(Quatorze heures cinq minutes)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bon après-midi à tous. À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à des auditions publiques sur trois pétitions
concernant l'opposition à la pesée des élèves dans le cours d'éducation
physique.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplaçants?
Le Secrétaire : Non, Mme la
Présidente. Il n'y a pas de remplacement.
Auditions
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Nous entendrons
aujourd'hui les groupes suivants : Anorexie et boulimie Québec,
Coalition québécoise sur la problématique du poids, Fédération des éducateurs
et éducatrices physiques enseignants du Québec, Fédération des comités de
parents du Québec et ÉquiLibre.
Alors, je
souhaite la bienvenue aux représentants d'Anorexie et boulimie Québec. Merci
d'être parmi nous. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation, et par la
suite on passera à une période d'échange entre les élus. Alors, sans plus tarder, je vous cède la parole. Je vous
demanderais juste de vous présenter ainsi que les personnes qui vous
accompagnent, et vous pouvez tout de suite commencer votre exposé. Alors, la
parole est à vous.
Anorexie et boulimie
Québec (ANEB)
Mme Champagne
(Josée) : Oui. Alors, bonjour, mon nom, c'est Josée Champagne, je suis
la directrice générale d'Anorexie et boulimie Québec, ANEB; Mélanie
Guenette-Robert, qui est la responsable de notre volet prévention et éducation
à ANEB; et un bénévole avec nous, Dr Pierre-Olivier Nadeau.
Donc, c'est
vraiment... On est très fiers d'être ici aujourd'hui, puis je vous remercie
énormément, de ma part et de la part
de mes collègues, pour votre écoute et surtout pour votre invitation, mais surtout
pour votre désir d'entendre ce qu'on a à dire et d'avoir le bien-être
des jeunes à coeur. C'est très important.
Donc, juste
pour vous donner la mission d'ANEB, ANEB a comme mission de garantir une aide
qui est ponctuelle, gratuite et spécialisée aux personnes qui vivent des
troubles alimentaires, mais également à leurs proches. Et on a également un
volet prévention et éducation à l'organisme.
Donc, pour
vous mettre un peu dans le contexte, il y a environ cinq mois, à l'automne, une
maman d'une jeune fille hors établissement d'un trouble alimentaire m'a
envoyé un courriel pour solliciter notre appui, à ANEB, pour faire connaître et diffuser la pétition que la jeune
fille avait déposée à l'Assemblée nationale contre la pesée dans les
écoles.
Donc, je dois
vous dire que personnellement ça m'a interpelée instantanément, ce courriel-là,
et l'équipe aussi, parce que
personnellement j'ai vécu, moi, les dommages d'une pesée dans les écoles. Et
aussi, bien, la littérature dans le domaine des troubles alimentaires
est de plus en plus claire concernant ce sujet-là, que la pesée dans les écoles
doit cesser. Mais, avec les années, nous
avons côtoyé énormément de jeunes à travers le Québec en offrant nos
conférences sur l'obsession du corps et
l'estime de soi, et je peux vous dire que, les histoires très troublantes par
rapport aux expériences des jeunes
suite à la pesée et à la mesure du taux de gras, on en entend énormément. Donc,
c'est pour ça que nous, on a appuyé cette démarche-là et on a décidé
vraiment d'aider cette jeune fille là et de porter le dossier avec elle.
Avant de céder la parole à mes collègues,
j'aimerais juste vous lire quelques commentaires que nous, on a recueillis suite à la pesée... bien, pas à la
pesée, mais à la pétition, puis juste vous faire part un peu de l'expérience
des jeunes qu'ils nous ont partagée. Donc : «J'ai beaucoup de mal à parler
de ça — la
pesée — parce
que ça fait encore souffrir. J'avais déjà un
trouble alimentaire, et cette pesée était un véritable cauchemar pour moi. Je
voulais tout faire pour éviter qu'on
me dise que je suis grosse. Pendant mon secondaire, ce fut le cauchemar, la
pesée en début d'année. Elle se faisait devant toute les autres élèves de la classe, autant pour les très minces,
les moins minces, les gars pas encore musclés, que ça soit grand ou pas. Tout le monde mangeait sa
claque en début des classes. Donc, pas besoin de vous dire combien je
peux être contre cette pesée.» Et ça, c'est juste quelques commentaires recueillis,
des commentaires comme ça, on en a vraiment beaucoup.
• (14 h 10) •
Mme Guénette-Robert
(Mélanie) : Donc,
Mélanie Guénette-Robert, je suis la responsable du volet Éducation
et prévention.
Moi,
j'ai fait un peu la revue de la littérature par rapport à justement les pour et
les contre face à la pesée en milieu scolaire. Et, quand on parle de la
pesée, habituellement c'est dans l'objectif d'évaluer l'IMC, l'indice de masse corporelle, des jeunes. C'est une pratique qui est
principalement faite en milieu collégial, qui n'est pas obligatoire,
elle est pratiquée différemment. Mais on sait aussi
qu'elle peut être faite au secondaire et même, qu'on a eu vent, dans des écoles
primaires.
Donc,
ce qui ressort, c'est que la pesée, c'est un moment — tantôt, on en a parlé un peu — qui est particulièrement éprouvant, psychologiquement, pour les jeunes,
d'autant plus s'ils sont considérés en surpoids ou en sous-poids. Donc,
déjà, souvent, les jeunes le savent, qu'ils
sont en surpoids ou en sous-poids, mais là c'est comme de porter une étiquette
de se le faire dire, dans le fond.
Et ce qu'on sait
aussi, c'est qu'il y a plus de 50 % des jeunes qui tentent déjà de
contrôler leurs poids. Et, quand la pesée a
lieu, il y a des jeunes pour qui ça peut venir exacerber ces méthodes de
contrôle là, venir exacerber les préoccupations,
et il y en a plusieurs, de là, qui peuvent avoir des comportements
problématiques. Par exemple, il y a une étude qui a été faite, en 2007 en Arkansas, où est-ce qu'on a vérifié
qu'est-ce qu'il se produit après la pesée. Là, c'était au niveau
secondaire. Et on s'est aperçu que 23 % des jeunes qui ont, dans le fond,
vécu la pesée se sont mis à suivre un régime
amaigrissant. Et on sait que les régimes amaigrissants entraînent des
comportements problématiques, c'est le facteur de risque le plus important pour développer un trouble alimentaire et un
facteur de risque important pour souffrir d'obésité et d'embonpoint. Ensuite de ça, non seulement
23 % ont commencé à faire un régime, 5 % ont commencé à prendre
des pilules amaigrissantes et d'autres ont
commencé à se faire vomir, à utiliser des laxatifs. Donc, petit à petit, les
comportements peuvent devenir plus rigides et plus sévères, et mener, vraiment
là, à des troubles alimentaires.
Et
on sait aussi que, pour les jeunes qui sont en surpoids, par exemple, ce qui
arrive, qui est très problématique, c'est :
souvent, on les encourage au début à perdre du poids, suite à ce chiffre-là. Et
le fait que l'entourage les encourage, leur
dit : «Ah! c'est beau. Wow! Tu as perdu du poids», ça devient d'autant
plus difficile à traiter comme trouble alimentaire ou comme comportement problématique, vu
l'encouragement des gens. On sait que c'est une des craintes les plus
élevées chez les jeunes que d'être
catégorisés comme étant gros, pas à cause des problématiques qui peuvent... les
complications qui peuvent être liées à la santé, mais à cause que c'est jugé
comme socialement inacceptable.
Même, en fait, si vous avez lu un peu sur le
sujet, il y a l'American — là, je m'excuse pour mon anglais — Academy of Pediatrics, qui étaient
ceux, à la base, qui avaient proposé de faire la pesée en milieu scolaire, eux
disaient, à l'époque, «de façon annuelle»,
pour voir un peu l'évolution des jeunes. Et, en 2009, ils se sont même rétractés
pour dire que les effets potentiels étaient beaucoup plus dangereux
qu'on le croyait, et donc que c'était à questionner. Il y a une réflexion qui a
été amorcée à ce moment-là sur la pesée en milieu scolaire.
Ensuite
de ça — je veux
juste être sûre de tout dire — on s'aperçoit aussi que la pesée, même si
elle est faite... On sait que,
souvent, dans plusieurs écoles, c'est fait de façon volontaire, de façon
discrète. Par exemple, la balance... le pèse-personne peut être dans le
coin de la salle. Mais on sait que les jeunes, souvent, ne seront pas capables
de s'affirmer et de dire qu'ils ne veulent
pas la faire, la pesée. Et ils vont quand même participer par la crainte de ne
pas être normal, reconnu comme les
autres, de s'affirmer, et surtout pour un jeune qui est stigmatisé, qui est
victime d'intimation par rapport à son poids. On dit que ça peut même
venir augmenter l'intimidation de la part du cercle de pairs et la stigmatisation que le jeune vit, ce qu'on n'entend
pas toujours. Des fois, on a l'impression qu'on est vraiment à l'affût
de ce que les... comment les jeunes... Je
dis «les jeunes», mais ça englobe autant au niveau collégial que secondaire. On
pense qu'on voit tous les comportements,
mais, en arrière, ce que les jeunes peuvent dire... On a déjà entendu :
Ah! bien, le gros va briser le
pèse-personne, la balance. Tu sais, c'est des commentaires qui sont récurrents.
Et ça amène certaines fébrilités chez les
jeunes. Donc, après, ils ont tendance à comparer leurs résultats, à commenter
les résultats des autres, mais ça, ce n'est pas nécessairement visible.
Il faut les questionner pour le savoir.
J'aimerais
aussi terminer en disant qu'il n'existe pas de donnée à ce jour... Ah! puis
j'ai oublié de vous dire qu'en fait... bon, on va revenir, mais la
stigmatisation, l'intimidation par rapport au poids et à l'apparence, c'est la
forme d'intimation la plus présente chez les
jeunes. Et 47 % des jeunes qui sont victimes de stigmatisation par rapport
à leurs poids, d'intimidation
développent des obsessions par rapport à leurs poids. Il n'y a pas de donnée
aujourd'hui qui... Parce que la pesée, elle est beaucoup pratiquée, dans
le fond, dans un objectif de prévention de l'obésité. Et il n'y a pas de donnée, à ce jour, fiable, qui démontre que la
pesée en milieu scolaire aurait vraiment ces répercussions-là. Donc, il
y a une étude qui était peut-être
prometteuse qui revient souvent dans les données, c'est celle de l'Arkansas,
puis ce qu'on s'est rendu compte...
C'est celle que je vous ai nommée tantôt, où est-ce qu'il y a eu des effets
désastreux, où est-ce qu'il y
a des jeunes qui ont eu recours aux régimes, ils ont utilisé des pilules
amaigrissantes.
Ensuite,
pour terminer, l'IMC, on se rend compte que c'est un outil aussi qui est très
limité, ça donne une seule donnée, et
c'est le poids du jeune par rapport à sa grandeur. Donc, ça ne donne pas d'information par rapport au comportement
du jeune. Est-ce qu'il a des bonnes habitudes alimentaires? Est-ce que non? Est-ce qu'il a des habitudes de vie équilibrées? Est-ce
qu'il est actif? Un jeune pourrait très bien être considéré en surpoids et être
très actif, être en sous-poids et être...
Donc, on sait que c'est vraiment un outil qui n'est pas fidèle, fiable, ce n'est
pas un outil diagnostique, et en plus, au niveau de la fiabilité, il y a
des études qui ont été démontrées que ça donne souvent des fausses données.
Donc,
si on regarde, il y a une étude qui a été faite par le centre de
recherche de l'agriculture et de la nutrition chez les jeunes, et on s'est aperçu qu'il y a
17 % des jeunes qui ont été
nommés comme étant en surpoids ou à risque d'obésité et qui n'avaient pas de problème de poids, donc, compte
tenu que ça ne prend pas beaucoup
d'indicatifs, là, en compte. Ça fait que,
même déjà, c'est une étiquette qui est difficile pour les jeunes, mais ça se
peut que ça soit une étiquette qui soit fausse.
Ça fait
que c'est en gros notre position par
rapport à ce sujet-là. Je vais
laisser mon collègue avec les recommandations.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Avant que vous commenciez, M. Nadeau, votre temps est déjà écoulé,
mais, si j'ai le consentement, je pourrais peut-être prendre quelques minutes
du côté du gouvernement. Oui. Alors, allez-y, M. Nadeau, pour quelques minutes.
M.
Nadeau (Pierre-Olivier) : Alors, Pierre-Olivier Nadeau, je suis un
psychiatre à l'Hôpital Sainte-Justine travaillant
avec les troubles alimentaires. Je vais vous présenter un peu nos
recommandations, nous, suite un peu au constat, puis nos opinions à ce
sujet-là.
Donc,
ça serait de cesser la pesée en contexte scolaire, dans des cours d'éducation
physique, à tous les niveaux, de réserver
la pesée, en fait, à un suivi plus médical, de façon individualisée, et aussi
de mettre en place un comité de travail pour que les acteurs ici présents aujourd'hui puissent regarder, en
fait, pourquoi, tu sais, on pèse comme ça dans les écoles. Bien, c'est
pour la santé, c'est pour prévenir l'obésité, c'est pour prévenir les troubles
alimentaires. Je dirais, bien, je pense que ce serait intéressant de se
pencher... qu'est-ce qui pourrait être fait dans les écoles pour ça et que tous
les acteurs qui sont présents, dans le fond, qui ont tous, en fait, des bonnes
intentions, bien, on puisse, tu sais, convenir sur des recommandations qui soient enlignées sur les données de la science. Je
dirais, si je me permets de faire certaines recommandations, puis
la science montre ça un peu... C'est sûr que, ce qu'on sait de la prévention de
l'obésité et des troubles alimentaires, ce
n'est pas tant le poids, en fait, c'est ça, ce n'est pas une façon... Bien, je vous cite un peu une étude qui a été faite, là, pour... Tu sais, l'idée, un
peu, de dire : Bien, on va montrer le poids aux gens pour les motiver à
changer, c'est un peu le contraire qui
arrive, c'est qu'en général les gens qui se sentent moins bien, bien, on ne se
sent pas bien parce qu'on voit notre poids, on se sent un peu découragé, on
ne s'aime pas, puis ce qu'il est montré, c'est qu'ultimement les gens
développent, bien, des régimes, mais prennent du poids avec ça, et c'est le
contraire qui se passe.
Donc, je voulais dire que le focus devrait être
plutôt sur les comportements, et non pas sur le poids, le comportement voulant dire : c'est quoi, une bonne
alimentation, c'est quoi, tu sais, un bon exercice à faire régulièrement, aussi les aspects d'estime de
soi, s'aimer, l'estime de soi aussi au niveau de son corps, accepter qui on
est, puis la diversité des corps aussi. Donc, ça serait ça, un peu, les recommandations, puis aider les éducateurs dans les écoles, dans le fond, à favoriser ces comportements de santé là, aussi aider les gens
à l'école, là, les éducateurs, les enseignants à dépister les troubles alimentaires, c'est sûr, ou les gens qui ont des
troubles d'alimentation problématiques. Autant l'ANEB, ici, que le
groupe ÉquiLibre, que vous allez voir plus
tard, ont des programmes de formation à ce sujet-là. Donc, ça pourrait être
quelque chose qui pourrait être proposé. Et, finalement, impliquer les parents
dans tout ça, donc les éduquer aussi sur les comportements
de santé, et non pas de focusser sur le poids. Voilà. Ce seraient un peu,
grosso modo, nos recommandations.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci beaucoup, Dr Nadeau. Alors, on va passer à la période
d'échange, et je cède la parole à M. le député de Chapleau.
• (14 h 20) •
M.
Carrière : Bonjour, Mme
Champagne, Mme Catherine Robert, Dr Nadeau, merci d'être ici aujourd'hui. Je vais tout d'abord en profiter pour souhaiter — il n'est pas trop tard — une bonne année à tous, une excellente
année 2017. Merci d'être là, c'est
vraiment apprécié. Quand on a vu ces pétitions-là arriver, j'imagine que, comme
citoyens, comme parents, comme... ça
nous interpelle tous, et on a décidé de se saisir de cette pétition-là pour
entendre ce que les gens, les spécialistes, là, ont à dire. La fédération
des éducateurs physiques sont ici aujourd'hui, c'est important aussi de les
entendre pour savoir ce qu'ils ont à dire, parce que je suis convaincu que
c'est fait avec un objectif de mieux-être pour les enfants, pour les étudiants
qu'ils ont, là. Mais il ne faut pas que ça ait l'effet inverse — ce
que vous nous relatez — lorsqu'il
y a une perte d'estime de soi et que ça peut
engendrer des troubles alimentaires, etc. Donc, je pense que c'est très
important de vous entendre aujourd'hui.
Je
vais y aller avec quelques questions, je vais y aller une à la fois, puis si vous
pouvez être concises. En tout
cas, je vais vous laisser aller.
Dr Nadeau, vous avez dit que vous recommandez de cesser la pesée de façon systématique dans les écoles. Je vais vous poser une question qui va
vous sembler un petit peu, peut-être, à l'inverse ou un peu à côté, là,
mais si c'était fait en privé avec le prof
au lieu d'être devant toute la classe? Parce que j'ai entendu... Vous avez dit
que... moi, je n'ai jamais entendu
ça, mais que ça se fait devant toute la classe et devant tous les... Et, si ça
se faisait dans un objectif d'améliorer
la santé et d'avoir une vie plus active pour les élèves, de le faire en privé
avec les profs, voyez-vous que ce serait
quelque chose de moins humiliant, de plus... quelque chose qui pourrait être
possible et moins nocif, si on veut, pour les gens et développer moins
de troubles alimentaires ou d'autres problématiques?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, Mme Guénette-Robert, allez-y.
Mme
Guénette-Robert (Mélanie) : Oui, merci. Donc, en fait, non. Nous, on
considère que ça devrait tout simplement
cesser. Ce qui se passe aussi, c'est que l'éducateur physique, même s'il est
très respectueux et ouvert face au jeune,
il ne connaît pas son parcours, donc ils ne savent pas son état de santé
mentale. Est-ce que c'est un jeune qui est vulnérable, qui a des prédispositions aux troubles alimentaires, qui a
un passé de troubles alimentaires? Ou est-ce qu'il est victime de stigmatisation, d'intimidation par
rapport à son poids? Donc, on pense que, même s'il a cette ouverture-là
et que c'est fait de façon privée et respectueuse, ça peut être très
problématique.
Et
on se rend compte qu'il y a beaucoup de jeunes qui ne le montreront pas, sur le
coup vont dire : Non, non, c'est beau,
c'est correct pour moi, mais que c'est après coup que, rendus à la maison, là
ils vont devenir vraiment anxieux, puis ça va tout le temps tourner dans leur tête : Je ne suis pas normal, je
suis trop gros ou je ne suis pas assez gros, qu'est-ce que je dois faire?, puis que c'est là que les
comportements vont se faire en cachette. Donc, c'est pour ça que nous, on
considère qu'en milieu... par exemple, dans
un cadre de bilan médical, une évaluation de santé, un médecin qui accompagne
le jeune, là il a plus d'information,
puis le médecin est vraiment bien outillé pour aussi connaître davantage, là,
le jeune, à différents niveaux, dans ses comportements.
Et
puis, encore une fois, au niveau de l'IMC, comme ça tient en compte juste du
poids, ça se peut que le jeune soit considéré
en surpoids ou en sous-poids et qu'il ait de très bonnes habitudes, qu'il soit
très actif, qu'il... Donc, on considère aussi que c'est une donnée qui est
trop limitée pour servir dans un bilan, là, pour un jeune. Est-ce que ça
répond...
M. Carrière :
Oui, oui. Oui, vraiment. Vous avez parlé tantôt, également, d'un comité de
travail avec les gens qui sont ici, là, je ne sais pas s'il y a d'autres personnes
qui pourraient s'y ajouter, et l'objectif, ce serait de voir ce qui peut être — je vous cite — fait pour aider, là, à avoir une meilleure
formation ou information auprès... il y a les enfants, il y a sûrement la famille aussi, là, qui doit être interpelée.
Donc, j'aimerais ça que vous élaboriez là-dessus, là, qu'est-ce que vous
entendez par ce... ou les objectifs de ce comité de travail là.
M. Nadeau
(Pierre-Olivier) : Bien, ce que je dirais, c'est... Je reviens encore
au but de ça, hein, dans le fond, c'est de dire : La pesée, à quoi ça sert? Tu sais, je ferais du pont sur
ce qui a été dit. Pourquoi pas la pesée en individuel? Bien, en fait, pourquoi la pesée, dans le fond, tu sais?
Pourquoi c'est là, dans le fond? Nous, ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas un bon moyen.
J'imagine, le
but derrière ça, je pense que c'est des bonnes intentions, c'est vraiment
de favoriser les comportements de
santé, aider la santé des jeunes, prévenir l'obésité, prévenir les troubles
alimentaires. Donc, ça, je pense que
c'est louable. Je pense que c'est un peu l'idée de dire... Bien, on ne veut pas
dire : Ah, pas de pesée, puis, les éducateurs physiques — pour
qui j'ai beaucoup de respect — là, tu sais, dans le fond, mêlez-vous pas
de ça, de santé. Au contraire, là, je pense qu'il faut qu'ils se mêlent de la
santé puis je pense que c'est correct de faire de l'éducation à la santé. Mais c'est de dire que la pesée n'est peut-être
pas la façon de le faire, dans le
fond. Puis est-ce qu'il pourrait y avoir des lignes
directrices qui seraient établies? Quelles sont les choses, en milieu scolaire,
qui peuvent favoriser la santé globale, psychologique et physique,
prévenir l'obésité, prévenir les troubles alimentaires?
Donc, oui,
puis vous êtes les acteurs, ici, mais c'est vrai qu'il y a les autres acteurs,
je veux dire, les acteurs du milieu de la santé, de l'éducation, etc.
Donc, c'est ouvert.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va, M. le député?
M. Carrière : Oui. Alors, j'ai lu
dans un autre... je pense que c'est ÉquiLibre, là, je vais voir tantôt, dans un
des mémoires, de favoriser un milieu de vie plus... au niveau de l'école, là, avec
une meilleure alimentation, éviter la malbouffe,
etc. Mais on remarque souvent, là, à côté d'une école secondaire, qu'il y a des
fast-foods — excusez
le terme en anglais, là — juste à côté. Donc, est-ce que vous voyez
que les villes ou les municipalités auraient un rôle à jouer, puis je m'en vais loin, là, mais dans le cadre des schémas
d'aménagement ou dans je ne sais pas quoi, là, disant que vous ne pouvez
pas mettre ou autoriser de mettre ce genre
de restaurant là à côté d'écoles secondaires? Parce que c'est clair, là, peu
importe on est où au Québec, quand on voit
ce phénomène-là... sur l'heure du dîner, là, on voit la parade, là, des
étudiants, là, qui traversent, là,
puis... Donc, comment voyez-vous ce rôle-là? La municipalité pourrait avoir un
certain rôle à jouer, là, pour avoir une meilleure... C'est clair que,
si c'est accessible, c'est plus facile et c'est plus tentant pour les jeunes,
d'avoir accès à cette bouffe-là.
Mme Guénette-Robert (Mélanie) :
Bien, moi, en fait, je vous dirais... Je peux?
Une voix : ...
Mme
Guénette-Robert (Mélanie) :
Je vous dirais que c'est la Coalition Poids qui travaille davantage sur
ces sujets-là. Par contre, nous, notre
philosophie par rapport à l'alimentation, c'est qu'il faut vraiment favoriser
le fait d'éduquer les jeunes à
prendre le temps de manger. Il a été démontré que juste le fait de manger en
famille, de prendre ce temps-là, c'est un facteur de protection des
troubles alimentaires et de l'obésité. Donc, si on agit sur le plaisir de
découvrir des aliments, le plaisir de cuisiner, d'essayer — il y
a des cours de cuisine — ou
vraiment d'éduquer les jeunes à ce niveau-là,
on peut en même temps faire de la prévention au niveau des troubles
alimentaires et de l'obésité. Donc, nous, on pense qu'on doit axer sur d'autres niveaux. Mais la Coalition Poids
travaille par rapport à des thématiques comme celle-là.
M. Carrière : Selon vous, est-ce que
c'est une pratique...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Je pense que, M. Nadeau, vous voulez rajouter quelque chose?
M. Carrière : Oh! Excusez-moi.
M. Nadeau
(Pierre-Olivier) : C'est un peu ça, c'est intéressant, votre question,
dans le sens où c'est exactement ça,
c'est de dire : Le poids... Puis je n'ai pas la prétention de dire qu'il
est le seul focus des éducateurs physiques ou que les gens qui font l'enseignement à l'école focussent
seulement sur le poids, mais c'est de voir globalement comment ça peut être fait, comment on peut améliorer la santé des
gens, dans le fond, de façon globale. Et ça peut faire partie, dans le
fond, si la nourriture est disponible à
l'école... Puis, en plus, c'est une mesure qui ne fait pas porter non plus le
poids sur la personne, tu sais, de la
culpabiliser ou de la... Donc, c'est intéressant parce que, là, la personne vit
dans un milieu comme ça, donc, forcément, a accès à la santé de cette
façon-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député.
M.
Carrière : Merci. Selon vous, est-ce que c'est une pratique qui est
très répandue au niveau primaire, secondaire et collégial, tu sais, pour faire la distinction entre les trois? Et
vous, là, c'est quoi, la relation que vous avez avec les enfants ou les familles qui ont
vécu ces choses-là et où ça a été comme un drame, si on peut utiliser ce
terme-là, là, et ça a eu des conséquences négatives? Selon vous, c'est
très répandu?
Mme Guénette-Robert (Mélanie) : Au niveau primaire, c'est plutôt rare. On a eu
vent... En fait, ce n'était pas une pratique
qu'on avait connaissance qui avait lieu en milieu primaire, c'est des
éducateurs physiques qui nous ont contactés, qui nous en ont parlé, qui ont questionné. Ça aussi, c'est positif.
Suite au dépôt de la pétition, bon, celle que nous, on a décidé de
porter, il y a des gens qui ont questionné leurs pratiques et qui nous ont
contactés pour avoir des conseils. Donc, au
niveau primaire, c'est peu employé, c'est très rare, ce n'est pas recommandé du
tout. Au niveau secondaire, on a vent que ça a lieu dans quelques
milieux, mais je ne serai pas en mesure de dire le nom d'écoles ou... et, au
niveau collégial, c'est assez répandu.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y, M. le député. Oui.
M. Carrière :
O.K. Je vais laisser mon collègue...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Chapleau.
Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, vous avez quatre minutes.
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. Mme Champagne, Mme Guénette-Robert, M. Nadeau, merci
beaucoup pour votre exposé. Il me semble que c'est d'une importance capitale de
comprendre que, des fois, il y a des gestes de bonne foi mais qui risquent de
produire des résultats qui vont complètement à l'encontre des objectifs.
Je
veux vous inviter à faire quelques précisions, et là j'aurais une question
plutôt d'ordre général, surtout si on évacuait
la possibilité que ça soit fait devant les autres élèves. Est-ce que vos
recommandations s'appliqueraient aux jeunes cégépiens aussi? L'idée de
peser même en privé, vous seriez contre ça au cégep?
Mme
Champagne (Josée) : Oui, notre position est : pour nous,
c'est clair qu'il faut cesser la pesée dans les écoles.
• (14 h 30) •
M.
Birnbaum : D'accord. Si on parle des activités parascolaires, bon, un
club de judo où il y a des catégories, un cours parascolaire de boxe, l'équipe de hockey sport-études, est-ce que vous comprendrez que peut-être,
fait de façon sensible et avec toutes
sortes de mesures pour assurer qu'on ne parle pas d'un enjeu d'intimidation ou... est-ce que vous
accorderez une exception dans de telles circonstances?
Mme Guénette-Robert (Mélanie) : Bien, je
pense que c'est délicat parce que
nous, on parle vraiment au
niveau de l'éducation générale, dans le programme général, parce qu'on sait qu'au niveau de certains sports il y a des catégories liées au poids. Donc, à ce moment-là, là-dessus, on peut plus ou moins se prononcer. Mais, nous,
c'est vraiment pour les cours d'éducation générale, là,
que...
