(Dix-huit heures trente et une
minutes)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bonsoir à tous. À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques, s'il vous
plaît.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille
culture et communications pour
l'exercice financier 2016‑2017.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplaçants?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Fortin (Pontiac) est
remplacé par M. Huot (Vanier-Les Rivières).
Culture et Communications
Remarques préliminaires
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Nous allons débuter par des
remarques préliminaires puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20
minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix des
crédits sera effectuée à la fin de l'étude de ce volet.
Alors,
puisque nous avons commencé à l'heure, on va finir à l'heure. Et nous débutons
donc avec les remarques préliminaires, et j'invite Mme la ministre. Vous
avez 12 minutes à votre disposition.
Mme Hélène David
Mme David (Outremont) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, permettez-moi tout d'abord de vous
présenter les collaborateurs qui m'accompagnent. Alors, à ma droite,
Marie-Claude Champoux, qui est sous-ministre au
ministère de la Culture et des Communications, ainsi que toute son équipe, que
je ne nommerai pas, ça serait trop long. Comme vous avez vu, il y a plusieurs personnes qui s'intéressent à la
culture dans cette salle, et j'en suis fort heureuse. Donc : les présidents-directeurs généraux des
sociétés d'État — alors, ils
sont nombreux, je ne les nommerai pas tous — merci d'être ici; Isabelle Melançon, donc,
directrice de cabinet, à ma gauche; et, à ma gauche aussi, Martine Gendron,
qui est aussi directrice de cabinet.
Alors, comme
vous le savez, chers collègues qui arrivez et qui êtes déjà arrivés, comme vous
le savez, j'ai accepté de prendre en
charge le mandat de mon collègue le député de Sherbrooke, qui a dû s'absenter
temporairement et à qui je souhaite... évidemment, nous souhaitons tous
un très prompt rétablissement.
Je participe
à cette étude des crédits à titre de ministre suppléante de la Culture et des
Communications et ministre responsable de la Protection et de la
Promotion de la langue française.
Mme la Présidente, nous pouvons encore une fois
être très fiers des mesures prises cette année par notre gouvernement en ce qui
a trait aux missions de soutien pour les mille et une incarnations de notre
culture et de notre patrimoine.
Le budget
déposé récemment présente de très bonnes nouvelles en culture. J'en veux pour
preuve deux chiffres : 34 millions de plus sur cinq ans et 680 millions
de dollars, 680,5 millions de dollars comme budget global pour le ministère de la Culture et des Communications. Il
s'agit du plus haut niveau de budget jamais accordé, avec une augmentation
du portefeuille ministériel de l'ordre de 10 millions de dollars.
Ces investissements traduisent l'importance que
notre gouvernement accorde à la culture et à son caractère essentiel pour notre société et surtout ils nous
offrent une marge de manoeuvre permettant de stimuler la vitalité culturelle
du Québec. À titre d'exemple, j'attire votre
attention sur le vaste chantier de renouvellement de la politique culturelle du
Québec que j'ai eu le plaisir d'annoncer et
dont mon collègue le député de Sherbrooke a fait une priorité en confirmant sa
volonté de consulter dans toutes les régions du Québec. Nous souhaitons une
politique culturelle qui misera sur l'avenir et la jeunesse, qui tiendra compte de l'évolution des pratiques
culturelles, qui suscitera la mobilisation et la participation de tous.
Pour y
arriver, l'ensemble des milieux de la culture de même que les chefs des
communautés autochtones du Québec
ont été et seront consultés. Dans les
circonstances que nous connaissons, le calendrier de consultations doit être
revu, mais celles-ci seront relancées le plus vite possible. Un grand
thème sera abordé lors de ces consultations, à savoir le rôle fondamental de l'école en matière de
sensibilisation et de transmission de la culture chez les jeunes. En formation
supérieure, nous pouvons compter sur
de grandes écoles artistiques telles que nos conservatoires, et autres institutions d'enseignement des arts. Celles-ci jouent le rôle de pépinières
de talents pour la relève en danse, en humour, en littérature, en théâtre, en
musique, en cinéma, en télévision et en arts circassiens.
Cependant, nous devons aussi
consacrer de l'énergie et des ressources pour former des jeunes ouverts à la
culture. C'est dans cet esprit qu'a
été mise sur pied pendant l'exercice 2014‑2015 la Mesure de concertation régionale en culture-éducation. Celle-ci a permis cette année la
conclusion de 87 ententes avec les milieux scolaires, municipaux, et culturels, et a généré 1
million de dollars d'investissement pour l'organisation dans toutes nos régions de sorties culturelles
touchant des dizaines de milliers
d'élèves. En plus de chercher à intégrer la dimension culturelle en milieu
scolaire, ces ententes favorisent le contact des jeunes avec les
créateurs québécois, leurs oeuvres et les lieux culturels.
Et
cette année, pour le budget 2016‑2017, nous avons l'immense bonheur d'avoir annoncé une
somme de 5 millions de dollars
au Conseil des arts et des lettres du
Québec pour bonifier l'offre de
création en faveur des jeunes de quatre à 11 ans, ce qui aura comme conséquence de supporter toute la
chaîne de création, en partant des auteurs pour aller vers les comédiens, les artisans du théâtre, des arts de la
scène, les diffuseurs et finalement les clientèles qui apprendront à apprécier la
culture dans toute sa diversité, et ce, dès le plus jeune âge.
Lors de la rencontre
des présidents et P.D.G. de nos sociétés d'État, plusieurs intervenants avaient
insisté sur l'importance de favoriser
l'éveil culturel chez les jeunes pour le développement des publics. Nous les
avons entendus et nous avons traduit
cette demande par un réinvestissement récurrent de 5 millions de dollars. Nous
avons cette année conclu un nombre
record de 118 ententes de développement culturel partout au Québec et avec
les villes, les MRC et les communautés autochtones. Notre souhait est
non seulement de les maintenir, mais bien d'en développer de nouvelles.
Nous avons entrepris
un autre chantier majeur, le Plan culturel numérique du Québec, lancé avec le
premier ministre du Québec le 29 septembre
2014. Ce sont 110 millions de dollars sur sept ans qui sont consacrés à
cette stratégie conçue pour faire du
Québec une nation où la culture est parfaitement en phase avec cette ère
numérique qui, en une décennie, a transformé
complètement nos modes de vie. En vertu de ce plan, nous avons accordé une aide
globale de plus de 2 millions de
dollars aux médias communautaires écrits de même qu'électroniques pour la mise
à niveau de leurs équipements et l'utilisation d'outils numériques. Toujours,
dans le cadre du Plan culturel numérique du Québec, nous avons attribué 2 millions et demi de dollars
à 35 institutions muséales pour des projets de numérisation des collections
et d'utilisation de procédés innovants.
Abordons
maintenant le secteur des musées pour préciser que notre gouvernement y a
consenti ces dernières années des
investissements considérables. Lors des cinq derniers exercices financiers,
nous avons injecté 450 millions de dollars dans notre réseau muséal, somme destinée entre autres à accompagner la
muséologie québécoise dans les changements qui s'y opèrent. Nous avons
également pris des engagements financiers décisifs en immobilisation, comme
celui de financer à hauteur de 45 millions de dollars le nouveau
pavillon du Musée national des beaux‑arts du Québec et de consacrer pour la
présente année 18 millions et demi de dollars au nouveau pavillon du Musée
des beaux-arts de Montréal à titre de legs
du gouvernement du Québec pour le 375e anniversaire de Montréal en 2017. De plus,
nous avons porté à 18 millions
de dollars l'enveloppe globale de soutien régulier aux institutions muséales de
toutes les régions du Québec et engagé le renouvellement d'expositions
permanentes dans de nombreux établissements grâce à une somme supplémentaire de 12 millions de dollars sur
quatre ans. Enfin, en vertu du Plan québécois des infrastructures, cinq grands
musées se sont partagé 1,7 million de dollars afin de mieux mettre en
valeur les collections de grande valeur que ces institutions possèdent.
• (18 h 40) •
Par
ailleurs, les défis de l'ère
numérique touchent de près l'industrie québécoise du livre avec le recul de l'imprimé et la présence des géants de la distribution en
ligne. Or, le livre, au Québec, est primordial pour notre identité, notre culture,
notre langue, nos jeunes et notre partage de
la connaissance. Armés de cette conviction, nous avons lancé le plan d'action Le livre, au coeur de notre culture, en avril 2015, qui mise sur la consolidation de l'industrie du livre et le
développement de la lecture. Ce plan
a été reçu très favorablement et même avec un rare consensus, comme le titrait
le journal Le Devoir.
Concrètement, notre plan
d'action engage des investissements de 12,7 millions sur deux ans, dont 5 millions
distribués pendant la dernière année. Cet investissement s'est traduit par de nombreuses initiatives de promotion du livre
et de la lecture, de modernisation des
librairies agréées, d'actions citoyennes en faveur des libraires et des auteurs du Québec.
Notons, entre autres, l'investissement de notre gouvernement de 1 million
de dollars dans près de 90 ententes
de développement culturel conclues avec des MRC et des municipalités du Québec, qui ont permis de soutenir des actions innovantes
en lien avec le plan du livre. En
ajoutant la part des partenaires municipaux, c'est un montant de 2 millions de dollars qui a été investi grâce à cette mesure
structurante, et ce, au bénéfice des citoyennes et citoyens du Québec. En outre, nous avons diffusé une publicité sur l'importance de la lecture et des libraires du Québec. Ce message, mettant en
scène l'humoriste Louis-José Houde, lui-même un grand lecteur, a d'ailleurs
remporté un grand succès.
Il
s'agit là d'une description beaucoup trop brève et forcément limitée de nos actions en
culture, Mme la Présidente. Rappelons
simplement que, cette année encore, le budget alloué au ministère de la Culture et des Communications est en croissance
de 1,5 % et représente 1 %
des dépenses gouvernementales, selon un idéal établi par de nombreuses
organisations non gouvernementales et
organisations internationales. La culture est présente dans toutes les facettes
de notre vie et à toutes les étapes
de nos vies. La culture est partie intégrante de la vie actuelle et future de
la société québécoise. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Alors,
j'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle et
députée de Joliette à faire ses remarques préliminaires pour une période
maximum de sept minutes.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de saluer la ministre qui, je le
sais, fait un véritable marathon d'heures d'étude de crédits, alors je salue sa
versatilité et le fait qu'elle a pris au pied levé bien sûr le poste, donc qu'elle comble les
responsabilités de notre collègue de Sherbrooke, à qui nous souhaitons bien sûr
les meilleurs voeux de prompt rétablissement. Alors, je suis heureuse de
la retrouver pour cette étude des crédits, en ne minimisant pas ce que ça veut dire pour elle, mais, puisqu'il y a encore
deux mois à peine, elle était dans ces dossiers-là, j'imagine que ce
n'est pas trop loin à son esprit et à son coeur.
Je veux bien
sûr saluer toute son équipe, son cabinet, tous les gens du ministère, cette
impressionnante délégation, et tous
les représentants des organismes bien sûr qui relèvent de la ministre. D'entrée
de jeu, je veux vous remercier, toute l'équipe,
pour tout ce que vous avez préparé. Je ne minimise pas, pour être passée par
là, ce que ça représente comme investissement
de temps et d'énergie pour le ministère de préparer ces cahiers-là. Sachez que
je les ai regardés et que j'aurais beaucoup,
beaucoup de questions, pour probablement deux journées complètes d'étude de
crédits et peut-être plus même, et on
est réduits à quatre heures. Alors, j'espère qu'il n'y a personne qui va se
sentir diminué de ne pas avoir de question, d'organisme, puis ce n'est pas par manque d'intérêt, c'est par manque de
temps, parce que bien sûr je ne pourrai pas poser toutes les questions que j'aurais souhaité poser à
tous les organismes, que j'aurais souhaité pouvoir questionner directement
ce soir.
Alors, écoutez, on part toujours de la prémisse
que le budget de la culture globale représente à peine 1 % de l'ensemble du budget du Québec. C'est quelque
chose qui demeure assez préoccupant, je vous dirais, surtout quand on compare et qu'on voit, par exemple, que les
dépassements de coûts — des fois je trouve toujours ça intéressant de faire des comparaisons comme ça — de la construction des deux mégahôpitaux à
Montréal sont rendus à près de 2 milliards de dépassements de coûts alors que le budget de la
culture au Québec n'atteint même pas 1 milliard. Imaginez ce qu'on
pourrait faire avec 1 milliard
supplémentaire en culture, mais il va dans des dépassements de coûts, en béton.
Alors, ça me ramène toujours au fait
que, des fois, je pense que c'est important aussi de se questionner sur le sens
de nos priorités, bien sûr ce n'est pas des choses parfaitement
comparables, mais ça met les choses en perspective, assurément.
On voit que les besoins sont immenses en
culture. Évidemment, on peut ne rien faire en culture et ne pas s'en préoccuper, mais c'est toute notre identité, c'est
toute, je dirais, la beauté de la vie au quotidien, le sens aussi de notre
vie au quotidien qui va en souffrir. C'est
aussi tout un secteur qui devrait être le plus vivant qui soit, pour une nation
comme la nôtre, qui doit donc se
débattre dans un univers où elle est malheureusement bien minoritaire. Donc, ce n'est pas banal.
Et ce n'est pas banal non plus de voir qu'il
y a eu, dans les années dernières, des coupes successives et qu'on vient nous
dire aujourd'hui qu'on augmente le budget, mais, en fait, on l'augmente
d'environ... là, si mes calculs sont corrects, autour de 2,5 % peut-être,
ce qui fait en sorte qu'on couvre à peine les coûts de système.
Donc, je ne pense pas qu'on peut parler de
réinvestissement, surtout que, quand on regarde le détail, on voit qu'il y a encore des compressions importantes. On
voit que la SODEC voit son budget diminuer de 2 millions. On voit que le budget de Télé-Québec stagne. Même, il
baisse un peu. Alors, avec les coûts de système, ça veut dire que c'est une baisse de budget. Et on a vu des annonces
d'émissions qui ne pourraient pas revenir. On voit que, malgré les miracles
que La Fabrique culturelle peut faire, il y
a des enjeux pour la pérennité et l'avenir de Télé-Québec, mais on voit une
baisse dans le budget. Société de la
Place des Arts et du Grand Théâtre de Québec, même chose, il y a une baisse
dans les crédits. C'est quand même inquiétant.
C'est
inquiétant quand la ministre veut nous laisser entendre qu'il y a une hausse
des crédits et on voit même que le Conseil
du patrimoine culturel du Québec, qui, pourtant, n'a pas un très gros budget,
voit une baisse de ses crédits d'à peu
près 5 %. Et je pense que, s'il y a un domaine où on doit être vigilants,
et je vais, bien sûr, y revenir ce soir... c'est pour moi un enjeu absolument prioritaire en ce moment, la préservation,
la conservation du patrimoine. S'il y a un enjeu qui est essentiel, qui est préoccupant, qui est alarmant en ce moment,
c'est bien celui-là, puis on voit que le Conseil du patrimoine culturel
du Québec voit ses crédits diminuer. Alors, ce n'est pas banal.
Et je vais assurément
vouloir y revenir, parce que je pense qu'on doit cesser la nonchalance
collectivement. Je ne suis pas dans
l'ultra partisanerie ici par rapport à toute cette question du patrimoine bâti,
que j'ai soulevé cette semaine avec
la question de la maison Boileau, bien entendu, que je vais resoulever ce soir
et je pense que je vais soulever à nouveau souvent au cours des prochains mois, parce que je pense que,
collectivement, on devrait en faire un cheval de bataille.
Alors, sur ce, je m'arrête et je vais revenir
pour les échanges plus directs avec la ministre.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait, merci beaucoup, Mme la
députée de Joliette. Alors, j'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe de l'opposition et députée
d'Iberville pour faire ses remarques préliminaires. Vous disposez de
cinq minutes.
Mme Claire Samson
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, je serai très
brève parce que j'ai énormément de questions et je voudrais garder le
plus de temps possible pour aborder le plus grand nombre de sujets possibles.
Je voudrais
saluer la ministre d'abord, réitérer mes voeux de prompt rétablissement au
ministre en titre, en espérant qu'il pourra se joindre à nous le plus
rapidement possible. Je remercie également tous les gens, les représentants des
organismes qui se sont déplacés pour être
avec nous ce soir. Il est évident qu'à deux périodes de 20 minutes, je ne
pourrai pas aborder tous les aspects
et toutes les activités couvertes par le ministère. Soyez assurés qu'il ne
s'agit pas là d'un signe de moins
d'importance ou d'un manque d'intérêt de ma part. C'est juste une question de
temps et d'utiliser d'une façon optimale.
Bien que la ministre, elle nous répond vite, vite, vite aux questions, ça
pourrait aller vite, vite, vite, puis on pourrait faire le tour de tout
le monde. C'est ce qu'on aura la chance de voir un peu plus tard.
Mais
j'aimerais simplement leur dire que je me permettrai, je prendrai la liberté,
certainement en cours d'année, de
vous lancer une invitation puisque j'aimerais vous rencontrer, tout le monde,
de façon à mieux saisir les enjeux, les dossiers et les défis qui se posent à vous en
cours d'année, question d'être mieux équipée pour travailler. On ne peut pas
tout faire en 40 minutes de questions en période de crédits. Je vous remercie,
Mme la Présidente.
Discussion générale
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci, Mme la députée
d'Iberville. Alors, je suis maintenant prête à reconnaître la députée de Joliette pour un premier bloc d'échanges avec
la ministre. Alors, vous disposez de 23 minutes.
• (18 h 50) •
Mme
Hivon : Merci. Alors, je viens d'en parler, la situation en
matière de conservation du patrimoine
bâti est très préoccupante, je dirais, carrément alarmante. On va
d'urgence en urgence. Pas de vision globale. On est dans l'improvisation plus souvent qu'autrement. Les acteurs locaux, les élus municipaux sont souvent, très souvent, généralement,
laissés à eux-mêmes. On arrive parfois, à coup de mobilisations importantes, in
extremis, à sauver un élément du patrimoine,
et c'est vu comme une grande victoire. Ça n'a aucun sens qu'on soit en train de fonctionner de cette manière-là. On ne peut plus être toujours dans l'urgence, dans le court terme, dans
l'absence de vision intégrée de ce qu'on veut faire en matière de
patrimoine. Il faut arrêter l'hémorragie.
Et, des fois, la ministre
me dit que je suis dramatique ou alarmiste. Mais je ne suis pas seule dans mon
camp : l'année dernière, il y a
un an, il y a l'opération le groupe Renaissance du patrimoine qui a pris le
temps d'écrire au premier ministre
lui-même. Et ce n'est pas rien, là : qui qui est à la
tête de ce groupe-là? Il y a monsieur, bon, Marcel Junius, qui est bien connu dans le domaine, qui a été le président
de la Commission des biens culturels, notamment, il y a Mme Phyllis Lambert, qui n'est pas la dernière venue dans le domaine de la préservation du patrimoine, M. Richard M. Bégin, président de la
Fédération d'histoire au Québec. Et qu'est-ce qu'ils nous disent? Ils nous
disent : «Les soussignés vous adressent un appel de détresse à l'endroit du patrimoine culturel et
naturel du Québec. Les signataires sont, en grand nombre, des vétérans
des luttes nombreuses pour une sauvegarde qui, il n'y a pas si longtemps, se
pratiquait objet par objet. En certaines circonstances,
ce fut une mise en garde pour une situation particulière, [...] dans d'autres,
un sauvetage in extremis. [...]Les pratiques [culturelles] actuelles
exigent une évaluation sérieuse et une nouvelle approche par une planification
de la "conservation intégrée".
«Le
patrimoine architectural, urbain et rural est un domaine particulier de notre
culture. Il constitue une richesse. [...]notre "trésor
national". [...]Ces biens culturels sont nés ici. Ils doivent être soignés
adéquatement pour faire goûter à ceux et
celles qui nous suivront la culture, les traditions [...] les signes
particuliers de ce que nous sommes, en plus
de la jouissance esthétique [bien sûr] qu'ils procurent, qu'ils soient des
biens classés ou non. Ce "trésor national" est en danger!
«La démolition de
biens culturels tout comme l'abattage d'arbres en santé en milieu urbain est
une honte.
«[Donc,] nous vous interpellons,
M. le premier ministre...»
Vous
avez sans doute vu aussi, Mme la ministre, ce dossier, tout récemment, il y a à
peine deux semaines, dans Le Devoir, tout un dossier sur la
préservation du patrimoine, Un patrimoine de façade, Les mals-aimés
de la conservation, La conservation est aussi affaire d'éducation,
où on relate énormément de situations difficiles, où la directrice d'Action Patrimoine nous dit qu'on n'est pas capables de
garder notre patrimoine, on ne se donne pas les moyens de le préserver. Évidemment, on a aussi M. Bumbaru
d'Héritage Montréal qui nous dit : « On travaille notre... Ce qu'on
fait, c'est qu'on bricole le passé plutôt
que le conserver. C'est une tendance qui fait reculer le Québec de plusieurs
décennies en la matière, dit-il. Le
façadisme est toutefois devenu un expédient commode dans une société qui impose
le neuf à toute vitesse. Dans le
Vieux-Montréal, la façade d'un édifice du XIXe siècle détruit en 2003 attend
toujours qu'on finisse par en faire
quelque chose, même chose à Québec avec l'église Saint-Vincent-de-Paul, qui a
connu le même sort avant de crouler sous son propre poids.»
Bref,
des exemples, il y en a beaucoup. On a parlé de la maison Boileau cette
semaine, qui a été un lieu important pour
les Patriotes dans la région de Chambly, la Maison René-Lévesque en Gaspésie,
la maison Chénier-Sauvé, la vente du studio Cormier, l'usine de munitions qui a
été très active pendant la Deuxième Guerre, ce n'est pas rien, à Montréal,
et autant d'incertitudes, de risques. Alors, il y a beaucoup d'inquiétude.
Et,
comme je le disais d'entrée de jeu, je pense que, oui, le neuf, c'est sûr que
ça a toujours sa place, oui, on investit dans des routes, oui, on investit dans des hôpitaux, mais est-ce qu'on
peut prendre le sens d'où on en est? On est en train d'avoir des dépassements de coûts de milliards
dans du béton d'hôpitaux alors qu'on rase carrément des édifices qui ont
une valeur patrimoniale, historique, moderne, qui sont des marques de notre
histoire.
Alors, ce paysage-là,
c'est le noeud de notre vie, c'est la marque de notre passé, c'est la marque de
notre historique. Alors, qu'est-ce que ça
dit sur notre sens des priorités si on n'est pas capables d'en faire un combat
collectif?
Alors,
aujourd'hui, je demande à ce gouvernement-là d'en faire, oui, un véritable enjeu. Et je suis certaine que la
ministre va me parler de sa politique culturelle et j'en suis, c'est une bonne
chose de revoir la politique culturelle, mais
cette politique culturelle, quand on regarde les échéanciers, on ne l'attend
pas avant la fin 2017 et on sait qu'il y a souvent des retards. Et la place du patrimoine, je dois lui dire, oui,
elle a mis un sous-comité en place, mais à peu près rien dans les documents de
consultation ne concerne le patrimoine.
Alors,
aujourd'hui, j'ai envie qu'elle me dise concrètement, concrètement, pour qu'on
arrête d'être dans l'urgence dans les situations extrêmes où la panique
prend, où les acteurs du milieu doivent se mobiliser à coup de demandes in extremis pour que des permis de démolition ne
soient pas émis ou qu'on arrive avec un sursis. Je veux que la ministre me dise ce qu'elle va faire concrètement pour que
la solution absolument intenable dans laquelle nous sommes change
concrètement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Alors, Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Oui. Est-ce que j'ai autant de temps? On continue
dans la règle de la parité?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : La députée a pris 5 min 30 s pour la
question.
Mme David
(Outremont) : Donc, j'ai combien de minutes?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Cinq minutes pour répondre.
Mme David
(Outremont) : 16 minutes?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Cinq.
Mme David
(Outremont) : Ah, mon Dieu! Bon, il y a eu un beau discours sur ce
qu'on ne faisait pas, mais maintenant je
vais faire un aussi beau discours, et encore plus beau, sur ce qu'on fait,
parce qu'on fait vraiment beaucoup de choses. Puis, en plus, je dirais
que la députée de Joliette le sait tellement qu'on a souvent eu à échanger
ensemble là-dessus, et elle me prévient que ce n'est pas assez d'avoir un
sous-comité.
Je ne suis pas sûre
que les gens seraient très contents quand on sait qui le préside, cedit
sous-comité, qui s'appelle Michelle
Courchesne et Claude Corbo... Je pense que c'est un petit peu condescendant
pour ces deux personnages importants
du Québec qui ont décidé de consacrer leur temps à justement — et j'ai la lettre ici — engager une réflexion extrêmement sérieuse. Et, pour qui connaît ces
deux personnes qui, entre autres, ont eu une réflexion importante pour la
bibliothèque Saint-Sulpice... et maintenant
on est dans une réflexion beaucoup plus large sur la gouvernance du patrimoine.
C'est toujours bien la ministre de l'époque,
comme on dit, qui s'appelait Hélène David puis qui est la ministre substitut en
ce moment, qui a écrit, donc, le 12 février
2016, à titre de ministre de la Culture, etc. : «Je souhaite vous confier
le mandat de proposer des
orientations inscrites dans la politique culturelle. Les enjeux patrimoniaux
actuels appellent des approches novatrices.
Je compte sur votre expertise pour me recommander des pistes qui assureront au
patrimoine — puis là
je vais aller plus lentement — une place importante dans les
priorités gouvernementales des prochaines années.»
Et
là, en 1992, le gouvernement s'est doté d'une politique culturelle. Il y a eu
une vaste consultation publique, la Loi
sur le patrimoine culturel, qui a marqué un virage important, la mise en
valeur, la transmission du patrimoine culturel — je dis exactement les mêmes choses que ma
collègue — le
reflet de l'identité d'une société dans l'intérêt public dans une perspective de développement durable.
Donc : «À la lumière de ces enjeux auxquels nous sommes confrontés,
vos réflexions, recommandations sont
sollicitées sur les sujets suivants : exemplarité de l'État et cohérence
de l'action gouvernementale.» On
entend bien : cohérence de l'action gouvernementale. Les mots sont bien
pesés, bien choisis, bien réfléchis,
parce que nous voulons amener les interventions au niveau du patrimoine
culturel à un niveau gouvernemental en
disant : Le ministre de la Culture ou la ministre de la Culture est, entre
autres... je me disais, des fois, la ministre des églises, parce que, oui, il y a un enjeu tellement
important et c'est tellement prioritaire que ça mérite une intervention et une
action gouvernementale. Donc : « ...proposer
la mise en place d'un modèle de gestion des interventions gouvernementales
ayant des répercussions sur le patrimoine et
un partenariat renouvelé dans la foulée de la mise en oeuvre de la Loi sur le
patrimoine culturel, examiner les approches
qui permettraient de rendre plus efficace le partenariat du gouvernement du
Québec avec les municipalités», en rapport justement avec le patrimoine.
Et
là je m'arrête là parce que je suis sûre que la députée comprend où je veux en
venir : le patrimoine religieux, et j'en parle justement, les enjeux nationaux liés aux biens mobiliers, aux
archives des communautés religieuses... parce que je peux rajouter à la liste de ma collègue qu'il y a des archives
aussi auxquelles on est extrêmement sensibles. Alors, je le sais et on le sait tellement qu'on a
justement mandaté ces gens qui sont d'une très, très grande compétence et qui
prennent ça extrêmement au sérieux.
J'ai
donné une longue entrevue au Devoir, à Jeanne Corriveau, le 15 février
2016, et la ministre... pas la ministre, excusez, la journaliste dit elle-même que «la ministre David acquiesce
[...] aux demandes formulées depuis des années par les défenseurs du patrimoine religieux», qui est celui d'introduire
justement les églises qui n'étaient pas admissibles avant, qui ont été construites entre 1945 et 1975.
