(Treize
heures une minute)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bon après-midi. À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte. Je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'audition des dirigeants des établissements d'enseignement
de niveau universitaire. Nous
entendrons, cet après-midi, les dirigeants des universités
suivantes : l'École de technologie supérieure et l'Université Laval.
Auditions (suite)
Alors, bienvenue aux
dirigeants de l'École de technologie supérieure. Je vous rappelle que vous disposez
de 20 minutes pour votre échange, puis nous
procédons à la période d'échange entre les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter,
ainsi que les gens qui vous accompagnent, et vous pouvez par la suite commencer votre exposé. Alors, la parole est à vous.
École de technologie supérieure (ETS)
M.
Dumouchel (Pierre) : Merci, Mme la Présidente. Chers membres de la commission,
je vais commencer, comme vous le suggérez, de présenter l'équipe qui
m'accompagne : Mario Beauséjour, qui est directeur de l'administration; Jean-Luc Fihey, directeur des affaires académiques
et des relations avec l'industrie; Maarouf Saad, directeur par intérim des affaires professorales, de la recherche et des
partenariats; François Coallier, directeur du développement et du support
technologiques; Louis Marquis, secrétaire de
la gouvernance et au développement organisationnel, et je suis accompagné
aussi de Mme Joanie Létourneau et Claude
Olivier, du Bureau de la recherche institutionnelle et de l'amélioration des
processus.
La mission de l'école
stipule que l'ETS a pour objet l'enseignement universitaire et la recherche en
génie d'application et en technologie en vue
du développement technologique et économique du Québec. Dans le cadre de cet
objet, en liaison avec l'industrie, l'école
oriente ses activités de façon particulière vers l'enseignement coopératif
ainsi que la recherche appliquée et le transfert technologique.
Le
9 décembre 1968, dans cette enceinte, à l'Assemblée nationale du Québec, le
premier ministre de l'époque, M.
Jean-Jacques Bertrand, dépose un projet de loi proposant la création de
l'Université du Québec. Dans son discours, le premier ministre lance plusieurs
défis, dont : assurer l'accessibilité et la démocratisation de
l'université, développer la recherche
et les connaissances, renouveler l'institution universitaire, valider un
nouveau modèle d'université. C'est dans
cette foulée que l'ETS a été créée en 1974, suite à l'Opération sciences
appliquées et au rapport Letendre. C'était un projet pilote qui devait durer cinq ans, avec un maximum de 50
admissions. Dans les faits, 28 étudiants se sont inscrits dans les deux programmes en technologie
disponibles, soit en technologie de l'électricité et en technologie mécanique.
La première diplomation a eu lieu trois ans plus tard pour 27 des 28 étudiants.
Suite
à l'entente avec l'Ordre des ingénieurs et le ministre de l'Éducation de
l'époque, M. Claude Ryan, l'ETS a transformé
ses programmes de technologie en programmes de génie en 1990, donc il y a 25
ans, puis ont suivi la création de la
maîtrise en 1993 et celle du doctorat en 2000. À la fin de cette année, nous aurons diplômé plus de 16 000 ingénieurs et près de 3 000
étudiants aux cycles supérieurs.
Nous
avons fêté notre 40e anniversaire en 2014. C'est à peine l'adolescence pour une
université. Par contre, nous avons
parcouru un chemin impressionnant. Et nous croyons avoir bien répondu à l'appel
de l'ancien premier ministre, M. Jean-Jacques Bertrand. Actuellement,
nous comptons 9 352 étudiants inscrits à tous les cycles, dont 5 925
au baccalauréat en
ingénierie, et près de 1 700 dans les programmes de cycles supérieurs en
recherche, et ce, sans parler des autres formations de type professionnel au deuxième cycle. Il faut noter
une augmentation importante du nombre d'étudiants en situation de handicap. Selon les experts, en
régime de croisière, ce nombre pourrait atteindre 7 % de l'effectif étudiant.
Depuis
quelques années, la recherche a pris son envol. Nous avons actuellement
16 chaires de recherche, dont neuf du Canada et deux du CRSNG, ce
qui totalise un budget de recherche annuel de 24 millions de dollars.
En
2014‑2015, les revenus moyens de recherche par professeur étaient de
132 000 $, en hausse de 35 % depuis 2010. De plus,
58 % de nos professeurs ont eu au moins un contrat de recherche avec
l'industrie.
L'école
s'est installée au centre-ville de Montréal en 1997. Elle y occupe actuellement
une superficie de bâtiments de
160 000 mètres carrés. Un potentiel de développement de près de 100 000 mètres
carrés supplémentaires est encore disponible. Pour supporter sa
croissance, l'école a maintenant 750 employés réguliers, en augmentation
de 30 % depuis 2011. Ce nombre inclut
160 professeurs et 32 maîtres d'enseignement. Dû principalement à sa
hausse de clientèle, son budget a crû de 22 % depuis 2011 pour
atteindre 134 millions pour l'année en cours.
À
l'hiver 2015, la firme Léger Marketing a effectué un sondage de perception
auprès de 400 grands dirigeants d'entreprises
québécoises. Cette étude a fait ressortir la notoriété de l'école au sein de la
société. Notamment, 96 % des personnes
interrogées ont une opinion plutôt positive ou très positive de l'ETS.
86 % des dirigeants croient que l'ETS offre une formation de qualité.
80 % des répondants sont d'avis que l'école représente un levier pour le
développement économique du Québec. Et, finalement, à la question :
Spontanément, nommez une école de génie au Québec, 61 % des
répondants ont nommé l'ETS en premier.
En
40 ans seulement, l'école est passé d'un projet pilote de
50 étudiants à la plus grande école ou faculté de génie au Canada, surpassant à ce titre Waterloo de
300 étudiants ainsi que Polytechnique et l'Université de Toronto de plus
de 1 000 étudiants au diplôme d'ingénieur.
Par ailleurs,
l'ETS est maintenant la seule école de formation avec stage industriel
obligatoire au Canada. Cette école a
placé 3 200 étudiants en stage avec un revenu moyen de plus de
14 000 $ pour quatre mois. Sur la durée de ses études, un
étudiant gagnera en moyenne 42 000 $. Il demeure cependant un écart
marqué entre les offres de stage des industries
et les stagiaires disponibles. Plus de 30 % des offres de stage de
l'industrie n'ont pas été comblées. Ce pourcentage nous indique que nous
pouvons former encore plus d'ingénieurs sans saturer le marché.
• (13 h 10) •
Si nous examinons maintenant l'évolution du
nombre d'inscriptions au premier cycle dans les principales facultés de génie au Québec, nous constatons que,
jusqu'en 2008, ce nombre était relativement stable. À partir de 2008, nous avons vu une augmentation constante des
étudiants dans toutes les universités. Actuellement, les universités
accueillent 4 300 étudiants de plus
qu'en 2008. De ce nombre, l'apport de l'ETS est de 1 500 étudiants.
Ceux-ci sont des étudiants de première génération dans plus de 50 %
des cas pour l'ETS.
De plus, il
faut rappeler que notre clientèle principale détient un DEC technique,
formation qui naturellement ne mène
pas à la poursuite d'études universitaires. Ces deux conditions — être un étudiant de première génération et
être un technicien — portent à croire que ces étudiants ne
seraient probablement pas titulaires d'un diplôme universitaire en génie
si l'ETS n'avait pas existé. En d'autres mots, l'ETS permet une ascension sociale
aux techniciens québécois.
La population
québécoise se stabilisant, l'école en subira probablement les contrecoups, et
sa clientèle au premier cycle risque d'atteindre un plateau. Elle
recrute actuellement environ 30 % des diplômés issus des DEC en technique
physique admissibles. Cette clientèle était de 22 % il y a 10 ans. L'ETS
poursuit donc bien sa mission de formation spécifiquement conçue pour les
diplômés du DEC technique.
Pour répondre
à la demande industrielle, malgré la stabilisation de la clientèle québécoise,
l'école a développé une entente de
partenariat avec les instituts universitaires de technologies de France, les
IUT, ce qui est un bassin important et
naturel de recrutement équivalent au DEC technique québécois. Les IUT diplôment
annuellement 22 000 étudiants, comparativement
à 3 000 étudiants au Québec. À ce jour, plus de 300 étudiants français se
sont inscrits dans nos programmes de
baccalauréat. Une fois diplômés, ces étudiants s'intègrent bien dans la société
québécoise : dans 90 % des cas, des Français demandent un
statut de résident permanent, ils ont déjà une expérience de travail, ayant
réalisé trois stages en entreprise.
De plus,
l'entente entre la commission française des titres et l'Ordre des ingénieurs du
Québec obligent les étudiants français
à travailler une année supplémentaire après leurs études au Québec pour valider
le titre d'ingénieur. Cette directive encourage
les diplômés français à demeurer au Québec et facilite leur insertion sociale.
Il s'agit donc d'une immigration francophone de qualité, bien formée et
bien intégrée. C'est un apport positif pour le Québec. La hausse des droits de scolarité pour les étudiants français a réduit de
60 % les nouvelles inscriptions à l'automne 2015 comparativement à celles
de l'automne 2014.
Les cycles supérieurs et la recherche
maintenant. L'école a augmenté de façon importante ses activités de recherche, et ce, dans le but de former du
personnel hautement qualifié. Ces grandes directions de recherche recoupent
les grands axes de développement économique du Québec, dont les technologies de
l'information, l'aéronautique, le transport
terrestre, l'énergie et l'environnement. L'an dernier, 58 des professeurs ont
réalisé au moins un projet de recherche avec l'industrie. La formation aux études supérieures est très
importante pour l'économie du Québec, ce sont souvent des titulaires de
maîtrise ou de doctorat qui vont pousser la technologie plus loin, rendre les
produits ou les moyens de production plus avancés, inventer et innover, et
l'ETS y contribue, naturellement.
Examinons maintenant le ratio d'encadrement en
excluant les diplômes d'études supérieures spécialisées. La clientèle aux
cycles supérieurs à l'hiver 2015 était de 1 700 étudiants, ce qui nous
donne un ratio d'encadrement de 4,6
étudiants de recherche par professeur, légèrement sous la moyenne québécoise,
qui est de 4,8. Ce ratio est en croissance, et nous rejoindrons nos
collègues très bientôt.
Parlons du
corps professoral. Une problématique d'accroissement du corps professoral se
dessine; trois aspects sont à
considérer. Premièrement, une partie du corps professoral de l'ETS prendra sa
retraite dans les prochaines années. En
effet, on estime qu'entre 40 et 50 professeurs vont quitter l'école dans les cinq
à 10 prochaines années. Ils devront être remplacés par de nouveaux
professeurs.
Deuxièmement,
pour maintenir la qualité de formation au premier cycle, l'école devra
augmenter son nombre de professeurs.
Nous avons évalué qu'actuellement, au baccalauréat, 33 % des cours sont
donnés par les professeurs et les
maîtres d'enseignement. Ce pourcentage est faible. Le nombre élevé de chargés
de cours complexifie l'organisation de
l'offre académique. Ceci est dû en partie à un choix pédagogique. Je
m'explique. Contrairement à d'autres universités où il n'est pas anormal d'avoir une classe de 200 étudiants, à l'ETS,
nous n'avons pas de telles classes. La moyenne du nombre d'étudiants par
groupe au baccalauréat est de 34 étudiants, ce qui augmente le nombre de groupes
et donc les besoins en enseignants. Par
contre, nous avons noté une forte corrélation positive entre la dimension des
classes et la réussite scolaire.
Finalement, pour
poursuivre l'augmentation de la clientèle étudiante au deuxième et troisième
cycle, et ainsi répondre aux besoins de l'industrie, nous devons augmenter le
corps professoral. Pour atteindre un objectif réaliste à 1 000 étudiants en recherche, ce que nous
considérons comme la masse critique nécessaire, il faut augmenter à 200 le nombre de professeurs. Ceci implique une
embauche supplémentaire de 40 nouveaux professeurs en plus du remplacement des départs à la retraite. Au total
donc, 80 à 90 nouveaux professeurs devront être embauchés et encadrés.
Cela entraînera une augmentation de la masse salariale actuelle d'environ
5 millions de dollars.
Le
recrutement des professeurs est une tâche difficile. Pour maintenir son
approche appliquée, l'école recherche un
double profil. D'une part, les candidats doivent être ingénieurs, parler
français, être membres de l'Ordre des ingénieurs, posséder un doctorat. Et d'autre part, ils doivent
avoir un profil spécifique à l'ETS, soit une expérience industrielle. Rares
sont les candidats qui poursuivent ces deux
carrières en parallèle, une carrière de recherche et une carrière industrielle.
Au niveau des
relations internationales, nous sommes présents dans 35 pays, notamment en
Chine, en Europe, en Asie et dans les
Amériques. Notre partenaire principal est évidemment la France avec 766
étudiants, tous cycles et tous programmes confondus, à l'automne 2015.
À titre d'établissement universitaire, nous
savons que la création d'entreprises technologiques est un puissant vecteur de valorisation de la recherche et que les
liens avec l'industrie sont un important moteur pour le développement de
notre économie. Afin d'apporter sa
contribution à l'entrepreneurship, l'ETS a mis en place au fil des années trois
importantes initiatives.
Premièrement, le microprogramme de premier cycle en entrepreneurship auquel
plusieurs dirigeants d'entreprise y
présentent des cas réels d'entrepreneuriat. Deuxièmement, le Centech est un
centre d'entrepreneurship technologique. Il permet à nos étudiants qui ont une idée de création d'entreprise de
la tester. Jusqu'à maintenant, plus de 25 entreprises ont vu le jour. Dernièrement, INGO est une autre
initiative de l'ETS qui nous rapproche de l'industrie en hébergeant sur notre campus des industries innovantes qui
travaillent en collaboration avec nos équipes de recherche et qui emploient
nos étudiants.
Parlons
maintenant du campus de l'ETS. L'ETS est située en plein coeur du centre-ville
de Montréal. Elle a acquis en 1994
l'ancienne brasserie O'Keefe, l'a rénovée et s'y est installée en 1997. À son
arrivée, l'ETS était seule dans le quartier,
véritablement seule. Elle a été un catalyseur pour l'implantation de commerces
et le développement du quartier Griffintown.
Griffintown est le quartier montréalais où l'on retrouve actuellement la plus
grande effervescence en termes de
développement résidentiel. L'ETS est une université urbaine. Sa localisation
est particulièrement intéressante pour sa
clientèle. Elle attire des étudiants provenant de l'ensemble de la province.
Actuellement, 56 % des étudiants proviennent de l'extérieur de l'île de Montréal et de la ville
de Québec. Elle remplit bien sa mission nationale en centralisant l'ensemble
de ses projets sur un seul campus montréalais.
Pour
permettre une grande accessibilité à sa clientèle provenant de l'extérieur de
Montréal, elle dispose d'un parc de résidences étudiantes totalisant
1 125 lits. Ce parc est aussi important que celui de l'Université de
Montréal, et son taux d'occupation est de plus de 96 % à l'année. La
construction des résidences a permis notamment une plus grande mobilité de ses étudiants qui quittent Montréal
pour se trouver des stages à l'extérieur de la métropole. Ils peuvent alors
cesser leur bail, et nous leur garantissons
une place à leur retour de stage. Finalement, le 26 octobre 2015, nous inaugurerons un nouveau bâtiment, La Maison
des étudiants.
• (13 h 20) •
Malgré la
dimension importante de son campus, l'école est en déficit d'espace. Actuellement, selon l'évaluation du ministère, l'ETS déclare un déficit de
34 500 mètres carrés brut. Les espaces d'enseignement et de recherche
sont devenus de plus en plus rares, et la
croissance prévue des cycles supérieurs pourrait être limitée par le manque
d'espace. En termes budgétaires,
l'école est fière d'avoir maintenu l'équilibre
tout au long de sa croissance. Cet équilibre est dû à une bonne gestion
des fonds publics.
Vous serez
heureux d'entendre que l'ETS n'a pas fait de déficit budgétaire; par
contre, elle a eu un déficit
structurel, autant en personnel qu'en
espace. Depuis les deux dernières années, nous vivons une stabilisation des
nouvelles inscriptions au premier
cycle, et ce phénomène devrait suivre au cycle supérieur lorsque
l'équipe professorale sera complète. Il sera alors plus difficile, dans
les conditions de financement actuelles, de maintenir cet équilibre.
En
conclusion, nous pouvons fièrement affirmer que nous avons rempli la mission
qui nous a été confiée en 1974, que,
sans l'ETS, la pénurie actuelle de personnel technique serait beaucoup
plus importante, et l'économie du Québec s'en porterait plus difficilement.
Nous allons développer la filière technologique continue de manière efficace.
Les
D.E.C.-bac, ça fait 40 ans que l'ETS en fait. Nous avons inventé la formule.
Elle fonctionne très bien, du moins c'est ce que les industriels nous
disent. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup. Alors, merci pour votre exopsé.
Nous allons
maintenant débuter la période d'échange. Nous commençons avec le groupe
parlementaire formant le gouvernement, et je cède la parole au député de
Papineau.
M.
Iracà : Oui, Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, à titre d'adjoint au ministre de l'Éducation, ça me fait
plaisir de vous accueillir dans votre
maison, hein, la maison du peuple. Alors, merci beaucoup pour votre
présentation extrêmement détaillée. Et le document, je dois vous dire, a
été... Je lai lu, là. Vraiment, ça a été bien fait.
D'entrée de
jeu, j'aimerais vous dire félicitations. Félicitations à vous, M. le directeur
général et à toute votre équipe, à
l'équipe de gestion. Il y a quelques mots que vous avez mentionnés, extrêmement
importants, dont ceux à la fin, à l'effet que vous avez maintenu un équilibre
budgétaire malgré toutes les situations, les scénarios qui peuvent arriver et
qui sont difficiles. Bien ça, c'est à vous,
prenez le mérite, là. Vous avez ce mérite-là, vous et votre équipe de
gestionnaires qui sont avec vous
aujourd'hui. Je suppose qu'ils sont tous là. Alors, félicitations. Ce n'est pas
facile, mais de prendre la décision de ne pas pelleter par en avant pour léguer des déficits à
vos successeurs et surtout à nos enfants... bien je pense que vous prenez la bonne décision en budgétant
serré à l'intérieur de votre établissement. Alors, c'était mon commentaire
de départ.
Moi,
il y a un sujet que je veux aborder avec vous. Et je vais commencer d'entrée de
jeu simplement avec un sujet, parce
que je veux laisser la chance à mes collègues de poser des questions. Puis je
reviendrai avec d'autre chose plus tard. Et vous en avez parlé, concernant les étudiants étrangers, qui est une
part importante, quand même, là, du succès de votre établissement. Et vous êtes allé les chercher, ces
étudiants-là. Puis vous avez mentionné qu'avec la dernière décision qui avait été prise, là, d'augmenter ou de mettre à
flot les frais pour les étudiants de la France il y a eu une diminution quand
même assez importante, vous avez mentionné 60 %. Est-ce que vous avez un
plan de match pour des efforts à faire peut-être
avec d'autres pays? Parce que, oui, la France, c'est un allié naturel. C'est
notre frère, c'est nos cousins, on les aime. Et je viens de passer une semaine avec eux, la semaine dernière, dans
une mission à la Baie-James. Mais est-ce que vous avez un plan de match pour peut-être attirer d'autres étudiants de
d'autres pays qui auraient peut-être des intérêts à étudier dans le
milieu industriel?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. Beauséjour.
M. Dumouchel
(Pierre) : Nous croyons poursuivre dans ce même plan de match là. Il
faut dire que l'année dernière... je ne veux
pas citer la reine, là, mais ça a été l'annus horribilis concernant les
étudiants français. Puis je ne veux pas revenir sur la décision du
gouvernement. On doit vivre avec ces décisions-là.
Pour
nous, c'est un marché qui est très important. Parce que je mentionnais dans ma
présentation qu'on diplôme 3 000 techniciens.
C'est notre principale source d'étudiants, nous, à l'école. Et il y en a
22 000. Donc, il y en a plus que... sept fois plus en France. Ils
s'intègrent très bien, 90 %
restent au Québec, hein? Ils y travaillent. Donc, c'est un bassin très
important.
Et
c'était une année horrible, parce que, pour un étudiant qui veut s'inscrire, la
chose la plus importante, c'est la stabilité.
Il veut savoir, dans les quatre prochaines années, qu'est-ce qui va se produire
pour... Et, avec les changements qu'on
a eus, on est d'accord qu'il y avait beaucoup d'instabilité, on ne savait pas
qu'est-ce qui se produisait. Donc, l'an prochain, on n'aura plus cette
instabilité-là, donc c'est déjà quelque chose qui va se corriger.
L'autre
point, c'était : les frais ont triplé. Probablement, on va être celle qui
a été la plus touchée au Québec, parce que
nos étudiants, ce sont des techniciens qui proviennent de... et ça, je n'ai pas
fait une analyse exhaustive, c'est ce que je crois, ils viennent d'un milieu socioéconomique plus pauvre que ceux qui
vont dans des grandes écoles comme l'École polytechnique de France.
Donc, ça, ça ne nous aide pas, donc on va faire plus de recrutement.
Et,
troisièmement, ce qui ne nous a pas aidés, c'est que ce sont... bien, aussi le
visa, des visas d'études pour venir ici, mais ça ne nous touchait pas,
ça, finalement. Mais, pour un étudiant français, on n'a pas la chance de
s'expliquer. Donc, ça, ça n'a pas aidé, là,
il va falloir prendre le temps de l'expliquer. Et finalement ce sont les
directeurs des IUT qui se sont tous
regroupés pour dire : Bien, il va falloir revisiter les ententes qu'on
avait avec les universités. Et ça, il faut faire ça, ce travail-là, cette année. Donc, je pense que ça a été la pire
année. Je ne pense pas que, les années prochaines, on va être encore
dans cette situation-là. Et on croit toujours que ce bassin-là est très
important pour le Québec.
Si
on va chercher et recruter dans d'autres bassins, il faut savoir qu'on est la
seule université qui exige que nos étudiants fassent trois stages
obligatoires à l'industrie. Donc, ces étudiants-là, aussi, s'ils ne parlent pas
la langue, ça devient aussi difficile de s'intégrer, d'où notre désir de
continuer avec la France pour les prochaines années.
M. Iracà :
O.K., donc ce que je comprends... Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, allez-y.
M. Iracà :
Alors, ce que je comprends, c'est que l'année d'incertitude étant passée, la
prochaine année, le défi va être
d'abaisser les craintes et de manifester encore une plus grande communication
avec les pays étrangers ou la France en sachant le scénario d'avance et
en sachant à quoi s'en tenir à l'avance.
Ce
que je comprends de ce que vous me dites, c'est... développement pour d'autres
pays, malgré les barrières de la langue. Ou, des fois, on peut être
surpris, les gens peuvent apprendre assez rapidement des langues...
M.
Dumouchel (Pierre) : Mais ils ont ce désir-là, de le faire, aussi. Ils
ont ce désir-là, de le faire, aussi. Et, si on peut dégager une certaine somme d'argent pour accorder des bourses pour
la première année, pour attirer ces étudiants-là... Parce que, vous savez, nos étudiants, par après,
ils vont travailler puis ils vont accumuler 42 000 $ aussi. Donc, ils
vont pouvoir vivre puis surpasser
cette hausse de 209 % des frais d'inscription, qui correspond à
18 000 $ de hausse pour eux autres.
Donc, si on était capables de dégager une certaine somme d'argent pour les
attirer la première année, après, ils peuvent
survivre plus facilement aussi. Donc, on a cet avantage-là, nous, comme
université, comparativement à d'autres qui n'ont pas des stages rémunérés,
là.
M. Iracà :
Parfait, merci. Ça va. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ça va, M. le député de Papineau? Alors, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Je vous accueille à l'Assemblée
aussi, M. Dumouchel, M. Fihey, à M. Saad et M. Beauséjour. Merci pour
votre exposé. Je trouve ça très intéressant que vous nous rappelez du fait que vous êtes la seule
instance au Canada avec des stages obligatoires, ce qui est un contexte assez
intéressant quand on parle de notre
environnement ici, au Québec, où il y a un problème majeur, un défi majeur qui
s'impose, c'est-à-dire d'inciter à une
meilleure adéquation formation emploi. Vous savez comme... notre gouvernement,
qu'on parle de quelque 750 000 postes
qui vont s'ouvrir dans les années qui... devant nous. Et le problème,
évidemment, c'est un problème qui existe
toujours, du chômage, mais ça va passer en deuxième comme défi. L'adéquation va
passer devant, on a besoin du monde
pour combler ces postes. Vous l'avez constaté vous-mêmes, et je veux en parler,
le fait que ces stages obligatoires, il restait, si j'ai bien compris,
30 % des places que vous n'étiez pas en mesure de combler.
J'aimerais vous inviter de nous parler
davantage, premièrement, de ce régime de stages obligatoires, de nous parler un petit peu de vos défis, le genre de
collaboration que vous avez avec l'industrie et, en général, des défis devant
vous, parce que je crois qu'on parle d'un modèle qui doit se voir répété dans les
autres instances partout au Québec.
• (13 h 30) •
M.
Dumouchel (Pierre) : Je vais démarrer, après je vais demander à mon
collègue de poursuivre. Effectivement, on
a 30 % de stages non comblés, et ça, c'est une excellente métrique, nous, pour savoir si on doit
continuer à former dans des domaines.
Puis on est encore plus précis : on sait que, présentement, en génie civil ou génie de la construction, comme on l'appelle à notre école, et là il y a
trop d'étudiants par rapport à la demande, et le ratio offre de stages industriels
sur stagiaires disponibles est de 0,6. Donc, ça, c'est seulement les industriels
qui viennent nous voir, là. Les étudiants arrivent
par eux-mêmes à se trouver des stages. Mais, dans d'autres
domaines, comme en génie logiciel, ce ratio-là, ce rapport offre de stages industriels
sur stagiaires disponibles tourne autour de 3,5 fois plus. Donc, on pourrait en
placer encore 3,5 fois plus, de gens
en génie logiciel. Puis, en génie des opérations de logistique, c'est 7,5 fois
plus d'étudiants. Donc, ça, c'est une bonne métrique pour savoir si nos programmes
sont pertinents pour l'entreprise.
Effectivement, ça amène aussi toute une logistique pour aller chercher ces stages-là,
et je vais laisser mon collègue compléter à ce niveau-là. M. Jean-Luc Fihey.
M.
Fihey (Jean-Luc) : Merci,
Pierre. Alors, les stages, c'est vraiment ce qui différencie l'ETS, les stages obligatoires,
et ça, il faut comprendre que les
étudiants doivent absolument réussir leurs stages. Si, après un certain nombre de crédits, dépendamment du niveau de stage, ils n'ont pas
réussi à obtenir un stage, ils sont bloqués dans leur cheminement. Donc, on voit que c'est très sérieux pour les étudiants de pouvoir réussir ce
stage, et cela pose un défi à l'école en ce sens que nous devons les
aider à trouver des stages pour pouvoir continuer à cheminer dans leurs études.
Cela pose des défis lorsqu'il y a des périodes
économiques un peu plus difficiles. Ça nous a posé un défi en particulier dans le secteur de génie de la construction,
la commission Charbonneau, il y a eu plus de difficultés au niveau des entreprises en génie en construction, et
l'offre de stages est tombée à 0,6 offre par étudiant. Donc, on était
théoriquement en manque d'offres de stages. Là, l'école a réagi, et on a
augmenté de beaucoup notre bassin d'entreprises qui étaient sollicitées pour les stages, ce qui a permis de
remonter la pente et finalement de pouvoir placer nos étudiants qui sinon
auraient été retardés dans leurs études.
Alors, je dois aussi mentionner les difficultés
qu'on peut avoir avec... le défi plutôt qu'on peut avoir avec les étudiants en situation de handicap puisque
maintenant nous avons une grande croissance à l'école d'étudiants en situation
de handicap. Et c'est non seulement il faut leur donner des accommodements dans
les cours, mais aussi il faut qu'ils réussissent
leurs stages. Donc, on a un double défi ici. Remarquez qu'on constate qu'au
niveau des stages... en fait, les stages
aident beaucoup les étudiants. Et on le disait tout à l'heure, hein, c'est une
fois que le premier stage a été réalisé par les étudiants, c'est
95 % de taux de diplomation. Je ne sais pas si j'ai répondu à la question.
M. Birnbaum : Oui, merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. À vous, M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Pouvez-vous me décrire un petit peu le lien typique avec une
industrie en termes d'évaluation du
stage, l'accompagnement par les profs, adaptation, des fois, j'imagine, des
cours didactiques pour répondre aux
exigences de l'industrie en question en même temps que de respecter évidemment
les paramètres du programme? Vous
n'êtes pas là juste pour former les gens pour l'endroit où ils font leurs
stages, ils doivent être formés comme
universitaires en même temps. Pouvez-vous nous parler d'une dynamique, les
leviers dans les mains des deux, l'industrie et l'université, pour
assurer la réussite du programme?
M. Dumouchel (Pierre) : Oui. Je vais
aussi commencer, puis mon collègue pourra continuer.
Dès la
première semaine d'inscription à l'école, l'étudiant est pris en main, on lui
demande de rédiger son CV selon le
format de l'ETS. Tout est informatisé aussi. Donc, quand les industriels
viennent pour recruter, il n'y a rien de papier, tout est électronique, ils peuvent voir chacun des CV de chacun des
étudiants. Pour chacun des étudiants aussi, on va leur faire passer des tests de personnalité pour qu'eux-mêmes puissent se connaître, pour mieux se vendre aussi
auprès d'un industriel. Donc, ça, c'est des choses que nous faisons à
l'intérieur de l'école. On a des gens, des spécialistes, qui accompagnent les étudiants, qui vont aller
vérifier à l'industrie même si le stage se déroule bien, si ça
correspond bien aussi aux besoins
pédagogiques qu'on recherche aussi dans les stages. Je ne sais pas si tu veux
compléter, Jean-Luc, aussi.
M. Fihey
(Jean-Luc) : Oui. Bien, on
peut compléter en disant qu'il y a quand
même... Quand on parle de nos étudiants, du développement de nos
étudiants, il y a le développement des connaissances et il
y a le développement de compétences, hein? Donc, de plus en plus, on insiste sur le développement des compétences. Et, pour nous, les stages
sont un excellent
moyen de vérifier que nos étudiants développent leurs compétences. Et c'est là
que se fait l'aller-retour entre
l'école et le stage. Et nos employeurs doivent remplir un sondage suite au
stage. Nos étudiants doivent remplir une autoévaluation aussi suite au stage. Et ces évaluations-là
sont basées sur les compétences, donc sur le développement des compétences, la capacité de communication, la capacité de réaliser des projets de conception complexe et aussi
l'attitude professionnelle, la déontologie. Donc, tous ces aspects sont
abordés dans le cadre des stages.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Oui, M. le député. Il vous reste une minute et quelques secondes.
M. Birnbaum : D'accord. Bon, une
petite question, bien, qui en dirait long. J'imagine que vous suivez vos étudiants une fois terminé le programme
en termes de leur réussite à se faire placer. Deux questions.
Est-ce que vous avez des données là-dessus? Et est-ce
qu'on note un bon taux de réussite et
de rétention des gens qui viennent de l'extérieur étudier chez vous?
M.
Dumouchel (Pierre) : Là,
c'est le taux de placement des étudiants. Et de rétention, c'est la
persévérance des études que vous vous posez?
M.
Birnbaum : Bien, rétention
des gens qui viennent de l'extérieur, de la France, entre autres. Et y en a-t-il un bon pourcentage qui reste et qui travaille
ici suite à leurs études?
M.
Dumouchel (Pierre) : O.K. Le
taux de placement de nos étudiants frôle le 100 % présentement. Et le taux de rétention, on est en train de regarder ça. On n'a pas des
statistiques là-dessus, sauf pour les étudiants français de premier cycle. Nous avons fait une relance de ces
diplômés-là. Et c'est là qu'on avait 90 % des diplômés français du
baccalauréat qui demeuraient au Québec pour y travailler.
M. Birnbaum : ...que ça conclurait,
parce qu'il me semble que...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, quelques secondes, M. le député.
M.
Birnbaum : Oui, il me semble que voilà une clé stratégique pour vos
efforts de continuer ce recrutement en France. Bon, voilà une chose
convaincante pour les jeunes, même avec les frais de scolarité élevés, à
considérer quand ils font leur choix. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Merci, M. le député de
D'Arcy-McGee. Alors, on va passer du côté de l'opposition officielle. Et
je souhaite la bienvenue à un nouveau membre et porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'éducation et
persévérance scolaire. Bienvenue, M. le député de Lac-Saint-Jean. Alors, la
parole est à vous pour une période de 14 minutes.
M.
Cloutier : Merci, Mme la Présidente. Merci de m'accueillir au sein de
votre commission. Distingués collègues, plaisir de vous retrouver. Alors, merci. Merci d'être avec nous ce
matin, puis merci de répondre à nos questions et de nous éclairer.
Je vais poursuivre un peu dans la même voie que
du côté gouvernemental quant à la réussite des élèves, mais surtout par rapport aux besoins du marché du
travail. Vous faisiez référence tout à l'heure à une diminution importante
du côté d'étudiants français, mais je me
demandais jusqu'à quel point vous deviez aller chercher des étudiants à
l'étranger pour réussir à combler le
besoin de main-d'oeuvre au Québec. Est-ce qu'il y a un écart finalement entre
les besoins puis votre capacité à former sur le territoire québécois?
• (13 h 40) •
M.
Dumouchel (Pierre) : La seule métrique que j'ai, c'est le ratio au
niveau des stages, que je vous mentionnais tantôt, qu'il y avait plus de
33 % de stages offerts qui n'est pas comblé par nos stagiaires. Donc, pour
moi, c'est une métrique qui dit : Oui, on a encore besoin de former des
ingénieurs au Québec.
Quant à la base d'étudiants québécoise, elle
stagne. Au niveau des diplômés québécois, il y a 3 000 diplômés techniciens qui est notre principale base au
Québec. Et on va en chercher 30 %, de ces diplômés-là. Selon nous, on
sature à ce niveau-là. Parce qu'un
technicien, le diplôme technique, il peut être terminal aussi, contrairement à
sciences de la nature, que, lui,
c'est un diplôme préuniversitaire qui doit nécessairement aller vers
l'université. Et, on remarque, la perte de nos étudiants, c'est surtout autour du premier stage : soit que
l'étudiant a trouvé un emploi, puis il décide de demeurer à cet emploi-là, puis
qu'il ne revient plus aux étudiants. Donc, on a atteint un certain plafond, là,
au niveau du recrutement. Et le nombre d'étudiants gradués, techniciens
collégiens, bien soit qu'il stabilise ou il est en baisse.
C'est pour ça
qu'on veut aller chercher, pour répondre à la clientèle industrielle, aller en
chercher à l'extérieur du pays.
M. Cloutier : Est-ce que la capacité
de formation serait supérieure si vous étiez encore plus aptes à pouvoir déployer une formation sur l'ensemble du
territoire québécois? Parce que je vois que, dans votre mandat, justement,
c'est...
M.
Dumouchel (Pierre) : Il y a des coûts à se déployer sur deux sites
aussi, des coûts administratifs, et nous, on a pris une autre philosophie, c'est qu'on a construit des résidences
étudiantes. On a demandé aux étudiants de se déplacer pour venir à Montréal plutôt que se déployer. Il
fut une époque où on était à Matane, on était à Sept-Îles, on a aussi tenté,
au niveau de certains programmes de deuxième
cycle, de venir à Québec, mais en louant certains locaux, mais je pense qu'on a, dans notre système, l'équivalent de sept
EETP, donc, c'est homéopathique, qu'est-ce qu'on fait à ce niveau, là.
Donc, on croit plus de pouvoir amener les
étudiants vers Montréal en leur accordant les facilités, entre autres, comme les résidences, là. Plusieurs de nos
étudiants vont faire leurs stages en région, ils peuvent retourner au
Lac-Saint-Jean, ils peuvent retourner dans la Beauce, et, pendant qu'ils
retournent, bien, on leur dit : Cessez de payer votre résidence, puis on vous garantit que vous allez avoir une
place en revenant. Puis aussi, le fait d'avoir une assurance d'avoir un lieu
à Montréal, ça les sécurise, surtout si les
étudiants qui viennent de régions ne sont pas habitués d'être dans une grande
ville. Donc, ça les sécurise d'être près de l'école.
Donc, nous, c'est notre approche qu'on a
déployée, puis je pense qu'elle nous sert bien, cette approche-là. Et il y a
des coûts à ça aussi, on est au centre-ville, les coûts de location sont très
élevés, mais mes prédécesseurs ont eu l'intelligence
d'acheter des bâtiments autour, il nous reste 1 million de pieds carrés à
développer qui nous appartient parce que
sinon, on parle de 30 $ le pied carré de location, là, à Montréal, sans
aménagement, là, donc, ça, ça nous coûte très cher, ça, si on n'avait
pas les locaux. On a cette chance-là, et il faut développer ce parc-là
adéquatement.
