(Dix heures sept minutes)
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Bon matin à tous! À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission...
(Interruption)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Elle voulait s'assurer
qu'on est silencieux. Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Lac-Saint-Jean au
ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche sur le sujet suivant : La
perte de confiance généralisée envers le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplaçants?
Le Secrétaire : Non, Mme la
Présidente, il n'y a pas de remplacement.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je comprends qu'il y a une
entente à l'effet que le deuxième groupe de l'opposition interviendra
lors de la troisième série d'interventions.
Alors, nous
allons débuter l'interpellation par les déclarations d'ouverture. M. le député
de Lac-Saint-Jean, vous avez la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, d'abord saluer
mes collègues qui sont ici avec nous aujourd'hui, saluer tout le
personnel qui nous accompagne dans ce travail important qui est celui de la
défense de l'éducation au Québec.
Mme la
Présidente, je ne vous cacherai pas, et vous n'êtes pas sans savoir que je suis
particulièrement inquiet de ce qui se
passe présentement dans le milieu de l'éducation et particulièrement des
coupures du gouvernement du Québec. Je trouve
ça extrêmement malheureux que mon collègue à l'Éducation n'arrive pas à
convaincre son autre collègue au Conseil du trésor que l'éducation au
Québec devrait être une priorité et que, comme gouvernement, ils ont une
responsabilité importante sur les épaules de
nous assurer qu'il n'y a pas une génération qui soit pénalisée par un manque de
services, un manque de soutien, un manque de soutien professionnel pour
les jeunes, particulièrement en bas âge.
Ce qu'on voit
présentement, je ne me souviens pas d'avoir vu ça, en tout cas, certainement
pas dans les années récentes, Mme la
Présidente, ça, j'en suis profondément convaincu, c'est une telle mobilisation.
Une telle mobilisation des parents
qui restent... qui sont solidaires, en fait, avec tous les élèves qui crient
pour avoir davantage de services, mais surtout
qui sont conscients que les coupures affectent directement le taux de réussite
au Québec. Malheureusement, ce n'est pas comme si, au Québec, on était
déjà dans le trèfle à quatre feuilles puis ce n'est pas comme si nous étions
les meilleurs au monde en ce qui a trait au taux de réussite.
Comme société,
on a fait un grand pas depuis le rapport Parent, on peut être fiers, je pense,
des institutions qu'on s'est données,
du progrès qu'on a fait, de ce qu'on a réussi à développer au Québec, mais
force est de constater qu'on peut faire mieux, mais surtout qu'on doit
faire mieux.
• (10 h 10) •
L'Ontario
fait beaucoup mieux que nous pour les jeunes en bas de 20 ans. Ils ont
investi massivement, ils ont mis des petites écoles, des groupes
tactiques dans les écoles pour bien identifier les élèves qui étaient plus
susceptibles de décrocher. Ils ont investi
massivement, mais ils ont aussi reconnu à leur juste valeur les conditions de travail des enseignants, qui sont plus... des enseignants, mais, je dirais,
l'ensemble des travailleurs de l'éducation, qui sont plus intéressantes que... d'un point
de vue québécois.
Alors, ce
n'est pas rien de voir ces parents se mobiliser. Encore mardi prochain, le 2
novembre, des milliers de parents
partout, dans chacune des régions du Québec, sans doute aussi dans le comté du ministre de l'Éducation, vont entourer
les écoles pour aller exprimer leur désarroi par rapport aux coupures
actuelles. Encore hier, j'ai remis au ministre
de l'Éducation 350 lettres de parents. 350 parents de la même commission
scolaire, de la commission scolaire des Laurentides,
qui ont pris la peine soit de signer une lettre ou carrément de prendre le
crayon puis d'écrire des petits mots au
ministre pour leur expliquer le cas de leur enfant. Encore là, Mme la
Présidente, quand on est ministre de l'Éducation, on ne peut pas rester
insensible devant une telle mobilisation.
Alors,
ce n'est pas juste les parents qui se mobilisent, les directeurs d'écoles. Le
ministre nous dit... a souvent tendance à
dire : Vous savez, il y a des négociations, c'est normal qu'il y ait des
moyens de pression, sauf que ce qu'il oublie
de dire, c'est que les parents ne sont pas en négociation, ni les directions
d'écoles. Et, quand ce sont les directeurs d'écoles, les trois associations de directeurs d'écoles, là, qui,
j'imagine, n'ont pas tous voté pour l'opposition officielle, ni pour la deuxième opposition, je me dis que le
résultat, leur recherche dénote sûrement quelque chose d'important. Et ce
qu'ils nous ont présenté la semaine
dernière, c'est qu'un élève sur cinq, un élève sur cinq, n'a pas accès aux
services dont il a besoin, et, selon
eux, 86 % d'entre eux, 86 % d'entre eux sont d'avis qu'on est en
train d'hypothéquer l'avenir de cette génération ou, du moins, qu'il y
aura d'importants impacts quant à la formation par rapport aux coupures.
Le
ministre ne pourra sûrement pas accuser M. Égide Royer, qui est un grand
spécialiste de l'Université Laval, de
partisanerie lorsqu'il donne une entrevue à un chroniqueur de La Presse,
dans laquelle il dit haut et fort que les coupures du gouvernement vont avoir un impact important sur
la génération d'élèves qui sont avec nous, qui sont devant les classes
présentement.
En plus de ça, Mme la
Présidente, il y a les coupures, il y a ce qu'il se passe dans le réseau,
pertes de postes d'orthophonistes,
orthopédagogues, psychoéducateurs, on coupe également dans les techniciens en
éducation spécialisée. Tous ces
gens-là avaient la responsabilité d'accompagner les élèves qui étaient plus
susceptibles de décrocher. Mais, en plus
de ça, ce n'est pas comme si la profession d'enseignant, en ce moment, était la
profession la plus facile au Québec. Il
y a un professeur sur quatre qui ne fera pas les cinq premières années de sa
vie professionnelle utile, parce qu'il n'arrivera juste pas soit à obtenir un poste à temps plein ou
soit carrément à être apte à affronter ces nombreux défis qu'occasionne
le métier d'enseignant.
Alors,
ce qu'on essaie de dire, finalement, c'est qu'on a déjà une profession qui est
mise à mal. On a déjà, de toute évidence,
par les statistiques, une profession qui est extrêmement exigeante, puis là on
en rajoute une couche, hein? On sait
que ça va mal pour le taux de formation, où on sait qu'on devrait faire mieux;
on sait que les parents se mobilisent; on
sait qu'il y a des jeunes qui sont clairement pénalisés. Puis d'ailleurs,
là-dessus, j'invite le ministre, puis j'imagine qu'il en reçoit aussi, là... Mais moi, comme député de l'opposition, je
n'ai jamais vécu ce que je vis présentement. Moi, je n'ai jamais reçu autant de messages, de courriels
de professeurs, puis ce n'est pas vrai, là, que c'est tout du monde, là,
qui sont en... parce qu'ils sont en négos,
là, qu'ils décident de m'écrire. Ce sont de réels témoignages, puis je n'en ai
jamais reçu autant. Puis, quand je
dis que j'en reçois, là, ce n'est pas trois, quatre, là, c'est des dizaines,
des dizaines, voire des centaines depuis le début que je suis
porte-parole à l'opposition. Donc, on ne peut pas rester insensibles à ça.
Mais
là, dans le contexte des négociations actuelles, c'est extrêmement malheureux
qu'on vienne en rajouter une couche.
Puis l'offre patronale qui a été faite à l'origine n'était rien d'autre, à mon
avis, que de la provocation. Et je suis loin d'être convaincu que la
provocation est la bonne approche lorsqu'on veut négocier de bonne foi, mais
surtout reconnaître à sa juste valeur
l'éducation au Québec. Quand on propose de geler les salaires, là, je ne sais
pas, mais il me semble que, quand tu
sais que, pendant les cinq prochaines années, tu vas t'appauvrir... Parce que
c'est ça qui est l'offre, là,
0 %, 0 %, 1 %, 1 %, 1 %, là. L'inflation, ça a été
1,6 %, là, dans les dernières années. Alors, on leur propose, pendant
cinq ans, de s'appauvrir; ça se pourrait que ça réagisse.
Lorsqu'on
propose aux enseignants, qui sont déjà à bout de souffle, d'augmenter le nombre
d'élèves par classe, de revoir la
pondération des élèves en difficulté puis, en plus, de couper des postes de
professionnels, bien, il faut s'attendre à ce que le milieu réagisse. Alors, l'approche qui a été utilisée, c'est
celle de dire : Bien, on va les provoquer. Puis, quand ils vont
être bien, bien, bien, choqués, là, on va essayer de retirer des petits
éléments.
Le problème de ça,
c'est que, d'abord, on n'avance pas. Puis, ensuite, on ne reconnaît pas la
profession puis l'éducation dans son
ensemble à sa juste valeur. Là, le ministre va me dire : Oui, mais, vous
savez, on est dans une période d'austérité, ce n'est pas facile, il faut
équilibrer le budget. C'est vrai qu'il y a des défis sur le plan financier au
Québec, mais il n'en demeure pas moins que, lorsqu'on est au gouvernement,
lorsqu'on est au conseil du ministre puis lorsqu'on est au Conseil du
trésor, on fait des choix. Puis c'est un choix qui a été fait par le
gouvernement libéral, de couper en éducation.
C'est un choix qui est malheureux parce que, lorsqu'on coupe en éducation, par
définition, bien, on coupe dans l'économie du Québec, on coupe dans la
capacité à se maintenir parmi les sociétés les plus riches au monde.
Puis
il faut comprendre que la compétition, pour nos jeunes, va être extrêmement
féroce dans les années à venir. Si on
pense qu'il y a juste le contexte américain avec lequel nos jeunes Québécois
vont compétitionner, on est dans l'erreur. Nos jeunes vont
compétitionner avec les jeunes formés en Inde, en Chine, dans les pays
émergents qui, par le passé, n'avaient
peut-être pas les universités aussi performantes que nous les avions, mais tout
ça est résolu et étant du passé, il
faut comprendre que nos jeunes vont devoir s'épanouir dans un contexte de
nettement plus international, particulièrement nos jeunes enfants
d'aujourd'hui.
Alors,
ce que je demande au ministre, là, de l'Éducation, c'est d'être le ministre de
l'Éducation, reconnaître qu'il a multiplié
les déclarations maladroites depuis qu'il est arrivé. Il est encore le temps
pour lui, là, de rétablir la situation, de reconnaître qu'il n'est pas maladroit d'investir en éducation
maintenant, qu'il n'est pas maladroit d'investir en éducation maintenant, qu'il est le ministre responsable de
l'Éducation, qu'il n'est pas le porte-parole du gouvernement, qu'il a la
responsabilité de mettre son pied à terre, d'aller voir son collègue au Conseil
du trésor et de lui faire comprendre qu'il y a sûrement d'autres façons
d'arriver à leurs fins et qu'il y a des alternatives.
Et,
s'il souhaite avoir des solutions, bien, ça me fera plaisir d'en discuter avec
lui, mais moi, je vois des choses au
gouvernement où je me dis qu'on pourrait sûrement faire mieux ailleurs, mais
que l'éducation devrait être traitée comme la prunelle de vos yeux. Et, comme professeur d'université qui avez
décidé d'en faire un métier, j'imagine que vous êtes à même de reconnaître l'importance de la diplomation
de nos jeunes. Puis là je pense qu'il faut mettre les six derniers mois
derrière nous, là, puis marquer une transition puis poser des gestes. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. Alors, je cède la parole, pour une
période de 10 minutes, à M. le ministre. La parole est à vous.
Réponse du ministre
M. François Blais
M. Blais : Bien, merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci aux collègues qui sont ici aujourd'hui, aux gens, bien
sûr, de l'Assemblée nationale, hein, qui nous appuient, là, dans nos échanges,
aux gens aussi de mon cabinet qui m'accompagnent,
mon attachée de presse, pour qui c'est l'anniversaire aujourd'hui, hein — donc je tiens à le souligner, ses parents m'ont demandé de le souligner à la
télévision, donc je le fais — et, bien sûr, là, ceux qui nous écoutent,
bien entendu.
Donc, je
remercie mon collègue de l'opposition parce qu'il sait que j'aime beaucoup la
formule de l'interpellation. Je
trouve que c'est, de loin, la formule qui nous permet d'aller le plus
rapidement mais le plus loin dans les échanges, souvent parce qu'on attaque des questions complexes. Et on peut revenir,
ensuite, continuer l'échange, clarifier des points et, on l'espère, progresser, hein, parce que c'est
ce qu'on veut d'un débat, c'est qu'il y ait une certaine progression. Donc,
je le remercie pour sa proposition et la formule que l'on utilise aujourd'hui.
Je vais
commencer peut-être la présentation pour essayer de nous donner une vase
factuelle, c'est-à-dire essayer de
voir exactement où est-ce que nous en sommes, aujourd'hui, dans le système
d'éducation. Qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce
qui fonctionne moins bien? Parce que, si on peut s'entendre sur cette base
factuelle, ensuite, on saura, hein, où est-ce qu'il faut aller dans les
prochaines années pour continuer à l'améliorer encore un peu plus.
• (10 h 20) •
Donc, quand on regarde la réussite de nos élèves du
primaire et, en particulier, du secondaire dans les grands tests internationaux, ce qu'on réalise, selon la manière
dont on agrège, bien entendu, les résultats, c'est que, sur 71, 72 entités juridiques qui participent, là, aux grands tests
internationaux comme le PISA, le Québec se situe entre le huitième et le 10e rang. Donc, on est parmi... hein, on est dans
le quintile supérieur du point de vue de notre système d'éducation, du point
de vue de la performance de nos
élèves. Donc, ça, il faut le dire, il faut le répéter. On le sait, nos élèves
sont excellents en mathématiques,
parmi les plus forts, là, de l'OCDE; ils sont assez bons aussi en sciences. On
a encore un peu de travail à faire en
littératie, on le sait bien, mais on se situe à peu près entre le huitième
et le 10e rang sur 71, 72 entités juridiques. Donc, on est vraiment dans
le quintile supérieur.