M.
Birnbaum : Maintenant,
bon, question d'ordre général, il n'y a pas grand temps qui me
reste, mais il me semble qu'on parle
surtout d'un sujet qui touche actuellement aux élèves, évidemment, mais aux profs d'éducation physique, et, quand on parle de l'intimidation, l'estime de
soi, surtout pour des adolescents, il me semble qu'on parle des joueurs
assez intéressants et importants, les profs d'éducation physique. Des
fois, c'est des modèles importants, c'est des personnes importantes dans la
vie des adolescents, des fois, malheureusement, de façon négative, mais plus
souvent comme accompagnateurs positifs, il
me semble. Est-ce que vous avez une suggestion ou deux de l'ordre
général... peut-être ce serait
un sujet pour le genre de groupe de travail dont vous avez parlé, mais où, de façon positive, en termes de l'estime de soi, en termes d'accompagnement des gens avec des
genres de difficultés dont vous vous occupez, les profs d'éducation physique
peuvent être utiles comme intervenants?
M.
Nadeau (Pierre-Olivier) : Au
fond, c'est vraiment dans cette lignée-là, c'est ce qu'on voulait dire
en disant... Le groupe de travail, c'est l'idée de dire... ce n'est pas
de dire : Non, il ne faut pas que... les professeurs d'éducation physique
ou les intervenants scolaires ne parlent pas de santé. Non, je pense qu'il faut
parler de santé, il y a des comportements en
santé, c'est juste de dire que la pesée, en tant que telle, cette façon
de faire là pour promouvoir la santé, n'est pas une bonne façon.
M. Birnbaum :
Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...minutes, M. le député de D'Arcy-McGee. Ça va? Est-ce
qu'il y a d'autres interventions du côté du gouvernement? Il reste une minute.
Alors, oui, M. le député de Champlain.
M. Auger :
...de curiosité.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, allez-y.
M. Auger :
Je veux — bien,
bonjour à vous trois, bienvenue — revenir sur mon collègue de D'Arcy-McGee
concernant... Outre les cours d'éducation physique, santé, donc lorsqu'on parle
de sport-études, est-ce que
vous croyez qu'il y a également des impacts négatifs chez ceux qui pratiquent des
sports x, y, z?
M. Nadeau (Pierre-Olivier) : Là, c'est sûr que moi, je dois vous le dire, je
suis biaisé parce que je vois les patients avec un trouble alimentaire. Vous allez me
dire : Bien là! Mais ce que je vous dirais, c'est que c'est sûr que, si
vous me dites : Est-ce que c'est à risque?, oui, c'est à risque. Je
veux dire, si demain tu as une compétition, puis il faut que ton poids soit plus bas, puis tu ne manges pas pendant
une journée à cause de ça... Je ne veux pas dire que tout le monde va développer un trouble alimentaire à cause de ça, mais j'ai vu ou j'ai
entendu des gens qui se faisaient vomir, même, pour avoir leur poids le lendemain. Bon, comme je vous
dis, là, les troubles alimentaires, ce n'est pas juste... La pesée,
c'est la même chose, je ne peux pas vous
prétendre que la pesée est la cause du trouble alimentaire. On ne sait pas
c'est quoi, la cause du trouble
alimentaire, c'est multifactoriel, mais, chez quelqu'un de vulnérable, qui a
des prédispositions génétiques, c'est sûr que ça peut être un facteur
qui vient déclencher ou, en tout cas, renforcer un problème.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci.
Mme Champagne
(Josée) : Et, chez certaines personnes, on nous l'a dit que la pesée a
déclenché un trouble alimentaire, qu'ils étaient déjà vulnérables avant, mais
que ce geste-là, et l'impact du geste, a déclenché les troubles alimentaires.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. On va passer du côté de l'opposition officielle, et je
cède la parole à M. le
député de Lac-Saint-Jean, qui est aussi porte-parole de l'opposition
officielle en matière de l'éducation. Son titre est très,
très long, alors c'est en matière de l'éducation, de recherche, de la
persévérance scolaire, de l'alphabétisation en matière d'éducation des adultes.
Alors, M. le député de Lac-Saint-Jean, la parole est à vous pour
10 minutes.
M. Cloutier :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, ça me fait plaisir de vous
retrouver aujourd'hui. Merci d'amener cette
discussion-là à l'Assemblée nationale. Vous nous amenez une réflexion qui est plus
large et générale que la pesée, à mon
point de vue, et vous nous amenez dans un univers des saines
habitudes de vie, de l'exercice physique, et j'aurais même envie d'ajouter un autre volet, qui est la qualité de
nos établissements, la qualité de l'air, la qualité de l'environnement. Parce que je
pense qu'aborder ces enjeux-là on
doit le faire dans une perspective plus large et générale, et je pense
que la pesée, c'est comme le symbole, dans le fond, une espèce de résultat un
peu bête d'une mesure quantitative, mais pas qualitative. Et, comme société,
bien, évidemment, ce qu'on souhaite, c'est une jeunesse en forme, c'est une jeunesse active, c'est une
jeunesse fière, fière de son apparence, fière de ses aptitudes, etc. Alors, je
suis persuadé des bonnes intentions de l'utilisation de la pesée, mais, ceci étant dit, c'est peut-être révolu dans la
philosophie et dans l'approche qu'on devrait avoir avec nos jeunes.
Maintenant,
je me questionne : Comment aborder les enjeux du poids sans
ramener ça, dans le fond, à la quantité? Et comment introduire dans
nos horaires, dans nos agendas, dans le régime pédagogique davantage de
présence d'activité physique? Comment
avoir... Mon collègue député faisait référence à l'alimentation en périphérie,
mais peut-être que ça pourrait être
aussi décidé non pas par les règles sur l'urbanisme, mais davantage
par les règles en éducation. Alors, il me semble que ça soulève plein d'enjeux, puis la pétition qui nous est
présentée aujourd'hui nous amène peut-être, comme société, à aller un pas plus loin.
J'ai
assisté récemment à une conférence de Pierre Lavoie, puis Pierre faisait...
Dans ses discours, ceux qui ont eu la chance d'assister à ses
conférences, une des premières choses qu'il dit, c'est : lui, il a été
traumatisé jeune par les évaluations,
rapidement une note, pour lui, à côté de ses capacités et ses aptitudes à
courir l'ont traumatisé pendant de nombreuses années parce que, sur le
50 mètres, il était incapable d'obtenir les résultats qu'il souhaitait.
Lui, il plaide pour l'abolition d'une note
en éducation physique, qui est un autre sujet, mais qui est quand même le
reflet aussi, à mon point de vue, de justement cette évaluation où, dans
le fond, on doit voir ça sur un cycle de vie ou sur une période plus largement.
Ça
fait que, bref, mes questions sont plus larges et générales, mais je me
questionne sur notre capacité à discuter des enjeux du poids sans
traumatiser nos jeunes et comment aussi encourager des saines habitudes de vie,
mais de façon peut-être plus positive que négative.
Mme
Guénette-Robert (Mélanie) : En fait, je pense que c'est une très bonne
question. Ce que la littérature démontre,
c'est que de parler des risques associés, par exemple, à un poids qui ne
serait pas santé, à un surpoids, ça apporte plus de peur, de honte puis de stigmatisation chez les jeunes. Donc, ça
serait vraiment d'aller parler des habitudes de vie. Donc, d'avoir une alimentation équilibrée, de
faire découvrir aux jeunes le plaisir de bouger, de parler de
l'acceptation de soi, donc y aller vraiment
à la positive, aurait des impacts
positifs sur le poids des jeunes et sur leurs comportements de vie.
Donc, vraiment d'y aller plus de cet aspect-là que de parler de poids en tant
que tel.
Parce
que ce qu'on sait aussi, c'est que les jeunes ont de la difficulté à avoir des
habitudes adéquates face à leurs poids,
dans le sens que, s'ils considèrent qu'ils ne font pas partie de la norme, ils
vont avoir tendance à vouloir contrôler leurs poids de façon malsaine,
en sautant des repas, en utilisant des produits, en faisant des jeûnes. Donc,
ils n'ont pas la réflexion ou l'habileté de...
M. Cloutier :
Je ne sais pas si vous avez réfléchi plus largement au nombre d'heures
d'activités physiques dans une semaine qui
est prévu au régime pédagogique, à l'alimentation qui est offerte dans nos
écoles au Québec? Est-ce que vous été à même de réfléchir plus largement
à ces autres enjeux là?
M. Nadeau (Pierre-Olivier) :
Je répondrais non, en fait, parce que c'est vraiment... Là, c'est vrai qu'on
revient, ici, il y a la pesée, puis ce qu'on ouvre, c'est ça, en fait. Mais
c'est de très bonnes questions, dans le sens où c'est exactement ça, je pense, qui serait peut-être à faire. De voir c'est
quoi, comment on peut favoriser la santé puis de façon globale, absolument d'accord, exactement. À tous
les niveaux, dans le fond, dans les écoles, et là ça peut être à
différents niveaux, tant au niveau, effectivement, de la formation des
professeurs, là... On parlait du contexte physique tantôt, de l'environnement de l'école, comment les parents
aussi peuvent être impliqués là-dedans. Parce que, dans la prévention de l'obésité et des troubles alimentaires et la
santé en général, ce que ça montre, les études, c'est que l'implication
des parents est hyperimportante. Tu as beau
faire un travail avec le jeune, si les parents n'appliquent pas ou il n'y a pas
d'intégration, ça ne donne pas grand-chose. Donc, c'est un peu ça, en fait.
Mais,
non, on n'a pas... Et là je pense que ça serait une étape suivante, de
dire : Bien, réunir... puis c'est un peu ce qu'on suggérait, là,
réunir les acteurs intéressés qui seraient pertinents, puis de façon globale,
je dirais large aussi, encore là, pour avoir
une vision large de la santé, pas définir ça... Parce que c'est un peu ça, dans
le fond, la pesée, c'est quelque chose d'assez réducteur, tu sais. Puis,
encore là, je le répète, ce n'est pas... je ne dis pas que les éducateurs physiques focussent juste là-dessus, je pense
qu'ils ont conscience que c'est plus que ça, mais c'est le danger de ça,
que les jeunes le prennent comme le seul
indicateur de santé. Puis, honnêtement, dans notre société, c'est quand même
quelque chose qu'on entend beaucoup, hein,
tu sais, dans le fond : tu n'as pas ton IMC correct, bien, tu es gros, tu
n'es pas correct, tu n'es pas en santé.
• (14 h 40) •
M.
Cloutier : La commission, c'est une commission qui est sur
l'éducation, donc plus largement qui a à voir, à mon point de vue, tous
les enjeux, incluant le régime pédagogique et la place qu'on fait à l'activité
physique. Puis l'Organisation mondiale de la
santé plaide pour une heure d'activité physique, chez nos jeunes, par jour. Je
suis convaincu que ce n'est pas ce qu'on offre présentement.
Maintenant, est-ce que ce n'est pas justement par des mesures
comme celles-là qu'en bout de ligne la nécessité d'évaluation par le
poids va devenir, dans le fond, moins importante, dans la mesure où les
habitudes seront intégrées davantage dans une façon de vivre, une façon
d'apprendre? Puis il me semble que c'est davantage sur ce modèle-là qu'on devrait travailler. Et le défi d'avoir la
notion d'être plus en forme dans le monde devrait être un objectif
de société, à mon point de vue. Et ça passe par la qualité de l'air, la qualité de l'environnement. Ça
passe par ce qu'on mange, etc. Alors, moi, je n'ai pas d'autre question.
Je vous remercie pour votre présence aujourd'hui.
Mme Guénette-Robert (Mélanie) : ...juste pour ajouter, par rapport à ce que vous
dites, qu'on devrait vraiment voir la
santé comme globale, il y a un aspect qu'on oublie souvent, c'est la santé
psychologique aussi. Donc, on démontre beaucoup que, les jeunes et les gens en général, les
adultes, leurs habitudes de vie dépendent beaucoup de leur bien-être psychologique,
de leur santé psychologique. Donc, je pense que ça aussi, c'est quelque chose sur lequel on peut poursuivre le travail.
M.
Cloutier : Je pense
que c'est dans... La journée d'hier, on a tous été davantage sensibilisés. Je
pense que c'est une belle initiative. Maintenant, dans la santé mentale,
il y a aussi, à mon point de vue, l'espace physique qui doit davantage... qui doit aussi faire partie de notre
réflexion maintenant. Puis la luminosité, l'éclairage, l'espace, ça
fait tout partie des enjeux qui sont liés au bien-être de nos jeunes,
qui, à mon avis, doivent être aussi intégrés dans, justement, la planification qui doit être faite pour nos
tout-petits. Tu sais, trop souvent, on a fait du copier-coller de ce qui
existait déjà. Trop d'écoles, au Québec, sont carrément délabrées. Trop de
places, l'éclairage et les plafonds sont trop bas, à mon point de vue, mais c'est toutes des... Vous allez dire : C'est des petites
choses, mais en même temps c'est le cumul, peut-être, de ces petites choses là
qui fait qu'en bout de course, bien, nos jeunes, ils sont plus en santé, ils
ont plus confiance en eux, ils ont
plus le goût d'être à l'école, le sentiment d'appartenance est plus fort,
l'appartenance aux écoles sportives, entre autres. Mais j'espère que
cette conversation-là va vous initier, avec d'autres, à une discussion importante,
et soyez assurée qu'on va faire, nous, notre travail d'opposition officielle.
Une voix :
Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, merci beaucoup. On va passer du côté du deuxième
groupe de l'opposition, et je cède la parole à M. le député de Chambly, qui est porte-parole du deuxième
groupe de l'opposition en matière d'éducation, d'enseignement supérieur,
de recherche et de la science. Alors, M. le député de Chambly, vous disposez de
six minutes et quelques secondes.
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Comme c'est la première
intervention, je veux saluer les collègues puis ceux qui les accompagnent. Merci beaucoup pour votre présentation. J'ai
trouvé ça bien intéressant, et ça m'amène à une question. On parle de la pesée en milieu scolaire, primaire, secondaire,
collégial, et je vous ai entendu, tout à l'heure, dire : Bien, écoutez, il faudrait peut-être réserver ça
aux médecins. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut faire la pesée en
milieu scolaire, là, absolument pas, mais ça
m'a interpelé quand vous avez mentionné ça, parce que je me demande, pour le
jeune, quelle différence ça peut faire. S'il pèse x, mettez le chiffre que vous
voulez, il repart, là... s'il est seul avec son médecin, puis il repart avec ça à la maison versus s'il est seul avec
son prof d'éducation physique, il repart avec ça à la maison. Enfin,
j'ai de la misère à voir la différence.
M.
Nadeau (Pierre-Olivier) : Bien, ici, je peux vous dire très
concrètement, je veux dire : Un, un poids, ça ne veut rien dire, tu
sais, un poids... Je veux dire, même moi, là, vous dites un poids, vous me
dites votre poids, O.K., je ne peux pas vous dire si c'est un bon poids ou pas. Ce qui va me dire si
c'est un bon poids, puis surtout pour un jeune, c'est les courbes de croissance, tu sais, je veux dire. C'est l'IMC...
Tu sais, on parle d'IMC, mais en plus ce n'est pas bon, l'IMC, chez les jeunes, c'est : il faut que
tu suives la courbe de croissance. Puis le piège là-dedans, en plus, c'est que
les gens... il y a des gens qui sont des
petits formats, il y en a qui sont des gros formats. Ça fait qu'ils ont des
gens qui ont suivi un petit IMC toute leur vie, puis d'autres qui ont
suivi un gros IMC toute leur vie.
Ce
que je veux vous dire, c'est que, dans le fond, le médecin... Puis, encore là,
le médecin aussi, il peut dire des... bien,
des conneries — je
m'excuse de le dire — je veux
dire, il n'est pas... mais ce que je veux dire par là, c'est qu'au moins
le médecin a quand même... tu sais, il va avoir la courbe de croissance
d'avant, tu sais, il va pouvoir voir individuellement
pour ce patient-là, bien, c'était quoi, là, le parcours de soins de ce
patient-là. Il peut le voir au niveau de la santé globale. Alors, je ne peux pas croire que l'éducateur physique va
avoir, tu sais, la courbe de croissance puis toutes les données médicales ou de santé de ce jeune-là. Ça
fait que c'est là-dessus que je vois mal... Puis là, encore là, peut-être
que je peux me tromper, mais comment un
éducateur physique, avec un poids comme ça une journée, puis la taille,
l'IMC... Moi, honnêtement, si j'avais juste ça, là, je ne pourrais même
pas dire, bon : C'est-u bon, c'est-u pas bon? Je ne pourrais pas répondre.
M. Roberge :
O.K. Je comprends. Ce n'était pas pour vous mettre dans les derniers
retranchements.
M. Nadeau
(Pierre-Olivier) : ...fortement, mais c'est un peu le...
M. Roberge :
Non, non, absolument pas.
M.
Nadeau (Pierre-Olivier) : Je voulais juste vous donner la couleur, là,
dans le fond... Mais je pense que je
réagis parce que je l'entends tellement, ça. Les jeunes me
disent ça, tu sais : Ah! on m'a dit «l'IMC, 18,5», ça y est, je suis,
tu sais, en dessous ou au-dessus. Moi-même,
je ne sais pas, vous me dites ça, tu sais, le jeune me dit ça, je ne sais pas
pantoute si ton poids est correct ou pas. Tu
sais, c'est ton corps qui le sait, c'est quoi, ton poids correct, tu sais? Ce
n'est pas juste le poids, tu sais,
c'est vraiment... Tu sais, même un patient, là, je veux dire, qui est amaigri,
puis on me demande : Bien, c'est quoi,
ton poids correct?, je ne sais pas. Ton corps va revenir correct, tu vas être
moins obsédé, tu sais, par tes troubles alimentaires, ta pression artérielle va être correcte, tu vas te mettre
à grandir. Là, c'est le corps... c'est le corps qui le sait, dans le fond. Moi, je ne sais pas. Le médecin ne
le sait pas non plus, je dirais, puis encore moins, je vous dirais, en
milieu scolaire. C'est juste que c'est un sujet assez complexe, quand même,
puis plus ou moins fiable, en fait.
Mme
Champagne (Josée) : Puis le poids en tant que tel, seulement, ce n'est
tellement pas un gage de santé. On peut
avoir des jeunes en sous-poids qui ne sont pas en santé et des jeunes qui ont des
rondeurs qui sont plus en santé. Donc, de se fier seulement sur un
chiffre, peu importe, on fait fausse route.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste encore 1 min 30 s, M.
le député de Chambly.
M.
Roberge : C'est bon. C'est parce que ça m'a interpelé. Je suis sorti
du cadre scolaire, je suis allé dans le cadre médical. Moi, du moment qu'on a un chiffre, on a un chiffre. Puis vous
avez dit tout à l'heure, en plus : Bon, le prof de gym n'était peut-être pas au courant à savoir si ce
jeune-là a été intimidé ou pas. Je veux dire, le médecin encore moins,
parce qu'il n'est pas dans la même école
pendant des semaines, et bref. Puis on dit : Ah! bien, le médecin a
peut-être la courbe de croissance.
Bien, on est en train de supposer qu'il y a un médecin de famille puis un
pédiatre, là. En tout cas, c'est un autre dossier, mais je ne suis pas
certain de ça. Pas certain de ça.
Bon,
vous êtes le groupe Anorexie et boulimie Québec. Donc, je vous pose une
question peut-être à l'extérieur de la
boîte. Outre le fait d'avoir été traumatisés par une prise de poids, là, qui
pourrait avoir été dans un mauvais contexte, tout ça, c'est quoi, les causes générales, génériques qui peuvent amener
les gens, jeunes ou moins jeunes, à développer des troubles comme ça? Si
on veut aller à la source, là, ça pourrait ressembler à quoi, bien qu'il y a
sans doute plusieurs raisons, là?
M. Nadeau
(Pierre-Olivier) : Dans le fond, la cause des troubles mentaux, vous
voulez dire?
M. Roberge :
Oui.
M.
Nadeau (Pierre-Olivier) : Wow! Bonne question. Si vous la trouvez,
vous nous le dites, mais, les causes, là, on ne le sait pas, dans le
fond. Puis moi, j'ai vu des patients, j'en ai vu... Bien, je n'ai pas tant
d'expérience, mais, honnêtement, je ne
pourrais pas vous dire, jamais, c'est quoi, la cause, dans le fond, parce que,
tu sais, il y a plusieurs facteurs.
En
psychiatrie, c'est tout le temps ça, c'est tout le temps un mélange entre ta
génétique... Parce qu'il y a des gens qui vivent pleins... qui ont été pesés puis ils n'ont pas réagi. Il y a des
gens qui ont vécu des choses difficiles au niveau de l'intimidation, tu sais, des choses qui
influencent, tu sais, l'image corporelle, puis ils ne développeront pas de
troubles alimentaires. Ça fait que, tu sais,
je ne peux pas vous dire... Tu sais, il n'y a pas un facteur, je pense que
c'est multiples facteurs, autant
biologiques qu'environnementaux. Puis là ce qu'on parle aujourd'hui, la pesée,
c'est juste que c'est un facteur qui peut, chez quelqu'un de fragile, en
tout cas, déclencher, effectivement...
Mais
je ne vous ai pas répondu, hein? Mais je n'ai pas plus de réponses que ça.
Puis, en fait, ce n'est pas grave qu'on
ne le sache pas. Je pense qu'il faut jouer sur les facteurs qui jouent. On sait
qu'il y a des facteurs d'association, tu sais, dans le sens où... Tu sais, les activités...
On sait qu'il y a des activités qui sont focussées... Tu sais, on parlait des
sports, là, où il y a des pesées. Bien, oui, les activités de haut niveau
focussées sur le poids, c'est plus à risque de troubles alimentaires. Encore là, ce n'est pas la cause, mais c'est associé. Puis
c'est tous ces facteurs-là, puis le but, c'est d'essayer de travailler
sur ces différents facteurs là pour les réduire. Je dirais que c'est un peu ça,
la réponse.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, merci, Mme
Guénette-Robert, Mme Champagne et Dr Nadeau, pour votre contribution à
nos travaux.
Alors, je suspends
quelques instants afin de permettre aux représentants de la Coalition
québécoise sur la problématique du poids pour s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à
14 h 49)
(Reprise à 14 h 50)
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, bonjour. Je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Coalition québécoise sur la problématique du poids. Alors, merci d'être parmi nous. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
présentation, et par la suite on passera à une période d'échange entre les
élus.
Alors,
je vous demanderais de vous identifier ainsi que la personne qui vous
accompagne, et vous pouvez tout de suite passer à votre exposé. Alors, la
parole est à vous.
Coalition québécoise sur la problématique du poids (CQPP)
Mme
Voyer (Corinne) : Parfait,
merci. Alors, bonjour, Mme la
Présidente. Mmes et MM. les députés, merci de nous avoir
invitées à pouvoir prendre part aux échanges aujourd'hui. Je me présente,
je suis Corinne Voyer, infirmière de formation
et directrice de la Coalition Poids. Je suis accompagnée aujourd'hui de ma collègue Anne-Marie Morel, qui est nutritionniste
et conseillère aux politiques publiques à la coalition.
Juste
rapidement, la coalition, notre mandat, c'est une initiative
qui est d'abord parrainée par l'Association pour la santé publique du
Québec, et notre mandat, c'est de revendiquer des modifications législatives,
réglementaires et des politiques publiques pour favoriser la mise en place d'environnements qui vont faciliter des choix santé et contribuer à prévenir des
problèmes d'obésité que nous connaissons ainsi que les maladies chroniques
associés. On regroupe plus de 350 partenaires issus de différents milieux,
organismes et individus.
Alors,
au Québec, vous le savez, l'embonpoint, l'obésité touche
plus de la moitié des adultes et près d'un enfant sur quatre. C'est une
importante problématique et crise de santé publique, puisque l'obésité est
associée à de nombreuses maladies, comme le
diabète de type 2, des cancers, des maladies cardiovasculaires, l'arthrite, et
elles coûtent à peu près, là, c'est des estimations un peu simplistes... pas
simplistes, mais, je veux dire, pas le portrait global, mais c'est 3 milliards
de dollars par année, minimalement, que ça
nous coûte, aux contribuables. Et la prévention et la réduction de l'obésité
doivent devenir un objectif prioritaire du
gouvernement. Tous les ministères et tous les acteurs de la société doivent
s'impliquer, incluant le milieu scolaire, et
le rôle de l'école est particulièrement important pour stimuler un mode de vie
sain ainsi que des changements d'habitudes de vie chez les jeunes.
En
matière de prévention de l'obésité, la pesée à l'école n'est pas un outil qui
permet d'atteindre la cible. Il faut plutôt
qu'on intensifie les actions qui vont permettre d'expérimenter des habitudes de
vie saines, en misant sur l'exploration, le plaisir et l'équilibre, et plusieurs écoles le font déjà de façon
admirable. À lui seul le poids ne permet pas d'évaluer le risque à la santé, on l'a entendu un peu plus tôt.
Par exemple, deux personnes du même poids vont avoir des silhouettes complètement différentes et un risque pour la
santé différent. Sur la balance, ça n'indique pas où se localise la
graisse ni la composition corporelle d'un
individu. Par exemple, le gras qui est situé dans un abdomen ou près des
organes vitaux est beaucoup plus
dommageable pour la santé qu'un gras de fesse ou de cuisse, on va le dire comme
ça. Les muscles sont aussi plus
lourds, et le poids va varier d'un jour à l'autre, d'un moment de la journée à l'autre,
même, au niveau des filles, en fonction du cycle menstruel.
On
utilise souvent l'indice de masse corporelle pour interpréter le résultat de la
pesée, et là c'est l'interprétation du poids
avec la taille, on l'a expliqué, qu'on catégorise, mais cet indice-là a été
développé pour estimer une prévalence, dans la population, de l'obésité. Ce n'est pas un indicateur pour un individu.
Alors, il faut faire attention dans son interprétation, parce que ça ne tient pas compte de la masse
musculaire, ni de l'ossature, ni de la répartition des graisses, ni de la
croissance qui est en cours.
Chez
l'adulte, une fois que la croissance est terminée, il y a moins de risque
d'interprétation au niveau de l'IMC, mais
ça demeure avec des limites. Les autres appareils de mesure anthropométrique
donnent aussi seulement des indices puis
ils ne sont pas des valeurs absolues. Donc, ça demande d'être bien encadré. Que
ce soit dans le cours d'éducation physique, en parascolaire, à la maison
ou même dans le cabinet du médecin, avoir un focus sur le poids des jeunes
plutôt que sur des comportements positifs à adopter pour être bien dans sa peau
et en santé peut avoir des effets indésirables,
comme nous a présenté le groupe ANEB précédemment. Là, je ne le répéterai
peut-être pas, là, vous avez compris
que ça venait avec un bagage de honte souvent ou de... c'est gênant d'avoir une
pesée. Ça peut avoir des effets chez certains,
là, qui vont affecter l'estime personnelle et même aller vers des
préoccupations excessives à l'égard du poids. Donc, je vais... On pourra
passer aux questions plus vite.
L'enseignant en éducation physique et à la santé
était un acteur de choix pour prévenir les problèmes liés au poids et à l'image corporelle. Ils sont vraiment
en proximité avec les jeunes. En enseignant aux jeunes les limites de la
pesée et les autres
outils qui visent à faire une estimation de la composition corporelle, ils
peuvent relativiser l'importance par rapport
aux saines habitudes de vie. Pour nous, l'école demeure un lieu privilégié pour
favoriser l'adoption et le maintien des
saines habitudes de vie, ça rejoint tous les enfants, tous les jeunes, et les
comportements qui sont appris dès le plus jeune âge, c'est des
comportements qui vont avoir... qui vont probablement s'ancrer davantage pour
de bon.
