(Onze
heures trente-deux minutes)
La
Présidente (Mme Thériault) : Nous allons débuter nos travaux. Merci. Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La
commission est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre
des consultations particulières et
auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)
est remplacée par M. Lévesque
(Chapleau); Mme Guillemette (Roberval) est remplacée par M. Tardif
(Rivière-du-Loup—Témiscouata);
et Mme Melançon (Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau
(Mille-Îles).
Auditions (suite)
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, cet avant-midi, nous
entendrons tout d'abord l'Association des directions générales des
commissions scolaires et, par la suite, l'Institut du Nouveau Monde.
Donc, sans plus
tarder, M. Maltais, j'imagine que vous allez nous faire la présentation de
votre mémoire, nous présenter les gens qui vous accompagnent, et, par la suite,
il y aura des échanges avec les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
Association des directions
générales des commissions scolaires (ADIGECS)
M. Maltais
(Lucien) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre de l'Éducation, Mmes et MM. les députés.
Je me présente, Lucien Maltais, président de
l'Association des directions générales des commissions scolaires et directeur
général de la commission scolaire des Chênes. À ma droite, je suis accompagné
de M. Normand Lessard, vice-président de l'association et directeur
général de la commission scolaire Beauce-Etchemin, à ma gauche, je vous
présente M. Sylvain Racette, président
de l'association des directions générales des commissions scolaires anglophones
et directeur général de la commission
scolaire Riverside, et, au bout à gauche, par M. Michel Bernard,
secrétaire général qui a déjà été directeur général de la commission
scolaire de la Région-de-Sherbrooke.
Nous
sommes ici pour représenter les directions générales des commissions scolaires
francophones et anglophones du
Québec, et nous vous remercions de nous donner l'occasion de vous soumettre nos
commentaires sur le projet de loi n° 40, en espérant qu'ils vous soient
utiles.
D'emblée, l'ADIGECS
reconnaît que le réseau, déjà performant, doit continuellement s'améliorer et
optimiser ses façons de faire. Que ce soit sur le plan des mécanismes de
collaboration ou sur des éléments qui permettront de se centrer davantage sur les conditions optimales menant à la réussite des
élèves, nous sommes engagés à ce que la réussite soit toujours la
priorité de nos actions et celle du réseau. On retrouve notamment dans le projet
de loi le maintien du Plan d'engagement vers
la réussite, une approche collaborative de gestion axée sur la réussite et le
résultat des élèves permettant une
vision commune, rassembleuse et cohérente des actions à prioriser par tous les
acteurs du réseau. Cette vision cohérente doit impliquer les établissements dans l'élaboration et la mise en
oeuvre d'un projet éducatif qui doit tenir compte de ce Plan d'engagement vers la réussite. Or, nous
sommes très préoccupés de constater la disparition des possibilités
d'intervention explicites et des
mécanismes de régulation nécessaires à l'intervention de la direction générale
à l'endroit des établissements.
Au cours des
dernières années, c'est cette approche de gestion axée sur les résultats qui a
d'ailleurs permis un virage important vers
l'enjeu de la réussite. Le taux de diplomation a augmenté de 4,1 points de pourcentage en cinq ans et de 9,9 points de pourcentage en 10 ans. Ceci a
permis d'atteindre maintenant 81,8 % de taux de diplomation et même de dépasser la cible gouvernementale, qui était
établie à 80 % en 2020. Pour nous assurer de conserver ce site
d'amélioration de la réussite des élèves, nous demandons de maintenir la
possibilité pour la direction générale d'intervenir auprès des établissements qui pourraient s'éloigner du sens à
donner à leur projet éducatif. En effet, il est essentiel de maintenir, sinon
de renforcer la cohésion et la cohérence des
actions vers une vision commune et partagée au sein de l'organisation, laquelle
s'actualise dans le Plan d'engagement vers la réussite, autour duquel
tous les acteurs de la réussite doivent converger.
C'est
pour appuyer cet élément essentiel que nous avons inclus dans notre mémoire une
illustration d'un cadre de cohérence
documenté et duquel s'inspirent depuis quelques années les différents acteurs.
Il met en évidence les meilleures pratiques
par un leadership partagé et les conditions optimales favorisant la réussite
des élèves, et ce, autour d'une vision commune.
Cette vision
commune orientée vers les déterminants de la réussite et les pratiques
reconnues efficaces ne peuvent trouver leur sens que dans la mesure où
la direction générale exerce pleinement son leadership éducatif et
administratif. Nous
recommandons donc que les interventions de la direction générale puissent se faire
également sur les objectifs et les cibles choisis par l'établissement
dans le cadre du projet éducatif afin de s'assurer que les meilleures pratiques
y soient privilégiées et qu'elles soient en
adéquation avec le Plan d'engagement vers la réussite et avec la planification
stratégique du ministère.
Dans le même
esprit, nous recommandons que l'évaluation périodique du projet éducatif soit
également acheminée à la commission scolaire ou au futur centre de services
scolaire. Ceci permettra à la direction générale de faire les
interventions pertinentes lors de la démarche de supervision des directions
d'établissement.
En matière de
gouvernance, compte tenu de la position des directions générales au titre de
premiers dirigeants et considérant que le conseil des commissaires
actuel a comme seul employé le directeur général, nous jugeons important d'exercer un devoir de réserve et de demeurer
neutre dans ce débat relatif au maintien ou non du conseil des commissaires.
Cependant, puisque le gouvernement a comme
intention, par ce projet de loi, de transformer les conseils de commissaires
en conseils d'administration, nous souhaitons vous soumettre nos commentaires.
Ceux-ci porteront notamment sur la contribution
plus importante des parents, du personnel et des représentants de la communauté
aux décisions et aux orientations que prendra le futur centre de
services scolaire.
Depuis quelques années, nos pratiques
pédagogiques et de gestion se sont modifiées pour prendre appui sur la
recherche et les pratiques reconnues efficaces. C'est avec cette visée que nous
avons réfléchi à ce que pourrait être le modèle
de conseil d'administration idéal basé sur les meilleures pratiques. Nous nous
sommes permis de vous le décrire dans
ce mémoire. Par contre, puisque la proposition du projet de loi diffère de ce
modèle idéal, nous vous proposons des modifications qui pourraient
s'avérer satisfaisantes. Toutefois, dans la réalité quotidienne, lors des
travaux du conseil d'administration, certaines modalités proposées risquent
d'engendrer certaines dérives et des conflits d'intérêts.
Nous
accueillons positivement la volonté du ministre d'instituer, par le futur
centre de services scolaire, un comité d'engagement pour la réussite des
élèves. Notre association s'était déjà manifestée en ce sens lors des
consultations antérieures. Nous reconnaissons alors la valeur ajoutée
d'un tel comité pour s'appuyer sur la collaboration et l'expertise partagée afin
de favoriser la réussite de nos élèves. D'ailleurs, des comités de
pilotage ont été mis en place dans la plupart des commissions scolaires. Ces comités ont permis de faire l'analyse
des résultats, le déploiement et le suivi de leur Plan d'engagement vers la réussite, et ce, en s'assurant de la cohérence des projets
éducatifs des établissements avec le plan. Comme évoqué précédemment, il ne manque donc qu'un mécanisme
de régulation formel dans ce projet
de loi pour en assurer toute
sa valeur ajoutée.
• (11 h 40) •
M. Racette
(Sylvain) : En ce qui concerne les commissions scolaires anglophones, pour lesquelles une certaine forme d'élection
scolaire est maintenue, les directions générales de ces commissions scolaires
identifient deux types de préoccupations
liées au projet de loi n° 40. Le premier, d'ordre pratique, concerne les
ressources humaines et financières liées
à cette opération qui se fera sur un cycle plus court ainsi que la fenêtre plus
mince que ce délai raccourci offre pour entreprendre des projets
d'envergure. Le second, d'ordre plus fondamental, porte sur la compatibilité
des restrictions imposées aux candidats
possibles pour les postes d'élus et, conséquemment, sur les restrictions imposées
à la communauté de choisir les élus
qu'elle juge les plus aptes à les représenter, avec le droit constitutionnel de
la communauté anglophone de gérer et contrôler ses institutions.
M. Maltais (Lucien) : Enfin,
nous avons regroupé plusieurs recommandations qui font bien sûr référence aux
principaux éléments évoqués précédemment, mais qui permettent aussi
d'approfondir notre réflexion et de bonifier le projet de loi concernant
d'autres dispositions.
Nous vous remercions de votre attention et sommes
disponibles pour répondre à vos questions. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. Maltais,
M. Racette. Donc, sans plus tarder, du côté ministériel pour
environ 15 min 30 s, M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation, pour votre mémoire, tout ce que vous avez dit. Merci, malgré tout, d'avoir
participé à l'exercice. On s'est parlé à quelques reprises dans les derniers
mois pour travailler en amont du dépôt du projet de loi, comme on l'a
fait avec tous les groupes, et je vois que votre réflexion s'est poursuivie au fil de ces échanges-là, puis
on va prendre bonne note de vos très nombreuses recommandations. Je vous
en remercie sincèrement, c'est le genre de contribution qu'on souhaite.
Et ce n'est
pas évident, puisqu'hier soir... et je fais un aparté, hein, ça ne vous
concerne pas directement, mais hier soir
j'ai reçu des appels fort inquiétants de cadres scolaires, de directions
générales, et je... pas vous personnellement, mais de cadres scolaires, de
directions générales, de directions d'école qui subissaient d'importantes
pressions de la part des conseils des
commissaires... pas tous, bien sûr, mais qui subissaient d'importantes
pressions pour ne pas collaborer à la bonification
de ce projet de loi, pour d'aucune façon aider ou même ajouter leur pierre aux
modifications qui s'en viennent. Et
je déplore ça ici, ce matin, et je vous remercie de participer, avec votre
devoir de réserve, puis vous le faites très, très bien. Puis je ne prétends pas que vous avez modulé
vos interventions suite à ça. Vous l'avez très bien exprimé, vous dites :
Bien, puisque le projet de loi est là, allons-y. Mais je sais qu'il y a
des gens parmi vos membres qui vivent des moments difficiles en ce moment.
Maintenant,
par rapport à la constitution du conseil d'administration qui pourra remplacer
le conseil des commissaires, vous
nous dites, à la page 38, «concernant la composition du conseil
d'administration», à votre recommandation 12... bon, vous y allez plutôt avec une répartition
différente, 5-5-5, donc cinq parents, cinq employés, cinq membres de la
communauté, et vous rajoutez «avec profils d'expertise».
Est-ce
que vous pouvez nous expliquer davantage qu'est-ce que vous souhaitez comme
profils d'expertise, puis pourquoi
c'est si important d'avoir des profils d'expertise pour ces gens venant siéger
sur le C.A. à titre de membres de la communauté?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais
(Lucien) : Oui. Donc, évidemment, dans le partage, pourquoi, tout
d'abord, le 5-5-5? Évidemment, on voulait avoir une situation, au lieu
que ça soit un face à face, bien, évidemment, qu'au niveau des pouvoirs ça soit
partagé. Évidemment, on est dans un mode collaboratif pour ne pas qu'un groupe
ait plus d'importance qu'un autre.
Au niveau, aussi, des employés, la direction des
services éducatifs, pour nous, c'était un joueur important. On voyait qu'il n'y
avait peut-être pas de place pour un cadre scolaire, puis nous, on croyait que
peut-être la présence d'un cadre... d'un
directeur des services éducatifs était de quoi d'important, surtout avec la
mission que la commission scolaire a ou que le futur centre de services
aura si le projet de loi est adopté.
Pour ce qui est en lien avec les profils d'expertise,
bien, évidemment, il faut comprendre que les organisations des centres de
services scolaires, les futurs centres de services ou, présentement, les
commissaires, c'est des grosses organisations,
donc, évidemment, il faut penser que c'est l'ensemble des écoles, des
établissements primaires, secondaires, formation
générale des adultes, formation professionnelle, pour lequel ils sont déployés
sur un vaste territoire et pour lequel il peut y avoir des enjeux
spécifiques.
Donc, pour
nous, l'organisme, l'instance décisionnelle doit avoir des compétences propres,
que ça soit en finances, en ressources humaines, au niveau de la
communauté, au niveau des ressources matérielles. Et c'est là l'apport de la communauté, hein, parce qu'évidemment on va comprendre que notre système public appartient
à la population, d'avoir des gens de la communauté avec des profils
d'expertise qui peuvent nous aider à avoir une vision, un regard, une vue
d'ensemble du système avec leurs compétences propres.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Merci. Bien sûr, rien n'empêche... De toute façon, les gens qui viennent du
réseau lui-même amènent leur vision,
leur expertise. L'enseignant, l'employé de soutien, la direction d'école
amènent cette expertise-là, c'est évident. Bien sûr, les parents n'ont pas que la qualité d'être parents, hein, ils
peuvent être travailleurs sociaux ou ils peuvent provenir du milieu des
arts, du milieu des sports, ils peuvent être eux-mêmes administrateurs de haut
niveau. Ils ne sont pas que parents, bien sûr. Mais l'idée d'introduire,
peut-être, ces profils d'expertise pour les membres de la communauté vient peut-être apporter une garantie qu'il y aura une
meilleure représentativité puis qu'on aura, sur le conseil d'administration,
toutes les qualités et les compétences nécessaires pour prendre des décisions
administratives sur des budgets qui sont quand même considérables.
Vous avez amené plusieurs points, mais je
voudrais revenir sur celui de la gestion collaborative, qui fait sa place, là, bon an, mal an, à l'intérieur du
réseau. Certaines directions d'école ont dit que le projet de loi allait
peut-être faciliter, améliorer la gestion collaborative. Quelle est
votre opinion par rapport à ce projet de loi là et cette idée d'avoir une implication plus grande des acteurs du milieu dans
la gestion, l'administration? Est-ce que c'est statu quo? Est-ce que ce
projet de loi là facilite la gestion collaborative? Quelle est votre opinion à
ce sujet?
M. Maltais
(Lucien) : Bien, nous, dans le fond, on prend acte de la volonté
ministérielle de faire un pas de plus vers la collaboration. Vous savez,
les directions générales exercent un leadership très fort au niveau du réseau.
Juste pour vous donner comme exemple, il y a un projet
qui se déploie qui s'appelle le projet CAR : collaborer, apprendre, réussir, qui est déployé à travers tout
le réseau, où les directions générales, de par leur initiative, avec le support
de la fondation Chagnon, ont utilisé leur
leadership pour mettre en place des équipes collaboratives, des communautés de
pratique, des communautés d'apprentissage professionnel, et ce, à différents
paliers, donc des directions générales qui travaillent
ensemble pour améliorer leurs pratiques à l'intérieur des commissions scolaires
afin de faire réussir plus d'élèves, des
directions générales qui animent, à l'intérieur de leurs organisations, les
équipes collaboratives de direction d'école pour que les directions d'école avec les meilleures pratiques puissent
installer dans leur milieu des équipes collaboratives, et les
équipes-écoles qui, elles, travaillent ensemble pour améliorer la réussite dans
leur milieu.
Vous le
savez, je pense que c'est bien... On voit, dans l'esprit de la loi, que la
collaboration, c'est un levier très fort pour faire réussir les
organisations. Ensemble, on peut aller plus loin. On peut se former ensemble,
on peut être plus performants, plus efficients, mais surtout on peut faire
réussir plus d'élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Puis je
pense que la création du comité d'engagement envers la réussite va dans cette direction-là, certainement. Mais bien sûr qu'on
pourra y apporter des modifications, à ce comité-là, suite à vos recommandations, mais je pense qu'on va
directement, quand même, dans une gestion collaborative puis une implication
des divers acteurs sur les leviers qui vont
amener la réussite scolaire. Puis il y a quand même d'autres personnes qui sont
passées avant vous qui ont dit, justement,
que ces éléments-là, spécifiquement, venaient donner une couleur au projet de
loi, qu'ils allaient amener la réussite scolaire et la réussite
éducative, parce que je prends bonne note que les gens l'ont mentionné, de ne pas évacuer la notion de
réussite éducative, qui est plus large que celle de la réussite scolaire.
Sur ces mots, je laisserais, si vous permettez,
Mme la Présidente, mon collègue de Saint-Jean prendre la relève.
La
Présidente (Mme Thériault) : Absolument, M. le ministre. M. le
député de Saint-Jean, il vous reste un peu moins de huit minutes.
• (11 h 50) •
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la ministre... Mme la Présidente. Excusez, je regardais le ministre.
Le ministre
l'a souligné, vous avez beaucoup de recommandations, 34. Moi, j'ai beaucoup de
petites questions, des clarifications
surtout, mais gênez-vous pas si vous voulez expliquer davantage que juste
répondre, c'est juste pour régler des détails.
Comme par
exemple, dans le mémoire, vous identifiez, et vous l'avez dit encore ce matin
dans votre résumé, que la plupart des
commissions scolaires ont mis en place un comité de pilotage pour faire
l'analyse des résultats. Est-ce que tous les membres du personnel scolaire sont
mis à contribution pour assurer le déploiement et le suivi de tout ça?
Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur le comité de pilotage?
M. Maltais (Lucien) : Bien,
évidemment, tout d'abord, d'entrée de jeu, c'est vrai que j'aurais pu
mentionner l'initiative du comité d'engagement
pour la réussite. Dans le projet de loi, c'est une initiative, pour nous, qui
est... on est très favorables.
Maintenant,
pour ces fameux comités de pilotage là, bien, ce qu'il faut comprendre, c'est
que nous, comme direction générale,
ce qu'on veut, c'est insuffler à l'intérieur de nos organisations, à l'aide
d'un leadership fort, une vision commune pour que les gens puissent travailler ensemble. Puis notre objectif,
c'est de faire réussir les élèves. On veut que les... Oui, on veut avoir
des résultats, puis pour nous, les résultats, c'est la réussite de nos élèves.
Évidemment
ces comités-là, pour nous, il est très clair que ça ne se fait pas tout seul,
puis évidemment on a besoin de la
collaboration de tous les acteurs. Donc, évidemment, lorsqu'on veut effectuer
un changement, le meilleur moyen pour que
ce changement-là puisse atterrir, c'est la participation, la participation du
plus grand nombre. Donc, dans ces comités-là, évidemment, la
participation de tous est privilégiée.
M. Lemieux : Dans votre...
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, M. le député.
M. Lemieux :
Merci. Dans votre mémoire, vous faites référence, c'est à la page 17, je
pense, à «un équilibre dans le partage des responsabilités et des prises
de décisions». Comment cet équilibre-là contribuerait au renforcement du principe de subsidiarité, dont on a énormément
parlé depuis le début? Alors, ça vous donne une chance d'en parler davantage.
M. Maltais (Lucien) : Bien,
évidemment, oui... Excusez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, il n'y a pas de problème.
M. Maltais
(Lucien) : Pardon. Évidemment, il faut comprendre qu'à l'intérieur
d'une organisation on parle d'un système. Donc, il faut regarder les individus
et les instances, ils ont des rôles et responsabilités. Et évidemment, en lien
avec leurs rôles et responsabilités, il y a une imputabilité qui est associée.
Lorsqu'on est dans un mode de gestion
collaborative, évidemment, on va essayer de trouver la meilleure façon pour que les rôles et responsabilités soient
donnés aux bonnes personnes à la bonne place au bon moment. Et comment faire
ça? Bien, dans le principe de subsidiarité,
on veut que les décisions se prennent à la bonne place. Puis évidemment,
lorsque c'est éducatif, on souhaite
que, le plus possible, ça soit près de l'élève. Donc, comment faire tout ça?
Bien, c'est de s'assurer qu'en
collaboration, en prenant le contexte des organisations puis en s'assurant que
ça réponde aux besoins de l'organisation... parce que vous comprendrez que, les
commissions scolaires, il y en a plusieurs, ils ont des particularités qui
sont différentes, il y en a qui sont en région urbaine, d'autres qui sont en
région éloignée, donc d'essayer de voir, selon les besoins de l'organisation
puis ensemble, c'est quoi, la meilleure façon de répartir nos rôles et
responsabilités. Donc, on pourrait parler,
là... Un document très populaire dans les commissions scolaires, c'est le Règlement
de délégation de fonctions et de pouvoirs, qui, lui, va
traduire, évidemment, les pouvoirs de chacun dans l'organisation. Je pense que
j'ai mon collègue M. Bernard qui veut compléter.
M. Bernard
(Michel) : En fait, ce qui
nous importe le plus, en fait, en matière de subsidiarité... On est tout à fait
favorables au fait que les décisions se
prennent le plus près possible de l'élève. Cependant, en matière d'équité, c'est
le centre de services scolaire qui
peut agir pour s'assurer que, sur l'ensemble d'un territoire, c'est la seule
instance qui pourrait intervenir pour
s'assurer d'un accès équitable pour tous les enfants du territoire, et tous les
adultes aussi, remarquez, et ça, pour nous là, c'est extrêmement important.
M. Lemieux : M. Maltais,
aimez-vous la sémantique?
M. Maltais (Lucien) : Excusez?
M. Lemieux : La sémantique.
M. Maltais (Lucien) : Oui.
M. Lemieux : Parce que,
attendez, vous dites, dans votre mémoire... vous écrivez, dans votre mémoire,
puis ce n'est sûrement pas une faute de frappe, c'est trop beau comme
ça : «...le centre de services scolaire continue d'être en service à la mission auprès des établissements et
non pas au service de ces derniers.» J'aime la sémantique. Expliquez-moi.
M. Maltais
(Lucien) : Bien, évidemment, nous, la notion qu'on fait «en service»
puis «au service», c'est la force du
groupe. Vous savez, lorsqu'on est une commission scolaire, puis peut-être un
jour un centre de services scolaire, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'à l'intérieur de l'organisation on a des
rôles et responsabilités, mais aussi il y a un sens de partage commun. Donc, évidemment, il faut
comprendre que ce n'est pas lui qui crie le plus fort qui va avoir
nécessairement plus de ressources. Il
y a un travail d'équipe qui doit se faire, puis c'est dans ce partage-là
qu'évidemment on va comprendre que,
dans le lien d'autorité puis l'arbitrage qui doit se faire, bien, la direction
générale a un rôle là-dedans, puis c'est de garder le cap sur des
orientations qu'on a prises.
Ça fait
qu'évidemment, si on donne comme message qu'au service une direction d'école
lève la main, demande quelque chose, puis
automatiquement on lui donne ce qu'elle demande, bien, évidemment, on va
comprendre que ça, ça pourrait enlever de quoi à une autre école, à un
autre centre.
Vous
savez, lorsqu'on parle d'une commission scolaire, on pense juste, mettons, au
centre administratif, mais le centre
administratif, c'est une petite partie. La vraie vie d'une commission scolaire,
c'est les écoles et les centres. Donc, nous, on doit être un petit peu
le chien de garde de tout ça.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Huntingdon, il vous reste un
petit peu plus... 2 min 30 s, à peu près.
Mme IsaBelle :
Parfait. Alors, écoutez, moi, je reviens sur votre point 7, le comité
d'engagement pour la réussite des
élèves. C'est un comité, pour moi, qui m'apparaît important, et pour vous
aussi, hein, je pense que vous le soulevez, vous l'avez trouvé, vous l'avez même mentionné tantôt aussi. Je trouve
intéressante votre recommandation de permettre, par exemple, une
flexibilité des profils de qui pourrait participer, comme, justement, le membre
issu de la recherche.
Où,
par contre, je me questionne, c'est lorsque vous dites aussi d'ajouter à ce
comité un gestionnaire responsable de l'administration scolaire... de
l'adaptation scolaire, pardon. Est-ce que ce n'est pas la personne qui serait
issue de la recherche qui pourrait être responsable de ça aussi? Et
pourquoi un gestionnaire et non pas un membre?
M. Maltais
(Lucien) : Bon, évidemment, notre position par rapport à ça, c'est
que, lorsqu'on va travailler pour le comité
d'engagement pour la réussite, évidemment, on va travailler sur le Plan
d'engagement vers la réussite. Vous savez, les besoins particuliers des
élèves, c'est de quoi d'extrêmement important. Nos gestionnaires dans nos
organisations, qui est souvent un cadre de
services, une direction de services adjointe, une direction des services
éducatifs, bien, eux vont piloter
divers comités, puis je pense que c'est important qu'ils aient la place à
l'intérieur de ce comité-là pour s'occuper de nos élèves ayant des besoins particuliers pour ne pas qu'ils soient
oubliés, évidemment. Puis je ne dis pas qu'on les aurait oubliés, mais
évidemment je pense que c'est une place importante, là, qui doit être faite à
l'intérieur du comité.
Mme IsaBelle :
O.K. Donc, vous y voyez vraiment... O.K. Et ce gestionnaire-là, enfin, ça
pourrait aussi être un professionnel,
là, ça pourrait être une autre personne ou ça pourrait être le membre issu de
la recherche. C'est peut-être là... Oui, vous vouliez ajouter quelque
chose?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Bernard.
M. Bernard (Michel) : Bien, en fait, c'est parce qu'un des plus
importants enjeux dans le réseau pour offrir des meilleurs
services aux enfants en difficulté d'apprentissage et handicapés, c'est la
répartition des ressources. Et ça appartient
aux services éducatifs issus des besoins de chaque milieu de faire une
répartition où tout le monde va avoir des services de manière équitable et de qualité, et c'est un gestionnaire
qui prend en compte l'ensemble de ces besoins-là et non pas un professionnel qui pourrait être un
psychologue, quoiqu'ils ont, évidemment, une compétence pour exprimer des
points de vue, mais pas sur la coordination de l'ensemble des services.
Mme IsaBelle :
O.K. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, sans plus tarder, je
vais aller du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent,
vous avez 10 min 20 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Merci et
bienvenue. Tantôt, M. Bernard, vous avez fait référence à l'équité versus égalité. Pouvez-vous juste, en ce moment, nous expliquer comment vous
fonctionnez pour assurer, justement, l'équité à travers le réseau?
M. Bernard
(Michel) : Si vous permettez...
Mme Rizqy :
Je vous regarde.
M. Bernard (Michel) : Ah! vous voulez que je réponde, moi? Bien,
écoutez, historiquement, on a toujours dit, même dans nos propres
organisations... parce qu'on transige avec nos partenaires qui revendiquent des
ressources, toujours,
et le mot «égalité» est souvent évoqué, alors que nous, on utilise toujours le
mot «équité», et il y a une différence importante entre les deux. C'est
ce que vous voulez savoir? C'est ce que je comprends.
Égalité,
ça veut dire on en distribue partout pour tout le monde de manière égale. C'est
ça, l'égalité. L'équité, c'est de
tenir compte davantage des besoins spécifiques, alors donc, ça appelle à une
certaine modulation des ressources qui sont distribuées. Parce que, quand on parle de donner des chances égales à
tous les élèves, il faut parler d'équité. Et, nous, ce qu'on demande, d'ailleurs, dans le projet de loi,
c'est de réintroduire cette notion-là dans la mission du centre de services
scolaire.
Mme Rizqy :
Je vous remercie, parce que, pour nous, ce que vous venez de dire, c'est
essentiel. Et ça fait des mois que,
dans différents autres projets de loi, que ce soient, par exemple, les frais
facturés aux parents lorsqu'il était question des programmes
pédagogiques particuliers ou dans la distribution des nouvelles classes de
maternelle quatre ans, où est-ce que nous, on s'est battus pour avoir plus de
classes en milieu défavorisé... Puis maintenant vous faites référence à cette notion d'équité et non pas d'égalité, qui
nous est très proche, à nous, parce que... Je le dis parce que le ministre de
l'Éducation, souvent, nous a parlé
d'égalité, d'égalité, d'égalité, et je suis contente que vous nuancez et vous
distinguez les deux termes aussi parfaitement.
Et
tantôt vous avez dit, M. Maltais, qu'en ce moment le réseau va bien, il se
porte bien. Qu'est-ce qui fait en sorte, justement, qu'il se porte si
bien? Avec aussi la réponse de M. Bernard.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Maltais.
M. Maltais
(Lucien) : Bien, tout d'abord, je vais mentionner que, lorsque... On
comprend que la volonté gouvernementale,
c'est de nous demander de faire un pas de plus. Donc, il ne faudrait pas
comprendre que notre position, c'est
le statu quo. On comprend que ce qui nous est demandé à l'intérieur de ce
projet de loi là, c'est de faire un pas de plus. Donc, évidemment, on a fait diverses recommandations sur le
système, les structures qu'ils nous ont proposés en place. Mais
présentement... Oui?
• (12 heures) •
Mme Rizqy :
Si vous permettez, M. Maltais, je vais juste vous interrompre, parce qu'en fait, hier, le ministre de l'Éducation l'a très bien
exprimé, il ne parlait pas de faire un pas de plus, il disait clairement... il
a illustré ses propos ainsi : On inverse la pyramide, le paradigme.
Il dit : On change le paradigme, en faisant ce geste-là, donc on
changeait.
Et,
avant de changer, moi, je veux juste m'assurer, ainsi que mes collègues, que,
lorsque que j'ai l'AGIDECS qui est
devant moi, qui écrit dans son mémoire que le système fonctionne, et je
cite, très bien... j'aimerais savoir pourquoi qu'en ce moment ça fonctionne très bien puis aussi
que... dans les dernières années, je remarque — et félicitations! — un taux de
diplomation qui continue, à chaque année, de s'améliorer. Je crois qu'il y a
une seule commission scolaire, au mois de mai dernier, qu'on a su que le
taux avait un petit peu été en baisse, mais, dans les 72, il y en a juste une.
Mais, sinon pouvez-vous nous expliquer comment vous faites pour, justement, que
ça fonctionne très bien en ce moment?
M. Maltais
(Lucien) : Bien, tout d'abord, je vais vous l'expliquer, mais ma petite parenthèse serait la
suivante, donc, évidemment, pourquoi qu'on fait des recommandations en lien avec le projet de
loi actuel, c'est pour conserver la
lignée que nous avons prise depuis quelques années. Et comment expliquer
nos résultats des dernières années? Bien, je crois qu'à travers le temps c'est... la gestion axée sur les résultats nous a
apportés à être plus cohérents au niveau du système. Si on prend, par exemple... depuis quelques années, le gouvernement nous donne des objectifs
et des cibles pour lesquels nous, nous allons donc... avec sa planification
stratégique, nous donne des objectifs que nous allons inclure dans notre Plan d'engagement vers la réussite. Ensuite, on fait notre Plan d'engagement vers la réussite, on va voir les établissements, et les établissements, en cohérence, établissent leurs projets éducatifs. À l'intérieur de tout ça, il y a des mécanismes de régulation qui font que
nous avons réussi à mettre en place les moyens nécessaires pour avancer.
Évidemment,
vous comprendrez qu'un autre ingrédient a été de la mise en place des approches collaboratives, donc
tout ça se met en place. Nous, vous savez,
notre rôle, comme administrateurs, c'est de prendre les encadrements
gouvernementaux et de les faire atterrir sur le terrain dans nos
organisations en s'assurant de faire réussir le plus d'élèves possible.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, M. Maltais. Mme la députée des Mille-Îles,
vous avez un peu plus de 5 min 30 s.
Mme Charbonneau :
Merci. Bonjour. Ça manque de filles dans votre groupe, mais ça, c'était juste
pour me faire plaisir que je vous le dis, pensez-y.
Ceci
dit, ceci dit, en ce moment, je vais revenir au modèle actuel, parce que je
pense que, pour les gens qui nous écoutent
puis pour ne pas faire de campagne de peur, il faut être capable de faire la
comparaison entre ce qui pourrait être puis
ce qui est en ce moment. Malheureusement, quelquefois, on entend un regard qui
est porté sur le conseil des commissaires qui est un peu bête, hein, des
fois c'est toujours de sa faute, mais le conseil des commissaires, c'est aussi
un organe politique. Puis, vous le disiez
bien tantôt, puis j'ai apprécié vous l'entendre dire, le conseil des
commissaires n'a qu'un seul patron... a un seul employé, qui est le
directeur général, qui, lui, a tous les autres employés. Donc, habituellement,
la conversation qui se passe entre le
conseil des commissaires, qui est politique, et l'administration, dont vous
représentez, fait en sorte que les
questions se posent, les décisions se prennent et l'application se fait de
façon administrative par les directeurs généraux.
Quand il n'y
aura plus... si jamais on arrive à ce moment-là, parce que ce sera deux modèles
différents, et, juste avec un petit
coup de coude, vous pouvez toucher à quelqu'un qui aura un modèle complètement
différent du vôtre, puisqu'on garde, chez les anglophones, un modèle
démocratique et on enlève le modèle démocratique aux francophones, mais, à
partir du moment où la réponse ne
viendra pas du conseil des commissaires, que l'imputabilité ne sera pas au
conseil des commissaires, qu'il y
aura peut-être moins de gens pour prendre la responsabilité d'une décision,
d'une équité ou d'une égalité, parce
que j'aime aussi votre comparaison, qui va prendre l'imputabilité d'une
décision qui est prise au sein de quelque chose d'autre qui
s'appellerait un conseil des commissaires?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Maltais.
M. Maltais
(Lucien) : Bien, tout d'abord, d'entrée de jeu, nous savions que nous
allions peut-être avoir une petite question sur le manque de présence féminine
à notre table, donc juste vous dire qu'en 2018 40 % de nos membres étaient
du sexe féminin, et présentement nous sommes à 55 %, en 2019.
Malheureusement, à la table, ici...
Mme Charbonneau :
Je suis contente de vous l'entendre dire parce que c'est important de
comprendre que le modèle masculin, dans nos écoles et dans nos bureaux
de direction... ne sont pas juste masculins, ils sont aussi féminins.
M. Maltais
(Lucien) : Maintenant, je comprends très bien votre question, puis
évidemment il y a un changement de
culture extrêmement important qui s'opère à l'intérieur des intentions
gouvernementales puis à l'intérieur de ce projet de loi là. Évidemment, si le projet de loi est adopté, il faut
comprendre qu'au niveau de la formation, hein, puis nous, on l'avait
dit, on veut être associés à cette formation-là qui sera donnée, ça va être
extrêmement important que les acteurs puissent
bien comprendre leur rôle. Je crois quand même que ça existe, des conseils
d'administration qui sont imputables de leurs décisions. Et, dans le
principe de subsidiarité aussi, chaque individu, les instances ont des rôles et
fonctions. Quand on a des rôles et
fonctions, bien, évidemment, on a des pouvoirs qui y sont associés. Et,
lorsqu'on a ces pouvoirs-là, bien,
vient avec la reddition de comptes, l'imputabilité, rendre des comptes. Donc,
nous, pour l'instant, notre modèle n'est pas créé, mais on sait qu'il y aura quand même une notion d'imputabilité
qui sera à installer, là, si le projet de loi est adopté dans le nouveau
système.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Charbonneau :
Je vous posais la question parce que je me souviens d'avoir été assise dans une
classe de sixième année, puis j'étais
là comme parent, donc j'étais assise à un pupitre avec le nom de mon jeune, à
moi, devant moi, donc ce n'était pas mon nom qui était écrit. À titre de
présidente de commission scolaire, j'avais apprécié que ça ne soit pas mon nom qui soit écrit. Et l'enseignant faisait la
démonstration de comment ça fonctionnait dans sa classe et est venu au moment où un parent a levé la main puis qu'il a
dit : Bien, les dictionnaires... ils sont donc bien poches, vos
dictionnaires, ils sont tout déchirés, tout maganés, c'est quoi, cette
affaire-là? Et la réponse systématique de l'enseignant, ça a été de dire : Oui, mais ça, c'est le conseil des
commissaires qui a décidé qu'on n'investissait pas dans les livres. Cette
phrase-là n'existera plus.