M. Cloutier : Je lisais tout à
l'heure qu'il y a quand même de la formation qui se fait de manière numérique. Est-ce que c'est une voie que vous avez l'intention
d'emprunter pour accroître la formation qui se fait à partir de moyens
électroniques ou, au contraire, vous souhaitez davantage une présence physique
sur les lieux de l'institution?
M.
Dumouchel (Pierre) : Il faut savoir que chacun de nos cours, on
associe un laboratoire d'enseignement. C'est une autre caractéristique, ça, qu'on est très appliqués, là. Donc, on
suit un cours de mathématique, mais il y a un laboratoire de mathématique aussi associé à ça. Donc, on est
un peu différents des autres écoles. Donc, ce côté, là, de se mettre les
mains à la pâte, c'est un peu difficile de
le faire à distance. Par contre, on regarde... on est en train d'étudier aussi
cette possibilité-là des cours... Je
crois que c'est important de garder les cours en présentiel puis c'est
important aussi que les étudiants se
réunissent en groupes pour essayer de résoudre des problèmes insolubles jusqu'à
2, 3 heures du matin, c'est comme ça qu'on apprend le génie. Les MOOC,
oui, il y a des applications qu'on peut faire, mais une application en présentiel, actuellement, nous, on croit plus à ça
pour le génie, mais on regarde aussi cette possibilité-là de faire
présentiel... On en fait déjà, encore
là, quelques cours à distance, mais, c'est dans une forme présentielle, donc
l'étudiant peut poser des questions au professeur.
M.
Cloutier : Est-ce que vous connaissez le taux d'étudiants qui
proviennent région et qui retournent en région après la formation?
M.
Dumouchel (Pierre) : Là, je vais demander à mes collègues. S'ils n'ont
pas une réponse, moi, je ne connais pas cette...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Beauséjour.
M. Beauséjour (Mario) : On a à peu
près...
M. Dumouchel (Pierre) : Ah! ça
serait... excusez...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ah! vous l'avez, O.K., parce que je
me disais : Si vous n'avez pas le chiffre tout de suite, on pourrait continuer, puis vous pouvez
le transmettre à la commission, on va s'assurer que tous les membres
reçoivent l'information.
M. Dumouchel (Pierre) : O.K. On
pourra répondre ultérieurement à cette question-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Parfait. Merci.
M. Dumouchel (Pierre) : O.K. Mme la
Présidente. Merci. Désolé.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. Vous avez fait référence tout à l'heure à l'importance pour vous
de pouvoir embaucher des nouveaux professeurs. Vous avez manifesté la volonté
d'embaucher davantage de professeurs féminins. Est-ce que, d'abord,
un, vous avez les marges de manoeuvre financières pour embaucher davantage?
Puis, deuxièmement, avez-vous des pistes pour réussir à atteindre
votre objectif, c'est-à-dire d'embaucher davantage de professeurs
féminins?
M.
Dumouchel (Pierre) : La
marge rétrécit de plus en plus. C'est de plus en plus difficile. Si on n'a pas
eu de déficit, c'est principalement dû à la croissance que l'école a vécue, et la croissance au niveau de l'embauche du personnel n'a
pas suivi la croissance étudiante. Donc, c'est pour ça qu'on a pu survivre dans
ce contexte-là un petit peu plus difficile au Québec actuellement. On croit qu'au niveau du baccalauréat il va y avoir une certaine stabilisation.
Il faut travailler fort là-dessus pour essayer de répondre aux besoins de l'industrie. Mais,
étant donné qu'on est une jeune université au niveau du deuxième et troisième cycle, la maîtrise a été
créée en 1993 et le doctorat en 2000, il y a encore de la croissance qu'on
peut avoir à ce niveau-là et qui pourrait justifier aussi en partie l'embauche
de nouveaux professeurs.
M.
Cloutier : Puis, par rapport au nombre de chargés de cours, est-ce que
c'est une problématique que vous avez?
M.
Dumouchel (Pierre) : C'est une problématique, mais j'ai mentionné un
taux tantôt, un pourcentage, hein, et, vous
savez, quand qu'on... Je vous disais aussi : On n'a pas de classe de 200
élèves, nous autres, mais nous, on va avoir peut-être six classes. Donc, ça veut dire qu'on a de besoin de beaucoup
plus d'enseignants. Et c'est un choix, c'est un choix de l'école, qui garantit une meilleure persévérance. On a vu une
corrélation positive entre la réussite des études et les classes plus petites. Par contre, ça amène
d'autres contraintes, hein? Il faut bien les choisir, les chargés de cours. Il
faut que les professeurs les
supervisent pour bien... l'homogénéité dans chacun des cours qui va être
offert, dans les six cours, si je
prends l'exemple que j'avais tantôt, de 200 élèves. Donc, ça amène une charge
supplémentaire pour nos professeurs, là,
donc qui doivent accorder plus de temps à faire ce type de travail là que faire
de la recherche. Mais, étant donné qu'on est très près de l'industrie, qu'on peut engager... il y a des
excellents stagiaires qui font de la recherche dans les industries, puis
on peut aller les chercher, mais ils sont très appréciés par nos étudiants
aussi.
M.
Cloutier : Par rapport aux dirigeants puis toute la question de la
rémunération, vous n'êtes pas sans savoir que c'est un sujet qui est quand même dans l'actualité de manière
récurrente, tout dépendamment des universités en cause ou des
institutions. Avez-vous une réflexion sur une politique interne quant à la
rémunération des hauts dirigeants? Est-ce que c'est votre... quant à votre
façon d'établir les sommes en cause? Qu'est-ce qui vous guide finalement?
M. Dumouchel
(Pierre) : Le fait... Excusez-moi! Vous avez fini votre question?
M. Cloutier :
Non, allez-y, ça...
M.
Dumouchel (Pierre) : O.K. Le fait d'être sous le réseau des
universités du Québec, on est limités à ce niveau-là. Mon salaire est... En fait, le salaire de mes
collègues est moins élevé... à la direction, là, les cadres supérieurs, est
moins élevé qu'un directeur de
département dans d'autres facultés de génie d'universités à charte privées. Mon
salaire est aussi plus bas que celui
des directeurs de départements dans les universités. Donc, ça, ça nous amène
une certaine contrainte.
M. Cloutier :
Est-ce que ça vous limite, justement?
M. Dumouchel
(Pierre) : Ça nous limite. Ça nous limite parce que certains n'auront
pas la vocation que mes collègues ont pour continuer là-dedans. Et, je vous
dirais, en tant que professeur... quand je suis passé de professeur à directeur
général, j'ai eu une baisse de salaire de près de 50 000 $.
M.
Cloutier : O.K. Ça, c'est comme choisir de faire de la politique, mais
c'est un autre sujet. Mais est-ce que justement il y a comme un marché,
inévitablement, hein, qui se crée? Est-ce qu'il devrait y avoir des règles,
dans ce marché, plus uniformes justement pour limiter cette disparité dans les
traitements? Est-ce que vous pensez que l'État québécois ou le Québec de manière plus générale devrait avoir une
réflexion qui s'applique à l'ensemble des institutions pour s'assurer
qu'il y ait un minimum de proportion raisonnable d'une institution à l'autre?
• (13 h 50) •
M.
Dumouchel (Pierre) : Moi, je dirais : Les universités sont
autonomes, elles ont leurs propres instances, elles ont leurs propres C.A., qu'on fasse confiance à
aux C.A., aux conseils d'administration des universités pour gérer ça. La
place, dans les universités du Québec, est
beaucoup plus restreinte, là. Ce n'est pas le C.A. qui détermine les salaires
des personnes dirigeantes. Donc, ça
peut limiter la qualité des dirigeants. Ça ne touche pas les professeurs, là, ça va toucher les personnes dirigeantes. Mais, vous savez, dans
les universités, souvent, les cadres,
ce sont des anciens professeurs qui deviennent
cadres. C'était mon cas, c'était le cas de tous sauf ceux... le directeur de
l'administration et le secrétaire général. Mais, des fois, on se pose la question : Est-ce qu'on va assumer
une tâche administrative ou on continue la vie de professeur, qui était
une excellente vie aussi?
M.
Cloutier : Vous faites référence au conseil d'administration, mais il
existe quand même des cas au Québec où des conseils d'administration ont autorisé des montants qui sont pour le
moins surprenants. C'est pour ça que je me demande si la... je me
demande...
M.
Dumouchel (Pierre) : Oui. Je n'ose pas être à ce niveau-là, j'ai
l'impression de jouer un jeu politique, et ce n'est pas mon rôle. Par
contre, moi...
M.
Cloutier : ...des règles des hauts dirigeants fait partie de la
réflexion des administrateurs, à mon point de vue.
M. Dumouchel
(Pierre) : Oui, oui.
M. Cloutier : Je comprends que votre
réseau à vous est davantage encadré, on va le dire comme ça. Mais, par contre, vous vivez de la compétition
inévitablement à l'externe. Et un de nos arguments, qui est un des arguments
qui est servi, c'est
de dire : Oui, mais, si on ne paie pas assez, les meilleurs vont quitter,
on va aller chercher un tel à l'ETS, puis on va l'amener, je ne sais
pas, moi, chez un compétiteur, entre guillemets.
M. Dumouchel
(Pierre) : Oui. Mais je vous répondrais : S'il y a des conseils
d'administration qui n'ont pas fait leur
travail, le problème est là, et c'est là qu'il faut corriger le problème,
plutôt que d'essayer de le contourner
puis d'essayer de proposer des lois
pour essayer de contourner cette chose-là. Je suis plus de la
philosophie : Où est le problème,
et solutionnons le problème où il se trouve.
M.
Cloutier : Je comprends,
mais, les sommes, une partie importante provient quand même de fonds publics.
Qui dit fonds publics dit une nécessité de reddition de comptes supplémentaire et une obligation, je pense aussi... Nous,
certainement, comme législateurs, mais, de manière plus
générale, comme représentants du public, c'est de s'assurer que les
sommes soient investies des bonnes manières. Puis je profite de votre présence
aujourd'hui pour bien comprendre comment ça
fonctionne puisque vous êtes dans un réseau qui est davantage encadré. Ça
semble bien fonctionner quand même quand on trouve toujours des gens
comme vous, qui ont le courage finalement de faire ce travail, même si des circonstances financières ne sont pas toujours au
rendez-vous, je vais le dire comme ça. Voilà, c'est plus un commentaire
qu'une question.
M. Dumouchel
(Pierre) : Merci, merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, on va passer
du côté du gouvernement pour un bloc de 16 minutes. Et je cède la
parole au député de Jean-Talon.
M. Proulx :
Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci de votre présentation très
structurée et très éclairante. Vous
avez parlé des étudiants de première génération, et je vous ai entendu dire
qu'il y avait 58 %, si ma mémoire est bonne, de ce que j'ai vu...
M. Dumouchel
(Pierre) : Oui, oui.
M. Proulx :
...des étudiants qui, chez vous, étaient de première génération. Vous avez
parlé également des techniciens, là, qui
sont à l'étude chez vous, ce qui fait en sorte que vous avez, bien entendu, des
gens qui, même dans leur entourage,
n'avaient jamais fréquenté l'université, alors... Certaines universités nous
ont dit que ça nécessitait, je dirais, un
encadrement différent ou, en tout cas, il fallait s'y attarder davantage, à ces
étudiants-là, pour s'assurer de la réussite scolaire au bout puis de la diplomation. Est-ce que vous avez remarqué
au fil du temps que, chez vous, c'est à peu près... c'est la même chose? Est-ce que, lorsque vous avez
des étudiants de première génération, ça nécessite plus de soutien? Est-ce que vous avez l'impression qu'ils ont une
diplomation qui est plus tardive ou parfois plus difficile parce que le phénomène est nouveau et le choc est nouveau à la
maison et dans la famille? Comment vous percevez ces étudiants-là par
rapport à ceux qui ont des parents... ont des gens qui, dans leur famille, ont
fréquenté l'université, par exemple?
M.
Dumouchel (Pierre) : On n'a pas vu de différence entre un étudiant de
première génération ou un autre que ses
parents étaient allés à l'université. Il faut savoir aussi qu'on ne contingente
pas nos programmes, hein, nous? Donc, les étudiants qui ont réussi leur diplôme
collégial, bien, ils sont acceptés chez nous. Donc, ça nous a demandé, dès le
départ, d'avoir des initiatives, de prendre
des initiatives à l'intérieur de l'école pour s'assurer de la persévérance de
ces étudiants-là.
Puis
une chose qu'on a faite, entre autres, ce sont les tests diagnostics. Donc,
même avant qu'ils démarrent leur premier
cours, on leur a fait faire des tests diagnostics en mathématique, en science
et aussi en programmation. Et, pour mieux
les diriger, il se peut que certains étudiants vont dire : Mais, vous
allez faire un cours de mathématique supplémentaire pour vous amener au même niveau que les autres
étudiants qui vont venir. Donc, ça, c'était une première initiative qu'on a
faite.
On
a aussi fait des initiatives de rencontre avec les étudiants pour qu'ils se
préparent pour... Vous savez, le défaut, souvent, des étudiants, c'est la procrastination, là, de reporter, donc,
essayer de les préparer à ne pas faire ça. Il y a d'autres initiatives qu'on a prises puis on s'est aperçus
que ça avait des conséquences aussi. Avant, l'abandon d'un cours, ça se faisait après deux semaines. Là, on a reporté ça à
quatre semaines pour au moins mieux suivre cet étudiant-là. Et il y a plusieurs initiatives, peut-être,
Jean-Luc, tu peux continuer là-dessus ou... Maarouf, oui, vas-y.
M.
Saad (Maarouf) : Juste pour
ajouter — merci — pour
la question très censée, très intéressante, il faut
voir que c'est des étudiants qui sont
là par choix, parce qu'ils ont tout
à fait le choix d'y aller,
travailler, et donc il y a un niveau de sérieux, de maturité assez élevé. Donc, ça ne nous empêche pas de
mettre des moyens sur place pour les aider à mieux performer. Donc, M. Dumouchel a mentionné le test
diagnostic. Ils sont bien encadrés, les nouveaux étudiants, et bien, bien, équipés aussi pour venir en support à ces
étudiants-là. Donc, au niveau
préparation, on prend tous les moyens pour qu'ils réussissent très bien.
Et il y en a, des étudiants, qui passent un an ou deux sur le marché du travail
et ils constatent qu'ils sont déjà saturés,
ils reviennent à l'ETS, donc ils reviennent encore beaucoup plus motivés. Et
une fois qu'on dit : Quand ils
ont fait le stage, le premier stage, ils sont à 95 % jusqu'à la fin de
leur diplôme. Donc, vous voyez, on ne
sent pas qu'ils sont forcés d'être là, et c'est vraiment la dynamique des
classes qui est très, très intéressante à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, M. le député.
M. Proulx : Merci, Mme la Présidente. C'est intéressant. Vous
avez dit que les gens étaient motivés, c'est par choix qu'ils étaient là. Il y a — c'est dans l'air du temps et c'est tant
mieux — une
fibre entrepreneuriale, hein, chez les jeunes,
qui se développe, je la sens, je la vois autour de moi. Vous avez mis en place
différentes initiatives, vous en avez parlé tout à l'heure, une m'a
intéressé particulièrement, vous appelez ça le Centech.
Une voix :
Le Centech, oui.
M. Proulx :
Le centre de technologie où des étudiants vont tester, dans le fond, une idée
qui pourrait éventuellement devenir
une entreprise, ni plus ni moins. Vous dites que vous avez déjà des succès, des
entreprises qui existent grâce à ça. Ça
m'apparaît génial, là, si on a une idée, si on veut se diplômer, si on est dans
un métier, dans une profession qui a un taux de placement et qui a de l'avenir, là, c'est le cas de le dire,
d'être en mesure d'aller dans un encadrement expérimenté, je dirais, avec des gens qui ont de l'expérience,
être capable d'aller tester son affaire pour voir s'il y a de l'avenir pour moi
là-dedans comme entrepreneur. J'aimerais ça
que vous nous racontiez un peu ce que c'est, peut-être, si c'est possible,
nous dire aussi quel genre de succès on voit de ça, parce que ça m'apparaît
bien intéressant.
M.
Dumouchel (Pierre) : Donc, c'est un endroit où on veut aider
l'étudiant à démarrer une entreprise. Parce qu'une entreprise, ce n'est pas seulement une idée, c'est
aussi comment on fait un plan d'affaires. Ça nous prend des mentors
technologiques. Et ça, les mentors technologiques, on n'a pas de
difficulté, on a les professeurs pour pouvoir le faire. C'est des mentors
d'affaires, aussi, qu'on a besoin. Donc, c'est d'attirer ce type. Et ça, c'est
un ingrédient primordial d'avoir un mentor
d'affaires aussi qui va te dire : Bien, ton idée, là, elle est peut-être
géniale sur papier, là, mais il y a déjà un brevet là-dedans, oublie ça, tu vas foncer sur un mur de béton, puis
ça ne bouge pas, un mur de béton. Donc, avoir ces gens-là autour pour
tout de suite bien les diriger, c'est important de le faire.
Puis on a la chance,
nous autres, d'avoir 9 500 étudiants. Si on dit, quoi, il y en a 1 %
ou 2 % qui ont la fibre étudiante,
bien, ça en fait beaucoup, ça, qui auraient la fibre étudiante. Il faut leur donner
un environnement. Et l'environnement, c'est
le mentor technologique, c'est le mentor d'affaires, c'est aussi le lieu. Le
lieu, on a de l'équipement de laboratoire qu'il peut travailler avec le professeur, puis c'est des équipements de
laboratoire qu'ils ne pourraient pas se payer dans leur sous-sol, là. Des fois, il y a des
imprimantes 3D qu'on a, qui valent au-dessus de 5 millions de dollars.
Donc, s'il peut avoir une bonne relation avec le professeur, on peut
exploiter aussi ce côté-là.
Et
il y en a un qu'on n'a pas exploité encore et qu'on va mettre en place, mais ça
prend un certain temps d'organiser ça,
c'est au niveau des étudiants qui font leur maîtrise et leur doctorat. Pendant
leur maîtrise et leur doctorat, ils ont fait une invention, et certaines de ces inventions-là méritent d'être
transformées en innovation. Et, là encore, il faut les entourer de mentors pour dire : Prends ton invention
et fais un produit avec ça. Et cette idée-là n'est pas nouvelle, là,
l'Université de Toronto la teste, présentement,
ça s'appelle le Creative Destruction Lab. Et, avec l'Université McGill, avec
Suzanne Fortier, on est en train de
regarder ça, comment on peut travailler en collaboration là-dessus pour créer
ce milieu-là, pour que nos doctorants,
et il y en a de plus en plus, des... enfin, aussi les postdoctorants, surtout,
là. Il n'y a pas seulement des emplois universitaires, mais ils pourraient aussi créer leurs propres entreprises,
aussi, et c'est ça qu'on veut exploiter. Donc, c'est un scoop que je
viens de vous donner, là, mais c'est quelque chose qu'on veut faire dans
l'avenir.
• (14 heures) •
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, allez-y, il vous reste encore du temps.
M. Proulx :
Alors, bonne nouvelle si les choses vont continuer d'évoluer. Vous avez parlé
tout à l'heure des perspectives d'avenir et de la possibilité de
diplômer encore plus d'ingénieurs. Je comprends que, pour M. et Mme
Tout-le-monde et pour les gens qui ne
connaissent peu le génie, l'ingénieur typique, là, c'est celui qu'on connaît,
qui est l'ingénieur-conseil avec les plans. Moi, j'ai fait mon droit,
puis on ne finit pas tous... et voilà.
Une voix :
Avec un jonc.
M. Proulx :
Et avec le jonc. Mais on ne finit pas tous chez les avocats, dans une salle de
cour non plus, à plaider avec la toge. Alors, il y a de la diversité
pour les professionnels. Vous avez — et là c'est moi qui a
peut-être mal compris — évoqué différentes branches ou secteurs, là,
du génie, où on pourrait diplômer sept fois plus d'étudiants qu'on en a
aujourd'hui.
Pouvez-vous
nous donner un peu, par secteur, là, d'activité, sans tomber dans une étude
très, très exhaustive, les secteurs
d'avenir, c'est quoi? Moi, j'ai un jeune fils de neuf ans qui me dit tout le
temps : Moi, papa, je veux devenir un ingénieur. Si, dans quelques années, là, il a le goût puis il veut
continuer, quels sont les secteurs vers lesquels, là, vous nous
dites : Si on avait les moyens, comme le disait le député de
Lac-Saint-Jean, on irait de l'avant.
M.
Dumouchel (Pierre) : Je vais démarrer. On vient tous de profils
différents, je pense qu'on va tous prêcher pour notre paroisse, là, à ce
niveau-là.
M. Proulx :
Allez-y.
M.
Dumouchel (Pierre) : Mais, si j'utilise la métrique d'offre de stages
sur les stagiaires disponibles... et là ce n'est pas nos génies que nous avons... la construction est un peu plus
difficile actuellement. En électricité, en énergie, il semble y avoir encore un
besoin, mais moindre que des domaines tels le génie des logiciels et le TI
d'information. Une compagnie comme
CGI, qui emploie 68 000 employés puis qui sont toujours en croissance, ils
en ont besoin, d'ingénieurs, dans ce
domaine-là. Et on voit les domaines avec les centres de données. Les centres de
données, ce n'est pas là qu'ils emploient beaucoup de gens, mais c'est
de l'analyse de ces données-là, tout ce qui tourne autour de l'analytique, l'intelligence artificielle, ce sont des domaines
qui sont porteurs dans l'avenir. On peut penser aussi que, l'environnement,
ça peut être un domaine qui est porteur dans l'avenir. Mais c'est assez
difficile de prédire, hein, parce que...
Je vais vous
donner mon expérience personnelle. J'ai fait McGill en génie électrique et,
quand j'ai commencé ma maîtrise,
j'étais en synthèse de la voix par ordinateur et, quand j'ai commencé mon
doctorat, c'était la reconnaissance de
la voix par ordinateur. Et, quand j'ai commencé ma maîtrise, la reconnaissance
de la parole, ça n'existait pas. Donc, trois
ans après, il y a un domaine qui est apparu. Quand je faisais ma maîtrise, on
étudiait le codage pour les fax, puis les fax n'existaient pas à l'époque, là, ça commençait. Puis là, aujourd'hui,
là, ils disparaissent. Donc, tout va très vite, c'est de façon
logarithmique, donc...
Mais,
pour les quatre, cinq prochaines années, les domaines du génie électrique,
mécanique, c'est bien. Construction, c'est
un peu plus difficile, mais est-ce que c'est le contexte actuel? Chose
certaine, vous me rappelez, là, il y a un livre de John Ralston Saul, Paradis blues, qui disait que, dans les
années 50, au Québec, on formait des prêtres, dans les années 60, c'était des génies civils. Aujourd'hui, je pense qu'on
forme des ingénieurs en logiciels et en... touche l'intelligence artificielle, c'est... biomédical, aussi, qui peut
être très porteur, notamment avec nos centres universitaires. J'espère que
ça va être créateur d'emplois, ça, créateur
aussi de nouvelles entreprises, étant donné toute cette masse d'argent là qu'on
a investie là, que ça va avoir des effets secondaires au niveau des études et
aussi des industries.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste encore quatre minutes, M. le député de Jean-Talon.
M.
Proulx : Vous avez parlé
tout à l'heure de la France comme étant un des partenaires importants à
l'étranger. Vous avez dit que vous
êtes présent dans 35 pays. Toujours intéressé de voir ce que le Québec fait à
l'étranger, puis où on est représenté, et où il faut être fier, là, de
notre présence et de nos actions.
Est-ce que
vous pouvez également nous parler un peu des autres pays ou des secteurs, là,
dans lesquels vous êtes sur la planète, et quel genre d'entente vous
avez avec ces gens-là? Est-ce qu'on forme ici ou vous formez là-bas, par
exemple, des ingénieurs?
M.
Dumouchel (Pierre) : On n'est pas délocalisés. Autant au Québec on
n'est pas délocalisés que... Certaines universités
vont se délocaliser dans d'autres pays. On ne le pratique pas. Ce qu'on fait,
c'est qu'on signe des ententes de collaboration
avec les autres universités, qui peut faciliter la mobilité étudiante et,
aussi, même à certains niveaux qu'on fait de la double diplomation.
Maarouf, tu peux rajouter là-dessus?
M. Saad
(Maarouf) : Nous avons, certainement en Europe, nous avons en Afrique du Nord, mais on a travaillé très, très
fort, les dernières années aussi avec l'Amérique latine. Par exemple, avec le Mexique, nous avons une entente spéciale pour accueillir 10 étudiants au doctorat par année du conseil national.
Donc, ils viennent avec leur bourse. Avec l'Équateur aussi, nous avons une collaboration depuis une
quinzaine d'années. Donc, nous avons formé une quinzaine de professeurs
d'université déjà, à travers juste des programmes de bourse, qui viennent nous
visiter. Avec le Brésil, par exemple, nous avons aussi un travail qui est d'une
vingtaine d'années facilement, et on a au moins une vingtaine d'étudiants
au doctorat qui étaient formés à l'ETS qui sont déjà professeurs.
Donc, vous
voyez, le marché de l'Amérique latine nous intéresse beaucoup; ce sont des latins comme nous, ici, et
ils s'intègrent très bien, ils apprennent le
français, et il n'y a pas de problème. Je pense, dans les prochaines années, on
va continuer, on va poursuivre dans
cette direction, peut-être la Colombie ou peut-être le Pérou, d'autres
pays autour aussi. Donc, c'est un
marché qui nous intéresse beaucoup parce
que les étudiants arrivent avec leur
bourse, ils ont une stabilité financière pour les quatre ou cinq
prochaines années qu'ils passent ici.
M. Proulx : Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, il reste encore deux minutes.
M.
Proulx : Je vais prendre une
dernière question de mon côté dans ce bloc-ci, Mme la Présidente. Vous avez
parlé d'espace tout à l'heure. J'ai vu votre présentation avant, j'ai lu votre document,
je vous ai entendu le répéter, que vous
aviez un déficit d'espace. Une des questions que je vous aurais posée, parce que
je ne connaissais pas la réponse et
que je ne connaissais pas bien l'institution, c'est : Comment est-ce qu'on fait pour développer dans un endroit aussi saturé de Montréal? Moi, pour y avoir vécu un peu et travaillé dans
ce secteur-là, je le comprends bien. Je
comprends que vous avez 1 million de
pieds carrés encore que vous pourriez développer et aménager. Juste pour notre
gouverne, est-ce que ce sont donc des bâtiments qui actuellement sont en
location ou des bâtiments que vous possédez que vous pourriez réaménager version campus et laboratoires, par exemple,
ou ce sont des installations, là, qu'il faudra éventuellement
transformer près du site ou à l'extérieur, là, de la proximité?
M.
Dumouchel (Pierre) : Ce sont
des bâtiments que nous ne pouvons pas utiliser. C'est l'ancienne brasserie Dow,
en grande partie, où il y avait
la grosse cuve, là. Mais là ils brassent... On y brassait du malt, mais, nous
autres, c'est des neurones qu'on brasse. Donc, ce n'est pas le bon endroit,
donc il faut réaménager...
M. Proulx :
...ensemble des fois?
M.
Dumouchel (Pierre) : Bien,
les ingénieurs, beaucoup, effectivement.
Mais il faut réaménager, et ça
prend du temps, et il faut
obtenir les permissions gouvernementales pour ce faire. Et, ça, on peut parler... Le
jour qu'on décide de vouloir agrandir
et la journée qu'on a les clés de l'endroit, c'est quelque chose autour de cinq ans. Donc, il
faut vraiment planifier d'avance.
Donc, là, présentement, j'ai créé un bureau de la recherche institutionnelle pour essayer
de prédire les besoins, la croissance étudiante, quels seront nos
besoins aussi au niveau des espaces, et on va mettre ça en branle.
Mais il y a
une certaine latence là-dedans. Il y a une très grande inertie. J'aimerais ça pouvoir
réduire ce délai-là, mais, actuellement, il faut être réaliste, c'est de cinq ans, ces délais-là.
Nous avons les lieux, effectivement. Il y a peut-être
quelque chose comme 750 000 pieds
carrés d'ancienne brasserie, et on a un terrain vacant aussi qui nous est
disponible, où on pourra avoir 250 000 pieds carrés aussi pour
construire à cet endroit-là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, le temps est terminé.
On va passer du côté du deuxième groupe de l'opposition officielle, et
je cède la parole à Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, chers collègues. Je vous
salue. Bonjour, messieurs. On voit facilement
que les années qui viennent vont vous apporter un défi important au niveau des
ressources humaines. Vous l'avez dit,
renouveler, bon, remplacer les professeurs qui vont quitter à la retraite. Vous
voulez également rehausser ou hausser
le nombre de femmes professeures au sein du corps professoral. Vous avez de
nouveaux besoins, donc vous allez avoir...
Ça va prendre plus que de la chance pour trouver tous les ingrédients à ce
nouveau défi là, là. J'imagine que ça demande une certaine
planification. Ça va bien, par exemple? Ou si...
• (14 h 10) •
M. Dumouchel
(Pierre) : Nous, on est conscients du défi qui nous attend. Et, lors
d'une restructuration que j'ai faite
l'année dernière, j'ai prévu des postes de professeurs... Parce qu'il faut
savoir qu'il y a une certaine façon de faire dans les universités. L'embauche
passe par les départements. Donc, j'ai prévu l'embauche... pas l'embauche, mais
deux postes qui vont être occupés par des
professeurs à temps partiel. Un, c'est pour l'embauche proprement dit, parce
que, présentement, la façon qu'on fait
l'embauche, c'est un peu de façon passive, en affichant sur des sites Web ou
des sites spécialisés, les postes qui
sont offerts. Donc là, on veut être plus proactifs, dire que, dans tel domaine...
on recherche un professeur dans tel domaine, puis utiliser nos réseaux
pour essayer d'aller chercher ce professeur-là.
Mme Samson : De les identifier.
M.
Dumouchel (Pierre) : Et qui dit embauche... Il faut bien les encadrer,
ces professeurs-là. Donc, j'ai un autre poste, qui va être assumé par un professeur, pour le mentorat et le
suivi de la carrière, pour l'aider à démarrer la carrière. Et aussi, en amont de ça, il y avait une certaine
longueur dans le processus. Ça partait des départements jusqu'au C.A. de
l'organisation. Mais on va faire des choses en parallèle et on va...
Mme Samson : ...raccourcir tout ça.
M.
Dumouchel (Pierre) : ...réduire aussi le nombre d'intervenants, de
sorte que l'embauche va se faire de façon beaucoup plus rapide.
Donc, ce sont
les trois façons qu'on espère aller chercher plus rapidement des professeurs.
Mais c'est difficile. C'est difficile parce que la compétition est
forte.
Mme Samson : Bien oui, elle est
forte, oui.
M.
Dumouchel (Pierre) : C'est une compétition mondiale parce qu'on veut
aller chercher les meilleurs, et toutes les universités, on se
compétitionne là-dedans.
Mme
Samson : Tout à fait, je comprends très bien. On parlait tantôt des
différentes initiatives que vous avez mises de l'avant, puis il y en a
une qui m'a frappée : c'est INGO...
M. Dumouchel (Pierre) : INGO, oui.
Mme
Samson : ...où vous accueillez à l'université des entreprises
courantes, là, qui rentrent chez vous, qui travaillent avec vos
professeurs, vos étudiants pour peaufiner, inventer, créer, tester...
Pouvez-vous nous donner un exemple de ça,
parce que ça m'apparaît bien tripant, là. Je trouve ça bien intéressant, là.
Pouvez-vous me donner un exemple?
M.
Dumouchel (Pierre) : Bien, je vais vous donner un exemple.
Présentement, c'est une compagnie qui travaille avec un de nos chercheurs qui font des écouteurs pour filtrer les bruits
en industrie, pour essayer de contrer la surdité des employés. Et cette
compagnie-là travaille en étroite collaboration... Mais là ils vont louer un
espace qui correspond presque à 100 000
pieds carrés, et l'industrie va venir s'installer juste l'autre côté de la rue
de chez nous, et le laboratoire du
professeur va venir s'installer tout à côté, sur le même étage, donc, pour
assurer une meilleure dynamique entre les employés et les étudiants. Et ça, c'est très bien
parce que les étudiants travaillent sur des projets vraiment appliqués. C'est
ça que nos étudiants recherchent.
Ça
reste quand même... C'est des projets qui vont mener à des publications, qui
vont mener aussi à la publication de la thèse, là. Ce n'est pas des
employés pour la compagnie, non : il faut qu'ils aient un but de
recherche.
Mme
Samson : De recherche. Bien, c'est superintéressant. Puis là je vais
vous poser — et ce
sera ma dernière question, ensuite,
je vais passer la parole à mon collègue — la question qui tue de la néophyte,
là : Si on confiait à l'ETS le soin de régler le cas du dossier
santé, combien de temps ça prendrait, avec vos experts, vos chercheurs puis vos...
M.
Dumouchel (Pierre) : Je vous dirais : Ce n'est pas un problème
technologique, donc on ne serait pas bons pour régler ce problème-là.
C'est plus un autre problème humain, de processus.
Mme Samson :
Ce n'est pas un problème technologique.
M.
Dumouchel (Pierre) : Oui, sauf peut-être ceux qui sont en gestion des
opérations logicielles, comme mon collègue
derrière. Lui, peut-être, il pourrait contribuer là-dedans. Mais la technologie
existe déjà, là. On le mentionnait ce
midi, là : Moi, ça fait peut-être... J'ai acheté quelque chose chez
RadioShack, là, un fil, il y a peut-être... il y a 10 ans puis je suis déjà fiché encore. Puis ils me
connaissent... que j'ai acheté chez... Puis je n'ai pas pris de garantie, mais
ils m'avaient demandé une garantie
sur un fil. Eux sont capables de le faire, mais nous, on n'est pas capables de
le faire dans... Donc, ce n'est pas technologique, le problème.
Mme Samson :
Ce n'est pas technologique. Je vous remercie, monsieur.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Oui, alors je cède la parole
à M. le député d'Iberville... non, de Chambly.
M. Roberge :
De Chambly.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Excuse-moi, désolée.
M. Roberge :
Ce n'est pas grave, on est voisins. Ça va aller, ça va aller.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, oui, désolée, désolée. Vous êtes en
Montérégie.
M.
Roberge : Moi, je ne sais pas si je dois me réjouir ou me désoler de
votre dernière réponse, mais on va dire que je suis un optimiste : Je vais m'en réjouir. Technologiquement,
il n'y a pas de problème. On regardera du côté de la gouvernance une
autre fois.
Vous
avez parlé plus tôt de... nombre important d'inscriptions d'étudiants français
et vous avez dit... Je veux juste être
sûr que j'ai bien compris : Il y a eu une baisse, cette année, de
60 % du nombre d'inscriptions. Est-ce que c'est bien ce que j'ai
compris?
M.
Dumouchel (Pierre) : De nouvelles inscriptions, oui, pour la première
année, au niveau du baccalauréat seulement, là.
M.
Roberge : O.K. Est-ce que c'est une baisse de demandes ou une baisse
d'admissions? Il y a quand même une différence,
parce que, s'il y a... Supposons qu'il y avait 200 places, peu importe le
nombre de demandes, le nombre d'étudiants ne fluctue pas, mais là on a
60 % moins de Français cette année...
M. Dumouchel
(Pierre) : Inscrits.
M. Roberge :
Inscrits?
M. Dumouchel
(Pierre) : Oui. Il y a eu baisse de 50 % au niveau des admissions
et de 60 % au niveau des inscriptions. Donc, admission, il faut bien
s'entendre, là, c'est que l'étudiant demande une admission, et nous, nous l'acceptons. Donc, comparativement à l'année
dernière, il y a eu une baisse de 50 % là. Et, au niveau des demandes
où... demandes, c'est encore plus en amont, là, une baisse 50 %
aussi.
M. Roberge :
Et ces places-là qui n'ont donc pas été comblées par des étudiants français ne
sont pas restées vacantes. Est-ce à dire que c'est des étudiants québécois qui
en ont bénéficié?
M. Dumouchel
(Pierre) : Non, non, ça ne fonctionne pas comme ça, là, c'est...
M. Roberge :
Mais j'aimerais savoir ce qui est passé avec votre effectif étudiant.
M. Dumouchel
(Pierre) : On n'a pas de quotas, nous. On n'a pas de quotas, on
accepte les étudiants, donc c'est une baisse sèche, là. Par contre, au niveau
du baccalauréat, on a eu somme toute une hausse de 2 % cette année,
comparativement, de nouvelles inscriptions, là, comparativement à l'an passé,
là.
M. Roberge : O.K. C'est
très particulier parce que, bon, vous n'êtes pas les premiers à passer devant
la commission cette année, puis les
administrateurs de d'autres institutions appréhendaient ce qui vous est arrivé,
ils ne l'ont pas vécu, mais, dans votre cas, vous avez été frappé de
plein fouet.