Donc, la
coalition a notamment déposé un mémoire dans le cadre des consultations sur la
réussite éducative. J'ai plein de
copies avec moi, si vous voulez de la lecture. L'école a avantage à intégrer
plus la promotion des saines habitudes de vie pour favoriser l'atteinte
d'objectifs pédagogiques. La saine alimentation et l'activité physique sont des
alliés importants pour les enseignants et
l'ensemble de l'équipe-école, ça contribue à rendre les élèves plus performants
sur le plan académique, ça peut être
un vecteur de motivation, de sentiment d'appartenance et de persévérance
scolaire. On a d'ailleurs une
politique-cadre déjà, dans nos écoles, qui s'appelle Pour un virage en santé,
et elle fêtera bientôt ses 10 ans, et elle mérite d'être davantage
valorisée, et c'est déjà des bons ancrages sur lesquels on peut faire beaucoup
de choses.
Pour finir,
proscrire la pesée à l'école ne devrait aucunement dévaloriser l'importance du
travail des enseignants et de
l'équipe-école en matière de santé, particulièrement en prévention de
l'obésité. Au contraire, c'est un rôle qui doit être soutenu et valorisé
parce qu'il est essentiel. Et la phrase-clé, c'est : Peu importe le poids,
chaque jeune va bénéficier d'améliorer ses
saines habitudes de vie. Alors, c'est pourquoi, nous, on propose d'émettre une
directive au primaire et au secondaire de ne pas utiliser la pesée ni
d'autres mesures anthropométriques chez les jeunes de moins de 18 ans, à l'exception des programmes sportifs et de haut
niveau, là, qui sont basés sur le poids — on en a parlé, le judo, par exemple, on n'aura pas le choix, dans les catégories, de
prendre le poids — mais
cette directive devrait être expliquée, les raisons qui la motivent
doivent être diffusées à l'ensemble de l'équipe-école et les intervenants en
parascolaire.
La pesée ou
les mesures anthropométriques chez les jeunes adultes de 18 ans et plus
devraient être encadrées, et, dans
tous les cas, la prise de mesures physiques devrait rester volontaire, donc ne
pas forcer un élève à passer au travers de ce processus. Il importe
aussi d'informer les jeunes des limites du pèse-personne, donc de la balance,
de manière à réduire la prévalence et la
préoccupation excessive à l'égard du poids. Et, en complémentarité, bien, il faut
maximiser la place des saines habitudes de
vie à l'école, poursuivre les efforts pour le déploiement efficace des
politiques alimentaires à l'école. Il
faut aussi soutenir les équipes-écoles dans la promotion des saines habitudes
de vie, le poids et l'image corporelle, et ce, ça termine ma
présentation. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, on est prêts à passer à la
période d'échange, et je cède la parole à M. le député de Chapleau. Vous
avez 15 minutes.
M.
Carrière : Merci, Mme la Présidente. Mme Voyer, Mme Morel, merci
d'être ici avec nous aujourd'hui. J'ai lu avec beaucoup d'attention
votre mémoire, et il y a des choses fort intéressantes. Vous avez parlé que
vous fêtez votre programme Pour un virage
santé à l'école, vous en êtes à votre 10e année. Pouvez-vous expliquer
rapidement qu'est-ce que ce programme-là?
Mme Voyer
(Corinne) : En fait, c'est la politique-cadre du gouvernement actuel
qui arrive à ses 10 ans, donc...
Une voix : ...
Mme Voyer (Corinne) : Non, ce n'est
pas notre programme, c'est votre programme...
M. Carrière : Je pensais que vous
aviez quelque chose d'associé...
Mme Voyer (Corinne) : C'est notre
programme de société.
M.
Carrière : Excusez-moi,
c'est correct. Celui-là, je le connais, je pensais que vous aviez quelque chose
d'associé.
Mme Voyer (Corinne) : Non, non, non.
Nous, on le valorise, en fait, c'est une excellente initiative. Malheureusement, le soutien financier n'a pas été
suffisant pour le soutenir, et bon, après 10 ans, on voit qu'il y a eu
un petit recul dans certains milieux, elle mérite un petit tour de roue de
plus, là.
M.
Carrière : Dans vos recommandations, vous dites que la pesée ou les
mesures anthropométriques chez les jeunes
adultes de 18 ans et plus devraient être encadrées. Donc, ce que je
comprends dans vos recommandations, c'est de proscrire complètement au primaire, secondaire, sauf, là, lorsque c'est
du sport d'élite, dans les sports-étude ou les sports où on a besoin, là, des poids comme... d'avoir le
poids, comme en judo, en boxe, en haltérophilie, des fois en football
aussi, c'est important, là, de l'avoir. Mais, au niveau du cégep, quand vous
dites : Ça devrait être mieux encadré, comment vous voyez ça?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme Morel.
• (15 heures) •
Mme
Morel (Anne-Marie) : Oui. Bien, en fait, ce qu'il faut comprendre, et
puis on l'a un peu dit dans le groupe précédent, l'indice de masse
corporelle, on croit que c'est un indice tellement important, mais il se trompe
très, très souvent. Donc, il a été développé
pour des populations au départ. Donc, quand on fait des enquêtes de population,
même si l'indice de masse corporelle se trompe sur un individu, il va
sous-estimer son risque à la santé, sur un autre, il va le surestimer un peu, toutes les erreurs finissent
par s'annuler, puis on finit par avoir, donc, un portrait pour la société
qui est intéressant en termes de risque à la
santé. Lorsqu'on l'applique à un individu pris seul, l'indice de masse
corporelle fait des erreurs, et dans les deux sens. Donc, au niveau... lorsqu'on
qualifie quelqu'un en surpoids selon l'indice de masse corporelle, quand ils font des études et qu'ils les croisent avec des
données, là, de scan, là, des données très,
très médicales pour vérifier le gras à l'intérieur du corps, on va voir que le risque à la santé chez les personnes qui
sont classées en surpoids, en fait, il y en a
20 % qui n'en ont pas, de
problème, qu'il n'y en a pas, de risque, du tout, accru. 80 %
des cas, oui, le risque est augmenté, mais, dans 20 %, il n'y en a
pas du tout. Et le plus intéressant, c'est que chez les gens de poids normal il y en a 30 % qu'on va mal classer. Donc, on
appelle maintenant un nouveau phénomène, là, qui s'appelle le syndrome
de l'obésité des poids normaux. Donc, dans
la fourchette des poids normaux, il y en a qu'on classe mal. Et pourquoi ces
gens-là ont un risque à la santé accru?
C'est que le gras dans le corps, il n'est pas aux bons endroits, et c'est lié
aux habitudes de vie. Donc, on revient toujours à la même chose.
Donc,
pour nous, ce n'est pas un outil qui est nécessaire, de calculer un IMC au cégep ou ailleurs. Le poids,
pour nous, n'a pas d'importance en prévention de l'obésité, on devrait être sur les habitudes de vie.
Mais, dans les milieux où ils le
font, parce qu'on en entend parler toujours, bien, nous, on
dit : Bien, il faut expliquer les limites de ces outils-là aux jeunes, ils doivent le comprendre. Chez les
adultes, le risque d'erreur est un peu moins grand, malgré les limites, là,
que chez l'enfant ou l'adolescent. Donc, on
voulait laisser un peu de latitude volontaire. Donc, pour nous, ce n'est pas...
Dans le programme pédagogique, lorsqu'ils
disent que «l'enseignant doit évaluer la condition physique du jeune et lui
apprendre de façon critique à s'autoévaluer au niveau de sa
condition physique», pour nous, ce n'est pas un élément qui est
nécessaire pour ça, mais, si un jeune
voulait le calculer ou le faire, on veut que ça soit bien fait et que ça soit
volontaire. Je ne sais pas si je réponds bien à votre question.
M. Carrière :
Oui. Oui, oui, merci. Quand vous dites que le professeur qui donne les outils à
l'étudiant pour s'autocritiquer puis... est-ce que
vous ne pensez pas que c'est un rôle, justement, du professeur d'éducation physique... c'est un
rôle de la société, là, sûrement, là, mais d'aider le jeune, de lui donner des
outils pour avoir une prise de conscience pour qu'il ait, un, oui, comme vous disiez, de saines habitudes de vie, pour
qu'il soit plus actif, etc.? Si ce n'est pas lui, dans le cadre
pédagogique, qui ça pourrait être?
Mme Morel
(Anne-Marie) : En fait... Ah! Vas-y.
Mme Voyer
(Corinne) : Excuse. On verra si on dira la même chose. Mais,
définitivement, le professeur d'éducation physique est le mieux placé pour faire l'enseignement des saines habitudes de vie à l'école, auprès des jeunes. Ils le font déjà, ça fait partie de leur mandat. Il y a de plus en plus de connaissances et de sciences qui évoluent, et je veux parler des boissons sucrées, là, on le sait maintenant,
qui sont un important contributeur de nombreux problèmes de santé. Il y
a peut-être lieu, à travers le cursus scolaire, de venir faire des
interventions à ce sujet-là. Donc, oui, le professeur d'éducation physique est un
acteur clé sur la promotion des saines habitudes de vie, mais pas de faire un
focus sur le poids.
Mme
Morel (Anne-Marie) :
J'aurais rajouté, en fait, que, lorsqu'on parle d'autocritique, vous le dites vous-même,
on parle de la condition de santé, de la
condition physique, et, le poids, on pourrait complètement l'éliminer, et on
arrive à faire une autocritique de sa
condition physique ou de santé également très,
très bonne. Les enseignants ont les
capacités d'évaluer est-ce que
l'élève s'améliore au niveau de la flexibilité, de la coordination, de l'endurance physique.
Donc, il y a tellement de paramètres autres qu'on peut regarder et qui
ne sont pas... qui n'ont pas le même impact et qui sont probablement plus vrais pour
évaluer la condition physique, là, que le poids. C'est juste qu'on surestime en général,
à l'école et à l'extérieur, ce que vaut un poids, ce que c'est, un IMC, on lui
donne trop d'importance.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, ça va, M. le
député, oui? Alors, M. le député de Sainte-Rose, il vous reste huit minutes et quelques
secondes.
M.
Habel : Parfait. Merci beaucoup. Merci aux groupes qui sont venus nous parler concernant la pétition
qui a été déposée. Je pense que c'est très intéressant de pouvoir
discuter de ce sujet.
Donc,
si je fais un peu la synthèse de ce que vous avez dit, c'est de proscrire la
pesée au primaire et au secondaire. Vous
apportez une nuance, une exception pour les niveaux... les hauts sports de
niveau, mais vous êtes un peu plus
nuancées au niveau des 18 ans et plus.
Et vous nous avez informés un peu des limites du pèse-personne puis de l'évaluation de l'IMC.
Alors,
moi, ma question, ce serait : Est-ce
que, selon vous, ce ne serait pas
plus simple de peut-être le proscrire dans les cours généraux
scolaires, que ce soit au niveau primaire, secondaire ou collégial?
Mme
Voyer (Corinne) : Il n'y a
pas nécessairement de valeur pédagogique à mesurer ou à peser un
élève. Donc, à ce niveau-là, la pertinence de l'avoir dans les cours,
elle n'est pas là.
Mme
Morel (Anne-Marie) : En
fait, là, on s'était plus dit que le jeune adulte, lorsqu'il doit, dans le premier cours d'éducation physique au cégep, évaluer sa
condition physique... etc. Il l'entend dans la société. Vous le savez tous,
ce que c'est, un IMC, parce que vous l'avez
vu dans les annonces de céréales à la télé ou ailleurs. Donc, le jeune adulte,
il est confronté à ça, il l'a
peut-être déjà calculé. S'il veut le
faire avec le professeur... On
trouvait qu'à l'âge adulte c'est peut-être correct de le faire, si c'est sur une base volontaire, il pourra lui
expliquer qu'est-ce que ça vaut, finalement, un IMC, par rapport aux autres paramètres, puis lui
relativiser l'importance de ce facteur-là. Ce n'est pas du tout qu'on le
suggère ou qu'on le recommande, ce n'est pas nécessaire nulle part,
mais, si ça se fait, jamais chez les jeunes.
Puis
il y a une chose qui n'a pas été dite, là, au niveau des courbes de croissance
chez le jeune, effectivement, quand
on calcule un IMC pour un enfant, on va les rapporter dans les courbes de
croissance, parce que les enfants ne vont pas grandir de façon linéaire, donc il y en a qui vont élargir, après
allonger, etc. Donc, on ne peut pas planifier dans quel sens ils vont grandir en premier. Et puis ça prend
au moins... quand je travaillais comme clinicienne dans ce domaine-là,
ça prend au moins trois mesures sur une
courbe de croissance pour essayer de voir : O.K., est-ce que l'enfant se
dirige vers du surpoids, vers pas ça? Donc, on ne peut pas avec une
mesure faire une conclusion, c'est juste impossible.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Ça va, M. le député? Alors, M. le député de Pontiac... Papineau,
excusez-moi. Vous avez six minutes.
M.
Iracà : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue et de vous dire
merci d'être présentes ici, sur un sujet très important pour l'avenir de nos
jeunes.
On est
inondés d'études d'un peu partout qui nous disent qu'on est en surplus de
poids, ça vient beaucoup des États-Unis,
mais ça vient aussi du Canada, où des études disent qu'il y a quand même un
haut pourcentage de jeunes qui sont
en surplus de poids puis qui devraient atteindre un poids santé. On parle
toujours de poids santé. Puis tantôt il a été énuméré, puis avec raison, que peser des jeunes en milieu scolaire,
bien, ça a un effet psychologique sur le jeune, puis, je pense, avec raison, là, surtout si ça se fait
devant les autres, etc. Mais quelqu'un, puis vous l'avez effleuré tantôt, qui,
de manière individuelle, prend sa santé à
coeur puis qui dit : Moi, j'ai un surplus de poids, et il va voir un
spécialiste, puis il dit : Bon,
bien, voici ton poids santé à atteindre, mais qui voudrait faire une démarche,
comme quelqu'un à haut taux de cholestérol
puis qui veut le baisser, il doit avoir un suivi régulier puis des tests pour
voir si ça baisse. Quelqu'un qui... Un jeune
qui dirait : Bon, bien, moi, j'aimerais avoir un suivi régulier sur mon
poids pour atteindre mon poids santé, est-ce que vous pensez que ça
pourrait être une démarche qui pourrait se faire, par exemple, avec des aides,
à l'école?
Mme Voyer
(Corinne) : Si on prend chaque jeune, un à la fois, pour faire cette
évaluation-là, on n'en finira pas, il y
a tellement de conditions et de variables. C'est pour ça qu'on mise sur des
environnements ou des politiques publiques, c'est la façon de rejoindre le plus de jeunes. Donc, si on augmente le
niveau d'activité physique à l'école, si on s'assure d'offrir un environnement alimentaire adéquat, en
éliminant des fast-foods en avant de l'école, qui font compétition ou
qui font ombrage à nos politiques
alimentaires, on risque d'atteindre notre objectif de saines habitudes de vie
plus facilement que de se fixer des objectifs de poids. Ce n'est pas
le...
On a un
problème social d'obésité, effectivement, mais nos environnements, nos milieux
de vie font en sorte qu'on fait des
choix dans la vie qui sont souvent moins santé parce que c'est la première
offre qu'on a devant nous, que ce soit pas d'accès aux trottoirs, pas de pistes cyclables pour se rendre à l'école.
Les jeunes devraient pouvoir bouger 60 minutes par jour à l'école.
Ils ont un cours d'éducation physique — vous allez le voir avec les
professeurs — dépendamment
des milieux, des fois ça va au cycle de neuf
jours, des fois c'est à peine une heure, là, là-dessus il faut qu'ils se
déshabillent, il y a de l'éducation qui est
faite, donc ils ne sont pas toujours actifs. Il y aurait des occasions de
pouvoir bouger davantage à la
récréation. Il y a des récrés qui sont maintenant coupées parce qu'il n'y a pas
assez d'espace, à l'extérieur pour envoyer les élèves en même temps dehors. Le service de garde, ça bouge de moins en
moins. Les compétences culinaires se perdent parce qu'on va vers des produits transformés. Donc, c'est vraiment un
enjeu social, puis, si on veut y parvenir, ce ne sera pas en ayant des
objectifs d'individu, il va falloir qu'on mise sur nos politiques publiques.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
• (15 h 10) •
Mme Morel
(Anne-Marie) : Je voudrais juste rajouter... En fait, vous parlez de
poids santé, c'est un terme qui n'existe
pas... plus, «poids santé», parce que, justement, les gens de la gamme de poids
normal, comme je vous disais tout à l'heure,
il y en a qui fument, il y en a qui ont des mauvaises habitudes et il y en a un
30 % de ces gens-là qui finalement ont de la graisse dangereuse à l'intérieur de leurs corps ou un pourcentage
de gras parce que les habitudes vie ne sont pas les bonnes. Donc, en misant sur les saines habitudes
de vie, on ne peut juste jamais se tromper, puis c'est pour ça qu'on
amène vers cette réflexion-là.
Et puis il
faut savoir aussi que ce n'est pas nécessairement un succès, une personne qui
perd du poids. Par exemple, si je
vous dis... surtout, en fait, chez les jeunes. Il ne faut pas mettre un jeune
au régime sévère... lui faire adopter de saines habitudes de vie, oui, mais ce qui va arriver, c'est qu'on peut venir
interrompre une poussée de croissance qui finalement n'aura jamais lieu, et le jeune qui avait commencé par élargir, bien, il ne grandira pas
après. Ça fait que, finalement, plus tard,
on va lui avoir causé plus de troubles que de bien. Mais manger plus de fruits,
de légumes, ça ne peut pas lui nuire, bouger
plus, ça ne peut pas lui nuire, le tout dans le plaisir. C'est sûr qu'on ne
nuit pas et qu'on enligne la personne vers la bonne solution de cette
manière-là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ça va, M. le député de Papineau? Parfait? Il reste encore deux minutes du
côté du gouvernement. Ça va? Alors, on va passer du côté de l'opposition
officielle, et je cède la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Merci, Mme la Présidente. Alors, ça me fait plaisir de vous
retrouver aujourd'hui. J'ai suivi au fil des années vos propositions, vos travaux. Merci de faire de la lutte à
l'obésité et de la prévention un cheval de bataille important.
Quand on
regarde les chiffres, je pense qu'on a de quoi s'inquiéter. Comment on inverse
la tendance actuelle? Comment on
réussit réellement à donner le goût à nos jeunes des saines habitudes de vie et
de lutter aussi contre l'obésité qui ne cesse de
croître? Lorsqu'on voit l'accessibilité et la présence du sucre ajouté dans à
peu près tous les aliments, quand on voit la promotion qu'on en fait,
l'accessibilité, et quand on voit les statistiques aussi qui malheureusement
nous démontrent clairement que l'obésité prend de plus en plus de place dans
notre société, je me dis : Comment aborder ces enjeux-là sans traumatiser
notre monde puis aussi en réussissant à inverser la tendance?
Mme Voyer
(Corinne) : Le problème de l'obésité, c'est qu'il est multifactoriel.
Donc, il n'y aura pas de solution unique,
c'est-à-dire il va y en avoir plusieurs, solutions. Et on le voit sur le
terrain, il y a des groupes qui se mobilisent, qui font des actions, puis ce n'est pas suffisant. Ça
doit aussi venir d'en haut, en parlant de l'État, en orientant des choix
de société. Ça peut partir à l'école, en
donnant plus de place à l'activité physique. Puis ce n'est pas parce qu'on
coupe un peu dans les heures de
français ou de mathématique qu'on va avoir des conséquences sur les résultats
scolaires si on fait place à plus
d'activité physique. Il y a des études qui ont démontré qu'on peut enlever un
petit peu de matières scolaires, puis les résultats à terme vont être
aussi bons, sinon meilleurs en remplaçant par de l'activité physique.
Mais là ça,
ce n'est qu'un seul exemple, puis c'est un geste qui peut être posé, quand
même, puis qui doit venir... qui doit
commencer d'ici. Au niveau des boissons sucrées, c'est un fléau au Québec, au
Canada, à travers le monde. On en consomme
et on en surconsomme. C'est du sucre qui rentre instantanément dans l'organisme
et qui crée énormément de dommages,
et on n'a rien fait encore au Québec pour ralentir cette consommation-là. Et je
vous annonce que, demain en France,
ils vont interdire dans tous les restaurants les fontaines en libre-service.
Donc, ça ne sera possible d'aller se remplir le mégaverre de Coke, deux, trois puis quatre fois, alors que c'est une
pratique qu'on voit souvent chez les jeunes. Ça pourrait être des mesures qu'on pourrait avoir ici aussi, au Québec.
Depuis longtemps, vous avez sûrement entendu parler de notre fameuse taxe sur les boissons sucrées. Je
sais que ça demande du courage politique, mais il y a un appui social,
c'est près de 80 % de la population qui l'appuie, si c'est réinvesti en
prévention. Et, quand on parle de réinvestissement en prévention, bien, c'est là qu'on peut soutenir nos politiques
alimentaires ou nos... faire plus de place à l'activité physique à l'école, puis que ce soit dans... pour le
transport actif. Donc, ce sont ce type d'initiatives là qui vont faire en sorte
qu'on va espère pour l'instant.
Mme Morel
(Anne-Marie) : Oui, puis j'ajouterais... Si votre commentaire,
c'est : Est-ce qu'on en fait assez?, bien, pas du tout. Au Québec, on n'en fait pas assez. Les écoles, c'est
peut-être l'endroit où il y a le plus d'effort qui est fait sur le terrain, mais il en reste, des choses à faire.
Puis vous nommiez les aménagements. Tout à fait. Même les services de
garde, quand ils... ou les services de
dîneurs, là, faire manger les élèves dans un endroit où ça fait tellement de
bruit que vous aussi vous mangeriez
en deux minutes puis vous courriez dehors. Donc, il y a toutes sortes de
choses, dans nos écoles, qui sont à faire.
Et puis ils le font déjà, mais ils ont besoin d'aide puis ils ne peuvent... On
peut faire plus puis il faut faire plus partout.
M.
Cloutier : Est-ce que vous suggérez une heure d'activité physique par
jour? Est-ce que ça fait partie de vos...
Mme Voyer (Corinne) : Un minimum à
l'école devrait être... Dans la journée, l'enfant devrait faire 60 à
90 minutes d'activité physique, par jour. Et l'école devrait offrir cette
possibilité d'atteindre 60 minutes. Ça peut être découpé, là, ce n'est pas
obligé d'être un bloc de 60 minutes, là.
M.
Cloutier : Comme ça existe déjà dans certaines écoles du Québec. Il y
a quand même des modèles à partir desquels on est capable de s'inspirer.
Je pense à Pierre-De Coubertin, entre autres, où...
Mme Voyer
(Corinne) : C'est un exemple souvent cité. Mais on peut le faire aussi
juste en redonnant... que ce soit pour se rendre à pied à l'école, au
primaire, que ce soit les cours de récréation, c'est toutes des minutes qui
peuvent s'accumuler qu'on... souvent qu'on
oublie que c'est possible, là. Puis, si on peut augmenter le cours d'éducation
physique, c'est l'idéal, là. C'est là qu'on apprend à bouger puis à découvrir
le plaisir d'être actif.
M.
Cloutier : J'ai personnellement pris plusieurs fois position en faveur d'une réglementation pour l'accessibilité aux
boissons sucrées. J'ai toujours trouvé que c'est une aberration de voir qu'il n'y a aucune réglementation, alors qu'à plusieurs autres endroits dans
le monde on a décidé de bouger, justement, et d'agir pour encadrer. Il y a le
cas de la France, notamment.
De mémoire, il y
avait le Danemark aussi. Est-ce que
vous pouvez nous donner des indications un peu sur ce qui se fait ailleurs
dans le monde pour l'accessibilité aux boissons à sucre ajouté?
Mme Voyer
(Corinne) : Oui. Bien, il y a
différentes taxes qui sont en vigueur à travers le monde. Il y a
la France qui taxe depuis longtemps,
le Mexique, certaines villes américaines comme Berkeley, qui sont des modèles
intéressants, il y a l'Afrique du Sud. Bon, les exemples
de taxes, ceux qu'on a plus documentés, il y en a d'autres, la liste,
elle peut être assez longue. Au
Danemark, ce n'était pas juste une taxe sur les boissons sucrées, c'était une
taxe sur aussi les gras saturés. C'est
souvent un milieu que l'industrie aime reprendre parce qu'elle a eu un échec, étant donné l'étendue de la taxe qui
taxe tout plein de produits : des
batteries, du beurre, des produits de base. Ce n'est pas juste les boissons
sucrées. Donc, les gens sortaient du pays pour aller faire leur
épicerie. Donc, ça, c'est un mauvais exemple. Mais, au Mexique, ça montre énormément
de succès, puis à Berkeley aussi.
Mme
Morel (Anne-Marie) : Puis ce qui est surtout important, en fait, c'est
que, dans la plupart des cas, et c'est notre
proposition aussi, ces taxes-là génèrent des revenus qui sont réinvestis en
prévention. Donc, il y a des choses qui peuvent paraître banales, mais, au Mexique,
maintenant il y a des fontaines d'eau dans toutes les écoles, puis, au
Québec, il n'y a pas des fontaines d'eau
dans toutes les écoles, dans l'aire de repas. Donc, ça, c'est des choses qui
sont perturbantes.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Il vous reste 2 min 30 s, M.
le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Merci. Dans votre mémoire que vous nous présentez, vous parlez du marketing
alimentaire de malbouffe à l'intérieur de nos écoles. Pouvez-vous peut-être
nous partager un peu de quoi il s'agit?
Mme
Voyer (Corinne) : Il y a du marketing alimentaire aussi à l'extérieur
de l'école, qui va s'installer, que ce soient
des dépanneurs ou des McDonald's qui vont afficher des rabais pour attirer les
étudiants sur l'heure du midi. C'est extrêmement
fort et puissant. On a déjà vu du marketing à l'intérieur des agendas des
élèves, des coupons, des rabais pour aller s'acheter une frite, une
poutine au coin.
À l'école, Anne-Marie,
c'est notre spécialiste des politiques alimentaires.
Mme
Morel (Anne-Marie) : Bien, il y a des concours, que vous avez
peut-être vus passer dernièrement, là, dans le parascolaire aussi. Je ne
nommerai pas les produits pour ne pas leur faire davantage de publicité, mais
des barres de chocolat, des breuvages
sucrés, donc toutes sortes de produits. Et, malgré qu'il y a une politique
alimentaire en place, il semble que le parascolaire parfois a plus de
facilité à échapper à la politique.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste encore une minute, M. le député.
M.
Cloutier : Je vous remercie. Alors, quelques suggestions. Fontaines
d'eau dans les cafétérias, ça m'apparaît le strict minimum. Donc, vous me dites qu'il y a de la publicité qui se
fait pour de la malbouffe dans les agendas des élèves dans certaines
commissions scolaires. C'est ça que j'entends?
Mme
Voyer (Corinne) : Il faudrait voir, là, je... Des fois, c'est des cas
isolés d'écoles, mais, pour le parascolaire, c'est souvent à l'échelle du Québec, c'est un commanditaire qui
s'associe avec des réseaux du sport et qui descend avec de la malbouffe.
Ça fait que...
Mme
Morel (Anne-Marie) : Puis c'est ça, les fontaines d'eau, vous avez
nommé la cafétéria, en fait, il faut quand même savoir que, maintenant au primaire, la plupart des jeunes ne
mangent plus dans des cafétérias. Les écoles n'ont plus nécessairement
de cafétérias, il manque trop d'espace. Donc, c'est d'avoir accès à de l'eau,
en fait, de valoriser ça, d'avoir accès dans
les lieux de repas quels qu'ils soient, que ce soit la classe, que ce soit...
et d'aménager les aires de repas aussi
pour que ça soit convivial, et l'association québécoise des services de garde
propose plusieurs éléments, entre autres, là, à ce niveau-là, donc d'améliorer nos aires de repas. Parce que, si
on veut enseigner aux jeunes la relation saine avec la nourriture,
l'aménagement y contribue, définitivement.
M.
Cloutier : Merci. Sur l'affichage du sucre ajouté, il y a un débat au
Canada par rapport aux États-Unis sur l'affichage réel. Avez-vous pris
position là-dessus?
