(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M.
Asselin) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission
de la culture et de l'éducation
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre leur sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre les auditions
publiques dans le cadre de la consultation particulière sur le projet de
loi n° 5, la Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services de
l'éducation préscolaire destinés aux élèves de 4 ans.
Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La
Secrétaire : Non, M. le Président, il n'y a aucun remplacement.
Déclarations soulignant la première utilisation par une
commission parlementaire de la salle Pauline-Marois
du nouveau pavillon d'accueil
Le
Président (M. Asselin) : Parfait. Écoutez, vous allez me permettre de
déroger en offrant peut-être la parole aux gens avant de commencer, étant donné
qu'on est dans notre première séance ouverte à la salle Pauline-Marois, qu'on
inaugure avec beaucoup de plaisir. Je ne sais pas s'il y a des gens... Louis,
tu aurais le goût de parler?
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Oui, merci, M. le Président. Juste
deux petites secondes, pour ne pas prendre le temps des gens qui viennent nous voir — de toute façon, on va quand même commencer avec le chronomètre habituel — bien, pour saluer... Et j'ai vérifié, hein, dans
l'autre salle, la salle Casgrain, il n'y a pas, en ce moment, de consultation
ou de séance de commission. C'est vraiment
le début d'une nouvelle ère, et je pensais qu'il serait de bon aloi de saluer
la vision et la sagesse de ceux et celles qui, au fil des dernières années,
ont permis que nous nous installions ici aujourd'hui. Je vous remercie
beaucoup, M. le Président.
Le
Président (M. Asselin) : De rien. Allez-y, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M. le Président.
Alors, évidemment, je souhaite la bienvenue à tous ceux qui sont avec nous. Je remarque encore
que le groupe de liberté éducative est présent. On inaugure aujourd'hui la
salle Pauline-Marois en étudiant le projet de loi n° 5, qui porte
sur les maternelles quatre ans universelles, et le premier groupe entendu est l'AQCPE. Alors, c'est un peu ironique parce que
nous sommes dans la salle de la mère des CPE, et c'est un projet de loi
qui, effectivement... même l'AQCPE demande le report.
Le
Président (M. Asselin) : Excellent. À vous la parole, Mme la députée
de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme
Labrie : Oui. Mon intervention va dans le même sens. Effectivement, on
est dans la salle Pauline-Marois aujourd'hui,
qui a été la première femme première ministre du Québec et qui a été également
à l'origine du déploiement des CPE ici, au Québec. Donc, je tenais à le
souligner, comme on se penche en ce moment sur le déploiement d'un autre réseau
parallèle.
Le
Président (M. Asselin) : C'est gentil. Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Bien, écoutez, je suis
très heureuse, et fière, et même, je dirais, un peu émue que les travaux que nous inaugurons aujourd'hui me
permettent d'être ici pour la première fois, pour le premier jour des travaux
dans la salle Pauline-Marois,
quelqu'un qui est une grande inspiration pour tout ce qui concerne la politique
à la petite enfance. Et moi, je veux voir une belle symbolique dans le fait que le premier groupe qui est entendu
dans la salle qui porte son nom soit l'Association québécoise des centres de la petite enfance, qui
est un de ses legs les plus importants, qui est un joyau au Québec. Et
j'espère qu'on va être inspirés par elle et
par ses travaux, dans les travaux qui nous occupent présentement, pour que les
centres de la petite enfance demeurent ce joyau-là et que la
complémentarité qu'elle souhaitait avec les maternelles quatre ans soit
maintenue, pour que les maternelles quatre ans soient là pour les enfants qui
en ont le plus besoin. Merci.
Le Président (M. Asselin) : De rien. J'espère
que Mme Marois pense à nous. M. le ministre, vous aimeriez parler?
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Nous, on pense certainement à elle
aujourd'hui, femme extrêmement inspirante, première femme première ministre. Il y en aura certainement des
dizaines d'autres, mais on n'oublie pas les premières qui ont défriché
le terrain pour toutes les autres,
Mme Marois, que j'ai eu le plaisir de rencontrer et de côtoyer alors que
j'étais vice-président puis président
du groupe Force Jeunesse à l'époque où on travaillait pour lutter contre les
clauses de disparité de traitement, puis
pour avoir ce qui allait devenir plus tard le Fonds des générations, et c'est
un honneur, pour moi et pour nous, d'être dans cette salle en son nom.
Moi, je pense... Probablement qu'elle nous écoute puis
qu'elle va savoir qu'il se passe quelque chose dans sa
salle aujourd'hui, j'en suis convaincu. Je
veux saluer son courage, sa détermination. Elle a soumis un travail... elle a
fait un travail extraordinaire dans
plusieurs ministères. C'est vrai qu'elle est celle qu'on dit, la maman des CPE,
mais il ne faut pas oublier aussi que
c'est elle qui était première ministre alors qu'on a déployé les maternelles
quatre ans, les premières années, en milieu défavorisé. Donc, on voyait
bien qu'elle n'opposait pas ces deux réseaux et on va continuer de cette
façon-là, en suivant son inspiration.
Auditions (suite)
Le Président (M. Asselin) : Merci beaucoup.
Alors, ce matin, on va entendre l'Association
québécoise des centres de la petite enfance, comme l'a dit la députée de
Joliette, et Mme Monique Brodeur.
On va commencer nos travaux. Je vous souhaite la bienvenue à
cette première séance. Je vous invite à vous présenter et profiter de l'enregistrement pour bien
vous identifier, et vous aurez 10 minutes pour présenter votre mémoire,
comme d'habitude, après ça on débutera les échanges avec les membres de la commission.
À vous la parole.
Association québécoise des centres de la petite enfance
(AQCPE)
Mme
Gosselin (Hélène) : Merci, M. le Président. Merci à la commission de nous avoir
invitées à prendre la parole aujourd'hui. M. le
ministre, Mmes, MM. les députés,
merci. Je me présente, Hélène Gosselin. Je suis présidente de l'AQCPE et
directrice générale du CPE Les Mousses depuis plus de 30 ans. Je suis
accompagnée par Geneviève Bélisle, qui est directrice générale de l'AQCPE.
L'Association québécoise des centres de la
petite enfance a pour mission d'exercer un leadership national sur l'ensemble
des enjeux liés aux services éducatifs et de garde à l'enfance. Elle a initié
la commission et le Sommet sur l'éducation à la petite enfance, où la déclaration pour la reconnaissance du droit de chaque enfant à une éducation de qualité dès la naissance a été adoptée
par plus de 2 500 personnes et
31 organisations représentant plus de 2 millions de citoyens.
L'AQCPE est un réseau d'entreprises d'économie sociale représentant les
intérêts de la majorité des centres de la petite enfance et des bureaux
coordonnateurs de la garde en milieu familial partout au Québec.
Au cours des derniers mois, l'AQCPE a entrepris
des travaux avec ses membres et partenaires sur le projet de maternelle quatre ans universelle, mais non
obligatoire. Cette démarche en plusieurs étapes nous a permis d'aller plus
loin dans notre réflexion. Ainsi, au cours
des derniers mois, nous avons lancé un sondage auprès de nos membres, tenu
deux grands forums nationaux avec le réseau des CPE-BC et deux tournées
nationales, soutenu l'organisation de La coopétition au service des enfants, un grand événement rassemblant 60 organisations à
propos des maternelles quatre ans. Je cède maintenant la parole à
Geneviève Bélisle.
• (10 h 20) •
Mme
Bélisle (Geneviève) :
Bonjour. Donc, nous avons derrière nous un actif important, je pense que vous
venez de le souligner, par l'apport, entre autres, de Mme Marois. Et nous
connaissons l'histoire — le
rapport Parent, la politique familiale, le
réseau des CPE-BC, les compressions, les freins, les promesses et les
déceptions, un développement trop souvent anarchique, sans direction, sans vision à long terme — nous en parlons à chaque fois que nous avons
l'occasion. Nous n'irons pas là cette fois-ci.
Non, cette
fois-ci, nous voulons nous concentrer sur aujourd'hui pour demain, s'élever
au-dessus du débat pour ou contre.
Bien sûr, nous aurions pu venir vous dire que nous sommes contre et en rester
là. Non, nous voulons être proactifs, amener des idées, faire bouger le
curseur du développement global des tout-petits.
Une fois cela
dit, tout le monde s'entend pour reconnaître qu'il y a des enfants que l'on ne
rejoint pas, à qui on n'offre pas le
meilleur de nous-mêmes, qui ne seront pas bien outillés pour leur parcours
scolaire, pour leur parcours de vie. Il faut agir. Il faut agir ensemble. La petite enfance est une période
d'effervescence où il n'y a pas de silo, pas d'ordre strict ni d'étape rigide. Aujourd'hui, j'apprends à tenir un
crayon, à dire non. Demain, j'apprendrai à développer mes habiletés
sociales. Un enfant fait tout ça en même temps.
De même, il
ne suffit pas d'additionner des règlements, des moyens et des colonnes de
chiffres pour en arriver à former un ensemble qui se tienne. Il faut un
unisson qui rassemble tous ces morceaux autour d'un leader, un tout qui ait un sens, un tout qui soit plus grand que la somme de ses
parties. C'est de cet unisson dont nous sommes venus vous parler aujourd'hui.
Entièrement
d'accord avec M. Legault, et probablement l'ensemble des parlementaires, nous
devons être ambitieux, audacieux pour
nos tout-petits. C'est pourquoi nous vous proposons aujourd'hui une politique
nationale de la petite enfance, justement portée par le premier
ministre, pas une politique nationale à mettre sur une tablette, à jeter au
prochain gouvernement ou à oublier à la
prochaine saveur du mois, une politique nationale qui incarne une vision, qui
protège des ressources, qui coordonne
l'action, réellement. Cette politique reconnaîtrait le droit de chaque enfant,
dès sa naissance, à des services éducatifs de qualité, dirigerait les
ressources vers l'enfant plutôt que d'obliger les parents à rechercher les ressources sans relâche, verrait à la cohérence et
la complémentarité de nos actions en déployant une offre intégrée
partout sur le territoire québécois,
créerait un écosystème favorisant la réussite éducative de tous les enfants et,
finalement, relèverait du premier
ministre et rendrait imputable l'ensemble des ministres et ministères quant aux
résultats. Osons cet unisson, cette politique
nationale avec le premier ministre comme chef d'orchestre, cette partition que
chaque réseau suivra pour produire un tout cohérent, une mélodie
éducative bienveillante pour les jeunes enfants et les parents.
Et je pense
qu'aujourd'hui on peut s'inspirer d'être le premier groupe entendu dans la
salle Pauline-Marois. Vous avez
souligné qu'elle était, oui, précurseure du réseau des CPE. Nous, ce qu'on
vient vous proposer aujourd'hui, c'est de relancer un nouveau projet de société et, ensemble, d'agir
collectivement pour nous projeter vers l'avenir. Pour rendre ce projet
bien réel, il y a urgence d'agir, mais sans précipitation.
Selon nous,
donc nos recommandations, il faudrait : premièrement, poursuivre, tant que
la politique nationale ne sera pas en
vigueur, le développement de maternelles quatre ans en milieu défavorisé, tel
que le prévoit la loi actuellement; deuxièmement,
poursuivre le développement de places en CPE et activer le plan de promotion en
milieu familial; mettre à jour les
cartes régionales sur l'offre de services éducatifs pour bien connaître les
besoins et les places manquantes sur le territoire; aller à la rencontre des parents pour connaître leurs
besoins et leurs attentes — je vous rappelle qu'en 2009 l'Institut de la statistique du Québec avait comme mandat
d'évaluer les besoins et les attentes des familles sur le territoire et que
ça nous permettait de faire le développement
des places en CPE et en milieu familial sur la base de leurs besoins;
cinquièmement, convoquer l'ensemble des
acteurs de la petite enfance, nos scientifiques, nos réseaux, nos élus, pour
élaborer la politique nationale; déterminer l'approche éducative
souhaitée en s'appuyant sur les données probantes — on a pu voir dans les derniers jours, vous avez reçu plusieurs
scientifiques qui avaient des points de vue fort intéressants, des fois très
similaires, des fois différents, je crois que ça prendrait une discussion sur
cette question de l'approche éducative souhaitée; et finalement, bien, il faudra définir la politique, le plan d'action, les
ressources nécessaires pour y arriver, le tout, avec énergie, conviction
et agilité pour offrir à nos enfants une véritable égalité des chances.
Ça peut
sembler difficile de rejoindre, dans le débat, tout le monde. On a sauté à
pieds joints dans l'invitation qu'André Lebon a faite au mois de février dernier. Les 25, 26 mars dernier,
on a convié des gens de différents réseaux à venir réfléchir, hein, pas sur la base d'un moyen, mais sur la base
du problème qu'on a — 27,7 %
de nos enfants arrivent à l'école avec des
vulnérabilités — et on a
fait la démonstration que, lorsqu'on place l'enfant au coeur, on est capables,
ensemble, d'arriver à des solutions intéressantes.
Dans le même
esprit, on est venus ici pour commenter le projet de loi n° 5. Alors, on
est studieux, on a fait nos devoirs. Donc,
aux fins des présentes consultations, nous avons analysé la proposition sur la
table. Vous ne serez pas surpris de constater
que nos commentaires s'appuient sur des principes essentiels qui soutiennent
l'idée même de la politique nationale : la cohérence,
l'universalité, la complémentarité et la qualité. Et je vous dirais
qu'aujourd'hui on est très fières, moi et Hélène,
de porter, hein, ces éléments-là de principes qui sont à la base du réseau des
CPE et qui font que nos éducatrices et nos responsables de garde, à tous
les jours, se font une fierté d'offrir un service de qualité à nos familles.
Les enfants
sont les mêmes, hein? Un enfant de quatre ans, qu'il soit en CPE, en
maternelle, en milieu familial, il a les
mêmes besoins. Nous devons donc voir les services qui lui sont offerts dans un
environnement global. L'ensemble de nos actions ainsi que nos lois et nos règlements doivent donc rejoindre cet
objectif et parler à un enfant, mais surtout assurer la cohérence de nos législations. On est donc d'avis
qu'il ne faut pas seulement se faire écho et collaborer, mais carrément
dire la même chose. La politique nationale permettrait, entre autres, d'agir
comme parapluie.
Deuxièmement,
sur la base, encore, du projet de loi n° 5, on estime qu'il faut préserver
les garde-fous. Donc, il apparaît
essentiel de s'assurer que la petite enfance ne soit pas soumise à la bonne
volonté des individus en présence. Il est important d'assurer la pérennité de nos actions. Nous
croyons donc primordial de maintenir les articles de loi actuels sur
l'instruction publique, de maintenir le
processus de consultation avec le ministre de la Famille et le pouvoir de
recommandation des commissions scolaires.
Finalement,
on croit qu'il serait important d'inscrire dans le projet de loi la notion des
comités régionaux consultatifs, donc
ces comités qui sont formés d'élus, de gens des différents réseaux et qui ont
une responsabilité de réfléchir aux besoins sur le territoire et d'avoir un pouvoir de recommandation auprès des
différents ministres. Évidemment, ces commentaires spécifiques sur le
projet de loi sont directement teintés de la politique nationale sur la petite
enfance que nous vous proposons aujourd'hui.
Pour
conclure, tout le monde a son regard, tout le monde a une partie de la
solution. L'événement des 25 et 26 mars dernier nous a fait la preuve... lorsque les experts terrain, les
chercheurs, les gouvernements, les élus, les ministères de tous les réseaux
confondus sont invités à faire équipe, ils trouvent des solutions concrètes. Parce
qu'il faut agir avec urgence, osons l'unisson.
Le
Président (M. Asselin) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup d'avoir respecté le temps pile, à peu près.
Alors, on va débuter la période des échanges avec le ministre. À vous la
parole, M. le ministre.
• (10 h 30) •
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. De combien de temps on dispose exactement?
Le Président (M.
Asselin) : 16 minutes.
M. Roberge :
Merci bien. Merci pour votre présentation, pour votre ouverture, pour le ton
que vous apportez, c'est rafraîchissant. J'ai plusieurs commentaires,
vous avez dit plusieurs choses.
D'abord, vous
nous parlez d'une politique nationale de la petite enfance. Vous arrivez avec
cette idée. Je trouve que c'est une
suggestion qui est intéressante. J'accueille votre suggestion avec ouverture.
Évidemment, je vais en parler avec mes collègues,
ce n'est certainement pas... certainement entre les mains du ministre de
l'Éducation davantage. Évidemment que je vais en parler avec le ministre
de la Famille.
Mais vous le
savez bien qu'on travaille en équipe, puisqu'il faut se le rappeler, il y a à
peu près une semaine, nous étions ensemble, vous pour l'AQCPE,
Mme Cousineau, qui est médecin, M. Bernard, de l'Association des
directions générales des commissions
scolaires, donc Santé, Famille, Éducation, du gouvernement, et nous étions
aussi dans la même salle, moi-même,
mon collègue M. Lacombe, de la Famille, mon collègue, M. Carmant, de
la Santé. Donc, on y allait à six, de
la société civile et du gouvernement, ensemble. Donc, certainement que je
discuterai avec mon collègue de la politique nationale de la... Ah! j'oubliais la présence de M. Lebon,
évidemment, lors de la rencontre, très important, M. Lebon qui est venu faire des présentations la semaine dernière,
qui a mentionné, quand même, je vais le citer : «La maternelle quatre
ans est nécessaire, essentielle à notre coffre à outils.» Donc, j'étais bien
content d'entendre ça.
Vous avez
mentionné le rapport Parent aussi, au départ, dans vos recommandations... bien,
dans votre discussion, en disant que
c'est peut-être le temps de se donner un nouveau souffle. Moi, j'aimerais ça
qu'on le complète, ce rapport Parent, et qu'on mette en oeuvre chacune
de ses recommandations. Puis il faut le dire que, dans le rapport Parent, on
visait l'implantation de la maternelle cinq
ans et l'implantation de la maternelle quatre ans aussi, sans jamais mentionner
l'idée qu'il fallait le faire seulement en
milieu défavorisé. Donc, ça serait peut-être le temps de les compléter, quoi,
50 ans plus tard, les recommandations du rapport Parent.
Vous
dites — j'aime
bien le titre : Il y a urgence d'agir, sans précipitation. Donc,
c'est à la fois lucide et ambitieux, je
dirais. «Urgence d'agir», parce qu'il y a une liste d'attente d'à peu près
40 000 jeunes, donc, et ces jeunes-là auront un an une seule fois dans leur vie, deux ans une seule
fois dans leur vie, pareil pour trois ans, pareil pour quatre ans, donc
chaque année qu'on passe ne reviendra pas.
Il y a une urgence, 20 000 enfants de quatre ans qui n'ont aucun
service en ce moment, là, ni en CPE,
ni en milieu familial, ni en milieu privé subventionné, privé non subventionné,
ni en maternelle quatre ans, donc c'est ça... «Sans précipitation»,
parce que ça fait déjà cinq ans qu'on déploie le service de maternelle quatre
ans. Il y en a qui pensent que c'est
nouveau, mais ça fait déjà cinq ans de déploiement, puis nous, on se projette
de continuer encore sur cinq ans.
Donc, à terme, on aura pris 10 ans pour offrir l'universalité d'accès, en
sachant très bien que beaucoup d'enfants vont sans doute rester dans
votre réseau, votre réseau qui sert très bien les intérêts des familles et des
enfants. Je le mentionne, je l'ai dit à
quelques reprises, mais mes enfants sont passés par le CPE, sont passés par la
liste d'attente aussi un certain
temps. Je pense, j'en ai une qui est rentrée à trois ans, l'autre qui est
rentrée à quatre ans, sauf erreur, au CPE Les Contes de fée,
Saint-Basile, superexpérience. Mon épouse, qui a siégé sur le conseil
d'administration du CPE...
Cependant,
c'est un réseau qui a peut-être souffert ces dernières années. Là, j'ai une
question pour vous là-dessus. Comment
expliquer qu'encore aujourd'hui il y ait autant d'enfants sur une liste
d'attente, qu'il y ait autant de parents qui attendent pour une place dans des services de qualité que sont les CPE?
Comment ça se fait que le réseau n'est pas plus déployé puis qu'il n'y
en a pas, d'universalité d'accès en CPE? En fait, il n'y a aucun réseau, en ce
moment, pour les tout-petits qui a une universalité d'accès. Comment ça se fait
qu'il y a autant de places qui ne sont pas développées?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Oui, bien,
merci pour votre question. Vous parlez de la liste d'attente, vous parlez
du rapport Parent. Je pense qu'aujourd'hui
notre désir, c'est, oui, de se redonner un projet, et, dans les dernières
années, on a débuté avec ça.
Malheureusement, vu qu'on n'avait peut-être pas un plan de match commun, une
vision claire, ce que ça a fait,
c'est qu'on a développé les services sur le territoire sans concerter les gens,
et sûrement que ça nous a donné des dérives.
Et, oui,
malheureusement, on constate que 42 000 enfants attendent, actuellement,
sur une liste d'attente. Le réseau des
CPE-BC est nourri... ambitionner d'offrir une place de qualité pour chacun des
enfants du Québec. Et c'est pour ça qu'on vous dit... Bon, là, on parle de l'objet des enfants de quatre ans, mais
on pense qu'il faut se doter de cette politique et d'un plan de match clair pour être capables de ne pas
se confronter encore aux dérives qu'on a vécues dans les dernières
années d'un développement qui se faisait un
peu sur différentes bases qui n'étaient pas toujours des bases connues et qui
ne nous permettaient pas d'ajuster le tir.
Et on vous a
parlé, dans notre proposition, aussi d'avoir une logique territoriale, hein,
d'avoir des gens dans les régions,
sur les localités, qui connaissent les besoins des enfants et des familles, qui
sont capables, en fonction du grand projet de société qu'on s'est donné, de nous donner des commentaires sur comment
ajuster l'offre, et c'est ce qu'on a perdu dans les dernières années. C'est ce que les CPE
s'entreprennent à faire avec le ministre de la Famille, à redémarrer le
développement des places, parce que, dans le
plus fort de nos belles années, on était capables de développer 6 000,
8 000 places par année et on était capables de le faire parce qu'on
avait le soutien de l'État.
Donc, c'est
ça qu'on souhaite faire, nous, repositionner ce projet qu'on avait, l'amener
avec des nouveaux joueurs et voir à
redessiner un projet de société qui ne laissera aucune famille derrière nous et
qui va leur offrir un service de qualité partout où ils sont au Québec.
M. Roberge :
Vous dites : Dans les belles années, on déployait 6 000... plusieurs
milliers de places à chaque année. Est-ce que vous considérez qu'en ce
moment, avec le gouvernement actuel, avec l'ambition du premier ministre et du ministre Lacombe, on
repart un peu, d'une certaine façon, la machine, et que le réseau des CPE est
appuyé par le gouvernement actuel, puis que ça répond à un besoin, ce
que le gouvernement vous offre pour déployer les places?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, depuis
l'arrivée du gouvernement au pouvoir, on a salué, là... Je pense qu'on
n'a jamais parlé... pendant la campagne
électorale, on n'a jamais parlé autant de petite enfance, on n'a jamais parlé
autant d'agir tôt, et ça, on a
reconnu que c'était une bonne chose. Cependant, ce qu'on voit pour le moment,
c'est que le désir de travailler en
équipe, oui, est là, mais le désir de travailler en équipe doit être au-delà
des individus. Et on sent que, oui, il y a un intérêt à développer les places qui ont été laissées
derrière en 2011 et en 2013. Mais on voudrait sentir encore plus d'énergie à
voir comment, à titre de bons pères de
famille, on va développer un réseau intégré 0-6 ans, hein? Toute l'offre de
services éducatifs non obligatoires,
comment on va le faire ensemble? Parce que, du point de vue du terrain, il nous
manque de la visibilité sur la manière dont on va y arriver.
M. Roberge :
O.K. Donc, quand le gouvernement dit : On va déployer autour d'une dizaine
de milliers de places, là, dans votre
réseau... Parce que tout le monde a son regard, tout le monde a sa partie de la
solution, on dit : Un réseau, mais une offre diversifiée. Quand on s'engage à mettre de l'argent, quand on
dit : Les places qui attendent depuis des années, on va faire le ménage, là, parce qu'il y en a que c'est
des chiffres, alors que le projet est plus concret, mais qu'on va les
déployer, vous attendez encore un peu plus.
Je veux juste comprendre quel signal vous souhaiteriez avoir pour le
déploiement des places. Il me
semblait que c'était quand même un signal important, là, quelque chose comme
10 000 places en deux ans. Est-ce
que vous y croyez? Je vais vous poser cette question-là : Est-ce que le
réseau est capable de construire... parce que ça veut dire des
constructions, là, puis d'embaucher des éducatrices pour ouvrir ces 10 000
places en deux ans en CPE, là — je parle de CPE — oui?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Donc, je vous
réponds : Oui, le réseau est capable, avec la même énergie... Quand
on sent le pouvoir et l'énergie du gouvernement
derrière nous, je pense qu'on est capables de réaliser des grandes choses.
Je pense que c'est ce qui vous motive aussi
dans le projet que vous avez pour le réseau de l'éducation. Mais ce qu'on
constate actuellement, c'est que, si on ne se parle pas, on risque de
développer, dans certaines régions, trop de places et, dans d'autres régions, pas assez de places, et on pense
que ce développement-là doit se faire ensemble. Et le réseau des CPE est
prêt à développer des places, il a ça à
coeur, mais, là encore, il y a trop de barrières qui se présentent devant lui.
Donc, on voudrait sentir qu'il y a
tout le poids, là... que cette audace-là peut transcender, là, toute l'énergie
que le réseau a puis avoir un plan de développement qui soit un peu plus
clair sur les prochaines années.
M. Roberge :
Les précédentes années, là, les trois, quatre, cinq dernières années ont, à
certains égards, mis à mal le réseau
des CPE. Qu'est-ce qui vous a fait le plus mal, ces dernières années? Est-ce
que ça a été des compressions que vous avez
subies, ou si c'est plus la modulation des frais aux parents qui vous a... ou
c'est la tempête parfaite qui vous a frappés, là, mais qu'est-ce qui
vous a nui le plus, ces dernières années, pour le précédent gouvernement?
Mme Gosselin
(Hélène) : Bien, les deux,
en fait, c'est les deux, hein? La
modulation des tarifs est venue complexifier les choses pour les parents parce
que, pour certains parents, c'était
plus avantageux d'aller vers la garde non subventionnée, et puis ça a accéléré le développement des garderies non subventionnées, c'est venu mettre un frein à notre développement.
Et les compressions, évidemment, dans notre secteur, ont fait aussi assez mal, effectivement.
Mais on regarde l'avenir avec optimisme, et c'est
pour ça aussi, comme le disait Geneviève, qu'on tend... on aimerait beaucoup avoir une vision concertée pour poursuivre notre développement et pour qu'il y ait un meilleur arrimage entre tous les
services qui peuvent être offerts aux 0-5 ans. C'est une condition essentielle
pour qu'on puisse parfaire, terminer le développement puis pour que chacun des enfants au Québec puisse avoir un service
qui convient à ses besoins et aux besoins de ses parents, c'est
essentiel.
M. Roberge : Je peux vous assurer qu'il va y avoir un développement qui va être arrimé, qu'on ne fera pas juste des rencontres en équipe, mais qu'on va travailler en
équipe, que les consultations vont se faire ministre à ministre,
cabinet à cabinet, ministère
à ministère, donc. Et d'ailleurs on a eu des
rencontres des fois les trois ensemble, Santé, Famille, Éducation, et même
d'autres ministères.
Certains ont
dit : On ne peut pas ouvrir une classe de maternelle quatre ans proche
d'un CPE, à 500 mètres d'un CPE, à
300 mètres d'un CPE, à un kilomètre d'un CPE. J'ai de la misère à comprendre ça. Dans la mesure où le CPE est plein et où il y a
des enfants sur une liste d'attente,
on peut, il me semble, après consultation avec Famille — ce qu'on fait — dire : Bien, on constate que le CPE est plein, qu'il y a des gens sur une
liste d'attente, qu'on pourrait, supposons, ouvrir une classe et
accueillir 12, 13, 15 enfants de maternelle quatre ans sans que le CPE ne perde
une place.
Et, pour moi, ça, ça fait partie de la complémentarité.
Pour moi, la complémentarité, ça ne veut pas dire avoir trois, quatre, cinq kilomètres entre deux services. D'ailleurs,
on n'exige pas ça entre un CPE puis un milieu familial. Mais est-ce qu'on peut imaginer une complémentarité, que, de manière rapprochée, il y ait
une offre différente, mais surtout une offre qui ne vient pas
cannibaliser, cependant, par la maternelle quatre ans, un CPE? Mais, pour moi,
le critère, c'est davantage : Est-ce
qu'il y a assez d'enfants pour
remplir ces places-là? Est-ce que ça répond aux besoins des parents plutôt
que le nombre de mètres entre deux services différents? Qu'est-ce que vous
pensez par rapport à ça?
Mme Bélisle (Geneviève) : Bien, on conçoit que la logique de kilomètres,
ce n'est pas la bonne logique, c'est la logique populationnelle qu'on doit suivre. Je crois
par ailleurs que, lorsque cette notion-là a été amenée dans l'espace
public, c'est qu'on souhaitait rassurer, hein? Le réseau
de l'AQCPE ne pense pas que le gouvernement de la CAQ est contre le réseau des CPE. Ce qu'on a peur, par ailleurs, c'est que, vu qu'on n'a pas de visibilité plus claire, ça
fait qu'on ne sait pas où le gouvernement s'en va quant au développement du réseau de CPE-BC et comment l'offre intégrée
va être maintenue de manière
complémentaire et cohérente sur le terrain, ce qui a fait qu'on a amené ça dans
une logique de kilomètres plutôt que d'être dans une logique
populationnelle, où sont les enfants sur le territoire.
Je
vous rappelle, on a un peu moins de 500 000
enfants de 0-5 ans au Québec. Il me semble qu'à l'entièreté de nos têtes très intelligentes nous serions capables de
regarder, sur un territoire, combien il y a d'enfants qui sont là, qui
n'ont pas de service, qu'est-ce que
souhaitent leurs parents, développer une offre de services qui leur répond bien
et s'ajuster dans le temps. Je suis convaincue qu'on est capables de ça
au Québec.
• (10 h 40) •
M. Roberge :
Bien, je suis convaincu de la même chose et je salue votre pragmatisme, votre
ouverture. Je pense que l'idée d'une
logique populationnelle, de dire : Bien, écoutez, il y a combien d'enfants
à desservir, comment on peut répondre aux
besoins des parents et des enfants, plutôt que de dire : Il faut avoir
combien de mètres ou combien de kilomètres entre deux services... De toute façon, on n'a jamais eu cette logique-là, à ce
que je sache, dans le déploiement de l'offre des services à la petite enfance. Je ne pense pas qu'il
faudrait l'offrir, il faudrait, tout à coup, intégrer cette logique-là. Donc,
on va se rejoindre là-dessus.
Et
je vous dirais qu'il faut être rassuré, parce que, oui, on travaille le projet
de loi pour déployer l'offre de services à l'extérieur des milieux défavorisés tout de suite, mais pour encore un
an, on applique l'ancienne loi votée par le gouvernement de
Mme Marois, appliquée par le Parti québécois et le Parti libéral. Et en
septembre prochain, on est encore sur cette ancienne
loi, qui nous a bien servi ces dernières années, il faut le dire. Et cette logique pour ensuite déployer l'offre de services à l'extérieur des milieux
défavorisés, dans une perspective non pas de mètres, mais dans une perspective
populationnelle, bien, on va être capables
de l'élaborer, de notre côté, en concertation au gouvernement, mais en
concertation aussi avec les acteurs puis en discutant avec vous.
Donc, je voudrais
vous rassurer, il n'y a pas d'urgence pour septembre prochain. Parce qu'il y a
des gens qui amalgament, qui disent :
Ah! bien là, on ouvre 250 classes en septembre prochain, puis c'est comme si on
était déjà dans un autre paradigme légal. Or, on parle de 2020 pour
l'application de cette loi qui, bon, sera éventuellement votée. Je ne
veux pas en présumer, mais, bon, on va
avancer dans cette direction. Donc, moi, je prends ça comme une main tendue ce
matin, est-ce que je l'interprète bien?
Mme Bélisle (Geneviève) : Oui, on essaie d'être proactifs, on essaie de
sortir du débat pour ou contre. Si on est dans cette logique populationnelle, ce que ça va faire aussi, c'est que ça va
nous permettre de travailler ensemble, faire connaître l'offre
de services dans sa globalité aux
parents, leur amener une bonne information, une information qui fait que nous ne sommes pas dans une logique de cohérence. Je pense
qu'il faut... La responsabilité de l'État est d'encadrer largement l'offre
de services sur le terrain et de s'assurer que les parents ne sont pas pris en
otage, hein, qu'ils reçoivent l'information
pertinente.
Le Président (M. Asselin) : Merci pour votre contribution. On a écoulé
notre temps. La glace est brisée. Je voudrais passer maintenant à l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, on vous écoute.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, M. le Président. Bienvenue. Merci pour votre mémoire très intéressant, mais aussi ludique à lire. Et j'ai eu l'impression de lire un
plan de match, est-ce que je me trompe?
Mme Bélisle (Geneviève) : ...si
vous l'avez reçu comme ça, on serait très contents que ce soit ça qui ait capté
votre imaginaire, parce qu'on veut être pragmatiques pour être meilleurs pour
nos tout-petits.
Mme
Rizqy : J'invite vraiment
le ministre de l'Éducation... parce que, depuis plusieurs
semaines, nous, on veut avoir un plan
de match, puis, en lisant le vôtre, j'avais vraiment l'impression que c'était
un peu un clés en main d'un plan de
match de qu'est-ce qu'on devrait faire, au Québec, si on a vraiment
à coeur le développement de nos tout-petits. Alors, c'est comme ça
que je l'ai reçu, alors un grand merci.
Tantôt, vous avez
mentionné que vous voulez sortir aussi de la logique — bien,
en fait, c'est le ministre de l'Éducation — territoire, CPE et maternelle
quatre ans à proximité. Vous, c'est qui, votre ministre responsable de votre portefeuille,
pour ceux qui nous écoutent à la maison?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Donc, c'est le ministre de la Famille.
Mme Rizqy :
O.K. Est-ce que vous auriez peut-être aimé voir le ministre de la Famille ici aujourd'hui?
Mme Bélisle (Geneviève) : Bien, c'est sûr que, plus on va être d'acteurs
autour de la table, je pense que ça va être une bonne chose. Et on a la
chance de rencontrer régulièrement le ministre de la Famille, mais je pense
que, plus on va être de gens autour de ce grand projet là, mieux ça va être.
Mme Rizqy :
Parfait. Parce que nous autres aussi, on aurait bien aimé voir le ministre
depuis le début des consultations, notamment lorsque les groupes qui sont sous son égide à lui
se présentent dans ces consultations
particulières bien importantes,
et que, justement, il y a un effet dans votre réseau. Est-ce que vous avez
pris connaissance de l'analyse d'impact réglementaire qui a été faite
par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur par rapport aux maternelles
quatre ans?
Mme Bélisle (Geneviève) : Oui.
Mme Rizqy : Est-ce qu'à votre connaissance il y en a un qui a
été fait ou qui va être en train de se faire à partir du ministère de la
Famille?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, à ma connaissance, lorsqu'un projet de loi
est déposé, c'est le ministère qui dépose le projet de loi qui a l'obligation
de faire l'analyse d'impact. Donc, c'est ce que j'ai, à ma connaissance.
Mme Rizqy : Il n'y a pas d'obligation, mais ça se fait...
Ce n'est pas une obligation, mais nous, on se demandait... Pour vous, là, lorsque vous mentionnez qu'il
pourrait y avoir un impact, particulièrement en région, pouvez-vous développer, pour
les CPE?
Mme Bélisle (Geneviève) : Bien, dans
le fond, la proposition qu'on vous fait, aujourd'hui, de la politique
inclurait cette notion-là d'une logique territoriale, donc permettrait d'avoir,
entre autres, les comités consultatifs régionaux, qui jouaient actuellement un rôle sur l'offre soit en places subventionnées,
non subventionnées ou en maternelle quatre ans. Donc, on pense que c'est important d'intégrer... puis
c'est pour ça qu'on vous propose, dans la politique, d'avoir cette logique-là
territoriale pour être capables de mieux lire les besoins sur le terrain et
d'être dans la logique populationnelle dont on parle depuis tout à l'heure.
Mme Rizqy :
Le 22 janvier dernier, on pouvait lire le texte de la journaliste Geneviève
Lajoie : «Les CPE inquiets. La [D.G.] de l'Association québécoise
des CPE, Genevière [Bélisle], craint que l'ouverture [des] classes de
maternelle quatre ans ne "fragilise" des installations, notamment en
région.» Et, par la suite, nous, on est allés voir quelques installations... (Interruption) Pardon, le micro
est trop près, désolée. Alors, on est allés voir les installations des CPE
avec des classes de maternelle quatre ans
qui pouvaient être ouvertes, notamment en région. Par exemple, on a un CPE à
Chambord qui est à deux minutes de distance. Ça, est-ce que, pour vous, c'est
une préoccupation?
• (10 h 50) •
Mme Bélisle (Geneviève) : Bien, je distinguerais les deux éléments.
L'élément de préoccupation demeure.
Puis je pense qu'aujourd'hui on le témoigne bien, cet élément-là d'inquiétude, de dire : Si on n'a pas un plan de match plus large, oui, il risque d'y avoir des dérives, hein? Exemple,
on pourrait tenter de développer où c'est plus facile, où les locaux
sont plus facilement accessibles. Ça pourrait être une tentation qu'on a.
Sur la question de la
logique de l'espace, bien, c'est sûr qu'il y a déjà des CPE qui sont aussi dans
des écoles, actuellement. C'est pour ça que je ne pense pas que la notion
des kilomètres, mais plutôt la question de la logique des
besoins sur le territoire serait sûrement une manière plus pragmatique de
prendre la question.
Mme Rizqy : Tantôt, vous avez aussi mentionné... On peut
avoir des endroits où est-ce qu'il y
a trop de places et d'autres endroits, pas assez de places. Alors,
j'imagine, c'était, par exemple, en perspective... puis je ne veux pas
mettre des mots dans votre bouche, mais, par exemple, prenons la grande région de Montréal, où est-ce
qu'on sait qu'il y a beaucoup, beaucoup d'enfants, et que, probablement, peut-être, en région, il va y
en avoir un peu moins, est-ce que vous êtes craintive que, par exemple,
si on ouvre une classe de maternelle quatre ans à très grande proximité d'un
CPE, il pourrait tout simplement y avoir des
enfants qui pourraient être... vers la maternelle quatre ans, puis, à ce
moment-là, d'avoir un service qui soit à 50 % plein dans les deux
cas?
Mme Bélisle (Geneviève) : Bien, c'est sûr que c'est cette inquiétude-là
qu'on partage avec vous. Puis c'est pour ça qu'on vous amène une proposition d'avoir un mécanisme territorial qui
nous permettrait vraiment de lire les besoins de la population sur le
territoire puis de développer, en fonction des ressources qui sont disponibles,
le projet qui est le plus pertinent pour la communauté.
Mme Rizqy :
Ici, j'ai un tableau qui a été fait par l'AQCPE. Pourquoi vous avez fait ce
tableau?
Mme Bélisle (Geneviève) : Donc, c'est avant Noël qu'on a fait ce
tableau-là. Nos membres recevaient des parents, hein, qui se posaient des questions. Et, tout à l'heure, je vous ai parlé
de l'importance d'avoir des communications sur une offre de services globale pour ne pas prendre les
enfants en otage. Donc, avec les connaissances qu'on a, on a produit ce tableau-là. Je pense que c'est un bon exemple,
hein? Il y a sûrement des communications qui ont été faites aussi du
réseau de l'éducation. Il y a des choses qui
ont été faites par les écoles, par les CPE. Plus on va être dans une logique où
chacun va avoir des éléments de
communication qui vont être de son point de vue, de sa perception, on risque
d'avoir cette dérive-là. On serait bien mieux de travailler tous
ensemble pour apporter une information de qualité à nos familles.
Mme Rizqy :
Merci. Dites-moi, au niveau du dépistage, vous en faites, en CPE?
Mme Bélisle
(Geneviève) : On en fait beaucoup.
Mme Rizqy :
Pouvez-vous nous donner, par exemple, un exemple, là, de dépistage, de prise en
charge?
