(Douze
heures treize minutes)
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bonjour.
Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte. Je demande
à toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre
la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Le
mandat de la commission est de procéder à l'audition des dirigeants des établissements d'enseignement de niveau universitaire conformément à la
Loi sur les établissements d'enseignement de niveau universitaire.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Tanguay (LaFontaine) est remplacé par M. Arcand (Mont-Royal)
et Mme Roy (Montarville), par M. Le Bouyonnec (La Prairie).
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Merci.
M.
Arcand :
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Oui?
M.
Arcand : Je
pense que, même si
les avis ont été donnés, on m'a dit qu'il
faut que la commission
commence seulement après les affaires courantes.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
12 h 14)
(Reprise à 12 h 19)
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Nous reprenons nos travaux. Je suis vraiment
désolée.
Auditions (suite)
Donc, nous recevons
l'INRS cet avant-midi. Cet après-midi, nous recevrons les HEC de Montréal et,
ce soir, l'Université de Concordia.
Je
veux vous souhaiter la bienvenue à l'Assemblée nationale, m'excuser pour le
retard. M. Coderre, la parole est à vous.
Vous disposez d'environ une quinzaine de minutes pour nous faire votre exposé,
par la suite vont suivre les échanges avec
les parlementaires. Et nous ferons en sorte de maximiser le temps pour bien
vous entendre et être capables d'échanger avec vous. La parole est à
vous.
Institut national de la recherche scientifique (INRS)
M.
Coderre (Daniel) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mesdames et
messieurs, membres de la commission, c'est
un grand plaisir pour nous de comparaître devant vous aujourd'hui et de vous
présenter le bilan de nos activités de même que certaines perspectives
de développement de notre université.
• (12 h 20) •
Permettez-moi
d'abord de vous présenter les personnes qui m'accompagnent : Mme Mary-Ann
Bell, présidente de notre conseil
d'administration; Mme Lana Fiset, qui est la secrétaire générale de l'INRS,
responsable de la gouvernance et des
ressources humaines; Mme Dalida Poirier, adjointe exécutive du directeur
scientifique et responsable des enjeux internationaux;
M. Claude Arbour, qui est le directeur de l'administration et des finances, qui
est responsable aussi des affaires
professorales; et finalement M. Charles Gignac, étudiant au doctorat au Centre
Eau Terre Environnement et président de l'association des étudiants de
ce centre.
Mme
la Présidente, si vous le permettez, je passerais brièvement la parole à notre
présidente du conseil d'administration pour l'introduction.
Mme Bell (Mary-Ann) : Merci, Daniel. Alors, bonjour à tous. Je suis vraiment contente de pouvoir
être ici pour accompagner l'équipe de direction et pouvoir répondre à
vos questions. Simplement pour vous dire, moi, je suis une diplômée de l'INRS. Je suis active au conseil
depuis plusieurs années et j'ai la chance de pouvoir en diriger le conseil
depuis maintenant deux ans, ce dont je suis très honorée.
Nous
avons un conseil qui est très, très efficace et très engagé, et un conseil, je
vous dirais, qui est très soucieux d'accompagner
vraiment l'INRS et de lui donner tout son appui pour rencontrer vraiment sa
mission, qui est une mission quand
même assez particulière au service de notre communauté. Et globalement je vous
dirais qu'à l'INRS vraiment ce qui
règne, c'est vraiment un très grand souci de performance, une très grande
rigueur et aussi un souci de collaboration. Alors, sur ce, comme on n'a
pas beaucoup de temps, je te repasse la parole.
M. Coderre
(Daniel) : Merci. On avait prévu 30 minutes de présentation. Je
comprends que, compte tenu des contraintes
de temps, je vais essayer de faire ça très rapidement. Donc, ça sera un
portrait subliminal de ce que nous sommes à l'INRS, mais j'espère
pouvoir vous convaincre de la grande qualité de cette université.
L'INRS, c'est
une université, puis c'est une université toute particulière, atypique sur
l'échiquier canadien, sur l'échiquier
international de façon générale. Nos lettres patentes indiquent que nous sommes
une université qui a comme missions
les missions essentielles des universités, soit la recherche et la formation.
Cependant, nous sommes concentrés sur
la formation d'étudiants de maîtrise, et de doctorat, et au niveau
postdoctoral, avec aussi une mission de recherche fondamentale appliquée, mais aussi une obligation
de transfert des connaissances et une obligation également de contribuer
au développement économique, social et culturel du Québec.
Je vous
disais que nous sommes une université unique, en ce sens que, lorsqu'on a été
créé, il y a plus de 43 ans maintenant,
ce qui était avant-gardiste, on a défini notre université non pas selon la
façon traditionnelle de disciplines, de
facultés, mais plutôt en quatre centres, quatre centres de recherche et de
formation de haut niveau dédiés aux priorités de développement du Québec, aux priorités de recherche du gouvernement
québécois. Donc, nous faisons de la recherche fondamentale, une recherche fondamentale souvent qui est en rupture avec
les tendances actuelles, ce qui nous permet d'ouvrir de nouvelles portes de la science, d'aller plus loin. Donc, on
est à la fine pointe de ces développements, mais on a une préoccupation
également de faire une recherche appliquée transférable à la société
rapidement.
On a misé,
dans notre université, sur l'acquisition de très grandes infrastructures de
recherche, infrastructures de recherche qui sont de calibre
international, qui se situent parmi les premières ou deuxièmes au monde dans
plusieurs domaines. Et cela nous donne une
excellente attractivité pour nos professeurs, qui viennent en grande partie… en
partie de l'étranger, et pour nos étudiants également, comme je vous le
présenterai plus tard.
Autre
particularité de l'INRS, c'est que nous avons l'exclusivité d'emploi de nos
professeurs, ce qui veut dire qu'ils se consacrent à 100 % de leur
temps aux missions universitaires qui sont celles de l'INRS. Nous sommes une université qui forme des experts, des détenteurs
de maîtrise, de doctorat ou de postdoctorat, donc, concentrés aux 2e et
3e cycles.
J'aimerais
attirer votre attention cependant sur le fait que l'on travaille en
collaboration avec les autres universités, que notre vocation se fait, se construit non pas dans la compétition,
mais dans la collaboration avec nos partenaires universitaires québécois et à l'étranger. On a donc plus du tiers de nos
programmes de formation qui sont des programmes conjoints avec d'autres
universités ici, au Québec.
Tous nos
étudiants de maîtrise et de doctorat reçoivent un soutien financier leur permettant de consacrer 100 % de
leur temps à leurs études et à la réalisation de leur… et à l'obtention de leur
diplôme. Ce que nous avons mis en place également, récemment, ce sont des formations transversales pour que nos
étudiants, lorsqu'ils diplôment de chez nous, aient aussi un portfolio de compétences qui leur permettent d'être de
meilleurs acteurs dans la société. Nous avons mis en place des formations sur l'aptitude à devenir un
chercheur, mais aussi sur l'entrepreneurship, sur l'éthique et sur les langues
également pour qu'ils deviennent des acteurs aussi au niveau international.
Nos
recherches sont des recherches, comme je vous le disais, qui sont
fondamentales, mais aussi qui se dirigent très rapidement vers
l'application. On a une préoccupation de valorisation de la recherche; à la
limite, lorsque c'est possible, de
commercialisation de cette recherche. Nous avons des orientations stratégiques
qui sont définies à même les attentes
de la société, mais qui prévoient l'avenir aussi. Parce que, bien sûr, on
répond aux demandes immédiates de la société,
mais on doit prévoir — c'est la mission de l'université — on doit prévoir également ce qui seront les
priorités de demain. Donc, on a aussi cette mission-là qui nous anime.
On a mis en
place une structure qui nous permet de vérifier annuellement la progression de
notre plan stratégique avec des
indicateurs stratégiques présentés à
notre conseil d'administration, des indicateurs opérationnels également.
Et nous avons des professeurs qui
servent d'experts, d'experts pour différents ministères — on a plusieurs exemples qu'on
pourrait vous donner — mais
d'experts aussi pour la société de façon générale.
Le
financement de notre université est atypique également, vous allez le voir. On
a moins de la moitié, 45 %, de nos
financements qui proviennent du budget de fonctionnement du ministère de
l'Éducation supérieure. La grande part, une part extrêmement importante de notre activité est financée à travers
les financements de la recherche, qui sont obtenus au mérite sur l'échelle québécoise, sur l'échelle
canadienne. Nous avons une proportion de 15 % qui vient de services
que nous offrons et qui sont payés par les
partenaires soit industriels, par les partenaires également de d'autres
universités dans certains cas. Et
j'attire votre attention sur le fait que, pour nous, les droits de scolarité
sont un enjeu qui est marginal dans la santé financière de notre
université puisqu'ils ne comptent que pour 1,3 % de nos financements.
Nous avons une recherche d'excellence qui est
axée, comme je vous le disais, sur les besoins de la société. Rapidement, je vous présente ce graphique qui
indique le choix stratégique qu'a fait le Québec depuis plusieurs années, et
qui est de concentrer sa recherche publique dans les universités. Seulement
5 % de la recherche est réalisée dans les organismes publics qui ne
sont pas universitaires, alors qu'en Ontario c'est 16 %, qu'au Canada
c'est 11 % de façon générale, 13 %
aux États-Unis et 14 % en France. Donc, le Québec a fait le choix de
concentrer sa recherche publique dans
les universités. Et c'est un bon choix, puisqu'il permet, tout en faisant une
recherche d'excellence, aussi de former des personnes hautement
qualifiées qui agiront par la suite à partir de ces connaissances. Et l'INRS, à
cette lueur-là, est
important, puisque, comme nous consacrons une grande partie de nos activités à
la recherche, nous devenons un bras de recherche du gouvernement
québécois.
On
est une université très performante en recherche. On se classait, jusqu'à
l'année passée, première au Québec en
termes d'intensité de recherche, c'est-à-dire financement externe par
professeur. Malheureusement, cette année, on a été tout juste dépassés
par l'Université de Toronto, mais on est dans ce club sélect, là, du plus de
400 000 $, avec l'Université de
Toronto. Et je peux vous prédire que l'année prochaine nous redeviendrons
premiers sans aucun problème. Et ça,
ça marque ici la performance de nos professeurs en ce qui concerne les
financements externes de recherche. On a, malgré une décroissance des financements, au Québec, des subventions de
recherche, maintenu notre seuil au-dessus de 25 millions depuis 2009‑2010. On a une part importante, au-delà de
16 %, de contrats de recherche qui sont faits avec les partenaires
des milieux utilisateurs. Et nous sommes très performants — ce
sont les colonnes du haut — dans
le financement des grandes infrastructures de recherche à travers la FCI et
Infrastructure du savoir.
• (12 h 30) •
Nous
sommes répartis entre… alors sur deux pôles : Québec,
avec le centre Eau Terre Environnement et le siège social, l'administration, donc, de l'INRS; et la région de Montréal,
à Varennes, avec le centre Énergie, Matériaux, mais aussi à Montréal pour Télécommunications; le centre Institut
Armand-Frappier... INRS—Institut
Armand-Frappier, dédié à la santé, qui est à ville de Laval, et, à Montréal
centre-ville, notre centre Urbanisation, Culture, Société.
Je
vais passer rapidement sur ces enjeux, vous pourrez les lire, mais ils
décrivent les axes de recherche prioritaires que nous avons identifiés, entre autres celui de l'amélioration
environnementale, des énergies durables et des ressources naturelles. Et vous avez ici plusieurs exemples
très parlants, je pense, de notre contribution dans ces domaines-là, de la même
façon en ce qui concerne les enjeux urbains, culturels et sociaux, où nous
étudions les personnes dans la ville, la relation entre ces personnes,
les enjeux d'immigration et les enjeux de rapports intergénérationnels, de
dynamiques familiales, etc.
Donc,
nous avons un centre, là, très performant aussi sur la culture et également sur
les populations autochtones. Notre
centre Institut Armand-Frappier, et vous le savez, est un centre extrêmement
reconnu du point de vue de tout ce qui
est maladies infectieuses, de l'immunologie. Mais nous travaillons également
sur les enjeux de santé environnementale, relation entre pollution, contamination et santé humaine, et aussi sur
la toxicologie, mais également sur les biotechnologies
environnementales.
Finalement,
un de nos centres les plus performants, celui des matériaux avancés, des
nanotechnologies et de la photonique,
nous avons là, probablement, un prochain prix Nobel qui viendra… Je me permets
d'être optimiste. Mais nous avons là
des recherches vraiment de très, très haut niveau qui se font à la fois sur
l'infiniment petit mais aussi l'infiniment
rapide, à travers des lasers femtoseconde, par exemple. Nous travaillons
également sur le stockage de l'énergie, le développement de piles ultraperformantes en vue des voitures
électriques, qui est un choix du gouvernement québécois.
Je
vous le disais, on a misé énormément sur les grandes infrastructures de
recherche. Quelques exemples, ici. Entre autres, je ne citerai ici que le Laboratoire hydraulique
environnemental, dans le parc technologique, ici, de Québec, qui est le meilleur au monde en termes de… et je n'élaborerai
pas, mais qui est le meilleur au monde. Mais vous avez les mêmes exemples dans le domaine de l'infiniment petit, en
nanotechnologie, dans le domaine également des lasers haute puissance; tout comme à ville de Laval où nous avons un campus
qui est l'exemple parfait du continuum entre la recherche fondamentale, la recherche appliquée, les grands
services offerts, les incubateurs de nouvelles industries à naître et également
des industries de haut niveau dans le domaine des biotechnologies; même chose à
notre centre Urbanisation, Culture, Société, avec des laboratoires très
performants.
Rapidement.
On était déjà innovateurs en ayant une approche multidisciplinaire sur des
grands enjeux du Québec. Ce que nous
voulons faire dans les prochaines années, c'est de regarder ce qui se passe à
l'interface de nos centres et encore de
faire, donc, un pas de plus de ce côté-là. Et nous avons identifié certains
domaines comme les nanobiotechnologies, les énergies durables, les
ressources naturelles, l'écotoxicologie et toxicologie environnementale et la
ville en réseau.
Plusieurs
exemples vous sont donnés ici de travaux que nous faisons — je ne passerai pas à travers tout ça — de travaux
que nous faisons en lien avec les priorités du Québec : en aéronautique,
en énergie, en bioalimentaire, dans le domaine
des ressources naturelles, dans le domaine des biotechnologies, dans celui des
énergies renouvelables et l'électrification
des transports, dans le domaine de l'informatique et des communications mais
aussi dans le domaine des industries
créatives et de l'identité québécoise. Nous avons publié une série d'histoires
régionales, là, qui font l'histoire, justement, de notre peuple dans
toutes les régions du Québec.
Nous
sommes une université internationale : 60 ententes à l'international, des
collaborations très fructueuses avec différents
pays. J'attire votre attention sur le fait qu'on est la seule université membre
des Instituts Pasteur en Amérique du
Nord. Nous avons aussi des grands laboratoires internationaux dans le domaine
des nanotechnologies et dans les réseaux des grandes infrastructures de
recherche qui nous caractérisent.
La
formation de notre main-d'oeuvre : nous avons 14 programmes de maîtrise,
huit de doctorat. Plus du tiers de ces
programmes, je vous le disais, sont offerts conjointement. J'attire votre
attention sur le fait que 42 % de nos étudiants sont des étudiants étrangers. Nous avons là un
défi particulier mais aussi une grande performance avec ces étudiants, d'autant
plus que 50 % de ces étudiants
étrangers restent au Québec par la suite et deviennent des acteurs hautement
qualifiés pour le développement du
Québec : 47 % de femmes, alors que nous sommes concentrés dans des
secteurs hautement technologiques, et
une centaine de stagiaires postdoctoraux, ce qui nous donne le meilleur ratio
professeurs-stagiaires postdoctoraux.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Merci beaucoup, M. Coderre. Je sais que
nous… Rapidement.
M. Coderre (Daniel) : Nous
reviendrons, si vous le permettez, sur les enjeux de gouvernance et de santé
financière qui nous caractérisent
également. Vous avez ça là. Mais je peux vous dire qu'on a une université sans
déficit, un budget équilibré depuis
2001, qu'on a résorbé un déficit important lors de l'absorption de l'Institut
Armand-Frappier et que nous avons une gouvernance exemplaire. Nous avons
gagné le prix de l'Université du Québec à cet égard.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Merci beaucoup. Nous allons débuter les
échanges. Nous allons maintenant du côté du gouvernement. M. le député de
Bonaventure, vous avez la parole.
M.
Roy : Merci, Mme la Présidente. Je salue mes collègues et je
vous salue. Bienvenue chez vous, comme certains députés ici présents.
Bon,
je vais commencer avec, bon, un questionnement qu'on a eu hier par rapport à la
direction de l'UQAM, où on a souligné
une certaine volonté d'avoir un équilibre entre la reddition de comptes et
l'autonomie de leurs institutions. Et j'aimerais vous entendre
là-dessus.
M. Coderre
(Daniel) : Vous savez que la liberté académique, qui est chère au
milieu universitaire depuis les époques des…
médiévale, est importante dans les universités, que l'autonomie
institutionnelle est également importante. Ce qui a été démontré clairement dans les études qui se sont faites sur
la performance des universités, c'est que les meilleures universités qui
performent au niveau international sont des universités qui ont une autonomie
universitaire.
Ceci
dit, il est important, je pense… on est financés par des fonds publics et on
doit faire une reddition de comptes. Je
voyais hier, dans la comparution de l'UQAM, que vous avez évoqué la
multiplication, en fait, des mesures de reddition de comptes qui sont là. Effectivement, c'est lourd
pour nous. Mais nous sommes prêts à nous plier à cette donne puisque nous sommes financés par le public. Mais, en
général, ce qui met le plus à risque notre université en termes d'autonomie,
c'est l'autonomie financière. C'est celle
qui crée les contraintes et qui génère parfois les dérives au niveau de la
liberté académique, au niveau de la liberté organisationnelle, etc.
M.
Roy : Mais vous n'êtes pas contre le fait qu'il y ait une
certaine rationalisation des redditions de comptes?
M.
Coderre (Daniel) : Je vous dirais qu'on applaudirait à cette
rationalisation. En fait, ce qui est important, c'est qu'il y ait une certaine cohérence dans ce qui est
demandé, d'une part, et, d'autre part, que l'on ait un retour sur ce que
nous rendons comme comptes. Alors, nous rendons énormément de comptes à
plusieurs niveaux. Le retour sur cette reddition
de comptes… Et nous, on est fiers de rendre ces comptes parce qu'on est une
université qui est, je pense, bien gérée, qui est performante. Les
retours parfois sont moins présents.
M.
Roy : Bien, écoutez, lorsque… Bon, moi, je ne connais pas le
modus operandi de la reddition de comptes. Mais, quand vous nous dites
qu'il n'y a pas de retour, pouvez-vous me donner un exemple très concret?
M. Coderre
(Daniel) : En fait, jusqu'à récemment, dans les comparutions
parlementaires que nous faisions, celle-ci
entre autres, il y avait très, très peu de retours, d'attentes. Pour la
dernière fois, on a eu effectivement quelques questions qui ont été
posées. Je ne sais pas si Claude, qui est notre directeur Administration,
Finances et qui a… dont l'équipe fait beaucoup de redditions de comptes, a à
ajouter là-dessus. Claude?
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : M. Arbour.
M. Arbour (Claude) : Juste pour vous donner un exemple, on envoie les états financiers à
chaque année, on n'a jamais de
retour. On ne sait pas s'ils sont lus ou s'ils sont étudiés. Donc, c'est un peu
un exemple qui est peut-être extrémiste. Mais je suppose que, si on n'a
pas de retour, c'est qu'ils sont totalement corrects, et il n'y a pas de questionnement.
M. Roy : Donc, il
n'y a pas de notion de feed-back pour
vous permettre de réorienter votre tir en fonction d'un commentaire
quelconque?
M. Arbour
(Claude) : Exactement.
M. Roy :
O.K. Dans un autre ordre d'idées, tout à l'heure, vous avez dit que le fait que
la concentration de la recherche se fasse à l'université soit une bonne chose. Ça, je comprends bien. Mais moi, je viens d'un
cégep où j'ai participé à une
implantation d'un CCTT-PSN. Et notre gouvernement a annoncé une bonification d'une enveloppe,
qui est passée de 5 à 15 millions, pour permettre la collaboration
dans les projets de recherche entre les universités puis les cégeps. J'aimerais
avoir un peu votre position par rapport à un rapprochement potentiel avec les
cégeps.
• (12 h 40) •
M.
Coderre (Daniel) : Absolument. Quand je disais «concentré dans les
universités», je voulais dire concentré dans les institutions d'enseignement supérieur, donc ça incluait aussi
les cégeps. La présence des CCTT, répartis sur le territoire québécois, est une grande valeur ajoutée pour le Québec.
Nous sommes partisans de la collaboration avec les cégeps.
D'ailleurs, c'est une des priorités qu'on s'est données dans
les prochaines années, c'est de pouvoir créer de meilleurs liens avec les CCTT. Nous voudrions aussi
accueillir comme professeurs associés des professeurs de cégep ou des chercheurs
actifs dans les CCTT pour collaborer avec nous. Je pense que c'est ça qui est
gagnant, c'est ce travail d'équipe qui se fait et qui nous permet d'être
performants. Donc, ça fait partie de notre plan de match, effectivement.
M.
Roy : Bon. Encore dans un autre ordre d'idées, vous êtes un
centre de recherche, vous avez sûrement commercialisé certains brevets. J'aimerais vous entendre là-dessus, à
savoir, bon, comment vous vous positionnez par rapport à d'autres institutions comme la vôtre. Et, sans rentrer dans le
détail, bien, est-ce que ça peut rapporter… ou combien de brevets sont
actuellement sur le marché puis de quelle nature ils sont?
M. Coderre
(Daniel) : Effectivement, on est une université de recherche. Et,
comme je vous le disais, on a aussi cette
volonté d'aller vers la recherche appliquée, et donc éventuellement vers la
commercialisation. Je ne suis pas certain, par ailleurs, que l'indicateur brevets est le meilleur indicateur parce
que la plupart des universités ont des brevets, protègent leur propriété intellectuelle, mais c'est ce que
l'on fait avec qui est le plus important. Donc, je ne suis pas certain que le
meilleur indicateur… Je pense qu'on se
compare, de ce côté-là, sûrement aux universités québécoises, probablement aux
universités canadiennes. Ce qui est plus
important pour nous… Et ça nous amène à réfléchir, nous, sur ce que l'on veut
faire en valorisation de la recherche. Les
indicateurs généraux qui sont pris, c'est : brevets, licences et sociétés
dérivées créées. Déjà, sociétés dérivées créées et licences donnent un
meilleur indicateur de ce transfert technologique. On est performants de ce
côté-là.
Force est de
constater qu'ici, au Québec, au Canada mais, de façon générale, aussi aux
États-Unis, les universités dépensent
beaucoup plus en protection de la propriété intellectuelle que ce que ça leur
rapporte. Ça, je pense qu'il faut être
conscient de ça. Notre stratégie évoluera et ira beaucoup plus vers une
meilleure fluidité de la propriété intellectuelle, avec des partenaires
qui sont sérieux, de confiance, mais, en échange, nous nous attendons à avoir,
comme on le fait actuellement, des contrats
de recherche avec ces partenaires, à avoir également des financements qui
pourraient être… où ils pourraient être associés dès le départ dans des
partenariats-recherche avec le privé.
Donc,
l'indicateur de brevets, pour nous, c'est un des indicateurs, mais ce n'est
sûrement pas celui qui rend le mieux
compte de ce que nous faisons. Puis il ne faut pas oublier non plus que, dans
le transfert que l'on fait de nos connaissances,
des connaissances que nous développons, la formation des personnes hautement
qualifiées est probablement le
meilleur transfert que l'on peut faire. Parce que, dans certains de nos
centres, c'est 70 % de nos étudiants qui vont en industrie et, donc, qui amènent ces nouvelles
connaissances que nous développons vers l'industrie pour les appliquer.
M. Roy :
Une dernière question, Mme la Présidente. Tout à l'heure, vous avez dit que
vous aviez des étudiants qui étaient
financés à 100 % pour faire leurs études. Je pense qu'on appelle ça du
financement intégré ou si je me trompe?
M. Coderre (Daniel) : Oui.
M. Roy :
Est-ce que c'est tous les étudiants? Quelle proportion? Puis, bon, est-ce que
c'est dans des disciplines très particulières? C'est quoi?
M.
Coderre (Daniel) : Notre volonté est justement de financer tous nos
étudiants, quel que soit le secteur. Évidemment, ce financement, il vient de nos fonds de fonctionnement, il vient du
financement… surtout du financement de la recherche obtenu par nos professeurs. Il est évident que,
dans certains secteurs qui sont moins financés, comme celui des sciences
humaines, sciences sociales, il est plus
difficile de le faire, mais généralement ce que nous faisons, c'est un
financement… en tout cas, au niveau doctorat, pour tout le monde, au
niveau de la maîtrise, pour la très, très grande majorité de nos étudiants. Je
ne sais pas, Dalida, s'il y a à ajouter à ça?
Mme
Poirier (Dalida) : En fait,
à l'INRS, il y a vraiment deux types de programmes de bourses. Le financement,
c'est les bourses qui sont données par les
professeurs à même leur financement de recherche. On a un programme, qui
est en sciences pures appliquées, qui
s'applique à tous nos programmes offerts dans ce secteur-là. Et là
effectivement 100 % des
étudiants ont une bourse autant à la maîtrise de recherche, qu'au doctorat, que
même à la maîtrise professionnelle. Les
montants diffèrent selon le niveau de programme. Ça fait que 97 % de nos
étudiants poursuivent leurs études à temps complet et ne travaillent pas
à l'extérieur pendant les études.
En sciences sociales, on a un programme de bourses
qui est avantageux, qui est plus attaché disciplinaire, qui n'est pas systématique, qui dépend des domaines de
recherche et des sujets. Et là effectivement les étudiants de doctorat ont
une plus grande part, la proportion de bourses. Les étudiants de maîtrise ont également
des bourses, des assistanats, mais
c'est un programme qui fonctionne différemment à cause des financements qui sont accordés aux professeurs. Quand on met l'ensemble de tout ça, sur les 600
étudiants de maîtrise, doctorat qui sont à l'INRS, on en a une centaine qui
sont en sciences sociales, de ceux-là, il y en a à peu
près trois quarts qui sont financés, et tous les autres sont financés, ce qui
fait que ça donne une proportion vraiment… probablement, la plus grande, au
Québec, d'étudiants qui sont supportés financièrement pour effectuer leurs
études chez nous.
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Merci, Mme Poirier.
M. Roy : Une dernière petite
chose.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Oui, continuez, M. le
député de Bonaventure. Puis, par la suite, je vous céderai la parole, M.
le député de Saint-Hyacinthe.
M. Roy : O.K., vas-y.
La Présidente (Mme Richard,
Duplessis) : Non, mais vous pouvez…
M. Roy :
Non, mais… Vous avez dit tout à l'heure «le club des 400 000 $». J'ai
cru entendre ça. Les professeurs vont chercher 400 000 $ en
subventions?
M. Coderre (Daniel) : En moyenne.
M. Roy : En moyenne. O.K.
M. Coderre (Daniel) : En moyenne,
par professeur.
M. Roy : Donc, ce qui permet
de financer les études de certains étudiants.
M. Coderre
(Daniel) : De tout, mais particulièrement de la recherche. C'est
vraiment une performance. Écoutez, on
a 153 professeurs. La plupart des universités ont 1 000, 1 500,
2 000, quand on parle de l'Université de Toronto. Et notre petite
université réussit à se démarquer, de ce point de vue là, de façon vraiment
majeure, là. Ce financement d'au-dessus de 400 000 $ par professeur
est énorme par rapport… Et comparez-le aux autres universités que je vous présentais dans le graphique, vous allez voir la
performance que l'on a. Et, malgré notre petite taille de 153 professeurs,
on se situe 23e sur 100 universités au
Canada, 23e, avec 62 millions de financement par année, alors que toutes
les autres universités, de la 22e à la première, ont plus de 1 000
professeurs.
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Pelletier
(Saint-Hyacinthe) : Merci, Mme la Présidente. Saluer les
collègues. Je vous salue, mesdames messieurs.
Puis je vais
vous amener sur la politique linguistique. C'est un autre domaine, c'est un
autre volet, mais c'est un volet qui,
bien, je pense, est important pour nos centres de recherche, nos maisons
d'enseignement supérieur, et tout ça. Et
je vais vous amener… il y avait, au niveau du suivi des recommandations de 2011
qui avait été adressé… on disait : «Que les établissements
d'enseignement de niveau universitaire fassent un suivi de leur politique
linguistique».
Vous savez
que, la politique linguistique, depuis octobre 2004, les établissements
d'enseignement sont tenus de se doter
d'une politique. Et la politique, à l'article 98 de la charte, dit… hein, on
dit bien, hein, que c'est une politique qui tient compte de la langue d'enseignement, de la langue de
communication, de la qualité du français et de la maîtrise de celle-ci, de la langue de travail et la mise en
oeuvre et du suivi de cette politique. Alors, je voudrais savoir, moi, ce qui en
est de la politique linguistique au niveau de l'INRS.
M. Coderre
(Daniel) : D'abord, vous dire que nous sommes une université
francophone. Nous sommes fiers d'être une
université francophone. Nous agissons de façon importante au niveau
international, dans la francophonie, à cet égard-là. On a effectivement une politique. Et je laisserai
Me Fiset, notre secrétaire générale, qui est responsable de ce secteur, vous
présenter notre nouvelle politique, qui est en accord avec le projet de loi,
là, qui est à être adopté. Donc, Mme Fiset.
Mme Fiset
(Lana) : Alors, en fait,
comme vous le mentionnez, depuis 2004, l'INRS s'est doté d'une politique
linguistique. Cette politique a fait l'objet d'une refonte importante pendant
la période d'été et d'automne qui vient de passer,
là, suite au dépôt du projet de loi n° 14. Alors, notre projet de
politique est en tous points conforme aux exigences qui sont prévues dans la loi. Actuellement, même,
nous sommes, même si le projet de loi n'est pas encore en vigueur, nous sommes en période de consultation avec notre
communauté universitaire, ce qui est une nouvelle exigence, comme vous le savez, de les consulter sur les
changements qu'on apporte à la politique. Alors, nous avons déjà eu des
discussions avec nos différents syndicats des employés. Nous entendons
consulter également la fédération étudiante au cours du prochain mois et compléter l'exercice au début janvier pour une adoption
de la nouvelle politique par nos instances, en particulier notre conseil
d'administration.
M. Coderre (Daniel) : …compléter.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Oui, allez-y.
M. Coderre
(Daniel) : Si je peux compléter, vous comprenez que, dans une
université qui a 42 % de ses étudiants qui sont des étudiants
étrangers, notre défi est important. Mais je pense que nous avons les choses en
main.
• (12 h 50) •
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Merci. Vous comprendrez que le projet de loi n° 14, là, il est… Ça prend
la collaboration des partis de l'opposition
officielle. Alors, le projet de loi n° 14 n'est pas adopté dans cette
session-ci. On espère juste que, pour la prochaine, ça pourra suivre son
cours.
Je voudrais
vous amener maintenant sur un autre point, c'est sur le point… sur la politique
de recherche scientifique, de la
recherche-innovation du gouvernement. Vous savez que le ministre a investi… on
a mis beaucoup d'argent dans la recherche,
et on y croit beaucoup aussi, je pense, au niveau de l'enseignement supérieur.
Et on disait hier… l'UQAM disait hier
qu'ils avaient évalué le sous-financement des FIR, des fonds indirects de
recherche, à 7 ou 8 millions par année. Et vous, dans votre recommandation, vous faisiez… financement des
universités, recommandations, à la fin, vous mentionnez : «[Le ministère de
l'Enseignement supérieur, Recherche devrait] verser une subvention de frais
indirects de recherche pour le fonctionnement des infrastructures
majeures dont il a financé une portion ou la totalité…»
Vous
savez que le ministre s'est engagé, au niveau du financement qui est fait au
niveau de la recherche par le gouvernement
du Québec… on s'engage à rembourser 100 %... il s'engage à rembourser
100 % des frais indirects. Par contre,
j'aimerais savoir si vous connaissez les frais indirects de recherche qui sont
payés par le gouvernement fédéral. Et
quelle est la diminution… cet impact-là qu'il y a eu sur votre université? Et,
en même temps, est-ce que vous faites des démarches pour aller chercher
l'équivalent?
Parce qu'on sait que
ça baisse à chaque année. Puis, si on regarde la politique de recherche du
gouvernement fédéral, on se rend compte qu'on diminue d'année en année.
L'investissement en recherche est passé de 11 milliards, en 2010‑2011… est passé, en 2013‑2014, à 10 050 000 000 $.
Donc, c'est une baisse, au niveau de la recherche, au niveau canadien. Mais, à votre niveau, au niveau des FIR,
est-ce que ça veut dire que vous êtes obligés d'assumer ou de faire assumer
à même vos budgets ce que le fédéral ne consent pas?
M. Coderre (Daniel) : L'enjeu des frais indirects de recherche, c'est un
enjeu, vous le comprendrez, qui est majeur pour nous, puisque nous avons
plus de 37 % de nos financements qui viennent des financements de la
recherche. Le Québec est exemplaire à cet
égard-là, là. Depuis plusieurs années, il finance adéquatement les frais
indirects de recherche. Cependant, le fédéral, effectivement, plutôt que
de financer à hauteur de 60 % les frais indirects de recherche, les finance à hauteur, chez nous, de 32 %, je
pense. Et, de ce fait, chaque succès que nous avons, et nous en avons beaucoup
au niveau des financements fédéraux, chaque
succès nous coûte quelque chose. Bien sûr, nos professeurs sont bien financés,
ils peuvent faire une excellente recherche. Mais, dans le fonctionnement de
notre université, dans notre budget de fonctionnement, on doit absorber cette
différence-là.
L'autre
enjeu qui est majeur pour nous, c'est le financement — que l'on appelle aussi «indirect de
recherche» — relié aux espaces de recherche qui sont financés, d'une
part. Et, jusqu'à tout récemment… on a des signaux actuellement qui nous
sont donnés par le gouvernement voulant que l'on finance adéquatement les
espaces de recherche. Ce serait très important pour nous. Et on espère que les
crédits seront au rendez-vous de ce côté-là.
L'autre
chose où on est en attente, c'est le financement du fonctionnement des grandes
infrastructures de recherche. Vous
avez vu qu'on en a beaucoup. Là, on nous dote, on est bons pour pouvoir se
financer, aller chercher de très grands équipements de recherche, mais on n'a pas le financement pour le
fonctionnement, tant du fédéral qu'actuellement du Québec. Et ça, je pense que c'est un enjeu qui est
majeur également pour nous et pour le succès de la recherche au Québec.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci beaucoup.
Malheureusement, c'est tout le temps dont nous disposions pour le gouvernement. Nous allons maintenant du côté de
l'opposition officielle. M. le député de Mont-Royal, vous avez la
parole.
M.
Arcand :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Coderre, Mme Bell, tous les membres de
votre équipe, bienvenue encore une fois
parmi nous. Et évidemment on a peu de temps aujourd'hui, alors je vais sauter
tout de suite aux conclusions. Je vais
peut-être vous laisser terminer ce que vous disiez, là, à la toute fin parce
que je pense que c'est particulièrement
important. Le principal enjeu de l'INRS pour les prochaines années, j'aimerais
que vous puissiez nous le définir de la façon la plus succincte et
claire possible. C'est quoi, le principal enjeu pour vous?
M.
Coderre (Daniel) : On est une université performante. On a un modèle,
je pense, qui a fait ses preuves depuis plusieurs années. Notre principal enjeu, chez nous, c'est l'augmentation
du nombre de nos professeurs. C'est la clé de voûte de notre développement. Oui, on est très performants à 153
professeurs, mais on est contraints à ce nombre-là par le financement
particulier qui nous est accordé. Et ce que l'on espère, c'est de pouvoir
augmenter ce nombre-là. Le modèle, il
est là. Nos nouveaux professeurs seront tout aussi performants. Et on ira
chercher une plus grande part du financement, fédéral entre autres, à
partir de notre performance et de la recherche que l'on fait.
C'est
aussi la limitation que nous avons, dans le nombre d'étudiants que nous pouvons
accueillir. Vous savez, une capacité
d'accueil, lorsqu'on est dans des programmes de recherche, elle est en fonction
de la capacité d'accueil des laboratoires
et, donc, du nombre de professeurs que nous avons. Ça, c'est le grand enjeu
pour nous et qui nous permettrait d'être encore plus significatifs pour
le développement du Québec.
M.
Arcand :
Est-ce qu'actuellement les professeurs que vous avez, même ceux qui sont là
actuellement, sont des professeurs qui sont près de la retraite? Quel
est l'état, si on veut, des ressources humaines à l'INRS actuellement?
M.
Coderre (Daniel) : L'INRS, c'est une université plus fragile de ce
côté-là, vous le comprendrez, compte tenu du nombre. On a eu effectivement plusieurs départs à la retraite. On a
renouvelé environ le tiers de notre corps professoral dans les dernières années. On aurait pu avoir des
craintes d'une baisse de performance, particulièrement en recherche, de ce côté-là, mais ce n'est pas le cas. Nous
réussissons à attirer, jusqu'à maintenant, d'excellents chercheurs. Mais il est
clair que, si on veut continuer à attirer
d'excellents chercheurs, il faut qu'on ait les moyens, dans notre université en
tout cas, de pouvoir leur offrir ce
qui peut être offert ailleurs dans le monde. Nos chercheurs sont des chercheurs
de calibre international qui peuvent
se faire marauder très rapidement dans des pays ou dans des universités, même
ici, au Canada, au Québec, qui ont
plus de moyens que nous. Donc, ça, c'est une clé, ce financement qui est
associé également à notre fonctionnement et à l'excellence de
l'environnement que nous créons.
M.
Arcand : Est-ce que, pour
vous, il y a des possibilités d'aller chercher beaucoup plus de revenus pour
l'institut, pour l'université, en
fait? Est-ce qu'il y a des possibilités par rapport à ce qui se passe ou si les
subventions, évidemment, gouvernementales
de base, qui sont… Je pense que… Quand je vois, dans vos revenus de
62 millions, je pense, vous avez 45 millions de subventions du
ministère directement. Est-ce qu'il y a moyen d'avoir d'autres revenus
autonomes? Est-ce qu'il y a des possibilités
de ce côté-là ou si vraiment vous comptez essentiellement sur une augmentation
la plus substantielle possible de l'investissement de base du
gouvernement?
M. Coderre
(Daniel) : Nous comptons, bien évidemment, sur une augmentation du
financement gouvernemental. Je pense
que c'est une clé pour toutes les universités. Même si elle est moindre dans
ses proportions, chez nous, c'est une clé essentielle de l'activité que
nous avons, une activité de formation et de recherche. Ça, ça va de soi.
Nous avons travaillé de façon importante à
diversifier nos sources de financement pour pallier justement à ce désengagement que l'on réalise, là, au niveau du
financement de l'État, qu'il soit canadien ou qu'il soit québécois. Nous
avons récemment créé de toutes pièces une
fondation, une fondation qui nous permettra d'aller chercher des financements
substantiels et qui nous permettront également le développement de notre
université.
Les services
que nous offrons — je
pense, par exemple, au laboratoire antidopage de Mme Ayotte qui est chez
nous — bien, ce sont des services qui génèrent des
fonds, des frais indirects de recherche qui nous permettent aussi d'avoir
des marges de manoeuvre. Même chose pour le
laboratoire d'histocompatibilité, qui est unique au Québec, chez nous, qui
nous permet de faire des évaluations de la
compatibilité des greffes à venir. Tout ça, ce sont des revenus qui nous
permettent, par ailleurs… Mais ça ne peut pas être l'essentiel de notre
financement parce qu'on est des universités publiques, on a une mission publique
et on doit être financés adéquatement.
M.
Arcand : Quand je regarde
actuellement ces différents éléments là, une des choses qui est un peu
frappante, puis j'aimerais peut-être avoir vos commentaires là-dessus,
c'est qu'il y a un organisme qui s'appelle la Fondation canadienne de l'innovation et qui aide actuellement… Et, quand je
regarde les subventions en infrastructures, elles ont baissé de 87 %. Quand je regarde les revenus
moyens par professeur qui ont reçu une subvention de la Fondation canadienne
de l'innovation, c'est une baisse de
72 %. C'est quand même assez important. Est-ce que c'est la faute du
fédéral? Est-ce que l'argent est allé
ailleurs au Canada? Ou est-ce que les budgets de la Fondation canadienne de
l'innovation ont baissé?
• (13 heures) •
M. Coderre
(Daniel) : Il y a eu des financements, encore récemment, majeurs du
fonds canadien de l'innovation. Il y
a eu aussi les infrastructures du savoir qui ont été… mais où le gouvernement
du Québec contribue, hein, à 40 %; 40 %, FCI; puis 20 % de partenariats autres. Il continue à y
avoir des financements importants sur les infrastructures de recherche. Cependant, il faut constater que
certaines provinces canadiennes deviennent de plus en plus performantes parce que mieux financées aussi au niveau
provincial. Et, lorsqu'on regarde l'évolution des financements, nous, à l'INRS, je dois vous dire qu'on est… actuellement, c'est bien préservé de ce
côté-là. On a encore eu récemment le deuxième plus grand financement de
la FCI, là, sur un appareil extraordinaire dont je pourrais vous parler
longtemps.
Mais on
continue, nous, d'être performants. Mais il est clair que, pour le Québec, qui
met quand même beaucoup d'argent dans
cette contrepartie à la FCI, la part du gâteau qui nous revient est plus faible
actuellement parce que d'autres provinces, d'autres universités dans
d'autres provinces deviennent de plus en plus performantes.
M.
Arcand : Moi, je me rappelle,
à l'époque où j'étais à l'Environnement, si je me rappelle bien, on avait fait
une évaluation environnementale stratégique
sur un dossier, évidemment, extrêmement controversé, qui était le gaz de
schiste. Et on me disait : Il me semble
que, chez vous, on faisait de la fracturation. Là, je ne sais pas si c'est par
informatique ou… enfin, il y avait une façon de mesurer. Est-ce que vous
avez des résultats là-dessus?