Et ce sont les églises cotées A, qu'on qualifie d'incontournables, on connaît
un peu la façon.
• (19 heures) •
Et
effectivement nous mettons 10 millions par année pour le patrimoine bâti
et non bâti. Est-ce que 10 millions, c'est suffisant? La réponse,
c'est non. On le sait qu'il va falloir en faire plus. Je dis moi-même que nous
sommes arrivés à un point de rupture.
On est arrivés à un point où, pour les églises, il y a un changement de société.
On le sait que c'est comme ça que ça
se passe et que nous sommes rendus à un point où il faut collectivement, pas la ministre de la Culture, là,
collectivement trouver une façon de
réhabiliter nos églises, parce que ce n'est pas demain matin, je pense, que les
ouailles vont nécessairement retourner dans les églises, mais on a un
très beau patrimoine bâti.
On
a aussi du patrimoine qui est du patrimoine immatériel. Et, dans ce sens-là, on
a fait, évidemment, beaucoup de
choses. J'ai fait plusieurs intentions de classement, même que ça a un peu
découragé la collègue, parce que j'arrivais avec l'intention de classement de la maison Alcan au moment où elle
aurait bien aimé dire que je ne faisais rien, l'intention de classement de la... comment elle s'appelle,
là... studio Ernest-Cormier, l'intention de classement... en fait, la
revitalisation de la bibliothèque
Saint-Sulpice, où je ne peux évidemment pas passer sous silence que les photos
prises en 2012, 2013, jusqu'aux élections 2014, et jusqu'à ce qu'on
annonce quelque chose, c'était barricadé sous le PQ, la bibliothèque Saint-Sulpice. Qu'on ne vienne pas me dire que je
n'ai rien fait et que j'ai reculé, etc. Mais, à partir du moment où la ville de
Montréal a dit : On embarque, on a mis M. Corbo, Mme Courchesne... et on a
trouvé une solution exceptionnelle. J'y reviendrai.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui. Bien, ma question, c'était concrètement, à
court terme. Ce n'est pas le comité que je remets en cause, c'est les actions. On ne peut pas être
juste dans le court terme, j'en suis, il faut être dans le long terme, dans une
véritable vision, oui, et j'espère qu'on va être là-dedans, parce que c'est
aussi des enjeux de développement durable, d'intégration de tout ça dans notre
vie de tous les jours, ce patrimoine bâti, historique et moderne aussi.
Alors,
ma question, c'est tout simple : À chaque mois, il y a des enjeux. La
maison Boileau en est un en ce moment, je ne sais pas si la ministre a
pris une décision et qu'elle pourrait nous dire si elle va émettre un avis
d'intention pour s'assurer, là, de la préservation,
du moins, à court terme, pour qu'on puisse trouver des solutions. Mais, des
enjeux, je lui en ai fait toute une
énumération, je peux lui en faire d'autres : le fort Jacques-Cartier à
Cap-Santé, on vient de vivre l'épisode du
Fort n° 3 à Lévis, il y a des éléments architecturaux importants. Alors,
je veux savoir quels gestes elle-même, pas via la politique culturelle,
elle va poser.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors, écoutez, pour la maison Boileau, je pense
que j'ai dit à quel point... Vous savez combien il y a de patriotes au Québec, hein? Parce que c'est une maison
de patriote, là, il y a tout ça de patriotes au Québec, il y en a 5 000, patriotes. Alors, quand
tu as 5 000 patriotes, tu ne peux pas classer 5 000 maisons
parce qu'il y a eu un patriote dans la maison. Commençons par ça.
Deuxièmement,
soyons sérieux dans l'évaluation des édifices. Il y a des édifices qui sont
classés, je l'ai dit, il y a beaucoup
d'églises, il y a beaucoup de maisons, il y a un calvaire, il y a une cloche,
il y a le Manoir Papineau, il y en a beaucoup,
beaucoup, de choses classées. Et là où j'aimerais avoir une discussion un jour,
qui n'est pas nécessairement devant
la caméra, mais qu'on parle en toute sérénité, c'est qu'on ne peut pas tout
classer — et je
pense que la députée de Joliette le
sait, qu'on ne peut pas tout classer — parce qu'il y a des éléments bâtis qui ne
sont plus sauvables. Excusez le mot,
ce n'est pas bien dit, qu'on a de la misère à réchapper, à garder et que, des
fois, si on les rénove, bien, il ne reste plus rien des matériaux d'origine. Alors, est-ce qu'on fait du neuf avec du
vieux, puis il n'y a plus rien de vieux? Il faut faire une analyse sérieuse, et c'est exactement comme ça
qu'on va regarder la question de la maison Boileau. Toutes les analyses
sont sérieuses.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Mme la députée.
Mme
Hivon : Donc, je comprends qu'en ce moment il n'y a pas,
disons, d'initiative particulière qui est mise de l'avant pour soutenir, par exemple, les
communautés locales qui sont aux prises avec ces réalités-là pour qu'on ne soit
pas tout le temps dans la gestion de
l'urgence avec des mobilisations citoyennes, qu'il y a quelque chose qui se prévoit
avec les municipalités, parce que, quand
vous êtes une petite municipalité puis que vous avez un joyau chez vous, c'est
formidable, mais, quand il y a de la
difficulté à survivre, ce n'est pas vous qui nécessairement avez les moyens.
Alors, il n'y a rien, en ce moment,
qui est envisagé à court terme pour aider la sauvegarde de ce type d'éléments
du patrimoine bâti.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, dans les classements cette année, seulement
pendant l'année financière 2015‑2016, alors
on a attribué les statuts à l'église... et c'est drôle, parce que, ça, elle ne
m'en a jamais parlé, et puis moi, j'ai
dit : Je veux absolument qu'elle soit classée... l'église de la
Décollation-de-Saint-Jean-Baptiste et ses biens immobiliers à L'Isle-Verte, qui est une église formidable que
vous pourriez rajouter à votre liste. Et celle-là est vraiment exceptionnelle.
Le pont Des Rivières à Notre-Dame-de-Stanbridge,
le site archéologique de l'Île-aux-Tourtes et sa collection d'objets à Vaudreuil-Dorion, le site archéologique des Couvents-de-Château-Richer.
On a désigné trois événements historiques : l'arrivée des Récollets
en Nouvelle-France, l'arrivée du régiment de Carignan-Salières, etc.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Merci. Mme la députée.
Mme
Hivon : Oui. Écoutez, c'est beau de voir les énumérations de
la ministre. C'est sûr qu'à chaque année il y a des bâtiments et évidemment des
édifices qui sont classés. Je suis d'accord avec elle que tout ne peut pas être
classé. Ça prend une vision
d'intégration aussi. Tout ne peut pas être démoli et tout ne peut pas être
classé pour être sûr que ça ne sera pas démoli aussi. Et en plus, des fois, on
classe, mais il n'y a aucun soutien. Donc, on n'est même pas capables de
faire vivre des immeubles bâtis et classés. Alors, oui, il y a beaucoup de
défis.
Hier,
oui, j'ai réagi en Chambre parce que, bien franchement, quand on me parle de la
bibliothèque Saint-Sulpice, oui,
c'est un dénouement heureux. Mais la ministre nous invoque ça alors qu'elle
voulait vendre la bibliothèque Saint-Sulpice par les petites annonces.
Et n'eut été de cette découverte par des journalistes, et la mobilisation qui
en a suivi, et des questions qu'on a posées,
Dieu sait où on en serait aujourd'hui. Alors, oui, c'est vrai que j'ai trouvé
ça assez paradoxal.
Pour
revenir au patrimoine religieux, je voulais bien comprendre. Quand la ministre
a fait son annonce, elle a dit effectivement qu'il pourrait y avoir des
églises donc de la période 1945 à 1975 qui pourraient désormais bénéficier de cet argent-là. Est-ce que je comprends? Vous
savez sans doute que mon collègue de Jonquière, je pense qu'il vous en déjà parlé, avec l'église Notre-Dame-de-Fatima,
qui est une des belles églises témoins de cette époque, qui donc est prévue
pour être transformée... Est-ce que la
ministre peut me dire si, cette année, il y a des églises de cette époque-là
qui vont bénéficier de ces montants? Est-ce qu'il y en a à ce jour qui
ont bénéficié?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la députée. Mme la
ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors, écoutez, j'aurais beaucoup de choses à
répondre. Sur la Saint-Sulpice, je dirais que, et ce n'est pas dit par le collègue, qu'il y avait évidemment des
murs et des fenêtres barricadés. Ce n'était pas très joli, la bibliothèque
Saint-Sulpice, sous le temps du PQ. Il n'y a rien eu de fait sous le temps du
PQ. Et, quand on parle de mettre les petites annonces — c'est toujours le mot qu'elle emploie — bien, écoutez, quand un édifice comme ça est
classé avec la plus haute cote de
protection que le Québec a grâce à une loi formidable et très progressiste qui
est la Loi sur le patrimoine
culturel, on ne peut pas vendre à n'importe qui, parce que ce n'importe qui ne
veut pas acheter quelque chose qui
est hyper classé. Donc, de toute façon, le classement fait en sorte que chaque...
Dans ce cas-là, chaque lampe, chaque bureau ne pouvaient pas être déplacés.
Alors, on n'a pas 50 000 façons
de vendre un truc comme ça. Et le dénouement est certes très, très, très heureux; c'est grâce à un investissement majeur
du gouvernement du Québec et de la ville de Montréal. Et on doit se
réjouir. Et j'ai oublié l'autre question. Ah! sur Fatima?
Des voix :
...
Mme
David (Outremont) : Oui. Puis on remercie évidemment infiniment le
maire Coderre pour sa collaboration dans
ce dossier-là. Et pour ce qui a trait de l'église de Fatima et les autres
églises, bien, voilà, quand on dit : La ministre, elle ne bouge pas, bien, la ministre, elle a
bougé, parce qu'elle a rajouté les églises 1945 à 1975. Si ce n'est pas de la
vision, je ne sais pas ce que c'est.
Alors, la vision de gérer et de trouver une solution pour Saint-Sulpice, la
vision de dire : On va répondre
à la demande pour 1945-1975, la vision de dire et d'ailleurs au grand... J'ai
été embrassée pas Phyllis Lambert à plusieurs
reprises, embrassée par Dinu Bumbaru. Merci pour la maison Alcan. Alors, je ne
sais pas, moi. J'ai, disons, une autre version. Et je pense qu'on
s'entend très bien, Phyllis Lambert et moi, ainsi que Dinu Bumbaru.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Mme la députée de
Joliette, il vous reste trois minutes.
Mme
Hivon : Alors, pour l'église, donc Notre-Dame-de-Fatima,
est-ce qu'il y a eu des églises dans la dernière année qui ont bénéficié
ou qui vont bénéficier de ces subventions?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Il n'y en a pas eu, parce que, d'une part, ça a
été annoncé récemment et, d'autre part, il n'y a pas encore eu de
demande d'église entre 1945 et 1975. Alors, on attend les demandes.
• (19 h 10) •
Mme
Hivon : Et le 10 millions qui a été annoncé n'est pas
complètement engagé? Parce que j'ai vu la ministre faire des annonces.
Donc, j'étais sous l'impression qu'il était complètement engagé.
Mme
David (Outremont) : Non,
non, les 10 millions, c'est renouvelé, donc il y a
un autre 10 millions qui va courir en 2016‑2017.
Mme
Hivon :
Pour l'année prochaine.
Mme David
(Outremont) : Absolument.
Mme
Hivon :
Bon. Autre dossier en lien avec le patrimoine, c'est la question des centres
d'interprétation du patrimoine. Donc, ces centres d'interprétation du
patrimoine ont vu leur avenir, je dirais, suspendu. Il y a beaucoup d'inquiétude parce qu'on leur a annoncé il y a
un an qu'ils ne pourraient plus bénéficier du programme d'aide, donc, de financement
aux institutions muséales, le PAFIM, et on leur a dit, donc, qu'ils ne
pourraient plus bénéficier de ce financement-là, qui allait au fonctionnement. Et là il y a
toutes sortes de rumeurs. Et en fait, ce qu'on comprend, c'est qu'ils vont aller dans un autre programme
qui est l'aide aux projets d'accueil, avec des baisses. Donc, j'aimerais savoir
combien d'argent... Est-ce que les montants équivalents... Est-ce qu'ils vont recevoir le même montant en changeant de programme
et la même flexibilité? Parce que la crainte, et elle
est réelle, c'est que tout l'argent va devoir aller à des projets et qu'ils ne
pourront plus financer le fonctionnement.
Alors,
je vous donne un cas, par exemple, à Plaisance, le centre d'interprétation du
patrimoine, qui est dans un presbytère,
qui est un édifice patrimonial très intéressant, mais qui requiert évidemment de pouvoir être
maintenu, a reçu il y a quelques années 350 000 $ pour une exposition permanente, mais là, en changeant
de programme, on commence à se demander
si on ne sera pas capables de faire fonctionner le centre parce que ça va juste
être pour des projets. Alors, est-ce que
les montants vont être les mêmes? Est-ce qu'il va y avoir la même flexibilité?
Est-ce que le fonctionnement va être admissible?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la députée. Mme la
ministre, il vous reste 50 secondes pour répondre.
Mme David
(Outremont) : 50 secondes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Je pourrais prendre... Oui, M. le député de Champlain.
M. Auger : ...effectivement,
de continuer sur le temps accordé à la partie ministérielle.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, c'est très gentil. Alors, allez-y, Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez, c'est une question fort importante et
fort complexe. Il y a eu, vous vous
souviendrez, d'ailleurs, je pense que c'était sous votre gouvernement, un
rapport qui avait été demandé, qui s'appelle là aussi le rapport Corbo. Donc, je pense que vous êtes entièrement
d'accord avec moi que Claude Corbo est quelqu'un d'extrêmement crédible,
et, si on l'a demandé pour le patrimoine, pour... c'est ça, le patrimoine, je
pense que vous ne pourrez pas être en
désaccord que c'est quelqu'un de très haut niveau. Donc, ce n'est pas un
sous-comité, je le répète. Alors, ce
même Claude Corbo a fait le rapport sur le réseau muséal, qui était très bon.
Et je ne suis pas du tout... Vous avez
dit : Il ne faut pas être partisan dans ce domaine-là. Puis s'il y a une
chose où je suis entièrement d'accord, il ne faut pas être partisan,
parce que j'ai à coeur autant que vous la question du patrimoine bâti,
immatériel, etc.
Les musées,
c'est évidemment quelque chose de très, très, très important. Et Claude Corbo
recommandait un certain nombre de
changements au programme des musées et au programme... pas... oui, c'est ça, au
programme de subvention des musées,
qui s'appelle le PAFIM. Et donc on a investi et on investit effectivement
énormément d'argent dans les musées, on
a toujours investi beaucoup d'argent dans les musées. Il y a les musées
régionaux puis il y a les musées qui sont les musées d'État, dits
d'État, en plus du Musée des beaux-arts, qui est un musée loi. Alors, au cours
des cinq dernières années, c'est plus de
450 millions dans le réseau muséal québécois, donc c'est vraiment
beaucoup. Et, même en contexte de réduction des dépenses, même en 2015‑2016,
le réseau muséal a joui d'une totale et pleine immunité. Alors, non seulement cette année on a consolidé la base
budgétaire de 17 millions, mais, en plus, on a donné une aide régulière de
base à plus de 100 institutions muséales privées qui assurent une offre
muséale de qualité.
Alors, au
lieu de demeurer statique face au rapport Corbo, qu'est-ce qu'on a décidé de
faire? On a décidé de regarder comment se mettre, disons, non pas dans
la base historique, qui était la façon un peu traditionnelle. Et les musées, il
y avait — et vous le savez peut-être — des catégories. Tu as les musées reconnus et
soutenus. Puis ceux qui sont arrivés plus
tard dans la patinoire... Je disais toujours que c'est comme une
patinoire : tu as les musées reconnus non soutenus, et puis tu as les autres, qui sont des musées ou qui
ne répondent même pas aux critères de musée — parce qu'il y a des critères pour s'appeler musée — et il y a des centres d'interprétation, et
on a des institutions qui sont beaucoup plus loin de la mission de base de la culture, qui sont des musées
qui sont plus de l'ordre de... musée aquatique, par exemple. Alors, on a
décidé de regarder tout ça de très, très près.
Et quand je
suis allée, justement, le 1er
octobre, à la société des musées du Québec, où vraiment... j'ai un article de journal ici : La société
des musées salue les investissements de 13 millions annoncés par la
ministre de la Culture et des Communications.
C'était le 9 octobre qu'ils ont fait ce communiqué-là. Alors, c'est la société des musées du Québec, justement. Alors, justement, quand on est allés,
j'ai annoncé qu'une dizaine de musées seraient justement nouvellement admis dans ce programme d'aide au fonctionnement
des institutions muséales, et ça provenait vraiment du réseau, du milieu muséal. Et cette ouverture constituait vraiment
une première depuis la création de ce programme-là. Ce qui est intéressant,
c'est qu'on ne partait pas seulement de la
base historique, on pouvait enfin amener — grâce à de l'argent qu'on a décidé d'investir — dans la patinoire, comme je dis, une dizaine
de nouveaux musées. Et, justement, à cette occasion, j'ai annoncé une bonification de 1 million de dollars de
plus pour ce programme d'aide au fonctionnement, qui, si vous vous rappelez,
2015‑2016, rigueur budgétaire... Je dois dire que les gens des musées étaient
passablement satisfaits.
Alors,
50 % des musées ont reçu une augmentation destinée à leur aide au
fonctionnement avec cette bonification. 50 % des musées soutenus ont reçu une augmentation de leur budget;
donc, pour eux, c'était vraiment une très belle surprise. Et, à cette même date, j'avais donc annoncé
12 millions pour soutenir différentes expositions permanentes itinérantes.
C'est bien beau d'avoir un musée puis il y a
des critères qu'il faut rencontrer. Ça ne peut pas être juste saisonnier, il
faut que ça soit ouvert un certain
nombre d'heures, un certain nombre de jours. Et 12 millions pour soutenir
des expositions, bien, c'est parce
que, dans tes musées, il faut que tu aies des expositions. Quand j'étais à
Baie-Saint-Paul, bien, il y avait une exposition
que j'ai retrouvée après ça au musée d'art contemporain, bien, c'est parce que
ça s'est promené de l'un à l'autre. J'avais la même chose pour le musée
de Baie-Saint-Paul et après ça le Musée des beaux-arts. Donc, cet argent-là est
très, très, très important, puis on a
accordé en plus 2 435 000 $ à 35 institutions muséales reconnues
en termes de contenu culturel
numérique. D'où vient cet argent-là? Il vient du 100 millions du Plan
culturel numérique. Donc, l'argent dont nous disposons pour différentes missions — et la mission numérique s'est rajoutée
depuis septembre 2014 — donc, les différentes
missions peuvent servir à bonifier l'aide aux musées... l'exemple du contenu
culturel numérique. Donc, c'est évidemment un secteur qui est
extrêmement important.
Et ce qu'a
donné le nouveau PAFIM, à la suite du rapport Corbo... c'est vraiment le
rapport Corbo, on a revu tous les critères qu'il proposait. Et c'est
important parce qu'il y a eu une époque au Québec, autant pour le financement d'universités, le financement, là... j'ai compris
ça quand je suis arrivée en Culture, j'ai dit : O.K., les musées, ça ressemble
aux universités dans un sens, c'est-à-dire
que tu as une base historique puis tu ne remets pas trop ta base historique en
question. Puis là tu te dis : O.K.,
bien, tu l'as eu un jour, bien, tu l'auras toujours. Tu ne te poses plus la
question : Est-ce qu'on devrait
peut-être revoir ça? Parce que tu en as des nouveaux, là, qui montent et qui
sont extraordinaires. Alors, là, il fallait
regarder la question de l'historicité. Il fallait peut-être avoir des critères
plus objectifs. Et, je le répète, toujours dans le rapport de Claude Corbeau, alors il proposait de rendre explicite,
objectif... et des critères quantifiables, ce qui fut fait. Donc, on a
regardé le financement de chacun des musées reconnus et soutenus, et, dans
cette opération-là, on a réussi justement à faire entrer une dizaine
d'institutions muséales.
Et
effectivement il y a un certain nombre de musées qui ne répondaient plus aux
critères, et ont donc dû être exclus de ce programme, ce qui ne veut pas
dire qu'ils étaient exclus de toute forme de subvention. C'est là que ça
devient peut-être
intéressant pour d'autres musées qui ne sont pas dans le programme PAFIM parce
qu'ils ne répondent pas à des critères. On dit toujours : Une bonne
gouvernance; ça s'applique aux musées aussi, la bonne gouvernance.
Alors,
ce qu'on fait à travers... pour la question de d'autres musées qui n'auraient
pas le financement parce qu'ils ne répondent plus à ces critères-là...
pour des bonnes raisons, là, ce n'est pas des critères sortis d'un chapeau, là,
c'est vraiment des critères très
rigoureux... Et, n'oubliez pas, les musées, c'est du tourisme, hein, alors on
veut des produits de qualité. Je
regarde mon collègue qui est en Tourisme et qui était... Alors, effectivement,
on veut des musées en région, extrêmement
performants aussi, donc on s'organise avec, pour la plupart, des ententes de
développement culturel. On en
a énormément, d'ententes de développement culturel avec les municipalités, et, très
souvent, on a mis de l'argent, à travers cette entente de développement
culturel, pour justement aider les musées en...
• (19 h 20) •
Une voix :
...
Mme David
(Outremont) : L'augmentation est de 17,3 millions en 2014‑2015
pour le PAFIM, et l'aide hors PAFIM, et
l'aide à travers le CALQ, et l'aide à travers les projets. Voilà toutes sortes de façons de pouvoir aider les musées. Donc, on est passés de
17,3 millions en 2016‑2017 à 21,3 millions. Donc, c'est vraiment très
intéressant de considérer que les institutions admissibles à travers des projets sont passées de zéro institution à tout à coup 183, et ils ont 3 millions de dollars
pour ça, alors qu'ils avaient zéro dollar en 2014‑2015, zéro en 2015‑2016. Et
là on investit 3 millions de dollars.
Alors, tu as le PAFIM, il y a le hors PAFIM, il y a des institutions muséales à travers le CALQ, où on met 1,7 million, 14 institutions, et puis on a toutes les institutions qui sont du PAFIM, qui sont autour d'une centaine.
Donc,
on fait une sorte d'organisation de gouvernance qui est exactement la gouvernance que vous nous reprochez de ne pas avoir en patrimoine. C'est-à-dire, est-ce qu'on peut avoir des critères, est-ce qu'on peut voir venir, est-ce qu'on
peut se dire : Au Québec,
on sait ce qu'on veut, c'est quoi, un beau musée, puis c'est quoi, un beau
musée qui n'est pas nécessairement un musée d'intérêt national, qui est de
l'ordre de centre d'interprétation ou de l'ordre d'une institution qui accueille des clientèles pour
des missions un peu différentes? Et là on travaille, parce que le ministère est
toujours en lien avec toutes les municipalités, est toujours en très bon lien, on a de très, très
bonnes directions régionales... Donc, là, on regarde les institutions qui sont hors PAFIM et puis on regarde justement
comment on peut continuer à aider ces institutions-là.
Alors,
le financement peut se faire à partir de projets puis le financement peut se faire à partir, comme j'ai dit, de plein d'autres
critères. Donc, j'espère rassurer ma collègue, qui va me dire, peut-être,
qu'elle n'est pas complètement rassurée,
mais qu'il y a le PAFIM et il y a d'autres choses aussi, donc ce n'est pas la
fin du soutien qu'on peut donner à des institutions.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la
ministre. Alors, c'était le temps qui
était alloué pour le gouvernement. Il reste encore 10 minutes,
alors je cède la parole à M. le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Oui, merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de vous saluer,
de saluer les gens de l'opposition officielle, qui ont eu un boni de
11 minutes.
Une voix :
...pas de réponse à mes questions.
M.
Habel : Et les personnes de la deuxième opposition, les personnes
aussi qui m'accompagnent sur la banquette ministérielle, la ministre
suppléante de la Culture. Et j'en profite pour aussi souhaiter un prompt
rétablissement de nouveau à notre collègue
député de Sherbrooke, Mme la Présidente, nos pensées l'accompagnent. Je salue
aussi les gens qui accompagnent la ministre à l'arrière, ils font un
travail exceptionnel, et je tiens à le mentionner.
Donc,
je voudrais revenir rapidement sur le budget 2016‑2017 suite à l'affirmation de
la collègue de Joliette. Je veux la
rassurer, la croissance des dépenses globales est très importante. De notre
côté, en 2016‑2017, on est passés à 2,7 % de croissance des dépenses et,
2017‑2018, à 2,8 % en appuyant l'équilibre budgétaire cette année et aussi
l'année passée. Et, si on regarde le
budget pour la portion culture et éducation, en 2016‑2017, le budget était à
21 623 000 000 $ pour culture et éducation, alors que, sous l'ancienne
législature, le montant était à 20 123 000 000 $. Donc, une
différence de 1,5 milliard de
plus entre le budget de 2013‑2014 et le budget 2016‑2017. Puis on ne peut
pas me sortir l'argument du taux d'inflation parce que, en 2013, le taux d'inflation était à 0,7 %, en 2014,
1,4 %, en 2015, 1,1 %, et, au début de 2016, 1,6 % pour
janvier et 1,4 % en février. Donc, vraiment, on est au-dessus de
l'inflation dans nos investissements massifs, dont en éducation, 3 %. Et je vais revenir. Puis, parce que c'est plus
facile de travailler sur ces crédits-ci, parce qu'on en a, cette année, des crédits par rapport à 2013, donc je
peux aller à la page 67 du budget des dépenses pour voir que, par exemple,
pour le programme 2, Soutien à la
culture, aux communications et aux sociétés d'État, on est passés de
588 millions à 596. Et on était
au dernier volet de la Charte de la langue française... dans les volets de la
Charte de la langue française avec le député de Bourget. Il a lui-même
affirmé le montant historique qu'on a investi pour la langue française, passant
de 26 millions à 29 millions, donc des montants excessivement
importants, parce que la culture, la langue française et l'éducation sont une
priorité de notre gouvernement, Mme la Présidente, des crédits qui sont
importants.
Donc,
je peux y aller un petit peu plus en détail. Des augmentations au niveau du
programme 2, il y a par exemple l'action
culturelle de la communication, des augmentations; les musées nationaux aussi,
une augmentation de 67 millions à 72 millions;
le Conseil des arts et des lettres du Québec, on est passés aussi de
107 212 000 $ à 107 835 000 $; et je tiens à
mentionner aussi que le CALQ dans ma région a été créé, et on a eu des
augmentations fulgurantes, on est passés à 300 000 $,
une entente avec la ville de Laval sur trois ans, que la ministre a faite.
Donc, des investissements qui sont très importants, que ce soit au niveau de la Charte de la langue française,
au niveau de la culture et au niveau de l'éducation, étant donné que
nous sommes en Commission de la culture et de l'éducation.
C'est important aussi de refaire aussi
la ligne du temps, Mme la Présidente. Il s'en est passé, des choses, depuis
1961, où la création des affaires
culturelles a été mise en place par Georges-Émile Lapalme. On a eu, en 1965, le
livre blanc de Pierre Laporte; en 1976,
le livre vert de Jean-Paul L'Allier; en 1978, le livre blanc de Camille Laurin;
en 1988, l'adoption du statut de
l'artiste; en 1992, l'adoption de la première politique culturelle : Notre
culture, notre avenir. Je tiens à le
mentionner, parce qu'une portion de ma question va porter sur la politique
culturelle et au renouvellement aussi de la politique culturelle, qui
sont des éléments importants.
