(Onze heures vingt-six minutes)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bon matin à tous. À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder aux
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 105, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplaçants?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles) remplace M. Turcotte (Saint-Jean).
Remarques préliminaires
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Nous débuterons ce matin par
des remarques préliminaires, puis nous entendrons
les organismes suivants : la Fédération des comités de parents du
Québec — merci
d'être là — et
l'Association des comités de parents anglophones.
Alors, nous
débutons sans plus tarder avec les remarques préliminaires. J'invite donc
d'abord M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur à
faire ses remarques préliminaires pour une durée de six minutes. Alors, la
parole est à vous, M. le ministre.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx
: Merci beaucoup, Mme la
Présidente. D'abord, je veux saluer l'ensemble des collègues, le
secrétariat, les collègues de la partie ministérielle, les gens du ministère,
les collègues de l'opposition officielle, de la deuxième opposition, Mme la
députée indépendante. Je veux saluer les gens qui sont dans la salle, bien
entendu, les gens qui témoigneront
aujourd'hui et demain, saluer également les gens du ministère qui
m'accompagnent, Mme la Présidente. C'est
très important de le dire. Ils ont, semble-t-il, un ministre de l'Éducation qui
est assez actif, alors je suis heureux de pouvoir compter sur leur
collaboration et pouvoir travailler avec eux au quotidien.
Je serai assez court, vous disant que nous
sommes, bien sûr, à l'automne, mais nous sommes après le projet de loi n° 86. On a passé beaucoup de temps
ici ensemble, passablement dans cette salle, et on a eu l'occasion, au
cours du printemps, de discuter, oui, du
projet de loi n° 86, donc de certains éléments qui se retrouvent dans le
projet de loi n° 105, mais de
d'autres qui n'y sont pas et qui n'y sont plus. J'avais dit à l'époque qu'il y
avait, à mon avis, un déséquilibre dans les discussions, dans les
réflexions dans l'espace public à l'égard du projet de loi. Il y avait des éléments
qui prenaient beaucoup de place dans les
discussions et les réflexions, et ce qui nous séparait ou nous divisait à
l'époque — et je
parle même des parlementaires, là — dans les réflexions qu'on en
faisait par rapport au projet de loi, et je suis heureux aujourd'hui, d'abord, d'avoir déposé un projet de
loi qui s'établit... ou, en tout cas, s'inscrit dans une démarche où il
y a davantage de consensus autour des éléments qui se retrouvent dans le projet
de loi.
• (11 h 30) •
Bien sûr, il
y aura encore des questions, il y aura encore des réflexions, il y aura encore
des discussions. Pour moi, c'est
important qu'il y en ait, je ne suis pas contre cela, pas du tout. Je vois beaucoup
de gens, je rencontre beaucoup de gens,
je vais dans beaucoup d'établissements. Je vais dans des écoles beaucoup, je
rencontre les différents intervenants, la société civile, et, à chaque
fois, on a l'occasion de discuter, et moi, je tiens à cet espace de réflexion
et de discussion.
Dire que le
projet de loi, aussi, s'inscrit dans une démarche qui est beaucoup plus grande,
m'apparaît — je
vais le dire ainsi — peut-être
plus clair pour l'ensemble des partenaires et, je pense, des collègues également
à l'Assemblée nationale. D'abord, depuis le dernier budget, il y a eu
réinvestissement. Vous avez vu ce qu'on a fait à l'égard des immobilisations,
du maintien d'actif, des nouveaux espaces, il y a des nouvelles ressources. Je
le sais, pour parler régulièrement avec des gens du milieu, et notamment pour
avoir fait quelques régions au Québec depuis le retour des vacances, qui ont été courtes, Mme la Présidente,
qu'il y a des nouvelles ressources près de nos enfants aujourd'hui. Ça s'inscrit également dans le cadre des règles
budgétaires, qui ont été, je dirais,
rendues plus flexibles. Peut-être que vous l'avez
remarqué, mais on a ouvert les mesures pour les écoles défavorisées à plus
d'écoles, en ce sens qu'on ne maintient pas ou on ne met pas le cap de l'ensemble de nos ressources vers nos
écoles de niveau de défavorisation 10, mais on a permis une ouverture
pour des écoles qui devaient et doivent être soutenues.
Également,
il y a aussi une flexibilité à l'égard de l'utilisation des sommes. Il y a
des enveloppes qui, aujourd'hui, oui,
vont transiter par les commissions
scolaires, mais vont se diriger directement vers les écoles, et ça s'inscrit également et surtout dans un plan qui est beaucoup
plus grand ou, je dirais, qui nous amène à court, mais surtout à moyen terme...
qui est la politique sur la réussite
éducative. Depuis mon arrivée... puis j'en étais convaincu, qu'on se devait
d'avoir une réflexion à l'égard d'où devrait être le réseau de l'éducation
dans les prochaines années, comment est-ce qu'on peut faire pour augmenter la diplomation, comment on peut mieux soutenir nos
élèves avec des besoins particuliers qui sont très importants et comment on peut inscrire l'éducation tout au long de la
vie. Et ce n'est pas anodin, et ce n'est surtout pas étranger au fait
que j'ai la capacité de pouvoir discuter de ça, ayant deux responsabilités
ministérielles importantes, c'est-à-dire le ministère
de la Famille et le ministère de l'Éducation, pour être capable d'agir plus tôt, de s'inscrire
dans la réflexion sur l'éducation même en petite enfance et tout au long de la
vie par la suite. Parce que les gens le savent, le savent de plus en plus, si vous avez envie de parler d'alphabétisation,
vous n'avez qu'à m'appeler, je suis toujours
très touché, et interpelé, et intéressé par la question.
Donc, il y
aura cet automne des consultations. Ça va se faire un peu en parallèle de notre
exercice qu'on fera ici, à l'Assemblée
nationale, avec les collègues. Mais il y a beaucoup
de choses dont on pourra parler dans le cadre de cette consultation-là. J'invite d'ailleurs, Mme
la Présidente, si vous me permettez
de le faire, les gens à continuer de participer à l'inscription pour des mémoires lors des
consultations régionales. Aux partenaires, lorsqu'il y aura la grande rencontre
du 1er décembre, et surtout aux citoyens,
aux enseignants, aux parents, à tous ceux qui sont intéressés par l'éducation, de s'inscrire en ligne et de faire une démarche sur les
différents questionnaires, là, qui sont offerts.
Donc, je pense que la tonalité n'est pas la
même, si je peux prendre cette expression-là. Je pense que le débat va être un
peu différent, même si on va parler de choses dont on connaît. C'est peut-être
la raison pour laquelle les consultations seront plus courtes. Dans le fond,
plusieurs organisations ont déposé deux mémoires en quelques mois, on va peut-être se dire parfois la même affaire, mais je sais
qu'on va en parler différemment parce
que ça s'inscrit dans un cadre
qui est différent. Et, s'il y a une chose dont je suis très heureux et très
fier, c'est d'avoir la capacité, Mme la Présidente, de dire aujourd'hui que l'ensemble des gens qui s'intéressent à l'éducation, l'ensemble des gens qui ont interpelé le ministre à l'égard de l'éducation ont eu accès à du
temps, ont eu accès à de l'écoute, et c'est toujours un plaisir et
un beau privilège pour moi de faire ce que je fais.
Donc, je
souhaite une belle rentrée à tout le
monde et je dis aux collègues : Merci
de participer aussi sérieusement que vous le faites, comme vous l'avez
fait la dernière fois, à cet exercice-là. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, j'invite maintenant
le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, de recherche et
de la persévérance scolaire et député de Lac-Saint-Jean à faire ses remarques préliminaires pour un maximum
de 3 min 30 s.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier : Je vous remercie, Mme
la Présidente. Alors, à mon tour de souhaiter la bienvenue à tous mes collègues de l'Assemblée nationale, évidemment aussi à tout le réseau du milieu de
l'éducation, qui, à nouveau, va venir nous rencontrer.
Mme la Présidente, il faut quand même se
souvenir du pourquoi que nous sommes réunis aujourd'hui en commission parlementaire, il faut quand même se
souvenir de l'origine du projet de loi n° 86. Bien sûr, on est sur le
projet de loi n° 105, mais le projet de
loi n° 86, à l'origine, était une réponse à la problématique de la
taxation et de la représentation des
Québécois sur les commissions scolaires et comment on pouvait accroître la
participation au processus démocratique. Force est de constater que le projet de loi, qui était très attendu, le
projet de loi n° 86, qui devait entrer en vigueur pour la rentrée scolaire... se sont succédé les délais, ce
qui fait en sorte que, lors du dernier dépôt du projet de loi n° 86, au
mois de décembre, on a eu des auditions, et, de toute évidence, il y a eu
beaucoup de commentaires qui ont été émis quant à la faisabilité ou non.
Ceci étant
dit, je constate que nous avons repris des éléments qui sont de nature un peu
plus consensuelle, même si la qualité
des mémoires, il faut le souligner, nous invite quand même à une réflexion qui
est sérieuse. Mais je constate quand
même que l'aspect de la taxation scolaire est complètement évacué, de même que
la participation aux élections. La vraie question, c'est comment
accroître la participation des Québécois dans le processus démocratique, et je
ne le retrouve pas dans le projet de loi.
Maintenant,
je ne peux pas non plus passer sous silence, M. le ministre, que vous invitez
les Québécois à cette grande démarche
pour la réussite scolaire. Et c'est ce que nous avons souhaité dès le départ,
donc, il y a deux ans, alors maintenant
c'est clairement un pas dans la bonne direction. Par contre, ça nécessitera
aussi des modifications à la Loi sur l'instruction
publique, et là je me demande un peu... Là, vous nous amenez en commission
parlementaire sur un projet de loi,
mais c'est évident que vous allez arriver avec un autre projet de loi qui va
venir encore modifier la Loi sur l'instruction publique. Je me demande un peu, dans l'ordre des choses, si ça n'aurait
pas été préférable de, d'abord, écouter, entendre, déposer votre politique puis, ensuite, d'adopter
toutes les modifications que vous jugez nécessaires à la Loi sur
l'instruction publique pour vous donner toutes les marges de manoeuvre. Je me
demande si on n'est pas en train de mobiliser à nouveau le réseau de
l'éducation pour cette commission parlementaire et qu'on ne sera pas obligé de
faire le même exercice dans six, huit, 10, 12 mois avec les consultations et
les autres modifications que vous souhaiterez apporter.
Puis, ceci
étant dit, on va participer de bonne foi, on va entendre les intervenants,
mais, quand même, je vous invite à cette réflexion : Est-ce qu'il y
a des outils que le milieu aura de besoin pour mettre en oeuvre cette politique
pour la réussite scolaire, qui ne se
retrouvera pas dans le projet de loi actuel et qui va nécessiter d'autres
modifications? Moi, j'ai peur que la
réponse, ça soit oui. Et, si c'est le cas, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
suspendre quelques mois encore pour qu'on fasse l'ensemble de l'oeuvre?
Je vous soumets la réflexion, vous verrez dans vos orientations.
Puis je ne
peux pas passer sous silence non plus, quand vous dites : On est en
réflexion pour aider les élèves en difficulté, j'ai envie de vous
dire : Embauchez les professionnels, les psychoéducateurs, les techniciens
en éducation spécialisée, et toute la liste. C'est de ça dont le Québec a de
besoin de façon très, très, très urgente.
Maintenant que mes
remarques sont faites, je vais souhaiter la bienvenue, vous dire qu'on va
participer de bonne foi. Si nous réussissons
à adopter le projet de loi rapidement avec les bonnes modifications, tant
mieux, mais je nous mets quand même en garde de ne pas travailler en
double sur la consultation parallèle qui a cours présentement. Voilà, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. Alors, j'invite la porte-parole du deuxième groupe de
l'opposition et députée d'Iberville de faire des remarques préliminaires pour
un maximum de 2 min 30 s.
Mme Claire Samson
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Ce sera bref. Je salue tout
l'ensemble de mes collègues, mesdames, monsieur,
et l'ensemble des participants que nous allons entendre aujourd'hui et demain.
Vous aurez remarqué certainement
l'absence de mon collègue expert en matière d'éducation, le député de Chambly, qui
est, malheureusement, retenu au chevet d'un membre de sa famille. Alors,
je lis très assidûment depuis le milieu de la nuit de façon à me familiariser le mieux possible avec l'ensemble des
mémoires qu'on a reçus et le projet de loi. Alors, je vais essayer de
faire ça comme une grande fille, et on verra ce que ça donne.
Auditions
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la députée
d'Iberville. Alors, on va passer les auditions. Je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération des comités
de parents du Québec. Merci d'être là. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation,
et, par la suite, on passera à une période d'échange entre les élus.
Alors, sans plus tarder, la parole est à vous.
Fédération des comités
de parents du Québec (FCPQ)
Mme Payne (Corinne) : Alors,
mesdames et messieurs, bonjour. Je suis accompagnée aujourd'hui de Mme Lyne Deschamps puis
M. Marc Patrick Roy, mon vice-président. Nous sommes contents
d'être ici, même si on ne pensait pas
qu'une autre consultation était nécessaire. D'abord, parce que vous déjà
entendu tout le monde et, ensuite, parce
que les parents s'attendaient à ce que le dossier soit réglé avant la rentrée
pour ne pas vivre une autre année dans le flou de la loi.
Les parents
du Québec sont favorables au projet de loi n° 105 dans la mesure où il
tourne autour du principe de subsidiarité
et de la volonté de donner aux écoles et aux parents une meilleure emprise sur
les processus décisionnels qui les concernent. Pour les parents du
Québec, le projet de loi doit répondre à cinq besoins précis.
Premièrement,
le principe de subsidiarité doit être réel à tous les niveaux. C'est ainsi que
l'école pourra réellement être placée au centre des processus
administratifs et décisionnels du réseau public d'éducation.
Deuxièmement,
il faut que le guide de bonnes pratiques arrive rapidement. Pour les parents,
un tel guide constitue un outil
essentiel au respect des principes de subsidiarité et de gestion efficiente des
ressources de la commission scolaire. On
n'a pas le temps de faire 12 mois de consultation. Des bonnes pratiques et des
outils existent déjà, il faut en tirer parti et agir rapidement afin de changer l'interprétation à géométrie variable.
D'ailleurs, la fédération tient à vous offrir son aide et son expertise
dès maintenant afin de mettre en place un tel guide des bonnes pratiques.
Troisièmement,
il doit être clairement indiqué dans la loi que le conseil des commissaires
doit expliquer par écrit s'il refuse
des recommandations du comité de parents sur le plan de l'engagement vers la
réussite. Ceci est un élément du projet
de loi n° 86 qui est disparu et qui représente pour les parents un recul
par rapport au pouvoir d'influence accru dont ils estiment avoir besoin. Ce n'est pas équitable
qu'une telle explication ne soit pas obligatoire, alors que dans le projet
de loi, pour le comité de répartition des ressources, ça existe. Qu'est-ce qui
est bon pour minou, ça doit être bon pour pitou.
Quatrièmement — puis
on croit vraiment que c'est un oubli — les commissions
scolaires doivent être
soumises à une reddition de comptes publique dans une volonté de la plus grande transparence des institutions publiques. En plus, des parents voulaient une reddition de comptes tant pour les services de
garde que pour tous les frais chargés
aux parents. Je rappelle ici de mon
arbre de Noël de la consultation que nous avons faite, c'est la ligne qui est 100 %... tous les parents du Québec
veulent avoir les redditions de comptes.
Cinquièmement,
les parents souhaitent avoir le droit de vote au conseil des commissaires,
mais, à lui seul, c'est tellement et
tellement loin de l'esprit du projet de loi n° 86, la loi modifiant
l'organisation et la gouvernance des commissions scolaires en vue de
rapprocher l'école des lieux de décision et d'assurer la présence des parents
au sein des instances décisionnelles de la
commission scolaire. Pour répondre aux besoins des parents, le projet de loi
devrait donc être très clair par rapport à plusieurs éléments : la
reddition de comptes, les décisions prises le plus près possible de l'école, des outils pour assurer que la
décentralisation soit faite efficiente. Notre mémoire contient des tableaux
très clairs sur les acquis et les pertes pour les parents. Nous
insistons pour répéter certaines demandes des parents qui ne sont pas dans ce
projet de loi. Mme Deschamps.
• (11 h 40) •
Mme
Deschamps (Lyne) : Oui. Des précisions sur la transmission des
documents nécessaires à la prise de décision au conseil d'établissement et sur les règles de régie interne; la
participation du conseil d'établissement à l'évaluation de la direction; l'adoption, plutôt que l'approbation,
des divers objets de décision par le conseil d'établissement;
l'approbation, par le comité de parents, du
choix du protecteur de l'élève; clarification de la reddition de comptes liée à
la procédure d'examen des plaintes; adoption et
gestion, par le comité de parents, du programme de formation pour les parents; l'approbation, par le comité de parents, de la
politique relative aux contributions financières et la désignation
d'écoles pour projets particuliers;
l'approbation des activités ou l'encadrement du service de garde par le conseil
d'établissement; la définition de «parent» et la définition d'«élève HDAA».
Mme
Payne (Corinne) : Finalement, je voudrais vous souligner une chose
bien importante, une chose que seuls les parents du Québec peuvent vous dire parce que nous n'avons rien à
partager, mais rien à perdre avec le projet de loi. Au cours des deux
prochains jours, des gens viendront ici devant vous pour dire : Oui, mais...
Je vous invite à être très vigilants devant
un tel discours fait de «oui, mais», car accepter des changements pour les
autres sans vouloir en accepter pour
soi-même, on appelle ça le statu quo. On n'a pas fait deux commissions
parlementaires en dedans de six mois pour finir avec le statu quo. Beaucoup de gens peuvent vous dire qu'ils sont
aussi des parents au-delà de leur rôle au sein des structures scolaires.
C'est vrai, nous sommes, vous êtes tous des parents qui ont à coeur la réussite
de nos enfants. Cependant, c'est moi, le
parent bénévole, le seul, ici, qui a le privilège de représenter 18 000
parents bénévoles engagés dans les écoles publiques.
Et
les parents du Québec sont aussi des parents anglophones. We ran out of time when we were here in
April to hear from our English representative. Our
English C.Ps. also agree parents need change. Eastern Townships are in agreement with the vote for parent commissioners.
English Montréal, by resolution on the 11th of February 2016, stated they're in favour of intent to give parents in
schools more involvement, in favour of the right for parent
commissioners to vote.
And we can read in the brief we
received from Lester-B.-Pearson: «We agree to provide parent commissioners with the right to
vote decisions closer to the school level to increase responsibility of
governing boards. The introduction of a new resource allocation
committee and increased representation of parents will ultimately lead to
increased student success.»
Furthermore, we have worked to build
bridges with ACPA, the association for the seven other English C.Ps. For example, we met with Mr.
Chouinard twice in 2015, we invited Mme Boucher to work together on Bill
n° 86, and we extended invites to their team to participate last week,
September 12... la journée des Grandes Rencontres.
Donc, qui sont les 18 000 parents qui sont les premiers
responsables de l'éducation de leurs enfants? Ce sont des parents engagés qui vivent au quotidien avec des
interprétations de la loi et les pratiques à géométrie variable. Ce sont
les parents engagés qui voient les décisions
se prendre sans pouvoir les influencer. Ce sont des parents qui sont les plus
souvent exclus des processus de décision. C'est le moment ou jamais de leur
donner un peu de place.
Maintenant,
devant vous tous aujourd'hui, je dis qu'aussitôt que le projet de loi sera adopté,
je vais inviter tous les partenaires
à s'asseoir autour d'une même table rapidement afin de faire une lecture
commune du projet de loi n° 105, comme
la FCPQ a fait pour le projet de loi n° 56 sur l'intimidation. J'espère
que tout le monde entend mon invitation.
Merci pour votre
écoute, et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci beaucoup, Mme Payne,
Mme Deschamps et M. Roy. On va passer à la période d'échange entre les
élus, et je cède la parole à M. le ministre pour environ
12 min 30 s.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, vous remercier d'être ici encore aujourd'hui. J'ai eu l'occasion de
m'entretenir avec vous, de participer à certains de vos événements, j'ai
entendu l'importance et la nécessité
pour vous que les choses évoluent
plus rapidement que ça aurait pu l'être. Du moins, dans la perception au moment
où on a terminé les consultations sur
le projet de loi n° 86, et je suis content qu'on soit capables, très
rapidement au début de la session, de faire les consultations pour,
ensuite, aller en commission parlementaire discuter du projet.
D'abord,
vous dire que j'entends plusieurs... Je m'excuse, le bruit, on ne le contrôle
pas à l'extérieur, et nous, on va vivre quelques années comme ça, de ce
que j'ai compris. Je ne sais pas combien de temps, mais semble-t-il qu'il faut
s'habituer.
Mme Payne
(Corinne) : ...sur la roche, par exemple, c'est bon.
M. Proulx :
Oui, c'est ça. Il y a bien du monde sur le roc ici aujourd'hui, j'ai
l'impression. Étant donné que c'est comme ça quand on regarde par les
fenêtres, des fois c'est un peu particulier.
Alors,
vous dire deux choses. La première, c'est que vous avez des
préoccupations — elles se
retrouvent dans votre mémoire — qui, je pense, pourraient se retrouver dans
un guide sur les meilleures pratiques ou la bonne gestion que nous souhaitons mettre de l'avant, c'est inscrit
dans le projet de loi. Donc, on pourrait avoir quelques minutes
d'échange là-dessus, quels sont les
éléments, là, qui, pour vous, doivent être compris et connus de tous comme
étant les éléments qui devraient se retrouver là. Je fais notamment
mention de la formation des parents, vous en parlez souvent.
Deuxième point — et, dans
le fond, c'est ma deuxième question pour le peu de temps que nous avons ou la première, c'est à vous de choisir — c'est sur l'avantage, l'opportunité ou le
nouvel état de fait, si on devait adopter le projet de loi rapidement... ou l'adopter, de pouvoir
voter au sein du conseil des commissaires. Il y a pour vous des
avantages, les parents... ou pour les parents qui s'y retrouveront, des
avantages.
Donc,
j'aimerais vous entendre là-dessus, quels sont vos besoins à l'égard de la
formation, et comment on peut y
répondre, et pourquoi vous souhaitez non pas qu'on attende, mais qu'on agisse
pour pouvoir vous donner le droit de vote au sein du conseil des
commissaires. Voilà.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. Alors, Mme Payne.
Mme
Payne (Corinne) : Je comprends bien, deux questions : une sur la
formation, une sur le droit de vote. Alors,
je vais commencer avec le droit de vote parce qu'on entend parler beaucoup du
droit de vote des parents autour du conseil
des commissaires. Puis ça, c'est une chose qui est importante, mais ce n'est
pas la seule chose qui est importante. Puis
le droit de vote tout seul, ce n'est pas ça qui va changer qu'est-ce qui se
passe tous les jours dans nos milieux, dans nos écoles à tous les jours.
Tout seul, le droit
de vote touche à peu près 210 parents au Québec. Il y en a 17 000 autres
qui ont besoin des outils, qui ont besoin
de... la loi doit être clarifiée, qui ont besoin des guides, qui ont besoin
d'éviter la géométrie variable et
besoin d'être accompagnés. Leur loi a besoin d'être respectée, a besoin d'avoir
les lieux pour discuter ouvertement et besoin
d'avoir les réelles capacités d'influencer. Puis ça, ça arrive dans nos écoles,
dans nos milieux, ce n'est pas juste autour
d'une table de conseil des commissaires. Alors, c'est ça qui a besoin
d'accompagner le droit de vote, que, oui, au point final de la décision autour de la table d'un conseil des
commissaires, il y ait des parents qui aient le droit de vote, mais
aussi il faut avoir à tous les niveaux...
Je
peux vous mettre ça en exemple. Vous êtes tous assis autour de la table, vous
êtes des parlementaires, vous avez
tous le droit de vote, nous avons même un gouvernement majoritaire. Mais vous
avez les moyens, vous avez les outils, vous
avez les lieux pour discuter, vous
n'avez même pas besoin de passer au vote pour étirer un projet de loi parce que vous faites ça dans le respect de tout le monde. Alors, je vous dis que le droit
de vote, tout ça, ce n'est pas ça qui
est la seule chose qui va changer les choses.
• (11 h 50) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : On ne suscite pas le débat, les amis, on écoute Mme Payne. Allez-y,
madame.
Mme
Payne (Corinne) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, on sait que, dans la recherche de M. Beauchesne, qui a été faite 10 ans après l'instauration de la
Loi de l'instruction publique, les changements en 1998, les parents, ils
ne se sentaient pas encore comme des réels
acteurs, puis je peux garantir qu'il
n'y a rien qui a changé dans le
dernier cinq ans non plus, on n'a pas
ouvert le projet de loi. Alors, voilà la réponse sur le droit de vote puis qu'est-ce que les
parents ont besoin. Je pense que j'ai bien couvert le sujet.
Sur
la formation. Sur la formation, comme j'ai partagé quand j'ai passé ici la
dernière fois, c'est important que les parents
sont accompagnés. Puis, M. le ministre, on a déjà été une situation où j'ai
partagé le «quote of the day», mais, aujourd'hui,
le «quote of the day», c'était aussi formidable que la dernière fois. Puis le «quote of the day» aujourd'hui, c'était : «A
good mother is worth a hundred teachers.» Alors, je vous dis que, si on peut trouver le moyen de mobiliser
les 18 000 parents qui sont impliqués
dans la structure puis les milliers d'autres parents qui accompagnent nos
enfants tous les jours... Puis on
travaille avec les enseignants, imagines-tu. Mais, pour ça, il faut qu'on
accompagne les parents, qu'ils aient la formation nécessaire, les outils
nécessaires. Présentement — je
vous ai partagé plein des exemples la dernière fois — il y a des situations que, les parents, il
n'y a aucun moyen s'ils veulent demander une question. Ils voient le
D.G., puis il dit : Je ne peux pas vous
aider. On demande au ministre, il ne peut pas nous aider. Alors, on a besoin
vraiment des outils avec la formation
pour être capables de faire les changements dans le milieu puis les
accompagner. Nous avons les ressources
à la fédération pour être capables d'accompagner les parents, pour mettre en
place la formation. Ça ne coûterait pas
énormément cher. Je vais vous dire, un 100 000 $, puis on va être
bien corrects de faire plein de choses pour aider nos parents pour la
formation.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre, il vous reste six minutes.
M. Proulx :
Oui. Je veux vous entendre sur vos recommandations à l'égard du parent d'élève
HDAA. C'est à la page... Attendez, je n'ai
pas la page. Section 2, je crois, Les parents d'élèves handicapés ou en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, vous souhaitez que soit considéré comme parent
d'élève celui d'un élève ayant des besoins... Je vous laisse aller, et
là vous soumettez à la réflexion différentes choses, dont, encore une fois, activités
de formation et de sensibilisation à
l'intention des parents et de tous les intervenants. Pouvez-vous m'expliquer d'abord
ce que vous souhaitez faire, mais surtout ce que vous constatez manquer actuellement
dans le processus actuel?
Mme
Payne (Corinne) : Bien,
comme dans toute bonne politique, quand on voit les écrits, c'est important
d'avoir les définitions assez claires. Puis ça, c'est une définition qui est
très manquante présentement dans le projet de loi, la définition d'un élève EHDAA, parce
que ça pose toutes sortes de
questions puis toutes sortes d'interprétations. Vous êtes plusieurs
avocats assis autour de la table, vous passez votre vie, à part d'être ici, à
interpréter ça veut dire quoi puis...
M. Proulx :
...d'autres choses aussi, mais vous avez raison qu'on fait ça...
Mme Payne
(Corinne) : C'est ça. Puis je peux vous dire qu'on peut vous donner
plein d'exemples où c'est interprété de
façon différente présentement. Alors, il faut vraiment que tout le monde entende ensemble c'est quoi. Puis je vais demander à Mme Deschamps
d'ajouter sur les besoins des élèves EHDAA.
Mme
Deschamps (Lyne) : Au niveau
des parents, quand on veut comprendre comment fonctionne le financement,
par exemple, ou pour avoir accès à des ressources, il y a des politiques
qui existent dans les commissions
scolaires. Elles sont à géométrie variable, évidemment. La manière de procéder est différente
d'une commission scolaire à l'autre, et c'est éminemment complexe pour un parent de savoir c'est quoi, les
services — c'est
une chose — puis
comment les obtenir, d'autre part. Et, finalement, la question à cent piastres, c'est :
Si le parent n'est pas satisfait, comment il fait pour aller de l'avant puis requérir, demander, peut-être même
contester des décisions? J'ai vécu cet été, puis Mme la présidente est
au courant... des parents qui veulent... «Oh my God!» Excusez...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ça fait du bien.
Mme Deschamps
(Lyne) : Ça fait du bien, c'est ça.
Une voix :
...
Mme Deschamps (Lyne) : Oui, c'est ça. Des parents actuellement au
Québec — et il y
en a beaucoup — qui ne connaissent
pas les recours qui existent, ils l'apprennent quatre, cinq, six mois après.
Puis ce n'est pas faute d'avoir fait des
interventions auprès des conseils des
commissaires, par exemple, ils y sont allés trois, quatre, cinq fois d'affilée — donc,
ça veut dire cinq ou six mois — et c'est finalement un tiers qui leur a
appris : Vous savez, il existe le protecteur de l'élève. Vous savez, ils
ne le savaient pas.
Donc,
il y a toute une question de formation pour comprendre comment ça fonctionne,
c'est quoi, les accès puis simplifier
aussi les choses. Je vous le dirais, là... l'expression, c'est quoi? Une chatte
perdrait ses chatons dans tout ça.
M. Proulx :
...
Mme
Deschamps (Lyne) : O.K.
Bon, on ne veut pas s'y risquer, mais mettez-vous à la place d'un parent
qui, lui, a un enfant qui a des difficultés
et puis qui cherche la bonne porte. Vraiment, là, il faut aider ces parents-là,
construire des outils. Puis ça, c'est du
côté des parents. Mais, du côté des institutions, il faut clarifier les choses,
il faut les rendre plus simples, il
faut les rendre accessibles. Je m'excuse, mon ton de voix va monter parce que... c'est comme une bataille, là.
Est-ce que ça répond à votre question, M. le ministre?
M. Proulx :
Bien, ça répond à ma question, oui, parce que vous énoncez, dans le fond, une
situation qu'on constate, et, je vous dirais, je pense qu'il y a là un avantage
dans le projet de loi, d'obliger, dans le fond, le ministère et le gouvernement à mettre en place un guide qui
va nous permettre, un, d'identifier ces problématiques-là parce qu'elles
vont s'y retrouver; deuxièmement, donner des définitions, et outils, et marche
à suivre.
Maintenant, l'autre
défi, message à tous, c'est d'avoir une certaine uniformisation dans
l'utilisation — ça,
j'entends ça — parce que, là, ça ne peut pas toujours être
de la faute du ministre si on n'a pas une situation ou une utilisation optimale des ou de la meilleure pratique en
semblable matière. Ça, c'est fin de la parenthèse. Mais j'entends très bien
ce que vous dites à cet égard-là. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Alors, y
a-t-il d'autres questions du côté gouvernemental? Il reste deux minutes.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui? Allez-y, M. le député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci beaucoup. Je voulais saluer tout le monde à mon tour.
Tantôt, dans votre exposé, vous avez parlé
de rendre... les commissions scolaires, de rendre la reddition de comptes
publique. Qu'est-ce que vous entendez par ça? Et, présentement, une
commission scolaire, là, tient des séances publiques comme une municipalité. Qu'est-ce que vous voyez... Ce n'est pas assez
public à votre goût. Qu'est-ce que vous entendez par ça?
Mme
Payne (Corinne) : Bien, quand je dis que c'est un oubli, parce que ça
existe présentement dans la loi que toutes
les commissions scolaires, elles doivent faire une reddition de comptes
publique. Mais, quand le projet de loi n° 86 a été déposé, ça a été retiré parce que ce n'était
pas la même forme de gouvernance. Là, dans le projet de loi n° 105,
elle n'a pas été remise, cette partie-là.
Alors, il faut qu'elle soit remise, qu'il y ait une reddition de comptes
publique qui soit faite par les
commissions scolaires. Je pense vraiment que c'est un oubli. Je comprends, dans
la vitesse que tout le monde a travaillé dans les derniers six mois,
mais voilà.
M.
Carrière : ...ou j'entendais que vous n'étiez pas satisfaite de la
reddition de comptes qui se fait présentement. Merci.
Mme Payne
(Corinne) : C'est ôté de la loi, et ça a besoin d'être remis.
M. Carrière :
Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci beaucoup. Alors, on
va passer du côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à M.
le député de Lac-Saint-Jean. Vous avez environ 7 min 30 s.
M.
Cloutier : Merci. Merci, Mme la Présidente. Vous avez parlé tout à
l'heure du droit de vote, vous avez dit : Le droit de vote, ce
n'est pas suffisant en soi. Qu'est-ce que vous avez en tête comme mesure
additionnelle que vous souhaiteriez avoir comme outil qui est absent du projet
de loi?
Mme Payne
(Corinne) : Bien, comme j'ai partagé, la loi a besoin d'être
clarifiée, bonifiée, codifiée. Je dis ça, ça fait deux ans, là. Ça fait deux ans que je suis dans le rôle de
présidente de la fédération, c'est ça que je dis, puis, à un moment
donné, ça va arriver.
Alors, il y a
certaines choses qu'on voit qui sont changées, des redditions de comptes, comme
on a dit, pour les services de garde,
pour des frais chargés aux parents. Ça, c'est des choses qui sont importantes
pour les parents qui ne sont pas dans
la loi présentement et ont besoin d'être là. Ça, il faut assurer que... les
parents à la reddition de comptes que ça prend pour savoir ça va où,
notre argent, dans mon école, dans mon service de garde chez moi, ça va où.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme Payne.
M.
Cloutier : Alors, on va creuser ça ensemble parce que j'ai lu le
communiqué que vous avez émis pour la rentrée scolaire, je pense que vous venez d'y référer. Peut-être pas directement
au communiqué, mais vous avez parlé de l'argent, de la facture qui est refilée aux parents, les frais parallèles,
finalement, qui sont payés. Vous pouvez peut-être nous en parler un peu.
Vous auriez espéré qu'on puisse encadrer dans le projet de loi? Est-ce que c'est
ça que je comprends?
• (12 heures) •
Mme Payne
(Corinne) : Il y a un certain encadrement qui a besoin d'être fait par
la loi, effectivement, puis on voit que,
dans les dernières années, avec les compressions qui sont dans notre milieu,
bien, on trouve toutes sortes de passe-passe dans la loi pour comment on
peut arriver aux fins de mois, là, attacher les deux bouts, hein? C'est ça qui
arrive dans les budgets.
Alors, c'est
où qu'on va aller chercher? Ah! on va mettre un frais pour inscrire au service de
garde. On va mettre un frais pour le
service du dîner, on va mettre ça. Alors, à part d'acheter des crayons, puis
les livres, puis ci, puis ça, qui est la
facture de 80 $, il y a aussi toutes sortes de frais qui s'enchaînent,
puis c'est très géométrie variable. Puis une personne qui a besoin de répondre aux questions, a besoin
d'avoir les redditions de comptes qui vont avec, puis il faut avoir le
ménage dans ça, effectivement. Puis voilà, je pense, j'ai...
M.
Cloutier : On est sur un
point névralgique, Mme la Présidente, parce
qu'on est sur le concept de la
gratuité scolaire. On est au coeur de ce que
doit être, à mon point de vue, l'école publique, c'est-à-dire une école qui est
gratuite. Maintenant, ce qu'on voit apparaître de plus en plus, c'est des voies
alternatives pour créer des frais variés. Puis, de mémoire, dans le communiqué que vous avez émis, vous faisiez référence à
des frais de transport, aux programmes
d'école internationale, d'école sportive, de
matériel scolaire non fourni et parfois obligatoire. Vous pouvez peut-être
nous en dire davantage parce que c'est un pan que peut-être M. le
ministre pourra détailler éventuellement, mais tout le pan de la gratuité scolaire, qui est un peu oublié des
réflexions... Puis peut-être que M.
le ministre nous dira que non, ça
fait partie de la réflexion dans sa politique
sur la réussite scolaire. Tant mieux, si c'est le cas, mais, pour l'instant, ce
qu'on constate, c'est qu'en Ontario
ils ont bougé nettement plus vite que nous, et la gratuité semble nettement
plus effective que la nôtre. Alors, peut-être nous donner des exemples
précis, justement, de facture que les parents doivent assumer.
Mme Payne
(Corinne) : Je vais laisser
Mme Deschamps, dans deux minutes, vous partager tous les détails des frais parce
que c'est elle qui accumule plein de documents.
Mais je vais juste vous partager que, dans la Loi de l'instruction publique présentement, 18 fois, c'est parlé de la gratuité de
l'éducation. J'ai été posée bien souvent ces questions-là suite à notre
communiqué de presse par plusieurs journalistes, puis la réponse que j'ai
donnée, c'est la suite, il faut poser la question : Comme société, par où on s'en va? Est-ce qu'on est prêts en
2016 pour la scolarité gratuite ou est-ce qu'on est prêts à payer? C'est une question
qui a besoin d'être faite. Est-ce que ça
va être fait sur le projet de loi? Est-ce que ça va être
fait dans la politique nationale d'éducation? Il faut que ces questions soient faites. Puis, si on est d'accord
qu'on est tous prêts à payer 500 $ au début de l'année pour des frais, on va
vivre à ça. Mais les questions ont besoin d'être faites, puis elles ont
besoin d'être claires, nettes et précises, par où on s'en va.
Puis je
pense, c'est ça que le ministre a lancé dans sa consultation la semaine passée
en disant : C'est le temps de poser
des questions par où on veut aller avec notre système d'éducation publique pour
le futur, pour l'avenir de nos jeunes. Voilà. Puis Mme Deschamps.