Et maintenant vous
allez probablement avoir à gérer plus de directives qui vont venir du
politique, mais pas du politique partenaire
assis à côté de vous, du politique qui vient de la grande tour puis qui prend
des décisions après avoir eu des recommandations, alors on ne pourra pas
lancer la balle avec autant de facilité. Est-ce qu'à ce moment-là vous croyez... puis c'est une question très...
elle se veut objective, là, croyez-vous que c'est le directeur général de la
commission scolaire qui va devenir le
porte-parole officiel pour pouvoir défendre... ou on va tout simplement
retourner la balle au politique, qui serait le politique, maintenant,
provincial, puisque ça ne sera plus de politique scolaire?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Maltais.
M. Maltais
(Lucien) : Bien, évidemment, vous comprendrez que nous, comme premiers
dirigeants administratifs, on a toujours considéré que nous devons...
notre devoir, c'est de s'assurer que les volontés gouvernementales, que les volontés de notre instance décisionnelle puissent
atterrir dans nos organisations. Donc, évidemment, on parle d'un changement
de culture important pour lequel, là... si
on parle du D.G., qui sera un porte-parole, bien, ce ne sera pas le même genre
de porte-parole qu'est présentement un président. Donc, si, évidemment,
cette loi-là est adoptée, il y a un changement de culture qui s'impose, donc une posture différente. Donc, il ne faudrait
pas penser que notre rôle va être semblable à un président de commission scolaire actuel. Comment ça va se
jouer, tout ça, à l'intérieur du système? Bien, puisqu'on est en approche...
on vise d'avoir une gestion participative,
une gestion collaborative, bien, c'est une volonté ministérielle. Donc, nous,
on croit qu'il y a une volonté ministérielle forte de travailler avec le
réseau, de travailler avec les partenaires. Et, nous, je crois que si c'est installé de la tête du réseau
jusque dans les classes, bien, évidemment, ça va être un système qui va pouvoir
être fonctionnel.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange. Donc,
je me tourne maintenant vers la députée de Sherbrooke pour
2 min 35 s. Mme la députée.
Mme Labrie :
Merci. Écoutez, j'aurais vraiment beaucoup de questions à vous poser.
Premièrement, je vois qu'il y a plusieurs
recommandations que vous faites par rapport au fait que le centre de services devrait
rester responsable de l'équité puis
aussi que la valorisation de l'éducation soit dans leur mission. J'imagine que
c'est en référence au fait que la
mission de promouvoir l'école publique est retirée. Donc, je suis contente de
voir que ça vous préoccupe aussi. On a beaucoup d'acteurs qui sont venus
ici nous dire que c'était très inquiétant.
Dans votre mémoire, vous demandez des
clarifications sur les intentions de modification de territoire et de partage
des services. J'aimerais ça savoir c'est quoi, vos inquiétudes par rapport à
ça.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Maltais.
M. Maltais
(Lucien) : Bien, évidemment, tu sais, vous comprendrez que notre
préoccupation c'est lorsqu'on... les changements de structure et les
changements d'organisation et de territoire, bien, ça apporte peut-être des
éléments de distraction. Donc, nous,
évidemment, c'est de voir s'il y a une volonté ministérielle de revoir les
territoires, c'est plus dans ce
sens-là. Parce que, vous savez, nous, ce qu'on veut, c'est continuer à
travailler dans un mode collaboratif à atteindre nos objectifs puis nos cibles de réussite pour tous
les élèves. Donc, évidemment, on sait qu'un changement de structure, bien,
ça peut apporter beaucoup d'éléments de distraction, donc nous, on veut les
éviter.
Mme Labrie :
Vous souhaitez éviter des fusions de territoires, par exemple.
M. Maltais
(Lucien) : Tout à fait.
Mme Labrie :
Vous ne voulez pas être contraints de faire des fusions de territoires.
M. Maltais
(Lucien) : Exactement.
Mme Labrie :
Et comment vous voyez ça, la possibilité que, maintenant, les familles
pourraient choisir d'inscrire leur enfant dans n'importe quelle école
sur le territoire ou même dans n'importe quel centre de services?
M. Maltais
(Lucien) : Nous, tout ce qui est bon pour les élèves, pour les
familles, on va trouver un moyen de le faire
atterrir dans notre réseau. Ça se peut qu'il y ait des inconvénients, mais
évidemment on va trouver des solutions, ce qu'on fait habituellement
dans nos organisations.
• (12 h 10) •
Mme Labrie :
Puis je vais y aller sur la question de la gestion axée sur les résultats, dont
vous avez parlé tout à l'heure. Je trouve
que vous en avez parlé avec beaucoup de positif, alors que, pourtant, c'est hautement critiqué dans le milieu. On a constaté, dans les dernières années,
là, les troubles anxieux ont doublé auprès des élèves, le niveau de détresse
psychologique est très élevé, là, 29 % des jeunes au secondaire qui ont un
taux de détresse psychologique, ce sont des choses
qui sont en augmentation. Là, je ne vous parle même pas des enseignants, je vous parle des élèves. Donc, vous ne pensez pas que
ça peut avoir un lien avec la pression induite par la gestion axée sur les
résultats?
La Présidente
(Mme Thériault) : En 20 secondes, M. Lessard.
M. Lessard (Normand) : Oui. Tout
simplement, la gestion axée sur les
résultats, sur quoi qu'on mise... puis dans le réseau, c'est beaucoup en
fonction... au niveau des apprentissages. Comment fait-on pour savoir si
l'élève a appris? Ce n'est pas uniquement
une analyse des résultats des bulletins, ça, c'est une photo, mais c'est bien
plus à savoir comment fait-on pour mesurer que l'élève a réussi, a appris, qu'est-ce qu'on fait avec l'élève qui n'a pas appris, qu'est-ce qu'on fait avec
l'élève qui sait, puis après ça, bien, c'est comment qu'on adapte nos services.
Donc, c'est ça, la volonté de la gestion axée sur les résultats qu'on veut mettre de
l'avant et qu'on met de l'avant depuis maintenant cinq, six ans, à travers le réseau, dans
plus de 63 commissions scolaires, principalement avec le mouvement CAR.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je dois maintenant aller du côté de la députée de Joliette pour
vos 2 min 35 s, à vous aussi.
Mme Hivon : Oui, merci
beaucoup. Je veux revenir aussi, brièvement, sur la question de l'équité. C'est un souci très important qu'on a, de ce côté-ci de la Chambre ou de la commission.
Donc, vous dites : C'est très important de confier nommément, noir sur blanc, ce rôle-là
de voir à l'équité. Pourquoi ce serait inquiétant que ce ne soit pas confié
noir sur blanc aux centres de services, la
notion d'équité? Et est-ce que c'est plus inquiétant, avec la réforme, que ce
rôle-là ne soit pas confié clairement?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Maltais.
M. Maltais
(Lucien) : Bon, est-ce qu'on a pris le terme «inquiétant» — je ne
me rappelle pas — dans
notre mémoire? Par contre,
une chose qui est claire, c'est que, nous, ce qu'on dit, c'est que, puisque le
centre de services scolaire, c'est
l'ensemble des établissements qui, eux, en mode collaboratif, déterminent la
façon qu'ils vont déployer les ressources et les
services, il faut que la mission revienne au centre de services scolaire
d'avoir une répartition équitable, soit au niveau des programmes, des services.
Je
pourrais prendre, exemple, l'anglais intensif. Pourquoi, par exemple, dans un secteur donné, il n'y aurait pas d'anglais intensif ou il n'y aurait pas de quoi
qui serait organisé pour s'assurer de l'équité? Je pourrais parler des classes
d'adaptation scolaire, je pourrais parler des projets particuliers.
On
comprend que le comité de répartition des ressources, lui, doit répartir
de manière équitable les ressources, mais, lui,
c'est un petit peu plus au
niveau du budget
des ressources. Mais la vision globale de la commission scolaire du déploiement des services sur le territoire, nous, on croit que
ça doit être une mission qui doit revenir aux centres de services scolaires.
On veut travailler en équipe, donc d'avoir une vision commune, pour nous, c'est
un élément important.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Hivon : Vous n'êtes pas rassurés, quand on entend les
directions d'école nous dire que tout ça va parfaitement se faire parce
qu'elles vont se parler entre elles, qu'ils n'ont pas besoin d'avoir d'autre
monde qui voit à ça? Vous n'avez peut-être pas dit le mot «inquiétant», mais je vous
demande : Pourquoi ça ne vous rassure pas, quand on entend ce discours-là?
M. Maltais
(Lucien) : Nous, on croit...
puis, si on prend Michael Fullan, lorsqu'on parle d'une organisation, d'avoir des stratégies claires, une vision commune, des approches
cohérentes, bien, évidemment, ça se fait avec le leadership
fort d'une direction générale qui peut assumer son rôle pleinement, avec un conseil d'administration, un conseil des commissaires qui, lui, a cette vision-là, qui la donne au directeur général qui la fait atterrir dans l'organisation. Donc, c'est comme ça qu'on reste une organisation
cohérente puis une organisation apprenante.
Mme Hivon : En dernier lieu, vous mentionnez que vous voulez
revoir la composition des C.A. pour qu'il
y ait moins de parents, 5-5-5, comme
vous avez dit, vous élaborez beaucoup sur l'équilibre qui est nécessaire. On a entendu un point de vue très fort pour la
présence des parents. Pourquoi, selon vous, il faudrait diminuer la présence
des parents?
M. Maltais
(Lucien) : Bien, rapidement,
je dirais, on ne veut pas nécessairement diminuer la présence des parents, on
trouve qu'à l'intérieur du système ils ont plusieurs places, le comité de
parents, les conseils d'établissements.
Pour ce qui est du conseil d'administration qui
est proposé, on se dit qu'on veut tout simplement un partage plus équitable des groupes pour s'assurer que ça
forme une équipe puis qu'il n'y ait pas de polarité, qu'il y ait un groupe
d'un côté puis un groupe de l'autre. Donc,
c'est seulement dans cette intention-là, donc, d'avoir un partage
plus équitable des forces.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, ceci met fin à l'échange avec les parlementaires. Merci, MM. Lessard, Maltais, Racette et Bernard, d'être
venus en commission parlementaire.
Nous allons
suspendre quelques instants pour permettre à l'Institut du Nouveau
Monde de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 17)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît, chers collègues! Donc, nous allons reprendre les travaux, et nous entendons maintenant l'Institut
du Nouveau Monde. Mme Malorie Flon, qui est directrice du développement,
vous avez environ une dizaine de minutes
pour nous présenter votre mémoire, et par la suite il y aura des échanges avec
les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
Institut du Nouveau Monde (INM)
Mme Flon
(Malorie) : Parfait, merci
beaucoup. M. le ministre, MM., Mmes les parlementaires, merci d'accueillir
notre contribution à vos travaux.
INM a pour
mission d'accroître la participation des citoyens à la vie démocratique. On
mène des activités d'éducation à la
citoyenneté, des activités d'information et de participation publique. Nous
percevons le retrait du droit pour tous les citoyens d'élire les
personnes chargées de gouverner les écoles comme un recul sur le plan de la
participation.
Notre
contribution à vos travaux se fonde sur trois constats. D'abord, les grandes
orientations de l'école publique bénéficient de la part de tous les membres de
la société. Le taux de participation de 4,88 % enregistré aux dernières élections scolaires est un problème qui doit être abordé. Des
changements s'imposent pour renforcer la légitimité politique de la
gouvernance de nos écoles. Et, troisièmement, il existe au Québec des
inégalités socioéducatives, et elles doivent rapidement occuper l'attention des
acteurs de la gouvernance scolaire, quels qu'ils soient.
On s'apprête à supprimer un palier démocratique,
c'est un geste majeur. Avons-nous vraiment tout essayé? L'école publique est peut-être un des biens les plus précieux de notre
société. Ça contribue à réduire les inégalités, c'est un véhicule de
prospérité économique, c'est un déterminant de la santé, c'est un véhicule
d'intégration des immigrants. À l'origine, l'intention du législateur était de
faire en sorte, avec les gouvernements scolaires, d'assurer que l'éducation publique n'était pas seulement dans les mains de
gestionnaires ou d'administrateurs, mais aussi de citoyens élus, proches
des communautés, comme gardiens de la mission et des valeurs fondamentales et
d'équité pour nos jeunes.
• (12 h 20) •
On comprend
comment on est parvenu à ce taux de participation famélique en lisant un
article de Jean-Pierre Proulx dans L'État du Québec en 2016. Il décrit comment
les commissions scolaires sont passées de 1 557 commissions scolaires
catholiques, 273 commissions
scolaires protestantes en 1960 à 71 en 1999. Donc, la réduction importante du
nombre de commissions
scolaires a creusé l'écart entre les électeurs et les candidats, et surtout la
gouvernance s'est éloignée des écoles.
Mais, vous êtes parlementaires, les bénéfices
de la participation démocratique sont nombreux, alors on se pose la question
si on a vraiment tout essayé.
Du
point de vue de l'INM, il y a des solutions qui ont été amenées dans le débat
public dans les dernières années qui auraient mérité une attention, qui
auraient mérité d'être testées avant l'abolition complète du principe d'une
gouvernance qui est redevable devant
la population. Puis je pense aux principales solutions qui étaient le jumelage
des élections municipales et scolaires ou le recours aux élus municipaux pour
valider les orientations de l'éducation publiques sur leurs territoires.
Je
vais me permettre un parallèle avec le réseau de la santé pour poser une
question. Le dernier gouvernement a réformé
la gouvernance des établissements de santé en en réduisant le nombre. On est
passés de 269 en 2014 à 34 établissements en 2019. Les membres des conseils d'administration, tout comme les
P.D.G., sont désignés par leurs pairs ou nommés par le ministre. Les citoyens
n'y ont plus leur place. Les établissements de santé, selon plusieurs
observateurs, ont perdu aussi de leur proximité avec les communautés.
Le projet de loi
n° 40 ne va pas exactement là, mais la porte s'ouvre sur, peut-être,
d'autres réformes. Pour poursuivre le
parallèle, depuis l'avènement des centres intégrés de santé et de services
sociaux, beaucoup de services sociaux sont négligés. On parle beaucoup,
ces jours-ci, de protection de la jeunesse. Il y a la prévention, la santé
publique, la stratégie globale de soutien et d'hébergement relativement au
vieillissement de la population.
Tout autant que dans le domaine de santé, les
besoins en éducation sont énormes, variés, dépassent la transmission de la matière par le programme. Alors, la question
que je pose : Comment nous assurer que l'histoire ne se répétera pas
dans le réseau scolaire, où la perte de
légitimité représentative par la réforme envisagée est plus grande que celle
subie dans le réseau de la santé?
Le changement opéré
par le projet de loi est celui s'un système de représentation par suffrage
universel à un système de représentation des
citoyens-utilisateurs. L'opportunité d'aller vers cette démocratie d'usagers,
c'est que le taux de participation
risque d'augmenter étant donné la plus grande proximité des électeurs avec les
candidats. Avec le taux de participation,
la légitimité politique, aussi, des représentants va augmenter, mais le
risque : que la gouvernance des écoles d'un territoire prenne une
direction plus utilitariste en lien avec les intérêts des acteurs concernés,
des usagers, en prenant moins compte
d'autres enjeux municipaux, régionaux, communautaires ou relatifs au
développement à plus long terme de notre société.
L'autonomie et le
pouvoir décisionnel accru des parents sur les conseils d'établissement sont une
bonne chose du point de vue de la
participation des parents qui sont des citoyens. Ils risquent de se sentir plus
interpelés ayant plus de pouvoir, donc de s'engager dans l'école de
leurs enfants. Il y a le Conseil supérieur de l'éducation, en 2016, dans un rapport, qui a documenté les bénéfices des
conseils d'établissement, qui favorisent l'ouverture des établissements à leur
milieu, qui ajoutent de la transparence,
forcent les différents acteurs — direction, personnel, parents, élèves — à travailler ensemble, développent le
sentiment d'appartenance.
Il
y a d'autres situations où les conseils d'établissement vivent des difficultés.
Il y a des membres qui s'impliquent pour
d'autres raisons que celles que le meilleur intérêt des élèves. On a vu des
enseignants voter en bloc au gré d'intérêts corporatistes. On a vu des parents
qui s'investissaient au conseil pour les intérêts individuels ou particuliers
de leurs élèves. Il a aussi été observé une méconnaissance des rôles et
fonctions et des pouvoirs qui s'exercent au sein de cette instance-là.
Mais
en fait les défis liés aux conseils d'établissement, au travail sur les
conseils d'établissement sont les mêmes que ceux vécus dans les conseils
des commissaires, sont les mêmes que ceux vécus à l'Assemblée nationale. Les
luttes de pouvoir, ça s'observe dans des instances comme celles-là, où il y a
différents intérêts qui se confrontent. La chose à faire, à notre avis, c'est de mieux soutenir les représentants sur ces
instances dans l'exercice de leur rôle. C'est possible de les accompagner pour développer l'art de la
collaboration et de la recherche de l'intérêt général à travers la discussion,
la confrontation des perspectives
citoyennes, institutionnelles, tout en s'appuyant sur des connaissances
scientifiques et des données sur les milieux.
Un autre point que je
souhaite souligner sur la participation des parents, c'est qu'elle varie selon
les milieux socioéconomiques et culturels.
On sait que les parents qui siègent sur les conseils d'établissement sont
généralement plus éduqués, gagnent un
meilleur revenu que la moyenne des Québécois.
Leurs enfants sont plus nombreux à fréquenter des classes enrichies que des
classes d'adaptation scolaire, moins de 5 %. Donc, considérant que
peut-être qu'un des plus grands défis de notre système éducatif,
actuellement, c'est de favoriser la mixité scolaire, de réduire les inégalités
de parcours scolaires, il va falloir donner
les moyens aux écoles pour susciter cette participation des parents qui sont
plus éloignés ou traditionnellement moins impliqués, au risque de perdre
de vue les intérêts généraux de l'ensemble des élèves.
Je
me permets aussi une observation sur la disparition des AVSEC, des agents de
vie spirituelle et d'engagement communautaire. À l'INM, on intervient beaucoup
dans les écoles secondaires, et nos meilleurs alliés sont ces personnes-là,
parce qu'elles soutiennent les programmes de
coopération, d'engagement environnementaux, des programmes de soutien
aux conseils d'élèves. À l'heure actuelle, ces professionnels ont donc un
impact important auprès des jeunes. Et donc on
se demande comment ces fonctions vont être redistribuées. Dans le contexte de
la pénurie d'enseignants, des tâches plus que pleines, on peut craindre
que leur disparition nuise aux opportunités d'engagement et de participation
des élèves.
Le
projet de loi n° 40 donne au conseil d'établissement l'obligation de
consulter les élèves ou des groupes d'élèves. C'est une très bonne chose. On
recommande même d'élargir cette notion pour encourager plus globalement la
participation des élèves. On oeuvre
auprès des jeunes depuis plusieurs années, on sait qu'il existe des défis pour
susciter la participation des jeunes,
mais il y a des stratégies très efficaces aussi. La plus signifiante, c'est
certainement l'éducation à la citoyenneté pour que nos élèves, maintenant mais plus tard, lorsqu'ils seront à leur
tour professionnels, peut-être dans le réseau éducatif, parents,
puissent contribuer activement à notre vie démocratique puis à celle du réseau
scolaire.
Inversement, la participation des
citoyens à la vie démocratique de leur école est aussi en soi une stratégie
d'éducation à la citoyenneté. Donc,
si c'est encouragé dès le plus jeune âge, on renforce la capacité des acteurs
sur le très long terme d'exercer leurs rôles puis leurs fonctions, notamment
celles qui leur sont dévolues par la loi. À l'heure actuelle, l'éducation à la
citoyenneté n'est pas un projet central de l'école publique mais un projet
périphérique. Comment susciter la participation des élèves devrait constituer un volet de la formation ministérielle que
devront suivre les membres des conseils d'établissement. L'art de la participation citoyenne, c'est de
savoir qui faire participer quand, sur quel objet, comment. La gestion
quotidienne d'une école est peut-être
un objet moins pertinent que les grandes orientations du projet éducatif, par
exemple. Dans tous les cas, ces démarches doivent s'appuyer sur de
l'information vulgarisée pour hausser la qualité de la participation.
Je
vais vous faire l'économie des bénéfices de la participation citoyenne, qui se
retrouvent dans mon mémoire, si vous souhaitez en savoir davantage.
Je
vais passer aux recommandations. L'intention du législateur à l'origine des
gouvernements scolaires était de garantir une participation à et une
surveillance citoyenne de l'éducation publique. Dans la pratique, le taux de
participation aux élections scolaire nous a éloignés de cette intention
noble.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et je m'excuse, mais on n'a vraiment plus de
temps.
Mme Flon
(Malorie) : Ah! excusez-moi.
La
Présidente (Mme Thériault) : On a dépassé de plusieurs minutes.
Je suis convaincue que les parlementaires auront l'occasion de vous questionner sur vos recommandations,
puisqu'ils ont une copie entre leurs mains. Je suis désolée.
Donc, je vais me
tourner du côté du ministre de l'Éducation. Vous avez, M. le ministre, 16 minutes.
• (12 h 30) •
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Je vais commencer par vous remercier pour la
richesse de votre analyse puis de vos
propos. On voit que vous avez vraiment pris le temps de passer à travers le
projet de loi n° 40. Vous avez fait quelques mises au point, posé quelques questions, je vais essayer d'y
répondre, puis peut-être, moi aussi, je pourrais me permettre quelques
mises au point pour qu'on ait une compréhension commune des objectifs.
D'abord,
vous avez parlé de la réforme qu'il y a eu en santé par le précédent ministre
de la Santé en disant : Mais ils sont passés de 269 organisations à
34, donc des fusions, des abolitions, des membres de conseil d'administration nommés par le ministre. Vous avez dit : Bien,
le projet de loi n° 40 ne va pas là. Je vous remercie de cette précision,
parce qu'il y a plusieurs personnes qui pourraient attaquer le projet de
loi n° 40. On fait une espèce d'amalgame en disant : C'est pareil, puis c'est la même chose, puis c'est
une autre réforme pareille. On peut bien faire des comparables, là, mais, de
manière générale, il ne va pas à la même chose.
Vous
posez quand même une question : Comment s'assurer que l'histoire ne se
répète pas? Donc, il ne va pas là au départ, mais prenons garde puis mettons
même un garde-fou pour être sûrs qu'un éventuel dérapage ne l'y amène pas.
Mais le projet de loi, tel qu'il est, ne va
pas... ce n'est pas un copier-coller du projet de loi n° 40 ni dans ses
mesures ni dans son intention, puis je vous remercie de cette correction
et de ce rappel à ceux qui galvauderaient cette idée.
Vous
nous mettez en garde, par exemple, contre l'instauration d'une instance de citoyens-utilisateurs
par rapport au système qu'on a
actuellement. Je pense qu'à certains égards on pourrait accepter que les
parents, sur un conseil d'administration de centre de services... bon, ce n'est
pas eux qui sont dans les classes, mais ils peuvent faire office de citoyens-utilisateurs.
Par exemple, de faire entrer des membres de la communauté
qui ne sont ni parents ni employés du centre
de services, je ne pense pas qu'on peut les qualifier de parents ou citoyens-utilisateurs,
puis de faire une place pour une
première fois à des enseignants, des directions d'école, des professionnels,
orthopédagogues, et tout ça, je ne pense pas qu'on peut les qualifier de
citoyens-utilisateurs.
Donc, oui, il y a une
place aux citoyens-utilisateurs, réservée, avec un nombre défini de places qui
est là, mais il y en a déjà, en ce
moment, parce qu'il y a déjà des parents-commissaires, spécifiquement, sur les conseils des commissaires. Ils sont en moins grand
nombre, mais ils sont déjà présents sur les conseils des commissaires, ces
parents-utilisateurs. Avec un C.A., on leur donne davantage de sièges, mais il reste
que c'est loin d'être tous les sièges.
Ensuite,
vous nous mettez en garde, vous nous posez la question,
dire : Est-ce qu'il y a un danger de ne pas aller vers quelque
chose qui est plus utilitariste, puisqu'on
fait de la place à... Avec la prémisse que ce sont des parents-utilisateurs qui
contrôlent le système — bon, prémisse que j'ai remise en question,
mais vous pourrez, bien sûr, intervenir à la fin de ma question, qui
s'en vient, je vous rassure — est-ce qu'il y a un danger d'aller davantage
vers quelque chose qui soit utilitariste?
Je veux vous rassurer
en vous disant que les conseils d'établissement comme les conseils d'administration
de centres de services vont voir à l'organisation, à une question d'équité, mais les curriculums, les programmes,
les diplômes vont rester entre les
mains du gouvernement. Donc, on ne pourrait pas changer, supposons, le français
ou augmenter la part de formation destinée simplement au marché du
travail, comme ça, sur un conseil d'administration.
Et j'ai envie de vous
poser une autre question et je vous pose cette question-là, mais vous réagirez,
parce que j'ai abordé plusieurs
points, ça va être sur la question, qui est nouvelle,
qui a été très peu abordée avant vous, c'est la question de participation des élèves. Et, dans le projet de loi,
on donne cette mission au conseil d'établissement, de dire : Bien, au moins une fois par année, vous allez avoir le
devoir d'aller voir vos utilisateurs premiers, même pas les parents, les
élèves, de consulter les élèves. Pour
la première fois, on donne cette obligation-là, cette mission au conseil d'établissement. Comment vous
voyez ça? Puis comment est-ce qu'il faudrait le structurer dans la loi pour dire
comment ça doit être fait, ou, bref, quelle est votre opinion sur cette question
qui n'a pas été abordée encore en commission?
Mme Flon
(Malorie) : Pour la première question, évidemment,
c'est bien qu'il y ait des représentants des communautés sur les conseils d'administration des centres
de services. Bon, proportionnellement, peut-être qu'ils sont plus nombreux, mais, vous savez, moi, je ne
m'embarquerai pas à vous conseiller : Il faut tant de tel corps
professionnel ou de combien de citoyens, je laisse à des personnes plus
expertes de gouvernance de faire ces recommandations-là.
Je voudrais quand même réagir. La notion de citoyen-utilisateur,
pour moi, elle englobe aussi tous les acteurs concernés.
Donc, je ne pense pas juste aux parents, je pense aussi aux professionnels, aux
gestionnaires, dans le sens où ils ont
des intérêts dans la façon dont le réseau fonctionne. Le bénéfice qu'on perd,
je crois, avec le rôle des citoyens comme instance de gouvernance, c'est en
cette théorie, ce rôle de s'élever au-delà des intérêts d'utilisation... puis
je ne devrais peut-être pas utiliser le mot «utilisation», mais des
intérêts des acteurs concernés. Puis, même dans le domaine de la santé, les utilisateurs, c'est, oui, les patients, mais il y a
aussi des professionnels qui ont des intérêts corporatistes, on peut le dire
comme ça, dans la façon dont un système roule. Donc, d'avoir des citoyens,
souvent, ça nous permet de s'élever puis d'avoir un regard plus élevé ou autre, disons-le ainsi. Mais je pense, oui,
qu'il faut le nommer, puis on s'en va vers un autre genre de démocratie
en donnant ce rôle de gouvernance à des acteurs du système.
Pour la question de la participation des élèves,
je l'ai dit, c'est une bonne chose, on le voit d'un bon oeil, cette obligation
de consulter. Il peut y avoir des bonnes et des mauvaises façons de consulter.
À votre question : Comment est-ce qu'on recommanderait de mettre ça dans le projet de loi?, c'est une excellente question, puis j'aimerais que vous me donniez
plus que 30 secondes pour y penser. Si vous souhaitez, on pourrait rester
en contact à ce sujet-là. Mais je crois, en
effet, qu'il y a des règles, il y a des règles de l'art de la consultation, que
nous connaissons bien, à l'INM, qu'on pourrait vous communiquer, et
qu'il y aurait moyen de sensibiliser ou de former, puisqu'il était question
d'une formation. Dans le projet de loi, ça devrait faire partie d'une formation, parce qu'il y a des
stratégies efficaces et d'autres qui sont nuisibles, qui ont plus tendance à créer du cynisme quand on
consulte puis qu'il n'y a pas de suites, par exemple. Donc, c'est ça, je
pourrai vous transmettre des règles de l'art
de la participation publique qui s'adressent à la participation des jeunes,
également, et qui pourraient faire l'objet d'un volet de la formation
qui est prévue.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien. Au bas
de la page 7, je vais citer une partie du mémoire, vous dites : «Le
projet de loi n° 40 donne plus de pouvoir
et d'autonomie aux conseils d'établissement des écoles. C'est une bonne chose
pour encourager la participation à cette instance et pour assurer que
chaque établissement ait la marge de manoeuvre pour répondre aux besoins de ses élèves.» Plus loin, on dit :
«L'autonomie et le pouvoir décisionnel accru des parents...» Je suis content
que vous le mentionniez, parce qu'il
y en a qui disent : Non, il n'y en a pas, de décentralisation, mais là on
le voit, là : «L'autonomie et le pouvoir décisionnel accru des
parents siégeant sur les conseils d'établissement et le conseil
d'administration d'un centre de services
sont donc une bonne chose d'un point de vue de la participation des
citoyens-parents.» Donc, on voit qu'il y a une espèce d'implication de
la communauté dans son école.
Mais par
contre, vous soulevez la question, peut-être qu'à l'instance régionale une plus grande
participation des gens qui n'ont pas de lien direct soit comme parent
soit comme employé... et je prends bonne note de ce commentaire, parce que c'est le genre de chose qu'on peut faire
comme ajustement, après des participations constructives comme la vôtre.
Et, si vous me permettez, Mme la Présidente, je céderais la parole à mon collègue de Beauce-Sud... ou Nord,
j'oublie toujours.
La Présidente (Mme Thériault) :
Sud.
M. Roberge : Je m'excuse. Beauce-Sud.
La
Présidente (Mme Thériault) : Oui. M. le député de Beauce-Sud, la parole est à vous. Vous avez
7 min 30 s, environ.
M. Poulin : Il n'y a aucun problème. Si je pourrais être
député de toute la Beauce, un jour, j'en serais très heureux, mais ça ne
serait qu'au fédéral, en fait.
Alors, merci, Mme la Présidente. Merci,
M. le ministre. Très content de vous
revoir, Malorie, et qu'on puisse passer un peu de temps ensemble. L'Institut du
Nouveau Monde est déjà un partenaire du gouvernement du Québec, entre
autres pour l'élaboration du prochain plan
pour la jeunesse québécoise. On a travaillé ensemble sur la meilleure façon
de consulter les jeunes du Québec.
Et, vous avez raison, moi, je suis extrêmement
inquiet sur la participation des jeunes dans nos institutions démocratiques, surtout quand je regarde le taux de
participation lors des dernières élections provinciales, qui était bas pour
tout le monde mais qui était
particulièrement bas, également, pour les jeunes du Québec, ce sont des
chiffres qui sont tout récents,
autour de 58 % des jeunes de 15
à 29 ans qui sont allés voter. Alors, il y a une grande inquiétude à avoir sur
la façon dont on peut rapprocher la démocratie des jeunes.
Il n'en
demeure pas moins que j'aimerais savoir : Dans tout l'historique de l'INM
et dans toute l'expérience que vous avez, quand vous allez dans les
écoles et que vous travaillez très fort avec les conseils d'élèves, est-ce
qu'ils vous parlent d'un intérêt pour les
élections scolaires? Est-ce que vous avez des données sur le 4,88 % qui
vont voter? À l'intérieur de ça, combien de jeunes vont voter? Et est-ce
que vous sentez un appétit pour les élections scolaires à travers votre
expérience auprès de la jeunesse québécoise?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon
(Malorie) : De manière générale, les jeunes ne savent même pas qu'il
existe une telle chose qu'une élection
scolaire, et même les plus vieux, là, donc il y a, je pense, un déficit
d'éducation politique. L'éducation politique, ça fait partie de l'éducation à la citoyenneté, mais comment le système
démocratique fonctionne, ce n'est pas enseigné de manière systématique à nos jeunes. Donc, non, il
n'y a pas de données sur le nombre de jeunes, je n'ai pas de données à vous fournir sur le nombre de jeunes qui votent.
Mais, dans nos ateliers de Politique 101, on parle des paliers
démocratiques, et souvent les gens
qu'on rencontre ne savent pas qu'il existe des élections scolaires. Voilà, vous
avez... Donc, c'est ça. Non, il y avait une autre partie à votre
question?
• (12 h 40) •
M. Poulin :
Oui, bien, absolument, mais je parlais, en fait, de... si les jeunes vous en
parlaient. Vous m'avez répondu, vous
me dites : Non, ils ne savent même pas qu'il y a les élections scolaires,
vous n'aviez pas de données à me donner, là, sur le 4,88 %, à
savoir s'il y avait des jeunes, beaucoup de jeunes qui sortaient voter aux
élections scolaires.
J'ai
une autre question, parce que je connais et je reconnais votre expertise en
termes de participation citoyenne. Et, dans le futur plan sur la
jeunesse, on va mettre quand même pas mal d'argent pour voir de quelle façon on
peut mieux inciter les jeunes à aller voter.
J'ai annoncé l'aile jeunesse de la Fédération québécoise des municipalités, la
FQM, qui est une première, pour
concerter les jeunes élus municipaux, mais ce qui revient souvent, c'est
qu'ils nous disent : On aime ça quand les gens qui prennent les
décisions sont près de nous. Et vous ne voyez pas quelque chose de positif,
dans le projet de loi n° 40, que les directions d'école, les enseignants
aient, justement, une... puissent prendre, un, des décisions encore plus près des élèves? Et je me mets dans la
peau des conseils d'élèves, qui vont pouvoir aller à la porte du directeur,
dire : Je veux ça dans mon école, on
pense que c'est bon, et que ces gens-là puissent voir les moyens d'agir
rapidement auprès des élèves, et ceci ne va pas renforcer l'intérêt des
élèves, justement, envers la prise de décision, envers l'implication citoyenne? Puis, oui, ce n'est peut-être pas loin
de moi, les décisions, c'est peut-être dans mon école que je peux faire bouger
les choses, est-ce que ce n'est pas positif, ça, dans le projet de loi
n° 40?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : Oui, c'est positif, c'était d'ailleurs ce que je
vous ai décrit, si tant est que ce pouvoir soit, évidemment, mis en pratique, ce pouvoir dévolu au conseil
d'établissement, et que la consultation des élèves soit bien faite.
Je
dois avouer que je ne suis pas juriste ni experte de la gouvernance scolaire,
mais, à la lecture du projet de loi, ce
n'est pas non plus toujours très, très clair — puis je m'adresse
à vous aussi, M. le ministre — quels
pouvoirs appartiennent aux conseils d'établissement, quels pouvoirs
appartiennent aux centres de services, quels pouvoirs appartiennent au
ministère. Je trouve qu'il manque quand même
de clarté sur cette répartition des pouvoirs dans le projet de loi. Ça
mériterait peut-être d'être précisé.
