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(Vingt et une heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Brouillet): La commission des
communautés culturelles et de l'immigration poursuit l'étude
article par article du projet de loi 57, Loi modifiant la Charte de la langue
française.
Les membres de cette commission sont: M, Ryan (Argenteuil), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Laurin
(Bourget), M. Godin (Mercier), M. Gratton (Gatineau), Mme Lachapelle (Dorion),
M. Laplante (Bourassa), M. Leduc (Fabre), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Lincoln
(Nelligan).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), M. Fallu (Groulx), M. Payne (Vachon), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Martel (Richelieu), M. Polak (Sainte-Anne), M. Vaillancourt
(Orford), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
M. Laurin: Nous étions à étudier
l'amendement.
Le Président (M. Brouillet): Nous étions à
l'article 15 et un amendement avait été proposé,
amendement qui comportait un premièrement et un deuxièmement.
Nous avions adopté le deuxièmement et nous étions au
premièrement, paragraphe a.
Exemption des enfants des provinces qui offrent des
services comparables (suite)
Une voix: Quel amendement?
Le Président (M. Brouillet): À l'article 15.
M. Lincoln: Je pense qu'il y a un amendement de la part du
député d'Argenteuil.
M. Laurin: Non, il l'avait retiré en disant qu'il
essaierait de le reformuler.
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait le suspendre au cas où
il arriverait? Je sais qu'il voulait reformuler un amendement à 1 a). Si
on pouvait le suspendre quelques minutes. Je sais qu'il en avait formulé
un.
M. Laurin: Celui qu'il avait formulé avait
été déclaré irrecevable.
Le Président (M. Brouillet): Ceux qui avaient
été présentés avaient été
déclarés irrecevables.
M. Lincoln: Non, non. Celui-là, il ne l'avait pas encore
présenté.
Mme Lavoie-Roux: II s'en vient dans trois secondes.
M. Lincoln: II ne l'avait pas encore présenté, je
me souviens.
Le Président (M. Brouillet); Bon, c'est bien.
Mme Lavoie-Roux: En attendant, est-ce que je pourrais poser une
question?
Le Président (M. Brouillet): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais qu'on me dise ceci: Un ressortissant,
qu'est-ce que c'est? Qu'est-ce que ça veut dire?
Le Président (M. Brouillet): Je crois que c'est dans
l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: L'amendement du ministre. C'est une explication
que je demande.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement à
l'article 15.
M. Laurin: Aux habitants, aux personnes, aux francophones.
Une voix: Aux citoyens.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Sur ce, le Petit Larousse dit, au contraire, qu'un
ressortissant est une personne qui relève d'un État dont elle n'a
pas la nationalité.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Gratton: Je suis assuré que ce n'est pas ce que vous
voulez dire; en tout cas, je le souhaite.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est sûrement pas ce que vous voulez
dire.
Une voix: Sûrement pas.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela.
M. Gratton: Le Petit Robert dit: "Qui ressortit à une
juridiction. Personne qui ressortit à l'autorité d'un pays,
à un statut. Les nationaux et ressortissants français." En
d'autres mots, un ressortissant, c'est une personne qui n'a pas la
nationalité du pays dont on parle, de l'État ou de la province
dont on parle.
M. Laurin: On va vérifier dans le dictionnaire.
M. Gratton: J'imagine que nous sommes capables de lire dans le
dictionnaire aussi bien l'un que l'autre. Alors, on le suspend?
Le Président (M. Brouillet): II y a la question du terme
"ressortissants".
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut enlever "ressortissants"?
Qu'est-ce que vous enlevez?
Une voix: On peut dire "aux francophones".
Mme Lavoie-Roux: Aux francophones.
M. Godin: On enlèvera le mot "ressortissants" tout
simplement.
Mme Lavoie-Roux: Dans les deux cas. Parfait.
M. Godin: D'accord. On biffe. Est-ce que nous sommes unanimes sur
cette biffure? Biffure unanime.
Mme Lavoie-Roux: Absolument unanimes.
M. Lincoln: À ce sujet, est-ce que le député
d'Argenteuil...
Mme Lavoie-Roux: Non, juste sur le mot "ressortissants".
M. Lincoln: Juste sur le mot "ressortissants".
Le Président (M. Brouillet): On n'adopte pas l'amendement.
On s'entend simplement pour rayer le mot "ressortissants" dans
l'amendement.
M. Lincoln: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: On enlève le mot "ressortissants" dans
les deux cas.
Le Président (M. Brouillet): Les deux fois. Partout
où il apparaît dans l'amendement. "Alors, nous avons un amendement
sur la table. À l'article 15, M. le ministre avait proposé un
amandement. On avait adopté le deuxièmement et il restait
à adopter le premièrement. C'est cet amendement qui est sur la
table.
M. Ryan: J'aurais eu, de fait, un autre amendement à
proposer qui aurait relancé, dans les limites que vous avez prescrites,
le débat sur la réciprocité. Je ne le présenterai
point parce que nous disposons de peu de temps pour terminer les travaux de la
commission et les chances de voir cet amendement accepté sont trop
minces pour que j'engage le débat dans cette direction. Je veux que la
commission puisse s'acheminer vers une conclusion. Par conséquent, je ne
présenterai pas cet amendement.
Je voudrais simplement apporter une précision à ce sujet.
Je veux vous prévenir que j'aurai un amendement à proposer, de
concert avec la députée de Jacques-Cartier, sur un autre article.
Le temps que nous aurions pris là-dessus, on voudrait le prendre pour
vous soumettre cet amendement qui prendra une dizaine de minutes. Si le
ministre veut l'accepter, très bien et, s'il ne veut pas l'accepter, il
en prendra, évidemment, la responsabilité.
Sur cela, voici la seule précision que je voudrais faire: Cela
fait bien des fois que j'entends le ministre de l'Éducation et d'autres
membres du gouvernement affirmer publiquement que la situation au Québec
est toujours meilleure que dans les autres provinces. Au niveau des faits, nous
avons une tradition historique au Québec qui nous met effectivement en
avance sur les autres provinces en matière de reconnaissance des droits
linguistiques minoritaires, mais, au niveau du droit, dans bien des aspects, ce
n'est plus vrai. Une clause comme la "clause Québec", je pense que c'est
seulement dans la législation québécoise qu'on la trouve.
J'ai eu l'occasion d'examiner la législation ontarienne, ainsi que la
législation du Nouveau-Brunswick et vous n'avez pas d'équivalent
de la "clause Québec" dans la législation ontarienne et dans la
législation du Nouveau-Brunswick. Je voudrais qu'au moins, quand on
parle des lois existantes, on ne commette pas d'erreurs de faits qui sont
facilement vérifiables et corrigibles, par conséquent, par un bon
examen des textes.
Je pense que la législation qui, d'ailleurs, a donné lieu
à des améliorations énormes au cours des 25
dernières années -j'ai suivi d'assez près
l'évolution de cette province - si ce n'était du facteur du
nombre - sur ce point, la législation québécoise est
meilleure - sur les critères d'admission, est beaucoup moins
contorsionnée en Ontario qu'elle ne l'est ici,
et à plus forte raison au Nouveau-Brunswick. Cette remarque
étant faite, je n'entends pas prolonger le débat sur l'article 15
et n'importe quand, si vous voulez demander le vote, je serai prêt
à l'accepter.
Le Président (M. Brouillet): Nous sommes rendus,
justement, à demander le vote.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal.
Le Président (M. Brouillet): Le vote nominal sur le
premièrement.
M. Lincoln: Le premièrement.
Le Président (M. Brouillet): Le deuxièmement, nous
l'avions déjà adopté. Alors, le vote nominal. M. le
député d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Hyacinthe? M. le député de Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Bourget?
M. Laurin: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mercier?
M. Godin: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau?
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de Dorion?
Mme Lachapelle: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan?
M. Lincoln: Contre.
Le Président (M. Brouillet): Pour: 5, contre: 4.
L'amendement est adopté. L'article 15 tel qu'amendé est-il
adopté?
M. Lincoln: II y avait un amendement à 15.
Motion d'amendement
Le Président (M. Brouillet): II y aurait un autre
amendement? Ah oui! Très bien. Excusez-moi. Avant d'adopter l'article
15, il y a un autre amendement. Voici comment se lit l'amendement à
l'article 15: "Le paragraphe a de l'article 86.1 édicté par
l'article 15 est modifié par le remplacement du point-virgule, à
la fin, par une virgule et par l'ajout des mots suivants: "et que ces -vous me
permettrez de laisser tomber "ressortissants"? - francophones disposent des
moyens voulus pour diriger leur réseau scolaire."
M. de Bellefeuille: M. le Président, vous me permettrez
d'expliquer cet amendement.
Le Président (M. Brouillet): Oui. Très bien.
Certainement, M. le député. (21 h 45)
M. Pierre de Bellefeuille
M. de Bellefeuille: Le but de cet amendement, M. le
Président, est de faire en sorte que la réciprocité qui
est prévue à l'article 15 soit plus authentique. Ce qui est en
cause, c'est la nature des droits linguistiques scolaires de la minorité
dans une province canadienne. Il est généralement reconnu - cela
a été, en tout cas, la position des gouvernements successifs du
Québec dans de nombreuses circonstances - que ces droits linguistiques
scolaires comportent plusieurs éléments. L'accès à
des écoles dans la langue de la minorité est évidemment le
principal de ces éléments, mais il y en a d'autres comme, par
exemple, la possibilité pour la minorité de diriger
elle-même son réseau scolaire. On pourrait aussi envisager
d'autres manifestations de ces droits, comme l'existence d'institutions
d'enseignement jusqu'aux plus hauts niveaux, y compris le collège et
l'université.
Par exemple, si on fait la comparaison entre le Québec et
l'Ontario à cet égard, on notera que les anglophones du
Québec disposent de plusieurs collèges et de plusieurs
universités auxquels ils ont accès et dont ils assument la
direction, tandis que les francophones de l'Ontario n'ont pas accès
à des universités françaises. Il existe tout au plus deux
universités bilingues, celle d'Ottawa et l'Université
Laurentienne de Sudbury, qu'on ne peut pas considérer comme étant
françaises au même titre que les universités anglaises du
Québec sont
anglaises.
Sous le manteau des droits linguistiques scolaires de la
minorité, on peut envisager aussi l'existence ou la non-existence de
structures propres au réseau d'enseignement de la minorité dans
le ministère de l'Éducation en question. Ceci est le cas au
Québec pour le réseau scolaire anglophone, alors que ce n'est pas
le cas pour le réseau scolaire francophone de l'Ontario.
Un autre exemple où c'est le cas, c'est celui du
Nouveau-Brunswick. Au Nouveau-Brunswick, on peut dire que les francophones ont
accès à l'école française, qu'ils exercent la
direction de leur réseau scolaire, qu'ils ont des institutions au niveau
collégial et universitaire et qu'ils disposent au ministère de
l'Éducation du Nouveau-Brunswick de ce qu'on peut considérer
comme une structure propre à l'administration de leur réseau
scolaire.
Aux fins de cet amendement, je me contente des deux aspects principaux
que je considère déterminants, l'accès et la
possibilité de diriger le réseau scolaire. Le libellé
actuel de l'article 15 tel que nous venons de le modifier traite de "services
d'enseignement en français". Il me semble que l'expression "services
d'enseignement" est insuffisante pour rendre les deux idées. Les
services d'enseignement, dans l'entendement courant, c'est l'accès. Ce
n'est pas la direction d'un réseau scolaire. La direction du
réseau scolaire, c'est extrêmement important. Je suis sûr
que la communauté anglophone du Québec reconnaîtrait
l'importance de ce droit pour les minorités d'assurer elles-mêmes
la direction de leur réseau scolaire.
C'est aussi la position des Franco-Ontariens qui reconnaissent que, bien
qu'avec certaines difficultés, ils jouissent de certains droits
scolaires. Il y a un peu partout en Ontario des écoles
françaises, encore qu'elles ne donnent pas toujours satisfaction
à la minorité francophone de l'Ontario. Par exemple, on peut
noter la difficulté qu'un bon nombre de collectivités
franco-ontariennes ont eue au cours des dernières années à
obtenir l'école française, à obtenir le simple
accès à une école française. On peut noter aussi
que, dans des cas où l'école française existe, elle n'est
pas nécessairement placée sur le même pied que
l'école anglaise du même arrondissement. C'est, par exemple, le
cas à Toronto où, dans un quartier cossu, on peut trouver des
écoles anglaises cossues et une école française qui fait
nettement figure de parent pauvre. Cela a été l'expérience
de francophones vivant à Toronto de constater que, dans bien des cas,
l'école française, c'est l'école du parent pauvre, c'est
une école qui a beaucoup de mal à obtenir les services voulus de
la même qualité que ceux des écoles de la
majorité.
La question de la direction du réseau scolaire se pose aussi dans
d'autres provinces canadiennes. Je me souviens, par exemple, du cas de Campbell
River en Colombie britannique où la commission scolaire,
évidemment entre les mains des anglophones, avait consenti à
donner l'accès, aux familles françaises de l'endroit, à
des classes françaises. Mais la commission scolaire a refusé de
fournir le service d'autobus scolaire. Cela montre combien ces questions sont
complexes et combien on peut faire semblant d'offrir quelque chose et, en
réalité, en rendre la réalisation impossible au plan
pratique. C'est ce qui s'était passé à Campbell River.
Le cas de l'Ontario est sûrement l'un des plus importants à
cause de l'importance de cette province qui sert de navire amiral de la
fédération canadienne, à cause aussi de l'importance
historique et numérique de la minorité franco-ontarienne dont
vous savez peut-être que je suis issu. Je suis issu d'une vieille famille
québécoise qui a passé un bout de temps en Ontario. Il
arrive que je suis né Franco-Ontarien et qu'ayant travaillé
à Ottawa pendant de nombreuses années, en particulier au journal
Le Droit, j'ai eu à étudier la condition faite aux
Franco-Ontariens. C'est un dossier que je n'ai jamais perdu de vue.