Maintenant,
concernant une clientèle tout à fait différente, les étudiants avec handicap,
ce que j'ai vu, c'est qu'en 2012 vous
en aviez 108; en 2015, 276. Ça reste marginal, mais quand même, en pourcentage,
c'est une grande augmentation. Est-ce que vous avez les moyens de bien
accueillir et de bien accompagner ces étudiants-là?
M. Dumouchel
(Pierre) : Jean-Luc.
M.
Fihey (Jean-Luc) : Alors, oui, nous avons mis en place tous ces
moyens-là. Et il faut dire que, si on revient à la mission de l'École de
technologie supérieure, ça a été toujours l'accessibilité aux études, donc, de
tout temps, on a mis en place des programmes
d'aide aux étudiants, d'accompagnement des étudiants qui avaient des
difficultés d'ordre scolaire, là, à
l'intérieur de l'école, donc on n'est pas vraiment pris au dépourvu du fait
cette clientèle est en croissance. Il
y a un transfert de fonds du gouvernement. On a eu un transfert, nous, de
250 000 $ pour les... puisque maintenant les universités auront la responsabilité de fournir
l'aide qui est demandée par l'étudiant. Avant, c'était le gouvernement qui
l'offrait. Donc, par exemple, s'ils ont
besoin d'une personne pour les accompagner lorsqu'ils prennent les notes en
classe, des choses comme ça, nous,
nous allons... Je vous l'ai dit, on a deux défis, là. On a le défi à
l'intérieur de l'école. Je pense que,
ce défi-là, on est en mesure de le gérer. Mais ça met un peu plus de pression
sur les espaces parce que certains de ces étudiants-là nécessitent, pour les examens, d'être isolés, donc on a
besoin de plus d'espace pour les examens. Et ce qu'ils demandent aussi le plus, c'est d'avoir plus de
temps, plus de temps pour faire leurs examens, pour faire leurs devoirs, donc
on leur accorde ce temps-là. On veut
vraiment aider tous ces étudiants-là. Nous, c'est notre rôle. On pense qu'à
l'intérieur de l'école ils peuvent se
développer et ils peuvent, on l'espère, sortir de là avec un diplôme
d'ingénieur, tout comme les autres
étudiants, et sûrement, comme ils auront fait trois stages, ils auront trouvé
leur voie durant ces stages-là pour le marché de l'emploi.
M.
Roberge : Merci. Il y a eu des compressions dans le réseau
universitaire depuis quelques années. Vous avez continué de bien accueillir vos étudiants ayant des besoins
particuliers. J'ai vu que vous avez réussi à balancer vos budgets. Félicitations! Quelle est la recette... Quelle
partie de l'université a mangé le coup, si j'ose dire? D'après ce que j'ai
compris, la proportion de cours
donnés par des chargés de cours par rapport à la proportion de cours donnés par
des professeurs a augmenté. Est-ce que c'est comme ça que vous avez
réussi à balancer votre budget?
• (14 h 20) •
M. Beauséjour (Mario) : Évidemment, comme on disait tantôt, l'école a
connu une très forte hausse de clientèle et c'est ça qui lui a permis d'absorber, finalement, les compressions
budgétaires, même si elles ont été importantes pour l'ETS. Depuis longtemps,
on dit qu'à l'école on a un déficit structurel. Donc, on a un déficit en termes
de nombre de professeurs, hein, de problèmes
d'embauche. Donc, ça n'a pas été un moyen d'équilibrer les finances de l'ETS,
mais c'est plutôt une conséquence du surplus, finalement, qu'on
rencontré.
C'est
sûr qu'avec ça, évidemment, il y a une budgétisation, donc, qui est très serrée,
très rigoureuse, donc, des fonds de
l'école. On a budget qui est centralisé à l'école, donc, qui est fait par le
service des finances, mais ensuite qui est distribué aux unités
budgétaires. Donc, lorsqu'il y a des économies qui sont réalisées, elles ne
sont pas redistribuées dans le service d'à
côté ou quoi que ce soit, là. Il y a vraiment une rigueur par rapport aux dépenses non
récurrentes, puis ça, c'est pratiquement
un budget sur la base zéro qu'on fait, là. Donc, c'est ce contrôle-là qui a
permis, en plus du manque de professeurs... qui est une conséquence du
surplus, là.
M.
Dumouchel (Pierre) : N'eût
été de cette croissance-là, on aura vécu les mêmes contraintes, les mêmes difficultés
que nos collègues vivent dans les autres
universités, là. C'est cette croissance-là et l'impossibilité de suivre cette
croissance-là au niveau de l'embauche des professeurs et des lieux. Je
vous mentionnais tantôt, construire un nouveau bâtiment, ça peut prendre
cinq ans. Donc, bien là on ne peut pas bouger, avant cinq ans, là, vous
comprenez?
M.
Roberge : Ça peut prendre
cinq ans, mais la raison pour laquelle vous n'enclenchez pas, là, aujourd'hui, ce processus-là, c'est parce que vous n'auriez pas les fonds
nécessaires pour bâtir ces bâtiments?
M.
Dumouchel (Pierre) : Non, si
on veut engager, bien, il faut engager de façon intelligente, là. Donc, il faut
justifier la croissance étudiante. Donc, on
est dans ce mode-là, on va justifier cette croissance étudiante là qui est
présente, et aussi justifier auprès
du gouvernement que l'industrie en a besoin aussi. Donc, on est
en train de faire ça pour justifier... Parce qu'on veut agrandir, parce qu'on vit avec un
déficit structurel, là, qui... Heureusement, nos professeurs nous ont
supportés là-dedans, là, et il faut continuer là-dedans. Mais là c'est ça, ça
devient un petit peu invivable, là.
M.
Roberge : Tout à l'heure, vous aviez commencé quelque chose avec ma
collègue d'Iberville par rapport à un partenariat
avec une entreprise où, même, une entreprise s'installait à côté de chez vous.
En Europe, ils appellent ça, je pense,
des «clusters», quelque chose comme ça, une forme de partenariat, une
entreprise, université. Nous, on appelle ça une zone d'innovation. Est-ce que c'est quelque chose qui est
porteur, selon vous, autant pour l'université que pour l'économie
québécoise?
M. Dumouchel (Pierre) : Oui. Oui,
c'est très porteur, puis, au Canada, on en a, des initiatives comme ça. On peut
penser à Communitech à Waterloo, qui a des BlackBerry, qui a OpenText qui est
là-bas aussi. Il y a MaRS aussi à Toronto, avec l'Université de Toronto. Nous, on a l'opportunité, on a
l'espace en plein centre-ville pour pouvoir faire ça.
Et, vous
savez, une des menaces des universités, c'est l'université virtuelle, et, si
on avait le choix de suivre un cours de type MOOC au MIT, vous venez le
faire dans une université canadienne, probablement on va aller au MIT à cause de la réputation qu'il y a derrière cette université-là. Donc, si jamais — si, là, c'est
un grand... — ces MOOC
là, ces universités virtuelles, ces
Wal-Mart de l'université, probablement, il y en a une qui va se développer dans
le futur. C'est peut-être Amazon
qui va être là-dedans, c'est peut-être Google qui va venir accaparer ce
marché-là. Comment on peut se
positionner, nous, les universités québécoises? Et la réponse de l'ETS, c'est
en ayant, à côté de nous, des industries fortes et innovantes qui engagent nos propres étudiants. Des étudiants
vont dire : Bien, moi, si je vais à l'ETS, bien, j'ai une
possibilité d'avoir un emploi intéressant, puis contribuer à la société.
Pour nous,
c'est notre réponse et je pense que c'est très important de réussir ce INGO là
qu'on essaie de développer et on peut
s'inspirer de qu'est-ce qui s'est fait à Toronto, en Europe, mais il faut
l'adapter pour le Québec, ça, c'est sûr.
M.
Roberge : Développer notre modèle à nous-mêmes pour les zones
d'innovation, avec un partenariat, puis c'est une belle... C'est
intéressant de le mettre en opposition aux MOOC, aux universités en ligne, qui
ont quelque chose d'intéressant, mais qui...
on reste plus débranchés. On a beau être branchés virtuellement, mais on est
plus débranchés de la réalité quand
même, puis on n'a pas les deux mains dedans. On n'est pas en stage, un modèle
que vous avez très, très bien développé par ailleurs.
Vous avez...
Une voix : Vous avez trois
minutes, M. le député.
M. Roberge : Pardon? Trois minutes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste trois minutes, oui.
M.
Roberge : Je vous remercie, c'est bon. Vous avez parlé de votre façon d'attirer les étudiants de
l'extérieur de Montréal grâce à vos...
M. Dumouchel (Pierre) : Les
résidences?
M.
Roberge : ...vos résidences.
Je vous remercie. Vous avez parlé d'une inauguration le 26 octobre
de La Maison des étudiants. Pouvez-vous m'en parler un petit peu? Ce
n'est pas des résidences, La Maison des étudiants?
M. Dumouchel (Pierre) : Non.
M. Roberge : Qu'est-ce que c'est?
M.
Dumouchel (Pierre) : Ça a beaucoup
évolué avec le temps. Je ne sais pas qui est le mieux placé pour répondre.
Mais La Maison des étudiants, ça a démarré comme étant une entreprise
auxiliaire qui était payée entièrement par les entreprises auxiliaires de
l'école. Donc, les résidences, c'en est une, entreprise auxiliaire, entre
autres. Étant donné qu'on fait partie du
quartier Griffintown aussi et qu'il y
a des règles d'urbanisme, donc, au
premier étage, on est obligés d'avoir
des entreprises qui viennent s'installer. Donc, il y a
une caisse populaire qui vient s'installer en bas et aussi il va y avoir
une pharmacie Jean Coutu qui va s'installer.
On voulait avoir, au cinquième étage — c'est un édifice de cinq étages — une clinique médicale, mais la personne qui voulait
le faire, son plan d'affaires ne fonctionnait pas, donc on a récupéré cette
partie-là. Et il y a certains services, des
services comme le centre de perfectionnement de l'ETS, qui ont été transférés
aussi dans ces locaux-là. Et, étant donné qu'on est en déficit de locaux qui
originellement étaient une vocation non académique,
bien, on commence à changer cette vocation-là. Donc, pour assurer le nombre de
salles de classe pour cet automne-là,
on a construit cinq salles de classe et trois laboratoires dans cette Maison
des étudiants là. Donc, c'est devenu maintenant un site académique. On
ne l'a pas fait reconnaître, on a demandé de le faire reconnaître...
Une voix : On est en cours.
M.
Dumouchel (Pierre) : On est
en cours de le faire reconnaître. Je mentionnais tantôt : Il y a
une certaine inertie, là, avant de
construire des choses, mais on a la chance d'avoir ce building-là, qu'on
prévoyait pour d'autres utilisations, mais
là on va l'utiliser un peu comme un «buffer» pour s'assurer qu'on peut
continuer à vivre avec cette croissance-là qu'on a à l'université.
M. Roberge : Merci. Une petite
dernière.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En quelques secondes, oui.
M.
Roberge : Le Conseil supérieur de l'éducation a rendu public un rapport la semaine dernière sur le collégial, mais qui
avait plusieurs pistes sur les harmonisations entre les
formations collégiales et l'université. Vous avez choisi votre voie, vous prenez des gens qui ont fini une
technique. Est-ce que vous pensez que d'autres universités
devraient s'inspirer de ce rapport-là
du Conseil supérieur de l'éducation puis peut-être faire des ponts entre les techniques plus
longues, plus courtes et le réseau universitaire?
M.
Dumouchel (Pierre) : J'ai en
main le rapport, je n'ai pas eu la chance de le lire, donc je peux
difficilement le commenter. Désolé.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Il ne reste plus de temps, M. le député de Chambly. Alors, on va passer du côté du gouvernement
pour le dernier bloc de 16 minutes. Alors, je cède la parole au député de Papineau.
M.
Iracà : Merci, Mme la Présidente. Vous semblez extrêmement autonome comme organisme, bien structuré. Et on a posé la question aux dirigeants
d'université qui sont venus nous voir. Je vais vous poser la même question, j'aimerais que vous m'en parliez un peu : En lien avec le siège social de l'Université du Québec, quels sont vos liens, quels sont vos besoins, quelle est votre dépendance par rapport à eux? Avez-vous des liens étroits? Comment ça fonctionne? J'aimerais
vous entendre un peu là-dessus.
M. Dumouchel (Pierre) : On a des
liens étroits avec le réseau de l'Université du Québec : on a des services
partagés avec le réseau et aussi beaucoup
de recherche institutionnelle qui se fait à ce niveau-là. Et, personnellement, pour moi, c'est un réseau qui... bien, le siège social est vraiment important
pour l'ETS et que, si on l'abolissait, bien
ça coûterait plus cher de reconduire
toutes les activités qu'eux font dans chacune des universités,
parce que c'est important d'avoir de la recherche
institutionnelle, de voir notre positionnement avec les autres universités, des
services comme des services de logiciels,
administratifs, ainsi de suite. Donc, si on devait reproduire ça par 10, je ne
suis pas sûr qu'il y aurait une économie d'échelle à ce niveau-là.
• (14 h 30) •
M.
Iracà : Quand vous dites qu'il y a
des services partagés, j'aimerais ça un
petit peu vous entendre là-dessus. Au niveau des liens avec les autres universités que vous faites pour
aller recruter différents étudiants, que ce soit à l'étranger ou ici, au
Québec, est-ce que vous passez systématiquement par le siège social ou vous y
allez de votre propre chef?
M.
Dumouchel (Pierre) : Non. On
est de plus en plus autonomes. Il fut un moment où la création de
certains programmes devait aller jusqu'au siège social. C'est moins le cas
présentement. Nos budgets étaient approuvés au siège social auparavant, ce n'est plus le cas
maintenant, c'est notre propre instance, le conseil d'administration qui le
fait. Donc, c'est de plus en plus
décentralisé, le mode de fonctionnement du siège social, ce qui ne nous empêche
pas de faire des collaborations avec
d'autres types d'universités. Entre autres, nous, avec l'Université McGill et
le quartier d'innovations, on a mis
en place un organisme sans but lucratif pour la promotion de l'innovation dans
le Quartier de l'innovation, qui est principalement le quartier
Griffintown.
Et aussi on a
des collaborations, aussi, au niveau académique, avec l'Université Concordia,
on peut en avoir aussi avec les autres universités. Donc, ça, ça
n'empêche pas, à ce niveau-là, de faire des collaborations.
M.
Iracà : Donc, ce que je comprends bien, Mme la Présidente, vous avez des liens directs avec d'autres universités. Le lien de dépendance qui, peut-être,
initialement, était plus nécessaire il y a quelques années, de ce que je comprends, de ce que vous me dites, là, c'est qu'en 2015, aujourd'hui, là, avec ce que vous êtes devenus, le siège social est toujours... Ce que vous nous dites, là, c'est que c'est toujours
intéressant, mais le lien de dépendance est moins fort
qu'il pouvait l'être il y a
quelques années dans le sens où vous créez vos propres contacts à l'extérieur et avec d'autres universités,
là, dans les services que vous offrez, là. C'est ce que j'entends et ce que je
comprends de ce que vous venez de dire.
M. Dumouchel (Pierre) : Oui, effectivement.
M. Iracà : Alors, merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va? Parfait. Merci, M. le député de Papineau. Alors, M. le député de D'Arcy-McGee,
allez-y, vous avez 12 minutes.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. On a parlé brièvement de votre performance sur
le plan financier et, à juste titre,
mon collègue vous a félicité. On va en convenir, le contexte
n'est pas facile, les exigences sur nous tous, sur tous les établissements de santé et services sociaux, communautaires, sont là, avec un meilleur
horizon dans l'avenir, et c'est pourquoi tout le monde a contribué à
cette tâche-là.
En même temps, on n'est pas sans savoir que c'est un défi. Ça prend de la
sophistication, ça prend un dévouement et
ça prend des stratégies et des protocoles, j'imagine, pour assurer que l'offre
de services, la qualité de l'offre de services continue à développer et à faire
son chemin en même temps qu'on doit faire avancer la chose sans nécessairement
avec une évaluation des finances qui serait à notre goût dans une situation
plus facile mondialement ici, au Québec.
Pouvez-vous
nous parler un petit peu des genres de stratégies et compromis, il faut
le dire, j'imagine, qui ont fait partie de vos efforts pour continuer
sur un chemin vers des budgets équilibrés?
Le Président (M. Iracà) : M.
Dumouchel.
M. Dumouchel (Pierre) : Je vais me répéter un petit peu, là, mais on a pu
passer à travers ces coupures-là grâce principalement
à notre croissance étudiante, là, et que la croissance au corps professoral et
dans l'espace n'a pas suivi la même...
Et, si on avait vécu ne serait-ce une stabilisation de la clientèle, on aurait
été probablement dans la même situation que plusieurs autres universités.
Donc,
je ne veux pas dire qu'on a été des champions, puis venez regarder notre
recette à l'ETS, non. On a vécu des
moments difficiles, mais on sait que c'est temporaire, on comprend la
motivation derrière tout ça, mais, à long terme, ça peut avoir des
conséquences.
On
est conscients de ça. Vous savez, dans les universités, il y a quelques fonds
où on va chercher l'argent. Il y a les
fonds de roulement, que le gouvernement contribue, lequel... nous, c'est basé
sur le nombre d'étudiants équivalents temps
plein. Il y a aussi les droits de scolarité, là, qui fait... Et aussi là on ne
contrôle pas, hein, parce qu'on a limité les droits de scolarité, et, si on compare ça avec nos compétiteurs en
Ontario et dans le reste du Canada, qu'eux n'ont pas cette limite-là... Donc, la compétition, on est
capables de la vivre à court terme, mais, à long terme, ça va être extrêmement
difficile à vivre, ce contexte-là.
Il
y a aussi les fonds de philanthropie, mais les fonds de philanthropie, pour les
universités québécoises, sont un peu plus
difficiles. Nous, on commence, on commence une campagne, la campagne est dans
le mode silencieux présentement, mais,
dans les universités canadiennes, sauf pour des universités anglophones, là,
qui existent depuis plusieurs années et
qu'il y a des grands fonds qu'ils peuvent aller accumuler là... Mais nous, on
commence là-dedans. Ce n'est pas avec cet
argent-là... Naturellement, on ne pourra pas prendre cet argent-là pour payer
de l'opérationnel, ça ne durera pas longtemps. Alors, on va épuiser ces
fonds-là.
Donc,
les sources de financement, on n'est pas dans un... comme un vrai marché
capitaliste où on peut, selon la réputation,
essayer d'augmenter les droits de scolarité; on est vraiment limités. Et ces
fonds-là ont été en décroissance au
cours des dernières années en nous disant que ça allait être de façon
temporaire. On comprend ce contexte-là, mais, à long terme, on va avoir plus de difficultés. On va avoir plus de
difficultés à recruter des professeurs, qui vont peut-être se dire : Bien, moi, je ne viendrai pas au
Québec parce que, là, il faut que je supervise sept chargés de cours, je n'ai
pas à faire ça à l'extérieur, puis
mon laboratoire de recherche, il est plus restreint parce que je dois le
partager avec d'autres. Donc, ça, à
court terme, on peut survivre dans ce contexte-là, mais, à long terme, ça va
être très difficile de passer à travers.
M.
Birnbaum : En même temps, pour avoir la fiche que vous avez jusqu'à
date... Et j'imagine que vos projections vont à quelque part dans le même sens. Vous avez parlé des défis en ce
qui a trait aux revenus en même temps, que ça, ça a été une des raisons pourquoi vous étiez en
mesure de garder les choses équilibrées, plus d'effectifs. Sur le plan contrôle
des dépenses, j'imagine qu'il y a des
stratégies. Chaque université nous aura parlé un petit peu de leur stratégie.
Vous devez avoir les vôtres aussi en
termes de, bon, je ne sais pas, gestion des fonds de pension, ratio
maître-élèves. Pouvez-vous nous parler un petit peu de l'approche d'ETS
en tout ce qui a trait au contrôle des dépenses?
M.
Dumouchel (Pierre) : Au niveau des fonds de pension, on a été assez
prévoyants. C'est depuis 2005, si je ne me trompe, qu'ils sont indexés IPC moins 3 %, et, depuis 2005, je
ne pense pas que l'IPC ait dépassé 3 %. Donc, les fonds de pension n'ont pas été indexés, là, quand que
les professeurs prennent leur retraite, ce qui a fait en sorte que notre fonds
de pension est assez solvable.
Ça, tu vas mieux
l'expliquer que moi.
M. Beauséjour
(Mario) : Bien, il faut dire que, bon, le fonds de pension fait partie
du régime de retraite de l'Université du
Québec, et puis donc le fonds de pension, il n'est pas comptabilisé, le passif
actuariel n'est pas comptabilisé dans
les états financiers de l'ETS, mais il l'est simplement au niveau du consolidé
du réseau de l'UQ. Donc, vous ne voyez pas
l'impact, là, du déficit actuariel du fonds de pension, et ce n'est pas une
donnée qu'on a non plus parce que c'est un régime interentreprises puis il n'y a pas un calcul pour les employés
comme tels de l'ETS, là, donc de tables de mortalité puis tout ça, là, par... On fait tous partie de
l'ensemble du même régime, c'est pour ça qu'il n'y a pas cette notion-là dans
les états financiers de l'ETS.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Est-ce que ça va, M. le député?
Oui? Alors, M. le député de Jean-Talon, il vous reste cinq minutes.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. Toujours en lien avec ce que nous discutions tout à
l'heure, moi, j'ai deux questions pour vous pour terminer.
Vous
avez évoqué tout à l'heure, je pense, que 33 % des stages que vous offrez
n'étaient pas comblés. Est-ce que c'est ce que j'ai entendu? Oui? C'est
vrai.
Alors,
je voulais vous poser la question avant de vous l'entendre dire, et c'était un
peu dans le même état d'esprit que
mon collègue le député de Lac-Saint-Jean, sur les régions du Québec. Est-ce
qu'il y a, parmi cet immense parc, là, d'entreprises
avec lesquelles vous faites des stages, des gens qui sont hors Montréal? Est-ce
que, si une entreprise, par exemple,
qui est à l'extérieur peut vous offrir des conditions qui vous le permettent?
Est-ce que vous avez à ce moment-là des
partenariats avec des gens à l'extérieur ou c'est principalement... soit pour
des questions de commodité, là, je comprends bien qu'à un moment donné on ne peut pas être partis extrêmement
longtemps, et, comme je ne connais pas la structure, je vous pose la question : Est-ce que ça se
limite principalement au grand marché de Montréal ou vous avez également des
ouvertures... je comprends que là il y en a
à combler, mais est-ce que vous avez également des ouvertures sur l'ensemble
du territoire pour les stages?
• (14 h 40) •
M.
Dumouchel (Pierre) : Je sais qu'il y a des ouvertures à l'ensemble du territoire. Mon collègue va pouvoir répondre plus précisément. Mais on n'est même pas limités au Québec,
hein? On a des étudiants qui travaillent chez Tesla présentement, il y en a d'autres chez BMW en
Allemagne, là. Ils choisissent leur compagnie... fabricant d'automobiles,
mais c'est aussi au Québec à travers la région. Et, Jean-Luc, peut-être que tu
peux...
M. Fihey
(Jean-Luc) : Oui. En fait, justement
quand on a eu des difficultés avec le génie de la construction, là on
s'est rendu compte que, si, en particulier, on encourageait nos étudiants à
contacter directement dans les régions les entreprises,
les PME dans le domaine de la construction, ils avaient un taux de succès assez
important à se trouver des stages, même si ce sont des stages payés, on vous l'a dit, en moyenne
14 000 $ par session. Donc, on pense que, effectivement, on n'exploite peut-être pas, entre
guillemets, suffisamment les possibilités de stages en région. Là on l'a fait pour le génie de la construction, et ça a très bien
marché. On a quand même... dans notre ensemble d'entreprises, on fait affaire chaque année avec environ
1 000 entreprises. Et on en a pas loin de 10 000... parce qu'il y a une rotation, etc., dans notre Rolodex d'entreprises, là. Et on a
constaté qu'on pouvait encore développer. Mais c'est la PME, là. Là, il faut
vraiment aller... Et, quand on parle de PME,
on parlait d'une dizaine d'employés, là, hein, en fait, c'est des très petites
entreprises.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député.
Une voix : Allez-y.
M. Saad (Maarouf) :
...ajouter une petite information. Dans les régions... Nous avons huit
différentes régions qu'on a...
Peut-être vous avez vu dans le rapport. Et il y a à peu près
1 670 entreprises. Et il y en a 762, stages qui ont été réalisés entre 2010 et 2013 dans ces régions-là,
je veux dire, Abitibi-Témiscamingue, Bas-Saint-Laurent, etc. Donc, on a quand même un bon nombre d'étudiants qui vont
retourner dans leur région faire leur stage. Et on peut penser aussi que,
quand un étudiant fait un stage dans une
région, il va y demeurer, y rester. Alors, vous voyez, le retour vers les
régions, c'est concret par ces stages-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Encore une minute, M. le député.
M. Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ce qui est intéressant, c'est de voir qu'effectivement vous
avez choisi... c'est votre philosophie de
concentrer sur un campus ou, en tout cas, sur un site l'ensemble de vos
opérations. Mais, par contre,
annuellement, à l'heure où on se parle, il peut se retrouver des gens partout
sur le territoire du Québec et à
l'étranger, c'est ce que j'entends, et ce qui est intéressant. On n'aura pas
suffisamment de temps pour aborder d'autres sujets, mais moi, je tenais
à vous remercier pour l'échange qu'on a eu aujourd'hui. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci beaucoup. Alors, on
va passer au dernier bloc, l'opposition officielle, pour une période de
14 min 30 s. Alors, M. le député de Lac-Saint-Jean, la parole
est à vous.
M.
Cloutier : Merci, Mme la Présidente. Je ne serai suffisamment soumis à
l'importance des stages en région et
l'importance surtout du retour des jeunes dans les régions du Québec. J'imagine
que vous êtes déjà sensibilisés, mais il y a un problème de
vieillissement majeur dans les régions du Québec. Et, si on veut que le
territoire québécois soit dynamique partout, il faudra s'assurer qu'il y ait
aussi une relève qui soit présente. Vous savez que, dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, on a d'importants équipementiers,
on a des ingénieurs de grande qualité, on a un besoin de main-d'oeuvre
important. Mais, en même temps, c'est une région, comme beaucoup d'autres au
Québec, qui vit des problèmes de
vieillissement de la population. Puis moi, je crois beaucoup et j'en suis
convaincu que ça passe par le retour des jeunes en région et
particulièrement les jeunes qui sont bien formés et aptes à l'emploi.
Ceci étant
dit, puisqu'encore une fois on est plus dans l'ordre du commentaire, je lisais
tout à l'heure un magnifique reportage, là, sur les accomplissements
d'Yves Beauchamp. Je comprends que vous avez probablement beaucoup à dire sur le Quartier de l'innovation. J'aimerais
ça peut-être que vous nous en glissiez un petit mot, plus par curiosité, mais
aussi pour l'impact que ça a pour la grande région de Montréal.
M.
Dumouchel (Pierre) : Oui. Le Quartier de l'innovation, c'est une
initiative de mon prédécesseur Yves Beauchamp, comme vous l'avez mentionné, et de Heather Blum-Munroe, de l'Université
McGill. Donc, c'est un projet où l'ETS et l'Université McGill sont
cofondateurs. S'est jointe, l'an passé, à nous l'Université Concordia aussi.
Et la mission
du Quartier de l'innovation est un peu similaire à celle du Quartier des
spectacles à Montréal, mais au niveau
de l'innovation. Et cette innovation-là va se faire principalement autour du
campus de l'ETS. Et il y a
quatre volets. Il y a le volet socioculturel, développer le niveau
socioculturel dans le quartier. Il y a le volet urbaniste. Il se développe beaucoup
de choses au niveau du quartier. Il y a le volet aussi
formation et recherche. Donc, ça, naturellement, les universités on est
parties prenantes là-dedans. Et finalement il y a le volet industriel. Donc, à l'industriel, on veut que
viennent s'installer dans la région aussi des industries.
Parce que vous savez qu'en 1856 il y avait une
soixantaine d'industries dans ce quartier-là, de manufactures. Et la majorité
sont... ils ont disparu. Mais moi, j'aimerais ça qu'il y en ait 56 qui
reviennent dans INGO, dans le parc immobilier
qu'on va avoir, pour essayer de stimuler aussi au niveau de l'innovation. Et aussi ça va être, comme je vous le mentionnais tantôt, un facteur d'attractivité
des étudiants qui vont venir. Et non
seulement les étudiants de l'ETS... Parce que cette
initiative-là, c'est une initiative de deux universités. Il s'est joint une
troisième université. Puis ça ne nous empêcherait
pas d'avoir d'autres universités. On est ouvert à ça. On veut développer un
quartier. Mais on a mis un peu sur la
glace l'ajout de d'autres universités parce
qu'il manquait d'industriel.
Il faut qu'il y ait un certain équilibre derrière ça. Et on n'avait pas cet équilibre-là.
Donc, tant qu'on n'a pas d'industriel qui embarque dans ce projet-là, on va retarder
l'ajout de d'autres universités.
Et, si on
peut construire quelque chose comme Communitech... Je vous parlais de l'Université de Waterloo tantôt. Vous savez, Waterloo, avec Kitchener, c'est
500 000 de population. Mais ils ont Communitech dans lequel ils ont BlackBerry. Puis BlackBerry, quand il a chuté, il
y a de ça deux ans, ils ont mis à pied plusieurs personnes, mais ils ont
créé quand même 120 nouvelles entreprises
sur place, parce que les gens veulent rester sur place. Et c'est cet écosystème
économique, socioindustriel et
universitaire... c'est ça qu'on veut recréer. Puis géographiquement, vous
parliez tantôt aussi de sites, les
quartiers innovants, les quartiers intelligents dans le monde, bien on a la
chance de l'avoir en plein centre-ville de Montréal puis on a la chance que c'est l'ETS qui possède cette
chose-là. Puis on veut la partager avec les autres. Donc, on veut créer. Ça prend du temps. Le Quartier des
spectacles, ça a pris une dizaine d'années avant que ça puisse prendre son envol. Donc, le Quartier de l'innovation, on
veut faire la même chose, là, mais au niveau de l'innovation, et à Montréal.
M. Cloutier : Mais êtes-vous
propriétaire du fond des terrains? Comment ça fonctionne, là?
M.
Dumouchel (Pierre) : Le
Quartier de l'innovation, c'est organisme
sans but lucratif, là, avec son
propre conseil
d'administration.
M. Cloutier : Mais qui est
propriétaire des terrains?
M.
Dumouchel (Pierre) : Ah! les
terrains, c'est nous. C'est l'expropriation qui a eu lieu du troisième directeur général, M. Robert Papineau, qui
a eu cette idée-là d'exproprier les anciennes manufactures de la Dow.
M.
Cloutier : Ça s'est fait par
procédure gouvernementale. Parce
que l'université n'a sûrement
pas le pouvoir d'expropriation.
M. Beauséjour (Mario) : Par décret.
Par décret gouvernemental.
M.
Cloutier : O.K.
Donc, vous avez acheté. Vous avez pris possession d'une superficie x puis, sur
cette superficie-là, vous souhaitez
voir s'implanter davantage d'industriels auxquels l'ETS va collaborer à la fois pour de
la formation puis quoi d'autre?
M.
Dumouchel (Pierre) : Oui. La
formation, le transfert technologique,
la valorisation de toutes nos propriétés intellectuelles vers
l'entreprise.
M. Cloutier : Puis à ce stade-ci on
est rendus où dans...
M.
Dumouchel (Pierre) : À ce stade-ci, dans le parc que nous avons, nous
avons développé 80 000 pieds carrés. C'est INGO-1 qu'on appelle dans notre jargon interne. INGO-2 aurait le
double de la superficie et INGO-3, il y aurait 450 000 pieds carrés qui seraient développables là. Et
aussi il faut savoir qu'on a pris possession du planétarium aussi. Et il y a le planétarium, qui n'est pas un
bâtiment patrimonial, mais iconique. On doit garder sa forme, sa volumétrie. Ça,
on voit ça comme l'épicentre de l'innovation
à Montréal, où il pourrait avoir... Ça serait un «hub» de créativité. Il
pourrait y avoir des colloques sur l'innovation, des écoles d'été sur
des thématiques innovantes.
M. Cloutier : Ça, ça se trouve dans
le même Quartier de l'innovation?
M.
Dumouchel (Pierre) : Ça se trouve dans le même quartier, oui. L'ancien
planétarium se trouve... Présentement, nous
avons trois coins de rue, et c'est le quatrième coin de rue qui ne nous
appartenait pas. Donc, c'est vraiment dans notre quadrilatère.
M.
Cloutier : Est-ce que vous vous êtes inspiré d'un modèle ailleurs dans
le monde pour vous lancer là-dedans? C'est quoi, votre source
d'inspiration?
• (14 h 50) •
M.
Dumouchel (Pierre) : Je ne connais pas les sources d'inspiration de
mes prédécesseurs. Je sais qu'il y a eu des études de faites par des firmes externes aussi, là. Et c'est surtout...
Il y a beaucoup d'exemples de quartiers innovants comme ça. On a celui de Boston, on a celui de Barcelone
qui est bien connu aussi. Donc, effectivement, on a fait cette étude-là, mais
il faut aussi l'adapter pour le Québec,
là.
M. Cloutier : Est-ce que ce n'est
que de l'industriel ou il y a du résidentiel aussi?
M.
Dumouchel (Pierre) : Dans le
quartier, oui, il y a du résidentiel. Oui, il y a beaucoup
de résidentiel aussi dans le quartier.
M.
Cloutier : Mais vous n'êtes pas propriétaires du fonds de ça?
M. Dumouchel
(Pierre) : Non, on n'est pas propriétaires.
M. Cloutier :
Donc, vous avez certains espaces dans le quartier, c'est ça que je comprends.
M.
Dumouchel (Pierre) : Oui.
Nous, l'ETS, on possède certains espaces dans le quartier. Même l'Université
McGill, elle s'est jointe aussi. Près
du Marché Atwater, ils ont acheté des résidences dans le quartier. Mais il y a
un groupe qui étudie aussi
l'urbanisme dans ce quartier-là, qui fait partie du quartier innovation, qu'on
tente d'influencer, les grands développeurs immobiliers.
M.
Cloutier : O.K. J'ai
lu aussi, dans les documents de
préparation, l'enseignement de l'anglais pour les programmes de deuxième
et troisième cycle, que ça faisait partie de vos réflexions quant à l'offre de
services. Je me demandais vous en étiez où dans vos réflexions par rapport à
ça.
M.
Saad (Maarouf) : En fait, pour le deuxième cycle, il y a les deux
volets : le volet recherche et le volet formation. Pour la formation, ça se fait toujours en
anglais... en français, pardon, il n'est pas question de donner des cours en
anglais.
Juste pour le volet
recherche en maîtrise et au doctorat, il y a la possibilité de faire le
programme en anglais. En fait, on n'a pas un nombre élevé de cours à faire.
Tout ce que ça nous a pris, un cours à donner en anglais.
Toutefois,
pour récupérer, on oblige les étudiants, avant leur diplomation, de suivre un
cours en français. C'est-à-dire, un
anglophone qui vient à l'ETS pour faire sa recherche, hein, il faut... comme
ça, en anglais, à la fin de sa formation, il sort avec une formation en français pareil. Donc, au niveau maîtrise et
au doctorat recherche, oui, vous avez tout à fait raison, la formation est en cours, elle se donne
en anglais. Il est possible de faire un doctorat dans une langue anglaise.
M. Cloutier :
Il est possible de faire un doctorat en anglais, c'est ça que vous dites?
M. Saad
(Maarouf) : Oui, oui.
M. Cloutier :
Par contre, vous demandez qu'il y ait un cours de français.
M.
Saad (Maarouf) : Suivi. On donne un cours de français élémentaire, et
ça, c'est dédié pour cette clientèle-là, et nous avons deux autres cours de français sur une base volontaire qu'ils
peuvent suivre. Mais il y a un cours obligatoire, oui.
M. Cloutier :
O.K.
M. Dumouchel
(Pierre) : On a un sondage dernièrement, aussi, auprès des doctorants,
et 93 % disent qu'ils veulent suivre un cours d'immersion en français
aussi.
M. Saad
(Maarouf) : ...un peu plus long.
M.
Cloutier : Je m'excuse, vous... de doctorants en anglais qui demandent
qu'il y ait une immersion en français? C'est ça que je comprends.
M.
Dumouchel (Pierre) : Qui désirent. On a proposé : Si on vous
offrait l'immersion en français, est-ce que ça vous intéresserait?
93 % nous ont dit oui, qu'ils seraient intéressés.
M. Cloutier :
O.K.
M.
Saad (Maarouf) : Peut-être, si vous me permettez d'ajouter, c'est que
le doctorat, maintenant, est basé... la majorité des doctorants, ils font ça basé sur des articles, des
publications scientifiques. Des gens, en partant, s'ils doivent publier
trois articles, ils n'ont pas le choix.
