(Dix-neuf heures trente-deux
minutes)
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, bonsoir. À l'ordre, s'il vous plaît!
La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude du volet Formation professionnelle des crédits budgétaires du portefeuille
Éducation, Enseignement supérieur et Recherche pour l'exercice financier 2015‑2016.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplaçants?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Hivon (Joliette) est remplacée par Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve).
Formation
professionnelle
Discussion générale
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Étant donné qu'une période de deux
heures est prévue pour ce volet, il n'y aura pas de remarques préliminaires. Nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ de 20 minutes, incluant les
questions et les réponses.
Alors, nous avons débuté à l'heure, à
19 heures, alors on va terminer à 21 h 30.
Alors, je suis prête à céder la parole à
l'opposition officielle, et le porte-parole du... M. Turcotte, le député
de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Merci, Mme la Présidente. Donc, merci beaucoup, M. le ministre — et toute son équipe — d'être
présent avec nous ce soir, aux députés du
gouvernement, les députés de la deuxième opposition ainsi que la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Comme je n'ai
pas beaucoup de temps, je vais poser des questions quand même assez courtes,
mais en même temps j'aimerais aussi
pouvoir avoir différents échanges, mais en même temps respecter un peu aussi,
là, le fait qu'on n'a pas beaucoup de
temps dans l'opposition pour poser nos questions. Et on a beaucoup de
questions, c'est un sujet passionnant.
Ma première
question, M. le ministre, vous ne serez pas surprise, Mme la Présidente, ma
question au ministre, c'est concernant les centres d'éducation
populaire. J'aimerais entendre de la part du ministre : Où en sommes-nous
dans ce dossier?
Je sais que différents échanges ont eu lieu. Je
rappelle aussi au ministre que la date du 31 mai est une date importante pour les centres d'éducation populaire.
Les centres d'éducation populaire de Montréal attendent des réponses
depuis plusieurs semaines, plusieurs mois. Je pourrais peut-être même dire avec
des s parce qu'il y en a beaucoup. Beaucoup
d'interventions ont été faites. Vous avez même abordé la question vous-même en
commission... à la période de questions, mais aussi votre prédécesseur,
M. Bolduc, on a eu une rencontre avec ma collègue députée d'Hochelaga-Maisonneuve,
avec notre collègue aussi de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le maire de Montréal
aussi a pris position sur ce sujet.
Donc,
j'aimerais avoir, de votre part — parce qu'on avait beaucoup d'indications de
la part de votre prédécesseur, mais
là maintenant que vous êtes le nouveau ministre en titre — où est-ce que vous en êtes dans ce dossier
pour les centres d'éducation populaire, qui attendent une réponse
impatiemment?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Blais : Alors, je vous remercie, M. le député, pour la question. Tout
d'abord, effectivement, là, ce qui s'est passé avec les centres d'éducation populaire... et on sait bien, l'appui
est important. Vous avez raison de dire : Le maire de la ville de Montréal... Les collègues de tous
partis confondus, d'ailleurs, hein, ont appuyé la recherche d'une
solution.
Donc, la
commission scolaire de Montréal a décidé de mettre fin au bail qui les liait, là, disons... aux baux,
pardon, qui les liaient aux centres. Il y avait des enjeux, notamment, de
vétusté des lieux et les enjeux financiers aussi, probablement, pour la commission
scolaire de Montréal, qui les supportait, finalement, implicitement, là.
Donc, mon prédécesseur a travaillé sur le
dossier. Il y avait un projet, là, qui avait déjà été discuté. J'ai pris connaissance de ce projet, j'en ai discuté avec la commission scolaire de Montréal il y a maintenant à peu
près deux semaines, et ils me
sont revenus avec une autre proposition. Donc, je peux déjà vous dire — puis
je peux dire aux gens, là, qui nous écoutent
aujourd'hui — que
les activités des centres vont continuer, là, le 1er juin et par la
suite. Donc, ces activités-là ne sont pas remises en question.
La
proposition que l'on a en ce moment, que l'on étudie avec la commission
scolaire de Montréal, c'est de prolonger
d'un an les baux actuels. Il y a des enjeux au niveau du financement, parce qu'une fois qu'on a
dit ça... Et il faut regarder du côté des lieux, est-ce qu'il faut les
sécuriser, etc. Donc, il y a une évaluation qui est faite en ce moment. Il y a
aussi une évaluation qui est faite pour les coûts que vont devoir absorber les
centres.
Donc,
on est aussi en discussion là-dessus, mais c'est vraiment le scénario qui nous
plaît, pour différentes raisons. La
principale raison, c'est que ça nous permet de regarder l'ensemble, là, des
possibilités. Le ministère a été mis devant, disons, une décision, là, de la CSDM de mettre fin aux baux. Il fallait
trouver une solution rapidement. La solution qui avait été trouvée, elle coûtait assez cher :
c'était tout près de 14 millions ou 12 millions de dollars en
investissements, plus aussi un financement de maintien qui devait être
dégressif sur trois ans, et ensuite les centres devaient prendre en charge
l'entièreté des coûts, et c'est cet élément-là que je trouvais plus fragile
dans la proposition. Donc, l'année que l'on va chercher, là, grâce à la
proposition de la CSDM, va nous permettre de travailler davantage. On va mettre
sur pied un comité de travail, ministère et centres, pour voir exactement
quelle est la meilleure solution pour eux à long terme.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Mme la Présidente, j'ai devant moi un rapport de
recherche, hein, qui a été produit par le Service aux collectivités de l'Université du Québec à
Montréal. Le titre est assez clair, quand même, là, La pertinence des
centres d'éducation populaire de Montréal. Cette étude, qui est très
intéressante... Si vous ne l'avez pas lue, M. le ministre, je vous invite à la lire. Ce serait une des
premières lectures à mettre sur votre table de chevet, puis la lire. Vous allez
voir que vous ne vous endormirez pas beaucoup parce que c'est très intéressant,
ce que les centres d'éducation populaire font à Montréal.
Mais,
au-delà de ce que vous m'avez dit, moi, je ne suis pas plus rassuré, là, puis
il y a les centres d'éducation populaire
qui sont ici, les six centres, là, des représentants qui sont ici aujourd'hui, qui
ont fait la route de Montréal jusqu'à Québec pour être davantage
rassurés. Vous nous dites : Possiblement un renouvellement d'un an, des
études sur les coûts pour le maintien des
bâtisses. Vous avez parlé d'un comité de travail, de réflexion. Moi, je n'ai
toujours pas plus d'assurance que les
centres vont pouvoir continuer leur travail. C'est facile, espérer qu'au
1er juin ils puissent continuer, mais
c'est dans la certitude qu'on va pouvoir confirmer qu'au 1er juin les
centres vont pouvoir continuer à offrir des services qui sont importants
et significatifs pour la population de Montréal.
M. Blais :
Je n'ai peut-être pas été...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui, pardon. Je n'ai peut-être pas été assez clair. Ils vont
continuer, au 1er juin, leurs activités. On est en train de
discuter, disons, de détails des arrangements. La CSDM, ça lui plaît, là, c'est
elle-même qui a fait cette proposition-là.
On est en train de parler, là, d'arrangements financiers qui sont, disons...
qui reposent sur des faits objectifs. Donc, je ne suis pas tellement
inquiet, là, qu'il y aura un arrangement.
La
raison pour laquelle je veux les rencontrer tout à l'heure, les représentants
qui sont ici aujourd'hui, c'est pour les entendre, eux, pour voir comment ils voient cet arrangement-là et
surtout comment ils voient l'entreprise d'évaluer, là, pour la prochaine
année, là, la meilleure solution pour eux à long terme.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : En même temps, je comprends que vous voulez
entendre les gens des centres d'éducation populaire. C'est noble de
vouloir les entendre, mais en même temps il faut aussi avoir un message à leur
transmettre.
Donc,
de votre part, comme ministre... Votre prédécesseur, M. Bolduc, lors d'une
rencontre ici, à l'Assemblée nationale, avec les groupes, on avait même
sorti dehors à les rencontrer, les participants qui étaient dehors devant l'Assemblée nationale, qui nous avaient remis une
belle carte postale. Il y avait un message de la part de M. Bolduc,
le ministre Bolduc à l'époque, qui était
assez clair et assez ferme. De votre part, le message qui sera transmis aux
groupes, c'est quoi?
• (19 h 40) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Blais :
Donc, je n'étais pas à cette rencontre-là, donc je ne suis pas au courant.
M.
Turcotte :
Je comprends, parce que vous n'étiez pas le ministre à ce moment-là.
M.
Blais : Oui, je n'étais pas
au courant du message, etc., on va m'en parler tout à l'heure. L'important,
c'est qu'ils puissent continuer leurs
activités, tout le monde est d'accord là-dessus, ici, je pense, autour de la table.
L'important, c'est qu'ils
puissent continuer leurs activités, c'est qu'on puisse aussi sécuriser les
lieux, s'il y a des enjeux de sécurité, ça, c'est clair, et ensuite c'est d'envisager l'avenir, donc
de trouver un modèle qui est un modèle viable, c'est-à-dire un modèle
qui est viable du point de vue du logement, où est-ce qu'ils vont loger, mais aussi un modèle qui est
viable du point de vue économique,
comment ils vont faire pour se débrouiller, qui va les financer dans les
prochaines années. Et ce modèle de... c'est
l'élément, peut-être, le plus important que je veux discuter avec eux, sur ce modèle de
viabilité là, comment ils voient les choses, comment on peut les aider
aussi à atteindre leurs objectifs.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député
de Saint-Jean.
M.
Turcotte : On sait
aussi que, bon, il y a la question des locaux, mais il y a aussi la question
du financement, hein, pour la mission
des centres d'éducation populaire. Est-ce
que vous allez aussi leur proposer un
quelque chose, ce soir, pour
le financement? Parce que, si... admettons qu'il y a une entente avec la commission
scolaire — vous
avez mentionné — pour
les renouveler, les baux, pour un an, ça prend aussi de l'argent pour faire
fonctionner les centres d'éducation populaire.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui, donc, sur ce
point-là, je vais être très, très prudent, hein, d'ailleurs, parce que
ce que je comprends — on
va en discuter ce soir — c'est
que les centres eux-mêmes ont des perspectives par rapport à cette question-là
de financement. Alors, est-ce que l'enjeu, c'est un enjeu de transition, de
financement de transition? Est-ce
que
c'est un enjeu de financement à long terme? Comment ils voient les choses? Je
veux les entendre là-dessus, ce soir, là, pour voir quels sont les
besoins, mais je ne peux pas, aujourd'hui, là, sans avoir compris la nature des
besoins, là, m'avancer plus que ça.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Je peux
comprendre la prudence du ministre. En même temps, ça fait plusieurs
semaines, plusieurs mois que le premier ministre vous ait fait confiance pour vous nommer comme ministre
de l'Éducation et Enseignement supérieur
et les autres dossiers. Je sais aussi qu'il y a eu des échanges entre le ministère
et les centres d'éducation populaire, je
sais aussi qu'il y a eu des échanges entre votre cabinet et les centres
d'éducation populaire. Donc, je suppose, malgré le changement de ministre, que vous êtes, ou
votre équipe, quand même assez au courant des demandes et des besoins
des centres d'éducation populaire. Ce n'est pas une nouvelle, là, pour le ministère,
ça fait des mois et des mois que, dans la revue de presse, on peut voir... À
différents moments, j'ai eu l'occasion de poser des questions à l'Assemblée
nationale sur cet enjeu, ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a aussi parlé avec
vos équipes, notre collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques aussi, dernièrement,
vous a posé une question à l'Assemblée.
Donc,
moi, j'entends ce que vous me dites, là, mais il y a des questions de base, là.
L'électricité, le téléphone, l'Internet, tout ça, en ce moment, là,
était assumé par la commission scolaire de Montréal, les locaux, les baux. Je comprends, vous dites qu'on renouvelle pour un an
les frais de fonctionnement. Ça prend quand même de l'argent pour faire fonctionner ces centres-là. Je comprends que
vous voulez être prudent, mais en même temps on est pas mal dans le «crunch»,
là. On est dans ce qu'on appelle l'étude des crédits, puis on parle de l'argent
du ministère, puis on est pas mal là-dedans, là.
Donc,
moi, j'aimerais savoir, vous, c'est quoi, votre vision des choses comme
ministre. Vous êtes le ministre de l'Éducation. C'est quoi, votre vision
des choses, puis comment vous voyez ça, les groupes, les centres d'éducation
populaire? On connaît pas mal leur position, puis je crois que vous la savez
pas mal, mais en même temps j'aimerais savoir la vôtre.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Oui, alors, merci beaucoup, là. Il y a deux éléments, on l'a
mentionné tout à l'heure : il y a la question de les loger, hein, dans un endroit qui est sécure et
il y a la question d'absorber les coûts. Je pense que notre collègue,
là, parle, hein, des coûts de base, un peu,
là, d'avoir une structure, du chauffage, des coûts de base qui étaient assumés,
disons, implicitement, là, par la CSDM
jusqu'ici. La CSDM a décidé de se retirer. Alors, moi, ce que je vous dis
aujourd'hui, puis ce que je vais dire aux
groupes tout à l'heure quand je vais les rencontrer, c'est que leur activité va
se continuer le 1er juin. Donc, on va trouver la formule de
financement qui va permettre à ces activités-là de se continuer. Puis je suis très au courant, vous avez raison de le dire,
d'un certain nombre de coûts qui étaient assumés auparavant par la CSDM et que la CSDM ne veut plus assurer, donc, si je
m'engage auprès d'eux à ce qu'ils puissent poursuivre leurs activités,
je m'engage aussi à trouver une solution, là, avec eux.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Bon, j'aimerais continuer à poser des questions sur les centres d'éducation
populaire, mais malheureusement j'ai seulement deux blocs de 15 minutes, et les questions
ne manquent pas. Mais j'ai une autre question qui a un lien, c'est la politique d'éducation des adultes, parce que, bon, c'est assez important.
La politique date de 2002, venait à échéance en 2007. On est rendus en 2015, et il n'y a
toujours pas de nouvelle politique. Et à la question
sur les échéanciers pour réévaluer la politique d'éducation des adultes,
qu'on vous a posée à la question écrite, la réponse, c'est : «Cette question fait référence à la Politique
gouvernementale d'éducation des adultes et de formation continue
publiée en 2002. Cette politique
a pris fin en 2007.» Ça, on sait ça, mais il arrive quoi, là, avec la politique
d'éducation des adultes?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Blais : Donc, effectivement, la politique
date de 2002. Elle n'a pas été changée, là, elle n'a pas été soumise à une évaluation, disons, forte, là.
