(Neuf heures)
Le
Président (M. Habel) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à
toutes les personnes ayant un appareil électronique de bien vouloir
éteindre la sonnerie.
Auditions (suite)
La commission
est réunie afin de poursuivre l'audition des dirigeants des établissements d'enseignement de
niveau universitaire. Aujourd'hui, nous
avons le plaisir d'entendre, ce matin, les dirigeants des universités
suivantes : l'Université Bishop's et la TELUQ.
Donc, je vous
rappelle que vous avez 20 minutes pour faire votre exposé, et, par la
suite, il y aura un échange avec les parlementaires. Alors, les gens de
l'Université Bishop's, bienvenue dans votre Assemblée. C'est à vous.
Université Bishop's
M. Goldbloom (Michael) : Merci beaucoup.
Bonjour tout le monde. Permettez-moi de vous présenter les collègues qui m'accompagnent. À ma gauche, Me
Robert Hall, qui est président du Conseil des gouverneurs de Bishop's. Me Hall est vice-président, Affaires juridiques,
et secrétaire coopératif de l'entreprise Cascades. Il est également
président du conseil de deux compagnies, Boralex et Reno de Medici. Et la chose
la plus importante, c'est qu'il est un diplômé de Bishop's.
M. Hall (Robert) : Bonjour.
M. Goldbloom (Michael) : Entre mes deux
collègues, dans un veston mauve, couleur de Bishop's, Dr Miles Turnbull, notre vice-principal académique, Dr
Turnbull dont la famille est originaire des Îles-de-la-Madeleine. Il
détient un baccalauréat es arts en français
de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard, une maîtrise en linguistique
appliquée de l'Université McMaster et
un doctorat d'enseignement de langue seconde de l'Institut d'études
pédagogiques de l'Ontario.
À sa droite,
France Gervais, notre vice-principale, Finances et administration. Mme Gervais
est une comptable professionnelle
agréée. Elle détient un baccalauréat en microbiologie de l'Université de Sherbrooke
et un baccalauréat en comptabilité de HEC Montréal.
Et finalement, à ma droite, Victoria Meikle,
secrétaire générale et vice-principale aux relations auprès des gouvernements
et à la planification. Mme Meikle détient un baccalauréat en littératures
française et espagnole, un baccalauréat en
droit de l'Université de Toronto et une maîtrise de droit de l'Université
McGill, et elle a poursuivi des études doctorales à l'Université Oxford.
Donc, c'est
ça que nous sommes. Nous remercions beaucoup, évidemment, la commission de nous
entendre ce matin. Je vais commencer en disant un peu qui nous sommes.
Donc, débutons en dressant quelques-uns des traits distinctifs de l'Université Bishop's. Notre institution a presque
175 ans. Depuis sa fondation, en 1843, elle poursuit une mission particulière, celle d'offrir une éducation
de premier cycle dans un cadre résidentiel où plus de 70 % des
étudiants résident sur le campus durant leur
première année. Nous offrons ce que nous appelons en anglais «a liberal
education». Il n'y a pas d'équivalent, à ce
que nous connaissons, pour cette expression en français, mais je vous assure
que «a liberal education» n'a aucune implication politique.
Le «liberal education» vise à inculquer un
esprit critique et les compétences fondamentales qui préparent nos finissants à la vie professionnelle, aux études
supérieures, s'ils décident d'en faire, et à la citoyenneté dans une
société démocratique. Nous avons ajouté en annexe ce document, les compétences
que nous visons pour tous nos étudiants.
Nos trois
divisions académiques sont les arts et les sciences, l'administration et
l'éducation et sont toutes animées par la passion de nos quelque
125 professeurs qui offrent une éducation hors du commun à nos
2 400 étudiants.
Bishop's privilégie des classes de petite taille
et mise sur la richesse des échanges entre les professeurs, les étudiants, ce
qui nous permet d'attirer d'excellents professeurs qui s'intéressent
particulièrement à l'enseignement au premier
cycle. Avec une moyenne de 23 étudiants par groupe, il est impossible de
se cacher à Bishop's. Nos professeurs connaissent le nom de leurs
étudiants.
Donc, Bishop's, comme vous le savez, est la
seule université anglophone située à l'extérieur de Montréal. Elle est sise dans la magnifique région des
Cantons-de-l'Est, dans une ville francophone au coeur d'une région où il
y a également une communauté anglophone importante.
Nos étudiants québécois, francophones et
anglophones en proportions égales, représentent la moitié de notre population étudiante. Étudier à Bishop's, c'est
évoluer au sein d'un campus multiculturel et tisser des liens durables
avec des étudiants en provenance de toutes les provinces canadiennes et de plus
de 50 pays à travers le monde.
À Bishop's, l'environnement
d'apprentissage dépasse le cadre formel des salles de cours. Nous misons sur la
vitalité de notre communauté et encourageons nos étudiants à s'investir et
apprendre par le biais de diverses activités hors
cours. Ce modèle a fait ses preuves, puisque nos étudiants classent leur
expérience universitaire parmi les meilleures au Québec et au Canada.
Par sa mission unique et ses traits distinctifs, Bishop's enrichit le réseau
universitaire québécois et contribue à la propulsion du Québec vers la
réussite économique et sociale. Je passe la parole à Dr Turnbull.
M.
Turnbull (Miles) : Alors, moi, je
vais vous parler de nos réalisations au courant de quelques années précédentes.
Dans un premier temps, on parle d'excellence
à Bishop's, et nous tenons à l'excellence de nos étudiants, professeurs
et chercheurs, ainsi qu'à la qualité de l'expérience étudiante.
En fait, les
résultats de l'enquête nationale sur la participation étudiante et du sondage Globe
and Mail attestent de la qualité
de cette expérience étudiante. L'Enquête nationale sur la participation
étudiante a été créée par des chercheurs de University of Indiana sur la
base de recherches scientifiques sur l'engagement universitaire et est devenue
le mode d'évaluation le plus répandu et le
plus respecté en Amérique du Nord. Cette enquête évalue l'expérience
d'apprentissage et l'engagement des étudiants du premier cycle. Selon les
résultats canadiens de 2013, Bishop's se classe deuxième au Canada et première au Québec. Et nous venons de
recevoir les résultats de 2015, et les résultats sont aussi positifs. En
2015, Bishop's a été parmi les neuf premières dans les quatre catégories
d'évaluation suivantes : en termes de défi académique, en termes de
l'apprentissage avec les pairs, l'interaction entre étudiants et professeurs et
en termes de l'ambiance sur le campus.
De façon
semblable, le rapport sur les universités canadiennes du Globe and Mail,
en 2013, Bishop's se classait au premier rang parmi les universités
canadiennes de petite taille à l'égard de l'interaction étudiants-professeurs,
de l'ambiance sur le campus, du nombre
d'étudiants par cours, des étudiants les plus satisfaits de leur expérience
universitaire et de l'équilibre études-vie sociale.
Chaque année,
la Société pour l'avancement de la pédagogie en enseignement supérieur octroie
des prix 3M à travers le Canada. Parmi ces prix prestigieux, 10 sont
décernés à des professeurs pour l'excellence et le leadership en enseignement universitaire et 10 autres à des
étudiants pour leur leadership extraordinaire dans le cadre de la vie
étudiante. Cette année, en 2015, Bishop's
est l'une des trois universités canadiennes à avoir reçu à la fois un prix 3M
pour professeur et un prix 3M pour étudiant.
Depuis
2011-2012, nous profitons du travail de trois chaires de recherche du
Canada : l'une qui se penche sur l'environnement et les changements
climatiques, une autre chaire sur la santé et le bien-être et une troisième sur
les différences sociales et culturelles.
Bishop's a
également tissé des liens au sein d'une ligue unique qu'on appelle la Ligue U4
avec trois autres universités
canadiennes qui partagent une mission semblable à la nôtre, c'est-à-dire offrir
une formation de premier cycle sur un campus résidentiel. Nos
universités partenaires sont Mount Allison au Nouveau-Brunswick, Acadia et
St-François-Xavier en Nouvelle-Écosse.
L'objectif de ce partenariat est avant tout d'enrichir l'offre aux étudiants et
de partager des pratiques exemplaires
dans la formation au premier cycle. Par exemple, cette collaboration vise à
offrir des expériences de partage, des cours partagés et enseignés
virtuellement.
• (9 h 10) •
Pour assurer une gestion et une gouvernance
basées sur les meilleures pratiques en contexte universitaire, nous avons également procédé à une réforme
importante de notre gouvernance. En 2010, par exemple, nos statuts de la
composition de notre conseil ont été
révisés. La corporation de 62
personnes a été remplacée par un conseil des gouverneurs composé de 17
personnes.
Je termine par parler de notre campagne de levée
de fonds actuellement en cours qui a déjà permis d'attirer 23 millions pour la
fondation de Bishop's. Il va sans dire que ce succès repose en grande partie
sur le support et le dynamisme incroyables
de la communauté bishopoise. Par
exemple, en plein printemps d'érable,
les étudiants de Bishop's se sont
mobilisés pour verser 1 million à la fondation de l'université pour la rénovation de la bibliothèque. Remarquable!
Cette année,
80 % de nos professeurs et de
notre personnel administratif et de soutien se sont engagés personnellement dans la campagne de levée de
fonds. Probablement un record au Québec, sinon au Canada. Alors, il est évident pour nous que nos étudiants, nos professeurs,
notre personnel administratif et de soutien et nos diplômés tiennent
leur université à coeur. En fait, chaque année, bon nombre de ces diplômés qui
poursuivent une carrière soit au Québec,
soit dans une autre partie du Québec, soit dans un autre pays du monde
reviennent sur le campus pour célébrer notre
campus, notre université, leur expérience et pour donner un appui financier et
leur temps comme bénévoles dans le réseau des diplômés. Je passe la
parole à ma collègue Victoria.
Mme Meikle
(Victoria) : Merci. Je vais vous décrire brièvement quelques
réalisations immobilières, surtout depuis notre dernière parution devant la Commission de la culture et de
l'éducation, et vous parler un peu de nos contributions à la région et
au Québec.
Les subventions
du ministère de l'Éducation ainsi que celles du ministère de la Culture et des
Communications nous ont permis de progresser en ce qui concerne l'entretien
différé. Nous avons implanté un système d'énergie géothermique qui nous permet
de réduire la facture énergétique de plus de 400 millions de dollars par
année tout en diminuant nos émissions de gaz
à effet de serre d'environ 66 %. Nos laboratoires ont été rénovés. Il faut
souligner que nos laboratoires, entre
autres, servent également les étudiants du cégep Champlain-Lennoxville. La
chapelle St. Mark's, une chapelle patrimoniale située sur notre campus,
a été restaurée.
En janvier 2015, nous
avons inauguré le nouveau centre sportif de l'Université Bishop's. Ce centre
sportif, qui profite également aux 900
étudiants du cégep Champlain et à la population sherbrookoise, permettra
d'augmenter la génération
de revenus de l'université. Ce projet d'expansion et de rénovation d'envergure
a été rendu possible grâce à l'appui
du gouvernement du Québec, du gouvernement fédéral et de la ville de
Sherbrooke. Il va sans dire que nos diplômés y ont contribué par leurs
dons dans le cadre de la campagne de financement actuellement en cours.
L'Université
Bishop's contribue, par le biais des activités des membres de sa communauté, au
développement et au rayonnement de la région
des Cantons-de-l'Est. Nous avons déjà évoqué le fait que le cégep Champlain-Lennoxville
est situé sur notre campus. Nous partageons
nos laboratoires, nos salles de cours, notre bibliothèque et notre centre
sportif.
L'université est un
employeur important au sein de la communauté sherbrookoise. En 2012, elle s'est
classée le 20e plus grand employeur. Depuis
15 ans, notre Centre d'entrepreneurship Dobson-Lagassé a appuyé plus de 850
petites et moyennes entreprises de notre
région. Notre campus participe à l'accueil d'événements tels que les Jeux du
Canada et plusieurs événements sportifs d'envergure, incluant le camp
d'entraînement des Alouettes de Montréal.
L'université
est un pont économique, intellectuel et culturel vers la Nouvelle-Angleterre.
Par exemple, Bishop's a organisé en
2013 un premier forum Québec-Vermont regroupant des participants issus du
secteur privé, des gouvernements et du milieu universitaire et axé sur
les bioénergies. Le forum était organisé en collaboration avec l'Université de Sherbrooke, l'Université du Vermont et les
gouvernements du Québec
et du Vermont. Chaque année, plus de 900 étudiants venus d'en dehors du Québec
dépensent dans la région pour y habiter et étudier — nous
évaluons ces dépenses à environ 22 millions de dollars — et
participent avec nos étudiants québécois à une gamme d'activités bénévoles et
de levée de fonds pour les organismes communautaires.
Les études à Bishop's
permettent aux étudiants francophones d'améliorer leur anglais tout en
permettant aux étudiants anglophones venus
d'ailleurs de vivre avec des francophones dans une ville francophone. Bishop's
forme bon nombre des enseignants des écoles anglaises situées à
l'extérieur de Montréal.
Enfin,
des milliers de diplômés de Bishop's contribuent à l'essor de la société
québécoise. Pour ne nommer que deux, vous ne savez peut-être pas que
Pierre Dion, le P.D.G. de Québecor, est un diplômé de Bishop's. Vous avez
peut-être vu Alex Gagnon-Sckoropad, un entrepreneur sherbrookois qui s'est
récemment démarqué à l'émission Dans l'oeil du dragon pour un portail
préfabriqué qu'il a inventé. Je cède maintenant la parole au principal.
M. Goldbloom (Michael) : Merci, Victoria. Donc, je vais vous parler un peu des défis et du
progrès depuis 2008. Donc, en 2008,
l'Université Bishop's constatait une baisse importante de l'effectif étudiant à
un niveau où l'université était difficilement viable. L'université a
vécu une grève, un lock-out et s'est retrouvée sans leader après le départ du
principal à l'époque avant la fin de son mandat.
Notre budget de
fonctionnement était en déficit, et nous avons dû élaborer un plan de
redressement avec le ministère. Nous, on
avait l'obligation de mettre nos affaires en ordre, mais nous n'avons pas
demandé plus d'argent du gouvernement.
Tout ce que nous avons demandé, c'était du temps pour régler nos défis
nous-mêmes. Et les objectifs du plan
de redressement que nous avons élaborés à ce moment-là, nous les avons
atteints. Le bilan du plan de redressement 2008-2004 est, en fait, très
positif pour l'université. Nous dépassons les cibles de croissance en
augmentant le nombre d'étudiants de
28 %. Notre campagne de levée de fonds, on en a parlé, on est déjà rendus
à 23 millions sur un objectif de 30. Nous utilisons 6 millions
de ces dollars pour rénover nos résidences et 5 millions pour rénover
notre bibliothèque. Tout en contrôlant nos dépenses, nous avons maintenu nos
activités d'enseignement et nos services aux étudiants, à la communauté.
Des
ententes avec nos employés ont permis de partager les contributions à
l'amortissement du déficit du régime de retraite entre les membres du
régime et l'université. Ces ententes nous ont permis de baisser les coûts des
services courants du régime de retraite. Pour l'université seule, la diminution
a été d'environ 675 000 $ en 2013. Nous avons également conclu en
2012 des conventions collectives sans conflit de travail.
Nous
avons constaté les résultats financiers suivants. Les objectifs pour l'exercice
2008 à 2013 ont été respectés. Grâce au contrôle des dépenses, à
l'augmentation de l'effectif étudiant et au rapport des dépenses administratives
et du maintien du niveau de contribution de
notre fondation, l'université a réussi à équilibrer son budget en 2013-2014,
un équilibre atteint malgré les compressions
de la subvention de fonctionnement de 5,2 % au cours de l'année. À la fin
de l'exercice 2013-2014, le déficit accumulé
du fonds de fonctionnement s'élevait à 4,3 millions. C'était presque
9 millions de dollars de moins que ce
qui était prévu dans le plan de redressement, donc nous sommes fiers du progrès
que nous avons fait.
Nos
objectifs maintenant, premièrement, c'est de rénover notre bibliothèque,
construite en 1975 pour à peu près 1 500 étudiants. Maintenant,
avec Bishop's et Champlain ensemble, il y a plus que 3 000 étudiants
qui l'utilisent. La structure a besoin d'être rénovée, et il faut qu'on mette
nos efforts là-dessus. Les coûts pour ce projet-là vont être de 15 millions de dollars, et nous avons
l'intention de mettre 5 millions de notre fondation. On demande au
gouvernement du Québec de nous appuyer à niveau du 5 millions, et nous avons
l'intention de demander au gouvernement fédéral de faire de même.
Je pense, comme le
temps passe rapidement, je vais passer la parole. Vas-y, Victoria.
• (9 h 20) •
Mme Meikle
(Victoria) : C'est France.
M. Goldbloom
(Michael) : Ah! France. Pardon, France, oui.
Mme Gervais
(France) : Nous avons déjà mentionné que la vie en résidence est un
élément essentiel de l'expérience Bishop's.
À une exception près, nos résidences datent des années 50. À l'instar
d'infrastructures partout au pays,
elles n'ont pas été entretenues de façon systématique. En effet, au cours des
sept dernières années, les surplus dégagés de l'opération des résidences servaient à combler un écart dans le financement des opérations académiques. Aujourd'hui, nous devons nous attaquer
à l'entretien différé et nous ne pouvons plus reporter la mise à niveau des
résidences.
En 2014-2015, nous avons
développé un plan quinquennal pour rénover nos résidences évalué à plus de 52 millions.
Les rénovations seront financées sur 30 ans à même le budget de
fonctionnement, avec une contribution d'environ
6 millions venant de la campagne de levée de fonds en cours.
Afin d'éviter de se retrouver dans la situation que nous vivons aujourd'hui, les surplus
dégagés de l'opération des résidences et de la restauration seront dorénavant
affectés à un fonds réservé à l'entretien des résidences.
Nos défis
2015. Nos analyses indiquent que, quoiqu'il y ait toujours
place à l'amélioration, l'Université Bishop's est gérée de façon
efficace. Une comparaison de nos salaires moyens en 2011-2012 avec ceux de huit
universités québécoises révèle que nos
salaires sont égaux ou en deçà des moyennes. Une comparaison des effectifs
administratifs dans quatre universités de
taille modeste révèle que nous avons moins de personnel administratif que ces
autres petites universités. Nous
pouvons conclure que nous utilisons les fonds publics qui nous ont été confiés
de façon responsable pour appuyer les occasions d'apprentissage que nous
offrons à nos étudiants.
Nous examinons
les possibilités pour augmenter nos revenus tirés de notre centre sportif, de
nos opérations estivales sur le campus également. Une analyse en
profondeur de nos opérations académiques a également été entreprise afin
d'optimiser nos ressources, mais nous ne pouvons cacher que nous faisons face à
un défi de taille. Depuis 2012, les universités font face à une série de
compressions équivalant à une réduction d'environ 10 % de leurs
subventions de fonctionnement. À cela, nous
ajoutons l'annulation des augmentations des droits de scolarité escomptées pour
les années 2012-2013 à 2016-2017. Au
30 juin 2014, nous avons constaté un déficit de 24,5 millions dans
notre régime de retraite, et ce, malgré les efforts de 2013 pour
baisser les coûts d'exercice de 25 %.
Ce déficit se
répercute sur les membres du régime ainsi que sur notre budget de
fonctionnement. Chaque année, les membres
et l'université contribuent à environ 6 millions aux coûts d'exercice et à
l'amortissement de ce déficit. Nous appuyons
donc sans réserve l'élaboration d'un cadre législatif qui offrirait de nouveaux
outils pour faire respecter l'équité intergénérationnelle au sein des
régimes de retraite.
Nous avons,
tout de même, atteint les objectifs de notre plan de redressement 2008, et ce,
jusqu'en 2012-2013, et nous avons
équilibré notre budget de fonctionnement en 2013-2014, tel que prévu.
Cependant, cet équilibre a été atteint en
reportant certaines dépenses stratégiques comme l'entretien de nos résidences,
la mise à jour de notre bibliothèque et nos technologies de l'information. Nous ne pouvons, tout simplement, plus
continuer de le faire. Je passe la parole à Michael.
M.
Goldbloom (Michael) : Bon, sur la
question des enjeux pour les universités de taille modeste, les
universités de taille modeste sises en région font face à des défis financiers
particuliers. J'imagine que vous en avez déjà entendu parler lors de vos audiences, ces défis s'expliquent en partie par des
coûts fixes associés au fonctionnement tant académique qu'administratif
et par les possibilités restreintes d'économies d'échelle. Le modèle de
financement actuel, où une partie importante
du financement du fonctionnement des universités est versée en fonction du
nombre d'étudiants, ne répond pas
d'une façon adéquate aux besoins des établissements de taille modeste. Le
ministère reconnaît ce défi et prévoit des enveloppes additionnelles de financement pour les petites universités.
Ces enveloppes sont maintenant objet d'études...
Le
Président (M. Habel) : Vous
avez dépassé de quatre minutes votre temps. Sur le temps du
gouvernement, je vous invite peut-être à conclure rapidement, s'il vous plaît.
Merci.
M.
Goldbloom (Michael) : D'accord.
Ce que je vais faire dans ce cas-là, je vais passer la parole au président
du conseil, on va terminer avec ça.
M. Hall
(Robert) : Je serai bref. Je voulais toucher mot sur deux sujets
essentiellement, et c'est des sujets avec lesquels je suis familier. Je
suis avocat de formation, mais, depuis 20 ans, je travaille au sein de la
haute direction de Cascades, une compagnie,
je pense, que vous connaissez et où j'ai eu l'occasion de me perfectionner dans
la gouvernance d'entreprise et dans la gestion budgétaire.
Ce que je
constate chez Bishop's m'impressionne franchement, une gouvernance renouvelée
selon des structures et des règles
modernes, qui applique les meilleures pratiques dans le domaine et une
attention budgétaire hors de la norme, quant
à moi. Bishop's travaille à l'intérieur des moyens qui lui sont donnés avec
acharnement afin de livrer sa mission, qui est une mission académique,
dans un environnement compétitif, et je suis à même de constater que
l'institution réussit très bien, et ce, depuis très longtemps. C'est un fleuron
de la région, ma région, dont je suis très fier, et c'est pour ça que je
m'engage en tant qu'ancien de Bishop's et membre de la communauté.
C'est tout ce que j'ai à vous dire pour le
moment, compte tenu du fait que les minutes sont comptées. Merci.
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Je vais passer maintenant
au premier bloc du gouvernement pour un temps de 16 min 30 s et
je reconnais le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Je veux souhaiter la bienvenue à
l'équipe de Bishop's, le recteur Michael Goldbloom, que j'ai le plaisir
de connaître depuis quelque 25 ans. Nos vies professionnelles, à plusieurs
reprises, se sont croisées pendant que vous
étiez éditeur du Gazette, même Toronto Star. Les deux, on est passés
par Alliance Québec et on a oeuvré dans l'éducation. Moi aussi, j'ai eu
le plaisir... Et j'ai eu le plaisir de connaître plusieurs diplômés de Bishop's — moi, je n'ai pas eu cet honneur-là — mais qui ont parlé avec enthousiasme et
affection de leur expérience presque sans exception.
Nous avons eu
l'occasion d'entendre les témoignages de plusieurs de vos partenaires déjà
ainsi que de quelques-unes des universités de petite taille, de l'UQO et
l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, et ils nous ont parlé de plusieurs défis en
même temps qu'ils nous ont impressionnés avec leurs approches créatives à ces
défis. En quelque part, on parle
d'une mission qui est particulière à Bishop's, mais je me permets de vous
situer en quelque part dans ce même genre
d'environnement. Là, on parle d'une université avec un nombre d'effectifs le
plus modeste au Québec, on parle
d'une université que vous nous avez parlé un petit peu, qui a une mission
particulière comme seul établissement postsecondaire
anglophone en région. Vous avez à desservir une région qui se distingue par
l'harmonie entre les communautés d'expression anglaise et la communauté
majoritaire francophone.
Vous avez touché à quelques sentiers, mais
j'aimerais vous inviter de parler davantage de quelques-unes des initiatives. J'ai été très intéressé d'entendre
parler de votre initiative d'U4 ainsi que, dans le contexte global,
économique et démographique qui nous touche, le centre d'entrepreneurship. Je
vous invite de nous parler un petit peu de quelques exemples d'innovation,
d'adaptation à vos circonstances, qui sont assez particulières.
• (9 h 30) •
M.
Goldbloom (Michael) :
Merci. Je commencerais peut-être avec
cette initiative que nous avons entamée avec les trois universités dans les Maritimes. Comme je vous ai expliqué,
Bishop's a une approche unique au Québec, mais, en fait, c'est très rare au Canada, les petites
universités résidentielles de premier cycle. On est la seule au Québec.
Parfois, je dis — et c'est presque vrai — que nous sommes l'institution résidentielle
de premier cycle la plus à l'ouest au Canada. Donc, c'est vraiment rare, notre modèle, mais il y en a trois,
universités dans les Maritimes, qui ont la même approche, à peu près 2 500 étudiants résidentiels,
premier cycle, «liberal arts». Et ce qu'on s'est dit, c'est qu'évidemment on
travaille, on collabore beaucoup avec les 17 autres institutions du
Québec, mais c'est utile pour nous d'avoir des partenaires qui ressemblent
vraiment à nous.
Donc, on
s'est mis en collaboration avec ces trois universités-là, un, pour voir est-ce
qu'on pourrait apprendre de leur façon d'opérer — il y
a toujours des choses qu'on peut apprendre des autres, surtout ceux qui se
ressemblent le plus à nous — pour
mettre en contact nos professeurs. Donc, il y a eu beaucoup de contacts entre
les professeurs de Bishop's avec les
professeurs des autres établissements pour s'aider l'un à l'autre, il y a
eu des rencontres de nos étudiants des trois établissements.
Mais l'aspect
peut-être le plus innovateur que nous regardons aujourd'hui, c'est de créer des classes — comment
dirais-je? — virtuelles sur les quatre campus en même temps, donc comment utiliser la technologie pour nous permettre de donner encore une meilleure éducation
à nos étudiants. Et l'idée, c'est que, s'il
y a un expert à Bishop's qui donne un
cours, il sera possible pour les étudiants
aux trois autres universités de participer à ce cours par l'entremise de la
technologie, qui est tellement
plus avancée que c'est possible de le faire comme si on est presque présent.
Mais on veut le faire avec notre modèle,
qui est un modèle où il y a un contact direct entre le professeur et
l'étudiant. Donc, nous ne le ferons pas... ce ne seront pas des
classes... Vous connaissez peut-être ce phénomène. On en parle un peu moins aujourd'hui,
mais, en Amérique du Nord, on parlait beaucoup des MOOC, Massive
Open Online Courses. O.K.? Moi, je n'ai jamais cru à ça. Je trouve l'idée que quelqu'un,
un étudiant s'assoit avec son ordinateur et suit un cours par Internet, il y a
tout un élément important de l'éducation qui n'est pas présent. Donc, on veut utiliser ces technologies, mais, en même temps,
s'assurer que le professeur... Même si le
prof est à Bishop's et l'étudiant est en Nouvelle-Écosse, il y aura
une capacité de communication très
directe. Donc, c'est un élément que nous regardons, comment utiliser la technologie pour améliorer la qualité de ce que nous offrons aux étudiants.
M.
Birnbaum : Est-ce que
je peux vous inviter de me parler un
petit peu de votre centre
d'entrepreneurship? Parce que, comme je dis, on est dans une conjoncture au Québec
très sérieuse où il y a une pénurie de main-d'oeuvre, on est à
zéro croissance, il me semble que les partenariats s'imposent beaucoup.
M. Goldbloom
(Michael) : Oui. Encore, ce
modèle, ce n'est pas unique, rare. Le Centre Dobson-Lagassé est une organisation
indépendante, mais qui se trouve sur notre campus avec un mandat, un, d'aider
nos étudiants à avoir des expériences d'entrepreneurship. Et ce n'est pas seulement — et je
pense que c'est un élément important — pour les étudiants en administration, c'est pour les
étudiants dans tous les domaines. Ce que je dis souvent de nos étudiants en
arts dramatiques : Qu'est-ce qu'ils
font la première année après qu'ils ont terminé leurs études? Parfois, ils
retournent dans leur ville et ils
créent une petite compagnie de théâtre.