Mme Gosselin
(Hélène) : Évidemment, en CPE, on commence à accueillir les
enfants en très bas âge, là, on fait du 0-5 ans,
donc, avec les années, on peut dépister de plus en plus tôt les enfants, à la
pouponnière et même dans les groupes de 18 mois. Maintenant, il y a des enfants
qui peuvent recevoir des diagnostics... et pour qu'on puisse, après ça,
travailler vraiment pour que leur développement soit optimal dans toutes les
sphères du développement avec les plans d'intervention,
l'aide des spécialistes. C'est sûr que ce qui fait défaut dans le moment
parfois, c'est la longueur d'attente des parents sur les listes d'attente pour avoir les services spécialisés
après qu'ils aient eu le diagnostic. Mais on fait du dépistage tout au long de la fréquentation de l'enfant. Il y
en a qui sont dépistés en plus bas âge. Il y en a que ça va un petit peu
plus tard. Ça dépend du développement de l'enfant puis de ses besoins,
effectivement, oui.
Mme Rizqy :
On a eu l'occasion d'entendre un des experts du gouvernement, M. Égide
Royer. Est-ce que vous avez des
bémols à apporter par rapport à ce qu'il disait par rapport au dépistage qui
peut être fait en CPE versus les maternelles quatre ans? Je ne sais pas
si vous avez eu l'occasion d'écouter les mots qu'il avait à l'égard de,
justement, ce qui se faisait déjà dans votre réseau ou ce qui ne se faisait pas
dans votre réseau.
Mme Bélisle (Geneviève) : On a eu la chance d'entendre l'ensemble des
consultations, puis je ne pense pas que ce serait judicieux, moi, qui n'est pas chercheure, d'amener des
commentaires sur le point de vue de M. Royer. Ce que je peux vous
dire, par ailleurs, c'est que, dans le réseau, actuellement, il se fait de très
belles choses et qu'on souhaite...
Puis je vous amène
une idée pour apporter de l'eau au moulin à la question de la politique. On se
disait : Bien, peut-être qu'on pourrait
avoir des bureaux régionaux de services spécialisés. Si on est dans cette
logique de travailler ensemble et
d'offrir le meilleur, il ne faut pas qu'il n'y ait aucun parent sur le
territoire qui soit laissé sans services et il ne faut pas que les
services ne soient que dans un seul réseau. Il faut que les services soient
dans l'ensemble des réseaux et que les parents
n'aient pas à aller les chercher avec leur petit panier sous le bras puis leur
plan d'intervention, il faut que ça vienne à eux. Et je pense que, ça,
on doit tous mettre notre énergie, tous les réseaux ensemble, pour améliorer
l'offre de services spécialisés. Les CPE
sont là, ils veulent en avoir plus, des services pour leurs tout-petits, donc
il faut s'assurer que ça soit dans l'ensemble des réseaux.
Mme Rizqy :
Dans votre mémoire, vous faites mention du dossier d'enfant. Pouvez-vous nous
dire pourquoi c'est important? On s'en est déjà parlé, mais pour le
bénéfice de ceux qui nous écoutent...
Mme Bélisle (Geneviève) : Donc, c'est une idée qu'on a depuis plusieurs années, parce qu'on sait que, malheureusement, il n'y a pas d'information qui suit assez bien le développement de nos tout-petits. Tout le monde a un carnet de santé à la
maison. Malheureusement, dans le réseau de la santé, on va suivre les enfants
avec, bon, l'assurance maladie, le numéro
d'assurance maladie. Dans notre réseau, c'est NIREC. Dans le réseau scolaire,
c'est le code permanent. Chacun a une
manière de suivre le développement de l'enfant, et on n'a pas de perspective, de
trajectoire de développement commune. Donc, on pense qu'il faut avoir
une trajectoire commune, parler le même langage et avoir un dossier qui suit
l'enfant, où le parent, hein, est porteur de ce dossier-là et fier aussi de
pouvoir présenter son enfant dans toutes ses forces et ses réalités.
Mme Rizqy : M. le
Président, M. le ministre de l'Éducation, c'est vraiment une idée très importante qui est
inscrite dans le mémoire, puis j'espère qu'on en a tous pris bonne note.
Puis
j'aimerais juste conclure. Vous demandez, au fond, aujourd'hui, pour le p.l. n° 5, le report afin qu'on ait une réflexion puis, au fond, un plan
de match.
Mme Bélisle (Geneviève) : Donc, oui, on pense qu'aujourd'hui ce qu'il faut,
c'est voir à s'attabler rapidement à faire un plan de match tout le monde ensemble, un bon plan de match pour nos
tout-petits. Puis, par la suite, j'imagine que, sous l'éclairage de ce plan de match là, de cette
politique-là, on sera capables d'évaluer les aspects législatifs les plus
pertinents à inclure dans le projet de loi.
Mme Rizqy :
...parce que, nous autres aussi, ça fait quand même plusieurs mois qu'on
demande un plan de match, mais aussi
de continuer à faire le développement en milieu défavorisé. Est-ce que vous
aussi, vous abondez dans le même sens qu'en ce moment on continue à
développer des maternelles quatre ans en milieu défavorisé tout en
investissant, évidemment, dans les services de garde, mais avec un plan de
match puis une réflexion sur la question de l'éducation et la petite enfance
rapidement?
Mme Bélisle (Geneviève) : Donc, comme on l'a mis dans nos recommandations,
comme M. le ministre l'a dit tout à
l'heure... que c'était le plan aussi, pour la prochaine année, de maintenir,
là, donc, ce plan-là, de maintenir le développement des 11 000 places, plus l'appel de
projets des 2 500 en CPE, d'aller avec le plan de promotion. Donc, il y a
des choses qui courent. Je pense qu'on peut continuer à faire courir ces
choses-là. Mais, rapidement, assoyons-nous pour faire un plan pour la suite.
Mme Rizqy :
Une dernière petite question, rapidement. Je vois que vous avez fait un sondage
aux parents. Ils sont plus en... favorables des places en CPE?
Le Président (M. Asselin) : ...de
compléter, mais on vous remercie beaucoup de votre contribution. Je passe
la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci. D'abord, je dois dire que la politique nationale que vous proposez me
semble tout à fait appropriée, d'autant plus
qu'on sent une volonté réelle, je pense, du gouvernement d'améliorer les
services à la petite enfance. L'idée
de reconnaître le droit de chaque enfant, dès la naissance, à des services
éducatifs de qualité devrait être étudiée très, très sérieusement. Et
j'en ai parlé moi-même avec le ministre de la Famille dans les derniers mois,
je n'avais pas eu d'ouverture, mais j'espère que la réflexion va se poursuivre
et que ça va pouvoir être envisagé.
Par rapport à
la complémentarité avec le réseau des CPE, je pense que c'est vraiment
l'approche qu'on devrait adopter également.
Malheureusement, je ne le sens pas jusqu'à maintenant. D'ailleurs, si on
regarde juste en termes de construction de nouvelles classes, dans le réseau de maternelles quatre ans, on parle
de 1 300 nouvelles classes. Si on calcule qu'il y a un ratio de un pour 17, ça fait
22 000 places qui vont être construites en maternelle quatre ans. On
n'a pas les mêmes chiffres dans le réseau de CPE en termes d'ouverture
de nouvelles places, donc ça m'inquiète.
Vous avez
mentionné qu'il faut que les services soient accessibles dans tous les réseaux,
puis c'est quelque chose qui est
nommé aussi dans votre mémoire. Est-ce que ça vous inquiète en ce moment?
Est-ce que vous constatez que les services sont vraiment accessibles quand il y a du dépistage qui se fait dans le
réseau des CPE ou des bureaux coordonnateurs en milieu familial? Est-ce
que c'est facile d'aller chercher des services pour l'enfant?
Mme Gosselin
(Hélène) : Donc, j'en ai
parlé un petit peu tout à l'heure, le dépistage, évidemment qu'on en
fait en CPE. Ça fait des années qu'on fait
ça. Il existait, avant, des protocoles de collaboration entre les CLSC et les
CPE. Avec les ans, ça a diminué, et
de plus en plus de CPE ont perdu leurs protocoles d'entente. La grande
difficulté dans le moment, quand les
parents réussissent à obtenir un diagnostic pour leur enfant après que le
dépistage a été fait... l'accès aux services puis les listes d'attente pour avoir les services
spécialisés, c'est quand même un frein important, parce que l'attente peut être
longue, dépendamment de la nature des
services qui est requis pour l'enfant, là. Donc, entre autres, en orthophonie,
les listes d'attente très, très
longues... on parle, dans mon secteur — je suis dans Chaudière-Appalaches — 12 à 18 mois d'attente pour
obtenir les services, quand on sait qu'avant
quatre ans le haut niveau du développement du cerveau, le développement du
langage, c'est hyperimportant. Donc, oui, il y a des bonnes périodes d'attente.
Mme Labrie : Pensez-vous que le
gouvernement devrait investir aussi pour réduire ces délais d'attente là non
seulement dans le réseau scolaire, mais aussi en dehors du réseau scolaire?
• (11 heures) •
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien, je pense
qu'il y a un plan, actuellement, avec M. Carmant, il y a des projets
avec le ministre de la Famille, il y a des projets avec le ministre de
l'Éducation puis...
Le Président (M.
Asselin) : Je vous remercie beaucoup.
Mme Bélisle (Geneviève) :
Oui, ça va.
Le
Président (M. Asselin) : On
va passer 2 min 40 s avec la députée de Joliette. Ça passe vite,
je le sais. On va passer les deux prochaines minutes 40 secondes
avec la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Donc, oui, un mémoire très intéressant qui
nous rejoint beaucoup. Et justement je vais
poursuivre sur ce que vous disiez. Oui, il y a plein d'affaires en
développement, et je pense que le
défi, ce n'est pas de développer plein de petites choses, c'est de voir une
vision d'ensemble, et, nous, c'est ce qu'on demande au ministre, à son collègue de la Famille et au
collègue des Services sociaux depuis des mois parce qu'on veut,
exactement comme vous, avoir ce plan
d'ensemble là. Pourquoi? Pas parce qu'on s'oppose à une chose, mais parce qu'on
veut ce qu'il y a de mieux pour les
tout-petits puis on veut partir des besoins des tout-petits, en plus, selon les
différentes régions plutôt que de
partir de structures ou d'idées fixes. Il nous semble que ce serait ça, la
logique. Donc, j'espère que chaque idée qui est dans votre mémoire va
être lue attentivement par l'ensemble des ministres parce que je sens que c'est
ça, votre propos.
Puis un
enjeu, c'est la question, justement, d'aller les cibler, ces besoins-là. Puis
je trouve ça intéressant parce que vous
dites : On est capables de le faire avec l'approche populationnelle. Donc,
comment on pourrait le faire? Et est-ce que ce serait très long de faire
ça?
Mme Bélisle
(Geneviève) : Bien non, on
est capables de le faire, on le fait déjà. On a les résultats de l'EQDEM,
on connaît les tout-petits. Sur le
territoire, on sait où ils sont, on sait combien on a de places. On a déjà des
cartes, là, qui sont à mettre à jour.
Mais on a déjà l'offre en service éducatif, on a l'offre en maternelle. On
connaît en plus, maintenant, sur le territoire,
les besoins en matière de langage, des vulnérabilités, des fois, peut-être au
niveau cognitif sur le territoire. Donc, on a déjà des premiers morceaux. Plusieurs experts vous ont dit, dans les
derniers jours, qu'il fallait les bonifier, les faire parler ensemble, se donner un tableau de bord. Mais on a
déjà des pièces qui sont là. On a beaucoup de chercheurs fort
intelligents, au Québec, qui pourraient nous
aider à être dans cette approche encore plus populationnelle là. Mais je pense
qu'on est capables de travailler vite, bien et de le faire pour nos
tout-petits avec énergie.
Mme Hivon :
Je présume que vous partagez un peu mon sentiment que c'est comme si on faisait
les choses à l'envers ou si on
mettait un peu la charrue devant les boeufs, dans le sens que, là, on est dans
un projet... Puis d'ailleurs le projet de loi, là, je suis tout à fait
d'accord avec le ministre, il n'a pas besoin d'être adopté à court terme parce
que les maternelles quatre ans, il y a en
masse d'espace pour en développer puis en bonifier dans les milieux
défavorisés. Donc, c'est comme si on marche un peu à l'envers de
dire : On développe ça, au lieu de dire : On part des besoins.
Mais,
si on décidait d'inverser puis de partir des besoins, vous nous diriez, vous,
de votre expérience, c'est quoi, les
besoins les plus criants? Est-ce que c'est d'être capable d'avoir des services
pour les tout-petits qui sont là? C'est être capable de répondre aux
besoins des parents selon la spécificité? C'est quoi, le besoin le plus urgent?
Le Président (M.
Asselin) : Malheureusement, on ne le saura peut-être pas, mais,
bon, je vous remercie, Mme Bélisle,
Mme Gosselin, de votre contribution. La première audience est faite. En
attendant la deuxième, je vous remercie beaucoup de votre contribution.
Je suspends les travaux pendant quelques
instants.
(Suspension de la séance à 11 h 3)
(Reprise à 11 h 6)
Le
Président (M. Asselin) :
Merci beaucoup. Alors, on va reprendre avec vous,
Mme Brodeur. Je vous invite à vous présenter officiellement, puis vous allez avoir 10 minutes pour présenter
votre mémoire, et puis après ça on va débuter les échanges avec les
membres de la commission. À vous la parole.
Mme Monique Brodeur
Mme Brodeur
(Monique) : Bonjour. Ça me
fait plaisir de vous présenter notre mémoire, La maternelle 4 ans,
pour le bien des enfants, mémoire rédigé avec Yolande Brunelle, qui
s'excuse, elle est à l'extérieur du pays aujourd'hui, Yolande qui a été l'instigatrice du premier projet de
maternelle quatre ans à temps plein en milieu défavorisé alors qu'elle était
directrice de l'école Saint-Zotique à la
CSDM, et je l'accompagnais comme chercheure à ce moment-là, comme je suis
professeure en adaptation scolaire et
sociale à l'UQAM. Toutes deux, on a été éducatrices en milieu défavorisé.
Toutes deux, on a été, par la suite, en milieu scolaire.
Donc, pour ce qui est de l'introduction, le Québec
peut être très fier des progrès accomplis depuis les années 60. Toutefois, les statistiques relatives à la
vulnérabilité de plusieurs élèves à l'entrée à la maternelle, aux élèves en
difficulté, au décrochage scolaire, au
faible niveau en littératie puis aux difficultés, notamment, en lecture
indiquent la nécessité absolue de
raffiner puis de concerter nos actions. Les connaissances issues de la
recherche fournissent des indications quant aux interventions à réaliser et aux modalités favorables à leur
implantation, puis la maternelle quatre ans à temps plein représente une
mesure éducative vitale pour l'atteinte de ce but.
Le présent
mémoire prend appui sur les connaissances issues de la recherche, le projet
réalisé à l'école Saint-Zotique ainsi
que le mémoire que nous avions déposé à la commission parlementaire
précédente sur la maternelle quatre ans en 2013, finalement, sous ma responsabilité avec France Capuano, Marc
Bigras, Christa Japel et Marc Saint-Pierre. Donc, le plan du mémoire : problématique, historique de la
maternelle quatre ans au Québec, modalités pour la qualité de la maternelle quatre ans, le projet de Saint-Zotique, les
avantages de la maternelle, des pistes à donner aux parents et des
recommandations.
Problématique,
ou bien pourquoi a-t-on besoin de la maternelle quatre ans temps plein au Québec?
Premièrement, il y a la vulnérabilité des enfants à l'entrée à la maternelle
cinq ans. Les enquêtes québécoises sur le développement des enfants à la maternelle cinq ans de l'Institut de la
statistique du Québec, notamment en 2017, révèlent qu'un peu plus d'un
enfant sur quatre présente une vulnérabilité
dans au moins un des cinq domaines de développement visé : santé physique et bien-être,
compétences sociales, maturité affective, développement cognitif et
langagier puis habiletés de communication et connaissances générales.
Aussi, l'augmentation malheureuse, je dirais, du nombre d'élèves ayant des besoins éducatifs
particuliers. Au secteur public, le
pourcentage d'élèves en difficulté n'a pas cessé de croître au cours des
dernières décennies, passant de 11 % en 2001-2002 à 20 % en 2015-2016. Je faisais partie d'une équipe de
recherche de l'UQAM mandatée par le ministère
où, en 2008, on déposait un rapport
indiquant que le taux était à 16 %. Quand j'étais en milieu scolaire, il
était autour de 10 %. Donc, c'est vraiment une croissance qui est vraiment
préoccupante.
Décrochage
scolaire encore trop élevé. Oui, il y
a eu beaucoup d'efforts concertés, des actions concertées également qui ont permis de réaliser des progrès, mais le
décrochage scolaire touche encore un nombre trop élevé d'élèves,
notamment en milieu défavorisé puis en
milieu autochtone également. En 2011-2012, le taux annuel de décrochage parmi
les sortants de la formation générale
des jeunes était de 16 %. En 2008-2009, le taux annuel de décrochage est
passé, heureusement, sous la barre
des 20 % pour la première fois. Depuis ce temps, elle s'est maintenue sous
les 20 % et elle a continué de s'abaisser avec un taux de 10 %
à 16 %, mais il demeure des zones où c'est très élevé, qui demeure élevé
aussi chez des élèves EHDAA qui ne sont pas nécessairement en milieu
défavorisé.
• (11 h 10) •
Il y a aussi
un très faible niveau de compétences en littératie, et ça, c'est un autre
dossier aussi qu'il faudrait regarder de
près. Il y a un nombre très élevé d'adultes au Québec. Écoutez, c'est
53 %. Ça a progressé d'environ 10 %, là, par rapport à
l'enquête qui était antérieure, tout comme au Canada, en France, dans d'autres
pays qui ont aussi un faible niveau de compétences
en littératie. Ça entraîne de très lourdes conséquences individuelles et
collectives, je vous dirais, notamment dans
un contexte où le numérique prend de plus en plus d'importance. Ces difficultés
en lecture accroissent les inégalités sociales,
érodent la participation citoyenne puis réduisent également la main-d'oeuvre
qualifiée. Les difficultés en lecture, ça ne survient pas spontanément quand les élèves ont 18 ans. Depuis plusieurs
années déjà, il a été démontré que des adultes qui ont des faibles capacités en lecture à la fin de
la première année... qui ont eu des difficultés à la fin de la première
année, à sept ans,
atteignent rarement un niveau moyen d'habileté en lecture à la fin du primaire,
à 12 ans. Ces difficultés en lecture, si
elles touchent particulièrement les élèves de milieux défavorisés allophones,
elles peuvent également caractériser des élèves de milieux favorisés qui
ont des troubles d'apprentissage, voire des problèmes de dyslexie.
Il y a aussi
d'autres difficultés que celles en lecture. Selon une étude de notre collègue
Michel Janosz de l'Université de Montréal, bon nombre de difficultés
observées chez les élèves de 12 ans à risque de décrochage scolaire présentent
notamment un concept de soi négatif, une plus faible participation en classe,
des problèmes d'attention, des difficultés d'apprentissage
en lecture, puis ces difficultés-là étaient perceptibles à sept ans. Donc, on a
vraiment besoin d'actions ciblées pour résoudre l'ensemble des problèmes
qui composent cette problématique.
Deuxièmement,
l'historique de la maternelle quatre ans, parce que ça ne date pas d'hier.
Comme le ministre l'a rappelé tantôt,
déjà en 1964, dans le rapport Parent, dans son Tome II — Structures pédagogiques,
10 recommandations à l'égard de l'éducation
préscolaire, dont la troisième mentionnait : «Nous recommandons que des
efforts soutenus soient faits pour
développer graduellement un réseau d'écoles maternelles publiques de bonne
qualité, mixtes, gratuites, à l'intention des enfants de cinq ans d'abord,
et, dans une seconde étape, à l'intention des enfants de quatre ans...»
Historique de
la maternelle. En 1970, je vous rappelle qu'on créait les maternelles cinq ans
à demi-temps, les garderies populaires
subventionnées et les maternelles quatre ans à demi-temps dans les milieux
défavorisés en 1973‑1974. Donc, ça date
déjà d'il y a très longtemps. 1997‑1998, les maternelles cinq ans à temps plein
sont créées, la création également des CPE
puis le moratoire sur l'ouverture de maternelles quatre ans à demi-temps. En
2009 et 2011, il y a eu les projets de l'école Saint-Zotique puis les projets de la Fédération autonome de
l'enseignement sur de la maternelle quatre ans à temps plein en milieu
défavorisé. 2012‑2013, il y a la création du comité-conseil sur les maternelles
quatre ans temps plein en milieu défavorisé,
comité auquel Yolande Brunelle et moi avons participé, l'adoption de la loi n° 23 à l'unanimité — c'est très encourageant,
je trouve que ça s'inscrit bien dans la foulée de ce que l'équipe précédente
vient de présenter — sous,
finalement, Pauline Marois, première
ministre — donc je
pense que, ce matin aussi, c'est un moment à souligner — l'ouverture des 50 premières
maternelles quatre ans à temps plein en milieu défavorisé et la création de
nouvelles places en CPE. En 2014‑2018, la
mise en place de 398 maternelles quatre ans à temps plein, notamment lorsque Sébastien Proulx était ministre de l'Éducation, et, en 2018‑2019, annonce par l'actuel
ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, du déploiement universel des
maternelles quatre ans.
Toujours
dans l'historique, au Québec, actuellement, je vous rappelle que les conditions
au niveau du ratio, c'est une enseignante pour 17 élèves maximum. Une classe peut être ouverte à six
élèves, et, en moyenne, on retrouve 15 élèves par classe toute la
journée, accompagnés d'une ressource humaine additionnelle à mi-temps, donc
éducatrice, technicienne en éducation spécialisée ou autre.
Il y a actuellement un nouveau
programme de maternelle quatre ans qui est en cours d'implantation et il y a un
nouveau programme de maternelle quatre ans
et cinq ans pour un cycle préscolaire qui est en cours d'expérimentation
et que nous travaillons actuellement à actualiser. Je préside la table qui mène
les travaux.
Troisièmement,
les modalités pour la qualité de la maternelle quatre ans. Il y a eu une «task
force» américaine sur la maternelle
qui a produit un rapport en 2017, qui est probablement la synthèse majeure des
connaissances, à ce moment-ci, sur le sujet, qui dit
textuellement : «Tous les programmes de prématernelle ne sont pas
également efficaces. Quelques facteurs
d'efficacité peuvent opérer dans les programmes ayant le plus de succès. L'un
de ces facteurs soutenant les premiers apprentissages
est un programme démontré efficace scientifiquement et bien implanté.
L'accompagnement des enseignants ainsi
que des efforts visant une classe ordonnée mais active peuvent aussi être
aidants.» Donc... dire l'importance de faire les bonnes choses de la bonne façon.
Il importe de
souligner — ça, je
tiens absolument à le mentionner — que, lors de l'implantation de la maternelle quatre ans en 2013, si le programme avait été
ajusté, malheureusement la formation puis l'accompagnement des
enseignants n'ont pas tenu compte de l'état des connaissances non plus que du
programme qui avait été mis en oeuvre, ce qui peut contribuer à expliquer les résultats de l'étude d'impact qui avait été
réalisée. C'est fort important que la qualité du programme soit là puis que la qualité de la formation des
enseignantes et du soutien soit présente. Sinon, ce sont des coups d'épée
dans l'eau, et vraiment, à ce moment-là, je pense qu'il y a un non-respect et
des élèves et des fonds publics.
Donc, aussi,
c'est important de spécifier que de
faire une étude d'impact à très court terme, ça ne permet pas vraiment
d'apprécier, finalement, la valeur d'une mesure parce qu'une mesure éducative
de cette ampleur-là nécessite une implantation
sur plusieurs années pour que ça puisse produire les fruits attendus. Donc,
c'est essentiel, dans la foulée, de bien réviser le programme de formation de l'école québécoise, notamment au
niveau du 4-5 ans, mais aussi de l'ensemble du programme de formation de l'école québécoise, de
façon corollaire également la politique de l'adaptation scolaire, puis
d'actualiser la formation des enseignants pour bien, justement, bonifier la
formation pour le 4-5 ans.
Le Président (M.
Asselin) : Mme Brodeur?
Mme Brodeur (Monique) : Oui.
Le Président (M.
Asselin) : Votre premier 10 minutes est écoulé.
Mme Brodeur (Monique) :
Parfait.
Le Président (M.
Asselin) : Mais ce n'est pas parce que vous n'êtes pas allée
vite.
Mme Brodeur (Monique) : Oui,
j'ai vraiment essayé d'aller vite. J'avais pratiqué, pourtant, mais... C'est
bon.
Le
Président (M. Asselin) : On l'a bien compris. On vous permettra
peut-être, avec les premiers échanges, de continuer tranquillement.
Mme Brodeur (Monique) :
Excellent. C'est beau.
Le Président (M.
Asselin) : La parole est au ministre pour 16 minutes. À
vous.
M. Roberge : Merci bien. Bien, écoutez, je vais tout simplement
vous permettre de conclure, là. Je pense qu'il vous restait quelques minutes puis je vais vous
laisser... C'est très pertinent, donc je ne veux pas vous couper dans votre
élan. Allez-y.
Mme Brodeur
(Monique) : Brièvement.
Bien, je vous invite à regarder la vidéo sur YouTube du projet de
l'école Saint-Zotique. Je pense que ça
rapporte bien qu'est-ce qui a été produit. Puis une travailleuse sociale
soulignait, finalement, les progrès qu'elle a vus chez les enfants, chez
les parents, les liens avec l'école, c'est vraiment très intéressant.
Au niveau...
Il y a plusieurs avantages
à la maternelle quatre ans, étant donné le milieu scolaire qui est un
milieu accueillant, où la loi 101 est appliquée, où finalement il y a des
équipes professionnelles aussi qui peuvent venir en soutien aux enseignants. Puis c'est entendu que, si la maternelle quatre
ans temps plein — puis ça,
les études américaines le montrent
également — a plus
d'impact en milieu défavorisé, il ne faut jamais oublier que, quand on regarde
ça, c'est au niveau de moyennes puis
que, dans la moyenne des enfants favorisés, on a des enfants plus vulnérables
qu'il faut réussir à aller chercher
par des mesures ciblées pour vraiment les aider à pouvoir s'inscrire dans un
parcours de réussite au niveau scolaire.
Donc, au
niveau des recommandations, c'est vraiment... j'en ai parlé tantôt, un
programme de formation d'écoles québécoises
qui tient compte de l'état des connaissances scientifiques, une formation des
enseignantes afférente, ensuite la mise
en oeuvre, finalement, d'activités favorisant à la fois, oui, le développement
global, mais absolument des interventions préventives. Puis, quand on parle de prévention, ce n'est pas juste de
faire les choses comme à l'habitude. Il y a vraiment, compte tenu de l'état des connaissances, des
interventions pouvant être aidantes qui viennent enrichir, notamment au
niveau de la littératie. Je parlais tantôt
des difficultés, des problèmes de comportement, du développement des habiletés
sociales, de l'autorégulation, la capacité de se contrôler et également de la
numératie, donc on peut travailler à ça.
Une des
recommandations qu'on fait, c'est qu'étant donné la situation actuelle, étant
donné les enjeux, étant donné les
impacts, commencer, oui, par les milieux défavorisés, priorité aux milieux
défavorisés, mais ensuite rendre le service accessible aussi pour
favoriser aussi une mixité sociale dans les classes de maternelle puis
favoriser le fait d'aller chercher les
enfants qui ont des vulnérabilités puis qui peuvent avoir des beaux parcours
scolaires si, finalement, on leur permet de développer les comportements,
d'acquérir des connaissances nécessaires alors qu'ils sont tout jeunes.
M. Roberge :
Merci bien. Vous parlez de l'idée de commencer par milieux défavorisés, c'est
ce qui a été fait par défaut. En
réalité, les six premières années de déploiement sur un horizon de 10, quand on
regarde ça dans une perspective un
peu plus large, auront favorisé le déploiement en milieu défavorisé. Les 600... on va arrondir, les
650 premières classes, à partir de septembre prochain — parce
qu'on sera rendus autour de 650 classes — auront été déployées en
milieu défavorisé et puis elles vont vous
proposer de poursuivre le déploiement en milieu défavorisé, mais ailleurs aussi
pour avoir une universalité d'accès.
Vous avez
parlé de jeunes qui arrivent en maternelle cinq ans avec une vulnérabilité dans un domaine d'apprentissage. Je pense qu'il y a beaucoup de
gens qui ont été surpris d'apprendre, la semaine dernière, que les jeunes qui
arrivent en maternelle cinq ans avec une vulnérabilité sont presque aussi nombreux en milieu favorisé qu'ailleurs, hein? Puis
je ne veux pas me tromper de 1 % ou 2 %, mais je pense qu'à
peu près 32 %, 33 % des jeunes de milieux défavorisés arrivent à cinq
ans avec une vulnérabilité, puis dans le reste, donc dans les milieux favorisés,
c'est 26 %. Donc, on parle de... grosso
modo, dans les deux cas, c'est entre un sur deux et un sur trois, un écart, là,
très petit pour ce qui est de jeunes qui arrivent en maternelle cinq ans avec une vulnérabilité dans un milieu
défavorisé par rapport au reste. Donc, je comprends que c'est une bonne
idée de commencer par là, ensuite on va continuer.
Vous parlez,
cependant, peut-être, des premières années qui ont été intéressantes, mais qui n'ont peut-être pas été optimales en
termes de déploiement, mais, bon, on
pourrait sans doute dire ça de bien des programmes gouvernementaux,
y compris ceux qui sont prometteurs aujourd'hui. Qu'est-ce qui vous donne
confiance dans le fait qu'en 2019, en 2020, en 2021, en 2022 on aura un programme qui est efficace puis on aura tiré
des leçons, peut-être, des erreurs de 2013, 2014, 2015?
• (11 h 20) •
Mme Brodeur
(Monique) : Je vois Anne-Marie Lepage qui est à vos côtés.
Actuellement, il y a tout un travail qui se fait en collaboration avec le ministère de l'Éducation et des
spécialistes des différents domaines. Il ne faut pas sous-estimer l'exigence que représente le travail de
prévention. Donc, pour chacun des domaines de développement, on est allés
chercher des chercheurs qui s'intéressent à
la fois au développement global et d'autres chercheurs qui s'intéressent aux
interventions ciblées préventives qui doivent venir, en supplément, enrichir ce
qui se fait de façon à ce qu'on puisse composer un programme qui soit à la fine
pointe des connaissances scientifiques, parce qu'on voit que, quand ça est
appliqué, ça donne des résultats.
J'étais
à l'école Champlain, la semaine passée, de la CSDM, dans un quartier très
défavorisé, Centre-Sud, et la direction
d'école et l'orthopédagogue nous disaient qu'actuellement ils mettent en
oeuvre, à cinq ans puis en première année, des programmes de prévention de difficultés d'apprentissage en lecture
démontrés efficaces, fondés sur les connaissances scientifiques, et les
élèves qui sont en première année qui ont bénéficié de ces programmes-là à
l'école Champlain à cinq ans n'ont souvent pas besoin d'orthopédagogie. Or,
quand il y a des élèves qui arrivent d'autres écoles, presque systématiquement,
si, dans ces écoles-là, il n'y avait pas lesdits programmes de prévention, ils
ont besoin de services en
orthopédagogie. Donc, l'effet est vraiment palpable. Puis la capacité de lire
est tellement importante, quand on voit sur l'ensemble du continuum, qu'il y a vraiment des interventions ciblées.
Puis, pour ça, il faut que le programme soit clair, puis il va falloir que la formation qui soit donnée aux
enseignantes aille de pair avec ça, puis évidemment avec un accompagnement, là. Donc, pour le cycle quatre et
cinq ans, on peut faire beaucoup mieux qu'on fait actuellement si on a
des interventions bien ciblées qui reposent sur l'état des connaissances
scientifiques.
M. Roberge :
Vous parlez de la formation des enseignants et enseignantes. Je ne peux pas
avoir la meilleure personne que vous devant moi. D'abord, je suis passé
par l'UQAM, par votre faculté. La doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation, vous, vous êtes, au premier chef,
concernée par la formation des maîtres. Bon, il n'y a pas de formation
parfaite ni en enseignement, ni en histoire, ni en droit, ni en éducation à la
petite enfance. Cependant, on améliore la formation des maîtres, j'ose croire.
Qu'est-ce qu'on peut
faire pour s'assurer que nos enseignants qui, déjà, enseignent en maternelle
quatre ans aujourd'hui pendant qu'on se parle, mais qui vont enseigner l'an
prochain, l'année d'après et ensuite... qu'est-ce qu'on peut faire pour être
sûrs qu'ils soient encore mieux préparés? Est-ce qu'il faut changer un cours,
deux cours, trois cours à la formation
initiale ou est-ce que ce n'est pas une fois dans la classe, avec quelques
cours d'appoint, qu'on peut vraiment peaufiner? Quelle est votre vision
de ça?
Mme Brodeur
(Monique) : Je tiens à souligner que je ne suis plus doyenne depuis le
1er juin, mais je l'ai été pendant 10 ans.
M. Roberge :
Ça ne fait pas longtemps.
Mme Brodeur
(Monique) : Donc, j'ai suivi les dossiers de près. Écoutez, c'est
certain qu'il faut... dans la foulée du
Programme de formation de l'école québécoise, le référentiel de compétence de
formation en enseignement est également en cours de révision. On m'a
demandé, d'ailleurs... M. Proulx m'avait demandé de présider la table pour
réviser le référentiel au regard, là, du
quatre, cinq ans. Je pense qu'on peut, au niveau des universités, faire un
travail beaucoup plus intéressant. Un
des enjeux, ça va être de conjuguer l'expertise de nos spécialistes,
professeurs qui travaillent au niveau du préscolaire, primaire, mais absolument en collaboration avec nos
spécialistes en adaptation scolaire, parce que l'enfant, juste se développer tout seul avec des interventions, ce
n'est pas suffisant, ça prend vraiment des interventions spécialisées
que nos spécialistes en adaptation
scolaire... Donc, tout le dossier des maternelles quatre ans appelle à la
collaboration plutôt qu'à la confrontation des idées ou des visions. On
a besoin d'une vision globale pour nos enfants qui va leur permettre de
vraiment se déployer à leur maximum.
La
formation continue est absolument essentielle. Mes collègues
France Capuano et Christa Japel, avec qui on avait d'ailleurs participé au projet Saint-Zotique, sont
actuellement en train de réaliser une étude, je crois, financée par le
FRQSC, où finalement elles forment et accompagnent des enseignantes de
maternelles quatre ans à temps plein. Puis on voit vraiment une... je pense que
les enseignantes sont très enchantées de cette formation-là puis elles
développent vraiment des compétences.
Donc,
on a la capacité de mieux former et mieux accompagner les enseignantes puis avec un impact direct sur leur
sentiment d'efficacité, leur sentiment de
confiance au départ, sur l'impact positif chez les élèves. Et, comme des
enseignantes nous avaient dit : Quand on a vu les progrès des élèves, on
s'est senties plus compétentes encore, donc c'est vraiment gagnant-gagnant.
M. Roberge :
On continue...
Le Président (M. Asselin) : ...Québec, même de quelqu'un comme moi, qui est
issu de l'Université Laval. Je le dis comme ça.
M. Roberge : Je vous
remercie. C'est assez rassurant, les
propos que vous dites, puis ce qui doit être rassurant aussi pour les parents qui, des fois, voient toutes
sortes d'informations contradictoires, même, des fois, des campagnes de
peur par rapport à la maternelle quatre ans. Il faut voir ce que vous dites.
Puis
aussi il y avait un reportage dans Le Journal de Montréal et de
Québec en fin de semaine qui disait qu'après avoir rencontré des parents dans cinq régions
différentes du Québec, pas 95 %,
100 % des parents qui l'avaient testé avec leurs enfants — je dis «testé», le mot est fort, mais qui l'ont utilisé — étaient satisfaits puis disaient : Mon
Dieu! Ça va bien, on est contents puis on recommande aux gens de
l'utiliser.
Maintenant
que j'ai dit ce commentaire, je vais laisser la parole à mon collègue de
Beauce-Sud — je viens
tout le temps pour dire «Nord» — Beauce-Sud.
Le
Président (M. Asselin) : M. le député de Beauce-Sud, à
vous la parole.
M. Poulin :
Il n'y a aucun problème. Merci beaucoup, M. le Président. Bien content de vous
entendre aujourd'hui. Il y a des
éléments fort intéressants à l'intérieur de votre mémoire. Et ce que je trouve
d'autant plus pertinent, Mme Brodeur, c'est que vous nous amenez beaucoup à l'intérieur d'une classe de
prématernelle quatre ans. Donc, vous avez parlé tout à l'heure du vidéo YouTube, que nous irons tous voir
de bon aloi pour voir ce qui s'est passé, effectivement, du côté du
projet de l'école de Saint-Zotique. Mais,
puisque, dans votre mémoire, l'intérieur de la classe occupe une grande place,
il y a un élément que j'ai trouvé
fort intéressant : vous avez mis l'apprentissage, notamment, par le jeu au
centre de ce qu'est une classe prématernelle quatre ans et vous mettez, bon, les compétences
autour, donc la qualité de l'environnement préscolaire, les habiletés
sociales, le développement de l'autorégulation, le développement du
vocabulaire, développement de la littératie — hein, vous en parlez, du
retard à ce niveau-là — ainsi
que le développement des compétences numériques.
Alors,
j'aimerais que vous nous parliez à quel point, à l'intérieur d'une classe, le
développement par le jeu demeure extrêmement essentiel en prématernelle
quatre ans.
Mme Brodeur
(Monique) : Ce sont des enfants, ils ont besoin de jouer, donc c'est
entendu qu'il faut veiller à ce que l'aménagement
de la classe, que la nature des activités soient au maximum ludiques. Ça ne
veut pas dire que l'enfant n'apprend pas
autrement. L'enfant, aussi, apprend par imitation — ceux qui ont des enfants, vous le savez,
c'est pour ça qu'il faut faire attention
à ce qu'on fait comme adultes — également l'enfant apprend par modelage.
Mais il apprend beaucoup par le jeu, puis il faut qu'il y ait le
développement du plaisir d'apprendre, ça, c'est entendu.
Ce
qui n'exclut pas, par ailleurs, des savoirs à apprendre et des connaissances à
apprendre. Je vois une historienne
autour de la table, il y a des choses qu'il faut apprendre. Puis, en ce
sens-là... comme la lecture ou comme la musique, il y a vraiment des codes qui sont importants à maîtriser dès
le départ, notamment au niveau du français puis de l'anglais, qui
sont... Contrairement aux Finlandais, qu'on nous cite souvent parce qu'on nous
dit qu'en Finlande les enfants commencent à sept
ans, le français est très peu opaque au niveau orthographique, donc ça
nécessite ce travail-là à la base. Puis, s'il n'est pas fait, bien, il y
a des enfants qui, tout simplement...
Juste
la question de la connaissance des lettres, certains étaient inquiets. Ils
disaient : Si on met la connaissance des lettres dans le programme, les enseignants ne vont faire que ça. Mais
non, mais c'est essentiel. C'est comme de la poudre à pâte dans un gâteau, c'est un ingrédient qui est
essentiel, donc il faut le mettre. Puis, si on fait les bonnes choses de la
bonne façon, bien, à ce moment-là, on
s'assure, avec un minimum de ressources, d'avoir un maximum d'impact. Sinon, on
peut s'agiter beaucoup, mais faire en sorte que, finalement, les enfants ne
bénéficient pas de ce dont ils ont vraiment besoin.
Puis
il faut se rappeler toujours qu'il y a des enfants qui naissent dans des
familles où il y a des livres qui sont lus alors que les femmes sont enceintes, alors qu'il y a des... Moi, j'ai moi-même
travaillé dans Centre-Sud et visité des familles à domicile où il n'y a pas de livres, où il n'y a
pas d'écrits, parfois même pas de bottin téléphonique. Donc, il faut que
l'école puisse donner cette chance-là aux
enfants de pouvoir, justement, participer, je vous dirais, à la vie citoyenne
en développant cette capacité-là fondamentale que celle de la capacité à
lire. Puis ça, il y a tout un dossier à faire au Québec pour le travailler, ça aussi, d'une façon longitudinale,
de la naissance jusqu'à l'âge adulte, parce qu'on a des enjeux,
actuellement, avec des adultes qui ont de
faibles compétences en littératie, puis ce sont des parcours de vie très
difficiles. La Fondation pour l'alphabétisation, chaque année, organise
des activités où on voit des parcours de personnes adultes ayant des faibles
niveaux de littératie, et c'est le parcours du combattant. Tant mieux si
l'école peut faire mieux dès le départ.