En Ontario, le ministre de l'Éducation, Mme Stephenson, a
publié le printemps dernier un livre blanc qui comporte deux aspects
principaux du point de vue des Franco-Ontariens. Le premier aspect, qui est
excellent, c'est la suppression de la clause "là où le nombre le
justifie". Cela fait partie du livre blanc publié sous l'autorité
de Mme Stephenson. Le deuxième aspect, c'est un projet selon lequel les
francophones de l'Ontario seraient représentés au sein des
conseils scolaires, qui sont l'équivalent de nos commissions scolaires
en général, sur une base proportionnelle. Or, cette proposition
de Mme Stephenson ne convient pas du tout aux Franco-Ontariens, pour des
raisons que vous comprendrez lorsque je citerai quelques statistiques.
Il y a en Ontario 206 conseils scolaires dont 86 dispensent un programme
d'études françaises. Il y a environ 200 écoles
françaises ou comportant des classes françaises qui
relèvent de ces 86 conseils scolaires qui dispensent un programme
d'études françaises. Or, la représentation proportionnelle
proposée dans le livre blanc de Mme Stephenson ne donnerait aux
Franco-Ontariens que la maîtrise de 17 de ces 86 conseils scolaires,
c'est-à-dire 20%. Seulement 20% des conseils scolaires dispensant de
l'enseignement français en Ontario seraient sous la maîtrise des
Franco-Ontariens si cette proposition de Mme Stephenson, dans son livre blanc,
devenait loi. Quant à la maîtrise de 20% des conseils
scolaires où il y a enseignement français, je crois que
vous conviendrez avez moi que c'est nettement insuffisant et que l'Association
canadienne-française de l'Ontario a eu raison de s'élever contre
cette proposition de Mme Stephenson.
M. André Cloutier, qui est le président de cette
association, ne s'est pas contenté de suivre nos débats de loin.
Il est venu à Québec il y a quelque temps et a rencontré
le ministre des Affaires intergouvernementales et vice-premier ministre du
Québec, M. Jacques-Yvan Morin, et lui a fait part de ses
inquiétudes devant une clause de réciprocité qui ne
comporte pas explicitement l'aspect direction des écoles. J'ai ici une
dépêche qui indique que M. Cloutier est effectivement venu nous
faire part de ses inquiétudes. j'ai aussi une autre coupure de presse
qui indique que, quel que soit le contenu du livre blanc de Mme Stephenson, il
n'est pas du tout certain que le gouvernement Davis ait l'intention de donner
suite à ce livre blanc. Je sais que notre ministre de
l'Éducation, qui siège avec nous, ce soir, en cette commission, a
exprimé l'espoir que le gouvernement de l'Ontario présente
bientôt un projet de loi donnant suite au livre blanc de Mme Stephenson.
Je voudrais vous faire voir, M. le Président, d'abord, que le contenu du
livre blanc est insuffisant du point de vue des Franco-Ontariens et, d'autre
part, qu'il n'est pas du tout certain que le gouvernement Davis soit
disposé à brève échéance à donner
suite à ce livre blanc. Cette coupure de presse porte comme titre:
"Davis says no. French School system, nix." Je crois que vous comprenez ce que
veut dire "nix". Cela veut dire: non, jamais, ou quelque chose de ce genre.
Alors, les sentiments actuels du gouvernement de l'Ontario, tels qu'il les
exprime lui-même par son principal porte-parole, le premier ministre, ne
nous encouragent pas à croire que l'Ontario est sur le point de se
mouvoir rapidement sur la voie de la réciprocité.
M. le Président, je. voudrais vous expliquer aussi que je
considère que la solidarité avec les francophones des autres
provinces pour les Québécois francophones est une affaire,
d'abord, de coeur et, deuxièmement, que c'est dans nos meilleurs
intérêts. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de lire la
biographie d'André Laurendeau qui vient de paraître sous la plume
de Denis Monnière. Denis Monnière cite des extraits du journal
intime de feu André Laurendeau qui était, comme vous vous en
souvenez, coprésident de la commission qui porte son nom, la Commission
Laurendeau-Dunton. Au soir d'une journée où cette commission
avait peut-être eu une séance houleuse, Laurendeau avait
noté dans son journal intime: "Les Anglais ont l'habitude de dominer."
C'est une expérience que les francophones du Canada ont pu faire au
cours des siècles et, devant cette habitude de ceux qu'on appelle par
simplification "les Anglais", il y a, il me semble, une réaction dont il
faut se méfier: la réaction de nous laisser diviser, nous les
francophones. M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission, vous connaissez tous l'adage venu du latin: "diviser pour
régner". Si, nous, francophones, nous nous laissons diviser, nous
risquons de perdre une force qui nous est essentielle.
Je considère ainsi qu'une vraie réciprocité - une
réciprocité qui serait énoncée plus clairement dans
la loi - serait un levier puissant pour servir la cause des minorités
françaises dans les autres provinces. Dans la mesure où nous
voulons encourager les autres provinces à la faveur de cette clause
prévoyant les décrets de réciprocité, dans la
mesure où nous voulons encourager les autres provinces à
élargir les droits dont jouissent leur minorité française,
il me paraît indispensable d'énoncer dans la loi une
réciprocité plus forte que celle qui serait couverte par les
seuls mots "les services d'enseignement". Si on ne parle que des services
d'enseignement, je me demande si nous avons dans la loi mieux qu'une
espèce de "clause Canada" déguisée qui permettrait au
gouvernement de décréter la "clause Canada" province par
province.
Si le gouvernement souhaitait la "clause Canada" - on m'assure que ce
n'est pas son choix - il serait fort désirable qu'il nous le dise. Je
serais prêt, quant à moi, à soutenir un débat sur la
"clause Canada", mais à condition que la question soit posée
clairement. Si le gouvernement prétend rejeter la "clause Canada" et
proposer à sa place un système de réciprocité
reconnu par décret et reposant sur les réalités et sur les
faits, à ce moment-là, il me paraît indispensable de nous
assurer qu'il s'agit d'une réciprocité authentique. (22
heures)
M. le Président, mes collègues ministériels
n'auront pas à s'interroger longtemps pour savoir s'il est important
d'écarter tout danger d'une "clause Canada" déguisée. Je
n'ai pas à rappeler à mes collègues ministériels,
à tous et chacun d'entre eux, les positions prises par notre parti, les
résolutions très fermes que notre parti a adoptées nous
enjoignant de ne pas affaiblir la Charte de la langue française et, en
particulier, ne pas ouvrir la porte à la "clause Canada" sous quelque
forme que ce soit. Je crois qu'il est tout à fait dans l'esprit des
résolutions adoptées par notre parti de voir à ce que
cette réciprocité, comme je l'ai indiqué, soit plus
authentiquement énoncée dans le projet de loi.
Quant à nos collègues de l'Opposition, M. le
Président, je leur fais confiance pour
décider en leur âme et conscience comment voter sur cet
amendement. Mme la députée de L'Acadie m'informe que c'est
déjà décidé. Mais j'estime qu'en toute
cohérence nos collègues de l'Opposition peuvent aussi s'opposer
à ce que la notion de réciprocité risque d'être
édulcorée. L'Opposition a avantage à faire en sorte que
les choix du gouvernement soient clairs, à faire en sorte qu'il n'y ait
pas de possibilité de double jeu et, comme je l'ai dit, pas de
possibilité que, finalement, cette clause soit une espèce de
"clause Canada" déguisée permettant au gouvernement d'adopter la
"clause Canada" province par province, avec une exigence de
réciprocité qui serait minimale et édulcorée et qui
ne correspondrait pas à la nature d'une véritable
réciprocité. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député.
M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: J'ai écouté mon collègue de
Deux-Montagnes avec attention et intérêt. Je remarque qu'il a bien
clairement indiqué, une fois de plus, qu'il favorise la "clause
Québec" et qu'il est opposé à la "clause Canada", ce en
quoi il se distingue nettement de nous. Nous ne pouvons partager son
orientation pour des raisons qui ont été exposées en long
et en large à la commission et sur lesquelles je n'entends pas revenir
à ce stade tardif de nos débats.
Je voudrais rappeler au député de Deux-Montagnes que, s'il
ne s'agissait que de l'objectif qu'il a défini, il pourrait trouver un
large accord de ce côté-ci de la table. Je lui rappelle, en
particulier, que, dans le livre beige qui définissait, il y a quelques
années, la position constitutionnelle du Parti libérai du
Québec et qui, pour l'essentiel, demeure le document d'orientation du
parti dans ces questions, un article indique clairement que le Parti
libéral du Québec favorise ce que vous venez de dire. Je vais
vous en donner lecture pour que ce soit clairement inscrit au dossier. "Une
charte des droits reconnaîtra les droits linguistiques suivants: C) Le
droit des collectivités francophones, anglophones et autochtones de
gérer des institutions publiques dispensent l'enseignement dans leur
langue maternelle partout où ces collectivités sont
regroupées en nombre suffisant."
Je pense que c'était très clairement affirmé. Ce
principe a été affirmé par la suite à diverses
reprises, en particulier à l'occasion du débat sur le projet
constitutionnel du gouvernement fédéral, il y a deux ou trois
ans. En ce qui me touche, cela reste un point que je défendrai chaque
fois que j'en aurai l'occasion.
Dans ce cas-ci, je souscris à ce que le député de
Deux-Montagnes a dit à propos du projet du gouvernement ontarien de
réaliser d'une manière extrêmement périlleuse cet
objectif par la voie d'une réforme des conseils scolaires ontariens au
sein desquels on donnerait une représentation proportionnelle aux
électeurs de langue française. Vous avez parfaitement raison de
souligner, M. le député de Deux-Montagnes, que dans un grand
nombre de districts scolaires cet objectif ne pourra pas se réaliser
parce que les éléments francophones ne seraient pas assez
nombreux pour répondre aux critères définis dans le projet
du gouvernement ontarien. Par conséquent, sur ce point, je pense qu'il y
a un très grand accord entre vous et les députés de ce
côté-ci. Je suis sûr que mon collègue de Gatineau
pense la même chose sur ce point parce qu'il a été
mêlé à ces luttes familialement et géographiquement
depuis longtemps.
Maintenant, je pense que la manière dont vous présentez
cet objectif ne convient pas. Je pense que, tel que présenté,
nous devrons voter contre l'amendement que vous proposez parce que, dans le
contexte où l'amendement est présenté, il tend à
restreindre encore davantage la portée de l'objectif de
réciprocité défini par le gouvernement. Je pense bien que
le député de Deux-Montagnes conviendra lui-même que c'est
le sens de son amendement. Il l'a, d'ailleurs, dit dans ses explications.
Comme nous étions déjà opposés, dans sa
forme plus large, au projet d'amendement gouvernemental, à plus forte
raison sommes-nous obligés de nous opposer à l'amendement
proposé par le député de Deux-Montagnes. Nous pensons
davantage à l'individu. Je regrette infiniment d'avoir à le
souligner. Les arguments que nous avons invoqués à l'encontre de
la proposition gouvernementale au nom des intérêts bien compris
des individus et des familles affectés par ces lois n'ont pas
trouvé de réponse satisfaisante à nos yeux. Par
conséquent, dans ce contexte-ci, je pense pouvoir vous prévenir,
sans crainte d'être contredit, que nous devrons voter contre cet
amendement et que, dans un autre contexte, s'il y avait moyen de créer
une occasion où ce problème pourrait être discuté
à son mérite, dans un climat plus serein, plus
indépendant, dans d'autres circonstances que celles qui président
à ce débat, cela pourrait être très
intéressant et je serais prêt à donner personnellement au
député de Deux-Montagnes l'assurance de mon appui dans un
débat sur une question comme celle-là.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. le ministre de l'Éducation.
M. Camille Laurin
M. Laurin: Je crois déceler une contradiction dans les
propos que vient de tenir le député d'Argenteuil. D'un
côté, il dit qu'il rejettera l'amendement proposé par mon
collègue de Deux-Montagnes parce que son parti pense davantage à
l'individu. Pourtant, il vient de nous dire que, dans le programme qu'il a fait
adopter par son parti, il y a une clause qui couvre les collectivités
francophones auxquelles il veut assurer la gestion de leur système
scolaire. Je pense bien que, s'il n'y a pas de contradiction, il y a, du moins,
une tension entre les deux principes qu'il vient d'évoquer puisque, d'un
côté, le Parti libéral reconnaît qu'il existe des
collectivités francophones dont il importe d'assurer la protection et
auxquelles il importe d'assurer la gestion de leur système scolaire et,
d'un autre côté, il s'oppose à une clause de
réciprocité qui reconnaît, justement, qu'il est tout
à fait normal, qu'il est tout à fait naturel d'assurer à
une collectivité la gestion de son système scolaire.
D'ailleurs, une autre faiblesse que je trouve à l'argumentation
du député d'Argenteuil, c'est une faiblesse analogue à
celle qui existe dans toutes les autres provinces et dans la charte
fédérale canadienne puisque son parti nous dit que, si jamais il
avait la chance de faire prévaloir ses vues auprès du
gouvernement fédéral -ce qui n'est pas le cas, on l'a bien vu -
il voudrait que la gestion de leurs institutions scolaires ne soit
assurée qu'aux collectivités qui regroupent un nombre suffisant
d'individus. Là aussi, on retrouve là où le nombre le
justifie, ce que veut précisément faire sauter le gouvernement de
l'Ontario. En ce sens-là, le gouvernement de l'Ontario est plus
avancé, plus progressiste que le Parti libéral du Québec.
Cela me semble une argumentation très lâche, très
décousue et contradictoire.
Par ailleurs, je trouve que l'exposé des faits du
député de Deux-Montagnes est parfaitement exact. Il va à
l'encontre, bien sûr, des propos très optimistes que tenait
l'autre jour le député de Nelligan lorsqu'il disait qu'à
Toronto tout francophone pouvait être assuré de trouver à
sa disposition tous les services d'enseignement en français qu'il
voulait, que ce soit au niveau primaire, que ce soit au niveau secondaire, que
ce soit au niveau collégial ou que ce soit au niveau universitaire.