Mais il faut savoir comment faire un plan d'affaires. Donc, l'entrepreneurship, ce n'est pas seulement pour les étudiants en administration, c'est pour
les étudiants dans tous les domaines. Donc, le premier élément, c'est de
mettre nos étudiants en contact avec des entrepreneurs de la région.
La deuxième
chose, c'est que nous avons un réseau d'entrepreneurs chevronnés qui aident les
jeunes entrepreneurs. Donc, vous
débutez une entreprise, et on vous met en contact avec un entrepreneur dans la
région chevronné qui pourrait vous
aider dans l'évolution de votre entreprise. Donc, c'est un triangle entre les mentors, les jeunes entrepreneurs et
nos étudiants. Et je pense qu'on a eu
impact, contact et aidé plus que 800 entreprises dans la région de l'Estrie, donc on est
très fiers de ça. Et c'est financé par l'université, mais également par des dons, par la fondation Dobson et d'autres
donateurs à l'université, à qui on les encourage diriger leurs argents vers
cet objectif-là. Donc, c'est évidemment très important
pour l'économie de la région, et Bishop's veut faire sa part pour aider l'évolution
de l'économie de l'Estrie.
M.
Birnbaum : Si je peux
poursuivre, M. le Président, j'aimerais revenir à votre mission comme
«liberal arts college». Il faut qu'on
se trouve ensemble un bon terme en français. Moi, j'ai pu vivre, dans mes
10 ans comme directeur général des commissions
scolaires anglophones, dans une
période de pénurie de ressources. Souvent, les choses, à notre honte, qu'on peut décrire comme non essentielles,
les cours de beaux-arts, les cours de musique, risquent d'être mises en
péril dans ce contexte économique là. Je crois qu'on a l'intelligence, tous, de
comprendre que ce n'est pas des choses auxiliaires,
c'est des choses essentielles à la formation des jeunes, à l'avenir d'une société
moderne, et compassionnée, et ouverte, mais j'imagine qu'il y a
quelques défis qui s'imposent, compte
tenu de cette mission-là. Est-ce que
je peux vous inviter, dans un premier temps, de parler de votre perception
de l'importance de cette mission et peut-être d'identifier quelques défis qui
comportent cette mission-là en même temps?
M.
Goldbloom (Michael) : Premièrement, je dirais que, la majorité de nos étudiants, comme la majorité
de tous les étudiants de premier cycle au Québec, le diplôme de premier
cycle, c'est leur dernier diplôme universitaire. Nous encourageons... Il y a un nombre important de nos étudiants qui
poursuivent des études de deuxième et troisième cycle, mais la réalité, c'est qu'évidemment c'est le diplôme de premier cycle qui est, pour la majorité
des étudiants universitaires, leur dernier diplôme. Donc, c'est très
important que nous préparions nos étudiants pour le marché du travail.
Ça étant dit, nous croyons, surtout dans un
monde où le changement est tellement rapide que la majorité des emplois que nos étudiants actuels vont occuper
dans 10 ans n'existent probablement pas aujourd'hui...
donc, pour préparer ces étudiants-là, il faut leur donner les atouts
pour un monde et un milieu de travail qui changent énormément. Donc, pour
nous... et c'est ça un peu, la liste des compétences qu'on a mise à la fin de
notre document, sur laquelle nous visons. Premièrement,
la capacité de communiquer d'une façon efficace, orale et écrite, en anglais ou
en français, évidemment préférablement dans les deux langues. Une
capacité de travailler en équipe. Le monde du travail, c'est très rare qu'on travaille d'une façon très individuelle. Donc, il
faut être capable de travailler avec les autres. Il faut avoir une
compétence pour travailler avec des gens qui viennent de différents
backgrounds.
Donc, un des
atouts de Bishop's — je vous
ai décrit un peu le profil de nos étudiants — un étudiant chez nous, après trois, quatre ans, connaît des étudiants d'à
travers le Québec, des deux langues, communautés linguistiques à travers
le Canada et à travers le monde. Donc, nos
étudiants sont accoutumés à travailler avec des gens qui ont des
backgrounds différents. Donc, l'esprit
critique est probablement... Quand je parle aux entrepreneurs, quand je parle
aux professionnels, ce que j'entends
le plus, c'est que nous sommes capables de préparer les gens, une fois qu'ils
sont chez nous, pour leur apprendre
comment être un avocat, un comptable, faire du marketing. Ce que nous avons
besoin, c'est des gens qui ont un esprit
critique, qui sont capables de prendre différentes idées pour nous aider à
innover. Donc, c'est ça, notre perspective globale de comment mieux
préparer nos étudiants sur le marché du travail.
M. Birnbaum : Est-ce qu'il me reste,
M. le Président, quelques minutes?
Le Président (M. Habel) : Oui,
4 min 42 s.
M.
Birnbaum : O.K.
Merci. Écoutez, il me semble — et c'est mon expérience et notre expérience
collective — qu'on
ne peut jamais avoir trop d'opportunités pour tisser un plus grand lien entre
la communauté d'expression anglaise du Québec
et le Québec dans son entier et majoritairement francophone. Vous êtes bien
placés comme lieu de rencontre des deux solitudes, qui s'approchent de
plus en plus, et on espère tous que ça va continuer.
Est-ce que je peux vous inviter de parler
concrètement de l'expérience de votre corps professoral dans ce domaine-là, et les étudiants qui viennent de ces
deux communautés linguistiques du Québec, et ce que ça peut apporter à
la région à la fois qu'à nous tous?
• (9 h 40) •
M. Goldbloom (Michael) : Vous savez,
vous me posez cette question, je vous partage une anecdote de cette semaine. Nous avons un jeune étudiant de Thetford
Mines qui joue sur notre équipe de football, les Gaiters, excellente équipe de football, qui fait des études en
administration et qui veut faire une demande pour la bourse Rhodes. Donc,
il a besoin de l'appui de l'université, donc
il est venu me voir. Et l'histoire qu'il m'a racontée m'a vraiment touché au
coeur. Il ne parlait presque pas l'anglais quand il est venu, et nous avons un
centre d'écriture, «a writing center», et il m'a dit, dans la première année à Bishop's, il n'a pas soumis un seul de ses
devoirs sans avoir passé par le Writing Center pour que quelqu'un l'aide
à améliorer son écriture.
Et
maintenant, dans sa troisième année,
il est assez à l'aise pour ne plus avoir autant besoin de ça. Donc, je
vois ce jeune homme de Thetford Mines qui est venu chez nous, c'est un
francophone très fier d'où il vient, mais un membre exceptionnel de notre communauté. Je pourrais vous
en donner beaucoup, d'exemples comme ça. Le fait que la moitié de nos étudiants sont francophones, le fait que nous
permettons à tous nos étudiants francophones d'écrire leurs examens et
remettre leurs devoirs en français s'ils veulent... Il y en a très peu qui
l'utilisent, ce droit-là, mais c'est quand même une assurance quand ils
décident est-ce qu'ils veulent venir chez nous.
Donc, moi, je
suis très fier du fait qu'il y a des Québécois de langue anglaise et de langue
française qui sont chez nous, qui
vivent ensemble, qui créent des liens d'amitié. Et je pense que c'est cet
élément très important, d'une façon, notre contribution au Québec. Je ne
sais pas, Miles, si tu veux parler des professeurs.
M.
Turnbull (Miles) : Je
pourrais peut-être ajouter un autre exemple de chercheurs qui vont en
communauté. Dans notre axe de recherche en santé et bien-être social, on a un
groupe de chercheurs qui vont à Magog, qui offrent une série de sessions communautaires en français et en anglais sur le
bien-être, la santé et la santé mentale surtout. C'est un bon exemple d'interaction aussi de nos
professeurs. C'est un groupe qui est mixte, de francophones, anglophones,
très hybride, alors, qui vont sur le
terrain, qui appliquent les résultats de leurs recherches au profit des deux
communautés, qui viennent ensemble sur une
thématique pas linguistique, culturelle, mais sur quelque chose qui nous
concerne tous et toutes.
M. Hall (Robert) : Est-ce que je
peux ajouter quelque chose?
Le Président (M.
Habel) : Oui, oui...
M. Hall
(Robert) : C'est parce que j'ai entendu la référence à Deux
solitudes, livre que plusieurs gens ont lu, mais, j'ose dire, qui ne
s'applique pas aux Cantons-de-l'Est. Deux solitudes a été écrit pour
d'autres régions de la province. Dans les Cantons-de-l'Est, les deux sociétés
se marient littéralement depuis des années.
Une voix : Comme toi.
M. Hall
(Robert) : Oui, oui. Alors, c'est un environnement où les deux
communautés se mixent facilement et de façon très constructive. On a des
relations qui existent depuis longtemps et des familles qui sont élevées
ensemble, et même les institutions qui
existent là, que ça soit les écoles, que ça soit les universités, que ça soit
les hôpitaux, il n'y a pas de solitude dans cette région-là. Je voulais
juste le mentionner.
M.
Goldbloom (Michael) : Un
exemple de ça, c'est le fait que la rectrice de l'Université de Sherbrooke,
Luce Samoisette, siège sur notre conseil d'administration, et moi, j'ai siégé
durant six ans au conseil de l'Université de Sherbrooke,
c'est maintenant Mme Meikle qui y siège. Donc, je pense que nos relations
entre nos deux universités, c'est un peu un reflet dans le domaine de
l'éducation de ce que Me Hall vient de mentionner.
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant passer au prochain bloc avec
l'opposition officielle pour un temps de 14 min 30 s.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. Goldbloom, toute votre équipe,
je vous salue à mon tour. Je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour
cet exercice qui est fort important et qui nous donne la chance d'échanger avec
vous.
J'ai pris
note des efforts qui ont été faits depuis votre arrivée en poste, notamment
pour résorber les problèmes budgétaires,
puis j'aimerais juste peut-être qu'on fasse un peu le tour de ça. Je lisais
dans la revue de presse, en juin 2015, donc,
dans La Tribune, on parlait que vous adoptiez un budget déficitaire
pour 2015-2016, mais je voulais comprendre si le 4,5 millions dont on parle, c'est la projection pour la
prochaine année et si on parle du déficit accumulé ou si on parle pour l'année, là, dans le fond, de fonctionnement,
en fait. Compte tenu, j'imagine, de l'effort supplémentaire budgétaire qui vous est demandé, est-ce que c'est vers ça que
vous vous dirigiez? Parce que j'entendais tantôt que, pour 2014-2015 — là, vous me corrigerez, là — vous
étiez en équilibre budgétaire, donc, mais votre déficit accumulé était de
4,3 millions. Donc, si vous pouvez me démêler ça, 2014-2015, 2015-2016.
M. Goldbloom (Michael) : Non. O.K.
Peut-être que je me suis mal exprimé.
Mme
Hivon : O.K. Mais
c'est moi qui ai peut-être mal noté aussi.
M. Goldbloom (Michael) : O.K. Donc,
on a réussi l'équilibre budgétaire en 2012-2013...
Des voix : 2013-2014.
M.
Goldbloom (Michael) :
Pardon, je m'excuse, 2013-2014, c'est ça. Donc, on est parti du déficit, nous
sommes arrivés en équilibre en 2013-2014. En
2014-2015, on a eu un déficit de 2,5. Et ce que nous prévoyons pour cette
année, donc 2015-2016, c'est un déficit de 4,5.
Mme
Hivon : Ça, c'est
le déficit accumulé?
M. Goldbloom (Michael) : Non. Ça,
c'est le déficit d'opération.
Mme
Hivon : Non.
Parfait, c'est beau. Puis, si on parle du déficit accumulé, est-ce que vous
avez le chiffre?
M. Goldbloom (Michael) : Vas-y.
Mme Gervais (France) :
8,8 millions.
Mme
Hivon :
8,8. Bon, parfait. C'est beau, tout est clair. C'est ce que je croyais au
début, puis là c'est moi qui ai probablement...
Et donc vous envisagez en ce moment... ce que vous prévoyez pour 2015-2016,
c'est 4,5. Ça, ça veut dire que ça sous-tendrait un plan de redressement
soumis au ministère, des impacts potentiels, et tout ça. Est-ce que, déjà, vous
êtes en discussion avec le ministère?
M.
Goldbloom (Michael) : Nous
sommes en discussion, évidemment, avec le ministère. On voyait venir
cette situation, et nous travaillons avec le
ministère pour trouver des solutions. Vous pouvez comprendre qu'ayant
commencé dans une situation de déficit en
2008, avec tous les efforts que nous avons faits, d'avoir réussi l'équilibre,
on était très fiers de ça, on était sur un bon trajet, mais il y a
certaines choses qui sont arrivées qu'on n'avait pas anticipées. Il faut que je sois très candide avec vous, évidemment. Notre plan
de redressement 2008 prévoyait des augmentations des droits de scolarité, hein? Donc, évidemment, sans ces revenus
additionnels... Ça, c'était le premier élément. Deuxièmement, il y a les coupures que toutes les universités ont
vécues, et on a reçu le même pourcentage de coupures que tout le monde.
Troisièmement,
ce n'est pas que c'est complexe, mais il y a la question de notre fonds de
pension. On fait face, comme beaucoup d'institutions publiques, à un
défi en ce qui concerne notre régime de retraite, qui est un régime à bénéfices
déterminés. Nous avons fait... Je vous ai décrit des efforts importants avec
nos employés pour améliorer la situation, mais, malheureusement, nous vivons
une situation encore qui n'est pas unique, mais Bishop's a pris une expansion durant les années 60 et 70. L'effet
de ça, qu'il y a eu beaucoup de gens qui ont été engagés à ce moment-là,
et ils prennent leur retraite. Donc, nous
avons un plan de retraite qui... on utilise l'expression «qui est mature».
Beaucoup de gens qui sont à la
retraite, bien pour eux, ils vivent de plus en plus longtemps, ce qui est bien,
mais on n'a pas assez de monde pour continuer à le maintenir. Donc, ça,
c'est le troisième défi.
La quatrième,
ça revient un peu à la même chose, l'expansion avec la Révolution tranquille,
investissements dans les universités, Bishop's a pris de la croissance.
En 1960, on était 300 étudiants. O.K.? Imaginez, une université avec 300 étudiants. Donc, on est rendus à 2 400.
C'est la deuxième plus petite des universités au Québec. Je comprends
que c'est petit, mais c'est quand même, pour
nous, une augmentation importante. Et, en réalité, Bishop's a réussi en
augmentant le nombre d'étudiants depuis les
années 60. Donc, ce que nous venons de vivre depuis 2008, c'est un peu ça.
La façon, principalement, que nous
avons réglé nos problèmes, ça a été d'augmenter nos nombres d'étudiants de,
disons, un tiers.
Durant les
années 60, nous avons construit des résidences. Nous sommes une université
résidentielle. La grande majorité de nos étudiants vient de l'extérieur
de Sherbrooke. Donc, surtout en première année, quand les étudiants viennent chez nous, eux et, je pense, surtout
leurs parents s'attendent à ce que ces jeunes peuvent vivre en résidence
au moins pour la première année. Donc, nous
avons des résidences construites en 1965 dans lesquelles nous n'avons
mis aucun argent depuis. Et ce que nous
avons fait... Nous retirons un soi-disant profit de l'opération de nos
résidences, mais nous avons pris cet argent-là pour appuyer le programme
académique. O.K.? Et je ne critique pas mes prédécesseurs, je comprends les valeurs qui les amenaient à faire
ça, mais là on se trouve en 2015 avec des bâtiments, 50 ans, 60 ans,
qui ont un besoin criant d'être rénovés.
Ce n'est pas
une histoire qui est atypique, c'est un peu ce que le Québec a vécu d'un certain niveau général, mais là c'est quatre choses ensemble :
manque d'augmentation des droits de scolarité, coupures gouvernementales, régime de retraite et 50 millions de dollars nécessaires pour mettre dans nos résidences. Et le gouvernement du Québec ne finance pas les résidences, que je
comprends. Le principe, c'est que
vous chargez pour ça, donc elles devraient être autofinancées. Mais, je vous dis — et j'ai passé un an à McGill
avant de venir à Bishop's — c'est
une chose, au centre-ville de Montréal, d'acheter un hôtel, et vous pouvez charger assez aux étudiants pour le
financer. Mais, chez nous, il coûte à
peu près 350 $ par mois pour un étudiant de partager un appartement
à Sherbrooke, donc il y a un plafond sur lequel on peut charger nos étudiants
pour rester en résidence. Donc, quelqu'un pourrait nous dire : Mais
chargez plus cher, mais on perdrait ces étudiants-là.
Donc, c'est
pour ça qu'on se retrouve dans une situation... Et, je le dis, je le dis au
ministère avec tout le respect, le
défi de Bishop's, ce n'est pas un défi de coûts. C'est sûr que n'importe quel
organisme avec un budget de 40 millions, 49 millions de dollars peut trouver des façons d'opérer d'une façon
plus efficace. Nous avons fait beaucoup d'efforts de 2008, nous allons encore en faire. Mais notre
problème, c'est un problème de revenus. Et notre revenu est basé sur
quoi? Le nombre d'étudiants et le montant
d'argent qu'on reçoit par étudiant. Le modèle, si je peux... le modèle à faire
n'est pas compliqué, hein, soit que vous augmentez le nombre d'étudiants ou
vous augmentez l'argent que vous recevez par étudiant,
soit parce que l'étudiant paie, la famille paie ou le gouvernement le fait par
allocation. Ça, c'est simple. Mais je vous dis que c'est pour ça que
nous sommes devant les défis financiers auxquels nous faisons face aujourd'hui.
• (9 h 50) •
Mme
Hivon :
Merci. Je vais vouloir revenir à la formule de financement parce que vous aviez
commencé aussi à en parler, là. Vous
venez d'en redire un mot, mais vous aviez été un peu interrompu dans votre
lancée, donc je vais y revenir.
Mais avant,
juste pour terminer sur la situation financière, est-ce que vous pouvez me
rappeler l'effort budgétaire, cette
année, en 2015-2016, qui vous est demandé en termes de compressions? Êtes-vous
capable de... Je sais que ça n'a pas été confirmé et finalisé, là, mais
dans l'estimé de compressions qui vous reviendraient au printemps.
M. Goldbloom (Michael) : ...à France
de vous répondre.
Mme Gervais (France) : C'est de
l'ordre de 2 millions par année.
Mme
Hivon :
2 millions? O.K. Parfait. Quelles mesures spécifiques vous avez prises
pour absorber au mieux que vous
pouviez cette compression-là? Il y a beaucoup d'universités qui sont passées
depuis le début de la semaine qui ont dit qu'elles laissaient notamment des postes de professeur vacants, elles
avaient revu certaines offres de programmes. Je lisais, en ce qui vous concerne, que vous pensiez qu'en
diversifiant l'offre que ça allait améliorer, je dirais, la venue
d'étudiants, mais j'étais curieuse de savoir s'il y a des mesures vraiment
particulières administrativement, mais aussi qui touchent peut-être l'embauche de professeurs. Il y en a qui
n'ont pas pu le faire parce que les conventions collectives prévoient
automatiquement l'embauche des professeurs.
M. Goldbloom (Michael) : Je
demanderais à Miles de commencer, ensuite France, et j'ajouterai après.
Mme
Hivon : Pas juste
cette année, là, mais, je dirais, peut-être depuis deux, trois ans.
M.
Turnbull (Miles) : Oui, en
général. Bon, alors, notre plan vise un mélange de nouveaux revenus et de
contrôle des dépenses. En termes d'embauche
de nouveaux professeurs, nous sommes une des trois universités du Québec qui
a un plancher d'emploi dans la convention
collective. Alors, nous respectons la convention collective et, alors, nous
embauchons des professeurs en conséquence dans des domaines... En termes de
priorité accordée pour l'embauche de profs, c'est toujours dans des domaines où
la demande est importante, où c'est rentable ou, au moins, subventionné.
Alors, en
termes d'innovation, de nouveautés, je vais vous donner un exemple d'un nouveau
programme qui va nous permettre, bon,
je pense, d'attirer de nouveaux étudiants, une nouvelle clientèle à un autre
niveau. En administration, nous prévoyons un certificat qu'on va appeler
«certificate in management». Ce n'est pas un certificat qui vise des diplômés
de l'administration, mais des diplômés de d'autres disciplines, qui va offrir à
ces diplômés, mettons, d'art dramatique ou de sciences sociales, de
psychologie, etc., d'apprendre des meilleures pratiques en administration pour
pouvoir mieux intégrer dans différents domaines, différentes disciplines. Là,
c'est un programme qui est assez rare au Canada — dans
le monde anglophone, au moins — et
c'est très populaire pour des... ça donne une spécialisation à des
étudiants de premier cycle et qui les prépare mieux encore pour l'intégration
professionnelle.
Mme
Hivon : Est-ce
qu'il y a eu beaucoup, par exemple,
de postes dans d'autres secteurs où on a fait une rationalisation avec
les départs à la retraite? Est-ce qu'il y a eu des mesures administratives?
M.
Goldbloom (Michael) : Premièrement, nous sommes, si je peux utiliser le mot, en austérité depuis 2008.
Donc, ce n'est pas comme si c'est quelque chose qui est arrivé cette année ou l'année dernière. Ça étant
dit, on essaie toujours de revoir...
Nous venons d'abolir... Nous avons, je pense, si vous regardez les chiffres,
l'équipe de cadres qui est probablement la plus petite des universités.
Les seuls domaines où nous avons un peu plus, c'est dans le recrutement
d'étudiants et dans la levée de fonds pour
des raisons, je pense, qui sont évidentes, mais nous avons pris la décision
récemment de fermer le poste de
directeur des terrains et bâtiments et de fermer le poste de directeur de l'information technologique. Donc, ce n'était pas...
C'est sûr que, chaque fois que quelqu'un quitte,
on se pose la question pas une fois, mais trois fois : Est-ce qu'il y
a une autre façon de le faire? Mais de vous dire qu'il y a un gel dans
l'embauche... Quand vous avez des départements avec une personne ou deux personnes, vous ne pouvez pas couper ça par 10 %. Si je peux l'illustrer... Et je ne veux
pas faire un long plaidoyer de problèmes, mais mes trois collègues, les trois
vice-principaux de l'université, O.K., ils ont une secrétaire qui les aide, tous les trois. O.K.? Le bureau du recteur de
l'université Bishop's, c'est deux personnes. Donc, c'est sûr que nous
allons continuer de regarder où on peut couper, est-ce qu'il y a d'autres
façons de le faire.
C'est une
année de négociation de convention collective avec nos employés, donc on a été très transparents avec eux. Je pense que tout le monde veut que cette université-là
survive et réussisse et je suis très touché et confiant que notre communauté universitaire va continuer à
tout faire pour trouver une façon de retourner à l'équilibre. Nous allons
faire notre part, mais je vous dis que sans... Et nous avons des idées de
comment augmenter les revenus. Miles en a parlé, d'un programme académique, il y a un autre dans l'éducation. On regarde — le
grand débat dans toutes les universités — le
prix du stationnement. O.K.? Nos étudiants...
Mme
Hivon : Pas juste
les universités, les hôpitaux.
M. Goldbloom (Michael) : C'est ça, c'est
ça.
Le
Président (M. Habel) : Merci beaucoup. Nous allons passer maintenant au prochain bloc avec le gouvernement, et je passe la parole au député
de Sherbrooke, qui connaît bien votre université, j'en suis sûr.
• (10 heures) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Vous avez tout à fait raison. Et,
évidemment, on est très choyés d'avoir M. Goldbloom et son équipe
ici, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, parce qu'on est aussi très chanceux d'avoir l'Université Bishop's à Sherbrooke, dans l'arrondissement Lennoxville, qui est un très beau campus
qui participe beaucoup au rayonnement de
notre collectivité, qui participe beaucoup à la vie collective aussi, comme vous le
disiez dans votre présentation, et aussi — et M. Goldbloom le
soulignait à juste titre — qui
a une belle collaboration avec l'Université de Sherbrooke. Et ça, je trouve que
c'est un modèle pour l'ensemble du réseau universitaire, qui est souvent marqué
par la compétition, on va se le dire, là. Mais je trouve qu'il y a une très
belle complémentarité entre l'Université Bishop's et l'Université de
Sherbrooke, et je pense que ça mérite d'être souligné.
Ceci étant
dit, il y a quand même un certain élément de compétition, M. le Président.
M. Goldbloom, tantôt, parlait des
Gaiters, là, son équipe de football. Alors, il n'est pas sans savoir que, pour la prochaine saison, je suis grand
capitaine du Vert et Or de l'Université de Sherbrooke et que j'ai rencontré les joueurs à l'aube de
leur camp d'entraînement la
semaine dernière, et ils sont en dangereuse forme. Alors, ça, ce
n'est pas des bonnes nouvelles pour vous, et je peux vous dire qu'on va gagner la Coupe du maire contre votre équipe le
31 octobre prochain. Alors, je
pense que ça va être un bon rendez-vous
pour la communauté sherbrookoise, et on va avoir beaucoup de plaisir.
M. Goldbloom, lorsque vous êtes devenu principal
de l'Université Bishop's en 2008, il y avait une situation difficile. Vous avez
même déjà dit dans les médias que c'était presque une situation de crise, une situation
que votre administration a redressée, et vous avez dit tantôt dans vos
remarques que, sans demander plus au gouvernement... Présentement, on est dans
une situation où plusieurs universités font face à des déficits, qui viennent
demander plus au gouvernement, un gouvernement qui a des ressources aussi très
limitées, étant donné l'état des finances publiques du Québec.
Alors,
je voudrais revenir un petit peu sur cette époque-là, à 2008, et que vous y
alliez de façon un peu plus explicite sur les gestes que vous avez posés
pour redresser la situation dans votre institution.
M.
Goldbloom (Michael) :
D'accord. Bon, premièrement, je vous explique un peu le contexte. En 2000... je
ne sais pas si c'était 2004 ou 2003, en
Ontario, le gouvernement de l'Ontario a décidé d'abolir la 13e année. Donc, sur
une seule année, il y avait les diplômés de
l'Ontario de 12e année et 13e année qui arrivaient sur le marché
universitaire, et les effectifs
étudiants de Bishop's ont augmenté de 1 700
à 2 200 parce qu'il y avait tous ces étudiants d'Ontario qui
sont venus. Mais c'était inévitable que,
quatre ans plus tard, ils seront partis, et on se retrouvait de nouveau à un
niveau d'effectifs étudiants
de 1 700, et Bishop's n'était plus viable à ce montant-là. Donc, on
s'est dit : Notre première priorité, c'est le recrutement
d'étudiants. Nous avons fait des changements dans notre équipe, nous avons
décidé d'investir dans le recrutement et nous
avons réussi à augmenter d'à peu près un tiers le nombre d'étudiants. Donc, ça,
c'était la première chose, mais loin d'être la seule.
Vous savez,
ce n'est pas un chiffre, ce n'est pas une initiative précise, mais c'est
probablement la chose la plus importante,
c'est que nous avons réuni notre communauté universitaire, et on a fixé des
objectifs communs, et on a choisi la transparence
avec nos employés, et je crois que... Je vous donne encore un petit exemple,
mais, au mois de décembre, en 2009,
on faisait face à ce défi de recrutement d'étudiants. Nos étudiants ont décidé
de retourner dans leurs écoles à Noël pour
parler de Bishop's, pour encourager les étudiants de penser de venir chez nous.
Donc, je peux vous donner plusieurs exemples
de comment nos professeurs... Pour le recrutement, un étudiant qui veut venir à
Bishop's, qui arrive sur notre campus,
il rencontre un de nos professeurs. S'il a l'intérêt d'étudier en biologie, le
professeur de biologie, même un samedi, sera présent pour rencontrer cet
étudiant-là.
