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Exécutif
(Seize heures seize minutes)
M. PLAMONDON (Président du comité des subsides): A
l'ordre, messieurs!
Les postes budgétaires 1 et 2 ont été
adoptés . Nous passons au poste budgétaire numéro 3:
Service général des achats.
M. JOHNSON: C'est cela.
M. LESAGE: Le poste budgétaire numéro 3 avait
été remis à plus tard.
M. LE PRESIDENT: M. Picard, avez-vous des questions à poser?
M. PICARD (Olier): Dans le service général des achats,
j'aimerais savoir, M. le Président, quels changements ont
été apportés aux structures du service depuis juin
1966.
M. JOHNSON: M. Georges Bussières, directeur
général, m'avait offert sa démission au cours de l'automne
1966 pour nulle autre raison que des raisons personnelles. Il voulait aller
travailler dans d'autres services du ministère public. C'est une
fonction extrêmement épuisante, me disait-il. Je lui ai
demandé et il a gracieusement accepté de demeurer en fonction
jusqu'à ce que ses crédits fussent adoptés et même
nous avons retardé jusqu'au 23 novembre avant d'accepter sa
mutation.
Il a été muté au ministère de la
Santé et voici dans quelle structure générale M.
Bussières avait lui-même recommandé certaines
améliorations, certains changements au service des achats. Nous avons
recruté les services de M. Brissette, qui est assisté de M.
André Prud'homme, de l'Hydro-Québec. La ville de Montréal
a bien voulu nous prêter les services de M. Jean Renault. Us sont,
respectivement acheteurs en chef pour l'Hydre et pour la ville de
Montréal et, avec M. Brissette, ils constituent un comité
chargé, premièrement, de restructurer les méthodes d'achat
pour le gouvernement; deuxièmement, de tenter d'établir des
projections sur les achats ou sur le chiffre total d'achats non seulement du
gouvernement et de l'Hydro mais également des institutions
subventionnées en partie ou en totalité par la province ou qui,
d'une façon ou d'une autre émargent au budget de la province.
M. Brisette dirige effectivement le service général des
achats et, assisté de ces deux messieurs, ils sont en train non
seulement de restructurer mais ils ont également entamé ce
travail de projection des achats.
On m'avait informé que nous pourrions de cette façon
influencer les achats que représenterait un volume d'au-delà d'un
demi-milliard de dollars, peut-être trois quarts de milliard de dollars
par année.
L'idée est de pouvoir établir, à l'aide des
économistes qui vont se joindre au groupe, quel est le marché que
constituent les achats de la province et de ces institutions
subventionnées. Ce qui nous permettrait, par exemple, de dire d'avance
aux manufacturiers, quels seront les besoins du gouvernement et de ces
institutions et quelles seront les périodes de livraison. Il arrivera,
je crois bien, comme conséquence toute normale, que certaines industries
s'Installeront dans Québec. Exemple, donnons un chiffre
hypothétique. Je pense bien que nous allons en arriver à la
conclusion qu'en équipement de laboratoire la province aura besoin de
dizaines de millions de dollars d'ici quatre ou cinq ans. Ce qui peut inciter
certains manufacturiers à s'établir dans la province, plus
près de leur marché. Première conséquence...
M. LESAGE: Le premier ministre pourrait référer à
la page 4554 du journal des Débats de l'année dernière. Il
trouvera presque textuellement ce qu'il est à dire.
M. JOHNSON: Je n'ai même pas besoin d'avoir de mémoire.
M. LESAGE: C'est une répétition. Il n'y a rien de fait:
nous en sommes au même point.
M. JOHNSON: Au contraire, M. le Président.
M. LESAGE: Quelle est la différence avec l'année
dernière?
M. JOHNSON: M. le Président, si on veut me laisser terminer. Les
choses plaisantes, on peut toujours les répéter. C'est
peut-être moins plaisant pour...
M. LESAGE: Oui, mais c'était décidé l'année
dernière, tout cela. Qu'est-ce qui s'est fait depuis ce
temps-là?
M. JOHNSON: Oui, oui, on s'est mis en route au mois de novembre...
M. LESAGE: C'est mot à mot à la page 4554.
M. JOHNSON: Nous nous sommes mis en route au mois de novembre seulement.
Il fallait obtenir les services de M. Renault et ceux de M. Prud'homme. M.
Prud'homme, incidemment, a été malade et il est maintenant remis
sur pied
Dieu merci et nous n'avons pas pu aller aussi vite que nous
aurions désiré le faire. Si vous voulez, M. le
Président...
M. LESAGE: Ce n'est pas une nouvelle, ça non plus!
M. JOHNSON: M. le Président, le 21 décembre 1967, ce
comité a été constitué des messieurs que j'ai
déjà nommés.
M. BOURASSA: Le 21 juin.
M. JOHNSON: Le 21 décembre 1967. Ces messieurs travaillent depuis
à améliorer le système des achats. Je pense que c'est
normal qu'ils accordent la priorité aux achats du gouvernement. Ce n'est
pas une critique de M. Bussières. M. Bussières est un homme en
qui nous avons confiance à tel point que nous l'avons muté,
à sa demande, au ministère de la Santé et en même
temps au ministère de la Famille et du Bien-Etre, où il fait
enquête sur les méthodes d'achat des institutions
subventionnées, entre autres, sur les médicaments. Et,
éventuellement il y en a un aussi à l'Education
tous ces gens-là vont se rencontrer et établir leurs projections,
ce qui va nous permettre, je pense bien, de révéler des chiffres
intéressants. J'allais dire tantôt, ce que je n'avais pas dit
l'année dernière: les manufacturiers, sachant que la province
où ces institutions ont besoin de tant de matériel de telle
spécification, pourront planifier leur production. Je ne vois pas
pourquoi un gouvernement serait obligé de s'en tenir à des
méthodes artisanalesd'achat. Est-ce que le gouvernement ne pourrait pas,
sachant qu'il a besoin, disons de 10,000 pupitres de classe, pourquoi ne
s'entendrait-il pas avec ces institutions et ne demanderait-il pas des
soumissions avec un calendrier de livraisons de sorte que les manufacturiers
pourraient peut-être nous donner un meilleur prix, maintenir un haut
niveau d'emploi?...
M. BOURASSA: Sur plusieurs années?
M. JOHNSON: Cela fait plusieurs années.
M. BOURASSA: Est-ce que le premier ministre veut dire également
sur plusieurs années?
M. JOHNSON: Il y avait un grand désir...
M. PICARD (Olier): Est-ce que le premier ministre me permettrait une
question?
M. JOHNSON: Oui.
M. PICARD (Olier): La question que j'ai posée n'avait rien
à voir à ce moment-ci avec les méthodes. J'ai
demandé et permettez-moi de répéter ma question
d'une façon plus précise; Quelles sont les structures
annuelles du service général des achats et quels changements ont
été faits dans ces structures depuis juin 1966? Les structures,
est-ce qu'elles avaient un nouvel organigramme?
M. JOHNSON: M. le Président, dans les services du gouvernement,
comme dans l'être humain, il faut commencer par la tête, c'est bien
important. J'ai parlé de la tête, du directeur
général. Il y a maintenant quatre sections, si l'on veut: un
adjoint administratif, un chargé de l'approvisionnement, un
chargé des achats et le service de la récupération qui,
éventuellement, serait établi. Pour le moment il est tout
simplement embryonnaire.
Est-ce qu'on est intéressé à avoir tous les
détails? Sous l'adjoint administratif il y a les services, il y a le
secrétariat; sous l'approvisionnement il y a planification et
entrepôts; aux achats il y a fournitures et équipement. Et il y a
des subdivisions également dans ces services.
Ce qu'il y a de changé dans le système et les structures,
c'est que l'on peut maintenant avoir un service un peu plus rapide.
Je l'ai déjà dit en Chambre, il y avait une situation
telle que ça prenait sept ou huit semaines du moment qu'il partait une
réquisition, disons de Rimouski, pour un baril de clous, jusqu'au moment
de l'émission de la commande. Et une fois que le marchand avait la
commande, il était un peu moins pressé, surtout parce qu'il sait
que le gouvernement est un peu traînard dans le paiement de ses comptes.
C'est une des institutions qui, depuis bien longtemps, ont mauvaise
réputation. On sait, à cause des multiples contrôles, que
c'est presque inhérent à tout gouvernement, du moins dans une
certaine mesure que c'est presque inhérent au genre d'institutions que
sont les gouvernements que ça prenne un peu plus de temps que dans
l'industrie privée, parce qu'il y a là des contrôles qui
doivent être théoriquement plus sévères, parce
qu'à un moment donné, quelqu'un en Chambre doit répondre
publiquement pour tous et chacun des actes qui ont été
posés, alors que, dans des grosses compagnies, même publiques, on
peut faire des erreurs qui ne sont pas nécessairement mises à
jour aux assemblés d'actionnaires.
J'aime à dire aux hommes d'affaires: Vous n'auriez
peut-être pas l'air plus fin que les gouvernements, si vous étiez
constamment en assemblées d'actionnaires comme les gouvernements, si
vous étiez constamment en lutte
de procuration, dans un « proxy fight ». Alors, probablement
que vous sortiriez beaucoup moins propres que les hommes politiques ne sortent
de la politique. Car il y a des erreurs dans ces grosses compagnies, il y a
aussi de la mauvaise administration dans plusieurs de ces grosses compagnies,
mais ça paraît moins, c'est mieux enveloppé à
l'assemblée d'actionnaires, qui commence agréablement, qui est
vite terminée, parce qu'il faut aller au cocktail et au dîner.
C'est actuellement en évolution, au système des achats. Nous
n'avons nommé ces messieurs qu'au mois de novembre,
décembre...?
M. PICARD (Olier): Quand le ministre s'attend-il à recevoir le
premier rapport? Est-ce qu'il y aura un rapport préliminaire?
M. JOHNSON: Ils travaillent au fur et à mesure, selon le mandat
que nous leur avons donné, à améliorer le système
en établissant des procédures et applications nouvelles. On
m'informe que j'aurai un rapport préliminaire le 8 juillet.
M. LESAGE: Le premier ministre nous aura peut-être
quittés...? Pas encore?
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier.
M. PICARD (Olier): Dans les arrangements, dans les structures, est-ce
que le premier ministre pourrait nous dire si vous êtes retournés
au système qui était en vigueur autrefois, à l'effet de
donner le pouvoir ou la responsabilité au pourvoyeur, dans chacun des
ministères, de faire les achats.
M. JOHNSON: Nous avions songé à établir des agents
d'approvisionnement, qui auraient représenté le directeur des
achats dans chaque ministère et qui auraient eu une certaine latitude
quant aux achats de valeur minime.
Un concours a été tenu. On en a qualifié, par
concours de la Fonction publique, six ou sept, Lorsque M. Brissette et ses deux
assistants ont pris la responsabilité du service, nous avons suspendu,
après quelques semaines, cet arrêté ministériel qui
autorisait des achats par les ministères, par les agents
d'approvisionnement, en attendant un rapport. On a cependant utilisé les
services de ces messieurs à titre de représentants pour la
planification de l'approvisionnement dans chacun des ministères.
M. LESAGE: C'est-à-dire que, depuis l'an dernier, lors de
l'étude des crédits du Conseil exécutif, la politique a
été renversée. Le pre- mier ministre avait annoncé,
l'an dernier, que les agents d'approvisionnement dans les ministères
seraient chargés des achats.
M. JOHNSON: Oui, nous avons même adopté un
arrêté ministériel en conséquence, mais nous avons,
à la demande de M. Brissette et de ses deux adjoints, comme je viens de
le dire, suspendu cette méthode que j'avais annoncée.
M. LESAGE: Cette décision.
M. JOHNSON: Cela m'ennuyait un peu, car je l'avais annoncée. Mais
c'était une méthode qui m'avait été
recommandée par M. Bussières. Et quand ces messieurs ont
assumé la responsabilité, ils ont voulu étudier davantage
le problème, ils nous ont demandé de suspendre cette
décision. Nous avons adopté un arrêté
ministériel qui annule le premier et, après leur rapport, nous
verrons ce qu'il y a lieu de faire. Et M. Brissette m'informe que ces six ou
sept messieurs qui s'étaient qualifiés ont la
responsabilité de planifier les achats.
Il y a des choses très simples. Je ne sais pas si j'en ai
parlé l'année dernière.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre me permettra de l'interrompre
un instant?
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE: Je voudrais comprendre le rôle des agents
d'approvisionnement, y compris ceux qui ont été engagés
pour occuper la fonction d'acheteurs.
M. JOHNSON: Ceux qui étaient destinés à occuper la
fonction d'agents d'approvisionnement, sorte d'acheteurs
délégués du directeur général, sont
actuellement employés par le directeur général dans divers
ministères pour planifier les achats dans ces ministères.
M. LESAGE: Ou de ces ministères.
M. PICARD (Olier): Est-ce qu'Us font partie du...
M. JOHNSON: Non, non. Ils achètent par la procédure
normale.
M. PICARD (Olier): Est-ce que ce sont des fonctionnaires attachés
au service général des achats?
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, si vous voulez...
M. PICARD (Olier): Parce qu'il n'y a aucun changement dans le nombre des
fonctionnaires attachés. Ils étaient 164 l'an dernier et ils
demeurent 164. Alors, ce ne sont pas de nouveaux fonctionnaires.
M. JOHNSON: Mais, en fait, il faudrait distinguer entre les effectifs
autorisés et le personnel en place. Au 31 mars 1968, il y en avait 121
seulement en place, alors qu'il y en avait 164 d'autorisés. Cette
année, nous demandons l'autorisation pour 164, le même nombre que
l'année dernière. Il n'est pas du tout certain que nous allons
utiliser ces gens et j'espère que nous pourrons nous débrouiller
avec moins de personnel que celui qui est autorisé.
M. CADIEUX: J'aimerais poser une question.
M. LESAGE: Je pense qu'il va être assez difficile d'avoir moins de
personnel aux achats si les achats sont centralisés suivant le rapport
qui sera reçu. Si le rapport conclut à la continuation de la
centralisation qui avait existé alors que M. Bussières
était là, évidemment, il sera assez difficile de
réduire le personnel avec les augmentations normales des achats.
Maintenant, la procédure elle-même, demande de soumissions
publiques je vais faire cela très brièvement c'est
à partir de quel montant?
M. JOHNSON: La procédure no 617 approuvée et
appliquée.
M. LESAGE: Evidemment à partir de tel montant.
M. JOHNSON: Soumissions publiques de $5,000 et plus.
M. LESAGE: C'est demeuré à $5,000. M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Pour ce qui est de la vérification de la marchandise,
cela a toujours été un problème, je l'admets bien
franchement, tout le temps que le service des achats était sous la
direction du Conseil exécutif, alors que j'occupais les fonctions que le
député de Bagot occupe maintenant. Une des grandes
difficultés, c'était la vérification de la marchandise
reçue, pour être sûr que la marchandise re- çue
était bien conforme aux spécifications de la demande de
soumission ou de la réquisition. Alors, est-ce qu'il y a eu un certain
succès dans cette vérification?
M. JOHNSON: Vous savez, quand le curé se fait voler par son
bedeau dans la livraison de certaines marchandises, ce n'est pas
étonnant que le gouvernement se fasse un peu tricher lorsqu'il s'agit de
livraison de marchandises.
M. LESAGE: Oui, je comprends parfaitement,,
M. JOHNSON: Le truc le plus souvent utilisé, et l'ancien
responsable le sait, c'est celui où le fournisseur envoyait, disons, 21
unités, 3 à suivre. Il n'y avait personne qui voyait à ce
que les 3 à suivre nous arrivent.
M. LESAGE: Souvent aussi, sur la marchandise, la machinerie, la
spécification n'est pas suivie exactement. C'est aussi un
problème. Mais est-ce qu'il y a quelqu'un, à l'intérieur
de chaque ministère, qui est chargé de cette vérification
et qui est responsable au directeur des achats?
M. JOHNSON: M. Brissette me dit qu'on fait actuellement une inspection,
quant à la réception de la marchandise, par
échantillonnage, ce qu'on appelle communément dans la ligne le
« spot check ».
M. LESAGE: Bien, comme l'auditeur le fait, lui quant à
l'utilisation des subventions.
M. JOHNSON: Mais l'idéal ce serait que l'agent
d'approvisionnement, c'était du moins le plan, soit responsable au
moment de la livraison et puisse suivre la commande car 1'ancien premier
ministre le sait du moment que la commande était partie, le
directeur général des achats perdait complètement le
contrôle de la situation...
M. LESAGE: Absolument.
M. JOHNSON: Il n'avait pas de radar pour suivre ça...
M. LESAGE: Oui, c'est là qu'était le problème.
M. JOHNSON: Et c'est ce qui lui donnait des ulcères...
M. LESAGE: C'est cela.
M. JOHNSON: Il avait toujours peur que quelque chose retrousse, qu'un
scandale éclate dont c'eût été lui le
responsable.
M. LESAGE: C'était la raison pour laquelle M. Bussières en
était venu à la conclusion qu'il fallait décentraliser,
afin qu'en vertu d'un système décentralisé, ceux qui
étaient responsables des achats puissent être en même temps
responsables de la vérification à l'intérieur des
ministères. C'était sa théorie. On a maintenant suspendu
l'application de cette théorie, et je dis que, si on revient à
l'ancien système, il faudrait quand même que le directeur
général des achats ait, à l'intérieur de chaque
ministère, des personnes responsables de suivre l'entrée de la
marchandise, de l'équipement, enfin de ce qui est acheté, pour
s'assurer et assurer le directeur des achats que la marchandise ou
l'équipement reçus soient bien conforme aux spécifications
des demandes de soumissions ou des réquisitions.
M. JOHNSON: On a l'intention je ne sais pas où on en est
rendu, M. Brissette donnera des précisions dans certaines grosses
institutions comparables, on commande, disons un approvisionnement de crayons,
pour six mois d'avance, quitte à en prendre livraison au fur et à
mesure des besoins. C'est une façon éconimique d'acheter, je
crois, alors qu'à cause du souci que M. Bussières poussait
jusqu'au scrupule, de la précision, chaque article était
contrôlé par la machine, avec le résultat qu'on peut
prévoir j'ai déjà donné l'exemple, je pense,
d'un bonhomme qui a reçu annexée à une demande de
fournitures, de prix pour une paire de chaussures, de la paperasse pour un
quart de pouce, pour sept ou huit pages.
C'est aller pas mal trop loin, c'est une paire de chaussures. Le
système mécanisé, centralisé, conduisait à
des absurdités que j'ai pu constater moi-même et que M.
Bussières regrettait. C'était un mal du système. Demande
de soumissions: un exemplaire d'un ouvrage se vendait $1.25. Cela n'avait pas
de sens.
J'ai vu récemment ça date peut-être de six
mois une demande de soumissions chez un libraire, un exemplaire, deux
exemplaires, dix exemplaires de cinq ou six cents titres. Cela doit demander
des dizaines d'heures et le libraire qui a tous ces volumes
spécialisés et qui manque la commande par quelques cents, est
joliment dans le trou, dans le rouge, ça coûte cher.
J'ai vu un système un peu plus pratique et M. Brissette est en
train d'établir ce système de contrôle à la
livraison des marchandises. Je pense qu'il a derrière la tête
j'attends son rapport du mois de juillet d'établir
certains entrepôts avec inventaire perpétuel,
mécanisé, je l'espère, et pas trop cher.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai pleine confiance en la
compétence de M. Brissette, mais je regardais certaines études du
marché public qui se publient en Europe, entre autres, et ce qui se fait
dans d'autres pays. Est-ce que ce serait trop demander si M. Brissette et son
comité ont eu l'occasion d'examiner ce qui se faisait ailleurs?
M. JOHNSON: M. Brissette me dit qu'ils n'ont pas encore formellement
examiné ces méthodes. Je sais que M. Renault a déjà
étudié ces méthodes. Je présume que M. Brissette et
M. Prud'homme, aussi, l'ont fait. Ils ont dû lire, comme nous, comme le
député de Mercier et moi-même dans l'observateur de l'OCDE,
certaines études, bien faites, sur le système d'achat. Il y eut
récemment, en France, une très grande discussion quant à
tous ces problèmes des achats par l'Etat. Il y a eu la campagne
d'information, et dans tous les pays on a cherché à
établir un équilibre, établir un système juste.
Nous avons des plaintes, plusieurs même, venant des
régions. Les gens aimeraient que les achats soient
régionalisés. Le gouvernement actuel, comme tous les
gouvernements, est pris entre deux tendances; celle qui veut que l'on
achète au meilleur prix possible, et l'autre tendance qui veut que l'on
encourage le développement de l'économie régionale. Nous
avons demandé au service des achats de s'organiser pour nous fournir des
statistiques sur les achats, le lieu d'origine des achats, le volume pour
chaque région économique, et je pense bien qu'on pourra y
arriver...
M. BOURASSA: Dans combien de temps?
M. JOHNSON: M. Brissette me dit que la programmation retarde.
Peut-être que dans trois mois il pourra nous fournir des chiffres. Mais,
l'expérience m'a appris qu'on est mieux de s'accorder un peu et de dire
que cela prendra peut-être six mois avant que nous puissions
établir ce système...
M. BOURASSA: Pour voir l'impact sur le développement
régional?
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a des critères qui ont
été établis ou s'il reste à les établir?
M. JOHNSON: Les critères?
M. LESAGE: Pour la régionalisation des achats.
M. JOHNSON: Si l'on parle de critères géographiques,
évidemment, je pense que les divisions administratives,
communément acceptées par les ministères...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... serviront de base, deuxièmement, les
critères quant à la relativité des prix...
M. LESAGE: Des catégories d'achat? M. JOHNSON: Les
catégories d'achat?
M. LESAGE: Les automobiles de la Sûreté qui doivent servir
pour la division de Rimouski, par exemple, seront-elles achetées dans la
région économique de Rimouski?
La Gendarmerie royale agit de cette façon, pour les achats de
cette nature.
M.JOHNSON: La Gendarmerie royale? Nous avons beaucoup de plaintes.
M. MASSE: Au sujet de la Gendarmerie?
M. LESAGE: Non, je dis que la Gendarmerie royale achète les
voitures sur une base régionale. C'est un exemple que je donne. Je
demande quels sont les critères, par catégorie d'achats, pour
obtenir une décentralisation des achats.
M. JOHNSON: M. le Président, il paraît que ce sont les
mêmes fournisseurs qui vendent les voitures depuis huit ans. Il faut
croire qu'il n'y a pas eu de changements ni dans les méthodes ni dans le
nom des fournisseurs.
M. LESAGE: Ce n'était pas.de 1960 à 1966... M. BOURASSA:
Huit ou neuf ans.
M. LESAGE: ... des soumissions publiques étaient
demandées.
M. JOHNSON: Pas toujours. M. MASSE: C'était libéral dans
letemps. M. JOHNSON: Une admission de Monsieur... M. LESAGE: Bien, quand il
s'agissait de l'achat d'une voiture de moins de $5,000, il était entendu
que cela pouvait se faire sur demande des prix, mais lorsqu'il s'agissait, par
exemple, d'acheter des voitures pour la Sûreté, à
Montréal ou à Québec et qu'il s'agissait d'un nombre assez
considérable de voitures, il y avait demande de soumissions publiques.
S'il s'agit d'acheter une voiture pour un poste, à ce moment-là,
l'achat est inférieur à $5,000 et il est normal que l'on
procède par demande de prix.
M. JOHNSON: Ce qui est drôlement ennuyeux, là, c'est...
M. LESAGE: Est-ce qu'on procède de cette
façon-là?
M. JOHNSON: On a procédé dans le cas particulier d'une
voiture qui servait à l'exécutif, et le fournisseur n'est ni de
Montréal ni de Québec avec le résultat que le service
laisse à désirer. Il semble que si le vendeur, que l'agence chez
qui on s'adresse pendant la période de garantie n'a pas
été le vendeur de la voiture, on dirait qu'il n'est pas aussi
intéressé à donner du service.
M. LESAGE: D'accord!
M. JOHNSON: En tout cas, moi, il y en a une des voitures qui est
toujours déboîtée et je ne sais pas si...
M. LESAGE: Le premier ministre comprendra que je ne lui posais pas de
questions au sujet des voitures de l'exécutif ou des voitures des
ministres.
M. JOHNSON: Non, mais c'est un cas...
M. LESAGE: Je voulais parler des voitures utilisées par les
fonctionnaires dans les ministères et dans les régions.
M. JOHNSON: On m'informe que l'on procède par soumissions
publiques dans ce cas-là.
M. LESAGE: Même lorsqu'il s'agit de l'achat d'une voiture, par
exemple, au ministère de l'Agriculture?
M.JOHNSON: C'est négocié localement.
M.JOHNSON: Négocié ou encore il y demande de prix à
deux ou trois vendeurs. C'est ça.
M. LESAGE: Maintenant, cela ça vaut pour les voitures, mais
est-ce qu'il y a d'autres catégories où ce critère
s'applique?
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a d'autres catégories d'achats que les
achats d'automobiles où ce critère s'applique?
M. JOHNSON: Le critère de fournisseurs locaux?
M. LESAGE: Ou régional?
M. JOHNSON: En bas de $5,000, M. Bris-sette m'informe qu'il a
établi une procédure d'appels d'offres par
téléphone pour des achats de $100 ou moins dans la
région.
M. PICARD (Olier): Combien d'appels téléphoniques?
M. JOHNSON: D'abord, chaque vendeur ou, fournisseur en semblable
matière...
M. LESAGE: C'est ça, chaque fournisseur en semblable
matière...
M. JOHNSON: ... doit remplir, comme on le sait, l'ancienne formule, je
ne sais pas si on l'a améliorée.
M. LESAGE: C'est la même, ça n'a pas changé.
M. JOHNSON: Je crois que c'est la même. Et la machine fournit une
liste de fournisseurs de telle ou telle marchandise. On a réussi
encore une fois, ce n'est pas une critique, c'est un début de
système qu'établissait l'ancienne direction on avait, par
exemple, à l'article « vitres » une série de noms qui
étaient fournis par la machine, mais on découvrait très
vite, qu'il s'agissait souvent de gens qui n'étaient pas du tout
intéressés à soumissionner car ce n'était pas leur
spécialité. Sous l'article « vitres », on avait tous
ceux qui vendaient de la vitre sous quelque forme que ce soit.
Et là, on a réussi à rétrécir,
c'est-à-dire à faire des subdivisions dans les catégories
de sorte que lorsqu'on a besoin de vitres pour couvrir une table, on ne
s'adresse qu'à ceux qui sont dans ce commerce et non pas ceux qui sont
dans le commerce disons de vitre d'encadrement...
M. LESAGE: Des fenêtres ou des châssis, oui, ceux-là
sortaient en même temps. Alors, nous avons le système suivi selon
la procédure no 607, trois appels téléphoniques, le
premier appel au plus bas soumissionnaire à la dernière
négociation et deux autres, tout en respectant le genre de commerce, si
possible le comté ou la région administrative. Et en appliquant
le principe de rotation sur la liste afin de contacter éventuellement
tous les fournisseurs inscrits sur les listes. On peut envisager de remplacer
ces appels téléphoniques par un appel d'offres en circuit
fermé à trois soumissionnaires pour les envois non desservis par
le système Centrex.
Et c'est la machine, c'est l'informatique qui ensuite vérifie si
la rotation a été faite et dans quelle mesure elle a
été suivie. Il n'est pas nécessaire d'ajouter ici que la
commande ne se donne pas par téléphone. Il y a appel d'offres par
téléphone pour tout achat de $100 à $500, c'est la
procédure no 608. On fait trois appels téléphoniques, le
premier au plus bas soumissionnaire de la dernière négociation et
ensuite, les deux autres, tout en respectant le genre de commerce encore une
fois, et si possible le contenu de la région administrative en
appliquant le principe de rotation afin de contacter, comme dans l'autre cas,
tous les fournisseurs inscrits sur la liste. On exige une confirmation
écrite des prix obtenus sur document officiel du soumissionnaire dans un
délai fixé de trois à quatre jours. On peut envisager de
remplacer ces appels téléphoniques par un appel d'offres en
circuit fermé à trois soumissionnaires pour les endroits non
desservis par le système Centrex comme dans le cas
précédent. Appel d'offres en circuit fermé pour tout achat
de $500 à $1,000, soit un minimum de six soumissionnaires, le plus bas
soumissionnaire de la dernière négociation plus au moins cinq
autres. Avec les mêmes conditions. Appel d'offres en circuit fermé
pour tout achat de $1,000 à$5,000 sur un minimum de dix
soumissionnaires. Appel d'offres public pour $5,000 et plus, ces
procédures s'appliquent à tous les appels d'offres pour un
montant de $5,000 et plus. On détermine de plus, s'il y a lieu, le code
des noms et adresses des commerces qui sont avisés et des appels
d'offres, et, après estimation du coût de l'achat, on
détermine le montant du dépôt des garanties à
être exigées d'après les critères suivants.
M. LESAGE : Est-ce qu'il arrive dans les cas de soumissions publiques
pour au-dessus de $5,000 que la demande ne s'adresse qu'aux fournisseurs d'une
région donnée?
M. JOHNSON: Pour certaines catégories d'achat comme les pneus, on
régionalise les appels d'offres. Quand il s'agit d'huile de chauffage,
il me semble que les régions sont assez grandes.
M. LESAGE: Est-ce qu'on fait une demande annuelle pour l'essence
à travers la province?
M. JOHNSON: L'essence, pourquoi? Les véhicules?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Je crois qu'on fonctionne encore dans certains
ministères avec des cartes de crédit. A la Justice, entre autres,
et c'est bien choquant de voir l'officier de police, qui va encore au garage,
l'organisateur du garage...
M. LESAGE: J'avais reçu des plaintes de mes collègues
à ce sujet.
M. JOHNSON: ... avec un petit air, c'est l'organisateur
libéral...
M. LESAGE: L'ancien ministre de l'Agriculture se plaignait
amèrement sur ce point dans sa propre ville.
M. JOHNSON: ... sort et envoie un bonjour à son concurrent de
l'autre côté et vote pour l'Union Nationale.
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: Et on fait rire de nous.
M. LESAGE: Mais je pense que le fait que ça été
commencé et que ça se continue, c'est une bonne chose, cela
démontre qu'il y a moins de partisanerie dans l'administration
publique.
UNE VOIX: A coût égal, on favorise les régions.
M. PICARD (Olier): M. le Président, dans le cas des soumissions
publiques, un point est très important, c'est à mon sens le plus
important et c'est la préparation des devis. Est-ce que vous avez un
service qui prépare les devis?
M. JOHNSON: Les devis?
M. PICARD (Olier): Les devis.
M. JOHNSON: M. Brissette me dit qu'il n'y en avait pas quand il est
arrivé. Il en a prévu un et il a l'intention d'en
établir.
M. PICARD (Olier): Parce qu'en plus des devis, maintenant, il y a la
question des normes. Est-ce que le gouvernement ou le service
général des achats a l'intention d'établir des normes pour
les différents produits qu'il achète?
M. JOHNSON: Le directeur m'informe qu'on travaille avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, et qu'il y a un service de
normes, de standards, qui se développe. On sera intéressé
à apprendre qu'il se fait un travail, en silence, entre le
fédéral et les provinces, dont la nôtre, pour
déterminer les standards à établir au niveau canadien.
C'est extrêmement intéressant, ce travail, mais très
complexe. Je vous avoue que je n'ai pas lu le mémoire qu'on vient de
mentionner.
M. PICARD (Olier): Le premier ministre vient de mentionner quelque chose
qui m'incite à lui poser une question. Est-ce qu'à son avis le
service général des achats ne serait pas mieux placé sous
la juridiction du ministère de l'Industrie et du Commerce plutôt
que sous celle du Conseil exécutif?
M. JOHNSON: Je serais très heureux de le transférer. C'est
possible que cela arrive.
M. PICARD (Olier): Parce que, franchement sa place, c'est au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. BOURASSA: C'était une proposition de l'ancien ministre de
l'Industrie et du Commerce!
M. JOHNSON: Je pense que cela serait l'endroit... En tout cas, le
premier ministre ne tient pas plus que l'ancien premier ministre à
être responsable de tout ce secteur alors que, à l'Industrie et au
Commerce, on a une foule de spécialistes dans tous les domaines. On
connaît les associations, on parle le même langage, on sait comment
dialoguer avec les marchands, leurs associations spécialisées.
C'est juste une question, d'après son rapport du 8 juillet,
peut-être que cela se fera. Quant à moi, en tout cas, je serais
très heureux de le voir aller au ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: Dans le domaine particulier de l'éducation, est-ce
qu'on a pris les mesures pour hâter tout le service des achats, surtout
la livraison des marchandises? Tout le monde sait qu'à chaque
début d'année scolaire, c'est l'un des cauchemars, non seulement
pour les manuels, M. le Premier Ministre, mais, je pense pour une foule
d'articles nécessaires à l'enseignement. Les écoles qui
doivent...
M. JOHNSON: Les écoles du gouvernement?
M. HOUDE: Oui. Alors, dans toutes les écoles, en particulier dans
les écoles du gouvernement, tous les ans, au début d'une
année scolaire, on accuse des retards parfois assez considérables
de deux ou trois mois, avant de recevoir le matériel scolaire
nécessaire.
Alors, est-ce que dans ce cas-làparticulier, étant
donné que c'est grave, l'on prend les mesures pour éviter que
cela se reproduise continuellement?
M. JOHNSON: On m'informe que l'on vient tout juste de recevoir les
réquisitions pour l'an prochain alors, que cela prendrait normalement
six mois pour compléter la livraison de tout ce dont on a besoin. C'est
là que le préposé à la planification, celui que
l'on destinait à la fonction d'agent à l'approvisionnement, va
pouvoir aider considérablement le service des achats. Ce n'est pas
encore au point, mais c'est vers cet idéal-là que l'on tend.
Accordez-nous encore l'exercice financier actuel, et je pense qu'il y aura eu
des améliorations considérables.
M. PICARD (Olier): Dans les opérations actuelles du service,
est-ce que des efforts sont faits en vue de se conformer à la loi qui
institue le service général des achats? Cette loi apparaît
au chapitre 18 des Statuts refondus 1964 et, à l'article 4, il est bien
dit: « Le directeur a la surveillance et la direction de tous les achats
faits par les ministères du gouvernement ». Et un peu plus loin,
à l'article 5, il est indiqué: « La présente loi
s'applique, en outre, à tout organisme qui relève du gouvernement
et que désigne le lieutenant-gouverneur en conseil, mais ne s'applique
pas au Conseil législatif et à l'Assemblée
législative ». Et il y a une note au bas: « En vertu de
l'arrêté en conseil, numéro 1388, du 5 juin 1941, la loi
s'applique à la Commission municipale de Québec, à la
Commission des pensions de vieillesse et à l'Office du crédit
agricole ».
Voici où je veux en venir. Est-ce que, actuellement, le service
général des achats se conforme à la loi qui dit que le
directeur a la surveillance et la direction de tous les achats faits par les
ministères du gouvernement?
M. JOHNSON: Disons d'abord qu'avant 1961 la loi disait: « Le
directeur a la surveillance, le contrôle et l'inspection des achats.
» Par un amendement de 1962, on a fait sauter le mot «
contrôle » pour...
M. PICARD (Olier): Dans les Statuts re- tondus de 1964 il
n'apparaît pas le mot « contrôle ».
M. JOHNSON: Je n'ai jamais compris pourquoi ce mot «
contrôle » a été ainsi enlevé mais à
tout événement, la loi est exactement comme le texte qu'en a
donné tantôt le député d'Olier. Quant au
contrôle à d'autres organismes, il n'est pas à ma
connaissance que nous ayons entendu l'année dernière ni depuis
1966. En théorie on pourrait l'appliquer même à l'Hydro, le
régime de rentes, peut-être que ça s'applique à la
Régie des rentes? Cela ne s'applique pas à la Régie des
rentes.
M. PICARD (Olier): C'est parce que, actuellement, on me dit que le
volume des achats contrôlés, c'est-à-dire effectués
par le Service général des achats est d'environ $100 millions par
année, est-ce que c'est exact?
M. JOHNSON: Oui, c'est de l'ordre de $100 millions.
M. PICARD (Olier): De l'ordre de $100 millions par année.
Maintenant, est-ce qu'il serait possible de savoir approximativement le nombre
des différents articles que l'on achète? Parce qu'en 1964 j'ai vu
que la réponse avait été donnée, il y avait environ
13,000 articles différents qui étaient achetés. Est-ce que
cela a varié beaucoup depuis 1964?
M. JOHNSON: Ce serait plus facile de demander au député de
poser la question autrement. Qu'il nomme n'importe quel produit dont le nom lui
passe par la tête et on va lui dire si on en achète. Alors,
combien y a-t-il de sortes de produits sur le marché?
M. PICARD (Olier): C'est parce que j'avais fait un calcul à ce
moment-là, moi, et d'après ces calculs, si ma mémoire est
fidèle, en moyenne, au cours d'une année fiscale, on achetait 21
fois le même article, ce qui justifiait, justement, ce qu'a dit le
premier ministre tantôt soit l'importance d'avoir des projections pour
l'avenir et de prévoir. Ne pas avoir 21 bons de commande, 21
requisitions au cours d'une même année fiscale alors qu'on
pourrait tout simplement en avoir une. Vous savez, il y a une pratique qui est
courante dans l'industrie et dans le commerce aujourd'hui: le gouvernement
pourrait arriver et dire: Bien, nous avons besoin de 550 pelles à neige
et vous allez nous en livrer 200 au mois de novembre et 200 en janvier et 200
en février.
M. JOHNSON: C'est exactement ce que le service des achats...
M. PICARD (Olier): II n'y a qu'une requisition, qu'un bon de commande et
le fournisseur lui-même apprécie beaucoup qu'on l'informe d'avance
sur les besoins du gouvernement pour l'année.
M. JOHNSON: Même le manufacturier pourrait planifier si on le
faisait sur une période plus longue. C'est précisément
l'étape que nous sommes en train de franchir, soit de planifier pour une
année à la fois. J'ai des exemples assez cocasses. Comment
voulez-vous contrôler les crayons-plumes les serviettes dans les
ministères? Vous avez dû remarquer qu'on commence à
imprimer « Gouvernement du Québec » sur certains articles
qui sont à l'usage des fonctionnaires. Ainsi, c'est plus gênant
pour le petit gars d'arriver à l'école avec un crayon
marqué « Gouvernement du Québec ». Autrefois cela ne
l'était pas. Un ministère a commandé, je pense 1,000
serviettes, et M. Bris-sette a fait imprimer dessus, en gros, «
Gouvernement du Québec ».
C'est plus gênant de donner ça à son fils ou
à sa fille qui va au collège ou au CEGEP. Mais on ne peut pas
nous demander de suivre chacune des serviettes, de les numéroter chacune
comme si c'était des objets d'art. Au ministère des Affaires
culturelles, on a des numéros. Même que ça dépare un
peu certains objets d'art. Si vous êtes allés à la maison
Chevalier, vous verrez qu'on vous a imprimé un numéro presque en
pleine face d'un des personnages historiques. C'est pratiquement gâter
l'oeuvre d'art.
M. BOURASSA: Ce doit être un évadé.
M. PICARD (Olier): Est-ce que le gouvernement maintient la politique
préférentielle de 10% pour les fabricants du Québec?
M. JOHNSON: Pas d'une façon stricte. Je pense qu'on peut dire, en
général, que ça s'applique avec beaucoup de
difficultés dans certains cas. Des cas types par exemple, ce sont ceux
de ces manufacturiers qui ont des usines établies dans
différentes provinces et qui produisent ici tel produit pour tout le
marché canadien et même le marché d'exportation et qui,
dans leur usine d'Ontario, par exemple, produisent une autre gamme de
marchandises. Nous avons eu quelques difficultés quand on demandait sur
la formule imprimée le contenu québécois, canadien,
étranger, et que la soumission était accordée à
celui qui avait le plus grand contenu québécois. On a eu des
représentations de certaines compagnies disant que c'était bien
beau mais qu'elles avaient manqué la commande parce que ce
n'était pas complètement du contenu québécois et
disant: Nous avons chez vous deux usines établies qui vendent des
produits faits chez vous dans l'Ontario et nous aimerions bien que les produits
faits en Ontario puissent avoir évidemment la même chance que vos
produits faits dans le Québec par nos concurrents. Ce n'est pas facile
d'application. Nous avons demandé à la direction des achats
d'avoir un peu de souplesse là-dedans, de tenir compte de
l'interdépendance. Il se sert à rien de rêver d'autarcie.
Je me souviens, d'un cas, je ne vais mettre personne en cause autre que
moi-même. A l'Hydro, on avait pris l'habitude, depuis bien longtemps,
d'acheter des turbines canadiennes seulement et, à un moment
donné, on a demandé des soumissions dans d'autres pays et on en a
eu trois pour le prix de deux. Mais il nous est arrivé qu'on a eu des
problèmes avec ces mêmes turbines. Mais, depuis ce
temps-là...
M. LESAGE: Est-ce que le gouvernement de l'Ontario fait preuve de la
même souplesse? C'est bien ça, le problème.
M. JOHNSON: Le gouvernement de l'Ontario nie toujours qu'il applique une
pratique d'achat protectionniste.
M. BOURASSA: A l'anglaise.
M. LESAGE: Mais il est facile de savoir s'il exerce la même
souplesse dans des cas similaires à celui que vient de mentionner le
premier ministre. Cela a toujours été la difficulté.
L'Ontario nie mais agit.
M. JOHNSON: Je crois que, lorsque nous aurons des données plus
précises à l'aide de l'informatique, cela deviendra de plus en
plus facile de faire des analyses. Nous pourrons non pas négocier des
ententes mais nous pourrons certainement mettres des gens des autres provinces
devant certaines données sérieuses et nous pourrons leur demander
de faire la même chose. Mais je pense que c'est un domaine où il
faut quand même garder une certaine souplesse car, à moins de
croire à l'autarcie complète, et je ne le cache pas, une
industrie qui ne pourrait vivre que parce qu'elle a la protection d'un
marché captif comme le gouvernement ou des institutions
subventionnées, c'est une industrie qui risquerait de s'anémier.
Si on veut une industrie dynamique, il faut qu'elle
puisse soutenir la concurrence et c'est de plus en plus vrai. Cependant,
cela n'empêche pas, surtout au départ de certaines Industries, de
leur donner ce coup de pouce.