Alors, où est-ce qu'on peut faire des progrès? On sait — et il y a eu de longues discussions et un
travail acharné là-dessus au Québec
sur les dernières années — on sait qu'il y avait deux fronts qui étaient importants : la
question de la diplomation et du
décrochage scolaire annuel. Ce n'est pas exactement la même chose. Et ce qu'il
est intéressant de voir, c'est qu'année après année, depuis, quoi,
maintenant, là, cinq ou six ans, année après année, on constate — et
encore récemment, les derniers
chiffres — une
amélioration au niveau de la diplomation et on constate une amélioration
notable au niveau du décrochage
scolaire annuel. Ça, c'était le grand défi du Québec. On a encore du travail à
faire — mon
collègue a raison de faire des
comparaisons, là, avec l'Ontario — du point de vue de la diplomation, du point
de vue du décrochage scolaire, on a encore du travail à faire.
Pourquoi
on s'est améliorés là-dessus? Donc, il
y a eu plusieurs fronts qui ont été
ouverts, mais c'est sûr que le Québec a investi dans les 10 dernières années des sommes
considérables, là, en éducation. Le collègue a rappelé les travaux qui ont été présentés, là, ces derniers temps par
le journaliste et économiste Francis Vailles sur les investissements qui ont été faits qui ont été importants dans les 10 dernières
années en éducation. Seulement au niveau primaire, on a ajouté 2 000 enseignants
de plus, alors qu'il y a une diminution, là, d'effectifs, là, quand même, au
niveau primaire. On a ajouté aussi
beaucoup de ressources en soutien à la réussite scolaire, notamment pour les
enfants handicapés, ou qui ont des difficultés d'adaptation, ou des
difficultés d'apprentissage.
Donc, c'est à
peu près là où est le Québec. On est... quintile supérieur. Il y a encore des
grands défis du point de vue du
décrochage, de la réussite, des défis au niveau aussi de la formation
professionnelle, on aura peut-être l'occasion d'en parler aujourd'hui.
Alors, à
partir de là, qu'est-ce que l'on peut faire pour faire mieux, pour continuer à
progresser, se maintenir, mais surtout,
si possible, progresser? On a développé une vision à l'intérieur de mon
ministère, depuis que je suis arrivé, pour modifier de façon, disons, non négligeable les rôles et les responsabilités, là, des composantes du réseau. Alors, je l'ai déjà dit puis je le répète : Il ne s'agit pas
d'une réforme de structures, c'est-à-dire, il ne s'agit pas d'abolir, de créer, etc., il s'agit de maintenir les structures existantes, parfois
de les redéployer différemment, parfois, si nécessaire, de les amincir et, à d'autres endroits, bien sûr,
de leur donner plus de ressources. Mais le coeur de cette réforme, c'est la
redéfinition des rôles et des responsabilités qu'il y a à
l'intérieur de notre grand
réseau : la redéfinition du rôle du ministère de l'Éducation,
50 ans après sa création; le rôle des commissions scolaires ou encore de cette entité, hein, régionale,
comment elle peut être davantage au service de la réussite scolaire,
davantage au service de l'école; et le rôle prépondérant — j'insiste
là-dessus — le
rôle prépondérant que l'école est en mesure et doit jouer dans une conception,
disons, moderne, là, de l'éducation, une conception du XXIe siècle.
Donc, les objectifs
du projet de loi que nous allons déposer dans les prochaines
semaines, ces objectifs-là, c'est de remettre en place la valeur, l'importance du succès des élèves en leur donnant un environnement stimulant. Et l'environnement stimulant ne viendra pas du ministère de l'Éducation, l'environnement stimulant ne viendra pas non plus d'une commission scolaire, il va venir de l'école où va cet enfant jour après jour, de la place,
du rôle que les enseignants peuvent y
jouer, de la place et du rôle aussi que les parents peuvent et doivent y jouer,
donc un environnement stimulant, adapté à
un projet d'école et adapté aux projets que l'enfant voit lui-même dans son
école, des services adaptés et un encadrement de qualité. Et je reviendrai un peu plus tard,
probablement aujourd'hui, sur cet enjeu-là de l'encadrement de qualité.
Il faut
s'assurer, et c'est ce que le projet
de loi voudra faire, s'assurer que
les investissements que nous faisons, qui sont importants — là-dessus, je pense que personne ne peut le nier, hein, même si,
cette année, on l'a reconnu, c'est une
année plus exigeante, hein — que
les investissements importants que nous faisons en éducation
soient dirigés le plus près possible
de l'élève, de l'école. Et donc il y
aura aussi, dans le projet de loi, des éléments, là, pour favoriser, là, ce renforcement, hein, du
rôle de l'école, et de sa place, et des ressources qui sont à sa disposition.
C'est la
raison pour laquelle, quand j'ai rencontré les associations de directions d'établissement il y a maintenant,
quoi, à peu près 10 jours, je crois,
ils ont accueilli extrêmement positivement cette démarche de renforcer la place
de l'école et de s'assurer que les ressources
aillent vers les écoles, et même que les commissions scolaires,
disons-le, rendent des comptes aux
écoles sur la façon dont les ressources iront ou n'iront pas vers les écoles. Donc, de
ce point de vue là, ce n'est
pas un changement structurel, mais c'est une révolution dans nos façons de faire, et c'était attendu depuis longtemps.
Je n'aime pas beaucoup parler de moi, mais, lorsqu'on
m'a présenté, lors de cette allocution, là, devant les associations de directions d'école, on a parlé d'une vision courageuse
et d'un ministre courageux de vouloir changer les choses, hein, un état
de fait qui existe quand même depuis des décennies au Québec.
Donc, nous
aurons deux axes principaux d'intervention dans cette vision nouvelle que nous
avons de l'école et du réseau
scolaire, des parents qui seront plus impliqués à tous les niveaux de la
gouvernance... hein, il y a déjà des comités de parents, il y a des conseils établissement. Et vous savez, Mme la
Présidente, qu'aujourd'hui les parents sont exclus de la gouvernance scolaire au niveau des
commissions scolaires; au mieux, ils peuvent assister à des rencontres, mais
ils ne peuvent pas avoir un pouvoir
décisionnel. Moi, je crois sincèrement, quand je regarde les décisions qui sont
prises parfois par des commissions
scolaires, et je pense que ce ne sera pas mon collègue de la CAQ qui va me
contredire là-dessus, quand je vois
certaines décisions qui sont prises, je pense que les décisions seraient mieux
prises s'il y avait un peu plus de
parents au sein des commissions scolaires et qu'ils aient vraiment un pouvoir décisionnel
d'orienter des décisions, de prendre
des décisions au niveau notamment de l'allocation des ressources. Il me semble
que tout parent va vouloir avant tout...
tout parent qui a des enfants dans une école, concrètement, là, pas un parent
qui a déjà eu des enfants dans l'école aujourd'hui, va vouloir que le
maximum de ressources aille à l'école.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre.
M. Blais : Très bien.
Argumentation
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, nous allons débuter la
période d'échange. M. le député de Lac-Saint-Jean, vous avez la parole
pour un maximum de cinq minutes.
• (10 h 30) •
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, j'aimerais
qu'on aborde la question de l'offre qui est faite présentement au milieu de l'éducation puis que le ministre, là,
nous expose un peu son point de vue sur les offres qui ont été faites
dans tout le secteur et les négociations qui ont cours.
D'abord,
comment qu'il explique, là, que... Ils le savent, là, ça fait 18 mois qu'ils
sont au gouvernement, ils savent que la convention collective, là,
expirait au printemps dernier puis que là, sept mois plus tard, on est devant
de telles impasses.
Comment
explique-t-il qu'on attende, là, que le milieu soit obligé de se mobiliser
partout à travers le Québec, qu'on vive
les manifestations ou les grèves jour après jour, comme on les voit
présentement au Québec? Comment le ministre explique-t-il la stratégie de son gouvernement, qui n'est rien d'autre
que d'épuiser les enseignants, j'ajouterais les parents, qui
indirectement se retrouvent aussi partie prenante, dans le fond, des
négociations actuelles? Comment le ministre explique-t-il
qu'il a choisi l'approche de la provocation en voulant augmenter le nombre d'élèves
par classe, en mettant fin aux
spécialistes qui accompagnent les élèves en difficulté, en revoyant la
pondération? Comment explique-t-il qu'il a choisi l'approche de la confrontation en proposant un gel des salaires,
donc de s'appauvrir, là, pendant les cinq prochaines années, alors qu'on se serait attendu de sa part à
ce qu'on valorise leur rôle, à ce
qu'on fasse de l'éducation une priorité? Comment, dans ses propositions actuelles, là... J'aimerais ça qu'il m'explique,
là, en quoi ça va donner le goût à nos jeunes de choisir le
métier de professeur ou de joindre les rangs de l'éducation d'une manière plus
générale avec les offres qu'on fait,
actuelles. En quoi on revalorise la profession, alors que, comme on le sait, en
Finlande, hein, ceux et celles qui choisissent
le métier sont triés sur le volet, on encourage, c'est valorisé? Quelles sont
les mesures précises qui vont régler le
problème qu'un professeur sur quatre ou un enseignant sur quatre n'arrive pas à
passer à travers ses cinq premières années dans le réseau d'enseignants... de l'éducation au Québec? On est
extrêmement inquiets, M. le Président, des propositions actuelles, qui ne sont rien d'autre que du
nivellement vers le bas, qui ne sont rien d'autre qu'une volonté de vouloir
réduire l'attraction, dans le fond, de la profession, alors qu'on sait
que tout le réseau est à bout de souffle.
Mais l'autre
chose, M. le Président, qui ressort clairement des études de spécialistes,
c'est que des maîtres, des enseignants
motivés ont un impact direct sur la réussite de nos jeunes. Dans les indices de
réussite, on note qu'avoir un enseignant
de qualité, qui est motivé, qui aime son travail, ça a une répercussion
importante sur la réussite de nos jeunes. Puis je me questionne sérieusement en quoi les offres du gouvernement,
actuelles, là, viennent changer, viennent encourager, donner une tape
dans le dos au milieu de l'éducation, alors qu'ils en ont grandement besoin.
Alors, partout à travers
le Québec, là, moi, j'ai commencé la semaine au Saguenay—Lac-Saint-Jean, puis le Saguenay—Lac-Saint-Jean était en grève. Après ça, c'était
Québec, après ça, c'était la Mauricie, puis l'Estrie, l'Outaouais, puis la grande région de Montréal. La commission
scolaire de Montréal aussi était en grève, même si je sais que le ministre
boycotte la commission scolaire de Montréal, ils étaient quand même en grève.
J'imagine qu'il les a vus à la télé.
Mais ce que
je veux qu'il nous dise aujourd'hui, c'est : En quoi, là, il pense que les
propositions actuelles vont faire en
sorte qu'on donne le goût à nos enseignants de poursuivre, en quoi pour eux,
là, c'est gratifiant, puis en quoi ça vient régler les problèmes, tous les
problèmes qu'on connaît? Alors, je suis curieux d'entendre le ministre
là-dessus, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre, vous disposez de cinq
minutes pour répondre.
M. Blais : Oui. Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bon, bien sûr, je ne veux pas aller dans les détails d'une négociation qui est en cours en ce moment, ça
serait manquer de respect, là, pour à la fois les deux côtés de la table de
cette négociation-là, à la fois des
discussions formelles que l'on peut avoir, mais parfois des discussions
informelles qui peuvent être assez
importantes, mais pour lesquelles je suis tenu au secret, là, pour la bonne
marche de la négociation.
Rappeler deux
principes fondamentaux dans ce qui est en train de se produire : il y a
deux légitimités autour de cette
table, hein, de négociation. Il y a bien sûr des représentants syndicaux qui
ont l'obligation légale, hein, de faire le mieux pour les personnes qu'ils représentent et d'aller chercher les
meilleures conditions possible, et bien sûr il faut respecter cette position-là, et il y a des représentants
d'un gouvernement qui représentent l'ensemble de la population et qui doivent
veiller, bien sûr, à ce qu'on puisse avoir
aussi de bonnes conditions pour nos employés, mais respecter aussi la capacité
de payer des contribuables de cette population-là.
Donc, dans cet affrontement, il faut voir aussi deux légitimités, il ne
faut pas voir nécessairement... il ne faut pas que nécessairement l'un gagne
sur l'autre, il y a une rencontre qui doit se réaliser à partir d'objectifs
différents, et on espère, je l'ai mentionné souvent, on espère en arriver à une
entente.
Le signal qui
me semble positif aujourd'hui, c'est que, malgré le bruit, les regrettables
grèves, je l'ai mentionné souvent,
les grèves regrettables pour les parents et les enfants, les discussions
continuent, hein? On est autour de la table et on sait, compte tenu de la complexité, parfois, de ces négociations-là,
que ça ne peut se résoudre, finalement, là, qu'à la table de
négociation.
Un autre
élément qui est important pour comprendre le processus : les demandes patronales, appelons-les comme ça, elles ne sont pas issues de la volonté d'une
seule personne, d'éclat, là, du point
de vue ponctuel, là, d'une obsession
ou quoi que ce soit. Les demandes
patronales, elles ont été recueillies de gestionnaires partout dans le réseau québécois : de directeurs d'établissement
parfois, de directeurs généraux qui ont à travailler jour après jour avec les
enseignants, notamment, mais l'ensemble du personnel du réseau scolaire,
qui ont à travailler jour après pour et qui voient parfois des possibilités
d'améliorer des choses sans du tout attaquer, disons, directement les
conditions de travail, mais faire en sorte que les choses se déroulent mieux et
qu'on puisse faire des économies pour le réseau et pour les enfants. On l'a mentionné souvent, tous les efforts que l'on peut
faire pour améliorer le fonctionnement de nos conventions collectives, ces efforts-là, on veut les redonner, là, au
réseau, on veut qu'ils restent, en termes de réinvestissement, là, en
éducation.
Je veux aussi
préciser que je pense qu'on a fait un bout de chemin du point de vue public.