M. Cloutier :
J'aurais envie de vous amener sur un autre sujet, qui est celui de la
publication scientifique en français. Est-ce que vous avez l'impression que les
publications se font maintenant de plus en plus en anglais?
M.
Saad (Maarouf) : Oui, malheureusement, c'est plus en anglais
maintenant. Les organismes scientifiques sont plus forts en anglais. On souhaiterait bien... Il y a l'ACFAS qui fait
la promotion de la langue française, et on essaie de participer autant
qu'on peut, mais ça reste que c'est très, très limité comparé à...
M. Cloutier :
La force attractive de la langue française, elle est moins...
M.
Saad (Maarouf) : ...à la
force, oui... exactement. Il y a beaucoup,
beaucoup de moyens économiques
en arrière de ça aussi.
M. Cloutier : Parlez-moi des résidences. Tout à l'heure, vous nous avez parlé de l'importance, pour vous, de ce que les élèves soient sur place. Ce que je
comprends également, c'est qu'il manque de place pour les étudiants. Est-ce que vous avez des projets de
construction qui sont en cours?
M.
Dumouchel (Pierre) : Le taux
d'occupation est de 96 %, je
dirais, à l'année, mais il faut savoir que notre offre de cours, nous, s'offre trois sessions par année.
Même l'été, on accorde des cours aussi. À présent, je pense qu'on... avec
ce qu'on a comme résidence, ça nous
convient, là, on n'a pas senti le besoin... Parce que ce n'est pas tous les
étudiants qui veulent aussi aller en résidence, là, c'est principalement la
première année qu'ils veulent être là pour avoir un petit peu plus
d'assurance. Après, ils aiment ça être avec des collègues puis se louer en
colocation des appartements.
M. Cloutier :
C'est bon. Donc...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste encore deux minutes et quelques
secondes, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Sur le Planétarium de Montréal, est-ce que je comprends que vous l'avez eu
gratuitement...
M. Dumouchel
(Pierre) : Oui.
M. Cloutier :
De la ville de Montréal?
M.
Dumouchel (Pierre) : De la ville de Montréal, oui. Dans le cadre du développement du Quartier de l'innovation,
entre autres.
M. Cloutier :
Puis, c'est-u dans le cadre du 375e aussi?
M. Dumouchel
(Pierre) : À l'époque, ce n'était pas dans le cadre du 375e, mais nous
l'avons inscrit dans le projet Je vois
Montréal, et maintenant qui est devenu Je fais Montréal, comme quoi que ça
devrait devenir quelque chose qui devrait être réalisé pour le 375e
anniversaire.
M. Cloutier :
Est-ce que vous bénéficiez de subventions particulières pour...
M. Dumouchel
(Pierre) : Non, non, non.
M. Cloutier :
Comment ça fonctionne pour le financement?
M. Dumouchel
(Pierre) : Nous n'avons pas de subvention particulière, nous avons
eu...
M. Beauséjour
(Mario) : Oui, on l'a eu pour un dollar, pardon, avec la condition...
M. Cloutier :
Vous avez bien négocié, je vous félicite.
M.
Beauséjour (Mario) : Avec la condition d'en faire une réfection pour
un montant minimal de 5 millions de dollars.
M.
Cloutier : Puis vous prenez où l'argent pour faire du développement
immobilier, pour vous lancer... Il me semble,
on dirait bien que vous avez le vent dans les voiles, là, je vais le dire comme
ça, vous avez des beaux projets de développement. Il me semblait... tout
à l'heure, j'ai vu que votre fonds était à zéro, là votre fonds... votre fonds
de...
M. Dumouchel
(Pierre) : De dotation, là?
M. Beauséjour
(Mario) : Fonds avec restriction, peut-être, non?
M. Cloutier :
Il me semblait que c'était celui prévu pour les investissements.
M. Beauséjour
(Mario) : Non.
M.
Cloutier : En tout cas, où je me questionne, peu importe, là, je ne
veux pas aller sur ce tableau-là, je ne veux pas perdre de temps là-dessus,
mais je me questionne sur... comment faites-vous pour investir autant dans des
projets immobiliers, projets d'infrastructure aussi importants dans le
contexte actuel?
M.
Beauséjour (Mario) : Bien, je peux vous donner deux exemples. On est
en train de voir à la construction d'un tunnel entre la Maison des étudiants
dont on parlait tantôt et notre campus principal au montant de 3 millions
de dollars. Ce 3 millions de
dollars là provenait de transferts supplémentaires qu'on avait faits, des
virements du fonds de fonctionnement vers
le fonds d'immobilisation. Donc, on avait un solde non affecté dans le fonds
d'immobilisation de 3 millions de dollars, qui va servir pour
assumer le coût du planétarium.
En ce qui concerne... pas la Maison
des étudiants, par contre, le planétarium comme tel, lui, le 5 millions va
être assumé par les virements du
solde de fonds, du fonds de fonctionnement vers le fonds d'immobilisation,
donc, sur la même base que l'amortissement, donc sur 25 ans.
M.
Cloutier : Dans les projets de développement que vous avez pour le
quartier d'innovation, est-ce qu'il y a des sources de revenus
supplémentaires pour l'ETS?
M.
Dumouchel (Pierre) : Oui. Nous cherchions, dans notre campagne de
financement, des mécènes qui pourraient financer entre autres le
planétarium. Et donc on est en train de travailler là-dessus, là, en ce moment.
M. Cloutier :
Mais est-ce qu'il y a des espaces locatifs, par exemple, qui peuvent être...
M.
Dumouchel (Pierre) : Non. Dans INGO, où les industriels viennent
s'installer, ce sont des espaces locatifs.
M. Cloutier :
Donc, il y a des revenus d'association.
M.
Dumouchel (Pierre) : Là, il y a des revenus, là. Des résidences, ça
s'autofinance aussi, les résidences étudiantes.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci.
M.
Cloutier : Est-ce que l'espace locatif est au coût du marché ou ce
sont des tarifs préférentiels pour attirer?
M. Dumouchel
(Pierre) : Les deux.
M. Cloutier :
Les deux.
M. Dumouchel
(Pierre) : Les deux.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
Lac-Saint-Jean, il ne reste plus de temps. Alors, M. Fihey, M.
Dumouchel, M. Beauséjour et M. Saad, merci beaucoup pour votre contribution à
la commission.
Je
suspends les travaux quelques instants afin de permettre les dirigeants de
l'Université de Laval de prendre place.
(Suspension de la séance à
14 h 58)
(Reprise à 15 h 3)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, rebonjour. À l'ordre,
s'il vous plaît! Alors, bienvenue aux
dirigeants de l'Université Laval.
Université Laval (UL)
Je vois que vous avez
déposé un document. Est-ce que vous souhaitez que le dépôt soit public?
M. Brière
(Denis) : À votre goût.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : La différence, c'est que, si ce n'est pas public,
c'est distribué uniquement aux membres de la commission.
M. Brière
(Denis) : Uniquement aux membres de la commission, s'il vous plaît, Mme
la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Uniquement aux membres de la
commission. Merci. Alors, bienvenue.
Je vous rappelle que vous disposez de
30 minutes pour faire votre exposé, et, par la suite, on passera à la période d'échange entre les collègues. Alors, je vous prie de vous identifier ainsi que les gens qui vous
accompagnent, et vous pouvez commencer tout de suite avec votre exposé.
M. Brière (Denis) : Alors, Mme la Présidente de la Commission de la culture et de
l'éducation, M. le vice-président de
la commission, Mmes et MM. les membres de la commission, bonjour à toutes et à
tous. Alors, tel que demandé par la présidente,
je vous présente les gens qui m'accompagnent, les collègues qui m'accompagnent
aujourd'hui : à ma droite, Eric
Bauce, le vice-recteur exécutif et au développement; à mon extrême droite,
Josée Germain, vice-rectrice à l'administration et aux finances;
et, à ma gauche, Bernard Garnier, vice-recteur aux études et aux activités
internationales.
Comme
vous le savez, depuis 2007, j'ai l'extrême privilège de diriger l'Université
Laval, qui jouit d'un positionnement de
chef de file ici comme ailleurs dans le monde. Nos diplômés sont une source certainement de grande fierté. Ils sont plus
de 277 000 répartis à travers le monde, dont plus de 140 000 dans la
région de Québec. En tout, ce sont 10 premiers ministres du Québec, 3 premiers
ministres du Canada
qui font partie de la grande famille des diplômés de l'Université Laval.
Nous sommes aussi très fiers de
l'histoire de l'Université Laval, première université de langue française en
Amérique, dont les origines remontent à plus de 350 ans.
Dans
le document numéro un que vous avez devant vous,
intitulé l'Université Laval en bref, vous avez des statistiques qui résument bien l'importance de
notre établissement. Je donne quelques exemples : À l'automne 2014,
l'université comptait plus de
40 000 étudiants inscrits à une formation régulière créditée avec
quelque 900 étudiants par année, qui vont, hors Québec, faire un séjour d'études ou de stage. Nous sommes
un leader en matière de mobilité étudiante. L'Université Laval a de plus mérité, en
2009, le prix d'excellence du Bureau canadien de l'éducation internationale
pour son programme Profil
international, seule université, d'ailleurs, seule université québécoise à
recevoir ce prestigieux prix.
Nous
pouvons aussi compter sur le dévouement et l'engagement de quelque
9 700 employés à temps plein et à temps partiel. Nos fonds de
recherche atteignent 325 millions de dollars, soit le sixième rang parmi
les 50 premières universités de
recherche au Canada selon des données publiées par l'ACPAU, qui est
l'Association canadienne du personnel administratif
universitaire.
Nos
quelque 270 centres de recherche, chaires, instituts et autres
regroupements de recherche mènent à des travaux à la fine pointe et ont
des retombées partout sur la planète.
Nous
offrons également l'un des meilleurs programmes sportifs
universitaires au pays. Quelque 400 étudiants athlètes évoluent au sein de 14 clubs Rouge
er Or, réputés pour leur réputation et leur tradition d'excellence. Plus de 50 % des
athlètes du Rouge et Or se classent au tableau d'honneur de Sports
universitaires Canada, le SIC, avec une note moyenne de plus de
85 %.
J'aimerais
insister sur les innovations et le développement à l'Université Laval. On a des
résultats, mais, derrière tout ça, il y a beaucoup d'innovations qui ont
été introduites à l'Université Laval, et j'aimerais vous en faire part.
Alors, ces
innovations, je les ai regroupées en six différents thèmes, qui est la
gouvernance, les finances, l'enseignement et
les services aux étudiants, la recherche et la création, le transfert des
connaissances et les services à la collectivité.
Concernant
la gouvernance, l'Université Laval est une université à charte avec une
autonomie qui est à la base de nos statuts
et de notre gouvernance. Deux instances très importantes existent à
l'Université Laval : le conseil universitaire, qui exerce les pouvoirs sur les questions d'ordre
académique, et le conseil d'administration, qui a pour mandat la supervision
de l'administration générale de l'université. Alors, c'est au document deux
qu'on vous a distribué.
Le
conseil d'administration est composé de 30 membres, dont 12 sont des
membres externes, à l'exception du vice-recteur
exécutif et au développement, les vice-recteurs ainsi que la secrétaire
générale y siègent, mais sans droit de vote.
Les membres internes sont répartis de la façon suivante : le recteur et le
vice-recteur exécutif et au développement, un doyen, trois professeurs, un chargé de cours, un étudiant du deuxième
et troisième cycle, deux étudiants du premier cycle, un directeur de
services, un membre du personnel administratif professionnel et un membre du
personnel administratif de soutien. Les
membres externes sont répartis de la façon suivante : sept sont nommés par
le conseil d'administration, trois membres nommés par le gouvernement du
Québec et un membre nommé par la Fondation de l'Université Laval et un membre
nommé par l'Association des diplômés de l'Université Laval.
Au
cours des deux dernières années, le conseil a revu ses façons de faire et sa
gouvernance de façon à mettre en place
quatre comités : le comité d'éthique et de gouvernance, le comité des
investissements immobiliers et des ressources informationnelles, le
comité des ressources humaines et le comité d'audits.
À
noter que le mode d'élection du recteur à l'Université Laval est unique au
Québec et au Canada. Le recteur n'est pas
nommé par le conseil d'administration, mais il est élu par un collège électoral
d'environ 140 personnes représentant toutes les catégories de membres de la communauté universitaire, dont
les quelque 60 membres du conseil universitaire. Comme vous pouvez
le constater, c'est un processus à caractère collégial et très démocratique.
• (15 h 10) •
Sous
la rubrique Finances, tel que l'indique le document 3, l'Université Laval a le
plus bas budget de fonctionnement par
étudiant à temps plein pondéré de toutes les universités avec une faculté de
médecine au Canada, soit 9 092 $, comparativement à la moyenne
canadienne, qui se situe à 12 702 $, selon des données publiées par
le magazine Maclean's en 2014.
C'est
en innovant dans nos façons... et de développer une plus grande synergie entre
les processus administratifs et
académiques que nous avons pu réduire certains coûts et allouer ainsi plus de
ressources aux étudiants et à notre mission d'enseignement et de
recherche.
Le
fait que nous ayons le plus bas budget de fonctionnement s'explique par les
importants efforts de réduction des
dépenses réalisés depuis 2009 pour maintenir l'équilibre budgétaire, un
principe de base à l'Université Laval, soit 119 millions de
dollars. C'est ce qu'on a réduit, nos dépenses, depuis 2009.
En
conclusion, certainement, on a fait nos devoirs en ce qui concerne les coupures
tout en maintenant l'équilibre budgétaire
à l'Université Laval. On ne peut plus vraiment absorber d'autres coupures
additionnelles. C'est absolument impossible.
Le définancement
constant de l'État dans le réseau de l'enseignement postsecondaire est très
préoccupant. En 2002, la subvention de
l'État était 18 % plus élevée qu'aujourd'hui en dollars constants. Si
l'effort de l'État était le même aujourd'hui qu'en 2002, nous aurions
75 millions de plus dans notre budget de fonctionnement. Aujourd'hui, l'apport du gouvernement du Québec n'est plus que
de 67 % dans notre budget de fonctionnement et environ 20 % dans le
budget de recherche.
Si
on considère toutes les sources de revenus annuels de l'Université Laval,
incluant le gouvernement fédéral via les concours des organismes
subventionnaires, partenaires socioéconomiques nationaux et internationaux,
étudiants, Fondation de l'Université Laval,
l'apport du gouvernement du Québec est de 51 %, soit 505 millions sur
un budget total annuel de 992 millions.
À
noter que les fonds provenant des organismes subventionnaires, comme je l'ai
mentionné, fédéraux, sont attribués au
mérite par concours ouvert et ouvert à toutes les universités canadiennes.
L'Université Laval réussit d'année en année à y faire bonne figure grâce
à l'excellence de ses équipes de recherche et à l'appui institutionnel qui leur
est accordé.
À noter aussi
que nos partenaires socioéconomiques à l'étranger sont de plus en plus
nombreux. Vous pouvez aller voir le
document 4 qu'on vous a distribué. Au cours des cinq dernières années, leur
contribution financière s'élève à
90,1 millions, dont 50 millions provenant des partenaires
socioéconomiques et 40 millions provenant des 155 organismes
étrangers. Pour 2014‑2015 seulement, 22,7 millions provenaient des
partenaires socioéconomiques et des organismes étrangers. Quelques exemples, parce qu'on a des ententes de
confidentialité avec ces gens, mais Michelin, une de ses plus grosses chaires de recherche avec l'Université
Laval, Nestlé, la Commission européenne et le National Institutes of Health,
NIH, aux États-Unis.
En plus de se
désengager du financement de l'éducation, l'État multiplie les contrôles et
rapports de toutes sortes, 56, en
général, annuellement. Voir le document que vous avez devant vous. Il en coûte
annuellement à l'Université Laval plus
de 800 000 $ pour produire une multitude de rapports dont l'utilité
n'est pas toujours justifiée : absence de retour ou même d'accusé
de réception.
Malgré le
contexte de définancement chronique du réseau universitaire, nous maintenons
l'équilibre budgétaire et nos
standards de qualité. De plus, nous développons des initiatives pour favoriser
le succès de nos étudiants.
Sous la rubrique Enseignement et services aux
étudiants, nous devons dire que les effets des compressions à répétition et leur ampleur commencent à se faire
sentir sur les taux de diplomation dans plusieurs secteurs de formation.
Malgré nos efforts, on constate une tendance
vers une réduction de la diplomation, tout particulièrement au premier cycle
dans plusieurs domaines.
Comme le réseau universitaire
ne peut réduire ses standards de qualité, car cela mettrait inévitablement à
risque les bénéfices dont en retire
la population et l'avenir de la société, c'est l'accessibilité à l'obtention
d'un diplôme et, par conséquent, à la formation universitaire qui
commencent à être fragilisées. Dans certains cas, c'est même la survie de programmes de formation qui est compromise. Dans
pareil contexte, on peut même s'interroger sur le nombre d'étudiants qui
pourront éventuellement être admis dans le réseau universitaire si la situation
continue de se dégrader.
Environnement.
Passons maintenant à l'environnement numérique d'apprentissage. Un projet,
peut-être le plus important projet qu'on a développé pour nos étudiants,
qui s'appelle l'Appui à la réussite... Notre innovation la plus significative
pour aider nos étudiants à persévérer et à réussir leur projet d'études est la
mise en place d'un dispositif d'appui à la
réussite qui permet de faciliter le dépistage précoce des étudiants à risque
d'échec ou d'abandon. Il s'agit d'une
innovation technologique unique en éducation qui a nécessité la participation
de toutes les parties prenantes à la réussite
éducative à l'Université Laval. Ce projet a obtenu deux prix Octas, dont le
prix d'excellence reconnaissant ainsi l'innovation
et l'excellence de l'Université Laval dans le domaine des technologies de
l'information au Québec. Ce projet constitue
en un tableau de bord qui regroupe ces outils. Il renseigne l'étudiant, mais
aussi les enseignants et les directeurs de programmes.
Le tableau de
bord de l'étudiant est subdivisé en quatre sections comprenant les indicateurs
sommaires, le graphique de tendance,
les tests d'autodiagnostic et les ressources d'aide offertes en lien avec le
profil de l'étudiant. Les indicateurs de participation comprennent
notamment le nombre d'accès au site du cours et le nombre de messages rédigés
par l'étudiant dans les forums de
discussion. En un coup d'oeil, celui-ci peut voir où il se situe, l'étudiant,
par rapport au groupe, et, dès les
premières semaines de la session, le tableau de bord permet à l'enseignant et
au directeur de programme de voir qui
aura besoin d'aide. Le plus important là-dedans, c'est l'interaction avec les
étudiants constante à cause que ce logiciel nous permet de faire.
Aussi, un
guichet unique sera bientôt implanté afin d'intégrer plusieurs services aux
étudiants, le tout à moindres coûts
et avec plus d'efficacité. Nous avons également lancé en 2012 un programme, Mon
équilibre UL, un programme unique en
son genre qui favorise l'adoption de saines habitudes de vie par nos étudiants
et met à leur disposition une offre diversifiée de ressources sur la
nutrition, l'activité physique et la gestion du stress.
Nous investissons également plus de
65 millions de dollars par année en appui financier aux étudiants, ce qui représente un montant équivalent ou supérieur à
10 % de notre budget de fonctionnement. Par exemple, notre programme
de bourse de leadership et développement
durable, mis en place en 2010, vise à encourager et soutenir financièrement
pendant toute la durée de leur programme de
formation et de leurs études les étudiants et les étudiantes qui se démarquent
par leur engagement et leurs réalisations
exceptionnelles dans des domaines artistique, environnemental, entrepreneurial,
social et humanitaire ou sportif. Ce
programme favorise tant le développement du savoir-faire que du savoir-être et
ça célèbre l'engagement des étudiants
dans leur environnement. À ce jour, 437 boursiers et boursières ont pu en
bénéficier pour une valeur totale de
5 millions provenant exclusivement, les fonds, provenant exclusivement de
donateurs externes. Ce programme est donc à coût nul pour l'université.
Croissance
des effectifs étudiants. Au cours des dernières années, nous avons intensifié
nos efforts de recrutement des
étudiants. Ces efforts ont eu des retombées très positives. Le nombre
d'étudiants régulier, toujours la même comparaison à la session
d'automne, alors a augmenté de 4 000 étudiants depuis cinq ans. Comme
l'indique le document 6, cette croissance se
traduit par une hausse de 18 % de l'effectif étudiant en équivalent temps
plein depuis l'année universitaire 2009-2010.
• (15 h 20) •
L'internationalisation
des effectifs étudiants maintenant, document 7 que vous avez entre les mains.
Le nombre d'étudiants d'origine
étrangère inscrits à l'Université Laval a aussi connu une croissance importante
au cours des dernières années. Comme
l'indique le document 7, ce nombre est passé de quelque 4 200 à la session
d'automne 2010 à plus de 5 500 à la session d'automne 2014, soit
une augmentation de près de 31 %, tous les cycles d'études confondus.
Satisfaction
étudiante — votre
document 8. Deux enquêtes nord-américaines démontrent aussi que nous savons
innover dans notre offre de formation en répondant aux besoins et attentes de
nos étudiants. D'une part, l'enquête National
Survey of Student Engagement, NSEE, publiée en 2014, indique que l'indice de
satisfaction des étudiants de l'Université
Laval au premier cycle se situe à 87,4 %, comparativement à 80,5 % en
moyenne au Canada. D'autre part, l'enquête
Canadian Graduate and Professional Survey, publiée en 2013, indique que notre
indice de satisfaction des étudiants aux cycles supérieurs est de
91 %, comparativement à 85,2 % en moyenne au Canada.
Si on regarde
maintenant la formation régulière, l'Université Laval offre plus de 500
programmes d'études aux trois cycles
d'études et dans tous les domaines du savoir, ce qui fait que nous sommes
reconnus comme une université complète.
La pertinence de nos programmes est assurée par une évaluation périodique; près
de 70 d'entre eux ont d'ailleurs fait
l'objet d'une évaluation rigoureuse au cours de l'année dernière, et autant de
programmes seront évalués au cours de l'année universitaire 2015‑2016.
Parlons maintenant de formation en ligne — votre
document 9. Nous avons également connu une croissance continue et impressionnante, au cours des dernières années, de nos
activités de formation en ligne, formation qui permet de concilier famille-études, travail-études :
plus de 70 programmes offerts entièrement à distance et 800 offerts en ligne.
Près de 40 % de nos étudiants étaient
inscrits à au moins une activité de formation en ligne à l'automne dernier,
alors que cette proportion se situait
à 26,5 % en 2010. Voir votre document 9. Le nombre d'inscriptions à des
activités créditées offertes à
distance a d'ailleurs doublé depuis l'année universitaire 2009‑2010, passant de
30 000 à près de 60 000 en 2014‑2015, ce qui représente
18 % de nos inscriptions totales.
Sous la
rubrique Recherche et création, nous pouvons également être fiers de notre
performance en recherche. Comme
l'indique votre document 10, notre portefeuille de chaires de recherche et de
Chaires de leadership en enseignement compte
175 chaires, pour un montant de 250 millions de dollars. La mise en place,
à l'automne 2011, du Programme de Chaires
de leadership en enseignement témoigne aussi de notre capacité à innover en matière
d'enseignement et de pédagogie. Ce
programme, encore unique au Canada, vise à stimuler l'innovation pédagogique et
à former des professionnels hautement
qualifiés dans des secteurs d'activité en forte croissance au Québec, mais où
la main-d'oeuvre est insuffisante. Il a permis de créer en à peine
quatre ans 22 chaires de leadership en enseignement dans une très grande
diversité de secteurs d'activité et de recueillir plus de 7 millions de
dollars auprès des partenaires socioéconomiques.
Nous pouvons
également nous enorgueillir d'être l'hôte de deux chaires d'excellence en
recherche du Canada et d'avoir franchi avec succès la première phase de
deux autres chaires d'excellence de ce prestigieux programme national pour l'obtention de chaires de type chaire
d'excellence. Ces chaires, c'est un programme qui offre aux universités jusqu'à 10 millions répartis sur sept ans
pour appuyer des chercheurs de calibre mondial et leur équipe afin qu'ils
mettent sur pied d'ambitieux programmes de recherche. Ce montant est
apparié par le gouvernement québécois et le milieu socioéconomique pour un total de 30 millions par chaire. On sait
tous compter : 30 millions par chaire fois quatre, bien, voilà un peu l'impact que ça a chez nous. C'est le
plus grand nombre de chaires d'ailleurs d'universités canadiennes. En ayant quatre chaires, c'est quatre chaires sur 30,
donc le plus grand nombre de chaires d'excellence à l'Université Laval au
Canada.
L'Université Laval s'est aussi brillamment
démarquée dans le premier concours du Fonds d'excellence en recherche Apogée
Canada, qui a été publicisé dernièrement, se voyant octroyer en juillet dernier
la plus importante subvention de recherche
de son histoire, soit 98 millions de dollars sur sept ans, pour mettre en
oeuvre le projet Sentinelle Nord. Cette
subvention historique vient non seulement reconnaître l'excellence et la
qualité de nos chercheurs, mais nous propulse et propulse en même temps tout le Québec à l'avant-scène mondiale des
études nordiques, de l'optique photonique et laser, de la
neurophotonique, de la nutrition et de la santé mentale.
Deux autres grands projets renforcent encore le
leadership de l'Université Laval au Québec, soient l'Institut nordique du Québec, qui a fait l'objet aussi d'une
couverture assez importante dans les médias, d'autre part, l'Alliance
santé Québec, un projet très unique à l'initiative de l'Université Laval.
Le rôle de
l'Université Laval comme moteur d'innovation se reflète aussi par l'importance
de notre portefeuille d'innovations
technologiques. Uniquement en 2014‑2015, nos chercheurs ont été à l'origine de
53 déclarations d'invention de
logiciels et de 15 nouvelles demandes de brevets. Le portefeuille de
l'Université Laval compte aujourd'hui 280 technologies actives, 514
brevets et demandes de brevets, 18 nouvelles licences, pour un total de 164
licences en vigueur en 2015.
Nos
partenaires avec des établissements étrangers sont également dignes de mention.
Nous avons aujourd'hui quelque 760
ententes actives... ça, c'est votre document 11 et 12 qu'on vous a distribué,
760 ententes actives avec plus de 500
établissements dans quelque 70 pays, et vous avez entre les mains la
répartition des ententes qu'on a par pays, par les 70 pays. Par exemple, en 2011, il y a eu la création de l'unité mixte
internationale de recherche sur les écosystèmes arctiques Takuvik avec le Centre national de la recherche scientifique
de France, mieux connu sous CNRS-Paris, et, en donnant cet exemple-là, j'aimerais mentionner que CNRS-Paris a envoyé
sur notre campus, dans le cadre de Takuvik, six chercheurs pour sept ans
à l'intérieur de... pour une valeur d'environ 6 millions de dollars.
Sous la rubrique Transfert des connaissances,
nous avons une société de valorisation à l'Université Laval qui s'appelle Sovar et qui pilote... la société
permettant de faciliter le transfert de nos innovations dans la collectivité.
Je dois mentionner que cette société de valorisation se fait en
collaboration avec l'Université du Québec à Chicoutimi.
Le Parc technologique du Québec métropolitain,
que vous connaissez probablement tous, ça a été créé sous l'impulsion de l'Université Laval, mais il y a là
100 entreprises, 5 000 emplois; plusieurs entreprises du parc sont
dérivées de la propriété intellectuelle de l'Université Laval.
Entrepreneuriat
Laval, le document 14 que vous avez, un accélérateur d'entreprises hors du
commun depuis sa création, donc ça
fait plus de 20 ans. Probablement que c'est à la mode, l'entrepreneuriat, là,
mais ça fait plus de 20 ans que
l'Université Laval a créé Entrepreneuriat Laval. Et, depuis sa création en
1993, c'est 7 186 personnes qui ont utilisé les services d'Entrepreneuriat Laval, soit... et
la création de 607 entreprises... et plus de 2 000 emplois ont été créés
et les retombées économiques minimales ont été de 100 millions en
masse salariale annuelle.
Entreprises
dérivées. Le Centre de recherche d'infectiologie, bien connu, Michel Bergeron.
Vous avez le document 15. Le document
15 illustre un bel exemple de transfert technologique et d'impact socioéconomique
des travaux de recherche effectués
par nos chercheurs dans le domaine de l'infectiologie, création de six
entreprises avec plus de 2 milliards de dollars d'investissements à
Québec et la création de 2 000 emplois.
Du côté du
développement durable, l'Université Laval est également un chef de file en
développement durable. Nous avons un MOOC ou... La traduction française
qui est quoi?
Une voix : ...
M. Brière
(Denis) : Un FLOT. En tout
cas, on a utilisé... on continue d'utiliser MOOC parce que, si vous allez
sur les sites Web, M-O-O-C... Massive quoi?
Une voix : Massive Open
Online Courses.
• (15 h 30) •
M. Brière
(Denis) : Oui. On continue
d'utiliser l'expression anglaise parce que, si on va sur les médias sociaux,
si on marque FLOT, il n'y a rien qui sort,
tandis que MOOC, bien, c'est là. Alors, c'est une formation en ligne ouverte à tous, première édition à l'hiver 2015,
quelque... Alors, c'est gratuit. C'est un cours qui est offert au public.
Alors, c'est une façon de contribuer
justement à l'éducation du public, et le développement durable est certainement
un aspect important. Alors, il y a eu
5 700 personnes qui se sont inscrites, dont 1 200 ont répondu à
l'examen final, plus de 900 attestations ont été émises... et les
participants qui provenaient de 93 pays, c'est bon de le souligner.
Alors, l'année 2013‑2014 a marqué une étape importante
dans notre volonté de faire de l'Université Laval un modèle de développement
durable avec l'obtention de la prestigieuse accréditation STARS : Sustainability Tracking, Assessment & Rating System, international,
niveau or. Cette homologation classait alors notre université première au Canada
et neuvième au monde pour le développement
durable. Alors, nous poursuivons
ainsi toujours l'objectif de devenir un campus carboneutre, et ça, c'est un de nos objectifs.
On espère, et je parle à mon voisin de droite, que, d'ici quelques
mois, on va pouvoir atteindre notre objectif de devenir un campus carboneutre,
et nous continuerons d'investir dans l'amélioration de notre milieu d'étude, de
recherche et de vie.
Alors, sous
la rubrique Services à la collectivité, simplement ouvrir l'université sur la population de la région de Québec par le PEPS, notre
centre sportif. La première année d'opération, il y a eu 1,3 million personnes-utilisateurs du centre
sportif, le PEPS, et dont 70 % — 70 %,
je le répète — en
provenance de la région de Québec. Alors, la forêt aussi, si on regarde l'autre aspect, ouvert au public
aussi, c'est la forêt Montmorency
qui, avec son expansion, est devenue la plus grande forêt d'enseignement
et de recherche au monde.
Et, si on
regarde la campagne... oui, la campagne Centraide, l'Université Laval a ramassé
plus de 500 000 $, amassés en 2014‑2015.
Alors, en conclusion, Mme la Présidente, je vois
que vous me regardez, là, alors c'est sûr que...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, allez-y, il vous reste encore
quelques minutes, M. Brière, pas de problème.
M. Brière (Denis) : Ah! voilà.
Bravo! Alors, je peux rajouter des choses, c'est ça?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Non, je vais vous demander de conclure pareil, quand même.
M. Brière
(Denis) : Alors, Mme la
Présidente, les membres de la commission, voici quelques faits saillants des
grandes réalisations de l'Université Laval,
dont je suis extrêmement fier et qui ont permis à notre université de continuer
de se développer, à de démarquer et à
rayonner tant à l'échelle québécoise, que canadienne, qu'à l'échelle
internationale. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
Je vous remercie de votre attention. Merci bien.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Brière.
Alors, maintenant, on va débuter la période d'échange et on va commencer avec le groupe parlementaire formant
le gouvernement pour un bloc de 18 min 30 s. Alors, je cède la
parole au député de Papineau.
M. Iracà : Merci. Merci, Mme la
Présidente. À titre d'adjoint au ministre de l'Éducation, je vous souhaite la bienvenue chez vous. Et merci beaucoup du document
que vous nous avez passé, et des explications que vous avez données, et
du bon résumé que vous avez fait de votre université.
Le hasard de la vie a fait en sorte que je n'ai
pas fait mes études universitaires chez vous, mais...
M. Brière (Denis) : On a des bonnes
universités au Québec.
M.
Iracà : Oui, oui, oui. Mais
quand même mon frère et ma soeur ont étudié chez vous, alors ils ont fait leurs
baccalauréats dans les années 80, début des
années 80 en géomatique, et ce qui m'avait impressionné, parce que je les
avais accompagnés, j'étais un petit bonhomme
dans ce temps-là, c'était les infrastructures qu'il y avait à votre université,
et, je dois vous dire, encore aujourd'hui,
ça m'impressionne encore, parce qu'il y a eu de l'évolution depuis ce temps-là,
là, et vous avez une
université quand même très impressionnante au niveau de l'infrastructure et des
accommodités que vous avez pour les étudiants.
Et, en plus de toute
cette chance-là, vous avez la chance d'avoir un des députés les plus dévoués,
qui est mon collègue Sébastien ici, à ma droite, qu'il n'y a pas un caucus où
il ne nous parle pas de son université, puis, tu sais, à quel point il est fier de l'université et fier de
ses étudiants aussi qui la fréquentent. Alors, vous avez un bon porte-parole
et bon défenseur pour votre université.
Ceci
étant dit, avant d'entrer dans des questions de contenu, je me dois de vous
poser la question — vous
savez qu'on est suivis ici par
plusieurs personnes — en lien
avec les conditions qui ont été accordées aux cadres. Et je veux commencer par cette question-là, puis, après ça,
on va pouvoir passer à autre chose. Mais, pour moi, c'est important de poser cette question-là parce que ça a fait la
manchette. Et je considère que vous
n'avez pas eu la chance de vous expliquer concrètement, de long et en large, avec un auditoire quand même
important. Alors, je vous donne aujourd'hui, M. le recteur, l'occasion de vous expliquer en lien avec les conditions de
travail qui ont été octroyées, là, et toute cette histoire-là qui a fait les manchettes dans les journaux. Je pense
qu'avant d'entrer dans le contenu, je me dois de poser ce genre de question là,
et je vais commencer par celle-là, de manière bien large, et je vais vous
écouter.
M. Brière
(Denis) : Parfait. Alors, merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. Brière.
M. Brière
(Denis) : Merci pour la question. Oh! je m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. Brière. Oui, allez-y.
M. Brière (Denis) : Oui, alors, merci beaucoup de la question, parce que ça permet de
mettre les pendules à l'heure et,
lorsqu'on est interpellé à l'Assemblée nationale, naturellement, nous, on n'a
pas le droit de réplique. Alors, c'est sûr que, pour nous, avoir un
droit de réplique dans cette enceinte, c'est quelque chose qui est très, très,
très précieux.
Comme
vous le savez, ce dossier-là est issu aussi d'un manque d'éthique à l'intérieur
de notre conseil d'administration. Alors,
il y a eu un coulage. Je viens de vous exprimer, au début, notre gouvernance et
c'est très, très, très clair en ce qui concerne
nos conditions. Les membres de la direction ne sont pas impliqués du tout dans
cette présentation lors du conseil d'administration. Ça, je tiens à le
dire très... haut et fort. C'est un comité des ressources humaines sur nos
conditions d'emploi qui détermine — et je dis bien qui détermine,
ce n'est pas une négociation — qui détermine nos conditions d'emploi. Et nous ne sommes pas présents au
comité, nous ne sommes pas présents lorsque c'est discuté au niveau du
conseil d'administration et nous recevons, finalement, la décision du conseil
d'administration, et... Si vous n'êtes pas content,
bien, vous quittez, puis si vous êtes content, vous restez. Mais ce n'est pas
une négociation du tout, du tout, du tout
entre le conseil d'administration ou le comité des ressources humaines qui
discutent, qui font des analyses à comparer avec d'autres universités, avec d'autres instances et qui se doivent
aussi, à l'intérieur de tout ça, de respecter les lois en place, la loi n° 100,
surtout, qu'on a toujours respectée.
Alors,
merci beaucoup. Je ne sais pas si Eric, qui a quand même, vis-à-vis les
médias... C'est un peu gênant, je vais vous
le dire, de commenter sur ce sujet-là, parce qu'on n'est pas partie prenante.
N'étant pas partie prenante, tout ce qu'on fait, nous, on accepte les conditions d'emploi, qui sont déterminées
entièrement et indépendamment de notre intervention, qu'est le comité
des conditions d'emploi à l'intérieur du comité des ressources humaines du
conseil d'administration.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Oui, M. Bauce, allez-y.
M.