C'est une déclaration très optimiste, qui apparaît
complètement contredite par les faits.
J'ai, d'ailleurs, ici un télégramme que j'ai reçu,
il y a quelques jours, de l'Association canadienne-française de
l'Ontario. M. André Cloutier déclarait dans cette communication
qu'il suffirait, pour contredire les propos du député de
Nelligan, de rappeler que 60 élèves francophones de Dubreuilville
en Ontario viennent d'être chassés de leur école par un
conseil scolaire contrôlé par des membres de la majorité
linguistique. M. Cloutier continue: "Depuis plusieurs années
déjà, les Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes affirment que la
qualité de l'éducation offerte à leurs enfants
dépend du contrôle qu'ils exercent sur le système
d'enseignement qui les dessert."
Tous les exemples que nous avons, de même que le rapport de
l'Association des francophones hors Québec montrent bien qu'à
Toronto en particulier il est très difficile pour les francophones
d'avoir accès à des écoles françaises. J'ai,
d'ailleurs, reçu une autre lettre à ce sujet d'un M. Laurent
Langevin, qui est président du Conseil de planification de
l'éducation francophone de la région torontoise, où il dit
que l'essentiel de leur position est que les francophones de la région
de Toronto, comme tous les Franco-Ontariens, ne seront jamais servis
adéquatement en matière d'éducation tant qu'ils n'auront
pas la juridiction exclusive sur leurs établissements d'enseignement,
autant dans le secteur séparé catholique que dans le secteur non
confessionnel public. Dans le rapport qu'il nous donne, il y a plusieurs
exemples qui montrent qu'il est, encore aujourd'hui, difficile pour un
francophone qui va s'installer en Ontario d'avoir accès aux
écoles primaires françaises et, encore plus, d'avoir accès
à des écoles secondaires françaises.
D'ailleurs, dans la proposition que prétendait faire la ministre
de l'Éducation de l'Ontario, il y avait quand même des
distinctions qu'il fallait faire entre les écoles séparées
et les écoles publiques. C'est dans les écoles
séparées, financées par les taxes additionnelles des
citoyens, que vont étudier la plupart des francophones. Les
écoles publiques financées - et encore très
inadéquatement, comme l'a fait ressortir le député de
Deux-Montagnes - sont très peu nombreuses. Il n'y en a que deux au
niveau secondaire; il y en a un plus grand nombre au niveau primaire, mais ceci
montre que les écoles publiques financées par le gouvernement de
l'Ontario sont très peu nombreuses et que ce financement est
inadéquat. Je suis d'accord avec le député d'Argenteuil
comme avec le député de Deux-Montagnes que ce qui était
prévu pour le financement de ces écoles était très
insuffisant si on le compare au financement que le Québec assure aux
écoles de la minorité anglophone. De la même façon,
ce qui était prévu dans le projet de loi pour la
représentation de francophones au sein des conseils scolaires à
majorité anglophone était là aussi très
insuffisant. Comme l'a bien démontré le député de
Deux-Montagnes, ce n'est que dans 20% que ces conseils scolaires que les
francophones pourraient véritablement
être représentés d'une façon
adéquate.
Il y a aussi le fait que ce projet de loi, nous l'attendions avec
impatience, parce qu'au moins il aurait levé une des hypothèques
les plus inacceptables, c'est-à-dire qu'on ne dispense l'enseignement
que dans les régions qui comptent un nombre suffisant
d'élèves francophones. Pourtant, cette hypothèque, au
moment où on se parle, n'est pas encore levée puisque la ministre
de l'Éducation de l'Ontario, devant les protestations ou devant des
discussions qui n'en finissent plus, a choisi de retirer son projet de loi.
J'ai ici son projet de loi, je l'ai regardé avec attention. Il n'y a
aucun doute qu'il constituait une amélioration sensible par rapport
à la situation antérieure, surtout du fait que cette
hypothèque du nombre était levée, mais ses articles
étaient encore bien insuffisants et surtout se comparaient très
pauvrement, très mal avec les avantages marqués que le
gouvernement du Québec assure à sa minorité
anglophone.
Tout ceci pour dire, M. le Président, que, même si nous
avons dit publiquement que la prochaine province où nous pourrions
envisager d'utiliser l'article 86.1 était l'Ontario, il reste encore
beaucoup de chemin à faire avant que le gouvernement puisse juger la
situation assez satisfaisante pour pouvoir ouvrir, comme dans le cas du
Nouveau-Brunswick, ses écoles anglaises aux anglophones ou autres qui
viendraient de l'Ontario. (22 h 15)
Le gouvernement se réserve, cependant, le droit
d'apprécier la situation. Nous espérons qu'elle va évoluer
dans le bon sens. Nous espérons que la ministre de l'Ontario pourra
représenter un projet à l'ouverture de la session prochaine en
Ontario, en mars, que ce nouveau projet de loi contiendra des dispositions
beaucoup plus généreuses, beaucoup plus justes à l'endroit
de la minorité francophone de l'Ontario, qui compte, quand même,
près de 120 000 personnes et souvent dans des agglomérations qui
permettent de dire que les concentrations, en tout cas, sont à ce point
considérables qu'elles justifient le contrôle de leurs
écoles, en plus de l'ouverture, de l'accès des écoles
françaises aux élèves francophones. Nous espérons
donc que le prochain projet de loi contiendra des dispositions plus amples,
plus généreuses, plus justes, plus équitables pour la
minorité francophone, qu'il continuera d'inclure un article qui
lèvera l'hypothèque du nombre, qu'il assurera aux francophones la
direction, la gestion à un degré appréciable de leurs
conseils scolaires et qu'il inclura, en outre, des possibilités de
financement adéquates pour leurs institutions, de même que pour
leurs élèves, par exemple, en matière de transport
scolaire.
Nous avons l'intention, au nom de ce principe de solidarité
qu'évoquait le député de Deux-Montagnes, de faire tout
notre possible pour pousser, inciter le gouvernement ontarien à aller
dans ce sens d'une façon résolue, d'une façon
délibérée et d'une façon généreuse,
à l'exemple du Québec, afin que les francophones, partout au
Canada, puissent continuer à bénéficier dans des
écoles qu'ils contrôlent de l'éducation qui correspond
à leur identité culturelle et à leur vouloir-vivre
collectif.
Comme le député de Deux-Montagnes l'a si bien dit, ce
n'est pas seulement une affaire de coeur, bien qu'il ne faille pas nier cet
argument, mais c'est aussi une affaire d'intérêt pour la
communauté francophone du Québec qui, elle aussi, envoie souvent
dans les autres provinces de ses résidents. Cet intérêt
implique également que la communauté francophone du Canada tout
entier continue de se développer, continue d'essayer d'atteindre les
objectifs que toute communauté, que toute société, que
tout peuple fondateur, pourrions-nous dire également, peut avoir
à coeur de développer, ce qui est tout à fait normal, qui
est, d'ailleurs, dans le livre beige du Parti libéral et qui est, du
moins théoriquement, dans l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique. C'est donc une affaire de coeur autant que
d'intérêt.
Cependant, M. le Président, nous ne souscrivons pas, comme
gouvernement, à l'amendement du député de Deux-Montagnes,
justement parce que nous voulons conserver à notre gouvernement toutes
les chances qu'il peut avoir d'inciter le gouvernement de l'Ontario en
particulier à aller beaucoup plus loin que ce qu'il a fait jusqu'ici
pour l'intérêt de sa communauté francophone. Pour cela, il
faut que l'article de loi qui nous autorise à ouvrir
unilatéralement nos écoles soit formulé d'une façon
assez large pour que nous puissions justement, en tant que gouvernement,
entretenir, continuer un dialogue avec nos homologues de l'Ontario pour qu'ils
puissent aller dans le sens qu'indique mon intervention. Tenter d'aller
là où veut nous amener le député de Deux-Montagne
serait difficile en pratique, parce qu'un service comparable peut vouloir dire
un très grand nombre de choses qui ne se limitent pas au seul texte de
l'amendement qu'il nous propose pour diriger leur réseau scolaire. Cela
inclut beaucoup d'autres éléments comme le financement
adéquat, comme certaines autres dispositions de nos lois, à
l'avantage de la minorité anglophone. Son amendement ne nous
paraîtrait ni assez explicite ni assez détaillé et, si nous
voulions l'expliciter ou le détailler davantage, cela non seulement
alourdirait l'amendement, mais risquerait de laisser échapper certains
éléments qui peuvent s'avérer importants pour la suite de
nos discussions avec l'Ontario. Aussi, je crois que ce serait une
façon peut-être un peu maladroite de commencer nos
discussions ou nos échanges avec le gouvernement de l'Ontario si,
dès le départ, nos positions finales étaient inscrites
à l'avance dans un article de loi.
Nous préférons garder une marge de manoeuvre, un large
champ pour les échanges et les discussions qui s'avéreront
sûrement nécessaires au cours des mois et peut-être
même des années qui viennent. Ceci ne nous empêchera pas,
cependant, le moment venu -j'assure de cela le député de
Deux-Montagnes - de demander à l'Ontario d'aller aussi loin que le
Québec est allé, non pas dans le sens de la "clause Canada", mais
dans le sens des principes que nous venons de réaffirmer dans ce projet
de loi. Il n'est pas question d'introduire, par le biais de cet article, une
"clause Canada" déguisée. Je pense que le député de
Deux-Montagnes, ayant été présent à toutes les
séances de cette commission, a vu avec quelle ferveur, avec quelle
conviction nous avons défendu l'article 73 de la loi 101 et avec quelle
clarté aussi nous avons vu les efforts de l'Opposition pour essayer de
réintroduire par la bande, en catimini, une "clause Canada"
déguisée. Il n'est donc sûrement pas de notre
intention...
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Question de règlement,
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'étais endormi et le ministre m'a
réveillé par ses dernières paroles.
M. Godin: Quel article du règlement?
M. Ryan: Nous n'avons pas essayé de le faire par la bande
ni en catimini, mais franchement, et nous allons continuer de le faire. Si nous
ne l'avons pas fait ce soir, c'est seulement pour gagner du temps, pensant
qu'on ne serait pas traités au chloroforme comme c'est le cas depuis dix
minutes.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Laurin: Je m'excuse de ce procès d'intention.
M. Ryan: C'est moi qui subis le traitement.
M. Laurin: II reste, cependant, que nous tenons, nous continuons
à tenir à la "clause Québec" et c'est à l'aune de
cet article de loi que, le moment venu, nous apprécierons les efforts
que l'Ontario aura réussi à faire, en particulier, pour la
progression de la communauté francophone de l'Ontario.
Il est un cas, cependant, que j'aimerais signaler, que n'a pas
signalé le député de Deux-Montagnes et qui nous
apparaît important. C'est le cas de la région de Hull. Il l'a
évoqué très légèrement, mais c'est
sûrement un cas dont il faudra reparler à un moment donné,
parce que c'est là un endroit où la loi 101 a
précisément contribué à effectuer un redressement
extraordinaire de la situation de la communauté francophone. Je pense
que, dans toute modification ultérieure et même dans toute
discussion que nous pourrions avoir, il faudra tenir compte de ce cas
particulier.
C'est donc avec regret qu'au nom de ma formation politique je me vois
incapable de souscrire à l'amendement du député de
Deux-Montagnes.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Merci, M.
le ministre. Vous avez atteint 19 minutes. Vous aviez droit encore à une
minute.
Mme Lavoie-Roux: Votre montre... Une voix: S'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: C'est 25 minutes. Non?
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan avait demandé la parole.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Très brièvement, parce que je sais
qu'il est tard. Je n'ai pas envie de perdre du temps là-dessus et
certainement pas de commencer une longue argumentation avec le ministre. Je
n'ai pas sa capacité de faire des discours-fleuves pendant 19 minutes
sans arrêt sur un sujet qu'on a entendu des milliers de fois. Ce que j'ai
envie de dire, tout ce que j'ai dit hier, c'est que je pensais qu'il fallait
faire une distinction entre l'Ontario comme province, du point de vue de la
réciprocité, et Toronto comme ville. Tout ce que j'ai dit
à l'appui de mes arguments, ce n'était pas une connaissance
personnelle ou la connaissance de télégrammes de gens qui,
peut-être, en savent beaucoup plus que moi, j'en suis sûr. Tout ce
que j'ai dit, c'est que, durant l'étude des mémoires en
commission parlementaire, on avait spécifiquement questionné M.
Allard, qui en est le président du Conseil du patronat du Québec
là-dessus parce qu'il avait parlé de son président, qui
est maintenant à Toronto, qui était quelqu'un de la ville de
Québec, de sa famille qui était en Ontario, et de beaucoup de
francophones qui sont transférés. On a dit: Quels sont les
services pour les écoles là-bas? Il a dit que cela n'avait jamais
été un problème.
Ce que j'ai dit hier en commission
parlementaire, c'est que, par coïncidence, dans le journal Commerce
- peut-être que ce journal se trompe complètement; je ne peux pas
dire que c'est la vérité - j'avais lu la même chose. On
cite le même cas de M. Robitaille dont avait parlé M. Allard, dont
le fils oeuvre en français à Toronto, dans un journal de Toronto,
à un poste de radio. On cite plusieurs personnes, des pages et des pages
de commentaires de différents francophones qui travaillent maintenant
à Toronto, qui ont des enfants à l'école et on dit: Selon
les estimations les plus éclairées, faute de statistiques
précises, Toronto compterait environ 60 000 francophones en
majorité d'origine canadienne. La ville offre une gamme remarquable de
services et activités en français. Sur les quais du port, le
centre francophone regroupe 52 organismes offrant des services divers. Des
écoles publiques et privées offrent des programmes complets en
français, de la prématernelle à la fin du secondaire et le
Glendon College, de la York University, permet la poursuite d'études
universitaires en français.