Vous vous rappelez, Mme la
Présidente, peut-être, si vous avez suivi ce débat-là, qu'on disait : On
veut faire travailler maintenant les enseignants 40 heures semaine, ils sont rémunérés 32 heures semaine. Tout le
monde a reconnu maintenant qu'ils sont rémunérés sur une base de 40 heures semaine, que nous ne voulons
pas augmenter la durée de travail des enseignants. On veut sécuriser, et
c'est vraiment le mot clé, on veut sécuriser la période à l'intérieur, bien
sûr, de leur travail qui se fait à l'école.
Parce que,
bien sûr, les enseignants bénéficient de temps, à l'extérieur de l'école,
rémunéré, on veut s'assurer que la
partie, aujourd'hui, hein, qui est assignée à l'école demeure constante, parce
qu'on a besoin d'eux. Les professionnels qui travaillent avec eux, en appui à leurs études scolaires, ont aussi
besoin d'eux, et les parents qui veulent les rencontrer aussi ont besoin
de pouvoir les rencontrer. Ça, c'est un élément des plus importants.
On a
mentionné aussi qu'on ne veut pas diminuer ou mettre fin aux classes
spécialisées. C'est un non-sens. Il ne faut
pas savoir ce qui se passe dans les écoles pour penser qu'on puisse se passer
des classes spécialisées. Mais il y a un enjeu de savoir quel est le rôle hein, de, hein, le rapport intégration
classe spécialisée et classe régulière. Et, bien entendu, il n'est pas
question pour nous de cesser de comptabiliser les élèves en difficulté, quand
on regarde, hein, les progrès importants qui
ont été faits. Ça a circulé pendant un certain temps. Heureusement... moi, en
tout cas, quand je parle aux enseignants
aujourd'hui, hein, j'ai encore l'occasion de corriger le tir, mais, je pense,
pour l'essentiel, là, on n'est plus autour... on n'est pas en périphérie
des discussions, on est vraiment au coeur des discussions, comment il est
possible aujourd'hui de réallouer les
ressources dans un contexte budgétaire que l'on connaît, plus difficile, au
bénéfice même, hein, de l'éducation et du réseau.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Alors, M. le
député de Papineau, je vous cède la parole pour une période de cinq
minutes.
M.
Iracà : Alors, Merci, Mme la
Présidente. C'est à mon tour de saluer mes collègues d'en face, mes collègues
du gouvernement et de souhaiter encore bonne fête à l'attachée politique du
ministre, qui m'a dit qu'elle a franchi la trentaine. Alors, c'est un grand
jour aujourd'hui.
Écoutez,
juste un petit mot, Mme la Présidente, pour vous dire que le député du
Lac-Saint-Jean qui, sur sa propre motion, sa propre convocation sur
l'interpellation, arrive 10 minutes en retard. Je ne veux pas lui en tenir
rigueur, Mme la
Présidente, mais ça démontre... ça peut démontrer aussi la réelle motivation,
ça peut démontrer aussi qu'il répond à
une commande de son parti pour meubler du temps. Et ça, je peux comprendre ça.
C'est un bon soldat, Mme la Présidente, le député...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...de Papineau, je vous demande de ne pas imputer des motifs, là.
M. Iracà : Ça va. Mais je tenais
quand même à le souligner.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci.
• (10 h 40) •
M.
Iracà : Ça va, je comprends,
Mme la Présidente. Alors, malgré ça, je suis quand même extrêmement heureux
que le député du Lac-Saint-Jean dépose une motion. Et ça nous permet de parler
d'éducation.
Vous savez,
Mme la Présidente, quand on parle d'éducation, moi, je suis toujours au
rendez-vous. Quelque chose d'important,
c'est une priorité pour notre gouvernement, l'éducation. Puis, comme député, je
sais que ma responsabilité puis celle
de mes collègues également, c'est de donner tous les outils aux jeunes
Québécois pour qu'ils s'instruisent et puissent
relever les défis du marché du travail dans les prochaines décennies. En tant
que père de famille, c'est aussi une de mes préoccupations constantes
que mes enfants aient accès aux meilleurs services possible d'éducation.
Quand nous
avons été élus et que les Québécois ont décidé de nous faire confiance, on
savait que ça n'allait pas être
facile. On avait des objectifs quand même
assez élevés à atteindre et on a pris des engagements sérieux pour l'avenir
du Québec. Le gouvernement précédent, on le sait tous, n'avait pas géré les finances publiques de manière convenable. Dès
nos premiers mois au pouvoir, on a compris que les péquistes nous avaient mis
dans une situation difficile : les déficits, l'économie
à plat, le manque de confiance des consommateurs et des investisseurs. On s'en souvient, les péquistes
aimaient mieux parler du code
vestimentaire, hein, si on se reporte à l'époque, des fonctionnaires, de la
religion. On se souvient tous du
ruban à mesurer. On mesurait la croix du fonctionnaire dans le cou. On se
souvient aussi de leur vision en éducation avec des chaires de recherche et plusieurs millions d'investissements
sur des chaires de recherche sur l'identité du Québec pour mousser
l'option séparatiste. On se souvient tous de ça. Et le maintien des structures,
des infrastructures lourdes que le
gouvernement de l'époque avait pris comme décision. Donc, dépenser des fonds
publics à ce moment-là pour essayer de tenter de convaincre le monde de
devenir séparatiste, c'était bien correct pour eux. Essayer d'avoir une
approche stratégique qui allait aider les
jeunes à apprendre à se trouver de bons emplois, ça, malheureusement, Mme la
Présidente, ça passait après. Et malheureusement il n'a suffi que de 18 mois du
mandat du Parti québécois pour que la situation du Québec dépérisse,
entre autres dans le système d'éducation.
Alors, Mme la
Présidente, je ne suis pas certain de tout, mais je suis certain qu'après 18
mois les Québécois, et ils l'ont
démontré, n'avaient plus confiance au gouvernement qui était à l'époque en
poste, avec les gestes et les investissements qui avaient été octroyés sur l'identité entre autres québécoise, mais
très, très peu en éducation. Parce qu'on se souvient qu'il y avait eu des coupes lors de leur passage
au gouvernement dans les années précédentes, et ça a été une période assez
malheureuse. Et là ce qu'on essaie de faire
aujourd'hui, les deux seuls ministères qui n'ont pas été touchés, où on tient
à ce
que ça fonctionne bien et où il y a eu de l'investissement, c'est en santé et
en éducation. Donc, nous, on veut continuer dans ce sens-là tout en atteignant l'équilibre budgétaire. On pense
qu'on est capables de faire les deux en même temps et on le fera. Et je pense que la confiance des
Québécois a été mise là-dessus, sur le fait qu'on équilibre le budget et qu'on
investisse également en éducation. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Papineau.
Alors, on retourne à l'opposition officielle. Je cède la parole au
député de Lac-Saint-Jean pour cinq minutes.
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. J'avais l'impression
que c'était plutôt mon collègue de la Coalition avenir Québec qui devait
prendre la parole.
Je vais donc
poursuivre sur les impacts des coupures pour les parents et tous ces parents
qui nous ont sollicités dans les dernières semaines et qui nous ont
exprimé pour nous démontrer tous les effets des coupures.
Mme la
Présidente, il y a eu un geste qui n'est quand même pas banal qui a été fait
récemment dans une lettre ouverte,
là, qui a été publiée à la fois par des parents, des directeurs d'écoles, il y
a les associations, des représentants du personnel de soutien, il y a des professionnels. Dans un geste assez
inhabituel où il y a une belle unité pour l'ensemble du milieu, à la fois le côté patronal, je dirais,
et le côté syndical, mais avec les parents et les directions d'établissements,
une lettre qui a été publiée, là, le 28 septembre dernier et qui s'appelle Unis
pour l'éducation publique, qui demande carrément,
là, au ministre de l'Éducation de faire son travail, et de dénoncer, et de
mettre fin aux compressions sur les élèves,
et qui dénonce dans le fond les politiques et la vision à courte vue du
gouvernement. Je me suis dit que le ministre de l'Éducation n'était
sûrement pas resté aussi... ne pouvait pas rester insensible.
Je me
questionne aussi sur ce que ça doit être d'être le ministre de l'Éducation
lorsqu'on s'est mis à dos à peu près
tout le réseau, hein? Ça ne doit pas être simple après de pouvoir opérer ou de
donner des nouvelles orientations. Alors, je suis curieux de savoir qu'est-ce qu'il va répondre, là, à ce
regroupement qui demande au ministre de cesser ses coupures.
Je veux aussi lui lire quelques témoignages, M.
le Président. Parce qu'au-delà du discours politique, comme opposition, notre responsabilité, c'est d'être un
peu le porte-parole du milieu et d'être le représentant de tous ces gens qui
nous écrivent puis qui nous donnent des cas bien spécifiques, là. Je veux juste
lui lire quelques cas.
Par exemple,
Chantale Blackburn, qui est professeure au préscolaire : «J'ai une classe
de 20 en maternelle, un enfant dysphasique,
quatre avec des troubles du déficit de l'attention, et on me demande
d'enseigner, et ça, sans soutien. Deux éducatrices spécialisées ne sont plus au
rendez-vous cette année. Je suis, M. le ministre, à bout du rouleau.» Ça,
c'est Chantale Blackburn, professeure préscolaire.
Nicole Amyot, éducatrice spécialisée : «Je
suis de plus en plus démotivée par mon travail. J'ai six classes à m'occuper avec beaucoup d'élèves en difficulté
dans chaque classe, et ma direction m'a demandé de rajouter un autre groupe, et j'ai refusé, car il y a des limites.
Déjà, j'ai de la difficulté à offrir l'aide de façon adéquate aux élèves dans
les six groupes. Ça suffit, les coupures.»
Marie-Claire
Hermine, qui est une maman : «Étant moi-même maman de deux enfants, dont
l'un est atteint du syndrome du x
fragile qui cause l'autisme, je peux vous dire qu'on commence à ressentir des
coupures. Les services de première
ligne sont quasi inexistants, le nombre d'enfants avec des difficultés sévères
sont exclus du système scolaire.»
Amélie, éducatrice spécialisée : «Je suis
éducatrice spécialisée pour la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys et la
DPJ. Présentement, je suis sur des listes de rappel. Je suis sans travail à
cause des coupures alors que j'occupais un emploi.»
Sarah
Bolduc, qui est une mère : «J'ai un petit garçon de quatre ans qui souffre
de dysphasie et, cette semaine, on
m'a annoncé que les services auxquels on avait droit jusqu'en fin de première
année avaient été coupés.» Parce qu'il faut
comprendre que, dans plusieurs commissions scolaires, il n'y a qu'un seul
orthophoniste. D'ailleurs, à la commission scolaire de Lac-Saint-Jean où
il y a 6 000 élèves, est-ce que le ministre a une idée du nombre
d'orthophonistes qu'il peut y avoir, Mme la
Présidente, pour 6 000 élèves? Il n'y a qu'une seule orthophoniste
pour 6 000 élèves. Et le pire, c'est que je l'ai croisée par hasard à l'école Saint-Sacrement en début de
semaine, puis elle était, elle aussi, sur les lignes de piquetage, parce que j'ai-tu besoin de vous
expliquer, Mme la Présidente, que, pour 6 000 élèves, j'ai-tu besoin
de dire qu'elle n'y arrive pas? Un
plan d'intervention pour un élève qui a un trouble du langage, là, c'est au
moins une fois par semaine. Ça fait
que, combien d'élèves qui ont des troubles du langage, vous pensez, à la
commission scolaire de Lac-Saint-Jean?
C'est juste
un exemple parmi tant d'autres qui est extrêmement malheureux, mais c'est juste
pour vous illustrer à quel point la situation est problématique.
Ça fait que,
M. le Président, je ne sais pas par quel bout le prendre parce que... Mme la
Présidente, pardon, parce qu'à la fois les têtes de réseau écrivent au
ministre, mais il y a aussi les gens, les parents, ceux et celles qui vivent la
problématique, qui ont écrit au ministre,
puis là ce qu'on voit apparaître aussi, c'est des élèves, hein, qui ont pris...
On a vu ça, dans les journaux,
apparaître, là, des élèves qui écrivent par eux-mêmes au ministre de
l'Éducation pour leur expliquer leurs cas à eux.
Alors, bref,
qu'est-ce que le ministre de l'Éducation leur répond, à tous ces parents, ces
témoignages qu'on reçoit jour après
jour de parents qui sont juste à bout de souffle puis qui ne savent plus trop
comment interpeller le ministre de l'Éducation?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean. M. le ministre, vous avez cinq minutes.
• (10 h 50) •
M.
Blais : Merci bien. Mme la Présidente, je vais y aller peut-être avec
deux groupes de remarques, des remarques un peu plus quantitatives, parce qu'il a été question d'argent, là, et
des remarques aussi plus qualitatives, parce qu'il faut aussi parler de l'organisation des services,
comment ils sont déployés de façon extrêmement différenciée, là, à l'intérieur
du réseau.
D'abord, les compressions, cette année, il faut
faire attention. D'abord, il y a une augmentation du budget en éducation qui est modeste, hein, on le sait bien,
c'est... qui est assez modeste, mais il n'y a pas de diminution nette, il y a
une augmentation, là, du budget. Les seuls
moments, là, où il y a eu diminution nette des budgets en éducation, c'est sur
trois années, là. Mme White, qui
m'accompagne aujourd'hui, avait, autour de 11 ans, 12 ans, si mes
calculs sont bons, là, c'est en 1996‑1997,
il y avait eu une diminution, sous le Parti québécois, de 3,9 %, en 1997‑1998,
5,8 % et 1998‑1999, 0,4 %.
Moi, j'étais
dans le réseau, mais dans le réseau universitaire, à ce moment-là, j'étais
professeur en début de carrière, je me souviens très bien de ces
années-là parce qu'il y avait eu peu d'embauches, il y avait eu un
ralentissement, notamment, des embauches du
personnel et des professeurs. Je me souviens d'avoir vu mon département, là, le
nombre de professeurs diminué.
Heureusement, il y a eu réinvestissement, mais bien sûr le nombre de
professeurs a augmenté considérablement par la suite.