Mais,
oui, les pouvoirs accrus dévolus aux conseils d'établissement, c'est une bonne
chose. L'obligation de consulter les élèves, c'est une bonne chose. S'il y a
une vraie dynamique de collaboration dans les écoles, cela va renforcer
le leadership, aussi, des directions d'établissement. On sait qu'actuellement
il y a des jeunes qui ont des directions d'établissement
qui sont très favorables à la composition d'un conseil d'élèves, d'autres qui
sont moins favorables, ils se butent encore à de la résistance. Donc, ça
va, évidemment... on va voir comment ça va se passer dans la pratique.
Je
suis contente, aussi, de savoir que vous allez faire une place à la
consultation dans la prochaine stratégie jeunesse. On sera là pour vous fournir
des recommandations. Je sais que c'est votre prérogative de les suivre ou pas.
On en a fourni pour la façon de
consulter, actuellement, certaines n'ont pas été retenues, mais ce n'est pas
grave, ça nous fait quand même plaisir de continuer à vous porter
conseil.
M. Poulin :
Bien, vous me connaissez, j'aime prendre les excellentes idées. Il y en avait
plusieurs, mais, avec le temps qu'on avait dans le cadre des
consultations, on ne pouvait pas toutes les prendre.
Mme Flon
(Malorie) : Bien sûr.
M. Poulin :
D'ailleurs, je suis convaincu qu'on va se voir à Québec le 12 décembre, et
on va pouvoir discuter de tout ça.
Mme Flon
(Malorie) : Absolument, je serai là.
M. Poulin :
En terminant, on réfléchit, depuis plusieurs années, à la façon dont on peut,
justement, mieux impliquer nos jeunes et qu'ils aillent plus voter aux
élections provinciales, qu'il y ait plus de candidatures jeunesse au
provincial, au fédéral et au municipal. Et
moi, je pense que, quand les jeunes au Québec vont dire : C'est possible
d'avoir du pouvoir dans mon école, rapidement on va ressentir un impact
positif sur les autres paliers.
Mme Flon
(Malorie) : Je suis entièrement d'accord avec vous.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. le député de Beauce-Sud.
J'ai le député de Chapleau qui veut faire une intervention. Un peu plus
de 1 min 30 s, questions et réponses.
M. Lévesque
(Chapleau) : Parfait, donc ce sera rapide. Merci, Mme la Présidente,
merci à tout le monde.
Donc, peut-être parler de l'accroissement de la
participation citoyenne, ça semble être la trame de fond de votre présentation, là. Vous avez évoqué l'idée, bon,
que l'éducation publique ne soit pas seulement entre les mains
d'administrateurs ou de gestionnaires. Vous avez également, là, parlé du changement qui
était opéré, donc la représentation par suffrage universel vers le citoyen-utilisateur. Vous avez également
rappelé judicieusement le taux de participation très bas, là, quoi,
4,86 %, aux dernières élections puis vous avez appelé, en quelque
sorte, à une solution.
La solution,
ça ne pourrait pas nécessairement être... ou est-ce que ça ne serait pas,
justement, le projet de loi n° 40, justement, qui propose... qui
vise à encourager la participation des citoyens? Donc, les parents, les membres
de la communauté, le personnel scolaire, ces
personnes sont élues, dans le fond, par leurs pairs pour participer, dans le
fond, à la démocratie scolaire,
est-ce que vous voyez d'un bon oeil cette participation-là? Est-ce que c'est
quelque chose qui est quand même intéressant pour vous?
La Présidente (Mme Thériault) :
...secondes pour répondre aux multiples questions.
Mme Flon
(Malorie) : Nous voyons des
risques et des opportunités au projet de loi n° 40. On recommande quand
même la prudence. On a l'impression qu'il y
a un éloignement de l'intention originelle du législateur, avec les
gouvernements scolaires, qui était d'avoir des citoyens qui n'ont pas
d'intérêt direct dans le réseau, qui ont un rôle de surveillance.
La
Présidente (Mme Thériault) : Ça vous va? Merci. Nous allons
maintenant du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Bienvenue parmi nous. Désolée, mais j'ai manqué un bout.
Comment on fait pour améliorer la démocratie en abolissant un palier de
démocratie au Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : Je n'ai
pas dit qu'on améliorait la démocratie...
Mme Rizqy : Vous, non, mais il
me semble que c'était sous-entendu.
Une voix : ...
Mme Rizqy : Ah! la
participation citoyenne.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je vais vous demander de ne pas vous
interpeler de part et d'autre, s'il vous plaît.
Mme Rizqy : D'accord. Donc, je
veux juste bien comprendre, pour ceux...
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, faites votre échange avec notre invitée.
Mme Rizqy : Donc, êtes-vous d'accord que, lorsqu'on veut
améliorer la participation citoyenne, ce n'est pas en abolissant un
palier de décision où est-ce qu'on invite les gens, justement, à aller voter?
Mme Flon
(Malorie) : Bien sûr.
C'est-à-dire que, oui, c'est un palier démocratique qui va disparaître, donc ça
va être une occasion de participation citoyenne qui va disparaître.
Mme Rizqy : Vous avez sûrement
remarqué que, souvent, il y a des femmes, aussi, qui se présentent à titre de commissaires, que c'est leur première fois
qu'elles vont mettre, permettez-moi l'expression, leur face sur le poteau et
que d'autres, par la suite, vont pouvoir cheminer, vont devenir
conseillères de ville, mairesses, députées ici, à l'Assemblée nationale,
ou même au fédéral. Pensez-vous que, justement, en abolissant ce palier, on
peut peut-être même mettre un frein à certaines femmes qui n'auront pas
eu l'occasion, un jour, d'expérimenter la vie politique?
Mme Flon
(Malorie) : Toute abolition
d'une opportunité de participation citoyenne constitue un frein. Ça limite
les expériences de participation à la vie démocratique.
Mme Rizqy : Tantôt, vous avez dit, puis vous m'avez fait
sourire : Je ne suis pas juriste, et vous vous êtes tournée vers le ministre de l'Éducation en disant :
Dans la loi, ce n'est pas très clair, les pouvoirs qu'il va y avoir puis si on
veut vraiment participer. Puis, juste
avant, vous avez dit : Il faut faire aussi attention aux consultations
pour consulter, et ça, ça m'a vraiment fait sourire parce que...
J'aimerais ça que vous élaboreriez un peu là-dessus, parce qu'effectivement, lorsqu'on ne sait pas quels pouvoirs on a et qu'on
est consulté, mais que des fois on a l'impression qu'une consultation va
amener à une prise de décision, mais qu'on n'a pas eu la décision escomptée,
est-ce que ça peut faire en sorte que les gens, par la suite, vont être
découragés et même peut-être même, après ça, arrêter de participer?
Mme Flon (Malorie) : Bien sûr.
Il y a plusieurs éléments de réponse. Pour avoir une participation de qualité, c'est-à-dire qui va véritablement améliorer la
décision et l'éclairer, il faut une information adéquate. Donc, les élèves ont
besoin, si on les consulte, d'avoir une certaine information, ça a besoin
d'être clair, c'est quoi, le sujet, les paramètres. Il faut une diversité de
modalités de consultation pour aller rejoindre différents élèves. Est-ce qu'on
va juste s'adresser à
ceux qui parlent plus haut, mieux, fort ou est-ce qu'on va aller chercher les
autres catégories d'élèves également? Il y a plusieurs autres paramètres auxquels on doit faire attention. Il faut
évidemment clarifier qu'est-ce qui va être fait avec le résultat de la consultation, comment la
consultation va éclairer la décision. Il y a une gestion d'attentes à faire
quand on consulte. Donc, oui, une mauvaise consultation peut générer du
cynisme et du désengagement.
Mme Rizqy : Merci. Puis je sais que... Merci beaucoup pour
votre participation, parce que je peux vous dire que c'est une bonne
dose de fraîcheur en démocratie.
Mme Flon
(Malorie) : Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Mme la députée des Mille-Îles.
• (12 h 50) •
Mme Charbonneau : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour. Je vais
passer à travers vous pour passer un message en premier. Je vais vous
dire que la commission scolaire de Laval, en 2018, a fait un partenariat avec
vous et a fait une conversation publique sur
l'école lavalloise de demain. C'était en 2018, peut-être que je n'aurai pas la
chance et la joie de voir l'impact
que ça a eu pour susciter la démocratie scolaire à Laval, puisque, si la
tendance se maintient et le nombre de 75
contre le reste fait en sorte que le projet de loi passe, on ne verra pas le
résultat de la chose. Mais je veux vous dire que j'ai trouvé ça intéressant d'être assise dans la même salle que les gens
de commerce, des gens du municipal, des gens du tourisme, les gens qui
s'occupent de Laval mais qui se soucient aussi de son école publique, assis
dans la même salle. Ça fait que je vous le
dis, parce que j'ai eu le privilège de voir les gens que vous représentez en
action dans ce principe de consultation
là, j'ai trouvé ça très intéressant, et c'était une décision du conseil des
commissaires de faire ça. Donc, quelquefois, hein, il faut le savoir,
plus souvent qu'autrement, ils prennent des très, très bonnes décisions.
Ce
sur quoi je veux revenir, parce que vous êtes la deuxième personne à avoir le
souci de nous le signaler, quelquefois, quand je fais partie d'un milieu défavorisé, peut-être que les gens ne
pensent pas pouvoir participer parce qu'ils portent un propre jugement
sur leur valeur ajoutée. Et on sait que, si on n'entend pas les gens de milieux
vulnérables, bien, on va peut-être avoir une iniquité qui va s'installer sans
même s'en apercevoir. Pourquoi? Bien, parce que, quand j'ai un vocabulaire élaboré, quand je suis fière de moi,
quand je suis sûre de moi puis quand j'ai du temps et des sous pour s'occuper
du temps que je n'ai pas, bien, peut-être
que je peux faire valoir des idées que quelqu'un en milieu défavorisé ne
pourrait pas faire valoir.
Donc,
dans ma perspective à moi, puis je vous le dis bien sincèrement, je pense que mes collègues le savent maintenant, moi, la clientèle défavorisée, c'est une clientèle
que j'aimerais avoir sous mon aile de façon constante pour pouvoir vraiment adresser toutes les petites problématiques, que ce soit la faim, que ce soit l'aide aux
devoirs, ou tout le reste. Mais, si mon nombre est réduit, si mon conseil d'administration est géré autant par le personnel qui s'occupe de
ces écoles que les parents qui sont
mieux nantis, comment je fais de m'assurer d'une équité — et non d'une égalité, d'une équité — dans un milieu de vie? Puis moi, en ce moment, je pourrais vous
parler de Laval, là, mais, vous le savez comme moi, Laval, c'est
35 kilomètres par 45 kilomètres, et je passe de la pauvreté à la
richesse. Je le dis en toute humilité, parce que c'est une variante partout sur l'île, et je peux dire qu'en
ce moment j'ai une équité de services à Laval. Alors, quand je change le
système — puis je reprends le geste — je
change le paradigme, comment je fais pour m'assurer que je n'échappe pas ma
clientèle en milieu défavorisé?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Flon.
Mme Flon
(Malorie) : C'est une excellente question, et c'est une préoccupation,
aussi, que nous avons puis, je pense, que je
vous ai communiquée à travers le mémoire. On a la responsabilité de s'assurer une répartition équitable des ressources.
Comment est-ce que ça va se faire? Je ne le sais pas, ce n'est pas
très clair. Est-ce qu'il va y avoir des gens des ressources
éducatives sur les C.A. des centres de services? Je ne sais pas. Dans tous les
cas, il y a plusieurs stratégies
pour veiller à une répartition équitable, il y a des moyens d'aller susciter la
contribution des personnes vulnérables, de les faire se sentir assez compétents pour participer à des
décisions publiques. Puis, bien, il y a des données qui existent sur les
milieux, il faut que décisions soient prises sur la base de données. Mais
comment on a les données? En allant voir les gens, souvent, les
personnes concernées aussi.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée... Ah! Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis,
désolée.
Mme Maccarone :
Combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Thériault) : Trois minutes.
Mme Maccarone :
O.K. Merci pour votre présence aujourd'hui. Moi aussi, je vais utiliser votre
présence pour passer un message. Je ne sais
pas si vous êtes au courant ou si les collègues sont au courant, mais, au sein du conseil des
commissaires de Lester-B.-Pearson, ils ont deux élèves qui sont commissaires...
Une voix :
...
Mme Maccarone :
...oui, qui siègent, et ça, c'est un modèle. Là, je nomme juste une commission
scolaire, mais il y en a plusieurs, puis il
y en a plusieurs, puis ça, c'est quelque chose qu'on fait sans détruire le
système de gouvernance actuellement en place. Ça fait que c'est une modification facile à faire
dans la structure pour assurer qu'on a une participation citoyenne qui
est plus accrue puis de rejoindre la jeunesse.
Vous avez mentionné, dans votre témoignage, que... ma
collègue vient de le mentionner, l'accès pour les milieux défavorisés mais
aussi pour les parents des enfants, peut-être, handicapés, etc., puis je crois
que le chiffre que vous avez utilisé, c'est 5 %. Ça fait qu'on n'a pas
vraiment un taux de participation qui est favorable. On sait que c'est
difficile pour ces parents de participer, ils ont des contraintes de temps,
etc., puis leur situation, souvent, ne leur permet pas de participer. Selon
vous puis votre expertise, est-ce que le projet de loi n° 40
va permettre un meilleur accès pour les parents de ces enfants-là handicapés ou
en déficience intellectuelle?
Mme Flon (Malorie) : Pour l'instant, il
n'y a rien dans la lecture du projet de loi qui me permet de penser qu'il y a
des nouveaux moyens qui sont proposés pour favoriser la participation de ces
gens-là.
Mme Maccarone : Parfait.
Le système actuel qu'on a, présentement, on sait que, maintenant... J'aimerais
vous faire entendre par rapport au système de deux tracks, parce qu'on parle
vraiment d'abolir un système, un réseau de démocratie. On va garder une forme
de démocratie qui, selon moi, ne respecte pas la Constitution, qui protège la
communauté minoritaire d'expression anglaise, pour la communauté
anglophone, mais on va abolir ce palier de démocratie totalement pour les
francophones. Est-ce que ça, ça représente une problématique, selon vous?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Flon.
Mme Flon
(Malorie) : Oui. Ce n'est pas une problématique que j'ai examinée,
donc je ne me sens pas à l'aise de me
prononcer dessus, mais, selon les observations qu'on voit dans les médias, en
effet, il y aurait une iniquité, mais je ne voudrais pas en dire plus.
Mme Maccarone :
O.K. Une dernière question pour vous, parce que j'ai entendu mes collègues
parler de pouvoirs des parents, puis ça
serait un... pouvoirs des parents qui sont accrus. Actuellement, dans le
système que nous avons pour les
élections des membres qui siègent sur
le conseil de commissaires, savez-vous si les parents sont exclus à se
présenter pour toutes les positions qui sont disponibles?
Mme Flon
(Malorie) : Non, les parents peuvent se présenter.
Mme Maccarone :
Ça fait qu'actuellement, si on a 13 ou 10, tous les parents peuvent se
présenter?
Mme Flon
(Malorie) : Oui.
Mme Maccarone :
Ça fait que ça veut dire qu'ils ont déjà un pouvoir de représentation, ils ont déjà un
pouvoir de participer. Puis, dans le projet de loi n° 40, ça veut dire qu'ils vont diminuer le nombre de
parents qui auront un siège autour de la table, n'est-ce pas?
Mme Flon
(Malorie) : Oui.
Mme Maccarone :
Est-ce que ça, c'est un pouvoir accru?
Mme Flon (Malorie) : Un pouvoir accru, non, mais le projet... C'est
sûr que le vrai problème, ce n'est pas que les parents n'ont pas
l'opportunité de se présenter, c'est le taux de participation qui est le vrai
problème.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je dois mettre fin à l'échange. Je vais passer, maintenant, la parole à la députée de Joliette.
Et il y a déjà eu un consentement ici, entre les différents
partis, pour verser le temps de la députée de Sherbrooke au profit de la
députée de Joliette, avec le consentement du ministre
et de l'opposition officielle. Mme la
députée de Joliette,
vous avez près de cinq minutes.
Mme Hivon : Merci. Vous ne savez pas la chance que j'ai aujourd'hui, j'ai cinq minutes au lieu de 2 min 40 s, donc c'est
Noël.
Oui,
alors, écoutez, bien, merci beaucoup, c'est intéressant,
c'est une perspective un peu différente. Je me demandais, vous avez abordé,
avec ma collègue de Mille-Îles, rapidement, la question de l'équité, vous avez beaucoup
parlé de la question de... dans la
répartition des ressources, mais est-ce
que vous vous êtes penchés sur... Le
groupe qui vous précédait nous disait que
ce serait important que l'équité soit vraiment une fonction, de
s'assurer de l'équité, assumée par les nouveaux conseils d'administration, donc, des centres de services. Est-ce
que vous vous êtes penchés sur toute cette notion d'équité là en lien avec le fait que, là, il va y avoir un libre
choix complet pour la fréquentation des écoles, puisqu'il n'y aura plus de lien
avec le territoire dans l'article 1 du projet de loi? Vous n'avez pas
regardé cette question-là spécifiquement?
Mme Flon (Malorie) : Vous m'amenez dans un niveau d'analyse pour
lequel on ne se sent pas suffisamment experts.
Mme Hivon :
Parfait, c'est ce que je voulais savoir. En termes de consultation, puis de
comment faire atterrir des réformes, puis de
s'assurer d'un consensus social, ce qui est un peu votre expertise, est-ce que...
Là, on a une réforme sur les structures, la
gouvernance, avec certains autres éléments qui arrivent, mais ça n'a pas été
précédé d'une vaste consultation sur les enjeux de fond, je dirais, sur quelle
est l'école qu'on veut, en ce moment, sur l'école à deux vitesses, à trois vitesses, sur des enjeux d'équité, notamment.
Est-ce qu'on aurait dû faire ça ou
est-ce qu'on bénéficierait, comme société, de faire les choses dans cet
ordre-là?
Mme Flon
(Malorie) : Oui, clairement,
nous aurions bénéficié d'avoir un débat social plus large, je crois, sur cette
question-là pour examiner différents
scénarios, confronter les idées dans la discussion aussi. Là, vous avez une
succession de points de vue
individuels qui vont, certes, vous informer, mais je crois qu'on aurait
bénéficié de faire aussi délibérer les acteurs entre eux sur ces
questions-là, et peut-être que des recommandations s'en serait dégagées.
Mme Hivon :
Parce qu'il y a une force au travail qu'on fait puis qui peut se répercuter,
via les médias, dans l'espace public, ce qui engage un dialogue, mais je pense
qu'il faut faire les choses dans l'ordre et je pense aussi qu'il faut se
donner du temps, parfois, quand on fait des
réformes comme celle-là. Malheureusement, je pense qu'en ce moment on ne
travaille pas dans les conditions
idéales parce qu'on met cette réforme-là avant d'avoir fait le débat sur le
fond et parce qu'on travaille avec un
échéancier très serré, parce que le ministre a déclaré que, le 29 février,
les commissaires scolaires n'auraient plus les responsabilités qu'ils assument à l'heure actuelle, donc ça met un
peu de pression, je dirais, pour un sain débat public. Est-ce que le facteur temps est un élément, dans
la saine délibération, pour bâtir des consensus et faire atterrir des réformes?
Mme Flon (Malorie) :
Absolument.
Mme Hivon :
Merci. Ça a l'air arrangé, là, mais on ne s'était pas...
Mme Flon (Malorie) : Ça ne
l'est pas.
Mme Hivon :
Non, c'est parce que moi, j'ai été très marquée, comme certains le savent, par
mon expérience avec l'aide médicale à mourir. Je ne dis pas que c'est la
même chose, mais le facteur temps et l'aspect délibératif a aidé beaucoup à bâtir les consensus. Puis je pense que,
quand on change des choses comme ce qu'on change aujourd'hui, qui vont affecter tout le système scolaire, il ne faut
pas minimiser comment une réforme va atterrir, comment on a pu bâtir le
consensus pour que les acteurs se sentent mobilisés et qu'il y ait cette
adhésion-là.
Mme Flon
(Malorie) : Oui. Puis, si je
peux me permettre, pour qu'il y ait un débat social efficace, aussi, il y a un
volet d'information qui est important. Et je pense que, dans la société
québécoise, il y a encore une mécompréhension de certains rôles, de comment les pouvoirs se répartissent,
actuellement, même entre les différents acteurs, et puis, oui, on aurait
bénéficié de temps pour pouvoir avoir ce débat-là.
• (13 heures) •
Mme Hivon : Oui.
Puis moi, je donne un exemple en termes... je ne sais pas si le ministre va la
faire, là, cette campagne d'information là,
mais toute la question, justement, de la fréquentation des écoles, du changement,
un peu, des écoles de quartier, des
impacts que ça peut avoir pour les écoles de village. En ce moment, il n'y a
pas de débat là-dessus, les gens ne
sont pas au courant parce qu'ils pensent qu'on est juste dans la question des
structures. C'est d'abord ce dans quoi on est, mais, je pense, c'est un
enjeu important.
Je voulais
vous amener, ma collègue y a fait référence, vous aussi... la présence des gens
qui s'impliquent. Certains nous ont
dit que, souvent, il y a une disproportion de gens de milieux économiquement
plus favorisés qui vont s'engager plus
facilement, pour toutes sortes de raisons qu'on peut imaginer. Comment on fait?
Parce que, là, on a un double défi, il va y avoir plus de parents... bien, pas
plus de parents, on se comprend, mais, dans la composition, il y a une
proportion forte réservée aux parents
versus les membres de la communauté. Un, ça, j'aimerais ça vous entendre à
savoir si on a le bon équilibre.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 20 secondes.
Mme Hivon :
Ah! puis, deux, comment on fait pour stimuler la participation de gens qui
participent moins facilement?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il vous en reste 15.
Mme Flon
(Malorie) : Pour susciter la
participation de gens qui participent moins facilement, il faut des ressources,
il faut du temps, il faut du monde qui font
des liens. On passe par des organismes, on fait des appels, on va rencontrer
des gens, on crée une relation de confiance. Donc, il y a des ressources
à mettre en place.
Sur
l'équilibre, comme je vous dis, je préférerais m'abstenir de dire un nombre
adéquat, là, pour les centres de services, mais c'est certain que je vois d'un bon oeil qu'il y ait des
représentants de la communauté. En même temps, ma compréhension, c'est
que ces gens-là seront élus par les parents, donc est-ce qu'on ne passe pas un
peu à côté de la... Je pose la question. Il y a aussi une question...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je vous remercie de votre contribution, Mme Flon.
Nous allons maintenant suspendre les travaux, et
nous les reprendrons à 15 heures. Merci. Bon appétit!
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise à 15 heures)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc,
ayant constaté le quorum, la Commission
de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre la sonnerie de
vos appareils électroniques.
Et nous
poursuivons les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières et des auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Cet
après-midi, nous entendrons la Fédération des cégeps, l'Institut de coopération
pour l'éducation des adultes, la Fédération québécoise des
municipalités et la Fédération des syndicats de l'enseignement.
Donc, je
souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération des cégeps.
M. Tremblay, vous avez à peu près une
dizaine de minutes pour nous faire votre exposé et nous présenter les gens qui
vous accompagnent, et par la suite ce sera les échanges avec les
parlementaires. Bienvenue à l'assemblée.
Fédération des cégeps
M. Tremblay
(Bernard) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mmes, MM. les députés.
Je commence donc en me présentant, Bernard Tremblay, je suis le
président-directeur général de la Fédération des cégeps. Je suis accompagné,
à ma gauche, de M. Sylvain Lambert, qui est le président de notre Conseil
des directions générales puis qui est également le directeur général du cégep Édouard-Montpetit, à ma droite,
Me Annie Kirouac, qui est avocate, donc, au Service juridique de la
fédération.
Nous sommes
ici aujourd'hui pour représenter, évidemment, les 48 cégeps du Québec, et
nous vous remercions de nous donner
l'occasion de commenter le projet de loi n° 40, dont certaines
modifications législatives présentent un intérêt pour nos membres.
D'entrée de jeu, je me permettrai de préciser
que, pour nous, les modifications apportées, donc, à la structure décisionnelle
des commissions scolaires n'ont de sens que si elles contribuent à améliorer
les services éducatifs offerts aux élèves.
C'est donc dans cette perspective que nous avons analysé le projet de loi. Mais
nous pensons aussi qu'elles doivent préparer les élèves du secondaire, donc, à
la poursuite de leurs études au niveau collégial, s'ils le souhaitent. C'est
donc dans la perspective du continuum de
formation entre les ordres d'enseignement que la Fédération des cégeps se
prononce sur ce projet de loi.
Parmi les éléments qui nous interpellent plus
particulièrement, on retrouve des éléments de centralisation qui nous paraissent présenter un certain risque de
déconnexion par rapport aux réalités régionales et institutionnelles. Il y a un
risque d'alourdissement des processus et de
la reddition de comptes en ce qui concerne notamment les analyses qui
pourraient être exigées par le ministre en matière de partage de ressources
et des services. Il en va de même pour l'autorisation nécessaire avant de
procéder à des travaux de construction, d'agrandissement ou de rénovation, par
exemple.
Vous savez,
les réseaux de l'éducation doivent répondre aux besoins des élèves et des étudiants
selon des échéanciers serrés et avec un cycle de gestion, je dirais, qui est
particulier et qui est différent de celui du gouvernement. C'est
pourquoi l'ancrage de la gouvernance des établissements dans leurs régions est
une caractéristique fondamentale en éducation.
Comme première recommandation de notre mémoire,
nous demandons que le projet de loi valorise cet ancrage de la gouvernance des centres de services
scolaires et des établissements dans leurs communautés. Nous proposons
également que les centres de services
scolaires disposent du libre choix de convenir d'une entente de partage de
services. Le projet de loi comporte un pouvoir au ministre qui nous
questionne un peu à cet égard.
En ce qui
concerne la composition des conseils d'administration des centres de services
scolaires, nous notons avec satisfaction qu'un membre du personnel ne pourra
représenter une association de salariés d'un centre. Il s'agit d'un
élément important, selon notre expérience.
Nous recommandons cependant, sur la base de notre expérience que nous avons
vécue, donc, dans les cégeps,
d'introduire une disposition équivalente à l'article 12 de la Loi sur les
collèges d'enseignement général et
professionnel pour renforcer la notion de primauté des intérêts du centre
lorsque des décisions sont prises avec des membres de l'interne.
Sur ce, je vais laisser mon collègue poursuivre
la présentation.
M. Lambert
(Sylvain) : Oui. Dans la
recommandation 4 de notre mémoire, nous demandons qu'un siège soit réservé
à un représentant des cégeps au sein du
conseil d'administration du centre de services scolaire, au même titre que les
conseils d'administration des cégeps
comprennent actuellement des membres de commissions scolaires et un membre des
universités. Cette pratique, pensons-nous,
favorise les relations entre les établissements sur des enjeux comme la
persévérance scolaire ou la mise en commun de services, par exemple.
De même, le
comité d'engagement pour la réussite des élèves, dont la composition est
définie dans le projet de loi, devrait
aussi comprendre un représentant des cégeps pour occuper le siège réservé à un
membre issu de la recherche en éducation.
Plusieurs projets de recherche sur la réussite au collégial sont en cours dans
les cégeps, nous possédons donc une vaste expérience dans le domaine.
Par ailleurs,
le projet de loi nous semble un peu trop discret quant au profil attendu des
membres parents qui occuperont les huit sièges du conseil. Pour que ce conseil
dispose des expertises nécessaires pour exercer une gouvernance représentative, nous proposons, dans notre recommandation 5, qu'il soit demandé aux
centres de services scolaires d'élaborer un profil de compétence de tous
les membres de leur conseil d'administration.
La notion
d'allocation de présence au conseil d'administration prévue dans le projet de
loi a également retenu notre attention, et nous accueillons
favorablement cette mesure. Nous recommandons par conséquent que le
gouvernement se penche sur les moyens à mettre en place
pour traiter de manière équitable tous les membres externes des centres de
services scolaires mais aussi des cégeps. Je te redonne la parole.
M. Tremblay (Bernard) : Si vous
le permettez, je terminerai avec deux remarques.
La première concerne l'article 34 du projet
de loi, qui permet exceptionnellement aux directeurs d'école de majorer le résultat d'un élève après avoir
consulté l'enseignant. Cette disposition pourrait entraîner, selon nous, une
utilisation de ce pouvoir sans le
consentement de l'enseignant, à qui nous reconnaissons le jugement
professionnel requis pour assumer cette
fonction d'évaluation dans sa classe. Et, si ce n'est pas le cas, nous croyons
que le centre de services scolaire devrait avoir la capacité d'agir face à un enseignant qui comporte des problèmes
de compétence ou autres, là, alors, si ce problème, évidemment, est de
cet ordre-là.
Notre deuxième remarque est plutôt une mise en
garde. Alors, certains groupes que vous entendrez dans le cadre de ces auditions pourraient vouloir saisir
l'occasion pour s'inviter dans un débat non sollicité sur la gouvernance de
la formation professionnelle. Or, il serait
dangereux de croire que la solution du problème de rareté de main-d'oeuvre passe par la prise en charge
de cette gouvernance par les entreprises
ou les associations d'entreprises. Cela pourrait avoir pour conséquence
d'imposer un virage utilitariste à la formation professionnelle, au détriment
de la formation fondamentale nécessaire aux travailleurs et à tous les
citoyens.
En ce qui
concerne l'identification des besoins de formation, qui serait aussi la cause
de la rareté de main-d'oeuvre, selon
certains, nous voulons rappeler que les conseils régionaux des partenaires du
marché du travail jouent un rôle important à cet égard, il serait inutile d'ajouter une autre instance consultative
décisionnelle. Nous invitons donc le ministre à rediriger ce débat de société vers les membres de la
Commission des partenaires du marché du travail. Évidemment, cette mise en
garde concernant la formation professionnelle s'applique aussi à la formation
technique.
Nous vous
remercions pour votre écoute, et nous espérons que vous prendrez en
considération nos remarques. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci beaucoup, M. Tremblay.
Donc, sans plus tarder, je me tourne vers le ministre pour votre bloc
d'échange de 16 minutes. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Plusieurs questions pour vous, d'abord parce que, bon, vous arrivez à titre de
partenaire du réseau de l'éducation, mais aussi avec un partenaire qui a un mode de gouvernance qui est différent de qu'est-ce
qu'on a dans le réseau scolaire, sans élection au suffrage universel puis...
Parce que, pour mettre en jeu notre
proposition, on a regardé ce qui se faisait ici, ce qui se faisait ailleurs, ce
qui se faisait dans le réseau universitaire, collégial, donc chez nous
et ailleurs. De votre côté, les conseils d'administration dans les cégeps fonctionnent avec un nombre de personnes
qui représentent diverses catégories. Pourriez-vous exposer aux gens quelle est
la composition habituelle d'un conseil d'administration sur un cégep?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lambert.
M. Lambert
(Sylvain) : Je vais y aller
de mémoire, je vais essayer de ne pas en oublier. On a des étudiants, on a des
enseignants, il y a aussi les gens du milieu socioéconomique, deux représentants, il y a des gens du milieu de l'industrie, des industriels, donc, qui sont présents, il y a
aussi un représentant universitaire, représentant de commission scolaire, des anciens diplômés soit du
secteur technique, secteur préuniversitaire. Et là j'espère que je n'en oublie
pas, mais ça représente assez...
Donc, on
parlait du profil de compétence, c'est quand
même une représentation intéressante de la société. Et ce mélange interne-externe, là aussi, fait des débats
fort intéressants, parce qu'évidemment, là, nous, on arrive avec des positions qui
ont été débattues à l'interne. C'est intéressant pour alimenter la réflexion
que les gens de l'interne y soient, mais évidemment
il faut... Et c'est comme ça qu'est prévue, aussi, la loi chez nous. Il y a
quand même une majorité de membres externes,
bien sûr, pour assurer une bonne gouvernance. Donc, on a vraiment des
représentants très diversifiés sur nos conseils d'administration.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Merci. Je fais des liens avec l'intervention précédente, en fin d'avant-midi,
où on avait l'INM, l'Institut du Nouveau Monde, qui nous parlait de ces
gouvernances-là, avec les gens qui sont utilisateurs, ou parents-utilisateurs,
ou des fois des gens qui sont dans
l'instance elle-même, comme des profs, des choses comme ça, parce qu'on pouvait
les compter comme utilisateurs aussi.
Donc, vous avez des C.A. avec une pluralité d'acteurs, des gens de l'interne,
des gens de l'externe, des gens qu'on pourrait qualifier d'utilisateurs, des gens
qu'on pourrait qualifier de membres de la communauté ou, enfin, de partenaires, et vous avez combien de personnes?
Tout ce monde-là, quand on additionne tout ce monde-là, ça fait des C.A.
de combien de personnes, à peu près?
• (15 h 10) •
M. Lambert
(Sylvain) : En général,
c'est 19 personnes. Il y a certaines exceptions, là, quand il y a des
écoles nationales ou des situations particulières, ça peut aller
jusqu'à 21, mais...
Une voix : ...
M. Lambert (Sylvain) : ...cégep
régional, oui, mais sinon, c'est 19, la norme dans le réseau.
M. Roberge :
O.K. Donc, on n'est pas très loin du modèle proposé ici avec nos centres de
services, où on arrive à 16. Mais ça
peut être un peu plus nombreux, dans le cas du réseau anglophone, là, ça
pourrait monter jusqu'à 20. Donc, entre 16 et 20, on
n'est pas loin de 19.
Vous
vous intéressez, dans votre mémoire, à un point qui n'a pas été soulevé par les
intervenants précédents, donc je
trouve ça intéressant, la notion de compensation ou de jetons de présence, parce que
beaucoup de gens ont dit : Bien, voyons, ça ne marchera pas, les
C.A., les centres de services, on demande à des bénévoles de venir faire un
travail qui devrait prendre des heures, et
des heures, et des heures. Bon, on extrapole en pensant que les gens sur le
C.A. feraient le même travail que les
commissaires. C'est faux. En partant, on ne demandera pas aux gens qui sont sur
les C.A. de faire le travail des commissaires.
Mais, si on veut un comparable, puisqu'on n'a pas des C.A. sur nos centres de
services en ce moment, on n'a pas encore nos centres de services, on va se
tourner vers vous, peut-être deux questions. Vos C.A. se rencontrent combien
de fois par année? Et est-ce qu'il y a une
espèce de compensation financière ou de jetons de présence pour participation
sur vos instances?
M. Lambert (Sylvain) : ...bon, je vais continuer. Bien, non, il n'y a pas
de jeton de présence, donc, c'est un engagement
bénévole. Évidemment, ça peut être variable selon les cégeps, le nombre de
rencontres, mais, généralement, il y en a au moins six par année,
parfois plus, ça peut aller à huit, 10 dans des années où est-ce qu'il
doit y avoir des C.A. extraordinaires pour
des questions, des situations particulières. Mais je pense que, si on dit
entre six et 10 par année, c'est
pas mal ce à quoi ça ressemble, là, le nombre de rencontres.
Évidemment,
il y a aussi des comités. Il y a un comité exécutif, là, qui est prévu dans la
loi. Il y a aussi des comités, souvent, d'audit finances, des comités de
gouvernance, tout dépendant, là, encore une fois, de la gouvernance locale.