Mme
Deschamps (Lyne) : Si vous
désirez une liste d'exemples de frais, je vais juste parler du transport
parce que ça se décline dans plein, plein de
secteurs. Il y a cinq ans, il y a 10 ans, les frais
suivants étaient inexistants. Les places disponibles — ça,
ça veut dire que ça ne coûte rien — on
rend disponibles... Parce que les autobus ne sont pas toujours pleins quand ils se promènent, puis on rend
disponibles à des gens qui n'ont pas droit au transport, on en convient,
les places, moyennant des frais. Ces frais-là varient de 35 $ à
300 $. La deuxième adresse, on vit...
Une voix : ...
Mme Deschamps (Lyne) : Oui, je
pourrai vous fournir, Mme David, une série... On a fait une cueillette d'information auprès de nos membres. On en a
recensé autour de 40 commissions scolaires, et les frais sont vraiment
très différents d'une commission scolaire... mais aussi très importants.
La
deuxième adresse, on vit dans une société où, souvent, on a des familles recomposées. Donc,
généralement, quand tu as la garde partagée,
on reste près l'un de l'autre, hein, on ne reste pas à l'extérieur du secteur.
Bien, il y a des frais qui peuvent aller de 60 $ à 300 $ pour arrêter deux coins de
rue plus loin. Donc, je pourrais en parler longtemps, mais je pense que l'image, vous l'avez déjà. Je tiens à
dire que tous ces frais sont légaux. O.K.? Il n'y a rien d'illégal là-dedans,
mais, comme l'a dit Mme la présidente, il y aurait un choix à faire bientôt.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme Deschamps. M. le député.
M. Cloutier : Puis j'ai envie de vous dire : Ils sont
légaux parce qu'ils sont prévus par
mesure législative, mais ils sont quand même contraires aux dispositions
de la charte québécoise. Et, dans la philosophie de l'éducation publique québécoise, je comprends qu'on en a fait un droit
économique et social et qu'on a le droit d'y apporter des modifications,
mais on devrait avoir une vraie réflexion
sur la gratuité de l'école publique au Québec. Puis je peux déjà vous dire
que je sais où, notre formation politique,
on loge là-dessus. Mais c'est des choix qui doivent être faits, puis,
inévitablement, ce sont des réinvestissements
aussi qui doivent être apportés dans le milieu de l'éducation. Mais je veux
souligner le courage d'apporter cet
enjeu-là, qui est un enjeu fondamental. Puis il faut arrêter de se mettre la tête dans
le sable parce que ce qu'on
voit apparaître dans l'école publique, c'est une école publique à géométrie
variable, une école à deux vitesses, puis à
trois vitesses, puis à quatre vitesses, parce que ce qu'on réalise,
c'est que l'offre de l'école publique s'apparente, pour certaines institutions,
à des modèles qui compétitionnent l'école privée. Puis là on pourrait avoir une
autre discussion là-dessus,
sur la capacité de collaboration, mais ça soulève des enjeux aussi financiers importants.
Alors, bref, je veux vous féliciter
de soulever cet enjeu qui n'est pas, je
comprends bien, l'objet de la commission parlementaire, mais que le ministre, je pense, entend
bien, il est déjà capable de prévoir les questions qu'on va lui poser en
Chambre.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député. Je vous demanderais, Mme Deschamps, si vous
déposez des documents, de le faire à la commission, on va s'assurer que tous les membres reçoivent une copie. Alors, je
vais céder la parole à Mme la députée d'Iberville pour environ cinq
minutes.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Quelques questions. Premièrement, le projet
de loi n° 105 inaugure
ou, en tout cas, crée un comité de répartition des ressources. J'aimerais vous
entendre un peu là-dessus. L'article 31 du projet
de loi nous dit donc que 50 % plus un, la majorité de ce comité-là
devrait être composée de membres qui doivent être des directeurs d'école ou de centre. Pour s'assurer
que le comité, là, soit exclusivement composé de gestionnaires, puisque
quand on parle de directeurs d'école ou de centre... est-ce qu'à votre avis on
devrait changer le libellé de la loi pour spécifier que ce doit être des
gestionnaires? Ça, c'est ma première question.
Et ma
deuxième question : Est-ce que l'autre 50 % du comité de répartition
des ressources... est-ce qu'on devrait être plus spécifique quant à qui
pourrait composer l'autre 50 % du comité?
Mme Payne
(Corinne) : Bien, alors, sur le comité CCR — si vous permettez, c'est plus facile à dire
l'acronyme — je
crois que cet ajout-là dans le projet de loi n° 105, c'est une convergence
de tout, tout, tout qui a été partagée ici parmi le projet de loi n° 86.
Alors, je pense, le ministre a fait une très bonne job de prendre toutes les
convergences, toutes les discussions puis de faire quelque chose qui doit
plaire à tout le monde. On est d'accord avec qu'est-ce
qui est mis. Au moins, que ça reste comme c'est écrit présentement. On ne veut
pas d'autres changements, on est d'accord avec qu'est-ce qui existe
présentement.
Puis, sur la composition de ce comité-là, moi,
je vais vous dire qu'on est très contents que c'est les directions d'école qui vont être là, c'est eux autres qui
vivent dans les milieux, c'est eux autres qui savent qu'est-ce qu'il y a
besoin pour les écoles. On travaille très
bien avec les directions d'école. Alors, on est très d'accord avec la
composition, qu'ils sont 50 %
plus un des directions d'école. L'autre 50 %, on comprend, c'est des
gestionnaires, c'est des cadres, c'est des autres personnes dans la
commission scolaire. Ou il peut aller chercher à l'externe aussi des experts
s'il veut qu'ils siègent là. Si quelqu'un veut m'offrir un cadeau de fête — parce
que ce n'est pas ma fête aujourd'hui — je vous dis qu'idéalement il
doit y avoir au moins un parent qui siège là.
On a le CCT,
que c'est le comité consultatif de transport, aussi... par la loi, un parent
qui siège là d'office, qui est nommé
par les comités de parents dans le conseil des commissions scolaires. Alors, le
CCR, moi, je pense, dans l'égalité de tous,
on peut, le comité de parents... pas un commissaire-parent, le comité de
parents, nommer un parent qui peut siéger là, je pense, dans l'autre 50 %, ça peut être un bon ajout. Mais la
composition comme telle, elle doit rester de même, ça ne doit pas changer pour les gestionnaires parce que
chaque conseil de commissaires puis chaque comité doit décider c'est qui, les meilleures personnes pour... assises à
cette table-là dans l'autre 50 %. Ça ne doit pas nécessairement être
dans la loi parce que peut-être qu'il veut
aller chercher l'externe, peut-être qu'il veut mettre un parent, même si ce
n'est pas écrit dans la loi, parce que c'est la transparence puis c'est
la rigueur qu'on recherche dans l'esprit de la loi.
Mme Samson : Merci. Le comité...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...deux minutes, Mme la députée.
Mme Samson : Deux minutes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
Mme
Samson : Oui. Le comité de répartition des ressources a un rôle de
recommandation. Est-ce que vous croyez que ce niveau d'intervention est
suffisant ou s'il devrait être rehaussé auprès de...
Mme
Payne (Corinne) : Son rôle de recommandation est quand même assez
fort, on peut dire, parce qu'on sait que,
quand il va arriver au conseil des commissaires, ça va prendre le deux tiers,
si je ne me trompe pas, pour accepter les recommandations. Alors, je pense, comme j'ai dit, dans la composition,
comme c'est écrit dans la loi, à part d'ajouter un parent obligatoire
sur le comité, c'est super écrit, on est très, très favorables.
Mme Samson :
Une dernière rapidement.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, allez-y.
• (12 h 10) •
Mme Samson :
Vous avez abordé la question de la subsidiarité. C'est un concept un peu
nouveau et récent, mais qui implique
quand même que c'est l'instance la plus près de la clientèle qui doit avoir les
moyens de disposer et d'agir. Est-ce
que vous jugez que, dans le projet de loi à l'heure actuelle, ce concept-là est
assez bien décrit ou si, de la façon dont il est décrit, il pourrait rester
dans les faits qu'une vue de l'esprit ou un voeu pieux? Est-ce qu'il devrait être plus spécifique?
Mme Payne
(Corinne) : J'espère qu'on n'a pas mis ça parce que c'est le in mot,
la tendance, le «craze» présentement. Je
pense, ça, c'est la clé dans tous ces projets de loi, c'est le principe de
subsidiarité parce que, si ça, dans l'esprit de la loi, est appliqué
comme il faut, on va régler plein de choses parce qu'on va prendre des
décisions aux meilleures places où il y a le
moyen pour les prendre. Alors, c'est vraiment la clé dans la loi, le principe
de subsidiarité. Comme j'ai dit dans
mon discours, à tous les niveaux, à tous les niveaux, c'est là qu'on va
vraiment... puis le milieu, puis les enfants vont devenir le centre de
nos décisions.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme Payne. Alors, on va passer la parole — merci,
Mme la députée — à
Mme la députée de Gouin pour trois minutes.
Mme
David (Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Mesdames messieurs, bonjour.
D'abord, bien, d'accord avec mon
collègue de l'opposition officielle et avec vous sur la question du débat
nécessaire à faire sur la gratuité scolaire, et je suppose que ça va faire partie des débats qui vont venir cette année
dans le cadre d'une consultation que je salue. Je pense que le milieu la demandait et je suis très
contente qu'elle se fasse. D'accord avec votre mémoire, donc, sur la
question des redditions de comptes.
Évidemment, d'accord aussi sur la question de la séance d'information annuelle
des commissions scolaires. Mais, de
toute façon, en ce moment, si je ne me trompe pas, là, les réunions des
conseils des commissaires sont publiques. À mon avis, elles devraient le
demeurer. Je ne vois pas pourquoi ça changerait, il me semble que c'est une
bonne chose.
La
question que j'ai à vous poser — vous savez, dans le temps que j'ai, je vais
vous en poser une — ça
concerne les pouvoirs du ministre. Vous
accueillez avec beaucoup de plaisir le principe de subsidiarité. On sent, on le
sentait déjà dans le projet de loi
n° 86 que vous vouliez plus de place pour les parents, pour les milieux,
pour les communautés, mais moi, je ne peux
m'empêcher de voir quand même dans le projet de loi, donc, n° 105 une
petite tendance à donner quand même des pouvoirs au ministre qui pourraient finir par atteindre aux pouvoirs des
milieux, des commissions scolaires, etc. Mais vous, vous ne semblez pas être inquiets, j'aimerais vous
demander d'aller un petit peu plus loin que le petit paragraphe, là, que
vous nous avez écrit là-dessus.
Mme Payne
(Corinne) : Excellent. Alors, sur les pouvoirs qui sont dans la loi
pour le ministre, je vais vous dire que oui,
ça peut avoir des petites craintes, mais je crois réellement que c'est
nécessaire pour assurer que le ministre, quand c'est nécessaire, il peut... ou il peut faire quelque chose dans
une commission scolaire ou dans une situation propice. Je vais vous
partager, la dernière fois... plusieurs situations que le ministre, il n'a
aucun pouvoir présentement sur plusieurs
sujets, puis peut-être que c'est nécessaire. En même temps, j'invite le
ministre de l'Éducation... Je ne pense pas, surtout avec l'horaire qu'il a fait les dernières deux semaines, je vous
le dis, là, s'il a le temps d'aller gérer une situation dans chacune des
commissions scolaires, bien, il ne va vraiment, vraiment pas dormir.
Alors,
je pense, il y a ça, mais il faut avoir un certain encadrement aussi qui est
dans cette loi-là, puis c'est... le ministre
aussi, il faut... au principe de subsidiarité pour ne pas juste mêler dans les
choses n'importe quand, n'importe comment, mais vraiment quand c'est un
cas qui nécessite... Présentement, le seul pouvoir que le ministre peut faire, c'est de mettre une commission scolaire sous
tutelle si quelque chose... Mais ce n'est pas, là, ça, la solution, il a
besoin d'avoir peut-être un peu plus d'autres pouvoirs de temps en temps pour
certaines situations.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Payne, Mme Deschamps et M. Roy,
pour votre contribution à nos travaux.
Alors,
je suspends quelques instants afin de permettre au prochain groupe,
l'association des comités des parents anglophones, de prendre place.
Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 14)
(Reprise
à 12 h 19)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, rebonjour. Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association des comités
de parents anglophones. Merci d'être parmi nous. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre présentation. Et, par la suite,
on passera à une période d'échange entre les élus. Alors, je vous demanderais
de vous identifier pour les fins d'enregistrement, et vous pouvez commencer par
la suite avec votre exposé. Alors, la parole est à vous.
Association des comités de parents anglophones (ACPA)
M.
Nalecz (Mike) : Merci beaucoup.
Good morning... good
afternoon, actually. Bonjour, Mme la Présidente, M. le ministre et les autres
membres de la commission. Merci de nous donner l'occasion de nous exprimer
aujourd'hui sur le projet de loi n° 105.
J'aimerais présenter,
à ma gauche, M. Andy Simon, qui est parent bénévole de la commission scolaire
Sir-Wilfrid-Laurier, qui siège sur le comité
de parents de cette commission, et il est trésorier de notre association; et, à
ma droite, M. Angelo Grasso, qui est le directeur de l'ACPA; et moi-même, je
suis vice-président de l'ACPA et parent-commissaire
de la commission Lester-B.-Pearson School Board et aussi président intérim du
comité central de parents de cette commission.
Avant de commencer de
parler au sujet de la loi, j'aimerais aussi saluer la présidente de notre
association, Mme Rhonda Boucher, qui n'est
pas ici avec nous aujourd'hui, mais je suis certain qu'elle est en train de
nous regarder en diffusion directe. Hi, Rhonda!
Nous sommes des
parents dont les enfants fréquentent le système scolaire de la communauté
linguistique anglophone et nous représentons
l'Association des comités de parents anglophones du Québec, EPCA en anglais,
English Parents' Commitee Association. Une des clés de notre succès, les commissions scolaires anglophones, c'est l'implication des parents. Nous, à la table, nous sommes des
parents impliqués. Ensemble, à nous trois, nous avons 44 ans
d'expérience en bénévolat, participé dans les écoles, dans les comités d'établissement
et aussi dans les comités de parents de nos commissions scolaires respectives.
L'implication
des bénévoles de nos écoles, ce n'est pas nouveau, ça date au-delà d'un siècle.
En 1919, à Sainte-Anne-de-Bellevue, à
l'ouest de l'île de Montréal, dans une école, Macdonald High School, des
parents bénévoles se sont assis, ils
se sont rencontrés, se sont assis et ont parlé pour améliorer l'éducation de
leurs enfants. L'implication dans nos
écoles, ce n'est pas nouveau, c'est ancré dans notre culture et ça fait partie
des valeurs communautaires, ça
fait partie de la clé du succès que nos enfants ont dans les écoles.
• (12 h 20) •
Une
voix : ...
M.
Nalecz (Mike) : Merci. Premièrement, je veux dire haut et fort que
l'ACPA apprécie le droit de vote accordé aux commissaires qui
représentent les parents à la table du conseil des commissaires. Ce droit va
valoriser avec leur implication... et va
ajouter une dimension de proximité et de rapprochement des décisions prises par
les commissaires des commissions scolaires. Nous aurions espéré que ce
nombre aurait augmenté, un élément qui était perçu positif dans la loi n° 86. Nous valorisons l'esprit de la
décentralisation dans la loi, car c'est bien dans cette optique que le système
d'éducation publique de la minorité
officielle du Québec opère. Nous nous intégrons sur le besoin de
légiférer sur une décentralisation axée vers l'école sans s'assurer que
cette décentralisation passe aussi aux commissions scolaires.
La
communauté anglophone tient à nos commissions scolaires et le contrôle de celles-ci. Un élément de cette
loi qui prédomine, c'est le penchant de
changer les structures sans actions concrètes pour améliorer la réussite des
élèves. Pas de plan concret, de budget alloué pour aider les élèves en difficulté,
les enfants avec des troubles d'apprentissage.
Nous
avons aussi de la consternation sur quelques points de la loi n° 105 qui peuvent avoir
des effets non désirés pour la communauté
anglophone. Le fait que nous avons neuf commissions scolaires couvrant
tout le Québec, un vaste territoire de la grandeur d'un
pays ou d'une province canadienne, implique que nous avons des éléments qui
sont spécifiques qui ne sont pas représentés dans les commissions francophones.
On parle des comités de répartition des ressources.
En principe, c'est une très bonne chose, mais nous nous posons une question en
termes d'avoir les membres de ces comités d'une façon équitable, la
répartition, parce que nous avons des grands territoires.
En
temps qui ne pourra pas être consacré pour... nous avons aussi une certaine
consternation en termes... c'est que c'est
les administrateurs, les 51 % qui vont faire partie de cette nouvelle
structure, et ça va prendre le temps qu'ils vont pouvoir se consacrer à superviser l'enseignement des enseignants et des
élèves. Et nous avons aussi des éléments que vous avez dans le mémoire, on parle des commissaires
cooptés, encore la grandeur de nos territoires peut être problématique
pour choisir un commissaire coopté qui représente vraiment l'ensemble du
territoire.
Et
la troisième question, c'est le pouvoir du ministre. Nous sommes conscients
d'un assouplissement requis pour les
outils pour aider le ministre à aider les commissions scolaires en difficulté.
Mais nous sommes conscients que ça peut avoir aussi des effets qui ne
sont pas dans le meilleur intérêt de la minorité linguistique. Comme, exemple,
établir la réglementation qui est censée
bonne pour la majorité pourra déranger l'équilibre de fonctionnement de nos institutions qui fonctionnent bien.
Nous
allons aussi souligner les éléments qui ne sont pas dans la loi n° 105.
Le gouvernement a décidé de garder la démocratie scolaire
intacte, mais n'a pas établi de procédures qui aideront à la supporter. Pendant
les audiences publiques sur le projet de loi n° 86, il y
avait beaucoup de recommandations comment aider le déroulement de ces élections, spécifiquement
pour augmenter la participation et pour s'assurer d'un bon déroulement.
Pour
notre communauté, un élément très sensible, c'est le contrôle de la gestion ou
liste électorale. Pour nous, la démocratie scolaire, c'est important.
Un autre
élément, dans la loi n° 105, qu'il manque, c'est les actions concrètes
pour améliorer l'enseignement
de nos enfants et aider à leur réussite.
Nous avons évoqué quelques propositions dans notre mémoire de la loi n° 86
comme, un, l'engagement envers le développement professionnel des enseignants. La profession
des enseignants doit être valorisée et haussée. Dans notre esprit, il
n'y a pas de profession la plus noble qui peut former nos enfants.
Le 2,
mécanismes de soutien supplémentaire aux administrateurs. Les administrateurs,
dans nos écoles, en ont plein les
bras. Les compressions budgétaires des dernières années successives ont été particulièrement néfastes et rendu la tâche d'accompagnateur pédagogique très
difficile.
3, réviser la formation des conseils
d'établissement. Pour nous assurer un succès d'une décentralisation, les participants doivent connaître leur rôle et obligations en tant que membres de conseils d'établissement. Je parle de tous les membres des conseils.
La formation de tous les membres doit être améliorée.
Autre élément
que nous croyons qu'il devrait être adressé, c'est une équité sur la taxe
scolaire foncière à travers le Québec.
Un taux de taxation uniforme régional — je parle régional — assurerait une équité pour les citoyens du
Québec sans discrimination.
La politique linguistique restrictive
québécoise, qui limite l'inscription dans nos écoles, n'est pas propice pour l'épanouissement de notre système. Nous
sommes ouverts que le changement procédural, administratif qui pourra
être établi pour permettre aux commissions scolaires linguistiques minoritaires
à avoir accès à un plus grand nombre d'étudiants...
Assurant ça, celles-ci pourraient aider à réduire le taux de décrochage — parce que nous avons un très bon taux
de réussite — et
aussi à aider à l'apprentissage de l'anglais.
Finalement, nous apprécions que le gouvernement
ait lancé la consultation sur la réussite éducative vendredi dernier. C'est un
bon départ, mais nous voulons aussi s'assurer qu'une fois finie nous allons de
l'avant avec une implantation concrète pour
rehausser les pratiques pédagogiques associées à la réussite de nos élèves.
Nous aspirons à un système québécois d'éducation publique exceptionnel
pour tous.
Merci
beaucoup pour nous avoir donné l'occasion, à l'Association des comités de
parents anglophones, pour nous exprimer. Thank you very much.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Nalecz. Alors, on va passer à la période
d'échange entre les élus, et je cède la parole à M. le ministre pour
environ 14 minutes.
M. Proulx
: Merci, Mme la Présidente. D'abord,
merci de vous être déplacés. Encore
une fois, aujourd'hui, très heureux d'avoir l'occasion de vous revoir. J'ai, bien
entendu, pris connaissance de votre mémoire, j'ai écouté votre présentation. Je voyais dans vos propositions des choses qui n'étaient pas en lien avec le projet de loi. D'abord, des choses intéressantes qui font partie de la consultation sur la réussite éducative, je tenais à le dire. Répéter également — parce
que l'invitation m'a été faite de le faire,
et je suis très heureux de pouvoir le faire — il y a des pistes d'action qui sont sur la table. Puis ce n'est pas limitatif, loin de là, il faut
penser à l'extérieur de celle-ci, mais ce sera au moins l'occasion...
On a fait des mises au jeu, si je peux utiliser l'expression, mais il y a beaucoup
plus vaste et large à discuter, j'en suis.
J'ai quelques questions assez précises. Il y a
une chose qui a attiré mon attention, vous préconisez le retour à l'élection du
président de la commission scolaire par ses pairs, et non au suffrage
universel. Pourquoi?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Nalecz.
• (12 h 30) •
M. Nalecz (Mike) : Merci. On va
décrire ça dans le «zero-sum game». Quand, présentement, nous avons une
élection pour un candidat pour le président d'une commission scolaire, nous
avons un vainqueur et nous avons un perdant,
et, malheureusement, il y a une possibilité que ces deux personnes peuvent valoir l'ajout
dans une commission scolaire pour travailler.
Nous avons des circonstances dans les commissions scolaires anglophones...
Western Québec, c'est la grandeur de la
province de la Nouvelle-Écosse. La commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier est
la grandeur de la Belgique. La
Eastern Shore School Board, qui va des Îles-de-la-Madeleine... Et la
Central Québec, qui va de Chibougamau à
Thetford Mines. Pour une personne, pour vraiment faire une démarche
démocratique pour essayer de se faire élire, c'est très dispendieux, et je pense aussi que le
système, présentement, qui existe pour organiser les élections avec le DGE,
c'est plus axé vers les partis politiques et
les ressources que ces partis ont. Je pense qu'au niveau du scolaire c'est
l'individu personnel qui est fort à regarder. Je pense que ça l'était dans le
temps, c'était que les commissaires faisaient élire par majorité simple leur président de la commission scolaire, et, s'il y a
lieu, s'il y a des problèmes, ils ont aussi la possibilité... avoir la
possibilité d'une destitution avec deux tiers du vote.
M.
Proulx : Vous parlez des
pouvoirs de directive ou des pouvoirs du ministre, vous en avez fait état. Vous
êtes le deuxième groupe, là, qui vient
dire : Il y a une opportunité ou la nécessité d'avoir des pouvoirs
supplémentaires. Le groupe précédent
à vous exprimait assez clairement la situation en disant : Dans le fond,
le pouvoir du ministre à la fin, c'est quoi? C'est une enquête et/ou une tutelle à la suite de l'enquête, ce qui est,
vous aurez bien compris, est le pouvoir extrême dans les circonstances
parfois.
Alors,
il y a, bien entendu, des pouvoirs qui sont proposés. C'était le cas dans le
projet de loi n° 86, c'est repris dans
le projet de loi n° 105. J'entends — je l'ai exprimé, je vais le dire comme
ça — la
nécessité... ou, en tout cas, qu'il serait
mieux que je fasse une certaine vulgarisation de tout ça. Je l'entends bien,
puis on aura ces discussions-là. Maintenant, pour vous, là, qui avez dit, il me semble, qu'il y avait là une
opportunité de donner au ministre des pouvoirs, vous les voyez comment, ces pouvoirs-là? Et c'est quoi, le mécanisme, pour
vous, qui devrait être mis en place pour qu'un ministre de l'Éducation, quel qu'il soit, qui ne veut pas travailler dans le
quotidien avec les commissions scolaires, vous l'avez bien compris, mais
qui veut avoir la capacité d'intervenir à un moment précis où il n'y a pas le
respect de la Loi sur l'instruction publique...
c'est quoi, le mécanisme qui, pour vous, serait le bon ou, en tout cas,
acceptable ou accessible?
M. Nalecz
(Mike) : Je pense que, comme communauté anglophone, c'est très... le
mot, je pense, que je peux utiliser, c'est
«consternant» sur le pouvoir du ministre de faire des changements en face d'une
décision de la majorité et, en fin de
compte, affecter le fonctionnement des écoles anglophones. Là, c'est clair
qu'il y a un besoin pour être capable de
gérer une situation et ne pas mettre une commission scolaire en tutelle, mais
c'est important que les décisions soient établies. Je pense que, dans le projet de loi, il faut être clair, c'est
qu'une fois que le ministre fait une directive, il la fait, il faut
qu'il la dépose dans la Chambre. C'est une chose qu'on apprécie, on l'a bien
vu. Mais, comme communauté anglophone, comme
minorité, nous regardons les décisions qui sont prises sur le positionnement de
la majorité, et c'est ça, le point qu'il est très important de balancer
et d'être... nous sommes vigilants, je pense que c'est le bon mot.
M. Proulx :
Merci pour la précision. Mon collègue aurait quelques questions, Mme la
Présidente. Je vous remercie de votre participation.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci à M. le
ministre. Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, il vous
reste sept minutes.
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. Bienvenue, M. Nalecz, M. Grasso,
M. Simon. J'ai eu le plaisir de collaborer
avec vous durant mes années en tant que directeur général de l'Association
des commissions scolaires
anglophones du Québec, et, comme vous l'avez dit — je crois que c'est à
juste titre — la
tradition est tellement bien ancrée, dans les communautés d'expression
anglaise, de l'implication des parents. Loin avant qu'il y ait une loi qui a
ordonné des comités de parents dans les années 60, même 70, il y avait des
comités de parents au sein des écoles anglaises du Québec.
On s'est dit souvent
qu'une des distinctions, c'était que, bon, les parents, peu importe où ils se
trouvaient au Québec, dans les écoles anglophones ils savaient toujours
à qui s'adresser s'il y avait un
problème. Est-ce que la réponse a été
toujours au rendez-vous? J'imagine que, des fois, non, mais que ce lien-là a
été compris par le conseil des commissaires, par les directions d'école, par les profs, que ce lien primordial, cette
implication primordiale des parents faisait partie du partenariat de
l'éducation publique, de l'école publique. Alors, je trouve que vous faites
bien de souligner ça.
En
ce qui a trait à l'évolution de l'implication décisionnelle des parents, vous
allez probablement convenir avec moi que
ce qu'on propose dans ce projet de loi fait sujet d'un large consensus, et je
crois que c'est à l'honneur des parents en quelque part, c'est-à-dire que le droit de vote décisionnel soit accordé
aux parents au sein du conseil des commissaires. Je crois qu'on va en convenir aussi, qu'il n'y avait
pas de consensus pour aller plus loin que ça, que le rôle participatif
des parents, dans toutes sortes d'autres
domaines, était protégé, mais, en ce qui a trait au pouvoir décisionnel, voilà
ce qu'on propose, et j'ose croire que ça risque de créer un grand
consensus.
Je
vous invite de nous parler de comment vous allez employer ce droit de
vote — c'est un
changement — et
si vous êtes optimistes que ça risque de
changer la donne sur le plan décisionnel et ça risque de produire des résultats
aux intérêts de tous les parents, donc aux intérêts de nos jeunes et de nos
communautés.
M.
Nalecz (Mike) : Merci pour
la question. Je pense que le droit de vote en tel, ce n'est
pas l'absolu. En fin de compte,
c'est la coopération qui existe avec les parents qui siègent au conseil des commissions
scolaires, et avoir des discussions, et
influencer les décisions. Je pense que le vote comme tel va donner une
proximité. Les parents qui siègent dans
les conseils des commissions
scolaires sont très impliqués, et ils
connaissent leurs dossiers à fond parce qu'ils vivent à tous les jours
dans les écoles. Et ça, à terme, va donner une... I got to
answer it in English and say there is a sense of immediacy in terms of responding to what the parents' wishes are. There
is a direct line of communications between the governing boards, the parent committees, and then
through the parent commissioners... We've had an increase, there was an increase in some school boards from two to four
parent commissioners. That was a very positive change that transpired in
the Government and in the law,
we were hoping to see a little more.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Thank you, Mr. Nalecz. M. le député,
il vous reste trois minutes.
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. Vous avez parlé aussi à juste titre du rôle
particulier des écoles publiques
anglophones, des commissions
scolaires anglophones au sein des communautés
d'expression anglaise partout au Québec.
Il n'y a que neuf commissions
scolaires, il y a
des écoles, des fois, à grande distance des autres. Vous le savez bien, comme moi, que c'est des pierres angulaires
de ces communautés-là, it's their future. And that role is
described, prescribed and protected by
section 23 of the Canadian Constitution and by legislation which create the linguistic school boards
and subsequent legislation
here, in Québec.
I would ask you to tell me if there is
anything you see in ce projet
de loi that puts at risk
the ability of English school boards of Quebec, of their parents, of their staff to
play their full role in educating our children and in supporting the vitality and development of English-speaking communities across Québec.
• (12 h 40) •
M.
Nalecz (Mike) : This bill was presented at the
National Assembly on the 9th of June, and here we are
on the 21st of September. We've had a very
short time frame for discussing this bill. We've had our consultation... Nous avons eu la consultation
sur la loi n° 86 du 4 décembre l'année passée jusqu'à temps qu'on a eu
l'opportunité de venir ici vous en parler, mais les circonstances, je
peux dire, constitutionnelles, ce n'est pas quelque chose qui est dans notre domaine, ce n'est pas quelque chose que nous,
comme parents, on a regardé comme tel. Vous parlez que les parents vont plus s'impliquer. Les parents dans les commissions
scolaires anglophones, ils s'impliquent, on est déjà là. Le concept de
décentralisation, de la subsidiarité, ça existe. Nous sommes part et partie
dans les décisions et nous faisons partie... et je pense que c'est une des clés
de notre succès. Vous savez, la question que vous me posez, exactement, c'est
quoi?
M. Birnbaum :
Bien, je veux savoir si, dans votre rôle primordial au sein des écoles
anglaises publiques du Québec, il y a quelque chose de fondamental dans le
projet de loi devant vous qui risque de mettre en péril votre implication et
votre rôle.
M. Nalecz
(Mike) : En péril notre implication dans les écoles, nous-mêmes, les
parents? Je ne crois pas. Mais il y a des
aspects qui sont plus élevés qu'on n'a pas regardés, et on n'a pas fait une
investigation plus approfondie.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, on va passer
du côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à M. le député
de Lac-Saint-Jean. Vous disposez de 8 min 24 s.
M. Cloutier :
Merci, Mme la Présidente. Dans votre mémoire, vous abordez deux éléments, en
fait le taux d'imposition équitable de la
taxe scolaire et puis l'amélioration du processus électoral pour la
participation. Peut-être le premier,
là, sur le processus d'élection, vous avez parlé de l'élection du président de
la commission scolaire, que vous souhaiteriez
restreindre. Je me demandais aussi si ça s'accompagnait d'une réflexion sur
accroître la participation des électeurs
dans le processus électoral lui-même. Là, on retourne davantage au projet de
loi n° 86, mais il n'en demeure pas moins que c'était d'abord ça, l'initiative. On a réfléchi avec les
pouvoirs du Directeur général des élections, entre autres. Alors, je me demandais si, au-delà de l'élection
de la présidence, vous aviez aussi une réflexion sur la participation
accrue de la population au processus électoral.
M.
Nalecz (Mike) : C'est clair que ce n'est pas dans la loi sur
l'éducation publique du Québec... de l'éducation du Québec. La communauté anglophone a des troubles d'avoir... C'est une
bureaucratie qui existe pour avoir les listes électorales. Si je ne me trompe pas, ces listes sont parvenues aux gens
qui veulent se présenter. Ils se sont présentés, et, normalement, les gens sont seuls pour faire la
tâche pour être en élection, ils n'ont pas, comme on dit, les
bureaucraties partisanes, les personnes qui peuvent leur aider pour manipuler
ces listes.
Mais je pense qu'un
élément qui est fondamental — et je pense que ça, c'est quelque
chose — c'est
que la perception dans les médias
présentement — dans les
médias francophones — des
commissions scolaires n'est pas très, très
reluisante, contrairement dans la situation des médias anglophones. La
communauté anglophone accepte le rôle de proximité que ces institutions ont. Ils sont capables d'adapter et de
servir les écoles qui sont sous leur juridiction. Nous avons fait partie de la commission Jennings
l'année passée, le Election Systems Study Panel. Et, dans ce document-là,
vous trouverez des points spécifiques en
termes d'aider la participation. Entre autres aussi, c'est l'utilisation,
possiblement, d'un vote électronique, plus
facile et moins encombrant et donner moins de barrières. Et moi, je parle
présentement... c'est de barrières pour la communauté anglophone pour
être sur la liste électorale.
M.
Cloutier : Je me souviens très bien, d'abord, d'avoir lu le rapport,
mais aussi d'avoir abordé ces enjeux-là durant le projet de loi n° 86. Mais est-ce que vous suggérez que ça
devrait être repris dans le projet de loi actuel ou vous acceptez que ça
n'en fasse plus partie, finalement?
M.
Nalecz (Mike) : Est-ce que ça doit être sur ce projet ou ça doit être
sur un autre projet? Il faut que ce soit abordé. Puis le concept de l'élection, démocratie scolaire, le projet de loi
voulait abolir les élections scolaires. Et, présentement, nous avons un projet de loi, et il faut donner un
peu de tonus. Est-ce qu'il faut que ça soit fait ici? Je ne le sais pas. Je
ne suis pas législateur, un parent. Merci.
M.
Cloutier : Sur le taux d'imposition équitable, la taxe scolaire, c'est
un autre enjeu que vous nommez dans votre mémoire. Ça a défrayé quand même pas mal les manchettes,
particulièrement dans la région de l'Outaouais. Vous proposez un taux
unique régional, est-ce que je comprends que vous abordez cet enjeu-là dans le
cadre de ce projet-ci ou vous mettez le doigt sur un autre enjeu qui n'est pas
dans le projet de loi, mais que vous souhaitez également qu'on règle?
M.
Nalecz (Mike) : Mais une discussion sociétale en termes de la gratuité
scolaire, d'utilisation des taxes foncières pour financer une portion de l'éducation, c'est toutes des questions qui
sont très valables. On va dire : La personne qui a une maison à
500 000 $ paie un certain taux d'imposition, et une personne qui a
100 000 $, le déroulement pour donner à l'éducation devrait être le même, ça ne devrait pas changer selon la
valeur. Il y a un questionnement fondamental sur la taxation scolaire qui existe présentement,
l'utilisation de la taxe foncière dans notre système. Si un débat sur ça
revient, nous serons, je pense, reconnaissants.
M. Cloutier :
Mais vous écrivez dans votre mémoire que vous souhaitez une base régionale.
M. Nalecz
(Mike) : Oui, régionale, ça va éliminer les inéquités linguistiques
des commissions scolaires parce qu'il y en a certaines qui ont plus,
certaines, non, et c'est une... et je crois que ça va dans une autre loi.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. Nalecz, oui?
M. Nalecz
(Mike) : Oui.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci.
M. Cloutier :
...on est en train de régler le problème.
M. Nalecz
(Mike) : ...pas dans la loi de l'éducation...
M.
Cloutier : Mais c'est parce que c'est un vrai enjeu. Tu sais, vous
mettez le doigt sur un enjeu qui est réel, qui, effectivement, a été un peu
discuté dans le projet de loi n° 86, mais il me semble qu'on pourrait
aussi retrouver des réponses à ça. Je ne
sais pas, M. le ministre, peut-être qu'éventuellement vous pourrez nous donner
des indications pourquoi qu'on a
écarté ça du débat. Mais initialement, là, quand on retourne avant 1986, on
devait aussi avoir cette réflexion-là sur
la taxation. Puis là il y a des inéquités régionales, c'est rendu qu'il y a des
articles qui s'écrivent sur comment sauver la taxe scolaire, vous l'avez sûrement vu. Puis ça pose des problèmes
parfois aussi en fonction de la langue, ce qui peut amener une inéquité dans l'application puis dans les
revenus, puis, finalement, on se retrouve à pénaliser un peu tout le
monde. Alors, tout ça pour dire que je vous
remercie d'avoir soulevé l'enjeu, et peut-être qu'éventuellement on aura la
chance, nous, d'en discuter davantage.
Maintenant,
qu'est-ce qui vous apparaît être le plus problématique dans le projet de loi?
Vous parlez des pouvoirs du ministre,
vous exprimez des inquiétudes. Vous craignez que les nouveaux pouvoirs puissent
être exercés pour orienter et proposer
des directives en réponse à des situations qui ne s'appliquent pas
nécessairement au système public de minorités linguistiques. Pouvez-vous
nous donner des exemples des craintes que vous avez ou des exemples
d'applications qui pourraient être contraires à l'intérêt des enfants,
finalement?
• (12 h 50) •
M.