L'effort
budgétaire qu'on a demandé aux commissions scolaires, c'est l'équivalent d'à
peu près 1 % cette année. Il
faut se rappeler que les commissions scolaires, quand même, et parce qu'il y a
eu pas mal d'argent, disons, en éducation, je pense que M. Vailles l'a
bien démontré, là, il y avait eu pas mal d'argent, les commissions scolaires
avaient réussi à thésauriser, là, donc à
mettre de côté, plus de 800 millions de dollars en soldes positifs. Je ne
dis pas que ces soldes sont facilement
utilisables, parce qu'ils font partie, là, du périmètre budgétaire. Mais c'est
dire que l'effort budgétaire qu'on leur
demande, qui est bien réel, il y a moyen de le faire, il me semble, compte tenu
qu'il y a eu d'excellentes années où ils ont été particulièrement bien
financés.
La
préoccupation, maintenant, si je regarde du point de vue davantage qualitatif,
c'est... il faut se rendre compte que
les ressources dans les commissions scolaires, notamment les ressources...
quand on dit «les services», il n'y a pas une définition, disons, absolue et provinciale des niveaux de services
ou de types de services que les commissions scolaires doivent rendre aux élèves aujourd'hui. Ce serait
défendre une conception assez centralisée... assez centralisatrice, hein,
d'aller dans cette direction. On aura
peut-être des débats dans les prochaines semaines sur cette conception
centralisatrice, là, de l'offre de services.
Les commissions scolaires déploient les
services, notamment en soutien aux élèves, c'est-à-dire le type de profession que l'on va retenir, hein? De façon
extrêmement différenciée. Comment se fait-il que, dans une commission scolaire, on choisit
d'avoir plus de psychoéducateurs et moins d'orthophonistes? Comment se fait-il
que, dans d'autres, on y va plutôt
vers du personnel de soutien direct aux enseignants? C'est des choix qui ont
été faits par les commissions scolaires,
et on espère que ces choix-là répondent aux besoins réels, pas aux besoins tels
que vus, là, par les gens de Québec ou du ministère de l'Éducation
uniquement, mais vus par les écoles et pour répondre aux besoins.
Donc,
on a la... le... pardon, le ministère, sous l'ancien gouvernement, avait
demandé une étude, hein, d'un économiste
sur ce déploiement différentié des ressources professionnelles en soutien aux
écoles. Et l'étude essayait de montrer
jusqu'à quel point ce déploiement parfois peut être efficace, l'efficacité ici,
il ne faut pas entendre uniquement au
sens administratif du terme, mais vers... amener la réussite scolaire, hein,
c'est-à-dire, quand on prend une commission scolaire, on regarde le type de ressources qu'elle a à sa disposition,
la façon dont elle déploie ces ressources-là, on se rend compte que les commissions scolaires réussissent...
certaines réussissent beaucoup mieux que d'autres à atteindre un seuil
de réussite scolaire intéressant pour leurs élèves.
Cette recherche-là,
je pense que c'est une des recherches les plus intéressantes qu'on a eues sous
les yeux ces dernières années. Elle indique,
elle nous rappelle cette différenciation-là, mais elles indiquent que des choix
peuvent être faits, non pas pour
économiser, mais les choix peuvent être faits pour accélérer et augmenter la
réussite scolaire avec le même niveau
de ressources, là, que l'on a aujourd'hui. Et on peut faire des comparaisons
entre les commissions scolaires sur
celles qui réussissent le mieux avec des ressources dont elles disposent et
celles qui ont plus de difficultés, là, jusqu'ici.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, on continue
sur ce côté ministériel. Alors, M. le député d'Ungava, la parole est à vous
pour cinq minutes.
M. Boucher :
Bon matin, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Bonjour.
M.
Boucher : Bon matin à tous! Encore, joyeux anniversaire à Mme White!
Donc, vous ne pensiez pas être fêtée comme
ça ce matin, mais vous le méritez bien, et puis il ne faut pas douter de la
parole des confrères, mais, quand on m'a dit qu'elle tournait le cap de la trentaine, je vous regarde, puis j'ai
de la difficulté à croire ça, mais on ne mettra pas en doute la parole
des collègues. Donc, je vais m'en tenir à ça.
Depuis
ce matin, on entend, bon, du côté du collègue de l'opposition officielle, un
scénario catastrophe. On sait que,
bon, c'est la fin de semaine de l'Halloween, les histoires d'horreur vont être
en vogue pour les prochaines 24 à 48 heures. Écoutez, dire qu'il n'y a pas présentement aucune compression, qu'il n'y
a pas de moment plus difficile à passer dans le réseau scolaire, ça serait mentir, mais, en même temps, décrire ça
comme un scénario apocalyptique où une génération sera sacrifiée, et puis sans avenir, et incapable
de compétitionner les jeunes étant éduqués dans des pays étrangers, je pense
que c'est peut-être pousser un petit peu, si vous me permettez.
Je
vais vous parler, bon, du programme des infrastructures scolaires, un exemple.
On parle, bon, ce qu'on appelle le
PQI dans le jargon, pour ceux qui nous écoutent, le programme québécois
d'investissement. Donc, le gouvernement du Québec prévoit, sur un certain nombre d'années, où il va investir de
l'argent, comment, puis les... disons qu'on n'arrive pas six mois d'avance, puis dire : Bien,
écoutez, on met 20 millions ici, puis 50 millions là, tout ça est
planifié. Le PQI, pour la période 2015‑2025, prévoit des investissements
pour les prochains 10 ans de 88,4 milliards de dollars. Je vais répéter : 88,4 milliards. C'est
beaucoup, beaucoup, beaucoup de sous pour des projets qui sont soit à l'étude,
en planification ou même en cours de réalisation.
Si
on prend l'enseignement supérieur, la recherche, par exemple, côté
universitaire, il y a des investissements qui sont prévus, pour 2015 à 2025, de 6,5 milliards de dollars, encore
une fois. Si on prend, bon, du côté primaire et secondaire, c'est plus de 8,8 milliards de dollars qui
vont être investis dans le parc immobilier scolaire d'ici 2025, puis tout ça
sans dévier de l'objectif d'atteindre
le déficit zéro au cours de l'année en cours. Donc, tout ça, je pense, ça fait
preuve d'une excellente gestion, d'une gestion pragmatique et réaliste.
Si
on prend uniquement pour l'année 2015‑2016, là, présentement, on est supposés
être dans un épisode de massacre à la
scie, si on entend notre ami député du Lac-Saint-Jean, on parle de
1,4 milliard de dollars qui va être investi dans le réseau
primaire, et secondaire, et préscolaire de nos écoles au Québec. Donc, je vous
le dis encore une fois, Mme la Présidente, que, si on veut parler de chiffres
ce matin, c'est beau. Bon, M. le député du Lac-Saint-Jean aimerait bien transporter la table de négociation ici ce matin
puis qu'on fasse les offres puis qu'on règle tout ça d'ici midi. Je ne pense
pas que ça va être possible puis je ne pense pas que ce soit la place on plus.
Je vais vous parler
d'un exemple concret, Mme la Présidente, où l'école Tarsakallak — je
m'excuse de la prononciation en cas où je me
serais trompé — qui est
située à Aupaluk. C'est une école qui a été complètement détruite par le feu le 15 mars 2014. Aupaluk,
pour ceux qui ne savent pas, c'est un petit village situé au Nunavik, c'est le
plus petit village de l'Ungava, où on compte environ 150 à 175 habitants.
Il y a une école, on peut avoir l'instruction là à partir du préscolaire jusqu'au secondaire V. Et puis
l'école a été complètement détruite par le feu. C'est sûr que c'est un drame
comme ça serait un drame si une école
brûlait ici, à Québec, ou à Montréal, mais c'est un double drame parce qu'à
Aupaluk on ne peut pas dire :
Bien, écoutez, on va aller dans tel autre bâtiment désaffecté ou on va aller
dans telle usine qu'on va transformer
en école temporairement, il n'y en a pas d'autre, bâtiment, il n'y a rien. Par
chance, la municipalité venait de construire
un nouvel hôtel de ville et puis ils ont pu s'installer là temporairement dans
des conditions misérables. Puis le gouvernement
a investi 12 millions de dollars pour reconstruire une nouvelle école qui
devrait faire son ouverture pour l'an 2016
Donc,
je veux féliciter les professeurs qui ont subi des conditions difficiles et les
enfants qui ont survécu à ces conditions-là.
Et puis tout ça, bien, va se corriger. Puis ça démontre le souci de notre
gouvernement pour avoir une éducation de qualité. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député d'Ungava. On va
passer au deuxième groupe de l'opposition. Alors, M. le député de
Chambly, vous avez cinq minutes.
• (11 heures) •
M.
Roberge : Merci, Mme la présidence. Le sujet de l'interpellation
aujourd'hui, la perte de confiance des acteurs du milieu de l'éducation envers le ministre, est très pertinent. Il se
manifeste de plusieurs façons. Je circule dans tout le milieu scolaire et je suis à même de constater que
des parents, mais aussi des directions d'école, des professionnels de l'éducation, des professeurs le voient. Je vais
commencer avec une citation d'un cas très concret. Je le sais, des fois, ça
met le ministre mal à l'aise, il aime mieux
parler, là, de grandes tendances sociodémographiques sur des décennies, mais
concrètement, ici, 2015‑2016, il se passe des choses. Attardons-nous-y.
Donc,
je cite une dame qui dit : «Ce qui fait le plus mal à notre école, ce sont
les coupures en éducation spécialisée puisque
c'est de l'aide directe sur le terrain.» Ce n'est pas n'importe qui qui a dit
ça, c'est une direction d'école qui oeuvre ici, au Québec, sur le
territoire du ministère, donc, normalement, hein, sous la gouverne du ministre
de l'Éducation. C'est Mme Robin,
directrice de l'école Saint-Jean-Baptiste à Roxton Falls. Pourquoi? Parce que
c'est une école où il y a 237 élèves;
Il y en avait 237 l'année passée, il y en a encore 237 cette année. L'année
passée, l'indice de défavorisation de
cette école était au maximum, 10 sur 10 — puis on ne gagne pas, à 10 sur 10, là, on
perd — bien,
cette année, encore 10 sur 10. Donc,
même indice de défavorisation, même nombre d'élèves. Mais que s'est-il passé de
l'an passé à cette année? Des coupures de services directs aux élèves
les plus vulnérables.
En orthopédagogie,
les élèves de cette école ont perdu un jour. Donc, une journée de moins dans
cette école à chaque semaine de service d'orthopédagogie, des gens, hein, des
professionnels qui viennent aider les élèves les plus vulnérables. En psychoéducation, on a coupé un jour et demi de service
direct aux élèves de psychoéducation dans cette école indice de défavorisation
10. Et on a coupé de 50 % le
temps de travail de la technicienne en éducation spécialisée. L'an passé, il y avait 26 heures de service;
cette année, 13 heures. Même nombre d'élèves, même indice de défavorisation
au maximum. Ce qui fait dire à cette
direction d'école : Ce qui fait le plus mal, c'est les coupures dans
l'éducation spécialisée. C'est de
l'aide directe sur le terrain. Alors là, on n'est pas dans le théorique, on
n'est pas dans les tests internationaux, on est dans ce qui se passe concrètement dans des écoles. Ça, c'est de la
souffrance, ça, c'est des échecs que vont vivre des élèves. Et c'est des
drames familiaux qui se passent ici, chez nous.
Alors,
j'invite le ministre à faire une petite exception puis aller visiter une école.
Et tiens! Je vais vous en suggérer une,
celle qui est au 6, rue de l'Église, Roxton Falls, l'école Saint-Jean-Baptiste.
Peut-être pourrait-il voir concrètement les conséquences de ses
décisions.
Autre
sujet que je veux aborder, ce sont les parents. Parce que les parents ne sont
pas en négociation en ce moment, ils
sont en constat. Ils voient les conséquences directes des coupures du
gouvernement libéral dans leurs écoles puis ils voient leur enfant pâtir de ces coupures-là, ce qui fait qu'ils se sont
organisés et qu'ils ont créé le mouvement Je protège mon école publique. Bien, c'est un symptôme extrêmement
parlant que de voir des parents s'organiser comme ça pour défendre leur école puis physiquement de se mettre
devant l'école pour les défendre contre le gouvernement libéral qui essaie de couper à chaque jour. Il faut le faire!
Donc, je veux saluer la détermination de ces parents-là. Je veux remercier
les organisateurs pour ce qu'ils font. Lundi
prochain, 2 novembre, il y aura encore un rassemblement comme ça. J'y
serai pour appuyer ces parents-là puis surtout, surtout pour appuyer ces
écoles.
Et
finalement je lance une question au ministre, parce que je l'ai interpelé il
n'y a pas très longtemps et je n'ai pas
eu de réponse, je la repose : Est-ce que le gouvernement va changer son
approche par rapport aux modifications au régime de retraite? Parce que
les modifications vont appauvrir les profs. C'est une chose, je le déplore.
Mais, comme défenseur des élèves, au moins
le ministre devrait se lever et s'assurer que ces modifications-là n'arrivent
pas en plein milieu de l'année scolaire. En ce moment, le gouvernement
vise à modifier le régime de retraite pour le rendre moins intéressant et il veut rendre ça effectif le 1er
janvier 2017, ce qui risque de pousser à la retraite des milliers de profs en
plein milieu de l'année scolaire. C'est
totalement irresponsable. Je demande au ministre s'il a changé de position dans
ce dossier bien précis.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Chambly. M.
le ministre, vous disposez de cinq minutes.
M.
Blais : Merci beaucoup pour les questions. Je ne pourrai pas revenir,
malheureusement, sur une des questions, la dernière, là, sur les négociations en cours, notamment, là, sur le
régime de retraite. C'est assez complexe. C'est un enjeu extrêmement
important pour tout le monde, parce que, dans le fond, ce que l'on veut, là,
c'est de s'assurer qu'il y ait de l'argent,
hein, dans 20 ans, qu'il y ait de l'argent pour les jeunes enseignants,
comme il y en a aujourd'hui... par les plus
vieux. Alors, je vais laisser ça à la table. Mais je suis certain que les gens
qui sont autour de la table ont la préoccupation de s'assurer de la continuité de services. Mais je n'irai pas plus loin
sur cet élément-là, parce que c'est un enjeu important, sensible aussi.