C'est-à-dire qu'on voit parfois des évaluations
qui sont de nature administrative, les dépenses ont été faites dans tel secteur, par
telle personne, par tel groupe, etc., mais il n'y a pas eu d'évaluation
comme telle, là, du point de vue de l'efficacité des programmes et de
l'efficacité des investissements que l'on fait.
Donc, ce que
je peux vous dire aujourd'hui, c'est que — bon, je suis ministre depuis deux mois, donc
on a pas mal de dossiers — ce dossier-là va procéder, suite à une
évaluation assez rigoureuse, hein, de ce que l'on a fait et de ce que l'on a réussi, hein? Moi, ce qui m'intéresse
de voir, c'est les gens, là, que l'on a aidés dans ces secteurs-là, ils
sont passés par quoi, et les résultats,
qu'est-ce que ça a donné, hein? Parce qu'on a des chiffres parfois qui sont
alarmants sur, disons, les progrès,
là, de l'analphabétisme au Québec. Donc, est-ce qu'on a les bonnes mesures,
hein? Est-ce qu'on a été efficaces? Et, pour le moment, je n'ai pas ces
évaluations-là.
Donc, il y
aura politique, éventuellement, quand on aura trouvé une façon d'évaluer ce qui
a été fait ces dernières années et
est-ce que les résultats sont probants ou est-ce qu'il faut changer
complètement notre approche. En ce moment, je trouve que, sur ces questions, il y a peut-être un peu trop de
volontarisme et pas assez de rigueur pour évaluer, là, hein, de façon, là, disons, méticuleuse, là, les résultats
et les progrès. Donc, c'est à peu près là où j'en suis, là, après deux
mois, là, de mon arrivée, là, au ministère.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député
de Saint-Jean, il vous reste 55 secondes.
M.
Turcotte :
O.K. J'entends ce que vous me dites, qu'est-ce que le ministre me dit, mais en
même temps on fait quoi, là, pour
l'évaluer? Ce n'est pas la première politique gouvernementale, là, qui existe,
il doit y avoir des mécanismes dans
le gouvernement du Québec pour évaluer des politiques gouvernementales, donc il
devrait y avoir un échéancier. On commence quand cette évaluation-là?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En 32 secondes, M. le ministre.
M.
Blais : Donc, il n'y a aucune décision sur la méthode, et on sait que
ça va être assez complexe, et aussi sur les délais que l'on se donne
pour faire l'évaluation pour le moment. J'ai eu une première discussion là-dessus
avec les fonctionnaires du ministère, ils
sont au courant de notre préoccupation. Ils sont en train de réfléchir un peu à
la méthode qui pourrait éventuellement être utilisée, parce qu'il faut
segmenter. Il y a différents types d'activités, et il faut les segmenter et ensuite procéder à une évaluation,
mais, pour le moment, il est beaucoup trop tôt pour répondre à votre question.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Alors, on va
passer du côté du gouvernement, et je cède la parole au député de
D'Arcy-McGee.
• (19 h 50) •
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Chers collègues du côté ministériel, collègues de l'opposition, de deuxième opposition, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
M. le ministre, membres du cabinet et membres du ministère... Dans un premier temps, j'ai le plaisir de recôtoyer
plusieurs partenaires et collègues d'une ancienne vie professionnelle, de mon côté, quand j'étais
directeur général de l'Association des commissions scolaires anglophones
du Québec et des partenariats qui s'imposent, je crois, dans le dossier dont
j'aimerais parler, c'est-à-dire l'adéquation formation-emploi.
J'ai aussi le privilège d'être adjoint parlementaire au premier ministre à ce
sujet que notre gouvernement a mis de l'avant comme chantier essentiel
dans le budget qu'on vient d'adopter.
Dans les
prochaines années, le vieillissement de la population du Québec aura un impact
direct sur la quantité de travailleurs
disponibles. Cela constitue un enjeu majeur pour la croissance économique et le
maintien du niveau de vie des Québécois
ainsi que pour le bon fonctionnement du marché du travail. On estime que le
nombre d'emplois qui seront à pourvoir
pourrait s'élever à quelque 725 000 individus entre 2013 et 2017, Mme la
Présidente, dont près de la moitié seront des postes pour les jeunes. Il est donc essentiel de prendre des mesures
dès maintenant pour accroître la performance du marché du travail et faire en sorte que le Québec puisse compter sur un
bassin suffisant de main-d'oeuvre qualifiée pour répondre aux
besoins des entreprises. Une main-d'oeuvre qualifiée est la ressource la plus précieuse
pour une entreprise, c'est ce qui lui
permet d'être plus productive. Il devient nécessaire de mieux arrimer la
formation et les compétences de la main-d'oeuvre en fonction des besoins actuels et futurs des
entreprises, pensons notamment aux technologies qui évoluent très rapidement. Je remarque
que plusieurs postes sont disponibles, tant en région qu'en milieu urbain.
Mes discussions sur l'adéquation avec la Commission
des partenaires du marché du travail, la Fédération des chambres de commerce du Québec, les commissions scolaires, les cégeps,
le Conseil du patronat, mes collègues députés en région comme dans les
centres urbains dans mon rôle comme adjoint parlementaire m'ont démontré l'importance
capitale de veiller de façon compréhensive
au désalignement entre la formation, la main-d'oeuvre disponible et
les besoins du marché du travail. Les
dizaines de milliers de postes à combler sont très souvent liés aux programmes
de formation professionnelle et technique. Ce qui manque aussi souvent, c'est
un arrimage entre le jeune diplômé et l'entreprise en besoin de ces talents-là. C'est pourquoi
notre gouvernement favorise les stages en milieu de travail. Moi,
j'ai eu à lire... et nous avons beaucoup
entendu parler du modèle dual allemand au cours de la dernière année, et
j'aimerais entendre la vision du nouveau ministre de l'Éducation sur
comment cela peut se traduire au Québec avec ce que nous avons vu comme mesures
dans ce dernier budget, dont j'ai parlé.
L'apprentissage en milieu de travail comporte de
nombreux avantages. D'une part, les étudiants qui ont la possibilité d'effectuer un stage ou de réaliser une partie de leur formation en
milieu de travail sont mieux préparés pour répondre aux besoins des entreprises, et on a plein d'études qui
démontrent cette réalité-là. D'autre part, l'accueil d'un étudiant en milieu de travail peut permettre aux
entreprises d'avoir plus facilement accès à des candidats et candidates
qualifiés qui répondent à leurs besoins et qui sont aptes à une formation
d'appoint en milieu de travail.
Ce qui m'amène, Mme la
Présidente, à poser la question suivante au ministre et de l'inviter à nous
parler de comment il peut favoriser la
présence de stages en entreprise pour s'assurer que nos finissants soient
prêts, bien formés pour le marché du travail.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. M. le ministre.
M.
Blais : Alors, je
commencerais peut-être par élargir un petit peu la question en disant que le premier objectif de l'éducation, c'est d'éveiller l'esprit et de
faire en sorte, hein... c'est de développer la curiosité humaine. Une
personne qui est curieuse ne s'ennuiera
jamais, elle ne peut pas s'ennuyer.
Mais une autre préoccupation de l'éducation, c'est la qualification, c'est de faire en sorte que cette personne-là puisse un
jour trouver quelque chose sur le marché du travail, s'établir,
réaliser un projet de vie.
Donc,
l'autonomie économique fait partie, hein, d'une conception large que
l'on va se donner, là, d'un système d'éducation, et là on parle bien sûr de la qualification
et du modèle dual. Le souci du modèle dual allemand, dans nos termes à nous, c'est l'alternance travail-études,
finalement, hein? En Allemagne... On ne pourra pas reproduire le modèle
allemand au Québec tout simplement parce que l'économie
allemande repose sur des grandes industries, la nôtre repose davantage
sur des PME. Ce que l'on peut faire ici, c'est d'augmenter et favoriser
l'alternance travail-études, et il faut le faire pour différentes raisons.
Quand on fait
des comparaisons — pas
besoin d'aller loin — avec des
provinces voisines et on examine un peu comment la formation professionnelle est établie, une des différences
importantes, c'est qu'en général, ici — pas exclusivement,
mais en général — le stage
se fait en fin de parcours, alors qu'en Ontario, par exemple, les stages
s'offrent à plusieurs moments durant la
formation. Et les résultats sont probants, c'est-à-dire vous allez avoir un
taux de rétention plus important... Les stages, finalement, font en
sorte que les jeunes s'accrochent ou décrochent. C'est-à-dire qu'ils se rendent compte que ce n'est pas pour eux, ils
voient bien le milieu dans lequel ils vont travailler, ils se rendent
compte que ce n'est pas pour eux, tant
mieux, ils vont aller ailleurs, ou au contraire ils s'accrochent, et les choses
deviennent plus réelles, plus
concrètes, et ils voient bien le lien qu'il y a entre la formation qu'on leur
offre et puis le métier qu'ils vont pratiquer.
Donc, dans le
dernier budget — ça n'a
peut-être pas été remarqué, mais je peux vous dire que les gens au
ministère, ils l'ont remarqué, hein — c'est qu'on s'est donné comme objectif
d'augmenter de façon importante les stages en milieu de travail, en entreprise. La moyenne, en ce moment,
au Québec... je dis bien une moyenne, là, parce que, bon, l'écart type serait peut-être assez important, mais la moyenne est autour de
20 % de la formation qui se fait sur les lieux, en entreprise, et on s'est donné comme objectif au Québec
d'élever cette moyenne-là à 50 %. C'est énorme, c'est un travail énorme
qui va demander une collaboration des
enseignants, tout d'abord, parce que ça signifie que les enseignants vont aller
davantage sur place, vont superviser les
stages, les encadrer plutôt que faire de la formation immédiate. Donc, c'est un
changement de paradigme, là — j'utilise
le mot, là, à escient, ici — du
point de vue de la formation professionnelle, et on pense que
les résultats vont être probants, tant du point de vue de la rétention qu'aussi du succès, là, des études. Et on va se
rapprocher d'un modèle qui n'est peut-être
pas le modèle allemand, mais qui est beaucoup plus proche de ce qui se fait, disons, au
Canada anglais que ce que l'on a aujourd'hui.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. Alors, M. le député de... Oui, allez-y.
M. Birnbaum : Si je peux, juste une
petite question d'appoint.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, certainement.
M. Birnbaum : Pour faire ce virage,
qui est d'une importance capitale, de tout ce que j'ai pu comprendre des
commentaires du ministre, qu'est-ce qu'on va faire pour assurer qu'à la fois
les commissions scolaires, les centres de formation
professionnelle, ainsi que les cégeps et les programmes de formation technique,
ainsi que les entreprises qui ont à acquérir ces jeunes talentueux...
qu'est-ce qu'on va faire pour assurer que chacun de ces trois partenaires vont
être au rendez-vous?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Blais : Oui. Vous avez tout à
fait raison, parce que, dans le fond, d'abord, le test le plus important, c'est
les entreprises ou c'est les organisations.
Et on n'a pas, au Québec, une tradition très forte, sauf dans certains
secteurs, d'accueillir des stagiaires,
notamment pour des stages simplement d'observation, en début de parcours
académique, donc il faut développer cette culture-là.
Lors du dernier budget, le gouvernement a
annoncé qu'ils allaient rehausser les crédits d'impôt, là, pour les
organisations qui accueillent des stagiaires. Vous savez aussi qu'il y a un
intérêt du gouvernement pour intervenir sur la
loi, là, du 1 %, là, qui oblige la formation de la main-d'oeuvre pour
permettre que les organisations puissent utiliser ces sommes-là pour
accueillir des stagiaires ou pour payer des salaires des personnes qui vont
encadrer ces stagiaires-là. Donc, ça, c'est
un changement important, donc, des incitants financiers. Et ajoutez à ça le
fait — et moi,
je l'ai vu, là, quand je suis allé en
région, notamment, là — que les entreprises et les PME du Québec aujourd'hui ont une soif,
disons, rare de main-d'oeuvre
qualifiée et sont prêts, là, à collaborer plus que jamais dans le passé avec
les établissements d'enseignement, là,
pour faire en sorte de se lier, d'avoir des collaborations, accueillir des
stagiaires, etc., et intéresser des jeunes à leur organisation.
Donc, le contexte est
propice, est favorable, le contexte économique. Il y a un grand besoin de
main-d'oeuvre qualifiée dans des régions où,
par ailleurs, le chômage, bien sûr, est assez bas. Et, même dans des endroits
où le chômage est plus élevé, on a
quand même besoin de main-d'oeuvre qualifiée. Donc, le reste, c'est des
incitants économiques qui pourraient
faire en sorte qu'ils collaborent davantage, là, avec les établissements
d'enseignement. Et bien sûr il faudrait que ça soit la même chose pour ces établissements-là, qui ne sont pas
toujours habitués, là, à fréquenter les organisations puis les milieux
de travail.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. Alors, est-ce que ça va, M. le député? Oui? Alors, M. le
député de Papineau.
• (20 heures) •
M. Iracà :
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour de saluer mes collègues de
la partie gouvernementale et mes
collègues de l'opposition, le ministre et toute son équipe. Et je sais que le
ministre peut compter sur une équipe
de très haute qualité des gens qui l'accompagnent. Alors, puisque je suis là
depuis plus longtemps que lui, dans
le fond, à titre d'adjoint parlementaire, ça me fait plaisir d'être adjoint du
ministre parce qu'on a des dossiers quand même importants, et je pense
qu'on va être capables de livrer la marchandise.
Moi, je vais
poser une question en lien avec la persévérance scolaire. Depuis plusieurs
années, le gouvernement et le milieu
scolaire consacrent des ressources importantes à la lutte au décrochage
scolaire, et, malgré tous ces efforts, encore
trop de jeunes quittent l'école sans diplôme ni qualification. Alors, c'est sûr
que ce n'est pas quelque chose qui est réjouissant,
là, lorsqu'un jeune quitte l'école en cours de route. Alors, on ne le dira
jamais assez, Mme la Présidente, il est de notre devoir en tant que membres de la société de tout mettre en
oeuvre pour améliorer le taux de diplomation chez nos jeunes. Nous devons le faire d'abord pour les
jeunes eux-mêmes, dont l'avenir est directement lié à leur formation, mais également pour le Québec, qui a
besoin d'eux pour relever les futurs défis socioéconomiques et culturels.