Nalecz (Mike) : Je pense que j'aimerais plus parler sur une façon
générale, en termes de la minorité, de notre système d'éducation. Nous ne... Comment je peux dire? We're not a threat
to French. Nous faisons beaucoup
pour aider la francisation de nos
élèves. Si on regarde l'évolution des années, depuis 1976 et présentement, le taux de bilinguisme qui existe
dans les élèves qui graduent de nos écoles est phénoménal. Antérieurement, il y a quelques années, on a eu la
fameuse crise à Dawson. On a eu
l'anniversaire la semaine passée, je pense, et les enfants qui ont sorti de...
dans une circonstance qui était très, très, très problématique,
chaotique, ils étaient capables de s'exprimer en français.
Et
je crois, en termes des pouvoirs du ministre, c'est que les changements qui
sont vus dans une façon... pour régler des
problèmes certainement dans une... pour une majorité peuvent influencer
négativement la minorité. Et je pense que c'est le temps, je pense, de voir que la communauté anglophone fait
partie vraiment du Québec et soit acceptée comme une minorité, et de
promouvoir leur contrôle sur les institutions d'enseignement qui sont les
institutions d'éducation de leur système.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Nalecz. Alors, on va passer du côté de Mme la députée d'Iberville. Vous avez
5 min 35 s.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. I will not miss
the opportunity to ask my questions in English, as this
is my only chance to practice. But before I
understand the biggest concept, I need to understand the basic. I actually
paid two school taxes: one in Québec City and one in my riding. Why haven't I ever received a tax bill
from an English school board? Who decides who gets what?
Une
voix : ...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Yes, sure. Mr. Simon.
M.
Simon (Andy) : Yes, it's...
Mme
Samson : ...the only one who doesn't know
that.
M. Simon (Andy) : I know that it's automatic, that the
assumption is that you'll be paying to a French school
board unless you go through the motions of applying to pay to an English school
board.
Mme Samson : O.K. I understand. Thank you. O.K. I have a few
quick questions for you, gentlemen. In your memoir, when addressing the Resource Allocation
Committee, you say that the parents question the additional imposition on school administrators, time to be involved in
this committee that will take away from other matters and other things that they accomplish in their own school centers.
With the budget cutbacks experience over recent years, the workload on school administrators has already grown
considerably, and you raised the question of whether or not school
administrators should be compensated for the time spent in this added
obligation. Could you give me an idea as to...
M. Nalecz (Mike) : I don't think we termed it in terms of
compensation, but it's the time required, and it takes away from teaching time, face time. The most
important resources in the school are the teachers, the teachers who are
there in front of our
children on a daily basis, and then, we need to have the teachers supported, we
need the administrators to support.
And, as you mentioned, with the budget cuts along, ongoing budget cuts over the
years, the principal's role, the administrators' role has become very
heavy, the mandate is very large.
Mme Samson : O.K. I understand. And do you believe that this bill recognizes adequately
the importance of the teachers
in the role that they play in the success of our children? Do you feel that
bill is one step in the good direction in recognizing the importance of
the teachers?
M.
Nalecz (Mike) : I think there is nothing in
this bill that talks about teachers. I think they are centralizing towards the
schools. On n'a pas de problème avec ça, c'est une bonne chose.
Mme
Samson : Which is good with you. O.K.
M. Nalecz (Mike) :
Oui.
Mme Samson : You also mention, in a paragraph you
entitled Increased ministerial power, that you
understand the desire, for the minister, to
have more powers to solve some issues in different situations, but yet you are worried
that the new powers may be used to direct
and propose directives that address concerns that might not be present in your
linguistic minority school system in Québec. Can you give me an idea of
that? What kind of issues could possibly be of no
interest or a no-brainer in your particular situation? I'm trying to help you
here as best as I can.
M. Nalecz (Mike) : Well,
transportation is one. Sometimes, directives go out, and certain parameters do
not allow... I mean, the cost thing or whatever... The
cost thing, the ministry is saying that this has to go in this particular
budget, but you cannot access transportation
when you have a large territory. Quand on a un territoire qui est très large et très vaste, peut-être, pour nous, le coût de transport... En
fin de compte, qu'est-ce c'est qu'on demande, c'est que la
décentralisation, ça arrive aussi aux écoles
et aussi aux commissions scolaires, particulièrement les écoles des commissions
scolaires qui fonctionnent d'une
façon rigoureuse et produisent des résultats de très haut calibre. Nous avons
le fleuron de l'éducation au Québec,
le fleuron de l'éducation au Canada. On ne s'en cache pas. Et ça, c'est un
élément. Ça veut dire que, si le pouvoir du ministre... si une directive
s'établit et qu'on ne peut pas utiliser le transport comme ça, bien, peut-être,
nous, on a besoin de cet élément–là.
Mme
Samson : OK. I understand. My last
question...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste quelques secondes, Mme la députée.
Mme
Samson : Quelques secondes? Do you feel that
this bill offers the... You call it the RCA, Resource Committee... The RAC...
M.
Grasso (Angelo) : Resource Allocation Committee.
Mme
Samson : ...does it have enough power being a consultative organization
or should it have more influence on decisions?
M.
Nalecz (Mike) : Very interesting question.
Mme
Samson : That's why you'll answer in English this time, right?
M. Nalecz (Mike) : Right,
we'll answer in English. No, there are certain elements of this RAC committee that are in discussions that
we've had that raise the committee, and I think this is an example of... There
is a desire for change in the system.
And I think it's a system that is province-wide, but we already work in a decentralized
fashion. So, there are some powers
that are provided, and now there's a... I know that the council of
commissioners decides who and how the composition, but there's 51%, we
would like to see a parent there as well.
But to, then, request a two-thirds
majority, then the line becomes blurred a little bit whether it's an administrative... Is it a
manager, a decisional-making committee? Then, the committee... So, this is, I
guess, intrinsically, this is... We are very distinct in our operations
over schoolboards. This is a good example of when decisions are made, and put
forth, and how they can impact on our community.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Thank you very much, Mr. Nalecz, Mr. Simon and Mr. Grasso, for your contribution.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, à la salle du
Conseil législatif. Merci beaucoup et bon dîner.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 15 h 5)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bon après-midi à tous. À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous
poursuivrons les consultations
particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 105, Loi
modifiant la Loi sur l'instruction publique.
Nous
entendrons cet après-midi les organismes suivants : l'Association des commissions
scolaires anglophones du Québec,
qui sont déjà en place — merci
d'être là — l'Association
des directions générales des commissions
scolaires, l'Association québécoise des cadres scolaires, l'Association québécoise
du personnel de direction des écoles et la Centrale des syndicats du Québec.
Alors, je
vous rappelle que nous terminons nos travaux à 18 h 45. Alors, on
dépasse un petit peu. Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association
des commissions scolaires anglophones du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre présentation, et, par la suite, on
passera à une période d'échange entre les élus. Alors, je vous cède la
parole. Merci.
Association des
commissions scolaires
anglophones du Québec (ACSAQ)
Mme Maccarone (Jennifer) : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les députés, je vous remercie
d'avoir convoqué l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec
pour discuter du projet de loi n° 105 en détail.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de plusieurs
présidents et de commissaires élus des commissions scolaires anglophones et de notre directeur général, Marcus
Tabachnick, et je les remercie de leur présence. De plus, je suis fière
de vous présenter deux membres de notre
communauté qui n'ont pas eu l'occasion de présenter leur opinion sur le
projet de loi n° 105 à ce comité :
Brian Rock, président de la Quebec Federation of Home and School Associations,
et Geoffrey Chambers, vice-président du Quebec Community Groups Network.
L'ACSAQ tenait à inviter nos leaders
communautaires et nos partenaires en éducation, toute la communauté minoritaire anglophone en éducation, pour ces
auditions publiques et consultations particulières. Il est évident que
nous sommes collectivement très préoccupés
de l'avenir et de la vitalité de notre communauté. La protection des communautés
linguistiques en situation minoritaire au
Canada décrite dans la Constitution canadienne et appuyée par la Cour
suprême du Canada garantit la préservation, la protection et la promotion de la
communauté linguistique en situation minoritaire.
The board of directors of the
Québec English School Boards Association wishes to express its thanks to the
Commission on Culture and Education for this opportunity to provide our input
on proposed Bill 105.
D'abord, j'aimerais partager avec
vous quelques mots du directeur général de la National School Boards Association, Tom Gentzel, des États-Unis : «An effective democracy demands a public
that is well informed and capable of making critical
decisions about its leaders, its direction, and its future. This issue is truly
personal and impactful, affecting everyone.
That is why, whether in Canada or the United States, education is deeply rooted
in the community and why [its] leadership [...] must be, too.»
People
everywhere can [...] see the value of [...] well‐educated [citizens], of young people
who are prepared to take
their rightful place in the life of the community, and of a public that is
capable of addressing complex challenges that require deliberation and
action. [...]
«Herein
lies the true genius of our educational systems, which are both a universally‐provided service and a local enterprise. It is why
school boards matter. These citizens from all walks of life, ethnic and racial
backgrounds, occupations and
religious beliefs, serve as local stewards of these systems, ensuring that the
public feels a sense of ownership of the education that is being
delivered in their communities without school boards and the leadership role
they provide, education would be little more than just another public service.»
Nous sommes reconnaissants que nous ayons fait du
chemin depuis le mois de mars dernier en matière d'éducation et que le projet de loi n° 105 n'ait pas le
chambardement entourant le projet de loi n° 86. Mais, comme toute chose
dans la vie, il n'existe pas de situation parfaite.
Nous
affirmons d'abord et avant tout que vous avez écouté la minorité anglophone
mars dernier et tenu compte de notre
suggestion de simplement modifier la Loi sur l'instruction publique actuelle
pour atteindre nos objectifs communs, la
réussite éducative, et nous aimerions partager avec vous les éléments que nous
croyons gagnants dans ce projet de loi.
• (15 h 10) •
L'ACSAQ appuie la position du gouvernement
d'accorder aux parents-commissaires le plein droit de vote. Maintenir les
membres cooptés est favorable, mais nous demandons de laisser des commissaires
le soin de juger les compétences requises.
Avec ces deux volets, nous croyons
que nos conseils de commissaires et nos élèves bénéficieront de ces modifications.
Bien que le projet de loi n° 105 propose bon nombre de changements que nous
pouvons appuyer et réaliser, nous demeurons préoccupés par le fait que
le droit de gérer et de contrôler nos établissements d'enseignement est menacé.
Cela
étant dit, l'administration de l'association a le mandat de travailler avec
les représentants du gouvernement pour adopter un projet de loi qui répond aux objectifs du gouvernement tout en respectant tous les droits prescrits dans l'article 23.
Cela est notre intention, et nous sommes heureux que le ministre ait annoncé à
notre communauté qu'il préconisait une
approche similaire. Comme le ministre, notre objectif est de fournir à nos
élèves les meilleures occasions possible de réussir. Certains articles du projet de loi renforcent cette mission, tandis que d'autres pourraient entraîner
des changements au processus décisionnel et
l'éloignement des membres dûment et démocratiquement
élus des commissions scolaires représentant les citoyens et les
contribuables.
Les
articles ayant un intérêt défavorable pour notre communauté sont les suivants.
Pouvoirs accrus au ministre de l'Éducation.
Nous comprenons et nous reconnaissons que le ministre doit être en mesure
d'avoir le pouvoir d'agir dans certaines
circonstances où il y a des situations immorales ou illégales afin de protéger
l'intégrité d'un système d'éducation publique.
Par contre, le projet de loi accorde au ministre des pouvoirs accrus à travers
les réseaux. Par rapport à notre réseau scolaire minoritaire, nous pouvons imaginer divers scénarios dans
lesquels une ou un ministre pourrait décider de l'avenir de l'une de nos écoles de village ou apporter un
changement majeur sur les plans d'engagement vers les réussites. Je
pourrais vous donner beaucoup d'autres
exemples, mais j'ai seulement 10 minutes. Nous croyons fortement que nous
sommes les mieux placés pour prendre cette décision pour nos élèves, nos
jeunes. De plus, la Cour suprême du Canada soutient qu'il relève des membres de
la communauté minoritaire de prendre leurs propres décisions.
Le
comité de répartition des ressources, une structure existante sous une autre
forme dans le réseau et ayant des pouvoirs
réduits serait maintenant décisionnelle et composée uniquement d'employés de la
commission scolaire. Dans notre cas,
plusieurs ne proviennent pas de la communauté minoritaire. Cela enlève la voix
de la communauté dans les décisions portant sur l'allocation des
budgets. Ça n'a rien à voir avec la confiance ou les relations. De fait, nos
commissions scolaires ont d'excellentes
relations avec leur personnel d'enseignement et administratif, les parents et
les élèves au sein des conseils d'établissement, les comités de parents
et l'ensemble de la communauté.
Nous
respectons non seulement ces groupes, mais aussi nous sollicitons activement
leurs commentaires sur le budget. On
ne peut pas sous-estimer leur participation au processus. C'est le conseil de
commissaires qui prend la décision définitive
quant à la commission scolaire, aux écoles et au budget des comités. C'est le
seul moyen pour nous de protéger nos droits garantis. Il n'y a aucune
formule gagnante, magique, aucune autre configuration ou limitation de cette étape décisionnelle qui peut la rendre acceptable.
Ceci, pour nous, n'est pas une pratique que nos conseils peuvent
accepter en tant qu'élus. Les décisions du ministère de l'Éducation ne sont pas
prises par des fonctionnaires, mais par la ou le ministre et les députés élus.
Nous
sommes d'avis que nous pouvons ensemble trouver des pistes de solution pour
enrichir le projet de loi n° 105. Il
faut que nous soyons ouverts d'esprit et que le gouvernement soit également
ouvert d'esprit. Comme nous le disons fréquemment, nous sommes ici dans
le même esprit de collaboration que nous avons toujours manifesté avec les
gouvernements successifs. De plus, il est devenu évident que, selon bon nombre
de décisions rendues en faveur des communautés
francophones en situation minoritaire à travers le Canada, le droit de gérer et
de contrôler leurs établissements d'enseignement relève exclusivement de
la communauté linguistique minoritaire.
Ce
droit a été clairement défini en matière de pédagogie et de financement. Le
gouvernement a une obligation positive
de prendre toutes les mesures nécessaires afin de préserver les matières liées
à la gestion et au contrôle. Cela exige que le gouvernement de chaque province mette en oeuvre des mesures
proactives de protection, y compris
de la communauté anglophone en
situation minoritaire du Québec.
Nous
avons soumis nos changements proposés avec notre mémoire au ministre
et au bureau de la sous-ministre
et nous croyons que les propositions déposées renforcent et respectent les intentions du ministre
sur le projet de loi sans affecter nos droits en vertu de l'article
23 de la Constitution canadienne.
Nous sommes convaincus que nous pouvons arriver à des solutions
concrètes ensemble.
En
terminant, nous vous remercions de votre accueil chaleureux. Il est temps de
tourner la page sur la gouvernance et
les structures afin de se concentrer davantage sur nos missions principales
collectives, l'avenir du Québec et nos jeunes. Merci. Thank you.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, on va passer
maintenant à la période d'échange entre les élus, et je cède la parole à
M. le ministre pour environ 15 minutes.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, bon retour à tous. Je veux saluer le
collègue et député de Chambly qui se
joint à nous. Merci d'être là. Je veux saluer les gens qui sont, bien sûr,
derrière vous, gens de l'association. Puis je suis très heureux d'entendre, saluer les gens qui sont présents pour
cette audience cet après-midi, vous remercier de votre présentation, pour votre mémoire. Vous le disiez
d'entrée de jeu, j'ai senti que les choses ont évolué depuis la dernière
fois qu'on s'est vus. J'en suis très, très
heureux, sincèrement. C'est intéressant, vous avez des suggestions à faire. On
va prendre, bien entendu, le temps, comme
c'est le cas pour l'ensemble des mémoires. Je pense avoir fait cette
démonstration-là, qu'on écoute beaucoup les
gens et qu'on réfléchit avec les gens, notamment avant de faire notre travail
de législateurs. Je pense que le projet de loi nous permet d'avancer sur
certains consensus. Je comprends qu'il y a encore des sujets sur lesquels on
doit approfondir la réflexion, mais aussi faire une discussion.
Je veux parler des
pouvoirs de directive du ministre et des pouvoirs du ministre. Pour moi, c'est
important d'éclaircir tout ça. D'abord, je
le disais ce matin puis je vais le redire comme ça, j'ai l'habitude de dire les
choses très franchement et en toute
transparence par rapport à ça, j'entends bien qu'il y a un petit défi de
vulgarisation, là, chez moi et chez
le ministère pour faire la démonstration de la nécessité de certains pouvoirs
supplémentaires. Je suis quand même heureux,
Mme la Présidente, d'entendre — et je m'en doutais bien — que la grande majorité des groupes...
peut-être pas tous, mais des gens avec qui j'ai eu l'occasion de
discuter ont dit qu'il y avait là une certaine nécessité, tout le monde reconnaît l'importance d'avoir la capacité
d'intervenir en certaines circonstances. Pardon, mais je comprends que ça
doit être circonscrit. Ça, j'entends ça très clairement.
Je voudrais,
par exemple, que vous me donniez des exemples de ce qui, pour vous, peut être
acceptable comme pouvoirs supplémentaires dans le cadre de la
sensibilité que vous avez comme groupe minoritaire. Je l'ai entendu ce matin, vous l'avez
exprimé très clairement, mais, dans le cas où on ne distingue pas minorité et
majorité, pour vous, là, quels sont
les outils qui devraient revenir au ministre ou à la ministre de l'Éducation
pour s'assurer de l'application de la loi et qu'à la fin les services
soient donnés aux enfants?
Mme Maccarone (Jennifer) : Bien, je
crois qu'en premier lieu ce serait important qu'il y ait un respect pour la Loi sur l'instruction publique. Alors, s'il y a
un écart là-dessus, je pense que c'est important que le ministre ait le
droit d'intervenir dans ce cas-là. Mais,
comme exemple, on peut vous donner un exemple peut-être financièrement. S'il y
a peut-être une commission scolaire qui
excède les règles budgétaires d'un chiffre qui est vraiment extraordinaire,
bien, ça prend peut-être une intervention ministérielle pour aider cette
commission scolaire de revenir à bord comme il faut pour bien avoir une bonne
vue financière, pour bien gérer les fonds qui sont destinés pour cette
commission scolaire.
Nous avons
des inquiétudes parce que c'est sûr, par exemple, on est une communauté qui
diminue, on n'est pas en croissance. Alors, quand on parle des budgets,
c'est très important pour nous d'avoir du contrôle, de préserver nos droits parce que c'est sûr, avec tous les droits
que vous avez présentement identifiés dans ce projet de loi, vous aurez
le droit de fermer des écoles, jumeler nos
écoles, fusionner nos écoles, d'aller directement pour faire des changements
sur le plan de l'engagement vers la
réussite. Alors, pour nous, c'est quand même des cas qui sont très importants
pour nous de garder le contrôle, la préservation et la protection.
• (15 h 20) •
M. Proulx
: Je reprends vos exemples pour
vous dire qu'à ma connaissance, à ma compréhension, à la rédaction, à la connaissance du ministère de l'Éducation, pour
les légistes qui ont travaillé, les exemples que vous avez donnés ne se
retrouvent pas dans les pouvoirs que le ministre pourrait utiliser. Déjà,
peut-être que ça peut vous rassurer.
Je vous amène
sur les membres cooptés parce que vous l'avez dit puis vous avez parlé du
territoire. On a eu déjà l'occasion
de se rencontrer, de rencontrer différents groupes, et souvent, vous avez, et
avec raison, invoqué et vous nous avez rappelé l'immensité des
territoires que vous avez sous votre responsabilité, c'est très grand. Et vous
m'avez dit — et je pense que vous l'aviez dit également
lorsque vous étiez venue pour le projet de loi n° 86 — de dire : Bien, il y a une certaine difficulté pour nous d'être
capables de trouver ou d'identifier des gens qui pourront être des
membres cooptés. Donc, on voudrait conserver
la liberté d'en avoir, de les choisir. On a, comme société, une préoccupation
qui me semble assez bien partagée en matière
de saines habitudes de vie, et, là-dessus, c'est une des raisons pour
lesquelles nous proposons, dans le cadre du projet de loi, que les
commissions scolaires aient un membre coopté qui sera un peu la voix de ces
principes-là au sein de l'organisation scolaire.
Deux questions. La première, c'est : Est-ce
qu'à votre connaissance, au sein des commissions scolaires anglophones, cette personne-là est là déjà?
Deuxièmement, je comprends l'immensité du territoire, mais comment on
peut difficilement être en mesure
d'identifier des gens pour occuper un poste comme celui-là au sein du conseil
des commissaires?
Mme
Maccarone (Jennifer) : À ma
connaissance, au sein des neuf commissions scolaires anglophones, nous n'avons pas un membre au sein du conseil des
commissaires qui est coopté. Par contre, cela ne veut pas dire que nous n'avons pas un intérêt d'avoir le droit d'engager
ou de trouver quelqu'un qui pourrait siéger avec nous pour nous aider à réaliser des projets qui sont vraiment uniques à
chaque commission scolaire. Comme vous avez très bien dit, quand on
parle de commission scolaire comme Eastern
Shores, qui dessert un territoire de 400 000 kilomètres carrés, pour eux
ça serait vraiment difficile de
trouver quelqu'un qui pourrait avoir une bonne représentation sur le territoire
puis aider ce conseil des commissaires
à réaliser peut-être un projet. Mais, quand on parle d'une autre commission
scolaire, peut-être sur l'île de Montréal, c'est différent, ça se peut
qu'ils ont un projet qui est vraiment unique pour eux, qu'ils aimeraient
réaliser, que ça soit par rapport à la
technologie, que ça soit par rapport à aider les jeunes à rentrer dans l'école
ou pour le décrochage scolaire ou que
ça soit santé ou sport. Mais nous aimerions garder le droit de trouver cette
personne qui peut nous aider à réaliser un projet. 72 commissions
scolaires, 72 projets uniques, 72 territoires uniques, on est tous peinturés
avec une couleur différente.
M. Proulx : Je veux vous parler, Mme la
présidente, du comité de répartition des ressources. J'ai souvenir... Corrigez-moi si je me trompe, vous nous avez dit,
lorsqu'on s'est rencontrés dans le cadre du projet de loi n° 86 :
Dans les faits, c'est presque effectif dans
certains endroits, ça existe. Il y a une décentralisation chez certaines
commissions scolaires, notamment chez les
commissions scolaires anglophones. Vous m'avez, je pense, entendu dire — puis vous avez assisté aux travaux, vous l'avez vous-même bien saisi — ce n'est pas le cas partout. La
décentralisation est inégale, l'utilisation de comités comme ceux-là
n'est pas appliquée partout pour toutes sortes de raisons, là, qui sont propres
aux différents milieux. Ce n'était pas et ce n'est pas encore dans la Loi sur
l'instruction publique.
Dans le cas
du comité de répartition des ressources, vous avez des préoccupations, et vous
avez une réflexion, et vous nous
dites : Ça ne peut pas fonctionner pour les raisons qui sont évoquées dans
votre mémoire. La répartition des membres,
le fait que ce serait un comité décisionnel — c'est comme ça que vous l'appelez dans le
mémoire — plutôt que consultatif, j'aimerais ça vous
entendre sur ces deux aspects-là. D'abord, pour vous, quel est le rôle d'un
comité de répartition des ressources s'il devait y en avoir un dans la loi? Et,
deuxièmement, selon vous, pour la communauté anglophone, pour les neuf
commissions scolaires anglophones, votre appréciation de qui devrait être
membre de ce comité-là si ce comité-là
existe et qu'il est efficace, efficient et utile, et donc il a de l'emprise sur
l'organisation scolaire.
Mme
Maccarone (Jennifer) : Parmi
les neuf commissions scolaires anglophones du Québec, nous avons tous des comités de gestion, qu'on appelle ça, qui
travaillent ensemble. Il y a une bonne représentation à travers les
commissions scolaires pour aider le conseil des commissaires à prendre des
décisions finales par rapport aux règles budgétaires ou d'adopter
un budget qui est sain pour la communauté. Alors, nous sommes pour avoir un
comité de répartition des ressources, c'est
un titre qui nous plaît, mais c'est
le rôle que... Ils ont des droits décisionnels. C'est sûr, ça ne
respecte pas la Constitution quand on dit
que c'est les citoyens. C'est les gens qui sont élus par la communauté
qui devraient avoir le droit de
prendre des décisions par rapport à leur communauté. Alors, quand on dit que ce
n'est pas des élus qui vont être autour de la table pour prendre ces
décisions-là, on ne respecte pas la Constitution. Alors, oui, on a des craintes
par rapport à ça.
Pour les gens
qui siègent sur le comité, on trouve que ce serait intéressant que ça soit des gens de l'administration qui siègent sur ce comité-là, mais que ça soit vraiment
une égalité autour de la table, que ce soit un directeur général, pas
un groupe d'employés qui est en majorité
autour de la table. On devrait avoir une équité aussi autour de la table. Puis
nous autres, quand on dit qu'on veut avoir
une équité, ce n'est pas parce que nous n'avons pas confiance ou du respect
pour les gens avec qui qu'on travaille parce que
c'est le contraire, on croit dans nos employés. Puis c'est sûr, quand on parle
de conseil de commissaires, quand on reçoit
les recommandations de ce comité-là, on trouve qu'on est chanceux parce qu'on est bien entourés, parce
qu'eux autres, ils ont vraiment fait la tournée puis ils ont consulté avec des
gens qui représentent les élèves
EHDAA. Nos professeurs, nos directeurs d'école, notre directeur général, les
gens qui font partie de l'AQCS, c'est très important pour nous que ça
soit équitable. Alors, quand on dit qui devrait siéger là-dessus, bien, c'est
sûr, ils ne devraient pas avoir des pouvoirs
décisionnels. Ça, ça devrait rester... il faut respecter la charte et la
Constitution dans... des élus dans le conseil des commissaires.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le ministre.
M. Proulx : Il me reste?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste quatre minutes.
M. Proulx
: Oui, parfait. J'ai une autre
question qui touche les... Je vais appeler ça les meilleures pratiques
parce que, bien, d'abord, vous avez eu
l'occasion de le dire, je l'ai également vu dans votre mémoire, je vous ai
entendu favorable au droit de vote
des commissaires-parents, je vous ai entendu, il me semble, déjà favorable à
une reddition de comptes allégée. On
en a, il me semble, déjà parlé dans le cadre du projet de loi n° 86, ça se
retrouve sur les directives ou pouvoirs du ministre, et j'entends que
vous avez des nuances et préoccupations. Je ne vous ai pas entendu contre le
principe, mais vous souhaitez que ce soit
bien défini. Au niveau du comité de répartition, j'entends la distinction que vous
en faites. Sur le guide des
meilleures pratiques, le projet de loi devenu loi dans mon exemple théorique
oblige le ministère à mettre en place un
guide des meilleures pratiques. On a déjà eu l'occasion de parler des
excellentes pratiques que vous avez, par exemple, à l'égard de la
persévérance scolaire, de la diplomation, et autres.
Comment vous
anticipez et vous voyez... Quel est votre regard à l'égard de l'implantation de
ça dans les différentes commissions scolaires? Si le ministère de
l'Éducation fait une réflexion — et il ne la fait pas seul, là — à
l'égard des meilleures pratiques pour s'assurer de donner un guide à l'ensemble
du réseau, comment s'assurer ou, en tout cas, comment
favoriser l'implantation des meilleures pratiques dans l'ensemble des
commissions scolaires pour éviter non pas d'avoir des différences, là, puis des distinctions, puis de respecter le
fait que ce n'est pas homogène? Je le dis souvent, c'est grand, le Québec, mais ce n'est pas partout
pareil. Mais il n'en demeure pas moins qu'on ne peut pas avoir des
inégalités dans les services, par exemple,
on ne devrait pas avoir de grandes inégalités dans les services et qu'on
devrait, quand ce sont les meilleures pratiques, favoriser leur
implantation dans l'ensemble du territoire.
Mme
Maccarone (Jennifer) : Tout
ce que j'ai entendu de vous, c'est partenariat, partenariat, partenariat,
alors ça fait chaud au coeur. Je pense qu'en
premier lieu il faut vraiment travailler avec nos directeurs généraux parce
que, c'est clair, eux autres, ils ont
les compétences de vous aider à développer ce guide-là puis, c'est sûr, de
rejoindre aussi les attentes de nos
éducateurs, nos leaders en éducation, nos administrateurs puis de mandater
aussi le directeur général de travailler en partenariat avec le conseil de commissaires pour qu'on sait qu'on va
respecter les pouvoirs et ainsi que les désirs de la communauté parce que, c'est sûr, ils sont nos
partenaires en éducation, comme vous avez dit. Même dernièrement,
vendredi dernier, quand on va faire une consultation
publique, c'est éducation, consultation en éducation... éducative, c'est
non seulement scolaire, alors c'est très
important que tout le monde soit consulté là-dedans. Mais je pense qu'il faut
vraiment travailler avec nos partenaires en
éducation, les commissions scolaires, de développer ce guide-là avant de
l'implanter parce que, c'est clair, eux autres peuvent nous donner une couleur
puis ils peuvent vraiment nous diriger dans la bonne direction pour réussir
dans cette implantation.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...M. le ministre.
• (15 h 30) •
M. Proulx : Je suis très heureux de vous
entendre me parler des autres acteurs également dans le milieu de l'éducation
parce qu'on aura l'occasion, bien sûr, d'en parler dans le cadre du projet de
loi, parce qu'il viendra des questions soit
en consultation ou lors de l'étude article par article. Aussi cet automne dans
le cadre des consultations pour doter
le Québec d'une première politique parce qu'inévitablement, vous avez un rôle à
jouer, mais vous n'êtes pas seuls. Et l'institution
que je représente n'est pas seule non plus et n'a pas tous les rôles à jouer,
surtout pas tous les rôles à jouer. Alors,
dans ce contexte-là, il va falloir se donner, oui, un espace de communication
pour le faire, mais aussi des incitatifs pour s'assurer que tout le monde prenne la place qui est la sienne dans
le cadre de cette réflexion-là à l'égard de l'éducation. C'étaient mes
questions en ce qui me concerne, Mme la Présidente. Merci beaucoup de votre
participation.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci, M. le ministre. On
va passer du côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à Mme
la députée de Pointe-aux-Trembles pour environ neuf minutes.
Mme Léger :
Ça soulève beaucoup de questions. Merci. Alors, bonjour, madame. Bonjour,
monsieur. Effectivement, je veux
revenir sur les pouvoirs du ministre particulièrement. Vous établissez quand
même clairement la position que vous
avez, et, dans le fond, c'est bien implanté. Vous dites, dans le fond... vous
revenez à l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés,
puis c'est quel droit qui est là, puis je pense que vous l'exprimez très bien.
Par contre, je m'interroge pourquoi parce qu'on
a eu le projet de loi avant, l'autre projet précédent, et on a eu celui-là, et le ministre, il garde toujours quand
même ces pouvoirs-là accrus, dans le fond, les pouvoirs accrus au
ministre de l'Éducation, mais il n'y a pas
de balises. Je comprends votre point de vue en voulant dire que ça nous
concerne, on a des droits à ce
niveau-là, on veut gérer, on veut contrôler, on veut... Je le comprends, on en
reparlera un petit peu plus après, mais
pourquoi le ministre, d'après vous, pourquoi qu'il ne met pas les choses d'une
façon exceptionnelle? Même si vous avez
la position que vous avez vos droits, il me semble que ça aurait été plus
simple que le ministre... Parce qu'on est tous un peu... pas en accord des pouvoirs accrus du ministre, le ministre va
venir dans la gestion quotidienne, presque. Parce que, si on regarde les pouvoirs que le ministre a, puis
vous l'avez identifié vous-mêmes... bien, si on voit... c'est
l'organisation, le fonctionnement,
l'administration, le ministre peut, dans le cadre des responsabilités qui lui
sont confiées à l'article 47, émettre des directives à une commission
scolaire portant sur l'administration, l'organisation, le fonctionnement ou les
actions... Là, on est vraiment dans le quotidien, là, de ce que les commissions
scolaires ont à administrer.
Et comme les
associations... Alors, où je m'interroge, c'est pourquoi le ministre n'a pas
donné des balises claires, que ce soit de façon exceptionnelle. Parce
qu'évidemment le ministre, il faut qu'il se garde une porte, une façon exceptionnelle, peut-être. Alors, pourquoi il n'a
pas écrit «d'une façon exceptionnelle»? Parce que, là, on s'en va...Et,
dans l'article 47 aussi, «ces directives peuvent en outre avoir pour effet de
compléter ou de préciser les règles budgétaires en cours d'année scolaire».
Je comprends que vous pouvez, tout le monde,
sauter parce que, donc, on peut prendre une décision en cours d'année. Alors,
je voudrais vous entendre davantage, là, si, pour vous, «de façon
exceptionnelle», c'était une voie de passage.
Mme
Maccarone (Jennifer) : Ah!
bien, c'est sûr, nous autres, on espère que ce serait seulement des
pouvoirs exceptionnels. Les raisons pour
lesquelles que c'est écrit de cette façon-là, peut-être que vous êtes mieux de
demander à M. Proulx. Mais c'est sûr, notre
position est claire, nous aimerions garder les droits locaux. Que ce soit un
conseil de commissaires ou que ce
soit un conseil d'établissement d'une école, on veut que ça reste des droits
locaux dans les mains des gens qui
sont au sein de nos écoles, au sein de notre communauté pour qu'eux, ils
puissent prendre des décisions pour nos élèves. Et pour la communauté
parce que non seulement après qu'un élève serait diplômé, bien, il fait partie
de la communauté, il va contribuer. Alors,
nous autres, on aimerait garder ces droits à l'intérieur, locaux, dans notre
communauté. Ça fait que, les droits pour le
ministre, on aimerait que ça reste exceptionnel, dans les cas illégaux,
immoraux, quand on ne respecte pas la Loi sur l'instruction publique,
dans ces cas-là uniquement.
Mme Léger :
Et parlez-moi donc de ce que vous... Quand vous parlez de respecter vos droits,
particulièrement le droit de gérer, de
contrôler, là, les établissements d'enseignement, pour vous quel est le niveau
de gestion et de contrôle... quel est
le pouvoir exclusif que vous voulez que le projet de loi soit... Parce que vous
avez mis quelques articles,
mais vous n'en avez pas parlé vraiment
d'une façon plus précise dans les articles. Est-ce qu'il y a des articles
qui, pour vous... Vous pouvez le dire,
là, pour qu'on vous entende d'une façon plus publique quels sont les articles
qui, pour vous, sont nécessaires de modifier puis d'avoir des amendements
plus précis dans la gestion et le contrôle.
Mme
Maccarone (Jennifer) : Mon
Dieu! On en a plusieurs. C'est sûr, quand on dit... l'article 31,
il en est un qui est très important
parce que, là, quand on parle de comité de... Le comité de
répartition des ressources, c'est sûr, quand on dit, par rapport à ce comité-là, si nous ne sommes pas en contrôle
de nos finances, nous ne sommes pas en contrôle de nos commissions
scolaires puis de nos institutions. Alors, cela, c'est très important pour
nous, puis cela affecte plusieurs articles dans le projet de loi.
On peut
retrouver plusieurs de places. Quand on dit pour les pouvoirs qui
sont accrus pour le ministre, bien, même chose quand on dit 32, 41, 43, 45, 46, 47, 48, 50. Il y en a
plusieurs où on a déjà identifié des changements qu'on pourrait apporter pour que le projet de loi respecte nos droits et que ça pourrait être adopté à
votre table aussi, hein, parce
qu'on reconnaît que... Nous sommes prêts à
accepter des changements, mais il
faut que ça soit des changements,
premièrement, qui vont être au support de la
réussite de nos élèves ainsi que le respect de nos droits constitutionnels et
de nos communautés.
Mme Léger : L'article 48,
entre autres, vous dites que vous bifferiez complètement l'article 48
selon votre recommandation. L'article 48 est : «En outre, elles
peuvent, aux conditions ou selon les critères qui y sont prévus ou qui sont déterminés par le ministre, prescrire que
certaines mesures budgétaires sont destinées à un transfert vers le
budget des établissements d'enseignement.» Vous bifferiez complètement ça,
vous?
Mme
Maccarone (Jennifer) : Oui,
car, quand on dit : Une représentation de la communauté, on parle de
tous les contribuables, et non seulement un groupe de parties prenantes. Alors, c'est important
que ça reste dans les mains des commissions
scolaires, dans les mains des
conseils de commissaires parce qu'eux
sont des élus comme vous. On parle de la démocratie. C'est non seulement
quand on dit : On va parler de la Constitution, on parle aussi de la
démocratie en général.
Et je pense que nous devrions respecter la voix de la communauté, les gens qui
ont voté, les gens qui n'ont pas voté.
Eux autres, ils ont un droit d'avoir un vote autour de la table, nous payons
tous des taxes. Alors, c'est très important que leur voix reste la voix
primordiale, que la communauté vient avant la politique.
Mme Léger : Mais il y a
plusieurs personnes du milieu de l'éducation, plusieurs groupes, associations,
pas nécessairement les commissions scolaires, qui veulent une décentralisation
des budgets, d'une part. Alors, vous, vous nous dites : Il faut que ça
reste aux mains... dans le fond, le contrôle soit quand même aux mains des
commissions scolaires, d'une part.
Mme
Maccarone (Jennifer) : Oui.
Nous avons déjà un système décentralisé ou des budgets qui sont déjà
destinés dans nos écoles dans les mains de
nos directeurs d'établissement. Puis on trouve que c'est un système qui est
sain, mais nous avons quand même des
territoires qui sont très vastes à desservir aussi. Alors, il faut quand même
respecter un système où on travaille ensemble. Il y a toujours de la
consultation, on a un beau partenariat, il y a beaucoup de respect entre nos institutions, les élus, que ce soit des élus au
sein d'un conseil de commissaires ou les élus qui sont au sein d'un
conseil d'établissement d'une école. Nous travaillons ensemble puis nous
aimerions respecter puis garder le même processus tel quel.