Peut-être
l'informer que — il
n'aurait pas de raison de le savoir — que ça s'adonne que mes deux plus jeunes
filles sont allées dans une des écoles
publiques les plus défavorisées de la région de Québec. Alors, je connais assez
bien ce type d'école là, je connais
assez bien le type de ressources que l'on déploie, là, pour venir en aide et en
appui, là, à la réussite aux enfants qui vont dans ces écoles.
Deux choses
sur la question des budgets ou des coupures. Je veux rappeler que le budget,
là, pour la clientèle, là, enfant handicapé, difficulté d'apprentissage
ou d'adaptation, c'est un budget qui a été maintenu entièrement cette année, malgré l'année, là, qu'il fallait passer. Et c'est un
budget qui a augmenté de façon importante, là. Et ça a été souligné notamment
dans les articles de Francis Vailles.
Cependant, j'entends, donc je ne suis pas insensible aux
parents, aux préoccupations des parents, à l'appel pour encore plus de services, et je me dis, depuis un
certain temps : Comment se fait-il que, lorsque les commissions scolaires prennent des décisions, elles prennent des
décisions parfois où je ne peux pas suivre nécessairement, là, que des
parents seraient allés, qui ont des
enfants dans cette école, seraient allés dans la même direction? Il me semble que c'est important, hein,
pour que les parents soient entendus... Les ressources seront toujours
limitées — le
jeune Karl Marx disait «L'homme est
un être de besoins» — donc, les ressources seront toujours
limitées, c'est pour ça qu'il y a l'importance de l'efficacité, c'est pour ça qu'il y a l'importance de la justice
sociale, mais assurons-nous donc, hein, que les ressources aillent au bon
endroit et que notamment les parents soient
davantage entendus dans l'allocation et dans les décisions des ressources.
J'irais plus
loin, je vais faire un pas de plus : Comment se fait-il aujourd'hui que
ceux qui sont les plus touchés dans
leur travail au jour le jour, qui sont impliqués dans la réussite scolaire ne
soient pas plus présents dans la gouvernance scolaire et dans les
meilleures décisions à prendre pour le succès des enfants?
Alors, c'est
ma façon et c'est la façon de notre gouvernement, c'est notre vision des choses
que, dans un monde où les ressources
seront toujours limitées, où ça exigera bien sûr toujours de l'efficacité et de
la solidarité, assurons-nous que
l'argent aille au bon endroit et que les personnes, hein, qui sont les plus
préoccupées par la réussite scolaire, hein, au jour le jour, des enseignants, des directeurs d'établissement et des
parents puissent être au coeur de la décision et prendre les meilleurs
choix.
Donc, ce que
je reproche aux commissions scolaires aujourd'hui, dans les choix qu'elles
font, hein... Je comprends qu'elles
ont des choix à faire et je comprends qu'il y a beaucoup moins d'argent. Quand
tu avais 4 %, 5 %, 6 % d'augmentation des budgets, les
choix se faisaient puis tout le monde finalement disait : Écoutez, là, on
répond de plus en plus à une demande. Dans
une période comme aujourd'hui, hein, où il y a un ralentissement, hein, où on
n'est pas dans une période d'augmentation,
disons, négative, mais il y a un ralentissement, il me semble que c'est là que
le test de solidarité est le plus
important. Et, pour réussir ce test de solidarité, il me semble qu'on a tout
intérêt à ce que les personnes qui vont être touchées, hein, en premier lieu, hein, par les décisions, par les
allocations de nos ressources, hein, ces personnes-là soient, disons, au coeur de la décision, bien sûr, les
parents. Et à ce moment-là les parents verront les choix que l'on peut faire,
pourront prendre les meilleures décisions,
dans un contexte, je le rappelle, de rareté relative, parce que le monde dans
lequel nous vivons, c'est un monde
nécessairement où on doit faire des choix, où on continuera à faire des choix
dans les prochaines années.
Je rappelle,
hein, que les budgets pour ce groupe-là ont augmenté de façon très importante
ces dernières années. On peut montrer
que les ressources ont augmenté de façon très importante. Cette année, il y a
un ralentissement, mais on a quand même maintenu les budgets pour cette
clientèle.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Alors, on
reste du côté ministériel, et je cède la parole au député de Papineau
pour cinq minutes.
M. Iracà : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, j'aimerais revenir sur ce qu'a mentionné le député de Lac-Saint-Jean qui, pour moi, est très important,
puis je suis content qu'il l'ait mentionné, concernant l'orthophoniste dans
son comté. Ma conjointe, moi, est psychologue
dans une commission scolaire, et, il a raison, les professionnels, il a bien
fait de le souligner, les professionnels
travaillent très, très fort dans nos écoles, nos commissions scolaires, puis il
n'y en a jamais assez, puis ça ne date pas d'hier, là. S'il lui avait
demandé : Est-ce que vous étiez huit l'année passée ou neuf il y a deux ans? Elle lui aurait répondu :
Non, on était approximativement le même nombre de personnes, de professionnels
dans nos écoles, dans les commissions
scolaires. Ce n'est pas un dossier qui date d'hier, c'est un dossier où je suis
très au fait.
Et je profite de l'occasion pour saluer tous les
professionnels qui travaillent dans nos écoles, qui travaillent excessivement
fort, que ce soient les psychologues, les orthophonistes, les travailleurs
sociaux, les orthopédagogues. Il n'y en a jamais assez. Est-ce qu'il pourrait y
en avoir beaucoup plus? La réponse est oui. Alors, là-dessus, je suis
parfaitement en accord avec le député de Lac-Saint-Jean.
Mais là, à un
moment donné, il y a des ressources, il y a les moyens financiers, l'équilibre
budgétaire, et on s'entend tous,
hein, qu'on est tous pour la vertu, puis on voudrait qu'il y ait un psychologue
dans chaque école, mais, depuis plusieurs années, on sait que ce n'est
pas le cas. Et je sais que les gens travaillent excessivement fort.
• (11 h 10) •
Le député de
Chambly, lui, sa priorité, sa
première préoccupation, je suis un peu surpris d'entendre ça, c'est son
régime de retraite. Alors, on sait que c'est un ex-enseignant. Moi, Mme la Présidente, ma priorité, ce n'est pas ça, hein, je laisse ça à mon collègue du Conseil
du trésor, c'est les enfants et l'éducation. Ce n'est pas le régime de retraite du député de Chambly. Et on est présentement en fin de négociation collective. Et c'est normal, à chaque fin de convention collective, il y a
des manifestations de
part et d'autre. Et je suis un
éternel positif, Mme la Présidente, et je suis convaincu que, si les gens de
part et d'autre mettent de l'eau dans
leur vin... vont éventuellement en venir à une entente. Et je pense que la meilleure place pour qu'on puisse s'entendre,
c'est à la table de négociation. Alors, on l'a toujours dit, on l'a répété,
je pense que plus on va se parler en table de négociation, plus on va arriver
proche de l'objectif de s'entendre.
Nous sommes
classés parmi les meilleurs au monde en éducation, et ce, depuis plusieurs
années, Mme la Présidente. Et, moi, ce que je peux vous garantir, c'est qu'on
va le rester. Puis je suis certain que le ministre pourra le garantir également. Notre objectif, c'est de faire
en sorte qu'on demeure en éducation parmi les meilleurs au monde dans les
classements internationaux et par aussi des
observateurs objectifs internationaux qui vont démontrer que nous sommes en
éducation parmi les meilleurs au
monde. Et on veut le rester. Et il y a eu plusieurs investissements en
infrastructure que l'on a faits. Et j'ai fait une annonce, là, dans la dernière
année, dans mon comté. Je vous donne un exemple, mais il y en aurait beaucoup
d'autres. Au niveau de la formation
professionnelle, on a injecté 3 millions pour l'agrandissement d'un centre
de formation professionnelle en
hôtellerie et cuisine. Pourquoi? Parce que les cohortes sont pleines, parce
qu'on refuse du monde, parce qu'aussi,
au Québec, il faut se le dire, la population est vieillissante, et on va avoir
besoin de plus en plus de main-d'oeuvre, de gens qualifiés, diplômés en formation professionnelle pour venir
aider cette population vieillissante là. Et il y a un lien à faire entre l'éducation et l'économie en lien
avec des emplois qui sont disponibles maintenant. Il faut prendre les moyens
et investir au bon endroit pour faire en sorte que les gens puissent sortir
avec un diplôme et puissent travailler.
Dans mon
comté, il y a... Et j'ai eu la chance d'aller remettre un chèque, une
contribution financière, une enseignante et d'autres enseignants avec des élèves aux Trois-Chemins,
Louis-Joseph-Papineau, qui vont partir en Haïti au mois de janvier pour aider les Haïtiens à bâtir des écoles. Alors,
tout ça pour dire, Mme la Présidente, qu'il y a, malgré les manifestations,
malgré la fin des négociations collectives... des conventions collectives,
plusieurs enseignants — j'ai
plusieurs amis enseignants — qui sont extrêmement motivés, qui veulent
faire en sorte que les élèves réussissent, qui sont impliqués dans des projets, je vous en ai nommé un pour
Haïti, dans bien d'autres projets. Moi, je pense qu'ils sont capables de faire
les deux en même temps et je souhaite de tout mon coeur qu'on arrive à une
entente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Papineau. On
va passer du côté de l'opposition officielle. Alors, M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez cinq minutes.
M. Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. On n'a pas
eu l'occasion d'entendre le ministre de l'Éducation sur la menace qui plane sur tout le réseau des
universités du Québec. Mme la Présidente, c'est extrêmement inquiétant, là,
ce qui est sorti à l'effet, là, qu'on voudrait abolir le siège social puis
qu'on voudrait fragiliser l'ensemble du réseau universitaire. Je sais que le
gouvernement libéral, là, coupe dans les régions comme ça ne s'est pas fait,
là, depuis de nombreuses années. J'ai de la
difficulté à comprendre pourquoi on veut fragiliser un réseau alors que c'est
un réseau qui aura déjà des défis extrêmement importants pour les
universités, parce qu'entre autres le défi du vieillissement de la population, particulièrement dans la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
on voit, vers le moyen à long terme, une baisse de clientèle. Donc, ils ont déjà des défis importants à eux. On comprend
mal pourquoi cette volonté de vouloir abolir le siège social, alors
qu'on replacerait les responsabilités.
Puis vous n'êtes
pas sans savoir que c'est une question qu'on a déjà étudiée au gouvernement,
qu'on s'est déjà posée par le passé
et qu'on a aussi rejetée du revers de la main, parce qu'en bout de course, sur
une apparence d'économie, ce qu'on réalisait, c'est qu'au contraire ça
finirait par coûter plus cher, mais surtout qu'on refilerait une facture aux
différentes universités un peu partout à travers le Québec.
Puis là il
faut aussi, à un moment donné, être à l'écoute, là, du milieu. Quand le recteur
de l'Université du Québec à
Chicoutimi fait une, puis deux, puis trois entrevues, là, pour dire que ça n'a
juste pas de bon sens, après ça, ça a été le recteur de l'Université du Québec à Trois-Rivières qui est sorti, puis,
après ça, c'est le recteur de l'Université du Québec à Rimouski qui sort
essentiellement pour dire la même chose, en disant que ça n'avait juste pas de
bon sens de refiler la facture sur les
différentes universités, alors j'imagine que le ministre a eu le temps
d'analyser tout ça, il a lu, et il a vu, et il a entendu comme moi sans doute les commentaires qui ont été exprimés.
On sait que ça a déjà été analysé par le passé par les différents
gouvernements; ça a été rejeté aussi parce qu'il n'y avait pas d'économie à
faire.
Est-ce que le
ministre aujourd'hui peut nous confirmer qu'effectivement, là, l'idée est
rejetée et qu'il n'est pas question de venir fragiliser les réseaux des
universités du Québec à travers le Québec?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Blais : Alors, merci, Mme la Présidente. Donc, effectivement, il n'est
pas question de fragiliser, là, le réseau des universités du Québec. On comprend un petit peu l'intention, le
départ du réseau et où est-ce qu'on en est aujourd'hui, là. Dans le rapport Parent, il était clair qu'il
fallait développer tout d'abord une grande université francophone
supplémentaire à Montréal — ça devait être l'Université Sainte-Marie,
qui est devenue plutôt l'UQAM — et qu'il y avait des besoins en région. Il y avait déjà des satellites en régions,
c'est-à-dire des formations qui étaient offertes par les universités existantes
dans différentes raisons, dont Chicoutimi, à
l'époque, Hull, pour reprendre les expressions de l'époque, Rimouski, donc
ces satellites-là existaient déjà, et le
rapport Parent suggérait de leur donner une autonomie, hein, et de le faire à
l'intérieur d'un réseau qui va devenir le réseau des universités du
Québec.
Le siège
social, à l'époque, bien sûr, a eu un rôle fondamental parce que... On ne crée
pas des universités du jour au
lendemain, comme ça. Il y a une façon de faire, il y a une gouvernance qu'il
faut instaurer. Et on l'a fait. Et on le fait encore. On est allés encore beaucoup plus loin que ce que proposait le
rapport Parent parce que le rapport Parent, je dois avouer que ça fait un certain temps, était timide,
il disait : Formation de premier cycle seulement; ensuite, on ira plutôt
dans les centres urbains pour
continuer la formation. Et ce qui s'est produit, bien, c'est assez formidable,
c'est-à-dire que c'est une
augmentation de la scolarité et des diplômes universitaires dans toutes les
régions du Québec et aussi une... alors qu'on était simplement avec des satellites en région, on a développé des
universités de plus en plus autonomes, qui ont chacune, hein, leur couleur, qui ont chacune leur programme
différencié, notamment en recherche où là, alors, selon les secteurs... bien sûr, au Saguenay, la recherche sur
l'aluminium est extrêmement importante, il y a des chaires de recherche
là-dessus; à Rimouski, bien sûr, vous allez trouver davantage le maritime, par
exemple. Donc, le réseau, c'est une des grandes réussites, je pense,
hein? Puis il faut être content d'avoir... qu'il faut avoir des... il faut être
content d'avoir réussi ça.