Dans quelle mesure? Cela peut faire l'objet d'un débat politique.
Il y en a qui voudraient faire des associations et des traités
commerciaux avec les autres provinces, après avoir fait certaines
structures politiques différentes.
M. LESAGE: II ne sont pas ici, ceux-là, M. JOHNSON: Mais ils sont
mieux...
M. LESAGE: J'aimerais mieux que nous continuions...
M. JOHNSON: Non, ils ne sont pas ici, mais il faudrait avant cela avoir
toutes les données. Ce qui m'inquiète le plus, moi, c'est que
nous n'avons pas de douaniers formés pour cela.
M. LESAGE: Je comprends que le premier ministre veuille s'amuser aux
dépens des absents, parce qu'ils ne sont pas représentés
ici, mais je voudrais être bien sûr que la préférence
continue de s'appliquer, sauf dans les cas mentionnés par le premier
ministre lorsqu'il s'agit d'un manufacturier qui produit à la fois dans
le Québec et dans l'Ontario, ou dans une autre province. Et c'est dans
ce cas-là seulement qu'on doit exercer la souplesse nécessaire en
ce qui concerne la préférence des 10%.
M. JOHNSON: Disons que les instructions sont de jouer dur...
M. LESAGE: Oui.
M. BOURASSA: II y a eu des plaintes à Washington!
M. JOHNSON: Il faut nous occuper de nos affaires, parce que si nous ne
nous en occupons pas, je pense que les autres provinces et Ottawa vont s'en
occuper.
M. LESAGE: Ce n'est pas les autres qui vont s'en occuper pour nous.
M. BOURASSA: N'y a-t-il pas eu des plaintes...
M. PICARD (Olier): J'attire l'attention du premier ministre, ici, sur un
rapport ou document qui a été préparé par un M.
Raoul Barde, professeur à la faculté de droit de
l'Université d'Ottawa, rapport qui a paru dans Le Devoir du 12 avril
1967. On y fait mention ici de la politique d'achat des entreprises publiques,
et la préférence naturelle... Il cite des chiffres, comme par
exemple: le Canadien National qui dans une année en 1965 achète
pour $250,000,000, dont 92% en produits canadiens. Air Canada, $112 millions,
68% en produits canadiens. On peut tirer un parallèle entre cette
politique au niveau du commerce mondial et le commerce à
l'intérieur d'un même pays.
Ici, j'aurais un petit exemple que j'aimerais mentionner au premier
ministre, exemple qui n'a pas du tout sa raison d'être, ce qui s'est
passé là. J'ai commandé du ministère des Travaux
publics un cendrier sur pied et une lampe pour mon bureau.
M. BOURASSA: II a fait son « homework », hein?
M. PICARD (Olier): Cela m'est parvenu en mars 1968.
M. JOHNSON: Vous aviez commandé cela quand?
M. PICARD (Olier): La réquisition avait été
envoyée à M...
M. JOHNSON: A quelle date? Je veux savoir avec quelle rapidité
les Travaux publics ont livré...
M. PICARD (Olier): Oh! cela a pris à peu près deux mois,
je crois.
M. JOHNSON: Grosse amélioration!
M. PICARD (Olier): J'aimerais ici vous faire part du fait que ce sont
des lampes.
M. LESAGE: J'invite le premier ministre à visiter le bureau du
député d'Arthabaska.
UNE VOIX: D'Arthabaska.
M. LESAGE: C'est épouvantable. Il a dans son tapis, juste en face
de son pupitre, un trou de 6 x 8 pouces. J'ai imploré le ministre des
Travaux publics de l'aider, mais sans succès jusqu'à
présent.
M. JOHNSON: Je vais certainement y aller. Et maintenant j'apprends que
le chef de l'Opposition cabale l'un des jeunes députés de l'Union
Nationale.
M. LESAGE: Excusez-moi, mais tout de même, je trouve que vous n'y
voyez pas.
M. PLAMONDON: Je pourrais peut-être vous faire part de la solution
que j'ai trouvée: J'ai enlevé le tapis!
M. PICARD (Olier): Alors, M. le Président, j'ai ici ce dont il
est question. C'est là la difrence entre le fournisseur et le fabricant.
Le fournisseur dans le cas présent était J.O. Fi-set Inc. 55
Dorchester Sud, à Québec, et le cendrier a été
fabriqué par Electrohome Products Ltd., 11 Ingram Drive, Toronto.
Je ne peux pas comprendre qu'on n'ait pas un manufacturier de cendriers
ici au Québec qui puisse fournir au gouvernement les cendriers dont il a
besoin. La lampe, maintenant. C'est encore pire. Elle a été
vendue au gouvernement par la Union Electric Supply Company Limited, 5320 Royal
Mount Avenue, Montréal, et a été fabriquée par la
High Specialy Company, 3720 Northly Rocky Avenue, Chicago, Illinois. C'est une
lampe bien simple, que vous pouvez avoir n'importe où à $9.95! II
y en a des manufacturiers de lampes au Québec. Alors je me demande si le
gouvernement ne devrait pas communiquer avec ces deux fournisseurs et leur
dire: Ecoutez, messieurs, lorsque vous vendez au gouvernement, de grâce,
ayez des produits du Québec. Ce ne sont pas des instruments
électroniques qu'on a demandés là, un simple cendrier sur
pied et une lampe. Une vient des Etats-Unis, l'autre de Toronto.
M. JOHNSON: Evidemment, il y a des cendriers qui sont bien
spéciaux. On nous en a livré dans nos bureaux et...
M. BOURASSA: Vous appelez cela un cendrier spécial?
M. JOHNSON: Non, pas celui-là. Mais celui qui est entouré
d'une garde, de sorte que la cigarette ne peut pas tomber sur le pupitre. Cela
est fait à Chicago. J'ai vu cela dans un bureau. L'acheteur m'a mis au
courant de cela.
M. BOURASSA: L'omnlscience dans ce cas-là!
M. JOHNSON: J'ai trouvé que c'était bien pratique, cela
évite de brûler les pupitres, mais il ne s'en fait peut-être
pas de ce genre-là dans le Québec. Le député
d'Olier a touché exactement le point. On n'achète pas cela en
très grande quantité. On devrait, je pense, planifier, acheter en
plus grande quantité. Mais, deuxièmement, on achète cela
de fournisseurs, de marchands semblables en la matière, ici.
On pourrait peut-être leur demander, autant que possible, de nous
fournir un produit québécois ou un produit canadien, car un
produit canadien, cela nous rend service aussi. On retire une part de ces
taxes-là.
Mais, disons, que M. Brissette a entendu le député d'Olier
et je pense bien, je le connais, que cela ne sera pas long pour qu'il trouve un
remède à cela. Le député d'Olier pourrait-il nous
dire s'il y a des manufacturiers de cendriers dans le Québec?
M. PICARD (Olier): Je ne les connais pas. M. JOHNSON: Moi non plus.
M. PICARD (Olier): C'est pour cela qu'il serait important d'avoir le
service général des achats sous la juridiction du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Peut-être que le ministre
pourrait nous dire cela!
M. JOHNSON: C'est exactement cela le point. A l'Industrie et au
Commerce, on a des économistes, des promoteurs industriels qui
connaissent leurs régions. On a des statistiques, on a des chiffres. La
division de la statistique s'améliore considérablement. On est en
train, comme on l'a dit à l'occasion de l'étude des
crédits, de pouvoir établir les comptes du Québec, le
compte national, le produit brut national québécois.
M. BOURASSA: Cela, on l'a déjà, mais les
détails...
M. JOHNSON: Oui, et on pourra, je pense...
M. PICARD (Olier): Voyez l'argument que vous donnez au promoteur
industriel, là, que vous avez mentionné tantôt. Ce qui
arrive à ce moment-là, il va rencontrer les manufacturiers de New
York ou de Chicago, et leur dit que le gouvernement du Québec,
d'après les chiffres de M. Brissette peut acheter au cours d'une
année pour un quart de million de tel article que vous fabriquez. Est-ce
que vous pourriez établir une industrie?
M. JOHNSON: Approchez-vous, venez chez nous.
M. PICARD (Olier): Venez chez nous, c'est ça.
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Olier, est-ce qu'il y a
d'autres questions au poste budgétaire 3?
UNE VOIX: Oui.
M. PICARD (Olier): L'article, ici,...
M. LESAGE: Des questions d'ordre général, j'en ai une
série, je vais faire cela le plus brièvement possible.
M» LE PRESIDENT: L'ordre général, est fini, il y
aurait l'article 3: Honoraires. Le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Oui, mais j'ai quelques questions d'ordre
général.
Dans le cas où les soumissionnaires soumissionnent à des
prix égaux, et que l'on ait des doutes de collusion possible entre les
soumissionnaires, c'est arrivé à plusieurs reprises entre 1960 et
1966, est-ce que la pratique qui existait de référer ces cas au
ministère de la Justice, à Ottawa, se continue, pour attirer
l'attention du ministère de la Justice sur les combines possibles, sur
les infractions possibles à la loi des combines?
M. JOHNSON: M. Brissette m'informe que c'est bien ce qu'il ferait, mais
il n'a pas eu connaissance encore il est là depuis le mois de
novembre - de cas de ce genre. Cela arrive surtout dans les grosses
affaires.
M. LESAGE: D'accord.
M. JOHNSON: J'avais des papiers de soumissions...
M. LESAGE: J'ai cinq ou six cas.
M. JOHNSON: ... en 1965 ou 1966, pour une commande de $6 millions, on
était exactement au même prix.
M. LESAGE : Oui. Or ces cas ont été soumis, dans le temps,
au ministère de la Justice à Ottawa, et je voudrais savoir si le
ministère de la Justice à Ottawa a donné suite aux
plaintes qui ont été formulées?
M. JOHNSON: Est-ce que c'étaient des cas du service des achats,
cela, ou de l'Hydro?
M. LESAGE: Oui. Je pense qu'il y avait des cas de l'Hydro, du service
des achats. Est-ce que c'est le service des achats qui demande des soumissions
pour les garde-fous en acier, le long des routes?
M. JOHNSON: M. Brissette me dit qu'il...
M. LESAGE: Je ne veux pas donner le nom de compagnies, mais on comprend
ce que je veux dire.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Ce sont les garde-fous le long des routes.
M. JOHNSON: II arrive que l'on commande des garde-fous. Evidemment, il y
en a de moins en moins avec un bon gouvernement, on a de moins en moins besoin
de ça, avec un bon gouvernement à Québec et un bon
gouvernement à Ottawa!
M. LESAGE: Non, mais lorsque l'accotement est très
élevé au-dessous du chemin, on continue d'en poser partout. C'est
absolument essentiel. Et il s'est présenté que des compagnies
d'acier aient soumissionné exactement au même prix. Je pense qu'il
y en avait trois. Le cas avait été référé au
ministère de la Justice à Ottawa. C'est un cas dont je me
souviens mais il y en avait cinq ou six, et ce que je voulais demander au
premier ministre, c'était de vérifier si suite a
été donnée à ces demandes d'enquêtes.
M. JOHNSON: Je vérifierai, je vais demander à M. Brissette
de communiquer avec le ministère de la Justice qui doit avoir, je
l'espère, les dossiers.
M. LESAGE: C'est le premier ministre du temps qui avait
communiqué avec le ministre de la Justice et, si ma mémoire me
sert bien, j'avais remis ces dossiers au premier ministre soit le 14, soit le
16 juin 1966.
M. JOHNSON: Mais f ai transféré toute une série de
dossiers.
M. LESAGE: Bien oui, il y en avait cinq ou six portant sur ces
cas-là parce que, comme responsable des achats, j'avais demandé
au ministre de la Justice de communiquer avec le ministre de la Justice
à Ottawa.
M. JOHNSON: Je vais vérifier dans mes dossiers et je vais
demander au ministère de la Justice...
M. LESAGE: Mais au ministère de la Justice, ici, à
Québec, on les a certainement.
M. JOHNSON: Nous pouvons peut-être envoyer un collègue
interroger le ministre de la Justice qui est actuellement à...
M. LESAGE: Bien non, il ne l'aura pas à la portée de la
main.
M. JOHNSON: Je prendrai ces informations.
M. LESAGE: Oui, s'il vous plaît. Je pense que ce serait
intéressant, parce que ce serait le moyen d'éviter la
répétition de pareils actes, d'éviter la collusion dans
l'avenir.
M. JOHNSON: Le système fonctionne assez lentement à
Ottawa. Cela prend deux ou trois ans avant que la cause soit..
M. LESAGE: C'est très lent, extrêmement lent
M. JOHNSON: ... introduite et ça prend trois ou quatre ans avant
qu'on en arrive à la cour d'Appel et là, tout à coup, on
plaide coupable et on reçoit une grosse amende de $25,000 même
quand on a fait $4 millions de profit Alors c'est..
M. BOURASSA: II y a eu des cas où ça été
plus sévère.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: II y a eu la fameuse enquête sur le charbon. Enfin, je
voulais renouveler la mémoire du premier ministre et lui demander de
bien vouloir examiner ces cas qui avaient été soumis au
ministère de la Justice à Ottawa.
M. JOHNSON: Je le ferai.
M. LESAGE: Maintenant, est-ce que le service des achats achète en
quantité certains articles qui sont placés en entrepôt et
qui sont fournis aux ministères au fur et à mesure des
réquisitions.
M. JOHNSON: Cela se fait pour les fournitures de bureau, la
papeterie.
M. LESAGE: La papeterie?
M. JOHNSON: Pour la papeterie, les instructions ont été
données. J'espère qu'elles sont rendues. Le cabinet a
décidé de mettre un peu d'ordre dans la papeterie.
M. LESAGE: La papeterie, les enveloppes.
M. JOHNSON: On a fait faire un relevé, il y a 3,940 types de
papeterie et d'en-têtes de lettres différents.
M. BOURASSA: Trois mille neuf cents!
M. JOHNSON: Oui, 3,940 et nous n'avons pas terminé l'inventaire.
Alors on a fait faire une étude et on s'est fait proposer un devis de
papeterie uniforme quant à la présentation, et qui donnera une
image d'une administration d'affaires plutôt que d'une administration
à la va-comme-je-te-pousse et je ne blâme personne. C'est assez
humain, du moment qu'un directeur général est nommé
quelque part, la première chose qu'il fait, c'est d'abord une papeterie
et, deuxièmement, sa carte: Directeur général de telle
affaire. Le gouvernement, ça, ça passe à la fin tout
à fait Nous avons même de la difficulté à
découvrir s'il s'agit du gouvernement de Québec ou du
gouvernement d'Ottawa. Ce sont les armoiries qui nous guident là.
M. LESAGE: C'est comme les annonces que le gouvernement de l'Union
Nationale avait fait publier pour ARDA. Nous en avons discuté en Chambre
l'autre jour, j'avais promis au premier ministre de lui faire parvenir...
M. JOHNSON: J'ai hâte de voir ça!
M. LESAGE: ... une copie de ce qui a paru dans la Gazette de
Valleyfield, au sujet d'ARDA.
Vous voyez, sur l'exemplaire que je vous exhibe, à l'encre, au
bas, le mot Québec. Cela a été publié un peu
partout dans les hebdomadaires.
M. JOHNSON: Cela peut être aussi bien un fonctionnaire de M.
Sauvé, de regrettée et agréable mémoire.
M. LESAGE: Cela a été publié par le gouvernement du
Québec.
M. BOURASSA: De justesse, de justesse.
M. JOHNSON: Et qui aurait tout simplement indiqué Québec
sur... c'est-à-dire que son fonctionnaire, croyait que cela devait aller
à Québec parce que c'était en français.
M. LESAGE: Le premier ministre a exprimé des doutes l'autre jour
sur l'authenticité de mon affirmation. J'ai dit que je lui donnerais la
preuve du...
M. JOHNSON: Ce n'est pas du tout le même caractère. Cela a
été écrit à la main.
M. LESAGE: A la main, c'est ce que j'ai dit!
M. JOHNSON: Oui, mais cela ne veut pas dire que cela a été
écrit par la main de quelqu'un de l'Office d'information.
M. LESAGE: C'était imprimé.
M. JOHNSON: Le ministère des Forêts et du
développement rural à Ottawa. Cela a paru dans la Gazette de
Valleyfield.
M. LESAGE: C'est ce que j'avais mentionné tantôt.
M. JOHNSON: Le 21 mars 1968, mais rien n'indique que c'est l'Office
d'information qui a mis Québec au bas. C'est peut-être
unfonction-naire fédéral.
M. LESAGE: C'est certainement celui qui a donné l'annonce. Alors,
elle a été publiée par le gouvernement du
Québec.
M. JOHNSON: Non. C'est Ottawa qui a publié l'annonce.
M. LESAGE: Mon impression, c'est que c'est publié par le
Québec.
M. JOHNSON: Non, c'est le ministère d'Ottawa qui a publié
ça.
M. LE PRESIDENT: Nous pourrions retourner au service
général des achats.
M. LESAGE: Oui, un instant. Il y a ici une formule qu'on envoie aux
soumissionnaires qui ne sont pas les plus bas soumissionnaires, ou encore, dont
la soumission ne rencontre pas les spécifications. Et la lettre qu'on
leur envoie se lit comme suit: « Cher monsieur, nous désirons vous
aviser que cette commande a été octroyée par le service
général des achats et que malheureusement, vous n'en êtes
pas le bénéficiaire. Nous tenons cependant à vous
remercier de l'intérêt que vous portez aux demandes du
gouvernement du Québec, et soyez assuré qu'il nous fera plaisir
de répondre à toute demande de renseignement de votre part.
» C'est excellent, le récipiendaire de la lettre n'avait
qu'à écrire pour avoir des explications.
M. LESAGE : Mais en examinant le dossier, il est clair que c'est un cas
où le soumissionnaire n'avait pas soumissionné suivant les
spécifications de la demande de soumission. Est-ce qu'il n'aurait pas
été plus simple de l'en aviser.
M. JOHNSON: Lui dire pourquoi?
M. LESAGE : Oui, lui dire pourquoi dans la lettre. Ou bien lui dire:
Vous n'êtes pas l'adjudicataire parce que votre soumission n'était
pas conforme aux spécifications ou encore parce que vous n'étiez
pas le plus bas soumissionnaire. Ce serait plus satisfaisant tout de suite pour
le soumissionnaire; appelons-le le soumissionnaire malheureux, c'est le cas
ici, serait au courant.
M. JOHNSON: M. le Président, M. Brissette m'informe qu'en moyenne
il y a douze cents soumissions par jour qui sortent ou qui rentrent. A tout
événement, comme dirait Bossuet, qui sont «
processées », qui sont acheminées. Alors, cela ferait douze
cents... Cela demanderait plus de travail, plus de paperasses. On a
estimé que ça nous coûterait environ $50,000 de plus par
année pour apporter cette amélioration. Maintenant, est-ce que
cela en vaut la peine? Je pense qu'on donne la chance aux soumissionnaires. On
indique au soumissionnaire comment il peut obtenir des détails ou des
raisons pour lesquelles sa soumission a été refusée. Cela
nous coûte beaucoup moins cher de recevoir un téléphone que
de faire ça pour tous les soumissionnaires. Il y aurait 1,200 commandes
par jour à deux ou trois soumissionnaires. On imagine tout de suite le
coût.
M. LESAGE: Je pense que M. Picard a des questions sur des points
particuliers.
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Olier. Je m'excuse. Est-ce
que nous reprenons la discussion générale...
M. PICARD (Olier): C'est une question d'ordre général. On
a mentionné tantôt un volume total d'achat d'environ $100 millions
annuellement.
M. JOHNSON: J'ai dit de l'ordre de $100 millions.
M. PICARD (Olier): De l'ordre de $100 millions, bon. Est-ce qu'il serait
possible d'avoir le montant des achats effectués par le service
général des achats et imputables à chacun des
ministères?
M. JOHNSON: Cela ne se fait pas, mais M. Brissette me dit que cela va se
faire.
M. PICARD (Olier): Il sera possible à un moment donné de
dire qu'au cours de l'année fiscale, il y a eu $7 millions à tel
ministère, $10 millions à tel autre ministère? Cela
aiderait grandement à l'étude des crédits de ces
ministères. On pourrait savoir si les ministères ont fait
passer tous leurs achats par le service général des achats ou
s'ils s'en sont réservé une partie.
M. JOHNSON: Non, tout doit passer par le service des achats.
M. PICARD (Olier): Maintenant, tantôt le premier ministre a
parlé des délais entre la date où le ministère
mentionne le besoin d'un tel article et la date de livraison de l'article en
question. Est-ce qu'il s'est déjà posé la question
suivante: Qui est responsable du délai? Est-ce le service
général des achats ou si ce ne sont pas plutôt les
ministères qui sont responsables?
M. JOHNSON: Une enquête dans certains ministères a
révélé qu'une bonne partie du délai était
due au ministère lui-même.
M. PICARD (Olier): Au ministère et non pas au service des
achats.
M. JOHNSON: Là, on entendait les ministres se plaindre. On a fait
une enquête, et le dossier traînait sur le bureau de l'un des
fonctionnaires. C'est quand même un système auquel nous aimerions
mettre fin dans tout le gouvernement, et je pense que cela s'applique aussi
à Ottawa et dans d'autres provinces. On reçoit les documents au
bout de la chaîne de production. On dit: Bien un tel a signé, donc
je vais signer. Et celui-là a fait le même raisonnement, avec le
résultat que c'est au point de départ qu'il faudrait
vérifier. Le supérieur du premier qui a signé le document,
parfois il laisse traîner le dossier, parfois il est en vacances, en
congé de maladie, et sa secrétaire n'attache peut-être pas
d'importance à ce document. Cela arrive dans tous les bureaux,
même chez nous. Le document traîne sur les pupitres, mais quand
cela arrive au supérieur, il dit: J'ai confiance en ce gars-là,
je vais signer; je ne veux pas me mettre en panne avec ce bonhomme-là,
je vais signer. Et plus on monte dans l'échelon, plus on se fait
confiance réciproquement, au point où, lorsqu'un document
m'arrive signé par le sous-ministre, eh bien, moi, je signe. Je n'ai pas
le temps d'analyser chacun des documents que j'ai à signer chaque
jour.
Il y a quelque chose de mauvais dans ce système-là, je
pense que cela ne peut pas se corriger autrement que par des inspections par
échantillonnage, des « spot checks ». Nous allons demander
au service des achats peut-être d'augmenter les « spots checks
». Un des col- lègues m'a informé, par exemple, qu'il avait
à signer une réquisition pour des plumes qui valaient $3.85. Il a
trouvé que cela n'avait pas de sens. Il a fait venir le pourvoyeur qui
avait préparé la réquisition, il lui a demandé:
Mais pourquoi des plumes à $3.85? Bien, dit-il, c'est parce qu'on les
préfère aux plumes de $0.25 ou de $0.50. Alors, il a
refusé de signer la réquisition.
Il arrive de temps à autre qu'un ministre feuillette et se
demande pourquoi. Et là, nous allons demander au service des achats:
Pourquoi avez-vous signé une réquisition de ce genre? Ce n'est
pas raisonnable de demander à un ministre de surveiller les achats de
plumes, crayons et gommes à effacer dans son ministère. J'ai bien
hâte que ce soit le service des achats qui prenne plus de
responsabilités par ses agents d'approvisionnement dans les
ministères, qui seront des représentants au service des
achats.
M. PICARD (Olier): Entre la date de la réquisition et la date de
la demande de soumission, actuellement, il n'y a pas un très grand
délai. D'autre part, on entend toujours dire que cela prend trois, six
et huit mois pour recevoir la marchandise. Qui est-ce qui bloque, à mon
sens? Je ne veux pas lancer des fleurs au service des achats, mais je pense que
l'on place la responsabilité au mauvais endroit. La
responsabilité est probablement dans chacun des ministères. Quand
un fonctionnaire demande un article quelconque, cela prend trop de temps a
bouger et à se rendre au service des achats.
M. JOHNSON: En tout cas, je présume qu'au service des achats, on
est organisé pour indiquer la date d'entrée de la soumission et
la date de sortie de la réquisition. On a fait une analyse par
échantillonnage récemment et on a 75% ou 80% des commandes qui
sont sorties en moins de 14 jours. Alors c'est déjà une
amélioration considérable. Il y a un immense tableau que je
pourrais vous montrer sur ces échantillonnages, mais je pense que cela
n'avancerait pas tellement la discussion, sauf qu'on en arriverait à la
conclusion qu'a évoquée le député d'Olier. Le
service des achats est pas mal plus vigilant qu'on ne se l'imagine dans bien
des milieux.
Il y a deux services qui sont continuellement maudits par des gens qui
vont voir les députés pour se plaindre: le service des achats et
la trésorerie, ce sont les ministres...
UNE VOIX: La Fonction publique.
M. JOHNSON: ... Et la Fonction publique, ce sont les
députés qui nous en parlent d'un côté
comme de l'autre. Je pense que tout le tort n'est pas imputable au
service lui-même. Mais, seulement, comme dans tout système
où l'on applique l'horizontale plutôt que la verticale comme ligne
d'administration, ils sont là pour prendre pas mal plus de
responsabilités, pas mal plus de critiques qu'ils n'en méritent.
Mais, à mesure que l'on prend de l'expérience dans
l'administration gouvernementale, on se rend compte que ce n'est pas toujours
le service central qui est défectueux, mais c'est l'acheminement qui se
fait un peu lentement dans certains ministères.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions concernant le
service général des achats, questions d'intérêt
général?
Alors, nous allons passer à l'article 1, sous-article 1:
Traitements et indemnités. Cet article est-il adopté?
M. JOHNSON: Augmentation normale, oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2: Frais de voyages?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 3: Honoraires?
M. LESAGE: Pourquoi des honoraires cette année? Il n'y en avait
pas l'an passé.
M. JOHNSON: Je crois que c'est pour payer M. Renaud et M. Prud'homme,
pour rembourser la ville de Montréal pour les services de M. Renaud et
ceux de M. Prud'homme.
M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 4: Frais de bureau et
autres dépenses?
UNE VOIX: Cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 5: Matériel,
articles de bureaux, impressions et abonnements?
UNE VOIX: Cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 6: Traitement
électronique des données?
M. LESAGE: Bien, c'est parce que, de plus en plus, on se sert de la
mécanographie.
M. JOHNSON: Et le service facture évidemment chacun des
ministères.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Oui. M. le député d'Olier.
M. PICARD (Olier): Est-ce qu'actuellement le service a établi,
sous forme de fiches ou de cartes, tous les détails qui concernent
chacun des fournisseurs? Est-ce que chaque fournisseur a été
classifié?
M. JOHNSON: M. Brissette m'informe qu'on procède actuellement
à la vérification complète des dossiers de chaque
fournisseur pour cerner d'un peu plus près la spécialité
de chacun. On avait établi, et c'était normal, des
catégories générales et là, on spécifie de
plus en plus, au lieu de procéder avec deux décimales. On s'en va
de deux à quatre et ensuite à sept décimales pour pouvoir
identifier un peu mieux les fournisseurs spécialisés.
M. PICARD (Olier): Est-ce que vous utilisez encore le même
système? C'est cela que vous avez amené à sept
décimales maintenant?
M. JOHNSON: M. Brissette me dit qu'il a été
considérablement développé...
M. PICARD (Olier): Ce système-là?
M. JOHNSON: ... et que ce travail se fait avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. JOHNSON: Je pense que vous allez finir par démontrer
clairement que cela doit aller là au plus vite.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7: Véhicules moteurs: entretien et
opération?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2: Entrepôt:
matériel, articles de bureau et autres achats pour les
ministères?
M. LESAGE: Est-ce que l'augmentation de $300,000 quant à
moi, c'est la seule question est répartie
généralement sur les divers ministères et services du
gouvernement ou s'il y a, dans un ministère ou un service donné,
une augmentation particulière qui justifie, du moins en bonne partie,
cette augmentation de $300,000?
M. JOHNSON: Parce que le volume...
M. LESAGE: C'est en général?
M. JOHNSON: ... en général a augmenté.
Il n'est pas imputé à un ministère plutôt
qu'à un autre.
M. LESAGE: On ne peut pas l'imputer à un ministère ou
à un service particulier, même pour une bonne partie, n'est-ce
pas?
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Alors, les crédits du service
général des achats sont adoptés? Passons...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais demander, par
votre entremise, au premier ministre de rendre service au député
de Fabre qui doit quitter pour Montréal ce soir... Je constate
d'ailleurs que le ministre d'Etat aux loisirs est ici, nous pourrions
peut-être étudier les postes budgétaires 10 et 11.
M. JOHNSON: Je veux bien accommoder M. Houde, mais...
M. LESAGE: Mais il y a des députés libéraux
qui...
M. JOHNSON: ... il y a aussi plusieurs fonctionnaires qui ont tellement
de boulot à faire surtout ceux de la Fonction publique...
M. HOUDE: Est-ce qu'il y aurait possibilité que ça passe
ce soir?
M. LESAGE: Non, mais je voudrais faire remarquer également au
premier ministre que les députés qui ont particulièrement
charge de la Fonction publique, de la direction générale des
relations de travail sont actuellement pris à l'étude des
crédits du ministère de la Justice et je leur demanderai
d'être ici pour huit heures ou huit heures et quart.
M. JOHNSON: Toujours prêt à accommoder l'Opposition, c'est
ma faiblesse.
M. LE PRESIDENT: Alors, de consentement, nous passons à
l'étude du poste budgétaire 10: Haut-Commissariat de la
jeunesse.
M. LESAGE: C'est une faiblesse que le premier ministre a quand ça
ne porte pas à conséquence.
M. JOHNSON: Bien, au départ, cela n'a pas l'air de porter
à conséquence, mais, à un moment donné, je
m'aperçois que j'ai eu tort.
M. LESAGE: D'ailleurs, je vois M. Fournier et M. Bolduc qui ont l'air
très très intéressés, c'est peut-être parce
qu'ils n'en ont pas...
M. JOHNSON: C'est peut-être l'après-midi le plus tranquille
qu'ils ont passé...
M. LESAGE: Comme ils n'ont pas de loisirs, ils sont
intéressés à entendre...
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 10.
M. JOHNSON: Haut-Commissariat de la jeunesse, des loisirs et des sports,
$1,600,000 en subventions et $150,000 pour l'administration.
M. HOUDE: M. le Président, si vous me le permettez, j'attends
avec beaucoup d'impatience ce moment. Je remercie le comité d'avoir
accepté de bien vouloir étudier le poste budgétaire 10
immédiatement. Je voudrais faire un court préambule en disant
qu'au cours de l'été 1965, après avoir eu l'avantage de
vivre six mois comme invité de l'ancien ministre des Sports et de la
Jeunesse, M. Herzog, en France, le journal La Presse m'accordait à mon
retour d'Europe une entrevue dans laquelle je disais souhaiter la
création comme étape préliminaire à la
création d'un ministère des Sports et des Loisirs, d'un
Haut-Commissariat à la jeunesse et aux sports. L'an dernier, on se
rappellera qu'en Chambre, lors de mon premier discours, j'avais
également demandé à plus d'une occasion au premier
ministre de nommer au moins un ministre d'Etat qui pourrait coordonner toutes
les activités dans ce domaine. Je me souviens même qu'un journal a
fait un article en disant: Gilles Houde réclame un ministre d'Etat. Dans
cet article, on nommait même M. Jean-Marie Morin, qui est un vieux
copain, et que j'avais également mentionné. Cette année,
je suis revenu à la charge, on s'en souviendra, au début de la
session, et encore une fois, je demandais, je disais au gouvernement de faire
quelque chose, de créer quelque chose, que ce soit un ministère
ou un Haut-Commissariat, mais de grâce, de faire quelque chose. Et
après cette intervention, le ministre du Travail, M. Bellemare, me fit
demander à son pupitre et tout le monde connaît le langage amusant
et pittoresque de M. Bellemare qui me dit: Tu verras, mon petit
député de Fabre, d'ici deux jours, combien et avec quelle
justesse tes propos seront exaucés. Et de fait...
M. JOHNSON: C'est lui qui a éventé la mèche.
M. HOUDE: ... non pas deux jours après, mais le lendemain,
exactement le lendemain, M. Bellemare s'était trompé d'au moins
24 heures, eh bien, j'avais le plaisir de croiser dans le corridor le ministre
actuel, M. Jean-Marie Morin, et son épouse. Il venait, quelques minutes
auparavant, de se faire assermenter. Et il était, effectivement,
nommé ministre délégué au Haut-Commissariat de la
jeunesse, des loisirs et des sports.
M. le Président, devant tous ces succès remportés,
je ne dis pas ça pour que M. Jean-Marie Morin m'envoie une carte de
remerciements, car il sait fort bien que ce n'est pas moi qui l'ai nommé
ministre mais que c'est le premier ministre actuel, je pense que je pourrai
quand même continuer à travailler en collaboration avec ce
Haut-Commissariat que l'on souhaitait.
M. JOHNSON: Alors, adopté.
M. HOUDE: Blague à part, puisque c'est la première
occasion qu'on a de le faire, j'aimerais féliciter le
député de Lévis de cette nomination, je sais qu'il saura,
par son expérience vécue auprès des jeunes, par son
expérience dans les camps de vacances, apporter beaucoup de
compétence et de dynamisme à ce Haut-Commissariat.
Je félicite également ce nouveau secteur pour le choix de
ses trois premiers hauts fonctionnaires dans ce domaine. Je voudrais que toute
la population sache avec quelle joie nous avons appris la nomination de M. Yves
Bélanger au poste de Haut-Commissaire à la jeunesse et aux
Sports. M. Yves Bélanger est un vieux copain également, il a fait
ses preuves et je lui souhaite beaucoup de dynamisme. Même si ce sont des
amis, je me permettrai de dire le petit défaut mignon de chacun de ces
trois hauts fonctionnaires, afin que tout le monde soit bien au courant qu'ils
ont beaucoup de qualités, mais également un petit défaut
mignon et que le ministre soit bien averti, lui qui, maintenant, les
connaît probablement très bien.
Yves Bélanger est un gars extraordinaire, ce sera un
Haut-Commissaire sensationnel et je lui souhaite d'avoir peut-être un peu
plus, je ne dirais pas de dynamisme, mais un peu plus de facilité pour
se choquer de temps en temps, en deux mots, d'être peut-être un peu
moins diplomate et un peu plus virulent.
Quant à Pierre Duceppe, tout le monde le connaît, lui qui a
travaillé énormément à la section Jeunesse de
Radio-Canada, Pierre Duceppe s'est acquis une grande réputation dans le
domaine artistique, je lui souhaite de ne pas oublier son passé, de ne
pas le renier, parce qu'on saura que Pierre Duceppe fut un des meilleurs
receveurs au baseball, ayant appartenu aux Dodgers de Brooklyn. Ce n'est pas
une raison parce qu'il est devenu très intellectuel d'oublier ce
passé sportif, puisqu'il a été un des meilleurs Canadiens
français à jouer du baseball professionnel.
Quant à Louis Chantigny, tout le monde le connaît. Je dis
au ministre que dans la profession, que chez ceux qui travaillent dans le
domaine du sport et des loisirs, on aime beaucoup Louis, on a une petite
crainte cependant, étant donné qu'il a deux
préférences marquées pour deux activités dans
certains milieux. On a un peu peur que Louis s'intéresse davantage, bien
sûr, vous l'avez deviné, à la boxe et au cyclisme.
Ces blagues étant terminées, j'aimerais passer à la
partie un peu plus sérieuse, tout en souhaitant bonne chance à ce
Haut-Commissariat. Et même si le gouvernement a posé un geste
positif pour la mise en place d'un Haut-Commissariat, nous devons cependant
déplorer le fait que le gouvernement n'a pas osé se donner
immédiatement un instrument plus valable, c'est-à-dire un
ministère doté d'un budget suffisant pour entreprendre une action
efficace dans le domaine du loisir, du sport et de la
récréation.
Compte tenu du budget accordé au Haut-Commissariat, nous croyons
que le gouvernement a voulu sauver la face davant la population à qui il
avait promis un véritable laissez-moi finir et je
répondrai après un véritable ministère
à la mesure des besoins de la population. En attendant ce
ministère, à la nécessité duquel nous croyons plus
que jamais, nous espérons que le Haut-Commissariat saura au moins
coordonner les différentes actions dans le domaine de la
création, actions posées actuellement par plusieurs
ministères.
Il serait essentiel, je pense, M. le Président, étant
donné les faibles effectifs du Haut-Commissariat, que le gouvernement se
donne un organisme interministériel pour enfin coordonner les efforts
des différents ministères qui ont certaines
responsabilités dans le domaine du sport, du loisir et de la
récréation ou, tout au moins, ne travaille pas sans tenir compte
des autres. Nous savons que le Haut-Commissariat possède un personnel et
un budget très réduits. Ce qui me semble plus grave, c'est que ce
Commissariat, si haut soit-il, ne possède pas, actuellement en tout cas,
de pouvoirs exécutifs. Si on se réfère aux Statuts
refondus de 1964, on constate facilement que les pouvoirs que devrait
posséder un organisme gouvernemental pour agir avec
efficacité sont déterminés par de nombreux
ministères qui ne semblent pas prêts à laisser la moindre
parcelle de leur juridiction. Ce contexte juridique place le Haut-Commissariat
dans l'impossibilité d'établir une politique globale de
l'occupation et du loisir qui soit cohérente et
intégrée.
Cette politique globale ne pourra s'élaborer sans la
collaboration constante d'une dizaine de ministères, ce qui
m'apparaît comme étant presque impossible dans un délai
très court. Il serait de la plus grande importance que l'étude
soit faite sur les pouvoirs et devoirs de l'Etat dans le domaine du loisir,
afin que chaque ministère, y compris le futur ministère de la
Jeunesse, des Loisirs et des Sports, ait des responsabilités
précises en ce domaine, sans que l'intervention de l'Etat ne soit
éparpillée, mais cohérente, coordonnée et
planifiée.
Il faudrait, bien sûr, repenser toute la législation en ce
domaine, en lui donnant une préoccupation sociale authentique qui
répondrait aux besoins du vingtième siècle. Ici, je vais
donner un exemple: Est-il possible qu'en 1967, la baignade ne soit pas reconnue
comme un droit du citoyen, alors que le droit du flottage du bois est
consacré dans les textes de loi depuis plus d'un siècle? Il
serait temps qu'une politique globale soit élaborée par le
gouvernement. L'exemple de la déclaration de Montmorency, à
laquelle j'adhère entièrement, est significative...
M. LESAGE: Concernant M. Faribault ou bien...
M. HOUDE : Non, concernant les loisirs, est significative de la
nécessité d'une telle politique, A partir de cette
déclaration, le gouvernement a l'occasion de prendre conscience du
contenu et de la mesure de son intervention. Cette déclaration nous fait
aussi constater, une fois de plus, que nous avons les compétences
nécessaires ici au Québec, pour remplir les cadres d'un
véritable ministère en ce domaine. Le fait que nous n'avons pas
de ministère des Sports, des Loisirs et de la Récréation a
créé une véritable déception chez les
Québécois.
Déception de la jeunesse à qui on avait promis une
préoccupation prioritaire, qui se retrouve avec un office
franco-québécois seulement, présentement. L'initiative est
bonne en soi, bien sûr, mais elle est loin de cadrer avec les immemses
besoins de notre jeunesse. Déception de la famille, à qui on
avait promis une attention spéciale, mais pour qui le gouvernement n'a
posé aucun geste susceptible d'espoir et encore moins de favoriser une
meilleure in- tégration sociale de la famille aux activités
sportives et récréatives.
Déception des organismes de loisirs à qui on avait promis
un ministère et une politique du loisir, mais à qui on donne un
Haut-Commissariat, sans budget, et quelques subventions comme par le
passé. Déception de la société
québécoise, à qui on avait promis le droit aux loisirs,
mais qui ne peut encore avoir libre accès à nos forêts,
à nos montagnes, à nos lacs, à nos rivières,
Déception des professionnels en éducation physique et
récréation, à qui on persiste à faire des promesses
de réalisation dans un avenir toujours à venir.
Il faut avouer que ces déceptions sont tellement
justifiées quand on constate le maigre bilan des réalisations du
gouvernement en relation avec les promesses que ce même gouvernement a
faites.
J'espère donc que la vie du Haut-Commissariat sera courte,
très courte, et que la population aura le ministère qu'on lui a
annoncé et promis depuis quelques années. Pour assurer
efficacement une véritable démocratisation des loisirs, il
faudrait que le gouvernement utilise au maximum les pouvoirs et les moyens
d'action des municipalités et des commissions scolaires
régionales et locales, qui possèdent déjà des
équipements et du personnel compétent. Afin d'assurer la
coordination des loisirs au niveau régional, il faudrait, je pense, un
délégué d'Etat par région, qui agirait à
titre d'intermédiaire entre le peuple et l'Etat.
Une telle ultrastructure a l'avantage d'être économique
parce qu'elle fait appel aux ressources humaines et matérielles
déjà disponibles, en plus d'assurer une véritable
pénétration régionale et locale de l'intervention de
l'Etat dans le domaine des loisirs. Limiter l'intervention du gouvernement
à une politique de subventions, si généreuse soit-elle,
c'est nier les pouvoirs et devoirs que cette assemblée possède et
placer l'organisation de l'occupation du loisir dans un ghetto, laissant ainsi
toute politique globale, cohérente et intégrée, possible,
et refusant, de ce fait, le droit de la population à une
accessibilité normale aux activités des loisirs.
Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire. C'est un court
message, ce ne sont pas des critiques virulentes. Le fond de ma pensée,
c'est que je souhaite, encore une fois, et je le répète, une
courte vie au Haut-Commissariat. La seule demande critique que j'ai à
formuler, M. le Président, c'est le gouvernement lui-même qui m'en
a fourni l'occasion, c'est qu'il y a deux ans, à la prise du pouvoir par
le gouvernement actuel, on a transféré le bureau des sports
et
des loisirs, qui relevait du ministère de l'Education, au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Or, cette
année, soit exactement une année après ce transfert,
à une question posée au feuilleton par moi-même, je
demandais si, au cours de cette année, le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, par son bureau des sports et des loisirs,
avait fait des réunions, avait fait certaines études, avait fait
un certain travail dans le domaine des sports et des loisirs au Québec,
au cours de l'année, et la réponse officielle que m'a remise le
ministre se traduit par un seul mot: Non. Alors, je dis par là que je
suis un peu déçu de voir que, pendant toute une année au
moins, il ne s'est absolument rien fait au Québec concernant le domaine
du sport et du loisir.