• (11 h 30) •
M. Poulin :
Absolument, et dans les valeurs, également, que nous avons. Donc, si le fait
que nous avons bien appris le
français à l'école et que nous avons des valeurs de littératie... ce sera
d'autant plus facile de pouvoir le transmettre à nos enfants également.
Vous
abordez un point hyperintéressant à la page 22. Vous dites, bon :
«Des projets pédagogiques adaptés sont proposés aux enfants de quatre et
cinq ans.» Vous dites : «Les classes du préscolaire sont en grande
majorité regroupées sur le même étage et se
côtoient pour faciliter les échanges entre collègues.» Vous dites, bon :
«Il existe des écoles — effectivement — qui regroupent que des classes [...] préscolaire.» Et vous nous parlez
également, je pense, un peu plus tard, d'un certain parcours, même, à
l'intérieur d'une même classe, parce qu'on sait que chaque élève
n'a pas le même rythme d'apprentissage, n'a pas les mêmes besoins, arrive en
prématernelle quatre ans des fois avec de l'avance, d'autres avec du retard.
Donc, il y a un souci, à l'intérieur de la classe, d'avoir ce parcours-là
personnalisé même dès l'âge de quatre ans. Donc, ce n'est quand même pas banal
non plus, là.
Mme Brodeur
(Monique) : ...la mixité est intéressante aussi. On le sait que, dans
une même famille, les enfants plus vieux
vont permettre à des enfants plus jeunes souvent de faire des apprentissages
plus rapidement que les aînés vont le faire. Donc, c'est vraiment intéressant qu'il y ait, dans une classe, des
enfants qui ont des rythmes différents. On parle de plus en plus d'inclusion au Québec, on veut une école qui
soit inclusive où chacun trouve sa place, où on apprend à vivre avec des
personnes qui sont différentes. Il n'y a pas
deux personnes semblables, donc, au niveau du cycle du préscolaire,
effectivement, il y a cette mixité au niveau
des enfants puis, quand il y a plusieurs classes, bien, ça permet aussi que les
enseignantes puissent échanger entre elles. Puis, s'il y a des enfants
qui expriment, finalement, ou manifestent des besoins particuliers, bien, les
ressources professionnelles de l'école doivent être présentes.
Puis c'est là où je
pense aussi que la volonté actuelle du gouvernement de faire en sorte de créer
des maternelles quatre ans, c'est peut-être l'occasion, justement, de réaliser
qu'il y a certains problèmes qui existent déjà en amont des maternelles quatre ans puis, plutôt que de voir ça
comme des obstacles, de nommer ces problèmes-là puis de se dire que
c'est une occasion, finalement, justement de trouver des solutions auxdits
problèmes.
Le
Président (M. Asselin) : Il vous reste une vingtaine de
secondes.
M. Poulin : Et c'est fort intéressant, j'invite les gens
à aller le lire. Page 23, vous nous parlez des parents. Peut-être
en terminant, majoritairement, les parents, j'imagine, sont très satisfaits des
services.
Mme Brodeur
(Monique) : Oui. Il faut que vous écoutiez la vidéo sur Saint-Zotique,
on voit des parents qui disent : Avant,
je pognais les nerfs après mon enfant; là, maintenant, j'ai appris à développer
des habiletés me permettant d'interagir positivement avec eux, et ça va
me servir pour mes autres enfants.
Le Président (M. Asselin) : Merci beaucoup. Alors, on va maintenant passer la
parole à la députée de Saint-Laurent. À vous la parole.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Bonjour, Mme Brodeur, très heureuse de vous avoir ici avec
nous. Vous avez conclu de visionner la vidéo de l'école Saint-Zotique,
qui est une école dans Saint-Henri, qui appartient aussi à la CSDM. Et justement Mme Harel Bourdon, la présidente de
la CSDM, elle disait même que c'est un excellent projet qui a été fait,
d'abord et avant tout, dans un milieu
défavorisé. Et la CSDM aurait bien aimé être entendue, puisque, un, il s'agit
de la plus grande commission scolaire
sur le territoire québécois, avec le plus grand nombre d'élèves, mais aussi
c'est eux qui ont démarré les maternelles quatre ans. Donc, on aurait
bien, nous autres aussi, aimé les entendre.
Mais, quand
même, Mme Harel Bourdon, la présidente de la CSDM, réclame que le
déploiement des maternelles quatre
ans demeure en milieu défavorisé et, comme beaucoup d'autres qui sont venus
avant vous nous disent aussi, que ça nous
prendrait une réflexion collective avant d'entamer un aussi grand projet sur le
déploiement universel des maternelles quatre ans. Est-ce que vous êtes
un peu du même avis que Mme Harel Bourdon là-dessus?
Mme Brodeur
(Monique) : Dans le précédent mémoire que nous avions déposé puis que
vous pouvez toujours consulter, on
avait relevé des statistiques, puis la CSDM est, de toutes les commissions
scolaires, celle qui se trouve à, entre guillemets, héberger le plus
grand nombre d'écoles de milieux défavorisés. Donc, c'est entendu qu'il y a
vraiment un enjeu montréalais par rapport à
la défavorisation, ce qui n'exclut pas qu'il n'y ait pas des besoins ailleurs
au Québec, mais il y a vraiment un
effort à faire tout particulier. Puis on voit que le déploiement des
maternelles quatre ans à temps plein dans tous les milieux, mais
notamment défavorisés, va nécessiter, bon, davantage d'enseignants, davantage
de locaux, etc.
Donc, l'idée,
je pense que — pour
avoir parlé aussi avec quelques collègues — c'est de s'assurer de rassembler les conditions qui vont faire en sorte qu'on va avoir
une maternelle quatre ans de qualité parce que, sinon, c'est certain
qu'on n'aura pas l'effet attendu, puis ce
sera beaucoup d'efforts, finalement, puis pas beaucoup d'impact, alors qu'on
veut vraiment faire en sorte que tous
les enfants, au départ, ceux qui ont des besoins particuliers parce qu'ils
vivent dans des milieux moins favorisés,
mais aussi des enfants qui ont des vulnérabilités dans d'autres milieux,
puissent bénéficier vraiment des activités ou des conditions de qualité qui vont aider. Puis, en ce sens-là, peut-être
qu'on peut comprendre la CSDM, qui a tellement d'écoles défavorisées, de dire : Bien, oui, allons-y
là. Puis je pense que — vous regarderez la vidéo de l'école Saint-Zotique — quand on fait juste regarder l'aspect
extérieur de l'école, vous pourrez m'en reparler, mais on a vraiment des grands
besoins.
Mme Rizqy : Absolument. Puis nous, notre position n'a pas changé. On
n'est pas contre les maternelles
quatre ans, mais on veut un plan et
on est contre le mur-à-mur, on veut du sur-mesure parce qu'il y a des
priorités. Et, quand on regarde, en
ce moment, la plus grande commission
scolaire, elle aimerait bien ajouter des classes, mais il y a un manque
d'espace. Alors, il faut construire d'autres écoles, et ça, je sais que la
volonté du ministre est présente pour développer davantage d'écoles. Mais en
matière de priorités en ce moment, la CSDM, eux, ce n'est pas d'ajouter de la
pression dans leur système avec d'autres maternelles quatre ans, mais d'avoir
davantage de services.
Et j'aimerais
profiter aussi de votre expertise, parce que vous êtes... bien, jusqu'au
1er juin, vous étiez la doyenne, mais
ça veut dire que vous siégiez dans le comité des doyens avec M. Serge
Striganuk pour trouver des solutions en matière de pénurie
d'enseignants. Les chiffres que nous avons eus par rapport à M. Maltais,
qui est maintenant au cabinet du ministre de
l'Éducation, c'est que, juste dans le réseau de l'éducation secondaire dans les
cinq prochaines années, c'est environ 3 000 enseignants que nous
devons avoir, supplémentaires, pour gérer juste la croissance d'élèves.
Au niveau
primaire, est-ce que vous avez des chiffres à nous avancer? Parce que, si on
parle de 3 000 au secondaire, est-ce
qu'il va nous... Est-ce que vous avez des chiffres ou est-ce que vous pouvez
aussi nous dire... Est-ce qu'on pense qu'il va en manquer, des
enseignants au niveau primaire?
Mme Brodeur
(Monique) : Bien, en fait, il en manque déjà, on le sait. Puis il y a
toute une stratégie, là, qui est travaillée
de concert avec le ministère de l'Éducation, l'association des doyens en
éducation. Avec Savoir Média, on a produit
des capsules, justement, pour donner le goût de l'enseignement aussi, parce que
souvent, trop souvent, ce ne sont que des histoires difficiles qui
circulent dans les médias par rapport à la vie d'enseignant, puis alors qu'il y
a de très belles histoires d'enseignants un
peu partout. Puis je pense que, si on veut attirer des jeunes dans cette
profession-là, il faut montrer que
c'est une profession aussi qui peut être très valorisante. Les jeunes veulent
un monde meilleur, les jeunes veulent une
société plus juste. Quelle est la plus belle profession pour contribuer à ça?
C'est l'enseignement. Donc, vous irez voir les capsules produites par Savoir Média, je pense que ça donne le goût.
Évidemment que ce n'est pas suffisant en soi, ça prend une stratégie multimodale. Il y a des efforts par rapport à la rémunération, là, des enseignants, qui vont être faits également. Il faut
travailler sur tous les plans.
Nous, à
l'UQAM, comme dans d'autres universités, il y
a des jeunes qui font des parcours de
formation avec des baccalauréats qui
ne sont pas professionnalisants. Nous, on a fait une campagne ciblée auprès de
ceux qui font des bacs dans des
domaines justement liés à l'enseignement secondaire puis aux matières liées à l'enseignement secondaire puis on a vu, cette
année, là, un accroissement de jeunes qui vont vraisemblablement passer de
ces programmes-là à la maîtrise qualifiante. Il faut rappeler que la
maîtrise qualifiante est une très belle voie de formation. Puis
il faut trouver des voies aussi pour voir comment on peut accélérer
l'intégration québécoise d'enseignants venant, là, de l'étranger.
Mme Rizqy : Merci,
Mme Brodeur, mais j'aimerais juste avoir un ordre d'idées, de grandeur. Si
on sait qu'au secondaire c'est 3 000, est-ce que, dans votre comité, vous
avez commencé à évaluer, avec tous les autres doyens, le nombre
d'enseignants qui manquent présentement et ceux à pourvoir dans les cinq
prochaines années au niveau primaire?
Mme Brodeur
(Monique) : Je vous
inviterais à contacter Serge Triganuk, il pourra vous donner un portrait
plus précis, parce que c'est assez...
Mme Rizqy : Est-ce que vous
avez siégé dans ce comité?
Mme Brodeur
(Monique) : J'ai participé
aux travaux du comité, mais le comité continue ses travaux, puis c'est vraiment
notre président, là, qui se trouve à consigner l'ensemble des chiffres à ce sujet-là, puis je n'aime pas avancer des chiffres qui ne sont pas justes,
en séance, comme ça, donc ça sera préférable.
Mme Rizqy : Ah! il
n'y a pas de souci, non, il n'y a
pas de souci. C'est juste qu'on trouvait que c'était probablement un enjeu très important, la pénurie d'enseignants,
puis je voulais juste profiter du fait que vous étiez avec nous aujourd'hui.
J'aimerais
continuer dans... Au niveau de la qualité, le développement des maternelles
quatre ans, pensez-vous qu'au niveau préscolaire... La maîtrise
qualifiante, est-ce qu'elle serait adaptée pour ceux qui vont devoir enseigner
au niveau préscolaire?
• (11 h 40) •
Mme Brodeur
(Monique) : Ça,
c'est une excellente question. La
même chose pour le primaire. Parce qu'il faut savoir qu'au secondaire l'enseignant va enseigner une, deux disciplines.
Donc, de façon complémentaire à un bac disciplinaire, il va aller chercher en deux ans une formation
psychopédagogique, si on peut appeler ça comme ça, pour pouvoir devenir
un enseignant et passer d'un disciplinaire à un enseignant qui enseigne une
discipline.
Pour le
primaire, il faut se rappeler que l'enseignant
va devoir enseigner plusieurs disciplines et non pas seulement que quelques-unes comme au secondaire, donc il y a
vraiment des enjeux. Puis à l'heure actuelle je peux vous dire que, dans
le contexte actuel, tous les vice-doyens aux
études de nos facultés, en collaboration avec les doyens puis d'autres
directions de programme, travaillent pour
établir quels seraient des parcours idéaux de formation, en collaboration,
évidemment, avec le ministère puis la direction de la titularisation du
personnel enseignant.
Donc, c'est
plus compliqué que ça en a l'air parce que, c'est comme dans d'autres disciplines,
il y a vraiment des connaissances spécifiques au niveau de
l'enseignement, il y a vraiment des connaissances spécifiques au niveau du développement de l'enfant, il y a vraiment des
connaissances spécifiques... Si on parle juste de l'enseignement de la
lecture, ça peut avoir l'air simple, mais,
si c'était si simple, on n'aurait pas 53 % de Québécois qui ont un faible
niveau de littératie. Donc, de partir
de quelqu'un qui a un baccalauréat en philosophie puis de penser qu'en 45 ou 60
crédits on peut lui permettre de
développer les compétences nécessaires pour enseigner au préscolaire ou au
primaire, il faut voir comment tout ça peut se faire. Puis ça, ça va vraiment nécessiter une réflexion de fond avec les
experts, justement, en formation en enseignement. Parce qu'une chose est certaine, ce qu'on ne veut
pas, au Québec, c'est baisser la qualité de la formation des
enseignants. Au contraire, je pense qu'il faut la maintenir, voire la
consolider. C'est une profession de plus en plus exigeante, les savoirs évoluent également. On veut une société aussi où
il y a un plus grand transfert de connaissances scientifiques pour,
justement, intervenir de la façon la plus
respectueuse des enfants possible, parce que, pour moi, à la base, c'est une
question de respect des enfants. C'est
cette mission que nous a confiée le rapport Parent d'offrir à chaque enfant du
Québec la meilleure éducation possible.
Mme Rizqy :
Absolument. Puis je me permets d'ouvrir une petite parenthèse parce que, dans
les derniers jours, on a eu beaucoup
d'articles concernant les jeunes élèves avec le trouble du spectre de
l'autisme. Et je reviens encore avec la CSDM, mais ce n'est pas uniquement à la CSDM, on l'a vu aussi à Sherbrooke, on
l'a vu à Laval, où est-ce que des commissions scolaires nous disent qu'ils ont besoin aussi d'outils parce que les
enseignants ne peuvent pas tout faire. Et j'espère qu'on va être en
mesure, justement, d'outiller tout notre réseau de l'éducation.
Et le temps file. J'aurais deux petites
questions. Je vais les dire les deux en rafale.
Le Président (M.
Asselin) : Il vous reste 2 min 15 s
Mme Rizqy :
Premièrement, vous terminez votre présentation de mémoire avec une citation
d'une étude américaine. J'ai posé la
question à d'autres chercheurs québécois qui sont venus : Est-ce qu'il
n'aurait pas été préférable qu'on ait une étude québécoise sur la question, un? Et, deuxièmement, quelques mots
sur nos élèves autochtones, s'il vous plaît, parce que vous l'avez
mentionné, et je pense que c'est très à propos.
Mme Brodeur
(Monique) : En 2013, on a proposé au ministère une étude expérimentale
longitudinale à partir du projet
pilote. Malheureusement, on n'a pas été entendus, parce qu'à ce moment-ci on
serait en mesure de vous fournir les données nécessaires. On a des
données américaines, c'est bien, mais on aurait tellement souhaité pouvoir vous
fournir, avec une étude expérimentale longitudinale, les informations.
En milieu
autochtone, je vous rappelle qu'il y a certains milieux où le décrochage
scolaire est au-delà du 90 %. Vous parliez des élèves autistes. Si on avait un institut national en
éducation qui pouvait nous permettre, justement, d'avoir accès à des
synthèses de connaissances les plus à jour possible sur les différents
domaines, dont l'autisme, dont les difficultés d'apprentissage en lecture tout au long de la vie, etc., ce serait très
aidant, parce qu'à l'heure actuelle on n'a pas d'état des connaissances
vraiment rassemblées dans un endroit fiable, puis ça, je pense que ça nous fait
mal, à tout le monde.
Le
Président (M. Asselin) :
Merci beaucoup de votre contribution sur ce sujet précis. La parole est
maintenant à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci. D'abord, j'aimerais dire qu'évidemment, au niveau de la problématique,
on partage, évidemment, tous les mêmes
constats que vous nous livrez dans votre mémoire. J'aimerais dire, par contre,
par rapport à la question du rapport
Parent, qui a aussi été nommé par le ministre tout à l'heure... Vous savez, je
suis historienne, hein, et évidemment
il faut toujours faire attention aux anachronismes quand on parle de choses
comme ça, parce qu'au moment de la rédaction du rapport Parent on était
dans une société dans laquelle il n'y avait même pas de garderies, donc encore moins de services éducatifs à la petite enfance.
On est dans un univers complètement différent. Donc, il faut faire
attention de ne pas prendre des recommandations de rapports qui datent de plus
de 50 ans et prendre pour acquis que c'est pertinent aujourd'hui.
Ce qui
m'intéresse beaucoup de votre mémoire et que vous avez un petit peu moins eu le
temps d'aborder, ce sont les
modalités à mettre en place pour assurer la qualité de la maternelle quatre
ans. J'aimerais vous entendre en particulier sur le ratio qu'on devrait
viser en maternelle quatre ans, vous n'en avez pas parlé jusqu'à maintenant.
Mme Brodeur
(Monique) : Bien, le ratio actuel, on sait que, comme je le
mentionnais, les classes, dans certaines régions, ouvrent à six, le maximum, c'est 17, puis on a des classes à
15. À l'école Saint-Zotique, par exemple, il y avait 15 ou 16 élèves, puis, tout l'avant-midi,
l'éducatrice des services de garde de l'école venait dans la classe — vous allez le voir dans la vidéo — accompagner l'enseignant, ce qui permettait,
finalement, d'animer des sous-groupes d'élèves. Puis l'après-midi, qui est un peu moins long, où il y a la
sieste, à ce moment-là, l'enseignant était seul. C'est une formule qui a très,
très bien fonctionné, puis je pense que ça a
été vraiment gratifiant, à la fois pour l'enseignant, à la fois pour
l'éducatrice. Puis les enfants bénéficiaient d'un ratio vraiment très
soutenant, là. Donc, je pense qu'on a là une formule qui avait été reprise
ensuite dans les modalités.
Mme Labrie :
Parce que jusqu'à maintenant tous les spécialistes qui sont venus ici nous ont
tous recommandé de diminuer ce ratio-là pour viser, la plupart du temps,
autour de 10, là, comme on...
Mme Brodeur
(Monique) : Mais, quand on a, finalement, le matin, par exemple, deux
adultes pour 15 élèves, donc on
est plutôt à sept, huit élèves — parce qu'on ne coupera pas un élève en
deux — par
groupe. Donc, on est, je pense, dans ces eaux-là.
Mme Labrie :
...avez mentionné également qu'il fallait déployer en ordre décroissant
d'indice de défavorisation. Pensez-vous
qu'on devrait se consacrer à aller déployer les places dans les indices de
défavorisation de 6 à 10 en premier avant de les déployer dans les indices
plus faibles?
Mme Brodeur
(Monique) : Bien, c'est un
petit peu notre recommandation. En fait, nous autres, la recommandation,
c'est priorité aux milieux défavorisés parce
qu'on le sait qu'au niveau scientifique l'impact va être plus important là.
Par ailleurs, il ne faut jamais sous-estimer
le fait qu'il y a des enfants dyslexiques, il y a des enfants qui ont des
troubles de comportement, il y a des enfants dans d'autres milieux
favorisés.
Le
Président (M. Asselin) :
Merci beaucoup. On avait la perspective historique. Maintenant, la perspective
de Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci beaucoup. Merci pour votre présentation. Je vais poursuivre un peu dans
la même veine. Je pense que, c'est
ça, on se pose beaucoup de questions, puisqu'on n'a pas de plan — vous nous avez entendus dire ça — du gouvernement,
comment il va déployer ça. Parce que c'est une chose de dire : Du jour au
lendemain, ça peut être partout... Donc, vous, ce serait quoi, la
recommandation, si c'est vous qui faisiez le plan de match pour les prochaines
années? Comment on les déploie? Est-ce que c'est selon les locaux qui sont
libres? Est-ce que c'est selon l'existence de CPE? Comment on déploie ça?
Mme Brodeur
(Monique) : Moi, je pense qu'un bon plan doit se faire avec les
partenaires concernés par l'objet. Donc,
il me semble qu'en ce sens-là ça prend un plan qui s'établit commission
scolaire par commission scolaire avec les responsables locaux, avec les gens du ministère. Puis, si on réussit à
faire atterrir Apollo 13, je me dis : On doit être capable de
faire réussir à atterrir un projet comme celui-là.
Puis, comme
je le mentionnais précédemment, on a identifié des problèmes, bon, celui des
autobus, celui de locaux qui sont
lacunaires, etc. Il me semble, moi, que c'est une belle occasion de dire au
gouvernement : Vous voulez absolument ça, puis on en est bien heureux, maintenant il faut... Au niveau des
commissions scolaires, on a de grands besoins par rapport à des locaux, par rapport à un nombre accru de
professionnels, etc. Donc, comment on peut partir de ça pour voir ça
comme des occasions, finalement, d'améliorer le système? Parce qu'on a tous
appris que, dans le fond, il y a des enfants de maternelle quatre ans qui prennent l'autobus, puis que ce n'est peut-être
pas des conditions qui sont optimales. Donc, est-ce qu'on peut utiliser ça pour dire : Comment on
peut rendre, maintenant, ces services aux enfants, là, qu'ils répondent
mieux à leurs besoins?
Donc, je pense qu'il peut y avoir un plan
d'ensemble, bien entendu, mais, après ça, je pense qu'il faut que ça se travaille en collaboration avec les acteurs
locaux pour voir quels sont leurs principaux besoins tant au niveau des
enfants, mais les besoins aussi d'infrastructures, les besoins de ressources
humaines, puis de voir à établir des modalités qui vont être favorables sur
cinq ans pour arriver à rejoindre, en complémentarité avec les CPE, là, l'offre
de maternelle quatre ans.
Mme Hivon :
...par exemple, des fois, ça a l'air simple, puis il y a des gens qui
disent : Il y a des centaines de locaux disponibles en ce moment, donc on a juste à prendre ces locaux-là puis
mettre les enfants de quatre ans dedans. Est-ce que vous diriez que
c'est comme ça qu'on devrait procéder?
Mme Brodeur
(Monique) : Comme je viens de le dire, je pense qu'il faut l'attacher
avec les responsables des commissions
scolaires, qui connaissent bien, je pense, leurs populations d'élèves puis, en
même temps, qui connaissent aussi leurs besoins d'infrastructures puis
de personnel puis de voir comment on peut arriver à bien attacher les choses.
Le Président (M. Asselin) : Merci beaucoup. On est très contents de la
contribution à nos travaux. Je vous remercie, Mme Brodeur.
La commission va
suspendre ses travaux jusqu'après les affaires courantes, vers
15 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 49)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Asselin) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je vous demande de
bien vouloir éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques.
Nous
poursuivons les auditions publiques dans le cadre de la consultation
particulière sur le projet de loi n° 5. Cet après-midi, on va entendre la Fédération des commissions scolaires du
Québec, l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec et
Mme Lorelei Eccleston.
Alors,
je vous souhaite la bienvenue à vous pour commencer. On va débuter par une
audition de 10 minutes pour présenter
votre mémoire et puis, après ça, on va avoir des échanges avec les membres de
la commission. À vous la parole, profitez-en pour vous présenter, bien
que vous soyez abondamment connu.
Fédération des commissions
scolaires du Québec (FCSQ)
M. Fortier (Alain) : Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre,
Mmes, MM. les députés, je me permets, je suis Alain Fortier, le nouveau président de la Fédération des
commissions scolaires du Québec. Je suis accompagné de Mme Louise Lortie, la nouvelle vice-présidente
de la Fédération des commissions scolaires du Québec, mais qui est aussi...
commission scolaire de Laval, présidente,
Christiane Barbe, qui est la directrice générale de la fédération, ainsi que
Louise Tremblay, qui est aux finances chez
nous. Forts de cette élection ayant eu lieu en fin de semaine, nous avons reçu
le mandat fort de l'ensemble de nos
membres pour porter leur voix à cette commission parlementaire et pour
l'ensemble des enjeux touchant notre
réseau. Nous souhaitons vous remercier de nous donner l'occasion de nous
exprimer sur ce projet de loi.
D'entrée de jeu, la
Fédération des commissions scolaires du Québec accueille favorablement le
projet de loi autorisant les commissions
scolaires à déployer progressivement sur leurs territoires des classes de
maternelle quatre ans. À notre avis,
l'éducation préscolaire quatre ans viendra enrichir et compléter notre offre de
services éducatifs. Nous sommes ici
pour vous présenter des pistes de réflexion et pour vous souligner à grands
traits l'importance de bien planifier ce vaste chantier. Afin d'assurer son succès, il faut agir en complémentarité
avec les réseaux du ministère de la Famille. Tous les services éducatifs
à la petite enfance régis par l'État doivent travailler ensemble pour répondre
aux besoins identifiés par les
milieux. J'aimerais lancer ce message : Personne n'en voudra au gouvernement s'il écoute son réseau public d'éducation, personne ne lui en
voudra s'il prend son temps pour remplir sa promesse. L'écoute des situations
vécues sur le terrain est une grande richesse. Celles et ceux vivant l'école au
quotidien connaissent les meilleures façons de faire et les problèmes vécus.
D'ailleurs,
permettez-moi d'identifier cinq aspects méritant toute l'attention du ministre
et des parlementaires dans la mise en
place de la maternelle quatre ans : la complémentarité, l'environnement
pédagogique, les ressources humaines, les infrastructures et le
transport scolaire.
La
complémentarité entre les réseaux est incontournable. Les services de garde régis,
soit les centres de la petite enfance,
ceux en milieu familial ou les garderies privées, subventionnées ou non,
offrent des services aux enfants de 0-4 ans. Depuis de nombreuses années, des services se sont
ajoutés dans les écoles. Le préscolaire à temps plein, à mi-temps dans les milieux défavorisés et le programme
Passe-Partout offrent des services pendant l'année scolaire. Le choix pour les
parents peut s'avérer difficile selon le
quartier, la ville, la région, d'où l'importance de compléter la couverture
territoriale des services offerts aux
tout-petits, d'où l'importance également de s'assurer de l'ouverture graduelle des classes
de maternelle quatre ans s'ajoutant à
l'offre de services actuelle. Elles ne doivent pas remplacer ou supplanter les
services de garde. Ce réseau ne doit pas être fragilisé, mais plutôt
enrichi.
Notre
première recommandation est donc d'envisager l'intégration à la Loi de
l'instruction publique de l'obligation de
tenir compte de l'offre de services des réseaux du ministère de la Famille dans l'autorisation aux commissions scolaires d'ouvrir des classes de maternelle quatre ans.
Cela rendrait obligatoire la nécessité de tenir compte de l'offre disponible
dans chaque milieu avant d'autoriser
l'ouverture de nouvelles classes. Comme l'indique notre recommandation 2,
il est également essentiel d'informer efficacement les parents sur les caractéristiques
et l'accessibilité de chacun des services offerts.
Dans plusieurs
régions du Québec, des collaborations ont été établies entre les différents
réseaux offrant des services aux enfants
d'âge préscolaire. Des outils ont été développés, des ressources humaines,
ajoutées. Dans un souci de valoriser et de renforcer cette collaboration
locale, nous recommandons de maintenir et de bonifier le financement des
mécanismes de coordination.
Sur
le plan pédagogique, le ministère de
l'Éducation a effectué de nombreux
travaux ces dernières années pour faire évoluer le programme de l'éducation préscolaire afin de mieux
l'adapter à la réalité des enfants de quatre ans et mieux l'arrimer aux programmes
destinés aux cinq ans. Il est nécessaire d'accélérer ces travaux. N'oublions
pas la bonification de la formation initiale des enseignants et enseignantes.
Un effort doit être fait pour mieux les outiller pour le préscolaire.
Des études
sérieuses, dans le contexte spécifique québécois, sur les effets de la réussite
éducative de la fréquentation des
enfants de quatre ans en maternelle doivent également être effectuées en
complémentarité avec le peu d'études actuelles. Il faut mieux cerner cette nouvelle réalité. Les familles et les
décideurs de notre réseau doivent s'appuyer sur ces données pour faire
le meilleur choix possible.
Sur le plan
des ressources humaines, vous l'avez entendu de nombreuses fois depuis le début
des consultations, il est très
difficile pour les commissions
scolaires de trouver le personnel
qualifié et quantifié... en quantité suffisante, pardon, pour toutes les
catégories d'emploi. La maternelle quatre ans pose des interrogations à cet
égard non seulement pour les enseignants et les professionnels, mais aussi pour
le personnel en service de garde.
Pour les infrastructures, l'ensemble du réseau scolaire a des enjeux importants à régler. Des
sommes substantielles ont été
annoncées lors du dernier budget pour l'ajout d'espaces et la rénovation de nos
actifs immobiliers. Néanmoins, les besoins
restent énormes, et vous le savez très bien. À ce jour, les projets soumis
par les commissions scolaires pour l'ajout d'une classe de maternelle quatre ans ont un coût moyen de 800 000 $. Nous comptons actuellement près de
400 classes de maternelle quatre ans dans les milieux défavorisés à
cotation 8, 9, 10. Le ministre faisait part récemment du total de 2 600 classes au bout du processus
d'implantation, incluant une estimation de 1 300 nouvelles classes.
L'estimation du milliard de dollars
pour la construction de ces 1 300 classes nous semble très
conservatrice étant donné la surchauffe des coûts en construction, la pénurie de main-d'oeuvre, l'ajustement des
normes du ministère en matière d'espace ne correspondant pas aux besoins
de l'école du XXIe siècle.
• (15 h 40) •
Concernant l'enjeu du transport scolaire, nous
insistons sur deux enjeux : la sécurité et la prévisibilité de son organisation. Il est difficile de prévoir la
réponse des parents sur les choix offerts. Compte tenu que les classes ne sont
pas pleines, nous continuons d'inscrire les
enfants jusqu'à la rentrée. Nous avons l'obligation de nous conformer aux
normes de sécurité du transport. Les
ressources financières devront être prévues pour assurer les ajustements
nécessaires, s'il y a lieu, en matière de sécurité pour les enfants de
quatre ans.
En terminant,
il est essentiel pour le milieu scolaire d'être informé de manière plus précise
du plan d'implantation. Afin de bien
planifier l'organisation scolaire à différents niveaux, le réseau doit avoir
ces informations. Il faut nous aider à vous
aider. Nous recommandons d'ailleurs au gouvernement de mettre en place un
comité interministériel et partenarial, partenaires dont vous avez la liste en page 27 de notre mémoire. Il
s'agirait de travailler ensemble avec les gens des services de garde
éducatifs afin de planifier le déploiement de la maternelle quatre ans.
M. le
Président, les commissions scolaires sont prêtes à s'engager dans ce vaste
chantier. Nous mettons à profit notre expérience,
notre expertise, nos ressources à sa réalisation. J'invite le ministre et les
parlementaires à porter une attention particulière
aux conditions d'implantation. Les établissements des réseaux de l'éducation et
de la famille doivent travailler ensemble et planifier le déploiement
complémentaire de leur offre.
Il faut être
attentifs aux diverses opinions exprimées. Il faut évaluer l'impact de chaque
décision prise. Comme l'a dit Thomas
Gentzel, directeur général de la National School Boards Association... c'est le
directeur général de tous les «school boards» américains, comme
Mme Barbe est la directrice générale des commissions scolaires du Québec.
M. Gentzel, présent à notre congrès en
fin de semaine, disait : L'écoute est une démonstration de véritable
leadership. Prendre son temps ne
signifie pas reculer, cela signifie faire les choses le mieux possible pour la
réussite des élèves du Québec. Il s'agit de notre but commun, l'objectif
devant être au-delà de toute autre considération. Donnons-nous, M. le ministre,
les outils de planification nécessaires, efficaces pour atteindre cet objectif
pour les enfants de quatre ans mais pour tous les enfants, dès leur naissance.
Je vous remercie infiniment de nous avoir
écoutés. Et, bien sûr, nous sommes disponibles pour répondre à vos questions.
Le
Président (M. Asselin) :
Merci beaucoup, M. Fortier. Alors, la parole est au ministre pour débuter
les échanges, pour 16 minutes.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Alors, merci pour votre présentation. Puis je vous
refélicite, puisque je l'ai fait tantôt à micro fermé, pour votre
renouvellement de mandat, votre élection.
Je vous
remercie de votre mémoire et de votre présentation, où vous arrivez avec cette
attitude de nous aider à aider les
parents, à aider les enfants puis de trouver les meilleures façons possible
pour faire le déploiement de cette offre de services, qui ne viendra pas se substituer à l'offre de services
actuelle, mais qui va venir définitivement la compléter, quand on sait que des enfants de quatre ans qui ne sont dans aucun service, il y en a
à peu près 20 000,
puis, des enfants au complet chez nos
0-5 ans, excluant les cinq ans... bien, les 0-4, inclusivement, qui sont
sur une liste d'attente, il y en a plus de 40 000. Donc,
définitivement qu'il y a de la place pour une offre supplémentaire, complémentaire.
Je vais y
aller, si vous permettez, en prenant quelques-unes de vos recommandations, en
les commentant puis en ouvrant le
dialogue avec vous. Votre première m'interpelle parce que vous nous recommandez
d'envisager l'intégration à la Loi
sur l'instruction publique de l'obligation de tenir compte de l'offre de
services des réseaux du ministère de la Famille lorsqu'il autorisera les commissions scolaires à ouvrir de nouvelles
classes de maternelle quatre ans. Ça m'amène à vous questionner sur le déploiement que nous avons fait
ensemble pour septembre prochain, en réalité les 250 classes qui
ouvriront en septembre prochain. On l'a
fait, je dirais, de concert — je dis «je», là, mais c'est toute l'équipe
ministérielle, toute l'équipe gouvernementale — avec les commissions scolaires. Qu'est-ce
que vous avez pensé de nos sondages ou de nos consultations, des outils qu'on a utilisés? Est-ce que c'était
adéquat? Est-ce que vos membres ont apprécié? Puis qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer cette collaboration pour
choisir les endroits où on fait un déploiement? Là, on l'a fait pour
septembre prochain. De mon point de vue, ça
s'est bien fait puis ça s'est fait respectueusement avec les partenaires, mais
j'aimerais profiter de l'occasion que
vous êtes là pour avoir vos commentaires sur ce qui s'est passé, dans les
derniers mois, pour septembre prochain.
M. Fortier
(Alain) : En fait, vous avez
raison, puis je pense qu'on a bien travaillé ensemble, là, pour ce
déploiement des 250 nouvelles classes, là.
Nous, ce
qu'on essaie de dire ici, c'est que, si on anticipe, supposons,
1 300 classes ou enfin, bref, on continue, là, ce déploiement-là, ça vaut peut-être la peine de se
donner un regard macroterritorial dans chacune des commissions scolaires
pour voir un peu où sont les CPE, où sont
les classes de maternelle puis essayer de voir où est-ce que, par notre
connaissance fine de notre clientèle ou
enfin de nos commettants, où sont situés les enfants qui, comme vous le dites
si bien, là, n'ont pas cette stimulation
nécessaire pour arriver en milieu scolaire prêts à attaquer, hein, ce parcours
du combattant que représente, là, une
scolarisation primaire et secondaire. Et c'est plutôt dans ce sens-là, hein, je
dirais, de confier à chacune des commissions scolaires... qu'ils travaillent en collaboration avec le réseau des CPE
pour voir où est-ce qu'on pourrait déployer le mieux possible, là... en tout cas, répondre le plus
possible à votre objectif, qui est, à mon avis, l'objectif extrêmement louable
d'aller chercher là où les enfants n'ont pas
de contact avec des lieux de stimulation, d'aller les chercher puis d'essayer
de leur offrir un service, là, le
plus adéquat possible pour qu'ils rentrent à l'école prêts à affronter ce
magnifique parcours scolaire là.
M. Roberge :
Vous dites qu'il faudrait le faire en partenariat puis avec les commissions
scolaires. Il y a eu, je pense, des
cartes interactives qui ont été fournies aux commissions scolaires, qui ont pu
aider ce déploiement, là, qu'on a fait ensemble pour septembre prochain.
Néanmoins, je
continue de vous questionner là-dessus. Ça m'intéresse énormément, là. Pour
septembre prochain, ça s'est bien
fait, mais on veut que ça s'accentue pour les... pas pour les semaines mais
pour les années à venir, advenant le cas où ce projet de loi là... quand il sera adopté. Du côté du gouvernement,
on peut faire des échanges, Famille, Santé, Éducation, Affaires municipales, pour se concerter. D'un
point de vue local et régional, est-ce que vous avez les outils? Est-ce
que vous avez la connaissance fine,
justement, de ça ou si vous avez besoin de tisser de nouveaux partenariats pour
voir où sont installés les CPE mais
aussi les subventionnés, les non subventionnés, les milieux familiaux? Comment
vous travaillez ça? Est-ce que vous
avez tous les outils? Est-ce que vous avez besoin que ça vienne de nous?
Avez-vous déjà des contacts avec la Famille?
M. Fortier (Alain) : Moi, je vous dirais que vous avez besoin que ça vienne de nous,
puis je m'explique. C'est-à-dire que, dans
notre mémoire, on propose la création d'un comité interministériel et
partenarial, donc que les têtes de réseaux se rencontrent, mais qu'il soit alimenté par les petits frères de ce
comité-là, c'est-à-dire que, dans chaque commission scolaire, on établisse... Moi, je trouve que vous nommez des
partenaires importants, les gens des CPE, privé, mais aussi des municipalités,
hein, le Québec est vaste. Et donc nous connaissons bien nos gens.
Bien là, il y
a un nouveau sujet, hein, qui pourrait nous mobiliser, tout le monde, et c'est
cette idée-là, et que ces comités
locaux là... que chaque commission scolaire, à travers sa présidence, pilote et
alimente le comité national pour être capables
d'avoir un déploiement peut-être un peu plus lent. Puis, comme je le disais
dans mon propos, il n'y a personne qui va
vous en vouloir de ralentir un peu, mais, en même temps, de le faire là où ça
atteint votre objectif, encore une fois, celui d'aller chercher les
enfants qui n'ont pas la stimulation nécessaire pour affronter — et ce
n'est pas péjoratif, le mot «affronter» — le parcours scolaire.
M. Roberge :
Oui, bien, je m'en allais vous reprendre. Vous vous êtes repris vous-même juste
à temps. Parce que, pour moi, ce n'est pas un parcours du combattant,
là, c'est plus une formidable aventure.
M. Fortier (Alain) :
...
• (15 h 50) •
M. Roberge :
Ah! bien là, si vous êtes dans le témoignage... Mais ce n'est quand même pas
une épreuve de la vie, le parcours
scolaire, là, mais, bon, je comprends. Ceci dit, vous revenez un peu à votre
recommandation 15 que je trouve fort intéressante. Ça ressemble un peu à ce qu'on a amorcé la semaine
dernière alors qu'il y avait les ministres et des membres de cabinet de Santé, Famille, Éducation puis qu'on
avait devant nous des gens des commissions scolaires, de l'ADIGECS dans ce cas-ci, mais quand même des gens des commissions scolaires, allons-y comme ça, l'AQCPE et quelqu'un
de la Santé. Vous proposez d'avoir
Conseil du trésor. On a toujours besoin d'eux autres, hein? Je vous le dis,
c'est un peu difficile d'aller de
l'avant, faire quoi que ce soit si on n'a pas les fonds. Fort heureusement, on
a un gouvernement qui priorise l'éducation. Aussi, vous nous proposez
d'avoir l'Association québécoise de la garde scolaire. Je pense, c'est très
pertinent. On a, évidemment, toujours des rencontres bilatérales puis on travaille avec
eux, mais l'idée d'avoir une synergie, c'est intéressant. Je vous soumets que, je pense,
ça serait intéressant d'avoir Affaires
municipales, certainement. On pourrait nous le reprocher si ce n'était
pas le cas. Bien, je vous dirais, sur la formule, j'accueille ça assez... avec
beaucoup d'ouverture. Et je vous laisse enchaîner.