Si ce n'est pas vrai, je l'ai lu en toute connaissance de cause. Cela a
appuyé la déclaration de M. Allard; M. Robitaille, qui
était cité par M. Allard, en a également parlé dans
ses articles. Il dit qu'il vit en français, que son fils vit en
français, c'est tout. Je me trompe peut-être, mais je n'ai jamais
voulu faire de comparaison entre les services en français qu'offre
Toronto et les services en anglais qu'offre à la communauté
anglaise le Québec. C'est sûr que cela aurait été
une comparaison boiteuse que je n'ai jamais essayé de faire.
Tout ce que j'ai voulu souligner au ministre, c'est qu'en fait de
réciprocité il faut considérer Toronto différemment
de la province de l'Ontario ou d'une petite ville de l'Ontario où une
autre personne pourrait demander des services en français.
C'était aussi simple que cela.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Merci, M.
le député. J'ai M. le député de Vachon qui a
demandé, depuis très longtemps, la parole. Selon l'alternance, je
lui cède la parole.
M. David Payne
M. Payne: Je n'essaierai pas d'imiter l'exposé
érudit du député de Deux-Montagnes qui, d'ailleurs - cela
devrait être dit - des valeurs défend sans relâche devant
cette assemblée, mais j'aurais quelques réticences face à
sa proposition.
L'option est entre l'approche décret offerte par le premier
amendement, laissant entendre qu'il y aura une certaine discrétion de la
part de l'exécutif par ordre en conseil et la proposition du
député de Deux-Montagnes qui modifierait cela en
énumérant certaines conditions objectives. Très
brièvement, je considère que la première option est
beaucoup plus intéressante parce qu'elle offre au gouvernement, à
l'exécutif, une certaine flexibilité. Je crois que, depuis
quelques années, particulièrement depuis l'adoption de la loi 101
et de la loi 22, il y a une certaine vague de fond, au moins depuis les quatre
dernières années, qui est en train de se faire dans les autres
provinces. C'est essentiellement à cause de la loi 101 et de ses effets.
Cette possibilité offerte par le premier amendement fait en sorte que le
gouvernement va avoir le mandat d'aller négocier avec les autres
provinces et d'ajouter un certain "momentum" à ce qui se passe dans les
autres provinces. On a vu cela au Manitoba. J'ose croire qu'on pourra voir cela
dans les provinces comme l'Ontario. (22 h 30)
C'est la raison pour laquelle je prône l'approche dynamique
offerte par le premier amendement plutôt que le deuxième qui est
plutôt statique, se basant sur des conditions objectives. Il faut noter
aussi que ces conditions objectives sont susceptibles d'être
interprétées par les tribunaux. Ce serait beaucoup plus
intéressant, à mon avis, si l'Assemblée nationale pouvait
influencer l'exécutif au Québec pour que lui, à son tour,
puisse avoir le mandat de négocier, de voir quelle est la situation qui
existe dans les autres provinces.
Je pourrais donner beaucoup d'autres raisons pour lesquelles j'ai
certaines réticences, mais je vais m'arrêter ici.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): II y a le
député de Notre-Dame-de-Grèce. M. le député
de Deux-Montagnes, vous aurez la parole tantôt. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed
Scowen
M. Scowen: Je veux porter un aspect de ce problème
à l'attention et du député de Deux-Montagnes et du
ministre de l'Éducation. Quand j'ai parlé en deuxième
lecture, j'ai critiqué les propos du député de
Deux-Montagnes, propos qu'il reprend ce soir à peu près de la
même façon. Je l'ai fait parce que je pensais que c'était
une perte de temps, dans un sens, et je vais vous dire pourquoi: Cela touche
aussi toute la question du Québec et du Canada.
Pour moi, cette question de la "clause Canada" et de la "clause
Québec" - "clause Québec", définie d'une façon ou
de l'autre -c'est devenu largement symbolique dans le sens qu'il n'existe,
quant à moi, aucune objection à la "clause Canada" sur le plan
pratique. Premièrement, nous sommes tous d'accord pour dire que la
"clause Canada"
est aussi facile d'administration que la "clause Québec". La
"clause Canada" est tout aussi facile d'administration que la "clause
Québec". Deuxièmement, je pense que tout le monde est d'accord
que la "clause Canada" n'est pas une menace à la démographie
québécoise anglophone et francophone. Troisièmement, je
pense qu'il n'y a pas une personne ici qui ne soit pas d'avis qu'après
la décision de la Cour suprême, à toutes fins utiles, la
"clause Canada" sera en vigueur.
Alors, nous sommes devant une décision qui est, pour moi, d'ordre
symbolique. Les gens préfèrent la "clause Québec" parce
qu'elle est symbolique, peut-être, de notre désaccord avec le
gouvernement du Canada dans sa décision d'inclure la "clause Canada"
dans la charte, ou parce que, symboliquement, on veut aider les francophones
hors Québec, même si on sait que cela ne sera plus possible
après la décision de la Cour suprême.
Mais, il y a un autre aspect symbolique de cette décision que je
veux porter à l'attention et du député de Deux-Montagnes
et du ministre. C'est l'aspect qui touche l'économie du Québec.
Prenez le mémoire du maire de Montréal qui a parlé de ce
problème qui a été vécu par les administrateurs de
la ville de Montréal qui ont essayé, depuis que le Parti
québécois est au pouvoir, de développer l'économie
de Montréal. C'est une chose où il est essentiel de
réaliser une collaboration entre les anglophones et les francophones et
cela sera toujours nécessaire dans le contexte où nous vivons
ici, au Québec, en Amérique du Nord. Cette clause, il l'a dit
d'une façon très nuancée, avait pour effet de créer
des problèmes économiques au Québec.
Maintenant, si on veut passer des messages symboliques quant à
notre désaccord avec le gouvernement du Canada -et je suis pleinement en
désaccord avec le gouvernement du Canada pour ce qu'il a fait dans la
charte, j'ai toujours été et je reste encore en désaccord
avec lui - aujourd'hui, on peut le faire. On va peut-être passer un
message d'espoir à certains francophones hors Québec, mais on
passe un autre message négatif aux personnes dont on a besoin pour ce
développement économique qu'a souligné, entre autres, le
maire de Montréal. Les manchettes, au lendemain de l'adoption de la loi,
diront que le gouvernement du Québec n'a pas ouvert ses portes aux
citoyens du Canada en ce qui concerne l'éducation de leurs enfants.
Le prix - je conclus avec ce commentaire - que nous serons
obligés de payer, M. le ministre, c'est un prix qui sera payé par
les 400 000 chômeurs québécois et par les personnes qui
cherchent un emploi plus intéressant. On ne peut pas définir le
prix exactement. On ne peut pas dire que c'est une chose qui a causé
tout le chômage au Québec, loin de moi l'idée de charrier
là-dessus: Mais c'est un élément essentiel pour la reprise
économique au Québec que nous passions le message au reste du
Canada, et c'est un message qui sera entendu dans tous les États-Unis
aussi. C'est une attitude positive que nous avons. Vous pouvez choisir vos
symboles, mais je veux que vous sachiez qu'en choisissant le symbole de la
"clause Québec" - et je répète que c'est pour des raisons
symboliques - vous faites payer le prix de ce symbolisme par les gens ici au
Québec qui doivent avoir accès à des emplois plus
intéressants. Il est impossible de calculer le prix. Il est impossible
de dire que cela va coûter tant d'emplois, mais tout le monde est
d'accord sur le fait que vous avez, quand vous prenez cette décision,
une priorité autre que le développement économique du
Québec.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le
député... M. le ministre, peut-être tantôt.
M. Godin: Non, non, maintenant. Est-ce à mon tour.
Le Président (M. Brouillet): Je vous ai inscrit dans cet
ordre, M. le ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration.
M. Gérald Godin
M. Godin: Je dois dire, M. le Président, que j'endosse
totalement l'argumentation de mon collègue de l'Éducation et que,
d'autre part, je ne peux pas rester indifférent aux propos un peu
délirants que vient de tenir notre collègue de NDG.
L'économie du Québec doit se développer en
français. Les bassins de compétence dans les deux
hémisphères du globe ne sont pas seulement anglophones. Il serait
peut-être temps que le député de Notre-Dame-de-Grâce
s'ouvre les yeux et constate qu'il y a de par le vaste monde des gens fort
compétents qui ne parlent pas anglais, qui parlent français et
dont on peut avoir besoin au Québec. Donc, il suffit de regarder les
chiffres. Le développement immobilier de la ville de Montréal a
connu l'an dernier des records sans précédents historiques.
C'était à l'époque où la loi 101 s'appliquait. Je
ne suis absolument pas prêt à attribuer quelque crédit que
ce soit aux affirmations, comme d'habitude, délirantes sur ce point -
pas sur tous les points, mais sur ce point-là - du député
de Notre-Dame-de-Grâce comme quoi la loi 101 a coûté
énormément au Québec. Je pense, au contraire, que la loi
101 a remis l'économie du Québec sur des rails français et
qu'il en allait du développement économique du Québec
français.
M. Scowen: La "clause Canada".
M. Godin: M. le Président, en ce qui nous concerne,
c'était ce que l'on voulait. Donc, nous assumons la portée de nos
actes, d'autant plus que nous constatons que l'économie du
Québec, comparativement à d'autres provinces canadiennes, s'est
développée à un rythme dans certains cas supérieur,
dans d'autres cas égal, dans d'autres cas inférieur, mais cette
infériorité est historique par rapport, par exemple, à
l'Ontario. Donc, qu'on ne vienne pas charrier.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais demander le vote sur cet amendement.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Je serais bien prêt...
Oui?
M. de Bellefeuille: Parce que j'ai un petit droit de
réplique.
Le Président (M. Brouillet): Oui, c'est cela. Le
député de Deux-Montagnes, qui était le proposeur, a un
droit de réplique. M. le député de Deux-Montagnes et,
après nous procéderons au vote.
M. Pierre de Bellefeuille (réplique)
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais d'abord
commenter très brièvement les propos du député de
Nelligan à propos de la situation qui est faite du point de vue scolaire
aux Franco-Ontariens à Toronto et ailleurs en Ontario. Je voudrais
rappeler au député de Nelligan que ce sont ses collègues
députés de l'Opposition qui, à plusieurs reprises, nous
ont dit que, si nous voulions connaître la situation des
Québécois d'expression anglaise, c'est à eux qu'il fallait
le demander. Il faut demander aux représentants d'une minorité
quelles sont les conditions sous lesquelles cette minorité vit. J'en
conclus que, de la même façon, si nous voulons connaître la
situation qui est faite aux Franco-Ontariens, il faut le demander non pas
à quelqu'un qui a publié un article dans une revue ou à
quelqu'un qui a fait allusion à cela dans un mémoire devant une
commission parlementaire, mais il faut le demander aux Franco-Ontariens. J'ai
cité des témoignages de l'ACFO, l'Association
canadienne-française de l'Ontario. M. le ministre de l'Éducation
en a cité aussi. Je n'ai pas besoin, je pense, de m'étendre sur
le sujet. Il me paraît absolument évident que la vision qu'en a le
député de Nelligan est peinte en rose.
Quant aux propos qu'a tenus le ministre de l'Éducation, je ne
vais pas non plus les commenter très longuement. Le ministre de
l'Éducation s'est présenté devant nous ce soir comme un
Janus; il a deux visages. Il a le visage d'un Janus discutant. Je ne suis pas
sûr si je partage la logique de ce Janus discutant, logique suivant
laquelle il me dit que, pour pouvoir bien négocier et discuter avec
l'Ontario, il lui faut - là, je ne le cite pas, je
réinterprète ce que j'ai entendu - une clause plutôt molle
que ferme. Je ne comprends pas comment une clause plus ferme pourrait lui nuire
en négociation. En toute logique, au contraire, il me semble qu'une
clause plus ferme serait un instrument puissant en négociation, serait
un levier en négociation. Mais, je n'espère pas convaincre le
Janus discutant.
Je vais plutôt m'en remettre à l'autre visage du ministre
de l'Éducation, le Janus rassurant, le Janus qui me donne et nous donne
à tous, tous les membres de l'Assemblée nationale, l'assurance
que, dans la mise en pratique de l'article 86.1 tel que modifié par
l'article 15, le gouvernement du Québec va user de toute la prudence
voulue et ne mettra pas en pratique une réciprocité à
rabais, n'admettra pas une fausse réciprocité, n'étendra
pas des avantages à des personnes venues d'une province alors que, dans
cette province, les francophones seraient très loin de jouir des
mêmes avantages scolaires que les anglophones du Québec. J'accepte
les assurances du ministre en attendant de mieux comprendre les détours
de sa logique. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. Je reviens à la proposition du
député d'Argenteuil de soumettre au vote l'amendement à
l'article 15. Tout le monde est-il prêt à voter? Je pense bien que
ce sera un vote nominal.
M. Ryan (Argenteuil)?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes)?
M. de Bellefeuille: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Laurin (Bourget)?
M. Laurin: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Brouillet): Mme Lachapelle (Dorion)?
Mme Lachapelle: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Leduc (Fabre)?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Ciaccia (Mont-Royal)? M.
Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Contre.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de L'Acadie, avez-vous droit de vote?
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai droit de vote.
Le Président (M. Brouillet): Non, vous n'êtes
qu'intervenante, madame, ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on devrait protester.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Nelligan, vous avez bien voté contre? Bon, excusez-moi.
Pour: 1.
Contre: 7.
L'amendement est rejeté.
Je vous demande maintenant si l'article 15, tel qu'amendé, est
adopté.
M. Gratton: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé, sur division.
Les articles relatifs à l'éducation sont terminés,
je crois.
M. Ryan: II y a deux autres choses. Il y a 15.1, 15.2 et
15.3.
Des voix: Ils ont été adoptés.
Permis restrictif aux ordres professionnels
M. Ryan: Si cela a été adopté, c'est
très bien.
