(Dix heures quatre minutes)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte et, bien sûr, je demande à
toutes les personnes dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Lac-Saint-Jean au
ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche sur le sujet suivant : L'aveu
du premier ministre, selon lequel certaines compressions du gouvernement touchent les services à la population, dont
ceux destinés aux plus vulnérables, et leurs conséquences directes pour
les élèves québécois.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger) est remplacée par M. Bernier (Montmorency).
Le Président (M. Bernier) :
Une chance que vous avez fait cette annonce-là, sinon j'aurais des problèmes.
La Secrétaire : En effet.
Le
Président (M. Bernier) : Je vous rappelle brièvement le déroulement de l'interpellation. Dans un
premier temps, le député de Lac-Saint-Jean aura un temps de parole de 10 minutes, suivi
du ministre pour 10 minutes également.
Par la suite, des périodes de cinq minutes seront allouées selon la séquence
suivante : d'abord, un député de l'opposition
officielle, ensuite le ministre, puis un député du groupe formant le gouvernement, et ainsi de suite. Je comprends qu'il y a une entente à l'effet que le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la troisième et de la sixième série
d'interventions. Il y a entente? Oui. 20 minutes avant midi,
j'accorderai 10 minutes de conclusion au ministre et un temps de
réplique égal au député du Lac-Saint-Jean.
Enfin, je
vous rappelle que le débat ne peut, à moins d'un consentement, dépasser midi et
j'ai justement besoin de
ce consentement pour se rendre à 12 h 4, étant donné qu'il est 10 h 4. Est-ce qu'il y
a consentement? Consentement.
Donc, M. le député de Lac-Saint-Jean, vous avez
un droit de parole de 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Je vous remercie, M. le Président. Je tiens à saluer tous les membres de cette
commission, saluer le ministre de
l'Éducation, remercier également tout le travail qui a été fait, le travail
extraordinaire qui a été accompli par tous les recherchistes qui
m'accompagnent, M. le Président, depuis cette rentrée parlementaire.
Dieu sait que
l'éducation nous tient très occupés, ces temps-ci, eu égard aux coupures
drastiques du gouvernement actuel! On
peut clairement questionner le choix du gouvernement, M. le Président, d'avoir
pris cette décision de se lancer un peu tête baissée dans des coupures
qui ont des impacts, malheureusement, bien réels dans la vie des gens.
Permettez-moi,
M. le Président, d'abord, de saluer deux mères extrêmement courageuses qui étaient
avec moi ce matin en point de presse,
d'abord, Mme Geneviève Lapointe, qui es la fondatrice du regroupement Plus de
services au Québec pour nos enfants
différents, ainsi que Brigitte Dubé,
qui est porte-parole de la Coalition des parents d'enfants à besoins particuliers. Et nous étions également
accompagnés ce matin de Mme Marie-Claude Rousseau, qui est la présidente
de l'association québécoise des
orthophonistes et des audiologistes du Québec, M. le
Président. La raison pour laquelle
nous étions accompagnés de ces parents, qui
représentent des milliers d'enfants dans le besoin au Québec,
ainsi que de la présidente de
l'association des orthophonistes, c'est pour bien documenter et pour bien
expliquer le concret, le réel des coupures qui affectent la vie de ces
parents.
Ce qu'on a
réalisé au fil des dernières semaines, M.
le Président, c'est à quel point on
reçoit des véritables coups de coeur,
des témoignages qui sont frappants, en fait, qui sont carrément
saisissants, qui nous permettent de comprendre, dans le fond, l'ampleur de ce
qui est en train de se produire. En fait, ce qu'on constate, c'est qu'il y a
des jeunes qui ont besoin de
services, ont besoin d'être accompagnés par des orthophonistes, par des
psychoéducateurs, par des techniciens en
éducation spécialisée et qui, malheureusement, soit n'arrivent pas à avoir accès à ces services ou avaient des
services, puis, malheureusement, ces services ont été coupés. Ce qui est fascinant en ce moment puis
qui est en train de se produire au Québec,
c'est une mobilisation tous azimuts, hein, c'est à la fois les enseignants, à
la fois des parents, hein... Hier, le mouvement
Je protège mon école publique, qui est porté non pas par des organismes à des
intérêts particuliers, qui est carrément
porté par des parents, des amis qui se sont regroupés ensemble pour dire :
Ça n'a juste pas de bon sens, les coupures qui sont en train d'être faites dans le réseau public présentement... Ensuite, ce qu'on a vu en début de semaine : une lettre ouverte de cinq groupes différents :
des représentants des comités de parents, des professeurs, des professionnels,
du personnel de soutien et même des directions d'école. M. le Président, ce
n'est quand même pas rien, là. Tu as un regroupement,
avec des intérêts divergents, de directions d'école, aux enseignants, les
parents qui s'associent ensemble dans
une lettre ouverte, en début de semaine, pour s'adresser directement au ministre de l'Éducation et lui dire de mettre son pied à terre et
de mettre fin, dans le fond, aux coupures actuelles.
Ensuite, ce
qu'on a vu, c'est quoi? Ce sont des dizaines de milliers d'enseignants, particulièrement dans l'ouest du Québec, puis là ce qu'on est en train de voir, c'est que
l'ensemble du Québec est en train de se mobiliser, l'ensemble des
professeurs sont en train de se mobiliser par rapport aux négociations qui ont cours avec le gouvernement, et,
parallèlement à ça, hier, c'étaient
plutôt des parents partout à travers le Québec, plus de
350 écoles dans toutes les régions qui se mobilisent, du monde,
là, qui organise ça avec très, très peu de moyens, là — il faut être conscients de ça — un
groupe d'amis qui lance un mouvement
citoyen par les réseaux sociaux, par la compétence qu'ils ont, tous et chacun,
d'essayer de promouvoir leurs idées.
• (10 h 10) •
Finalement, tout ça a fait boule de neige et qui a connu le
succès qu'on a vu hier. On parle de
plus de 35 000 parents, M. le Président, qui se sont réunis autour d'écoles, qui se sont donné
la main, qui ont exprimé leur solidarité pour sauver le réseau de l'école publique au Québec. Et là, M.
le Président, ce qu'on voit, c'est que ce n'est plus juste les écoles
primaires, secondaires, mais là les
cégeps ont emboîté le pas. Plusieurs cégeps se sont retrouvés encerclés, en
quelque sorte, hein, parce que ce mouvement de solidarité s'étend
maintenant au réseau postsecondaire.
Alors, M.
le Président, ce qui est incroyable,
c'est que, malgré toute cette mobilisation, malgré ces cris de coeur
répétitifs qui sont lancés par la population québécoise, bien on a devant nous
un gouvernement qui est indifférent, un ministre qui a reproché aux parents de se prendre en main,
un ministre qui reste sourd d'oreille par rapport à toutes ces coupures
actuelles. Comment le gouvernement du Québec, M. le
Président, peut-il tolérer qu'en
cette rentrée scolaire ce sont des
dizaines, voire des centaines de postes... en fait, ce sont des centaines de postes
de professionnel qui viennent d'être
coupés — et
c'est réel, là, ce sont les chiffres bien factuels — d'orthophonistes,
là, qui avant accompagnaient des élèves
qui ont vu leurs postes être abolis — il
faut quand même le faire, là, abolir des postes d'orthophoniste
au Québec — des
postes de psychoéducateur — un psychoéducateur, là, M. le Président, là,
sa responsabilité, c'est justement de travailler auprès des élèves qui sont les plus vulnérables — des centaines de postes de technicien en
éducation spécialisée qui ont également
été coupés, et, le technicien en éducation spécialisée, là, lui, c'est du
quotidien avec l'élève en difficulté. Et ces postes-là, c'est des gens qui travaillaient, qui gagnaient leur vie,
qui pouvaient accompagner ces élèves et que, du jour au lendemain, en raison des coupures actuelles,
bien... ont été coupés. Je vous donne
des exemples : commission scolaire de Montréal, 70 postes de professionnel, huit psychoéducateurs, sept
psychologues; Matane, huit postes, un orthophoniste, un orthopédagogue, un psychologue. Puis là, M. le Président, là, c'est comme ça, malheureusement, partout à travers le Québec.
Alors, ces
coupures-là ont des impacts bien réels puis ont été, dans le fond, exprimées ce
matin en point de presse par des parents qui sont venus, malheureusement, là,
citer des mères puis des pères de famille qui nous écrivent puis qui expliquent un peu leur situation à eux, puis
j'aurai sans doute la chance, un peu plus tard dans cette interpellation, M. le
Président, de vous lire ces témoignages cris
de coeur, mais ce qui me désole le plus, M. le Président, c'est toutes les
espèces de fausses promesses,
l'engagement du parti au pouvoir envers l'éducation, le discours du trône du
premier ministre... le discours
inaugural, plutôt, du premier ministre, dans lequel il nous dit que la priorité
au Québec devrait être l'éducation. Ce
n'est pas moi qui le dis, là, c'est factuel, c'est textuel dans son discours
que la priorité devrait être l'éducation. Puis là, du jour au lendemain, on nous confirme malgré cela
tous les postes de... les coupures, pardon, aux postes de spécialiste, l'aide aux devoirs. On a même vu l'augmentation
des frais par rapport à l'alimentation, on a vu des coupures également
pour les activités parascolaires. Bref, malheureusement, la liste est longue.
Mais, M. le
Président, ce n'est pas comme si, en plus, au Québec, là, on était dans le
trèfle à quatre feuilles, là, ce
n'est pas comme si, là, on avait réussi mieux que toutes les autres sociétés
par rapport à notre taux de réussite, par rapport à notre taux de diplomation. Le gouvernement, là,
il y a beaucoup de députés, là, qui sont de Montréal, mais, pourtant, tout l'est de l'île de Montréal, M. le Président,
là, c'est un jeune sur trois qui va atteindre l'âge de 20 ans sans avoir aucun diplôme dans les mains. Ce n'est quand même pas
rien, là. Bonne chance pour te trouver un travail, bonne chance pour prendre ta place dans la société, pour pouvoir
t'épanouir, etc. On sait tous que le décrochage scolaire a des répercussions
majeures sur la réussite de nos... sur
l'économie du Québec, pardon, et que, par définition, un jeune qui ne va pas au
bout de ses rêves, un jeune qui n'a
pas la chance d'obtenir ou de faire le métier qu'il souhaite exercer, par
définition, bien c'est un jeune qui, malheureusement, risque de ne pas
trouver sa place dans la société québécoise.
Mais, même si
ça semble si évident que l'éducation devrait être, au Québec, une priorité, de
toute évidence ce n'est pas le cas du ministre actuel, puis je ne comprends pas
comment le ministre de l'Éducation peut être le ministre de l'Éducation — et, je répète, le ministre de
l'Éducation — et non
pas le commissaire du Conseil du trésor, ne rentre pas dans le bureau de son collègue et ne lui explique
pas, M. le Président, que la situation actuelle n'a juste pas de bon sens
et qu'il exprime toute sa... pas sa
méfiance, mais plutôt son désaccord avec son collègue et lui fasse comprendre
qu'il y a des limites, il y a des
limites et que ces limites ont été atteintes et que, par conséquent, c'est non
pas des coupures qu'on doit faire en éducation, mais investir
massivement.
Alors, M. le Président, j'entends être la voix,
en cette Assemblée nationale, de ces milliers de parents qui se mobilisent, de
ces enseignants qui sont à bout de souffle, de ces parents qui sont venus
exprimer avec nous...
Le Président (M. Bernier) :
En conclusion, M. le député.
M.
Cloutier : ...jour après jour, des témoignages, qui m'écrivent sur Facebook,
qui m'envoient des petits mots et qui continuent de nous alimenter.
M. le Président, on ne lâchera pas le
gouvernement tant et aussi longtemps qu'ils ne reculeront pas.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. le ministre, la parole est à vous pour un bloc de 10 minutes.
Réponse du ministre
M. François Blais
M.
Blais : Eh bien, merci beaucoup, M. le Président. D'abord, je veux
saluer mes collègues ici, l'équipe à la table, bien sûr, qui nous appuie toujours lors de ces interpellations, et les
personnes présentes aussi aujourd'hui à l'Assemblée nationale et je veux
qu'ils nous écoutent.
Alors, je
veux remercier mon collègue, tout d'abord, d'avoir eu l'idée de cette
interpellation parce qu'il s'agit à la fois de sujets sensibles, on le
sait bien, hein, et de sujets complexes, et ce n'est pas facile toujours en
politique d'expliquer, dans une mêlée de
presse, à des journalistes ou encore même en Chambre à une période de
questions... il y a quand même un peu
de partisanerie, il faut bien le reconnaître, ce n'est pas toujours facile
d'expliquer exactement ces situations-là,
s'y attarder. Et là aujourd'hui on a vraiment une situation, je pense, idéale
pour forger une argumentation puis
expliquer à la population, bien sûr aussi à mes collègues, là, la situation
actuelle, d'où on vient, où on est et aussi où on s'en va.
Alors,
disons, la structure, aujourd'hui, de mon passage, je vais essayer de la faire
tourner autour de deux articles très
récents : le premier article, c'est un article de Francis Vailles qui a
été publié samedi dernier dans La Presse, et le second, c'est un article tout récent dans L'Actualité.
Le premier s'intitule Chronique «plate» pour l'éducation, et, bien sûr,
le «plate» est entre guillemets. Et la
chronique, elle est plate pour qui? Elle est plate bien sûr pour nos collègues
d'en face, hein, qui ont essayé de
forger, ces derniers temps, une histoire autour de laquelle il y aurait eu une
diminution importante des budgets
dans l'éducation, et, bien sûr, c'est une chronique plate, il faut bien le
dire, pour nos partenaires dans le milieu de l'éducation, en particulier les partenaires syndicaux, qui, en ce
moment, sont en représentation pour avoir des augmentations de salaire, on le sait, extrêmement importantes, mais aussi
pour des injections de sommes pour des embauches de personnel
supplémentaire.
Ce que
Vailles fait dans son article, c'est de regarder, sur une dizaine d'années,
l'évolution des budgets du ministère de
l'Éducation, et il montre clairement que ces budgets-là ont augmenté de façon
extrêmement importante, beaucoup plus importante,
par exemple, que le PIB. C'est quand même assez intéressant, parce que le PIB,
c'est une mesure de notre richesse.
Le PIB, c'est ce que l'on a, dans notre portefeuille, de plus à chaque année.