En plus des
impacts négatifs pour les élèves, il importe de porter à notre attention que le
décrochage entraînait, pour le Québec,
un manque à gagner de 1,9 milliard
de dollars par cohorte. Alors, ça,
c'est tiré du rapport Ménard de 2009, rapport
qui s'intitulait Savoir pour pouvoir : entreprendre un chantier
national pour la persévérance scolaire. Alors, le phénomène
du décrochage scolaire est donc un défi non seulement scolaire, mais
aussi sociétal. De ma lecture de l'actualité, deux constats semblent
avoir rallié tous ceux et celles qui se sont prononcés publiquement ces
derniers temps sur les solutions possibles pour contrer le décrochage scolaire.
Premièrement,
l'école ne peut plus, à elle seule, assumer toute la responsabilité de hausser
le niveau de persévérance et de
réussite scolaire. La persévérance scolaire dépend de nombreux facteurs, qu'ils
soient d'ordre familial, personnel, scolaire
ou relevant du milieu dans lequel vit un jeune. L'enjeu est donc plus large, et
tout le monde dans cette pièce sera d'accord
avec le fait qu'aucun progrès ne peut être réalisé sans une étroite
collaboration avec les parents, la communauté et le milieu de l'emploi. Il est impératif de valoriser davantage
l'éducation. Nous devons travailler avec nos collaborateurs pour que la
persévérance et la réussite scolaire deviennent des valeurs fondamentales de la
société québécoise.
En résumé,
les élèves ont besoin de savoir que nous, les adultes, en tant que parents,
grands-parents, entraîneurs sportifs,
accompagnateurs, éducateurs, nous sommes derrière eux et que nous croyons en
eux, nos jeunes filles et surtout, surtout
nos jeunes garçons. Je dis «surtout» parce que la courbe, et je le répète
souvent, est plus élevée chez les jeunes garçons. Alors, souvent, ils sont attirés par l'argent. J'avais dit, en
étude de crédits Jeunesse avec le premier ministre, par exemple, dans ma région, en Outaouais, c'est une
région où on est choyés au niveau de l'emploi. Alors, c'est un peu plus facile que d'autres régions de se trouver un
emploi, et les jeunes garçons, malheureusement, à un certain moment
donné, pas tous, mais quelques-uns, se
voient attirés par l'argent et par un emploi et malheureusement quittent leurs
études trop prématurément. Ça fait en
sorte que c'est plus difficile, plus loin, plus tard d'y revenir. Et donc c'est
un phénomène qui existe chez nous, en Outaouais, l'aspect du gain
monétaire pour les jeunes garçons, ce qui fait en sorte que le taux de
décrochage est plus élevé et le taux de diplomation... de décrochage chez les
jeunes garçons.
Alors, on
doit leur apprendre qu'il est tout à fait naturel et normal d'être fier de
réussir. Je pense qu'il faut ancrer cette valeur-là chez les jeunes le
plus possible. Je l'avais également mentionné, Mme la Présidente, lors des
crédits Jeunesse, il y a un programme, le
programme 6-9-15, dont j'avais également déjà mentionné... qui, chez nous, les
gens étaient très impliqués dans ce
programme-là, qui est Conciliation travail-études 6-9-15. 6, c'est de
travailler un maximum de six heures
entre le lundi et le jeudi, terminer pas plus tard que 21 heures le soir
et travailler pas plus que 15 heures par semaine. Donc, les écoles avaient mobilisé et avaient rencontré les
chambres de commerce. Les différents intervenants du milieu scolaire avaient surtout rencontré la
chambre de commerce, les employeurs pour les sensibiliser au programme 6-9-15
pour ne pas que les jeunes, surtout en période d'examen, période d'étude, bien,
ne travaillent pas trop d'heures pour nuire
à leurs études, et je pense que ça fait son petit bout de chemin auprès des
employeurs pour faire en sorte que nos jeunes puissent se concentrer sur
leurs études et tout en travaillant à temps partiel.
Donc, ce que
je disais tantôt, Mme la Présidente, c'est que c'est un phénomène, la
persévérance scolaire, je pense, qui est beaucoup plus large que
simplement la structure école.
Et, en lien
avec cette longue introduction, mais qui, pour moi, est très importante, est
très importante pour les jeunes de
tout le Québec, de toutes les... Et je peux vous dire, pour avoir travaillé
dans le milieu scolaire pendant plusieurs années, j'ai été président de
commission scolaire pendant 10 ans, j'ai vu des gens extrêmement dévoués dans
nos écoles, qui s'arrachent le coeur à tous
les jours, toutes heures de la journée, pour faire la différence chez les
jeunes, et la persévérance, bien, je peux vous dire que plusieurs
personnes sont sensibilisées à cet aspect-là.
Donc, ma
question pour le ministre : Pourriez-vous, s'il vous plaît, s'il vous
reste du temps, ou sinon, dans l'autre bloc, on verra, pour le bénéfice de tous les gens qui nous écoutent, nous faire un
bref rappel des actions gouvernementales menées à ce jour pour contrer
le décrochage scolaire?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre, vous disposez de 2 min et 15 s pour la
réponse.
M.
Blais : Le bref rappel va être difficile parce qu'il y a eu beaucoup
de choses. Ça a été, finalement, un des enjeux les plus importants du système d'éducation québécois, là, des 10 ou 15
dernières années. Pourquoi? Parce que le Québec a vécu une période assez creuse du point de vue du décrochage scolaire.
On a eu des records, là, de décrochage. Heureusement, il y a eu des raccrochages, c'est-à-dire qu'on voyait les
jeunes revenir en grand nombre quelques années plus tard et finaliser les études, mais c'est des coûts importants, des
coûts humains importants. Donc, on n'a pas intérêt à ce que les jeunes
décrochent trop rapidement.
Disons que
nous sommes dans une pente ascendante en ce moment, depuis quelques années. Le
taux de réussite scolaire est autour
de 74 %, 75 %. Donc, c'était beaucoup plus bas, là, il y a cinq ou
six ans à peine. L'objectif que nous nous
donnons, c'est d'atteindre 80 % de réussite scolaire, donc de continuer
cette ascension-là dans les prochaines années, et je compte, disons, poursuivre l'engagement de mon prédécesseur de
déposer une première politique, là, sur la persévérance scolaire et la
réussite. On voudrait déposer ça dans les prochains mois.
C'est une
politique, bien sûr, qui interpelle beaucoup d'acteurs, vous avez eu raison de
le souligner. On sait que, hein, des
recherches le démontrent, les parents sont un vecteur important de la réussite
scolaire, pour le meilleur et pour le pire. Bon, Platon, dans La
République, recommandait d'abolir la famille, mais, bon, on n'est peut-être
pas rendus là tout à fait, donc il faut
travailler avec les parents, hein, bien sûr, pour trouver des formules avec
eux, pour les aider, là, dans l'appui
qu'ils doivent fournir aux élèves. Et ensuite il y a un travail de fond qui se
fait en ce moment, notamment avec les organisations
syndicales, pour qu'ils voient les types d'aménagements qui pourraient être
faits dans l'école, etc., finalement les options qui sont gagnantes,
qu'on a pu tester au cours des dernières années.
Le front sur
lequel le Québec a beaucoup travaillé depuis une quinzaine d'années, c'est la
petite enfance parce qu'on
disait : Dès la petite enfance, il y a des vecteurs, il y a des marqueurs
très importants du décrochage scolaire. Mais maintenant il y a un travail qui a été fait là, et on pense qu'il faut
travailler davantage dans les écoles, avec les enseignants qui sont un des vecteurs les plus importants après
les parents. Quand on regarde les deux éléments, vous avez les parents puis ensuite vous avez les enseignants qui
réussissent, par leur approche pédagogique, par leur dynamisme, à
accrocher les élèves, à les maintenir en classe.
Donc, notre intention, c'est de déposer une
politique, là, au cours des prochains mois sur le sujet.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, on va passer au deuxième bloc de
l'opposition, et je cède la parole au député de Chambly.
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Alors, je veux d'abord saluer mes
collègues tout autour de la table, M. le ministre et toute son équipe
qui l'accompagne.
J'avais une
question de préparée, mais j'ai cru comprendre, vous avez mentionné, dans un
détour que vous venez de faire, vous avez dit : Abolir la famille...
M. Blais : Oui.
M. Roberge : De quoi vous parlez?
M. Blais : Parce qu'il faut...
M. Roberge : Ça fait sonner
l'oreille.
M. Blais : Il faut lire...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Vous parlez à la présidence, M. le
député de Chambly. Allez-y, M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Alors, Mme la Présidente, c'est juste un petit rappel de La
République de Platon, dans laquelle Platon, constatant que la famille était un vecteur d'inégalités
sociales — on
s'entend tous à ce sujet — bien, il considérait qu'il
faudrait peut-être abolir la famille, faire en sorte que les enfants soient
élevés par, hein, le groupe, par la communauté. Mais ce n'est pas une
proposition qui fait partie, disons, de la plateforme électorale du Parti
libéral du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci pour cette précision, M. le ministre. Alors, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : J'ai eu peur. Oui, merci beaucoup. Bon... parce que j'ai
beaucoup étudié la plateforme électorale du Parti libéral du Québec.
Une voix : ...
M. Roberge : Oui, je sais, je sais,
à chaque fois, en étude de crédits...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : ...vous n'interpellez pas les...
Vous vous adressez à la... Oui. Vous n'incitez pas le débat, M. le
député.
M. Roberge :
Oui, mais je peux regarder dans toutes les directions et parler à la présidente
à la fois...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Vous parlez à la présidence, exact.
• (20 h 10) •
M.
Roberge : ...parce que ça va être ennuyant pour tous mes collègues si
je ne vous regarde que vous. Mais donc j'ai
beaucoup étudié la plateforme électorale du Parti libéral du Québec et je n'avais pas vu cette référence, je ne
dirai pas platonique, là, mais à Platon.
Donc, en campagne électorale, il y a peu de temps, je dirais 13 mois à peine, le Parti libéral du Québec a promis des
mesures visant à dynamiser les programmes de formation professionnelle et
technique, à assurer des établissements universitaires de qualité. C'est une excellente chose. Je vais me mettre
à citer précisément la plateforme, donc on ouvre les guillemets : «Le [Parti]
libéral est clair : nous allons,
dès le lendemain de notre élection, nous mettre à la tâche afin de relancer l'économie et créer 250 000 emplois d'ici cinq
ans.» Bon, je continue : «Pour
ce faire, nous devons nous assurer que les Québécois aient les
qualifications requises pour répondre aux exigences du marché du travail.» Et
je continue toujours : «Un gouvernement
libéral misera sur les formations
professionnelles et techniques afin de bien préparer nos jeunes et d'offrir une formation continue aux
travailleurs.» Voilà. Fort bien, sauf qu'un an après l'élection, maintenant,
on a eu deux budgets, mais on a réussi quand même le tour de force, là, malgré
deux budgets, d'avoir trois rondes de compression,
parce qu'il y en a eu une au milieu de l'année, trois rondes
de coupures dans les cégeps, qui font, eux aussi, de la formation
continue et professionnelle.
Donc,
j'aimerais savoir en quoi le ministre a, ouvrez les guillemets, misé «sur les
formations professionnelles et techniques afin de bien préparer nos
jeunes et d'offrir une formation continue» tout en coupant dans celle-ci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Chambly. M. le ministre.
M.
Blais : Il faut
faire attention sur la question de la compression, mais, dans le fond, je pense que l'élément le plus important, la pièce
la plus importante qui a été déposée, je pense que c'est quasi historique, là, en
tout cas, dans le Québec
moderne, là, ça a été le fascicule qui accompagnait le dernier budget. Ce
fascicule-là était sur l'emploi, puis vous avez remarqué — je
suis certain que vous l'avez lu — une bonne partie du fascicule portait sur
la formation puis l'adéquation formation emploi.
À l'intérieur du fascicule, il y a des engagements pour des formations concrètes que l'on veut
relancer en alternance travail-étude. Il y a à peu près, si je me
souviens bien, 60 millions... Je pourrais vous donner le chiffre exact...
Une voix : 70.
M. Blais : 70 millions, hein,
pour le développement de nouvelles formations qui répondent, là, disons, à des besoins urgents, là, pour l'économie
du Québec. Et il
y a bien sûr la CPMT, la Commission
des partenaires du marché du travail,
qui est identifiée comme acteur principal pour le ministère de l'Éducation pour formuler, là, les besoins et, si possible,
même intervenir sur les niveaux de
qualification qui sont nécessaires, ce qui est une nouveauté, là, là, pour le
Québec.
Donc, je pense
que ce fascicule-là contenait à peu
près entièrement, sauf peut-être
une partie qui est à venir, le programme, là, que l'on va mettre en
place, là, pour réaliser les objectifs que l'on s'est donnés dans notre
plateforme.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Donc, vous me
parlez d'un investissement de 70 millions. Est-ce
que c'est cette année, ou si
c'est en 2017, ou je ne sais quand, là? C'est 70 millions... c'est 2015‑2016?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Blais : C'est 70 millions
pour les cinq prochaines années, hein, pour ce programme-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député, à vous.
M. Roberge : C'est bien, sauf que...
M. Blais : Peut-être attendre, juste...
M. Roberge : Oui, allez-y, je vous
le permets. Allez-y.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y, M. le ministre.
M.
Blais : Donc, parce qu'il y a deux éléments, là, c'est... Donc, 70 millions, ça, c'est,
disons, ce qui vient du gouvernement. Il y a l'enveloppe aussi de la loi du 1 %. La loi du 1 %,
de mémoire, c'est 1,1 milliard aujourd'hui
qui est dépensé par les entreprises du Québec.
Notre évaluation, c'est qu'on pourrait aller chercher autour de
250, 300 millions et les aligner
sur la formation de la main-d'oeuvre dans les prochaines années. Donc, ça fait une enveloppe,
peut-être, entre 300 et 400 millions.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député
de Chambly.
M.
Roberge : C'est bien, mais
on reste toujours dans les intentions, dans les prévisions, dans
les souhaits, dans les politiques, et c'est merveilleux sur papier, mais on a quand même
un problème. Déjà, dans le programme électoral, on parlait d'engagement sur cinq ans. Or, le mandat ne dure même pas cinq
ans. Là, il y a un an de fait, puis on nous parle d'un programme de 70 millions, mais encore sur cinq ans. Là, on déborde, mais
sérieusement... Et je vous ai demandé : Combien cette année? Et là vous m'avez dit : Oui, mais c'est 70 millions sur cinq ans, sans compter les 1 % que les autres vont
mettre aussi. On ne sait pas combien, on ne sait pas quand.
Cette
année, là, le budget, c'est l'étude
des crédits 2015‑2016.