Pour ce qui
est du siège social maintenant, l'enjeu, ce n'est pas un enjeu d'examiner s'il
y a des économies à faire ou pas, de l'économie à faire en abolissant le
siège social. Ce qui est en jeu, c'est de répondre à un certain nombre de critiques qui ont été
faites, ces dernières années, sur la gouvernance, hein, et notamment sur des
dédoublements administratifs — ces critiques-là, elles n'ont pas été faites
par n'importe qui, elles ont été faites à quelques reprises par le Vérificateur général du Québec, tout
d'abord — donc regarder
ces dédoublements-là : Est-ce qu'ils existent? Est-ce qu'ils
alourdissent ou pas les processus? Quel est leur... Hein? Et si on peut bien
sûr les annuler, tant mieux.
Il
y a aussi une demande... une proposition qui a été plus forte par un rapport qui
a été commandé par nos amis de
l'opposition officielle alors qu'ils étaient au gouvernement, le rapport
Bissonnette-Porter, hein, qui proposait de mettre... abolir au sens strict, d'abolir le siège social.
Il considérait que le réseau maintenant... les constituantes étaient en mesure
d'assurer leur développement. On n'est pas
du tout dans cette voie-là pour le moment, mais on examine exactement quelles
sont, hein, les procédures, hein, qui sont
peut-être dédoublées à l'intérieur du réseau et comment on peut renforcer,
renforcer les universités en région.
N'oublions
pas que les meilleures décisions qui peuvent être prises, là, pour la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
elles doivent être prises pour le
développement de cette université-là au Lac-Saint-Jean, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, pas à Québec. Même chose pour les autres composantes; il faut renforcer le réseau et s'assurer que les bonnes
décisions soient prises par les constituantes plutôt que par un siège
social. Donc, on est à l'intérieur de cette réflexion-là. J'ai demandé d'avoir plus d'information, mais je ne confirme pas du
tout, là, qu'il y ait
une abolition en vue, là, du siège social à Québec.
• (11 h 20) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. On reste du côté ministériel. Alors, je cède la
parole au député d'Ungava pour cinq minutes.
M.
Boucher : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je vais vous parler
un petit peu d'intimidation puis de violence
à l'école — vous
savez que, bon, c'est un sujet qui fait la une, fait la manchette — puis
voir, bon, comment le gouvernement
libéral et le Parti libéral se sont comportés dans tout ça puis comment on prend ces choses-là au
sérieux.
Vous
savez, c'est en 2008 que le gouvernement
libéral avait mis en place un plan
d'action pour prévenir et traiter la
violence à l'école. Souvenez-vous, Mme
la Présidente, que c'était une
première pour le Québec à ce
moment-là, ça ne s'était jamais fait auparavant.
C'est un plan d'action qui visait à soutenir les milieux scolaires dans
leurs actions pour diminuer la
violence dans leurs établissements respectifs. Et puis, en février 2012, le Québec
s'était doté d'une nouvelle stratégie
gouvernementale en
matière de mobilisation de la société québécoise afin de lutter contre l'intimidation et la violence à l'école.
Cette dernière se déclinait, bon, en quatre actions principales, Mme la
Présidente, soit : mobiliser, communiquer, légiférer et agir, s'articulait
autour du thème L'intimidation, c'est fini. Moi, j'agis. Cette
stratégie-là, Mme la Présidente, n'est pas seulement dirigée vers la
mobilisation des élèves, mais également celle des parents, du personnel scolaire et de tous les Québécois
et les Québécoises. Car, on le répète, Mme la Présidente : L'intimidation, c'est l'affaire de tout le monde. Donc, dans
cette perspective-là, on doit tous ensemble prendre les moyens pour faire
cesser ça, les actes d'intimidation
puis de violence dont ils sont les victimes, et puis aussi ceux qui en sont
témoins doivent la dénoncer.
Ensuite,
Mme la Présidente, la loi n° 56 a été adoptée, toujours par le gouvernement
libéral, en juin 2012. C'est
une loi qui visait entre autres à offrir à nos élèves un milieu d'apprentissage
sain et sécuritaire, précisait les devoirs et responsabilités de tous les acteurs face à l'intimidation à
l'école. Vous savez, aujourd'hui, l'intimidation... Bon. Vous allez dire, bon : Ça a
existé depuis toujours. On a été jeunes, on a été témoins de choses dans
notre jeunesse. Mais, aujourd'hui, ça prend souvent des proportions qui sont hors
normes, où tous les jeunes sont branchés sur les réseaux sociaux, beaucoup
d'entre eux ont des téléphones portables avec lesquels ils peuvent prendre des
photos, prendre de courtes vidéos, et puis, souvent, quand un jeune est
victime d'un certain groupe, bien, ce n'est pas long que ça prend des
proportions démesurées sur Facebook,
etc., que ça devient de la cyberintimidation. Quand on était jeunes, à l'école,
soit au primaire ou au secondaire puis qu'il
y avait des mauvais collègues ou des
mauvais amis qui décidaient, là, de faire de nous leurs têtes de Turc, bien, ça se limitait à quatre, cinq
personnes, puis, quand on était sortis de l'école, ça arrêtait là. Mais, pour
les jeunes d'aujourd'hui, ce n'est pas. Ça les
suit à la maison, ça les suit à l'aréna, ça les suit partout. Donc, il faut vraiment prendre ça au sérieux.
Je
vous dirais, Mme la Présidente, que... Je vais vous faire une citation — on
va jouer à un petit jeu de devinette ce
matin : «Un geste d'intimidation, de violence et de maltraitance est un
geste de trop. Chaque personne doit pouvoir s'épanouir dans un environnement sain et sécuritaire. Chaque personne, quels que
soient son âge, son sexe, son orientation
sexuelle, son origine ethnique, a droit à la
dignité. Un gouvernement libéral fera de la lutte contre l'intimidation une
priorité.» C'est Philippe Couillard
qui avait dit ça, Mme la Présidente, lors de la dernière campagne électorale, puis je suis fier de faire partie du gouvernement qui adhère à
cette politique de lutte là.
Vous
savez, on parle tantôt de psychologues, d'orthophonistes, d'orthopédagogues.
Tout ça, c'est des choses qui, oui, qui sont nécessaires pour venir en
aide aux élèves en difficulté, mais, souvent, même un élève, là, qui n'a aucune
difficulté particulière et qui est bon à l'école peut être victime de ces formes
d'intimidation et de violence là, puis créer un milieu sain, sécuritaire dans lequel on se sent confortables à
l'école, on a hâte d'aller à l'école, on aime apprendre à l'école, c'est important pour ne pas gaspiller
aucun talent, Mme la Présidente. Vous savez, chez les jeunes, on n'aime pas les extrêmes, hein? Tu es trop mauvais, tu
n'as pas des bons résultats, tu te fais taquiner ou, j'allais dire, écoeurer,
puis je pense que c'est le bon mot, je vais le prendre, tu te fais écoeurer. Tu
es trop bon, tu es trop brillant, tu te fais écoeurer.
Tu es trop beau, tu es trop laid, tu es trop grand, tu es trop petit... Donc, il faut
ramener ces gens-là puis avoir des politiques,
là, qui favorisent le partage puis l'intégration de tout le monde à l'école. Et puis je pense que je suis content de participer à un gouvernement
qui agit dans ça, Mme la Présidente, merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le
député d'Ungava. On va passer du côté
de l'opposition officielle.
Alors, M. le député de Lac-Saint-Jean, vous avez encore cinq minutes.
M. Cloutier : Oui, je vous remercie, Mme la Présidente. On va faire un bloc sur toutes les coupures au réseau universitaire puis aussi pour les cégeps. Ce qu'on
constate, Mme la Présidente, c'est que non seulement le gouvernement a fait le choix de couper dans l'éducation primaire-secondaire, mais les
cégeps et les universités sont également mis à mal.
Le
gouvernement libéral a imposé des compressions de 200 millions dans les universités du Québec, 40 millions
dans les cégeps pour l'année 2014‑2015,
et, comme si ce n'était pas assez, on en a rajouté avec des coupes
additionnelles de 70 millions dans les universités et 45 millions
supplémentaires pour l'année 2015‑2016.
Bon,
maintenant, vous aurez compris, Mme la Présidente, que tout ça a des impacts importants. Ça, ce sont les coupures générales, mais qui se répercutent dans
le réseau. Particulièrement, les cégeps en région sont incroyablement
vulnérables. Je me souviens de la déclaration malheureuse du ministre qui avait
quasiment laissé entendre ou dit aux professeurs de déménager s'ils voulaient
continuer à enseigner à temps plein.
Mais,
en gros, ce qu'on note des documents qui nous ont été remis par la Fédération des
cégeps, c'est 40 % des cégeps qui ont terminé la dernière année
financière en déficit. M. le ministre, 40 % des cégeps en déficit. Alors,
on coupe dans l'animation socioculturelle,
on coupe dans le soutien psychosocial, on coupe dans le soutien aux élèves en
situation de handicap, on coupe dans
l'aide aux études, on coupe dans la mobilité étudiante, on coupe dans
l'intégration des étudiants étrangers,
dans les activités sportives, dans le soutien à l'entrepreneuriat, dans les
bibliothèques. Est-ce que c'est ça, pour vous, l'avenir du Québec, de
couper dans les services de nos jeunes?
Les
cégeps en région sont particulièrement touchés en raison des coupures, mais
aussi en raison du problème du vieillissement
des populations. Il y a des projets, pourtant, qui sont sur la table, de
mobilité des étudiants, mais on fait exactement l'inverse de ce qu'on
devrait faire, on coupe dans la mobilité étudiante alors qu'on devrait l'accélérer.
Le ministre devrait se questionner sur les programmes qu'il devrait mettre en
oeuvre justement pour aider nos jeunes à étudier
sur l'ensemble du territoire québécois plutôt que de construire des nouveaux
établissements, mais de s'assurer que nos cégeps en région, là, soient
remplis.
Avec
de telles coupures dans les cégeps, dans les universités, bien, on ne se
surprendra pas de voir le recteur de l'Université
de Montréal, M. Breton, faire la déclaration suivante, là : «Avec de moins
en moins de ressources, je ne peux tout simplement pas maintenir la
quantité et la qualité des diplômes.
«[...]On
a des diplômes "made in Québec", mais bientôt "good for Québec
only"...» Bons au Québec seulement, M. le Président.
Les
recteurs d'université n'ont pas l'habitude de ce type de déclarations.
Lorsqu'ils se sentent obligés de sortir sur la place publique de la sorte, c'est parce qu'il y a un réel problème.
Ce que je reçois aussi maintenant, qui est carrément nouveau, ce sont des déclarations de professeurs
d'université qui m'écrivent pour me réexpliquer un peu la situation qu'ils
vivent. Je vais lire un peu quelques
témoignages, là, qui sont peut-être un peu longs, M. le Président, mais qui
illustrent bien la mise en oeuvre des coupures qui sont décidées par le
gouvernement actuel.
Je
vais vous lire la déclaration de Sylvie, qui est une professeure
d'université : Je me suis retrouvée dans mon cours d'introduction à
l'économie avec un groupe de 200 étudiants au lieu de 100 avant, parce
qu'on voulait éviter d'embaucher un chargé
de cours. J'ai d'autres collègues qui sont encore plus mal lotis que moi,
groupes de 300. Le fait d'avoir 200 étudiants entraîne un
changement de mon mode d'évaluation. Pour la première fois en 19 ans, j'ai
utilisé, l'hiver dernier, des examens avec
uniquement des questions à choix multiples et une correction par lecteur
optique, ce qui diminue donc ma
nécessité de procéder à une évaluation plus importante... Je m'excuse, je
reprends la lecture : ...ce qui diminue la capacité des
étudiants de développer leurs propres réponses et de pouvoir être évalués au
niveau de l'expression écrite.
Professeur
en traduction : «Il est devenu normal d'enseigner, dans des cours
pratiques de traduction, à des groupes de 70 et plus, alors qu'il y a
quelques années on jugeait comme excessifs des groupes de 40.»
Ces
témoignages démontrent donc l'augmentation du nombre d'élèves par classe, l'abolition de certains
cours qui étaient auparavant
offerts et qui sont maintenant fusionnés. Ce qu'on note, par exemple, à l'Université Laval : des suppressions
de cours dans plusieurs programmes, des départements des sciences historiques qui
ont annoncé l'annulation de quatre
cours, abolition de sections de cours, certains chargés de cours ont vu aussi
le nombre de leurs étudiants plus que doubler.
À
l'Université du Québec à Chicoutimi, au trimestre d'hiver 2015, ce sont 10 cours qui
avaient été attribués qui ont dû être annulés par manque de ressources...
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. Alors, on
passe au côté du ministre. M. le ministre, vous avez cinq minutes.
M. Blais :
Oui. Très bien, alors je suis bien content de pouvoir parler des universités,
on n'a peut-être pas eu l'occasion encore d'échanger sur le sujet, là, avec mon
collègue. Donc, bien sûr, il y a des modulations ou il y a des offres de cours qui disparaissent. Bon, moi, j'ai dirigé
un département, une faculté, et, oui, il arrive, et ça n'a pas rapport vraiment avec
les compressions, qu'il y a des cours qui ne sont plus enseignés, qui sont
moins enseignés. Par exemple, à l'Université
Laval, on avait comme politique
dans mon département que tous les cours de première année devaient être enseignés par des professeurs, disons,
d'expérience, et nécessairement dans des grandes classes. Donc, moi, j'ai
enseigné à des classes de 200 étudiants, mais, par ailleurs, des cours à
option dans des plus petites classes, donc avec des enseignants aussi. Dans une autre université, prenons l'UQAM, où
j'ai enseigné il y a bien longtemps, là, on segmentait les cours et on utilisait beaucoup les chargés de cours. Alors donc, la modulation,
là, dans l'offre de cours, elle n'est pas nouvelle, elle va bien sûr
continuer à se poursuivre parce que les universités s'adaptent.
Pour tester
un peu la santé de nos universités, pour regarder ça un petit peu d'un peu plus
loin, voir où est-ce qu'on en est encore à ce sujet, bien, il faut
reconnaître que nos universités ne cessent de progresser à tous les niveaux.