M. Coderre
(Daniel) : Alors, on a effectivement une des meilleures équipes dans
ce domaine-là, tout comme dans le
domaine, d'ailleurs, pétrolier, où on est très, très impliqués. Un de nos
professeurs siégeait justement sur cette commission… pas commission, là, mais sur ce groupe-conseil sur les
enjeux des gaz de schiste. En fait, ce qu'il faut voir… Puis il faut voir l'évolution des gaz de schiste
ou de l'exploitation des gaz de schiste aux États-Unis, là. Je pense que ça
interpelle le Québec de façon importante parce que c'est… notre électricité va
se vendre beaucoup moins bien.
On a quand
même les spécialistes chez nous. Et ce sont des décisions politiques qui se
prendront. Mais nous, comme chercheurs,
on est prêts à répondre, on est prêts à évaluer les risques environnementaux
qui y sont associés, tout comme on
l'est dans le domaine du pétrole, de l'exploitation du pétrole, avec
probablement les meilleurs experts ou le meilleur groupe d'experts au
Québec.
M.
Arcand : Vous avez dit, tout à
l'heure, M. Coderre, qu'un des problèmes, c'était la décroissance du
financement général au Québec. Est-ce
que vous pourriez élaborer un peu plus là-dessus, quand… Est-ce que c'est une
décroissance au niveau gouvernemental, au niveau de partenariats,
d'entreprises? Où est le principal problème?
M. Coderre
(Daniel) : Deux choses. Il y
a effectivement… Du fait de l'attente de la PNRI, justement, là, il y a eu une
compression, en fait, des financements de la recherche, là, qui nous a fait
mal, ça, c'est certain. Il y a d'annoncés, dans cette Politique nationale de la recherche et de l'innovation, des
investissements qui sont majeurs et qui permettraient au Québec de se relever, je dirais, là, de ce
côté-là. Donc, on est en attente et on espère des crédits importants qui y sont
associés.
Par ailleurs,
vous le savez très bien, l'économie en général, depuis la crise de 2008, fait
que le secteur privé a moins de marge
de manoeuvre en ce qui concerne la recherche, a donc des contrats de recherche
qui se font de façon un petit peu plus restreinte. On est
quand même… On continue quand même à être performants de ce côté-là. Mais, au
niveau des dons à la fondation, là,
il y a des impacts qui sont importants parce que les marges de manoeuvre,
justement, de ces donateurs sont moindres.
M.
Arcand : D'accord.
Mme la Présidente, ma collègue…
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Mme la députée de Bellechasse, vous avez la parole.
Mme Vien :
Merci beaucoup, chère madame. Alors, messieurs dames, merci de vous être
déplacés aujourd'hui. J'irai
directement avec les questions qui s'adressent d'abord à la présence des femmes
dans vos effectifs étudiants. On dit
souvent que les femmes sont de plus en plus majoritaires dans nos facultés,
dans nos écoles, dans nos départements, mais qu'elles le sont aussi traditionnellement beaucoup dans des
domaines de sciences sociales. Alors, je comprends qu'on est, chez vous, dans un domaine très scientifique.
J'aimerais ça que vous me dressiez un portrait de la présence des femmes
chez vous à l'INRS, comment leur présence a
évolué, puis quelles sont les perspectives pour elles, et quelles positions
elles occupent actuellement.
M. Coderre
(Daniel) : On est assez fiers de ça, particulièrement dans une
université, comme vous l'avez dit, qui est une université de recherche
plus fondamentale, où la présence des femmes est traditionnellement beaucoup
moins présente. Donc, comme je vous le
disais, c'est 47 % de nos étudiants qui sont des femmes, donc on est… et
au niveau de la maîtrise et du doctorat, donc à des niveaux de formation
très élevés.
Oui, bien
sûr, le secteur des sciences humaines, sciences sociales, notre centre
Urbanisation, Culture et Société comptent
un bon nombre de femmes. Aussi, le secteur de la santé, celui de l'Institut
Armand-Frappier, où, là, on a, en biologie
et, de façon générale, dans le secteur de la santé, plus de femmes qui sont
présentes. Ce qui me plaît aussi, c'est qu'on a une présence féminine de
plus en plus importante dans les secteurs de haute technologie comme celui des nanotechnologies, celui des lasers, etc. Celui des
télécoms et sciences de l'eau, par exemple, dans tous les programmes,
là… dans ces programmes-là, sont également présentes. Veux-tu ajouter
là-dessus, Dalida?
Mme
Poirier (Dalida) : Bien,
l'évolution, oui, c'est… En fait, en 2001, quand l'INRS a négocié son contrat
de performance, c'était un objectif,
d'augmenter la proportion de femmes, qui, à l'époque, était nettement moindre
et puis qui effectivement était
beaucoup plus centrée dans des programmes spécifiques, notamment en études
urbaines, quelques programmes principalement de maîtrise en sciences de
la santé. C'est un objectif qu'on a rencontré dans le cadre des trois années du contrat de performance et puis ça
s'est maintenu depuis parce qu'on est… Ça fait plus de 10 ans maintenant
et effectivement on est… Dans l'ensemble de
nos programmes, on a une proportion importante de femmes, autant à la maîtrise qu'au doctorat. Mais on est quand même
dans des secteurs, si on fait abstraction des sciences sociales, où, globalement, au Québec… on n'est pas dans des
secteurs où on a une majorité de femmes. Et là je pense que, si on faisait
un comparatif à certains endroits, je dirais qu'on se distingue très, très
bien, oui.
M. Coderre
(Daniel) : On est assez fiers aussi, je vous dirais, de la proportion
de femmes que nous avons à la fois
chez nos cadres, mais également notre conseil d'administration. Notre
présidente est une femme, et on est très heureux de ça. Et on a une
parité hommes-femmes également sur notre conseil d'administration.
Mme Vien :
Bien, c'est très bien, ça. Parlez-moi des étudiants étrangers. Je pense que ça
a augmenté, quelque chose… de 57 %. Est-ce que je suis dans les
bons chiffres ou…
Une voix : …
Mme Vien : Augmentation de
57 % de 2008 à 2012?
M. Coderre (Daniel) : C'est ça, oui.
Mme Vien : C'est ça?
M. Coderre (Daniel) : Oui.
Mme Vien : Le tiers, à peu
près, des effectifs… Ça représente le tiers des effectifs?
M. Coderre (Daniel) : 42 %,
oui.
Mme Vien :
42 %, bon. Vous attribuez cet attrait-là chez les étudiants étrangers à
quoi exactement? Qu'avez-vous de plus
que les autres? D'où proviennent ces personnes exactement? Vous disiez, tout à
l'heure : En plus, elles demeurent chez nous. Ça, c'est intéressant.
M. Coderre
(Daniel) : On est quand même dans une université dite de recherche aux
deuxième et troisième cycles, ce qui fait qu'on n'est pas…
Mme
Vien : Il n'y a pas de baccalauréat chez vous, pas du tout?
M.
Coderre (Daniel) : Il n'y a pas de baccalauréat. Donc, de ce fait-là,
l'univers dans lequel nous sommes, c'est un univers d'excellence, mais c'est un univers aussi où les étudiants
étrangers vont rechercher les meilleurs laboratoires.
Mme Vien :
Ils ont fait leurs études au baccalauréat à quel endroit, à ce moment-là?
M. Coderre
(Daniel) : Généralement, ils les ont faites à l'extérieur du pays.
Mme Vien :
À l'extérieur.
M.
Coderre (Daniel) : Et, vous savez, comment on fait le recrutement des
étudiants aux cycles supérieurs, c'est à travers la performance de nos chercheurs, de leur réputation
internationale qu'un étudiant décide qu'il veut aller dans ce laboratoire dans ce domaine-là. Et c'est un peu
comme ça que ça se fait, ce qui est un indicateur de notre renommée, je dirais,
internationale dans certains secteurs.
Mme Vien :
Ils viennent d'où, ces gens-là…
M.
Coderre (Daniel) : Il y a eu une évolution dans le temps. On avait la
majorité de nos étudiants — Dalida, tu me corrigeras — qui étaient de France.
Mme Poirier
(Dalida) : La moitié.
M.
Coderre (Daniel) : La moitié de ceux-là. Cette proportion diminue.
Nous sommes passés au tiers, à peu près, qui vient de la France, donc il y a une évolution. Ils sont asiatiques,
ils sont des pays nord-africains, ils sont beaucoup d'Europe, à l'extérieur de la France, très
présents, un peu des États-Unis et du reste du Canada mais dans une proportion
qui est…
Mme Poirier
(Dalida) : Nettement moins…
M.
Coderre (Daniel) : …quand même faible. Donc, on ratisse, je dirais, la
planète, là. Mais notre intérêt, c'est de pouvoir effectivement garder
une bonne proportion de ceux-là pour qu'ils deviennent des acteurs au Québec.
Mme
Vien : Pratiquement en terminant, parce que le temps file
rapidement. Vous avez dit tantôt, avec beaucoup d'orgueil, puis vous avez raison : Au niveau des finances, chez
nous, ça va bien, on a le contrôle de notre bourse. Ça vous a même valu
un prix, vous disiez, le prix de l'Université du Québec. Est-ce que j'ai bien
compris?
• (13 h 10) •
M. Coderre
(Daniel) : Bien, en fait, il y a deux choses là-dessus. En ce qui
concerne notre santé financière, il y a une
règle du jeu, chez nous, qui est claire, c'est que nous devons déposer des
budgets équilibrés, et je pense que ma présidente
met, avec raison, beaucoup de pression de ce côté-là. Ça ne veut pas dire qu'on
est riches. Ça ne veut pas dire qu'on
n'a pas besoin d'argent. Mais la façon dont on gère notre université, c'est
d'en arriver à un budget équilibré d'année en année.
Mme Vien :
Vous faites ça comment? C'est quoi, votre recette?
M.
Coderre (Daniel) : On le fait au prix… au prix, beaucoup, de réduction
de notre développement, on le fait au prix de compressions majeures dans
nos services administratifs, parce qu'on a cette obligation, on se donne cette obligation de gérer correctement les fonds publics
qui nous sont consentis. Mais est-ce que ça veut dire qu'on est riches, qu'on n'a pas de problème? Ce n'est pas vrai. On
doit composer avec une situation extrêmement difficile et qui m'attriste,
moi, parce que c'est notre développement.
Vous voyez, on est quand même bons, là. Mais on veut continuer à être bons, on
veut continuer à avoir les moyens qui vont nous permettre de continuer à nous
développer pour le bien de la recherche au Québec, pour le bien de la
formation au Québec dans le milieu universitaire.
Mme Vien :
Mme la Présidente, je pense que mon collègue de Mont-Royal va vouloir faire du
pouce…
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : M. le député de Mont-Royal.
M.
Arcand :
Oui, je viens d'entendre, M. Coderre, ce que vous venez de dire, puis
évidemment, dans le programme national
de recherche qui a été annoncé, évidemment, on a tout repris un peu l'essentiel
des demandes, évidemment, des différents
regroupements qui étaient là. Il y en avait de tout pour tous. Le problème que
nous avons, nous, comme formation politique,
c'est qu'évidemment on a lancé cette programmation-là et ce programme jusqu'en
2019, alors qu'il n'y a même pas de
cadre budgétaire. Et vous n'êtes pas sans savoir probablement qu'aujourd'hui,
d'ailleurs, il va y avoir une mise à jour
économique qui va se faire de la part du gouvernement. Je ne veux pas
cependant, là, vous faire entrer dans ce débat politique, qui est celui des politiciens et non pas le vôtre, mais ma
question, elle est bien simple. Vous avez une année financière. Votre
année financière se termine à quel moment?
M.
Coderre (Daniel) : Elle se termine un mois plus tard que celle du
gouvernement.
M.
Arcand :
Donc, à la fin avril?
M. Coderre
(Daniel) : Fin avril, voilà.
M.
Arcand :
Donc, à la fin avril. Avec ce qui a été annoncé au niveau de la Politique
nationale de recherche et d'innovation,
ça vous prend les crédits pour quand exactement pour pouvoir inscrire ça à
votre budget pour l'an prochain? Est-ce que vous avez une date où vous
devez absolument avoir une réponse du gouvernement?
M. Coderre
(Daniel) : Les réinvestissements, à notre connaissance, ne se feraient
de toute façon que dans la prochaine année
budgétaire. Nous, on gère de façon conservatrice, c'est-à-dire qu'on n'a
inscrit à nos livres aucun revenu supplémentaire
qui… Je pense que ça aurait été inconséquent de le faire. Mais je peux vous
dire qu'on verrait l'avenir de façon
très noire si jamais il n'y avait pas ces réinvestissements qui étaient
annoncés parce qu'on est à la limite, je dirais, là, de notre capacité à
continuer à être un bons gestionnaires de nos budgets.
M.
Arcand :
Et donc, si je comprends bien, pour 2014‑2015, si jamais il y avait des
crédits, pour vous ce serait une bonne
nouvelle, une amélioration? Vous ne voulez pas prendre le risque de mettre
quelque chose qui ne se matérialiserait
pas rapidement en 2014‑2015. Est-ce que c'est comme ça que je comprends ça?
M.
Coderre (Daniel) : Pour l'année actuelle, là, 2013‑2014, effectivement
on n'a pas mis dans nos budgets… — Claude, tu pourras le confirmer — on n'a pas mis dans nos budgets d'argent à
venir. Mais, pour 2014‑2015, par contre, là, on s'attend à avoir des
financements subséquents.
M.
Arcand :
Est-ce qu'il y a une date où vous devez… Parce qu'à un moment donné il faut que
vous le fermiez, ce budget-là, il faut que vous… Quand vous allez
envoyer au gouvernement vos prévisions budgétaires 2014‑2015, est-ce qu'il y a
un échéancier là-dessus?
M. Coderre
(Daniel) : Claude, je ne sais pas, si tu veux ajouter…
M. Arbour (Claude) : Bien, nos budgets sont préparés vers la fin février, donc généralement
on s'attend, pour le budget initial,
à avoir un portrait assez juste de notre année financière. Par contre, on
refait un budget révisé au mois de…
pour le 1er novembre, là, six mois plus tard, ce qui nous permet de réajuster…
Parce qu'il faut comprendre que nos budgets
fluctuent beaucoup en fonction de la clientèle étudiante, qu'on ne connaît pas
d'avance, en fonction des contrats ou
des subventions de recherche. Donc, pour nous, la date limite pour l'inscrire
dans nos livres ou dans les budgets, c'est plus autour du 1er novembre. Mais l'idéal, c'est de partir, bien
entendu, avec la connaissance la plus précise possible du budget de
l'année pour ne pas faire de modifications majeures rendus aux budgets révisés.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci beaucoup. C'est
malheureusement tout le temps dont nous disposions. M. Coderre, je veux
vous remercier, vous ainsi que votre équipe.
Je
veux vous souligner cependant que toutes les données que vous avez fournies à
la commission… Nous avons un très bon service de recherche, et les
membres de la commission ont eu une séance préparatoire afin de recevoir les personnes en audition. Donc, soyez assurés que
tout est très, très, très bien fait, et, de notre côté, nous gardons toutes les
données, même celles qui ont trait aux finances.
Documents déposés
Donc, en terminant,
je dépose les documents que vous nous aviez soumis, qui ont été soumis par
l'INRS.
Et
je suspends les travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi, où nous entendrons
les HEC de Montréal. Bon appétit, merci.
(Suspension de la séance à
13 h 16)
(Reprise à 15 h 8)
La
Présidente (Mme Vien) : Alors, bon après-midi, Mmes, MM. les
parlementaires. Je constate donc le quorum et je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte. Évidemment, comme toujours, je vous demande d'éteindre les
sonneries de vos appareils électroniques. Ce serait grandement apprécié.
Alors,
je vous rappelle que, cet après-midi, nous poursuivons le mandat d'audition des
dirigeants d'établissements d'enseignement de niveau universitaire. Et
nous avons le plaisir, cet après-midi, de recevoir des représentants des HEC
Montréal.
Alors,
Mme Kathleen Grant, M. Michel Patry et M. Georges Montplaisir, bienvenue, merci
de vous être déplacés aujourd'hui à notre invitation. Vous avez 30
minutes pour nous livrer l'essentiel de vos remarques et commentaires. Par la
suite, s'ensuivront des échanges entre les parlementaires et vous. Ça vous
convient?
HEC Montréal
Une voix : Tout à fait.
La Présidente (Mme Vien) : On vous
écoute.
M. Patry
(Michel) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, ça nous fait
grand plaisir d'être là aujourd'hui, de partager avec vous un certain
nombre d'observations sur le réseau universitaire québécois mais en particulier
sur HEC Montréal. Je vais brièvement vous
rappeler notre mission et notre trajectoire récente, également un peu nos
ambitions.
L'école,
c'est une école qui est ancrée dans sa communauté, c'est une école francophone
qui a été créée il y a un peu plus de
100 ans dans le but de faciliter l'accès des Canadiens français, on disait à
l'époque, aux questions, aux métiers des
affaires. Et essentiellement, depuis sa création, la mission de l'école est
toujours demeurée la même : être un pont entre la communauté, en particulier des Québécois francophones, et le
milieu des affaires et être un pont entre le Québec et le reste du
monde. D'ailleurs, si jamais vous vous aventurez à lire l'histoire de l'École
des HEC, vous verrez que l'intention du
législateur était très claire,
c'était, pour le Québec, qui est une petite société dans un océan
anglophone, de permettre à l'économie
québécoise et aux francophones d'échanger dans le monde et
de se rompre aux activités d'affaires. C'est pour ça que, même dans les années 20 et 30, il y avait
des cours d'italien, d'allemand et d'anglais qui se donnaient à l'école.
• (15 h 10) •
Donc, notre mission, c'est essentiellement ça, l'enseignement
à tous les cycles, la recherche, les services à la communauté, la… de la
gestion, servir la francophonie, ce que l'on fait aujourd'hui, on accueille 13 000
étudiants et 250 profs de carrière chez
nous. Et évidemment c'est une école également très ouverte sur le monde.
J'évoquais tantôt la mission de
l'école, l'intention du législateur en 1907, ça a toujours été présent à toutes
les étapes du développement de l'école.
Donc, nous sommes fidèles à l'esprit des fondateurs. On le fait en préparant
les gens qui viennent chez nous au commerce international, on le fait de
différentes façons, mais notamment en facilitant l'apprentissage des langues,
en facilitant la mobilité étudiante et en facilitant des partenariats
institutionnels, nationaux et internationaux, que je vais évoquer brièvement
tantôt.
Alors, vous
avez, un petit peu plus loin, quelques données vitales, si on veut — je ne veux pas reprendre ça, je sais que vous avez eu le temps de parcourir
ça : environ 13 000 étudiants, 8 000 ETP, environ 4 500 de
ces étudiants sont des étudiants
étrangers ou résidents permanents, donc environ le tiers, si vous voulez; un
important contingent d'étudiants, je
tiens à le mentionner, aux études à temps partiel, ça aussi, ça fait partie de
l'ADN de HEC Montréal. Dans les 50
premières années d'existence, le gros de la clientèle de l'école, c'étaient des
gens qui travaillaient dans des banques, qui travaillaient dans des commerces et qui venaient, le soir, prendre
un cours de comptabilité. Alors, ça, ça a été la voie d'accès, pour des générations et des générations
de francophones, au monde des affaires, des gens qui étaient au guichet dans
une banque ou des gens qui étaient petits commerçants, qui venaient prendre un
cours de comptabilité puis un deuxième
cours. Aujourd'hui, 100 quelques années plus tard, on a encore un très grand
nombre d'étudiants qui viennent prendre
des cours de certificat le soir. On pense que c'est important pour nous de
continuer à servir cette clientèle. Il y a des milliers de personnes, chaque année, en comptabilité, en ressources
humaines, qui viennent chercher souvent trois cours, parfois cinq cours, certains vont se rendre
jusqu'à 10 cours, mais beaucoup, après les deux, ou trois, ou cinq cours, vont
avoir atteint leur objectif.
Également, l'école, c'est la première école
canadienne qui a obtenu les trois agréments internationaux dans le domaine de la gestion. Nous, on a des normes
nationales. Il y a des normes d'évaluation de la qualité des programmes,
mais on s'est astreints à rencontrer toutes
les normes internationales, en tout cas, les plus exigeantes. Donc, il y a
trois organismes d'agrément dans le monde
qui décernent des agréments à des établissements d'enseignement supérieur
en gestion. Il y a un organisme américain,
qu'on appelle AACSB International, qui est basé à Tampa, il y a un organisme
européen, qui s'appelle European Foundation
for Management Development, qui est installé en Belgique et puis il y a un
organisme britannique, AMBA, qui est installé
à Londres. Et HEC a été la première école au Canada à obtenir les trois agréments, ce qui veut dire qu'à chaque cinq
ans… pas le même cinq ans parce que chacun vient à une date différente. Nous, à peu près à tous les 18 mois, on a une
organisation internationale qui vient faire un audit, donc qui vient vérifier
si nos programmes, si la qualité de nos
diplômes, la qualité des débouchés, la qualité de la recherche est conforme aux
meilleures normes.
L'école forme
également beaucoup de dirigeants, de cadres et de dirigeants. Ça, c'est la
formation non diplômante. Vous avez
quelques statistiques vitales : 5 000 à 6 000 au Québec puis
entre 500 et 1 000 par année à l'étranger. Donc, c'est un volet qui
est aussi important.
J'ai laissé
quelques statistiques également, dans la présentation, sur la distribution de
l'enseignement chez nous. Étant donné la taille très grande du corps
étudiant, malgré que nous ayons 247 professeurs de carrière, c'est peu pour couvrir tout ça. Évidemment, ces 247 professeurs
de carrière se distribuent sur tous les cycles, mais ils sont davantage sollicités à la maîtrise et au doctorat. Ils
enseignent également, au premier cycle, environ 35 % à 40 % des
charges. Mais vous voyez qu'on a
environ 500 chargés de cours qui assument près de la moitié des enseignements
globaux. Lorsqu'on se fait auditer,
entre parenthèses, c'est un des points, entre guillemets, vus de… faiblesse
dans notre… Lorsqu'on se balise, là,
au «benchmark» à l'échelle internationale, les meilleures écoles dans le monde,
à 50 % des enseignements assumés par
des chargés de cours, c'est beaucoup. Ils sont quand même très bien encadrés.
On a des chargés de cours très qualifiés qui, pour la plupart, sont
associés à l'école depuis longtemps. Et, chez nous, tous les cours sont
coordonnés, donc les contenus sont décidés par des équipes qui comprennent des
professeurs de carrière.
On
a un peu amélioré notre ratio ETP par professeur de carrière, qui était de 35,
il y a quelques années, à 33. Mais là
il va remonter parce qu'on a ralenti de beaucoup nos embauches, notamment à
cause des compressions budgétaires.
L'école est
également une locomotive de la recherche en gestion. Parce que nous, on ne fait
que de la gestion. Vous avez quelques
données aussi sur ça. Pour vous donner une idée, il y a environ 13 500
écoles de gestion dans le monde; HEC
se classe dans les premiers 100 pour la production de recherches. Donc, 100, ça
a l'air beaucoup, mais, sur l'ensemble de l'univers des écoles de gestion, ce
n'est pas beaucoup. Donc, de 2007 à 2011, dans les dénombrements de recherches,
on se classe entre la 60e et la
80e place dans le monde, ce qui est un progrès énorme parce qu'à HEC
Montréal il y a, mettons, 35 ans, il
y avait relativement peu de recherche; il y en avait, mais c'était peu
développé. M. François-Albert Angers, qui a enseigné dans les années 40 et 50, a été un des premiers économistes
patentés, reconnus au Canada. Puis il a publié des articles sur la grande dépression. Mais c'était
une personne. Après ça, M. Parizeau puis d'autres sont arrivés. Mais c'était
le fait de quelques personnes. Maintenant,
on peut dire que la vaste majorité de notre corps professoral est impliqué en
recherche et dans une recherche de pointe.
Alors, c'est un portrait qui nous réjouit, nous,
qui fait notre fierté, qui est très encourageant. Mais je ne vous cacherai pas que cette satisfaction, pour nous,
elle est un petit peu assombrie par le caractère fragile de la situation. Et là
je glisse quelques mots sur la question du
financement, notamment des coupures récentes qui nous ont amenés à faire des
compressions budgétaires, à remplacer, tant
dans le personnel administratif que dans le personnel enseignant, un poste
sur deux.
Parce qu'à
l'École des HEC on n'avait pas, jusqu'à l'année passée, de déficit accumulé, et
c'est presque un péché, chez nous, de
faire un déficit d'opération. Notre conseil d'administration, étant donné le
changement, dans le fond, dans les règles budgétaires et le changement
dans le financement, a accepté que, l'an passé, on fasse un léger déficit. Mais
l'objectif, c'est de revenir dès cette année
en équilibre. Ça veut dire que, chez nous, on prend les moyens à court terme
pour revenir en équilibre budgétaire. C'est
un peu une question, là, de culture. Donc, on a pris les moyens, c'est-à-dire
qu'on a fait des compressions, stoppé les
embauches, diminué des budgets, reporté des investissements. On l'a fait une
année. Cette année, on a une autre ronde. Et
c'est ça qui nous préoccupe un peu, là, on imagine difficilement qu'on pourrait
continuer de faire ça sans compromettre la qualité fondamentale de notre
enseignement.
Donc, vous
avez, un petit peu plus loin, là, une idée du fonds de fonctionnement et de
l'insuffisance de l'année 2012‑2013, qui était de 4,6 millions qui, en
soi, pour nous, est... Dans l'ensemble du réseau, ce n'est pas très important, mais, pour nous, c'est conséquent. Et
ça, ça va être résorbé complètement, si ce n'est pas cette année, dans l'année
suivante. Ça, c'est inscrit.
Quelques mots
sur le financement. Je vous dirais, il y a deux choses, pour nous, qui ont joué
un rôle important dans les cinq
dernières années et qui nous ont permis de progresser. Il y a le chantier 1 des
bourses d'enseignement pour les embauches... Pardon? Une?
Une voix : …
M. Patry (Michel) : Une minute?
La Présidente (Mme Vien) :
...poursuivez. Très bien. Désolée. Excusez-moi.
M. Patry (Michel) : Il me reste,
quoi, une dizaine de minutes, à peu près? Vous aviez dit 30...
Une voix : Non, un peu plus.
La Présidente (Mme Vien) :
20, 20 minutes.
M. Patry (Michel) : Ah! Bien non!
C'est bon. Je croyais que vous me disiez une minute. Je me disais...
La Présidente (Mme Vien) :
Oui, c'est moi qui étais dans l'erreur. Je suis désolée.
M. Patry (Michel) : Non, c'est bon!
Vous me soulagez! Vous me soulagez!
La Présidente (Mme Vien) :
Excusez-moi.
• (15 h 20) •
M. Patry
(Michel) : Alors, les bourses
d'enseignement et les deux volets des programmes spéciaux pour l'enseignement en... à l'embauche de professeurs
en administration et en génie, chez nous, ça a été, comme dans d'autres écoles de gestion et dans des écoles de génie, ça
a été vraiment très, très important. Vous avez les chiffres devant vous.
On a pu offrir 13 bourses d'enseignement à
des professeurs qui sont très sollicités internationalement, donc qui sont,
dans le fond, l'objet de convoitise
et on a pu embaucher 13 professeurs, dont 10 qui venaient de l'extérieur du
Québec et du Canada, grâce à ces subventions-là.
Je sais que,
dans l'étude qui se fait présentement d'une formule de financement, c'est
incertain si ces programmes vont demeurer. S'il fallait que ces
programmes-là demeurent et qu'autrement on ne puisse pas compenser, ce serait probablement assez dramatique pour nous,
c'est-à-dire que notre capacité de
retenir des gens qu'on a embauchés puis notre capacité d'aller recruter
d'autres personnes seraient certainement entamées. Même chose, si les coupures
qui sont temporaires devenaient récurrentes, ça nous forcerait à faire
d'autres exercices de compression.
Quant
au financement — toujours sur le financement — quelques observations. Nous avons toujours défendu, affirmé
et fait des études pour démontrer que, dans les familles Génie et Administration, il y avait un sous-financement de ces familles-là par rapport à à peu près
n'importe quelle autre balise que vous prenez au Canada ou Amérique du Nord. Nous, toutes nos clientèles
sont concentrées dans la famille Administration qui est la famille, dans la
grille de financement, qui est la moins subventionnée. La reconnaissance de cela avait conduit au
développement des enveloppes spécifiques pour les recrutements en génie et administration puis aux bourses
d'excellence que je viens d'évoquer. C'était déjà une reconnaissance du ministère. Ça demeure un enjeu
majeur, et c'est un enjeu qu'on surveille de près dans les discussions
que nous avons sur la formule de financement.
On pense aussi qu'il faut maintenir l'approche
d'un financement par activités. Sans entrer dans les détails des formules de financement, que vous connaissez sans
doute — mais
c'est assez technique — nous, on pense que c'est assez difficile de comprendre pourquoi un cours d'administration qui serait
donné dans une école de gestion serait moins bien financé que le même cours donné dans une école de
médecine ou de génie parce que ça relève d'un programme dans une autre faculté. Alors, évidemment, il y va de notre
intérêt, mais il va aussi de la logique de tout le mécanisme. Alors, nous, on
est partisans d'un système de financement par activités.
Et on pense qu'il y a des espaces, il y a des
marges de manoeuvre pour revoir la politique concernant les frais forfaitaires pour les étudiants étrangers. Et
notamment je crois qu'il faut revoir les ententes que nous avons sur les exemptions
avec certains pays, dont la France. Il y a
beaucoup d'étudiants français qui viennent au Canada. Ils y viennent parce que
la qualité de l'enseignement, au Canada, est extraordinaire, très bonne.
J'étais en France il y a quelques jours, pour quelques jours, et le nombre de témoignages que j'ai reçus
à cet égard est très important. On pense que, sans abolir tout traitement
préférentiel, étant donné notre relation
privilégiée avec la France, il y a un espace qui permettrait aux universités
québécoises d'obtenir un meilleur
financement. Et on a fait, d'ailleurs, la recommandation, dans notre mémoire,
au comité qui étudie le financement des universités.
Alors, voilà
pour le bilan, si on veut, financier et la mission de l'école. Par la suite, on
vous a présenté un certain nombre
d'éléments sur l'année 2012‑2013. Vous nous aviez demandé ça. Je vais aller
assez rapidement là-dedans parce que je présume que vous avez déjà
parcouru ça. On a regroupé ça en dessous de quatre grands objectifs, qui sont
les quatre têtes de chapitre de notre plan
sur cinq ans : innover en pédagogie; attirer et retenir le talent; assumer
un leadership en recherche et en
transfert; et nous donner les moyens de nos ambitions, c'est-à-dire trouver des
financements conséquents pour supporter la mission.
L'année 2012‑2013, malgré ce que j'ai évoqué
tantôt, a marqué des progrès importants qui sont évoqués ici, notamment la création d'un parcours Rémi-Marcoux
pour le développement des entrepreneurs. Cette année, on va pouvoir ajouter de façon très significative à ce que l'on
fait en entrepreneuriat grâce à un don important de la Banque Nationale qui nous permet de créer un institut de l'entrepreneuriat
Banque Nationale-HEC. On a d'autres projets semblables. Donc, l'école
veut se positionner comme le leader de la formation en entrepreneuriat.
On a
poursuivi le développement de notre offre multilingue. On a créé une école
d'été pour l'apprentissage du français
des affaires. Ça, ça vise à amener sur Montréal et à HEC des gens qui s'intéressent
aux affaires, mais dont la langue maternelle
n'est pas le français. Donc, on a développé le programme, on l'a fait approuver
et on va l'offrir dès l'été prochain.
On a
également, dans l'année qui s'est écoulée, fait des progrès importants dans
l'offre de cours en format hybride. On
a maintenant près de 2 000 étudiants qui suivent des cours en format
dit hybride. «Hybride» veut dire qu'il y a environ la moitié des
prestations qui sont faites en présentiel, en face à face, en classe, puis la
moitié à distance, sur Internet.
Et on a
également lancé la première plateforme de MOOC, de Massive Open Online Courses,
de cours offerts gratuitement à la
communauté en français dans le domaine de la gestion. On a été les premiers
avant HEC Paris, avant d'autres écoles,
et c'est totalement en français. On a offert trois cours, l'an passé, qui ont
attiré environ 15 000 personnes, et il y en a trois autres que nous allons ajouter, cette année, à la
banque. C'est un gros succès. Évidemment, ça nous coûte un peu de ressources. C'est gratuit, on ne demande
pas de contribution, mais ça augmente énormément la portée de ce qui est fait à l'école. C'est une formidable
vitrine de l'expertise québécoise à travers la francophonie et ça devra
augmenter l'attrait de l'école pour
des candidatures qui viennent d'un peu partout dans le monde. Alors, il y a
environ, je ne sais pas, moi, 70 pays ou plus d'où viennent les… 155
pays. Les 10 ou 15 premiers pays sont les pays où il y a une plus forte concentration de francophones. Ça va d'Haïti, la
France, l'Algérie, le Sénégal, la Côte-d'Ivoire, les États-Unis qui arrivent
assez haut dans la liste. C'est un bel outil.
On a
également poursuivi notre programme d'internationalisation. Pour nous, c'est
important que les étudiants qui viennent
à HEC Montréal, qui sont, l'immense majorité, des Québécois francophones, aient
non pas juste une formation théorique
de la réalité des affaires à l'échelle internationale, mais qu'ils soient mis
en contact avec cette réalité. On fait ça de différentes façons. On a le plus important programme d'échange au
Canada, peut-être en Amérique du Nord. On envoie entre 400 et 500 de nos
étudiants, pour un trimestre au moins, à l'étranger par année et on reçoit 400
à 500 étudiants.
On a un
programme de campus internationaux dans lesquels on envoie des groupes de 30
personnes pour deux à trois semaines
à l'étranger, des écoles d'été qui permettent d'accueillir des gens chez nous
ou de tenir des écoles d'été à l'étranger.
Et évidemment on a développé, depuis 25 ans, des capacités de formation en
langues, en français, en anglais, en espagnol
et maintenant en chinois. Ça fait que, pendant que les gens font leurs études,
ils améliorent leur maîtrise de ces langues. Et je vous disais : On est
fidèles à la tradition. C'est quelque chose qui se faisait déjà dans les années
30 à HEC Montréal, qui s'appelait, dans ce temps-là, l'École des hautes
études commerciales de Montréal. Alors voilà.
Pour le
talent, j'en ai un peu dit un mot tantôt, on a mis beaucoup d'efforts dans le
recrutement des étudiants. Ça va très bien. Notre crainte est davantage dans le
ralentissement du rythme des embauches qui est maintenant inférieur aux
départs. Et à cela s'ajoute la concurrence qui fait qu'il y a des gens chez
nous qui sont sollicités et qui risquent de se déplacer.
Recherche et transfert. Je vous laisse
jeter un oeil sur les chiffres, mais ce fut une très bonne année. Nos
professeurs ont augmenté leur taux de
succès dans les grands organismes subventionnaires. On a développé des pôles de
transfert. Donc, ça, c'est des façons
de regrouper des expertises pour que les choses soient beaucoup plus
transversales à l'école, orientées
sur des domaines : la santé, l'énergie, les entreprises d'économie
sociale, etc., la culture, le domaine de la création et de l'innovation. Alors, dans chacun de ces
domaines-là, on a créé un regroupement des professeurs, des enseignants,
des étudiants, des étudiants postdoctoraux
en lien avec des entreprises ou des organisations publiques qui sont
demanderesses de ces services.
Au
plan des moyens, bien, on mise beaucoup sur une hausse de nos revenus
autonomes. Nous avons entrepris, avec
nos collègues de l'UdeM et de l'École polytechnique, une très grande campagne
de financement. Mes collègues... Je sais
que Guy Breton va passer devant cette commission au début de la semaine
prochaine. Vous savez sans doute que nos trois institutions ont annoncé qu'elles se lançaient dans cette aventure
où on cherche à recueillir 500 millions de dons sur les cinq prochaines années. On a déjà environ
220 millions de promesses de ces dons, d'engagements. Pour HEC Montréal,
vous avez quelques chiffres. Notre objectif à nous, c'est de réaliser au moins
100 millions de dons. Vous comprenez évidemment
que ces dons-là ne vont pas se verser directement dans le budget de
fonctionnement. Ils s'en vont dans un budget…
Ils s'en vont dans un fonds de dotation et servent à financer des activités qui
s'ajoutent généralement à ce que nous faisons.
Au
plan des infrastructures, si je regarde les moyens, la chose la plus
significative que je voudrais mentionner — parce que je vois qu'il me reste
peut-être cinq minutes — c'est
que nous avons un très grand déficit d'espace. Ce déficit est reconnu depuis de nombreuses années par le
gouvernement du Québec. Année après année, nous avons le plus grand ou le
deuxième plus grand déficit d'espace
relatif, c'est-à-dire par rapport à ce qui est déjà construit. Alors, ce
déficit est basé sur la moyenne de la
fréquentation des cinq ou six dernières années, en excluant cette année puis
l'année passée, alors que, les deux
dernières années, nous avons déjà eu une hausse de clientèle. Donc, ce n'est
pas un déficit d'espace qui est
basé sur une sorte de croissance anticipée,
c'est actuel, ce qui veut dire que, chez nous, la bonne nouvelle, lorsqu'on
vous dit «nous allons pouvoir créer
l'Institut d'entrepreneuriat Banque Nationale-HEC Montréal,
nous avons 10 millions pour faire
ça», ça, c'est la bonne nouvelle. Quand on dit «il faut mettre ces gens-là, il
faut les installer en quelque part», ma collègue, qui est directrice du développement
du campus, me dit «il n'y a plus d'espace», donc on se met à louer et à délocaliser des morceaux qui auraient malheureusement tout avantage à être davantage rapprochés du coeur de notre métier.
Donc,
ça, c'est un projet important pour nous, on y travaille depuis plusieurs
années. M. le ministre Duchesne nous
a communiqué tout récemment que l'école était autorisée à progresser à l'étape
du dépôt d'affaires initial. Donc, dans le jargon d'Infrastructure Québec, ça veut dire qu'on vient de se rapprocher du
Conseil du trésor. Et donc on est à l'élaboration
du dépôt d'affaires initial. Notre dépôt stratégique est déjà complété depuis
plus de deux ans et a été reçu favorablement. Alors, ça, c'est pour les
équipements.
Je
termine avec quelques remarques pour m'assurer que je n'excède pas mon temps,
Mme la Présidente — bonjour...
• (15 h 30) •
Une voix :
…
M. Patry (Michel) : ...c'est bon — et pour m'assurer qu'on a le maximum de temps pour des échanges.
Alors, vous voyez, sur les quatre
volets, l'année dernière, on a fait de bons progrès. Si on se revoyait dans un
an d'ici, je vous dirais que l'année
2013‑2014 va être une bonne année, dans le sens où on va progresser, on va
introduire de nouveaux programmes, de nouvelles innovations, on va
réussir à attirer des étudiants. Là où on a plus d'incertitude, c'est sur la pérennité des choses et la fragilité de ces
acquis, étant donné la question du financement puis la question du
réinvestissement qui demeurent pour nous nébuleuses.
Alors,
en conclusion, pour nous, trois choses. La première, c'est que, comme je le dis
souvent à mes collègues à l'école...
mes collègues, on partage ça, on dit : Écoutez, là, c'est un peu comme si
on était sur la mer, puis là il y a une tempête qui s'est levée, il y a quelques années, au plan financier, un
peu plus difficile. L'important pour nous, c'est de garder le cap, de garder le navire dans la bonne
direction, nous assurer que, quand on aura traversé la tempête, on sera toujours dans la bonne direction. Peut-être qu'on
aura progressé un peu moins vite à certains égards, mais on sera dans la
bonne direction, on aura progressé. Et on espère évidemment traverser cette
tempête le plus rapidement possible.
J'ai
évoqué tantôt que la tradition, à l'école, de rigueur financière et le
conservatisme — qui est
une bonne chose pour une école de
gestion — à la
gouvernance, chez nous, il n'est pas question qu'on réussisse à faire ça en
faisant des déficits. Donc, nous
avons mis en place tout ce qu'il faut pour que, cette année, en 2013‑2014, ou
au plus tard en 2014‑2015, on ait résorbé complètement notre déficit.
Mais
il y a — deuxième
point — une
inquiétude ou une incertitude quant au financement, son évolution, incertitude
liée d'une part au réinvestissement, dont on
ne connaît pas encore toutes les modalités. Évidemment, on sait que, dans les
prochaines semaines, on va se rapprocher de
ce réinvestissement, on va voir de quoi il est fait puis quelles sont les
modalités. Mais je vous confesserai
que c'est assez difficile de gérer des établissements comme les nôtres lorsque
les paramètres financiers changent de
façon brusque et souvent. Dans le courant de l'année dernière, on a refait le
budget trois fois puis on l'a
représenté trois fois au conseil d'administration de l'école. Je pense que
c'est un record. Et, la troisième fois, les gens m'ont dit : J'espère, là, Patry, que tu as fait ton devoir
comme il faut. J'ai dit : Je le fais toujours, mais les paramètres changent. Et ça, ça a bougé, là, et je n'impute
pas la faute à l'un plutôt qu'à l'autre. Je dis juste que, pour la bonne
gestion, ce que tout le monde
souhaite, des établissements d'enseignement supérieur au Québec — puis il y a quand même trois milliards
et quelque chose dans ce secteur-là — une certaine stabilité du
cadre financier est souhaitable. Donc, première source d'inquiétude, c'est
celle-ci.
La
deuxième source, je l'ai évoquée un peu tantôt. Nous, nous sommes très
concentrés dans la famille administration, qui est la famille qui est, per capita, la moins bien financée, nous
continuons de dire que cette famille, elle est sous-financée par rapport aux autres,
et on surveille de près évidemment les mesures qui avaient été mises en place
pour compenser ce sous-financement,
alors, par exemple, pour le recrutement et le perfectionnement des profs ou la
rétention du personnel de talent.
Et mon dernier point,
c'est que je suis très content d'avoir cette occasion d'échanger avec vous
parce que le Québec, selon moi… Évidemment,
c'est un peu un regard qui n'est pas neutre. Moi, ça fait une trentaine
d'années que je suis dans le milieu universitaire.
Mais le Québec a besoin de réseaux universitaires de grande qualité pour faire
face aux défis, qu'ils soient les défis énergétiques, environnementaux,
économiques, sociaux. Tous les défis que vous pouvez imaginer auxquels le gouvernement est confronté, tous ces défis vont
trouver des pistes de solution dans la capacité de notre collectivité d'innover, de mettre en place
de nouvelles solutions. Ces solutions-là vont presque toutes s'appuyer,
sinon toutes s'appuyer sur du savoir.