Donc, je peux
vous donner d'autres choses précises, mais je n'ai pas de formule. Ce que je
vous dis, c'est que c'était une
détermination de notre communauté totale pour s'assurer que les choses
s'améliorent. Après ça, on a parlé de cette initiative — ça prend
un peu de courage — cet
investissement dans la géothermie. Ça nous sauve, quoi, 400 000 $
par année, qui est important quand vous
considérez notre budget. Donc, je pense que c'était un... On l'a fait pour
l'argent, on l'a fait parce que ça a un impact environnemental très, très
positif. Donc, il y a ça.
Il y a une
autre chose que nous avons changée. Le processus pour devenir doyen d'une de
nos facultés, avant 2008, c'était une élection parmi les professeurs de
la faculté. Et je ne dis pas que ça n'a pas donné des bons résultats, mais,
évidemment, c'était très difficile pour quelqu'un de l'extérieur de se
présenter dans un concours avec une élection où il y avait des candidats internes. Donc, encore avec la collaboration de
nos facultés, on a changé l'approche, et maintenant nous avons un processus de sélection où des
candidats externes sont capables de
se présenter, et nous avons... notre nouvelle doyenne de la Faculté d'administration, Francine Turmel, en fait, était doyenne à
l'Université de Sherbrooke, notre doyenne de la faculté d'éducation, Marie Josée Berger, était doyenne de la
Faculté d'éducation à l'Université d'Ottawa. Donc, je pense, aussi on a
réussi à amener des gens pour faire partie de notre équipe.
Et la
dernière chose, c'est un peu de la chance, je vous dirais, mais il y a,
comme je vous ai dit tantôt, un certain nombre de personnes parmi nos professeurs qui ont pris la retraite, et
c'est un... comment dirais-je? «A buyer's market», c'est un marché
d'acheteurs pour professeurs maintenant. Donc, on a recruté des jeunes
professeurs d'une qualité exceptionnelle qui font des efforts exceptionnels.
Donc, je
pense que ce sont des éléments... Je ne pense pas qu'il y a de formule, là, que
je pourrais dire à une autre université : Si vous faisez ça, vous
allez régler vos choses, mais c'est ça que nous avons fait.
Le Président (M. Proulx) : Il
vous reste 5 min 29 s, M. le député.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci, M. le Président. Bien, effectivement, il n'y a
peut-être pas de recette exportable, mais,
à tout le moins, je pense que votre détermination et la volonté de vous prendre
en main peuvent être une grande source d'inspiration pour les autres
institutions universitaires, et ça, je pense, c'est, encore une fois, un très
bel exemple à suivre de la part de votre institution.
Un autre sujet que je voudrais aborder avec
vous, qu'on peut difficilement éviter, M. Goldbloom, on avait beaucoup entendu parler de vous dans les médias au
printemps dernier en raison de la polémique, je dirais, qui a découlé de
la double prime de départ qui vous avait été
octroyée par l'université, double prime à laquelle vous avez renoncé. Et
je pense que c'était la bonne décision à prendre dans les circonstances, et
c'est tout à votre honneur de l'avoir fait, très sincèrement. Mais tout ça...
Et il y a eu la situation de l'Université Bishop's, il y a d'autres cas dans
les médias qui soulèvent beaucoup toute la
question de la rémunération globale des hauts dirigeants universitaires, et,
dans le contexte dans lequel on vit
présentement, dans lequel les universités québécoises sont, le contexte dans
lequel les finances publiques du
Québec sont présentement, je voulais voir un petit peu avec vous s'il ne
devrait pas y avoir une prise de conscience du milieu universitaire pour adresser cette question-là. Est-ce qu'il y a
d'autres universités, d'autres universités... Le réseau dans son
ensemble ne devrait pas avoir une prise de conscience par rapport à la
rémunération des hauts dirigeants des universités? Est-ce qu'il n'y a pas des
efforts à faire de ce côté-là aussi?
M. Goldbloom (Michael) : Je vais
répondre à votre question, mais je vais demander, premièrement, à notre
président du conseil. C'est lui qui est responsable pour engager le recteur,
donc, je pense, ce serait bien que Me Hall commence.
M. Hall
(Robert) : Oui. La question est bonne. Il y a effectivement eu
beaucoup de bruit dans les journaux, il y a
environ... ça doit faire un an, là, peut-être un petit peu moins, à ce sujet,
puis je dirais essentiellement trois choses. Une
petite correction, vous avez fait référence à une prime de départ. Ce n'est pas
une prime de départ, c'est une rémunération
différée. C'est comme ça que ça a été négocié et, à l'époque, c'était... Et
c'est le deuxième point, je pense, c'est très important, le contrat a été négocié avec M. Goldbloom par le
conseil de l'époque. Je n'y étais pas, mais j'ai pris le temps de regarder le dossier, j'ai consulté
celui qui était président du conseil à l'époque. Selon ce que j'appelle des
règles de gouvernance exemplaires, les conditions de son contrat sont des
conditions de marché, des conditions qui ont été comparées à des postes similaires, à des universités similaires. M.
Goldbloom a fait référence — ou peut-être c'est Miles qui y a fait référence — aux autres universités Liberal Arts du
Canada, et on a pris la peine de vérifier les conditions qui étaient offertes pour des postes dans les
universités similaires à travers le Canada, et les conditions qui ont été
offertes et négociées avec M. Goldbloom reflètent ce qui était le marché à
l'époque et ce qui est le marché encore aujourd'hui.
Aussi,
un autre point de grande importance, ça a été fait en toute transparence, en transparence avec la
communauté universitaire et le ministère. Et, à l'époque de la négociation
initiale, qui était en 2008, et quand ça a été renouvelé il y a maintenant
deux, trois ans... Puis, bon, c'est malheureux, quant à nous, que cette
polémique ait été soulevée sept, huit ans
après la négociation initiale. Et, pour des raisons sur lesquelles je
ne m'étendrai pas, finalement, Michael, il a pris ce que vous décrivez comme étant la bonne
décision, mais, honnêtement, je ne connais pas beaucoup de dirigeants
qui auraient renoncé à 20 % de leur salaire. Mais... essentiellement
l'implication de Michael dans l'université puis la communauté à
Lennoxville.
Mais
le dernier point que je ferais sur ce sujet — puis c'est un point qui est, je pense,
commun et général à toutes les universités, et ça vient un peu de mon
expérience en affaires — c'est
que, si vous voulez que votre entreprise ou votre
institution performe, il faut que l'entreprise soit dirigée par les meilleurs.
Et, surtout quand vous êtes en moment de crise, ce n'est pas le temps d'économiser pour des affaires comme vous
mentionnez. Je le sais que ça peut sembler difficile à croire ou à comprendre, mais, si vous n'avez pas
des gestionnaires chevronnés pour vous guider à travers les périodes difficiles, les chances que vous arriviez à bon
port sont réduites de beaucoup. Je peux vous en parler parce que
Cascades a fait sa renommée dans la reprise
d'entreprises, et nous avons appris tôt dans le processus que, si les
dirigeants qui sont en place ne sont pas les meilleurs et ils ne sont
pas rémunérés en fonction des objectifs qu'on fixe, qui sont souvent
extrêmement difficiles, bien, probablement que vous n'y arriverez pas.
Michael, il a été
engagé dans une période très difficile, on lui a donné des objectifs
extrêmement difficiles. Non seulement il les
a rencontrés, il les a dépassés, lui et son équipe. Et, pour moi, c'est
quasiment inacceptable, ce qui est
arrivé. Mais, qu'est-ce que vous voulez, nous vivons dans un monde où tout est
public, et, malheureusement, il y a des décisions qui se prennent dans
un contexte, des fois, difficile à comprendre, et c'en est un, honnêtement.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Habel) : Merci beaucoup. Nous allons passer maintenant au
bloc de la deuxième opposition...
M. Goldbloom (Michael) : ...je trouverai un moment avant la fin que...
J'aimerais continuer une réponse à ça.
Le Président (M.
Habel) : Oui. O.K. Nous allons passer au bloc de la deuxième
opposition avec le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Et je vous écoute très
attentivement. Merci de votre présentation. Mais, comme j'allais continuer dans le même thème, pour
bien comprendre la situation, je vais vous permettre de prendre une ou
deux minutes pour compléter, puis, après ça, on poursuivra l'échange.
M. Goldbloom
(Michael) : Je dirais, premièrement, que la transparence, à mon avis,
est essentielle dans ces questions-là. Donc, je suis tout à fait à l'aise avec
un examination de ma rémunération, de la rémunération des autres recteurs. Je pense que la transparence est
l'essentiel pour la confiance du public. C'est délicat de parler de soi-même,
mais je vous dis simplement : Quand je suis entré en fonction en 2008,
j'ai décidé d'envoyer mon contrat aux syndicats de Bishop's, on l'a posté sur notre site Web, je l'ai envoyé au
gouvernement, donc les médias l'avaient. Pourquoi c'est devenu une
question cette année quand c'était public depuis 2008? Mais je crois beaucoup à
la transparence. Ça, c'est la première chose.
Me
Hall a parlé de la concurrence, et, je pense, c'est quand même important qu'on
reconnaisse que, dans n'importe quel
domaine, il faut avoir une relation qui est raisonnablement concurrentielle si
on veut attirer les meilleurs professeurs. Une des choses que Bishop's a
faites quand je suis arrivé, on a identifié un certain nombre d'universités
québécoises et les trois universités dans
les Maritimes dont je vous ai parlé tantôt et on s'est dit : On va avoir
une rémunération pour nos professeurs
au moins équivalente à sept des petites universités au Québec et les trois qui
nous ressemblent le plus. Pourquoi? Parce que c'était essentiel pour
nous d'attirer et garder les meilleurs professeurs. Donc, la rémunération, dans
notre société, c'est un des éléments importants.
Ça
étant dit... Et là je vous dis : Je ne connais pas en détail la situation
de chacun de mes 17 collègues, mais je trouve
que nous nous sommes fait beaucoup de tort, ce que nous avons vécu durant la
grande controverse au sujet des droits de scolarité. Les débats ont
débordé sur tout autre chose, sur beaucoup d'autres choses, et ce que j'ai
trouvé dommage, c'est qu'il y avait une
perception que nos institutions sont mal gérées, que les recteurs sont... je ne
veux pas utiliser des mots extrêmes,
mais qu'ils ne sont pas responsables, de la façon qu'ils sont rémunérés, de la
façon qu'ils gèrent. Et, à un moment donné, si on continue à critiquer
la qualité de nos institutions, je pense que ça a un impact sur la population
en général. Merci.
M. Roberge : Je vous remercie d'en
discuter si ouvertement et je suis d'accord avec un constat qu'il y a un danger, quand on attaque l'administration des
universités, de s'attaquer à l'institution puis qu'après ça, quand on
veut mieux financer
nos universités, bien, le peuple ne suit pas parce qu'il dit : Bien là, on
ne veut pas financer davantage un réseau
qui est mal géré. Il y a une espèce de contre-courant. Ça ne nous empêche pas
de faire notre travail en sachant que, des fois, il y a les deux côtés
de la médaille, et, comme parlementaires, on a fait partie de ce film-là puis
on l'assume.
Je suis
obligé de vous dire que, pour rétablir la confiance, la transparence est
essentielle, puis vous avez montré patte
blanche, comme on dit, l'expression, vous avez été transparent. Et, suite à la
controverse, vous avez... je dis vous, mais,
en fait, c'est l'institution a apporté une modification, là, peut-être pour
essayer de regagner la confiance. Reste que c'est un choix que l'institution a posé. Vous auriez pu ne pas le poser
dans le cadre législatif actuel. Parce que la transparence et l'impuissance amènent la colère, parce que, si on voit
en toute transparence quelque chose qui déplaît aux parlementaires et au
peuple et on dit : Continuez de le financer, et vous n'avez de pouvoir que
celui de critiquer, ça pose un problème.
Donc là, moi, je constate que vous avez choisi, là, de modifier la situation.
Par contre, vous auriez pu ne pas le
faire. Est-ce que vous croyez qu'au niveau législatif le gouvernement, les
parlementaires devraient avoir peut-être
une meilleure prise? Je sais que l'autonomie des universités, c'est un principe
important, mais, en même temps, chaque principe
a son corollaire, son inconvénient. Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y
aurait peut-être un rééquilibrage à faire, là, pour que le gouvernement
ait une meilleure prise?
M.
Goldbloom (Michael) :
Premièrement, je veux simplement que ça soit clair, ce n'est pas l'institution
qui a pris la décision, c'est moi qui
ai pris la décision. Ce n'était pas une décision du conseil, c'est une décision
que j'ai prise. Je l'ai prise pas
parce que j'étais le moindrement inconfortable avec mes conditions de travail.
Nous avons fait une étude, c'était en
conformité avec ce qui existait ailleurs, mais je n'étais pas prêt à permettre
que ma situation personnelle nuise à la situation de mon université.
C'est ça, le choix que j'ai fait.
Et, en ce qui
concerne est-ce que le gouvernement devrait intervenir plus, moi, je crois à
cette notion d'autonomie universitaire.
Je pense que c'est une des forces de notre réseau, c'est le fait que nous avons
des institutions qui ont une indépendance,
qui sont redevables à vous parce que nous recevons l'argent public, mais, quand
même, qui a une autonomie. Et, pour
ça, moi, où je mettrais l'emphase, c'est sur la gouvernance, et c'est là...
Nous en avons parlé, on a changé d'une gouvernance avec 62 personnes,
qui était notre conseil d'administration — il y a 62 personnes, il n'y a
personne qui gère vraiment ou qui
contrôle — à un
conseil de 17, un conseil de 17 qui comprend trois professeurs, un cadre
intermédiaire, un employé, un étudiant et
des gens de l'externe qui ont beaucoup d'expertise dans le domaine juridique,
dans le domaine des ressources humaines. Donc, c'est le conseil, je pense, qui
est là, et je peux vous dire, dans notre cas à nous, notre conseil nous suit
d'une façon très, très près pour s'assurer qu'on utilise l'argent que nous
recevons de façon la plus responsable.
Un des atouts
du réseau universitaire québécois, c'est sa diversité. Nous avons le réseau des universités du Québec, nous avons des universités à charte, nous avons
des universités en région, nous avons des universités monodisciplinaires.
Je crois que c'est important de laisser
l'obligation envers le conseil et avec la personne nommée par le conseil, le
recteur pour gérer l'institution... de le
faire d'une façon responsable. Donc, je pense, d'essayer de trouver une
solution mur à mur de contrôle de la rémunération des recteurs... moi,
je ne pense pas que c'est une bonne solution.
• (10 h 20) •
M. Hall (Robert) : Je peux ajouter quelque
chose?
M. Roberge : Oui, rapidement.
M. Hall (Robert) : Je veux juste...
Un point à ne pas oublier, moi, je crois fortement dans la compétition. La
compétition entre institutions est un élément positif parce que ça amène
l'innovation, comme on voit dans le monde de
tous les jours dans l'économie. Et cette indépendance, ça accentue la
compétition. Et c'est une saine compétition, il ne faut jamais oublier ça. Moi, je considère que c'est un élément
extrêmement important pour les universités, le réseau universitaire du
Québec.
M.
Roberge : Merci. Dans un
tout autre registre, je regarde votre effectif étudiant, il y a des
particularités quand même. Je vois que, dernièrement, il y a
eu une très forte croissance des étudiants au premier cycle... non, une
décroissance à temps partiel. Je sais que
vous êtes une université... vous êtes de résidence, là, donc, mais ça, ça n'a
pas changé, vous n'avez pas fermé des
résidences, ouvert des résidences. Donc, qu'est-ce qui fait qu'il y a
eu une modification comme ça? Je vois une baisse de presque 44 % de
l'effectif à temps partiel. Pourquoi?
M.
Goldbloom (Michael) : C'est
une excellente question que l'on se pose. Quand on a regardé... Je ne
sais, Miles, si tu as un début de réponse, mais je vous dirais qu'on
n'est pas certain.
M.
Turnbull (Miles) : Oui.
Jusqu'à tout récemment, on n'avait personne pour faire des analyses
institutionnelles. Nos compressions
budgétaires faisaient en sorte qu'on n'avait personne pour faire ce genre
d'analyse. Nous poursuivons des
analyses de ce genre-là. C'est une très bonne question. En quelque sorte, nous
essayons d'encourager nos étudiants qui sont classés temps partiel de suivre plus de cours en même
temps pour qu'ils finissent leur diplôme plus rapidement. Alors, en
partie, c'est cela. Nos étudiants temps partiel, c'est en partie l'éducation
permanente, des cours de soir, etc. La population de la région change. D'ailleurs,
je voulais ajouter que nous venons, cette année, d'investir dans une
refonte de notre département d'éducation permanente et je pense que vous allez
voir des changements, une hausse, là. Je suis optimiste
que vous allez voir une hausse dans l'offre de cours à temps partiel, dans la
formation continue, permanente pour des
gens, mettons, des gens qui travaillent à temps plein qui vont venir faire un
cours ou deux dans un champ d'intérêt.
M.
Roberge : Très important que la formation de base, la formation
continue aussi maintenant, ça fait partie de
l'économie du XXIe siècle. Je vois aussi une autre grande
variation dans votre effectif étudiant, les étudiants étrangers. Je vois
une hausse de 104 %, c'est énorme, là. Est-ce que vous avez fait des
efforts majeurs pour recruter à l'étranger? Comment ça se fait que, tout à
coup, là, il y a plus d'étudiants de l'extérieur qui viennent étudier à
Bishop's?
M. Turnbull (Miles) : Nous avons des étudiants sur le campus de Bishop's de 50 pays du monde.
Une de nos compétences, c'est la compréhension interculturelle, et nous
croyons fortement à ce qu'on ait une diversité de la clientèle étudiante sur
notre campus pour enrichir l'expérience.
Dans
ces chiffres-là que vous regardez, il y a un bon nombre, un certain pourcentage
d'étudiants qui viennent à Bishop's en échange. Alors, ils sont là
pendant une session, peut-être une année scolaire. Mais c'est vrai que notre
clientèle de l'étranger inscrite à un programme augmente, et ce, de façon
intentionnelle. Nous recrutons à l'étranger, oui.
Depuis longtemps, nous recrutons aux États-Unis, surtout dans les États de la
Nouvelle-Angleterre. C'est logique, ce n'est
pas loin. Il y en a beaucoup qui veulent venir au Canada profiter de l'excellente expérience éducative,
mais aussi des frais de scolarité intéressants.
Nous
avons des pays cibles où nous recrutons. Entre autres, nous travaillons avec une agence qui recrute en
Chine, en Arabie saoudite, en Corée et en Russie. Et nous visons aussi
l'Amérique latine, par exemple la communauté colombienne, qui semble
s'installer et rester à Sherbrooke. Alors, on a un intérêt pour l'étranger,
c'est certain.
M.
Roberge : Vous avez répondu pour ce qui est de la communauté
colombienne. Je voulais, justement, savoir si, justement, il y avait une bonne rétention ensuite de ces étudiants-là
dans la région. Donc, je comprends que oui, ils ont tendance à rester
ensuite.
Côté
financement, ma collègue en a parlé tout à l'heure, puis vous avez dit que
l'université est dans une période d'austérité
depuis 2008, là. Manifestement, on a un problème de sous-financement. Plusieurs
universités vont chercher de l'argent
avec des subventions de recherche, des contrats de recherche, c'est quelque
chose qui s'observe moins chez vous. Est-ce que vous avez un plan
d'action, peut-être, question de rattrapage de ce côté-là? Parce que vous avez
quand même beaucoup de profs. Souvent, on
performe peut-être moins en recherche quand on a beaucoup de chargés de
cours, vous avez beaucoup de profs. Est-ce qu'il y a une stratégie pour
peut-être davantage faire votre place au niveau des subventions et des
contrats?
M. Goldbloom
(Michael) : Je vais débuter et demander à Miles de compléter. La
recherche est un élément important dans toutes les universités, mais il faut
comprendre que notre grande priorité, c'est l'enseignement. Donc, on veut aider nos professeurs qui ont des dossiers
de recherche d'aller chercher cet argent-là pour les aider, mais je vous
dirais que notre grande priorité, c'est
d'avoir des professeurs qui veulent être en classe et enseigner. Donc, je ne
pense pas que la recherche... On a investi, on a augmenté l'argent que nous
recevons pour la recherche, mais, à mon avis, ça restera toujours un élément
pas très important pour nous.
Vous
parlez de financement des universités. Moi, je vous dirais, une des choses que
les universités ont faites que nous
ne voulons pas faire... Et, je pense, c'est une réflexion que vous devriez
avoir, que le Québec devrait avoir, la façon que les universités... Moi, je parle, à travers le Canada, comment
est-ce qu'ils ont fait face aux défis financiers des derniers 10, 20 ans. Une des formules qu'ils ont utilisées,
c'est d'avoir des classes de plus en plus grandes. C'est évident que
c'est moins cher d'avoir un professeur avec
400 étudiants que d'avoir un professeur avec 40. Donc, l'expérience à travers
le Canada... ce n'est pas seulement le
Québec, mais l'expérience pour les étudiants de premier cycle, de plus en plus,
c'est une expérience où ils ont très, très peu de contacts avec leurs
professeurs. Dans beaucoup de situations au Québec et au Canada, un étudiant
pourrait rencontrer son professeur au mois d'avril, avec qui il a suivi un
cours depuis le mois de septembre, et le professeur n'aurait la moindre idée de
qui c'est, même que cet étudiant était dans sa classe. Donc, une des formules
qui était utilisée, c'était... Je ne connais pas l'expression en français,
mais, jusqu'à un certain point, «undergraduate education» est devenu un «cash
cow» pour financer l'éducation de deuxième...
Une voix :
Vache à lait.
M. Goldbloom (Michael) : Vache à lait, merci. Une vache à lait pour le
deuxième et troisième cycle, et c'est ça que nous résistons. Je ne dis pas que tout le monde devrait faire comme
nous, mais la façon la plus facile pour nous serait d'avoir des classes beaucoup plus grandes, d'avoir
moins de professeurs permanents, plus de professeurs à contrat, qui est
le modèle qui est utilisé pas mal en Amérique du Nord pour financer les
universités. Mais ce n'est pas le chemin que nous voulons suivre.
M.
Roberge : Oui, je comprends qu'on... Dans le fond, on dit que chaque
université a sa particularité. Ça, c'est votre couleur, puis vous tenez
à la conserver.
Une petite dernière
question rapide...
• (10 h 30) •
Une voix :
M. Roberge :
Je vais laisser... Ah! tu voulais... Je vais laisser ma collègue députée d'Iberville.
Mme
Samson : Bonjour, d'abord,
tout le monde. Ma question, une facile, vite, vite : Est-ce que
le litige qui vous opposait à la ville de Sherbrooke est réglé ou s'il
est encore... le litige suite aux inondations de 2010.
M. Goldbloom (Michael) : C'est
réglé.
Mme Samson : C'est réglé? Ah! O.K.
M. Goldbloom (Michael) : Je ne
savais même pas qu'on avait une...
Mme Samson : Ah! vous ne saviez pas?
M. Goldbloom (Michael) : Non.
Mme Samson : Ah bon!
M. Goldbloom (Michael) : Je prends
pour acquis que c'est réglé parce que je ne suis pas au courant.
Mme Samson : Bien, c'est une couple
de millions, quand même. Peut-être, Dr Turnbull, vous pourriez me répondre à ceci. Suite au rapport de
M. Childs, où il avait émis des recommandations — en 2012, lui, je pense — est-ce
que Bishop's a des projets de développement
pour la formation aux cycles supérieurs plus importants que par le passé?
Si je ne me trompe pas, ça faisait partie d'une des recommandations de M.
Childs.
M.
Turnbull (Miles) : Comme M.
Golbloom vient de le dire, notre mission particulière, c'est la formation
au premier cycle. Ceci étant dit, nous
visons un certain développement au niveau de la maîtrise ou de certificats du
niveau de la maîtrise pour complémenter
peut-être des sources de revenus dans des niches particulières, là où il y a un
marché évident, comme le certificat dont j'ai parlé en gestion,
administration, comme un certificat spécial en éducation pour des professeurs
en action qui veulent se spécialiser dans l'enseignement de l'anglais intensif,
comme dans un certificat, microprogramme qu'on fait en collaboration avec
l'Université de Sherbrooke au niveau de la maîtrise sur les effets climatiques, où ils viennent faire un cheminement
bilingue... de Sherbrooke, qui sont inscrits à l'Université de
Sherbrooke dans la maîtrise en sciences
environnementales, et ils viennent à Bishop's pour faire une partie de ce
programme-là en anglais. Et ça comprend aussi un projet expérientiel sur
le champ... qu'ils feraient en anglais sur l'effet climatique.
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup... le temps alloué pour la deuxième opposition. Nous allons
maintenant passer au prochain bloc avec le député de Jean-Talon pour un dernier
bloc de 13 minutes.
M.
Proulx : Merci beaucoup, M.
le Président. D'abord, merci d'être ici. C'est extrêmement intéressant de
vous entendre et, je vais dire, rafraîchissant parce que vous parlez vrai, vous
parlez de formation, vous parlez d'avenir. On parlait hier avec une de vos
collègues... ou c'était la présidente, pardon, du siège social des UQ qui
disait que faire la formation aux études
supérieures comme vous le faites, là, c'est planifier l'avenir, puis c'est
intéressant de voir que ça planifie de bien des façons. Nos communautés
sont différentes. Elles habitent sur un territoire qui est vaste. Elles se ressemblent, ont toutes un tronc commun, si vous
me prêtez l'expression, beaucoup de points, beaucoup de choses qui les réunissent, mais il y a effectivement des
particularités, des différences qu'il faut préserver. Et la façon dont on
dispense... prêtez-moi le mauvais mot, la
façon dont on donne cette formation-là à la grandeur du territoire, là, est
très intéressante parce que c'est
très diversifié. Et ça, moi, je connaissais peu votre université, et je suis
très heureux d'avoir l'occasion de vous entendre aujourd'hui.
Il me vient quelques questions qui sont beaucoup
plus philosophiques, je vous dirais, que pratiques sur la reddition de comptes que nous faisons aujourd'hui.
Mais il y en a une, par exemple, qui m'a interpelé tout au long des rencontres que nous avons eues, c'est l'accès aux
universités pour les étudiants qu'on a dits ou qu'on a définis de
première génération. C'est une réalité, nos
universités ont quelques missions. Globalement pris, une de celles-là, c'est de
permettre à plus de gens possible sur notre
territoire d'acquérir des connaissances et d'obtenir des diplômes. Les gens de
première génération ont un défi
supplémentaire. Les gens que je connais dans cette situation-là — et, depuis une semaine, là, j'essaie de les reconnaître dans mon entourage, et
finalement il y en a pas mal plus que je pensais — ces gens-là ont vécu des difficultés, oui, à l'université, comme les autres
étudiants, mais, en plus, ont dû se battre à la maison pour convaincre
leurs proches que c'était nécessaire pour eux — puis ils le
souhaitaient — d'aller
à l'université.
Vous avez
deux particularités qui font... en tout cas, qui rendent les choses un peu
différentes, si vous voulez, des autres universités que nous avons rencontrées.
Il y a la langue. Moi, je viens d'une région où... Si on va à Bishop's, c'est notamment pour
deux raisons. On va à Bishop's pour la langue, pour apprendre puis pour être
capable de la maîtriser. Puis on y va
également pour aller chercher une formation générale enrichie qui est
différente des formations comme moi, j'ai
fait. J'ai fait un baccalauréat en droit dans le but de devenir un avocat. Vous
avez cette première particularité là, mais vous en avez également une deuxième, c'est que vous êtes un campus
résidentiel. Vous avez la grande majorité des gens qui habitent dans vos
murs.
Alors,
pouvez-vous me parler de cette expérience-là, comment ça fonctionne? Est-ce que
vous avez des statistiques à cet
effet-là? Comment se déroule cet enjeu-là chez vous? Comment on prend charge de
ces étudiants-là de première génération pour s'assurer de leur
diplomation?
M.
