccarone : Merci, Mme
la Présidente. Contente de vous revoir, vous êtes mes présidents et présidentes
dans mon ancien rôle. On a été élus
en même temps ou il y en a parmi vous qui étaient déjà là. Alors, merci de
m'avoir acceptée dans votre club-école, ça m'a fait vraiment grandement
plaisir de plaidoyer pour le réseau de l'éducation ensemble.
Et
je ne vous cache pas que je suis contente de ne pas être assise avec vous
aujourd'hui, mais pas parce que j'ai peur
de l'abolition des élections scolaires, parce que, dans le fond, ce n'est pas
l'abolition des commissions scolaires, c'est l'abolition des élections scolaires, pas parce que j'ai peur d'être un
caillou dans le soulier du ministre, mais j'ai vraiment peur pour nos
communautés anglophones et francophones. Ça me choque. Je ne vous cache pas que
j'ai des craintes énormes que ça va diviser
nos communautés, et je n'aurais pas su comment être face à vous quand ma
communauté aurait eu des droits de vote,
des droits démocratiques qui sont primordiaux pour tout le monde, et vous non.
J'aimerais vous entendre là-dessus.
M.
Joubert (Jean-Pierre) : Avoir
deux modèles de démocratie dans Argenteuil, ça veut
dire que, dans la polyvalente Lavigne, il va y avoir deux façons de
vivre, il va y avoir dans la même polyvalente des gens qui ont le droit de vote puis des gens qui n'ont pas
le droit de vote. Tirez-en vos conclusions.
Mme
Maccarone : Pour ceux qui ne
le savent pas, polyvalente Lavigne, c'est une école secondaire qui est partagée
entre les deux commissions scolaires, anglophone et francophone, puis c'est vraiment
une réussite pour la communauté, puis
c'est une belle collaboration, un beau partenariat. Entre autres, il y en a
avec les commissions scolaires anglophone et francophone pour
Seigneurie-des-Mille-Îles aussi.
Je
sais qu'il ne nous reste pas beaucoup de temps. J'aimerais passer la parole à ma
collègue de Mille-Îles, puis la députée de Saint-Laurent aimerait
avoir 15 secondes à la fin.
Mme
Charbonneau :
Il reste combien de temps, Mme la...
La Présidente (Mme
Thériault) : 3 min 15 s.
Mme
Charbonneau : Il
reste trois minutes. Alors, je vais vous faire une affirmation, vous me direz
si j'ai raison ou si j'ai tort, ça va être encore plus facile par un oui
ou par un non. En ce moment, le projet de loi n° 40
donne une volonté de formation, il y a
une discussion sur la décentralisation, on parle d'une forme de représentation élue par
les pairs, puis le ministre dit qu'il va y avoir des décisions de
proximité. J'arrête là. La suite des choses, c'est ce que je crois que vous faites en plus, parce que,
dans ce que je viens de vous nommer, vous le faites déjà. Alors, vous me direz
si, à la fin, je me suis trompée. Je
crois que vous faites des choix avec l'administration, vous êtes aussi... vous êtes partenaires, vous
faites des partenariats, des représentations
régionales. Donc, on vous retrouve sur les chambres de commerce, dans les mairies. On vous retrouve un peu
partout dans les organisations. Le comité de sélection du directeur général,
vous en avez parlé effectivement, vous
faites partie de ça. Les projets proposés par les écoles, s'ils veulent des
projets spéciaux en musique, en sport
ou différentes définitions, dépendamment de l'école. Les écoles alternatives
que les parentes choisissent d'avoir, et vous les entérinez parce que c'est un
choix parental de chacun des milieux. Le financement des petites écoles, c'est
votre choix, ce n'est pas le choix de
la petite école puisqu'elle n'a pas ce recours-là. Les investissements en
informatique, moi, je me rappelle, à
Laval, on a posé la fibre optique en partenariat avec les villes, puis le
ministère nous avait dit non, ça fait qu'on
l'a fait. La localisation des écoles parce que, des fois, quand vous avez plus
qu'une ville, moi, je ne peux pas dire ça, j'ai une ville, une île, mais quand vous avez plus qu'une ville, des
fois, juste faire atterrir l'école, c'est une chicane entre certaines
villes, parce qu'ils veulent tous l'avoir, donc c'est vous qui décidez ça. Et
puis je vais finir avec l'aide à la clientèle
vulnérable, que ce soit la clientèle EHDAA, la clientèle en milieu défavorisé,
que ce soit les partenariats avec le Club des petits déjeuners, ce sont
toutes des choses que vous faites.
Est-ce que je me
trompe dans la responsabilité que je vous donne et dans la possibilité de ce
que vous faites maintenant et ce qu'on pense...