Donc, il y a des gens qui sont plus impliqués, pour qui c'est peut-être plus
demandant, il y a des réunions qui s'ajoutent, mais ça se fait de manière bénévole, et généralement les
gens sont là parce qu'ils croient en la cause, parce qu'ils veulent contribuer,
là, à l'avancement de l'éducation au Québec.
M. Tremblay
(Bernard) : Mais, j'ajouterais, si on a mentionné, évidemment, cette
considération-là des jetons de présence... on sait que, bon, c'est une
recommandation de l'IGOPP, on sait que, de plus en plus, on implante plusieurs recommandations, y compris dans les cégeps, des
recommandations de l'IGOPP qui impliquent plus de réunions, plus de comités,
que la gouvernance, donc, ne se limite plus à participer une fois par mois à un
conseil d'administration mais à avoir, donc,
des comités ad hoc ou des comités statutaires, et donc, dans ce contexte-là, on
pense que la tendance nous amène à dire que, oui, ça prend une
reconnaissance, au-delà de l'engagement des gens, pour être sûrs que le travail
se fait avec tout le sérieux nécessaire.
Même si, présentement, on a des gens engagés, les gens commencent à nous
dire : Bien, on est un peu
essoufflés puis on trouve que c'est exigeant, ce qu'on nous demande, d'ajouter
un comité RH, puis d'ajouter un comité de gouvernance, puis un comité de
finances, etc.
M. Roberge :
O.K. Mais donc c'est une bonne idée d'avoir une espèce de compensation, des
jetons de présence. Aussi, je le
précise, les gens qui siégeront sur les conseils d'administration, au-delà...
qu'on estime en ce moment... Puis ce
n'est pas fait, hein, il ne faut pas mettre la charrue devant les boeufs, le
projet de loi n'est pas sanctionné, les règlements ne sont pas adoptés. On a une intention, qu'il
faut mettre sur la table, d'environ 100 $ par rencontre comme jeton de
présence. 10 à 12 rencontres par
année, ça fait quand même un peu plus de 1 000 $. Puis ce qu'il y a
en ce moment aussi, les frais de
déplacement, tout ça, évidemment, ça serait compensé, surtout quand on pense
qu'il y a des très grandes commissions scolaires.
Des fois, on pourrait avoir quelqu'un qui fait 30, 40, 50, 60 kilomètres,
facilement, pour se rendre à la rencontre, puis évidemment ça serait
compensé.
Mais
ça nous amène, à vous entendre, à voir que ça se peut, trouver... des cégeps,
il y en a une quarantaine au Québec, ça se peut, trouver 40,
50 fois 10 personnes qui sont bénévoles, qui sont compétentes,
qui veulent donner de leur temps. Ça se fait
même bénévolement dans le réseau des collèges, des cégeps, pas de raison que ça
ne pourrait pas se faire, avec jetons de présence, dans le réseau des
commissions scolaires, devenues des centres de services. Ce n'est pas une
utopie de penser ça, d'autant plus
que la Fédération des comités de parents nous a dit : Nous autres, on en a
plein, de parents qui le feraient.
M. Tremblay
(Bernard) : J'ajouterais, par ailleurs... puis, oui, je pense que vous
avez raison de le dire, mais en même temps... puis c'est ça aussi, le
sens de notre propos en introduction, ce lien entre la communauté et la maison
d'enseignement.
Vous
savez, on administre des fonds publics, c'est normal qu'on rende des comptes à
l'État, mais en même temps c'est important que les gens qui sont au
conseil d'administration aient le sentiment de vraiment faire oeuvre utile et
de non pas seulement sanctionner des choses.
Et ça, on l'entend dans nos conseils d'administration, où les gens nous disent :
Écoutez, il y a beaucoup de redditions de
comptes au gouvernement, est-ce qu'on a un rôle vraiment utile, nous? Alors, je
le dis, de façon générale, je pense
que ce souci-là, comme parlementaires, vous devez l'avoir. En tout cas, je
profite de l'occasion pour vous le souligner, donc, que les gens sentent
vraiment leur contribution, et je pense que ça, c'est gage d'engagement.
M. Roberge :
Je pense, c'est très important, justement, d'aller dans un contexte de respect
de l'implication des gens, donc de reconnaître au conseil d'administration du
centre de services une liberté de choix, une capacité d'agir, puis même chose pour, dans notre cas, les conseils
d'établissement aussi. Si on veut que les gens s'investissent, les gens
viennent, il ne faut pas qu'ils aient
l'impression d'être des plantes vertes autour d'une table puis d'être là pour
être là, de servir de quorum. Je pense, il faut respecter les gens.
Un autre élément sur lequel j'aimerais
vous questionner, c'est la question de porte-parole, de représentant officiel. Dans le modèle proposé avec le projet de loi n° 40, les gens sur les conseils d'administration se
trouvent à être élus différemment. Moi, je dis qu'ils vont être élus
deux fois. Souvent, ils vont être élus sur le conseil d'établissement puis, après ça, ils vont être élus sur le C.A., mais
après, sur le C.A., ils font un travail d'administrateur, de veille. Ce ne
seraient plus eux, les porte-parole, ce seraient eux qui nommeraient le directeur
général ou la directrice générale en tant que porte-parole. Des gens nous ont dit : Ah! bien là, ça n'a
pas de bon sens, d'aller empêcher les gens de s'exprimer, vous allez museler les gens, les directions générales ne
contesteraient pas le gouvernement, les directions générales ne pourraient pas
prendre un ministre ou un gouvernement de front. Est-ce que vous avez l'impression que les directions
générales des cégeps, parce qu'elles ne sont pas élues, ne peuvent pas
critiquer le gouvernement ou dénoncer même un geste ou une parole prononcés par un ministre ou un premier ministre? Est-ce que vous vous sentez muselés parce que
vous n'êtes pas élus au suffrage universel?
M. Tremblay
(Bernard) : Si je réponds, est-ce que
vous allez avoir l'impression que je muselle mon président? Non, mais j'ai le
goût de dire... Je pense qu'effectivement... Je ne crois pas, hein, de pouvoir...
En fait, je peux témoigner que je ne
crois pas que les directions générales de cégep, là, se sentent muselées. Mais
par ailleurs, évidemment, je pense que, dans leurs prises de
position publiques, ils prennent une position administrative.
Évidemment,
à partir du moment où on change une gouvernance, entre guillemets, politique à
une gouvernance plus administrative, là, on comprend que le porte-parole de
l'établissement, il est souvent mandaté pour expliquer, dans le fond,
des décisions de l'organisation. Et souvent, dans notre expérience, la
direction générale, parce qu'elle a une connaissance
de l'ensemble des dossiers de l'établissement, est bien placée pour dire :
Bien, voilà pourquoi telle situation s'est produite, voilà quel choix on a
fait, mais c'est sûr que c'est plus dans un rôle, j'oserais dire, explicatif
que dans un rôle de revendication,
parce qu'évidemment, à partir du moment où on est des gestionnaires, on est
dans une autre posture.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le député de Saint-Jérôme, il vous reste
5 min 30 s.
M. Chassin : Merci. En ajout sur cette question-là, est-ce
que, par exemple, les cégeps bien
implantés dans leur communauté ne portent pas parfois aussi la voix de
leur communauté pour faire valoir certains besoins?
M. Tremblay
(Bernard) : Oui, tout à fait. Effectivement, peut-être, ma réponse n'a pas mis ça en évidence. C'est
sûr qu'il y a, comment dire, les besoins de la région, les besoins en matière
d'enseignement supérieur, c'est sûr que les directions
générales sont en mesure de les partager. Et je pense que mon collègue peut
ajouter avec des exemples concrets.
M. Lambert (Sylvain) : Oui, tout à fait. Mais, de toute façon, juste
dans l'actualité, aujourd'hui, vous verrez que des directeurs généraux prennent
position, et il n'y a rien qui empêche, en effet, quand ils représentent... et
d'où l'importance de la représentativité au sein de la gouvernance pour que la
position du cégep que représente le directeur général soit celle d'une
communauté, soit celle d'un milieu qui s'affirme, là.
M. Chassin : On y reviendra peut-être, mais, justement, dans le projet de loi
n° 40, on a un peu cette intention là d'ancrer tant les C.A. que
les conseils d'établissement avec la communauté. Je voudrais quand même attirer
l'attention des gens ici et des gens qui
nous écoutent sur une proposition que vous faites. En fait, vous parlez de
reproduire l'article 12 de la
Loi des collèges d'enseignement dans le projet de loi n° 40,
spécifiquement. Bien en fait, vous pouvez peut-être nous résumer l'article 12, Mme Kirouac, pour
expliquer en quoi ça peut être intéressant, dans la gouvernance, de garder ce
principe.
Mme Kirouac (Annie) : En fait, pour résumer l'article 12,
l'article 12, vous avez quatre alinéas qui parlent, un, évidemment, du principe de conflit
d'intérêts, où on doit se retirer et
le dénoncer, mais il y a des alinéas qui prévoient un automatisme, pour les membres du personnel, où ils
doivent se retirer quand ils ont à voter sur lien d'emploi, rémunération,
conditions de travail soit de leur catégorie
d'employé ou une autre catégorie également. Alors, il y a un automatisme que nous, on
considère qui devrait être reproduit au niveau, là, des conseils, là, pour les
commissions scolaires.
• (15 h 20) •
M. Chassin : C'est une suggestion que je trouve intéressante. Parfois, justement, en
regardant d'autres lois dans d'autres ordres d'enseignement, on peut
s'en inspirer.
Vous
parlez du partage des services aussi, à la page 3 de votre mémoire, puis,
dans le fond, j'essaie de bien vous suivre,
là, quand vous parlez du libre choix, finalement, du centre de services par
rapport à une entente. Évidemment, ça signifie, à quelque part, que,
dans l'article, vous souhaiteriez que le ministre ne puisse pas exiger, en
fait, en partage... Je ne sais pas, puis là j'essaie de voir avec vous... Dans
l'article proposé, il y a plusieurs étapes, hein? Donc, on voit qu'il y a une progression, il y a une réflexion,
il y a même une analyse. Autrement dit, le «exiger» arrive un peu à la fin
d'un processus où tous les acteurs sont
impliqués, où il y a, dans le fond, des données probantes. Est-ce que vous
n'avez pas l'impression que,
justement, en plaçant le «exiger» à la fin on montre à quel point on fait
d'abord une démarche de bonne foi
avec tous les acteurs? Et en même temps, puis là c'est une question, peut-être,
un peu plus, justement, de gouvernance ou
de responsabilité ministérielle, ultimement, mais, comme il s'agit de données
publiques, est-ce qu'il n'est pas légitime qu'un ministre du gouvernement soit
responsable de ces dépenses-là, et, à tout prendre, le ministre de l'Éducation,
ce serait peut-être le plus indiqué?
M. Tremblay
(Bernard) : Oui. En fait, je vous dirais, nous, selon notre
expérience, quand il y a des orientations, des souhaits qui sont émis par notre
ministre, effectivement, ils sont pris en considération, ils sont analysés.
Et
je reviens encore sur l'importance de tenir compte du contexte de chacune des
régions. Et donc, avec tout le respect que j'ai pour les gens qui sont à
Québec, il reste quand même que les gens de la région ont une capacité de tenir compte d'enjeux qui, parfois, peuvent
échapper aux gens qui sont à Québec, et au-delà des individus, hein, parce que,
comme on dit souvent, quand on parle d'un
projet de loi, ce projet de loi là, s'il entre en vigueur, il nous dépassera
tous, en termes de durée. Et donc ce
n'est pas un enjeu par rapport aux personnes, mais c'est un enjeu par rapport
au fait que, de façon naturelle, l'organisation des ministères peut conduire
à un crescendo qui se ferait très rapidement et qui se conclurait assez
rapidement par une conclusion du type : Bien, vous devez le faire. Et on
pense, nous...
Puis,
vous savez, il y a un autre débat, actuellement, qui est en cours sur le Centre
d'acquisitions gouvernementales, il y a des liens à faire. Pour nous, c'est
important, si le message est lancé, de dire : Travaillez ensemble. Les
gens vont le faire. Les réseaux de l'éducation sont des réseaux très
collaboratifs quand ils comprennent bien les orientations du gouvernement, et on pense donc que d'y aller sur
une base volontaire est suffisant et produirait les effets qu'on souhaite
obtenir.
M. Chassin : Même si, à la fin, la responsabilité ministérielle doit être, à quelque
part, inscrite dans le projet de loi, est-ce que vous êtes sensibles à
cet argumentaire?
M. Tremblay
(Bernard) : Puis c'est intéressant de la façon dont vous l'amenez,
parce que je vous réitère que, si on veut que nos conseils d'administration
aient le sentiment qu'ils dirigent quelque chose, il faut à tout le moins
qu'ils aient cette capacité-là,
réelle, sans avoir toujours une épée de Damoclès, en disant : Si vous ne
faites pas ce qu'on veut, bien, on va vous le dire, quoi faire. Et ça, c'est un
signe qu'on voyait dans le projet de loi, sur lequel on voulait vous mettre en
garde, parce que l'éducation,
contrairement à la santé, dans la plupart des systèmes d'éducation dans le
monde, est justement... on valorise
l'implication locale et on pense que c'est important, donc, que ça ne soit pas,
donc, une espèce d'automatisme, là, de sanction ministérielle, à la fin.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange. Donc,
je me tourne du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de
Saint-Laurent, la parole est à vous pour 16 minutes.
Mme Rizqy :
Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Ah! excusez, 10 min 40 s,
pardon.
Mme Rizqy :
Ah! j'étais très heureuse pendant un moment.
Merci,
et bienvenue parmi nous. Tantôt, vous avez parlé de gouvernance bien ancrée, de
ne pas avoir le sentiment de,
justement, juste sanctionner, «rubber-stamping», comme on dit souvent en
anglais. Et le ministre parle beaucoup d'inverser le paradigme et
ramener le pouvoir au centre de ceux qui sont plus proches des élèves.
Pourtant, dans le projet de loi, il y a
beaucoup : par règlement, par règlement, par règlement. Donc, clairement,
on voit qu'il y a aussi une indication que ça va être centralisé ici, à Québec. Et vous avez aussi dit, pour
reprendre votre expression : Avec respect, des fois les gens de
Québec, ils peuvent en échapper, et que les gens de régions sont mieux placés.
Je
m'en voudrais énormément de ne pas ouvrir cette parenthèse aujourd'hui, car
cette semaine a été lourde en émotions pour nous, à l'Assemblée
nationale. Nous avons reçu des étudiants étrangers dans nos tribunes, nous
avons vu des étudiants manifester devant
l'Assemblée nationale, et vous avez dit d'entrée de jeu que vous représentez
les cégeps. Alors, suite à une
décision par règlement, le ministre de l'Immigration... voici ce qui arrive
pour le cégep de Matane : 45 % des étudiants viennent d'ailleurs, risque de coupures de professeurs, de six
à sept postes qui peuvent être coupés, programmes à risque : photographie, tourisme, animation
3D, où 60 % des étudiants viennent de l'étranger, alors que le taux de
placement est très, très élevé. Le
cégep de Saint-Félicien, ce matin... c'est Mme Prescott qui est la D.G.,
qui s'exprimait à Radio-Canada : 25 %
de la clientèle provient de l'international, technique en transformation des
produits forestiers, 50 % des étudiants inscrits sont de
l'international...
M. Émond :
...
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, question de règlement, M. le député de Richelieu?
M. Émond :
Je soulèverais l'article 211 de notre code — puis je m'excuse, là, je m'excuse quasiment
de soulever un point de règlement en consultations particulières, ce
n'est pas quelque chose qui est usuel — comme la collègue de Sherbrooke l'a fait d'entrée de jeu lors du début
de nos travaux, puis simplement pour recadrer le débat. Donc,
l'article 211, au niveau de la
pertinence... Je sais que c'est très tentant, puis la collègue sait que j'ai
beaucoup de respect pour elle, d'amener les débats du salon bleu vers
les salles de commission, mais je pense que de parler d'immigration... Même si
on parle... dans un contexte collégial, là,
on est dans un projet de loi qui vise à réformer la gouvernance du collège...
Je vous demanderais de demander à la collègue de revenir dans le débat
en cours, s'il vous plaît.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...commencer par écouter la collègue. Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
...terminer. Le cégep de l'Abitibi, 20 % des demandes d'admission
proviennent de l'étranger dans trois programmes qui ne sont pas sur la
liste.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, on était sur le point d'ordre.
Mme Rizqy :
Ah! désolée, je pensais que ça pourrait intéresser les collègues de savoir
aussi ce qui se passe à Baie-Comeau,
puisqu'on reçoit aussi les gens de la Fédération des cégeps, on parle de
gouvernance et on parle que, des fois...
Et je reprenais les propos de notre invité, qui dit que, oui, des fois les gens
de Québec peuvent prendre des décisions qui peuvent leur échapper et que les personnes les mieux placées sont
peut-être ceux qui sont dans les régions. Maintenant, je donnais un
exemple très éloquent de qu'est-ce qui peut arriver comme dérives lorsque des
décisions sont prises par règlement. Je
pense que c'est excessivement pertinent, à propos, et je crois que plusieurs
Québécois, en ce moment, s'attendent d'avoir une réponse.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous me permettez de statuer, M. le député? Vous savez que la règle de la pertinence, elle doit être interprétée de manière
large. Et, lorsqu'on parle de la gouvernance, effectivement, c'est le projet
de loi. Donc, la députée a bien démontré son
point. On va l'écouter tranquillement. Mais je vais vous demander, Mme la
députée, d'être quand même prudente, d'essayer de rester sur notre propos.
Mme Rizqy :
C'est vrai qu'il y a plusieurs autres cégeps, mais je pense que vous avez
compris mon point, à savoir, lorsqu'on
parle de... Justement, dans un projet de loi n° 40, où est-ce qu'on voit
quand même, à plusieurs endroits, que des décisions vont être prises par
règlement, est-ce qu'à ce moment-là on s'approche dangereusement de ce que vous
nous avez expliqué tantôt, qu'on pourrait
mettre des gens dans une posture où est-ce qu'ils auront la sensation ou la
perception que de ne faire
qu'entériner des décisions qui sont prises ici, au complexe G, ou par un
ministre tout seul dans son bureau?
M. Tremblay
(Bernard) : Je vous répondrais à ça qu'évidemment c'est difficile pour
moi de commenter de façon partielle, dans le sens où la Loi sur
l'instruction publique, pour la connaître d'une autre vie, est une loi quand
même substantielle avec, évidemment, de
nombreux articles. Alors, le message général que nous, on veut vous
transmettre, c'est que vous êtes les
mieux placés pour voir l'équilibre. Mais est-ce que c'est le fait d'avoir des
pouvoirs réglementaires au ministre
qui crée un problème ou autre? Il y a une chose qui est sûre, je pense qu'au
final l'économie générale de la loi doit
donner le sentiment aux conseils qu'ils ont un réel rôle à jouer, tout en ayant
aussi un équilibre pour permettre, évidemment, à l'État d'assurer,
évidemment, une cohérence des actions en matière d'éducation.
Mme Rizqy :
Quand vous dites «dans une autre vie», est-ce que vous faites référence à à peu
près deux décennies à la fédé?
D'accord. Je pourrais continuer, mais je tiens à laisser ma collègue de
Mille-Îles... Elle a plusieurs questions, elle aussi. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Mille-Îles, il y a sept minutes devant vous.
Mme Charbonneau :
Merci. Alors, le scoop a été lancé. M. Tremblay, bonjour. Vous allez bien?
C'est un plaisir de vous retrouver.
Puis je vois que vous êtes toujours aussi professionnel que je vous ai connu...
Dans ce temps-là, je vous appelais maître. On a changé de titre, tous
les deux, mais c'est un plaisir de vous retrouver, M. le président, madame.
Je
commencerais peut-être par une question qui peut sembler bête et méchante, mais
on se connaît, donc je peux être qui je suis habituellement, et vous
comprendrez que...
Des voix : ...
• (15 h 30) •
Mme Charbonneau :
Non, mais laissez-moi finir ma phrase, parce que je pourrais avoir du plaisir
encore plus que ça, mais, puisqu'il me connaît bien, il sait que la question ne
sera pas bête et méchante. Quand vous parlez de profil chez nos parents, j'ai le goût de vous retourner
la question en disant : Vos étudiants, vos parents, vos partenaires,
est-ce qu'ils ont tous une forme de
profil? Parce qu'on parlait, juste avant, de... chacune des régions a sa
couleur, chacune des instances
représente quelquefois des formations techniques puis des choses qui sont
différentes. Donc, est-ce que chacun de vos cégeps exige ou demande à ce
que chaque participant ait des profils précis?
M. Tremblay (Bernard) : La
réponse, c'est non. Mais vous avez pu comprendre, par la composition qu'on a présentée tout à l'heure, qu'il y a quand même une
grande diversité et qu'en fait, dans la diversité de la composition du conseil d'administration d'un cégep, on retrouve
indirectement ces profils-là, puisqu'on a les étudiants, des membres de
l'interne, des membres du socioéconomique, des gens de l'éducation
primaire, secondaire, des universités.
Alors, nous,
en fait, en regardant, justement, notre gouvernance, on se disait :
Puisqu'il y aura, donc, normalement, je crois, huit parents, bien,
peut-être qu'il y aurait... ce serait utile... puis pas dans l'optique, évidemment,
de brimer la possibilité que des gens puissent siéger, mais au moins un peu
comme une attente, en fait : Voilà ce qu'on recherche, voilà ce qu'on a besoin pour avoir une composition
d'un conseil qui soit assez équilibré et qui comporte les forces qu'on recherche. De plus en plus, encore une fois,
l'IGOPP nous a enseigné que c'était important d'avoir ce souci, au-delà de la
représentativité, d'avoir des gens qui ont peut-être certains atouts qui
permettent de poser des questions dans différents domaines, donc c'est dans
cette optique.
Mme Charbonneau :
Donc, une recommandation pour les autres mais pas nécessairement une
recommandation que vous appliquez dans la forme de gestion que vos
cégeps ont, parce que ce n'est pas la...
M. Tremblay (Bernard) : Non,
parce que la composition est un petit peu différente.
Mme Charbonneau :
Oui, c'est ça. Je comprends.
M. Tremblay (Bernard) : Puis on
sent que notre composition a cette variété, j'oserais dire, là, naturelle.
Mme Charbonneau :
Oui. Habituellement, un cégep, ça représente combien de bâtiments?
M. Tremblay
(Bernard) : Écoutez, on a, donc, 48 cégeps au Québec — donc, les cégeps, c'est les collègues
publics, hein, ça exclut les collèges privés, évidemment — et on parle d'à peu près 100 points de
service. Alors, vous pouvez voir
que... Bon, évidemment, il y a... si je parle de la Gaspésie—Les Îles, bien, vous avez plusieurs campus au-delà
du campus de Gaspé. Alors donc, vous voyez à peu près, donc, un
bâtiment, deux bâtiments, trois bâtiments par cégep, là.
Mme Charbonneau :
Et donc, puisque vous les connaissez bien, il y a comme une marche de
différence entre la grandeur d'une
commission scolaire et la grandeur... la relation ressources
matérielles-ressources humaines, commissions scolaires et cégeps. Ça, on
s'entend pour dire qu'il y a une belle différence, là.
M. Tremblay
(Bernard) : Tout à fait. Il y a des analogies parce qu'on est dans le
même domaine, mais c'est des réalités différentes, définitivement.
Mme Charbonneau :
Habituellement, vos étudiants, ils sont votés par leurs pairs pour être là?
M. Tremblay (Bernard) : Choisis
par les pairs, oui.
Mme Charbonneau :
Donc, choisi par les pairs, pas avec un profil, juste choisi par ses pairs,
j'insiste. J'insiste parce que, malgré le
sentiment de perte de démocratie du côté francophone seulement, je serais
encore plus attristée de savoir qu'on ne fonctionne pas par démocratie,
c'est-à-dire votés par leurs pairs, pour avoir des parents qui participent à
différents aspects des fameux comités.
Dans votre
structure, est-ce que tout le monde a accès à l'ensemble des comités que vous
avez? Parce qu'il y a des sous-comités. Est-ce que tout le monde a
accès, du conseil d'administration?
M. Lambert (Sylvain) : Ça
dépend des règlements locaux, mais il y a des choses qui sont exclues, comme par
exemple ça ne peut pas être un membre de l'externe qui occupe la présidence. Il y a
ce type de règle là. Parfois, les comités exécutifs, certains cégeps ont fait le choix que ce soient seulement des
membres externes. D'autres, au contraire, privilégient d'avoir au moins un membre interne mais pas plus.
Donc, c'est un petit peu différent d'un cégep à l'autre, là, mais ça...
Il peut y avoir des règles, en effet, pour assurer, encore une fois, une bonne
gouvernance, là, et s'assurer que les bonnes personnes sont sur les bonnes
chaises.
Mme Charbonneau :
Donc, vous avez un comité exécutif.
M. Lambert (Sylvain) : Oui.
C'est prévu par la loi, en fait. Ce n'est pas...
Mme Charbonneau : Oui, bien, je le souligne au passage parce que,
dans la nouvelle structure du projet
de loi n° 40,
il n'y a pas vraiment de comité exécutif,
il n'y a qu'un conseil
d'administration. Donc, c'est pour ça
que je le soulignais au passage. Je pense que c'est important de
comprendre la légitimité puis la vocation de chaque comité.
Puis un
comité exécutif, ça exécute, ça ne fait pas juste approuver. Donc, dans le
principe de la plante verte, je pense que,
votre comité exécutif, les gens se sentent engagés et bien pris à partie des
différentes décisions que vous avez à prendre.
Dans les commissions scolaires, puis il
n'y a seulement qu'un regroupement
qui l'a soulevé, on a un protecteur de l'élève. Chez vous, il y a, je
crois, un ombudsman, non?
M. Tremblay
(Bernard) : ...cégeps ont
mis en place le rôle d'ombudsman, mais il n'y a pas de principe, là, du
même type, là, dans la Loi sur les collèges, non.
Mme Charbonneau : Donc, si je suis un élève ou un parent d'un
élève, ce qui est plus rare chez vous, parce que... Moi, je me souviens, juste au secondaire, mes enfants
roulaient des yeux quand ils savaient que je m'impliquais, donc j'imagine qu'au cégep... Quand mon fils est rentré
à l'université, il m'a regardé avec son doigt puis il m'a
dit : Non, je ne dis pas le reste, maman, mais non. Ça fait que...
Alors, quand quelqu'un
a une plainte à faire ou une revendication,
prenons-le comme ça, il passe par
quelle porte?
M. Tremblay
(Bernard) : Tous les cégeps
ont différents processus de gestion des plaintes, ça, c'est un fait. Et,
vous parlez des étudiants, évidemment,
les étudiants au niveau collégial, vous le savez, ont des associations qui sont très présentes et, justement, qui sont représentées au
sein des conseils d'administration.
J'aimerais préciser aussi, juste pour être clair
par rapport à l'idée d'un profil, notre idée n'était pas d'empêcher, évidemment,
le choix, mais plutôt de... Vous savez, des fois, c'est en termes
d'attentes, hein, juste pour que les gens comprennent c'est quoi, les
attentes qu'on a à leur égard, s'ils acceptent de siéger à un conseil. C'est
aussi dans cette perspective-là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et je dois mettre fin à l'échange, Mme la
députée. Donc, je regarde maintenant la députée de Sherbrooke, pour
2 min 40 s.
Mme Labrie :
Merci. Je veux discuter avec vous de la question de la majoration des
résultats. Est-ce que, dans le réseau
collégial, les directeurs de cégep ont le pouvoir de majorer ou de jouer avec
les résultats donnés par les professeurs?
M. Lambert (Sylvain) : J'ai été directeur des études, et ça aurait été
la dernière chose que j'aurais faite. En fait, on n'a pas cette autorité-là. Il y a des mécanismes, hein, on a des
politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages. Si quelqu'un n'est pas satisfait de sa note, il y
a des comités de révision de notes, il y a tout un processus qui encadre ça.
Mais on laisse ça aux experts, on ne donne pas ça aux gestionnaires.
Mme Labrie :
Donc, est-ce que vous trouvez que c'est approprié de donner ce droit-là aux
directions d'école aux niveaux primaire et secondaire et formation aux
adultes et professionnelle?
M. Tremblay
(Bernard) : Bien, c'est pour ça, évidemment, qu'on le mentionne dans
notre mémoire. Pour nous, ça nous semble... ça nous étonne un peu. Et
sachant le débat que ça génère, en ayant le sentiment que ce n'est pas des
situations fréquentes, je me dis, il me semble que ça pourrait créer,
justement, une impression, je dirais, que la gestion s'immisce dans les notes, alors que ça ne me semble pas être une
situation usuelle. Et c'est pour ça qu'on se disait : Si c'est dans l'optique où il y a une situation de blocage
avec certains enseignants, là il faut peut-être attaquer le problème de front
et se dire : Bien, il faut traiter ces situations-là de façon
particulière.
Mme Labrie :
Tout à fait. Puis vous, vous recevez, dans les cégeps, les élèves qui graduent
de l'école secondaire, vous devez,
dans certains programmes, les sélectionner en fonction des résultats qu'ils ont
obtenus au secondaire. Est-ce que ça
vous préoccupe, le fait que le résultat qui est sur le bulletin pourrait ne pas
correspondre au résultat de l'évaluation de l'enseignant?
M. Tremblay
(Bernard) : C'est un peu dans cette perspective-là, effectivement,
qu'on fait la remarque. Je pense qu'effectivement,
dans une question de continuité, les notes demeurent une référence, hein,
importante. Alors, évidemment, de
sentir que cette note-là est juste et qu'elle correspond bien à l'évaluation
qui est faite par l'enseignant nous semble important.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Mme la députée de Joliette, pour votre
bloc, 2 min 40 s aussi.
Mme Hivon :
Merci beaucoup. Merci de votre présence. Dites-moi, quand vous parlez, d'entrée
de jeu, de la centralisation, «une menace à
l'autonomie des instances régionales», vous l'avez abordé rapidement, je
voulais juste vous entendre sur
qu'est-ce qui, dans ce qui est centralisé, vous inquiète le plus par rapport à
la perte de pouvoirs des instances régionales,
quels éléments, spécifiquement? Parce que je dirais qu'on entend des craintes
de beaucoup d'endroits, mais, en
région, particulièrement, la réforme fait craindre beaucoup sur le pouvoir des
instances régionales. Donc, est-ce que vous pouvez expliciter?
• (15 h 40) •
M. Tremblay
(Bernard) : On a nommé de façon particulière, je vous dirais, deux
éléments que je pourrais souligner. Toute la
question de la rénovation, de l'agrandissement, des transformations, on
comprend qu'il y a des coûts importants qui sont liés à ces
décisions-là, mais en même temps on sait aussi, l'ajout d'autorisations, ce que
ça implique comme délai, hein? Et donc, pour
nous, ça, c'est une crainte importante, quand on voit, évidemment, les enjeux
qu'on a avec nos bâtiments scolaires, puis on ne peut pas faire autrement que
de projeter ça un peu sur nous, en se disant : Si on vivait la même situation, on serait vraiment
inquiets de notre capacité de livrer dans les délais. Donc, ça, c'est un
premier élément, en étant conscients
que ce qu'on dit, c'est qu'il y aurait un seuil qui serait établi, mais,
puisque le seuil, évidemment, sera établi plus tard, et il pourrait être
bas, bien, il y a une inquiétude, je pense, qui se dessine là.
L'autre
élément, on l'a abordé un peu plus tôt, c'est sur le partage de ressources, où
là on se dit : Est-ce que ce n'est pas vraiment le rôle d'un organisme public que de déterminer les
opportunités qui s'offrent à lui pour
partager, donc, soit des services ou
des ressources avec d'autres organismes, et pas nécessairement des organismes qui sont de même nature, pas nécessairement deux centres de services scolaires, peut-être
un centre de services avec une municipalité, ou avec un centre de santé, ou avec un cégep, ou avec un autre organisme
de la région? Alors, on pense, là aussi, que ce choix-là doit demeurer
pour permettre, dans le fond, des choix qui soient vraiment régionaux, un
avantage, aussi, à une concertation régionale.
Mme Hivon : O.K. Je
comprends que vous avez répondu à ma collègue
que vous êtes conscients que la réalité d'un C.A. de cégep versus d'un éventuel centre de services qui couvrirait
l'ensemble de ce qui est maintenant une commission
scolaire, c'est quand même passablement différent. Vous amenez quand même
l'idée de dire que... et vous vous référez, là, à l'Institut sur la gouvernance d'organisations
privées et publiques sur la question de la rémunération puis de la considération
qui est octroyée aux personnes qui vont
siéger sur les C.A. Donc, est-ce que je
comprends qu'à cet égard-là vous avez
une recommandation d'aller au-delà
d'un... je comprends que vous avez votre propre recommandation, ça, j'ai
compris, mais, puisqu'on parle de la
gouvernance en milieu scolaire, d'avoir une vraie rémunération pour les membres
qui vont siéger?
M. Tremblay (Bernard) : Oui,
bien, en faisant abstraction, évidemment, des autres organismes qui pourraient
justifier le même genre de recommandations, oui, je pense qu'objectivement...
Encore une fois, si on veut que les gens s'impliquent, en connaissant les territoires de
commissions scolaires, effectivement, en ayant vu des élus scolaires faire des heures de route pour se rendre à des réunions,
je pense que, là, ça devient, évidemment, très important. Ça existe aussi
dans le réseau collégial, mais, malgré tout,
il faut quand même faire la distinction entre les deux, oui. Je pense que c'est
particulièrement important dans le cas des centres de services scolaires.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange. Donc,
Me Kirouac, M. Tremblay, M. Lambert, merci de votre
participation à la commission parlementaire.
Nous
allons suspendre quelques instants pour permettre à l'Institut de coopération
de l'éducation des adultes de prendre place.
(Suspension de la séance à
15 h 42)
(Reprise à 15 h 44)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la
commission reprend ses travaux, et nous allons entendre M. Daniel Baril, directeur général de l'Institut de
coopération pour l'éducation des adultes. Vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter votre mémoire,
M. Baril. Ça sera suivi des échanges avec les parlementaires. Bienvenue
à l'Assemblée.
Institut de coopération pour
l'éducation des adultes (ICEA)
M. Baril (Daniel) : Merci bien, Mme la Présidente. M. le ministre, MM. et Mmes les membres de la commission,
d'entrée de jeu, nous voulons vous remercier
de nous avoir invités à présenter nos considérations à votre commission.
Pour l'essentiel, les débats
entourant le projet de loi n° 40 ont porté sur des questions
qui relèvent principalement du secteur des jeunes pour toutes sortes de bonnes raisons. En nous invitant, vous
témoignez d'un intérêt pour la portée de ce projet de loi sur le secteur de la formation générale des
adultes, la FGA pour la suite des choses, et de la formation professionnelle,
la FP pour la suite de ma présentation. Nous
incluons la formation professionnelle dans notre propos sur l'éducation
des adultes, puisque 56 % des élèves de ce secteur ont plus de 25 ans,
et la moyenne est autour de 26, 27 ou 28 ans. On peut, en toute
légitimité, les considérer comme des adultes.
Tout
d'abord, l'ICEA est un organisme fondé en 1946, donc nous existons depuis un
petit moment. Depuis 73 ans, nous
oeuvrons à la promotion et au développement de l'éducation des adultes au
Québec. Nous regroupons plus de 120
organisations dans tous les domaines de l'éducation des adultes au niveau
local, régional et provincial national, et nous avons une charte fédérale, donc on a aussi un champ d'action qui est du
côté des communautés francophones en situation minoritaire au Canada.