Bauce (Eric) : Oui, en fait, de notre côté, au-delà des décisions du
conseil d'administration, ce qui nous importe comme gestionnaires, c'est d'avoir le coût de ces mesures-là, parce
qu'on est responsables de monter un budget, et les paramètres qui nous ont été communiqués par le
conseil. Si l'on met ensemble les baisses de salaires, qui ont été effectives
à partir de janvier dernier et les coûts
éventuels, avec plusieurs hypothèses d'âges de retraite, ça correspond à des
économies de 300 000 $ pour
l'institution, basé essentiellement les calculs actuariels, les hypothèses de
retraite de 67, 68 ans, et il faudrait,
rendu à 74 ans, à peu près, admettons que les gens restent jusqu'à 74 ans... on
devrait être pas mal kif-kif en termes de coûts.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Parfait, merci. Bien, M. le député de Papineau.
M. Iracà :
Oui, alors, merci, Mme la Présidente. Merci des explications. Maintenant,
passons au contenu. Alors, vous avez
parlé des étudiants étrangers, et vous... C'est quand même impressionnant, puis
on a eu la chance de poser le même
genre de questions aux autres universités. Il semblait souvent y avoir une
difficulté en lien avec la barrière de la langue. Et moi, je reviens souvent avec cette question-là, parce que je
suis un fils d'immigrant. Puis, quand mon père est arrivé au Canada, il
ne parlait pas un mot français, pas un mot anglais. Alors, parfois, on
sous-estime la capacité des étudiants étrangers à apprendre le français et
apprendre notre langue, et on se met des barrières qui font en sorte que certaines universités, en tout cas, j'ai
l'impression qu'elles font moins de démarches dans des pays où elles présument
ou se disent qu'il y a tellement une
barrière de langue que ça ne donne rien de faire des efforts pour aller
chercher des étudiants étrangers. Et
on sait, Dieu qu'au Québec, on a besoin d'étudiants étrangers, ne serait-ce
qu'au niveau démographique.
Je pense que c'est un... plusieurs pays ou
plusieurs jeunes dans le monde rêvent de venir étudier au Québec et c'est une
richesse non seulement sociale, culturelle, mais surtout économique pour le
Québec. On a besoin de ces étudiants-là étrangers. J'ai vu que vous faisiez affaire, dans votre
document, avec plusieurs pays. Alors, expliquez-moi c'est quoi, votre stratégie. Comment vous abordez
ça, tout l'aspect étudiants étrangers, en lien avec aussi les langues et
peut-être d'autres aspects que je n'ai pas énumérés.
• (15 h 40) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. Brière.
M. Brière
(Denis) : C'est sûr...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. Brière.
M. Brière
(Denis) : Oh! je m'excuse.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Je veux juste vous donner la parole, afin de...
pour les enregistrements.
M. Brière (Denis) : Oui, d'accord. Merci. Merci,
Mme la Présidente. Oui, c'est une
très bonne question. C'est sûr
que l'Université Laval étant, comme je l'ai mentionné au début, première
université de langue française en Amérique, qu'on se concentre dans la francophonie. Par contre, il y a certainement des organisations qui aimeraient qu'on offre des cours en anglais ou des organisations qui offrent des bourses à des anglophones qui veulent venir étudier à
l'Université Laval, et le taux de rétention, je peux vous
dire, il est très, très, très élevé. Lorsqu'ils viennent à Québec, ils voient
la belle ville de Québec,
voient le coût de la vie à Québec, peut-être trouver un conjoint ou une conjointe, mais...
Non, mais c'est vrai, le potentiel
d'attractivité de la ville de Québec pour les gens d'autres langues... Mais on se
concentre principalement dans la francophonie. Mais on a des représentants étudiants à l'Université
Laval, parmi nos étudiants étrangers,
de 120 pays. Alors, vous pouvez voir,
en termes aussi... Il y a l'aspect attraction, mais il y a
l'aspect aussi... Moi, je dis aux étudiants québécois qui viennent à l'Université Laval qu'ils ont une expérience internationale, parce qu'il y a plusieurs étudiants qui
viennent... plusieurs étudiants étrangers.
Alors,
c'est sûr que le recrutement... lorsqu'on a des ententes avec plusieurs
universités à travers le monde, ça aide au recrutement. Ça aide aussi... Comme je l'ai mentionné tantôt, entre
900 et 1 000 étudiants chez nous font des stages ou prennent une
formation à l'extérieur du Canada. Ça aussi, c'est quelque chose qui est très,
très, très porteur, et, naturellement, avec
178 000 diplômés, avec 50 clubs de diplômés à travers le monde, c'est sûr
que ça aide au recrutement, mais ça
aide aussi à monter certains projets, qu'on parle, par exemple, lorsqu'on a un
gros projet au Congo, bien, les gens qui
ont été en foresterie, les gens qui ont été formés ont tous été formés chez
nous. Alors, quand on prend le téléphone puis qu'on appelle quelqu'un là-bas ou qu'eux veulent nous contacter,
c'est plus simple. Alors, c'est ce rayonnement-là international que je
pense qu'on peut vraiment bien mettre la table et de continuer avec ce
tremplin-là pour pouvoir continuer à rayonner à l'échelle internationale.
Mais
je voudrais mentionner aussi qu'un projet comme Apogée, à 98 millions, dans le
Nord, c'est sûr que ça attire l'attention, et ça attire l'attention d'étudiants qui
veulent venir, des étudiants surtout du deuxième et troisième cycle, et ça
attire l'attention aussi des sommités à travers le monde. Il va y avoir 30
nouveaux professeurs dans ce programme-là. Alors,
c'est sûr que cet aspect-là de rayonnement, avec les chaires... Les chaires
d'excellence que je vous ai expliquées tantôt, ça aide au rayonnement de
l'Université Laval. Je ne sais pas si Bernard voudrait rajouter quelque chose.
M. Garnier
(Bernard) : Si vous voulez. Madame...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Monsieur... Oui, oui, M. Garnier, allez-y.
M.
Garnier (Bernard) : Alors,
quelques mots en complément. Donc, c'est certain que notre marché premier,
notre public premier, c'est la
francophonie africaine et européenne. Cependant, nous faisons des bons efforts avec l'Amérique
latine, notamment le Brésil, la
Colombie, le Mexique, le Chili, où nous avons des liens très étroits. Et nous
n'y allons pas seuls, mais nous y
allons avec d'autres universités québécoises et canadiennes. Donc, on fait des missions dans
ces pays-là. On a aussi des liens avec la Chine — nous
avons plusieurs centaines d'étudiants chinois qui sont financés et que l'on sélectionne aussi en fonction de leur connaissance ou préconnaissance du français — et
aussi l'Iran. Alors, on parle de centaines
d'étudiants dans chaque pays, et je dois dire qu'en général ça va très bien.
Et on a une école de langues aussi très performante.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup.
M. Iracà :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, ça va?
M. Iracà :
Oui.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, M. le député de Jean-Talon.
M.
Proulx : Merci, Mme la Présidente. Mon collègue adjoint parlementaire doit
quitter quelques instants. Ça va me
faire plaisir d'intervenir maintenant. D'abord, c'est effectivement vrai, je suis très heureux d'être ici, très, très, très heureux et très fier de recevoir l'Université Laval, parce qu'étant député de la
circonscription de Jean-Talon, si on n'avait pas l'Université Laval, il y aurait un cratère immense en plein milieu
de la ville de Québec, bien entendu, étant donné la dimension que ça
prend à vol d'oiseau et sur la force que ça représente également dans la
communauté.
Lorsqu'on est, Mme la Présidente — et je
le dis pour le bénéfice de tous — un nouveau député, parce que l'élection est passablement récente, on a, bien
entendu, à rencontrer les gens d'un peu partout dans notre circonscription
pour tisser des liens, pour comprendre leur
dynamique, leurs problématiques, pour tenter de voir comment on pourrait
les aider. Le contact avec l'Université
Laval, pour moi, il est facile, d'abord, parce que... Je vais dénoncer que ma
conjointe y travaille quand même depuis trois ans, alors, et elle est
diplômée de l'Université Laval, alors on connaît l'Université Laval à la maison, on la respecte, et on en est très fiers.
Et j'ai la chance, d'ailleurs, de connaître M. le recteur, d'avant, je
dirais, cette vie de politicien.
Alors, dans
les faits, lorsqu'on est la première université francophone, lorsqu'on est
parmi les plus grandes au Canada,
quand on est un campus innovant, lorsqu'on a un campus qui fait l'envie des
autres également... J'étais hier à la Coupe
Banque Nationale, qui n'est pas une activité universitaire, mais qui a
bénéficié des installations de l'université, des installations sportives, qui
sont exceptionnelles pour tenir des événements comme ceux-là. On ne peut pas
faire autrement que d'en être fiers. Alors, je tenais à vous le dire.
Merci de votre présence aujourd'hui.
Vous avez
parlé tout à l'heure... Puis peu de gens, je pense... et, si ce n'est pas le
cas, je m'en excuse, mais je pense que
peu d'universités ont présenté ou ont donné, dans leur présentation, des
statistiques sur le nombre de personnes qui vivent en proximité ou qui
sont diplômées dans la communauté. Peut-être que, pour d'autres, ce chiffre-là
est moins significatif, mais je vous ai
entendu dire tout à l'heure qu'il y a près de 140 000 diplômés, je pense,
qui sont dans la grande région de
Québec. Est-ce que vous êtes capable de nous donner un ordre de grandeur?
Qu'est-ce que ça représente, pour l'économie d'une région comme Québec
ou l'Est-du-Québec, l'Université Laval au fil des années? Qu'est-ce que ça représente, comme force économique, d'avoir des
gens instruits, diplômés, qui travaillent et qui contribuent au développement économique
du Québec?
M. Brière
(Denis) : ...deux aspects. Parce
qu'il y a l'aspect de nos diplômés qui sont dans la région, on va parler
de la région de Québec, là : il y a
au-dessus de 140 000 diplômés. C'est sûr que ces gens-là contribuent non
simplement de façon financière...
parce qu'habituellement ils ont des salaires un peu plus élevés que les autres,
mais ce qui est encore peut-être...
encore plus important : c'est eux qui contribuent à la création de la
richesse et au développement de la région de Québec. 140 000 diplômés, c'est plus que la moitié des gens
actifs à Québec que dans... du point de vue emploi. Alors, on peut voir
que l'impact est quand même extrêmement important en ce qui concerne la région
de Québec.
On a fait
faire une analyse, et là on lance des chiffres, des fois, puis on voit qu'il y
en a qui y croient plus ou moins parce que peut-être que le chiffre est
trop gros, mais la région de Québec bénéficie de l'Université Laval avec des
retombées de 3,5 milliards, je n'ai pas dit «millions», là,
3,5 milliards par année dans la région de Québec, très bien identifiés.
On parlait d'étudiants étrangers : les
étudiants étrangers qui viennent ici dépensent au moins... puis c'est de l'argent neuf, là... dépensent au moins
30 000 $ à 35 000 $ par année. Alors, mettez-en pas loin de
6 000, là, vous savez compter,
là. Alors, c'est sûr que ça fait un investissement, dans l'économie de la
région, absolument incroyable. Et nos étudiants
aussi, qui ne viennent pas tous de la région de Québec, là, il faut se le dire,
là, ils viennent de partout au Québec, qui investissent dans la région
de Québec...
Alors, pour moi, je trouve que c'est vraiment un
apport, un ajout, une création de richesse. Et du point de vue économique, tout
ça, c'est connu internationalement. Je ne sais pas si ce n'est pas intégré dans
la pensée de tous nos politiciens non plus,
mais l'éducation, c'est par là que la création de richesse passe, c'est par là
qu'on innove, c'est par là qu'on est
capables de réaliser de grandes choses et de faire évoluer... pas simplement
l'économie, mais de faire évoluer, dans toutes les sphères d'activité,
une université complète comme la nôtre. Alors, c'est sûr que c'est un atout
absolument incroyable pour la région de Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...minute, M. le député de Jean-Talon.
M. Proulx : Si on n'a pas le temps,
je reviendrai, mais vous avez parlé de l'importance de la diplomation, de l'instruction, ce qui fait en sorte que les gens
contribuent davantage à l'économie du Québec. Vous avez dit tout à l'heure que
la diplomation était en baisse ou le taux de diplomation était en baisse.
Est-ce que ça s'explique parce que la diplomation est retardée? Est-ce que ça s'explique
parce qu'il y a de l'abandon? J'aurais voulu savoir si, un, vous êtes préoccupé par ça, bien entendu, et, deuxièmement,
quel est le portrait, là? Vous avez fait un constat maintenant : Quel
est votre portrait ou quelles sont les
stratégies que vous allez mettre en place pour faire en sorte que cette
donnée-là évolue positivement pour l'avenir?
M. Brière (Denis) : Bien, on l'a vu,
là, pour les collèges ce matin, mais je vais laisser Eric répondre à cette
question-là parce que c'est lui qui l'a analysée peut-être un peu plus que le
reste de mon équipe, là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, M. Bauce, allez-y.
• (15 h 50) •
M. Bauce
(Eric) : Oui, en fait, on trouve ça préoccupant. Pour nous, c'est un
signal. Quand on regarde... Et ce n'est
pas dans tous les secteurs. Mais, dans certains secteurs, on commence à noter
ce que j'appellerais du décrochage, une réduction du taux de haute
diplomation. Et ça, c'est préoccupant parce qu'en fait c'est l'accessibilité au
diplôme qu'on parle.
Parce que, pour nous, évidemment, on rentre des étudiants à l'Université Laval,
mais l'objectif, ce n'est pas d'accéder à l'université en tant que
telle, mais d'accéder au diplôme de l'université, et ça, c'est fondamental.
D'autre part, évidemment, des étudiants qui
rentrent à l'université et qui ne finissent pas l'université, c'est un
investissement pour la société qui, à quelque part, est perdu si on considère
que la finalité, c'est d'avoir un diplôme. Et
ça, on trouve ça assez préoccupant de voir cette chose-là. Et, pour nous,
évidemment, on se posait la question : À quoi ça peut être relié, cette chose-là? Évidemment, on
se pose toujours ce genre de question là. Il n'est pas question qu'on
modifie nos critères d'entrée, hein, plus d'étudiants qui entrent, mais les
critères d'entrée sont les mêmes. Il n'est pas question de modifier nos
critères de sortie. Les standards d'obtention du diplôme, ils sont là, ils vont
rester, souvent déterminés par des
organismes d'accréditation, d'agrément, etc., ce qui fait qu'en bout de ligne
ce qu'on se rend compte, c'est
l'environnement dans lequel nos étudiants évoluent est en train d'évoluer lui
aussi, et qu'il y a des étudiants qui ont de la difficulté à passer à
travers.
Quand on
regarde, on essaie de regarder d'autres paramètres, parce qu'on parle tous de
corrélation là-dedans, mais, quand on
regarde un peu l'évolution du ratio professeur-étudiant, évidemment, ils ne
vont pas nécessairement dans le bon sens.
On a plus d'étudiants par professeur. Les dernières compressions évidemment
viennent amplifier la chose. Ce que je vous
parle, ici, c'est des cohortes de 2008 qu'on suit pendant six ans, puis on voit
la baisse. Il y a des secteurs où effectivement ça a monté. Au deuxième, troisième cycle, on voit quand même que c'est
relativement stable, ça va très bien, même, on voit une légère augmentation. Ce qui est intéressant là-dedans, c'est que
ça se corrèle aussi à une augmentation du financement de la recherche, plus d'argent globalement au niveau de la
recherche. Au premier cycle, bien, on voit des baisses en termes de financement pour le premier cycle, et qui semblent
être corrélées avec cette chose-là. Et, pour nous, c'est excessivement préoccupant de voir ça, parce
qu'en fait, oui, rentrer plus d'étudiants dans le système, mais l'idée, c'est de les diplômer, et présentement on voit...
c'est un peu... On tire un peu l'alarme là-dessus, là, de dire :
Attention, est-ce qu'on n'est pas en train de mettre à risque l'accessibilité
au diplôme universitaire, et donc, le moteur de création de richesse du
Québec?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, il ne reste
plus temps, on va passer du côté de l'opposition officielle pour un bloc
de 22 minutes, et je cède la parole au député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de
vous souhaiter la bienvenue. Vous n'êtes pas sans savoir que vous étiez attendus. Ma collègue et prédécesseure à l'Éducation
a clairement réclamé cette commission parlementaire
dans le contexte que vous connaissez, un contexte médiatique où vous avez eu à
expliquer, dans le fond, la
bonification quant au... pas au contrat, mais plutôt aux conditions
d'après-mandat. On a abordé tout à l'heure brièvement le sujet, mais vous aurez compris que, pour le
public, de manière générale, puis pour les Québécois, dans un contexte de
coupures actuel, dans un contexte d'austérité, dans un contexte extrêmement
difficile... puis encore tout à l'heure, je regardais
les propres décisions difficiles que vous avez eu à prendre, eut égard aux
coupures du gouvernement actuel. On vous a imposé des choix extrêmement
difficiles, et je lisais les conséquences tout à l'heure : l'augmentation
du nombre d'élèves par classe, fusion de
cours, postes de chargés de cours qui sont disparus, augmentation de certains
frais. Alors, ce type de décision là nous apparaît être encore plus
difficile à expliquer, eut égard au contexte.
Mais
commençons au début de l'histoire, et je suis curieux de savoir : Vous en
êtes où par rapport à vos rencontres avec
le ministre de l'Éducation? Est-ce que vous avez eu la chance d'exprimer votre
point de vue récemment? Et est-ce que vous vous êtes entendus finalement
sur le fond de cette histoire?
M. Brière
(Denis) : Bien, écoutez, je
vous ai dit tantôt de quelle façon que c'était parti, cette chose-là, c'était
parti par un manque d'éthique à
l'effet qu'il y a eu du coulage de fausse information à travers les médias et à
travers, je dirais, oui, l'appareil
politique. Mais c'est sûr que, pour nous, c'était difficile de commenter dès le
début. Pourquoi vous n'avez pas
corrigé le tir dès le début? C'est difficile, parce qu'on... Moi, quand les
médias m'ont appelé, le lendemain matin, là, que ça a sorti, là, moi, je ne l'avais pas, le document original du
comité, je ne faisais pas partie. Alors, on me pose une question, je dis : Wo! Minute, là, ce n'est
pas moi qui ai fait ça. Alors, le président du conseil a rencontré Mme Hivon,
hein, si on revient à ça, puis je pense que
madame... je pense que vous étiez là aussi, il a expliqué la situation. Mais
vous savez très bien comme moi, vous
êtes en politique, un coup qu'il y a une perception qui est créée dans les
médias, c'est très difficile de virer
la vapeur et de revenir, surtout lorsqu'on m'implique ou on m'interpelle alors
que je n'ai pas fait partie de la
décision. Et c'est là, je pense, que c'est le point tournant de tout ça. Ce
n'est pas Denis Brière qui détermine, c'est...
et mes collègues, qui détermine ses conditions de travail. Et je pense que c'est bien comme ça. Je pense que c'est
une excellente gouvernance de la part de notre conseil d'administration. Et
c'est une économie, c'est une économie de 300 000 $. Les échanges qu'on a eus avec le
ministère là-dessus, on s'est expliqués très, très, très clairement. Et moi, je
pense que le dossier est clos, dans le sens
où c'est vraiment des économies. Il y a combien de personnes chez nous qui
ont passé à travers le dossier pour vraiment valider les dires ou les
conditions de l'université!
Mais je
voudrais rajouter quelque chose là-dessus. Je pense que, lorsqu'on parle de
conditions de travail, puis je pourrai vous remettre un document
là-dessus, si on parle... parce qu'on m'interpelle personnellement toujours,
puis mon salaire et tout, là. Bien oui,
c'est bien beau, là, mais, si on regarde les universités de recherche au
Canada, j'ai le plus bas salaire au
Canada, incluant Québec, les universités du Québec, pour une grande université
de recherche. Et je vais vous
distribuer le tableau. Vous allez constater que moi, mon salaire est gelé
depuis 2009, puis on a pris une coupure de salaire le 1er janvier 2015
de 3 %.
Alors, c'est
sûr que, quand vous regardez ça dans la globalité... et je comprends que
c'est... pour le prononcer, le mot,
je comprends que c'est croustillant, là, aussitôt qu'on parle de salaire, c'est
mieux que n'importe quel autre sujet, je pense, là, je
pense que ça attire l'attention, mais il faut quand même faire attention et
regarder ça dans sa globalité. Et c'est sûr que les discussions qu'on a eues avec le ministère là-dessus se sont
avérées que, pour un conseil d'administration, de prendre une décision comme celle-là pour essayer de garder le plus
longtemps possible des directeurs, là, des gens le plus longtemps possible dans l'organisation, qui
ont eu 10 ans d'expérience dans la haute direction de l'université, moi,
je pense que c'est très, très, très sage. Je ne sais pas si, Eric, tu
aurais quelque chose à rajouter.
M.
Cloutier : Mais, juste à ma question à savoir si vous avez rencontré
récemment le ministre Blais, c'est oui ou c'est non? Avez-vous parlé au
ministre Blais?
M. Brière
(Denis) : Écoutez, lorsqu'on fait affaire avec un ministère, on
rencontre des ministres puis on rencontre
des sous-ministres. Oui, on a rencontré la nouvelle sous-ministre, Sylvie
Barcelo. Oui, on l'a rencontrée avec ses acolytes. Oui, on les a
rencontrés.
M.
Cloutier : O.K. Bon, la prétention du gouvernement, à moins qu'elle
ait changé, c'est que l'Université Laval aurait agi contrairement aux dispositions législatives, elle serait en
infraction. Le ministre l'a répété. Est-ce que c'est toujours le cas?
Est-ce que l'avis du gouvernement est toujours le même?
M. Brière
(Denis) : Je n'ai pas compris le sens de votre question.
M.
Cloutier : Le sens de la question,
c'est : Récemment, le ministre Blais a clairement dit et affirmé que l'Université Laval avait agi en
contravention des règles, elle allait imposer...
M. Brière
(Denis) : Oui, ça, c'était au mois de juin.
M. Cloutier : Exactement ça. Dois-je comprendre maintenant que
le gouvernement a une nouvelle version, donc qu'il prétend maintenant que
c'est légal?
M. Brière (Denis) : Il faudrait le demander au gouvernement. Je ne suis pas ici pour parler
au nom du gouvernement puis parler au nom du ministre.
M. Cloutier :
Je comprends.
M. Brière (Denis) : Alors, nous, en autant qu'on est concernés, le débat est clos. Et notre
conseil d'administration a très bien
agi, et notre conseil d'administration a mis en valeur les gens qui ont quand
même contribué pendant 10 ans à l'évolution,
et, comme vous avez pu le voir tantôt, là, pour le développement de
l'Université Laval. Et moi, j'ai un très grand respect pour ces gens-là
et l'ensemble de la communauté.
M.
Cloutier : Vous avez dit précédemment sur la place publique que le
chiffre du 1,4 million en coûts supplémentaires potentiels était
faux, en fait. Est-ce que vous maintenez toujours cette position-là?
M. Brière
(Denis) : Certainement. Ce sont des économies de 300 000 $.
M. Cloutier :
Les économies auxquelles vous faites référence...
M. Brière
(Denis) : Je ne sais pas où le chiffre de 1,4 million est sorti,
mais c'est 300 000 $.
M.
Cloutier : Bon. Je peux peut-être déposer un tableau, là. Il y a le
calcul qui avait été fait, là, pour l'ensemble des personnes concernées,
là, qui arrive à un montant total de 1 394 462 $. Probablement
que vous l'avez déjà vu, j'imagine. Sinon,
vous le contestez... peut-être que vous contestez, en fait, la validité du
tableau. Peu importe. J'en donnerai peut-être tout à l'heure une copie,
juste pour m'assurer qu'on a les mêmes documents entre les mains.
Mais
ma préoccupation... Donc, ce que vous dites, c'est : Eut égard à la baisse
de salaire qui a suivi, la décision qui
a été prise, le calcul que vous faites, vous en arrivez à un montant qui est
inférieur à la hausse de condition d'après mandat, c'est ça?
M. Brière
(Denis) : On en arrive à une économie de 300 000 $.
M. Cloutier :
Avez-vous un tableau à nous déposer, des chiffres, des calculs?
• (16 heures) •
M. Brière (Denis) : Écoutez, c'est le conseil d'administration. Moi, je ne déposerai pas
des documents du conseil d'administration sans leur permission. Mais on
s'est expliqués. Je pense qu'on n'a pas à aller sur la place publique pour s'expliquer là-dessus. Il faut s'expliquer
avec le ministère. Et on s'est expliqués avec le ministère en long et en large.
M.
Cloutier : Tout à l'heure, vous avez parlé de manque d'éthique, je
reprends vos mots, là, vous avez dit : On a été victimes de coulage. Je veux juste comprendre, là : la
décision de la bonification des conditions salariales, de toute façon,
elle aurait été publique.
M.
Brière (Denis) : Elle aurait été quoi?
M. Cloutier :
Elle aurait été publique, la décision en bout de...
M. Brière
(Denis) : Oui, bien sûr, oui, oui.
M.
Cloutier : Donc, je veux juste comprendre, puisque la décision était
publique, de toute façon, qu'est-ce que vous reprochez au processus? Vous dites qu'il y a de la fausse
information qui a été dite, qu'il y a eu du coulage. Je veux juste être certain de bien comprendre parce que,
de toute façon, cette décision-là, elle est rendue publique par le conseil
d'administration.
M. Brière
(Denis) : Oui, la décision du conseil d'administration a été rendue
publique, mais...
M. Cloutier :
Quand vous dites qu'il y a eu du coulage, de quoi parlez-vous exactement?
M. Brière
(Denis) : Bien, il y a eu du coulage à partir de notre conseil
d'administration.
M. Cloutier :
Mais la décision, elle aurait été publique, de toute façon.
M. Brière (Denis) : Bien, le coulage n'a pas été la décision du conseil d'administration,
vous me comprendrez bien.
M. Cloutier :
C'est quoi le coulage dont vous parlez?
M. Brière (Denis) : L'avantage de couler de l'information, c'est de donner de la fausse
information aux médias.
M. Cloutier :
Et quelle est cette fausse information dont vous parlez?
M. Brière
(Denis) : Bien, le 1,4 million.
M.
Cloutier : Non, l'information qui est d'abord sortie sur la place
publique, ce n'est pas 1,4 million. L'information qui est sortie sur la place publique,
initialement, c'est l'augmentation du pourcentage pour les conditions
salariales après mandat. C'est ça qui est sorti initialement. Puis ça,
c'est la décision qui...
M. Brière
(Denis) : Oui, et le 1,4 million est sorti tout de suite après.
M. Cloutier :
Bien, ce sont des calculs qui ont été faits par la suite. Maintenant, ça ne
vient pas...
M. Brière (Denis) :
Nous, on a déjà...
M.
Cloutier : Pour que ça soit du coulage — je veux juste finir — pour que ça soit du coulage, il faut que ça
vienne du conseil d'administration. Or, le chiffre du 1,4 million,
par définition, ne vient pas du conseil d'administration.
M. Brière
(Denis) : Non, non, le conseil...
M. Cloutier :
Donc, ce n'est pas...
M. Brière
(Denis) : ...le chiffre de 1,4 million, d'ailleurs, on n'a jamais
reçu ce document-là.
M. Cloutier :
Vous ne l'avez jamais reçu. Ça, justement, vous le contestez.
M. Brière
(Denis) : Bien, on n'a jamais reçu le document.
M.
Cloutier : Ce que j'essaie
de comprendre, finalement, là, c'est pourquoi prendre une telle
décision dans le contexte actuel?
Expliquez-moi, là, le pourquoi de l'importance
de cette décision-là pour l'Université Laval. Pourquoi, dans le contexte économique actuel, vous avez
senti le besoin de bonifier des conditions d'après-mandat? Qu'est-ce que
vous visez? C'est quoi, l'objectif?
M. Brière
(Denis) : Est-ce que vous me parlez à moi personnellement?
M. Cloutier :
Bien oui, ou l'Université Laval.
M. Brière (Denis) : Non, non, je viens d'expliquer qu'on n'est pas partie prenante de cette
décision-là. Ne me demandez pas à moi...
M. Cloutier : Donc, on vous a imposé
une décision.
M.
Brière (Denis) : ...à moins
que c'est un mauvais timing ou quoi que ce soit, moi, je pense que c'est un
excellent timing de faire en sorte
qu'on a des économies de 300 000 $ puis qu'on est capables de retenir
à l'Université Laval le plus longtemps
possible des gens qui ont 10 ans d'expérience. Ça, c'est mon interprétation à
moi, mais vous ne pouvez pas me
demander à moi de commenter ou de faire en sorte que je serais directement ou
indirectement partie prenante de la décision, je ne le suis pas.
M.
Cloutier : Je comprends très bien ce que vous me dites, mais tout à
l'heure vous avez ouvert plus largement, vous avez dit : Il faut se comparer à toutes les autres universités
dans le monde, particulièrement au Canada, blablabla. C'est quoi, votre limite, à votre point de vue?
Est-ce qu'un recteur d'université devrait pouvoir gagner deux fois plus cher
qu'un premier ministre, à votre point de vue?
M. Brière
(Denis) : Ce n'est pas des
comparaisons qui se font du tout. À travers la planète, dans les universités,
moi, je pense que les...
M.
Cloutier : Puis par rapport au réseau des universités du Québec,
est-ce que ces comparaisons-là tiennent le coup?
M. Brière (Denis) : Oui, vous pouvez
comparer l'envergure de ceux qui gagnent un peu plus cher dans les universités
à charte, l'envergure de l'université; nous, avec 40 000 étudiants, qui
représentent à peu près le nombre d'étudiants de l'Université du Québec au
complet si on enlève l'Université du Québec à Montréal...
Écoutez, on
n'est pas là, je pense, pour discuter de nos conditions d'emploi. On a donné...
le président du conseil a rencontré
le bureau du ministre, a rencontré Mme Hivon. Et moi, je vous le dis, la
situation est très, très, très claire. Et je ne comprends pas, encore une fois, pourquoi qu'à partir de mauvaises
informations on nous parle encore de bonifications. Ce n'est pas une
bonification...
M.
Cloutier : Bien, c'est parce que c'est deux décisions différentes. Ce
à quoi vous faites référence, là, pour être complètement transparent, parce qu'il y a quand même du monde qui
suivent les travaux, c'est deux choses différentes, hein : il y a le dossier de la bonification
des conditions après mandat, qui, lui, coûte quelque chose, puis il y a l'autre
dossier, qui est l'autre décision,
qui est celle de réduire de 3 % les salaires des hauts dirigeants. Ce que
vous faites, c'est que vous fusionnez
ça ensemble puis vous dites : En bout de course, à votre point de vue,
mais qui n'était pas le point de vue du gouvernement... puis j'ai hâte d'entendre le ministre, parce que je ne
l'ai pas entendu... à l'effet que tout ça, c'est à coût nul ou, au
mieux, c'est même une réduction de coût. C'est ce que vous dites.
Mais il y a
quand même une décision qui a été prise, qui est celle de bonifier les
conditions d'après-mandat. Puis on
essaie de comprendre pourquoi. Qu'est-ce que ça change? Quelle est l'expertise
qu'a quelqu'un qui a siégé, je ne sais pas,
moi, comme vice-doyen? Pourquoi on verrait une bonification salariale aussi
importante pour quelqu'un qui décide de
s'investir? C'est quoi, l'apport supplémentaire pour l'université? Qu'est-ce
que ça amène de plus comme services aux étudiants? Quelle expertise
supplémentaire ça donne à l'Université Laval? C'est ça qu'on essaie de saisir.
On veut comprendre le pourquoi
de la décision. En quoi, là, ça amène une meilleure administration pour l'Université Laval dans le contexte actuel?
M. Brière
(Denis) : Il faudrait parler
au conseil d'administration, parce
que c'est eux qui ont pris la
décision de faire en sorte...
M. Cloutier : Est-ce que vous
êtes...
M. Brière (Denis) : Et c'est nous,
en tant que direction, qu'on a décidé de prendre une coupure de 3 %.
M. Cloutier : Puis vous pensez que
c'est une bonne ou une mauvaise décision qui a été prise par le C.A.?
M. Brière (Denis) : Moi, je pense
que c'est une excellente décision.
M.
Cloutier : Bon. Bien alors pourquoi selon vous, outre... sans égard au
conseil d'administration... Expliquez-moi les motifs qui sont derrière
ça, parce que j'ai de la difficulté à y comprendre.
M. Brière
(Denis) : Bien, les motifs,
il faudrait parler au conseil d'administration. Je ne suis pas partie prenante.
Bien oui, mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Je ne suis pas
partie prenante à la...
M.
Cloutier : Ce que je veux que vous me disiez, là, c'est pourquoi vous
pensez que la décision devait être prise dans un contexte budgétaire extrêmement difficile où il y a des nouveaux
frais qui sont chargés aux étudiants, où il y a des coupures dans les
postes qui sont donnés à nos enseignants, dans un contexte où on coupe dans la
persévérance scolaire... Je ne ferai pas
tout le portrait de ce qui se passe en éducation, là, mais ce que je suis
profondément convaincu, là, c'est que les sommes doivent être mises aux
bonnes places. Puis ce que nous, on essaie de faire, ici à l'Assemblée nationale, là, c'est de s'assurer que, pour
chacune des universités au Québec, on utilise l'argent public à bon escient. Ce
que j'essaie de comprendre avec vous, puisque vous dites que c'est une
excellente décision, c'est pourquoi c'est une excellente décision, selon vous.
Pourquoi c'était nécessaire dans le contexte actuel?
M.
Brière (Denis) : Je vais
demander à Eric, parce que, là, moi, je répète, je répète tout le temps la même
chose, là. Mais on n'est pas partie
prenante. Puis je trouve que le conseil d'administration, si on regarde nos
conditions d'emploi à l'Université
Laval, gelées depuis 2009, même pas la PSG, rien. Quand je vous dis, ce n'est
absolument rien. Ils ont cherché une
façon de vraiment de pouvoir garder de l'expertise à l'Université Laval, ceux
qui ont 10 ans d'expérience. Et, en passant, c'est la première fois
depuis 20 ans qu'un recteur avec son équipe reste là pendant 10 ans.
M. Cloutier : Quoi? Pardon?
M. Brière (Denis) : C'est la
première fois depuis 20 ans qu'un recteur a deux mandats de suite.
M. Cloutier : Mais, toutes nos
félicitations, mais...
M. Brière (Denis) : Merci. Non, non,
mais...
M.
Cloutier : Ce que je veux dire, c'est qu'on est ici pour s'assurer que
l'administration... que l'ensemble des fonds
publics soient étudiés... soient utilisés, pardon, à bon escient. Or, il y a
des exemples qui nous portent à croire... qui sont pour le moins
questionnables. Et c'est exactement le travail qu'on fait aujourd'hui avec
vous.
Puis,
parallèlement à ça, il y a le contrat, comme vous le savez, qui a été donné à
une firme publique à 300 $ de l'heure,
qui, lui aussi, soulève une série de questions importantes quant à la saine
utilisation des fonds publics. D'autant plus que ce qu'on comprend, c'est que vous avez une section en communication
importante à laquelle vous avez aussi accès.
C'est l'occasion pour vous d'expliquer un peu la nécessité à votre point de vue
d'aller vers des firmes externes, alors que, de toute évidence, il doit
y avoir l'expertise à l'Université Laval.
M. Brière
(Denis) : Je vais laisser
Eric répondre à la première question en complément et, après ça, on répondra
à la deuxième question.
M. Bauce
(Eric) : Je vais faire un
petit package, là, pour tenter de vous expliquer. On parle, ici, de baisse de
salaire. On parle de baisse de
salaire lors d'une réaffectation. C'est quand même assez innovant
comme approche, qu'on ne voit pas au gouvernement ce genre d'approche là, de baisse de salaire quand il y a
une réaffectation ailleurs. On ne parle pas de prime. On ne parle pas de prime de départ ou quoi que ce soit. Les gens sont réaffectés ailleurs. Les gens demeurent au service de l'institution
si elle leur demande de gérer tel, tel, tel dossier qui va au-delà de leur job
de prof ou autre.
D'autre part,
il y a cette baisse de rémunération dans le temps qui s'effectue. On parle d'un
atterrissage, finalement, qu'on
ne retrouve pas ailleurs, qu'on ne trouve pas au gouvernement. Puis ça pourrait être une source d'inspiration aussi bien que la source d'inspiration de couper de 3 % les salaires des membres de la direction
dans une période effectivement qui est difficile en termes de décision.
Et je vous rappellerais peut-être à ce
chapitre-là, au niveau de la difficulté, de la période difficile, c'est quand même un exercice de toute la communauté de
l'Université Laval, qui a non seulement amené des nouvelles façons de faire
au niveau administratif, mais aussi amené
pas mal d'argent supplémentaire dans le système pour être capable d'absorber
le désengagement massif du gouvernement, qui
dure depuis 1990. Depuis 1990, là, en dollars constants, on parlait de 2002, là,
bien, c'est 1 milliard de dollars de moins qui est dans l'enseignement
supérieur.
Je pense
qu'on n'est pas à la même échelle. Vous nous parlez de quelques milliers de
dollars. Nous, on vous parle de quelques millions et de milliards de
dollars.