Parce que, écoutez, ce qui a été promis l'an passé n'a pas été fait cette année. Ça fait que j'ai un peu
de misère à acheter les promesses de cette année pour 2016‑2017
et je ne sais quand, là. Donc, 2015‑2016, combien de ce 70 millions
seront investis?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Blais : Dans le fond, dans
le contexte budgétaire du Québec, que vous connaissez aussi bien que moi,
hein, il faut regarder là où les espaces
financiers sont les plus importants. Et la population va comprendre,
hein, puis elle comprend très bien
que la loi du 1 % a permis, ces dernières années, à financer les activités
de formation, disons-le poliment, qui étaient peu qualifiantes, hein? Et
la priorité, c'est de recentrer ces dépenses-là, compte tenu que le
gouvernement est limité dans sa capacité de, hein, d'augmenter ses budgets, du
moins à court terme. Notre priorité, c'est de mettre fin à des activités de formation peu qualifiantes. Donc,
il va y avoir des modifications assez importantes à la loi du 1 %
pour canaliser les sommes vers des formations plus qualifiantes.
Donc,
encore une fois, je vous dis : L'évaluation que l'on fait, c'est entre
300 et 400 millions à terme par année. Donc, c'est des sommes importantes, mais comme le gouvernement ne peut
pas, là, investir, là, autant qu'il le voudrait, je pense
que la population comprend très bien qu'il faut agir sur la loi du
1 %, hein, qui aujourd'hui finance beaucoup
de choses, hein, qui sont peu qualifiantes,
puis ça, je pense qu'on va être d'accord là-dessus, pour canaliser
des sommes vers des activités qui sont diplômantes et qualifiantes.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Très bien. Toujours
dans le programme électoral, on parle beaucoup de ce fameux modèle allemand et on parle donc de s'inspirer des écoles de
métier, d'intégrer davantage de stages en entreprise dans les programmes
de formation professionnelle et technique. Un peu plus loin, on dit, et je cite
encore : «À cette fin, il y aura un travail de collaboration entre les
écoles, les commissions scolaires et le réseau collégial.»
Donc,
j'aimerais savoir si ce travail de collaboration est commencé, non pas, là,
dans des documents, des rencontres,
des cahiers ministériels, mais si vraiment il y a en ce moment des commissions scolaires qui ont changé leur façon de travailler par rapport à 2014. Donc, les commissions scolaires et le réseau collégial sont-ils, en ce moment,
en mode de transformation de leurs façons d'agir?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Alors, ça, par
exemple, la réponse, c'est oui. Et puis moi, j'ai eu l'occasion de faire
quelques tournées à mon ancien ministère
de... au cégep de Sherbrooke, où il y a vraiment, là, des formations qui sont
vraiment en lien avec des
entreprises, très en amont, très au début. J'ai eu l'occasion à Drummondville
de voir des entreprises qui étaient très, très, très près des milieux
d'établissement, qui finançaient des bourses, qui recevaient des stagiaires,
qui étaient en discussion avec les enseignants pour trouver des façons
d'accueillir, très tôt dans la formation, des jeunes.
Donc,
ça, c'est vraiment commencé et, bien sûr, c'est le besoin, hein, qui a créé
l'offre. Les entreprises et les PME au
Québec sont en besoin urgent de main-d'oeuvre qualifiée. Donc, il y a déjà beaucoup
de projets qui se font, et ça s'est accéléré.
Je n'ai pas les chiffres aujourd'hui sur ce type de formation là, mais ça s'est
accéléré. Et ce qu'il faut faire dans les prochaines années, c'est de
lever les obstacles pour que ça puisse se faire davantage.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci beaucoup.
Donc, je continue. Donc, toujours dans cette plateforme électorale, il y avait
une section qui parlait des métiers non
traditionnels. Donc, on est en plein dans la formation technique. Donc, je cite
encore. Donc, le gouvernement d'un Parti libéral allait «insister sur
l'importance que l'information relative aux métiers non traditionnels soit
offerte et accessible aux jeunes filles lors des rencontres d'orientation au
secondaire. De plus, il faut sensibiliser
les employeurs à la présence de femmes dans les métiers non traditionnels afin
d'améliorer leur présence. Des campagnes de promotion seront élaborées
auprès des jeunes filles et des entreprises pour atteindre ces objectifs.»
Alors,
ma question : Est-ce qu'il y a des argents supplémentaires, donc, pour
créer cette année des campagnes de promotion pour inciter les jeunes filles
à aller vers les métiers non traditionnels?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. le ministre.
• (20 h 20) •
M.
Blais : Donc, ce qui a été peut-être le plus original, là, ces
dernières années, parce que c'est là où le besoin, là, est peut-être le
plus pressant, puis un secteur d'activité, là, où il manque beaucoup, beaucoup
d'une représentation, là, disons, féminine, c'est la
construction. Donc, on travaille avec la Commission de la construction pour
avoir des programmes d'information, pour
avoir une représentation, là, dans les écoles pour parler des métiers de la
construction, hein, que les filles peuvent aujourd'hui, là, occuper sans aucune
difficulté.
L'autre
chantier que l'on met en pratique, c'est avec la Commission des partenaires du
marché du travail, qui, eux aussi, veulent trouver une façon de faire
des représentations dans les écoles pour informer les garçons, mais les filles des besoins du marché du travail. En ce moment,
les conseillers en orientation, hein, dont c'est le métier, souvent, on
se rend compte qu'ils ne sont pas nécessairement à la fine pointe des besoins,
là, du marché du travail, c'est-à-dire les informations
qu'ils ont datent, ou ils ignorent les nouveaux besoins, là, qui sont présents
sur le marché du travail, là, et qui ne sont pas occupés.
Donc,
c'est à peu près, là, les... là où on a le plus agi ces dernières années, la Commission de la construction, bien sûr,
qui est très, très présente, avec les filles notamment, et la CPMT.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Donc, ce qui
se passe avec la Commission de la construction, est-ce que ça a commencé
en 2014 ou c'était quelque chose qui existait déjà en 2012‑2013?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre. Voulez-vous demander...
M.
Blais : Je viens de
vérifier, on m'a dit que c'est... Oui, je viens de vérifier. Je m'excuse, là.
On m'a dit que ça a commencé il y a
une dizaine d'années, puis ça a pris beaucoup plus d'ampleur, ces dernières années, compte tenu de l'intérêt, puis on le voit
sur les chantiers de construction, on voit de plus en plus de représentation
féminine.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député de Chambly.
M.
Roberge : C'est ça,
voilà l'affaire. C'est qu'il y a déjà... Évidemment qu'il y avait déjà des mesures
incitatives pour inciter les jeunes filles à aller dans des métiers non
traditionnels, mais là il y avait un programme électoral qui dit : On prend acte de ça, et il va y avoir
des programmes de promotion qui vont être élaborés, donc, pour améliorer
la situation. Et là je questionne, puis on me dit oui, mais finalement on
me raconte ce qui se faisait et ce qu'on continue de faire, mais ce n'est pas
une réalisation d'un engagement. On a écrit que ça se faisait, ça continue de
se faire.
Moi,
j'aimerais savoir comment on parvient à avoir une cohérence entre une promesse
d'améliorer les incitatifs auprès des jeunes filles et le concret, qui a
été de couper dans le programme Chapeau, les filles!
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Blais : Bien, écoutez, le
problème, si je comprends bien, là... Moi, je n'étais pas là, mais ma
compréhension, là, par rapport à Chapeau, les filles!, c'est simplement
que, disons, le milieu d'accueil de ce programme-là, c'étaient les directions régionales. Je pense que c'est bien ça.
Les directions régionales, c'était aussi un engagement d'y mettre fin, compte tenu qu'on considérait, là, que le réseau
avait été développé, là, à sa pleine capacité, que ce n'est pas
nécessaire de maintenir, là, ces structures-là. Les directions régionales
accueillaient ce programme-là. On n'a pas mis fin au programme, on n'a même pas coupé, au sens strict, dans le programme. On
a trouvé... il faut définir une nouvelle structure d'accueil pour qu'on puisse continuer. Mais
Chapeau, les filles! est une priorité. Je pense que là-dessus, là, mon prédécesseur a corrigé le tir, là, pour rappeler
que c'est une priorité et que ça allait prendre place, je pense, déjà, dès
l'année prochaine, là... Cette année, ce sera à l'intérieur du gala national,
là, le 22 juin prochain.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly, il
vous reste 6 min 8 s.
M.
Roberge : Merci. Ça clarifie les choses pour Chapeau, les filles!
J'aimerais savoir si c'est possible de savoir le nombre de personnes qui
se trouvent sur les listes d'attente pour les centres de formation
professionnelle, soit par commission scolaire ou par région. Je sais qu'il y a
des listes d'attente, ce n'est pas tout le monde qui arrive à se trouver une
place.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, par région ou par commission scolaire. C'est
ça?
M.
Roberge : Bien, je ne sais
pas si on l'a par région ou si on l'a par commission scolaire, mais si
c'est possible de savoir combien il y a de personnes qui sont sur des
listes d'attentes.
M. Blais :
...question que j'aurais dû avoir un petit peu...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Blais :
Oui. Des questions que j'aurais dû avoir un petit peu d'avance, là.
M. Roberge : Oui, mais je peux
attendre... Ce n'est pas grave si on la reçoit demain ou la semaine prochaine,
ce n'est pas...
M. Blais : Je
comprends, je comprends.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : O.K. Alors, on va vous laisser le temps de faire la
recherche. M. le député de Chambly,
posez une autre question.
M. Blais : On va voir qu'est-ce
qu'il est possible de faire.
M. Roberge : Je vous remercie. Et,
tant qu'on reçoit la réponse, ce n'est pas obligé d'être instantané.
Peut-être
encore que c'est quelque chose qui va demander un certain temps, mais j'aimerais
avoir un état des lieux en ce qui
concerne la formation des pompiers.
Combien il y a de débouchés sur le marché du travail pour les pompiers à chaque
année? Et combien est-ce qu'on forme de pompiers? Parce qu'enfin j'ai entendu des échos comme quoi il y avait une
très mauvaise adéquation formation-emploi dans le cas des pompiers. Donc,
est-ce que ça...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Blais : Donc, on me demande ce
soir combien on forme de pompiers au Québec. C'est ça?
M. Roberge : Oui, par année.
M. Blais : Et il faut que je réponde
à la question ou...
M. Roberge : Bien, ça se passait pas
mal comme ça, les années passées. Non, mais enfin, je ne m'attends pas nécessairement à ce que le ministre ait la réponse comme ça, mais souvent, en
arrière, ils sont capables de la trouver. Si ce n'est pas là, on nous
enverra les réponses par la suite.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Si jamais vous n'avez pas la réponse avant la fin du bloc du député de Chambly, vous pouvez, quand vous allez les avoir, les déposer ici, à la commission,
puis nous, on va se charger que l'information va circuler.
M.
Blais : On va lui envoyer,
mais je rappelle un petit peu... Dans ma compréhension du processus,
c'est que, bien sûr, nos collègues peuvent poser des questions à
l'avance pour qu'on puisse répondre sur place, là. Une question aussi pointue que ça, là, c'est bien sûr
impossible, mais on va essayer d'aller chercher l'information et puis la
laisser à mon collègue. Peut-être c'est un intérêt personnel, peut-être
qu'il envisage une nouvelle carrière, je ne sais trop...
M. Roberge : N'en espérez pas tant.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Alors, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Mais non, mais
non. Moi, j'éteins les feux. L'organisme l'Univers des mots, situé dans la
MRC de L'Assomption, a été reconnu en vertu
du programme PACTE, donc Programme d'action communautaire sur le terrain de l'éducation, a, depuis fort longtemps, je dirais
depuis au moins six ans... n'a pas reçu de financement récurrent.
Pourtant, les services de cet organisme-là... l'Univers des mots est tellement
en demande qu'il y a toujours une liste d'attente, justement. Quand je vous
parlais de liste d'attente tantôt, pour cet organisme-là, l'Univers des mots,
il y a une liste d'attente. Le problème, c'est que cet organisme-là, qui n'est
jamais financé de manière récurrente, est le seul dans la MRC de L'Assomption.
Donc,
comment... un organisme d'alphabétisation. Donc, c'est le seul organisme
d'alphabétisation de la MRC de L'Assomption
et il est mal financé, pas financé de manière récurrente. Donc, est-ce qu'on
pourrait vérifier ça et savoir aussi
comment se fait-il qu'il y a des MRC où il n'y a aucun organisme d'alphabétisation
qui est financé? Donc, une espèce de... Des fois, il y a des déserts
alimentaires, mais là on a un désert alphabétique.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Blais : Alors, les informations,
si je comprends bien, les informations que j'ai sur cet organisme-là, c'est qu'effectivement il est reconnu, mais non financé.
Il n'y a pas tous nos organismes qui sont automatiquement financés. On a, je pense, neuf organismes, en ce moment, en
attente d'accréditation, et on s'assure d'une certaine répartition des
ressources, là, sur le territoire. Je suppose que c'est le principal critère.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, M. le député de Chambly.
M. Roberge : Donc, je comprends que
cet organisme peut ne pas être financé, mais il faudrait qu'il y ait un organisme, à tout le moins, qui puisse faire de
l'alphabétisation à l'intérieur d'une MRC pour que les besoins des
citoyens soient...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Enfin, on va laisser répondre le ministre.
M. Roberge : ...que
la région soit desservie, c'est plus ça qui est essentiel, plutôt qu'un
organisme en particulier, là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Parfait. M. le ministre.
M. Blais :
Merci. O.K., alors je comprends mieux le sens de la question, là, je m'excuse.
Alors, en ce moment, là, on fait
aussi une révision des organismes financés par le PACTE, parce que le problème
que l'on réalise, c'est qu'il y a une
logique, disons, d'antériorité ou, si vous voulez, premier arrivé, premier
servi, qui fait en sorte que, quand on regarde la carte du Québec puis... quand on regarde la carte, à la fois des
besoins, là, socioéconomiques, là, la
répartition n'est peut-être pas toujours compréhensible. Donc, elle
répond plus à une logique historique qu'à une logique, peut-être, je dis bien peut-être,
de réponse aux besoins.
Alors, quand on aura terminé cette
réévaluation-là, c'est possible qu'on modifie les financements pour tenir compte — c'est votre préoccupation, je pense, la
préoccupation de mon collègue — des besoins de certaines régions qui
sont moins bien desservies que d'autres.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly, il vous reste 38 secondes.
M.