M. Fortier
(Alain) : Bien, je me
permets de dire... Puis cette formule-là, vue à une échelle nationale, bien, on
pourrait la reproduire à une échelle locale
pour être capables d'alimenter. Moi, je pense que plus on va être connectés sur
le terrain, qui est tellement pluriel
au Québec, bien, plus ce comité-là va être capable de prendre des décisions,
minimalement, de tracer de grandes
orientations qui vont être sensibles à cette malléabilité nécessaire, là. Il y
a des endroits où il y a en masse de places, il y a des endroits où il n'y a pas de places. Il
y a des endroits où les CPE sont très présents, d'autres où ils ne le sont
pas. Enfin, bref, vous voyez un peu, là, vous connaissez le Québec autant que
moi, là.
M. Roberge :
Ce matin, les gens de l'AQCPE nous ont amenés sur quelque chose de très
intéressant avec lequel j'étais d'accord,
mais j'étais heureux de les entendre aussi, de dire qu'il fallait faire
attention au piège... de ne pas y aller en métrique, là. C'est un peu une erreur de dire : Bien, on ne doit
pas ouvrir une maternelle quatre ans proche d'un CPE. C'est une erreur de dire ça parce qu'il faut surtout
savoir est-ce que l'offre actuelle est suffisante. On appelle ça plutôt la
logique populationnelle ou la logique
démographique. Il est possible qu'il y ait un CPE à 50 mètres d'une école
et que pourtant ça soit une bonne
idée d'ouvrir la classe de maternelle quatre ans, considérant que le CPE est
plein, qu'il y a déjà une liste d'attente, de toute façon. Et, si on
s'en privait à cause de la proximité du CPE, en réalité on laisserait encore
des enfants orphelins de place, là. Ça ne serait pas nécessairement une bonne
idée. Donc, y aller selon la logique populationnelle.
Mais vous
allez encore un peu plus loin quand vous nous dites au tout début, dans votre
introduction, bon : «...la Fédération
des commissions scolaires [...] accueille favorablement le projet de loi
n° 5 qui autorise les commissions scolaires à offrir progressivement sur leur territoire des services d'éducation
préscolaire à tous les enfants âgés de quatre ans.» L'offrir à tous, ça ne veut pas dire que tous vont y aller,
on est bien conscients. En fait, on le sait que ça ne sera pas le cas.
L'idée d'offrir un choix, cependant, ça veut dire qu'il y a quand même une
place accessible relativement proche.
Et là je vais
m'avancer, puis vous commenterez. Il me semble, ça serait une erreur, quand
même, de dire : Bien, dans telle
ville, on n'ouvrira aucune maternelle quatre ans parce qu'il y a déjà bien des
services de garde en milieu familial ou bien des services de garde, supposons, privés, de toutes sortes. Il y a peu
de listes d'attente, donc on n'offrira pas le choix ou l'opportunité à ces parents-là ou à ces
enfants-là. Là, je m'inquiète. Si vous me suivez dans cette logique-là, bien,
moi, ça m'inquiéterait de dire qu'il
y aurait comme un désert d'offre de services de maternelle quatre ans parce que
ça a adonné que les services de garde se sont plus déployés dans telle
ville, admettons. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Fortier
(Alain) : Bien, il faudrait
voir. Spontanément, je vous répondrais que l'important, si on se place
au niveau de l'enfant, c'est : Est-ce
qu'il y a quelque chose qui répond à son besoin? Et c'est plutôt dans ce
sens-là, moi, que j'aurais tendance à
vous répondre. C'est-à-dire que, s'il y a un CPE — puis on prend vraiment votre situation
hypothétique — qui
s'est déployé davantage — on est dans un petit milieu, par
exemple — puis ça
répond vraiment aux besoins de la population localement, qu'on connaît
les enfants, ils sont dans un service, ceux qui ont besoin de l'aide, parce
qu'ils ont une bonne stimulation puis ils
sont capables d'entrer dans le milieu scolaire pour avoir une aventure
scolaire — je vais
m'amuser à changer de synonyme — bien, tu sais, à quelque part, est-ce qu'on
a besoin d'offrir deux fois la même affaire, là, tu sais? Mais en même temps... Puis je ne veux pas, surtout pas
comparer CPE et maternelle quatre ans, mais, si on est capables, en tout
cas, de s'assurer qu'il y a quelque chose
qui fait en sorte que les gens de quatre ans, les enfants de quatre ans ont un
lieu de fréquentation possible, moi, je pense que ça peut répondre quand
même.
M. Roberge :
O.K., un lieu de qualité, un lieu de fréquentation, un lieu qui soit stimulant.
Mais je suis d'accord avec vous qu'il
y a plus qu'une bonne réponse. Puis en cette perspective-là le travail d'équipe
puis le travail de complémentarité est certainement intéressant. Puis on
va regarder, dans la loi, la notion de consultation.
Recommandation 5, je la trouve bien
intéressante, mais peut-être en parler davantage. Vous dites que ce serait
probablement intéressant de financer des études et des recherches pour cerner
les effets de la fréquentation. Je pense qu'il
y a déjà assez de données probantes qui nous disent, là, que c'est une bonne
idée d'y aller. On l'a déployée. Ce matin, on avait Monique Brodeur, là, qui a vu les effets concrets de nos
précédentes maternelles quatre ans. Nos voisins l'ont fait. On sait que c'est bon. Cependant, on peut toujours
l'améliorer, comme on améliore notre Programme de formation de l'école québécoise en première, deuxième, troisième année.
On ne se demande pas si c'est bon ou pas, l'école primaire, mais on peut
toujours l'améliorer. Je pense qu'on peut faire la même chose.
Mais vous
vous attendez un peu à quoi, comme monitorage, quand vous parlez de financer
des études, des recherches pour cerner les effets de la fréquentation à
la maternelle quatre ans?
M. Fortier
(Alain) : ...nous, on
voulait mettre l'accent sur la spécificité du modèle québécois. C'est-à-dire
que je pense qu'il y a effectivement des
recherches qui ont été menées, je pense qu'il y a une chercheure qui est venue,
d'ailleurs, ici pour en parler... mais dans le modèle québécois, dans un
contexte où les CPE sont déjà développés. Enfin, on a une spécificité, au Québec, qui n'est pas
nécessairement autant étudiée qu'on le souhaiterait. Et on peut, bien sûr,
aller se promener internationalement,
mais, si on étudie mieux notre modèle, on va peut-être être capables de
comprendre cette complémentarité de
réseaux, le choix des parents, mieux comprendre ce qui les amène à choisir a ou
b, par exemple. Moi, je pense qu'il y a plein de sujets, dans le contexte québécois, qui nécessiteraient, je
pense, en tout cas, une recherche accrue à ce niveau-là.
Et moi, je
pense que les données probantes, c'est dans l'accumulation de plusieurs
recherches qui semblent aller dans le
même sens, qui nous permettent, en tout cas, d'avoir une généralisation un peu
plus solide. Et des recherches, en contexte québécois, d'une maternelle quatre ans, bien, il doit y en avoir peu,
puisqu'on est en train de développer. Je sais qu'on a un peu de données autour de maternelles quatre ans en
milieu défavorisé, mais, de manière générale au Québec, on est au début de nos premiers balbutiements. Donc, c'est pour ça
que nous, on vous encourage à fortement appuyer la recherche qui
voudrait se pencher, que ce soit sur des
recherches-actions, des recherches collaboratives, prétests, post-tests, peu
importe, mais je pense que nous devons documenter cette spécificité
éducative qu'est le modèle québécois.
M. Roberge :
Bien, je suis assez d'accord avec ça. Il y en a quelques-unes, mais elles
datent, parce que... Déjà, une recherche
qui s'intéressait à l'an 1 et à l'an 2, ça date parce que... ça
vieillit moins bien parce que, déjà, on a tiré des leçons de ça, puis les services
qu'on va déployer en 2019 seront différents des services de 2013, 2014, seront
bonifiés, ne serait-ce que pour
l'aménagement des locaux. Je pense que vous êtes à même de le constater, il y a
des fonds qui sont là qui n'étaient pas là au début du déploiement.
Les parents nous
parlaient aussi d'une nécessaire campagne d'information qui soit neutre, pas
une campagne, nécessairement, où on parle de
quoi ne pas choisir, mais bien de qu'est-ce qu'ils peuvent choisir, qu'est-ce
qui s'offre à eux. Je pense, ça, c'est nécessaire aussi.
Ensuite,
je pense que le plan est là. Bien sûr, le travail en équipe va nous permettre
de le peaufiner. Mais l'idée d'avoir une
cartographie... Et, je vous le dis, on est au travail, là. La cartographie s'en
vient pour avoir une répartition qui permettra à la fois de tenir compte de l'offre de services du réseau de la famille,
des garderies éducatives, mais qui viendra ajouter l'offre pour les parents et les enfants avec une accessibilité
universelle. On est au travail pour ça. Le plan est là, et puis c'est
certain que, pour compléter ça, bien, on le fera en équipe.
Le
Président (M. Asselin) : ...alors, la parole est au député de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
La députée. Merci...
Le
Président (M. Asselin) : La députée, bien entendu.
• (16 heures) •
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour. Félicitations pour votre réélection!
Toujours un plaisir de vous avoir
parmi nous. On a très peu de temps et beaucoup, beaucoup de questions pour
vous. Je me permets aussi de saluer M. Boileau,
de liberté éducative, qui est avec nous aujourd'hui, qui tente désespérément
d'avoir, à un moment donné, une consultation
avec le ministre de l'Éducation, surtout que la protectrice des citoyens
mentionne qu'on devrait peut-être faire un report pour le projet de règlement de la CAQ, et elle mentionne, dans
son libellé, la protectrice, «consulter, documenter et combler les
lacunes au besoin».
Et je dresse un parallèle
assez important, parce que, ce matin, nous avons eu l'AQCPE, qui disait :
Consulter, documenter et, par la suite,
prendre des bonnes décisions. On a aussi eu la doyenne... bien, l'ancienne
doyenne, parce qu'elle terminait, le 1er juin, son poste, même
chose, qui va dans la même veine que vous, qu'il y a très, très peu d'études
qui documentent maternelle quatre ans, aussi
les CPE. Et la FAE, la Fédération autonome de l'enseignement aussi
demande le report du grand déploiement mur à mur des maternelles quatre ans.
Pensez-vous
que c'est important, à ce stade-ci, de peser sur le frein et de dire : Avant d'aller de l'avant avec
un projet aussi coûteux et ambitieux de 2 milliards de dollars, il serait
sage de consulter, documenter et avoir un plan?
M. Fortier (Alain) : Bien, l'idée du plan... Bon, M. le ministre dit qu'il a un plan. Bon, moi, je
pense qu'il faut certainement s'y
pencher. Il faut que ce soit un plan collectif, à mon avis. Moi, je pense que
l'idée d'aller chercher les enfants qui
n'ont pas de services stimulants ou d'accompagnement stimulant pour aborder le
milieu scolaire est une excellente idée. Elle a été abordée... En tout cas, je pense que la dame à qui on a donné
le nom de cette salle avait cette vision-là aussi, hein? C'était ça, l'idée derrière... Ça, moi, je pense
qu'il ne faut pas lever le pied là-dessus. Moi, je pense qu'il faut continuer
à avancer. Mais en même temps il faut
avancer avec parcimonie, avec prudence, dans la mesure de nos moyens
également. Il faut cibler là où les enfants...
Il ne faut jamais... Tu sais, les maternelles quatre ans, c'est un moyen.
L'objectif, il est noble, et c'est
cette adéquation-là entre les moyens que l'on prend pour atteindre l'objectif
qu'il faut travailler, à mon avis, à l'intérieur d'un plan collaboratif
local qui nourrit le national.
Mme Rizqy :
Avez-vous vu le plan? Un oui ou non suffirait.
M. Fortier
(Alain) : Bien, vous me mettez entre l'arbre et l'écorce, là.
Mme Rizqy :
D'accord. Non, mais je me demandais...
M. Fortier
(Alain) : Moi, je ne l'ai pas vu, mais...
Mme Rizqy :
D'accord. Le ministre parle de travail collaboratif en équipe et parle de vous
aussi comme des partenaires. J'ai l'impression des fois qu'il souffle le chaud
et le froid parce que, ce matin, en prévision d'abolir les commissions scolaires, il mentionnait, et c'est
dans la Gazette — et je vais traduire ça de façon simultanée, puisque c'est en anglais : «Et M. Roberge a aussi une...
note que l'élimination des commissions scolaires et leur remplacement par
des centres de services est un enjeu depuis
très longtemps supporté par la Coalition avenir Québec et qu'il est un objectif
visé de déposer la loi cet automne. Il est
important que, quand on ajoute autant de professionnels, donc des services
supplémentaires en éducation... ce n'est
jamais une très bonne idée d'avoir une mauvaise gouvernance.» Est-ce que
travailler en équipe... Est-ce que c'est un problème de gouvernance?
M. Fortier (Alain) : Bien, en tout cas, ce n'est pas nécessairement
l'objet de cette rencontre, mais, si on regarde la persévérance, si on regarde les frais, les frais
d'administration, si on regarde la réussite éducative, ce n'est qu'en
progression au Québec, là. Et des mauvaises
anecdotes de gouvernance, il n'y en a pas plus, en tout cas, dans le réseau des
commissions scolaires que dans le réseau des
municipalités, par exemple. Et, bien sûr, nous aurons l'occasion de discuter en
long et en large de la gouvernance, mais nous avons toujours dit qu'on
devrait s'occuper de persévérance et de motivation plutôt que de structures.
Mme Rizqy :
Parfait, nous autres aussi. J'aurais une petite question, probablement plus
pour Mme Lortie. À la commission scolaire de Laval, est-ce que vous
chauffez beaucoup de classes vides pour rien l'hiver?
Mme Lortie (Louise) :
C'est moi, Mme Lortie, pas de problème. Alors, non, on n'a pas de classes
vides.
Mme Rizqy : D'accord, parce
que...
Mme Lortie (Louise) :
On a plus de bibliothèques, on a plus de... On est en grande progression
d'élèves.
Mme Rizqy : Et vous,
M. Fortier, est-ce que vous chauffez beaucoup de classes vides l'hiver?
M. Fortier
(Alain) : Non. Comme ma
collègue Mme Lortie, nous ne chauffons pas beaucoup de classes vides.
Et d'ailleurs c'est une des choses qu'on dit
un peu à travers notre mémoire, c'est qu'il y a des locaux vides au Québec.
Je pensais à ma sympathique collègue,
Ginette Côté, de l'Estuaire, qui a décidé de maintenir une école avec cinq
élèves dedans parce qu'elle sait très
bien que, si elle ferme l'école, elle tue le village au complet. Il y a 15
classes dans cette école-là, mais il y a cinq élèves dans l'école,
d'accord? Donc, quand on fait le...
Mme Rizqy : Dans son cas, dans
l'Estuaire, une classe de maternelle quatre ans, est-ce qu'elle va se remplir?
M. Fortier
(Alain) : Bien, il faudrait
demander à Ginette, mais il y a cinq élèves dans l'école au complet pour
les sept degrés déjà existants.
Mme Rizqy : Je vous remercie.
Mme Lortie, vous, à la commission scolaire de Laval, est-ce que ça ajoute
une pression supplémentaire, le développement des maternelles quatre ans? Et,
si vous aviez de l'argent à investir, par exemple 80 millions de dollars,
est-ce que ce serait votre priorité?
Mme Lortie (Louise) :
Bien, j'ai déjà répondu à cette question-là. Bon, évidemment, on est en manque
d'ajout d'espaces, là, pour notre clientèle
qui est nos élèves qui sont déjà scolarisés. On a plus de 50 préfabriqués puis
on en demande 50 de plus pour l'année
prochaine. Alors, pour l'instant, on a six classes de maternelle quatre ans. On
n'est pas capables d'en ouvrir plus l'année prochaine, et je vous dirais
que ça sera comme ça pour les prochaines années.
Mme Rizqy :
Parfait. Et, en matière de transport, vous assumez la facture, les commissions
scolaires. On a entendu les
transporteurs, qui, eux, ont eu des estimés qui varient entre 27 millions
à 50 millions de dollars. Quel est votre avis par rapport à l'estimé de la facture scolaire? Et
est-ce que vous avez eu aussi le son de cloche du ministre qui va vous
permettre peut-être de renflouer au niveau du coût du transport?
Mme Lortie
(Louise) : Je pense que ça
dépend des commissions scolaires. Si vous me parlez de la mienne, de la commission scolaire de Laval, on est en
sous-financement au niveau du transport. Mais je vous dirais que le
financement, comment il est calculé, puis
c'est peut-être quelque chose qui serait intéressant à modifier, c'est qu'il
n'y a pas... transporter un élève de
quatre ans ou un élève de sixième année, on est financés de la même façon, puis
pourtant ce n'est pas les mêmes défis
pour prendre l'autobus. Ça fait qu'il y aurait peut-être quelque chose à
modifier à ce niveau-là. C'est sûr qu'on calcule le nombre d'effectifs,
le nombre d'élèves transportés, mais il y a quand même des différences, là.
Mme Rizqy : Justement,
parlons-en, des différences. J'ai eu quelques échanges avec un transporteur, il
parlait d'autobus jaunes versus les berlines.
J'imagine que, pour les quatre ans, les berlines, c'est ce qui pourrait être
utilisé. Et, si ce sont les berlines qui sont utilisées, le coût va être
plus important?
M. Fortier (Alain) :
En fait, il y a déjà des enfants de quatre ans dans les autobus, hein,
notamment en milieu défavorisé, là où on a déployé la maternelle quatre ans.
Nous autres, c'est la masse, hein, qui va venir jouer de manière importante. Vous savez qu'en début d'année
scolaire un enfant de quatre ans qui va à la maternelle a peut-être trois
ans et 11 mois, hein, donc ils sont vraiment, vraiment tout petits.
Et vous
n'êtes pas sans savoir aussi que le ministre fédéral, M. Garneau,
réfléchit à l'idée de mettre des ceintures de sécurité dans l'ensemble des autobus. Donc, nous, on se faisait une
belle image d'un enfant de quatre ans avec son sac à dos, sa boîte à lunch, ses deux mitaines avec un petit
cordon, aller s'asseoir dans un autobus qui avait été prévu initialement
pour des plus grands que lui, essayer d'attacher sa ceinture.
Donc, vous
voyez un peu, là, qu'il va falloir, en tout cas, minimalement, réfléchir très,
très, très minutieusement à cet
enjeu-là, et que le fait que, par exemple, un enfant de quatre ans ne s'assoit
pas aussi vite qu'un enfant de 12 ans dans un autobus, bien, ça va ralentir. Si ça ralentit, donc l'autobus n'arrive
pas à temps, parce qu'il fait plusieurs écoles. Donc, vous voyez un peu l'impact sur l'horaire scolaire. Et
donc il y aura inévitablement, inévitablement, des coûts dans le
transport scolaire qui devront être inclus, là, dans la facture, là.
Mme Rizqy :
Donc, si je comprends bien, le trajet risque d'être plus long. Il y aura un
impact pour le transport. Et, si on
ajoute aussi la pression pour... Au niveau des récréations, je sais que ce
n'est pas l'objet de l'étude, mais ça aussi, il faudra le prendre en considération au niveau du transport, et ça, ça va
s'additionner dans vos factures de transport scolaire.
M. Fortier (Alain) : Ça ne sera pas
plus long, ça va être plus lent.
Mme Rizqy :
Merci. Puis vous, en ce moment, je profite de l'occasion, au niveau de la
pénurie des enseignants, avez-vous réfléchi peut-être à des pistes de solution
que vous aimeriez nous faire part?
M. Fortier (Alain) : Vous savez, s'il y avait une solution magique,
là, il y a 72 commissions scolaires qui l'auraient adopté. Ce qui a été avancé, en tout cas, c'est
une certaine tolérance d'engagement, hein? On essaie... Il y a quatre
éléments, là, du recrutement à l'étranger...
Je sais qu'on va en France, semble-t-il, dans d'autres provinces aussi, mais
c'est toujours des solutions qui
n'apportent pas un apport massif, hein, de ressources humaines. La
participation à divers salons carrières aussi, hein, ça, c'est assez
nouveau pour nous. L'engagement de stagiaires en éducation...
Et donc toutes ces
mesures-là, on essaie de les déployer. Mais on est déjà aux prises avec des
difficultés d'embauche avec le degré scolaire que nous avons déjà comme
responsabilité. C'est certain que l'ajout de maternelles quatre ans apporte un poids supplémentaire à cet
enjeu-là, et notamment aussi dans les services de garde. Les services de
garde...
Le
Président (M. Asselin) : M. Fortier.
M. Fortier
(Alain) : C'est un beau monde, le service de garde. C'est ça
que j'allais dire.
Le
Président (M. Asselin) : Ah! paroles sages. Mme la députée de
Sherbrooke, à vous la parole.
• (16 h 10) •
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. Je vais vous amener sur votre recommandation 7 dans
votre rapport, à l'effet qu'il ne
faudrait pas mettre en suspens des projets d'ajout d'espaces. Est-ce que c'est
une crainte dans votre réseau que les agrandissements
et les constructions qui ont été identifiés comme prioritaires par les
commissions scolaires ne soient pas priorisés par le gouvernement en ce
moment?
M. Fortier
(Alain) : Bien là, tu sais, j'inviterais le ministre à répondre
à ça. Mais, nous, lorsqu'on dépose une demande prioritaire, on souhaite vraiment
qu'elle soit traitée de manière prioritaire.
Mme Labrie : Donc là, vous nous parlez d'ajout d'espaces pour
des classes du niveau scolaire primaire, secondaire, pas nécessairement
du préscolaire, et ça devrait être traité en priorité.
M. Fortier (Alain) : Bien, la vie continue, hein? Vous savez, bien
sûr, il y a ce projet-là qui est sur la table, mais des maternelles cinq ans, un, deux, trois, quatre,
cinq... Moi, je connais une commission
scolaire qui va fermer deux
maternelles quatre ans l'année
prochaine parce qu'il faut qu'ils servent les autres élèves, là. Donc, on a
besoin de continuer à ajouter des espaces.
Il y a de plus en plus d'enfants. Il en naît un peu plus, il en vient un peu
plus de l'extérieur, et ça ne s'en va pas en s'amenuisant. Donc, on espère, en
tout cas, que la priorité... Et c'est
pour ça qu'on parle d'un travail collectif de déploiement des maternelles quatre ans, pour être capables de
faire valoir l'ensemble des enjeux locaux, hein, qui sont prioritaires
et pour lesquels on pourrait avoir toutes sortes de solutions.
Mme Labrie :
...de respecter les priorités qui ont été identifiées localement lorsqu'on
alloue des ressources.
M. Fortier
(Alain) : Bien sûr.
Mme Labrie :
En termes de ressources professionnelles, est-ce que les ressources
professionnelles qui ont été annoncées vont être suffisantes pour répondre aux
besoins en milieu scolaire, disons, par exemple, pour que, quand un enseignant dépiste quelque chose auprès d'un
enfant, l'enfant puisse recevoir une évaluation professionnelle au sein
de la même année scolaire? Est-ce qu'on va pouvoir arriver là cette année?
M. Fortier (Alain) : Oui. Notre inquiétude, elle n'est pas là, nous.
C'est-à-dire que tout ajout de professionnels est bienvenu, puis plus on aura de l'accompagnement,
hein... Vous le savez un peu, notre inquiétude, c'est : Va-t-on les
trouver, hein? Elle est là, la véritable
inquiétude derrière ça. Et, bien sûr, entre la bonne idée de vouloir en mettre
et la grande difficulté que nous
avons de les trouver, la compétition aussi avec le privé, qui offre de
meilleures conditions d'emploi, bien, ça fait en sorte que, derrière cette bonne nouvelle là, il y a un nouveau défi qui
se trace devant nous, c'est-à-dire trouver les ressources pour combler
ces postes-là.
Mme Labrie :
Il ne me reste pas suffisamment de temps, je pense. Je vais vous remercier.
Le
Président (M. Asselin) : Il nous reste cinq secondes.
M. Fortier
(Alain) : Merci d'être venue au congrès en fin de semaine.
Le
Président (M. Asselin) : La parole, maintenant, est à la
députée de Joliette. À vous la parole.
Mme Hivon :
Moi aussi, j'aurais aimé ça être là, mais ce n'était pas à Joliette,
malheureusement, c'était à Sherbrooke. Ça fait que, la prochaine fois,
vous savez où tenir ça.
Donc,
bien, merci beaucoup. Je veux juste reprendre quelque chose, parce que ça fait
plusieurs fois que le ministre dit :
Ce n'est pas une question mathématique de calculer les mètres entre un CPE puis
une maternelle quatre ans. Je veux juste dire que nous, on n'a jamais
parlé de ça. C'est le ministre de la Famille, dans une entrevue, qui avait
parlé qu'on n'ouvrirait pas un CPE en face
d'une maternelle quatre ans. Donc, ce n'est pas quelque chose... ce n'est pas
une idée qui est venue de l'opposition.
Moi, je veux
vous entendre sur les espaces beaucoup, beaucoup, parce que ce qu'on entend,
puis ma collègue en a parlé, c'est
qu'il y a 700 classes vides. Et ça, en ce moment, pour arriver au chiffre
que ces 2 600 nouvelles classes dont on aurait de besoin, on
tient pour acquises ces 700 classes vides là comme des classes qui vont
automatiquement pouvoir accueillir des
maternelles quatre ans. Est-ce que, selon vous, on peut calculer les choses
comme ça? Non, précisément pour la raison
que, souvent, quand il y a des classes vides, c'est parce qu'il n'y a plus
d'enfants pour aller dans ces classes-là. Donc, même si on ouvrait une
maternelle quatre ans, il n'y aurait pas d'enfants qui pourraient y aller.
M. Fortier
(Alain) : Elle est là, la
grande, grande, grande difficulté de gérer le ministère de manière uniforme
lorsque nous sommes immensément distincts
d'une commission scolaire à l'autre, d'une région à l'autre, d'un milieu
socioéconomique à l'autre, voire même à l'intérieur d'une commission
scolaire d'un quartier à l'autre.
Mme Hivon :
O.K. L'autre question, c'est les ressources humaines. Donc, si on a 2 600 nouvelles
classes, ça veut dire
2 600 nouveaux enseignants, ça veut dire 1 300 techniciens
en service de garde, parce que c'est à demi temps, donc, services en
éducation à l'enfance ou en éducation spécialisée. Évidemment, on se dit :
Si tout est parfait puis qu'ils accompagnent
deux classes à peut-être 650 comme on aurait besoin, plus des ressources dans
les services de garde, dans les écoles
par centaines pour accueillir ces nouveaux enfants-là, donc, pour vous, est-ce
que c'est possible d'envisager ça sur une période de cinq ans, le
recrutement d'à peu près entre 4 000 et 5 000 nouvelles
ressources?
M. Fortier
(Alain) : Bien, en tout cas,
si on lit les différents journaux, là, dans les dernières années, les derniers
mois, on voit que c'est une inquiétude qui
est immense pour les besoins actuels. Effectivement, c'est d'ailleurs pour ça
qu'on dit : Il faut s'asseoir
tout le monde ensemble, ce n'est pas grave si on ralentit le rythme. Puis, si
on est capables de déployer, mais de
manière qualitative, d'avoir un très
bon déploiement, tranquillement, lorsqu'on est capables de faire... Ma mère disait : Si tu fais quelque chose, fais-le comme il faut, là,
tu sais. Bien, dans ce sens-là, faisons-le bien, tout le monde ensemble,
et au rythme où on est capables de supporter cette demande-là.
Le Président (M.
Asselin) : M. Fortier, Mme Lortie, Mme Barbe,
Mme Tremblay, je vous remercie de votre contribution à l'avancement de nos
travaux, et à la prochaine.
Je suspends quelques instants pour laisser le
prochain groupe s'organiser.
(Suspension de la séance à 16 h 16)
(Reprise à 16 h 18)
Le
Président (M. Asselin) :
Alors, M. Burke, on va reprendre. Bonjour. On est un peu serrés dans le
temps. On reprend. Je vous remercie
de votre disponibilité. Alors, on vous donne un gros 10 minutes pour présenter
votre mémoire et puis, après ça, on
va débuter la discussion avec les membres de la commission. À vous la parole.
J'en profite pour vous demander de vous présenter comme il faut pour
qu'on...
Association des commissions scolaires
anglophones du Québec (ACSAQ)
M.
Burke (Stephen) : M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM.
les députés, nous vous remercions de nous entendre
sur le projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions
à l'égard des services de l'éducation préscolaire destinés
aux élèves âgés de 4 ans.
I am
Stephen Burke, member of the executive committee of the Québec English School
Boards Association and chairman of the Central Québec
School Board. I'm accompanied this afternoon by Ms. Kim Hamilton, director
of Communications and Special Projects.
L'Association des commissions scolaires anglophones du Québec appuie la
mise en place de la maternelle pour les enfants âgés de quatre ans, et ce, depuis 2007. À
l'époque, l'association avait soumis une étude de faisabilité aux
ministres de l'Éducation et de la Famille.
Nous appuyons donc votre décision d'aller de l'avant avec cette importante
initiative. Nous estimons que ce
genre de programme ne peut être que bénéfique pour l'apprentissage et le
développement des jeunes enfants et nous sommes encouragés par le fait
que le ministère s'affaire à élaborer un cycle de maternelle quatre ans doté
d'une meilleure approche pédagogique.
En octobre 2006, l'Association des commissions scolaires
anglophones du Québec avait élaboré un plan d'action qui donnait suite aux recommandations et
réflexions sur l'avenir de l'enseignement public anglophone contenues dans un document rédigé par le conseil consultatif
de l'ACSAQ — advisory committee. Dans ce rapport, le conseil
consultatif invitait les commissions
scolaires membres à s'engager dans de nouvelles directions et relations qui mèneront à un réseau d'écoles publiques anglophones
à la fois différent et revigoré.
Une des recommandations
spécifiques de ce rapport traitait de l'apprentissage de la petite enfance et
de ses avantages potentiels. Les commissions scolaires étaient, à l'époque,
encouragées à mettre sur pied des programmes de prématernelle sans but
lucratif. Le plan d'action qui s'ensuivit recommandait une étude plus
approfondie du sujet.
Un document
fut rédigé par l'ACSAQ dans le but d'aider les commissions scolaires
intéressées à relever le défi de mettre
sur pied des programmes de prématernelle pour les enfants de quatre ans. Comme
nous l'estimons depuis plus de dix ans, ces programmes favorisent le développement
des enfants. Ils peuvent orienter le choix des parents vers l'école anglophone
et ils peuvent apporter une valeur ajoutée à notre réseau d'écoles anglophones
partout au Québec.
•
(16 h 20) •
Plusieurs
études ont démontré que les programmes de prématernelle de haute qualité ont
des effets importants et durables sur
le développement et la réussite des enfants à l'école et dans leur
vie. Une étude pancanadienne a révélé que les enfants ayant participé à
des programmes d'éducation préscolaire obtiennent de meilleurs résultats
académiques à la maternelle et à la première
année, quel que soit le niveau de revenus de leur famille ou le niveau de
scolarisation de leur mère. Les documents auxquels nous référons dans
notre mémoire sont identifiés à la toute fin de celui-ci.
Il est temps,
et ce dès à présent, d'investir dans nos enfants d'âge préscolaire. Il n'est jamais
trop tôt pour investir dans nos
enfants, lesquels sont, bien sûr, notre avenir à tous. L'éducation préscolaire est un domaine qui ne devrait pas être laissé uniquement
aux garderies. Les commissions
scolaires doivent l'entrevoir comme
étant une voie importante à envisager.
Une étude sur
la petite enfance du gouvernement de l'Ontario en 1999 nous offre un aperçu des relations entre
les premières expériences des enfants et
leur santé, leur bien-être et leur développement ultérieur. Cette étude a contribué à la reconnaissance que les soins et l'éducation ne sont pas des entités distinctes, mais bien
qu'elles interagissent entre elles et jouent un rôle important dans le bien-être
et le développement des jeunes enfants.
Pour quelle
raison les commissions scolaires devraient-elles offrir des programmes de
maternelle pour les enfants de quatre
ans? Un système d'éducation efficace se doit de considérer l'apprentissage
des enfants comme étant sa mission centrale. Les éducateurs savent que cet apprentissage ne commence pas à l'âge de
cinq ans. Voici donc une occasion unique pour le réseau des commissions
scolaires anglophones de démontrer et d'accroître son appui à l'éducation de la
petite enfance.
Tel
qu'indiqué dans le rapport du comité consultatif de l'ACSAQ, les écoles
anglophones se transforment de
plus en plus en centres d'activités communautaires et de services
complémentaires. Ce concept place l'école au coeur de sa communauté. La mise en
place de programmes de maternelle pour les enfants de quatre ans est une étape
importante dans cette direction.
Des études
ont démontré des avantages à long terme qu'offrent les programmes d'intervention précoce en ce qui a trait à
la réussite scolaire. Dans un programme de maternelle
quatre ans, les soins et l'éducation ne seront pas considérés comme des entités distinctes, mais vont
plutôt interagir en faveur du bien-être et du développement de l'enfant.
Les commissions scolaires anglophones du Québec doivent assumer un rôle de leadership
dans l'élaboration de ce service à la communauté. Avant la mise en oeuvre de la maternelle à temps plein en 1998, plusieurs commissions scolaires anglophones offraient déjà ce
service. Cela s'est avéré un des facteurs qui a incité le gouvernement du Québec à entreprendre et à financer ce service.
Les enfants
qui participent au programme de maternelle
quatre ans développeront un niveau de
confort dans leur communauté scolaire. Cela peut servir de facteur déterminant
pour les parents quand viendra le temps pour eux de choisir une école
primaire. Dans le contexte des projections des effectifs des écoles
anglophones, ceci est un facteur important.
Néanmoins,
nous sommes préoccupés par les défis associés à la mise en oeuvre de ce nouveau programme si on veut en assurer le succès. Les coûts
récurrents associés au programme seront importants, et notre réseau veut
s'assurer que l'injection nécessaire de ressources ne compromettra pas les
autres importants programmes pédagogiques existants ni l'amélioration des
services aux élèves.
Bien que plusieurs
écoles au sein de notre réseau disposent d'espaces, beaucoup
d'autres sont exploitées près de la limite
ou à la limite de leur capacité. Tout investissement dans de nouvelles infrastructures pour créer
l'espace nécessaire pour le nouveau programme ne peut être effectué aux
dépens des projets indispensables visant à agrandir les écoles afin de répondre aux besoins actuels. De plus, l'ajout de
l'espace nécessaire dans le secteur francophone ne peut d'aucune
façon se faire au détriment du secteur anglophone.
Enfin, notre réseau s'inquiète de la pénurie de
personnel spécialisé que requiert la mise en oeuvre d'un tel programme, notamment
en région.
En
conclusion, l'ACSAQ vous remercie d'avoir pris le temps de nous écouter sur ce programme
qui s'avérera être un investissement important pour l'avenir de nos
élèves anglophones. Thank you.
Le
Président (M. Asselin) :
Merci, M. Burke. Alors, on va débuter la période d'échange. À vous la parole, M. le ministre, pour 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation très claire.
Je vais
commencer par la fin. Vous nous soumettez peut-être quelques inquiétudes. Puis,
je le comprends, quand on implante
quelque chose de nouveau, une nouvelle politique ou même si on fait juste
poursuivre le déploiement qui est déjà commencé, ça suppose des
investissements. L'inconnu, des fois, peut inquiéter, alors je comprends bien
vos questions.
Votre
première préoccupation, page 4, là : «Les coûts récurrents associés
au programme seront importants — on le reconnaît bien, oui, tout à fait — et notre réseau veut s'assurer que
l'injection nécessaire de ressources ne compromettra pas les autres importants programmes pédagogiques
existants, ni l'amélioration des services aux élèves», dites-vous. Je
pense, c'est une question que beaucoup de
personnes se posent, puis je vous remercie de la soulever. Je veux vous
rassurer. D'ailleurs, aujourd'hui, on
a annoncé un réinvestissement important, un ajout, récurrent, de près de
70 millions de dollars, à peu près 850 enseignants, professionnels, techniciens.
Évidemment, vous comprenez bien que, si on ajoute 250 classes en
septembre, qu'on rajoute
850 professionnels, il y en a évidemment bien assez pour améliorer les
services dans les 250 classes qu'on crée, mais évidemment aussi
partout dans le réseau primaire, secondaire, formation générale, formation
professionnelle.
Et
on ne veut pas mettre en concurrence les services préscolaires et les services
scolaires. Puis il faut faire attention à ça aussi, parce que la scolarité obligatoire, la mission première qui
vous incombe, autant le réseau francophone qu'anglophone, c'est évidemment d'assurer des services de qualité
là où la scolarité est obligatoire, de six à 16 ans. Puis on ne voudrait
pas vous placer dans une situation où vous
devez couper des services pour les adolescents de 13, 14, 15, 16 ans pour
investir au préscolaire, puis on n'ira pas là. Je pense que le budget le
démontre bien.
Votre
deuxième préoccupation, c'est pour les infrastructures, les classes, bon, etc.
Bien, il y a des locaux qui sont disponibles
en ce moment, mais pas partout dans le réseau scolaire, même anglophone. Je
suis conscient que c'est vrai qu'il y
a certaines écoles... qu'on l'a dit, des fois, elles sont à moitié vides, à
moitié pleines, ça dépend comment on dit la chose. Mais je suis conscient qu'il y a d'autres écoles
aussi où ça déborde. Puis je veux vous dire que, s'il y a des endroits,
dans le réseau scolaire anglophone, où vous
avez besoin d'agrandissement, de construction, on sera là à la fois pour le
primaire, pour le secondaire, mais
pour le préscolaire aussi. Ce n'est pas une fatalité. Ce n'est pas parce que
c'est le réseau anglophone qu'on n'investira
pas pour des nouvelles constructions. Je fais juste tenir à répondre à ces
préoccupations légitimes. Puis on est là pour dialoguer, donc, de cette
question-là que vous soulevez maintenant.
J'ai
une autre question relative... quand vous dites : «Pour quelles raisons
les commissions scolaires devraient-elles offrir des programmes de maternelle pour les enfants de quatre ans?», au
point 3 vous soulevez quelque chose que peu de gens savent, c'est que, dans la communauté
anglophone, vous avez commencé à offrir la maternelle quatre ans temps
plein bien avant ce qui s'est fait dans le
réseau francophone, donc vous avez une avance sur le réseau francophone. Et
c'est drôle, parce qu'en Ontario
c'est un peu l'inverse, la minorité francophone a déployé la maternelle quatre
ans bien avant la majorité anglophone, puis ici c'est le groupe
anglophone qui a déployé la maternelle quatre ans bien avant que les
francophones ne vous rattrapent.
Donc,
comme vous avez une longueur d'avance, vous avez peut-être mesuré des effets
bénéfiques bien avant 2013, avant que
la loi ne soit votée. Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous avez
constaté depuis 1998‑1999, là? Donc, il y a des gens qui ont fini leur parcours au complet, qui ont fini leur
secondaire, ils sont peut-être rendus au cégep, à l'université. Mais
est-ce que vous avez vu des impacts concrets? Est-ce que vous en avez entendu
parler, de ça?
M. Burke (Stephen) : La problématique est la suivante, c'est que,
quand on les a créées, on a été obligés de les arrêter en raison de... le gouvernement créait les CPE,
hein, si j'ai bien compris, alors donc il n'y a pas eu... l'expérience n'a
pas été très, très longue. On m'a posé la question tantôt à CBC. Il faut que
je sois honnête, là, ça a peut-être duré... Mme Hamilton, ça a duré
deux, trois ans?
Mme Hamilton
(Kim) : Deux, trois ans.
• (16 h 30) •
M. Burke (Stephen) : Deux, trois ans. Donc, on parle de... Donc,
depuis 2013, il n'y en a pas, il n'y en a plus pour les raisons que je viens de vous dire. Alors, il y a
une certaine expérience positive, oui, mais je pense que je ne serais
pas capable de vous dire que c'est ça qui
fait qu'on a un taux de diplomation et de graduation qui frôle... bien, qui est
de 91 % à English-Montréal,
90,7 % à Central Québec et en moyenne au-dessus de 84 %, 85 %
l'ensemble. C'est un exemple de bonne gouvernance,
je pense que c'est plutôt ça. C'est plutôt notre gouvernance
qui fait en sorte qu'on s'assure que l'argent, chez nous, elle va où
elle doit aller, elle va pour l'élève.
Je
vous l'ai déjà dit, M.
le ministre, moi, je pourrais me
promener à travers la planète, je suis parfaitement
bilingue, puis j'aime les gens, puis je
placote en masse, et je ne le fais pas, je ne le fais pas parce que
je ne peux pas voir un enfant être 3 h 30 min
dans l'autobus puis dire : Tu sais, ton président, il a serré la main au président du «school board»
de San Diego. Il me semble que ça n'aide pas le fils ou la fille de mon
citoyen qui a voté pour... qui me fait confiance.