C'est
sûr et certain que, Mme la Présidente, en 25 ans, il y a des choses qui se
passent dans notre vie aussi, une évolution.
J'étais dans les volets jeunesse, entre autres, pour Horizons 2030, et on
voyait le changement de paradigme au
niveau de l'éducation. Plus de gens ont un diplôme. On passait de 37 % en
1990, des personnes sans diplôme, à 12 % seulement avec des personnes sans
diplôme, une augmentation des diplômes au niveau universitaire, collégial et
secondaire. L'augmentation aussi de la vie active. Plus de gens passaient du
temps, par exemple, à la retraite, moins sur la vie active et plus en jeunesse et en éducation. Donc, vraiment, il y a
des changements de paradigme, et la culture n'en fait pas exception. L'aspect du développement numérique, l'aspect de la
mondialisation, les préoccupations aussi entourant le développement durable,
les réalités ethnoculturelles et aussi la participation citoyenne sont des
éléments importants qu'on retrouve
aussi dans la politique jeunesse Horizons 2030, Mme la Présidente, où il y a un
volet sur aussi l'aspect culturel.
L'ancienne
politique culturelle du Québec, Notre culture, notre avenir, qui a été mise en
place par Liza Frulla, qui fait partie aussi du comité directeur, Mme la
Présidente, de la nouvelle politique culturelle, et elle sera une actrice
importante aussi dans ce
renouvellement... Il y avait des axes très ciblés de l'action gouvernementale,
l'affirmation de notre identité culturelle,
valoriser la langue française — je veux parler aussi qu'on a a investi de 26
à 29 millions, un montant historique — valoriser l'héritage
culturel.
Je
m'en voudrais de ne pas parler, Mme la Présidente, d'un héritage culturel dans
mon comté, Le vieux Sainte-Rose et
l'église Sainte-Rose-de-Lima, qui a eu des investissements importants au niveau
du patrimoine. Donc, je tiens à le
mentionner, et ça me rend très fier. C'est une super belle église sur le bord
de la rivière des Mille-Îles, et ça me rappelle l'importance de mon titre de
député de Sainte-Rose, parce que c'est un héritage important à préserver, cette
église de Sainte-Rose-de-Lima.
Dans
l'axe aussi de notre identité culturelle, il y avait renforcer le dialogue
entre les cultures, et j'ai une pensée pour
la culture autochtone, Mme la Présidente, qui se retrouve aussi dans notre
politique jeunesse 2030. Il y a aussi le soutien à la création et aux
créateurs qui a été mis en place dans la politique de 1992 et l'accès à la
participation des citoyens à la vie
culturelle, notamment renforcer la sensibilisation aux arts et à la culture, de
faciliter l'accès aux oeuvres et encourager
aussi la participation citoyenne. Et, au niveau de la participation citoyenne
au niveau culturel, Mme la Présidente, il
faut que je mentionne aussi le programme musical de l'école Des Cèdres,
Poly-Jeunesse et Curé-Antoine-Labelle, qui sont un exemple de la jeunesse du Québec et qui participent aussi activement
aux liens intergénérationnels, alors que ces jeunes vont démontrer tous leurs talents lorsqu'ils peuvent performer
dans les résidences pour personnes âgées. Alors, ça me rend très fier,
Mme la Présidente, qu'ils soient à l'école Poly-Jeunesse, Curé-Antoine-Labelle
et Des Cèdres.
Donc,
il y a beaucoup d'enjeux, Mme la Présidente, au niveau de la politique
culturelle, et j'aimerais que la ministre élabore sur le renouvellement de la politique jeunesse, qu'elle élabore
aussi sur les objectifs, sur le comité-conseil et sur les termes abordés
lors de la tournée de la consultation.
• (19 h 30) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
Sainte-Rose. On voit votre passion pour les chiffres, alors le comptable
en vous sort. Alors, Mme la ministre, il vous reste trois minutes pour répondre
au député.
Mme David
(Outremont) : Trois minutes pour parler...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Vous pourrez revenir dans...
Mme
David (Outremont) : ... — c'est ça — ...d'une initiative, écoutez, qui est
absolument majeure dans l'histoire du
Québec en matière de culture. La dernière initiative et qui était la première
d'une politique culturelle, c'est en 1992 sous Liza Frulla, qu'on salue
pour la vision qu'elle a eue à cette époque pour... que le gouvernement a eue,
c'était un gouvernement libéral, mais
c'était une grande politique qui a guidé les actions depuis, ma foi, 25 ans.
Alors, c'était normal qu'après 25 ans
ou que ça va faire 25 ans en 2017, on se soit dit : Écoutez, peut-être
qu'on pourrait honorer cette politique en
la modernisant, en regardant tout ce qui a changé. Inutile de dire qu'en 25 ans
il y a beaucoup, beaucoup de choses qui
ont changé. Et je pense qu'on a mis sur pied, dans la dernière année, avec une
équipe exceptionnelle au ministère, pilotée
évidemment par la sous-ministre avec Danielle Dubé qui a pris ça à pied levé
comme ça et, on pourrait dire, qui a fait
une organisation extraordinaire pour amener toute la communauté, et vraiment
toute la communauté ensemble, pour réfléchir aux grands enjeux de la
culture d'aujourd'hui et de demain...
Alors,
je sais que je ne pourrai pas expliquer tout ça, mais je vais m'organiser pour
pouvoir en parler à travers n'importe
quelle autre question, je vais trouver une façon pour y revenir parce que,
vraiment, c'est une initiative exceptionnelle et on a fait déjà la
première consultation, c'est-à-dire avec les autochtones, le ministre a fait
une consultation unique, historique avec
toutes les communautés autochtones et c'est vraiment très beau de les voir tous
ensemble, de réfléchir à la langue,
au patrimoine autochtone. Vous savez, quand on a parti le Plan Nord, c'était
dit, ça, dans le lancement, qu'il fallait
apporter une attention particulière à la langue et à la culture autochtone.
Alors, c'est déjà commencé et entamé. Donc, je pense que je vais devoir
m'arrêter là pour parler plus tard.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la ministre. On
va passer du côté du deuxième groupe de l'opposition, et je cède à
parole à Mme la députée d'Iberville pour environ 23 minutes.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Alors, Mme la Présidente, moi, je
vais procéder par ancienneté. Alors, comme j'ai passé 40 ans de ma vie
dans l'industrie des médias, on va parler de télévision un petit peu.
Alors, en ce
qui me concerne, Mme la Présidente, Télé-Québec est certainement à mes yeux
l'institution publique la plus
sous-utilisée dans le coffre à outils culturel du gouvernement, celle pour qui
le potentiel à développer est le plus important,
autant son volet télévisuel que ses plateformes numériques. Je reconnais le
travail qui a été accompli, mais je me
demande ce qu'on pourrait faire d'encore plus important. Télé-Québec subit
cette année une compression d'à peu près 90 000 $ pour l'année en cours. C'est relativement peu. Par
contre, ce qui m'effraie, c'est quand je compare Télé-Québec aujourd'hui
à il y a 10 ans. Son budget d'aujourd'hui est à peu près le même qu'il y a 10
ans.
Or, si on
avait indexé les budgets de Télé-Québec à chaque année depuis 10 ans, ils
seraient supérieurs aujourd'hui de 12
point quelques millions. Or, le mandat de Télé-Québec est toujours de plus en
plus large, sa plateforme numérique, La Fabrique culturelle, le portail
cinéma. J'imagine qu'avec les salaires qui augmentent, les coûts de production
qui augmentent sans cesse, les frais
courants qui augmentent également, selon moi, le manque à gagner se chiffre
aujourd'hui certainement à au moins entre 12 millions et
15 millions.
J'aimerais
que la ministre me dise si mon chiffre est exact et pourquoi, gouvernement
après gouvernement, ministre après ministre, on s'acharne à fragiliser
Télé-Québec au fil des années.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Alors, Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : La question est très claire et peut avoir sa dose
effectivement de préoccupations, mais notre
gouvernement n'est pas dans cette lignée-là et Télé-Québec, 90 000 $,
ça correspond à 0,2 % qui n'inclut pas... parce que là il faut comprendre que les chiffres,
évidemment, on a un certain chiffre dans les crédits et, après ça, on regarde,
et Dieu sait que, pour Télé-Québec, c'est
super important, le plan culturel numérique, où là on rajoute 1 350 000 $,
dans le cadre du plan culturel, pour
2016‑2017; 450 000 $ dans les crédits de fonctionnement;
900 000 $ en provenance du Plan québécois des infrastructures du ministère de la Culture et des
Communications. Ce que ça veut dire, au total, c'est qu'on n'est pas
dans le négatif.
Est-ce qu'on
est suffisamment dans le financement de tout ce que ça prendrait? On a une
présidente-directrice générale, Marie
Collin, qui travaille de façon exceptionnelle, qui regarde la gouvernance, qui
regarde la modernisation, qui
s'occupe de la fabrique, on en a parlé tout à l'heure, fabrique que la
précédente P.D.G., Michèle Fortin, avait mise sur pied. Comme elle nous disait, c'était un peu son
bébé ou son legs, et elle avait décidé de transformer les directions régionales, en faire des plateformes numériques.
Quand je suis allée en Abitibi, j'ai vu comment ça pouvait être utile, pour toutes sortes de raisons. J'étais au festival
de cinéma, puis ils faisaient des clips... C'est intéressant. Il y a des choses
intéressantes.
Combien il
faut mettre dans Télé-Québec pour que Télé-Québec remplisse sa mission? Je
pense que, le gouvernement, on est
très responsables, on a conservé les budgets, on est quand même à presque
60 millions, et même plus que
60 millions avec le 1 350 000 $. Avec la gouvernance de la
présidente-directrice générale, c'est une gouvernance extrêmement dynamique, qui regarde pour plus loin.
Vous savez, Télé-Québec, un peu comme les questionnements sur Radio-Canada, doit renouveler son bail
bientôt. C'est important, cette question de bail, en 2018‑2019, je crois...
2019, et ça vient vite, quand on
réfléchit à ces questions-là, la place du numérique. Et s'il y en a une qui a à
coeur la mission éducation enfant-création, c'est bien moi, je pense, et
c'est bien le ministère et le gouvernement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Samson : Mais je trouve quand même assez triste qu'en 10 ans, avec les
transformations qui s'opèrent dans l'industrie
de la télévision, qu'on puisse vraiment dire, prétendre que Télé-Québec peut
fonctionner aujourd'hui d'une façon optimale avec les budgets dont elle
disposait il y a 10 ans. Je pense que c'est...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y... Oui. C'est un commentaire.
Mme Samson : En tout cas, ça me
surprend.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, Mme la députée.
Mme David
(Outremont) : J'avais oublié que ce n'est pas juste une discussion
comme ça, importante, que nous avons.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Non, malheureusement.
Mme David
(Outremont) : Et ce n'est pas à une ancienne directrice générale de
l'AQPM que je vais expliquer que les
temps ont changé, que la question des productions externes, des productions
internes, la question du numérique, la
question des crédits d'impôt... et on en parlera, si vous voulez, ça,
peut-être, dans vos deux blocs, j'en arrive déjà avec celui-là. On pourrait travailler ensemble sur la
question des crédits qui s'appellent... un nom, là, vraiment très compliqué,
des CEPAC ou BCEPAC. Et justement je vais
même appeler à votre collaboration... parce que vous connaissez très bien ça,
j'étais avec la
ministre du Patrimoine, il y a un mois et demi ou deux mois, au Gala de
l'ADISQ, je crois, on en avait parlé, elle
devait mettre une consultation sur pied et je pense que nous devons ensemble
vraiment travailler pour aller sensibiliser le gouvernement fédéral.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme
Samson : J'aimerais tout simplement souligner à gros traits ma grande
préoccupation pour Télé-Québec, c'est un actif dormant, Télé-Québec,
pour le gouvernement du Québec. Il faut absolument qu'on l'utilise d'une façon optimale. Il y a quelque chose de mieux à faire,
de plus à faire, il y a assez de talents. Et, je le souligne à gros traits,
c'est une énorme préoccupation pour
moi. Et je ne suis pas en conflit d'intérêts, j'ai travaillé partout, sauf à
Télé-Québec, donc ce n'est pas pour mes anciens collègues de travail de
Télé-Québec.
Ma deuxième question va porter sur le crédit
d'impôt. Effectivement, dernièrement, le BCEPAC, qui est le Bureau de certification des productions
audiovisuelles canadiennes, a revu ses critères d'admissibilité des émissions,
ce qui a fait en sorte que, par
exemple, l'émission BazzoTV est disparue de la grille horaire de
Télé-Québec. Ceux qui ont encore des
contacts à Ottawa — c'est
mon cas — savent
que le BCEPAC s'apprête à émettre une nouvelle série de directives et de
critères de sélection et d'admissibilité pour les émissions de type magazine.
Il faut
savoir aussi, Mme la Présidente, qu'au Canada il y a entre 80 % et
90 % des émissions de format magazine qui sont produits au Québec. Si la rumeur persiste et que les nouveaux
critères du BCEPAC sont encore plus restrictifs, ces mesures-là vont frapper de plein fouet l'industrie de la production
au Québec et va frapper en pleine face Télé-Québec d'autant plus qu'ils risqueraient, là, de voir
également ces crédits d'impôt pour des émissions comme Les francs-tireurs,
Deux hommes en or, Génial! tomber. Si tel était le cas, est-ce que la ministre
a un plan pour faire face à ce nouveau contexte pour Télé-Québec?
• (19 h 40) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, je
remercie la collègue de cette question-là, parce qu'effectivement c'est une
question fort importante. J'écrivais moi-même, le 21 janvier 2016, à la ministre du Patrimoine, évidemment, toute mon
inquiétude. Et, on le sait, c'est une question d'interprétation, resserrement
des critères, et je ne veux pas, donc, insister encore plus, mais je vous
cite... je me cite : «Je me permets de vous communiquer mon inquiétude
face à ce resserrement d'interprétation. Plusieurs
productions québécoises seront touchées», etc. Donc, nous sommes exactement sur la même ligne pour ça.
Et je vais
même vous demander votre aide, parce
que vous dites que vous avez beaucoup
de contacts à Ottawa. J'en ai, moi
aussi, mais je pense que c'est une question du gouvernement du Québec, mais
du Québec tout entier, parce qu'il y a vraiment des productions...
Et là aussi
on pourrait dire que le Québec est une société distincte, dans ce sens que... et vous avez sûrement plus les chiffres que moi, mais, dans ce crédit d'impôt,
là, c'est la question des magazines variétés — en tout cas, c'est une... — qui
est très rare dans le reste du Canada, mais qui est très fréquente au Québec.
Donc, il faut
sensibiliser la ministre et son ministère, je pense, à cette question-là, et la
consultation se termine le 18 mai, la
consultation se termine. Le 18 février, il y a eu un avis public pour
recueillir les commentaires. Le 18 mai, c'est la date limite pour les modifications proposées aux définitions
des genres dans le cadre du CIR audiovisuel fédéral. Donc, je
pense qu'on a encore un peu de temps. On n'a pas tellement de temps, il y a
des productions qui s'en viennent. Télé-Québec est inquiète, on le sait,
parce qu'il y a des productions... il y a 60 productions, 50 millions en
jeu, représentent 12 % du montage financier. Donc, là-dessus, on est pas
mal sur la même longueur d'onde. Et je n'ai pas attendu que vous me posiez la question, la lettre date du 21 janvier
2016. J'étais inquiète, je lui en ai parlé plusieurs fois personnellement, et il faut absolument qu'on...
Donc, je ne m'attendais pas, honnêtement, à reprendre la conversation. Mais je pense qu'on n'a pas le temps d'attendre,
il faut intervenir rapidement. Et, si
vous me prêtez votre collaboration,
je l'accepterais avec un grand plaisir, parce que ça dépasse largement l'enjeu gouvernemental.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Samson : Bien sûr, mais il
n'en demeure pas moins que cette probabilité-là,
elle existe. Il y a un risque fort que
les critères soient resserrés davantage et que les émissions de ce type-là ne
se voient plus financer. Ma question est : N'y aurait-il pas lieu pour la ministre d'avoir un plan de contingence
si jamais la grille de programmation de Télé-Québec de l'automne
prochain était frappée de plein fouet? On va faire quoi, acheter les anciens
épisodes des Pierrafeu?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, le
plan de contingence... On va commencer par se dépêcher d'aller intervenir
là où il faut intervenir. C'est une
interprétation; je pense que c'est dit beaucoup que c'est une question d'interprétation réglementaire et non pas de modification réglementaire. La ministre l'a dit,
elle me l'a dit, elle l'a dit aux gens qui sont allés la voir, qui sont très inquiets, dans le milieu de la
production : C'est de l'interprétation réglementaire. Alors, comment
change-t-on une interprétation
réglementaire? C'est, je pense, le coeur de la discussion que nous devons, si
je comprends bien, parce que là ça se poursuit, que nous devons poursuivre avec
la ministre du Patrimoine, et après ça on verra. Mais commençons par le
plus important, c'est-à-dire essayer de sensibiliser nos collègues du
gouvernement fédéral.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Samson : Bien sûr, Mme la Présidente, si je peux être de quelque
utilité ou contribution pour faire avancer ce dossier-là, ça me fera plaisir de le faire. Mais je dois dire que
j'ai été très déçue de voir que... Quand l'annonce a été faite de la
disparition de Bazzo.tv, j'étais excessivement déçue de voir qu'il n'y a
rien qui a été fait pour sauver cette émission-là,
qui était, je pense, tout à fait dans le cadre du mandat de Télé-Québec. On
peut reprocher qu'il y ait eu peut-être un peu trop de péquistes invités de temps en temps, mais il n'en demeure
pas moins que ça correspond effectivement au genre d'émission de débats qu'on veut voir à la télévision de
Télé-Québec, d'émission intelligente et allumée, et j'ai été bien déçue
de voir qu'on n'a même pas fait un geste pour la récupérer, cette émission-là.
Je trouve ça très triste.
Maintenant,
j'aimerais peut-être, ici, une question très rapide. Dans le cas de TV5, est-ce
que les investissements à TV5 sont maintenus au même niveau ou s'ils ont
subi une baisse?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Non. C'est parce que, d'une part, un, j'ai été invitée à
Bazzo.tv, donc ce n'est pas seulement
des invités du parti de l'opposition, et j'ai eu beaucoup, beaucoup de plaisir.
Et, deuxièmement, dès que cette question-là
est sortie, ma directrice de cabinet a appelé immédiatement Marie-France
Bazzo. Donc, on était, la journée même, dans l'heure qui a suivi, en
contact et on n'a pas cessé le contact depuis ce temps-là.
Votre question, c'était... la deuxième?
Mme Samson : ...le financement de
TV5, est-ce qu'il a été maintenu au même niveau?
Mme David (Outremont) : Il a-tu été
maintenu au même niveau?
Une voix : Oui.
Mme David (Outremont) : Oui.
Mme Samson : Il n'a pas augmenté, il
n'a pas baissé.
Mme David (Outremont) : Non.
Mme
Samson : Statu quo, O.K. Maintenant,
pour rester en télévision, si vous me le permettez, j'aimerais rester en
télévision encore un peu, en ce qui concerne Télé-Québec. Pour le gouvernement
en place, là, Télé-Québec, là, le gouvernement le voit où à la fin de son mandat? Bêtement, là,
je vais vous dire, je vais ramasser ça dans quel état, moi, là, dans
deux ans, là?
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme
Samson : Non, mais ça va
avoir l'air de quoi, là? Ça va avoir l'air de quoi, Télé-Québec, dans deux ans?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
C'est une question hypothétique, Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson : Toujours! C'est
hypothétique, ça n'a rien à voir avec les crédits.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Excellent!
Mme
Samson : Mais moi, je veux
savoir quelle est la vision du gouvernement libéral quant au développement et à l'avenir de Télé-Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Alors, l'avenir de Télé-Québec, là, il est dans
le choix qu'on a fait, puis elle s'appelle Marie Collin, puis elle est là, derrière. Elle était la directrice de
l'AQPM. Je pense, vous la connaissez un petit peu. Et puis cette femme-là, avec
son équipe, parce qu'il y a une équipe derrière ça, a décidé de faire de Télé-Québec vraiment une institution moderne qui est tournée
vers l'avenir, qui travaille beaucoup avec sa mission de base, qui est justement
l'éducation. Parce que, là aussi, je suis vraiment d'accord
avec vous, Télé-Québec est un trésor extraordinaire que nous
devons beaucoup plus mettre en
évidence et pour lequel nous devons avoir le plus grand respect, d'ailleurs,
et le plus grand espoir. Et, oui, il
sera encore là en 2018. Et, quel que soit le parti au pouvoir, il sera là. Et
puis on a M. Lamarre qui est président
du conseil, qui est très, très dévoué aussi. Donc, on a vraiment
une équipe très solide, et ce n'est pas des choix qui sont naïfs, là; quand on va chercher quelqu'un
de cette trempe-là comme P.D.G., je
pense que le message est clair
de la part du gouvernement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Merci. Oui?
Mme Samson : Mme
la Présidente, il me reste encore quelques minutes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, il vous reste huit minutes encore.
Mme Samson : Huit minutes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
Mme Samson : Oupelaïe! C'est bon!
Avec la permission de la commission, puisque la vision et l'avenir de Télé-Québec, c'est Marie Collin, est-ce
que je pourrais demander à Mme Collin
de prendre trois minutes de mon temps pour lui demander qu'est-ce
qu'elle voudrait faire avec Télé-Québec? Mais avec la permission de la commission.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Avec plaisir, mais ça me prend le consentement de tous les membres de la commission,
oui.
Mme Samson : Je le demande.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Est-ce que j'ai le consentement pour que Mme Collin s'approche pour nous donner
sa vision? Alors, Mme Collin.
Mme Samson : Mme Collin, que je vais
vouvoyer pour la cause.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Mme Collin, je vais juste vous demander de vous présenter, ainsi que
votre titre, pour les fins d'enregistrement, et vous pouvez répondre à
la question de la députée.
Mme Collin (Marie) : Mon nom, c'est
Marie Collin. Je suis présidente-directrice générale de Télé-Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci.
Mme Collin
(Marie) : Mme la députée d'Iberville, ma vision pour Télé-Québec. Alors, évidemment,
Télé-Québec, comme
tous les télédiffuseurs au Québec ou dans le monde, est confronté à de vastes
changements. Ce sont des institutions, les entreprises
qui sont nées il y a... dans le cas de Télé-Québec, ça va
faire 50 ans en 2018, c'est des institutions qui ont évolué
dans un monde assez stable pendant plusieurs années, mais notre industrie qui est la
télédiffusion est en bouleversement complet.
Vous le voyez tous. Vous êtes des consommateurs. Vous voyez comment les gens
consomment maintenant tout à
fait différemment les choses.
C'est une situation
qui est importante, pour rester branchés sur nos citoyens
et respecter le mandat de Télé-Québec,
que Télé-Québec puisse se transformer en entreprise
média numérique, c'est-à-dire que nous devons être là où les citoyens
sont, c'est-à-dire sur toutes les
plateformes, en respectant notre mandat, c'est-à-dire d'offrir des
contenus éducatifs, culturels et
régionaux de qualité et innovants. Nous nous devons d'être capables en ce moment de faire toutes ces activités, mais vous comprendrez que, pour les
télédiffuseurs, c'est difficile, c'est très exigeant en ce moment parce que nos
revenus autonomes proviennent encore majoritairement de la télévision linéaire, mais,
en parallèle, on doit offrir de plus en plus de contenu dans le numérique. Donc, c'est une situation qui demande
beaucoup d'agilité pour nos entreprises et qui est exigeante au niveau financier et au niveau de la
créativité qu'on développe, et aussi, pour la pérennité de Télé-Québec,
je pense que nous devons le faire.
Et je me permettrais d'ajouter qu'avec les nouvelles lignes
qui ont été émises par le CRTC, Parlons télévision, en mars dernier, Télé-Québec n'aura jamais
été jamais autant plus pertinent que maintenant,
parce que ce qui arrivera probablement, c'est que les télédiffuseurs privés vont se
retirer de genres moins commercialement payants à court terme : la jeunesse, la culture, le documentaire.
Donc, la pertinence de Télé-Québec dans cet univers-là est très, très
importante, parce que ça prend un ancrage identitaire pour nos jeunes si
on veut que demain ça soit des gens qui consomment la culture encore puisque ça, la télévision, au Québec, Télé-Québec et d'autres diffuseurs l'ont merveilleusement bien fait,
c'est-à-dire qu'on a une des télévisions les plus performantes au monde. Je
l'ai répété quand j'étais la présidente de l'AQPM,
et je le répète encore une fois : on a été capables de garder nos adultes dans nos
contenus télévisuels faits ici, parce
que, quand ils étaient jeunes, ils ont pris l'habitude et ils ont pris... ils
ont connu nos animateurs, nos acteurs, ils ont connu des trames narratives du Québec faites ici par nos
auteurs. Donc, c'est très, très important à mon avis que notre société d'État offre
ces contenus-là, mais elle se doit d'être là où est le consommateur est en
2016.
• (19 h 50) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme Collin. Alors, Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Oui, peut-être
une toute petite remarque. Merci, Mme Collin. Moi, je pense qu'à
60 millions vous n'y arriverez pas, là, pas dans le contexte où les
coûts de production vont augmenter.
Dans le fond, on se rejoint un peu, parce que moi, je pense... Si je dis que
c'est un actif dormant, sous-utilisé, et que, dans un environnement où il y aura de moins en moins de joueurs pour les émissions jeunesse,
les documentaires, les magazines
d'actualité et culturels, Télé-Québec devient d'autant plus une opportunité. On n'aura
pas le loisir de laisser cet actif-là
dormant dans le coffre à outils si on veut que ces genres de programmation là
continuent de rayonner au Québec.
Il va falloir que Télé-Québec soit capable, parce que les autres ne le feront pas, les autres ne le
feront pas. On sait que Radio-Canada, malgré ses millions supplémentaires, va s'en aller plus dans la dramatique probablement et dans le variété. Je ne connais pas les plans d'affaires de
tous les diffuseurs, mais Télé-Québec va rester pas mal le seul à porter
cet étendard-là, là, du documentaire, de la
jeunesse et du culturel. Donc, moi, je pense que vous allez manquer... il vous
manque de l'argent. Je vous remercie, Mme la Présidente. Merci, Mme Collin.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste encore deux minutes et demie, Mme la
députée d'Iberville.
Mme
Samson : Eh bien, je n'ai
pas fini d'avoir du fun. Attendez minute, là. Vous autres aussi... Mais je
tiens à souligner le travail que fait
Télé-Québec avec La Fabrique culturelle, on le sait. Télé-Québec est en lien avec au-delà de
150 organismes culturels répartis sur tout
le territoire. Je sais que c'est beaucoup consulté par tout le monde. Et j'espère que La Fabrique culturelle aura les moyens nécessaires
pour continuer à se développer et à rayonner.
D'ailleurs,
je reste sur Télé-Québec. Du côté du Plan culturel numérique, Télé-Québec s'est vu accorder 150 000 $ pour les trousses technopédagogiques Télé-Québec en classe. Ce
n'est pas beaucoup, 150 000 $ en production, là, pour
faire des trousses, là. Il y en a combien
d'écoles qui utilisent les trousses Télé-Québec en classe à peu près aujourd'hui?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre. Je pense... Mme Collin.
Mme
David (Outremont) : Je pense
que c'est pas mal Mme Collin, là. Mais, oui, c'est ça, c'est difficile à dire.
On n'est pas dans les classes ou je ne suis
pas au ministère du Primaire,
Secondaire. J'aimerais ça pouvoir vous répondre.
Mme Samson :
Vous êtes-tu pas quoi? Dans les classes?