Goldbloom (Michael) : La
question est très importante. Ma façon d'y réfléchir, à ça, c'est qu'il y a deux
grands éléments. Le premier, que vous avez soulevé, c'est comment encourager
ces jeunes de choisir de venir à l'université. Ça, ce n'est pas quelque chose... Donc, avant
d'être chez nous, il faut créer un désir, un support, et ça revient un tout
petit peu à ce que je disais tantôt, il
faut, en tant que société, que nous communiquions que les études
postsecondaires, c'est très
important. Il faut le valoriser, et ça, c'est un défi de société dont les
universités ont un rôle à jouer, mais pas tellement important. Il me semble, c'est la société en
général qui devrait ... Évidemment, il faut que ça parte dans nos écoles,
dans nos communautés, il faut que nous, en
tant que Québécois, on communique ces valeurs-là. Donc, comme je l'ai dit,
l'université peut aider à ça, mais nous, notre défi, c'est une fois que les
étudiants sont chez nous.
Je ne pense
pas que nous avons des chiffres sur le combien d'étudiants de première
génération. Nous en avons... J'en rencontre souvent et j'entends souvent
cette histoire, que je suis le premier de ma famille et... Donc, sans faire la promotion de Bishop's, je vous dirais que notre
modèle est presque fait pour des étudiants de première génération. Nous
ne sommes pas une université de «commuters»... Aidez-moi...
Une voix : ...
M.
Goldbloom (Michael) :
Quelqu'un qui fait le va-et-vient. La majorité de nos étudiants ne retournent
pas chez leurs parents en transport
public comme la majorité des étudiants au Canada. La grande majorité des
étudiants restent dans leur ville, et l'université, c'est quelque chose,
ils vont... You know, chaque jour, ils rentrent chez eux soit dans leurs appartements, qui ne sont pas près de
l'université, ou soit chez leurs parents. Ça, ce n'est pas nous. Comme vous
dites, même ceux qui ne résident pas en
résidence chez nous, ils vivent dans les blocs d'appartements qui sont à cinq
minutes à pied.
Donc, nous ne sommes pas une université de
9 à 5, de lundi à vendredi, nous sommes une université de... Les étudiants ne sont pas toujours debout à neuf heures,
mais disons de 9 heures jusqu'à 3 heures du matin. Pas cinq jours semaine, mais sept, donc il y a... On n'est pas
une école secondaire, on ne fait pas le... vérifier l'assistance de
l'étudiant en classe, mais je peux vous
assurer que, quand il n'y a qu'une trentaine, si vous n'êtes pas présent, le
professeur va vous demander au moins la prochaine fois pourquoi vous n'y
étiez pas.
Donc, nous
avons un service professionnel de conseillers pour aider les étudiants. On a
parlé tantôt de l'équipe de football, on a mis en place un programme
pour nos athlètes, pour les aider à bien réussir pas seulement le sport, mais également les études. Nous débutons dimanche un
nouveau programme que nous avons créé pour des étudiants qui ont les
notes un peu moins élevées qui rentrent chez nous cette année. Pour certains
étudiants, on a dit : On vous accepte à Bishop's,
mais c'est sujet à une condition, c'est que vous venez chez nous quatre jours à
l'avance. Et nous mettons un programme pour les aider, comment prendre
des notes dans un cours, comment passer un examen, comment éviter le problème
de beaucoup d'étudiants de premier cycle, de première année,
de se trouver au mois de Noël à... you know, aux examens au mois de décembre et être tellement en retard. Donc,
l'avantage d'une petite université, c'est qu'on est capables de donner
un service beaucoup plus personnalisé.
Donc, je n'ai
pas de solution pour les autres, mais je dis que je pense que notre type
d'université est bien construit pour aider les étudiants de première
génération.
• (10 h 40) •
M. Proulx : Est-ce qu'il me reste...
Une voix : ...
M.
Proulx : Cinq minutes?
Parfait. J'avais deux questions pour vous. Dans les faits, je vous ai entendu
dire tout à l'heure : Notre modèle de gouvernance a passé de... On a
parlé de gouvernance ensemble, les parlementaires et vous, et d'autonomie des universités, vous avez dit : Chez nous, on a passé
d'un conseil d'administration de 62 à 17. Manifestement, ma compréhension des choses fait que je suis d'accord
avec vous, ça doit être beaucoup plus efficace. Le gouvernement, les parlementaires
n'ont pas d'emprise sur ces questions-là parce que c'est du ressort de
l'autonomie des universités. Vous avez
dit : On l'a fait, ça. Puis je l'entends depuis le début de votre
présentation — Me
Hall aussi en témoigne, et les collègues que vous avez avec vous — vous
êtes préoccupés de ces questions-là et vous agissez sur la gouvernance pour la
mettre d'abord au goût du jour, mais surtout de la rendre efficace.
Est-ce que,
quand vous rencontrez vos collègues recteurs, est-ce que, dans le milieu
universitaire, vous sentez que cette
prise de conscience là de modifier la gouvernance, de faire en sorte qu'elle
soit plus efficace, faire en sorte qu'elle soit... Je vais utiliser un mot qui n'est peut-être pas le meilleur,
mais dire «acceptable» aux yeux de tous. Donc, est-ce que vous pensez que
chez vos collègues... Je ne veux pas que vous accusiez personne,
mais est-ce que vous avez l'impression que cette prise de conscience là, elle est en voie
de se faire ou elle se fait de façon à ce que la pression que des parlementaires, par exemple, interviennent auprès des universités soit moins
forte?
M. Goldbloom (Michael) : Je ne sais
pas si ma secrétaire générale, qui est responsable pour la gouvernance,
aimerait peut-être débuter.
Mme
Meikle (Victoria) : Oui, je
vais débuter. C'est très important d'avoir une gouvernance équitable, je
dirais une gouvernance qui tient compte des
constituantes de l'université et qui est aussi efficace. Alors, je pense
qu'on en est très conscients dans le
milieu universitaire, qu'on travaille à développer une telle gouvernance. Mais,
en même temps, c'est très important de ne pas perdre de
vue que les universités sont des organisations uniques et qu'en dépit du fait
qu'on peut penser que leurs structures
uniques mènent parfois à une inefficacité qu'elles protègent des valeurs qui
sont très importantes, dont,
fondamentalement, la liberté de nos professeurs de poursuivre leur travail sans
ingérence indue. Alors, c'est un défi très
important de respecter les opérations académiques et la gouvernance académique
tout en développant des façons efficaces de gérer l'organisation au complet.
Mais, oui, je pense que nous en sommes très conscients. Mais c'est un défi vraiment
unique, je crois.
M. Proulx :
...s'il me reste deux minutes. Vous avez parlé tout à l'heure de la situation
des universités en région. Vous avez
parlé de la situation des universités de petite taille en région, vous
avez dit — et
je l'ai lu également dans la présentation,
là, que vous avez faite — que vous
êtes désavantagés par rapport à la façon dont on finance. Et je trouve que c'est vous qui l'avez dit le
plus clairement tout à l'heure, là, ce n'est pas un plan d'affaires bien, bien
compliqué, là, peut-être de... on finance par tête de pipe, et puis point
final.
Est-ce que
vous êtes capable de nous donner des indicateurs de comment une université
comme la vôtre devrait se retrouver financée? J'ai lu dans votre
présentation qu'il y avait des discussions à cet effet-là. Pour que nous, les parlementaires, puis ceux qui nous écoutent puissent comprendre, quels sont les
indicateurs qu'on devrait mettre dans la feuille de calcul lorsqu'on
souhaite se pencher sur une université comme la vôtre puis de dire : Voilà
un financement adéquat si on pouvait faire autrement de ce qu'on fait
aujourd'hui?
Le Président (M.
Habel) : Tout ça en 45 secondes.
M. Goldbloom (Michael) : Tout ça en 45 secondes. Écoutez,
rapidement, l'impression que j'ai, c'est qu'il faut probablement que le ministère
arrive à une conclusion de... à quel nombre d'étudiants est-ce que
la formule de financement par tête de
pipe fonctionne. Moi, j'ai en tête peut-être moins de 10 000
étudiants, mais c'est peut-être moins de 8 000. Je ne sais pas le chiffre, mais je suis convaincu que
ces économies d'échelle... il faut avoir x nombre d'étudiants pour
permettre que l'économie d'échelle permette que le système de financement par
tête de pipe est suffisant.
Donc,
je sais que notre doyenne d'administration est en train d'essayer de créer un
modèle pour dire qu'il y a des coûts
de base, combien est-ce qu'on devrait évaluer les coûts de base pour opérer une
université. Je crois qu'à mon avis ce n'est pas tellement le fait que
nous sommes en région. Je dirais que Bishop's, même si nous étions au
centre-ville de Montréal, on aurait exactement les mêmes défis. Donc, il faut
trouver une formule de respecter ça.
Le Président (M.
Habel) : Merci.
M. Proulx :
Si vous me permettez...
Le Président (M.
Habel) : Si la deuxième opposition veut prendre le temps...
M. Proulx :
...peut-être les gens de Bishop's à partager... si vous avez éventuellement de
l'information ou de la documentation sur ce
modèle-là, peut-être à le partager avec les membres de la commission de façon à
ce qu'on puisse en apprendre davantage sur votre réflexion.
M. Goldbloom
(Michael) : Oui, avec grand plaisir.
M. Proulx :
Voilà. Je m'excuse de...
Le Président (M. Habel) : Merci beaucoup. Alors, je cède la parole à la
députée de Joliette pour un temps de 13 minutes pour le dernier bloc.
Mme
Hivon : Merci beaucoup. Alors, bien, justement, je pense que
l'enjeu de la formule de financement, bon, avec le rapport récent,
Roy-Tremblay, je pense que ça va être quelque chose de très important, puis
c'est pour ça que, la question, je l'ai
posée souvent. Donc, vous, je comprends que vous dites : Il va falloir
probablement penser à ce que le per
capita soit encore plus modulé. Il y en a beaucoup qui nous parlaient... Il y
en a d'autres qui ont d'autres enjeux, qui est moins le vôtre, mais du temps partiel, parce qu'on ne peut pas faire
l'adéquation parfaite... 10 personnes à temps partiel, c'est quand même 10 humains qui sont sur un
campus, dont on doit s'occuper, et donc il n'y a pas une adéquation
parfaite. Donc, je comprends votre souci aussi. En tout cas, c'est éclairant
pour nous.
Moi,
je voulais voir, vous avez fait des efforts pour augmenter, donc, le nombre
d'étudiants chez vous, ça semble donner
des bons résultats, est-ce que vous voyez un peu une limite à la progression
que vous pouvez atteindre, compte tenu
de vos infrastructures, compte tenu de... et où elle se situe, cette limite-là?
Parce que, quand on regarde, vous aviez joué beaucoup là-dessus pour augmenter les revenus aussi puis augmenter
le bassin, est-ce que vous êtes capables de situer ça? Est-ce que vous
l'avez presque atteint?
M. Goldbloom
(Michael) : Bon, nous avons fait un exercice... Dire en premier, comme
je pense que j'ai dit tantôt, l'augmentation
du nombre d'étudiants a été beaucoup, beaucoup plus importante que
l'augmentation du nombre de
professeurs, mais nous croyons que nous, on est presque rendus au plafond. Si
on veut augmenter les effectifs étudiants, il y aura besoin d'investissements en ressources humaines, de professeurs,
de services aux étudiants, et en salles de classe, et en résidences. Donc, nous avons fait un
exercice théorique qui nous dit qu'on peut se rendre à 2 700, mais ça,
c'est si la distribution d'étudiants
est parfaite. Donc, il y a le maximum d'étudiants en philosophie pour le nombre
de professeurs que nous avons, le maximum d'étudiants en chimie, en
biologie, en histoire. Donc, c'est un seuil plutôt théorique que vraiment
réalisable.
Ça étant dit, nous, on se pose, évidemment,
beaucoup la question. Si la solution, la dernière fois, c'était l'augmentation
du nombre d'étudiants, est-ce qu'il y a
d'autres façons d'y penser? Est-ce que plus de classes, you know, le soir, ou
plus de classes même un samedi, ou... Est-ce
qu'il y a une façon d'augmenter les effectifs sans augmenter l'espace? Ce
n'est pas évident, mais nous regardons cette question-là.
Je
dirais en même temps, les trois universités, dont j'ai fait référence à
quelques reprises, dans les Maritimes, les défis démographiques sont même plus importants chez eux que chez nous,
donc la concurrence pour trouver ces étudiants-là ne serait pas facile. Il y a d'autres gouvernements dans d'autres
provinces qui donnent des incitatifs maintenant importants pour encourager les étudiants de rester dans leur
province. Les familles, en Ontario, qui gagnent moins de
150 000 $...
• (10 h 50) •
Une voix :
...
M. Goldbloom
(Michael) : ...160 000 $ reçoivent une réduction de droits
de scolarité importante...
Une voix :
Le tiers.
M. Goldbloom
(Michael) : Un tiers?
Une voix :
Oui.
M. Goldbloom
(Michael) : Mais je crois même que, pour Bishop's, qu'on est capables
d'aller à l'encontre des tendances
démographiques. Et je crois qu'au Québec nous avons une offre qui est très
intéressante pour les jeunes Québécois,
et en particulier les francophones. Donc, je sais qu'on ne veut pas qu'il y ait
de concurrence entre les universités, mais
je pense que, notre modèle, si c'est mieux connu, il y aura plus d'étudiants
québécois qui vont regarder ça et dire que ça convient à leurs
objectifs.
Mme
Hivon : Donc, vous avez pratiquement atteint votre plafond,
mais vous regardez quand même comment vous pourriez maximiser davantage
parce que je comprends que, pour vous, de par tout ce que vous nous avez dit,
c'est vraiment un élément central pour l'équilibre budgétaire, la rentabilité,
en quelque sorte, de votre université. À cet égard-là,
je me demandais si le recrutement étranger, en fait, vous estimiez qu'il avait
atteint à peu près son plein potentiel ou est-ce que vous pensiez mettre
plus d'énergie encore.
M. Goldbloom (Michael) : Nous avons l'intention encore de mettre plus
d'énergie. Pour une petite université, c'est évident, nous n'avons pas
une grande équipe qu'on peut lancer à travers le monde. Donc, Dr Turnbull
essaie de cibler beaucoup plus où nous serons présents. Par exemple, on va
mettre plus d'efforts en France et on pense qu'on a la possibilité d'augmenter
le nombre de Français... même, nous avons déjà beaucoup. Il y a certains
marchés comme ça. Ça se peut, avec le dollar
canadien, que ce sera plus intéressant pour les étudiants de la
Nouvelle-Angleterre. Ça ne coûte déjà pas très cher, et encore vraiment
pas cher avec le dollar américain. Donc, nous espérons augmenter au niveau
international.
Mme
Hivon : O.K. C'est parce que je ne veux vraiment pas manquer
de temps pour ma dernière question. Mais, juste sur la question des étudiants français, parce que je voyais, en
regardant les documents, que vous, vous avez semblé être heureux du
changement pour les frais de scolarité pour les étudiants français, alors qu'il
y a plusieurs universités qui craignent...
dont certaines qui nous ont dit qu'elles voyaient peut-être déjà un effet de la
baisse du nombre d'étudiants, évidemment,
au premier cycle. Vu que vous êtes beaucoup une université de premier cycle,
j'imagine que vos étudiants français sont au premier cycle. Donc, ce
n'est pas une crainte, vous, que vous partagez?
M. Goldbloom
(Michael) : Non. Et on a regardé cette question récemment, et,
jusqu'ici, on...
Mme
Hivon :
Il n'y a pas de changement.
M. Goldbloom
(Michael) : ...on ne voit pas de changement.
Mme
Hivon :
O.K. Parfait. Et vous misez même plus sur la France pour l'avenir.
M. Goldbloom
(Michael) : Oui.
Mme
Hivon :
O.K. Vous parliez tantôt de l'importance des professeurs et, chez vous, donc,
d'avoir des professeurs, pas trop de chargés
de cours, de garder l'équilibre de cette relation-là privilégiée. Puis, quand
on regarde, en fait, le ratio
d'étudiants à temps plein au premier cycle par professeur, on voit quand même
qu'il est en hausse. Nous, avec les derniers chiffres qu'on a, il serait
passé de 15 à 19, donc, en cinq ans. Je me demandais si c'est un phénomène qui continue à prendre de l'ampleur, donc de... Vous disiez
tantôt, évidemment, que vous ne voulez pas vous en aller vers des modèles comme certaines très grandes universités,
mais est-ce que vous voyez qu'avec la pression qui est la vôtre en ce
moment cette augmentation-là est constante? Et est-ce que ça commence à poser
un problème chez vous?
M. Goldbloom (Michael) : Ce n'est pas notre intention. Ce que nous
regardons, c'est est-ce que les professeurs qui donnent des cours, il y
a, disons, moins de 10 étudiants, est-ce qu'on peut réorganiser les choses pour
que ces professeurs aient un peu plus d'étudiants? Donc, c'est un peu peut-être
en demandant que... Je donne l'exemple que les étudiants en administration, si on
les encourage de suivre un cours de plus dans les humanités, peut-être que ça pourrait permettre d'augmenter le nombre
d'étudiants dans une classe où un professeur n'en aura pas beaucoup.
Mais, si votre question est : Est-ce qu'on est craintifs que nos classes
vont grandir d'une façon importante?, nous avons l'intention de tout faire pour résister à ça. C'est notre modèle, et je
crois que, si on devient comme tous les autres, on sacrifie la chose qui
nous distingue le plus et qui amène les étudiants à venir chez nous.
Mme
Hivon :
Puis, en termes de recrutement de professeurs, est-ce que vous avez le
sentiment que ça se complexifie ou, au contraire, chez vous, ça va bien, compte
tenu, je dirais, de la compétition?
M. Turnbull (Miles) : Je pense que, comme M. Goldbloom a dit tout à l'heure, en fait c'est un
«buyers' market», si vous voulez. On
a de plus en plus de demandes quand on a quelques postes. Les quelques postes
qu'on a affichés, on a plusieurs
demandes parce qu'il n'y en a pas tant que ça. Dans le monde anglophone, au
moins. Alors, c'est très concurrentiel, et les embauches récentes sont
de très haute qualité.
Mme
Hivon :
O.K. Merci. Juste une question sur l'immobilier. Donc, je comprends que vous
avez des défis importants pour vos résidences. Vous avez eu quand même des
bonnes nouvelles en matière, bon, de centre sportif, bon, tout ça. Je voyais le tout dossier du centre du théâtre Centennial.
Est-ce que c'est réglé puis est-ce que c'est sauvé plus que pour la prochaine saison? Est-ce que l'épée de Damoclès
reste là pour l'avenir ou vous avez réussi à avoir une entente?
M. Goldbloom (Michael) : On n'a pas annoncé formellement pour cette année,
mais disons que nous sommes très, très optimistes.
Mme
Hivon :
Pour la prochaine saison.
M. Goldbloom
(Michael) : Pour la saison de cette année, 2015-2016.
Mme
Hivon :
Ça commence bientôt, là.
M. Goldbloom
(Michael) : C'est ça.
Mme
Hivon :
Oui. O.K. C'est pour ça que je voyais que ce n'était pas annoncé dans la revue
de presse.
M. Goldbloom
(Michael) : C'est ça. C'est ça. Mais c'est...
Mme
Hivon :
Je ne vous demanderai pas le scoop aujourd'hui parce que vous n'avez pas l'air
de vouloir nous le donner.
M. Goldbloom (Michael) : Mais je pense qu'on peut être très confiants
qu'avec l'aide du gouvernement, de la ville de Sherbrooke et l'effort de
l'université nous allons réussir à avoir la saison cette année. Mais, je
dirais, il n'y a aucune garantie passé cette
année. Et tout ce que ça va nous permettre de faire, c'est de travailler avec
les partenaires, le ministère de la
Culture, la ville de Sherbrooke, peut-être les autres, le Conseil des arts et
lettres du Québec et peut-être les autres institutions culturelles de
Sherbrooke, d'essayer de trouver une solution.
Mais
malheureusement il faut, dans le contexte actuel, faire des choix. Et la
programmation professionnelle dans le théâtre Centennial, surtout c'est
des citoyens de Sherbrooke qui viennent, il y a très peu d'étudiants de
Bishop's qui y vont. Donc, on ne peut plus
justifier de continuer à subventionner à 200 000 $ par année quelque
chose qui n'est pas vraiment au bénéfice de nos étudiants, mais plutôt
pour la région. Nous espérons qu'ensemble nous allons trouver une solution pour
garder une qualité de performance qui est exceptionnelle.
Mme
Hivon :
O.K. Puis, en terminant, je veux revenir à question des résidences parce que
c'est tellement intrinsèquement lié à votre mission puis à votre manière de
vivre. C'est quoi, pour vous, un peu, le... D'ici quand, au maximum, il faut
qu'il y ait du mouvement pour ce dossier-là, pour que ça puisse commencer à se
mettre en branle? Est-ce qu'on a vraiment atteint un point de rupture où il y a
des problèmes importants, des ailes qui sont à risque?
M. Goldbloom (Michael) : Nous n'avons pas le choix que de débuter le
processus de rénovation. Donc, nous venons,
avec la première résidence, en fait, d'entamer les rénovations, qui seront
payées, une grande partie, à partir d'argent que nous avons de la fondation. Mais ça, ça ne va pas être suffisant
pour le reste. Donc, dans notre plan de redressement, on a mis un
montant, un chiffre de, quoi, 1 million de dollars par année, qui devrait
venir de notre fonds d'opérations pour
financer la rénovation. Donc, est-ce que c'est urgent? Oui, et il faut trouver
une solution. Soit qu'on reçoit de l'argent directement pour ça ou on a
assez d'argent dans nos opérations pour nous permettre de le financer.
Le
Président (M. Habel) : Merci beaucoup. Le temps alloué pour l'Université Bishop's est terminé. Mme Gervais, M. Turnbull, Mme Meikle, M.
Goldbloom et Me Hall, je vous remercie pour la contribution que vous avez faite
à la commission.
Et je suspends quelques instants pour que les
gens de la TELUQ puissent prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 11 heures)
(Reprise à 11 h 6)
Le Président (M. Habel) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
commission de la culture réouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'audition des dirigeants des établissements d'enseignement de niveau universitaire. Aujourd'hui, nous avons le
bonheur de recevoir la TELUQ. Vous disposez d'un exposé de
20 minutes. Par la suite, il y aura un échange avec les parlementaires.
Alors, la parole est à vous.
Télé-université (TELUQ)
Mme
Legault (Ginette) : Alors, merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, membres de la commission, vous
avez devant vous ce matin une nouvelle équipe de direction de la TELUQ qui
s'est vu confier depuis deux ans de nouveaux défis, de nouveaux mandats
et que je vais vous présenter, évidemment, dans les prochaines minutes.
Dans
l'immédiat, permettez-moi de vous présenter les personnes qui m'accompagnent.
Alors, M. Jean Beauchesne, nouveau président du conseil
d'administration, tout nouveau, depuis quelques semaines à peine; alors, Me
Julie Carle, notre secrétaire générale et à la gouvernance; Mme Elena Laroche,
directrice du soutien à l'enseignement, à la recherche
et aux partenariats; M. Martin Noël, directeur des affaires académiques; et Mme
Louise Boucher, directrice du service administratif.
Nous sommes
également accompagnés d'une équipe, je dirais, multidisciplinaire : Mme
Diane Gagnon, directrice des services
financiers; Mme Nathalie Letendre, directrice des communications et affaires
publiques; Mme Ginette Leclerc, directrice
adjointe à la gestion des risques; Mme Marie-Kim Bolduc, directrice exécutive à
la direction générale; M. Luc Bouchard,
notre registraire; et M. Vincent Tanguay, ex-président du conseil
d'administration de la TELUQ, qui a assumé cette responsabilité jusqu'en
juin dernier et qui l'a fait pendant plus de 10 ans.
Alors, vous
comprendrez aisément pourquoi une telle introduction de ma part en insistant
sur l'arrivée récente de notre équipe
à la direction de l'université. Nous souhaitons avoir le privilège d'échanger
avec vous, bien sûr dans une perspective
de reddition de comptes, mais surtout nous voulons partager avec vous, en
filigrane de cet objectif, une réflexion d'ensemble sur le développement futur de notre université et, en
parallèle, sur la formation à distance en enseignement supérieur au Québec. Les défis, les enjeux que
pose cette réflexion sont ceux qui ont motivé chacune des personnes qui
se trouve devant vous à s'associer à cette
période que je qualifierais de relance, de repositionnement de la TELUQ
depuis qu'elle a retrouvé ses lettres
patentes après son détachement de l'UQAM il y a à peine trois ans. Nous
souhaitons, par notre présentation et par l'échange qui suivra surtout,
vous permettre de prendre toute la mesure — si ce n'est déjà fait — du rôle particulier que joue la TELUQ dans
le développement des études universitaires au Québec et démontrer qu'elle offre par ailleurs un important potentiel
de développement des collaborations et des partenariats à
l'international.
Après avoir
présenté le portrait de notre population étudiante, je prendrai quelques
minutes pour décrire le mode de fonctionnement particulier de notre
université, souvent méconnu, notre stratégie d'ensemble axée sur la réussite
étudiante, nos expertises et nos domaines et réalisations en recherche, nos
défis budgétaires et financiers, bien sûr, et finalement
nos constats quant au développement de la formation à distance au Québec et ses
enjeux particuliers pour notre université et, je dirais, pour les
universités québécoises en général.
Alors, la
TELUQ, vous le savez, c'est la seule université complètement à distance du
Québec, qui est née d'un projet
expérimental au sein du réseau de l'Université du Québec au début des années 70.
Ça se voulait une innovation sociale
qui visait à accroître l'accessibilité des Québécois aux études supérieures et
qui s'inspirait alors de l'expérience similaire
que vivait une autre université au Royaume-Uni, l'Open University, en 1969, et
il y avait également l'Université Athabaska en Alberta qui s'était
lancée deux ans avant pour le Canada anglais.
• (11 h 10) •
Depuis ce temps, notre université compte à son
actif plus de 1 million d'inscriptions à ses cours et près de 30 000 diplômés.
Elle accueille plus ou moins 20 000 étudiants annuellement aux trois cycles d'études, du bac au
doctorat, dont 93 % sont inscrits à temps partiel, et elle offre plus
d'une cinquantaine de programmes au premier cycle et une vingtaine aux cycles
supérieurs.
Pourquoi
ai-je fait allusion plus tôt au contexte de relance et de repositionnement de
la TELUQ? Pour deux raisons principales.
Premièrement, le rattachement à l'UQAM s'est conclu par un échec, disons-le,
car l'intégration de l'offre de cours
et de programmes et les synergies en recherche n'ont pas été au rendez-vous ou
bien peu, je le dirais. Deuxièmement, parce
que, notre université, ses différentes composantes croient qu'il importe
d'actualiser, d'innover et d'ajuster l'offre de notre université devant les défis que pose ce que j'appellerais le
nouveau paradigme de l'hypermobilité des étudiants et futurs étudiants et celui qui s'y greffe, celui de
la formation tout au long de la vie pour les nouvelles générations
d'étudiants.
Nous devons,
comme université à distance, ajuster notre réponse aux besoins nouveaux
qu'entraîne celle-ci avec pertinence
et rigueur, bien sûr. La TELUQ dessert depuis toujours une catégorie
d'étudiants qui a d'ailleurs fait l'objet d'une
étude récente du Conseil supérieur de l'éducation et qui a mené à la production
d'un avis au ministre à cet effet. On parle
ici du groupe des étudiants, pour la plupart adultes, parents et actifs sur le
marché du travail, mais aussi immigrants de première génération et
majoritairement à temps partiel.
Alors, il faut se rappeler que l'enseignement à
distance a longtemps répondu à un besoin d'une population étudiante qui
cherchait surtout par ce mode d'enseignement et d'apprentissage à concilier vie
personnelle, familiale et professionnelle.