Mme Léger : Bien, merci
beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles. On va passer du côté du deuxième groupe de l'opposition. Et je souhaite la bienvenue à M. le
député de Chambly, et je vous cède la parole pour environ six minutes.
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Salutations à l'équipe du côté du
ministère, de l'opposition officielle, deuxième
opposition, ça fait plaisir de vous retrouver autour de cette table. C'est
comme si on refaisait nos devoirs, j'ai l'impression d'être un enseignant
qui donne une récupération, flash-back.
Du côté du
fameux comité de répartition des ressources, qui était un enjeu majeur du
précédent projet de loi, qu'on retrouve
ici, dans votre mémoire, je vous dirais qu'il ne vous enchante guère. Vous
dites : Il serait composé majoritairement d'employés de la commission scolaire, et, dans notre cas, donc parlant
de votre cas, plusieurs d'entre eux ne proviennent pas de la communauté minoritaire. Donc, le fait
qu'il y a des employés, des directions d'école, qui oeuvrent à
l'intérieur du réseau scolaire anglophone,
mais qui, peut-être, proviennent de la communauté francophone — enfin, peut-être — ça pose problème pour vous.
Par contre, d'après ce que j'en ai compris, le comité
de répartition des ressources n'a qu'un pouvoir de recommandation au conseil des
commissaires. Donc, pouvez-vous m'expliquer dans quelle mesure c'est si grave
de confier des choses au comité de
répartition des ressources, considérant qu'il ne peut pas réellement prendre de décision effective?
• (15 h 40) •
Mme
Maccarone (Jennifer) : Je ne
suis pas d'accord. Pour clarifier, ce n'est pas que nous n'avons pas de
respect pour les gens qui seront autour de
la table, c'est plus une question constitutionnelle quand on dit qu'ils ont des
pouvoirs décisionnels. Alors, la voilà, la
problématique que nous avons, puis, oui, en effet, ils ont des pouvoirs
décisionnels parce que, même si on
appelle ça une recommandation, quand ça vient au conseil de commissaires, on a
deux tiers de votes pour dire que
nous ne sommes pas d'accord avec une recommandation qui vient d'un comité où il
n'y a pas de représentant de la communauté
ni les parents. Alors, on dirait que, oui, deux tiers, nous ne sommes pas
d'accord, mais il faut qu'on écrive un mémoire pour expliquer pourquoi
nous sommes en désaccord, pour que le comité retourne...
Nous n'avons
pas le droit de faire des recommandations, nous n'avons pas des droits de dire
que... Plus que nous ne sommes pas
d'accord pour que le comité... peut-être ils vont faire des changements,
peut-être ils vont retourner avec une autre proposition pour le conseil
à approuver, non adopter. Et, même à ça, si on ne retrouve pas une égalité ou
une opinion qu'on peut vraiment travailler
ensemble, eux autres peuvent aller voir le ministre, qui peut prendre des
décisions pour eux pour passer cette législation sans nous consulter. Alors,
voilà, ils sont décisionnels.
M.
Roberge : Merci. On a vu dans les derniers mois dans les médias
beaucoup de gens s'exprimer par rapport aux taxes scolaires. C'est un
enjeu majeur quand on regarde les deux réseaux scolaires, les...
Une voix : ...
M. Roberge : Le réseau... Bien,
c'est que c'est absent, mais c'est comme... L'éléphant pas dans la pièce. Beaucoup de gens semblent magasiner leur compte de
taxes en fonction du réseau anglophone, francophone. Je m'étonne du fait que le ministre fasse l'économie de ce
débat-là et que vous, dans le projet de loi, vous ne l'abordiez pas parce
qu'il me semble avoir lu à travers plusieurs
commentaires que, plus souvent qu'autrement, ce sont les commissions
scolaires de la communauté anglophone qui
sont perdantes à ce jeu. Alors, comment se fait-il que... Enfin, je n'ai pas vu
quelque chose dans le mémoire. Mais, peu importe ce qu'il y a dans le mémoire,
qu'est-ce que vous pensez de ça?
Mme Maccarone (Jennifer) : La raison pour laquelle que ce n'est pas dans le
mémoire, c'est parce que ce n'est pas
dans le projet de loi. Alors, nous voulons partager vraiment un commentaire par
rapport à qu'est-ce qui était vraiment dans
nos mains. Mais, par rapport à avoir une égalité dans la taxe scolaire, c'est
non seulement une question anglophones-francophones
dans nos commissions scolaires, c'est aussi une problématique régionale. Alors,
c'est une question qui est bien méritée,
puis nous sommes très hâte d'avoir une solution, d'avoir une taxe harmonisée
par région qui va être apportée très bientôt.
C'est non seulement
une problématique rendue dans... c'est sûr, dans les contribuables dans la
communauté anglophone, mais c'est rendu que
c'est très grave pour les familles défavorisées. C'est très grave pour
n'importe qui, tout le monde dans la
province. C'est important maintenant d'agir puis de prendre des décisions le
plus rapidement possible. On parle vraiment d'un paiement d'hypothèque,
on parle des achats de l'épicerie, on parle des gens qui sont âgés qui paient 700 $ de plus pour supporter leur
communauté. Puis nous n'avons pas le pouvoir au sein du conseil de
commissaires dans une commission scolaire de
faire un changement. Alors, vraiment, on vous regarde prendre une décision qui
est saine pour supporter la communauté régionale, non seulement anglophone,
mais francophone aussi.
M. Roberge :
Merci. Donc, si je fais du...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...quelques secondes, M. le député.
M. Roberge :
Quelques secondes? Bien, peut-être juste de dire que de penser que, parce qu'on
parle de structures, de gouvernance, de taxation, ça n'a aucun impact sur la
réussite, de dire : Non, on ne veut plus parler de structures, mais on veut parler de réussite, c'est peut-être une erreur
parce que les questions financières, les questions de gouvernance, qui prend la décision, et pourquoi,
où va l'argent, quel est le montant de taxes qu'on paiera, bien sûr que c'est de la gouvernance, mais ça a un impact
directement sur la réussite. Puis je pense que vous êtes d'accord avec
moi pour dire qu'on ne peut pas traiter en
silo de gouvernance et de la réussite en pensant qu'il n'y a pas de lien entre
ces deux-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député. Je cède la parole à Mme la
députée de Gouin pour environ trois minutes.
Mme David (Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Madame messieurs,
bonjour. D'abord, comme j'ai trois minutes, peut-être juste un petit
commentaire éditorial, et ensuite j'aurai une question.
Je trouve que vous
avez raison de questionner les pouvoirs accrus qui sont donnés au ministre.
J'aimerais beaucoup, moi aussi — on verra dans l'étude détaillée — que ce soit davantage balisé. Et ce n'est
pas seulement parce que vous
représentez la communauté anglophone, là, j'ai l'impression que, du côté des
commissions scolaires francophones, on
va venir dire la même chose. Et je suis d'accord aussi avec vous sur la
question du comité de répartition des ressources. Je ne comprends pas
pourquoi on impose la règle des deux tiers, ce qui est tout à fait
exceptionnel, là, pour rejeter la proposition
du comité de répartition, et ça donne la désagréable impression qu'on ne fait
pas confiance aux élus scolaires. Ça n'est peut-être pas ça qu'on veut,
mais ça donne cette impression.
Ma question
maintenant. À l'article 32, où, dans le projet de loi, là, on dit que «la
commission scolaire a pour mission, en respectant le principe de subsidiarité»,
etc., vous voulez biffer «en respectant le principe de subsidiarité». D'autres
sont venus dire : Nous, on adore ce principe. Quel est votre problème avec
ce principe?
Mme Maccarone (Jennifer) : Le problème avec le principe, comme j'ai
mentionné tout à l'heure, c'est que nous avons une représentation de tous les contribuables, que ce soient les
parents, que ce soient les personnes âgées, que ce soient les gens dans le milieu scolaire, que ce
soient les gens des milieux affaires. Alors, on trouve que c'est sain
que... On a le conseil des commissaires qui
prendrait les décisions en majorité par rapport à que ça soit budgétaire. Mais,
quand on dit «subsidiaire», c'est
clair, on enlève leur droit d'avoir un représentant pour tous les contribuables
à travers nos territoires. Alors, ça,
c'est quelque chose qu'on veut garder, ça fait partie de nos droits
constitutionnels par rapport à la gestion de nos institutions. Alors, on
veut avoir un droit de respecter aussi la démocratie. Pour nous, ça nous tient
à coeur, c'est très important de dire que,
oui, on va consulter, on va travailler ensemble, mais de dire que, oui, il y a
quand même une hiérarchie à respecter.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste encore 50 secondes, Mme la députée de
Gouin.
Mme David
(Gouin) : C'est presque trop, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, hein?
Mme
David (Gouin) : C'est parce que je voudrais juste être sûre de bien
comprendre. Le principe de subsidiarité, là, de façon générale, là, cette espèce de grand concept un peu nouveau,
moi, j'ai compris que c'était l'idée de dire : Les décisions doivent, autant que possible, se prendre
toujours le plus proche, le plus près des gens qui sont concernés. Donc, ça ne me paraît pas... À moins qu'il
y ait quelque chose que je ne comprenne pas, vous allez m'expliquer, quel est
le problème à dire que la commission
scolaire doit faire un certain nombre de choses, là — c'est écrit à l'article 32 — en
respectant le principe de subsidiarité?
Donnez-moi un exemple concret peut-être pour m'aider puis aider les gens qui
nous écoutent à comprendre où est le problème.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En quelques secondes, madame.
Mme
Maccarone (Jennifer) :
Alors, peut-être quand on va dire que quelque chose qu'on va... exemple,
quand on dit, au sein d'un conseil d'établissement, qui prendra une décision
par rapport à la plage horaire scolaire pour ces écoles-là, il va y avoir quand même des directives qui viendront de la
commission scolaire. Ça fait qu'il faut quand même travailler en partenariat avec l'école pour
prendre les décisions. Ce n'est pas une question d'enlever leur droit, mais
je pense que le principe, c'est plus de
travailler en partenariat et ensemble pour réussir pour cette école-là puis ces
élèves.
Mme David (Gouin) : J'ai compris,
c'est par rapport aux écoles. O.K.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup. Alors, merci à l'Association des commissions scolaires
anglophones du Québec.
Je suspends
les travaux quelques instants pour permettre à l'Association des directions
générales des commissions scolaires à prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 49)
(Reprise à 15 h 54)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je vous demanderais de prendre place, s'il vous plaît, on va débuter. S'il vous
plaît, est-ce que vous pouvez prendre
place? Merci. Alors, à l'ordre, s'il
vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association des directions générales des commissions
scolaires. Merci d'être parmi nous. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
présentation, et, par la suite, on va passer à une période d'échange
entre les élus. Je vous demanderai juste de
vous identifier, ainsi que les gens qui vous accompagnent, et vous pouvez
procéder à faire votre exposé par la suite. Alors, la parole est à vous.
Association des
directions générales des
commissions scolaires (ADIGECS)
M.
Blackburn (Éric) : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, mesdames et messieurs membres de la commission parlementaire, effectivement je voulais
présenter mes collègues. Je vais commencer par la droite : M.
Michel Bernard, qui est notre directeur exécutif de l'Association des
directeurs généraux; à ma droite, Yvan Tardif, qui est le vice-président; et, à ma gauche, Rob Buttars,
directeur général de la commission scolaire New Frontiers, qui
représente la communauté anglophone de notre association.
Alors, merci
beaucoup pour ce temps. Écoutez, l'association, j'ai quelques thèmes.
Effectivement, on a dû faire un devoir exceptionnel pour rentrer dans 10
minutes, alors on va le prendre par thèmes.
Je vais
d'abord vous parler de l'association brièvement. L'Association des directions
générales des commissions scolaires
oeuvre pour le réseau public d'enseignement des ordres préscolaire, primaire,
secondaire, en formation générale des
jeunes, en formation générale des adultes, formation professionnelle et en
formation continue. Elle s'assure de la qualité de l'exercice de la profession et, pour ce faire, elle a pris un virage
important qui a été amorcé au cours des dernières années où, en collaboration avec des partenaires
externes, la mise en place organisée et structurante de pratiques probantes
sur les plans pédagogique et administratif est devenue une priorité. Ainsi, on
contribue à une amélioration importante et continue
des environnements éducatifs tout en assurant un développement des acteurs du
réseau. La stratégie prend tout son
sens à l'intérieur de communautés de pratique où l'exercice de supervision
assure un plus grand succès de tous nos élèves. Encore une fois, la qualité des services offerts à nos élèves et
le résultat qui en découle en sont nécessairement augmentés.
Petit clin d'oeil sur la réussite au Québec.
Plusieurs modifications proposées au projet de loi n° 105 semblent s'inspirer d'initiatives qui connaissent de grands
succès dans le réseau de l'éducation au Québec. Nous accueillons donc avec satisfaction le fait que le projet de loi
mette l'accent sur la réussite des élèves et qu'il permette de mettre fin au
débat sur le brassage des structures qui a occupé les dernières années.
Malgré les
multiples bouleversements vécus par le réseau et les nombreuses opinions
rendues publiques concernant la
performance de notre réseau, nous avons su garder le cap sur la réussite des
élèves. Malgré une réduction importante des revenus du réseau consentis des dernières années, soit près de
1 milliard de dollars, les résultats sont quand même au
rendez-vous. En effet, on est nettement en voie d'atteindre l'objectif national
d'un taux de diplomation de 80 % en 2020.
En 2014, il était de 77,7 %, soit une amélioration de 5,8 points de
pourcentage en comparaison à 2009. Quant au taux de décrochage, il se
situait en 2013 à 17,8 %, soit une amélioration de 5,5 points sur cinq ans
par rapport à la cohorte de 2008. Malgré tout, on reconnaît qu'il y a encore
place à l'amélioration.
Ainsi, aussi
en comparaison avec les pays de l'OCDE, notons que le Québec obtient le
meilleur taux de diplomation chez les
personnes de moins de 30 ans. C'est dire à quel point toute la stratégie
également mise en place par les
services d'éducation des adultes et de la formation professionnelle contribue
avantageusement à augmenter les niveaux de réussite de la population du
Québec. De moins en moins, le hasard agit sur les résultats des élèves.
On
retrouve dans le projet de loi n° 105 la transformation du plan
stratégique et de la convention de partenariat de la commission scolaire vers le nouveau plan
d'engagement vers la réussite. Nous sommes satisfaits de constater que
ces changements s'accompagnent du maintien
des liens de subordination nécessaires à l'intervention de la direction
générale à l'endroit des établissements.
Depuis les changements apportés à Loi sur l'instruction publique en 2008, le
réseau des commissions
scolaires a entrepris un virage important marqué par un dispositif de
planification, de reddition de comptes et de contractualisation. Par ces
processus de gestion axés sur les résultats, les directions générales des
commissions scolaires et les directions
d'établissement ont pu compter sur de puissants leviers de changement qui ont
permis de mettre en place les
conditions essentielles pour assurer une vision commune, une cohésion au sein
des équipes et une cohérence d'action où la supervision et le suivi
continu jouent un rôle déterminant sur la réussite.
Nous
recommandons que les interventions de la direction générale puissent se faire
également sur les moyens et les
cibles choisis par l'établissement dans le projet éducatif afin de s'assurer
que les meilleures pratiques y soient privilégiées et qu'elles soient en parfaite adéquation avec le
plan d'engagement vers la réussite et les priorités gouvernementales en
matière d'éducation. En ce sens, nous appuyons sans réserve la proposition qui
circule actuellement à l'effet de créer un institut national d'excellence en
éducation.
Enfin,
le fait d'inscrire dans la loi l'obligation de se fixer des objectifs
mesurables d'amélioration de la réussite des élèves est un atout
supplémentaire pour les établissements, voire les élèves, et nous la saluons.
• (16 heures) •
Le
comité de répartition de ressources maintenant. En matière de gestion
collaborative, nous sommes favorables à une contribution plus importante
des directions d'établissement aux décisions et aux orientations que prendra la
commission scolaire. Toutefois, dans la réalité quotidienne, certaines modalités proposées
dans la mise en oeuvre du comité de
gestion et de répartition des ressources risquent d'engendrer des dérives, en
plus de ne pas respecter les bonnes pratiques en matière de gouvernance.
Nous pensons notamment que ce comité doive impérativement demeurer
administratif et donc que le projet
de loi en précise la composition, entre
autres par l'ajout de cadres
scolaires désignés par la direction générale. Aussi, dans un souci
d'assurer une participation la plus inclusive possible de tous les
gestionnaires de la commission scolaire, le comité
de répartition de ressources devrait considérer le point de vue du comité consultatif de gestion avant que la direction générale ne soumette ses recommandations au conseil des
commissaires. Il devrait également y déposer ses recommandations.
Par ailleurs, nous
recommandons que le comité de répartition de ressources se voie également
confier l'établissement des principes et des objectifs de la répartition des
enveloppes budgétaires dédiées aux établissements. Cette proposition permettrait de prendre en considération les
caractéristiques des milieux et des élèves ainsi que les choix
antérieurs faits par la commission scolaire et ses établissements, et tout cela
s'inscrit en parfaite adéquation avec une valeur
qui a été ramenée, celle de la subsidiarité. D'ailleurs, nous pouvons
affirmer sans gêne que, dans la plupart des commissions scolaires, des
processus similaires de concertation avec les gestionnaires, dont les
directions d'établissement, existent déjà sans qu'aucune disposition
législative n'ait été rendue nécessaire pour la formaliser.
Un
des mandats confiés au comité de répartition de ressources est celui de
recommander au conseil des commissaires
l'affectation des surplus budgétaires annuels des écoles et des centres.
L'ADIGECS est d'avis que ce mandat ne
devrait pas être confié à ce comité. Si toutefois cette disposition était
maintenue, il nous apparaît essentiel de respecter l'application des principes comptables
généralement reconnus, les PCGR, qui impliquent que les déficits et les
surplus des établissements font partie intégrante du périmètre comptable de la
commission scolaire et du gouvernement.
Aussi,
le principe de subsidiarité serait davantage efficient si les allocations décentralisées
laissaient plus de latitude aux établissements. Ceci permettrait de
prendre en considération d'autres règles budgétaires et des choix antérieurs
qui ont un impact sur les budgets actuels des établissements, ainsi que ceux de
la commission scolaire. Sans réserve, l'ADIGECS
souscrit à l'idée que les ressources doivent être réparties équitablement entre
les établissements et en soutien aux besoins des élèves.
De
plus, il apparaît incompatible que la direction
générale conserve l'entièreté de l'imputabilité dans la gestion des activités de la commission scolaire et que la
responsabilité ultime de discuter et de recommander au conseil des commissaires
des avenues quant à la répartition des
ressources soit désormais partagée. À cet égard, le partage des rôles et
responsabilités devrait être mieux
défini à chaque niveau hiérarchique et être arrimé en termes d'imputabilité et
de reddition de comptes.
Pour
ce qui est de la gouvernance, nous sommes satisfaits de constater que la
démocratie scolaire retrouve ses lettres de noblesse et que les débats
de structure cessent avec ce projet de loi afin de se concentrer sur la
réussite des élèves dans le respect des rôles et responsabilités dévolus à
chaque acteur du réseau.
Nous
saluons au passage le droit de vote accordé aux parents. Cela traduit bien
l'importance de leur place au sein d'une instance aussi stratégique
qu'un conseil des commissaires.
Quant
aux meilleures pratiques, le ministre compte élaborer et diffuser un guide des
bonnes pratiques de gestion décentralisées à l'attention des commissions
scolaires. Nous sommes favorables à cette initiative et nous invitons le
ministre à s'inspirer de tous les rapports d'experts qui ont été réalisés
auprès de plusieurs commissions scolaires ces dernières années ainsi que des
recherches les plus récentes en matière de gestion au sein du réseau des
commissions scolaires qui mettent en
évidence toute l'importance du leadership éducatif et administratif des
directions générales. Nous souhaitons que l'ADIGECS soit en copilotage
avec le ministère dans cette démarche, et il nous semble opportun de recommander qu'un groupe de travail devrait notamment
être composé de représentants des partenaires associatifs des cadres
scolaires et également des directions d'établissement.
Je vous invite, parce que le temps file... Évidemment,
dans notre mémoire, vous avez à la fin les 14 recommandations qui regroupent l'ensemble
de nos préoccupations qu'on n'a pas traitées aujourd'hui. Je vous invite à vous y référer, le cas échéant. Je vais
terminer si vous m'accordez encore 30 secondes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y, M. Blackburn, oui.
M.
Blackburn (Éric) : Vous êtes
gentille. Alors, le projet de loi
n° 105 pave la voie à une
nouvelle dynamique au sein du réseau
scolaire. Les grands bouleversements qu'on nous promettait dans la gouvernance
ont été abandonnés, et c'est heureux. Le ministre
de l'Éducation, du Loisir et du Sport choisit de miser sur les points de
convergence que le réseau a fait valoir et de mettre de côté les éléments les
moins rassembleurs.
Néanmoins, le projet de loi contient des zones
grises et certaines dispositions qui gagneraient à être revues. Depuis son entrée en fonction, le ministre
dit vouloir mettre l'accent sur la réussite éducative. Voilà un chantier sur
lequel nous sommes à pied d'oeuvre depuis toujours
et pour lequel nous avons collectivement enregistré des résultats
probants. Il faut continuer. Plus que jamais, les commissions scolaires
constituent des vecteurs de réussite en réunissant les conditions de succès et en permettant aux établissements de se
concentrer sur leur mission pédagogique. Dotées d'une expertise de pointe, les directions générales
disposent d'une vision périphérique et sont guidées par des principes
d'équité et de rigueur essentiels pour assurer une gestion harmonieuse et
coordonnée. Alors que s'ouvre un nouveau cycle législatif destiné à
moderniser la Loi sur l'instruction publique, l'ADIGECS continuera de faire
partie des solutions en participant au débat public et en mettant à
profit son expertise terrain. Merci, madame. Merci, messieurs.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Blackburn. Alors, on va passer du côté
gouvernemental, et je cède la parole à M. le ministre pour environ 15 minutes.
M. Proulx
: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, messieurs, d'être ici aujourd'hui. Très heureux d'avoir l'occasion de
discuter avec vous. Vous avez réussi l'exercice, que vous m'aviez dit être
complexe, ou, en tout cas, le défi de — excusez l'expression — se
ramasser, effectivement, pour être en mesure de donner les éléments qui nous
semblent les plus importants. Je l'ai dit ce matin à l'ouverture des
consultations, il y a quand même quelques affaires qu'on s'était déjà dites.
Alors, tu sais, c'est normal d'agir, je pense, un peu différemment.
Ceci étant
dit, votre mémoire est très clair. J'avais quelques questions qui
m'apparaissaient intéressantes. Je suis à la page 13 de votre mémoire — je vais y aller par les pages juste pour
nous mettre dans le contexte — vous parlez de la portée d'intervention de la direction générale à
l'article 209. Vous dites... bien, dans le fond, vous proposez que ça se
fasse également... qu'on modifie, donc, la
portée pour agir sur les moyens et les cibles choisis par l'établissement. Je
voulais vous entendre à l'égard de ça parce
qu'il me semble y avoir une zone de conflit potentiel avec d'autres groupes à
l'intérieur de notre réseau scolaire. On a
beaucoup parlé de subsidiarité, on a dit que ça ne devait pas être qu'un
concept. Alors, comment voyez-vous
cette intervention-là ou, en tout cas, cette possibilité de voir votre pouvoir
étendu, et, en même temps, tout en respectant la place des autres
acteurs dans l'éducation?
M.
Blackburn (Éric) : Oui.
Bien, écoutez, on est dans un contexte où, on le disait tout à l'heure, on est
en train de mettre en place une
structure qui va nous permettre, là, de travailler sur l'essentiel en
s'assurant de mettre dans les classes les meilleurs services possible en
lien avec les pratiques probantes, celles qui ont donné des résultats. Donc,
dans un contexte de réductions budgétaires,
évidemment, on a regardé comment on pourrait faire mieux avec ce qu'il nous
restait et on en est venu à des conclusions
où il fallait, à quelque part, focaliser et faire des choix. Nous, ce qu'on
dit, ce qu'on veut mettre en place
dans les classes, ce qu'on veut mettre en place dans nos commissions scolaires,
ce sont les meilleures pratiques de
gestion, ce sont les meilleures interventions pédagogiques possible pour faire
en sorte que nos élèves obtiennent les meilleurs résultats possible.
Donc, si,
dans une école donnée, on s'écartait de cet objectif-là, évidemment, en termes
de cohérence, en termes de convergence, on perdrait en efficacité, et
les résultats des élèves seraient impactés. Ce qu'on souhaite, c'est d'être capables de s'assurer que, dans l'école, on fasse
les choix qui sont dans le sens de ce sur quoi on a fait consensus dans
une commission scolaire dans le meilleur
intérêt des élèves. Et, pour ça, on veut être capables d'intervenir.
Évidemment, ça se fait à l'intérieur des mécanismes de concertation
qu'on a dans nos commissions scolaires, mais on veut être capables d'intervenir
pour s'assurer qu'on fasse les bonnes choses dans nos écoles.
M. Proulx
: À la page 17, vous parlez du
comité de répartition des ressources. Vous proposez un chemin différent,
dans le fond, hein, disons-le ici, là, pour
la décision. Vous dites que le comité devrait être consultatif, les
recommandations ne devraient pas aller
directement au conseil des commissaires, ça devrait être déposé dans les mains
du directeur de la commission scolaire, qui, lui, l'amène... Là, j'ai le
comité consultatif de gestion, je veux juste m'assurer d'avoir les bonnes
appellations.
Alors,
pourquoi? Et quel avantage y voyez-vous dans le cadre que nous présentons?
Donc, pour vous, il y a là un avantage, dites-moi lequel.
• (16 h 10) •
M.
Blackburn (Éric) : Dans le fond, ce qu'on a reconnu dans le projet
de loi — mes collègues pourront compléter, là — c'est
qu'il y a beaucoup de choses qui ont été inspirées des meilleures
pratiques dans le réseau. Ce qu'on a vu aussi, ce qu'on sait, c'est que des comités de répartition de ressources, il y
en a dans la plus grande majorité des commissions scolaires,
ils ne font que porter des noms différents. Dans la majorité des milieux, on
retrouve des processus
émergents qui partent des besoins des élèves, des projets éducatifs, des plans
de réussite puis qui vont finir dans un processus budgétaire qui commence à quelque
part en novembre par l'adoption des budgets qui vont s'assurer de la
répartition équitable des ressources sur l'ensemble du territoire pour répondre
aux besoins des élèves.
Alors, nous,
ce qu'on dit, on avait déjà une plateforme qui s'appelait le CCG où tous les
gestionnaires des directions en titre
sont regroupés pour prendre des décisions concertées et prendre les meilleures
décisions possible. De confier à un plus
petit groupe un pouvoir sans prendre en considération ce grand comité là, on
trouve que ça pourrait être périlleux à certains égards. Pour ces raisons-là, ce qu'on dit : Assurons-nous
d'une façon ou d'une autre que ça fasse consensus et que tout le monde rame dans le même sens plutôt qu'on ait un petit groupe qui parte d'un
côté, alors que le grand groupe n'est pas nécessairement en accord avec ces orientations-là. Ça fait que c'est une question d'être davantage
rassemblés autour des mêmes objectifs, d'être en accord et d'augmenter en
efficience.
M. Proulx
: Est-ce que, Mme la Présidente, le comité consultatif de gestion, tel que vous le présentez, donc
qui existe, qui devrait, selon vous, être
l'étape suivant le comité de répartition des ressources, est un comité qui
peut fonctionner ou, en tout cas, peut soutenir l'esprit et la pratique d'implanter et d'officialiser un
comité de répartition des ressources dans l'ensemble des commissions
scolaires?
Je m'explique. Il y a des commissions scolaires
où on est autant de monde autour de la table qu'il y en a dans la commission.
Et il y a des commissions scolaires où il faut louer un amphithéâtre pour
pouvoir réunir tout le monde. Alors,
comment on fait pour s'assurer, dans une proposition comme celle-là, de ne pas,
je vais dire, alourdir les choses ou,
en tout cas, de donner autant de... peut-être pas de flexibilité, mais
d'agilité à un plus petit groupe, là? Et là je ne suis pas sur la composition, mais sur la capacité de se
réunir, d'interagir, de prendre une décision. À un moment donné, à
plusieurs centaines de personnes, ça se complique, j'imagine.
M.
Blackburn (Éric) : Oui.
Bien, dans le fond, on n'est pas en désaccord, hein, avec la mise en oeuvre
d'un comité de répartition de
ressources. Ce qu'on dit, c'est qu'il devrait y avoir un peu de gris dans tout
ça pour respecter parfois des pratiques
qui sont déjà probantes, qui fonctionnent bien dans certains milieux. Dans
certaines communautés, il pourrait y avoir une parfaite adéquation entre
ce que serait le CRR et le comité consultatif de gestion. Ailleurs, ce serait
autrement. Assurons-nous que tout ça fasse consensus et qu'on puisse avancer
dans le même sens. Donc, dans la loi présentement,
c'est très prescriptif, c'est très contraignant dans certains milieux. Ça a des
conséquences, on n'a pas tout dit ici
aujourd'hui. Mais trouvons en quelque part des zones grises pour être en mesure
de nous adapter à une meilleure réponse aux besoins du milieu.
M. Proulx : Avant de... Oui, allez-y.
Pardon, je m'excuse, je ne vous avais pas vu lever la main.
M. Bernard
(Michel) : Bien,
j'ajouterais qu'on a fait état que ça existe dans les commissions scolaires, ce
type de dispositif de collaboration. Il y a
des commissions scolaires, on a eu une discussion récemment là-dessus, qui
comportent une centaine de gestionnaires au
sein du comité consultatif de gestion. Et, dans les façons de faire, il suffit
d'être capable de les mobiliser à
l'intérieur de groupes de travail, d'équipes de huit, 10 personnes, et faire
consensus, et entreprendre des discussions qui permettent à l'ensemble
des gestionnaires d'être mis à contribution pour que les enjeux qui sont si importants sur la répartition des ressources d'une
commission scolaire... que tout le monde soit au fait des principales et
contraintes et des bonnes pratiques pour que les élèves réussissent davantage.
Alors, ça existe déjà, là.
M. Proulx : Et est-ce que je me trompe si
je dis qu'actuellement, s'il existe des comités de répartition des ressources qui portent autre nom, qu'il existe des
comités consultatifs de gestion, la procédure ou le chemin que vous nous
proposez de prendre de manière législative existe déjà dans les faits?
M. Bernard (Michel) : Tout à fait.
M. Proulx
: Donc, ce que vous proposez,
c'est de rendre prescriptif ou, en tout cas, d'officialiser à l'ensemble
du réseau quelque chose qui existe déjà dans différents milieux, n'est-ce pas?
M. Bernard (Michel) : Qui est une
pratique qui connaît du succès. Alors, pourquoi doit-on la changer pour confier
ça à un plus petit groupe?
M. Proulx : Mais il n'en demeure pas
moins, Mme la Présidente — puis
vous êtes à même, j'imagine, de le constater — il y a des commissions scolaires plus
décentralisées que d'autres. J'imagine qu'il y a de vos membres qui sont à même de constater que pas tous ont la même
chance, ou les mêmes défis, ou les mêmes problèmes. Prenez-le du bout où vous voulez, mais il y a une réalité, c'est
que ce n'est pas partout pareil. Et, à moins que je me trompe, la
volonté de décentraliser repose, bien sûr,
j'imagine, sur un certain leadership des dirigeants, mais surtout de la volonté
du conseil des commissaires de voir une organisation un peu différente
qui correspond à leur modèle de gestion en éducation.
Donc, dans les faits, c'est qu'on a le défi
ici... Puis vous y contribuez dans la réflexion, puis vous l'avez dit également,
il me semble, lors du projet de loi n° 86, il faut être capable de s'assurer
que les meilleures pratiques se retrouvent présentes dans l'ensemble du territoire.
Et il ne faut pas oublier qu'au-delà de votre capacité, que vous représentez
très bien, disant : Moi, j'ai la capacité de m'assurer de la répartition
équitable, on a la connaissance, la compétence,
c'est notre travail, il n'en demeure pas moins qu'on a les établissements qui
sont là près de vous, c'est là où se trouve l'équipe-école.
Et j'en viens
à ma prochaine question à l'égard des surplus, parce que vous dites dans votre
mémoire : Il pourrait être
problématique de laisser les gens décider à l'égard des surplus localement
parce que ça va amener des tensions puis des difficultés, ce qui n'est pas tout le temps problématique non plus,
qu'il y ait quelques petites batailles, des fois, pour pouvoir avoir
des... ou, en tout cas, des réflexions ou des débats. Ceci étant dit, il faut
assurer l'équité, il faut assurer la qualité, puis il ne faut pas qu'il y ait
des victimes chez les enfants de ça.
Alors, il y a une
nécessité, je pense, de voir une plus grande décentralisation que font les
moins décentralisés d'entre vous. Alors,
comment trouver une façon de le faire en respect de tous les ordres dans
l'éducation, mais de s'assurer... Et là je reviens à ma question des surplus,
pourquoi, pour vous, il y a un risque de permettre à un établissement ou,
en tout cas, au comité le plus près des établissements de faire des choix à cet
égard-là? Parce que je suis convaincu, Mme la Présidente,
que vous le vivez de la même façon qu'on le vit, nous, ici. Alors, vers la fin
de l'année scolaire, il y a des gens pour me dire : Bien, écoute,
tu ne peux pas récupérer ça, je veux dire, je n'ai pas fini de le dépenser,
j'en ai besoin, j'aimerais avoir de la
prévisibilité. On en a parlé ensemble avec le député de Chambly, notamment, et
à raison, il faut avoir ces
réflexions-là. Alors, comment vous êtes capables de garantir la prévisibilité,
la capacité d'un établissement ou d'un milieu de faire des choix
différents si on ne peut pas avoir cette discussion-là localement? J'essaie de
voir comment s'assurer que l'équilibre soit là.
M. Blackburn (Éric) : Je reviens à dire : On est toujours d'accord avec la mise en place
de ce comité-là et on pourrait même lui confier des responsabilités
supplémentaires qui pourraient aller sur réfléchir sur certaines normes, certaines modalités de répartition ou de se donner
des règles pour être capables d'utiliser les surplus. Je dis en général parce qu'une commission scolaire, ça a un seul
compte de banque, on s'entend, ou elle est en déficit ou elle est en
surplus, mais ça ne peut pas être
compartimenté, là, techniquement. Ce qu'on dit, on pourrait même lui confier
des responsabilités eu égard au fait
qu'on puisse s'entendre sur certaines modalités de répartition de ressources,
dont les surplus, qui sont des décisions
de proximité dans le respect des règles comptables qui existent puis de
certains engagements et de l'histoire de la commission scolaire.
Parce
que, tantôt, je disais : Au cours des dernières années, au-delà de
certains réinvestissements, on a appris à vivre avec moins, on a fait
des choix, on a financé, des fois, certaines ressources, des gens qui sont
rendus en sécurité d'emploi. Il y a eu des changements administratifs qui ont
fait qu'on a dû engager des ressources parfois sur une base prescriptive, puis, pour des raisons budgétaires,
on est venus rechercher les revenus de ces gens-là. Bien, globalement,
il a fallu continuer à financer, on s'entend,
la commission scolaire pour l'ensemble des ressources qui sont sur le terrain
également.
Donc,
respectons les choix locaux, et on pense encore que le comité de répartition de
ressources, avec les gens qui y
seront, auront l'intelligence de faire la part des choses puis de prendre des
décisions éclairées, mais en s'assurant que, de l'autre côté, il y a un
CCG qui existe, qui est légal, où tout le monde est assis et où eux aussi sont
assis, qu'on puisse s'assurer de faire
consensus puis qu'on réponde au meilleur intérêt des élèves. Je pense qu'on
n'est pas loin de se rejoindre dans le... On est dans le comment, hein?
Sur le fond, on est d'accord, puis il y aura de l'espace, je pense, pour
trouver les modalités.
M. Proulx :
Effectivement. Puis c'est pour ça que je trouve que ces discussions-là sont
intéressantes, parce que ça permet de
connaître votre point de vue puis d'établir — je vais dire ça comme ça — le carré de sable de cette entité-là.
Je
veux vous entendre sur deux choses. La première, c'est sur le guide des bonnes
pratiques. J'ai lu, bien entendu, vos
recommandations. Vous souhaitez être impliqués, je l'ai bien vu, bien entendu.
Vous parlez, à la page 18 de votre mémoire, j'ai noté ça, de l'article
24, qui prévoit que le conseil des commissaires peut déléguer certaines
fonctions et pouvoirs au comité de
répartition des ressources. Alors, vous avez dit, il y a quelques
instants : On pourrait confier au comité de répartition des
ressources certaines tâches, mais, en même temps, vous dites : Bien, il
faut être prudent, puis là vous demandez de
retirer l'article parce que vous dites que ça porte atteinte aux pouvoirs du directeur général si je prends... Juste pour nous expliquer, dans
le fond, votre crainte à l'égard de ça.