À la lecture du
projet de loi, nous avons constaté une situation qui se produit souvent
lorsqu'il est question de politiques ou d'orientations en éducation :
l'éducation des adultes est ou bien insuffisamment prise en compte ou tout simplement oubliée, en fait, sous le couvert d'un
propos sur l'éducation où on traite, en fait, de l'éducation des jeunes. Donc,
il y a une nuance qu'il faudrait faire, à un
moment donné, bien distinguer, quand on parle d'éducation, parlons-nous des
jeunes, des adultes ou de l'ensemble des populations?
Le
projet de loi n° 40 est un exemple de ce phénomène. Définitivement, ce
projet de loi propose des changements substantiels
au modèle de gouvernance scolaire. Étant une organisation oeuvrant dans le
domaine de l'éducation des adultes, nous apporterons un éclairage sur
ces changements à partir d'une perspective propre à l'éducation des adultes.
Notre
mémoire comporte deux grands questionnements : un premier touchant au fond
du projet de loi, un second concerne
plus directement la prise en compte de la FGA et la FP dans le modèle de
gouvernance proposé. Nous centrons notre
propos sur deux acteurs qui nous apparaissent négligés dans le modèle de
gouvernance qui est avancé dans le projet de loi n° 40 : la population prise dans son ensemble et les
élèves adultes. Ça se peut que je dise «étudiants», j'ai de la misère à
dire «élèves» pour des adultes, mais, vous me comprendrez, c'est les «élèves»
au sens de la loi.
Premier questionnement,
un modèle de démocratie scolaire qui, selon nous, comporte d'importantes
lacunes. À l'origine du projet de loi réside en partie l'évaluation faite par
le gouvernement de lacunes supposées à la démocratie scolaire. Le principal problème évoqué, le faible taux de participation
aux élections scolaires. Or, en matière de démocratie scolaire, le
projet de loi n° 40, selon nous, propose une solution
qui comporte plus de lacunes que le problème que le gouvernement cherche à
solutionner. Essentiellement, à un bassin universel d'électrices et d'électeurs
on substitue des collèges électoraux, grosso
modo, composés d'un nombre restreint de personnes. Au final, le modèle proposé
souffre de plus grandes lacunes en matière de démocratie scolaire que ce
qu'on impute au système en place.
En
outre, au coeur des changements proposés réside une transformation fondamentale
du modèle démocratique. Dans l'état
présent des choses, l'ensemble des citoyens et des citoyennes peut choisir les
personnes qui président à la gestion scolaire
dans leurs régions. Or, dans le projet de loi n° 40, le choix de ces
représentantes et de ces représentants reviendrait uniquement aux parents d'élèves qui siègent au
conseil d'établissement de l'école de leur enfant. Aussi légitime que cela
peut être, il y a beaucoup d'autre monde qui
aurait un mot à dire sur la gestion scolaire, et qui l'ont présentement, mais à
qui on enlève un certain droit. Ce
changement réduit à sa plus simple expression le modèle de gouvernance. Ainsi,
en lieu et place d'un modèle de
gestion démocratique de l'école par l'ensemble de la population, le
gouvernement propose un modèle basé
sur le client, soit le parent d'élève, et uniquement le parent d'élève qui a la
possibilité de s'engager dans la gouvernance de l'école de son enfant. J'ai apprécié les remarques du Directeur
général des élections sur qui s'implique, qui a la capacité, le loisir
et les ressources de s'impliquer. C'est très pertinent dans le sens de notre
remarque.
Même
les représentants de la communauté seront élus par les parents. Donc, les gens
de la communauté ne seront pas redevables à l'ensemble des payeurs, des
contributeurs mais aux parents qui les auront élus. Étant donné le caractère public de l'éducation et l'importance
que toutes et tous puissent se prononcer sur son avenir, il est justifié pour
nous de miser sur un modèle de gouvernance qui soit le plus démocratique
possible.
Par ailleurs, le
projet de loi n° 40 traite de manière inéquitable les citoyens et les
citoyennes selon qu'ils soient francophones
ou anglophones. Ces derniers bénéficient d'un régime électif universel, alors
qu'une large part de la population francophone se voit retirer ce droit
d'élire les personnes siégeant aux conseils d'administration des centres des
services scolaires. Il importe donc de
préserver une participation citoyenne large aux décisions prises en matière
scolaire. Nous avons deux
recommandations sur ce thème : première recommandation, octroyer aux
citoyens et aux citoyennes francophones le même régime électif des représentants et des représentantes aux conseils
d'administration des centres de services scolaires que celui accordé aux citoyens et aux citoyennes
anglophones; recommandation n° 2, accorder un poids plus important aux
représentants et aux représentantes de la communauté dans le prochain modèle de
gouvernance scolaire.
• (15 h 50) •
Deuxième
considération, prendre en compte les spécificités de l'éducation des adultes,
et nous avons focalisé sur une
idée : la représentation des élèves adultes dans la nouvelle gouvernance.
Le projet de loi n° 40 est
d'abord et avant tout, pour nous, un
projet de loi proposant des changements à la gouvernance scolaire du secteur de
la formation générale des jeunes, en
fait foi le rôle central accordé aux parents d'élèves dans le nouveau modèle de
gouvernance, aussi légitime que cela puisse être. Or, ce pouvoir accordé
aux parents à l'égard de l'éducation des enfants ne s'applique pas lorsqu'il
est question de la FGA et de la FP,
puisqu'on on a devant nous des adultes eux-mêmes et qui souvent sont eux-mêmes
parents et peut-être même parents d'enfants qui sont au primaire et au
secondaire.
La
FGA et la FP comportent des spécificités qui les distinguent de la formation
générale des jeunes. Au premier chef, la
perspective de l'éducation des adultes recommande d'accorder aux personnes
apprenantes un pouvoir sur les décisions éducatives les concernant.
L'inclusion d'une représentation étudiante au sein des actuels conseils
d'établissements des centres d'éducation des
adultes et des centres de formation professionnelle va dans ce sens. Or, le projet de loi n° 40 ne fait pas écho à cette représentation au sein du conseil d'administration du centre de services scolaire. C'est ce qui justifie nos
recommandations.
Troisième
recommandation, assurer une représentation des élèves adultes des centres
d'éducation des adultes et des centres de FP au conseil d'administration
des centres de services scolaires.
Quatrième
recommandation, assurer une représentation des mêmes élèves des centres
d'éducation des adultes et des
centres d'éducation de formation professionnelle, ainsi que des élèves à
besoins particuliers au comité d'engagement pour la réussite scolaire.
Cinquième
recommandation, assurer une représentation des élèves adultes ayant des besoins
particuliers au sein de la
gouvernance scolaire, et nous proposons la création d'un comité consultatif des
services aux élèves de la FGA et de la FP
ayant des besoins particuliers. Le concept de handicap est moins présent à
l'éducation des adultes. Il y a une notion plus large de besoins particuliers qui justifie d'avoir une
voix au sein des processus décisionnels pour bien entendre les besoins
de ces personnes.
Nos
recommandations font valoir une représentation accrue des étudiantes et des
étudiants des centres d'éducation des
adultes et des centres de formation professionnelle dans la gouvernance
scolaire. Une telle représentation est un principe de base de la perspective de l'éducation des
adultes. En ce sens, nos recommandations militent pour une modification — une
revendication historique du mouvement des étudiants adulte — de la
Loi sur l'accréditation et le financement des associations
d'élèves ou d'étudiants pour élargir cette loi aux centres d'éducation des
adultes et aux centres de formation professionnelle.
Les élèves à la FGA et à la FP sont des adultes. À ce titre, il est légitime
qu'ils bénéficient d'une reconnaissance et participent aux décisions les
concernant.
En
conclusion, l'éducation des adultes est un domaine fort complexe, on en
convient. Prendre en compte ces réalités comporte son lot d'exigences.
Dans cette optique, nous estimons que le projet de loi comporte d'importantes
lacunes. En fait, à sa décharge, la situation
actuelle, aussi, de la gouvernance comporte des lacunes sous l'angle de
l'éducation des adultes. Dans des
déclarations sur l'éducation des adultes, l'UNESCO rappelle que la gouvernance
de l'éducation des adultes repose sur une participation de l'ensemble
des parties prenantes, incluant les élèves, ou les étudiants, ou les adultes en
apprentissage eux-mêmes. Pour ces raisons,
les propositions incomplètes du projet
de loi n° 40, comme de la
situation actuelle, eu égard à l'éducation des adultes, confirme notre
évaluation qu'il serait pertinent d'adopter une nouvelle politique d'éducation des adultes. Une telle politique
permettrait entre autres de clarifier cette question complexe de la gouvernance
de l'éducation des adultes et de la
participation des apprenants adultes aux décisions qui les concernent. M. le
Président, je vous remercie.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup pour votre exposé, M. Baril.
Nous sommes maintenant prêts à passer à
la période d'échange, et nous commençons avec M. le ministre pour une période
de 16 minutes. À vous la parole, M. le ministre.
M. Roberge :
J'allais dire «merci, Mme la Présidente», mais je trouvais que vous aviez
changé passablement dans l'intervalle. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Ciccone) : Je suis habitué d'être échangé, moi, monsieur.
M. Roberge :
Très bon. Je vous remercie, M. le Président. Merci pour votre présentation.
Quelques remarques, quelques questions. Vous
dites, à la page 4 de votre mémoire : «Le principal problème évoqué est le
faible taux de participation aux élections scolaires», pour arriver avec un
changement. Je ne suis pas d'accord avec ça. Ce n'est pas le principal problème
évoqué. C'est parfois une réponse quand des
gens qui veulent défendre un statu quo, le système actuel, ils disent :
Bien, regardez, voyons, nous avons une formidable légitimité
démocratique, comment pouvez-vous remettre ceci en cause? Puis là on dit :
Oui, bon, écoutez, avec un taux de participation de moins de 5 %, on
repassera.
Mais
l'objectif et la raison pour laquelle on veut revoir, moderniser la gouvernance
scolaire, ce n'est pas à cause du
faible taux. Ce n'est pas ça, l'argument principal. Ce n'est pas ce qui nous
amène à moderniser ça. On pense qu'il est pertinent de remplacer une
gouvernance, en ce moment, avec des minigouvernements élus qui veulent arriver
avec des politiques éducatives. Davantage,
on veut remplacer ceci et non pas l'abolir, mais le remplacer, et le
transformer par des centres administratifs, des centres de services
scolaires qui seraient là pour coordonner, aider, soutenir, apporter de l'équité, mais non pas gouverner les écoles et non
pas diriger les écoles à distance. C'est un changement de paradigme, mais
qui n'est pas basé sur le simple fait que le taux de participation est très,
très bas.
D'ailleurs,
j'apprenais tout à l'heure, là, qu'à la commission scolaire Coeur-des-Vallées
il y a un commissaire, lui-même, qui est
venu un peu dire ce qu'on pense, il est allé dire : «Le projet de loi
prévoit entre autres le passage d'une démocratie
élective au suffrage universel à une démocratie élective de type communautaire.
Personnellement, je crois à ce nouveau
moyen. Je suis d'avis que ce type de gouvernance correspond davantage à ce que
nous sommes devenus comme organisation.»
Et c'est un commissaire actuellement en poste à la commission scolaire
Coeur-des-Vallées qui appuie la transformation
pour les mêmes raisons que nous, et non pas en disant : J'ai été élu avec
seulement x pour cent de la population, changeons la gouvernance. Je ne sais pas, d'ailleurs, avec combien de
votes ce commissaire a été élu ou pas, là n'est pas l'objet. Donc, je
tenais à préciser, ici, ce n'est pas ça, les fondements.
Maintenant qu'on veut
améliorer la gouvernance, on prend des gestes, on pose des choses, puis on
tient compte, justement, de la formation générale des adultes, et on en profite
pour corriger plusieurs des failles, des lacunes qu'il peut y avoir dans la loi actuelle. Une des choses, c'est que les gens
qui sont en formation des les adultes ne sont pas visés par les plans de
lutte à l'intimidation. Donc, une des mesures dans ce projet de loi là, c'est
de les inclure.
D'ailleurs,
moi, j'avais dénoncé, à l'origine... Je cherchais une façon de protéger les
étudiants adultes. Et, quand le
précédent gouvernement, la précédente ministre de l'Enseignement supérieur
avait fait un projet de loi pour lutter contre les violences sexuelles sur les campus, je lui avais dit, à
l'époque : Bien, est-ce qu'on peut trouver une façon... Et c'est un
projet de loi qui était très bon, d'ailleurs. On a travaillé à le bonifier,
mais je pense que c'était une bonne initiative. J'avais dit, à l'époque : C'est quoi, vraiment, la différence entre
un jeune ou une jeune de 22, 23, 24, 25 ans qui est au cégep, à l'université ou dans un centre de formation
générale des adultes? Pourquoi cet élève-là en CFGA ne serait pas protégé?
Puis, bon, malgré les suggestions, ça
n'avait pas été modifié là. Vous comprenez que, maintenant qu'on a une autre
opportunité, on en profite. Est-ce
que vous pensez que c'est pertinent? Est-ce que vous pensez que ça devrait être
dans le cadre de cette loi-là? Puis
est-ce que vous avez des suggestions à nous faire pour, dans le cadre de ce
projet de loi là, mieux protéger les élèves ou étudiants adultes avec
des plans de lutte contre l'intimidation et même contre les violences
sexuelles?
M. Baril (Daniel) : Bien, je crois que c'est à saluer. On a focalisé
notre intervention sur la mécanique de la gouvernance parce que le projet de loi, sans être omnibus, comporte des
éléments de différentes natures, là, de la formation continue du
personnel, qui peut relever de relations patronales-syndicales, à d'autres
éléments. Donc, ça, c'est à saluer.
Il
y a une perte dans le passage du modèle en place à un nouveau modèle. C'est ce
qu'on a essayé de traduire par une
recommandation sur accorder plus de poids à la communauté. Présentement, les
commissaires, la formule commissaires, vous
pouvez lui trouver plusieurs défauts, elle a un avantage, c'est que c'est des
gens qui sont libres d'attaches par rapport aux arbitrages qu'ils font à l'échelle régionale. Ils ne sont pas des
représentants d'un groupe, d'un acteur particulier, du jeu autour de la
décision en éducation et ils tirent leur légitimité, aussi faible que le taux
de participation puisse être, là, de l'ensemble
de la population. Ça, c'est un élément du système en place qui devrait être
renforcé. Il y a des représentants de la communauté, mais il y a deux lacunes dans tout ça : un, ils doivent
témoigner de certaines expertises techniques pour être des administrateurs, et quelqu'un qui souhaiterait
se présenter sans avoir ces éléments-là aurait une prise contre elle-même,
et, l'autre, ils sont choisis par des parents.
Il
y a un élément, peut-être, de la situation en place qu'il faudrait renforcer,
c'est comment tous les parents pourraient quand même être au jeu d'une décision des gens qui les représentent, et
tous les citoyens, pas juste les parents, là, tous les citoyens. Il y a présentement un comité de
parents. Pourquoi ne pas avoir un comité de la communauté, qui, elle-même, là,
de ce comité-là, et ses électeurs, là, déciderait des gens qui les représentent
en fonction de priorités?
Ce qui est
intéressant, je trouve, dans la gouvernance actuelle... et elle a une longue
histoire, là, elle remonte au XIXe siècle,
et son ADN est de représenter la communauté, et même face à l'État. Au XIXe
siècle, il y avait un peu ça dans l'origine des commissions scolaires,
c'est un gouvernement, effectivement, et il y a une légitimité que ça soit un
gouvernement parce que l'instruction obligatoire et la formation de base, ce
n'est pas la même chose que le cégep et l'université.
Toute la société investit dans la construction d'une nouvelle génération, c'est
des choix parentaux, c'est des choix de communauté. Et il y a une pertinence à
essayer de garder un élément de ce modèle-là, au-delà... un procès, ou
une critique, ou une demande, je ne sais pas, qu'on peut faire à l'égard des
commissaires, qui va au-delà du taux de participation. Donc, il y a un équilibre, là, dans la gouvernance, qui
est perdu. Et tous les gens qui paient des taxes scolaires, ce n'est pas tous
ces gens-là qui auront un mot à dire et ce
n'est pas tous ces gens-là qui vont pouvoir exprimer leur point de vue, à moins
de faire des enfants et de devenir un parent d'élève à un moment donné. C'est
un lourd prix à payer pour pouvoir voter.
Et,
sous l'angle des politiques en éducation des adultes, elle est pertinente, la
politique de lutte à l'intimidation, aussi, mais ça dépasse les éléments
de gouvernance, c'est des éléments de politique. C'est ce qui explique qu'on ne
l'a pas saluée — je le fais en séance, ici, c'est une bonne
chose — puis
qu'on a fait porter plus directement sur la représentation, la mécanique
de la gouvernance elle-même.
• (16 heures) •
Le Président (M.
Ciccone) : M. le ministre.
M. Roberge : Je vais laisser
mon collègue de Richelieu.
Le Président (M. Ciccone) : M. le
député de Richelieu, à vous la parole.
M. Émond :
Merci, M. le Président. M. Baril, bonjour. C'est un plaisir de discuter
avec vous aujourd'hui, parler un peu
de formation générale aux adultes, de formation professionnelle. Vous savez, le
ministre est accompagné de ses deux
adjoints parlementaires. Puis le rôle des adjoints, moi, je vois ça un petit
peu comme... de mon côté, pour la formation professionnelle, et, pour mon collègue de Saint-Jérôme, qui m'a parlé,
d'ailleurs, de vous en bien, vous avez eu la joie de vous connaître dans une autre vie, je crois... les
adjoints parlementaires, on supporte le ministre, hein, on le conseille dans
toutes sortes de dossiers, et puis, tu sais,
je nous vois un petit peu, les adjoints, chacun sur son épaule, de chaque côté,
là, pour lui souffler à l'oreille de
ne pas oublier nos champs de compétence respectifs. Mais je suis content parce
qu'on collabore avec un ministre qui
a à coeur l'ensemble du domaine de l'éducation au Québec, incluant, en ce qui
me regarde, la formation professionnelle et la formation générale aux
adultes.
Puis là je vous rejoins, parce qu'il y a des
particularités propres à ces secteurs qui sont vraiment très précises. J'ai eu
le bonheur, dans les derniers mois, de visiter plusieurs centres de formation
professionnelle, de Terrebonne à Sorel-Tracy,
dans mon coin, à Rivière-du-Loup, chez le collègue, à Sherbrooke la semaine
prochaine. Et, dans chacune des régions
du Québec, les centres de formation professionnelle ont tous à peu près les
mêmes enjeux à des niveaux différents. Il
y a une particularité, puis je ne vous apprends rien là-dedans, là, le taux
d'inscription... pas seulement l'inscription, mais la diplomation en formation professionnelle est directement
liée avec la force de l'économie, le taux de chômage. Puis, comme au Québec, bien là, on est dans un mode de pénurie
de main-d'oeuvre, les inscriptions sont plus difficiles ou, en tout cas,
ne sont pas ce qu'elles ont déjà été puis, plus loin, la diplomation. Pourquoi
la diplomation? Parce que les employeurs viennent
littéralement s'arracher les étudiants en plein milieu, avant même la fin de
leur formation, pour arriver à combler leurs
besoins de main-d'oeuvre. Puis ça, c'est quelque chose que je trouve très
désolant, déchirant même, parce que c'est important que chacun de nos jeunes et moins jeunes, les adultes qui
fréquentent ces réseaux sortent de là avec un diplôme qualifiant, pour
plusieurs raisons. Une des premières, c'est que — puis je ne veux pas être un prophète de
malheur aujourd'hui — à un moment donné, le cycle économique, il
va se renverser un peu, hein? La dernière grande récession, 2008, moi, j'étais dans le monde des affaires à cette
époque, puis là ça fait quand même au-delà de 10 ans, puis on a des
collègues, au sein du Conseil des
ministres, beaucoup plus qualifiés que moi pour parler de ça, mais on avait le
collègue de Robert-Baldwin, hier,
justement, qui en parlait, alors, il faut quand même se préparer et même en
éducation. Puis ce que je trouve
triste, c'est quand nos jeunes et moins jeunes sont happés par le milieu des
affaires, par les entrepreneurs avant même d'avoir obtenu un diplôme
qualifiant, ce qui fait en sorte que, quand le cycle économique va s'inverser,
parce qu'à un moment donné ça va arriver,
bien, ça sera les premiers qui seront licenciés dans leurs emplois respectifs,
puisqu'ils seront sans diplôme.
Alors, c'est important, collectivement, ensemble, de prendre les moyens de les
amener vers la diplomation, le cheminement complet de leur formation.
Mais là c'est
un long préambule, et avant même que la collègue soulève un point de règlement
pour non-pertinence, je reviens dans le projet de loi.
Une voix : ...
M. Émond :
Ah! merci. Tout ça pour vous dire que, dans vos suggestions, vous proposez, à
raison, que la formation professionnelle... la FP et la FGA aient
davantage de place ou soient entendues au sein des conseils d'administration. Donc, le projet de loi prévoit déjà une forme de
représentation de la FP puis de la FGA dans les conseils d'administration,
dans les comités d'engagement pour la réussite, dans le comité de répartition
des ressources. Chaque centre d'éducation des
adultes doit déjà instituer un conseil d'établissement dans lequel il y a des
élèves adultes. Alors donc, il y a une place qui est réservée dans les conseils d'administration, dans le projet de
loi, pour une personne de 18 à 35 ans — je pense qu'on est pas mal dans les cibles évoquées — et un élève adulte pourrait donc poser sa
candidature au sein du conseil d'administration.
Est-ce que ça, c'est quelque chose qui vous satisfait? Quelle représentation
supplémentaire souhaitez-vous avoir?
M. Baril
(Daniel) : Oui, bien, ce
n'est pas satisfaisant. Nous proposons vraiment le même modèle qu'on retrouve
dans les cégeps et dans les universités : des représentants étudiants de
la FGA. Et toute la mécanique est en place, hein, la même mécanique que pour les parents. Il y a
déjà des étudiants qui siègent au conseil d'établissement. Donc, le bassin
d'électeurs est déjà constitué, on peut prendre, par symétrie, la même
mécanique que chez les parents.
Et il y a une
différence d'avoir précisément des représentants étudiants, parce que les gens
de la FGA, les élèves, les étudiants de la FGA et de la FP ont des
problématiques complètement différentes de celles des jeunes :
conciliation famille-travail... Les exemples
que vous soulevez sont intéressants. Quelqu'un qui a quitté son emploi, qui
retourne aux études, qui se demande un peu comment faire, il n'y a rien
de mieux qu'une association étudiante pour l'appuyer puis il n'y a rien de mieux qu'un représentant de son
association étudiante pour faire valoir des problématiques, par exemple,
de retour aux études, après une longue
période, de travailleurs qui sont au chômage en formation professionnelle ou à
la FGA. Il y a beaucoup de personnes immigrantes, etc., qui sont là.
Donc, de la
même manière... Les intervenants précédents, dans les cégeps, soulevaient la
présence d'étudiants dans les
conseils d'administration des cégeps. Ils sont appuyés par une association qui
a des moyens, qui a du personnel pour les aider à passer
au travers toutes les problématiques. Il y a une structure de représentativité.
Donc, ce n'est pas juste un individu
de 18 à 35 ans qui a fait un petit dépliant électoral et qui a été élu, c'est
des gens qui font partie d'un corps, d'une organisation, au même titre
que le personnel, au même titre que les directeurs.
Donc, c'est un peu de jouer à forces
égales — non
seulement accorder une voix aux étudiants, mais de jouer à forces égales — en leur permettant d'avoir des associations
qui les soutiennent fortement, au même titre que tous les autres acteurs du monde de l'éducation qui participent aux
conseils d'administration et à tous les processus et comités décisionnels
qu'il peut exister.
M. Émond :
Vous avez sûrement vu, dans le projet de loi, qu'il y a une formation, hein,
qui est évoquée pour les membres du
conseil d'administration qui vont prendre place au sein des centres de
services. Puis moi, je pense que cette formation-là peut être une bonne
occasion de sensibiliser les gens qui vont en faire partie, dans le cadre de la
formation, aux besoins. Tantôt, vous avez évoqué les besoins particuliers de la
clientèle adulte, ça, je vous rejoins là-dessus. Donc, on peut également, au
sein de cette formation-là, je crois, éduquer ou, en tout cas, sensibiliser les
gens qui vont faire partie du conseil
d'administration aux spécificités de la formation professionnelle et de la FGA.
Est-ce que vous pensez que c'est une avenue qui peut être aussi
intéressante?
M. Baril
(Daniel) : Je pense, si vous
demandez à des travailleurs de ne pas se syndiquer puis de dire qu'il y aura
un comité qui va sensibiliser la partie patronale à leur réalité, ils vont vous
dire : On n'est jamais mieux servi que par soi-même. C'est la même logique
qui s'applique là aussi. La sensibilité est nécessaire, encore plus pour les
étudiants à besoins particuliers, mais
d'avoir son propre représentant autour de la table qui participe, qui est
appuyé par une association représentative
qui l'outille... Il n'y a rien de mieux que se défendre soi-même et faire
entendre son propre point de vue, aussi pertinente que soit la sensibilisation
de tout le monde autour de la table aux réalités de tout le monde.
Le Président (M. Ciccone) : Il vous
reste une minute, M. le député.
M. Émond :
Je vais prendre mes dernières secondes juste pour vous remercier de votre
passage, des propositions fort pertinentes que vous faites. On va
sûrement en débattre lors de l'étude détaillée puis écouter nos collègues des
oppositions, comme on l'a fait dans tous les autres projets de loi qui ont
trait à l'éducation. On revient de la sanction du p.l. n° 5 et on était heureux de dire au
lieutenant-gouverneur combien M. le ministre a fait preuve d'écoute, de
collaboration pour prendre... On a
discuté beaucoup, on a discuté longuement, et il y a des choses intéressantes
qui ont été retenues qui font
maintenant partie du projet de loi n° 5. Et ce sera
assurément le cas... je ne suis pas en train de parler que ça va être le cas, de discuter longuement, mais de prendre des
points intéressants des collègues de l'opposition. Tout ça pour dire : Je
vous remercie de votre passage.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Maintenant, la parole est à un membre de
l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est
à vous pour 10 min 40 s.
• (16 h 10) •
Mme Rizqy :
Merci. Je vais essayer de faire plus court que le député de Richelieu. Écoutez,
tantôt, le député de Richelieu a dit
que... ce n'était peut-être pas pertinent, tout ce qu'il disait, mais, oui,
effectivement, il y a des passages qui étaient quand même pertinents,
surtout lorsqu'il a parlé qu'il a été adjoint parlementaire, avec son collègue
le député de Saint-Jérôme, au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur et qu'ils agissaient un petit peu comme les deux voix autour des oreilles du ministre de l'Éducation. Eh bien, j'ai
envie de leur dire que nous autres aussi, on trouve ça triste de voir des étudiants qui sont appelés à
aller au marché du travail trop tôt.
Mais qu'est-ce que je trouve encore plus triste, aujourd'hui, c'est que, quand vous nous parlez enfin de pénurie de main-d'oeuvre, c'est qu'en ce moment même, au Québec,
on en a, des gens, on a des étudiants qui sont ici, au Québec, qui ne demandent
que ça, pouvoir s'intégrer. Ils sont francisés,
ils ont des diplômes du Québec. Avec le programme d'excellence québécoise, que
vous êtes en train de mettre la hache dedans, s'il vous plaît, prenez votre
rôle d'adjoint parlementaire, saisissez l'opportunité, parce que je refuse
de croire que notre ministre de l'Éducation n'a pas de coeur, ça, je refuse de
le croire.
Et, en parlant de formation professionnelle,
moi, ma collègue la députée de Mille-Îles est aussi porte-parole en formation
professionnelle, alors je lui cède la parole. Bienvenue parmi nous. La table
est mise.
Le Président (M. Ciccone) :
Avez-vous une question, Mme la députée?
Mme Rizqy : Ah! je passais la...
Le Président (M. Ciccone) : Ah!
parfait, O.K. Donc, Mme la députée des Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Charbonneau :
Merci, M. le Président. Bonjour, M. Baril.
M. Baril (Daniel) :
Bonjour.
Mme Charbonneau :
Vous allez bien?
M. Baril (Daniel) :
Très bien, et vous?
Mme Charbonneau :
Ça va bien. Merci d'être là. Effectivement, vous représentez un grand nombre de
gens qui sont plus souvent
qu'autrement un peu transparents dans l'ensemble du monde scolaire. Je le dis
parce que quelquefois on se déchire
pour vous avoir. Moi, je me souviens de débats où les cégeps disaient que vous
deviez être sous leur joug puis que, même, vous faisiez un peu le travail
qu'eux faisaient. À d'autres endroits, j'ai entendu la formation
professionnelle parler de vous dans...
pas de vous personnellement, mais de l'institution de l'éducation des adultes
sous une autre forme.
Donc, quand, au départ, vous avez dit : Je
me sens investi de représenter l'éducation des adultes et la formation professionnelle, je vous sens plus fort en
éducation des adultes, puisque la formation professionnelle, pour moi, c'est
une branche juste à côté. Mais
j'entends, quand vous nous dites : Je représente les adultes en éducation,
pas ceux qui enseignent, mais ceux qui sont apprenants, et donc merci de
le faire avec autant d'élégance.
J'ai trouvé,
comme vous, qu'il y avait pas mal de lacunes dans le projet de loi n° 40.
Mais, ceci dit, je vais revenir sur
certaines questions. Il y a quelques années, on ne parlait pas du tout d'élèves
HDAA chez les adultes. On mentionnait à peine du bout des lèvres les
élèves de 16 ans. Parce que mon collègue relève avec justesse le fait qu'en
formation professionnelle les gens qui doivent faire un stage, des fois, ne
reviennent jamais, et c'est un problème qu'on a.
Mais un autre
problème qu'on a en éducation des adultes, c'est un élève qui décide de
décrocher pour toutes sortes de
raisons, hein, le travail, ça peut être la maladie, mais ça peut être aussi un
moment d'égarement, et sa seule façon de revenir, c'est par le biais de
l'éducation des adultes. Et quelquefois vos installations sont à même une école
secondaire, ce qui crée une problématique de
fréquentation, parce que le jeune ne veut pas revenir dans son école
secondaire, mais c'est là qu'elle est, l'école des adultes, donc ça crée
une problématique.
Je reviens sur mes EHDAA. Ça n'existait pas, il
y a quelque temps, le discours où on parlait des adultes avec certaines difficultés, mais qui décidaient
d'allonger le temps d'études pour pouvoir atteindre ce but ultime du
secondaire V. Quand vous nous
dites : On aimerait avoir une place, puis on a une place à prendre, est-ce
que, dans les comités EHDAA des commissions scolaires, il y a un siège
qui est réservé pour l'éducation des adultes?
M. Baril
(Daniel) : À ma
connaissance, pour les élèves du primaire, secondaire, le côté... parce que
l'expression «EHDAA» n'est pas
utilisée, c'est «à besoins particuliers», puis qui dépasse les handicaps et qui
est très, très large. Donc, c'est un peu pour faire miroir à cette
réalité-là chez les jeunes qu'on a proposé un comité distinct, parce que les
univers sont tellement différents, et les parents sont peut-être au jeu, pas au
jeu, c'est un autre univers. Bon, ce n'est pas une question de fond, mais on
trouvait plus intéressant, plus productif de séparer les discussions des élèves
handicapés ou à besoins particuliers chez les jeunes, et chez les adultes, et
aussi en FP, parce que, là, on peut être avec des gens de 20, 30 ans, et l'univers de problématiques est
complètement différent. Ce n'est pas une question de fond, mais on trouvait
plus intéressant...
Puis aussi
les gens de l'éducation des adultes sont un peu chats échaudés, hein? Chaque
fois qu'on parle d'éducation, on
parle des jeunes, puis nous, on se sent tout le temps un petit peu le parent
pauvre, ça fait qu'on a un réflexe de dire : Bien, on va avoir
notre espace à nous à quelque part, mais de proposer, au sein des centres de
services scolaires, d'avoir un représentant
étudiant FP-FGA. Il y a déjà des représentants de ces secteurs-là. C'est intéressant,
là, de les mettre ensemble à l'échelle régionale parce qu'on peut
travailler sur la perspective de l'apprentissage tout au long de la vie, et
garder l'idée de continuum jeunes-adultes,
et créer, à l'échelle régionale, une vision plus holistique, pour prendre un
mot propre aux politiques d'éducation des adultes, dans ces
questions-là. Donc, à cette échelle-là, c'était intéressant. Et aussi, au
comité sur la réussite scolaire, d'avoir, là aussi, des élèves... d'étudiants
adultes pour travailler les questions de projets pédagogiques et réagir à
l'échelle régionale plus fortement, là on trouvait ça intéressant de garder
ensemble, de ne pas avoir une instance distincte pour travailler la perspective
de l'éducation tout au long de la vie, qui est aussi de regarder préscolaire,
jeunes et adultes de manière plus transversale et construire des parcours.
Mme Charbonneau :
Je trouve que votre proposition est fort intéressante, d'autant plus que, si on
ajustait quelques formations
professionnelles, on pourrait donner un métier à des gens qui ont un léger
handicap et les aider à contribuer au quotidien dans le parcours d'une vie
d'une communauté, ce qui, maintenant, ne se fait pas parce qu'on doit faire
une formation. Je vous donne l'exemple, là,
très court, mais, en conciergerie, il
y a un cours de formation professionnelle, mais il est tellement cadré que quelqu'un
qui a une légère déficience ne peut pas le suivre dans les mêmes délais, ce qui
fait en sorte qu'on prive des gens d'avoir
une belle formation puis de participer à la communauté. Donc, j'entends votre
idée de regroupement et je le trouve fort intéressant.
J'ai particulièrement été interpelée par votre
commentaire d'avoir le choix d'aller à l'école et avoir l'obligation d'aller à l'école. J'y accole la même perspective
entre être obligé d'aller à l'école publique ou être choisi pour être à l'école
privée. Je le dis en toute candeur, parce que
c'est vraiment ça, il
y a vraiment une perspective
différente entre un et l'autre.
Que pensez-vous... ou avez-vous eu écho des gens
que vous représentez sur la formation obligatoire pour les enseignants, puisque vous avez, vous, des
enseignants qui, quelquefois, ne sont pas titrés, je vais le dire comme ça, ou
reconnus comme les enseignants primaire et secondaire?
M. Baril
(Daniel) : Une précision sur
le «nous», nous sommes un centre de recherche, de réflexion et de promotion
de l'éducation des adultes, nous ne gérons pas des établissements, là. Vous avez eu des syndicats d'enseignants qui sont venus, il
y en a un qui sera là en après-midi, ils sont tout à fait capables de répondre
à cette question-là.
Mais je peux peut-être
jeter dans vos réflexions un principe de base de la formation en entreprise : elle doit être négociée
entre des acteurs, elle doit être convenue. La négociation entre les attentes
de l'employeur et les attentes et les besoins du syndiqué ou du personnel, qu'il soit
syndiqué ou non, est un principe de base de la formation en entreprise,
avec des comités paritaires. Et donc, pour moi, par extension, ça
s'applique aussi à tout ça.