Parce que le discours, c'est : On vous en donne plus. Moi, je pense qu'on
vous en enlève. Donc, est-ce que,
dans la définition de votre tâche puis de la place où je vous retrouve dans la
communauté, je me trompe?
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je vais vous demander de répondre par
oui ou non, parce que la députée de Saint-Laurent désire garder quelques
secondes...
M. Duzyk
(Thomas) : Non, c'est non, c'est sûr.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, vous vouliez avoir 40 secondes, il en reste
45.
Mme
Rizqy : Bien, merci. Vous
êtes vraiment notre dernier groupe. Lors de consultations, on
aurait voulu, évidemment,
avoir des consultations générales pour entendre tous les groupes, mais, si on
résume tout ce qu'on a entendu, puis vous pouvez
nous le confirmer, il n'y a personne qui est capable d'identifier plus de
pouvoirs aux parents, personne n'est capable de nous dire qu'effectivement on a décentralisé, personne n'est capable de nous
dire exactement si, oui ou non, on va voir plus de
services pour la réussite éducative des élèves, mais tout le monde nous a dit
une chose, par contre, qu'il y allait vraiment avoir une inégalité non seulement
des chances pour la répartition des ressources entre le public et le privé, puis qu'aussi, en matière de démocratie, ça en prend pour son rhume parce que,
désormais, on va avoir deux classes de citoyens au Québec...
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
Mme la députée.
Mme Rizqy : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Je
n'ai plus le temps, je suis désolée, je n'ai plus le temps.
M. Joubert
(Jean-Pierre) : ...j'ai très
apprécié de travailler avec mes confrères et consoeurs, mais j'appréciais aussi
des commissions
scolaires qui n'ont pu se présenter
seules et qui invitaient des étudiants, qui invitaient du personnel. J'avais
des centaines de pages de préparées, mais...
La Présidente (Mme Thériault) : Et
je dois vraiment vous interrompre, M. Joubert, malheureusement...
M. Joubert (Jean-Pierre) : ...la
liste que vous avez faite tantôt, j'en ai des centaines d'exemples.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Joubert, je dois vous interrompre...
M. Joubert (Jean-Pierre) : Je
m'excuse.
La
Présidente (Mme Thériault) :
...parce qu'on est rendus sur le temps de la députée de Sherbrooke,
qui a 3 min 55 s, avant de passer le temps à la députée
de Joliette. Désolée.
M. Joubert (Jean-Pierre) : C'est
correct, c'est correct.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Merci. Merci, Mme la Présidente. Vous savez, on a fait une bataille, je dirais,
dans l'opposition pour entendre
plus de regroupements de commissions
scolaires afin de vous entendre
toutes, puis sincèrement je trouve que ça a valu la peine, vous êtes le dernier groupe qu'on entend, à moins que le gouvernement veuille élargir les consultations. On a pu
entendre des enjeux vraiment différents d'une région à l'autre, ça a vraiment
valu la peine puis de l'expertise vraiment
riche aussi puis diversifiée des gens qui sont passés.
Dans votre
mémoire, à la fin, vous posez une question au ministre : Pourquoi ne pas s'inspirer
des pratiques des commissions scolaires performantes, proposer des
changements qui seraient profitables à tous? C'est une bonne question. Est-ce
qu'à votre connaissance le ministère ou le ministre se sont informés des bonnes
pratiques locales avant de préparer leur propre réforme de gouvernance à propos
d'un nouveau modèle?
M. Bélanger (Normand) : Je n'ai pas connaissance
de cette consultation-là, pas chez nous.
M. Duzyk (Thomas) : Bien, si ça
s'est fait chez nous, ça s'est fait ailleurs qu'au conseil des commissaires.
Mme Labrie : Donc, vous n'avez pas
entendu parler que vous auriez pu être consultés.
M. Duzyk (Thomas) : Non, pas pour la
performance.
Mme Labrie : O.K. Bon. Je trouve ça dommage parce qu'il me semble,
quand on veut améliorer un modèle, on commence par l'étudier en
profondeur, regarder comment il fonctionne, comment on peut l'articuler.
M.
Bélanger (Normand) : C'est
parce qu'on est parti avec une perception qui était déjà en
place, que les commissions
scolaires, il fallait les abolir, donc...
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Joubert, vous vouliez ajouter? Allez-y.
M. Joubert (Jean-Pierre) : Mais, dans
les maternelles quatre ans, j'avouerais qu'ils se basaient sur des études pas
mal, mais, pour l'abolition des commissions scolaires, je n'en ai pas entendu
parler.