Roberge : Oh! bonus. Ça va vite, ça va vite. Écoutez, je vais... Non,
je laisse passer. En 38 secondes, question et réponse, là, ça va
être n'importe quoi. Je vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, si vous permettez... Si je comprends bien, M. le ministre, vous allez
transmettre les informations concernant les listes d'attente en formation
professionnelle et le nombre de pompiers formés au secrétariat de la
commission.
M. Blais : Oui. Est-ce que le
salaire, rémunération, ça intéresse aussi mon collègue ou... pour les pompiers?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Bien, je pense que la...
M. Blais : Les conditions de
travail, oui?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Vous répondez le plus complet
possible. C'est sûr que ça va lui faire plaisir.
M.
Roberge : C'est plus combien ça coûte le former. Combien ça coûte le
former, pas combien il est payé après.
• (20 h 30) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, on va passer du côté du gouvernement pour le prochain bloc de
19 minutes. Alors, je cède la parole au député d'Ungava.
M.
Boucher : Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Salutations aux collègues d'en face, des oppositions,
salutations à mes collègues du côté
ministériel, salutations à M. le
ministre de l'Éducation. Bienvenue à
la Commission Culture Éducation. Salutations à vos accompagnateurs, ceux
qui vous soutiennent dans votre démarche ce soir, et finalement salutations
spéciales au groupe qui est venu nous entendre ce soir, je vous souhaite
bienvenue à l'Assemblée nationale. Donc, sentez-vous chez vous.
Alors, M. le ministre, moi, c'est sûr que je vais vous parler de quelque chose de bien précis puis quelque
chose qui me tient à coeur, le Plan Nord.
Vous savez, le 8 avril dernier, on était réunis à Montréal
pour le lancement du Plan Nord, dont certains appellent le show qu'il y a eu à Montréal.
Moi, des shows, d'habitude, quand je vais là, il y a de la musique, des guitares et puis des chanteurs aux
cheveux longs. C'était plutôt une présentation sur un plan économique
pour développer le Grand Nord, duquel j'en étais très fier.
Vous savez,
je me plais toujours un peu à donner quelques statistiques sur mon comté — pour
ceux qui ne savent pas, moi, je suis
le député du comté d'Ungava. Ungava, c'est 55 % du territoire du Québec, hein, plus que la moitié du territoire du Québec. Le Plan Nord, on disait puis
on dit toujours que ça couvre 1,2 million de kilomètres carrés au
Québec. Alors, sur ce 1,2 million de
kilomètres carrés là, près de 75 % est situé purement et simplement dans
mon comté, mon comté, qui fait plus
de 865 000 kilomètres carrés. Donc, certains me disent souvent à la
blague : Ton comté, ce n'est pas un comté, c'est un pays.
Effectivement, il y a des pays dans le monde qui sont beaucoup plus petits que
mon comté. D'ailleurs, si mon comté était un
pays, je pense qu'on serait au 32e ou 33e rang des plus grands pays du monde,
juste pour vous dire comment c'est.
Le Plan Nord,
c'est sûr que c'est un plan de développement, puis je vais vous questionner un
peu plus là-dessus, M. le ministre,
mais, avant, permettez-moi de mettre la table un peu sur ce qu'est la réalité
nordique, parce que, souvent, les
gens ont une connaissance partielle, quand ce n'est pas une ignorance totale,
de la réalité de ce qui se passe là-bas. Mon comté, bon, est divisé en trois parties, qui est la partie Inuit,
après ça, la partie qui est habitée par le peuple Cri et finalement la partie qu'on peut qualifier, là, de
partie blanche ou la partie habitée par les Jamésiens. Je vais vous
faire une petite description, là, en procédant du sud vers le nord. Du côté de
la Jamésie, bien, vous avez Chibougamau, Chapais, Lebel-sur-Quévillon, Matagami
avec une ligne qui s'en va jusque vers l'Ontario, Villebois, Beaucanton et Val-Paradis avec une petite pointe vers le nord de
la municipalité de Radisson. On parlait tout à l'heure, bon, de
formation. Notre collègue d'en face
demandait : Est-ce qu'il y a des formations qui sont données? Quelles sont
les nouvelles formations? Je peux
annoncer, puis je vais m'adresser exceptionnellement aux gens qui nous
écoutent, l'automne dernier, le printemps dernier,
pardon, votre prédécesseur avait donné les autorisations permanentes pour
donner les cours de forage, dynamitage et traitement de minerai à la Commission
scolaire de la Baie-James.
Les emplois
dans le domaine minier, on parle de moyenne salariale de 90 000 $ par
année, moyenne salariale, souvent des
emplois qui sont rotationnels, donc 90 000 $ par année pour, en
réalité, 6 mois de travail par année, parce que le reste du temps, c'est des périodes de vacances. Donc, c'est des
emplois très bien payés, des emplois qui sont stables dans le temps, vous n'avez pas besoin, là,
d'allumer un lampion à chaque semaine pour savoir si vous aurez encore
un emploi le lundi. C'est des emplois où, avec une formation qui tourne autour
de 900 heures, on peut facilement être embauché,
taux de placement de 100 %. Je ne connais pas personne qui a suivi cette
formation-là et qui est maintenant dans
d'autre chose ou qui n'a pas su se placer. Quelqu'un qui veut y aller, c'est
100 %. Emplois qui sont ouverts autant aux hommes qu'aux femmes,
donc, s'il y a des jeunes femmes et même des moins jeunes à l'écoute qui
désirent se recycler ou trouver quelque chose qui sera plus payant pour eux,
plus qui leur apporterait un avenir peut-être plus réjouissant, c'est des très
bonnes formations, des formations qui sont données sur des équipements à la
fine pointe.
On parlait
tantôt, bon : Est-ce que l'entreprise collabore? Ce n'est pas une
formation sur des machines qui datent de
voilà 40 ans, complètement obsolètes, puis que l'étudiant, une fois rendu sur le marché du travail, va complètement perdre ses
repères. C'est exactement le même genre de machine, le même
panneau de contrôle, la même chose. Donc, l'étudiant
qui sort de sa formation peut arriver chez son employeur au jour 1 puis
être... c'est sûr, bon, il devra s'adapter à son nouvel environnement de travail, mais il sera productif et puis il
pourra apporter, bon, à l'entreprise la qualité de travail qui est recherchée.
Du côté de
la Jamésie, c'est un manque de main-d'oeuvre, un manque de familles. Souvent, on est aux
prises avec ce qu'on appelle le
navettage de la main-d'oeuvre, c'est-à-dire ce qu'on appelle, en français
de Paris, le «fly-in/fly-out»,
des gens qui partent du Sud, Montréal,
Québec, un peu partout, qui montent en haut faire leur run, comme on dit en
bon français, puis, après deux semaines, trois semaines, redescendent pour deux,
trois semaines de vacances. Idéalement, ce qu'on cherche, au Nord, c'est des familles, des gens, des jeunes
familles qui veulent s'établir, qui veulent aller fonder une famille là-bas, qui veulent faire l'épicerie au
magasin du coin, qui veulent mettre leurs enfants à l'école du coin et
puis enrichir le milieu de ces familles-là.
Vous savez,
dernièrement, la mine de Stornoway avait affiché des postes, parce que
Stornoway est toujours en phase de construction, on n'est pas entrés encore
en phase de production comme telle, ils avaient annoncé uniquement dans
les médias locaux, le journal local de Chibougamau, quelques médias locaux. Par
la magie de Facebook, il s'est présenté...
bon, ils avaient dit : Présentez-vous au Club de golf de Chibougamau entre
telle heure et telle heure, des gens seront
là pour vous recevoir, pour passer des entrevues. Ils ont reçu 700 personnes.
Les gens sont venus d'aussi loin que Baie-Comeau, Sherbrooke, un petit
peu partout, dans l'espoir de décrocher un emploi. Ils ont passé des entrevues jusqu'à
1 h 30 du matin, si je me souviens bien, et puis, encore une fois,
bon, des gens qui avaient la formation... la formation, c'est la clé de tout
ça.
Je ne
m'éterniserai pas trop là-dessus, je vais passer du côté des Cris, les
Cris, qui voient le Plan Nord d'un très bon oeil, qui voient le Plan Nord comme une
opportunité d'affaires, des Cris, qui sont un peuple fier, qui est un
peuple qui est méconnu, pour ne pas dire inconnu, des gens du Sud, peuple qui
est fier de lui-même, qui sait de quoi il est capable et puis qui sait
entreprendre.
Encore une fois, bon, on parlait, dans le budget
qui avait été présenté au printemps 2014, d'un 100 millions destiné à la formation de la main-d'oeuvre
autochtone, puis je vais vous demander, M. le ministre, de revenir plus
tard là-dessus, mais des jeunes aussi qui ne
veulent pas nécessairement quitter leur village pour aller s'installer
ailleurs, mais qui sont à la recherche d'emploi, qui ne veulent pas
vivre aux crochets de la société, qui veulent être en emploi tout en respectant
leur culture et leurs traditions, culture et traditions qui sont encore très
fortes. D'ailleurs, samedi passé, j'assistais
aux funérailles, là, des cinq chasseurs cris qui étaient décédés
accidentellement dans leur camp de chasse il y a maintenant presque un mois de ça. Donc, il y avait près de 3 000
personnes à ces funérailles-là, qui assistaient, puis des gens, encore une fois, fiers, d'une dignité et
puis d'une compassion comme on n'en voit pas souvent. Je peux vous dire
que, pour moi, bien que c'était une occasion excessivement triste, je peux vous
dire que c'était en même temps une expérience très enrichissante et très
réconfortante de voir que des gens de cette qualité-là existent encore dans
notre société. Donc, des gens qui sont ouverts, des gens qui veulent
travailler, des gens qui sont intéressés à participer.
• (20 h 40) •
Finalement,
du côté du Nord, le peuple inuit, que je connais plus précisément pour avoir
vécu avec eux pendant plusieurs années, sept ans à temps plein chez les
Inuits, presque 70 % et même des fois 80 % de taux de décrochage. C'est des gens qui ont du talent, qui sont
brillants, qui peuvent vous démonter une motoneige, puis la remonter, puis
sans aucun problème. D'ailleurs, un des amis
de mon fils, parce que mon fils vivait avec lui là-bas, un jeune Inuit, j'avais
un problème avec un quatre-roues, puis je
lui demande : Jason, est-ce que tu connais quelqu'un qui répare les
quatre-roues? Parce que, bon, là-bas,
le concessionnaire n'est pas nécessairement au bout de la rue. Donc, le jeune
Inuit, il me dit : Ah! Jean,
as-tu tel tournevis puis telle affaire? Puis, au bout d'une demi-heure, il
dit : Va essayer ton quatre-roues. Numéro un, comme s'il était flambant neuf. Demandez-moi pas ce qu'il lui a
fait, mais il a su exactement c'était quoi, le trouble, et puis il l'a réparé avec des outils de fortune,
parce qu'évidemment je n'étais pas outillé comme un mécanicien. Donc, malheureusement, des gens qui doivent être
stimulés et puis raccrochés à l'école... Ce n'est pas avec des taux de
décrochage comme ça qu'on va former des techniciens qualifiés, des gens
spécialisés avec des diplômes professionnels.
Puis
c'est souvent... Bon, je vous parlais tantôt du... je vous entendais parler du
modèle allemand, qui est peut-être plus — comment dire? — axé
sur le compagnonnage, hein, où on donne une partie théorique, mais où une autre
partie de la formation se fait en entreprise au moyen de stages, un peu comme
on voyait autrefois, là, le principe du compagnonnage
où quelqu'un prenait son apprenti puis lui montrait son métier. Je peux vous
dire, M. le ministre, que c'est un environnement qui convient très bien aux Inuits, parce que
c'est des gens qui... Bon, pour eux, être enfermés dans une classe entre quatre murs, là, c'est presque de
la torture. Mais amenez-les en milieu de travail, les deux mains dans la
poutine, comme on peut dire, et puis c'est des gens qui vont très bien
apprendre, qui vont très bien performer et qui vont très bien réussir.
Souvent,
on pense que le Plan Nord, bien, c'est un plan minier, hein, c'est un plan de
dévastation des ressources naturelles. On va tout prendre, tout
ramasser, comme quelqu'un qui ramasse les bleuets dans la bleuetière puis qui
ne laisse rien derrière lui, puis après ça,
bien, une fois que l'environnement aura été bien saccagé, tout le monde va
partir, puis la population locale restera
avec les problèmes. Ce n'est pas du tout ça, le Plan Nord. Le Plan Nord, bien,
c'est un projet de développement social, développement
d'infrastructures, développement de la main-d'oeuvre.
Puis
là-dessus, bien, j'aimerais vous entendre, M. le ministre, là. J'en viens à ma
question, à savoir quelles sont vos vues et vos visées par rapport au
développement de ces gens-là puis par rapport au développement de la société en
général du côté du Nord. J'aurai peut-être d'autres questions après, M. le
ministre.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député d'Ungava. M. le ministre.
M. Blais :
J'ai combien de temps, là?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : 5 min 15 s.
M. Blais :
Je pense qu'on va retenir de la nouvelle version ou la version... oui, la
nouvelle version du Plan Nord que...
Peut-être, là, l'élément où cette version-là se distingue le plus, c'est par
rapport aux enjeux sociaux, hein : culture, justice — je pense que justice, c'est assez important — et, bien sûr, éducation. Et, vous avez
raison, les besoins en éducation dans
le Nord sont très, très grands, et les enjeux, vous le savez, sont difficiles.
On a des besoins d'enseignants qualifiés, on a des besoins de support
des élèves en difficulté et, bien sûr, on a aussi besoin — il
faut commencer par là souvent — d'infrastructures qui sont des
infrastructures en mesure d'accueillir les élèves.
Donc,
lors du lancement, là, de la nouvelle version du Plan Nord, moi, je me suis
présenté en essayant de situer un petit
peu, là, où est-ce que nous comptions investir. Sur le plan des
infrastructures, il y a eu deux annonces importantes qui ont été faites, deux projets d'infrastructures
scolaires. Tout d'abord, la commission scolaire crie, que vous connaissez
très bien, je crois, va construire une école
primaire à Wemindji. Et le but, c'est de répondre à la croissance de
l'effectif scolaire, parce que, vous le
savez, là-bas, on fait des enfants, hein? Il y a beaucoup d'enfants. Donc, il y
a des besoins, là, croissants, là, compte tenu des effectifs scolaires
et de leur évolution rapide.