Mme David
(Outremont) : Je ne suis pas au ministère de l'Éducation primaire,
secondaire...
Une voix :
...
Mme
David (Outremont) : La mise en marché a commencé il y a quelques
semaines. C'est la réponse qu'on me donne.
Mme Samson :
Ah! c'est nouveau, c'est tout nouveau déjà. O.K., O.K.
D'accord. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Une minute, Mme la députée.
Mme Samson :
Combien?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Une minute.
Mme
Samson : Ah! ce n'est pas gros, ça. Dans le cas de l'élaboration du
portail cinéma pour Télé-Québec, est-ce que Télé-Québec travaille en
collaboration avec la Cinémathèque ou avec Éléphant et... On n'aura pas le
temps?
Mme David
(Outremont) : Vous auriez dû la faire rester assise depuis le début.
Mme Samson :
Ah! bien on peut la ramener. Moi, ça ne me dérange pas. Je vais rapporter mon
temps sur le prochain bloc, madame, parce que je n'ai pas fini sur Télé-Québec.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Parfait. Il vous restait 55 secondes, Mme la
députée.
Mme Samson :
Ah! on va le rapporter sur mon deuxième bloc.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Alors, on va passer du
côté du gouvernement. Et je cède la parole à M. le député de
Sainte-Rose. Vous avez 28 minutes.
M. Habel :
Parfait. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, j'étais en train de parler,
au dernier bloc, du renouvellement de la politique culturelle, qui date de quelques
années. La dernière avait été élaborée en 1992.
Je
vous rappelle des principes, rapidement, Mme la
Présidente. Une culture est un bien essentiel
à la dimension culturelle et est nécessaire à la vie en société,
l'autonomie aussi de la création et de la liberté d'expression, l'État, qui favorise l'accès au plus grand nombre possible de citoyens
à la culture et l'État qui est en collaboration avec les partenaires afin de soutenir les
axes de la dimension culturelle de la société. Plusieurs axes et orientations
avaient découlé de la politique de 1992, donc : l'affirmation de notre
identité culturelle, valorisation de la langue, valoriser l'héritage culturel,
renforcer le dialogue des cultures.
L'axe
2 : soutien aux créateurs et à la création artistique, dont les orientations étaient de favoriser en priorité la création artistique sous toutes
ses formes; améliorer les conditions de vie professionnelles des créateurs et
des artistes; assurer la vitalité des
organismes artistiques; et élaborer et mettre en oeuvre une stratégie de développement des industries culturelles.
Axe
3 : accès à la participation des citoyens à la vie culturelle, donc favoriser la
participation des citoyens à la vie artistique et culturelle; renforcer l'éducation et la
sensibilisation aux arts et à la culture; et faciliter l'accès aux arts et à la
culture. Donc, de grandes réalisations sont sorties de la politique
culturelle de 1992. Et j'ai parlé brièvement des membres du comité-conseil, dont Liza Frulla, Mme Louise
Sicuro, Mme Nadine St-Louis, Mme Sylvie Gamache, M. Ian Gailer, M.
Gabriel Bran Lopez et M. Hugues Sweeney.
Donc,
j'aimerais que la ministre suppléante à la Culture élabore sur le renouvellement de la politique culturelle, les objectifs, entre autres,
les membres du comité-conseil et aussi les orientations et les thématiques
abordées.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le député de Sainte-Rose. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez,
merci beaucoup de me donner l'occasion de poursuivre, parce que,
quand même, ça couvre un vaste, vaste, vaste champ, et j'en étais encore en 1992,
mais on va pouvoir sauter dans le temps. Mais c'est important de savoir d'où on vient pour savoir un petit peu où on veut aller. Et, d'où on vient, bien, c'est grâce à, même, des
prédécesseurs de Mme Frulla, parce que la politique culturelle avait déjà...
bien en amont de ça, la politique
du 1 % de Lise Bacon, qui était
exceptionnelle et qui encore aujourd'hui... On parlait de patrimoine tout à l'heure, mais,
si au CHUM, si au CUSM, si à
l'amphithéâtre de Québec il y a pour des millions d'oeuvres d'art qui font
vivre nos artistes de façon
extraordinaire, c'est grâce à la politique du 1 % sur l'architecture. Et cette politique-là
fait en sorte que, quand on a un budget
de 1 milliard de construction, bien, si on met 1 million... c'est-à-dire, si on met 1 %, c'est beaucoup,
beaucoup, d'argent, donc ça
fait vivre nos créateurs québécois, ça fait vivre l'art visuel.
Et j'ai
visité le CHUM, moi, avec un gros chapeau, des bottes, je vais m'en souvenir
toute ma vie. Quel privilège! Je suis
entrée au CHUM avec toute une équipe parce que justement on faisait le
lancement des oeuvres d'art qui vont être, donc, dans cet hôpital. Et on parlait du prix tout à l'heure puis, oui,
c'est vrai que ça coûte cher, des hôpitaux, puis, en culture, on pourrait faire beaucoup
avec ce prix-là, mais ce n'est pas exactement la même chose. Puis, quand on a besoin d'une chirurgie cardiaque, on est contents d'avoir
un hôpital qui est à la fine pointe de la chirurgie coronarienne. Mais ils ont intégré de la culture d'une façon
exceptionnelle. Et je ne vous souhaite pas d'être malade, mais je vous souhaite
d'aller visiter le CHUM un jour pour voir
des bancs stylisés, tout à coup, dans une salle d'attente, c'est vraiment
exceptionnel. Donc, ça, c'est un
exemple d'une grande dame qui s'appelait et qui s'appelle toujours
Lise Bacon, qui a réfléchi à cette question-là et qui a introduit ça.
Il y a
eu plusieurs autres, au fil des ans, de tous les gouvernements, de tous les partis... bien, tous les partis, il y en a deux, donc, que ce soit le Parti québécois ou le gouvernement libéral, mais
il y a eu toujours des améliorations, mais un point tournant, c'était 1992. Et, 25 ans plus tard, on pourra dire qu'on
va avoir un autre tournant majeur dans l'avenir du Québec en matière de
culture.
Et c'est
clair, quand on parle de culture, qu'on parle de l'avenir du Québec dans
plusieurs, plusieurs volets, et c'est pour
ça que ça donnait un peu le vertige au début, quand on a dit : O.K.,
est-ce qu'on décide d'aller vers une nouvelle politique culturelle pendant ce mandat-ci? Et pendant ce mandat-ci,
bien, ça passe plus vite qu'on pense, hein, le quatre, cinq ans, là,
écoutez, c'est quelque chose, et on voit l'horloge passer.
• (20 heures) •
Et puis on a dû, donc, préparer tout ça. On n'a
aucune idée de la préparation que ça demande, des cahiers, de l'organisation, mobiliser les gens. Et on a réussi
à mobiliser un comité-conseil, parce que ce n'est pas une affaire individuelle,
une politique culturelle. S'il y a quelque
chose qui est une affaire, je dirais, de groupe et de communauté, c'est bien
cette politique culturelle, parce que
la culture, ça appartient à tous, et la culture, ça doit toucher tout le monde.
Et, quand je dis «tout le monde»,
c'est vraiment tout le monde : les jeunes, les moins jeunes, les
communautés culturelles, les communautés autochtones.
Alors, à
partir de ça, on s'est dit : Qui on pourrait mettre sur le comité pour
avoir vraiment un comité d'un niveau absolument
exceptionnel? Et à qui d'autre... À tout seigneur tout honneur, je pourrais
dire. Liza Frulla a donc accepté avec vraiment beaucoup générosité d'être dans ce comité
dit... je ne sais pas, je ne me souviens plus comment on l'appelle,
comité-conseil.
Et on a
demandé aussi un coprésident, qui est un gestionnaire culturel adorable et
adoré de tous, qui était au festival du
court métrage à Saguenay... il faut dire Saguenay, oui, sinon le député de
Jonquière va encore me disputer comme hier parce que je me trompais tout le temps entre les expressions. Donc, Ian
Gailer est très, très connu dans les régions. Il est maintenant au festival international de cinéma de
Québec. Et il est de Joliette, alors c'est formidable. Et il est vraiment
quelqu'un de très, très important, jeune,
engagé, dynamique et qui représente un peu le milieu à la fois... Enfin, il a
beaucoup d'atouts, donc il est très intéressant.
Sylvie
Gamache, qui est quelqu'un qui a travaillé très, très, très longtemps en
animation culturelle, directrice générale de Communication-Jeunesse, qui a été une membre très active du conseil
du Mouvement pour les arts et les lettres, le Comité consultatif sur le disque et les arts de la scène
de l'Observatoire de la culture, et donc quelqu'un qui a vraiment travaillé
énormément dans ce qu'on pourrait appeler le giron du Conseil des arts et des
lettres du Québec.
Gabriel Bran
Lopez, on a encore à le présenter, mais je vous garantis que, d'ici quelques
années, on ne présentera plus Gabriel
Bran Lopez, qui est vraiment... le président de la Jeune Chambre de commerce,
qui est quelqu'un de très engagé et
qui a vraiment créé une organisation qui est formidable qui s'appelle Fusion
Jeunesse. Et je suis allée récemment à sa
finale de la partie robotique, c'est un jeune qui était lui-même un décrocheur
qui a raccroché, qui a lui-même eu un parcours
non linéaire, comme l'ont plusieurs jeunes maintenant, et qui a décidé de faire
quelque chose de ses immenses talents. Et il a créé un organisme qui
lutte contre le décrochage par des activités de parrainage avec des étudiants universitaires qui prennent en charge une classe pendant
une année et ils font un projet. Il s'est beaucoup investi en culture,
il s'est investi avec
les autochtones, il s'est investi en robotique et même en danse, en mode.
Alors, vraiment, il a un rôle extrêmement
important à jouer avec les écoles pour contrer le décrochage. Et inutile de
dire qu'il est dans les écoles les plus défavorisées.
Et, quand
j'étais au Festival de robotique, c'est une école très défavorisée qui a gagné,
l'équipe parmi toute la finale nationale, l'école Lucien-Pagé, qui s'en
va aux États-Unis, à la finale nord-américaine. C'est extraordinaire. Écoutez, c'est une école... pour ceux qui
connaissent un peu le réseau primaire, secondaire, on est fiers de ces
jeunes-là, on les supporte. Et c'est
le genre de... Donc, Gabriel Lopez qui va pouvoir aider beaucoup à réfléchir à
cette question de la culture pour les jeunes, comment intéresser les
jeunes.
Puis on a mis
5 millions pour aider justement le Conseil des arts et des lettres à
aider, comme je le disais dans mon
discours, toute la chaîne de la fréquentation des jeunes publics, mais qui vont
devenir moins jeunes et qui vont rester justement intéressés. Mme Collin
disait exactement ça : Tu commences avec Passe-Partout puis tu
finis avec les documentaires, et puis en
passant par Génial!, puis en passant... Bien, c'est exactement ça qui
est important : c'est que nos
jeunes aillent au théâtre, aillent au cirque, aillent au cinéma, consomment la
culture québécoise. Alors, c'est vraiment intéressant d'avoir quelqu'un de jeune qui s'occupe aussi d'intégration
culturelle. Alors, Gabriel Lopez est très important dans le comité.
Nadine
St-Louis, qui a peut-être encore besoin de présentation, mais qui, elle aussi,
bientôt, n'en aura plus besoin. C'est une entrepreneure autochtone et
qui donc a fondé l'Espace culturel Ashukan. Moi, je l'ai connue à l'Auberge Handfield, elle faisait le festival des arts
métissés. J'avais été tellement impressionnée : 18 artistes du Grand Nord
avec 18 artistes du Sud qui
travaillent ensemble. Et c'était l'exposition; j'en garde un souvenir
impérissable. C'est une grande entrepreneure
de la liaison entre la culture du Nord, la culture du Sud, et donc c'est
quelqu'un qui aide beaucoup, qui va beaucoup
accompagner la portion autochtone culturelle. Et on ne peut absolument pas,
j'en parlais tout à l'heure, négliger cette portion-là.
Une autre, elle, n'a pas besoin de présentation, Louise
Sicuro qui a vraiment fait avancer les arts, la culture et qui a été...
Elle a cofondé l'organisme Culture Montréal. Et c'est elle qui évidemment a eu toutes sortes d'honneurs. Et c'est elle qui fait les Journées de la culture. Et
partout, dans vos comtés, maintenant, partout au Québec, les Journées de la
culture, tout le monde est au rendez-vous. C'est Louise Sicuro qui est
la femme, la grande dame derrière ça.
Et Hugues
Sweeney, parce qu'il fallait mettre aussi un côté numérique. On a en parlé avec
le député d'Iberville. On va en
reparler, c'est sûr, ce soir, la question du numérique en culture est
incontournable. Et on avait besoin de quelqu'un qui s'y connaît pas mal. Alors, il a été à la tête de l'émission Bande
à part. Et puis a joint l'Office national du film. Et c'est très important, parce que, ça, c'est l'animation
3D, l'animation 2D et tout ce qui est numérique. C'est quelqu'un qui...
C'est M. Numérique.
Et
finalement, Sandy Boutin qui, lui, est un entrepreneur extraordinaire qui aide
beaucoup l'Abitibi, et il vient de là,
si je ne me trompe pas, et qui a fondé le Festival de musique émergente, et qui
donc se partage entre divers mandats, mais c'est un entrepreneur
culturel formidable.
Donc, avec
un comité comme ça qui conseille le, la, le ministre, enfin, toute l'équipe qui
travaille sur ça et qui vont lire,
qui vont faire le bilan, qui vont recevoir le bilan des consultations. Les
consultations me donnaient un peu le vertige
quand je regardais l'horaire. Et puis ça me donne toujours le vertige, mais
c'est incontournable, c'est important. Il y a à peu près, je ne sais pas...
Une voix : Il y a un
changement de calendrier...
Mme David
(Outremont) : Il y a un changement de calendrier que tout le monde
comprend, c'est clair. Bon, on est un
peu retardés, mais il n'y a pas beaucoup de régions du Québec qui ne seront pas
visitées. Et toutes les régions... Il y a 18 au moins consultations, 19.
Alors, c'est vraiment très, très, très exhaustif, très vaste comme
consultation.
Et ils vont être consultés sur trois grands
enjeux, dans le fond. Et j'en parlais à partir de la composition du comité-conseil. Et le premier et non le
moindre : l'affirmation de notre identité culturelle. C'est un vaste
mandat. Et on est à la fois dans la
langue française, parce que culture au Québec, évidemment est en équation assez
normale avec la langue française,
valoriser l'héritage culturel, renforcer le dialogue des cultures. Et là on
parle de langue française. On a réfléchi à quelque chose aussi du côté de la langue française, mais on a aussi ce
mandat dont on a parlé, qui est le mandat pour le patrimoine culturel, parce que je suis
complètement d'accord avec ma collègue de Joliette qu'il faut regarder ce
dossier et en faire une priorité
gouvernementale et une priorité parmi les plus élevées, je dirais, de notre
gouvernement. Et c'est ce qu'on continue à s'employer à faire au ministère
de la Culture.
L'autre
aspect important, et là les créateurs m'en voudraient de ne pas mentionner,
c'est le soutien aux créateurs et à
la création, donc favoriser la création artistique, son renouvellement, tout en
garantissant l'autonomie des créateurs. Et quand je pense à l'investissement de 5 millions pour le Conseil des
arts et des lettres par rapport à ce renouvellement de clientèle, ce n'est pas seulement d'amener des
enfants et de les amener, oui, on veut le plus possible, au théâtre, à tous les
arts de la scène, c'est de permettre aussi à
ces créateurs, des fois, d'aller dans les écoles — on a un programme de culture
éducation — mais
c'est aussi qu'il faut faire de la production.
Je ne sais pas si vous savez qu'au Québec on est
dans les meilleurs au monde, je pense qu'on peut, hein, aller jusque-là, pour ce qui est du théâtre jeunesse. Et
le théâtre jeunesse, je me souviens, quand on a inauguré l'îlot Kildare dans une église, justement, Sainte-Brigide-de-Kildare,
voilà, une formidable transformation ou vocation pour une église, bien, on a accordé, je pense, c'était
10 millions, 11 millions si ma mémoire ne me fait pas trop défaut. Et
justement c'est un centre de
création, entre autres, pour les enfants et les adolescents. Les Gros Becs à
Québec, autre lieu. On est très, très bons dans la création et on est
très bons dans le théâtre pour enfants.
On
peut l'être encore meilleurs en soutenant nos créateurs, parce qu'au Conseil
des arts et des lettres ce sont des créateurs
qu'on doit soutenir, mais il y a toute une chaîne après ça. Tu écris ta pièce
de théâtre. Ça te prend des comédiens, qui veulent avoir du travail. Et ça, on le dit souvent, les comédiens
voudraient avoir plus d'emplois, qu'il y ait plus de circulation de
théâtre, entre autres.
• (20 h 10) •
Et puis,
après ça, on a des lieux de diffusion.
Il y a des lieux de diffusion extraordinaires. La Maison Théâtre, qu'on a annoncée, avec des renouvellements. Il y a
d'autres théâtres pour enfants qui sont très importants, et ce n'est pas la
même chose d'aller dans un théâtre
qui est organisé pour du théâtre que d'aller dans un gymnase d'école. Alors, il faut
aussi les habituer. Il va
avoir, à la Maison Théâtre, une salle pour les touts petits, mais tout, tout
petits, là, les petits de 18 mois, à peu près, à quatre, cinq ans. Bien, comme parent, tu es
content de pouvoir aller au théâtre avec des touts petits puis de ne pas avoir peur qu'ils tombent en bas, puis que tout
est organisé pour eux. Alors, au Québec, on est très forts dans ça et on est très fiers de soutenir le Conseil des arts et
des lettres pour toute cette chaîne de création et pour pouvoir aider à avoir
encore plus de diffusion.
Donc, ça,
c'est le soutien au créateur, mais il
y a plein d'autres exemples pour la
création, c'est les arts visuels, c'est...
là, les consultations vont justement aller chercher tous les besoins. Et moi, quand je
faisais des tournées, je me souviens,
je réunissais beaucoup de créateurs, que ça soit en Abitibi ou que ça
soit à Gatineau dans l'Outaouais ou ailleurs, mais les créateurs, ils
ont des besoins puis ils veulent absolument qu'on les soutienne.
Aux Îles-de-la-Madeleine, j'en ai vus, je pense, j'ai fait 23 rencontres en 36 heures,
là, c'est toujours la faute de ma directrice de cabinet qui
me fait des horaires impossibles, mais je n'ai pas regretté aucune de ces
rencontres-là.
Et, finalement, l'accès et la participation des
citoyens à la vie culturelle, qui est un autre aspect extrêmement important.
Alors, il faut favoriser la participation citoyenne.
Et Dieu sait qu'avec le numérique, maintenant, les citoyens participent
d'eux-mêmes. Et, quand Mme Collin disait : Les pratiques changent
complètement, bien, effectivement, il se crée
des Web séries à même leurs propres moyens, et tout change, mais on ne veut pas
arrêter ça, mais on veut justement
que cette sensibilisation aux arts et à la
culture soit très, très encouragée, parce que, oui, c'est vrai, le
Québec est francophone dans une mer anglophone. Et peut-être... Je ne
sais pas combien il me reste de temps.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste trois minutes, Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Trois minutes.
Je pourrais dire qu'on a donné un autre mandat, aussi, qui est peut-être passé
un petit peu plus inaperçu, qui est destiné à M. Jacques Blain, le président
du Conseil national du cinéma et de la production
télévisuelle — ça,
ça va intéresser mes collègues — où
on a demandé, suite, évidemment, à toute la question de la fermeture des trois salles d'Excentris, de la
question Centre du cinéma parallèle, bon, on sait ce qui est arrivé et... On a
la cinémathèque d'un côté puis on a l'inquiétude de pouvoir avoir accès, justement,
à des productions soit québécoises, soit des productions, justement,
étrangères, qui ne seraient pas nécessairement vues, parce que, on le sait
bien, on est dans des salles de cinéma plutôt de diffusion de films très populaires.
Donc, on a
demandé à ce conseil, qui existe et qui est, comment dire, un sous-produit de
la SODEC, un comité un peu
indépendant, là, qui peut... C'est vraiment un conseil à la ministre, mais, disons, logé
pour les fins de... je ne sais pas pour
quelles fins, à la SODEC. Et donc ce conseil qui s'appelle Conseil national du
cinéma et de la production télévisuelle, on leur a donné du travail puis
ils sont là pour ça. Et le travail qu'on leur a donné, c'est, dans ce contexte
et dans la continuité des travaux... Parce que
je suis allée les rencontrer, on a discuté, c'est des producteurs, c'est des
gens vraiment du milieu de la production cinématographique et
télévisuelle. Donc, à la suite des recommandations, on parlait toujours, quand
je suis arrivée, du GTEC puis du GTEC. Le GTEC, c'était le groupe de travail en
quelque chose, j'imagine, là.
Une voix : ...
Mme
David (Outremont) : Le
groupe de travail en cinéma. Donc, le GTEC avait fait toutes sortes de recommandations, et on leur a demandé de faire une analyse de la situation
et élaborer des recommandations concernant l'accès au cinéma québécois et
aux cinématographies étrangères peu diffusées à Montréal et dans les
différentes régions du Québec.
Donc, on a
demandé ça pour, à peu près, le mois de juin, juillet... septembre?
Septembre. Et c'est important, parce que ce
n'est pas seulement de dire : On veut que les montréalocentrés
aient du cinéma, il y a Le Clap à Québec aussi. Mais, pour le cinéma qui est vraiment
du cinéma étranger peu diffusé ou notre cinéma d'auteurs québécois,
grâce au plan culturel numérique,
c'est un bel exemple, on a équipé toutes les salles de cinéma de formats
numériques HD, je pense qu'on peut dire ça comme ça. Et, grâce à ça, on peut, puis là je ne donnerai pas
tous les détails, parce que je ne suis pas la spécialiste, mais on peut certainement permettre à ces
salles de cinéma qui... il y a des salles dans ça qui sont des salles parallèles,
justement, on peut leur permettre de diffuser des films qu'ils ne pouvaient pas
diffuser avant. Alors, j'ai été un
peu partout au Québec et, quand on
annonçait cette... je ne sais plus qui était chargé, à travers le plan culturel
numérique, là, d'équiper toutes les salles de ces formats numériques,
mais ça, ça permet justement de diffuser du cinéma d'auteur, du cinéma étranger
dans toutes les régions du Québec. C'est un exemple du plan culturel numérique.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Il
ne reste plus de temps, M. le député de Sainte-Rose, on va revenir.
Alors, Mme la députée de Joliette, vous avez 21 minutes.
Mme
Hivon :
Merci. Avant de revenir aux questions de patrimoine, vu qu'on parlait de la
politique culturelle, j'avais une question sur la rémunération, donc,
des membres du comité et des membres du sous-comité. Combien d'argent va à la rémunération? J'appelle ça
sous-comité, hein? On se comprend que ce n'est pas des sous-personnes parce
qu'elles siègent sur un sous-comité. Ça
arrive qu'une commission parlementaire devient une sous-commission et je ne
pense pas qu'on devient des sous-députés. Donc, ça n'enlève rien au respect
pour les personnes.
Donc, est-ce
qu'on peut avoir les chiffres, la rémunération pour les membres du comité
d'ensemble et pour les membres du comité du patrimoine?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée.
Mme
Hivon : Mais, si
ça prend un petit moment...
Mme David
(Outremont) : Alors, la réponse est assez simple : tout le monde
est bénévole, sauf le coprésident, qui
fait toutes les rencontres et, incluant ses dépenses, on me parle de contrat...
je ne sais pas s'il y a un contrat de signé, peut-être pas.
Une voix : ...
Mme David
(Outremont) : Ce n'est pas signé encore, mais d'autour de
30 000 $. C'est la seule dépense. Les autres sont entièrement
bénévoles.
Mme
Hivon : O.K. Sur
le comité global et sur le comité patrimoine et... Donc, tous ces gens...
Mme David (Outremont) : ...comité,
moi, je parle du comité-conseil.
Une voix : ...
Mme David (Outremont) : M. Corbo,
Mme Courchesne ont un contrat.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Pouvez-vous vérifier...
Mme David (Outremont) : Oui, oui.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée voudrait peut-être poser une autre question.
Mme
Hivon :
Exact, merci. Alors, je vais revenir à la question du patrimoine. Donc, je
pense que la ministre a bien entendu
nos préoccupations et ce qu'on estime être très urgent. Et nos préoccupations
sont d'autant plus importantes que, bon,
on parle de patrimoine puis, quand on regarde dans les crédits, le Conseil du
patrimoine culturel, je l'ai dit d'entrée de jeu, voit ses crédits
baisser, mais la question où on a laissé tantôt, c'est, en plus, que les
centres d'interprétation du patrimoine se retrouvent en ce moment dans les
limbes, parce qu'ils se sont fait dire, il y a un an, qu'ils ne pouvaient plus bénéficier du programme d'aide au financement
des institutions muséales. En ce moment, cette vingtaine d'organisations là — il y en a 20 sur le territoire environ — sont excessivement inquiètes, avec raison,
parce que n'ont aucune idée, là,
depuis le 31 mars, ce qui arrive de leur financement. On parle de l'importance
du patrimoine, ce sont des organisations sur l'ensemble de territoire
québécois qui ont cette vocation-là.
Alors, est-ce
que la ministre peut s'engager à ce que les centres d'interprétation du
patrimoine continuent à être financés à la même hauteur qu'ils l'étaient
lorsqu'ils relevaient du PAFIM, avec la même flexibilité pour utiliser les
sommes, y compris pour le fonctionnement?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, pour ce qui est des centres d'interprétation, là,
les 19 institutions qui sont sorties du
PAFIM, je l'ai dit, vont être financées cette année, les prochaines années, par
des projets puis par des ententes. Alors, il est trop tôt de connaître effectivement les montants, car elles viennent
elles-mêmes, ces institutions, de déposer leurs projets.
Pour ce qui
était de celui dont vous m'avez parlé au tout début, je ne sais pas si vous
faites référence à celui-là exactement, là, centre d'interprétation...
Mme
Hivon :
Est-ce qu'ils vont recevoir la même hauteur? Est-ce qu'on peut leur garantir
qu'ils vont être financés à la même
hauteur et la flexibilité pour que l'argent puisse aller au fonctionnement?
Parce que l'inquiétude, c'est qu'ils vont
pouvoir faire des beaux projets, mais que les bâtisses, les personnes qui
doivent faire vivre ces projets-là ne soient pas financées.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, il faut attendre les projets. Il faut vraiment
attendre les projets qui ne sont pas
encore arrivés, mais l'aide aux projets, à travers les ententes de
développement culturel... Et c'est sérieux quand on dit ça, là. Et, par
exemple, la maire... le maire...
Une voix : La mairesse de
Plaisance.
Mme
David (Outremont) : La mairesse de Plaisance est en contact avec le
sous-ministre adjoint et puis ils ont des discussions fort
constructives, là. On n'est pas dans une guerre entre les centres et le
ministère, et c'est en toute collaboration,
et c'est une façon de changer et de partir avec des projets puis avec des
ententes de développement culturel pour
lesquels il y a un assez bon investissement du gouvernement et du ministère
dans les ententes de développement culturel.
Alors, il est trop tôt pour savoir les montants,
parce que les demandes viennent à peine d'être déposées.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci.
Mme
Hivon :
Il n'y a pas de garantie de montants, ça va dépendre des projets. Donc, il n'y
a pas de garantie à l'heure actuelle.
Puis, justement, les projets, ça veut dire qu'il n'y aura plus d'argent pour le
fonctionnement. C'est ça que je veux comprendre.