• (17 h 50) •
Mme Labrie : O.K. Puis vous dites
aussi dans le mémoire, à la page 9, que les C.A. vont être confinés à du «rubber-stamping». On s'entend, j'imagine que ce
n'est pas souhaitable. J'aimerais ça, vous entendre. Pourquoi
vos voyez ce risque-là avec le modèle qui est proposé?
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
Fortier.
Mme
Fortier (Paule) : C'est parce que,
dans nos conseils des commissaires, les commissaires se rencontrent, ils ont
des séances de travail. Ils auraient comme deux séances de travail par mois
avant d'avoir le conseil, soit au niveau éducatif,
au niveau administratif. J'ai participé moi-même à des conseils
d'administration, celui de l'agence ou du CISSS, et, réellement, on se rend compte... oui, on a un plénier, on prend
connaissance du dossier la même journée qu'on adopte les propositions du conseil. Par la suite, on se
rencontre vers 4 heures, la séance publique, et puis, à la fin de... après
quelques heures, trois heures, tout est décidé. Alors, ce n'est pas du
tout la même façon de fonctionner. Disons que, dans les commissions scolaires, on peut, les gens peuvent
vraiment apporter leur expérience qu'ils ont, soit leur expérience
professionnelle ou l'expérience qu'ils ont dans leur milieu, puis que les
citoyens ont pu leur partager avec eux.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
Bélanger.
M. Bélanger
(Normand) : Je ne sais pas si je peux prendre un petit peu de votre
temps juste pour vous parler un peu du mur-à-mur. Donc, en région, je vous
dirais... Je vous donne l'exemple de Sainte-Anne-du-Lac, là, où il y a petite
école. Monsieur disait qu'on parlait d'une
construction de huit écoles pour ses maternelles quatre ans. Chez nous, il n'y
a même pas huit élèves, dans le
village, là, de quatre ans. Mais je me disais, là, je rêverais de faire un
modèle, d'avoir un petit CPE dans ce
village-là pour les élèves d'un an à cinq ans, qu'on puisse les rentrer dans
l'école qui est vide, qui pourrait avoir
une belle place pour faire un CPE dans l'école, avoir une quinzaine, vingtaine
d'enfants, puis là peut-être faire du dépistage, de voir ces enfants-là.
C'est ça que ça prendrait comme modèle.
On n'est pas
capables de partir une maternelle quatre ans, on n'est pas capables de partir
une maternelle quatre ans, cinq ans,
parce qu'on ne respecte pas les ratios du quatre ans et du cinq ans, mais ces
parents-là n'ont pas de service, puis ces
enfants-là n'ont pas de service. C'est pour ça que du mur-à-mur... Pourquoi
qu'on ne laisse pas, des fois, aux régions, aux conseils, une latitude d'organiser des services qui répondent aux
besoins de ces enfants-là et à la réussite des élèves?
La
Présidente (Mme Thériault) : Et ça met fin à l'échange avec la députée
de Sherbrooke. Je regarde maintenant la députée de Joliette, pour vos
3 min 55.
Mme
Hivon : Oui.
Bonjour, très heureuse de vous voir, y compris les gens de ma région, de ma
commission scolaire. Vous faites un beau
lien. Vous faites un beau lien, parce que nous, on est comme en commission
parlementaire sans arrêt, projet de
loi après projet de loi, quatre projets de loi maintenant en Éducation ou en
taxes scolaires, depuis des semaines. Puis nous, les liens qu'on fait ne
nous rassurent pas, parce qu'on trouve qu'il y a beaucoup d'idéologies qui sont
basées sur des espèces d'idées préconçues, puis on ne trouve pas qu'on est dans
la bonne voie pour la réussite éducative — pas nécessairement que ça va
nuire, mais ce n'est pas le focus.
Donc, moi,
j'ai quelques questions pour vous, puis c'est nos dernières minutes, vous êtes
vraiment le dessert de cette
commission, donc je vous laisse les prendre en vous disant, moi, ce qui
m'intéresse de savoir, c'est : Un, si vous, on vous demandait, avec toute l'expérience que vous
cumulez, c'est quoi, la priorité? Vous avez dit tantôt, Mme Courchesne,
elle ne s'est pas... elle n'est pas partie
dans les structures. Elle nous a dit : C'est tac, tac, tac, ça a donné des
résultats. Ce serait quoi, vous, la grande priorité?
Puis l'autre
chose, c'est : Comment vous réagissez quand on vous dit : Oui, mais
là, il va y avoir beaucoup de parents, les
parents, ils ont de la sensibilité. Oui, la communauté, c'est une chose, mais,
dans le fond, les parents sont plus proches de la réalité des enfants, ils ont
autant de sensibilité que des commissaires scolaires élus, les maires, les
préfets de municipalité, ils ne
veulent pas perdre leurs écoles, ça fait que, dans le fond, qu'on perde les
commissaires scolaires, ce n'est pas grave, il y a d'autres gens qui ont
cette même sensibilité-là? Donc, ça serait mes questions.