Je vous avais prévenu que nous aurions un amendement à
proposer. Nous voudrions le proposer, mais j'aimerais que le ministre nous
donne une indication de son attitude. S'il n'est pas favorable, j'aimerais
qu'il nous dispense de l'homélie qui accompagnerait sa position; je
m'engage à faire de même. (22 h 45)
M. Godin: À quel article?
M. Ryan: À l'article 40. Une voix: À
l'article 40.
M. Ryan: À l'article 40, nous voudrions proposer
l'amendement suivant: Je le propose...
Une voix: À l'article 40 de la loi 101?
M. Ryan: Du texte actuel de la loi 101. Je crois que vous vous
souvenez, M. le Président, qu'un amendement avait été
proposé par le gouvernement qui n'avait pas été
retenu.
M. Godin: L'article 7 du projet de loi 57.
Le Président (M. Brouillet): Ce serait à l'article
7...
M. Ryan: C'est cela, l'article 7 du projet de loi 57.
Le Président (M. Brouillet): Cet article fut
rejeté.
M. Ryan: Mais comme l'amendement proposé par le
gouvernement a été rejeté, je voudrais proposer un autre
amendement qui se lirait comme suit: À la fin de l'article que soit
ajoutés les mots suivants...
Le Président (M. Brouillet): Comme vous le dites, à
la fin de quel article?
Mme Lavoie-Roux: L'article 40. M. Ryan: L'article 40.
Le Président (M. Brouillet): L'article 40, très
bien.
M. Godin: À l'article 7, enfin l'article 40.
M. Ryan: L'article 7, ce serait... M. Godin: On s'entend,
d'accord.
M. Ryan: ...qu'à la fin de l'article 40 de la loi actuelle
de la Charte de la langue française soient ajoutés les mots
suivants: "Dans ces cas, un permis peut également être
délivré au conjoint." Si vous permettez à la
députée de Jacques-Cartier d'expliquer brièvement cette
proposition, nous voulons ensuite entendre la réaction du ministre et
nous n'entendons pas faire de débat prolongé. Ce serait une autre
amélioration dans le genre des petites améliorations
témoignant d'une certaine bonne volonté qui ont été
ajoutées en assez grand nombre au projet de loi.
Le Président (M. Brouillet): Pourriez-vous le relire, s'il
vous plaît, pour que chacun en prenne bien note?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Brouillet): "Dans ces cas..."
M. Ryan: "Dans ces cas, un permis peut également
être délivré au conjoint."
Le Président (M. Brouillet): "...peut également
être délivré au conjoint."
M. Ryan: Oui.
M. Godin: C'est une phrase qui s'ajouterait, M. le
Président, au dernier alinéa de l'actuel article 40...
M. Ryan: Exactement.
M. Godin: ...du projet de loi 57.
M. Ryan: II y a seulement un alinéa à l'article
40.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu des amendements avant cela.
Une voix: C'est-à-dire qu'on reviendrait...
Des voix: Tout a été effacé.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, tout a été
effacé.
M. Ryan: Ce serait le nouvel article 7.
Le Président (M. Brouillet): Oui, le nouvel article 7.
M. Godin: Qui serait rédigé de la même
façon que l'article 40 de la loi 101.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Godin: Exactement comme l'article 40 de la loi 101?
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. Godin: Vous ajouteriez à cet article 40 la mention du
conjoint?
Mme Lavoie-Roux: "Dans ce cas..." M. Ryan: "Dans ces
cas..."
Le Président (M. Brouillet): "Dans ces cas, un permis peut
également être délivré au conjoint."
M. Ryan: L'article commence par "Dans les cas où..." Il se
termine par: "Dans ces cas..."
M. Godin: Non, M. le Président.
Mme Dougherty: Pourrais-je justifier la proposition du
député d'Argenteuil...
Le Président (M. Brouillet): Oui, vous pouvez expliquer la
raison.
Mme Dougherty: ...afin de la mettre dans son contexte, avant
d'avoir la réaction du ministre?
Une voix: Oui, d'accord, très bien.
Mme Dougherty: D'accord. C'est parce que, dans le cadre du virage
technologique, je crois que le gouvernement a déjà exprimé
un intérêt à attirer l'expertise dont nous avons tellement
besoin d'ailleurs pour stimuler le développement de nos ressources
humaines.
M. Godin: D'accord, vendu.
Une voix: Pardon?
Une voix: Vendu.
Mme Dougherty: C'est vendu.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Godin: Enfin, approuvé.
Mme Dougherty: Mais il y a un autre élément
que...
M. Ryan: Si c'est approuvé, madame... Mme Lavoie-Roux:
C'est vendu.
M. Ryan: ...on vous impose le bâillon. Cela n'arrive pas
souvent.
M. Godin: Approuvé. C'est approuvé.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement qui consiste
à introduire un nouvel article 7 qui se lit de la façon dont on
l'a lu tantôt est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. de Beliefeuille: D'accord, pour faire adopter mes
amendements.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Godin: Si je comprends bien, c'est aux mêmes conditions
que pour le conjoint déjà autorisé?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Godin: Cela va de soi.
M. Ryan: Cela va de soi.
Mme Lavoie-Roux: On peut peut-être y ajouter les
enfants.
M. Godin: Pourquoi pas les cousins, les petits cousins et la
famille, la smala?
M. Ryan: La députée de Jacques-Cartier a un
amendement complémentaire à vous proposer. Je vous assure que
c'est le dernier. Vous en disposerez selon votre bon plaisir encore. C'est
à l'article 85 pour compléter la bonne action à laquelle
le gouvernement vient de consentir.
M. de Bellefeuille: À l'article 85 du projet de loi...
M. Ryan: II serait éminemment désirable qu'il
voulût accepter un amendement qui pourrait se formuler ainsi...
Une voix: Quand vous parlez de l'article 85...
Mme Lavoie-Roux: C'est de la loi 101.
Une voix: De la charte.
M. Ryan: Évidemment.
Le Président (M. Brouillet): À quel endroit...
M. Ryan: Nous autres, M. le Président, c'est la vraie
bible, ce ne sont pas les contre-bibles dont parlait le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: L'article 85 a été
remplacé par l'article 14 de la loi 57.
Des voix: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Allez-y!
M. Ryan: À l'article 14, il y aurait un amendement qui se
lirait comme suit: "Le gouvernement peut faire des règlements pour
déterminer à quelles conditions les enfants des personnes
visées à l'article 40 peuvent être soustraits à
l'application du présent article." Encore là, cela se dispense
d'explication. C'est un corollaire de l'autre.
Le Président (M. Brouillet): M. le député,
à quel endroit s'ajouterait...
M. Ryan: À l'article...
Mme Lavoie-Roux: À l'article 85.
Le Président (M. Brouillet): 85, au début, à
la fin...
M. Ryan: ...14.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 14 de la loi actuelle.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît, il y
en a trop qui parlent en même temps.
M. Ryan: À l'article 14 du projet de loi 57...
M. Godin: À l'article 14 du projet de loi 57.
Le Président (M. Brouillet): Article 14.
M. Ryan: ...serait ajouté un alinéa 85.1, qui se
lirait comme suit.
Le Président (M. Brouillet): Vous ajoutez un
alinéa. Cela va.
M. Ryan: Oui. Nous ajouterions l'alinéa 85.1, lequel se
lirait comme suit, et je vous l'écris immédiatement s'il a des
chances d'être accepté: "Le gouvernement peut faire des
règlements pour déterminer à quelles conditions les
enfants des personnes visées à l'article 40 peuvent être
soutraits à l'application du présent article."
Le Président (M. Brouillet): II faudrait peut-être
écrire le texte pour que vous puissiez considérer cela.
M. Ryan: Je vous le livre dans une minute, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Godin: On parle déjà des enfants à 85.
Mme la députée de Jacques-Cartier, on parle déjà
des enfants à l'alinéa 2 de 14.
M. Laurin: C'est un article habilitant.
Mme Dougherty: Je parle des enfants de ceux qui reçoivent
des permis restrictifs selon l'article 40, l'amendement que vous avez
ajouté tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 14, ce sont des enfants
temporaires.
Mme Dougherty: J'essaie d'inclure tous les membres de la
famille.
M. Godin: Ce n'est pas dans le même titre. C'est le titre
Éducation. L'autre, c'est le titre Permis des ordres professionnel.
Mme Dougherty: Oui, mais je parle maintenant des enfants...
M. Godin: ...autorisés en vertu de... Mme Lavoie-Roux:
De 40.
Mme Dougherty: Cela a été soulevé plusieurs
fois. La meilleure argumentation pour ces amendements apparaît dans le
mémoire de l'ADFUQ, sur notre politique scientifique. On y mentionnait
à plusieurs reprises que les restrictions linguistiques ici au
Québec... "De plus, les exigences linguistiques à l'égard
de la langue d'enseignement des enfants sont indûment contraignantes et
sont perçues comme des entraves à la liberté
traditionnelle des chercheurs." Donc, ce n'est pas uniquement le
problème des épouses qui sont aussi des professionnelles souvent.
Ce sont les restrictions sur l'éducation de leurs enfants.
M. Godin: Nous estimons que la loi actuelle, telle que
modifiée, prévoit déjà suffisamment d'exceptions et
d'exemptions pour des cas semblables. Nous n'avons pas l'intention d'accepter
cet amendement.
Mme Dougherty: Laissez-moi lire une autre phrase ici, dans le
même mémoire.
Le Président (M. Brouillet): Non, Mme la
députée.
Mme Dougherty: Non, d'accord. C'est réglé.
Le Président (M. Brouillet): Donc, on n'ouvre pas
l'article 14 qui a déjà été adopté.
Voilà?
M. Ryan: A-t-il donné l'explication?
Le Président (M. Brouillet): Relativement à
l'éducation, est-ce qu'il y aurait autre chose? Terminé? Bon. Il
y a les articles 3, 4, 8 et 19 qui ont été suspendus.
Après, nous reprenons à 34.
M. Gratton: À l'article 3, est-ce que le ministre veut
toujours.
M. Godin: L'article 19 avait été adopté.
Le Président (M. Brouillet): Non, suspendu.
M. Gratton: Suspendu à cause de... M. Lincoln:
...la concordance avec 3. M. Gratton: ...la concordance avec 3.
Le Président (M. Brouillet): Allons à l'article
3.
M. Godin: Allons à l'article 3.
M. Gratton: Est-ce que le ministre exige toujours que les
institutions de langue anglaise communiquent obligatoirement entre elles en
français?
M. Godin: Et en anglais.
M. Gratton: Et en anglais, mais il faut toujours que le
français y soit.
M. Godin: Oui.
M. Gratton: Et il n'est pas question, dans l'esprit du ministre,
de déroger à cela. Même si, par exemple, l'hôpital
St. Mary's communique avec le centre de services Ville-Marie, deux organismes
ou institutions anglophones, il n'est pas question que le ministre
déroge à cela?
M. Godin: Dans les deux langues.
M. Gratton: Bon. Alors, M. le Président, adopté sur
division.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3 est adopté
sur division.
M. Gratton: Et l'article 19 de même.
Le Président (M. Brouillet): Et l'article 19 est
adopté sur division. Il y a l'article 4...
M. Godin: II y a un papillon. Est-ce que tout le monde l'a?
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, si je peux le retrouver.
M. Godin: On peut vous en faire des copies, si vous voulez.
M. Lincoln: Est-ce que vous avez des copies, s'il vous
plaît, M. le ministre?
M. Gratton: Si ce n'est pas long.
M. Lincoln: Non, l'article 19 a été adopté
sur division, c'est l'article 4 qui est suspendu.
Le Président (M. Brouillet): Alors...
Mme Lavoie-Roux: J'allais le faire, c'est parfait.
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez, je peux vous
lire l'amendement à l'article 4.
Mme Lavoie-Roux: C'est le même que le nôtre.
Le Président (M. Brouillet): L'article 28
édicté par l'article 4 est remplacé par le suivant...
Mme Lavoie-Roux: C'est pour la concordance.
M. Godin: Pour les articles 23 et 26?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. On voulait le faire, nous
aussi. Il n'y a pas de discussion.
M. Godin: Adopté?
Le Président (M. Brouillet): Bon, cela va. Donc
l'amendement à l'article 4 est adopté. L'article 4 tel
qu'amendé est-il adopté? Adopté tel qu'amendé.
M. Godin: L'article 8, M. le Président...
M. Gratton: Avant qu'on passe à l'article 8, le ministre
nous a déposé, quant à l'article 5, copie d'une lettre
qu'il a reçue de la Chambre des notaires, qui faisait état d'une
difficulté par rapport à la traduction de documents ou contrats
dont les professionnels devraient assumer les coûts advenant une demande
par un tiers. Est-ce que le ministre a l'intention de donner suite aux
représentations qui lui sont faites par la Chambre des notaires du
Québec?
M. Godin: Après avoir fait faire l'analyse de la lettre de
la Chambre des notaires, les seuls contrats touchés par les lois 101 et
57 sont les contrats qui interviennent avec l'administration. Tout autre
contrat relève de la Loi sur la protection du consommateur. L'article 5
modifié, c'est-à-dire l'article 30.1, couvre uniquement les avis,
opinions, rapports, expertises ou autres documents, ce qui ne couvre pas les
contrats, en vertu du principe, me disent mes conseillers juridiques, ejusdem
generis, c'est-à-dire documents du même genre. Les contrats ne
sont donc pas couverts par l'article 30.1.
M. Gratton: M. le Président, je dis simplement au ministre
que je ne suis pas d'accord avec lui. De toute façon, l'article
était amendé. On peut passer au prochain.
Le Président (M. Brouillet): II était
adopté, voulez-vous dire.
M. Gratton: Oui, il était déjà
adopté. Je suis sûr que le ministre ne m'en veut pas si...
M. Godin: Pas du tout.
M. Gratton: Je le lui ai dit, d'ailleurs, sur un autre sujet,
cette nuit, je pense.