Le Québec est très
chanceux de disposer d'un réseau universitaire — moi, je continue de
dire que c'est le cas — d'une très grande qualité. Encore aujourd'hui,
c'est un réseau d'une très grande qualité. J'ai le privilège, dans ma fonction, d'aller visiter des partenaires un peu
partout dans le monde. Je peux vous dire la fierté que j'ai d'être un représentant du milieu universitaire québécois,
pas juste de l'école, mais du milieu universitaire québécois. Nos universités
sont très différentes, c'est un écosystème.
Il y a des universités de taille et de nature un peu différentes dans leur
stratégie. Par exemple, nous, nous
sommes une université totalement spécialisée en gestion. Il n'y en a qu'une
seule au Canada, elle est au Québec.
Mais elles sont toutes porteuses de la même ambition. Et moi, je dis souvent à
des gens à l'étranger : Une des choses
qui est fascinante au Québec, c'est que, si vous avez un enfant qui est en
quelque part dans le réseau, qui fait un baccalauréat en histoire ou en mathématiques, dans quelque université
qu'il soit ou qu'elle soit, vous pouvez être assurés d'une part de
qualité très élevée.
Donc,
la variance en termes de qualité, au Québec, elle est relativement plus faible.
Quand vous allez en Chine ou dans d'autres pays, vous avez des écarts
considérables. Le Québec a un très fort réseau, et il va en avoir besoin d'un,
très fort réseau. Et ce réseau ne se
développe pas en vase clos. Tous les pays développés et maintenant tous les
pays en rapide développement font des
investissements massifs dans l'enseignement. Que vous alliez en Chine, que vous
alliez en Inde, que vous alliez en
Europe, beaucoup de pays font des investissements massifs parce qu'on identifie
que le savoir, ça va être le facteur
de différentiation, la source de l'avantage compétitif, ce ne seront pas nos
coûts de main-d'oeuvre qui vont faire la différence.
Donc, c'est important
pour moi de vous livrer ce message et de vous dire que vous avez une tâche
importante parce que, dans la mesure où vous
pouvez influencer les politiques publiques, je crois que, pour le
XXIe siècle, ça va être très important que le Québec, qui a fait
des progrès énormes dans les 40 dernières années au plan de l'enseignement
supérieur, continue de faire des progrès
puis ne fasse pas du surplace. Parce que nos concurrents ne font pas du
surplace, ils font beaucoup d'efforts, se développent.
Et
je peux vous dire qu'en ce qui concerne HEC, quand je regarde le trajet, le
parcours des 25 ou 30 dernières années, il y a un parcours important qui a été fait. Et, nous, notre
ambition, c'est de porter ça encore plus loin puis de nous assurer qu'ici, au Québec, il y ait une école de
gestion, puis il y en aura probablement plus qu'une, mais que nous, en tout
cas, on s'assure qu'on soit une école de
gestion de calibre international qui offre des formations qui n'ont rien à
envier aux meilleures écoles dans le
monde. Et je pense que c'est une ambition qu'on peut se donner, au Québec, et
pas juste en gestion. Il faut
cependant s'assurer qu'on a les conditions et les financements pour faire ça,
et ça, c'est la source de mon inquiétude.
Mme
la Présidente, merci beaucoup. Je m'arrête là. Et, mes deux collègues, on sera
très heureux de répondre aux questions que vous pourriez avoir.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci beaucoup,
M. Patry, pour cette présentation. Nous allons entamer la période d'échange, et je vais céder la parole à
un député du gouvernement, M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
• (15 h 40) •
M.
Breton : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs,
madame. Je suis très content de pouvoir vous entendre. D'entrée de jeu, je voudrais vous dire que j'ai
toujours été en contact avec des gens qui travaillaient beaucoup dans le
milieu scientifique, des ingénieurs et
chercheurs dans le domaine dans lequel je travaille depuis quand même 15,
20 ans, et on avait souvent des
débats épiques avec des gens du milieu de la gestion et de l'économie, comme
vous vous en doutez bien, et c'est
pourquoi je suis particulièrement intéressé d'entendre ce que les gens des HEC
ont à dire sur différents sujets.
Mais,
d'entrée de jeu, je voudrais commencer par clarifier une chose. D'abord, ce qui
avait été annoncé par la première ministre et le ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie,
le 1,7 milliard pour les cinq prochaines années sont là et ils sont là
pour rester, ils sont confirmés. Donc, si ça peut vous rassurer, sachez que je… au nom du ministre, je peux vous dire que l'argent
va être au rendez-vous, contrairement
à ce que certaines personnes
pourraient penser ou dire.
Une
fois cela dit, première question que j'aimerais vous poser, c'était… Vous parlez
du financement et vous êtes au courant qu'il y a des chantiers où... dont un de ces chantiers-là
est sur, justement, repenser le mode de financement, c'est-à-dire, comme on dit en bon québécois, le financement par tête de
pipe versus par d'autres paramètres plus complexes, plus raffinés, plus XXIe siècle probablement,
et j'aimerais entendre ce que vous avez à dire là-dessus. Quelles sont vos
réflexions, quelles sont vos propositions,
quelles sont vos suggestions sur un mode de financement peut-être plus
différencié que simplement un financement par personne?
M. Patry (Michel) : Je vais faire une brève, très brève réponse, puis certainement que mon
collègue ici, qui est directeur des
finances et qui a été très impliqué dans… qui est toujours très impliqué dans
cela, pourra dire de peut-être plus complet et de plus intelligent que
moi.
Mais la grille de
financement — ça
fait, je ne sais pas, une trentaine d'années, moi, que je suis dans le milieu universitaire, ça fait 20 ans que je suis dans
l'administration universitaire — on l'a examinée souvent, on l'a retournée
dans tous ses sens et on est rendus à un
point où elle s'est énormément complexifiée. Il y a beaucoup de choses
superposées, là, c'est une sorte de
courtepointe avec des… Les gens au ministère parlent de patches, puis de
mesures spéciales, puis… Bon. Alors, première remarque, je pense
qu'on a raison de vouloir faire un peu de mise à niveau, une mise à plat, là,
puis simplifier l'ensemble du dispositif.
Sur la question
de la logique fondamentale de cette grille de financement que vous évoquiez,
le financement par tête
de pipe, j'ai regardé avec des collègues, au fil des ans, les alternatives. On
voit souvent les défauts de la formule que nous avons, mais, quand vous regardez les autres formules et vous allez
rencontrer les gens qui sont financés avec d'autres formules, il y a
aussi des défauts. Alors, dans…
Une voix : …
M. Patry (Michel) : Non, il n'y a
aucun système parfait. Et c'est pour ça que nous, dans le mémoire qu'on a remis — puis
je vais passer la parole à mon collègue M. Montplaisir — on
a argué qu'on aime mieux... «The
devil you know is better
than the devil you don't.» On
aimait mieux partir des grands paramètres actuels, simplifier les choses, peut-être compléter à certains égards, mais
on ne pensait pas qu'on devait dynamiter toute la formule puis recomposer à
côté.
Maintenant,
ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas imaginer des formules très élégantes. Le financement par EETP comporte aussi un certain nombre d'avantages. Il est évident que… Cependant — puis là je m'arrête là — aujourd'hui, c'est devenu, comme je le disais... Il y a beaucoup
de classes, il y a beaucoup de familles, il y a beaucoup
d'exceptions. Et là on a complexifié
la chose, et ça rend la formule opaque. Alors, je vais laisser mon collègue, si
vous le permettez, dire quelques remarques sur ce sujet.
M. Montplaisir (Georges) : Donc, en
tout cas, du point de vue de l'école, une des préoccupations qu'on a… Effectivement, la formule actuelle, elle est déjà relativement complexe, surtout quand on la compare avec ce qui se fait ailleurs
dans le monde. Il y a beaucoup de financements qui sont beaucoup plus simples. Une des
préoccupations qu'on a, c'est qu'on veut… on aimerait que, dans le système,
un cours, par exemple, d'administration qui se donne, peu importe le programme,
soit financé de la même façon.
Un autre, je
dirais, piège potentiel où on pourrait aller, c'est financer ou définancer à la
marge. Parce qu'à long terme
ce que ça va amener, c'est des inéquités qui peuvent être importantes dans la
façon dont les ressources seraient allouées
entre les institutions. Donc, dans ce sens-là, à moyen terme, le financement
par personne, compte tenu des différents programmes, ça a beaucoup de sens.
Maintenant,
il faut que la formule d'aujourd'hui soit renouvelée. Ça fait au moins
10 ans que les coûts observés n'ont
pas été… ce qu'on appelle les coûts observés, donc ce que ça coûte réellement,
ça n'a pas été fait. Donc, ça, ça doit être fait. La formule doit être simplifiée aussi. Aujourd'hui, il y a une
nomenclature de CLARDER, qui sont 500 classifications différentes, c'est beaucoup trop, ça doit être
simplifié et… Bon, finalement, je pense qu'il faut aussi… Il y a le financement
puis il y a les sources alternatives de
financement. On évoquait, par exemple, les droits de scolarité pour les
exempter. Bien, ça, c'est une source potentielle, pour le système, qui
peut être très intéressante.
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M.
Breton :
Donc, j'aimerais que vous me précisiez un peu plus avant les avantages et les
désavantages du système actuel pour vous.
M.
Montplaisir (Georges) :
Bien, les avantages du système actuel, c'est qu'à moyen terme une institution
va être financée sur la base des
besoins auxquels elle répond, comme en témoigne le nombre d'étudiants qui vont
venir dans chacune des institutions. Ça, c'est un avantage. Le désavantage,
c'est qu'il est très complexe. Et puis tous les… Et la complexité amène
beaucoup de redditions de comptes, amène beaucoup de ressources investies dans
la gestion de ce financement-là.
Puis un autre désavantage, quand je compare avec
d'autres systèmes universitaires, c'est que, dans plusieurs provinces ou États, le financement est connu
d'avance. C'est-à-dire que, d'entrée de jeu, le premier jour de l'année, on
sait combien il y a d'argent.
Actuellement, ce n'est pas le cas, le système… Par exemple, la première année
où je suis arrivé à l'école, c'était
10 mois après la fin de l'année qu'on a su le niveau du financement. Donc,
ça, je pense que c'est un handicap pour les opérations des universités.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Vous avez encore du
temps, M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M.
Breton :
Il y a une autre chose dont vous avez parlé, c'est le déficit d'espace. Et,
hier, quand on écoutait les gens de
l'UQAM, ces gens-là nous parlaient de la courbe démographique qui ferait en
sorte qu'il y aurait un certain nombre d'infrastructures,
mais que, le nombre d'étudiants se réduisant au fil des ans à cause de la
courbe démographique qui va décroissante, ils se retrouveraient avec des
infrastructures pour moins d'élèves, donc ce serait un fardeau plus lourd par
étudiant, éventuellement, O.K.? Et là vous, vous nous parlez d'un déficit
d'espace. Donc, ce que j'entends, c'est deux discours contradictoires de la part d'une
université ou l'autre, ou peut-être que je ne comprends pas. Moi, j'aimerais
ça que vous m'expliquiez un peu ce dont vous parlez.
M.
Patry (Michel) : C'est une
excellente question. La réponse est la suivante. Primo, le déficit d'espace qui
est évalué et reconnu par le
ministère, etc., n'est pas basé sur une clientèle à venir, là, mais basé sur
des clientèles conservatrices que
nous avons déjà depuis quelques années. Deuxièmement, ce déficit est largement
tributaire de la croissance importante qu'on
a aux cycles supérieurs. Aux cycles supérieurs, les besoins d'espace pour les
clientèles étudiantes, pour les étudiants, sont plus importants, ces besoins, qu'au premier cycle. Si vous avez un
étudiant qui vient prendre un cours de certificat le soir, ses points de
contact avec l'institution…
Une voix : …
M. Patry
(Michel) : C'est ça, puis il
va repartir. Vous avez des étudiants au doctorat, en maîtrise, donc ils vont
avoir besoin de laboratoires, d'équipes de recherche. Donc, ça, chez nous, ça a
beaucoup augmenté, de même que le financement de la recherche.
Troisièmement,
la démographie. Je vous entends bien. Il reste qu'à HEC Montréal, depuis
20 ans, année après année, on a
une croissance des effectifs qui vient du fait qu'on attire des gens de
l'extérieur de la région de Montréal, on attire des gens d'ailleurs au Québec puis on attire aussi des gens, de
plus en plus, d'un peu partout dans le monde. Donc, il y a des programmes spécialisés au premier cycle,
mais beaucoup aux deuxième et troisième cycles qui font que des gens viennent cogner à notre porte. Et, si j'avais à
ajouter, je dirais que presque tous nos programmes… pas presque, tous nos
programmes, sauf le programme de certificat,
présentement ont des règles d'admission qui sont relevées, même, depuis quelques années, et qui limitent le nombre
d'étudiants. Donc, pour nous, en toute honnêteté, si je regarde les
20 prochaines années, on ne voit
pas de risque que le nombre de personnes physiques qui fréquenteraient
l'établissement diminue. Je vois plutôt le contraire.
Mme Grant
(Kathleen) : Et est-ce que
je peux me permettre d'ajouter peut-être à ce que M. Patry dit? Il ne faut
pas oublier la recherche qui est si importante
et croissante dans nos universités. Ça fait un petit bout de temps que je suis
à HEC Montréal également, et, quand
je suis entrée à l'école, il y avait zéro chaire. Aujourd'hui, on en a 25. Des
centres de recherche, c'est quelque
chose qui est en croissance également. Alors, il faut accommoder ces équipes de
travail avec leurs jeunes de cycles
supérieurs qui les aident comme assistants de recherche, etc. Alors, ça fait
des équipes au sein de l'école, et ils
ont besoin d'espace physique, bien évidemment. Alors, c'est une autre des
raisons, et ça, ça réfère aussi au passé et au présent, comme données.
M.
Breton : Donc, si
j'entends bien, vous avez fait les projections pour les 10, 20 prochaines
années.
• (15 h 50) •
M. Patry
(Michel) : Absolument.
D'ailleurs, dans notre dépôt stratégique, qui est une étape antérieure au dépôt
d'affaires initial, le ministère lui-même
fait des projections, l'école fait des projections, et on compare ça. Et c'est
fait, et c'est public, et je serais
heureux de les partager avec vous. Ça ne dément pas sur le caractère exigu,
finalement, des espaces. Il faut dire
que Montréal accueille… je sais que c'était mon collègue, hier, de l'UQAM qui
était là, mais Montréal est aussi
l'endroit qui accueille le plus grand nombre d'étudiants qui viennent de
l'extérieur du Canada ou du Québec quand ils viennent au Québec. Donc, la situation est différenciée en fonction
des campus puis où ils se trouvent. Mais, si vous êtes à Montréal, vous
risquez d'être une terre d'accueil pour des gens de l'étranger.
M.
Breton :
Vous parlez, dans votre document de présentation, dans... — comment dirais-je? — dans vos programmes de gestion, d'une vision du développement durable. Et moi, je
peux vous dire par expérience que ce mot-là, je l'ai entendu passablement
galvaudé au fil des ans. J'aimerais ça que vous me donniez votre définition en
tant qu'École des hautes études
commerciales. Comment vous voyez les gens que vous formez en gestion pour faire
en sorte qu'ils aient une prise de conscience
du développement durable? Parce que j'ai entendu ça servi à toutes les sauces
depuis quelques années.
M. Patry
(Michel) : C'est vrai que
c'est même galvaudé. Écoutez, le hasard est curieux parce qu'à la prochaine
réunion de notre conseil d'administration,
sinon celle de la semaine prochaine ou celle de janvier, on a une politique qui
est en développement depuis deux ans,
qui touche tous les aspects, donc : l'enseignement, la recherche et la
gestion du milieu de vie. Donc, nous,
on s'est donné des objectifs puis une politique globale qui vise à examiner nos
pratiques, comment on utilise l'espace, le papier, etc., bon, notre
empreinte environnementale.
On s'est donné
une politique aussi pour examiner chacun de nos programmes — on a 40 programmes d'enseignement — pour nous assurer que, dans la formation des
futurs gestionnaires, on trouvait une façon de pouvoir certifier qu'ils avaient
été pas juste sensibilisés, mais qu'ils avaient été exposés à un certain nombre
d'enjeux critiques. Et ça, ces enjeux-là
vont varier en fonction du programme. Si quelqu'un vient prendre un cours, le
certificat, c'est différent de
quelqu'un qui fait un doctorat ou un M.B.A. Donc, ça veut dire que, pour chacun
des programmes, on a un inventaire qui
a été fait. Et ça, c'est mon collègue Jacques Fortin qui a fait ça. Depuis
trois ans, on a inventorié, on a passé tous les cours qu'il y a à l'école puis on a identifié ce qui était déjà fait.
Ensuite, on a regardé quelles sont les meilleures pratiques dans le
monde de la gestion pour ça.
Je vous
disais qu'on avait les trois agréments internationaux : AACSB, EQUIS,
AMBA. Vous ne serez pas étonnés, mais
peut-être que ça va vous faire plaisir d'apprendre ça, que les organismes
internationaux qui donnent les agréments en gestion ont inscrit dans les objectifs et dans les modes d'évaluation
les enjeux de développement durable et «sustainability»,
de pérennité du développement. J'ai en main... Ils prennent la définition, là,
de Brundtland, la définition classique.
Alors,
ça veut dire que nous, on veut garder ces agréments. On regarde quelles sont
les meilleures pratiques dans le
monde. Et là on est en train de faire l'analyse des écarts programme par
programme, cours par cours. Bon : Est-ce qu'il y a des endroits où il faut compléter? Et c'est une
bonne entreprise parce qu'on a beaucoup de cours. Et on est en train de le
faire. Et ce n'est pas évident qu'on va le
faire en créant des nouveaux cours. On va le faire notamment comme ça, mais
aussi en s'assurant que le contenu du cours
approvisionnement, gestion des approvisionnements, ou du cours de marketing,
à l'intérieur de ce cours-là, qu'on ait des choses.
Alors, à
cette fin, moi, j'ai créé une direction du développement durable il y a trois
ans parce qu'il n'y avait pas de
direction à l'école. Donc, on a créé... C'est comme un portefeuille, un
ministère... un ministre d'État, si vous voulez, et cette personne-là est en lien avec tous les directeurs académiques de
recherche et les cadres administratifs de l'école pour nous assurer, un,
qu'on a une feuille de route puis surtout qu'on ait un diagnostic. Et tout ceci
nous a amenés à formuler nos ambitions dans une politique que le conseil
d'administration devrait avaliser en début de l'année 2014. J'avais espoir qu'on le fasse la semaine
prochaine, mais j'ai parlé, ce matin, à ma présidente de conseil, puis l'ordre
du jour est un peu serré. C'est un gros morceau.
Alors, on est
rendus là. Je pense que ceci va nous permettre de façon systématique, au fur et
à mesure où on fait la révision des
programmes, de nous assurer qu'on a des contenus puis on a du matériel en appui
de ces contenus de pointe. Alors, je ne sais pas si je réponds à votre
question, là, mais c'est ce qu'on a entrepris de faire.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Une dernière question, M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques? Après, je vais céder la
parole à votre collègue.
M.
Breton :
Oui. En fait, c'est parce que, moi, dans... Tu sais, quand on parle de gestion
et de développement durable, je ne
peux pas m'empêcher de penser à certains de ces critères-là qui sont amenés par
les économistes, des gens de
finances, des gens de gestion, qui est le produit intérieur brut, la croissance
du produit intérieur brut, la croissance de la production, la croissance de la consommation, qui sont en totale
contradiction avec le fait que la terre est une entité finie, comme on dit en bon québécois. Et on sait
pertinemment que la... On ne peut pas continuer à consommer, et à croître,
et à produire tout le temps plus. Et
j'entends par là, j'entends... Je vous entends parler de développement durable,
mais, dans les faits, quand j'entends des économistes sur la place
publique, quand j'entends des gens d'affaires sur la place publique, il
n'y a jamais personne qui parle du fait
qu'on veut une croissance infinie
dans un monde fini. Ça fait que c'est pour ça que j'aimerais ça entendre
ce que vous voyez comme développement durable.
M. Patry
(Michel) : Écoutez, je ne
vous cacherai pas — je vais
être très direct et candide — que, depuis deux ans, on a cette discussion. Je ne vous cacherai pas
que, dans un corps professoral d'environ 300 personnes de carrière plus
un autre 100 personnes qui sont
rattachées à l'école de façon permanente, on a eu des débats assez épiques.
Parce que la vision d'un professeur
qui est spécialisé en responsabilité sociale d'entreprise ou en développement
durable puis la vision de quelqu'un
qui est en finances ou quelqu'un qui est en gestion des opérations, ces
visions-là peuvent être différentes puis elles s'entrechoquent.
Moi, comme
directeur de l'école, mon rôle, c'est de dire : Il faut mettre à l'agenda
cette question-là parce qu'elle est
trop fondamentale, puis de trouver les gens compétents pour mener la
discussion, ensuite nous assurer que ça se traduise par des actes, des actions concrètes. Et on y est,
on va y arriver. Maintenant, est-ce que, dans tous les cours d'économie ou de finances, les gens vont abandonner toute
référence au produit intérieur brut? C'est sûr que non, ça n'arrivera pas
comme ça. Ce qui est certain, c'est qu'il
n'y a personne qui va faire un parcours chez nous de plus qu'un cours ou deux,
là, qui ne va pas être confronté à ces enjeux-là et à qui on ne va pas
dire : Regardez, le biais, lorsqu'on prend le produit intérieur brut,
c'est qu'il y a des choses non mesurées.
Moi, je suis économiste
de formation, là, et donc : Voici ce qu'on ne mesure pas,
et voici c'est quoi, les handicaps, et voici,
si on voulait que l'activité soit pérenne et qu'on ait du «sustainable development», voici… Alors, il va y avoir… On
va confronter les étudiants à différentes visions. Et il y a
des cours où, carrément… Puis il y en
a, des cours obligatoires, dans
presque tous nos programmes, de développement durable et responsabilité sociale
d'entreprise, où, là, l'objet, c'est de
dire aux gens, comme gestionnaires publics, ou privés, ou coopératifs :
Vous, vous devrez être redevables devant la société, dans la définition même du développement durable, que vous
n'entamez pas le bien-être et le patrimoine collectif pour les générations futures. Donc, vous devez
vous assurer qu'on va laisser aux générations futures un patrimoine qui
est amélioré ou plus grand.
Alors, ça,
c'est notre objectif. Et c'est une personne au comité de direction, qui est
Paul Lanoie, qui est responsable de
s'assurer qu'on fait ces progrès-là, un directeur du développement durable, qui
est un prof de carrière qui relève de lui. Mais est-ce que ça fait des échanges musclés, comme vous dites, des
fois? Ça fait des échanges pas mal musclés parce que là vous entrez aussi dans la liberté académique. Vous ne viendrez
pas me dire, moi, dans mon cours de finances, moi, dans mon cours de commerce international, ce que
je devrais dire. Sauf que, là où on a une poignée, c'est dans la conception
des programmes et dans les objectifs
d'apprentissage. Alors, nous, on a introduit une gestion de programmes par
objectifs d'apprentissage. Chaque
programme a ses objectifs d'apprentissage et ses buts d'apprentissage. Et, si
vous venez chez nous, on pourra vous
montrer que le développement durable va figurer comme un des objectifs dans
chacun des programmes. Donc, après ça, mon travail c'est de m'assurer
qu'on livre là-dessus.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci. Deux minutes,
questions-réponses, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Continuez, oui.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Bon, continuez,
M. le député.
M.
Breton :
Tu auras le prochain bloc, mon cher.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Il n'y en a pas d'autre.
M.
Breton :
Bien oui, il y a un autre bloc.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Vous avez un autre bloc
par la suite. Allez-y, M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M.
Breton : Je voulais savoir si vous accueilliez beaucoup
d'étudiants. Est-ce que vous avez réfléchi à ça? Est-ce que vous allez
dans ce sens-là, accueillir des étudiants universitaires de première
génération, de famille de première génération?
M. Patry (Michel) : La réponse est oui, mais je la trouve insatisfaisante. Parce que, chez
nous, on devrait garder ça un petit
peu… Évidemment, on a beaucoup parlé de ça autour du sommet. On n'a pas de
définition précise qui nous permet de
mesurer combien on a d'étudiants de première génération. Notre appréciation
globale, c'est quand même un bon
nombre. Et, dans le fond, j'évoquais tantôt le parcours de l'école, nous, on a
été pendant 50 ans la passerelle d'accès pour des francophones peu instruits et qui venaient prendre un cours de
comptabilité. C'est encore le cas, où on a 6 000 étudiants qui viennent, le soir, au certificat, chez
nous. Je présumerais que la vaste majorité de ces 6 000 étudiants, un
grand nombre d'entre eux sont probablement des étudiants de première génération,
mais je n'ai pas de chiffres précis, et
je ne l'ai pas quantifié. On a un peu exploré ça, et j'aimerais ça pouvoir vous
revenir avec des choses plus précises. Mais
la réponse, c'est : Très vraisemblablement, on a un très fort nombre,
surtout dans nos programmes de certificat et de DESS. Même au premier cycle, au BAA, je présume qu'on a un bon
contingent d'étudiants, notamment, là, parmi
les Québécois francophones, là, qui sont de première génération, mais je
ne peux pas vous donner de chiffres.
M.
Breton :
Merci.
• (16 heures) •
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci. Nous allons entamer maintenant
le deuxième bloc d'échange avec l'opposition officielle. M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M.
Arcand : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. Patry, Mme Grant, M.
Montplaisir, encore une fois, bienvenue
parmi nous. Vous avez évité, je pense, la tempête d'hier, pour les gens de l'UQAM qui
ont été obligés de venir, vous avez été particulièrement chanceux, je
pense. Puis nous sommes très heureux de vous avoir ici, surtout qu'il y a quelques
années je pense que c'est le magazine Business Week qui
reconnaissait HEC Montréal parmi les meilleures écoles de gestion au monde. Alors, ça, c'est à tout votre
honneur. Je pense qu'il y
avait également même
d'autres revues, Forbes et
d'autres, là, qui reconnaissaient cela également. Alors, je
pense qu'on est très heureux de
pouvoir vous recevoir et de reconnaître,
en fait, le rôle essentiel que vous jouez au sein de la société
montréalaise, mais la société québécoise en général également.
Évidemment,
je vais poser quelques questions sur le financement parce que
c'est toujours un peu, au départ, ce qui est le nerf de la guerre dans n'importe quoi.
Ce que je comprends de la présentation que vous avez faite, c'est que ce ne
sont pas les idées qui manquent, ce ne sont
pas les projets qui manquent, mais évidemment il y a une certaine problématique au niveau
du financement actuellement. Lorsque je vois, par exemple, le fonds de fonctionnement,
on me dit qu'en déficit, 2012‑2013, ça va être 4,6 millions de dollars. Pour… (panne de son) …dépenses depuis
quelques années, au cours des six
derniers exercices, les dépenses ont progressé de 18,2 % alors que les revenus ont progressé de
15,5 %. Alors, on voit qu'on
parle de fonds avec restriction, les HEC affichent un surplus chaque année,
mais ce surplus est en baisse également.
Alors, il y a deux ou
trois éléments, puis je pense que vous l'avez mentionné au cours de votre
présentation, il y a deux ou trois éléments
actuellement où on voit vraiment des lumières jaunes, si ce n'est pas… qui
s'allument de façon importante. Et il est clair que c'est un des
éléments sur lequel on va devoir véritablement oeuvrer au cours des prochaines années pour pouvoir rétablir cette
situation-là, parce qu'on le voit également au niveau de la gestion, les
chargés de cours sont
particulièrement nombreux. Moi, j'ai une fille qui va à l'université de
Montréal, par exemple, puis qui me dit que,
surtout dans certains domaines en première année, on embauche des chargés de
cours parce que les chargés de cours, ça coûte un peu moins cher, il y a plus de flexibilité, etc. Donc, on voit
la situation. Vous avez parlé de ralentissement des embauches. Ma question est simple : Ça vous
prend quoi pour véritablement améliorer de façon significative les choses?
M. Patry (Michel) : Merci pour votre question et merci pour vos commentaires généreux. Et,
oui, à chaque année, nous, on essaie…
À chaque année, on se présente, comme on dit, dans ces classements
internationaux et, cette année encore, on a eu encore pas mal de succès.
Les
lumières jaunes et les moyens. Je vous parle... j'essaie de vous parler très
franchement. Je vous dirais que, dans notre communauté puis dans notre
gouvernance, au conseil d'administration de l'école, les gens sont inquiets.
Ils sont inquiets. Ils sont inquiets — on parlait de développement
durable —
sur la durabilité ou la capacité de maintenir l'approche que nous avons et la
qualité que nous avons.
C'est bien sûr
que j'ai partagé avec les membres du conseil puis les collègues professeurs et
étudiants, d'ailleurs — parce que moi, je présente aussi les choses
aux étudiants — le
projet de réinvestissement, mais, pour dire les choses telles qu'elles sont, ce que les gens
ont vu à court terme, c'est la coupure puis les façons que nous, on a eues
pour composer avec la coupure. Et puis on a
dit : Le réinvestissement va venir après. Alors, comme certains
journalistes me l'ont déjà demandé,
c'est un peu comme si je vous disais : J'ai une bonne et une mauvaise
nouvelle, je vais augmenter votre
salaire de manière importante dans les sept prochaines années, mais je commence
par le couper de 10 % cette année, êtes-vous content? Vous avez une réaction, là, un petit peu mitigée,
hein, parce que, la coupure, on la voit, puis, le réinvestissement, on
veut y croire, mais on veut avoir des éléments probants à cet égard.
Donc,
ça, c'est sur le climat, la lumière jaune, la façon de voir les choses. Moi, je
veux bien y croire, et j'ai eu… Comme
les autres acteurs, on a rencontré Mme Marois, on a rencontré M. le ministre
Duchesne. Et puis, écoutez, c'est une décision politique qu'on respecte
de dire : Par quel moyen on va financer les universités? Moi, mon travail,
c'est d'essayer de m'assurer que je peux livrer à la communauté les services
auxquels elle est en droit de s'attendre.
Alors,
qu'est-ce que ça prendrait? En réalité, ça prendrait un bon coup de barre, pas
juste pour l'école. Mais, si je prends
le domaine de l'administration — puis je vais laisser à mes collègues des
autres… qui naviguent plus largement, d'autres
comparaison — ce qui
est extraordinaire, c'est qu'à l'UQAM, à Sherbrooke, à Concordia, aux HEC, en
administration, qu'on puisse faire
aussi bien quand… Lorsque vous nous comparez aux institutions canadiennes,
l'écart de financement est de
plusieurs milliers de dollars par étudiant, par année. Moi, si je prends les 10
meilleures écoles de gestion au Canada, les 10 meilleures «business schools» — et je prétends que j'ai toutes les données
pour montrer qu'HEC est dans ce club, en
fait on est dans le club des cinq meilleurs — on réussit à faire ça avec de
3 000 $ à 4 000 $ par étudiant de moins que nos
concurrents, entre guillemets, ailleurs au Canada. Alors, ils sont dans
d'autres provinces, ils ont d'autres…
Donc,
déjà, la situation, elle est… elle est ce qu'elle est, elle est un peu tendue.
Ça veut dire que les gens que je recrute
sont sollicités par… J'ai sept collègues qui sont en congé sans solde, cette
année, il n'y en a aucun qui est dans un
établissement où il s'est beaucoup appauvri par rapport à nous, et la
probabilité qu'on les récupère, elle est peut-être de 25 %. Et, s'il fallait que le
ralentissement tarde ou ne se matérialise pas rapidement, ce nombre-là va
augmenter. Donc, pour nous, c'est important.
On
avait donc estimé, puis on avait fait des représentations de l'écart de
financement présentement entre la légère hausse des droits de scolarité, et la compensation gouvernementale, puis
la coupure de 125 millions, on est à peu près en surplace, mais, vu que les coûts de système ont
augmenté plus vite que les subventions, en réalité on a reculé un petit peu per capita, alors que ce que je regarde, moi,
dans mon échantillon de référence au Canada — puis je ne m'en vais pas chercher, là, les grandes universités
américaines, je prends les universités canadiennes — je vois que cette disponibilité des
ressources par étudiant, elle… l'écart s'agrandit, et c'est ça qui
m'insécurise.
Parce
que moi, je veux m'assurer que, pour les Québécois, en particulier les
Québécois francophones, ils ne seront pas
obligés d'aller à U of T, à Toronto, d'aller à UBC ou d'aller à Queen's pour
faire des études avancées. On ne sera pas
obligés de former des gens qu'on veut recruter à la Caisse de dépôt, ou à la
Banque Nationale, ou chez Desjardins, on ne sera pas obligés de les envoyer prendre leur formation en Ontario,
qui a de bonnes formations, ou en Colombie-Britannique. Je pense qu'au Québec on devrait s'assurer… Puis
c'est la même chose pour les médecins, la même chose pour les ingénieurs.
Donc, oui, il y a un écart. Est-ce que toi, tu avais des…
M. Montplaisir (Georges) : Bien, des pistes de solution, ce serait, entre
autres, je dirais, de la flexibilité dans la tarification avec les étudiants étrangers. Ça, c'est une piste qui
nous… qui aiderait, je pense, toutes les universités : au lieu
d'avoir une approche centralisée, de permettre aux universités de tarifer selon
les programmes et l'attrait que les programmes
peuvent avoir. Le financement sécurisé, c'est très important. Cette année, ça
nous a fait assez mal. Moins de reddition de comptes aussi, ça, ça
aiderait parce qu'on pourrait déplacer les ressources vers l'éducation.
M. Patry
(Michel) : Mais, si je veux juste mettre un chiffre… Je ne veux pas
te…
M. Montplaisir
(Georges) : Oui.
M. Patry (Michel) : …M. Arcand, vous posez une question bien précise. En moyenne, là, au
Québec, les universités reçoivent des
subsides qui sont, à peu de choses près, dans la moyenne des subsides à
l'échelle canadienne. Et, si vous
regardez les droits de scolarité, qui sont l'autre moyen de financer les
universités, donc, dans les écoles de gestion, les droits de scolarité, au premier cycle, ailleurs au Canada, sont de
5 000 $ à 6 000 $, en moyenne, supérieurs à ce qu'ils sont au Québec, là. Je ne demande pas qu'on
rattrape ça d'un coup, là, on est tous conscients de ça, mais vous voyez un
petit peu l'écart. Alors, quand on a eu toute cette discussion…
M.
Arcand :
On a bien essayé. On a bien essayé d'améliorer les choses, mais je pense que…
Une voix :
…à votre question.
• (16 h 10) •
M.
Arcand :
…c'est un choix politique qui est évidemment très… très déchirant actuellement, et je pense que c'est majeur. Ce que j'ai compris également, c'est qu'au niveau
des… Vous avez parlé des étudiants français. Ce que vous voulez, en fait, c'est que ce soit au même niveau
qu'un étudiant du Canada. C'est à
peu près ça, là, ce que je comprends
dans vos demandes?
M. Montplaisir (Georges) : Bien, ça, ce serait un scénario qui serait
intéressant, je pense, pour l'ensemble des universités. Actuellement, un
étudiant qui vient de Hearst, en Ontario, paie plus cher qu'un étudiant
français. Et puis ça donnerait une marge de manoeuvre aux universités
québécoises.
M.
Arcand : Et, dites-moi, est-ce que ce qu'on appelle… Votre
site Web, les cours qui semblent fonctionner quand
même relativement bien, est-ce que
c'est un élément, pour vous, de revenus supplémentaires ou finalement
il n'y a pas beaucoup
de profitabilité qui sort de… C'est que ça coûte aussi cher finalement
que ce que ça peut vous rapporter.
M. Patry (Michel) : Chagrin de mon voisin qui doit équilibrer notre budget. La réponse est
non, parce que Édulib, qui est notre initiative d'offre de cours en ligne gratuits… qui sont
des cours de grande qualité, hein? C'est des contenus d'un cours introductif dans les grands domaines,
mais c'est tout… Tous les contenus sont là. C'est gratuit. Donc, ça, ça ne
contribue pas directement au financement. Il y a des coûts évidemment. Mais nous, on a
estimé que le jeu en valait la chandelle.
On
a développé l'expertise dans la livraison à distance de ces cours. On a
augmenté la marque et la reconnaissance de l'école à l'étranger. On a rendu un service dans la francophonie,
c'est la chose que je trouve vraiment très marquante, et ça, je veux vous en témoigner parce qu'on reçoit beaucoup de témoignages de ça. Si vous allez, là, sur
des sites comme Edx ou Coursera, vous avez une offre en
anglais extraordinaire de cours dans toutes sortes de domaines, dont
l'administration. En français, il n'y
en avait pas. Alors, HEC Paris a annoncé que, l'an prochain, ils vont
commencer. Nous, on a offert des
cours en français. Et j'ai des témoignages de gens au Québec, mais aussi d'un
peu partout dans le monde, qui disaient : Je n'ai jamais pu aller à l'université et là j'ai pris un premier cours
en gestion des conflits, ou en comptabilité, ou éléments d'économie, merci beaucoup. Ce n'est pas
diplômant, il n'y a pas de crédits, mais on rend un service à la communauté
et on renforce aussi la science en français puis l'enseignement en français
dans un domaine où les universités françaises délaissent,
à toutes fins pratiques, pas toutes mais beaucoup, le français. Alors, nous, on
pense qu'on a un rôle à jouer là-dedans. Mais ça ne rapporte pas de
revenus
M.
Arcand :
Très bien.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Oui, Mme la députée de
Bellechasse, vous avez quand même un 17
minutes. Vous avez un peu plus de temps parce que Coalition avenir Québec est
absente, donc j'ai réparti le temps, et vous allez pouvoir en profiter.
Mme
Vien : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous trois
et bienvenue encore une fois à cette audition. J'aurais une question d'ordre général et qui touche les finances de
votre établissement. On sait que les finances actuellement, c'est quelque chose… c'est un enjeu, c'est un enjeu
pour le Québec, c'est un enjeu pour le gouvernement du Québec, mais
c'est aussi un enjeu pour nos universités, vous en avez éloquemment parlé.
On
se rend compte, dans les documents qui nous ont été déposés et présentés, qu'il
y a actuellement plus d'étudiants à
temps partiel chez vous qu'il y a d'étudiants à temps plein. Et, je ne me
souviens plus laquelle université, un collègue nous a dit qu'effectivement les étudiants à temps partiel étaient plus
coûteux. C'est ingrat de dire ça, mais disons les choses telles qu'elles sont, que ça coûte plus cher à
l'établissement qu'un étudiant à temps plein. On connaît la situation difficile
des finances dans la plupart des
universités. Qu'est-ce que vous faites avec un élément comme celui-là? Est-ce
que ça se vérifie chez vous?
Une voix :
Est-ce que…
Mme Vien :
Est-ce que ça se vérifie chez vous?
Mme Grant
(Kathleen) : Que l'étudiant est plus coûteux, que l'étudiant à temps
partiel est plus coûteux?
Mme
Vien : Oui, oui. C'est que, évidemment, vous avez plus de temps
partiels actuellement, c'est beaucoup plus coûteux.
M. Patry (Michel) : Juste une ou deux remarques préliminaires, puis encore là mon collègue,
qui connaît mieux les chiffres précis que moi, pourrait vous répondre.
Je serais prudent en disant que les étudiants à temps partiel sont toujours et systématiquement plus coûteux. Chez
nous, un grand nombre de ces étudiants à temps partiel prennent des cours au certificat le soir. En toute honnêteté,
c'est des gens qui consomment moins de ressources internes, mois d'espace,
moins de laboratoires, moins de… Ils sont très concentrés au premier cycle.
Donc, c'est aussi moins énergivore, ils demandent
un peu moins d'appui. Et, il faut être honnête, la vaste majorité des enseignements dispensés à ces
étudiants le sont par des chargés de
cours. Donc, si j'avais à faire une analyse par coût, ce qu'on fait beaucoup
chez nous, les étudiants à temps
partiel représentent un coût qui n'est pas nécessairement... en fait, qui est
probablement plus faible per capita que les étudiants qui sont en régime
à temps complet.
Cependant,
ce que beaucoup de mes collègues font valoir, c'est que, que vous ayez un
étudiant à temps partiel qui prenne
un cours, il y a un certain nombre de frais fixes et des éléments de gestion,
et cette personne-là, par exemple, chez
nous, prend un cours de comptabilité cette année, peut-être un l'an prochain,
et elle s'attend à avoir accès aux services aux étudiants, aux services de gestion de carrière, à la bibliothèque,
bon, et ça, c'est sûr que, pour la contribution de cet étudiant-là, la gamme de services n'est pas
différenciée. On ne lui dit pas : Parce que tu es à temps partiel, tu n'as
pas le droit... tu as le droit juste
à 10 minutes en services de gestion de carrière. Alors, vous voyez, là, c'est
un peu difficile de calibrer tout ça.
Mais je vous fais remarquer qu'il y a aussi une offre qui est, à certains
égards, moins coûteuse à cause des livraisons par des chargés de cours
qui sont très concentrées au certificat.
Nous, on
maintient — puis
c'est mon dernier point — on
maintient qu'à l'école, en tout cas, puis c'est presque inscrit dans notre... ce n'est pas inscrit comme
ça dans la loi de l'école mais pas loin, l'école a été créée pour faciliter
l'accès aux professions administration, finances
ou commerce, et la voie d'accès, le pont qu'il y a eu entre la communauté francophone et ces professions-là a été très
longtemps des études à temps partiel. Ce l'est encore, moins qu'avant, mais
ce l'est encore de manière importante. On pense qu'il y a un besoin qui est
très important. L'infirmière qui est à l'Hôpital
Sainte-Justine, qui est très heureuse dans ce qu'elle fait mais on lui offre
une responsabilité de gestion d'une unité puis elle n'a aucune formation
en gestion, elle, elle veut avoir cette promotion puis elle cherche trois cours
de supervision de personnel puis de
ressources humaines. Quand elle vient les prendre puis qu'elle a sa promotion,
on a joué notre rôle.
Mme
Vien : Est-ce qu'on a
l'esprit tordu si on fait peut-être un raccourci — vous me le direz — en disant : On a des chargés... Parce que ça fait deux, trois fois
que vous nous le dites, puis on le retient au passage puis, dans une
transparence exemplaire, vous l'avez dit sans retenue, que les chargés de
cours, ça coûte moins cher, c'est moins dispendieux. Compte tenu du contexte financier et de ce que vous venez
de soulever, est-ce que les chargés de cours sont privilégiés, justement, en raison de leur coût
moins élevé? Parce qu'ils sont au double du nombre de professeurs, si je lis
bien les documents.