Aujourd'hui, je suis très heureux, bien sûr, de cette
création d'un Haut-Commissariat de la Jeunesse, des loisirs et des
sports, et je ne puis faire autrement, au nom de l'Opposition, en tout cas, que
d'offrir la collaboration nécessaire, d'essayer d'apporter des critiques
et des remarques constructives à ceux qui ont en main un secteur qui, de
tout temps, je pense, a été fort négligé et qui, de
tout temps, a été quand même extrêmement populaire
auprès des jeunes et des moins jeunes et qui, actuellement,
répond à un besoin de la populations.
M. JOHNSON: Le député de Fabre vient de faire une
intervention qui couvre tout le terrain, mais si on rapproche du début
la fin de son intervention, on en vient vite à la conclusion que tout le
monde serait déçu, sauf le député de Fabre qui
félicite le gouvernement. Je suis très heureux d'entendre cette
partie de son intervention, en tout cas, et je répondrai à
quelques critiques qu'il a formulées. Disons, tout de suite, que je vais
calmer ses inquiétudes et l'empêcher d'avoir des ulcères.
J'ai fini par arracher le consentement du ministre des Finances, et dans le
budget supplémentaire qui viendra la semaine prochaine il y aura un
montant substantiel, une augmentation proportionnellement considérable
au budget du Haut-Commissariat.
M. LESAGE: Administration ou subventions?
M. JOHNSON: Subventions, organisation et administration.
M. LESAGE: Administration et subventions. Est-ce que les subventions ont
été limitées cette année au même montant que
l'an dernier $1,600,000?
M. JOHNSON: Lorsque nous avons préparé le programme,
j'avais songé à inviter quelqu'un qui m'était fortement
recommandé par des gens qui me sont très proches et très
chers. Quelqu'un de ma famille m'a dit; Le meilleur homme à aller
chercher à Montréal pour vous aider à préparer le
programme de l'Union Nationale, c'est un nommé Houde que l'on voit
à la TV. Alors, la première chose que j'ai apprise, c'est qu'il
était candidat libéral.
M. LESAGE: La flatterie ne saurait vous rendre fort!
M. JOHNSON: Alors, j'ai dit: C'est un homme qui manque de jugement ou
qui manque de « timing »!
M. LESAGE: Vous auriez pu vous tromper vous-même dans le «
timing »]
M. JOHNSON: Alors, M. le Président,... M. LESAGE:
Spécialiste en « timing ».
M. JOHNSON: ... je remercie M. le député de Fabre qui,
lui, a aussi droit à des remerciements de la population de Lévis.
Il me semble qu'il s'attribue beaucoup de mérite dans la nomination du
député de Lévis comme ministre d'Etat proposé au
Commissariat.
M. HOUDE: C'est bien sûr que je faisais cela à la
blaguel
M. JOHNSON: M. le Président, je suis très heureux d'avoir
comme collègue M. Morin, qui a une préparation toute
spéciale, comme on le sait, pour le loisir, le loisir au sens le plus
large du mot, puisque M. Morin, en plus de sa préparation comme
éducateur, de son expérience comme professeur, et de ses
études spécialisées dans le domaine de la jeunesse
exceptionnelle, a organisé et dirigé un camp
célèbre et a participé à toutes sortes de
symposiums, de séminars, de rencontres. Il a fait des voyages, le tout
en relation avec ce domaine du loisir. Moi aussi, j'aurais aimé qu'on
établisse tout de suite un ministère mais à chacun sa
façon de procéder. Il vallait mieux, à notre point de vue,
en tout cas, préparer un ministère par étapes,
c'est-à-dire d'abord un Haut-Commissariat, des hommes clés, et
ensuite couronner le tout par le titre de ministère.
Les fonctions du Haut-Commissariat, qui n'est qu'une étape vers
un ministère, consistent en cinq grandes divisions, si on veut, que je
pourrais énoncer comme suit: 1) Concevoir, orienter, coordonner et
appli-
quer une politique de jeunesse, de loisirs et de sports dans le
Québec; 2) Promouvoir l'exploitation maximale de toutes les ressources
matérielles et humaines; 3)Susciter des initiatives et des projets
communautaires; 4) Provoquer la participation massive de la population; 5)
Concevoir et préparer un projet de législation en vue de la
création d'un ministère de la Jeunesse, des Loisirs et des
Sports.
Donc, après nous être assuré les services de M.
Morin, nous lui avons demandé de s'entourer d'hommes clés dont le
député de Fabre a fait un éloge mitigé en attirant
l'attention toujours à la blague, je le sais bien sur
certains travers ou certaines qualités de ces messieurs. Je voudrais
compléter cette biographie de fait écourtée, qu'a
donnée le député de Fabre dans les trois cas.
M. Bélanger, comme on le sait, en plus d'un baccalauréat
ès arts, a des titres, dont un baccalauréat ès sciences
avec mention « éducation physique et récréation
»; il fut admis plus tard à des études avancées
à l'Université d'Alabama, et compléta ses études
à Springfield College, dans l'état de Massachusetts, et obtint
une maîtrise ès sciences avec spécialisation en
éducation physique, et le sujet de sa thèse, c'était le
rôle de la Commission des écoles catholiques de Québec et
de la ville de Québec dans l'organisation des loisirs communautaires. Il
a fait de très nombreux stages d'étude et d'observation à
l'étranger, notamment au Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux
Sports, en France, à l'université de Cologne, en Allemagne, a
l'Université de Louvain, en Belgique, et au ministère de
l'Education, en Angleterre. Il fut à l'emploi des écoles
catholiques de Québec pendant quatre ans, où il dirigea
l'éducation physique et la récréation; il forma une
équipe de vingt-huit professeurs qualifiés en éducation
physique et récréation, et, à titre de conseiller
pédagogique pendant trois ans, son travail consistait I superviser
l'enseignement, à étudier et à préparer les
programmes, à recruter le personnel, à préparer le budget,
I organiser les activités de loisirs parascolaires et interscolaires. Et
ensuite, en 1966, au mois de mai, il entrait au service des loisirs et des
parcs de la ville de Québec, service qu'il a dirigé
jusqu'à son entrée au gouvernement au mois d'avril 1968.
Quant à M. Duceppe, on sait qu'il est Montréalais, il a
fait des études en arts graphiques, obtint un diplôme en
éducation physique et récréation à
l'Université de Montréal. Il fit des études d'art
dramatique et suivit des cours de technique et de télévision. M.
Duceppe fut à tour de rôle professeur d'éducation physique,
responsable de tournées d'une troupe de théâtre pour
enfants, directeur gérant du Centre des loisirs Saint Viateur
d'Outremont, scénariste des premiers jeux gymniques du Québec,
membre de la commission d'enquête sur les loisirs et réalisateur s
des troisièmes jeux gymniques du Québec.
Il participa activement à de nombreuses autres organisations dans
le domaine des loisirs et de la récréation, et, entre autres, il
donna plusieurs cours de théâtre mimé lors des stages de
formation de moniteurs. Il fut délégué officiel au premier
atelier international des programmes pour enfants, à Londres.
Et si on me permet de terminer par là, il y a M. Chantigny, qui
est connu de toute la population par sa participation à une
émission extrêmement populaire. Il est relativement jeune,
père de sept enfants, il doit connaître évidemment un peu
l'aspect des loisirs, des sports, ou les besoins de loisirs et de sports des
jeunes...
M. LESAGE: Sa femme en a moins!
M. JOHNSON: Disons que son épouse est peut-être plus
occupée qu'il ne l'est. Mais M. Chantigny est un diplômé en
lettres, en sciences sociales et en philosophie spéciale.
M. LESAGE: Adopté!
M. JOHNSON: M. Chantigny a fait du journalisme sportif depuis dix ans,
avec la compétence qu'on lui connaît, il a parcouru pratiquement
l'univers pour suivre les jeux olympiques et il est président de
l'Association cycliste du Canada. Je ne sais pas s'il a quitté depuis
cette fonction, où il s'est familiarisé avec tous les
problèmes du sport amateur. Il est directeur de la Palestre nationale et
il a mérité sept grands prix de journalisme. Voici que nous avons
les cadres, si l'on veut. Quant à la critique du député
qui doit bientôt nous quitter, je voudrais, relativement au manque de
politique du gouvernement, tout simplement lui dire ceci: Il n'est pas exact
d'affirmer qu'il ne s'est rien fait. Le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche a mis à exécution un programme de
terrains de camping, il a mis à exécution tout un programme de
voyages-jeunesse, des circuits à très bon marché,
utilisant comme on a dû l'expliquer, à l'occasion des
crédits, des dortoirs d'institutions un peu partout afin que, pour un
prix très minime, notre jeunesse québécoise puisse visiter
sa province.
Il est vrai que la responsabilité éventuelle,
complète, du ministère est actuellement éparpillée
dans plusieurs ministères, et je dois dire
tout de suite que l'un de ceux qui poussent pour un regroupement, c'est
précisément le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, qui prétend, et à bon droit, que la chasse et la
pêche sportives devraient relever du nouveau ministère.
Nous avons débuté par excusez mon truisme
par le début. Il fallait d'abord sensibiliser tous ceux qui sont
intéressés et M. Morin, comme première activité, a
organisé un colloque à Lévis, l'automne dernier.
Il n'était même pas, à ce moment-là, ministre
d'Etat. Il a participé...
M. HOUDE: Il n'a jamais posé sa candidature.
M. JOHNSON: Jamais il ne l'a mentionné.
M. LESAGE: Le moyen de ne jamais l'être c'est de se porter
candidat.
M. JOHNSON: Moi, je me suis retenu pendant douze ans avant de le
faire.
M. LESAGE: Je le sais, c'est pour cela que j'en parle.
M. PROULX: Avez-vous posé votre candidature pour devenir chef de
l'Opposition?
M. JOHNSON : On n'en parle pas non plus de devenir chef de l'Opposition.
M. le Président, je voulais dire que le député s'est
laissé aller un peu en poussant, s'est laissé aller un peu
à la fin, il croyait peut-être que c'était de son devoir.
Au contraire, voici un ministère qui sera formé mais, au moment
où il sera formé, ce ne sera pas seulement un nom, ce sera
déjà une activité, une machine en marche et M. Morin est
particulièrement chanceux de travailler dans du neuf, de ne pas
être pris avec des cadres, des traditions, des manières, des
caprices, ce qui est tout à fait normal. Plus les ministères ont
de l'âge, plus on découvre de ces traditions un peu encombrantes
quand il s'agit d'administrer.
M. Morin aura à sa disposition un budget supplémentaire,
comme je l'ai dit. Les instructions qu'il a reçues du ministre auquel il
doit rendre compte, qui est le président de l'Exécutif, c'est
d'abord de faire l'inventaire, et ensuite, d'établir des structures
régionales, enfin, de les animer ou de les subventionner sans disposer,
sans mettre de côté ce réservoir inestimable de
volontariat, de bonne volonté et de compétence qui travaille
déjà dans le domaine du loisir.
Je ne veux pas faire appel à des expériences personnelles,
ce n'est pas le temps. Mais M. Morin, M. Bélanger et les deux adjoints
généraux, MM. Duceppe et Chantigny, ont reçu le feu vert.
Le député de Fabre a nommé un ministre, il était en
train de nommer des sous-ministres. Je lui dis que c'est le privilège du
président de l'exécutif, mais il semble bien que nous pourrons
juger à l'oeuvre ces messieurs et compléter les cadres d'ici peu
de temps afin que nous ne soyons pas en retard dans le domaine du loisir.
Il se passe de très grandes choses dans d'autres pays, mais je
crois que nous serons mieux que n'importe quelle autre province
préparés à englober toute la population dans le domaine du
loisir. Il y a des croisements, des cheminements et des chevauchements, par
exemple quand on arrive aux Affaires culturelles. J'envisage, comme partie du
loisir, l'accessibilité des jeunes à la Place des Arts, à
un moment donné. Et comme exemple, tout simplement, je voudrais le citer
ici, l'exemple des Grands Ballets. On a prévu lors des manifestations du
dixième anniversaire l'admission des jeunes du bas de la ville à
la Place des Arts. Le prix était de $1.00 par siège, et cela a
été rempli à craquer. C'était dans plusieurs cas,
le premier membre de la famille qui allait à la Place des Arts. Et nous
serons heureux le jour où nous aurons établi non seulement des
facilités sportives, démocratisé toutes les
facilités sportives, mais également la participation des gens
à revenu modeste à toutes ces activités, y inclus le
loisir culturel, celui que M. Tremblay est chargé d'organiser.
Pour le moment, M. le Président, je suis fort heureux de ce qui
nous arrive, et je suis fort heureux d'entendre, cet après-midi
je réfère à la première partie de l'intervention du
député de Fabre l'expression d'une compréhension et
d'une collaboration anticipée de l'Opposition, dont c'est le devoir de
critiquer et de faire la suggestion, de stimuler. Quand elle se mêlera
d'aller trop loin, ce sera notre devoir de la rappeler à l'ordre et de
répondre par des faits. Mais...
M. LESAGE: « His dictis », huit heures? M. JOHNSON: His
dictis, huit heures. M. LESAGE: Bon.
M. JOHNSON: Sur une note aussi harmonieuse, terminons cette
séance.
M. LESAGE: On fait aussi bien d'en profiter avant que cela ne change de
ton.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à huit heures, est-ce que nous
reprenons le poste 11 ou le poste 10?
M. LESAGE: Sur le poste 11, il y a quelques questions. Il y a M. Glen
Brown qui en a une.
M. LE PRESIDENT: Dix et onze.
M. LESAGE: Tout de suite à huit heures.
Reprise de la séance à 20 h 20
M. PLAMONDON (président du comité des subsides): A
l'ordre, messieursl
Nous allons sauver tout le temps que nous pouvons, nous allons commencer
immédiatement et nous allons revenir au poste budgétaire 10:
Haut-Commissariat de la jeunesse, des loisirs et des sports.
M. BROWN: Mr. Chairman, in thinking over these $1,750,000, and our
honorable Prime Minister said that it will be more later, but it covers certain
groups of people in the province regarding sports. Which classification do you
feel that you will cover with this money? Which classification?
M. JOHNSON: Will cover what? I do not understand your last words.
M. BROWN: You have a certain amount of money to spend. What
classifications of sports do you intend to spend it on?
M. JOHNSON: I think it is safer to say that this has not been decided
yet We have taken over the budget, that I could call the traditional budget of
subsidies to different organizations. The Haut-Commissariat is, by the way, how
do you say it in English?
M. BROWN: High Commission.
M. LESAGE: High Commissioner's Office.
M. JOHNSON: The High Commissioner's Office of youth, recreation and
sports has taken over the budget as it was. I would like to ask Mr. Morin if
there has been any change in the way that the subsidies would be distributed
this year. Mr. Morin tells me that he will follow this year the standards which
were used by the Department of Education, and then last year by the Department
of Tourism. For this year, until we get things on another basis...
M. LESAGE: Combien d'argent d'engagé sur les $1,750,000?
M. JOHNSON: Pour l'année en cours? Je regrette, M. Gignac ne l'a
pas.
M. LESAGE: Mais « committed », ce sont des engagements
pris.
M. JOHNSON: D'ailleurs, je pense bien que tout le budget est plus ou
moins « committed »
dans ce sens-là: L'intention est bien pensée...
M. LESAGE: Quelle est la partie du budget qui est engagée?
M. MORIN: Qui est déjà distribuée, vous voulez
dire...
M. LESAGE: Engagée.
M. JOHNSON: Et des promesses...
M. LESAGE: Pas des promesses, des engagements... Des promesses, cela ne
vaut pas cher.
M. JOHNSON: Si l'on se base sur l'expérience, je pense bien que
les fédérations cette année recevront encore des
subventions, les fédérations diocésaines ou
régionales ainsi que la Confédération...
M. MORIN: La Confédération des loisirs. De même que
des sommes à chacune des fédérations qui organisent chaque
printemps des sessions d'étude pour les moniteurs, les monitrices, enfin
les animateurs de centres de loisirs. C'est le Haut-Commissariat, cette
année, qui assume à ses frais, et ça veut dire qu'au
départ, pour répondre à votre question, il y a
déjà des sommes d'engagées de l'ordre de $100,000 à
peu près.
M. LESAGE: $100,000. Le budget supplémentaire vous permettra de
vous lancer dans de nouvelles avenues ou bien si ce sera purement et simplement
d'augmenter les sommes prévues aux destinataires habituels.
M. MORIN: Bien, ce sera un peu conditionné à la
générosité du ministre des Finances.
M. LESAGE: C'est difficile de miser sur la
générosité des ministres des Finances.
M. JOHNSON: Mais je pense que ce sont deux classifications. C'est le
personnel. Il faudra de l'argent pour du personnel additionnel
évidemment. On n'a pas encore de secrétaire. C'est un peu
compliqué de ce temps-ci avec les normes.
M. MORIN: Actuellement, disons qu'il y a un Haut-Commissaire, deux
commissaires en place qui ont chacun une secrétaire, et avec tout cela
nous aurons...
M. LESAGE: Non, ce n'est pas là-dessus, je parle, je demande
si...
M. MORIN: ... à l'intérieur des $150,000 il y a
déjà un montant d'affecté pour des comités, des
comités d'étude, qui justement, vont faire l'inventaire que l'on
désire faire à l'intérieur de toute la province; pour
couvrir tout le territoire, ce qui nous permettra justement de nous engager
dans les nouvelles avenues dont vous parlez.
M. LESAGE: Alors, si je comprends bien, le budget supplémentaire
sera pour l'article 1 et non pour l'article 2.
M. MORIN: Il y aura, je crois, une partie qui sera affectée au
chapitre de l'administration et une autre partie à l'article des
subventions.
M. LESAGE: Bon, alors, les subventions accrues cela va aller où?
C'est parce que le premier ministre a répondu tout à l'heure que
ce serait à peu près la même distribution que l'an
dernier.
Alors, s'il y a une augmentation par un budget supplémentaire,
est-ce qu'il y aura une nouvelle catégorie de récipiendaires? Ou
bien, ce seront des augmentations...
M. MORIN: Voici, c'est que chaque...
M. LESAGE: ... aux récipiendaires habituels?
M. MORIN: C'est que, chaque année, les demandes se font de plus
en plus nombreuses. Evidemment, cela nous permettra également de
répondre à ces nouvelles demandes qui nous sont faites, ou de
nous montrer peut-être un peu plus généreux à
l'endroit de certaines demandes qui nous sont adressées.
M. LESAGE: On verra cela lors de l'étude du budget
supplémentaire.
M. MORIN: D'accord.
M. LESAGE: Alors, il serait bon d'avoir pour l'étude du budget
supplémentaire, ce sera la semaine prochaine, je suppose, la liste des
montants déjà engagés, la liste des...
M. JOHNSON: Et la nature des dépenses...
M. LESAGE: ... et la liste des engagements pris.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. BROWN: Yes, Sir, I have one to ask. Last year, we were not worrying
about the future plans or things supposed, but, last year, how many dollars
went to organized sports, sports that were organized in leagues, and supervised
by bodies in the Province of Quebec, and how much money went to unorganized
sports?
M. JOHNSON: Je crois que cette question aurait du être
adressée au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et
qu'en fait elle l'a été.
M. HOUDE: C'est pour éclaircir la situation, M. le
Président
M. JOHNSON: C'est lui qui a administré, l'année
dernière.
M. HOUDE: Si vous me permettez, cela va peut-être éclaircir
une situation que j'ai exposée d'ailleurs l'autre soir, lorsqu'on a
étudié les crédits du ministère de l'Education,
c'est encore inscrit au chapitre de l'Education: dépenses $1,600,000 de
l'an dernier. A ce moment-là, on nous a dit que cela avait
été transféré au ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche, ce qui est vrai. On a posé les
mêmes questions très amicalement. On nous a dit: Maintenant, c'est
transféré au Conseil exécutif à cause du
Haut-Commissariat. Mais f ai une question inscrite au feuilleton depuis
déjà quelques semaines, et je pense que cela règlerait
toute cette histoire si on pouvait répondre à la question au
feuilleton, nous donner tout simplement, peut-être par région, la
liste de tous ceux qui ont bénéficié l'an dernier de ces
$1,600,000 qui étaient administrés par le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, mais qui apparaissent encore
à l'article de l'Education.
M. JOHNSON: On l'obtiendra en tout cas de ceux qui peuvent nous faire
rapport, cette liste de subventions de l'année dernière,
67/68.
M. LESAGE: II faudrait bien comprendre que la dépense pour 67/68,
pour les mêmes fonds, apparaît dans la colonne 67/68,
vis-à-vis du poste dix, aux crédits du Conseil exécutif.
La question posée par M. Brown vient donc à temps.
M. JOHNSON: C'est tout simplement pour fin de comparaison avec le budget
de l'année dernière.
M. LESAGE: Oui, mais on ne peut tout de même pas renvoyer un
député de Charybde en Scylla.
M. MORIN: Tous les documents, en fait, du ministère du Tourisme
nous ont été remis au Haut-Commissariat..
M. LESAGE: Comme dirait M. Brown en anglais: he is getting in the run
around.
M. JOHNSON: Between the devil and the deep sea...
M. BROWN: It is good exercise to run around.
M. JOHNSON: Yes, well, you are the man to take it
M. BROWN: As a matter of fact, I am in the wrong round quite often.
M. JOHNSON: The list will be deposited.
M. BROWN: Save from the theory, we take the general classifications, for
instance, there are schools where sport occurs in, there are communities that
it occurs in, it is unorganized in some communities, organized in others, and
then, in the unorganized and organized groups, you have city organizations and
country organizations,
M. JOHNSON: Many have needs.
M. BROWN: What would be your intention roughly speaking for the coming
year? May be only on a percentage bases because, as you said, the things are
worked out completely but on the bases of schools, communities organized and
unorganized city and country, what would be approximately your
distribution?
M. JOHNSON: Let us say that on school campuses, if I am properly
informed, sports are handled by the school authorities. And the honourable
member, as one of the employees of a school commission for a while as a sports'
monitor or something?
M. BROWN: No, I taught little machine shopwork and woodwork.
M. JOHNSON : I thought the honourable member was a sportman.
M. BROWN: Well, I tried to be.
M. JOHNSON: He's got a new sports politics. To this as the member might
well remember is that in many of our small communities people have set up some
organisation for sports they have been getting small amounts, but the kind of
stimulus that those organisations need, as far as organized sports are
concerned, I'm sorry. I would have to consult the list to see what proportion
has been given and as for the future, I'm not sure that we could answer that
question right away, we are in the stage of organization actually.
M. HOUDE: M. le Président, à ce sujet, je ne veux pas
éterniser mais il y a actuellement je ne dirais pas un conflit mais un
peu de confusion à savoir qu'il y a un Haut-Commissariat de la jeunesse,
des loisirs et des sports, qui vient d'être créé d'une
part, et que, d'autre part, il y a une espèce de réveil de la
part des éducateurs physiques et de l'éducation physique, qui
relève présentement du ministère de l'Education. On
pourrait parler toute la nuit pour savoir si l'éducation physique
scolaire devrait relever du Haut-Commissariat mais là n'est pas le point
On sait par les journaux, par les réunions d'étude qui ont eu
lieu depuis quelques mois en particulier, que le service d'éducation
physique du ministère de l'Education se résume en fait, à
un seul homme, M. Raymond Benoît. Qu'on a de plus en plus propagé
l'idée que le ministère de l'Education devrait mettre la main,
avoir la pleine autorité sur le sport scolaire et les activités
parascolaires. De plus en plus on parle de ça. D'autre part, on a un
Haut-Commissariat aux Sports et à la Jeunesse, avec une direction
générale Jeunesse et Loisirs, et une direction
générale Sports. Ma question est la suivante. Est-ce que le
ministre a l'intention, dans les plus brefs délais possibles, de
rencontrer les autorités du ministère de l'Education, en
particulier M. Raymond Benoît et d'essayer de collaborer, mais d'une
façon extrêmement intensive, pour que l'organisation du sport, que
ce soit à l'école dans la cour ou les locaux, peu importe, qu'il
y ait de la coordination dans tout ça.
M. MORIN: Disons que le ministre a déjà eu des entretiens
avec le ministre de l'Education à ce sujet-là, et que de plus il
va y avoir au début de la semaine prochaine une rencontre au niveau du
Haut-Commissariat avec M. Raymond Benoît qui est le responsable du
service de l'éducation physique au ministère de l'Education, afin
que justement cette collaboration que nous souhaitons tous, s'instaure le plus
tôt possible.
M. BROWN: Do you mean Mr. Chairman, that you do intend to subsidize
schools? Is this your intention in this future year?
M. JOHNSON: That is part of the curriculum and part of the «
dépenses admissibles ». Subsidized expenditures.
M. HOUDE: M. le Président, pour la commission scolaire qui veut,
elle, organiser des activités parascolaires et sportives, qui veut avoir
la mainmise, je parle du ministère de l'Education qui par son service,
veut contrôler justement le sport scolaire, dans l'optique actuelle,
c'est que tout ce qui s'appelle sport pratiqué par des écoliers
ou des étudiants de CEGEP ou universitaires, cela devrait relever du
ministère de l'Education.
M. JOHNSON: Que ce soient des étudiants ou non.
M. HOUDE: Non, il faut que ce soient des étudiants...
M. JOHNSON: Ah bon!
M. HOUDE: ... ou des étudiantes. L'idée c'est que, dans
les dépenses admissibles, vous venez de le dire vous-même, les
commissions scolaires n'ont pas les budgets nécessaires. Ce n'est pas
accepté dans les dépenses... Il y a tant par tête pour
certaines activités parascolaires, mais pour une quantité
d'activités, pour organiser tout le programme sportif des
étudiants, je ne pense pas que les commissions scolaires seules peuvent
y arriver. C'est pour cela que je considère que c'est important cette
collaboration avec le Haut-Commissariai.
M. MORIN: C'est justement parce que l'on est bien conscient de ces
problèmes-là, on sait qu'ils existent, il faut mettre de l'ordre
là-dedans, c'est pourquoi des rencontres auront lieu afin d'en arriver
à la meilleure solution possible. Nous sommes conscients de ces
problèmes-là, nous les connaissons, et mes collaborateurs les
connaissent aussi. Mais, pour le moment, nous n'avons pas encore eu le temps de
faire tout le tour de ce problème-là, mais cela va se faire.
M. BROWN: Mr. Chairman, your intentions are measured by the amount of
money you put on the table. Now, there is half a million of young boys and
girls who are in school, who will not qualify under the organized or
unorganized groups and it seems a stupendous thing here that
we are sitting there and the Prime Minister said: Nothing was allocated
to schools, and the intention was that it would not be allocated this year.
M. JOHNSON; No, the Member did not understand a certain proportion of
the recognized expenditures for School Boards devoted to sports or extra
curricular activities. And that is, in itself the budget. I am sorry, I do not
have the amount, but it represents a certain amount. The real problem is
coordination between what this new office intend to do and what the actual
School Boards are doing. And, well, we will sit down and try and iron out that
problem that will be arbitrated in due course.
J'aimerais dire ici, M. le Président, qu'il y a dans nos villes,
dans nos petits villages mêmes, une jeunesse qui ne fréquente plus
l'école et qui se sent abandonnée. Nous avons eu certaines
représentations quand il s'est agi de choisir le nom. On nous a dit;
Pourquoi appeler cela le Haut-Commissariat de la jeunesse, alors qu'on n'en a
pas pour la vieillesse et pour l'âge mûr, ou l'âge moyen, ou
l'âge du démon du midi? Nous avons précisément
songé à cette catégorie de jeunes qui ont quitté
l'école et qui sont désoeuvrés. Us n'ont pas de structure,
ni animation. C'est désolant, dans certaines petites villes, de voir le
désoeuvrement de la jeunesse.
Il y a là un réservoir d'énergie qui est
gaspillé, et ce n'est pas étonnant qu'on ait à regretter
certains comportements, particulièrement dans certaines villes,
même de petites villes.
Alors cette préoccupation du Haut-Commissariat est une
priorité. Nous ne croyons pas que nous devions laisser cela au chapitre
de l'éducation, car cela crée tout de suite une espèce de
mur psychologique. Ou bien ces jeunes ont quitté l'école trop
tôt ou bien, par coup de tête ou parce qu'on manquait de moyens
ce qui est de moins en moins vrai ou bien parce qu'on
était rendu au bout de son « coton », et cette jeunesse se
sent seule. Elle n'est pas encore complètement intégrée
à la société, son milieu de travail ne l'a pas encore
intéressée ou passionnée. Alors c'est la
préoccupation du ministère de s'occuper de ces
jeunes-là.
Quand on arrivera aux loisirs, évidemment le champ s'étend
également aux adultes, et quand il s'agit des sports également.
Pour les sports, on connaît les problèmes. Il y a des
problèmes de législation, il y a des problèmes de contrat,
d'affermage, de lien, de location de services.
Il y a tout ce réseau qu'il faut étudier, et il va falloir
démêler l'écheveau un peu embarrassant. C'est là une
autre priorité du minis- tère, du Haut-Commissariat. Nous avons
aussi l'intention de voir à ce que, sur une base régionale, il y
ait une animation continuelle du milieu, avec des gens préparés
pour l'animer.
Je songe à certaines petites villes qui ont des locaux
inoccupés pendant une très grande proportion de l'année.
L'affaire la plus stupide que j'ai vue, ce sont dans certaines petites villes,
des salles d'écoles, des salles de récréation, des
gymnases, qui ne sont pas utilisés, sauf pendant la période
scolaire, et encore pas tellement à pleine capacité, alors qu'il
y a une foule de jeunes dans la municipalité qui s'ennuient et qui, si
les loisirs étaient organisés, structurés et
animés, pourraient utiliser ces salles et pourraient se
développer.
Je vous fais grâce, M. le Président, des exemples trop
personnels, trop proches de mol, dans mon comté, mais il se fait du
travail, il s'en est fait dans le passé. Il faut accélérer
ce travail et je pense que, avec les structures actuelles, nous serons en
mesure de le faire. Il y aura toujours le problème commun à tous
les gouvernements, celui d'arbitrer entre les divers ministères. Chacun
a tendance à vouloir grossir, mais c'est la responsabilité du
cabinet des ministres d'arbitrer et de voir à ce que le travail se
fasse. Que ce soit une plume au chapeau d'un tel ou au chapeau d'un autre, cela
importe peu.
Il faut que ça marche.
M. BROWN: How much money will you be granting to these unorganized
groups you are just speaking of?
M. JOHNSON: The total will be - the Minister just mentioned it
substantially the same this year. The federations will be subsidized as they
were last year. So, by reference to the list that will be deposited, the member
will have a good idea of w'aat we intend to do this year.
M. BROWN: Mr. Chairman, speaking to the prime minister of the province
and supposedly a group of men who are the top brains in our province, and it
seems that we could not get a figure at least in one place: Are you going to
give to unorganized? How much? How much to organized? This is the big thing. We
are just talking through our hats!
M. JOHNSON: How much to cities which have a population of less than
5,000? How much for towns of less than 1,500? How much for unorganised
territories?
M. BROWN: Mr. Chairman, we have two
groups in the province: There is unorganized sport and organized sport.
The prime minister just gave us a touching story of the good that was going to
be done in the small communities and in unorganized places, where the children
did not have a chance. How much money is this Government prepared to help those
people out with? A couple of hundred thousand, we do not mind, but just, you
know, a guess as of what it will be.
M. JOHNSON: The total as of now, which is being discussed, is $1,600,000
from which the honourable member may deduct a total of subsidies paid to
federations or provincial associations and then, he can take the rest of it and
deduct, approximately on the same basis as last year, what has been given to
certain city, large city organizations, and then he will have, by the result of
it, by the « avec la réponse, le solde » he
will have a good idea of the amount. This will be done when I have the list, I
am sorry wa have not got it here.
M. BROWN: So, the Government, at this time, coming on their credits, is
not willing to give or hazard a guess within $200,000 of how much they intend
to give organized and unorganized sports.
M. JOHNSON: Anybody can hazard a guess but if we want to inform the
committee properly we would have to consult those documents.
M. BROWN: Mr. Chairman, there is $1,154,200 for administration of this
Department...
M. JOHNSON: No.
M. BROWN: ... according to the estimates of number 2:
Administration.
M. JOHNSON: No... What do you mean?
M. BROWN: I am talking about officers in the Department that are
prepared to give estimates and go through figures and give us accurate...
M. JOHNSON: It is $150,000.
M. BROWN: Well it seems that we could, at least, get some figures. Are
there any figures that the government can give on their intentions.
M. JOHNSON: M. le Président, il n'y a rien de plus sourd qu'un
homme qui veut paraître sourd. Le député de Brome veut
peut-être s'amuser, c'est son droit de poser des questions comme c'est
mon droit de juger de la qualité de ses questions...
M. LESAGE: Oui, mais ça dépend de ce qu'il a comme
réponse.
M. JOHNSON: II vient de dire qu'il y a $1,150,000 d'administration dans
ce ministère qui s'appelle le Conseil exécutif et que je ne suis
pas prêt, ce soir, malgré ces $1,154,000 de salaires à des
officiers, à répondre à cette question. Pour la
quatrième fois, Je lui dis qu'il aura la liste des subventions de
l'année dernière, qu'il pourra l'analyser, et s'il n'est pas
capable de l'analyser, nous l'analyserons pour lui en français et en
anglais.
M. BROWN: Mr. Chairman, being as we cannot get an answer on the monetary
part of the estimates, in thinking of sports, in the Province of Quebec, which
sports do you intend, for the coming year, to consider in your scheme of things
which you intend to do with this new Department?
M. MORIN: Tous les sports seront considérés dans la
province. D'ailleurs, il s'organise actuellement un congrès qui doit
avoir lieu au début de l'automne, je pense, au mois d'octobre ou
novembre, de toutes les associations sportives de Québec. Voici
justement le but de ce congrès. Tous les responsables des
différentes associations sportives nous ont fait part de leur
désir de venir nous exprimer leurs besoins à l'occasion de ce
congrès. A la suite de ça, nous serons mieux en mesure de juger
des besoins, qui sont peut-être plus grands au niveau de l'organisation
de tel sport plutôt que de tel autre. Au départ, tous les sports
sont considérés par le Haut-Commissariat comme
étant...
M. BROWN: Mr. Chairman, may I go over the list to find out just the
intentions very quickly. The Amateur Athletic Union of Quebec, will this be
invited?
UNE VOIX: Quoi?
M. BROWN: The Amateur Athletic Union of Quebec...
M. JOHNSON: All of them.
M. MORIN: Toutes les associations sportives, et on me dit qu'il y a 41
associations sportives au niveau du sport amateur dans la province.
M. BROWN: How many will be invited?
M. JOHNSON: Cela dépend évidemment de l'importance de
l'association. Je ne pourrais pas dire combien sont du sexe masculin et du sexe
féminin ni combien auront moins de 18 ans ou plus de 20 ans, je ne sais
pas d'ailleurs s'il reste quelques filles disponibles en bas de vingt ans.
M. BROWN: Mr. Chairman, which of these most important sports will be
more invited than others? Could the honorable minister list them? The most
important ones and the less important ones.
M. JOHNSON: II n'y aura pas de sports plus invités les uns que
les autres! Le gouvernement n'a pas le droit de donner la
préférence au football plutôt qu'au tennis.
M. BROWN: So, they are all the same and they will have the same
representation.
M. JOHNSON: Pas nécessairement, non. M. BROWN: How will you
regulate it?
M. JOHNSON: Le football est moins bien organisé, je pense, en
général, que certains autres sports dans la province, entre
autres le hockey, le député devrait savoir ça.
M. MORIN: Le comité du congrès est d'ailleurs à
étudier la participation, la représentation, si vous voulez, des
membres qui assisteront à ce congrès, qui, me dit-on, devrait
grouper à peu près 1,000 à 1,200 personnes.
M. BROWN: So, then, next year, Mr. Chairman, when I will be back in the
committee, I can expect that every sport in the Province of Quebec will be
considered for subsidies?
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas ce qu'on a dit.
M. BROWN: Which ones will be considered? M. JOHNSON: On verra.
M. LESAGE: Combien allez vous donner pour le lancer du javelot?
M. JOHNSON: Le lancer au javelot, c'est un sport qui pourrait être
développé...
M. LESAGE: J'espère que le premier ministre le pratiquera pour se
lancer dans les élections.
M. JOHNSON: ... évidemment, ce serait drôlement
intéressant que les députés suivent des cours du lancer au
javelot, certainement. Cela ne paraîtrait pas au journal des
Débats et on pourrait régler certains problèmes.
UNE VOIX: Si le député de Fabre avait connu le lancer au
Javelot, il y aurait peut-être eu un décès à
l'Assemblée législative.
M. JOHNSON: Oh! je pense que cela n'aurait pas été le
javelot qu'il aurait choisi, s'il avait eu le choix d'une arme.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre. UNE VOIX: Le lancer
de poids.
M. HOUDE: De toute façon, le javelot n'est peut-être pas un
vrai sport, c'est la discipline extérieure d'un grand sport qui se
pratiquait jadis. Ce que je voulais dire, c'est que je pense qu'on pourrait
multiplier pratiquement à la centaine les questions, mais tout ça
pour arriver à dire qu'actuellement, je pense, après toutes les
enquêtes qui ont été faites, tous les rapports
écrits depuis déjà plusieurs années concernant tout
ce phénomène des loisirs, des sports, de le jeunesse, le
gouvernement est actuellement en mesure de connaître ou connaît
déjà à peu près tous les problèmes, du
premier jusqu'au dernier. Ce qui est le plus important à mon sens, et
c'est la question que je voudrais poser: est-ce qu'on a l'intention,
très rapidement, dans le plus bref délai possible, de
déterminer en noir sur blanc les pouvoirs de ce Haut-Commissariat de la
jeunesse, des loisirs et des sports?
Si le Haut-Commissariat ne peut pas faire autre chose qu'essayer de
coordonner, autre chose que suggérer ou de recommander, dans beaucoup de
cas, il ne se fera rien, parce que le Haut-Commissariat connaît les
problèmes. Ce n'est pas seulement une question d'argent et de budget. Je
pense que le Haut-Commissariat doit avoir des pouvoirs de décision et je
donne un exemple. Si, à un moment donné, le Haut-Commissariat,
après avoir fait des enquêtes ou des études dit, par
exemple, à une municipalité: Vous ne devriez pas construire un
centre sportif au coin de telle rue, parce qu'il y a déjà un YMCA
de l'autre côté de la rue ou un centre paroissial qui fonctionne
très bien. Et on répond: Bon, très bien. Et on le
construit
quand même. On se réveille, comme on a connu ça dans
le passé, avec trois ou quatre éléphants blancs.
Or, je me demande si c'est possible un jour d'avoir de véritables
pouvoirs et que le Haut-Commissariat dise à un moment donné:
Ecoutez, la question des voyages, par exemple, pour les jeunes, actuellement,
le Secrétariat de la province en fait, le ministère du Tourisme
en fait, le ministère de l'Education en organise, l'office
franco-québécois en organise jusqu'à un certain point.
Alors, si, à un moment donné, le gouvernement décide que
pour les voyages pour les jeunes Québécois, au Québec,
à l'intérieur du Canada ou à l'extérieur, c'est le
Haut-Commissariat qui a la main haute sur la question, au moins il y aura une
autorité qui non seulement essaiera de collaborer avec d'autres mais
qui, quand même, aura des pouvoirs de décision.
Alors, cette liste des pouvoirs, cette législation qui est
actuellement à l'étude, est-ce qu'on va nous les présenter
bientôt, avec la structure du Haut-Commissariat, avec des buts, des
objectifs?
M. MORIN: C'est pour cela d'ailleurs que j'ai dit au congrès de
la Fédération des loisirs du Québec, au mois de mai, je
pense, que dans le cadre de l'opération Action, nous étions
à mettre des comités sur pied, que nous sommes à
travailler à la formation de ces comités: comité de
jeunesse, comité de loisirs, comité de sports et également
comité de projets. Il y aura des personnes compétentes choisies,
qui auront un mandat clair, un mandat précis, et qui devront nous faire
dans un temps limite, si vous voulez, les recommandations qui nous permettront
ensuite de mieux coordonner notre action.
M. PLAMONDON: Est-ce qu'il y a d'autres questions au poste
budgétaire 10? Article 1: Administration. Adopté. Article 2:
Subventions. Adopté.
M. HOUDE: Juste une question sur les subventions. Cela aussi, j'imagine,
c'est sûrement un projet à l'étude et, encore une fois, je
me permets d'insister auprès du Haut-Commissariat pour qu'on
étudie une formule de distribution de subventions. Si je peux aller
jusqu'au fond de ma pensée, cela ne va prendre que quelques
secondes.
Je pense en toute sincérité que les $1,600,000
actuellement, c'est à peu près cela ce que je
considérerais en matière de sports et de loisirs dans la
province, ce que je pourrais baptiser la petite caisse. Si on prend les
$1,600,000 et qu'on les divise en 108 comtés, je ne veux pas politiser
les loisirs ou quoi que ce soit, mais cela revient à pas tellement
d'argent par comté ou par région, si vous voulez, pour la
question des loisirs.
Maintenant, je pense également qu'il n'y a personne qui a
réussi à organiser des moyens tels qu'on va éviter dans
l'avenir vous le savez, vous êtes débordés de
demandes, par exemple, un club de fer à cheval vous écrit, ils
sont quarante gars qui veulent jouer le soir, pour s'amuser, ils vous demandent
deux cents dollars de subvention pour s'acheter deux réflecteurs. Est-ce
qu'on va avoir des choses compliquées pour accepter ou refuser cela? Je
pense que seulement pour répondre à ces petits besoins
c'est ce que je pourrais appeler un petit peu de sucre dans le café
seulement pour répondre à ces besoins de toutes sortes
d'organisations de loisirs qui existent à travers le Québec, qui
vous écrivent journellement ce genre de demandes, bien cela prend
déjà un montant assez considérable et c'est presque le
montant qui est déjà alloué pour la totalité. Par
conséquent, cela va prendre beaucoup d'argent si on veut d'une
façon très bien structurée, réglementer, aider
toute la jeunesse et les loisirs d'une part, et les sports d'autre part, dans
le plan de la division, encore une fois, du sport pour ceux qui veulent faire
du sport tout simplement pour s'amuser, et également pour
l'élite, qu'on a continuellement négligée ou
oubliée.