Donc, le but, hein,
c'est de mettre sur pied cet établissement-là et aussi d'ajouter de l'espace
pour l'offre de formation continue aux
adultes. Alors, dans le fond, vous avez introduit le sujet. Il y a de plus en
plus, surtout, là, dans la communauté crie, une demande pour de la
formation continue, de la formation professionnelle, hein? La nation crie, depuis les accords de la Baie James, s'est donné
comme objectif de s'émanciper économiquement, et socialement, et aussi
politiquement. Et la façon de le faire, c'est bien sûr de contribuer à l'essor
économique de la région et aux projets, notamment,
là, aux projets qui sont inscrits à l'intérieur du Plan Nord. Donc, ça, c'est
pour l'école primaire Wemindji.
Le
deuxième engagement, c'est la construction de 20 logements répartis à Mistissini, Waskaganish, Chisasibi, Waswanipi
et Wemindji pour permettre à la commission scolaire d'offrir un hébergement de
qualité au personnel enseignant. Parce que
c'est une chose à laquelle on ne pense pas ici, mais le personnel
enseignant, il doit être accueilli. Pour le moment, dans ces communautés, il y
a rarement du personnel enseignant
qui est issu de la communauté elle-même, qui y réside. Donc, c'est des gens qualifiés, là, qui viennent du Sud, et
ils ont besoin d'être hébergés. Donc, ces engagements-là frôlent les 30 millions de dollars. Ce 30 millions de dollars là inclut, là, une contribution, là, non
négligeable du gouvernement fédéral.
Ensuite,
il y a des enjeux immédiats de formation qui mérite d'être offerte pour
répondre à des besoins de formation continue.
Donc, on en a accordé un certain nombre déjà l'été dernier, et il y a
des nouvelles annonces à venir. Donc, pour la commission scolaire de l'Or-et-des-Bois, donc l'Abitibi-Témiscamingue, une autorisation a été accordée pour
Forage et dynamitage, hein? C'est loin du
type de formation que j'ai eue, mais je suppose que, dans ce coin-là, ça peut
être utile. Donc, c'est un D.E.P. qui va être offert en Abitibi-Témiscamingue.
Sur la Côte-Nord, Sept-Îles et Fermont, un autre programme Forage et
dynamitage, toujours pour le travail des mines; Mécanique de véhicules
lourds routiers — vous
savez aussi que la communauté
crie a toujours été intéressée
par ce type de formation, ça s'offre déjà, si ma mémoire est bonne, dans
la région — et
Mécanique de moteurs diesel et de contrôles électroniques. Pour la commission
scolaire de la Baie-James, donc Forage et
dynamitage toujours, Conduite de machine de traitement de minerai — hein, là où il y a une demande importante — et «Machine operation, mineral and metal
processing». Donc, c'est une formation vraiment en anglais qui est offerte aux Cris. Et finalement,
pour la commission scolaire de l'Estuaire, située à la Côte-Nord,
Tadoussac et Baie-Comeau, Forage au diamant.
Donc,
ça, c'est des besoins de formation, là, assez pointus, là, pour répondre, hein,
aux besoins de l'environnement économique du Grand Nord. Donc, l'enjeu
ici, là, c'est de développer... hein, vous l'avez mentionné, il faut trouver un attrait, hein, il faut trouver une façon
d'approcher la formation qui n'est pas traditionnelle, mais qui est, si
possible, sur les lieux de l'emploi, etc.,
où les gens peuvent rapidement comprendre, là, le type de ce qu'est la...
d'habiletés, pardon, hein, le type d'habiletés, là, qu'ils auront besoin
pour leur futur professionnel.
Donc, il y a eu aussi
un certain nombre d'autres engagements qui ont été pris lors du Plan Nord, mais
c'est peut-être les plus importants.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député d'Ungava, il vous reste une minute.
M.
Boucher : Une minute? Écoutez, en une minute, on ne peut pas
s'attaquer à beaucoup de choses, seulement le
temps de vous dire, M. le ministre, que je vous invite de façon officielle à
venir, quand bon vous semblera, visiter
mon comté, de venir à la rencontre de ces peuples fantastiques, fascinants et
méconnus que sont les Inuits et les Cris,
sans oublier les Jamésiens, avec lesquels, bon, vous avez peut-être plus
d'affinités. Mais là-dessus je peux vous dire que l'expérience sera,
pour vous, enrichissante et puis gratifiante, j'en suis convaincu. Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député d'Ungava. On va passer
du côté des députés indépendants. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la parole est à vous pour une période de six minutes.
Mme Massé :
Six minutes. Merci, Mme la Présidente. Bonsoir, tout le monde. M. le ministre,
vous savez comme moi que l'UNESCO a recommandé, il y a déjà plusieurs années,
que l'éducation populaire soit au centre de toute
politique d'éducation aux adultes. C'est votre responsabilité, et, en ce sens,
quand je vous entends dire que la CSDM a décidé de mettre fin aux baux, c'est plutôt malhonnête, considérant que
les compressions successives des gouvernements qui se sont suivis ont
amené la CSDM à ne pas avoir le choix de soutenir l'engagement qu'elle avait
depuis 40 ans auprès des gens en éducation populaire.
Ceci étant dit, je
vous ai entendu dire que, le 1er juin, les gens peuvent respirer, hein,
une espèce de respirateur artificiel pour la prochaine année, ils ne seront pas
dehors. Bien. Alors, moi, je veux m'assurer si, dans le budget actuel, on trouve le 350 000 $
nécessaire à la mission — dans votre budget, je ne parle pas d'immobilisation — et le
450 000 $ au niveau de l'énergie et entretien nécessaire pour que
cette année-là puisse se réaliser.
• (20 h 50) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. le ministre.
M.
Blais : Alors, je ne
parlerai pas de chiffres ici, je ne négocierai
pas non plus, là, des hauteurs de chiffres. Ce qui est important, là, c'est que le mandat, là, de ces
organisations puisse se réaliser cette année dans les meilleures
conditions possible. Et je réitère, je
réitère... ce n'est même pas une accusation, je réitère que la CSDM a mis
fin aux baux, hein, et il y a un enjeu, vous le savez, là, par rapport à la CSDM. En ce moment, c'est le défi d'une vie, hein, de relever, du
point de vue administratif, cette
organisation-là pour réaliser, comme
les autres commissions scolaires l'on fait, là, ces dernières années, des
efforts budgétaires qui sont nécessaires. Donc, je ne veux pas les accuser ou
remettre en question leurs choix, mais ça a été quand même leur décision, là,
de mettre fin à ces baux.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Je ne veux pas parler de chiffres, mais on parle de crédits, Mme la Présidente,
c'est normal que je demande des chiffres, il
me semble. Et on le sait, c'est reconnu, on parle de 800 000 $
nécessaires. Alors, on peut bien me
dire : Oui, ils vont rester là pendant un an. Et on le sait très bien que,
dans le bail, la proposition du bail, il n'y a pas le montant de
800 000 $. La CSDM n'acceptera pas de signer le bail, et les groupes
se retrouvent dans la rue.
Et
j'ai une autre question, je vais lui poser tout de suite parce que cinq
minutes, c'est tellement court : Est-ce que, dans le fond,
prolonger d'un an, c'est la seule solution sur la table actuellement puisque,
je vous en informe encore une fois, M. le
ministre, leur financement n'est pas exclusivement du ministère de l'Éducation,
qu'il est entendu, il y a des ententes
fédérales qui sont sur trois ans, Centraide Montréal finance sur trois ans, et,
s'il n'y a qu'une entente d'un an, on fragilise encore plus ces
organisations-là? J'aimerais vous entendre là-dessus aussi, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Blais :
Alors, peut-être rappeler à ma collègue, là, qu'ici on discute des crédits de
l'année, là, qui s'est écoulée, là, pas des crédits à venir. On recherche une
solution durable, on recherche une solution qui est soutenable, et le mot «soutenable» est assez important, là,
pour les organisations tout d'abord. Et donc, cette solution, nous allons
peut-être la trouver dans deux mois, nous
allons peut-être la trouver dans six mois. Mais je prends le temps de m'asseoir
avec eux, c'est pour ça qu'on veut mettre
sur pied un comité, là, le ministère, avec les organisations, là, pour regarder
quels sont leurs besoins, et je suis très
conscient des besoins donc que vous avez évoqués, etc., les frais qu'ils
n'avaient pas, disons, à payer avec l'ancienne entente de la CSDM. Je
suis très conscient de ça, j'ai même une bonne idée des montants, etc. Mais, avant de, disons, faire une déclaration, là, ici,
ça ne serait pas opportun, je veux quand
même les rencontrer et en
discuter avec eux. Mais je peux vous assurer, hein, que leur survie, là, est
garantie pour la prochaine année. La prochaine année, ce n'est pas vraiment une
inquiétude, là, pour moi.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Oui, merci. Heureuse d'apprendre le comité bipartisme, donc, avec les centres,
je pense que, pour les centres, c'est essentiel. Mais c'est sûr, M. le
ministre, qu'ils sont inquiets, parce que depuis déjà deux mois, depuis que vous êtes en poste, ils cherchent à
vous rejoindre, c'est difficile. Alors, comment ils peuvent espérer
réellement compter sur votre... en fait, que
vous allez les mettre comme acteurs privilégiés de votre réflexion de la
prochaine année?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Blais : À
vrai dire, j'ai pas mal d'acteurs privilégiés, hein, pour la prochaine année.
On a des obligations, là, on va les respecter. Il y a eu des discussions entre
les membres de mon équipe et ces organisations, et puis il y a eu aussi des discussions
entre le ministère et eux. On les finance déjà à travers le PACTE si je me
souviens bien. J'ai les sommes ici, là, c'est des sommes, quand même, qui ne
sont pas négligeables quand on regarde l'enveloppe totale du PACTE. Donc, hein,
je maintiens mon engagement, là, cette année, là, à examiner avec eux les
différentes solutions, hein, qui sont possibles pour trouver une avenue qui est
viable à long terme.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
il vous reste 43 secondes.
Mme Massé : Bien, écoutez, moi, je
pense que je remets à votre oreille qu'ils ont des subventions, actuellement,
qui sont précarisées, que ce soit la SPLI en matière de lutte à l'itinérance,
que ce soit Centraide en matière d'aider les gens qui aident les gens qui
aident les gens et surtout, M. le ministre, en matière d'éducation. Je pense
que j'entends, j'entends tout ce que mes collègues et vous-même amenez, cette
relation entre emploi et éducation. Quand vous me parlez du 1 %, c'est
fou, moi, je ne pense pas au même 1 %. Je pense au 1 % qu'on ne veut
jamais aller chercher l'argent nécessaire pour dégager les marges de manoeuvre
pour soutenir toutes les formes d'éducation parce qu'il y a quelque chose qui est
central en éducation populaire autonome...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la députée.
Mme Massé : ...c'est qu'on n'apprend
pas tous de la même façon.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. On va passer du côté
de l'opposition officielle. Alors, je cède la parole au député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais rappeler au ministre, sur le
dossier des centres d'éducation populaire,
qu'il y a quand même eu... bien, il y a déjà un comité qui a quand même été
créé par votre prédécesseur et il y a
déjà eu plusieurs comités, par le passé, qui ont été créés, tant par notre
gouvernement que par... je ne peux pas dire «votre ancien gouvernement»,
parce que vous n'étiez pas là, mais l'ancien gouvernement de votre formation politique. Donc, je peux comprendre
qu'on étudie, je peux comprendre qu'on jase, je peux comprendre qu'on écoute, mais, à un moment donné, ça serait le
temps d'agir. Et le 31 mai arrive à grands pas, et je comprends
l'incertitude et l'inquiétude des groupes...
des gens qui y travaillent, des bénévoles, des participants qui méritent
d'avoir des réponses claires.
Le 31 mai,
là, c'est pratiquement dans un mois, là. Donc, pour eux, là... ils sont très
inquiets. Donc, ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
vous questionne beaucoup, ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques aussi. Je n'ai toujours pas
de certitude, je n'ai toujours pas de réponse. Je ne pense pas que ma collègue
de Sainte-Marie—Saint-Jacques
a eu plus de réponses non plus. Je suis un peu inquiet pour la rencontre
d'après les crédits avec les groupes. Est-ce que vous allez leur donner des réponses à eux? Je peux comprendre que vous
êtes gêné de nous en donner à nous, mais est-ce qu'à eux... ils vont
avoir des réponses à la sortie de cette rencontre-là?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M.
Blais : Moi, je pensais avoir donné des réponses, mais... hein? Donc,
j'ai la certitude, hein, que les activités vont continuer le 1er juin.
Il me semble que je l'ai dit, je l'ai redit. Ensuite, on m'a demandé des
questions plus pointues. Quel est le niveau
de financement? Allez-vous financer ceci ou cela, etc.? Et là-dessus j'ai
montré une réserve, je pense une réserve
sage, là, sur ces questions-là, je veux discuter avec eux. Bon, je suis aussi
en discussion avec la CSDM sur le sujet, mais j'ai la certitude, hein, il me semble, ça ne peut pas être plus
clair, que leurs activités vont pouvoir se continuer au cours de l'année
prochaine. Il n'y a aucun problème là-dessus.
Il faut comprendre, je le répète, quand même que
la CSDM, hein, en se retirant, m'a dit : Bien, voilà, voilà le cadeau, là, et trouvez une solution, nous, on ne
veut plus faire partie de cette solution-là. Alors, je comprends très
bien, j'ai rencontré la CSDM, ils m'ont
expliqué les raisons pour lesquelles, là, ils voulaient aller vers d'autres
voies. Je comprends très bien la situation, et maintenant c'est à nous,
hein, ce n'est plus à la CSDM, c'est à nous de trouver la meilleure solution, là, et avec les centres. Mais je n'ai
pas d'inquiétude pour l'année qui vient, on a la capacité financière,
surtout la volonté, là, de trouver une solution, là, pour faire en sorte que
tout le monde puisse continuer à travailler le 1er juin prochain et au-delà.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...M. le ministre. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : On peut
s'inquiéter sur dans quelles conditions les centres d'éducation populaire vont
pouvoir continuer à offrir leurs services après le 1er juin. C'est beau de dire
qu'ils vont continuer à s'occuper, mais, s'il y a moins d'intervenants, moins de participants qui peuvent participer aux
activités ou aux formations, bien, ça fait en sorte que, oui, bien, on
va continuer à avoir des services, mais est-ce qu'on va pouvoir recevoir autant
de participants? Est-ce qu'il va avoir
autant de services? Est-ce qu'il va avoir une diversité des offres de formation
et des ateliers qui vont pouvoir se faire? Donc, c'est toutes les
questions qu'on peut se poser, d'autant plus que, quand on regarde...
Je comprends que le ministre n'aime
pas qu'on parle des crédits qui s'en viennent, c'est juste que, tantôt, on
va nous demander de voter sur les crédits qui s'en viennent, sur l'année 2015‑2016.