M. Patry (Michel) : Sans aucun doute. Et je pense que, le système universitaire québécois,
c'est vrai grosso modo, mutatis
mutandis, à travers tout le réseau. Une des particularités du système
universitaire québécois, c'est la prévalence des chargés de cours. Quand vous allez ailleurs au pays ou vous allez
ailleurs dans d'autres pays, il y a très peu d'endroits où vous avez dans des universités à maturité
autant de livraisons par des chargés de cours. Ça, c'est vrai. Et d'ailleurs
tous les cours à temps partiel sont plus développés au Québec qu'ils ne le sont
ailleurs.
Moi,
il y a beaucoup de gens, par exemple des Américains lorsqu'ils viennent nous
faire des audits, qui ont beaucoup de
misère à comprendre ça, puis je leur dis que nos certificats puis nos cours a
temps partiel, c'est un peu comme le GI Bill aux États-Unis,
c'est des moyens qu'on a donnés pour permettre à des gens de se qualifier. Mais
il y a une particularité québécoise, là, qui
est réelle. Je pense que ce serait mentir que de dire que ce n'est pas
notamment à cause du coût relatif plus faible des chargés de cours qu'on
a pu développer ça.
Le
risque, c'est que, habitués à cette drogue que nous le sommes, on continue de
façon plus ou moins mesurée à faire
ça, et là la fragilité de l'ensemble du dispositif va être pas mal augmentée,
pas parce que les chargés de cours ne font pas un bon travail mais parce
qu'il y a des choses que les chargés de cours peuvent moins bien faire.
Tantôt,
M. Breton posait des questions sur le développement durable. Eh bien, lorsqu'on
regarde la conception des programmes, l'évaluation des programmes, la
définition des objectifs d'apprentissage, les liens entre tout ça et la recherche, ça vous prend des gens qui sont là à
plein temps et qui sont à la frontière des connaissances dans le domaine
pour faire le tri entre le bon grain puis l'ivraie, et ce n'est généralement
pas les chargés de cours qui vont faire ça. Il peut y avoir des exceptions.
• (16 h 20) •
Mme
Vien : Merci pour votre réponse. Vous avez donc des gens qui
sont déjà en emploi, hein? Plusieurs personnes chez vous étudient et sont déjà en emploi. Je pense que c'est assez
connu. Vous en avez parlé aussi. Au Québec on est dans un contexte de pyramide inversée, hein? C'est-à-dire que la démographie fait en sorte qu'on a une
pyramide inversée actuellement. Vous entrevoyez l'avenir de quelle façon avec une
démographie qui ne ressemble pas et qui ne ressemblera pas à ce que nous avons connu dans les années
passées? En termes d'effectif, chez
vous, étudiant, ça va vouloir dire quoi? Puis évidemment ça va avoir un
effet domino, là.
M. Patry (Michel) : Croissance contrôlée, mais on va être en croissance. Plusieurs raisons.
Première raison, c'est que les cycles
supérieurs vont beaucoup se développer. Alors qu'il y a 20 ans ou 25 ans un
grand facteur de différentiation était,
dans le marché du travail, dans le domaine des affaires : Avez-vous une
formation universitaire ou pas?, de plus en plus, on voit apparaître : Avez-vous une maîtrise ou pas? Donc, ça
veut dire que, là, vous avez un bassin très important de gens qui ont un premier cycle et qui veulent
venir faire un deuxième cycle. Et ça, ce n'est pas vrai juste chez nous,
c'est vrai dans tous les pays de
l'OCDE : la croissance prévue, dans les 25 prochaines années, est au
deuxième cycle. Ça, c'est le premier facteur.
Le
deuxième facteur, c'est notre capacité d'attirer des gens pas juste du Québec,
mais de l'extérieur du Québec. Je pense qu'on a à peine exploité ça. On
a à peine exploité ça. On a commencé, on a eu beaucoup de succès dans la francophonie, notamment en France, mais il y a
beaucoup de choses qui peuvent se faire. Et on commence là-dedans à
faire des choses. Donc, je vois un complément qui va…
Troisièmement, il y a
notre capacité d'attraction. Donc, on peut dire : Il y a x personnes qui
veulent faire des études en administration,
mais on a des programmes très spécialisés, on a des créneaux dans lesquels on a
vraiment des facteurs très
différenciés. Je vous donne un exemple, en gestion des arts, on doit avoir à
l'école une douzaine de professeurs qui
sont des spécialistes reconnus mondialement dans ce domaine-là. Quand vous
entrez dans un «business school», si vous
en trouvez un, en général, vous êtes heureux; on en a une douzaine. Donc, ça
veut dire que, nous, quelqu'un qui veut faire gestion des arts, on a de
bonnes chances…
Mme Vien :
C'est quoi, ça, gestion des arts? C'est un directeur de musée, c'est…
M. Patry (Michel) : …de musée, de l'OSM, d'un
organisme culturel, d'une école de danse. Alors, les gens… Nous, on a développé beaucoup de créneaux de
spécialité, donc ça veut dire qu'on va aller les chercher, on va les attirer.
Donc, quand je dis «croissance contrôlée»,
on n'a pas un objectif de développement très accéléré, mais il va y avoir une croissance
au cours des 10 prochaines années.
M. Montplaisir (Georges) : Si je peux ajouter aussi, c'est que le problème
démographique, il est probablement moins
important à Montréal et dans la région métropolitaine qu'il l'est dans
l'ensemble du Québec à cause de l'afflux d'immigration et aussi des flux migratoires entre les régions et puis la
grande région métropolitaine. Donc, ça, ça nous aide à tenir le cap certainement
à moyen terme.
Mme
Vien : C'est sûr qu'il y a plus de monde que dans Bellechasse.
C'est sûr. Une petite dernière question. Vous disiez que le ratio, si je me rappelle bien… je ne me rappelle plus
tellement les chiffres tout à l'heure, là, mais vous disiez que le ratio
étudiants-professeur avait augmenté…
Une voix :
33 pour un.
Mme
Vien : 33 pour un. Bon, c'est ce que j'avais ici, mais je
n'étais pas sûre. Vous disiez que, donc, ça avait augmenté au cours des
dernières années. C'est une tendance, ça? C'est dû à… Est-ce qu'encore là on
est dans des… — comment
je vous dirais? — dans
des précautions budgétaires? On est dans quelle logique ici?
M.
Montplaisir (Georges) : Historiquement, à l'école, le ratio s'est
amélioré probablement depuis les cinq ou sept dernières années, entre autres, grâce aux bourses, aux chantiers…
les bourses pour les génie et administration. On a pu engager des professeurs qui nous ont permis
d'améliorer ce ratio-là. Maintenant, le futur, bien ça dépend un peu de la
situation, de la capacité financière de
l'école d'engager, de remplacer des professeurs qui quittent, d'engager des
nouveaux professeurs. Donc, quand on se compare avec, par exemple, nos…
pour les agréments, on a notre ratio, il est bas… c'est-à-dire il est élevé, beaucoup d'étudiants par professeur, mais il
s'est amélioré. Maintenant, l'inquiétude qu'on a, c'est que ça aille
dans l'autre direction.
M. Patry
(Michel) : Il va aller dans l'autre direction parce que, depuis deux
ans, on a réduit de beaucoup les embauches,
on a quand même des départs à la retraite, et autres. Donc, ce n'est pas une
prévision difficile à faire qu'à la fin de cette année puis à la fin de
l'année suivante ce ratio-là se sera détérioré. Donc…
Mme
Vien : …si on vous demandait, rapidement, à vue de nez, là,
pour les cinq prochaines années, par exemple, vous auriez besoin
d'embaucher combien de professeurs. Est-ce que vous vous dites : Oui,
bien, d'ici ce temps-là, là, il va nous en manquer tant, est-ce qu'on va être
capables de combler…
M. Patry (Michel) : Nous, il faudrait qu'on procède à au moins... Mais là
c'est parce que par… C'est difficile pour
vous de mesurer l'effort par rapport à d'autres établissements, tout ça. Mais,
nous, il faudrait qu'on recrute, dans les prochaines années, pour maintenir et améliorer un peu notre situation,
entre 15 et 20 professeurs de carrière ou professeurs à plein temps qui
ne seront pas nécessairement des professeurs de carrière mais qui ne feront que
de l'enseignement. Il faudrait qu'on fasse
15 à 20. On est à quatre ou à six cette année, alors… D'abord,
on a une dizaine de départs à 12 départs par année. Donc, quand je dis
15 à 20, là, la croissance va être de cinq à sept par année. Et ça, ça nous
permettrait de récupérer le terrain qu'on
vient de perdre un petit peu et de gagner un petit peu en progression. Maintenant,
on est conscients qu'il faut
diversifier aussi notre portefeuille. Donc, c'est pour ça qu'on a, chez nous, maintenant
des maîtres d'enseignement. On en a une trentaine, je crois.
Une voix :
35.
M. Patry (Michel) : 35. Ce sont des gens qui ne font que de l'enseignement, qui ont des
ententes à long terme, mais à
qui on ne demande pas de faire de la recherche. Donc, ce n'est pas des chargés
de cours, mais ce n'est pas non plus des
professeurs qui font de la recherche. Et évidemment ces gens-là
deviennent très experts en enseignement. Ils sont très appréciés. Alors, ça, c'est un moyen qu'on a de composer. Puis ça vous
donne une idée, un petit peu, là. On a eu des années d'embauche, pendant qu'on a fait des progrès, de
15 à 20, puis c'est ce que ça nous prendrait pour trois, quatre ans, là.
Je vous en prie.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Mme la députée de l'Acadie.
Mme
St-Pierre :
Il reste combien de temps?
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Il vous reste trois minutes.
Mme
St-Pierre : O.K.
Alors, je vais… J'ai quelques questions, on va… En trois minutes, je n'aurai probablement pas pris tout le temps, mais je suis sûre que mon collègue
va me laisser un petit peu plus de place tout à l'heure. Moi, c'est sur les questions linguistiques sur
lesquelles je voudrais vous amener parce que ça a été, pendant un certain
nombre d'années, ma responsabilité. Et, à un moment donné, dans les médias, il est sorti une nouvelle selon
laquelle vous alliez… vous offrez un M.B.A. ou, enfin, un diplôme…
Mme Grant
(Kathleen) : …scientifique, à ce moment-là, en logistique.
Mme
St-Pierre : En
anglais seulement.
Mme
Grant (Kathleen) : C'est ce
qui est sorti… En anglais seulement. C'est ce qui est sorti dans les médias.
Mme
St-Pierre : Et
c'est la bonne version ou c'est la faute aux journalistes ou…
Mme
Grant (Kathleen) : C'est une
version courte de la question. Je vais laisser M. Patry peut-être
en parler d'abord. Je pourrai ajouter.
M. Patry (Michel) : …très heureux.
Chez nous, on a une politique linguistique qui a presque 20 ans. Et on a fait des investissements importants dans la qualité de la langue, notamment
en français, premièrement. Deuxièmement, chez
nous, tous les programmes réguliers conduisant à un grade ou à un diplôme
sont tous offerts en français. Ceci dit, à l'intérieur de ces programmes on a une offre de cours en espagnol, en anglais
et bientôt en chinois pour permettre
à des gens de maîtriser ces langues.
C'est les mêmes cours. En marge de ça, on a des cours pour améliorer votre
français et votre anglais, mais c'est non diplômable. Mais, à
l'intérieur de nos programmes, on a ça
Et il y a
certains programmes où on a permis une filière en anglais. Il y en a un, le
M.B.A., mais ça fait maintenant 18
ans. C'était le gouvernement du Parti québécois qui était au pouvoir à cette
époque, et je… On a eu beaucoup d'échanges avec eux. C'est parce que le M.B.A., c'est un marché très spécial à
l'échelle internationale, où, pour participer aux classements internationaux, dont votre collègue faisait
allusion tantôt, il fallait qu'on puisse s'inscrire dans les réseaux
internationaux. Et présentement… par exemple, en France, je crois qu'il n'y a à
peu près plus aucun M.B.A. offert totalement en français. Donc, chez nous, on a un M.B.A. totalement
français, mais il y a une filière, où il y a environ 50 étudiants par année qui
viennent s'inscrire dans cette filière-là, en anglais.
Mme
St-Pierre : Donc, ça veut dire
qu'un étudiant pourrait sortir avec un diplôme de l'École des hautes études
commerciales de Montréal, qui est une école…
qui est un établissement d'enseignement francophone, en n'ayant aucune
connaissance du français.
M. Patry (Michel) : Ça, c'est aller
une étape plus loin parce que…
Des voix : …
M. Patry
(Michel) : …au M.B.A., si je
prends cet exemple-là, depuis 18 ans, vous pouvez faire votre M.B.A., un parcours intégralement en anglais. Maintenant,
on a des mesures d'accompagnement et d'encouragement de cours en français. Donc, ces gens-là, lorsqu'ils viennent
chez nous, on les inscrit dans des cours de français qui ne sont pas
contributifs à l'obtention du M.B.A. Et je dirais que la vaste majorité,
presque la totalité, le font. Parce que beaucoup, d'ailleurs, viennent prendre
leur M.B.A. chez nous, à Montréal, parce qu'ils pensent peut-être s'installer
ou… Donc, on leur fait valoir que le marché
du travail, au Québec, va demander qu'ils parlent le français. Donc, c'est pour
ça qu'on a développé une école de
langue, de français. Et on enseigne le français à ces gens-là, mais ça ne
contribue pas à leur diplôme, ce n'est pas dans les crédits
universitaires de leur diplôme. Je ne sais pas si je réponds à votre question.
Mme
St-Pierre :
Ça veut dire que… il n'en demeure pas moins qu'il se pourrait qu'un étudiant
fasse chez vous un diplôme…
M. Patry (Michel) : Oui.
Mme
St-Pierre :
…uniquement… obtienne un diplôme sans avoir suivi un seul cours en français,
puisque c'est incitatif, ce que vous venez de me dire, ce n'est pas
obligatoire.
M. Patry (Michel) : Oui. La réponse
est oui. Au M.B.A., oui.
Mme
St-Pierre : Bon.
O.K.
• (16 h 30) •
M. Patry (Michel) : Il y a un
programme, le M.B.A.
Mme
St-Pierre :
O.K. Sur la politique, votre politique linguistique, vous dites que vous l'avez
depuis 20 ans. Mais, en 2004, la loi
qui a été adoptée… qui avait été adoptée en 2002, je pense, avait fait une obligation, pour les établissements
d'enseignement collégial et universitaire, de se doter d'une politique
linguistique. Cette loi-là, malheureusement, n'obligeait pas les établissements à rendre des comptes. Moi, j'avais
voulu le faire dans mon projet de loi, mais finalement ça n'avait pas été retenu par mes amis d'en face.
Mais ce que je veux dire, c'est : Comment se fait-il que vous ayez décidé…
Ce que j'ai ici comme information, c'est que
vous vous êtes dotés… la politique, selon la nouvelle loi, est arrivée chez
vous en 2004 — la loi avait été adoptée en 2002 — et ce n'est qu'en 2013 que vous faites une
mise à jour de votre politique, non?
M. Patry (Michel) : Non. On a fait…
Mme
St-Pierre : Mes
documents ne sont pas bons?
Mme
Grant (Kathleen) : Il y a deux politiques chez nous, si je peux me
permettre, là. Il y a la politique linguistique
dont vous parlez, en 2004. Il y a celle, également, adoptée en 1989, au moment
où Mme Marie-Éva de Villers notamment
est venue aider l'école à bien baliser toutes ces questions-là. Et cette
politique de la qualité de la communication, qui vise à s'assurer que tous nos étudiants de tout programme aient les
habiletés nécessaires pour bien performer dans son métier, et avoir un leadership, et l'exercer ici, au Québec, au
Canada ou dans le monde… et c'est pour ça que vous avez les langues des
affaires : français, anglais, chinois et espagnol.
Alors,
il y a deux politiques. Celle qui s'appelle la qualité de la communication,
elle a été révisée trois fois depuis 1989,
la dernière fois en mai 2013. Elle balisait encore plus précisément, justement,
l'offre de cours en anglais. Alors, le
M.B.A. en anglais, ça, ça remonte à la fin des années 1990, là, et c'était du temps
de Mme Marois, ministre de l'Éducation, d'ailleurs, à qui ça avait été
présenté et qui avait trouvé, à l'époque, évidemment, le projet fort pertinent.
Depuis
ce temps, tous les programmes sont offerts en français d'abord et parfois dans
des créneaux un peu plus spécialisés
pour l'école ou un peu plus en demande à travers le monde. Et ce sont les
balises qui sont dans la mise à jour de
la politique… font en sorte qu'on peut offrir soit un cours en anglais ou un
programme en anglais s'il y a vraiment une demande dans un créneau fort. Mais, même à ce moment-là, on va prévoir
des façons où l'étudiant va pouvoir comprendre la culture québécoise et
s'acclimater au français, si vous voulez.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Ce n'est pas… Merci beaucoup.
Je suis désolée. Vous avez quand même
dépassé le… Je vous ai laissé du temps, que je vais amputer sur le second bloc.
Nous allons maintenant du côté du gouvernement. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Alors, merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour, messieurs, madame. Moi, ma question, je veux
revenir sur le financement. Je sais que vous avez l'air à être très inquiets
sur le financement des universités. Et, tout
à l'heure, mon collègue mentionnait que le ministre avait annoncé des
investissements, avec la première ministre, de
1 764 000 000 sur cinq ans.
Alors,
je sais que les universités ont toujours demandé d'avoir une période plus
longue pour justement pouvoir planifier,
là, et tout, leurs investissements. Et il me semble, à ce moment-ci, qu'avec
une annonce sur cinq ans… Et, dès 2014‑2015, on ajoute déjà 189 millions. Déjà,
le ministère s'est engagé à rencontrer les universités dans les prochaines
semaines pour les ententes de partenariat qui devraient être signées avec les
universités en question. Je me pose la question :
Qu'est-ce qui vous inquiète à ce point-là? Et est-ce que vous mettez en doute
l'annonce qui a été faite par la première ministre et puis le ministre,
à ce moment-là?
M. Patry (Michel) : On ne met pas vraiment en doute cette intention, mais, même si on a
fait… Évidemment, on a vu l'annonce.
Tous les paramètres, toutes les modalités, les ententes de partenariat
auxquelles vous venez de faire référence,
on va commencer, là, dans les prochaines semaines, avec le sous-ministre, à en
débattre et à échanger à ce sujet.
Si
vous vous mettez à la place des administrateurs d'universités et puis des
membres de nos conseils d'administration, là, depuis 18 mois, le cadre a changé plusieurs fois. Donc, il y a
plusieurs annonces qui ont été faites, puis on a changé le plan de match. Donc, nous, on espère vivement
que le 1,7 va se traduire par des transferts financiers conséquents, mais
on va le savoir juste dans les prochaines semaines probablement, même ce qui
nous attend l'an prochain.
Donc,
est-ce qu'il y a quand même de l'inquiétude? Oui, parce que beaucoup de gens
autour de nous, dans notre milieu et dans nos organes de gouvernance,
disent : Bien, est-ce que le gouvernement aura les moyens de rencontrer toutes ses promesses, étant donné les difficultés
financières qu'on a globalement au Québec? Et, comme je vous dis, on va
avoir les modalités bientôt, là, dans nos échanges, mais aussi sur l'entente de
partenariat. Est-ce que…
M. Montplaisir (Georges) : Bien, je dirais tout simplement que le
réinvestissement de 1,7 milliard, d'abord, c'est sur sept ans et ça fait suite aussi aux coupures
de 125 millions qui ont eu lieu l'année dernière. Ce n'est pas tout à fait
clair si ces coupures vont arrêter ou
si le réinvestissement se substitue ou vient combler les coupures. Donc, les
messages, vous savez, peuvent être ambigus.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Merci. Je vais revenir là-dessus.
Vous parliez tantôt… vous dites que c'est… Nous, c'est sur cinq ans, l'annonce de 1,7 milliard. Ce n'est pas
sur sept ans, c'est sur cinq ans. Et ce qui est aussi assuré, c'est que
le ministre a bien dit que les ententes de partenariat qui vont être faites
avec les universités… Et bien sûr ça touche
l'embauche de 1 000 profs supplémentaires d'ici cinq ans, de 2 000
chargés de cours supplémentaires d'ici cinq ans aussi. Alors, c'est là qu'est ma surprise, un petit peu, suite à la
question de la députée de Bellechasse, c'est de voir que vous…
Est-ce
que l'évaluation, chez vous, elle a été faite pour les besoins futurs en termes
d'investissement et en fonction de la
politique qui est annoncée aussi? Parce que ça va faire partie des ententes de
partenariat à signer. Et je pense que c'est
important que chacun le fasse, là, pour, quand le ministère va les rencontrer,
qu'on sache réellement les besoins, connaître
réellement les besoins des universités. Alors, à ce moment-là, est-ce que cette
démarche-là, chez vous, elle est entreprise ou si…
M. Patry (Michel) : Elle est entreprise, elle est faite. Pour nous, quand vous dites que…
Puis j'ai bien entendu M. Duchesne à
cet égard, à plus d'une reprise, dire que la priorité irait à l'embauche du
personnel enseignant, de professeurs et
de chargés de cours. Pour nous, ça, c'est de la musique à nos oreilles parce
que c'est là qu'on investirait. Alors, dès que nous avons, de manière assez certaine… que nous connaîtrons les
paramètres qui vont définir la vitesse à laquelle ce réinvestissement-là
va se faire, les sommes, nous, on va mettre le plan en exécution. Il n'y aura
aucun délai, on est prêts à mettre le plan à exécution rapidement.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Merci, Mme la Présidente. À combien prévoyez-vous l'embauche de professeurs
l'an prochain? Parce que c'est la question qui va vous être posée par le
ministère d'ici quelques semaines.
M. Patry
(Michel) : L'an prochain, on a prévu mettre fin au programme de
remplacement d'un professeur sur deux, ce
qui veut dire qu'on devrait avoir une douzaine d'embauches à peu près.
Évidemment, ceci ne nous permettra pas de rattraper, là, ce que, depuis
deux ans, on a un peu perdu. Si, à la suite des échanges que nous aurons avec
les représentants du ministère, avec le
sous-ministre, et... etc., on voit que le réinvestissement nous permet d'aller
plus vite, c'est évident que c'est dans ce secteur-là qu'on va investir.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Une autre question, Mme la
Présidente, au niveau des dépenses globales des universités par rapport au produit intérieur brut. Tout à l'heure,
j'écoutais, je vous écoutais parler, vous parliez toujours de sous-financement par rapport aux autres
provinces, même… Et, je regarde ici ce qui ressort au niveau du Québec, les
dépenses globales des universités par rapport au produit intérieur brut, au
Québec, sont de 1,94 %. Si je regarde, avec l'Ontario, c'est 1,76 %; dans les provinces de l'Ouest, c'est
1,37 %. Et, comme de raison, le PIB par habitant au Québec, il est
quand même moins élevé de 23 % par rapport à ces entités-là.
Alors,
qu'est-ce qui fait que vous doutez un petit peu? Vous dites qu'il y a moins
d'investissements au Québec, mais, en
fait, dans les chiffres, il se fait plus d'investissements au Québec dans nos
universités qu'un peu partout ailleurs ou… dans l'enseignement
supérieur, disons.
• (16 h 40) •
M. Patry (Michel) : Vos chiffres sont bons. J'ai dit également que le gouvernement du
Québec consacre un subside par étudiant qui est à peu près… en tout cas,
l'an passé, là, qui était à peu près exactement dans la médiane des autres provinces. C'est vrai que ça représente, en
pourcentage du PIB au Québec, un effort plus important parce que, per capita,
la croissance ou le PIB sont plus élevés ailleurs.
Deux
dernières remarques. Les sources de financement autres que les subventions sont
plus élevées dans les autres provinces.
Et tantôt, quand je parlais de l'écart de financement dans le domaine qui est
le mien… je ne parlerai pas de la médecine,
je ne parlerai pas de la géographie, mais, en gestion, il y avait la composante
des droits de scolarité qui est très
différente. Donc, moi, ce que je regarde à
la fin de la journée, comme on dit, c'est de combien de ressources par étudiant
je dispose venant de subsides, de
droits de scolarité ou de transferts de la communauté sous forme de dons, ou
autres. C'est ça qui est l'enveloppe globale et c'est là-dessus que je me base pour dire qu'il y avait
une certaine inquiétude. Mais l'effort du
Québec, du gouvernement du Québec, depuis de nombreuses années, en termes de subventions, est important, et on ne peut pas dire aujourd'hui que Québec
est à la traîne au Canada en subventions per capita.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Puis, avec une projection sur cinq ans, imaginez-vous, l'an prochain,
ce sera 8,5 % d'augmentation qui est allouée aux
universités du Québec, dans toutes les universités. Moi, je ne connais pas
beaucoup de juridictions qui vont avoir des augmentations, l'an
prochain, de 8,5 %. Alors, c'est pour ça que je me dis… je suis toujours
surpris de voir que vous êtes inquiets alors qu'on vous annonce qu'il y aura
8,5 % d'investissement dans les universités, l'an prochain, de plus.
Alors, c'est ça qui était ma surprise. Je ne sais pas qu'est-ce que vous en
pensez.
M. Patry
(Michel) : C'est… Ma nature est probablement celle de la gouvernance
chez nous…
Mme Grant
(Kathleen) : Une école de gestion...
M. Patry (Michel) : …conservatrice. Les gens voient les coupures et voient les efforts que
nous avons faits depuis deux ans pour
réduire nos budgets, et je leur dis : Oui, mais il y a
des sources nouvelles qui vont apparaître plus tard dans le futur. Tant que je n'ai pas les paramètres de
l'entente de performance et les paramètres du réinvestissement, ça semble
hypothétique. Alors, quand on va les
connaître, ça va être moins hypothétique et on va être moins inquiets
probablement.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Tout à l'heure, vous avez glissé sur… C'est des coûts, des coûts
directs, les coûts que vous avez,
qu'on vous occasionne par la reddition
de comptes, et tout ça. Je ne sais
pas si vous avez une idée de, la reddition de comptes, ce qu'on vous demande, mais moi, j'aimerais ça savoir si vous avez
chiffré en termes de coûts ce
que ça peut coûter, la reddition de
comptes, chez vous. En tout cas, dans certaines universités, on nous a dit : Entre 0,50 $ à 0,65 $ par dollar investi, et c'est beaucoup, mais, dans d'autres, ça peut être
0,20 $, ça peut être 0,22 $. Ça, c'était au niveau probablement de la recherche, là, des
fonds de recherche, mais… Ça, c'était pour les frais indirects, excusez.
Mais, au niveau de la reddition de comptes
comme telle, avez-vous une idée combien il y avait de redditions de comptes
dans les années 2000 puis combien on est
rendus aujourd'hui? Et je ne sais pas si, M. Patry, ma question s'adresse à
vous?
M. Patry (Michel) : Oui, je vais tenter… Ah, je n'ai pas un chiffre précis, on n'a pas… On
s'en est parlé tout récemment, je
n'ai pas un chiffre précis. Ce que je peux, par contre, attester de
manière très claire, c'est que… Vous prenez l'exemple, là, mettons, 2000‑2013, les ressources qu'on a dû consacrer ont augmenté de manière
significative. Je donne un
exemple : là où on avait, je ne sais pas, dans certains coins, en
recherche institutionnelle, une personne à temps complet, on
peut en avoir deux ou trois aujourd'hui puis on arrive à peine.
Il faut
dire que la reddition de comptes, c'est la reddition de comptes que les
élus nous demandent de faire et qui est
légitime, mais c'est aussi la reddition de comptes que nous faisons vis-à-vis nos agréments, la reddition de comptes qu'on fait
devant les ordres professionnels, la reddition
de comptes que l'on fait vis-à-vis
la fondation, la reddition de comptes que nous
faisons vis-à-vis nos… Donc, vous voyez, cette reddition de comptes, elle s'est quand même pas mal complexifiée.
Les
pourcentages que vous avez évoqués… Je ne mettrai pas un
chiffre, j'aurais peine à le faire, mais je pense que le nombre de
personnel et le temps consacré à la reddition
de comptes ont augmenté de manière
significative sur 10 ans certainement. Et je ferais l'hypothèse que c'est probablement vrai dans tout le réseau, c'est probablement dans tout le
réseau. Vous avez certainement idée du nombre de rapports et documents.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Je veux juste vous aider un peu là-dessus. Parce qu'hier mon collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques avait sorti, pour l'Université du
Québec, la reddition de comptes à partir de 1990. En 1990, il y avait quatre redditions de comptes; en 2000,
il y en avait huit; et, en 2012, il y en a 49, redditions de comptes. Alors,
pour paraphraser ce que mon collègue de
Mont-Royal a dit hier, il dit : Trop, c'est comme pas assez. Puis, des
fois, ça peut devenir même très
inefficace, là, vu qu'il y en a trop. Alors, ça s'est quand même fait sous le
régime du Parti libéral. Je le dis
parce que c'est une occasion de faire un petit peu de politique, mais c'est des
redditions de comptes, quand même, qui ont été exigées sous ce règne-là.
Et, comme de raison, vous avez quand même…
Dans les
chantiers qu'il va y avoir bientôt, j'aimerais savoir si vous avez des
solutions ou des suggestions pour diminuer
ou faire en sorte que notre reddition de comptes, au gouvernement, soit plus
simple, plus souple. Avez-vous
des idées? C'est le temps de nous en soumettre. On va les prendre en note, puis
tout ça.
M. Patry
(Michel) : J'en suis très
heureux. Et nous en avons fait, des suggestions, et j'en avais fait même la
dernière fois que je suis passé en commission parlementaire. D'abord, j'ai un petit biais, là. Moi, mon domaine de
spécialisation, quand j'étais au doctorat, c'était la réglementation. Et
donc je n'ai pas appliqué ça au milieu de l'éducation, mais…
Premièrement, je pense que la reddition de
comptes, ça en prend puis c'est
important. Mais c'est important que cette
reddition de comptes là soit la plus stratégique possible. Alors que, là, on a beaucoup d'espèces de
reddition de comptes de micromanagement, et ça se multiplie. On a de
plus en plus de rapports sur des choses, des dépenses ou des…
Il faut que cette
reddition de comptes là soit plus stratégique et il faut qu'elle soit aussi un
peu plus… je comprends, pas
complètement centralisée. Mais vous avez évoqué le nombre de rapports que les
universités font. Je pense que, si on pouvait
imaginer, on fait le bilan de tout ça… M. Duchesne, d'ailleurs, j'ai eu cet
échange avec lui à plus d'une reprise, et
lui-même disait : On veut partir d'un gros, gros livre puis arriver à un
livre beaucoup plus mince. Et je pense que le livre plus mince serait
plus efficace et rendrait les universités plus redevables.
Parce que,
là, je mets n'importe qui au défi de se retrouver dans le nombre de rapports
que les universités et que nous, on peut vous transmettre. Il y en a
tellement, sur l'éthique en recherche, sur les fonds indirects, sur les fonds
de recherche, sur nos dépenses de
fonctionnement, sur la loi… il y en a tellement que vous allez avoir peine à
vous y retrouver, même dans les
chiffres parce qu'il y a les années et les bases de comparaison. Donc, une
reddition de comptes simplifiée, plus stratégique, en moins d'éléments
disparates, parce que, là, on les a démultipliés.
Puis je vais
vous donner un exemple, là. Vous m'ouvrez une porte, monsieur. Vous permettez,
je vais donner un exemple. Bien, la
loi qu'on vient d'adopter sur les ressources informationnelles, elle va
engendrer une reddition de comptes qui
va être cauchemardesque parce qu'on va devoir engager du personnel pour faire
des rapports sur des investissements en
technologie de l'information qui sont parfois des projets d'une assez petite
taille. J'ai peine à imaginer combien de personnes, de l'autre côté, au gouvernement et dans les ministères, on
va devoir embaucher pour traiter ça. Mon sentiment, c'est que c'est à
peu près impossible, à ce niveau de détail, de faire un bon suivi.
Conséquence? Chez nous, comme dans toutes les
universités, je présume, chez nous, cet accroissement de la pression sur la reddition de comptes a fait qu'on
a dû divertir des ressources de notre mission fondamentale vers… J'ai embauché des analystes, et il y a des cadres qui
n'existaient pas il y a 10 ans, qui ont été embauchés parce qu'ils font la
reddition de comptes. Pendant ce temps-là, on a diminué, dans certains
domaines, des services qu'on pourrait rendre.
Et ça en
prend, de la reddition de comptes. Et je serais très heureux, là, si on prenait
la liste… Il y a une façon d'imaginer que les universités soient
redevables, imputables, doivent le faire avec clarté, mais d'une manière plus concentrée, et d'une manière plus centralisée, et
d'une manière plus stratégique, plus à vol d'oiseau, sur les grands enjeux
plutôt que sur 50 ou 100 points
d'observation. Je suis persuadé que, malgré toute la compétence des
fonctionnaires et des élus, c'est
difficile de s'y retrouver. Moi, je suis dans le milieu depuis des années, là,
puis je reçois des rapports de mes collègues,
puis souvent je leur dis, là : Le chiffre que vous avez dit, là, ce n'est
pas le même qu'il y a dans l'autre rapport, ce n'est pas le même qu'il y a dans l'autre rapport. Ah oui, mais là,
ici, pour ça, l'année financière est différente. Ça, c'est… Écoutez, ça,
c'est… Trop, c'est comme pas assez.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Il reste du temps, madame?
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Oui, il vous reste encore du temps.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : O.K. Je vais vous ramener sur une
question de la députée de l'Acadie tantôt sur la politique linguistique. Je regarde, sur l'article de la Charte de
la langue française, à 88.2, 5°, c'est marqué : «Celle d'un
établissement offrant l'enseignement [...] universitaire en anglais à la
majorité de ses élèves doit traiter de l'enseignement
du français comme langue seconde…» Ça, c'est dans les universités anglophones.
Vous, vous êtes une université
francophone. Puis c'est bien marqué «doit», ici, «doit traiter de
l'enseignement du français». Alors, ce que j'ai compris tantôt, c'est que vous sembliez dire que les gens qui ont un
diplôme de M.B.A. anglais ne sont pas obligés d'apprendre le français quand ils fréquentent votre université, les HEC.
Est-ce que c'est véridique? Et puis, en même temps, est-ce que ça
contrevient à cet article de la charte là?
• (16 h 50) •
M. Patry
(Michel) : C'est véridique qu'ils ne sont pas obligés d'atteindre un
niveau de maîtrise du français présentement.
Et, comme je vous dis, l'exception qui a été faite chez nous, c'est au M.B.A.,
ça date d'à peu près 18 ans. Je reviens à ce que disait ma
collègue : cependant, on a mis en place toute une série de mécanismes
incitatifs, dont le développement d'une
école d'été de langue, qui fait qu'on demande
aux gens d'arriver à l'été puis de prendre des cours de français. Et la
vaste majorité des gens s'inscrivent à cette école.
On va dire
les choses très franchement, là. Si vous êtes un candidat indien ou un candidat
américain qui veut faire son M.B.A.
en anglais, vous n'allez pas penser à HEC Montréal. Vous n'allez pas
penser à HEC Montréal, vous allez penser à des établissements anglophones. Donc, le candidat qui vient chez
nous, c'est que généralement il a soit un intérêt ou une motivation
particulière. C'est ce qui fait que la plupart, d'ailleurs, veulent s'établir
après ça au Québec. Et ça explique
pourquoi ils ne sont pas trop hésitants à prendre des cours de français pour
s'intégrer dans la communauté.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Et est-ce qu'il reste du temps encore, madame? Oui?
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Trois minutes, environ.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Combien?
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Trois…
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Trois minutes? Dans les
recommandations de 2011, justement, il était question des politiques linguistiques. Et, à la fin, c'est
mentionné... on dit : «Plusieurs changements ont été apportés aux
exigences linguistiques dans les
programmes d'études de l'École [des HEC].» Quels sont ces changements-là? Puis
est-ce que c'est des changements pour le mieux ou si c'est des
changements pour faire en sorte que le français soit moins présent?
Mme Grant
(Kathleen) : Non, c'est
plutôt le contraire, parce qu'il y a une des balises, notamment, où l'on dit
qu'il faut que chaque direction de programme
inscrive dans le programme comment on va intégrer ces étudiants-là et on
va les acclimater au français. Ça peut prendre toutes sortes de formes.
Quand vous
êtes au M.B.A., vous êtes chez nous pour un an seulement. Si vous êtes un
candidat de très grand talent, vous
arrivez, les cours, c'est très chargé, on ne leur demandera pas évidemment de
maîtriser le français en un temps record,
ce serait beaucoup trop demander à quelqu'un. Cependant, le directeur de
programme va s'assurer qu'il y aura des activités — parfois
même créditées — pour que
la personne s'acclimate au français et connaisse la culture québécoise.
Et les
dernières balises qui ont été apportées en mai 2013, justement, après que vous
en ayez fait recommandation, ça a
justement permis de préciser ces questions-là davantage chez nous. Et là je
pense que tous les programmes ont une feuille
de route... chaque direction de programme a une feuille de route devant elle
pour mieux baliser encore l'offre de programmes.
Une voix : Et j'ajouterais...
Excusez-moi.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Je pense que le député de
Saint-Hyacinthe avait une dernière question. Parce que vous allez
manquer de temps, sinon.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Je veux juste savoir si vous avez
évalué les pratiques que vous avez mises en place, si vous les avez
évaluées puis si c'est efficace pour l'apprentissage du français par ces
clientèles-là.
M. Patry
(Michel) : La réponse
est : Oui et oui. Et la raison pour laquelle on peut répondre «oui et
oui», c'est qu'on a un centre de la
qualité de la communication qui a développé des tests — même, plusieurs de ces tests-là, maintenant,
on nous demande ailleurs de les offrir — qui servent à mesurer
l'apprentissage.
Le deuxième
élément, c'est qu'on a relevé... Parce que, chez nous — il y a peu d'universités qu'il y a ça — chez nous, dans la plupart de nos programmes, comme condition de diplomation,
vous devez démontrer une maîtrise du français. Vous n'obtiendrez pas votre B.A.A. si vous n'avez pas réussi le test
avec un certain niveau d'assurance du français. Donc, on ne va pas vous livrer votre B.A.A. en français
que vous avez fait si vous n'avez pas, en plus, réussi un certain standard.
Ces standards-là, on les a relevés dans
certains programmes, dont les certificats, pour lesquels il y avait une demande
très minimale, ce qui fait que, nos
diplômés, je maintiens que les exigences que nous avons pour les
13 000 — moins
les 50 que nous prenons dans la
filière anglaise au M.B.A., là — nos standards en français sont non seulement
plus élevés que la plupart des autres universités, mais on les teste et
ils deviennent une condition pour obtenir le diplôme.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci beaucoup. Nous
allons maintenant du côté de l'opposition officielle. M. le député de
Mont-Royal.
M.
Arcand : Mme la Présidente, je
voulais juste... Le 1,7 milliard, là, c'est sur sept ans, pas sur cinq
ans, là, c'est sur sept ans, d'une
part. Deuxièmement, sur la question de la reddition de comptes, je tiens à vous
dire que le gouvernement est en place
depuis maintenant un an et trois mois, il me semble qu'il a eu amplement le
temps de regarder la chose et de pouvoir
faire une reddition de comptes plus simple. Je vous rappelle que les
augmentations ont été faites à la suite d'incidents malheureux dans
d'autres universités que les HEC. Et donc je voulais simplement faire le point
là-dessus.
Deuxièmement, j'aimerais rappeler
encore une fois que, lorsqu'on dit que les universités ont des messages un
peu ambigus actuellement… je tiens à vous
rappeler que le ministre des Finances a annoncé un déficit de
2,5 milliards de dollars, c'est
maintenant officiel, et ça, c'est pour cette année. Et il a dit qu'il ne
prévoit pas une énorme croissance. Il a dit, et je le cite : Eh bien, ça va se faire sur le rétablissement de
l'équilibre budgétaire… va se faire
sur le contrôle des dépenses. Alors,
si ça se fait sur le contrôle des dépenses, à moins que mes notions de gestion
ne soient pas énormes, je pense que ça va se faire également sur des
questions budgétaires et des rétrécissements budgétaires, beaucoup plus que sur
des questions de croissance. Alors, je
voulais juste faire le point là-dessus avant de laisser ma collègue de l'Acadie continuer avec ses questions également.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Mme la députée d'Acadie.
Mme
St-Pierre : Merci, Mme la Présidente. Donc, je vais continuer sur ce beau sujet qu'est
celui de la langue française.
J'aimerais tout d'abord savoir... Ici, dans le document, ça dit que vous
avez fait une mise à jour de la politique.
On parle des mises à jour de 1992, 2000 et
2013. Est-ce qu'en mai 2013, lorsque
vous avez fait la mise à jour, c'était parce que vous avez convenu… ou quelqu'un vous a demandé de faire une mise à
jour? Comment vous en êtes arrivés à décider de faire une mise à jour?
M. Patry (Michel) : Parce qu'on l'avait fait auparavant. C'est une politique importante
pour nous. Puis, vu qu'on a un
déploiement linguistique, on veut offrir la possibilité à des gens de prendre
des cours dans d'autres langues également pour accueillir... Parce que
j'ai évoqué tantôt nos échanges, vous avez certainement remarqué. Évidemment,
si nous accueillons 500 étudiants qui
viennent d'un peu partout dans le monde, il faut qu'on puisse les accueillir
souvent dans des cours qui vont être donnés en anglais parce que, pour
beaucoup d'entre eux, les Hollandais ou les Chinois, ils ne viendront pas dans
les cours en français. On a des cours en espagnol également.
Donc,
on voulait nous assurer qu'au vu des développements au premier cycle, deuxième
cycle notre politique était toujours
à jour, et c'est là qu'on a réaffirmé et complété, là, les principes qu'on a
évoqués tantôt. Tous nos programmes sont offerts en français,
l'exception étant le M.B.A., ou, dans certains cas, comme le M.B.A., où on
pourra offrir un cheminement. L'article
auquel vous avez fait référence tantôt portait sur une option, un
sous-programme à la M. Sc., parce que
l'intention, là, était de livrer un diplôme conjoint, ce qu'on a fait, mais on
n'a pas d'étudiants encore dans ce programme-là,
mais on mettait ça en place avec l'Université de Melbourne. Donc, les gens
pourront faire la moitié de leurs études
ici, la moitié à Melbourne, et les Australiens à l'inverse. Ils vont obtenir
deux diplômes, un en logistique et un en gestion internationale.