M. Godin: Ne revenons pas sur le passé, M. le
Président.
Catalogues, brochures, etc. Le Président (M. Brouillet):
Nous en sommes à l'article 8. Il y a un amendement.
M. Godin: II y a un amendement qui consisterait tout simplement
à faire sauter l'alinéa 2, c'est-à-dire à abroger -
parlons en termes juridiques - l'alinéa 2 de l'article 8.
Le Président (M. Brouillet): C'est de l'article 52.
M. Godin: L'article 52, pardon.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le ministre est
bien sûr que c'est tout ce qu'il veut faire, parce que le ministre des
Finances...
M. Godin: Non, nous revenons sur cette question plus loin, dans
l'étude de l'article 57, plus précisément à
l'article 35.1 et à l'article 35.2, de façon à
satisfaire...
M. Gratton: De façon à satisfaire le
président de la Bourse de Montréal?
M. Godin: Oui.
M. Gratton: Alors d'accord.
Une voix: Est-ce qu'on peut les voir?
M. Godin: Est-ce que vous avez eu ces papillons?
M. Gratton: On va les voir tantôt.
Le Président (M. Brouillet): Vous êtes rendus
à quel endroit?
M. Godin: C'est parce que...
M. Gratton: Écoutez... Non, non, j'ai posé une
question pour me satisfaire.
Le Président (M. Brouillet): Bon, cela va. Très
bien. Nous allons régler l'article 8 pour le moment.
M. Godin: Nous allons y arriver, c'est cela. (23 heures)
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'amendement à
l'article 8 est adopté?
M. Godin: En temps et lieu, oui.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement à
l'article 8 est adopté. Cela va?
M. Gratton: Un instant, M. le Président. Sur division, M.
le Président.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'amendement est
adopté sur division.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...avant de passer à un autre
article...
Le Président (M. Brouillet): Excusez, je n'ai pas encore
adopté l'article.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Vous avez dit: Adopté sur
division.
M. Godin: L'amendement.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'amendement. Je m'excuse.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'article 8 est
adopté sur division, je suppose. Oui? L'article 8, tel qu'amendé,
est adopté sur division.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse. Je veux bien
qu'on se comprenne. Le premier papillon du ministre, on l'oublie. Tout ce qu'on
fait, dans son nouvel amendement, c'est de biffer les mots dont on a
parlé tantôt.
M. Godin: Exactement. M. Gratton: D'accord.
M. Godin: On biffe l'alinéa et cela nous ramène
à un autre article, qui est 35...
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît, nous
allons le voir...
M. Godin: Vous voulez le passer morceau par morceau?
Le Président (M. Brouillet): ...tantôt. M. Godin:
D'accord, pas de problème.
M. Gratton: On est rendu là, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Non, il y a 34 avant. Puis il
faut régler 18 et 19.
M. Gratton: On veut dire l'article 35 de la loi?
Le Président (M. Brouillet): Oui. M. Gratton:
D'accord. Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai après, alors.
Le Président (M. Brouillet): Bon, écoutez, je pose
la question, je suis à l'article 8, tel qu'amendé. L'article 8,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Gratton: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Tel qu'amendé, sur
division.
M. Gratton: Voilà!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne veux pas embêter mes
collègues, s'ils préfèrent passer à 35 tout de
suite, mais j'aurais voulu avoir un éclaircissement sur l'article
précédent qui a été adopté, qui était
l'article 4, dans lequel on a dit: Malgré les articles 23 et 26..." Dans
l'article original du projet de loi 57, on parlait de la possibilité -
je vais le lire au complet, il est court - Les services reconnus... qui sont
chargés de donner l'enseignement dans une langue autre que le
français peuvent, dans leur affichage, utiliser à la fois le
français et la langue d'enseignement." Cela est disparu.
M. (Godin: C'est déjà couvert par un autre
article.
Mme Lavoie-Roux: Ah, c'est couvert par un autre, parfait.
M. Godin: Ce qu'on modifie, ce sont les communications d'ordre
pédagogique...
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Godin: ...qui, elles, peuvent être dans la langue
d'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Mais là, c'était couvert... La
possibilité d'afficher dans les deux langues est encore possible
à l'intérieur...
M. Godin: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: ...des institutions reconnues par l'article
113f.
M. Godin: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, parfait.
M. Godin: II n'y a pas de changement là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. M. Godin: Non, cela va.
Une voix: Alors, nous en étions...
Le Président (M. Brouillet): Alors, le 19, en cours de
route, si vous voulez, nous allons...
M. Lincoln: Le 19, je pensais qu'on l'avait adopté.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, oui, nous
venons de l'adopter sur division, tantôt. C'est très bien. C'est
fait. L'article 34.
M. Godin: L'article 34, c'est pour enlever aux commissaires de la
commission de protection le pouvoir d'imposer un emprisonnement. 11 s'agit d'un
changement de concordance pour ce genre de commission, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): L'article 34 est
adopté.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ...si on veut revenir en arrière, il y
avait, dans les papillons en anglais, l'article 26...
M. Ryan: L'article 34, est-ce qu'on pourrait...
M. de Bellefeuille: ...et 32...
M. Ryan: ...vérifier une minute, avant? Pardon? Oui, je
sais qu'il a appelé cela, mais j'avais fait signe et il ne m'a pas
vu.
M. Godin: Étant donné que les changements dont vous
faites état, M. le député, ont été
adoptés à une autre séance, parce qu'on s'était
rendu jusqu'à 34, les modifications à la version anglaise avaient
été faites au fur et à mesure que nous passions...
M. de Bellefeuille: Ah oui? Ah bon!
M. Godin: ...d'article en article.
M. de Bellefeuille: Merci.
M. Godin: D'accord.
M. de Bellefeuille: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'article 34 est donc
adopté. Nous en sommes à l'article 35.
M. Godin: II vise à remplacer le mot "surveillance" par le
mot "protection" chaque fois qu'il est question, dans la loi 101, de la
commission de surveillance.
Le Président (M. Brouillet): L'article 35, est-il
adopté?
M. Gratton: Un grand changement d'orientation. Sur division, M.
le Président.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Alors, là, nous avons...
M. Ryan: Ils n'ont plus le droit d'arrêter...
Le Président (M. Brouillet): ...les amendements...
M. Ryan: ...les policiers de la langue n'ont plus le droit de
faire des arrestations?
M. Gratton: Ils peuvent nous arrêter, mais pour nous
protéger seulement!
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous avons des
amendements...
M. Godin: Ils donnent suite aux plaintes de vos concitoyens, M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est bon.
M. Godin: Vous le savez, cela?
M. Ryan: Cela fait longtemps que je le sais.
M. Gratton: Les vôtres aussi, j'imagine.
M. Ryan: ...bien...
M. Godin: Bien, nos concitoyens.
M. Gratton: Vous avez dit "vos".
M. Godin: C'est parce que je m'adressais à lui.
M. Gratton: Bien oui, ce sont les nôtres...
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous avons des
amendements...
M. Gratton: ...on a les mêmes concitoyens, non?
Le Président (M. Brouillet): ...qui consistent à
insérer les articles 35.1 et 35.2. C'est bien cela?
Modification à la Loi sur les valeurs
mobilières
M. Godin: On revient à notre problème
précédent qui réglait l'alinéa 2 de
l'article 8 que nous venons d'abroger. Dois-je le lire, M, le
Président?
Le Président (M. Brouillet): Si vous y tenez, on peut en
faire la lecture.
M. Godin: Entre 35 et 36, nous allons insérer 35.1 et
35.2. "35.1 La Loi sur les valeurs mobilières (L.R.Q., chapitre V-1-0)
est modifiée par l'insertion, après l'article 40, du suivant:
"40.1 Le prospectus, le prospectus provisoire, un document dont la commission
autorise l'utilisation au lieu d'un prospectus, la notice d'offre prévue
à l'article 53, le dossier d'information prévu à l'article
85, ainsi que la note d'information, l'offre, la circulaire du conseil
d'administration et l'avis d'un dirigeant prévus au titre
quatrième sont établis en français ou en français
et dans une autre langue." "35.2 Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 302, du suivant: "302.1 La commission remet à
l'Office de la langue française, à la fin de chaque exercice, un
rapport sur l'application du pouvoir de dispense que lui confère
l'article 263, à l'égard de l'obligation prévue par
l'article 40.1. "L'office détermine les modalités selon
lesquelles ce rapport est établi."
M. le Président, la rédaction de cet article est le fruit,
en fait, de discussions avec la Commission des valeurs mobilières, d'une
part, et, d'autre part, le ministère des Finances et le président
de la Bourse de Montréal qui a envoyé un télégramme
ou une lettre dans laquelle il suggérait que ces dispenses soient
accordées. À la suite de négociations, discussions et
suggestions des trois institutions déjà mentionnées,
ministère, commission et Bourse, nous en sommes venus à cette
rédaction.
M. Lincoln: Je voulais vous poser une question. Je ne sais pas si
c'est à cet article qu'il y a eu mention, lors de la présentation
des mémoires, que les sociétés avaient fait un état
financier en français et en anglais.
M. Godin: C'est dans un autre aspect de la loi, mais il n'y a pas
de changement. La réalité, c'est qu'elles peuvent le faire en
français séparément ou en anglais
séparément. Nous avons fait publier et nous avons demandé
des prix à trois imprimeurs dans la ville de Montréal. Les prix
que nous avons obtenus montrent que c'est moins cher de faire une version en
français et une version en anglais que de faire une seule publication
dans les deux langues.
M. Lincoln: Ce n'est pas une question de prix.
M. Gratton: Vous allez me faire croire que, dans une publication
bilingue, où on ne reproduit pas les photographies, les graphiques, tout
ce qui n'est pas écriture, malgré tout cela... En tout cas,
allons-y, M. le Président, mais il n'y a personne qui croit le ministre
quand il parle comme cela.
M. Godin: Au lieu d'avoir 10 000 exemplaires d'un document de 50
pages, si vous en avez 20 000 d'un document de 100 pages, ça coûte
plus cher.
M. Gratton: Vous n'avez pas besoin d'avoir 100 pages. C'est
ça, l'idée. La même photo, parce que c'est bilingue, vous
allez la reproduire en français et en anglais? Ne pensez-vous pas qu'on
peut avoir un bas de vignette bilingue sur une photo? Voyons donc'.
M. Godin: Comme les différences de prix sont de l'ordre de
25 à 30%, je pense que, même si on reproduisait la même
photo, le prix reviendrait exactement au même, M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: Oui, oui. Vous avez raison.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement consistant
à insérer les articles 35.1 et 35.2 est-il adopté?
M. Gratton: Dans la mesure où cela a été
vérifié par le ministre des Finances et où ça
répond aux représentations qu'avait faites le président de
la Bourse de Montréal - je pense que c'est lui qui, le premier, a
décelé cela - je vous avoue très franchement que je ne
suis pas en mesure de juger si ça répond, oui ou non. On l'adopte
sur division avec cette réserve que j'exprime.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Nous en sommes à l'article 36.
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Il y a, je
crois, un amendement qui consiste à introduire l'article 36.1.
M. Godin: "36.1 Les organismes de l'administration
constitués depuis le 31 décembre 1978 jusqu'à la date
d'entrée en vigueur du premier alinéa de l'article 131 de la
Charte de la langue française édicté par l'article 18 de
la présente loi sont réputés avoir été
constitués le (insérer ici la date d'entrée en vigueur de
l'article 18 de la présente loi) aux fins de cet article."
M. Lincoln: ... M. le ministre.
M. Godin: C'est que, si un organisme de l'administration a vu le
jour entre le 31 décembre 1978 et aujourd'hui, il est
réputé
avoir commencé à exister le jour de l'entrée en
vigueur de la présente loi.
M. Lincoln: Quand vous parlez d'organismes de l'administration,
ici, à l'article 36, on parlait de la Commission de toponymie. Est-ce
que cela n'a rien à voir? C'est un article additionnel.
M. Godin: Non, non, cela n'a rien à voir. Cela a à
voir uniquement avec de nouvelles institutions de l'État, publiques ou
parapubliques, qui auraient été créées depuis 1978.
Nous compterons le délai avant le début de l'application d'un
programme de francisation à partir de la date d'entrée en vigueur
de la présente loi. Nous ne remonterons pas au 31 décembre 1978
pour vérifier si, à cette date et pour les trois mois suivants,
les six mois suivants ou les années suivantes, elles avaient mis en
vigueur un programme puisqu'elles n'y étaient pas tenues. Donc, elles
existent au terme de la loi uniquement à compter du jour où la
loi entre en vigueur. C'est de pure technique, M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce que c'est de toutes les sociétés
d'État dont vous parlez?
M. Godin: S'il y en a de nouvelles qui ont vu le jour depuis que
la loi a été adoptée, il est possible que ces nouvelles
institutions tombent sous le coup de la loi, mais ces nouvelles institutions
n'existent, au terme de l'application de la loi et des programmes de
francisation, qu'à compter du jour où la loi est adoptée,
parce qu'il y a un délai. Après la création d'un tel
organisme, il y a un délai de quelques mois qui s'écoule. Au
cours de ce délai, l'organisme fait rapport à l'office et c'est
pour que le délai ne coure qu'à partir de l'application de la
loi. En fait, le délai est de 180 jours, mais on veut que ce
délai ne coure qu'à partir de la date d'adoption de la
présente loi. Donc, c'est pour éviter la
rétroactivité... M. le député de Nelligan, c'est
pour éviter la rétroactivité.
M. Lincoln: Oui, je comprends.
Le Président (M- Brouillet): L'amendement qui consiste
à insérer l'article 36.1 est-il adopté?
M. Gratton: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 37?
M. Godin: C'est pour la période de transition entre un
groupe...
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
38.
M. Godin: C'est pour l'officialisation des noms choisis ou
déterminés par la Commission de géographie. Dois-je le
lire, M. le Président? C'est de pure concordance, en fait. C'est pour
officialiser les noms adoptés par la Commission de géographie
avant qu'elle ne devienne la Commission de toponymie.