C'est bien beau de parler du sport pour la masse, du sport pour tout le
monde, mais au Québec il faut également, je pense, se
réveiller, prendre conscience qu'actuellement il y a l'élite qui
a également droit à ce qu'on s'en occupe. Je sais qu'actuellement
il y a des projets par l'intermédiaire de l'office
franco-québécois pour envoyer de nos jeunes athlètes
québécois aux jeux olympiques en septembre, les envoyer je pense
dans des stages d'entraînement et de formation à Font-Romeu je ne
sais où, en Europe, mais je pense qu'également là, il doit
y avoir une préoccupation fort sérieuse, et cela rejoint ce que
disait tantôt le député pour le sport organisé,
lequel a été jusqu'à un certain point, également,
négligé.
M. BROWN: Mr. Chairman, I would like to bring to the attention of the
prime minister and the minister of Sports a problem that I feel should be
considered in the grants and that is the problem of ski patrols. These boys and
girls charge nothing for their services and they bring an immense benefit to
all of our skiers, those skiers that come from outside countries as well as our
own. They have a difficult time financing
because our ski media is increasing all the time much faster than our
patrols are able to. Therefore they are extremely short of money and I hope in
going over the budget that the minister and the prime minister will take this
into consideration because it means that a great more money dollar bills to all
Province of Quebec to have skiers come here and to have our only local skiers
on the slopes.
M. LE PRESIDENT: Poste dix, adopté. Poste onze: Office
franco-québécois pour la jeunesse.
M. HOUDE: Voici, en ce qui concerne l'Office
franco-québécois pour la jeunesse, je voudrais demander au
ministre où en sont rendus actuellement, non seulement les projets, mais
les réalisations, puisque nous sommes en pleine saison pour les
activités principales de cet office.
M. MORIN: Tout le monde sait que l'Office franco-québécois
a été créé à la suite de la signature d'un
protocole relatif aux échanges entre le Québec et la France en
matière d'éducation physique, de sport, et d'éducation
populaire, en application de l'entente franco-québécoise du 27
février 1965, sur un programme d'échange et de coopération
dans le domaine de l'éducation.
Nous avons actuellement plusieurs projets déjà au point.
Les premiers groupes de Québécois partiront dès le
début de juillet, et le premier groupe de Français nous arrivera,
je pense, demain soir. On sait que pour envoyer des équipes, pour former
des groupes, nous nous adressons aux organismes, à des organismes. Je
pense, par exemple, aux camps. Il y a l'Association des camps du Québec,
qui groupe 34 camps accrédités, dont 23 dans la région de
Montréal, 11 dans la région de Québec. Alors nous nous
adressons à l'association des camps, et c'est elle qui se met en
communication avec chacun de ces camps. Ce sont ensuite ces camps qui
décident lesquels de leurs moniteurs ou de leurs monitrices vont aller
poursuivre un stage en France, un stage de formation dans quelque discipline
sportive que ce soit.
On sait, par exemple, que nous manquons au Québec dans nos
colonies de vacances personnellement j'en ai cherché plusieurs
années sans jamais en trouver de moniteurs de voile. Alors nous
enverrons quelques-uns de nos moniteurs de colonies de vacances à
l'Institut national de voile en France, et, pendant ce temps, des
éducateurs, des moniteurs dans ce domaine, viendront au Québec et
seront répartis dans les camps qui auront envoyé quelqu'un
là-bas.
Maintenant, il est peut-être bon de préciser, en prenant
comme exemple un stage type d'un groupe de Québécois, il y a
d'abord, avant le départ de Québec, une fois que le recrutement
s'est fait par l'intermédiaire de ces différents organismes, une
période de deux jours de séance d'étude à
Montréal. Cette séance sera ce qu'on appelle une séance
d'imprégnation culturelle. Elle comprend des conférences sur ce
qu'ils vont voir là-bas pour leur donner certaines connaissances de la
France avant leur départ. Rendus là-bas, il y aura un stage de
deux journées également où on donnera des cours en se
servant beaucoup de l'audio-visuel, par exemple, présentation de films,
organisation de visites. Avant que le groupe ne revienne au Québec, il y
aura une demi-journée là-bas où ils feront part de leurs
observations et des remarques qu'ils auront à faire. Une fois le groupe
arrivé à Québec, il y aura également une
demi-journée encore où ce groupe dira quelles sont les
connaissances qu'il a pu prendre là-bas et ainsi de suite. C'est la
façon dont s'organisent ces différents échanges.
Nous recrutons tous ces groupes. D'abord l'Office
franco-québécois pour la Jeunesse n'est pas un office qui ne
s'adresse qu'aux étudiants. Au départ, cela s'adresse à
toutes les personnes qui oeuvrent dans le domaine de la jeunesse, des loisirs
et des sports. Quand nous parlons de jeunesse, cela ne veut pas dire simplement
chez les seize à trente ans par exemple. Tous ceux qui ont une
responsabilité vis-à-vis des jeunes, nous les considérons
comme jeunes à l'intérieur de l'office. Nous aurons, dans ces
différents stages, des jeunes qui viendront de tous les milieux du
Québec y compris auprès des jeunes agriculteurs, des jeunes
éleveurs, la jeunesse rurale catholique, la JOC. Vous avez tous ces
groupements de jeunesse qui sont appelés à nous faire part...
Nous leur demandons en quelque sorte: Est-ce que vous avez des gens que vous
aimeriez envoyer là-bas pour suivre des cours? Pendant ce temps, nous en
amenons de France qui viennent prendre des cours au Québec. Nous avons,
par exemple, des jeunes agriculteurs qui pourront se rendre dans les instituts
de technologie agricole en France. Nous avons des instituts qui nous ont ouvert
leurs portes, nous les enverrons là pour qu'ils se documentent sur les
sortes de cultures qu'on fait en France, comment les fermes sont
mécanisées et ainsi de suite.
M. LESAGE: Est-ce que le gouvernement français dépense un
montant équivalent?
M. MORIN: Un montant équivalent.
M. LESAGE: La division des dépenses se fait comment? Est-ce que
les Canadiens vont en France aux frais du gouvernement du Québec, ou si
le voyage est payé par le Québec et le séjour par la
France?
M. MORIN; Ils y vont aux frais de l'office mais, dans chacun des cas, le
candidat fournit une partie du prix du voyage. Evidemment, nous avons mis
certaines compagnies aériennes en concurrence...
M. LESAGE: Cela va, ça. Mais le gouvernement français paie
pour ceux qu'il envoie ici.
M. JOHNSON: Il faudrait expliquer peut-être la structure
juridique...
M. MORIN: C'est-à-dire que c'est un fonds commun alimenté
par des sommes équivalentes.
M. JOHNSON: Pour cette année, oui. On sait qu'en France on peut,
par décret ministériel, créer des entités
juridiques. On peut faire bien des choses par décret.
M. LESAGE: Presque tout.
M. JOHNSON: Tandis qu'ici nous n'avons pas le droit.
M. LESAGE: C'est là qu'en est rendue la démocratie en
France. J'espère que ce n'est pas ce que le premier ministre va
apprendre là-bas au mois de juillet.
M. JOHNSON: Je ne sais pas quelle remarque agréable le chef de
l'Opposition a à faire envers la France, ce ne serait pas la
première.
M. LESAGE: D'ailleurs, ce n'est pas moi qui ai commencé, c'est le
premier ministre qui a dit qu'on pouvait tout y faire par décret.
M. JOHNSON: Non, c'est une constatation, ce n'est pas moi qui ai dit
qu'on pouvait tout faire. J'ai dit qu'on pouvait créer des
entités juridiques.
M. GERIN-LAJOIE: Ce qu'on peut faire chez nous aussi; les lettres
patentes sont émises par décret ou par le
lieutenant-gouverneur.
M. JOHNSON: Oui, il y aura aussi possibilité de faire cela par
une loi. Mais c'est cet organisme que l'on voulait expliquer. Cet organis- me
autonome auquel les deux gouvernements versent un montant sur une base
paritaire et c'est l'office qui défraie les dépenses selon
certaines normes négociées entre les deux. C'est un organisme
paritaire, autant de Français que de Québécois.
UNE VOIX: C'est ça.
M. JOHNSON: Incidemment, cela s'applique à tous les
Québécois, quelle que soit leur langue, quelles que soient leur
race, leur religion, leur couleur. Au début, on n'a peut-être pas
pu recruter dans tous les milieux, mais cela va venir. Il n'y a pas de
discrimination.
Je pense bien que, là comme ailleurs, il faut que tous les
Québécois sentent que le fait français n'est pas une
exclusivité des francophones de culture ou des Canadiens français
par le sang. Ce n'est pas de la biologie qu'on fait, ce n'est pas du
nationalisme biologique, c'est du nationalisme culturel, si l'on veut.
Monsieur, je pense que cela répond à la question que se
posait le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: D'après les ententes, d'après les pourparlers,
est-ce qu'il y aura un nombre à peu près égal de
Français qui viendront ici? Il serait égal au nombre de
Québécois qui iront de l'autre côté?
M. MORIN: Absolument, ce sont des échanges au pair, si l'on peut
dire.
M. LESAGE: II y a parité, non seulement dans les montants mais
également dans les échanges.
M. MORIN: Dans les échanges, c'est ça.
M. JOHNSON: II faudrait ajouter qu'il y a un autre ministère qui
a un système d'échange à l'intérieur du Canada,
celui-là, et le montant prévu est de$500,000, je crois,... C'est
$400,000 et cela peut représenter, des échanges au rythme de
quoi? De trois ou quatre mille Québécois qui iront dans d'autres
provinces et autant de citoyens des autres provinces qui viendront dans le
Québec. Je pense bien qu'éventuellement, ce service va relever du
Haut-Commissariat de la jeunesse.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire 11,
adopté?
M. HOUDE: Juste une dernière question. Vous l'avez dit, je pense,
cela paraît dans le cadre de l'office franco-québécois.
Est-ce qu'il y a des
groupes, de travailleurs ou d'étudiants de langue anglaise qui
profitent de cette première expérience?
M. MORIN: Absolument, c'est ouvert...
M. HOUDE: Mais, est-ce qu'il y en a effectivement?
M. MORIN: Effectivement, il y en a. M. HOUDE: De langue anglaise!
M. MORIN: D'ailleurs, je crois qu'il y en a aussi une couple de langue
anglaise qui partiront un groupe doit partir vers la mi-juillet
pour se rendre au centre préolympique de Font-Romeu où ils
pourront s'entraîner en haute altitude, parce qu'ils doivent participer
aux jeux olympiques de Mexico. C'est assez difficile de s'entraîner au
Québec en haute altitude. Alors, ils se rendent au centre
préolympique, et je crois qu'il y en a deux de langue anglaise.
M. JOHNSON: Si on voulait les entraîner dans le jet, ce serait
un...
M. LESAGE: Oui, c'est ça.
M. JOHNSON: ... peu cher pour les tenir là!
M. LESAGE: Il faudrait que ce soit sur le jet parce qu'à
l'intérieur la pression atmosphérique est
contrôlée.
M. JOHNSON: Je dois dire que le ministre d'Etat nous a
sensibilisés à un besoin auquel aucun ministère ne
songeait, c'est le besoin de médecins spécialisés dans les
sports. Alors, il a tout de suite sensibilisé le ministère de
l'Education et le ministère de la Santé pour que l'on
prépare des médecins spécialisés lans les sports et
les activités sportives.
UNE VOIX: Bill Head!
M. JOHNSON: Bill Head, si l'on pouvait le passer aux bills
privés, peut-être qu'il ferait un excellent...
M. MORIN: Ce sont deux étudiants en médecine qui iront
suivre un stage à l'Institut national des sports à Paris,
à l'INS, dans le domaine de la médecine sportive.
M. HOUDE: On pourrait espérer, maintenant, que le collège
des médecins accepte que la médecine sportive soit
considérée comme une spé- cialité, chose qui,
à moins d'avis contraire, n'est pas encore acceptée au
Québec, malheureusement, par le collège des médecins
apparemment Je voulais juste tirer une conclusion, si vous me le permettez, en
ce qui me concerne. Je vous assure que tout le monde est très heureux de
ces initiatives de voyages de l'office franco-québécois, de
même que des voyages organisés par le Secrétariat de la
province entre jeunes Québécois et jeunes des autres provinces.
Mais je voudrais quand même faire remarquer que si c'est vrai qu'il y a
1,000 ou 1,500 Québécois qui vont en France, si c'est vrai qu'il
y a 3,000 ou 4,000 Québécois qui vont voyager à travers le
Canada, il n'en reste pas moins qu'il y a à peine et ce sont les
chiffres que nous a donnés le ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche - environ 250 Québécois qui vont visiter le
Québec. Ma suggestion, je l'ai déjà faite, c'est que je
pense qu'on devrait insister beaucoup... Je comprends qu'il faut faire partir
la roue. Je comprends que c'est fort intéressant pour un jeune de
vouloir aller se promener en Europe aux frais de la province, c'est très
intéressant de vouloir aller à Vancouver, mais je pense que si on
voulait vraiment avoir des candidats sérieux, intéressés
et intéressants, on pourrait peut-être, éventuellement,
être de plus en plus exigeant et commencer par leur donner d'abord une
connaissance du Québec. Ainsi ces jeunes-là qui iraient à
l'étranger deviendraient d'excellents ambassadeurs, d'excellents
vendeurs du Québec. Qu'on commence par les promener au Québec,
qu'on leur donne des sessions intensives, s'il le faut, pour connaître
nos institutions et tout ça, je pense que c'est extrêmement
important que ceux qui iront à l'étranger connaissent d'abord le
Québec.
M. JOHNSON: J'avais pris la précaution de ne pas mettre par
écrit ces considérations que vient de faire le
député. C'est précisément l'un des critères
que nous avons l'intention d'établir. J'en ai déjà
parlé entre nous et pour que le Xérox ne devienne pas indiscret
je ne les ai pas mis par écrit, mais je crois que ça sort quand
même ou bien nous sommes sur la même longueur d'ondes.
M. HOUDE: Nous sommes probablement sur la même longueur d'ondes,
mais ça fait déjà un mois et demi ou deux mois que j'en ai
parlé en Chambre.
M. JOHNSON: Il faudrait que nos jeunes aient d'abord visité la
province de Québec. Nous avons des gens qui s'en vont à
l'extérieur sans connaître le Québec d'abord, et cela ne
fait pas
les meilleurs ambassadeurs. Donc, avant de les désigner pour
bénéficier de ces échanges, soit à
l'intérieur du Canada, soit à l'étranger, je crois que,
graduellement, on devrait en venir là. Tout comme il faudra faire
revenir nos ambassadeurs à l'étranger, nos quasi-ambassadeurs,
qui sont éloignés depuis tellement longtemps que nous nous
demandons s'ils sont au courant de ce qui se passe dans le Québec.
M. CHOQUETTE: Ou s'ils veulent revenir!
M. MASSE: M. le Président, je ne voudrais pas laisser passer ces
remarques sans souligner le travail que certaines commissions scolaires
régionales ou la CECM font dans ce domaine précisément
depuis quelques années, en particulier depuis un an et demi ou deux ans,
et même trois ans si 1966 est une date qui traumatise. Cela se fait, des
échanges d'étudiants durant l'été et même,
dans certains endroits, durant les fins de semaine entre régionales.
Même certains organisent des visites industrielles dans les autres
régionales. Cela se pratique, je n'ai pas de chiffres en tête,
mais cette politique existe. Elle pourra peut-être être
améliorée, mais il faut souligner le travail de certaines
régionales, en particulier dans la région de
Trois-Rivières, la CECM et il y en a d'autres qui me viennent à
l'esprit, qui font exactement ça. Vous l'avez suggéré
depuis deux mois, mais ils le font depuis deux ans.
M. HOUDE: On ne parlait pas tout à fait de la même chose.
Je parlais surtout de ceux qui sont choisis depuis quelque temps pour aller en
Europe.
M. LE PRESIDENT: Alors, étant donné que tout le monde est
d'accord, est-ce que nous pouvons adopter ce poste?
M. HYDE: Suivant les suggestions du député de Fabre, je me
demande, si, dans le ministère, quand on choisit les candidats pour ces
différents voyages... Il y a certainement des avantages pour ces gens
qui vont voyager, payés par la province, et je me demande si on a
considéré les responsabilités de ces gens-là quand
ils vont revenir. Je pense un peu à l'expérience vécue
dans l'armée: la meilleure manière d'apprendre quelque chose
c'est d'essayer de l'enseigner à un autre. Et je me demande si ces
candidats qui font ces voyages-là, en bonne partie payés par la
province, ont quelques responsabilités en revenant.
Premièrement, je me demande si on ne devrait pas demander
à chaque candidat un rapport par écrit de ce qu'il a fait pendant
ce voyage. S'il y avait possibilité...
M. JOHNSON: Il ne faut tout de même pas être trop
indiscret!
M. HYDE: Non, non. Ce qu'il a fait de cons-tructif, disons. Même
s'il y avait possibilité d'envisager que certains et si possible tous
ces gens-là, essaient de donner des cours, de transmettre les
résultats qu'ils ont des expériences vécues, de
transmettre ces idées aux autres étudiants de la région
d'où ils viennent. Je crois que c'est quelque chose que le ministre
pourrait prendre en considération. Cela donnerait, en même temps,
à ces jeunes qui vont voyager grâce aux dépenses publiques
le sentiment qu'ils ont en même temps certaines responsabilités en
revenant.
M. MORIN: Justement, tout à l'heure, je parlais des centres de
vacances ou des colonies de vacances. Nous avons demandé aux
différents camps qui nous désignent quelqu'un pour un stage
là-bas, de s'assurer que la personne envoyée, lorsqu'elle
reviendra, sera au service de ce même camp, disons au moins pour un autre
été, pour faire bénéficier des jeunes de cette
expérience qu'ils ont acquise.
M. HYDE: C'est la même idée.
M. MORIN: Nous avons justement invité les camps à envoyer
quelqu'un qui est déjà dans un camp depuis quelques années
et qui, normalement, y retournera les années suivantes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous me permettrez, avant de
quitter ce terrain, de revenir pour un instant sur ma question de la
médecine sportive. Le fait que le collège des médecins ne
reconnaît pas ce domaine de la médecine comme tel pour
décerner un certificat de spécialiste, ne veut pas dire que la
médecine se désintéresse de ce problème. Il y a
évidemment des médecins qui se spécialisent comme
médecins attitrés à nos équipes professionnelles,
par exemple dans les problèmes médicaux qui sont particuliers aux
athlètes. Il y a les médecins qui, en faisant de la
médecine scolaire, s'y intéressent particulièrement.
Malheureusement, ils sont peu nombreux, mais il y a quand même certains
médecins qui, en faisant de la médecine scolaire,
s'intéressent aux problèmes de l'athlétisme dans le cadre
de leur
travail. Il y a une commission de l'Association médicale
canadienne gui s'occupe de ces problèmes et chaque province a un
représentant à ce comité. Je connais au moins un
médecin québécois qui s'occupe spécialement de ces
problèmes au niveau de cette commission et, pour poser un geste concret
dans l'esprit de la collaboration dont a parlé mon collègue, le
député de Fabre, je me chargerai de me renseigner auprès
de ce médecin et de fournir ces renseignements au ministre d'Etat.
M. JOHNSON: Le député pourrait peut-être nous dire
s'il y a une école quelque part où on peut se spécialiser
dans la médecine sportive.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président.
M. JOHNSON: Au Canada il n'y en a pas? Aux Etats-Unis?
M. GOLDBLOOM: Il n'y a pas de faculté de médecine,
à ma connaissance, où on peut se spécialiser, mais quand
même dans le cadre de la chirurgie orthopédique, par exemple, ou
dans le cadre de la pédiatrie il y a des cours...
M. JOHNSON: Les médecins n'ont qu'à s'installer dans le
nord pendant l'hiver pour se spécialiser.
M. LESAGE: Au pied d'une côte de ski!
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire 11 adopté.
Revenons donc au poste budgétaire 4: Commission de la fonction publique
du Québec.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me permettez...
M. JOHNSON: Commission de la fonction publique?
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'on peut traiter des questions de relations de
travail?
M. JOHNSON: En même temps. M. LESAGE: C'est au poste 5.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on pourrait les prendre ensemble?
M. CHOQUETTE: Quatre, cinq et six, ou quatre et cinq.
M. JOHNSON: Quatre et cinq, un instant, nous allons vérifier.
M. LESAGE: Ce ne sont pas les mêmes officiers, je crois...
M. JOHNSON: Commission de la fonction publique...
M. LESAGE: ... malgré qu'il y a consultation constante.
M. JOHNSON: La coordination des services de gestion, le personnel et les
relations de travail, c'est tout simplement un poste qui prévoit des
honoraires.
M. LESAGE: Ici, évidemment, je n'aurai qu'une question à
poser au premier ministre.
M. JOHNSON: D'accord!
M. LE PRESIDENT: Alors, de consentement, les postes budgétaires 4
ou 5 sous un même poste.
UNE VOIX: Il y a le poste budgétaire 6 aussi, c'est la même
chose.
M. LESAGE: J'aurai une question à poser à ce sujet. Je
voudrais savoir...
M. JOHNSON: Pourquoi ne pas la poser tout de suite dans le discours.
M. LESAGE: C'est très simple, je vaisvous demander combien sur
les $200,000 sont engagés?
M. JOHNSON: Nous avons beaucoup de négociations, comme vous le
savez, cette année,...
M. LESAGE: Oui, d'accord!
M. JOHNSON: ... qui venaient à terme. La première
convention signée avec les fonctionnaires ensuite la convention pour la
CEQ.
M. LESAGE: Oui, je sais tout ça.
M. JOHNSON: Je veux tout simplement énumérer pour le
moment, la CEQ...
M. LESAGE: C'est l'argent qui m'intéresse. M. JOHNSON: ... la
Régie des alcools... M. LESAGE: Ils sont en grève.
M. JOHNSON: Oui, celle-là, on la connaît. Les
négociations dans les hôpitaux et les négociations
dans...
M. MASSE: Les agences de bien-être.
M. JOHNSON: ... les agences de bien-être, les négociations
du Syndicat des professeurs de l'Etat du Québec et le syndicat...
M. MASSE: Des professionnels.
M. JOHNSON: ... les professeurs SPE...
M. MASSE: Oui, SPE, SPEC, les CEGEP.
M. JOHNSON: ... et le Syndicat des professionnels.
M. MASSE: Le syndicat des professionnels.
M. LESAGE: Je comprends qu'il y a des honoraires pour M. Parizeau.
M. MASSE: Le Syndicat des agents de la paix.
M. LESAGE: Dans les $200,000, il y a combien d'engagés pour M.
Parizeau?
M. JOHNSON: M. Parizeau, c'est $5,000 d'avances plus...
M. LESAGE: Oui, plus les honoraires prévus à cet
article.
M. JOHNSON: C'est tant de dollars l'heure.
M. LESAGE: Oui, je sais, c'est$20. Le premier ministre m'a
répondu...
M. JOHNSON: $20 l'heure. Evidemment, la considération...
M. LESAGE: II y a une avance n'est-ce pas, plus $20 l'heure pour M.
Parizeau, mais je demande combien il y a d'engagés pour M. Parizeau dans
ces $200,000.
M. JOHNSON: Au moment où je vous parle, je ne sais pas. Nous
n'avons pas reçu tous ses comptes, je ne sais pas s'il les envoie
régulièrement.
M. MASSE: Je ne pense pas d'ailleurs que...
M. LESAGE: Combien pour Urwick Currie et associés?
M. JOHNSON: Cela, c'est un engagement de $50,000.
M. LESAGE: Pour faire quel travail?
M. MASSE: C'est pour faire un travail sur une formule de
procédure de gestion administrative.
M. LESAGE: Combien pour M. Claude La-very?
M. MASSE: C'est dans le même genre que l'autre...
M. LESAGE: Ce n'est pas une critique c'est pour qu'on me comprenne bien.
Je sais que Me Lavery travaille énormément.
M. MASSE: $30 l'heure pour une moyenne de trois jours de six heures par
semaine.
M. LESAGE: Il y a Me Jean Massicotte aussi.
M. MASSE: Me Jean Massicotte également. Me Jean Massicotte,
négociations avec le Syndicat des fonctionnaires au taux de $400 par
jour pour une moyenne de trois jours de huit heures par semaine.
M. LESAGE: Oui.
M. MASSE: Maintenant, cela varie selon le nombre de jours et le nombre
d'heures.
M. LESAGE: Me Jean-Paul Cardinal?
M. MASSE: Me Jean-Paul Cardinal, avocat, $40 l'heure pour une moyenne de
trois jours de huit heures par semaine.
M. LESAGE: M. Jean Loiselle?
M. MASSE: Conseiller en communications sociales au taux de $200 par jour
pour une moyenne de cinq jours par semaine.
M. LESAGE: $1,000 par semaine pour M. Loiselle.
M. MASSE: Oui, mais cela ne veut pas dire qu'à chaque semaine il
y a cinq jours.
M. JOHNSON: Si c'était à l'année on lui demanderait
de réduire un peu.
M. MASSE: Cela ne veut pas dire qu'à chaque semaine il y a cinq
jours.
M. LESAGE: SEMA, combien?
M. MASSE: Pour SEMA et Bélanger conjointement, il y a des projets
de crédits pour $80,000.
M. LESAGE: $80,000 pour SEMA, $50,000 pour Urwick Currie et combien pour
les honoraires de tous ces messieurs que j'ai mentionnés, combien est
prévu pour Me Cardinal, La-very, M. Massicotte, M. Jacques Parizeau et
M. Jean Loiselle?
M. JOHNSON: Si nous savions combien de temps vont durer les
négociations, cela serait plus facile.
M. LESAGE: Oui, mais les $200,000 ce n'est pas moi qui les ai
inscrits.
M. MASSE: $25,000.
M. LESAGE: $25,000 seulement? Mais est-ce que tout cela a fait l'objet
d'un arrêté ministériel ou si c'est une allocation par un
CT?
M. MASSE: Un CT, oui, pour chacun.
M. LESAGE: Les chiffres que vient de me donner le ministre...
M. MASSE: Ils sont tirés du CT.
M. LESAGE: ... sont mentionnés au CT?
M. MASSE: C'est ça!
M. LE PRESIDENT: Dois-je comprendre que le poste 6 est
adopté?
M. LEFEBVRE: Si vous me permettez, est-ce qu'il y a des honoraires de
prévus pour M. Faribault?
M. JOHNSON: Non.
M. LEFEBVRE : Non? Je comprends que M. Faribault faisait partie...
M. MASSE: Non, les seuls honoraires prévus au sujet du
comité de coordination sont ceux de Me Massicotte, Jean Loiselle, de Me
Cardinal, de Me Lavery et de M. Parizeau.
M. LESAGE: Alors, sur les $200,000, d'après ce que vous m'avez
dit, il y a à peu près $150,000 d'engagés n'est-ce
pas?
M. JOHNSON: Je ne sais pas combien de temps il faudra pour
éclaircir une situation. Me Faribault n'a jamais été
ministre...
M. LESAGE: Je ne parle pas de Me Faribault.
M. JOHNSON : Je réponds au député d'Ahuntsic. M.
Faribault n'a jamais été conseiller à honoraires. Il
était conseiller législatif. Comme tel il n'avait droit à
aucune allocation, à aucun autre honoraire.
M. LESAGE: II n'avait pas le droit d'en recevoir.
M. JOHNSON: Et, quand il a démissionné comme conseiller
législatif, il était engagé dans un autre domaine.
M. LESAGE: Ah, oui?
M. MASSE: Une autre coordination.
M. JOHNSON: Oui, une autre coordination.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ma question est la suivante...
M. LESAGE: M. Lefebvre, voulez-vous me laisser terminer?
M. LEFEBVRE: Ah, excusez-moi!
M. LESAGE: En vertu du CT qui a été adopté si je
comprends bien, d'après les réponses du ministre d'Etat, il y a
à peu près $150,000 ou $200,000 qui sont déjà
engagés...
M. MASSE: Il y a $25,000.
M. LESAGE: Pardon? Avec Urwick Currie Limited?
M. MASSE: $25,000.
M. JOHNSON: Le total avec Urwick Currie Ltd. et...
M. LESAGE: On m'a dit $80,000 pour SEMA. Et on m'a dit $50,000, je ne
sais pas si je trompe, pour Urwick Currie.
M. JOHNSON: C'est $160,000.
M. LESAGE: $130,000 plus $25,000 d'engagés sur les $200,000.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Est-ce que c'est votre intention de demander un budget
supplémentaire?
M. JOHNSON: Il en a été question, je ne sais pas quelle a
été la dernière décision. Oui, il y aura un budget
supplémentaire.
M. LESAGE: La semaine prochaine? M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions sur le poste six:
Coordination des services de gestion de personnel et de relations de
travail?
M. LEFEBVRE: Voici, j'aimerais tout simplement clarifier un point.
J'aurais des questions à poser. Je n'ai aucune objection à les
poser, lorsqu'on fera la discussion générale sur les postes 4 et
5, mais je voudrais m'assurer qu'à ce moment-là, je ne buterai
pas sur une objection technique, soit de la part du ministre
délégué ou de la part du premier ministre. Je comprends
qu'aux postes 4 et 5, nous pourrons, indépendamment des questions
d'honoraires, discuter bien sûr de tout le mécanisme de la
négociation collective, et, à ce moment-là, du mandat du
comité de coordination et tout.
M. JOHNSON: D'accord.
M. LEFEBVRE: Je ne voudrais que sur une question technique...
M. JOHNSON: Non, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, poste six, adopté. Nous revenons à
quatre et cinq, qui, de consentement, sont étudiés
conjointement.
M. CHOQUETTE: Voici, M. le Président. Je voudrais soulever de
nouveau une question qui a déjà fait l'objet de débat
à l'Assemblée sur l'augmentation des effectifs chez les
fonctionnaires et les ouvriers du gouvernement depuis le mois de juin 1966. Si
on se rappelle bien, le chef de l'Opposition avait précédemment,
en utilisant la revue Statistiques, publiée par le gouvernement du
Québec, démontré qu'entre le mois de juin 1966 et le mois
de juin 1967, nous avions eu une augmentation de 8,144 fonctionnaires et
ouvriers au service du gouvernement du Québec Ceci excluait l'Hydro-
Québec et la Régie des Alcools.
Le ministre d'Etat à la Fonction publique, dans une
réponse à la page 1397 du journal des Débats, en date du 7
mai 1968, mettait en doute les résultats publiés par le
gouvernement lui-même, c'est-à-dire les résultats
apparaissant dans la revue Statistiques publiée par le ministère
de l'Industrie et du Commerce. Est-ce que le premier ministre voudrait avoir le
texte de l'intervention du ministre?
M. JOHNSON: Merci, nous l'avons ici.
M. CHOQUETTE: Je l'ai ici, moi aussi. Il a mis en doute... Enfin vous
pourrez dire comment il a mis en doute... De toute façon, le ministre
concluait qu'à sa connaissance il n'y avait eu qu'une augmentation de
3,500 fonctionnaires et ouvriers de l'Etat, et qu'on ne pouvait pas s'en
rapporter aux chiffres qui apparaissaient dans la revue.
C'est pourquoi, M. le Président, j'intervenais dans le
débat sur le discours du budget et je pense que je soulignais quelques
omissions du ministre d'Etat à la Fonction publique. En effet, il
oubliait les ouvriers saisonniers et occasionnels qui avaient pu être
engagés par le gouvernement dans la période qui était
visée, c'est-à-dire la période d'un an suivant la date des
élections.
Je n'ai jamais eu de réponse du ministre d'Etat à la
Fonction publique. C'est vrai qu'il s'était absenté de la Chambre
à ce moment-là mais, par la suite, je l'ai rencontré et je
lui ai dit qu'un jour il faudrait qu'il donne une réponse» Je
crois que dans sa réponse, il devait nous dire si le chiffre qui
était soulevé par le chef de l'Opposition, d'une augmentation
assez extraordinaire de 8,000 employés dans une période d'un an,
alors que les services gouvernementaux n'ont pas réellement
augmenté dans cette période, parce que tout le monde sait que le
gouvernement n'a pas déployé tellement d'initiatives nouvelles au
point de requérir énormément de personnel. Je pense donc
que le ministre d'Etat devrait être maintenant en état de nous
expliquer si le nombre de 3,500 qu'il nous donnait lors de son intervention du
7 mai est le chiffre exact, si ce chiffre tient compte des fonctionnaires et
des ouvriers occasionnels et saisonniers et sinon, nous indiquer d'où
peut provenir l'erreur qui apparaît dans la publication gouvernementale
citée par le chef de l'Opposition.
M. MASSE: Je pense que, si le député est bien au courant
de ce que sont des employés occasionnels, les chiffres qu'il cite sont
très inférieurs à la vérité. Il faudrait
parler d'avoir engagé en tout et partout au-delà de ou à
peu près 50,000 personnes. Parce que quelqu'un qui travaille pour
éteindre un feu de forêt est un employé occasionnel d'une
journée ou d'un après-midi et apparaît sur la liste des
chèques de paie du gouvernement à l'intérieur de
l'année, et ça totalise au moins 50,000 personnes. Et dans des
statistiques...
M. JOHNSON: S'il y a un autre feu, il réapparaît comme un
autre employé.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce que le ministre fait la même
comparaison, enfin, ou fait le même raisonnement au sujet des
saisonniers?
M. MASSE: A mon avis, c'est la même chose.
M. CHOQUETTE: Non, je pense que le ministre se trompe sur ce point,
parce que les saisonniers sont rappelés par ancienneté.
M. JOHNSON: Oui, mais ils ne sont pas continuellement...
M. MASSE: Ils ne peuvent apparaître deux fois, s'ils sont
rappelés.
M. JOHNSON: Ils vont travailler une période de trois semaines et
ils seront en congé pendant un mois peut-être et rappelés
à l'automne et là, cela apparaîtra comme deux
employés, alors que c'est le même homme.
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est justement ce que je veux dire. C'est que
le ministre d'Etat, dans son intervention, reconnaissait une augmentation des
effectifs permanents de 3,500.
M. MASSE: C'est la moyenne normale du gouvernement.
M. CHOQUETTE: Non. Je sais que vous avez reconnu une augmentation de
3,500. Et moi, je vous ai dit que vous ne tenez pas compte des saisonniers et
des occasionnels qui sont venus s'ajouter à ce nombre-là pour
faire les 8,000.
M. MASSE: Même parmi les 3,000 personnes, ce ne sont pas
nécessairement 3,000 personnes de plus que l'an dernier dans les
effectifs, ce sont 3,000 personnes qui apparaissent pour la première
fois, parmi lesquelles un certain nombre remplacent des gens à la
retraite, décédés, disparus et autres.
M. LESAGE: Non, le ministre avait fait la distinction de 3,000 de plus.
Quand nous procédons par comparaison en nous servant de chiffres
publiés par le Bureau de la statistique, il ne peut pas y avoir
d'erreurs. On prend les chiffres pour le mois de juin 1966, et, dans la
même publication, les mêmes chiffres pour le mois de juin 1967.
Après, on soustrait le nombre d'employés de la régie, le
nombre de... et on fait la différence.
M. MASSE: Comment pouviez-vous expliquer dans ces mêmes tableaux
l'augmentation de 7,803 fonctionnaires dans les six mois
précédant les élections?
M. LESAGE: C'est la différence entre le mois de janvier et le
mois de juin, c'était occasionnel.
M. JOHNSON: Rien que cela! Ah, c'est parce qu'il y avait des
élections!
M. MASSE: Entre les deux, vous avez engagé 7,803 personnes de
plus.
M. LESAGE: Notre comparaison était de juin à juin. Il y a
toujours une différence très considérable entre janvier et
juin parce qu'en janvier, il n'y a pas d'occasionnels à la Voirie.
M. MASSE: Au mois de mai, il y en a quand même.
M. LESAGE: Non, je parle de janvier. La différence de 7,000 est
entre janvier et juin. En janvier, il n'y en a pas d'occasionnels. Alors, c'est
pour ça que vous prenez janvier, il faut comparer janvier à
janvier. Si vous prenez juin, il faut comparer juin à juin parce
qu'à ce moment-là vous avez des occasionnels.
M. MASSE: Tout ceci, le chef de l'Opposition l'admettra fort bien, que
ces statistiques au fond, compte tenu de tout ce qui recouvre et de tout ce qui
ne recouvre pas, sont quand même une base scientifique assez difficile
pour faire une preuve ou l'analyse des effectifs dans le gouvernement.
M. LESAGE: Oui, mais je ne nie pas que, pour les permanents, le chiffre
donné par le ministre ait été exact. Mais pour ce qui est
de la comparaison de juin 1966 à juin 1967 en comprenant les
occasionnels, le chiffre des données est fait pour ça, c'est
là qu'est la différence.
M. CHOQUETTEs Est-ce que le ministre soutient qu'à
l'intérieur du nombre de 3,500 qu'il nous avait cité, il y avait
des occasionnels et des saisonniers?
M. LESAGE: Malgré qu'il y a eu des élections...
M. JOHNSON: Cela veut dire que nous, nous faisons des travaux même
quand il n'y a pas d'élection. Cela peut vouloir dire celai
M. LESAGE: C'est-à-dire que nous autres...
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre a développé une
manière d'apprécier le nombre total d'employés du
gouvernement. Est-ce qu'il a mis en place un mécanisme pour lui
permettre de savoir qui est à l'emploi du gouvernement?
M. LESAGE: Je pense que la réponse que je peux donner au premier
ministre, c'est que les professionnels étaient en grève durant
les élections.
M. MASSE: Je pense que l'instrument qui nous permet de mesurer
l'entrée des nouveaux fonctionnaires, c'est l'émission des listes
d'éligibilité par la Commission de la fonction publique. Il faut
également tenir compte, dans les statistiques que vous releviez, de ce
qu'on a appelé l'intégration d'un certain nombre d'ouvriers comme
fonctionnaires, bien qu'ils apparaissaient dans les chèques de paie,
à l'emploi de l'Etat, depuis quand même plusieurs années.
Mais par le phénomène de l'intégration, à la suite
des conventions collectives, ils sont devenus des fonctionnaires. Donc, il y a
eu augmentation du nombre apparaissant au mot « fonctionnaires »,
mais, en réalité, il n'y a pas eu plus de personnes travaillant
au gouvernement.
M. CHOQUETTE: Oui, mais je pense que la revue « Statistiques
» ne fait pas de distinction entre fonctionnaires et ouvriers, elle fait
le total de tout cela. Alors, par conséquent, que quelqu'un...
M. MASSE: Elle ne fait pas l'ensemble de ces distinctions-là,
c'est pour cela, qu'à un moment donné, c'est difficile de porter
des jugements à la lumière de ces chiffres.
M. CHOQUETTE: Non, mais je voulais simplement souligner que le ministre
reconnaissait une augmentation de 3,500 dans les effectifs réguliers et
que, quand on ajoutait les saisonniers et les occasionnels, on se rendait
très bien au nombre de 8,000 qui est rapporté par la revue
« Statistiques ». On peut se rendre à ce
nombre-là.
M. MASSE: Bien, je pense qu'on peut même se rendre plus loin que
cela.
M. CHOQUETTE: Plus loin que celai
M. MASSE: Plus loin que cela, mais, encore là, ce sont les
mêmes individus qui peuvent apparaître deux fois.
M. LESAGE: Mais, pour juin 1966 et juin 1967, je vous donnerai des
chiffres exacts, tels que donnés par...
M. MASSE: Ensuite, il faudrait savoir s'il n'y a pas eu, par exemple,
plus de feux en forêt en juin 1967, par rapport à juin 1966.
M. LESAGE: Juin, ce n'est pas un mois de feux en forêt!
M. JOHNSON: Mais, je pense qu'il y a ici un chiffre extrêmement
intéressant. La Fonction publique régit 45,423 employés.
Cela comprend tous les employés qui sont régis par la Loi de la
Fonction publique même s'ils n'émargent pas au budget, aux
estimations que nous étudions.
M. LESAGE: Clairement!
M. JOHNSON: II y a entre autres l'Office des autoroutes, la Commission
des accidents du travail, la Régie des alcools, la Caisse de
dépôt, la Régie des rentes et la CSMIN; c'est quoi
cela?
M. LESAGE: Non, f avais...
M. JOHNSON: Commission du salaire minimum. Alors, cela fait un total de
45,423 employés permanents régis par la Fonction publique.
M. CHOQUETTE: En date de quand?
M. JOHNSON: Cela c'est pour 67/68. Ce sont des chiffres
préparés à l'occasion des négociations et de
l'intégration de chacune des catégories. Extrêmement
intéressant. Les ouvriers, ici, vous me dites... Quant aux ouvriers, on
a transposé le chiffre en homme-année...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Par exemple, chez nous...
M. LESAGE: On n'a pas cela dans les chiffres...
M. JOHNSON: C'est de là que peut venir la différence. Au
fait, chez nous, par exemple, il y a M. Beaudoin, qui est au service du
personnel, chez nous, qui va apparaître une fois comme ayant
été employé à la Justice et qui ensuite va
apparaître une autre fois, cela va s'additionner, parce qu'il est rendu
à l'Exécutif. Alors, je pense que ces statistiques peuvent amener
les membres de la Chambre sur une voie d'évitement...
M. MASSE: D'ailleurs, nous avons adressé
une lettre, une remarque au titulaire de ce ministère, plaidant
un certain nombre de points concernant la fabrication de la grille des
statistiques qui peut porter à confusion. Mais...
M. CHOQUETTE; Pour conclure, sans nous disputer sur le chiffre exact de
l'augmentation, est-ce que le ministre est en mesure de nous dire quel a
été l'accroissement, à partir du 5 juin 1966
jusqu'à aujourd'hui?
M. LESAGE: Oui, il faudrait savoir, à ce moment-là, de qui
l'on parle.
UNE VOIX: Oui.
M. JOHNSON: Par exemple, une autre mise en garde: M. Bolduc me fait
remarquer qu'au ministère de la Justice, on a inscrit 4,827
employés, mais ça ne tient pas compte des membres de la
Sûreté du Québec, qui sont au nombre de 2,000 ou 2,200.