Mme
St-Pierre : Alors, ce n'est pas dans le cadre de ce qui est
dans la loi 101, qui dit que les maisons d'enseignement collégial et
universitaire doivent se doter de politiques linguistiques depuis 2002?
M. Patry
(Michel) : Non. On l'avait déjà, on l'avait déjà.
Mme
St-Pierre :
Cette mise à jour là, ce n'est pas en 2013?
M. Patry
(Michel) : Non.
Mme
St-Pierre :
Donc, il n'y a personne qui vous a demandé de réviser votre politique
linguistique?
M. Patry
(Michel) : Non.
Mme
St-Pierre : Vous
n'avez pas eu d'appel du ministère ou du ministre de l'Enseignement supérieur à ce sujet-là jusqu'à
maintenant?
M. Patry
(Michel) : Non.
Mme
St-Pierre : Quand
vous avez eu des échanges ou lors d'un discours que le ministre
aurait prononcé devant les dirigeants de l'enseignement collégial, universitaire,
il n'y a pas eu cet appel-là de lancé par le ministre, à votre connaissance?
M. Patry
(Michel) : Pas que je me souvienne.
Mme
St-Pierre :
O.K. J'aimerais... Pour ce qui est du M.B.A., on a compris que vous faisiez une
offre sur 50 étudiants, à peu près, seulement.
M. Patry
(Michel) : Oui.
Mme
St-Pierre :
Pour ce qui est du M.B.A. en français, est-ce que le M.B.A. en français se fait
en français uniquement ou s'il y a des cours obligatoires en anglais?
M. Patry (Michel) : Non, non. Le
M.B.A. en français est intégralement en français.
Mme
St-Pierre : O.K.
M. Patry (Michel) : Et nous allons continuer d'offrir un M.B.A. en français. Et c'est une
sorte de copie conforme, ce sont les
mêmes exigences, les mêmes cours obligatoires, mais ils sont donnés, d'une
part, en français, d'autre part, en anglais, oui.
Mme
St-Pierre : Et, pour ce qui est de celui en anglais, quand,
il y a 18 ans, vous êtes allé présenter ça à la ministre de l'Éducation,
vous avez dit que ça avait été bien accueilli par Mme la première ministre, qui
était à ce moment-là...
M. Patry
(Michel) : ...de l'Éducation, oui.
Mme
St-Pierre :
Qu'est-ce que vous avez plaidé, au juste?
• (17 heures) •
M. Patry (Michel) : Bien, on a plaidé deux choses. C'est que — si vous me permettez d'utiliser cette
expression — le
marché mondial du M.B.A. est un marché très
particulier. C'était très clair qu'à travers le monde la tendance était
présente et qu'un grand nombre de
candidats, y compris des candidats québécois francophones, lorsqu'ils voulaient
faire un M.B.A., voulaient le faire
en anglais. Donc, nous, on se disait : Est-ce qu'on les laisse toujours
aller en Ontario, ou à Concordia, ou McGill, ou si on fait quelque
chose?
Deuxième
argument, c'est : on voulait, nous, pénétrer les classements
internationaux, et, dans les classements internationaux, pour toutes sortes de raisons, notamment la diversité
des clientèles que vous attirez, etc., le moyen de le faire, c'était
d'offrir un M.B.A. en anglais. Donc, c'était beaucoup à travers ces deux
arguments-là qu'on a fait notre présentation,
à M. Landry aussi, à l'époque, à Mme Marois, pour dire : Nous, on pense
que… école de gestion de Canadiens français
au Québec, là, on ne voit pas de raison de s'empêcher de développer une
visibilité internationale et, pour faire ça, on voudrait offrir de manière spécifique, dans ce programme-là, un
cheminement. Et on l'a fait, on avait commencé…
Notre
préférence… je vais vous dire le fond de l'histoire, là, notre préférence au
début, c'était de tester un format bilingue,
et pas avec beaucoup de succès, pas avec beaucoup de succès. On pensait que ça
serait peut-être la bonne façon, mais
ça n'avait pas donné les résultats escomptés. Donc, on est revenus avec un format
qui… pour le M.B.A. Encore une fois, comme je vous le dis, là, il y a
13 000 étudiants, puis il y en a 50 dans ce cheminement-là. Maintenant,
c'est un programme qui a une énorme visibilité et…
Mme
St-Pierre :
Je suis bien placée pour vous dire qu'un cas peut faire… un seul cas peut faire
un…
M. Patry
(Michel) : Oui. Mais je…
Mme
St-Pierre :
…bel article en page frontispice.
M. Patry (Michel) : Ah! Oui, oui, oui. Non, mais c'est correct, tu sais, c'est normal, on
vit avec ça. Alors, voilà, je… Vous
me demandiez quels étaient les arguments. C'étaient les deux principaux. Mme
Grant, est-ce que vous voyez d'autres choses?
Mme Grant (Kathleen) : Bien, moi, j'étais là à l'époque, et vraiment on n'a pas eu nulle part
de questions fondamentales qui nous
ont été posées à ce moment-là, ou cruciales sur la question. HEC a toujours
voulu s'ouvrir sur le monde, on l'a
dit, puis c'est un peu dans son ADN, on l'a dit également. Alors, peut-être
que, Mme Marois nous ayant fréquentés
déjà, ayant fait son M.B.A., n'y voyait pas de dissonance ou de contradiction
très grande. Mais c'est une façon pour
nous de tendre la main à l'extérieur du Québec pour nous amener ces jeunes
talentueux… Ces jeunes… C'est quand même
des adultes de 30 ans dont on parle ici, des gens qui font un M.B.A., là, c'est
27, 28, 30 ans. Et, encore une fois, la charge de travail qu'on leur demande et les exigences qu'on a pour eux
sont tellement élevées qu'on veut les aider, on ne veut pas les freiner
dans leurs démarches et leurs études.
Et
on avait même inventé… Le vendredi soir, ils avaient le courage d'aller suivre
des cours qu'on appelait «French on
Fridays», chez nous. Alors, il y avait de tout. Il y a des choses créditées, on
les emmène en entreprise, on trouve tous les moyens qu'il faut pour les faire, si vous voulez, se mélanger au reste
des cohortes. Et d'ailleurs ça se passe très bien, c'est un groupe très
uni maintenant. Les francophones, anglophones, chez nous, au M.B.A., ils font
toutes leurs activités ensemble, ils peuvent partager l'information au niveau
des cours.
C'est plutôt bien vu
parce que beaucoup de ces jeunes-là sont restés ensuite au Québec et au Canada,
ont voulu s'établir ici. Il arrive, à cet
âge-là, qu'ils fondent une famille aussi au Québec; on n'est pas malheureux de
ça. Mais ça a toutes sortes
d'avantages aussi, que d'ouvrir certaines portes. La M. Sc., dont on parlait
tout à l'heure, la maîtrise scientifique,
ne vous inquiétez pas, elle est parfaitement française et on l'a clonée en
anglais pour attirer une trentaine de personnes à peu près. Puis là on
est en train de regarder, là, comment ça se comble.
Alors,
on ne dénigre jamais le français au détriment d'une autre langue. Dès qu'on a
ouvert des cours de chinois des
affaires, ça s'est rempli, chez nous, comme ce n'est pas permis. Les jeunes
veulent être vraiment des citoyens du monde maintenant, puis du monde de la gestion encore plus. Alors, il faut les
accompagner là-dedans. Il faut que nos jeunes, qui sont bien installés en français chez nous — et l'école a une excellente réputation
là-dessus — ils
puissent apprendre plus, qu'on puisse
leur offrir davantage et qu'on leur ouvre ces portes-là mondiales. Il y a
toutes sortes de façons de le faire.
Si je pouvais
me permettre de répondre peut-être sur les classements, parce que ça va tout
ensemble pour moi. Vous savez, les
classements, on y est parce qu'on donne d'excellents services aux étudiants. On
a de bons programmes, mais on les encadre très bien. Une bonne portion du pourcentage d'un
classement porte sur : Êtes-vous satisfait de votre programme et pourquoi? Êtes-vous satisfait du
service de gestion de carrière? Êtes-vous satisfait des espaces qu'on vous
donne? Or, tout récemment, malheureusement, faute de moyens, ça commence à
s'effriter. Alors là, évidemment, on commence
à avoir des craintes pour les classements. Mais, ces classements-là, ce sont
tous les diplômés qui les portent, ce
n'est pas juste ceux qui sont venus dans le programme M.B.A. ou M. Sc., c'est
l'ensemble de la communauté de l'école qui
les porte avec fierté. Alors, vous savez, c'est notre carte d'affaires que de
pouvoir présenter cette réussite au Québec.
Mme
St-Pierre :
O.K. Donc, vous dites, ça fait 18 ans. C'était en 1998?
Mme Grant
(Kathleen) : Ça fait… De mémoire, là, il me semble qu'on était en 1997‑1998,
à peu près.
Mme
St-Pierre :
1997‑1998. O.K. Je pense que j'ai… Je n'ai pas d'autre question sur cette
question-là.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : M. le député de Mont-Royal.
Mme
St-Pierre :
Alors, je vous remercie beaucoup.
M.
Arcand :
Merci, Mme la Présidente. Moi, je voudrais qu'on prenne une pause qui va nous permettre d'avoir un élément positif et j'aimerais que vous me
parliez de votre projet, je dirais, qui est très important, le projet de campus
au centre-ville de Montréal,
et que vous m'expliquiez les raisons de cela et quel est l'objectif
que vous avez pour l'avenir.
M. Patry
(Michel) : Merci. C'est évidemment, pour nous, un sujet qu'on trouve
très excitant. On a un déficit d'espace important.
Dans le cadre normal de l'analyse de ce dossier-là, on a examiné plusieurs
options : les agrandissements possibles,
aller rejoindre nos collègues de l'UdeM et de Polytechnique dans la cour de
triage à Outremont, faire d'autres développements. Mais, après
deux ans d'analyse, l'hypothèse et l'option la plus importante
ou la plus pertinente, étant donné
notre stratégie, c'était de chercher un emplacement pour la
construction d'un édifice de taille beaucoup plus modeste que nos deux édifices principaux,
mais qui serait au centre-ville. Et il y a plusieurs raisons à ça.
Un,
c'est que, lorsque l'on regarde les besoins des clientèles ou des gens qui
fréquentent l'institution, tout ce qui est
formation des cadres, M.B.A., formation au deuxième cycle spécialisée, les
cours de certificat, les cours de spécialisation le soir, écoutez, si je regarde les milliers de personnes qui viennent
prendre… — je vais
prendre encore l'exemple de la comptabilité — les milliers de personnes qui viennent
prendre le cours de comptabilité à l'école, ils viennent de Desjardins, ils viennent de Revenu Québec, ils viennent Revenu
Canada, ils viennent de la Caisse de dépôt. Donc, on a regardé où
étaient, là, les gens qui étaient intéressés par nos services.
On
a aussi été beaucoup frappés par les commentaires d'un certain nombre
d'entreprises qui nous ont dit qu'elles nous enverraient bien des gens pour des formations spécialisées ou des
formations pour cadres, mais qu'on choisissait d'autres établissements parce qu'on pouvait marcher du centre-ville vers
ces établissements-là — que je ne nommerai pas,
mais vous pouvez deviner où ils sont. Alors, nous, on pense qu'en portant une
offre de très grande qualité, francophone, au centre-ville de Montréal, on va servir la communauté francophone, on
va augmenter la densité des activités qui se font en français au
centre-ville de Montréal.
On
va aussi servir notre clientèle internationale qui vient à l'école. Je prenais
l'exemple de la gestion des arts. On
offre des formations de pointe, il y a des écoles d'été là-dedans. Il y a des
gens qui viennent de Milan, qui viennent d'un peu partout dans le monde.
Ils préfèrent être installés au centre-ville pour quelques mois que d'être
installés de l'autre côté de la montagne. Ça permet des activités de
réseautage.
Un dernier exemple. On a créé, grâce au
gouvernement du Québec et à un certain nombre d'organisations, un institut
de la finance structurée et des instruments
dérivés pour regarder la réglementation et la valorisation de ces
instruments-là. Les partenaires que
nous avons, c'est la Caisse de dépôt, c'est la Banque Nationale, c'est la
Banque de Montréal. Donc, toutes ces
activités-là, pour nous, c'est beaucoup plus difficile de demander aux gens de
ces organisations-là de venir de l'autre côté de la montagne pendant le
jour pour participer à des activités de maillage que de dire : On va
localiser.
Donc,
dans ce petit… — relativement
petit, mais ça ne sera pas une garde-robe, là, c'est à peu près les deux tiers
de la taille de l'édifice Decelles si on
trouve tous les financements, sinon on en fera un plus petit — on a beaucoup de formation continue,
beaucoup de formation des adultes, beaucoup de formation de cadres et des
activités comme la Fondation HEC, les
relations avec les diplômés et des activités d'échanges internationaux. Par
exemple, l'école est l'hôte de
certaines manifestations scientifiques d'envergure internationale. C'est
évident que, si on est au centre-ville, le maillage est encore plus
facile.
M.
Arcand :
Et, concrètement, M. Patry, on parle de quel genre d'échéancier? Est-ce qu'on
parle de 2000… Disons que vous allez
me dire : C'est quand le gouvernement va avoir approuvé notre plan
d'affaires final et que le tout sera entériné par le Conseil du trésor. Mais normalement quel serait, pour vous, ce qui
serait souhaitable, disons, dans un avenir relativement rapproché? Et expliquez-moi à peu près combien d'élèves
pourraient oeuvrer, à ce moment-là, au centre-ville durant les premières
années.
• (17 h 10) •
M. Patry (Michel) : Sur l'échéancier, là, nous venons de commencer le dépôt d'affaires
initial avec Infrastructure Québec,
normalement c'est un processus d'environ une année à 15 mois, au terme duquel
processus une recommandation — du moins c'est ce que nous souhaitons — favorable serait faite au Conseil du trésor
et au ministère de l'Enseignement supérieur pour inscrire les crédits
dans le PQI du gouvernement.
Donc, je vous disais tantôt… je
parlais du conservatisme de l'école.
Chez nous, il n'y aura aucun
développement qui va se faire sans
qu'on ait attaché 100 % du financement. Ça, c'est l'approche de l'école.
Donc, ça veut dire que, dans un scénario relativement optimiste, dans
l'espace de l'année qui vient ou d'ici 15 mois, on pourrait avoir une volonté gouvernementale et une reconnaissance par le
ministère de la valeur du projet et, à partir de là, voir la hauteur des
crédits qui y seraient réservés.
C'est
évident que, pour nous, on sait qu'on va devoir générer des fonds pour ça. Et
là il se trouve que nous sommes en
campagne de financement. Donc, c'est évident qu'on imagine qu'une partie des
fonds que nous pouvons aller chercher par
le financement, on pourrait les attribuer à ce projet-là qui suscite énormément
d'enthousiasme dans notre communauté d'étudiants,
de diplômés, mais d'amis de l'école et de gens qui ne sont pas diplômés de
l'école mais qui oeuvrent dans le milieu
des affaires, au centre-ville, etc. Donc, on pense qu'on aura… Ça ne sera pas
facile, mais on pense qu'on va pouvoir aller chercher des financements
complémentaires.
Quant
au nombre d'étudiants, je vois entre 2 000 et 3 000 étudiants suivre
facilement leur formation au centre-ville. Une grande partie des cours
donnés le soir sur notre campus principal, une bonne partie au certificat,
pourraient être relocalisés là. Et ça, ça
devrait nous amener une hausse de clientèle, ce qui n'est pas l'objectif
principal recherché, mais c'est ce
qui va se produire. Parce que, là, les gens qui sont au complexe Desjardins ou
qui sont à Revenu Canada, au coin de
De Bleury puis René-Lévesque, pourraient marcher, ce qui va faciliter les
choses. Et donc on va pouvoir enlever de la pression sur le pavillon principal et convertir des espaces pour les
programmes de deuxième cycle, les recherches dont j'ai parlé tantôt.
Alors,
des bonnes nouvelles, j'en ai, des bonnes nouvelles. On a des dons, on a des
développements. Donc, on va pouvoir annoncer la création de chaires,
notamment grâce à notre campagne. Et là, ces espaces-là libérés, on va pouvoir les convertir sur Côte-Sainte-Catherine et
déplacer des gens. Donc, 2 000 à 3 000, mais assez rapidement, on
n'aura pas besoin de prendre cinq ans.
Dernier
point en termes d'échéancier. À partir du moment où on a un signal clair en
termes de PQI, là il va falloir compter
quatre ans, je crois, environ, pour livraison, c'est-à-dire que, là, il va y
avoir trois, quatre ans. Donc, c'est un projet qui s'inscrit, là, sur
cinq, six ans.
M.
Arcand :
Je ne sais pas si vous avez vu le… Vous avez entendu ou vous étiez peut-être
présent lors du discours du recteur
de Concordia, je pense, il y a quelques semaines, à la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, et il a parlé
de l'importance et de la nécessité… et c'était une de ses idées, c'est d'avoir
une espèce… On a déjà le Quartier des spectacles à Montréal, déjà, avec
le CHUM, on parle du Quartier de la santé, et là on parle d'un quartier qui
serait un quartier dans lequel, autour des
universités, il pourrait y avoir ce qu'ils appellent des «start-ups»
d'innovation, ou, donc, on
appellerait ça le quartier d'innovation à Montréal, ce qui serait probablement
un apport extrêmement positif au centre-ville de Montréal, qui en a besoin. Est-ce que c'est quelque chose qui vous
sourit, qui vous stimule encore plus face à cette idée-là?
M. Patry (Michel) : Bien sûr. Moi, ça fait quelques années que je milite, mais sans succès,
auprès de la ville de Montréal et du
gouvernement du Québec pour qu'on reconnaisse que les universités, à Montréal,
constituent l'équivalent, là, d'une
grappe. Hein, vous avez la grappe aérospatiale… Quand vous regardez le tissu
des universités montréalaises — et j'ajoute
aux universités les grandes écoles, l'ETS, Polytechnique, nous-mêmes — aujourd'hui, vous avez une des plus grandes densités de formation aux cycles
supérieurs en Amérique du Nord, deuxième probablement par rapport à Boston,
mais bien supérieure à à peu près toutes les
autres villes d'Amérique du Nord. Il y a un potentiel incroyable qu'on n'a
pas encore vraiment exploité.
Est-ce
qu'il faut que tout ce monde-là soit dans le même quartier? Pas vraiment. Mais
c'est sûr qu'au centre-ville — et Concordia
a joué un rôle en développant le pôle à l'ouest — nous, on reviendrait tout près de nos
origines, qui étaient au coin de
Viger et Saint-Hubert. Et je pense que ce à quoi vous faites allusion, c'est un
projet dont les universitaires se parlent souvent, où on pense qu'un des
avantages comparés de Montréal et du Québec pourrait être là.
Et
là vous avez évoqué le CHUM. Si vous faites la connexion entre les deux, je
vais laisser à mon collègue, le Dr
Breton, le soin de développer ça,
mais moi, je le fais souvent avec lui, lorsque vous évoquez la proximité de la
recherche universitaire et le pôle
que représentent la recherche médicale et l'expertise médicale qu'il y a à Montréal,
là vous avez un autre élément
extrêmement porteur. Lorsque vous regardez d'autres villes dans le monde, il y
a très peu de villes qui peuvent se
targuer d'avoir un déploiement aussi complet. Guy Breton me dit souvent que
c'est la deuxième faculté de médecine
en Amérique du Nord en nombre de diplômés. Je crois qu'il y a juste
l'Université de Chicago qui fait plus de diplômés en médecine.
Alors,
quand vous mettez ces éléments-là pas juste en isolation, mais vous les
rapprochez, ça, ce n'est pas un rêve, ça
existe déjà. Il y a ces quatre grandes universités, ces écoles spécialisées. Et moi, je vous
dirais, nous travaillons, nous, aux
HEC, avec tous les établissements qu'il y a à Montréal. Et j'ai des
programmes et des activités de recherche avec tous les établissements à Montréal, avec l'UQAM, avec Concordia, avec McGill, avec
l'ETS, on a des programmes formels avec tout ce monde-là. Il y a un potentiel.
Bien, moi, ça m'enthousiasme, cette perspective-là. Je pense
qu'il y a quelque chose pour
le Québec là.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci beaucoup. Je tiens à remercier les
représentants de HEC Montréal.
Documents déposés
Et,
en terminant, je dépose les documents que vous nous avez soumis. Je veux vous
souhaiter une bonne fin de journée.
Et je suspends les travaux
jusqu'à 19 h 30 ce soir, où nous recevrons l'Université
Concordia. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 17)
(Reprise à 19 h 35)
La
Présidente (Mme Vien) : Bonsoir, Mmes, MM. les parlementaires. Alors, bienvenue à cette séance de travail. Alors, je constate, bien entendu, le quorum. Je
vous demande, comme toujours, de prendre soin de fermer les sonneries de
vos appareils électroniques.
On a le plaisir, ce soir, à la commission, de
poursuivre notre mandat d'auditions, et ce soir nous recevons les dirigeants
des établissements… de l'établissement d'enseignement, pardon, de l'Université
Concordia.
Bienvenue, merci de vous être déplacés ce soir.
Alors, nous recevons M. Therrien, Mme Bolton, M. Bacon, M. Shepard, M. Hébert et M. Côté. C'est bien ça? Alors, vous avez 30 minutes pour
nous livrer l'essentiel de vos réflexions, après quoi s'ensuivent des échanges entre vous, chers membres de
Concordia, et les membres de la commission. Ça vous va?
Université Concordia
Une voix :
Tout à fait.
La Présidente (Mme Vien) : Alors, on vous écoute.
M. Shepard
(Alan) : Mme la Présidente, Mmes et MM. les membres de la commission,
je suis entré en fonction à titre de recteur de l'Université Concordia
en août 2012. Avant, j'étais provost et vice-recteur exécutif aux affaires
académiques à l'Université Ryerson, à Toronto. Je viens des États-Unis. J'ai
étudié et travaillé au sein de différentes universités, du Minnesota, en Virginie et au Texas. Selon
moi, Concordia est le parfait modèle de l'université de demain : urbaine,
branchée, innovante et pleinement intégrée à la communauté. C'est pourquoi j'ai
choisi d'y travailler. Bien sûr,
j'ai également choisi de vivre ici, au Québec,
au sein de l'une des sociétés les plus dynamiques du monde. Comme les quelque
40 000 immigrants qui
s'installent à Montréal chaque année, je vis concrètement l'expérience de
l'immigration. Comme nouveau
Québécois, je crois qu'il est très important d'apprendre le français et j'y
travaille très fort. Cela dit, vous comprendrez que ce soir je vais
devoir répondre aux questions en anglais.
Je suis
heureux de vous présenter aujourd'hui les progrès réalisés par Concordia et de
vous donner un aperçu de nos projets
et perspectives d'avenir. Je suis accompagné par sept collègues de Concordia.
Mes collègues vous dresseront un
portrait de Concordia et feront le point sur la diversité de nos programmes
d'études, nos approches innovantes dans le matériel d'enseignement et
nos spécialités de recherche. Par la suite, nous répondrons avec plaisir à vos
questions.
Concordia est
à la fois très fière de son passé et résolument tournée vers l'avenir. Jadis,
les universités se considéraient comme plus nobles que les centres urbains où
elles se trouvaient, allant même parfois jusqu'à ériger d'imposantes
murailles pour se séparer. Mais, de nos jours, c'est
en faisant tomber ces murailles à tout jamais que les universités garantiront leur essor. Dans ce contexte, les universités
urbaines comme Concordia possèdent toutes les qualités voulues pour se
dépasser.
Nous nous
considérons comme l'université de demain, c'est-à-dire : une université
centrée sur nos étudiants et étudiantes;
un établissement qui s'engage dans la recherche et qui permet aux étudiants de
se plonger dans un univers d'idées;
une université qui est axée sur le concret — nous enseignons la théorie, mais nous
encourageons nos étudiants à
retrousser leurs manches et à se mettre au boulot; un établissement qui
favorise l'intégration — nous ouvrons nos portes avec
le même enthousiasme aux jeunes d'ici et aux jeunes d'ailleurs; une université
qui valorise l'innovation et qui innove de manière audacieuse.
Notre secteur
vit de grandes mutations et, comme tout secteur aux prises avec les
bouleversements qu'entraîne la
technologie, nous faisons face à de nouveaux paradigmes dont la portée nous
échappe. La prochaine génération recevra sans doute son éducation
par des moyens très différents de ceux que nous avons connus. Pourtant,
l'expérience restera intrinsèquement humaine, quelle que soit la technologie.
Le monde des universités est prêt pour une renaissance, et Concordia est prête
à y participer.
Depuis 10 ans, nous avons investi environ
600 millions de dollars dans le développement stratégique de nos
infrastructures. Nos projets ont favorisé la revitalisation du secteur ouest du
centre-ville de Montréal et permettent d'augmenter l'accessibilité aux membres
de la communauté. Les façades vitrées de ces nouveaux pavillons viennent dissiper toute impression de frontière entre le
milieu intérieur et extérieur, entre l'université et la ville; cela nous plaît.
Que ce soit pour y tenir une conférence, y
visiter une galerie d'art, utiliser notre gymnase, nos campus sont ouverts à la
communauté, et celle-ci les utilise
grandement; cela nous plaît aussi. Une fois à l'intérieur, nos nouveaux espaces
permettent l'échange des idées et
favorisent les rapprochements à la fois entre les individus et entre les
disciplines. Les innovations, aujourd'hui,
se passent à la convergence des disciplines, et nous croyons fortement que nos
espaces stimulent cette convergence. J'invite maintenant M. Bacon à
prendre la parole.
• (19 h 40) •
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Merci beaucoup, Alan. Alors, bonsoir, je
m'appelle Benoit-Antoine Bacon, je suis à Concordia depuis maintenant presque cinq mois dans le rôle de provost
et vice-recteur exécutif aux affaires académiques. C'est, en fait,
un retour aux sources pour moi, puisque j'étais étudiant en psychologie à
Concordia au début des années 90, il y a environ 20 ans. Donc, en 20 ans,
certaines choses changent beaucoup, d'autres choses changent, en fait, très
peu. On retrouve encore aujourd'hui, à Concordia, les mêmes valeurs, les
mêmes qualités qui ont toujours distingué notre institution des autres institutions québécoises. Je pense, par exemple,
à l'importance de la diversité, à l'intégration, la priorité toujours
donnée à nos étudiants et simplement le dynamisme urbain d'une université comme
Concordia.
Du côté des
changements, par contre, il y en a des très, très, très importants comme bien
sûr, le recteur Shepard l'a
mentionné, la qualité des installations s'est
infiniment accrue, avec six immeubles modernes, à la fine pointe, qui ont
été construits dans les 10 dernières
années, bien sûr l'incroyable accroissement de nos activités de recherche — et j'y reviendrai vers la fin de la présentation — et finalement sa taille, simplement. Il y a
20 ans, on parlait d'une institution d'environ 15 000 étudiants, aujourd'hui c'est 46 000 étudiants, plus de 7 000
membres du personnel. Concordia, aujourd'hui, c'est
une ville.
Donc, notre
communauté est très diversifiée et reconnue à juste titre comme telle. Nous
avons des étudiants de plus de
150 pays, mais il est très important de noter que nos étudiants
proviennent d'abord et avant tout des quatre coins du Québec dans une proportion de 75 %, alors
que, dans d'autres universités anglophones, on
parle plutôt de 50 % et moins. Le
quart de nos étudiants sont francophones. On s'assure qu'ils s'intègrent bien à
notre institution, par exemple, entre autres
mesures, en leur permettant de remettre leurs travaux en français, un privilège
dont ils se prévalent surtout lors du premier
semestre, mais ça les rassure beaucoup. Un quart de nos étudiants s'identifient
comme allophones. Donc, on a vraiment une diversité. Le monde se rejoint
à Concordia.
Selon une
enquête effectuée en 2012, près de 50 % de nos étudiants — et j'insiste là-dessus — sont des étudiants de première génération,
dont ni le père ni la mère n'ont fréquenté l'université. Environ la moitié
aussi reçoivent une aide financière
sous une forme ou une autre. Chaque année, toutes sources confondues, Concordia
verse environ 50 millions de dollars en aide financière aux études.
Les cycles
supérieurs. Depuis l'an 2000, le nombre d'inscriptions aux deuxième et
troisième cycles ainsi que le nombre de chercheurs postdoctoraux ont
augmenté d'environ 50 %. C'est un moteur
important de notre recherche. Aujourd'hui,
nous avons 7 400 étudiants aux cycles supérieurs à Concordia, la plus
grande proportion dans des secteurs de
pointe, comme par exemple le génie, les sciences, l'informatique et l'École de
gestion John-Molson. 33 % de nos étudiants aux cycles supérieurs sont des étudiants internationaux et plusieurs
viennent dans la perspective de s'installer au Québec et de s'intégrer à la communauté québécoise, de
contribuer au Québec. Pour s'assurer qu'ils aient les outils de ce faire,
nous leur offrons des cours de français
intensifs pour s'assurer qu'ils atteignent le niveau de langue qui leur
permette de se distinguer ici.
Au niveau des
finances, l'Université Concordia a toujours prôné une saine et prudente gestion
de ses ressources. D'ailleurs, notre
déficit accumulé est comparativement modeste. Les revenus du fonds de
fonctionnement, pour l'exercice 2012‑2013,
ont été de 431 millions de dollars, plus de la moitié provenant de
subventions du gouvernement du
Québec. Pour le même exercice, au niveau des charges, on parle de
437 millions de dollars, donc il y a un petit déficit accumulé de
6 millions de dollars, qui a été généré suite à l'effort budgétaire imposé
par le gouvernement. C'étaient 13 millions
de dollars, nous avons couvert plus de la moitié du déficit, tel que demandé.
Pour couvrir l'autre moitié, nous avons
imposé des coupures allant de 2 % à 6 %, dépendant des secteurs de
l'université, avec toujours en tête l'idée de protéger notre mission académique pour que nos étudiants continuent
d'être bien servis. L'université prévoit un retour à l'équilibre
financier dès l'exercice 2013‑2014.
Un tout dernier point sur les finances : en 2011, nous avons demandé à la firme Secor
de produire un rapport évaluant l'impact de
l'Université Concordia sur l'économie de Montréal et du Québec. Il s'avère
estimé à 1,3 milliard de dollars,
soit trois fois notre budget de fonctionnement. Je vais maintenant inviter
Mme Catherine Bolton, vice-rectrice adjointe aux études, à prendre
la parole. Catherine.
• (19 h 50) •
Mme Bolton
(Catherine) : Merci, Benoit. Bonsoir. Je vais parler un peu à
propos de l'enseignement à Concordia. C'est
ça que les universités de demain trouveront leur succès, en se concentrant sur
l'enseignement et aussi en intégrant la
recherche dans nos salles de classe. En outre, les universités réussiront grâce
aux liens qu'elles ont déjà établis avec la communauté qui les entoure
et dont elles forment une partie essentielle.
À l'Université Concordia, nous avons à coeur
l'apprentissage interdisciplinaire et expérientiel. Alors, nous préservons aussi un système de collèges dans
lesquels les élèves étudient dans des petites communautés d'apprentissage.
Par exemple, dans notre collège des sciences,
les étudiants de premier cycle ont la possibilité de travailler main en main
avec des chercheurs dans leurs labos mêmes.
Aussi, ils peuvent réaliser des stages au Québec, au Canada et à l'étranger.
En ce qui est
de l'apprentissage en ligne, le secteur de l'enseignement
supérieur évolue rapidement afin de répondre aux besoins de nos étudiants. Et c'est dans le domaine de l'enseignement
en ligne que cette évolution est la plus rapide. Si nos étudiants sont branchés, nous aussi, on devrait être branchés, et
on l'est. Concordia est l'un des leaders canadiens dans le domaine de l'apprentissage en ligne. En
fait, soit 15 % des inscriptions en cours à Concordia le sont pour des
cours en ligne. Et, si
l'apprentissage en ligne connaît une telle popularité, c'est surtout pour la
souplesse des horaires. Rappelons qu'un
bon nombre d'étudiants à Concordia ont un emploi à temps partiel, alors ça veut
dire que les horaires souples les intéressent vivement. La prochaine
étape en matière de formation en ligne portera sur la possibilité d'accroître
notre offre de méthodes d'apprentissage
mixtes et de cours hybrides, sans nier l'importance de la classe face à face,
alors les cours en ligne demeurent
une méthode complémentaire. Il s'agira en sorte de mettre la technologie au service
de l'expérience pédagogique de nos étudiants.
Sur le thème
de l'innovation, Concordia oeuvre à la conception d'un écosystème de
l'innovation branché sur le XXIe siècle.
Par exemple, dans notre incubateur d'entreprises, qui s'appelle
District 3, des équipes d'étudiants travaillent dans un but commun :
de créer des produits ou des services que les consommateurs réels seraient
prêts à acheter. C'est l'essence même de la mission de District 3, l'innovation et l'entrepreneuriat. Là, on favorise
le travail d'équipe, que ce soient
des équipes d'étudiants ou plus fréquemment des étudiants qui proviennent de
différentes facultés et de différents programmes et de mentors issus du milieu de
l'entrepreneuriat, tout afin de promouvoir l'innovation. Et vous voyez ici la
batterie humaine, un des projets de District 3.
Quant à
l'Institut d'enseignement coopératif de
Concordia, il nous sert de référence en matière d'apprentissage expérientiel. Il était fondé en 1980 et il est
devenu et est encore le plus important programme coop anglophone du Québec. Les étudiants coop complètent leur programme
académique en alternant les trimestres d'études et de stages professionnels.
Ils commencent et finissent leurs études à
Concordia. On offre l'expérience coop à chaque faculté et dans divers programmes,
et des programmes au-delà des
disciplines comme le génie et la gestion. Ainsi, nous comptons offrir de
nouveaux programmes coop en sciences politiques, en
anthropologie et sociologie, en physique, en art numérique et en design.
Au sujet des bibliothèques, les bibliothèques jouent un rôle essentiel dans la vie universitaire et elles l'ont fait depuis
des siècles, mais c'est la façon dont elles sont utilisées qui a changé d'une
manière significative au fil des dernières années. Nos bibliothèques sont une ressource importante
pour la ville de Montréal et pour le Québec, car nous partageons
nos ressources avec les autres universités québécoises
et nous avons les portes ouvertes pour la communauté. Les bibliothèques reçoivent environ 1,9 million
de visiteurs chaque année, soit 400 000 de plus que le Centre Bell à
Montréal.
Quand mon
collègue Benoit était étudiant à Concordia, nos bibliothèques étaient à la fine
pointe; 20 ans plus tard, nous devons réinventer nos bibliothèques
afin de demeurer à la fine pointe. Dans les années à venir, un grand projet d'infrastructure visera la rénovation et
l'agrandissement de notre bibliothèque principale. Dans le cadre de cette
initiative, nous accroîtrons de 89 % les aires destinées aux
étudiants. Nous verrons donc la configuration traditionnelle de la bibliothèque afin de favoriser la collaboration et
le travail d'équipe, de réserver des salles pour la rédaction des mémoires
et des thèses et de créer une sorte de
laboratoire technologique qui multipliera les possibilités en matière
d'apprentissage et de nouvelles
technologies. Ce projet sera réalisé dans le cadre de notre plan quinquennal
d'investissement, un programme du gouvernement du Québec qui favorise
l'essor et le renouvellement de nos installations.
Si vous venez
nous rendre visite à Concordia, vous pouvez voir notre aréna qui vient tout
juste d'être rénové grâce au soutien
financier généreux de la part du gouvernement du Québec. Les membres de la
communauté de Concordia de même que
les citoyens du voisinage y ont accès, mais c'est vraiment les jeunes qui en
bénéficient grandement. L'ouverture à la
communauté nous tient aussi à coeur. C'est pourquoi nous intégrons la
responsabilité sociale dans la formation de nos étudiants. Nous avons un bureau d'engagement communautaire qui est
officiellement chargé d'appuyer, de promouvoir et de coordonner près de
50 projets auxquels collaborent les étudiants, les profs et le personnel du
Concordia.
Un véritable
carrefour de l'action bénévole, le Centre LIVE de Concordia, organise une foire
de bénévolat à laquelle participent
50 organismes communautaires. Je vous donne un exemple :
chaque février, un projet intitulé la semaine de relâche alternative offre aux étudiants la possibilité de participer à
une expérience d'apprentissage et de bénévolat. Les étudiants vivent en communauté en Pérou ou dans la République dominicaine et apprennent les
différentes cultures, les questions sociales tout en travaillant dans
une manière pratique avec les organismes de services.
Afin de bien
s'intégrer à la société québécoise, nous offrons différentes opportunités à nos étudiants. Prenez par exemple le programme Oui Can Help!, c'est un
programme mené en collaboration avec le gouvernement du Québec, un projet qui aide les étudiants à perfectionner leur
connaissance du français. Alors, nous avons des cours de français, des ateliers de conversation, des causeries, des
rencontres en ville pour jaser et pour explorer la ville en même temps. Depuis
le lancement du programme Oui Can Help!,
pour faire face à une hausse constante de la demande, nous avons augmenté
l'offre de cours à chaque année. J'aimerais inviter Benoit à reprendre la
parole.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Merci beaucoup, Catherine. Donc, comme
je l'annonçais d'entrée de jeu, nous sommes
particulièrement fiers de la croissance de nos activités de recherche de haut
niveau. Et d'ailleurs on fait de plus en
plus parler de nous, la couverture
médiatique des découvertes de nos chercheurs à l'échelle du Canada
s'est accrue de 44 % depuis 2009. Donc, je veux prendre le
temps de vous parler des activités de recherche où nous sommes des leaders
à l'échelle nationale et internationale, mais
tout d'abord je vous mentionne — parce
qu'on est très, très fiers de ça — que nous
accueillons en mai prochain le congrès de l'Association francophone pour le
savoir, l'ACFAS, le plus grand rassemblement
scientifique francophone au monde, comme vous le savez. On attend plus de
5 000 chercheurs chez nous dans 150 champs de recherche en
français.
Je commence — et ce n'est pas un hasard — par
la génomique. Donc, nous avons des activités de recherche dans tous les domaines, ça a été difficile de faire des choix, mais la
génomique est une des disciplines de demain, c'est extrêmement important, et le Centre de génomique structurale et fonctionnelle de
Concordia est considéré comme un chef de file mondial en recherche en génomique
environnementale et en biologie synthétique. En 2011, le centre a emménagé
dans un édifice tout neuf, des installations
du futur à couper le souffle financées par Génome Canada et Génome Québec.
Un des buts principaux de nos chercheurs en
génomique est de créer des sources d'énergie 100 % biologiques et non polluantes.
Un autre
exemple, en santé cette fois-ci :
inauguré en octobre 2011, le Centre Perform nous permet de développer une toute nouvelle approche en santé axée sur la prévention et les saines habitudes de
vie. Donc, c'est un centre multidisciplinaire
qui rassemble des chercheurs de plusieurs disciplines, dont la psychologie, la
gérontologie, la nutrition, les
sciences de l'exercice, les neurosciences, etc., tous sous un même toit pour
assurer une véritable transdisciplinarité. Le Centre Perform offre, par
ailleurs, au grand public la possibilité de venir sur les lieux, de profiter d'une vaste gamme de programmes, de services liés à la santé. Donc, il y a
un aspect communautaire important dans notre recherche en santé. Donc, comme vous le savez, chaque dollar investi
dans la prévention génère des économies importantes pour l'État. Nos chercheurs au Centre
Perform tentent de trouver des
solutions, des avenues pour améliorer la santé de la population
avant qu'elle n'ait recours au système de santé.
Nous
sommes des leaders, à Concordia, en design et ingénierie durable et verte. Nos
chercheurs travaillent à mettre au
point, par exemple, des bâtiments qui produisent autant d'énergie
qu'ils en consomment. Récemment, par
exemple, deux de nos étudiants dans notre Faculté de génie,
un qui vient de Kuujjuaq et l'autre d'Arabie saoudite — c'est le genre de rencontres qu'on fait à Concordia — ont
mené un projet pour vérifier l'efficacité énergétique des matériaux de construction qui pourraient être utilisés dans la
fabrication de logements dans le Grand
Nord. Il y a des normes spécifiques
si on veut construire des logements sociaux
au Nord. Donc, à l'aide de la chambre de l'environnement, ils ont soumis
leur hutte d'essai à des températures de moins 40° dans nos installations, en prétest, pour par
la suite amener leurs installations sur
place à Iqaluit. Donc, nous avons plusieurs autres centres de recherche qui se consacrent aux
énergies vertes, au développement durable. J'en mentionne quelques-unes : notre institut sur
l'eau, le centre de recherche pour les entreprises durables de l'École
de gestion John Molson.
• (20 heures) •
L'influence
de Concordia sur la société ne se limite pas à nos laboratoires et à nos salles
de classe. Par exemple, l'Institut
montréalais d'études sur le génocide et les droits de la personne, qui est
établi chez nous, élabore, et ce,
depuis plusieurs années, des solutions pratiques pour prévenir ou
résoudre les conflits meurtriers. D'ailleurs, le gouvernement
américain, je le note, a adopté
certaines de ces recommandations formulées par l'institut suite à une
présentation faite par son directeur,
notre professeur Frank Chalk, que vous voyez ici, et son associé supérieur de
recherche que vous connaissez tous, le lieutenant-général à la retraite
Roméo Dallaire.
Je termine
sur une force traditionnelle à Concordia, les arts et l'alliage des arts avec
les technologies de pointe. Donc, comme vous le savez, les arts, c'est esthétique, mais l'innovation et la créativité artistique, ce sont aussi des puissants vecteurs
de changement et de progrès social. Et Concordia est encore et toujours un
leader dans les arts. Notre centre Hexagram,
par exemple, est le plus important organisme de
recherche-création multidisciplinaire dans les arts médiatiques, le
design et la technologie au Canada.
Aussi, dans
un même ordre d'idées, aux frontières du génie informatique et des beaux-arts,
donc, notre Faculté de génie, notre Faculté des beaux-arts partagent un
building. C'est le genre de rencontre, encore une fois, qu'on fait à Concordia. Le Centre de recherche TAG se
spécialise dans la technologie, l'art et les jeux vidéo, donc des domaines de
demain. On y aborde les jeux électroniques
de façon tout à fait innovante. On va bien au-delà du divertissement
pour se pencher sur des enjeux politiques, culturels et sociaux, aller
chercher les jeunes de cette façon-là.