Le Président (M. Brouillet): L'article 38 est
adopté. Article 39?
M. Gratton: Quant à nous, on peut l'adopter sur division,
M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): L'article 39 est
adopté sur division.
M. Godin: II y a un papillon à l'article 39.1. C'est une
correction d'une faute de frappe: "Dans tous les articles de cette charte
où se trouve le mot "Inutitut", ce mot est remplacé par le mot
"Inuktituut", avec deux "u" et un "k"."
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Donc,
l'amendement qui consiste à insérer l'article 39.1 est
adopté. Article 40?
M. Gratton: Adopté sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur...
M. Ryan: M. le Président, une remarque sur l'article 40,
si on me le permet.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est un article qui soulève des questions de
principe très importantes. Je ne voudrais pas le laisser passer sans
avoir au moins dit un mot là-dessus. Je trouve que c'est un article qui
revient dans toutes les lois du gouvernement depuis au-delà d'un an, qui
est regrettable en soi. Il y a tout un contexte historique qu'on peut
comprendre à propos de certaines lois, mais, à propos de
celle-ci, je pense que non seulement la présente loi a effet
indépendamment des dispositions des articles 2 et 7 à 15 de la
loi constitutionnelle, mais elle vient en conflit direct avec l'article 23 de
la loi constitutionnelle canadienne, et c'est une raison de plus pour qu'on le
souligne à la fin du débat. Je suis fermement opposé
à cette disposition. Je pense que, dans la mesure où les
dispositions de la charte constitutionnelle canadienne des droits sont
raisonnables et justes, il faut
d'abord penser au bien des citoyens et cette manie qu'a empruntée
le gouvernement de toujours s'inscrire en faux continuellement est une manie
déplorable. Il y a d'autres moyens de combattre les choses regrettables
ou discutables qu'a pu faire le gouvernement ou le Parlement
fédéral. Cette manière-ci de le faire est une
manière que, personnellement, je n'approuve pas. (23 h 15)
Le Président (M. Brouillet): L'article 40 est
adopté sur division.
M. Lincoln: M. le Président, juste avant d'en arriver au
dernier article, je voudrais poser au ministre une brève question. S'il
me dit non, on ne discutera pas plus.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi, M. le Président, j'ai une
question après.
Pouvoirs des commissaires-enquêteurs
M. Lincoln: Sur la question des commissaires-enquêteurs, on
revient à l'article 33, on l'avait adopté au début. Je
pense que mon collègue de Gatineau et moi-même avions dit,
à ce moment-là, qu'on avait été trop vite pour
l'adoption de cet article sur les commissaires-enquêteurs. Le ministre de
l'Éducation se souviendra d'une longue discussion sur une autre clause
par rapport aux pouvoirs des commissaires-enquêteurs. Je voulais demander
au ministre s'il serait d'accord pour qu'on fasse une concordance avec l'autre
article qu'on a amendé où on retient seulement certains pouvoirs
des commissaires-enquêteurs. Peut-être que Me Brière
pourrait nous le dire.
M. Godin: Je peux vous le dire moi-même, quitte à ce
que Me Brière ajoute quelque chose, s'il y a lieu. Il faut distinguer le
rôle.
M. Lincoln: Je sais que ce sont...
M. Godin: Ils n'ont pas le même rôle et, surtout, Us
n'ont pas le même mandat. La commission dont vous faites état au
début...
M. Lincoln: La commission d'appel, oui.
M. Godin: ...est une commission dont la décision est
finale et sans appel tandis que, dans le cas de la commission dont nous parlons
ici, elle ne fait que transmettre ses recommandations et ses avis au
ministère de la Justice. C'est là que la protection des citoyens
trouve toute son application.
Dans la mesure où ce n'est pas du tout le même genre de
commission, dans la mesure où les pouvoirs de l'une sont sans appel et
où ceux de l'autre ne sont pas sans appel mais consistent à
transmettre des recommandations au ministère de la Justice, nous croyons
qu'il n'est pas nécessaire de procéder aux mêmes
contraintes, comme nous l'avons fait hier pour la commission d'appel qui traite
des conditions d'admissibilité à l'éducation.
M. Lincoln: C'était purement par rapport aux pouvoirs des
commissaires-enquêteurs que nous parlions.
M. Godin: Oui, je sais, mais nous voulons que les
commissaires-enquêteurs de la commission de protection gardent les
mêmes pouvoirs.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de L'Acadie avait demandé la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je vais la céder pour le moment à
mon collègue, le député d'Argenteuil; je pense qu'il
voulait revenir sur la même question que celle du député de
Nelligan.
Le Président (M. Brouillet): II y a aussi le
député de Gatineau. Il y en a trois qui m'ont demandé la
parole.
Mme Lavoie-Roux: Oui et, après, il y aura le mot de la fin
et le député de Gatineau.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est parce que j'ai entendu le ministre faire une
affirmation. Je crois que vous avez dit que la commission dont il est question
à l'article 33 rend des décisions qui sont sujettes à
appel.
M. Godin: Non, non. Ce que j'ai dit, c'est que les
décisions de la commission dont les pouvoirs ont été
modifiés hier, la commission d'appel du bureau d'admissibilité,
sont sans appel. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé
d'encadrer, à votre suggestion d'ailleurs et à celle de mon
collègue, beaucoup plus précisément les pouvoirs dont elle
jouit parce que ses décisions sont sans appel. Dans le cas qui nous
occupe, il en va tout autrement, comme je l'ai dit tout à l'heure.
M. Ryan: À l'article 155.2, c'est écrit: "Sa
décision est sans appel." C'est cela que je voulais porter à
votre attention.
M. Godin: Entendons-nous, sa décision de transmettre ou
non un dossier à la justice est sans appel.
M. Ryan: Toute décision qu'elle rend.
M. Godin: Sa décision consiste à transmettre un
dossier à la justice. C'est l'appareil de la justice, avec les multiples
garanties dont dispose le citoyen, qui décide. Nous aurons, dans
quelques jours, j'imagine, la décision de la justice par rapport
à St. Mary's. C'est la justice qui décide. Devant la justice,
vous connaissez les protections dont jouissent les citoyens des
institutions.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question à l'article 130 de la
charte, c'est un problème qui nous a été souligné
par différentes organisations. Ce même article se retrouve dans un
autre chapitre, mais, en tout cas, on va parler de 130: "Les programmes de
francisation doivent tenir compte de la situation des personnes qui sont
près de la retraite ou qui ont de longs états de service au sein
de l'administration."
Il semblerait, selon ce qu'on nous avait dit à ce
moment-là, que...
M. Godin: Si vous me le permettez, madame, je pense que le
député d'Argenteuil a raison.
M. Ryan: Je savais que M. Brière ferait son apparition
dans le portrait.
M. Godin: La commission dont vous parlez ici est la commission
d'appel des décisions de l'office de refuser ou de donner, cette
commission dont on a parlé l'autre jour et dont on déposera le
rapport, j'imagine, demain, qui est composée d'un seul
commissaire-enquêteur à mi-temps et de deux qui ne sont pas
payés, qui sont payés sous forme de jetons de présence.
Cette commission étant sans appel, je serais disposé à lui
imposer les mêmes contraintes que celles qui ont été
imposées hier à la commission qui administre les appels au droit
d'admissibilité.
M. Laurin: D'ailleurs, elle n'a entendu aucun appel depuis
qu'elle existe.
M. Ryan: Oui, c'est cela que je croyais connaître aussi. Le
conseiller juridique fait son travail. Je l'apprécie.
M. Godin: Ce sera fait d'ici le dépôt...
M. Ryan: On l'apprécie.
Une voix: En troisième lecture.
M. Godin: ...en troisième lecture, M. le leader de votre
aile.
M. Gratton: C'est vous qui le savez.
M. Godin: Enfin, je vous...
M. Gratton: C'est vous qui légiférez. Vous
demanderez au leader du gouvernement. Il fait bien les choses. Il va vous dire
comment procéder.
M. Godin: D'accord. Je vous en avise, M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: Cela ne change absolument rien.
M. Godin: Si vous n'en avez que faire, tant pis pour vous.
M. Gratton: Voilà.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, puis-je revenir à
l'article 130?
M. Godin: Certainement.
Mme Lavoie-Roux: On nous avait signalé que
peut-être, de par la façon dont cet article avait
été appliqué, on avait pu commettre...
M. Godin: Quel article 130?
Mme Lavoie-Roux: C'est dans la charte.
M. Godin: Excusez-moi.
Mme Lavoie-Roux: On pensait que cela n'avait peut-être pas
été appliqué avec suffisamment de discernement. Est-ce
qu'on pourrait nous donner les règles qui sont appliquées dans le
cas de l'article 130?
M. Godin: Les règles utilisées par l'office pour
l'application de l'article 130, nous vous les ferons parvenir. Je ne les ai pas
avec moi ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fera bien plaisir de les lire toute
seule dans mon bureau, mais...
M. Godin: Alors, poursuivez.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, si vous nous disiez quelles sont les
règles...
M. Godin: Je ne les ai...
Mme Lavoie-Roux: ...et qu'elles nous apparaissaient raisonnables,
les protestations qu'on nous a fait valoir ne seraient pas fondées. On
doit quand même savoir aussi les règles.
M. Godin: Je pense que c'est cinq ans, mais je n'en suis pas
sûr. Ce que je vais faire...
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on nous a fait valoir, c'est que des fois
le délai de cinq ans - il y avait peut-être des gens qui
étaient là, par exemple, qui sont rendus à 54, 56, 58 ans
et dont la retraite est à 65 ans - ne semblait pas suffisant. Il
semblerait que c'est cela qui avait été appliqué. À
56 ans, c'est difficile d'apprendre le français, alors qu'ils sont
peut-être encore à sept ou huit ans de leur retraite. C'est
peut-être du côté des règlements qu'il faudrait
prévoir cinq ans et une autre disposition qui donne une certaine
souplesse.
M. Godin: Mais, dans la mesure où les articles 20 et 23
ont été modifiés, je ne pense pas que les problèmes
soulevés sous l'ancienne loi 101 continuent d'être
soulevés.
Mme Lavoie-Roux: C'est la francisation des entreprises ici, ce
n'est plus la francisation des institutions.
M. Godin: Non, c'est l'administration, madame, l'article 130.
Mme Lavoie-Roux: L'administration, mais, concernant les
entreprises également, je pense qu'il existe. C'est le seul que j'ai
retrouvé, mais il y a un autre article qui dit exactement la même
chose dans un autre chapitre.
M. Godin: II n'y a rien qui force un employé à
apprendre le français dans l'entreprise. Ce que la loi 101 dit, c'est
que les documents, la langue de l'employeur envers son employé
francophone...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cet article devient caduc, à
ce moment-là?
M. Godin: II ne devient pas caduc, parce qu'il peut se produire
des cas où la clause grand-père doit s'appliquer. J'aime autant
la garder personnellement, mais, si vous voulez, je m'enquerrai auprès
de l'office. De toute façon, l'office doit nous soumettre, d'ici le 1er
avril, de nouveaux règlements qui découlent de l'application du
projet de loi 57, de la loi 101 modifiée, et, à ce
moment-là, ce sera soumis à l'Opposition, nous les montrerons
à l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: On révisera tous les règlements,
pas uniquement ceux qui découlent du projet de loi 57.
M. Godin: Tous les règlements.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, on les examinera à ce
moment-là. Merci.
M. Ryan: Pourriez-vous répéter ce que vous avez
dit? Je n'ai pas bien saisi, je m'excuse. Vous avez dit que vous soumettriez
tous les règlements...
M. Godin: Que je montrerais tous les règlements, que je
ferais tenir à l'Opposition tous les règlements de l'office.
M. Ryan: Tous les projets d'amendements ou les règlements
actuels?
M. Godin: Les projets d'amendements. M. Ryan: Les projets
d'amendements.
M. Godin: Oui, on peut faire cela dans l'esprit de la
réforme parlementaire, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-ce que vous iriez jusqu'à les soumettre
à l'examen d'une commission parlementaire comme celle-ci?
M. Godin: Peut-être par aller jusque-là, mais nous
vous les soumettrions pour étude.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi pas? Cela se fait dans d'autres
ministères, M. le ministre.
M. Godin: Je n'ai pas dit non.
Mme Lavoie-Roux: II faudra revenir à la charge en temps et
lieu.
M. Ryan: C'est un progrès, parce que hier on s'est fait
dire non.
Le Président (M. Brouillet): Nous avons toujours le
dernier article à adopter, mais avant, le député de
Gatineau aimerait prendre la parole.
M. Gratton: Vous êtes bien bon, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, M. le
député de Gatineau. Une minute.
M. Godin: Si nous avions une rédaction à vous
soumettre pour limiter les pouvoirs de la commission d'appel, si nous vous
soumettions dès maintenant l'amendement, est-ce que vous seriez
disposés à le voter illico?
M. Ryan: M. le Président, je pense que le même texte
qui a été adopté pour la commission d'appel sur
l'admissibilité à l'école anglaise irait très bien.
C'est que les articles 16 et 17 de la Loi sur les commissions d'enquête
s'appliquent. Est-ce que vous avez conservé ce texte? Je vais sortir mon
dossier, si vous ne l'avez pas.
M. Godin: 30 secondes.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau est-ce que vous aimeriez prendre la parole avant qu'on adopte
celui-là?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Oui, cela va. Très
bien. On va attendre l'amendement qui va nous parvenir.