L'enseignement traditionnel sur campus universitaire visait davantage une
majorité d'étudiants qui choisissaient
un parcours linéaire de formation sans interruption des études, hein, du cégep
à l'université, du premier au troisième
cycle. Cette tendance ne reflète plus la réalité de la majorité des étudiants,
des jeunes d'aujourd'hui, qui préfèrent des allers-retours aux études pour privilégier des expériences associées
aux différentes sphères de leur vie. Et, dans cette perspective, la
formation à distance répond plus que jamais à cette tendance lourde qui se veut
davantage un choix délibéré des étudiants en
réponse à leur mode de vie qu'à une obligation d'adhérer au mode à distance
tout simplement en réponse au défi
que pose l'harmonisation de leurs responsabilités professionnelles, familiales
et personnelles difficilement conciliables autrement.
Et, comme le
rappelle le Conseil supérieur de l'éducation dans son avis — et je cite — «bon nombre — d'étudiants — entretiennent plutôt un rapport aux études
non traditionnel, de par l'occupation d'un emploi, des responsabilités parentales, un cheminement à temps
partiel ou un parcours de formation irrégulier. Bien que ces réalités ne
soient pas récentes, elles apparaissent aujourd'hui avec une intensité
particulière.»
Le portrait de nos étudiants en quelques mots.
93 % sont inscrits à temps partiel. Étant donné que la réussite étudiante
est au coeur de nos préoccupations et que cette réussite passe par un
encadrement qui doit être adapté, cette statistique exige beaucoup de nos
équipes à l'interne afin d'offrir un suivi constant et de qualité. Chaque
étudiant à la TELUQ se voit recevoir le même
service personnalisé, adapté, particulièrement lorsqu'il ou elle débute ses
études. Et, même s'ils sont inscrits à temps partiel, ce sont des
étudiants à part entière.
46 % de nos étudiants ont déjà une
scolarité universitaire. Donc, nos étudiants, bien qu'ils soient de première génération pour la majorité, ont déjà vécu une
expérience des études universitaires. Et la majorité de nos étudiants
sont inscrits au premier cycle, mais la
TELUQ travaille actuellement à élargir son offre de cours aux cycles
supérieurs. C'est d'ailleurs une priorité pour nous pour les prochaines
années.
Et, finalement, on constate que notre effectif
étudiant rajeunit. Depuis quelques années, nous répondons manifestement de plus
en plus à ce qui est recherché par les jeunes, comme je le disais tout à
l'heure, une formule d'études flexible qui répond à leur mode de vie.
Parlons de la
réussite étudiante. Le postulat de base de l'offre de notre université en
formation à distance, c'est le défi
de la réussite étudiante, qui doit être centrée d'abord sur, je dirais, des
considérations pédagogiques. Puisqu'on se trouve dans le contexte de la formation à distance, la réussite passe,
évidemment, par la qualité de l'offre des cours et des programmes, ça va
de soi, par la richesse de leur contenu, mais aussi et beaucoup par la qualité
et la stratégie, que je qualifierais
d'intégrée, d'encadrement et d'accompagnement de l'étudiant et de l'étudiante.
Ce dernier, en formation à distance,
est un étudiant qui doit être absolument autonome, persévérant, organisé, et la
responsabilité d'une université comme la nôtre est de lui fournir les
meilleurs outils pour y arriver et donc pour réussir.
C'est un peu
ce que résume la diapositive que vous avez sous les yeux. Donc, par exemple, si on regarde du côté de l'inscription
en continu, vous êtes certainement... vous savez que nous sommes la seule université
à offrir cette formule au Québec où la logique de session comme dans les universités
traditionnelles n'existe pas. Cette particularité permet beaucoup de flexibilité aux étudiants dans la gestion de leur temps et
dans la prise de décision de s'inscrire à l'université. En fait,
il est possible de s'inscrire à tout moment à la TELUQ.
L'encadrement personnalisé. En fait, la TELUQ offre un mode d'encadrement et de soutien, comme je le disais tout à l'heure, individualisé,
personnalisé, adapté à la pédagogie de la formation à distance. Pour chaque
cours, dont la durée est de 15
semaines comme dans les autres universités, bien
sûr, le professeur, ou la personne
tutrice, ou le chargé d'encadrement,
issu de notre communauté, est assigné à
chaque étudiant pour l'accompagner tout au long de son parcours. Les
contenus de cours sont aussi adaptés à la distance, ce qui veut dire qu'il y a
un design pédagogique, hein, il y aura une stratégie pédagogique adaptée pour
chacun de ces cours-là sur le Web en fonction des objectifs d'apprentissage qui
sont visés. Et nos professeurs, évidemment,
comme dans les autres universités, ils sont maîtres des contenus, mais il faut ici
souligner toute l'importance d'une équipe qui est formée de professionnels spécialisés en formation
à distance dans divers domaines et
qui, en soutien aux professeurs, collaborent au développement d'une pédagogie
adaptée à l'enseignement à distance et qui accompagnent l'étudiant.
Depuis ses
débuts, notre université s'est consacrée à améliorer ses façons de faire
et à analyser et documenter les divers enjeux, les outils de formation à
distance en se comparant, par exemple, aux meilleures pratiques sur la scène internationale tant du point de vue pédagogique que technologique, et notamment sur des questions d'encadrement, de persévérance, de reconnaissance des acquis et,
bien sûr, de la réussite étudiante, et de nombreuses recherches sont
menées depuis des années dans ce domaine
chez nous. L'impact de ces recherches effectuées par nos professeurs se fait
sentir tout autant dans les façons
d'enseigner à la TELUQ que dans le contenu même des formations offertes avec le
souci constant du transfert des
savoirs et des savoir-faire. La TELUQ a développé tout un champ d'expertise et
de recherche en formation à distance
au fil des années et, à maintes occasions, elle a alimenté les réflexions de
différentes instances gouvernementales québécoises et internationales.
Nos professeurs sont souvent invités à l'international, et notre université
collabore au développement de la formation à distance à l'étranger, en
particulier dans les pays de la francophonie.
Alors, vous
trouvez dans cette diapositive quelques exemples de thèmes qui ont fait l'objet
de recherches, qui font toujours l'objet de recherches et pour lesquels
nos professeurs ont été sollicités pour leur expertise, par exemple les technologies éducatives, les modèles
d'apprentissage, les facteurs de réussite étudiante, le tutorat, les meilleures
pratiques d'encadrement, la reconnaissance des acquis et,
plus récemment, les MOOCs ou les CLOM, comme on les appelle en français.
Ceci m'amène à un premier commentaire général
sur le développement de la formation à distance dans les universités québécoises et sur lequel il nous fera
plaisir de revenir lors des échanges si vous le souhaitez. La TELUQ,
avec son corps professoral et ses
professionnels en formation à distance, est prête à participer activement au
développement d'une stratégie d'ensemble de
l'enseignement universitaire au Québec en matière de formation à distance et à
mettre à contribution son leadership
en la matière. Nous croyons même qu'il y a une certaine urgence à le faire, ne
serait-ce que pour mieux soutenir la stratégie partenariale
internationale de nos universités québécoises et du gouvernement du Québec, le
cas échéant.
Quelques mots
sur la recherche. Alors, je n'ai pas besoin de répéter ou de rappeler, bien
sûr, que le corps professoral de la
TELUQ a une tâche, en quelque sorte, a une mission tout à fait conforme à celle
des autres universités, donc l'enseignement,
la recherche, les services à la collectivité. Par ailleurs, la recherche est
très diversifiée à la TELUQ et ne se concentre donc pas exclusivement
sur les modèles de formation ou sur des domaines associés à la formation à
distance. Nous regroupons plusieurs domaines disciplinaires tant en
enseignement qu'en recherche, en sciences et technologie,
en sciences humaines et sociales, en sciences de l'éducation évidemment, en
lettres et communications et en administration.
Et l'arrivée d'une relève professorale récente dans notre université, comme
dans beaucoup d'universités, nous
permet de s'investir dans des nouveaux domaines, et je citerai ici en
particulier deux domaines dans lesquels nous avons de grandes ambitions, je dirais, dans le domaine de la santé dans
ses dimensions sociales et celui de l'environnement.
• (11 h 20) •
Alors, malgré
la petitesse de notre corps professoral... On parle ici de 67 professeurs, et
je vous rappelle que nous avons, bon
an, mal an, 20 000 étudiants, 67 professeurs... Je vous rappelle aussi que
la TELUQ a commencé à se doter d'un corps professoral relativement
récemment, puisqu'au début ce n'était pas l'objectif de la mise en place de la
TELUQ. Les professeurs ont commencé à arriver à la TELUQ, en fait, vers la fin
des années... milieu, fin des années 80, début des années 90.
Mais quelques faits saillants pour témoigner de
la vitalité de la recherche à la TELUQ. Actuellement, nous accueillons trois
chaires de recherche du Canada. Nous avons aussi un centre de recherche
interdisciplinaire qui a ses lettres de noblesse, je dirais, depuis longtemps,
qui travaille dans une perspective multidisciplinaire. Nous travaillons
actuellement à la mise en place de nouvelles chaires institutionnelles — certaines
universités les appellent les chaires innovation — alors, c'est en cours. Notre corps professoral en
sciences humaines et sociales représente 1 % des effectifs universitaires québécois, mais il récoltait
récemment encore 1,4 % du financement des projets soumis, par exemple,
au programme réservé aux nouveaux chercheurs du fonds québécois science et
culture.
Le fonds de
recherche au programme d'actions concertées, vous savez peut-être que c'est un
programme important qui vise à nous
mettre en lien, le corps professoral, avec les milieux de pratique. Nos
professeurs récoltent 2 % des fonds alloués par le même fonds
québécois science et culture, et, eu égard à la taille de nos effectifs, c'est
une performance qui mérite d'être soulignée.
Et, au cours
des dernières années, 80 % de nos professeurs en sciences ont obtenu leurs
subventions du Conseil de recherches
en sciences naturelles et génie du Canada. Donc, la TELUQ possède par ailleurs
des infrastructures de recherche de
pointe dans le secteur tout particulièrement de l'informatique cognitive, des
nouvelles technologies grâce à l'obtention de plusieurs subventions de
la Fondation canadienne de l'innovation. À titre d'exemple, au cours des toutes
dernières années, quatre projets, par exemple, dans le domaine des TI pour une
valeur d'un peu plus de 2 millions de dollars.
D'ailleurs, permettez-moi de vous présenter un
exemple tangible des retombées pratiques d'une recherche appliquée qui a été menée récemment par une équipe
chez nous sous la direction du Pr Gilbert Paquette et son équipe et qui
montre toute la pertinence sociale et scientifique de projets comme ceux-là, et
je fais référence ici, et je vous amène à une
initiative de l'institution — c'est devenu une initiative pour l'ensemble
de l'institution — c'est
celle de la mise en place, donc, de
l'offre des premiers CLOM, des cours en ligne ouverts et massifs gratuits à la
population, que nous avons offerts l'automne
dernier, que nous continuons d'ailleurs à développer à partir d'une plateforme
que nous avons appelée Ulibre et qui a été implantée en
s'inspirant des meilleures pratiques existantes sur la scène internationale.
Quelques mots sur cette initiative. Vous savez
sans doute que les CLOM, sur le plan international, ont été popularisés autour de 2012. Il en existerait
actuellement plus de 4 000 dans le monde offerts par différentes
universités, et seulement 5 % de ces
cours ouverts à tous, massifs, gratuits sont... 5 % sont offerts en
français seulement. Et, en moyenne, seulement
5 % à 10 % des étudiants qui commencent à suivre un CLOM ou un MOOC
vont terminer, vont se rendre jusqu'au
bout. C'est la statistique internationale. Alors, à la TELUQ, nos premières
expériences, parce que nous y avons mis
tout notre savoir sur l'accompagnement des étudiants, notre taux de succès est
de l'ordre de 33,5 % à l'occasion de cette première expérience que
nous allons sans doute... sur laquelle nous allons récidiver.
Alors,
l'intérêt pour ces cours s'est avéré élevé dans les pays de la francophonie. On
l'a vu notamment par nos inscriptions
à nous, par les gens qui ont consulté notre site. Et je vous dirais que c'est
une tendance qui était considérée, il n'y
a pas très longtemps encore, comme une mode passagère dont l'objectif premier
en était un de marketing pour des fins de recrutement étudiant, mais le
monde universitaire voit de moins en moins les CLOM comme ils les percevaient
au départ. Plusieurs observateurs experts croient qu'ils sont là pour durer et
qu'ils imposeront de fait des changements importants dans le monde universitaire.
Nous pourrons d'ailleurs y revenir si vous le souhaitez.
Et je termine ce point en soulignant que notre
plateforme Ulibre, qui héberge nos CLOM, nos MOOCs, a été conçue pour
l'ouvrir aux autres universités québécoises qui souhaiteraient y déposer leurs
cours. Cette infrastructure partagée
pourrait d'ailleurs devenir une excellente vitrine pour le Québec en formation
à distance. Et d'autres initiatives ont
émergé dans ce domaine au Québec récemment, vous le savez sans doute, de la
part d'autres universités. C'est un élément qui nous incite à réfléchir à la stratégie
de déploiement de ces nouvelles façons d'enseigner et à la stratégie de
financement du gouvernement en la matière.
Les modes d'enseignement à distance, j'aimerais
simplement revenir très, très rapidement sur une brève comparaison des approches. En fait, je souhaiterais brièvement
montrer comment le terme «formation à distance» est utilisé à travers la mise en application de plusieurs approches dites à distance ou en ligne. Ceci nous
permettra ensuite de mieux circonscrire
ce qu'est véritablement la formation à distance et quelle est l'approche, entre autres, de la TELUQ. Ce faisant, nous
souhaitons ainsi vous présenter notre vision pour la suite dans le développement de cette approche au sein de notre université et, donc, de ses
impacts sur le plan académique, technologique et financier.
Vous le
savez, la majorité des universités québécoises désirent expérimenter la
formation à distance et l'offrir à leurs étudiants, et nous saluons ces
initiatives. Or, plusieurs d'entres elles utilisent le terme «formation à
distance» lorsqu'elles font de la diffusion
de cours en temps réel et en mode synchrone, alors que la TELUQ, de son côté,
n'exclut pas d'emblée ces formes
d'enseignement, mais elle a surtout su développer au fil du temps une expertise
en technopédagogie qui implique une
sorte de scénarisation d'activités d'apprentissage d'enseignement et
d'encadrement et un apprentissage en mode
asynchrone qui va au-delà de la webdiffusion ou de la vidéoconférence. C'est
donc toute une équipe spécialisée qui accompagne nos professeurs dans ce
sens-là pour la conception de leur cours. Il faut savoir d'ailleurs qu'au
Québec, actuellement, 16 établissements
d'enseignement universitaire déclarent faire de la formation à distance, et
seule la TELUQ offre la possibilité
aux étudiants de s'inscrire en tout temps, et selon une logique d'inscription
en mode continu, et à partir d'une stratégie, comme je le disais, de
technopédagogie.
Je vais passer rapidement, si vous
permettez — on
pourra y revenir si on a le temps — sur certains mythes et réalités de la formation à distance. Ça peut être
intéressant d'en reparler. J'aimerais plutôt attirer votre attention rapidement
sur nos ratios actuels à la TELUQ, les ratios étudiants-professeurs. J'ai fait
allusion au cours de ma présentation au nombre
de professeurs dans notre université, 67, 20 000 étudiants. Leur
contribution est importante, mais actuellement la TELUQ est limitée, vous pouvez le deviner, dans
son développement, car leur tâche est très lourde. Et à titre
comparatif, par exemple, pour une université campus, en général les professeurs
ont la responsabilité de quatre cours par année; à la TELUQ, c'est presque sept cours par professeur. Et, en 2012-2013, le
personnel enseignant de la TELUQ occupait 19 % du plan d'effectif de l'université, alors que la
moyenne est de 41 % dans le réseau de l'Université du Québec à titre
d'exemple. Donc, la hausse du corps professoral,
évidemment, vous l'aurez compris, pour nous, est une condition de base
indispensable au développement d'une
programmation pertinente tant sur le plan social que scientifique, en phase
avec les besoins de notre société et
de ses diverses composantes. Et vous comprendrez aussi qu'en dépit de la
situation budgétaire actuelle, comme d'autres universités, nous avons
des choix déchirants à faire dans ce cadre-là.
J'aimerais maintenant vous sensibiliser
peut-être au modèle actuel de financement des infrastructures des universités
au Québec. Le dernier investissement majeur consenti à la TELUQ pour son
infrastructure technologique a été accordé au milieu des années 90. Alors, en
lisant la diapositive, vous constaterez que les sommes octroyées en infrastructures
pour les universités campus ces dernières années — et, encore là, ces
chiffres-là ne sont pas actualisés à
2015 — on
parle, au moment où on constate ces chiffres-là, une somme de plus de
370 millions de dollars qui auraient été investis, là, précisément
entre 2005 et 2012.
La formation à distance est en pleine
effervescence, et tous les indicateurs convergent vers une croissance
exponentielle de la demande. Et la TELUQ doit donc disposer d'un campus
numérique d'avant-garde et capable de répondre
à cette demande, et notre infrastructure technologique est la base de nos modes
de fonctionnement. On ne peut pas se permettre d'être fragiles à ce
niveau, vous le comprendrez aisément. Alors, l'utilisation des technologies
intégrées permettant aux étudiants d'enrichir leur parcours académique
constitue un enjeu critique pour les prochaines années, et ces technologies sont essentielles à la réalisation de notre mission
d'enseignement distinctive dans un contexte où la proximité est essentielle à la réussite des
étudiants à distance. Alors, nul doute que notre contexte demande
d'accorder une importance encore plus grande à la technologie que dans des
universités dites traditionnelles.
Par exemple,
je vais vous donner un exemple assez clair, notre portail étudiant. Bon, bien
sûr, toutes les universités ont un portail étudiant, mais le nôtre
permet de monitorer — vous
me permettrez l'expression — de
suivre l'étudiant presque en temps réel et d'intervenir à des moments
importants de son cheminement, notamment pour encourager sa persévérance, pour l'aider à s'orienter, faire ses
choix, allumer parfois quelques lumières pour bien le guider. Tout ça,
c'est pour favoriser sa réussite. Alors, nous avons, évidemment, symbolisé ça, comme vous le voyez, par nos besoins à nous, qui sont essentiellement de l'infrastructure technologique. Nous ne sommes
pas dans une logique d'infrastructure immobilière, vous l'aurez compris.
J'aborderai,
pour terminer, l'objet principal de notre rencontre d'aujourd'hui en vous parlant de notre situation budgétaire. Comme vous avez pu
le constater en consultant nos données financières,
la TELUQ, par une saine gestion de ses fonds, a su maintenir une bonne
situation financière à travers les années. À son arrivée à l'UQAM, quand le
rattachement a été officialisé, elle disposait d'un solde de fonds qui visait à
soutenir les projets de développement de la
formation à distance dans le cadre de ce partenariat, de ce rattachement. En
l'absence de tels projets ou quasi-absence, ce solde a été très peu sollicité et s'est bonifié au fil des sept
années de notre rattachement, et, depuis l'année 2012-2013, la TELUQ, comme les autres universités
québécoises, doit faire face à des compressions récurrentes dont le cumul
est de l'ordre de 9 millions.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Habel) : Je vous
invite à conclure en quelques secondes.
Mme
Legault (Ginette) : Je termine, M. le Président. Depuis cette même
année, la TELUQ enregistre des déficits d'exercice qu'elle finance à
même son solde de fonds, respectant ainsi les règles budgétaires en vigueur.
Et, dès son retour à
l'autonomie, et dans un contexte de compressions provisoires, la TELUQ avait
opté pour une stratégie budgétaire visant
à s'imposer un niveau de compressions sans toutefois compromettre sa relance et
son repositionnement, dont je vous
parlais tout à l'heure. Et depuis l'importance et le caractère récurrent des
compressions ont forcé la TELUQ à procéder à des compressions budgétaires de plus en plus importantes sans
toutefois viser l'atteinte de l'équilibre budgétaire annuel. Il s'agit
d'un risque calculé pour nous, le solde de fonds étant sollicité pour combler
le manque à gagner et ainsi soutenir ses projets prioritaires et son plan
d'action approuvé par son conseil d'administration.
Et je termine
là-dessus, toutefois, et tel que vous pourrez le constater dans un tableau
qu'on pourrait peut-être vous
présenter, là, je ne suis pas certaine — en tout cas, on pourra vous présenter les
données si vous nous le permettez — la TELUQ, malgré une
rationalisation importante de ses dépenses, vise un déficit d'exercice maximum
de 2 millions de dollars pour l'année 2015-2016 et disposera de la
totalité de son solde de fonds au terme de l'année.
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup. Le temps a été dépassé d'environ six minutes, l'opposition
officielle et le gouvernement ont accepté de le prendre sur leur temps
personnel. Donc, je vais passer au premier bloc pour le gouvernement d'un temps
de 15 minutes, et c'est le député d'Ungava qui va débuter les échanges.
M.
Boucher : Bonjour, mesdames. Bonjour, messieurs. Je constate, d'après
votre groupe, là, qu'un membre sur trois de votre groupe est un homme,
donc je félicite la gent féminine pour sa présence dans le domaine.
Vous savez,
bon, le comté d'Ungava... Je vais éviter à mes collègues de faire encore
l'apologie des beautés et des grandeurs
de l'Ungava parce qu'ils commencent à être tannés de l'entendre, je vais
simplement me contenter de vous dire que
c'est le plus grand comté de la province et aussi le plus éloigné par rapport
aux grands centres. Donc, la formation à distance devient chez nous un peu un besoin presque essentiel. Et puis,
comparativement à un jeune qui, lui, va peut-être quitter Chibougamau ou
Chapais pour aller faire un cours de droit, de pharmacie ou de je ne sais pas
quoi dans une université standard, l'adulte
qui a besoin de formation supplémentaire ou de fréquenter une université à
temps partiel, pour sûr, ne quittera
pas Chibougamau à tous les soirs à l'heure du souper pour aller suivre un cours
à l'Université Laval puis revenir à
temps avant que les enfants soient couchés, là. Quand même qu'il voudrait, ce
serait impossible, à moins de le faire en jet, puis, encore là, je ne
suis pas sûr qu'il y arriverait, là.
Donc, est-ce
que vous avez des données — vous parliez tantôt de 20 000 étudiants — des données géographiques d'où
proviennent ces gens-là? C'est sûr que probablement que vous allez me
dire : Il y a toutes sortes de modèles, probablement
la personne qui habite en plein centre-ville à Montréal puis qui suit son cours
en pantoufles le soir, là, tout en faisant je ne sais pas quoi, puis
l'autre, peut-être, qui reste au bout du monde, là. Quelles sont les données
que vous avez là-dessus, là?
Mme Legault (Ginette) : Je vous
dirais d'abord que plus des trois quarts de nos étudiants proviennent de la région métropolitaine de Montréal et de Québec
ensemble. Donc, le «à distance», en fait ça réfère un peu à ce que je
disais tout à l'heure dans la présentation,
cette... Je dirais que cette approche a changé au fil des années parce que
l'idée, c'est de répondre à tous les besoins de tous les Québécois là où
ils sont, où elles sont.
Mais ce qu'on
constate aussi, c'est qu'il y a une donnée qui commence à changer et qui
bouscule un peu toutes les universités,
c'est ce que j'ai appelé l'hypermobilité, hein? Les nouvelles générations en
particulier naissent quasiment avec une
tablette électronique dans les mains et un téléphone mobile, et effectivement, comme vous l'évoquiez, monsieur, les gens veulent, en quelque sorte, gérer ce pan de vie que sont les études de
façon différente. Bon, on n'est pas en train de basculer, je dirais, complètement,
à 100 %, dans un autre modèle, mais il y a une tendance forte qui est en
train de s'implanter. Donc, le «à distance»
répond à un double besoin, parfois la distance géographique, mais parfois aussi
parce qu'on veut vivre nos études différemment.
M. Boucher : Je vais parler comme un
dinosaure, dans mon temps il y avait un poste à la télé où c'était la Télé-université, hein? Tu avais le choix entre
écouter Symphorien ou un cours de fiscalité. Évidemment, tout le monde écoutait la fiscalité, vous l'aurez compris.
Maintenant, tout ça a déménagé sur internet. Quand même qu'on
chercherait sur la télé standard, vous êtes disparus.
Je voudrais
que vous me parliez un petit peu des CLOM. Vous me disiez que c'était
accessible à tout le monde, est-ce qu'on doit comprendre que c'est sans
prérequis? Je ne sais pas, un chauffeur de camion qui aurait un intérêt particulier pour l'informatique puis des
connaissances pourrait suivre un cours d'informatique, même s'il n'a jamais
mis les pieds au cégep et puis... Est-ce que c'est ça qu'on doit comprendre?
Mme
Legault (Ginette) : Oui, vous pouvez aller jusque-là. En fait, quand
je vous dis... C'est vraiment un changement
quasi révolutionnaire pour les universités. C'est cette idée de démocratiser le
savoir universitaire en l'ouvrant à
la planète. D'ailleurs, vous avez vu un peu, là, nos statistiques, nous, les
inscriptions à nos CLOM, elles provenaient majoritairement de gens du
Québec, mais d'un peu partout sur la planète. Et très loin sur la planète,
d'ailleurs, c'est assez intéressant de voir ça, et pas exclusivement non plus
de la francophonie, de pays de la francophonie.
Donc,
l'idée, c'est d'ouvrir, en quelques séances de cours, un contenu pour, par
exemple, faire un peu l'état des lieux
dans un domaine précis où vous voulez vous perfectionner, que ce soit en
musique ou en mathématiques. Si vous voyiez
l'offre sur le web, c'est exponentiel, c'est extraordinaire, tout ce qu'on peut
y trouver maintenant. Et, au départ, comme je le disais, les toutes
premières universités qui se sont lancées, elles avaient comme objectif
d'attirer par des contenus assez spécialisés
avec les plus grands professeurs, avec des renommées internationales, d'attirer
les meilleurs talents sur la planète.
Donc, en s'inscrivant à ces cours, on pouvait faire une espèce de monitoring,
en quelque sorte, de qui s'inscrivait, est-ce qu'on offre des bourses à ces gens-là pour les
attirer dans notre université. Et la donne commence à changer, on a démocratisé les CLOM, si je puis
dire, et on voit que c'est une tendance qui risque de s'installer. À
quel degré? Il est trop tôt pour le dire.
Mais une chose est importante à retenir, évidemment, c'est que, pour les
universités, les CLOM, dans notre vocabulaire spécialisé, ne mènent pas à des
crédits universitaires.
Ce
qui commence à émerger, par contre, c'est cette idée que, si les CLOM sont là
pour rester, est-ce que ça ne pourrait
pas être une partie intégrante d'une nouvelle stratégie des universités? Et je
ne vous cacherai pas que la TELUQ réfléchit à ceci actuellement, comme
d'autres, à cette idée d'en faire, en quelque sorte, une porte d'entrée vers
les études universitaires. Donc, on est toujours dans notre logique
d'accessibilité, mais d'excellence aussi en disant à nos participants : Voilà, vous vous inscrivez à
tant de séances, on vous donne une attestation à la fin ou une accréditation
si vous le souhaitez, une attestation de
participation. Mais, si on vous a donné le goût de rester, de continuer, on
pourrait faire basculer ceci dans une
logique de crédits universitaires. Évidemment, vous devrez respecter les
règles, il n'est absolument pas
question de faire une offre à rabais, là, mais il commence à y avoir cette
réflexion-là. Alors, vous voyez, ça change un peu le décor, là, on ne prépare plus nos cours de la même façon si on se
lance là-dedans. C'est un peu ça qui est en jeu.
M.
Boucher : Bon, je comprends que vous offriez, bon, des CLOM, vous avez
probablement des programmes de certificat,
de baccalauréat, de maîtrise et doctorat. Quels sont les principaux programmes,
là, que vous offrez dans chacun de ces domaines-là?