Et Vailles dit : Écoutez, depuis 10 ans, ça a été des augmentations beaucoup plus importantes, année après année,
du... qu'on a mises dans l'éducation. Bonne nouvelle. Il essaie d'expliquer cela en disant : Écoutez, c'est
certainement parce qu'il y a eu une augmentation des effectifs, hein, il
y a plus d'élèves dans nos classes. Et, bien sûr, ce n'est pas le cas, il n'y a
pas eu d'augmentation importante, il y a eu
une diminution des effectifs dans nos classes. Donc, on a ajouté beaucoup plus
d'argent, notamment au niveau des
infrastructures scolaires, mais au niveau du personnel de soutien et des
enseignants. Ça, c'est l'arrière-fond, un peu, de la situation historique. On peut le représenter, si vous voulez, par
ce schéma ici, hein, qui montre bien l'évolution sur à peu près... il ne faut pas que je me trompe, hein,
et que j'induise personne en erreur, ici, c'est, sur une quinzaine d'années,
l'évolution des effectifs étudiants, hein,
qui a diminué, au Québec, d'à peu près 60 000 élèves sur 1 150 000 élèves, qui a remonté légèrement ces dernières années. Et on
voit, du côté du personnel en soutien, hein, donc, personnel enseignant...
il ne faut pas que je me trompe, personnel
en soutien, vous avez une augmentation importante du personnel technique
qui continue, hein — on voit bien, là, ici, je veux bien le
présenter, là, pour que les gens le voient, pour ceux qui nous écoutent — continue sans cesse malgré la diminution des
effectifs et vous avez aussi une augmentation importante du nombre de
professionnels.
• (10 h 20) •
Au Québec, on
a investi énormément, ces 10, 15 dernières années, dans l'augmentation du
personnel de soutien aux élèves.
C'est une augmentation, dans le cas des professionnels,
orthophonistes, psychologues, etc., c'est une évolution d'à peu près 75 %.
Ici, j'ai un
tableau qui montre un petit peu l'évolution du côté des ETP enseignants, et
vous voyez encore toujours la même
courbe descendante pour les effectifs scolaires avec une petite remontée à la
fin et vous voyez qu'il y a eu des investissements
très importants pour augmenter le nombre d'enseignants. C'est ce qui nous a
permis de diminuer, hein, aujourd'hui,
on peut le dire, de diminuer, de la petite enfance... pardon, de la maternelle
jusqu'à la cinquième secondaire, de
diminuer les ratios, là, dans les classes. Vailles explique : Ça a été des
investissements majeurs en éducation, puis ça peut expliquer un certain
nombre de bons résultats que nous connaissons.
Donc, il y
aura cet arrière-fond pour comprendre un peu d'où on vient et il y aura une
piste d'atterrissage sur un autre
article dont je vous parlais tout à l'heure, dans L'Actualité : Comment
réduire les dépenses sans que les élèves en souffrent, par Catherine Dubé. Et ici on a une commission scolaire, une des
grosses commissions scolaires au Québec, c'est la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, qui a réussi, dans
les efforts que l'on demande... Je vous rappelle que les efforts que l'on demande aujourd'hui au milieu scolaire, donc
dans les commissions scolaires, c'est 1 %. Et moi, j'ai été gestionnaire assez longtemps dans le
milieu universitaire, des compressions, j'en ai géré; des bonnes années, j'en
ai géré. Bon, alors, on n'est pas dans une
situation, je pense, catastrophique. Il y a un effort à faire, mais un bon
gestionnaire réussit
à faire ça. Et c'est assez intéressant, parce que l'article nous montre comment
Marguerite-Bourgeoys, qui est une commission
scolaire comme les autres, avec les mêmes efforts budgétaires, avec une réalité
qui n'est pas toujours facile, sur
l'île de Montréal, avec la réalité de l'immigration, etc., aujourd'hui, là,
s'en sort très bien : aucun changement au niveau du nombre d'orthophonistes, d'orthopédagogues, de
psychologues. On va atterrir là-dessus parce que ça va nous donner un
petit peu l'idée de là où on veut aller comme gouvernement en termes de
gouvernance.
Il y a des
enjeux dans une gouvernance, disons, extrêmement décentralisée comme l'éducation
au Québec. Alors, qu'est-ce que ça
veut dire, la décentralisation? Par exemple, il y a des commissions scolaires
aujourd'hui, au Québec, qui ont
beaucoup d'orthophonistes. Il y en a qui ont fait le choix — et ça se voit très bien, là, quand on fait
des comparaisons — d'en
avoir moins, d'avoir davantage de
psychoéducateurs ou encore d'enseignants-ressources. En d'autres termes,
l'offre de services, parce qu'on va
parler beaucoup de l'offre de services, notamment, là, à une clientèle
d'enfants, disons, avec des difficultés
d'adaptation, d'apprentissage ou handicapés, l'offre de services, au Québec,
aujourd'hui, hier, avant-hier... c'est-à-dire,
toutes ces sommes massives que l'on a mises pour augmenter, on l'a vu, le
nombre de professionnels, ça a créé
une offre de services qui est une offre de services diversifiée dont on
souhaite qu'elle soit bien adaptée au milieu.
Donc, dans
les enjeux, hein, de fond, je pense, sur lesquels je veux atterrir aujourd'hui
avec mes collègues, il y a la question de savoir est-ce qu'on doit
centraliser — et je
suis certain que, dans le cas de mes collègues du Parti québécois, c'est la vision qu'ils ont — l'offre de services au Québec pour cette
clientèle-là ou on doit maintenir une décentralisation pour que cette
offre le mieux adaptée possible aux clientèles et aussi aux besoins de la
collectivité.
Donc, pour
l'essentiel, aujourd'hui, la stratégie de présentation va commencer par
rappeler tout le chemin parcouru en
termes d'investissement. M. Vailles le rappelle : Chronique «plate»;
chronique plate pour nos collègues d'en face, parce que ça ne fait pas partie du tout de la
construction, hein, qui a été faite ces derniers mois, là, sur la situation de
l'éducation, donc plate parce que les
investissements ont été majeurs, et ensuite regarder exactement où est-ce qu'on
s'en va dans les prochaines années.
Il reste
quelque temps peut-être pour donner quelques chiffres pour finir cette partie
de l'argumentaire. Donc, la part des
crédits réservés à l'Éducation, aujourd'hui, elle est de 25 % quand on
regarde l'ensemble des crédits du gouvernement
du Québec. Je comprends qu'il y en a qui voudraient qu'on en mette plus ou
moins, mais c'est relativement constant
dans le temps. Le budget de
l'Éducation, hein, du ministère, a progressé de 10,1 % depuis 2010... non, 2010‑2011, pardon, et ce qui a représenté plus de 1,5 milliard
d'investissement. Donc, c'est 49 milliards de dollars qui ont été
investis, ces dernières années, dans
le réseau des commissions scolaires linguistiques depuis 2010 pour soutenir,
hein, parce que c'est de ça qu'on va parler aujourd'hui, soutenir la
situation des élèves en difficulté d'apprentissage, et je comprends qu'il y en a qui nous disent :Allez plus
loin, allez plus vite, etc. Mais pour ça il faut, je pense, et c'est pour ça
que notre gouvernement doit être responsable, s'assurer, un, de revenir
à l'équilibre budgétaire et ensuite s'assurer que les investissements, et là,
bien sûr, le modèle de Marguerite-Bourgeoys sera intéressant, seront faits au
bon endroit.
Le Président (M. Bernier) :
Je vous invite à conclure, M. le ministre.
M.
Blais : Donc, essentiellement, je veux rappeler un peu, là, ce qu'on a
vu jusqu'ici et peut-être un tableau, parce qu'il y a des collègues qui
n'ont pas eu l'occasion de...
Le Président (M. Bernier) :
Vous aurez l'occasion peut-être...
M. Blais : Ah! très bien.
Le Président (M. Bernier) :
...de le présenter tout à l'heure.
Argumentation
Merci. M. le député de Lac-Saint-Jean, la parole
est à vous pour un premier bloc de cinq minutes.
M.
Cloutier : M. le Président, on le connaît, le discours du ministre,
là, il sort ses tableaux, il sort ses chiffres, il parle de la responsabilité, du déficit zéro. C'est ça, le problème,
c'est que l'obsession, elle est axée sur le déficit zéro, mais le problème en éducation, M. le Président,
là, c'est qu'on ne peut pas regarder l'éducation uniquement comme une
colonne de chiffres.
On a fait le
choix, au Québec, M. le Président, d'intégrer les élèves en difficulté dans les
classes ordinaires. Puis savez-vous c'était quoi, le pari qu'on a fait? C'est
que, parallèlement à ça, on allait accompagner nos professeurs, on allait
leur donner des services, des orthopédagogues,
des psychoéducateurs, des techniciens en éducation spécialisée, qu'on allait réduire aussi le nombre d'élèves par
classe, choses que nous avons faites. Et vous savez quoi, M. le Président?, ça
a relativement bien été. Notre taux de réussite a monté un petit peu,
légèrement, progressivement, mais dans la bonne direction. Savez-vous c'est quoi, le problème? Ce n'est pas ce qu'on a
fait, c'est ce que le ministre est en train de faire, c'est-à-dire déconstruire morceau par morceau tout
le modèle qu'on s'est donné et que son propre gouvernement avait embarqué à l'époque, à l'époque de la ministre
Courchesne, où il y avait eu une volonté de réduire le nombre d'élèves
par classe, une volonté d'augmenter le nombre de professionnels.
Le ministre nous cite la commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys, M. le Président. Il y a 50 commissions scolaires qui viennent de couper des postes de
professionnel. On a l'association des orthophonistes qui vient nous présenter
des cas biens réels en nous disant qu'il y a
plein de coupes de professionnels qui avant faisaient leur travail... puis là
je pourrais
vous en citer, là : dans une commission scolaire, une orthophoniste a vu
sa tâche passer de trois à deux jours, ce
qui a fait en sorte qu'elle voit maintenant 40 % moins d'élèves. Le
ministre nous a dit : Dans certaines commissions scolaires, on a fait le choix d'avoir moins
d'orthophonistes. Est-ce que, sérieusement, là, il est capable de regarder les
Québécois puis de leur dire qu'un
orthophoniste pour 6 000 élèves dans la commission scolaire du
Lac-Saint-Jean, c'est suffisant? Franchement, M. le Président,
évidemment, ça n'a aucun bon sens.
Alors, la
liste d'attente s'allonge, les cas sont bien réels, et les associations de
parents viennent nous voir, nous lancent
un cri de coeur, et tout ce que trouve à dire le ministre, c'est : Vous
savez, il faut équilibrer le budget, regardez la tendance des dernières
années, ça a monté. Le problème, c'est que c'est vrai que le budget a augmenté
dans les dernières années, mais là le problème, c'est qu'il coupe, on est en
bas de zéro, il n'y a aucune croissance, c'est de la décroissance. On gère des coupures actuellement dans le réseau de
l'éducation, puis, par définition, couper en éducation, M. le Président, c'est faire preuve de... c'est
faire preuve, pardon, de manque de vision. Alors, même, je peux vous citer
le cas qui nous a été présenté, là, tout à
l'heure, d'un orthopédagogue, là, qui doit produire 50 plans d'intervention
pour les enfants diagnostiqués avec
des troubles d'apprentissage. Que dites-vous, M. le ministre, à ces enfants qui
n'ont même pas de diagnostic et qui
seront en échec avant l'âge de sept ans parce que leurs parents n'ont pu
débourser des milliers de dollars pour obtenir des services privés?
Parce que c'est ça, l'autre réalité, M. le Président.
L'autre
réalité, là, c'est que, comme il n'y a plus de services au public, qu'est-ce
qu'on dit aux parents? Allez au privé.
Ce que le ministre est en train de faire, là, c'est de privatiser les services
pour les élèves qui en ont le plus de besoin, puis la réalité pratico-pratique, là, c'est que, si tu n'as pas
d'assurance, ça te prend un méchant bon revenu, M. le Président, pour t'offrir des services de professionnel à
75 $, 100 $, 150 $, 200 $, voire même 250 $ de l'heure,
peut-être même plus dans le cas de médecins spécialistes.
• (10 h 30) •
Alors, ce que
je suis en train de vous dire, M. le Président, là, c'est qu'en abandonnant les
services à nos élèves les plus défavorisés, en mettant de côté tous ces
services professionnels, sciemment, et je tiens à le dire, sciemment, à moins
que le ministre ne conteste les chiffres, à moins qu'il me dise
aujourd'hui : Ce n'est pas vrai, là, il n'y a pas 250 professionnels de coupés, ce n'est pas vrai qu'il y a des techniciens
en éducation spécialisée qui sont coupés,
qu'il nous déposera son tableau pour
prouver l'inverse... évidemment, il ne sera pas capable de le faire puis il va
mettre l'emphase sur un seul bout,
là, qui peut fonctionner à un certain endroit au Québec, mais, de manière
générale, s'il y a autant de parents qui
se mobilisent, si les associations de parents se regroupent, ce n'est pas pour
rien, M. le Président, c'est parce qu'ils savent pertinemment qu'ils n'ont pas accès aux
services dont ils ont besoin, et ce sont des véritables cris de coeur qui nous
sont lancés.
Alors, M. le Président, aujourd'hui on a présenté plein de cas de parents. J'aimerais
ça peut-être qu'il lâche un peu les tableaux, puis qu'il lâche un peu la colonne de chiffres, puis qu'il
parle avec son coeur aujourd'hui puis qu'il parle aux parents, là, qui n'ont pas de service qui avaient accès à des
orthopédagogues, des psychoéducateurs, qui aujourd'hui n'ont plus accès,
qu'il parle aux enseignants qui avaient l'accompagnement d'un technicien en
éducation spécialisée puis qu'il
regarde... puis qu'il leur parle directement pendant les cinq prochaines minutes, puis moi, je
vais me retirer, M. le
Président, puis je vais écouter la réponse du ministre à ces parents partout à
travers le Québec.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député. M. le ministre, vous avez un bloc de cinq minutes.
M.
Blais : Alors, je remercie
mon collègue pour l'invitation, là, de parler directement aux parents, je pense que c'est une très bonne...
Une voix : ...
M.
Blais : ...oui, c'est une
très bonne suggestion, hein? On est tous ici, là, pour représenter une population.
Moi, je représente la population
de Charlesbourg, alors, quand je rencontre les parents, puis
j'en rencontre beaucoup, je rencontre pas mal d'enseignants, on a
l'occasion de discuter de l'évolution, là, du système scolaire, de ce qu'il
faudrait faire dans les prochaines années, des priorités.
Alors, tout
le monde reconnaît, hein, quand on a une discussion, qu'il y a eu bien sûr des
ajouts importants, là, de ressources
dans le système scolaire, on l'a vu, là. Puis, quand on fréquente le système
scolaire comme moi, je le fréquente, parce
que ça s'adonne que j'ai, depuis maintenant 25 ans, là, des enfants dans le
système scolaire public... Vous savez, M. le Président, j'en ai cinq qui sont
allés dans différentes écoles dans le système public, et en particulier, je
voudrais le dire, dans des écoles, dans certains cas, en milieu assez
défavorisé, et puis j'ai toujours été impliqué moi-même, comme parent, au niveau de la gestion de l'école ou bien
c'était ma conjointe qui le faisait, là, alors on a toujours été assez
impliqués puis on connaît assez bien,
là, ce qui se passe dans les écoles. Et la dernière école primaire de mes
filles, c'était une école d'un milieu
assez défavorisé et aussi avec une forte densité d'intégration, et là j'ai pu
constater comment l'école a évolué sur 25 ans, hein, parce que mon aînée
est rentrée à l'école il y a 25 ans.