Et,
pour ceux d'entre vous qui... vous vous souvenez, dans les années 80, il y a
eu un grand rapport sur l'éducation
des adultes qui mettait l'accent sur le
caractère volontaire de l'éducation des adultes. Et ce principe-là aussi, dans le
monde de l'entreprise, un peu moins volontaire, parce qu'il y a de la négociation
entre les besoins de l'entreprise et ceux des travailleurs, mais c'est un
principe qui peut faire partie de vos réflexions.
Puis, pour ce qui est de l'accord ou non des représentants des enseignants sur l'obligation spécifique qui est inscrite, je les considère tout à fait aptes
à vous répondre de leur propre voix. Ils l'ont fait voilà quelques jours puis
ils vont sûrement le faire tout à l'heure, dans deux présentations.
Mme Charbonneau : Sûrement. Dans la volonté du projet de loi n° 40, il y
a des chercheurs. Je
vole presque la question de ma
collègue de Huntingdon, qui est toujours celle qui la pose, habituellement. Dans le
principe même d'avoir des gens
impliqués, de la recherche, au sein des conseils d'administration — et j'ai même de la misère à le dire — est-ce que vous y voyez là une possibilité d'avoir quelqu'un nommément de la
formation professionnelle et de l'éducation des adultes pour pouvoir bien guider les gens dans cette perspective de la
complémentarité de services qu'il y a à l'intérieur de ce que moi, je
vais continuer à appeler une commission scolaire?
M. Baril
(Daniel) : J'espérais qu'on
me la pose. Elle a été posée au Conseil
supérieur de l'éducation, en écoutant
la transmission. C'est probablement un des exemples où on va voir que l'importance et le poids des
problématiques de jeunes vont prendre
le dessus sur celles des adultes, parce
que je serais peut-être
prêt à faire une gageure que, dans l'ensemble des nouveaux conseils, le pourcentage des chercheurs qui seront des
spécialistes de l'éducation des adultes risque d'être plus faible, parce
qu'on va privilégier, pour toutes sortes de bonnes raisons, un expert du primaire
ou du secondaire, peut-être même du primaire, fort probablement. Donc, il y a
un risque. On n'a pas proposé d'avoir un chercheur spécifique de ce domaine-là, parce qu'à un moment donné, si tout le
monde est spécifique, ça va devenir des conseils de 50 personnes, là, mais
c'est un exemple où j'anticipe que c'est fort probable que ça ne soit pas des
chercheurs de la FGA, de la FP ou de
l'éducation des adultes qui se retrouvent aux conseils d'administration, parce
que les parents d'élèves vont privilégier
une expertise qui va répondre à leur intérêt et probablement... — je ne fais pas un procès d'intention, mais
je fais l'hypothèse — fort
probablement à leur intérêt, et c'est un risque.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît, M. Baril.
M. Baril (Daniel) :
J'ai terminé.
Le
Président (M. Ciccone) :
Vous avez terminé? Bien, merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. Baril. Maintenant,
il est temps de passer la parole à la
députée de Sherbrooke pour une période de 2 min 40 s. À
vous la parole, Mme la députée.
Mme Labrie : Merci. Je vais revenir à votre première
recommandation, qui est d'octroyer aux francophones le même régime électif de représentants que celui des
anglophones. Est-ce que, pour vous, c'est discriminatoire, le fait de
ne pas donner le même régime aux deux groupes?
M. Baril
(Daniel) : Ça porte à
confusion parce que... Il faudra entendre, à un moment donné, la raison
fondamentale. On peut
la deviner. Puis on oublie aussi qu'il
y a une loi sur l'instruction
publique des Cris et autres communautés autochtones, qui n'est pas
touchée, donc qui aura le système en place, donc là on va avoir trois régimes.
Qu'est-ce qui
distingue fondamentalement le fait de distinguer les régimes? Je ne suis pas un
avocat, je ne peux pas répondre à cette question-là. Nous posons la
question, mais on la pose en fonction de l'importance qu'on accorde au choix, à
la participation par l'ensemble de la population aux décisions liées à l'école.
Donc, nous, notre focus, c'est cette population
qui perd des droits, les parents qui n'ont pas d'enfants qui vont à l'école ou
les non-parents. Donc, on l'a focalisé là-dessus.
Vous soulevez
une question de droit, discrimination. Je ne veux pas répondre un langage
militant, là, les juristes seront à
même, eux-mêmes, de dire s'il y a discrimination ou non. Et j'entendais les gens de
la Fédération des commissions scolaires, ils ont répondu en partie à
votre question.
Mme Labrie : Oui, mais on essaie d'avoir l'opinion de plusieurs
personnes. Et c'est vrai, ce que vous soutenez, que, bon, pourquoi
faudrait-il qu'il y ait des régimes différents pour des groupes. Qu'est-ce qui
distingue vraiment ces groupes-là qui
mériterait qu'ils soient traités différemment? Il y a la question de
l'éligibilité aussi, vous l'avez nommée, là, bon, ce n'est pas tout le
monde qui serait éligible.
À la
conclusion de votre mémoire, vous dites que ce serait le temps d'adopter une
nouvelle politique d'éducation des adultes. À quand remonte
la dernière?
M. Baril
(Daniel) : 2002. Elle est
plus ou moins caduque parce qu'elle
ne demeure plus un document de référence, là. Elle avait un plan d'action qui se terminait en 2007, et, depuis ce
temps-là, les milieux de l'éducation des adultes ont réfléchi : Bon, est-ce que c'est pertinent?
Est-ce qu'il y a des nouveaux contextes? Pas juste demander pour demander mais
justifier.
Et
le projet de loi n° 40 nous rappelait que, souvent — ce que je disais en introduction — quand
on a une réflexion sur l'éducation,
dans les faits, on a une réflexion sur l'éducation des jeunes. Et le bout
éducation des adultes, parce que c'est un univers complètement
différent, autant chez les étudiants, chez les acteurs, chez les
problématiques, etc., c'est tout le temps difficile de le traiter. On a eu un exemple, voilà quelques
années, avec la Politique de la réussite éducative, qui a essayé de
prendre l'ensemble du champ. Il y a des éléments intéressants en éducation des
adultes, mais il y a beaucoup d'éléments qui
n'ont pas pu être traités parce que ce n'était pas le but de cette
politique-là. Ça fait que, bien, nous, formellement, depuis le mois de
février 2019, on demande qu'il y ait un processus pour une nouvelle
politique...
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
M. Baril (Daniel) : ...et le projet de loi n° 40
nous a juste rappelé que c'est pertinent d'avoir un espace propre pour
réfléchir à ces questions-là.
Mme Labrie :
Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup. Maintenant, la parole est à la
députée de Joliette pour une période de 2 min 40 s.
Mme Hivon :
Oui. J'ai 2 min 40 s et j'aurais trois questions. Je vais vous
les dire, vous choisirez ce qui vous apparaît le plus pertinent ou si
vous êtes capable de répondre à tout.
Est-ce qu'à
l'occasion de ce débat sur ce projet de loi là, au-delà de la question de
revoir la politique, il y a un changement
concret qu'on pourrait apporter, autre que ce que vous dites, en lien avec la
gouvernance, qui pourrait faire vraiment une différence, concrètement,
pour la formation générale des adultes, si c'est le cas?
Ensuite,
vous nous parlez de l'importance de mettre, donc, une représentation — je suis tout à fait d'accord — pour
ce secteur-là d'activité au sein du conseil
d'administration. En même temps, vous dites qu'il faut augmenter la
représentation de la communauté.
Comment on arrive à cet exercice-là d'équilibre? Parce qu'il n'y a déjà aucun
étudiant, élève qui est là, donc là, un élève qui aurait un mandat
spécifique adulte, comment on y arrive?
Puis finalement, la
centralisation, est-ce que ça a un impact plus inquiétant pour la formation des
adultes?
M. Baril (Daniel) : Oui, en rafale, bien, sur la première, notre
proposition, dans les quelques semaines qu'on a eues pour se préparer : y aller avec donner du pouvoir aux
apprenants, il y a de quoi de structurant qui va se produire, et
changer la Loi sur l'accréditation pour le court terme.
Sur
la deuxième, on n'est pas rentrés dans les chiffres parce que, quand on a fait
le débat, c'était comme échanger un
représentant d'un groupe pour un autre groupe, puis ça devenait un peu... Là,
je pense que vous allez le faire article par article, il y a une réflexion à venir. Il y a beaucoup d'acteurs, et
faire le choix de l'éducation des adultes dans une gouvernance va nécessairement impliquer d'augmenter le nombre.
D'après moi, là, on ne s'en sort pas, sinon ça va être d'échanger un
pour l'autre.
Et, sur
centralisation, décentralisation, je dirais, ce qui nous a préoccupés dans la
réflexion, c'est qu'est-ce qui se passe au régional. Parce qu'il y a déjà du
local, il y a déjà du national avec le ministère, qu'est-ce qui se passe à l'échelle locale? Et il y a une dimension... pour
nous, le pouvoir à la communauté devient une manière de rééquilibrer et de
permettre aussi aux gens, entre ce qu'ils
entendent de Québec et ce qu'ils peuvent entendre comme parents ou non, de
faire de la médiation. Parce que le
local, c'est quelques pâtés de maisons ou quelques rangs dans les milieux
ruraux, le régional, c'est des
problématiques... Les problématiques d'emploi, ce n'est pas le coin de la rue
puis le dépanneur, là, les problématiques d'emploi, elles sont régionales. Donc, ce qui se passe à l'échelle
régionale, c'est plus qu'un conseil d'administration. Le côté politique,
il appartient au droit à l'éducation, il appartient à la formation de base...
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
M. Baril
(Daniel) : ...il appartient à la Loi sur l'instruction
publique.
Je tends à vous
écouter... bien, j'ai votre passé en tête, et je vous préfère de l'autre côté
de la table.
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le Président (M.
Ciccone) : J'ai bien changé, M. Baril.
Sur ce,
M. Baril, je vous remercie beaucoup pour votre grande contribution aux
travaux de cette commission.
Je vais suspendre
quelques instants pour permettre au groupe suivant de prendre place. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à
16 h 26)
(Reprise à 16 h 28)
Le Président (M. Ciccone) : Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la
bienvenue aux représentants de la Fédération
québécoise des municipalités. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, après quoi nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à présenter, également, les personnes
qui vous accompagnent.
Fédération
québécoise des municipalités (FQM)
M. Demers (Jacques) : Parfait. Jacques Demers, je suis le maire de
Sainte-Catherine-de-Hatley, préfet de la MRC de Memphrémagog. Oui, c'est
un nom... Jacques Demers, bien sûr, en voyant sourire, j'ai... mais c'est mon
vrai nom. Je suis président de la Fédération
québécoise des municipalités. Avec moi, au niveau de... directeur des
politiques, M. Pierre
Châteauvert, j'ai, administrateur à la FQM et maire de Lac-Édouard,
M. Larry Bernier, et aussi, celle qui s'occupe beaucoup des
dossiers, différents dossiers, dont celui des écoles, Maryse Drolet, qui nous
accompagne aussi.
Je
vais demander, étant donné qu'on a 10 minutes de présentation, à
M. Bernier de nous faire la présentation du mémoire, s'il vous
plaît.
• (16 h 30) •
M. Bernier (Larry) : Merci, M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés. Alors, fondée en 1944, la
Fédération québécoise des municipalités compte aujourd'hui plus de
1 000 municipalités locales et régionales qui sont membres,
généralement les municipalités de moins de 25 000 habitants, et la
totalité des MRC du Québec.
La
FQM s'appuie sur une force de plus de 7 000 élus. Ses structures
décisionnelles et consultatives, dont son conseil d'administration, ses six
commissions permanentes et son assemblée des MRC, lui permettent de prendre des
positions visant le développement durable du territoire québécois. La
FQM est donc la porte-parole des régions du Québec.
La
fédération remercie les membres de la commission de l'opportunité qui lui est
donnée de s'exprimer sur ce projet de
loi, en particulier sur les volets touchant spécifiquement les compétences
municipales et les préoccupations de ses membres. En région, le milieu de vie correspond aux
territoires de MRC. De par leurs compétences décrites dans la loi, la MRC et la
municipalité sont responsables de
l'aménagement du territoire et de la vie des communautés. Ces responsabilités,
vous en conviendrez... cette
responsabilité, plutôt, vous en conviendrez, est très large. Les citoyens
interpellent leurs élus autant pour des
questions de voirie que pour les services de santé, les activités communautaires et, bien sûr, leurs écoles. Dans
cette optique, l'école est vue par
les citoyens et citoyennes comme le coeur de la vie de la municipalité ou du
village. Il y a donc obligation de collaborer entre les décideurs municipaux et
scolaires, ce qui, malheureusement, n'est pas toujours le cas. En fait,
il semble que les deux réseaux oeuvrent malheureusement de plus en plus en
silo.
En
tant que représentante des gouvernements de proximité et porte-parole des
régions, la FQM demande que des modifications
au projet de loi soient faites de façon à reconnaître les municipalités en ce
sens et que les relations entre ces deux réseaux soient officialisées et
institutionnalisées.
Puisque
les rapports entre les réseaux communautaire et municipal se font d'abord
localement, la FQM demande de
modifier le projet de loi pour introduire un processus obligatoire de
coordination entre le centre de services scolaire et les municipalités par territoire de MRC. Ainsi, le
conseil de la MRC convoquerait au moins une fois par année les membres des
conseils d'administration des centres de services scolaires de son territoire
pour un exercice obligatoire de concertation.
Les
sujets suivants devraient obligatoirement être inscrits à l'ordre du jour de
ces rencontres : premièrement, les planifications stratégiques, les plans d'immobilisation, d'aménagement
et de développement de chaque organisation; les ententes de partenariat et de partage des équipements et
infrastructures; les besoins et les priorités en matière de formation professionnelle et de main-d'oeuvre, liés à l'état
du marché et des demandes des entreprises du territoire, tels qu'identifiés
par le service de développement de la MRC;
quatrièmement, les offres de services et d'activités parascolaires ainsi que
les services de garde et les camps de
jour; et finalement l'occupation du territoire incluant l'ouverture et le
maintien des écoles. Les comptes rendus seraient rendus publics par un
dépôt lors de la réunion régulière de la MRC suivant la rencontre.
Advenant
qu'en cours d'année le centre de services scolaire souhaite apporter des
modifications aux orientations ayant
fait l'objet d'une présentation au conseil de la MRC, celui-ci devra à nouveau
rencontrer le conseil de la MRC avant toute décision.
Par
ailleurs, le projet de loi prévoit, pour la formation des conseils
d'administration des centres de services scolaires, quatre sièges membres de la communauté. Le milieu
municipal est inséré dans la catégorie communautaire, sportif, culturel,
de la santé, des services sociaux ou des
affaires. L'élection de ces représentants est confiée à un collège de parents
et d'élèves siégeant sur les conseils
d'établissement. Or, il est donc inconcevable de considérer les élus municipaux
de la même manière que les représentants des autres domaines groupes
d'intérêt. Pour la FQM, si un ou des élus doivent siéger au conseil
d'administration du centre, la nomination devrait être effectuée par une
instance légitime du monde municipal.
Aussi,
la FQM propose qu'un représentant choisi par chaque conseil de MRC couvert par
le centre de services scolaire soit ajouté au conseil de celui-ci, en plus de
ceux prévus dans le projet de loi. Aussi, nous proposons que les représentants
choisis par les conseils des MRC soient
dotés d'un droit d'imposer un moratoire sur toute décision ayant un impact sur les
communautés et les responsabilités municipales tant que le sujet ne sera pas
traité lors d'une réunion formelle avec la
MRC concernée. Ce droit vise à assurer le plus large consensus possible
advenant toute situation difficile dans la gestion des dossiers cités
précédemment.
Le
projet de loi ne prévoit aucun critère territorial en ce qui a trait aux sièges
réservés aux représentants des parents ni
aux membres de la communauté. Ainsi, rien ne préserve l'équilibre entre la
représentation des territoires ruraux et urbains. Ainsi, la FQM demande qu'un critère de
représentation de la diversité du territoire couvert par le centre de services
scolaire soit prévu afin qu'un équilibre soit assuré entre les milieux
ruraux et urbains au sein du conseil d'administration.
Le
projet de loi confirme que le nombre de centres de services scolaires reste le
même que les commissions scolaires actuelles.
Or, ce découpage ne respecte pas les limites administratives de plusieurs MRC.
Ces situations complexifient grandement
les relations entre les deux réseaux, scolaire et municipal. Il est donc
essentiel que les centres de services scolaires respectent, à terme, les territoires des MRC. La FQM demande que soient
revus les territoires des centres de services scolaires afin qu'aucune
MRC n'ait plus d'un centre sur son territoire.
Dans les
différentes prises de position du ministre sur les visées de son projet de loi,
arrive en tête de liste la volonté de
décentraliser les décisions à l'échelle locale. La FQM est en accord avec la
vision du ministre d'appliquer le principe de la subsidiarité à la gouvernance des affaires
scolaires. Toutefois, il faut que cette volonté soit inscrite formellement dans
la loi afin que celle-ci survive aux
éventuels changements de responsabilités ministérielles. En effet, qu'arrivera‑t‑il advenant la nomination d'un ministre ayant une vision
différente du rôle des instances locales et régionales en matière d'éducation
au Québec? Ainsi, la FQM demande que les
pouvoirs du ministre soient balisés de façon à inscrire formellement dans la
loi la volonté du ministre actuel de
maintenir et consolider la prise de décision et la gestion du réseau scolaire à
l'échelle locale, notamment en ce qui a trait à la desserte de services.
La FQM a
rappelé à de nombreuses reprises aux différents ministres de l'Éducation les
liens étroits et quotidiens entre la municipalité et l'école. Ces liens
sont encore plus présents dans le cas des petites écoles, dont la survie est
trop souvent menacée en raison de politiques
et règlements des commissions scolaires et du ministère. Plusieurs
municipalités investissent des sommes
importantes pour le maintien du service de garde pour les enfants de l'école,
et certaines en sont même les gestionnaires lorsque ce service n'est pas
offert par l'école, malgré l'imposition de nombreuses contraintes réglementaire. La FQM demande que des ajustements
et des clarifications législatives soient apportés de façon à permettre aux municipalités qui le souhaitent d'investir ou
de prendre en charge les services de garde pour les enfants de l'école, et ce,
sans soustraire l'école de ses obligations.
Toutes les
recommandations de la FQM ont pour but d'améliorer les liens et les
partenariats entre les municipalités et les écoles pour le bien de nos
collectivités. Je vous remercie de votre attention.
Le
Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, M. Bernier, pour votre exposé. Je suis maintenant prêt à
reconnaître un membre du gouvernement, M. le ministre et son
équipe. À vous la parole pour 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le Président. Merci pour
votre présentation. Content de vous revoir. On s'était déjà vus, à quelques moments, lors de l'élaboration du projet de loi, pour vous présenter un peu les grandes lignes puis recevoir vos avis.
Vous me
permettez quelques réactions à vos commentaires. C'est sûr qu'il y
en a certains qui suscitent beaucoup
d'adhésion, aussi de la réflexion, d'autres, je veux dire, on ne peut peut-être
pas aller là, puis des questions.
Donc,
d'abord, je dois vous dire, on ne veut pas jouer dans le film du redécoupage,
des fusions, défusions. Vous nous demandez, puis je le comprends, pour simplifier
les partenariats, les échanges, les exercices de coordination, de redécouper,
de retracer les lignes, les territoires des commissions scolaires devenues centres
de services sur les bases des MRC. C'est une idée que je comprends, moi-même étant député d'une circonscription
laquelle n'étant pas taillée sur la taille des villes ou des MRC. Déjà, comme député, ça peut poser un
problème, aussi, pour travailler comme ça. Je pense que, dans ce cas-ci,
je veux dire, le remède serait peut-être plus grave que la maladie.
On se
souvient de triste mémoire de la tentative du ministre Bolduc, dans le
précédent gouvernement, qui jouait, là, à retracer les contours des
commissions scolaires, défaisant les bassins versants des écoles. Bon, de ce
point de vue là, sincèrement, on n'a pas l'intention... puis je sais qu'en
disant ça, je rassure beaucoup de personnes.
Cependant, il
y a des choses qui nous interpellent et pour lesquelles on veut clarifier des
choses. À la page 4 de votre
projet de loi, vous dites : On a tenu une consultation sérieuse. Vous avez
regardé, même avant que le projet de loi soit déposé... on voit, en bas de la page 4, vous dites : On a
regardé le Plan de gouvernance scolaire — Remettre les écoles entre
les mains de la communauté, qui
avait été déposé en janvier 2018, préalablement à l'élection. Donc, vous aviez
même amorcé cette réflexion-là de
manière proactive avant même que le projet de loi soit déposé, avant même qu'on
fasse ces rencontres-là. Il y a des
ajustements qui ont été faits depuis. Une des choses, d'ailleurs, qui était
dans le plan de gouvernance déposé, alors que nous étions dans l'opposition,
disait que les centres de services allaient être intégrés au ministère,
puis on disait que les directions seraient
nommées par le ministre. Ça aurait été une forme de centralisation, il ne faut
pas s'en cacher. Et on a changé
d'idée depuis en consultant plusieurs groupes, dont vous. Donc, les centres de
services ne sont plus intégrés au ministère d'aucune façon dans le
projet de loi, ce sont des entités qui existent par elles-mêmes avec une
autonomie importante. Et il n'est pas question que le ministre ou le
gouvernement nomme les membres des C.A. ou les directions générales, ça aurait été aussi une forme de
décentralisation. On aurait pu, si on était allés là, justifier peut-être une
comparaison avec la réforme du précédent ministre de la Santé. Or, nous ne
sommes pas allés là, balayant du revers de la main toute tentative de
comparaison boiteuse.
Maintenant,
quelque chose qui m'interpelle beaucoup et sur lequel j'aimerais savoir comment
on ferait bien pour faire quelque
chose... votre dernière recommandation, la 6, m'interpelle. Je vois une main
tendue, je vois une intention de collaborer,
de prendre soin, ensemble, des enfants. À la recommandation 6, vous
dites : «La FQM recommande que le ministre assouplisse les normes
et règlements de telle sorte que la conclusion d'ententes entre les commissions
scolaires et les municipalités visant
l'offre ou le maintien de services de garde [dans les écoles] soit facilitée.»
Puis vous précisez encore... Est-ce
qu'il y a des exemples d'endroits où ça fonctionne déjà, ce type de
collaboration là, pour prendre, ensemble, soin des enfants, peut-être dans les endroits, même, qui sont plus petits?
Et, si oui, comment ça marche? Et, si non, comment on peut faire pour
améliorer le projet de loi?
On a une
opportunité, ici, de faciliter la collaboration municipalités- écoles-centres
de services, et ça, ça m'interpelle beaucoup,
beaucoup, qu'ensemble on trouve des moyens de collaborer. Donc, est-ce que ça
se fait? Si ça se fait, est-ce qu'on
est obligés de tourner les coins ronds? Et, peut-être pas aujourd'hui, mais
même plus tard, si vous voulez nous suggérer des propositions d'amendement, on les prendra avec beaucoup d'ouverture,
mais, sur ce sujet-là, j'aimerais vous entendre.
• (16 h 40) •
M. Demers
(Jacques) : Je vais quand
même aller rapidement, je vais laisser ce point-là revenir à Maryse, qui
connaît très bien le dossier, entre
autres, qu'on vit dans certains endroits. Quand on parlait du territoire,
pourquoi l'importance, nous, du
territoire, c'est que tout se fait sur une base de MRC, puis on le vit
particulièrement auprès de nos écoles ou de nos centres sportifs. Souvent, on décide d'investir avec eux,
ne serait-ce que dans une piscine, dans une piste d'athlétisme, dans
différentes choses,
mais, quand tu as trois commissions scolaires à l'intérieur de ta MRC, là, ça
rend les choses très difficiles. On a beau mettre des fonds en commun puis de dire : On va travailler, là, on
travaille d'un côté, on travaille de l'autre, là, on a un problème de
territoire.
Mais, ce que
vous dites, on le comprend très bien. On comprend que, pour des familles, de
décider que... le lieu où est-ce
qu'ils vont, ça peut être compliqué. Ce qu'on demande par ça, ce territoire-là,
ce n'est pas faire du mur-à-mur. Il y
a peut-être des endroits où est-ce qu'on pourrait se coller aux endroits que ça
peut correspondre mieux par les MRC. C'est souvent ce qu'on demande. Je
n'irai pas plus loin sur ce bout-là.
La
gouvernance, on en avait parlé, on en a parlé de différentes façons, puis
pourquoi l'importance que ça a pour nous.
C'est particulièrement que, dans nos villages, je pensais que ce qui allumerait
le plus, c'est sur le fait qu'on dit : On veut un moratoire. Le mot «moratoire» peut faire peur à des personnes,
parce qu'on se dit, pour nous, c'est très important qu'avant qu'on ferme une école, on veut faire
partie de l'équation. On ne dit pas que la décision sera différente, mais on
veut en faire partie puis voir de quelle
façon on pourrait régler ça. Si on veut avoir du monde dans nos régions, on
veut garder nos écoles, il faut
absolument avoir un lien direct, de là aussi pourquoi on demande des sièges
attitrés absolument au monde municipal.
Puis pourquoi on se croit différent de d'autres, bien, c'est souvent au niveau
monétaire aussi. Quand on fait un parc
de jeux, on le fait ensemble. Quand on installe notre patinoire, on l'installe
collée sur l'école, même si la commission scolaire n'a pas mis un sou. On dit : Ceux qui vont s'en servir le
plus dans la semaine, c'est l'école, on va la mettre à la place où elle doit être. C'est pour ça qu'on
dit : On est un joueur quand même différent, on s'est donné un statut. Je
vais essayer... je comprends qu'il va
avoir un laps de temps, à un moment donné... Maryse, de répondre,
particulièrement à la question sur les gabarits, oui.
Mme Drolet
(Maryse) : Alors, oui, effectivement, la recommandation 6 traite de la question des services de garde pour les enfants du scolaire. On a profité de l'opportunité de ce projet de loi là pour revenir, effectivement, vous exposer cette problématique-là. Elle
se vit dans beaucoup de milieux ruraux, dans les milieux où on a des petites
écoles, pas suffisamment d'enfants pour que la commission scolaire mette en
place le service de garde avec les règles qui sont convenues, là, de six enfants à statut régulier, bon, alors vous les
connaissez, et, à ce moment-là, on sait aujourd'hui que c'est
un service de garde qui est essentiel, c'est un service essentiel
pour les parents, et c'est aussi un élément déterminant pour des familles de choisir une école ou pas,
quand on n'a pas le service de garde. Une famille peut faire... et plusieurs
le font, choisit d'inscrire leurs enfants dans l'école d'un village plus
éloigné ou plus près du travail.
Bref, ça
fragilise beaucoup d'écoles, ce qui fait que beaucoup
de conseils municipaux s'investissent
financièrement dans le maintien du
service. Et il semble y avoir une lecture, là, je dirais, juridique différente
sur la légalité de ce geste. On ne se vante pas, on le fait, on investit, mais
il y a des fonctionnaires de ministères, notamment Affaires municipales, qui ont
signifié à certains de nos élus, dire :
Bien, vous ne pouvez pas vraiment gérer, financer un service de garde, la loi...
bon, alors là, il y a trois, quatre
lois qui rentrent en ligne de compte, la Loi sur les services de garde à
l'enfance, quand ce n'est pas sous
leur juridiction de la Loi sur l'instruction publique. Ce qui fait qu'il y a un
petit ménage à faire pour faire en sorte
qu'on reconnaisse l'effort que fait le
milieu municipal pour maintenir ce service pour les enfants pour que les
enfants restent dans l'école et que
la... Bon, on travaille tous collectivement, et c'est ce genre de frein qu'il
faudrait assouplir et faciliter pour le milieu.
Le
Président (M. Ciccone) : Je
reconnais maintenant le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata. À vous la parole.
M. Tardif : Merci, M.
le Président. Tout d'abord,
bienvenue. Merci de partager votre réflexion. Moi, je comprends la FQM sur
l'angle... ou, en tout cas, je pense en comprendre une partie, sous l'angle
des volets spécifiques qu'elle a abordés concernant ses préoccupations et ses juridictions. Et évidemment
le ministre allait... et j'allais, pardon, dans le même sens
que le ministre. Toute la responsabilité territoriale, vous m'avez donné le vertige, pratiquement, quand j'ai...
où j'ai eu une incompréhension, on
pourra en discuter par après, de même que la question des fermetures d'écoles
que vous avez soulevée tout à l'heure. Dans le comté que je représente,
lorsque des situations comme celles-ci se présentent, c'est clair que tes conseils municipaux sont des partenaires avec les
différents intervenants pour trouver des solutions. Alors, j'entendais votre
message, mais je pense qu'il y a déjà une
mécanique naturelle qui se fait de votre part ou de la part des membres que
vous représentez.
Donc, la
question où je veux en arriver, c'est... selon vous... Moi, je les ai lus, je
voudrais comprendre deux aspects les
plus porteurs que vous trouvez, les plus essentiels pour vous dans ce projet de loi. Je le sais, qu'il y en a plus que ça, mais je vous en demande
deux, s'il vous plaît.
M. Demers
(Jacques) : Nous autres...
bien, il y a différentes choses. Je commencerais par ce que vous disiez pour
vous puis peut-être votre région ou, en tout cas... Tantôt, avec nous, on avait le vice-président de la
fédération, qui est le préfet de
Kamouraska, qui est Yvon Soucy, qui nous exprime : Mais chez nous, on l'a,
cet échange-là avec la commission
scolaire. Oh! les autres autour disent... pour l'ensemble des autres, on leur
dit : Bien, nous autres, on ne l'a pas. C'est important, cette étape-là, qu'il y ait un lien, qu'il y ait
des échanges. Ça existe à des endroits puis ça a l'air de bien fonctionner.
C'est, je pense, un naturel que ces parties-là aient même une obligation
de se parler.
M. Tardif : Parce que, juste pour vous interrompre, j'ai deux
commissions scolaires et j'en partage une partie avec M. Soucy, puisque je suis le voisin du
Kamouraska, mais j'ai également celle des Basques et des lacs, donc, du
Témiscouata, et dans ces deux situations
que la variante s'est produite et que j'ai eu les mêmes résultats. Mais je
comprends, là, ce que je vous me dites par rapport à d'autres réalités.
M. Demers
(Jacques) : Oui. On ne peut
pas généraliser ça au Québec, ça ne se passe réellement pas comme chez
vous dans toutes les régions.
M. Tardif :
Non, on est un coin assez unique, quand même.
M. Demers (Jacques) : Parfait. Des points essentiels sur lesquels on
veut... On veut que les décisions des commissions
scolaires restent au niveau régional. On veut le moins possible que ça soit
centralisé, justement pour ce genre de discussion là. Si les décisions se prennent à Québec
ou si le ministre devient celui qui décide... on ne peut pas faire
du mur-à-mur. Quand on va vous parlez d'une école qui, parfois... à
Lac-Édouard, qui a trois ou... C'est combien d'élèves, présentement?
M. Bernier
(Larry) : Cinq, cette année.
M. Demers (Jacques) : Oh! excusez, c'est une bonne année, ils sont cinq
élèves. Bien, c'est unique. On parlerait de la même chose pour Montréal ou à d'autres, ça n'a pas de sens, de rester sur
un territoire comme ça puis d'en garder une ouverte, mais, quand on voit le bénévolat que les gens font pour la
faire fonctionner, pour que le milieu... c'est particulier. Or donc, des décisions, il faut qu'elles soient
locales, il ne faut pas éloigner ça. C'est notre plus grande crainte, la
première. Je ne sais pas s'il y a des éléments, Larry...
M. Bernier (Larry) : Ce que je veux peut-être ajouter, c'est que
tout le monde conviendra qu'avoir une école dans un milieu c'est essentiel à la
vitalité du milieu, hein? Les enfants, ça crée de la vie, etc., et ça permet au
milieu de se développer, parce qu'on
n'attire pas des jeunes familles si on n'a pas de service de garde puis si on n'a pas d'école, c'est d'une évidence renversante. En
tout cas, je pense bien que personne ne peut contredire ça. Et c'est pour ça
que, les municipalités, comme nous avons à coeur le développement de notre région, de nos municipalités, on veut faire partie de la
donne avec les centres de services scolaires
pour prendre les décisions qui ont rapport avec les écoles parce qu'on s'occupe
de tout le reste. On s'occupe des loisirs, on s'occupe du logement, on s'occupe
des services de proximité, on s'occupe d'Internet,
cellulaires puis on s'occupe de l'emploi, mais on veut également
s'occuper de l'aspect école parce que c'est un élément essentiel de base dans le développement et la revitalisation
d'un secteur, je pense, en tout cas. C'est pour ça qu'on veut être
partie prenante.
• (16 h 50) •
M. Tardif : Alors, ça, c'est le premier aspect, on parle de décentralisation ou de
se rapprocher. Le deuxième aspect, parce que je vous en ai demandé
deux...
M. Demers (Jacques) : O.K.
Bien, moi, le premier, c'est vraiment : les décisions locales font partie de ça. Après
ça, c'est le lien, l'obligation.
Tu sais, tantôt, ce qui vous a donné le vertige un peu, quand on
vous a parlé de moratoire ou de territoire...
Le territoire, je le comprends assez bien, puis on ne veut pas
brasser les familles, parce que des fois ce n'est pas... l'endroit où est-ce que tu habites, peut-être
que, dans certains cas, le meilleur découpage est celui que les commissions scolaires ont fait, qui se
retrouve plus près. Puis j'aurais des exemples tangibles où est-ce qu'on voit, à l'intérieur de grandes villes, mais ça
fait partie d'une autre... Il faut qu'ils restent là, il faut que ces élèves-là
fassent le moins de kilomètres possible, ça, on le comprend.
Quand on parle du
moratoire, il est très important parce que, si on ne l'a pas, cette approche-à,
bien, il faut être capables de dire, à un moment donné : Minute, on met un «hold», comme un maire peut le
faire lors d'une séance. Tu peux le
faire, mais tout ce que ça fait, c'est qu'on reporte la décision. Ce n'est pas
de se donner un droit de bloquer quelque
chose, c'est de dire : Un moratoire, c'est un laps de temps où est-ce qu'on s'assoit tous ensemble puis on essaie de trouver les pistes de
solution pour les enfants qui sont là. C'est vraiment dans ce but-là. Oui,
Pierre.
M. Châteauvert (Pierre) : Oui. L'idée, c'est de briser les silos entre les
deux réseaux parce que, de plus en plus, bon, les commissions scolaires ont des plus grands territoires
en région, donc des fois les distances, et on le voit, sont loin. Comme, vous, il est à 100 quelques
kilomètres, le siège social, mais ça n'a pas... ça a quand même...