• (11 h 40) •
Mme Legault
(Ginette) : Alors, je peux peut-être commencer, puis peut-être mon
collègue aux affaires académiques pourra compléter. Je vous disais tout à
l'heure, on est pas mal dans les grands domaines, sciences humaines et sociales, administration, très, très
présents, lettres et communications. Alors, comme je le disais, on a une
bonne cinquantaine de programmes au premier cycle. Donc, là-dedans, il y a des
programmes courts, des certificats, des bacs
et une vingtaine aux cycles supérieurs, donc des programmes de maîtrise, des
programmes courts de deuxième cycle, des
diplômes d'études supérieures spécialisées, et nous avons également... nous
participons à un doctorat conjoint avec l'UQAM depuis plusieurs années.
Je ne sais pas si tu veux en ajouter.
M. Noël
(Martin) : Non, peut-être juste dire qu'on est principalement au
premier cycle pour l'instant, mais il y a vraiment un désir de vouloir
développer les cycles supérieurs. Et ça, c'est une demande qui vient de nos
propres étudiants qui étudient au premier
cycle et qui voudraient continuer avec la
TELUQ. Donc, de plus en plus, on
travaille à développer le deuxième cycle, mais principalement, pour l'instant,
on est beaucoup dans le premier cycle.
M.
Boucher : Bon, pour pousser
plus loin un peu ma curiosité, si je reviens encore à l'époque où vous étiez
en compétition entre Symphorien puis...
c'était un cours magistral, c'était un peu comme une classe filmée où un
professeur disait : Voici, un plus un
égale deux, puis ça marche comme ça, puis etc. Maintenant, avec les diverses
plateformes, ça peut prendre quelle forme, à peu près, là?
Mme Legault
(Ginette) : Quand je parle de virage numérique, vous l'évoquez, c'est
très clair, la TELUQ, pour l'essentiel de
nos cours — pas
pour la totalité, puis je vais vous expliquer pourquoi — c'est
un passage vers le Web, c'est déjà
fait ou... Pour certains cours qui n'ont pas été faits encore, qui ne sont pas
passés complètement sur Internet, il y a des raisons pédagogiques qui
sont associées à ceci. Et ça, ça m'amène à un commentaire, il y a certains
domaines disciplinaires, vous comprendrez, certains domaines d'études où les
professeurs et leurs spécialistes — sciences de l'éducation, les
responsables de design pédagogique — vont moduler, en quelque
sorte, le passage complètement au numérique parce que
ça nécessite encore des bouquins, hein, qu'il faut vraiment plonger
dans le bouquin. Le bouquin n'a pas
fait le passage, lui, au numérique, il n'est pas encore disponible, c'est le
bouquin de référence. Souvent, d'ailleurs, ce sont des ouvrages qui sont
dans des grands domaines, là, disciplinaires qui sont aussi retenus pour des
cours dans les universités campus, alors on a un peu les mêmes références. Mais
c'est certain que le défi de la TELUQ, qui est déjà enclenché, bien avant que
cette nouvelle équipe arrive, c'est carrément ça, c'est le passage vers le
numérique.
Et
donc ça veut aussi dire... Si vous me permettez, c'est que ce n'est pas juste
de mettre des cours en ligne sur le Web
avec toutes sortes, maintenant, de techniques que vous pouvez avoir pour rendre
la chose vivante, là, que ce ne soit pas un professeur devant un écran,
une caméra, c'est fixe, puis il défile son cours pendant deux, trois heures,
là, on n'est plus là du tout, du tout. Il y a beaucoup d'interaction avec le
professeur, avec les personnes tutrices, et tout ça, mais c'est aussi de créer
des occasions selon les besoins du cours — parce que chaque cours, comme
je vous l'ai dit, c'est différent — créer des interactions entre les étudiants,
créer une dynamique entre eux, avec le professeur ou juste entre eux. Alors ça, ça va être un défi. C'est un défi qu'on
a déjà commencé à lancer à... je devrais dire, que notre corps
professoral se lance avec ses équipes pour dynamiser la chose.
M. Boucher :
...forums, probablement.
Mme Legault
(Ginette) : Tout à fait, forums de discussion, classes virtuelles,
enfin toutes les nouvelles technologies, là, qui...
M.
Boucher : Peut-être
que c'est juste une impression, là, si je me trompe, je serais bien heureux,
mais moi, dans mon comté, j'ai
l'impression que vous êtes méconnus, que pas grand monde savent que je pourrais
avoir une formation universitaire à partir de Matagami dans mon salon, même à
partir de villages nordiques ou de réserves cries. Est-ce que je trompe là-dessus
ou si...
Mme Legault (Ginette) : Je ne pense pas que vous vous trompez beaucoup.
Puis, je vous dirais, c'est beaucoup ce qui motive l'équipe qui est là
depuis peu, basé, bien sûr, sur tout le savoir et toute la richesse qui est
présente à la TELUQ depuis plus de 40 ans.
Mais, quand on fait
un petit retour en arrière sur l'histoire de la TELUQ, d'abord, pendant longtemps — et je
suis bien placée pour vous en parler, moi, j'ai passé 30 ans dans des institutions
campus, là, je suis tout récemment arrivée — alors,
on avait la perception qu'effectivement ça se passait à la télévision, puis c'étaient des
cassettes qu'on envoyait par la
poste. Ça, c'était la TELUQ. Puis, il
n'y a pas longtemps
encore, j'entendais encore des collègues de mon ancienne université qui avaient encore cette perception, qui était non
fondée. Et nos étudiants, d'ailleurs, nous l'expriment très clairement par nos
sondages, comment ils sont satisfaits et comment ils sont loin de cette façon
de vivre leur cheminement chez nous.
Maintenant,
la TELUQ, je pense qu'il y a 43 ans, quand tout ça a démarré...
Resituez-vous il y a 40 ans, comment ça pouvait être innovateur de penser à un projet expérimental où on
allait faire les choses à distance dans le réseau des universités du Québec. C'était quand même assez
particulier. Alors, à ce moment-là, les moyens n'étaient pas les mêmes.
Et puis, après ça, bien, il y a eu toutes sortes de phases au sein de la TELUQ, qui, bon an,
mal an, là, comme je vous dis, là, faisait
son 15 000, 20 000
étudiants. Mais il y avait cette perception qu'elle était, effectivement, avec
raison, différente, et probablement qu'avec le mot «différent» venait
une perception que ce n'était peut-être pas du même niveau. Et les dernières années où il y a eu ce rattachement avec
l'UQAM, ce sont des années où la TELUQ a poursuivi ses activités, où il y avait d'énormes attentes de la part des deux
institutions, puis c'était extraordinaire, ça, ce projet-là, de pouvoir
mettre ensemble toute cette richesse de savoir.
Bon,
pour toutes sortes de raisons, ça a plus ou moins bien fonctionné. Donc, il y a
une décision qui a été prise, la TELUQ
est revenue à son autonomie. C'est pour ça que je vous parle de
repositionnement et de relance. La TELUQ est en train de vivre des changements à l'interne, des changements importants.
L'équipe s'y active avec son corps professoral, avec toutes les
composantes de l'université. Nous sommes en train de tout revoir, mais tout,
sur le plan administratif, académique. Pas parce que c'était... nécessairement
qu'il y a un a priori que c'était mauvais, mais pour s'assurer qu'effectivement, ne serait-ce que dans notre
offre de cours et de programmes, que, dans nos processus de travail,
nous sommes vraiment non seulement dans le
virage numérique, mais nous sommes à la fine pointe de ce qui se fait par ce
que les technologies nous offrent.
Et donc il y a, je
vous dirais, une nouvelle figure de la TELUQ qu'il faut présenter. C'est l'une
des premières occasions que nous avons
aujourd'hui, avec vous, de le faire. Vous aurez compris, évidemment, que notre
offre, la façon dont on va la
publiciser prochainement, la façon dont on va véhiculer, en quelque sorte, les
grands projets de la TELUQ, je pense
que ça va contribuer énormément au changement de perception chez les Québécois
de ce qu'est... Pour ceux qui ne
l'ont pas vécu — parce
que ceux qui l'ont vécu, c'est clair, je peux vous le dire — ils vont comprendre que c'est une université
qui est très vivante, très, très vivante, qui a des projets très ambitieux.
Et,
paradoxalement — et je
suis bien placée pour vous en parler, puisque je l'ai vécu personnellement dans
les derniers mois depuis mon arrivée, depuis deux ans — dès
qu'on se retrouve en contact avec des gens de l'externe du Québec, à l'international, des gens qui sont un
peu dans cette préoccupation du «à distance», je dois vous dire que la
Télé-université a une réputation exceptionnelle. Les gens connaissent tous les
travaux qui ont été faits, là, de recherche appliquée,
de transfert, nos méthodes. Alors, on dit que nul n'est prophète en son pays,
je pense que, là, maintenant, il faut le faire au Québec de façon
beaucoup plus insistante.
Le Président (M. Habel) : Merci beaucoup. Le temps alloué pour le premier
bloc est terminé. Alors, je vais vous donner
le temps de chaque bloc : le gouvernement va avoir encore deux blocs de
13 min 30 s, l'opposition officielle va avoir un bloc de
12 min 30 s et un bloc de 12 minutes, et la deuxième
opposition va avoir un bloc de 18 minutes.
Alors, je cède la
parole à l'opposition officielle pour un temps de 12 min 30 s.
Mme
Hivon : Merci beaucoup. Alors, Mme Legault, toute votre
équipe, je suis très heureuse de pouvoir vous entendre, et échanger avec vous, et de constater le dynamisme qui semble
vous habiter. Ça, je pense que personne ne va en douter après vous avoir entendue faire votre présentation. Puis je
vous dirais que c'est très communicatif parce qu'on a le goût d'en apprendre davantage sur la TELUQ et
puis tous ces nouveaux défis dans votre réalité nouvelle d'autonomie
retrouvée, là, qui est la vôtre. Donc, je suis heureuse qu'on ait cette
occasion-ci.
Vous
avez terminé avec la situation financière. J'aimerais juste commencer avec la
situation financière avant de passer
à d'autres sujets. Nous, on a les chiffres, donc, jusqu'à 2013-2014, puis je
voulais juste bien saisir, pour les exercices 2014-2015 et 2015-2016, ce
qui était prévu comme déficits.
Mme
Legault (Ginette) :
D'accord. Je vais passer la parole à Mme Boucher. Donc, moi, je pourrai
revenir si...
Mme Boucher
(Louise) : ...bonjour.
Mme
Hivon :
Bonjour.
Mme Boucher
(Louise) : Alors, d'entrée de jeu, je veux vous dire qu'on avait prévu
une image à vous présenter — une
image vaut mille mots, on le dit, là — qui
montrait vraiment l'évolution de la situation financière de la Télé-université au cours des dernières années. Il semble qu'il
soit impossible à présenter... Et, comme on a déjà entamé...
Le Président (M. Habel) : Vous avez
une copie papier? Parce qu'on peut la distribuer à l'ensemble des...
Mme Boucher
(Louise) : Bien, c'est ce que j'allais vous mentionner.
Le Président (M. Habel) : Alors, je
vais le déposer.
Mme Boucher (Louise) : Comme on a déjà
entamé notre virage numérique, je n'en ai qu'une, mais que je pourrais vous
faire circuler.
Une voix : ...
• (11 h 50) •
Mme
Boucher (Louise) : Ah! ils
vont faire des copies. Parfait. Alors, merci
beaucoup. Alors, je peux peut-être quand même présenter... Alors,
comme Mme Legault le mentionnait, la TELUQ a su maintenir une bonne
situation financière tout au long des années. O.K.? Et Mme Legault a
présenté également le contexte ou le récent passé de la Télé-université, et qui
va permettre de mieux situer ou de mieux comprendre notre situation financière
d'aujourd'hui.
Alors, lorsque
vous allez avoir accès au fameux graphique, vous allez pouvoir voir l'évolution
des résultats annuels de la
Télé-université, de son solde de fonds, mais également du niveau de
compressions auquel elle a dû faire face, là, au cours des dernières années. Alors, les chiffres que vous allez voir, ce
sont les chiffres qui sont utilisés par le ministère, là, pour vérifier
l'éligibilité de la Télé-université à sa subvention conditionnelle, donc au
respect des règles budgétaires.
Donc, on le
disait, on a toujours veillé sérieusement à maintenir notre situation
financière en bonne santé, ce qui nous
a rendus un petit peu moins vulnérables, là, au moment où les compressions sont
entrées en jeu, dès 2012-2013. Alors, vous
allez voir tout à l'heure qu'à ce moment-là la Télé-université disposait d'un
surplus ou d'un solde de fonds accumulés de 8 millions qui étaient en partie dédiés au projet de
développement de la formation à distance. Depuis cette année-là, comme les autres universités, la Télé-université a
fait face aux compressions, qui cumulent maintenant près de
9 millions, là, à ce jour. Et ça, c'est sous réserve, là, des dernières
données 2015-2016 que l'on attend du ministère.
Mme
Hivon : Depuis
2012...
Mme
Boucher (Louise) : Depuis
2012, 9 millions. Alors, en 2012, le niveau de compressions annuelles
était de l'ordre de 1,5 million. Il est maintenant, en 2015-2016,
de plus de 3 millions annuellement.
Donc, conséquemment, la TELUQ, qui présentait
des budgets qui étaient toujours en équilibre ou en surplus, présente, depuis ces années-là, des déficits
d'exercice. O.K.? Et c'est une stratégie assumée, dans le sens où, au lieu
de procéder à des coupes aveugles ou
drastiques et malgré la récurrence des compressions, qui, il ne faut pas
l'oublier, ne devaient pas l'être au
départ, là, la TELUQ a procédé vraiment de façon très rigoureuse à un examen de
ses dépenses, à un contrôle judicieux de ses dépenses et elle a assumé
un déficit résiduel qu'elle pouvait combler par le levier que représentait son
solde de fonds accumulés. Donc, elle a eu accès à son solde de fonds accumulés
pour permettre à la Télé-université de
continuer les efforts qu'elle faisait pour se repositionner, là, à la suite de
son détachement et du retour à son autonomie.
Alors,
depuis, on a mis beaucoup de chantiers en marche. Mme Legault y a fait référence
tout à l'heure, on travaille à
optimiser, à améliorer nos processus de travail, on travaille sur notre virage
numérique, on travaille également sur la persévérance, la réussite étudiante, donc tous des facteurs qui vont
contribuer à avoir un impact positif sur nos revenus futurs et également
sur nos dépenses parce que, comme je le disais, là, on a procédé à une
optimisation de certains de nos processus.
Et, comme
vous allez le voir tout à l'heure, par ailleurs, 2014-2015 va être une année où
on va présenter... Les données sont
préliminaires et ne sont pas encore soumises à nos instances, mais l'année
2014-2015 sera une année où on présentera
un déficit de l'ordre de 3 millions, alors ce qui est important.
Toutefois, comme je le mentionnais, c'est un déficit qui est totalement
absorbé, là, par notre solde de fonds.
Par la suite,
vous allez pouvoir voir que le déficit anticipé pour 2015-2016 est un déficit
qui va s'être légèrement résorbé,
donc un déficit de 2 millions. Et là l'exercice 2015-2016 a été davantage
exigeant parce qu'il nous a amenés, là, à prendre des décisions un peu plus difficiles, dont l'abolition de
11 postes à notre plan d'effectifs, la plupart par attrition à la suite de départs à la retraite et également
le non-renouvellement de certains contrats de nos ressources
surnuméraires. On s'est également assurés de, je dirais, ralentir le comblement
des postes. Donc, il y a environ 5 % de notre plan d'effectifs,
actuellement, qui est vacant pour se permettre, disons, une certaine marge de
manoeuvre pour pouvoir, là, enligner notre plan d'effectifs sur les besoins et
les moyens dont nous disposerons.
On a
également travaillé énormément sur nos dépenses discrétionnaires, là, il n'y a
pas une pierre qui n'a pas été retournée, et on a amorcé, comme vous
pouvez en témoigner aujourd'hui, notre virage numérique.
Pour ce
déficit de 2 millions que nous escomptons pour 2015-2016, qui sera
également assumé par le solde de fonds,
nous sommes environ à... Il est difficile de le dire actuellement parce qu'on
n'a pas eu les données définitives. Et vous savez qu'on est en
inscription continue, donc il est difficile de prévoir l'aboutissement de notre
fréquentation étudiante au terme de l'année.
Mais on est environ à 500 000 $ de notre objectif, donc nous avons
encore un exercice de réflexion et de compression à faire d'ici la fin
de l'année.
Mme
Hivon : À la fin
de 2015-2016, il n'y aura plus rien dans le solde de fonds?
Mme Boucher
(Louise) : Exactement. C'est pourquoi nous sommes devant un plan de
résorption du déficit, là, qui s'effectuera
sur les deux prochaines années. Ça veut dire qu'au terme de l'année 2016-2017
nous devons être en équilibre. Donc, on voit que cette stratégie-là a permis à la
Télé-université de disposer du temps nécessaire pour concrétiser les retombées positives de tous les chantiers que
l'on a mis en place depuis l'arrivée de la nouvelle direction et
d'essayer de se donner des conditions gagnantes pour s'assurer de notre
positionnement, de notre déploiement sans trop nous fragiliser. Et ces
retombées positives là nous permettront assurément de parvenir, oui, à notre
repositionnement, mais également à notre équilibre budgétaire, et on y compte
bien.
Mme
Hivon : O.K. Je vais revenir plus au... Puis vous avez dit
que le solde de fonds, les... Il me reste combien de temps dans le bloc?
Le Président (M.
Habel) : 3 min 30 s.
Mme
Hivon : Trois minutes.
O.K. J'y reviendrai si... Le temps ici, c'est une denrée rare. Donc, je veux
juste... Parce que je veux être certaine qu'on en parle, l'effectif étudiant
semble avoir stagné. En fait, quand je regardais les dernières données — mais,
évidemment, nos dernières données ne sont pas exactement vos dernières données — il
semblait y avoir eu une légère baisse au
global, une augmentation des étudiants, je crois... ou peut-être que je suis
dans l'erreur, mais une certaine augmentation des étudiants à temps
partiel, mais une baisse à temps plein, et donc je voulais juste savoir où vous en étiez. Est-ce qu'il y a une
stabilisation? Est-ce qu'il y a des efforts qui sont faits? J'imagine,
beaucoup, mais est-ce que vous avez été
capables de ramener la clientèle à la hausse? Parce qu'on voyait une
diminution, alors que, dans les universités campus, de manière très
généralisée on voit une augmentation. Donc, j'étais curieuse de vous entendre
là-dessus.
Mme
Legault (Ginette) : Bien, je vais passer la parole à mon collègue,
mais je vous dirais d'entrée de jeu qu'il y a eu, à un moment donné, un plateau, puis là, avec tout ce qu'on est en
train de mettre en place... Je vais
faire une petite parenthèse,
d'ailleurs, là-dessus, Mme Boucher a fait référence à des chantiers à la
TELUQ. Quand je vous dis qu'on vire chaque pierre, là, puis qu'on est en
train de regarder tous nos processus, notre stratégie de recrutement, et tout,
la qualité de ce qu'on offre, etc., on a une
trentaine de projets prioritaires actuellement, 30 chantiers, en quelque
sorte, qu'on mène de front sur
l'ensemble de ces aspects-là, qui a été accepté par le conseil
d'administration — notre
président peut en attester — et donc avec un échéancier
extrêmement court aussi. Le rapport au temps, à TELUQ, c'est assez intense aussi dans la mesure où ce que nous visons, c'est
une augmentation des effectifs étudiants. Dès qu'on va commencer à
récolter... à partir de ces changements-là, donc, d'ici un an, un an et demi,
déjà on devrait voir une hausse.
Mais je vais passer
la parole à M. Noël parce que, déjà, il y a des augmentations, je pense, à
court terme.
M.
Noël (Martin) : Oui. Actuellement, la TELUQ a 3 800 ETP, donc c'est une augmentation de près de 10 % par
rapport à l'année dernière. Donc, il y a du travail qui a été fait. Il y a
certains programmes qui ont été fermés, ce qui explique un peu la baisse qu'il y a eu, mais on a travaillé sur d'autres
programmes. On travaille beaucoup sur la rétention, donc des étudiants
qui reviennent. Donc, ça joue aussi. On travaille aussi au niveau de
l'international. Donc, il y a plusieurs parties sur lesquelles on travaille qui
viennent intensifier un peu, si on veut, le nombre d'étudiants, et ça va
continuer. Donc, on travaille beaucoup sur ces dossiers-là.
Mme
Hivon :
Ça va?
Le Président (M.
Habel) : 50 secondes.
Mme
Hivon :
50 secondes. On peut-u reporter à l'autre...
Le Président (M.
Habel) : Oui, on peut le reporter sur le prochain bloc.
Mme
Hivon :
Merci
Le Président (M.
Habel) : Alors, je cède la parole au député de Sherbrooke pour un
temps de 13 min 30 s.
• (12 heures)
M.
Fortin (Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. De toute façon,
on va continuer sur le même thème. Alors,
à mon tour de vous souhaiter la bienvenue à l'Assemblée nationale. C'est un
petit peu à la blague au début, je
suis heureux de vous voir en personne. Je
pensais vous voir par la vidéoconférence, mais je suis très heureux que vous
vous soyez déplacés pour venir échanger avec nous.
Moi
aussi, j'avais quelques questions concernant toute la dimension de l'effectif
étudiant. Parce que, dans les notes qu'on nous a préparées pour la commission, on notait une forte baisse de l'effectif
étudiant à temps partiel, qui est votre clientèle principale, au cours
des cinq dernières années. Peut-être que les données ne sont pas tout à fait à
jour, là, par rapport aux données que nous avions de disponibles. Alors,
vous disiez qu'il y avait différents éléments qui expliquaient cette situation-là, dont la fermeture de certains programmes.
Je voulais voir s'il y avait d'autres éléments et quels programmes
que vous avez fermés au cours des dernières années.
M.
Noël (Martin) : Bien, un des programmes
qui a surtout eu un impact, c'est un programme court en comptabilité qui était offert à
tous les comptables en action, en activité. Et ce programme-là a été fermé parce
que le besoin a changé. Donc, le programme a été fermé, et lui, évidemment, a
eu impact important.
On retravaille
régulièrement notre programmation, donc il y a des évaluations qui sont faites,
les évaluations de programmes. Donc, des fois, il y a des décisions qui sont
prises par rapport à ça, mais ça permet toujours à notre corps professoral de pouvoir développer de
nouveaux programmes, et c'est là-dessus qu'on s'active beaucoup. Donc,
on a plusieurs idées, il y a plusieurs
travaux qui sont en train de se faire pour le développement de programmes, donc
avec un impact qu'on pense assez important sur le développement, là, de
l'université.
Mme
Legault (Ginette) : Vous comprenez aussi que, dans la stratégie de la
TELUQ, l'objectif, c'est aussi de retenir,
effectivement, nos étudiants, mais dans une logique... tout en respectant les
allers-retours, ce que j'expliquais au début de ma présentation, hein?
Tout à coup, ils disparaissent, ils sont sous le radar, mais on sait qu'ils
vont revenir. Parce qu'ils organisent leur
vie en conséquence, nos étudiants à temps partiel, hein — c'est une très forte majorité chez
nous — et,
de plus en plus, on pense qu'avec ce qu'on est en train d'ajuster, ce qu'on
leur offre comme soutien au quotidien, on
est en train de leur donner goût du temps plein — je le dirais comme ça — tout en étant des gens qui ont d'autres sphères de vie bien remplies, là. Alors,
c'est un peu le défi que nous nous donnons, puis, je pense, ça commence
à se faire sentir un petit peu dans les statistiques.
M. Fortin (Sherbrooke) : Donc, je
comprends que, bon, présentement, il y a certains indicateurs à la hausse par rapport à votre nombre d'effectifs étudiants.
En tout cas, je peux vous confirmer que vous en avez un nouveau parce
que le député de Jean-Talon vient de s'inscrire à un nouveau cours sur sa
tablette. Alors...
M. Proulx : ...
M. Fortin (Sherbrooke) : Mais je
voulais savoir...
M. Proulx : C'est presque
complété...
M. Fortin
(Sherbrooke) : Alors, c'est très simple de s'inscrire chez vous,
visiblement. Mais je voulais savoir, justement, la fluctuation du nombre
d'effectifs étudiants. Parce que, dans votre présentation, vous avez parlé du
ratio, évidemment, enseignants-étudiants, vous avez mis l'accent sur l'importance
d'augmenter l'effectif professoral, mais je voulais savoir, là, le 51 EETP
par professeur, c'est quoi, la tendance présentement. Est-ce que c'est à la
baisse? C'est à la hausse?
M. Noël
(Martin) : On aimerait que ce soit à la baisse. Surtout qu'on veut
aller vers le deuxième cycle, donc, souvent,
là, l'intervention du professeur est beaucoup plus importante. Au premier
cycle, on a le soutien des tuteurs, qui permet vraiment de personnaliser
le travail qui est fait avec l'étudiant et le suivre. Parce qu'une des
particularités, justement, avec
l'inscription continue, c'est qu'à une date donnée tu peux avoir un étudiant
qui est au début du cours, et l'autre est presque à la fin. Alors, c'est
important d'avoir un soutien particulier. Au deuxième cycle, on a des chargés
d'encadrement qui y travaillent aussi, mais il y a une implication beaucoup
plus importante des professeurs.
Et il faut comprendre que nous, quand on
regarde, on a 18 000 étudiants, on est presque à
20 000 étudiants pour
65 professeurs, c'est sûr qu'ils ne sont pas capables de pouvoir suivre
l'ensemble des étudiants. Donc, ils ont besoin de soutien. Mais tous les cours de la TELUQ sont sous la responsabilité
d'un professeur, et c'est lui qui s'en occupe. Alors, quand tu as près de 400 cours, ça fait des
charges assez importantes pour le professeur, pour les mises à jour, la
révision des cours, et tout ça. Donc, avec
l'encadrement d'étudiants, tout ça, ça donne une charge assez lourde, et c'est
pour ça qu'on veut développer le
corps professoral, pour être capables de développer des nouveaux programmes et
de mieux soutenir l'ensemble de notre programmation actuelle.
Mme Legault (Ginette) : Est-ce que
vous me permettez peut-être un petit complément? Je pense qu'aussi il faut faire référence... quand on parle
d'augmentation du corps professoral qui est nécessaire, qui est quasi urgente,
c'est aussi cette idée d'offrir comme
université, je dirais, des domaines d'excellence qui sont renforcés. Je répète,
les professeurs à la TELUQ ne sont
pas que des enseignants, hein, ce sont des chercheurs, et il y a une relève
extrêmement ambitieuse à la TELUQ, comme dans les autres universités
tant sur le plan de l'enseignement que de la recherche. Alors, les professeurs qui sont parmi nous déjà, ils ont deux
ambitions : avoir le plus possible — la plupart des cas — le plus possible un contact direct avec les étudiants... Parce que
vous avez compris que les professeurs ont des contacts directs avec les
étudiants, mais nous avons aussi tout ce corps d'emploi que sont les personnes
tutrices et chargés d'encadrement, donc
qu'il y ait plus d'échanges. Et par ailleurs que, comme dans certains domaines
prioritaires de recherche, on puisse augmenter
nos effectifs un peu pour créer une véritable différence dans le développement
de programmes de recherche, aux cycles supérieurs en particulier.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Très bien. Merci beaucoup. Dans votre présentation,
ici, vous aviez une diapositive sur
les mythes et réalités de votre institution, et puis, effectivement, que j'ai
trouvée bien intéressante et que... Il y a des mythes dans la vie, hein, qui ont la vie dure. Et, pour faire de la
politique, je peux vous dire que, des fois, les perceptions l'emportent
sur les faits. Mais les perceptions ont des conséquences aussi, et certains
mythes dont vous pouvez être victimes, c'est
que ça peut être plus facile d'obtenir un diplôme à distance qu'en classe, alors
qu'on sait très bien que ça demande beaucoup plus de discipline et
d'autonomie, alors c'est plus difficile en ce sens-là. Mais est-ce que ces mythes-là ont des conséquences sur la valeur du
diplôme provenant de votre institution aux yeux d'employeurs potentiels?