Alors,
je vous assure que tous les sous que vous allez nous donner — puis j'espère que vous allez changer
l'article dans la Gazette pour dire
qu'ils ont mal cité — vous
allez nous permettre de gouverner et d'assurer la bonne distribution de cet argent-là. Vous allez voir, on va faire en
sorte que les gens qui ont des besoins spéciaux soient bien traités. C'est
la même chose des maternelles quatre ans.
Mais je mentirais de vous dire que ça a eu un effet, que c'est ça qui a donné
le 91 %. Mais il y a tellement d'autres
facteurs dans notre réseau anglophone. Puis j'en profite, il y en a peut-être
qui m'écoutent, les enseignants sont d'un dévouement extraordinaire,
extraordinaire.
Et
les parents... Quand on envoie un enfant dans une école anglophone, là, ce
n'est pas si simple que les gens pensent, là. Il va être dans l'autobus longtemps cet enfant-là. J'écoutais
M. Fortier parler des petits bonshommes et les petites bonnes femmes de quatre ans qui vont embarquer dans
l'autobus scolaire. Pour nous autres, là, c'est un défi quotidien. Et vous
me permettrez de toucher du bois, on fait attention à la sécurité dans nos
transports scolaires.
Alors, je ne peux pas
répondre à votre question, mais Mme Hamilton pourrait peut-être ajouter.
Mme Hamilton (Kim) : Je vais juste rajouter, «breffement». L'étude de
faisabilité que nous avons produite en 2007, on l'a fait parvenir au
bureau du ministre puis on serait heureux de vous la faire parvenir aussi.
L'étude a été faite par Catherine Prokosh,
qui était directrice générale de Lester-B.-Pearson à l'époque, qui était celle
qui était responsable pour le premier maternelle quatre ans. Ça fait
qu'elle, son étude a vraiment plus de détails.
M. Burke
(Stephen) : Mais c'est sûr que c'est une bonne idée, on l'a eue
ensemble. C'est formidable.
M. Roberge :
Non, vous l'avez eue avant nous, vous l'avez eue avant nous. Non, mais il faut
rendre à César ce qui lui appartient.
Donc, mais sincèrement, j'ai appris quelque
chose, là, quand vous nous avez dit qu'au moment où il y a eu des créations de CPE on a décidé de sabrer dans le
financement des maternelles quatre ans. Comme quoi des gens qui opposent
des réseaux, ça n'a pas commencé cette
année. Mais ça va terminer cette année, par exemple. On n'a pas l'intention
de couper dans le financement des CPE, nous, parce qu'on fait des maternelles
quatre ans. On n'a pas cette vision binaire d'opposer vraiment un réseau à
l'autre.
Je vais laisser mon collègue député, ici, de...
poursuivre. Je viens pour dire «député de Laval»...
Le Président
(M. Asselin) : Sainte-Rose. Je gage que c'est le député de
Sainte-Rose.
M. Roberge :
...Sainte-Rose, Sainte-Rose. Excusez-moi, M. le député de Sainte-Rose,
j'oubliais le nom de votre comté. Je vais vous laisser poursuivre.
Merci.
Le Président (M.
Asselin) : Allez-y. À vous.
M. Skeete : Merci beaucoup.
Laval, c'est six comtés, hein, ce n'est pas juste...
Une voix : ...
M. Skeete : Six. C'est la
troisième ville d'importance. Je suis très fier d'être Lavallois.
Merci
beaucoup pour votre présence aujourd'hui, M. Burke, Mme Hamilton.
J'aimerais vous entendre, parce qu'on a
vu dans l'actualité, récemment, il y a eu des fermetures ou des propositions
pour fermer des écoles ou transférer des écoles anglaises dans le réseau
francophone. J'aimerais ça vous entendre sur l'impact que pourrait avoir le
déploiement des maternelles quatre ans dans le but d'augmenter la fréquentation
de vos écoles. Est-ce que vous avez quantifié l'impact? Est-ce que vous avez
une opinion là-dessus?
M. Burke
(Stephen) : Bien, je vais
parler plus pour Central Québec parce que c'est ma commission scolaire,
je ne veux pas... nous, on n'a pas ce
problème-là, même ce serait peut-être le contraire. Il y a peut-être des écoles
francophones qui pourraient peut-être combler certains de nos besoins, mais ce
n'est pas le cas, O.K.? Je vous dirais, ce n'est pas ça, on négocierait avec nos collègues si on avait besoin.
Ce n'est pas une problématique pour Central Québec. Mais je ne peux pas parler pour English-Montréal, bien sûr, puis les
autres qui ont un petit peu de locaux, là. Mais c'est sûr que c'est une
crainte, hein, parce que, peu importe... On
est neuf commissions scolaires anglophones, c'est un peu comme dans une
famille, hein? Vous faites mal à mon
petit frère, bien, ça me fait quelque chose à moi aussi, là. Parce que, hein,
l'esprit de famille, c'est important.
Alors, on est neuf commissions scolaires anglophones, on n'est pas toujours
d'accord, mais on se parle en famille. C'est en famille qu'on est en
désaccord, en public on est tous en accord.
M. Skeete : Bien, précisément,
ma question, c'était à savoir si vous avez pu ensemble, en groupe ou dans votre
commission scolaire... Est-ce que vous avez
quantifié l'augmentation ou pas que vous anticipez avec le déploiement des
maternelles quatre ans?
M. Burke
(Stephen) : Bien, je vais
être honnête avec vous, là, je pense que c'est quatre à cinq classes qu'on
va avoir au total. Même dans... Vous savez,
c'est un beau projet, là, les maternelles quatre ans, mais on a un territoire
qui frôle l'étendue de l'Espagne, et il y a
des endroits où on n'est pas... Dans le temps, il y avait un minimum, là, je
pense... c'est six ou 10? Ça se
peut-u que ça soit six pour les... Dans les secteurs en développement, là, pour avoir une maternelle quatre ans, on ne réussissait même pas à avoir les six élèves...
C'est 10, hein? C'est-u 10? En tout cas, on n'arrivait même pas à avoir
ça. On a eu à La Tuque...
M. Roberge : Oui, six.
M. Burke
(Stephen) : Bon, c'est six,
hein? Bien, je ne veux pas nommer la région, là, mais elle se connaît, on
n'a pas réussi à en avoir six. Parce que ça
affecte la famille aussi, là. Je veux dire, vous laissez tomber votre gardienne
ou vous laissez tomber votre CPE puis
vous vous en allez... Mais ça, vous êtes au courant de tout ça. Alors, nous, on
n'a pas évalué, mais je pense que, si
on en a quatre ou six, là, maximum l'an prochain à Central Québec, ça va être
totalité pour nous autres.
M. Skeete : ...ça, c'est pour
votre commission scolaire?
M. Burke (Stephen) :
Oui, la nôtre. Je ne peux pas parler pour les autres, je ne les ai pas, les
chiffres.
M. Skeete : O.K., je comprends. O.K. Ça fait qu'il y aurait un
effet bénéfique dans la fréquentation, là, il y aura une augmentation de la fréquentation?
M. Burke (Stephen) : Il y a une chose qui est certaine, c'est bénéfique
pour un enfant d'avoir des services pédagogiques de qualité à cet
âge-là. Ça, c'est ce qu'on pense, l'ensemble de nos commissions scolaires.
C'est le but, d'ailleurs,
de notre présence aujourd'hui, c'est de dire au ministre : C'est une bonne
idée, mais... Et c'est là qu'il y a des «mais», et, quand on devra mettre ça en pratique, il faut penser... il y
a le budget, il y a le budget récurrent, il y a les impacts sur les
familles.
Vous
disiez : C'est volontaire, on ne sait pas trop, trop combien il va y en
avoir. Chez nous, c'est relativement facile. Même si on a un immense territoire, on a peu d'élèves par rapport au
territoire, on a 4 800 élèves sur un territoire immense. Pour nous, c'est plus facile de voir les
répercussions. Et je vous le dis, là, ça peut être six classes au total. Bien,
dans la région de Québec, je pense,
c'est six, et puis on a quand même cinq écoles élémentaires. Mais je ne peux
pas parler pour Montréal, Lester-B.-Pearson, ça doit être beaucoup plus
gros que ça.
M. Skeete :
J'aimerais aussi vous entendre parler, parce qu'il y a des gens qui... Puis
dans votre mémoire j'ai pu comprendre
que, pour vous, la science est claire, là, la science qui parle de
l'intervention précoce dans l'éducation, pour vous, c'est une question réglée pour le réseau anglophone.
J'aimerais ça savoir quelles études vraiment, là, vous mènent à conclure
que c'est bénéfique, les maternelles quatre
ans. Parce que des fois, à voir un peu l'actualité, c'est comme si la science
était un peu divisée, là, mais j'aimerais ça vous entendre, vous.
M. Burke (Stephen) : Vous avez raison. Je lisais la revue de presse
avant de venir ici. Égide Royer, qui est un spécialiste, est de notre avis, puis je regarde dans la colonne à côté,
puis il y a des gens qui ne le sont pas. Moi, je respecte les
scientifiques. Mais, nous, dans le réseau anglophone, si un enfant dont les...
que les parents soupçonnent peut-être une difficulté,
on se dit : C'est peut-être le moment idéal qu'il embarque dans notre
réseau, on va avoir les services spécialisés pour lui, la pédagogie convenable, puis en plus ça va nous permettre de
convaincre ces parents-là de rester dans notre système. Parce qu'il y a des parents qui viennent chez nous
un peu pour voir, hein, à la maternelle, puis là, dans la prématernelle,
bien, c'est... et nous, on veut qu'ils restent avec nous. Alors, c'est pour ça
que nous, quand on va établir des prématernelles quatre ans, on va s'assurer qu'elles soient de qualité pour que l'enfant
qui vient chez nous, avec ses parents, ne nous quitte plus avant le
secondaire V. Alors là, il serait un grand Québécois parfaitement bilingue.
M. Skeete :
Puis rappelez-moi du taux de réussite que vous avez dans votre réseau.
M. Burke (Stephen) : En moyenne 84 % à 85 %, mais
English-Montréal, 91 %, et nous, 90,7 % de graduation et
diplomation.
M. Skeete :
C'est vraiment... c'est très impressionnant.
M. Burke
(Stephen) : Oui, c'est ça, n'allez pas en Ontario, venez nous
voir.
M. Skeete :
Je vais céder la parole au ministre. Merci, puis bravo pour votre taux de
réussite!
M. Burke (Stephen) : Bien,
merci, M. Skeete.
Le
Président (M. Asselin) : Pour deux minutes.
• (16 h 40) •
M. Roberge :
Deux petites minutes, oui. Bien, je veux juste regarder les chiffres avec vous.
C'est quand même très intéressant pour vous, ce déploiement qu'on fait
en septembre prochain. Sur les 250 classes, 52 seront dans le réseau anglophone sur les 250 qu'on ajoute. Il y en
avait 47 en ce moment même sur l'ensemble du Québec. Il y a 47 classes
dans le réseau anglophone, et on en ajoute
52, donc vous doublez votre nombre de classes de maternelle quatre ans en
septembre. Et là on est encore seulement en
milieu défavorisé. On peut espérer qu'en 2020... Enfin, ça sera avec vous,
comme je l'ai dit tout à l'heure avec
la Fédération des commissions scolaires, du réseau francophone. Ce
déploiement-là, le choix des écoles, ce n'est définitivement pas quelque chose qui se fait dans le bureau du
ministre, mais ce qui se fait en partenariat. Je vous pose la question que j'ai posée aux précédents :
Comment ça a été reçu, la façon de déployer les 250 classes? Est-ce que
vous avez apprécié? On a essayé vraiment de
le faire dans un dialogue, avec des sondages, avec des choses comme ça, le
choix des classes. Dans votre cas, ça a été 52. Comment ça a été perçu?
M. Burke (Stephen) : M. le ministre, toute tentative d'entente avec
nous puis tout travail ensemble vont être toujours bien perçus. Ça, je pense que c'est important de
vous le dire. Vous n'avez pas devant vous des adversaires, vous avez
devant vous des gens qui croient à l'éducation, qui croient au système
d'enseignement, qui croient à la gouvernance par élus scolaires et qui sont
proches de leur communauté. Alors, on est tout à fait heureux. Vous venez de le
dire, on vient de doubler, on ne peut pas
être contre ça. Et je pense qu'en travaillant davantage ensemble vous allez
apprendre à nous connaître et vous allez vous dire : Peut-être
qu'il y a lieu de repenser à tout cela.
M. Roberge :
Il y a peut-être plus de choses qui nous unissent que ce qui nous désunit. Je
vous remercie.
M. Burke (Stephen) : Peut-être, effectivement. Bien, je suis content
de vous l'entendre dire, M. le ministre. Je vais repartir très heureux,
moi.
Le
Président (M. Asselin) :
Alors, la parole est à la députée de Saint-Laurent. Mme la députée de Saint-Laurent,
à vous la parole.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour. J'ai l'impression de vous voir très
souvent durant cette séance. On a eu
l'occasion d'échanger lors du p.l. n° 3, du p.l. n° 12, dans une autre commission où je ne siégeais pas, mais vous êtes venus aussi pour le p.l. n° 21 et vous revoici pour le p.l. n° 5.
Ce que je note, c'est qu'à chaque fois vous avez toujours réitéré votre
grande passion pour l'éducation et aussi à quel point que les commissions
scolaires, dans la communauté anglophone,
c'est sacré. Et je me permets aujourd'hui de mettre l'emphase sur vos
commissions scolaires, parce qu'on
l'a fait en p.l. n° 3, pour parler de votre autonomie et à quel point,
pour vous, c'est important de gérer et d'avoir vos propres décisions.
Et ce matin
je me permets de le répéter pour ceux qui se joignent à nous, le ministre a
parlé encore de vouloir déposer à
l'automne un autre projet de loi — donc ça veut dire que vous allez revenir
nous voir, j'espère que vous ne vous ennuyez pas trop et que vous serez prêts cet été, bien reposés à revenir nous
voir — mais
qu'il veut quand même aller de l'avant pour remplacer les commissions scolaires par des centres de services. Et
durant son annonce, aujourd'hui, de vouloir injecter de l'argent pour des services, que nous saluons, bien
évidemment, on est tous pour avoir plus d'argent dans les services...
mais il dit : C'est important quand
même de transférer les commissions scolaires vers des centres de services avant
d'ajouter d'autres professionnels, et je cite : «It's never a good
idea to have bad governance.»
Pour nous,
c'est clair, vous n'avez jamais été un caillou dans nos souliers. Pour le
ministre, il l'a déjà dit d'emblée. J'avais
cru comprendre qu'après avoir dit ça, à l'automne, il allait peut-être
rectifier le tir. Mais, à ce stade-ci, travailler en équipe, pour vous,
ça veut dire quoi?
M. Burke
(Stephen) : Bien, ça veut
dire un peu ce que le ministre vient de nous dire, là. Il dit qu'on va
travailler ensemble, puis moi, je n'ai aucun
doute que ce qu'il nous dit, ça va se faire, là. Moi, travailler ensemble,
c'est aussi venir ici. Écoutez, là,
on a été invités à venir à cette commission parlementaire, on est contents d'y
être, c'est une invitation qu'on trouve
importante, dans le réseau anglophone. Quand on est invités à venir partager
des idées, bien, on le fait. Puis, dans l'ensemble, dans l'ensemble des
députés qui sont ici, M. le ministre également, je sens une ouverture.
Je comprends
votre question, mais, vous savez, les journalistes m'ont déjà fait dire des
affaires que je n'ai jamais dites. Ça
fait qu'on va espérer que peut-être que, là... De toute façon, il y en aura un,
un projet de loi, puis on va revenir à nouveau. Puis un projet, c'est un
projet. Mais peut-être qu'entre-temps, puisque l'été va être beau et chaud,
vous aurez l'occasion de vous rappeler des
bons moments avec les gens de la communauté anglophone et vous dire : Hum!
Tu sais, hein, peut-être que le
projet de loi pourrait être différent. Il devrait être axé, votre projet de
loi, M. le ministre, sur le service aux
élèves. Moi, là, ça fait 32 ans que je suis un élu scolaire. Je n'ai
jamais pensé à devenir élu municipal — je les respecte — élu
provincial ni élu fédéral. Je n'avais qu'un seul but, m'assurer que mes
enfants... Et là j'ai une petite qui rentre
à la maternelle, là, ma petite-fille, et je suis content qu'il y ait encore un
système anglophone. Je suis content que mon fils peut dire à sa petite fille : Tu sais, grand-papa, là, il est
commissaire d'école depuis très longtemps, puis, si ton école, elle fonctionne comme ça, bien, grand-papa, il a eu
quelque chose à faire là-dedans. Je suis ému, là, mais c'est pour ça que
je suis commissaire d'école. Je ne suis pas là pour moi, là, je suis là pour
les jeunes.
Et je fais attention parce que, dans une autre
vie... Je peux être assez malcommode. Et je ne fais pas de malcommoderies pour que les gens puissent penser
que M. Burke n'est pas sérieux, je suis un homme très sérieux. Et,
sur l'éducation, c'est la passion, c'est ma
passion qui fait en sorte... Je vois ça un peu comme Gretzky voyait le hockey,
moi. Les commissions scolaires, pour moi,
c'est très important, et je ne le fais pas pour moi, M. le ministre. Qui sait
si je vais me présenter en 2020? Je ne le sais pas, je ne le sais pas. Mais il y a
d'autres... On est tous remplaçables. C'est
ça qui est beau dans la vie, il y a
des gens qui prennent le relais. Mais il faut absolument qu'on garde nos
commissions scolaires. Vous m'avez fait embarquer sur ma passion, là.
Mme Rizqy :
Écoutez, je sais que c'est important. Et, lorsqu'on s'apprête à faire une
réforme aussi importante que d'implanter de façon universelle les
maternelles quatre ans, habituellement, on ne fait pas d'autres réformes aussi importantes, c'est-à-dire abolir les commissions
scolaires, en même temps puis de souffler d'un côté qu'on va travailler
en partenariat. Alors, c'est pour ça que je me permettais de poser cette
question.
Je comprends
que... De notre côté, on a toujours dit : Les maternelles quatre ans, on est
pour le sur-mesure, là où les besoins
sont présents. De votre côté, à la commission scolaire anglophone, vous avez
des besoins, vous avez aussi des locaux, donc vous êtes en mesure de
pouvoir accueillir des maternelles quatre ans.
J'aimerais
aller sur le sujet des professionnels. Ce matin, j'ai fait sortir quelques
commissions scolaires qui, à coups de
centaines, cherchent des professionnels. J'ai fait sortir francophone, je n'ai
pas eu le temps de sortir le réseau anglophone. J'aimerais vous entendre. Est-ce que, vous aussi, vous êtes à la
recherche de psychologues, ergothérapeutes, psychoéducateurs ainsi que
conseillers pédagogiques?
M. Burke
(Stephen) : C'est certain
qu'on est toujours à la recherche de personnel, avec un territoire vaste
comme le nôtre puis des besoins en langue anglaise, c'est sûr, c'est certain.
Mme Rizqy :
Vous, vos territoires... Vous l'avez déjà dit dans d'autres commissions, mais,
pour le bénéfice de ceux qui se joignent à cette commission, vous avez
un des grands territoires à couvrir, n'est-ce pas?
M. Burke
(Stephen) : Absolument,
absolument. Puis c'est sûr qu'on ne peut pas dire : Ce n'est pas comme
une commission scolaire. J'ai déjà été
commissaire scolaire à la commission scolaire des Découvreurs. C'est des écoles
de quartier, tu sais? Tu t'en vas à
Coeur Vaillant, après ça tu t'en vas à Saint-Thomas ou... bien, Saint-Thomas
n'existe plus, mais une autre école. Nous autres, là, bien, tu ne peux
pas dire à un professeur : Bien là, tu vas t'en aller à La Tuque puis
tu vas quitter Holland School. Ce n'est pas comme ça que
ça fonctionne. Il faut trouver des gens, et on les trouve souvent hors
province.
Mme Rizqy :
Dites-moi, ça, ici, c'est dans le réseau francophone, puis ce n'est pas toutes
les commissions scolaires. Vous, votre défi est non seulement la région,
mais aussi le défi de la langue.
M. Burke (Stephen) :
Absolument.
Mme Rizqy : Alors, est-ce que
ça peut être encore plus difficile de trouver... Là, je ne parle même pas des
enseignants, là, je parle juste des professionnels...
M. Burke (Stephen) :
Oui, un professionnel, c'est encore plus dur.
Mme Rizqy : ...parce que l'objectif, c'est aussi de
dépister tôt, et, pour le faire, c'est aussi, après ça, de donner le service. Alors, donner un service, ça va
nous prendre des gens qui maîtrisent l'anglais et aussi qui sont bilingues. On
est au Québec, alors c'est tout un défi, j'imagine, pour vous.
M. Burke
(Stephen) : Mais c'est ça, là, ça fait partie de «on est pour,
mais», et c'est un des «mais», à savoir qu'il faut les avoir, ces
professionnels-là, pour être capables d'identifier des problèmes chez les
jeunes.
Mme Rizqy :
Inquiétez-vous pas, nous autres aussi, on est pour, mais avec quelques drapeaux
rouges, si je peux me permettre. Et,
au niveau du transport, dans votre cas, puisque la région que vous devez
couvrir est très importante, combien d'heures un enfant peut passer dans
un autobus?
M. Burke (Stephen) :
Bien là, au niveau élémentaire, là, on essaie de ne pas dépasser trois heures
par jour, trois heures,
3 h 15 min C'est beaucoup, là, c'est beaucoup. Vous embarquez un
enfant dès la maternelle, là, il embarque dans l'autobus, puis... Bon, vous allez me dire, et je l'ai déjà dit :
C'est un choix des parents de vivre à des extrémités du territoire,
mais, à un moment donné, il faut leur donner un service.
Moi, je
remercie le ministère. Le ministère est toujours à l'écoute de nos besoins.
J'écoutais madame de Laval dire qu'ils
étaient en déficit au niveau du transport. Nous autres, on l'est toujours un
peu, en déficit, mais il y a une écoute au ministère, et ça, je pense
que, M. le ministre, vous le direz aux fonctionnaires — je
l'ai été 35 ans, fonctionnaire — des fonctionnaires qui écoutent, et qui travaillent, et qui font en sorte
que ces jeunes-là sont moins longtemps... Mais trois heures, c'est courant, là, trois heures dans un autobus,
donc 1 h 30 min le matin, 1 h 30 min le soir,
mais, que voulez-vous, c'est...
Mme Rizqy :
Je posais la question parce que, juste avant vous, c'était la Fédération des
commissions scolaires... Ici, présentement, c'est trois heures, et
tantôt la Fédération des commissions scolaires du Québec mentionnait qu'avec l'ajout des quatre ans ça peut être un peu plus
long parce que ça va être plus lent. Donc, pensez-vous que, justement,
ça, c'est une préoccupation que le ministre de l'Éducation ainsi que les
fonctionnaires devraient avoir en tête pour trouver peut-être une solution?
• (16 h 50) •
M. Burke (Stephen) :
Bien, il est certain que plus on va aller dans le détail, plus on va rencontrer
une petite problématique qui n'est pas si
petite que ça. Parce que, si vous êtes papa d'un enfant, d'une belle petite
fille de quatre ans, d'un beau petit
garçon de quatre ans ou si vous êtes le grand-père, vous ne voudrez peut-être
pas qu'il embarque dans un autobus
scolaire qui... Ça, c'est gros, c'est jaune, c'est... Puis en plus, je ne sais
pas si vous autres mêmes, vous avez déjà pris un autobus scolaire — je l'ai déjà fait, moi — c'est glissant, ces bancs-là, là, ça fait
qu'il ne faut pas que le chauffeur... il ne faut pas qu'il aille à la vitesse que mon gars du RTC tantôt qui m'a
amené ici, là, parce qu'il va y avoir des enfants un peu partout dans
l'autobus.
Alors, tu
sais, puis ça a l'air anodin, hein, ça a l'air anodin, mais c'est très important parce qu'un enfant c'est notre bien
le plus précieux, et il ne faut pas qu'il arrive des accidents. Alors, ça va
être quelque chose à regarder. Nous, je vous le dis, on fait bien attention aux transports et on
s'assure que nos chauffeurs soient très, très conscients qu'un élève, là,
c'est précieux, il ne faut pas qu'il n'arrive rien. Mais je pense qu'à tout problème
il y a sûrement une solution...
Mme Rizqy : Absolument. Il y a
une solution, parlons-en...
M. Burke (Stephen) : ...mais il faut travailler ensemble.
Mme Rizqy : Exactement,
il faut toujours
travailler ensemble. Et j'entends très
bien votre commentaire et je sais aussi que la sécurité des enfants, c'est une grande préoccupation.
Le transport, par contre, ça, c'est vous qui l'assumez à l'intérieur de vos
enveloppes budgétaires.
Dites-moi, on
a eu le projet de loi n° 3, l'uniformisation. En ce moment, si on veut vraiment
protéger, probablement que l'enfant
de quatre ans ou de trois ans et 11 mois, ce serait mieux de le mettre
dans une berline. Et, si c'est le cas, ça va coûter beaucoup plus cher parce qu'on va transporter moins
d'enfants, ça va nous prendre plus de chauffeurs. Est-ce
que vous pensez que c'est peut-être
le temps de faire une demande de financement au ministère de l'Éducation pour
s'assurer de la sécurité de nos jeunes enfants?
M. Burke (Stephen) : Bien, ce que vous dites, ça a bien du sens, là.
Mais je pense que, quand on va s'attabler puis qu'on va regarder à comment on met ça en pratique,
bien, on va essayer de trouver des solutions. C'est sûr qu'on ne peut
pas, vous savez... Puis il y a des parents
qui voudraient qu'on aille chercher tous les enfants à la porte, on ne peut pas
faire ça. Alors, chaque année, il
faut faire des compromis, il faut dire à des parents : Écoute, là, ça va
être au coin de la rue, puis là c'est très dur. Si vous voulez voir un travail
qui n'est pas facile à faire, qu'il faut avoir des gens très patients, allez
voir les gens dans vos commissions
scolaires — en tout
cas, dans la mienne — qui
s'occupent du transport scolaire et qui doivent parler à des parents
qui, bien sûr, pour eux... Puis je les comprends, c'est sacré, la vie de nos
enfants
Le
Président (M. Asselin) : Merci beaucoup, M. Burke.
M. Burke
(Stephen) : Oui, monsieur.
Le
Président (M. Asselin) : On laisserait peut-être la parole
à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci à ma collègue de Saint-Laurent pour ses excellentes questions sur,
justement, la pénurie, qu'il y a des enjeux
spécifiques dans le milieu anglophone puis également en transport. C'est
des questions que je me posais également. Vous avez déjà, dans votre
réseau, quelques classes de maternelle quatre ans depuis quelques années...
M. Burke (Stephen) : ...c'est juste là-dessus que je voulais...
entre autres. Ils vont être contents que je les nomme.
Mme Labrie :
Oui. J'aimerais ça vous entendre sur la façon dont on peut améliorer le service
de maternelle quatre ans pour en améliorer
la qualité, notamment en termes de ratio, je pense dans la classe, mais
également au service de garde, en termes de
surveillance du dîner, transport scolaire. Qu'est-ce qui doit être fait pour
améliorer la qualité de ce service-là?
M. Burke (Stephen) : Je dois vous avouer que je ne suis pas un spécialiste de la maternelle quatre ans. Ce que
je me rends compte, c'est que, dans les
localités où il y en a dans le moment, c'est des... en anglais, ce que je
connais, en NANS, là, the NANS, 10, I think it to be 10. They are really
9 and 10, the NANS?
Une voix : ...
M. Burke (Stephen) : En
tout cas, c'est des secteurs
défavorisés, là. C'est 9 ou 10, c'est deux chiffres, je crois,
hein? Bon, c'est sûr que c'est des gens qui sont près de la communauté. Et,
quand je vous dis dans mon document, là, que la communauté est très importante,
c'est des gens dans la communauté qui ont fait en sorte : Bon, bien, on
va envoyer nos enfants en maternelle quatre ans, et c'est de bouche à oreille qu'on a dit :
Bien, ils vont très bien là puis on va s'en occuper, etc. C'est arrivé dans cette localité-là. Dans une
autre, qui est également une 9 ou un 10, on n'a pas réussi à avoir six
élèves parce que les gens ne changent pas nécessairement leurs pratiques familiales de : Bon, on va toujours
être à tel endroit pour faire garder les enfants.
Mais ce n'est pas
encore... Le projet qui est sur la table, actuellement, va avoir beaucoup plus
d'éléments pédagogiques, va être beaucoup plus centré — en tout cas, c'est ce qu'on nous dit — puis
il va y avoir des services offerts aux jeunes qui vont permettre aux
parents qui ont une petite crainte sur le fiston, là, ou la petite fille...
vont être capables d'identifier les problématiques. Puis je ne pense pas que le
transport, à ce moment-là, serait... Il y a toujours moyen d'arriver à
une solution, mais le budget va être important.
Nous,
on est obligés de dire à des parents, des fois, de dire : Écoutez, là,
c'est bien de valeur, là, on ne passe plus devant chez vous, là, on passe à deux coins de rue. Et vous avez le
choix, vous embarquez ou vous
n'embarquez pas. Si vous n'embarquez pas, vous venez le reconduire. Il y
a des distances assez importantes chez nous, ce qui fait qu'habituellement on réussit à nous entendre avec les parents.
Mais, comme je vous dis, quatre ans, il y a une problématique très
différente, là, de l'élémentaire.
Le
Président (M. Asselin) : La parole est à la députée de
Joliette.
Mme Hivon :
Merci beaucoup. Alors, tantôt, le ministre a dit qu'en ce moment il y avait
47 classes de maternelle quatre
ans dans le réseau anglophone et qu'il y en aurait 52 nouvelles à la
rentrée prochaine. Est-ce que vous avez une idée combien il va y en avoir, combien vous allez en déployer sur cinq ans? Parce que
le projet de 2 600 nouvelles classes, ce n'est pas un horizon
que vous avez.
M. Burke
(Stephen) : ...regardé ça, honnêtement, là.
Mme Hivon :
Non? O.K.
M. Burke (Stephen) : On va y aller année par année puis avec... Bien, écoutez,
je pense qu'avec les questions qu'on soulève peut-être qu'on va être en mesure de répondre à cette question-là
un peu plus loin dans le temps, mais, dans le moment, il y a des questions,
là, qu'on a soulevées, puis il faudrait avoir les réponses.
Mme Hivon :
À la page 4, donc, dans vos préoccupations, il y a la deuxième, là, qu'on
a abordée rapidement, sur la question que «tout investissement dans de
nouvelles infrastructures pour créer l'espace nécessaire pour le nouveau programme ne peut être effectué aux [dépens] de
projets indispensables visant à agrandir les écoles actuelles». Ça, c'est
une préoccupation vraiment généralisée.
Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui vous nous communiquez cette
préoccupation-là? Est-ce que c'est parce
qu'on vous a freiné des projets, c'est juste prospectif, c'est parce qu'on vous
demande de favoriser les maternelles quatre ans ou c'est juste une mise
en garde générale?
M. Burke
(Stephen) : Non, je répète à
nouveau que le ministère... Nous, on a quelques projets en route, on n'a
pas cette crainte-là. Je dois dire que notre
relation avec les gens du ministère est très bonne, elle est très
professionnelle, mais elle est très
bonne, et on a... Mais c'est une crainte quand même que, comme élus, comme
responsables d'une commission scolaire,
je pense qu'on se doit d'apporter à cette table, s'assurer qu'on ne promet pas
des choses qu'à la fin, pour remplir la promesse, qu'on soit obligés de couper ailleurs, c'est juste ça. J'avais
fait la même chose sur le projet de loi n° 3 sur la taxation scolaire. Il y a une formule de
péréquation, mais, tu sais, à un moment donné, ça va devenir onéreux, on ne le
sait pas. Alors, c'est ça.
Mme Hivon :
O.K. Puis en terminant, dites-moi, l'idée que vous soyez potentiellement en
restructuration... ça, c'est le mot
positif, mais mettons en abolition, et ce, en même temps que mettre un nouveau projet,
déployer un nouveau projet, est-ce que ça vous apparaît quelque chose
d'envisageable pour le succès du nouveau projet?
M. Burke
(Stephen) : Le passionné des
commissions scolaires, des élus scolaires et de la démocratie scolaire
va vous dire : Non, non, ça ne
m'apparaît pas possible, il faut être capables de travailler avec les gens qui
sont en place. Alors, je vais vous
répondre... peut-être la seule réponse de nature politique que je vais vous
donner aujourd'hui, c'est que non, c'est non, il faut absolument qu'on soit là, on ne peut pas... Et pour
aborder, pour que ça fonctionne, il faut qu'on soit là. Je vous ai dit,
hein, on doit...
Le Président (M.
Asselin) : Sur ce, M. Burke, je vous remercie de votre
contribution.
M. Burke (Stephen) :
Oui, M. le Président.
Le Président (M.
Asselin) : Mme Hamilton, merci beaucoup.
Je suspends quelques instants, le temps de... le
prochain groupe de se présenter. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
(Reprise à 17 h 1)
Le Président (M. Asselin) : Alors,
bienvenue à tout le monde. On avait les consignes pour l'interprétation simultanée. Je vous invite à vous présenter. On a
un petit 10 minutes pour la présentation de votre mémoire, et puis
après coup on va discuter avec les membres de la commission. Alors, à vous la
parole.
Carleton Village Junior and Senior Sports
and Wellness Academy
Mme Eccleston
(Lorelei) : Merci. Bonjour.
Je m'appelle Lorelei Eccleston et je suis la directrice de l'école
Carleton Village Junior and Senior Sports and Wellness Academy dans le conseil
scolaire de Toronto.
I have been principal of
Carleton Village for eight years and with the TDSB since 1991, which is the
Toronto District School Board. The Toronto
District School Board is the largest board in Canada, with over 467 elementary schools and 122
secondary schools. The TDSB implemented the first phase of full-day
kindergarten for both junior and senior kindergarten
students in September of 2010 in 90 schools with the goal of full implementation
of full-day kindergarten in all
elementary schools by September 2015. The 90 schools were chosen based on
available space, infrastructure and schools demonstrating the greater
social economic needs. Schools that implemented full-day kindergarten in the
later years required small and larger scale renovations.
My
school, Carleton Village, was part of the last phase of implementation and
we've now had full-day kindergarten at our school for six years. The feedback of the
full-day kindergarten program from our parents has been overwhelmingly
positive. Although kindergarten is not mandatory for children of this age, the
Toronto District School Board saw an overwhelming
response of support by families with over 90% of eligible families and children enrolling in
the full-day kindergarten program, and that is the
provincial data.
With
the entry point at junior kindergarten, we've noticed that we are increasingly
able to identify and intervene for students who need support. In addition, schools
are able to connect with families... were able to connect with our
families to resources and supports within the community.
Full-day
kindergarten in Toronto is considered a two-year program for children age four
by December 31st and five
years old. The purpose of the program is to establish a strong foundation for
learning in the early years and to do so in a safe, caring, supportive and play and inquiry-based environment. And
we want to promote the physical, social, emotional, cognitive development of the children. The intent
of the program is for four and five-year-olds to work together and they
remain with the same teacher and the same early childhood educator for two
years.
The
curriculum of our full-day kindergarten program reflects the belief that
four-year-olds and five-year-olds are capable and competent learners. They are full of
potential and they're ready to take ownership of their learning. Our
private and city day-care programs have
continued to thrive through the continuation of regular day-care programs for
infants and toddlers. And they also have before and after-school care
for school-age children such as the four and five-year-olds, all the way up to
age 12.
This year, the Toronto District
School Board started implementing nine extended-day programs for before and after-school care for junior kindergarten to Grade
6 students allowing
children to have a seamless day, having the same early childhood educators who are in their classroom
also running the before and after-school program. Doing so continues to free up space in our day-cares for our preschool
children. And in September coming this year, six more schools will be
adding extended-day before and after-school programs to their existing full-day
kindergartens.
Another impact of full-day
kindergarten as we see it is that, at my school, the very first cohorts of our
full-day kindergarten programs excelled in
the EQAO, which is our provincial testing. So, they would have participated in
the EQAO last year, the 2017 to 2018, and this was the first time that
our school truly celebrated significant increases in academic achievement on
the provincial test. And, as an example of that, take previous years where we
did not have full-day kindergarten, it was a
half-day program, we had only, at my school, 19% of our children meeting
provincial expectations in reading.
Last year, which was the first cohort of our full-day kindergarten, they
achieved at 72%, which we met the provincial expectations. So, we
were celebrating that.
Mme Bryan
(Nathalie) : Bonjour, je
m'appelle Nathalie Bryan et je suis un professeur
d'immersion française en jardin
d'enfants pour le conseil scolaire de Toronto. Chaque année, au mois de
septembre, nos élèves de maternelle et de jardin d'enfants arrivent l'esprit ouvert, prêts à vivre de nouvelles
aventures. Les jeunes enfants, même les plus petits, sont par nature curieux, ils se posent et nous posent
plein de questions et ils sont comme des petites éponges. Mais
l'apprentissage ne se fait pas toujours à l'aide d'un crayon et d'un texte à
cet âge, mais surtout à travers le jeu.
Comme disait
le fameux scientifique Albert Einstein, le jeu, c'est la forme la plus
élevée de la recherche. Et nos élèves sont
les chercheurs qui questionnent, s'expriment, testent leurs hypothèses et
notent leurs observations. Et l'éducatrice et moi, nous sommes là pour donner du support aux élèves et pour les
encourager d'aller plus loin dans leurs enquêtes. Dans la cour de l'école, ils explorent, observent et
courent, et en salle de classe, les jeux, et surtout l'apprentissage,
continuent. Et c'est grâce à l'équipe dont je fais partie que ces petits
apprenants profitent de deux philosophies d'enseignement.
J'ai une
éducation en enseignement formel, et l'éducatrice dans ma classe vient d'un
monde où le jeu est à la base de
tout. Ensemble, nous combinons nos forces pour aider les enfants. Étant donné
que l'enseignement, de ces jours, est de plus en plus basé sur l'enquête, c'est durant ces deux premières années
d'école que nous encourageons cette approche dans nos classes aussi. Et ces élèves passent deux ans
avec leurs professeurs avant d'aller en première année, et c'est deux
années de journées entières remplies
d'expériences riches en lecture, écriture et en mathématiques enseignées à
travers le jeu, la découverte, l'enquête et l'exploration.
Nos élèves
arrivent en première année prêts à digérer les attentes du curriculum et à
démontrer leurs connaissances de
diverses façons. Je suis du même avis que l'auteur et poète américaine
Diane Ackerman, qui a dit : «Play is our brain's favorite way
of learning», c'est à travers le jeu que le cerveau apprend le mieux.
• (17 h 10) •
Mme Strangway
(Lynn) : Bonjour, je m'appelle Lynn Strangway. I'm a Toronto District School Board
superintendent of education with the responsibility for
early years. I also had the privilege of working at the Ontario Ministry of Education during the implementation of full-day
kindergarten doing training sessions and developing resources for
educators.
Just
a point of note in terms of how do our classes look. Our classes are made up of
a teacher and an early childhood educator, and the adult-child ratio is about 1 to
14. So, the class size is about 27, but with the two educators. That's were
you get the 1 to 14 ratio, they work in partnership.
Since
the implementation of full-day kindergarten in Ontario, beginning in 2010,
there have been studies looking at the impact of full-day kindergarten on children's academic and
social-emotional development. A study conducted during the first two years of implementation by Queen's
and McMaster universities in partnership the Ministry of Education used the Early Development Instrument, or the EDI, a UNESCO-reviewed measurement of early
childhood development to measure child development in the five areas of the EDI. The study found
that, overall, students in full-day kindergarten are better prepared to enter Grade 1 and to be more
successful in school. In all of the five EDI domains, students improved
their readiness for Grade 1 and accelerated their development.
A
recent longitudinal study conducted by researchers at the Ontario Institute of Studies for
Education looked at a comparison of learning outcomes
in half-day and full-day kindergarten programs. Results showed lasting benefits
of full-day kindergarten on children's
self-regulation, reading, writing and number knowledge to the end of Grade 2,
including benefits in vocabulary development. The greatest academic gains have
been seen in the area of reading, with full-day kindergarten children significantly more likely to meet provincial
expectations in reading. There were slightly less gains in mathematics,
but gains, nonetheless. These gains were measured through the Grade 2 with some
gains in reading being tracked right through to Grade 4.