Puis moi,
j'aimerais beaucoup vous parler d'une chose à ce niveau-là, pas nécessairement
ce que les gens vont gagner ou pas
gagner dans le réseau universitaire, mais peut-être ce que les citoyens du
Québec vont perdre en termes de revenu puis en termes de salaire si ça
continue dans le même sens, qu'on définance le système de l'enseignement supérieur. Savez-vous que quelqu'un qui a un bac, là, qui va à l'université, là, va faire minimum — puis, ça, c'est Statistique Canada qui a sorti ça — environ 16 000 $,
16 000 $ à 20 000 $ de plus par année dans sa vie. C'est
600 000 $ de plus dans les poches de chaque personne qui va à
l'université.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. Bauce.
M. Bauce
(Eric) : Puis, s'il fait une maîtrise, il est à 20 000 $. Ça
fait que je pense qu'on ne parle pas vraiment à la même échelle. Vous me
parlez d'argent à enlever; moi, je vous parle d'argent à mettre.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. M. le député de
Lac-Saint-Jean, il vous reste trois minutes.
M.
Cloutier : Oui. C'est juste pour être clair. Vous êtes en commission
parlementaire concernant l'administration de l'Université Laval. Mais, si vous souhaitez participer avec nous sur
toutes les autres tribunes quant au financement des universités et quant
au désengagement du gouvernement fédéral qui date depuis...
Une voix : ...
M.
Cloutier : Du gouvernement fédéral, pardon, excusez-moi, fédéral, qui
date depuis de nombreuses années, particulièrement depuis 1996, ça va me
faire plus que plaisir de joindre ma voix à la vôtre.
Mais là vous dites qu'on met le focus
sur un élément bien précis, vous avez bien raison. Puis c'est vrai que j'aurais
pu choisir de mettre l'emphase sur d'autres
éléments auxquels l'Université Laval fait un extraordinaire travail, les
chaires de recherche, etc.
Sauf
que moi, mon travail, c'est de m'assurer que l'ensemble des décisions soient
bonnes, et c'est exactement le
travail qu'on essaie de faire ensemble aujourd'hui. Il y a des décisions qui
sont questionnables. Vous avez l'occasion, aujourd'hui, en commission parlementaire... on vous invite à le faire,
on vous donne l'occasion de le faire. C'est dans cet esprit-là que je
vous interpelle.
Je
vous ai interpellé également sur le 300 $... pardon, sur la référence ou
l'utilisation plutôt d'une firme externe. Il me semble que, puisque vous êtes
une grande université francophone, j'ai plutôt l'impression que vous avez toute
l'expertise à l'interne, d'où mon questionnement sur la nécessité d'aller à
l'externe.
M. Bauce
(Eric) : Effectivement.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, c'est M. Bauce. Alors, vous
avez deux minutes pour répondre à la question, M. Bauce.
M.
Bauce (Eric) : D'accord. Je vais passer au deuxième point puis...
Juste mentionner que fondamentalement j'espère
qu'on est ici pour parler de création de richesse pour le Québec, puis de
parler de réseau d'enseignement supérieur pour former les gens. Et je
pense que c'est votre mission aussi à vous, là, de ce côté-là.
Quoi qu'il en soit,
sur l'autre contrat, j'aimerais vous mentionner que l'université travaille à
l'échelle de la planète. J'aimerais
mentionner aussi qu'on a une multitude de firmes, que ce soient des firmes de
consultants, des firmes d'avocats,
des firmes d'architectes, on en a une multitude, de ces firmes-là, qui nous
permet justement de pouvoir faire mieux.
Je
pense, cette compagnie-là, vous faites référence à National, c'est quand
même... ça nous permet d'aller chercher 400 personnes qui vont travailler sur certains aspects pour nous
positionner à l'international d'un point de vue stratégique. Il y en a plein, des firmes comme ça. Puis d'ailleurs
vous utilisez aussi ces firmes-là probablement pour les mêmes raisons que
nous autres, question de positionnement, question d'avoir des connaissances sur
ce qui se passe dans les grands mouvements
et ces choses-là. On travaille au niveau de la planète et on fait affaire à une
multitude de firmes de ce type-là, compte tenu...
Et,
quand vous parlez des gens en communication, bien oui, en fait, c'est vrai, on
en a deux, personnes, dans ce secteur-là.
On a aussi fermé, dans le cadre des compressions... on a aboli notre Direction
des relations gouvernementales, question,
évidemment, de réduire nos coûts. On a coupé pas mal dans notre cour aussi de
ce côté-là. Donc, on a besoin de ce genre de firme là de façon très
diversifiée dans nos activités.
Écoutez,
on dépense 360 millions de dollars en biens et services à l'Université
Laval. Alors, je peux vous dire qu'on en utilise de toutes les sortes,
que ce soit National ou que ça en soit d'autres.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup. Il vous reste 30 secondes, M.
le député de...
M.
Cloutier : Très bien. Je veux juste... On a pris la décision, il y a
quelques années, de demander au Vérificateur général de vérifier l'ensemble du réseau universitaire québécois. Est-ce
que vous pensez qu'il pourrait y avoir une application similaire à l'ensemble des universités? Est-ce que
vous pensez qu'une vérification externe, de manière générale, peut être
une bonne idée pour l'ensemble des universités au Québec?
M.
Bauce (Eric) : On a des vérificateurs internes, on a des vérificateurs
externes et on produit 56 rapports... un rapport par semaine au
gouvernement.
M. Brière
(Denis) : Puis vous avez la liste.
M.
Bauce (Eric) : On peut peut-être en mettre plus si vous voulez, il n'y
a pas de problème. Ils peuvent venir demain matin.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Alors...
M. Cloutier :
Je comprends que vous êtes... que l'idée pourrait être bonne?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Le temps est terminé, M. le député.
M. Cloutier :
Je veux juste...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. le député, vous allez revenir
pour le prochain bloc, le temps est terminé. Alors, on va passer du côté
du gouvernement pour un bloc de 18 minutes, et je cède la parole au député
de Jean-Talon.
M. Proulx :
Oui, Mme la Présidente. Toujours dans ce qui touche la gouvernance, vous avez
parlé des rapports avec le gouvernement. Vous savez qu'une commission comme la
nôtre a effectivement mandat de faire l'audition des grandes universités et des universités, mais c'est
aussi pour réfléchir sur la façon dont on communique, je pense, entre l'entité et
le gouvernement. Je ne parle pas des partis politiques, je parle, le
gouvernement avec les différentes universités.
Vous avez parlé de nombreux rapports,
vous avez chiffré le travail que ça représente, vous avez parlé longuement
de ça. Est-ce que vous pourriez... Juste pour nous expliquer, vous
avez parlé d'un rapport par semaine. Moi, ce n'est pas, à ma connaissance... Pourriez-vous nous expliquer un peu comment ça
fonctionne, cette reddition de
comptes là, au fil du temps,
là, durant une année, là, pour le gouvernement du Québec?
M. Brière (Denis) : ...à notre directrice Administration et finances parce que c'est elle
qui est en charge de répondre à toutes ces demandes-là.
M. Proulx :
On vous écoute.
Mme Germain
(Josée) : Alors, je vous dirais que...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme Germain, allez-y.
Mme Germain
(Josée) : Oui, merci, madame. Alors, je vous dirais que c'est une
multitude de compilations d'information, donc de rapports à produire qu'il faut monter,
souvent qu'il faut adapter pour pouvoir faire en sorte qu'ils correspondent aux besoins du demandeur, donc du ministère
ou d'autres constituants au niveau du
gouvernement. Il y a aussi toutes
sortes de redditions de comptes et de demandes aussi d'autorisation pour
maintenant... qui ont été implantées depuis
quelques années, qui, bien souvent aussi, vont nous amener des délais plus
longs parce que, justement, il faut aller demander certaines
autorisations.
Alors, si on regarde
l'ensemble de ces rapports, ça totalise... on l'a évalué au sein de notre
institution, c'est environ
800 000 $ de salaires qui sont engagés pour pouvoir compiler et
transmettre l'ensemble de ces rapports. Et je vous dirais qu'on en fait beaucoup, mais il y en a peu
pour lesquels on a un retour également, malheureusement. Alors, on sait que le ministère avait mentionné qu'il était en
train de former... de regarder justement le volet reddition de comptes pour
pouvoir l'alléger, et soyez assurés que nous allons collaborer dans cette
orientation-là.
On
pense que, naturellement, on a une gouvernance très serrée au sein de notre
gestion. Qu'il y ait une reddition de
comptes au niveau gouvernemental, je pense que ça, ça va de soi, mais il faut
justement probablement mieux la cibler et
peut-être aussi en fonction de l'envergure de notre université. Alors,
là-dessus, il y a sûrement une amélioration, ce qui va permettre des économies autant chez nous, à l'interne, mais aussi
peut-être au sein du gouvernement, qui reçoit aussi l'ensemble de ces
rapports.
M. Proulx :
Merci. Vous avez parlé du financement tout à l'heure. Vous avez également parlé
du financement du gouvernement
fédéral. Vous avez parlé des fonds de recherche, notamment. Les exemples sont
frappants, les documents... C'est
connu que vous performez au niveau des demandes de subventions à des fonds de
recherche. Il y a de quoi être fier de ça.
Est-ce
que vous pourriez nous expliquer comment ça fonctionne? Dans le fond, vous avez
parlé d'Apogée tout à l'heure, alors
ça, c'est des... Juste nous expliquer un peu comment fonctionne la démarche,
parce que vous avez attiré mon attention là-dessus. Comment l'université
se distingue par rapport aux autres? Qu'est-ce qui fait que vous avez cette réussite-là par rapport... directement, là,
reliée avec les fonds de recherche? Et comment ça s'opère, là, dans le temps?
Vous avez dit qu'il y a 30 grandes chaires de recherche, il y en a quatre à
l'Université Laval, je voyais trois dans vos documents.
Peut-être nous éclairer un peu sur le processus et ce que ça représente, là,
directement à l'Université Laval.
M. Brière (Denis) : Bien, c'est une très bonne question. Ce sont des questions qu'on se
pose à tous les jours parce qu'on
veut toujours s'améliorer. Mais je pense que l'aspect le plus important dans
notre approche avec les fonds fédéraux... qui sont des concours, là, ce que je viens de mentionner encore une
fois, ce sont des compétitions, hein, que ce soit à la FCI ou que ce soit le CRSNG, le CRSH, à toutes les
agences subventionnaires, ce sont des concours. Alors, c'est sûr que ce n'est pas des subventions, là, je veux très,
très, très clair, là. Ce n'est pas de l'argent qu'on nous donne, puis fais de
la recherche, là. Non. On est en compétition, ça, c'est sûr.
La
plus grande force de l'Université Laval, là-dedans, c'est la synergie qu'on a
développée à l'intérieur de notre campus.
On a une synergie, on de l'interrelation entre nos professeurs, entre nos
chercheurs, dans l'ensemble de la communauté avec nos facultés, qui travaillent vraiment en synergie et qui enlèvent
toutes les barrières et que c'est interdisciplinaire. Cette interdisciplinarité-là nous positionne de
façon extraordinaire, et on le savait que ça s'en venait de cette façon-là dans
les agences subventionnaires. L'université
complète, qui, vraiment, profite du fait qu'on est une université complète, mais
complète, c'est une chose, mais de pouvoir faire travailler ensemble.
Apogée,
86 partenaires dans Apogée, et ça réunit des titulaires des quatre chaires
d'excellence qu'on a. Je comprends qu'eux ont travaillé pour avoir les
chaires d'excellence, mais, lorsqu'on les met ensemble, c'est de cette façon-là
qu'on peut vraiment développer.
L'autre
force, et vous l'avez vue, c'est avec nos partenaires, vraiment,
socioculturels, socioéconomiques qu'on a
développée à travers le temps. On est une des universités qui a le plus de
fonds socioéconomiques dans nos projets à l'Université Laval. Lorsqu'on parle
des chaires d'excellence, d'aller chercher l'équivalent de la subvention du
fédéral par des partenaires
socioéconomiques, ça ne se fait pas du jour au lendemain; ça se fait avec une
tradition, ça se fait avec des
représentations, ça se fait avec... essayer de convaincre les gens de se
joindre à nos équipes, qui sont reconnues de façon internationale. Vous avez vu, aussi, qu'on attire des mises de
fonds à l'international — la Commission européenne, là,
c'est 4,2 millions — bien, ça ne tombe pas du ciel, là, ce n'est pas quelque chose qui
dit : Oui, on va vous donner de l'argent.
Il n'y a personne qui cogne à la porte de l'Université Laval pour mettre de
l'argent. Ça, c'est sûr. Alors, c'est à nous à développer des projets,
c'est à nous à les présenter.
Et
je peux vous dire que, dans le cadre de la grande campagne qu'on est en train
de développer, ça va être une campagne absolument unique à l'Université Laval.
Et c'est cette synergie-là qui va faire en sorte que l'université va pouvoir
continuer à se positionner et de s'améliorer à l'international, certainement au
Québec, au Canada. Mais c'est sûr que c'est cette synergie-là qui fait qu'on
peut attirer les meilleurs talents, autant en tant qu'étudiants que les
meilleurs talents en tant que recherche et développement. C'est notre force, à
l'Université Laval.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Vous avez encore 10 minutes, M. le député
de Jean-Talon.
M. Proulx :
Vous aviez, au document 13 : Se vendre, transformer l'idée en réalisation... On a parlé d'innovation tout
à l'heure. Et c'est un sujet qui doit
tous nous interpeller, parce qu'il y a là vraisemblablement
de l'avenir pour notre société, et
c'est important d'être capable d'être une société qui innove et être en avant.
On s'intéresse, je pense, tous, ceux qui réfléchissent à comment on va
bâtir cette économie-là pour demain, à s'assurer que, de la meilleure façon, on
soit capables de transformer les bonnes
idées, transformer cette intuition-là que certains ont dans nos grandes
universités... pour les transformer
en quelque chose de tangible, qui sera commercialisé, vendu partout ailleurs ou
qui améliorera tout simplement notre qualité de vie.
J'aimerais ça que
vous nous parliez un peu de se vendre, qu'est-ce que ça représente. Je voyais
qu'il y a des technologies, il y a des
emplois qui ont été créés. Alors, comment l'Université Laval, vous avez choisi,
justement, de faire évoluer ces idées-là en innovations et
éventuellement en emplois, en entrepreneuriat et en produits qui se retrouvent
aujourd'hui autour de nous, mais dont on ne soupçonne pas l'origine, comme on
dit?
M. Brière (Denis) : Écoutez, le transfert des connaissances est
probablement un des aspects de notre université qu'il a fallu insister. Donc, ça fait 20 ans qu'on a Entrepreneuriat
Laval. Sovar a débuté en 2000, et vous voyez les statistiques que je
vous ai présentées, mais c'est la valorisation, vraiment, de nos recherches,
là, pour transmettre la connaissance, vraiment, dans la société. C'est une très
grande priorité chez nous.
Je
vous l'ai dit tantôt : Le fait de s'associer à des partenaires
socioéconomiques nous aide à faire ça aussi parce qu'eux nous font part de leurs préoccupations et
des priorités qu'on doit avoir lorsqu'on produit des résultats de recherche
qui se retrouvent dans notre société par la
suite. Alors, Sovar aide beaucoup à faire ça. Entrepreneuriat Laval le fait
aussi parce qu'Entrepreneuriat Laval... vous avez vu le nombre
d'entreprises, au-dessus de 600, qui ont été créées dans les 20 dernières
années. Mais c'est cet aspect-là qu'il faut toujours garder en tête dans une université.
Ça
n'enlève pas un aspect qui est très important, qui est la recherche
fondamentale aussi. Je pense qu'il ne faut pas négliger l'aspect recherche fondamentale. La recherche fondamentale,
vous avez vu un peu, en infectiologie, avec le Dr Bergeron, que la recherche fondamentale mène aussi à des
«spin-offs», mène aussi à des créations d'entreprises, mène aussi à
la... pour attirer des entreprises.
Vous
savez, il y a quelques années, il y a eu, en Europe, un groupe de recherche qui
ont regardé l'ensemble des entreprises
qui s'installent dans une région. Bien, le facteur le plus important, en tout
cas, un des facteurs importants, qui compte pour 43 % selon leur
étude, c'est un emplacement où il y a une formation dans leur secteur
d'activité, soit l'université, et une
capacité de recherche quand même qui est extraordinaire. Alors, on a tous ces
atouts-là dans la région de Québec, tous, tous, tous ces atouts-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Oui, M. le député de... Oui, oui M. Bauce,
allez-y.
M.
Bauce (Eric) : Je voudrais ajouter que Sovar, c'est un maillon dans
une chaîne, au niveau universitaire, qui nous permet de faire
l'interface entre la production de l'université en termes de savoirs, en termes
de technologies et l'application dans les
industries, etc. Pour nous, ce qui
est important, dans notre mission, c'est de partir du
fondamental pour se diriger... le fondamental, l'appliquer et amener ça
sur le bord, qui est Sovar qui, lui, va transférer ça ailleurs. Parce que, c'est fondamental, puis je ne jouais
pas vraiment avec les mots, ici, là, on ne peut pas appliquer
ce qu'on ne connaît pas, et c'est à
partir de la recherche fondamentale qu'on est capables de développer ces
choses-là et d'alimenter Sovar aussi bien qu'on l'a alimenté depuis les
dernières années.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, M. le député, oui, allez-y.
M. Proulx :
Oui, Il me reste du temps?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste six minutes, si vous voulez
continuer.
M. Proulx :
Merci. On a parlé tout à l'heure de l'impact de l'université dans la région, on
vient de parler des mécanismes qui font en sorte de transformer des idées en
innovations et éventuellement en réalisations.
Parlez-moi donc des
partenariats. Parce que vous avez parlé... tout à l'heure, j'ai entendu Chaire
de recherche Michelin, notamment. Parlez-nous un peu des partenariats qui sont
faits avec l'université, avec l'extérieur, avec les entreprises, avec les grandes entreprises, là, soit de ce monde ou du
Québec, là, ou qui sont ici les leaders dans le monde. Comment ça, ça se fait dans le temps, et j'imagine
qu'il y en a de plus en plus. C'est à la mode, et on en entend parler, c'est aussi nécessaire, on en a entendu parler des
autres universités. Je voudrais savoir comment est l'expérience avec les
partenariats entreprises à l'Université Laval.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Brière.
M. Brière (Denis) : Oui. Il y a deux aspects au partenariat. On vous
a mentionné quelques partenaires, et je vous ai dit en le mentionnant qu'on a des ententes de confidentialité,
naturellement, avec nos partenaires majeurs, parce qu'on développe quand même des connaissances et qu'ils
ont intérêt à ce que ça ne soit pas public, au début, au moins, et, après
ça, ça tombe dans le domaine public et là
c'est l'université qui gère la propriété intellectuelle, qui, en passant, se
reflète à nos chercheurs.
Maintenant,
les partenariats, c'est sûr que c'est quelque chose qui est une culture. On ne
peut pas parler comme ça de
partenariat du jour au lendemain dans une corporation ou dans une institution.
C'est quelque chose qui s'est développé au cours des années, c'est la façon de faire, ce sont des mécanismes, ce
sont des instances à l'intérieur de l'Université Laval qui font en sorte que, lorsqu'un partenaire veut
travailler avec l'Université Laval, lorsqu'il contacte l'Université Laval,
il y a un numéro, il y a des gens très
compétents qui lui répondent et qui peuvent quand même mettre ensemble et
développer des partenariats.
L'aspect peut-être le
plus important dans le développement de partenariat pour l'Université Laval,
c'est que c'est très rare, contrairement un
peu à une mentalité qui est plus européenne de bâtir des projets, puis aller
voir des gens, puis dire : Voici un projet... On ne fonctionne pas
comme ça, à l'Université Laval. À l'Université Laval, si on voit qu'il y a un intérêt de la part d'un partenaire,
on s'assoit puis on bâtit un projet avec eux. Je vais vous donner un exemple
qui est peut-être l'extrême, là, mais on a
une chaire importante avec Alcoa, et la personne de Pittsburgh est venue passer
six mois chez nous. Elle est venue passer six mois dans un bureau de la Faculté
de sciences et génie pour développer franchement...
de développer des projets de recherche pour faire en sorte que le partenaire
justifie son investissement, qu'il y
ait un bon retour sur l'investissement, mais qu'il répond aussi à nos critères.
Ça, c'est une chose qu'on n'a pas discutée, mais, à l'Université Laval,
pour sécuriser nos partenaires et sécuriser aussi l'ensemble des chercheurs à l'Université Laval et des professeurs, on a une
politique qui se trouve à mettre ensemble les règles qu'on a lorsqu'on fait
des partenariats. Et, si vous ne remplissez pas ces règles-là, donc c'est bien
de valeur, mais il n'y a pas de projet.
Donc,
il y a vraiment... c'est très, très, très bien encadré. L'avantage de ça,
d'avoir une politique, c'est certainement de faire en sorte qu'on sécurise les gens, autant chez nous que de la
part des partenaires. C'est vraiment bien balisé, les gens n'ont pas de surprise, ils savent exactement
quelles sont les exigences lorsqu'on fait affaire avec l'Université Laval.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, merci. Il reste quelques
minutes, je ne sais pas si vous voulez le reporter pour la prochaine...
M. Proulx :
J'aimerais le reporter étant donné... pour ne pas couper, là... ce qui rend ça
un peu plus difficile, effectivement.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Excellent. Alors, on va passer au
deuxième groupe de l'opposition, et je cède la parole à Mme la députée
d'Iberville.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Madame, messieurs, bonjour. Moi, je
vais vous poser une question bien,
bien pointue, là, bien, bien pointue parce que c'est un sujet qui m'a
passionnée pendant des années et qui m'a fait travailler pendant des années, c'est la position qu'a adoptée
l'Université Laval dans le dossier du droit d'auteur et plus particulièrement dans le dossier de Copibec.
J'aimerais savoir pourquoi l'université a pris cette position-là à l'endroit du
droit d'auteur.
• (16 h 30) •
M. Brière (Denis) : O.K. Premièrement, on n'est pas la seule, et Eric a piloté ce
dossier-là, plus spécifiquement avec
Josée. Alors, Eric, si tu veux... et Bernard aussi, et Bernard aussi qui a
travaillé avec ça, mais je vais laisser Eric...
M.
Bauce (Eric) : Pour nous, c'est un aspect très important, le respect
des droits d'auteur parce que ça fait partie évidemment de l'essence d'une université. Et on regardait un peu ce que
Copibec faisait. On regardait aussi combien ça coûtait faire ça parce qu'on chargeait un montant pour faire ça. Puis on
a regardé, de notre côté, pour le faire, avoir un contrôle peut-être plus serré du droit d'auteur
parce qu'on n'a pas beaucoup de tests ou d'échantillonnages de cet organisme-là
qui vérifiait les choses, etc. On a
dit : Nous, on va le vérifier, on va mettre en place un bureau pour ça
avec les règles. On est évidemment en
lien avec les lois, les lois du pays et les lois de la province à ce chapitre,
notamment la loi fédérale, et ça nous permet d'avoir un meilleur
contrôle là-dessus.
Puis,
évidemment, vous comprenez que, dans l'exercice de compression qu'on a fait au
cours des dernières années... parce
qu'on a commencé en 2009 la compression à l'Université Laval puis on a coupé
pour 120 millions, ça fait qu'il y a beaucoup de choses là-dedans, et on s'est rendu compte qu'on était
capables de faire cette job-là à un coût plus faible. Puis on n'a rien inventé parce qu'il y avait à peu
près... la plupart des universités au Canada se sont rendu compte aussi qu'ils étaient capables de faire la même job avec
peut-être un peu plus de contrôle à des coûts plus faibles. Donc, le point
de départ, c'est essentiellement ça.
Mme Samson :
C'est ce qui était surprenant de votre position. Le droit d'auteur, c'est
quelque chose qui, par définition, doit vous tenir à coeur en tant
qu'universitaires.
M. Bauce
(Eric) : Tout à fait, tout à fait.
Mme
Samson : Donc, ça a été assez surprenant. Il faut dire que Copibec, ça
n'opère qu'au Québec, là. Je ne sais pas
ce qu'ils font dans les universités en Colombie-Britannique, là. Mais il n'en
demeure pas moins que c'est une position que vous avez prise dans un contexte budgétaire x,
y, z, ce n'est pas une position philosophique par rapport à la Loi du
droit d'auteur.
M. Bauce
(Eric) : Bien, elle est philosophique dans le sens qu'on pense qu'on a
un meilleur contrôle sur cette chose-là,
puis je peux comprendre que c'est plate pour Copibec de perdre des contrats.
Mais, nous, ça fait partie aussi de nos responsabilités de gérer ces dossiers-là,
de droits d'auteur.
Mme
Samson : Et, depuis que cette politique-là est en place, est-ce que ça
a généré des économies par rapport à ce que Copibec vous aurait coûté?
M. Bauce (Eric) : Oui, bien... ce
que ça nous a géré des économies, ça, c'est un fait que ça nous a généré des
économies. Mais ça nous a permis aussi de détecter des anomalies dans le
système, puis c'est des choses qui arrivent, puis
il ne faut pas cacher le fait qu'on a des milliers de personnes, à
l'université, là, qui font des photocopies, des professeurs qui mettent des notes de cours un peu à droite et
à gauche. Et, nous, il faut qu'on mette en place un système pour mieux contrôler ces choses-là, parce que je peux vous
dire que oui, quand on a commencé à regarder ça puis qu'on s'est rendu compte qu'on en échappait... Puis ce n'est pas à
Copibec d'aller les chercher, ces trucs-là. Ça fait que... Je pense que c'est
une bonne chose.
Je pense
qu'il y a des actions qui sont en cours justement pour bien vérifier ces
choses-là, relever les endroits où il y
a un peu de laxisme. Il faut comprendre qu'il y a toute la notion de... il y a
tout le numérique qui rentre là-dedans, là. C'est un bouleversement, l'arrivée du numérique dans la société et aussi
dans l'université. Et pour les auteurs, le numérique, on voit plusieurs articles récemment, là, sur
l'impact de leur façon de gérer ça sur leurs revenus, puis on est sensibles à
ça.
Mme
Samson : Donc, là, si je comprends bien, l'état du dossier à l'heure
actuelle est en... la cause est en délibéré? Il n'y a pas de jugement
qui a été rendu encore?
M. Bauce (Eric) : Pour l'instant, je
ne peux pas vraiment aborder l'aspect, qu'est-ce qui est en cours puis qu'est-ce qui n'est pas en cours, puis je vous
donne un peu le point de départ de notre dossier, pourquoi on l'a fait, et...
Mais, au-delà de ça, vous comprendrez qu'il y a des poursuites présentement.
Mme Samson : Mais là ce que vous
nous dites, c'est que, bon, le mécanisme de contrôle qui remplacerait les
services de Copibec sont en place. Ça vous permet d'assurer un suivi tout en
générant des économies.
M. Bauce (Eric) : Oui, exactement.
Une voix : Exactement.
Mme Samson : Je vous remercie, Mme
la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la députée
d'Iberville. Alors, je cède la parole à M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais revenir sur un sujet
que vous avez discuté tout à l'heure, la fameuse question de la rémunération globale. Et là il y a tout un débat
de chiffres... moins le débat de chiffres qui m'intéresse que la
gouvernance, mais, quand même, il faut en parler.
On a parlé
que les modifications à la rémunération globale amenaient des coûts
supplémentaires de 1,3 million. Tout
à l'heure, on nous a dit que non, c'étaient des économies de 300 000 $. Et là j'ai devant moi un extrait
du Québec Hebdo du
10 février 2015 — ça ne fait pas encore un an — où, là, il y a une citation de vous, M.
Brière, qui dit : «Ce ne sont
pas de primes, ce sont des conditions de
sortie. [Et là,] pour moi, aujourd'hui, ça me donne une économie de 160 000 $.» Et là je ne veux pas y
aller sur le 1,3 million, mais je veux comprendre comment se fait-il qu'au
10 février 2015, on parlait d'une économie de 160 000 $ et
qu'aujourd'hui on est rendus à 300 000 $.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y, M. Brière.
M. Brière
(Denis) : Oui, oui. Est-ce
que vous me citez ou vous citez le président du conseil d'administration?
M.
Roberge : Je vous cite. Ici, on dit que c'est... Je vous lire
l'extrait là. Ça dit : «Lors d'une conférence de presse sur un tout autre sujet, Denis Brière, recteur de
l'Université Laval, a souhaité éclaircir quelques points.» Et ensuite part
votre citation, je ne la ferai pas deux fois, mais vous parliez de
160 000 $ au 10 février 2015.
M. Brière
(Denis) : Bien, c'est sûr
que, si j'ai dit 160 000 $ dans les conditions qu'on était là, ça
pouvait représenter au moins 160 000 $ et que, pour nous,
après l'analyse complète qu'on a faite...
Le
1,3 million, là, on va revenir là-dessus, là. Le 1,3 ou le 1,4 million,
là, nous, on ne sait pas d'où il est sorti, ce chiffre-là, O.K.? La première fois que j'en ai entendu parler, moi,
c'était à 93, puis, après ça, ça s'est retrouvé à l'Assemblée nationale. Nous, on n'a jamais vu le tableau, on
n'a jamais vu ce calcul-là, le 1,4 million, là, jamais. Là, je pense qu'il
faut faire attention,
là, O.K.? Et, quand vous me référez à ce que j'ai dit moi-même... Ça prouve
encore fois que c'est un dossier du conseil d'administration, ce n'est
pas un dossier du recteur.
M. Roberge :
O.K. Quand même, ça pose la question de... On est passés de 160 000 $
à 300 000 $ de supposément économies,
mais, enfin, j'aimerais bien, et je demande à la commission que les calculs qui
établissent les économies à 160 000 $ ou à
300 000 $, et je comprends que vous ne les avez pas entre les
mains...
M. Brière (Denis) : Le calcul final
est de 300 000 $.
M.
Roberge : À 300 000 $, oui? Est-ce que ça pourrait être
envoyé à la commission dans les prochains jours, s'il vous plaît?
M. Brière (Denis) : Oui, oui. On va
vous envoyer le tableau qu'on a présenté.
M. Roberge : O.K.
M. Brière
(Denis) : Si on ne l'avait
pas présenté au ministère, on ne pourrait pas vous l'envoyer, mais là il a été
présenté au ministère et avec des explications, donc on peut vous l'envoyer,
oui, aux membres de la commission.
M.
Roberge : Je vous en remercie. Et ce qui m'intéresse davantage,
honnêtement, là, c'est la phrase suivante, où vous disiez, et je pense
que c'est factuel : «Le ministre a le droit de diminuer la subvention,
c'est son droit.»
Moi, ça me
questionne... Ça ne me rassure pas tellement, moi, qu'en cas de mauvaise
gouvernance, supposée ou alléguée,
que ce soit à l'Université Laval ou ailleurs, là, élevons un petit peu le
débat, là, que le seul pouvoir du ministre, si jamais il y avait de l'abus et, s'il y avait un abus, si c'était
avéré, parce qu'il y a débat de chiffres, mettons le débat de chiffres de côté, supposons qu'il y a une prime
avérée de 1,5 million, puis c'est incroyable, le seul pouvoir du ministre,
ce serait de diminuer la subvention à
l'université. Est-ce que vous croyez que c'est une bonne façon pour le
gouvernement, là, d'agir sur
l'université puis d'empêcher qu'il arrive des abus, que d'avoir... la seule
prise possible, là, ce serait de diminuer la subvention à l'institution.
Est-ce que, d'après vous, ça, c'est une bonne gouvernance?
M. Brière (Denis) : On va essayer de
mettre les choses à leur place, là. C'est sûr que, lorsqu'on parle de la loi n° 100, O.K., on a une loi n° 100,
on n'a pas le droit de bonifier nos conditions dans les universités en général.
Si vous contrevenez à la loi n° 100,
c'est sûr qu'il va y avoir une diminution de la subvention, c'est le pouvoir du
ministre. C'est le pouvoir du ministre de diminuer la subvention. Je ne
sais pas si, Eric, tu as d'autres commentaires, là, mais...
M.
Roberge : Bien, non, mais ça, c'est les faits, là. Ça, c'est la loi
telle qu'elle est. Moi, ce que je vous demande, c'est : Est-ce que vous pensez que c'est une bonne loi, que la
seule chose que le ministre puisse faire, ce serait de diminuer la
subvention à l'institution?
M. Brière (Denis) : Ah! là, je
comprends votre question, là. Non, non.
M. Roberge : Voilà.
M. Brière
(Denis) : Non, non, il faut
quand même respecter les conseils d'administration de chacune des universités. On est autonomes. Alors, c'est sûr
que, à l'intérieur de la gestion d'une université, surtout une université à
charte, on a un conseil d'administration qui est souverain. Ça, c'est
sûr.
Donc, notre autonomie est importante et ça, ça
reste au conseil d'administration. Vous avez vu le nombre de personnes qui sont sur le conseil
d'administration. On a même des présidents de syndicats qui sont là,
faites-vous en pas, on est
surveillés, puis il n'y a aucun problème à ce que le conseil d'administration
soit souverain et puisse nommer des... qu'il puisse faire en sorte que
l'université est bien gérée, là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député, il vous reste quatre minutes.
M. Roberge : Oui, bien, M. Bauce, je
pense que vous vouliez compléter. Allez-y.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ah! M. Bauce.
• (16 h 40) •
M. Bauce
(Eric) : Je trouvais ça intéressant parce que vous m'ouvrez une porte
vers l'autonomie des universités. On est
une université à charte, on est une université autonome qui est responsable de
ses dépenses, puis, quand on nous envoie
des compressions, on est responsables de les absorber et il y a une loi qui
nous empêche d'en faire, des déficits. Face à ça, on a un conseil
d'administration qui prend ses décisions, puis je pense qu'il faut le
respecter.
L'autonomie
des universités, là, c'est fondamental, là, dans l'histoire, pas juste
l'histoire du Québec, là, l'histoire des
universités. Les universités se sont toujours battues pour avoir leur
autonomie, puis on peut revenir très loin dans le temps, je ne vous
ferai pas un cours d'histoire, là, mais c'est très important. Si on a décidé
que c'était une université à charte, il y a une loi qui vient avec ça; nous, on
respecte les lois.
C'est évident que, si les
gens enfreignent une loi, que ce soit la loi n° 100 ou une autre loi,
bien, il y aurait un problème. Puis je peux
vous dire que notre vérificateur externe et notre vérificatrice interne vont
alerter la chose, puis tout le monde va être remis à l'ordre assez
rapidement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de Chambly, il vous reste trois minutes.
M.
Roberge : Je vous remercie. Sur un tout autre sujet, vous avez
énormément d'étudiants dans votre institution qui voyagent, qui font des voyages à l'étranger, d'après ce que j'ai vu,
25 % des étudiants québécois ayant participé à un échange international viennent de l'Université
Laval. Est-ce que je me trompe? Non. Je pense, c'est 25 % des étudiants
québécois qui vont à l'étranger, viennent de votre institution.
Alors,
comment se fait-il qu'il y ait autant des étudiants de votre institution qui
vont à l'étranger? Et ce n'est pas un reproche, au contraire, j'aimerais
savoir qu'est-ce qui vous amène à avoir un tel rayonnement.
M. Brière
(Denis) : Là, vous venez de
féliciter mon vice-recteur, études et activités internationales, je vais lui laisser la parole.
M. Roberge : Il faut le prendre
quand ça passe.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Garnier, allez-y.
M. Garnier
(Bernard) : Merci, Mme la Présidente. Donc,
je pense, une des raisons principales, c'est notre profil international au baccalauréat. Alors, c'est un
profil maintenant qui existe depuis une bonne douzaine d'années, qui avait
été mis en place par un recteur précédent et
avec des moyens financiers, O.K., qui étaient à la fois privés et de l'État
québécois, qui ont permis de donner
des bourses, disons, d'études dans des universités partout sur la planète, plus
un billet d'avion. Et puis on a
toujours promu cette option-là, d'ailleurs, mon titre, c'est : études et
activités internationales, donc études et
internationales, ça marche ensemble, puis on est très fiers d'envoyer nos
étudiants en grand nombre, disons, sur la scène mondiale et aussi d'en
recevoir, aussi.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste encore une minute, M. le député de Chambly. Allez-y.
M.
Roberge : Merci. Vous avez dénoncé, dans votre présentation, les
compressions gouvernementales qui vous affectent, comme tout le reste du
réseau. Est-ce que ce niveau de compression là est soutenable à moyen terme, ou
si, vraiment, la qualité de diplôme va s'en ressentir?
M. Bauce
(Eric) : Ce n'est pas nécessairement
la qualité du diplôme qui va se faire ressentir parce qu'on ne baissera pas
les critères de qualité de diplôme, c'est les gens qui vont avoir des diplômes,
il va y en avoir moins. Et, ultimement, il va avoir plein de monde dans
les universités, que, si on continue à compresser comme ça, bien, les gens vont
aller à l'université, puis peut-être qu'il
n'y en a pas des tonnes qui vont sortir de l'université, en référence aux
cégeps qui vivent exactement la même problématique. Puis, vous voyez, ce
matin, dans le journal, il y a à peine, quoi, 30 %, 40 % des étudiants au cégep qui finissent; on aimerait ça
que ce ne soit pas de même à l'université. Ultimement, là, de la manière
que ça s'enligne, on n'est pas très, très bien enlignés de ce côté-là.