• (20 h 20) •
Mme David
(Outremont) : Je le répète, et
j'ai donné tout à l'heure les chiffres : On est passés de 17 à 21 millions, et donc l'argent, le
différentiel, si on veut, il est beaucoup dans justement les projets, les ententes, et ce qu'on prévoit,
c'est qu'il n'y aura pas de changement majeur cette année. Donc, les gens vont
déposer des projets.
Ce qui m'a toujours
frappée dans le réseau muséal avec, entre
autres, la direction dans le ministère
du réseau muséal, ils sont en contact
extraordinaire avec leur clientèle. Alors, il n'y a pas de
surprise, les gens appellent, les gens se parlent, et c'est pour ça qu'ils savaient que les critères
du PAFIM avaient changé. Ils savaient qu'il
y en aurait qui seraient hors
PAFIM, mais ils savaient aussi qu'ils auraient des accès autres.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la députée.
Mme
Hivon : En tout
cas, je me permets de vous dire qu'il y a
beaucoup d'inquiétudes. Donc, si ça ne rend pas chez vous, c'est une chose. Ça me surprend. Ce
n'est pas les échos que j'ai, parce
qu'on n'a pas de nouvelle dans le
concret des choses. Alors, je vous
invite à apporter vraiment une attention particulière à ce sujet-là, qui est
en lien toujours avec notre question du patrimoine.
Maintenant,
je vais passer au dossier de l'information, de la vitalité et de la diversité de l'information régionale. La première question
que j'ai posée en Chambre à la ministre il y a deux ans, c'était sur ce sujet-là. Et donc je lui
disais que, depuis quelque
temps, et c'était le 4 juin 2014, il
y avait beaucoup
de voix qui se faisaient entendre relativement à la situation des médias, particulièrement
des médias régionaux, et je lui demandais qu'il y ait un débat d'urgence sur la
question, une commission sur la question...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Juste un instant, Mme la
députée. Vous parlez un peu trop
fort. Je vous entends à partir d'ici. Alors, allez-y, Mme la députée.
Mme
Hivon : Donc, à l'époque, je demandais à la ministre,
comme les intervenants le demandaient dans le milieu de l'information, qu'il puisse y avoir un débat d'urgence sur la question,
une commission sur la question, un lieu où vraiment on allait montrer
toute l'importance de cet enjeu-là. Je dois dire qu'on est deux ans
plus tard et je lisais ce matin même dans
Le Devoir qu'il va y avoir dans deux semaines un sommet
pour faire le point sur la crise de l'information, mais ce n'est
pas le gouvernement ou la ministre qui organise ça, c'est les patrons et les
journalistes qui se mettent ensemble. Pendant
ce temps-là, on apprend, vous l'avez vu comme moi certainement au mois de
décembre, dans le bilan d'Influence communication,
qu'entre 2002, où Influence estimait à 8 % le corpus de nouvelles portant
sur les régions... en 2015, la couverture
médiatique est passée sous la barre de 1 % de nouvelles qui concernent les
régions. C'est sans compter tous les hebdos,
les médias régionaux qui ferment un après l'autre. Et ce qu'on a vu, je dois
vous dire, c'est que le fédéral vient de
mettre sur pied un comité parlementaire qui étudie toute la question de
l'information régionale, de la crise dans le milieu de l'information
régionale, et, pendant ce temps-là, moi, je n'ai vu aucun geste de posé.
Alors, j'aimerais savoir s'il y a... et
d'habitude la ministre publicise les gestes qu'elle pose, donc j'imagine qu'il n'y en a pas eu, mais j'aimerais savoir ce
que le gouvernement entend faire, quels gestes il entend poser alors que la
crise est encore plus grande qu'il y a deux
ans. Le fédéral bouge, les gens s'organisent pour se faire des colloques, mais
le gouvernement ne bouge toujours pas.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, je trouve ça extrêmement intéressant que des
citoyens, des organismes, des entreprises
se mobilisent et qu'heureusement l'État n'est pas toujours obligé de
dire : On va prendre l'initiative, mais on va être contents de regarder ce qu'ils font. Les médias communautaires,
les hebdos communautaires, jamais, jamais le ministère de la Culture ne les a laissés tomber. Je me souviens d'être
allée les rencontrer, les médias communautaires, et, à chaque fois que je suis allée en région, je suis
allée dans les médias communautaires, j'ai donné des entrevues aux hebdos
communautaires, et ils étaient très, très
heureux, d'une part, de voir l'intérêt qu'on leur portait, de voir l'argent
qu'on investit dans les médias communautaires.
Et, pour les
médias, on a ici, dans le plan culturel numérique... Parce que, quand on dit
qu'on est en mouvement, on est en
mouvement. On parlait justement... et, s'il y a un domaine où on peut parler et
on doit parler de numérique, c'est bien
dans le domaine des médias et de la communication. Donc, on s'est dit :
Dans le plan culturel numérique, on doit penser à nos médias communautaires et à nos...
enfin, tout ce qui est médias et hebdos communautaires. Alors, on a créé
un programme d'aide financé pour permettre
aux radios, à la télévision et aux médias écrits communautaires de prendre
le virage numérique, organiser une journée
d'étude sur les impacts et les perspectives des mutations dans l'univers médiatique
par le Centre d'études sur les médias.
Donc, ce sont
des choses... en voilà, un exemple de journée d'étude qui ressemble à un
comité, mais une journée d'étude, c'est très important. Et, moi, à chaque fois que
je suis allée rencontrer les médias communautaires, ils étaient très
heureux de savoir qu'on leur accorde 2 050 000 $ pour la
numérisation.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Hivon : Les médias communautaires, c'est une chose, puis peut-être,
pendant qu'on continue l'échange, votre
équipe pourrait regarder... parce que, justement, sur les médias communautaires, j'ai noté dans le
livre des crédits, dans nos
questions, question 42, qu'il semble y avoir des... les médias
autochtones semblent avoir disparus de la liste des médias communautaires qui sont financés. Donc, je ne sais pas si ça a changé de programme, mais la liste n'est pas la même.
Mais je vais
poursuivre sur le thème... pas des médias communautaires, mais de l'information régionale, donc télé, radio,
hebdos, donc, des hebdos qui ne sont pas communautaires mais qu'on voit fermer,
fusionner, disparaître, devenir uniquement numériques. Il y a énormément
d'inquiétudes, je pense que, oui, on peut parler d'une véritable crise
dans le milieu de l'information régionale.
Alors, je veux savoir, il y a des pistes qui
sont sur la table, comme celles d'octroyer des crédits d'impôt, par exemple,
pour la production de contenu. L'embauche de journalistes pour l'information régionale, est-ce que c'est une piste qui est envisagée par la ministre
présentement?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez,
la question des radios autochtones, 270 000 $
pour les radios locales, 150 000 $
au fonctionnement, société de communication par projet, 120 000 $. Ça
donne donc, pour les radios autochtones, 270 000 $. Et on sait, justement, à quel point — et je me souviens d'être allée dans des
communautés autochtones — la radio est extrêmement importante, alors le budget est
protégé.
Maintenant, pour ce qui est de l'information
régionale, de la vitalité, je dirais, régionale, c'est... Je le sais que Télé-Québec ne fait pas d'information, mais
Télé-Québec est une présence avec des antennes qui est très importante, et ça
donne donc une présence à toutes sortes de
niveaux dans les régions. Il y a aussi les hebdos régionaux, je l'ai dit, qu'on
aide, et les médias régionaux.
Il y a eu
la... oui, il y a eu des transactions sur lesquelles, honnêtement, vous le
savez, on n'a pas nécessairement de
pouvoir. Mais, quand Capitales Médias a repris un certain nombre de journaux,
les gens étaient très contents, et ça a été, je dirais, une solution, un soulagement collectif pour tous les journaux,
finalement, qui ont été, je me souviens très bien, sauvés, et donc ils font des transformations
numériques, c'est sûr. Tout ça est en mouvance. Mais on a quand même des
gens qui ont à coeur les médias régionaux.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Hivon :
Bien, j'aimerais... en tout cas, j'aurais aimé entendre des gestes concrets,
des pistes qui sont envisagées. C'est sûr qu'on n'est pas, ici, dans un
monde fermé, les autres démocraties vivent, aussi, cette crise des médias, mais il y a des solutions qui ont été
mises sur pied par des instances gouvernementales ailleurs, des fonds, des
créations de fonds pour l'information
régionale. Ce n'est pas un domaine qu'on peut laisser aller complètement au gré
du marché, c'est quand même un pilier d'une société démocratique qui est
importante. Alors, j'invite la ministre à réfléchir,
à réfléchir aux solutions concrètes qui pourraient soutenir ce milieu-là, parce
que les chiffres sont effarants, le fédéral
est en train de se pencher là-dessus. Puis, nous, c'est comme si on regarde le
train passer puis on dit : Bien, c'est le privé, qu'est-ce qu'on peut faire avec ça? Puis, tant mieux, les gens
du milieu sont en train de regarder ça. Mais je pense que le
gouvernement a une responsabilité aussi de favoriser cet accès-là et cette
diversité-là de l'information.
Maintenant, j'aimerais passer dans le coeur,
toujours, de ce qui nous occupe, de la question de l'information. Vous savez qu'il y a des facteurs aggravants parce
que, justement, les hebdos régionaux, les hebdos, avec la mutation, justement, qui est en ce moment présente dans le
milieu, craignent beaucoup deux choses : d'une part, que tous les avis,
en fait, des pertes de revenus importantes, alors que, déjà, ils sont en
compétition, qu'on voit les éditions diminuer beaucoup...
du fait des avis statutaires des municipalités, qui, normalement, doivent être
publiés dans les hebdos locaux, qui sont des revenus publicitaires pour
eux... mais il y a toute cette idée-là que peut-être on pourrait dégager de
cette obligation les municipalités, ce qui crée énormément d'inquiétude en
termes de financement.
Et l'autre
élément — et
j'imagine que la ministre est au fait de ça — c'est la taxe au recyclage qui est imposée
aux hebdos,
qui fait en sorte que c'est une nouvelle taxe qui a été mise de l'avant, là,
donc, dans la réforme de la loi sur l'environnement. En soi, ça peut
paraître une bonne idée, sauf que c'est 9 millions de taxes que les hebdos
doivent, donc, payer. Et ça ne diminue pas
malgré le fait que leur consommation de papier diminue. Donc, il y a un
paradoxe dans le sens que ça augmente
d'année en année... le taux de taxation augmente, mais eux, ils doivent tout le
temps diminuer leurs impressions.
Alors, est-ce qu'il y a des solutions, des
changements qui sont envisagés pour soutenir les hebdos? Parce qu'encore une fois c'est au coeur de l'information
régionale. Pour venir de Joliette, je peux vous dire, c'est notre seule source d'information
locale, notre journal hebdomadaire. Alors, si on n'a plus ça, nous, on n'a pas
de station de télé, on a une radio et on a nos hebdos.
• (20 h 30) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Alors, Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Et effectivement, on cherche la date et le contenu, mais
je me souviens d'avoir eu une correspondance
avec le MAMOT, parce que c'est justement les avis publics, et tout ça, ce sont
des sources importantes... et il faut
sensibiliser nos collègues. Et effectivement, quand on sensibilise nos
collègues, on leur rappelle qu'il y a une politique du 4 % en
matière de placement publicitaire dans les médias communautaires. Et c'est
vraiment quelque chose qui... des fois, il
faut un peu leur rappeler, et on leur a rappelé. Et, si je me souviens bien, la
sous-ministre a envoyé une lettre à
tous les... et la ministre aussi, imaginez. Alors, le 15 mai 2015, là, ma
mémoire m'a fait un peu défaut, mais j'ai
signé une lettre à tous mes homologues des autres ministères pour les
conscientiser à l'importance du respect de la politique du 4 %.
Alors,
effectivement, vous avez raison, ils vivent avec des moyens qui ne sont pas
énormes. On les soutient quand même à
une hauteur intéressante, à la fois les hebdos, les radios. Et j'en ai visité
quelques-uns, et, effectivement, ils sont assez exceptionnels, ils font un travail merveilleux. Et moi, j'ai eu des
entrevues formidables avec des radios communautaires et j'ai trouvé
qu'ils faisaient un travail qui est formidable.
Alors, oui,
je vous remercie d'être sensible à la question de l'information en région, mais
l'information en région, il y a aussi
quelque chose qui existe, et peut-être vous aimeriez mieux que ça s'appelle
Radio-Québec, mais ça s'appelle Radio-Canada,
qui a une mission justement d'avoir une pénétration aussi dans les régions et
aussi avec de l'information régionale.
Et on peut saluer la ministre Joly avec le réinvestissement pour Radio-Canada.
Donc, c'est un outil effectivement, puis
il y a d'autres... Il y a ce que le Québec fait, et je pense qu'on le fait très
bien avec l'argent qu'on met et avec l'importance qu'on accorde et qu'on
veut accorder pour sensibiliser.
Une voix : ...
Mme David
(Outremont) : Bien, on a... Oui, entre autres, nous, on a fait la
promotion du livre à travers les médias communautaires, c'est un exemple de ce qu'on fait. On les aime, nos
médias et nos hebdos, on les soutient financièrement. On a mis 2,03 ou quelque chose en plan culturel
numérique. Parce que, vous le dites, ça se passe beaucoup dans le numérique,
maintenant.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la députée. Il vous
reste trois minutes, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup. Oui, c'est vrai, j'aime beaucoup Télé-Québec et je trouve
qu'ils ont vraiment une conscience de
l'importance des régions, notamment avec La Fabrique culturelle, c'est vraiment
à souligner, et je le souligne. Malheureusement,
ce n'est pas le cas partout. Et on peut me parler de Radio-Canada, on espère
qu'ils vont revenir sur des décisions
où il y a eu des coupes vraiment dramatiques dans les régions pour
l'information régionale, mais on se comprend qu'on n'est pas totalement
rassurés, même de ce point de vue là, quand le fédéral lui-même a mis en place
un comité d'examen sur l'avenir de
l'information régionale. Donc, source d'inquiétude quand même assez importante.
Je continue à être très inquiète de
voir qu'au Québec on ne semble pas poser de geste concret ou avoir une
réflexion par rapport à tous ces défis-là, cette crise-là.
Et je veux
revenir sur la question parce que, oui, on peut bien dire que, là, les hebdos
vont passer vers le numérique, tout
ça, mais la transition n'est pas évidente. Et vous savez que 1 $ en
publicité papier... maintenant, ils sont capables de charger à peu près 0,05 $ quand c'est du
numérique, tellement la compétition pour l'espace publicitaire numérique est
forte, donc ça ne se compare pas du tout. Et
pendant ce temps-là, on voit les hebdos devenir excessivement minces, et une
taxe au recyclage qui augmente d'année en
année, et elle reste de la même hauteur, malgré le fait qu'il y a des hebdos
qui disparaissent.
Est-ce que la
ministre peut s'engager à revoir cette question-là avec son collègue de
l'Environnement pour voir tout l'impact que cette taxe-là au recyclage a
pour les hebdos et pour l'information par le même fait?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Oui. Alors,
c'est avec...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Vous avez une minute pour répondre, oui.
Mme David (Outremont) : Pardon?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Une minute pour répondre.
Mme
David (Outremont) : C'est avec plaisir, je pense, que je parlerai avec mon collègue de l'Environnement
puis je remercie la députée
de soulever cette question, parce que, comme je dis, les hebdos régionaux
ont plusieurs, plusieurs
défis. Les hebdos, les radios, tout ce qui
est en région. Et effectivement on veut qu'il y ait une information régionale de qualité et on
met quand même déjà 5,4 millions en crédits réguliers pour les médias communautaires, radios autochtones, les associations de
regroupements des médias écrits communautaires, des radiodiffuseurs, des
télévisions communautaires autonomes, on met les médias
communautaires... On a même un service de dette parce qu'il faut qu'ils
achètent des équipements et on met
0,5 million par année pour les aider à payer leur service de dette. Et on
a donné, par exemple, à la Fédération
professionnelle des journalistes, 35 000 $ au mois de juillet pour
justement réfléchir à la question du virage numérique. Alors, je pense qu'on multiplie de toutes sortes de façons
les mesures pour aider les radios et les... parce que tout ce qui est communautaire... parce
qu'effectivement c'est une responsabilité gouvernementale importante, et
vraiment j'ai découvert, en urbaine
que j'étais, le monde extraordinaire des médias communautaires et des radios
communautaires, et ils font un travail qu'on doit continuer à supporter.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la ministre.
Alors, comme convenu, il y a le consentement pour qu'on prenne une
petite pause, alors je suspends les travaux pour environ 5 minutes. Merci.
(Suspension de la séance à
20 h 37)
(Reprise à 20 h 49)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, rebonjour. On avait terminé du côté de l'opposition officielle, alors on va retourner du côté du
gouvernement pour un bloc de huit minutes, et je cède la parole à M. le député
de Papineau.
M. Iracà :
Oui. Bonsoir, Mme la Présidente. Je vais en profiter pour saluer mes collègues
d'en face et mes collègues de la partie gouvernementale, la ministre
et toute son équipe qui l'accompagne. Je sais qu'ils travaillent très fort
en tout temps, peut-être
un peu plus ce soir, là, parce qu'il est tard et que ça roule beaucoup
pour les études de crédits.
Alors,
ça me fait plaisir... Ça va faire bizarre, Mme la Présidente, mais moi,
je suis un gars de région, mais je vais quand même vous parler
d'international. Bien, je suis un gars de région, le comté de Papineau
est situé entre Montréal et Ottawa, donc semi-région, je vais appeler ça comme ça.
Mais je suis très fier de ça. Mais je vais quand même vous parler
d'international.
• (20 h 50) •
Puis,
avant de débuter mon préambule, je voulais avoir une petite pensée ce soir sur
un chanteur bien connu, Prince, qui
est décédé aujourd'hui. Je sais que ce n'est pas un Québécois, mais qu'il a quand même eu beaucoup
d'influence sur plusieurs Québécois.
Moi, je vais vous dire, Mme la Présidente, à la fin du secondaire, il y a eu un
de mes amis, dans un spectacle de fin
d'année, qui a essayé d'imiter
Prince. Mais il était plus grand puis plus gros que moi, ça fait que ça passait
bizarre, son affaire, là, mais je ne lui ai jamais
dit qu'il n'était pas... Mais c'était correct, là, il a fait un gros effort, quand même. Alors, malgré que ce ne soit pas un Québécois,
c'est une personne qui a quand même eu une grande influence sur plusieurs Québécois
dans la chanson, donc je tenais à le souligner.
Vous
savez, Mme la Présidente, la culture, chez nous, dans mon comté, c'est extrêmement important au niveau économique.
Papineauville, Montebello, Saint-André-Avellin, il y a plusieurs
choses qui se passent tout au cours de l'année. Il y a le Carrefour Culturel
Estacade à Buckingham — je les salue, des gens qui travaillent très
fort; il y a le Centre d'action culturelle
de Saint-André-Avellin, qui organise à chaque semaine des événements culturels;
il y a le musée d'histoire de Papineauville;
il y a... nous avons aussi, à Montebello, Le Château Montebello. Qui ne connaît
pas le Château Montebello, le plus
grand hôtel en bois rond au monde? Donc, il y a plusieurs personnes, célébrités
et des artistes qui viennent séjourner au magnifique Château Montebello,
dans le magnifique comté de Papineau. Et il y a aussi quelque chose qui se passe
d'intéressant à Montebello : on a le
plus grand show rock au Canada avec le Rockfest, qui cette année a lieu au mois
de juin, des artistes du Québec
et de l'international... Je ne sais pas si vous écoutez le rock, Mme la Présidente. Il y a du punk aussi, si vous voulez y aller. J'ai les
dates, je pourrai vous les mentionner après la séance de travail. Mais, je
vous dirais, je vous mentionne ça parce que,
oui, il y a du talent artistique international qui se produit
dans mon comté, mais c'est parce que ça amène
aussi beaucoup d'argent, et d'argent de l'étranger, parce que c'est une
visibilité, c'est une porte d'entrée, c'est une visibilité incroyable
pour le Québec lorsqu'il se passe des événements comme ça chez nous, et donc ça
va dans les deux sens, là : ça va dans le sens où on reçoit chez nous des
artistes internationaux, et on en envoie aussi plusieurs à l'extérieur, donc ça
va dans les deux sens.
Alors,
sur ces mots et sur le fait que la culture, c'est important pour tous les
comtés du Québec, les comtés urbains, les comtés régionaux également,
et que ça a un impact au niveau économique, ce que l'on fait et les artistes
que l'on envoie à l'international et
ceux que l'on reçoit, sur la scène internationale, le ministère de la Culture et des Communications, la Société de développement des entreprises culturelles, la SODEC et le Conseil des arts et
des lettres, le CALQ, interviennent en
concertation avec les réseaux des représentations du Québec à
l'étranger de façon exceptionnelle et complémentaire auprès des artistes du Québec,
des entreprises et des organismes culturels québécois
afin de les appuyer dans leurs démarches sur le marché hors Québec. Puis, vous savez, les artistes ont besoin de cet
appui-là pour pouvoir s'exposer à l'international et refléter toute la
culture québécoise et la richesse que nous avons ici, ont besoin d'un petit
coup de pouce. Alors, ces organismes-là, qui font un excellent travail.
Une
chance qu'ils sont là pour aider nos Québécoises et nos Québécois à rayonner de manière internationale, et je
n'ai pas à vous donner des exemples. Peut-être
que la ministre pourra le faire. Mais on les connaît tous, hein,
les gens du Québec qui s'en vont à l'international, qui ont des
retombées incroyables et des retombées économiques incroyables qui y sont
rattachées. En 2014‑2015, le ministère
de la Culture et des Communications a
soutenu, en collaboration avec ses
partenaires gouvernementaux et en conformité avec les orientations de son plan stratégique, la présence collective d'artistes, d'entreprises
et d'organismes culturels dans plusieurs festivals, événements et marchés
internationaux.
Un exemple. Chez nous — puis,
des fois, ça n'est pas obligé d'être extrêmement grandiose, mais, pour chez nous, dans mon comté, ce l'est — il y a un petit village qui s'appelle Namur,
et eux ont décidé, là, il y a trois ou quatre ans, de faire des recherches sur l'histoire du village
de Namur et ils se sont aperçus qu'il y avait deux autres municipalités dans
le monde qui s'appelaient Namur et qui
avaient des liens avec des gens qui se sont installés chez nous à Papineau,
dans le comté de Papineau, dans le
village de Namur, mais qui venaient d'autres villages dans le monde, dont un
qui, en Belgique, qui s'appelle
Namur. Donc, il y avait des descendances de gens, de personnes qui sont venues
s'installer dans mon comté, moi, et
qui proviennent de la ville de Namur en Belgique, et une autre ville qui
s'appelle Namur à Chicago aux États-Unis, et qui ont décidé de faire quelque chose qui sort du commun mais
d'exceptionnel puis qui avaient besoin de coup de pouce. Alors, par l'entremise de différents budgets
discrétionnaires et avec la MRC, puis la municipalité, ont réussi à organiser
quelque chose de pas mal intéressant en termes d'échanges artistiques entre ces
trois villes-là, entre la ville de Namur en Belgique.
Alors,
il y a des artistes de chez moi, dans le comté de Papineau, des peintres, des
chanteurs et d'autres artistes qui
sont allés s'exposer à Namur en Belgique l'année passée et la ville de Chicago
était là également, il y a eu des échanges culturels. Et c'est vice versa. Cet été, on va recevoir, dans mon comté,
des artistes de Namur qui vont venir échanger avec les artistes de chez
nous, et s'exposer, et faire des prestations dans le village de Namur, dans mon
comté.
Donc,
c'est un exemple concret où des organismes peuvent aider des petites
municipalités ou des petits artisans de
chez nous à s'expatrier et avoir un impact international, là, même s'ils
proviennent de régions. Alors, je sais que ces gens-là ne sont pas
oubliés.
Donc,
la préparation, la réalisation de l'espace culturel à l'international se fait
par l'entremise du Québec partout dans
le monde, en France, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique, en Chine, en
Corée du Sud, en Italie — vous connaissez ça, Mme
la Présidente, l'Italie — en Allemagne, en Ontario, donc on a des prestations, puis on a à
être fiers de ça, puis notre
gouvernement supporte ça. Puis on ne le dit pas assez, mais on a un
gouvernement qui supporte les artistes à s'exposer à l'international pour offrir une belle vitrine pour le
Québec, puis moi, je suis fier de faire partie du gouvernement qui aide ces artistes-là de chez nous par
l'entremise d'aide financière ou d'appui technique. Donc, c'est un appui
extrêmement important, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. le député, il va falloir que
vous reveniez dans le prochain bloc si vous voulez poser votre
question...
M. Iracà :
J'étais trop enflammé, Mme la Présidente. Excusez-moi.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ... parce que, oui, c'est sûr, vous étiez sur une
envolée, alors...
M. Iracà :
Je ne me suis pas rendu à la question encore.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Non, mais vous pouvez le faire dans le prochain
bloc.
M. Iracà :
Parfait, merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, on va retourner au deuxième
groupe de l'opposition, et, Mme la députée d'Iberville, vous avez 23
minutes.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Une dernière question très rapide pour clore le dossier de Télé-Québec. Dans le rapport annuel de
gestion du ministère, il y a une action qui est évoquée concernant Télé-Québec
et qui est d'accompagner Télé-Québec
pour l'examen de la mise en oeuvre — et je fais du pouce sur la question de ma
collègue de Joliette — pour étudier... faire l'examen de la mise en
oeuvre d'une plateforme d'information régionale et interrégionale. Je
comprends que le projet n'est pas allé de l'avant puisqu'on a plutôt choisi
d'investir dans La Fabrique culturelle. Est-ce
qu'on doit comprendre que cette option-là d'offrir à Télé-Québec une
information régionale n'est plus sur le radar?
Mme David
(Outremont) : Le plan stratégique était élaboré, si je me doute bien
que c'est... 2013?
Mme Samson :
...gestion...
Mme David
(Outremont) : Pardon?
Mme Samson :
C'était dans le plan de gestion.
Mme
David (Outremont) : C'est
ça, de 2013. Alors, évidemment, c'est tout
à fait cohérent avec la question de la députée d'Iberville... la
députée de Joliette.
Mme Samson :
...
Mme David
(Outremont) : C'est ça, c'était...
Mme Samson : Ce n'est plus sur le
radar.
Mme David (Outremont) :
Ce n'est pas sur le radar, nous avons plutôt investi beaucoup dans La Fabrique
culturelle, qui est une présence importante en culture en région.
• (21 heures) •
Mme
Samson : Ça me confirme ce que j'avais pensé. Merci, Mme la ministre.
La réponse a été rapide. «Shooters»!
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme
Samson : J'aimerais maintenant qu'on aborde la question de la SODEC.
J'aimerais qu'on aborde maintenant la
SODEC, et puis, si le ministre
le permet et que la commission le permet, si, parce que je n'ai plus beaucoup
de temps puis il y a
encore beaucoup de questions à couvrir, si Mme Simard pouvait se joindre à
nous pour complément d'information...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Si j'ai le consentement, oui, pas de problème. Est-ce que j'ai le
consentement de... Oui.
Mme Samson : Bon, c'est bien gentil.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, Mme Simard, venez prendre place.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Alors, dans le budget, tel qu'on le voit cette année, la SODEC subit
une coupure de 1,7 million, soit à peu près 2,7 % de son budget.
Depuis deux ans, les programmes d'aide au cinéma et à la production télévisuelle sont en compression de 37,3 millions en 2013 à 30,6 millions en 2015, c'est quand même 7 millions de moins. Par contre, les montants
octroyés via des crédits d'impôt sont en hausse de leur côté.