In
the Toronto District School Board, we have not conducted a formal study on the
impact of full-day kindergarten at this time. However, when we look at provincial testing scores, as
measured by our Education Quality and Accountability Office, of children
who had the benefit of full-day kindergarten versus the last cohort of children
who experienced the half-day kindergarten program, we do see significant gains
in reading.
Le Président (M. Asselin) :
Merci beaucoup. We had our 10 minutes. On a notre 10 minutes de
présentation de mémoire. On
commencerait la période d'échange avec les membres de la commission. Je
laisserais à M. le ministre le privilège de commencer pour
16 minutes.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Je vais quand même vous laisser compléter, je
pense qu'il vous reste une, deux,
trois, quatre minutes. Je trouve ça très pertinent, ce que vous apportez, donc
vous pouvez continuer sur mon temps, s'il vous plaît.
Mme Strangway
(Lynn) : OK, there's only a little bit more.
So, as I was saying, we compared the
full-day kindergarten to the last cohort of children in half-day kindergarten and saw significant
gains in reading. Some of the limitations, when we look at that data, is
keeping in mind that the first cohort of full-day kindergarten children were mostly in low socioeconomic
neighborhoods, and we know low socioeconomic status has an impact on
achievement.
Our
Toronto District School Board data does show us that there is a stronger
readiness effect for Grade 1 for students in
full-day kindergarten as noted on the EDI. There appears to be a statistical
connection between similar domains of learning,
for example emotional security in senior kindergarten in peer relations at
Grades 4 and 7. Also, there is a connection between cognition on the EDI
in SK and Grade 3-4 academic achievement.
One big gain for our province is the
implementation of FDK saw the return of many families who had chosen to enroll their children in private schools that offered full-day
kindergarten programming.
M. Roberge :
Merci beaucoup. Merci de vous être déplacées jusqu'ici. C'est important pour
nous de poursuivre ce qui a été
commencé par les précédents gouvernements. Deux précédents avant le nôtre ont
commencé le déploiement de la maternelle
quatre ans avant qu'on arrive, seulement en milieu défavorisé. Pour l'an
prochain, on ouvre encore des classes, encore
en milieu défavorisé, mais notre ambition — c'est le projet de loi qu'on va
étudier — ça va
être d'étendre l'offre de services
pour que chaque parent puisse avoir le choix de la maternelle quatre ans, bien
que ce ne soit pas obligatoire, en complémentarité avec les services de
garde.
Je
sais bien qu'il y a des différences entre ce qui se passe en Ontario et ce qui
se passe au Québec, évidemment. Il y a des
ressemblances aussi. Notre objectif, c'est de s'inspirer de vos succès puis
peut-être tirer des leçons, des fois, s'il y a eu des problèmes, des difficultés que vous avez
rencontrées, pour améliorer nos services. Puis ça nous fera plaisir de vous
aider par la suite si vous pouvez tirer des leçons de ce qu'on fait.
Des gens nous disent que
c'est difficile de comparer ce qui se passe au Québec et en Ontario parce qu'on
a un système de garde, au Québec, qui inclut
les centres de la petite enfance, qu'on pourrait qualifier de garderies, on va
dire, approuvées par le gouvernement, qui sont des organismes sans but
lucratif, mais on pourrait les appeler garderies gouvernementales pour que vous compreniez bien. Bien qu'il y a seulement
à peu près un enfant sur quatre de quatre ans qui fréquente ces garderies-là, trois qui sont à l'extérieur. On a
l'impression des fois que c'est universel, c'est loin d'être le cas, mais quand même. Et il y a des garderies
privées chez nous aussi. Il y a des garderies privées qui sont
subventionnées, certaines qui ne sont pas subventionnées, il y a aussi des
garderies en milieu familial.
Alors, est-ce que
vous pourriez nous parler de ce qui se passait avant l'implantation, donc avant
2010? Est-ce qu'il y avait un réseau de services de garde en Ontario? Est-ce
qu'il y avait un programme offert, ou si c'était vraiment anarchique puis chacun faisait ce qu'il voulait
dans sa garderie, ou s'il y avait un
programme étatique? Est-ce qu'il y avait des normes de base? Est-ce qu'il y avait des gens qui avaient une formation
collégiale? Juste pour comprendre d'où vous partiez, en termes de services de garde, avant de
faire l'implantation de la maternelle quatre ans, pour voir s'il y a
des comparables, là, ou pas, sachant que comparable ne veut pas dire
identique.
Mme Strangway (Lynn) : So, in Ontario, prior to 2010, we had a variety of private non-profit day-cares that all fell under the Ministry of
Children Services at the time. There is a curriculum that our kindergarten
curriculum is loosely based on, and it's called ELECT-ON, probably your
early childhood educators are familiar with that.
But it was not like in Québec. It was not a provincially run child care system.
So, parents had to find their own child care. If you
qualified for a subsidy, you would apply through your local municipality for a
subsidy or a partial subsidy. Otherwise, you paid full fee.
So, our children would go to school
either in the morning or the afternoon, or, in the rural areas, they would go every other day for a full
day, for their half, and then parents would be responsible for finding child
care for other half of the day or the other half of the week.
M.
Roberge : Je peux vous dire
qu'ici aussi les parents doivent trouver leur garderie. Ce n'est pas encore
simple. Même encore aujourd'hui, il y a beaucoup de listes d'attente dans le réseau dont on parle beaucoup,
le réseau des centres de la petite
enfance. Je le répète, seulement un
enfant sur quatre, à peu près, de quatre ans va dans le réseau de la petite
enfance, qui est un réseau de qualité, je ne l'attaque pas, mais c'est
difficile d'y accéder.
Mais
je veux juste comprendre. Les gens qui étaient dans vos services de garde avant l'implantation, est-ce
que c'étaient des gens qui étaient formés?
Un tiers était formé? Deux tiers étaient formés? Trois tiers étaient formés?
Quelle était la formation des éducatrices dans les garderies avant que
vous n'implantiez la maternelle quatre ans?
Mme Strangway (Lynn) : So, to be an early childhood educator
in Ontario, in a licenced child-care, you have to have at the minimum your two-year early childhood
educator diploma. That is the same for our early childhood educators who
now work in our school system.
So, prior
to implantation of full-day kindergarten, you had to have an ECE, and you still
have to have an ECE. We have two-year diploma
programs and four-year degree programs. But the minimum requirement is the
two-year diploma program.
Now,
if you have your child in a home child care that's offered in the neighborhood,
there is no qualifications required, like we do have standards for how many children
can be in home day-cares, but they don't have to have their early
childhood educator qualifications, but any licenced child-care, they must.
• (17 h 20) •
Mme
Eccleston (Lorelei) : And what we did see, bringing the full-day kindergarten program into
the schools, we benefited,
because it was the expertise of the teacher being the curriculum expert working
in tandem with the early childhood educator,
who has extensive knowledge about child development and of their social
development, behavior development. And,
together the two have been able to provide such a rich experience for the
students. And I think that that's why we're so able now to identify students who might be at risk as they continue in
their educational career. So, it's really benefited that way. And I think that that's one of the things
that our parents saw, that, you know, we've got such expertise now
nurturing the children that this full-day
kindergarten program really worked. And as I mentioned earlier, 90% of the families in Ontario bought into the full-day
kindergarten, and they absolutely love it. I've been at schools where... my
current school is lower on the socioeconomic scale, but I also was administrator
at a school in a more affluent part of Toronto, and both schools implemented were not part of the first phase, but
in the more affluent neighborhood, what I did find was that the parents
were very eager for the full-day
kindergarten opportunity. Many of the students already had private nannies,
caregivers. And, having said that,
though, like, in some settings, they weren't the experts at, you know, teaching children the basic knowledge of literacy development or oral
development and early mathematics. So, even in the affluent settings, they
wanted an equitable opportunity to access the full-day kindergarten
programs.
M.
Roberge : Donc, il y a la question des coûts, qui peut avoir poussé des
gens... Parce que la garderie, peut-être, était de qualité, définitivement, d'après ce que je comprends, la
garderie était de qualité, les gens étaient formés pour la plupart, les éducatrices étaient formées en garderie. La
question des coûts et l'accessibilité financière à l'école peut avoir eu un
impact.
Maintenant,
j'aimerais que vous reveniez sur un chiffre... sur les effets sur la réussite
des élèves. Tantôt, vous avez parlé
de chiffres, que c'est passé de 19 % à 72 %, le taux de réussite.
Pouvez-vous nous préciser, précisément, vous parlez de quel type d'apprentissages ou quel type de
développement? Et ça a pris combien de temps pour voir un tel
accroissement? Donc, si vous voulez revenir là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Eccleston (Lorelei) : So, again, our first cohort, the first
children to enter the full-day kindergarten program, it
was back in year 2013 to 2014, I believe, so, they wrote the EQAO last year. I
think part of the success is that our kindergarten
programs, the foundation is really that rich oral literacy. And we know that
oral development comes first, even before
reading or writing. And in our kindergarten programs, through a lot of the
play, the children are conversing with each other, they're exploring, they're making the connections and then we're
moving into the literacy. And I think part of that is the success as we move through the grades. I did
see a direct correlation to students graduating from senior kindergarten
into Grade 1. We've always had milestones that we want the children to achieve,
for example in reading, we will use some diagnostic
reading assessments across our schools, and we did see that by the end of Grade
1, the majority of students are achieving the milestone.
Mme Bryan
(Nathalie) : And if I can just add, the numbers that Ms. Eccleston was
giving were directly related to reading achievements and because of the two years in kindergarten we put
a lot of emphasis on oral. And there is a link between, you know, their oral skills and their ability to, you know,
talk about what they are reading and what they are writing and when they are interacting with each other. So
that, when we do, when they are reading in the later years that they are
better able to analyze and express themselves and therefore show their
understanding on these texts as well.
M. Roberge :
Donc, c'est éprouvé, donc, si en allant de l'avant au Québec en déployant la
maternelle quatre ans et cinq ans, on ne serait pas en train
d'expérimenter avec nos élèves, on pourrait tirer des leçons de ce que vous
faites, définitivement. Les résultats si
probants que vous voyez, si encourageants, est-ce que vous pensez que c'est dû
peut-être à votre programme de deux
ans qui est intégré, quatre ans et cinq ans, ou c'est peut-être au duo, je
l'appelle le «dream team», que vous avez, enseignante, éducatrice?
Mme Eccleston (Lorelei) : I would believe that there is a lot of
factors in place, but, yes, I think part of the success
of the students... Well, number one, we know
that the longer children are in school, the better they are going to do in
school, so it's great that they have an
early start in junior kindergarten. Having said that, it is, again, the
expertise of the teachers, along with
the early-age childhood educators, and that the relationship there in terms of
assessing students... sometimes the teacher might be off working with a group of students and the teacher can say
that their early childhood educator : OK, I would like you to be working with this one particular child,
and, you know, they'll take some notes, they'll share, they spend a lot
of time planning together each day. They will share their observations at the
end of every day. However, at the end of the day, it is the teacher who is in
charge of the overall evaluation.
Mme
Strangway (Lynn) : If I can add to that, when we look at the
longitudinal study done by Janette Pelletier at OISE, one of the things she notes is, in the
play-based pedagogy, so not only do you have more time in school, but
that the fact that children have large blocks of time that are more independent
or they are done in small groups, they're actually better able to problem solve and formulate the
skills they need, whereas when we had our half-day program there is much more teacher direction, so
more receiving and less doing, and the more that they're doing is actually
resulting in the better achievement
in the academics, and, I think, particularly to note a self-regulation, because
self-regulation helps children, adults be
successful in academics and other areas. So, they have the two years of a lot
of independence, a lot of problem solving, which then helps them actually do school, like we do in Grade 1,
in a better way.
Une voix :
...
Mme Bryan
(Nathalie) : Sorry. I was just going to add that having
taught Grade 1 for most of my career too, that, when I
taught Grade 1, I only ever had students arriving in my class who had ever
had... they had only had half-day kindergarten,
half day in JK and half day in SK. And now, like you were saying, it always had
to be very teacher focused, because they only had the kids of a couple
of hours that day in kindergarten.
But
now that I'm able to teach kindergarten and have them all day long for all year
long, I know that my students going to Grade 1 are way ahead of what I was receiving five, six years
ago when I taught Grade 1 in terms of their language skills, particularly in French, when we talk about
French immersion, and just their problem solving, the collaboration,
cause they are used to working and learning
from each other. And, when it comes to full-day and play-based learning, it's
not as teacher centered as it would be in a half-day program.
M. Roberge : Donc, ce que je comprends, c'est que les
résultats sont là, mais des gens pourraient s'inquiéter, de dire : Oui, mais c'est des enfants. Est-ce qu'ils sont heureux? Est-ce qu'on ne le force pas trop à faire des apprentissages
puis à performer, alors qu'on devrait plus
les laisser jouer? J'entends des fois ces commentaires. Qu'est-ce que vous
répondez à ça?
Mme Bryan (Nathalie) : I would say that my concern going into
it too was that they were going to be tired all the time, right? Like, they're going to be there all
day. Are we going to have nap time? And they literally are... they are
happy all day long, and, if anything, I
think they are tired when they go home. The parents say that, you know, they
have been working... working... well,
they're playing, right? They are learning through play. But they are very
happy. They are happy to be at school.
They don't even realize that they are learning, or that it's school, or that
it's work, because they just think it's all fun, right? Because they
know they are playing, but...
Mme Eccleston
(Lorelei) : But the teacher is able to extract
the learning.
Mme Bryan (Nathalie) : Yes, yes.
Mme Eccleston
(Lorelei) : So, while...
Le
Président (M. Asselin) : On
va passer à l'opposition officielle avec la députée de Westmount—Saint-Louis,
qui va, pour 10 min 40 s, vous entretenir. À
vous.
Mme Maccarone : Merci, M. le Président.
Thank you very much for your presentation. I want a better understanding.
Congratulations
on the success that you're having in your school. It's always inspirational to
hear great educational stories, and I do hope that we
can inspire ourselves from your success.
As you know, in the Province of
Québec, we have a day-care
system that is public subsidized, but we also have nonsubsidized, we also have private subsidized. So, I just want to
correct something that the Minister has said. He said that only one in four children is currently registered,
but that's only in the subsidized public network, because we know that we have 20,000 students or potential students,
children that we don't find anywhere. We have 42,000 students that are
on... I say students, but children that are on a waiting list. We don't know
what the reasons are. They could potentially be registered in other areas of the day-care network, but they might be
wanting to get into a subsidized spot, for example, or move from home
day-care to a different day-care network. So, just to situate you a little bit.
If you were given an
opportunity to make changes, would you inspire yourselves from the Québec network? We know that we have research, in Québec, and I know that we are always trying to inspire ourselves from our
partners in education,
whether it's Ontario or Europe. But would you inspire yourselves from us, for
example? Because Québec is unique. We know that we are
the only province that has the CPE and a day-care network. If you had the
ability to implement that as a support network to what you're currently
doing, would you do so?
Mme Eccleston
(Lorelei) : Could you just explain CPE?
Mme Maccarone : Centres de petite
enfance.
Mme Eccleston
(Lorelei) : Which... Oh!
Mme Maccarone : Yes, day-care. It's the day-care that's subsidized by the State.
• (17 h 30) •
Mme Strangway (Lynn) : So, we do have some subsidized
day-care that the money floats from the Ministry to the municipalities, and then out to the child care,
to the families. I don't know that we can speak on behalf of the
province. I do think
that the Québec model of child care is definitely held
in very high regard because, number one, it's very
difficult for families to get day care, and,
when they do, in Ontario, it isn't always affordable. So, I
think that it's something that other jurisdictions are
always looking at, how do we make child care more affordable. There was a fear,
when we were beginning to implement full-day
kindergarten, by our child care partners, that they would lose business, but in
fact they have not, and they're thriving in other ways because they've
adapted.
And, just as an example, Lorelei
mentioned this year the Toronto District School Board started their
own before and after extended-day programming, because
we have a duty to provide care either with our private partners or ourselves.
And our City of Toronto
school-age child care, they're handing theirs over to us because they need
focus on the birth to four-year-old age
range. So, our child-cares are still thriving, and we still don't have enough
spaces for all of our families, but, obviously, more affordable child
care would definitely be, I think, something all families would want.
Mme Maccarone : And it's more than just child care for
us, it is educational. That's why we call it «petite
enfance», because what happens is, they do
an excellent job of preparing our children to enter into the school system. We
do believe in a complementary system.
So, we're for four-year-old pre-K, but we believe in an implementation that
isn't universal. So, what's happening
at Toronto District School Board and specifically
in your school, this is the beginning of a phase? And do you know how long the deployment is going to
take to... Because now it's not just being... Because I know, in the
beginning, you mentioned that it was for socioeconomic reasons. It was
originally implemented in lower income areas, and now
the province is moving past that. What's the plan in the deployment?
Mme
Eccleston (Lorelei) : So, we paced our full-day kindergarten programs
into our schools over five years.
Mme
Maccarone : OK, it's over a five-year plan.
Mme
Eccleston (Lorelei) : And we are finished. It is in all of our
schools.
Mme Strangway (Lynn) : By
2015, we were at full implementation across the province. So, we've been, four years from there, at full implementation.
Mme Maccarone : And was it
based on research and study prior to... Did you have like a national policy
that was put together prior to the implementation?
Mme Strangway (Lynn) :
Yes, so there was extensive research done. One of the... Some of you might have seen this, With Our Best
Future in mind. So, Dr. Charles Pascal did a large study of the best
child care, kindergarten, early learning programs around the world. And then the whole model that he developed
was based on taking the best practices that we have in child care, and
the best practices we have in education, and putting those together, because
prior to full-day kindergarten, we had 27%
of children that were showing us to be in a great need, so that is greatly
reduced. But that was the intent of
the program, and it was fully research-based, including the play-based
curriculum that we have in kindergarten for the two years, completely
research-based. So, how do...
So, to the Minister's previous
question, there was a lot of fear that the academics would be pushed down, but the play-based pedagogy has
really taken care of that fear. So, when it's well implemented, you get the
benefits of the play and the achievement together.
Mme Maccarone : ...that
you had taken the time to do that national policy and do the research. It's
something that we're lacking right now. And so, what we
would like to do is take a step back so that we can do it properly, do a proper
implementation, take our time to ensure that the best interests of the children
are taken into consideration.
I need for you to explain to me your
extended day, because I understand that, you know, same thing here, we have some children that arrived
at school at 7 :00 o'clock, and they won't leave before 6 :00.
And, in your brief that you presented to us, you said that it is the
same educator that's with the children for those 11 hours a day?
Mme
Strangway (Lynn) : So, in the school boards that have their own
extended-day program. As an example, Ottawa-Carleton
School Board, they started right in 2010. They did all of their before and
after. We have a mixed model, in
Toronto and in other jurisdictions in Ontario : some are private
child-cares, and in our TDSB-run extended-day programs, there's two early childhood educators. So, one
does the shift from 7 :00 a.m. until 1 :00 and the other one
does the shift from 12 :00 until
6 :00. So, then, over the lunch hour, they're overlapping. So, there's two
early childhood educators to assist with the lunch hour. And so, they do
have the same early childhood educator from the morning half and the afternoon
half, so it's seamless.
And
one of the benefits to this is we have a lot of issues, I don't know if you
have this in your schools, with lunchroom supervision. So, in all of our other
kindergartens that don't have extended day they have one lunchroom supervisor.
So, this way you have two early childhood educators overlapping at the lunch
hour, so the seamlessness of programming can happen as well.
Mme
Maccarone : And it's the same thing when you're working with your
private partners, then?
Mme Strangway (Lynn) :
As much as possible. So, they do their before and after programs in our spaces. So, you, as a kindergarten child, would be in your own space that
you were during the day, but you would have the early childhood educators from the child-care. The
child-cares that are in our buildings, we worked really hard to partner
with them as much as possible.
Mme Maccarone : And what about transportation? How are the kids getting to your JK?
Mme
Strangway (Lynn) :
So, in Toronto, the majority of our students live
within the catchment to walk, but, in the rural areas outside of the GTA, they're bused.
So, in some cases, they'll have a short bus ride; in other cases, they
have a long bus ride. But they've been...
We've had junior kindergarten in Ontario since 1997, I think, and since that time, the
four-year-olds have been bused. And, in some of the northern regions, they're
on a bus for over an hour at either end of the day.
Mme Maccarone : ...are they the smaller, like, minivans or it's just the regular
yellow buses?
Mme Strangway (Lynn) : Regular school bus.
Mme Maccarone : And these children are put in... do they have boosters, they've got
security...
Mme Bryan
(Nathalie) :
There are some smaller buses, not necessarily particularly for those smaller
children. But, depending
on the route and the numbers of children on those particular routes, they do
have smaller buses with seat belts. The larger buses do not have seat
belts.
Mme
Maccarone : Because
there's an additional cost to the school board when you have to have adapted transportation. What happens in the summer?
Mme Strangway (Lynn) : So, in the summer, so many of our child-care partners, they offer
summer camp programming, so children that
are in the child care during the year can continue. We offer summer school as a
district school board, so we have some kindergarten programming. And
then in our...
Mme Maccarone : ...also mean junior kindergarten, right?
Mme Strangway (Lynn) : Yes.
Mme Maccarone : OK, I just wanted
to make sure.
Mme
Strangway (Lynn) :
Yes, yes, we put them both together. And then, for our extended-day program,
our own extended-day
program in the Toronto District School Board, we're running summer camps for
six weeks of the eight weeks of the summer.
Mme Maccarone : And that's at an additional cost to the parents?
Mme Strangway (Lynn) : Yes.
Mme Maccarone : OK. Is it the same
thing for your extended-day? Is there an additional cost to the parents?
Mme Strangway (Lynn) : Yes.
Mme Maccarone : OK.
Mme
Eccleston (Lorelei) : I just want to correct that the day school summer school program, there
is no cost. So, I'm
running a day school summer school program in my school for the month of July
that will be for children, so long as they're school-age children,
junior kindergarten to Grade 8, because that's what I house in my school, and
that's free of charge.
Mme Maccarone : Subsidized by the school board?
Mme
Strangway (Lynn) :
Yes, paid for by the school boards. So, yes, Lorelei's correct, all of her
summer school programs are paid for by the school
board. And then anything... extended-day or child care are paid for by parents
or, if they have subsidies, by their subsidy.
Mme Eccleston
(Lorelei) : And I'm also running a preschool
summer school program for the month of July. So,
for the new registrations into my school for junior kindergarten, families have
an option of having their child attend school for the month of July.
Mme Maccarone : Very nice. What about the ratio? You mentioned it's 28 students in
the class?
Le
Président (M. Asselin) : We have 15 seconds
left.
Mme Maccarone : Maybe she can finish her answer, OK.
Mme Strangway (Lynn) : There's 20 in the class, but it's really 1 to 14, because you have
the two educators.
Le Président (M. Asselin) : Merci
beaucoup. La députée de Sherbrooke, à vous la parole.
Mme Labrie : Merci,
M. le Président. Je voulais également
vous amener sur la question des ratios. Donc, vous me confirmez que le ratio, c'est un pour 14 dans la
classe. Est-ce que c'est également le cas en service de garde, le matin, et
le soir, et sur l'heure du dîner, pour les enfants en prématernelle?
Mme Strangway (Lynn) : So, our extended-day programs can be
from JK, or four-years-old, up to Grade 6, but most of them are four and five-year-olds together.
And, in those, it's two educators, early childhood educators, to 30
students, so 1 to 15, yes.
Mme
Labrie : O.K.,
parfait. Vous avez mentionné également, dans votre partie, que l'enfant passait deux ans
avec le même professeur, donc à quatre ans
et à cinq ans, il avait le même enseignant. Est-ce que c'est comme ça que
le programme est déployé partout en Ontario ou c'est seulement une
spécificité de votre école?
Mme Bryan (Nathalie) : That's everywhere in Ontario, except for French immersion, it's the exception
to that case, because
it starts in senior kindergarten, not junior kindergarten, correct? And so, I
particularly don't have my same students, because they have to do JK in English first before they can enter the
French immersion program. But, everywhere else in Ontario, it's two years and with the same teacher. There
are sometimes extenuating circumstances where children have to be separated or, you know,
the mix needs to be... tweaks need to happen, but, for the most case, they stay
with the same teacher.
• (17 h 40) •
Mme
Labrie : O.K. Et par rapport au coût des services de garde, ça a été mentionné tantôt que, bon,
l'accessibilité financière des services de
garde pouvait être un enjeu en Ontario, mais on n'a pas mentionné ça coûte
combien, là. C'est quoi, le coût moyen d'un service de garde pour un enfant
qui n'est pas en prématernelle?
Mme Strangway (Lynn) : OK, so I'm not sure of the exact cost
for pre-K, but for our before and after programs, there's a range that ranges from $20 a day to about $40, depending on the
child-care, and that's for the before and after. And
then, for PA days and holidays, it's usually around between $48 and $60. Our
own Toronto District School Board extended-day program, right now, is $31 a
day, so we're right in the middle of the range.
Mme Labrie :
O.K. Est-ce qu'il y a un rabais pour les familles de milieux défavorisés, ou un
remboursement d'impôt, ou quelque chose comme ça?
Mme Strangway
(Lynn) : There are subsidies and there are new
tax credits that were just recently announced.
Le Président (M.
Asselin) : Merci beaucoup. Alors, on va passer à la troisième
opposition avec la députée de Joliette. À vous la parole.
Mme Hivon :
Oui, merci beaucoup. Merci de votre présentation. Pour ce qui est de
l'implantation, vous l'avez faite sur
cinq ans, donc, du programme, donc je comprends que ça vient de se terminer. Ça
représente combien de classes en tout qui
ont dû être implantées? Puis est-ce que... Quand vous êtes partis dans le
programme qui avait été fait, je comprends qu'il y a eu toute une étude sur le meilleur programme, mais la planification,
est-ce que vous aviez un peu vu combien de classes seraient développées par année? Puis comment vous
avez fait pour aller chercher toutes les ressources requises, les
nouveaux enseignants, les éducateurs en développement de la petite enfance, les
techniciens en service de garde, pour le service de garde?
Mme Strangway (Lynn) : So, I don't know the exact number of
classes for the province. So, I'm sorry, I don't have that information. Prior to 2010, there was a
lot of work done beforehand to think about, number one, infrastructure. So, part of the criteria, along with socioeconomic
status, when choosing the first fifth, because we went in fifths, was
also schools that had space, because we
needed time to do additions and new builds in some schools. So, schools who had
space in lower socioeconomic areas were the
first fifth. And then we worked our way across the province, so, basically,
every school board did a fifth, a fifth, a fifth, a fifth.
But,
in terms of the teacher and early childhood educator training, that was
developed based on the research, and it was ready to go before we rolled out the
implementation. So, the year before we actually had the first fifth start, we
were training teachers and early childhood educators on what the pedagogy and
programming would look like, what kinds of materials did they need in their
space, what did the space needs to look like, because kindergarten space is
different than Grade 1 to Grade 8 space. So,
all of those, like, logistical pieces were worked out prior to 2010. So, when
we went in 2010, everyone was ready with those pieces. And then, as we
learned, it got easier for the next four fifths that were implemented.
Mme Eccleston
(Lorelei) : Prior to the full-day kindergarten implementation, we
still had educational assistants working alongside the kindergarten teachers, but
the role of an educational assistant is different than the role of an early
childhood educator. So, for the educational
assistants, there was an opportunity provided through the board for some
additional qualifications through just professional development, so...
Le
Président (M. Asselin) : Mme Eccleston, je vous remercie
beaucoup. Mme Strangway, Mme Bryan, merci beaucoup pour votre
contribution à nos travaux.
Je vais suspendre les
travaux jusqu'à 19 h 30, compte tenu de l'heure. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
17 h 44)
(Reprise à 19 h 34)
Le
Président (M. Polo) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre la
sonnerie de vos appareils électroniques.
Nous
poursuivons les auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières pour le projet
de loi n° 5. Ce soir, nous
entendrons la Fédération québécoise
des municipalités ainsi que l'Union des municipalités du Québec par la
suite.
Alors,
je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération
québécoise des municipalités, si je
ne me trompe pas, qui sont représentés par M. Larry Bernier — c'est bien ça? — M. le maire de Lac-Édouard et membre du
comité exécutif, M. Gilbert Pigeon,
maire de Saint-Eugène-Ladrière, membre du conseil d'administration, et
Mme Maryse Drolet, conseillère politique.
Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à une période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi que
les personnes qui vous accompagnent. On l'a déjà fait. La parole est à
vous.
Fédération québécoise des
municipalités (FQM)
M. Bernier (Larry) : Alors, M. le Président, M. le
ministre, Mmes, MM. les députés,
alors, comme les présentations ont
été faites, je vous remercie de nous accueillir, en tant que Fédération
québécoise des municipalités, dans le
cadre de cette commission
parlementaire pour le projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire
destinés aux élèves âgés de 4 ans.
C'est en tant que porte-parole
des régions que la Fédération québécoise des municipalités vous transmet aujourd'hui ses commentaires sur le
projet de loi. Fondée en 1944 — nous célébrons cette année nos 75 ans d'existence — la fédération est
la porte-parole des régions en regroupant près de 1 000 municipalités
locales et régionales. Notre rôle est de faire entendre la voix des régions, de porter les ambitions
locales et régionales et de défendre les intérêts des gouvernements de
proximité. La FQM constitue le plus grand rassemblement du monde municipal au
Québec.
D'entrée de jeu, la FQM
souhaite signifier son appui au projet de loi, qui spécifie que tout enfant
aura droit au service de
l'éducation préscolaire dès l'âge de quatre ans, et ce, sans égard au milieu
économique où il vit. Ainsi, pour la FQM, cela signifie que, peu importe
le lieu, tout enfant aura droit à un service éducatif.
En milieu rural, le fait
d'accueillir les enfants de quatre ans à l'école primaire permettra d'assurer
la viabilité de la plupart
des petites écoles de 40 élèves et moins. Ainsi, et en respect de ce droit
de l'enfant, la FQM demande qu'aucun nombre minimal ne soit requis pour justifier la mise en place du service
éducatif de maternelle pour les enfants âgés de quatre ans.
La FQM demande également que
les écoles aient la possibilité de jumeler les groupes de maternelle quatre ans avec les maternelles cinq ans, de
telle sorte que le service puisse être offert dans le plus grand nombre de
petites écoles possible, permettant
ainsi à ces enfants de demeurer dans leur milieu de vie tout au long de leur
parcours scolaire de niveau primaire.
La FQM nourrit cependant certaines
réserves et inquiétudes quant aux effets sur les autres services associés à la clientèle des enfants de quatre ans, dont l'impact sur le réseau
des services de garde à la petite enfance en région. La particularité de ce réseau, fort apprécié des parents utilisateurs, est
qu'il est déployé sur l'ensemble du territoire dans toutes les régions et MRC du Québec. Ces services
répondent à la définition même d'un service de proximité. La FQM
recommande donc qu'une analyse minutieuse
d'impact pour les services de garde à la petite enfance présents dans les
milieux ruraux soit réalisée tout au long de l'implantation des
maternelles quatre ans.
Les services éducatifs à
l'enfance, que l'on parle des centres de la petite enfance, des garderies
subventionnées ou du milieu
familial, gérés par les bureaux coordonnateurs faisant partie du réseau des
services publics, sont offerts toute l'année sans coupure de services pendant la période estivale. Les parents des
enfants de quatre ans fréquentant ces services ont ainsi une solution de garde durant tout l'été, ce qui ne
sera pas le cas pour les enfants qui iront à la maternelle quatre ans.
Dans ce contexte, les parents des enfants qui seront inscrits aux services
éducatifs du préscolaire vont nécessairement se tourner vers les municipalités
pour y inscrire leurs enfants aux camps de jour et terrains de jeu organisés
par celles-ci.
Apparaît tout de suite la
problématique de la mixité des âges des enfants de quatre ans avec les plus
grands. La majorité des
terrains de jeu et camps de jour municipaux sont organisés pour offrir des
activités adaptées aux enfants de cinq
à 12 ans. Rappelons que les moniteurs et animateurs des terrains de jeu et
camps de jour ont bien souvent moins de 18 ans, sans parler du fait que ce secteur est également frappé par
un manque de main-d'oeuvre important, ce qui affecte le ratio
moniteur-enfants, en plus de la problématique du regroupement d'enfants qui
n'ont pas le même âge.
Pour
les petites municipalités, ce regroupement avec les tout-petits pourrait
devenir un problème. Ainsi, la FQM recommande qu'un arrimage entre les deux réseaux de garde scolaire et à
la petite enfance soit établi afin que les parents des enfants âgés de
moins de cinq ans puissent bénéficier des mêmes services de garde durant la
période estivale.
La Loi sur l'instruction
publique prévoit, à l'article 256, qu'«à la demande d'un conseil
d'établissement d'une école, la commission scolaire doit, selon les modalités d'organisation
convenues avec le conseil d'établissement, assurer, dans les locaux attribués à l'école ou, lorsque l'école ne
dispose pas de locaux adéquats, dans d'autres locaux, des services de
garde pour les élèves de l'éducation préscolaire et de l'enseignement
primaire». Puisqu'il est dit, à l'article 454.1, que «le gouvernement peut, par règlement, établir des
normes relatives à la prestation des services de garde en milieu scolaire»,
la FQM recommande que le ministre
assouplisse les normes et règlements de telle sorte que la conclusion
d'ententes entre les commissions scolaires et les municipalités visant
l'offre ou le maintien de services de garde pour les enfants scolaires soit
facilitée.
Trop de petites écoles ne bénéficient pas de services de
garde en raison de l'imposition d'un nombre minimal de six enfants ayant un statut régulier de fréquentation du service pour que la commission scolaire accepte de mettre
en place un tel service. Il faut noter que
plusieurs municipalités investissent des sommes importantes pour le maintien du
service de garde pour les enfants du
scolaire, et certaines en sont même les gestionnaires lorsque ce service n'est
pas offert par l'école. Dans ce
contexte, c'est la Loi sur les
services de garde éducatifs à l'enfance
qui s'applique. Celle-ci énonce, à l'article 11, au troisième paragraphe, que le ministre de la
Famille ne peut délivrer un permis de garderie à une commission scolaire
ou à une municipalité. Est-ce que cela
signifie qu'une municipalité ne peut opérer ou financer un service de garde?
Plusieurs le croient, mais une ambiguïté subsiste sur l'interprétation
que l'on peut faire de cet article.
La
FQM demande que la loi prévoie clairement qu'il est possible pour une
municipalité de financer ou de gérer un service de garde pour les enfants d'âge scolaire. Ainsi, l'article 4
de la Loi sur les compétences municipales, où il est précisé que «toute municipalité locale a compétence dans
les domaines suivants : [...]la culture, les loisirs, les activités
communautaires et les parcs», et
l'article 90 de cette même loi, qui énonce que «toute municipalité locale
peut [...] accorder toute aide qu'elle juge appropriée» à l'égard de ce
qui est notamment cité à l'article 4, devraient prévoir clairement ce
droit.
En
conclusion, toutes les recommandations de la Fédération québécoise des municipalités ont pour but de mieux répondre
aux besoins des familles qui habitent partout sur le territoire du Québec et
également que soient reconnus tous les efforts
que font les municipalités pour le maintien et l'amélioration de la desserte
des services afin de répondre aux besoins et attentes de leur
population. C'est ainsi que se vit et se poursuit la vitalité de toutes les
régions du Québec.
Je vous remercie. Je cède maintenant la parole à mon confrère, M. Pigeon, un élu qui
s'implique à sauver son école.
• (19 h 40) •
M. Pigeon
(Gilbert) : Oui. M. le Président, MM. et Mmes les ministres puis MM. et Mmes les députés, moi, je vais vous parler surtout de la situation qu'on vit dans
notre milieu. On est une population de 430 habitants. On est à essayer
de sauvegarder notre école le plus possible.
On est rendus à 21 élèves. Et, si on a perdu notre préscolaire, qui est le
secondaire... c'est-à-dire, pas le
secondaire, je veux dire, la maternelle cinq ans, parce qu'on avait un nombre
de quatre, si le jumelage pouvait se
faire avec la maternelle quatre ans et cinq ans, bien, ça nous permettrait de
ramener le préscolaire à notre école, qui nous ramènerait un six élèves,
six à sept élèves de plus.
Et
on sait très bien que, oui, pour ce côté-là de la maternelle quatre ans, pour
nous autres, ce serait un avantage si ça pouvait se réaliser le plus rapidement possible. Je sais que la
commission scolaire est en négociation, là. Ils nous ont dit que peut-être qu'en 2021 ça pourrait peut-être se
réaliser de jumeler les deux, quatre ans et cinq ans. Mais, pour l'instant,
ce qu'on demande, c'est de la flexibilité pour être capable de le faire assez
rapidement.
Ce que je voulais
vous parler surtout, moi, c'est surtout le service de garde à l'enfance qui se
fait présentement. La municipalité est
probablement illégale parce que les bénévoles qui s'en occupaient ne veulent
plus s'en occuper, là, parce qu'il
n'y a pas un nombre requis pour que ce soit rentable. C'est de l'argent que,*
la municipalité, il faut qu'elle investisse à chaque mois parce que ça ne rapporte pas assez pour le nombre de jeunes
qui sont à la garderie. Mais je sais très bien... J'ai une conseillère qui me disait, à la dernière
rencontre du conseil : S'il n'y a pas de garderie scolaire, j'inscris mes
enfants ailleurs où est-ce qu'il y a une garderie scolaire. Puis, si on perd
ces cinq, six enfants là, nous autres, on tombe dans le minimum où est-ce que
l'école est à la fermeture.
C'est
pour ça que, pour nous autres, c'est très important d'être capables de gérer
notre garderie en milieu... bien, on ne
peut pas appeler ça de même, ce n'est pas une garderie scolaire, gérer une
garderie en milieu scolaire, parce qu'elle n'est pas subventionnée. La commission scolaire ne veut pas s'en occuper parce
que ce n'est pas assez rentable, mais ils sont prêts à faire une collaboration avec la municipalité, de payer sur le
service du midi, aider, en tout cas, la municipalité à supporter la garderie en milieu scolaire. Et on
sait très bien que pour maintenir, nous autres, notre école, la garderie
est importante. Puis la maternelle quatre
ans et cinq ans jumelée est aussi importante parce que 21 élèves, à
l'heure actuelle, il ne faut pas se permettre d'en perdre cinq, six,
parce que c'est la fermeture de l'école.
Pour
notre milieu de vie... J'ai plusieurs jeunes couples qui ont des enfants puis
qui me disent : S'il n'y a plus d'école, nous autres, on déménage. Et c'est pour ça que la vitalité de la
municipalité est très importante avec la garderie scolaire, avec la maternelle
quatre ans et cinq ans jumelée, et ça permet de garder l'école plus vivante. On
l'a fait avec un nouveau programme, le
multisports. On a eu de l'aide du ministère, justement, pour partir ce
programme-là, multisports et robotique, et ça nous a permis de ramener
des personnes qui ont inscrit leurs enfants dans notre école.
Le Président
(M. Polo) : Il vous reste 15 secondes, poursuivez.
M. Pigeon
(Gilbert) :
15 secondes? Ah! je pensais que c'était fini, vous avez levé la main. Non,
ça nous a permis, en tout cas, de ramener une dizaine d'élèves qui venaient d'ailleurs, qui se sont inscrits à ces cours-là. Mais cette année, ça a
diminué, là, on en a trois. Mais ça permet au moins de maintenir notre nombre
de...
Le
Président (M. Polo) : Merci beaucoup, M. Pigeon. Merci
également à M. Bernier pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Merci pour votre présentation. Vous apportez un
éclairage différent des précédents intervenants. C'est toujours
intéressant et c'est complémentaire.
D'abord, je
suis heureux de voir que vous appuyez la volonté du gouvernement,
essentiellement, qu'on déploie la maternelle
quatre ans à l'extérieur des milieux défavorisés. Essentiellement, c'est à peu
près ça, le projet de loi, hein? Ce n'est
pas un projet de loi qui vient changer le programme de la maternelle quatre
ans, on le fait déjà. On bonifie le programme. On veut implanter
vraiment un programme cycle. Puis ça va peut-être dans le sens que vous disiez,
là, quatre ans et cinq ans en cohérence, qui
peut faciliter, d'ailleurs, la mixité. On veut faire un paquet de choses :
de la formation initiale, l'aménagement de locaux qui soient plus adaptés,
la construction de locaux, mais tout ça n'est pas dans la loi.