M. Demers, il est dans sa municipalité, c'est eux autres qui ont investi dans la cour d'école. Donc, l'idée,
c'est d'obliger les deux réseaux à se parler
au moins une fois par année pour partager leur planification, et de discuter,
puis peut-être de s'entendre et d'établir des consensus. Et, là aussi, la question
d'ouverture ou la fermeture d'une école devra être traitée à ce moment-là. Les gens doivent se parler,
ce qui ne se passe pas. Bon, peut-être, effectivement, Kamouraska... mais on vous fera remarquer, en
passant, que c'est la MRC qui convoque le
conseil de la commission scolaire depuis plusieurs années, et c'est comme ça que ça fonctionne. Mais ce modèle-là fonctionne dans
ce cas-là, et ce qu'on nous disait, c'est que, sur la base des territoires
de MRC, il faut le généraliser pour forcer la discussion et l'entente, et
pour que les choix soient vraiment basés sur la communauté, puis que tout le monde ait accès. La dimension publique et de diffusion de l'information... parce que, quand il y a des choses qui se passent au conseil des MRC, il y a
des gens qui débarquent, il y a des informations... il
y a toujours des journalistes, ce
que vous n'avez pas nécessairement au conseil de la commission scolaire ou même... dans ces futurs conseils,
il n'y aura pas nécessairement de journalistes toujours, mais, au conseil de
la MRC, il y a toujours une couverture média, donc les citoyens,
on peut avoir accès à l'information.
Donc, avec les cinq éléments,
vous remarquerez qu'il y a aussi toute la dimension...
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...donc les gens vont pouvoir se parler puis établir
des consensus de gestion de la communauté, des différents éléments de la
communauté, donc de briser les silos.
M. Tardif :
Merci.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt, maintenant, à reconnaître un
membre de l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez
10 min 40 s. À vous la parole.
Mme Rizqy : Oui, merci. Bienvenue parmi nous. Tantôt,
vous avez mentionné quelques craintes, dont notamment le redécoupage. À
l'article 46 du projet de loi n° 40, il est justement question
que le gouvernement peut, par décret, procéder à un
redécoupage pour le centre de services. Vous en pensez quoi, de cela?
M. Demers
(Jacques) : Bien, là-dessus,
ce qui est important pour nous, c'est de faire partie de la discussion, parce que... comme je vous
disais tantôt, c'est que ça ne soit pas du mur-à-mur. Tu sais,
même nos territoires, on le sait qu'ils ne sont pas parfaits, là, il y a
des endroits, ça causerait des problèmes, de vouloir coller sur une MRC, mais il y a
des endroits que c'est ce qu'il faut
faire. C'est de se le permettre puis d'avoir cette discussion-là
ensemble, parce que souvent les investissements... parce qu'il faut
parler d'argent, là-dedans, là, les commissions scolaires sont souvent
limitées, les écoles, à faire des investissements.
Bien, souvent, le municipal, pour garder la vitalité puis pour leurs services,
mettent aussi des sous. C'est pour ça que le découpage fait toute la
différence, parce que, quand tu as trois, quatre commissions scolaires à
l'intérieur d'une même MRC, ce qui existe
présentement, bien, c'est compliqué, là. C'est là-dessus qu'on se dit : Il
va falloir regarder si on peut travailler autrement.
Mme Rizqy :
Vous comprendrez qu'à l'article 46, par décret, ce n'est pas une
consultation. Par décret, c'est une sanction qui part d'ici, du
gouvernement...
M. Demers (Jacques) :
Vous avez absolument raison. À ce moment-là, ce qu'on demande, c'est de pouvoir
participer à ça pour trouver la meilleure... pour les élèves, mais pour le
territoire.
Mme Rizqy :
Parfait. Vous avez aussi mentionné votre désir pour avoir plus de
décentralisation. Si on va dans un autre article, je vous amène à
l'article 112 du projet de loi... pardon, 114 du projet de loi, où est-ce
qu'il est aussi question, ici, que le
gouvernement peut... En fait, vous, les nouveaux centres de services... pas
vous, les municipalités, mais les centres de services ne pourront pas procéder, sans l'autorisation, à certains
travaux de construction, d'agrandissement, d'aménagement, de transformation, de démolition, de remplacement ou de
rénovation majeure des immeubles sans
avoir obtenu la permission du gouvernement, selon les montants qui vont
être établis par règlement. Et là, évidemment, on n'a pas le montant par règlement. En fiscalité, on a ce qu'on appelle les dépenses
courantes puis les dépenses en capital, donc, qu'on doit amortir. Par
exemple, là, là, en ce moment, avec ce projet de loi,
l'article 114, si on veut changer toutes les fenêtres de l'école, il faut attendre la permission, là,
d'ici, au complexe G, là. Ça, est-ce que vous, pour vous, c'est de la
décentralisation?
M. Demers (Jacques) :
Exactement ce qu'on voudrait qui se décide localement. Puis là-dessus, encore,
je vais embarquer le monde municipal, quand
on va parler de travaux, il faut faire partie de l'équation. Peut-être que, le
gymnase, il y a moyen de le faire un
peu plus grand parce qu'on a des besoins l'été. Peut-être que, le soir, il y
aurait des activités qui se passent
là. C'est là-dessus qu'on veut faire partie de la discussion, de là où est-ce
que je parle des discussions locales, on
peut investir beaucoup mieux que de faire en double deux petites choses.
Souvent, dans nos villages, on a besoin d'un grand gymnase ou d'une
salle communautaire, on peut se le permettre plus facilement. Oui, Pierre,
excuse, tu voulais...
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui, si vous le
permettez, par rapport à votre question, de façon précise, je pense que vous faites référence à la capacité d'emprunt,
parce que, quand tu changes les... à la capacité d'emprunt, parce qu'il devrait
y avoir, normalement, un emprunt. Si, supposons...
Mme Rizqy : Je ne fais pas,
non, aucunement référence à la capacité d'emprunt, je fais référence...
M. Châteauvert
(Pierre) : O.K. Parce que
nous, on fait partie du périmètre comptable. Lorsqu'on emprunte, effectivement,
il faut qu'on en discute avec le ministère des Affaires municipales, mais, si
c'est dans nos opérations courantes, c'est dans les opérations.
Mme Rizqy : Si vous le
permettez, non, pour bien recadrer la question, non, je parle vraiment des
commissions scolaires, qui, présentement,
gèrent des budgets, ce qu'ils veulent... Par exemple, en ce moment, les
commissions scolaires, si elles
désirent rénover les fenêtres, bien, ils n'ont pas besoin d'avoir une
permission. Si, par exemple, vous changez un siège de toilette, ça, ça s'appelle une réparation, vous ne demandez pas
de permission. Mais, si vous changez l'ensemble des sièges de toilette, bien là, maintenant, avec l'article 114,
attendez votre permission. Ça, pour moi, ce n'est plus de la
décentralisation. Puis je vous vois hocher de la tête, donc je pense que vous
êtes pas mal en accord avec moi.
M. Châteauvert
(Pierre) : Bien, oui, je
suis d'accord, voyons. C'est ce qu'on veut puis c'est ce qu'on reprochait.
Puis, tantôt, on faisait un lien avec la
santé, mais c'est ce qu'on a reproché. Quand on a perdu un lien direct de
gestion dans nos
établissements, dans nos hôpitaux, ce qu'on disait : Bien là, ça n'a pas
de bon sens, elle est rendue loin, la personne qui décide. On veut un gestionnaire sur place.
Laissons-lui au moins la capacité de prendre des décisions au quotidien. Ça
prend un boss sur place, quand tu as une entreprise, là, il ne faut pas
qu'il soit trop loin, là.
Mme Rizqy :
Bien, j'en suis. Et, je vais vous dire, il y a une affaire qui m'étonne un peu,
c'est qu'il y a beaucoup de
questions, mais très peu de questions sur la démocratie, alors que j'ai devant
moi des élus. Il y a quand même plus de 300 signataires d'une... ou même une déclaration d'un conseil
municipal qui est en appui pour la démocratie scolaire. Plusieurs municipalités, dont notamment celles qui ont des
petites, petites écoles... Là, pour ceux qui nous écoutent, c'est des écoles
de 11 élèves, 25 élèves, cinq élèves.
Donc, vous comprendrez que, pour moi, parler de démocratie, c'est assez
important, parce qu'il y a quand même
un danger. Si l'argument principal pour faire la réforme du ministre de
l'Éducation, c'est de dire qu'on va
faire des économies parce qu'il n'y a pas assez de participation, quand même,
la question se pose, est-ce que, par
la suite, la prochaine étape, c'est vous autres? Parce qu'il y a quand même
plusieurs municipalités qui sont élues par acclamation.
M. Demers
(Jacques) : Oui. Les fois que
c'est élu par acclamation, peut-être qu'on peut considérer que c'est les
bonnes personnes qui sont là, aussi. J'ai
toujours l'impression, quand quelqu'un dit que quelqu'un est élu par
acclamation... Il peut y avoir un questionnement. Bien, on peut-tu considérer
que... Ou, quand quelqu'un a fait quelques mandats, peut-être que c'est qu'il fait... Mais les gens ont un choix. Quand on
me parle d'élection... On a décidé qu'on ne mêlait pas ce côté-là. Puis le monde municipal en a vécu, des
changements de structure. J'étais président de la CRE au niveau de l'Estrie
quand les CRE sont disparues. C'en était un,
lieu où est-ce qu'on avait des élus qui venaient de toutes les formes et de
toutes les façons. On a dit, du jour
au lendemain : Non, les CRE, c'est une structure qu'on ne veut plus, elles
coûtent trop cher en administration.
Mais on prend ça puis on met ça au niveau des MRC sans me dire comment que les
MRC coûtent en administration. Des
changements de structure, il y en a régulièrement. Là, on me dit qu'on veut en
faire. J'ai déjà eu une discussion avec le président de la Fédération
des commissions scolaires...
• (17 heures) •
Mme Rizqy : Si vous me permettez, là, je ne parle pas de
changement de structure, je parle vraiment de démocratie. C'est, vous le savez, un des fondements mêmes de
notre société juste et démocratique. Lorsque j'ai des élus devant moi, et que vous ne parlez pas de cela, alors que plus
de 300 signataires de différentes municipalités et de différents
villages... je me permets quand même de, moi, poser la question quand...
Bien qu'on peut être élu par acclamation puis être très compétent, ça, ce n'est pas la question, c'est quand même les gens qui
vont aller ou ne pas aller voter, des fois. Et c'est là qu'est la question que
je pose, c'est ce que, si on commence à réfléchir, comme société, que ça coûte
trop cher, la démocratie, qu'il n'y a
pas assez de monde qui vont voter puis qu'on se dit : Bien, savez-vous
quoi, on abolit, à ce moment-là ça ne devient pas un terrain glissant? Parce que ça se peut qu'à
un moment donné on se dise : Bien, on va regrouper certaines MRC ensemble, on va regrouper certains villages
ensemble puis on va abolir certaines élections, il n'y a pas assez de personnes
qui se présentent au conseil. Est-ce que ça peut être un terrain glissant — telle
est ma question — pour
la démocratie?
M. Demers
(Jacques) : Oui. C'est pour
ça qu'en démocratie... ce que je vous parlais, c'était des CRE. Les CRE, là,
c'étaient les conférences régionales des
élus. Tous les gens qui étaient autour de la table, c'étaient des gens élus. Ce
qu'on a aboli, c'est l'endroit, au
niveau de régions, que toutes les... les gens qui étaient élus à un endroit ou
l'autre se retrouvaient pour se parler au niveau régional, c'est ça
qu'on a aboli. Puis les commissions scolaires s'y trouvaient, chacun des élus s'y trouvait, c'est ça qu'on a aboli. On s'est
dit : O.K., il y a une structure qui a été défaite. C'est pour ça qu'on
demande, nous, ici, aujourd'hui,
si... la journée que vous déciderez... Il y en a déjà qui ont essayé de
fusionner des municipalités, de fusionner des différentes structures...
Mme Rizqy : Moi, je parle
vraiment plus du vote de citoyens, là. Je vous parle de démocratie, vote de
citoyens. Comme vous savez, l'éducation, l'école
publique, n'appartient pas à des partenaires, mais aux citoyens. Et, si on
commence à réfléchir, au Québec, que la démocratie coûte trop cher, que la
participation, au lieu de la rendre plus active, on l'abolit, moi, je crois
qu'il y a vraiment un danger. Mais, si vous permettez, vu que le temps file, je
vais vous poser une autre question.
M. Demers (Jacques) :
Dommage.
Mme Rizqy :
Bien, vous pouvez répondre. Mais, quand vous parlez des CRE, les CRE, on
comprend tous que c'est une structure...
M. Demers (Jacques) :
Ah! c'est dommage, parce que ce n'étaient que des élus.
Mme Rizqy :
Oui, on comprend tout ça. Mais moi, là, je vous pose une question que...
visiblement, vous ne souhaitez pas
répondre, alors je vais vous poser une autre question. Beaucoup des commissions
scolaires qu'on a rencontrées cherchent des terrains pour bâtir des écoles. Ça, ça se passe vraiment partout, on
entend ça. Puis ils frappent souvent aux municipalités, puis ils nous disent que, malheureusement, ça peut
être difficile. Alors, comment on fait pour améliorer les communications
pour savoir trouver des beaux terrains, pas
n'importe quels terrains, des beaux terrains pour construire ces écoles? Parce
que, visiblement, c'est une problématique qu'on voit sur le terrain un peu
partout au Québec.
M. Demers (Jacques) :
O.K. Parfait. Rapidement, je vais répondre quand même à...
Mme Rizqy :
Oui, allez-y.
M. Demers (Jacques) : Parce que, dans le fond, là, ce qu'on dit, puis
c'est pour ça qu'on cherche une place dans les écoles puis dans la structure, d'avoir des élus municipaux qui se
trouvent à cet endroit-là pour être sûr qu'il y ait des gens qui sont choisis
par les citoyens localement pour y siéger. De là où est-ce qu'on dit :
Dans les différentes structures, vous
allez choisir des gens pour ces conseils d'administration là, il va y en a qui
vont venir de l'élection, puis, oui, ça serait du monde municipal à ce
moment-là.
Au niveau des
terrains...
M. Châteauvert (Pierre) : ...on
propose le lieu de coordination. La discussion annuelle, justement, c'est un
des sujets. Dans la liste, on avait
cinq sujets par rapport à la planification stratégique : les plans
d'immobilisations, d'aménagement, développement, l'occupation du
territoire, incluant l'ouverture, les médecins, les écoles, les ententes de
partenariat. Ce sont des sujets qui doivent
être discutés entre le conseil et au niveau de la table de la municipalité
régionale de comté, où est-ce que
vous retrouvez tous les élus. Et puis cette discussion-là, ces discussions-là
doivent se faire là, et les consensus doivent s'établir là.
Mme Rizqy :
...là, je vais peut-être recommencer ma question. Parce que, là, présentement,
là, vous avez quand même des élus scolaires puis vous avez des élus
municipaux, puis malheureusement on entend encore des histoires où est-ce qu'on n'est pas capables de trouver des
terrains, alors qu'il y a quand même deux paliers de gens élus démocratiquement
qui sont supposés s'entendre pour le bien
des enfants. Alors, est-ce que vous avez une solution concrète, là, pour nous
dire comment que, présentement, on ne
va plus entendre d'histoires où est-ce qu'on met des écoles proches des
pylônes, proches des gares
ferroviaires, proches des autoroutes, puis que ce n'est pas vraiment au plus
fort la poche au pied carré parce qu'on préfère construire une tour de condos que de construire une école. Ça,
vraiment, là, les Québécois, là-dessus, ils ne sont plus capables.
Le Président (M.
Ciccone) : En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Demers
(Jacques) : O.K. Bien, de façon générale, dans les régions du
Québec, on n'a pas vraiment cette problématique-là. Où est-ce que vous allez
trouver ça, c'est dans les grands centres urbains, dans vos communautés urbaines où est-ce qu'il y a énormément... Au
niveau des régions, là, la fois que le gouvernement est prêt à y construire une
école, là, on lui fait de la place.
On pense à nos jeunes. On a plus de misère à les garder qu'à les construire. À
ce moment-là, là, je voudrais trouver
les exemples, qu'il y a un village au Québec qui n'a pas trouvé de place pour
son école, elle n'existe pas. On cherche des écoles qui restent en vie.
C'est vraiment là-dessus qu'on travaille, là.
M. Ciccone : Merci beaucoup, merci beaucoup. Maintenant, je passe la parole à la
députée de Sherbrooke pour 2 min 40 s. À vous la parole.
Mme Labrie :
Merci. J'ai bien entendu votre plaidoyer envers les CRE, qui ont été une grande
perte pour les régions. J'en entends souvent
parler parce que mon bureau de circonscription est dans l'ancien local d'une
CRE de l'Estrie, puis... bien, Sherbrooke, puis c'est quelque chose dont
on parle souvent avec beaucoup de nostalgie.
Puis
j'entends aussi votre besoin d'un meilleur arrimage entre les commissions
scolaires, les municipalités, le besoin que les décisions soient prises
localement, mais de manière concertée aussi, dans ces différents secteurs-là,
puis je me demande : Est-ce qu'on a vraiment besoin d'abolir les
commissions scolaires pour ça? Est-ce qu'on ne pourrait pas aménager, dans le
modèle actuel, une manière de favoriser cette collaboration-là avec les
municipalités?
M. Demers (Jacques) : Je
comprends votre question,
puis ça ressemble... On n'a pas pris cet aspect-là en venant ici aujourd'hui.
En regardant, on s'est dit : Bon, il y a un projet de loi, on travaille
sur le projet de loi en essayant de répondre
ce que nous, on pense qu'il faut le plus protéger. Si le gouvernement décide de garder les commissions
scolaires, là, on va souhaiter, comme dans Kamouraska, comme à d'autres endroits, qu'il y ait
plus de liens. Il y a des places que ça fonctionne bien. Comme vous disiez, au niveau des CRE, je pense qu'on en
avait une qui fonctionnait, mais il y a des endroits où que ça allait
moins bien. Il y a eu des décisions de prises.
Dans
celle-là, une fois qu'il y a un projet de loi, on s'est dit : On pourrait
venir vous parler pendant trois heures de vouloir la garder... de regarder. À ce moment-là, on aurait pris un
autre angle. L'angle qu'on a pris, aujourd'hui, c'est de dire, avec ce qui est proposé, là, qu'est-ce qu'on
pourrait faire pour que ça aille le mieux possible pour nos régions. C'est
vraiment l'aspect qu'on y a pris.
Mme Labrie :
Je comprends que vous ayez fait ce choix-là, mais en même temps je veux aller
peut-être un peu dans le même sens que ce qu'a essayé d'aborder ma collègue,
dans le fond, la démocratie. Tu sais, l'argument, le prétexte nommé par le gouvernement en place pour ce
projet-là de gouvernance, c'est le faible taux de participation aux élections
scolaires. Puis vous et moi, on le sait que
le taux de participation est faible aussi au niveau municipal puis qu'il y a
même plus d'élus municipaux élus par
acclamation qu'il y a d'élus scolaires, en pourcentage. Donc, le risque de
glissement, comme a nommé ma collègue
de Saint-Laurent, est quand même assez élevé, là, quand on dit : Bon, la
participation est trop faible, on
abolit ça, on transforme ça en conseil d'administration. Nous, on est
préoccupés par ce glissement-là au niveau démocratique. Puis je
comprends que ce n'est pas le choix que vous avez fait d'aborder ça ici, mais
le voyez-vous, ce risque-là, quand même?
M. Demers (Jacques) : Bien, je suis surpris quand vous nous dites que
les taux sont plus faibles. Dans beaucoup de municipalités, les taux
sont plus hauts qu'au provincial ou qu'au fédéral. Quand...
Mme Labrie : ...élus par
acclamation, je veux dire.
M. Demers
(Jacques) : Oui, le taux d'élus, mais le
taux de votation dans nos municipalités, quand il y a des votes, là, on
a un très bon taux de votation, les gens sont présents. Quand il y a le maire
qui a une élection dans un village, il s'arrange
pour faire sortir son monde, puis celui qui est contre aussi. Le taux de
votation, au monde municipal, est très, très élevé. Il y a, oui, dans bien des endroits... qui choisissent de garder.
Si le problème de garder... il n'y a pas eu d'autres personnes qui se
sont présentées, est-ce qu'on considère que c'est à cause que les gens... qu'il
devrait y en avoir à chaque fois? Peut-être qu'ils font un bon ouvrage, aussi.
Ça, je pense que c'est considéré.
Mme Labrie : C'est peut-être
aussi la même chose avec le scolaire aussi, hein?
M. Demers
(Jacques) : Tout est
possible. Mais les fois qu'il y a deux personnes qui se présentent, nos taux de
votation sont très élevés.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Demers (Jacques) :
Oui, c'est terminé.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt, maintenant, à reconnaître la députée de Joliette
pour 2 min 40 s.
Mme Hivon :
Oui. Je suis très heureuse de vous entendre, de vous avoir ici. Il y a beaucoup
de craintes. Moi, je dois dire que
moi et mes collègues qui proviennent de beaucoup de régions, dans ma formation
politique, de régions un petit peu
plus éloignées, entendent beaucoup de craintes quant à la centralisation. Je
comprends que vous partagez un peu ces craintes-là.
Très
concrètement, vous l'avez évoqué un petit peu, tout à l'heure, sur les petites
écoles, les écoles avec très peu d'élèves,
est-ce que vous avez des craintes que ça puisse amener peut-être un manque de
sensibilité par rapport à la réalité de
ces petits milieux, ces petites écoles? Puis qu'est-ce que vous proposez pour
que cette réalité-là soit bien prise en compte?
M. Bernier
(Larry) : Moi, je ne pense
pas, peu importe la structure qu'on va mettre en place, que ça va changer
quoi que ce soit au niveau de la sensibilité. La sensibilité, pour moi, elle
est à l'intérieur de chaque individu. Et nous, présentement, on a parti notre
projet parce que c'était vraiment un projet particulier, il est unique au
Québec...
Mme Hivon : On en
a discuté, de votre projet, mais plus largement.
M. Bernier
(Larry) : ...oui, vous en
avez entendu parler, et on l'a parti avec des gens de coeur, puis on l'a tenu
à bout de bras pendant sept ans. Puis, au bout de sept ans, là, par différents
moyens, on a fait intervenir la commission scolaire,
puis c'est par déduction, avec la commission scolaire puis une présentation
qu'on a faite auprès des dirigeants, qu'à un moment donné on a eu une
collaboration avec eux, puis ça va très bien, présentement, avec eux, à ce
niveau-là.
Ça fait que je me dis : Si ça s'est réussi
dans une structure, ça va continuer à se réussir dans une autre structure, surtout que, je me dis, la nouvelle structure, je
pense qu'il va y avoir beaucoup de parents sur ce conseil d'administration là,
alors, s'il y a des gens qui sont bien sensibles à la situation des enfants,
c'est bien les parents.
Alors, je me
dis, bien, moi, je n'appréhende pas de difficulté particulière par rapport à
cette nouvelle façon de faire, là, je
me dis, c'est plus au niveau de la sensibilité de chaque individu qu'on va y
arriver, si chacun est conscient. Parce qu'en fin de compte la sensibilité nous mène à la
conscience, hein? En fin de compte,
si on est conscient de la difficulté de l'autre, bien, on est prêt à y
participer, à l'aider. Alors, moi, je pense que c'est de même que ça va
fonctionner.
Mme Hivon :
Et, parlant de sensibilité, j'image que vous avez une sensibilité territoriale
et donc vous êtes conscients que, par
exemple, dans un territoire donné, puisqu'il n'y a pas de siège ou de découpage de territoires, en fait, les conseils
d'établissement vont voter, à travers les
parents qui siègent là, pour les parents qui vont être sur les C.A., donc il
n'y a aucune garantie que, par exemple, ce ne serait pas, essentiellement, les
parents du centre urbain. Donc, ça, je voulais vous entendre là-dessus.
Puis l'autre
chose sur laquelle je voulais vous entendre... Vous listez, à la page 7,
plein de sujets dont vous aimeriez voir
des discussions se faire entre des instances scolaires et municipales, mais
est-ce que vous pensez que c'est réaliste de demander ça comme charge de travail à un C.A. composé, comme vous le
dites, majoritairement de parents non rémunérés qui vont déjà siéger sur
un conseil d'établissement et un conseil d'administration?
Le Président (M. Ciccone) : En
30 secondes, s'il vous plaît.
M. Bernier
(Larry) : Oui, c'est ça.
Moi, je pense que oui, je pense qu'il y a possibilité. C'est sûr que ces
gens-là vont être assistés,
probablement, avec des gestionnaires, là, qui vont encore exister, hein, dans
les nouvelles structures et qui vont les éclairer un
petit peu pour prendre les meilleures décisions. Mais je ne pense pas que ça
puisse poser plus de difficultés tellement grandes à ce niveau-là.
Le Président (M. Ciccone) : Alors...
Oui?
Mme Drolet (Maryse) :
Si j'ai quelques secondes... Non?
Le Président (M. Ciccone) :
15 secondes.
Mme Drolet
(Maryse) : En fait, on a une
recommandation sur le découpage territorial parce qu'on a effectivement cette préoccupation-là, qu'il n'y a plus de
territoire de circonscription. Donc, on peut penser, imaginer le scénario d'une
concentration de représentants au conseil et
qu'il y ait des territoires qui soient moins représentés au conseil d'administration du centre. Alors,
c'est effectivement une recommandation qu'on a.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme Drolet, merci beaucoup, M. Demers, M. Châteauvert,
M. Bernier. Merci pour votre grande contribution aux travaux de cette commission.
Je vais suspendre quelques instants pour laisser
place au prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 15)
Le Président (M. Ciccone) : Nous
reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération des syndicats de l'enseignement. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi
que vos invités. À vous la parole.
Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE)
Mme Scalabrini
(Josée) : Merci beaucoup. Bonjour. Je suis Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des
syndicats de l'enseignement.
La FSE est la plus importante organisation
représentant les enseignants au Québec. Elle regroupe 34 syndicats représentant plus de 65 000 enseignants aux quatre coins du
Québec. Elle compte parmi ses membres des enseignants du préscolaire, primaire, secondaire, de la formation
professionnelle, de la formation générale des adultes ainsi que des enseignants en adaptation scolaire et des
spécialistes. La FSE représente également les enseignants qui travaillent dans
les commissions scolaires cries, Kativik. Elle est affiliée à la CSQ.
Aujourd'hui,
je suis accompagnée de Mme Brigitte Bilodeau, la première vice-présidente
à la FSE, Mme Fanny Lamache et M. Sébastien Bouchard, deux
conseillers de la fédération.
Nous ne
sommes pas venus ici pour invectiver le ministre ni pour crier notre colère,
même si elle est bien présente. Nous
sommes ici pour représenter les enseignants et faire valoir leur voix au sujet
d'un projet de loi qui les indigne et pour lequel ils réclament des
amendements.
Nous avons tous entendu le ministre dire à
maintes reprises qu'il souhaitait valoriser la profession enseignante, reconnaître l'expertise des enseignants et rapprocher
les décisions de celles et ceux qui connaissent les élèves par leurs noms.
Si nous partageons ces objectifs, force est
de constater que les moyens proposés pour y arriver ratent complètement la
cible.
Le projet de
loi n° 40 devait revoir la gouvernance du réseau, mais il
a débordé largement de ce cadre pour venir restreindre encore davantage l'autonomie professionnelle des
enseignants. Pire, il met fin à la parité en diminuant la place du personnel au conseil d'établissement, comme si
leur voix devait compter moins. Par ce projet de loi, le ministre dévalorise
la profession, ma profession et, du coup, la
sienne. Ce projet de loi ne répond à aucune urgence du terrain, mais à un
engagement politique. Il y a des
besoins autrement plus criants dans le réseau. La FSE réclame d'ailleurs depuis
des années qu'on se donne une vision globale en éducation et qu'on cesse
les changements à la pièce.
L'an dernier,
la FSE a mené une vaste consultation auprès de milliers de ses membres sur le
thème Maîtres de notre profession. C'est sur cette base que nous nous adressons à
vous aujourd'hui. Nous aimerions souligner qu'il est, pour nous, inacceptable que des changements aussi importants
que ceux contenus dans ce projet de loi, qui auraient des répercussions
majeures, soient amenés dans des délais aussi courts et sans véritable
consultation au préalable. Le ministre nous dit souvent qu'il est ferme sur les objectifs, mais souple sur les moyens.
Il a là une excellente occasion de nous le démontrer.
• (17 h 20) •
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Dans son projet
de loi, le ministre nous concède une expertise pédagogique, mais sans réelle portée. Il ajoute, à l'article 19 de
la loi, que l'enseignant possède «une expertise essentielle en pédagogie». Cet
ajout est purement symbolique et n'aura aucun effet réel sur les
enseignants. Le projet de loi n'accorde aucun droit ni aucun pouvoir
supplémentaire aux profs. Au contraire, il leur ajoute des obligations et leur
retire des pouvoirs.
Il
faut reconnaître l'expertise et le jugement professionnel des enseignants dans
le choix des pratiques pédagogiques et en matière d'évaluation. La recette pour
y arriver serait simple, le ministre n'a qu'à modifier le projet de loi
pour que le nouvel article 19 reprenne
exactement le libellé qu'il avait lui-même proposé lors de l'étude du projet de
loi n° 105, qui se lit comme suit : «Dans le cadre des
programmes de formation et des dispositions de la présente loi, ainsi que dans
le respect de son autonomie
professionnelle individuelle, de son jugement et de son expertise, [...]l'enseignant
a le droit de diriger la conduite du ou des groupes d'élèves qui lui sont
confiés, de choisir la démarche appropriée pour la préparation [...] de ses cours, son matériel didactique et ses
instruments d'évaluation ainsi que de prendre les modalités d'interventions
qu'il juge appropriées.» Il ne resterait
qu'à ajouter une petite phrase pour établir que l'évaluation des apprentissages
est une compétence exclusive à l'enseignant, et le tour serait joué.
Le
projet de loi légalise la manipulation des notes. Introduire dans la loi qu'une
direction pourrait majorer les résultats d'un élève après avoir consulté l'enseignant n'est rien de moins que de
légaliser une pratique inacceptable que tout le monde ici présent a pourtant décriée. En invoquant comme
seul motif qu'actuellement ça se fait déjà sans en avertir les enseignants
revient à nier le débat qui a déjà eu cours. Présenter cet article de loi comme
un gain, c'est ne pas être à la hauteur de ses engagements, puisque
l'expérience nous a appris que l'exception devient souvent la règle. La FSE est
d'avis que toute
manipulation de notes par qui que ce soit devrait tout simplement être
interdite clairement.
Le
projet de loi cadenasse l'autonomie professionnelle.
La FSE a toujours soutenu la recherche en éducation et sa diffusion auprès des enseignants parce qu'elle
permet d'alimenter leurs réflexions professionnelles. Malheureusement, nous avons constaté dans plusieurs
milieux que des partisans de certaines chapelles universitaires viennent
imposer leur vision avec l'assentiment des commissions scolaires.
La
création d'un comité d'engagement pour la réussite des élèves, qui aurait pour
mandat de promouvoir les pratiques éducatives issues de la recherche ouvrirait
toute grande la porte à des intrusions dans l'autonomie professionnelle
des enseignants, qui deviendraient de simples exécutants. Le projet de loi
donne à ce comité le mandat de promouvoir, c'est-à-dire de mettre quelque chose en avant, de
préconiser quelque chose en essayant de le faire adopter, d'en favoriser
le développement. Nous avons beau chercher, nous ne voyons pas en quoi
se faire dicter des pratiques pédagogiques reconnaîtrait l'autonomie
professionnelle des enseignants.
Le projet de loi
asservit la formation continue des profs. Soyons clairs, les enseignants font
de la formation, ils veulent en garder la
pleine maîtrise d'oeuvre pour maintenir un haut degré de compétence
professionnelle en ayant le choix du
contenu, de la forme, du lieu et du moment, sous réserve des formations
concernant l'adoption de nouveaux encadrements ministériels ou la mise à jour des programmes d'études. Ils refusent
d'être assignés à des formations qui ne font pas de sens pour eux. Ils refusent
également de se faire imposer, par des formations, des approches ou des
méthodes au goût du jour, sans égard à leur pratique, à la réalité de
leur classe ou à leur expertise terrain...
Ce
qu'ils proposent, ce sont des moyens pour soutenir l'accès à la
formation : une offre de formations variées et concrètes qui répond
à des besoins réels, une plus grande reconnaissance de la formation continue
qu'ils font déjà, une bonification des
budgets de perfectionnement, incluant le personnel à statut précaire, qui n'est
actuellement pas financé pour se former, et du temps dans l'organisation
du travail en dehors des journées pédagogiques.
Si le projet de loi
veut actualiser réellement l'expertise pédagogique du personnel enseignant dans
la formation continue, il doit retirer son objectif de le contraindre, de le
surveiller et de le sanctionner en la matière. Il doit plutôt valoriser son
professionnalisme, reconnaître et soutenir sa participation à des activités de
formation continue.
Force
est de constater qu'en dépit de ses promesses le ministre impose sournoisement
et à la pièce des éléments d'un ordre
professionnel. Faut-il rappeler que les enseignants se sont prononcés
massivement contre l'instauration d'un tel ordre et qu'ils ont confirmé
cette position une fois de plus dans notre vaste consultation de l'an dernier?
Le
consensus autour d'une école commune est en péril. Les ministres rajoutent sans
arrêt des contenus obligatoires sans
qu'il n'y ait de temps pour le faire : la RCR, l'orientation scolaire et
professionnelle, l'éducation à la sexualité, et on parle même d'ajouter des compétences numériques et
de faire de la prévention en santé mentale. Pour la FSE, la cour est
pleine. L'école fourre-tout, ça suffit.
Dans
ce projet de loi, le ministre veut aussi laisser plus de pouvoirs au conseil
d'établissement, ce qui pourrait entraîner la prolifération des projets particuliers et ainsi encourager l'école à
trois vitesses, avec l'école privée, les projets sélectifs particuliers
et la classe ordinaire.
Il faut stabiliser
les heures prévues à la grille-matières et recentrer l'enseignement sur
l'essentiel. Nous proposons donc que le
temps alloué à chaque matière soit déterminé sur proposition des enseignants et
que soit instauré un temps minimum prescrit alloué à chaque matière. Je
le rappelle, rien ne protège, actuellement, le nombre d'heures d'enseignement à consacrer aux différentes
matières. C'est un temps indicatif et non prescriptif. Il nous apparaît
essentiel de recentrer le curriculum sur la formation de base commune et de
reconstruire une école pour tous. Cela constituerait un legs très
enviable pour un gouvernement qui dit prioriser l'éducation.
Mme Scalabrini (Josée) : Un gouvernement qui veut réellement faire de
l'éducation une priorité devrait d'abord s'atteler à apporter des solutions à des problèmes criants en écoutant
les profs qui sont sur la ligne de feu à tous les jours.
En somme, le projet
de loi n° 40 rate la cible. Il répond clairement à des engagements
politiques, mais pas aux promesses faites aux enseignants. La déception est
d'autant plus grande que le projet de loi, qui fait reculer leur autonomie et leurs droits, est porté par un
collègue enseignant. Pour un gouvernement qui se fait un point d'honneur de
respecter ses engagements, celui de la valorisation des enseignants est loin
d'être réalisé.
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
Mme Scalabrini (Josée) : Il y a un dicton qui dit que, quand c'est
important, on trouve des moyens, et
quand ça ne l'est pas, on trouve des excuses. On verra donc ici ce que
le ministre en pense vraiment. Merci.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup pour votre exposé. On passe maintenant à la
période d'échange. M. le ministre, vous avez 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation, toujours aussi passionnée, mais dont j'apprécie le ton, certainement. Ça facilite
grandement nos échanges. Je vous en remercie encore. Il y a plusieurs
éléments sur lesquels je voudrais revenir, des précisions que je
voudrais obtenir ou que je voudrais faire.