Mais je peux quand même regarder les chiffres.
Les chiffres, des fois, sont têtus. Dans le soutien des partenaires en
éducation, pour les crédits 2014‑2015, on avait
40 185 000 $, et, pour 2015‑2016, on parle de
34 685 000 $. Donc, c'est pratiquement une compression de
6 millions de dollars. J'entends le ministre qui nous dit : Ah! le
1er juin, il n'y a pas de problème, ils vont continuer.
En même temps, la
commission scolaire, depuis 40 ans, hein, prend de son argent pour financer les
centres d'éducation populaire. Quand, comme ma collègue l'a dit si bien, de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
l'éducation populaire, c'est de l'éducation. L'éducation, jusqu'à preuve
du contraire, c'est une juridiction du gouvernement du Québec. Le gouvernement du Québec a une responsabilité. Je comprends que le ministre vient d'arriver en
poste, mais je comprends aussi que le
gouvernement du Québec a une responsabilité dans l'éducation populaire, qui est souvent... et l'éducation
des adultes, plus globalement, est souvent
le parent pauvre du ministère de
l'Éducation. Je comprends qu'on parle
beaucoup de formation professionnelle — je
suis porte-parole de la formation
professionnelle aussi — on
parle beaucoup d'éducation primaire, secondaire, on parle beaucoup
d'enseignement supérieur maintenant que le ministère est revenu avec l'enseignement supérieur,
mais il ne faut surtout pas oublier l'éducation des adultes, l'alphabétisation,
l'éducation populaire, parce qu'ils font un travail extraordinaire, oui, pour amener des gens en emploi, mais aussi
pour la valorisation des personnes, pour l'estime d'eux, pour faire en
sorte que tous puissent avoir leurs chances dans la vie. Puis je crois que le ministre
doit être sensible à cette question.
L'année passée, j'ai
eu à lui poser des questions pour emploi, et on avait échangé un peu, mais
j'aimerais que le ministre ait cette sensibilité pour ces centres d'éducation
populaire qui font un travail reconnu par tous, là, même l'UQAM, là, hein? Et même le ministre
le dit, qu'il avait étudié à l'UQAM puis qu'il était fier de l'UQAM. Bon,
bien, l'UQAM a fait une très belle étude sur les centres d'éducation populaire.
Donc, ma question : Qui sera coupé dans le 6 millions dans les partenaires
en éducation?
• (21 heures) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M. Blais :
Si je comprends bien, là, donc, il n'y a pas de coupure dans le PACTE comme
tel, là. Donc, les coupures, ça a été fait l'an...
Une voix :
...
M.
Blais : Donc, c'est une enveloppe
qui a été amputée l'an dernier et qui n'est pas... disons que cette
coupure-là n'est pas reconduite pour l'année qui vient.
Sur la question, là...
Vous nous avez fait un plaidoyer, puis disons que j'y adhère, là, votre... le
plaidoyer que vous avez fait par rapport à l'éducation populaire, disons que ce n'est pas à nous qu'il
faut le faire, là, hein? Donc, la CSDM a abandonné cette mission-là.
Donc, ce n'est pas à nous qu'il faut faire ce discours-là, hein? Elle l'a
abandonné, et nous, on le reprend. On
recueille la situation puis on va trouver une solution, là, pour les centres d'éducation populaire. Il faut bien comprendre, là, qu'on ne s'est pas
désistés, là, hein? Au contraire, on prend le problème, on l'accueille puis
on essaie de trouver une solution.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Bon, le ministre nous dit : Ce n'est pas à lui que nous devons faire ce
plaidoyer. Bon. Je me questionne... ce qu'on fait ici, à l'Assemblée nationale,
là... On est quand même des députés élus par nos populations respectives, ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, mes autres collègues députés de l'île de Montréal,
qui ont des centres d'éducation populaire. J'aimerais avoir la chance d'avoir
un centre d'éducation populaire dans ma circonscription parce qu'ils répondent
à des besoins criants de nos populations.
En même temps,
l'éducation relève du gouvernement du Québec. Les centres d'éducation populaire
ont une mission aussi, hein, on le dit,
communautaire. Les groupes communautaires... Le ministre était tout récemment
ministre de l'Emploi et Solidarité sociale,
il doit quand même connaître l'importance des groupes communautaires, la force
que ces centres occupent dans l'éducation. Le ministre ne peut pas transférer
la responsabilité sur la commission scolaire de Montréal ad vitam aeternam. Il
est le ministre de l'Éducation, c'est lui qui est responsable de l'éducation au
Québec. Il doit prendre ses responsabilités,
et j'invite le ministre à faire plus de précision dans sa volonté. Il a la
responsabilité d'avoir un leadership en
matière d'éducation des adultes puis en matière d'éducation populaire, et je
l'invite à nous le démontrer ce soir qu'il est vraiment le leader en
matière d'éducation au Québec et ne pas toujours tout lancer la responsabilité
et la faute aux commissions scolaires. C'est lui le ministre.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui, oui. Donc, je suis d'accord avec la dernière affirmation,
mais plusieurs éléments de l'affirmation aussi, là. Donc, je prends mes responsabilités, là. Donc, la CSDM nous a
annoncé qu'elle se désistait, elle mettait fin aux baux. Et voilà, il fallait trouver... on nous a
demandé de trouver une solution. On change, disons, le paradigme, on
change la façon dont était organisée l'offre
jusqu'ici. Je pense que... à ma connaissance, la CSDM était impliquée depuis, à
mon avis, plus de 20 ans, 25 ans
dans la formule. Mais moi, je prends mes responsabilités parce que je considère l'éducation populaire, à mon
avis, aussi importante que vous. Il faut trouver une formule, cependant, une
formule qui convient, là, à tout le monde et qui nous permet d'avoir une
certaine viabilité, là, par rapport à la structure de financement précédente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme
Poirier : Alors, Mme la Présidente, je vais me permettre de préciser certaines informations au ministre,
là, qui semble faire, à mon avis, un
raccourci un peu simple en disant que la CSDM a informé... La CSDM a subi des
coupures importantes de la part du
gouvernement du Québec. Elle doit recentrer et c'est à la demande du ministre
et du gouvernement de recentrer son
activité. Depuis 25 ans, on lui a demandé de rentabiliser ses bâtiments qui
sont excédentaires. C'est ce qu'elle a fait justement en les offrant à
des groupes communautaires qui viennent donner des services d'éducation
population à des populations montréalaises.
Ça,
c'est ce que font les centres tous les jours, et ça, c'était justement en lien
avec le fait d'avoir des bâtiments excédentaires
il y a 25 ans. Mais actuellement, dans ces bâtiments-là pour lesquels la CSDM
n'a jamais mis de l'argent en tant que tel de rénovation parce qu'elle
n'a jamais eu l'argent, eh bien, s'est présentée l'opportunité d'aller chercher
de l'argent au fédéral. Mais malheureusement
les organismes ne pouvaient pas aller chercher l'argent au fédéral,
malgré des programmes de subvention disponibles, parce qu'ils n'ont pas de baux
à long terme. Et c'est là que, lorsque la CSDM
a demandé au gouvernement la possibilité de signer un bail à long terme, le
gouvernement, votre gouvernement, a refusé.
Alors là, on est dans une situation où on ne peut pas dire à la CSDM :
Vous vous désengagez, puisque si on veut rénover les bâtiments avec les fonds fédéraux qui sont disponibles et
qui étaient disponibles à aller jusqu'à il y a quelques années, eh bien,
imaginez-vous donc que ça prend justement des baux long terme ou tout
simplement ce qui était l'autre alternative, qui était justement d'aller vers
une... de céder les bâtiments aux organismes. Alors, c'est dans cette
dynamique-là, là, qu'on a démarré ces discussions-là.
Alors,
aujourd'hui, venir dire que c'est de la faute de la CSDM, qui se désengage, je
trouve ça un peu... c'est un raccourci
un peu facile. Le gouvernement a coupé de l'argent à la CSDM, la CSDM a des
bâtiments excédentaires dans lesquels elle a des organismes
communautaires qui sont là depuis 25 ans et pour lesquels elle maintient les
dépenses et qu'elle a assuré, justement, que
l'on puisse avoir de l'éducation populaire à Montréal. Alors, je pense qu'il
faut se mettre dans une dynamique de
dire : Qu'est-ce qu'on fait pour sauver l'éducation populaire à Montréal?
Je pense, c'est là-dedans qu'il faut se mettre. Des comités de travail,
on en a eus depuis des années là-dessus. On les a tous vus. On a même fait la démonstration, lors d'une réunion au
pavillon d'éducation populaire, à votre prédécesseur, M. Bolduc, comme
de quoi que toutes les données sont sur la table. M. Thibault, votre
sous-ministre, a toutes les données qu'il faut et il est prêt à faire la démonstration des besoins. Votre
prédécesseur nous a dit : J'ai besoin d'une permission du Conseil du
trésor. Alors, ce que je vous demande, ce soir : Est-ce que vous avez eu
l'argent du Conseil du trésor?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. M.
le ministre.
M.
Blais : Donc, c'est vrai que je... Moi, je ne veux pas faire un test
de culpabilité puis faire un procès, là, parce que ça pourrait être un
long exercice. Je le répète, la CSDM s'est désengagée, hein? Ça, c'est clair.
Et maintenant moi, je m'engage, hein,
donc... Alors, maintenant, on est à la recherche d'une solution. Vous avez dit
tout à l'heure : Il faut trouver une formule pour pérenniser
suffisamment les centres d'éducation populaire pour qu'ils puissent aller
chercher des subventions qui ne sont pas accessibles.
Alors, c'est un des
éléments qui est à l'ordre du jour dont je voulais parler aujourd'hui. À quel
genre de subvention ils pensent? Quelle est
la probabilité que ces subventions-là soient accessibles? Est-ce que ces
subventions-là pourraient régler en partie, complètement, l'un des problèmes de
financement? Puis ensuite on verra, là, comment on peut les aider à accéder ou pas à ces subventions-là, si on peut les
aider. Mais avant tout, là, hein, il faut trouver une solution, hein,
qui nous permette de traverser l'année qui vient et, si possible, identifier
les solutions, là, à plus long terme.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le ministre. Alors,
est-ce que... M. le député de Saint-Jean, il vous reste 1 min 23 s.
• (21 h 10) •
M.
Turcotte :
Merci, Mme la Présidente. J'espère que les groupes... les centres d'éducation
populaire auront des réponses à leurs
questions et à ce qu'ils vivent au quotidien parce qu'il leur reste un mois. Et
j'espère qu'ils n'auront pas fait ce chemin pour rien. Je suis content
d'avoir les crédits maintenant parce que peut-être qu'ils n'auraient pas eu de
rencontre sans les crédits. Mais des fois, les crédits, ça donne des avantages.
J'aimerais cependant,
en terminant, M. le ministre, vous rappeler toute l'importance du renouvellement
de la politique d'éducation des adultes et de formation continue parce que ça
inclut, oui, l'emploi, mais ça inclut, comme je
vous ai dit, tout ce qu'on voit et que nous parlons depuis le début : l'éducation populaire, l'éducation des adultes incluant l'alphabétisation, avoir une vision globale entre
le ministère de l'Éducation et le ministère
de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour que les ministères puissent se parler,
parce qu'il y a de la formation, dans
les deux ministères, qui sont offertes.
Donc,
je comprends que vous arrivez comme ministre, mais beaucoup de ministres...
Moi, j'ai fait les crédits sur le même
sujet en 2010, je posais les mêmes questions. On est en 2015, ça fait cinq ans,
puis je sais qu'avant moi on en a parlé beaucoup. J'aimerais ça que
l'année prochaine, aux crédits, on puisse commencer à jaser des actions
concrètes de cette politique.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Saint-Jean. Merci beaucoup.
Alors, on va passer au dernier bloc du côté du gouvernement. Alors, M. le
député de Papineau, la parole est à vous.
M. Iracà :
Oui. Merci, Mme la Présidente. En débutant, moi, je tiens à dire quelque
chose : pour avoir travaillé dans
le domaine de l'éducation plusieurs années, nous avons, au Québec... parce
qu'après avoir entendu les échanges, là, je pense
que c'est important de rappeler à nos auditeurs, aux Québécois et Québécoises
qui nous écoutent, ce soir ou en
rediffusion, qu'au Québec nous avons un des meilleurs systèmes d'éducation au
monde. Il faut se le dire, là, et à toutes les tribunes qu'on est
capables de faire, il faut le dire, il faut le mentionner.
J'ai eu la chance de participer dans un colloque
d'enseignants, il n'y a pas si longtemps, là, il y a quelques semaines, en Alberta, et où on réunissait les 30
pays les plus performants au monde. Bien sûr, nous y étions. Nous y
étions, puis je dois vous dire, pour avoir
eu la chance de représenter le Québec à ce colloque, plusieurs pays, que ce
soit la Suède, l'Allemagne, même le
Japon, plusieurs... et d'autres provinces du Canada, m'ont posé plusieurs questions.
Puis j'avais une équipe... on est une
équipe restreinte, là, quand on y est allés, mais avec quand même des gens qui
m'accompagnaient, qui... où on pouvait
répondre aux questions et leur dire pourquoi nous avons un bon système
d'éducation et un des meilleurs systèmes d'éducation au monde. On a qu'à
le voir dans les taux de réussite en mathématiques, en sciences. Chaque année, on ressort parmi les meilleurs au monde.
Alors, il faut être capable de se le dire, ça. Il faut être capable de
dire : O.K., sur quelle base on part,
quand on veut faire des changements, des modifications, quand on se questionne
sur les organismes communautaires. Puis il faut le faire, là. Ça ne veut
pas dire, parce qu'on est le meilleur au monde, qu'on n'a plus rien à faire,
qu'on n'a pas d'autres pistes de solution à explorer.
Mais je pense
que l'éducation au Québec, c'est pour ça que ça fonctionne. Une des clés, c'est
qu'on a une approche systémique. Il
n'y a pas de sauveur, nous, au Parti libéral, là. Il n'y a pas personne qui va
arriver en claquant des doigts, régler tous les problèmes. Ça n'existe
pas chez nous, ça. C'est une approche systémique. On travaille avec le monde, on travaille avec les directeurs d'école, les
commissions scolaires, les structures qui sont en place, on travaille avec
les parents, on travaille avec les
professionnels, on travaille avec les enfants, on travaille avec les organismes
communautaires. Et c'est pour ça que parfois
on est mieux de prendre un pas de recul, on est mieux de prendre un peu notre temps
avant de prendre une décision précipitée et
consulter cet ensemble-là. Alors, c'est pour ça que c'est une approche
systémique — je
reviens à cette approche-là — qui fait en sorte que ça fonctionne,
l'éducation, au Québec. Il y a de beaux succès. Il y a même des
enseignants qui deviennent députés. Imaginez-vous. Alors, quel modèle que ça
donne à nos jeunes! C'est fantastique!