Mme
Voyer (Corinne) : Oui. On est en faveur de ce qui est proposé par
Santé Canada, de mettre au-devant des emballages
les quantités de sucre qui dépassent 15 %. C'est un bon pas. Ce n'est pas
parfait comme système, mais on a tellement
de produits alimentaires qui souvent ne sont pas bons. Je peux prendre un
exemple de biscuits au chocolat, qui va être une collation pour enfants, puis on va valoriser le fait qu'il y
ait du fer dedans puis qu'il y ait zéro cholestérol, ça fait que le
parent achète ça, pensant qu'il fait peut-être un bon choix, mais jamais on ne
parle de la quantité de sucre qui est à l'intérieur,
où on a... Puis là vous n'avez qu'à penser à vos céréales le matin, le nombre
de logos qu'on retrouve sur ces produits-là
pour essayer de vous vendre un produit santé, alors que, dans les faits, il est
rempli de sucre ou de sel. Donc, c'est une bonne initiative.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. On va passer du côté du
deuxième groupe de l'opposition. M. le député de Chambly, vous disposez
de six minutes.
• (15 h 20) •
M.
Roberge : Merci beaucoup pour votre présentation. J'ai bien aimé à la
page 7, vous parlez du fait que notre société a un environnement obésogène — je ne l'avais jamais, jamais entendu, mais
quand même ça frappe — donc, des publicités, du
sucre saupoudré un petit peu. Pensez-vous que, pour ne pas avoir un
environnement obésogène, dans les écoles
secondaires, il devrait systématiquement y avoir une cafétéria avec... pas
seulement une salle de repas, mais avec une offre santé? Parce que je sais que, dans plusieurs localités, il y a des
écoles secondaires où il n'y a pas du tout de cafétéria. Est-ce que
c'est un facteur important pour vous?
Mme Morel
(Anne-Marie) : Mais, en fait, au niveau de l'offre alimentaire, la
fameuse politique-cadre Pour un virage
santé — puis on
vous promet qu'on va vous en reparler dans les prochains mois parce qu'elle
fête ses 10 ans cette année — elle a fait faire d'immenses
progrès. Donc, on a beaucoup amélioré les choses. Il y a des éléments qui sont
restés problématiques, les fontaines d'eau en sont un. Mais il y a eu beaucoup
de progrès. Donc, la qualité de l'offre alimentaire,
nos écoles ont fait des très, très belles choses, peut-être pas partout, mais
ça a beaucoup, beaucoup avancé. Donc, de ce point de vue là, on n'est
pas inquiets.
Ce
qui arrive, c'est la compétition aux abords des écoles qui parfois va venir
nuire à cette politique-là. Et le lieu de repas, donc quand on mange, par exemple, dans la cafétéria, des grandes
tables blanches, que les murs ne sont pas décorés, qu'il y a un bruit, un vacarme important, bien, on
ne peut pas compétitionner avec le restaurant qui nous offre une
banquette, un petit coin où je peux jaser
tranquille avec mes copains, ou la possibilité de manger à l'extérieur, tout
simplement dans la cour d'école, avec
les amis, donc l'été, etc. Donc, il y a toutes sortes de moyens de rendre
l'école plus attrayante pour que les jeunes consomment les aliments
sains qu'on leur propose en ses murs.
Mme Voyer
(Corinne) : Mais les nouvelles constructions d'école devraient toutes
avoir une cafétéria avec la capacité de recevoir l'ensemble des élèves.
Ce n'est pas normal que des élèves sont obligés de manger assis dans le corridor, devant leurs casiers, parce qu'ils ne
peuvent pas s'asseoir à la cafétéria dans une nouvelle école. Ça, c'est
une aberrance. Tout comme les plateaux sportifs. Tu ne peux pas avoir une école
qui n'a pas suffisamment d'espace pour recevoir
tous ses jeunes en activité physique. Il y a des cas où il y a des écoles qui
n'ont pas l'espace suffisant, donc c'est autant... C'est plate parce qu'il y en a que c'est des écoles qui sont
construites depuis longtemps, puis c'est difficile après ça de repenser l'aménagement, surtout s'il faut
grossir. Dans le cas des nouvelles écoles, on est capables de faire
quelque chose. On n'a pas droit à l'erreur,
là. Maintenant qu'on sait qu'on peut protéger un environnement, qu'on peut
construire adéquatement, c'est le temps de le faire. Tu sais, il ne faut pas se
réveiller dans 10 ans puis dire : On a oublié, là.
Mme Morel (Anne-Marie) : Oui,
puis rajouter, en fait, au niveau de l'obésité, non seulement c'est un grave problème, mais c'est un problème qui ne s'améliore
pas, donc c'est juste important que vous le sachiez, donc que, chez
l'adulte, récemment, les données nous montraient, ça continue de monter. Chez
l'enfant, peut-être qu'on a réussi à freiner,
mais on n'a pas réussi à descendre. Et puis l'obésité, elle a augmenté, elle a
plus que doublé depuis 20 ans. Donc, il faut vraiment prendre les
bouchées doubles.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Vous avez trois minutes, M. le député.
M. Roberge : À condition que ça
soit une collation saine. Voilà.
Vous parliez des boissons sucrées, vous appelez
ça carrément du sucre liquide. Moi, j'ai le goût de rappeler que les boissons, que j'appelle les boissons
énervantes, qu'ils vendent comme étant des boissons énergisantes... Il
n'y a pas d'énergie là-dedans, ça fait juste
énerver le mode, là. Donc, les fameuses boissons énervantes sont aussi
extrêmement sucrées, à part, là, d'avoir caféine, taurine et autres cochonneries.
C'est bourré de sucre, ça.
Mme Voyer
(Corinne) : Oui. C'est probablement les pires boissons sucrées sur le
marché, parce que la caféine, ça a un
goût amer, puis, pour que ça soit le fun à boire, bien, on ajoute du sucre. Ça
fait que le format Monster, là, la boisson énergisante type, c'est de 14 à 16 cuillerées à thé de sucre à
l'intérieur. Ça fait que, quand tu as un rabais au dépanneur, deux pour
5 $, pour un jeune, c'est super, là. Hein, j'ai mon 5 $, j'ai deux
boissons. Puis, une fois qu'elle est ouverte, ta canette, tu la bois au
complet, tu ne la remets pas au frigidaire, parce qu'après ça elle ne pétille
plus. Ça fait qu'on encourage une surconsommation, le marketing est extrêmement
fort, extrêmement puissant. Donc, il faut qu'on vienne ralentir ou mettre des balises autour de l'industrie, un peu
comme on l'a fait dans le tabac. Puis c'est ce qu'on vise avec nos
politiques publiques, c'est d'aller vers de la réglementation autour du
marketing.
Mme Morel
(Anne-Marie) : Oui. Puis j'ajouterais, en fait, que les boissons
sucrées, pour nous, ce n'est même pas un
aliment, donc ça n'apporte rien, ça ne nourrit pas le corps d'aucune façon. Un
gâteau, tu as au moins de la farine, peut-être quelques vitamines. Il n'y a rien du tout, dans la boisson sucrée.
Et, chez les gens minces qui boivent beaucoup de boissons sucrées, on observe les effets qu'on vous parlait tout à
l'heure, la résistance à l'insuline, le diabète, etc. Donc, même sans passer par une hausse de poids, ces
produits-là ont des dommages, et c'est pour ça qu'on parle toujours des
saines habitudes de vie, et non pas du poids, de l'IMC, et tout ça.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député. Ah! oui, allez-y, madame.
Mme Voyer
(Corinne) : J'allais dire : Ce n'est pas en étant plus actif
qu'on va brûler notre Coke ou notre boisson énergisante. Ça ne fonctionne pas aussi simplement que ça. Comme c'est
un sucre qui rentre rapidement, c'est le foie qui vient tout le métaboliser et qui le stocke
directement en graisse. Ça fait qu'il faut courir une mégashot pour pouvoir
dire qu'on l'a brûlé, et, encore là, ce n'est pas un rapport... ce n'est pas
une équation.
Une voix : ...
Mme Voyer
(Corinne) : Ça ne répare pas les dents non plus, effectivement. On a
un problème de carie dentaire aussi au Québec. Ce n'est pas notre
expertise, mais il n'est pas à ignorer.
M. Roberge : On en a donc bien, des
problèmes!
Mme Voyer (Corinne) : Oui, on est
poqués.
Mme Morel (Anne-Marie) : ...tous
autour de la même solution, c'est ce qui est formidable.
M. Roberge :
C'est bon. Des bonnes habitudes de vie.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En quelques secondes, M. le député.
M.
Roberge : Oui. Je précise que, dans le dossier des fameuses boissons
énervantes, là, on a pris position, nous, de manière très claire, pour que ça soit carrément interdit de vente aux
moins de 16 ans, parce qu'au-delà du sucre, là, il y a d'autres choses à l'intérieur qui sont très
dommageables pour la santé puis qui ont même, dans certains cas, causé
des graves problèmes, voire même des décès.
Donc, je ne dis pas que c'est la solution à tout, mais des fois, quand on a
l'information, il faut être capable de tracer la ligne puis de prendre des
décisions.
Mme Voyer (Corinne) : Puis
présentement, bien, il y a plusieurs villes au Québec qui interdisent la vente
de boissons énergisantes dans leurs établissements, dans les lieux publics.
Donc, les villes prennent des actions avec les pouvoirs qu'elles ont, mais c'est bien de pouvoir supporter nos villes
quand elles décident d'aller au-devant sur des mesures de santé. Je vais prendre l'exemple de
Côte-des-Neiges qui a décidé de prendre un règlement... de faire un règlement
pour interdire les restaurants rapides
autour de certains secteurs, qui sont aujourd'hui devant les tribunaux. Donc,
c'est là qu'on va savoir jusqu'où la municipalité a le pouvoir d'agir.
Nous, on croit qu'elle a, selon les avis juridiques qu'on a, tous les pouvoirs
de le faire, mais parfois, des orientations gouvernementales pour soutenir les
municipalités dans ce type de geste là, c'est bienvenu.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, merci beaucoup, Mme Morel et
Mme Voyer, pour votre contribution à la commission parlementaire.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants de la
Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec
de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
(Reprise à 15 h 29)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec.
Merci d'être parmi nous. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour faire votre présentation, et par la suite on passera à une
période d'échange entre les élus.
Alors, je
vous demanderais de vous identifier ainsi que les gens qui vous accompagnent,
et vous pouvez tout de suite passer à votre exposé. Alors, la parole est
à vous.
Fédération des éducateurs
et éducatrices physiques
enseignants du Québec (FEEPEQ)
M. Drapeau
(Jean-Claude) : Alors, je
suis Jean-Claude Drapeau, enseignant en éducation physique à la retraite
et président de la FEEPEQ.
Mme Beaumont (Joanie) : Bonjour.
Joanie Beaumont. Donc, vice-présidente à la FEEPEQ au niveau de la pédagogie.
Je suis enseignante en éducation physique au secondaire et conseillère
pédagogique.
M. Leriche
(Jérôme) : Bonjour. Jérôme
Leriche. Moi, je suis enseignant au cégep de Sherbrooke. Je mène aussi des recherches sur les habitudes de vie des
étudiants. Je suis un doctorant en éducation physique et je suis aussi
professeur associé à la Faculté d'éducation physique de l'Université de
Sherbrooke.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci et bienvenue. Alors, M. Drapeau, la parole est à vous.
• (15 h 30) •
M. Drapeau
(Jean-Claude) : Alors, bien
sûr, on veut vous remercier de nous accueillir aujourd'hui. C'est un
sujet extrêmement délicat. C'est un sujet extrêmement délicat pour les jeunes. C'est un sujet extrêmement préoccupant pour nous comme professionnels.
C'est quelque chose donc qu'il faut traiter avec beaucoup de sensibilité, nous
en sommes conscients. Et la présentation de Mme la directrice générale du
groupe ANEB à cet égard était très révélatrice de la sensibilité avec laquelle
il faut traiter d'un tel sujet.
Comme petite mise en contexte rapide, je vous
dirais : Les cours d'éducation physique sont obligatoires au Québec depuis
une cinquantaine d'années du primaire au collégial. Comme discipline d'enseignement,
on l'appelle Éducation physique et à la
santé au primaire et au secondaire depuis le début des années 2000, moment
où fut introduit le programme actuel de formation de l'école québécoise,
PFEQ. Par contre au collégial, elle conserve la dénomination traditionnelle
d'éducation physique.
Si on parle
du PFEQ au primaire, secondaire, au collégial il est plutôt question du devis
d'enseignement collégial en éducation physique. Comme vous le savez, l'enseignement
en éducation physique et à la santé est sous la responsabilité du ministre Proulx, Sébastien, tandis que celui de
l'éducation physique au collégial est sous la responsabilité de la
ministre de l'Enseignement supérieur, Mme
Hélène David, des choses que vous savez, mais, ce que je veux vous dire
d'important par rapport à ça, cette réalité politique,
d'une certaine façon, est aussi un peu aussi symbolique du fait qu'on a de l'enseignement en éducation et en enseignement
supérieur, et, à cet égard, la dimension de l'enseignement collégial va
vous être présentée par mon collègue du collégial.
M. Leriche
(Jérôme) : Oui. Donc, bien,
merci de nous recevoir. Et je tiens à souligner et remercier les groupes
qui sont passés avant, puisqu'ils ont tous
souligné le travail qui est fait par les enseignants en éducation physique.
C'est un son qui est très doux à nos oreilles, évidemment.
Donc, moi, je
veux parler plus spécifiquement du collégial. Pourquoi? Parce que moi, je
représente les collègues ici, là, donc on est 650 profs à peu près
au collégial, en éducation physique. Et nous, on trouve, en fait, que, la
cible, en essayant d'interdire la pesée, malheureusement, on ne met pas le doigt sur le bon problème, selon nous. Pourquoi?
Parce que nous, on pense que l'utilisation
de l'IMC — j'y
reviendrai un petit peu tout à
l'heure — ça peut être un élément qui peut être très important pour susciter de la réflexion chez nos étudiants.
Et j'y reviendrai un petit peu plus tard. Et, dans nos devis, ce qui est
très important, c'est que l'on nous demande... nos programmes nous demandent
que l'étudiant analyse ses habitudes de vie
et là où il en est quand il arrive dans nos cégeps. Et ce que l'on sait, c'est
qu'au moment où ils arrivent dans nos
cégeps, les étudiants, c'est souvent un moment où leurs habitudes de vie
changent. Pourquoi? Ils quittent le milieu familial. Ils ont à prendre soin de leur santé,
commencer à s'entraîner, et souvent c'est des gros changements, parce
que c'étaient des responsabilités qui, des fois, étaient partagées avec la famille, et maintenant
qui devient leur responsabilité. Et donc
le fait d'avoir des bonnes habitudes de vie, ça risque de les suivre après ça
tout au long de leur vie. Donc, c'est un moment qui nous semble vraiment déterminant de les sensibiliser sur des éléments
qui sont en lien avec la santé et, selon nous, les éléments qui sont en lien avec l'IMC, et donc l'indice de
masse corporelle, c'est pour travailler sur la composition corporelle, fait partie de l'équation, ce n'est en
aucun cas au centre de nos préoccupations en éducation physique, mais ça fait
partie de l'équation.
Nous, ce que
l'on recommande cependant, et ça a été mentionné par les groupes
précédents, c'est qu'évidemment... S'il
y a une mesure qui est prise, on recommande qu'elle soit faite de façon
volontaire chez un étudiant et que ce soit de façon confidentielle. La façon dont ça fonctionne fréquemment dans les cégeps, je vous le dis, c'est souvent, en fait :
on a une fiche à remplir à la maison, et ce
qui est important, c'est l'analyse que fait l'étudiant du résultat, et non pas
le résultat en tant que tel. Donc, ce
n'est pas de se placer dans une catégorie autre qui est important
pour nous, mais c'est plutôt le regard que
l'étudiant va porter. Et on regarde évidemment l'IMC, mais il va y avoir aussi, dans cette même
fiche, une analyse sur l'alimentation,
la gestion du stress, les boissons énervantes, comme disait monsieur tout à l'heure, toutes ces dépendances nuisibles qui peuvent contribuer ou non
à avoir une bonne santé. Donc, on a vraiment un portrait qui est global.
Après, aussi,
ce qui est important de mentionner, c'est que l'IMC a été peut-être
un petit peu expliqué en disant que ça a ses limites, et c'est quelque chose que l'on
explique. On est dans un lieu d'éducation, on explique ça très clairement
à nos étudiants, que ce n'est pas parfait.
On a deux mesures : le poids, la taille. Un étudiant qui est de petite
taille avec une grosse masse musculaire pourrait être classé avec un
excès de poids, alors que, finalement, il est en parfaite santé s'il s'entraîne. Donc, nous, on leur explique toutes
ces nuances-là, à nos étudiants, et c'est au coeur, souvent, de
plusieurs cours. Donc, on vient vraiment expliquer tous ces éléments-là.
Et par ailleurs l'IMC, c'est quand même une donnée qui est recommandée par l'Organisation mondiale de la santé, par Santé
Canada. Et récemment
je faisais une recherche scientifique, là, en 2016, dans la revue The Lancet,
ça a été fait sur 10 millions de
personnes, ça, c'était un gros échantillon, et il y a une association entre l'IMC et plusieurs maladies chroniques, dont notamment le diabète de type 2, les maladies
cardiovasculaires, troubles musculosquelettiques, certains types de cancer,
etc.
Donc, nous,
quand on a à faire de la sensibilisation au niveau de la santé, enlever
une donnée comme l'IMC, on pense que
c'est enlever dans le portrait une donnée objective pour que l'étudiant
ait une réflexion de risques potentiels pour sa santé. Donc, nous, on
trouve que c'est quand même important.
Par ailleurs,
sur certaines problématiques, on est allés consulter, nous aussi, un pédiatre,
le Dr Livernoche — et ça a été
mentionné par le pédiatre qui était là précédemment, aussi — qui a identifié très clairement qu'une pesée
individuelle ne peut pas être la cause de troubles alimentaires. On nous l'a
bien présenté, c'est multifactoriel, et donc c'est beaucoup plus complexe.
Et, nous, ce
que l'on demande au début à chaque étudiant, quand il rentre dans nos cours,
c'est de savoir : Est-ce que vous avez une problématique ou un
trouble par rapport à une des thématiques qui va être traitée dans le cours? Et
c'est déjà arrivé — j'en ai parlé avec des collègues — qu'un étudiant nous dise : Je ne suis pas
à l'aise avec le fait de me peser
parce que... pour toutes sortes de raisons. Ça me crée une anxiété. Et, à ce
moment-là, on va travailler sur les autres habitudes de vie. On est des professionnels, on est capables de
s'adapter à cette réalité-là et avoir cette sensibilité-là. On travaille avec l'image corporelle, nous, c'est...
On est les seuls à s'attarder au corps et à son développement, hein,
dans le cursus scolaire, donc on est très
sensibles à cet élément. Et ce serait évidemment contre-productif si on amenait
chez eux un trouble, alors que ce que l'on veut, c'est développer chez
eux de bonnes habitudes de vie et de la santé.
Donc, moi, je
vais laisser... Pour conclure un petit peu, vous devez vous imaginer où je loge
au collégial. Mais je vais laisser M. Drapeau finir.
M. Drapeau
(Jean-Claude) : Donc, moi,
je vais vous présenter simplement nos propositions, avec une petite
introduction qui dit que la FEEPEQ réaffirme qu'elle partage et qu'elle promeut
les valeurs de diversité corporelle et d'image
corporelle positive, dans l'esprit de ce que Jérôme disait tout à l'heure.
Nous, c'est ça, notre objectif, de permettre à l'individu, à partir de son corps, de développer une image de lui-même
qui est positive, puis ça s'inscrit dans l'esprit de la charte
québécoise, selon nous, pour une image corporelle saine et diversifiée.
Comme
propositions, d'entrée de jeu, je vais vous dire qu'au primaire et au
secondaire la FEEPEQ n'encourage pas
la pesée dans le cadre des cours d'éducation physique et à la santé. Au
collégial, par contre, on souhaite le maintien des mesures anthropométriques, sur une base volontaire
et confidentielle, comme moyen d'éducation, dans l'esprit de ce que le collègue Jérôme vient de vous expliquer. Mais,
plus important que ces deux propositions-là, nous sommes très conscients
qu'il y a lieu, à partir de cette commission
parlementaire ci, de pouvoir ouvrir un chantier entre partenaires de l'école
et du domaine de la santé pour approfondir
ensemble comment on peut mieux être complémentaires en lien avec la
dimension des saines habitudes de vie et les
problématiques que ça soulève. Parce que, là, on parle du poids, mais on parle
de d'autres habitudes de vie également, et, à cet égard-là, il faut
qu'on soit capables de se donner une vision d'ensemble.
Et il y a
beaucoup d'expertises au Québec maintenant. Moi, j'ai connu une période qui
était... il n'y avait que les profs d'éducation physique. On portait
tout sur nos épaules. Aujourd'hui, on est... «Et à la santé», donc il faut
nécessairement qu'on collabore avec les gens du domaine de la santé, et il y a
du maillage à faire. Et ça implique nécessairement
les parents, parce qu'ils deviennent les personnes clés pour accompagner leurs
jeunes, et moins jeunes par la suite. C'est l'esprit de nos propositions
également.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Drapeau. Alors,
on va passer à la période d'échange, et je cède la parole à M. le député
de Chapleau.
M.
Carrière : Merci, Mme la Présidente. Donc, M. Leriche, Mme Beaumont,
M. Drapeau, c'est un plaisir, merci d'être
ici. C'est toujours un plaisir de vous retrouver. J'ai eu le bonheur d'être
avec vous ce printemps... cet automne à votre assemblée annuelle, là, à l'UQTR, et on peut voir l'engouement et le dynamisme
que vous avez à toujours améliorer et aider,
là, nos jeunes à avoir de bonnes habitudes de vie, d'être actifs, et j'ai
vraiment apprécié ces moments-là. Et je ne sais pas qui l'a dit tantôt,
mais on a souvent à l'école des souvenirs de professeurs qui nous ont marqués,
et souvent c'est des éducateurs physiques, c'est des professeurs d'éducation
physique, et c'est mon cas aussi. Donc, merci d'être là. C'est important de
vous entendre.
Vous avez
parlé d'un chantier de travail, de mettre l'école, le domaine de la santé. Je
vais peut-être vous viser un peu
plus, M. Drapeau, parce que vous avez peut-être un peu plus... vous l'avez dit,
45 ans comme professeur. Est-ce que vous avez remarqué... et poser la question, c'est y répondre, là, mais,
au fil du temps, que les jeunes sont de moins en moins actifs et que
souvent c'est seulement le cours d'éducation physique, le moment où les jeunes,
ils font de l'activité physique, dans beaucoup de cas? Un, j'aimerais ça vous
entendre là-dessus. Et comment vous voyez qu'on pourrait mieux atteindre les
parents? Parce que vous en avez parlé également, là, des parents, le rôle que
les parents ont à jouer à cet effet-là.
• (15 h 40) •
M. Drapeau
(Jean-Claude) : Oui. Alors,
effectivement, il y a eu une évolution, dans la société, qui est
évidente et qu'on ne peut pas nier, que moi,
j'aime bien appeler l'augmentation de la sédentarité, et les effets qu'elle
génère. Et c'est d'eux qu'on
peut faire des constats, notamment en regard de nos habitudes de vie, la
qualité de vie qu'on peut avoir aujourd'hui,
la pression que les parents ont avec leurs réalités de vie familiale et de
travail, et tout ce qu'il y a autour qui vient nous bombarder. Puis, à cet égard-là, tout à l'heure, tout à fait
paradoxalement, j'avais un écran d'ordinateur devant moi. Mais c'est la seule fois que vous me verrez
avec parce que j'ai refusé d'être de cette... Mais je suis vieux, j'ai
donc l'excuse. Mais on se fait bombarder, donc.
Et, à cet égard-là,
oui, il y a que c'est beaucoup plus difficile d'avoir cet équilibre nécessaire
pour avoir les bonnes habitudes de
vie et cette vie équilibrée qu'on souhaite avoir. Et le cours d'éduc devient
important. Et, à cet égard, sur le temps
des cours d'éducation physique, ce n'est pas le moment aujourd'hui, mais c'est
sûr qu'il faut augmenter le temps de
pratique de l'activité physique dans l'école. Et on travaille actuellement avec
les directions appropriées du ministère et de la direction des sports
dans cette orientation-là. Mais il va falloir aussi considérer le temps des
cours d'éducation physique. Mais c'est pour une autre fois.
M. Leriche (Jérôme) : Peut-être en
complément aussi, quand M. Drapeau mentionne qu'on est bombardés
d'information, c'est le cas de nos étudiants particulièrement au collégial. Et
nous, on fait de l'éducation, donc, sur l'information
qui touche, on l'a mentionné tout à l'heure, tous les régimes miracles...
Toutes les façons de perdre du poids rapidement
et qui peuvent être vraiment très dommageables pour la santé, bien, c'est
abordé dans les cours, et on essaie d'expliquer en quoi c'est
problématique. Donc, on est vraiment, nous, un partenaire avec le milieu de la
santé.
Souvent, on
est en prévention. Pourquoi? Parce que, nos étudiants, monsieur... le pédiatre,
tout à l'heure, le disait, nous, on
les voit pendant... au collégial, là, on les voit pendant 15 semaines.
Donc, on développe une confiance avec eux, on développe une
communication, aussi, qui est intéressante avec eux, et on peut partager de
l'information et leur expliquer des choses qui ne sont peut-être pas
nécessairement claires dans les médias ou dans les informations qu'ils
retrouvent sur des composantes de la santé. Donc, on fait vraiment de
l'éducation, là.
M.
Carrière : Merci beaucoup. On s'en est parlé à quelques reprises, M.
Drapeau, on a souvent tendance à... tu sais,
l'élite, les gens qui sont dans le sport-études, dans le RSEQ, etc., ils sont
naturellement ou, en tout cas, très, très actifs. Mais il y a une clientèle qui l'est beaucoup
moins, active. Et c'est pour ça que je vous parlais de comment on peut
accroître le rôle familial à cet effet-là. Et je disais que le cours
d'éducation physique, c'est souvent la seule fois où les jeunes sont actifs.
Donc,
comment on pourrait... Je reviens à ma question sur la famille, parce que vous
ne l'avez pas abordée, là. Comment,
selon vous, on pourrait impliquer... et donner plus d'informations, également,
aux parents pour aider les jeunes à être plus actifs? Quand nous, on était jeunes, là,
et ça recule, dans mon cas, plusieurs années aussi, bien, tu sais, on
avait une patinoire dehors, à l'extérieur.
Premièrement, il fallait la pelleter. Deuxièmement, on mettait nos patins dans
le banc de neige, puis, qu'il fasse moins
25°, moins 30°, nos parents disaient : Allez jouer dehors. Mais ça, on le
voit de moins en moins. Donc, comment on peut renverser la tendance?
M. Drapeau
(Jean-Claude) : Oui. Alors là, d'abord, on ne peut pas faire ça tout
seuls, juste avec les cours d'éducation
physique puis juste les profs d'éducation physique dans l'école. On ne peut
faire ça tout seuls. On a besoin d'un travail
d'équipe-école dans l'école. On a besoin d'un travail de l'école avec la
communauté, avec la municipalité pour avoir
accès à des parcs, à des piscines qu'on n'a pas, par exemple, au primaire, dans
nos écoles, pour avoir accès à des facilités
de plein-air qu'on n'a pas nécessairement dans notre environnement immédiat de
l'école. On a besoin d'une vision globale.
Et, pour avoir cette vision globale là, il faut être en mesure de se la donner
au plan national, être capables de se la donner sur l'ampleur du Québec,
puis d'essayer, avec les leaders, de développer ces éléments-là.
Je vous donne un
autre... deux exemples concrets. Un premier exemple concret, ça prend donc le
maillage, le partenariat, je vais vous
parler du Grand Défi Pierre-Lavoie, nécessairement, puis des cubes énergie, où
là, en quelque part, on a un levier
potentiel. Et, nécessairement, dans ce levier-là, nous, les profs d'éducation
physique, avec d'autres partenaires
dans l'école, le jour où on est en mesure de mieux... d'avoir du temps pour se
parler dans l'école, pour qu'il y ait une
vie d'école... d'équipe-école, pardon... Parce que c'est ça, le problème. On
enseigne, on enseigne, on enseigne. On prépare
nos cours. On rencontre des étudiants. Mais il ne reste pas de temps
suffisamment de qualité pour le maillage de l'équipe-école entre elle, les directions d'école faire le travail de
leader avec l'équipe-école. Et, quand
c'est réussi, c'est souvent parce que
c'est fait sur le bras des gens, volontairement, parce
qu'ils ont la passion. Mais ça, ça
fait partie des conditions gagnantes.