Malgré une baisse d'assistance dans les cinémas,
qui semble structurelle depuis 2005, le cinéma québécois a progressé légèrement en 2015 pour atteindre
7,8 % des parts de marché. La SODEC nous annonçait il y a
un an vouloir resserrer les règles
quant à l'approbation des scénarios, et on a repris cette discussion-là en
2012. J'aimerais savoir où on en est actuellement avec cette intention.
Le Président (M. Auger) : Oui, Mme
la ministre.
Mme David (Outremont) : Excusez. Ah!
Le Président (M. Auger) : Bonjour.
Un changement, hein?
Mme David (Outremont) : Changement de
tonalité de voix, j'ai été un peu surprise.
Écoutez,
je voudrais tout de suite être bien, bien claire que l'ajustement de
1 750 000 $ de la SODEC qui est à la baisse, c'est uniquement pour ce qu'on appelle le
Plan culturel numérique du Québec. C'est cette partie-là qui a été à la baisse, il en reste quand même 2,5 millions pour la partie numérique à la SODEC. Mais nous avons retiré pour l'an
prochain parce que ça... il faut
comprendre que c'est sur sept ans, le Plan culturel numérique, donc ça vient
par projet, il faut toujours
bien livrer les projets. Alors, ce n'est pas une baisse dans les autres programmes
que vous avez cités. Et on met aussi 1,7 million pour le plan du livre, là, il ne faut pas l'oublier, le plan du livre,
l'aide aux librairies, l'aide aux éditeurs, ça fait... Alors donc, la crainte que vous avez sur le
différentiel, je pourrais dire, c'est, pour très, très grande majorité, le
Plan culturel numérique, pour lequel il y a un report sur les sept ans.
Mme
Samson : Mais je vais
revenir, M. le Président — excusez-moi,
j'allais dire «Mme la
Présidente» — je vais
revenir sur le plan numérique, ça ne sera
pas très long. Mais j'aimerais peut-être discuter un peu du côté de la SODEC,
de toute la question du cinéma, bien
sûr. J'y faisais référence tantôt, il y avait une volonté déjà annoncée depuis
quelques années de resserrer les
critères, et c'est toujours la même question qui revient : Est-ce qu'on
fait trop de films? Est-ce que nos
scénarios sont assez développés lorsqu'on entre en production? Et est-ce qu'on
consacre assez de budget par film? C'est toujours le questionnement
qu'on connaît depuis quelques années.
J'aimerais avoir votre opinion là-dessus, Mme
Simard, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Auger) : Juste
un instant. Avant, pour les fins de l'enregistrement, dans un premier temps, bien vouloir vous
identifier, votre nom et votre titre, et par la suite vous pourrez répondre.
Mme Simard (Monique) : Monique
Simard, présidente et chef des opérations de la SODEC.
Le Président (M. Auger) : Merci.
Mme Simard
(Monique) : Alors, en ce qui
concerne le cinéma, on a fait référence un petit peu plus tôt au GTEC,
qui était le groupe de travail sur le cinéma
québécois, mais c'était seulement sur les longs
métrages fiction, je tiens à la préciser,
ça ne concernait pas le documentaire
ou le court métrage. Parce que vous savez qu'on soutient la scénarisation
et la production de d'autres types de films.
Alors, les
principales recommandations du GTEC ont été mises en application effectivement.
Ça a pris un an de travail à peu
près, justement avec le CNCT. Le CNCT, c'est le comité national du cinéma et de
la télévision, qui est un ancêtre de la SODEC, en fait, qui était un comité consultatif qui existait
depuis 30 ans passés. Et, quand la SODEC a été créée, il a été intégré, au fond, à la SODEC, mais il a ceci de
particulier, c'est qu'il peut donner des avis à la ministre, si demandé,
contrairement à nos autres commissions consultatives, qui ne relèvent que de la
SODEC. Bon.
Alors,
le travail a été fait et c'est... depuis janvier, maintenant, tout a été
présenté aux clientèles, discuté avec les clientèles. Et effectivement il y a une modification assez importante
qui a été apportée au programme en scénarisation, la séquence, le temps qui est alloué pour
travailler les scénarios. Parce qu'une des choses qu'on a réalisées, c'est que
d'avoir des délais trop restrictifs
faisait en sorte que les scénarios souvent n'étaient pas achevés quand... bon,
ils étaient obligés de les déposer. Donc, on a complètement changé cela.
D'autre
part, à l'étape de la production, on
a également changé la méthode de fonctionnement. Avant, on
avait deux dépôts, des longs métrages
de plus de tant de millions de
dollars, ensuite ce qu'on appelle les
longs métrages indépendants. Tout ça
désormais est déposé en même temps pour des demandes de financement. Il y a une présélection qui est faite, alors des lectures sommaires de scénario, on en retient là-dessus...
Donc, juste pour vous donner un exemple, en janvier, on en a reçu
71, scénarios de long métrage fiction; dans la première élimination, on en
a gardé 28; et, de ces 28 là, eh bien, à la
fin de la semaine prochaine, les élus, ceux qui sont choisis pour un investissement en production, seront annoncés vendredi prochain. Donc, on a vraiment
changé les séquences.
Et
c'est un premier excès, donc je ne peux pas pas encore déduire si ça fonctionne
très bien ou s'il faudra apporter d'autres...
On sait déjà qu'il y
a certaines choses qu'il faut changer
dans... parce qu'on a déjà eu beaucoup de réactions à la façon dont les
formulaires étaient faits ou des choses comme ça. Alors, ça, ça a été mis en
application.
Dans
les faits, il y aura, oui, moins de longs métrages fiction, parce qu'il faut bien comprendre que, pour avoir une cinématographie
nationale, il faut avoir une masse critique. Je suis contente de vous annoncer
qu'on a trois films québécois en sélection au Festival de Cannes, cette année.
Pour un pays de la taille du Québec avec le volume de production qu'on
a, c'est exceptionnel...
Une voix :
On est une province.
Mme Simard
(Monique) : Hein? J'ai dit quoi? J'ai dit un pays? Excusez-moi. Alors,
vous savez qu'on a un pavillon du Québec à
Cannes. Alors donc, il y a Xavier Dolan, qui est compétition officielle, il y a
Kim Nguyen, qui est à la Quinzaine des réalisateurs, puis François Jaros
pour le court métrage.
Alors,
il faut avoir une masse critique suffisante pour avoir différents genres, de la
qualité et tout ça, mais, en même
temps, on ne peut pas en produire trop, parce que notre capacité à
soutenir pas juste en scénarisation ou en production, mais le marché aussi... Parce que
ces films-là, il faut les soutenir au marché. Cette année, on va avoir
16 films qui sortent en France, 16 longs métrages, c'est
énorme : La passion d'Augustine, en ce moment, est sur 60 écrans en
France. Ça marche très bien. Mais ça, il
faut les aider, il faut soutenir ces efforts-là. Donc, je pense que j'ai déjà
eu l'occasion de parler, à cette
commission, sur le calibrage nécessaire entre un investissement en création, en
production et en exploitation. Donc, pour le cinéma, c'est là où on en
est.
Le Président (M.
Auger) : Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Merci beaucoup, M. le Président. Compte tenu du cycle naturel
de la production d'un film, on peut...
est-ce que je me trompe, là, en disant que les changements que vous avez
apportés dans les délais puis le développement
des films, on va probablement commencer à les mesurer dans deux ans? Dans
18 mois, deux ans, à peu près, on aura une meilleure lecture de
l'effet de ces...
Mme Simard
(Monique) : Oui, c'est ça. C'est ça.
Mme Samson :
Ça a du bon sens, ça?
Le Président (M.
Auger) : Mme Simard.
Mme Simard
(Monique) : Absolument.
Mme Samson :
Ah bien, je n'en ai pas perdu trop trop, depuis que je suis députée. C'est bon.
Mme Simard
(Monique) : Non, non, encore ça.
Le
Président (M. Auger) : Juste un instant. Juste une personne à la fois
pour les fins de l'enregistrement, pour qu'on ait les bonnes personnes
avec les bons mots là.
Mme Simard
(Monique) : Excusez-moi.
Le Président (M.
Auger) : Mme Simard, s'il vous plaît, la réponse.
Mme Simard (Monique) : Oui. Alors, oui, c'est à peu près ça. Pour vous
donner un exemple, Téléfilm Canada a implanté des nouvelles mesures il y
a à peu près 18 mois, 24 mois. On va pouvoir mesurer leur effet
maintenant. Avant ça, c'est trop difficile, parce que le cycle de production en
cinéma est effectivement assez long.
Le Président (M.
Auger) : Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Merci beaucoup. Merci, Mme Simard. Dans le budget, il y avait
une annonce de 3,8 millions en aide
fiscale sur cinq ans pour adapter le crédit d'impôt pour la production
cinématographique ou télévisuelle québécoise aux nouvelles réalités que sont
l'évolution des technologies et la transformation des habitudes de vie ou de
consommation, j'imagine. Ça veut dire
quoi, ça? Ça veut dire quoi, des améliorations aux crédits d'impôt pour
permettre de rencontrer les nouvelles... C'est dans le discours du
budget.
Le Président (M. Auger) : Mme la
ministre.
Mme David
(Outremont) : Je vais vous revenir. Allez à une autre question, parce
qu'honnêtement, là, je ne sais pas à quoi vous faites référence.
Le Président (M. Auger) : Vous
pouvez poser une autre question, effectivement, pendant que vous faites les
recherches. Avec plaisir. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson :
Très bien. Merci encore, Mme Simard. J'aimerais maintenant poser quelques
questions sur le CALQ.
Le Président (M. Auger) : Juste un
instant. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Je pensais que Mme Simard ne savait pas la réponse, mais
elle sait la réponse. Alors, si vous permettez...
Mme Samson : Ah bon! O.K.
Le Président (M. Auger) : Mme
Simard.
Mme Simard
(Monique) : O.K. C'est que
ça ne relève pas de la SODEC. Nous, on administre cette mesure fiscale, mais vous savez qu'Investissement Québec et le
ministère de l'Économie en administrent d'autres. Et donc celles-ci sont
associées à des nouvelles technologies, entre autres des effets spéciaux ou des
choses comme ça. Alors, voilà.
Le Président (M. Auger) : Mme la
députée d'Iberville, en vous rappelant que vous avez encore 12 minutes.
Mme
Samson : Merci. Je vais faire une dernière question à Mme Simard, si
vous me le permettez. Dans la capacité de
nos films de s'exporter, j'ai ouï-dire cette année que le film La guerre des
tuques avait été vendu en France et avait obtenu la plus haute licence de l'histoire d'un film québécois en
France, pour le film de La guerre des tuques. Ça se peut-u?
• (21 h 10) •
Le Président (M. Auger) : Mme Simard.
Mme Simard
(Monique) : Alors, je sais que le film La guerre des tuques a
été prévendu dans une trentaine de pays.
C'est assez exceptionnel. Maintenant, la hauteur de la licence en France, j'avoue ne
pas la connaître précisément.
Le Président (M. Auger) : Mme la
députée d'Iberville.
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Merci, Mme Simard. Maintenant, question pour le CALQ. En 10 ans, la bourse moyenne octroyée par le CALQ, toutes
disciplines confondues, a baissé de 17 %. La subvention moyenne au fonctionnement, elle, a baissé de 22 %. On sait que le Mouvement pour les arts et
les lettres réclame 135 millions pour le CALQ, un montant de base selon eux. Et, si on se fie à la demande du
CALQ, le manque à gagner serait de l'ordre de plus de 25 millions.
Toutefois,
dans le dernier budget, on annonce 5 millions pour appuyer les
créateurs qui travaillent auprès des jeunes, et plus particulièrement auprès des 4-11 ans, afin de les intéresser à
la culture dès leur jeune âge. Quel est ce programme de 5 millions exactement? En quoi consiste-t-il?
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez,
je pense que j'ai parlé beaucoup,
beaucoup de cette belle nouvelle
pour le Conseil des arts et des lettres. On a été en contact toute l'année,
vraiment, très, très étroitement avec le Mouvement pour les arts et lettres, le MAL, qui est quand
même, on pourrait dire, un organisme ou un regroupement qui a toute une histoire et avec lequel on a travaillé même sur un
rapport pour bien comprendre les enjeux en arts et en lettres. Et je pense
que ça a été dans la plus grande cordialité.
Et
parallèlement à ça, pendant que la directrice de cabinet et le sous-ministre
adjoint qui était impliqué dans les questions
du CALQ travaillait avec le MAL, moi, je faisais des tournées de théâtres.
Alors, j'ai fait une tournée un peu improvisée
au début, où je n'avais pas grand-chose à faire au mois d'août pendant mes
vacances et j'ai eu la bonne idée de
vouloir visiter des théâtres. Finalement, j'ai fait tellement de visites de théâtres,
j'en ai vu vraiment beaucoup, beaucoup, et j'ai tellement parlé avec les gens de théâtre, on a beaucoup parlé de
théâtre jeunesse, on a beaucoup parlé de la relève. Et en rencontrant — et je l'ai dit dans une autre réponse — les présidents-directeurs généraux des
sociétés d'État avec leurs présidents de conseil d'administration — qui était une rencontre totalement
historique, ça n'avait jamais, jamais eu lieu avant, cette rencontre de
les mettre ensemble une journée d'étude complète — il est ressorti un
besoin de se pencher, même financièrement,
c'était le 1er février... pas financièrement, mais... oui, financièrement, mais
de se pencher sérieusement sur les liens entre culture et éducation, je
pourrais dire. Et c'est un de mes dadas. Et bon, comme vous voyez, culture, éducation, bon, il y a une
certaine cohérence dans le parcours, finalement. Et les gens entre autres des
arts de la scène m'ont vraiment
convaincue qu'il fallait mettre toute la pression possible, je dirais, pour
aller convaincre tout le monde que ça devait être un investissement
important. Donc, on a eu 5 millions de dollars.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Samson : Merci. Donc, ce 5 millions-là sera utilisé au
développement de théâtre jeunesse essentiellement. Est-ce que le programme tiendra compte d'une
répartition régionale? Parce qu'on le sait que, et mon collègue de Papineau
va être heureux, il y a quand même beaucoup
d'endroits à travers le Québec où le théâtre jeunesse se développe et où il y a
des troupes intéressantes et c'est très,
très près des milieux. Est-ce qu'il y aura un aspect régional au programme de
théâtre jeunesse?
Mme David
(Outremont) : Alors, le montant a été annoncé évidemment au dernier
budget. Il va être développé, mais
c'est clair, en tout cas, dans l'esprit de ce programme-là que c'est pour
couvrir tout le Québec. On ne va pas seulement...
J'ai donné des exemples de Québec, de Montréal, mais c'est partout. On veut
intéresser les jeunes publics partout
au Québec. Alors, il y a des diffuseurs partout au Québec. Et ce sont les arts
de la scène. Alors, on dit «le théâtre», puis ça peut être d'autres arts de la scène, mais tout ce qui intéresse
les enfants, on est vraiment dans toutes les disciplines et dans toutes
les régions. Si vous voulez plus de réflexion là-dessus, ma collègue...
Mme
Samson : Je voulais surtout savoir si les régions pouvaient s'attendre
à ce qu'il y ait quand même un apport de création du côté régional.
Mme David (Outremont) : C'est-à-dire,
toute la chaîne de création, je le dis bien, là.
Mme Samson : Toute la chaîne de
création et du côté régional.
Mme David (Outremont) : La chaîne de
création et de diffusion régionale et plusieurs disciplines.
Mme
Samson : Je vous remercie de la réponse, et c'est quelque
chose que je vais suivre sûrement
très attentivement avec mon collègue
de Papineau. J'en suis sûre, qu'il va vous talonner là-dessus. Merci beaucoup.
J'ai maintenant une petite question...
Une voix : ...
Mme
Samson : Oui, avant de
passer au numérique, une... Bien, oui, on va passer au numérique, et d'entrée de jeu la Commission d'examen sur la fiscalité québécoise, qu'on appelle
communément le rapport Godbout, avait formulé une recommandation, et je la cite : «La commission recommande [donc au gouvernement] d'étudier la possibilité d'imposer une taxe sur les services Internet résidentiels, afin de soutenir, notamment,
le financement de mesures [...] existantes ou nouvelles visant la culture.» Est-ce
que cette recommandation-là, dans les hautes sphères du gouvernement, est encore analysée, étudiée, ou si elle
a été mise de côté complètement?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Oui. Alors,
dans cette recommandation-là, on parle de taxe et on parle de comment
soutenir la culture via des nouveaux investissements. Ce n'est pas le choix qui a été fait. Il y a, vous savez, des
grandes questions... à la dernière campagne électorale fédérale,
il avait été question des voies de contournement et comment taxer
les grandes compagnies de bande passante qui
viennent dans nos... sans passer nécessairement par les réseaux habituels, et ce n'était pas ça qui avait été retenu non plus au
gouvernement fédéral, en
tout cas, au parti qui était au
pouvoir à l'époque. Et il a été décidé cette année qu'il n'y aurait pas
non plus de fardeau supplémentaire pour les citoyens québécois.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée, il vous reste 4 min 50 s.
Mme
Samson : O.K.
C'est bon. Je vais faire un petit bout encore, si vous me le permettez, dans le
numérique pour vous donner un
chiffre : les quelques 540 000
écoutes sur le site Spotify de la chanson Paradis City de Jean Leloup
lui auront rapporté moins de 30 $.
Donc, il y a un problème, là, certainement, pour les créateurs et les artistes
québécois.
Et on le sait, le secteur de la musique, c'est
généralement celui qui passe à l'abattoir le premier parce que les technologies l'affectent toujours parmi les
premiers. On sait que les ventes physiques d'albums diminuent. Donc, non
seulement le numérique s'impose, mais on
peut parler d'une tendance vers la location de la musique plutôt que son achat.
On assiste à un vol de droits d'auteurs par
les plateformes de musique en ligne, et c'est probablement le plus important
enjeu de notre époque dans le domaine culturel, et certainement pour le domaine
de la musique.
Et j'ai remarqué que, dans le plan du
numérique, les 110 millions, il y a beaucoup d'investissements qui s'en
vont dans les machines. Or,
l'industrie de la musique n'a pas vraiment besoin de machines, mais elle a
besoin d'occuper une place dans
l'univers numérique; ce qu'elle a besoin, c'est de développer des outils de
promotion, une présence sur les sites
pour justement s'assurer que la marque québécoise demeure vivante et attrayante
pour nos jeunes consommateurs. Et on
ne pourra pas enrayer le phénomène du numérique, c'est impossible, mais on ne
peut pas laisser crever nos créateurs non plus.
Est-ce
que, dans le plan numérique, il y a un effort qui pourrait être apporté pour
s'assurer que le produit culturel occupe
une place sur le numérique, et donc qu'une partie des ressources dédiées au
numérique n'aille pas qu'aux machines, mais en support aux contenus?
Mme David
(Outremont) : O.K. Alors, j'ai des...
Mme Samson :
Si j'ai une réponse à ça, là...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste deux minutes, Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Non, non, mais effectivement c'est une question...
c'est juste une question planétaire, c'est juste ça, mais on pourrait
rêver, etc.
Mais
j'ai quand même fait des choses qui vont peut-être vous surprendre. Le 19
octobre 2015, j'ai parlé au président de
Spotify Canada. J'étais moi-même un petit peu... je me trouvais un peu
audacieuse. Il s'appelle Nathan Wiszniak. Et j'ai parlé aussi à quelqu'un de très haut placé, je ne me souviens pas
de son titre, de Stingray, Mathieu Péloquin. Alors, longue conversation pour dire : Écoutez, la
musique francophone, on voudrait la retrouver sur Spotify, sur Stingray, et
puis on a des... vous le savez que c'est...
j'avais rencontré... je peux nommer, là, Claude Larivée, qui est quelqu'un
qui... bon, des gens comme ça qui
sont dans l'industrie de la musique. On en avait parlé évidemment beaucoup avec
Solange Drouin puis tous les gens... tout le monde, on le sait, ce que
vous dites est totalement vrai, sont inquiets de la question du financement à travers ces chaînes en continu pour
lesquelles des gens paient quand même des abonnements, mais ça ne veut
pas dire que ça retourne aux artistes.
Dans
le Plan culturel numérique, ce n'est pas que de la machine, ce n'est sûrement
pas du béton, parce que, si c'était du béton, ce serait plus facile à faire
financer par les banques, mais, en tout cas, ça, c'est une autre affaire, c'est
vraiment du numérique, sauf que, dans le Plan culturel numérique, on organise une
journée sur... un forum organisé sur les droits d'auteur avec le Centre
de médias si je me souviens bien.
• (21 h 20) •
Une voix :
...
Mme
David (Outremont) : C'est ça,
au mois de mai, donc par le centre des médias, une grosse journée sur la
question du droit d'auteur, il va avoir beaucoup de monde, vraiment des spécialistes, et
donc on s'intéresse autant à ce contenu-là.
J'ai ici un bel article qui me rappelle mes anciennes fonctions, 17
septembre : La ministre
de la Culture demande au CRTC de maintenir les quotas de musique
francophone. Vous vous en
souvenez sûrement... Vous vous en souvenez très bien, hein?
Mme Samson :
...gentils et ne pas poser de question là-dessus, mais, si vous m'y amenez, je
vais le faire.
Mme
David (Outremont) : Bien,
oui, parce qu'effectivement je ne
suis pas la présidente du CRTC, mais, comme pour tous les enjeux qui sont avec le fédéral, je pense qu'il faut qu'on
dise très, très, très clairement qu'on veut le maintien. Vous vous souvenez, à l'ADISCQ, j'avais fait un
clip et j'avais vraiment dit : Nous voulons maintenir les quotas de
musique francophone.
Donc,
oui, ce sont des luttes, ce sont des batailles, ce sont des enjeux qu'il faut
avoir toujours en tête. Vous me parlez
de Jean Leloup. Là, vous faites exprès parce que c'est... vraiment, je suis une
inconditionnelle de Jean Leloup, j'ai été
le voir à la Place des Arts, j'ai été le voir au Métropolis. Effectivement,
c'est à travers les spectacles qu'il est vraiment... mais que de dire que c'est 30 $ pour toutes
ses... parce que j'ai surveillé aussi, sur Spotify, il y a quelque chose à
changer. Ce n'est pas la ministre de
la Culture toute seule qui peut le faire; peut-être qu'à nous deux on pourrait
changer la planète, mais je suis très consciente qu'il faut qu'on
reste... qu'on ne lâche pas, là, le combat de ce côté-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Il ne reste plus de temps,
Mme la députée.
Mme Samson :
J'ai fini?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Désolée.
Mme
Samson : Ça m'aurait pris un autre bloc. Peut-être que la partie
ministérielle voudrait laisser son dernier bloc.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Je doute. Je doute, mais, avec
consentement, on peut tout faire, hein? Alors, on passe du côté du
gouvernement pour un bloc de 21 minutes, et, M. le député de Papineau, la
parole est à vous.
M.
Iracà : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Ça va me faire
plaisir de travailler avec la députée d'Iberville,
main dans la main, là, pour les régions du Québec. Et je suis conscient que
tantôt j'ai utilisé beaucoup de temps pour
mon préambule avant la question. Inquiétez-vous pas, je vais laisser du temps
pour que la ministre puisse répondre à
ma question en lien avec l'international. Je pense que c'est important que les
citoyens du Québec puissent avoir la vision et l'opinion et les informations de la ministre dans ce dossier-là. Je
vais juste finir mon petit bout de marketing pour mon comté de Papineau,
j'avais oublié de mentionner absolument — c'est correct, Mme la
ministre? — le...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...
M. Iracà :
Ah! c'est correct, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, avec plaisir, M. le député de Papineau.
M. Iracà :
C'est correct, c'est sûr, là?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, avec plaisir. Allez-y.
M. Iracà :
O.K., c'est bon. J'avais oublié de mentionner le Pub Saint-André à
Saint-André-Avellin, qui a ouvert l'année
passée, là, contre vents et marées. Et la clientèle est au rendez-vous, puis
ça, je veux féliciter les citoyens de mon comté pour y aller parce qu'ils font venir des artistes semaine après
semaine, et c'est plein. Alors, c'est un petit pub, ils font venir des artistes, des humoristes, des
chanteurs, il y a une belle participation, un bel engouement là-dessus, puis
c'est bon pour les arts, c'est bon pour la culture. Puis je tiens à
féliciter ce groupe de gens là, qui font venir des artistes à Saint-André-Avellin, dans mon comté. Il y a aussi
le Café des artistes à Buckingham, qui font des interprétations d'artistes,
là, peu conventionnels, mais qui attirent
les gens, puis ils font de l'exposition d'art, de peinture à chaque semaine.
Donc, je tiens à souligner les
efforts de ces commerçants-là, qui font quand même un bel apport, hein, on n'en
parle pas souvent, là, des gens du
privé, qui ont des restaurants, qui ont des bars, qui s'ouvrent des pubs, mais
qui, en même temps, encouragent les
artistes de chez nous et d'ailleurs. Bien, c'est tout en leur honneur de faire
ça, puis je tenais absolument à souligner leur effort en lien avec ça.
La
présence du Québec à l'international au niveau culturel, comme je l'ai
mentionné, est excessivement importante. Nous sommes choyés d'avoir des
artistes et artisans prolifiques et talentueux, des initiatives culturelles
importantes émanant du Québec qui se développent ici. Je pense, par
exemple, au Cirque du Soleil, à Cavalia ou, dans un autre registre, Dany Laferrière, Xavier Dolan — Mme la députée d'Iberville en a parlé — qui sera d'ailleurs présent à Cannes cette année encore. Et il y a certainement une foule d'autres artistes, là, que je ne peux
pas nommer ici, ce soir, parce qu'on va manquer de temps, Mme la Présidente, mais le talent québécois à l'international est important, puis je l'ai dit
plus tôt, et il est appuyé aussi par les efforts du gouvernement du Québec. Encore
cette année, on parle de plus de 476 000 $
pour appuyer des initiatives culturelles hors Québec.
Alors,
ma question pour Mme la ministre : Je m'intéresse, moi, à ces
initiatives-là, qui sont d'appuyer nos artistes à l'international;
pouvez-vous nous éclairer sur votre vision, la vision que vous avez pour la
diffusion de la culture québécoise à
l'international, sur le type de projets qui sont appuyés à l'international?
Alors, c'est ma question, Mme la Présidente, pour Mme la ministre.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de Papineau. Mme la
ministre.
Mme
David (Outremont) : Oui, alors, j'adore cette question parce que ça
permet de parler de tout ce que les Québécois font de beau, de bon,
d'exceptionnel. On parlait du Festival de Cannes, on a effectivement des
résultats extraordinaires. Et, dans ce
passage de deux ans, j'ai quand même eu l'occasion, effectivement, de constater
de mes yeux, de mes propres yeux tout ce que nous faisons à
l'international. Et vraiment, la présence... Parce qu'on investit quand même des montants conséquents pour aider les... ça
peut être une foire du livre, ça peut être des éditeurs, ça peut être un
kiosque, ça peut être un auteur, ça peut
être des résidences. J'ai visité plusieurs résidences croisées que nous avons
avec... j'en ai visité à New York, j'en ai visité à Paris, il y en a à
différents endroits — malheureusement,
je ne suis pas allée à Tokyo — il y a des endroits où il y a de très
belles résidences qui permettent des échanges d'artistes, d'auteurs.
Et
une de mes premières sorties, ça a été la Foire du livre de Bruxelles, où
c'était le Québec à l'honneur. Ce n'est quand même pas rien de dire que
le Québec à l'honneur, avec beaucoup, beaucoup... Moi, ça a été une révélation,
là, d'arriver à cette foire du livre et de
constater la présence des auteurs québécois. Il y avait beaucoup, beaucoup
d'éditeurs, beaucoup, beaucoup
d'auteurs qui, si on n'avait pas été là... que ça soit du budget à travers la
SODEC, le CALQ ou le ministère, aider
au déplacement. Ce n'est pas nécessairement des gens très riches, hein, les
auteurs, les écrivains. On le sait, la
moyenne de ventes de livres et de revenus est vraiment très, très... ne fait pas
qu'ils sont très, très riches. Et on avait vraiment beaucoup de livres.