Mme
Legault (Ginette) : En toute honnêteté, je crois qu'il y a eu une
époque où ça a été le cas pour les raisons que j'évoquais tout à
l'heure, une méconnaissance de ce que c'est. Est-ce que la population
québécoise sait de façon générale, comme on
le sait tous ici, que, quelle que soit l'université au Québec qui... Quelle que
soit l'université dont on parle, vous
savez tous que ces universités-là passent toutes par le même processus
d'accréditation des programmes que nous
offrons, hein? Donc, il n'y a pas d'universités de seconde zone au Québec de ce
point de vue là, en ce qui concerne les critères de qualité qui sont
associés à l'offre de cours et de programmes.
Par contre,
probablement que, chez certains employeurs, c'était difficile de saisir à une
certaine époque peut-être pas si
lointaine que ça qu'on pouvait aller chercher un diplôme sans s'asseoir dans un
amphithéâtre ou dans une salle de cours
d'une université de campus. Mais les choses ont changé, je peux vous le dire,
on est beaucoup en contact actuellement avec les employeurs, avec les corporations professionnelles. Et,
probablement, je dois dire que ce qui a contribué à faire changer les
mentalités et faire tomber ce mythe, c'est le fait qu'il n'y a plus que la
TELUQ au Québec qui fait de la formation à distance. C'est l'affaire de tout le
monde, à peu près, à des degrés très divers, et ça a permis de mieux comprendre
ce que c'est véritablement et surtout ce que ce n'est pas, la formation à
distance.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Sur un autre
sujet différent, le député d'Ungava a parlé un petit peu de la méconnaissance
de votre institution sur le territoire qu'il
représente ici, à l'Assemblée nationale. On sait qu'il y a certaines régions au
Québec qui n'ont pas de campus universitaire.
D'ailleurs, on a abordé cette question-là hier avec l'UQTR relativement au
campus de Drummondville. Qu'est-ce qui a
plaidé beaucoup pour ce campus-là, c'est qu'il n'y en avait pas dans le
Centre-du-Québec et que les gens qui
habitent cette région-là avaient, dans une moins grande proportion, un diplôme
universitaire que la moyenne québécoise. Il y a d'autres régions au
Québec... Là, il va y en avoir un à Drummondville, qu'on pense qu'il sera ouvert pour la session d'hiver 2016, mais il
y a d'autres régions au Québec, dont la région de Lanaudière, qui n'ont pas de campus universitaire. Alors, est-ce qu'il
n'y a pas là pour vous vraiment une clientèle à privilégier? Est-ce que
vos efforts de promotion sont davantage présents ou davantage marqués sur ces
territoires-là ou c'est plutôt uniforme sur l'ensemble du territoire québécois?
• (12 h 10) •
Mme
Legault (Ginette) : Sans vouloir reprendre un débat ici sur la
délocalisation des universités au Québec, il est certain que — je
l'ai évoqué dans ma présentation — nous avons la ferme conviction, l'équipe
ici, là, qu'il y a un momentum au Québec actuellement — puis
c'est un momentum qu'on risque de rater pas juste sur la scène locale, mais
internationale pour le Québec — dans l'offre de cours et de programmes de
niveau universitaire. Et, quand je veux dire
un momentum, c'est qu'on a toutes sortes d'irritants qui nous dissuadent de
travailler en équipe, en partenariat.
Bon, j'ai
écouté les débats depuis le début de la semaine. Pas tous, mais je sais que
c'est une préoccupation que vous
avez, qui est d'ailleurs, à mon avis, tout à
fait légitime, pouvons-nous faire
mieux et plus ensemble, les universités québécoises? J'en suis
personnellement profondément convaincue, et je sais que c'est une valeur qui
est partagée par mon équipe. Pas
juste pour des raisons d'économies d'échelle, pas juste pour des raisons
budgétaires et financières, pour des raisons,
je dirais, plus nobles, des raisons qui sont liées à l'excellence, aller
chercher les meilleurs talents. Et, pour ça, il faut qu'on se parle davantage. Bon, les irritants
auxquels je réfère, le premier en haut de la liste, je sais que vous avez
traité de cette question-là avec plusieurs
universités, je ne peux pas m'empêcher de l'évoquer, c'est la formule de
financement actuelle qui ne nous encourage pas à travailler ensemble.
Heureusement qu'il y a des belles initiatives.
En dépit de ce que je viens de dire, vous le savez que beaucoup d'universités travaillent ensemble. Il y a beaucoup
d'équipes de professeurs, on a des programmes conjoints, et la TELUQ ne
demande pas mieux que d'en donner plus encore, de travailler encore plus avec
d'autres universités.
Alors, est-ce
qu'on est la panacée au prochain bâtiment qu'on veut mettre en place au Québec
pour ralentir cette délocalisation? Peut-être,
mais il faut d'abord s'en parler, comment on repense notre modèle au Québec
pour que tout le monde ait sa place, mais en travaillant davantage en
complémentarité. Est-ce qu'un programme standard, peu importe le domaine disciplinaire, qui est donné dans toutes les universités
actuellement — puis je
n'en nommerai aucun, mais je suis certaine
que vous avez toutes sortes d'idées en tête, des programmes de bac ou peu
importe — est-ce
que ça peut être intéressant de
discuter ensemble, entre les universités, d'une mise en commun et d'aller
chercher les meilleurs éléments dans les universités pour offrir ce
programme-là, l'enrichir, l'actualiser avec des formules, à la limite, qu'on
qualifie de bimodales, hein, un bout en présentiel, en salle de classe, un bout
à distance? Ça pourrait être une formule, entre autres choses.
Le message
que je veux laisser aujourd'hui simplement, c'est que toutes les universités au
Québec, y compris la TELUQ, ont leur
place et ont un rôle à jouer. La preuve, c'est qu'elles sont pleines, il y a
une augmentation de la clientèle, ça
va bien. Est-ce qu'on peut penser quand même les choses différemment, sachant
qu'il y a un nouveau phénomène qui est en
train de s'inscrire de plus en plus dans notre société comme sur le reste de la
planète — en tout
cas, dans le monde, je dirais, occidental surtout — c'est
ce que j'ai appelé de l'hypermobilité, puis cette approche que nous avons de
plus en plus, tous, là, pas juste les
employeurs, là, que la formation, c'est une affaire tout au long de la vie, ce
n'est pas juste on va s'asseoir sur
les bancs de l'école, c'est fini, on a une belle carrière devant nous? C'est
terminé, ça. C'est terminé, quel que soit notre âge. Donc, ça doit nous
bousculer, les universités, puis s'ajuster à ça. Et la TELUQ ne demande pas mieux que de participer à ce débat-là, et c'est un
peu ce qu'on a dit, nous, dans tous les avis que nous avons déposés dans
le cadre du Sommet de l'enseignement
supérieur. Et cette ouverture qui est faite, nous l'avons dûment annoncée, que
ce soit sous l'angle du financement des
universités quand il a été question de cet aspect-là, que, par exemple, de la
gouvernance des universités ou du développement international.
Et je vais donner un dernier exemple où on
pourrait être... Puis ça commence à se discuter, je vous rassure. Les recteurs,
on se parle, quand même, et les professeurs se parlent. La question de
l'attraction et de la rétention des étudiants étrangers au Québec, c'est un enjeu
important, un enjeu sociodémographique, social. Que pouvons-nous faire
de mieux pour en attirer davantage et
surtout les retenir? Bien, la TELUQ, par exemple, pourrait jouer un rôle puis
le joue à certains égards, mais
pourrait être beaucoup plus présente pour préparer ces étudiants-là avant qu'ils
n'arrivent, que ce soit pour des
questions de cours de langue ou d'adaptation à la culture québécoise, des
premiers cours de base, par exemple, qu'on pourrait donner. Alors, c'est
un exemple que je donne, là, il y en aurait... mais c'est là où je pense qu'une
intégration de nos stratégies soutenue par le gouvernement, notamment par la
formule de financement, pourrait devenir intéressante.
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup. Le bloc est terminé. Alors, je passe la parole au député de
Chambly pour un temps de 18 minutes.
M. Roberge : Je vous remercie
beaucoup, M. le Président. Merci à toute l'équipe TELUQ qui est ici. Très intéressant, ce que vous venez de dire juste en
terminant, là, l'idée d'utiliser les ressources de la TELUQ pour
préparer les étudiants étrangers à venir
ici. Très, très pertinent. Honnêtement, je n'avais jamais pensé à ça. Puis
aussi des immigrants. De toute façon,
les immigrants en général, vous avez cette force, là, d'avoir développé toute
la pédagogie à distance, puis justement...
Enfin, c'est très intéressant. C'est définitivement à exploiter puis à
reprendre la balle au bond, là, nous tous, là. Ce n'est pas une affaire
de partis, là, c'est une affaire de nation.
J'ai quelques
petites questions d'éclaircissement. Puis j'en ai appris pas mal, c'est
intéressant, vous avez dit que les
trois quarts des étudiants venaient de la région de Montréal, de Québec. Donc,
je comprends que c'est plus une question d'horaire qu'une question de distance, la raison pour laquelle on
s'inscrit à la TELUQ. Dans le fond, TELUQ veut dire l'université à distance, là, «télé» dans le sens
de distance, mais, dans le fond, c'est plus l'Université du Québec à
horaire flexible, d'après ce que je comprends. C'est plus l'horaire que la
télédiffusion qui fait votre attractivité. Est-ce que je me trompe?
Mme Legault (Ginette) : Absolument
pas, c'est exactement ça. D'ailleurs, à l'origine, là, la TELUQ, Télé-université, hein, c'est son nom officiel selon nos
lettres patentes, Télé-université, bon, «télé», racine grecque ou latine
qui veut dire «distance», effectivement. On
comprend qu'aujourd'hui la connotation est un peu péjorative, les gens
pensent peut-être encore — j'espère
que non — que
ça se passe à la télévision. Je n'ai rien contre la télévision, mais c'est exactement ce que vous venez d'évoquer. L'idée,
c'est d'offrir de la flexibilité, d'introduire de la flexibilité, de
l'accessibilité sans jamais faire de
compromis sur l'excellence et la qualité. Donc, on peut le faire seul, on a une
mission, mais on peut aussi regarder comment on peut le faire mieux au
Québec, différemment.
Puis je veux
juste revenir deux secondes, vous parliez tout à l'heure... vous reveniez sur
la question des étudiants, là,
étrangers ou des immigrants. Vous savez qu'à la TELUQ, depuis 25 ans, il y a un
service d'évaluation linguistique à la disposition
des employeurs — ça fait
partie de la stratégie de formation continue — qui est très prisé, et on offre des
cours de langue aussi. On a une partie de
notre corps professoral... Ce n'est même pas un effort important à faire pour
la TELUQ. On l'a fait déjà, d'ailleurs, on a déjà des partenariats avec
des institutions universitaires à l'international, et c'est ce qu'elles nous
demandent. Elles nous demandent autre chose, mais elles nous demandent ça,
entre autres, et ça répond parfaitement à leurs besoins, alors... Et c'est une
piste, effectivement, qui pourrait être très simple à mettre en place.
M.
Roberge : Vous avez parlé de l'excellence puis de la qualité, j'ai une
question plate, un peu. La cote R des gens qui vont à la TELUQ... Je
n'ai pas cette donnée-là dans aucun... aucune autre institution ne nous l'a
fournie, je n'ai pas posé la question à aucune autre institution. Est-ce que
vous avez la donnée? Est-ce que c'est semblable, inférieur, supérieur aux
autres universités pour qu'un étudiant puisse s'inscrire à la TELUQ?
Mme
Legault (Ginette) : Je vais passer la parole à mon collègue, mais,
avant ça, peut-être juste faire une petite parenthèse. Vous avez bien
fait vos lectures parce que vous n'en trouverez pas, de référence explicite à
la cote R à la TELUQ. Pourquoi? Parce que je
vous ramène à son histoire, au départ ça se voulait une université qui n'avait
même pas de corps professoral et qui
a été mise en place en mode expérimental pour compléter son offre par rapport
aux universités campus. Bon, les choses ont évolué, et le pari que la
TELUQ a fait au fil du temps, ça a été de miser, un peu comme beaucoup d'autres
universités québécoises, mais particulièrement, j'allais dire, du réseau de
l'Université du Québec font... C'est que, dans certains domaines, c'est de
mettre l'emphase sur l'accessibilité. Donc, on laisse entrer les gens — évidemment, avec un certain de nombre de
critères, là — sans
mettre de l'avant d'abord et avant tout la cote R, et la sélection, si vous me permettez, va se faire en
cours de route avec les critères de qualité comme les autres universités
qui ont des cotes R, ne serait-ce que parce
qu'on est dans le même système d'évaluation des programmes, notamment.
Alors, ça, ça a été la logique de la TELUQ. C'est l'une des questions — je
vous évoquais tantôt toutes sortes de chantiers, toutes sortes de questions qu'on est en train de regarder — qui est sur la table, je ne vous le cacherai
pas. Peut-être, Martin, tu veux compléter?
M. Noël
(Martin) : Oui. Bien, j'allais, justement, parler de la révision de
l'admission qu'on est en train de faire, mais il faut penser aussi... Tantôt, on parlait d'un camionneur qui
pouvait prendre un... On a plusieurs histoires d'étudiants qui sont rentrés sur la base adulte, on a quand
même beaucoup d'étudiants qui arrivent sur la base adulte et qui
réussissent très, très bien. Donc, tout le monde a son parcours, puis qui n'est
plus du tout uniforme, et on se retrouve avec des étudiants... on a même eu une médaille du gouverneur à une étudiante qui
n'avait pas fait ses études jusqu'au bout, et c'était une excellente
étudiante. Donc, nous, on met beaucoup d'exigences à la sortie, au diplôme. On
est sûrs de ce que la personne
est capable de faire. Donc, si la personne ne réussit pas les étapes, elle va
être exclue, de toute façon. Donc, pour l'instant, on revoit le
processus d'admission, mais on n'a pas de cote R, effectivement.
• (12 h 20) •
M. Roberge : Vous n'êtes pas les seuls, hein, il n'y a
personne d'autre qui a répondu à cette question-là. Il faut dire qu'on ne leur a pas
posée, mais bon.
Vous avez
parlé des fameux CLOM, là, la nouvelle façon d'offrir une espèce de formation
accessible à tous. C'est bien beau quand on le dit comme ça, mais — c'est
quelque chose que je ne connais pas bien du tout — ça engendre des coûts, de préparer un cours comme ça. Vous
avez évoqué quelque chose d'intéressant,
là, de l'utiliser un peu comme appât
puis, après ça, de ferrer l'étudiant, de le faire passer du côté, vraiment, de
la diplomation, si j'ose dire. Mais, quand même, ce sont des coûts pour lesquels vous n'avez pas de rendement parce
que, pour s'inscrire à un CLOM, c'est gratuit. Est-ce que je me trompe?
Mme Legault (Ginette) : Vous ne vous
trompez pas, c'est gratuit pour le participant ou la participante. C'est une
excellente question. Je vous ai dit qu'au début, là, quand les CLOM ont
commencé — les
MOOC, en fait, américains — évidemment, ils étaient offerts par les plus
grandes universités américaines. Ce n'était probablement pas un enjeu au départ, et pourquoi elles le faisaient,
c'était pour recruter les meilleurs talents en Inde, en Chine, peu
importe où sur la planète. Ils les attiraient avec des bourses ensuite.
Les choses
ont changé. C'est une vraie question qu'il faut se poser. Puis effectivement,
si la stratégie de certaines universités...
Puis je vous le dis, là, la TELUQ est en réflexion là-dessus, on consulte notre
corps professoral actuellement, on
fait le tour de la question. On a les experts chez nous, on est chanceux. C'est
notre métier, la formation à distance. Alors, c'est certain que, là où ça risque de coûter le moins cher, c'est à la
TELUQ — en tout
cas, au Québec — parce qu'on
a une infrastructure, on a beaucoup de personnel spécialisé, hein, des gens,
des spécialistes en sciences de l'éducation, il
y a des réviseurs linguistiques, il y a des spécialistes en design pédagogique,
etc. On n'est pas nombreux, mais ceux qui sont là, c'est parce qu'ils
sont vraiment dans le métier.
Alors, on
doit se poser cette question-là impérativement, puis, effectivement, l'une des
stratégies qui, actuellement, émerge
de nos réflexions, c'est cette idée de l'intégrer dans notre stratégie d'offre
de cours de façon à amortir ces coûts-là pour ne pas créer quelque chose en parallèle, ne sachant pas trop ce
qu'on va récolter de ça. Parce qu'en passant ouvrir un CLOM, par
exemple... peu importe l'université au Québec qui décide de le faire actuellement,
si elle a les outils nécessaires pour pouvoir suivre ces gens-là, voir
qu'est-ce qui va se passer après le CLOM, est-ce que ces gens-là, finalement, on leur a donné vraiment le goût puis
s'inscrivent, si on s'est donné l'outil pour le faire, c'est intéressant,
ça peut être une stratégie de recrutement
parmi d'autres. À ce moment-là, on peut l'expliquer comme ça. Mais ne pas le
faire, c'est un coût direct qui...
Finalement, on n'en connaît pas les retombées du tout, là. C'est un risque.
C'est un risque élevé.
M. Roberge : Vous avez parlé du
désir d'instaurer, de bâtir une espèce de dynamique d'interaction avec les
étudiants, notamment par des forums, mais comment vous faites ça dans une
perspective où vos cours sont dispensés de
manière asynchrone? Donc, si je veux interagir avec mon collègue, on est tous
les deux inscrits, je ne sais pas, à un certificat en administration, lui, ça fait huit semaines qu'il est
inscrit au cours, moi, je m'inscris cette semaine, alors on n'est pas à la même place par rapport au travail campus
classique où on est tous rendus au cours trois puis on a travail
d'équipe à faire. On a eu les mêmes cours,
le même travail, ça va bien. Sinon, là, l'interaction, c'est difficile. En tout
cas, je ne vois pas comment vous allez faire ça.
Mme
Legault (Ginette) :
Peut-être vous dire que, d'abord, il y a des rendez-vous qui peuvent se donner,
en quelque sorte, dans un cours, même
si on n'est pas à la même semaine. Il y a aussi, je dirais, des façons de faire
qui permettent de fixer des moments clés, même si on n'est pas rendus à
la même semaine, pour pouvoir... Puis j'ajouterais — c'est à un autre
niveau, mais ce n'est pas négligeable — on a une association
étudiante à la TELUQ qui est extrêmement dynamique et qui essaie de créer cette
vie étudiante qui n'est pas nécessairement campus. Alors, parfois, elle devient
campus, justement, parce qu'il y a des
rendez-vous qui se donnent physiquement, mais il y a aussi cette façon de
développer le sentiment d'appartenance, que
les étudiants puissent échanger sur des thèmes qu'ils choisissent, etc. Alors,
c'est une autre façon de le faire.
Mais je vais laisser la parole à mon collègue.
M. Noël (Martin) :
Oui, merci. C'est une très bonne question. Au premier cycle, c'est
principalement asynchrone, et nos
étudiants préfèrent de beaucoup faire leur travail tout seuls. Ils vont
échanger, des fois, ils vont se parler sur des travaux, des... Donc, il y a une plateforme où ils peuvent échanger,
mais, en général, ils préfèrent cheminer tout seuls. C'est au deuxième cycle où on va travailler
beaucoup plus vers le synchrone, donc en même temps, où il peut y avoir des rencontres. Et on a des professeurs, des chargés d'encadrement qui
tiennent des rencontres où ils parlent avec les étudiants, et c'est très, très bien structuré. Donc, on a la
possibilité surtout... On le fait surtout aux cycles supérieurs, où on va
avoir des cohortes qui partent en même temps et on peut créer des échanges et
créer des plateformes, là.
Mais il faut
comprendre aussi que les cours à distance n'ont pas à être linéaires comme dans
la salle. Il y a plein de modèles différents où on n'est pas obligés de
passer de la semaine un, deux, trois, quatre, cinq. Un étudiant inscrit pourrait jongler un peu avec ça et avoir
des parties synchrones. Donc, c'est très dur, mais, souvent, on a
toujours tendance à voir ça de façon
séquentielle. Mais la distance permet cette flexibilité-là, de ne pas avoir
cours nécessairement linéaire.
M. Roberge : J'ai juste le goût de
m'inscrire à un cours pour tester l'affaire.
Une
voix : ...
M. Roberge :
Hein?
Une voix :
...
M. Roberge :
Non, mais vraiment.
Par
rapport à ceux qui donnent les cours, là, je vois que vous avez, bon, des
professeurs, des tuteurs puis des chargés d'encadrement. Un professeur, on sait c'est quoi, classique, professeur,
chargé de cours, bon. J'aimerais savoir, au niveau salaire puis description de tâches, pour comprendre
comment ça marche, là, la boîte, là, des tuteurs, par cours, ça gagne combien, ça fait quoi au jour le jour? Puis même
chose pour des chargés d'encadrement, ça gagne combien, puis ça fait
quoi au jour le jour? Un étudiant, là, quand
est-ce qu'il appelle son tuteur? Quand est-ce qu'il appelle son chargé
d'encadrement?
Mme
Legault (Ginette) : Je vais commencer peut-être par le «quoi»,
qu'est-ce qu'ils font, puis je laisserai la parole à notre ministre des
Finances pour les coûts. Le professeur, c'est certain, c'est facile à
comprendre, comme dans les universités
campus. Et peut-être petite variante ici, les professeurs, selon leur
convention collective, d'ailleurs, choisissent jusqu'à quel point, je
dirais, ils veulent s'investir dans l'encadrement, dans le suivi des étudiants.
Donc, ça peut être variable d'un professeur
à l'autre parce qu'encore une fois je vous rappelle qu'ils ont les deux autres
dimensions de leur fonction, de leur
tâche. Donc, ils peuvent moduler dans le temps. Vous savez comment un
professeur d'université module dans sa carrière, même, des temps
différents. Alors, ça, c'est une première chose.
Par
ailleurs, pour chaque cours, effectivement, l'étudiant, là, dès qu'on
l'accueille, on lui dit : Voici, vous avez une personne tutrice à votre disposition, Mme Machin,
monsieur, qui est disponible avec vous à peu près à toute heure du jour,
là, à peu près, est donc disponible par courriel, téléphone, qui est là pour
répondre à vos questions liées au cours ou liées
même... Si vous avez des questions de votre cheminement, et tout, la personne
tutrice a le rôle de faire cheminer dans l'institution s'il y a des questions plus d'ordre d'orientation
professionnelle ou... Alors, ça, c'est le rôle des personnes tutrices et
des chargés d'encadrement. Chargés d'encadrement, on parle du deuxième cycle.
Évidemment, le rôle est modulé un peu différemment, vous comprenez pourquoi.
Bon.
Alors,
ça, c'est vraiment le modèle qu'ont adopté, en passant, la plupart des grandes
universités à distance, là. Il n'y en
a pas beaucoup sur la planète, là, mais la question du tutorat, ça vient de là.
C'est qu'on savait qu'on travaillait avec des gros volumes, que les professeurs étaient vraiment les responsables
des cours et qu'ils ne pourraient probablement pas assumer tout
l'encadrement, et ces personnes-là sont assignées à des cours. Alors là,
peut-être que Mme Boucher ou Martin, vous
pouvez compléter, parce qu'il y a des gens qui sont à temps plein, temps
partiel, pour les personnes tutrices.
Mme Boucher (Louise) :
Alors, l'information que je peux vous donner, effectivement, on a un groupe de
personnes qui assurent un accompagnement personnalisé à chacun des étudiants.
Donc, ces groupes-là, ce sont des personnes
tutrices au premier cycle et des chargés d'encadrement au deuxième cycle. Et
ça, c'est lorsque ce n'est pas le professeur qui prend en charge
l'encadrement comme tel.
Alors,
le mode de rémunération, en fait, les personnes sont rémunérées selon le nombre
d'étudiants qui leur sont assignés
annuellement. Alors, on a du personnel qui agissent à titre... je dirais à
temps partiel, alors qui cumulent cette fonction-là tout en restant dans leur domaine d'expertise, puis, de
cette façon-là, ils peuvent enrichir aussi l'encadrement qu'ils fournissent à nos étudiants. Donc, la
rémunération est basée sur l'équivalent d'un professionnel pédagogique
chez nous, mais en fonction du nombre
d'assignations qui lui est attribué annuellement. O.K.? Et, pour la
Télé-université, je dirais, cette masse salariale là totale représente
environ 18 % de ses dépenses.
Actuellement, il y a
environ 250 acteurs différents qui sont interpellés, qui font partie de
notre effectif, mais ceci représente approximativement, là, 93, 95 personnes équivalents
temps plein, je dirais. C'est sûr que c'est variable en fonction du volume de
fréquentation étudiante qu'on a à la TELUQ d'une année à l'autre.
• (12 h 30) •
M. Roberge :
Je veux savoir s'il y a des gens qui font ça à temps plein et qui peuvent en
vivre, là. Si je suis tuteur à temps plein
ou chargé d'encadrement à temps plein, est-ce que je fais 23 000 $ ou
je fais 70 000 $ par année?
Mme Boucher (Louise) : Alors, ça s'apparente au salaire des
professionnels, donc des échelles salariales qui vont être, en moyenne,
75 000 $, 80 000 $, dans ces eaux-là.
Une voix :
À temps plein.
Mme Boucher
(Louise) : À temps plein. Donc, ça...
M. Roberge :
O.K. Ce n'est pas parce que je me magasine une job, là.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Roberge :
Je le sais, que vous aimeriez ça, mais «keep dreamin'». Non, c'est parce que je
me demandais tout simplement dans quelle mesure, pour la TELUQ, c'est une façon
d'économiser de l'argent ou pas. Mais, dans le fond, les profs ayant la
fonction recherche puis service à la collectivité, tu sais, ça, ça les libère
peut-être un peu plus de l'encadrement. Ce n'est pas du cheap labor, et j'aime
bien que ça n'en soit pas, honnêtement.
Ensuite,
il y a toute la question de la compétition, vous l'avez dit, là, par rapport
aux formations à distance. Puis là j'ai
vu au fil des autres interventions les différences entre différents types de ce
qu'on appelle les formations à distance peut-être offertes par des
campus dits réguliers, mais est-ce qu'il y a des campus réguliers qui font ce
que vous faites? Moi, je comprends que vous
avez une offre différenciée de ce qu'on peut imaginer de la formation à
distance, là, ce n'est pas des
cassettes, ce n'est pas la télé, ça peut être asynchrone, mais est-ce qu'il y a
des universités au Québec en ce moment qui font ce que vous faites, là,
c'est-à-dire de la formation aussi variée et flexible que la vôtre?
Mme Legault (Ginette) : En mode
asynchrone, nous sommes les seuls. Vous le savez très bien qu'il y a des universités qui sont plus avancées que d'autres
dans l'offre de formation à distance. Et là ça prend toutes sortes de
formes, et c'est un peu ça qu'on évoquait dans notre document. Ça peut être,
bien sûr, sur une plateforme avec des forums de discussion, et tout ça, mais ça peut être aussi en mode plus Web
diffusion, en mode synchrone, donc intégré souvent dans le cursus de l'étudiant, là. Par exemple,
l'étudiant peut avoir tant de cours en présentiel, donc en salle de cours, tant
de cours à distance avec différentes formules pédagogiques, tout simplement.
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup. Le temps alloué à la deuxième opposition officielle est terminé.
Je passe maintenant la parole au député de
Jean-Talon, qui pourra peut-être nous expliquer son expérience
d'inscription.
M. Proulx : Oui. Bien, je vous parlerai
de mon expérience client un peu plus tard, oui.
D'abord,
merci beaucoup d'être ici aujourd'hui, c'est très intéressant. Et vous êtes une
excellente ambassadrice pour la
TELUQ, sincèrement, puis je suis convaincu que vos collègues le sont tout
autant. Mais c'est très intéressant puis inspirant pour nous de voir
qu'effectivement les modèles qu'on a créés dans le temps... Hein, on a créé des
modèles complètement différents, l'offre
universitaire est manifestement beaucoup plus éclatée que ce que la majorité
des gens pensent. Et, là-dessus, on voit que c'est viable, on voit que
ça a sa place, puis on voit que ça enrichit la formation qu'on peut obtenir.