Donc, l'engagement de Concordia en matière de recherche se voit à tous les niveaux, aux
deuxième et troisième cycles, ça va sans dire, mais aussi au premier cycle. Et
j'insiste là-dessus, nous avons d'ailleurs mis sur pied un programme
de bourses spécifique pour la recherche au premier cycle qui est extrêmement
populaire. Je vous donne un exemple. Les membres
du Club spatial de Concordia, que vous voyez ici, c'est une association d'étudiants en génie astronautique. Ils ont fait beaucoup parler d'eux dans les médias. Ils ont remporté le
Défi canadien de conception de satellites, et, on est très excités,
leur nanosatellite va être mis en orbite par la NASA bientôt. Ils sont déjà à
concevoir un deuxième satellite, d'ailleurs.
Bon, on vous a
parlé de notre campus qui s'est extrêmement développé, de nos installations de pointe, de
notre enseignement innovateur, de nos recherches de pointe. Tout ça,
bien sûr, on le fait pour nos étudiants. Le maintien d'un
degré de satisfaction étudiante élevé sera toujours
une de nos priorités à Concordia. La qualité de l'expérience universitaire est ce sur quoi on se concentre jour après jour. On est rassurés quand
les résultats d'enquêtes nationales sur la participation et l'engagement des étudiants montrent que Concordia se compare toujours
avantageusement aux établissements similaires. Ça, ce sont les chiffres de 2012. D'ailleurs, nos inscriptions,
notre population étudiante en termes de nombre ainsi que
notre réputation ne cessent d'augmenter.
Pour terminer, je cède la parole au président de
notre conseil d'administration, M. Norman Hébert. Norman.
M. Hébert
junior (Norman) : Merci,
Benoit. Mme la Présidente, je suis très heureux d'être avec vous ce soir.
Tout comme Benoit, je suis un diplômé de
Concordia et je suis fier de pouvoir contribuer à l'essor de Concordia en tant
que président du conseil, poste que j'occupe depuis juillet 2012.
Bien enracinée au Québec, l'Université Concordia
étend rapidement son réseau de relations à l'international. Chaque année, Concordia prend part à plusieurs
activités afin de promouvoir davantage
l'université, Montréal et le Québec
comme lieux d'enseignement, de recherche,
d'innovation et de collaboration de calibre mondial. Au total, nous souscrivons
à 150 ententes avec différentes universités
et nous faisons affaire avec 35 pays. Nos étudiants et diplômés
proviennent de plus de 150 pays.
Nos activités
d'enseignement et de recherche contribuent au rayonnement de Montréal
et cadrent très bien avec le positionnement
du Québec dans les domaines de recherche clés, tels que
l'aérospatial et l'aéronautique, les nanotechnologies, les sciences de la santé ainsi que les
technologies de l'information et des communications. Ça nous semble de bon
augure pour l'avenir de Concordia et
notre rôle essentiel dans l'amélioration de la société. Nous regardons l'avenir avec confiance, inspirés par notre conviction très forte que
Concordia est le parfait modèle de l'université de demain : urbaine, branchée,
innovante et pleinement intégrée à la communauté.
Ceci met fin
à notre bref survol de l'Université Concordia. On vous remercie de votre attention,
et nous sommes prêts à poursuivre les discussions avec vous.
La
Présidente (Mme Vien) :
Alors, merci beaucoup, messieurs et madame, pour cette présentation.
Alors, on débute tout de suite les échanges avec le côté ministériel. M.
le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M.
Breton : Merci,
Mme la Présidente. Je voudrais
commencer par vous saluer. Je suis très heureux d'entendre les gens de l'équipe de l'Université Concordia. Et je voudrais particulièrement commencer par
féliciter M. Shepard pour son français. Je
pense qu'il y a des gens qui
pourraient s'inspirer des efforts que vous faites en français.
Je trouve que vous faites vraiment de bons efforts.
Félicitations.
Il y a plusieurs questions
que j'aimerais vous poser. Je vais en poser une d'abord parce que vous avez
parlé beaucoup de recherche et de développement,
vous avez parlé d'énergies vertes,
et, d'entrée de jeu, je ne peux pas faire autrement que de souligner le fait qu'en tant que
responsable du dossier de l'électrification des transports et, comme il y a plusieurs universités déjà qui ont voulu ou qui veulent collaborer sur le
dossier de l'électrification des transports, j'aimerais savoir si l'Université
Concordia s'intéresse au dossier.
Autre
question. Il y a des universités qui ont des missions plus particulières, il y en a
d'autres qui ont des missions plus
généralistes, mais est-ce que Concordia se verrait avoir une mission plus
particulière? Est-ce que c'est une chose qui vous intéresse? On va
commencer par ces deux questions.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Peut-être que je peux commencer à fournir quelques
éléments de réponse et, si d'autres membres de mon équipe veulent rajouter, je
les invite certainement à prendre la parole. L'électrification des transports, c'est une très bonne manière de
commencer la discussion, je vous
remercie pour ça. Bien sûr,
c'est une des priorités établies par
la PNRI. J'en profite d'entrée pour dire que la PNRI a été bien reçue à
Concordia comme, je crois,
dans la majorité des établissements d'enseignement supérieur au Québec.
Certains
des éléments qui nous ont particulièrement plu : l'engagement sur une plus
longue période, bien sûr les sommes
promises elles-mêmes, l'augmentation des budgets des trois fonds. Ce sont des
nouvelles qui ont été très, très
bien reçues par nos chercheurs, dans une
période où ils avaient besoin de bonnes nouvelles. Alors, ça a été très bien
reçu. Les priorités de la PNRI sont
aussi bien enlignées avec ce qu'on fait à l'Université Concordia, je pense, en aérospatiale, par exemple, ou en médecine personnalisée, des questions
d'identité aussi.
En ce qui a trait à l'électrification des transports, nous serions très intéressés à
jouer un rôle parce que plusieurs
des éléments de l'électrification des
transports sont présents chez nous. On n'est pas encore certains comment
produire la synergie nécessaire pour contribuer de manière significative
à l'effort, mais on regarde ça de très, très près.
Donc,
on a beaucoup d'ingénieurs chez nous qui travaillent sur les
sources d'énergie, on a beaucoup d'ingénieurs qui travaillent sur le développement
durable, on a des chercheurs qui
travaillent à chercher à identifier des sources d'énergie propre et non polluante. Donc, on a trois ou
quatre groupes que, s'ils pouvaient se rassembler, venir ensemble
discuter, échanger, il y a quelque chose de très puissant qui pourrait
sortir.
Donc,
on cherche la bonne façon de les intégrer. J'ai l'impression qu'il suffirait
d'une ou deux personnes qui se centreraient
directement sur l'électrification des transports, par exemple, si on pouvait faire venir une chaire dont ce serait le focus direct, on pourrait rapidement
avoir un groupe de recherche qui toucherait à ça, regroupant des ingénieurs
électriques, mécaniques, des gens de sciences, des gens de développement
durable.
M.
Breton :
Je peux vous interrompre un instant? Vous êtes au courant qu'on veut créer
l'institut national du transport électrique.
Donc, si vous êtes intéressés à participer à la discussion, à la réflexion et évidemment
aux avancées, sachez que vous êtes plus que les bienvenus.
• (20 h 10) •
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Je vous remercie. Ça va sans dire qu'on est très
intéressés.
Au niveau de la mission particulière, nous sommes une institution généraliste,
compréhensive. Nous avons un historique d'offrir une grande variété de programmes
en arts, en sciences, en beaux-arts, en administration et en génie.
C'est important pour nous de continuer d'offrir à tous nos étudiants un large
éventail d'options. On s'est développé particulièrement au
niveau des cycles supérieurs, comme
je le mentionnais dans notre présentation. Et ça, c'est important de
le noter, que, d'un historique plus premier cycle, nous avons développé nos
cycles supérieurs. Et, lorsqu'on développe nos activités de recherche de
très, très haut niveau, il y a une spécialisation qui se fait naturellement.
Pour
toutes les universités au pays, c'est impossible de développer des
créneaux qui reluisent nationalement et internationalement dans tous les domaines. Il faut
faire des choix. Nous avons fait des choix. Nous avons peut-être
une quinzaine de centres spécifiques
qui peuvent se développer : les sciences, l'ingénierie, les beaux-arts, le
milieu des affaires, certains
créneaux des sciences sociales. Donc, il
y a une spécialisation qui se fait de
source. Mais, nous, notre mission, et ça,
depuis longtemps, c'est d'être une institution qui offre à la
population montréalaise et québécoise un vaste éventail de programmes.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Oui. Allez-y, M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Vous avez une nouvelle présidente.
M.
Breton : Ah! Vous
avez les cheveux plus courts. Bien, en fait, là où je voulais en venir, dans le
fond, c'est quand on parlait de
mission particulière, c'était lié avec un financement particulier. Donc,
c'était dans ce sens-là qu'allait la question.
Et aussi je voulais avoir vos réflexions sur… la réflexion aussi sur ce qu'il y a
présentement, sur le financement
par individu. Est-ce que vous avez des réflexions sur un autre mode de financement?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Oui. Je peux peut-être commencer par
commenter sur le modèle de financement
par individu équivalent à temps plein, qui
est le modèle actuel. Pour moi, c'est un modèle qui fait du sens à la base. Le
financement par individu à temps plein, ce n'est pas un modèle parfait. Si vous voulez, c'est un peu comme la démocratie, ce n'est pas un système parfait, mais c'est mieux que tous les autres
systèmes qui ont été explorés. Il me
semble que, dans ce modèle-là, sous ce modèle-là, il y a
une justice, en ce sens qu'on reçoit les ressources qui sont égales ou, à tout
le moins, qui correspondent généralement aux responsabilités que prend l'institution généralement. Ce n'est pas toujours parfait.
Par exemple, chez nous, à Concordia,
nous avons une population importante d'étudiants à temps partiel, ce qui veut dire que, pour construire — si
vous me permettez l'expression — un
étudiant équivalent à plein temps, parfois, chez nous, ça peut prendre deux ou trois individus qui sont sur le campus,
qui ont accès à nos services, dont on doit s'assurer qu'ils reçoivent tout ce dont ils ont besoin.
Donc, ça occasionne des coûts supplémentaires qui ne sont pas nécessairement
reflétés par le modèle étudiant équivalent à temps plein.
Mais,
cela dit, ça n'invalide pas du tout le modèle, à mon sens. Donc, on pourrait
penser, puis il va y avoir certainement
plusieurs conversations sur ce sujet-là dans les mois, dans les années qui vont
suivre, on pourrait penser à un modèle qui
intégrerait une base de financement par étudiant équivalent à temps plein, à laquelle
on pourrait ajouter certaines
enveloppes spécifiques, puis on pourrait déterminer ensemble
la nature de ces enveloppes ou les buts à atteindre pour avoir accès à
ces enveloppes-là, incluant les missions.
Quelles
pourraient être les missions de l'Université
Concordia? À mon sens, nous en avons déjà,
que ce soit l'accès aux étudiants aux
parcours atypiques, à temps partiel, première génération, environnement urbain, néo-Québécois, etc. Donc,
ça pourrait faire partie de la discussion de quel genre d'enveloppes on
pourrait attribuer. Mais, pour moi, le modèle actuel sur la base
d'étudiants à temps plein fait du sens.
M.
Breton : S'il y a
une chose... Parce que vous avez parlé, vous avez dit : Le modèle
par étudiant, le financement par étudiant fait du sens. On a quand même
vu une espèce, je ne sais pas exactement comment l'exprimer, mais de
clientélisme fait par certaines universités
qui semblent vouloir aller chercher d'autres étudiants auprès de d'autres universités
pour aller chercher le plus grand
nombre d'étudiants possible, qui a fait qu'il y a des bâtisses qui ont
été construites un peu partout au Québec à ce niveau-là, puis ça a donné lieu à certains dérapages, je pourrais dire, par rapport à la gestion de l'immobilisation universitaire. Donc, c'est dans ce sens-là aussi, je pense,
qu'il y a une réflexion qui doit être faite. Je pense qu'on a eu des… Moi, je suis député où est-ce qu'il y a eu l'îlot Voyageur, où on parlait
de financer l'Université du Québec à
travers le logement étudiant. On a vu ce que ça a donné. Je pense qu'à
Concordia aussi il y a eu des problèmes à ce niveau-là. Donc, j'aimerais
ça vous entendre là-dessus.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : À l'Université Concordia, en termes de croissance
de l'effectif étudiant, nous prônons une
croissance modérée. Donc, nous nous devons de croître pour servir la population montréalaise. Il y a de plus en plus de demande, alors nous avons crû. Cette année, c'était quelque
part entre 1 % et 2 % de
croissance. Notre objectif, dans les années à venir, est de continuer de
croître de manière modérée, surtout aux cycles supérieurs.
Nous avons investi
dans les installations, c'était absolument nécessaire pour nous. Quand j'étais
étudiant à Concordia, il y avait le building
Hall, le classique building Hall au centre-ville, et les installations de
l'ancien collège Loyola dans l'Ouest.
L'université, en termes de taille et en termes de besoins de recherche, avait
dépassé ces installations-là, il était
absolument nécessaire de réinvestir. Nous l'avons fait de manière responsable
en alliant plusieurs sources de financement, et notre déficit accumulé
demeure très, très bas. Si vous voulez des chiffres là-dessus, je peux toujours
demander à mon collègue, M. Therrien.
M. Therrien (Daniel) : Bien, si vous me permettez d'appuyer un peu les
commentaires de Benoit, bien, effectivement, la formule de financement amène aussi un certain cannibalisme. On
retrouve les universités en concurrence, en concurrence pour des bases similaires d'étudiants. C'est sûr
qu'au niveau de Concordia on a une population qui est un petit peu différente.
On attire beaucoup les allophones, on a aussi une base de francophones et on a
quand même un contingent important d'étudiants
étrangers. Mais on est toujours en concurrence avec les autres écoles de
gestion, avec l'UQAM, et ainsi de suite. Donc, oui, le modèle actuel
amène un cannibalisme dans le marché, c'est sûr.
Quelles
sont les options? Quelles sont les sources potentielles de financement? Je
pense que ça devient pratiquement un
débat de société, de comment on finance les universités. Je tiens à mettre
l'emphase, par contre, aussi sur le fait que le financement des universités n'est pas exclusivement le financement du
gouvernement. Donc, pour nous, quand on regarde le financement, on regarde un financement global. Qu'il provienne des
étudiants par l'entremise des droits de scolarité, par nos donateurs, par le gouvernement du Québec,
c'est un mix et ça doit être regardé aussi dans un ensemble.
Les réponses,
malheureusement, je ne pourrais pas vous les donner aujourd'hui, de quel modèle
idéal on peut retrouver. On a des pays
d'Europe de l'Est qui fonctionnent avec des systèmes qui sont totalement
gratuits, qui amènent cependant que
seulement une certaine élite de la population a accès à l'université, ce qui va
un peu à l'encontre de ce qu'on a vécu
au Québec, où on essaie de garder une certaine accessibilité à notre réseau d'éducation,
qui est, à toutes fins pratiques, un réseau excellent. Donc, je crois
que le débat doit être lancé, et le débat a été aussi lancé lorsqu'on a
rencontré les membres du chantier sur le
financement. Donc, ça a fait partie des discussions qu'on a eues avec les
membres du chantier, et nos commentaires étaient dans notre rapport, là,
qu'on avait soumis à l'équipe du chantier sur le financement.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Si je peux revenir encore une fois sur la notion
très importante de compétition entre les
universités pour les étudiants, toutes les universités ont augmenté en termes
de taille. Donc, s'il y a eu cannibalisme, il s'est compensé en quelque part, et la résultante, c'est que la
population du Québec, en général, n'en est que plus éduquée, et c'est
une bonne chose, et nous faisons notre part vers ce but-là.
M. Côté (Roger) : Si vous me permettez, je pourrais peut-être faire un complément aussi
d'information sur la notion de la
mission particulière que vous avez soulevée un peu plus tôt. Effectivement, on
pourrait apporter peut-être une caractéristique particulière de
l'Université Concordia. On parlait aussi du nombre de… la proportion
d'étudiants internationaux à Concordia, qui est de l'ordre de 16 %,
environ 6 000 étudiants étrangers. Mais il faut ajouter à ça aussi des nouveaux Canadiens, qui est environ un
autre 6 000 étudiants à l'université, qui sont de nouveaux Canadiens.
Alors, une des caractéristiques de
l'université et un apport, je pense, en termes de… pas nécessairement une
mission particulière, mais un apport particulier, c'est de permettre
l'intégration de ces étudiants-là dans la société québécoise, montréalaise, en leur offrant une formation qui
permet de contribuer à l'économie, de s'intégrer à la communauté ou à la
société québécoise, mais aussi de faire
découvrir la culture, de façon à pouvoir connaître les arts. Et ça facilite
grandement l'intégration et l'enracinement de ces étudiants-là, qu'ils
soient des étudiants étrangers ou de nouveaux Canadiens. Et évidemment ça prend des ressources pour pouvoir
appuyer ces programmes-là. Et, dans la mesure où on a des limites, on aimerait bien faire encore plus pour aider à
accueillir ces étudiants-là. Et certainement, là, s'il y aurait des
possibilités de nous aider en termes
de ressources pour une mission particulière, ce serait un volet à examiner. Je
pense que Concordia joue un rôle… a un apport important et un rôle
unique dans ce sens-là.
M.
Breton :
J'ai entendu.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Merci. M. le député de Bonaventure.
• (20 h 20) •
M.
Roy : Merci, Mme la Présidente. Bonsoir, messieurs, madame.
Tout à l'heure, vous nous avez dit que vous aviez 50 % de vos étudiants qui étaient des étudiants de première génération. C'est bien ça? Donc, on sait que,
quand on a des étudiants qui ne
viennent pas d'un milieu familial où… bon, je ne dirais pas que l'éducation
n'était pas une priorité, mais, disons,
qui étaient moins outillés pour poursuivre des études postsecondaires, bon, il y a peut-être
d'autres problématiques qui se
présentent par rapport à leur persévérance scolaire. Donc, par rapport à votre clientèle qui sont des étudiants de première génération,
quelles sont vos stratégies pour permettre la persévérance scolaire?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : C'est une bonne question. Merci. Ce qui, à mon sens,
caractérise le plus les étudiants de
première génération, c'est la possibilité accrue qu'ils aient eu un cheminement
atypique. Donc, ils peuvent arriver à l'université par des voies qui ne sont pas nécessairement les voies traditionnelles. Pour moi, ça enrichit ce qui se passe
sur le campus, ça accroît notre diversité.
Nous sommes très heureux d'accueillir des étudiants de première génération,
dont certains de mes collègues ici étaient étudiants de génération eux-mêmes.
Qu'est-ce que ça veut dire «un cheminement atypique»? Ça veut dire qu'au moment
d'entrer à l'université on peut
avoir des besoins un peu différents : qu'ils soient financiers, donc le
support financier aux étudiants est très important; qu'ils soient en termes de flexibilité des horaires, donc les cours du soir, peut-être la possibilité de suivre un cours en ligne par
session. S'assurer que tous les services qui sont offerts à nos étudiants à temps plein soient aussi offerts à nos étudiants à temps partiel, même si
c'est coûteux, ça fait partie de notre stratégie aussi.
M. Roy :
O.K. Dans un autre ordre d'idées, bon, on a parlé de recherche tout à l'heure.
On sait qu'il y a une compétition entre les
chaires de recherche pour aller chercher des… excusez la répétition, mais pour aller chercher les chercheurs. O.K.? Et, quand les chercheurs
prennent de l'expérience, bon, ils ont tendance à aller où est-ce qu'on leur
offre de meilleures conditions de travail,
de meilleurs équipements, de meilleurs encadrements. J'aimerais connaître votre
stratégie de recrutement de
professeurs-chercheurs puis de voir un peu c'est quoi, vos difficultés et votre
plan de match.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Une université, à mon sens, c'est deux
choses : c'est des étudiants, c'est des professeurs. La qualité d'une université se définit largement par les
gens qu'on peut attirer à venir chez nous, que ce soient des étudiants ou les professeurs. Ça a toujours
été le cas, mais, de plus en plus, les professeurs de haut calibre s'attendent
à ce que les universités leur donnent
un climat, des installations et du support qui leur permettent de s'installer
et de créer, de mettre sur pied…
Parce
que ce n'est pas facile, hein? On oublie que ce n'est pas facile de mettre sur
pied un programme de recherche complexe et de haut niveau. La
compétition est mondiale. La compétition est mondiale. Les chercheurs québécois
reçoivent des offres de l'étranger, des
chercheurs de l'étranger reçoivent des offres de partout ailleurs au monde, on
s'arrache les meilleurs. Que ce soit
tôt dans la carrière ou lorsqu'ils sont établis, les chercheurs se font offrir
des positions à l'étranger, et c'est
très difficile, surtout dans certains secteurs, de demeurer compétitif
vis-à-vis de ce qui se peut se faire — je nomme ça comme ça, mais c'est
vraiment mondial — aux
États-Unis, en Allemagne, en Chine, au Japon, etc.
C'est malheureux,
mais, pour l'instant, notre structure salariale, à l'Université Concordia, ne
nous permet pas toujours de compétitionner
en termes de compensation brute pour la rétention des meilleurs chercheurs.
C'est une réalité. On les attire par
d'autres moyens, par le dynamisme de notre campus, par le fait qu'on est à
Montréal, par le support de leurs
activités de recherche, par la qualité de nos étudiants, mais, quand ils
reçoivent des offres, 50 000 $, 80 000 $ par année de plus que ce qu'on est en mesure d'offrir,
c'est très difficile de retenir nos meilleurs chercheurs, que ce soit en
sciences, en génie, dans certains secteurs de l'administration comme les
finances ou la comptabilité, etc.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Deux minutes, M. le
député de Bonaventure, questions et réponses.
M. Roy :
Questions et réponses. Notre gouvernement, bon, offre du financement pour
permettre, je dirais, un rapprochement avec les cégeps dans le cadre de projets
de recherche. On a fait passer une enveloppe de 5 millions à 15 millions de dollars, O.K., pour permettre
vraiment aux universités de travailler avec les collèges. Quelle est votre
position et votre plan de match par rapport à ça?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Oui.
Pour nous, les cégeps sont des partenaires très, très importants à plusieurs niveaux. Puis on pense immédiatement aux cégeps anglophones de l'île de Montréal,
mais aussi les cégeps francophones. Donc, nous entretenons des relations très proches
avec les cégeps, que ce soit parce que nous accueillons leurs étudiants — d'ailleurs,
nous avons des passerelles spécifiques dans certains programmes — mais
aussi au niveau de la recherche.
Je vous donne
un exemple, parce qu'on est très,
très fiers de ça. Je vous parlais
tantôt de notre centre de recherche en
technologie, arts et jeux vidéo. Nous avons un programme commun de recherche
et d'atelier d'été avec le cégep Dawson qui fonctionne très, très bien. Donc, des étudiants de Dawson, des
étudiants de Concordia ainsi que des professeurs qui viennent, passent plusieurs mois ensemble dans
la création de jeux vidéo qui ont des impacts sociaux et culturels importants.
Donc, c'est un très beau projet directement avec le cégep Dawson, un de nos plus grands partenaires. Merci de la question.
M. Roy : Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci. Nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle. M. le député de Mont-Royal.
M.
Arcand : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Encore une fois, mes salutations, bien sûr, aux collègues
qui sont ici présents et mes salutations, bien sûr,
aux gens de l'Université Concordia. Et, Mr. Shepard, I have to tell you that I've listened to your speech two weeks ago at
the chamber of commerce and I was quite impressed. I think it's very motivating. Et je dois vous dire que j'ai trouvé que c'était vraiment
intéressant d'avoir vraiment un oeil nouveau de la part de quelqu'un
comme vous qui avez une expérience importante.
Having said
this, je vous demanderais, vous qui avez une expérience qui est très
importante, vous avez été aux États-Unis, vous avez été à Ryerson, je crois, à
l'Université Ryerson… Et je voudrais que vous le fassiez de façon
très, très franche. Et je pense
qu'on est là également pour essayer de s'améliorer. We're trying to improve ourselves. So
could you tell us
what you feel are the plus and minuses of Montréal, of our system right now, the way you see
it if you compare it
to other American or Canadian universities? If you compare the two, what are
the plus and minuses that we have right now?
M. Shepard (Alan) : Merci pour votre question. And I'll have to speak in English
because that part, I'm still learning.
M.
Arcand : Yes, I understand.
M.
Shepard (Alan) :
As I said in my opening remarks, we're in an extraordinary time for higher
education. And I do
think that, over the next while… It's impossible to look into a crystal ball
and be sure, but, over the next while, not too long, they're going to see extraordinary changes in how students
want to learn things, how universities teach them and what happens in
classrooms and laboratories in particular.
And
my experience comes from when I was a graduate student at University of
Virginia, then I was in Texas, then I was in Ontario, and now I am in Québec. And clearly one of the things
that I would say about your high school education here — and I have two sons in sec I and
sec II — «extraordinaire»,
like, really good, really good high school education in Québec, very impressive, particularly in the
math and science curriculum, which I feel that, in Ontario, was not as strong
as it needed to be. So I think that's a very good move.
With
respect to university education, I feel that the students here take the works
seriously. And I can't speak for other Québec universities because I really have
only the experience of Concordia. The students arrive at Concordia hungry
to know things and to want to do things. And I think that there is going to be
less patience — «patience?» — …
Une voix : …
• (20 h 30) •
M.
Shepard (Alan) :
…for how we're educated, which is putting to… giving examinations. Right? I
think people want
to, as I said in my talk, they do want to roll up their sleeves, they want to
get their hands dirty, they want to have learning in multiple
experiences. They want to find out things as well as just read it in a book and
take a test.
So
what we did at Ryerson to try and take advantage or leverage the experience and
the desire of our students, first of all, we took the students very seriously and we created spaces for
them, and they're still going. We had two of them by the time I left. One was called Digital Media
Zone. It was five different spaces in a building, right on Dundas Square. To get… It was an incubator, a place where you
could develop your
own ideas. How did you get in? Not by the professors. A panel of students, «étudiants, étudiantes», they
decided who got in, who got space. Once the students got in, they had their own ideas, we gave them technology, and we
gave them advice — business advice, legal advice — and
we introduced them
to venture capitalists. Alright? We also tried very hard to protect their
intellectual property so that nothing untoward happened. Out of that experience, has come now around 900 jobs — 900
jobs — and
about… I think it's 80 companies, something like that.
We
created a second space called the Centre for Urban Energy, where we worked on
«durabilité», so, sustainable energy, electric…
particularly products in batteries for battery powered cars and solar work. And
again we brought students in, «premier
cycle» students, not always PhD students, but youth, and we basically gave them
permission to follow their own ideas.
That is very powerful because the students are ready for more responsibility
and for more opportunity.
And
what I would love to see in Montréal and across Québec is «collaboration»…
collaboration between universities,
NGOs, and the public sector, and private sector enterprises, «entreprises»,
where we would work together and leverage some of the talent and new ideas, the energy that the
students will bring. And they will work with the faculties sometimes, sometimes not. Sometimes, they're just
on their own. Those multidisciplinary spaces, as incubators where somebody from engineering
comes with somebody from «beaux-arts», design, as you saw in the presentation,
this is very powerful, and this, I think, is the new model for what
universities could become. And I do think that Québec has an opportunity to embrace a number of new measures
that are just taking root in other jurisdictions too. There is nobody who's
really a leader yet. It's an opportunity for Québec. Merci pour votre
question.
M.
Arcand : Un des éléments… Est-ce que je comprends bien que vous trouvez que ce que vous appelez les NGOs, les private companies et les universités,
they're not working together enough? Is that one of the messages that you want to
send?
M.
Shepard (Alan) : Oui. Most strong universities will have what I would
call coop programs — and Catherine talked about them — where
you send students one by one to work in an enterprise for a period of time.
Those are good programs.
That model in Canada was invented at the University of Waterloo about
50 years ago now. It's a very popular model, it spread right across the country. It's a good model for its day, but we
really need to take the next step. So, instead of seeing universities, and NGOs, and private enterprises as
really guarding their territory, we will have a stronger society, I think, and a better educational system
if there were some — I don't know the word in
French — porousness
between our
boundaries and the others. So, I'm a person who doesn't… As I said, I don't
think we should have big walls. I think we should work together and I think we'll get further. And there is some
great examples in Québec where people have come together to make something new, and, as I've said in my speech to
the Chambre de commerce, we should be proud of that, and we should
continue that tradition.
M.
Arcand :
D'accord. Parce que, ce que vous avez dit à la Chambre de commerce, puis j'ai
le texte ici devant moi, vous avez
dit : Nous devons… «We must rethink Québec's position
towards prosperity and the creation of wealth.» Alors, est-ce que vous pouvez élaborer? Can you elaborate
a little bit more on this? Do you think we're too shy, we're not
aggressive enough?
M. Shepard (Alan) : Très difficile question. I think it goes back to Saint Augustine. I'll just
go for it. I think it goes
back to Saint Augustine. Saint Augustine, who was one of the Great Fathers of
the Church, thought that wealth was very
dangerous. And what I would say, being a «nouveau Québécois», is that Québec would do well to rethink how it understands success of
individuals and success of society at large. Partly, I'm coming at this… I'm
not coming at this as an Ontarian,
really, I'm coming at this as an American, as… born in the United States. I think that it would be great for Québec if we would have a more positive
approach. I'm not talking about, like, massive wealth on… I'm talking about prosperity of all people together.
M.
Arcand : OK. I understand. Merci
infiniment. Peut-être... Mme
la députée de l'Acadie avait quelques questions.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci,
M. le député de Mont-Royal. Mme la députée d'Acadie, vous avez la
parole.
Mme
St-Pierre : Merci. Thank you
very much. Congratulations for your French! And maybe…
M. Shepard
(Alan) : Merci. Très difficile.
Mme
St-Pierre : …in three years it will be much
better. But…
M. Shepard (Alan) : Oui, yes, yes,
yes, j'espère.
Mme
St-Pierre : But we understand that you have made
your opening remarks in French, and this is very good because, you know, when you came at the university, people were very… criticized about
the fact that you didn't speak French, but now it's
improving.
My
question is concerning the charter,
Bill 60. I would like to understand what happened today, because, as you know, Minister Drainville, ministre des Institutions démocratiques, decided
to cancel his plan to participate to the debate. Can
you tell us what happened exactly?
M. Shepard (Alan) : Oui. Pour moi ou pour
M. Bacon?
Mme
St-Pierre : Ça peut être quelqu'un de votre
entourage aussi.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Je peux peut-être
commencer, Alan, puis, si tu veux, tu peux rajouter. Donc, je vais commencer par la charte plus généralement
peut-être puis par la suite je pourrais parler d'aujourd'hui. Il va sans dire
qu'on a beaucoup parlé de la charte à
l'Université Concordia cet automne. Nous avons une communauté qui montre
beaucoup de diversité, que ce soit de la diversité ethnique, culturelle,
religieuse.
On a
récemment invité les membres de notre communauté à se prononcer pour savoir,
nous, à l'interne, qu'est-ce que les
gens pensent de la charte des valeurs. Nous avons reçu environ 200 réponses, et
ça couvrait tout le spectre. Ça couvrait tout le spectre, un peu comme
on s'y attendait : certains tout à fait
opposés à la charte, peut-être plus de la majorité; d'autres tout à fait en accord avec la
charte. Donc, on en a lu de toutes les couleurs. Certaines idées dans la charte
coulent de source, vont de soi. Par exemple,
je pense à l'égalité hommes-femmes. D'autres idées dans la charte, nous,
ce qu'on a noté, à Concordia, blessent
profondément certains individus qui sont Québécois, qui sont installés au
Québec.
Nous
allons... L'université va déposer un mémoire. Et je pense que la date limite
est le 20 décembre, nous allons nous
prévaloir de déposer un mémoire avant cette date. Un des aspects que nous
allons inclure dans le mémoire est toute l'idée de l'autonomie de l'université, qui est un droit millénaire. On
est proches de la notion de liberté académique, et d'imposer certaines règles à une institution
académique, c'est quelque chose de très
délicat. Si on demandait à nos professeurs ou aux professeurs des universités québécoises s'ils se considèrent des
employés de l'État, je ne pense pas que leur instinct serait de répondre : Oui, nous sommes des employés de l'État.
Donc, la charte, c'est
un débat de société important. On continue la discussion. Nous, à Concordia, on
aime beaucoup les débats. D'ailleurs, nous
étions excités à l'idée d'avoir le ministre Drainville. Ce sont nos étudiants
aux cycles supérieurs qui avaient
invité le ministre Drainville à venir participer à un débat. On n'a pas peur
des idées. On avait hâte d'entendre
ce qui allait se passer aujourd'hui. Les étudiants avaient décidé de faire du
débat un événement public, ce qui est
une bonne chose en soi. La Presse, comme vous l'avez
peut-être lu, hier soir, a rapporté dans un article que certaines activités militantes semblaient se préparer.
J'ignore jusqu'à quel point c'est le cas. Le
ministre Drainville a été prudent, il a
dit, je crois, qu'il craignait des débordements. Je veux simplement insister
que, nous, notre campus est sécuritaire.
Le service de sécurité de
M. Drainville a pris une décision. Nous, ce qu'on espère, c'est qu'il reviendra à Concordia quand la
conjecture sera peut-être meilleure.
• (20 h 40) •
Mme
St-Pierre : Mais, comme dirigeants d'université, vous n'avez
pas eu de crainte concernant cette manifestation-là? Votre analyse de la
situation était à l'effet que c'était
sécuritaire, ce matin?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Bien, nous, on allait de l'avant, en ce
sens que...
Mme
St-Pierre : O.K. Toujours sur la charte, j'aimerais voir comment concrètement ça peut
s'appliquer, chez vous. Je donne un exemple : une jeune, une étudiante, par exemple, peut
porter le voile, selon les termes de la loi, mais elle devrait l'enlever si elle donne un cours et pourrait le
remettre si elle fait de la recherche, sauf si la subvention vient du gouvernement.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Oui. Vous posez une question sur un détail d'une
loi qui demeure aujourd'hui un projet. Et c'est
le genre de question sur laquelle il faudra se pencher d'ici à ce que la loi
soit présentée officiellement à l'Assemblée. Pour l'instant, je ne peux pas
vous dire.
Mme
St-Pierre : Alors, je vous
souligne qu'elle est présentée, elle est présentement déposée à l'Assemblée
nationale.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Approuvée. Oui.
Mme
St-Pierre : Et c'était
tout simplement un peu pour comprendre ou, enfin, illustrer ce que ça pourrait
vouloir dire concrètement pour votre...
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Pour nous, ça va être difficile à gérer. Oui,
oui, ça va être difficile à gérer. Il faut... Ça serait difficile à
gérer pour nous.
Mme
St-Pierre : O.K. J'aimerais
que vous nous parliez... Il y a eu un épisode, je pense que... Puisqu'on
analyse les universités à tous les
trois ans, je pense qu'il y a un épisode qui ne peut être, par nous, les parlementaires,
passé sous silence. Et je regarde M.
le Président du conseil d'administration, je pense que vous me voyez venir.
Comment entendez-vous faire en sorte
que ces choses ne se reproduisent plus? C'est-à-dire, des sommes quand même
assez importantes, de beaucoup de
personnes qui ont... qui quittent… enfin, «beaucoup»... des personnes qui
quittent avec des primes de séparation très, très généreuses, et après
ça ça recommence. Est-ce que le conseil d'administration est conscient que
l'argent des contribuables… mais aussi que ça nuit à l'image de l'université,
pas uniquement au Québec, mais un peu partout?
M.
Hébert junior (Norman) : En effet, oui. Moi, je suis arrivé à la fin de
cette période-là, où on a eu deux présidences qui n'ont pas été à terme. Si vous me demandez, en tant que président de
conseil, quel est mon rôle le plus important, c'est
de m'assurer que la personne à ma droite…
enfin, que mon président, que notre président, soit le meilleur président
possible pour l'université. Et c'est le rôle premier de tout conseil
d'administration universitaire, je crois. Et heureusement je peux vous
dire que Concordia a un excellent président.
Ceci dit, le
conseil de l'époque, qui était un conseil d'une quarantaine de personnes, avec
des règles de gouvernance qui ont été
modifiées — et on
pourra en parler — a eu à
prendre des décisions difficiles sur les présidents de l'époque. Je n'étais pas présent pour le premier, j'étais
membre du conseil pour le deuxième. Et, dans la vie, des fois, soit qu'on
prend ou on ne prend pas des décisions. Et
je crois que l'université et son conseil ont pris, avec du recul aujourd'hui,
les bonnes décisions, c'est-à-dire de laisser ces personnes-là quitter
ou démissionner.
Et le
problème, dans ces situations-là, c'est que
des contrats existent, des contrats d'emploi, et on doit respecter ces contrats. Donc, la conséquence, pour
l'université, d'avoir échoué au niveau du choix de son président, de son
recteur, c'est
financier, mais c'est plus large que ça. Et ce
qu'on a vécu à Concordia, ça n'a été pas simplement la conséquence financière, mais aussi la
conséquence réputationnelle et tout le débat qui en… Et c'est un peu ce qu'Alan et moi, on a évité en
arrivant au même moment comme président, recteur et comme président du conseil.
La
bonne nouvelle, c'est qu'on a eu deux
changements majeurs au niveau de la gouvernance à l'université : le
rapport Shapiro, qui a fait… en fait, qui a
été la suite du départ de la dernière présidente et qui nous a permis de revoir
l'ensemble
de notre gouvernance, qui nous a permis de réduire la taille du conseil d'une
quarantaine de personnes à 25; et par
la suite une refonte complète de nos processus et de nos règles de ressources
humaines, avec l'aide de PricewaterhouseCoopers, qu'on a entérinée au
mois de juin de cette année. Ces deux morceaux-là aujourd'hui nous positionnent
vraiment, je dirais, à l'avant-garde au niveau de la gouvernance universitaire.
On
a un conseil maintenant composé de 15 membres externes de la communauté, 10
membres internes représentant l'université
et les étudiants, un conseil qui fonctionne très, très bien, une belle
collégialité et surtout une transparence. C'est un peu ma façon de voir les
choses, mais c'est aussi la façon qu'Alan,
notre président, le voit aussi. Et on a des outils maintenant à notre
disposition dans la gouvernance des ressources humaines, qui va nous permettre,
dans le futur, de toujours avoir tous les outils pour prendre les meilleures
décisions pour avoir les meilleurs candidats.
Mme
St-Pierre : Donc, vous êtes en train… Enfin, on
ose croire que ce sont des choses qui ne se reproduiront plus jamais.
M. Hébert junior (Norman) : Oui, c'est
toujours le souhait, hein? On veut toujours engager, embaucher la meilleure personne, mais, si on a tous les outils
pour avoir la possibilité d'avoir les meilleurs candidats possibles et qu'on a une gouvernance à
l'interne qui va permettre ça, je crois qu'on va éviter ce qui est extrêmement
difficile pour une institution comme
Concordia, c'est-à-dire d'avoir deux présidents, deux recteurs en ligne qui
n'ont pas réussi leur mandat. Ça, c'est
très difficile, et, je dois dire, c'est un…
Concordia, c'est une université quand même extraordinaire, parce
qu'à travers cette période-là, qui est quand même
une période de cinq ans, l'université a quand même survécu, et c'est grâce aux gens à l'interne, aux professeurs,
qui ont quand même… qui croient tellement à
l'université qu'ils ont été capables de passer à travers cette période. Mais,
comme je disais, la bonne nouvelle, c'est que c'est en
arrière de nous. Et, si vous êtes sur le campus, si vous parlez aux gens aujourd'hui, aux étudiants, aux professeurs,
aux gens qui travaillent à l'université, le «feeling» — je pense que c'est
un bon terme — le
«feeling» est bon. Et heureusement qu'on oublie quand il y a des bonnes choses
qui arrivent…
Mme
St-Pierre : Bien, je vais
justement souligner une bonne chose : ce
que vous avez fait avec la Faculté des arts
et l'entente avec les soeurs, les religieuses, les Soeurs grises. J'ai visité
l'endroit, et ça a été, à mon avis, impeccable en termes de, un,
développement durable, et aussi faire en sorte que la communauté religieuse
puisse quitter de façon progressive et non
pas se faire dire : Bon, bien, le deal
est fait, au revoir. Et c'est une bâtisse qui
est magnifique, que vous allez conserver, évidemment, et je pense que
ça, c'est tout à votre honneur.
Et
aussi je veux souligner le fait qu'il y a eu une entente avec le ministère de
la Culture sur la bâtisse de la maison des
hommes et je pense que vous comprenez que c'était important que cette entente
ait lieu. Alors, je veux le souligner. Donc,
on est confiants que l'université a une grande réputation puis qu'elle va la maintenir, mais, en même temps, je pense que
vous devez être conscients aussi que les gens qui nous écoutent et les contribuables
québécois veulent aussi que les choses… que leur
argent soit bien géré puis qu'ils en aient aussi pour… bien, pour leur argent.
• (20 h 50) •
M. Hébert junior
(Norman) : Oui, tout à fait.
Mme
St-Pierre : Alors, moi, je n'ai pas d'autre question
pour ce bloc.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : M. le
député de Mont-Royal.
M.
Arcand : Oui, bien, tout à l'heure, on va peut-être
revenir. Moi, je voulais vous parler de financement. La question financière
est, pour moi, extrêmement intéressante. Il me reste combien de temps, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Il vous
reste trois minutes.
M.
Arcand : Trois minutes. Alors, simplement, je voulais savoir, quand on a eu des
gens du HEC, cet après-midi, qui
sont venus, une des choses qu'ils nous ont dites… Parce qu'actuellement on a des annonces de
réinvestissement au niveau de
l'université, mais le problème c'est que les annonces de réinvestissement
n'avaient pas de cadre budgétaire. Or,
on a appris aujourd'hui qu'il y avait un cadre budgétaire qui n'était pas très…
c'est-à-dire des prévisions budgétaires, une mise à jour budgétaire qui n'était pas très intéressante, avec un
déficit. Alors qu'on recherchait l'équilibre budgétaire, on a un déficit de 2,5 milliards et… «and
growing», comme on dit. Alors, le ministre des Finances, celui de l'Économie
et des Finances, a dit aujourd'hui qu'il
prévoyait une croissance plutôt modérée et que, donc, l'effort serait fait au
niveau du contrôle des dépenses.
De
quelle façon, d'abord, vous analysez actuellement le financement qui est fait?
Est-ce que vous êtes satisfaits actuellement du financement
gouvernemental? Et de quelle façon allez-vous dealer, si vous me permettez,
jauger la situation pour l'avenir?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Encore une fois, je peux peut-être commencer.
Roger, Daniel, si vous voulez ajouter quelque chose. Merci.