La Présidente (Mme Thériault) :
1 min 20 s pour répondre, M. Duzyk.
M. Duzyk
(Thomas) : Bien, pour la
question de priorité, moi, pour moi, ma priorité, étant dans le réseau depuis
longtemps, ce serait de m'occuper
particulièrement de la situation des enseignants, leur détresse, leur santé
mentale. Comment ça se fait qu'il y a
un enseignant sur cinq qui quitte le système avant même d'avoir fait cinq ans
dans... Quel est le dommage que ça a pu créer aux enfants qu'on a
confiés à ces enseignants-là?
Il y a eu une étude, dont j'ai remis copie lors
d'une rencontre avec M. le ministre, et qui traite justement de ce dossier-là,
réalisée par les chercheurs de l'Université de Montréal. Et il y a une personne
sur sept qui travaille dans le réseau de
l'éducation de nos écoles primaires et secondaires qui a un problème plus ou
moins sérieux de santé mentale. Et chez les femmes qui enseignent au
primaire, puis ce sont la majorité, ce ratio-là, c'est 27 %. Donc, une
fois sur quatre, il y a une enseignante qui
a un problème plus ou moins sérieux de santé mentale. Moi, ça serait ma
priorité. Et chez nous dans notre commission scolaire, on a une
politique à cet égard là qu'on vient d'adopter.
La Présidente (Mme Thériault) :
Dernière minute.
M. Duzyk (Thomas) : Et on a un
référentiel d'ailleurs pour aider les directions d'école.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et la dernière minute pour M. Forget.
M. Forget
(Michel) : Des personnes
pensent que les commissaires d'école ne font rien. Je vais juste vous nommer
un petit peu une liste exhaustive, un petit
peu, des comités internes et externes sur lesquels on siège. À l'externe,
Fondation des Samares, carrefour
jeunesse-emploi, Culture Lanaudière, Loisir et sport Lanaudière, table
d'éducation, la Table interordre, le Conseil
de gouvernance du Centre régional universitaire, le CRUL, le CREVALE, le Comité
des cercles de la réussite, la Table
d'éducation jeunesse, Comité de promotion de la réussite scolaire, les comités
de prévention de l'abandon scolaire, les
SADC, Table des partenaires du développement social de Lanaudière, conseil
d'établissement du cégep, matinées des directions
de la santé publique, les chambres de commerce. Et à l'interne, bien, les
comités obligatoires par la loi, comité des ressources humaines, comité éthique et gouvernance, comité de
vérification, comité exécutif, plusieurs comités pléniers, plusieurs rencontres
préparatoires, des commissions politiques, des CRP administratrices,
administrateurs des directions d'établissement,
comité de sélection, direction primaire et secondaire, comité de sélection des
cadres, des CRT enseignants en secteur jeunes, CRT enseignants en
secteur adultes et formation professionnelle, comité d'évaluation de la
direction générale, le comité de l'Ordre du
mérite de la Fédération des commissions scolaires pour les employés ou les
commissaires, comité consultatif EHDAA, comité de révision et comité
consultatif du transport scolaire.
Des voix : ...
Une voix : Et commission
parlementaire.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et commission parlementaire, comme
mes collègues l'ont dit. Et je n'ai plus de temps malheureusement,
M. Forget.
M. Forget (Michel) : Il y a juste
une petite remarque à faire, que ça n'a pas été identifié. On a parlé de la
représentativité du territoire. Moi, je me pose la question : Quelle sera
la représentativité d'un représentant d'une école primaire de 20 ou 30 élèves par rapport à un représentant d'une
école secondaire de 700, 1 000 ou 1 500 élèves? Quelle sera
sa représentativité de l'un et de l'autre qui siègent tous les deux à ce
nouveau conseil...
La Présidente (Mme Thériault) :
La question est lancée.
M. Forget (Michel) : ...si jamais
c'est adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
J'imagine que les gens, ici, vont y réfléchir.
Mémoires déposés
Avant de vous
remercier, vous allez me permettre de déposer les 25 mémoires des gens qui
n'ont pas été entendus, si on veut les verser aux travaux de la
commission.
Donc,
M. Forget, M. Joubert, M. Duzyk, M. Bélanger,
Mme Fortier, merci pour votre participation en commission
parlementaire.
Ceci met fin
aux consultations particulières, et la commission ajourne ses travaux au
vendredi, 15 novembre, à 10 heures, où elle entreprendra un
autre mandat.
(Fin de la séance à 17 h 58)