M. LESAGE: Je ne voudrais pas comparer des prunes avec des oranges.
M. JOHNSON: C'est justement.
M. LESAGE: Si l'on prend un chiffre pour le 6 juin 1966, ce que demande
M. Choquette, c'est le chiffre équivalent, disons, au 1er avril ou au 31
mars.
M. MASSE: De toute façon, il peut facilement être
calculé. On ne peut pas le calculer ce soir, mais d'un budget de l'Etat,
d'une année à l'autre, le chiffre qui n'est pas entre parentheses
et le nombre de gens réellement payés par la direction, si vous
prenez le budget de l'année précédente par rapport 3
celui-ci, les réguliers, les fonctionnaires...
M. CHOQUETTE: Cela ne tient pas compte du tout...
M. MASSE: Tous les ouvriers réguliers. C'est le nombre
d'occasionnels qui vous intéresse, c'est ça?
M. CHOQUETTE: Non, il y a les deux; il y a les fonctionnaires, il y a
l'augmentation chez les fonctionnaires, chez le personnel permanent de la
Fonction publique, et il y a l'augmentation également chez les
occasionnels et chez les saisonniers. Les deux m'intéressent pour former
l'effectif total.
M. JOHNSON: Si l'on commençait par nous donner certaines
informations. Le chef de l'Opposition pourrait peut-être nous dire
combien il y avait d'employés, le 4 juin 1966. Moi, je calculerai ceux
du 6 juin 1967.
M. LESAGE: Je pense que ma source est la même que celle du premier
ministre. Celle que M. Bolduc...
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas cette publication de
statistiques-là. Le ministre, M. Masse...
M. LESAGE: Comme je ne communique pas avec les fonctionnaires, je charge
le premier ministre de le demander a M. Bolduc.
M. MASSE: J'espère que vous le faisiez avant le 5 juin, par
exemple.
M. LESAGE: Nécessairement, surtout avec des officiers de la
Fonction publique.
M. CHOQUETTE: Alors, nous pourrons avoir une réponse à
cette question-là, sans doute demain.
M. MASSE: Je pense qu'il y a moyen de l'avoir.
M. LESAGE: Il s'agirait de prendre les mêmes catégories, M.
Bolduc. Il s'agirait de prendre des fonctionnaires comme fonctionnaires, les
ouvriers comme ouvriers et les occasionnels à part.
M. MASSE: Ils n'apparaissent plus dans la même catégorie.
C'est que les ouvriers qui ont été intégrés comme
fonctionnaires, ils sont disparus comme ouvriers mais ils apparaissent comme
fonctionnaires. Alors, le chiffre qui vous serait donné, il serait
encore irréel. Il faudrait retrouver tous ceux qui ont été
intégrés comme fonctionnaires et les faire
réapparaître de nouveau comme ouvriers, comme s'ils n'avaient pas
été intégrés, pour que le chiffre puisse
réellement se comparer. Autrement ils réapparaîtraient
comme fonctionnaires en 1967, ce qu'ils n'étaient pas en 1966. Le nombre
de fonctionnaires augmenterait d'une façon disproportionnée. La
source de l'augmentation...
M. LESAGE: Le nombre des ouvriers diminuerait.
M. MASSE: ... serait disproportionnée, ce serait le nombre des
ouvriers. Il faudrait faire la correction.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas ça qui est en question.
M. CHOQUETTE: Le gouvernement n'a-t-il pas installé les
mécanismes nécessaires pour connaître ces effectifs,
à un moment donné? Vous n'avez pas, je veux dire, organisé
un service capable de vous renseigner sur le nombre d'employés, sur les
catégories, tout ça? Vous n'êtes pas en mesure, ni plus ni
moins, de donner, à un moment donné, les effectifs totaux du
gouvernement?
M. MASSE: Le député est en train de nous prouver que
l'équipement statistique qu'il nous a laissé, sur le plan de la
Fonction publique, peut difficilement nous permettre de répondre
à ces choses-là.
M. CHOQUETTE: Cela fait deux ans.
M. MASSE: C'est justement ce que nous nous attachons présentement
à corriger.
M. LEFEBVRE: Je regrette de devoir mettre le ministre en contradiction
avec lui-même, mais le vendredi 19 janvier 1968, le même ministre
qui vient de déclarer ce que nous venons d'entendre, disait ceci:
« Le gouvernement dispose maintenant d'un système d'informatique
qui lui permet d'obtenir instantanément les données des
projections... »
M. MASSE : C'est ça, instantanément, mais voilà, ce
n'est pas rétroactif en 1966, c'est ça qu'est le
problème.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si l'information du ministre est si
bonne qu'il le dit, il me semble que ça ne devrait pas être
difficile pour lui de répondre à la question que lui a
posée mon collègue d'Outremont, à savoir combien il y a eu
de nouveaux employés embauchés par la Fonction publique.
M. MASSE: Voulez-vous savoir combien il y a présentement
d'adjoints aux cadres supérieurs au ministère de la Justice? 17.
Mais je ne peux pas vous le dire en 1965, parce que vous ne nous en avez pas
laissé le nombre. Je ne peux pas vous faire la comparaison.
M. LEFEBVRE: Je regrette, M. le Président, mais la question du
député d'Outremont n'était pas si précise que celle
que s'invente maintenant le ministre délégué à la
Fonction publique. Nous avons tout simplement demandé quel est le
chiffre comparatif du nombre de fonc- tionnaires au 6 juin 1966, par rapport
à ce qu'il est maintenant, et pour simplifier la question si le ministre
trouve celle-là trop compliquée, moi je lui en poserais une autre
qui est du même ordre.
Quelle est l'augmentation des membres de la Commission de la fonction
publique depuis le 19 janvier 1968, date à laquelle le ministre a
parlé d'un gel de l'embauchage? Combien y a-t-il eu de personnes
embauchées depuis ce temps-là?
M. LESAGE: Combien depuis le gel qu'il y a eu au mois de novembre?
M. JOHNSON: Evidemment, la Fonction publique émet des listes
d'éligibilité...
M. MASSE: Cela ne veut pas dire qu'ils sont nécessairement
engagés. Ils sont éligibles...
M. JOHNSON: Cela ne veut pas dire qu'ils sont tous engagés.
M. LESAGE: Quand ils sont engagés, ils le sont par CT.
M. CHOQUETTE: Le rapport de la Commission de la fonction publique
contient un chiffre assez intéressant ici: à la page 20 de son
rapport de cette année, la Commission a émis des listes
d'éligibilité pour rendre possible la nomination de 4,240
nouveaux employés. Par conséquent, la commission reconnaît
que 4,240 nouveaux employés ont été...
M. MASSE: Non, non.
M. CHOQUETTE: Un instant, laissez-moi terminer. 4,240 nouveaux
employés ont été engagés depuis l'année
dernière excepté que de ce chiffre il faut soustraire un certain
nombre de postes à combler parce qu'il y a eu des départs,
n'est-ce pas?
M. MASSE: Non, n'est pas ça. Quelqu'un peut être, à
la suite d'un concours, rendu éligible à la fonction d'agent de
bureau, ce qui ne veut pas dire qu'il va être engagé comme agent
de bureau. Il ne le sera que si un ministère demande un agent de bureau,
mais dans l'ensemble de ceux qui sont éligibles, on lui donne...
M. CHOQUETTE: Je vais citer la phrase suivante du rapport. « De ce
nombre, 2,630 sont venus combler de nouveaux postes, tandis que dans 1,610 cas,
il s'agissait de remplacer des employés qui avaient quitté la
Fonction publique. »
Par conséquent, le rapport de la Commission est bien explicite
sur le fait que ce n'est pas en terme d'employés éligibles qu'on
nous donne le chiffre de 4,200, c'est en terme d'employés qui sont venus
combler des postes ou d'autres qui sont venus remplacer des fonctionnaires qui
avaient quitté le service gouvernemental.
M. MASSE: Cela ne veut pas dire qu'ils sont engagés.
M. CHOQUETTE : Ecoutez, vous n'allez pas me dire que tous les concours
que la Commission de la fonction publique a tenus n'ont donné qu'un
résultat de 4,240 candidats éligibles. Si on prend toutes les
listes d'éligibilité qui ont été dressées
à la suite de ces concours, c'est impossible.
M. JOHNSON: Entendons-nous! Il y a d'ailleurs dans la même page le
nombre de personnes qui se sont qualifiées. Le tableau ci-dessous
représente la répartition par régions administratives des
candidats invités à subir une épreuve écrite. Il y
en a 5,129 qui se sont qualifiés. On dit un peu plus loin: « La
Commission a émis des listes d'éligibilité pour rendre
possible la nomination de 4,240 nouveaux employés. De ce nombre, 2,630
sont venus combler de nouveaux postes ». On est sûr de ça,
ils ont été engagés ceux-là, ces 2,630. Mais les
1,610 cas, ceux-là, ce sont des cas où il s'agissait de remplacer
des employés qui avaient quitté la Fonction publique mais qui
n'ont pas nécessairement été engagés, ces 1,610
autres.
M. LESAGE: Mais oui, si... M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Si le premier ministre veut continuer de suivre à la
page 31, je lis: « Les nominations ont été faites dans
l'éventail de traitement suivant: moins de $3,000, 1,424, de $3,100
à $7,799, 2,521; de $8,000 à $11,999, 232; de $12,000 et plus, 64
». Ce qui fait un total de 4,241, un de plus que le chiffre du paragraphe
précédent. Et il est bien dit: « Les nominations ont
été faites ». Par conséquent, cela contredit ce que
le premier ministre a soutenu.
M. JOHNSON: Je crois que le chef de l'Opposition a raison. Il s'agirait
de nominations qui ont été faites. Maintenant combien y
a-t-il...
M. LESAGE: Il y en a 4,241. Un de plus que dans le paragraphe
précédent
M. JOHNSON: Combien y a-t-il de professeurs là-dedans?
M. CHOQUETTE: On a, au milieu de la page 21, une description des
fonctions...
M. MASSE: Il y a 2,118 enseignants, 767 professionnels.
M. CHOQUETTE: Non, non. Employés de bureau et secrétariat,
2,118; enseignants, 767.
M. JOHNSON: 767.
M. CHOQUETTE: Professionnels et assimilés, 292. Les trois
principaux employeurs ont été le ministère de
l'Education...
M. LESAGE: Qu'est-ce que ça veut dire « assimilés
»? Est-ce que ce sont des immigrés?
UNE VOIX: Les assimilés aux professionnels.
M. CHOQUETTE: ... le ministère de la Justice...
M. JOHNSON: Ce sont des gens comme M. Brown. M. Fraser. Non? « M.
Frasère ».
M. LESAGE: « M. Frasère » Nous l'avons, le nombre,
c'est 4,241 disons, pour être juste, 777 enseignants.
M. JOHNSON: En 66/67, ça. Combien, de mars à juin, je ne
sais pas. De mars à juin 1966.
M. LESAGE: Bien les professeurs, c'est pour septembre.
M. JOHNSON: C'était une année d'élections.
Là, je demanderais au chef de l'Opposition s'il en a engagé
beaucoup, de mars à juin.
M. LESAGE: Ah, ça! il faudrait demander ça...
M. CHOQUETTE: Il pourrait répondre pour sa partie...
M. LESAGE: Il faudrait demander ça, je pense bien, au
président de la Commission ou au commissaire, M. Bolduc. Ils pourront
vous répondre combien avant le 16 juin, combien après le 16 juin.
Ce que je sais, c'est qu'entre le 5 et le 16, s'il y a eu des nominations,
elles ont été faites de concert et elles sont très peu
nombreuses.
M. MASSE: Comme le 16 juin tombe à la moitié de
l'année, cela ne peut pas...
M. LESAGE: Non, entre le 5 et le 16 juin, il y a eu une ou deux
nominations qui ont été faites après entente entre le
premier ministre et le premier ministre désigné.
M. BERGERON: Parce qu'il n'en restait plus à nommer.
UNE VOIX: II n'était plus désiré.
M. LESAGE: Il est de moins en moins désiré!
M. GRENIER: M. Lesage, les postes étaient pas mal remplis, je
pense, le 5. Il y avait le Conseil législatif.
M. MASSE: II y a eu des mutations...
M .LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions concernant ce
problème?
M. CHOQUETTE: Non, pas pour le moment, mais je présume que le
ministre pourra peut-être nous donner une réponse demain.
M. JOHNSON: Oui, ou un de ces jours.
M. CHOQUETTE: Bien, un de ces jours, si c'est possible, demain.
M. JOHNSON: Nous avons des priorités terribles de ce temps-ci
avec les négociations. On va comprendre que les gens sont joliment
occupés.
M. LESAGE: Même les commissaires de la Fonction publique?
M. JOHNSON: Bien, M. Bolduc, c'est un excellent conseiller.
M. LESAGE: M. Fournier et M. Bolduc ont des loisirs.
M. JOHNSON: Ah, oui! surtout monsieur...
M. CHOQUETTE: Puisque le chef de l'Opposition soulève le cas de
M. Bolduc, c'est évident que je ne veux pas faire de
personnalité, mais je pense que le gouvernement a placé M. Bolduc
dans une situation fort difficile depuis le mois de décembre 1967.
M. MASSE: Ah, il s'en est tout de même bien tiré!
M. CHOQUETTE: En effet, M. Bolduc est encore membre de la Commission de
la fonction publique, il l'était au 21 décembre 1967 ainsi que
toujours au 3 janvier 1968, alors qu'il a été nommé
coordonnateur des négociations du gouvernement et chef
négociateur à certaines tables de négociations.
M. JOHNSON: Pas chef négociateur.
M. CHOQUETTE: Enfin, coordonnateur des négociations.
M.JOHNSON: Non.
M. CHOQUETTE: On l'a mis dans une position de conflit
d'intérêt. Comme membre de la Commission de la fonction publique,
il est appelé je vais parler sur le ton que je veux, ce n'est pas
le ministre d'Etat... à rendre des jugements impartiaux parce
que, en vertu de la Loi de la Commission de la fonction publique, il avait
particulièrement à se prononcer I l'époque sur les griefs
d'échelons, c'est-à-dire qu'il agissait dans une position
judiciaire. D'un autre côté, on lui demande de prendre fait et
cause pour le gouvernement et d'agir comme coordonnateur des relations de
travail pour le gouvernement. Je me demande...
M. JOHNSON: II est conseiller du gouvernement.
M. CHOQUETTE: Conseiller.
M. JOHNSON: Je pense que c'est un meilleur conciliateur encore, c'est
peut-être le meilleur qu'on pouvait trouver, parce que,
précisément, il connaît les deux aspects du
problème.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce que vous savez que la Commission de la
fonction publique a rendu au début de janvier 1968 un jugement sur les
griefs d'échelons, sur une cause type, qui a eu des conséquences
sur environ 6,000 griefs logés par des fonctionnaires.
M. MASSE: Je pense que, de toute façon, le député
reconnaîtra que...
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce qu'on permettra...
M. MASSE: Enfin, je pense que le député reconnaîtra
qu'après avoir soulevé ce débat que je pourrais qualifier
de théorique, le syndicat n'en a plus jamais parlé.
Je ne vois pas comment il y a eu une opposi-
tion aussi évidente que cela à cette nomination de Me
Bolduc, qui représentait d'ailleurs le secteur de la Fonction publique
au comité de coordination.
M. CHOQUETTE: Je voudrais que ce soit bien clair que ce n'est
certainement pas M. Bolduc que je mets personnellement en cause. Je sais que
c'est un excellent fonctionnaire. Je veux que ce soit bien clair, mais je dis
que le gouvernement l'a mis dans une fausse position. Quand il reviendra
à la Commission de la fonction publique, quand il agira dans une
capacité judiciaire, je me demande s'il sera complètement I
l'aise.
M. JOHNSON: S'il s'agit de négocier la convention collective des
fonctionnaires, est-ce qu'il n'est pas normal que le gouvernement ait recours
à ceux qui peuvent le renseigner de la façon la plus exacte? Or,
qui mieux que quelqu'un de la Commission de la fonction publique pouvait nous
renseigner, nous faire apprécier certaines situations? Je n'en connais
pas, M. le Président, et je ne vois pas le conflit
d'intérêt. M. Bolduc n'a pas à prendre de décision,
M. Bolduc n'a qu'à conseiller, et c'est le gouvernement qui prend les
décisions quand il s'agit de négociations.
M. CHOQUETTE: Oui, mais comme membre de la Commission de la fonction
publique, est-ce qu'il n'en prend pas justement des décisions?
M. JOHNSON: Oui, mais comme membre du comité de coordination de
la négociation, il n'en prenait pas de décisions.
M. CHOQUETTE: Vous n'allez pas me dire que M. Bolduc joue un rôle
complètement passif comme coordonnateur des relations de travail?
M. JOHNSON: Un conseiller, ça ne joue pas un rôle passif,
nécessairement.
M. CHOQUETTE: C'est sur. Il influe sur la politique gouvernementale au
point de vue salarial, il oriente le premier ministre et le ministre d'Etat
à la Fonction publique qui, à ma connaissance, n'est pas un si
grand expert en matière de relations de travail.
M. JOHNSON: C'est pour cela qu'on s'entoure de bons hommes.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord, mais il ne faut pas les mettre dans une
double posi- tion et surtout des positions incompatibles...
M. JOHNSON: Cela n'est pas établi; dans un cas, il prend des
décisions, c'est comme membre de la Commission de la fonction publique,
et, dans l'autre cas, il conseille. Il dit: Non, ne faites pas cela, ça
n'est pas comme cela que ça fonctionne, mon expérience me dit
que... Pourquoi le gouvernement se priverait-il des conseils de ceux qui sont
le mieux placés?
M. CHOQUETTE: Quand il est membre de la Commission de la fonction
publique, il agit un peu dans une capacité judiciaire, vous ne pensez
pas?
M. JOHNSON: Dans certaines fonctions, oui.
M. CHOQUETTE: II doit garder une impartialité totale entre les
intérêts du gouvernement et les intérêts de ceux qui
logent des griefs ou qui s'adressent à la Commission de la fonction
publique, soit sur des questions de congédiement ou d'autres
questions.
M. JOHNSON: L'intérêt du gouvernement dans les
négociations, c'est d'apprécier le plus correctement possible
chacun des problèmes ou chaque aspect du problème de la Fonction
publique. Or qui mieux qu'un commissaire très actif, peut nous
renseigner exactement sur la portée du problème? Et
c'était là la fonction de M. Bolduc, dans le comité de
coordination.
M. CHOQUETTE: Je ne vous blâme pas, je serais le dernier du monde
à vouloir vous blâmer de vous entourer d'un personnel
compétent, pour vous conseiller en matière de relations de
travail avec les fonctionnaires et les ouvriers du gouvernement. Mais je dis:
Ne demandez pas à une personne de se diviser en deux et d'être
à la fois avocat dans votre cause et juge dans votre cause,
également. Et c'est là que je pense que vous faites perdre du
crédit à M. Bolduc, parce que, quand il reviendra exercer ses
fonctions à la Commission de la fonction publique, je ne sais pas quelle
sera l'attitude du syndicat, en disant: M. Bolduc, n'étiez-vous pas la
semaine dernière le coordonnateur des relations de travail du
gouvernement?
M. JOHNSON: Oui, n'étiez-vous pas l'un de ceux qui ont
parlé à un ministre?
M. CHOQUETTE: A quel ministre?
M. JOHNSON: Au ministre d'Etat à la Fonction publique.
M. CHOQUETTE: Parce qu'il a été obligé de lui
parler sévèrement?
M. JOHNSON: C'est terrible, s'il fallait que cela soit découvert,
que M. Bolduc nous a conseillés, nous a renseignés. Il a
été en tout cas c'est l'expérience personnelle qui
parle disons peut-être plutôt l'avocat des fonctionnaires
que l'avocat du gouvernement, dans ce sens qu'il nous a renseignés
exactement sur le problème.
M. LESAGE: En quelle année déjà M. Bolduc a-t-il
été nommé commissaire de la Commission de la fonction
publique?
M. JOHNSON: En 1965. Il est encore commissaire...
M. LESAGE: Après le règlement de la grève à
la Régie des alcools...
M. JOHNSON: Et avant la première convention?
M. LESAGE: Oui, je dois dire en toute justice que M. Bolduc était
mon conseiller personnel pour le règlement de la grève de la
Régie des alcools.
M. JOHNSON: Plus pour la négociation de la première
convention.
M. LESAGE: Egalement.
M. JOHNSON: Alors, il a agi de même avec l'ancien
gouvernement.
M. LESAGE: Avec M. Fournier et M. Pari-zeau.
M. MASSE: Alors il a agi de même sous deux gouvernements.
M. LESAGE: Oui, il n'était pas commissaire au moment où il
était mon conseiller dans le règlement de la grève de la
Régie des alcools...
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Mais, lors de la signature de la convention, il était
avec M. Fournier et M. Parizeau et M. Pratte.
M. MASSE: La commission existait à cette
époque-là?
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Oui. A ce moment-là, iln'était pas
commissaire.
M. JOHNSON: II n'était pas commissaire.
M. MASSE: Donc, il était en conflit d'intérêt pour
ou contre le gouvernement?
M. LESAGE: Non, pas pour le règlement de la grève.
M. MASSE: Non, mais pour les négociations?
M. LESAGE: Non, il était mon conseiller, il ne négociait
pas la convention.
M. MASSE: II n'a pas participé à la
négociation?
M. LESAGE: Non, il n'a pas négocié, je ne crois pas, hein,
M. Bolduc?
M. MASSE: Pas à la table de négociation? M. LESAGE: Pas
à la table, non.
M. MASSE: Bon, présentement non plus, il ne va pas à la
table des négociations.
M. CHOQUETTE: Qu'il soit ou non présent à la table des
négociations, cela ne change rien, s'il avise le gouvernement. Ce n'est
pas le fait d'être ou de ne pas être présent. Il est
présent intellectuellement.
M. MASSE: Il avisait autant le chef de l'Opposition à
l'époque que présentement.
M. CHOQUETTE: De toute façon, ce n'est certainement pas un
précédent à suivre.
M. MASSE: Je vous remercie au nom du chef de l'Opposition.
M. LEFEBVRE: J'aimerais verser au dossier ici le texte précis de
l'article 9 de la Loi de la Fonction publique qui se lit comme suit: « Un
membre de la commission ne doit occuper aucune autre fonction publique ni
s'occuper d'autres affaires que celles de sa charge ». Je pense que le
gouvernement, encore une fois...
M. MASSE: Qu'on lise donc l'article 11. Alors, sa charge, c'est quoi, la
commission? C'est, entre autres au paragraphe 6, de s'acquitter des autres
fonctions que lui assigne le gouvernement.
M. LEFEBVRE: A l'article 6.
M. MASSE: Oui, à la page suivante.
M. JOHNSON: Si on veut ajouter à ça que les
négociations en cours, maintenant réglées avec les
fonctionnaires...
M. MASSE: Article 11, paragraphe sixième.
M. JOHNSON: ... ont une répercussion sur les employés non
syndiqués, on va comprendre qu'on avait intérêt aussi
à avoir M. Bol-duc tout près de ce comité.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, le ministre d'Etat de la Fonction publique est
certainement un brillant jeune homme, mais il n'est pas juriste. Tout ce que
l'article 11 dit, c'est que la commission a certaines fonctions
déterminées, spécifiques, et que le gouvernement peut y
ajouter. Mais ça n'infirme pas ce que le député d'Ahuntsic
vient de dire quand il a souligné l'article 9 qui dit que le membre de
la Commission de la Fonction publique doit être au service exclusif de la
commission dans ses fonctions.
M. MASSE: Je ne pense pas que le commissaire occupe présentement
une autre charge publique que celle qu'il occupe en vertu de l'article 11. Des
choses demandées par le gouvernement d'après le paragraphe 6.
M. JOHNSON: Le jeune ministre est peut-être un homme brillant,
mais il n'est pas un juriste brillant comme disait l'autre; mais je n'ai pas
entendu encore de juriste brillant sur ce problème.
M. CHOQUETTE: Enfin, de toute façon, quel que soit le
débat sur le plan juridique, quel que soit le débat sur le
passé, je pense qu'à l'avenir le gouvernement a tout
intérêt à ne pas confondre son rôle d'employeur et,
d'un autre côté, le rôle de certains de ses organismes comme
dans le rôle judiciaire.
M. MASSE: Comme employeur.
M. CHOQUETTE: Non, dans le rôle judiciaire, pas comme employeur.
Est-ce que la Commission de la fonction publique est l'employeur des
fonctionnaires?
M. MASSE: Non, mais quand la Commission de la fonction publique
vérifie, selon le pre- mièrement de l'article 11, l'aptitude des
candidats à l'admission, à la mutation, à l'avancement, je
pense qu'elle joue en partie le rôle d'un employeur, dans une corporation
ou une compagnie.
M. LESAGE: Tout dépend. Ce à quoi M. Cho-quette fait
allusion... Il y a par exemple ce qui est à l'article 60... Est-ce
encore l'article 60?
M. MASSE: 64. Ce sont les institutions.
M. LESAGE: 64 maintenant. Lorsque la commission prend une
décision, en vertu de l'article 64, les commissaires, à ce
moment-là, remplissent un rôle quasi judiciaire. Je pense que le
premier ministre et le ministre d'Etat à la Fonction publique sont
d'accord là-dessus.
M. MASSE: Ce n'est pas en vertu de l'article 64, c'est en vertu d'un
autre article, « institutions », articles 61 et 62.
M. CHOQUETTE: Et même dans son rôle purement administratif,
je pense que tout le monde admettra qu'une commission de la fonction publique
n'est pas au service du gouvernement comme telle. Elle ne doit pas suivre
aveuglément les directives qui peuvent lui venir soit du ministre
d'Etat, soit d'autres ministres, mais qu'elle doit jouer un rôle
d'arbitre, de neutralité de la politique gouvernementale en
matière d'emploi. A partir du moment où on confond les fonctions
de certains membres de la commission avec d'autres fonctions qui les
rapprochent pas mal plus du gouvernement comme employeur, on crée des
difficultés ultérieures.
M. JOHNSON: En tout cas, c'est un débat qui pourrait être
soulevé à l'occasion de la présentation de la loi
créant le ministère de la Fonction publique.
M. LESAGE: Est-ce que ça doit venir la semaine prochaine?
M. JOHNSON: Je l'espère, au moins pour déposer cette
loi.
M. LEFEBVRE: Je pense qu'il faut situer le débat que nous faisons
présentement justement dans cette perspective beaucoup plus que dans une
critique spécifique. Ce que nous reprochons au gouvernement au fond,
à partir de cet exemple, c'est, en dépit de ses promesses,
d'avoir tellement tardé à faire les remanie-
ments qui s'imposent, et là-dessus tout le monde est
d'accord.
Et sur ce point-là, M. le Président, avant que nous
passions à des points plus précis, et pour situer dans sa juste
perspective le problème dont on vient de parler, j'aimerais rappeler au
premier ministre quelques-uns des engagements qu'il avait pris concernant la
création du ministère de la Fonction publique. C'est un peu la
même histoire que j'ai eu l'occasion de raconter en Chambre, l'autre
jour, au sujet d'un autre domaine, celui de la recherche. Cette fois-ci, cela
commence le 14 juin 1967, on pourrait le faire remonter avant cela. Mais le 14
juin 1967, le premier ministre, selon le Soleil du 14 juin: « Le premier
ministre, M. Daniel Johnson, a révélé hier soir son
intention de déposer devant l'Assemblée législative, avant
l'ajournement d'été, le projet de loi qui créera un
ministère de la fonction publique ». Et deuxième
pièce au dossier, le 12 août 1967, cette fois c'est une citation
du Devoir: « Le gouvernement a décidé de remettre à
la prochaine session, ou lors de la prolongation de la présente session,
la création du ministère de la Fonction publique annoncée
dans le discours du trône le premier décembre dernier. Le premier
ministre Johnson qui, encore à la fin de juin dernier, avait
laissé entendre que le nouveau ministère serait
créé bientôt, a annoncé hier, que l'étude du
projet était reportée à décembre ou janvier
prochain. Cela, c'est 1967.
Dans le Soleil du 27 octobre 1967: « Le gouvernement du
Québec est à mettre au point les cadres de ce qui deviendra,
éventuellement, le ministère de la Fonction publique, a
révélé, hier soir, le premier ministre, M. Johnson, au
cours d'une émission de télévision ».
Et si nous lisons la Presse du 21 décembre 1967: « M.
Marcel Masse a confirmé, hier soir, qu'il prépare la
législation qui créera un ministère de la Fonction
publique au cours de la prochaine session qui s'ouvrira au début de 1968
».
Et dernière pièce au dossier, le 3 juin 1968, M.
Bellemare, cette fois, ministre du Travail: « La création - il
s'agit d'une citation du Soleil - d'un ministère de la Fonction publique
au Québec ne saurait guère tarder. C'est le ministre du Travail,
M. Maurice Bellemare, qui l'a laissé entendre, hier, à
Saint-Ferdinand, etc. ».
Alors, je pense, M. le Président, que le grand reproche que l'on
peut faire au gouvernement, c'est d'avoir constamment
répété ses promesses, retardé les
échéances, ce qui a occasionné des problèmes, comme
celui auquel on vient de faire allusion, qui n'est qu'un as- pect mineur dans
l'ensemble du décor. Je pense bien que tout le monde admettra cela
volontiers. Il me semble que le gouvernement a assez tardé, et il serait
urgent qu'il fasse son lit dans ce domaine-là et qu'il dise à la
Chambre et à la population, quelle sorte de ministère de la
Fonction publique il veut créer, quelles en seront les structures, et
quel en sera le fonctionnement, parce qu'autrement les malaises risqueront de
se multiplier dans les relations de travail à tous les niveaux, et je
pense que le gouvernement retarde une mesure dont lui-même admet
l'urgence. C'est là le gros problème.
M. JOHNSON: Nous admettons l'urgence et la difficulté de formuler
certains aspects de la loi. Nous devons, évidemment, courir au plus
urgent, et le plus urgent, c'était le renouvellement des conventions
collectives. Je ne sais pas si le député est peiné de voir
que les conventions collectives des fonctionnaires, unité des
fonctionnaires et unité des ouvriers, aient été
renouvelées sans effusion de sang, sans bris de membres, sans
grève, sans déclaration, sans diffamation d'aucune sorte...
M. LESAGE: Le premier ministre est obsédé...
M. JOHNSON: ... sans ultimatum, sans énervement...
M. LESAGE: Ce n'est pas la première fois que ça
arrive.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le premier ministre n'est pas
obsédé par les actes de la parade de la Saint-Jean Baptiste?
M. JOHNSON: ... même sans photo, sans grande photo, sans...
M. LEFEBVRE: Nous sommes très heureux quand cela va bien, M. le
Président.
M. LESAGE: La convention collective n'a pas été
signée? J'attends la photo de la signature!
M. JOHNSON: Tiens, c'est une bonne idée!
M. LESAGE: Ce que je voulais demander au premier ministre, c'est s'il
peut nous assurer qu'en dehors du ministère de la Fonction publique, il
y aura un organisme quasi judiciaire, comme la Commission de la fonction
publique, pour remplir les fonctions quasi judiciaires, remplies actuellement
par la Commission de la fonction publique?
M. JOHNSON: D'abord, il y a des amendements que nous devons apporter
à la Loi de la Fonction publique à cause de la convention.
Deuxièmement, le projet est prêt; le ministre d'Etat à la
Fonction publique pousse, voudrait bien...
M. LESAGE: Je comprends qu'il voudrait avoir un portefeuille.
M. JOHNSON: Ce n'est pas un mauvais système que de les appeler
à une tâche en fonction d'un ministère.
M. LESAGE: Certainement.
M. JOHNSON: Cela les fait travailler plus fort.
M. LESAGE: C'est normal.
M. JOHNSON: Il le fait bien, à part ça.
M. LESAGE: Le premier ministre a le tour!
M. CHOQUETTE: II languit, ça fait un an.
M. MASSE : Franchement, je n' ai pas le temps de languir.
M. CHOQUETTE: Pitié pour le ministre d'Etat!
M. MASSE: Vous exagérez un peu.
M. JOHNSON: Non, du moment que je me suis rendu compte qu'il allait
chercher le titre détenu par l'ancien premier ministre, le plus bel
homme, j'ai dit: Il est temps qu'on l'occupe à d'autres choses.
M. LESAGE: La question que j'ai posée au premier ministre est
assez précise.
M. JOHNSON: Oui, je sais, c'est là qu'est tout le
problème.
M. LESAGE: C'est de la manière dont je pose la question.
M. JOHNSON: Quel serait le rôle de la Commission de la fonction
publique, relativement à ce ministère de la Fonction publique?
C'est-à-dire, comment s'exercerait la fonction d'engagement ou de
détermination des qualifications et à l'autre bout du processus?
Comment peut-on juger des griefs en dehors des mécanismes prévus
dans la convention collective? Ce sont les deux difficultés d'un
ministère. Entre les deux, c'est un peu mécanique mais...
M. LESAGE: Est-ce qu'en principe le ministre de la Fonction publique ne
sera pas le représentant de l'Etat employeur, alors que la Commission de
la fonction publique sera comme un tribunal pour arbitrer les
différends, les griefs, entre autres les cas de destitution, etc?
M. JOHNSON: Quant à ceux qui sont soumis à la convention
collective, il n'y a pas trop de problèmes. C'est lorsqu'il s'agit de
personnes hors de la convention. Il y en a dans le gouvernement et dans le
public qui croient que l'on devrait avoir un organisme indépendant qui
établirait les qualifications des gens, émettrait des listes et
l'Etat employeur, le ministre employeur pour tous les autres ministères,
disons, pourrait directement ou par fonction déléguée,
engager telle ou telle personne et prendre ses responsabilités. D'autres
prétendent que l'établissement des qualifications peut être
fait sous la responsabilité d'un ministre de la Fonction publique. Il y
a deux écoles, il y a de la discussion. Nous serons très heureux
d'entendre des représentations et nous avons d'ailleurs promis aux
centrales syndicales et au public en général qu'ils auraient le
temps de se prononcer. Les membres de l'Opposition et du gouvernement auront le
temps d'étudier le bill. Ce n'est pas une réforme mineure, c'est
une réforme que l'on promet facilement, mais qu'il est difficile de
réaliser mais que nous réaliserons.
M. LESAGE: C'est ce sur quoi je voulais attirer l'attention du premier
ministre. Je me répète peut-être à ce moment-ci,
c'est sur la nécessité de maintenir, en dépit de la
création d'un ministère de la Fonction publique, un organisme
quasi judiciaire indépendant.
M. JOHNSON: Auquel il faudrait un recours quelconque.
M. LESAGE: Oui, et quel sera le rôle de cet organisme? Est-ce que
ce rôle devra aller jusqu'à l'établissement des
qualifications, etc? Bien c'est une chose, je crois, que nous devrons
étudier, le premier ministre a raison là-dessus et je pense qu'il
sera sage d'entendre les représentations de tous les
intéressés. Mais il est certains problèmes pour lesquels
il est clair qu'il faudra un organisme indépendant du ministère
de la Fonction publique. Il s'agit des cas je pense que le premier
ministre a employé l'expression tout à l'heure il s'agit
de
déterminer où iront certaines compétences qui sont
sur le « border line ». Est-ce qu'elles devront aller au
ministère ou à l'organisme indépendant?
M. JOHNSON: Ce n'est pas facile à établir, mais...
M. LESAGE: Malgré que le principe de la présence des deux
soit essentiel. C'est là le problème.
M. JOHNSON: Il y a dans le service public ce n'est pas un
reproche à qui que ce soit qui ait eu à administrer dans le
passé dans le service de l'Etat, un retard que nous essayons de
rattraper. Il y a encore des méthodes désuètes...
M. LESAGE: Vous n'êtes pas les premiers à essayer de
rattraper!
M. JOHNSON: ... il y a aussi un système un peu paradoxal, pour ne
pas dire plus exactement un système qui est tout à fait
déphasé.
Un gouvernement nouveau entre en fonction avec des politiques qu'il a
préconisées, mais il est collé avec un fonctionnarisme,
avec des hauts fonctionnaires qui ne partagent peut-être pas la
philosophie du gouvernement qui entre en fonction. Dans certains pays, on a
contourné la difficulté en important en même temps que le
ministre, et ça changeait souvent dans ce pays-là, tout un
cabinet qui, en somme, était de la même opinion, de la même
école, de la même doctrine, si vous voulez, que le ministre et
l'équipe.
Ici, même si un haut fonctionnaire fait son grand possible pour
bien servir son nouvel employeur ou le même Etat, mais dirigé par
un autre groupe, il y a toujours le danger, premièrement,
d'incompatibilité et, deuxièmement, toujours le grand danger
d'être soupçonné de ne pas servir son nouvel employeur.
C'est une situation extrêmement délicate. Nous avons tenté
je pense que l'on nous en rendra publiquement témoignage, en tout
cas privément d'éviter cet écueil disons du
limogeage de hauts fonctionnaires à notre arrivée, même
à d'autres niveaux également. Nous avons cependant fait quelques
mutations. Dans un cas c'était clair, c'était patent,
l'incompatibilité entre le ministre et le sous-ministre, ce qui ne veut
pas dire qui ni le ministre ni le sous-ministre ne sont de bons hommes, mais
deux hommes qui ne peuvent pas travailler ensemble. Un qui était
hautement politisé, le ministre, et l'autre qui était hautement
encore politisé...
UNE VOIX: Pas dans le même sens.
M. JOHNSON: ... parce qu'il n'était pas encore
dépolitisé. Et vous voyez le dilemme dans lequel je me trouvais.
Il s'adonne que c'était mon adversaire pendant deux élections
successives. D'ailleurs, la façon de devenir sous-ministre,
c'était de se faire battre par moi ou par certains de mes
collègues. On arrivait plus vite, on passait par-dessus la tête de
tout le monde et on arrive sous-ministre de la Voirie.
M. LESAGE: C'est le seul candidat.
M. JOHNSON: Et en plus de ça, c'est un ami personnel. Nous avons
comme sous-ministre adjoint à la Santé, un ancien
député libéral, le Dr Lizotte. Nous n'avons pas eu une
grande...
M. LESAGE: II est complètement dépolitisé.
M. JOHNSON: De cela j'en suis moins sur, mais il est hautement
compétent.
M. LESAGE: Le premier ministre doit lui rendre ce témoignage.
M. JOHNSON: Dans son travail, je n'ai aucune preuve qu'il est
politisé. Vous allez me faire croire qu'un homme qui a été
député peut se dépolitiser, cela, c'est impensable.
M. LESAGE: II fait son travail d'une façon absolument
impartiale.
M. JOHNSON: Ah! c'est impensable pour n'importe quel homme qui a
été député, mais...
M. LEFEBVRE: C'est parce que le premier ministre...
M. LESAGE: Heureusement, que le premier ministre n'est pas le premier
à avoir de tels problèmes!
M. JOHNSON: II fait très bien son boulot et il n'est pas
question... D'ailleurs, on connaît les relations entre...
M. LESAGE: II ne faut pas que le premier ministre s'imagine qu'il ait
été le premier à se voir en face de problèmes
d'incompatibilité entre hauts fonctionnaires et un nouveau ministre ou
encore le problème des soupçons; cela existait de 1960 à
1966 et les sous-ministres sont restés en poste, après 1960.
M. JOHNSON: Pas nombreux!
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Pas nombreux!
M. LESAGE: Oui, ceux qui sont partis...
M. JOHNSON: Oui!
M. LESAGE: ... c'est parce qu'ils ont démissionné.
M. JOHNSON: Oui! dans des circonstances... M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... que nous connaissons très bien...
M. LESAGE: Le sous-ministre de la Voirie est resté en poste.
M. JOHNSON: ... dans certains cas.
M. LESAGE: Il est décédé alors qu'il était
en poste.
M. JOHNSON: Oui!
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: D'accord.
M. LESAGE: Le sous-ministre des Transports et Communications est
resté en poste et il y est encore.
M. JOHNSON: II y a une facon de faire mourir un homme au poste!
M. LESAGE: M. le Président,...
M. CHOQUETTE: Etes-vous un expert?
M. LESAGE: ... je dois protester contre les insinuations du premier
ministre. Il est absolument injuste. J'espère qu'il saura le
re-connaître. M. Bergeron...
M. CHOQUETTE: II n'y en a pas, ici, à l'Assemblée
législative, c'est impossible.
M. LESAGE: ... était un grand sous-ministre de la Voirie. Il
avait la parfaite confiance de son ministre et du premier ministre qui est
responsable des sous-ministres. Et, ça, Je pense, que le premier
ministre devrait le reconnaître,
M. JOHNSON: Je puis rendre le témoignage à M. Bergeron
qu'il était un honnête homme, mais je sais que M. Bergeron a
vécu sous une tension tout I fait inhumaine, à partir du moment
où un juge a commencé à laisser planer dans le public une
foule de soupçons sur son administration ou l'administration à
laquelle il avait participé. Cela, c'est un souvenir
désagréable que j'aime mieux ne pas évoquer.
M. LESAGE: M. le Président, je dois dire que j'ai eu des contacts
fréquents avec M. Bergeron, de son vivant. M. Bergeron savait que
j'avais la plus parfaite confiance en lui, il était satisfait et il
était heureux. Il avait le droit à sa pension et il est
demeuré au poste, à ma demande. Par conséquent, les
paroles que le premier ministre a prononcées sont absolument
injustes.
M. JOHNSON: Alors, c'est une question de faits mais Je sais le
contraire...
M. LESAGE: Oui, c'est une question de faits. Je les ai vécus, les
faits. C'est moi qui ai demandé à M. Bergerpn de rester en poste,
malgré qu'il avait le droit I sa pension.
M. JOHNSON: Et malgré que le président de
l'exécutif payait des avocats, entre autres Me Jean Bienvenue et Me
Taschereau Fortier &Me Goerges Pelletier, pour faire enquête et
fouiller dans tous les documents.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai l'impression bien nette que le
premier ministre se trompe de sous-ministre. Il fait allusion au sous-ministre
des Travaux publics du temps, qui a démissionné.
M. LE PRESIDENT: Nous devrions revenir à l'objet de la
discussion, soit au poste budgétaire 4 et au poste budgétaire 5:
Commission de la fonction publique.