M. Gratton: J'ai reçu une lettre en date du 15
décembre 1983 du Comité des grands magasins dont le
président est Me Pierre Gratton. Elle se lit comme suit - vu que cela
fait partie du dossier, le ministre pourra nous dire comment il entend
résoudre le problème - "M. le ministre, à notre grande
stupéfaction, certains membres du Comité des grands magasins ont
reçu ordre récemment de changer l'affichage des mesures de
sécurité à l'intérieur de leurs
établissements afin de les rendre unilingues français. Selon
l'article 22 de la charte, il est permis à l'administration d'afficher
des mesures de santé ou de sécurité publique en
français et dans une autre langue. Nous ne voyons pas pourquoi les
mêmes prérogatives ne seraient pas accordées à tous
les endroits publics, surtout aux grands magasins. Considérant la
tolérance judicieusement exercée depuis le début de nos
négociations avec l'office et que, dans la pratique, l'affichage
bilingue sur la sécurité est un état de fait, nous n'avons
aucunement l'intention de modifier nos positions sur ce point.
"Conséquemment, nous vous demandons de modifier l'article 58 pour le
rendre conforme à l'article 22, c'est-à-dire permettre
l'affichage sur la santé et la sécurité publique en
français et aussi dans une ou plusieurs langues. Nous considérons
que cette mesure s'impose logiquement dans les circonstances pour le bien, la
santé et la sécurité publique en général au
Québec. Nous espérons que cette demande sera sérieusement
prise en considération et nous sommes à votre entière
disposition si vous désirez nous rencontrer pour pouvoir en discuter
davantage." C'est signé, Pierre Gratton, président du
comité.
M. Godin: L'article 9 - à la page 7 -de la loi 57,
alinéa 2, le prévoit précisément. Je vais vous le
lire: "Toutefois, dans les cas et suivant les conditions ou les circonstances
prévus par règlement de l'Office de la langue française,
l'affichage public et la publicité commerciale peuvent être faits
à la fois en français et dans une autre langue ou uniquement dans
une autre langue." Cet article vise précisément à
résoudre le problème soulevé par les grands magasins de
Montréal.
M. Gratton: Est-ce que le ministre a l'intention de se
prévaloir de ce pouvoir de réglementation et de le faire
bientôt?
M. Godin: Oui. Tout affichage dans les magasins qui a trait
à la santé publique ou à la sécurité pourra
être dans les deux langues.
M. Gratton: Cela se ferait dans tous les magasins?
M. Godin: Dans tous les magasins où il y a public
évidemment.
M. Gratton: Le ministre ne voit pas de contradiction entre le
fait que, pour les commerces, c'est une réglementation et que, pour
l'administration, c'est dans la loi.
M. Godin: Non.
M. Gratton: Cela ne me surprend pas.
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait juste nous rappeler le
numéro de l'article dont il vient de parler?
M. Godin: 58 de la loi 57. Enfin, l'ar':icle 9 de la loi 57 qui
modifie l'article 58 de la loi 101, à la page 7, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre se rappellera peut-être que je
lui avais demandé au moins à deux reprises si on pouvait nous
faire connaître toutes les occasions où l'affichage bilingue pour
la sécurité et la santé avait été
permis.
M. Godin: J'ai écrit une lettre à mon
collègue des Transports. J'ai eu une réponse verbale
jusqu'à maintenant. À sa connaissance, il y en a deux. Mais
j'aurai une réponse écrite. Je lui ai demandé de voir
à ce que ces enseignes qui ont trait à la sécurité
sur l'autoroute des Cantons de l'Est et l'autoroute du Nord soient en
français et en anglais, de manière qu'il n'y ait pas de risque
pour la santé et la sécurité des automobilistes. (23 h
30)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la première fois
qu'on avait posé cette question ou la deuxième fois - et c'est la
troisième au ministre - on avait fait allusion à la question des
responsabilités du ministère des Transports en cette
matière, mais il y a également d'autres circonstances où
la santé et la sécurité peuvent l'exiger et où cela
ne relève pas du ministère des Transports. J'avais
demandé, pour l'ensemble des ministères, la liste où on
avait permis justement cet affichage bilingue pour la santé et la
sécurité.
M. Godin: Je vais m'enquérir, mais peut-être que
l'office devrait être saisi de ces demandes. Je m'enquerrai aussi
auprès de l'office des cas dont il a été saisi et j'en
informerai ma collègue à la première occasion.
L'amendement - si nous revenons un peu sur nos pas - à l'article
155.3 se lirait ainsi... Excusez-moi, l'article 33.
Le Président (M. Brouillet): Je les ai ici. Le nouvel
amendement? Je peux bien vous lire cela. J'ai le texte entre les mains.
M. Godin: S'il vous plaît. D'accord.
Le Président (M. Brouillet): II y a donc un amendement
à l'article 33: L'article 155.3 édicté par l'article 33 du
projet est remplacé par le suivant: "155.3 Pour l'exercice des fonctions
que leur confère la présente charte, les membres de la commission
sont investis des immunités prévues par les articles 16 et 17 de
la Loi sur les commissions d'enquête, (L.R.Q., chapitre C-37)."
M. Ryan: Prévues aux articles. Oui?
M. Godin: Aux articles que nous avons dans le texte
dactylographié...
M. Ryan: Oui? Ah bon! Parce que le président, lui, parle
des articles. D'accord.
M. Godin: D'accord. Cela va? Mme Dougherty: M. le
Président... M. Godin: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Brouillet): Donc, l'amendement est-il
adopté? Adopté. Je repose la question: L'article 33 sera-t-il
adopté tel qu'amendé? Adopté tel qu'amendé.
L'article 41 est-il adopté? Adopté. Le titre du projet de
loi...
Mme Lavoie-Rouxs Une minute, M. le Président'. Ma
collègue a demandé la parole.
Le Président (M. Brouillet): Je m'excuse. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Affichage des écoles anglophones
Mme Dougherty: J'ai un autre sujet. Je crois que la question n'a
pas été abordée lors de ces discussions. C'est la question
de l'affichage, le nom des écoles uniquement anglophones qui desservent
uniquement des anglophones. Il y a toute sorte de confusion en ce qui concerne
le nom des écoles, à cause du coût aux commissions
scolaires pour avoir l'affichage, par exemple Lachine High
School, École secondaire Lachine; maintenant, c'est Lachine. On a
éliminé "high school". Les parents ne sont pas du tout contents
de cette situation. C'est la situation des institutions anglophones. Ce n'est
pas du tout la même situation pour les hôpitaux, même pour
les hôpitaux anglophones, qui desservent les francophones et les
anglophones, et les services sociaux. Les écoles anglaises donnent des
services ou l'enseignement uniquement en anglais, uniquement aux anglophones.
Ce que les parents demandent, c'est d'avoir leurs écoles
étiquetées en anglais. C'est très compliqué aussi
pour les francophones. Il y a beaucoup de francophones qui arrivent...
"École secondaire Malcolm Campbell", par exemple. lls ne comprennent pas
pourquoi. Il faut leur expliquer la loi 101. Ce n'est pas une école pour
les francophones. Il faut aller ailleurs. Nous avons des voisins qui viennent
ici et ce n'est pas possible, compte tenu des restrictions de la loi 101. Je
crois que ce pourrait être quelque chose qui a du sens, qui pourrait
éliminer la confusion entre les écoles anglaises et les
écoles françaises. Cela éviterait le coût d'un
affichage bilingue. J'aimerais que vous considériez cette
possibilité seulement pour les écoles et non pas pour les autres
institutions anglophones.
Mme Lavoie-Roux: Les écoles qui servent uniquement les
anglophones.
M. Godin: ...pour changer la loi qui accorde
précisément... Vous dites que c'est une restriction. La loi n'a
jamais forcé les écoles anglaises à enlever leur nom
anglais, la loi a obligé les écoles...
Mme Dougherty: À ajouter une autre...
M. Godin: ...à ajouter... Alors, ce n'est pas une
restriction, c'est une addition, dans mon vocabulaire à moi.
Mme Dougherty: Oui, mais vous comprenez la confusion.
M. Godin: Dans ces écoles, où le nombre d'heures de
français est de plus en plus considérable, à la demande
même des organismes...
Mme Dougherty: Comme langue seconde.
M. Godin: ... scolaires en question et d'autant plus que
l'obligation d'être soumis au test sera levée pour tous les
élèves qui seront dans ces écoles à compter de
septembre 1985, je pense que ce sera un lieu beaucoup plus propice à
l'apprentissage de la langue seconde si les élèves, en entrant,
voient qu'à côté du mot "school", il y a le mot
"école". Ce sera un rappel.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il n'y a plus un francophone qui peut
apprendre l'anglais langue seconde.
M. Godin: Un rappel qu'il y a du français au
Québec. Je ne pense pas que ce soit nuisible à qui que ce soit,
chère madame.
Mme Dougherty: C'est simplement le coût et la confusion
entre les écoles.
M. Godin: Une école française n'aura qu'un nom
français; une école anglaise aura le nom français et le
nom anglais, ce qui rappellera son double caractère, le caractère
d'une institution anglophone dans un État français.
Mme Dougherty: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez bien garder certaines petites
bibites qui vous font plaisir. On va vous les laisser. Une école
anglaise pour des enfants anglophones, pour moi, ce n'est pas une question de
confusion ou de coût, c'est une école anglaise qui s'appelle
Malcom Campbell School et je ne vois pas ce que cela change.
M. Godin: Nous avons entendu 74 mémoires. L'école
Malcom Campbell?
Mme Lavoie-Roux: Je ne vois pas ce que cela change. Si cela vous
fait plaisir, gardez-le.
M. Godin: Si cela ne change rien, on va le garder.
Mme Lavoie-Roux: On ne se chicanera pas là-dessus.
M. Godin: Écoutez...
Mme Lavoie-Roux: Franchement!
M. Godin: ...nous sommes au Québec, ici, nous ne sommes
pas en Ontario.
Mme Lavoie-Roux: En Ontario, s'il y a une école
française, elle s'appelle l'école Marie-Laframboise.
M. Godin: Dans une institution publique du Québec,
payée par l'ensemble des contribuables québécois, je pense
qu'il est normal que le français soit visible.
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis quand même...
M. Godin: Je ne pense pas que ce soit une restriction, je pense
que les écoles anglaises devraient s'empresser d'accepter cette
reconnaissance de la majorité comme nous reconnaissons, comme
majorité, leur droit à leurs institutions.
Mme Lavoie-Roux: Là, je pense que...
M. Godin: Je pense que c'est donnant-donnant.
Le Président (M. Brouillet): Si vous le voulez, je reviens
à l'article 81.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président. Vous allez
en Ontario et les écoles françaises et les centres communautaires
français - j'en ai vu à Toronto - sont en français. On ne
le demande pas pour les centres communautaires, on le demande pour une
école qui est une institution culturelle. On demande de laisser leur nom
anglais aux écoles qui ne reçoivent que des enfants anglais; il y
a des écoles qui comprennent beaucoup de classes françaises et
anglaises.
M. Godin: Ni pour mon collègue de l'Éducation, ni
pour moi, l'Ontario n'est un modèle à suivre dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: Par contre, vous vous en servez beaucoup pour
justifier certaines attitudes que vous adoptez. Parfois, vous suivez le
modèle de l'Ontario et, d'autres fois, cela vous sert de justification
quand cela fait votre affaire.
M. Godin: Donnez-moi un cas où on suit l'exemple de
l'Ontario.
M. Ryan: À propos du dernier article, y a-t-il des
dispositions que le gouvernement projette de ne pas mettre en vigueur au moment
de la proclamation de la loi?
M. Godin: Non, pas jusqu'à maintenant, sauf en ce qui
aurait trait à certains règlements qui ne seraient pas encore
prêts au moment où la loi... Cela nous mènerait au 1er
avril pour certains règlements, mais ce serait pour un nombre
extrêmement limité.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Nelligan m'avait demandé... J'ai annoncé tantôt l'article
45 comme adopté. Il m'a fait part par la suite qu'il
préférait l'adopter sur division.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): L'article 41 est
adopté sur division. Le titre du projet de loi est-il adopté?
L'ensemble du projet de loi est-il adopté tel qu'amendé?
Des voix: Sur division.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais poser des
questions...
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que c'est sur
cela?
M. de Bellefeuille: ...au sujet des notes explicatives dans les
deux langues et au sujet...
Le Président (M. Brouillet): Excusez! On pourra
peut-être y revenir.
Donc, l'ensemble du projet de loi est adopté tel
qu'amendé, sur division.
M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que nous avons
besoin d'adopter le texte des notes explicatives, étant donné
qu'il faudra le remanier? Cela se fera automatiquement?
Le Président (M. Brouillet): En troisième
lecture.
M. de Bellefeuille: Bon, parce qu'il y a le paragraphe d qu'il
faudra rendre conforme à ce que nous avons adopté, de même
que le paragraphe e. Je voudrais signaler que, dans le paragraphe e, il
faudrait supprimer le mot "ressortissant", et aussi que, dans le paragraphe e,
l'expression "à un endroit" me paraît insuffisante. Il vaudrait
mieux dire, comme dans le texte de la loi, "une province ou un territoire"
plutôt que "à un endroit". "À un endroit", cela
apparaît trop vague.
Le Président (M. Brouillet): Les notes explicatives ne
font pas l'objet de...
M. de Bellefeuille: Non, mais je veux m'assurer qu'elles seront
rendues conformes...
Le Président (M. Brouillet): C'est bon de le signaler.
M. de Bellefeuille: D'autre part, M. le Président, au bas
du texte anglais de la loi, il y a la mention "Quebec Official Publisher",
mention qui est contraire à l'article 14 de la loi 101.
M. Godin: Cela sera également corrigé. Vos
suggestions sont notées, M. le député de
Deux-Montagnes...
M. de Bellefeuille: Merci.
M. Godin: Le tout sera corrigé et, en troisième
lecture, nous vous donnerons satisfaction.
Le Président (M. Brouillet): Le mot de la fin.
M. Godin: Je voudrais remercier tous les collègues de ce
côté-ci et de l'autre côté de la Chambre qui ont
travaillé à améliorer avec nous la loi. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci à tous. Je
demande au rapporteur désigné de faire rapport à
l'Assemblée dans les plus brefs délais. La commission ayant
accompli le mandat qui lui avait été confié, j'ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 43)