Bon. On est
dans un système scolaire tellement différent, d'abord, les services de garde,
qui n'existaient pas, là, il y a 25
ans ou qui étaient naissants à peine, là, qu'on retrouve là, qui sont en appui,
et le nombre de professionnels, les professionnels,
les orthophonistes. Moi, j'ai une de mes filles qui a eu besoin de soutien à un
moment donné. Donc, les professionnels,
qui sont là pour les appuyer. Donc, c'est là où on est rendus, c'est dans cette
évolution-là. Et le collègue a raison
de dire : On a fait le choix de l'intégration des élèves en classe.
Pourquoi on a fait ce choix-là? Parce que le Québec avait, disons, la réputation, il y a un certain
nombre d'années... ça change, ça évolue, mais avait la réputation de mettre
beaucoup trop d'enfants dans les classes
spécialisées. Et les classes spécialisées, qu'on le veuille ou pas, c'est quand
même une voie
qui conduit trop souvent, là, vers le décrochage, ce qui sous-alimente la
capacité des élèves. Ce choix-là, on l'a fait pour la réussite scolaire.
On
a vu que les chiffres sur la réussite scolaire sont en progression au Québec.
Encore récemment, j'ai eu aussi les
derniers chiffres sur le décrochage scolaire. Je vous montrais un tableau — parce que je sais que mon collègue quand
même a un intérêt, là, pour tout ce qui est
visuel — et qui
campe bien, là, la situation. Donc, le décrochage scolaire est en diminution, au Québec, de façon continue ces
dernières années. Ça signifie qu'on a fait les bons choix, hein, on a fait des bons choix en termes de soutien et d'aller vers
l'intégration. Ça signifie qu'il faut continuer à aller dans cette direction,
hein, et pour ça, bien sûr, il faut
simplement avoir les ressources nécessaires. Parce que je pense qu'ici il faut...
les gens qui nous écoutent ne le
savent peut-être pas, mais les collègues le savent très bien, ici, tous les
partis politiques ont décidé que
c'était quand même important, une priorité, de revenir à l'équilibre
budgétaire, de ne pas continuer à passer sur la carte de crédit des
enfants d'aujourd'hui les dépenses que nous faisons en ce moment.
Donc, il y a
vraiment cet effort, qui est un effort commun de l'ensemble de la population du
Québec mais aussi des partis politiques, qui reconnaissent tous — à
moins qu'il y ait une évolution récente, puis on pourra m'informer
là-dessus — qu'il
faut en arriver à l'équilibre budgétaire et pour ça il faut arriver à ces
efforts et ce passage.
Je vais
revenir à un élément, peut-être, qu'a mentionné mon collègue,
la question des coupures en éducation. Cette année, il
y a une croissance du budget
en éducation, et c'est une croissance modeste, on l'a reconnu,
hein, donc, c'est une croissance
modeste, mais encore une croissance. Donc, dans l'histoire moderne du Québec,
donc, dans les 20 dernières années,
les seules fois où on a vu une décroissance, c'est-à-dire sous les zéros,
hein, une croissance négative, c'est par nos amis du Parti québécois,
qui étaient dans leur situation particulière. Ils ont été jugés pour ça par la population,
ils ont d'ailleurs été jugés extrêmement sévèrement par la population. En
1997-1998, j'y vais de mémoire, la décroissance, c'est-à-dire la croissance
négative, a été de 5,9 %, et ça
s'adonne que — mais,
cette fois-ci, je vais mettre mon chapeau d'ancien enseignant — j'étais
dans le réseau...
Le Président (M. Bernier) :
...M. le ministre.
M. Blais : ...et que j'ai subi ces
coupures-là, et je pourrai en parler.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député d'Ungava, un bloc de cinq minutes.
M.
Boucher : Alors, bonjour, M. le Président. Ça me fait plaisir d'être ici. Je voudrais saluer M. le ministre de l'Éducation et puis mes collègues d'en face : de l'opposition
officielle et de la seconde opposition.
Vous me
permettrez, M. le Président, avant d'aller plus loin, de saluer les gens de
mon comté, le comté d'Ungava, sans qui je ne serais pas ici aujourd'hui,
hein, je pense que c'est la base. Donc, je voudrais dire bonjour
à tous mes concitoyens, «ullaakkut», «wachiya», «kuei».
Et puis on va
rentrer maintenant dans le vif du sujet. Vous savez, j'entends le
discours de notre collègue, depuis tout
à l'heure, de l'opposition officielle concernant, bon, la situation
qu'il dépeint. C'est une situation qu'il dépeint comme cataclysmique, mais je
peux vous dire, M. le Président, que le véritable cataclysme, c'était de
déposer un budget sans crédit. Vous allez
dire qu'on revient souvent là-dessus, mais c'est une réalité. Je n'ai pas connu puis
je n'ai pas rencontré beaucoup de gens dans la rue qui m'ont dit : Écoutez,
le déficit, ce n'est pas important, puis continuez à dépenser, puis il
n'y en a pas, de problème. Tout le monde est derrière nous. Comme disait M. le
ministre tout à l'heure, on parle de coupes,
de coupes, de coupes, la réalité est qu'il
y a une augmentation des dépenses mais qui est ralentie. Il n'y a pas de soustraction de montants consacrés dans... pardon,
dans l'enveloppe globale de l'Éducation, c'est plutôt un ralentissement des dépenses. Puis, comme M.
le premier ministre le disait pas
plus tard qu'hier ici-même à la période de questions, déjà, dès
le dépôt du budget 2016, on va voir que tout ça va commencer à
rentrer dans l'ordre. C'était pourquoi, bon, cette lutte au déficit là, qu'on qualifie, des fois, d'obsessive... Mais, vous savez,
comme dans toutes les bonnes familles, quand le gérant de banque commence à appeler à la maison puis dire : Bien là,
regarde, là, arrête de dépenser, tu n'es plus capable — je
veux réemprunter, pas capable d'emprunter — à un
moment donné, il faut
se serrer la ceinture un petit peu.
Puis on peut emprunter mais à un taux d'intérêt plus élevé.
Donc, si jamais, d'aventure, le gouvernement
n'avait pas été capable de maîtriser le déficit, la principale conséquence,
c'est que, oui, on aurait pu emprunter pour continuer nos activités mais à un
taux d'intérêt plus élevé. Seulement,
une fraction de pourcentage de taux d'intérêt amenait plusieurs millions, si ce n'est pas plusieurs
dizaines de millions de dollars de
plus par année à payer en intérêts. Alors, je lance une question
ce matin : Si jamais ça, c'était arrivé, ces millions-là, on les aurait pris où? On les
aurait pris dans les services, on les aurait pris dans les dépenses gouvernementales,
ces millions-là ne seraient pas tombés du ciel.
Je vois déjà le
temps qui file, déjà trois minutes, on va parler un petit peu d'infrastructures scolaires, parce qu'on aura beau parler de
réussite scolaire, de classes, etc., mais il faut commencer par parler un petit peu de briques et de béton. Je
peux vous dire que le gouvernement prévoit, entre 2015 et 2025, sur les
10 prochaines années, dans le PQI, des dépenses de 88,4 milliards de dollars, incluant les
projets en étude, en planification puis en cours de réalisation, pour l'amélioration et la construction de nouvelles écoles; pour l'enseignement supérieur et la recherche, des investissements, 2015‑2025,
de 6,5 milliards de dollars.
Cette année seulement,
on investit 510 millions dans les infrastructures pour l'enseignement supérieur. Puis, en ce qui concerne le primaire puis le secondaire, c'est
8,8 milliards de dollars qui vont être investis d'ici 2025 dans le parc
immobilier. On pourrait continuer longtemps
comme ça encore. Je peux vous dire qu'il
y a, bon, sept projets qui ont été faits
pour l'ajout de réaménagement d'espaces destinés à la formation
professionnelle, pour 34 millions; 50 projets de construction
de bâtiments, d'agrandissement, de mise à niveau, avec des investissements de
400 millions, puis la liste est longue comme ça, M. le Président.
Donc,
dire que le gouvernement se désengage, que c'est des coupures majeures, je
pense que c'est un petit peu simplifier
le débat. Oui, on est en période de rigueur budgétaire où c'est le temps de
faire attention aux sous, les sous de ceux qui nous regardent ce matin,
et puis je pense que le gouvernement, bon, réussit malgré tout à très bien
tirer son épingle du jeu et puis à offrir
les services à ceux qui en ont besoin, et puis tout ça, bien, avec l'espoir de
jours meilleurs qui s'en viennent d'ici peu.
• (10 h 40) •
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député d'Ungava. M. le
député de Lac-Saint-Jean, la parole est à vous.
M. Cloutier :
Je vous remercie beaucoup, M. le Président. Il s'agit bel et bien de coupes
dans le ministère de l'Éducation. Peut-être
que notre collègue n'a pas vu le bilan... trimestriel, pardon, dans lequel on
voit clairement qu'on est en dessous
de zéro du côté de l'Éducation, puis je suis d'autant plus surpris d'entendre
le député d'Ungava, M. le
Président... Dois-je lui rappeler, là, que le plus haut taux de décrochage au
Québec, malheureusement, il se retrouve directement dans les communautés autochtones? La communauté crie et la
communauté inuite, c'est particulièrement problématique. Et, là où il y a un désinvestissement massif en
éducation, c'est certainement pour les nations autochtones, M. le Président. Il devrait être un des premiers à
se lever haut et fort pour réclamer davantage d'investissements. D'ailleurs,
c'est un enjeu très fort de cette campagne électorale
quant aux investissements en éducation, particulièrement pour les
communautés autochtones.
Ceci
étant dit, M. le Président, je reviens sur les coupures, parce que les
coupures, elles, elles sont bien réelles et l'abolition de postes a des conséquences bien concrètes dans la vie
des gens. Mais, M. le Président, non seulement, là, le gouvernement actuel est en train d'accepter qu'il
y ait des postes, des offres de services directement aux parents puis aux
enfants qui soient touchés, mais le gouvernement
et le ministre de l'Éducation, le grand responsable de l'éducation au Québec, acceptent qu'on vienne empirer la
situation en proposant d'augmenter le nombre d'élèves par classe et en
proposant, entre autres, de revoir la
pondération des élèves en difficulté. Alors là, M. le Président, j'avoue, là,
qu'il me semble... on rajoute la cerise sur le sundae dans les coupures
avec des offres qui sont complètement déraisonnables pour quelque gouvernement qui croit en l'éducation au Québec.
Comment on peut penser qu'on peut ajouter des élèves en difficulté dans les classes qui sont bondées de monde, avec
une profession d'enseignant qui... on le sait, M. le Président, là, c'est
un enseignant sur cinq qui, malheureusement, va quitter sa profession dans les
cinq premières années?
Alors
là, on a déjà une profession, là, qui est à bout de souffle, une profession qui
est squeezée, avec des enseignants qui
font de leur mieux mais qui se sentent de plus en plus abandonnés et, malgré
cela, on prend des offres puis on leur dit : Non, non, vous êtes capables d'en faire encore
plus, ce n'est pas la fin du monde, là, qu'il y en ait déjà un cinquième qui
ne réussissent pas, on va vous rajouter du
monde dans vos classes, puis, en plus, on va revoir la pondération, puis, comme
si ce n'était pas assez, en plus, vous allez vous appauvrir. Pendant les trois
prochaines années, là, on gèle votre salaire. Faites-vous-en pas, ça,
cette offre-là, elle est raisonnable.
C'est
la vision du gouvernement actuel, c'est d'en rajouter une couche dans le milieu
de l'éducation, puis là tu as le
ministre de l'Éducation qui, lui... pas le président du Conseil du trésor, le
ministre de l'Éducation qui se tourne vers les enseignants puis qui leur dit : Très fier de proposer que vous
allez vous appauvrir pendant trois ans, on va vous rajouter du monde par classe, on va couper dans les
services de professionnel, puis tout ça, évidemment, n'aura aucun impact sur
la qualité des services, tout ça n'aura pas d'impact sur la réussite scolaire.
M.
le Président, le ministre jette de l'huile sur le feu avec des offres qui sont
complètement déraisonnables qui sont contraires aux intérêts du système
d'éducation au Québec. Savez-vous ce qu'on devrait faire, M. le Président, au Québec? On devrait valoriser la profession
d'enseignant. On devrait être fiers du travail qu'ils ont fait et qu'on a fait
par le passé, on devrait être fiers
du pas de géant qu'on a fait entre la commission Parent puis là où on est
rendus aujourd'hui, mais ne pas
retourner en arrière, ne pas faire la guerre à nos enseignants, qui sont déjà à
bout de souffle, ne pas simplement, M.
le Président, négocier comme on le fait présentement, en laissant entendre que
ça n'a aucune répercussion sur les enfants, en laissant entendre que les enseignants vont embarquer là-dedans, là,
contents, alors que, parallèlement à ça, ils ont donné des centaines de
millions aux médecins, M. le Président, des choix qui sont clairement remis en
question par nous.
Alors,
M. le Président, je ne comprends pas le rôle du ministre de l'Éducation. Il me
semble, là, que, là, sa job, là, honnêtement,
ça ne se passera plus, là, entre lui et moi nécessairement, ça se passe entre
lui et le président du Conseil du trésor.
Là, sa responsabilité, tantôt, là, c'est de prendre son téléphone, appeler son
collègue puis lui dire : Ça te dérangerait-u qu'on prenne une heure ou deux, jaser un peu, je
vais t'expliquer concrètement ce qui est en train de se passer dans le réseau?, puis lui expliquer concrètement que ce
qui est sur la table, ça n'a juste pas bon sens, qu'il ne peut pas défendre
ça, en plus, évidemment, que ça vient
s'ajouter à une longue liste de coupures que j'ai eu la chance d'énumérer tout
à l'heure.
Tout
à l'heure, je vais donner la parole aux parents, là. Le ministre ne pourra pas
nier qu'il y a des conséquences bien réelles quand ce sont des parents
eux-mêmes qui parlent.
Le Président (M.
Bernier) : En conclusion.
M.
Cloutier : Alors, j'ai hâte de l'entendre, là, sur les offres
actuelles, qui ne témoignent pas d'un ministre qui peut croire en
l'éducation.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le Ministre, la parole est à vous.
M.
Blais : Oui. Donc, mon collègue m'invite à discuter des offres
actuelles. J'ai toujours dit : Il faut être prudent, et on est en négociation. Mais quand même il me
donne une occasion — puis je
le remercie, là, sincèrement — de pouvoir corriger un certain nombre de choses, continuer le dialogue avec lui,
avec la population mais aussi, bien sûr, avec nos syndicats.