• (16 h 20) •
M. Blackburn (Éric) : Oui. On est dans un contexte, là, de bonne gouvernance. On va
généraliser le terme comme celui-là, c'est-à-dire que, quand on confie des responsabilités à des acteurs, ils doivent être imputables. Dans
des règles actuelles de délégation de pouvoirs, on s'assure que cette
délégation de pouvoirs là puisse être faite dans un contexte où on a une relation d'autorité entre les
personnes qui la détiennent et à qui elle est déléguée. Dans le contexte
actuel, il y aurait un peu de flou — on va appeler ça un flou artistique, là — au
niveau de l'imputabilité des acteurs s'il advenait qu'on puisse leur confier certains pouvoirs qui
pourraient avoir des conséquences sur l'organisation et sur lesquels on n'aurait pas le pouvoir
d'agir. Une direction générale n'a pas le pouvoir d'agir sur un conseil
d'établissement, hein, on s'entend. Alors,
si on lui confiait un pouvoir qui, initialement, aurait pu appartenir à la
direction générale, comment peut-elle agir pour s'assurer qu'on fasse
les choses de la bonne façon? Et comment le conseil d'établissement, le cas échéant, pourrait être imputable de ces décisions?
Et là, évidemment, on pourrait discuter longtemps sur les quoi, mais
c'est surtout dans le comment que ça pourrait, tantôt, porter à confusion.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Il ne reste plus de temps, M. le ministre.
M. Proulx :
Merci beaucoup. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Blackburn. On va passer
du côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles pour 10 minutes.
Mme
Léger : Merci, Mme la Présidente. Alors, bonjour, messieurs.
Bienvenue au salon rouge pour le projet de loi, dans le fond, qu'on... le 105, qui modifie la Loi sur l'instruction
publique. D'entrée de jeu, vous avez une fonction au coeur du milieu de l'éducation puis au coeur des
établissements scolaires, vous représentez toutes les directions
générales, les directions générales
adjointes. Je pense que c'est un rôle très, très important dans tout le milieu
de l'éducation primaire, secondaire, formation professionnelle, et tout
ça, vous l'avez dit tout à l'heure.
Juste en
aparté, comme ça, je vois quatre hommes, est-ce qu'il y a des femmes? C'est
quoi, le pourcentage des femmes en direction générale? Est-ce que vous
avez un pourcentage?
M.
Blackburn (Éric) : Je pense qu'elles sont rendues majoritaires.
Mme Léger :
Oui?
M. Blackburn
(Éric) : Je ne le sais pas.
Une voix :
À peu près, oui.
M. Blackburn (Éric) : Oui, hein? Je
pense qu'elles sont majoritaires, oui.
Mme Léger :
O.K.
M. Blackburn
(Éric) : Mais on vit bien avec ça, je vous rassure.
Mme Léger :
Vous auriez dû avoir quelqu'un. Une d'entre elles aurait dû venir.
M. Blackburn
(Éric) : Bien, on a pensé aux anglos, mais on n'a pas pensé à la gente
féminine.
Mme Léger :
OK. C'est correct, c'est un aparté. Bon, je veux revenir sur votre rôle, qui
est essentiel, qui est important. Vous êtes
vraiment, comme je vous dis, au coeur... Je vais avoir une question un peu plus
large. Sachant votre responsabilité,
vos responsabilités, sachant que vous être au coeur des établissements
scolaires, des commissions scolaires plus
particulièrement, tout ce qui concerne la gouvernance scolaire, la réussite
scolaire, c'est de ça qu'on parle depuis les derniers temps, quel est pour vous, dans votre quotidien, en pensant à
l'ensemble des gens que vous représentez, quel est pour vous, dans le
quotidien, au-delà du projet de loi n° 105, quel est pour vous le...
qu'est-ce qui vous faciliterait la tâche
actuellement, qui est le plus prioritaire pour vous? Est-ce qu'il y a un frein
dans votre fonction puis dans le mandat que vous avez à tous les jours? Est-ce qu'il y a des éléments qui sont
pour vous essentiels que vous êtes capables de nous... Au-delà du projet de loi n° 105, là,
qu'est-ce qui vous faciliterait la vie? Excusez mon langage, ça s'en vient, je
vais en venir à bout après un an, là,
mais... Qu'est-ce qui vous faciliterait la vie? Vous avez le ministre qui est
là devant vous, puis moi, c'est
toujours important, quand on vient dans une commission parlementaire, on a
l'occasion d'exprimer, oui, sur le projet de loi, mais vous avez
l'occasion aussi d'exprimer dans une façon plus large, là, ce qui pourrait,
dans le fond, vous faciliter la vie dans votre quotidien.
M. Blackburn (Éric) : Bien, écoutez, je pense que... Puis on ne peut pas être contre la
vertu, mais c'est certain que, si on
pouvait continuer à travailler sur une réduction importante de la bureaucratie
à tous les niveaux, ça nous accorderait davantage de temps pour continuer de nous préoccuper de notre première
intention éducative, c'est-à-dire de s'assurer d'augmenter les niveaux
de réussite des élèves. Ça, c'est un élément de préoccupation.
Un
deuxième, c'est qu'on puisse s'assurer également qu'on puisse avoir toute la
latitude, sans frein pour faire des choix qui répondent le mieux
possible aux besoins des élèves. De s'inscrire dans des démarches où on a
toujours des enveloppes dans des silos sur
lesquelles on n'a à peu près plus ou pas de pouvoir, mais qui ne répondent pas
nécessairement aux réalités des milieux
parce que, d'une communauté à une autre, les besoins peuvent différer en termes
de réponse aux besoins des élèves, des caractéristiques, de la place que le milieu peut jouer pour répondre à certains
besoins, ça, ce sont des contraintes
qu'on souhaite... qui, à long terme, pourront s'atténuer, même si on sait qu'il y a
des travaux qui se font pour faire en sorte de mettre un peu plus de gris à
l'intérieur de tout ça. Si j'avais
deux choses, deux souhaits : la réduction de la bureaucratie et nous donner davantage de latitude pour
répondre aux besoins des élèves sur le plan local. Peut-être que monsieur, si vous me
permettez...
M. Bernard (Michel) : J'en ajouterais un troisième, si vous permettez, et ça a déjà été
évoqué à l'équipe sous-ministérielle, c'est la budgétisation
pluriannuelle. Les gens, ils ne sont plus capables, dans les milieux, d'avoir
tantôt des ressources une année... On met
des ressources, on met en place des initiatives. L'année d'après, plus
d'argent, on enlève les ressources.
Alors, ça démobilise les gens de manière significative. Alors, si on pouvait
avoir des budgets sur trois ans... On
comprend bien que c'est un défi gouvernemental aussi, là. Mais, si on pouvait
avoir une base budgétaire sur trois ans, ça serait beaucoup plus aidant
pour mettre en place des initiatives pour la réussite des élèves.
Mme Léger :
Merci. Et maintenant, dans le projet de loi n° 105... est-ce que ces trois éléments-là peuvent se
retrouver dans le projet de loi n° 105?
M. Blackburn
(Éric) : Bien, moi, je pense qu'il y a de l'espace pour qu'on puisse
se retrouver dans le projet de loi
n° 105 parce qu'il y a quand même beaucoup moins d'enjeux qu'on aurait pu
en retrouver dans le projet de loi n° 86, ce qui fait qu'à mon avis on devrait être en mesure de pouvoir faire
évoluer d'une façon positive la situation de la réussite des élèves.
Explicitement, ce serait difficile de répondre à votre question, mais je crois
que les mécanismes de communication qui se
mettent en place présentement et la dynamique qui vient avec, le nouveau
souffle, là, où on... Je disais
tantôt : Le brassage des structures, on les a mises de côté. Je pense que
ça va nous permettre d'avoir des rendez-vous où on va se retrouver puis
on va pouvoir travailler ensemble dans le bon sens.
M.
Tardif (Yvan) : Les trois éléments que les collègues ont nommés qui
nous donneraient davantage d'espace...
Mme Léger : Je pensais que
vous en aviez nommé un quatrième, vous, là.
M. Tardif
(Yvan) : Non, bien, je suis en train de vous dire simplement qu'à
votre question le projet de loi n° 105 ne nuit en rien à
l'évolution de ces trois attentes-là.
Mme Léger :
O.K. Vous dites à la page 4 de votre mémoire : «Dans le même esprit, nous
recommandons que l'évaluation périodique du projet éducatif soit
également acheminée à la commission scolaire afin de permettre à la direction
générale de faire les interventions pertinentes...» Qu'est-ce que vous voulez
dire?
M.
Blackburn (Éric) : Bien,
tout simplement qu'on veut se garder le droit de regard afin de s'assurer que
ce qui se fait dans l'école, ce sont
les bonnes choses de la bonne façon. Parce que la reddition de comptes, si je
me souviens bien, là, elle n'est pas
envers la... On veut s'assurer que la direction générale puisse, le cas
échéant, être informée puis puisse intervenir
dans l'éventualité où on s'écarterait des priorités qu'on s'est données pour
répondre aux besoins des élèves. Ça ressemble à ça, Michel?
Mme Léger : Comment vous
voyez ça? Comment vous le voyez dans le projet de loi?
M. Bernard
(Michel) : Je compléterais
en vous disant que c'est un processus dynamique, ce qui fait que le
projet de loi ne prévoit pas que
l'évaluation est acheminée à la commission scolaire actuellement. Mais nous, on
dit : Si la direction générale peut intervenir, influencer dans
cette dynamique-là pour que le plan d'engagement vers la réussite puisse
atteindre ses objectifs, bien, il faut avoir l'évaluation du projet éducatif
sur un moyen terme. Sinon, on n'aura pas connaissance
des résultats qui ont été réalisés par les différentes initiatives d'un
établissement, par exemple. Donc, on veut recevoir l'évaluation pour
être capables, dans le cadre de la supervision, d'intervenir.
Mme Léger : Je ne suis pas
sûre que les directions d'établissement aiment ça, là.
M. Blackburn (Éric) : Vous
permettez, en complément?
Mme Léger : Oui.
M.
Blackburn (Éric) : Dans le
fond, on est dans une démarche, vraiment, d'amélioration continue et d'accompagnement, comme ça se fait présentement.
Peut-être pas nécessairement également dans toutes les commissions scolaires, mais les mécanismes de supervision se
font en lien avec les priorités que l'école se donne à l'intérieur de
son projet éducatif, s'assurer que les
personnes en place aient les bonnes compétences, aient les outils pour qu'on
fasse nos devoirs, et, sinon, qu'on
puisse leur donner ces ressources-là, le cas échéant. Donc, comme Michel disait
tantôt, c'est un processus dynamique
qui est un aller-retour dans une relation d'affaires entre la direction
d'établissement puis la direction générale
où on se donne un rendez-vous pour être certains qu'on travaille sur les bonnes
affaires puis qu'on a ce qu'il faut pour le faire, dans le fond.
• (16 h 30) •
M. Tardif (Yvan) : C'est un objectif
de cohérence entre l'ensemble des établissements et les services de la
commission scolaire. On veut s'assurer que les actions qui partent de la
commission scolaire sont là avant tout pour répondre
aux besoins des établissements. Peu importe le rôle qu'on joue à la commission
scolaire, l'objectif est d'agir le plus
près possible de la classe. Alors, l'objectif est un objectif de cohérence
entre l'ensemble des établissements, le plan d'engagement vers la
persévérance, puis il y a aussi, évidemment, dans le respect du plan stratégique que le ministère va nous donner.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste une minute, Mme la députée.
Mme Léger :
Je comprends les explications, mais c'est sûr que la dynamique qu'on a mise
dans le projet de loi précédent, les intervenants, c'était :
Décentralisons, donnons plus de soutien, d'aide, et que les décisions puissent
se prendre dans les établissements scolaires. Ça fait que, votre explication,
je la comprends mieux, mais c'est sûr que la dynamique est contraire, là.
M.
Blackburn (Éric) : Je vais
vous dire qu'on achète, hein, ce principe-là de ramener les décisions le plus
près possible des élèves. Et je vous dirais
que, quand on regarde, on a un petit clin d'oeil sur le niveau de dépenses
administratives des commissions
scolaires, qui est autour de 4 %, on comprend que les ressources sont dans
les écoles à 4 %. Maintenant, la façon
dont ça se passe, dont la relation s'établit, je pense qu'il y a de la place à
amélioration partout, mais je pense que les efforts sont faits vraiment
pour se rapprocher le plus possible des élèves.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Blackburn. Alors, c'est
fini, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, désolée. Alors, on va passer du côté du deuxième groupe de l'opposition,
et je cède la parole à M. le député de Chambly pour six minutes et
quelques secondes.
M. Roberge : Merci. Merci
beaucoup pour votre présentation. Une petite question sur la composition du
comité de répartition des ressources. On
précise ici : La commission scolaire doit instituer un comité de
répartition des ressources formé d'au
moins 15 membres, dont le D.G. Puis, après ça, on dit : Bon, bien, ça va
être en majorité des directeurs d'école, puis là on précise. Donc, on dit qui doit être sur le comité de
répartition des ressources dans le projet de loi, on ne dit pas qui ne doit pas y être. Vous, vous voulez dire qui
ne doit pas être là parce que je vois, à la page 23, vous dites :
«Qu'il soit précisé que les "membres" de ce comité [...] soient
exclusivement des gestionnaires...» Donc, ça veut dire pas des enseignants, pas des parents, pas des
psychologues. Pourquoi vouloir préciser qu'il n'y ait pas de praticiens sur le
comité de répartition des ressources?
M. Blackburn
(Éric) : Vous permettez?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y, M. Blackburn.
M. Blackburn (Éric) : Dans un principe de bonne gouvernance exclusivement. Écoutez, c'est
dans... tous les comités, dans le fond, à caractère administratif sont
meublés, je vais le dire, sont composés de gestionnaires dans une commission scolaire ou dans quelque structure que
ce soit. Ça ne veut pas dire que les besoins ou les préoccupations des autres membres du personnel ne sont pas
considérés, mais, quand on donne des responsabilités de cette nature-là à
un comité, il faut que les personnes qui sont assises autour de la table
puissent être imputables des décisions et des choix qu'elles feraient. Je ne vois pas comment un autre employé qui n'est pas
un administrateur, sur lequel — je vais le dire comme ça — la direction générale n'a pas de pouvoir
d'agir, n'est pas dans une relation d'affaires ou d'autorité... comment
ce groupe-là pourrait être imputable de ses choix dans un contexte comme
celui-là. Ça fait que c'est strictement par souci
d'efficience qu'on veut s'assurer que ce soit un comité à caractère
administratif comme tous les autres comités de nature comparable.
M. Roberge :
Merci. Vous parlez ensuite, toujours concernant le comité de répartition des
ressources... la recommandation 9, vous
dites : «Que soit retirée la disposition prévoyant de confier au comité de
répartition des ressources le mandat
de recommander au conseil des commissaires l'affectation des surplus
budgétaires annuels des établissements.» En gros, là, vous voulez qu'on
fasse quoi avec les surplus? Supposons qu'on démêle ça...
M. Blackburn
(Éric) : Vous me permettez?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...
M. Blackburn (Éric) : Alors, très simplement, on pose la question des surplus, qu'est-ce
qu'on fait des déficits, le cas
échéant, des établissements, premièrement. Et, deuxièmement, on faisait un
petit clin d'oeil tantôt à la présentation, les PCGR, les principes comptables généralement reconnus, ce qu'il faut
savoir, je le disais tantôt, une commission scolaire, ça a un compte de banque. Ça n'en a pas 57, ça en
a un. L'ensemble des budgets sont répartis, mais c'est un compte de banque. Ce qui fait que les surplus et/ou les
déficits de chacune des unités administratives, écoles, centres ou
services, font partie intégrante du budget
de la commission scolaire, qui, lui-même, fait partie intégrante du budget du
gouvernement, hein? C'est à l'intérieur du périmètre comptable.
Il
y a déjà des règles qui existent quand on fait référence aux PCGR, entre
autres, où une commission scolaire ne peut
pas s'approprier son surplus comme elle voudrait et en disposer comme elle le
voudrait. Il y a des règles, annuellement, que le gouvernement va décider, va décréter à l'intérieur des règles
budgétaires, des paramètres financiers qui vont nous autoriser parfois à
en utiliser une partie ou en tout des surplus. La règle est la même, je ne
pourrais pas confier à un comité de décider
du surplus d'une école sans respect de cette règle-là d'abord et sans prendre
en considération ce que cette école-là aurait pu vouloir faire avec ce
surplus-là, hein?
Qu'est-ce
qui me dit que cette école-là n'avait pas un projet, qu'elle se ramassait des
sous et qu'elle voulait le réinvestir
dans un projet de cour d'école ou autre? On voit mal comment une personne
pourrait décider arbitrairement de comment on va utiliser le budget de
mon collègue d'à côté, ça place les gens dans une drôle de situation.
M.
Roberge : Bien là, justement,
c'est là où je m'en vais, là, parce
que je me demandais, justement,
on fait quoi des surplus, là. Vous
m'avez perdu un peu, mais, à la fin, vous m'avez rattrapé quand vous avez
dit : Si une école avait un projet...
Parce qu'on dirait que les écoles
sont gérées comme si elles fermaient à chaque année. Tu sais, on
commence, on a de l'argent. À la fin, il ne
reste plus rien. Puis, s'il reste de l'argent, vite, vite, vite, dépense-le,
là, c'est sale. Dépense ça, là, il ne faut pas avoir de surplus.
Or,
les écoles, fort heureusement, durent d'une année à l'autre. L'idée qu'une
école ne fasse pas un surplus, mais ait
un projet à financer sur deux, trois ans, est-ce que c'est pour vous quelque
chose d'acceptable? On peut changer le nom
de «surplus» puis dire «somme affectée à un projet». Donc, l'idée d'avoir une
espèce de projet ou de budget pluriannuel puis de savoir que la
commission scolaire ne va pas venir le chercher pour éponger le déficit de
l'autre école à côté, est-ce que c'est
quelque chose... Parce que ce n'est pas un projet de loi carrément, mais est-ce
que c'est quelque chose d'envisageable pour vous? Est-ce que c'est
quelque chose de souhaitable?
M. Blackburn
(Éric) : C'est déjà comme ça. C'est déjà comme ça.
M. Roberge : Il faudrait le dire aux
écoles.
M.
Blackburn (Éric) : Oui.
Bien, dans une école présentement, il y a des budgets qui sont à destination
spéciale, qui sont protégés parce qu'ils
sont là pour être capable de réaliser une activité très, très, très précise. Et
ces budgets-là sont protégés pour l'école année après année, c'est déjà
possible dans les règles actuelles.
M. Roberge : O.K. C'est possible
dans les règles...
M. Blackburn (Éric) : C'est des
fonds à destination spéciale, qu'on appelle.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste 40 secondes, M. le député de Chambly.
M. Roberge : Je prendrai ces 40
secondes pour interpeler le ministre pour que ça ne soit pas possible, mais encouragé, prévu, planifié et écrit dans les
articles de loi, pour que les équipes-écoles puissent avoir une vision à
moyen et long terme. Je ne vous parle pas de
se faire des fondations, puis d'accumuler des budgets, puis des surplus à ne
plus finir, ce n'est pas dangereux,
mais on voit que c'est possible par des fonds à destination spéciale. Mais
c'est possible seulement si, quelque
part, la commission scolaire, je pense, on l'autorise, puis je ne suis pas sûr
que c'est possible dans les 72 commissions scolaires. Je n'ai pas vu d'article de loi qui le prévoit, je pense
qu'il faudrait faire un aménagement pour que ce soit possible. Et je
vois qu'ils ne sont pas nécessairement contre, ils disent que c'est possible
puis que peut-être je m'attaque à un faux problème, mais...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. Merci beaucoup. Alors, je remercie l'Association des
directions générales des commissions scolaires pour votre présentation.
Je suspends
quelques instants pour permettre à l'Association québécoise des cadres
scolaires de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 38)
(Reprise à 16 h 42)
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, la commission reprend ses travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! Je
demanderais que vous preniez place, s'il vous plaît. Merci.
Alors, je
souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association québécoise des cadres
scolaires. Merci d'être parmi nous.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation,
et, par la suite, on passera à une
période d'échange entre les élus. Je vous demanderais juste de vous identifier
pour les fins d'enregistrement, et, par la suite, vous pouvez commencer
tout de suite votre présentation. Alors, la parole est à vous.
Association québécoise
des cadres scolaires (AQCS)
Mme Ledoux
(Anne) : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. M. le ministre, mesdames et messieurs les membres de la
commission, mesdames et messieurs du ministère, je me présente, Anne Ledoux,
présidente de l'Association québécoise des
cadres scolaires. Merci de nous recevoir aujourd'hui dans le cadre de ces
consultations particulières sur le projet de loi n° 105.
Pour
l'occasion, je suis accompagnée de M. Mario Champagne, vice-président, à ma
droite, et de M. Jean-François Parent, directeur général de
l'association, à ma gauche.
L'Association
québécoise des cadres scolaires représente plus de 2 200 membres dans
l'ensemble des commissions scolaires
du Québec. Elle rassemble, protège, soutient, informe et représente aussi bien
des cadres dirigeant les établissements scolaires que ceux travaillant dans les différents services
administratifs des commissions scolaires. Au quotidien, les cadres scolaires se présentent en ressource indispensable
et posent les premiers jalons de la réussite. Ils coordonnent l'ensemble des ressources pour permettre aux
enseignants de se concentrer là où ils excellent, c'est-à-dire enseigner, et aux directions d'établissement d'offrir des
services pédagogiques de grande qualité.
D'entrée de jeu, l'association constate que le projet de loi n° 105
est beaucoup mieux arrimé avec la réalité et les particularités
du réseau de l'éducation que le précédent projet de loi n° 86. Un réseau
certes perfectible en quête de stabilité, mais qui demeure néanmoins un
précieux actif sur lequel il faut capitaliser.
Si nous accueillons plus favorablement le projet
de loi n° 105, nous y décelons, tout de même, quelques incohérences et ambiguïtés auxquelles il faut
remédier. D'abord, nous saluons la
volonté exprimée par le ministre de mettre de côté le débat entourant les
structures pour miser sur la réussite éducative. À cet égard, nous sommes
d'avis que le gouvernement devrait enchâsser
la réussite éducative dans la mission même des commissions scolaires, soit à
l'article 207.1 de la loi.
Le projet de
loi introduit le comité de répartition des ressources, une nouvelle instance
déjà présente sous d'autres formes au
sein de plusieurs commissions scolaires. Cela dit, la notion de ressources
étant très large, le projet de loi devrait spécifier expressément les ressources dont il est question. Sur la
composition du comité de répartition des ressources, il est impératif
qu'il demeure essentiellement composé de gestionnaires. De toute façon, les
instances politiques auront toujours le pouvoir
ultime d'entériner ou non les recommandations qui en découleront. Pour éviter
toute ambiguïté, il est proposé de
remplacer, à l'article 193.2, la notion de «membre» par «gestionnaire du réseau
scolaire», ce qui inclut les directions d'établissement, la direction
générale et les cadres scolaires.
Si
le projet de loi est exhaustif sur la désignation de certains de ses
membres — majorité
de directions d'établissement,
présence du directeur général et du responsable des services éducatifs pour les
élèves EHDAA — il
est, en revanche, totalement muet sur le
sort de ceux qui détiennent l'expertise sur les ressources : les
directions de service.
Nul besoin de
rappeler que les cadres scolaires ont un portrait documenté des besoins, et
leur vision périphérique est exempte
de tout intérêt propre à une école ou à un ordre d'enseignement, ce qui les
rend aptes à évaluer les impacts de certaines décisions pour
l'organisation. De surcroît, et sans jamais sacrifier le principe voulant que
le comité soit constitué d'une majorité de
membres issus des directions d'école ou des centres, il nous apparaît qu'une
composition d'au plus 15 membres est insuffisante pour assurer une
représentation adéquate des différents services. En conséquence, l'article 193.2 devrait être modifié pour laisser
à chaque commission scolaire le soin de déterminer le nombre optimal des
membres gestionnaires et assurer une représentation de toutes les expertises
des directions de service.
Aussi, bien
que le comité de répartition de ressources soit composé d'une majorité de
directions d'établissement, l'AQCS juge que ses recommandations doivent
faire l'objet d'une présentation à l'ensemble des autres directions
d'établissement et de service réunies autour du comité consultatif de gestion.
Autrement, on passera d'un mode où l'ensemble
des directions étaient consultées à une formule où seulement quelques-unes
désignées par leurs pairs auront voix au chapitre.
Maintenant, sur la délégation de pouvoirs, il
est vite apparu que l'article 24 soulevait d'importantes questions en matière
d'imputabilité. Selon nous, la possibilité de déléguer des pouvoirs de la
commission scolaire à un conseil d'établissement et au comité de répartition
des ressources ne respecte pas l'esprit de la Loi sur l'instruction publique. Aussi, les pouvoirs délégués doivent s'exercer
sous la responsabilité d'une personne imputable, laquelle ne peut être
que le directeur général. En conséquence,
l'AQCS demande donc à ce que le conseil des commissaires leur délègue non
pas des pouvoirs, mais puisse plutôt leur confier des mandats.
D'autres aspects de la loi méritent qu'on s'y
attarde de façon plus pointue. Étant donné la plus grande décentralisation que prévoit ce projet de loi
envers les établissements, l'association croit, dans un souci de cohérence
et d'imputabilité, que la commission
scolaire doive s'assurer que l'ensemble des projets éducatifs soient arrimés
avec son plan d'engagement vers la réussite.
Également, le
projet de loi prévoit à l'article 47 que le ministre élabore un guide relatif
aux pratiques de gestion décentralisée.
Si l'AQCS voit dans la gestion décentralisée un objectif fort louable, elle
fait remarquer que les orientations contenues
dans le guide ne devraient jamais être l'apanage d'une vision centralisée. Les
associations gravitant dans le réseau
de l'éducation doivent participer à la réflexion préalable et à la rédaction du
guide au sein d'un comité dûment créé.
Sur le plan
budgétaire, des contraintes temporelles placent les commissions scolaires dans
une situation où elles doivent
débuter la répartition des ressources sans connaître les enveloppes qui leur
sont consacrées. À titre d'exemple, les règles budgétaires 2016‑2017 ont été communiquées le 29 juin dernier,
quelques heures seulement avant que les établissements ferment pour la période estivale. À ce chapitre, l'AQCS
recommande, d'une part, de devancer le calendrier de diffusion des
règles budgétaires pour permettre aux instances de la commission scolaire de
procéder plus tôt aux orientations annuelles
et, d'autre part, de concilier les budgets de manière optimale. Le gouvernement
pourrait établir les principales
règles sur une période de trois ans, quitte à faire de légères révisions
annuelles afin de se donner une prévisibilité à plus long terme.
Au chapitre
de la reddition de comptes, l'AQCS constate qu'elle s'apparente davantage à une
simplification qu'à une réelle
réduction. Au fil des ans, malgré les efforts en la matière, on constate que la
reddition de comptes demeure très exigeante. C'est d'ailleurs au
chapitre des services éducatifs que l'exercice est particulièrement laborieux.
Plus d'une trentaine de redditions de comptes leur sont réclamées. Nous
recommandons que le comité qui se pencherait sur le guide de la gestion
décentralisée aborde également cette question.
Par ailleurs, nous prenons acte de la volonté
gouvernementale de décentraliser des décisions et de transférer directement aux établissements certains pouvoirs
et ressources. Or, avec cette décentralisation viennent inévitablement
des responsabilités. Voilà pourquoi cette décentralisation doit s'accompagner
d'une reddition de comptes conséquente. Autrement
dit, une commission scolaire peut difficilement faire une reddition de comptes
sur des ressources qui n'ont pas été transitées par elle.
• (16 h 50) •
Il est aussi
question de moderniser certaines règles quant à la présence des membres des
conseils d'établissement et de les
arrimer à celles du conseil des commissaires, comme le prévoit l'article 23. Ce faisant, ils pourraient, eux aussi,
participer aux séances à l'aide de moyens de
communication à distance. Cette mesure favoriserait le quorum, qui, à
défaut de l'obtenir, peut entraîner le
report de décisions et d'orientations nécessaires au bon fonctionnement des établissements. De plus, nous croyons que les mêmes
règles d'assiduité demandées aux membres du conseil des commissaires
devraient s'appliquer aux membres siégeant sur le conseil d'établissement.
En terminant,
les cadres scolaires du Québec sont des agents de changement. Axés sur les
résultats et soucieux que les ressources
soient investies au bon endroit et de façon efficiente, ils sont un vecteur important
dans la mise en place des conditions
de réussite. Les tâches que nos membres accomplissent sont névralgiques et
commandent de la rigueur, du doigté et une connaissance approfondie qui
confèrent à cette expertise une valeur insoupçonnée.
Cette pièce
législative apporte de nouveaux leviers, présente des objectifs
et une vision renforcée, mais surtout elle
renouvelle la confiance de l'État envers des partenaires de la réussite, les commissions scolaires. Rappelons ici que ces instances sont
reconnues pour leurs frais de gestion parmi les plus bas des réseaux public et
parapublic.
Ce mémoire mise sur une approche collaborative,
la même qui a toujours teinté les actions de l'Association québécoise
des cadres scolaires. Résolument pragmatique, il s'inscrit dans l'intérêt des
élèves et de la société
québécoise. Cela dit, il prend assise sur
l'expertise des cadres scolaires, combinée à cette connaissance profonde d'un réseau auquel ils contribuent
sur une base quotidienne. En tout temps, le gouvernement et les parlementaires
trouveront en l'AQCS un précieux partenaire avec lequel ils pourront faire
équipe afin de rendre nos établissements scolaires toujours plus performants,
d'endiguer le décrochage et de rehausser la réussite éducative. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Ledoux. Alors, on va passer la parole à M. le ministre pour une période d'échange
d'environ 16 minutes.
M. Proulx : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci beaucoup de votre présence aujourd'hui. Merci pour votre
mémoire, c'est très clair. J'avais quelques questions, bien entendu.
D'abord,
sur votre première recommandation, ce n'est pas inintéressant, vous dites qu'il faut
inscrire nommément les ressources
qui font l'objet de discussions au sein du comité de répartition des ressources.
Ce n'est pas fou. Trêve de blagues,
est-ce que vous le dites parce que vous souhaitez que
ce soit encadré au point où on ne puisse pas donner des mandats autres
localement? Est-ce que vous le dites ainsi parce que vous avez des enjeux et
vous voulez vous assurer qu'il y ait des
choses qui ne soient jamais traitées par la commission de répartition des ressources? Peut-être juste me donner un
peu plus d'information sur votre première recommandation.
M. Parent (Jean-François) : Oui.
Alors, je vais répondre à votre question. Lorsqu'on lit, du côté du projet de loi, l'article 31, au niveau de 193.3, il y a
une certaine ambiguïté sur les ressources. On se demande s'il s'agit de
toutes les ressources éducatives ou des
ressources éducatives qui sont consacrées aux services complémentaires. Il y a
également une phrase qui dit dans cet
article : «Le comité peut ajouter à la concertation la répartition
d'autres services professionnels, en
sus des services éducatifs complémentaires.» Donc, de quels services
professionnels s'agit-il? On est allé à se poser la question : Est-ce qu'il s'agissait, par
exemple, des services professionnels associés aux ressources matérielles? Donc,
ce n'est pas très clair pour nous.
Et on observe
également... J'attirerais votre attention sur l'article au niveau du projet de
loi... C'est l'article 261, alors
c'est l'article 40 de votre projet de loi où on dit que... Et l'article 261 de
la Loi sur l'instruction publique concerne les plans d'effectifs, et on
dit qu'au niveau des plans d'effectifs, des recommandations du comité de
répartition des ressources faites en
application... donc, on comprend, en plus, que le comité de répartition des
ressources peut se pencher sur les
plans d'effectifs. Alors, les plans d'effectifs, vous comprendrez que c'est
tous les effectifs de la commission scolaire. Donc, pour nous, il y a
une certaine ambiguïté ici. Et, pour éviter que certaines commissions scolaires
donnent un sens plus large, d'autres, un
sens plus restreint, et que ça génère un peu d'insatisfaction, ce qu'on vous
suggère, c'est d'être un peu plus précis là-dessus.
M. Proulx
: Merci beaucoup. J'entends bien.
J'ai bien compris votre recommandation 2, sur de qui devrait être composé le CRR. Vous parlez des grands absents,
qui sont les directions de services.
Je l'entends bien, ce n'est pas la première
fois que c'est évoqué. Il y a une expertise, je comprends, chez les
directions de service. Le projet de
loi n'empêche pas la possibilité que
les directions de service soient présentes autour de la table des comités de
répartition des ressources, à moins que je me trompe.
Ma question,
c'est : Est-ce que vous souhaitez qu'ils soient nommément présents ou
votre recommandation 2, qui dit : Il faut que ce soit seulement
des gestionnaires le sous-entend ou bien exclut... J'essaie juste de le
replacer à l'égard de la proposition parce que vous, vous dites : La composition ne devrait pas être
celle que vous proposez ou, en tout
cas, à l'intérieur des balises que vous mettez de l'avant, mais vous
dites : Il ne faut pas oublier les directions de service. Peut-être juste
m'expliquer où est-ce que vous vous situez par rapport à ça.
M. Parent
(Jean-François) : À l'heure actuelle, ce qu'on comprend, au niveau du projet de loi, c'est que les très petites commissions
scolaires peuvent avoir un comité de
répartition des ressources qui, dans les faits, est le CCG, le comité
consultatif de gestion. Si vous regardez au niveau de la Loi sur l'instruction
publique, au niveau du CCG, il est bien indiqué
qu'il s'agit là des gens qui sont le directeur
général, les directions d'établissement, et on précise également
de membres du personnel-cadre de la commission scolaire. Donc, la commission scolaire
des Îles-de-la-Madeleine ou celle du
Lac-Témiscamingue, qui pourraient décider de substituer leur CCG pour qu'il
devienne CRR, les cadres ont une place nommément là, dans ces
milieux-là, alors que, du côté d'une commission scolaire qui est un peu plus
grande, ce n'est pas indiqué.
Donc,
ultimement, ce que ça pourrait signifier, c'est qu'on a deux poids, deux
mesures, et, dans certains milieux, le
CCG ou le comité de répartition des ressources ont des cadres de service qui en
font partie systématiquement, puis, dans d'autres milieux, bien, la composition pourrait faire en sorte qu'ils
n'y soient pas parce que c'est une décision qui se prend à l'interne. Donc, nous, ce qu'on dit, c'est:
Assurons-nous d'avoir des conditions égales dans les deux types de
structures, soit les très petites commissions scolaires et les plus grandes.
M. Proulx : Vous avez...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le ministre.
M. Proulx : Mme la Présidente, vous avez
une recommandation similaire aux directeurs généraux des commissions scolaires
à l'égard d'un passage ou d'un chemin par le comité consultatif de gestion,
j'ai bien noté cela. Vous parlez de mandats
au lieu de pouvoirs. Pouvez-vous m'expliquer un petit peu plus clairement ce
que vous souhaitez?
M.
Parent (Jean-François) :
Oui. En fait, il s'agit ici, dans le contexte, de dire : On a une
délégation de pouvoirs. Là, je veux juste m'assurer que je comprends
bien votre question parce que ce qu'on comprend de notre cinquième recommandation, c'est qu'il pourrait y avoir des
délégations de pouvoirs au comité de répartition des ressources et il
pourrait y avoir des délégations de pouvoirs
aux conseils d'établissement. Et, nous, ce qu'on dit au niveau d'une délégation
de pouvoirs, c'est : Faites attention à
ça parce que déléguer un pouvoir à un comité, c'est personne puis c'est tout le
monde à la fois. Le seul comité qui a des
pouvoirs délégués dans les commissions scolaires — je pense que c'est la même chose dans
les villes — c'est le comité composé d'élus, le comité
exécutif. Donc, au niveau du conseil d'établissement, la Loi sur l'instruction
publique, au niveau des articles 74 à 95, spécifie bien les pouvoirs du conseil
d'établissement.
Alors, ce
qu'on dit, c'est : Si le législateur a l'intention de leur confier des
pouvoirs, bien, qu'il le précise au sein de ces articles-là. Puis, concernant le comité de répartition des
ressources, bien, nous, on voit davantage des mandats qui pourraient lui être confiés. Des pouvoirs, ça nous
apparaît, pour un comité naissant, un peu généreux pour le moment. On pense qu'il faudrait y aller avec un mandat qui a
un début, qui a une fin. Par exemple, des commissaires qui disent :
Bon, qu'en est-il des services qui sont
offerts aux élèves qui sont TSA, trouble du spectre de l'autisme, par exemple?
Donc, ça, ça pourrait être un mandat qui est confié, puis il y a un début puis
une fin.
M. Champagne (Mario) : À cet
égard-là, on s'est aussi inspirés...
M. Proulx : Allez-y.
M.
Champagne (Mario) : Si vous permettez, il y a quelques années, au
niveau des conseils des commissaires, la loi a créé trois comités : le comité gouvernance et éthique, le
comité des vérifications et ressources humaines. À l'intérieur de la loi, on y a spécifié un rôle bien
particulier, et le conseil peut également élargir les mandats de ces trois
comités-là. Alors, on s'est inspirés
de ces trois comités-là du conseil pour dire : Pourquoi on n'appliquerait
pas les mêmes principes, pour le
comité de répartition des ressources et le conseil d'établissement, de confier
des mandats, et non pas des pouvoirs?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. Champagne. M. le ministre.