M. LESAGE: Celui qui a démissionné dans des circonstances
que le premier ministre relate est le sous-ministre des Travaux publics.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Il y a un commissaire de l'Hydre qui a
démissionné sur un coup de téléphone du
député de Laurier, un coup de téléphone de menaces
quant à sa pension: il était au lit, le commissaire Sullivan, de
l'Hydro. Il y a eu d'autres cas du ejusdem generis.
M. LESAGE: Si M. Levesque était ici, il
pourrait répondre pour lui-même mais... M. JOHNSON: S'il
était ici, je lui...
M. LE PRESIDENT: Alors nous sommes donc à l'étude du poste
budgétaire 5.
M. LESAGE: Allez donc chercher M. René Levesque pour voir s'il
va...
M. CHOQUETTE: M. le Président, pour reprendre le débat
où...
M.JOHNSON: Pour compléter un renseignement là, il y en a
des commissaires, dans les commissions qui ont appris par la radio qu'ils
étaient démis. C'était à la radio. C'était
agréable.
M. LESAGE: Oui, pas que je sache!
M. JOHNSON: Le président de la commission qui faisait
enquête sur l'assurance-hospitalisation, M. Favreau, a appris ça
dans les journaux, les commissaires à l'autoroute ont appris ça
en écoutant la radio.
M. LESAGE: C'était aussi simple que ça, c'était une
commission d'étude que nous considérions inutile, parce que nous
considérions que c'était un détour pour retarder
l'adoption de l'assurance-hospitalisation. Au lieu de ça, nous avons
adopté dès le mois de décembre une loi
d'assurance-hospitalisation. Nous n'avions plus besoin de la commission, c'est
aussi simple que ça. C'était une excuse du gouvernement
antérieur pour retarder l'adoption de l'assurance-hospitalisation.
Qu'est-ce que vous voulez, nous avons rejeté l'excuse purement et
simplement et nous avons passé la loi à la grande satisfaction de
toute la province.
M. JOHNSON: Il y a des manières d'abolir des commissions.
M. LESAGE: C'était une commission inutile.
M. JOHNSON: Bien, un coup de téléphone ou une lettre,
c'est plus agréable que la voix d'un annonceur à la radio.
M. LEFEBVRE: Tantôt vous sembliez être contre le
téléphone. Vous avez dit que ce n'était pas un bon
moyen.
M. LE PRESIDENT: Dois-je comprendre que nous avons terminé
l'étude des postes budgétaires 4 et 5?
M. JOHNSON: Moi, je comprends que nous sommes rendus aux
élections.
M. LESAGE: C'est un avant-goût seulement.
M. CHOQUETTE: Pour revenir au sujet qui avait été
abordé par le député d'Ahuntsic et par le chef de
l'Opposition, au sujet de la création d'un ministère de la
Fonction publique, je pense que la position des membres de l'Opposition est
que, d'accord sur un ministère de la Fonction publique, mais
également il faut maintenir une commission de la Fonction publique qui
aura l'impartialité voulue pour traiter des engagements des
fonctionnaires et des ouvriers au service du gouvernement, ainsi que pour leur
promotion à l'intérieur du service gouvernemental. Je crois que
toutes les administrations gouvernementales en Amérique du Nord, dans
tous les Etats américains, dans toutes les provinces du Canada, dans
tous les gouvernements supérieurs, on a maintenu le principe de
l'existence d'une commission qui jouit d'une indépendance la plus
complète possible S l'égard des autorités politiques, dans
le domaine de l'engagement des fonctionnaires et dans le domaine de leur
promotion.
Je vois que le premier ministre fait des signes dubitatifs.
M. JOHNSON: Ce n'est pas exact!
M. CHOQUETTE: C'est absolument exact!
M. JOHNSON: Bien voyons donc! Dans certains Etats américains
c'est exactement...
M. CHOQUETTE: Tout le progrès...
M. JOHNSON: C'est automatique, le lendemain matin, changement de
gouvernement, tout le monde est dehors.
M. CHOQUETTE: C'est justement, mais nous réagissons contre cette
tendance.
M. JOHNSON: Alors, qu'on ne vienne pas dire que, dans tous les
gouvernements...
M. CHOQUETTE: Je dis que le mouvement est dans ce sens-là et que,
si le gouvernement ne voulait pas maintenir l'existence d'une Commission de la
fonction publique avec des pouvoirs déterminés et un rôle
impartial bien précis, le gouvernement actuel régresserait par
rapport à la tendance moyenne.
M. JOHNSON: Je suis très heureux d'enten-
dre le député d'Outremont s'exprimer sur ce point qui en
est un d'importance et on verra lorsque la loi sera déposée. Je
voulais compléter mon topo très rapidement sur cet aspect de
l'administration publique. Il y a aussi un autre élément
d'inflexibilité, si on peut ainsi s'exprimer, dans le service de l'Etat
Du moment qu'un homme accède au poste de sous-ministre, par exemple, il
est qualifié par cette fameuse clause qui prévoit dix ans
additionnels au moment de sa retraite. Et là, même s'il n'est pas
trop en forme, tout cela, il veut bien demeurer en fonction jusqu'à 65
ans, et qui va l'en blâmer, sa pension, son indemnité sera
augmentée de 20%, 2% par année pendant dix ans, ce qui
s'additionne aux années de service réel. Alors, cela manque de
flexibilité. Certains sous-ministres m'ont dit: Vous savez, après
7, 8, 10, 12, 15 ans, à plus forte raison 20 ans, on est un peu
brûlé, on aimerait bien donner notre place à des plus
jeunes. On pourrait servir le gouvernement dans d'autres qualités,
d'autres postes. Mais il y a ces dix ans qui nous embêtent, car on n'a
droit à ces dix ans que si l'on prend sa retraite, que si l'on occupe
cette fonction au moment où on prend sa retraite.
Alors, il faudrait un peu plus de flexibilité dans ce
domaine-là, et nous allons apporter une loi, ces jours-ci, qui est
très courte, qui va prévoir que toute personne qui a
occupé pendant un certain nombre d'années ce poste aura droit
à cet avantage au moment de sa retraite ou comme retraite
différée.
M. LESAGE: Je suis parfaitement d'accord, parce que ce
problème-là...
M. JOHNSON: Ce qui nous permettrait de régler certains cas...
M. LESAGE: Je ne l'ai pas vécu, ce problème-là,
parce qu'on se souviendra que, pour ce qui est des fonctionnaires entrés
au service de l'Etat avant 1941, il est loisible au lieutenant-gouverneur en
conseil de leur ajouter ces dix ans, même s'ils ne sont pas
sous-ministres.
M. JOHNSON: C'est cela.
M. LESAGE: Alors, les sous-ministres qui ont changé de fonction,
et qui ont pris leur retraite par la suite, prenons par exemple le cas de M.
Biéler,...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: ... qui, parce qu'il est entré avant 1941, a pu
démissionner comme sous-mi- nistre mais quand même demeurer un an
au moins au même salaire comme conseiller spécial et avoir droit
quand même aux dix ans dont il n'avait pas besoin, parce qu'il avait 35
ans de service.
M. JOHNSON: C'est le cas, par exemple, d'un membre de la Régie
entre autres, qui a été six ans en poste et qui perdrait son
droit à dix ans, même si nous avons dû le déplacer
à la suite des événements que l'on connaît,
où il n'est pas question de malhonnêteté de sa part. Et
alors, nous voulons régler ce cas-là, et, en étudiant ce
problème, nous nous sommes aperçus que cela nous permettrait
beaucoup de flexibilité. Nous avons consulté des sous-ministres
qui nous ont dit qu'ils seraient heureux de laisser à des plus jeunes
leurs fonctions de sous-ministres s'ils pouvaient quand même
bénéficier de ces dix ans au moment où ils prendront leur
retraite.
M. LESAGE: Est-ce que le cas auquel vient de référer le
premier ministre est le cas de la Régie des Alcools.
M. JOHNSON: Le cas de la Régie des Alcools.
M. LESAGE: Bon, je remercie le premier ministre, je pense qu'en toute
justice, il agit bien en prévoyant la pension dans ce cas-là.
C'est généreux de sa part.
M. JOHNSON: Et plusieurs sous-ministres m'ont dit qu'ils avaient
accepté de venir au gouvernement, croyant que la première
année constituait la onzième année. Il y en a plusieurs
qui s'imaginaient que c'était leur onzième année.
M. LESAGE: C'est cela.
M. JOHNSON: Alors que ce n'est pas cela du tout, c'est un droit
accordé à celui qui est au poste désigné au moment
où il est qualifié pour prendre sa retraite, soit par la mort, ce
qui donne une demi-retraite à son épouse...
M. LESAGE: Soit par l'âge...
M. JOHNSON: Soit par l'âge, soit par la maladie. Alors, cela va
nous permettre plus de flexibilité, et surtout dans les régies,
une réorganisation des régies qui s'amorce et il y a des gens qui
ne veulent pas perdre leurs 10 ans, qui feraient d'excellents fonctionnaires
à d'autres endroits et que nous hésitons à déplacer
parce que c'est quasiment une injustice envers leur famille.
M. LESAGE: Rendu en 1968, la soupape de la loi d'avant 1941
disparaît.
M. JOHNSON: Oui, et de toute façon, ces gens-là,
même s'ils servent à temps partiel, à salaire moindre,
auront droit au moment de leur retraite à une indemnité
basée sur leurs cinq meilleures années.
M. LESAGE: C'est ça. Ceux d'avant 1941 ce sont les trois
dernières années.
M. JOHNSON: Ceux-là depuis 1941, ce sont leurs cinq meilleures
années. Donc, les cinq années pendant lesquelles ils ont
été sous-ministre ou gérant général de la
Régie des alcools ou régisseur à telle ou telle
régie. Je pense que si nous voulons attirer de bons hommes à la
Fonction publique, il faut leur donner cette sécurité, et
deuxièmement leur donner en même temps cette mobilité, et
troisièmement c'est juste une remarque en passant, il va falloir que
nous fassions un peu l'éducation du public, qu'il sache que ce n'est pas
une déchéance pour un sous-ministre de devenir conseiller quelque
part, du moment qu'il est employé utilement. Il semble que, dans le
contexte social spécifique à la province de Québec et
à la ville de Québec, un sous-ministre qui cesse de l'être
peut être considéré dans certains milieux comme s'il
était déchu, alors qu'il peut servir mieux.
M. LESAGE: Mais au contraire. Je suis parfaitement d'accord avec le
premier ministre. Il ne faudrait pas croire un instant qu'on songe lorsqu'un
sous-ministre accepte d'agir en d'autres fonctions et de rester à
l'emploi du gouvernement, qu'il subit une déchéance. Prenons le
cas de M. Biéler. J'ai eu énormément de difficulté
à le convaincre de rester, nous en avions besoin, il fallait qu'il fasse
le pont malgré ses années de service. Et il est resté
conseiller encore pendant un an, un an et demi. Il n'était plus
sous-ministre. Lui-même ne se sentait pas déchu, je puis en
assurer les membres du comité.
M. JOHNSON: Parfois, c'est l'entourage.
M. LESAGE: Non, ce n'est pas tellement l'entourage immédiat, pas
les gens au courant. D'ailleurs, le premier ministre a touché la note
juste, c'est que, dans certains milieux, on peut penser que c'est une
déchéance, mais pas dans l'entourage immédiat, pas parmi
ceux qui connaissent les circonstances.
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'aimerais ajouter un commentaire
à ce que disait tout à l'heure mon collègue le
député d'Outremont quant aux espoirs de l'Opposition concernant
la future loi de la Fonction publique. J'appuie tout à fait ce qu'a dit
le député d'Outremont à l'effet que, de ce
côté-ci de la table, nous sommes préoccupés par le
fait qu'il soit maintenu un mécanisme pour assurer la
dépolitisation du fonctionnarisme ou pour la maintenir dans la mesure
où elle existe déjà, et pour empêcher
évidemment l'accroissement ou la résurgence selon les opinions de
l'un ou de l'autre, de ce qu'on connaît bien sous le nom de
patronage.
D'autre part, je pense qu'il y a une autre dimension. Tout à
l'heure le premier ministre a fait un commentaire qui m'inquiète un peu
à ce point de vue lorsqu'il a dit que, dans le cas des employés
qui sont déjà syndiqués, il n'y avait pas de
problème. Je pense qu'il y a le problème que, dans la future loi
de la Fonction publique, il faudra concilier d'une part les droits de
l'employeur avec, d'autre part, cette réalité nouvelle dans le
Québec qui est celle du droit d'association des travailleurs. Et si je
prends à titre d'exemple un article précis dans les pouvoirs
actuels de la Commission de la fonction publique, en ce qui concerne le
perfectionnement professionnel, il s'agit actuellement d'un pouvoir qui est
nommément désigné dans la Loi de la Fonction publique
comme étant la préoccupation ou la prérogative de la
Commission de la fonction publique. Je pense que, de ce côté-ci de
la table, nous sommes préoccupés de voir à ce que la
future Loi de la Fonction publique tienne compte de la dimension syndicale et
que certains pouvoirs qui autrefois pouvaient être exercés en
exclusivité soit par les ministères, soit par la Commission de la
fonction publique, soient maintenant objets de négociation .
C'est pour cela, je crois, qu'il y a cette double préoccupation,
d'une part, d'éviter la politisation de la Fonction publique et, d'autre
part, de reconnaître dans les faits, d'une façon efficace, le
droit d'association des employés de la Fonction publique. Je pense que
ce sont les deux grandes préoccupations que le gouvernement,
j'espère, aura à l'esprit en complétant, aussitôt
que possible - ce devait être hier quant à nous, la
rédaction de cette loi si souvent promise et si ardemment attendue.
M. JOHNSON: M. le Président, pour une fois, je le dis avec
plaisir, le député nous fournit comme son collègue
d'Outremont d'ailleurs, une
suggestion qui va nous aider à la dernière formulation de
la loi, car il y a eu plusieurs projets. Je voudrais relever certains de ses
propos.
Il y a un mythe autour du mot « patronage ». D'accord, des
hommes politiques peuvent être tentés de favoriser des amis. Mais
des hauts fonctionnaires, aussi, peuvent être tentés de favoriser
des amis. Alors,...
M. LEFEBVRE: M. le Président, je n'ai accusé personne!
M. JOHNSON: ... théoriquement, la commission aussi pourrait
être tentée de favoriser des amis. Ce ne sont pas des anges, ce
sont des bons hommes qu'il y avait là, ils ont été
maintenus, ce ne sont pas des anges. Quand c'est le cousin ou le
beau-frère ou la belle-soeur d'un ami ou d'un copain, on examine le
dossier là, juste en passant, c'est ça l'examen,...
M. CHOQUETTE: Et quand il y a des commissaires de la Commission de la
fonction publique qui doivent par leurs fonctions...
M. JOHNSON: Si le député fait cela, le ministre, lui, doit
répondre en Chambre, il y a une Opposition devant lui. Du patronage sans
responsabilité, sans avoir des comptes à rendre, c'est là
qu'est l'option, c'est là qu'est le dilemme. C'est là que nous
considérons très sérieusement le problème. Certains
collègues sont d'avis que le gouvernement devrait, le ministre de la
Fonction publique devrait prendre ses responsabilités, répondre
de ses actes devant la Chambre plutôt que de laisser cela à
d'autres, qui peuvent eux aussi être influencés par des
considérations autres que la compétence, uniquement, mais qui,
eux aussi, peuvent élre influencés mais n'ont pas à
répondre. Ils sont sensés élre comme des juges au-dessus
de toute passion humaine, sans contact avec personne, sans intérêt
à protéger et sans élre jamais atteint du complexe du
serviteur de l'Evangile qui a été loué par le Christ parce
qu'il avait d'avance, avant de quitter sa fonction, fait des remises,
donné des reçus pour des montants plus considérables. Et
il a même été louangé celui-là. C'est assez
difficile à expliquer ce passage de l'Ecriture. Mais tout de
même...
M. CHOQUETTE: Le gouvernement serait mêlé!
M. JOHNSON: ... la comptabilité du gouvernement serait un peu
mêlée, on a raison. Alors, il y a deux écoles. Quand est
arrivée l'instruction publique, l'éducation, un domaine pourtant
extrêmement important, il y avait l'école dont nous avons
adopté certains principes quand nous étions dans l'Opposition,
qui disait que beaucoup d'initiative devait venir du Conseil de l'instruction
publique, du Conseil supérieur de l'éducation. L'autre
école, pour laquelle les membres du gouvernement, qui sont aujourd'hui
dans l'Opposition, entre autres le député de Vaudreuil-Soulanges,
ont plaidé très éloquemment, disant: L'Etat doit prendre
sa responsabilité. Qui gouverne? Le gouvernement. Le gouvernement doit
répondre de ses actes devant l'Assemblée législative, donc
devant le peuple; voilà notre théorie, nous allons fonctionner de
cette façon.
Ce sont deux écoles, je respecte les deux opinions, et je ne vous
cache pas qu'il y a actuellement des discussions entre les collègues sur
ces deux pôles.
M. CHOQUETTE : Si le premier ministre me permet, je pense que là
où il faut faire la distinction, c'est que la politique globale de
relation de travail du gouvernement doit être dirigée par le
ministre de la Fonction publique et par le ministère de la Fonction
publique. Mais quand on arrive dans les cas individuels, les cas de personnes,
je crois qu'à ce moment-là, il faut s'en remettre à un
organisme qui jouit d'une certaine impartialité. Je crois que c'est
là la distinction à faire.
M. JOHNSON: Moi, j'ai des lettres dans mes dossiers, de
députés qui écrivaient au gérant
général de la régie, M. Untel ira passer un examen
mercredi le 12 avril. Je dois vous informer que c'est une personne
extrêmement compétente, etc. Signé Untel,
député de tel endroit.
M. LESAGE: C'est un député qui ne signe pas son nom.
M. JOHNSON: Si le gérant général de la régie
s'occupait de son monde, ici, il savait ce que cela voulait dire. Ce
n'était pas nécessaire de dire qu'il avait voté du bon
côté à la dernière élection, juste une petite
indication que c'était un homme qui était compatible et, dans
certains cas, la légende dit: Est-ce qu'il est catholique
celui-là ou non, est-ce qu'il est protestant ou non?
M. LESAGE: C'est une expression qui a été conservée
par le gouvernement actuel.
M. JOHNSON: C'est une expression qui remonte au siècle dernier du
temps des castors.
M. LEFEBVRE: Le premier ministre est en état de confidences ce
soir, il nous mentionne que les deux écoles...
M. LESAGE : Il est à la veille de nous parler des Chevaliers de
Colomb et des francs-maçons.
M. LEFEBVRE: ... auxquelles il a fait allusion ont des tenants parmi les
membres de son cabinet. Je m'inquiète un peu, quand même, du peu
de nuance que le premier ministre a fait entre ce qu'il semble être dans
son esprit, les deux versions de cet hydre à cent têtes qui
s'appelle le patronage.
M. JOHNSON: Ils sont en train d'en esquisser.
M. LEFEBVRE: Non, voici, ils sont esquissés mais c'est un peu
inquiétant. Remarquez qu'on n'a pas été très
spécifique, nous, quant aux structures. On a dit: Il faut empêcher
la politisation. Or, si vous avez des hommes qui sont nommés pour une
fonction précise, et dont c'est la tâche, par exemple, de faire la
sélection du personnel, ces hommes n'ont pas à faire de faveur
à 46,000 ou à 50,000 électeurs. Et c'est ce qui les
distingue, à mon avis, du député. Il n'y a pas juste une
question d'honnêteté personnelle qui peut être la même
dans les deux cas, par hypothèse, ou qui peut être comparable, il
y a aussi la différence de statut. Un député doit se faire
élire et, traditionnellement, dans le Québec, pour se faire
élire, c'était utile de distribuer des faveurs.
Je ne veux pas reprendre toute cette thèse que nous connaissons
bien.
M. JOHNSON: Cela ne nuisait pas! M. LEFEBVRE: Cela ne nuisait pas?
M.JOHNSON: Non.
M.LEFEBVRE: Or, il faut évidemment empêcher la politisation
et la dégradation de la fonction publique, parce que l'un est synonyme
de l'autre, dans mon esprit, dans la mesure où ce sont des influences
politiques, partisanes ou d'amitié ou tout ce que vous voulez, qui
jouent et qui font abstraction de la compétence. C'est cela qui est le
problème.
Personne ne reprochera au premier ministre ou à qui que ce soit
de faire embaucher un de ses amis à telle fonction, si cet ami est une
personne parfaitement qualifiée. Il n'y aura pas de critique mais tout
le monde sait très bien que le danger du patronage amène la
multiplication de l'incompétence et dévalorise lafonction. C'est
le danger. Je ne dis pas que c'est une chose qui existe, je ne dis pas au
premier ministre que c'est ce qu'il a l'intention de faire mais je dis que,
quant à nous, nous espérons bien que les mécanismes
prévus dans la nouvelle loi feront en sorte que cette politisation de la
Fonction publique sera rendue aussi difficile qu'humainement possible et que
financièrement réalisable, et socialement souhaitable pour...
M. JOHNSON: Mais posons l'hypothèse, par exemple, d'un
gouvernement séparatiste éventuel où les fonctionnaires
seraient des fédéralistes à tout craindre. Ce serait
joliment difficile pour le premier ministre séparatiste d'appliquer sa
politique si on savait le nombre de communications très importantes
qu'il y a au niveau des hauts fonctionnaires du fédéral et d'une
province. Si on ne partage pas la même idéologie, si on n'a pas
des objectifs clairement établis, eh bien, un sous-ministre de bonne foi
peut nous créer des problèmes et des problèmes à
l'administration. Ce n'est pas arrivé, Dieu merci, à ma
connaissance en tout cas.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le premier ministre ne pense pas que les hommes
politiques doivent présumer de la loyauté de ces hauts
fonctionnaires et de ces fonctionnaires?
M. JOHNSON: C'est ce que nous avons fait.
M. CHOQUETTE: Je crois qu'une bonne compréhension ne peut exister
entre les hommes politiques et les fonctionnaires que si cette loyauté
est présumée à la base.
M. JOHNSON: Quelle que soit la loi que nous fassions, il restera
toujours beaucoup de discrétion. Il y a tout un domaine où il
faut de la discrétion actuellement, par exemple dans les hôpitaux,
propriétés de la province, corporations encore constituées
par des gens qui ont été mis en place depuis 1960. Les achats se
font encore chez des amis du parti de ces gens-là. C'est
systématique, c'est public, nous avons des plaintes tous les
jours...
M. LESAGE: ... Ce n'est pas exact.
M. JOHNSON: ... Nous cherchons une façon de dépolitiser ce
problème, si ça ne serait pas mieux de changer l'affaire, mais
ça devient jo-
liment frustrant pour des marchands dans une petite place comme j'allais
nommer, l'Annonciation, de voir que l'administration de l'hôpital
achète encore son pain ou ses « groceries » comme on dit
là-bas chez le même marchand libéral.
M. LESAGE: C'est facile, envoyez-le chez Steinberg's!
M. JOHNSON: Mais dans la paroisse, cela fait du chichi, au point de vue
politique.
M. LEFEBVRE: Est-ce qu'il existe du pain rouge et du pain bleu?
M. JOHNSON: Ah, oui! dans certains coins de la province il y a encore du
pain rouge...
M. LESAGE: Je voudrais dire au premier ministre ici, pour ce qui est des
achats, que les listes d'acheteurs ont été confectionnées,
suivant une politique que j'ai décrite en Chambre à deux ou trois
reprises alors que j'étais premier ministre. Nous n'exigions aucune
recommandation pour inscrire un nom sur la liste des vendeurs éventuels.
Cela, je pense que le premier ministre le sait. Il suffisait d'écrire
directement alors que M. Bussières était directeur des achats
pour être placé sur la liste et le système de rotation que
le premier ministre a mentionné cet après-midi existait dans le
temps.
M. JOHNSON: Mais, pas pour les hôpitaux, comme à
l'Annonciation.
M. LESAGE: C'est parce que le premier ministre a mentionné les
achats. Or, les achats étaient de la compétence du
président de l'exécutif. Quand, je parle des achats, je parle
d'une chose que je connais bien. Les plaintes que le premier ministre a au
sujet d'achats qui se feraient encore, actuellement, chez des libéraux,
je les ai eues par mes partisans pour des achats qui se faisaient chez des
partisans de l'Union Nationale. Comment se fait-il que leurs noms soient sur la
liste? Parce que leurs noms pouvaient être sur la liste comme je l'avais
annoncé en Chambre.
M. JOHNSON: C'est ce qui a fait dire à M. Courcy, à
Rivière-du-Loup: Quand on va retourner au pouvoir, nos amis d'abord vont
être servis. Cela, c'est M. Courcy qui a dit cela à
Rivière-du-Loup, l'organisateur en chef du parti libéral. Alors,
on voit les intentions.
Je compte sur le chef de l'Opposition pour mettre au pas ses
collaborateurs si jamais il a de nouveau la responsabilité de diriger la
destinée de la province. A ce moment-là, il aura veilli beaucoup,
il sera très sage.
M. CHOQUETTE: Vous prévoyez que c'est pour longtemps!
M. LE PRESIDENT: Etant donné que nous avons discuté, je
pense, le service général des achats, le poste budgétaire
3, on pourrait peut-être revenir sur les postes budgétaires 4 et
5.
M. JOHNSON: Je m'excuse, M. le Président.
M. CHOQUETTE: M. le Président, est-ce que je pourrais changer de
sujet, maintenant, aborder un autre sujet. Je voudrais aborder le cas d'un
certain nombre de personnes dans la fonction publique ou à l'emploi du
gouvernement qui ont été congédiées. Leurs cas ont
été jugés par la Commission de la fonction publique qui a
recommandé leur renvoi ou leur congédiement. Ces personnes ont
droit à un appel devant le lieutenant-gouverneur en conseil mais il n'a
jamais siégé pour entendre ces cas ou les étudier ou, en
tout cas, n'a jamais rendu de décision dans ces cas qui trafnent depuis
très longtemps, et je vais en nommer.
M. JOHNSON: Je suis très heureux qu'on me les nomme parce que
nous en passons souvent. Je dois dire au député que nous avons
établi, à l'intérieur du cabinet, un comité qui
étudie ces dossiers. Ce comité nous fait rapport et nous agissons
en conséquence.
Maintenant, il a pu arriver que certains cas soient tombés
à côté de la filière et je suis très heureux
d'apprendre le nom, dis-je, de ces personnes afin que nous prenions des
décisions.
M. CHOQUETTE: Voici, Réjeanne Beaumont, congédiée
le 28 mars 1967; Paul-Emile Bergeron, congédié le 7 juin 1966;
Robert Bergeron, congédié le premier août 1967;
Gérard Cholette, je n'ai pas la date de son congédiement; Antoine
Jones, je n'ai pas la date de son congédiement; Julie Joseph,
congédiée le 21 septembre 1967; Gilles Larocque,
congédiéle20avrill967; Jean-Charles Morin, congédié
le 13 novembre 1966; Emma Perron, congédiée le 7 septembre 1966;
Monique Poirier, je n'ai pas la date de son congédiement; finalement,
Mme Henri Sansfaçon, congédiée le 6 mars 1966.
Maintenant, dans le cas de M. Paul-Emile Bergeron, que je mentionnais
tout à l'heure et congédié le 7 juin 1966, je crois que la
Commis-
sion de la fonction publique a rendu une décision en date du 7
mars 1967, c'est-à-dire qu'il y a plus d'un an que ce cas a
été jugé par la Commission de la fonction publique et le
lieutenant-gouverneur en conseil n'a pas pris de décision. Alors, je
pense que c'est une injustice terrible vis-à-vis, non seulement de M.
Bergeron, mais d'autres personnes dont les cas traînent en longueur parce
que les délais sont en soi, je pense, un déni de justice. Je
crois qu'il y aurait intérêt à ce que le
lieutenant-gouverneur en conseil étudie le plus rapidement possible ces
cas et rende une décision conformément à la preuve.
M. JOHNSON: Voici dans quelle perspective se placent ces cas. On sait
qu'à un moment donné, une plainte a été
portée contre un employé de la Voirie, je crois. En tout cas,
c'était un ouvrier, qui aurait enfreint l'article 60, l'article qui
défendait autrefois de faire de la politique, ce qui est aujourd'hui
l'article 55: « Nul sous-chef ou fonctionnaire, nul ouvrier permanent ne
doit se livrer à un travail de partisan dans une élection
fédérale ou provinciale. Quiconque enfreint le présent
article est passible de destitution à la manière prévue
par la présente loi ».
Or, dans un cas, l'avocat des syndicats, excellent avocat, excellent
juriste, a fait valoir qu'il ne s'agissait pas d'un ouvrier permanent, car son
engagement n'avait jamais été signé par le ministre.
L'année dernière, nous en avons parlé à l'occasion
des crédits de la Voirie et il se trouve qu'il y a au moins 4,000 cas
semblables. On ne pouvait pas, disait-il, les mettre à la porte parce
qu'ils ont fait de la politique, puisqu'ils ne sont pas des ouvriers
permanents.
M. LEFEBVRE: II n'y a pas 4,000 gars qui ont fait de la politique!
M. JOHNSON: Non, mais...
UNE VOIX: Non, mais il y en a 4,000...
M. JOHNSON: ...nous avons découverte cette occasion-là,
qu'il y avait au moins 4,000 employés du gouvernement, quelques-uns
depuis dix, douze ou quinze ans, la plupart depuis 1960, qui ne sont pas des
ouvriers permanents au sens de la loi. Nous avons, dans la convention
collective, accordé la permanence à tous ces gens-là, dans
le projet de convention collective qui a été accepté par
l'unité des ouvriers, par l'unité des fonctionnaires. Donc, ce
problème est réglé. Cela, c'est assez large, je pense. On
va comprendre que c'est un geste humain.
M. LESAGE: Est-ce le problème des 85 cas?
M. JOHNSON: Or, voici ce qui arrive. On a le recours ordinaire. C'est
qu'on en appelle au lieutenant-gouverneur en conseil. Le lieutenant-gouverneur
en conseil, c'est le cabinet. Il y a un comité à
l'intérieur du cabinet qui revise le dossier. Mais, dans ces cas, du
moins dans plusieurs des cas qui ont été mentionnés,
d'après l'information que me fournit M. Bolduc, il s'agit de cas
où c'est l'avocat lui-même qui a demandé que l'on ne bouge
pas, parce que l'on voulait obtenir du gouvernement qu'il y ait une audition
devant le lieutenant-gouverneur en conseil.
Or, cela n'a pas de sens que nous devenions un tribunal. Nous avons
autre chose à faire. Dans la convention collective, nous avons
prévu un mécanisme que...
M. CHOQUETTE: Pour les cas à venir?
M. JOHNSON: Pour les cas à venir...
M. CHOQUETTE: Pas pour les cas passés.
M. JOHNSON: ... et je pense que l'avocat doit avoir en tête de
faire passer ces cas-là devant le nouveau mécanisme...
M. LESAGE: Oui, mais est-ce que la convention le prévoit?
M. JOHNSON: ... ou c'est une erreur au bureau de M. Prémont ou
c'est l'avocat qui retient encore ces dossiers pour bénéficier du
nouveau mécanisme qui est prévu et que M. Masse va vous
expliquer. Ce nouveau mécanisme...
M. CHOQUETTE: Je pense que c'est un fait important, ce n'est pas la
version que j'ai eue de lui.
M. JOHNSON: M. Magella... M. CHOQUETTE: Lemay. M. JOHNSON: Lemay.
M. MASSE: Dans les cas en suspens qui relèveraient de ce
problème de nomination par un écrit du ministre, il y a environ
85 cas de suspension. Or, la nouvelle convention collective prévoit un
tribunal, pour les cas de congédiement faits par un tribunal, donc en
dehors de la Commission de la fonction publique.
M. JOHNSON: Un appel de la Commission de la fonction publique.
M. MASSE: Maintenant, ces 85 cas sont nécessairement intervenus
avant la signature de la convention collective.
Voilà pourquoi le gouvernement et le syndicat sont en train de
négocier une entente qui permettrait que, nonobstant les
irrégularités ou les informantes qui ont pu se produire lors de
la nomination d'un ouvrier, qui autrement serait régi par la Loi de la
fonction publique, l'article 61 de ladite loi ainsi que le règlement
adopté sous son empire intitulé: Règlements relatifs
à la destitution d'un employé ou la révocation de sa
nomination, etc. , etc., au fond si vous voulez que je vous lise tout,
je peux vous le lire on créerait, nonobstant les
irrégularités, un tribunal qui jugerait ces cas-là,
tribunal grosso modo du même genre que celui prévu dans la
convention collective.
M. CHOQUETTE: En somme, un arbitrage de griefs.
M. MASSE: Tribunal d'honneur entre les deux parties, si vous voulez,
pour résoudre les problèmes.
M. CHOQUETTE: Est-ce que ça s'appliquerait aux cas
antérieurs?
M. MASSE: Bien, les noms des 85, je m'excuse je ne les ai pas en
mémoire mais a priori, il y en a un grand nombre là-dedans.
M. LESAGE: Pour les 85? M. MASSE: Oui.
M. LESAGE: Si je comprends bien, c'est justement pour ces 85 cas qu'il y
aurait tribunal d'honneur dont parle le ministre d'Etat
M. MASSE: Dans le même genre que celui qui sera prévu par
la convention.
M. LESAGE: Oui, mais qui serait spécial pour ces 85
personnes...
M. MASSE: Exactement.
M. LESAGE: ... à cause de la difficulté de
l'interprétation, de l'imbroglio.
M. MASSE: L'imbroglio.
M. LESAGE: Et une interprétation difficile.
M. MASSE: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Bien, écoutez, c'est très bien si vous
pouvez vous entendre avec le syndicat pour régler les cas...
M. MASSE: C'est toujours en suspens!
M. CHOQUETTE: ... sur cette base-là. Sûrement que nous
encourageons le gouvernement à le faire, nous déplorons cependant
le retard qui a été apporté à juger ces
cas-là.
M. JOHNSON: Nous prenons note de l'état de «
déploration » dans lequel se trouve le député
d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Nous déplorons souvent, n'est-ce pas?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions sur les postes
budgétaires 4 et 5?
M. LEVESQUE (Laurier): Tout à l'heure, je ne voulais pas
interrompre, je m'excuse j'étais absent.
Le premier ministre a référé à un cas, je
crois qu'on...
M. JOHNSON: Je suis content que l'on ait averti le député
de Laurier...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, on me l'a dit en entrant.
M. JOHNSON: ... comme il était sorti. Nous étions un peu
sortis du champ couvert par la commission ou par la destitution de hauts
fonctionnaires, les régisseurs, et j'ai référé
à un cas en particulier. Le chef de l'Opposition m'a dit qu'il
s'agissait de démission. J'ai dit qu'il y a démission et
démission, cela dépend des circonstances, et j'ai le cas d'un
commissaire de 1'Hydro qui était malade chez lui et qui a reçu un
coup de téléphone qui aurait reçu un coup de
téléphone du ministre du temps, responsable de
l'Hydro-Québec,...
M. LEVESQUE (Laurier): II s'agit de M. O'Sullivan.
M. JOHNSON: ... il s'agit de M. O'Sullivan, alors, je l'ai cité
en passant et je regrette de l'avoir fait en votre absence, et je n'ai pas
déclaré que je l'aurais fait même en présence
du...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, non. M. JOHNSON: ... député de
Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Juste en passant, on a tout su. Je pense que cela
arrive au premier ministre aussi, à certains moments, ces choses
plutôt désagréables à faire, qui sont de dire
à des gens qui doivent partir pour des raisons valables. Dans le cas de
M. O'Sullivan, si j'ai bonne mémoire je peux vérifier,
parce que je voudrais pas être injuste mais sa maladie se
prolongeait dangereusement.
Alors, il restait le choix d'aller le rejoindre d'une façon ou de
l'autre. Il restait le choix de lui écrire ou de lui
téléphoner personnellement, le ménager parce qu'il
était malade, une maladie très prolongée, mais qui ne
semblait pas mettre sa vie en danger. Cela mettait sa présence en danger
pendant très longtemps, par exemple. Alors, à choisir entre
écrire et téléphoner, c'est un fait, si j'ai bonne
mémoire, que je l'ai appelé pour le préparer.
Après une longue absence...
M. JOHNSON: Le ministre qui était bien occupé avait le
verbe très sec et tranchant. Il n'avait pas le temps de prendre les
pas...
M. LEVESQUE (Laurier): La, cela me fait entrer dans les raisons qui
motivaient le départ de M. O'Sullivan, j'aime autant laisser faire.
M. JOHNSON: Et cela peut nous faire entrer dans d'autres
considérations qui seraient hors d'ordre, M. le Président, et
dont je m'abstiens.
M. LE PRESIDENT: Je me préparais à...
M. JOHNSON: Merci, M. le Président, j'avais oublié.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait d'autres questions?
M. CHOQUETTE: Une dernière question à soulever
auprès du premier ministre et du ministre d'Etat, c'est la question de
la grève de la Régie des alcools, qui a été
déclenchée hier matin, je crois.
M. JOHNSON: Nous pourrions faire une déclaration en Chambre
demain, si l'on veut.
M. CHOQUETTE: Vous allez faire une déclaration en Chambre,
demain?
M. JOHNSON: Si le ministre d'Etat..
M. MASSE: M. le Président, j'ai été nettement
surpris que, depuis deux jours, on n'ait pas daigné, à
l'Opposition, poser une question dans ce domaine-là?
M. CHOQUETTE: Nous attendions les crédits.
M. LESAGE: Nous attendions une déclaration.
M. MASSE: Alors, disons une déclaration préliminaire, si
vous voulez.
M. JOHNSON: Une autre manoeuvre de M. Lafrance.
M. MASSE: Efectivement, je crois qu'à la suite du
déclenchement de la grève des employés de la Régie
des alcools, il est bon de préciser aux députés comme au
public, les offres faites aux employés par le négociateur. Ainsi,
au chapitre des salaires, la Régie des alcools offre des augmentations
de 7 1/2% pour les 18 premiers mois et de 71/2% pour les 18 derniers mois de la
convention. De plus, pour le personnel ouvrier de la régie, celle-ci
offre, au début de la seconde période de la convention, une
nouvelle échelle de salaires s'échelonnant, pour le personnel
masculin, de $2.45 l'heure à $3.35, et pour le personnel féminin
de $1.92 à $2.30. Elle offre également un montant forfaitaire
tenant lieu de rétroactivité. Cette offre représente une
augmentation...
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse, vous allez trop vite. La convention,
c'est 7 1/2% et 7 1/2% pour les 36 mois.
M. MASSE: On va le voir plus loin.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais enfin ce qu'on a vu jusqu'ici, c'est 7
1/2%, 18 mois, 7 1/2% 18 mois...
M. MASSE: Cela peut être interprété pour 35 mois, 44
mois. On va voir la différence, comment le tableau s'ajuste.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais $2.45 et $3.35, ça se situe
où? Je m'excuse, ça allait trop vite.
M. LESAGE: M. le Président, je ferais remarquer qu'il est onze
heures et je pense qu'il y aurait avantage à ce que le ministre fasse sa
déclaration en Chambre demain à l'appel des ordres du jour, afin
qu'elle soit consignée au journal des Débats.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il serait possible, M. le
Président, si le chef de l'Opposition est d'accord...
M. LESAGE: Il est onze heures.
M. LEVESQUE (Laurier): ... je pense bien qu'il n'y a pas de raison qu'on
ne le soit pas, si ça pouvait être un texte, si nous devons
descendre étudier la question...
M. LESAGE: Demain, non.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah, bon!
M. LESAGE: Je suis informé par le ministre des Finances que
demain...
M. LEVESQUE (Laurier): Nous aurons le temps de la lire alors.
M. LESAGE: ... nous étudierons la législation.
M. JOHNSON: Vous aurez le temps de la lire.
M. LE PRESIDENT: Avant l'ajournement, dois-je comprendre que les postes
4 et 5 sont adoptés?
UNE VOIX: Nous avons encore des questions.
M. CHOQUETTE: Pour les postes 4 et 5, je voudrais m'entretenir avec le
ministre d'Etat sur sa déclaration.
M. JOHNSON: Est-ce que nous pouvons adopter le poste 14?
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Disons le Conseil d'orientation économique.
M. LESAGE: Non, non.
M. JOHNSON: La Commission d'aménagement du Québec?
M. LESAGE: Non, non.
UNE VOIX: Nous avons des questions.
M. MASSE: La Loi électorale.
M. JOHNSON: La Loi électorale, on sait bien que nous ne sommes
pas obligés de répondre sur les articles statutaires mais c'est
la coutume et nous n'avons pas l'intention d'y dé- roger. Est-ce qu'on
serait prêt à adopter la loi électorale ou si on a des
questions à poser?
M. LESAGE: Moi, je n'en n'ai pas. Je ne sais pas s'il y a de mes
collègues qui en ont.
M. JOHNSON: Loi de l'exécutif.
M. LESAGE: La Loi électorale, est-ce que ce n'est pas
statutaire?
M. JOHNSON: Statutaire. Alors, est-ce qu'on aurait des questions? C'est
pour libérer ces gens-là.
M. LESAGE: Qu'est-ce que c'est S-2?
M. JOHNSON: Loi de l'exécutif, ce sont les salaires des
ministres. Pas de questions?
M. LESAGE: J'en aurai sur un article statutaire.
M. JOHNSON: Radio-Québec? M. LESAGE: Oui, celui-là.
M. JOHNSON: Office de la radio de Québec, non.
M. LESAGE: Oui, celui-là.
M. LEFEBVRE: Le premier ministre m'a promis de répondre.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on pourrait terminer ce soir pour libérer
ces messieurs?
M. LESAGE: Il n'y a aucune possibilité.
M. JOHNSON: Très bien. Le comité est ajourné, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, le comité ajourne ses travaux.
M. LESAGE: Comme la Chambre est probablement ajournée, est-ce que
nous nous entendrons demain pour prendre la législation dans l'ordre que
M. Dozois avait donné?
UNE VOIX: Il n'y a pas de comité demain. M. LESAGE: Non, ce sont
les bills de taxes. (23 h 3)
Séance du 2 juillet 1968
(Quinze heures quarante-trois minutes)
M. PLAMONDON (président): Or, je souhaite que les
délibérations de ce comité de crédits se continuent
dans la même atmosphère, le même calme.
M. MASSE: C'est plus calme et plus long.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous sommes patients.
M. JOHNSON: La Commission de la fonction publique, M. le
Président et la Direction générale des relations de
travail.