Peut-être une
correction, si vous me permettez, là — je ne voulais pas vous induire en erreur, M.
le Président : j'ai parlé de
5,9 %, là, pour la diminution des crédits en 1997‑1998 en éducation sous
le Parti québécois; c'était 5,8 % et
non pas 5,9 %; l'année précédente, encore une diminution, c'était une
obsession à ce moment-là pour le Parti québécois de couper en éducation, c'était une réduction, donc croissance
négative — on n'est
pas du tout en croissance négative, nous — une croissance négative de 3,9 %; et,
en 1998‑1999, de 0,4 %. J'étais, moi, dans le réseau à ce moment-là. Je
pourrai un peu, si j'ai du temps, aujourd'hui
revenir sur les conséquences mais sur la façon dont on a pu se refaire, heureusement, parce que les budgets du Parti
libéral sont revenus à la hausse par la suite. Ça explique le fameux tableau,
dont tout le monde me parle en ce moment, là, sur la croissance des budgets en
éducation sur 20 ans. Quand on compare le Parti québécois au Parti libéral, donc, c'est presque le triple.
C'est en partie parce qu'il y a ces diminutions, là, disons, là, comme
on n'en avait jamais vu dans l'histoire récente du Québec.
Sur la
question maintenant, donc, il veut se faire le porte-voix aujourd'hui des
syndicats d'enseignants. C'est une position
qu'il a le droit de prendre. Moi, je ne lui refuse pas ce droit d'être le
porte-voix des positions des syndicats, mais encore faut-il clarifier
les choses.
Donc, tout
d'abord, contrairement à ce qu'on entend, il n'est pas question, au Québec, de
revoir la pondération des élèves en
difficulté dans les classes. Je vais le reprendre : Il n'est pas question
de pondérer autrement les élèves en difficulté
en classe. Ça fait partie du discours public, je comprends bien, hein, il faut
animer un débat, il faut faire en sorte d'aller chercher l'adhésion
quand on est un syndicat, mais ce n'est pas le cas.
Je reviens
aussi sur d'autres choses. Les enseignants au Québec sont rémunérés sur une base
de 40 heures-semaine. Si jamais,
par malheur, ils ont à se présenter au bureau d'assurance-emploi, ils vont le
savoir, hein, parce qu'effectivement il y a une entente entre les
syndicats et l'assurance-emploi pour reconnaître que tous les enseignants du Québec
sont rémunérés sur une base de
40 heures-semaine. Il n'est pas question d'augmenter la charge de travail
des enseignants. Ce que nous voulons,
et c'est très important pour nous, et c'est pour les enfants, c'est stabiliser
les heures passées à l'école, parce
que, vous savez, les enseignants ont droit à des heures à l'extérieur de
l'école et à l'intérieur de l'école, et on veut s'assurer de stabiliser
les heures qu'ils sont là. Donc, pas d'augmentation à ce niveau-là.
Sur la question des élèves en difficulté, en ce
moment, le syndicat enseignant, que représente mon collègue aujourd'hui... les syndicats enseignants nous
demandent de diminuer les ratios, si c'est possible, et de continuer à investir
en personnel de soutien. Nous sommes
d'accord avec les deux points, mais, dans un contexte où il y a peu de
ressources, hein, et ça, on le sait,
personne ne va nier, là, les efforts qui sont faits par le gouvernement et par
la population, la discussion que nous
avons avec les enseignants, et la discussion, elle se passe en ce moment,
notamment aux tables, c'est de voir est-ce
qu'on continue comme on a fait dans le passé, mur à mur, à diminuer des ratios
ou est-ce qu'on ne devrait pas le faire
comme la science nous l'apprend, continuer à diminuer les ratios, en particulier
chez les petits, et en particulier chez les milieux défavorisés, et,
pour financer ce passage-là, on pourrait les augmenter là où il y a plus de
marge.
Moi, je rencontre des enseignants. J'en ai
rencontré une, il y a pas si longtemps, qui me disait : M. Blais, augmentez le nombre d'enfants dans ma classe, moi,
là, je suis dans un milieu favorisé, il n'y a pas d'enjeu pour moi — j'en ai 22 cette année — même si j'en avais deux de plus. Mais, cependant, elle m'a
dit : Dans les milieux défavorisés, si vous êtes capable de faire un effort, si on peut moduler, ce serait vraiment
la solution. Puis elle nous appuyait, donc, dans cette vision-là.
Et là, bien
sûr, on est en discussion, c'est un sujet très sensible. Dans un contexte où on
veut continuer à diminuer les ratios,
dans un contexte où on veut continuer à augmenter le nombre d'intervenants, là,
en soutien, où il y a moins d'argent qu'il
y en a eu, là, ces dernières années, peut-on discuter ensemble, faire en sorte
que l'on module un peu plus les choses? Parce que, l'effort que l'on a fait ces dernières années, on ne veut pas
revenir en arrière nécessairement, mais simplement se donner une
souplesse pour continuer, là, au niveau de l'intégration dans les classes
régulières.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Merci beaucoup, M. le Président. Je suis content, parce que
tout à l'heure M. le député de Lac-Saint-Jean,
bon, m'a ouvert la porte un petit peu sur la persévérance scolaire, il disait
tantôt : Bon, M. le député d'Ungava devrait savoir que, dans son comté, chez les Cris et les Inuits, c'est
parmi les pires taux de diplomation au Québec. Eh bien, oui, je le sais. Je suis parfaitement au courant
de ça, mon fils a fait une partie de son parcours scolaire à l'école à
Kuujjuaq, je connais très bien le
milieu professoral là-bas, le milieu de l'enseignement. Mais M. le député de
Lac-Saint-Jean devrait savoir aussi
qu'il y a des raisons pour ça, ce n'est pas juste une question d'argent, c'est
des raisons historiques, c'est des raisons
particulières, c'est des raisons sociologiques. Et puis ce n'est pas juste une
question d'argent, là, de budget pour savoir
comment faire pour améliorer le taux de diplomation dans la commission scolaire
Kativik, la commission scolaire inuite et la commission scolaire crie.
Je pense que ces commissions scolaires là sont sur la bonne voie, les chiffres
s'améliorent, même s'il y a encore beaucoup de travail à faire. Puis, M. le
Président, on pourrait faire un débat de deux
jours sur les raisons profondes du faible taux de diplomation puis on n'aurait
pas fini encore. Ce sont vraiment des raisons, là, qui sont profondément
ancrées et puis qui dépassent beaucoup le cadre de l'argent.
On va parler
de persévérance scolaire, parce que je pense que c'est un point de vue
important. Au ministère de l'Éducation,
bon, la persévérance scolaire représente des... des investissements, pardon,
d'environ 200 millions de dollars par
année. Au gouvernement, on a à coeur la réussite de tous les élèves. Et puis je
pense que chaque élève qui est échappé, entre
guillemets, par le système et quitte les bancs de l'école sans diplomation ou
sans formation, c'est une tragédie, premièrement,
pour cet élève-là et, deuxièmement, pour la société, mais il ne faut pas
oublier que parfois ces élèves-là, bon,
quittent le système pour mieux y revenir quelques années plus tard, hein? À
l'âge de 17, 18 ans, pour toutes sortes de raisons, on quitte l'école, on s'en va au marché du travail, puis on se
rend compte à 22, 23, 24 ans, là, que, là, vraiment on est dans des emplois de second ordre, de
livreurs de... des choses qui ne plaisent pas. Donc, on revient vers de la
formation professionnelle à un âge
des fois un petit peu plus avancé, puis il y a des bons succès dans ça. Je
pense que, dans ça, la commission
scolaire de la Baie-James, dans mon comté, est un des bons exemples où ils
forment, bon, beaucoup de gens du
côté minier, du côté professionnel et puis avec de très forts taux de réussite,
premièrement, et très fort taux de placement après que ces jeunes-là ont
complété leurs programmes.
Donc, on va parler,
un petit peu plus tard, de l'adéquation études-emploi, mais revenons, pour
l'instant, sur la persévérance scolaire. Entre 2002‑2003 et 2013‑2014, ça a
passé de 66,8 % de taux de diplomation à 74,8 %, donc ça a augmenté de 8,1 % au cours de la
dernière décennie pour les jeunes âgés de moins de 20 ans. Le taux de
sortie sans diplôme ni qualification
a diminué de 7 % au cours de la même décennie. Est-ce que c'est suffisant?
Bien non, M. le Président, ce n'est pas
suffisant. Est-ce qu'on est sur la bonne voie? Oui, M. le Président, on est sur
la bonne voie. Puis je pense que,
malgré tout, j'en reviens encore, le gouvernement met tous les efforts en jeu
pour faire en sorte que ce taux de
diplomation là continue d'augmenter dans un contexte de rigueur budgétaire où
chaque sou est important puis où on doit questionner vraiment comment
chaque sou doit être dépensé.
Il
ne faut pas perdre de vue l'objectif que nous nous sommes fixé, M. le
Président, c'est d'atteindre un taux de
diplomation de 80 % d'ici 2020. Puis
2020, là, ça paraît bien loin, là — je
me souviens, quand on était jeunes, on écoutait des films futuristes...
en 2020, là, tout le monde avait des autos qui volent — mais
2020, c'est dans cinq ans, ça, M. le
Président, 2020, c'est demain. Donc,
je pense que, malgré tout, on va y arriver et puis tous les efforts sont mis en
ce sens-là, M. le Président, pour augmenter le taux de diplomation chez nos jeunes et faire en
sorte que l'école soit un milieu de réussite pour tous. Merci beaucoup, M.
le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député d'Ungava. M. le député de Chambly,
la parole est à vous.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Ce matin, je veux rappeler le courage des quatre dames qui ont fait le
voyage, hier, de la région de Montréal,
de Chambly, mais de toute la Montérégie, jusqu'au Parlement pour venir interpeler
tous les parlementaires mais surtout le premier
ministre et le ministre
de l'Éducation. Elles ont été très contentes de voir que M. Legault, le chef de ma formation politique,
a été leur porte-parole, mais elles ont été extrêmement déçues des réponses que le ministre a offertes à mes questions
puis aux questions de M. Legault.
Je rappelle les
faits. Mme Marie-Claude Berger, mère, a un fils qui est en attente d'accès
à un professionnel depuis 27 mois, plus de
deux ans. Il y a un autre fils pour lequel elle a dû aller aux
urgences pour avoir de l'aide, avoir un
papier qui lui permette, à l'école, d'avoir des services. On a
Mme Tétreault, une maman dont l'enfant était en détresse psychologique tellement grande qu'il ne
voulait plus sortir de la maison, il ne pouvait plus aller à l'école. On parle
d'un problème scolaire; il ne peut
plus aller à l'école. Bien, ce n'était pas assez grave, compte tenu du manque de ressources, ce
n'était pas assez grave pour offrir à cet enfant-là les services d'un
pédopsychiatre. Alors, quand on dit qu'on manque de services, là ce n'est pas des blagues, mais, malgré ça, les coupures
arrivent pour réduire les services. Mme Marie-Josée Rémillard, qui est venue ici hier, éducatrice
spécialisée dont on a réduit cette année les heures de travail par rapport à l'année passée — ce
n'est pas théorique, ça — cette
année, elle peut moins aider les jeunes que l'année passée, tellement
que des jeunes qui ont été laissés en
place essaient de la contacter, là, via des réseaux sociaux, avec des iPad et
téléphones, pour dire : S'il vous plaît, aidez-moi. Mme Isabelle
Cyr, psychoéducatrice, elle constate que, cette année, dans son milieu, il y a
des classes qui ont fermé... des classes réservées à des enfants en difficulté,
notamment des classes de langage.
Le
ministre dit : Ah! on a fait le choix d'intégrer les
jeunes au régulier. Je m'excuse, mais, ces classes de langage là, oui, ça a
forcé des jeunes qui n'avaient pas leur place au régulier... on les a rentrés
de force au régulier, intégration sauvage, et les services n'ont pas suivi. Le pacte a été brisé. Le ministre
dit : Ah! on fait le choix d'intégrer les jeunes au régulier. Mais ça, c'est supposé de venir avec des services.
Ils ne sont pas là, les services, c'est une trahison. Et ce n'est pas vrai
qu'on est en croissance en ce moment, peu importent les tableaux, les
graphiques que le ministre peut nous sortir. Peut-être qu'au
niveau des chiffres statistiques, au niveau des dollars on ne décroît pas, mais la croissance
est tellement mince qu'on n'atteint pas les coûts de système. Et
le rôle du ministre, ce n'est pas de
voir monter des chiffres dans des colonnes
sur du papier, c'est que les services soient au rendez-vous. Et là il y a une
décroissance des services, je ne parle pas des dollars, il y a une
décroissance des services. Et ça, ça ne donne rien à l'élève qui vient de
perdre l'accès à sa psychoéducatrice de dire : Oui, mais, tu sais, en chiffres
absolus, il y a 0,1 % d'augmentation dans le budget quelque part dans un tableau à Québec. Les
services sont coupés. Le rôle du ministre, c'est de s'assurer que les services
soient au rendez-vous et en augmentation. Alors, qu'il nous sorte n'importe
quel tableau sur les dollars, c'est un tableau sur les services que je veux
voir.
Et
j'ai un témoignage ici, une lettre signée de M. Beaucage, président du conseil
d'établissement de l'école Paul-IV, qui dit : «Le budget qui a été présenté
cette année ne satisfait pas du tout aux attentes du conseil en raison d'une
baisse de près de 20 % du budget
de fonctionnement de l'école — là, on est dans les chiffres, là. La réduction de
20 % dans le budget de fonctionnement de l'école est une coupure directe dans les
services aux élèves.» On parle du président du conseil d'établissement,
un parent, là. Le ministre prétend qu'il veut leur redonner le pouvoir, mais
voici ce qu'il lui dit.
Et, je continue, la lettre dit : «Par
exemple, le programme local d'ergothérapie ne sera pas reconduit.» Ça, là, concrètement, ça veut dire que, l'année passée, il y avait
un programme d'ergothérapie pour les jeunes de maternelle et
de première année; cette année, il n'y en a plus.
Cette année, 20 % de moins de dollars, cette année, plus de programme
d'ergothérapie. On parle d'une coupure d'un professionnel qui fait du
dépistage, de l'intervention précoce.
• (11 heures) •
Le Président (M. Bernier) :
En conclusion, s'il vous plaît.
M. Roberge : Toutes les données,
toutes les études pointent le dépistage et l'intervention précoce comme les
meilleures mesures pour prévenir le décrochage, et c'est là que le gouvernement
a coupé.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député de Chambly. M. le ministre.
M.
Blais : Alors, merci, M. le Président. Donc, ça me permet de continuer
un peu sur ce que j'avais... donc, j'avais parlé un peu d'une piste d'atterrissage par rapport à un article récent
dans L'Actualité, là, sur ce qu'a fait Marguerite-Bourgeoys, là,
ces derniers temps... donc, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, là,
pour maintenir le même nombre de professionnels.
On voit qu'il y a eu beaucoup de gestion, beaucoup de management, regardé
exactement ce qu'on faisait, le système, par exemple, de transport
scolaire a été questionné, parce que beaucoup de parents étaient inscrits mais,
finalement, ne l'utilisaient pas. Donc, il y
a eu une réorganisation du système pour que ça réponde vraiment aux besoins
des parents et que ça permette aussi de faire des économies pour maintenir, là,
les services aux élèves.