Cette année, nous
avons eu un record de finissants au Québec, de diplômés, donc, et, bien sûr,
c'est un des premiers critères. Est-ce
que nos étudiants diplôment? Alors, ils diplôment, ils sont plus
nombreux que jamais à diplômer dans les universités.
Comme les universités
ont aussi une vocation de recherche, c'est intéressant de voir si elles
sont performantes en recherche. Il y a
deux façons d'évaluer la performance en recherche : ou bien vous examinez
les intrants, c'est-à-dire le financement en recherche, ou les
extrants, les publications ou encore les brevets, quand c'est possible, dans
certaines disciplines. Cette année, les universités
du Québec ont remporté la palme des subventions
de recherche de la Fondation canadienne de l'innovation. Et ça, c'est à peu près...
si je me souviens bien, de mémoire, entre 36 % ou 37 % de toutes les subventions qui ont
été accordées par la Fondation canadienne de l'innovation ont été accordées au Québec.
Écoutez,
les dernières années, on était habitués plutôt à 22 %, 23 %, 24 %, donc à peu près la
taille, là, du Québec. Et cette
année, j'en parlais encore récemment, là, avec le président de la Fondation canadienne pour l'innovation, était vraiment...
Ils sont très impressionnés, je peux vous dire que nos collègues, mes anciens
collègues du monde universitaire canadien se demandent ce que les chercheurs québécois
dans les universités ont mangé, là, pour être aussi performants
pour aller chercher des sommes aussi importantes.
Donc, malgré
les efforts budgétaires qu'on demande aux universités, là, je ne pense
pas qu'elles sont en ce moment
exsangues. Regardez encore les classements internationaux qui sont parus, là, cet automne,
même le classement de Maclean's : les universités québécoises, là, se situent assez bien, en tout cas, il
n'y a pas du tout une détérioration de leur classement globalement, là,
par rapport aux universités canadiennes.
Pour ce qui
est des cégeps, là, on a parlé des efforts budgétaires. En juin dernier, en
juin 2014, sur les 45 cégeps, on avait accumulé des surplus de 86 millions
de dollars et dans des cégeps aussi en région, je tiens à le dire. Donc, là aussi, il y a eu des bonnes années financières, et
les cégeps ont l'avantage, du point de vue administratif, qui n'est pas négligeable, de pouvoir ponctionner ces
surplus-là, quand ils ont de ces surplus, hein, pour pouvoir les affecter, là,
à leur gestion. Donc, au
niveau des cégeps, nous avons une préoccupation, comme mon collègue, pour les enjeux démographiques en région. Cependant, encore cette année,
les cégeps en région ont battu les pronostics du ministère, c'est-à-dire qu'on voit, malgré ce qu'on craignait, on voit un maintien, là,
des effectifs. C'est une bonne nouvelle.
Nous avons un
certain nombre de projets pour les appuyer directement. Depuis mon
arrivée, j'ai accéléré la mise en
place des recommandations du rapport Demers. D'ailleurs,
j'étais, la semaine dernière, avec les directeurs des cégeps du Québec
pour leur présenter un peu ce que nous étions en train de faire là-dessus. Et
nous avons un programme de mobilité
étudiante vers les régions du Québec qui nous a été demandé, notamment,
par les associations étudiantes et dont faisait mention le
rapport Demers, que nous voulons mettre en place le plus rapidement possible.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, on reste du côté
ministériel, et je cède la parole pour quatre minutes au député de Papineau.
M. Iracà : Merci, Mme la Présidente.
Je voulais aborder aujourd'hui... et en quatre minutes, ça va être assez
superficiel comme approche, mais il est quand même important de mentionner le
développement entrepreneurial et l'approche orientante.
Il faut
mentionner qu'au Québec, d'année en année, on est la province au Canada où il
se crée le moins de petites et moyennes entreprises. Donc, il faut
mettre de l'effort et de l'énergie pour renverser un peu cette tendance-là... à
part quelques villages gaulois dans la Beauce, là, où, eux,
ils doivent avoir une nourriture différente des autres, mais je pense que
ces gens-là naissent avec l'esprit entrepreneurial. Et je pense
qu'il faut... ce serait important de le développer partout au Québec.
Et le gouvernement, d'année en année... puis on essaie de le faire de plus en plus, en
investissant de l'argent, des sommes
d'argent. D'ailleurs, près de 1,5 million dans la mesure de
sensibilisation à l'entrepreneuriat au primaire et au secondaire chez
les adultes et en formation professionnelle sont investis; environ 200 000 $
dans le déploiement du programme d'études
Sensibilisation à l'entrepreneuriat; 135 000 $ dans le déploiement
d'une culture entrepreneuriale dans les écoles primaires et secondaires,
alors dès le jeune âge, alors, avec l'approche orientante. Il faut savoir que
ça a été développé pour faire en sorte que les jeunes, dès le primaire,
alors... Dans mon temps puis dans le temps de mes collègues, c'était au secondaire qu'on voyait l'orienteur, mais là il
faut sensibiliser les jeunes dès le primaire à des métiers pour qu'ils
puissent avoir un éventail d'options et puissent tranquillement penser à ce
qu'ils veulent faire plus tard.
Le ministère
soutient également le Concours québécois en entrepreneuriat depuis plusieurs
années, une subvention qui est donnée. Ce concours récompense notamment
des projets entrepreneuriaux d'écoles primaires et secondaires. Il y a des résultats — puis des résultats quand même
impressionnants — tant en
nombre d'élèves rejoints qu'en termes de
projets entrepreneuriaux reliés et réalisés. Chaque année, environ
2 500 projets entrepreneuriaux sont réalisés par les jeunes du
primaire et du secondaire dans le cadre de la mesure Sensibilisation à
l'entrepreneuriat. Plus de 3 000 jeunes du secondaire bénéficient du programme d'études
Sensibilisation à l'entrepreneuriat et près de 8 000 inscriptions
sont enregistrées au programme d'études Lancement d'une entreprise.
Donc, le
gouvernement est très actif dans ses efforts pour développer une culture
entrepreneuriale chez les jeunes. Une
partie importante de ceux-ci passent par des mesures de sensibilisation, de
formation qui sont déjà bien implantées dans le réseau scolaire
québécois. Alors, il faut tabler là-dessus, bonifier, faire en sorte que nos
jeunes aient cet esprit entrepreneurial là pour créer de l'emploi à leur sortie
d'école lorsqu'ils obtiendront leurs diplômes.
• (11 h 40) •
Les mesures
mises de l'avant rejoignent autant les élèves qui ont déjà une certaine fibre
entrepreneuriale en eux que ceux qui
ne demandent qu'à être outillés pour bien développer... Alors, je l'avais déjà
mentionné, plusieurs jeunes ont de bonnes idées, mais se découragent, se
découragent par la bureaucratie, la lourdeur administrative, là, ce qu'on essaie de simplifier pour
justement que ces belles idées-là, de nos jeunes, puissent se développer et
éventuellement créer au Québec des petites et moyennes entreprises qui
vont créer de la richesse, qui vont faire en sorte que les Québécois et les Québécoises puissent
travailler. Merci, Mme la Présidente.
Conclusions
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le
député de Papineau.
Alors, on est déjà rendus aux dernières interventions. Alors,
M. le ministre, vous disposez d'un bloc de 10 minutes pour vos remarques
finales.
M. François Blais
M.
Blais : Oui. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Peut-être commencer par la présentation d'un petit tableau. Je sais que ça choque parfois mes collègues
d'en face quand je le fais, donc je le fais le moins souvent possible, hein, je... Mais c'est quand même
intéressant, parce
que ça nous permet d'illustrer ici le
progrès du Québec au niveau du
décrochage scolaire annuel, hein?
Alors, ce que
l'on voit ici, là, c'est où on était il
y a quelques années, hein, nos
garçons, où étaient-ils, et la situation, qui est un progrès constant. Puis vous savez comment le Québec a
travaillé fort, comment on a mis de ressources humaines, financières pour faire de cet enjeu un des grands enjeux, là, de notre développement social et économique. Et ce
qu'on voit, bien sûr, c'est que la
situation de nos garçons s'est fortement améliorée. Aujourd'hui, le décrochage
annuel est quand même élevé chez les garçons, il reste encore du
travail à faire, mais la tendance est extrêmement positive. Bien sûr, vous avez, en
bas, les filles, vous avez une moyenne ici. Donc, ça, ça devrait nous permettre
de faire une première conclusion, hein?
Nous sommes sur la bonne voie, parce que nous avons mis le temps, les efforts,
nous avons mis le cogito, hein, nous avons réfléchi aux problèmes, et il
faut continuer sur ce chemin.
J'ai
mentionné, au début de l'interpellation, là, j'ai essayé de vous montrer un peu
où est-ce qu'on était comme société,
notre performance, la performance de nos élèves, de nos enfants et où est-ce
que l'on devrait aller. Je vais revenir là-dessus et en parlant un peu de cette vision que l'on a que nous
sommes en 2015 et nous pouvons continuer à poursuivre le chemin que nous avons fait en termes de
décentralisation et renforcement du pouvoir de l'école dans ces orientations.
Alors, quand
on a commencé à travailler sur ce sujet de décentralisation, j'ai demandé aux
gens du ministère : Est-ce qu'on
a des modèles au Québec? Est-ce que la décentralisation, ça existe déjà? Et on
a identifié deux commissions scolaires,
dont une, là, que le député de Lac-Saint-Jean connaît très bien, c'est la
commission scolaire des bleuets, et une autre commission scolaire, la commission scolaire des Patriotes. Ces deux
commissions scolaires là, qui sont assez différentes dans leur fonctionnement, ont un point de comparaison, c'est
qu'elles ont pratiqué la décentralisation et elles ont favorisé l'autonomie de leurs écoles. Et,
quand on regarde la performance de ces deux commissions scolaires, on voit
que la performance est au rendez-vous. Bien
sûr, les difficultés initiales sont différentes, les taux de défavorisation ne
sont pas les mêmes, mais, même quand on met
de côté ces variables-là, on voit que c'est deux commissions scolaires qui
sont performantes où les écoles reçoivent le plus de ressources possible.
Alors, on a
étudié donc les mécanismes de gouvernance qu'il y avait à la commission
scolaire des bleuets et à la commission
scolaire des Patriotes. On en a conclu que c'était possible pour les 70 autres
commissions scolaires du Québec, hein,
de faire aussi bien, hein, de faire aussi bien en termes d'autonomie et de
décentralisation. Pourquoi nous valorisons cette autonomie? Pourquoi nous avons cette vision, là, de l'école pour
le XXIe siècle? C'est simplement parce qu'on sait que les enfants doivent adhérer à un projet d'école.
Et les enfants ont des intérêts extrêmement différents. Pour certains, c'est le sport, et pas n'importe lequel sport;
pour d'autres, c'est les projets plus artistiques; pour certains, ce sera la
science, bon, etc. Et il faut que les
enfants puissent adhérer, hein, entièrement, donc pas uniquement à un projet,
disons, académique ou pédagogique que
leur propose leur école, mais aussi un projet d'école dans lequel ils vont se
retrouver, ils vont avoir le plaisir à aller dans leur école et s'y
identifier.
C'est
exactement la même chose pour les parents. Les parents veulent se retrouver
dans un projet d'école, ils veulent pouvoir
voir dans leur école quelque chose qui leur ressemble et qui ressemble aux
enfants. Et nous avons besoin, et ça, toutes les études nous le
montrent, nous avons besoin de l'adhésion des parents aux projets scolaires.
Les parents ne doivent pas se voir
uniquement comme des clients d'un service. Les parents doivent être partie
prenante de leur école. Il faut bien
comprendre que le milieu scolaire, là, c'est un milieu qui est, sur certains
points, très différent, par exemple, du
milieu de la santé, hein? Les parents veulent participer à leur école, veulent
le mieux pour leur enfant, parce que leurs enfants, c'est ce qu'il y a de plus
précieux.
Ensuite, les enseignants. Là aussi, les
enseignants veulent participer à l'école, veulent participer aux projets, veulent, si possible, adhérer à une vision de leur
école, à un projet scolaire, et donc ce que l'on va mettre en branle dans
le projet
de loi, c'est de maximiser les
possibilités et, bien sûr, les ressources pour que ces projets scolaires,
qui existent déjà au Québec en ce moment, puissent continuer à se
développer dans les meilleures conditions possibles.
J'aimerais dire un petit mot sur les
négociations qui sont en cours. On sait bien que ce n'est jamais facile, une négociation de ce type-là. Rappelons l'essentiel de ce qui est train de se passer. Il y a
deux légitimités. Il y a une légitimité de représentants syndicaux, qui ont une obligation légale, bien plus
que morale, qui ont une obligation légale d'aller chercher et de défendre les intérêts de leurs membres. Il
arrive parfois que ces intérêts ont un impact positif aussi sur l'école, sur
l'enseignement, sur l'éducation, c'est très bien. Il arrive parfois que ces
intérêts-là soient d'une autre nature et qu'ils, finalement, qu'ils améliorent
la situation de leurs syndiqués, et c'est aussi très bien.
Donc, on ne remet pas du tout en question, en ce moment, la légitimité, hein, des porte-parole syndicaux et nous
continuons la discussion avec eux à chaque jour pour trouver un terrain d'entente dans des conditions
qui sont, hein, financières qu'on connaît bien, qui sont les nôtres, qui sont
particulières. Ce
n'est pas celles d'une croissance économique de 4 %
ou 5 %, c'est celles d'une croissance
économique mondiale, pas simplement
de Québec, mais d'une croissance économique un peu plus ralentie.
De l'autre
côté de la table, et en tout respect, hein,
pour les enseignants, le personnel syndiqué du monde scolaire, en tout respect pour eux, il y a un gouvernement
qui doit représenter les intérêts, bien sûr, du milieu de l'éducation, mais
qui doit aussi représenter les intérêts de
la population, qui nous a confié le pouvoir, qui nous a dit : Écoutez,
améliorez ce réseau. Faites en sorte
que nous enfants soient encore plus heureux, que ceux qui ont des difficultés
d'apprentissage puissent avoir le
type de services qui leur convient. Alors, continuez à développer ce réseau-là,
mais, en même temps, bien sûr, faites-le avec notre capacité de payer.