Et, pour rejoindre
les parents plus concrètement, il faut qu'à partir... Il y a une idée, tantôt,
qui a été amenée, quand le médecin disait : On ne suit pas les courbes de
croissance, et des choses de même, puis on parlait de Pierre Lavoie qui est contre l'évaluation. Mais on pourrait se dire aussi : On pourrait regarder des outils
qui font que, le jeune, ça le suit,
ça lui appartient personnellement, mais qui lui permettent d'être en relation
avec... à partir de ce qu'il fait dans ses cours d'éducation physique puis en activité
physique dans l'école, puis que ça lui permet d'être en relation avec le
parent, puis, quand le parent vient à
la rencontre de parents, bien, il est en... de parents avec les profs, dont les
profs d'éducation physique, il a de
quoi entre les mains pour jaser avec le prof. Il y a comme du maillage comme
ça qu'il faut considérer. Puis il
y a toute la question des environnements favorables, mais ça, c'est un autre
débat aussi.
M. Leriche (Jérôme) : Et peut-être mentionner aussi, c'est que nous, on observe de
très grandes inégalités entre nos
étudiants par rapport à l'expérience dans l'activité
physique. Pourquoi? Parce que certains arrivent, dans leurs familles,
ils ont une grande culture sportive, tout le monde valorise de faire de l'activité physique. Et puis il y a des personnes
chez qui... au contraire, ils n'en font jamais, notamment
avec certaines... Des fois, les nouveaux arrivants, on a des problèmes
de culture aussi par rapport à des sports qui n'ont jamais été pratiqués. Donc, il faut qu'on fasse une
initiation à différentes activités. Et donc ça, ça fait partie de notre
rôle là-dessus.
Et, pour revenir à la
pétition, c'est exactement la même chose au niveau de l'image corporelle. On a
certains milieux familiaux qui, sans doute, valorisent une image saine, etc.,
ils ont beaucoup de nuances par rapport à ça. Et peut-être que, dans certains
milieux, par contre, bien, les parents, peut-être,
sont peut-être un peu moins délicats. Et nous, c'est
notre rôle... En éducation physique, on a tous les élèves, là, quel que soit
leur niveau social, économique, c'est obligatoire,
le cours d'éducation physique, et donc on peut apporter un message et nuancer
certaines choses qui, peut-être, sont
moins valorisées dans certaines familles. Donc, moi, je trouve qu'au niveau...
comme outil démocratique, là, pour faire de la sensibilisation au niveau
de la santé et des habitudes de vie, c'est un outil qui est assez puissant et
pertinent, là.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui? Alors, M. le député de Chapleau, ça va pour
vous?
M. Carrière :
Oui. Je reviendrai s'il y a du temps.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, il vous reste
sept minutes.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Merci, M. Drapeau, M. Leriche, Mme Beaumont,
pour votre exposé.
Il me semble qu'il y
a, en quelque part, déjà, avec les trois groupes qui ont fait leur
présentation, et probablement avec les deux qui s'en viennent, un consensus
qui se dégage un petit peu sur notre question de base, la
pesée et la prise des mesures IMC, surtout
quand on parle au primaire et secondaire. Là, vous ajoutez une nuance, une
différence quand on parle du cégep, avec des
conditions très claires : que ça soit confidentiel et sur une base
volontaire. Mais en même temps on
a une opinion divergente des deux premiers groupes, et probablement des deux qui vont vous suivre. En
même temps, je trouve ça très important que vous confirmiez quelque chose que je soupçonnais — nous
tous, peut-être — qu'il
y a
un rôle clé, un rôle primordial que les profs d'éducation physique ont à
jouer en accompagnant chaque individu, peu importent ses potentiels, ses problèmes physiques. Et moi, je veux
m'assurer qu'on trouve une façon de maximiser et de sauvegarder ce rôle,
en même temps.
Donc,
je vous invite de parler de cette distinction-là et de nous expliquer comment,
dans votre... pour maximiser votre
rôle d'accompagnement, c'est important que ces mesures soient prises au niveau cégep, avec les conditions.
Est-ce que c'est vraiment nécessaire pour que vous jouiez votre plein rôle?
M.
Leriche (Jérôme) : Mais, écoutez,
la façon dont sont écrits nos devis ministériels, donc ce que l'on doit
faire, là, c'est : établir des
relations — je les ai sous les yeux — entre ses habitudes de vie et sa santé, et,
parmi les éléments qu'on nous
demande, c'est de faire... — attendez un petit peu — utilisation appropriée de stratégies
d'évaluation quantitative et qualitative
sur le plan physique. Donc, quand on lit ce libellé-là, quand on demande de
faire une évaluation quantitative et qualitative sur le plan physique,
vous comprendrez qu'on peut faire l'interprétation que la pesée s'inscrit dans
cette donnée-là.
Évidemment,
encore une fois, on fait avec les nuances : que ce soit volontaire, etc.
Et, nous, ce qui est important, c'est pour susciter une réflexion,
encore une fois. Et souvent on le voit du côté négatif en disant : On va
créer chez quelqu'un un inconfort. Mais
l'effet inverse peut aussi se produire, et c'est arrivé dans plusieurs de...
chez nos étudiants, quelqu'un qui
était insatisfait de son poids, de son image corporelle et qui, finalement,
après... faire une analyse de son portrait
de santé global sur tous les différents facteurs, se rend compte que,
finalement, eh bien, il est tout à fait en parfaite santé. Et donc, finalement, on se rend compte
qu'on vient, chez lui, enlever un stress ou une inquiétude par rapport à
ça.
Et par
ailleurs, l'IMC que l'on utilise, là, on le sait que, chez les jeunes, c'est
peut-être, en effet, beaucoup plus questionné, mais, quand on arrive à
l'âge adulte, ça se stabilise beaucoup, là. Puis, quand on parlait des
pourcentages d'erreurs, là, nous, de toute
façon, on ne porte pas un diagnostic, on ne dit pas : Tu as un risque pour
ta santé. Ce que l'on dit,
c'est : Attention, on va analyser toute une série de données dont fait
partie l'IMC, et toi, comme étudiant, tu dois porter un regard et une analyse là-dessus. Donc, on veut
être sûrs que l'étudiant, il a bien compris la démarche. On ne lui
demande pas de transformer son poids
corporel pendant une session. On ne le pèse pas avant, après en disant :
Tu dois perdre tant de kilos. Ce n'est pas ça, notre travail et notre rôle.
Nous, ce que l'on fait, c'est de la sensibilisation et de l'éducation. Si on enlève cette donnée-là, moi, je pense que ce que l'on va faire, c'est qu'on va
écarter de la réflexion ces enjeux-là, et malheureusement ce que l'on va
faire, toute la dimension de sensibilisation, eh
bien... Ou ça va
devenir un sujet peut-être qui va être tabou, et à ce moment-là on ne pourra pas l'aborder, alors que, là, on a un espace de discussion
avec des données objectives et avec des personnes compétentes, et malheureusement on perdrait, bien, le rôle d'éducation qui est le rôle de l'éducation physique.
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste encore trois minutes, M. le député.
M.
Birnbaum : Une petite
supplémentaire. Est-ce que vous êtes satisfaits et confiants que la
formation de vos membres, leur sensibilisation aux enjeux très, très
délicats dont on parle est au rendez-vous pour assurer que vous pouvez vous
prévaloir de ces renseignements de façon responsable et aidante?
Mme
Beaumont (Joanie) : Bien, à
propos de la formation et de l'accompagnement, justement, des
enseignants, comme on l'a dit tout à l'heure, au début des années 2000, donc, en éducation physique et à la
santé, pour le primaire et le secondaire,
hein, c'est arrivé, je vous dirais qu'il
y a eu beaucoup d'accompagnement en ce qui concerne le primaire, on a
vraiment soutenu les pratiques, etc., puis, au secondaire, bien là, on n'a
peut-être pas suffisamment accompagné les enseignants.
Je
m'explique. Le programme est arrivé en 2006. Par la suite, on a eu la
progression des apprentissages, qui venait spécifier un peu plus les éléments de contenu. Donc, on a trois
compétences en éducation physique, donc : agir dans divers contextes de pratique d'activité physique,
interagir — donc, on
rentre en relation — et
adopter un mode de vie sain et actif. Donc, c'est les trois compétences
du programme qui venait de prendre forme.
Puis la
progression des apprentissages en fonction du niveau d'âge de l'élève est
arrivée en 2010. Puis, en 2011, on est
arrivé avec le cadre d'évaluation. Le cadre d'évaluation, celui-là, on a trois
critères qui se placent pour l'ensemble des compétences, qui sont les mêmes. Je vais faire un petit récapitulatif,
là, ça va être assez simple, donc : cohérence de la planification — est-ce que je suis capable de faire un plan dans ces trois compétences-là puis de
le maintenir? — ensuite,
exécution d'un plan d'action, et un retour réflexif.
Pourquoi ces trois éléments de critères là?
C'est qu'on ne veut pas seulement que l'élève bouge, on veut qu'il apprenne, et, si on veut qu'il apprenne, il faut
mettre l'accent sur le processus. Donc, on veut qu'il entre en démarche,
donc qu'on soit en agir, donc on parle
d'activités cycliques : la course, le vélo, le ski de fond. Les activités
d'adresse, on pourrait avoir les
sauts. Activités technico-artistiques, on parlerait, exemple, de jonglerie,
gymnastique, etc. Donc, ça, c'est vraiment l'agir. Est-ce que l'élève est capable de créer une routine, par exemple, de l'exécuter adéquatement puis de venir ensuite porter un jugement? Est-ce que j'ai fait le bon
choix en fonction de mes réelles capacités? Et c'est la même chose
qu'on souhaite développer chez les élèves
dans la compétence 3. Donc, on veut outiller le mieux possible l'élève en fonction de sa santé puis de son bien-être. Et, pour ça, bien, on a des éléments de
contenu qui sont très spécifiques. Donc, on a la pratique régulière d'activité physique, on a la pratique
sécuritaire, la gestion du stress, le sommeil. Donc, c'est tous des
éléments de contenu qui sont intégrés dans le programme de formation puis dans
la progression des apprentissages.
Tout ça étant
dit, c'est un long préambule, dans l'accompagnement des enseignants, ce serait
faux de dire que toutes les pratiques
sont exceptionnelles. Pourquoi? Malheureusement, premièrement, certains enseignants qui ont été formés bien avant ce programme-là n'ont peut-être
pas eu assez de soutien dans le développement de «à la santé», donc premièrement. Maintenant, effectivement, la formation initiale offre des cours pour les
enseignants en éducation physique concernant
la compétence 3 : adopter un mode de vie sain et actif. Puis, dans un
autre temps, dans plusieurs commissions scolaires au Québec, malheureusement
on n'a pas l'accent qui est mis sur l'accompagnement puis le développement
professionnel.
Donc,
une chose qui est certaine en éducation, dans plusieurs choses en politique,
c'est que ça va changer. Mais, si on
veut accompagner ce changement-là, quelles sont les mesures réelles qu'on met
en place, les modalités, le temps de concertation?
On veut avoir des actions concertées, certes, mais il faut mettre les moyens
qu'il faut pour que ça fonctionne. Donc, je pense
que, oui, effectivement, les enseignants en éducation physique veulent avoir
les meilleures pratiques possible, mais il
faut leur donner cette occasion-là, donc par l'entremise de la formation
continue, de l'accompagnement professionnel,
les questionner sur les réflexions, travailler avec des partenaires externes.
C'est primordial, évidemment, si on veut adopter un mode de vie sain et
actif. Voilà.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. On va passer du côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean
pour 10 minutes.
M.
Cloutier : Merci. Alors,
c'est très instructif, vos interventions. Moi, j'en apprends beaucoup.
Est-ce que vous avez l'impression que... À l'intérieur des délais
qu'ils vous ont donnés, est-ce que vous réussissez suffisamment... est-ce
que vous voyez vos étudiants suffisamment de fois? Est-ce que vous avez l'impression que vous réussissez à
mettre en oeuvre le programme qui vous est demandé? Est-ce que vous
trouvez que nos élèves bougent suffisamment dans vos classes? Parlez-nous un
peu de la présence d'activités physique, particulièrement primaire, secondaire.
Mme Beaumont (Joanie) : Bien — Jean-Claude,
si tu me permets — comme
on a dit tout à l'heure, je ne pense pas que c'est l'objet du débat non plus de dire : Bon, parlons du
temps d'activité physique et de
l'éducation physique. Concrètement,
au secondaire particulièrement, là, on parle d'une fois 75 minutes par
semaine en éducation physique et à la santé. Alors, ça, c'est la réalité. Un enseignant d'éducation physique a une tâche pleine, on parle d'entre 10 et
13 groupes, dans une école, avoisinant
30 à 34... parce que malheureusement il y a parfois des dépassements dans les ratios, là,
donc à 34 élèves. Alors, je ne vous ferai pas du calcul mathématique cet après-midi,
mais vous voyez que ça fait beaucoup, beaucoup d'élèves et peu de temps pour
qu'on puisse développer effectivement l'ensemble.
Mais
c'est sûr que l'intérêt, c'est de développer parmi les trois compétences,
hein? Donc, mon travail aussi, comme conseillère pédagogique, c'est
d'aider les enseignants à comment on structure justement ce temps-là, donc,
pour s'assurer que ce soit un temps de
qualité, qu'on puisse voir l'ensemble des contenus en fonction du groupe d'âge des élèves. Je ne sais pas si ça
répond à votre question, mais, oui, effectivement, avec plus de temps on ferait
mieux.
M.
Cloutier : Oui. Donc, 300 élèves, 75 minutes par semaine.
O.K. Je trouvais vos objectifs, tout à l'heure, tout à fait nobles et
inspirants, mais en même temps je me questionne sur la capacité réelle de
passer... ou d'atteindre ces objectifs par
rapport aux plages horaires que vous avez. J'imagine... Vous avez dit tout à
l'heure : On n'est peut-être pas dans
le cadre de réclamer davantage de temps, là. Mais je me souviens de vous par
contre en commission parlementaire, vous
étiez venus réclamer davantage d'espace pour l'activité physique. Moi, je pense
que la commission parlementaire d'aujourd'hui
s'inscrit quand même dans un cadre plus large et général. Alors, vous pouvez
peut-être nous partager vos... nous rappeler peut-être vos revendications
par rapport à la place de l'activité physique.
M. Drapeau (Jean-Claude) : Oui. Alors, oui, nécessairement, ça fait partie
de... quand on veut regarder dans un ensemble,
les choses qu'on peut faire pour, notamment au secondaire, être capables de mieux
rejoindre les parents. Puis, toucher les jeunes, là où c'est le plus
difficile, le plus délicat, dans tout le cursus scolaire des jeunes, du
primaire au collégial, à l'université, c'est
carrément au secondaire. Et, quand on regarde la courbe du temps d'éducation
physique et de pratique d'activité physique par les jeunes en dehors des cours
d'éducation physique, c'est au secondaire que le trou arrive. Puis, même, je trouve, Joanie, qu'elle est généreuse en disant
75 minutes, parce que c'est 150 minutes sur neuf jours, mais,
s'il y a une tempête, s'il y a une journée pédagogique, alors il peut y arriver
des laps que ça prend une fois aux trois
semaines pour rencontrer le jeune. Donc, si on regarde cette réalité-là,
particulièrement au secondaire, on a de la difficulté.
Mais
on a de la difficulté prise globalement dans le système, et c'est la raison
pour laquelle je vous dis : Ça, il faudra qu'on s'en reparle plus
globalement, mais dans un comité qui regarderait c'est quoi, toute la question
de la diversité corporelle, de l'image
corporelle positive saine. Là, on place des choses dans une vision d'ensemble,
c'est quoi, être «et à la santé», en
éducation physique au primaire, au secondaire, au collégial. Là, on vient se
placer une perspective qui nous donne une vision d'ensemble. On ne veut
pas regarder ça à la pièce. Je vais laisser aller Jérôme.
M. Leriche (Jérôme) : Bien, peut-être pour vous donner une donnée un peu plus précise, dans
les recherches que j'ai menées, moi,
notamment au collégial, auprès d'à peu près 2 000 étudiants, on avait
une fille sur deux qui déclarait faire moins
de 10 minutes d'activité physique par semaine — donc, quand on sait... quand on déclare,
d'habitude on en met un petit peu
plus, hein? — donc
moins de 10 minutes d'activité physique par semaine, et on avait à peu
près 75 %, autour de là, là, des
étudiants qui ne respectaient pas les recommandations mondiales de la santé.
Donc, vous comprenez qu'on est dans des
éléments où, si on a affaire de changer des comportements, il faut nous donner
des moyens. Actuellement, on aurait besoin de plus d'heures, oui.
• (16 heures) •
Mme Beaumont (Joanie) : Juste pour terminer ce que M. Roberge disait tout
à l'heure aussi, c'est qu'on a le privilège,
en fait, d'avoir cet aspect longitudinal avec nos élèves, donc autant du
primaire qu'au collégial, puis on a un lien privilégié. Pourquoi? Parce que c'est la seule discipline où on fait
l'école autrement, on est dans un autre contexte, on a la chance d'avoir un lien privilégié particulier
d'échange. Hein, on n'est pas dans une salle de classe où on est derrière
un bureau. Non, on est en relation, on veut
travailler l'estime de soi, la réflexion. Donc, je pense que c'est une
discipline, hein, on fait partie du
développement d'apprentissages, du développement personnel, donc il faut en
tenir compte, nécessairement.
M.
Cloutier : Vous avez fait référence tout à l'heure aux connaissances
externes puis les nécessités de travailler avec les autres
professionnels pour offrir des services complémentaires. Est-ce que ça, c'est
réglementé? Est-ce que c'est prévu par le régime
pédagogique? Est-ce que c'est facile d'amener, je ne sais pas, moi, un
physiothérapeute à l'intérieur de vos classes? Comment ça fonctionne?
M. Leriche
(Jérôme) : Peut-être, au niveau collégial, je vous dirais que, dans
les dernières années, on a vu malheureusement
les... C'est des ressources souvent qui sont pour les étudiants, hein? Et les
ressources, avec les baisses de budget
que l'on a connues dans les cégeps, malheureusement, c'est souvent ces
services-là qui ont disparu, donc, des fois, les nutritionnistes, les
infirmières dans nos cégeps. Et pourtant, dans les cours d'éducation physique,
quand on parle notamment des données de la
santé ou l'IMC, qu'on voit qu'il y a une problématique qui apparaît, de
troubles alimentaires, bien, nous, on
est là pour guider l'étudiant vers des ressources. Donc, on est vraiment en
première ligne pour les aider là-dessus
et, en effet... Mais il n'y a pas, à ma connaissance, de réglementation particulière
là-dessus, c'est souvent une liberté
de l'enseignant et selon les ressources disponibles, hein? Parce qu'évidemment
on n'a pas tous... les cégeps ne sont pas
tous de la même taille. Donc, on a des ressources qui sont diverses, les
collèges aussi. Donc, c'est selon les ressources.
Mme Beaumont
(Joanie) : Au primaire et au secondaire... C'est sûr que, dans les
commissions scolaires, là, souvent il y a
deux entités aussi, là, qui viennent aider. Donc, il y a les services de
ressources éducatives, puis on a les services
d'éducation particuliers, complémentaires. Donc, ces gens-là, parfois, ont
aussi... C'est très variable dans plusieurs commissions scolaires, mais,
bon, oui, nutritionniste... On a aussi des partenariats avec les CIUSSS, dans
certaines commissions scolaires. Donc, oui, il y a déjà certains liens qui sont
tissés, mais je pense que ça émerge beaucoup des milieux en particulier. Donc, en fonction des clientèles, en fonction
des gens en place, donc, quelles sont les priorités? Alors, je pense que
c'est à géométrie variable.
M.
Cloutier : Mais, justement, est-ce qu'on n'est pas rendus là, il me
semble, aujourd'hui, à utiliser ou à offrir des services complémentaires, surtout dans le domaine de la santé? Il me
semble que poser la question, c'est d'y répondre, là. Et, si on veut se donner le défi d'avoir la nation
la plus en forme au Québec, encore faut-il que les heures soient
appropriées, la connaissance soit partagée
et soit enseignée. Et je pense que les éducateurs physiques, vous allez vous
retrouver au centre d'une telle vision gouvernementale.
M. Drapeau (Jean-Claude) : Oui. À cet égard-là, cette vision d'ensemble là
est structurée nationalement comme organisation
avec une vision gouvernementale, politique, puis des moyens qui partent d'en
haut pour favoriser qu'en bas c'est plus facile. Ça la prend, cette
orientation-là.
M. Cloutier :
On change de philosophie aussi. Tu sais, assurer des saines habitudes de vie au
primaire, au secondaire, au collégial, c'est aussi miser sur la prévention.
C'est comme si la prévention, c'était une équation du raisonnement qui... en
tout cas, certainement manquée par le passé, ça m'apparaît plus qu'évident.
Puis, quand on se questionne de savoir
comment offrir des soins de santé de qualité aux Québécois, il me semble que ça
passe, entre autres et principalement,
je dirais, certainement pour l'avenir... Puis, quand on regarde la courbe des
finances publiques du Québec, ça va
exploser, là, les soins en santé vont exploser. Que ce soit n'importe quel
gouvernement, là, quand on regarde les prévisions
budgétaires du système de santé, ça fait peur. Alors, ça passe... À mon point
de vue, si on réussissait, comme société,
vraiment un virage de prévention en santé, de saines habitudes de vie par nos
écoles, par nos éducateurs physiques entre
autres, parce qu'à mon point de vue vous allez vous retrouver au coeur de ça,
il me semble qu'on ferait un pas de géant comme société, non seulement pour le bien-être de nos jeunes puis de la
société, mais aussi pour les finances publiques du Québec. C'est un
éditorial. Voilà. Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ça va? Oui? Alors, merci. On va passer du côté du
deuxième groupe de l'opposition. Je cède la parole à M. le député de Chambly
pour environ six minutes.
M. Roberge :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Leriche, vous avez défendu avec beaucoup
d'énergie, d'éloquence, tout à l'heure,
l'IMC au collégial. Vous savez de quoi vous parlez, vous le vivez. Vous avez
vos enseignants avec qui vous parlez.
Puis vous disiez que ce n'était pas juste ça, là. Je voyais ça comme un
peintre, tu sais, une couleur sur la
palette, là, ce n'était pas l'IMC qui faisait le tout. Vous disiez : On ne
veut pas se priver de cette couleur-là parce que c'est une couleur primaire, on en a besoin. Puis vous y alliez aussi en
disant qu'on parle de plein d'autres choses pour conscientiser le jeune puis le mener vers une espèce d'autonomie pour
que... bon, on ne sera pas toujours là, là, l'État, l'école, à le tenir
par la main.
Mais, en même temps que je vous écoutais, je me
dis : Bien coudon! C'est un son de cloche différent, qu'on n'a pas entendu précédemment, aujourd'hui. Puis je me disais : S'il a raison, on passe à côté des élèves du
secondaire. Parce qu'en même temps, il ne faut pas se leurrer, il y a
beaucoup de jeunes au Québec qui n'obtiendront même pas leurs diplômes
de secondaire V. Puis, parmi ceux qui
vont obtenir leurs diplômes de secondaire V, il y en a tout un groupe qui
ne se rendra jamais à ce cours que
vous trouvez donc merveilleux, correct. Vous voulez... Vous les prenez en
charge, vous leur faites prendre une espèce de prise de conscience de
qui ils sont, puis comme ça.
Donc,
est-ce que vous ne pensez pas, en étant cohérent avec votre réflexion, que,
tout ça, dans le fond, on ne peut pas
le refuser aux jeunes du secondaire? Parce qu'il y en a beaucoup qui n'iront
jamais, là, suivre votre fameux premier cours au collégial.
M. Leriche
(Jérôme) : Je pense que la
réflexion au primaire et secondaire... et M. Drapeau l'a bien mentionné,
en fait, nous, on ouvre la porte pour
trouver des moyens justement d'aborder quand même ces éléments-là, et peut-être
avec des indices qui
sont... ou des éléments qui sont peut-être plus appropriés par rapport aux
élèves qui sont au primaire et au
secondaire. Donc, je pense qu'il y a quand même un souci d'avoir cette
couleur-là dans la palette, comme vous dites, mais je pense que... c'est ça, au collégial, moi, j'ai apporté mon
point. Peut-être que tu pourrais nuancer, Jean-Claude.
M.
Roberge : Juste avant, il n'y a pas une si grande différence entre un
élève de secondaire V au mois d'avril puis un élève de cégep au
mois d'octobre, là, il n'y a même pas six mois entre les deux, là.
M. Drapeau
(Jean-Claude) : Oui. Alors,
à cet égard-là, lorsqu'on parle du chantier comme tel — attendez que je retrouve la proposition — ça prend acquis que... la pertinence pour
les partenaires concernés de collaborer positivement à clarifier ce débat sur des bases encore... sur les
bases du type de comment Jérôme les a amenées, comment le monsieur
pédiatre, tout à l'heure, les a amenées. Ici, on passe chacun notre tour, mais
est-ce qu'on pourrait asseoir ces gens-là ensemble puis avoir des partenaires
qui sont là, qui observent ça puis qui, à un moment donné, sous l'égide du
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur... avoir un tel comité
qui pourrait faire en sorte que, comme ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, qui est une seule entité juridique au Parlement comme
ministère, il y ait une cohérence? S'il y a
des écarts, il y aura des écarts, mais il y aura une cohérence dans les
orientations qui seront prises en fonction de l'une et de l'autre.
Et, à cet
égard-là, je vous dirais que je pense que ça serait une solution plus gagnante
pour un futur de procéder rapidement
par la mise en place d'un tel comité qu'une mesure qui ferait un mur-à-mur, la
pesée n'a plus sa place dans les écoles,
qui viendrait avoir un effet malgré qu'on dit que, pour les professeurs d'éducation
physique, ça reste positif. Je m'excuse,
mais ce n'est pas ça, l'enjeu. L'enjeu, ce n'est pas les profs d'éducation
physique. L'enjeu, c'est les jeunes, c'est de clarifier la situation puis qu'on soit capable de dire, par des
raisons plus objectives, pourquoi on va peut-être permettre de quoi dans un contexte donné au niveau collégial
puis est-ce qu'on ouvrirait, par exemple, secondaire V parce que c'est
un diplôme terminal. Bien, ça fait partie
des questions que nous, on se pose également. Mais on ne vous dit pas que
c'est ça qu'on veut, on vous dit : On se les pose, nous-mêmes, ces
questions-là, parce qu'à partir du moment où on est en relation avec le monde de la santé on n'a pas d'expertise, sauf,
exception, avec des collègues qui donnent la formation au niveau
universitaire puis qui s'appuient sur des facultés de médecine qu'ils ont dans
leurs universités pour avoir... enrichir leurs discours, c'est ce qu'on a fait
avec le Dr Livernoche, mais, comme profession, on n'a pas ça.
Et le ministère, c'est le ministère de
l'Éducation. Alors, on peut-u s'asseoir avec des gens du ministère de la Santé, du volet de la prévention, puis se donner
une vision plus globale que celle qu'on a présentement, qui nous place
en porte-à-faux les uns les autres pour venir,
comme par exemple aujourd'hui, témoigner de qui a peut-être plus raison,
puis qui se ramasse avec avoir moins raison,
changer la dynamique pour prendre le taureau par les cornes? C'est une
expression de ma jeunesse.
M. Roberge : ...question...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En 20 secondes, M. le député.
M.