Et je peux
vous dire que gérer les compressions, l'effet des compressions présentes sur le
futur va être difficile parce qu'on a encore pas mal de compressions
ponctuelles qu'on a faites qu'il faut transformer d'un point de vue structurel. Donc, il va falloir qu'on trouve
encore de l'argent pour les prochaines années et il serait absolument
impensable, voire très difficile, à
concevoir qu'on puisse nous donner... mettre d'autres compressions dans le système.
Les effets des compressions vont
avoir des millions, des millions... à chaque année, là, on part avec 15,
17 millions qu'il faut trouver parce que les coûts de système ne
sont pas indexés. Donc, ça vous donne un peu l'état de situation.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Avant de passer la parole au côté du gouvernement, vous avez parlé d'un tableau
au niveau de la rémunération, M. Brière, je vous prie de le transmettre ici, à
la commission, au secrétariat, puis nous, on va s'assurer que tous les membres
de la commission obtiennent le tableau.
Alors, on
va passer du côté du gouvernement pour un bloc de 17 minutes, et je cède la parole
au député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Merci, messieurs, pour votre présentation et vos
réponses. J'aimerais poursuivre un
petit peu sur les finances. Vous avez parlé, dans vos remarques, de... Vous
avez dressé un portrait assez sombre advenant le maintien des
compressions et cela. Vous allez comprendre premièrement que les universités
ont vécu des compressions d'un ordre beaucoup
plus dramatique dans les années précédentes dans un premier temps. Et vous
allez convenir avec nous, j'espère, deux choses. Premièrement, sur le plan
mondial, l'État a à faire ses devoirs pour protéger
les finances publiques, pour assurer la pérennité des services les plus
essentiels. Et, dans ce contexte-là, vous allez peut-être convenir que les compressions sont d'un ordre
difficile. Tout le monde est devant les mêmes défis, et on se
réconcilie avec, et on a des réponses des autres universités là-dessus.
J'aimerais
vous inviter de parler de deux choses. Dans un premier temps, en écartant
l'enveloppe... de parler des modes de
financement et tout ça. Je sais qu'il
y a toutes sortes de budgets, mais principalement on parle d'un per capita,
par étudiant, ce qui risque d'être assez
avantageux pour les universités comme Laval. Il y en a d'autres, de vos
compatriotes, d'autres universités, qui se
trouvent désavantagées par une telle formule, hein? l'Université de Sherbrooke,
Bishop's, l'Université du Québec à Trois-Rivières, Rimouski, entre autres.
J'aimerais
vous entendre sur deux choses. Y a-t-il des stratégies à poursuivre en ce qui
ont trait à l'encadrement financier
des universités, les façons d'octroyer des budgets dans un premier temps? Et,
dans un deuxième temps, écoutez, votre
présentation, vos documents sont très impressionnants sur le plan planification
stratégique, entre autres sur le plan international,
très, très intéressant et détaillé. J'imagine que vous avez, en quelque part,
des stratégies dont vous pouvez nous faire part advenant, et c'est dans
la «realm» du possible, un horizon, dans la prochaine année ou deux, où ça continue d'être difficile en termes de finances
publiques. Alors, je vous invite à nous offrir quelques détails sur le plan
stratégique pour protéger la qualité de
l'offre de service, et de vivre dans un horizon qui risque de continuer d'être
difficile.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, M. Brière, allez-y.
M. Brière
(Denis) : Oui, c'est une très, très, très bonne question. C'est sûr que, lors de mon allocution, vous avez
vu que d'autres coupures, ce n'est pas
acceptable, qu'on ne peut plus absorber des coupures. Ça, c'est clair, clair,
clair, sans ça, on va se retrouver devant un gouffre financier qu'il va
être très, très difficile de revenir.
Il faut
regarder, c'est sûr, le financement. Financement, si on s'en est sorti quand même
assez bien à l'Université Laval en
maintenant l'équilibre budgétaire... Vous avez vu mon énumération des autres sources
de revenus, les autres sources de
revenus sont là. Si le gouvernement provincial actuel est rendu à 51 % dans sa contribution, moi, je vous le dis,
là, si ça descend en bas de 51 %...
mais on a dit qu'il nous manque... depuis 2002, qu'il nous manque
75 millions. Donc, du 505 millions qu'on a mis pour le ratio
du 51 %... je comprends que c'est des chiffres, là, mais, si vous ajoutez 75 millions, ça fait quand même
580 millions, simplement pour rejoindre le taux de financement qu'on avait
en 2002. Et ça, ça ne tient pas compte aussi de l'expansion que
l'Université Laval a prise.
Je vais
demander à Eric, qui a travaillé beaucoup sur ce dossier-là aussi dans les
14 derniers mois, de vous faire part de ses commentaires.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. Bauce, allez-y.
• (16 h 50) •
M. Bauce
(Eric) : Vous touchez différents aspects dans votre question, qui sont
les aspects que ça me tente vraiment de parler, parce que vous touchez à
l'avenir de l'enseignement supérieur.
Tout d'abord,
j'aimerais vous dire que les solutions qu'on apporte, et on est tout à fait
conscients des difficultés des
finances publiques, ce n'est pas juste au Québec, comme vous dites, c'est un
petit peu partout dans le monde. D'arriver avec des solutions innovantes
qui n'augmentent pas la pression sur les finances publiques, on en a sorti une
qui est relativement simple puis qui est
comptable avec les budgets d'investissement il n'y a pas longtemps, mais ça,
c'est très ponctuel, ces choses-là. Il faut aller beaucoup plus élevé
que ça.
Je vous
dirais, dans un premier temps, ma première réaction là-dessus, c'est l'aspect
investissement. Quand on me disait, tout à l'heure, là : Le gouvernement
du Québec injecte 500 millions de dollars à l'Université Laval, puis elle
crée 3,5 milliards de dollars dans la
même année en impact dans la région de Québec, en termes de placement, là,
c'est un sacré bon placement, là. Moi, il me semble que c'est là que je
mettrais mon argent.
Au-delà de ça, si on regarde la solution plus en termes de solution structurelle, avec nos étudiants, on réfléchit depuis plusieurs
années là-dessus parce que, pour nous, l'équilibre budgétaire, c'est... On l'a
fait. Depuis huit ans, là, on fait juste ça, des équilibres budgétaires. Donc,
on s'est creusé la tête à essayer de trouver des façons de faire. Il y a réaménagement de la fiscalité, il y a le rapport
Godbout, il y a une commission après le rapport Godbout, il y a des éléments,
là-dedans. En réaménageant la fiscalité pour
voir l'enseignement supérieur, l'éducation comme un investissement plutôt
qu'une dépense, puis il y a moyen de calculer le rapport que ça donne sur
l'investissement. On parle du FFSEP que la
CADEUL a produit, et on a produit d'ailleurs ce matin un communiqué de presse
là-dessus pour arriver avec des solutions, réaménagement de la loi sur la formation de la main-d'oeuvre, le
1 %, pour que ce soit distribué de façon plus efficace entre la
formation professionnelle, technique, universitaire dans le continuum de
richesse.
Le mode de
financement des universités par tête de pipe, entre guillemets, par étudiant,
c'est un système qui n'a aucun
avenir. C'est un système qui est inflationniste, qui ne peut faire autrement
que... les universités vont atteindre le mur. Ça fait sept ans qu'on le
dit, là. La dernière fois qu'on est venus en commission parlementaire, on a
parlé du mode de financement par tête de
pipe puis on a dit : Ça n'a pas de sens, on va arriver à un mur. Bon.
Bien, là, le mur, il est là. C'était assez cohérent, notre chose.
On pense
qu'il faudrait... Puis je vais vous lancer quelque chose en termes de comment
on pourrait financer les universités. La première chose, c'est de se poser la
question : Est-ce qu'on ne pourrait pas les financer en fonction de la
mission, en fonction de l'intervention
pédagogique, c'est-à-dire en fonction de qu'est-ce qu'on vise comme
intervention pédagogique puis
qu'est-ce qu'on vise comme qualité? Et ça, c'est ce qu'on appelle le
financement par cohorte. Il y a certains
cours, une certaine formation qu'on va donner à des groupes de
25 étudiants. L'intervention pédagogique est ciblée pour 25 étudiants, puis, s'il y en a plus,
bien, il faut faire un autre groupe. Il y a des cours... un cours de
microéconomique, par exemple, on peut
donner ca à 400 étudiants. Un jour, on va avoir des cours de base, il va y
avoir une personne... puis là je suis
dans Star Wars, là, mais il va y avoir une personne sur la planète qui
va donner un cours à tout le monde. Le prix Nobel d'économie va donner,
en formation en ligne, un cours pour tout le monde.
Il faut voir
un petit peu où on s'en va avec toutes ces choses-là. Puis on est pas mal
archaïques en termes de mode de financement. Ce financement par
étudiant, on l'accroche sur des nombres d'entrées avec un objectif qui est très
de production de diplômes plutôt que de
production de savoir puis de qualité qui seraient basés sur des cohortes, des
nombres d'étudiants.
Ça, en soi, ça permettrait d'avoir une meilleure stabilisation du financement
de l'enseignement supérieur. Je pense que je vais arrêter là, parce
qu'on pourrait en parler pendant des heures, de ça, ça me ferait vraiment
plaisir.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup. M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Bien, je trouve ça intéressant et
important parce qu'en quelque part on parle
de l'importance, c'est ambitieux mais sérieux, d'arrêter tout simplement... de
trouver des formulaires paramétriques. Pour
avoir été directeur général de l'Association des commissions scolaires
anglophones, j'ai vu assez souvent que c'est une façon d'étouffer l'innovation et de ne pas aider à promouvoir les
solutions taillées sur mesure, taillées aux changements économiques et démographiques, et tout ça. Alors,
c'est intéressant. Vous comprendrez que ce n'est pas facile sur le plan
reddition de comptes, évaluation, et tout ça, mais c'est des débats à
entretenir.
J'aimerais
retourner un petit peu plus proche de la salle de classe, si je peux y
poursuivre des questions de mon collègue.
On parlait tantôt de notre préoccupation mutuelle de taux de réussite et de
persévérance, et tout ça, et, avec raison, on a écarté deux leviers pour agir, réagir sur la situation. Évidemment,
et je comprends — vous
l'avez dit — vous
n'êtes pas pour baisser vos critères
d'admission pour inciter à un changement de ce qui a trait au taux de réussite
ni baisser les critères d'obtention du diplôme.
Par contre,
seule théorie qui a été offerte à la question sur le pourquoi, c'est notre
situation actuelle sur le plan budgétaire
et le financement des universités. Il me semble normal de poser la question à
n'importe quel établissement universitaire.
Est-ce que vous avez des stratégies
ou des plans de faire une analyse, une évaluation plus approfondie pour vous attaquer à ce problème,
qui ne nous touche pas uniquement, mais qui est une préoccupation pour nous tous
quand on parle de l'avenir de nos
jeunes, l'avenir de notre économie, de notre adéquation formation-emploi?
Alors, je vous invite de parler un petit peu de vos stratégies pour
assurer une amélioration constante dans la salle de classe.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, M. Garnier, oui, allez-y.
M. Garnier
(Bernard) : Merci, monsieur,
pour votre question, qui est excellente. Effectivement, on s'en préoccupe beaucoup, et nous avons un vice-recteur adjoint à
l'appui à la réussite et à la qualité de la formation. Donc, c'est la personne
qui s'occupe, disons, au niveau
opérationnel, de ce... Nous avons aussi un comité d'appui à la réussite qui
regroupe les différents responsables
des études à l'Université Laval. Donc, c'est une préoccupation constante. Et on
invite aussi les gens à examiner bien
comme il faut leurs statistiques. Et nous avons un outil — M. le recteur en a parlé un petit peu — c'est un système de dépistage des étudiants en difficulté. Donc, grâce au
portail que nous avons, un portail électronique, les étudiants, disons, peuvent, à chaque fois qu'ils
vont sur leur dossier et dans leurs cours, ils vont voir où est-ce qu'ils en
sont en termes de progression. Alors, si
tout va bien, ils ont comme un feu vert. Donc, feu vert, il n'y a pas de
problème, tu continues. Quand ça va
moins bien dans certains domaines, cet indicateur a un feu orange, orange, et
là il y a un message qui dit :
Va voir le directeur de programme, va voir le professeur en charge du cours.
Puis il y a aussi le feu rouge. Alors, feu
rouge, là, ça chauffe et puis c'est convocation immédiate auprès de la
direction de programme. Donc, on a toute une mécanique et une
philosophie où on veut aider les gens.
Et
notamment — probablement
qu'on a dû vous en parler ici — le nouveau phénomène qui nous inquiète un
peu, enfin, qui nous préoccupe, les
universités, c'est ce qu'on appelle les clientèles émergentes. Par exemple, à
Laval, l'année passée, nous avions
900 personnes qui étaient en situation de handicaps divers, là, ils ont un trouble
d'apprentissage, etc. Cette année,
les statistiques, c'est 1 000... presque 1 400, donc 300 de plus.
C'est énorme, là. C'est comme ça, la courbe. En tout cas.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste encore quatre minutes, M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Je vais vous inviter d'élaborer sur cette situation qui
touche évidemment les cégeps, les écoles primaires, secondaires, mais à
la fois les universités. Et je trouve qu'on avait tendance à moins en parler au
niveau universitaire et je crois qu'on a
l'obligation et la fierté de comprendre que nos universités aussi ont
l'obligation d'être au rendez-vous
pour accueillir les gens avec des difficultés mais qui ont tout un potentiel de
contribuer à la société aussi. Quand ce
feu rouge s'allume, est-ce que vous êtes à la taille du défi pour accompagner
ces étudiants en difficulté? Mais, s'ils
se trouvent chez vous, c'est parce qu'ils ont la capacité à s'adapter. Est-ce
que vous êtes au rendez-vous là-dessus?
M. Garnier
(Bernard) : Nous sommes au rendez-vous, mais je dois dire qu'on
travaille fort, parce que c'est un gros
défi dans les facultés et dans les services centraux de donner tous les
services qui nous sont demandés. Et justement, il y a quelques jours, on avait une réunion en début d'année pour
expliquer un peu aux vice-doyens comment ça marche, qu'est-ce qu'il faut faire, etc., donc ça demande
beaucoup d'attention. Et nous avons une obligation légale, quasiment,
d'accommoder ces étudiants-là, donc ça nous fait travailler très fort.
M. Brière (Denis) : Alors, Eric va
compléter la réponse, si on a encore du temps.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, avec plaisir, allez-y, M. Bauce. Il vous reste trois minutes.
M. Bauce
(Eric) : L'avantage de ce genre d'outil, c'est que ça nous permet de
prendre l'étudiant très tôt, avant que
le problème soit plus grave, parce que plus on attend, plus ça va demander
beaucoup d'efforts puis beaucoup d'investissement pour ramener l'étudiant dans le
bon sens. Quand on le prend très tôt, évidemment, l'effort est moins grand. Et tous ces outils technologiques là
permettent à l'étudiant de prendre conscience de son cheminement sans avoir...
Je dirais que ce n'est pas trop invasif dans
sa vie parce qu'il le voit, lui, et à partir de là il peut demander de l'aide
assez tôt. Puis si on voit que là, il
est pas mal dans le rouge, là, on va intervenir pour lui dire : Eh! est-ce
que tu veux de l'aide? Je pense que c'est une question de respect aussi
du cheminement. Et ces outils technologiques là nous donnent cette
possibilité-là de responsabiliser l'étudiant sur son propre cheminement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste encore quelques minutes, M. le député, ou vous voulez...
M. Birnbaum : J'aurais une autre
petite question, peut-être, on peut poursuivre...
• (17 heures) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y, allez-y, oui.
M.
Birnbaum : ...si la réponse est intéressante, on la poursuit. Une autre fois, on a... service aux étudiants,
mais qui risque de rayonner, j'espère... beaucoup dans la société plus
large.
Entrepreneuriat Laval. Moi, j'ai la tâche comme
adjoint parlementaire au premier ministre d'accompagner le ministre de l'Éducation ainsi que de l'Emploi et Sécurité à arriver à une
meilleure adéquation en formation emploi. Les enjeux actuels sont d'une
évidence, et il y a plein de postes qui vont s'ouvrir, et est-ce que la
main-d'oeuvre est au rendez-vous? Et
j'imagine, en quelque part, on parle d'un geste qui s'adresse à cette large question là.
Pouvez-vous me parler davantage,
peut-être on peut poursuivre dans le prochain bloc, mais du
rôle et du mandat d'Entrepreneuriat Laval et comment s'impliquent les
entreprises dans cette initiative-là?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, M. Garnier, allez-y.
M. Garnier (Bernard) : Alors donc,
Entrepreneuriat Laval — merci,
Mme la Présidente — c'est
un de nos dispositifs, si vous voulez, pour donner le goût de
l'entrepreneurship à nos étudiants. Et c'est très intéressant d'aller notamment
à leurs cérémonies et leurs galas, où ils honorent les gens qui terminent,
parce qu'ils gagnent, quasiment de toutes
les facultés de l'Université Laval, y compris la faculté des lettres, des arts,
etc., et évidemment l'administration
et sciences et génie. Et donc c'est un dispositif qui marche très bien et il y
a beaucoup de bénévolat qui est fait par les entreprises
de la région de Québec, disons, ou d'ailleurs, même, qui viennent
disons donner leur temps gratuitement, aider, parrainer des futurs entrepreneurs et ça amène bien souvent à de la
création d'entreprises, tout
simplement. Alors là, ce qu'on fait, c'est, quand les gens ont du succès,
on ramène cinq ans après ou 10 ans après ces gens qui ont bénéficié des services d'Entrepreneuriat Laval et on les donne
comme modèles à nos nouveaux étudiants. Ça marche aussi de très près avec le service de placement, parce que c'est
l'employabilité, etc. Donc, c'est très,
très important, ça passe très bien
et les étudiants sont tout à fait d'accord avec ça. Ils nous appuient.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Garnier. Alors, on va passer du côté de
l'opposition officielle et
pour un bloc de 22 minutes. Et je cède la parole au député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Je vous remercie,
Mme la Présidente. J'aimerais ça qu'on regarde ensemble
le document Horizon 2017 que vous nous avez déposé. L'objectif
9, assurer une saine gestion des finances de l'université et améliorer les
modes de gouvernance et de reddition de comptes. Là, quand on tourne la page 12, qui
détaille davantage, on a peu d'information. Je me demandais qu'est-ce que vous aviez en tête en
termes de reddition de comptes supplémentaires.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Alors, M. Bauce.
M. Bauce
(Eric) : On a mentionné évidemment
qu'il y avait beaucoup de rapports puis ces choses-là, puis, en
termes de reddition de comptes, on pense que, d'un point de vue technologique,
puis on l'a testé dans certains de nos secteurs...
On pense que s'il y avait un tableau de bord que le ministère,
par exemple, pourrait avoir ce tableau de bord, serait
capable de voir l'information en temps réel qu'on est capables d'alimenter
plutôt que... Parce qu'on a tendance à
s'échanger de l'information d'un an, deux ans. Moi, en tant que gestionnaire,
l'information d'il y a deux ans, là, ce n'est pas très, très utile, là, dans mon quotidien. Puis
je comprends ces demandes d'information que l'on a, mais il y a une espèce de décalage, et le temps que ça arrive, le temps
que les études se fassent... Je pense qu'il y a des choses qui sont simples qu'on pourrait mettre en place. Et ça, c'est un
des résultats face à Horizon 2017 où on s'est posé la question,
évidemment. Comment
on pourrait améliorer ces choses-là? Je pense qu'un tableau de bord qui serait
amélioré avec un accès que le gouvernement pourrait avoir verrait nos chiffres à mesure que
les choses évoluent. Ce serait pas mal pratique. C'est un exemple.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Je me demandais,
la proportion qui est financée par le gouvernement
du Québec dans les revenus
totaux de l'Université Laval, ça représente quel pourcentage?
M. Bauce (Eric) : 51 %.
M.
Cloutier : 51 %. Puis le reste, transferts du gouvernement
fédéral en partie, chaire de recherche?
M. Bauce
(Eric) : Bien, en fait, le reste, il y a les étudiants.
M. Cloutier :
Oui.
M.
Bauce (Eric) : Ils paient
des frais de scolarité, vous le savez. Il y a les investissements au niveau recherche. Parce
que, nous, quand on parle de notre mission, là, c'est acquisition, transfert de
connaissances. La recherche, chez nous, c'est une activité de formation. Donc, ça rentre évidemment
dans notre mission. Il y a le gouvernement
fédéral, il y a les partenaires internationaux, il y a les partenaires
socioéconomiques, partenaires socioéconomiques, maintenant, investissent
dans la formation, même au premier cycle,
via nos chaires de leadership en enseignement ou un partenaire socioéconomique va payer
la moitié du salaire du professeur, toutes sortes de choses comme ça qui
amènent une contribution. D'autres acteurs
dans le système à financer, historiquement, évidemment, les postes de prof au
premier cycle, tout ça, c'est à partir de
la subvention, mais là on est capables de faire des montages avec des
partenaires pour amener d'autres financements, et ça fait évidemment, de
ce fait, baisser la contribution du gouvernement du Québec à l'université.
M.
Cloutier : Je veux revenir à
la discussion qu'on a eue tout à
l'heure, là, concernant... tout à l'heure, je vous ai nommé une loi, qui a été adoptée en 2008, 3 juin
2008, qui a eu pour effet d'étendre l'application de la Loi sur le Vérificateur général à de nombreuses nouvelles institutions scolaires, des cégeps, mais particulièrement les universités. Ça ne
veut pas dire qu'il y a vérification du VG, ça veut juste dire qu'il peut y avoir des vérifications du VG. Est-ce que c'est une
avenue que vous pensez qui pourrait être explorée pour l'ensemble
du réseau universitaire pour que tout
le monde soit traité de la manière?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme Germain, allez-y.
Mme Germain (Josée) : C'est ça. Le Vérificateur
général, dans l'histoire de l'université, est venu à deux reprises : une fois, il y a fort longtemps, je n'y étais pas. Plus récemment, le Vérificateur général couvrait tout ce qui a trait à la loi sur l'approvisionnement — la
LCOP, qu'on exprime en bon français — est
venu chez nous pour voir quels étaient nos processus en la matière, et, advenant un besoin, ils auraient probablement effectué une vérification détaillée. Alors, ils sont venus, ils ont fait ce qu'on appelle,
excusez-moi la terminologie, mais un «mapping» de nos processus en matière
d'approvisionnement, autant en biens et services qu'au niveau... nos
projets de construction, de rénovation majeurs, et ils ont quitté pour fins d'analyse.
Et nous avons reçu une correspondance disant que le vérificateur n'allait pas
procéder à une vérification, qu'ils avaient d'autres engagements, ce qui nous faisait quand même
penser que nos processus étaient très bons, ce qui faisait en sorte que le Vérificateur général n'avait pas besoin de faire un mandat plus détaillé chez nous.
Alors,
dans ce contexte, quand vous parlez : Est-ce qu'il doit venir au niveau
du réseau de l'éducation? Je pense que justement, tout ça, c'est
une gestion de risques, à savoir entre la gouvernance, les processus que l'on a
versus justement la probabilité qu'il y ait des... Alors, je pense
qu'il faut beaucoup le regarder, comment, chaque université, par exemple, est bien outillée en matière de gouvernance et de processus. Et
je peux vous dire qu'à l'Université Laval, vous le voyez dans Horizon 2017, c'est une de nos
grandes préoccupations, la qualité de notre administration, de notre gestion.
Et je pense que ce passage-là du Vérificateur général donne quand même appui,
là, à notre qualité de gestion.
M. Cloutier :
Je comprends que l'expérience a plutôt été positive...
Mme Germain
(Josée) : Tout à fait.
M.
Cloutier : ...donc ça a été,
à la limite, un éclairage supplémentaire externe qui, dans le fond, est juste venu
confirmer la saine administration dans votre cas à vous. Très bien. Alors, je
vous remercie.
Puisque nous parlons
d'Horizon 2017, le premier onglet, c'est bien persévérance scolaire et à
la réussite des étudiants. Je crois que le
taux de diplomation dans les délais requis au Québec, ça tourne alentour de
deux étudiants sur trois au baccalauréat, c'est peut-être différent à l'Université
Laval parce que j'ai vu des chiffres qui me semblent plus élevés que ceux-là. Il me semble qu'on pourrait
faire mieux. Lorsque j'avais analysé les chiffres du côté
ontarien, il me semble que le taux de diplomation, dans les délais
requis, était supérieur à ce qui se faisait ici, au Québec.
Est-ce que vous
constatez cette même problématique? Est-ce que, puisque vous l'avez mis comme objectif
numéro un, je comprends que, pour l'Université Laval, vous allez davantage déployer d'énergie pour augmenter la diplomation
à votre université?
• (17 h 10) •
M. Brière
(Denis) : Peut-être une introduction, ça. Merci beaucoup pour la question
parce que c'est une préoccupation majeure dans toutes les universités d'ailleurs,
mais spécialement... c'est pour ça qu'on l'a mis comme premier objectif dans Horizon
2017.
C'est
sûr que, lorsqu'on admet un étudiant chez nous et que l'étudiant abandonne, ce
n'est pas très, très glorieux, là, parce qu'on a mis beaucoup
d'efforts à le recruter dans notre recrutement, et il quitte l'université.
Surtout dans des programmes
contingentés, par exemple, en médecine, si la personne quitte, c'est perdu à
jamais. On ne peut pas prendre quelqu'un
puis le ramener à la deuxième année pour pouvoir combler. C'est sûr que c'est
préoccupant... bien, préoccupant, autant
pour les étudiants, parce que la seule qui... la personne la plus concernée
là-dedans, c'est l'individu, c'est la personne qui est chez nous, de là
l'appui à la réussite qu'on vous présenté tantôt.
Ce
n'est peut-être pas explicite, mais c'est exactement la réaction qu'on a eue à
cause de notre plateforme technologique. On
a une plateforme technologique qui est unique au monde, avec... interactif avec
les étudiants. Interactif, je veux
dire, réellement, là, ce n'est pas simplement s'envoyer un courriel, là. C'est
vraiment interactif entre les enseignants puis l'étudiant. Et c'est ça qui nous permet, en réalité... Notre plus
grande préoccupation, avant, c'est qu'on ne pouvait pas suivre l'étudiant dans son cheminement. On ne
pouvait pas le suivre, parce qu'on n'avait pas les outils pour le suivre.
Tu sais, rencontrer chacun des étudiants, ce
n'est quand même presque pas possible, surtout si on diminue le nombre de
professeurs, mais, avec cet outil-là, on
peut voir le cheminement de l'étudiant. Il peut le voir lui aussi. Alors, c'est
sûr que, l'étudiant étant au courant,
nous étant au courant, on peut intervenir de façon précoce pour pouvoir éviter
des échecs ou même des abandons.
Quand je disais
tantôt, dans mon texte, que c'était peut-être la réalisation la plus importante
qu'on a dans les dernières années en ce qui
concerne les technologies de l'information, c'est vraiment ça, là. C'est
vraiment de pouvoir suivre
l'étudiant, et d'interagir avec l'étudiant, et d'intervenir le plus rapidement
possible. C'est vraiment le coeur. Je ne sais pas si tu veux rajouter quelque chose, Eric, parce que tu étais
derrière ce programme-là, et aussi, Bernard, tu avais quelque chose?
M.
Garnier (Bernard) : Bien, oui, disons, juste une petite statistique
que j'ai sous les yeux, qui concerne le taux de diplomation de l'Université Laval, au niveau du baccalauréat, par
exemple. Alors, les gens qui rentrent dans un programme donné au bac, et qui en sortent au bout de trois ans, par
exemple, c'est 63 %. Mais ce qui arrive, c'est que les gens vont faire, par exemple, une ou deux
sessions dans un bac donné puis ils vont dire : Finalement, je n'aime pas
ça. Tu sais, alors, ils vont...
J'allais dans ce programme-là, j'ai pris un cours ou deux, puis ça me plaît
bien, et donc, là, on monte à
73 %. Et donc il y a quand même une certaine mobilité, disons, dans le
système, donc, ce n'est pas des pertes sèches pour l'Université Laval ou
pour le Québec; les gens continuent, mais dans un autre programme, d'une part.
D'autre
part, on observe, chez les étudiants, quand même... ce sont des gens qui sont
de plus en plus avertis puis qui exercent des choix. Alors, là, bien,
ils vont dire : Bien, moi, je vais prendre, par exemple, quelques cours
dans ce programme-là puis ça me suffit.
Alors donc, c'est moins linéaire qu'auparavant, où on rentrait puis on sortait.
Il y a des gens qui partent une
entreprise, qui changent d'université, etc. Donc, il y a beaucoup plus de mobilité,
si vous voulez, à l'intérieur des programmes qu'auparavant.
M. Cloutier :
Bien, la statistique que vous venez de citer confirme essentiellement celle que
j'ai moi-même citée en introduction, que,
dans les délais prescrits, on tourne alentour de deux étudiants sur trois qui
obtiennent leur diplôme. Mais, bizarrement, l'Ontario fait beaucoup
mieux que nous.
M.
Garnier (Bernard) : Bien, je vais vous répondre là-dessus, parce que
ce qui distingue le Québec de l'Ontario, c'est qu'il y a beaucoup plus de temps partiel au Québec qu'en Ontario.
En Ontario, ils sont plus par cohorte et temps plein, etc. Nous, il y a pas mal de temps partiel, notamment...
peut-être pas à Laval, on ne sait pas le maximum, mais...
M.
Cloutier : En tout cas, on pourrait en discuter longuement ensemble
sur le plan plus philosophique, mais on fait un peu la même chose au niveau secondaire, on dit : Oui, mais
le taux de diplomation... le taux de décrochage est plus élevé, mais, en même temps, il y a plus de
raccrochage. Donc, les étudiants, si on prend ça jusqu'à 21 ans, finalement,
ce n'est pas si pire, parce qu'ils reviennent à l'école puis ils finissent par
avoir leur diplôme.
Après
ça, on a le même discours au cégep, on dit : Les étudiants du cégep, ils
prennent plus de temps. Bon, ce n'est pas la fin du monde, ils finissent
par revenir.
Puis
là on a la discussion ensemble, on est à l'université, on dit : Oui, les
étudiants québécois, ils s'inscrivent, mais ils finissent par réussir. À
un moment donné, il y a aussi le cumul de tout ça, puis, comme société, bien,
on peut se poser la question si on ne
devrait pas mettre davantage d'efforts pour essayer d'offrir les bons services
en orientation, l'accompagnement aux élèves, etc. Mais là ça sort
peut-être un peu du cadre de nos travaux.
J'aimerais revenir au
financement des universités, parce que, tout à l'heure, on nous projetés un peu
dans l'avenir. On a dit : Oui, mais il
y a un risque quand même, puis on le voit aux États-Unis puis ailleurs dans le
monde, les fameux «open courses», c'est quand même intéressant sur le
plan intellectuel, du moins, de pouvoir avoir accès à des grandes institutions, des professeurs d'une grande
réputation. On voit aussi que certaines universités... d'ailleurs, je pense
qu'à l'Université Laval vous avez fait
l'expérience, de mémoire. Ça existe beaucoup aux États-Unis, comme vous le
savez. Est-ce que c'est ça, dans le
fond, l'avenir des universités? Puis qu'il y a donc un risque important, quand
même, d'avoir une mobilité étudiante...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, M. Bauce, allez-y.
M. Bauce
(Eric) : Ça, c'est vraiment intéressant, parce qu'il y a... je pense
qu'il y a des cours de base, là, qui pourront
être donnés à tout le monde, «at large», sur la planète, mais il y a d'autres
cours où la relation entre l'étudiant et
le professeur, même à travers une machine, humaniser le numérique et ces
choses-là, va toujours demeurer et va être importante.
Puis
il y a des cours, il y a des formations que, c'est clair que, si vous êtes en
droit, bien, vous avez fait votre cours en droit, bien, le droit du Québec puis le droit du Zimbabwe, ce n'est
pas la même affaire. Et évidemment il y a toutes sortes de choses comme ça qui vont faire en sorte que, oui, probablement
qu'il y a certains cours de base qui vont pouvoir se donner sur des grandes plateformes à travers le
monde par des gens excessivement compétents, mais d'autres choses qui
vont être données plus ciblées sur place.
M. Cloutier : Mais je ne
me trompe pas, mais j'ai cru comprendre que le lien que vous avez fait tantôt
nous amenait aussi à revoir
éventuellement le mode de financement. Dois-je comprendre, de votre réflexion,
qu'une des raisons pour lesquelles il faudra le revoir, c'est, entre
autres, parce qu'il pourra y avoir une mobilité étudiante nouvelle, qu'on ne
connaissait pas par le passé, eut égard à la capacité d'offrir une formation en
ligne?
M.
Bauce (Eric) : Il y a une mobilité étudiante, en fait, il y a une
mobilité globale de la société, qui est nouvelle, par le numérique, qui va venir affecter un paquet
de choses, et dont... pas juste le financement direct de cours, mais aussi
le financement des infrastructures. Il faut comprendre que des grands
amphithéâtres... les campus comme on les voit aujourd'hui
vont devoir évoluer en fonction de ces choses-là. On finance beaucoup de béton
dans la façon qu'on finance les
universités. Je regarde les enveloppes technologiques, l'enveloppe technologique
est gelée, je crois, depuis 1996; on n'a pas augmenté les enveloppes
technologiques dans les universités.
Ça
fait qu'il y a comme un virage qu'il va falloir faire là-dessus. À l'Université
Laval, on a une enveloppe technologique de 1,8 million de dollars par année, puis je peux vous dire qu'il
nous en coûte 10 millions de dollars par année en investissements
pour pouvoir maintenir ces systèmes technologiques.
Alors, vous parlez de
financement, mais ça touche beaucoup de choses effectivement.
M.
Cloutier : Avez-vous un document écrit sur un nouveau mode de
financement éventuel pour l'Université Laval, à quoi ça pourrait ressembler si on devait passer d'un mode de
finalement par étudiant à un autre mode de financement?
M.
Bauce (Eric) : On a rencontré les gens du chantier sur le financement,
on discute avec les gens du ministère là-dessus,
on échange de la formation. Nos étudiants ont proposé le FSSEP, on a proposé le
1 %. Il y a pas mal de documents qui
existent là-dessus, mais je pense que, quand on regarde le financement, on a
proposé, on a produit des choses sur le finalement par cohorte, par exemple, plutôt que le finalement par
individu. C'est toutes des choses qui ont été déposées au gouvernement,
effectivement.
M.
Cloutier : Les étudiants en région, il y a beaucoup d'étudiants,
particulièrement de l'est du Québec, qui vont à l'Université Laval. Je me demandais, est-ce qu'il y a des moyens d'aider
les jeunes à s'établir en région? Est-ce qu'on connaît le taux de jeunes
qui viennent chercher leur formation puis qui, ensuite, décident d'aller
s'établir en région?
Je
vais faire le même discours que j'ai fait tout à l'heure, mais c'est un
discours qui est fort important. On ne peut pas avoir au Québec juste deux grands centres. Si on veut avoir un
Québec fort, ça nous prend aussi des jeunes formés qui prennent la
relève dans les régions du Québec. Comme député de Lac-Saint-Jean, vous aurez
compris que je me sens particulièrement
interpellé par ma région, qui est incroyablement vieillissante. Et, quand je me
projette sur 30 ans, je suis
inquiet, très inquiet sur l'avenir du développement économique. Donc, ça passe
beaucoup par le retour, j'en suis convaincu
de ça, ça passe par le retour de jeunes en région qui sont formés. Et j'ai une
grande préoccupation justement pour
bien accompagner ces jeunes-là, pour s'assurer qu'ils choisissent un milieu de
vie à partir duquel ils sont capables de travailler.
• (17 h 20) •
M.
Bauce (Eric) : Vous touchez deux points. Premièrement, le lien entre
les universités et les cégeps, pour avoir ce lien-là, l'Université Laval, on a à peu près 800 ententes avec
les cégeps. Je regarde, ici, on a 352... juste des ententes D.E.C.-bacs., on a des ententes de passerelles,
donc on est très, très, très réseautés avec les cégeps en région, puis c'est
normal, c'est un petit peu notre terrain de jeu.
Maintenant, pour que les gens retournent en région, l'idée,
c'est le point de départ, c'est
d'investir dans l'enseignement
supérieur, dans l'éducation pour qu'il y ait création de richesse et d'aller
créer la richesse, parce qu'on l'a,
la richesse, en région. Au Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord, la richesse, elle
est là, c'est juste de la prendre, puis de prendre des cerveaux, puis de faire quelque chose avec pour produire
cette richesse-là. Je ne serais pas pessimiste pour l'avenir de ce côté-là
parce que le point de départ est là.