Et n'oublions pas que tout le personnel qui forme le réseau scolaire, notamment les enseignants, sont aussi des
personnes qui paient les impôts, qui paient les taxes et qui veulent aussi,
comme citoyens, s'assurer que ces sommes-là soient le mieux dépensées
possible.
Alors, mon
souhait le plus important, là, aujourd'hui, hein, et je sais que c'est le
souhait de plusieurs enseignants, c'est
que nous en arrivions à une entente, hein, signée dans les meilleurs délais.
Moi, je continue à croire que cette entente-là, elle est possible. Je constate que nos partenaires syndicaux sont encore
aux tables de négociation aujourd'hui. Malgré les grèves qu'il y a eu cette semaine, ils sont encore aux tables de
négociation. Ils ne nous ont pas annoncé qu'ils allaient quitter. Donc, il n'y a pas une crise du point de
vue des négociations et je pense vraiment qu'on a fait un bout de chemin
ensemble. Je pense qu'il y a des éléments
qui étaient des irritants, et je peux comprendre qu'ils étaient des irritants,
et qui faisaient partie, bien sûr,
hein, d'une posture de négociation. On sait bien que, dans la négociation, il y
a une posture et que l'on recherche,
tranquillement, progressivement, là, à trouver un terrain d'entente. Moi, je
pense qu'on est en mesure de
s'approcher de ce terrain d'entente. Et je le dis en tout respect pour tous
ceux qui travaillent en ce moment dans le réseau, hein : Si les offres que nous faisons, c'est
des offres qui peuvent être améliorées, elles seront améliorées autour des
tables de négociation, autour de la possibilité de réaffecter des
ressources autrement, de réallouer autrement.
Alors, je remercie encore une fois la table, là,
pour le travail que vous avez fait, vous, en particulier, Mme la Présidente. Je remercie aussi mon collègue de nous
avoir invités aujourd'hui à cette interpellation. Je nous souhaite le meilleur, là, pour les prochains. Moi, j'ai
l'impression, vraiment, qu'il y a une volonté de toutes parts, hein, autant des
membres du réseau — des enseignants, j'en rencontre plusieurs
régulièrement — que l'on
signe une convention, qu'on partage
ensuite, ensuite une nouvelle vision ensemble de ce que devrait être ce réseau
scolaire que nous voulons moderniser, là, qui prend acte que nous sommes
au XXIe siècle et qu'il y a des gens aujourd'hui qui sont un peu mis à l'écart
de la gouvernance scolaire qui auront bientôt leur place. Alors, je vous
remercie, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, je vais céder la parole du côté de l'opposition
officielle pour une période de 10 minutes. Alors, M. le député de Lac-Saint-Jean,
la parole est à vous.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier : Bien, je vous remercie
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, j'aurais aimé entendre ces propos d'ouverture il y a 10 mois de la part du ministre.
Comment se fait-il qu'il faut attendre qu'il
y ait des grèves partout à travers
le Québec pour soudainement dire que, bon, c'était juste
une proposition d'ouverture, c'était juste une proposition pour initier des discussions, alors que ça fait plus de six mois
maintenant que la convention collective est terminée, alors qu'il y a des
professeurs qui doivent s'absenter de l'école pour se faire entendre auprès du ministre?
Le ministre dit : Si nos offres doivent
être bonifiées, nous le ferons. Bien, je vous dis : Faites-le et faites-le
maintenant. Pourquoi laissez-vous le Québec dans une situation
comme on risque de la vivre malheureusement encore dans
les prochains jours parce qu'on a un gouvernement qui s'entête à faire des offres qui n'avaient, à
mon point de vue, rien
d'autre que pour objectif que de provoquer. Je rappelle, là, 0 %, 0 % d'augmentation. Après ça, moins
que l'inflation pour les autres années qui allaient suivre. En plus de
ça, on augmentait le nombre d'élèves par classe, on revoyait la pondération des élèves en difficulté puis on
coupait les professeurs-ressources qui avaient pour objectif d'aider les élèves
en difficulté.
Alors, ce que
j'ai envie de vous dire : J'espère que vous n'avez pas tout fait ça pour
mieux expliquer aux Québécois une
éventuelle loi spéciale puis que ce que vous n'avez pas en tête, dans le fond,
c'est de provoquer pour, en bout de course, en arriver à imposer votre propre vue dans le milieu de l'éducation, ce
qui serait la dernière chose à faire, Mme la Présidente.
Le ministre
m'a surpris tout à l'heure en citant la commission scolaire des Patriotes, là.
Il a peut-être oublié que son
prédécesseur avait envoyé un vérificateur à la commission scolaire des
Patriotes, là. C'est ce qui est complètement incroyable dans le manque de continuité d'un propre gouvernement où les
ministres se succèdent. Mais ce qu'il faut se souvenir, c'est que, quand la commission des Patriotes avait coupé
l'aide aux devoirs, le ministre Bolduc était sorti en disant : On va revoir. On va revoir la
gestion à la commission scolaire. Il avait envoyé un vérificateur. Puis
finalement, là, le ministre a été
obligé d'admettre que c'est un des modèles de bonne gestion au Québec. Alors,
mettons que, pour un même gouvernement, à l'intérieur de deux années
successives, mettons qu'on a changé notre fusil d'épaule.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, je suis toujours aussi surpris de voir à quel point
c'est un dialogue de sourds. C'est
extrêmement triste, parce que tous les commentaires de parents... Tout à
l'heure, on avait le député de l'opposition, là, qui semblait banaliser
en disant : De toute façon, il y aura toujours des besoins. Puis les
besoins seront toujours plus importants que notre capacité à offrir des
services. Mais chaque jeune qui est perdu dans notre système d'éducation, Mme la Présidente, c'est un jeune de trop. Quand
le ministre dit : On a fait des pas importants par le passé, c'est vrai.
Mais ce qu'il oublie de dire, c'est
que les coupures actuelles, elles, vont avoir un impact important sur la
capacité de réussir des jeunes
actuels. Puis là ce n'est pas moi qui le dis, là, c'est les directions
d'écoles. Puis ils ne sont pas en grève, eux autres. Ils ne sont pas en
négociation. Ils ne sont pas en renouvellement de convention collective.
Égide Royer — grand
spécialiste à l'Université Laval — essentiellement, en arrive aux mêmes
conclusions. Mais tout le monde comprend,
Mme la Présidente, que, quand on avait des services de psychoéducateurs, de
techniciens en éducation spécialisée
dans les classes, davantage d'orthophonistes, parce qu'aussi incroyable que ça
puisse paraître non seulement les
besoins sont supérieurs, M. le député, ce que vous avez oublié de dire, c'est
qu'il y en a, des orthophonistes, qui ont carrément perdu leur job, qui
travaillaient dans les commissions scolaires et qui ne travaillent plus dans
les commissions scolaires. Pourquoi? Parce
qu'effectivement on a décidé... on a choisi de couper dans les postes de
professionnels. L'autre fois, le
ministre nous dit : Ah! mais ce n'est pas vraiment vrai, pas de poste de
professionnel. Je ne sais pas s'il l'a reçu,
là, le tableau du bilan des coupures du réseau des professionnels de
l'éducation, mais je l'invite à en prendre connaissance. On l'a par commission scolaire et, par commission
scolaire, on a l'ensemble des gens qui ont été coupés, conseillers pédagogiques, agents de service
social, conseillers en éducation scolaire, psychoéducateurs et les
professionnels du... les APECQ qu'on appelle, dont eux ont
particulièrement été coupés de manière importante.
Alors, ce que
j'ai essayé de faire aujourd'hui, Mme la Présidente, c'est un peu de réveiller
le gouvernement puis leur faire comprendre que, quand tu coupes en
éducation, c'est un choix. C'est vrai qu'ils ont droit de le faire, c'est vrai qu'ils se sont fait élire de manière majoritaire.
Mais, nous, ce qu'on leur dit, c'est que c'est un mauvais choix, c'est une mauvaise orientation et ce sont de mauvaises
décisions. Quand on coupe dans les
cégeps, quand on coupe dans les universités,
et particulièrement pour les élèves en difficulté au
primaire-secondaire, bien, par définition, on est en train de se tirer
dans le pied sur le moyen, long terme du côté québécois.
Ce qui est
encore plus choquant, c'est dans le discours inaugural du premier ministre, le premier ministre avait dit,
ses premières paroles qui ont été prononcées, c'est qu'il n'y en aurait pas 25, priorités du
gouvernement, et que l'éducation serait
une priorité. Ça, malheureusement, force est de constater que ce n'est pas du
tout ce qui s'est produit. On a clairement sacrifié l'éducation au même titre, là... comme si l'éducation pouvait
être traitée, là, comme n'importe quelle opération comptable, alors que
ce sont des individus, des gens qui, en bout de course, sont en attente.
On oublie à
quel point, dans la vie d'un parent, c'est... ça peut modifier une vie, ça peut
même forcer des parents à quitter leur emploi lorsqu'ils ont un enfant
qui a besoin de services particuliers. Puis j'ai des cas, là, justement, d'une maman qui est prise devant ce choix difficile où
elle doit quitter son emploi. Puis elle me disait qu'elle avait un emploi
d'une très, très grande qualité, puis
qu'elle est prise entre sa volonté d'avoir sa propre carrière à elle, mais son
sentiment de culpabilité de vouloir
accompagner son enfant... Parce que ce qu'il faut comprendre, c'est que, dans
le régime public, comme les services
ne sont plus au rendez-vous, bien, ce que les parents font, ils se tournent
vers le privé. Mais, quand tu te
tournes vers le privé, ça nécessite souvent un agenda régulier puis des visites
régulières auprès des spécialistes. Puis, évidemment, bien là, tu dois
négocier un agenda qui n'est pas toujours simple à concilier, voire même
inconciliable. C'est déjà difficile quand on a des enfants qui vont bien, il
faut le dire, là, c'est déjà extrêmement difficile de les accompagner pour l'aide aux devoirs puis de
s'assurer qu'ils ont tout ce qu'ils ont besoin. Imaginez quand c'est des élèves
et des enfants qui ont des besoins particuliers.
J'avais d'ailleurs la déclaration de ce
parent-là qui m'a écrit, pas plus tard qu'hier ou avant-hier, qui était vraiment un cri du coeur, puis que j'ai envie de
retrouver, je ne sais pas si je vais avoir le temps de le lire, j'aimerais ça
avoir le temps de le lire. J'espère surtout
pouvoir le retrouver, mais qui était vraiment le témoignage que je viens de
vous dire. Prise devant ce scénario
catastrophe, à mon point de vue, ou, comme il n'y a plus de service dans son
école, malheureusement, elle devra quitter son emploi.
Alors, ce
qu'on a vu au fil du temps ou durant la dernière semaine, ce sont des
professeurs et l'ensemble du milieu de
l'éducation qui se sont mobilisés pour faire entendre leurs voix, une
profession qui est déjà mise à mal à plusieurs égards, où les professeurs ont de la difficulté à faire les
cinq premières années tout en poursuivant... après, c'est un professeur
sur quatre qui va quitter.
Ce qu'on voit
devant nous, c'est un ministre de l'Éducation qui est insensible, qui est un
ministre de l'Éducation qui a réussi à se mettre, je dirais, l'ensemble
du réseau à dos. Mais je vous avoue que sa déclaration sur ses propres
fonctionnaires, c'était sûrement une déclaration extrêmement maladroite. Pour
moi-même avoir été ministre, je sais pertinemment
que, lorsqu'on veut faire une réforme ou on veut avancer... puis Dieu sait que
parfois, comme ministre, habituellement on est impatient puis on veut que les
choses se passent rapidement, on a absolument besoin de la grande collaboration de ceux et celles avec qui nous
travaillons au quotidien. De dire que le ministère ne travaillait pas avec des
données probantes alors qu'il a fait toute
son interpellation, la semaine dernière, sur les chiffres de Francis Vailles,
pour finalement admettre que ce
n'était peut-être pas les bons chiffres, et M. Vailles a senti la nécessité
lui-même de revenir sur deux autres
chroniques pour dire que finalement ce n'était pas tout à fait les chiffres qui
avaient été cités, mais que c'était plutôt de l'ordre de 35 %
d'augmentation et non pas de 60 %, on pourrait en discuter.
J'espère, M.
le ministre... Je vous vois hocher de la tête. Ce que j'essaie de dire, c'est
qu'il est temps quand même, là, pour
lui de rétablir son ministère, de rétablir aussi, je dirais, son influence sur
ses collègues, et d'aller voir son collègue au Conseil du trésor, puis de négocier avec lui. Parce qu'en bout de
course c'est de même que ça fonctionne, Mme la Présidente. Et il y a une
nécessité réelle de dialogue entre eux pour nous assurer qu'il y ait des
réinvestissements importants.
• (12 heures) •
J'espère aussi qu'il ne fera pas diversion sur
sa volonté de revoir toute la gouvernance. On a bien, bien hâte, M. le ministre, de lire votre projet de loi. Mais
j'espère que vous allez expliquer aux Québécois que... avant d'aller foutre
le bordel dans le réseau, j'espère que vous
vous serez assuré d'expliquer quels problèmes vous essayez de régler et que le
modèle que vous suggérez est meilleur que le
modèle actuel et vient surtout bonifier l'éducation, la formation, la qualité
de l'enseignement, etc. Alors, on est bien
curieux, on a hâte de vous lire, mais mettons qu'on va d'abord lire ce que vous
avez à nous proposer avant d'émettre quelque
commentaire, évidemment. Mais mettons que ce n'est pas évident, ce que vous essayez de régler présentement, et on est
surtout inquiets qu'en plus des coupures actuelles vous veniez chambouler
tout le milieu de
l'éducation. Il faudra que ça en vaille la peine. Alors, vous avez sans doute encore quelques
jours pour vous décider de ce que vous allez mettre dedans. On va vous
lire, et nous vous ferons part des commentaires le moment venu. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Alors, merci, M. le ministre, chers collègues, M. le député de Lac-Saint-Jean
et M. le député de Chambly, pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance de...
La commission ayant accompli son mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 1)