M. Roberge : Peut-être pompier.
M. Iracà : Alors, il y a des
gens dévoués qui travaillent, je le dis et le redis, qui travaillent dans nos
écoles, dans nos commissions scolaires, qui travaillent très, très fort, jour
après jour. C'est pour ça qu'on a un bon système d'éducation au Québec. Ce
n'est pas par des formules magiques ou quelqu'un, là, qui s'inventerait leader
du jour au lendemain, en disant : Je
vais tout régler les problèmes d'éducation au Québec, là. Ce n'est pas une
formule comme ça qui fonctionne chez nous, au Québec, là. C'est une
formule où on travaille avec plusieurs groupes, plusieurs personnes, plusieurs organismes, qui fait en sorte qu'on a du
succès. J'espère qu'on ne dérogera
pas de cette approche systémique là, qui fait en sorte qu'on travaille tout
le monde ensemble.
Mais moi, j'ai un sujet qui me préoccupe, c'est
les Programmes d'action communautaire sur le terrain de l'éducation, le PACTE. On en a
parlé un peu, dans chacune de nos régions et dans chacun de nos comtés, nous
pouvons compter sur les groupes communautaires. Ces derniers sont implantés
dans nos milieux depuis des dizaines d'années, interviennent dans un vaste
éventail d'activités. Le fait qu'ils soient enracinés dans nos communautés et
qu'ils poursuivent une mission sociale qui leur est propre favorise grandement
la transformation sociale du Québec. Puis j'ai eu la chance de visiter, Mme la
Présidente — je
le faisais avant, mais beaucoup plus depuis mon élection, en 2012 — plusieurs groupes communautaires, plusieurs
centres communautaires qui travaillent en lien avec l'éducation. Encore là, parallèlement à ce qui se passe dans
les écoles, ce sont des groupes qui travaillent excessivement fort. Il y
a des gens aussi qui donnent de leur temps,
en termes de bénévolat, dans les conseils d'administration de ces centres-là,
il faut le mentionner. Ce sont des
gens qui donnent beaucoup, beaucoup de temps pour la réussite des gens plus
défavorisés dans différents quartiers, que ce soit dans les milieux
ruraux ou dans les milieux urbains.
Moi, je considère que les organismes
communautaires, ce sont nos yeux et nos oreilles sur le terrain. Je travaille, étroitement d'ailleurs, avec plusieurs
centres communautaires à titre de député. Il y en a un dans mon comté,
qui se nomme le Centre Alpha
Papineau. D'ailleurs, je les salue, tous les gens qui sont sur le conseil
d'administration. C'est un centre qui donne des services, c'est un
organisme communautaire, évidemment, sans but lucratif, pour les personnes de mon comté, qui offre des ateliers
d'alphabétisation, où les gens apprennent à lire, à écrire, à compter avec...
pendant plusieurs activités de la vie
quotidienne. Alors, on intègre des activités de la vie quotidienne pour que ces
gens-là puissent apprendre dans un environnement non traditionnel, qui
ne ressemble pas du tout à ce qui se passe à l'école, mais qui ressemble à ce qui se passe sur le terrain, dans
la vie quotidienne de tous les jours, parce qu'eux, bien, ils sont plus à
l'aise d'apprendre de cette façon-là, donc en faisant la cuisine, en apprenant
à coudre, à tricoter, en travaillant le bois, lors d'activités physiques, artisanales, grâce à des programmes d'ateliers
d'éducation populaire. Alors, en faisant ça, bien, ils apprennent à lire, à compter, à écrire, et, si
vous allez sur le site Internet d'Alpha Papineau, il y a même des
témoignages, dont une personne qui dit : J'aime mes professeurs, Chantal
et Annie. Je me fais des amis au Centre Alpha Papineau.
Outre le fait, dans l'éducation, de dire :
On va apprendre le contenu, la matière, écrire, lire et compter, on sort les jeunes qui sont peut-être un peu exclus, de
l'isolement social, et ça, c'est extrêmement important, parce qu'il y a
des jeunes qui abandonnent l'école et qui,
par le fait même, se sentent isolés, se sentent rejetés et se sentent surtout
incapables de réussir et d'apprendre la
base, de lire, de compter et d'écrire, et c'est par des centres comme ça, qui
font en sorte que les jeunes puissent
s'accrocher et croire en eux, croire en leur potentiel, et ça permet aussi à
ces centres-là d'inculquer la valeur du
travail relié à l'éducation. Et puis c'est un organisme, là, qui est financé
par le CLE et par le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.
En bref, les organismes
communautaires apportent une contribution extrêmement importante à société québécoise, par leur approche globale,
novatrice... créative — excusez-moi, il est rendu tard, Mme la Présidente — et
alternative, de par leur action basée sur
des valeurs telles que le respect, la liberté, la solidarité et l'égalité. Ils
rejoignent tous les types de citoyens, de zéro à 100 ans. Avec leurs nombreuses
années d'expérience, ils ont su développer des analyses et des pratiques basées
sur les besoins des gens de leur communauté.
• (21 h 20) •
Historiquement, le gouvernement du Québec a
toujours placé les organismes communautaires au centre des pratiques sociales
québécoises et reconnaît leur rôle dans le développement social et économique
du Québec, tout en maintenant leur autonomie
et leur pouvoir d'initiative. Le Programme d'action communautaire sur le
terrain de l'éducation, PACTE, existe
d'ailleurs depuis 2001. C'est un programme de soutien financier spécifiquement
destiné aux organismes d'action
autonome, comme je mentionnais tantôt, autant dans le milieu urbain que rural,
avec de petites sommes. Je vous dis,
Mme la Présidente, ces organismes-là peuvent faire toute une différence sur le
terrain avec... Tantôt, je parlais de nos jeunes, mais effectivement il
y a des moins jeunes qui y vont, hein? Il n'y a pas d'âge pour apprendre à lire
ni à écrire.
Et je reviens à cette approche systémique, là,
qui fait en sorte que l'éducation fonctionne au Québec. C'est qu'il y a des organismes comme Alpha Papineau, que
j'ai mentionné, qui donnent du service. Il y a des écoles qui donnent le service. Il y a des liens aussi, des ponts qui
se font entre les écoles et ces organismes communautaires là qui
travaillent pour nos jeunes pour qu'ils
puissent avoir une éducation appropriée. Avec les parents, souvent, il y a des
rencontres qui se font, oui, avec les
écoles, de manière plus officielle, avec les directeurs d'école, avec les
enseignants, mais il y a aussi des rencontres
qui se font par l'entremise de ces organismes communautaires qui font une
différence avec l'école. Donc, c'est un
travail d'équipe, un travail d'ensemble qui fait en sorte que nos jeunes au
Québec réussissent. Ensemble, on va plus loin.
Alors, ma question pour le ministre :
J'aimerais connaître votre position quant au PACTE et les ressources financières qui y sont rattachées. Si vous pouviez
également nous préciser les organismes admissibles au programme, j'en
serais, M. le ministre, très reconnaissant.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Papineau. Alors, M. le ministre, vous disposez de huit
minutes pour votre réponse.
M. Blais : Très bien. Peut-être
quelques chiffres. Donc, en 2014‑2015, là, le budget total du PACTE était de 18,3 millions de dollars. Essentiellement,
c'est un financement à la mission globale, c'est-à-dire ça le distingue
d'autres formes de financement, là, basées
sur des projets. Dans le PACTE, il y a très peu d'argents qui vont vers des
projets, à peine 0,8 million de
dollars. La moyenne des subventions à la mission globale était, en 2014‑2015,
de 94 737 $, et on a financé
129 organismes — c'est
ça, je pense, qui va vous intéresser — 129 organismes, dont le plus gros en
alphabétisation populaire, 31 organismes
pour la lutte au décrochage scolaire, sept... et surtout pour le raccrochage
scolaire, donc les écoles de la rue, et 16 en formation continue. Donc,
ça nous fait à peu près, si je ne me trompe pas, 184 organismes qui ont été
financés en 2014‑2015 par le PACTE, pour une somme, là, d'à peu près... cette
partie-là du moins, 17 501 000 $.
Les besoins... en tout cas, les demandes de
financement additionnelles sont importantes, là, il faut le reconnaître, là. En 2014‑2015, les demandes
étaient autour de 31, 32 millions de dollars, donc on n'a pas pu
répondre à toutes les demandes.
Donc, il y a
un enjeu, bien sûr, de consolidation du réseau. Je pense, c'est un enjeu assez
important, mais c'est aussi un enjeu
de voir exactement comment le réseau, là, se représente ou est représenté, là,
géographiquement. J'en ai parlé un peu tout à l'heure. Donc, il y a une
assez bonne diversité, même si l'alphabétisation demeure quand même, là,
l'élément clé, là, du PACTE et des organismes, là, qui y participent.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Papineau.
M. Iracà : Alors, si je
comprends bien, Mme la Présidente, là, il y aura toute une... quand même, une
analyse pour vérifier les ententes, là, en
lien avec ce qui se donne sur le terrain pour s'assurer que ça soit équitable
sur l'ensemble du territoire, en
fonction également... en prenant pour acquis ce qui s'est fait dans le passé,
mais où on pourrait s'en aller vers le futur en lien avec ces
organismes-là des différentes régions du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le ministre.
M. Blais : Oui. Bien, c'est sûr que
c'est une préoccupation, hein, donc il ne faut pas... ça ne veut pas dire qu'il
faut... Il y a toute une expertise qui a été développée, là, hein? Je suis
toujours prudent là-dessus, je veux être respectueux des expertises qui ont été
développées avec le temps, là, notamment à Montréal, parce qu'une bonne partie,
disons, de l'alphabétisation, des centres d'éducation populaire, ça a commencé
à Montréal et ensuite ça s'est développé en région. Donc, il y a une
préoccupation de tenir compte de cette expertise-là, mais les demandes étant ce
qu'elles sont, on va aussi regarder comment
on pourrait mieux répondre aux besoins, là, pour ceux qui sont arrivés
plus tard, mais dans des endroits où les besoins sont quand même aussi
importants, aussi grands.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député de Papineau, oui, il reste quatre minutes. Allez-y.
M. Iracà :
Bon, si je comprends bien, Mme la Présidente, là, c'est quand même... ce que je
comprends du ministre, c'est qu'il se préoccupe beaucoup des organismes
communautaires. Et il se dégage de ça une préoccupation certaine pour faire en sorte qu'on s'assure que ces organismes-là
puissent toujours continuer à livrer un service, là, en lien avec l'éducation, qui sera bénéfique pour nos
jeunes. Alors, en sachant, Mme la présidence... présidente, présidence...
Il est tard, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En effet, mais c'est Mme la Présidente.
M. Iracà : On va s'en sortir.
On va s'en sortir.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste trois minutes.
M. Iracà : Trois minutes. Alors,
tout ça pour dire que la réponse du ministre me satisfait. Et, avec le peu de temps qu'il reste, je laisserais au ministre, s'il
veut faire un mot de conclusion, là, avec ce bloc-là au niveau de la
formation professionnelle, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Papineau. Alors, M. le ministre.
M.
Blais : Peut-être l'un des éléments dont on a peu discuté ce soir, là,
puis qui mérite d'être pris en considération, dont il faut se rappeler, c'est qu'il y a des représentations très fortes,
de la part notamment du milieu syndical, pour l'enjeu de la formation continue, hein, c'est-à-dire...
quand on pense à des secteurs d'activité économique où il y a peut-être
des travailleurs peut-être un peu moins
qualifiés, etc., même dans le secteur public, par exemple, dans les hôpitaux,
dont des travailleurs plus manuels, il y a des représentations — je
pensais, je rencontrais la CSN la semaine dernière — très fortes pour qu'on maintienne le financement de la formation continue pour ces employés-là qui en ont vraiment besoin, c'est-à-dire qu'il y a
des personnes qui ont pu accéder à un emploi, disons, manuel, et qui voudraient
peut-être poursuivre, qui ont
des problèmes sérieux en alphabétisation.
Et l'enjeu, en tout cas la demande qui nous est faite, là, par le milieu syndical, c'est de
permettre, sur les lieux du travail, parce que c'est plus facile, les
gens sont là, de permettre des aménagements, des plages, pas nécessairement une réduction, là, du temps de travail, bien, en tout cas, pas au départ de l'initiative, mais permettre des ajustements,
des plages pour de la formation,
notamment en alphabétisation. Et ça, de plus en plus, là, il y a une demande pour ça et de plus en plus — et je fais attention, là, dans la mesure que
je prends — il y a
une ouverture de la part des employeurs à faire ces aménagements-là. Les employeurs conçoivent bien
que c'est dans leur intérêt. Quand ce n'est pas d'un intérêt social,
c'est aussi dans leur intérêt de permettre ça. Donc, ça, je pense que c'est un
segment de la formation continue qui est lié à l'alphabétisation, qui n'est peut-être pas suffisamment connu, mais pour
lequel, là, il y a quand même du financement.
Puis ce qu'on
me demandait, bien sûr,
la représentation qui m'a été faite par la CSN la semaine dernière,
c'était de s'assurer que le financement pour
ça allait être maintenu, compte tenu que les ouvertures sont peut-être
plus grandes que par le passé pour les employeurs.
Je vais terminer — je pense qu'il me
reste encore un peu...
• (21 h 30) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, 25 secondes.
M. Blais : ...25 secondes — en
vous disant, bon, que l'un des enjeux les plus importants — c'est
sûr que la formation professionnelle, on a
commencé par ça aujourd'hui — c'est l'enjeu de l'adéquation entre la
formation et emploi, pour des raisons
économiques évidentes, c'est-à-dire, si vous avez une démographie comme la
nôtre, qui est une démographie assez
défavorable, plus votre adéquation est bonne, est adaptée, plus l'impact
économique va être rapide et positif.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, merci à tous pour votre collaboration.
La commission
ajourne ses travaux au mercredi 29
avril 2015, après les affaires
courantes, soit vers 11
heures, où elle entreprendra l'étude du volet
Éducation préscolaire et enseignement primaire et secondaire du portefeuille
Éducation, Enseignement supérieur et de la Recherche. Merci. Bonne soirée à
tous.
(Fin de la séance à 21 h 31)