• (17 heures) •
M. Proulx
: Vous parlez, dans le cas de la
recommandation 7 ou 8, là, si ma mémoire est bonne — puis je suis à la page 8, oui, c'est ça, de votre mémoire — de la reddition de comptes. Vous avez dit,
madame, dans votre présentation que
la reddition de comptes est plus lourde. Vous dites : On fait une
simplification, un pas dans la bonne direction, mais on ne fait pas suffisamment une réduction de la
reddition de comptes. Et là vous dites
dans le mémoire pire encore, un peu de... Je veux
participer à un petit moment d'autoflagellation à l'égard de l'organisation,
vous dites : Et il n'y a pas de rétroaction à l'égard du ministère de
l'Éducation. J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Parent
(Jean-François) : D'abord,
au niveau de la reddition
de comptes, nous comprenons que vous
avez vos obligations. C'est-à-dire que vous
confiez l'argent, vous voulez savoir où ça s'en va, et je pense que c'est
fondamental que vous le sachiez. Ça, on
partage ça. Et on salue, d'ailleurs, l'effort qui a été fait par le ministère
pour réduire, mais on pense que, si
on s'assoit ensemble, par exemple, au
niveau du guide sur la
décentralisation, on pourrait bien comprendre mutuellement vos obligations et les nôtres, et je pense que c'est par là
qu'on pourrait bien fonctionner, et pour réduire... En particulier, du côté des services éducatifs,
là, on a recensé plus d'une trentaine — là,
c'est un tableau qui a été réalisé par
votre ministère — de
redditions de comptes. Les services des ressources technologiques et aussi
matérielles sont très touchés. Donc, on se dit : Bon, bien, ce
serait intéressant de travailler avec vous.
Et, sur le
retour, pour répondre plus particulièrement à votre question, c'est : Bon, on vous donne
l'information sur la reddition de comptes, mais on ne sait pas, au
niveau de la commission scolaire pour laquelle on oeuvre, ce qu'on vous a donné, où on se situe, par
exemple, par rapport à l'ensemble du Québec,
et ça serait intéressant d'avoir un retour dans ce sens-là.
M. Proulx : Si vous me permettez, Mme la
Présidente, c'est intéressant, ce que vous dites à l'égard de la reddition de
comptes et, je vais dire, de l'effet, là. Tu sais, il y a-tu suffisamment de
réduction? Est-ce que c'est une simplification? Moi, c'est une préoccupation
j'ai eue dès le début. Et ça a été notamment discuté dans le cadre du projet de loi n° 86, et les gens avec qui
j'ai travaillé au ministère le savent bien, là, j'ai une préoccupation très
grande à cet égard-là. Un, est-ce qu'il y a de l'écoute et une attention
réelle qui est portée à l'égard de la reddition de comptes et une rétroaction?
Pour moi, il y a là quelque chose d'essentiel et d'important.
Deuxièmement — et puis je pense que Francis
Gauthier, qui est à côté de moi, me confirmait cela — jusqu'à
maintenant, en quelques années, il y a à peu
près 50 % moins de reddition de comptes qu'il y en avait avant. Alors, il
y a quand même un pas dans la bonne
direction de fait, ce qui peut peut-être expliquer que vous ayez l'impression
qu'il y a une plus grande
simplification que la réduction. Il y a un bout de chemin qui a été fait, et
c'était important qu'il en soit ainsi.
Mais
j'entends bien ce que vous dites parce que, s'il y a une raison pour laquelle
je pense qu'il est important d'aller de
l'avant avec la législation qui est proposée, il y a quelques points qui, pour
moi, sont importants. Celui d'aller de l'avant avec l'allégement de la reddition de comptes, sa simplification
m'apparaît essentiel. Et ça n'empêche pas les autres actions que peut poser le ministère, même qu'on peut
réfléchir ensemble dans le cadre de la politique sur la réussite
éducative ou d'autres travaux qu'on aura avec vous.
J'avais une question de perception — je
suis à la page 8 — et
c'est vraiment pour comprendre dans quel état d'esprit
vous êtes. Je suis avant votre recommandation 8, vous dites : «Nous
prenons acte de la volonté gouvernementale de décentraliser les décisions et de transférer directement
aux établissements certains pouvoirs et ressources. Or, avec cette
décentralisation viennent inévitablement des responsabilités. Voilà pourquoi
cette délégation de pouvoirs doit s'accompagner
d'une reddition de comptes conséquente, laquelle ne pourra être sous-traitée
dans la cour des commissions scolaires.
Autrement dit, une commission scolaire peut difficilement faire une reddition
de comptes sur des ressources qui n'ont pas transité par elle.»
Je comprends le texte. Ma question, c'est la suivante,
c'est : Quel est le soutien que vous apportez aux établissements dans le
contexte où, d'abord et avant tout — et je pense que c'est dans le
projet de loi, et ça devrait être comme cela — vous êtes tournés vers les
établissements, au service des établissements et des élèves? Alors, s'il y a décentralisation, s'il y a des pouvoirs, et
des sommes, et des ressources qui sont dirigés vers les établissements, je
veux juste m'assurer que ce que j'ai lu là
n'est pas perçu ou n'est pas indiqué comme étant de dire : Bien, si c'est
maintenant de leur responsabilité, excusez l'expression, qu'ils s'arrangent
avec, là.
M. Parent (Jean-François) : C'est
dit un peu crûment, si vous me permettez l'expression, effectivement...
M. Proulx : Non, mais écoutez, je...
Corrigez-moi, là.
M. Parent (Jean-François) : Il faut
comprendre qu'au niveau des services éducatifs — hein, je veux surtout parler de ce service-là parce que c'est celui qui
doit faire énormément de redditions de comptes — il y a déjà une trentaine de redditions de comptes, et les services
éducatifs travaillent déjà en étroite collaboration avec les directions
d'établissement lorsqu'ils ont des redditions de comptes sur certaines mesures
plus particulières.
Là, ce qu'on
comprend, c'est que, s'il y a des mesures qui s'en vont directement dans les
écoles sans transiter par les services
éducatifs, bien, vous comprendrez que les services éducatifs ne sont pas
nécessairement au courant de ce qui se passe dans l'école. Donc, on
comprend qu'à partir du moment où il y a quelque chose qui transite directement
dans l'école puis que c'est décentralisé à l'école, bien, la décentralisation
s'accompagne de la responsabilité qui va avec, c'est-à-dire l'imputabilité.
M. Proulx
: Mais, dans la mesure où il est impossible de diriger des ressources vers un établissement sans prendre le chemin de la commission scolaire, je veux vous entendre sur... votre intention, ça, vous le direz, mais
sur l'importance ou la capacité que
vous aurez à les soutenir dans une situation comme celle-là. Je m'explique. Il n'y a
pas d'autre chemin possible actuellement, dans le cadre législatif
dans lequel on est, que de voir les ressources quitter le ministère, se
rendre vers les commissions scolaires, être réparties de manière équitable
selon les besoins, selon les décisions ou selon les priorités et se retrouver
dans les établissements.
Alors, dans
ce contexte-là, j'essaie juste de voir comment vous allez pouvoir soutenir et
qu'est-ce qu'on devrait faire, ou
qu'est-ce qu'on devrait mettre en place, ou comment on peut faire en sorte de
s'assurer que... Je comprends bien qu'un établissement qui recevra des
sommes et qui aura la capacité de les dépenser ou de se doter de services ou de
ressources qui diffèrent d'autres, qu'il
aura une reddition de comptes à faire auprès de vous. Mais je veux juste
m'assurer que j'entends bien que, si ce
principe-là est complet et aboutit jusqu'au bout, c'est-à-dire dans les
classes, que tout le monde va être partenaire dans la démarche, si vous
me prêtez l'expression.
M. Parent
(Jean-François) : Je pense
qu'il faut bien s'entendre sur le «directement dans les écoles». Je
pense que c'est là où notre compréhension
mutuelle doit être bien précisée. J'ai cru comprendre dans votre question que
ça devait transiter par les services éducatifs. Si c'est effectivement
le cas, nous comprenons que nous aurons, comme cadres scolaires, un rôle plus
important à jouer en matière de reddition de comptes. Si l'enveloppe va
directement à l'école Les Prés-Verts, à
l'école aux Quatre-Vents, à l'école Dominique-Savio, là c'est là ou c'est autre
chose et c'est là, nous, où on veut
faire la nuance. Mais les cadres ont toujours été en soutien aux directions
d'établissement. On parle des services éducatifs,
mais les technologies, ressources humaines, transport scolaire, et tout le
reste, ça a toujours eu une approche très collaborative, là, avec les
directions d'établissement.
M.
Champagne (Mario) : La façon que je comprends, M. le ministre, c'est
comme si, pour moi, ce que vous me dites...
Pour moi, il y a deux choses, il y a de la reddition de comptes et il y a de
l'imputabilité. Je pense qu'effectivement, les commissions scolaires, on a toujours été là pour accompagner les
gens au niveau de la reddition de comptes. Quand tu as des allocations qui sont directement versées dans
les établissements avec des allocations ciblées pour des choses particulières, bien, quant à l'utilisation, ce
seront les écoles qui seront imputables. Pour moi, c'est différent, la reddition
de comptes et l'imputabilité, et je pense
qu'on sera toujours là pour accompagner au niveau de la reddition de
comptes.
M. Proulx : Je comprends, vous répondez
bien à ma question. Il me reste-tu une minute?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Non. Non, pas vraiment.
M. Proulx : Je voulais vous parler du
calendrier de diffusion des règles budgétaires, on le fera une autre fois.
Merci. Merci beaucoup de la participation.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Alors, je
passe du côté de l'opposition officielle. Alors, Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles, la parole est à vous pour 10 minutes.
Mme
Léger : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Madame.
Bonjour, messieurs. Je veux aller à la page... Dans le fond, votre... Attendez, quelle page? Bien, à la recommandation
2, particulièrement la notion de membre et la notion de gestionnaire, vous faites une grande précision. Bien, vous
précisez vraiment que vous préféreriez que ce soit «gestionnaire» que «membre». D'ailleurs, quand je
vois l'article 31, que la composition, vraiment, du comité de
répartition des ressources est formée de 15
membres, vous, vous parlez de 21 membres parce que vous voulez ajouter,
évidemment, les cadres, particulièrement, que vous représentez.
Parce que la
manière qu'il est fait, le projet de loi, 31, c'est vraiment choisi par... les
directeurs d'école, entre autres, et le centre sont choisis par leurs
pairs. Bon, leurs pairs, j'imagine que c'est l'ensemble des directions. Ce
n'est pas clair. O.K.? Pour moi, l'article
n'est pas nécessairement clair, et de votre côté non plus. Qui serait membre
dans les 21? Parce que vous ajoutez quand même six membres, donc
j'imagine que c'est six membres que vous considérez qu'ils sont des cadres ou
c'est vraiment par l'article 31 que les gens sont choisis par leurs pairs, dont
des membres qui sont des cadres scolaires?
• (17 h 10) •
M. Parent (Jean-François) : Bon.
Alors, première des choses, au niveau de cet article-là, nous proposons au plus 21 membres. Alors, pour nous, c'est un
maximum. Vous comprendrez que le comité de répartition des ressources pourrait être composé de moins de membres que ça, évidemment.
Du côté des directions d'école et de centre, nous, on est tout à fait
d'accord pour qu'elles soient majoritaires à ce comité-là. Ce qui nous
préoccupe, c'est la place des cadres au sein du comité et c'est également la
taille des commissions scolaires.
Vous comprendrez qu'au Québec on a une commission
scolaire qui est celle des Îles-de-la-Madeleine et celle du Lac-Témiscamingue — alors, l'est et l'ouest de la province — ces
deux commissions scolaires là ont aux alentours de 2 000 élèves. On a la commission scolaire de Montréal, qui en a 112 500. Vous comprendrez qu'au
niveau des directions de service les choses sont différentes aux Îles-de-la-Madeleine
qu'elles le sont à Montréal.
Il y a beaucoup
de cadres qui ont des cumuls de tâches dans les plus petites commissions scolaires, donc un cadre peut être directeur du service des finances et des ressources
matérielles, et on peut inclure le transport scolaire chez un autre. Alors, on peut avoir trois ou quatre
cadres, et quatre cadres pourraient être suffisants sur ce comité-là, par exemple, quatre cadres directeurs de
service.
Mais, pour la commission scolaire de Montréal, par
exemple, à 21, 11 directions d'établissement — et nous comprenons qu'ils
seront élus par leurs pairs, c'est-à-dire par les directions d'établissement,
ce qui nous apparaît tout à fait correct — alors,
à 11, on ajoute le directeur général, la personne qui est responsable des élèves handicapés et en difficulté — alors, ça, c'est bien indiqué — alors on est rendu à 13. Et on comprend que,
dans la direction générale, le directeur
général, qui est plus près des finances, normalement, serait là. Donc, 14. Ce
qui laisse sept places pour des cadres de service lorsqu'on est à, au
plus, 21.
Alors, quand
on regarde organisation scolaire, transport scolaire, ressources matérielles,
ressources humaines, secrétariat général, communications, ressources
matérielles et les services éducatifs, bien, on arrive à sept. Et il y a des déclinaisons qui sont un petit peu différentes
selon les commissions scolaires au niveau des titres, mais on pense qu'à
sept places on arrive, pour les grandes commissions scolaires, à représenter
les directeurs de service. Donc, c'est là pour nous, je vous dirais, là, un bon
morceau et qui serait une des principales recommandations de notre association.
Mme Léger :
Mais, si vous êtes dans une grande commission scolaire, vous avez aussi plus d'établissements, plus de directions.
M. Parent (Jean-François) : Tout à
fait.
Mme Léger : Alors, vous,
l'espace que vous donnez à 13, 14 membres ou peu importe, là, vous donnez tout
l'espace jusqu'à 21 particulièrement pour les cadres scolaires.
M. Parent
(Jean-François) : Non. Je
pense qu'ici il faut voir qu'à 21 on a 11 places pour les directions
d'école et de centre. Donc, ils sont
majoritaires. Par la suite, il faut laisser un peu de place pour la personne
qui est responsable des élèves
handicapés, deux membres de la direction
générale, ce qui fait en sorte qu'on est 14 déjà. Ils sont déjà 14, et il n'y a pas de direction de
service là-dessus. Donc, nous, ce qu'on dit, c'est : À, au plus, 21, il
pourrait y en avoir quatre, il pourrait y en
avoir cinq, six et sept, mais ça sera au milieu de décider du nombre approprié
de cadres de service qui pourront siéger sur ce comité-là. C'est ça,
notre principale recommandation.
Mme Léger : Et comment vous voyez le choix de ces... Mettons,
la partie des cadres de service, qui va choisir les cadres de service?
M. Parent
(Jean-François) : Là-dessus, c'est un peu comme le CCG, hein? Il faut
faire le parallèle avec les très petites
commissions scolaires puis les commissions
scolaires qui sont un peu plus
grandes, là. Alors, je pense que c'est quelque
chose qui, en fonction de la délégation de pouvoirs de la commission scolaire, appartiendra au directeur
général de déterminer. Alors, je pense que
c'est de cette façon-là que ça devrait se faire, puisque nous proposons également que ce soit un comité
administratif.
Maintenant, il y a une chose sur laquelle je
vais attirer votre attention, c'est au niveau des ressources. Tout dépendra de la définition que l'on donne au terme
«ressources». Si les ressources matérielles sont exclues de la
répartition des ressources, nous allons être
conséquents et cohérents avec nous-mêmes, nous ne demanderons pas que le
directeur des
ressources matérielles soit présent sur ce comité-là. Donc, il y a une base qui
est essentielle, puis c'est la définition du terme «ressources».
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y.
Mme Ledoux
(Anne) : Je vous donnerais
un exemple pratique. Si, pour le CRR, il y aurait une question par rapport à revoir l'offre de services pour les élèves EHDAA, ce serait fort important
et même impératif que les directeurs de service soient là pour pouvoir prendre une décision éclairée. Je vous donne un
exemple. Lorsqu'on regardait tout à
l'heure, mon collègue disait par rapport aux élèves TSA...
Et, si on veut regarder par rapport à l'offre de services TSA, à ce moment-là c'est important d'avoir quelqu'un pour regarder l'emplacement de
ces élèves-là pour regarder les coûts par
rapport aux transports que nous devrons mettre de l'avant, de regarder par
rapport aux installations, de regarder par rapport aussi aux accompagnateurs, donc aux ressources humaines.
Donc, c'est important, à
l'intérieur de ça, d'avoir une
représentation des différents directeurs de
service pour, justement, prendre une décision éclairée, et que ce
comité-là soit aussi efficient pour les décisions qu'ils ont à prendre.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la députée.
Mme Léger : Donc...
M.
Champagne (Mario) : ...du
CCR en cohérence. L'article 183, où on vient définir qui sont les membres
du comité consultatif de gestion, la présence des cadres scolaires, elle est vraiment
formalisée. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il
faudrait formaliser cette présence des cadres scolaires là qui détiennent une
expertise, et on sait que, dans le projet de loi, c'est la commission scolaire qui l'institue, le comité de répartition des ressources. On est d'accord
avec le principe que ce soit une
majorité de directions d'établissement, mais formalisons au niveau de la présence de
cadres scolaires, et, à ce moment-là, la commission
scolaire ou le directeur général à qui sera délégué le pouvoir de le former verront à ajouter des
directions d'établissement ou ajouter des
présences de cadres scolaires. Mais formalisons la présence des cadres
scolaires, qui contribuent également à permettre de faire une répartition équitable
des ressources.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la députée, il vous reste...
Mme Léger : Oui, une minute?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Deux minutes.
Mme Léger : J'avais plusieurs
questions, mais on va finir sur celle-là, de toute façon. Alors donc, ce que je
comprends, c'est d'abord d'ajouter des cadres de direction, d'avoir plus de
latitude, de se rendre jusqu'à 21 membres possibles, dépendant... et s'assurer que la majorité soit vraiment
des directions d'école si je
comprends bien, si je résume bien.
Mais maintenant pourquoi «gestionnaire» plutôt
que «membre»? Parce que, donc, vous voulez avoir des gens qui sont
connaissants, qui sont formés, qui sont des gestionnaires, donc on enlève tout
autre type de membres qui ne sont pas gestionnaires?
M. Parent
(Jean-François) : Oui, effectivement, vous avez bien raison, là, dans votre question, nous, on voit
ce comité-là comme un comité plus
administratif. Alors, «membre», pour nous, ça laissait la porte ouverte, par exemple, à d'autres types de participation, et c'est pour des raisons d'efficacité,
je vous dirais, la raison qui nous a poussés à dire : Bien, on pense
que ça devrait être un comité de gestionnaires.
Ne nous méprenons pas, par exemple, sur la place
que pourraient occuper, par exemple, les parents ou les commissaires dans le processus de décision. Au niveau des commissaires, par exemple, on pense qu'ils doivent intervenir, en bout de ligne, sur un plan plus politique. Alors, au niveau du conseil des
commissaires, ils ont également un comité de vérification et administration qui pourrait analyser les recommandations qui pourraient provenir... Nous aussi, on propose, là, que ça
vienne du CCG, alors qui pourraient provenir du CCG.
Et, au niveau des parents, on voit moins leur présence là, mais on voit que les parents, par exemple, pourraient formuler une recommandation ou des avis au comité de
répartition des ressources au préalable pour demander au comité de répartition des ressources, dans ses
réflexions, de réfléchir à telle ou telle question, par exemple la place des enfants dans les
véhicules pour le transport adapté, par
exemple, si les ressources comprennent,
bien sûr, l'enveloppe du transport scolaire. On parlait tout
à l'heure des enfants qui souffrent
d'un trouble du spectre de l'autisme, alors est-ce que les ressources... alors, on demanderait au comité de
répartition des ressources de se pencher sur cette question-là...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Parent. Merci. On va passer du côté du deuxième groupe de l'opposition, je cède la parole à
M. le député de Chambly pour environ six minutes.
M. Roberge : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Je vois, à la page 13, que vous recommandez de devancer le calendrier de
diffusion des règles budgétaires. Je pense que, d'une année à l'autre,
c'est assez variable, là, puis c'est souvent
à la dernière minute que les administrations scolaires reçoivent les règles
budgétaires. Sauf erreur, il n'y a pas d'article dans le projet de loi
là-dessus. Est-ce qu'il y a des articles là-dessus ou vous faites une recommandation d'ajouter des articles par rapport au
moment où les règles budgétaires sont énoncées par le ministère?
M. Parent
(Jean-François) : Dans notre
mémoire, on en a profité pour ajouter certaines recommandations qui ne se retrouvent pas, effectivement, dans le projet
de loi n° 105, vous avez tout à fait raison. Tout à l'heure, une des
questions qui a été posée, ça a été de dire : Qu'est-ce qui ferait en
sorte que votre travail serait amélioré, serait allégé? Et, pour plusieurs des
cadres scolaires, ce serait de recevoir les règles budgétaires plus tôt.
Au niveau du transport scolaire, par exemple, on
a des règles budgétaires qui sont bonnes pour une période de cinq ans, donc on sait à quoi s'en tenir au
niveau du transport. C'est la même chose au niveau de l'enveloppe pour
les ressources matérielles, pour le budget des investissements, on l'a pour
trois ans. Donc, nos gestionnaires savent, au niveau
de leurs budgets, ce qui s'en vient. Au niveau du fonctionnement, on ne l'a
pas, c'est seulement pour une année. Alors,
une mesure, par exemple, comme celle des enseignants-ressources, est-ce
qu'elle est renouvelée à chaque année? On
ne le sait pas. Et, quand on a tardivement nos règles budgétaires,
bien, la prévisibilité à laquelle on a fait référence tout à l'heure
pour le plan des effectifs, pour l'embauche du personnel, on le sait bien
tardivement.
Pour votre
gouverne, on a fait un recensement
des dates auxquelles on a reçu nos règles budgétaires, et je vous dirais qu'à partir de 2004‑2005 jusqu'à
aujourd'hui : 1er mai, 30 avril, 1er avril, 25 mai, 30 mars, 4 avril, 3
avril, 7 mai, 5 mai, 27 avril, 15
juin, 20 mai, puis là fin juin. Alors, les trois dernières années ont été plus
particulièrement difficiles, mais il
semble que, dans l'histoire, on soit capable de le faire plus tôt. Alors, si on
est capable de le faire plus tôt, nous, on vous offre notre collaboration parce que ça aiderait énormément les
ressources financières puis les ressources humaines, là, dans la
prévisibilité des budgets puis pour les ressources aux élèves également.
• (17 h 20) •
Mme Ledoux
(Anne) : Et j'ajouterais
aussi pour les établissements, les directions parce qu'à l'intérieur de
ça les directions, lorsqu'elles planifient
leur personnel, leurs ressources humaines — les ressources humaines équivalent à peu près à 80 % d'un budget — donc elles sont capables d'aller pallier ou
de compléter des tâches, par rapport surtout aux professionnels. Donc,
des fois, il y a des professionnels qui ont 80 % de tâche, mais avec la
prévision, en sachant exactement leur budget, ils sont capables d'aller
bonifier et d'avoir une stabilité par rapport au personnel qui est déjà dans
leur établissement.
M.
Roberge : Donc, moi, je trouve ça intéressant que vous alliez proposer
des modifications au projet de loi, mais aussi des ajouts. Et je veux
donc résumer, inscrire dans la loi une date à laquelle le ministère doit
envoyer ses règles budgétaires, mais aussi
vous dites : Est-ce qu'on pourrait même envisager des règles budgétaires
qui seraient valables pour deux ans ou trois ans? Ça aussi, ça serait
intéressant.
M. Parent
(Jean-François) : Ce serait,
effectivement, intéressant dans le cas de mesures qui sont pour la
réussite des élèves. Alors là, en termes
d'avancement ou de processus, d'étapes à franchir avec les enfants, ce serait
facile au niveau d'une mesure pour
deux ou trois ans. Un enseignant-ressources, par exemple, pourrait dire :
Bon, bien, très bien, voici, je vais
travailler avec tel enfant. Je le reprends l'année d'après, puis voici ce que
je vais faire avec lui. Parce que la réussite scolaire, ce n'est pas
l'histoire d'une année, c'est l'histoire de plusieurs années.
M.
Roberge : Puis on pourrait même espérer qu'au quotidien, tous les
jours, dans les classes, ce genre de chose là pourrait faciliter l'idée
d'avoir une stabilité du personnel.
M. Parent (Jean-François) : Tout à
fait. Tout à fait.
M.
Roberge : C'est là qu'on voit qu'il y a une corrélation directe,
vraiment directe entre la gouvernance puis la réussite scolaire parce que, quand tu as un jeune qui a un trouble de
l'attachement puis qu'il change d'accompagnateur à chaque année, on s'entend qu'on ne lui rend pas service. Donc, je
pense que c'est important, pour moi, de le mentionner une fois de temps
en temps, que ce n'est pas vrai qu'on parle de gouvernance puis qu'on parle de
réussite... puis que, ceux qui parlent de réussite, il ne faut pas qu'ils
parlent de gouvernance, puis, quand on parle de gouvernance, on est loin de la
réussite.
Et ça m'amène à vous poser la question :
Est-ce que vous ne voyez pas un petit problème ou une petite incohérence avec le fait que, là, on est à notre
deuxième projet de loi sur la gouvernance, mais que, attention, dans
deux, trois semaines, on va avoir une consultation sur la réussite, comme s'il
n'y avait pas de lien entre les deux. Vous ne pensez pas qu'on fait un peu les
choses à l'envers?
M. Parent (Jean-François) : Bien,
pour nous, la réussite, c'est une oeuvre inachevée. La réussite, on en parlait à l'époque des frères des écoles
chrétiennes, on en parlait à l'époque des soeurs, on en parlait en 1960, on en
parlait en 1970, nous en parlons
aujourd'hui, et nos enfants en parleront. Donc, pour nous, c'est un processus
continu, la réussite.
La
gouvernance, nous avions une problématique au Québec. Ça fait deux, trois ans
qu'on en parle. Là, le gouvernement a
fait son nid là-dessus, on vide la question, on s'apprête à la vider. Là, je
pense qu'on règle ça, et on passe à autre chose. Ça n'empêchera pas, au
niveau de la réussite, de dire qu'on continue de travailler dans les écoles sur
la réussite. Ce n'est pas parce que le
gouvernement va en parler dans une politique que, là, on s'arrête puis on parle
juste de gouvernance partout dans le réseau.
Non, ce n'est pas ça. Les gens qui travaillent avec les enfants au quotidien
pensent à la réussite de ces enfants-là. Ce
que nous comprenons, c'est que le gouvernement veut donner de nouvelles
orientations en
matière de réussite. Il veut s'attaquer, par exemple, au numérique et à autre
chose. Donc, c'est parfait, nous, on dit bravo puis on embarque dans ça
à pieds joints, puis on travaille avec vous.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Parent. Alors, je
remercie l'Association québécoise des cadres scolaires d'être présents.
Je suspends
quelques instants pour permettre à l'Association québécoise du personnel de
direction des écoles de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 25)
(Reprise à 17 h 27)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je demanderais à l'Association québécoise du personnel de
direction des écoles de prendre
place, s'il vous plaît, on va commencer. Merci. Alors, je souhaite la
bienvenue aux représentants de l'Association
québécoise du personnel de direction des écoles. Merci
d'être parmi nous. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation et je vous demanderais de vous
identifier, ainsi que les gens qui vous accompagnent. Et, par la suite,
vous pouvez passer tout de suite à votre présentation. Une fois terminée, on
passera à une période d'échange entre les élus. Alors, la parole est à vous.
Association québécoise du personnel de direction
des écoles (AQPDE)
Mme Boucher (Danielle) : Merci, Mme
la Présidente. Danielle Boucher, je suis présidente de l'Association québécoise
du personnel de direction des écoles et je suis accompagnée, à ma gauche, de M.
Carl Ouellet, vice-président de l'association ainsi que directeur d'une école
secondaire à la commission scolaire des Premières-Seigneuries, et, à ma
droite, de Mme Louise Bissonnette, qui est conseillère cadre à l'association également.
Alors, Mme la Présidente, Mmes et MM. les députés, M. le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport et de la Famille, merci pour l'invitation
et, j'aurais le goût de dire, rebonjour. Je commence en vous disant qu'on
souhaite vraiment que le projet
de loi soit adopté rapidement.
On pense que le débat qui a eu lieu, qui a eu cours sur la décentralisation, engagé depuis deux ans commence
à avoir des effets un peu négatifs sur la capacité des gens qui font
l'école à garder le cap sur l'essentiel, la réussite de tous les élèves.
Mme la Présidente, l'AQPDE a lu attentivement le
projet de loi n° 105, et on a pris le temps d'écouter les partenaires qui
lui ont fait part de leurs commentaires. Effectivement, nous avons aussi
consulté l'ensemble de nos membres, et vous
comprendrez que nous avons seulement 13 recommandations parce
que nous avons priorisé
certains éléments du projet de loi.
La première
chose que l'on relève et qu'on souligne, c'est de vraiment
recentrer la Loi sur l'instruction publique sur l'école; d'établir un meilleur équilibre entre la mission des
commissions scolaires et des écoles; de mieux définir les rôles et responsabilités des acteurs du système;
de positionner le palier intermédiaire comme véritable valeur ajoutée
pour l'école; d'assurer le développement professionnel des directions
d'établissement, qui favorise un exercice efficient, compétent et éthique de
leur fonction.
Alors, vous
avez pris connaissance, j'imagine, du mémoire, je ne reprendrai ici que
l'essentiel de notre réflexion. Nous
nous appuyons sur trois principes. Et ces trois principes, nous les avions déjà
énoncés : un premier principe, qui dit que l'éducation se fait dans une classe composée d'un enseignant et d'un
groupe d'élèves; un deuxième, qui dit que la direction d'école est à l'école ce que l'enseignant est à la classe; et
l'éducation, c'est une responsabilité collective. Alors, on y croit fortement parce qu'on pense que c'est
dans l'école que les directions et les enseignants travaillent au quotidien
pour aider les élèves à réussir et à se
dépasser. C'est vers l'école que devraient être dirigés l'ensemble de nos
énergies et les nouveaux investissements annoncés par le gouvernement.
• (17 h 30) •
Ceci étant, trois éléments mis de l'avant par ce
projet de loi ont retenu notre attention : la décentralisation des pouvoirs vers l'école, l'introduction du principe
de subsidiarité et la mise en place d'un comité de répartition des
ressources de la commission scolaire. Pour
nous, ces trois éléments sont des incontournables. Je ne reviendrai pas sur les
réflexions concernant la décentralisation qu'on a partagées dans la
présentation du mémoire du projet de loi n° 86, mais je vais vous référer au rapport Parent, tome II, qui
précise que le rôle premier de la direction d'école, c'est vraiment
d'organiser l'enseignement, surveiller la
qualité, assurer le progrès et que,
pour réaliser efficacement son travail — et là j'insiste sur cet
élément-là — la
direction doit avoir la plus grande liberté possible.
Pour nous,
ces propos demeurent d'actualité. Les directions d'école, lorsqu'elles ont
suffisamment d'autonomie de gestion,
ont une contribution centrale à l'amélioration des résultats de leur école et
de leurs élèves, par le fait même. Aujourd'hui,
j'en ajouterais par-dessus en vous disant que, vous savez, en Ontario, il y a
des chercheurs qui travaillent beaucoup
à l'amélioration de la réussite des élèves. Kenneth Leithwood... Puis là
excusez mon anglais, puis ce n'est pas ma tasse de thé. Mais ce n'est
pas grave, je me pratique. Kenneth Leithwood dit dans son ouvrage que la
capacité des directeurs d'école et des
directeurs de commission scolaire — et c'est là que je trouve ça très
intéressant — la
capacité des deux groupes d'apporter des
changements repose sur le leadership. Donc, après les enseignants et la qualité
de leur enseignement, on dit donc que le leadership des directions
d'école constitue le principal facteur d'amélioration de la réussite. Alors,
c'est intéressant.
Nous sommes des enseignantes et des
enseignants de carrière reconnus pour leur leadership pédagogique et
nous sommes toujours d'avis que la Loi sur
l'instruction publique devrait consacrer ce leadership pédagogique en y
précisant que les directrices et les directeurs d'école doivent être détenteurs
d'une autorisation d'enseigner pour exercer leur profession. Nous le répétons, et non pas par entêtement, mais dans le
souci pédagogique, l'école du XXIe siècle doit avoir les coudées franches pour mettre en place les
stratégies les mieux adaptées et les plus efficaces pour assurer la
réussite de tous les élèves qui lui sont confiés.
Donc,
on va reprendre le principe de subsidiarité,
on y adhère, et nous, c'est un incontournable. Cependant, tout en reprenant ce principe, on, quand même, relève certains
éléments centralisateurs qui nous inquiètent un petit peu. Ainsi,
concernant l'élaboration et l'approbation du projet éducatif de l'école, du
plan d'engagement vers la réussite de la commission
scolaire et de la planification stratégique du ministère, le gouvernement
introduit un lien hiérarchique qui va du
ministre vers l'école. C'est ce qu'on comprend, c'est ce qu'on sent. Pour
reprendre deux expressions anglaises, nous faisons dans le «top-down» plutôt que dans le «bottom up». Mais on ne
dit pas qu'il faut faire un ou l'autre, on dit que ça prend un équilibre entre les deux. Il faut faire
autant de «bottom-up» qu'on peut faire de «top-down» parce que, des
fois, dans certaines orientations, dans
certains changements, on peut comprendre qu'on va faire plus de «top-down»
parce qu'on a des choses importantes
à implanter, puis je pense à la réforme, entre autres. O.K.? Là, j'ai lâché le
texte, là, mais je voulais vraiment préciser là-dessus parce que je me
dis : Je veux vraiment que ça soit clair.
Par
contre, on sait que le ministre... vous avez des cibles. Mais, un coup qu'on a
nos cibles, on est capables, les directions
d'établissement, en ayant la latitude... On a besoin de développer des stratégies adéquates avec notre
équipe-école, et, pour ça, on a besoin, pour
mettre en place des stratégies novatrices fondées sur les bonnes pratiques et
les données probantes, on a besoin
d'avoir accès à ces données probantes là facilement. Appliqué au système d'éducation, le principe de subsidiarité
signifie que la mission première, qui est la réussite des élèves, doit être
portée d'abord et avant tout
par la classe et l'école. L'école, c'est
l'entité au coeur du système, c'est elle qui est le plus près des élèves, des
parents, de la communauté. Alors, nous reprenons un souhait que nous
avons déjà défendu à cette commission, nous voulons une école soutenue par une commission
scolaire qui joue son rôle
d'accompagnement et de conseil et qui fait équipe avec elle.
Ce
qu'on dit, là, c'est qu'il y a de la place pour tout le monde. Donc, c'est
important de comprendre que le principe de subsidiarité, quand il s'applique puis qu'il dit, dans le fond, qu'on doit commencer par la plus petite entité, là, où doit se prendre la décision, ça n'enlève en rien la
qualité et l'importance des autres paliers. Ce n'est pas ça que ça dit.
Le principe de subsidiarité devrait
aussi s'appliquer au ministre. Une telle introduction dans la loi, même si elle
peut n'avoir que valeur symbolique pour certains, ça donnerait un signal
clair quant à la fermeté de son orientation de base.
Le
temps qui m'est alloué est petit, donc je vais directement aller vers le
comité de répartition des ressources. Nous avons deux recommandations. Nous comprenons que les comités qui établissent
leurs règles de régie interne, ça, c'est un incontournable, mais on
devrait aussi prévoir dans les règles de régie interne un délai suivant lequel
les documents nécessaires à la prise de décision doivent être transmis aux
membres avant les séances.
Notre
deuxième recommandation porte sur la composition du comité de répartition
des ressources. Nous sommes satisfaits
que le ministre maintienne que les directions d'école soient
majoritaires au comité de répartition des ressources. Nous sommes bien conscients des exigences que cela
comporte, nous sommes prêts à relever le défi, à collaborer étroitement et rigoureusement avec la direction
générale et les cadres de la commission
scolaire pour que ce comité produise les bénéfices attendus. C'est un lieu privilégié que nous avons de
discussion, de consensus avec la direction générale et le personnel-cadre. C'est à cette table que seront
discutés et compris les besoins des établissements, d'une part, et le
bon usage des ressources dont disposera la commission scolaire, d'autre part.
Ce mandat qui lui
sera donné portera sur l'utilisation de la portion commune des ressources dans
le sens large — moi, je vais être plus claire sur ce
côté-là, pour nous c'est clair que c'est des ressources dans le sens
large — que l'on choisit collégialement de
partager. Celles maintenues dans une unité centrale devraient l'être à la
demande des directions, et ce, pour des
considérations d'efficacité et d'économie. Afin qu'il reflète le rôle et
l'imputabilité accrus des directeurs d'établissement, on pense qu'on
doit demeurer majoritaire au sein de ce comité.
C'est
à la direction générale qu'incombera la responsabilité de maintenir le lien
entre les pouvoirs administratifs et
politiques. En conséquence, nous croyons que ce comité devrait être composé de
membres de la direction générale, de directions d'établissement
majoritaires et de cadres des services de la commission scolaire.
Monsieur...
Mme la Présidente — j'ai
failli vous... je m'excuse — différents éléments sur ce projet de loi
favorisent une prise de décision sur tous
les aspects de la vie scolaire par l'entité au coeur du système de l'éducation,
l'école ou le centre, qui sont sous
l'autorité pédagogique et administrative de la direction d'école. Mais tout
cela ne pourra se concrétiser sans un accompagnement et une formation
rigoureuse des directions. Nous demandons au ministre de s'engager dès
maintenant à prévoir des budgets de perfectionnement à l'intention des
directions d'école afin que celles-ci puissent s'approprier la nouvelle disposition de la loi et améliorer leur qualité
de gestionnaires. Les changements que commande une loi demandent du temps, de la patience, particulièrement lorsque
cela touche des pratiques bien ancrées. Ils sont, la plupart du temps, une opportunité de faire autrement,
de faire mieux ce que l'on faisait souvent très bien. Se questionner sur nos pratiques ne peut être que porteur dans un
contexte d'amélioration continue, et particulièrement lorsque nous avons
la délicate mission de faire réussir tous les élèves.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En terminant, Mme Boucher.
Mme
Boucher (Danielle) : J'ai envie de vous citer une citation de Michael
Fullan, qui nous dit que le but de notre démarche, ce n'est pas de
discuter de changement, mais c'est de le vivre. Alors, je vous remercie.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Boucher. Alors,
on va passer à la période d'échange, et, M. le ministre, vous disposez
d'environ 14 minutes.