Moi, j'ai
deux surprises. D'abord, je ne savais pas que... Puis peut-être que j'aurais pu
m'en douter, mais je ne savais pas
qu'effectivement les gens choisissent davantage peut-être l'horaire que la
difficulté de se retrouver dans un rayon d'une université pour faire le
choix, alors, ce qui fait que vous avez une concentration dans les grands
centres plutôt que dans les régions, alors
qu'avant que débute l'audition je disais à mon collègue d'Ungava : Je suis
convaincu que voilà une belle
alternative pour des gens qui se retrouvent dans la circonscription d'Ungava et
qui, pour toutes sortes de raisons, ne
peuvent pas, effectivement, le faire soir et matin, mais ne peuvent pas se
délocaliser ou se déraciner complètement pour aller dans un campus.
Alors, ça, pour moi, c'est une surprise.
La deuxième,
je vois que 46 % ou 45 % des gens sont jeunes. Alors, vous avez dit,
et à juste titre, que maintenant la formation, c'est tout au long de la
vie, mais peu de gens savent que vous offrez aussi de la formation en début de
vie, hein, en début de vie professionnelle
et un baccalauréat complet qui va nous amener à un emploi où on pourra soit y
passer sa vie ou faire comme la grande
majorité d'entre nous, changer d'emploi et aller vers des expériences diverses
et inattendues dans bien des cas.
Alors, ça,
c'est deux surprises. Et je comprends que, pour vous, il y a là tout un
potentiel de développement d'aller chercher,
oui, des gens un petit peu plus âgés qui veulent faire de la formation continue
comme... Je vais me considérer âgé, là.
Quand tu passes la quarantaine, j'imagine qu'il faut que tu penses que tu n'es
plus la jeunesse que sont nos enfants, mais, je veux dire, tu te retrouves dans la situation où, effectivement, tu
veux continuer à apprendre. Mais vous avez là tout un bassin de gens intéressants et intéressés qui ont
eu de la formation puis qui, aujourd'hui, peuvent le faire. Alors, tant
mieux si vous avez réfléchi puis vous avez l'intention d'axer la publicité
là-dessus et sur ces aspects-là.
Vous avez
parlé tout à l'heure de partenariats. Vous avez fait presque un plaidoyer à
l'effet que les universités doivent
travailler mieux ensemble et plus ensemble. On a rencontré, au cours des
derniers jours, différentes composantes de l'Université du Québec, on a rencontré le siège social de l'Université
du Québec. Est-ce que vous pouvez nous donner une idée de comment ça se passe actuellement? Je suis
convaincu qu'on peut faire mieux avec les autres universités et les
autres composantes du réseau, mais comment ça se passe, vous, pour qu'on
exploite bien vos forces à l'intérieur du réseau de l'UQ et avec les autres
universités actuellement?
Le Président (M. Fortin, Sherbrooke) :
Mme Legault.
Mme Legault (Ginette) : Ça se passe
bien. Je vous dirais que le dialogue est ouvert. Mais je vous rappelle encore une fois que la nouvelle situation de la
TELUQ, là, elle est effectivement relativement récente. Ce qui faisait
qu'il y avait un mariage, là, qui avait été annoncé, donc on va respecter le
mariage, les choses ont un peu changé. Donc, on retrouve notre autonomie, et la
question est remise sur la table, c'est certain.
Par ailleurs, la question est remise à un moment
où notre situation budgétaire est difficile. Il y a beaucoup de fébrilité dans
l'air. On apprend les choses au dernier moment, il faut s'ajuster
financièrement. Bon, vous savez tout ça.
C'est certain que ça crée un climat qui est moins favorable, je pense, à des
discussions libres pour innover, pour se dire : Ah oui! On pourrait faire ceci, on pourrait faire
cela. On est en mode survie, on est en mode défensif plus que créatif,
j'ose le dire comme ça, même s'il y a des
initiatives fort intéressantes. Je vous le disais tout à l'heure, vous le
savez, il y a beaucoup de programmes
conjoints, beaucoup de choses qui se font entre les universités, mais, nous,
notre sentiment d'urgence, c'est le fait
que ça bouge sur le reste de la planète, là, ça bouge vite, vite, vite, et,
dans la francophonie, le Québec est probablement le lieu le plus intéressant, pour toutes sortes de raisons, pour ouvrir
cette perspective-là à la francophonie notamment, pour ne prendre juste
que cet exemple-là. La TELUQ peut y aller seule, pas de problème, dans la
mesure, évidemment, où on va reconnaître ça dans la
formule de financement, là, c'est toujours la même chose. Mais toutes les
universités réfléchissent à ça, puis toutes
les universités ont déjà des ancrages dans la francophonie, là, au Québec, et
est-ce qu'on peut réfléchir davantage à ça?
Et là ça va
m'amener peut-être à une autre considération. Vous savez que les gens qui sont
dans ce domaine-là de la formation à distance au Québec, que je pense au
réseau collégial, même aux commissions scolaires — on a même un organisme qui nous rallie, là, les trois
niveaux d'enseignement, qui s'appelle le CLIFAD — on réfléchit beaucoup au positionnement du Québec en formation à distance,
l'offre intégrée qu'on pourrait avoir ou qu'on a, et ça fait 10 ans
qu'on réclame une politique de la formation
à distance de la part du gouvernement du Québec, puis pour toutes sortes de
raisons. Bon, je le sais que c'est en
chantier, on réfléchit à ça dans la foulée du Sommet de l'enseignement
supérieur, mais il y a là une urgence
parce que ça nous... Il y a une urgence dans la mesure où cette politique-là et
une révision de notre formule de financement, les deux éléments ensemble
pourraient créer un contexte favorable à une mobilisation plus forte des universités, des collèges, commissions scolaires
pour intégrer cette offre-là, notamment vers l'externe du Québec,
toujours dans cette idée d'attirer et de retenir des étudiants étrangers
notamment.
M. Proulx
: Vous avez abordé — puis vous n'êtes pas la seule à l'avoir
fait — votre
préoccupation au fait qu'on ne va
pas... ou, en tout cas, il ne faut pas cesser d'aller aussi vite que les
autres. On a, effectivement, fait des bonds de géant en quelques années
en créant toutes sortes d'institutions. On parlait avec les gens du réseau UQ,
effectivement, de la nécessité de ça, puis
de l'expérience aujourd'hui, puis de tout ce qui rejaillit sur notre société de
cette augmentation significative de
la diplomation. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui par rapport aux autres, par
exemple, dans la formation à distance?
Est-ce que le modèle que vous avez et ce qu'on fait actuellement est à niveau
par rapport aux autres sociétés à l'international? Est-ce qu'on est déjà
en retard? Est-ce qu'on a un peu d'avance, puis vous sentez qu'on veut nous dépasser? On en est où? Parce que, souvent, vous
savez, pour la prise de conscience collective, là — et c'est malheureux que ce soit
ainsi — il
faut parfois ouvrir la lumière puis voir qu'on n'est pas tout seul dans la
pièce.
• (12 h 40) •
Mme
Legault (Ginette) : On n'est certainement pas en avance. On est en
avance — je vais
d'abord parler pour la TELUQ — on est en avance, je dirais, dans cette
réflexion-là, dans l'espèce de balisage qu'on est en mesure de faire. C'est notre métier, comme je disais, voir
qu'est-ce qui se passe ailleurs, et ça nous amène à envisager ou à imaginer
des scénarios peut-être plus fins, plus
stratégiques par rapport à ce qu'on pourrait faire de mieux, je vais le dire
comme ça.
Maintenant,
pour ce qui est du Québec — puis je demande à mes collègues, là, si vous avez le goût de
réagir... — il
se passe beaucoup de choses depuis deux,
trois ans. Je vais vous dire même, moi, le moment où moi,
personnellement, j'ai pris ma décision de
faire ce passage vers la TELUQ, je trouvais que c'était ça qui était aussi
passionnant, c'est que c'est en
pleine ébullition, puis je le voyais bien, sur la scène internationale, qu'il
se passait des choses intéressantes. Et ça, c'est intéressant dans la
mesure où ce qu'on vise toujours, c'est augmenter le taux de scolarité de nos
étudiants au Québec d'abord et avant tout,
leur offrir cette accessibilité, qui a toujours été notre marque à tous, toutes
les universités. Alors, il faut aller dans ce sens-là.
Si je prends,
par exemple, le... Bon, c'est clair que, du côté américain, ils font beaucoup
de choses, ils sont très avancés.
L'Asie s'y met de façon très sérieuse. Ils ont des gros moyens, alors des
universités complètes qui sont mises en place complètement en ligne, et souvent c'est des consortiums. Ça, c'est
un scénario qui est de plus en plus intéressant, des consortiums.
Je vais vous donner un exemple très récent. En
France, il y a un fonds qui existe, qui a été initié par le gouvernement français, qui s'appelle FUN, fonds
pour les universités numériques, que vous connaissez sans doute, qui a voulu donner un élan, hein? C'est une initiative
du gouvernement, et là ça crée — bon, vous avez des petits sourires — toutes sortes de questions au sein des universités. Il y a une initiative
récente, une université, là, qui va ouvrir ses portes pour la première fois cet automne, Saclay, l'Université
Paris-Saclay, qui vise à la fois à mettre en place une espèce de Silicon
Valley à quelques kilomètres de Paris, hein, qui est un immense campus
physiquement, avec des laboratoires. C'est plusieurs universités. Les écoles de
gestion sont là, l'école des mines, les ingénieurs. Enfin, tous les grands
champs disciplinaires y sont. Et ce sont des universités existantes, on ne crée
rien. On les fait travailler ensemble avec des laboratoires situés physiquement près de grandes entreprises qui sont en
lien avec ces universités-là. Et, par ailleurs, cette université annonce déjà d'emblée : Nous
serons aussi en ligne de façon importante. Donc, ça fait partie de leurs
stratégies, des stratégies prioritaires. Et c'est ça.
On n'est pas
là, nous, au Québec, là. Est-ce que c'est une carte gagnante? Qui suis-je pour
le dire? Je ne le sais pas, mais il y
a certainement ces initiatives un peu partout. J'en donne juste quelques-unes,
là, quelques exemples. Je ne sais pas
si, les collègues, vous avez des choses à ajouter, mais c'est vraiment ça,
nous, qui nous fait réfléchir puis dire : Bien, il faut qu'on
rattrape, là.
M. Proulx : Je comprends très bien, puis
c'est très intéressant. Puis il faut, nous, en tout cas, comme parlementaires... Puis, comme l'a dit mon collègue
tout à l'heure, ça n'a rien à voir avec la partisanerie, il faut être au
fait de ça, il faut avoir été sensibilisés à
ça pour pouvoir le répéter, nous aussi, de notre côté, aux gens qui doivent
l'entendre, bien évidemment.
Je
veux revenir un instant à... Je vous ai parlé de l'expérience client tout à
l'heure de façon humoristique, mais vous avez des formations, bien entendu, avec le nombre d'étudiants à temps
partiel, avec les gens qui font le choix de ne pas aller chercher un baccalauréat au complet, mais de
prendre des cours à la pige, ou pour compléter une formation, ou pour le
plaisir de poursuivre des études. Mais vous avez des gens qui choisissent de
faire un baccalauréat en éducation ou en administration du début à la fin. Moi,
j'ai vécu une expérience campus, j'ai fait un baccalauréat en droit, École du Barreau, j'ai tout fait
ça avec des amis, là, hein, avec des gens autour de moi. Amis, moins amis, là,
mais, en tout cas, avec des gens autour de moi qui ont été les collègues
comme mes collègues le sont à l'Assemblée nationale aujourd'hui.
Il
y a un défi pour les étudiants de première génération, il y a un défi pour ceux
qui ont de la difficulté déjà à l'école, pour des gens qui ont besoin d'un encadrement particulier pour poursuivre
les études et atteindre la diplomation, comment on peut... Je vais reprendre un peu dans le même esprit que le disait
mon collègue tout à l'heure, mais comment on peut s'assurer d'augmenter la réussite dans un contexte
comme celui-là? Parce qu'aller à l'université, on en parlait avec des
collègues tout à l'heure, c'est parfois aussi se développer un réseau, c'est
des contacts qu'on va avoir pour le reste de notre vie. On va se retrouver 25
ans plus tard dans des milieux d'affaires différents, mais en position de
décision, par exemple, où, là, on va
dire : Bien, c'est drôle, j'arrive actuellement dans un poste décisionnel,
et c'est des gens que j'ai côtoyés ou
que je connais, de ma génération, qui sont autour de moi. On pourrait penser que, dans une formule comme la formation à distance, il y a un certain isolement
de l'étudiant, qu'il n'y a pas le gain des collègues qui... Alors, qu'est-ce
qu'il en est par rapport à ça? Comment c'est vécu par rapport aux
étudiants qui choisissent de faire un baccalauréat, par exemple, au
complet en formation à distance?
Le Président (M.
Habel) : Si vous pouvez le faire en 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Proulx : Je
m'excuse d'avoir été trop long dans mon préambule.
Mme Legault
(Ginette) : C'est un vrai défi. Je ne reprendrai pas vos mots, c'est vraiment
un défi pour les universités à distance. Donc, il faut trouver des manières,
provoquer des rencontres — c'est
comme ça que je le dis — provoquer des rencontres par le Web ou autrement. Et ça suppose aussi qu'il
faut qu'on... C'est pour ça que je vous ai parlé de... Depuis le début, on vous parle d'une approche
personnalisée, là, pour l'encadrement. Le principal défi, c'est celui de l'isolement de l'étudiant. Il le choisit
de plus en plus, comme je vous disais aussi, mais il faut qu'on travaille
à développer leurs réseaux, comme vous nous
dites, leur socialisation, leur sentiment d'appartenance à l'université. On
est fier après, comme diplômé, de
dire : Moi, je suis diplômé de telle université, et je veux garder mon
lien avec elle, d'ailleurs. Alors,
persévérance, autonomie, briser l'isolement, s'assurer qu'il connaît un peu ses
collègues malgré ce qu'on a évoqué tout
à l'heure, qu'on n'est pas au même
niveau. Et je peux vous dire que la collation des grades de la TELUQ — c'est
nouveau pour moi, ça — c'est
tout un moment, ils se retrouvent...
Le Président (M. Habel) : Merci. Malheureusement, le temps alloué au dernier bloc du gouvernement est terminé. Alors, je passe la parole à la députée de Joliette
pour un temps de 12 minutes.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup. Je voudrais parler de la formule de financement d'abord, avant
de parler des modifications qui pourraient
ou devraient survenir. Je veux comprendre si votre financement est vraiment sujet, à la base, aux mêmes critères que tout le
monde ou si, du fait de la différence
de vos infrastructures... Je vais revenir à cet acétate qui m'a beaucoup frappée, là. Là, je n'en suis pas tout de suite là-dessus, mais est-ce que, dans le modèle en ce moment, votre spécificité est déjà
bien prise en compte?
Mme
Legault (Ginette) : Bien, globalement,
nous sommes financés sur la même base que les autres universités. Comme vous le savez très bien, il existe une base
de financement selon les missions spécifiques. Bon, alors, ça,
on a aussi, là, notre part là-dedans, mais... Je regarde Mme Boucher parce que c'est certain que, si vous faites
référence dans votre question à des aménagements, par exemple, au niveau
du financement de la TELUQ, en regard, par exemple, de sa base technologique, bien, l'acétate, le
transparent, c'est un peu ce que ça vous démontre, c'est qu'il n'y a
pas de mesure spécifique. Et
d'ailleurs, dans le rapport Tremblay-Roy, c'est une des réserves ou, en tout cas, une des déceptions que nous avons,
c'est que... Vous pourrez y revenir, mais, sur plusieurs points, effectivement, on est assez heureux de ce qui a été dit, notamment sur la
formation à distance. Je pense qu'il y avait une sensibilité, là, qui a été
dûment inscrite, mais il y a une absence, là, de recommandations sur une
bonification du financement des technologies de l'information et des
communications notamment, et, pour nous autres, c'est un enjeu majeur.
Mme
Hivon : O.K. Donc,
bon, la formule n'est pas satisfaisante, je vais y revenir. Pour l'aspect du
financement des infrastructures, donc les vôtres, elles sont essentiellement
technologiques. Est-ce que ça serait par la base de la formule de financement? De ce que je comprends, peut-être
pas parce que c'est plus de la nature... Quand vous faites la comparaison ici, c'est plus de dire : Bien,
il y a de l'infrastructure béton, évidemment, qui se fait sur différents campus, il y a des grosses demandes, ça rentre dans le PQI,
puis tout le monde fait son lobby. Puis là vous, vous dites :
Bien, nous, on ne reçoit rien, c'est
comme si on est absents de l'écran radar parce que nos infrastructures sont
d'un autre ordre, elles sont technologiques. J'imagine que ce que vous
souhaitez, c'est qu'on prenne compte pleinement de ces besoins-là, mais de
manière distincte de la formule de financement comme telle, au même titre où on
le fait pour le béton.
Mme Legault
(Ginette) : Adapté. Oui, je dirais que ça devrait être adapté. Là, peut-être
Mme Boucher, là... En fait, il y a la technologie
qui est importante pour nous — puis
ça, c'est une problématique qu'on retrouve dans d'autres universités — mais
il y a toute la question aussi de la présence des étudiants à temps partiel, ce
qui fait que...
Mme
Hivon :
Ça, on en a entendu...
Mme Legault (Ginette) : Oui, je sais
que vous en avez entendu parler beaucoup.
Mme
Hivon :
C'est le cas chez vous beaucoup, là.
Mme
Legault (Ginette) : Bien, écoutez,
à 93 %, vous comprenez que, nous, un étudiant, c'est cinq
personnes. Tu sais, c'est lourd, là. Et on
sait aussi que le taux d'abandon est plus élevé en formation à distance, donc
il faut être encore plus aux aguets, les suivre, les accompagner, les
encourager. Alors, c'est un paradoxe, là. Je ne sais pas si madame...
• (12 h 50) •
Mme
Boucher (Louise) : Alors, ce
que je pourrais compléter... En fait, la formule de financement actuelle comme on la connaît,
lors de son adoption en 2000, avait connu certaines adaptations pour la
Télé-université. C'est sûr qu'on a reconnu là sa mission particulière,
comme on a reconnu des missions en région pour certaines universités. Et on
avait aussi reconnu un certain volet au niveau
des technologies dans son fonctionnement, mais, à l'époque, c'était un
ajustement qui ne faisait que compenser le manque à gagner que nous avions en
changeant de formule de financement.
Donc, comme
on le disait, on a un campus virtuel qui nécessite du développement qui est davantage
de l'ordre des budgets, là, que l'on retrouve au plan quinquennal d'investissements, effectivement, mais on a aussi le
défi de maintenir et de garder notre campus à la fine pointe. Et, étant
donné que c'est un domaine qui évolue tellement rapidement et que l'innovation doit être au coeur du maintien de ce
campus-là, bien, ça représente un défi avec le fonctionnement actuellement.
Mme
Hivon :
O.K. Donc, vous diriez que ça devrait être pris en compte des deux manières,
dans le fond : dans la formule davantage pour que votre spécificité
soit encore plus reconnue, mais aussi qu'en termes d'immobilisations il y ait
comme une reconnaissance.
Mme Boucher (Louise) : Exact.
Mme
Hivon :
Mais, à cet égard-là, j'imagine que vous êtes en discussion comme toute
université qui a un projet immobilier,
sauf que vous n'êtes pas considérés dans la même enveloppe, c'est ça. Mais vous
savez qu'avec la stratégie culturelle
numérique qui a été annoncée, en fait, sous deux gouvernements, là, c'est rendu
qu'il y a des infrastructures en culture numérique, mais qui sont
inscrites au PQI. Donc, c'est aussi peut-être une manière d'essayer de vous
inscrire plus dans la norme des autres pour
avoir vos comparables. Parce que, j'imagine, qu'est-ce que ça veut dire en ce
moment, c'est qu'il faut trouver une
enveloppe quelque part au ministère, mais il n'y a pas d'enveloppe dédiée à ça,
vous tombez entre deux chaises,
donc... O.K. Bien, enfin, c'est quelque chose peut-être d'intéressant à
explorer, si ça ne pourrait pas maintenant,
avec l'évolution, être considéré du même ordre qu'une immobilisation plus
traditionnelle, là, parce qu'en fait c'est la même réalité, là. O.K.
Je voulais
voir avec vous, les professeurs, c'est sûr que vous en avez... C'est assez
impressionnant quand on voit ça, vous
en avez engagé beaucoup. Donc, il y a eu ce choix-là dans les dernières années,
donc, de... Bien, vous en avez quand même engagé un certain nombre, vous
avez augmenté votre nombre de professeurs dans les dernières années. Vous expliquiez qu'au début de la TELUQ on pensait
moins qu'on aurait des professeurs nécessairement temps plein, que, là, c'est quelque chose de plus important. Est-ce que
vous avez le sentiment qu'en ce moment vous avez à peu près le bon
équilibre entre professeurs, chargés de cours, encadrement?
Une voix : ...
Mme
Hivon :
Vous voulez augmenter... O.K. Puis vous voulez augmenter ça à quel niveau dans
vos rêves les plus fous, là? Parce
que c'est un sujet... Aujourd'hui, je ne sais pas si vous avez vu, mais c'est
le sujet du jour pour faire la une du Journal de Montréal avec le
nombre de professeurs dans nos institutions universitaires. C'est sûr qu'il y
avait un autre élément qui explique peut-être la une, mais c'est quand même
bien parce qu'on parle du sujet.
Mme Boucher (Louise) : Oui, tout à
fait.
Mme
Hivon : Donc,
est-ce que vous êtes capable de nous dire un peu à quoi ça devrait ressembler?
Mme
Legault (Ginette) : Et nous débutons, de notre côté, une nouvelle
négociation de convention collective avec notre syndicat des professeurs
prochainement, vous comprenez que c'est un enjeu.
Depuis notre arrivée, l'équipe, il y a une
lettre qui est passée entre les mains de trois ministres différents, qui lui explique un peu cette situation-là et qui,
clairement, signifie qu'il y a une urgence à la TELUQ dans la mesure où
on... Vous avez vu nos ratios, nous sommes
en train de consolider l'offre de cours, de programmes. On fait le ménage, en
bon québécois. On veut développer aux cycles supérieurs comme toute université.
Surtout que nos professeurs ont des programmes
de recherche extrêmement ambitieux, donc c'est alléchant pour les étudiants.
Donc, on ne peut pas rester à 67, c'est certain.
Si on s'inscrit dans une logique raisonnable,
surtout dans les circonstances actuelles où les universités ont plutôt tendance
à geler les postes qu'à ouvrir, je suis consciente que c'est un peu particulier
d'avoir ce discours-là aujourd'hui, de dire
qu'on veut augmenter le corps professoral, mais il n'en reste pas moins qu'avec
ce ratio-là, si déjà on pouvait, à court terme ou moyen terme, se rendre
au moins à une centaine de professeurs, ce que je considère être raisonnable, ce serait déjà assez extraordinaire
pour la TELUQ parce qu'on pourrait consolider certains domaines où nous avons vraiment le vent dans les voiles. Alors,
c'est un peu ce qu'on a partagé avec les trois ministres, en fait, que j'ai
eu la chance, moi, de côtoyer depuis mon arrivée. Alors, c'est à suivre.
Mme
Hivon :
O.K. Puis, en terminant, parce que je ne sais pas... O.K. Donc, juste très,
très rapidement, vous vous donneriez, vous, un horizon de combien
d'années pour arriver à ça?
Mme
Legault (Ginette) : Bien,
disons que, quand on regarde les programmes de subvention, les révisions de programmes, de cours — j'entends
de programmes d'enseignement — logiquement, si on veut maintenir un rythme
avec ceux qui sont déjà parmi nous puis qu'ils puissent progresser parce qu'on
crée des masses critiques, un horizon de deux, trois ans serait intéressant si
on l'étalait.
Mme
Hivon : O.K.
J'ai une question d'un tout autre ordre, mais vous avez peut-être vu ma préoccupation pour
le sujet si vous nous avez écoutés, c'est
l'intégration des étudiants qui ont un handicap ou une difficulté
d'apprentissage particulière, puis je
trouvais ça intéressant que vous vouliez développer une stratégie
proactive de recrutement des personnes avec handicap, on peut imaginer
l'intérêt qu'il peut y avoir. Où vous en êtes dans ça? Puis est-ce que, déjà,
c'est une réalité importante chez vous, à la TELUQ?
Mme Legault
(Ginette) : Alors, si vous me permettez, je vais passer la parole à
mon collègue.
M.
Noël (Martin) : Oui. On a déjà
créé même un secteur, une direction qui s'occupe, entre autres, des clientèles soit
handicapées ou soit les clientèles émergentes, et on travaille très, très
fort à développer là-dessus. Et on travaille aussi au niveau
technopédagogique pour que nos cours puissent... Il y a
qu'est-ce qui a été développé aux États-Unis qui s'appelle le design universel, qui permet d'intégrer les personnes avec certaines difficultés,
et on travaille beaucoup à développer les cours dans ces modèles-là
pour, finalement, intégrer le plus possible de personnes.
Donc,
c'est quelque chose sur lequel on travaille très, très
fort présentement. Il y a certains cours qui commencent à sortir avec ces modèles-là. Alors, c'est sûr que,
nous, c'est une très, très grande préoccupation, et, dès cet automne, on va commencer à travailler pour approcher de plus en
plus les groupes, là, qui ont des problèmes de handicap pour pouvoir leur offrir les programmes
de la TELUQ. Donc, pour nous, c'est très, très intéressant et c'est assez important.
Mme
Hivon :
En ce moment, est-ce que vous avez des chiffres sur combien d'étudiants en situation
de...
M. Noël
(Martin) : Je ne les ai pas, mais c'est...
Mme
Hivon :
Non? O.K...
Une voix :
...200 étudiants...
Mme Legault
(Ginette) : À peu près 200 étudiants déclarant un handicap,
hein...
Une voix :
...5 % supposé...
Mme Legault
(Ginette) : 5 %, possiblement, qui soit ne déclarent pas leur handicap
ou...
M.
Noël (Martin) : Et, à une collation des grades, quand le diplômé
arrive pour son baccalauréat, qu'il est aveugle ou a un problème de
surdité, c'est quand même quelque chose d'intéressant. On en a eu un qui était
quadraplégique aussi, il dit: Regarde,
l'opportunité était à TELUQ ou elle était nulle part. Donc, oui, c'est quelque
chose sur lequel on travaille très, très fort, et c'est très, très
touchant de voir que ces gens-là arrivent au bout et ils réussissent.
Mme
Hivon : Oui. C'est très bien, je vous... Parce qu'on le
sait, c'est un phénomène qui va aller en grandissant parce qu'ils sont, heureusement, de plus en plus
intégrés. Donc, certainement qu'à cet égard-là aussi vous pouvez être un
partenaire de choix. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Habel) : Merci. Merci beaucoup, Mme Boucher, M. Noël, Mme Legault, Mme
Laroche, Mme Carle, M. Beauchesne. Merci beaucoup d'avoir contribué aux travaux
aujourd'hui.
Je
vous rappelle que les dirigeants de l'École de technologie supérieure et de
l'Université Laval seront entendus le 21 septembre prochain.
Documents déposés
En terminant, je
dépose les documents soumis par les universités que nous avons entendues cette
semaine, l'université nationale d'administration publique, l'Université du
Québec à Rimouski, l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue,
l'Université du Québec en Outaouais, l'Université du Québec à Chicoutimi,
l'Université de Sherbrooke, l'Université du
Québec à Trois-Rivières, le siège social de l'Université du Québec, l'École
polytechnique de Montréal, l'Université Bishop et la TELUQ.
Donc, je lève donc la
séance d'aujourd'hui, et la commission ajourne ses travaux au mardi
8 septembre, à 8 h 30. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 59)