Donc, ce qui est intéressant dans la discussion,
c'est une discussion de fond que nous aurons prochainement, lorsqu'on va déposer notre projet de loi, hein,
sur la gouvernance scolaire, et cette discussion-là, c'est : Veut-on
maintenir au Québec une
décentralisation de la gouvernance ou sommes-nous rendus au point... Et je
pense qu'il y a une tentation de
centralisation chez mon collègue de la CAQ — je dis bien «une tentation», on verra bien
jusqu'où il est prêt à aller quand on
va discuter — pour
dire : Non, non, non, un instant, c'est à Québec ou ça sera à Québec
maintenant de définir le profil et le
déploiement des services aux élèves. Et là, vraiment, si nos collègues de la
CAQ continuent dans cette prise de position, à mon avis, ça serait un
revirement très important par rapport à leur position antérieure.
Nous croyons, hein, nous croyons fermement à la
décentralisation et à la nécessité et aux avantages qu'une communauté bien établie dans l'organisation des
services décide des priorités. S'il y a décentralisation, effectivement,
il pourrait y avoir, comme c'est le cas en
ce moment, des communautés qui décident d'avoir certains types de profils de
services plutôt que tels autres. Si vous
croyez à la centralisation, si vous croyez que Québec doit décider que
maintenant il y aura ce type de
services et pas tel autre, hein, dans les commissions scolaires et dans les
écoles, le débat aura lieu, et je serai très intéressé d'entendre mes
collègues là-dessus, mais là on voit bien qu'il y a une zone de clivage
important. Dans ce projet de loi, nous
n'essaierons pas de chambouler les structures actuelles, mais il y a un
enjeu — et,
quand on lit l'article, encore une
fois, dans L'Actualité, on a une bonne idée de ces enjeux-là — il y a un enjeu très important au Québec
pour maintenir la progression que nous avons faite ces dernières années en
matière de réussite scolaire, en matière de diminution
du décrochage. Je ne l'ai pas montré — je sais que mes collègues aiment bien mes
tableaux — j'ai un
nouveau tableau ici, hein, et ça,
c'est fondamental, parce que c'est notre récompense, comme société, hein, c'est
la diminution du décrochage scolaire chez les garçons, chez les filles
et, bien sûr, la moyenne des deux groupes. Cette diminution du décrochage scolaire est à peu près de 30 %,
là, chez les garçons, autour de 18 %, si je me souviens bien, pour les
filles. C'est un des résultats les
plus importants que nous avons connus en matière d'éducation au Québec ces
dernières années.
Alors, si nous voulons continuer dans cette
voie-là, hein — nous,
nous faisons le pari qu'il faut maintenir la décentralisation
et même l'accentuer, hein, vers une plus grande autonomie des écoles — donc, il faudra accepter que Québec
ne décidera pas comment ça se passe dans les écoles, quels sont les besoins
dans les écoles, comment on doit répondre à
ces besoins. Donc, nous allons chercher à redéfinir le centre de gravité...
non, peut-être pas de chambouler les structures, mais redéfinir le centre de gravité entre le ministère,
parce que le ministère doit aussi se poser des questions... Moi, depuis
que je suis arrivé dans ce ministère, hein, je dois vous avouer que je me pose des
questions importantes sur son rôle
d'appui, hein, aux commissions
scolaires, le rôle des commissions scolaires, qu'est-ce qu'elles doivent faire — est-ce
qu'elles doivent administrer les
services et les écoles ou soutenir les écoles? — et, finalement, le rôle fondamental de l'école pour la
réussite de l'élève.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Merci beaucoup, M. le Président. Pour continuer un petit peu sur ce que je
vous parlais tout à l'heure
concernant la... voyons, la persévérance scolaire des élèves, vous savez, persévérance
scolaire, bon, on dit toujours : Il
faut que l'élève aille à l'école, suive ses cours, fasse ses travaux, etc.,
mais, parmi la persévérance, c'est un travail d'équipe, hein, il y a
l'école puis il y a le noyau familial.
Je vous
parlais tantôt, bon, des effectifs professionnels, d'enseignants. Il faut
revaloriser la fonction de professeur dans
les écoles, puis c'est un des points sur lesquels, bon, le gouvernement travaille
et puis le gouvernement va s'en venir éventuellement.
Je vais vous dire, M. le Président, qu'auparavant, un professeur, on appelait
ça un maître, et puis ce n'était pas
pour rien, c'était la personne qui transmettait le savoir aux étudiants, et
puis il faut retrouver le respect du maître et puis faire en sorte de revaloriser la fonction de professeur. On parle,
bon, depuis le tout début, de coupes, de scénarios catastrophes où il n'y a plus personne dans les
écoles, les élèves sont laissés à eux-mêmes, des listes d'attente
épouvantables. Je vais vous donner
des chiffres, M. le Président : entre 2000 et 2001, dans les écoles du
Québec, on comptait un intervenant adulte
qui offrait des services directs aux élèves pour 15,69 élèves, donc un pour
15,69. En 2013‑2014, grosso modo, à peu près 15 ans plus tard, on en comptait un, intervenant, pour 13,1 élèves.
Donc, on voit que les services étaient améliorés. Si on regarde les investissements majeurs en
éducation, afin de répondre aux besoins des élèves, aujourd'hui, il y a...
pardon, en l'an
2000, il y avait 14 220 intervenants adultes... pardon, aujourd'hui il y a
14 220 intervenants adultes de plus que ce qu'on avait en l'an 2000, et ce, malgré une diminution de 53 000
élèves. Donc, on peut voir que plus de services et puis plus de
professionnels sont ouverts aux élèves qu'il y a 15 ans.
Parmi, bon,
les professeurs en enseignement, je peux vous donner des exemples, entre
autres, au Nunavik — vous
savez qu'on parlait tantôt de décrochage
majeur, etc. — bien, on
a développé des programmes où, souvent, bien, pour un jeune, autant un jeune homme qu'une jeune fille,
l'école, ça ne fonctionne pas, dans une classe régulière, ça ne fonctionne
pas... on a développé ce qu'on appelle les
programmes IPL, où le jeune va apprendre, fréquente l'école sur une base
régulière, à temps plein, puis, à
l'aide d'un intervenant adulte, va apprendre le mode de vie traditionnel des
Inuits, va aller, bon, sur le territoire
apprendre comment chasser, comment trapper, comment prendre soin des fourrures,
comment apprêter la viande une fois que l'animal vient d'être capturé,
comment construire les outils, comment réparer, faire des menus travaux sur les
motoneiges, sur les motos à quatre roues, et puis ça permet à ces gens-là
d'aller chercher un secondaire V.
On a aussi
développé, bon, le programme de hockey de Joé Juneau — je ne sais pas si vous en avez entendu
parler, M. le Président — où, à travers un programme de
hockey — puis
je pense que beaucoup de personnes au Québec ont entendu parler puis ont vu M. Juneau à quelques occasions dans des
émissions d'affaires publiques — on encourage les jeunes à persévérer à
travers le hockey.
Le jeune,
bon, a sa place dans l'équipe de hockey avec M. Juneau, peut recevoir les
enseignements des entraîneurs, mais,
pour jouer, ce n'est pas tout de bien performer sur la glace, il doit aussi
bien performer à l'école, avoir des bons résultats, avoir un bon
comportement à l'école et aussi avoir un bon comportement envers ses pairs.
Hier, il y avait
la remise des prix, à laquelle je n'ai pas pu assister, malheureusement, en personne parce que j'étais
occupé ailleurs dans d'autres réunions, mais j'ai eu l'occasion de la revoir en
différé hier soir à la télévision... la remise des prix concernant la diminution de l'intimidation. C'est un
genre de programme qui contribue à ça. Donc, je voudrais...
• (11 h 10) •
Le Président (M. Bernier) :
En conclusion.
M.
Boucher : ...c'est ça, prendre les quelques secondes qu'il me reste
pour féliciter les professeurs de leurs efforts et puis souligner encore une fois que c'est des intervenants
incontournables puis c'est des gens pour qui on devrait avoir toute
l'admiration.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Je vous remercie, M. le Président. Il y a quelque chose de beau, M. le
Président, qui est en train de se
créer au Québec, cette espèce d'impulsion, la prise de conscience collective
quant aux coupures du gouvernement actuel,
mais les gens se mobilisent puis veulent réagir, essaient de s'exprimer,
trouvent des façons alternatives de créer un mouvement populaire, puis je tiens à souligner tout le travail qui a été
fait par des gens incroyablement dynamiques, du monde réveillé, du monde qui sortent un peu des entiers battus, qui ont
créé le mouvement Je protège mon école publique.
Hier, j'étais
avec plusieurs parents ainsi que des organisateurs, là, Yann, Pascale, Marie,
et plusieurs autres, là, qui ont fait
un travail vraiment remarquable, mais je veux vous livrer aujourd'hui, M. le
Président, un témoignage qu'ils m'ont
envoyé. M. le ministre, ce n'est pas moi qui l'ai écrit, ça arrive directement
d'eux. Alors, ils vous adressent des questions, je vous inviterais à
leur répondre. Alors, je commence ma lecture :
«Le mouvement Je protège mon école publique est
né d'une initiative de parents impliqués à l'école publique primaire Saint-Jean-De Brébeuf de Montréal et
préoccupés par les conséquences de la surpopulation sur la qualité et la
diversité des services offerts aux élèves. Après avoir sondé les parents des
autres écoles de la commission scolaire de Montréal,
nous avons compris que nous n'étions pas seuls à vivre ces problèmes, qu'ils
étaient multiples et que les compressions
qu'impose le gouvernement allaient forcément empirer la situation, déjà
intenable dans bien des établissements. C'est à ce moment-là que nous est venue l'idée — un peu folle, nous en convenons — d'organiser une action symbolique :
une chaîne, une chaîne humaine pour donner
une voix aux enfants, pour protéger notre école publique des coupes
incessantes, un moyen simple, imagé
et ludique d'exprimer à la population, aux dirigeants de la commission scolaire
et au gouvernement que l'état de
détérioration des écoles et des services qui sont offerts à tous les élèves, en
difficulté ou pas, est à un point tel qu'il
faut opérer un changement de cap immédiat afin d'éviter une dérive dont les
premières victimes seront les enfants qui fréquentent le réseau scolaire
public.
«Ainsi, le
1er mai, les parents des enfants et les professeurs de 26 écoles de
la commission scolaire de Montréal ont participé à une première chaîne
humaine. En se donnant la main, ils ont tenu à démontrer que l'éducation est un
enjeu prioritaire au Québec. Il n'y a
d'ailleurs personne de mieux placé que le ministère de l'Éducation pour arriver
à ce constat, lui qui est responsable
de l'éducation. Mais, s'il en doute encore, nous le confirmons : les
compressions imposées ont des répercussions directes sur les élèves et
les écoles. On constate déjà une diminution marquée du personnel spécialisé — psychoéducateurs, éducateurs spécialisés,
orthopédagogues et orthophonistes — malgré l'accroissement de la population et l'intégration d'élèves en
difficulté dans les classes. À cela s'ajoutent les coupures de postes de
conseiller pédagogique et de
direction adjointe, l'abandon des programmes d'aide aux devoirs et d'aide
alimentaire, essentiels pour les
élèves les plus démunis, l'élimination des ratios spécifiques aux classes de
milieux défavorisés et l'évaluation à la baisse de ceux des élèves en classe d'accueil, sans compter qu'il est toujours
question d'augmenter le ratio du nombre d'élèves par classe.
«Le
1er juin suivant, près d'une centaine d'écoles publiques du primaire et du
secondaire issues de six commissions scolaires
nous emboîtaient le pas, puis, le 1er septembre, c'est plus de 270 écoles,
dans 16 des 17 régions du Québec, que les
parents ont crié haut et fort : Je protège mon école publique. Le succès
de ce mouvement s'explique par le fait que les parents comprennent bien la situation, en sont
témoins au quotidien et s'insurgent que le gouvernement s'arroge ainsi
la légitimité de déconstruire les fondations mêmes de notre société :
l'école publique primaire et secondaire.
«Rajoutons
que cette grogne s'est aussi traduite, au sein de bien des conseils
d'établissement, par une prise de position sans précédent. Seulement à
la commission scolaire de Montréal, ce n'est pas moins de 27 % des
conseils d'établissement qui ont refusé
d'adopter les budgets réduits de près de 15 % que la commission scolaire
leur a imposés en juin dernier, exprimant par là leur refus de
cautionner.»
M. le
Président, je dois aller plus vite. «Le mouvement Je protège mon école publique
est maintenant national et rallie des
milliers de citoyens. Le
1er octobre, ce sont plus de 35 000[...].
Le mouvement de parents, plus uni que jamais, demande instamment trois
choses : le financement adéquat, stable et prévisible du réseau de
l'éducation public; un soutien rapide et
durable à la surpopulation dans les écoles; un accès aux services de
professionnel pour nos enfants.»
Et je termine avec la question. «Quelle que soit
la situation des finances publiques, la décision budgétaire du gouvernement ne peut pas être faite au détriment
des plus jeunes et des plus vulnérables. L'éducation est l'un des secteurs
névralgiques de notre société où la vision à
courte vue n'a pas sa place. Voyez-vous,
le ministre doit comprendre que nos enfants n'ont pas de prix. L'avenir du Québec
n'a pas de prix. S'il faut sabrer...» M.
le ministre, vous répondez quoi à ces
gens, qui se prennent en main? Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre.
M. Blais : Eh bien, merci beaucoup. Tout
d'abord, ça s'adonne que je connais assez bien l'école publique, M. le Président. Si on regarde mon parcours, là, c'est le parcours, là, d'un enfant du
rapport Parent, hein, qui est né dans un
petit village, d'une famille modeste, hein, sur le plan scolaire, disons ça
comme ça, et l'école publique, hein, m'a permis de réaliser tous les rêves que j'avais, et ce qui est important aujourd'hui, c'est de continuer dans cette voie, hein, de faire en sorte que l'école publique, hein, permette à
tous les enfants du Québec de réaliser leurs rêves avec leurs capacités. Je
connais d'autant bien l'école publique que
mes enfants sont tous allés à l'école publique, mais, je peux vous dire, j'ai
les moyens, les ressources pour faire
des choix différents et je ne l'ai jamais fait. Pour moi, c'était important, bien avant les
fonctions que j'occupe aujourd'hui, que mes enfants aillent à l'école publique du Québec.
Je connais pas mal bien l'école publique,
parce que, pendant toutes ces années, hein... Mon aînée,
qui a 30 ans aujourd'hui, rentrait, il y a 25 ans, à l'école
maternelle. Dès ces années-là, hein, moi, ma
conjointe, on siégeait, là, quand c'était possible, sur les comités d'école,
comités de parents.