La loi,
essentiellement, c'est : Est-ce qu'on se contente d'avoir des maternelles
quatre ans juste en milieu défavorisé puis
on dit : Les autres, bien, vous n'avez pas accès à ce service-là ou si on
se permet de l'étendre? Puis dans la loi, on ne met pas une date d'échéance, mais nous, on s'est dit,
grosso modo, sur cinq ans, jusqu'à l'universalité d'accès. Une fois
qu'on a dit ça, on dit : Bon, bien,
adoptons la loi. Des questions restent à éclaircir, puis des partenariats, puis
des négociations, puis des discussions restent à établir pour améliorer
les services.
Déjà, ça
existe, la maternelle quatre ans, il y a 394 classes. Donc, vous en avez
sans doute dans vos territoires. Si ce n'est
pas dans votre municipalité à vous, vous en avez chez vos membres. Je serais
curieux de savoir comment ça se vit en ce moment. Et les municipalités sont surtout impliquées, dans le cas des
services de garde, surtout l'été, je vous dirais, quoique vous avez élargi un petit peu le débat. Je vous en
remercie. Mais les services de garde l'été ou les camps de jour d'été,
comment ça se vit en ce moment pour les classes de quatre ans qui existent déjà
chez vos membres, dans vos municipalités?
Le Président (M. Polo) :
M. Bernier.
M. Bernier
(Larry) : Bien, moi, je peux
vous parler de l'expérience de Lac-Édouard. Certains en ont entendu
parler, c'est une expérience un peu unique
qui se passe chez nous, là. On est un peu délinquants, mais ce n'est pas grave.
Je vais essayer de résumer ça rapidement, là.
En 2003,
l'école a fermé, chez nous. C'est une municipalité de 195 habitants
permanents, O.K., on est à 65 kilomètres de La Tuque. En 2008, il y a quatre parents qui sont venus me voir,
ils ont dit : Si vous ne rouvrez pas l'école, nous, on quitte.
Donc, j'ai dit : Qu'est-ce qu'on peut faire ensemble? Donc, on a ouvert
l'école sous l'égide d'école à la maison. Nous avons impliqué les
parents. Les parents étaient prêts à s'impliquer comme enseignants. Il y a des citoyens
qui se sont impliqués, le maire s'est
impliqué, la femme du maire s'est impliquée, et on s'est ramassés avec neuf
enseignants, et là on est allés voir
la commission scolaire pour leur dire qu'on voulait ouvrir l'école. Ils
nous ont dit : Vous avez combien d'élèves? On a dit : Deux. Ils ont dit : On ne donne pas une enseignante
pour deux élèves. J'ai répondu : Monsieur, l'humanité a commencé
comme ça, et on est maintenant 7 milliards.
Donc, on a parti sous ce chapeau-là, et ça fonctionne
depuis 11 ans. Mon épouse est rendue dans sa 48e année d'enseignement. Elle a déjà été conseillère pédagogique, etc., elle a travaillé sur des comités du ministère. Et, nos élèves, on a parti avec deux, on a monté à huit, on en a cinq qui sont rendus au
secondaire, qui sont en promotion accélérée, hein, on appelait ça sauter des années, dans notre
temps. Les gens me demandent toujours : Est-ce
que vous suivez les programmes
du ministère? Je réponds toujours : Non, nous les
dépassons. Bien entendu, les élèves
ont tous... ils suivent les examens avec les examens de la commission scolaire, et tout. Pendant sept ans, on a
tenu ça à bout de bras et, depuis quelques années, on a une association avec la commission scolaire qui
fait qu'il y a une enseignante qui vient deux jours et demi semaine nous
donner un coup de main.
Ce que je veux vous montrer, illustrer par ça, c'est que ce
que nous avons fait chez nous, c'est qu'on s'est dit : C'est en se mettant ensemble, la commission scolaire, les citoyens, la municipalité, qu'on va régler notre problème.
Parce qu'on a tous le même problème,
c'est : il faut scolariser nos
enfants. Et pour les régions, c'est très important parce que
la scolarisation dans notre milieu,
c'est au coeur même du développement de notre région. C'est l'occupation du
territoire, c'est la vitalité de nos
régions, c'est comme ça qu'on va les développer.
On ne peut pas penser attirer des jeunes familles si on n'a pas d'école,
ils ne viendront pas.
Et depuis
qu'on a l'école chez nous, il y a deux nouvelles familles qui se sont ajoutées, qui
sont venues de Montréal, qui sont venues s'installer chez nous. Là,
maintenant, on est rendus... cette année, on en a envoyé au secondaire, on a trois enfants. L'an prochain, j'en ai deux qui
rentrent en maternelle quatre ans. Parce que nous autres, depuis 2008, on
a des maternelles quatre ans, on a des
maternelles cinq ans, on fait la première, la deuxième, jusqu'à la sixième
année, et tout ça dans la même
classe, sans aucun problème, et il se fait de l'échange entre les élèves de
niveau plus élevé avec les autres. C'est
formidable de voir cette expérience-là. En tout cas, vous en avez entendu
parler parce qu'on a passé à La semaine verte puis un peu partout, là. Alors, bref, c'est un
projet un peu unique parce que tout ça, c'est des bénévoles, hein? À part
la petite enseignante de la commission
scolaire, les autres, ce sont tous des bénévoles. Mais, quand j'étais jeune,
moi, j'avais appris quelque chose à quelque part — on
faisait bien de la religion, dans le temps — ils disaient : La foi
déplace les montagnes. C'est ça, la foi. Quand on croit en quelque chose puis
qu'on veut réaliser... Alors, chez nous, nos enfants sont scolarisés et...
Maintenant,
on n'a pas la problématique du service de garde durant l'été parce que ces
enfants-là demeurent au village puis
ils sont avec leurs parents, etc., durant l'été, ou d'autres sont des enfants
de La Seigneurie du Triton, que certains d'entre vous connaissez probablement, et ils déménagent à La Seigneurie
du Triton durant l'été. Alors, nous, on n'a pas le problème de service
de garde. Mais peut-être que M. Pigeon pourrait parler de son secteur.
M. Pigeon
(Gilbert) : Bien, chez nous, durant les camps d'été, bien, c'est sûr
et certain que ce n'est pas la municipalité
qui a ça en charge, c'est l'organisation des loisirs, là, qui engage quelqu'un,
une étudiante, là, toujours avec un
programme d'engagement d'étudiants. Mais les quatre ans pourraient s'intégrer
parce qu'il n'y en a pas qui dépassent huit
ans, huit, neuf ans, les plus vieux qui vont là. Les autres, en partie, il y a
de l'agriculture beaucoup, ils restent avec leurs parents sur la ferme,
en partie. Mais, pour nous autres, ça serait facile à intégrer, les quatre ans,
avec le groupe, là, du camp d'été.
• (19 h 50) •
M. Roberge : Je vous
remercie de faire des témoignages.
J'avais effectivement entendu parler
de votre expérience innovante. Je
peux vous dire que... On dit : Le minimum pour ouvrir une maternelle
quatre ans, c'est six enfants, en ce moment.
Ceci dit, j'en parlais avec la sous-ministre adjointe cet après-midi, on est
bien ouverts parfois à ce qu'il peut y avoir un programme cycle, parce qu'on est en train de crée un cycle du
préscolaire, puis qu'il peut y avoir une mixité entre des enfants de quatre ans et cinq ans. Puis on
comprend bien qu'en région éloignée il faut être innovants puis on ne peut
pas imposer le cadre qu'on peut retrouver au
centre-ville de Montréal à la région éloignée. Il faut être plus flexible que
ça. Puis je pense que vous êtes une belle démonstration que, dans le
fond, l'important, c'est de donner une chance à nos jeunes de développer leur
plein potentiel. Puis parfois, s'il faut tordre un peu le cadre national pour y
arriver sans baisser les exigences, on comprend bien ça.
Ceci dit, je vais laisser la parole à mon
collègue de Beauce-Sud, qui voulait continuer la discussion avec vous.
Le Président (M. Polo) : M. le
député.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. Très content de vous retrouver, la Fédération québécoise des municipalités. On a souvent la chance d'échanger
et de discuter sur l'avenir des régions. Vous m'avez donné des frissons
à quelques reprises quand vous avez parlé de
vitalité, d'occupation du territoire, de l'établissement également de gens
qui proviennent des grands centres et qui
viennent s'établir dans les régions du Québec. Alors, Dieu sait que ça doit
être une volonté, au-delà de la politique, de faire en sorte d'avoir une
vitalité pour nos régions.
D'ailleurs,
au Secrétariat à la jeunesse, on travaille un beau projet, présentement, avec
la Fédération québécoise des municipalités
pour créer une aile jeunesse de la FQM afin que les jeunes élus des municipalités
du Québec puissent avoir un forum
pour discuter et échanger ensemble. Il y a déjà la Commission des jeunes élus
de l'UMQ, mais, pour moi, il était fondamental
que la FQM puisse se doter... Alors, le Secrétariat à la jeunesse va vous
appuyer financièrement à ce niveau-là. Donc, ça, j'en suis très fier,
très heureux, surtout que nos élus municipaux sont les yeux et les oreilles de
nos citoyens.
Tout à
l'heure, vous parliez, à juste titre, de l'avenir de nos écoles de village. Je
ne le dis pas de façon péjorative, là. Je
me suis battu à plusieurs reprises, entre autres lorsque j'étais à la radio,
pour faire en sorte que nos plus petites écoles puissent demeurer
ouvertes. Et par moments je pense que, si on avait pu avoir une prématernelle
quatre ans, ça aurait certainement aidé ou
collaboré à cet avenir, parce qu'on sait que nos écoles, ce sont le coeur de
nos municipalités. C'est un endroit qui nous rassemble, qui également
sert de centre communautaire, très souvent, dans nos localités. Donc, il faut rappeler, à juste titre, au ministère de
l'Éducation, mais également à nos commissions scolaires, l'importance de nos
écoles dans nos plus petites municipalités.
Et je me souviens de quelques années, de certaines vagues dans des régions du
Québec, où on allait pratiquement chercher
les élèves d'un village à l'autre afin de s'assurer qu'ils puissent s'inscrire pour que nos écoles
puissent demeurer ouvertes.
J'aimerais
vous entendre sur une façon un peu plus globale de la ruralité, mais de
l'importance des services. Vous savez, comme gouvernement, on déploie
actuellement un plan pour l'Internet haute vitesse, pour éventuellement, bien entendu, la couverture cellulaire. On se bat pour
offrir des services, également, qui sont très importants dans nos
régions.
Alors, le
fait de déployer la prématernelle quatre ans au-delà d'un code postal, au-delà
de milieux défavorisés ou pas, parce
que les gens qui sont en milieu
défavorisé peuvent se retrouver à la fois dans un centre urbain ou encore dans
une région du Québec, est-ce que
ce serait un peu contraire à une occupation du territoire, à une vitalité du
territoire, à une égalité des chances
sur le fait que l'on demeure en région ou non, en ruralité ou non, de choisir en fonction seulement, par exemple, d'un milieu défavorisé ou non pour
déployer la prématernelle quatre ans?
M. Bernier (Larry) :
...si on offrait seulement... si on continuait comme on est là présentement, en
termes de maternelle quatre ans.
M. Poulin : Bien, la volonté de
notre gouvernement...
M. Bernier (Larry) :
C'est de l'étendre à tous.
M. Poulin : ...c'est de faire en sorte qu'elle ne soit pas
seulement en milieu défavorisé, malgré qu'on croit que c'est fondamental de le déployer dans ces endroits-là.
Mais donc, ma question : Ne serait-il pas contraire à une égalité des
chances, à un respect des régions, au fait que peu importe, les gens, où ils
demeurent, de faire un choix lors de son déploiement?
M. Bernier (Larry) : Nous, dans notre document,
d'ailleurs, on l'a dit, on pense que c'est un plus d'offrir la maternelle
quatre ans à tous les citoyens, même ceux qui ne sont pas en milieu défavorisé.
Mme Drolet
(Maryse) : Et, peut-être en
complément, c'est ça aussi, on le dit, c'est ce qu'on applaudit aussi,
le fait qu'on n'identifie pas de secteur ni
de zone, mais que l'ensemble des enfants pourront avoir accès si c'est le choix
du parent. Puis
ça, c'est ce qu'on souligne et qu'on apprécie, là, ce n'est pas une imposition,
mais c'est un choix. Une famille peut aussi
choisir de maintenir son enfant dans les réseaux de garde à la petite enfance
aussi jusqu'à quatre ans et entrer à la maternelle cinq ans. Alors, c'est effectivement des choix intéressants
et, dans le milieu rural, c'était surtout ce qu'on voulait exposer
aujourd'hui, amener cette nuance, parce que le Québec est multiple et avec des
réalités territoriales très variées.
Et vous avez
vu, il y a tellement de belle énergie qui se déploie, des élus impliqués qui
font preuve d'imagination et
d'innovation pour maintenir les services dans leur village. Alors,
M. Pigeon, avec un programme multisports, robotique pour une école
de 20 élèves, c'est formidable, là. On ne peut pas... Alors, il y en a
plein, de choses comme ça.
Alors, il
faut aider à faire émerger ce genre de projet. Vous parlez de vitalité,
d'occupation du territoire, c'est ce qui est présent partout. Et le premier frein est souvent réglementaire. On
ne peut pas... On a de la difficulté souvent à travailler avec le réseau scolaire, là, il y a tel frein.
M. Pigeon vit différentes... bon. Alors, les ministères régionaux, MAMOT,
pour ne pas le nommer, ou d'autres
ministères, Éducation, disent : Ah! mais c'est limite, vous avez... on ne
peut pas vraiment, on ne peut pas vraiment.
Alors, à chaque fois, quand on arrive avec une
idée, on veut faire bouger les choses pour mieux répondre à nos familles, c'est
ce genre de frein qu'il faut enlever pour, justement, mieux répondre à la
population.
M. Poulin :
Et je ferais un lien, il faut vraiment être dans les régions pour bien le
saisir. Moi, j'ai beaucoup d'amis qui
sont des enseignants, des enseignantes et qui souhaitaient pratiquer dans leur
municipalité, donc qui souhaitaient avoir une classe pour eux. Bien entendu, on passe par le fameux principe de la
liste d'attente de la commission scolaire, etc., puis on le sait quelques semaines avant où on s'en va. Et
très régulièrement des amis disaient : Moi, j'aurais aimé pouvoir
enseigner dans mon village, dans l'école où
j'étais, où je demeurais, mais il n'y avait pas de classe d'ouverte, il n'y
avait pas de classe de disponible.
Alors, ce que ça fait, ces enseignants-là se retrouvent dans des grands centres
et ne reviennent pas en région par la suite, donc quittent.
Donc, vous
avez parlé tout à l'heure des familles qui viennent s'établir à des endroits où
il y a des services, mais ça amène
aussi un exode de nos jeunes, de nos jeunes professionnels lorsque ces
services-là ne se retrouvent pas dans les régions du Québec. Donc, il y a aussi ce volet-là qui est
hyperimportant, de ramener nos jeunes, mais de s'assurer, par exemple,
dans le milieu de l'enseignement, qu'il puisse y avoir des classes où nos
enseignants peuvent aller, donc retenir nos jeunes professionnels également.
Tout ça
m'amène à l'enjeu également de la formation de nos enseignants en région et nos
cohortes d'enseignants. On vient d'en
partir une, là, en Beauce, de 28 enseignants. Ça fait des années qu'on n'a
pas réussi à partir ça. Bien, ça, ce sont des étudiants qui vont devenir
des enseignants qui vont enseigner dans les régions du Québec et qui peut-être enseigneront la prématernelle quatre ans, puisqu'il
y aura des classes d'ouvertes partout au Québec. Donc, c'est cet
écosystème-là qu'on réussit à créer.
Et en même
temps, dites-moi, est-ce qu'il y a, selon vous, un souhait, auprès de vos élus
locaux, de continuer à avoir ce
dialogue-là avec le réseau scolaire de façon continue et intégrée, entre autres
sur l'ouverture de ces classes-là?
Le Président (M. Polo) : Il
reste 38 secondes.
• (20 heures) •
M. Bernier
(Larry) : ...il y a une
volonté de tous les maires et les conseillers municipaux de travailler
conjointement avec les commissions scolaires
pour développer l'enseignement, les écoles dans les petites municipalités. Il y
a une statistique qui est sortie déjà
qu'il y a 150 municipalités au Québec qui sont en train de perdre leur école ou
qui sont sur le bord de la perdre,
là. Alors donc, on ne peut pas développer... Le territoire... Le développement
du Québec, c'est Montréal, oui, c'est Québec,
oui, mais c'est aussi les régions. Tu sais, les richesses naturelles sont dans
les régions. C'est là qu'il faut développer.
Le
Président (M. Polo) : Merci. Merci beaucoup, M. Bernier.
Merci, M. le député. Nous allons maintenant poursuivre pour une période
de 10 min 40 s avec l'opposition officielle. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Vous avez... C'est beau, ce que vous venez de dire, parce qu'effectivement, pour nous, au Parti libéral, il
est vrai que Montréal, c'est le poumon économique, mais il respire l'air
des régions, et nous en sommes bien conscients.
J'aimerais
revenir avec vous... Vous m'avez fait sourire tantôt parce que vous avez parlé
d'un cas concret pour votre école, que vous avez aussi des parents qui
font l'école à la maison qui se sont investis dans votre école pour, justement,
s'assurer que votre village conserve leur
école. Et aujourd'hui, derrière vous, vous avez une trentaine de parents et
d'enfants qui font la liberté éducative et qui tentent toujours d'avoir une
rencontre avec le ministre de l'Éducation. Et je suis persuadée qu'avec un peu de bonne volonté on est capables de coordonner
une rencontre parce que c'est important — tantôt, vous l'avez
dit — que
les gens se parlent.
Et ce matin
on avait la doyenne de l'UQAM qui disait que les enfants regardent ce que les
grands font. Et je vois qu'il y a plusieurs enfants en arrière. Et pour
moi, c'est très malheureux de choisir un moyen comme, par exemple, les maternelles quatre ans et d'aller de l'avant sans
nécessairement avoir un plan. Et je pense que c'est très, très important,
en ce moment, pour nous, d'avoir un plan.
Et, quand je vous entends parler de votre école qui est nécessaire pour
maintenir la vitalité de votre village, ça nous rejoint.
Et j'aimerais
juste revenir sur une déclaration du député de Nicolet-Bécancour, du député de
la CAQ, qui demande, au fond, au
ministre de l'Éducation de maintenir et de sauver une école qui est située à
Saint-Sylvère. C'est une école qui, en
ce moment, là, va... elle ne sera pas reconstruite, qui a environ 40 enfants.
C'est une école spécialisée, avec des classes adaptées. Pour un village,
là, l'école, c'est nécessaire, sinon, les jeunes familles vont quitter,
n'est-ce pas?
M. Bernier (Larry) : Le cas de Saint-Sylvère, je le connais un petit
peu par les journaux, là. Je sais que c'est une école spécialisée puis que les enfants vont être déplacés, je crois, à
Saint-Célestin, dans une autre paroisse voisine, mais je ne sais pas s'il y a une autre école dans le
village. Parce que je sais qu'il y avait cette école-là spécialisée, là, mais
je ne savais pas s'il y a d'autres écoles dans ce village-là. Je ne suis
pas au courant tellement de la problématique.
Mais tout le
monde conviendra que des jeunes familles viennent s'établir là où il y a des
services, là où il y a l'école, et
les autres services, là, hein, parce qu'il faut bien comprendre qu'on est tous
allés s'installer là où il y avait de l'emploi. C'est la première chose qu'on a regardée quand on est allés s'installer
à quelque part. Après ça, si on est en couple puis on a des enfants, on regarde s'il y a une école.
Après ça, on regarde s'il y a des services de proximité, épicerie, etc., pour
nos principaux besoins, est-ce qu'il y a des
loisirs, et finalement Internet et cellulaire, puisqu'aujourd'hui ça fait
partie de... une obligation, là. Ce
n'est pas une question de nécessité, c'est une question de développement. C'est
essentiel au développement des communautés. Donc, c'est sûr que l'école,
c'est essentiel.
Mme Rizqy : Mais, nonobstant le
débat sur les maternelles quatre ans, ne croyez-vous pas que chaque village
mérite d'avoir son école?
M. Bernier
(Larry) : Moi, je pense que
oui. Moi, je pense que chaque municipalité doit avoir son école.
D'ailleurs, chez nous, c'est... Je serais...
Je ne peux pas dire le contraire, on a ouvert une école avec deux élèves, hein,
alors on y croyait, hein? Puis ça
nous a permis de scolariser... à date, on est rendus à une douzaine d'élèves,
là, puis ça fonctionne très bien.
Mme Rizqy : Oui, avec l'aide de
parents qui faisaient aussi l'école à la maison, hein?
M. Bernier
(Larry) : Avec l'aide de
parents, etc. Mais il faut comprendre aussi qu'on a défoncé les portes et
on a eu la possibilité d'aller dans le
bureau du premier ministre et du ministre de l'Éducation au bout de sept
ans — bien,
c'était le ministre du Parti libéral, à ce
moment-là — et pour
leur dire qu'on tenait l'école à bout de bras depuis sept ans. Et là ça
a changé toute la donne parce que, depuis ce
temps-là, on a une petite enseignante qui vient... bien, une grande
enseignante, je devrais dire — on dit toujours «une petite enseignante»,
hein, comme on dit «un bon café», alors, c'est comme s'il y avait du mauvais café — alors, bref, donc, une enseignante qui vient
deux jours et demi-semaine nous donner un coup de main, prendre un petit
peu d'air pur, là. Mais soyez assurés que...
Puis en plus
de ça je voulais vous dire que l'enseignement qui est donné là, c'est de la
haute qualité, hein, nos enfants sont
vraiment, là, choyés. D'ailleurs, on les a amenés à l'Assemblée nationale à
chaque année. On fait le tour de toutes
les assemblées, là, de la MRC, de la municipalité, on va à Ottawa puis on les
amène ici pour qu'ils comprennent le système politique, comment ça fonctionne.
Alors, bref, non, c'est essentiel, l'école, c'est sûr.
Mme Rizqy : Bien, permettez-moi de souligner votre passion,
mais aussi votre courage, parce que c'est des gens comme vous qui, justement,
assurent la vitalité de toutes nos régions au Québec.
M. Bernier
(Larry) : Je veux juste
ajouter qu'on n'a pas tellement de mérite parce que c'est de l'égotruisme,
c'est du bénévolat, c'est du plaisir pour soi à faire plaisir aux autres.
Mme Rizqy : Vous avez beaucoup
de mérite. Je reviens au 3 mai dernier, il y a eu une interpellation avec
mon collègue le député de Nelligan,
une interpellation avec la ministre
déléguée au Développement économique régional. La question a été posée à la
ministre déléguée par rapport aux maternelles
quatre ans, et sa réponse, pour
elle... je vais juste vous citer
comme il faut sa réponse : «Je trouve ça vraiment
intéressant, Mme la
Présidente, que le député
de Nelligan aborde la question des maternelles
quatre ans, puisque,
pour moi, les maternelles quatre ans, contrairement
au député de Nelligan, c'est un
vecteur de développement économique des régions, [un] vecteur de développement
économique pour deux raisons.
«Première raison, on [évite] de fermer les
écoles dans les petites communautés», et je saute un paragraphe, et
deuxièmement, ça permet de donner des postes à temps complet aux enseignantes.
Fermeture de la citation.
J'imagine
que, pour vous, ce n'est pas uniquement un vecteur économique de démarrer des
maternelles quatre ans.
M. Bernier
(Larry) : Oui. C'est une
question de vie, vitalité d'un milieu. Alors, si... Bien, partout, c'est... il
me semble que ça m'apparaît d'une évidence,
là, que ça rentre dans les besoins essentiels du développement d'une société.
Et nous, on est comme des microsociétés. Tu
sais, quand je vous dis que, nous, on est 195 résidents permanents, là, on
n'est pas dans les millions, dans les
milles, O.K.? Moi, ma densité de population, c'est 0,19 au kilomètre carré,
alors vous vous imaginez, là.
Donc, c'est
une question d'occupation du territoire, de développement d'une communauté,
développement social, développement
environnemental, développement économique, bien entendu, c'est sûr. Parce qu'il
y a des gens qui sont venus s'installer
chez nous, puis ils travaillent chez nous, ces gens-là, là, donc ça a créé
de... ça a suscité le... développer l'économie. On a parti, en même
temps, un magasin général à bout de bras, ça aussi, mais... Présentement, ce
magasin-là emploie six personnes, mais ces
personnes-là ont des enfants qui viennent à la petite école, voyez-vous? Donc,
c'est la roue qui tourne, en fin de compte.
Mme Rizqy :
Puis, dites-moi... Parce qu'on s'est posé la question par rapport aux
maternelles quatre ans et les CPE, services
de garde en région, plus particulièrement dans les villages, et certains nous
ont dit... Par exemple, prenons Weedon ainsi
que... pardon, je vais chercher une autre plus petite municipalité. Puis là je
ne veux pas non plus... Saint-André-Avellin, L'Isle-aux-Allumettes,
Campbell's Bay, c'est vraiment des plus petits villages, et là il y a eu
des inquiétudes à savoir si, par exemple, un service de garde pourrait fermer parce
que, là, on a vraiment beaucoup, beaucoup moins d'enfants et qu'il
pourrait y avoir un transfert des enfants de
quatre ans qui sont déjà soit en service de garde ou CPE vers les maternelles
quatre ans. Est-ce que vous pensez
que, là-dessus, ils ont une crainte légitime, les services de garde, et que ça
pourrait, à ce moment-là, nuire à l'économie de soit le service de garde
ou du CPE?
M. Pigeon
(Gilbert) : Bien, c'est plus le cas qui peut arriver chez nous, mais
ils peuvent avoir une entente aussi pour, durant l'été, retourner au CPE. Tu sais, je ne sais pas si ça peut se
faire parce que, si tu quittes, tu perds ta place, je pense.
Mme Rizqy :
Mais, s'ils reviennent l'été dans le CPE, l'éducatrice, durant l'année, elle
fait quoi?
M. Pigeon
(Gilbert) : Pardon?
Mme Rizqy :
Parce que si, mettons, vous dites que l'enfant quitte, durant l'année, le CPE,
il peut retourner l'été. Mais durant l'année scolaire, où est-ce que
l'enfant n'est pas dans le CPE, l'éducatrice, elle, elle fait quoi?
M. Pigeon
(Gilbert) : Bien, il y en a d'autres qui vont prendre la place parce
que, nous autres, il y a une liste d'attente. Parce qu'on a plusieurs jeunes familles chez nous, là. On a eu...
c'est-à-dire, on a fait le calcul, là, à l'heure actuelle, de zéro à quatre ans, on a 23 enfants, là. Ça veut dire
que le pire... le creux est plus cette année. C'est pour ça que je
disais : L'année prochaine,
c'est deux phases, garder notre garderie scolaire et maternelle quatre ans
jumelée avec la cinq ans, ça nous permet de garder le nombre d'élèves.
Mais, si on... Les autres années, on va avoir le nombre requis, là, il n'y a
pas de problème.
Mme Rizqy :
Parce que notre objectif, ce n'est pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul
non plus.
M. Pigeon
(Gilbert) : Non, ça, je comprends.
• (20 h 10) •
Mme Rizqy :
Et les garderies ont aussi un minimum de taux d'occupation à avoir, sinon ils
ne pourront pas non plus exister. Alors, là-dessus, c'était là une
préoccupation qu'on a.
Parce que j'entends
votre message, là, il est très clair. Vous, l'école est nécessaire pour la
vitalité du village. Et... pour ça que je
vous ai demandé : Est-ce qu'on peut, nonobstant le débat des maternelles
quatre ans, d'avoir un engagement du
gouvernement de préserver les écoles dans vos villages, mais ne pas... au
niveau... d'un point de vue économique, avoir cette question-là par
rapport aux quatre ans? Parce que les quatre ans... nonobstant du point de vue économique,
c'est d'abord et avant tout le service aux élèves.
Nous,
notre seule préoccupation, c'est le bien-être de l'enfant, et, là-dessus,
je pense qu'on est capables d'avoir des investissements importants pour s'assurer d'avoir des écoles dans chacun des villages,
mais, d'autre part, ne pas déshabiller Pierre
pour habiller Paul, transférer un enfant d'un CPE ou d'un service de garde, qui, lui aussi, a besoin d'un taux minimum d'occupation, pour le mettre dans une école et
que, par la suite, c'est le service de garde ou le CPE qui
ferme parce que, là, encore
là, au niveau économique, ça ne tiendra pas la route.
Mme Drolet
(Maryse) : Si vous me permettez, effectivement, c'est une de
nos recommandations de faire une analyse
d'impact. On ne veut pas, effectivement, fragiliser l'autre réseau, auquel on tient
aussi. Alors, je pense qu'on est aussi
dans une analyse plus fine du cas par cas, et c'est là qu'on demande plus de
souplesse, plus d'adaptation. Il faut qu'on s'assure que l'ensemble des deux réseaux répond aux besoins des parents,
ça, c'est sûr. On tient autant aux deux réseaux, sans aucun doute.
M. Bernier (Larry) : Puis probablement que, comme elle parlait, il va y avoir des cas
particuliers, là. Tu sais, quand on
sort une norme, on sort une norme pour la moyenne, mais ça n'existe pas, la
moyenne, au Québec. La moyenne, c'est une notion abstraite, ça. Ce qui arrive, c'est qu'il y a peut-être
des situations où il va falloir amener des modulations
dans la norme. Mais moi, je le dis à chaque fois, que ce soit à n'importe quel ministère
ou à Hydro-Québec, il faut moduler, il faut s'adapter.
Le Président
(M. Polo) : Merci beaucoup, M. Bernier. Nous allons maintenant
poursuivre avec la députée de Sherbrooke, deuxième opposition.
Mme Labrie : Merci. D'abord, j'aimerais saluer la créativité dont vous avez
fait preuve pour sauver l'école de votre
village. Je pense que c'est admirable puis j'espère que ça va inspirer d'autres
municipalités qui se battent, en ce moment, pour la préservation de leur école. J'entends vraiment
vos revendications pour qu'on puisse jumeler les groupes de quatre et
cinq ans pour favoriser l'ouverture des classes. Je le prends en note.
On
a beaucoup discuté que, pour la vitalité des régions, ça
prend des services de proximité. Puis on sait que, dans le cadre du projet de maternelle quatre ans, un des objectifs,
c'est de pouvoir offrir des services aux élèves qui ont des besoins particuliers, notamment. J'aimerais ça vous
entendre sur l'accès à ces services professionnels là dans les régions.
Comment ça se passe en ce moment? Il doit déjà y
en avoir, des élèves qui ont des besoins particuliers. Est-ce que
l'accès aux services est au rendez-vous? Est-ce que c'est un enjeu pour
la vitalité de vos régions pour retenir ces familles-là?
M. Bernier (Larry) :
Bien, chez nous, comme on a une entente avec la commission scolaire... parce
que nos enfants, présentement, là, depuis
quatre ans, sont inscrits à une école de La Tuque, mais ils sont scolarisés
chez nous. Donc, on
bénéficie des services qui existent à la commission scolaire de l'Énergie via
l'école de La Tuque. D'ailleurs, on a une bonne entente avec eux. Parce
qu'une problématique qu'on a chez nous, c'est la problématique de la socialisation
des enfants. Quand tu as une école de
trois enfants, si tu ne veux pas qu'ils aient l'air fou quand ils vont arriver
dans la grande école, il faut les
socialiser. Donc, l'entente qu'on a prise avec eux, c'est qu'une fois par
semaine on va aller à l'école de La Tuque dans une classe d'éducation physique, c'est
plus facile de les intégrer. Et là ils se font des amis ou des ennemis, peu importe, ce qui fait que, quand ils
entrent au secondaire, bien, ils ont déjà leur gang, tu sais, ils les connaissent déjà.
Donc, il se sont très bien intégrés, puis ça va très bien
de ce côté-là. Et, s'il y a des difficultés, bien, c'est les gens qui offrent des services
soit en orthopédagogie ou autres, là, de la commission scolaire, qui vont
s'occuper de nos enfants.
Mme Labrie : Ils se déplacent
dans votre municipalité?
M. Bernier
(Larry) : Oui, ils viennent
soit dans la municipalité ou... par
exemple, pour les soins dentaires et
aussi avec le CIUSSS, là, ils viennent chez
nous, à la municipalité. Non, parce
que nous autres, on est vraiment
choyés, là. Nous, on a un médecin qui
vient une fois par mois chez nous, l'attente est de cinq minutes. Moi, ça me
frustre d'attendre cinq minutes avant
d'entrer dans le bureau du médecin. J'étais dans un milieu urbain autrefois
puis je sais ce que c'est. Maintenant, nous autres, on est comme au paradis, là,
c'est incroyable.
Mme Labrie : Vraiment un
privilège que vous avez là, quand même. Donc, ce n'est pas...
M. Bernier (Larry) :
Bien, on est seulement que sept élus, hein? Il y a beaucoup d'appelés, mais peu
d'élus.
Mme Labrie : O.K. Bien, je vous
remercie. Je vous remercie pour la réponse à mes questions.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Sherbrooke. Mme la députée de Joliette pour
2 min 40 s
Mme Hivon : Oui, merci
beaucoup. Merci de votre présentation. Donc, je comprends que vous avez vraiment pris une perspective de plus petite municipalité, alors
je veux poursuivre là-dessus, je veux bien comprendre. Est-ce que tantôt vous avez dit que vous avez déjà,
donc, dans vos petites municipalités, des maternelles quatre ans dans
vos écoles? Non, aucune.
M. Bernier (Larry) :
Chez nous, oui. Nous autres, depuis 2008.
Mme Hivon : Oui.
Vous accueillez les enfants de quatre ans...
M. Bernier (Larry) :
Oui. On a commencé en 2008 avec deux élèves de maternelle quatre ans.
Mme Hivon : C'est
ça. Parce que vous avez comme une
entente particulière et vous êtes vraiment multiâges et multiniveaux dans un seul
endroit.
M. Bernier
(Larry) : Oui, mais, c'est-à-dire, on n'a pas eu à prendre d'entente avec qui que ce soit, nous
étions école à la maison, mais dans une
école. Parce qu'il faut comprendre que la municipalité est déjà propriétaire de l'ancienne école de village, là, trois étages, gymnase et tout. On est
propriétaires de ça depuis longtemps. Et on a offert une classe
gratuitement aux parents. On a acheté des jeux extérieurs, là, avec
un parc rural, puis pour faire un parc-école. Et les enseignants,
bien, c'est des citoyens ou des parents
bénévoles qui viennent enseigner et mon épouse, qui est une enseignante
d'expérience qui gère toute l'histoire.
Donc, les
maternelles quatre ans, on a commencé comme ça, nous autres, avec des
maternelles quatre ans. Puis au fur et à mesure que les enfants
rentrent, bien, ils rentraient en maternelle quatre ans, puis ensuite ils
faisaient la maternelle cinq ans, puis
ensuite ils rentraient en première année ou ils faisaient, des fois, du...
première, deuxième aussi, hein, parce que j'ai dit tantôt qu'on en avait trois qui étaient en promotion accélérée,
là. Alors, bref, ils ont sauté des ans. Ça fait que ça a fonctionné comme ça.
Mme Hivon :
Parfait. O.K. Puis tantôt... bien, c'est ça, vos recommandations 3 et 4
font écho, je pense, à la préoccupation que plusieurs
ont de la cohabitation, un peu, des deux réseaux. Puis j'imagine que c'est très
présent, comme vous l'avez bien
exprimé, là, dans les plus petits milieux aussi, parce qu'on veut préserver
l'école, mais on veut aussi avoir des
services de garde pour les enfants de zéro à quatre ans. Parce que, j'imagine,
chez vous, ils sont incroyables, ça
fait que peut-être qu'ils pourraient rentrer à deux ans. Mais vous n'êtes pas
encore rendus là, hein, j'imagine?
Donc, je
voulais juste savoir si, jusqu'à ce jour, vous avez été, les municipalités,
mises dans le coup, impliquées pour essayer
de voir comment, dans vos milieux, on pourrait essayer de s'assurer de cet
arrimage-là, de cette cohabitation entre services de garde à la petite
enfance et maternelles quatre ans.
Mme Drolet (Maryse) : Bien, je vous dirais qu'on a essayé, depuis des
années, d'expérimenter des projets pilotes, d'essayer d'autre chose pour, justement, faire du jumelage, travailler
ensemble, les différents réseaux. C'est très difficile, c'est très difficile. C'est pour ça qu'on a voulu
utiliser cette belle porte pour ramener cet enjeu, au-delà de la maternelle quatre ans, des freins réglementaires qui nous
empêchent, chacun dans nos juridictions municipales, scolaires, petite
enfance... La loi, quand on n'est pas
le service de garde scolaire géré par la Loi sur l'instruction publique,
on tombe sur l'autre loi, la famille, et
les règlements ne sont pas arrimés. Donc, il y a beaucoup,
beaucoup de freins. Et on est prêts... on lève la main
depuis des années à faire partie d'un comité de travail pour pouvoir faire
évoluer les choses.
Le
Président (M. Polo) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme Drolet. Alors, ceci termine le temps
alloué, là, pour la Fédération québécoise des municipalités.
Nous allons prendre
une pause pour permettre à l'autre groupe de poursuivre. Merci.
(Suspension de la séance à
20 h 18)
(Reprise à 20 h 22)
Le Président
(M. Polo) : À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous reprenons nos travaux.
Je souhaite la
bienvenue aux représentants de l'Union des municipalités du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, puis nous procéderons à une période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi que
les personnes qui vous accompagnent, à procéder à votre exposé. La
parole est à vous.
Union des municipalités du
Québec (UMQ)
M. Côté
(Daniel) : Merci, M. le Président. Bonsoir, M. le ministre, Mmes et
MM. les députés. Je me présente, Daniel
Côté, je suis maire de Gaspé et premier vice-président de l'Union des municipalités du Québec. Je suis accompagné aujourd'hui de deux de mes collègues : à ma gauche, Mme la mairesse de
Brossard, présidente du Carrefour action municipale et familles, Mme Doreen Assaad, et, à ma
droite, M. le maire de Thurso et président de la Commission
de la culture, des loisirs et de la
vie communautaire de l'UMQ, M. Benoit Lauzon. Complète
notre groupe ce soir Mme Sylvie Pigeon, qui est conseillère aux politiques de l'UMQ, donc un peu l'artisane de tout ce bel argumentaire-là qu'on va vous livrer ce
soir. Donc, tour à tour, nous prendrons la parole pour vous faire part de nos
commentaires sur le projet de loi n° 5.
Donc,
d'entrée de jeu, au bénéfice des parlementaires, j'aimerais d'abord débuter en
présentant qui nous sommes, l'Union
des municipalités du Québec. Bien, l'UMQ, c'est une organisation centenaire.
Nous sommes le porte-parole des gouvernements
de proximité. Nous représentons les municipalités de toutes les tailles, dans
toutes les régions du Québec. On
regroupe par celles-ci pas moins de 85 % de la population québécoise et du
territoire du Québec, ainsi que 95 % de l'ensemble des budgets
municipaux au Québec.
Donc, nous vous
remercions pour l'invitation aujourd'hui en commission, et nous y voyons une
ouverture non seulement en faveur d'une
bonification du projet de loi n° 5, mais aussi une compréhension de l'expertise
municipale. Et justement l'UMQ n'a
pas l'expertise nécessaire pour juger du bien-fondé d'offrir la maternelle aux
enfants de quatre ans ou pas, c'est
une décision qui revient au gouvernement du Québec et que nous respectons.
Cependant, notre devoir, c'est d'attirer
votre attention et l'attention du législateur sur ce qui demeure dans l'angle
mort, présentement, du projet de loi. Dit simplement, on se pose la question : Où iront ces enfants-là lors
de la période estivale, alors que, contrairement à quand ils sont en CPE
ou en garderie, bien, le milieu scolaire ne prend pas en charge les écoliers
durant les vacances estivales?
On
le sait, c'est les camps de jour municipaux qui vont devoir sans doute pallier
à ce manque et accueillir une toute nouvelle
clientèle. Et les municipalités, oui, sont prêtes à faire partie de la
solution, mais pour autant que le gouvernement assume également ses
responsabilités à cet égard. Et je cède la parole à M. Lauzon pour la
suite.
Le Président
(M. Polo) : Présentez-vous, s'il vous plaît, oui.