Le
réinvestissement, on l'attend. Nous, on travaille sur la base qu'il est réel et
qu'il s'en vient. Les dernières années nous
ont mis dans des situations où nous avons dû prendre des décisions difficiles
suite aux coupures. Nous avons dû ralentir considérablement l'embauche, réduire le nombre de sections de cours que
nous offrons, donc ça réduit directement les options qui sont offertes à nos étudiants. Dans des cas extrêmes, ça
peut mettre en péril, là, la vitesse de leur diplomation.
J'en parlais
justement avec notre bibliothécaire en chef, on est très, très près de devoir
faire des choix déchirants au niveau des collections. Donc, on est à la
limite financière. On est encore capables d'offrir un service de qualité au
niveau académique et non académique à nos étudiants, mais c'est étiré. On
regarde vers le réinvestissement. C'est important,
pas juste pour Concordia, pour la société québécoise, que notre système
d'éducation supérieure soit supporté. Puis
j'ai entendu le ministre Duchesne au moins deux fois réunir les congrégations
universitaires et nous dire : Ne vous
inquiétez pas, ça s'en vient. Puis moi, je travaille encore… nous travaillons encore
sur cette base-là. Daniel, est-ce que tu veux rajouter quelque chose?
M.
Therrien (Daniel) : Oui. Je pourrais peut-être rajouter aussi… C'est
sûr que les universités, on fonctionne sur
le financement qu'on a actuellement. Je pense qu'au Québec on doit souligner le
fait qu'on offre une éducation de qualité
exceptionnelle avec des ressources qui sont plus faibles que ce qu'on voit au
Canada. On est capables d'atteindre des
niveaux d'excellence qui sont vraiment impressionnants de par le faible niveau
qu'on… pas le faible parce que ce n'est pas un faible niveau, mais par
le niveau plus bas qu'on a au Canada. Ça fait que déjà ça, c'est quelque chose.
Il faut
garder en tête qu'on fonctionne avec l'argent qu'on a de disponible. On va
continuer à fonctionner avec l'argent
qu'on a de disponible. Les choix qu'on va devoir faire, selon le futur, peuvent
être des choix déchirants ou des choix positifs. Le réinvestissement, en tant que tel, est
quelque chose d'attendu. On a une
rencontre qui nous a été communiquée avec le
sous-ministre à l'Éducation au mois de décembre, on attend des
nouvelles, justement, sur le réinvestissement
avec les règles du jeu. En ce moment, c'est difficile pour nous au niveau prévisibilité. Les
règles du jeu n'ont pas été mises sur
pied, elles vont nous être communiquées bientôt. Donc, au niveau des
prévisions, on conserve une approche
prudente, on est sur une base conservatrice, maintenant la qualité de
l'enseignement, maintenant notre qualité académique, et on attend
d'avoir les nouvelles et d'être capables de prendre des décisions en conséquence.
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Je rajoute une dernière chose.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Peut-être une dernière chose parce que, là, je vais amputer sur l'autre bloc.
Allez-y, je vais vous permettre de…
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Simplement pour dire que, parmi les choix qu'on a faits pour pallier aux coupures, c'était de protéger le corps de ce qu'on fait, c'est-à-dire l'enseignement et la recherche, les secteurs économiques des…
les secteurs académiques des coupures de 2 %, alors
que, dans les autres secteurs, c'est allé jusqu'à 6 %. Mais on ne peut
pas faire ça indéfiniment parce qu'il y a
des infrastructures qui doivent être renouvelées si on veut rester compétitifs.
La compétition est mondiale. Merci.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Merci beaucoup. Nous allons maintenant du côté du gouvernement. M. le député de Saint-Hyacinthe. C'est à vous la parole.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Merci, Mme la Présidente. Bonsoir, madame, bonsoir, messieurs. Alors, je veux revenir quelques instants sur
la charte de la laïcité qu'on a mentionnée
tantôt. Vous savez que l'objectif du ministre Drainville,
c'était qu'un dialogue s'amorce. Et le message a été envoyé à toutes les
institutions, je pense, qui existent au Québec, les institutions d'enseignement, les universités, à l'effet
d'amorcer un dialogue avec leurs clientèles. Et vous, vous l'avez fait. Vous l'avez fait d'une façon, je
pense, qui était sereine et dans l'esprit d'un débat qui se doit d'être fait au
Québec, et je vous en félicite parce que c'est
comme ça qu'on va réussir à avancer dans ce dossier-là.
Maintenant, c'est bien
sûr qu'aujourd'hui M. Drainville s'est désisté pour des raisons de
sécurité, mais je pense qu'on n'a pas besoin de se poser la question, quand on
regarde les… il y a les organisateurs de manifestations qui ne sont pas toujours non plus sereins. Donc, c'est à ce niveau-là, je pense, que la décision s'est
prise, et je pense que ça a été sage.
Et vous l'avez mentionné, c'est bien.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Tout à fait.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Je vais vous emmener… On parlait tantôt de financement. Le financement… Vous savez, le gouvernement s'est engagé à
financer… d'augmenter le financement des universités de l'ordre de 1,75 milliard sur sept ans. En fait, c'est l'augmentation sur
cinq ans, mais disons que c'est sur
sept ans. Et je peux vous dire
une chose, c'est que, pour nous, le financement des universités et de la
recherche, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement, et c'est un investissement qu'on voit à court, à moyen
et à long terme. Donc, c'est pour ça qu'on a mis… qu'on a projeté sur sept ans, jusqu'en 2019, l'investissement, ce qui ne se
faisait pas avant, ce qui va permettre peut-être aux universités de respirer un peu plus puis de planifier un peu plus
leurs investissements aussi. Alors, c'est pour ça que je tenais à vous rassurer là-dessus, parce que, nous, ce qu'on dit, on le fait, puis ce qu'on
fait, on le dit aussi. Alors, c'est pour ça que je tenais à vous le
mentionner.
Maintenant,
je voulais vous dire aussi… On parlait d'embauche tantôt. Vous savez qu'au
niveau de la nouvelle politique qui
est sur la table pour jusqu'en 2019 on prévoit l'embauche de 1 000
professeurs de plus dans le programme, dans le plan, et 2 000
chargés de cours. J'ai bien entendu que le ministre a l'intention… le ministère
a l'intention de rencontrer les universités
d'ici quelques semaines, justement, pour signer les ententes de partenariat avec les
universités. Et je veux juste
savoir : Chez vous, est-ce que vous êtes prêts? Et combien d'enseignants
et combien de chercheurs vous avez l'intention d'embaucher dans l'année
future, dans votre planification?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : C'est une question très, très importante. Nous
sommes au début de la planification pour
le prochain cycle d'embauche. Nous attendons les réinvestissements avec
beaucoup d'impatience. Dans les dernières années, nous avons dû beaucoup ralentir les embauches. Nous avons, bon
an, mal an, une trentaine de professeurs qui quittent. Donc, simplement pour maintenir la taille de notre corps
professoral, on parle d'une trentaine d'embauches pour accroître notre capacité de recherche, la
diversité et la qualité de nos programmes au cours des cinq prochaines années
pour aller où on veut aller, surtout au niveau du développement
des cycles supérieurs.
Si on pouvait
engager une cinquantaine de professeurs par année sur cinq ans, avec 30 par
année qui quittent, ça serait une
augmentation d'environ 100 professeurs sur cinq ans,
soit 10 % de l'augmentation dont vous parlez, ce qui est à peu près notre taille. Donc, les chiffres font du
sens à ce niveau-là. Même chose pour les professeurs à temps partiel. Pour
nous, les professeurs à temps partiel sont
une ressource très, très importante dans plusieurs secteurs, comme par exemple
les beaux-arts. En administration ou en
génie, ce sont des professionnels du milieu qui viennent chez nous et qui font
profiter à nos étudiants de leurs
expériences sur le terrain. Donc, c'est très
important pour nous. Et bien sûr, puisque les professeurs permanents sont protégés lorsqu'il y a coupures,
les professeurs à temps partiel souffrent, alors c'est très important
pour nous d'être capables de réinvestir au niveau du temps partiel également.
• (21 heures) •
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : O.K. Je vais vous emmener sur un autre sujet. Moi,
c'est sur la politique linguistique
qui existe depuis 2004 en ce qui
concerne les établissements d'enseignement
universitaire dans les cas où est-ce
que l'établissement offre «l'enseignement […] universitaire en anglais à la
majorité de ses élèves [on] doit traiter de l'enseignement du français
comme langue seconde, de la langue de communications écrites de
l'administration de l'établissement avec
l'Administration et les personnes morales établies au Québec ainsi que de la
mise en oeuvre et du suivi de cette politique».
Tout à l'heure, en entrée de jeu, vous avez dit
que les étudiants francophones qui s'inscrivaient à Concordia pouvaient passer leurs examens en français, mais
j'ai cru entendre «au début» puis, par après, je ne sais pas si ça… Au
deuxième et au troisième cycles, est-ce qu'ils ont la même possibilité?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) :
…toujours. Ce que j'ai rajouté, c'est qu'ils se prévalaient surtout de ce
droit-là au début. Très, très
rapidement, ils deviennent à l'aise puis ils peuvent répondre en anglais. Mais,
au début, on le voit, puis ça les
rassure beaucoup, c'est important pour leur intégration qu'ils n'ont pas ce
stress supplémentaire, c'est pour ça qu'on a établi ces mesures-là, pour les aider d'entrée de jeu. Donc, au niveau
de la politique linguistique, globalement effectivement nous avons une
politique linguistique, et ce, depuis une dizaine d'années.
Je le
mentionne parce que vous me donnez l'occasion, on entend beaucoup de français à
Concordia. C'est 25 % de nos étudiants qui sont francophones. Une grande
majorité… plusieurs de nos employés aussi parlent français, qu'ils soient francophones ou simplement bilingues. Nos
communications officielles, que ce soit avec vous ou avec d'autres partenaires, sont en français, comme notre rapport
financier, qui est disponible en français aussi. Nos étudiants peuvent s'inscrire en français, peuvent faire le processus
d'inscription en français, peuvent remettre leurs travaux en français comme
nous l'avons mentionné. Je pense que ça vaut
la peine, Catherine, que tu nous parles du programme Oui Can Help!, parce
qu'on est vraiment très fiers de ça.
Mme Bolton
(Catherine) : Oui. Je
pourrais aussi mentionner que les examens aussi peuvent être en français. C'est
non seulement les travaux écrits, mais, si
les étudiants veulent écrire leurs examens en français, c'est aussi une
possibilité. Mais le programme Oui
Can Help!, c'est vraiment un programme qu'on est vraiment excités parce que ça
nous donne des occasions de vraiment
aider les étudiants étrangers à rester ici, au Québec, à travailler ici et de
vraiment vivre avec grand enthousiasme dans le milieu québécois et
montréalais.
Alors, on
offre des cours en français jour et nuit presque, le samedi matin aussi, pour
que les étudiants peuvent faire des
démarches assez aisément pour avoir les cours académiques, si je peux le dire
comme ça, et aussi leurs cours en français.
On offre aussi des bourses pour des étudiants étrangers et aussi pour les
bourses des étudiants hors de Québec mais
canadiens. Alors, ça aussi, aide à faire le financement des cours et pour les
protéger, que ce n'est pas si dur de faire le cheminement de ces cours.
Avec le programme Oui Can Help!, ce n'est pas
toujours des cours sérieux parce qu'on fait une francofête, à Concordia, où on introduit les étudiants et le
corps professoral et le personnel aux délices du Québec, aux entreprises,
aux petites entreprises ici, à Québec, et ça
donne un milieu de chuchotage et un parlage qui vraiment fait un coeur, un
coeur assez chaud pour les étudiants ici, à Concordia.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) :
Merci.
M. Côté
(René) : Peut-être qu'on devrait parler aussi des étudiants surtout au
niveau de notre politique linguistique, mais aussi, au niveau des employés de l'université, il y a un effort
assez important qui se fait aussi au niveau du recrutement des
employés, où on encourage… où on fait notre recrutement en français et en
anglais, et aussi qu'on appuie les employés qui se joignent à l'université, tant au niveau administratif que
professoral, pour leur accorder l'opportunité de parfaire leur français,
leur maîtrise du français, gratuitement, avec l'aide de l'université. Et
certainement notre recteur est un modèle
d'engagement pour l'acquisition de cette langue. Et on est fiers des efforts
que nous faisons auprès de l'ensemble des employés de l'université dans
ce sens-là aussi.
M. Pelletier
(Saint-Hyacinthe) : Merci.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M.
Breton : Merci, Mme la Présidente. Je viens de me rappeler
de quelque chose. M. Shepard, vous avez le même nom que le premier
astronaute américain.
M. Shepard
(Alan) : Exact.
M.
Breton : Je ne sais pas si c'est de la pression, mais, en
tout cas, c'est inspirant d'avoir un tel nom. Écoutez, moi, justement,
parlant d'avancées technologiques, vous savez que je suis très inspiré par tout
ça, je voudrais parler justement de
recherche universitaire. On a parlé de la PNRI tout à l'heure. Je sais aussi,
parce que je travaille avec des scientifiques, des ingénieurs, des
chercheurs à bien des égards depuis des années, le rôle… ou ce qui s'est passé
avec plusieurs chercheurs au niveau de l'implication du gouvernement fédéral en
recherche. Et je ne sais pas si vous avez observé
chez vous un désengagement de la part du fédéral en matière de recherche? Et,
si oui, est-ce que vous avez chiffré ces
désengagements-là? Parce que moi, je peux vous dire que les chercheurs avec qui
je travaille, dans les domaines liés spécialement
aux énergies renouvelables, aux énergies vertes, ont clairement senti un
désengagement. Et j'aimerais savoir si justement, chez vous, ça a eu un
impact. Si oui, lequel, chiffré?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Je pense que c'est honnête de dire qu'il y a eu
un ralentissement du support de la recherche au niveau du fédéral. Il y
a des exemples concrets et faciles à comprendre. Par exemple, le Programme des
chaires de recherche du Canada, qui était, autour des années 2000, un des
meilleurs programmes du genre au monde peut-être,
le support pour les chaires de Tier 1 était d'un certain montant,
200 000 $ par année, 100 000 $ pour les chaires de Tier 2, les montants n'ont pas été augmentés
depuis. Ça demeure un très, très bon programme, mais le nombre des chaires
est relativement stagnant, et le montant
versé par chaire aussi n'a pas augmenté pour suivre l'inflation. C'est un
exemple.
Le
programme de support des infrastructures aussi. Dans plusieurs cas, il y a eu
des montants extrêmement généreux versés par le gouvernement fédéral il
y a une dizaine d'années pour construire un parc d'infrastructures de recherche
important. Le Québec en a largement
bénéficié, plus que les autres provinces canadiennes, en comparaison. Par
contre, on voit que la source au
niveau des infrastructures lentement se tarit, donc on a des problèmes de
maintien des infrastructures à Concordia comme ailleurs.
Il
y a aussi toute la question des frais indirects de recherche qui est très
importante. Il y a des frais indirects de recherche versés par le gouvernement fédéral ainsi que par le
gouvernement du Québec. Ce sont des sommes qui aident, mais qui, à notre sens, ne compensent pas tout à
fait, donc qui créent un manque à gagner pour nos universités. Daniel,
est-ce que tu as les chiffres, que ce soit sur les montants…
M. Therrien
(Daniel) : Oui. L'enveloppe fédérale…
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : M. Therrien.
M. Therrien
(Daniel) : Merci beaucoup. L'enveloppe fédérale et l'enveloppe
provinciale totalisent environ 7 millions
de dollars par année. Sur notre volume de recherche notamment, l'enveloppe
fédérale est à hauteur de 4,9 millions. On reçoit environ 24 à 25 millions de financement par l'entremise
des trois agences fédérales. C'est sûr que le coût des frais indirects
de recherche est de beaucoup plus élevé.
Les
analyses comme telles pour nous permettre de chiffrer les coûts réels de frais
indirects de recherche ne sont pas
terminées à Concordia. Ce sont des analyses excessivement complexes. Il y a
quelques universités au Canada qui ont réussi
à les faire, notamment McMaster. Mais on peut aisément penser que le
financement actuel couvre possiblement environ 50 % au maximum de
nos coûts réels de frais indirects. Par contre, cette donnée-là n'est pas
confirmée.
La Présidente (Mme
Richard, Duplessis) : Oui, allez-y.
M.
Breton : Mais, en fait, pour revenir là-dessus, moi, je sais
à quel point les frais indirects de recherche sont des frais souvent qui ne sont — comment dirais-je? — pas assez considérés au niveau de la
recherche et du développement, et je
pense que c'est important justement que vous puissiez chiffrer ça parce que je
pense qu'il est… Tu sais, c'est beau avoir les infrastructures, mais, je
veux dire, si on a que les infrastructures mais qu'on ne donne pas les moyens
aux chercheurs de faire leurs recherches, on
n'est pas plus avancés. Et nous, je sais que, dans notre PNRI, on a vraiment
voulu mettre l'accent là-dessus, et
pas juste sur la recherche appliquée, mais sur la recherche fondamentale, ce
qui est, à mon avis, fondamental.
Et je dois
vous avouer que, moi, je me rappelle, il y a un an à peu près, lorsque le
premier ministre du Canada est allé
dire qu'il ne voyait pas, pour lui, la logique d'appuyer de la recherche et des
chercheurs qui arrivaient avec des programmes, des analyses et des résultantes qui
allaient à l'encontre de leurs politiques, pour moi, il y a là quelque chose
de vraiment problématique parce que c'est le
premier ministre du Canada qui dit ça. Et donc, dans ce cadre-là, je pense
qu'on peut dire qu'il y a vraiment là un problème réel.
Dans ce cadre-là,
est-ce que vous pourriez me parler un petit peu de la collaboration qu'il y a
entre les universités au Québec?
Est-ce que vous considérez que cette collaboration-là est suffisante? Est-ce qu'elle est positive, la collaboration des universités anglophones au niveau justement de
cette recherche-là? Parce que je vous parlais tout à l'heure de l'électrification des transports. On est en train
de travailler justement à la réflexion sur la forme que va prendre l'institut
national de transport électrique. On veut
qu'il y ait une collaboration entre les universités, comme l'Université de
Sherbrooke, l'Université Laval,
l'ETS, la Polytechnique. Et là vous me dites que Concordia est intéressée de
participer à ça. J'aimerais voir quelle est votre perception de la
collaboration entre universités et entre universités anglophones.
• (21 h 10) •
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Oui.
Nous, à Concordia, nous avons des collaborations avec toutes les universités
montréalaises certainement, avec plusieurs
universités à l'extérieur de Montréal aussi. Que ce soit en termes de
programmes, nous avons plusieurs
programmes communs, surtout des programmes de deuxième et de troisième cycle,
des universités qui se sont alliées,
par exemple, avec l'UdeM et l'UQAM, en communications, avec HEC et, encore une
fois, l'UQAM, en affaires, notre
centre de recherche Hexagram aussi, extrêmement interinstitutionnel, fondé à la base avec l'UQAM. Nous avons des
collaborations dans le domaine de l'aérospatiale avec Polytechnique, ETS, McGill,
etc.
Donc, nous,
c'est un modèle d'ouverture qui nous plaît, mais on a des professeurs dans des
groupes de recherche ou dans des
centres de recherche, qu'ils aient leur siège à Concordia ou ailleurs, qui
regroupent des chercheurs de plusieurs
établissements. Pour nous, c'est très, très important de participer aux efforts de recherche de haut
niveau en collaboration avec les expertises des chercheurs des autres universités.
C'est pour le rayonnement du Québec finalement. Donc, je pense que tout le monde y gagne. Puis on l'a démontré par nos activités lorsqu'on travaille ensemble
puis qu'on fait que le produit québécois, la recherche québécoise brillent partout de
par le monde. Donc, on est très, très ouverts à ça. Puis, si le gouvernement
considérait une série de mesures pour encourager ce genre de recherches là,
nous, on applaudit.
M.
Breton : Merci.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Merci à
vous.
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
M. le député de Bonaventure.
M. Roy : Merci, Mme la
Présidente. Il nous reste combien de temps?
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Il vous reste environ cinq minutes.
M. Roy : Cinq minutes. O.K. Bon, vous savez que nous
sommes actuellement en commission
parlementaire pour créer le nouveau ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et
de la Technologie et, bon, ça ne va
pas comme on voudrait, mais ça devrait cheminer dans les prochaines semaines ou
prochains jours. Que pensez-vous de la création de ce nouveau ministère
là?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Le projet
de loi n° 45? 45, il me semble, d'instinct, pour moi, de regrouper l'enseignement supérieur, la science et la
technologie dans une unité, c'est un projet qui fait du sens. Donc, on souhaite
que le projet suive son cours.
M. Roy : Vous souhaitez la
création du ministère.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Bien, il
est créé de fait, il suffit de finaliser les modalités.
M. Roy :
Bien oui, effectivement. Donc, sur un autre ordre d'idées, quelle est votre
position par rapport à la charge de
travail liée à la reddition de comptes? Et, si vous considérez qu'il y aurait
des améliorations, quelles seraient les suggestions? Donc, vous savez
que… Bon, on l'a présenté ce matin, je crois?
Une voix : …
M. Roy : Hier. On a un graphique ici qui nous démontre
que, de 1990 à l'an 2000, on avait environ une moyenne de huit redditions
de comptes pour les universités
puis, de 2000 à 2012, on est passés de huit à 49 redditions de comptes.
Donc, j'aimerais vous entendre sur ce phénomène.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Il n'y a
pas de doute que la reddition de
comptes, c'est un aspect important
de ce qu'on fait. On nous mandate de
bien gérer l'argent public pour le bénéfice de la société,
c'est une responsabilité qu'on prend extrêmement au sérieux. Maintenant,
combien de redditions, et comment, et à quel niveau? C'est une question ouverte. Puis je pense qu'il y a
une espèce de consensus qui s'est établi au Québec que la reddition de comptes dans sa forme actuelle prend beaucoup
de temps, beaucoup de ressources aussi. Et mon collègue Daniel peut-être
pourra tantôt parler, à
Concordia, combien de ressources nous devons allouer à la reddition de comptes,
donc des ressources qui ne peuvent pas être allouées à notre mission principale, soit l'enseignement et la recherche, qui doivent aller directement vers la reddition de comptes.
Et une question qui va de tandem avec la première, c'est : À
quoi servent les redditions qui sont
établies? Donc, il me semble que, d'instinct, si on pouvait établir une
série de critères clairs et utiles que les universités pourraient remettre au gouvernement et qui permettraient, et
à l'interne et pour vous, d'établir les divers paramètres qui doivent être
établis, on serait mieux servis. Puis j'ai
l'impression que ça va être une des discussions qui va s'établir, qui va se
continuer au cours des mois et des années. Daniel, juste au niveau des
ressources que nous...
M. Therrien (Daniel) : Si vous
permettez, Mme la Présidente…
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Quelques minutes. Oui, M. Therrien.
M.
Therrien (Daniel) : Je vais
faire ça vite. Juste peut-être pour appuyer le point que Benoit amène à la
table, je veux être quand même très
prudent sur la reddition de comptes, dans le sens où, comme ça a été mentionné,
les universités ont la chance de
bénéficier de l'argent public. Notre transparence est importante, une saine
gestion est importante, et on doit mettre
en place une reddition de comptes qui permet au gouvernement d'évaluer de
quelle façon on atteint nos objectifs et de quelle façon on gère
l'argent public.
Ceci étant
dit, effectivement dans les dernières années, la reddition de comptes a
augmenté de façon significative. On
peut parler des impacts de la loi n° 95, de la loi n° 100, de la loi
sur les contrats publics, de la loi sur les ressources informationnelles. Ce que je veux soulever, c'est
que, oui, on doit augmenter le nombre d'employés qui travaillent en reddition de comptes à l'intérieur des
universités, mais on doit surtout augmenter la sophistication de ces
employés-là. Et, comme on le voit,
augmenter la sophistication des employés implique des professionnels qui sont
plus chevronnés, la structure de
formation alentour de ces professionnels-là et les coûts venant avec la
structure qu'on doit mettre en place.
Ceci étant
dit, c'est de l'argent qu'on diffère, qui pourrait être utilisé dans d'autres
ressources pour l'université. Mais je
ne veux pas, en aucune circonstance, sous-estimer l'importance d'une saine
reddition de comptes qui, en bout de
ligne, devient un outil stratégique pour le gouvernement pour nous évaluer dans
le travail qu'on livre pour la société québécoise.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci beaucoup. Nous
allons maintenant du côté de l'opposition officielle. M. le député de
Mont-Royal.
M.
Arcand : Merci, Mme
la Présidente. Moi, la question que j'aimerais savoir, c'est que… La reddition
de comptes, ça doit vous coûter quand même
pas mal d'argent. Vous avez des gens qui, j'imagine, travaillent. Et ce que je
comprends, c'est que le ministre s'est dit ouvert,
là, à simplifier les choses. Et j'imagine que, chez l'école John-Molson,
on doit vous expliquer que, quand il y a
trop de reddition de comptes, c'est comme s'il n'y en a pas, c'est comme si on
est hors contrôle parce qu'à un moment donné
il n'y a plus personne qui se sent responsable d'une situation. Mais, juste
pour mon bénéfice, est-ce que vous avez déjà évalué les coûts, que, si on avait
une reddition de comptes un peu plus normale, quelle sorte de coûts en moins
que vous auriez?
M.
Therrien (Daniel) : L'impact
de la reddition de comptes n'a pas nécessairement été chiffré. Une des choses
qui rend la complexité de la reddition de
comptes, c'est que, oui, on a une reddition de comptes standard qui est faite
par le secteur des finances — qu'on parle du rapport financier annuel, où
j'ai une équipe dédiée, où je suis capable exactement de savoir les coûts — mais la reddition de comptes maintenant va
beaucoup au-delà du secteur traditionnel des finances.
Lorsqu'on fait une reddition de comptes sur la qualité
de nos programmes, sur la qualité d'utilisation de certaines enveloppes qui nous sont données lorsqu'on parle du
financement spécifique, j'ai besoin, aux finances, d'aller chercher mes
ressources, qui sont les personnes qui gèrent les programmes. Qu'on parle de
mobilité internationale, d'insertion
professionnelle, les personnes qui gèrent les programmes doivent nous fournir
l'information. Et ça, c'est des coûts
qu'on n'a pas chiffrés. Quelle partie du portefeuille, exemple, de notre groupe
d'insertion professionnelle passe sur l'administration du programme et
la reddition de comptes, on n'a pas chiffré ces coûts-là.
M.
Arcand : Parce que d'autres
universités nous ont parlé de centaines de milliers de dollars qui s'en vont
là-dedans.
Mr. Shepard, maybe I could ask you the
question. You've been working in other universities as well, Ryerson and some others. When you look
at the reporting that is being asked from the Government and you compare it to
what is done in Ontario and maybe
some American States, do you see something very different or it's basically the
same kind of reporting?
M. Shepard (Alan) : Même chose, «actually».
M.
Arcand : Yes?
M.
Shepard (Alan) :
Yes, more or less the same. Some differences place to place, but I think we're
in an era of accountability
and transparency. I think we're trying very hard to live up to those ideals.
And I don't see that the reporting in Québec is really substantially
different from reporting in other jurisdictions that I've seen.
• (21 h 20) •
M.
Arcand : Et est-ce que vous avez un retour de la part du ministère?
Est-ce que vous avez souvent des questions
qui viennent du ministère
lorsque vous envoyez ces rapports ou s'il
y a peu de questions qui vous sont reprises? Est-ce que vous avez l'impression que quelqu'un suit ces
nombreux rapports ou si vous avez l'impression de… Je vous dis ça parce qu'il y a plusieurs gens qui se sont
plaints, hein? Vous n'êtes pas… Les gens se sont plaints, en disant :
Écoutez, il y en a beaucoup.
M. Therrien
(Daniel) : Je répondrais à
votre question à deux volets : Pour l'ensemble, la majeure partie de notre
reddition de comptes qui est beaucoup plus
statutaire, si on veut, non, il n'y a pas de retour en provenance du
gouvernement. Les rapports sont déposés
auprès du gouvernement et on n'a pas de communication par la suite. Par contre,
des enveloppes qui sont plus
délicates, des dossiers, entre autres, comme les frais institutionnels
obligatoires, quand ça a été mis en place, on a eu énormément de contacts avec le gouvernement. Donc, je dirais, je
suis à deux volets : j'ai certains dossiers sur lesquels, oui, j'ai
eu beaucoup de communications avec le gouvernement et beaucoup de retours; et
j'ai une série de redditions de comptes qui sont simplement des documents qu'on
envoie qui, pour nous, ne reviennent pas.
M.
Arcand : D'accord. J'ai une
feuille ici avec les données financières de Concordia et je voudrais juste
qu'on m'explique pourquoi je vois
qu'on a eu des… dans la feuille que j'ai ici, on a fait un bénéfice, en
2011-2012, de 36 millions et une
perte de 15 millions en 2012‑2013. Et, je vois, les items, d'année en
année, se ressemblent passablement, sauf qu'il y a un item qui s'appelle
«Autres dépenses», qui passe de 95 millions à 145 millions. Est-ce
que quelqu'un peut m'expliquer de quoi on parle ou, enfin, comment on
peut passer de 36 millions de profits à moins 15 dans l'exercice 2012‑2013?
Est-ce qu'il y a eu des dépenses extraordinaires qui ont été faites?
M.
Therrien (Daniel) : Un des
items importants qu'on a eus pour l'exercice 2012‑2013, qu'il faut prendre en
compte, est les avantages sociaux futurs. On
a, entre autres, basé sur les évaluations actuarielles, dû ajuster les réserves
comptables. On ne parle pas de déficit
actuariel qu'on paie de façon… en argent, on parle vraiment des réserves
comptables. Pour 2012‑2013, le
montant est passé à 38,5 millions dans l'exercice. Donc, c'est
essentiellement la majeure partie de la variation entre les deux années. Le montant a quand même dû être ajusté
en grande partie à cause des taux de projection actuariels qui ont
baissé d'environ 1 % pour l'université, ce qui m'a généré un coût de
38,5 millions cette année.
M.
Arcand : C'est
quoi? C'est les fonds de pension, ça? C'est…
M.
Therrien (Daniel) : C'est un
petit peu plus large que les fonds de pension. C'est les fonds de pension, mais
c'est aussi tous les avantages postérieurs à
l'emploi au niveau de la santé. Donc, on appelle ça les avantages sociaux
futurs. Et la partie «avantages
postérieurs à l'emploi», pour Concordia, elle est quand même importante. Donc,
c'est à deux volets.
M.
Arcand : Et donc c'est un…
Est-ce que c'est un «one-time adjustment», comme on dit, ou si c'est quelque
chose qu'on risque de retrouver, dans les années futures, dans les états
financiers?
M. Therrien (Daniel) :
Malheureusement, selon les règles comptables, vous allez retrouver une
fluctuation excessivement importante basée… Comme
c'est des calculs actuariels qui sont basés sur les projections démographiques
qui sont basées sur les courbes d'âge et qui
vont être basées sur les fluctuations de taux sur le marché, on peut se
promener d'un déficit ou d'une
dépense de 38 millions d'une année et éventuellement, dans le futur, se
retrouver à un surplus de 20 millions et retourner à un déficit de
15 millions. Donc, c'est des chiffres qui sont très difficiles à prévoir.
Et je ne pourrais pas vous dire, dans quelques années, à quel niveau on va se
situer.
M.
Arcand : Et est-ce que je
pourrais savoir… De façon générale, lorsqu'on regarde les perspectives
d'avenir, est-ce qu'il y a, pour
vous… Parce que je sais, entre autres, que vous avez un e-learning qui semble
être très dynamique et très agressif.
Est-ce que c'est quelque chose qui, pour vous, est une source de revenus
importante, le e-learning, ou si les dépenses sont telles que finalement
ce n'est pas nécessairement quelque chose qui est rentable actuellement?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Oui. Pour nous, l'apprentissage en ligne, c'est
un volet important de ce qu'on est capables d'offrir à nos étudiants. On
a développé, à Concordia, une expertise. Ça fait longtemps qu'on travaille pour
développer notre expertise en apprentissage
en ligne, puis ce n'est pas facile. Ce n'est pas facile. Puis, pour développer
un cours, ça demande énormément d'efforts,
des installations spécifiques, une expertise particulière, et des coûts. Une
fois que le cours est développé, pour
le maintenir à un niveau de qualité
supérieure, il faut continuellement réinvestir aussi, puis on est très,
très rigoureux là-dessus.
Donc, nous,
on fait l'apprentissage en ligne parce
que c'est un service que nos
étudiants demandent. Puis, il faut se rappeler, hein, nos étudiants qui entrent
à Concordia, comme dans les autres universités québécoises, sont nés en 1994, sont nés en 1995, avec un ordinateur dans les
mains, c'est tout à fait naturel pour eux, ce n'est pas… L'apprentissage
en ligne, pour eux, ce n'est pas quelque chose de nouveau, de menaçant, c'est quelque
chose de tout à fait naturel. Mais nous, on le voit comme un complément de notre
apprentissage traditionnel, de notre apprentissage par expérience, de notre apprentissage coop. Et aujourd'hui c'est environ 15 % de nos inscriptions de cours qui sont en ligne.
Puis nos étudiants en redemandent,
mais nous sommes limités par notre capacité à développer des cours, à financer le développement de cours à la qualité dont nous avons besoin pour
continuer d'exceller dans ce domaine-là. Donc, ce n'est pas une décision
financière, c'est une décision académique pour nos étudiants. Catherine, est-ce
que tu veux en rajouter?
Mme Bolton (Catherine) : Oui. Je pourrais ajouter aussi que ça fait partie
de notre histoire, Concordia. Quand l'université
a commencé avec le Sir George
Williams, c'est dans le domaine des cours… dans la nuit. Mais, pour nous,
c'est l'accessibilité aux cours pour nos étudiants. On continue la tradition
avec l'apprentissage en ligne. Alors, c'est vraiment au coeur de la mission de Concordia et des
services qu'on offre à nos étudiants pour avoir un cheminement assez
fluide dans le parcours de l'éducation.
M.
Arcand : O.K. Hier, quand on a parlé aux gens de l'Université du Québec à Montréal, il y
avait eu un certain enjeu sur une histoire d'appel d'offres public à cause que, sur le plan
informatique, on utilisait, je pense, les produits Cisco, etc. Lorsque Mme Woodsworth, en 2010, était venue ici,
elle avait signalé aux membres de la commission, entre autres, là, qu'une des façons pour réduire les coûts de
fonctionnement était d'uniformiser le réseau informatique de l'université.
Est-ce qu'il y a eu une voie en ce sens-là qui a été retenue depuis ce
temps-là?
M.
Côté (Roger) : Je pourrais peut-être adresser la question.
Effectivement, il y a toujours une recherche d'économie sur des coûts de plus
en plus grandissants dans toutes les organisations — les universités ne sont pas épargnées — c'est-à-dire toute notre infrastructure
informatique. Alors, l'université s'est dotée d'un plan architectural, comme on le fait pour des bâtiments, dans le
développement de notre infrastructure informatique et traitons ces coûts-là
comme des investissements en capital.
Et,
dans la recherche… dans le développement de cette infrastructure-là, on cherche
une cohérence et une complémentarité
de ses composantes, pas nécessairement uniformiser l'outil comme tel. Parce que
ce qu'on voit de plus en plus sur le marché, c'est que des outils informatiques,
les logiciels, les prologiciels, en fait, peuvent accomplir plusieurs différentes fonctions et s'intégrer. Alors, pour
nous, on n'a pas un modèle unique de développement de plateforme. Notre structure de grand système à l'université, que ce
soient les ressources humaines de la paye ou du système de gestion des
données étudiantes, se partage sur différentes plateformes, est fortement
intégrée.
Alors, oui, on
cherche des économies d'échelle sur les outils qu'on utilise, mais on ne se
limite pas à un seul fournisseur ou une
seule approche de développement. D'ailleurs, ces outils-là, ces
environnements-là changent tellement vite
que de vouloir planifier à long terme sur une plateforme, ce n'est pas
nécessairement la meilleure approche à utiliser, mais plutôt de trouver une façon de moduler, d'adapter notre
environnement, nos infrastructures informatiques, et c'est l'approche
que nous utilisons. Alors, quand on développe de ces instruments, de ces
outils-là, on procède par appel d'offres et
on suit toutes les règles d'or. Et nos projets… On a présentement un grand
projet en marche pour notre système de
gestion de données étudiantes. Le tout se déroule très bien, à temps et à même
les budgets alloués et en reconnaissant qu'il peut y avoir une
complémentarité de différentes composantes pour appuyer l'ensemble de
l'architecture qu'on a développée.
• (21 h 30) •
M.
Arcand :
O.K. Mais, si vous prenez, par exemple, un système comme par exemple… dans le
cas de l'Université du Québec à
Montréal, c'était Cisco, je pense, là, qui était le système, est-ce qu'on n'a
pas le choix presque de rester avec ce
système-là si on veut une certaine cohérence, j'imagine, pour l'avenir? Sans
être un expert dans le domaine, là,
je vous pose la question.
M.
Côté (Roger) : Je dirais que
la réponse, ça dépend des éléments ou des composantes de l'infrastructure qu'on a en place. C'est
évident, quand on a des appareils techniques, ce qu'on appelle le «hardware», il y a
des composantes qui sont en
complément. Et, quand on fait une mise à jour, bien, c'est un peu comme une
voiture, si on fait une mise à jour d'une
pièce dans une voiture, on ne peut pas nécessairement intégrer une pièce d'un compétiteur dans cette
voiture-là. Par contre, au niveau de types de technologies disponibles
sur le marché, on voit qu'il y a effectivement une capacité d'intégrer différents éléments. Oui, il y a
des volets qu'on reconnaît chez nous où c'est plus facile. Et, parfois, il n'y a qu'une seule solution pour
remplacer une pièce, par exemple, une composante, et cette composante-là fait
partie du fournisseur initial. Par contre,
on ne veut pas se laisser prendre dans une situation où il est impossible
pour nous d'adapter notre environnement.
M.
Arcand : Très
bien. J'avais maintenant
une question sur… J'ai eu un collègue à l'Assemblée nationale qui s'appelle
M. Russ Copeman. M. Copeman a été élu maire de l'arrondissement Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce, dont une partie est dans mon comté. J'imagine
qu'il était, lorsqu'il s'est présenté, en congé sabbatique ou, enfin,
une période sabbatique. Est-ce qu'étant donné le rôle qu'il avait au niveau
des relations gouvernementales, qui était un de ses titres, je pense, est-ce
qu'il a été remplacé? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui est maintenant spécifiquement
attitré au niveau de Concordia? Do you have someone, Mr. Shepard, who
is directly involved in the relationships between the Government, like Mr. Copeman was before? Is
there someone who actually deals with the Government on a regular basis aside
from those who deal from a technical point of view? Is there someone
specifically involved with the relationships with the Government?
M. Shepard (Alan) :
Oui. Merci pour votre question. At the moment, we have one other person in that unit, but we'll be posting Mr. Copeman's old job shortly.
M.
Arcand : So, he will be replaced now?
M.
Shepard (Alan) :
Yes. We're thinking about the structure, what's best for Concordia going
forward, yes, but we'll be posting a position.
M.
Arcand : O.K. Thank
you very much. J'avais une question
qui portait, entre autres, sur le… Il me reste combien de temps, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme
Vien) : Excusez-moi, monsieur…
M.
Arcand :
Il me reste combien de temps?
La
Présidente (Mme Vien) : À peu près une dizaine de minutes. Un
petit peu moins qu'une dizaine de minutes.
M.
Arcand :
Bon. Mme la Présidente, je vais vous poser une question au sujet du corps
professoral. Je sais qu'au niveau…
J'aimerais que vous m'expliquiez un peu l'évolution de ce qui s'est fait depuis
nombre d'années. On me dit que le nombre
de professeurs embauchés en 2012‑2013, c'était 110, alors qu'en 2007‑2008 il y
en avait 153. Je ne sais pas si les chiffres sont exacts. Je voudrais
juste que vous me disiez si ces chiffres-là sont exacts.
Et
par ailleurs le nombre total de professeurs est passé de 907, en 2007‑2008, à
976, en 2012‑2013. Vous avez légèrement
moins de chargés de cours, quoiqu'encore là il n'y a pas une très grosse
différence. Est-ce que le phénomène, premièrement,
d'avoir des professeurs à temps plein en moins grand nombre que des chargés de
cours ou à peu près un nombre équivalent, c'est normal dans une
université moderne?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Je peux commencer. Le chiffre qui m'apparaît
exact, c'est l'augmentation d'environ 900 professeurs en… Quelle année
vous avez citée? 2008?
M.
Arcand :
2007‑2008.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : 2007‑2008. Autour de 950, 975 peut-être,
maintenant. Ça, ça m'apparaît tout à fait exact. Ce sont des années au cours desquelles notre population étudiante
s'est accrue. Notre corps professoral s'est aussi accru, quoique dans une proportion légèrement
moindre. C'est important pour nous d'avoir des professeurs à temps plein
qui assurent la qualité des programmes, qui
assurent la recherche de haut niveau, qui sont sur place à temps plein pour
servir nos étudiants, là. Maintenant, c'est
aussi important d'avoir des professeurs à temps partiel. Nous en avons moins
que des professeurs à temps plein, et c'est
autour de 700 professeurs à temps partiel que nous avons. Ils complémentent
l'éducation de nos étudiants, surtout de
manière appliquée dans des domaines tels que les beaux-arts, la finance, le
génie. Ce sont des gens qui
travaillent sur le terrain et qui
viennent complémenter le travail de nos professeurs à temps plein. Comme
je...
M.
Arcand :
Les chargés de cours, pour vous, et les professeurs à temps partiel, c'est la
même chose?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Oui, tout à fait.
M.
Arcand :
O.K. Pour vous, vous appelez ça... Parce que nous, on appelle ça des chargés de
cours.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Oui. C'est par convention collective, ce sont des
professeurs à temps partiel.
M.
Arcand : Ah! Vous autres, c'est de la convention collective,
d'accord. Mais, en
général, lorsqu'on
a beaucoup de professeurs à temps partiel, on dit toujours
que ça coûte moins cher que des professeurs à temps plein. Est-ce que
c'est un peu ce qui se passe actuellement?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Pour nous, l'important, c'est d'avoir la bonne
balance entre les professeurs à temps plein.
C'est certain qu'en 2013 il n'y a aucune université qui peut se permettre financièrement d'avoir
exclusivement des professeurs à temps
plein, c'est devenu impossible. Les professeurs à temps partiel ajoutent quelque chose de différent au niveau académique, puis c'est important pour nous, c'est
un avantage que d'avoir un certain contingent de professeurs à temps
partiel.