Je connais
assez bien l'école publique, parce
que, 25 ans plus tard, j'étais, il y a
deux semaines, à la rencontre des
parents avec mes deux filles. Mes filles vont dans des écoles différentes. Je
suis allé à la rencontre avec des parents voir quels sont les projets aujourd'hui. Bien
sûr, puis le collègue a raison de le
souligner, nous sommes dans une année particulière,
hein, de négociation de conventions collectives. Je peux vous dire, les enseignants portaient un
chandail, hein, pour souligner, là,
et rappeler ce qu'ils demandent au gouvernement, mais j'ai eu affaire à des enseignants — et
je connais bien les enseignants aussi — mais des enseignants très, très
responsables, hein, dans les projets qu'ils proposent cette année à mes
enfants, à mes filles, dans les projets qu'ils proposent aussi, là, aux
enfants, là, du Québec.
Nous sommes
dans une situation de négociation. Et le mouvement Je protège mon école
publique est un mouvement que
je respecte comme tous les mouvements d'opinion. C'est un mouvement qui est, bien
sûr, puis mon collègue le rappelle dans ses
propos, hein, très, très, très aligné, en
ce moment, sur les revendications
collectives de nos syndicats, hein,
et donc réinvestir massivement, bien rémunérer les enseignants, si possible,
augmenter le nombre de personnels. Donc,
j'en suis, et nous sommes en négociation en ce
moment, là. Je le rappelle, en ce moment, il y a des gens aux tables de négociation, hein, et nous travaillons pour essayer de
trouver dans... avec la capacité de payer, parce que je rappelle à mon collègue que les demandes syndicales sont quand même
de 13,5 % d'augmentation sur
trois ans, là, c'est énorme. Donc, on
essaie de voir quels sont les chemins par lesquels on pourrait offrir ce que
l'on peut de mieux, comme société, hein, à nos enseignants et aussi
regarder un petit peu plus pour l'avenir.
Je rappelle
aussi que le collègue a une sensibilité particulière pour Montréal,
et moi aussi, j'en ai une, et parce
qu'on regarde avec, disons, un soin
particulier ce qui se passe à Montréal. Il y a un défi montréalais de pauvreté, il y a un défi montréalais aussi d'intégration de minorités, et ça s'adonne que, sur l'île de
Montréal, hein, on a une commission scolaire qui réussit fort bien et ça
s'adonne que sur la même île il y a une commission scolaire qui année après
année, hein, a des difficultés et ne réussit pas à rendre compte de ses conditions
de réalisation. La commission scolaire de Montréal,
hein, pour laquelle il utilise beaucoup de ses chiffres ou de ses plaidoyers,
la commission scolaire de Montréal est
dans une situation très particulière au Québec et elle a des difficultés sur tous
les plans. Rappelons-le, encore récemment, il y avait des conseillers pédagogiques qui étaient dans leurs bureaux,
hein, et qui ne savaient pas quelle est leur tâche. Donc, il y a un
enjeu de gestion particulier avec cette commission scolaire.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député d'Ungava.
M. Boucher : Merci beaucoup, M. le
Président. On va parler d'adéquation et de formation professionnelle, M. le
Président.
Vous savez,
depuis une heure, on parle beaucoup, bon, des élèves du primaire puis du
secondaire, comment le gouvernement, les professeurs, les parents
peuvent les accompagner dans leur cheminement scolaire. Certains de ces jeunes-là, bon, vont continuer au cégep, à
l'université puis vers les études supérieures, et c'est bien, mais d'autres
aussi vont se diriger vers un diplôme
d'études professionnelles, un D.E.P., un DEP, comme on dit dans le jargon, puis
arriver à l'âge de 15, 16 ans pour
faire un choix de carrière, ce n'est pas facile, je peux vous le dire : le
type de formation, le type de parcours, quel établissement qu'on va fréquenter. Souvent, bon,
s'éloigner de la maison paternelle ou maternelle, de la maison où est-ce
qu'on habite, ça peut être aussi une difficulté, c'est souvent des obstacles à
la poursuite des études.
Saviez-vous,
M. le Président, qu'au Québec il existe présentement 127 programmes menant
à un diplôme d'études professionnelles? Ces formations attirent, année
après année, 120 000 étudiants en formation professionnelle et 82 000 étudiants en formation technique, et
puis on a besoin de ces gens-là. Il y a plusieurs entreprises, M. le Président,
qui, souvent, nous contactent puis
disent : Écoutez, là, moi, j'ai des jobs, j'ai des bonnes jobs à offrir
puis je ne trouve pas de monde. Ce
n'est pas normal, là, que, quand on a une job de soudeur, une job
d'électricien... pas capable de recruter, pas capable d'engager. Donc, c'est bien que ces jeunes-là soient
sensibilisés à ça et puis s'intéressent à ce genre de métiers là. Vous savez, M. le Président, que ce n'est pas rare
aujourd'hui que plusieurs personnes vont faire plusieurs métiers au cours
de leur carrière, puis je pense que tous
ici, les élus, on en est des exemples vivants : il n'y a personne qui a
étudié pour devenir député puis qui a
commencé à être député à 22 ans, puis qui prendra sa retraite... On est tous
venus de milieux différents, pour tout le monde il y a eu un avant, il y
aura un après, donc des changements de carrière parfois.
M. le
Président, d'ici l'an 2025, il y aura plus de 1 million de jobs à combler
au Québec, plus de 1 million, puis la moitié de ça seront des postes pour les jeunes. Donc, s'assurer que
les jeunes soient formés dans le bon domaine, dans le domaine d'avenir pour faire en sorte de ne pas
créer d'espoir à un jeune qui reçoit une formation dans quelque chose qui, pour lui, ce serait impossible de se placer,
c'est important, donc bien ajuster les besoins et puis l'offre de services.
C'est pourquoi, bon, le gouvernement
travaille à s'assurer que nos jeunes soient bien formés au niveau du secondaire
et puis qu'ils aient un diplôme en poche.
Vous savez,
avoir une perspective d'emploi, c'est motivant pour les jeunes, dire :
Bien, je suis à l'école aujourd'hui, mais,
l'année prochaine, dans deux ans, j'ai une bonne job qui m'attend. À ce
niveau-là, bon, on est à mettre en place des programmes scolaires différents qui correspondent à la réalité du marché
du travail. On travaille, par exemple, activement à implanter le modèle dual québécois, M. le
Président, qui est inspiré du modèle allemand, où le jeune reçoit une partie
de ses enseignements en classe ou à l'école
selon la façon traditionnelle et puis une autre partie qu'il serait formé, bon,
en milieu de travail sous le modèle
un peu maître-apprenti comme on avait autrefois. Le jeune va pouvoir
s'apercevoir, dès les premiers mois de sa formation... à savoir est-ce
que c'est un métier qui lui plaît, est-ce que c'est quelque chose qu'il souhaite faire toute sa vie puis, deuxièmement,
bien, aura vraiment, là, le nez collé sur la réalité du marché du travail et
puis avoir une formation qui le mènera à une
entreprise. Souvent, bien, les entreprises vont avoir cinq, six, sept, huit
jeunes en formation puis elles vont
dire : Bien, là, ces quatre-là, ces cinq-là, vraiment,
là, j'ai l'oeil sur eux autres, comme on dit, puis je veux les avoir à mon emploi sitôt que la formation sera finie.
Ça fait que c'est autant stimulant pour l'employeur qui est à la
recherche de main-d'oeuvre que stimulant pour le jeune qui est à la recherche
d'une formation.
Je vois le
temps qui défile, c'est fascinant à savoir comment le temps peut passer vite
parfois quand on a la parole. Je vous
répète, M. le Président, encore une fois, en terminant, que notre gouvernement veut augmenter le taux de diplomation
ou de qualification à 80 % chez les moins de 20 ans d'ici 2020. C'est un objectif
qui nous est cher et puis avec lequel on aura une réussite. On va
rencontrer cet objectif-là, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Je vous remercie, M.
le Président. J'avoue que je suis encore estomaqué de la réponse que m'a donnée
le ministre par rapport à la lettre que je lui ai lue du mouvement Je protège
mon école publique. C'est assez incroyable
que le ministre nous accuse, là, à mots voilés, de s'immiscer,
dans le fond, dans les négociations, alors que leur revendication n'a absolument rien à voir avec les conditions de travail, porte
sur les investissements dans le réseau de l'éducation. J'ai pris la peine de lui lire... bien, écoutez,
je vais vous les lire à nouveau, là : «Le mouvement de parents, plus uni
que jamais, demande [...] trois choses : le financement
adéquat, stable et prévisible...» Stable et prévisible, ça veut dire ne pas couper en éducation
dans le réseau public. Deuxième élément : Solution rapide et durable à la
surpopulation des écoles puis un
accès aux services de professionnel pour nos enfants et nos enseignants, M. le Président. Alors, vous aurez compris
que ce sont des milliers de parents qui, en ce moment, se mobilisent, ils se
mobilisent. Ils ont des raisons de se
mobiliser. Je veux dire, ils ne veulent pas se pointer là à 6 h 45,
7 heures le matin, alors que la grande majorité de ces gens-là travaillent, par pur plaisir
d'encercler une école, M. le
Président. En plus, quand c'est un
mouvement spontané comme c'est le cas, de toute évidence, c'est parce
que ça répond à un besoin bien concret.
Tout à
l'heure, j'ai été bousculé par le temps, M. le Président. Permettez-moi
à nouveau de poursuivre la lecture avec
des questions plus précises au ministre : «L'avenir du Québec
n'a pas de prix. S'il faut sabrer les dépenses, ne fauchons pas du même geste une génération d'enfants.» Comme
nos demandes, nos questions sont donc toutes simples : Quels sont les
gestes concrets que vous faites — on fait référence évidemment à M. le
ministre — que vous
faites... que vous êtes prêts,
pardon, «à poser dès maintenant pour que l'offre de services spécialisés — orthophonistes, éducateurs spécialisés,
psychoéducateurs — puisse répondre adéquatement aux besoins de
tous les enfants, avec besoins particuliers ou non, et à ceux des
enseignants»? Ici, on fait référence à toutes les coupures de postes de
professionnel. «Concrètement, quelles actions
allez vous poser pour vous assurer que tous les enfants puissent développer
leur plein potentiel dans un milieu propice
aux apprentissages, et ce, malgré les problèmes de surpopulation, les coupures
de postes de conseiller pédagogique et de direction adjointe, l'abandon
de programmes d'aide aux devoirs et d'aide alimentaire, l'élimination des
ratios spécifiques aux classes de milieux
défavorisés et l'évaluation à la baisse de ceux des élèves en classe d'accueil.
En somme, quand le ministre tendra-t-il
la main aux citoyens du Québec afin de défendre, vous aussi, le réseau des
écoles publiques? Quand prendra-t-il au mot M. Couillard et va-t-il
faire en sorte que l'éducation devienne réellement la priorité au Québec?» Et la question, je la lis : «Oubliez
la cassette partisane pour un temps, je ne suis qu'un porte-voix. Répondez,
M. le ministre, à ces parents qui s'adressent directement à vous.»
Alors, M. le Président, je viens de
terminer la lettre du mouvement qui est porté en ce moment par des parents
un peu partout à travers le Québec. Puis,
vous savez quoi?, tant et aussi longtemps que le ministre ne reculera pas, tant
et aussi longtemps qu'on ne
réinvestira pas massivement en éducation, j'ai la conviction que le mouvement
va prendre de l'ampleur, il va prendre de l'ampleur, parce que le niveau
de grogne et d'exaspération ne cesse de croître.
Et,
encore une fois, je reviens à la conférence de presse que nous avons faite ce
matin, avec des témoignages que nous
a faits la fondatrice de la Coalition des parents d'enfants à besoins
particuliers, des citoyens qui ont pris la peine d'écrire directement au premier ministre pour lui demander
d'intervenir, pour lui demander d'agir, parce que ces parents-là se
retrouvent à bout de souffle.
Alors,
M. le ministre, aujourd'hui, vous
avez quand même une occasion en or de dire qu'assez, c'est assez, que les
coupures sont allées trop loin et de vous
tourner vers les parents puis de leur dire que vous comprenez la situation et
que vous allez rectifier le tir et
rétablir les sommes dans le milieu de l'éducation pour assurer le service
adéquat à nos enfants.
• (11 h 30) •
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, peut-être rappeler
qu'aucune coupure en éducation ne peut aller
aussi loin que ce qu'a fait le Parti québécois en 1995, 1996, 1997, aucune
coupure ne peut aller aussi loin que ce qui a été fait pendant ces années-là, donc on n'est pas du tout dans ce
scénario. Je comprends que, on l'a dit, il y a un effort à faire, il faut ajouter à l'ensemble de la
situation, disons, des efforts du point de vue syndical pour essayer d'aller
faire des gains dans une négociation
maintenant qui est bien entamée depuis l'été dernier. J'aimerais peut-être,
donc, rappeler en arrière-fond, là,
l'article de Francis Vailles, la Chronique «plate» pour l'éducation.
Elle est plate pour ceux qui essaient de
construire une histoire des 10 dernières années en éducation comme étant
une histoire morne, une histoire d'échecs, alors qu'on a des progrès à
peu près à tous les niveaux et en particulier au niveau des investissements.
Je
vais revenir sur la problématique, là, que l'on a entre nous, là, lorsqu'on
discute de cas particuliers, lorsqu'on discute
de services qui ne sont pas au rendez-vous, de parents qui sont déçus par
l'offre des services. C'est toujours très difficile d'intervenir, mais,
lorsqu'on a l'occasion, on essaie, avec bien sûr mes équipes, de regarder les
cas concrets comme on me le suggère ici, de
dire : Écoutez, là, laissez faire les tableaux, laissez faire les
augmentations importantes, mais
peut-être insuffisantes pour certains, hein, des budgets, regardez les cas
concrets pour voir comment ça se passe. Alors, on fait l'exercice puis on découvre, à ce moment-là, des choses
importantes. On a eu un cas en Chambre, je pense, la semaine dernière où on voyait très bien que
l'enjeu n'était pas un enjeu récent, c'est-à-dire que les parents étaient déçus
de l'offre de services qu'ils avaient pour
leur enfant mais cette déception-là n'était pas récente. Elle n'était pas du
tout en lien avec quelque effort, quelque compression, mais simplement que
l'école tentait pour un enfant autiste assez lourd de répondre par un
plan d'intervention à la situation, mais on avait affaire à un enfant dont le
handicap était très lourd et qui mettait en
danger sa sécurité, qui mettait en danger la sécurité du personnel et aussi la
sécurité des enfants. Donc, l'école tentait
de trouver une solution, les parents avaient une certaine vision des choses,
avaient une lecture des besoins pour leur
enfant, l'école bien sûr voyait l'ensemble, pas simplement un enfant, mais la
dynamique de l'ensemble des enfants pour essayer de trouver une
solution.
Quand
on regarde tous les efforts qui ont été faits, ces dernières années, dans
l'intégration des enfants avec des difficultés
d'adaptation et d'apprentissage, on voit bien que ça a réussi, mais on voit
bien que ça a réussi parce qu'on a diminué
les ratios, qu'on a ajouté du personnel. Moi, je l'ai vu, là, ça fait 25 ans,
là, comme parent, que je suis dans les écoles
primaires et secondaires, je vois bien, là, ce qui s'est passé dans les écoles,
c'est des écoles transformées par rapport à l'époque où mon aînée
rentrait à la maternelle.