M. CHOQUETTE: M. le Président, à l'ajournement de nos
délibérations, l'autre soir, j'avais mentionné que je
voulais discuter avec le ministre d'Etat et le premier ministre, puisqu'il est
ici si le premier ministre daigne s'intéresser au sujet de
la question de la grève de la Régie des alcools. Et le ministre,
je pense, avait promis de faire une déclaration ministérielle sur
cette grève-là qui implique, je crois, environ 2,900
employés de la Régie des alcools.
M. JOHNSON: Je dois dire tout de suite qu'en principe, comme l'a souvent
dit le député de Montcalm, nous ne croyons pas qu'il soit
d'intérêt public de tenir la Chambre au courant, jeu par jeu, des
négociations, dans quelque domaine que ce soit. Cependant, je pense que
l'occasion est bonne de faire le point quant à la Régie des
alcools, puisque nous l'avons promis et il y a une tradition dans le parti,
c'est que nous tenons nos promesses. Alors je cède la parole au ministre
délégué.
M. MASSE : M. Johnson, disons qu'à la suite du
déclenchement de la grève des employés de la Régie,
cette dernière a cru bon de préciser les offres qui ont
été faites à ses employés. Ainsi, au chapitre des
salaires, la régie offre des augmentations de 7 1/2% pour les 18
premiers mois et de 7 1/2% de plus pour les 18 derniers mois de la convention.
De plus, pour le personnel ouvrier de la régie, on offre au début
de la seconde période de la convention une nouvelle échelle de
salaires s'échelonnant pour le personnel masculin, de $2.45 l'heure
à $3.35; pour le personnel féminin, de $1.92 l'heure à
$2.30.
Egalement, la régie offre, en date du 20 juin, un montant
forfaitaire tenant lieu de rétroactivité. Cette offre
représente une augmentation de plus de $2 millions sur la masse
salariale payée aux quelque 2,884 employés de la
régie.
Ces nouvelles offres représentent pour les ouvriers une
augmentation moyenne de $17.09 par semaine pour la durée du contrat. Le
salaire moyen, qui s'élève actuellement à $81.63, passera
à $87.75 à la signature du contrat et à $98.72
après les premiers 18 mois.
Dans le cas des employés de bureau et des magasins,
l'augmentation est de l'ordre de $12.79 par semaine. Le salaire moyen qui
s'élève actuellement à $82.33 passera donc à
$88.49, à la signature de la convention, et à $95.12 après
les 18 premiers mois. Ce salaire moyen sera également haussé par
l'augmentation annuelle dont jouissent les fonctionnaires.
Sur le plan des conditions de travail, l'on sait que les employés
de la régie bénéficient de conditions qui se comparent
à celles des autres fonctionnaires du gouvernement. Ainsi, les ouvriers,
les employés des magasins de la régie, ont une semaine de 37 1/2
heures et les employés de bureau ont une semaine de 32 1/2 heures. Il
faut noter que l'ensemble des employés bénéficient
également d'une pause-café qui représente 2 heures et 30
minutes par semaine, en plus de 16 jours chômés et de trois
semaines de vacances après la première année.
M. JOHNSON: Seize jours?
M. MASSE: Oui. Maintenant, depuis le déclenchement de la
grève, des séances de conciliation ont été tenues
jeudi et vendredi dans l'après-midi, les 27 et 28 juin 1968, et le
rapport du conciliateur, M. Gilles Laporte, je crois, note des progrès
sur les clauses normatives, en particulier sur la clarification du statut des
employés temporaires.
Un employé temporaire est celui qui remplit une fonction
occasionnelle et sans limite précise de temps, alors que
l'employé à l'essai serait celui qui remplit une fonction
permanente et qui est en stage de probation pour une période de six
mois.
Egalement, la clause de sécurité d'emploi fait de
l'opinion du conciliateur, un problème majeur. Mais il faut noter qu'une
annonce de solution semble se dessiner dans le transfert possible des ouvriers
susceptibles d'être mis à pied par manque de travail. Ces ouvriers
pourraient être transférés chez le groupe fonctionnaire de
la régie, à condition qu'ils soient en mesure de remplir les
exigences normales de la tâche.
La régie a également pris, vendredi matin, une injonction
qui a été accordée afin de permettre au personnel non
syndicable de pénétrer
dans les immeubles et de permettre à certains membres du
personnel syndicable qui s'occupent de réfrigération et de
chauffage d'accomplir leur tâche.
Une réponse interlocutoire a été accordée
jusqu'au 11 juillet, à 4 heures de l'après-midi. Le syndicat
tenait ce matin des assises pour aviser les membres de cette décision.
Dès que cette assemblée sera terminée, il y a tout lieu
d'espérer qu'un certain nombre de personnes bénéficiant de
cette injonction pourront accomplir leur travail. La conciliation se continue
demain, en particulier, et il y a tout lieu de croire que les deux parties
arriveront rapidement à une entente.
M. CHOQUETTE: Au sujet de la sécurité d'emploi dont vous
avez parlé dans votre déclaration, il est question à
l'occasion du jeu de cette sécurité d'emploi, si je comprends
bien, de réduire le personnel de la Régie des alcools dans
certains domaines, n'est-ce pas?
M. MASSE: Je pense que la question de sécurité d'emploi
revient dans toutes les négociations. Elle revient à la
Régie des alcools également.
M. CHOQUETTE: Mais, est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi elle
revient spécifiquement à la Régie des alcools?
Est-ce qu'on pratique l'automatisation, maintenant, à la
Régie des alcools? Est-ce qu'il y a eu des contrats à forfait
d'accordés?
M. MASSE: Premièrement, je pense qu'elle revient, dans toutes les
négociations. Deuxièmement, pour ce qui est de la régie,
le député sait fort bien que, la Régie des alcools
étant une industrie qui se modernise de plus en plus, il y a tout lieu
de croire que les autorités administratives de la Régie des
alcools ont des projets de modernisation de leur équipement, en
particulier de l'équipement qui emploie un certain nombre de personnes
faisant du travail quotidien, si je peux dire, ce qu'on appelle
communément des journaliers, comme, par exemple, au lavage des
bouteilles ou à l'étiquetage des bouteilles; et la Régie
des alcools peut espérer pouvoir se moderniser dans ce secteur, ce qui
amène nécessairement pour les gens qui occupent ces fonctions une
préoccupation au sujet de leur sécurité d'emploi.
M. CHOQUETTE: D'accord, mais est-ce que le ministre est au courant qu'au
cours de l'année dernière, la régie a engagé plus
de deux cents, sinon près de trois cent employés?
M. MASSE: La régie engage toujours beaucoup d'occasionnels, en
particulier aux périodes de pointe, et elle engage du personnel dont
elle peut avoir besoin au moment où elle l'engage, tout en
espérant pouvoir, avec de l'immobilisation, s'équiper d'une
façon plus moderne.
M. CHOQUETTE: Je ne parle pas d'employés occasionnels, je parle
d'employés permanents.
M. MASSE: Ah, bien! il doit certainement y avoir, à la
Régie des alcools comme dans n'importe quelle industrie, un certain
nombre de personnes qui, annuellement quittent l'endroit, quittent la place
soit par suite de promotion, de décès ou de démission ou
pour toute autre raison ou par suite de mise à la retraite, et qu'il y a
lieu de les remplacer.
M. CHOQUETTE: Mais, est-ce que le ministre est au courant du nombre de
personnes additionnelles engagées l'année dernière pour la
Régie des alcools?
M. JOHNSON: Ce n'est pas de ce domaine-là du tout!
M. MASSE: Je pense, M. le Président, que ce domaine-là
relève de l'administration de la Régie des alcools. Ces gens
peuvent se faire entendre au budget du ministère des Finances, de qui
relève l'administration de la Régie des alcools, ou bien par le
comité qui s'occupe des régies.
M. CHOQUETTE: Non, mais cela a une incidence sur la clause de la
sécurité d'emploi. Enfin, je vais laisser ce sujet. Mais, en plus
de cela, est-ce qu'il n'y a pas une question de contrats à forfait
à la Régie des alcools?
M. MASSE: La Régie des alcools, comme l'ensemble des entreprises,
peut engager à forfait un certain nombre de catégories de
personnes allant des avocats, comme le député le sait fort bien,
à des manutentionnaires pour le transport de la boisson ou des choses
semblables.
M. CHOQUETTE: Justement. Est-ce que le ministre est au courant de la
politique de la Régie des alcools au sujet des contrats à
forfait? Et quelle est l'incidence de cette politique sur l'emploi?
M. MASSE: Je ne suis pas au courant des
détails. Si c'est sur le plan technique, cela ne relève
pas de la Fonction publique.
M. CHOQUETTE: Je ne parle pas...
M. JOHNSON: Si le ministre me permet, nous avons beaucoup de pressions,
de représentations, pour être plus exact, à l'effet que la
régie devrait épousseter ses méthodes de vente. Vous
savez, la méthode traditionnelle du guichet, unique ou multiple, ce
comptoir fermé, on a l'air d'entrer dans un endroit...
M. CHOQUETTE: Pour faire une mauvaise action.
M. JOHNSON: ... on a l'air de faire une mauvaise action. On a un petit
air coupable, quand on attend en ligne. Il m'est arrivé, sur la rue
Peel, de m'aligner pendant les Fêtes, et on avait l'air des coupables qui
s'en vont a la confesse ou sont sur le point de commettre un acte
répréhensible.
Il y a eu une expérience intéressante, c'est celle de la
Place Ville-Marie, où on se sert, selon le « self-service
».
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire qu'on va à un comptoir, on y
demande ce qu'on veut et on passe ï une caisse qui... On transporte ses
propres...
M. JOHNSON: Victuailles. Son esprit en bouteille. Mais nous avons
beaucoup de représentations, et nous avons demandé à la
nouvelle administration d'étudier ce problème. Nous avons aussi,
tout le monde s'en rend compte, sauf pour les périodes de pointe,
plusieurs petits magasins de province, deux ou trois employés qui sont
assis à ne rien faire. Ils jouent aux cartes et ça les
dérange donc, quand arrive un client en dehors de l'heure habituelle et
qu'on est à mêler les cartes, de servir ce client. On a aussi
beaucoup de pressions pour tenter de remettre la vente des boissons à
l'entreprise privée.
Dans certains Etats américains, l'expérience a
été bonne, dans d'autres, on dit qu'elle a été
moins bonne, mais la régie étudie ce système. Vous savez,
autrefois, la régie était le dépotoir, en quelque sorte,
le mot est un peu fort, je m'en excuse, était le refuge, plutôt de
gens qui avaient besoin d'être aidés mais ne pouvaient
bénéficier d'assistance publique, car les lois étaient
soit inexistantes, soit inopérantes pour ces cas-là. Et il est
arrivé i tous les députés, dans le passé, de placer
des gens à la Régie des alcools. On appelait ça placer des
gens. Par- ce que c'étaient des gens qui ne pouvaient travailler fort,
qui ne pouvaient pas rendre de grands services, mais la notion est
changée. Les négociateurs sont imbibés de cet esprit et il
faut aujourd'hui concevoir le rôle des employés de la régie
non pas comme un rôle de handicapés ou de semi-handicapés,
mais d'hommes valables, qui contribuent à rendre un service à la
population selon les méthodes les plus modernes possible ou qui doivent
se moderniser, et nous n'avons pas l'intention de traiter les gens de la
régie comme s'ils étaient des assistés sociaux.
C'est à l'administration et à la régie de faire
leur devoir, de prendre leurs responsabilités, d'organiser leur service
de façon que les employés puissent rendre le maximum de services
qu'on peut attendre d'un homme en bonne santé et les payer aussi d'une
façon convenable. Ce n'est pas la faute de ces trois employés,
d'un petit magasin inactif à 80% du temps, s'il n'y a pas d'ouvrage. Ce
n'est pas eux que je blâme, c'est l'administration de la régie et,
encore là, le blâme est mitigé, car c'est une vieille
tradition. Mais nous espérons que la régie examinera cet aspect
du problème et qu'on pourra payer un salaire convenable. Il semble que
les offres faites constituent une augmentation intéressante, quand on se
reporte à quelques années seulement en arrière. Les
salaires de ce calibre étaient impensables. On dit qu'il y a encore des
gens à $45 ou $50 par semaine à la régie, mais je ne le
crois pas. Je pense qu'on exagère, dans le public, quand on publie une
pareille chose. IL n'y a pas d'employés à $40, $50 par
semaine.
M. CHOQUETTE: Probablement que non. Le premier ministre soulève
un vaste problème d'administration de la part de la Régie des
alcools, à savoir si les magasins de détail de la régie
devraient être entièrement gouvernementaux ou devraient être
cédés à l'entreprise privée. Cela est
évidemment un domaine dans lequel je ne veux pas entrer. D'ailleurs, la
régie n'a pas, je pense, adopté de mesures concrètes
à cet effet. Mais je voudrais toucher à la question de la
sécurité d'emploi en autant qu'elle est affectée par les
contrats à forfait.
M. JOHNSON: Je vais dire tout de suite au député qu'il
n'en est pas question en vue de cette négociation et de cette
convention.
M. CHOQUETTE: Non, c'est un problème ou plutôt un projet
à long terme que vous avez mentionné. Mais moi, je voudrais
être un peu plus spécifique, si vous le permettez, et parler
des contrats à forfait qui peuvent être accordés par
la Régie des alcools dans certains domaines et, par conséquent,
qui peuvent affecter la sécurité d'emploi et plus
particulièrement dans le domaine de la sécurité des
magasins. Je ne sais pas si le ministre est au courant que la régie a
adopté comme politique, à l'heure actuelle, de confier la
surveillance de ses magasins à une compagnie qui s'appelle Alliance
Sécurité, dans laquelle l'Union Nationale a des amis, par
exemple...
M. JOHNSON: On me dit que c'est l'agence de M. Amyot.
M. CHOQUETTE: Bien, c'est l'agence de M. André Lagarde, de M.
Gaston Archambault et de M. Maurice Babeux ainsi que de M. Guy Legros et on me
dit que cette agence de sécurité...
M. JOHNSON: Je pense qu'on fait erreur.
M. CHOQUETTE: ... est évidemment une agence privée.
M. JOHNSON; C'est l'agence de M. Lévesqui qui faisait cet
ouvrage-là autrefois, l'agence du frère du député
de Laurier, mais que la régie ait changé son agence, c'est bien
son affaire.
M. CHOQUETTE: Bien, écoutez. Ce que l'on m'a dit, c'est que
Alliance Sécurité a le contrat pour la sécurité des
magasins et des entrepôts de la régie et que M. Lagarde est le
principal intéressé dans cette affaire-là, avec les
personnes que j'ai mentionnées tout à l'heure.
M. JOHNSON: Peut-être M. Archambault, ancien officier de la
police.
M. CHOQUETTE: Oui, M. Gaston Archambault serait président de
cette compagnie.
M. JOHNSON: C'est possible.
M. CHOQUETTE: Et M. Maurice Babeux est secrétaire ou
trésorier de la compagnie.
M. MASSE: Qu'est-ce que cela a à voir à la convention
collective?
M. CHOQUETTE: Si la Régie des alcools accorde des contrats,
disons de sécurité à des amis politiques du parti au
pouvoir, et que ceci affecte l'emploi de personnes qui travaillent pour la
Régie des alcools, je soumets, qu'à ce moment-là, c'est
une politique...
M. MASSE: Non, non, non.
M. CHOQUETTE: ... ni plus ni moins, c'est du patronage qui affecte
directement les conditions d'emploi des divers employés de la
régie. C'est très mal, c'est répréhensible, et je
ne vois pas comment on peut soutenir cette politique-là.
M. JOHNSON: A la grève de 1965, qui faisait le service de
sécurité? Que la régie ait changé d'agence...
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il n'y avait pas de police des liqueurs
autrefois, justement, pour s'occuper de la sécurité? Est-ce que,
justement, on n'assiste pas à la liquidation progressive de tout le
personnel de la régie qui s'occupait autrefois de la
sécurité des magasins et des entrepôts?
M. JOHNSON: Il y avait autrefois, avant la réorganisation de la
Police provinciale, la grande réorganisation de M. Lapalme, la nouvelle
réorganisation de M. Wagner, il y avait, à la Police provinciale,
un secteur, un deuxième groupe qui s'occupait de la Régie des
alcools, de l'application de la Loi des alcools et le troisième qui
était affecté... Dans la réorganisation de la police, on a
joint les trois sections, on en a fait un seul corps. Je ne discute pas le
bien-fondé de la décision, mais la police des liqueurs n'a jamais
eu comme rôle de surveiller les magasins, de surveiller la
propriété à certains moments, ni de maintenir l'ordre aux
heures et aux saisons de pointe. Le service de sécurité a
déjà été engagé à l'occasion de la
grève de 1965, pour garder les magasins et en dehors, après la
grève, la Régie des alcools, si mes informations sont exactes, a
continué d'engager les membres d'une agence privée dont certaines
personnes bien connues étaient les dirigeants ou les
propriétaires ou les principaux intéressés, ce qui n'a
jamais provoqué des cris au scandale ni au patronage. La Régie
des alcools est bien libre d'engager qui elle voudra. Mais depuis quelque
temps, on emploie les services d'une agence dans laquelle deux anciens
officiers de police sont intéressés, comme on dit, en soi,
même on s'affaire...
M. CHOQUETTE: On me dit que ce sont des « fronts » pour M.
Lagarde.
M. JOHNSON: Mais cela, c'est facile, monsieur, de dire que tout le monde
était des « fronts » pour Roger Létourneau, avocat,
que tout le monde était des « fronts » pour les ministres
libéraux quand ils étaient en place, que
tout le monde était des « fronts », que tous les
professionnels engagés étaient des « fronts » pour
les trésoriers du parti...
M. CHOQUETTE: Non, non, vous dépassez un peu... Quand vous parlez
des professionnels, franchement, votre exemple est mal choisi, parce que je ne
connais pas de professionnels, et puis le premier ministre n'en connaît
pas non plus, qui agissent comme « fronts » pour d'autres. Alors
l'exemple ne peut pas valoir, à tel point qu'on me dit...
M. JOHNSON: II y a tellement de patronage à la Régie des
alcools que l'avocat en charge des négociations est le même que du
temps des libéraux, P.-F. Renaud, fils de l'ancien ministre
libéral, libéral notoire, mais bon avocat dans les relations
patronales-ouvrières. Et nous avons maintenu son mandat. Alors, c'est
cela, du patronage?
M. MASSE: Meirbre du parti libéral, libéral reconnu.
M. CHOQUETTE: Vous avez conservé un bon avocat. Je le connais et
je connais très bien M. Renaud. J'étais autrefois avocat du
syndicat des employés de la Régie des alcools avant d'être
élu. J'ai négocié, ou du moins j'ai eu des arbitrages avec
M. Renaud. Je sais que c'est un avocat très compétent. Ce n'est
pas ce que je reproche au gouvernement...
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez, je pense que nous devrions revenir
à la Commission de la fonction publique et non pas faire le
procès des agences de protection privée.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je ne fais pas le procès
des agences de protection privée, je ne veux pas m'éloigner du
sujet du débat. Mais, je veux dire qu'il est dangereux pour un
gouvernement de pratiquer la politique du contrat à forfait, parce que
c'est une manière de faire du patronage, c'est une manière,
aussi, à part cela, d'exiger, de diminuer la sécurité
d'emploi des employés du gouvernement ou des fonctionnaires du
gouvernement.
M. MASSE: M. le Président, en quoi est-ce que les gens qui sont
en place présentement, sentent leur sécurité d'emploi
diminuer, parce que la régie retient à forfait des agents de
sécurité?
M. CHOQUETTE: Bien oui, mais plus vous donnez de contrats à
forfait...
M. MASSE: Oui, mais les gens pour lesquels...
M. CHOQUETTE: ... plus vous diminuez le nombre d'emplois
gouvernementaux. Par conséquent, s'il y a une baisse...
M. MASSE: Si l'on parle de la sécurité d'emploi des gens
en place, en quoi la régie retient-elle les services à forfait
d'agents de sécurité? En quoi cela met-il en jeu la
sécurité d'emploi de la personne qui est responsable de
l'étiquetage des bouteilles, lequel emploi est beaucoup plus en jeu par
l'arrivée des nouvelles machines qui règlent le problème
des étiqueteurs, mais pas par l'arrivée d'un agent de
sécurité qui garde la porte?
M. CHOQUETTE: Premièrement, ce n'est pas compartimenté
à ce point.
M. MASSE: Ce n'est pas un principe de vase communicant, on ne peut pas
faire de quelqu'un qui était responsable de l'étiquetage un agent
de sécurité, surtout si la première est une femme et le
deuxième est un homme.
M. CHOQUETTE: Bien oui, bien oui, pourquoi se choquer...
M. MASSE: On peut en faire beaucoup, mais pas jusque là.
M. CHOQUETTE: Vous choisissez des exemples extrêmes. Je ne vous
demande pas de faire des gardes avec des femmes, ce n'est pas cela que j'ai
dit, mais vous n'avez pas seulement des femmes et même la majorité
du personnel à la régie des alcools est masculin.
M. MASSE: Oui, mais le personnel dont il est question dans ce que vous
prétendez être votre dossier de sécurité d'emploi,
est un personnel qui se retrouve principalement au niveau de certaines
opérations qui pourraient être changées par
l'arrivée d'appareils plus modernes, dans le domaine de
l'étiquetage des bouteilles, dans le domaine du lavage des bouteilles et
autres services connexes.
M. CHOQUETTE: Laissez faire les bouteilles, on en a entendu parler
à la Saint-Jean-Baptiste.
M. MASSE: Bien oui, mais c'est de ça qu'il est question dans le
dossier que vous défendez.
M. CHOQUETTE: Mais non, mais non, ce n'est pas cela! J'ai dit que...
M. JOHNSON: Je pense qu'on se trompe de table, M. le Président.
On devrait être à la table des négociations pour parler de
sécurité d'emploi.
M. CHOQUETTE: Non, mais je dis simplement que, en pratiquant cette
politique de contrats à forfait, le gouvernement réduit la
sécurité d'emploi. Il est obligé, arrivé à
la table des négociations, d'exiger des clauses de contrats à
forfait.
M. JOHNSON: Le ministre n'a pas de juridiction là-dessus et
moi-même je n'ai aucune juridiction dans ce domaine et aucun de nous,
ici, ne peut répondre pour la régie.
M. CHOQUETTE: Bien je ne pense pas que l'engagement d'Alliance
Sécurité se soit fait par hasard.
M. MASSE: Par quel article du comité exécutif...
M. CHOQUETTE: S'il y avait des bons contacts avec le premier
ministre...
M. MASSE: Quel est l'article du Conseil exécutif...
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais bien que le
député d'Outremont apprenne... Evidemment ce sont ses
premières armes en politique, le frère de René Levesque
avait des bons contacts avec son frère et c'est lui qui avait tous les
contrats de sécurité et jamais je n'ai fait un reproche à
René Levesque, parce que son frère s'occupait d'une agence de
sécurité et avait des contrats. Alors c'est la même chose
dans ce domaine là, parce que des hommes m'ont connu, parce que l'un
d'eux était un confrère au collège, parce que l'un d'eux
est un ancien policier du temps où les meurtres étaient
résolus en tout cas, il n'y en avait pas autant qui traînent
aujourd'hui depuis la fameuse réorganisation avec tous les chapeaux que
l'on a importés, et ce n'est pas parce que c'est à cause de ces
relations-là qu'on peut m'imputer évidemment de m'être
occupé de faire engager des gens à la sécurité.
M. CHOQUETTE: Le premier ministre n'a pas dû nuire lui aussi, pour
employer un euphémisme...
M. JOHNSON: Je n'ai pas défendu à M. Lor-ne Power,
organisateur libéral et administrateur de la régie, que nous
avons maintenu en fonction du mois de juin 1966 jusqu'au mois de novembre, je
crois, 1967, et que nous avons mis de côté tout simplement
à la suite d'une enquête dans laquelle il était
blâmé par un juge qui a été nommé par les
libéraux, qui était un libéral notoire, enquête dans
laquelle nous n'avons eu rien à faire... Nous n'avons que fait notre
devoir en remplaçant M. Power par un directeur et un directeur adjoint,
tout ça par législation, par loi, qui a été
votée en Chambre unanimement. Or ces engagements ont été
faits du temps de M. Power et si l'on veut faire de la politique, imputer des
motifs et rentrer dans des personnalités, eh bien, on va en avoir.
M. CHOQUETTE: Je n'impute pas de motif, mais vous dites que Alliance
Sécurité a été engagée par M. Lorne Power.
Moi, je dirais que l'on a suggéré à M. Lorne Power que ce
serait bien vu qu'il engage Alliance Sécurité,,
M. JOHNSON: Que le député demande une réunion du
comité des Régies gouvernementales. On fera venir M. Power et on
lui posera toutes les questions voulues et on lui demandera comment
c'était engagé autrefois, on lui demandera quelle sorte de
lettres il a reçues des députés libéraux, on lui
demandera quelle sorte de lettres il a reçues des ministres et on verra
toutes ces choses-là, comme elles sont raisonnables pour les gens de
l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, l'administration de la Régie des
alcools, ne relevant pas des crédits du présent comité, je
pense que nous devrions revenir le plus tôt possible à la
Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Maintenant, M. le Président, sur la question de la
déclaration du ministre sur le sujet de la grève à la
Régie des alcools, je voudrais lui demander s'il est vrai que l'offre
actuelle de la Régie des alcools, c'est un contrat de trois ans, mais
à compter de la date de la signature du contrat. C'est-à-dire que
ce ne serait pas rétroactif à la date de l'expiration de la
première convention collective.
M. MASSE: Le contrat à négocier entre la régie
présentement est un contrat de trois ans, à compter de la date de
la signature, mais la partie de la rétroactivité est couverte par
certains montants forfaitaires et autres clauses, de la date de la fin de
l'ancienne convention collective, fin d'octobre, jusqu'à la date de la
signature. Alors, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas
rétroactivité. Oui, il y a rétroactivité.
M. CHOQUETTE: Justement, pour l'offre pour la période
écoulée...
M. JOHNSON: Un contrat de trois ans plus les mois écoulés
entre la date de l'expiration de la convention précédente et la
date de signature du renouvellement.
M. CHOQUETTE: Justement. Mais quelle est l'offre pour les mois
écoulés?
M. MASSE: Présentement, elles sont en conciliation et je pense
que la meilleure façon d'aider au règlement du conflit, c'est de
laisser le conciliateur faire son travail.
M. CHOQUETTE: J'ai dit: Quelle est l'offre gouvernementale pour la
période rétroactive? Je veux dire s'il y en a une offre de faite.
S'il n'y en a pas, dites-moi: II n'y en a pas eu de faite.
M. MASSE: Il y a eu certaines offres...
M. CHOQUETTE: Je ne vous demande pas de dévoiler votre...
M. MASSE: Il y a eu certaines offres énoncées. Je pense
que, présentement, elles sont en conciliation.
M. CHOQUETTE: Bien, ce n'est pas secret...
M. MASSE: Et il faut laisser le conciliateur faire son travail.
M. CHOQUETTE: Mais ce n'est pas secret!
M. MASSE: Je pense que cela n'avancerait en rien la solution du
problème que de répondre 3 cette question.
M.JOHNSON: Adopté?
M. CHOQUETTE: Un instant.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Est-ce que nous
pouvons conclure que la discussion générale est terminée
et que nous passons article par article?
M. CHOQUETTE: Juste une dernière question sur la Régie des
alcools, M. le Président. J'ai compris, d'après la
déclaration du ministre, que l'offre du gouvernement est de 7 1/2% par
période de 18 mois d'une convention collective projetée de trois
années, n'est-ce pas?
M. MASSE: Oui.
M. CHOQUETTE: Est-ce que cette offre est identique à celle qui a
été faite aux fonctionnaires provinciaux?
M. MASSE: Globalement, oui.
M. CHOQUETTE: Elle est identique. Est-ce que c'est le seul
critère sur lequel le gouvernement se base en faisant cette offre de 7
l/2%?
M. MASSE: Le gouvernement se base sur un ensemble de
critères.
M. CHOQUETTE: Bon, quel est cet ensemble de critères?
M. MASSE: De toute sorte.
M. CHOQUETTE: Toute sorte. Quels sont les principaux
critères?
M. MASSE: Au sujet de l'établissement de l'échelle des
traitements?
M. CHOQUETTE: Oui, de l'offre faite aux employés.
M. MASSE: Je pense que le gouvernement tient compte...
M. JOHNSON: M. le Président, Je soumets que nous entrons dans une
foule de détails qui ne relèvent pas du tout de l'étude
des crédits.
M. CHOQUETTE: M. le premier ministre, je tiens à vous dire que je
ne serai pas long et que, d'ici deux ou trois minutes, J'aurai terminé
et que mon but n'est certainement pas de préjudicier la position du
gouvernement à la table des négociations.
M. MASSE: Dans l'établissement de la grille des traitements, on
tient compte de rattrapage lorsqu'il y a lieu. On tient compte du montant
offert dans les différents gouvernements ou dans l'entreprise
privée pour des postes qui peuvent être Jugés identiques ou
assimilables et d'autres facteurs, je l'ignore. Je pense que le
député peut facilement les deviner, enfin les percevoir, les
critères dont une entreprise se sert dans l'établissement de
l'échelle des traitements.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai seulement deux questions
à poser. Est-ce que le
gouvernement a tenu compte, par exemple, d'autres régies
gouvernementales comme l'Hydro-Québec?
M. MASSE; C'est ce que Je viens de dire. D'emplois assimilables ou de
même caractère dans les organismes publics, parapublics et
privés.
M. CHOQUETTE: Et dans le domaine des brasseries et de la fabrication des
breuvages alcooliques?
M. MASSE; C'est un calcul qui est basé sur un ensemble de
facteurs semblables, pour nous permettre de déterminer la grille des
traitements.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions? M. CHOQUETTE: C'est tout.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous passons article par article? Poste
budgétaire 4: Commission de la fonction publique du Québec.
Article 1: Traitements et indemnités, adopté.
M. CHOQUETTE: Adopté.
M. JOHNSON: Frais de voyage...
M. LE PRESIDENT: Article 2, frais de voyage?
M. CHOQUETTE: C'est diminué, il ne doit pas avoir tellement de...
Je ne m'objecterai pas.
M. LE PRESIDENT: Article 3: Honoraires. Adopté. Article 4; Frais
de bureau. Article 5: Equipement, matériel, articles de bureau,
impressions et abonnements. Adopté. Article 6: Traitement
électronique des données. Adopté. Article 7:
Véhicules automobiles, entretien et opération. Adopté.
Autres dépenses. Adopté. Alors le poste budgétaire 4 est
donc adopté.
Poste budgétaire 5: Direction générale des
relations de travail. Article 1: Traitements et indemnités. Les postes
budgétaires 4 et 5, nous les avions étudiés ensemble. Nous
allons compléter. Article 2: Frais de voyage: Adopté. Article 3:
Frais de bureau: Adopté. Article 4: Matériel, équipement
de bureau, impressions et abonnements. Adopté. Article 5: Honoraires et
autres dépenses. Adopté.
Alors le poste budgétaire 5 étant adopté en
totalité, nous passons au poste budgétaire 7: Conseil
d'orientation économique.
M. JOHNSON: Le poste budgétaire 6 a-t-il été
adopté?
M. LE PRESIDENT: Oui, le poste budgétaire 6 a été
adopté. Est-ce que l'on désire procéder à une
discussion d'ordre général aussi?
Le député de Mercier.
M. BOURASSA: A propos du Conseil d'orientation économique, M. le
Président, je pense que le premier ministre ne sera pas
étonné, même si je le regrette, si je lui dis qu'on n'a pas
de félicitations à lui adresser pour son attitude
vis-à-vis de cet organisme.
M. JOHNSON: Attendez un peu, vous allez voir!
M. BOURASSA: Au moins jusqu'à ce jour. Si l'on constate la
qualité des hommes qui s'y trouvent, si l'on constate les
problèmes extrêmement aigus sur le plan économique du
Québec, enfin si l'on regarde les travaux spécialisés qui
ont été accomplis par cet organisme et dont on sait très
peu s'ils ont été véritablement utilisés ou non, on
doit conclure que le gouvernement paraît mériter de
sévères reproches pour son attitude vis-à-vis de cet
organisme qui est un instrument économique qui aurait pu remplir un
rôle efficace dans la province. Et je ne pense pas, si l'on examine les
autres instruments à la disposition du gouvernement comme la
Société générale de financement où on a
accordé des sommes assez modestes, la Caisse de dépôt qui
sert à financer le gouvernement plutôt qu'à être un
véritable instrument économique.
M. JOHNSON: Hum, hum!
M. BOURASSA: Je ne pense pas... bien, j'ignore si le premier ministre se
réfère à la rencontre qu'il a eue avec la Caisse de
dépôt récemment?
M. JOHNSON; Non, je n'en ai pas eue. M. BOURASSA: Vous êtes
sûr? M. JOHNSON: Non, je n'ai eu...
M. BOURASSA: Le premier ministre n'a pas eu une rencontre, il y a deux
ou trois semaines avec la Caisse de dépôt?
M. JOHNSON: Non. Votre informateur est encore de travers.
M. BOURASSA: C'est une rumeur qui circulait à l'effet que le
placement de $60 millions dans la province aurait fait suite à une
rencontre du premier ministre avec le conseil d'administration de la Caisse de
dépôt.
M. JOHNSON; Pas du tout
M. BOURASSA: De toute manière, si l'on regarde l'utilisation qui
est faite sur les autres instruments, il y a toujours la question des
investissements européens. Le premier ministre vient de signaler qu'il
s'en va en Europe à cette fin, premièrement. J'ai bien hâte
de voir les résultats concrets qu'il rapportera au terme de son voyage.
Nous avons bien hâte de les connaître.
M. JOHNSON: C'est l'une des fins, oui.
M. BOURASSA: D'après l'Office d'information et de
publicité, ça paraît être la première fin du
voyage du premier ministre, de trouver de nouveaux emplois pour nos Jeunes
diplômés. Alors, nous avons bien hâte, au retour du premier
ministre, de voir les résultats concrets. Du moins, c'est ainsi que
c'était présenté aux média d'information.
Pour conclure, avant de poser des questions précises, M. le
Président, je voulais signaler que l'attitude du gouvernement actuel
vis-à-vis du Conseil d'orientation économique est typique du
désintéressement réel, sinon apparent, dont fait preuve le
gouvernement pour des problèmes économiques dont l'acuité
est admise par tous.
Alors, première question, M. le Président..
M. JOHNSON: J'ai l'impression que le député de Mercier
s'attend à une réplique.
Comme au théâtre, il a eu juste le moment
d'hésitation nécessaire pour permettre au préopinant de
ramasser la fin de la phrase. Le jugement global que vient de rendre le
député de Mercier est basé sur un manque d'information
objective d'abord et, deuxièmement, sur son manque de connaissance
on ne peut le lui reprocher - des plans du gouvernement. Evidemment,
s'il avait lu attentivement le programme de l'Union Nationale, il se rendrait
compte que, depuis 1962 au moins, nous préconisons un office ou un
ministère de l'Aménagement C'était spécifiquement
prévu au programme de 1962 et ça faisait suite à
l'intervention que j'avais faite lors de mon premier discours comme chef de
l'Opposition, où j'avais consacré la majeure partie de mon temps
à exposer la nécessité de mettre sur pied les organismes
nécessaires de planification et d'aménagement du territoire. A ce
moment-là, on avait, par législation - une loi d'ailleurs que
l'Opposition du temps avait vctée avec plaisir créé
le Conseil d'orientation économique. Ce conseil, nous l'avions dit
à l'occasion de la présentation de ce projet de loi,
n'était pas à notre point de vue suffisant pour fabriquer les
outils nécessaires à l'aménagement du territoire. Nous
n'avons pas de critique à faire au Conseil d'orientation
économique. Nous avons tout simplement constaté que
c'était un organisme un peu déphasé, avec des pouvoirs de
consultation, quelques pouvoirs d'initiative quant aux conseils à donner
au gouvernement et un directeur général qui,
théoriquement, devait être sous la direction du conseil mais qui,
petit à petit, a pris des initiatives et ce n'est pas moi qui
vais l'en blâmer - mais toujours timidement En somme, dès que nous
avons dû prendre la responsabilité de l'administration, nous nous
sommes rendu compte que ce Conseil d'orientation économique ne
constituait pas l'outil que nous recherchions pour le développement du
Québec et la planification de ce développement.
Ce conseil comme tel était formé de gens qui ont une
excellente réputation. Il s'agit de MM. René Paré, Carl
Goldenberg, Jean-Claude LaHaye, Marcel Bélanger, Roland Parenteau, Paul
Normandeau, Huguette Plamondon, vice-présidente du Congrès du
travail du Canada dans le temps, Charles-Hubert Perreault, ingénieur,
président et gérant général de Casavant et
Frères à Saint-Hyacinthe, Lionel Sorel, président de
l'UCC, Georges-Henri Dubé, notaire, Donald E. Armstrong, directeur de
Graduate School of Business, université McGill, Jean-Jacques Gagnon,
vice-président d'Aluminum, Eugène Lawrence Neil, président
de Gaspesia Pulp, Robert Sauvé, secrétaire général
de la CSN, F.-X. Bouchard, maire de Roberval. Il y avait des membres adjoints,
le président de 1'Hydro, un conseiller spécial en matière
agricole, M. Mercier, le sous-ministre des Richesses naturelles, M. Auger, le
sous-ministre de l'Education, M. Tremblay et le sous-ministre de l'Industrie et
du Commerce, M. Bélanger.
M. BOURASSA: Plusieurs sont partis.
M. JOHNSON: Depuis, M. le Président, pour faire le point, les
rangs du conseil se sont éclaircis et nous n'avons pas remplacé
ces membres parce que nous avions un projet en télé, projet qui
prend forme par des avis qui sont actuellement au feuilleton et qui se
traduiront dans des législations que nous mettons au point ce soir et
qui seront publiées demain ou après-demain. Une
législation établira l'Office de planification du Québec
et une autre l'Office d'aménagement régional.
M. BOURASSA: Cela ne fait pas deux ans que c'est prêt ou à
peu près? Vous devrez avoir de bons avant-projets.
M. JOHNSON: Oui, l'année dernière, nous en avions un bon
mais je crois que nous avons, cette année, trouvé la solution. Il
y a donc des démissions qui ont été données et
d'autres membres ont vu leur mandat expirer. M. Carl Goldenberg, pour des
raisons évidentes, a démissionné. Il est passé au
service d'Ottawa, membre de l'équipe spéciale en matière
de revision ou de refonte de la constitution...
M. BOURASSA: Pas à temps plein.
M. JOHNSON: ... avec M. Marc Lalonde et M. Betts et d'autres. Quant
à M. Normandeau, son mandat a expiré le 7 mars; Mlle Plamon-don,
son mandat expirait à la même date, en 1968, ainsi que le mandat
de M. Perreault. Quant à M. Sorel, il a démissionné le 20
février 1968.
M. BOURASSA: M. Perreault est à Ottawa? M. JOHNSON: M. Albert
Perreault?
M. BOURASSA: Oui, il est au Conseil économique du Canada, je
crois.
M. JOHNSON: Je l'ignore. M. BOURASSA: Oui.
M. JOHNSON: Et M. Neil, son mandat expirait le 7 mars, M. Sauvé a
donné sa démission alors qu'il a quitté le
secrétariat général de la CSN, et ainsi de suite.
Dans ces législations, que les députés
connaîtront ces jours-ci, on verra qu'il y a place pour plusieurs de ces
hommes qui pourront servir de nouveau la province, mais dans des organismes
qui, à notre point de vue, seront beaucoup plus efficaces, car la
planification est nécessaire, plus que jamais. L'Office de
planification, tel que nous le concevons, je ne veux pas anticiper sur le
discours en deuxième lecture, aura une vocation beaucoup plus importante
que celle du Conseil d'orientation économique et l'Office de
développement aura des moyens d'action, des structures qui lui
permettront d'être beaucoup plus efficace. Quand je parle de l'Office de
développement, c'est l'Office de développement et
d'aménagement.
M. BOURASSA: Le premier ministre ne peut-il pas être plus
précis? Cela fait six fois qu'il dit que cela va être plus
efficace et on ne peut pas savoir...
M. JOHNSON: On verra cela par le projet de loi. C'était
peut-être une phase nécessaire que le Conseil d'orientation
économique, mais mon expérience en Chambre, du moins, cela a
été que le gouvernement qui nous a précédés,
ne s'est pas toujours occupé du Conseil d'orientation économique.
Il ne l'a pas toujours consulté, ne l'a pas toujours
écouté quand il le consultait.
Je pense qu'il serait oiseux d'entrer dans une discussion...
M. BOURASSA: Du passé.
M. JOHNSON: ... du passé, ce serait oiseux en plus,
évidemment, de jeter peut-être un petit peu d'huile sur le feu,
d'ouvrir certaines blessures de l'ancien gouvernement. Ce qui importe, c'est
l'avenir et je crois que les deux législations que les
députés auront l'occasion d'étudier, vont démontrer
clairement que nous croyons à la planification et que,
deuxièmement, nous voulons fonctionner.
Nous étions bien intéressés à
l'expérience du BAEQ. Il s'agit, comme on le sait, d'un territoire
pilote. Il s'agit d'un plan qui a été élaboré par
un groupe formé en vertu de la partie trois de la Loi des compagnies,
émargeant au budget de la province et du fédéral, via
ARDA. Nous avons fini par mettre au point, à la suite de
négociations très laborieuses, un mécanisme de
coordination des politiques des deux gouvernements pour les exécuter
selon un plan d'ensemble auquel ont participé les corps
intermédiaires et les associations du territoire.
Nous avons couronné le tout par un office de
développement, appelé l'Office du développement de l'est
du Québec qui, pour suivre une mode bien répandue, sera connu
sous le sigle de ODEQ, Office de développement de l'est du
Québec, dirigé par M. Coulombe, conseiller auprès de
l'exécutif et responsable, en somme, de la coordination des politiques
dans tout le territoire qui fait l'objet de ce projet pilote.
Il est très urgent de mettre au point, du moins, les grandes
lignes d'un plan de développement, dans la région du Nord-Ouest
québécois, la région de l'ouest du Québec, dans
cette région qui s'étend de Lévis à Kamouraska et
vers le sud et peut-être dans certaines régions comme celle de
Bécancour, si l'aciérie ne s'y implante pas.