Et
je me souviens de trois personnes, mais je ne voudrais pas en oublier, il y en
avait vraiment beaucoup, mais évidemment qu'il y avait notre Dany
Laferrière national, qui était là et qui était là... bon, il a passé une grande
partie de l'année en Europe, et il était à
cette Foire du livre, et il était vraiment comme une, j'oserais dire, une rock
star, parce que c'était... Quand on
connaît Dany Laferrière, avec sa façon de communiquer, d'être présent au monde,
il prenait un temps considérable à bien rencontrer tous les gens.
Alors, il y avait aussi
Michel Rabagliati qui était là, que j'ai connu, avec tous ses livres... en
fait, ses livres en bande dessinée, si on
veut, les Paul à Québec, toute sa série. Et Michel Rabagliati est un
être absolument charmant, qui faisait des séances de signature.
Parce que
vous savez que la Belgique n'a pas... on n'a pas tellement à apprendre à la
Belgique sur la bande dessinée, hein,
mais vous savez qu'on est en bande dessinée aussi très, très bons. Et moi, je
suis moins à l'âge ou dans ma nature de...
J'en ai lu, comme tout le monde, des bandes dessinées, mais j'ai découvert une
population, des gens passionnés de bande dessinée.
La dernière que
j'ai lue, c'est Guy Delisle, par exemple, sur... il fait des voyages, et puis
là c'était sur Jérusalem, puis comme j'étais allée en Israël, j'étais vraiment...
C'est fascinant de lire les livres animés, j'oserais dire, de quelqu'un
comme Guy Delisle ou Michel Rabagliati.
• (21 h 30) •
Et
évidemment, l'autre écrivain qui est adoré de tous et outre frontière, c'est
Kim Thúy, qui était là aussi et qui est vraiment l'incarnation d'une espèce d'intégration... j'ai eu l'occasion
d'en parler longuement dans mes crédits sur la langue, en fait, je ne vais pas répéter tout ça, mais Kim
Thúy est un modèle d'intégration fabuleux pour tous les Québécois. Alors,
Kim Thúy était, je dois dire, très populaire aussi en Belgique.
Alors, cette Foire du livre m'a ouvert les yeux
sur le rôle et la présence que nous avons. Là, c'était à travers l'écriture. J'ai été, après, à la librairie du Québec à Bruxelles, alors voilà
quelqu'un qui habite au Québec qui décide de partir une librairie, et il y avait une séance de signature de Michel
Rabagliati. Et il y avait tout plein de monde. Et c'était juste en biais — et je m'en souviendrai toujours — avec la résidence d'artistes pour les
Québécois qui veulent aller faire un séjour à Bruxelles. Donc, super
intéressant, super présence des Québécois en Belgique.
Après ça,
bon, j'ai été à Paris, je ne me souviens plus si c'est cette fois-là ou l'autre
fois, mais j'ai été signer une entente — un autre exemple, parce que je tiens à le
donner — entre
l'institut Avataq, qui est l'institut culturel autochtone — alors,
l'institut Avataq s'occupe de la culture au nord du 49e parallèle — et l'école des beaux-arts de Paris. Alors, c'était très touchant personnellement,
parce que mon grand-père maternel avait étudié à l'école des beaux-arts de
Paris, et je revoyais vraiment, comme si ça
n'avait pas bougé dans le temps, des ateliers où on enseigne la sculpture, le dessin. Et c'est des ateliers où, vraiment, là, ça
serait une photo du XIXe siècle, du XVIIIe siècle, c'était fabuleux.
Et on a signé, c'était très protocolaire et très émouvant, cette
entente d'échanges croisés entre des étudiants de l'école des beaux-arts
de Paris et des artistes du Grand Nord. Alors, les étudiants allaient
passer deux semaines dans le Grand Nord au mois d'octobre — ou septembre-octobre,
je crois — et des
artistes du Grand Nord allaient à Paris, à cette école des beaux-arts.
Voilà à quoi sert l'argent en international au ministère de la Culture.
On a
parlé, effectivement, évidemment, de notre performance au Festival de Cannes,
cette année, trois nominations — la présidente-directrice
générale de la SODEC l'a bien dit — dans trois catégories différentes. Et on a
évidemment Xavier Dolan qui est là,
qui est peut-être le plus connu. Mais les autres aussi sont certainement très,
très méritoires puisqu'ils ont été mis en sélection.
Et,
évidemment, ça a été l'année de Dany Laferrière. Alors, il y avait six premiers
ministres du Québec qui étaient là, si
je ne m'abuse, dans cette cérémonie à l'Académie française. Il y avait la
cérémonie de l'épée la veille à l'hôtel de ville de Paris et les gens de, on imagine, l'Académie française, c'est quand
même une institution qui va nous survivre et qui nous a précédés depuis
fort longtemps, et donc ce sont tous des immortels. Et puis là arrivent les
Québécois en grand nombre. Je ne le sais pas
s'il y avait des gens ici qui étaient là, je pense que oui, et, vraiment, il
fallait le voir pour le croire, hein, comment les gens disaient :
Mais on n'a jamais vu ça, dans une cérémonie de l'épée, autant d'enthousiasme,
d'applaudissements. Mais, vous, les Québécois, vous êtes heureux, vous êtes
extraordinaires. Mais c'était tellement émouvant,
hein, mon Dieu! Puis Dany qui fait un texte, puis, après ça, il jette le texte
à terre, hein? On était dans l'euphorie totale, la fierté totale. Et le lendemain, avec le premier ministre
actuel qui était là et d'autres anciens premiers ministres, c'est pour ça que je dis qu'il y avait plusieurs
premiers ministres... Mais il y avait une foule d'une fierté que je n'avais
vraiment pas vue souvent dans ma vie. Donc,
ça, c'était en l'honneur de notre David Laferrière, quand même intronisé
par Amin Maalouf, qui n'est pas non plus le
dernier des écrivains, des textes absolument magnifiques. Alors, moi, je dis,
ça été un peu une année Dany Laferrière où, en revenant, on a... ah non, le
soir même, il n'y avait pas de repas prévu pour
lui, alors avec... il y avait Dominique Anglade, il y avait Régine Chassagne de
Arcade Fire qui étaient là, toute la communauté québéco-haïtienne
ou... c'est ça, et on a chanté en créole, on a... En tout cas, écoutez, des
souvenirs mémorables. Mais tout ça, c'est de l'internationalisation de notre
culture.
Un autre coup
de coeur absolu, à Paris, à New York et à Montréal, et donc, ce n'est pas rien,
c'est un des plus grands vendeurs,
maintenant, en art contemporain, il s'appelle David Altmejd, il était au Musée
d'art contemporain l'été dernier, qui
fait que le succès du Musée d'art contemporain a dépassé toutes les attentes,
là... En parlant d'attentes, des files
d'attente dehors pour rentrer voir cette extraordinaire exposition que j'avais
eu le plaisir de voir à Paris. Au musée de la ville de Paris, c'était immense. Et c'est un des plus grands
vendeurs d'art contemporain, maintenant, des plus prisés. C'est un Québécois, je tiens à le dire, qui a fait
son baccalauréat en arts visuels à l'UQAM et qui est allé, après, faire une
maîtrise à New York et qui est toujours resté là, et que j'ai retrouvé à
New York — parce
que je suis là aussi, un peu, la présidente de son fan-club, on pourrait
dire — et
j'ai voulu aller le voir dans son atelier de travail, et j'ai vu, donc, comment
un artiste en arts visuels s'internationalise. Il a 15 personnes qui
travaillent pour lui. Avez-vous vu ces géants?
C'est des sculptures immenses qui sont vraiment exceptionnelles. Et on entre là puis il y a
des... enfin, c'est un peu comme on
imagine un studio de création. Mais il réussit et il est très, très
prisé à New York, ce qui me permet de dire que nous
avons...
Et là je n'ai
pas parlé de Yannick Nezet-Séguin, Kent Nagano, évidemment, Yannick, où on est
allés, parce qu'il avait
le plus grand... le prix du mérite musical, «the musical artist of the year» du
Musical Magazine, qui n'est pas rien, qui est vraiment
un honneur donné aux plus grands musiciens au monde depuis des années. Et cette
année, c'était notre, je dis bien
notre Yannick Nezet-Séguin. Donc, on s'est déplacés à New York
pour aller à cette cérémonie, soirée, là aussi, assez mémorable, où les gens étaient venus le rejoindre. Et vous
connaissez la personne qui est exceptionnelle et évidemment l'Orchestre symphonique de Montréal, qui se promène
partout.
Alors, on a vraiment beaucoup,
beaucoup de subventions qu'on donne pour les tournées internationales, on a Cavalia, là, qui est en Chine, on a vraiment des troupes, on a de toutes les disciplines qui
se promènent partout. Et je tiens à
dire une chose importante, c'est que, partout où on a des délégations
générales, ce sont les attachés culturels qui font... je ne dis pas que c'est eux qui font le meilleur
travail, mais ils font un formidable travail. Et, quand on arrive à Bruxelles
puis qu'on est accueillis par Jean-Frédéric,
quand on va à New York puis qu'on est accueillis par Jean-Philippe...
enfin, quelqu'un... Dion, Jean-Pierre Dion, et qu'on va dans
d'autres délégations générales, on se rend compte de l'importance des
attachés culturels; ils sont réseautés, ils aident nos créateurs à se placer un
peu partout, et ça donne une synergie fantastique.
Et, pour nos créateurs qu'on aide financièrement à se rendre, mais c'est
tellement précieux d'avoir justement
ces attachés culturels dans les délégations
générales. Donc, oui, les délégations générales, elles sont importantes. En
culture, elles sont extrêmement importantes, et je pense qu'il faut souligner tout le travail que le Québec a
fait depuis de nombreuses années pour
faire valoir tous les arts, vraiment, tous les arts de la scène. Et on pourrait parler
de l'exposition, mais il y a tellement d'exemples de... Je pense
qu'on était ensemble, on est allés voir l'exposition de Jean Paul
Gaultier, qui avait été créée au
Musée des beaux-arts de Montréal, mais qui avait été rachetée par le Musée
d'Orsay... Non, le Palais-Royal, il était au musée du Palais-Royal, et
on a visité ça puis on s'est dit : C'est vraiment extraordinaire, avec un
escalier monumental, comme on appelle, qui
était éclairé par Moment Factory si je ne me trompe pas. Et donc, ce sont des
choses qui sont des produits, purs produits québécois.
Le
Musée des beaux-arts de Montréal a autant d'entrées dans le monde qu'il en a à Montréal,
plus d'un million d'entrées avec les expositions itinérantes. Alors,
quand on dit qu'on a des institutions de très haut calibre, regardez la tournée
de l'orchestre symphonique aux États-Unis,
qui vient de s'achever avec un succès, là aussi, phénoménal. J'ai évidemment parlé de Yannick Nezet-Séguin,
qui nous fait rayonner partout au monde, mais, derrière ça, il y a des sous, il
y a du financement, il y a des gens dans les ministères, il y a
des gens au Conseil des arts et des lettres, à la SODEC, qui aident beaucoup,
et on met finalement une somme quand même importante, 15 681 898 $ en 2015‑2016, disons, ou on va faire
un chiffre rond, 15,7 millions de
dollars pour supporter à travers le ministère, à travers le CALQ à qui on donne
près de 7 millions de dollars
pour l'international, la SODEC, à qui on donne 4 366 000 $ et,
je n'en ai pas parlé, de TV5 Monde, je pense, vous avez posé une
question, où on donne 3 172 000 $.
• (21 h 40) •
Quand
on est allés à TV5 Monde, on était avec Yves Guillot, qui est le P.D.G. de
TV5 Monde et on a vu là un homme qui
était totalement affaissé. Savez-vous qu'il y a eu, on pourrait dire, la
première attaque terroriste numérique... la cyberattaque de TV5 Monde, on n'a pas idée, on n'en a pas
suffisamment parlé. Le gouvernement du Québec est au rendez-vous, on a augmenté la contribution de
peut-être 175 000 $, ou quelque chose comme ça, pour aider. Alors, du
coup, en un seul coup, toutes les antennes, tous les écrans sont devenus
noirs. C'est une cyberattaque pour empêcher TV5
Monde, qui est partout dans la francophonie, de diffuser. Ça a coûté... Alors,
vraiment, une attaque massive sur tous les réseaux en même temps. Et donc le
président de TV5 Monde, ce n'était pas longtemps après ça, je peux vous dire
qu'il était extrêmement fatigué. Ils
avaient réussi de peine et de misère à repartir les antennes et à avoir des
images, mais avec un problème énorme
entre autres de ne plus avoir la permission ou la possibilité de se faire
assurer par des compagnies d'assurance
en disant : Si on peut faire de la cyberattaque comme ça... Donc, de là
une mise à jour de tous leurs systèmes informatiques, ça a coûté des
millions de dollars. Et le Québec était au rendez-vous.
Mais
TV5 Monde, je dis tout ça pour dire que c'est un opérateur de l'OIF absolument,
absolument fondamental. TV5 Monde et
l'Agence universitaire de la Francophonie, ce sont vraiment des partenaires. On
a créé l'AUF... là, je ne suis pas dans le bon ministère pour parler de
ça, mais ça ne fait rien, je parle quand même de notre rayonnement international, et TV5 Monde, on a une grande
présence dans ce TV5 Monde. Je ne sais pas si vous, quand vous voyagez, vous syntonisez souvent à 7 h 30 le
matin. Vous avez Le téléjournal de la veille avec Céline Galpeau.
Peut-être la collègue de Joliette l'a
déjà vécu. Moi, je l'ai vécu en Inde, au Brésil, en Chine. C'est
extraordinairement émouvant d'être à l'autre bout du monde, d'entendre tes nouvelles de Céline Galipeau à travers TV5
Monde ou de voir La Facture, ou de voir Fortier, qui avait été achetée. Enfin, c'est intéressant,
mais ça, c'est parce que, un, on a des très bons produits, puis deuxièmement,
parce qu'on est un contributeur de la
francophonie. Et là il ne faut pas me partir là-dessus, parce que ça va être
trop long, mais je pense qu'au...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste juste une minute, Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : O.K. Alors, tout ça pour dire que le Québec a un
rôle d'une immense importance à jouer dans la francophonie. Et, des
fois, je pense qu'on se sous-estime nous-mêmes. La francophonie, les locuteurs francophones, on le sait, 700, 800 millions
de personnes, immense majorité en Afrique, on le sait, pays en émergence,
pays qui va se développer beaucoup, beaucoup
au cours des prochaines années, il faut qu'on soit en Afrique francophonie,
il faut qu'on soit dans les pays de
l'Afrique subsaharienne, il faut qu'on soit au Maghreb, il faut qu'on soit dans...
Il y a des locuteurs francophones
aussi en Amérique du Sud, en Amérique centrale, au Mexique. Alors, ce que je
veux dire, c'est que la culture n'a pas de limite et que le Québec en
culture est un extraordinaire, extraordinaire ambassadeur du Québec partout sur
la planète.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. On va passer du côté de l'opposition officielle. Et, Mme
la députée de Joliette, vous avez 21 minutes.
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je
reviendrais pour savoir si vous avez l'information pour la rémunération du comité aviseur et, par
ailleurs, du mandat pour les deux personnes qui vont travailler sur la question
du patrimoine. Et peut-être qu'en attendant je peux commencer mon autre sujet.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y.
Mme
Hivon : Je reviens
donc aux musées...
Une voix : ...
Mme
Hivon : C'est bon.
Ça fait que vous allez...
Mme David (Outremont) : C'est juste
qu'il y a tellement de papier...
Mme
Hivon : ..21
minutes. Donc, du moment que...
Mme David
(Outremont) : Alors, c'est 30 000 $,
Claude Corbo, 30 000 $, Michelle Courchesne, pour le mandat
sur le patrimoine, c'est 30 000 $, Ian Gailer, pour la
vice-présidence du comité. Et puis combien, M. Renaud?
Une voix :
30 000 $.
Mme David
(Outremont) : 30 000 $ aussi. Donc, en tout, ça fait quatre
30 000 $ à peu près. Donc, 120 000 $...
Mme
Hivon : Quatre
personnes rémunérées.
Mme David (Outremont) : ...pour
l'ensemble de l'opération, qui est une opération gigantissime. Oui. Donc, trois
mandats plus...
Mme
Hivon : Donc, les
deux personnes du comité patrimoine puis les deux coprésidents du comité
aviseur.
Mme David (Outremont) : Puis le
comité langue.
Mme
Hivon : Pardon? Le
comité de la langue.
Mme David (Outremont) : Oui. Il y a
un mandat pour la langue aussi.
Mme
Hivon :
Oui. Parfait. Merci beaucoup. Je reviens à la question des musées, donc des
fameux musées reconnus non financés,
non soutenus, je pense, dans votre langage. Donc, de ce que je comprends, il y
en a une soixantaine. Et, à ce que je comprends, on a parlé tout à
l'heure des changements au fonds d'aide aux investissements. Donc, de ce que je
comprends, c'est que, en fait, il y a des
musées, maintenant, il y a une dizaine, là, c'est ça que la ministre a dit, de
musées qui étaient reconnus non
soutenus qui pourront désormais bénéficier donc d'une subvention selon le
projet qu'ils vont avoir déposé.
Mais, de ce que je comprends, c'est qu'évidemment il y a toute une balance
d'autres musées qui ne pourront pas recevoir d'argent.
Mais ce qui
m'inquiète davantage, c'est qu'il y a des musées qui semblent désormais tomber
entre deux chaises. J'apporte, par exemple, l'exemple du Biophare donc à Sorel, qui est en train de monter une pétition d'ailleurs pour pouvoir être soutenu. Je donne cet exemple-là parce qu'en fait il ne peut pas se qualifier avec les nouvelles règles
donc pour avoir du soutien financier
parce qu'on a décidé qu'il ne pouvait pas entrer dans les normes du fonds. Et
on lui dit comme raison : Bien,
on veut modifier les choses et faire en sorte que des musées qui ont des
missions autres, je dirais, que traditionnelles — arts, lettres, culture, plus traditionnelles — comme l'écologie vont devoir relever des
ministères sectoriels. Sauf que le problème, c'est qu'il n'y a aucun
programme pour ces musées-là qui existe dans des ministères sectoriels.
Alors, est-ce
que la ministre peut dire comment ces musées-là vont pouvoir être soutenus,
alors qu'en ce moment ils sont
totalement dans un vide et ne peuvent même pas se qualifier pour les octrois de
sommes pour les musées reconnus non soutenus?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Oui. Alors, je vais aller sur Biophare, parce que c'est
un des exemples qui fait partie des clientèles du ministère de la
Culture. Et, depuis 10 ans, l'organisme, soit depuis 2006‑2007, les
gouvernements libéraux, parce que, dans ce cas-ci, ça va prendre toute son
importance de qualifier les gouvernements, donc les gouvernements libéraux ont
consacré près de trois quarts de million de dollars, en fait
690 000 $ en aide aux projets à
l'organisme Biophare, et, ça, c'est très documenté. Donc, à deux reprises, le
gouvernement lui a versé des subventions lui permettant de renouveler
son exposition permanente.
Or, arrive
2012, et Biophare dépose deux demandes d'aide financière au gouvernement qui
était le Parti québécois et, dans les
deux demandes d'aide financière, la première a été carrément refusée, totalement,
zéro subvention, alors que l'autre a reçu l'immense somme de 1 000 $ à partir d'un fonds
discrétionnaire qui s'appelle le fonds d'initiative culturelle. Donc, 1 000 $ versus
690 000 $, disons que ça ne fait pas exactement le poids. Alors, je
ne le sais pas, mais peut-être qu'on pourra
reparler de Biophare. Mais comment le Parti québécois voyait l'institution à ce
moment-là, pendant que le Parti libéral donnait pas loin de
700 000 $...
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Merci, Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : C'est sûr que ce n'est pas ça, la question, mais
c'est un fait, donc, que je voulais donner comme exemple d'organisme qui, pour une raison que j'ignore, là, n'avait
pas l'heur de plaire beaucoup au gouvernement de l'époque.
La
question plus générale sur le PAFIM, je vais un peu répéter ce que j'ai dit
tout à l'heure, il y a donc des soutenus, des soutenus reconnus, puis il
y a des reconnus soutenus, des reconnus non soutenus, et il y a aussi toute la
question justement des autres programmes et
de d'autres façons d'aider. Et je reviens à ce tableau important parce que,
quand j'ai dit qu'on allait mettre
3 millions de dollars en 2016‑2017 pour justement des projets
d'institutions muséales qui sont non admissibles
depuis la modification du programme, on met quand même 3 millions de
dollars pour les aider à travers des projets. Et il y a aussi, à travers
le CALQ, il y a 14 institutions avec 1,7 million de dollars.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Hivon : Ma question, c'est vraiment ces musées-là. Je veux
une réponse de la ministre. Les musées qui ne tombent plus dans le fonds
et qui ne pourront pas se qualifier, malgré l'ouverture, là, pour une dizaine
de musées qui sont reconnus non soutenus,
qu'est-ce qui peut leur arriver? Et pourquoi, un, ne sont-ils pas admissibles?
C'est une question qui se pose dans
le milieu. Et, deux, on leur répond qu'ils vont relever désormais non plus du
ministère de la Culture, ces musées-là
qui ont une vocation spécifique, que ce soit en écologie, la mer, différents
sujets, ils vont relever de ministères sectoriels.
Il n'y a aucun programme dans les ministères sectoriels. Alors, qu'est-ce qu'on
est en train de leur dire? Que leur fonctionnement ne pourra pas être
soutenu?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
• (21 h 50) •
Mme
David (Outremont) : Alors, écoutez, quand on dit qu'on a une réflexion
sur le PAFIM, donc les programmes d'aide aux institutions muséales,
évidemment, on a regardé toute la cohérence à partir du rapport Corbo, à partir
de la réflexion sur ce qu'est un musée,
quelles sortes de musée il faut soutenir, dans quelles conditions : Est-ce
qu'il est ouvert seulement l'été, une journée par semaine? Est-ce qu'il
est dans des heures qui... Il y a des critères très, très rigoureux d'agrément, et, pour les autres, il y a effectivement... on pourrait parler d'Exploramer, qui est aidé grâce à un consortium
en ce moment plutôt régional. Les régions,
les municipalités, les ententes de développement culturel, les
projets pour lesquels on met 3 millions, ce sont toutes sortes de sources qui vont aider ces musées-là. Il y a
une responsabilisation très, très
souvent à partir justement des
municipalités, des MRC, à partir des ententes de développement culturel. Donc,
ce n'est pas qu'on les abandonne, c'est qu'on trouve d'autres façons de
les financer.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Hivon : Mais c'est
quand même incroyable, parce qu'on est en train... c'est des
musées qui ont été reconnus par le ministère
de la Culture, puis là on est en train de dire : Eux, ils ne peuvent pas
se qualifier pour le programme de financement dans lequel on permet à
certains de se qualifier. Puis on est en train de dire : Bien, les municipalités
pourront les aider. C'est des institutions aussi importantes que les autres qui peuvent se qualifier, alors
je ne pense pas que les réponses de
la ministre vont être de nature à rassurer ces institutions, qui sont excessivement importantes pour les
milieux régionaux dans lesquels elles sont. Alors, je comprends que, là, on
doit se contenter d'attendre peut-être des précisions
éventuellement ou des intentions, mais que, pour l'instant, le
statu quo fait en sorte qu'ils tombent carrément entre deux chaises, ils ne peuvent pas être financés par le ministère
de la Culture dans le programme, ils ne peuvent pas être financés par des ministères
sectoriels.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors,
je suis obligée de dire que ce n'est pas vrai qu'ils tombent entre deux chaises
puis qu'ils ne seront plus soutenus, parce
que, d'abord, ils étaient reconnus non soutenus, alors le mot «reconnu» veut
dire qu'ils étaient reconnus, mais ça ne
veut pas dire que l'argent venait avec. Et là, dans les non soutenus, on en
fait entrer 11 nouveaux, qui
répondent justement aux critères rigoureux qui n'avaient pas été
revus depuis au moins l'an 2000. Alors, ça n'a pas été revu par le Parti
québécois en 2012, à ma connaissance,
il ne s'est rien, rien, passé, puis même Biophare a eu 1 000 $ au lieu des centaines de
milliers de dollars que nous lui avions accordés. Donc, il y a
toutes sortes de façons de les aider. Il peut y avoir des ministères
sectoriels, oui, dans certains cas, et il peut y avoir, comme j'ai dit :
On met 3 millions, le CALQ met
1,7 million, les ententes de développement culturel... Il y a
d'autres façons d'aider, mais ça ne voulait pas dire qu'on allait
rentrer tous les soutenus, les reconnus non soutenus, tout à coup, magiquement,
dans les reconnus soutenus.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Hivon : Ce n'est pas une question de magie, c'est juste
une question d'équité, et je pense que c'est important d'envoyer
un signal que ces institutions-là qui ont été reconnues devraient, au même
titre que les 11 qui vont pouvoir être soutenues... je comprends que ce n'est pas tout le monde, cette année, tout d'un
coup, qui est soutenu, mais qu'elles devraient pouvoir avoir les mêmes
droits, les mêmes possibilités de financement. Et je veux juste dire, par
rapport à Biophare, que moi, je ne connais
pas tout le détail des programmes, mais le Parti québécois les a soutenus, il
n'y a pas eu de baisse, alors
peut-être que c'est d'une autre manière et peut-être que c'est aussi que
l'année 2012... je fais juste vous rappeler qu'on est arrivés à la fin
de l'année 2012, alors, je ne sais pas, ce n'est pas du tout l'information que
j'ai.
Alors,
j'invite la ministre à envoyer un signal à ces institutions-là, qui, en ce
moment, sont excessivement inquiètes de
savoir si elles vont avoir une place dans l'espace gouvernemental pour avoir
une possibilité d'être financées dans leur fonctionnement.
Maintenant,
j'aimerais passer à la question du cinéma. On sait que le milieu du cinéma, on
est très fiers de ce qui se passe sur la scène internationale, bien
entendu, mais il y a beaucoup d'inquiétudes, notamment bien sûr de la part des distributeurs indépendants, avec le monopole qui
est exercé maintenant avec l'achat d'Alliance par eOne. Alors, évidemment,
on est dans une situation de distribution
pratiquement monopolistique. Évidemment, il reste quelques petits distributeurs
indépendants qui, pour de très, très petits
films, arrivent parfois à distribuer ou qui vont acheter des films de
l'étranger. Mais, pour les
productions québécoises, on se comprend qu'on fait face à un monopole, avec
eOne, des décisions qui sont évidemment
centralisées à Toronto, ce qui inquiète beaucoup le milieu du cinéma. Et je
voulais savoir, dans un premier temps, si la ministre jugeait que cette
situation-là était conforme à la loi du cinéma.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Écoutez,
Patrick Roy est quand même quelqu'un, à ma connaissance, qui est parfaitement Québécois, Québécois, Québécois, qui
est président de eOne. Et, pour avoir souvent, souvent discuté avec lui... Séville, qui appartient à eOne ou enfin,
bon, qui est sous le parapluie, est
un des distributeurs les plus importants de
cinéma québécois et qui soutient énormément le cinéma québécois.
Alors, je n'ai pas la liste de tous les films qu'ils ont soutenus, mais il y en a énormément.