Nous
sommes dans des cas dont on nous parle aujourd'hui dont plusieurs sont des cas
qui durent depuis un certain temps,
tout simplement parce que le plan d'intervention qu'on essaie de constituer avec
la famille est un plan d'intervention qui
ne retrouve pas toujours un accord de toutes les personnes impliquées. En
d'autres mots, on a réussi à aller très loin dans l'intégration, on nous demande d'aller plus loin, on nous
dit : On est capable encore de faire des efforts, aller plus loin en injectant des sommes, bien sûr,
importantes. Nous, on n'a pas d'objection à cette vision-là pour aller plus
loin. On sait que, dans certains
cas — je
prends l'exemple de l'enfant, disons, lourdement autiste de tout à
l'heure — ça va
demander un travail plus à fond avec le ministère de la Santé et l'Éducation. C'est-à-dire
que, hein, le père de famille lui-même avait dit, si je me souviens bien, lors d'une
rencontre avec la commission
scolaire : L'école a atteint ses
limites, hein, donc ce n'était pas un
reproche qu'il faisait à l'école, hein, mais il dit : Si on veut continuer
sur la voie de l'intégration, disons, dans le cas de cet enfant-là,
d'améliorer son autonomie...
Le Président (M.
Bernier) : ...M. le ministre.
M.
Blais : ...hein, il va
falloir faire en sorte d'avoir des collaborations plus fortes avec la Santé et le ministère de l'Éducation.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais vous amener sur un
autre sujet, M. le Président, les maternelles quatre ans à temps plein en milieu défavorisé. Vous savez, M. le
Président, que, malgré le contexte actuel des finances publiques, en 2015‑2016, on a annoncé l'ouverture
de 12 nouvelles classes dans ce domaine-là. Le réseau compte maintenant
88 classes, pour un investissement total de 12 millions.
C'est des classes qui ont
été offertes, à partir de certains critères objectifs, à des commissions scolaires
dont le nombre d'enfants en milieu
défavorisé est grand. Entre autres, il y a, à la commission scolaire de la
Baie-James, M. le Président, l'école
Saint-Dominique-Savoie, où on retrouve une classe comme ça, de même que, à la
commission scolaire Central Québec, l'école MacLean Memorial, de
Chibougamau, où on trouve des classes de maternelle à temps plein. Vous savez, concernant l'école MacLean Memorial,
une des particularités de cette école-là, bon, c'est que, premièrement, c'est une école anglophone située à Chibougamau
et, deuxièmement, il y a un fort contingent de jeunes enfants cris qui...
qui fréquentent, pardon, cette école-là.
Donc, c'est important de rappeler que l'inscription de ces enfants-là est
volontaire, donc ce n'est pas la
maternelle obligatoire à temps plein. Puis l'intention première derrière
l'implantation de ce type de maternelle
là était d'aider les enfants défavorisés à mieux se préparer à l'école. Vous
savez, avec un taux de décrochage scolaire
qui est souvent élevé puis qui est lié à la motivation à apprendre... par
conséquent, dès la petite enfance, il est très important de donner aux tout-petits le goût d'aller à l'école et de
faire en sorte qu'ils acquièrent le plaisir d'apprendre et d'acquérir
des... des connaissances, pardon.
Les buts
principaux de l'implantation de ces classes-là étaient de fournir aux enfants
dans un milieu défavorisé l'opportunité
de développer un langage et d'autres capacités nécessaires à la réussite
scolaire; de soutenir les parents qui, parfois,
dans bien des cas, ont eu une expérience qui n'était pas très positive avec la
commission... avec le milieu scolaire, pardon,
dans leur propre jeunesse; accroître les chances de ces enfants-là de connaître
une expérience positive en milieu scolaire
et favoriser leur intégration; enrichir leurs bagages d'expériences, de
développement global et de développer un sentiment de compétence et d'apprendre par rapport aux autres enfants.
Ces enfants-là, souvent, qui, lors de l'entrée à la maternelle... Certains ont fréquenté le CPE,
certains sont restés à la maison avec les parents, certains ont été gardés par
un voisin, une grand-mère. Il n'y a pas un
modèle qui est moins bon que l'autre. Mais ça fait en sorte que ces enfants-là
arrivent souvent avec des niveaux de
préparation fort différents, et puis c'est important que ces enfants-là aient
autant que possible un niveau égal
lors de l'entrée à la maternelle afin de donner les chances égales à tout le
monde. Donc, en préparant les enfants
qui proviennent de milieux défavorisés ainsi que leurs parents à une entrée à
l'école réussie, positive puis
agréable, ce sont des moyens reconnus pour... pour contrer, pardon, à long
terme le décrochage scolaire. Ça, c'en est une, façon, M. le Président, d'améliorer le succès à l'école et puis de
faire en sorte que ces enfants-là puissent avoir un parcours positif qui les amènera, bon, à avoir une
fréquentation scolaire qui sera réussie et puis remplie, là, de succès pour
plus tard.
J'entends, bon, les deux oppositions, qui,
depuis le début, là, de notre interpellation ce matin, décrivent des scénarios catastrophes, mais, depuis le début,
bon, de la 41e législature, c'est comme ça : tout le monde ici, dans
cette Chambre, est d'accord avec
l'atteinte du déficit zéro, tout le monde comprend que c'est d'une importance
capitale, mais les oppositions sont
toujours en désaccord avec les moyens et les façons d'y parvenir. Donc, c'est
un petit peu dichotomique et
c'est un petit peu difficile à comprendre.
On sait
que, bon, présentement, malgré le... je reviens encore, la période de
rigueur budgétaire, on est en bonne voie...
• (11 h 40) •
Le Président (M. Bernier) :
En conclusion.
M. Boucher : ...et puis, dès l'an
2016 — M.
le premier ministre l'a dit pas plus tard qu'hier — il y aura un
réinvestissement dans ces domaines-là. Merci, monsieur.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : M. le Président, c'est consternant de voir avec quelle habileté le ministre
se déresponsabilise de ce qui se passe. Pour lui, tout ne semble
qu'anecdotique.
Le mouvement
des milliers de parents qui encerclent les écoles, avec le mouvement Je protège
mon école publique, ce n'est pas anecdotique. Le ministre nous
dit : Vous savez, on décrit des choses, ça fait longtemps que ça va mal en
éducation, alors, si ça va mal cette année, ce n'est pas grave. Bien, oui, c'est
grave, et, à un moment donné, là, au point de vue physique, là, on a
atteint le point de bascule. Ça faisait longtemps que les milieux étaient en
souffrance, mais les dernières coupures des
deux dernières années, des deux derniers budgets libéraux, bien, elles ont fait
qu'on a passé le point de bascule et
que, là, c'est plus difficile, c'est un mouvement en crise. Voilà pourquoi il
n'y avait pas des mouvements citoyens
qui entouraient les écoles il y a trois, quatre, cinq ans, même si, oui, je le
concède, il y a trois, quatre, cinq ans, tout n'était pas
merveilleux. Mais ce n'est pas une raison pour empirer la situation
aujourd'hui. Et, oui, le gouvernement actuel a coupé
dans les services et est responsable de cette mobilisation qu'on voit en ce
moment, des cris du coeur qu'on entend, qu'on a entendus hier quand une
éducatrice spécialisée, Mme Rémillard, une psychoéducatrice, Mme Cyr, et deux mamans, Mme Tétreault, Mme Berger, ont fait
le voyage pour venir ici pour dire : Cette année, c'est pire que l'année
passée.
Ce n'est pas
vrai qu'en ce moment je suis le porte-parole de 15 années de problèmes en éducation.
Non, je suis l'écho de ce qui se passe cette année puis des cris d'alarme que
lancent les parents et les professeurs qui disent : Là, c'est assez, vous êtes allés trop loin, parce que
ce n'est pas les premières coupures qu'on a cette année, je le concède. Le Parti québécois a coupé aussi dans son bref règne. Ce n'est pas
une raison pour que le Parti libéral
empire une situation qui allait déjà mal.
Il n'y a pas
si longtemps, quelques mois, d'autres parents sont venus témoigner avec moi,
avec mon parti pour dire : Ça ne
va pas, il faut arrêter, ça suffit. Mme Chabot, mère d'un enfant en première
année à qui on a refusé une classe spéciale,
son enfant a un trouble du spectre de l'autisme; tous les spécialistes
disent : Il a besoin d'aller en classe spéciale. La professeure, la direction dit : Il a
besoin d'une classe spéciale, mais, malheureusement, on n'a pas les moyens pour
votre enfant. Imaginez
Mme Chabot qui se fait dire ça. Mme Sicotte, qui est venue ici, à l'Assemblée
nationale, il n'y a pas longtemps,
elle aussi, elle s'est battue pour avoir un diagnostic pour son enfant. Elle
voyait qu'il avait un problème, mais
ce n'était pas possible dans le réseau public. Elle s'est retournée au réseau
privé puis elle a payé, elle a attendu... elle a fini par payer pour avoir un diagnostic, pour voir que son enfant
avait un trouble du spectre de l'autisme, puis, de peine et de misère, elle a eu quelques services, mais
c'est parce qu'elle est allée au privé. Si elle n'avait pas eu les moyens
d'aller au privé, son enfant serait encore
quelque part sur une liste d'attente. Michel Labonté, un père qui est venu
témoigner il n'y a pas très
longtemps, parce qu'encore une fois on refuse à son fils l'accès à une classe
spécialisée alors que le besoin est
clairement identifié... Mme Joëlle Langevin, d'Autisme Québec, qui a dit, je la
cite : «Les enfants différents ne semblent pas être une priorité à
l'heure actuelle», elle parlait du gouvernement actuel.
On manque
d'amour pour nos jeunes, on manque d'amour pour nos écoles. Il est temps qu'on
lâche un petit peu les simples lignes
comptables. Puis de se dire : Bien, ah! bien, vous savez, on est en
progression de 1 %, donc c'est moins pire qu'avant... Si on aime
vraiment nos jeunes...
Le Président (M. Bernier) :
En conclusion.
M.
Roberge : ...bien, on va s'arranger pour que ces jeunes-là aient les
services dont ils ont besoin, on va s'arranger pour qu'ils aient une vie de famille agréable, parce que les parents ne
sont pas en stress. La souffrance des enfants, c'est la souffrance des
parents et des familles. Il faut réinvestir, il faut donner à chaque jeune...
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Roberge : ...les services qu'ils
ont besoin.
Conclusions
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député de Chambly. Nous en sommes maintenant aux dernières
interventions. M. le ministre, vous avez un 10 minutes qui vous est
accordé.
M. François Blais
M.
Blais : Il y a un grand philosophe politique que j'aimais beaucoup,
qui s'appelle John Rawls, qui est décédé il y a quelques années maintenant, qui disait que, dans les sociétés
démocratiques modernes, il pouvait y avoir des désaccords déraisonnables
qui reposaient, peut-être, sur l'intolérance et des désaccords raisonnables qui
reposaient simplement sur des points de vue fondamentaux assez opposés mais
pour lesquels il est difficile de trancher.
Sur la
question des services et de l'offre de services, je veux le réitérer à mon
collègue, on aura une discussion assez
intéressante là-dessus, une discussion de fond : Est-ce que nous sommes en
faveur du maintien et du renforcement de la décentralisation dans
l'organisation scolaire ou, comme il me semble dire, le gouvernement doit
décider, donc Québec doit décider dans les
écoles du Québec, hein, quels sont les services, comment ils doivent être
offerts et, à la limite, par quel
type de professionnel? Nous, notre approche est assez claire, hein, nous allons
maintenir la décentralisation dans la gouvernance, renforcer
l'autonomie.
Québec,
aujourd'hui, ne coupe pas dans les services, tout simplement parce que Québec,
aujourd'hui, n'administre pas les commissions scolaires et n'administre
pas les services. Et, c'est important, nous avons maintenu, hein, nous octroyons des budgets pour différentes clientèles,
notamment pour une des clientèles qui nous tient le plus à coeur, au
Québec, la clientèle des enfants handicapés, en difficulté d'apprentissage et
d'adaptation. Compte tenu de la situation financière
dans laquelle le Parti québécois nous a laissés quand il a quitté le pouvoir,
nous devions faire des choix, nous devions
comprimer, dans les dépenses potentielles au Québec, plus de 7 milliards
de dollars. Et cette compression-là, cet effort que tous les Québécois font en ce moment, nous avons décidé de la
faire sur deux années. Et je ne crois pas qu'aucun parti politique, sauf peut-être un ici, dans cette
Assemblée, est en défaveur du retour à l'équilibre budgétaire du gouvernement du Québec dans la présente année et,
je crois, je l'espère, dans les prochaines années. Une fois que ce retour
sera réalisé, et nous y sommes tout près, il
y aura bien sûr un réinvestissement à la mesure de nos moyens, à la mesure
de nos priorités, bien sûr, en éducation. Ce
réinvestissement, on peut déjà vous l'annoncer, il ne faut pas le voir
uniquement au prisme, disons, de nos
partenaires syndicaux, c'est-à-dire augmenter de 13,5 % les salaires des
enseignants au Québec sur trois ans, investir de façon majeure pour
diminuer encore les ratios, pour augmenter le personnel de soutien. Ce réinvestissement, il sera fait de façon prudente,
intelligente, sur preuve de ce qui fonctionne bien en éducation — j'allais dire, sur preuve, hein, des démonstrations bien faites
scientifiquement — de ce
qui fonctionne bien et de ce qui fonctionne moins bien.
Nous allons nous doter d'une gouvernance
différente. Nous ne voulons pas nous attaquer aux structures pour changer les structures, mais nous voulons redéfinir
les rôles, les responsabilités du ministère. Les choses ont évolué, le ministère doit évoluer. Les commissions scolaires
vont continuer d'exister, mais leur rôle va être modifié, notamment, puisque l'on désire que les commissions scolaires
soient en soutien aux écoles plutôt que d'administrer les écoles. Pourquoi?
Parce que la réussite scolaire, ça passe et
ça a toujours passé par la relation privilégiée qu'un enfant pouvait avoir avec
ses enseignants et, bien sûr, avec l'école
et cette relation privilégiée aussi que les parents peuvent avoir avec leurs
écoles. C'est la raison pour laquelle
nous insistons beaucoup, dans la prochaine gouvernance, sur la place des
parents et d'autres personnes.
Aujourd'hui, nous sommes en 2015, nous ne sommes plus au XIXe siècle. Au
XIXe siècle, la majorité des parents du Québec étaient analphabètes. Aujourd'hui, les parents sont en mesure plus que jamais de contribuer à
l'effort scolaire, à la gouvernance, aux choix, aux orientations
scolaires et à la façon, et c'est le sujet d'aujourd'hui, à la façon dont les
services doivent être déployés dans leurs écoles, dans leurs commissions
scolaires.