Il faut
avoir la bonne balance, et je crois qu'on l'a ou qu'on est près de l'atteindre
avec environ 970. Si on pouvait passer
peut-être au-dessus de 1 000, peut-être 1 050 professeurs à temps plein, tout en
maintenant un niveau de professeurs à temps partiel similaire, on aurait
vraiment une balance parfaite pour notre université, pour nos étudiants.
M.
Arcand :
Et, au niveau du recrutement de ces professeurs, pour l'avenir, de quelle façon
vous voyez cela? Est-ce que ça va
être un défi des prochaines années? Est-ce qu'on est dans un marché qui est
compétitif? Est-ce que c'est plus
difficile qu'auparavant d'aller trouver des bons professeurs, d'avoir des gens
en recherche qui sont de qualité, des chercheurs?
Et
je pense qu'il doit y avoir, et particulièrement en anglais, là, il y a quand
même un monde, je dirais, dans lequel les
marchés sont assez mobiles, si vous me permettez l'expression. Est-ce que la
recherche de ces talents, de ces gens-là est devenue, avec la mondialisation, je dirais, et avec les pays
émergents, et avec tout ce qui se passe actuellement, quelque chose de
très difficile actuellement? Et est-ce que c'est difficile d'en attirer ici, au
Québec?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Dans
certaines disciplines, c'est extrêmement compétitif, très, très difficile
d'attirer des chercheurs dans
certaines spécialités de génie, de sciences, certaines spécialités en affaires,
comme en finances ou en comptabilité, c'est devenu extrêmement difficile de trouver des
professeurs. Puis je ne vous parle même pas d'attirer... Si, par exemple, je prends l'exemple de la
comptabilité, je ne vous parle même pas d'attirer des vedettes. C'est rendu
difficile d'attirer des chercheurs
qui ont le statut de Ph. D. et qui sont intéressés par la carrière
académique parce que la compensation dans
ce milieu, dans notre milieu académique, n'est pas compétitive par rapport à ce
que ces gens-là peuvent aller chercher dans
l'industrie, ou dans le privé, ou dans d'autres pays comme par exemple les
États-Unis ou en Asie, où la compétition est très, très féroce.
Cela dit,
pour l'instant, nous sommes encore capables, à Concordia, d'aller chercher des
professeurs de très haut calibre dans
toutes les disciplines. On est très fiers des embauches qu'on a faites au cours
des 10... des cinq dernières années. On a un renouvellement du corps
professoral qui s'est bien effectué et qu'on espère continuer au cours des
cinq, 10 prochaines années, avec le réinvestissement.
M.
Arcand : Et on dit que c'est
plus, bien souvent, la qualité des installations qui est importante pour ces professeurs
plutôt que seulement le salaire. Est-ce que c'est exact?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Vous avez
tout à fait raison. Pour nous, toutes les installations qu'on a mises sur
pied, que ce soient les pavillons eux-mêmes
ou les installations à l'intérieur de ces pavillons-là, dans des domaines de
pointe comme en génomique — j'en ai parlé durant ma présentation — l'École de gestion John-Molson, le pavillon
en génie et en arts visuels, qui a
été érigé en 2005, qui est tout à fait à la fine pointe... Pour des chercheurs,
d'avoir un espace et de l'équipement
haut de gamme, des fonds de démarrage qui leur permettent de prendre déjà une
longueur d'avance dans l'installation
de leurs programmes de recherche, ce sont des éléments très, très importants,
autant que le salaire, vous avez raison. Mais, à un moment donné, quand
l'écart salarial est trop grand, ça devient difficile.
M.
Arcand : Ça devient
difficile. O.K. Et aussi, Montréal?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : C'est un
plus. Quand on est... Quand les chercheurs regardent Montréal comme
milieu de vie, c'est un plus, ça nous permet de les attirer.
• (21 h 40) •
M.
Arcand : Qu'est-ce qui les
attire à Montréal, les chercheurs étrangers? C'est quoi? Le coût de la vie, la
qualité des infrastructures universitaires?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Oui, tout
à fait. Puis je pense qu'à l'étranger Montréal a une réputation enviable
comme ville du savoir, comme ville de la
connaissance. C'est le genre de réputation, il me semble, qu'on pourrait mettre
de l'avant encore plus efficacement. À
l'étranger, c'est perçu comme ça. D'ailleurs, Montréal se classe toujours très,
très bien dans des classements de villes universitaires. Que ce soit… ou
d'Asie, ou d'Europe, Montréal est toujours là.
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
Oui, allez-y, Mme la députée de Bellechasse.
Mme Vien :
Permettez, Mme la Présidente. Bonjour… Bonsoir, en fait, bienvenue. J'ai une
petite question, moi, rattachée aux propos de mon collègue, qui me vient
en tête. Vous parlez d'être compétitifs, vous parlez que c'est un marché serré pour l'embauche des professeurs, des
professeurs de haut niveau. Je comprends que vous allez chercher des
professeurs qui viennent de l'étranger. Par exemple, aux États-Unis, je
présume, je ne sais pas, mais je présume que toute
la question salariale est dans un écart important par rapport peut-être à ce
qu'on peut offrir à Montréal. Est-ce que je me trompe? Et, si c'est le
cas, on parle d'écart qui peut ressembler à quoi, par exemple?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : J'ai vu
des offres, et il arrive qu'un professeur vienne nous voir puis dise :
J'aime beaucoup ça à Concordia, ça a
été très bon pour ma carrière, j'adore les étudiants, j'adore la ville, mon
laboratoire est superbe, ça a
vraiment été, pour moi, un bon choix de venir, maintenant j'ai une offre ici à
50 000 $ de plus par année. Voilà.
Ça, c'est le genre de chose qu'on peut voir en affaires, en génie, en sciences
occasionnellement. Même à l'intérieur du Canada, il y a des offres qui
atteignent souvent 20, 25, 30 000 $ de plus.
Mme Vien :
Est-ce que ce sont des situations aussi que vous êtes capables de voir entre
universités québécoises?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : C'est
plus rare.
Mme Vien : C'est plus rare
parce que vous êtes pas mal toutes au même niveau à peu près?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Oui.
C'est plus rare. Ça peut arriver. Il y a du voyagement entre les universités québécoises, mais souvent le salaire n'est pas au
centre des préoccupations, c'est plus peut-être une chaire de disponible,
peut-être des installations plus à la fine
pointe, peut-être qu'il y a un groupe de recherche qui se développe. Parfois,
les professeurs viennent chez nous,
parfois ils quittent, il y a un certain transfert dans les universités
québécoises. Mais la vraie compétition, elle est mondiale.
Mme Vien :
Un salaire moyen de professeur d'université, moi, je n'ai aucune idée à quoi ça
se ressemble. C'est quoi, le salaire moyen d'un professeur d'université?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Chez nous… Daniel, peut-être que tu as les
vrais chiffres, mais, chez nous, les professeurs
au premier échelon de l'échelle, le professeur adjoint, ça doit ressembler
autour de 70, 75 000 $ puis ça doit monter, pour les professeurs de très, très haut niveau, autour de
125 000 $, quelque chose comme ça, alors qu'on ne voit pas, comme on peut voir à l'extérieur du pays, des
salaires qui vont dans les hauts 100 000 $ ou parfois même au-dessus
de 200 000 $, on ne voit pas ça.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci. Nous allons
maintenant du côté du gouvernement. M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M.
Breton : Est-ce
qu'il y a quelqu'un parmi vous qui vient de la chaire ou de l'école
John-Molson?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Non.
M.
Breton :
Non? O.K. Bon. Je voulais… La raison pour laquelle je posais cette question-là,
c'est qu'il y a un programme qui
s'appelle Ambassadeur du développement durable, et vous parlez d'initiatives en
développement durable, et moi, je vais vous dire, aujourd'hui, on avait
des gens des HEC qui nous parlaient de leur vision du développement durable, et je peux vous dire que, comme personne
qui travaille dans ces dossiers-là depuis longtemps, je dois vous dire que c'est un terme qui a été passablement
galvaudé, le développement durable, à tel que point qu'à un moment donné
je me souviens d'une conversation où les
gens en étaient venus à confondre «développement» comme «croissance» et
«durable» comme «sans fin».
Une voix : …
M.
Breton :
Oui, voilà, développement durable ou croissance sans fin. Donc, ça donne une
idée à quel point tout ça peut être
perverti. On est parti d'un terme, dans les années 80, avec Brundtland, qui
parlait justement de laisser un legs aux
générations futures qui serait au moins aussi soutenable que le nôtre. Je voulais avoir une petite idée de la
définition. Comment les gens de l'Université Concordia perçoivent le développement durable dans l'enseignement qu'ils amènent dans les différents départements? Et évidemment je
voulais parler, entre autres, des gens de l'école John-Molson parce qu'en gestion, en économie, en finances, je sais
qu'on parle beaucoup de produit intérieur brut, de croissance économique,
de croissance de production, et les gens qui savent un peu les données
scientifiques de base savent que, d'avoir une croissance
infinie dans un milieu de vie qui est fini, il y a une contradiction qui est là
fondamentale. Ça fait que c'est pour ça que j'aimerais ça vous entendre
sur la perception que vous avez de ce qu'est le développement durable.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) :
…intéressante. Je vais commencer par deux points qui sont spécifiques à l'École
de gestion John-Molson, après je parlerais
de manière plus générale de comment on perçoit le développement durable à
Concordia. Puis par la suite peut-être que
je pourrais te laisser parler, Roger, particulièrement de ce qu'on a fait au
niveau des installations.
Donc, on est
très, très fiers que l'École de gestion John-Molson… Puis merci de le
mentionner, ça me permet de le dire, puis notre doyen, Steve Harvey, va
être très heureux d'entendre que ça a été mentionné ici : notre programme
de M.B.A. classé deuxième au monde, deuxième au monde, le programme de M.B.A.
de l'école John-Molson, par le Global Green
M.B.A., donc le M.B.A. vert, deuxième plus vert au monde par Corporate
Knights Magazine. Donc, on est très,
très fiers de ça. On a un programme qui a su intégrer dans ses composantes mêmes
tellement d'éléments importants du
développement durable qu'il a été classé deuxième au monde dans cette
catégorie-là par un magazine extrêmement prestigieux. Donc, ça fait partie d'une série de distinctions que
l'École de gestion John-Molson a reçues cette année. C'est une école qui
se retrouve continuellement dans les meilleurs classements mondiaux dans
diverses catégories.
Au centre de
ça, c'est le centre pour l'entrepreneuriat durable de Paul Shrivastava, le
David-O'Brien Centre for Sustainable
Business Development, qui est reconnu mondialement et qui affecte tout ce qu'on
fait à l'École de gestion John-Molson.
Puis je suis fier de dire que, dans mon bureau, dans le bureau du vice-recteur académique, on est en lien
direct avec Paul Shrivastava, on utilise son
expertise pour diverses initiatives que l'université entreprend en termes de développement durable. Donc on a élargi ce que lui
a mis en place, puis d'ailleurs nos étudiants nous demandent de le
faire. Puis ça, j'insiste là-dessus parce que c'est très, très beau, les
étudiants de Concordia tiennent au développement durable et à tout ce qui est écologique et vert puis ils mettent de la
pression sur nous pour qu'on soit plus écologiques, pour qu'on soit plus «sustainable», plus durables,
puis on travaille avec eux. C'est une des manières avec lesquelles on travaille le plus avec nos associations étudiantes
vers le développement durable. Donc, eux, ils se sont auto-imposé… ils
se sont auto-imposé un frais…
Une voix : …
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Oui. Les étudiants se sont imposé un frais
supplémentaire, un frais institutionnel obligatoire à être réinvesti dans des initiatives durables à
l'Université Concordia. C'est quand même exceptionnel. Puis je les remercie et je les salue d'avoir fait ça.
Une partie de ces argents-là a été réinvestie à regarder tout notre curriculum
et s'assurer qu'il y ait des initiatives de
développement durable dans tous nos programmes. Je pense que c'est aussi une
pièce importante, c'est la manière dont a géré la croissance de notre
parc immobilier. Roger, si tu pouvais en parler.
• (21 h 50) •
M.
Côté (Roger) : Oui, effectivement. En fait, l'université s'est dotée
d'une structure de gouvernance au niveau des pratiques durables à l'université, où il y a un volet opérationnel
et un volet d'engagement communautaire aussi, à la communauté intérieure de l'université mais aussi
la communauté environnante, sur les pratiques durables, et aussi sur le côté enseignement pédagogique et recherche. Et
elle a essayé d'intégrer ces volets-là, ces dimensions d'opération de façon
complémentaire.
Alors, les
activités de nos étudiants, il y a au-dessus, à l'université, d'une trentaine
de groupes qui sont intéressés à différents volets des pratiques
durables, que ce soit la consommation, transport, etc., mais c'est plutôt au
niveau opérationnel. Et l'université a
travaillé en collaboration avec ces groupes-là, et vraiment on est des
partenaires, si on veut, avec les
intervenants, que ce soient des professeurs ou des étudiants dans ce cas, dans
le cas qu'on parle, pour le développement des opérations de
l'université. Alors, tous nos pavillons, effectivement, les nouveaux pavillons
érigés sont dotés ou «designés», si on veut,
là, planifiés avec une approche durable. Nous avons déjà deux nouveaux
pavillons qui ont la certification
LEED Gold. Notre pavillon de l'école John-Molson a la désignation Silver,
argent. Et, les chercheurs d'université,
on parlait plutôt des gens dans la gestion de génie bâtiment, de trouver des
façons de générer autant d'énergie que consomment nos pavillons, nos
édifices.
Il y a des
projets qui sont assez novateurs avec nos étudiants. Si on fait un peu une
promenade dans le centre-ville de
Montréal ou même sur notre campus, là, on verra des groupes étudiants qui sont
très actifs au niveau de l'agriculture urbaine
sur les toitures de pavillons, sur les terrains disponibles à l'université. Et
ils ne font pas seulement qu'exploiter l'agriculture,
mais aussi ils font de la formation auprès même d'étudiants au niveau
secondaire, dans les communautés, dans
les différents quartiers de la ville de Montréal. Et c'est une façon pour
l'université de rayonner, si vous voulez, notre intérêt pour les
pratiques durables.
Alors,
l'université, depuis déjà 15 ans, est qualifiée comme étant l'université qui
utilise la consommation d'électricité
la plus efficace, le plus efficacement, si vous voulez, de tous les
établissements universitaires au Québec. Nous sommes très conscients de l'utilisation de différentes ressources
dans nos pavillons, soit la consommation d'eau, la façon que nous gérons l'eau, le recyclage, la
diminution d'utilisation de papier, etc. Alors, il y a plusieurs exemples comme
ça de programmes au niveau opérationnel que
nous… Dans certains cas, nous avons été les pionniers, et c'est aussi grâce,
beaucoup, là, à l'intérêt de nos étudiants.
Alors, l'idée
de pratiques durables dans la vie de l'université, ce n'est pas uniquement de
la mettre en pratique au niveau
opérationnel, mais de sensibiliser la communauté universitaire à cette
question-là pour qu'eux, ça puisse devenir quelque chose qui est d'intérêt, que ça peut être quelque chose qui va
devenir plus élevé dans leur niveau de conscience. Alors, il y a plusieurs éléments, que ça soit dans
les services alimentaires, dans la façon… dans le design de nos salles
de cours, où on prend les considérations de pratiques durables constamment.
Mme Bolton
(Catherine) : Je voudrais
aussi dire que des étudiants, avec l'argent qu'ils ont collecté, ils planifient
justement une conférence, dans le mois de
février 2014, sur le sujet des cours durables. Alors, il y a toute une
conférence de trois jours. C'est
initié par des étudiants pour vraiment viser l'action dans les cours ici, à
Concordia. Alors, c'est vraiment quelque
chose que les étudiants vivent de jour en jour. Ils sont vraiment impliqués
dans la question verte, si je peux dire. Et c'est quelque chose qu'ils veulent voir aussi dans leur programme
académique. Non seulement quelque chose qu'ils font dans les bâtisses,
mais vraiment dans les cours qu'ils planifient puis qu'ils étudient aussi.
La Présidente (Mme Richard, Duplessis) :
M. le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
M.
Breton : Écoutez, ce que
j'entends me fait très plaisir, je vais vous le dire. Et puis on parlait, tout
à l'heure, de collaboration
interuniversitaire. Je pense que les gens de l'École de gestion John-Molson
seraient très heureux de les voir
collaborer avec d'autres écoles de gestion pour qu'ils assimilent plus et
intègrent plus les notions de développement durable quand c'est le temps de parler de gestion, d'économie, de
finances, parce que, de toute évidence, il y a des écoles ailleurs au
Québec et au Canada qui ne sont pas rendues à ce niveau-là.
J'aimerais
ça, après cette discussion-là qu'on a eue, que vous me donniez… que vous me
fassiez part un peu de cette
information-là pour les références futures, parce que ça m'intéresse beaucoup,
beaucoup, beaucoup, ce dont vous venez de me parler.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Ça nous
ferait plaisir. Même, si vous voulez visiter l'école de gestion, ça nous ferait
plaisir d'organiser ça.
M.
Breton :
Oui, j'aimerais beaucoup ça. Autre chose. Il y a le financement intégré aussi
avec le supérieur. Ça, ça fait partie
de ces programmes-là qui, je pense, sont importants pour vous. J'aimerais ça
que vous m'en parliez un peu : financement intégré aux cycles
supérieurs.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Le
financement intégré, c'est-à-dire comment on supporte nos étudiants lors de
leurs études aux deuxième et troisième cycles?
M.
Breton :
Exactement, c'est ça.
M. Bacon (Benoit-Antoine) : C'est
très important de soutenir les étudiants aux cycles supérieurs pour qu'ils puissent se consacrer à leurs études. On le fait
dans la mesure du possible, mais c'est extrêmement coûteux. Pour pouvoir compléter une maîtrise ou un doctorat dans les temps, sans
devoir travailler à l'extérieur de l'université, ça prend — bon, le chiffre, on peut en débattre — certainement 10 000 $, peut-être
15 000 $, peut-être 20 000 $ par année pour un étudiant
de deuxième ou troisième cycle. Nous, on
contribue dans la mesure du possible, mais vous pouvez vous imaginer qu'à plus
de 6 000 étudiants ça représente des sommes que, dans le contexte, on
n'est pas capables de remplir complètement.
Donc, nous, c'est une
de nos priorités d'augmenter le support économique à nos étudiants de deuxième
et de troisième cycles. On donne déjà des
millions et des millions de dollars vers ça. Mais, s'il y avait
réinvestissement, c'est un des
endroits où on réinvestirait parce que c'est le vecteur pour attirer des
étudiants de grande qualité, leur donner la chance de compléter leur programme d'études dans les délais puis leur
donner vraiment la chance de briller et par la suite poursuivre des
carrières de chercheurs. C'est extrêmement important. Je ne peux pas insister
assez là-dessus.
M.
Breton :
Bien, écoutez, je sais exactement ce dont vous parlez parce que je suis passé
par là aux cycles supérieurs et avoir à travailler en même temps...
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : C'est très dur.
M.
Breton : Oui.
D'autant plus que je me suis retrouvé dans un... à un moment où, en 2005, le gouvernement transformait des bourses en
prêts. Donc, je sais exactement ce dont on parle. Mais est-ce que vous pensez
que, dans l'entente de partenariat, ça
pourrait être un de ces éléments importants qui pourraient faire partie de
l'entente de partenariat avec le gouvernement?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Que l'université pourrait commettre certaines des sommes allouées
en supplément vers les études supérieures?
M.
Breton : Et qu'il y ait
plus d'appui pour faire en sorte que les étudiants du cycle supérieur soient plus
capables, justement, aient plus les moyens de faire...
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Oui. Pour nous, c'est une priorité. Ce serait
très intéressant d'avoir la discussion, certainement.
M.
Breton :
Parfait. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci. Nous allons maintenant du côté de
l'opposition officielle. M. le député de Mont-Royal.
M.
Arcand : Merci,
Mme la Présidente. Écoutez,
je voudrais revenir peut-être sur les discussions que ma collègue de
l'Acadie a eues avec le président du conseil d'administration. M. Hébert, vous avez dit que vous avez adopté
une série de mesures pour améliorer
la gouvernance, et ainsi de suite. Est-ce
que je comprends que, dans ces
mesures que vous avez adoptées, vous avez, entre autres choses, là, exclu
la double rémunération pour quelqu'un qui, par
exemple, est soit en période... a eu une paie de séparation et qui
exerce un emploi de professeur? Est-ce
que ça, c'est quelque chose qui est en place actuellement?
M.
Hébert junior (Norman) : Oui. Double rémunération, quelqu'un qui a un salaire et qui
enseigne, on ne fait plus ça. C'est ça, exactement. Donc, ça, ça a été
corrigé.
M.
Arcand :
O.K. Et, au niveau de la gouvernance comme telle, il était question, à un
moment donné, de limiter les mandats
au sein du conseil d'administration, d'avoir une espèce de plafond, là, au
niveau de la durée du mandat. Quel est maintenant... Est-ce que ça existe?
Et est-ce qu'il y a une durée maximale où quelqu'un peut siéger sur le conseil
d'administration de Concordia?
M. Hébert junior (Norman) : C'est des mandats de trois ans qui sont
renouvelables pour un maximum de trois périodes. Donc, ça, ça serait le...
M.
Arcand :
Donc, ce serait neuf ans, à ce moment-là.
M. Hébert junior (Norman) : Ce serait le maximum. Et puis, pour le président
du conseil, c'est encore moins que
cela, c'est deux périodes de trois ans. Donc, la vie du président du conseil,
elle est plus courte que celle d'un membre, tout à fait.
M.
Arcand : J'ai une question un peu philosophique, parce que
je sais, M. Hébert, que vous avez été, dans d'autres... ce n'est pas... Vous avez une vaste expérience
dans le domaine des conseils
d'administration, vous avez oeuvré...
D'ailleurs, j'ai
cru voir, à une certaine période, certains conseils d'administration qui
marchaient bien, d'ailleurs. Alors,
je me sens rassuré de vous avoir.
Mais j'entends souvent des gens qui me disent, à l'intérieur des conseils
d'administration, qu'il est toujours difficile d'avoir vraiment toujours
tout à fait l'heure juste sur ce qui se passe parce que les gens ont beau avoir une expertise en affaires ou dans d'autres
domaines, ils ne sont pas impliqués nécessairement dans les opérations
au jour le jour.
Comment vous réussissez à savoir ce
qui se passe à l'intérieur des opérations? Comment vous réussissez à avoir
l'heure juste de la part des dirigeants de Concordia? Comment vous réussissez à
contrôler, dans une certaine mesure, et à ne pas vous exposer au genre de
problèmes auxquels on a eu à faire face au cours des dernières années?
• (22 heures) •
M. Hébert junior (Norman) : Dans un premier temps, au niveau du conseil
lui-même, 25 membres, on a plusieurs comités
opérationnels — on peut
parler de finances, vérification, ressources humaines, gouvernance, fonds de
pension, immobilier — donc, plusieurs comités dont tous les
membres du conseil vont siéger sur au moins deux comités. Donc, tous les membres, internes, externes, font partie de ces comités. Et c'est des comités… je
peux vous rassurer que c'est des comités opérationnels. Donc, les
décisions importantes se prennent au niveau de ces comités-là. Donc, il y a une
implication de la part de tous les membres
du conseil. Ça, déjà, c'est quelque
chose d'important.
Et chacun de ces comités-là a un
président de comité qui est encore plus impliqué, évidemment.
Le président du comité de finances travaille de très près avec le chef
des finances, vérification avec… aussi avec cette personne-là et nos vérificateurs
externes.
En
ce qui me concerne, comme président du conseil, et je crois que la clé, — je l'avais vécu et je l'ai vécu pendant
plusieurs années à la Société des alcools en
tant que président du conseil — c'est la relation entre le président du
conseil et le président ou le
recteur. Et je crois qu'au niveau d'une université, pour que ça fonctionne de
façon optimale, on doit avoir une relation étroite, transparente entre
le président du conseil et le recteur.
Je
suis heureux de vous confirmer que Dr Shepard et moi avons cette relation-là.
Et le temps que je consacre de façon
bénévole à l'université, Dr Shepard… Alan et moi, on se voit à toutes les
semaines, on se parle tous les jours. Et, même avant qu'il accepte de venir à l'université, on s'est rencontrés à
quelques reprises à Montréal et à Toronto, et ça a été vraiment, je crois, l'essence même de sa décision
de venir à Concordia, c'était sa relation avec le président du conseil, est-ce que ça serait la bonne relation. Et
heureusement on a ça. Et je crois que c'est clair au niveau du conseil et, je
crois, au niveau des collègues de Dr Shepard, cette relation-là, elle
est évidente et très rassurante évidemment pour les gens à l'interne, et les
gens du conseil pourraient vous dire aussi que c'est très rassurant.
Donc,
nous, on a une relation, comme je vous dis, qui est simple et transparente.
Tant moi que lui, on n'aime pas les
surprises. Et on s'est dit : Travaillons de cette façon-là. C'est énorme,
cette organisation-là, qu'est une université. Et Concordia, c'est… donc, on dit, en anglais, «lots of moving parts». Mais,
moi, ce que je veux, c'est que je ne veux pas de surprise, je veux être au courant et je veux être quelqu'un sur lequel
Alan peut se confier. Et évidemment, moi, mon rôle par rapport à ça, c'est que je veux le protéger,
protéger face à l'interne et l'externe, donc, comme président du conseil.
Donc, est-ce que je
suis au courant de tout, tout, tout ce qui se passe à l'université? Absolument
pas. Puis ça serait… J'ai quand même… j'ai
un travail à temps plein encore, là, dans mon entreprise à l'extérieur. Mais je
dois dire que tous les enjeux majeurs, les dossiers importants, on en
discute et puis…
Et
je dois dire qu'au niveau du conseil on a cette même relation. On dit tout et…
En fait, il est très transparent au
niveau du conseil. Et le niveau des discussions et, des fois, la confidentialité
des discussions, c'est très important. Et je dois vous dire que, l'an passé, dans la première année de son mandat, on
a mis nos membres du conseil un peu au défi avec des dossiers importants et des dossiers confidentiels, et je crois que
les gens ont pris ça comme un signe de confiance et un signe de transparence.
Et ça crée un niveau d'engagement assez rapide et assez intense avec le
conseil, membres externes et membres
internes. Et ça, pour moi, comme président de conseil, où j'ai à gérer tous ces
gens-là, ça a rendu ma tâche beaucoup plus facile.
M.
Arcand : Vous savez, je regardais, évidemment,
depuis quelques jours, ce qui se passe au niveau de Tourisme Montréal
évidemment et les événements, encore une fois, qui se sont produits et, dans
ces événements-là, je me dis toujours :
Maintenant, tout est public ou
presque, il n'y a pas grand-chose qui échappe à l'oeil des médias
ou de la population, de façon
générale, avec ce qui se passe. Et je me demandais qu'est-ce qui motive quelqu'un comme vous à
accepter cette fonction-là qui, à quelque
part et particulièrement dans ce cas-ci, qui était Concordia, qui était un peu
comme un casse-gueule, un peu, dans
le sens où vous vous dites… Est-ce que c'est une question de défi, de devoir?
Qu'est-ce qui vous a motivé à aller
dans cette direction-là? Parce que moi, j'ai beaucoup d'amis en affaires qui me
disent : Moi, là, je ne touche
plus aux conseils d'administration, ça commence à être un peu trop exigeant à
mon goût. Alors, je voulais savoir votre point de vue, vous qui avez
quand même une bonne expérience dans ce domaine.
M. Hébert junior (Norman) :
Bien,
je pense, oui, quand j'ai accepté, il y a des gens, des amis qui m'ont
dit : Pourquoi? Bien, un, comme j'ai dit dans mes commentaires au début,
c'est mon alma mater. Ma mère a étudié à Sir
George Williams le soir, dans les années 40, mon épouse a étudié à Concordia
également, donc mon père a été un fier philanthrope
par rapport à la création de bourses au niveau de l'université. Donc, on a une
longue histoire dans notre famille. Et,
lorsqu'on m'a demandé de prendre la présidence, bien c'était un moment de
renouveau, et, des fois, le timing en est pour beaucoup. Donc, c'était la chance d'arriver à un moment... Comme
j'ai souvent dit à Alan, j'ai dit : Tous les deux, on arrive… tu
sais, on ne peut aller que vers le haut, parce que c'était une période
difficile, donc…
M.
Arcand : You can
only go up.
M. Hébert junior (Norman) : I can only go up, c'est ça, donc. Mais je pense qu'on a des principes d'affaires
et on gère… pas notre argent, c'est l'argent
du public, en fait. Et, si j'ai appris une leçon pendant les six ans et demi à
la Société des alcools, c'est qu'il faut
faire les choses correctement. On vit dans un aquarium, et puis, si on fait les
choses correctement, si on prend soin
de toujours bien dépenser les sous, je pense que, tu sais, les choses vont bien
aller. Et puis, donc, on fait très
attention. Et, que ça soient les conditions de travail, les avantages, je pense
qu'on… Alan a même réduit certains
bénéfices de son équipe à travers la dernière année. On suit la loi n° 100
et… évidemment. Donc, je pense qu'on…
Tu
sais, il faut faire les choses correctement. C'est un honneur, en fait, de
pouvoir redonner à la société, et au niveau universitaire, pour moi, c'est un honneur, c'est un plaisir. Et, quand
on travaille avec quelqu'un comme Dr Shepard, bien c'est encore plus facile, parce qu'on partage les
mêmes valeurs, et ces valeurs-là, bien, tu sais, c'est certain que ça percole
à l'intérieur de l'université. Donc, c'est
un bon moment pour Concordia. Mais il ne faut jamais rien prendre pour acquis,
on est toujours… il y a toujours de la
brique qui peut nous attendre, donc il faut être vigilants. Mais la relation
que nous avons ensemble me permet et permet à notre conseil d'être, je
crois, le plus renseigné possible.
• (22 h 10) •
M.
Arcand : D'accord. Bien,
merci. Je pense que c'est intéressant de vous entendre là-dessus. Puis, vous
savez, aujourd'hui, quand j'écoutais
un peu brièvement le ministre des Finances qui faisait un peu le bilan de la
situation, une des choses qu'il a
dites à un moment donné, c'est que, parmi les manques à gagner du gouvernement
cette année, il y a 330 millions
de dollars qui est un manque à gagner de la part des sociétés d'État. Donc, je
ne sais pas si c'est Hydro-Québec, Loto-Québec ou la SAQ, mais, si
jamais c'est la SAQ, on va vous retourner là, j'espère que vous savez ça.
Je voulais
rapidement aborder trois questions rapides sur, d'abord, la question des
étudiants étrangers. Je pense que les étudiants étrangers… vous avez véritablement
beaucoup d'étudiants étrangers. Et je vois que, dans d'autres organisations également, à Montréal, les HEC
semblent avoir beaucoup d'étudiants étrangers, mais je pense que ceux qui sont vraiment... c'est évidemment McGill et
vous qui êtes parmi les institutions qui avez le plus d'étudiants étrangers.
Il y a eu un
rapport qui a été publié, je pense, par l'association des collèges et
universités du Canada, qui disait jusqu'à
quel point les étudiants étrangers, c'était bénéfique, ça créait des emplois.
Il y a tout un rapport là-dessus qui a été envoyé. Moi, la question que j'ai pour vous : Est-ce que vous
pensez que ce nombre d'étudiants étrangers va augmenter dans les prochaines années? Est-ce que c'est une
tendance qui est irréversible? Et est-ce que vous pouvez nous assurer
également… pour nous dire que ça ne se fait pas nécessairement au détriment de
gens qui sont ici, au Québec?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Pour
l'instant, nous, notre proportion d'étudiants étrangers se chiffre autour de
13 %, 14 %. C'est plus
élevé que ça aux cycles supérieurs, ce qui est tout à fait normal. Ça ajoute
énormément à la diversité de notre
campus. Il y a une valeur ajoutée à avoir des étudiants étrangers sur le
campus, que ce soit de par leurs qualités ou par la manière dont ils interagissent avec les étudiants du Québec. Donc,
c'est vraiment le monde qui se rassemble à Concordia, en ce sens qu'un
étudiant qui vient de Saint-Jovite peut avoir un ami qui vient de Hanoi. Voilà.
Est-ce que le nombre d'étudiants étrangers va
continuer d'augmenter? C'est une question ouverte. Nous, on continue de recruter à l'étranger, mais pas
agressivement. On a une relation avec l'Asie depuis plusieurs années, mais
c'est très compétitif aussi, le marché
asiatique, que ça soit par l'Australie ou parce que les divers pays d'Asie
s'organisent, développent une classe moyenne, développent leur propre
système d'universités, etc.
Donc, pour
nous, c'est important académiquement, c'est important en termes de recherche.
Ce n'est pas juste les étudiants,
nous avons aussi une proportion de professeurs qui viennent de l'étranger. Puis
c'est important parce que c'est un
mélange d'idées. On pourrait augmenter encore un peu, mais jamais au détriment
de la population québécoise. 75 % de Québécois chez nous, on y
tient.
M.
Arcand : Les étudiants
étrangers, de façon générale, est-ce que vous avez des statistiques qui
montrent qu'ils demeurent au Québec? Est-ce qu'ils vont ailleurs? Est-ce
qu'il y a une mobilité constante qui existe?
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : C'est
surtout des étudiants aux cycles supérieurs qui souvent sont un peu plus âgés,
parfois viennent avec leur famille, viennent
dans l'espoir de s'installer au Québec. Après des études en génie, après des
études en gestion, ils veulent contribuer à
la société québécoise. Nous, on tente de leur donner des outils, en particulier
la connaissance de français nécessaire pour qu'ils puissent s'installer et
rester chez nous.
M.
Arcand : O.K. Au sujet des
relations de travail, vous avez eu des professeurs qui n'étaient pas contents,
à un moment donné, de leurs
conditions de travail et qui ont même... Ils ont déclenché une grève, à un
moment donné. Est-ce qu'il y a eu... Il y a eu quelque chose de ce
côté-là, non?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Non.
M.
Arcand : Il n'y a
pas eu de problème de ce côté-là?
M. Bacon (Benoit-Antoine) : Non.
M.
Arcand : Bon,
d'accord. Peut-être que j'ai vu quelque chose, là, mais ce n'était pas...
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Au
contraire, on est dans une période de renouvellement de conventions
collectives. Roger, tu peux me corriger. Il me semble que c'est huit
conventions collectives signées depuis le mois d'août.
M. Côté
(Roger) : C'est ça, exactement,
avec le personnel administratif de l'université. La convention
collective avec les professeurs à temps plein est déjà entérinée. Il
reste des discussions avec le syndicat des professeurs à temps partiel et notre
groupe de gestionnaires ainsi que les assistants de recherche, les...
d'assistants de professeurs aussi. Alors, sur la quinzaine, parce qu'il y a une
quinzaine de groupes syndiqués à l'université, nous sommes presque à compléter
une série de renouvellements de conventions collectives.
M.
Arcand :
Bon, O.K. Moi, j'ai une dernière question
en ce qui me concerne. Parce
que je compare un peu ce que je vois entre McGill et vous et je pense
comprendre, d'après ce que je peux voir, que McGill, entre autres l'Université McGill,
a un problème énorme de vieux bâtiments, d'infrastructures. Ils ont des infrastructures assez désuètes et ils doivent, j'imagine, dépenser des sommes d'argent très
importantes ou vont devoir dépenser, dans les prochaines années, des sommes
d'argent très importantes pour leurs édifices, etc.
Je pense
que, dans le cas de Concordia, vous avez fait un mouvement assez spectaculaire,
au cours des dernières années, pour
renouveler vos infrastructures. Vous avez non seulement des édifices qui
sont écologiquement extrêmement
bien, mais vous avez réussi également à faire, je pense, de façon générale, les
bons achats au bon moment et les bons investissements. Et vous avez obtenu, je pense,
du gouvernement, à une certaine époque, là, les prêts qui vous
permettaient justement de faire ces acquisitions, ces dépenses d'immobilisations qui étaient très importantes. Est-ce
que c'est quelque chose qui était planifié depuis longtemps?
Comment ça s'est fait, exactement? Et est-ce que vous avez d'autres… Quels sont les plans d'avenir pour compléter? Parce qu'il faut toujours compléter les
infrastructures. Vous avez fait d'autres acquisitions récemment. Comment
vous avez fait ça? Et quel est votre plan d'avenir?
M.
Côté (Roger) : Oui. Merci. Je pense
que je soulignerais le point qui a été fait par le président du conseil sur le travail qui se fait au conseil d'administration et
les comités du conseil d'administration aussi. Donc, il y en a un qui est
sur le développement du parc immobilier de l'université, et les travaux de ce
comité-là, au fil, je dirais, des dernières 15
années, a permis vraiment d'établir une vision de développement à long terme
pour l'université. Quand on parle du développement du parc immobilier,
on parle vraiment sur des échelles de 20 à 50 ans pour l'université. Alors, il
faut souligner le bon travail, je pense, qui
a été fait, là, depuis une quinzaine d'années par les gens qui ont fait partie
de cette équipe-là et mes prédécesseurs.
Maintenant, effectivement, l'université a pu
bénéficier d'aide financière, d'appui du gouvernement, du gouvernement
fédéral aussi et des gens qui soutiennent l'université pour pouvoir ériger des
pavillons, pour des investissements de 600 millions
de dollars sur les 10 dernières années. Et, en développement de nouveaux
pavillons, évidemment on essaie de
développer des pavillons qui vont être faciles d'entretien, appuyés sur des
pratiques durables et qui vont aussi nous permettre d'économiser nos
coûts d'opération, et c'est ce qu'on voit effectivement comme étant les
résultats dans les nouveaux pavillons que nous avons.
En
ce qui a trait au développement vers le futur, on faisait référence plus tôt à
l'acquisition de la maison mère des
Soeurs grises, et c'est un pavillon d'une richesse… un patrimoine d'une grande
richesse que nous souhaitons garder, et préserver, et partager aussi
avec la communauté. Dans le moment, la priorité, c'est… On a pris l'acquisition.
Les Soeurs grises ont quitté beaucoup plus
tôt qu'il avait été prévu dans notre entente d'acquisition, et il nous a fait
plaisir de les accompagner et de faciliter la transition qu'elles
souhaitaient poursuivre. Alors, le pavillon va avoir une vocation académique à long terme. Pour le moment, le
pavillon est utilisé comme résidence étudiante. Il y aura 600 étudiants qui
pourront résider là dès le printemps
prochain, mais la vocation à long terme, je dirais, 10 ans et plus, sera une
vocation académique.
Au
niveau des besoins de développement immobilier, il y a la Faculté des
beaux-arts, à l'université, qui aurait besoin
d'un développement d'installations. Alors, nous sommes à voir comment on
pourrait développer, consolider des activités
de notre Faculté des beaux-arts qui… un peu défiée, parce que c'est des types
d'installations qui sont parfois de
nature semi-industrielle, dépendamment du type d'activités académiques qui se
passent dans ces pavillons-là. Alors, ça, c'est un volet qui est important pour nous, et c'est évident qu'on va
avoir besoin d'aide, et on a déjà souligné au gouvernement l'appui qu'on
aura besoin pour développer ces besoins-là.
Avec la croissance
importante du nombre d'étudiants à l'université, nos installations récréatives
sportives, c'est-à-dire les endroits où les
étudiants peuvent interagir entre eux, développer des liens complémentaires aux
activités académiques de salles de
cours, de laboratoires, sont déficientes, sont déficientes pour l'ensemble de
l'université, et, pour celles qu'on a,
dans une certaine mesure, sont déficientes aussi, mais surtout sont localisées
au pavillon Loyola, où historiquement
ces édifices, ces pavillons-là avaient été développés. Alors, notre clientèle
étudiante, deux tiers se retrouvent dans
notre campus du centre-ville. Nous souhaitons développer des endroits
d'accueil, des endroits d'échange pour les membres de la communauté universitaire. Alors, ça va être aussi un
intérêt pour nous, une priorité pour développer de telles installations.
• (22 h 20) •
L'autre
défi que nous avons tous… évidemment, vous avez fait référence au maintien des
actifs immobiliers. Nous sommes
reconnaissants de l'aide du gouvernement, du plan quinquennal d'investissement
qui nous permet de recevoir des sommes importantes pour maintenir ces actifs-là. Par contre,
nous évaluons notre somme de ce qu'on appelle «deferred maintenance», notre entretien reporté, si vous voulez, de
l'ordre d'à peu près 100 millions
de dollars. Alors, c'est environ 8 % de la valeur de notre parc immobilier qui est à
1,3 milliard de dollars. Alors, ça, c'est toujours un défi à long
terme de maintenir ces actifs-là.
Alors,
nos pavillons que nous avons érigés récemment, depuis 10 ans, sont dans… on se
sent assez à l'aise avec ces pavillons-là.
Nos pavillons qui sont plus anciens évidemment exigent plus d'investissement,
et nous avons des zones protégées
aussi, du patrimoine culturel. Nous devons et voulons travailler en
collaboration avec le gouvernement à cet effet-là, et cela va demander des investissements importants. On ne peut
pas aménager un pavillon magnifique comme la maison mère des Soeurs grises de la même nature qu'on va faire un
autre type de pavillon qu'on va ériger. Alors, pour protéger ce
patrimoine-là, il va falloir investir et trouver des partenaires pour pouvoir
maintenir ces actifs-là.
M. Bacon
(Benoit-Antoine) : Est-ce
que je peux dire une dernière chose en ce qui concerne le pavillon des Soeurs
grises? Je voudrais remercier Mme St-Pierre
d'avoir mentionné notre relation très, très positive avec la congrégation. Ce
sont des femmes
exceptionnelles. On est très, très, très fiers de travailler avec elles. Pour
ajouter à ce que Roger a dit, la chapelle,
qui est absolument superbe, nous allons la convertir en salle d'étude. Ça nous
apparaissait tout à fait approprié qu'un
lieu de prière et de recueillement demeurerait un lieu de recueillement, mais,
cette fois-ci, pour l'étude académique.
La
Présidente (Mme Richard, Duplessis) : Merci beaucoup,
messieurs… Madame, messieurs, je vous remercie pour votre présentation.
Document déposé
Et, en
terminant, je dépose le document qui a été soumis par l'Université Concordia.
Je veux vous souhaiter, à toutes et à tous, une bonne fin de soirée.
Et la
commission ajourne ses travaux jusqu'au mardi, après les affaires courantes, où
elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 22 h 22)