Roberge : ...j'ai l'impression qu'on va se revoir, je veux juste
compléter là-dessus, j'ai l'impression qu'on va se revoir, puis ça va
être encore très intéressant. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, merci beaucoup, M. Drapeau,
M. Leriche et Mme Beaumont, pour votre contribution à notre commission.
Je vais
suspendre quelques instants afin de permettre aux représentants de la
Fédération des comités de parents du Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 14)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, merci. Je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération des comités
de parents du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour faire votre présentation, et par
la suite on passera à une période d'échange entre les élus. Alors, je vous demanderais de vous identifier ainsi que
la personne qui vous accompagne, et vous pouvez tout de suite passer à
votre exposé. Alors, la parole est à vous.
Fédération des comités
de parents du Québec (FCPQ)
Mme Payne
(Corinne) : Bien, merci, Mme la Présidente. Bonne année à vous tous.
On est dus pour une rencontre saisonnière, ça a l'air, cette année.
Alors, je vous remercie, MM. et Mmes les députés, de nous recevoir aujourd'hui
afin de donner l'avis de la Fédération des comités de parents du Québec au
sujet de la pesée des élèves dans les cours d'éducation physique. Je suis
accompagnée de Mme Lyne Deschamps, conseillère-cadre de la fédération.
Tout
d'abord, en tant que présidente de la fédération, je tiens à établir
ceci : les parents du Québec veulent le mieux pour leurs enfants — je pense, vous êtes habitués de nous
entendre dire ça — mais
nous ne sommes pas nutritionnistes, médecins
ou enseignants d'éducation physique. Notre avis sur la question de la pesée des
élèves est, bien entendu, appuyé sur la recherche et les positions de nos parents.
Nous exposerons la perspective des parents qui ont à coeur le bien-être
de leurs enfants, qu'ils soient heureux, en
santé et qu'ils deviennent des adultes autonomes et responsables, une
perspective qui est le fruit de leurs connaissances et de leur vécu.
Sur la question de la
pesée des élèves dans les cours d'éducation physique, la fédération estime que
cette pratique faite de façon isolée, non
encadrée et sans suivi serré devrait prendre fin. Dire à un enfant qu'il est
trop gros ou trop petit sans lui donner les outils et le suivi
nécessaires à une prise en charge aura plus d'impacts négatifs au niveau du
développement émotionnel que ça n'aura d'impacts positifs au niveau de la
santé.
Est-ce
que c'est normal que la pesée des élèves individuellement ou devant l'ensemble
des élèves ne soit régie par aucune
norme? Certains profs le font, d'autres non. Certains le font devant tout le
monde, d'autres en privé. Mais surtout, une fois qu'une problématique est relevée, quel suivi on fait auprès de
l'élève du primaire et du secondaire et des parents pour l'accompagner?
Je suis triste de vous dire : Il n'y en a pas. Et c'est ça, le problème.
Les
parents, comme les experts, estiment qu'une activité au contenu validé serait
bien plus efficace que la pesée pour
la santé de leurs enfants. Pourquoi ne pas développer plus en profondeur les
connaissances sur le mode de vie actif, la saine alimentation, les images corporelles diversifiées? Pour les
parents, donc, la seule mesure du poids et de l'IMC est loin d'offrir
des conditions nécessaires à la réussite éducative et émotionnelle, car elle se
fonde sur des caractéristiques physiques individuelles à un moment donné du
parcours scolaire.
Des programmes
existent déjà pour assurer à la fois une prise de conscience, des enseignements
pratiques et théoriques. Pensons à Québec en
forme, la Table sur le mode de vie physiquement actif, Bien dans sa tête, bien
dans sa peau. Il y a assurément moyen
de s'inspirer pour mettre en place un contenu et des pratiques réellement
efficaces pour la santé de nos jeunes.
Comme parent, je préfère que nos enfants soient conscients qu'ils ont un rôle à
jouer dans leur santé et leur forme physique et qu'ils maîtrisent le
concept d'un corps sain dans un esprit sain.
On
a beaucoup parlé dans cette Chambre, ici, puis ailleurs, de la réussite, dans
ces derniers mois. Pour la fédération, il y a un lien direct entre les
actions et les conditions favorables à la santé et à la réussite éducative.
Cela nécessite l'intervention des familles
et du milieu scolaire, mais aussi une action politique beaucoup plus vaste pour
sensibiliser et réduire, entre autres, les impacts des inégalités
sociales liées à l'obésité.
Il
ne faut pas négliger les impacts sur nos jeunes de la pesée devant les amis de
la classe. La jeune fille qui vit des changements avec son corps et qui
souffre d'anxiété, comment va-t-elle anticiper cette activité au prochain cours
d'éducation physique? Cela peut être des
effets sur son examen de maths la même journée. Comment le jeune
adolescent trop maigre va réagir devant les
moqueries quand il descend de l'autobus scolaire? Est-ce que ça peut être la
dernière goutte qui fait déborder le
vase, qui le pousse vers l'abandonnement? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans cette
salle, ici, qui veut prendre le risque de perdre un seul enfant? Ce
n'est pas moi.
Dans
ces exemples, je ne peux pas trouver l'aspect positif à la pesée. En quoi ce
fait de peser des élèves, c'est un atout aux apprentissages scolaire,
social, émotionnel des élèves? Poser la question, c'est peut-être y répondre.
Qu'est-ce
que peut faire un enseignant avec cette donnée? Quelle est son utilité? Quel
suivi est fait et comment? On se le demande.
Les
parents croient plutôt que cela passe par l'éducation aux médias, les bonnes
habitudes de vie, l'élimination des préjugés
et la valorisation d'une image corporelle positive. De plus, cela permettra de
répondre encore mieux aux objectifs gouvernementaux pour la lutte à
l'intimidation, aux saines habitudes de vie et la réussite scolaire.
• (16 h 20) •
C'est aussi important
de s'assurer que les infrastructures sportives dans les villes et les écoles
sont vraiment accessibles. On investit beaucoup dans nos infrastructures. C'est
important qu'ils soient accessibles pendant et après les heures de classe.
Il faut donc éliminer la pratique de la pesée pour
la remplacer par un continu, un suivi clair, disponible et accessible
pour tous les jeunes, tant pour lui personnellement que pour le groupe et également
pour la maison.
Ça
fait trois fois dans un an que je présente devant vous autres. Je présente toujours
une fédération qui rayonne partout au
Québec. Maintenant, je vais vous partager un autre témoignage. C'est
le mien. Regardez-moi. Je ne suis pas le corps parfait d'une athlète, loin d'être. J'ai toujours
fait des sports toute ma vie, je n'étais bonne à absolument rien, mais,
dans les dernières cinq années, j'ai complété un marathon, cinq demi-marathons,
trois triathlons. Puis, la dernière fois que j'étais
ici, le 21 septembre, j'ai parti en éclair, puis peut-être
vous avez demandé : Pourquoi, Mme Payne n'a pas resté dans la salle avec nous, elle a été là pendant toutes
les commissions parlementaires, presque, cette année?, c'est parce que j'ai parti parce que, le 25 septembre, je faisais mon premier
Ironman. Oui, 63,10 américains, ça veut dire 1,9 kilomètre de nage,
suivi par 90 kilomètres de vélo, suivis
par 21 kilomètres de course à pied dans le beau chaleur de 36° en Géorgie.
Oui, ça a été des entraînements pendant des
mois. Oui, ça a été la nutrition pendant des mois. Oui, ça a été le mental.
Oui, parmi les commissions parlementaires, pendant des journalistes,
pendant plein la vie que j'entraîne tous les jours, je ne l'ai pas fait pour moi, j'aime ça, mais aussi je suis une
maman, puis j'ai deux jeunes qui me regardent tous les jours, puis j'ai
fait autant pour eux autres.
J'ai
une jeune fille qui a toujours un
petit peu plus de poids, mais elle a
réussi d'arriver à la ceinture noire. J'ai un jeune garçon qui est superathlète, supercompétitif, qui veut faire tous
les sports, il m'encourage autant sur mes parcours que moi, je l'encourage sur ses matchs de hockey,
c'est pour ça que j'ai un petit peu moins de voix, on avait un tournoi la fin de semaine passée. Alors, même à travers tout
qu'est-ce qu'on fait, on réalise d'encourager chacun. Mes
enfants, depuis le jeune âge, ce n'est pas moi qui fais leur lunch,
c'est eux autres qui font leur lunch pour l'école. Il faut qu'ils apprennent en
jeune âge qu'il faut qu'il y ait un fruit puis un légume dans le lunch ou ils
ne quittent pas la maison.
Alors,
si le seul indice de mon niveau de santé, c'était mon IMC, je ne vais pas
réussir l'examen, c'est sûr. La santé,
c'est quelque chose global, c'est mental, c'est physique, c'est qu'est-ce qu'on fait tous les jours, c'est l'exemple qu'on fait pour nos
enfants. Alors, moi, je pense que je suis une femme en santé, malgré tout.
Alors, chaque fois que je
rencontre le ministre dernièrement, puis je vous raconte aussi, j'ai toujours
la «quote of the day». Puis je l'ai trouvée,
puis ça arrive au hasard, même si Mme Deschamps dit : Rien n'arrive au
hasard, mais j'ai plein de «quotes» qui
arrivent sur mon fil Facebook pendant la semaine, puis celui qui est apparu
mardi, quand j'étais en préparation
pendant la tempête de neige, puis ça va comme ça : «Your body is a strong
machine but you got to feed it with a powerful mind.» Alors, merci, nous
sommes prêtes pour vos questions.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Payne. Effectivement, vous êtes un
très bel exemple pour vos
enfants.
Mme Payne (Corinne) : ...je vais
vous montrer que j'ai la médaille.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Bravo! Félicitations! Alors, on va passer à la période d'échange, et je
cède la parole à M. le député de Chapleau pour environ 15 minutes.
M.
Carrière : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mme Payne, Mme Deschamps, merci d'être ici avec
nous aujourd'hui. Effectivement, on vous voit régulièrement depuis un
certain temps, et j'en suis fort heureux, d'avoir le point de vue, là,
de la Fédération des comités de parents.
Vous avez
parlé tantôt qu'effectivement la pesée, là... «Remplacer la pesée par un suivi
clair». Pouvez-vous un petit peu élaborer là-dessus? Et avant je veux vous
féliciter pour votre Ironman et tout ce que vous accomplissez. Effectivement,
vous êtes un modèle. Et ma deuxième question
viendra sur le rôle des parents, mais j'aimerais tout d'abord vous
entendre sur ce que vous avez voulu dire par remplacer la pesée par un suivi
clair et...
Mme Payne
(Corinne) : Si vous regardez la page 13 de notre mémoire, toutes
nos recommandations sont listées, puis
je vais vous sauver de faire la lecture, mais c'est sûr que... Puis je ne veux
pas prendre la place des professeurs en éducation physique, c'est vraiment leur place — puis je pense qu'ils sont... parlé juste
avant nous — puis
c'est important parce que c'est une
discussion qu'ils ont besoin d'avoir plus grande dans la société. Tantôt, je parlais avec M. le député de Chambly — je sais, il ne faut pas dire les
noms, là, je commence à être habituée — puis on dit : Ça laisse
ouvrir la discussion sur un sujet plus
large... oui, aujourd'hui on est ici pour dénoncer la pesée des élèves, mais
laisse ouvrir un sujet plus large,
qu'il faut regarder la santé globale de nos enfants. Est-ce que c'est juste
qu'il y ait une heure d'activité physique dans une semaine, quand on
sait qu'ils ont besoin de 60 minutes par jour? Est-ce qu'il y a des
changements qu'on peut faire? Quand
j'entends... Une école secondaire qui est bâtie, puis à côté c'est une piscine
municipale, puis les enfants n'ont
pas le droit d'aller dans la piscine municipale, bien, il y a un problème dans
notre système, à quelque part. C'est
des infrastructures publiques, quand même, est-ce qu'on peut arriver à des
ententes? Alors, il y en a plein, de choses qu'il faut ouvrir une question plus large. Puis, comme le monsieur avant
moi a dit, on a besoin de faire des discussions, je pense, tous, pour
trouver des solutions ensemble.
M.
Carrière : Merci. Là, vous venez de parler... de dire : Est-ce
que c'est normal qu'il y ait seulement une heure d'éducation physique par neuf jours, par semaine?, et là c'est là que je
vous amène au rôle des parents. Vous disiez tantôt que vous avez un athlète, un superathlète, puis il
y a une autre qui fait beaucoup d'activité physique, qui vient d'avoir
sa ceinture noire, mais ce n'est pas tous
les parents, malheureusement, à travers le Québec, à travers le Canada, peu
importe, qui vont inciter les jeunes à avoir un mode de vie actif et une saine
alimentation, etc.
Premièrement,
comment vous voyez le rôle des parents? Et je vais extrapoler un peu, comment
vous voyez le rôle de la Fédération
des comités de parents à travers... comment vous pouvez faire de la
conscientisation auprès des parents pour aider à avoir des jeunes plus
actifs?
Mme Payne
(Corinne) : Bien, ça prend une diffusion plus large. C'est sûr que,
comme la fédération, on est prêts à accompagner
nos parents. Ça prend — je vais toujours mettre ça sur la table — des ressources pour être capable de
le faire aussi, on est une très petite
équipe, on est des parents bénévoles avec une petite équipe d'employés, ça
prend des ressources.
Mais aussi,
je pense, une chose qui est importante, puis c'est dans nos discussions qu'on a
eues parmi les mois... dans l'année 2016, là, c'est 2017, mais,
dans chacun de nos milieux puis... Chacune de nos écoles ont besoin d'avoir vraiment des projets éducatifs réels. Puis c'est
là que... Si on réalise, dans notre milieu, dans notre école, qu'il y a un
besoin pour avoir des enfants plus actifs,
est-ce qu'on peut l'incorporer dans notre projet éducatif? Est-ce qu'on peut
trouver des moyens pour impliquer le communautaire? Est-ce qu'on peut
trouver le moyen pour avoir des ententes pour les infrastructures sportives?
Alors, vraiment, c'est là.
Puis les
parents sont prêts, je pense, à faire leur part. Oui, ils ne sont pas tous prêts,
mais ça prend l'accompagnement, ça
prend l'éducation, puis ça ne va pas juste arriver dans le cours d'éducation
physique. Il faut aller plus large puis il faut, autant que je vois la publicité sur la lecture...puis pas pour dire que
la lecture, ce n'est pas bon, là, parce que c'est mon autre gros nanan,
mais il faut aussi faire la sensibilisation qu'une vie active est importante
aussi.
Mme Deschamps, est-ce que vous avez quelque
chose à ajouter?
Mme Deschamps(Lyne) :
C'était éloquent!
M. Carrière :
Effectivement. Et je suis tout à fait d'accord avec vous, au niveau des
infrastructures, là, à la fois municipales,
à la fois scolaires. Je trouve qu'il y a encore trop d'endroits, au Québec, où,
après que l'école est fermée, les gymnases dans les écoles, les piscines, ou peu
importe, ne sont pas accessibles pour la population. Et l'inverse est
aussi vrai, les arénas municipaux, etc., ils
ne sont pas accessibles pour les étudiants pendant les cours d'éducation
physique. Dans une autre vie, j'ai
été maire pendant longtemps et donc j'ai toujours poussé là-dessus, pour qu'on
puisse maximiser l'utilisation des infrastructures sportives, là, que ça
devrait être... pas 24 heures par jour, là, mais ça devrait être du matin
au soir, là, qu'il y a quelqu'un qui a la
possibilité de s'entraîner. Il ne devrait pas arriver avec un cadenas sur un
parc de balle ou sur un terrain de soccer. Moi, je trouve ça
inadmissible, donc je suis tout à fait d'accord avec vous.
Tantôt, dans
vos recommandations, vous en avez parlé, à la page 13, vous avez neuf
recommandations. Il y en a une, la première, qui dit : «Accroître
la proximité et l'accessibilité aux activités physiques en dehors des heures de
classe.» C'est un petit peu ça que je vous demandais tantôt. Vous n'avez pas
tout à fait répondu, vous avez dit que ça prendrait,
au niveau de l'école, un programme-école, etc. Mais moi, je suis d'accord, mais
comment on peut rejoindre les parents aussi? Premièrement, ce n'est pas
tous les parents qui ont les mêmes moyens, donc il y a ça, il faut rendre l'accessibilité à la fois physique, mais aussi au
niveau économique, je pense. Mais comment on peut... Parce que je pense que, oui, l'école a un rôle important à jouer, là,
l'enfant passe une grande partie de sa journée, de sa vie à l'école,
mais, quand il arrive à la maison, s'il va se parquer — excusez — devant...
Une voix : ...
• (16 h 30) •
M. Carrière : ... — oui,
effectivement — devant
son iPad, devant son Xbox, ou «whatever»... puis je ne suis vraiment
pas bon, je ne sais pas si c'est encore à la mode, le Xbox, là, ou s'il y a
quelque chose qui la remplacé, là, je ne le sais pas, mais, peu importe, comment on peut aider
les parents, et les parents à s'aider aussi? Et souvent l'enfant est le modèle des parents. On le voit souvent au niveau
environnemental. Mais pourquoi l'enfant ne pourrait pas l'être aussi au niveau
de saines habitudes de vie, sportif, etc.? Donc, comment le parent peut, selon
vous, venir en aide à ses enfants?
Mme Payne
(Corinne) : Vous apportez un
très bon point. Puis je pense que la communication entre l'école puis la maison, c'est plus
important que jamais. Puis, Mme Deschamps, vous avez quelque chose à ajouter?
Mme
Deschamps (Lyne) : Oui. Je
vais peut-être faire un peu de pouce sur tout ce qui a été dit
tantôt, parce que ce n'est pas le parent qui peut faire plus, c'est vraiment
la société, parce
que ça va prendre une approche
sociétale. Quand même qu'on essaierait de dire : Le parent,
qu'est-ce qu'il peut faire de plus, l'enseignant, qu'est-ce qu'il peut faire de plus, le
réseau?, n'importe quoi, je pense que ça prend une approche sociétale, ça
prend une campagne de sensibilisation globale qu'on va étaler sur plein, plein d'années. Parce que
la santé, je pense que vous êtes les premiers à la savoir, puis nous
autres, les contribuables, aussi, ça nous coûte cher, à tous et chacun. Puis ça
passe par une éducation. Plus nous aurons des jeunes
éduqués, sensibilisés à toutes les sphères de ce qui est important pour devenir
un jeune autonome et responsable, puis que ce soit personnellement pour
s'engager dans la société, mais aussi pour sa propre santé, on va tous y
gagner.
Ça fait qu'on est beaucoup plus en amont d'une
approche très globale, très systématique puis prendre cet élément-là de la santé puis en faire un enjeu. Mais, à ce
moment-là, vous le savez, ça va prendre des tables nationales. Tout le
monde devra faire un petit bout de chemin
là-dessus. Puis, à une toute petite échelle, la Fédération des comités de
parents peut faire de petits pas, au
niveau de l'information, au niveau de la sensibilisation, au niveau, par
exemple, du rôle que jouent les parents au conseil d'établissement quand
il faut adopter le projet éducatif.
Puis là,
quand Mme la présidente parle du projet éducatif, on parle bien de ce qui est
le coeur de l'école, et non pas de
certains projets qu'on peut mettre en place, le sport, le ci, le ça. Non, non,
non! On parle vraiment du projet éducatif. Puis ça, c'est des petits gestes que nous, on peut poser au quotidien pour
vraiment informer les gens, en tout cas les parents, s'assurer que l'information circule le plus. Mais
on ne peut pas faire ça tout seul. Ça prend une approche systémique, ça
prend vraiment une société qui se prend en main puis qui décide que la santé,
ça passe aussi par l'éducation. Ce n'est pas moi qui l'invente, c'est des
études, puis je fais juste faire le haut-parleur, là. Voilà. Est-ce que c'est
plus clair?
M. Carrière : Oui, merci. Merci.
Tout à fait. Je vais laisser la chance à...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Oui. Alors, M. le député de
D'Arcy-McGee, il vous reste sept minutes.
M.
Birnbaum : Merci. Bonjour, Mme Payne, Mme Deschamps. J'ai eu le
plaisir à plusieurs reprises de collaborer avec vous durant mes 10 ans comme directeur général de l'Association des
commissions scolaires anglophones du Québec, et depuis, ici, à l'Assemblée nationale, d'être fier de voir que vous
continuez de jouer un rôle absolument clé au sein de toutes nos délibérations qui touchent à
l'éducation de nos jeunes. Si on parle des intervenants clés dans la formation
de nos jeunes, il n'y a rien qui se passe
sans l'implication des parents. Et, pour bonifier l'implication des parents, je
comprends qu'il faut une fédération qui est là pour porter leurs voix de façon
cohérente et structurée, structurante devant les intervenants parlementaires.
Alors là, on a un autre exemple aujourd'hui de l'importance de votre rôle.
Deux questions. Dans
un premier temps, je poursuis ma préoccupation, qui était celle du regroupement
qui vous a précédé, c'est d'optimiser et de
sauvegarder le rôle des profs d'éducation physique dans le développement,
l'épanouissement de nos jeunes, y compris
les enfants avec des défis devant eux en termes de poids, en termes de
leur image de soi-même, en termes de la
lutte contre l'intimidation. Il me frappe qu'on parle des intervenants clés
comme les parents dans toute cette
bataille-là. Et je vous suis quand, et il y en a plusieurs qui donnent écho à
ça, vous parlez de vos préoccupations avec la question au coeur de nos
discussions aujourd'hui, la pesée, les mesures du poids, et tout ça. Comment est-ce qu'on peut respecter cette
préoccupation, en même temps assurer que les profs d'éducation ont tous
les outils dans leurs
mains pour accompagner, avec les parents et tous les autres partenaires, nos
enfants dans leur
épanouissement, leur développement sain et propice?
Mme Payne
(Corinne) : Vous permettez, je vais parler en anglais pour faire
changement.
M. Birnbaum, je pense... I think it's very important that we
realize that the research shows clearly, whether you
look at the American Pediatric Society, you
look at the Canadian Paediatric Society, that IMC is... there's chances that it
will be more dangerous to a child's development than it will be to their
health, and that's not something that I created, that's something that's very well documented. I've been really amazed this week
at how much interest there is in the media by this subject. It's quite
interesting. I've done just as many interviews on this subject in the past week
as I've done on project... law n° 86, I think, OK, believe it or not, maybe just because
it went on a bit longer. But you know what? It's not to remove anything from our physical education
teachers. If there was a «commission parlementaire» to come in here and say: Do we need more physical activity in our school?, I'd be the
first one here saying: Yes, let's do it, let's make sure they're equipped to support our children, and to
be as active as possible, and to live as healthy a life as possible. I'll
let them say what they need to make sure
that they can do their jobs, but it's not weighing our children in the schools
that's going to make the difference in their lives.
M. Birnbaum :
Now, your mandate is clearly to support and represent parents at the... au
niveau primaire et secondaire, mais je vais
vous inviter d'offrir un commentaire sur la nuance apportée par le regroupement des profs qui vous a
précédés. Est-ce que vous voyez une distinction quand on parle des
jeunes cégépiens qui ont... quand
même, ça peut être des mineurs de
17 ans, mais, bon, plusieurs jeunes adultes et, bon, adolescents d'un
certain âge? Quand on parle d'assurer que la pesée serait faite
seulement avec le consentement de l'élève et de façon confidentielle au niveau
cégep, est-ce que vous êtes... vous aurez tendance à comprendre que ça risque
d'être pertinent et correct, ou est-ce que vos mêmes commentaires
s'appliqueraient?
Mme
Payne (Corinne) : C'est sûr, les commentaires, c'est pour représenter
les fédérations, mais maintenant je peux
parler dans mon propre nom parce que ma fille est rendue au cégep, puis je peux
vous dire que, si c'est fait dans un système systématique puis encadré,
puis on peut prouver, j'ai quand même des mises en garde, mais j'ai un petit
peu plus d'ouverture parce que c'est un
enfant qui est rendu dans un autre niveau de développement. Mais, comme
quelqu'un a dit autour de la table tantôt,
entre le secondaire V puis le cégep, là, la fille qui a 16 ans, il n'y a
pas si de changements que ça, ou le jeune athlète qui n'a pas fait sa
poussée de croissance ou il est en retard avec sa poussée de croissance, il n'y
a pas énormément de changements que ça. Alors, j'ai une mise en garde, mais,
dans le bon contexte, dans le bon encadrement, peut-être, ça peut avoir sa
place. Voilà.
M. Birnbaum :
Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ça va, M. le député? Parfait. Y
a-t-il d'autres questions? Alors, on va passer du côté de l'opposition
officielle, et, M. le député de Lac-Saint-Jean, vous disposez de
10 minutes.
M.
Cloutier : Merci, Mme la Présidente. Alors, merci de cette présentation
surprenante, mais nous avoir partagé...
Mme Payne
(Corinne) : La prochaine fois, on va l'écouter ensemble!
M. Cloutier :
Oui, oui.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...défi, M. le député.
Une voix :
...
M. Cloutier :
Oui, mais ça m'a...
Mme Payne
(Corinne) : Excuse-moi, Mme la Présidente!
La Présidente (Mme
Rotiroti) : On voit votre enthousiasme, Mme Payne!
M.
Cloutier : Mais je suis
content, comme ça nous serons deux à arriver un petit peu en retard à la
commission parlementaire, ensemble, puis c'est de là que j'arrivais. Alors,
puisque nous sommes dans les confidences, vous et moi, moi aussi, je
m'entraîne pour mon premier marathon, alors je vais essayer de m'inspirer de
vous.
Ceci étant dit, je
comprends que vous avez fait un formulaire. Vous avez fait une consultation
auprès de vos membres, c'est ça? Est-ce que je comprends qu'il y a 60
personnes... il y a 60 parents qui ont répondu, ou vous avez pondéré,
ou...
Mme Payne
(Corinne) : Quand on a été convoqués pour la commission parlementaire,
on est toujours très rigoureux dans nos processus, alors on représente 62 commissions
scolaires, on a envoyé le sondage éclair à tous nos délégués puis on a eu
61 réponses. Alors, on trouve qu'on a un taux de participation quand même
raisonnable, puis là-dessus vous pouvez constater que 84 %, ils sont
contre la pesée. Alors, la voix des parents est très claire là-dessus.
M.
Cloutier : Effectivement, ça laisse... Est-ce que vous étiez surpris de
ces résultats-là? Est-ce que c'est ce à quoi vous vous attendiez ou...
• (16 h 40) •
Mme Payne
(Corinne) : Non, je vous dis, je n'étais pas surprise. Je pense...
Pour mettre ça en contexte, je pense que les parents qui sont impliqués,
ils réalisent le global aussi. C'est sûr qu'il y a certains parents qui ont
besoin d'accompagnement dans leurs compétences parentales, puis on ne se cache
pas ça, mais, en gros, les parents qui sont impliqués
au niveau qu'on est impliqués, qui sont délégués à la fédération, ils réalisent l'importance de
la santé globale de leurs enfants, puis je pense que ça paraît dans
notre sondage aussi.
M. Cloutier : Vous avez parlé tout à
l'heure des problèmes d'accessibilité après les heures de classe. On a l'impression qu'on tourne en rond. Moi, j'avais
l'impression qu'on avait cheminé. Est-ce que réellement il y a encore
des problèmes partage commissions
scolaires-municipalités pour l'accès aux infrastructures sportives? Il me
semblait... Je pensais que c'était réglé, ça.
Mme Payne
(Corinne) : Globalement, peut-être, mais, quand tu vas dans les
détails de chacune des commissions scolaires
puis chaque école, il reste des choses à désirer, je pense. Quand j'entends
que, oui, il y a une entente, mais la commission scolaire ou les cinq
écoles dans cette ville-là ont accès juste les vendredis matin, entre
9 heures puis 11 heures, à la
piscine, puis ils sont cinq écoles primaires, bien, ça veut dire que chaque
classe dans chaque école peut aller une
fois par année, genre? Puis si le cours d'éducation physique, il ne tombe pas
le vendredi matin, bien, «just too bad».
Alors, oui,
c'est sûr qu'il y a une amélioration. Il y a beaucoup de projets qui sont faits
avec les villes, avec les écoles,
ensemble, etc. Mais, quand une école est à côté de la piscine, puis tu ne peux
aller dans la piscine pendant les heures de classe, après les classes,
moi...
M. Cloutier : Alors que la piscine
est libre.
Mme Payne (Corinne) : La piscine est
libre. Il n'y a personne là, là. Le stationnement est vide.