• (11 h 50) •
Il y a
d'autres personnes aujourd'hui qui sont exclues de la gouvernance scolaire. Il
y a bien sûr les enseignants, le
personnel professionnel, les directions d'établissement, dont on dit, hein, que
notre avenir va passer par une plus grande autonomie des écoles, dans la possibilité pour les écoles de définir
leurs projets scolaires. Et on sait que ce qui fonctionne bien, hein...
Quelle a été une des causes de la réussite scolaire ces dernières années?
Pourquoi le décrochage scolaire a diminué?
Pourquoi aujourd'hui, au Québec, il y a moins d'enfants dans les écoles privées
et un peu plus dans les écoles publiques?
Quel est le succès des écoles publiques québécoises ces dernières années? C'est
le fait que nous avons permis à ces
écoles publiques québécoises de définir un projet pédagogique qui leur était
propre, un projet pédagogique dans lequel l'enfant se retrouvait, un projet pédagogique dans lequel les parents se
retrouvent et sont prêts à s'associer et un projet pédagogique dans
lequel les enseignants — c'est
fondamental — se
retrouvent et veulent participer.
J'étais sur
la Rive-Sud cet automne pour l'ouverture d'une nouvelle école : très bien,
tout était beau, tout était éclairé,
le mobilier était de niveau. C'était une école flambant neuve, mais ce qu'il
était le plus important de remarquer dans
cette école, c'était une panoplie de jeunes enseignants extrêmement dynamiques
qui avaient décidé de s'associer pas
simplement au fait d'avoir une nouvelle école, hein, différente des autres,
mais de s'associer à un projet pédagogique et à une vision pédagogique
qui était propre à cette école, notamment l'établissement d'une école 2.0 avec
toutes les ressources nécessaires, et je
peux vous le dire, toutes les ressources nécessaires — j'étais même étonné jusqu'à quel point
ces ressources-là étaient importantes, on
parle d'une école publique — toutes les ressources nécessaires pour
réaliser son projet pédagogique. Les
jeunes étaient souriants, les parents étaient heureux que cette école-là ouvre
enfin, parce que, bien sûr, on
l'attendait tous, ils l'attendaient tous et toutes. Mais c'était formidable de
voir ces enseignants avec le grand sourire
et qui étaient prêts, là, avec leurs enfants, leurs élèves, à débuter ce
nouveau projet pédagogique. C'est la vision que nous avons, là, pour
l'école au XXIe siècle au Québec et nous avons les moyens d'y arriver, hein?
À
Charlesbourg, hein, l'école polyvalente de Charlesbourg, cette année, ils sont
venus me présenter un projet de robotique
auquel ils participent. C'est un projet de robotique international qui a fait
en sorte que les élèves de la polyvalente de Charlesbourg représentaient cet été le Québec, pas Charlesbourg — le Québec — dans une compétition internationale en Californie. C'est ça, ce qui se passe en ce
moment dans nos écoles depuis plusieurs années, et c'est la vision que nous
avons, au-delà, bien sûr, des différences de
points de vue, au-delà, bien sûr, de notre capacité financière cette année,
aller aussi vite qu'on aimerait aller, hein? Nous n'avons pas diminué les
budgets sous la barre de zéro, nous les avons augmentés légèrement.
Nous avons
commencé cette rencontre par une interpellation de mon collègue, je vais
terminer la rencontre par une
interpellation maintenant vers mon collègue. Je lui demande s'il est d'accord
ou s'il était d'accord avec les coupures du Parti québécois de 3,9 % en 1996‑1997, de 5,8 % en 1997‑1998
et de 0,4 % en 1998‑1999, une coupure de 10,1 % en éducation au Québec, du jamais-vu dans l'histoire
contemporaine du Québec comme coupures en éducation. Est-ce que mon collègue, que j'interpelle aujourd'hui, peut
me dire s'il était d'accord et s'il est d'accord avec ces coupures de son
gouvernement? Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean, la parole est à vous.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Quel mauvais théâtre, M. le Président! C'est décourageant,
honnêtement, il n'y a pas d'autre mot.
Est-ce que
c'est Lucien Bouchard qui a coupé les orthophonistes pour la rentrée scolaire
2015‑2016? Est-ce que c'est Lucien
Bouchard qui est responsable des coupures des psychoéducateurs, des techniciens
en éducation spécialisée, des listes
d'attente, des parents qui se mobilisent partout à travers le Québec? Est-ce
que c'est Lucien Bouchard qui est responsable
de toutes les manifestations qui ont cours présentement? Évidemment, la réponse
est non, M. le Président. Mais ce
genre de petite politique est tellement déplorable que ça lève le coeur à tous
les Québécois, parce que les gens comprennent
bien que, lorsqu'on passe à cette étape, ça s'appelle la trousse de secours, ça veut dire : on fait tout pour dévier le débat, on rappelle des coupures d'il y a 20, 25, 30 ans. Je
suis même surpris qu'il ne m'ait pas parlé des négociations avec le
secteur public de 1982 avec M. Lévesque, alors que moi, j'avais cinq ans, M. le
Président.
M. le
Président, le ministre vient de nous dire qu'à l'école de l'Étoile, à Lévis,
hein, qui est le modèle qu'il vient de
citer... Vous l'avez entendu, il a dit mot pour mot : Ils ont tous les
services, c'est le modèle d'école qu'on veut utiliser. On me disait tout à l'heure : Les
parents étaient contents, les professeurs étaient contents. La réalité, M. le Président, c'est comme partout à
travers le Québec, l'ensemble des écoles, il y a
des ressources qui sont coupées. Je vais lire le témoignage d'un parent : «Mon fils fréquente l'école de
l'Étoile — l'exemple du ministre, là — celle-là même que vous venez d'inaugurer, M. Blais.» Alors, je la cite :
«Je vous l'accorde, notre école est magnifique, mais auriez-vous oublié d'y
mettre du contenu? Attention, loin de
moi l'idée de blâmer le personnel en place, ils font un travail exemplaire à
effectifs réduits, mais que
dites-vous, M. le ministre, de l'unique orthophoniste — de l'unique orthophoniste — qui est en congé maladie et qu'on n'a pas remplacée?» Là, vous avez un
parent, là, qui va dans l'école extraordinaire, fantastique, qui est parfaite,
selon vos dires, je vais vous citer, «dont
toutes les ressources — vous avez bien dit — sont là». Bien, moi, j'ai un parent, là,
qui m'écrit pour me dire exactement
l'inverse, que le service d'orthophonie, là, pour son enfant, bien, il n'est
juste pas disponible, parce que
l'unique orthophoniste est en congé
maladie et elle n'a pas été remplacée. J'imagine que ça, ce n'était pas prévu dans votre
tableau, là, que vous vouliez me citer, j'imagine que vos attachés ont oublié
de vous dire que ce n'était peut-être pas aussi parfait que ce que vous
avez laissé entendre.
Évidemment,
c'est un peu un dialogue de sourds, M.
le Président, mais ce que je trouve
déplorable, c'est à quel point on est
dans le déni. Le ministre essaie de justifier l'injustifiable alors qu'il
sait pertinemment que les coupes qui sont
imposées présentement ont des répercussions majeures sur les services
aux élèves et particulièrement les élèves qui ont le plus de besoin de services, M.
le Président. C'est un aveu d'échec,
hein? Le ministre nous dit, vous le voyez aller, là, il dit :
Il ne faut pas regarder ça, là, juste présentement, il faut revoir la structure, il faut revoir nos façons de faire. Ça, M. le
Président, là, c'est un beau discours
qui veut dire quoi?, qui veut dire : On n'a plus une cent, on coupe, puis,
la façon pour moi de changer le focus
des coupes, on va le mettre dorénavant sur les structures. Puis là c'est exactement
sa stratégie, la stratégie de
communication, parce que ça n'a rien à voir avec la pédagogie puis la
réforme de l'éducation au Québec
puis la réussite de nos jeunes. Ce qu'ils
veulent, là, c'est changer le focus des coupures actuelles pour amener ça sur
un débat qui va porter sur toute la structure, la réorganisation des
services.
Tout à l'heure, il nous dit : Vous savez, là, après, là, quand ça va
mieux aller, il ne faudra pas mesurer notre succès en fonction des investissements, il ne faudra pas regarder notre succès en
regardant si on a offert davantage de services professionnels à nos jeunes,
il faudra regarder notre succès en fonction de la réorganisation qu'on aura
proposée. Savez-vous ce que c'est, ça, M. le Président? C'est un ministre qui, d'avance, abdique devant ses responsabilités. Il est déjà en train de justifier le budget de 2016‑2017,
alors que les coupures actuelles... Sa responsabilité, c'est de défendre l'éducation maintenant,
d'aller voir son collègue au Conseil
du trésor, de lui dire : Assez,
c'est assez, que ce n'est pas vrai
que l'éducation, c'est uniquement une opération comptable, que ça
a d'importantes répercussions sur l'avenir de nos
jeunes.
Puis vous savez quoi, M. le Président? Quand qu'on
parle d'éducation, ça devient vite émotif. Savez-vous pourquoi? Parce que, quand vous avez un enfant à la maison, là, que
vous le savez, qu'il a besoin de
services... J'imagine que vous êtes
père de famille, on est nombreux ici à avoir des enfants, puis, quand qu'on a
un enfant malade à la maison, là,
bien on est prêts à faire bien des affaires pour l'aider à se soigner. Mais,
quand on a un enfant qui va à l'école puis qu'on sait qu'il a des besoins particuliers, qu'on sait, là, qu'il a besoin
d'avoir un suivi plus quotidien, bien, ces parents-là, là, c'est ceux-là qui se mobilisent, en ce moment
particulièrement, parce qu'ils sont directement touchés, eux, et ils le savent,
qu'être mis sur une liste d'attente d'un an
de plus... ils le savent quand il y a un mauvais dialogue entre le système de
la santé puis le système de l'éducation, puis que des jeunes se
retrouvent pris dans le système puis qu'ils doivent être réévalués dans le système d'éducation ou qu'il
manque de professionnels dans le système d'éducation, alors qu'ils étaient
suivis dans le système de santé. Bien, eux
autres, ces parents-là, ils se lèvent debout présentement puis ils le disent au
ministre, que ça n'a pas de bon sens puis
que ce sont ces enfants-là particulièrement qui vont se retrouver en
difficulté.
• (12 heures) •
Mais
évidemment ça touche tous les autres élèves qui sont en régulier, qui sont dans
les classes. Pourquoi? Parce qu'on a
décidé d'intégrer les élèves en difficulté. Mettez-vous à la place d'un
professeur qui avant avait de l'aide d'un technicien en éducation
spécialisée, qui avant avait de l'aide d'un orthopédagogue, d'un
psychoéducateur et qui, là, du jour
au lendemain, on lui dit : Désolé, mon ami, finalement, avant tu avais de
l'aide, là, tu n'en auras plus. Pensez-vous vraiment que ça n'a pas
d'impact sur la vie du professeur? Pensez-vous que ça n'a pas d'impact sur les
autres élèves réguliers, qui, eux autres,
demandent juste de suivre leur cours puis d'apprendre normalement? Puis pensez-vous que ça n'a pas d'impact sur les élèves qui,
eux, avaient accès à ces services?
M. le Président, penser, là, que ça n'a pas d'impact sur les étudiants, de nier les
coupures actuelles comme le fait le ministre,
c'est vivre complètement sur une autre planète. Mais évidemment
le ministre va dire : Mais c'est le rôle de l'opposition, c'est normal qu'ils nous critiquent. C'est vrai
que le rôle de l'opposition, M. le
Président, c'est de mettre l'emphase
sur toutes les améliorations, mais, quand ça devient tout le milieu qui se
mobilise, quand ça dépasse des intérêts individuels puis que ce sont les parents, les
enfants, les enseignants et même la société québécoise qui se prend par la main puis qui
dit : Il faut se réveiller, comme société, puis ça n'a juste pas de bon
sens, ce qui est en train de se passer,
c'est parce que, là, il se passe réellement quelque
chose, puis c'est là qu'on se tourne
vers le ministre puis qu'on s'attend que celui qui est en
haut de la pyramide, bien, le dernier en haut, là, prenne ses responsabilités.
Je comprends,
là, qu'il y a des lignes à passer, qu'ils ont des messages à
véhiculer, mais j'espère sincèrement que son
téléphone est réellement ouvert, que son rendez-vous est pris avec son
collègue au Conseil du trésor. M. le
Président, j'ai été au gouvernement, j'étais au
Conseil du trésor, je me souviens comment ça fonctionne. Quand il y a
des moments chauds, là, des moments
difficiles, des moments où il y a des décisions plus ardues qui doivent être
prises, bien ça prend un ministre
fort, un ministre qui croit en l'éducation, qui croit vraiment
aux services aux élèves puis qui se tient debout, puis qui va dire à son collègue : Assez,
c'est assez, puis ça n'a pas de bon sens. Puis on a un premier ministre qui avait choisi de faire de
l'éducation sa priorité et qui s'est levé ici, à l'Assemblée nationale, dans son discours inaugural, qui a dit aux Québécois que la priorité parmi la priorité, parce qu'on ne
pouvait pas avoir 100 000 priorités — c'est ce
qu'il a dit — ça allait être l'éducation. Qu'est-ce qu'on
s'attend, c'est que ce premier ministre là rappelle à l'ordre son ministre
de l'Éducation ou que son ministre de
l'Éducation réussisse à ne pas être juste le commissionnaire de son collègue au
Trésor, à être le porte-parole de
celui qui tient la bourse au Québec, le président du Conseil du trésor, qu'il
se tienne debout puis défende
l'éducation au Québec, parce qu'investir en éducation... au-delà du débat de
chiffres, au-delà des coupures qu'ils font,
M. le Président, ce qu'il faut comprendre, là, c'est qu'il faut être
incroyablement à courte vue pour penser, là, qu'en n'offrant pas des services à nos jeunes en ce
moment pour équilibrer leur budget ou pour imposer leurs coupures qu'ils
veulent imposer, bien, ça n'aura pas d'impact sur le moyen, long terme au
Québec.
Alors, j'ai
l'intention de me lever jour après jour, M. le Président, à l'Assemblée
nationale, je ne lâcherai pas le morceau, tant et aussi longtemps que le
ministre ne sera pas revenu à la raison et ne fera pas en sorte qu'il y aura
des investissements
importants en éducation. Mais, vous savez quoi, M. le Président? Je crois
beaucoup à la pression populaire, je crois à l'opinion publique et je
suis persuadé que les Québécois vont rappeler à l'ordre le ministre de
l'Éducation.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député. Donc, je veux
remercier tous les députés qui ont participé à cette interpellation ce matin, remercier M. le ministre, remercier le
personnel de l'Assemblée nationale qui nous accompagne dans l'accomplissement de ces mandats, remercier
les gens qui nous ont écoutés également, directement ou indirectement,
remercier les gens de l'Assemblée nationale également qui diffusent nos
travaux.
Donc, compte tenu de l'heure, je lève la séance,
et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 4)