Je vois, dans
votre mémoire, au début de votre conclusion, dans le premier paragraphe, on
dit : «Le gouvernement actuel a donc déposé [un] projet de loi n° 40 qui devait avoir pour [objectif
principal] de modifier la structure de gouvernance
scolaire actuelle afin de remplir ses engagements politiques.» Je veux faire
une mise au point. L'objectif du projet de loi n° 40 n'est pas de remplir des engagements politiques. Les
engagements politiques ont été pris avec des objectifs plus nobles que de remplir des engagements politiques.
Évidemment, on souhaite aller de l'avant parce qu'on souhaite... Et on verra si
les moyens pris sont les meilleurs puis si on peut les ajuster, mais
probablement que, sur les objectifs, on peut s'entendre.
On souhaite
avoir une plus grande implication de ceux et celles qui font l'école à tous les
jours. On souhaite avoir une plus
grande subsidiarité, sans l'imposer comme un dogme, en sachant qu'on a besoin
de... Il y a des choses qui doivent se
faire à l'échelle régionale, hein? Ce n'est pas une abolition de la commission
scolaire pour qu'il n'en reste plus rien, c'est une transformation. Mais on souhaite avoir une plus grande implication
de ceux et celles qui font l'école tous les jours. On souhaite mettre de la chair autour de l'os puis
avoir un vrai principe de subsidiarité appliqué. On souhaite avoir plus de
gestion collaborative. Puis, au bout du
compte, en additionnant tout ça avec beaucoup d'autres mesures, puis les
ressources professionnelles ajoutées, puis un respect de l'autonomie, on
pense qu'à terme il y aura une augmentation de la réussite. Mais on ne fait pas ça parce que, tu sais, on a
dit qu'on allait le faire. On pense que ce sont des moyens qui vont nous
permettre d'atteindre des objectifs qui nous sont communs à tous.
Maintenant,
on va regarder les moyens, ensemble, pour voir dans quelle mesure on peut se
comprendre ou dans quelle mesure on
peut apporter des améliorations à ce projet de loi là. J'ai vu, dans vos
propositions ou dans vos recommandations,
à la fin, qui sont fort nombreuses... on va prendre le temps de toutes les
regarder, mais il y en a une qui nous dit qu'on devrait mettre dans la mission
deux choses qui seraient absentes dans le projet de loi n° 40 : la
notion de promouvoir et valoriser
l'école publique. J'en conviens, ce n'est pas là en ce moment. Je pense que
c'est quelque chose qu'on pourrait
assez aisément intégrer dans les amendements, de dire que le C.A. et le centre
de services devraient avoir cette
mission de promouvoir et valoriser. Et ce n'est pas juste des mots, je pense
qu'ensuite, quand on met ces mots-là, ça se traduit par des décisions,
par des gestes. J'accueille ça favorablement.
Vous nous proposez aussi, dans vos
recommandations, que, dans la mission, on nous dise : Bien, la mission du C.A., la mission du centre de services, c'est
de jouer un rôle d'équité, de répartition des ressources pour plus d'équité.
Encore une fois, je conviens que ce n'est
pas dans l'énoncé de mission actuel. Je veux juste préciser, pour
compréhension... Et on peut le
mettre, on peut bien le mettre, je n'ai pas d'objection à ça, évidemment.
Cependant, il est déjà dans l'article 275.1, ce principe de la loi actuelle, et il demeurera. À
l'article 275.1, donc, on dit que le centre de services fait une
répartition des ressources puis on
dit : «Cette répartition doit être effectuée de façon équitable», donc, en
respectant le principe de l'équité, et
ce n'est pas biffé avec le projet de loi n° 40. Ceci dit, on peut bien le
rajouter aussi dans l'énoncé de mission, mais juste pour rassurer des gens qu'il n'était pas question
d'éliminer quelque chose qu'il y avait, à savoir une instance régionale qui
veille à une équité sur le territoire. C'était déjà là, ça reste là.
Sur la question
de la notation, de l'évaluation, sujet très sensible quand on parle à des professionnels
de l'enseignement que vous êtes, vous dites : Toute
manipulation de notes doit être bannie. J'en conviens, je suis 100 % d'accord, je ne veux pas de manipulation de notes. Je pense que j'ai
posé un geste fort, au printemps, qui le démontrait bien. Le précédent gouvernement défendait ça en disant : Ah! ce
n'est pas moi qui l'ai instauré, donc je ne le toucherai pas. Nous, on l'a
arrêtée, cette manipulation, cette majoration automatique des 58 %,
59 % à 60 %.
Dans le
projet de loi, on pensait faire une avancée, puis là il y a une levée de
boucliers, ça fait qu'on va continuer de
réfléchir. On peut se remettre en question, mais on pensait faire une avancée
en disant : Il y a des notes qui sont manipulées, en ce moment, sans que personne ne soit consulté,
sans que personne ne soit avisé. On s'est dit : Si une direction avait des
doutes, en tant que leader pédagogique, et
voulait modifier une note... Et c'est écrit «majorer». Savez-vous quoi? Je vais
admettre l'erreur, on aurait pu dire
«modifier». Majorer, ça veut dire que ce serait seulement vers le haut. C'est
probablement, sincèrement, une erreur
de notre part d'avoir choisi ce verbe-là, qui est bien mal choisi. Mais, si
elle devait être modifiée, cette
note, comment on pourrait faire pour respecter la compétence professionnelle
d'évaluer puis en ayant un mécanisme d'appel?
Moi, je veux bien retirer cet amendement-là ou
le changer du tout au tout, j'entends ce que vous me dites, mais est-ce qu'on peut trouver une façon pour que, de
manière exceptionnelle ou ultra-exceptionnelle — on peut
mettre les superlatifs qu'on
veut — il soit possible d'avoir un mécanisme de révision,
comme en ont parlé, d'ailleurs, la Fédération des cégeps avant vous, aujourd'hui même? Ils ont dit :
On ne changera jamais une note, mais il y a un mécanisme de révision qui
existe. Puis on pourrait peut-être
trouver quelque chose ici, dans nos discussions, qu'on pourra reformuler en des
amendements légaux plus tard, qui
nous satisferait tous, avec cette intention commune de reconnaître l'expertise,
le geste professionnel, l'autonomie
professionnelle des enseignants, de l'acte d'enseigner, de l'évaluation, sans
peut-être cette maladresse d'avoir mis «majorer», que je reconnais.
Donc, est-ce qu'on peut s'entendre sur quelque chose comme ça?
• (17 h 30) •
Mme Scalabrini
(Josée) : Je vais faire un
bout, Mme Bilodeau pourra compléter, si elle veut. Premièrement, quand
vous avez mentionné les recommandations que
vous trouviez au mémoire, là, vous étiez dans l'annexe où on a mis des recommandations de la CSQ, ce n'était pas... juste
l'annexe avant, c'étaient les recommandations que nous, on faisait aujourd'hui.
Premièrement, c'est vrai qu'au
printemps vous avez posé un geste important qui nous a permis de croire que
vous étiez contre la manipulation des
notes. Quand on a analysé le projet de loi, là, ce qu'on y voyait, c'est :
Ah non, maintenant, on vient cautionner cette manipulation de notes là.
Quand
vous dites : Est-ce qu'on pourrait penser à un mécanisme?, le mécanisme de
révision des notes existe déjà, on
peut demander une révision des notes. Entre-temps, si, ce qui était contesté,
c'est de dire : On veut comprendre pourquoi l'enseignant est arrivé à cette note-là, c'est une chose, ça. On peut
demander, mais ça ne veut pas dire qu'on va changer la note. Tous les
enseignants au Québec vont admettre que des fois on peut vouloir comprendre
comment on en est arrivé à donner cette note-là, mais ça ne veut pas dire...
Parce qu'un enseignant peut bien vouloir dire comment il en est arrivé à ça, mais ça ne veut pas dire qu'il veut changer
sa note. Si l'enseignant considère qu'un moment donné : Oups! J'ai réalisé
que j'avais fait une erreur, il la changera,
sa note. Mais, si l'enseignant dit : Non, non, j'étais avec cet élève-là,
j'ai suivi le cheminement de cet
élève-là, c'est la note qu'il mérite... Par contre, si une direction a des
reproches à faire à un enseignant parce qu'il doute de son évaluation,
il existe, dans l'école, un mécanisme pour faire des suivis à des enseignants.
Et
c'est pour ça, pour nous, qu'il est très malhabile d'aller écrire noir sur
blanc dans un projet de loi qu'exceptionnellement, après consultation,
une direction peut changer la note. Non, la note, elle appartient à
l'enseignant, elle n'appartient pas à la direction, parce que c'est
l'enseignant qui a fait le cheminement. Je ne sais pas si Mme Bilodeau
veut ajouter.
Mme Bilodeau (Brigitte) : Bien, simplement mentionner qu'on n'écrit pas un
projet de loi pour des exceptions ou pour
des problématiques exceptionnelles, on écrit un projet de loi pour la majorité
des gens. Alors, moi, je pense que la très,
très forte majorité des enseignants ont un jugement professionnel qui mérite
d'être respecté, et, dans ce sens-là, il faut effectivement leur donner
l'autonomie en matière d'évaluation des apprentissages.
Le Président (M.
Ciccone) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, à cet égard, j'ai une petite divergence d'opinions. Je pense qu'on doit
prévoir, dans le projet de loi, des exceptions, mais par contre il ne
faut pas imposer des mécanismes qu'on devrait utiliser seulement en cas
d'exception à la majorité. C'est une nuance que j'apporterai.
Et,
comme je dis, peut-être que cet article-là devra être revu. En fait, je pense
qu'il serait revu, de toute façon, parce que «majorer», en partant, c'est le
mauvais verbe, ça, je le reconnais. Et ensuite, si on doit le modifier
autrement puis pour ne pas imposer à
une majorité quelque chose qui devrait être à une minorité ou une exception,
j'en suis, je vous dis tout de
suite que nous allons réviser sérieusement ça, on vous a entendus.
Pour ce qui est de quelque chose que vous avez mentionné, la parité sur les conseils d'établissement, là, on fait bien peu de changements dans la proposition
du conseil d'établissement. Cependant, ce qu'on proposait, ce qu'on propose dans le projet
de loi n° 40,
c'est d'arriver avec un... de donner le droit de vote au représentant de la communauté sur le conseil
d'établissement. Il y a
une place, en ce moment, réservée à un membre de la communauté sur le conseil d'établissement, mais il est non votant. En leur donnant le droit de vote, on vient, selon vous, brimer cette
parité. Pouvez-vous nous expliquer davantage puis nous en parler,
pourquoi c'est incorrect? Puis qu'est-ce qu'on devrait faire, donc?
Mme Scalabrini
(Josée) : Moi, je vais revenir à l'objectif, au départ, des conseils
d'établissement, c'était cette parité-là. La
voix des enseignants sur la vie d'une école, des enseignants et du personnel de
l'éducation sur la vie de l'école, c'est important. On
n'a jamais dit qu'on est plus importants que les parents. Les parents, on en a
besoin dans le système. C'est essentiel, les
parents, c'est eux qui font qu'on a des enfants à l'école. Mais on dit :
Le quotidien, par contre, la vie au quotidien, les besoins dans une école, c'est le personnel qui les
connaît. Et, pour nous, si on veut donner des votes à d'autres membres
en dehors du personnel, bien, il faut s'assurer que la parité demeure toujours
avec le personnel pour assurer l'équilibre
dans les réflexions et qu'on ne tire pas... La majorité des conseils d'établissement, vous l'admettrez avec nous, vont bien. Mais, si un jour ça va
moins bien, il faut donner une chance équitable de pouvoir parler correctement
de la vie à l'école et dans les centres.
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Les conseils d'établissement ont été constitués dans cet
esprit d'équilibre là entre les parents, qui
veulent le bien de leurs enfants, et les détenteurs de l'expertise qui est dans
l'école, et je pense que c'est extrêmement important de garder cet équilibre-là. Ça va
bien, effectivement. Ça fait, quoi, plus de 20 ans, là, qu'on vit
avec les conseils d'établissement, et
les gens ont appris à travailler ensemble, à collaborer ensemble dans le
respect de l'expertise de chacun, et
ça, c'est absolument essentiel. De briser la parité lancerait un très
mauvais message aux enseignants. Ce serait comme nier leur apport en
termes d'expertise au sein du conseil d'établissement.
M. Roberge :
Et, puisqu'on est dans le nombre de personnes, les proportions des différents
groupes, je vous amènerais sur le conseil
d'administration. Dans sa forme actuelle, le projet de loi n° 40 propose un modèle qui peut être semblable à ce qu'il y a au conseil d'établissement. En même temps, il y
a une nuance, on parle de la moitié aux parents, après ça 25 % membres de
la communauté, 25 % personnel de l'école. Certains ont dit que c'était
correct. Avant vous, d'autres nous
ont dit : Il faudrait avoir une triple égalité. Ils nous ont suggéré
d'arriver autour de 15 membres, mais d'avoir égalité, mais à trois, donc cinq parents plutôt
que huit, là, cinq parents, cinq de la communauté, cinq du personnel, c'est
ce qui a été mis aux voix. Ce n'est pas le
projet de loi n° 40, mais j'aimerais ça vous entendre sur cette
recommandation qui a été formulée par quelques groupes avant vous.
Mme Bilodeau (Brigitte) : Bien, encore là, je vous mentionnerai d'entrée de jeu que, pour nous, il n'y avait pas nécessité
de tout brasser la structure actuelle, on aurait été capables de vivre encore
avec les conseils des commissaires. On reconnaît qu'il
y aurait peut-être
eu lieu d'améliorer certaines choses, mais on aurait très bien
vécu avec le maintien des structures
actuelles. Si votre intention est de mettre en place des conseils d'administration, nous, on vous demande de revenir, encore là, comme sur les conseils d'établissement, avec la parité, toujours dans l'objectif
de reconnaître l'expertise des gens du
terrain, qu'ils puissent contribuer aux décisions, en équilibre avec les représentants des parents et de la communauté. La proposition d'équilibre entre
trois parties revient à dire que les membres du personnel seraient
minoritaires, ce qui ne nous apparaît pas souhaitable.
• (17 h 40) •
Mme Scalabrini
(Josée) : Et j'ajouterai que, pour nous, ce qui est crucial, en
plus, c'est qu'on veut s'assurer que ce seront les représentants du personnel
qui pourront décider qui est le personnel qui va au conseil d'administration,
que ce n'est pas en dehors du personnel qu'on nommera les gens qui doivent être
là, même si on reste convaincus qu'il y avait beaucoup d'autres priorités et
qu'on n'avait pas besoin d'aller tout changer le fonctionnement. On pouvait
réaménager ce qui existait, mais on n'avait pas besoin de tout chambarder comme
on le fait.
M. Roberge :
Très bien. Je précise quand même que, bon, selon les modèles, en ce moment, ce
qui est proposé, c'est quatre membres du
personnel, certains groupes nous en ont proposé cinq. Là, vous dites :
Bien, dans le fond, si on change, il faudrait que ce soit
moitié-moitié. Dans tous les cas, c'est plus que le statu quo, parce qu'il faut
bien prendre conscience qu'en ce moment, sur
les conseils des commissaires, il n'y
a personne de l'équipe du personnel. Il n'y en a pas, d'employés de soutien, il n'y en a pas, de professionnels, il
n'y en a pas, d'enseignants, il n'y en a pas, de directions d'école. On
se prive, je pense, à tort, de cette expertise des gens qui, tous les jours,
font l'école mais qui n'ont pas, d'aucune manière, leur mot à dire sur l'instance la plus importante,
sur le conseil d'administration, contrairement à ce qu'on a dans nos cégeps,
où il
y a une place pour les gens qui font
le cégep à tous les jours, les gens qui enseignent, contrairement à nos universités,
où il y a une place sur nos les C.A. de nos universités pour ces personnes-là.
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, M. le ministre.
M. Roberge :
Bon, on y reviendra, de toute façon, on aura d'autres occasions. Je vous
remercie beaucoup pour votre collaboration aux travaux.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup.
Mme Scalabrini
(Josée) : Est-ce qu'on peut faire une petite réponse?
Le Président (M.
Ciccone) : Sur le temps de Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Scalabrini
(Josée) : Bien, j'apprécie que le ministre nous parle de
cégeps. Et il n'a pas parlé d'hôpitaux, mais
je vais l'ajouter, parce que, quand on vous parlait de parité — tantôt, on va revenir — on
a fait des petites recherches, nous
autres aussi, même si on avait très peu de temps pour se préparer à nos
présentations, et les organisations qui ont un conseil d'administration, ce
ne sont pas, généralement, les usagers, qui sont sur les conseils d'administration, ce sont ceux qui vivent au quotidien dans ces centres-là qui sont en priorité. Donc,
quand on vous parle de parité, on ose espérer qu'on retiendra, si on
veut souvent donner ces exemples-là d'autres organisations, qu'on regardera
l'exemple au complet.
Mme Bilodeau (Brigitte) : Et le conseil des commissaires était une instance
démocratique qui tenait ses réunions
en séances publiques, donc c'était un lieu
de représentation, quand même, pour le personnel, où on pouvait faire valoir la
voix des enseignants.
Le Président (M.
Ciccone) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci. Bienvenue. Plusieurs choses, je commence d'emblée avec l'article 34
du projet de loi, où est-ce qu'il est
question de majoration de notes, qui seront maintenant rendues légales. Dès
lors que le projet de loi n° 40 a
été déposé en Chambre, j'ai demandé au ministre de retirer complètement le
paragraphe qui dit qu'«elles peuvent toutefois permettre exceptionnellement au directeur de l'école, après consultation
de l'enseignant, de majorer le résultat d'un élève s'il existe des motifs raisonnables liés à son
cheminement scolaire». Moi, j'ai demandé le retrait complet, que ça soit biffé,
parce que, même si aujourd'hui le ministre
dit que ce n'est pas le bon temps de verbe, «majorer», il y a plus que juste
ça, c'est que «consultation», c'est
quoi? Est-ce que ça aussi, c'est un bon mot? Parce qu'on pourrait dire
«consentement». Mais j'ai déposé une
sentence arbitrale, où est-ce qu'un enseignant a été consulté, mais l'arbitre a
mis dans sa décision : Il a obtenu
son consentement, il l'a mis entre guillemets, parce que l'enseignant était
tellement secoué d'avoir reçu la pression de certains parents qu'il a
dit : Oui, oui, mais il n'était pas apte à consentir à ce moment-là. Et
j'aimerais vous entendre là-dessus, parce
que, pour moi, c'est assez important que, même si le ministre change et dirait
«avec consentement», on vient d'ouvrir, là, la porte toute grande à
beaucoup de pression sur les enseignants pour obtenir un consentement.
Mme Scalabrini (Josée) : Je vais vous dire qu'avec la confusion qui a été
créée par l'ajout qu'il y a eu de l'article, il faut qu'on aille préciser que
le seul responsable de la note, c'est l'enseignant. On est rendus, je pense, à
cette étape d'aller le confirmer noir sur blanc qu'une note ne peut être
changée. Le seul responsable de la note, c'est l'enseignant.
Mme Rizqy :
Parfait. Et, à l'article 222, c'est déjà inscrit, là, qu'il y a une mesure
d'exception pour des raisons humanitaires,
dans la Loi sur l'instruction publique, pour modifier une note. Il me semble
que ça, c'est la réponse à la question du
ministre de tantôt, quand il disait «avoir une disposition d'exception sur
les exceptions». 222, il me semble que c'est assez clair que, pour des
raisons humanitaires, oui, effectivement, il pourrait y avoir une modification,
là.
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Il faut savoir qu'il y a actuellement des décisions de
tribunaux qui reconnaissent l'évaluation des apprentissages de compétence
exclusive des enseignants.
Mme Rizqy :
Merci. Je vous amène aussi à loi référendaire, 35, il y a une petite
subtilité que j'aimerais soulever, où
est-ce qu'on parle, et permettez-moi l'expression, du redoublement, où est-ce
que ça va être maintenant inscrit «après consultation de l'enseignant». Il me semble que, si c'est l'enseignant
qui est maître du résultat scolaire, c'est lui qui va mettre la note, et là, après ça, oui ou non, il va
y avoir un redoublement ou pas, là, et non pas que le directeur d'école va décider, après avoir consulté, si, oui ou non, il
fait redoubler. Il pourrait y avoir,
ici, une ambiguïté ou une interprétation qui pourrait permettre un jour à un directeur d'école de dire que lui aussi
a son mot à dire sur le résultat scolaire d'un élève.
Mme Bilodeau (Brigitte) : Pour nous, l'enseignant doit être partie prenante
de la décision qui est prise de garder un
élève une année supplémentaire au préscolaire ou une année supplémentaire au
primaire, parce que c'est de ça dont il est question dans l'article que
vous mentionnez. Alors, pour nous, c'est absolument important que le
déclencheur de la décision de garder un élève à l'éducation préscolaire une
année de plus ou au primaire une année de plus, ça relève de l'enseignant, qui connaît l'élève, qui l'a vu
évoluer. Alors, c'est ce qu'on fait comme recommandation dans notre mémoire.
Mme Rizqy : Merci. Et, bon, est-ce que le projet de loi n° 40 était très attendu, de votre côté, parce que,
tu sais, il y avait une urgence, puis vous l'attendiez avec beaucoup
d'impatience? Puisque c'est ce que nous avons eu comme réponse de la part du ministre.
Mme Scalabrini
(Josée) : Je pense que, dans notre présentation, on l'a très
bien indiqué, que, pour les enseignants sur
le terrain, pour la souffrance qui se vit présentement dans nos écoles, pour
les besoins qu'on a, non, ce n'était pas une priorité, pour nous, le projet
de loi n° 40.
Mme Rizqy :
D'accord. Et, au niveau... Désirez-vous parler un peu de démocratie?
Mme Scalabrini
(Josée) : Dans le sens de ce que j'ai dit tantôt, qu'on ose
espérer que, si on doit aller vers un conseil
d'administration, c'est les
enseignants qui décideront quel enseignant ou personnel de l'éducation est sur
ce conseil d'administration
là.
Mme Bilodeau (Brigitte) : Le sujet a été abordé sur ces questions-là dans
le mémoire de la CSQ. Nous, on s'est attardés davantage aux enjeux
pédagogiques et professionnels qui visent strictement les enseignants.
Mme Rizqy : Parfait. Pour illustrer les propos, le ministre
a dit que, maintenant, il y a un inversement du paradigme, donc les enseignants, notamment, auront plus de
pouvoirs pour prendre des décisions. Dans le projet de loi n° 40,
avez-vous trouvé les endroits où est-ce que vous avez, finalement, plus
de pouvoirs pour être en mesure de prendre des meilleures décisions pour...
Parce que c'est quand même vous qui connaissez les élèves par leurs noms.
Mme Bilodeau
(Brigitte) : ...
Mme Rizqy :
Rien?
Mme Bilodeau
(Brigitte) : La réponse est simple : aucun.
Mme Rizqy :
Puis j'imagine que vous avez vraiment beaucoup cherché?
Mme Bilodeau
(Brigitte) : On a cherché.
Mme Rizqy : D'accord. Parfait. À ce stade-ci, est-ce qu'il y
a encore assez d'espace pour pouvoir améliorer le projet de loi ou
pensez-vous que, pour tout ce qui est pour les enseignants, ça peut être un peu
trop dommageable que de continuer avec
autant de presse? Et considérez aussi qu'on a un calendrier des travaux
parlementaires... et les lettres qui doivent être envoyées au DGEQ, le
Directeur général des élections du Québec, si on veut aller de l'avant avec le projet
de loi n° 40, pensez-vous qu'à ce stade-ci on pourrait peut-être
mettre le pied sur la pédale de frein et de se concentrer sur ce que
vous avez dit tantôt, l'urgence d'avoir une meilleure vision globale de
l'éducation?
Mme Scalabrini (Josée) : Si on est en commission parlementaire aujourd'hui, si on tenait à venir dire quelles sont les choses qui nous irritent et qui sont, pour nous, une attaque à
l'autonomie professionnelle des enseignants, c'est parce qu'on croit en la mécanique et qu'on souhaite que
des modifications vont être faites, qu'il y aura des amendements.
Les délais nous inquiètent énormément. Tout ce que l'on souhaite, c'est
que ce n'est pas un processus qui se terminera par un bâillon parce qu'on sera
en urgence. Il faut prendre le temps de faire les choses.
Ça fait des années qu'on
dit que ça nous prend une vision globale de l'éducation. On fait des
modifications... pas seulement
le gouvernement qu'il y a là, là, tous les gouvernements qui sont passés ont fait des modifications à la pièce de la Loi
de l'instruction publique qui fait que ça devient invivable dans nos milieux.
Parce qu'à chaque fois qui sont pénalisés?
C'est les gens qui vivent l'éducation au quotidien. Donc, on espère qu'on va
prendre le temps de faire les choses et
on espère que, quand viendra le temps de voter ce projet de loi là, il y aura respect des gens qui sont dans les écoles et les
centres au quotidien.
Mme Rizqy : Dites-moi, est-ce
que vous désirez avoir un ordre professionnel?
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, dans le mémoire, la réponse des enseignants
est très claire, ils l'ont réaffirmée l'année dernière, ils ne souhaitent pas
d'ordre professionnel.
Mme Rizqy : Trouvez-vous qu'avec le projet de loi n° 40... est-ce qu'indirectement on met quand même
des balises, comme s'il allait y avoir un ordre professionnel imposé aux
enseignants?
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Effectivement,
on l'a mentionné tout à l'heure, on nous amène, dans le fond, des obligations,
des risques de sanctions, alors, un encadrement qui n'est pas souhaité
et, en contrepartie, aucun pouvoir nouveau.
Mme Rizqy : À ce stade-ci, avec la désertion de la
profession, pensez-vous que ça serait peut-être souhaitable de complètement biffer ces
dispositions dans le projet de loi n° 40?
Mme Bilodeau (Brigitte) : C'est
ce qu'on recommande.
• (17 h 50) •
Mme Rizqy : D'accord. Alors,
j'espère que le ministre entend vraiment ces messages, car c'est sérieux, en ce
moment, le nombre d'enseignants qui,
malheureusement, quittent la profession, et on ne peut pas continuer à ne pas
entendre les témoignages. Tantôt,
j'ai ressenti votre ouverture, je crois que, sincèrement, au niveau
des notes, il va falloir complètement biffer ces dispositions et toutes
les sanctions envers les professeurs. Ce n'est pas comme ça qu'on peut attirer
davantage d'enseignants dans notre réseau d'éducation.
J'aimerais
revenir sur le conseil d'administration. Qui va être imputable, maintenant,
avec le projet de loi n° 40?
Mme Bilodeau (Brigitte) : Le
conseil d'administration.
Mme Scalabrini
(Josée) : Ce n'est pas précisé dans le projet de loi.
Mme Rizqy : Non, vous ne l'avez
pas trouvé non plus? D'accord, parfait.
Il reste
environ une minute, alors je vais devoir aller un peu plus rapidement sur ma
dernière question. Tantôt, vous l'avez
dit, qu'il y a des enseignants qui... la grille horaire, vous en avez déjà
parlé l'an dernier, et la formation. Les enseignants, je pense que c'est clair
qu'il faut le dire qu'ils font déjà de la formation et que, malheureusement,
ils ne le font pas durant la plage
horaire. Alors, qu'est-ce qu'on doit faire, immédiatement, pour permettre aux
enseignants de le faire durant les heures de travail et non pas le soir
ou non pas la fin de semaine? Qu'est-ce qui doit être fait immédiatement?
Mme Scalabrini
(Josée) : Premièrement, il
faut commencer par valoriser la formation qui se fait présentement. Je
l'ai dit l'an dernier, je vais le répéter, les enseignants au Québec se
forment, il y a de la formation. Malheureusement, encore une fois, tous gouvernements confondus, jamais un ministère n'est
allé chercher les données de la formation qui se faisait. Les seuls qui ont des données là-dessus, c'est la FSE, qui a
pris le temps d'aller dans les tous les milieux voir ce que faisaient les enseignants comme formations, et il
se fait de la formation chez nos enseignants, donc il faut commencer par
le reconnaître. Il faut aller voir pourquoi,
malgré la formation qu'ils font, c'est si difficile, qu'est-ce qu'on a besoin,
pourquoi ce n'est pas mieux financé,
pourquoi on ne trouve pas plus d'espace pour ces formations-là et s'assurer que
les formations qui se donnent dans les milieux viennent répondre aux besoins
des enseignants et non pas aux besoins de tout autre... je ne dirai pas
acteur, mais... Je vais laisser Brigitte continuer.
Mme Bilodeau (Brigitte) : Vous
avez, actuellement, là, les...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît, en terminant.
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Oui. Les
enseignants, actuellement, font différentes formes de formations. Il y en a qui suivent des cours universitaires, il y en a
qui vont participer à des formations qui sont organisées par les commissions
scolaires, leurs écoles organisent des activités de formation à laquelle on
leur demande de participer, ils participent à des
colloques et à des congrès, ils sont impliqués dans des groupes de partage, ils
participent à des recherches. Et tout ça, là, souvent, c'est tout en vase clos, puis on ne reconnaît pas, dans le
fond, l'engagement des enseignants dans leur formation continue. Alors,
il faut reconnaître ce qu'ils font.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci. Malheureusement, je dois vous arrêter. Merci beaucoup. Je passe
maintenant la parole à la députée de Sherbrooke pour
2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci.
On connaît l'impact de la composition des classes dans vos conditions de
travail. J'aimerais ça vous entendre sur l'impact du changement de
règles par rapport au territoire des élèves, le fait que ça s'assouplit
beaucoup, quel impact ça peut avoir sur la composition des classes et qu'est-ce
que vous en pensez.
Mme Scalabrini (Josée) : Vous le savez, ça fait des années qu'on dit qu'au
Québec il existe une école à trois vitesses, les écoles privées, qu'on a décidé de financer, les projets sélectifs,
qu'on a valorisés pour venir compétitionner l'école privée... On vient beaucoup parler du débat, là, depuis
quelques jours, de ce territoire commission scolaire là, mais nous, on a le
goût de dire, là : Même dans une même commission scolaire, ce n'est pas
normal qu'on ait laissé se développer cette concurrence-là entre les écoles. Au
lieu de permettre que tous les milieux de vie, de par les projets éducatifs, de
par la valorisation de chacune des écoles...
de donner le goût aux gens de développer l'école de quartier, l'école de
village. En même temps qu'on intégrait les élèves en difficulté — parce
que vous m'avez parlé de composition de la classe — on a laissé nos écoles, plusieurs de nos écoles de
quartier ou de village se vider d'élèves qui avaient plus de facilité pour
aller vers des projets sélectifs. Nous, on dit : Au lieu de
décloisonner, pas juste avec les commissions scolaires, là, même à l'intérieur
d'une même commission scolaire, allons donc valoriser le fait qu'on devrait
développer des écoles qui sont intéressantes pour la vie d'un quartier, la vie
d'un village et que les gens aient le goût de rester dans leurs écoles.
Mme Labrie :
En moins d'une minute, j'ai une deuxième question. Vous, en tant que
spécialistes de l'éducation, est-ce que vous croyez que ce projet de loi
là a un impact positif sur la réussite éducative?
Mme Bilodeau
(Brigitte) : Je ne suis pas en mesure d'affirmer ça, quand on regarde
les changements qui sont proposés. Pour
nous, il y avait vraiment d'autres urgences qui auraient pu assurer une
meilleure réussite des élèves, notamment par les balises qui pourraient
être apportées à la prolifération des projets particuliers.
Mme Labrie :
Vous avez des recommandations par rapport à ça dans votre mémoire, notamment
qu'il y ait un rapport produit
annuellement sur de tels projets pédagogiques particuliers.
J'en profite pour rappeler au ministre que, le 3 septembre, on lui a demandé des nouvelles sur l'engagement qu'il
avait pris au printemps de faire un bilan, au niveau du ministère, des
projets pédagogiques particuliers. Il nous avait répondu, le 3 septembre,
que ça s'en venait dans quelques semaines, et ça en fait plus que huit, et on
n'a toujours pas de nouvelles.
Le Président (M. Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît... Alors, il n'y a
plus de temps, et je vais devoir céder la parole à la députée de
Joliette pour 2 min 40 s.
Mme Hivon :
Oui, merci beaucoup. Vous avez des recommandations très intéressantes et
détaillées, je vous en remercie. J'espère
qu'on va avoir le temps de tout analyser ça pendant l'étude détaillée et qu'on
va pouvoir vraiment aller au fond des
choses. Vous parlez du comité d'engagement pour la réussite des élèves. Vous faites
une recommandation spécifique pour retirer certains éléments, les
paragraphes 2° et 3° qui sont
introduits, là, à l'article 88, donc, du 193.7. Pouvez-vous nous expliquer
qu'est-ce que ça change puis pourquoi vous tenez à ça?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Dans le fond, en donnant le pouvoir à un comité d'engagement vers la réussite à
l'intérieur duquel il y aurait différents acteurs, donc pas seulement du
personnel enseignant, en leur donnant le pouvoir d'analyser les résultats des
élèves puis de faire des recommandations quant à la réussite des élèves, c'est
carrément donner le droit à des gens qui ne
sont pas enseignants de venir nous suggérer des pratiques à adopter pour
améliorer la réussite. Pour nous,
c'est carrément une intrusion dans notre autonomie professionnelle, et c'est
pour ça qu'on demande de retirer ces deux éléments-là des mandats du
comité d'engagement pour la réussite.
Mme Hivon :
O.K. Pour faire suite à ce que ma collègue de Sherbrooke discutait avec vous,
qui me tient à coeur aussi beaucoup, on en a parlé quand on a parlé du
projet de loi n° 12, toute la question des projets particuliers, l'école à deux et trois vitesses, pour vous, avec le
projet de loi, est-ce que vous voyez des risques accrus de concurrence entre
les écoles? Et, si oui, quelles mesures on devrait mettre en place pour
s'assurer que ça ne sera pas le cas?
Mme Scalabrini (Josée) : Ça fait deux projets de loi où on vient valoriser
les projets particuliers sélectifs, et, pour nous, il faut mettre fin à ça. Je reviens sur le fait qu'il faut plutôt
valoriser le développement de l'école de quartier, de village pour donner le goût aux gens d'être dans leur
milieu. Jamais on ne dira que ce n'est pas normal qu'un parent veuille ce
qu'il y a de meilleur pour son enfant, c'est normal, tous les parents veulent
ce qu'il y a de meilleur pour leurs enfants. Nous,
est-ce qu'on pourrait vouloir ce qu'il y a de mieux pour nos enfants? C'est
notre responsabilité, dans les écoles, de dire : On doit s'organiser pour avoir une mixité scolaire,
permettre qu'ensemble, dans une école, on puisse avoir la réalité d'une
société...
Le Président
(M. Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
Mme Scalabrini (Josée) : ...et la ségrégation scolaire ne vient pas nous
aider, présentement, à développer notre réseau scolaire.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme Scalabrini. Merci, Mme Bilodeau,
Mme Lamache, M. Bouchard. Merci de votre contribution. Merci,
M. le ministre. Merci, chers collègues députés.
J'ajourne les travaux de
la commission jusqu'au lundi 11 novembre 2019, à 14 heures, où
elle poursuivra son mandat. Voilà.
(Fin de la séance à 17 h 59)