M. Lauzon (Benoit) : Dès la présentation à l'Assemblée nationale du
projet de loi n° 5, l'UMQ s'est mise au travail. Notre Commission de la culture, des loisirs et de
la vie communautaire a débuté une réflexion et a fait le constat
suivant : une fois le projet de loi adopté et les premières classes de maternelle ouvertes,
les enfants de quatre ans qui auront complété leur première année scolaire en juin 2020 n'auront plus
accès aux services de garde auxquels ils avaient le droit auparavant dans les CPE ou les garderies. C'est plutôt logique, l'école est fermée
l'été, aucun service de garde n'est offert. Le seul service qui pourrait donc être disponible pour ces enfants et
pour les parents qui seront bien mal pris dans cette situation
est le camp de jour municipal. Or,
les camps de jour ne sont pas adaptés pour accueillir des enfants de quatre
ans, que l'on pense aux choses aussi
simples que les toilettes, les lavabos ou les fontaines d'eau. En pleine pénurie de main-d'oeuvre, le recrutement du personnel d'animation est
aussi de plus en plus difficile. Les salaires dans les camps de jour
rendent aussi peu attractif un domaine en directe compétition avec les
autres emplois disponibles en tourisme ou en restauration.
Il
est important aussi de rappeler, les municipalités n'ont pas l'obligation légale d'offrir le service de camps de
jour, et ce ne sont pas toutes les municipalités qui offrent ce service, actuellement. Si elles choisissent de le faire, c'est parce que cela
répond à un besoin des concitoyennes et concitoyens de leur communauté. Ensuite, les attentes des parents sont de
plus en plus élevées envers les camps de jour. Les défis à relever sont nombreux.
Les services de loisirs, qui étaient au départ un camp de jour, se transforment de plus en plus en un service de garde jugé essentiel pour des parents qui n'ont pas
d'autre alternative durant l'été. Mme Assaad.
Mme Assaad
(Doreen) : Bonsoir. Doreen
Assaad, mairesse de Brossard et présidente
du Carrefour action municipale familles.
Comme a été
mentionné par mon confrère M. Lauzon, les villes n'ont pas l'obligation
d'offrir le service des camps de
jour. C'est un choix qu'ils font, et plusieurs embarquent pour cette offre de
services à la population. Et, dans le cas où c'est offert, une municipalité ne peut pas exclure d'un camp de jour
régulier les enfants qui présentent des besoins particuliers, c'est une
réalité. Les municipalités font face à des défis importants :
l'intégration des enfants ayant des troubles de comportement, ayant des difficultés ou des retards d'apprentissage, ou
des handicaps physiques ou intellectuels. Cependant, ces derniers ne
peuvent compter sur les mêmes ressources que ceux offerts dans le réseau public
d'éducation.
L'UMQ et le Carrefour action municipale familles
comprennent tout à fait que les municipalités ne peuvent discriminer des enfants à besoins particuliers et
qu'il est nécessaire d'offrir le même service à tous les enfants. Par
contre, il faut se rappeler que les
municipalités offrent, à la base, un service de loisirs. Elles n'ont pas des
spécialistes de l'enfance dans leur
personnel sur lequel elles pourront compter pour bien évaluer les besoins de
ces enfants. C'est souvent des étudiants qu'on embauche. Dans certains cas, nos jeunes animateurs doivent
prodiguer des soins particuliers et sensibles auprès des enfants, comme de changer des couches — c'est une possibilité, une réalité — ou même procéder à du gavage auprès
des enfants qui ne sont pas capables de s'alimenter seuls. Cela exige aussi
parfois des ratios d'un accompagnateur pour un enfant. Les municipalités
doivent même prévoir un budget spécifique à ce sujet.
Et c'est pourquoi nous demandons au gouvernement
de nous aider à mieux accompagner les enfants à besoins particuliers pour alléger la pression déjà très lourde sur les jeunes
animatrices et animateurs. Et d'ailleurs un autre volet que nous souhaitons porter à votre attention, c'est
l'intégration, qu'elle soit faite de façon graduelle pour assurer un succès.
Si le gouvernement décidait d'accélérer la
démarche, la situation pourrait être bien différente pour nous. Je passe
maintenant la parole à mon confrère M. Lauzon.
• (20 h 30) •
M. Lauzon
(Benoit) : L'UMQ a réalisé
une évaluation des coûts de fonctionnement des camps de jour municipaux.
La conclusion est claire : le
gouvernement du Québec doit assurer ses responsabilités. La majorité des
municipalités ont des coûts d'inscription
pour leurs services de camp de jour qui ne couvrent pas la totalité des frais
de fonctionnement. En fait, en
moyenne, 50 % des frais de fonctionnement sont payés par les coûts
d'inscription. Ce manque à gagner est donc absorbé par les budgets municipaux qui, rappelons-le,
reposent à plus de 70 % sur la taxe foncière. Une place en camp de jour
coûte en moyenne 479 $ par mois, une place en CPE, 1 000 $ par
mois, une place à l'école, 1 200 $. C'est pourquoi nous jugeons
raisonnable de demander au gouvernement d'être au rendez-vous et de mieux
financer les camps de jour des municipalités.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Mis à part le Programme de soutien à des
projets de garde pendant la relâche scolaire
ou la période estivale, qui n'est qu'une aide unique, ponctuelle d'un maximum
de 15 000 $, aucune politique ou aucun programme de Québec ne vient en solution aux municipalités. Et
15 000 $, on peut s'entendre que, pour une ville dont le budget d'un camp de jour peut dépasser
1 million de dollars, c'est des pinottes. Bref, si les municipalités décident d'élargir les camps de jour aux enfants de quatre ans, l'UMQ estime que
cela coûterait au minimum 26 millions
de dollars par année. Nous demandons au gouvernement du Québec de faire
sa part.
Mme Assaad
(Doreen) : Juste un dernier
ajout de ma part. L'UMQ comprend la volonté gouvernementale
d'offrir la maternelle quatre ans. Ceci dit, beaucoup de questions subsistent,
et la plus importante est la suivante, à nos yeux : Est-il souhaitable que
les enfants de quatre ans aient accès aux camps de jour — et,
si la réponse est oui — alors
qu'il appartient aux municipalités
d'en prendre charge l'entièreté du service? Et, pour nous, à cette question,
la réponse est non.
Le Président (M. Polo) : En
conclusion.
M. Côté
(Daniel) : En conclusion, et
ce sera très court, les municipalités qui souhaiteraient élargir l'offre de
leurs camps de jour doivent pouvoir compter
sur le concours, oui, du gouvernement
du Québec. C'est pourquoi nous
souhaitons que les recommandations faites ici, en commission, soient retenues. Et c'est pourquoi nous fondons beaucoup
d'espoirs dans le groupe de travail aussi que le ministre de la
Famille a accepté de former avec
l'UMQ pour apporter une solution globale et permanente aux défis que
posent les maternelles quatre ans pour les municipalités.
Donc, nous vous remercions. Nous sommes prêts à
répondre à vos questions maintenant.
Le
Président (M. Polo) : Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M.
le ministre, la parole est à vous pour 12 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation, c'est bien apprécié.
Vous avez
conclu en parlant du comité qui a été formé par mon collègue le ministre de la Famille, le ministre Lacombe, qui a accepté de former un groupe de travail en partenariat avec vous, le
Carrefour action municipale familles et l'Association québécoise du loisir municipal. Donc, c'est assez
clair qu'on est déjà au travail. Et puis, évidemment, quand vous
rencontrez le ministre de la Famille, vous
rencontrez tout le gouvernement, mais certainement que je m'inviterai à un
moment donné à une séance pour voir où est-ce qu'on s'en va et pour
travailler avec vous là-dedans.
Cependant,
j'ai quelques questions pour bien comprendre les embûches, les enjeux que vous
rencontrez ou que les membres
rencontrent puis voir aussi vos estimations. Page 9 de votre mémoire, avec le
chiffre de 2017, vous dites : «En 2017,
on comptait — grosso
modo — [91 000]
enfants de quatre ans. Si on calcule que le tiers de ces enfants [...]
pourraient fréquenter un camp de jour, soit la même proportion que pour le
groupe des 6 à 14 ans[...], l'UMQ estime qu'il en coûterait [...] 26 millions [...] pour offrir [le] service», donc,
ce que ça coûterait à l'UMQ. Puis vous dites : Bien, ça prendrait une contribution du
gouvernement, c'est ce que je comprends, bien qu'à ce stade-ci je ne pense pas
que vous en receviez pour les 6-14
ans. Est-ce que c'est bien ça? Vous n'en recevez pas, en ce moment, pour les
camps de jour pour les 6-14 ans?
M. Côté
(Daniel) : En effet, on ne reçoit présentement aucune aide de l'État
pour les 6-14 ans. Par contre, ce qu'on se dit, c'est qu'à partir du moment où on ajoute des nouvelles
responsabilités dans la cour des municipalités et à partir du moment où
on ne partage pas l'assiette fiscale de façon plus équitable de façon globale,
bien, à ce moment-là, ce serait normal qu'il y ait un transfert financier pour
combler ce nouvel écart qu'on vient créer dans l'assiette fiscale entre le
gouvernement du Québec et les municipalités.
M. Roberge :
O.K., je comprends votre demande. Cependant, je pense que le chiffre est un peu
élevé, parce que je comprends que les
26 millions de dollars, ce serait si la même proportion de jeunes, ça veut
dire si le tiers des enfants de quatre
ans, comme le tiers des autres enfants, fréquentaient vos services de camps de
jour. Alors là, on parle du tiers de 100 %
des autres enfants, tandis que, là, ce serait le tiers de 50 % des enfants
de quatre ans, parce que vos estimations, c'est que ce n'est pas 100 % des enfants de quatre ans qui vont y aller.
Donc, le tiers de 100 %, c'est la moitié. À tout le moins, on vient de couper le chiffre en deux juste en le
regardant de cette manière-là. Je pense, c'est important de le mentionner
parce que parfois on répète un chiffre, une
fois, deux fois, qui a été énoncé de bonne volonté, puis, woups! ça devient une
vérité, puis là les gens nous demandent où
est-ce qu'on s'en va avec ce chiffre-là. Alors, sous toutes réserves, je pense
que ce serait plus pertinent
d'énoncer le chiffre de 13 millions à ce moment-ci, sans dire que c'est le
chiffre... c'est ça que ça coûterait, mais, à tout le moins, pour ramener
selon les proportions qui sont en cohérence avec l'objectif de déploiement.
Ensuite, je
comprends qu'il y a déjà des municipalités qui offrent des services pour les
tout-petits, parce que la maternelle
quatre ans, on veut la déployer. On
veut poursuivre ce que les deux précédents gouvernements ont fait,
mais on n'est pas l'initiateur de
déploiement de la maternelle quatre
ans, on prend le relais. Il y a déjà
presque 400 classes. J'aimerais savoir, en ce moment, est-ce que ça
se vit, selon vous, chez vos membres. Est-ce que c'est arrivé que des municipalités
prennent en charge ces enfants-là et offrent
aux parents des camps de jour pour nos petits qui ont entre quatre et cinq
ans? Ça veut dire qu'il y en a qui ont cinq
ans, d'ailleurs, hein, parce qu'ils vont avoir cinq ans à quelque part. Mais,
pour les petits, en réalité, qui sont
entre maternelle quatre ans et maternelle
cinq ans, est-ce que vous savez
combien de municipalités offrent des camps de jour et comment ça se
passe?
M. Lauzon
(Benoit) : Oui, et ça, M. le ministre, il y en a qui vont avoir cinq ans, mais habituellement, quand
ils arrivent dans nos camps de jour, ils ont
six ans, les enfants. Je n'ai pas le nombre de municipalités au Québec, présentement, là, avec l'implantation des maternelles quatre ans qu'il y a eu, combien de municipalités
offrent, au niveau de leurs camps de jour, ce service-là.
Moi, je peux
parler de chez nous. On a une maternelle
quatre ans dans la ville de Thurso.
On a accepté... Quand c'est arrivé,
on a fait un projet pilote sur trois ans pour bien évaluer les coûts, de
comment... quel genre de services on peut donner à ces enfants-là. Je peux vous dire, on va être dans notre troisième
année, ça a été extrêmement difficile. On a été obligés d'engager des
professeurs de maternelle de l'école pour venir à bout d'y arriver, c'est des
jeunes moniteurs de 16 ans. L'intégration
de l'enfant de quatre ans, quand il est sorti de l'école pour rentrer dans
notre camp de jour, ça a été un mur que cet enfant-là a frappé. On a été obligés d'aller chercher des
professeurs pour faire l'intégration à l'intérieur de nos camps de jour. C'est extrêmement difficile.
L'enfant n'a pas nécessairement la maturité d'arriver dans un endroit inconnu,
dans un parc municipal où il y a 200 enfants de réunis, de quatre à
12 ans, puis que c'est géré par des moniteurs. C'est un camp de
loisirs, c'est un camp de plaisir, les
enfants sont en vacances. Il faut le faire dans une certaine autorité, mais il
faut quand même que les enfants se sentent en vacances. Puis on va
évaluer après le trois ans, voir si on continue notre projet pilote qu'on a mis
en place.
M. Roberge : Est-ce qu'on a des
échos, à la ville de Thurso?
Mme Assaad
(Doreen) : Bien, dans le
fond, à Brossard, on ne les prend pas. Dans le fond, nous, ce qui arrive,
c'est que, dès qu'ils rentrent dans le
système scolaire, c'est là que, durant l'été, les parents se tournent vers les municipalités
pour les camps de jour, mais, avant ça, on
ne les prend pas. Dans le fond, les parents sont dans le système normal de
garderies, ou ainsi de suite, ou des cours privés, peu importe.
Et puis, à
Brossard, on a estimé un peu l'effet pour la maternelle de quatre ans, comment
ça va changer l'offre de services,
puis on travaille avec les commissions
scolaires. Nous, ce qu'on a estimé, ça représenterait environ 80 enfants
sur deux ans. Ça fait qu'on croit devoir
intégrer trois groupes de 25 jeunes. Et donc on travaille avec la
commission scolaire pour voir, dans
le fond, où les placer puis quel nombre de personnel qui va être requis pour
accompagner ces jeunes-là. Ça fait que c'est
quelque chose à laquelle on n'a pas fait face avant et qu'on va devoir
s'ajuster pour être en mesure de bien les accueillir. J'espère que ça...
• (20 h 40) •
M. Roberge : Bien, je pense
qu'on va avoir l'occasion, heureusement, avant l'été 2020, de s'asseoir
ensemble, Famille... mais on va s'assurer
d'avoir des gens de l'Éducation aussi pour voir quelle est la meilleure option.
Je vois que vous mentionnez des fois que les locaux — dans
votre mémoire — ne
sont peut-être pas adaptés à certains égards. Bon, il y a évidemment les écoles qui peuvent être disponibles, encore faut-il
s'entendre. Donc, il faut trouver des façons de régler ça. Je vous rassure, parfois quand on dit :
Ah! bien, écoutez, les toilettes, les fontaines d'eau ne sont pas à la bonne
hauteur, il y a quand même des enfants de
quatre ans qui fréquentent vos parcs, qui fréquentent vos bibliothèques en ce
moment, puis il n'y a pas beaucoup de
parents à la maison dont les toilettes sont plus basses, pour le temps que leur
enfant a deux ans, trois ans, quatre ans, ou qui descendent tous leurs lavabos. Souvent, on
met un petit tabouret, puis ça fait le travail, il y a moyen de
s'adapter comme ça.
Au moment de
l'adoption du projet de loi pour déployer les maternelles quatre ans en milieu
défavorisé... Parce que les oppositions disent : C'est bon en
milieu défavorisé, il n'y en a pas, de problème, allez-y, continuez, mais en
milieu défavorisé. Les municipalités, c'est
les mêmes choses, qu'elles soient en milieu défavorisé ou en milieu favorisé,
ce n'est pas plus simple, ce n'est
pas plus facile. J'entends les oppositions dire qu'en milieu défavorisé on
n'aurait pas de problème. Moi, je
vous entends dire qu'il pourrait y en avoir. Est-ce que vous savez si votre
fédération s'était fait entendre en 2013 par rapport aux enjeux, alors que le gouvernement de l'époque a
dit : Bien, on va y aller... Mais en même temps l'été, ça existait quand même en 2013, là. Est-ce que vous
vous étiez fait entendre? Est-ce qu'il y avait des inquiétudes? Qu'est-ce
qui s'est passé?
M. Côté
(Daniel) : À ce moment-là, en fait, je n'ai pas l'information.
J'aimerais bien tout savoir. Moi, en 2013, personnellement, je n'étais
pas élu, j'étais encore moins à la vice-présidence de l'union. Ceci étant dit,
on n'a pas nécessairement... Sans avoir l'information précise... ou bien à
moins que Sylvie puisse nous...
Mme Pigeon
(Sylvie) : Oui, bien, je
peux compléter. Non, à l'époque, on n'avait pas... et on n'était pas
intervenu. C'est sûr que le déploiement des
maternelles quatre ans était beaucoup plus petit, là. À l'époque, ça visait
spécifiquement les milieux défavorisés,
alors qu'aujourd'hui le projet est quand même d'étendre le programme à la
grandeur du Québec, là. Donc, l'enjeu, peut-être, à l'époque, n'était
pas aussi flagrant.
M. Roberge :
Je comprends très bien, effectivement. Mais, à partir de 2020, on va continuer
de le déployer, mais en réalité on
sera encore, cet été puis à l'été 2020, avec les conséquences d'un déploiement
en milieu défavorisé encore. Mais là on
voit qu'en réalité plus il y a d'élèves, plus il y a d'enfants, plus ça pose
des questions pour vous. D'autres personnes avant vous ont parlé d'y aller avec certains groupes
communautaires. D'autres ont dit : Bien, il peut y avoir des garderies
dont le nombre d'enfants fluctue dans
l'année. La question des locaux peut être réglée aussi possiblement en s'entendant
avec les écoles. Mais certainement que ce fameux comité avec la Famille
sera utilisé.
Déjà, vous
répondez à des défis. Je lis dans votre mémoire, à la page 5, que vous
dites : Bien, on accueille des jeunes qui, des fois, posent des défis aux moniteurs, des jeunes qui ont des
troubles de comportement, qui ont toutes sortes de particularités. Comment vous réussissez, en camp
de jour, à accueillir — et là je ne parle pas des petits de quatre ans, là, je change de sujet un peu — un jeune de huit, 10, 11, 12 ans qui peut
avoir des besoins particuliers? Puis là vous dites, en bas de la page
5 : Le Tribunal des droits de la personne nous dit qu'on doit les
accueillir, alors comment vous faites pour faire face à ce défi?
M. Côté (Daniel) : Je vais
débuter la réponse et je vais ensuite laisser Doreen compléter.
En fait, je
pense que c'est... il y a certains programmes qui vont exister avec des
fondations privées ou avec... Par exemple,
chez nous, c'est l'URLS, l'unité régionale loisir et sport, qui offre une aide
financière pour l'intégration des jeunes en difficulté ou des jeunes vulnérables dans les camps de jour pour
pouvoir avoir un moniteur par enfant. Pour les jeunes qui sont davantage en difficulté, ça existe.
Cependant, plus on ajoute de jeunes dans cette situation-là dans nos camps de
jour, bien, plus on va devoir ajouter aussi
de moniteurs. Bref, l'adaptation devient toujours de plus en plus grande. Et,
je vous dis, là où le bât blesse,
c'est toujours... On en prend toujours plus du côté municipal. Ça, c'est un
exemple, ce soir, là, devant cette
commission, mais il y a plein d'exemples, là, dans le giron municipal, où on
prend davantage de responsabilités, mais sans qu'on se partage
l'assiette fiscale différemment.
Et, pour finir la réponse, je pense que je vais
demander à Mme Assaad de compléter.
Mme Assaad (Doreen) : Au niveau
de...
Le Président (M. Polo) : ...
Mme Assaad (Doreen) :
Excusez-moi?
Le Président (M. Polo) : 35
secondes.
Mme Assaad
(Doreen) : Ah! d'accord. Au niveau de Brossard, le conseil municipal a
choisi de mettre l'argent pour s'assurer, dans le fond, d'avoir un ratio
adéquat de jeunes par enfant. Ça a été un choix qu'on a fait parce qu'on
voulait charger le même prix à n'importe
quel enfant. Peu importent les besoins associés, ils ont besoin de matières...
particuliers. Ça fait que, tu sais, c'est
quelque chose qu'on met en place, mais ça a quand même eu un effet assez
important sur notre budget. C'est
juste qu'on a vu ça comme un devoir social de notre part. Puis la formation
aussi, c'est une formation spécialisée. On prend plus de temps, c'est
plus d'heures de formation pour que la personne soit équipée.
Le
Président (M. Polo) : Merci. Nous allons poursuivre avec
l'opposition officielle, la députée de Saint-Laurent, pour 10 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonsoir. Merci d'être avec nous. On conclut nos travaux avec vous
ce soir.
Depuis le début, on essaie de voir à
quel point que le ministre de la Famille et le ministre de l'Éducation
coopèrent ensemble devant cet enjeu qui est
très important, le déploiement universel des maternelles quatre ans. On a vu la
semaine dernière qu'il y avait une annonce
d'un comité pour les camps de jour. Vous avez eu combien de rencontres jusqu'à
présent?
M. Lauzon
(Benoit) : Aucune. La première est la semaine prochaine.
Mme Rizqy :
D'accord. Mais toutefois les maternelles quatre ans, c'est une promesse-phare
du gouvernement. Dès lors des élections, ils en parlaient. Le 1er
octobre, ils ont été élus. Ça a été vraiment la promesse à laquelle le premier ministre a mis son siège en jeu. Ils n'ont pas
jugé bon de vous rencontrer avant le
13 juin prochain de façon formelle pour les camps de jours? Je ne parle pas d'une réunion informelle, je parle vraiment
d'une rencontre de travail, là, pour savoir comment on agit avec l'UMQ.
M. Lauzon
(Benoit) : Le ministre de la Famille m'a rencontré, avec
Mme Pigeon, comme président de la Commission
de la culture, loisirs et vie communautaire de l'UMQ, à ses bureaux, il y a
quelques semaines, où on a discuté de
la problématique au niveau des camps de jour. C'est à partir de ce
moment-là, suite à cette rencontre, que le ministre a décidé de mettre en place un comité.
Mme Rizqy :
Donc, quatre mois après le dépôt du projet de loi?
M. Lauzon
(Benoit) : Qu'on a eu la rencontre ensemble?
Mme Rizqy :
Oui.
M. Lauzon
(Benoit) : On a eu la rencontre ensemble, je vous dirais, il y
a à peu près un mois et demi.
Mme Rizqy : Oui, mais le projet de loi a été déposé
avant. Donc, ça fait quand même un certain temps que... Ils ont quand
même tergiversé quatre mois avant de
vous rencontrer, alors qu'il y a un impact assez important. Dites-moi, est-ce
que vous avez eu un rapport de compte rendu de cette réunion?
M. Lauzon
(Benoit) : Non.
Mme Rizqy :
Il y a eu une réunion, mais pas de rapport, aucunement?
M. Lauzon (Benoit) : Non. C'était une réunion qu'on avait demandée. Le
ministre de la Famille a pris
l'engagement avec nous de travailler à la
formation d'un comité. Puis présentement, là, les gens se parlent au niveau du
ministère de la Famille et de l'UMQ, qui est représentée, au niveau du
comité, par Mme Pigeon.
Mme Rizqy :
O.K. Tantôt, j'entendais le... Parce que j'aurais aimé voir le ministre de la
Famille présent. Il est venu rapidement
et, quand il a réalisé qu'il s'est trompé de salle, il est parti, là. Alors,
j'aurais bien aimé qu'il reste avec nous pour, justement, qu'on puisse continuer à travailler tous ensemble.
Tantôt, le ministre de l'Éducation, le chiffre du 26 millions que
vous avez chiffré pour les camps de jour, semblait très peu enclin à ce
chiffre. Comment vous êtes arrivés à ce chiffre de 26 millions?
Mme Pigeon (Sylvie) : On a fait un questionnaire. On a fait circuler un
questionnaire auprès de nos membres. On a eu plus qu'une centaine de municipalités qui ont répondu au
questionnaire. On demandait les coûts d'inscription par semaine ou par... certains ont des frais d'inscription qui
couvrent tout l'été, le budget total qui est consacré au camp de jour
municipal. Et on a fait des calculs et une
projection, donc, pour arriver, là, au montant de 26 millions à partir des
réponses qu'on avait reçues de nos membres à ce sujet-là.
Mme Rizqy :
Puis est-ce que ce 26 millions, pour vous, c'est un minimum? Parce que le
ministre de l'Éducation parlait plutôt de 13 millions. Au fond, il
conteste votre chiffre de 26 millions.
Mme Pigeon (Sylvie) : C'est une estimation préliminaire, je dirais, là.
Il y a peut-être encore du travail à faire. Mais nous, on a calculé que c'étaient seulement les coûts, les frais
d'inscription pour le camp de jour, donc ça n'inclut pas les services de garde qui sont offerts avant le début
du camp de jour et après. Et donc, des fois aussi, les enfants, il y a des
frais spéciaux pour les sorties à l'extérieur, et tout ça. Ça, c'est vraiment
comme le coût brut d'un camp de jour.
Mme Rizqy :
Parfait, merci. Je vais me permettre de lire, pour le bénéfice de ceux qui nous
écoutent à la maison, un passage de
votre mémoire : «...l'UMQ estime qu'il en coûterait, au minimum,
26 millions de dollars par année pour offrir ce service. À noter que cette somme ne prend pas
en compte les coûts de formation supplémentaires, ni la révision des
ratios moniteurs-enfants pour les enfants de ce groupe d'âge.» Tantôt,
Mme Assaad, vous avez parlé que le déploiement des maternelles quatre ans dans votre municipalité, dans la ville de
Brossard... vous avez calculé 80 enfants supplémentaires, à un ratio de
25 enfants...
Mme Assaad (Doreen) :
Bien, effectivement, dans le fond, pour nous... Puis là on ne regarde pas... on
ne sait pas c'est quoi en besoins
particuliers, mais, juste en général, trois groupes de 25 enfants qu'on va
devoir placer à... bien, à les accommoder sur les deux prochaines
années.
Mme Rizqy :
Parce que tous les experts qu'on a entendus, là, nous ont tous parlé que le
ratio devait être très réduit, on
parle d'un ratio de un pour 10 dans les CPE, les services de garde, et à quel
point c'est important. Pensez-vous que... Parce que, là, ici, dans le mémoire, vous dites... Sans même calculer le
rajustement pour le ratio, pensez-vous, comme, justement, pour les enfants de quatre ans, ce ratio...
notamment que le superviseur qui va être là n'aura pas une formation, et vous
appelez peut-être à la prudence... puis
réviser non seulement le ratio, mais aussi la personne qui va s'occuper de ces
jeunes enfants?
Mme Assaad
(Doreen) : Bien oui, absolument, ça va être quelque chose qu'on va
devoir évaluer. Tu sais, vous savez, nous,
en tant que ville, on est là pour offrir des services aux familles puis aux
jeunes. On n'est pas nécessairement des experts dans les besoins, dépendamment des âges. Ça fait que c'est une nouvelle
réalité à laquelle on fait face. Et puis c'est sûr qu'on va suivre les guides par rapport au nombre
de ratios adéquat par moniteur. Mais, écoutez, moi, je vous ai donné les
chiffres qui m'avaient été fournis par le
département des loisirs, basés sur des estimés, parce qu'on essayait de
comprendre l'ampleur, mais nos programmes sont très populaires.
Mme Rizqy :
Je n'en doute pas.
• (20 h 50) •
Mme Assaad
(Doreen) : Ce n'est pas juste à Brossard. Il y a plus d'enfants qui viennent
aux camps d'été qu'il y a d'enfants inscrits dans les commissions scolaires. Ça fait
que, des fois, il faut
qu'on trouve d'autres emplacements, autres que les écoles.
Mme Rizqy :
Donc, vous avez déjà beaucoup de popularité auprès des enfants, des cinq ans et
plus?
Mme Assaad
(Doreen) : Les parents adorent les camps d'été.
Mme Rizqy : Donc, si jamais les quatre ans vont à l'école avec le déploiement
universel, vous êtes pas mal certaine que,
contrairement à ce que le ministre affirme... que 50 % de popularité, dans votre cas, ça risque
d'être du 100 % populaire parce que les parents, l'été, ils vont
probablement travailler et ils vont avoir besoin de garder leurs enfants l'été.
Mme Assaad
(Doreen) : C'est des hypothèses. Tu sais, dans le fond, si un parent
va retirer son enfant pour le mettre à
l'école, naturellement, il va se diriger vers les municipalités pour la
desserte en été. Mais on n'est pas certains que tout le monde va
nécessairement se...
Mme Rizqy :
J'aimerais vraiment aller sur l'angle, tantôt, que vous avez mentionné, des
besoins particuliers, des enfants
avec des besoins particuliers. On voit justement qu'au Québec il y a vraiment
eu une augmentation assez importante d'enfants
diagnostiqués avec le trouble du spectre de l'autisme. Comment que vous, les
municipalités, dans vos camps de jour, vous
pensez être en mesure d'accueillir des enfants de quatre ans qui peuvent aussi
avoir soit avoir un trouble TSA, soit un trouble d'apprentissage, soit un trouble de comportement? Et quelles
sont les ressources que vous avez besoin présentement pour être capables
de combler tous ces besoins?
M. Côté
(Daniel) : En fait, on a très peu de ressources à cet effet-là. On le
disait en début de témoignage, en fait, les ressources humaines qu'on déploie dans les camps de jour, ce sont
souvent des jeunes du cégep, des jeunes de l'université ou des jeunes qui, même, sont souvent d'âge
secondaire. Ce sont eux, les travailleurs de camps de jour, ce n'est pas
des spécialistes de la petite enfance. Donc,
on a un certain enjeu au niveau des ressources humaines qu'on affecte dans les
camps de jour parce qu'on n'a pas les moyens
de se payer des spécialistes à 70 000 $, 75 000 $ par année
pour s'occuper de nos jeunes plus en
difficulté. À quelque part, il y a un rôle social que l'État doit combler, on
pense. On peut décharger tout ça sur le dos des municipalités. On en
fait déjà beaucoup, on fait notre grand possible.
Au niveau des
ressources humaines, d'ailleurs, petite parenthèse rapide, on a de la
difficulté à recruter des ressources
humaines pour s'occuper des camps de jour cet été. Je peux parler de chez nous,
à Gaspé. On a sept camps de jour sur notre immense territoire municipal.
Il y en a un qui ne peut pas ouvrir ses portes cet été, on doit rapatrier ces jeunes-là vers un autre camp de jour parce qu'on
n'a pas suffisamment de ressources humaines. Et on est dans une région éloignée où, normalement, il y a beaucoup de
jeunes qui sont disponibles l'été, mais on manque de gens. Ça fait que
les ressources... On n'a même plus de jeunes
pour combler les besoins en ressources humaines dans nos camps de jour,
imaginez les spécialistes, à cette heure.
Mme Rizqy :
On les a pour quelques commissions scolaires, des spécialistes. On a des
centaines d'emplois qui restent à
être comblés : ergothérapeutes, psychoéducateurs, psychologues. J'imagine
qu'en région ça doit être encore plus difficile de combler tous ces
postes.
M. Côté
(Daniel) : Effectivement, c'est très difficile. Je n'ai pas la liste
des commissions scolaires chez nous, mais, certainement, il y a des
dizaines et des dizaines de postes de spécialistes qui sont affichés
continuellement.
Mme Pigeon
(Sylvie) : En complément d'information, les enfants qui sont à
l'école durant l'année ont accès à certains
services, psychoéducateurs, et tout ça. Mais un des problèmes qu'on a
identifiés dans notre mémoire, c'est que, l'été, le continuum de services l'été, c'est comme s'il y avait un trou,
et ils n'ont plus accès aux services qu'ils avaient durant l'année scolaire. Donc, les municipalités doivent
évaluer correctement les besoins de ces enfants-là avant leur entrée
dans les camps de jour, parce qu'ils ont
comme une obligation d'accommodement, trouver des accommodements pour offrir
ce service-là aux enfants, mais sans avoir de spécialistes de l'enfance pour
bien les accompagner, bien les supporter, pour répondre adéquatement aux
besoins, là, de ces enfants-là qui ont certains, là, problèmes, là, particuliers.
Mme Rizqy : Quelques... Oui,
pardon, allez-y.
M. Lauzon
(Benoit) : Au niveau de la
main-d'oeuvre, ce qu'on vit, là, présentement, c'est qu'on a de la misère
à maintenir nos équipes. On va recruter nos
adolescents quand même assez jeunes, à partir de l'âge de 16 ans, pour
travailler à l'intérieur de nos camps de
jour. Mais, quand ces gens-là commencent à aller soit dans les cégeps ou les
universités, ils terminent l'école au
mois d'avril. Le travail aux camps de jour commence à la Saint-Jean-Baptiste,
au mois de juin. Ces gens-là ne
veulent pas attendre toute cette période-là puis ne pas travailler, se trouvent
des emplois puis ne sont pas de retour dans
nos camps de jour. On essaie de maintenir le camp de jour jusqu'à l'ouverture
des écoles, au niveau du primaire, en septembre.
Ces gens-là débutent l'école à la mi-août. On a une problématique au niveau de
la main-d'oeuvre, là, qui est flagrante, puis c'est difficile au niveau
des régions aussi.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Quelques groupes qui sont venus ont demandé le report de cette
mesure-phare du gouvernement dans
l'optique, un, de consulter et d'avoir un plan de match bien établi, bien
détaillé, de consulter aussi tous les partenaires,
incluant, par exemple, les municipalités. Pensez-vous qu'à ce stade-ci il est
sage de faire un report du déploiement universel des maternelles quatre
ans?
M. Côté (Daniel) : Je dirais
qu'on n'est pas venus dans ce mode-là...
Le Président (M. Polo) : Merci.
Malheureusement, c'est le temps qu'il restait. Je vais inviter la députée de Sherbrooke
à poursuivre pour 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Il y a des questionnements très, très intéressants dans votre mémoire,
notamment à l'effet que le service de loisirs devient de plus en plus un service de garde essentiel parce que les parents
n'ont pas d'autre alternative. C'est un
constat réel, la question du continuum de services aussi, qui vient d'être
soulevée parce que, pendant l'été,
les services disparaissent. C'est vraiment des enjeux sur lesquels on a avantage à se
pencher à long terme, en particulier sur ce dossier-là, parce que le projet de maternelles quatre ans, un des
éléments de l'argumentaire du gouvernement, c'est la question du
continuum de services. Donc là, vous venez soulever ici que ça ne sera pas au rendez-vous.
Je vais vous
poser une question par
rapport au ratio. Vous dites que le
cadre de référence pour les camps de jour municipaux propose un ratio un pour 10 pour les enfants de cinq ans. Est-ce
que c'est une obligation
ou c'est une recommandation, ce ratio-là?
Mme Pigeon (Sylvie) :
C'est une recommandation. C'est un cadre de référence qui est élaboré, là, par
cette association-là et c'est comme, dans le fond, un guide de
bonnes pratiques que les municipalités peuvent appliquer dans leurs camps de
jour.
Mme Labrie : Mais ce n'est pas nécessairement le ratio qui
est en vigueur dans les municipalités en ce
moment.
Mme Pigeon
(Sylvie) : Sur le terrain,
les ratios peuvent varier. Ce n'est pas... C'est comme... C'est une recommandation
selon les besoins des enfants de ces âges-là.
Mme Labrie : Parce
que le ratio un pour 10 qui est
proposé ici pour les enfants de cinq ans, je trouve ça quand même assez curieux qu'on fasse cette recommandation-là pour un camp de jour qui devrait être un
loisir, comme vous l'avez bien rappelé,
alors que, même pour les cinq ans dans le réseau scolaire, en ce moment, on n'est pas à un ratio de un pour 10, alors qu'il y a un enjeu
pédagogique, là. En tout cas, il y a une incohérence majeure ici, à mon sens.
Puis, par rapport aux coûts du camp de jour, près de 500 $ par mois pour les parents sans service de garde, est-ce
qu'il y a des mesures pour aider les familles défavorisées à défrayer ces
montants-là dans vos municipalités?
M. Côté
(Daniel) : Bien, en fait, allons-y à tour de rôle. En fait, c'est à
géométrie variable, je dirais. Chez nous, je vous disais tout à l'heure, il y a sept camps de jour différents, dont
un qui ne pourra pas ouvrir ses portes cet été faute de ressources humaines. En fait, souvent, c'est des
parents bénévoles qui organisent l'organisation du camp de jour comme
tel. Chez nous, c'est des organismes sans
but lucratif qui s'occupent de ça. La municipalité finance une partie, les
parents financent une partie. Et
souvent il va y avoir des activités pour bonifier ce qu'il va y avoir au niveau
du budget. Et, du côté de la MRC, chez
nous, on a mis en place une pratique pour faciliter l'intégration des jeunes en
situation de vulnérabilité, ce qu'on appelle le Passeport Loisirs. Au
fond, c'est qu'on est un groupe à fournir des sous pour l'intégration sans que
ça paraisse.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup. Merci. J'invite la députée de Joliette à poursuivre.
Mme Hivon :
Merci. Merci beaucoup de votre présentation. Vous soulevez un autre aspect qui
est vraiment intéressant, c'est celui de la
formation du personnel, surtout quand c'est des emplois d'été de peut-être six
à huit semaines, donc comment on
travaille avec ça. Puis on sait, en fait, un des enjeux aussi, c'est que les
enfants qui, en ce moment, sont en
service de garde éducatif, dans le fond, ils sont en service de garde éducatif
avec des éducatrices formées pendant toute l'année. Là, ce serait remplacé par le fait qu'ils s'en vont en
maternelle quatre ans, par exemple, et, pendant les vacances, ils sont
donc avec des moniteurs, des gens moins formés.
Donc, j'étais
curieuse de savoir comment vous composez avec un peu le double défi, avec le
fait qu'il y a une pénurie, donc,
d'avoir des jeunes travailleurs, puis en plus vous essayez de les former parce
qu'il y a une clientèle, il y a des enfants qui ont des besoins de plus
en plus complexes. Donc, comment vous réussissez à composer avec ça?
Puis je
trouvais qu'il y avait quelque chose de très intéressant quand vous dites de
favoriser l'arrimage Éducation, Famille et Santé et Services sociaux. On
en parle beaucoup plus globalement, mais avez-vous... Vous en avez parlé
brièvement, là, individuellement, mais avez-vous, globalement, une forme de
soutien pour cette réalité-là?
M. Côté
(Daniel) : Il n'y a aucune forme de soutien qui existe, présentement.
On le disait tout à l'heure, le seul programme
d'aide qui existe, c'est, en bon français, un «one-shot deal» de 15 000 $
sur un projet sporadique qu'on peut avoir pour nos camps de jour. C'est la seule chose qui existe. Si on l'a en
2018, bien, on ne l'aura pas en 2019, puis on n'a pas accès en 2020, puis on n'a plus accès jamais de notre
vie. Et un 15 000 $, sur un budget municipal, chez nous, de
27 millions, sur les budgets des
camps de jour, qui doivent être de plusieurs centaines de milliers de dollars
au total, 15 000 $, un «one-shot deal», je vous dis, on ne va
pas loin avec ça, là, mais c'est la seule aide qui existe présentement.
Mme Hivon :
Comment vous le faites? Comment vous arrivez à former ces jeunes-là pour
accueillir, par exemple, éventuellement,
plus de quatre ans qui ont des besoins particuliers, des enfants qui ont un
handicap? Comment vous y arrivez?
M. Lauzon
(Benoit) : C'est extrêmement
difficile. On a, dans nos équipes, des jeunes qui peuvent être là depuis
deux ou trois ans, qui ont quand même une
certaine expertise, qu'on va laisser avec les plus jeunes. Par contre, les
jeunes de 12, 13 ans s'en ressentent parce
qu'ils arrivent avec des jeunes qui n'ont aucune expérience au niveau des camps
de jour, puis ça devient extrêmement difficile.
Vous savez,
comme élus, là, dans les municipalités, on est imputables aux services qu'on
décide de mettre en place. Nos
jeunes, là, ils sont extrêmement importants pour nous. L'âge de quatre à 12
ans, là, c'est un âge critique. On veut faire des bonnes personnes avec ces gens-là puis on veut bien s'en occuper. On
veut faire partie de la solution, à savoir quel genre de services on
doit offrir aux enfants dans nos municipalités, puis on veut que le
gouvernement travaille...
Le
Président (M. Polo) : Merci. Merci aux représentants de l'Union
des municipalités du Québec. Je vous remercie pour votre contribution
aux travaux de la commission.
Mémoires déposés
Avant de terminer, je dépose les mémoires des
personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus, il y a sept mémoires de
déposés. Et je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 1)