M.
Cloutier : Oui. Pour ma part, c'est de l'inquiétude. J'ai de
l'optimisme, mais de l'inquiétude pour l'avenir parce que les régions sont vieillissantes. C'est un fait, la pyramide,
elle est inversée, puis, en région, on la vit bien plus qu'à Québec puis à Montréal parce que la réalité,
c'est que l'immigration, la régionalisation de l'immigration, c'est un
échec au Québec. C'est un réel échec.
Donc,
est-ce qu'on y arrivera un jour comme société? Je l'espère profondément, mais,
à ce stade-ci, moi, je constate qu'on
n'y arrive pas. Alors, on verra comment on arrivera à prendre des bonnes
décisions pour s'assurer de répondre à ce besoin-là, mais, encore une
fois, c'est un autre sujet.
Vous avez parlé tout
à l'heure...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Vous avez trois minutes, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. Vous avez fait
référence tout à l'heure aussi à un détail technique qui aurait pu coûter plusieurs emplois aussi à
l'Université Laval. Je comprends qu'il y a eu des négociations qui ont permis
de régler, mais je suis curieux de savoir
comment on en est arrivés à ce psychodrame qu'on a lu aussi sur la place
publique, puis finalement le régler. Vous pouvez peut-être nous
expliquer un peu qu'est-ce qui s'est passé.
M. Bauce
(Eric) : En fait, vous savez, des fois, une université, ça doit
innover, puis nous, on innove, on tente d'innover constamment pour maintenir
cet équilibre budgétaire. Et des fois, on propose des choses, puis... on
propose des choses, mais ça prend un certain temps
avant que ça puisse rentrer dans le système puis passer à travers toutes les
vérifications de ci, de ça.
Pour faire
une histoire courte, ce qu'on a proposé... Vous savez, il y a un budget de
fonctionnement puis il y a un budget
d'investissement. Le budget de fonctionnement paie les salaires, le budget
d'investissement paie la brique puis les
choses comme ça. Au fil des ans, il y a eu toutes sortes de règles — vous savez que les règles, ça s'accumule,
c'est un peu comme des
mille-feuilles — qui fait
en sorte que, dans notre budget de fonctionnement, il y a des morceaux qui
normalement ne devraient pas être là. C'est
des dépenses capitalisables qui devraient être dans un budget d'investissement.
Ça fait que nous, on a regardé tout ça parce qu'on vire ça dans tous les sens,
puis on a dit : Bien, ces morceaux-là, on voudrait les bouger à la bonne place, ce qui veut dire que, du budget
d'investissement qui vient couvrir ces dépenses-là... Et, ce faisant, on nous a dit : Oui,
effectivement, il y a une logique comptable, mais vos infrastructures, est-ce
que vos infrastructures vont se
dégrader si vous ne mettez pas l'argent dedans? Donc, on a fait les études en
conséquence pour démontrer que nos infrastructures tiennent la route. On
a tiré profit des choix qu'on a faits dans les dernières années d'investir de l'argent qu'on recevait du fédéral
et d'un petit peu partout dans le maintien de nos actifs, que ce soit la FCI,
que ce soit le Programme d'infrastructure du
savoir, pour s'assurer que nos infrastructures soient bien entretenues, ce qui
nous dégage une marge de manoeuvre pour être
capable de prendre une partie de ce budget-là et l'inscrire dans notre budget
de fonctionnement. Alors, c'est d'innover,
puis, en même temps, avec une vision stratégique, de s'assurer que nos infrastructures
seraient correctes.
Je peux vous dire que l'état, l'indice d'état de
nos infrastructures, il est présentement garanti à 10 % pour les cinq prochaines années. Ce que ça veut dire,
10 %, c'est qu'entre 5 % et 15 % c'est des bons états, c'est un bon
état. En haut de 15 %, c'est ça,
la barre, et c'est ça qu'on a eu comme entente, c'est que, tant qu'on
maintiendrait cet indice-là en bas de
15 %, on pourrait faire cette chose-là, mais, si nos infrastructures se
dégradent et dépassent le 15 %, là, on n'aurait plus accès à cette flexibilité-là. Je pense que le
plus important, là-dedans, c'est de générer de la flexibilité dans comment
on gère notre argent pour arriver à coût nul
pour les finances publiques. Ça ne coûte rien aux finances publiques puis ça
sauve 150 jobs.
M. Cloutier : Est-ce que ça va être
repris ailleurs, dans d'autres universités?
M. Bauce (Eric) : C'est pour tout le
monde.
M. Cloutier : Ça c'est fait? C'est
vous qui avez négocié, mais c'est applicable pour tout le monde.
M. Bauce
(Eric) : C'est pour tout le monde avec le même critère. Avec les mêmes
critères, les indices d'état de vétusté, l'indice des infrastructures ne
doit pas être en haut de 15 %.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup. Alors, il ne reste plus de temps. On va passer du côté du
gouvernement pour un bloc de 18 minutes, et je cède la parole au député de
Jean-Talon.
M.
Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Désolé d'avoir dû quitter quelques instants tout à l'heure. Vous
parlez des infrastructures. Je voulais nous projeter un peu dans
l'avenir. Sans parler directement du parc, et de chacun des bâtiments, et de leur indice, là, de vétusté,
comme vous le dites, parlez-nous un peu justement de l'université, là, de la densité, des
espaces que vous avez de disponibles pour de nouveaux bâtiments, de ce que vous
avez en tête dans les projets court
terme. Et j'ai eu l'occasion de visiter quelques laboratoires ou sites de l'université, et il y a des endroits qui sont très intéressants et fascinants. Parlez-nous un
peu de ça, de votre vision par
rapport à ça, par rapport au campus, de ce que nous, on
y voit lorsqu'on le traverse, mais des installations et utilisations, là. Quels sont les projets que vous avez en tête, là, au cours, par exemple, des trois à cinq prochaines années, là? Si c'est possible, bien
entendu. Je ne veux pas avoir de choses qui ne peuvent être dites aujourd'hui
parce que c'est encore dans vos projets...
M. Bauce (Eric) : On en a effectivement
plusieurs, projets.
M. Proulx : J'imagine.
M. Bauce (Eric) : On a parlé
d'institut nordique. Il va bien falloir qu'on l'accueille quelque part. C'est
un «flagship», en latin, là, pour le Québec,
et c'est un projet qui est fascinant, parce
que c'est un projet qui se fait avec
plein d'autres universités
au Québec, au Canada et à travers le monde, et ça, en soi, là, c'est
très excitant comme projet. On a parlé
des résidences, résidences étudiantes, maison internationale pour nous donner
une meilleure capacité d'accueillir les
familles, d'accueillir les étudiants internationaux sur notre campus. Il y a plusieurs
projets au niveau des laboratoires.
Les infrastructures scientifiques, c'est des choses qui évoluent tout le temps, c'est des choses... on a toujours besoin d'investir.
On a toujours des demandes à la FCI, à la Fondation canadienne
d'innovation, pour remettre tel, tel laboratoire avec les équipements nécessaires, en fonction évidemment
de la vitesse à laquelle ça avance, ces choses-là. Les investissements au niveau équipements scientifiques, c'est énorme, ces investissements-là, puis il faut toujours les changer. Donc, il faut maximiser évidemment
l'utilisation de tout ça.
Je vous
parlais tout à l'heure... on a mentionné la reconfiguration à long terme des campus universitaires pour faire
face à cette opportunité qui est le numérique dans la formation, qui va
demander des espaces différents. On a commencé, on a certains endroits : notre bibliothèque, par exemple, il y a des lieux qui ont été complètement refaits pour être en mesure de profiter de ce numérique-là; il y a
d'autres endroits qui sont refaits. L'entrepreneuriat,
on a un centre de... en administration
qui va nous permettre de créer la synergie entre les facultés pour générer
l'entrepreneuriat, et ça, c'est
des espaces différents, le contact entre les
entreprises et les étudiants, que ça soit en administration, en génie ou autres. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de
choses comme ça sur notre campus qui vont voir le jour.
Je ne sais pas, Josée, si tu veux rajouter.
Mme Germain (Josée) : Oui. En fait, c'est ça, le développement de notre campus reste un enjeu fort important.
C'est un milieu de vie, et on veut aussi que
nos étudiants aient une expérience fort agréable lorsqu'ils viennent dans nos
salles de classe et également
sur notre campus. Alors, comme le disait Eric, naturellement, on accorde énormément
d'attention sur la vétusté, de façon
à rénover nos bâtiments pour qu'ils soient à la hauteur de ce que l'on veut,
entre autres au niveau des
laboratoires. Alors, Eric a bien couvert ce volet-là, avec tous les FCI et
autres subventions qui peuvent nous aider à améliorer nos
espaces.
Dans
nos salles de classe, alors, on a une orientation de développer de plus en plus de salles
technopédagogiques. On se disait,
quand on a fait un grand virage et qu'on a investi plusieurs,
plusieurs millions en développement technologique, que
les étudiants, ils naissent avec un ordinateur dans les mains maintenant.
Alors, si nous, on ne fait pas ce virage-là, on sera complètement
dépassés. Et ça s'applique également à nos salles de classe, il faut qu'on
améliore au niveau technopédagogique nos salles de classe. On est en train de
le faire, ça fait partie de nos grandes priorités.
Également,
l'efficacité énergétique fait partie aussi de nos enjeux qui sont fort
importants. On a déjà réalisé beaucoup de
projets en matière d'efficacité énergétique, et notre taux de rendement est entre
trois à quatre ans. Alors, c'est absolument fantastique, ce qu'on peut
réaliser de ce côté-là. Et là on amorce une deuxième phase de projets majeurs.
Alors, ça aussi, ça fait partie de nos grands enjeux.
Les
milieux de vie — on en
parlait également — donc de
créer des espaces que nos étudiants vont s'approprier, que ce soit soit dans nos cafétérias... des salles
où les étudiants vont pouvoir étudier soit en groupes soit individuellement.
Alors,
nos campus changent et vont continuer aussi de s'adapter en fonction de tous
ces besoins-là pour le futur. Alors,
on essaie d'améliorer justement notre utilisation des espaces qu'on a de façon
à les actualiser et en bonifier aussi l'utilisation puis la satisfaction
de nos étudiants, mais aussi de nos employés, ça va de soi.
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y, M. le député.
M. Proulx :
Allez-y, M. Bauce.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ah! excusez-moi, oui, allez-y.
M.
Bauce (Eric) : Peut-être
juste mentionner, sur ce thème-là, on dit qu'on a beaucoup
investi en technologie, et
c'est vrai, on a beaucoup investi en technologie pour d'excellentes
raisons. Mais, d'un point de vue financier, il faut comprendre que la formation en ligne, le résultat de ces investissements,
ça représente 15 % de nos revenus, là, c'est à peu près 60, 70 millions de dollars par année que ça génère dans
nos coffres, ces investissements technologiques là, donc ça a été rentable. On a investi à peu près
100 millions de dollars dans la technologie depuis les sept, huit
dernières années, et ça nous rapporte 70 millions de dollars par
année, donc le rendement est bon de ce côté-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député.
M. Proulx :
Vous parlez justement de la formation en ligne, je vais faire à l'inverse, là,
mon ordre de questions. Je veux être
certain que... Vous ne l'avez pas couvert entièrement tout à l'heure, là, mais
je comprends que vous avez pris ce virage-là
de manière importante. Bon, vous nous dites ce que ça représente en revenus,
mais qu'est-ce que ça représente en...
Est-ce que c'est presque devenu, en nombre, une faculté en soi? Est-ce que ça
représente un espace important de vos étudiants? Dites-nous un peu quel
ordre de grandeur ça représente, à l'Université Laval, l'université en ligne.
M. Bauce
(Eric) : C'est 800 cours.
M. Proulx :
C'est... Pardon?
M.
Bauce (Eric) : C'est 800 cours qui se donnent en ligne à l'Université
Laval. On est évidemment premier au Québec
en termes de nombre de cours qu'on va donner, deuxième au Canada avec une
université qui, elle, ne fait que de la formation en ligne en Ontario.
Pour
nous, au-delà de dire : On en donne beaucoup, là, c'est l'ouverture sur le
monde. On ne va pas construire des
campus un peu partout sur la planète. On accède aux gens, à toute une nouvelle
cohorte d'étudiants à l'extérieur du pays.
Nos étudiants, trois à quatre étudiants sur cinq prennent au moins un cours en
ligne. Nos étudiants vont prendre un cours
puis ils vont le suivre à la cafétéria, n'iront pas dans la salle de classe,
vont sur... soit de chez eux ou même sur le campus. Je vous dirais que 80 %... je crois que c'est autour de
98 % des connexions en ligne que l'on a dans nos cours... ça se fait dans un rayon de 150 kilomètres. Il y a
beaucoup de gens, de jeunes sur le campus qui prennent leur formation en ligne. Et en soi, on pourrait dire que, oui, ce
n'est pas très efficace en termes d'atteindre d'autre monde à travers la
planète. Ce qui est intéressant de voir,
c'est... on voit qu'il y a un potentiel énorme de ce côté-là pour donner de la
formation à travers le monde et
montrer effectivement que la formation au Québec, là... il y a d'excellentes
formations... qu'on peut faire bénéficier la planète de cette qualité de
formation là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Allez-y.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. Ce qui est intéressant, c'est de voir et de
comprendre — je pense
qu'on avait cette discussion-là un peu
plus tôt, à une autre journée de commission — c'est presque devenu un mode de vie pour
certains, là, d'aménager leurs horaires. Ce
n'est plus l'étudiant qui va au cours selon l'horaire, mais a tenté de bâtir un
horaire en fonction de sa vie, de son travail et de d'autres considérations.
C'est très intéressant.
J'aimerais
ça parler un peu de sport parce que je sais qu'à l'université, et c'est le
propre des universités d'être fières de
leurs grandes équipes sportives... mais je veux parler de sport comme le
potentiel d'attraction pour une université. Il y a certaines années... il y a quelques années, quand
moi-même j'ai fréquenté l'université, bon, j'avais moins l'impression autour de moi qu'on choisissait l'université pour
ses équipements, mais pour ses équipes, pour ses programmes sportifs. En tout cas, moi, je n'étais pas dans cette
mouvance-là à l'époque. Mais, moi, ce que j'entends autour de moi, de jeunes
et de parents qui ont des enfants à l'âge de
fréquenter l'université, c'est que c'est important pour l'identification, c'est
important pour leur qualité de vie, c'est important pour la fierté. Ils ont une
réalisation personnelle là-dedans.
J'aimerais
ça que vous nous parliez du... oui, du potentiel d'attraction pour l'Université
Laval, mais vous avez quand même
investi beaucoup dans ces grandes équipes-là et dans ce programme-là. Vous y
voyez quoi comme élément de réussite aujourd'hui et comme avantage, là,
dans l'université par rapport aux autres?
M. Brière (Denis) : Écoutez, c'est une ouverture. C'est très, très difficile dans le
recrutement — je pense
que mon collègue va être d'accord
avec moi là-dessus — d'identifier
un élément dans notre recrutement qui fait en sorte qu'on a plus d'étudiants ou de la renommée. C'est sûr que
la renommée, moi, je peux vous dire que, lorsque je me promène avec l'association des universités canadiennes, on ne
parle à peu près que du Rouge et Or et pas simplement le football, là. Les filles
viennent de gagner un championnat canadien au soccer. On en entend parler partout. Et il y a
naturellement tous les
médias qui vont s'intéresser à nos équipes sportives. Ce qui est, pour moi, important
localement, c'est qu'on est la seule
université qui attire autant de spectateurs pour une partie de football. Ça
peut aller jusqu'à 18 000. Ça, c'est une ouverture. Le jeune qui vient au football, là, puis qui embarque sur le
campus, puis qui voit le campus, là, il y a peut-être dans la tête de dire : Moi, un jour, là, je
vais venir étudier ici, là, tu sais. Pas pour jouer au football nécessairement, mais on ouvre le campus, O.K.? Et ça, je pense que c'est important.
C'est
très difficile de faire une adéquation, mais, même, j'ai vu des gens nous
texter, de dire qu'ils ont regardé la
coupe Vanier sur les Champs-Élysées. Tu sais, c'est rendu avec... Lorsqu'on a
178 000 diplômés, là, à travers le monde, là, bien, je peux vous dire que les matchs importants
ou les matchs de coupe Vanier ou les choses comme ça, là, ça se parle à
travers la planète.
Mais
je ne peux pas mettre un chiffre. Je ne sais pas, Bernard, si tu veux en mettre
un, mais moi, je ne peux pas mettre
un chiffre, mais c'est sûr que c'est un atout, mais c'est très, très difficile
de faire une adéquation entre le rayonnement du Rouge et Or et naturellement
le recrutement d'étudiants.
M.
Garnier (Bernard) : Je n'ai
pas de chiffres sous la main, mais je peux vous dire, quand on parle aux
étudiants dans les grands galas, Rouge
et Or, etc., il y a notamment des étudiants français qui viennent ici. J'en ai
rencontré plusieurs, par exemple, qui viennent pour la natation, parce
que c'est exceptionnel en termes de qualité d'équipement sportif et d'études. Donc là, tu entends parler français, tu
dis : Qu'est-ce que tu fais là? Bien, il dit : Je suis là pour le
Rouge et Or, pour la natation puis je
suis inscrit dans tel programme. Il y a des Américains qui peuvent venir aussi,
des Ontariens, mais je n'ai pas de chiffres à vous donner sous la main tout
de suite, là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste cinq minutes, M. le député de Jean-Talon.
M. Proulx :
Oui, merci, mais je comprends que la... et je ne parle pas seulement
de la renommée des équipes, mais
surtout des investissements et de l'importance qu'on accorde à ce programme-là... fait en sorte
qu'on peut y avoir un recrutement
soit plus important, mais ça accroît de manière générale le pouvoir
d'attraction d'une université si ça peut la distinguer des autres, bien
entendu.
Je
veux être certain que vous ne l'avez pas couvert encore en mon absence, et ça
va être ma dernière question. Je me
suis intéressé beaucoup et je m'intéresse aux étudiants de première
génération. Et moi, j'ai été surpris, moi, au fil des différentes
interventions que nous avons reçues et études que nous avons faites dans cette commission,
de voir le nombre important
d'étudiants de première génération dans les différentes universités. Dans
certains cas, c'était très élevé. Les gens avant vous de l'École de
technologie supérieure... Il y avait presque 60 %, 58 % des étudiants
qui étaient de première génération. Je ne
sais pas si vous avez les chiffres, mais, sans avoir directement... et, si vous l'avez, tant mieux... mais la question que je me
suis posée, parce que d'autres l'ont exprimée, c'est la question
suivante : Est-ce que, d'avoir beaucoup d'étudiants de première
génération, vous avez l'impression que ça nécessite un encadrement différent ou
il faut y porter une attention particulière?
Parce que ce sont souvent des étudiants qui n'ont pas connu... Moi, j'ai été
privilégié chez moi. Dans ma famille,
on était allés à l'université, mais, dans celle de ma conjointe, par exemple,
on n'y était pas allé. Et il y avait
peut-être des apprentissages différents à faire à ce niveau-là. Alors, dans ce
contexte-là, est-ce que vous avez
l'impression que le service aux élèves par exemple ou aux étudiants est
différent ou y voyez-vous... Est-ce qu'il y a une corrélation à faire
par exemple avec la diplomation? Est-ce que, dans certains cas, vous avez
l'impression que la diplomation peut venir
plus tardivement parce qu'il y a eu des difficultés dès le départ? Je voudrais
vous entendre un peu là-dessus, sur la place des étudiants de première
génération à l'université.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Garnier.
M.
Garnier (Bernard) : Oui, alors, bien, j'ai le chiffre, un chiffre
estimé, hein, parce que ce n'est pas simple d'avoir des chiffres très
précis.
M. Proulx : Je comprends. Surtout
40 000 étudiants.
M. Garnier
(Bernard) : Mais, à Laval, il y a à peu près 45 % d'étudiants qui
sont de première génération, O.K.? Alors,
il faut comprendre aussi, quand les gens nous demandent des services, hein, par
exemple, on a des services centraux, on
a un centre d'aide aux étudiants où il y a à peu près 35 psychologues, et
travailleurs, et conseillers en orientation, etc., mais on ne demande pas aux gens : Tu viens
chez nous, es-tu de première génération? Es-tu autochtone? On ne demande
pas ça. On donne le service, simplement. C'est pour ça que c'est difficile pour
nous de dire précisément, de faire des catégories.
Et puis je ne suis pas sûr qu'on aurait eu le droit de faire ça aussi, bien,
bien, là, tu sais, disons, au niveau légal, là, enfin... Alors, on donne
le service, mais on a des... quand même, 45 %, c'est beaucoup. C'est moins
que d'autres universités, évidemment. Vous
avez entendu 60 %, 65 %; mais 45 %, c'est pas mal. Et on les
accommode, évidemment.
M. Proulx : Dans les faits...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste une minute, M. le député.
• (17 h 40) •
M.
Proulx : Bien, tout ça pour
terminer, pour dire que c'est quand même intéressant de voir qu'il y a des
étudiants de première génération qui vont acquérir de la formation et
éventuellement obtenir un diplôme d'études supérieures.
Je vous
remercie de votre présence aujourd'hui. À moins que mes collègues avaient des
questions supplémentaires, je vous remercie, de notre côté, de votre
présence aujourd'hui, de vos implications. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Merci beaucoup. Alors, on va passer au dernier bloc, pour une
période de 15 minutes, à la deuxième opposition, et je cède la parole au
député de Chambly.
M. Roberge : On termine le marathon.
Le temps passe vite en bonne compagnie quand même.
M. Brière (Denis) : C'est vrai que
ça passe très vite.
M.
Roberge : J'ai commencé mon
implication politique sérieuse en 2012, j'ai été candidat pour une
première fois, puis c'est un contexte
marquant quand on est candidat pour la première fois. J'en étais heureux, d'une
certaine façon, parce qu'une partie
de la campagne électorale... qui s'est fait sur : Comment allons-nous
faire pour réinvestir dans nos universités? Moi, c'est quelque chose qui
me branchait, j'ai dit : Bon, bien, enfin, on va arrêter de prendre le
réseau universitaire pour acquis. La
question, ce n'est pas s'il y a un sous-financement, la question, c'est :
Comment on va mieux financer et refinancer nos universités? Tous les
partis étaient, semble-t-il, d'accord avec le fait qu'il y avait un sous-financement dans le réseau. Nous, on n'a pas
changé d'idée. Il me semble que les deux autres partis ont changé d'idée.
Nous, depuis la fondation du mouvement du
parti 2012‑2014, la CAQ a toujours défendu le réseau puis un réinvestissement
dans le réseau.
En 2012,
j'imagine, vous étiez bombés de vertes espérances parce que les trois partis
disaient qu'il fallait mieux financer
nos universités. Comment vous avez pu conjuguer vos espérances? J'imagine que
vous étiez en train de dépenser cet
argent-là, vous devez avoir des projets : Bon, bien, enfin, en 2013, on va
avoir un réinvestissement. Vous devez avoir des projets. Puis comment
vous avez vécu les lendemains de l'élection 2012, jusqu'à aujourd'hui, en 2015?
Des voix : Ha, ha, ha!
Une voix : Eric, tu peux
répondre à ça.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Bauce. Vous avez seulement 15 minutes!
M. Bauce (Eric) : On a juste 15
minutes.
M. Brière (Denis) : On ne se mettra
pas à pleurer, là.
M. Bauce
(Eric) : Donc, je pense
qu'on voudrait tous répondre à cette question-là. Je
pense qu'on l'a vécu un petit peu
comme tout le monde parce
que vous savez que, pendant une
période électorale, il y a bien des promesses, puis, après une période électorale, il y en a
un petit peu moins, mais ça, on est quand
même habitués à ça, ce genre de chose là.
C'est sûr
qu'il semblait y avoir une volonté de réinvestir. Il est venu aussi une volonté
d'équilibre budgétaire, puis celle-là
aussi, elle est bonne, là. Je pense que le point... Nous, évidemment, on n'a
pas commencé à dépenser l'argent avant de
l'avoir, parce que... Même, souvent, on va dépenser l'argent qu'on nous doit
déjà depuis un bon bout, parce que vous savez qu'il y a toujours un décalage,
là, entre la subvention qu'on reçoit... Puis, des fois, il faut faire des
prêts, même, à la banque, en attendant qu'on nous envoie la subvention.
C'est un petit peu plate, mais c'est un autre sujet.
On pensait
effectivement, puis je pense que tout le réseau pensait qu'il allait y avoir un
réinvestissement dans le système. On
est conscients de l'état des finances publiques et on s'est concentrés assez
rapidement, après avoir versé une ou deux larmes, sur des solutions qui
n'amèneraient pas de fardeau additionnel sur les finances publiques. Et, depuis
2012, à peu près à tous les trois,
quatre mois, on revient avec nos étudiants sur le réaménagement de la
fiscalité, sur le FSSEP, le fonds
santé, études postsecondaires, sur le réaménagement du 1 %. On sait que le
ministre Hamad a dit qu'il allait revoir cette loi-là. On espère
beaucoup qu'il va la revoir en fonction peut-être d'une meilleure répartition
d'utilisation de ce 1,1 milliard de
dollars pour créer de la richesse. Vous voyez, je reviens sur les mêmes choses,
parce que je pense qu'il faut
marteler ces choses-là, puis ça fait juste trois ans qu'on le martèle, ça fait
qu'on va continuer. Mais c'est un petit peu ça, on est quand même passés
de la peine à l'espoir, je dirais.
M.
Roberge : On aurait cru que
c'était le contraire, de l'espoir à la peine, mais, bon. D'après ce que j'en
comprends, vous avez été obligés de
retrancher, puis je valide, 600 000 $
dans l'achat de livres puis de réduire des heures d'ouverture de certains
services aux étudiants. Est-ce que c'est des exemples de choses à être obligé
de faire à cause des problèmes de financement?
M. Bauce
(Eric) : On a retranché 600 000 $ dans l'augmentation d'achat de
livres, hein, parce que des, livres il faut
en acheter tout le temps de plus en plus, etc. Donc, on a réduit la vitesse à
laquelle on augmente le budget d'acquisition des volumes.
M.
Roberge : Quelque chose que vous avez fait, par contre, c'est une
salle qui s'appelle la salle de l'apprentissage actif. On me dit que
c'est au pavillon Jean-Charles-Bonenfant, puis c'est une nouvelle façon
d'amener les étudiants à travailler. Est-ce que vous pouvez m'en parler
davantage? C'est quelque chose qui me semble assez novateur.
M. Garnier (Bernard) : C'est une
salle qu'on appelle...
Une voix : ...
M. Garnier
(Bernard) : Ah oui? O.K. C'est une salle qu'on appelle de pédagogie
inversée, c'est-à-dire que l'idée, c'est
que l'étudiant, il va étudier ses textes, etc., avant de venir en classe, et,
quand il est en classe, donc cette fameuse salle de pédagogie inversée, qui est extraordinaire, d'ailleurs je vous
invite, si vous avez du temps, venez nous voir, on va vous la faire visiter... et donc ce sont des
salles qui vraiment facilitent l'interaction, disons, entre les étudiants et
les professeurs, le travail
d'étudiants. Ce sont des tables mobiles, un peu, qui... les sièges peuvent
se... sont sur roulettes, on peut les
disposer dépendant de la pédagogie. Et donc c'est une salle qui est très en
demande. Pas mal de disciplines peuvent, disons, utiliser cette salle. Et aussi on a des champions, des
professeurs qui sont des dévoués totalement à cette pédagogie-là, et on voudrait multiplier... D'ailleurs, les
facultés nous en demandent. On dit : Nous aussi, on veut notre salle de
pédagogie inversée dans notre faculté. Là, elle est au niveau de la
bibliothèque, donc c'est un endroit neutre, là, central, mais on voudrait
développer ça. On a un grand souci de la pédagogie universitaire à Laval.
M.
Roberge : C'est bon, parce que j'allais justement dans ce thème-là.
Les chargés de cours, les professeurs sont engagés parce qu'ils savent de quoi ils parlent, fort heureusement, des
fois, pour publier, etc., mais ils doivent interagir avec des étudiants. Est-ce que vous avez une
formule qui permette et/ou qui oblige vos chargés de cours et professeurs
à avoir certaines formations ou notions de pédagogie?
M. Garnier
(Bernard) : Bon, alors, obliger les gens, à l'université, ça ne marche
pas tellement, là, hein? Ce qu'il faut
faire, il faut être vraiment intéressant. Et alors c'est ce qu'on fait, on a un
bureau de soutien à l'enseignement qui est formidable, et les gens nous appellent. Les professeurs nous appellent,
et on offre, si vous voulez, des ateliers de formation, etc., sur toutes sortes de thèmes. Et, en général, on
est quasiment toujours pleins, mais c'est sur la base du volontariat. Et, quand
un professeur ou un chargé de cours peut
avoir des difficultés — ça arrive — là, c'est le rôle du directeur du département à l'inviter,
disons, s'il vous plaît, pourriez-vous... Vous avez des outils, etc., allez-y,
s'il vous plaît.
M. Roberge : Mais je comprends que
c'est quelque chose qui fonctionne bien.
M. Garnier (Bernard) : Oui, ça va
très, très bien, oui.
M. Roberge : Une autre chose qui
fonctionne bien, c'est...
Une voix : ...
M. Roberge : Oui, allez-y, allez-y.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y, M. Brière. Allez-y.
M. Brière (Denis) : Parce que vous
touchez un aspect extrêmement important où on a innové, comme je le mentionnais
dans mon allocution. C'est sûr que les chaires de leadership en enseignement
qui se concentrent sur la pédagogie, qui est
reconnue... d'ailleurs, qui a été reconnue même par le Japon, qui a investi
dans une chaire de leadership chez nous...
On a innové, mais, en même temps, je
pense que cette approche-là, de travailler surtout sur l'approche pédagogique
pour le transfert des connaissances, c'est
la clef aussi, surtout dans le contexte numérique aussi. Parce qu'on a parlé de
la relation professeur-étudiant,
alors cette pédagogie en relation avec le numérique, c'est quelque chose qui
nous préoccupe beaucoup, c'est
quelque chose qu'on peut vraiment mettre en place avec nos chaires de
leadership en enseignement. C'est quelque
chose qui... on va continuer à développer... On en a 22, de ces chaires-là,
dans l'espace de quatre ans, puis je pense que ce programme-là va
continuer à prendre de l'expansion.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : C'est beau?
M. Roberge :
Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste six minutes, M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Très bien, merci. Vous avez parlé d'innovations pédagogiques, on parlait aussi
d'innovations technologiques. Vous avez, je
pense que ça s'appelle le CRI, un genre de centre de transferts technologiques,
qui est un beau succès, je pense, pour la région de Québec.
Ma
question, c'est : Est-ce que cette espèce de zone d'innovations est arrivée
à maturité ou s'il y a encore de la place
physiquement aux alentours pour du développement encore? Est-ce qu'il reste des
pieds carrés? Est-ce qu'il y a encore de la place pour alimenter ça puis
en faire un pôle encore plus important?
• (17 h 50) •
M.
Bauce (Eric) : C'est à l'intérieur de Québec, là, on parle de centres
qui sont dans les hôpitaux, qui sont tous affiliés à nous, le parc technologique, qui d'ailleurs commence à
manquer un petit peu de place à Québec. Donc, c'est plus autour, à l'intérieur de la ville, autour,
que sur le campus, parce que ces centres-là, plusieurs de ces centres-là ne
sont pas nécessairement sur le campus en tant que tel.
M.
Roberge : O.K. Je vous remercie de cet éclaircissement-là, j'avais
compris que c'était collé. Dans le fond, c'est des partenariats. Ce
n'est pas loin, là, mais ce n'est pas directement sur le campus. Oui?
M. Brière (Denis) : Non, non, vous faites quand même un rapport avec le Centre de recherche
en infectiologie que j'ai parlé tantôt?
M. Roberge :
Oui.
M. Brière (Denis) : Bien, c'est sûr que le Centre de recherche en infectiologie, il y a 250
personnes qui sont là. Alors, c'est
sûr que ça continue, ça va continuer. On vient tout juste d'attirer une sommité
internationale pour en devenir le directeur.
Alors,
non, ça, on ne lance pas la serviette, loin de là. Je pense qu'il y a un
potentiel absolument extraordinaire, les
nouvelles technologies qui sont en train de développer et les technologies qui
sont transférables dans le secteur privé ou à des entreprises. Et ça, ça s'est fait, je vous ai donné tantôt, là,
les six entreprises qui ont amené des investissements d'au-dessus de 2 milliards dans la région,
2 000 emplois. Mais c'est sûr que c'est un modèle. C'est un modèle qu'on
va continuer à travailler à
l'Université Laval pour apporter, justement, apporter de la richesse, apporter
des emplois qui sont vraiment nécessaires dans des secteurs de fine pointe de
la technologie. Et ça, c'est très important pour nous qu'on puisse continuer et bâtir là-dessus parce que tu ne fais
pas ça du jour au lendemain, là, tu sais, c'est quelque chose qui se fait
de longue, longue, longue date.
M. Roberge :
Merci. Et l'université, par sa mission, est en partenariat avec l'écosystème
économique aux alentours, social, culturel,
mais, à l'interne, il y a les étudiants. Comment se vivent les interactions
avec les associations étudiantes sur
le campus, que ce soit la CADEUL ou les autres? Est-ce qu'il y a un bon climat
de collaboration? Est-ce que les étudiants sont réellement impliqués
dans l'administration? Juste avoir des informations là-dessus.
M.
Bauce (Eric) : En fait, oui, le climat de collaboration est excellent,
bien, premièrement, pour une raison : quand on se lève le matin puis qu'on va travailler, c'est parce qu'il y a des
étudiants. C'est un petit peu notre raison d'être, on ne serait pas là, là, on ferait probablement autre
chose dans la vie. Et ça peut paraître un peu banal comme phrase, là, mais je
pense que c'est assez fondamental quand on parle des relations avec nos
étudiants.
Nos étudiants sont à peu près sur toutes nos
instances décisionnelles. Ils sont sur le conseil d'administration, ils
sont sur le conseil universitaire, ils sont sur les comités de programmes, ils
sont dans les conseils de faculté, ils sont représentés
partout sur les commissions : commission de la recherche, commission
affaires étudiantes, commission des études.
La représentativité étudiante, sur notre campus, elle fait partie de notre
notion de collégialité. On a de la collégialité avec les professeurs, avec les employés et avec les étudiants. Et c'est
comme ça qu'est structurée la génétique, je dirais, de notre campus, et,
ce faisant, évidemment, ça demande de la communication constante avec nos
étudiants.
Avec
nos étudiants, on n'est pas en mode de consultation, on est en mode de
concertation, et ça, c'est un élément fondamental
du développement durable. Quand on a mis en place notre cadre de gestion à
l'Université Laval qui est le développement
durable, c'est basé sur la concertation, et on essaie de prendre les décisions
ensemble. Ces temps-ci, on essaie de
régler toutes sortes de dossiers par concertation, et même, des fois, on va
prendre une décision, puis on va reculer deux pas avec nos étudiants, on va dire : Bon, comment on va faire
ça? On va se reprendre puis on va faire autre chose.
M. Roberge :
Je vous remercie. C'est tout pour moi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va? Excellent. Oui, Mme Germain, allez-y.
Mme Germain (Josée) : J'aimerais
ajouter, en complément de ce qu'Eric... dans un autre volet, avec nos associations étudiantes... On est très intéressés
aussi à ce que nos associations étudiantes vivent des expériences sur notre
campus, dont, entre autres, la gestion de
certaines organisations. On a un pub universitaire qui est géré par notre
association de premier cycle. Ils
gèrent un dépanneur, et récemment, il y a un petit peu plus d'un an, notre
association de premier cycle s'est
vue octroyer le contrat ou le bail pour développer l'offre alimentaire dans
notre pavillon Desjardins. Donc, ils sont maintenant les grands
gestionnaires de cette concession étudiante, de cette... pas de concession...
de cette concession alimentaire, pardon, et
c'est un de nos quatre grands pôles alimentaires sur le campus. Alors, on l'a
fait dans un mode en partie d'accompagnement, mais ils sont vraiment
maîtres au niveau de leurs décisions. Et c'est quelque chose qui fonctionne très, très bien. On est très fiers
aussi de ce type d'engagement là. Notre
association de deuxième, troisième cycle a également un café au pavillon Desjardins
également. Alors, c'est la façon aussi dont on travaille avec nos étudiants
pour continuer aussi à leur offrir des expériences intéressantes.
Documents déposés
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Germain. Alors,
avant d'ajourner, je dépose les documents soumis par les universités que
nous avons entendues aujourd'hui. M. Brière, M. Bauce, Mme Germain, M. Garnier,
merci beaucoup pour votre contribution à la
commission. Je remercie également les membres de la commission pour leur
collaboration.
Je lève la séance, et la commission ajourne ses
travaux sine die. Bon retour.
(Fin de la séance à 17 h 56)