M. Proulx : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci beaucoup, Mme Boucher et les gens qui vous accompagnent. Toujours un plaisir de vous revoir.
Moi aussi, je peux vous dire rebonjour parce que, comme je le disais ce matin, effectivement il y a des choses qui ont
été dites. C'est peut-être la raison pour laquelle on va pas mal tous
peut-être plus vers l'essentiel. Ceci étant
dit, il demeure des questions intéressantes, et ce que j'apprécie de
l'exercice, c'est qu'on est capables de soulever des points et des
sujets qui, peut-être, n'étaient pas apparus dans le cadre de 86 si les
dispositions demeurent.
Je veux vous
parler de la... subsidiarité — la journée est longue, je m'excuse — et des pouvoirs du ministre. Vous avez dit : Ça doit s'appliquer à vous
également. Je ne l'ai pas pris personnellement, j'ai pensé que vous vous
adressiez à la fonction. Est-ce que vous le
voyez comme un préambule, ce que vous proposez, avant d'indiquer quel serait le
cadre à l'intérieur duquel les pouvoirs
pourraient exister? Est-ce que c'est de cette façon-là que vous le dites? Vous
dites : Placer d'abord et avant
tout le principe, ensuite un cadre avec lequel les gens sont à l'aise ou, en
tout cas, que les parlementaires seront à l'aise à l'égard des pouvoirs
potentiels du ou de la ministre dans l'avenir. Parce qu'il y a des propositions
d'amendement. Dans le fond, c'est la
deuxième fois où quelqu'un nous propose quelque chose de plus précis que de
dire : On reconnaît la capacité ou la
nécessité de, mais il faut recentrer. Alors, est-ce que, pour vous, c'est une
suggestion que vous faites, c'est une
mise en garde ou vous nous demandez de l'indiquer, par exemple, dans le cadre
du préambule pour amener une certaine cohérence dans l'ensemble de
l'exercice?
Mme
Boucher (Danielle) : Bien,
je dirais d'entrée de jeu que j'aime ça, l'idée de le mettre dans le
préambule, parce qu'effectivement c'est en toile de fond, le principe de subsidiarité. Si je me souviens
bien, lorsque ça avait été réfléchi dans
le projet de loi n° 86,
on sentait que c'était vraiment une volonté de faire en sorte que c'est la plus
petite entité qui prenne des décisions. Par contre, ça ne veut pas dire
qu'on ne veut pas que vous interveniez. Ce n'est pas ça, l'idée.
Une voix : ...
Mme Boucher (Danielle) : Voilà.
Alors, je pense qu'il y a quand même de la place, on est ouverts à ça, mais
c'est dans un contexte... oui, principe établi.
• (17 h 40) •
M. Proulx : Je veux vous entendre sur la recommandation
4. On en a un peu discuté précédemment, vous dites :
«Que toutes mesures budgétaires supplémentaires qui sont attribuées aux établissements en cours d'année fassent l'objet
d'une reddition de comptes globale.» Voulez-vous m'expliquer ce que tous
entendez, dans ce cas précisément, de reddition de comptes globale?
Mme Boucher (Danielle) : C'est très
facile, là — et
peut-être que mon collègue pourra compléter — il y a beaucoup
de petites mesures qui sont ajoutées, des fois, en cours d'année, puis il y a beaucoup
de petites mesures tout court. Nous,
ce qu'on demande depuis un certain temps, c'est de pouvoir faire une reddition de comptes globale, cohérente avec nos objectifs,
les moyens qu'on a mis en place, le projet éducatif, toute l'affaire. Donc,
quand on ajoute en cours d'année une
nouvelle mesure, on aimerait que, cette mesure-là, qu'on puisse intégrer la reddition de comptes dans une reddition de comptes globale pour éviter de faire une
multiplication de documents.
M. Proulx
: Et là, si je comprends bien, ce
que vous nous dites, c'est qu'actuellement ça vous oblige, à chaque fois, de faire
une reddition supplémentaire propre à la mesure.
Mme Boucher (Danielle) : C'est ça.
M. Proulx
: D'accord. J'entends bien ça.
Vous parlez, à la recommandation 13, d'un comité d'implantation. Parce que vous avez dit dans votre citation à la
fin : C'est beau d'en parler, un jour ou l'autre on va le vivre. En tout
cas, vous le souhaitez, puis on le
souhaite. Alors, vous parlez d'un comité d'implantation, j'aimerais ça que vous
m'en parliez parce qu'il faut
également aussi trouver les façons de faire en sorte que ce qu'on va décider
ensemble, et la suite qui viendra, qui
nous permettra éventuellement de poser des gestes supplémentaires ou de prendre
des décisions collectives... bien, il va falloir être capable de
l'implanter sans trop de difficultés.
Alors, j'aimerais ça vous entendre là-dessus,
sur votre réflexion ou vos mises en garde... ou, en tout cas, vos suggestions
pour s'assurer que tout se passe correctement.
Mme Boucher (Danielle) : Bien,
préalablement au comité, je pense que, dans un premier temps, il va falloir entendre... tu sais, quand le projet de loi sera
adopté, avoir une compréhension commune de ce qu'on entend par le
nouveau projet de loi. Puis, par la suite,
le comité de suivi d'implantation de ce projet de loi là, c'est plus dans
l'optique de dire : Bon, est-ce
que ça va bien dans les milieux? Est-ce qu'on rencontre des difficultés? Est-ce
qu'il y a des éléments dans le projet
de loi qu'on a adopté qui sont source d'insatisfaction? Moi, je pense que la
communication, elle est très importante dans le pendant. Avant, oui, on en convient, mais, pendant
l'implantation, elle est incontournable quand on a à penser, par
exemple, à la loi n° 180, lorsque ça a été apporté, c'était bien
intéressant, mais il aurait fallu prévoir ça pour s'assurer d'un monitorage, pour permettre aussi aux milieux
de s'ajuster. Parce que ce qu'on veut éviter, c'est le mur-à-mur, on veut que ça réponde aux
besoins de tous les milieux. On a entendu d'autres interventions qui sont
venues le dire aussi, pour éviter
d'imposer certaines choses partout. Mais une chose est sûre, c'est que le
principe qui est derrière le projet de loi
doit être conservé. C'est un principe de pratique collaborative que vous êtes
en train de vouloir implanter. Donc, je pense que ça le dit, si on veut
collaborer, il faut se parler.
M. Proulx
: J'entends bien ça. On a discuté
tout à l'heure du comité de répartition des ressources. Il a été évoqué deux fois plutôt qu'une la possibilité d'emprunter
un chemin différent avec le comité consultatif... de gestion. Pardon, je
ne veux pas les dénommer. Est-ce qu'au
quotidien c'est quelque chose que vous vivez dans la pratique? Parce qu'on
nous a dit : Bien, beaucoup, beaucoup
de commissions scolaires ont déjà des comités de répartition des ressources.
C'est juste que, bon, ils n'ont pas le titre officiel du projet de loi
n° 105, mais ces comités-là existent. Dans certains cas, ils sont direct avec la direction et le conseil des
commissaires, de ce que je comprends. Dans d'autres, on passe par le chemin
d'un comité consultatif de gestion.
J'aimerais ça
vous entendre sur comment ça va au quotidien, quels sont les chemins qui vous
apparaissent les plus simples, les plus clairs, les plus efficaces et
qu'est-ce que c'est, la pratique chez vos membres.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Ouellet.
M. Ouellet
(Carl) : Oui. Je vous dirais
que ça dépend des commissions
scolaires. Dans les commissions scolaires très décentralisées,
c'est sûr qu'on a envie des formes de comité de répartition des ressources.
C'est sûr que le CCG demeure, mais on a des
petits comités ou des comités de direction primaire, direction secondaire où,
là, on parle vraiment de besoins de
l'élève, d'enveloppes budgétaires, qu'est-ce qu'on fait avec cela,
comment on se les divise. C'est pris avec la direction générale. S'il y
a des services, exemple services
éducatifs, services d'organisation scolaire, ressources humaines, si on en a besoin, ils sont avec nous autres, les
décisions se prennent sur place, mais ce n'est pas des comités officiels
aux termes de la loi, là. Mais je pense que ça ne se passe pas dans la majorité
des commissions scolaires.
Mme
Boucher (Danielle) : Bien,
c'est pour ça qu'on le veut. Je pense que le comité de répartition des ressources,
ça a un avantage, puis il faut le voir comme une opportunité. Moi, je pense
que, quand on fait adhérer le plus de gens possible
autour d'une mission puis autour de solutions par rapport à des services à
l'élève, parce qu'on est tous là
pour la réussite des élèves, moi, je pense
qu'il y a un «empowerment» qui se crée. Puis je suis convaincue que les
gestionnaires, ils n'attendent que ça,
d'être partie prenante puis de pouvoir contribuer à faire en sorte qu'ils sont
plus que consultatifs, ils sont vraiment participatifs.
Le comité
consultatif de gestion, c'est une autre affaire, je pense qu'il ne faut pas
mélanger les choses. Puis on le vit bien. Puis présentement je vous
dirais qu'on l'apparente davantage, pour plusieurs milieux, pour un comité plus
d'information parce qu'à 150 tu ne peux pas
avoir un comité de travail comme tel, c'est difficile. Quand on parle
d'une composition de 15, il nous apparaît réaliste de penser qu'à 15 on peut
réussir à faire quelque chose d'intéressant.
Puis ce qu'il
est important, je pense, de nommer — je comprends certaines inquiétudes en lien
avec le comité de gestion — les endroits où ils l'ont implanté, ils ont
prévu des mécanismes de concertation puis d'aller voir l'adhésion de
leurs membres par rapport à certains éléments. Donc, ils ne prennent pas la
décision à la légère sur des éléments très importants,
surtout quand on parle de ressources financières. On s'entend que c'est le nerf
de la guerre. Tout le monde, on est en besoin.
Donc, je
pense aussi que c'est élever le niveau de réflexion d'un gestionnaire, le fait
de dire : Je pense en termes de
mon organisation, et non seulement en termes de moi, mon école, parce que,
demain matin, là, je peux me retrouver dans
l'école Y, puis là j'étais dans l'école X. Donc, il faut que je sois capable
d'avoir une vision au peu au-dessus. Puis je pense qu'il faut le faire, on est rendus là, là. On veut diplômer nos
élèves, on veut qu'ils réussissent, on veut atteindre le 80. Le chemin qu'on a parcouru, là, c'était le
plus facile. Là où on s'en va, là, c'est le plus difficile. Ça fait qu'il
faut se donner les moyens d'y arriver. Puis moi, je pense que plus on va être
capable de mettre les gens à contribution dans des décisions de ce type-là... Moi, je pense qu'il faut faire confiance
aux gens. Je pense, tout le monde, on est d'accord pour dire qu'on veut
que nos élèves réussissent. Je suis-tu assez convaincante?
M. Proulx : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, il vous reste une minute, M. le ministre.
Mme Boucher (Danielle) : Je suis-tu
assez convaincante?
M. Proulx
: ...le point avec les deux
prochaines questions, qui touchent davantage les directions, les
directeurs d'école. Dans votre mémoire, vous dites deux choses. La première,
c'est que vous faites référence à l'autorisation d'enseigner. Je veux vous
entendre là-dessus, c'est... Lorsqu'on devient ministre de l'Éducation, il y a
différentes tâches qui viennent avec ça,
notamment toutes sortes de décisions à prendre autour des autorisations
d'enseigner. Alors, ça, c'est des
choses qu'on apprend avec le temps. Donc, je veux vous entendre là-dessus parce
que, dans le fond, ce que vous souhaitez,
c'est qu'un directeur d'école soit inévitablement quelqu'un qui a
l'autorisation d'enseigner, donc un enseignant. C'est ça que je
comprends.
Deuxième
chose, vous parlez de la formation des directions d'école. Et vous l'avez dit
tout à l'heure, pas besoin de
reprendre les citations, vous avez dit : Il y a un leadership à assumer
dans la direction d'école. Vous avez dit : Le chemin le plus facile, il est
fait. Excusez l'expression : Le bout toffe, il s'en vient, il est devant
nous. Il faut travailler mieux avec
nos établissements. Il faut travailler en collaboration, chacun dans son rôle,
mais il faut être capable d'aller dans la plus petite unité pour lui
permettre de prendre les décisions qui lui reviennent.
Alors,
j'aimerais ça vous entendre là-dessus, sur ces deux préoccupations-là : en
formation et sur le... Je dirais, là vous ne semblez pas négociables,
là, sur qu'est-ce que c'est, pour vous, là, l'autorisation d'enseigner. Je le
prends à la blague, bien entendu, mais de la façon... il faut qu'un directeur
ou une directrice d'école, c'est quelqu'un qui a l'autorisation d'enseigner.
Mme Boucher (Danielle) : Avant, un
directeur d'école, c'était nommé «un principal». C'était le principal
enseignant de l'école, c'était ça. Je vous dirais que c'est dans notre
règlement présentement, mais on veut s'assurer que ça reste.
M. Proulx : ...
Mme
Boucher (Danielle) : Oui. Pourquoi? Parce qu'on a un mandat très
clair. Oui, on est des gestionnaires, mais on est des gestionnaires de
la réussite. Donc, on veut que toutes les décisions qui sont prises en lien
avec la gestion d'un établissement soient prises en fonction de... Est-ce que
ça, ça va amener une plus-value pour la réussite de mes élèves? Est-ce que ça va répondre aux besoins de mon milieu? Donc, ça,
pour nous, c'est un incontournable, on pense qu'il faut conserver ça,
puis je suis de plus en plus convaincue.
M. Proulx : ...la formation, donc, qui,
j'imagine, vient un peu en complémentarité avec...
• (17 h 50) •
Mme
Boucher (Danielle) : ...je vous dirais qu'il y a un certain nombre de
connaissances de base qu'on doit avoir. Il faut avoir plus de formation en lien avec les données probantes,
qu'est-ce que la recherche dit. Il faut être accompagné aussi. Il y a toutes sortes de formes de
formation, puis je vous dirais que celle qui est la moins efficace, c'est peut-être quand
on va entendre... Je ne dis pas que ce n'est pas... il ne faut pas le faire jamais,
là, ce n'est pas ça que je veux dire, mais
il faut être capable de faire le transfert de ce que l'on entend sur le
terrain, puis ça, c'est très important. Et je
pense qu'on a des directions d'école qui veulent beaucoup, mais il faut les
soutenir parce que, comme je disais, le chemin à parcourir, il va être plus difficile.
Donc, il faut avoir les outils.
Et on a parlé
tout à l'heure de communautés de pratiques, communautés d'apprentissage
professionnel, c'est une belle piste.
Moi, je vous dirais : Toute forme de pratiques collaboratives qu'on peut
mettre en place dans notre milieu... Parce
qu'il y en a qui vont utiliser plus l'approche RAI, de réponse à
l'intervention, il y en a qui vont utiliser d'autre chose, puis c'est porteur aussi. Moi, je pense qu'on ne
sait pas que ça marche tant qu'on ne l'a pas essayé. Mais, au moins, ce
qu'on essaie, on peut-u, au moins, s'assurer qu'il y a des certaines données
qui nous permettent de penser qu'on va réussir? Est-ce que ça répond?
M. Proulx : Très bien. Merci beaucoup de
votre participation. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. On va passer
du côté de l'opposition officielle, et je cède la parole à Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles pour environ huit minutes.
Mme Léger :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, mesdames. Bonjour, monsieur. Ce n'est pas la
première fois qu'on vous entend de dire qu'il faut plus de pouvoirs aux
écoles. Si je regarde à la page 5, particulièrement, de votre mémoire, en bas, votre association «souhaite une
école soutenue et conseillée par une commission scolaire qui joue son rôle d'accompagnement et de conseil, qui fait
équipe avec ses écoles et ses centres». Vous avez comme recommandation
d'insérer, à l'article 36 de la Loi sur l'instruction publique, les mots
suivants : «L'école et les centres de formation professionnelle et
d'éducation des adultes sont les entités de base au coeur du système éducatif.»
Je le
relisais, l'article 36, tantôt, mais, au coeur du système éducatif, c'est quand
même toujours nos enfants. Ça pourrait
être les enseignants, ça pourrait être le personnel. Les entités de base d'une
commission scolaire pourraient vous dire que ça peut être une entité de
base, mais on pourrait avoir des discussions, évidemment. Alors, pourquoi vous voulez introduire ça dans l'article? Dans
l'article 36, on voit l'école et les établissements d'enseignement. Vous
voulez ajouter «centres de formation professionnelle» et ajouter «les entités
de base au coeur du système éducatif»?
Mme
Boucher (Danielle) : Bien, dans le fond, c'est pour être cohérent avec
le principe de subsidiarité, qu'on dit que
c'est dans la plus petite entité que doivent se prendre les décisions par
rapport à la réussite des élèves. C'est sûr que la classe... mais la classe n'est pas toute seule
dans l'école, il y a d'autres classes. Donc, on doit tenir compte de
l'ensemble des classes qui sont dans l'école
puis de l'ensemble des besoins de l'école. C'est pour ça qu'on dit que l'école,
c'est l'entité de base, c'est là où se passe l'action, c'est là où sont
les élèves. Donc, c'est seulement de remettre en contexte que l'école, c'est le
lieu d'apprentissage des élèves, c'est là que les élèves sont.
Mme Léger :
Vous dites, entre autres, que «le modèle actuel favorise davantage, chez le
personnel enseignant et le personnel de direction, une mise en oeuvre
technique des consignes "venues d'en haut"». Ce n'est pas la première
fois que je vous entends dire ça non plus.
Qu'est-ce qui faciliterait la tâche que ça soit, pour vous, pas
nécessairement venu d'en haut? Il faut des consignes venues d'en haut.
Mme
Boucher (Danielle) : On n'est pas contre. Ce n'est pas ça, l'idée.
C'est qu'il faut que les moyens appartiennent
au milieu, point. Exemple, je vais reprendre encore cet exemple-là, puis je
n'ai pas le choix. Étude dirigée, écoute,
c'est extraordinaire, l'idée de dire : On va permettre l'étude dirigée
dans les écoles, mais on nous dit combien de fois semaine, qui doit le donner, puis combien de temps, puis...
Comprenez-vous? Ça fait que ça, ça ne nous donne pas beaucoup de marge de manoeuvre. Ça fait qu'un
milieu où tu as les ressources, ça va super bien, mais un milieu où tu
ne les as pas, les ressources, puis tu veux
être un petit peu créatif puis innovateur... Bon, les enseignants-ressources,
c'est super, c'est une ressource qu'on ne
veut pas perdre parce qu'on pense que ça peut venir bonifier les services aux
élèves, mais c'est très normé, la façon dont
il faut choisir ces personnes-là, elles ne peuvent pas faire plus que 50 %
de temps d'enseignement. Comprenez-vous?
Ça
fait que, des fois, dans une école secondaire, là, bien, tu regardes ton
personnel, tu dis : Oui, ça serait elle qui serait la meilleure pour donner ce service-là à ces élèves-là, mais je
ne peux pas le faire parce qu'en français, par exemple, c'est six périodes, ça fait que je ne peux pas lui
couper sa tâche. Comprenez-vous les exigences auxquelles on se bute, qui
sont, dans le fond, très convention, très
critériées puis qui nous empêchent d'être un peu créatifs, puis un peu
novateurs? Puis ce, avec l'ensemble de
l'équipe. On ne prend pas une décision tout seul dans le bureau, là, il faut se
concerter, tout le monde ensemble. Ça
fait que ça, ça amène, je vous dirais, des défis supplémentaires que je pense
qu'on pourrait se passer.
Mme
Léger : Sur un autre ordre d'idées, je voudrais revenir, parce
que vous n'en parlez pas d'une façon précise, le pouvoir du ministre qu'il s'est accordé dans ce projet de loi là. On a discuté avec d'autres groupes aujourd'hui, le pouvoir du ministre
est autant dans l'administration, on peut donner des directives dans l'organisation, dans le fonctionnement. En cours de l'année scolaire, il peut
préciser des choses, etc. Vous ne trouvez pas que c'est exagéré?
Mme Boucher
(Danielle) : Je ne sais pas trop quoi vous répondre à ça, dans le sens
où, quand on fait du monitoring, puis on
veut s'assurer que la loi se vive dans les milieux, puis qu'on s'aperçoit que
ça ne se passe pas comme ça devrait, il faut qu'il y ait une
intervention de faite, là. Moi, je pense qu'il doit y avoir un pouvoir
d'intervention.
Maintenant,
si c'est de dire, par exemple, il est dans une école, il arrive quelque chose d'épouvantable, puis là le ministre intervient directement dans l'école en
passant par-dessus la direction générale, bien là on a un malaise.
Comprenez-vous? Mais ça vient avec le
principe de subsidiarité. Donc, si, dans l'école, on n'est pas en mesure de
prendre la bonne décision puis de faire
ce qu'il faut pour régler une situation, bien, ce qui vient après nous, bien, c'est la
direction générale parce que c'est notre supérieur immédiat.
Mme
Léger : Oui, mais il
faut être conscient que, dans le projet
de loi qui est là, c'est des nouveaux
pouvoirs, là, qui sont donnés au ministre,
d'une part. D'ailleurs, on le voit dans différents projets de loi avec le gouvernement
actuel, des pouvoirs vraiment
discrétionnaires du ministre à différents types de projets de loi qu'on a au
fil des dernières années. Vous ne pensez pas que ça devrait plutôt être
de nature exceptionnelle?
Mme
Boucher (Danielle) : Moi, je pense que ça devrait être de nature
exceptionnelle. Puis moi, je pense qu'il faut faire confiance aux gens qui sont dans l'école, qui sont dans les
centres, qui sont à la tête d'une organisation, ils ont les capacités. S'ils sont là, c'est parce qu'ils ont
les capacités de faire en sorte de prendre les bonnes décisions, puis je
pense qu'ensemble on est capables de le faire. Donc, oui, je pense que
l'intention, je pense... j'avais compris que l'intention derrière, c'était
d'intervenir de façon exceptionnelle sur des mesures exceptionnelles aussi.
Mme
Léger : Vous avez peut-être entendu l'Association québécoise
des cadres scolaires, qui ont passé avant vous. Pour le comité de répartition des ressources, d'une part, ils parlent de
monter de 15 à 21 membres, et particulièrement que les cadres de service puissent être membres... Ils changeraient le
mot «membre» par «gestionnaire», mais qu'ils puissent être membres de ce
comité-là. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme
Boucher (Danielle) : Bien, nous, c'est un incontournable, là, ils vont
être là, sur le comité de répartition des ressources, c'est évident. Et de monter de 15 à 21, on pense que, là, on
commence à être moins efficace. Nous, on pense qu'à un moment donné il
faut mettre une ligne à quelque part. C'est-u 21? Ça va-tu être 22? Tu sais, on
donne des exemples. Donc, moi, je vous
dis : 15, nous, on est confortables avec ça. Mais, par contre, ce qu'on
pense qui pourrait arriver...
Souvent, le directeur général, il va être accompagné par un directeur général
adjoint, qui est un directeur général adjoint qui va avoir plus comme
dossiers, par exemple, les ressources matérielles, les ressources financières
et qui va avoir tous les outils qu'il faut pour répondre aux questions. Moi, je
pense, puis il va y avoir de la place aussi pour des cadres de service.
Mme
Léger : Sauf que, dans les 15 qui sont dans le projet de loi
présentement, c'est la majorité des directions. Donc, si vous ajoutez un
autre cadre de service, il faut enlever une direction parce qu'il faut
compenser, là, si vous en restez à 15.
Mme
Boucher (Danielle) : Bien, je ne le vois pas comme ça, là, parce que,
pour moi, la majorité, c'est huit, puis il en reste sept. Ça fait que sept, il reste quand même de la place pour
des cadres de service. Ils ne peuvent pas être tous là, on s'entend.
Mme Léger : ...différence
qu'il y a entre des commissions scolaires qui sont beaucoup plus nombreuses
comparativement à d'autres commissions scolaires qui sont beaucoup plus
petites?
Mme
Boucher (Danielle) : Il va falloir qu'ils se donnent des mécanismes de
consensus puis de concertation, puis d'aller
voir l'adhésion des gens, ça fait qu'il va falloir... Parce que, de toute
façon, les grosses commissions scolaires, les CCG, on va se dire les affaires, là, c'est aussi difficile de
fonctionnement quand tu es 250 dans un amphithéâtre, hein, on s'entend. Donc, il va falloir qu'ils se donnent
d'autres processus de consultation. Puis moi, je pense, ça se fait, il
faut juste, un petit peu, y réfléchir, puis
ils sont les mieux placés. Moi, je ne veux pas réfléchir à leur place, je pense
que les milieux sont les mieux placés pour déterminer comment ils
veulent organiser leur processus de concertation.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme Boucher. Alors, on va passer du côté du deuxième groupe de
l'opposition, et je cède la parole à M. le député de Chambly pour environ
5 min 30 s.
• (18 heures) •
M.
Roberge : Je vais aller vite. Merci, Mme la Présidente. Merci pour
votre présentation. Je vais aller très vite, vous avez parlé de notion de «top-down, bottom-up». Excusez-moi, mon
chinois, mais c'est intéressant de ramener ça parce que, quand on parle
de principe de subsidiarité, il y a un danger à ce que ça reste un principe,
des voeux pieux.
Vous avez mentionné, vous avez souligné Michael
Fullan. C'est une lecture que je vous recommande, chers amis, Le leadership
moteur, si ce n'est déjà fait, un livre de chevet.
Votre recommandation... 1 et 6 vont dans le même sens. Vous dites à la recommandation 1 : Écoutez, il
faudrait écrire dans la LIP que c'est les écoles qui sont les entités de base.
Et la 6, pour
moi, est une extension de la 1. Je vais la lire : Que la LIP précise que
le plan d'engagement vers la réussite de la commission scolaire soit
élaboré en s'inspirant des projets éducatifs des écoles et des centres en
tenant compte des orientations ministérielles.
Ça, c'est un
changement majeur. Ça, c'est un changement de paradigme, en tout cas. Il me
semble que c'est très différent de ce
qui se vit. Et, si, vraiment, ça s'avère, ce serait une raison pour appuyer ce
projet de loi là. Mais il faudrait le faire. Comment pensez-vous que ça
pourrait se faire? Parce que, si je me trompe, ce n'est pas du tout le cas en
ce moment... si je ne me trompe pas, pardon.
Mme Boucher (Danielle) : Non, on ne
peut pas, mais ça a déjà été ça.
M. Roberge : Ça a déjà été ça?
Mme Boucher (Danielle) : Oui.
M. Roberge : Il y a de l'espoir?
Mme
Boucher (Danielle) : Oui. Il faut toujours espérer, c'est ça. Donc, ça
a déjà été ça. Puis moi, je pense que c'est
cohérent, mais, en même temps, je comprends que le ministre, il a une cible à
atteindre au niveau de la réussite des élèves. Donc, oui, il peut avoir
des objectifs qu'on doit réaliser, dont on doit tenir compte, mais, dans les
milieux, là, pourquoi c'est important de
s'inspirer des projets éducatifs des écoles, c'est qu'on fait une analyse des
besoins, on fait une analyse des
milieux. Puis, vous savez, une école, là, ce n'est pas statique, cinq ans, même
affaire, la clientèle évolue. Donc, on
doit revoir assez, quand même, régulièrement où on en est. Donc, la lecture de
notre milieu, elle ne se fait pas une fois aux 10 ans, là, elle se fait
assez régulièrement.
Donc, je
pense que de s'inspirer des projets éducatifs... Puis je veux dire qu'il y a
quand même des milieux qui le font,
là, parce que, si tu es complètement déconnecté... D'abord, c'est un peu
utopique de penser que ça peut l'être, mais, si tu es complètement déconnecté, par exemple, qu'on t'impose une cible
que toi tu atteins à... Mme Courchesne l'avait dit à l'époque d'ailleurs, puis je le vois, là, écrit dans le document,
elle dit : Si toi, ton école, elle réussit à 87 %, là, au niveau du français, là, bien, on s'entend-u que
c'est autre chose que tu dois travailler? Bien oui, ça, c'est juste être
cohérent. Puis ça se peut que, dans mon
milieu à moi, c'est un peu plus de d'autre chose qu'il faut que je travaille.
Donc, dans le fond, on revient au
principe de dire : Bien, la subsidiarité, là, il faudrait que ce soit ça
tout en tenant compte des cibles qu'on a toujours. On l'a, nous autres
aussi, la cible, là. On le sait, là, qu'il faut atteindre le 80 et plus.
M. Roberge : Donc, dans l'ordre, on
part des cibles ministérielles, on y va avec les projets éducatifs, puis on y va avec des plans d'engagement vers la réussite,
mais dans cet ordre-là, un, deux, trois. Il ne faut pas que les écoles
soient de simples succursales des commissions scolaires pour arriver à ça.
Mme
Boucher (Danielle) : Bien, moi, je pense que c'est un travail
d'équipe. Donc, je pense que les écoles vont être beaucoup plus engagées si elles ont le sentiment qu'elles
contribuent à la réussite de l'ensemble de l'organisation, si elles ont le sentiment qu'elles disposent des
moyens pour le faire et qu'elles peuvent choisir ces moyens-là pour le
faire.
M.
Roberge : C'est intéressant, vous arrivez sur le mot «moyen», parce
qu'à la recommandation 12 c'est le mot qui
m'a accroché. Vous l'avez mis en gras, le mot... À la recommandation 12, vous
dites : Que le conseil d'établissement adopte le projet éducatif et approuve les moyens qui permettront son
implication et sa réalisation. À quoi vous avez pensé en rédigeant cette
recommandation-là précisément?
Mme
Boucher (Danielle) : Bien, c'est parce que, là, on fait d'un seul
document le projet éducatif, dans lequel on inclut les moyens, dans lequel
on inclut, dans le fond, le plan de réussite. Puis nous, on pense que les
moyens doivent appartenir
aux experts, qui sont les enseignants, et l'équipe-école, et la direction
d'école. Donc, on pense qu'il faut faire une distinction entre adopter puis approuver dans ce contexte-là. On est
ferme là-dessus, on pense qu'il faut donner aux personnes qui sont les
plus... Ça ne veut pas dire qu'on ne prendra pas en considération ce que... On
est quand même capable de travailler ensemble, en collaboration, mais je pense
que les experts dans l'école, ce sont les enseignants avec l'équipe-école.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme Boucher. Il ne reste
plus de temps, M. le député de Chambly. Alors, je remercie l'Association
québécoise du personnel de direction des écoles pour votre présence.
Je vais
suspendre quelques instants pour permettre à la Centrale des syndicats du
Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 18 h 7)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, rebonjour. Je souhaite la bienvenue à la Centrale des syndicats du Québec. Merci d'être là. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre présentation, et, par la suite, on
passera à une période d'échange entre les
élus. Je vous demanderais juste de vous identifier, ainsi que les gens qui vous
accompagnent, et vous pouvez commencer tout de suite votre exposé par la
suite. Alors, je vous cède la parole. La parole est à vous, Mme Chabot.
Centrale des syndicats
du Québec (CSQ)
Mme Chabot
(Louise) : D'abord,
bonsoir. Merci de l'invitation de nous entendre sur le projet de loi n° 105. Louise Chabot, présidente de la Centrale
des syndicats du Québec; Nathalie
Chabot, conseillère à la CSQ; et nos trois présidences de fédération du
réseau scolaire — je
tiens à le dire, qu'ils représentent 100 000 membres à la CSQ du personnel
de l'éducation : Josée Scalabrini, présidente de la FSE, Johanne
Pomerleau, présidente des professionnels, FPPE, et Éric Pronovost, président du
personnel de soutien scolaire.
Donc, vu
qu'on a 10 minutes, il faut y aller vite, puis les personnes qui
m'accompagnent se feront un plaisir de répondre
à vos questions. Mais je vais prendre quelques
minutes d'entrée de jeu pour vous dire qu'il y a une recommandation... Parce que vous verrez dans nos mémoires qu'on en a quand même
une vingtaine, mais il y a une recommandation
qui n'est pas là, puis que je tiens à vous soumettre, vous soumettre que, comme
parlementaires, à tout le monde, que je vous
demanderais, si on a du temps utile à consacrer à l'éducation, de ne pas de laisser distraire par le projet de loi n° 105. Et, après avoir entendu les audiences,
vous pourriez suspendre les travaux puis ne pas procéder dans l'immédiat à l'étude
détaillée de ce projet de loi là parce qu'à notre avis, en bon québécois, la
charrue est avant les boeufs.
Alors que le ministre lui-même a mis de côté le
projet de loi n° 86 qu'il nous a soumis, a lancé une vaste mobilisation des acteurs du milieu, on va se
pencher sur le coeur de ce qui devrait être les vrais problèmes, puis la
réalité en éducation, il y a un vaste
chantier, il me semble que ce serait sage d'attendre, après toutes les
consultations, la rencontre nationale
qui aura lieu. Et, s'il y a des changements à la LIP à opérer en fonction des
réflexions, ce sera le temps de le faire.
Puis, avant de me faire instruire sur comment on mange un éléphant, je vous
dirais que je pense que le projet de loi qui est devant nous mériterait
qu'on attende avant d'en débattre.
• (18 h 10) •
Maintenant,
sur le fond, écoutez, on reconnaît qu'avec le projet de loi n° 105 on
laisse tomber plusieurs propositions qu'il y avait dans le projet de loi
n° 86, là. Ça peut être positif, mais, à notre avis, le projet de loi
n° 105, il conserve la même toile de fond que le projet de loi n° 86.
Essentiellement, le type de décentralisation qui est proposé vers les
établissements a pour effet de diluer le rôle de la commission scolaire tout en
augmentant les pouvoirs du ministre. Notre
proposition à ce projet
de loi s'articule principalement autour de deux aspects : le type de décentralisation qu'il
propose et les changements apportés au projet éducatif et les pouvoirs du ministre.
Sur le
premier aspect, la décentralisation, ça introduit des changements à la mission
de la commission scolaire en y introduisant ce que vous avez parlé beaucoup
tout à l'heure, le principe de subsidiarité. Ça
accentue la participation des directions d'établissement dans les
décisions qui concernent la répartition des ressources et ça permet que
certaines enveloppes budgétaires soient transférées directement aux établissements.
Soyons bien clairs, pour nous, ce type de décentralisation peut engendrer des
problèmes importants, et il faut en être conscient. Je vais en nommer trois.
Le premier,
ça met en péril la redistribution équitable des ressources entre les établissements. C'est une des missions premières
de nos commissions scolaires, la loi l'inscrit, la répartition équitable des
ressources. Si la répartition se fait en fonction de services qui vont
être réclamés par chacune des directions plutôt que selon une vue d'ensemble
des besoins des établissements, parce que les commissions scolaires ne
sont pas toutes de même taille, puis nos écoles non plus, on peut se retrouver avec un déséquilibre dans
l'offre de services. Puis vous allez retrouver des exemples dans le
mémoire très frappants là-dessus de
commissions scolaires qui fonctionnent de manière décentralisée qui se sont
retrouvées à ne pas pouvoir offrir des couvertures universelles de
services en psychologie, par exemple.
Deuxièmement,
le type de décentralisation met en péril l'organisation efficiente du travail,
qui permet de mieux répondre aux
besoins des élèves. Si la présence du personnel dans les établissements est
pensée selon un temps déterminé pour chaque école, ça ne permet plus au
personnel de moduler sa prestation de travail en fonction de l'évolution des
besoins des élèves sur tout un territoire.
Troisièmement,
le type de décentralisation met en péril la qualité puis la continuité des
services, ça peut nuire à la réussite. Si des sommes sont transférées
directement aux établissements, le recours à des services en sous-traitance pourra s'accentuer aussi, qui pourra avoir des
impacts à la fois sur la continuité des services et sur la qualité des
services. C'est pourquoi on demande que
l'organisation des services éducatifs complémentaires — on sait de quoi on parle quand on parle de ça, qui est inscrit dans la loi — c'est que ça continue de relever des
commissions scolaires dans leur mission de répartition équitable des ressources, et non pas en fonction des
besoins que chacun pourrait exprimer dans son école, et que le principe
d'équité soit respecté dans la répartition des ressources, et que soit
priorisée l'expertise du personnel scolaire, et que soit retirée la possibilité
que des budgets soient transférés directement dans les établissements.
Le deuxième
aspect du projet de loi qui nous préoccupe particulièrement, c'est les
changements apportés au projet éducatif et les pouvoirs accrus donnés au
ministre. Avec le projet de loi n° 105, si on fait une image, on veut
donner une plus grande autonomie aux acteurs de l'école, mais, dans les faits,
c'est une autonomie piégée pour trois raisons. Premièrement, les changements proposés au projet éducatif ont pour effet
de nier l'expertise du personnel dans les choix des moyens à inscrire au projet éducatif, limitant
ainsi leur autonomie professionnelle. Actuellement, dans ce qu'on
connaît, les moyens sont élaborés avec la participation des membres du personnel
de l'école, ce qui est tout à fait cohérent, puisque
ce sont eux qui sont à même de mettre en oeuvre ces moyens. Donc, les
changements proposés viennent changer la donne, et rien n'est prévu dans
le projet de loi n° 105 pour maintenir cette pratique.
Deuxièmement, l'autonomie que l'on prétend
donner aux établissements est menottée par les pouvoirs accrus donnés au
ministre, notamment à travers des mécanismes qui lui permettraient d'imposer
une obligation de résultat aux commissions
scolaires et, par ricochet, aux établissements. On veut être clairs, on l'avait
dit dans le projet de loi n° 86, on
n'est pas contre que le ministère se donne des orientations, donne des
objectifs à l'éducation, mais on est tout à fait contre l'idée, surtout quand on parle de réussite éducative, que ça se
traduise à nouveau par des indicateurs puis par des cibles chiffrées. Et ça, on a une opposition très
claire à cet égard-là. D'ailleurs, le ministre a évoqué, lors de la
consultation qu'on va entreprendre, qu'on ne parlera plus de réussite scolaire,
mais bien de réussite éducative. Ça fait que, dans ce sens-là, il faut avoir
une vision large puis donner les moyens aux acteurs du milieu que sont le
personnel de proposer ces changements-là.