Donc, la question d'entreprise,
de compagnie de distribution ou des compagnies de production de films,
ce sont des entrepreneurs, ce sont des compagnies indépendantes. Alors, ça, on
ne se mêle pas nécessairement de ça, mais on
regarde quand même l'effet et regardez le nombre de films qu'ils ont
distribués, qui n'ont par toujours
été des succès au guichet, et ces gens-là prennent des risques considérables de
films. Et je me revois encore avec
Patrick Roy, qui dit : On va avoir quatre films cette année, je ne peux
pas tous les nommer, mais ça, ça va être un succès, ça va être un succès, untel, untel, Et ils prennent des risques,
ces gens-là, considérables. Nous, on a des salaires, mais eux, ils ont des entreprises. Et, on le sait,
Mme Simard l'a dit, faire un film, ce n'est pas garanti que tu fais de
l'argent. La passion d'Augustine, personne ne l'a nécessairement vu venir, mais,
si on pense que Guibord s'en va-t-en guerre va faire des millions, puis qu'il ne fait pas de
millions, mais qui absorbe ça? Mais c'est Séville. Alors, il faut avoir une
certaine considération pour ces gens-là qui...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme
Hivon :
Ma question était à l'effet : Est-ce que vous reconnaissez, est-ce que la
ministre reconnaît qu'on est
pratiquement dans une situation de monopole depuis les changements, donc les
acquisitions chez eOne et est-ce qu'elle juge que cette situation-là
respecte notre Loi sur le cinéma?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Bien, vous
avez raison de dire qu'il n'y en a pas des tonnes...
Mme
Hivon : ...font
pas de films québécois, là, ce n'est pas ça.
Mme David (Outremont) : Non?
Mme
Hivon :
Non, je dis qu'on est face à une situation pratiquement de monopole. Donc,
c'est ça, le sens de ma question.
Mme David
(Outremont) : Oui, mais, écoutez, ce n'est pas un monopole complet, il
y en a d'autres, distributeurs, quand
même. Et je ne vois pas comment un gouvernement peut décider de nommer un
distributeur puis dire : Toi, tu vas devenir un distributeur. À ma connaissance, là, les permis sont accordés
par la Régie du cinéma. Je ne sais pas à quelle sorte d'intervention vous voudriez qu'on procède pour créer des
compagnies de distribution. Je ne suis pas sûre que je comprends qu'est-ce qu'une ministre de la Culture
peut faire pour qu'il y ait peut-être plus de distributeurs. On est dans
la mondialisation du cinéma, ces gens-là
prennent des risques financiers considérables, alors, comme dans toute chose,
écoutez, ce n'est pas si évident que ça, là, de pouvoir dire : Bien, on va
créer des compagnies.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée.
Mme
Hivon :
Bon, bien, alors, je comprends que la situation n'inquiète pas la ministre.
Moi, je dois dire que ça m'inquiète
quand j'apprends que... puis je serais peut-être intéressée d'entendre la
présidente de la SODEC à ce sujet-là, quand
j'entends que, par exemple, Téléfilm Canada, et on sait que Téléfilm Canada et
la SODEC travaillent étroitement pour
le financement ensemble, bien entendu... qu'il faut l'accord de eOne avant même
de pouvoir financer un film par
Téléfilm Canada. Alors, je pense que ça en dit quand même long sur l'impact de
eOne pour la distribution future de films.
Ce n'est pas banal comme situation. Alors, oui, je suis curieuse de savoir si
la ministre trouve que c'est une situation acceptable que nos distributeurs québécois, plus petits, indépendants,
se retrouvent face à une telle situation de monopole.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Je répète, là : Des Xavier Dolan, il a fallu
qu'il soit soutenu. Un, on a la SODEC qui l'a soutenu. Ce sont des
investissements, la présidente l'a dit, on ne sait jamais les films qui vont
fonctionner, mais maintenant tout le monde
voudrait avoir Xavier Dolan, mais il a fallu toujours bien qu'il y ait un
distributeur qui prenne le risque.
Ces gens-là prennent des risques considérables. K-Films a fait J'ai tué ma
mère. Bon, bien, c'est fantastique, ils ont pris un risque, mais c'est toujours un risque, on n'est pas dans
un salaire prévu à la fin de chaque semaine, puis ces choses-là. On est
dans l'entreprise privée jusqu'à un certain point. La distribution de films,
c'est un marché d'une immense compétitivité.
Alors, oui, on aimerait peut-être qu'il y en ait beaucoup plus au Québec, que
ça se multiplie, mais les gens doivent avoir les reins assez solides.
Alors,
je pense qu'avec l'argent qu'on met via la SODEC pour soutenir toute la chaîne
de création, la présidente en a
parlé, à partir des scénarios puis après ça jusqu'à la diffusion, bien, on ne
peut pas prévoir d'avance que le film va fonctionner, ne va pas fonctionner. Quand on regarde CarpeDiem, qui a
fait le film, on en parlait tout à l'heure La guerre des
tuques, qui pouvait prévoir à quel point ça fonctionnait? Ils ont pris des
risques, ils ont fait des produits dérivés...
• (22 heures) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre, merci. Mme la députée.
Mme
Hivon : O.K.
Bien, je suis surprise que ce n'est pas une situation qui préoccupe la ministre.
Donc, elle peut dire qu'elle...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la députée de Joliette, je vais juste vous demander d'être prudente, là.
Je vous laisse aller, là, mais je ne veux pas que vous imputiez des
motifs à la ministre, s'il vous plaît.
Mme
Hivon :
O.K., je n'impute pas de motifs, donc...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ça va bien jusqu'à date, il vous reste trois
minutes. Alors, allez-y.
Mme
Hivon : Je n'ai
pas entendu le mot «préoccupé». Voilà. Donc, je n'impute pas de motifs, je n'ai
pas entendu le mot «préoccupé» ou «préoccupation».
Je
vais passer à la question... L'été dernier, on a appris, donc, en plein début
de la période estivale, qu'il y aurait des
coupes, donc, de 2,5 millions au CALQ et des coupes aussi à la SODEC, qui
touchaient huit des festivals, donc, qui pouvaient aller jusqu'à 12 %.
J'aimerais savoir, compte tenu que cette année, on dit qu'il y a des
réinvestissements, est-ce que ces montants-là qui ont été coupés vont être
remis dans les programmes?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, permettez-moi de me faire plaisir, là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En 40 secondes, Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Il est rendu 10 heures le soir. On est allés
trouver, et, je dois dire, beaucoup à ma demande, là, 50 000 $ pour le festival de Tadoussac, dont vous
n'avez même pas parlé; 50 000 $ pour Petite-Vallée. Parce que je suis allée à Tadoussac, parce que j'ai vu
ce que ça donnait, ces gens-là font un travail formidable. On a coupé de
12,5 % les organismes de soutien; ils
ne sont pas coupés plus puis ils avaient peur d'être coupés plus, tout est
maintenu.
Les conseils
régionaux de la culture, c'est totalement maintenu aussi. Il n'y a pas d'autre
coupure.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...Mme la ministre. Mme la députée, il vous reste
deux minutes.
Mme
Hivon : Tout est maintenu, donc les coupes sont maintenues,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas de coupe supplémentaire.
Mais, je veux dire, il n'y a pas eu de réinvestissement. Je sais que la ministre
veut toujours me parler des endroits
où elle met de l'argent. C'est correct, elle a le droit de faire ça. Moi, j'ai
le droit d'essayer d'avoir des réponses aussi. On me dit, d'entrée de jeu,
qu'il y a des réinvestissements. Je lui demande si ces coupes-là qu'on a vécues
à la SODEC et au CALQ l'été dernier, ce
n'était pas annoncé dans les crédits, si les sommes qui ont été coupées vont
être remises, pas si... J'espère que non, il n'y aura pas de nouvelles coupes,
mais est-ce que l'entièreté des sommes va être remise cette année?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : À la fois les CRC, je suis tous allée
rencontrer... une très bonne rencontre, et, justement, on a eu plusieurs rencontres l'été dernier autour
des efforts qu'on a demandés aux organismes de soutien, ils nous ont dit :
Ah! on avait peur que ça soit plus que 15 %. On est restés à 15 % et
ça va rester à la coupe de 15 %, pas plus que ça. Et les autres aussi nous ont dit, du côté des organismes de soutien :
Écoutez, le premier 12,5 %, on est relativement capables de l'absorber puis on va vivre avec, mais, s'il
vous plaît, n'allez pas plus bas, et on n'est pas allés plus bas. Donc, on a
décidé de maintenir les montants qu'on avait
accordés à la fois aux CRC et aux organismes de soutien, les montants de
l'an dernier.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Il vous
reste 50 secondes, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Oui, bien, j'ai hâte d'entendre comment les organismes vont réagir à ces
propos-là, comme si les organismes étaient satisfaits des coupes. C'est
quand même assez intéressant.
Ma dernière question, c'est : Le
110 millions de la stratégie numérique, combien, à ce jour, a été dépensé?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En 30 secondes, Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : 35.
Mme
Hivon : 35 du 110.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Il reste encore 30 secondes, Mme la
députée. Une autre petite vite, question, oui, allez-y.
Mme
Hivon :
Oui. 35 et on comprend qu'on a deux ans de passés. Alors, combien cette année
est supposé être investi?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, 14 cette année et puis c'est un rythme à peu près
de croisière qui va aboutir à 110 millions sur sept ans.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Excellent. Merci beaucoup, Mme la ministre. Merci. Alors, M. le député de
D'Arcy-McGee, la parole est à vous pour 21 minutes.
M. Birnbaum : Combien de minutes? Je
m'excuse.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
21.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Mme la ministre, chers collègues,
mon Dieu, une longue soirée, mais fascinante et intéressante.
J'aimerais
raborder la question de la bibliothèque de Saint-Sulpice, mais, dans toute son
ampleur si je peux. Parce que je
crois qu'on a un exemple. Là, on a discuté un petit peu, mais vraiment de ce
qui englobe toutes nos préoccupations de
ce soir, c'est-à-dire, pour moi, ça s'exprime dans la démocratisation de la
culture, qui veut dire la culture pour tout le monde, de veiller comme... et la responsabilité du gouvernement à ce que
la culture soit accessible à tout le monde, que la participation de toutes les
composantes de notre société soient au rendez-vous et que le gouvernement joue
son rôle comme catalysateur. Ce n'est
pas le gouvernement qui a le rôle de créer la culture, mais de semer les
conditions et de mettre en place les
conditions nécessaires pour un développement culturel qui est à la fois sain,
rayonnant et économiquement valable aussi, ce qui est le cas
extraordinaire au Québec.
Quand je
parle de la démocratisation, je me
permets de donner quelques exemples. Dans ma propre circonscription de D'Arcy-McGee, et ça va... d'une société
dramatique, le Côte-Saint-Luc Dramatic Society, qui ramasse des foules énormes pour des productions chaque année, qui est
une initiative de la ville de Côte-Saint-Luc, avec les gens qui donnent de leur temps, et qui fait rayonner le drame, la
comédie lors de leurs productions. Démocratisons la culture. Le centre juif
pour des aînés, qui est ouvert aux Juifs et
tout autre genre, dans une circonscription qui a la plus forte proportion des aînés au Québec, qui a des cours de sculpture, des visites des
écrivains qui parlent de leurs livres, des écrivains québécois de toutes origines, des discussions sur la culture. C'est un autre exemple
de la culture qui nous appartient tous. Un exemple rayonnant, l'école secondaire Saint-Luc, qui a un
profil d'arts performants, et avec la distinction, comme école publique,
et j'espère que ça va être un exemple qui va se répéter... aucun critère
d'admission, sauf le goût de participer dans la performance, et tout ça, une école, remarque bien, avec plusieurs
élèves, une majorité issue de l'immigration, et ceux des milieux
défavorisés sur le plan économique. Mais voilà la culture accessible à tout le
monde.
Je peux me
permettre aussi, quand on parle de la démocratisation, de se rappeler des
contributions des Québécois non francophones
à notre culture, soutenus par notre gouvernement, par les instances comme
SODEC. Je pense à un film comme The
Trotsky, qui a eu son impact partout sur le continent, une production d'un
Québécois d'expression anglaise; bon,
de Leonard Cohen à William Shatner, capitaine Kirk, bon, c'est quand même un
Montréalais québécois d'origine; Jay
Baruchel. J'ai l'honneur d'avoir comme cousin ... qui est un artiste qui a fait
des expositions à Vancouver, Bangkok, Baltimore, New York, un peintre, un survivant de l'Holocauste,
d'ailleurs, dont le travail rayonne partout au monde, et c'est le
travail d'un Québécois, un concitoyen.
Alors, pour
moi... Je reviens à mon sujet, on parle de la démocratisation de la culture,
et, pour moi, l'exemple en or, c'est
la bibliothèque Saint-Sulpice. Dans tous ces éléments, on parle, premièrement,
d'intégrer notre appui pour la culture à
nos réalités économiques, il fallait le faire de façon responsable, d'intégrer
notre devoir de protéger le patrimoine avec les exigences économiques, sociales, politiques. On parle d'une
concertation démocratique entre des paliers du gouvernement, il fallait impliquer la ville de Montréal. Alors, dans
tous ces aspects, je crois qu'on a un exemple qui peut englober nos discussions, les dernières quatre
heures là-dessus. On parle d'un bijou qui est resté en état lamentable, il faut
le dire, pour une période de 10 ans.
Il y avait des efforts de faits pour voir s'il y avait une façon de susciter un
intérêt privé pour remettre cette
bibliothèque sur la scène, dans son état digne, et il y avait un message très
clair de plusieurs composantes du
public que, non, ce n'était pas la façon de faire. Alors, notre gouvernement a
été à l'écoute, et, en travaillant de très près avec la ville de
Montréal et le maire de Montréal, nous avons confectionné un genre de solution.
• (22 h 10) •
Démocratisation,
culture... On a demandé, et on a discuté un petit peu, à deux éminents
Québécois, Claude Corbo et Mme
Michelle Courchesne, de nous proposer des façons de mettre à l'accès de tout le
monde ce bijou reconstruit et redynamisé.
Et, suite à ça, il y avait des idées, et un dépôt d'un rapport, et une
déclaration d'un budget pour aller plus loin. J'avais le privilège d'être présent lors de cette déclaration, le 31
janvier, où on a accordé, conjointement avec la ville de Montréal, quelque 17 millions de dollars pour
la mise aux normes et le réaménagement de cette bibliothèque, mais une autre
fois avec une mission qui touche à tous les sentiers de la culture et à l'accès
pour tout le monde. On parle d'un espace éducatif pour les
jeunes adolescents puis à une meilleure façon de rendre accessible la culture
pour nous tous, un laboratoire d'innovation
à l'usage des entreprises et à tous les Québécois une place sous la
gouverne de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Alors, un
projet qui va rayonner.
Tout cela
pour dire que, derrière tout ça, est un projet ponctuel et particulier, mais
qui parle longuement, je trouve,
de comment on comprend, comme gouvernement, que, quand on parle de la culture,
on parle de nous, on parle de l'économie, on
parle de notre bien-être ensemble, on parle de notre diversité, de notre
inclusion, on parle de notre place sur
la scène internationale. Alors, c'est ça, la culture. Et j'aimerais inviter la
ministre, peut-être c'est à propos avec les minutes qui restent, de situer ce dossier-là comme il faut, il me semble,
dans l'ensemble de nos oeuvres, de nos préoccupations en ce qui a trait
à la culture.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Pouvez-vous
me dire de combien de temps je dispose?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste 16 minutes.
Mme David
(Outremont) : O.K., parce que ça finit en beauté une étude des crédits
sur la culture que de parler de
bibliothèque, d'une grande bibliothèque, la présidente-directrice générale est
là, Christiane Barbe, qui était très émue au moment de cette annonce, qui en avait les larmes aux yeux. Je pense
qu'on avait tous les larmes aux yeux. C'était un moment, une... Isabelle
me rappelait qu'il faisait beau et il faisait chaud. C'était un moment
mémorable, vraiment, là, l'aboutissement
d'un processus, l'aboutissement, vraiment, d'un processus en grande
concertation. Des fois, c'est dur, d'être
au gouvernement, d'être ministre, mais il y a de ces jours, comme ça, bénis des
dieux, je dirais, où tout se met en place.
Et on est dans un lieu qu'ils avaient expressément réouvert, chauffé, nettoyé.
Vous vous souvenez, vous étiez là, M. le député de D'Arcy-McGee. Et on
était ensemble, et le ministre des Finances est venu. C'était magique.
Et pourquoi
c'était magique? Parce que le processus a été formidable avec, je l'ai répété,
je l'ai dit : M. Corbo, Mme
Courchesne, qui avaient consulté de très nombreux experts, très nombreux
experts... Et on a discuté après avec le maire de Montréal. Et, quand on
a présenté le projet, et on doit vraiment remercier aussi Mme Barbe, la
présidente-directrice générale, BANQ... a été d'une intense créativité. Ils ont
été voir dans les meilleurs projets au monde, les meilleures pratiques, comme
on dit, et on est arrivés avec quelque chose qui rassemble... qui répond à de
nombreux impératifs. Le premier, on parle
d'un but super classé, au plus haut niveau de classement patrimonial, donc,
quel qu'eût été le projet retenu,
quel qu'il fût, il aurait été en tout respect de la Loi sur le patrimoine
culturel. Donc, ça ne pouvait être que
quelque chose de très culturel ou de très... j'oserais dire, de très sérieux, de très songé, parce qu'il
y avait énormément de
contraintes d'espace et de beauté des lieux.
Alors, quand
on est arrivés avec ce projet de Bibliothèque et Archives... Et je me souviens,
on a commencé à en parler au Centre
de conservation du Québec, qui est ici, à Québec. Alors, je me souviens
de différents moments comme ça, où les idées germent, et le projet est
arrivé en disant : Oui, on veut quelque chose de nouveau, de différent. Et
qu'est-ce qui manque à BANQ pour faire son
parfait bonheur? Il manquait deux choses. L'autre chose, on en parlera une
autre fois. Mais la première chose, c'était
vraiment qu'il y ait un lieu pour des adolescents. Et, moi, dans les années que
j'ai passées à la Culture, j'ai découvert... Et c'est dommage, on ne m'a pas
posé de question, mais là on me donne l'occasion...
parler de notre exceptionnel réseau de bibliothèques au Québec. Bibliothèques
publiques autonomes, les réseaux des
CRSBP, les grandes bibliothèques comme Bibliothèque et Archives, qui est le
vaisseau amiral, avec des points de service un peu partout au Québec. Et
il manquait quelque chose spécialisé pour les adolescents.
Et voilà que se présente cette idée :
pourquoi pas à la bibliothèque Saint-Sulpice? Et pourquoi pas penser XXIe siècle, XXIIe siècle? On veut des
adolescents, on veut revitaliser une bibliothèque qui est placardée. Et on le
dit, vous l'avez dit : Depuis
10 ans, on veut revitaliser la rue Saint-Denis. Pour qui connaît, donc, la
rue Saint-Denis, elle a un petit peu besoin d'amour dans ce coin-là. On a la cinémathèque pas loin,
où on a Marcel Jean, qui est le directeur et qui travaille de façon remarquable aussi, et où on est remplis de projets là
aussi. On a l'Université du Québec à Montréal, où il y a, là aussi, une université vivante en plein centre-ville. On a
donc un parcours sur la rue Saint-Denis, et puis on a évidemment BANQ.
Et
attirer des adolescents dans une bibliothèque, bien, il faut un projet porteur.
Et, pour avoir un projet porteur, c'est
clair qu'il faut qu'il y ait de l'innovation. Et j'avais découvert, entre
autres grâce à Muséomix et grâce aux journées de culture pour tous, quand j'ai parlé de Louise Sicuro, ce qu'étaient
des hackathons, ce qu'étaient des moments d'innovation Web... à Québec, un peu la même chose aussi, c'est-à-dire
des lieux très, très, très numériques, très, je pourrais dire, déjantés, d'une certaine façon. Tout a l'air
un peu désorganisé. Les gens sont sur des projets à toutes sortes d'heures,
dans toutes sortes de regroupements. Et on
s'est dit : On veut cet esprit-là un petit peu à la bibliothèque
Saint-Sulpice pour des jeunes, des
jeunes qui sont dans l'ère du numérique justement et peuvent être tout jeunes
et peuvent être un petit peu moins
jeunes, mais disons en bas de 30 ans, là. Alors, on a fait le pari d'avoir
à la fois un étage qui est vraiment entièrement dédié aux adolescents...
Et
moi, je faisais des blagues, je disais : Les parents ne le croiront pas
quand leur enfant, leur fils va leur dire : Bien, maman, je m'en vais sur la rue Saint-Denis, à la bibliothèque. Ils
vont dire : Hé! es-tu sûr que c'est ça que tu t'en vas faire? Ils ne croiront pas beaucoup au début,
mais ils vont finir par y croire, parce qu'il va y avoir là pas seulement
ce qu'on a connu, là, je ne veux pas vous vieillir ni vous rajeunir, ni moi,
mais disons que c'était plutôt statique, les bibliothèques, des livres...
Alors, ce n'était pas notre première idée d'aller dans une bibliothèque. Ce
n'est plus le cas de bibliothèques publiques
autonomes que j'ai eu le privilège d'inaugurer un peu partout au Québec, mais
là dédiées aux adolescents avec beaucoup de numérique, mais avec aussi des gens
qui vont être des accompagnateurs. Donc, là aussi, on va dépoussiérer l'image des bibliothécaires un
petit peu. Et puis ça va être donc un lieu où il peut y avoir vraiment du
travail postscolaire, de l'aide aux devoirs, je crois, aussi, de l'aide
aux devoirs, de l'intégration culturelle, du numérique.
Donc,
on n'est plus dans la bibliothèque traditionnelle où la dernière chose que tu
veux, quand tu es adolescent, c'est aller là, à part parce que ton
professeur t'oblige. Là, on n'est pas dans ça du tout. En plus, à l'étage en
dessous, il va y avoir donc ces laboratoires
d'innovation. Donc, l'adolescent, ça ne sera pas long qu'il va vouloir aller au
premier étage, et il va y avoir
beaucoup d'innovation, beaucoup de projets. À côté, comme je le dis, de lieux
culturels vraiment emblématiques, on
veut même mettre des travailleurs sociaux. Alors, pourquoi pas? Quand on parle
de décrochage scolaire, quand on
parle de difficultés, quand on parle d'heures en parascolaire, bien voilà un
lieu où on va faire de l'intégration à
tous les niveaux. Ça, c'est vraiment une notion de bibliothèque qui est
totalement, totalement novatrice, et que la... donc, un incubateur
d'idées, un lieu de rencontre ouvert et créé, conçu et animé vraiment pour une
génération qui n'est pas pour les tout-petits, c'est vraiment pour les
adolescents, et après ça pour ceux qui veulent rester dans l'innovation.
Donc,
ça peut faire en sorte, avec nos travailleurs sociaux, avec notre
accompagnement aux devoirs, avec l'intérêt ou l'intéressement... ce n'est pas le plus beau mot, mais pour la
lecture, pour... Maintenant, dans les bibliothèques, il y a des jeux vidéo, il y a beaucoup de disques, de
films, etc. Il y a même un centre d'intégration pour les immigrants, à la
BANQ, il y a un bureau d'Emploi-Québec. On n'est vraiment plus dans les
bibliothèques dites traditionnelles. Alors, on
va pouvoir probablement faire raccrocher un certain nombre de jeunes qui, qui
sait, n'iront pas quelques blocs plus loin
de la rue, fréquenter l'UQAM, fréquenter la cinémathèque? On a Concordia qui
n'est pas loin aussi. Donc, on est vraiment dans un quadrilatère qu'il
faut faire revivre comme un vrai, j'oserais dire, quartier latin parisien. Les
belles années de cette vie où il y a...
remplie de jeunes. Et c'était ça, le projet dont on a rêvé et qui est devenu
réalité ce jour-là. Donc, c'est tout ça qui prenait forme, ce fameux
31 janvier, c'est ça, 31 janvier.
• (22 h 20) •
Et
je peux dire, après ça, que, quand on l'a... il y a eu une très, très
bonne couverture de presse, et évidemment
tout le gouvernement, y compris le premier ministre, le cite en exemple constamment en disant : Voici des projets qui
sont vraiment en réponse directe
avec les besoins d'une clientèle particulière.
On veut que nos jeunes raccrochent, on veut que nos jeunes s'intéressent à
la lecture, à la culture dans un lieu emblématique, un lieu emblématique où probablement que ceux qui ont conçu, pensé, construit et fait vivre la bibliothèque Saint-Sulpice, il y a de cela plusieurs, plusieurs, plusieurs
décennies, bien, je pense qu'ils pourraient être fiers de ce que le gouvernement,
de ce que la BANQ, de ce que le ministère de la Culture a décidé ce jour-là en toute collaboration, je dois le dire, avec la ville
de Montréal. Et la ville de Montréal nous a permis de travailler.
Et là aussi c'est un souvenir extraordinaire, le jour où on est allés voir le
maire, j'étais avec Isabelle, et on lui a présenté
le projet. Et, quand, les gens, les yeux, là, sont grands ouverts en
disant : Wow!, bien, ça, là, ça
fait le salaire, le bonheur, ça fait oublier tous les soucis d'être ministre,
puis on se dit : On sert à quelque chose.
Alors, je suis très
contente que vous me parliez de la bibliothèque Saint-Sulpice, mais je voudrais
aussi finir en disant que notre réseau de
bibliothèques, partout, partout au Québec, des plus petites où on se promène en
voiture avec des boîtes de livres,
d'un petit lieu à un autre petit lieu, on donne beaucoup d'argent, on est
rendus à 18, 20 millions pour aider les bibliothèques publiques
autonomes partout dans les régions. On inauguré des bibliothèques magnifiques, magnifiques : Jonquière... en tout cas, là,
j'aimerais ça avoir la liste parce que... dans les couronnes de Montréal, un
peu partout, et l'autre extraordinaire, à Québec, là, dans le...
Une voix :
Ah! dans l'église.
Mme David
(Outremont) : Ah! dans l'église.
Une voix :
Maison de la littérature.
Mme David
(Outremont) : Bon, la Maison de la littérature. Alors, moi, je vous
encourage, quand vous êtes déprimés, là,
allez à la bibliothèque, allez voir ce que sont devenues nos bibliothèques. Je
suis sûre que les députés, dans leurs
comtés, dans leurs circonscriptions, ont des bibliothèques formidables. C'est
une fierté du Québec, les bibliothèques.
Alors, je
suis très heureuse de finir là-dessus. Je veux remercier nos amis les députés,
nos amies les députées et nos amis
les députés. J'ai trouvé que c'était une des meilleures études de crédits avec
des vraies... c'est vrai, avec des vraies questions de contenu, des gens passionnés de culture, des gens de bonne
humeur, mais qui posent des vraies questions. Des fois, on a moins les réponses, des fois, on les a plus des fois,
mais on est tous ensemble pour l'objectif commun, c'est de s'occuper de l'avenir de la culture au Québec,
et une présidente évidemment extraordinaire qui fait très bien son travail
et qui me dit que j'ai assez parlé.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Mais je dois dire que vous
le faites avec beaucoup de passion, Mme la ministre. Alors, merci
beaucoup pour vos interventions.
Adoption des crédits
Alors, le temps alloué à l'étude du portefeuille
Culture et Communications étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des
crédits. Le programme 1, intitulé Gestion interne, Centre de conservation du
Québec et Conseil du patrimoine culturel, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Adopté sur division. Le programme 2, intitulé Soutien à la culture, aux
communications et aux sociétés d'État, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mon Dieu! Vous êtes en forme, chers collègues.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Non. Sur division.
Adoption de l'ensemble des crédits
Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires
du portefeuille Culture et Communications pour l'exercice financier 2016‑2017
est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Sur division.
Documents déposés
Avant de terminer, je dépose les réponses aux
demandes de renseignement de l'opposition.
Et je lève la
séance, et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Merci beaucoup et bon retour à la maison.
(Fin de la séance à 22 h 24)