M. Cloutier : Effectivement, c'est
évident que... Très bien. Je vous remercie.
Mme Payne (Corinne) : Oh! je peux
juste ajouter une petite chose, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Mme Payne, oui.
Mme Payne (Corinne) : Même, quand
j'ai monté à Alma, deux semaines passées, parce qu'on a donné une formation, en montant, j'ai dit : En
descendant avec le défi Pierre-Lavoie, ça doit être pas si pire que ça. Alors,
peut-être, ça va être le prochain défi, un jour, si je peux avoir une
place.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...descendre la côte. Il faut la monter aussi, par exemple.
M. Cloutier : On est contents de
vous entendre. Mais là vous m'amenez, par contre, sur une autre voie, qui est celle du Défi Pierre-Lavoie, qui est quand
même une initiative privée. Il y a de quoi d'assez incroyable que ça
soit un individu, en fait, de son
initiative, qui a réussi au fil du temps à accroître la participation, puis là,
maintenant, bien, que c'est non
seulement au Québec, à travers le Canada, même aux États-Unis puis en France
maintenant. Comment les parents... Comment
on conjugue, dans le fond, cette initiative-là, qui est extrêmement favorable
pour la participation de nos jeunes, mais
à l'intérieur des activités scolaires? Est-ce que vous avez des... Est-ce qu'on
vous interpelle par rapport à ça, aux fameux cubes puis à la
participation des parents après les...
Mme Payne (Corinne) : C'est sûr que
c'est un mouvement puis un événement, une organisation assez extraordinaire. On ne peut pas passer à côté de
ça. Sur l'autre côté, j'entends des parents qui, rendu le mois de mai
puis avril, là, ils sont tannés avec les
cubes d'énergie, parce qu'après la fin de journée ils réalisent qu'il faut
comptabiliser les cubes d'énergie puis ils sont tannés de remplir des
petits papiers. Mais ça, c'est un autre côté.
Mais je pense
que ça retourne à la première question que j'ai été posée au début : il
faut continuer à rayonner plus globalement, puis, dans notre société,
que d'avoir une vie active, c'est important. Est-ce que ça va être par le défi Pierre-Lavoie? Est-ce que ça va être par une autre
organisation? Est-ce que ça va être par les Fillactive? Est-ce que ça va
être par quelque chose d'autre? Il faut que
chaque personne trouve leur place pour accrocher, pour trouver une façon
d'avoir une vie active.
M. Cloutier : Très bien. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. On va passer du côté de...
le deuxième groupe de l'opposition, et je cède la parole à M. le député
de Chambly pour six minutes.
M.
Roberge : Merci. Vous avez plusieurs «quotes of the day» aujourd'hui.
Vous êtes en feu! Chaque personne a trouvé
son outil pour avoir une vie active, c'est très vrai. Ça peut partir des cubes
énergie, ça peut être une initiative d'un prof d'éducation physique ou d'un prof qui n'est
pas un prof d'éducation physique, qui est un titulaire de classe qui
prend une initiative. Après, l'initiative
est finie, mais parfois le bon comportement continue. La famille est
embarquée, puis le défi est terminé,
mais eux, ils ont changé leur façon, leur routine, puis ça continue, puis c'est
ça qui est formidable. Donc, il faut
rester ouvert à ces initiatives-là qui viennent nous bousculer un petit peu. Je
dis «nous» parce que vous êtes des gens des comités de parents, mais, bon, je ne suis pas le seul ici, je suis
député, mais je suis père aussi, donc on fait partie du même groupe, d'une
certaine manière.
Je trouvais intéressant que vous arriviez
avec un sondage comme ça, parce que vous êtes porte-parole nationale, mais
vous n'avez pas reposé une seule question. C'est riche. On peut voir qu'il y a
beaucoup d'interactions. Moi, j'aime bien le fait de voir aussi que, dans «activités
les plus appropriées», il y a «l'enseignement de saines habitudes de vie»
ciblé par les gens qui ont répondu. Ils ont
dit, bon, qu'en majorité ils ne voulaient pas la pesée, mais ils ont dit aussi
ce qu'ils voulaient. Ça, c'est intéressant aussi, parce que c'est facile
de rejeter des mesures, mais il faut en trouver des plus porteuses. Et vos
membres qui ont répondu disent : «L'enseignement de saines habitudes de
vie, exemple la pratique régulière, l'activité
physique», etc. Mais c'est n'est pas juste la pratique régulière, l'activité
physique, c'est l'enseignement de saines habitudes. Ça va plus loin que
faire bouger les jeunes. Ça, je trouve ça intéressant.
Puis, pour
que ça arrive, par exemple, il va peut-être falloir trouver un élastique assez
extraordinaire pour étirer les heures
à l'école, parce qu'on n'a pas le goût de couper dans les quelques minutes où
les élèves bougent pour les asseoir sur une chaise pour leur expliquer
pourquoi il faut bouger. Parce que, hein — on a dit non — il y
a assez peu de temps d'éducation physique, on veut qu'ils bougent. Mais en même
temps on veut qu'il y ait aussi «à la santé».
Donc, je veux
poser à vous la question que mon collègue a posée à d'autres précédemment. Est-ce
que vous, vous plaidez pour une
augmentation des heures d'éducation physique à l'école? Si oui, est-ce une
augmentation des heures de classe ou un réaménagement des heures de
classe?
Mme Payne (Corinne) : Oh! c'est
beaucoup de questions dans une, dans le fond.
M. Roberge : Oui? Oh! vous êtes
capable, vous êtes capable.
Mme Payne
(Corinne) : Alors, j'ai pris deux notes, puis je ne vais pas oublier
les notes. Premièrement, il y a des façons,
même si une école ne fait aucun changement présentement, il y a du monde que
nos enfants peuvent bouger plus dans
l'école. Je connais une école que, les journées de pluie puis de grand froid,
les enfants ne peuvent pas aller dehors. Alors, qu'est-ce qu'il fait? C'est que toute l'école, il marche tout le
corridor. Il monte les marches, il descend les marches, il fait le tour. C'est très convivial, il peut
marcher à la vitesse qu'il veut. Mais c'est quelque chose de formidable. Il
bouge quand même pendant 15 minutes.
Même, il bouge peut-être plus que quand il va dehors, parce qu'il n'y a pas de
temps perdu à mettre la tuque, puis les
mitaines, puis trouver mes bottes, puis jaser dans le corridor, puis faire le
rang, puis etc. Alors, ça, c'est une chose très simple.
Là, comme
j'ai parlé tantôt, si on prend nos projets éducatifs, qui sont passés à nos
conseils d'établissement, puis on fait
l'analyse de notre milieu, puis c'est quoi, les besoins de notre milieu, puis
on réalise que nos enfants, ils ont besoin de bouger plus, on peut décider, dans chacune de nos écoles ou les écoles
concernées, qui ont besoin d'ajouter des minutes d'éducation physique ou
ont besoin d'arrimer notre horaire autrement...
Moi, j'ai une soeur qui enseigne en Ontario.
Dans son école, ils font 30 minutes de récré le matin puis 30 minutes
de récré l'après-midi justement pour faire bouger les enfants dehors. Alors,
15 minutes, ce n'est pas long quand
c'est une récré. Vous savez que, juste le temps de mettre des bottes, des
souliers, puis, tout ça, oup! c'est le temps de rentrer. Mais 30 minutes, il y a quelque chose qui commence à te
stimuler, qui commence à faire battre le coeur un petit peu plus.
Alors, est-ce
que c'est des changements comme ça qu'on peut faire dans nos écoles? Est-ce que
ça prend nécessairement un gros
changement dans notre planification pédagogique? Peut-être pas. Mais il y a des
changements qu'on peut faire, chacun. Mais
c'est dans nos écoles qu'on a besoin de travailler ensemble pour trouver les
solutions un petit peu magiques,
qu'on peut faire la différence pour nos jeunes, s'assurer qu'ils remplissent
leur 60 minutes d'activités par jour.
M. Roberge : Vous savez que je suis
un grand partisan de l'autonomie des écoles en partenariat avec les directions d'école, hein, le trio, là, prof,
parent, direction d'école. Mais on pourrait quand même avoir des standards,
des minimums, s'assurer qu'au primaire il y
ait au moins deux récréations par jour. Parce qu'il y a quand même encore,
au Québec... je vous le dis si vous ne le
savez pas, il y a quelques écoles primaires qu'il y a pas de récré, des fois,
l'après-midi. Donc, ils pourraient avoir ce
standard-là, cette obligation-là, et peut-être l'étirer un peu jusqu'à
20 minutes. Enfin, c'est ce que
nos membres ont voté, nous, à notre dernier congrès. On trouve que ça serait
intéressant qu'il y ait deux périodes de 20 minutes obligatoires
tous les jours, donc un minimum de 40 minutes de récré tous les jours. Ça
rajouterait déjà plusieurs minutes. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Payne
(Corinne) : Oui, tout à fait, tout à fait. C'est des choses... Ça n'a
pas besoin d'être un changement drastique
qui va faire la différence. Il existe aussi la Trottibus, les enfants qui
marchent à l'école. Moi, je suis une des... Bien, dans ma commission scolaire, je suis... la seule école,
c'est une école de marcheurs. Alors, tous les enfants, ils marchent. Vous comprenez qu'on est tous très proches de
l'école. Tous les enfants marchent. Puis les maternelles qui sont même
dépassées les 500 mètres, que, techniquement, ils doivent être en autobus,
il y a un programme qui est mis en place, qu'il
y a un plus grand qui va aller les chercher à la maison puis marcher avec eux
autres jusqu'à l'école. Alors, c'est
des petites choses comme ça qu'on peut mettre dans chacune de nos écoles qui
vont faire la différence.
M. Roberge :
Je vous remercie beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, merci beaucoup, Mme Deschamps, Mme Payne, pour votre
contribution à notre commission.
Alors, je
suspends les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants
d'ÉquiLibre de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 16 h 52)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants de l'organisme ÉquiLibre. Merci d'être parmi nous cet après-midi. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
présentation, et par la suite on passera à
une période d'échange entre les élus. Alors, je vous demanderais de vous
identifier ainsi que les gens qui vous accompagnent, et vous pouvez tout
de suite passer à votre exposé. Alors, la parole est à vous.
ÉquiLibre
Mme Léonard (Roxanne) : Bonjour.
Merci à vous aussi de nous recevoir aujourd'hui. Je suis Roxanne Léonard, la directrice de l'organisme. Je suis accompagnée de mes collègues Anouck Senécal, nutritionniste et chef de
projets, Andrée-Ann Dufour-Bouchard, également nutritionniste et chef de
projets.
Je vais faire
une brève présentation de notre organisme. Donc, ÉquiLibre est l'organisme expert sur la question de l'image
corporelle au Québec. L'organisme a pour mission de prévenir et diminuer les
problèmes liés au poids et à l'image corporelle
dans la population par des actions encourageant et facilitant le développement d'une image corporelle positive et l'adoption de saines
habitudes de vie. Parmi ces actions, on compte la formation des professionnels
de la santé et de l'éducation. En effet, l'organisme travaille depuis de nombreuses années à sensibiliser, éduquer et à
outiller les intervenants jeunesse afin qu'ils puissent adapter leurs
interventions.
ÉquiLibre est
d'avis que le débat autour de la pesée et du calcul de l'IMC en contexte
scolaire est nécessaire et vraiment
ravi d'y participer. Je laisse mes collègues professionnels de la santé vous exposer notre
position et recommandation sur ce sujet.
Mme
Senécal(Anouck) :
Alors, bonjour à tous. Évidemment, certaines idées ont déjà été
mentionnées plus tôt par d'autres
groupes. Les répétitions démontreront la pertinence de ces informations-là.
J'espère quand même amener des nouveaux éléments de réflexion.
Alors, avant
d'entrer dans le vif du sujet, voici une brève présentation de la double problématique liée au poids : celle de
l'obésité mais aussi celle de l'insatisfaction corporelle. Depuis quelques
décennies, on assiste à une augmentation de la prévalence de l'obésité partout dans le monde. Cette épidémie
d'obésité est un phénomène inquiétant parce qu'elle a de graves conséquences sur la santé et sur la
qualité de vie des gens atteints. Les jeunes sont également
touchés. On l'a déjà dit, au Québec, chez les six à 17 ans, c'est
environ un jeune sur quatre qui souffre d'embonpoint ou d'obésité. Parallèlement au problème de surpoids, on fait également
face à un autre problème de santé
publique tout aussi inquiétant, soit
la préoccupation excessive à l'égard du poids, qu'on peut aussi appeler
l'insatisfaction corporelle. Ce phénomène touche toutes les tranches de la population comme l'obésité le fait.
Vous vous en doutez bien, les jeunes vivent, eux aussi, de l'insatisfaction à l'égard de leurs corps. Les
dernières enquêtes québécoises révèlent qu'environ un jeune sur deux est
insatisfait de sa silhouette, et ce, dès l'âge de neuf ans.
Pour
plusieurs, il semble clair que, devant l'épidémie d'obésité, c'est une bonne
chose que les gens se préoccupent de leurs poids et vivent de
l'insatisfaction par rapport à leurs corps. En fait, non, ce n'est pas une
bonne chose. L'insatisfaction corporelle
pousse les jeunes, avec ou sans surplus de poids, non pas à améliorer leurs
habitudes de vie, mais, au contraire,
à adopter des comportements qui mettent leur santé à risque, aussi bien sur le
plan physique que sur le plan psychologique.
Bref, il va sans dire que l'obésité chez les jeunes est un problème
dont il faut se préoccuper. Elle touche un jeune sur quatre et a de graves conséquences. D'un autre côté,
l'insatisfaction corporelle que les jeunes vivent est également une situation
préoccupante. Elle touche un jeune sur deux et a aussi de graves conséquences.
Quant vient le temps d'intervenir sur la question
du poids, il est capital d'avoir en tête les deux facettes de la problématique parce qu'il est risqué qu'en voulant
prévenir ou diminuer l'obésité on amplifie l'insatisfaction corporelle, ce qui
n'aide en rien la santé et le bien-être de nos jeunes.
Venons-en maintenant au sujet de la pesée. Ayant
collaboré dans les dernières années avec des éducateurs physiques, l'organisme ÉquiLibre est à même de constater que ces
intervenants souhaitent adopter les meilleures pratiques pour favoriser
leur bien-être. Évidemment, les éducateurs physiques qui ont utilisé ou qui
utilisent toujours la pesée dans leurs cours
ne le font pas avec des mauvaises intentions. Le fait de peser des jeunes et de
les aider à calculer leur IMC peut
sembler, à première vue, une bonne façon de les aider à prendre conscience du
risque associé au surpoids. Or, il est bien démontré que, d'une part, l'utilisation du poids et de l'IMC comme mesure unique de
l'obésité ou de la santé n'est pas recommandée, tout particulièrement
chez les jeunes. D'une autre part, la littérature scientifique démontre clairement
que le fait de peser les jeunes ou de
calculer leur IMC en contexte scolaire comporte des risques importants
pour leur santé et pour leur bien-être.
Je
vais élaborer chacun de ces deux points plus en détail avant d'en venir à nos
recommandations. Pourquoi l'utilisation du
poids et de l'IMC comme mesure unique de l'obésité ou de la santé n'est pas
recommandée particulièrement chez les
jeunes? Revenons à la base, à quoi sert l'indice de masse corporelle ou IMC?
C'est une mesure qui est couramment utilisée
pour suivre l'évolution du poids des populations dans le temps. Chez l'adulte,
on peut aussi utiliser cette mesure pour
évaluer le risque pour la santé que le poids représente. Cependant,
l'Organisation mondiale de la santé est claire à ce sujet, elle mentionne que cette mesure est
grossière et simpliste et qu'elle doit être combinée à plusieurs autres
paramètres pour avoir un portrait global des risques pour la santé.
Si
on se penche maintenant du côté des jeunes, le portrait est encore plus
compliqué. Toujours selon l'Organisation mondiale de la santé, il est impossible d'évaluer le surpoids et
l'obésité chez l'enfant avec la simple mesure de l'IMC. Il faut plutôt mettre cette mesure en relation avec l'âge
et la comparer à des mesures de référence, soit les fameuses courbes de croissance. Donc, pour résumer, chez toute
personne âgée de 19 ans et moins, le chiffre obtenu par le calcul
conventionnel de l'IMC n'a aucune
signification. Allons encore un peu plus loin, même lorsqu'on fait les choses
correctement et qu'on transpose la
valeur de l'IMC sur les courbes de croissance, les experts affirment qu'on ne
peut pas évaluer le risque que représente
le poids d'un enfant ou d'un adolescent sur sa santé. Selon eux, on doit
jumeler cette mesure à plein d'autres informations telles que les plis
cutanés, la circonférence de la taille, la pression artérielle, les habitudes
alimentaires, le niveau d'activité physique, les possibles comorbidités,
l'historique familial et le profil médical complet du jeune.
Bref,
ce n'est pas chose simple, et il semble clair que, pour que l'évaluation soit
juste et complète, pour que les recommandations
qui émergent soient personnalisées et appropriées, ça nécessite l'expertise et
les connaissances d'un professionnel
de la santé spécifiquement formé pour travailler sur la question du poids. Le
contexte clinique est donc le seul lieu
où cette évaluation devrait être faite. D'ailleurs, un document de principes
conjoints des diététistes du Canada, de la Société canadienne de pédiatrie, du Collège des médecins de famille du
Canada et des infirmières en santé communautaire du Canada stipule que les courbes de croissance, recommandées pour
évaluer l'IMC des jeunes, devraient être utilisées par ces gens : les médecins de famille, les
pédiatres, les diététistes dans les domaines clinique, communautaire et de
la santé publique, les infirmières et les autres professionnels de la santé
dans les milieux de soins primaires, communautaires et hospitaliers. Le
contexte scolaire n'apparaît pas dans cette liste.
Le
deuxième point que j'ai nommé plus tôt pour justifier que le pesée à l'école
nuit aux jeunes plus qu'elle n'aide était
que la littérature scientifique démontre clairement que le fait de peser les
jeunes ou de calculer leur IMC en contexte scolaire comporte des risques importants pour leur santé et leur
bien-être. En effet, il est documenté que ces pratiques peuvent induire ou amplifier l'insatisfaction
corporelle et donc conduire à l'adoption de comportements dangereux qui visent le contrôle du poids. On peut penser à des
comportements alimentaires, comme on l'a dit plus tôt, comme l'effet de
se restreindre, de suivre des régimes ou
même de jeûner. Et, en plus d'augmenter le risque de développer un trouble
alimentaire, ces comportements rendent les jeunes plus susceptibles
d'avoir un surplus de poids en vieillissant, comparativement à ceux qui n'ont
pas restreint leur alimentation dans le but de maigrir étant plus jeunes.
• (17 heures) •
On peut également
nommer des comportements risqués en lien avec l'activité physique. Certains
jeunes qui vivent de l'insatisfaction
corporelle vont abandonner le sport à cause de l'inconfort ou de l'insécurité
qu'ils vivent face à leurs corps,
alors que d'autres vont s'investir dans une pratique excessive et malsaine d'activité physique. Bref, pour
tous ces jeunes, faire du sport peut être
perçu comme une activité dénuée de plaisir, contraignante, désagréable et qui
sert uniquement à contrôler leurs poids.
La
revue de la littérature a aussi démontré que la pesée à l'école pouvait
alimenter la stigmatisation et l'intimidation de certains jeunes, particulièrement
ceux en surpoids.
À
la lumière de ces informations, voici les recommandations de l'organisme
ÉquiLibre sur la pratique de la pesée dans les cours d'éducation
physique.
La
première recommandation. Considérant que l'insatisfaction corporelle est
un problème répandu chez les jeunes de
tous les âges et de tous les poids et qu'elle a des conséquences négatives sur
la santé physique, mentale et le bien-être
des jeunes au même titre que l'obésité; considérant que l'utilisation du poids
ou de l'IMC comme mesure unique de l'obésité ou de la santé chez les jeunes
n'est pas recommandée et que l'interprétation de ces mesures, couplée à une multitude d'autres paramètres, devrait être
réservée aux professionnels de la santé en contexte clinique; et, finalement,
considérant que la majorité
des éducateurs physiques enseignants considèrent eux-mêmes ne pas avoir été
suffisamment informés dans le cadre de leur
formation universitaire sur les problèmes d'image corporelle et de
gestion du poids — ce
sont des données d'un sondage — ÉquiLibre
recommande que l'utilisation de la pesée et le calcul de l'IMC dans les
cours d'éducation physique ne devraient pas être encouragés au primaire, au
secondaire ni au collégial.
Deuxième
recommandation. Considérant qu'il y a nécessité de fournir de l'information
crédible, fiable et juste aux jeunes sur la
saine gestion du poids et la santé; et considérant que les éducateurs physiques
enseignants sont des acteurs clés du
bien-être et du développement des jeunes et qu'ils ont l'opportunité de les suivre
tout au long de leur cursus scolaire,
ÉquiLibre recommande également que la formation universitaire des éducateurs
physiques, de même que leurs formations de perfectionnement, une fois
sur le marché du travail, soient revues pour inclure suffisamment d'heures
d'apprentissage sur la complexité des problèmes de poids et d'image corporelle
chez les jeunes.
Par
ailleurs, après avoir survolé les composantes de la formation générale au
cégep, on en vient, chez ÉquiLibre, à la conclusion qu'il est possible
de rencontrer les exigences du programme du cours d'éducation physique à tous
les niveaux scolaires par des moyens qui
n'incluent pas la pesée ni le calcul de l'IMC. En offrant davantage de
formation aux éducateurs physiques sur la
question du poids, tel que mentionné en deuxième recommandation, ceux-ci
seraient mieux outillés pour
connaître et comprendre les risques associés à l'utilisation de ces mesures et
ainsi prévoir par eux-mêmes d'autres
façons d'atteindre leurs intentions pédagogiques et de travailler les
compétences de leur programme pour bien intervenir, sans risquer de
nuire au bien-être des jeunes.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En terminant.
Mme Senécal (Anouck) : Un petit
30 secondes.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y.
Mme Senécal
(Anouck) : Finalement, ÉquiLibre émet deux autres recommandations
secondaires. Premièrement, procéder à
une évaluation complète et, possiblement, une révision des programmes scolaires
des cours d'éducation physique au
primaire, au secondaire et au collégial afin d'éviter toute confusion quant à
l'interprétation de la nécessité d'utiliser la pesée à des fins d'éducation, mais également pour y ajouter des
compétences en lien avec le développement d'une image corporelle
positive.
Et finalement
ÉquiLibre suggère, comme d'autres membres l'ont fait, qu'un groupe de travail
soit mis sur pied pour poursuivre les
réflexions sur le sujet et vérifier de quelle façon les recommandations faites
précédemment pourraient être mises en place sur le terrain. ÉquiLibre
mentionne évidemment son intérêt à faire partie de ce groupe de travail, avec d'autres acteurs clés qui seront identifiés. Et
finalement ÉquiLibre souhaite souligner que ses collaborations
précédentes avec la Fédération des
éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec, la FEEPEQ, ont été
riches, positives et porteuses de changements et souhaite évidemment que
la FEEPEQ fasse partie de ce groupe de travail.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. On va passer du
côté du gouvernement, et je cède la parole à M. le député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci beaucoup, mesdames, d'être ici aujourd'hui. C'est
fort intéressant. J'ai lu votre mémoire, je salue la collaboration que vous avez avec la fédération des éducateurs
physiques. Il est clair — puis je pense que vous êtes
le dernier groupe qui est ici aujourd'hui — qu'il faut faire quelque chose, puis ce
n'est pas une réalité seulement québécoise, canadienne, je pense que c'est mondial. Il y avait un article, là, dans Le
Soleil il y a quelques mois, et c'est le Dr Arruda, le directeur national de la Santé publique, qui
disait : Quand je vois un jeune de 15, 16 ans atteint de diabète de
type 2, c'est un drame. Notre société a créé, à travers son
environnement alimentaire et autres conditions propices au développement de l'obésité... Il disait également
qu'habituellement c'est des gens entre 45, 50, 55 ans, à l'époque, qui
développaient des diabètes de type 2. Donc, on voit qu'il y a
effectivement quelque chose à faire.
J'aimerais vous amener sur le... Dans votre
mémoire, vous parlez d'un sondage que vous avez fait auprès de 700 éducateurs physiques enseignant au
primaire, secondaire et collégial, et, dans les résultats, vous dites que
«96 % des répondants ont déjà
été témoins de situations problématiques concernant le poids et l'image
corporelle des jeunes dans le cadre du cours d'éducation physique et à
la santé». Et j'ai bien compris, là, qu'il y a deux éléments : l'obésité
et l'insatisfaction de l'image corporelle,
ce que nous, on pense de soi-même et de notre corps, etc. Donc, quand vous
dites ça, 96 % des répondants qui ont... est-ce que vous voulez dire
qu'ils ont constaté... pas grâce à la pesée, mais vraiment qu'ils ont constaté dans le cadre de leur
formation, qu'ils ont déjà vu des jeunes avec cette problématique-là? Est-ce que je comprends bien?
Mme
Senécal (Anouck) : Bien, en
fait, la question qui était posée dans le sondage aux 700 répondants...
certaines situations en lien avec des
problèmes de poids ou d'image corporelle telles qu'entendre deux étudiants se
chamailler, ou un être victime de
commentaires ou d'intimidation en lien avec le poids, certains jeunes qui
refusent de participer au cours clairement pour des raisons d'insécurité par rapport à leurs corps ou d'insatisfaction corporelle. Donc, il y avait
certaines situations qui étaient énoncées.
Et on leur demandait : Est-ce que vous avez déjà rencontré l'une ou
l'autre de ces situations? Et presque
la totalité en fait en avait au moins rencontré une, ce qui expose que c'est
une réalité, que ces problèmes-là sont bien présents à l'école,
particulièrement dans le cours d'éducation physique.
M.
Carrière : O.K. Tout de suite après, l'autre fait saillant de votre sondage, vous dites :
«92 % des répondants considèrent
que les éducateurs physiques enseignants ont un rôle à jouer.» Donc, moi, je
suis content de voir ça. C'est qu'eux, ils se sentent interpelés et ils
veulent intervenir et être une partie de la solution.
Mme Senécal (Anouck) : Absolument. Et
on en est très contents aussi. Une statistique plus basse aurait été
troublante. Donc, effectivement, c'est leur rôle et c'est tant mieux qu'ils
souhaitent s'impliquer sur ces problèmes-là.
J'attire
votre attention aussi sur l'autre statistique qui dit qu'eux-mêmes expliquent
qu'ils manquent de formation sur la
question des problèmes d'image corporelle et de gestion du poids chez les
jeunes, à hauteur de 83 % pour l'image corporelle et, je crois, 77 % sur les problèmes de gestion de
poids. Donc, ça explique qu'effectivement ils ont un rôle à jouer, mais
ils ne se sentent pas suffisamment outillés, de par leur formation
universitaire, pour le faire.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y. Allez-y, Mme Dufour.
Mme
Dufour-Bouchard (Andrée-Ann) :
Vous parliez du rôle, tout à l'heure, que les éducateurs physiques jouent.
J'étais très contente d'entendre tout à l'heure, aussi, que la FEEPEQ
mentionnait, entre autres, démystifier certaines fausses croyances par rapport
à l'amaigrissement. On a besoin d'en parler, de ces sujets-là, avec les jeunes.
Et, quand on parle de ne pas peser les
jeunes, on ne veut pas non plus faire du poids un sujet tabou, parce qu'on sait
que les jeunes vont lire dans des revues des
quiz quelconques, vont pouvoir calculer leur IMC autrement, comme on a dit
tout à l'heure, mais ce qu'on a besoin, c'est de les amener justement
à faire le point sur le fait que leur santé ne dépend pas uniquement
de leurs poids, sur le fait qu'ils ne sont pas obligés d'être minces nécessairement, non plus, pour être acceptés.