Troisièmement, les changements proposés à
travers l'application du principe de subsidiarité et le transfert d'enveloppes directement
vers les établissements vont entraîner à coup sûr un alourdissement de la
gestion et de la reddition de comptes au
niveau des établissements, ce qui
fera peser un poids supplémentaire sur les épaules des directions et du
personnel qui doivent plutôt consacrer leur énergie auprès des élèves.
Ça fait que,
pour toutes ces raisons, on demande que les moyens à inscrire au projet
éducatif soient élaborés avec la participation
du personnel et approuvés par le conseil d'établissement; que les
références à des indicateurs et des cibles soient retirées pour conserver les orientations et les objectifs; que
soit biffée la possibilité que tout autre élément déterminé par le ministre se retrouve dans le plan d'engagement de la commission scolaire; et que le projet éducatif tienne compte
du plan d'engagement. Dans le projet de loi n° 86 versus le projet de loi
n° 45, vous avez changé le mot «cohérent», mais nous, on dit que ça
devrait en tenir compte. Ça fait qu'on est loin de ce que j'entendais tout à
l'heure, là, de l'effet «bottom-up».
Pour
terminer, je voudrais insister sur l'absence de proposition — ça, c'est une question que nous avons — pour
les élèves sans papiers. Le projet de loi
n° 86 le prévoyait clairement. Nous, on avait déjà écrit une lettre,
d'ailleurs, au ministère dans ce
sens-là. Même un règlement pourrait déjà résoudre une grande partie des
problèmes. Ça fait que ça, c'est plus une question qu'on a été étonné de
voir que ça...
Ça fait qu'en
conclusion je pense que le projet de loi n° 105 qui est devant nous est
prématuré, que déjà le nouveau mode
de gouvernance qu'on veut donner en donnant... oui, on maintient les
commissions scolaires, mais on affaiblit leurs pouvoirs, on donne plus de responsabilités à un nouveau comité de
répartition des ressources formé majoritairement de directeurs. On met... un procès de subsidiarité
aux établissements puis on enlève des moyens essentiels au niveau de nos
personnels en termes de répartition des ressources, en termes d'autonomie
individuelle et collective. Je pense qu'on est
capable d'attendre d'avoir fait le tour des problèmes en éducation, de se
donner une vision claire, puis, s'il y a des changements à la LIP à
opérer, bien, on les prendra dans son ensemble. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme Chabot. Alors, on va
passer à la période d'échange, et je cède la parole à M. le ministre
pour environ 12 minutes.
M. Proulx
: Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci, mesdames et monsieur, d'être ici avec nous
aujourd'hui. Merci d'avoir déposé le mémoire
et de prendre le temps de venir nous l'expliquer une deuxième fois en si peu de
temps, j'en suis bien conscient.
Je voulais
répondre à votre question à l'égard des enfants sans papiers parce que c'est
pour moi une préoccupation. Vous
allez me dire : Si c'est une préoccupation, pourquoi que les dispositions
qui étaient dans 86 ne sont pas dans 105? Je vous l'explique à l'instant
parce que j'étais moi-même très triste de ne pas pouvoir les répéter telles
qu'elles étaient. Deux choses. La première, c'est que, d'abord, plusieurs
groupes sont venus nous expliquer — et, je pense, avec raison — que les mécanismes qui étaient en place dans
le projet de loi n° 86 n'allaient pas assez loin. Et, selon la
direction juridique du ministère chez nous, il semble que même les dispositions
qui se retrouvaient dans le projet de loi n° 86 à l'égard des élèves sans
papiers posaient des problèmes d'application. Alors, j'ai l'intention de nous
revenir avec une démarche qui sera complète,
qui ne sera pas inadéquate et qui ne sera pas partielle de façon à faire en
sorte qu'on puisse favoriser l'inscription des élèves qu'on a dit «sans
papiers» au sein de notre système scolaire. Je voulais le dire très clairement
parce que, pour moi, c'est très important.
Je
voulais vous entendre parler un peu de décentralisation parce que vous l'avez
dit... J'ai compris, à la lecture du
mémoire — il me
semble vous l'avoir entendu dire aussi il y a quelques minutes — qu'il y a des risques, pour vous, il y a des risques ou des conséquences qui peuvent
être néfastes à une certaine décentralisation. Vous le dites,
d'ailleurs, à l'égard des ressources. Vous
faites même référence aux différentes mesures que nous avons
décentralisées — disons-le ainsi — dans les dernières règles budgétaires, ce
qui, en passant, explique, pour le bénéfice de tous... Ce n'est peut-être
pas la seule raison, mais c'est une des
raisons pour lesquelles il y a eu un peu plus de temps à rendre ces règles
budgétaires là disponibles. Quand on fait
les choses différemment de ce qui a été fait avant, bien, il faut travailler
pour que les choses arrivent. Donc,
j'ai eu un peu de travail à faire. Maintenant que c'est réglé, j'en suis content. Mais il n'en demeure pas moins qu'il
y a là pour moi une opportunité puis un avantage.
Mais vous dites : Il y a un risque à tout
ça. Et j'essaie juste de concilier le fait qu'au-delà du principe, dans la
pratique, décentraliser veut dire un peu plus d'autonomie pour l'équipe-école,
pour l'école, pour des projets qui lui sont
propres, et vous dites : Bien là, il faut faire attention, ça devrait
demeurer comme c'est actuellement, c'est-à-dire dans les mains des commissions scolaires, ce qui me
donne l'impression qu'il y a comme moins d'autonomie à l'équipe-école
et, par le fait même, moins d'autonomie aux enseignants, peut-être.
Alors, vous
dites dans le mémoire : Bien, oui, mais il faut faire attention aux
petites écoles. J'en suis, je veux dire, je l'ai inscrit dans la démarche, de soutenir les petites écoles.
D'ailleurs, je le fais régulièrement. Je ne visite pas que des écoles à
grande capacité, je visite beaucoup de petites écoles. Il y en a des dizaines
et des dizaines, des écoles avec 100 élèves
et moins dans notre réseau, et il faut, effectivement, ne pas tomber dans le
piège de s'assurer qu'il n'y aura que quelques
dollars pour eux. Mais c'est à nous, c'est aux commissions scolaires, c'est au
milieu d'être capable d'établir une règle qui va leur permettre que
cette décentralisation soit efficace pour eux aussi. Je voulais juste vous
entendre à cet égard-là.
• (18 h 20) •
Mme
Pomerleau (Johanne) :
J'aimerais faire un bout sur la décentralisation parce que c'est un aspect qui
inquiète énormément les professionnels. Il faut comprendre que, dans la très
grande majorité des commissions scolaires, les professionnels — on parle des orthophonistes, des psychologues, des
psychoéducateurs — travaillent
dans plusieurs écoles et doivent voir
leur tâche comme un tout. Ils ont quatre, cinq, huit écoles, des fois 15 écoles
à s'occuper, et donc, à partir du moment où c'est une tâche complète,
ils peuvent s'organiser pour donner les services en fonction des besoins dans
l'ensemble de leur tâche. C'est considéré comme un ensemble. Plus on
décentralise, plus ce sont les écoles qui ont l'argent
qui déterminent le temps de l'orthophoniste, de la psychologue ou du psychoéducateur,
et plus le personnel se retrouve avec
une vision, je dirais, de casse-tête. Et, totalement, c'est des morceaux de
tâche qui s'attachent ensemble, et la personne
n'a plus la flexibilité dans son horaire pour pouvoir aller où sont les réels
besoins. Ça, c'est une problématique.
L'autre
problématique qu'on a, c'est que... On ne se le cachera pas, un des problèmes,
c'est le manque de ressources professionnelles.
O.K.? Ce n'est pas parce qu'on les décentralise, ce n'est pas parce qu'on
envoie l'argent dans les écoles qu'il y en a plus. Donc, les écoles
doivent faire des choix. Plus les écoles sont petites, plus les choix sont
difficiles, et l'équipe-école, malgré toute sa bonne volonté, se retrouve à
devoir faire des choix entre un technicien en éducation spécialisée, ou un psychoéducateur, ou une orthophoniste, ce qui fait
que notre inquiétude, c'est qu'on va se retrouver avec des écoles qui
n'auront pas du tout les mêmes services et les mêmes possibilités.
Présentement,
dans les commissions scolaires, d'une commission scolaire à l'autre, on a des
différences énormes dans les paniers
de services. Je peux vous donner des exemples de commissions scolaires qui ont
environ une orthophoniste pour
2 000 élèves, alors qu'il y a d'autres commissions scolaires qui ont une
orthophoniste pour 9 000 élèves. Il y a des différences importantes. Imaginez maintenant si, par école, on a des
différences aussi importantes. Ça fait qu'un élève qui est dans une
école X, bien, s'il a un trouble de langage puis que, malheureusement, il n'y a
pas d'orthophoniste, c'est dommage, mais il n'en aura pas.
Ça fait qu'on
a une très grande inquiétude à ce niveau-là et on a une inquiétude aussi que
les montants d'argent, particulièrement
dans les petites écoles, amènent les écoles à aller en sous-traitance. Que ce
soit au niveau des services professionnels
ou de soutien, on a des inquiétudes à ce niveau-là. Bon, bien, on a va avoir
tant d'argent puis on va pouvoir se payer cinq évaluations en
psychologie. Et après? Et après les évaluations? Nous, on pense que les
élèves... on doit s'assurer d'avoir un
service le plus équivalent possible, le plus équitable possible dans toutes les
écoles au Québec, qu'elles soient
petites, qu'elles soient grosses, que ce soit une polyvalente ou une petite
école en campagne, et la seule façon de le faire, c'est d'essayer de se
faire des programmes où on a une organisation cohérente des services. Puis,
pour nous, l'organisation cohérente des
services, bien, ça ne peut pas se faire si on l'éparpille dans un nombre... Et
je ne sais pas c'est combien qu'il y a d'écoles au Québec, mais
3 000 élèves... déjà, 72 commissions scolaires, c'est difficile. Imaginez avec 3 000 écoles, on a l'impression qu'on va
se retrouver avec des offres de services totalement différentes d'une
place à l'autre, avec des écoles qui n'arriveront pas à donner les services aux
élèves, tel qu'ils en ont besoin.
Mme
Scalabrini (Josée) : M. le ministre, puisque vous m'avez interpelé en disant les enseignants, je vais
faire un petit bout de réponse aussi. On
avait dénoncé un peu dans le projet
de loi n° 86 le fait que vous
aviez commencé le projet en
disant : Dans les écoles, les experts sont les gens les plus près du
terrain, et ça incluait les enseignants. Puis on vous avait dit : Mais, dans le projet, plus loin,
rien ne venait confirmer ça. Vous nous avez entendus, vous avez enlevé la
phrase qui disait qu'on était les experts, mais vous n'avez pas plus ajouté
dans le projet de loi.
J'ai le goût
de dire que ce n'est pas rassurant de voir que peut-être tout va être
décentralisé parce qu'on n'a
pas vu venir s'ajouter pour le personnel et pour les enseignants le fait que ce
seront les équipes-écoles qui prendront des décisions,
que ce sera la participation du personnel qui sera là. Même qu'il y avait des
consultations à certains niveaux qui ne
sont plus là. Ça fait que, oui, il y a une inquiétude pour nous. Il existait
dans la convention collective ce qu'on appelait un
comité paritaire. Maintenant arrive le comité des directions à la commission
scolaire qui vont aller, en tant que directions,
prendre des décisions qui viennent en contradiction, peut-être, avec des
décisions qui pouvaient se prendre au comité paritaire dans les
commissions qui s'assuraient qu'on voyait aux besoins des différentes grosseurs
des écoles. C'est pour nous, oui, très inquiétant.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le ministre, il vous reste trois minutes.
M. Proulx
: Je veux parler de l'autonomie professionnelle
parce que, dans
le fond, vous y faites référence,
là, Mme Scalabrini, quand vous parlez de ça.
Mais, quand même, les directions d'école ont dit : C'est une
bonne idée de se retrouver dans l'équipe-école en position d'être
capable de prendre des décisions localement. Et je n'ai pas saisi, ni dans 86 ni dans 105, ni dans tout autre projet,
que c'était la décentralisation tous azimuts non plus, là, tu sais.
J'entends les préoccupations à l'égard des 3 000 écoles et du 1 350 000 élèves, là, mais, dans les
faits, je veux dire, on n'est pas dans la situation où il n'y aura plus de palier intermédiaire, et autres, on
est, je dirais, dans une optique où, effectivement, on tente de donner
plus d'autonomie au milieu.
Concernant les enseignants, je l'entends
extrêmement bien. Je pense qu'on a eu l'occasion d'en parler, autant des comités qui existaient, qui n'existent plus,
du rapport de communication entre le ministère et le milieu des
enseignants, sur la consultation de cet
automne et la possibilité, et surtout... pas juste la possibilité, la nécessité
d'avoir un espace sur l'autonomie des
enseignants, sur le rôle de la valorisation. D'ailleurs, la phrase, je l'ai un
peu enlevée pour une raison assez simple,
il me semble vous avoir entendus, vous et un autre groupe...que c'était plutôt
insultant de se retrouver avec une phrase
comme celle-là dans le projet de loi. Je l'ai enlevée, notamment pour ça, parce
que je me suis dit : S'il n'y a pas, à l'intérieur de ça... si ces mots-là ne sonnent pas pour les gens du
milieu de l'enseignement comme étant la volonté, là, très assumée que nous avons... en tout cas, que
j'essaie de transmettre, que nous voulons travailler mieux ensemble puis
vous donner plus d'espace, je veux dire, je
vais me reprendre la prochaine fois. Quand j'aurai terminé les
consultations, on aura la chance de parler
de ça. C'est un peu cette raison-là pour laquelle les mots ne sont pas là, pour
se faire l'économie d'un débat qu'on avait déjà fait.
Là-dessus, je voulais que ce soit assez clair,
c'est vraiment pour remettre la table à une discussion à l'égard de la relation enseignants-ministère et pour
trouver cet espace-là. Mais je veux vous entendre sur l'autonomie parce
que je regarde dans les 14 mesures qu'il y a dans les règles budgétaires, rien
de parfait, là. Mais, dans les 14 mesures qui ont
été discutées, qu'on a souhaité diriger vers les écoles, bien, il y a des
commissions scolaires qui vont nous dire : Bien là, vous les avez envoyées là-bas, les décisions, ils
vont les prendre dans les établissements. Je considère que ce n'est pas
une si mauvaise nouvelle que ça.
Moi, j'ai
visité quelques écoles, là, depuis le mois de juin dernier. Je suis allé dans
différents milieux en région, puis ils
m'ont dit : C'est bien, dans tel domaine, vous allez nous permettre qu'on
puisse prendre des décisions plus près de ma classe. Et là c'est des
enseignants qui parlent, là, dans des situations comme celles-là. J'ai
rencontré en personne des nouvelles ressources qui sont là depuis les mesures
de l'automne dernier, puis qui vont s'ajouter aux nouvelles qui sont là depuis, dans le fond, septembre cette
année. Alors, j'essaie de voir, là, comment on peut travailler, par
exemple, dans le guide des meilleures
pratiques, dans l'espace de l'autonomie et de la décentralisation, pour
permettre aux professionnels, aux enseignants, aux gens que vous
représentez, notamment, d'avoir cet espace-là qui est important parce que...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre, si vous voulez qu'il réponde, il faudrait que...
M. Proulx : ...les autres personnes près
de l'école, elles, disent qu'il y a là une bonne idée.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, il vous reste une minute, Mme Scalabrini.
• (18 h 30) •
Mme Scalabrini (Josée) : M. le
ministre, si on veut que les décisions se prennent plus près de la classe pour respecter l'autonomie, bien, il faut s'arranger
pour que les gens qui sont sur le terrain
puis proches de la classe l'aient, cette possibilité d'être partie
prenante. Dans ce qui est ajouté dans le projet, ce n'est pas là. Et même qu'on
en a perdu parce qu'il existait à l'époque — puis on l'a dénoncé à
bien des égards aussi — trois
paliers très différents, qui étaient le projet éducatif, le plan de réussite et la convention de gestion. Puis là on
disait : Il y a trop de bureaucratie, on n'y arrive plus. À un moment donné, il faudrait recentrer. On est allé
regrouper ces trois paliers-là en un seul palier qui est le projet
éducatif.
Je vais refaire
un dessin de qu'est-ce qu'on veut au Québec en éducation. Généralement, on veut
que le ministère prenne des
décisions, dise c'est quoi, les programmes, qu'est-ce qu'on veut, et on veut
que, dans les écoles, on choisisse les moyens pour réaliser ça. Mais il
peut y avoir aussi dans un projet éducatif ce qu'on va donner, la couleur à
l'école. Puisqu'on est allé regrouper les trois paliers, qu'on a rentré les
cibles là-dedans et qu'on est venu inclure toute la réussite de l'école à même le projet éducatif, on a fait que les
enseignants et le personnel ont perdu de l'autonomie parce que, pour
répondre au projet éducatif, maintenant on vient dire au conseil
d'établissement : Il faudra que l'enseignant choisisse ses moyens et, dans sa pédagogie, il vienne répondre au projet
éducatif. Donc, on est venu enlever de l'autonomie, on n'est pas venu
donner plus d'autonomie.
Je répète, si
on veut donner plus d'autonomie, il faudra que, dans une école, le personnel et
les enseignants soient partie
prenante des... pas on les consulte, après on fait ce qu'on veut, on doit faire
partie des décisions qui se prennent. Et, dans ce projet de loi là, il n'y en a pas, de possibilité pour dire...
Vous me dites : Bien oui, mais les directions nous disent que ça va se prendre ensemble. Oui, mais qu'est-ce qui
dit que ça va se prendre ensemble? Il y en a eu, des difficultés dans le
passé. Nous, on dit qu'il faut pour ça qu'il
y ait, avec la participation du personnel ou avec la participation des
enseignants...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme Scalabrini. Merci. On va passer du côté de l'opposition
officielle, et je cède la parole à Mme la députée de Pointe-aux-Trembles pour
environ 7 min 30 s.
Mme
Léger : Sept minutes pour avoir un échange constructif pour...
J'aurais eu juste le goût de laisser Mme Scalabrini continuer, elle
était partie sur un élan. Je ne veux pas vous bloquer dans ça, mais, d'abord,
je vous salue, je suis contente de vous voir
aujourd'hui ici, au projet de loi n° 105, mais particulièrement parce que
vous êtes des acteurs importants au
coeur de l'éducation. Et les milliers de membres que vous représentez, bien, je
pense que ce que vous avez à dire par
rapport à l'ensemble de l'enjeu, dans le fond, qu'on a sur la réussite
scolaire, d'une part, mais éducative... je pense que vous avez beaucoup
de choses à dire.
Le préambule de Mme
Chabot, je pense qu'on partage beaucoup de choses de votre préambule.
Évidemment, vous dites que, bon, on a eu un
projet de loi n° 86 que le ministre a mis de côté, après qu'arrive le 105
tout en nous disant en même temps qu'il va y avoir des grandes
consultations générales pour arriver à une... des consultations sur la réussite
éducative, d'une part. On attend la politique
nationale de l'éducation, on attend que ce gouvernement-là puisse nous
déposer une politique nationale d'éducation avec tout ce que les gens ont dit
dans le milieu depuis le projet de loi n° 86 particulièrement et bien
avant, là, peu importe, là.
On a mis de côté la
gouvernance scolaire, les taxes scolaires, la valorisation de l'enseignant.
Bon, écoutez, il y a bien des éléments qui
sont quand même mis de côté. Donc, effectivement, ça peut être prématuré de se
retrouver avec un type de projet de
loi comme ça. Mais, en même temps, pas prématuré, je pourrais dire, le
gouvernement a été retardataire parce
qu'on attend depuis deux ans qu'il arrive avec un projet de loi sur ce qui est
sur la table présentement. Moi, je me souviens
d'avoir interpelé beaucoup le ministre Yves Bolduc, et après M. Blais, puis là,
bien, on a le nouveau ministre qui est
devant nous, qui a des bonnes intentions, on va voir la suite des choses. Il
nous a dit qu'il accoucherait, mais alors là j'espère que ce n'est pas le projet de loi n° 105 qui est
l'accouchement de ce que vous avez des intentions de faire. Alors donc, effectivement, la charrue devant les boeufs,
j'abonde dans le même sens. Nous autres, l'opposition officielle, alors
on s'attend à beaucoup plus du gouvernement qui est devant nous.
Alors,
tout ça pour arriver à se dire aussi qu'il ne faut quand même pas oublier que,
lorsque, madame... Vous parliez particulièrement,
Mme Pomerleau, des ressources, des besoins dans les ressources que vous avez,
qu'on a beau départager les choses,
mais qu'il reste quand même des besoins criants des ressources actuellement et
que le manque de ressources et les
coupures que nous avons eues la dernière année particulièrement et les années
passées où... On a maintenant
des surplus de 1,8 milliard — c'est
la question qu'on va poser au ministre — j'espère que les surplus, il va y en avoir en
éducation, puis que ça va être majoritairement en éducation. Mais on a entendu le
premier ministre le dire, alors on a hâte de la suite des choses. Mais
on attend une politique de réussite éducative ou une politique nationale
d'éducation pour qu'on puisse écouter le milieu pour savoir où seront les
priorités de ce gouvernement-là par après.
Alors,
moi, je m'inquiète sur les pouvoirs du ministre aussi dans le projet de loi
n° 105 qu'on a devant nous. J'en ai parlé avec quelques-uns, d'autres groupes avant vous. Je suis consciente
de toutes les autres problématiques puis tout ce qu'il peut y avoir, mais je veux savoir votre... Parce qu'on n'a pas eu
le temps d'en parler, est-ce que, pour vous, ça serait essentiel que le pouvoir du ministre soit à titre
exceptionnel, et non ce qu'il s'octroie présentement, des directives
dans l'organisation, dans le fonctionnement, dans l'administration, etc.?
Mme Chabot
(Louise) : Bien, ça nous inquiète. Ça nous inquiète, mais on l'a vu
global dans l'analyse. Si je peux me
permettre juste une chose, vous avez dit d'entrée de jeu que notre préambule
vous interpelait, mais qu'en même temps il y avait un projet de loi puis
que les parlementaires attendaient, mais nous, de notre côté, depuis que le gouvernement est en poste, où l'éducation devait
être une priorité, on dit qu'avant de parler de gestion puis comment on
gère, puis quels comités, puis décentralisation, centralisation, les
structures... Ce n'est pas ça qui mobilise. Pour la première fois, on a un débat à faire, on a un projet qui est
mobilisateur parce qu'on se dit : On va se poser les questions. Il y a des questions qu'on va être en accord ou pas,
mais, au moins, on va regarder les enjeux dans son ensemble. C'est dans
ce sens-là qu'on dit...
Quant
à une des propositions des consultations qui vont venir, qu'on veut revoir le
financement pour les élèves, bien,
ça, c'est une question cruciale, là. Bien, peut-être qu'après ça, toutes ces
questions-là, on aura les bonnes réponses, puis on modifiera la loi. Là on est sur décentralisation,
centralisation, pouvoirs du ministre. Là, on a l'impression, devant
nous, qu'on a maintenu les commissions
scolaires, mais qu'on met au-dessus d'eux autres un comité de répartition des
ressources qui sont les directions
d'établissement. Je ne dis pas que les directions d'établissement ne doivent
pas être consultées, elles sont dans les milieux. Au même titre que le
personnel, on demande d'être consulté, qu'il y ait un point de vue.
Et
là des pouvoirs du ministre qui peuvent s'additionner, on sent très bien une
volonté de partir du pouvoir central puis
d'aller de plus en plus vers le milieu, puis on dit : Ça ne répond pas aux
besoins de l'éducation actuellement de vouloir décentraliser puis s'accorder des pouvoirs à ce point que ça va reposer
sur les écoles de faire la différence. Pour nous, au contraire, ça va fragiliser le système
d'éducation. On pense que le ministre a un rôle très important en termes
d'orientations, puis les commissions scolaires ont un rôle important en termes
de répartition équitable des ressources. Allez voir la LIP, allez voir les
articles.
Puis, au niveau de
l'autonomie — puis
je vais laisser Mme Scalabrini, là — parce qu'ils l'ont toujours
dit, on ne veut pas qu'une autonomie soit
entravée par de la bureaucratie, par de l'administration, par de la reddition
de comptes ou par la menace, effectivement, dans le cas de la
décentralisation, qu'il y ait des postes qui soient ailleurs. C'est une autonomie pédagogique sur le plan des moyens, sur
le plan de l'expertise, puis ça, ce n'est pas reconnu. Au contraire, on
persiste dans le modèle actuel.
Mme Scalabrini (Josée) : Pour ajouter, c'est clair, oui, on a peur de
cette possibilité-là que le ministre, par les nouveaux droits qui sont
donnés dans la LIP, puisse, à un moment donné, sous les moyens de la pression,
faire une gestion qu'on appelle de la
première page, de la une, que, comme le ministre peut directement donner une
nouvelle consigne qui s'en va
directement dans la commission scolaire, bien, un scandale qui se vit en
quelque part... On l'a souvent dit, puis ça ne pouvait pas se faire avant, mais, à partir du moment où un enfant
de deux ans se noyait l'été, bien, le débat revenait sur la place publique, là, il fallait qu'il y ait des
cours de natation absolument à l'école. Pourtant, c'est un enfant de deux
ans. Ce n'est pas parce qu'il n'avait pas
appris à nager à l'école, là, qu'il s'était noyé, là. Il ne faut pas qu'on ait
une gestion de l'éducation à la pièce ou qui va avec la une des journaux
et ces choses-là. Donc, oui, pour nous, il y a un danger là que... On a enlevé
des pouvoirs au palier de commission scolaire, mais on ajoute un palier au
ministre qui va directement — tout dépend des commissions
scolaires — amener
des points.
Je reviens sur le
fait qu'ayant regroupé ce qui était en trois paliers, on est venu ancrer encore
plus fort une gestion axée sur les résultats. Et le ministre nous a dit la
semaine passée que ce qu'il voulait, lui, c'est une réussite éducative. Donc, une réussite éducative, ça ne se
fait pas à partir de des statistiques, ça ne se fait pas à partir des
chiffres. Il faut établir c'est quoi, la réussite éducative, et moi, je pense
qu'après une consultation comme celle qui est en train de se faire, où on veut aller
dans les milieux, on veut entendre tout
le monde sur c'est quoi, notre projet
pour l'éducation dans les prochaines années, bien, on reviendra à ces
grandes modifications là parce que ça fait des années et des années — puis
on est capables de le démontrer — qu'il
s'est fait des changements dans la Loi de l'instruction publique, mais
qui sont venus les uns contre les autres... se nuire plutôt qu'aider au système.
• (18 h 40) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Scalabrini.
Il ne reste plus de temps, Mme la députée, désolée. Alors, on va passer du côté du deuxième groupe de l'opposition,
et je cède la parole à M. le député de Chambly pour cinq minutes.
M.
Roberge : Merci beaucoup. Merci pour votre présentation, que j'ai
grandement appréciée, d'ailleurs. Il y a dans le projet de loi un concept un peu flou, c'est le mot
«concertation» qui revient. Quand on parle du projet éducatif, avant, dans la Loi sur l'instruction publique, on
disait — et là je
cite — on
disait : La participation des personnes intéressées par l'école
était requise. Là, maintenant, ça dit : Le projet de loi propose
d'inverser ce processus en reléguant la participation des acteurs intéressés
après la concertation.
En
fait, j'ai de la misère à savoir, dans ce projet de loi là, comment va être
élaboré le projet éducatif. Est-ce que vous pensez que, dans cette
nouvelle mouture là, les enseignants puis enseignantes vont vraiment avoir leur
mot à dire dans l'élaboration du projet éducatif?
Mme Scalabrini (Josée) : ...conseil d'établissement, je présume que va se
prendre la décision. Mais, comme je l'ai dit tantôt, c'est que ce ne sera plus juste les couleurs de l'école
qu'on va aller donner, c'est qu'on va se mêler de l'ensemble du dossier
de l'école, qui va jusque dans les moyens pédagogiques que doivent utiliser les
enseignants pour travailler au quotidien.
Les enseignants et le personnel qui est représentatif au conseil
d'établissement, oui, à ce moment-là, vont pouvoir avoir une certaine
influence, mais, encore là, ils ne seront pas décisionnels au conseil
d'établissement, là. Je ne sais pas si vous voulez enrichir.
M. Pronovost (Éric) : Non. Puis, effectivement, ce qu'on trouve un peu déplorable dans ça,
c'est que les gens participent, mais sont peu entendus. Donc, l'impact
qu'on a, nous, comme personnel de soutien... Vous comprenez qu'au quotidien, là, on vit autant que les
professionnels, que les enseignants avec les enfants au quotidien. Donc,
nous avons ces enfants-là aux premières lignes.
Je
pense qu'il y a une chose qui est importante puis qu'il faut retenir, hein,
oui, il y a le projet éducatif, mais l'école, là, elle est ouverte de 7
heures, le matin, à 18 heures, le soir. Donc, l'école, c'est ça aujourd'hui, ce
n'est plus de 8 h 10 à 3 h 25. Donc, le projet éducatif doit toucher
l'ensemble, doit toucher partout, l'ensemble de la plage école. Et ça, bien, trop souvent, là, on l'oublie. Et le
personnel de soutien, depuis quelques années, depuis des années, est
oublié par rapport à ça. Et je vous rappelle
quelque chose que nous, on a établi, vous savez, le personnel de soutien
scolaire, c'est 81 corps d'emploi
différents. Donc, c'est des gens qui, au quotidien, soit dans l'administration
des commissions scolaires ou soit au
jour le jour dans nos écoles, vivent et travaillent avec les enfants. Et je
pense que ça, au conseil d'établissement, nous devrions avoir vraiment, mais vraiment plus une écoute qui pourrait
nous placer et... De faire partie intégrante de cette équipe-école-là,
je pense que c'est un incontournable pour nous autres.
M.
Roberge : Merci. J'aimerais vous entendre, une précision sur la
recommandation 3 que vous faites. Vous dites : Que les services éducatifs et complémentaires
soient organisés de manière à favoriser la concertation pour le
personnel professionnel et le respect de l'autonomie professionnelle. Qu'est-ce
que vous voulez dire précisément quand vous dites qu'il faut que ça favorise la
concertation du personnel professionnel?
Mme Pomerleau (Johanne) : O.K. Ici, ce qu'on veut dire, c'est que, quand on
parle d'organisation cohérente, il faut
comprendre... Tout à l'heure, on parlait de l'importance de la concertation. J'entendais
le groupe précédent parler de l'importance de collaborer, de discuter
ensemble. Pour le personnel professionnel, ils sont toujours isolés dans leur milieu, dans les écoles. Parce qu'il y a une
orthophoniste qui travaille dans neuf écoles, probablement que la
psychologue ne vient pas la même journée parce qu'ils partagent le même bureau,
donc elle vient une autre journée.
Donc, les services professionnels ont besoin
d'avoir des lieux de concertation, des lieux où ils discutent ensemble, des lieux où ils vont pouvoir élaborer, par exemple, des programmes
de prévention, d'intervention précoce, regarder
ensemble des façons d'agir pour pouvoir intervenir rapidement au niveau des
jeunes. Et ça, ça se fait généralement à la commission
scolaire, il y a des
rencontres de concertation, et c'est encore... Notre inquiétude, dans un
contexte où les sommes ou les décisions... où l'argent est décentralisé dans
les écoles, notre inquiétude, c'est que les professionnels se retrouvent d'autant plus isolés dans leurs
écoles avec plus de possibilité de pouvoir se rencontrer pour travailler sur des projets ensemble, et se
ressourcer ensemble, et se former ensemble. Ça fait que c'est vraiment
de permettre cette concertation-là,
et pas de se retrouver avec des professionnels que tout leur temps est minuté dans chaque
école, parce que l'école a acheté ses
services et qu'elle veut avoir sa professionnelle la journée au complet. On a une grande
inquiétude là-dedans, et c'est de ça qu'on parle.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme Pomerleau. Alors, on va céder la parole à Mme la députée de Gouin pour environ trois minutes.
Mme David (Gouin) : Merci, Mme la
Présidente. Mesdames monsieur, bonjour. Le temps qui m'est alloué est court, alors on va faire ça vite. Premièrement, je voudrais dire que je suis pleinement en accord avec votre
présidente lorsqu'elle dit : La
priorité, c'est vraiment la consultation nationale. Et donc je ne sais pas ce qui va
advenir du projet de loi, mais c'est vrai que ça n'est pas ça, la priorité,
c'est vraiment d'avoir une vision globale, adoptée par la société québécoise, sur l'éducation.
Deuxièmement, oui, d'accord avec vous, je me
questionne, moi aussi, sur les pouvoirs accrus du ministre. Je trouve que c'est encore plus clair dans 105 que
dans 86, donc il y a quand
même une discussion importante
là. Mais j'ai, tout de même, une question à vous poser. Je vous écoute depuis tout à
l'heure, et vous nous dites que c'est... Ce n'est pas simple, hein? À la
fois, c'est extrêmement important de respecter les particularités locales, il y
a des milieux, par exemple, socioéconomiques
défavorisés, il y a des petites écoles en région, etc., mais, à la fois, vous
nous dites aussi : Il faut respecter le mandat électif des commissions scolaires. Et, par exemple, dans votre
mémoire, vous critiquez le fait que, lorsque le comité de répartition des ressources présente quelque chose au conseil
des commissaires, leur proposition va être rejetée seulement s'il y a un
vote aux deux tiers. Et vous dites : Ça, c'est vraiment un affaiblissement
de la démocratie.
Alors, juste
pour qu'on se comprenne bien — je pense à votre recommandation 11 — comment conciliez-vous la nécessaire
autonomie locale et le respect de l'autonomie professionnelle des enseignantes
et enseignants avec le fait qu'il y a aussi une démocratie sous-régionale ou
régionale, là, qui s'exprime par le vote des citoyens qui élisent des commissaires scolaires? Comment conciliez-vous
tout ça? Si je prends votre recommandation 11, vous dites que, dans le fond, l'école doit avoir un projet éducatif qui
tienne compte du plan d'engagement de la commission scolaire, mais non
pas qu'il soit cohérent avec le plan
d'engagement. Ce n'est pas simple, là, puis, si moi, j'ai besoin de le
comprendre, j'imagine que les gens qui nous écoutent ont peut-être
besoin. Alors, j'aimerais que vous nous expliquiez un petit peu.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
C'est Mme Chabot, oui? Rapidement.
Mme Chabot
(Louise) : Oui. Bien, c'est
vrai que ce n'est pas simple, la LIP, la Loi de l'instruction publique.
Et là on va avoir un projet éducatif dans l'école, puis il va y avoir un projet
d'engagement dans les commissions scolaires, puis avant... Bien, je pourrai laisser Nathalie... Il
y a eu des choix de termes dans le projet de loi n° 86 vers le projet
de loi n° 105, je vais laisser Nathalie vous l'expliquer.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme Chabot, allez-y.
Mme Chabot (Louise) : Mme Chabot.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, Mme Chabot. Mme Chabot, vous avez à peu près une minute.
Mme Chabot (Nathalie) : Oui. Ah!
O.K. Oh! pour une question aussi complexe. O.K. Dans le fond, quand on dit qu'on souhaite que le projet éducatif
tienne compte, et non pas ne soit cohérent... c'est qu'on veut éviter qu'il
y ait une ligne de pouvoir trop forte qui
passe du ministre jusqu'à la commission scolaire, jusqu'à l'école, où, là, on
se retrouverait avec une obligation de résultat, l'obligation
d'atteindre des cibles chiffrées puis que, dans certains cas, dans certains milieux, les acteurs du milieu n'auraient pas les
ressources et les moyens nécessaires pour atteindre ces cibles-là. Ça
fait qu'on dit : Oui, il faut tenir compte, dans le projet éducatif, des
orientations, des objectifs, mais, pour nous, le mot «cohérent» était trop fort parce qu'il ouvrait la porte à une obligation
de résultat du ministre jusqu'à l'école en passant par la commission
scolaire.
• (18 h 50) •
Mme Chabot (Louise) : Est-ce que
j'ai 10 secondes de plus?
Une voix : ...
Mme Chabot (Louise) : Vous avez
raison de dire que c'est complexe. Puis on s'en parlait, justement, nous, à côté, puis on disait : Tu sais, en
principe, le monde n'est pas contre ça, la décentralisation, le monde n'est pas
contre ça, d'avoir une couleur, que son
école... Mais, en même temps, les effets néfastes dans notre système scolaire
d'affaiblir un palier intermédiaire
comme les commissions scolaires par toutes sortes de mesures, à notre avis ça
va venir empêcher de façon importante
à la fois la répartition des ressources, l'équité des ressources sur des
territoires et l'autonomie individuelle et
collective de notre personnel. Puis ça, bien, on est conscients qu'on va devoir
revenir. C'est pour ça, je vous dis : Vous
devriez profiter de la consultation qui s'en vient. On vous a donné des papiers
et on pourra se revoir plus tard sur ce que la LIP a besoin pour nos
services, ça vous éviterait une étude détaillée.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Chabot, Mme
Scalabrini, Mme Chabot, Mme Pomerleau et M. Pronovost, pour votre
présence ce soir.
Alors, la commission ajourne ses travaux à
demain, à 11 h 30, où elle poursuivra son mandat. Merci et bonne
soirée à tous.
(Fin de la séance à 18 h 51)