On vit dans
une société où il y a une très forte norme. On parlait tout à l'heure de l'environnement
obésogène, mais on fait aussi... on vit
aussi dans une société où l'environnement
renvoie une norme de minceur très
forte. Il y a une grosse pression sur
les jeunes pour maigrir pour plusieurs raisons, d'une part pour les risques
qu'on connaît de l'obésité sur la santé, aussi parce qu'il y a plusieurs préjugés. Il y a l'industrie de
l'amaigrissement qui fait miroiter que c'est donc facile de perdre du poids, qu'on a le plein contrôle sur notre
poids, alors que ce n'est pas toujours le cas. Il y a des facteurs sur lesquels
on n'a pas de contrôle. Notre hérédité, si
on vit dans un environnement, justement, où les choix malsains sont plus faciles
que les choix sains, bien, ça va influencer notre poids aussi.
Donc, le fait
d'aborder ces questions-là avec les jeunes, de démystifier tout ça, c'est un
rôle très important que les éducateurs peuvent jouer et, justement,
sans nécessairement avoir à peser les jeunes, mais c'est important
de continuer de parler du poids pour vraiment
défaire ces tabous-là et... pas défaire les tabous, mais défaire les fausses
croyances et ne pas en faire un tabou.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mmes Léonard, Senécal et Dufour-Bouchard, pour votre
présentation et votre implication. Très intéressant et très, très pertinent.
Deux
questions. Vous parlez de l'importance peut-être de bonifier la formation des
profs. À quelle fin? Pour les sensibiliser à ces réalités dont vous nous
parlez? Ça prendrait quelle forme? Comment vous envisagez ça?
• (17 h 10) •
Mme
Senécal (Anouck) : Je crois
qu'une réflexion devrait être faite sur quelle forme ça peut prendre. Je
crois que ça doit faire partie de la
formation universitaire. Dans les dernières années, depuis les travaux qu'on a
amorcés avec la FEEPEQ, bon, il y a
eu publication d'un guide conjoint de recommandations, mais il y a également eu plusieurs
occasions de formation, justement, offerte par ÉquiLibre à des éducateurs
enseignants, notamment dans leur congrès annuel, et également à des étudiants
universitaires. Et c'est le genre de formation que nous, on offre à tous les
intervenants jeunesse. Donc,
n'importe quel adulte, professionnel de la santé, ou de l'éducation, ou dans le
milieu communautaire, qui travaille auprès
des jeunes doit être sensibilisé à la double problématique, comme je l'ai
exposé tantôt, par rapport au poids et à comment bien intervenir sans
nuire sur la question du poids et de l'image corporelle. Donc, c'est une
formation assez générale qu'on a adaptée, si on veut, pour la rendre vraiment
plus spécifique aux éducateurs physiques enseignants.
Ça pourrait être une des solutions, mais il
pourrait y en avoir d'autres. J'ai l'impression que ça prendrait plus
que cette formation de trois, quatre heures
pour vraiment faire de la formation universitaire un endroit où les notions sur
les... toute la complexité des problèmes
liés au poids et à l'image corporelle chez les jeunes de façon plus complète en
fait, donc plus d'heures
d'enseignement. Et là, évidemment, ce n'est pas quelque chose qui se tranchera
cet après-midi, ça demande une plus grande réflexion, mais je crois que
c'est nécessaire.
M. Birnbaum :
C'est que, là, il y a un consensus sur la question de la pesée, de toute
évidence. Vous n'êtes pas, ni les autres groupes qui ont intervenu
aujourd'hui, en train de nous dire de se débarrasser de notre responsabilité,
évidemment, d'accompagner chaque jeune, y compris les jeunes avec pas juste des
problèmes en termes d'image de soi-même, mais qui ne sont pas en santé. Vous
n'êtes pas en train d'évacuer notre responsabilité, qu'on prend très au
sérieux, d'accompagner tous ces jeunes-là. Je vous invite donc de nous parler
un petit peu des mesures positives et inclusives pour assurer que les jeunes...
Ce n'est pas juste des problèmes psychologiques, il y a des suites physiques, évidemment. Si on pèse beaucoup trop et si on a
des problèmes psychologiques de boulimie ou anorexie, et tout ça, c'est
des phénomènes, je n'ai pas à vous
convaincre, très, très, très sérieux. Et l'école, j'imagine, a son rôle
complémentaire quand ces nécessaires. Il y a des interventions
psychologiques et médicales, mais l'école a son rôle à jouer. On est en train
ensemble de comprendre qu'il y a une mesure qui n'est peut-être pas efficace,
et à mettre de côté.
Mais je vous
invite de parler un petit peu des mesures positives pour assurer à la fois une
approche ciblée aux gens qui risquent
d'avoir des problèmes et qui risquent d'impliquer tous les autres élèves qui
sont... je ne vais pas le dire de façon péjorative, mais qui n'ont pas
de problème. Je vous invite d'en parler.
Mme Senécal
(Anouck) : Je vais laisser ma collègue y répondre, mais, juste avant,
je voulais amener le point que ce qui
est très positif et, je dirais, rassurant, c'est que, quand on regarde
qu'est-ce qu'il faut faire au niveau de la prévention des problèmes liés au surpoids et qu'est-ce qu'il
faut faire au niveau de la prévention des problèmes liés à
l'insatisfaction corporelle, ce sont des
facteurs de protection qui sont communs aux deux facettes de la problématique,
donc on n'a pas à doubler le travail,
et, de cette façon, en intervenant sur les deux fronts, on s'assure de ne pas
exacerber une problématique au profit de l'autre, en fait.
Donc, vous
l'avez dit, ça prend des changements qui ne visent pas que des messages qu'on
transmet aux jeunes ou des
connaissances qu'on transmet aux jeunes, il faut que ça soit plus systémique
que ça. Ça prend quelque chose... une concertation, en fait, au niveau
des messages véhiculés par tous les intervenants qui gravitent autour des
jeunes. Ça commence à l'école, mais ça va
aussi plus tôt, dans les services de garde et, on l'a dit également, chez les
parents. Donc, je vais laisser ma collègue en nommer quelques-uns.
Mme Dufour-Bouchard
(Andrée-Ann) : On a beaucoup parlé de l'importance d'adopter de saines
habitudes de vie, mais je rajouterais
vraiment le volet qui nous distingue, ÉquiLibre, souvent dans notre expertise,
c'est le volet Favoriser le développement d'une image corporelle positive. Parce que, si, au
contraire, le fait de peser les jeunes, ça peut les amener à se mettre au régime, à abandonner l'activité
physique, comme ma collègue disait, le fait de les aider à être bien dans
leur peau, le fait de reconnaître que leur valeur n'est pas uniquement basée
sur le chiffre sur la balance ou parce qu'ils correspondent
ou non au modèle qui est projeté dans les médias, bien, le fait de développer
cette image corporelle positive là,
d'être bien dans leur peau, de reconnaître leur valeur, ça va leur donner envie
après ça, aussi, de faire des changements qui vont être durables, de graduellement intégrer des nouvelles
activités physiques parce qu'ils le font pour le plaisir, mais pas juste dans l'optique de perdre du poids,
d'avoir du plaisir à manger, mais pas nécessairement de toujours
contrôler, se priver des aliments qu'ils
aiment, mais d'avoir vraiment une alimentation équilibrée. Alors, le fait de
développer une image corporelle positive chez les jeunes, ça va servir
autant aux jeunes qui ont un surplus de poids pour les amener à être mieux dans leur peau et à faire graduellement des
petits changements, mais autant aux jeunes qui peuvent être minces mais
qui peuvent avoir une insatisfaction corporelle aussi, qui peuvent vivre ça
parce que, justement, on est exposés à une société
où la pression est très forte pour correspondre à cet idéal-là, soit très mince
chez les jeunes filles, soit très musclé chez les jeunes garçons.
Comment on s'y prend
pour développer cette image corporelle positive là? Il y a différentes façons
dont on peut s'y prendre. On peut amener les
jeunes à développer leur esprit critique sur ce modèle-là, parce que, souvent,
ils ne sont pas nécessairement
toujours conscients que les photos sont retouchées, ils ne sont pas toujours
conscients que ce n'est pas le seul
et unique modèle à atteindre. Si on changeait de société et qu'on allait en
Afrique demain matin, ou dans un pays où
les courbes sont plus valorisées qu'ici le modèle de minceur, la relation avec
le corps serait complètement différente. Donc, d'amener les jeunes à réaliser d'abord ça, qu'il y a un esprit
critique à développer par rapport à ça, par rapport aussi à tout le marketing de l'industrie de
l'amaigrissement, parce qu'il y a beaucoup d'argent qui est investi,
évidemment, pour convaincre que ça va
être facile, qu'on a juste une petite pilule à prendre, que ça ne demandera pas
trop d'efforts, mais de sensibiliser les jeunes, justement, à l'effet pervers
de ce régime-là, de leur exposer les risques puis de leur montrer, justement,
qu'en adoptant des saines habitudes de vie on peut être en santé sans nécessairement devoir faire un régime, qui va mener, après ça, à tout un
enchaînement de problèmes.
Les
préjugés à l'égard du poids, aussi. On en fait tous partie, de cette
société-là. On en a chacun un peu aussi, des fois, sans s'en rendre compte, sans nécessairement vouloir mal
faire, mais on transmet des préjugés aux jeunes. D'amener les jeunes aussi à se rendre compte des préjugés
qu'on véhicule dans notre société, ça
aussi, ça peut aider à faire que, peu importe sa taille, peu importe sa
silhouette, on va faire partie de la société, on va se sentir inclus aussi. Et,
justement, d'amener les jeunes à réaliser
qu'il n'y a pas une silhouette unique dans la nature. Il y a une variété
d'espèces de plantes, d'arbres.
Normalement, les gens sont situés entre... de très minces à plus enrobés. C'est
normal, c'est naturel. Il y a la génétique.
On n'est pas tous petits, grands, avec les cheveux uniformes. On est
différents. Donc, c'est la même chose pour le poids aussi. Donc, amener
les jeunes à développer aussi toute cette connaissance-là.
Et
finalement les amener à apprendre à bouger pour le plaisir et manger pour le
plaisir aussi, pas seulement dans l'optique
de maigrir, justement, parce que ça va être un gage de succès à plus long
terme. Donc, ça, c'est des activités ou des connaissances qui peuvent
être transmises aussi par les professeurs aux élèves.
C'est
aussi important d'avoir le rôle de modèle, aussi, et d'être conscient soi-même,
en tant que professeur, c'est quoi,
la relation qu'on entretient avec notre corps, avec la nourriture, avec
l'activité physique. Parce que, des fois, même si on a l'intention d'éduquer les jeunes sur certains
aspects, on peut transmettre ou faire un commentaire sur le poids.
«T'as-tu vu, telle actrice a perdu du
poids?» C'est un commentaire banal qu'on peut faire, qu'on pense qui n'a pas de
conséquence, mais ça peut renvoyer aussi aux jeunes l'idée qu'il faut être
mince puis qu'on encourage aussi ce genre de modèle là.
Donc,
c'est toutes des façons dont on peut intervenir pour aider les jeunes,
vraiment, à adopter des saines habitudes de vie, à être bien dans leur
peau et à être critiques par rapport au modèle unique et à l'industrie de
l'amaigrissement.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. On va passer du
côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à M. le député du
Lac-Saint-Jean pour 10 minutes.
M.
Cloutier : Je vous remercie. Alors, est-ce que vous avez l'impression
que les problématiques liées à l'image corporelle
s'amplifient dans notre société? Est-ce que c'est une problématique qui prend
de plus en plus de place? L'obésité chez
les jeunes, c'est documenté, on est capable de bien l'identifier. Est-ce que
c'est la même chose pour les préoccupations d'ordre... de nature plus
psychologique?
Mme
Dufour-Bouchard (Andrée-Ann) : Bien, effectivement, on voit qu'en
parallèle avec l'obésité il y a toujours l'insatisfaction corporelle, un
peu pour les raisons dont je parlais tout à l'heure. On vit dans un
environnement qui est très axé sur
l'apparence. On véhicule toutes les valeurs liées à la performance. On voit de
la discrimination dans plusieurs milieux à ce sujet-là. Ce qui est
difficile, des fois, c'est de documenter aussi bien que l'obésité, parce que
c'est une perception. Toutes les données de
santé mentale, c'est un peu moins objectif qu'un chiffre sur une balance. Donc,
ça, c'est quand même quelque chose qui est plus difficile à démontrer.
Mais
on voit que, quand les fillettes de neuf ans font des régimes... Il y a des
données qui montrent que 35 % des fillettes de neuf ans suivent des
régimes. C'est des données qui datent quand même des années 90. Dans les années
actuelles, avec toute l'industrie des
jouets, les vidéoclips, les jeunes sont beaucoup exposés aussi à ce modèle-là,
de toutes parts. Donc, c'est certain
que l'insatisfaction corporelle est encore très, très présente et qu'il faut essayer
d'intervenir pour aider les jeunes à ce niveau-là.
Mme Senécal
(Anouck) : Si je peux amener un complément, avec toute l'ère du
numérique dans la dernière décennie, si on
veut, en fait, les jeunes sont vraiment plus exposés qu'avant aux images, et,
bien, c'est bien documenté aussi dans la littérature que le simple fait d'être exposé à un idéal de
minceur, donc à des photos qui présentent des images de corps dits parfaits, donc soit retouchés ou
encore qui représentent un modèle unique de beauté, a comme conséquence
de créer de l'insatisfaction corporelle. C'est vrai chez les jeunes filles,
mais également chez les femmes adultes.
Et
ce qui est nouveau également, qui était peut-être moins présent et moins
documenté il y a quelques années, voire quelques décennies, c'est
l'insatisfaction chez les jeunes garçons. On pense beaucoup aux jeunes filles
quand on parle d'insatisfaction, on pense
beaucoup aux femmes également, mais les hommes ne sont pas en reste. Au
contraire, la problématique se vit vraiment
différemment, mais elle est tout aussi présente et préoccupante. Puis les
façons d'intervenir, tant qu'on parle
des garçons... des adolescents que les hommes, est quand même différente
qu'avec les femmes. Donc, c'est important
aussi de considérer ces deux publics cibles là quand vient le temps de trouver
des alternatives pour parler de poids et pour développer une image
corporelle positive chez les jeunes.
Mme
Dufour-Bouchard (Andrée-Ann) : Je dirais que la bonne nouvelle dans
ça, par contre, c'est que, travaillant sur la question de l'image
corporelle depuis plusieurs années, on voit que... De plus en plus, des
questions comme aujourd'hui, sur la pesée,
ou quand il y a des concours de mini-miss qui s'organisent, ou des genres
d'initiatives comme ça, on voit que
la population, collectivement, réagit de plus en plus en défaveur de ce genre
d'actions là. Alors, ça laisse présager quand même une amélioration à
long terme si tout le monde se mobilise pour faire en sorte que l'environnement
socioculturel soit plus favorable à une image corporelle positive.
• (17 h 20) •
M.
Cloutier : J'apprécie que vous apportiez une note un peu plus... une
note d'espoir, parce qu'on dirait que
mes constats plus personnels m'amènent
parfois... en tout cas, j'ai l'impression que la pression s'amplifie et
que ça ne va pas dans le sens
inverse. Et, quand je vois que le problème d'obésité chez les jeunes augmente de façon importante, quand je vois la pression de l'image, la pression
médiatique, ce qu'on valorise dans notre société, ça m'inquiète. Alors, je fais
partie des inquiets. Maintenant, espérons
que les saines habitudes de vie, que les politiques qu'on mettra de l'avant
nous aideront à défaire ça.
Mais il y a une
pression aussi qui vient des États-Unis, il faut le dire, qui est très, très
forte dans la culture américaine. On le voit
dans les vidéos, toute la cinématographie, ce qui est valorisé, et j'ai
l'impression que ça prend une place extrêmement importante dans la vie
de nos jeunes.
Est-ce que vos services
sont de plus en plus sollicités?
Mme Senécal
(Anouck) : ...de plus en plus. Ils l'ont toujours été.
Une voix :
...
Mme
Senécal (Anouck) : Oui, effectivement. Je mets votre question de côté,
on pourra y revenir, mais, si on peut continuer
avec un autre point positif, le vent de changement qu'il y a sur le Québec par
rapport aux initiatives positives en matière
de diversité corporelle ou d'une représentation plus saine du corps a beaucoup
à voir avec l'instauration de la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée qui a été
instaurée par le gouvernement québécois en 2009. Et depuis, évidemment, ÉquiLibre travaille aussi...
Quand on parlait, tantôt, de faire des changements systémiques, ce n'est
pas juste parler aux jeunes, mais aux gens
autour de lui. Oui, mais c'est aussi viser l'environnement indirect du jeune,
donc le macrosystème, si on veut, et, dans
ce macrosystème-là, il y a toute l'industrie, l'industrie de l'image, donc
l'industrie de la mode, des médias, de la publicité, du jeu, de la
musique, du vidéoclip, et là on pourrait en nommer encore. Et, chez ÉquiLibre,
on a notamment une initiative qui cible cette industrie-là. On s'est donné
comme mission de travailler en partenariat
avec l'industrie pour les inciter à participer au changement des normes
sociales, à l'évolution des normes sociales de minceur, et il y a une très belle réponse de l'industrie, ce qui est
très positif, à notre sens. Donc, en ce sens-là, oui, je trouve ça
positif.
Avec
les années, on voit que leur responsabilité sociale... ils sont de plus en plus
conscients de leur responsabilité sociale,
ils sont de plus en plus conscients que ça peut avoir des effets délétères chez
les jeunes. Et, pour revenir à nos jeunes,
on peut également, eux, les impliquer dans ces messages-là lancés à
l'industrie. C'est important de faire réaliser aux jeunes qu'ils ont un pouvoir d'influence sur qu'est-ce
que l'industrie leur présente, en achetant, en n'achetant pas, et il y a
plein d'autres façons de le faire. Et c'est
le genre d'initiative qu'on développe chez ÉquiLibre et qu'on met à la
disposition des intervenants
jeunesse, des genres d'ateliers qu'ils peuvent animer auprès des jeunes pour
les faire participer au changement des normes sociales.
Et là j'ai oublié
votre question initiale.
Mme
Dufour-Bouchard (Andrée-Ann) : Moi, je pourrais rajouter sur la
question initiale, par rapport à nos services,
s'ils sont plus en demande. On a développé dernièrement, grâce à la Fondation
Medavie pour la santé, qui nous a soutenus pour ce projet-là, des
nouvelles activités pour l'école primaire. Parce qu'on intervenait beaucoup au
niveau secondaire, mais on trouvait
important d'intervenir aussi en amont. Donc, on voit qu'il y a eu un grand
intérêt et un grand téléchargement de
ces activités-là, qui sont sur notre site Internet, là, par les professeurs au
primaire. Donc, on sent que ça répond vraiment à un besoin et à une
demande.
M. Cloutier :
Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, on va passer du côté
du deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le député de
Chambly pour six minutes.
M. Roberge : Merci. Donc,
juste pour continuer sur ce que vous disiez à la fin, vous disiez : Il y a
des espèces de cahiers, de trousses
qui sont téléchargés par les enseignants du primaire, on ne parle pas
d'enseignants, nécessairement, qui sont des enseignants d'éducation
physique et à la santé.
Mme
Senécal (Anouck) : En fait, il était question d'un programme qui
s'appelle Bien dans sa tête, bien dans sa peau. Il y a plusieurs ateliers, sur différents sujets, pour différents
publics cibles, et certains, oui, peuvent être utilisés par les
éducateurs physiques enseignants, certains sont clairement destinés à eux,
notamment un qui a été créé en même temps
que le guide créé avec la FEEPEQ, qui les amène à inviter les jeunes à écouter
davantage leurs signaux de faim et de satiété, dans le cadre du cours
d'éducation physique.
M.
Roberge : J'ai amené cette question-là parce qu'on a débordé du coeur
de la simple pesée et puis on a parlé des médias, de la pression sociale, de ce qui se passe dans les magazines,
etc., puis il me semblait que l'espèce d'éducation aux médias, ça débordait du cours, peut-être, d'éducation
physique et à la santé, là, l'esprit critique par rapport aux images qui
nous sont présentées au cinéma, dans les
magazines, tout ça. Bien honnêtement, je ne savais pas trop à qui le confier
dans l'école, à quel prof ou dans quel cours. Est-ce que vous avez des pistes?
Mme
Dufour-Bouchard (Andrée-Ann) : Souvent, dans les cours d'éthique.
Éthique et cultures religieuses, au secondaire,
entre autres, c'est souvent là que c'est abordé. On a même eu un beau
partenariat avec le Musée des beaux-arts, où on a combiné des oeuvres où on... un peintre peignait une oeuvre,
puis là on discute de tout le regard de la personne sur son oeuvre du peintre, sur la personne qu'il
peint. Donc, on a différents leviers pour vraiment aborder ces sujets-là,
mais c'est sûr que le cours d'éthique est
intéressant. Encore là, il y a des activités qui se font dans les cours de
français, où les jeunes doivent
rédiger des débats ou des textes d'opinion sur la place qu'occupe le modèle
unique de beauté dans notre société.
Donc, les activités sont ciblées parfois en fonction de certaines compétences
du programme de formation continue, de
l'école québécoise, en fait, mais les professeurs sont libres aussi, ensuite,
de l'adapter et de l'utiliser dans le contexte qui leur plaît.
M.
Roberge : Merci. Je n'avais pas pensé à ça, mais c'est une très bonne
idée de le rentrer dans le cours d'éthique, effectivement.
Je
pense que c'est à la page 15, vous parlez du fameux calcul de l'IMC, de la
pesée, vous dites : Pas au primaire, pas au secondaire. Puis vous dites : Bien, même au collégial, là,
ça demeure non souhaitable. Et ça me ramène à ce qui a été dit précédemment, aujourd'hui, où on
disait : Au collégial, c'est acceptable parce que — je dis «on», c'est ce qui a été dit
ici — un
jeune qui est mal à l'aise va le dire, s'il ne veut pas. Moi, j'ai l'impression
qu'il est possible aussi que d'autres personnes soient mal à l'aise avec le
fait de dire qu'ils sont mal à l'aise. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme
Dufour-Bouchard (Andrée-Ann) : On peut juste être d'accord avec ça. Il
y a quand même un tabou aussi par
rapport au poids. Des fois, on peut dire qu'on est mal à l'aise, on en parle de
façon très ouverte, mais souvent c'est vécu aussi intérieurement. Les gens, des fois, savent qu'ils n'ont pas
nécessairement de surplus de poids puis que ça ne serait pas si justifié de dire qu'ils sont mal à l'aise avec
leurs poids ou, à l'inverse, se sentir mal de dire qu'ils sont mal à l'aise
parce que ça va être justement parce qu'ils
ont un surplus de poids qu'ils sont étiquetés mal à l'aise. Donc, toute cette
notion-là, c'est quand même quelque chose
qui est, encore une fois, assez tabou et qui peut faire effectivement que les
jeunes ne seront pas à l'aise de le
dire ou, comme il a été dit tout à l'heure, que peut-être que, sur le coup, ils
ne réagiront pas tant que ça, mais
après c'est quand ils vont entrer à la maison qu'ils vont sauter des repas ou
qu'ils vont s'engager dans des pratiques d'activités physiques plus à
risque.
Puis
je rajouterais aussi sur ce qui a été dit tout à l'heure par la FEEPEQ. Même si
l'intention derrière le fait de mesurer
l'IMC, ce n'est pas de mettre les jeunes au régime ou de ne pas nécessairement
faire qu'ils vont perdre du poids, ça n'a
pas besoin d'être ça, l'intention, mais souvent c'est ça, l'intention qui va
arriver dans la tête des gens, parce qu'automatiquement
on associe surplus de poids à obligation de perdre du poids et obligation de
perdre du poids à faire un régime ou
s'entraîner intensivement en faisant quelque chose qu'on n'aime pas parce qu'il
faut maigrir. Donc, tout ça, ça vient teinter la relation avec les
saines habitudes de vie, puis, à long terme, ce n'est pas gagnant parce qu'on
risque d'abandonner ces pratiques-là. Si on
bouge beaucoup mais qu'on ne voit pas le chiffre sur la balance diminuer, on
risque de dire : Je n'aime pas ça de
toute façon, je retourne à mes anciennes habitudes, tandis que, si on fait ça
graduellement, plus pour le
bien-être, pour le plaisir, pour sa santé, qu'on apprend justement grâce au
professeur d'éducation physique qu'il existe
une multitude de sports, qu'on apprend à développer nos compétences là-dedans,
qu'on est encouragé selon nos différentes
forces, mais qu'on n'est pas obligé de réussir notre 500 mètres à la course...
On peut être très bon, on est flexible ou
avoir beaucoup de coordination. Mais c'est ça, le rôle aussi, entre autres, des
éducateurs physiques, de les encourager là-dedans, mais aussi sur tout le volet éducation à la santé, puis je ne
veux pas restreindre ça juste à la pratique d'activité physique. C'est
parce qu'il y a d'autres notions très importantes aussi qu'ils peuvent
transmettre mais... Voilà.
M. Roberge :
Et une petite dernière, parce qu'il me reste... j'ai peu de temps. Vous parlez
même d'adapter la formation et d'avoir du
perfectionnement pour les profs d'éducation physique, parce que, bon, on peut
bien changer la formation initiale,
mais il y a pas mal d'enseignants qui sont déjà là. Et, ces
perfectionnements-là, êtes-vous confiants que, nécessairement, les profs les prendraient? Est-ce qu'il faudrait que ça
soit obligatoire? Comment vous voyez ça et qui les offriraient, ces
perfectionnements?
Mme Senécal
(Anouck) : Je pense que clairement la FEEPEQ doit faire partie de
cette réflexion-là qui... Est-ce qu'on rend
ça obligatoire? De quelle façon on diffuse? Comment on reconnaît qui l'a fait
et qui peut le faire? Bien, je crois
qu'on a entendu bon nombre d'interlocuteurs très informés sur la question. Chez
ÉquiLibre, on a une vocation de formation, donc ça pourrait être une
place. J'imagine qu'il y en a beaucoup d'autres.
• (17 h 30) •
Mme
Dufour-Bouchard (Andrée-Ann) : On développe aussi beaucoup de
formations en ligne, de plus en plus, sachant
que ce n'est pas toujours facile pour les gens, dans leurs horaires, dans leur
contexte de travail, de se déplacer pour être formés. Et on a une
formation, entre autres, qui est vraiment sur toute cette approche-là, un peu,
le discours qu'on a tenu aujourd'hui, toute
la journée, mais les risques associés à la pesée, la complexité des problèmes
de poids, le fait que le poids, ce n'est pas le seul déterminant de la
santé, comment on peut intervenir, justement, pour favoriser le bien-être, la
santé chez toute la population.
Cette
formation-là, c'est un peu notre approche de base, et dernièrement on l'a fait
accréditer par la Fédération des kinésiologues
du Québec, donc c'est des gens qui sont dans le domaine, quand même, de
l'activité physique, et il y a un grand intérêt, il y en a beaucoup qui
se sont inscrits. Donc, je pense que c'est un sujet qui intéresse beaucoup les
gens aussi en activité physique. Des fois,
c'est un sujet qu'on aurait pu penser réserver plus aux nutritionnistes ou aux
gens dans le domaine de la santé, mais, au contraire, c'est important de
l'ouvrir à tous les professionnels pour que, justement, le discours devienne commun et que ça soit un discours qui va être plus cohérent pour les
jeunes. Donc, je pense qu'il y
a vraiment un intérêt de la part de ce milieu-là aussi.
Mme Senécal (Anouck) : Étant donné
les statistiques qu'on a vues dans le sondage de leurs intérêts à être mieux formés et leurs sentiments de ne pas l'être
suffisamment sur ces questions, on peut deviner que, oui, il y aurait un
intérêt, un intérêt de se former et de bien faire justement pour améliorer les
pratiques auprès des jeunes, intervenir adéquatement quand il y a des
situations problématiques qui ont lieu en lien avec le poids et l'image
corporelle.
M. Roberge : Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, merci beaucoup, Mme Senécal,
Mme Léonard et Mme Dufour-Bouchard, pour
votre contribution à nos travaux. Et je remercie également tous les organismes
ayant témoigné aujourd'hui pour leur contribution à nos travaux
parlementaires.
J'ajourne les travaux de la commission sine die.
Merci et bon retour.
(Fin de la séance à 17 h 31)