II nous fallait donc autre chose qu'un Conseil d'orientation
économique, une réunion de gens extrêmement intelligents,
très occupés, par ailleurs, ne pouvant consacrer tout leur temps
à ce travail, qui se réunissent, délibèrent
solennellement, couchent, en termes bien tournés, leurs avis sur ce que
devrait faire le gouvernement et, ensuite, s'en vont chez eux, laissant au
directeur général la responsabilité de tenter de faire
fonctionner une machine qui n'existait pas, car le directeur
général du plan, M. Parenteau, n'avait pas de moyens
d'exécution de projets que son Conseil d'orientation économique
suggérait. Je crois qu'il faut dire ici que M. Parenteau n'a pas
chômé. Il s'est entouré d'une équipe de jeunes
planificateurs, de jeunes spécialistes extrêmement
compétents, qui ont fait des études très au point sur des
aspects du problème du développement du Québec et tous ces
travaux ne seront pas perdus, contrairement à ce que laissait entendre
le député de Mercier. C'est du papier qui se conserve, au moins
pendant quelques années. Et ces rapports serviront au nouvel Off ice de
planification, comme à l'Office de développement et
d'aménagement, qui seront fondés incessamment.
M. le Président, je n'ai pas à faire de procès
d'intention au député de Bourassa, mais je lui dis que ses voeux
seront comblés, peut-être au-delà de ce qu'un
député de l'Opposition pourrait espérer; comme individu,
il souhaite un développement; comme député, il sera
peut-être chagriné de voir que ça va plus vite qu'il ne
l'espérait et que la source de ses reproches sera tarie.
M. BOURASSA: Le premier ministre a réellement le sens de
l'humour, quand il parle du rythme d'action du gouvernement. Si l'on juge
depuis deux ans, je pense que le premier ministre va être d'accord que le
sérieux ou l'acuité des problèmes existe depuis deux ans.
Dans son exposé, il mentionnait l'intérêt de l'Union
Nationale, dès 1962, pour cette question. Alors, pourquoi avoir attendu
au moins deux ans pour mettre cela en marche? Le premier ministre se trouve
à accepter le reproche il pourra démentir s'il le faut,
s'il n'est pas d'accord le fait que depuis deux ans le gouvernement n'a
rien fait sous ce rapport, puisque il dit que, enfin, ça va bouger
après deux ans.
M. JOHNSON: Non, je ne voudrais pas que mes propos soient
interprétés comme un reproche. M. Parenteau et son équipe
n'ont pas perdu leur temps depuis deux ans. Je pense qu'on pourrait vous
fournir ici une liste des travaux qui ont été faits.
M. BOURASSA: Ce n'est pas M. Parenteau que je blâme.
M. JOHNSON: Nous avons donné priorité à ce fameux
plan du BAEQ. Je me souviens, moi, tout jeune, d'être allé...
M. BOURASSA: Cela paralysait tout le reste, ce plan-là?
M. JOHNSON: ... chez le grand-père qui avait
déménagé et cela m'avait étonné de voir que
toute la maison n'était pas encore en ordre. Alors, ma grand-mère
m'avait dit: Si tu savais, mon jeune, comme c'était en désordre
quand je suis arrivé, tu ne serais pas étonné de constater
qu'après trois mois il reste encore du ménage à faire!
M. BOURASSA: Le taux de chômage avait diminué de
moitié, les problèmes économiques étaient moins
aigus, à l'époque de l'ancienne administration, qu'ils le sont
actuellement. Cela fait un an que le premier ministre et moi-même nous
disons, à chaque occasion, qu'il faut créer de nouveaux emplois
pour les jeunes diplômés, c'est que nous réalisons
l'acuité du problème. Alors, je ne vois pas comment, en d'autres
termes, on peut justifier l'attentisme ou l'absence d'action réelle dans
ce secteur-là depuis deux ans. Le premier ministre dit que des projets
de loi vont être déposés demain ou après-demain.
Nous ne les avons pas en main, nous ne savons pas ce qu'ils contiennent. Nous
ne savons pas quels avantages ils vont constituer par rapport à la
situation actuelle. Mais il reste que, si on analyse la situation depuis deux
ans, il n'y a rien qui ne s'est fait
M. JOHNSON: Dans quel domaine?
M. BOURASSA: Le Conseil de l'orientation économique ne peut pas
siéger depuis quatre ou cinq mois parce qu'il n'a plus quorum.
M. JOHNSON: Mais, qu'aurait-il pu faire comme création d'emplois?
Donner quelques conseils.
M. BOURASSA: Non, non, prenez les conseils économiques
régionaux, M. le Président. Je recevais ces jours-ci, il y a
quelques semaines, un rapport du Conseil économique régional de
Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui, à mon sens, contenait certaines
propositions intéressantes. Alors, je ne vois pas, dans les structures
actuelles, alors que le conseil ne peut pas siéger
et que tout le monde est dans l'attente, quelle utilité un
document qui a trait à une région qui a besoin de
développement au cours des prochaines années, pourrait avoir dans
les structures actuelles. Alors, je blâme le gouvernement de ne pas avoir
accordé, au moment où il fallait l'accorder, l'attention à
ces problèmes. Ce n'est pas parce que le BAEQ était en marche,
que cela devait paralyser l'action du gouvernement dans toutes les autres
régions.
M. JOHNSON: Il s'est fait du travail dans les autres régions. On
sait que, par le ministère de l'Industrie et du Commerce, on a
subventionné, dans le passé, les conseils économiques
régionaux et c'est maintenant à cet article, je crois, qu'on a
inclus un montant de $200,000. Mais, vous savez, ce n'est pas parce que le
Conseil d'orientation économique, alors même qu'il y avait quorum,
recevait un rapport qu'on passait nécessairement à l'action. Il
n'y avait pas de grande exécution...
M. BOURASSA: L'équipe de M. Parenteau, qui serait très
compétente, à ce que vous avez dit tantôt et je n'en doute
pas, cette équipe 11 n'y aurait pas moyen de la faire fonctionner
utilement?
M. JOHNSON: Oui, mais elle ne pouvait quant même pas aller donner
des instructions dans les ministères. Ceux qui ont déjà
fait partie du gouvernement, je fais appel au témoignage du
député de Marguerite-Bourgeoys...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... je me souviens justement d'avoir eu des
réunions avec le président du Conseil d'orientation
économique et elles avaient été extrêmement utiles
à l'époque.
M. BOURASSA: Vous voyez, au lieu de vous aider, elle a confirmé
les reproches que nous vous faisons.
M. JOHNSON: Je ne sais pas si on avait demandé l'opinion du
Conseil d'orientation économique, avant de signer le contrat pour les
vingt avions antifeux, de Canadair, qui nous causent des problèmes ces
jours-ci. Evidemment, cela a constitué...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je sais qu'à l'époque, le ministre
des Finances, évidemment, et je me souviens, en particulier, que M. Eric
Kierans avait fait un travail considérable à ce sujet Je pense
qu'il serait celui qui pourrait le mieux vous répondre sur cette
question-là. Parce que c'est quand même...
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a une « hot line » avec Ottawa?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: II n'est pas nécessaire d'avoir une
« hotline ». Si le premier ministre était ici,
lui-même s'en est occupé particulièrement, et M. Eric
Kierans l'a fait Et, je ne serais pas du tout surprise qu'à
l'époque on ait demandé conseil, mais cela, peut-être que
M. Parenteau, qui est là, pourrait le dire.
M. JOHNSON: Le Conseil d'orientation ne l'a pas
étudié.
M. BOURASSA: Cela paraîtl plutôt un détail sans
importance.
M. JOHNSON: Bien il s'agit de $2 millions et le prétexte pour
signer ce contrat, c'était de créer de l'emploi à
Montréal et de faire démarrer ou redémarrer les usines de
Canadair qui manquaient de commandes à ce moment-là...
MME KIRKLA.ND-CASGRAIN: C'est justement ce qui s'est produit
M. JOHNSON: Et les usines de Canadair, depuis ce temps-là, ont un
carnet de commandes pour un montant exceptionnellement élevé.
Cela ne veut pas dire que ça vient des avions en question. Au contraire,
on a quelques problèmes quant à leur mise au point, c'est normal,
ça peut arriver dans n'importe quelle construction d'avions. Je n'en
fais pas reproche à l'ancien ministre, qui n'a pas vu aux
spécifications...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Non, sûrement pas.
M. JOHNSON: Ce n'était pas son domaine et ce n'est pas non plus
le mien.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Mais, par la suite, les événements
nous ont prouvé que le contrat avait été une bonne affaire
pour la province, parce qu'on sait et le premier ministre vient de le
mentionner que des commandes ont été passées venant
de différents pays, et de la France, en particulier, et que les emplois
d'une foule de gens qui auraient été mis à pied ont
été sauvés, justement à cause des travaux qu'on
devait faire sur ces avions. Je pense même qu'une embauche additionnelle
a été faite à l'époque.
M. JOHNSON: Oui oui. Le 18 avril, le contrat a été
signé par le gouvernement et l'engagement de $20 millions...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est tellement vrai que des ministres de l'Union
Nationale ont dit depuis que c'était une excellente affaire. J'ai
entendu, moi-même, en Chambre je ne sais pas si c'est le ministre
de l'Industrie et du Commerce, à l'époque mais j'ai
entendu aussi un ministre de l'Union Nationale dire que c'était
excellent.
M. LE PRESIDENT: Je pense que nous nous éloignons de la
discussion.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est le ministre des Terres et Forêts qui
a dit ça.
M. JOHNSON: Disons qu'à tout événement...
M. BOURASSA: J'ai posé une question au premier ministre et il est
arrivé avec l'affaire...
M. JOHNSON: J'ai évidemment donné un exemple.
M. BOURASSA: Revenons au problème.
M. JOHNSON: Oui, revenons au problème. Canadair a eu une commande
de $20 millions le 18 avril. Le gouvernement a changé et, depuis ce
temps-là, Canadair prospère. Cela a donc été
excellent, le changement de gouvernement. Là, ce serait une façon
de raisonner.
M. BOURASSA: Si c'est comme ça que le premier ministre raisonne
depuis deux ans, on comprend pourquoi il n'y a rien de fait par le gouvernement
sur le plan économique.
M. JOHNSON: Ce n'est pas le cas. Par exemple, on a mis autant dans la
SGF...
M. BOURASSA: Oui, mais pas grand-chose.
M. JOHNSON: ... que l'ancien gouvernement avait parlé d'en
mettre.
M. BOURASSA: C'était une entreprise naissante.
M. JOHNSON: Nous sommes en train de faire démarrer un projet qui
était précisément recommandé par le Conseil
d'orientation économique en 1962 ou 1963.
M. BOURASSA: Oui, la sidérurgie. Sous des formes peut-être
différentes de celles qui étalent recommandées. On
reviendra là-dessus. Mais les conseils économiques
régionaux, c'est aussi important, parce que le développement
régional c'est un des problèmes les plus sérieux
actuellement. Je donnais tantôt un exemple d'un rapport positif, à
mon sens, qui a été fait et je regrettais qu'on ne donne pas
suite à ces rapports-là.
M. JOHNSON: Qui pourrait donner suite à ça? Pas le Conseil
d'orientation économique, par une réunion au cours de
laquelle...
M. BOURASSA: Il y a des relations. Cela peut être...
M. JOHNSON: ... un président, fumant un gros cigare, pontifie et
évidemment lance de grands principes, et le secrétaire, bien
pieusement, entre ça dans le procès-verbal. Ce n'est pas
ça qui va régler le problème.
M. BOURASSA: Non, mais, M. le Président!
M. JOHNSON: Les suggestions du Conseil d'orientation économique,
je connais celui du Lac-Saint-Jean, celui qui est dirigé par M.
Cantin...
M. BOURASSA: C'est ça, oui!
M. JOHNSON: Il est très dynamique. Une des réunions...
M. BOURASSA: II va se décourager.
M. JOHNSON: Actuellement, il n'y a pas d'organisme qui peut donner suite
à ces recommandations ou aux recommandations précises...
M. BOURASSA: Si j'en ai reçu une copie, le gouvernement a
dû en recevoir une copie.
M. JOHNSON: Oui.
M. BOURASSA: Alors, qu'est-ce que vous faites des recommandations?
M. JOHNSON: Le Conseil d'orientation économique, qu'est-ce que
vous voulez qu'il fasse avec ce rapport?
M. BOURASSA: Je parle du gouvernement. Parce que si un autre...
M. JOHNSON: Le gouvernement se donne, en utilisant les ressources
humaines du Conseil d'orientation économique, des instruments de
meilleure planification et de mise à exécution immédiate
de certains projets réalisables.
M. BOURASSA: Avec deux ans de retard.
M. JOHNSON: Je ne voudrais pas, ce serait trop long de vous donner la
liste de ce qui s'est fait depuis deux ans. On n'a qu'à regarder...
M. BOURASSA: Ce serait trop bref plutôt, c'est ça
que...
M. JOHNSON: ... la dernière publication du Bureau
fédéral de la statistique.
M. BOURASSA: Oh, on peut en parler de ça!
M. JOHNSON : On verra, quant aux projections de développement
industriel, d'investissements industriels dans le Québec
M. BOURASSA: La moitié de l'Ontario per capita.
M. JOHNSON: ... qu'il y a là quand même une grosse
augmentation depuis 1965, 1966, et 1967.
M. BOURASSA: La moitié. C'est $250 par tête en Ontario,
dans le secteur manufacturier, et $149 au Québec Je pense que la moyenne
canadienne est de $180. Il n'y a pas de quoi se « péter »
les bretelles, comme dirait l'autre.
M. JOHNSON: Je pense que c'est une relation constante. Qu'est-ce que
vous voulez, ce n'est pas la faute des libéraux ni la mienne, si le
Québec est dans la situation où il se trouve. Il y a des facteurs
historiques, démographiques, et politiques qui expliqueraient la
situation. Mais on est chanceux. Maintenant, dans le « One Canada
», ça va marcher.
UNE VOIX: Oui et il va y avoir des maîtres!
M. JOHNSON: Il va y avoir des maîtres. On va être «
maîtres chez nous » partout au Canada. Alors on pourra s'exiler,
partir de Lauzon et aller à Terre-Neuve.
M. BOURASSA: Alors, le premier ministre va continuer à ne rien
faire si je m'en reporte à ses propos.
M. JOHNSON: Le Conseil de développement du
Saguenay-Lac-Saint-Jean a reçu $30,000 l'année dernière.
Je pense que c'est une augmentation considérable sur ce qui se donnait
autrefois.
M. BOURASSA: Ce n'est pas ça. C'est d'autant plus grave, si vous
donnez une augmentation considérable et que vous n'accordez pas
d'attention aux recommandations de ce rapport qui a été fait avec
l'argent des contribuables. Je pense que le premier ministre vient de confirmer
la faiblesse de son administration en me disant qu'il y a eu une augmentation
pour le conseil régional du Lac-Saint-Jean. Vous lui donnez de l'argent
pour qu'il vous soumette des recommandations et vous ne vous en occupez
pas.
M. JOHNSON: Si cela a pris à l'ancien gouvernement six ans
d'études et $6 millions pour aboutir à une conclusion pour une
sidérurgie, 11 ne faudrait pas en vouloir aux gens du
Saguenay-Lac-Saint-Jean de ne pas avoir encore formulé de projets
précis avec seulement $30,000 l'année dernière.
M. BOURASSA: Laissons donc le passé. Est-ce que c'est trop
demander au premier ministre qui sera le ministre du...
M. JOHNSON: J'en cherche un. Est-ce que ça intéresse le
député?
M. BOURASSA: Ah, ce ne sera pas le premier ministre!
M. JOHNSON: Ce pourrait être un ministre
délégué.
M. BOURASSA: Ah, ça pourrait être un ministre
délégué.
M. JOHNSON: Oui, le député se cherche-t-il un poste au
cabinet?
M. BOURASSA: J'ai tellement de boulot à critiquer la politique du
gouvernement. Est-ce que le député de Saint-Jean attend encore
d'être ministre, non?
M. JOHNSON: Il est patient, le député de Saint-Jean, il
souffre.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, nous pourrions peut-être
revenir au Conseil d'orientation économique.
M. CHOQUETTE: Il a dû être obligé de se faire
pardonner quelques incartades.
M. LE PRESIDENT: Je ne crois pas que le Conseil d'orientation
économique ait quelques mots à dire dans la nomination des
ministres?
M. BOURASSA: C'est le premier ministre qui me posait une question,
à savoir si j'étais intéressé à devenir
membre de son cabinet. Alors, je lui al donné une réponse.
M. JOHNSON: J'ai noté qu'il n'a pas dit un non
catégorique.
M. BOURASSA: Alors, le premier ministre a répondu qu'il pourrait
y avoir un ministre délégué. C'est-à-dire que
ça pourrait être rattaché au Conseil exécutif.
M. JOHNSON: Oui, si l'on n'a pas encore eu un ministère, je doute
que la planification elle-même fasse jamais l'objet d'un
ministère, d'une fonction gouvernementale.
M. BOURASSA: Parce qu'il y a tellement de ministères.
M. JOHNSON: Mais le développement ou l'aménagement,
peut-être un jour, mais disons que procédant par étapes, ce
qui importe maintenant, c'est que ça bouge. C'est un coin où
c'est très urgent que ça bouge, qu'il y ait de
l'équipement. Nous avons découvert, et je l'avoue en prenant la
responsabilité pour les administrations précédentes comme
pour la notre, que certains ministères se lancent dans des études
ou donnent à forfait des études à l'un de ces nombreux
bureaux d'experts qui poussent comme des champignons de ce temps-ci...
M. BOURASSA: Il y a du dédoublement.
M. JOHNSON: Et des travaux qui sont déjà faits au Conseil
d'orientation économique. Alors, l'une des fonctions de l'Office de
planification sera précisément de surveiller, de coordonner
toutes ces études, afin d'éviter les chevauchements, les
duplications et afin d'en arriver peut-être à quelque chose de
beaucoup plus rapide. Nous songeons à une réorganisation des
fonctions des ministères aussi. La fonction de planification existe dans
plusieurs ministères. Elle est très bien exécutée
dans un ministère en particulier, probablement dans d'autres aussi, mais
dans un que je connais mieux, celui des Richesses naturelles. Mais il manque
une dimension.
M. BOURASSA: II y a une très bonne équipe aux Richesses
naturelles.
M. JOHNSON: Mais qui débouche sur quoi? Elle a
étudié, par exemple, le problème de l'eau et quand on en
arrive à un rapport en vue d'une législation, il y a cinq, six ou
sept ministères qui ont un son de cloche différent, soit parce
que leurs études ne sont pas aussi avancées que celle du
ministère des Richesses naturelles, ou soit à cause de l'instinct
naturel de vouloir conserver son fief et de le développer. Nous allons
par l'Office du plan voir à ce que tout le monde travaille ensemble.
J'ai une expérience récente, je fais grâce au comité
de ces détails. Le problème, dans le gouvernement, c'est que l'on
a toujours insisté pour que le directeur général d'un
service passe par le sous-ministre, le ministre, cela va à l'autre
ministre, descend au sous-ministre puis à la direction
générale qui serait intéressée à
l'étude du même problème. Nous parlons de l'eau, par
exemple, entre Richesses naturelles et Agriculture. Service de M. Slivitzky et
service de M. Provencher. Nous avions des crédits prévus aux
Richesses naturelles pour certaines études et le ministère de
l'Agriculture avait aussi certains projets concernant le même bassin.
Alors, il a fallu faire rencontrer ces messieurs par le truchement normal, ce
qui est bien compliqué. Il faut faire tout ce détour et le temps
où les dossiers dorment, que l'on demande des rapports, que l'on fasse
des rencontres, que l'on arbitre parfois au niveau du président de
l'Exécutif.
Tout cela prend énormément de temps, tandis qu'avec la
fonction de planification, le directeur général, lui, avec le
comité interministériel, pourra très rapidement rattraper
toutes les données, intéresser tous les ministères
concernés.
M. BOURASSA: II ne peut pas le faire autrement?
M. JOHNSON: Oui, théoriquement, il peut le faire, mais il n'est
pas outillé, il n'a pas l'autorité. Si l'on regarde la loi...
Est-ce que l'on a la loi du Conseil d'orientation économique, ici?
M. BOURASSA: Non, mais un coup de pouce du premier ministre; il pourrait
donner l'ordre aux ministères d'agir.
M. JOHNSON: Un organisme d'étude, de recherche et de consultation
en matières économiques, ci-après désigné le
conseil, pour mission d'élaborer le plan de l'aménagement
économique de la province, en prévoyant l'utilisation la plus
complète de ses ressources matérielles et humaines, le conseiller
du gouvernement de sa propre initiative ou sur demande sur toute question
économique, a l'autorité. Le conseil peut constituer des
comités.
M. BOURASSA: Or, de toute façon, M. le Président, pour
conclure sur les conseils économiques régionaux, c'est qu'il est
regrettable que le premier ministre... D'accord, il donne des subventions comme
cela c'est typique au gouvernement de l'Union Nationale, des petites
subventions $20,000 ou $30,000 mais les gens ne se satisfont plus de
cela. Je suis convaincu que le Conseil économique régional du
Lac-Saint-Jean aurait préféré recevoir $10,000 au lieu de
$30,000 et puis voir peut-être une ou deux de ses recommandations
appliquées pour régler les problèmes aigus de cette
région-là. C'est une méthode qui est
dépassée de donner des petites subventions. Ce qu'ils veulent,
eux, ce sont des transformations profondes de leur situation
économique.
M. JOHNSON: Je pourrais Jouer un tour à
M. Cantin et réduire son budget à $10,000.
M. BOURASSA: Non, non.
M. JOHNSON: Et exécuter certaines de ses promesses. Il ne
paierait pas son personnel.
M. BOURASSA: Le premier ministre déforme mes propos. Ce que je
dis, c'est qu'il préférerait au moins autant, je suis
convaincu que c'est plus voir la recommandation appliquée
plutôt que recevoir une augmentation de subventions comme ça.
C'est comme je le disais tantôt, c'est une méthode qui est
dépassée, qui ne répond plus aux vrais problèmes et
qui ne satisfait pas les désirs de la population. Je voudrais poser une
question au premier ministre sur le chômage saisonnier. Cela a
été remis à quand? J'ignore si le premier ministre est au
courant. C'est important, le chômage saisonnier! Cela me surprend qu'il
ne soit pas au courant!
M. JOHNSON: La deuxième partie, il y a trois mois.
M. BOURASSA: Trois mois!
M. JOHNSON: Je savais que cela était récent.
M. BOURASSA: Et la première partie? M. JOHNSON: C'est
l'année dernière.
M. BOURASSA: Qu'est-ce qui arrive de ce rapport-là?
M. JOHNSON: On a réuni les deuxparties.
M. BOURASSA: M. le Président, comment le premier ministre peut-il
prendre à la légère le problème économique
le plus sérieux du Québec, le chômage saisonnier? Si le
premier ministre me permet...
M. JOHNSON: Il y a trois mois que je suis en Chambre à
répondre aux questions de l'Opposition pendant une heure et demie au
début de chaque séance. C'est une heure et demie gaspillée
pour répondre sur un pont dans un coin de la province, alors qu'il y a
précisément des problèmes aussi importants ailleurs.
M. BOURASSA: Ah! si les voyages que le premier ministre fait... Oui,
oui, mais c'est cela.
M. JOHNSON: Dans l'intérêt de la province, là,
j'aime à le croire!
M. BOURASSA: J'ai hâte de voir les résultats. De toute
manière, est-ce que l'on peut demander au premier ministre s'il
réalise l'importance du chômage saisonnier? Au Québec, l'on
se plaint, depuis X années, que le taux de chômage est plus
élevé. Durant les mois d'hiver, il y a un écart de 4% ou
5% avec l'Ontario. Et je pense qu'au mois de mai, c'était le
première fois depuis cinq ans qu'il y avait un écart aussi
prononcé pour le chômage entre l'Ontario et le Québec. On a
un problème de chômage saisonnier très sérieux au
Québec. Or, je pose la question au premier ministre: Qu'est-ce qu'on a
fait avec le rapport depuis trois mois? On a réuni les deux parties,
répond-il. Est-ce qu'il pourrait me donner une réponse plus
pertinente?
M. JOHNSON: M. le Président, c'est précisément la
fonction de l'Office du plan...
M. BOURASSA: Bon, encore l'office.
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. BOURASSA: Une chance qu'il est là.
M. JOHNSON: Je veux souligner que des propositions concrètes me
serviront, je l'espère, pour l'orientation de la politique
générale. Le chômage saisonnier, on sait qu'il est à
l'état endémique au Québec depuis que je m'occupe de
politique.
M. BOURASSA: Le premier ministre n'était pas au courant qu'il y
avait un rapport?
M. JOHNSON: J'étais au courant que la deuxième partie
était entrée, récemment.
M. BOURASSA: Vous n'étiez pas au courant de la première
partie?
M. JOHNSON: La première partie, cela faisait déjà
un an de cela, on attendait la deuxième partie. On attend d'autres
rapports aussi.
Il en arrive un par semaine, ce temps-ci.
Tous les problèmes ont été étudiés,
je pense bien, pendant six ans. Il va falloir maintenant passer à
l'action.
M. BOURASSA: Bon!
M. JOHNSON: Le gouvernement prédédent a
étudié, a parlé de certains projets, comme Sidbec et
d'autres. J'espère que nous, nous allons les réaliser en en
parlant beaucoup moins.
M. BOURASSA: M. le Président, pour conclure sur le chômage
saisonnier, parce que je vois que le premier ministre n'est pas trop au
courant, comme on pouvait blâmer le gouvernement pour son attitude sur
les conseils économiques régionaux, on peut au moins autant le
blâmer pour son attitude vis-à-vis du rapport sur le chômage
saisonnier. Il y avait...
M. JOHNSON: Le blâme est enregistré.
M. BOURASSA: ... des recommandations. Alors que j'étais
secrétaire à la commission Bélanger, j'avais eu l'occasion
d'avoir certaines rencontres communes avec ceux qui travaillaient sur le
chômage saisonnier. Il y avait des recommandations qui me paraissaient
très valables et qui auraient pu, si elles avaient été
appliquées à cette époque-là, régler
beaucoup de problèmes, en particulier dans le domaine de la
main-d'oeuvre.
M. JOHNSON: C'est avant 1966, ça. Le rapport Bélanger a
été déposé en 1965.
M. BOURASSA: En 1965, d'accord, mais c'était au cours de
l'étude du rapport.
M. JOHNSON: Dans ce temps-là, le député, qui
était secrétaire de la commission, connaissait déjà
des recommandations valables qui n'ont pas dans le temps été
mises en oeuvre et qui ne le sont pas encore.
M. BOURASSA: De toute façon, le premier ministre a admis qu'il
avait reçu le rapport il y a plus d'un an.
M. JOHNSON: La première partie, oui.
M. BOURASSA: Bon, alors, le rapport est reçu depuis plus d'un an
et le premier ministre n'est pas au courant du contenu alors que, moi, je sais
qu'il s'y trouve des recommandations fort valables pour arriver à
résoudre ce problème. C'est pourquoi, comme dans le cas des
conseils économiques régionaux, je pense qu'on est
justifié de faire des reproches au gouvernement à cet
égard.
Troisième question j'espère que ça va aller
mieux pour les prochaines pour ce qui est du comité de la
recherche scientifique, est-ce que le premier ministre est au courant, cette
fois-ci, de ce qui s'est fait sur la recherche scientifique? Il y a un
comité formé de gens très compétents: M. Parenteau,
Michel Bélanger, Jean-Claude Bureau, Marcel Faribault... tiens! Jacques
Gélinas, Gérard Letendre, Claude Morin, Jacques Parizeau, Arthur
Tremblay, Paul-Emile Auger. Alors, qu'est-ce qui arrive pour la recherche
scientifique? Est-ce que des projets ont été mis au point?
M. JOHNSON: Ce comité avait été formé pour
mettre au point deux projets de loi, l'un concernant un centre de recherche
industrielle et l'autre le conseil des recherches.
M. BOURASSA: Oui, qu'est-ce qui arrive encore dans ce secteur?
M. JOHNSON: Là-dedans, il arrive... M. BOURASSA: ... on attend
encore?
M. JOHNSON: Brièvement, nous affrontons la situation suivante.
Dans la recherche pure, il y a d'abord, et c'est à cela que nous avons
attaché la priorité, celle qui se fait à
l'université, qui n'était pas coordonnée, qui
n'était pas encouragée, surtout dans les universités de
langue française. On aura noté que, pour la première fois,
cette année, le budget d'opération, si on peut ainsi s'exprimer,
des universités comprend deux parties: le budget ordinaire et le budget
de la recherche, pour un montant relativement modeste, $1.5 million, mais quand
même appréciable. Le ministère de l'Education a
distribué aux universités de langue française cette dite
somme de $1.5 million afin de mettre en branle ce travail de rattrapage au
chapitre de la recherche dans nos universités de langue
française. J'ai annoncé un Conseil national de recherche du
Québec.
M. BOURASSA: Cela a été annoncé plusieurs fois.
M. JOHNSON: Mais nous avons été accaparés par deux
projets qui sont en voie d'exécution. Le premier est le projet de
l'Hydro-Québec, projet de l'ordre d'une trentaine de millions de
dollars. C'est un projet dont l'étude avait été
commencée il y a plusieurs années. L'étude était
même complétée depuis la fin de 1965. On avait
commencé des pourparlers dans divers ministères.
Il y avait des écoles différentes quant à la
location de ce centre de recherche. Mais, devant les conclusions, eh bien, on
avait pratiqué de l'immobilise. L'erreur, du temps...
M. BOURASSA: Ce n'est pas facile.
M. JOHNSON: ... où j'étais chef de l'Opposition, mon
erreur, c'est que je n'avais pas les mêmes sources de renseignements que
semblent avoir le député de Mercier et d'autres de ses
collègues. Je ne connaissais pas ces projets qui dormaient et je
n'étais pas en mesure de...
M. BOURASSA: Ils existaient au temps de l'ancienne administration. Cela
fait deux ans qu'ils sont sur les tablettes.
M. JOHNSON: Ils existaient, mais ils dormaient.
M. BOURASSA: Ils ont dormi moins longtemps que de votre temps!
M. JOHNSON: Non. Au contraire, celui de l'Hydro...
M. BOURASSA: Cela fait deux ans...
M. JOHNSON: ... dès que j'en ai eu connaissance...
M. BOURASSA: D'accord, là, on perd...
M. JOHNSON: ... en moins de trois semaines, il a
démarré.
M. BOURASSA: Disons que, dans ce secteur-là...
M. JOHNSON: Dans le temps de le dire, on a démarré.
M. BOURASSA: On ne peut pas faire de reproche pour ce...
M. JOHNSON: II s'agit, je le répète, c'est bon de le
répéter, l'Opposition répète tellement de mauvais
coups,...
M. BOURASSA: Maintenant que ce ne serait pas...
M. JOHNSON: ... le centre de recherche de l'Hydro, qui sera situé
à Boucherville... On fait du patronage, nous autres, on place ça
chez un libéral.
M. BOURASSA: L'Hydro, est-ce que ce n'est pas une société
indépendante?
M. JOHNSON: Je ne tiens pas compte du tout de l'accident politique qui
fait que c'est un député libéral qui soit là.
M. BOURASSA: Le premier ministre ne sait-il pas que l'Hydro est une
société indépendante?
M. PROULX: Indépendante de qui?
M. JOHNSON: Mais il y a là une question purement
économique, et pour l'Hydro, c'est une question technique. L'Hydro
installe donc ce centre à Boucherville, non pas Sainte-Sophie, c'est
juste en arrière de Boucherville, dans le comté de
Verchères.
M. CHOQUETTE: Sainte-Julie, peut-être? M. JOHNSON: Oui, c'est
ça, Sainte-Julie.
M. CHOQUETTE: Près du club de golf et de la vallée du
Richelieu.
M. JOHNSON: Et cela deviendra, comme on le sait, le centre de recherche
le plus considérable au monde, unique en son genre.
M. BOURASSA: Le plus considérable au monde?
M. JOHNSON: II n'en existe pas. Par certains aspects, oui. Par haute
tension.
M. BOURASSA: Quand même!
M. JOHNSON: II n'y a pas de centres comparables ni aux Etats-Unis...
M. BOURASSA: II y a toujours des aspects particuliers dans tous les
centres de recherche. Cela dépend de la nature de la recherche que l'on
fait.
M. JOHNSON: Mais en haute tension, actuellement, même les
Etats-Unis doivent recourir au centre de recherche de Chesi en Italie et
à un autre dont le nom m'échappe pour le mo-
ment. Les compagnies qui fabriquent certaines pièces de
résistance comme les transformateurs, par exemple, doivent
expédier leur matériel pour essai, pour épreuve dans ces
pays. Nous avons, à l'Hydro-Québec, prévu un centre qui
desservira non seulement le Québec mais tout le Canada,
l'Amérique du Nord et plusieurs pays d'Europe.
L'autre projet est né d'une façon pragmatique, si vous
voulez, c'est là le début du centre de recherche industrielle
avant la loi, c'est le ministère qui nous demandait des fonds,
l'année dernière, pour faire...
M. BOURASSA: Oui, pour faire de la recherche.
M. JOHNSON: Non, pour bâtir des laboratoires. Alors, nous avons
demandé au ministère des Richesses naturelles de s'occuper de
nous faire un travail sur la recherche de l'eau, tout le domaine de l'eau et
ensuite, au ministère des Travaux publics, de faire une étude sur
les besoins des laboratoires dans tous les ministères et tous les
services du gouvernement. Ces études ont été
dirigées par le Dr Lapointe, qui a un curriculum vitae assez
impressionnant, un physicien, je crois, qui a travaillé à la Nasa
entre autres, M. Guy Dandois, qui a aussi un dossier impressionnant, un
curriculum, une préparation extraordinaire dans le domaine des
communications, et avec le concours d'autres dont les noms m'échappent.
Je m'excuse auprès de ces messieurs. On a mis au point un projet de
centre de laboratoire et de recherche, y inclus un institut de l'eau, qui sera
situé près du pont de Québec sur des terrains qui
appartiennent déjà au gouvernement, projet qui requerra, sur une
période relativement courte je crois que c'est cinq ans de
$60,000,000 à $80,000,000 d'investissements, au sujet duquel des
soumissions pour la première phase seront demandées avant la fin
de l'année.
Une tranche plutôt modeste cette année, une tranche
beaucoup plus considérable l'an prochain, de quatre ou cinq millions de
dollars, peut-être, et ainsi de suite jusqu'à
l'établissement d'un complexe situé tout près de
l'université Laval, qui contiendra tous les laboratoires centraux,
quitte à établir des laboratoires satellites un peu partout
où ça s'impose dans la province, et qui aussi abritera le centre
de recherche industrielle qui faisait l'objet d'une loi déposée
en 1966, avant la prorogation des Chambres. Un projet de loi qui n'a pas encore
été étudié mais, comme je l'ai dit tantôt, la
réalité précède la loi puisque la planification est
faite.
On sera intéressé de savoir aussi que nous avons fait
préparer un autre travail dont l'urgence nous est apparue au moment de
la préparation du budget, le premier de notre responsabilité pour
l'année 67/68, alors que plusieurs ministères nous demandaient
des crédits de l'ordre de $100,000, $200,000, $600,000, $800,000 pour
des communications. Chaque ministère a sa petite organisation de
communications, de broche à foin étayée sur les arbres
à travers la forêt: Tourisme, Chasse et Pêche, Industrie et
Commerce, Terres et Forêts, Richesses naturelles, dans certains coins de
la province. Alors, nous avons fait préparer une étude sur le
besoin de communications intégrées dans tout le territoire du
Québec. Nous avons fait travailler sur ce projet l'ancien sous-ministre
de la Voirie, qui est à l'exécutif, M. LaBrèque, qui avait
fait un certain travail pendant qu'il était sous-ministre et que j'ai
trouvé à employer dans cette fonction. M. LaBrèque a fait
une enquête sur un problème qui se relie à celui des
télécommunications et ce problème est rattaché au
travail de M. Gauthier, dont il sera question quand nous parlerons de
Radio-Québec.
En somme, nous sommes à mettre au point un plan de communication
téléphonique ou radio-phonique intégré dans toute
la province, afin que tous les coins du territoire soient desservis, et que
tous les ministères puissent bénéficier d'un
système adéquat. C'est surtout nécessaire dans les
régions limitrophes et dans les territoires encore relativement vierges,
si l'on me permet cette expression ou ce paradoxe, je parle
particulièrement du Grand Nord. C'est du travail pratique, ce sont des
réalisations en voie d'exécution et qui je pense bien, mettent
fin aux bobards que trop souvent certains membres de l'Opposition colportent,
l'immobilisme du gouvernement dans ces matières.
M. BOURASSA: Mais il y a desfois où il y a de l'immobilisme:
Chômage saisonnier, conseils économiques régionaux.
Alors, le premier ministre n'a pas tenu, à mon sens, des propos
plus convaincants sur la recherche qu'il en avait tenus sur le chômage
saisonnier et les Conseils économiques régionaux.
M. JOHNSON: Je n'ai pas terminé.
M. BOURASSA: Ah! vous n'avez pas terminé?
M. JOHNSON: Non, je n'ai pas terminé. Les universités,
comme on le verra par cette loi...
M. BOURASSA: Cela, ce sont des choses qu'on entend dire souvent, est-ce
qu'il y a des choses nouvelles à venir?
M. JOHNSON: Oui, la Commission des universités, loi qui est
annoncées, qui sera déposée demain ou après-demain,
comprend une commission de la recherche universitaire, pour mettre un peu
d'ordre dans ce secteur. Il reste tout le domaine général de la
recherche. Nous aimerions mettre au point un organisme, un conseil de la
recherche qui pourrait aller siphonner des fonds dans toutes les fondations,
pour employer le terme anglais, américaines ou autres, qui pourrait
coordonner ce qui se fait dans la province, qui pourrait intéresser
l'industrie ou l'entreprise privée à aider à la recherche
ou, au moins, à apporter certaines données que cette industrie
privée établit dans ses centres de recherche. Il s'est fait
beaucoup de recherche, récemment, dans le Québec.
Nous avons, pour notre part, inauguré deux centres de recherche
et nous en avons visité un troisième de l'entreprise
privée. C'est extrêmement intéressant et je crois que non
seulement le gouvernement actuel mais les industriels sont convaincus de la
nécessité de la recherche comme facteur ou comme
détonateur, si l'on veut, de progrès et de
développement.
M. BOURASSA: Les deux projets de loi qui étaient prêts, je
pense, ou pratiquement, en 1966, lorsque l'Union Nationale a pris le pouvoir,
je comprends qu'ils vont être modifiés, mais on attend encore
qu'ils soient déposés en Chambre. Et je voudrais rappeler au
premier ministre une déclaration qu'a faite M. Garrigue à
Calgary, il y a deux ou trois semaines. M. Garrigue, je pense, est un
observateur impartial dans les circonstances, et qualifié. Or, M.
Garrigue regrettait qu'il n'y avait absolument rien de fait par le gouvernement
pour la création d'un centre de recherche industrielle et d'un conseil
de recherche scientifique.
M. JOHNSON: Cela prouve seulement une chose, c'est que M. Garrigue n'est
pas plus renseigné que le député de Mercier.
M. BOURASSA: Cela prouve que M. Garrigue voit ce qui se passe en Chambre
et il ne se fie pas aux déclarations multiples du gouvernement
annonçant tel projet de loi, telle formation de centre, tel
établissement...
M. JOHNSON: C'est difficile pour M. Garrigue... Je doute fort que M.
Garrigue connaisse ce projet de développement...
M. BOURASSA; On attend encore les projets depuis deux ans!
M. JOHNSON: Et mon Dieu, oui. Il y a des gens qui attendent des projets
de loi et des positions... Ce n'est pas cela qui m'intéresse, moi, c'est
que cela fonctionne.
M. BOURASSA: C'est que justement les gens ont l'impression que cela ne
fonctionne pas.
M. JOHNSON: Mais oui, on est trop humble, il va falloir se voter des
crédits à l'Office de l'information pour faire connaître
nos réalisa-tionsr
M. CHOQUETTE: Si vous continuez, on va vous amener le
député de Gouin!
M. BOURASSA: Qu'est-ce qui se fait, M. le Président? Plus on pose
des questions au premier ministre, plus on est pessimiste sur le travail qui se
fait, actuellement, au gouvernement pour la coordination entre l'industrie,
l'université et le gouvernement. Qu'est-ce qui se fait?
Le premier ministre en disait quelques mots tantôt. Tout le monde
admet que cette coopération, que cette coordination entre ces trois
groupes, ces...
M. JOHNSON: Je croyais que c'était fait par le Conseil
d'orientation économique, quand je suis arrivé.
M. BOURASSA: Non, laissez faire le passé. On parle de la
recherche scientifique, je pense qu'on peut poser des questions sur la
coordination entre l'industrie, l'université et l'Etat. Il est essentiel
que cette coordination soit faite si l'on veut...
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire se réfère au
travail à faire par le Conseil d'orientation économique.
M. BOURASSA: Justement, M. le Président, dans le rapport du
conseil, il est dit qu'il y a deux projets de loi qui ont été
soumis. Deux projets de loi furent mis au point et soumis au gouvernement. Le
premier proposait la création d'un conseil supérieur de la
recherche, le second la mise en place d'une centre de recherche
industrielle.
C'est sur cette affirmation qu'on peut être justifié, une
nouvelle fois, hélas! et avec regret, de blâmer le gouvernement
pour son inaction.
M. JOHNSON: Je m'accuse de ne pas avoir
donné suite à la recommandation du Conseil d'orientation
économique de la façon qu'on nous avait recommandé de le
faire. Nous avons procédé autrement. Je pense bien qu'on en
finira par une loi, un organisme quelconque de centre de recherche
industrielle. Cela paraît mieux, c'est peut-être mieux
structuré. Mais, avant tout cela, je voudrais voir ce qui se passe dans
le projet du pont de Québec.
M. BOURASSA: Oui, mais M. le Président, une façon de
sortir de notre situation économique difficile, c'est de créer de
nouveaux produits. Le premier ministre est d'accord. Parce qu'il y a des
produits, actuellement, qui risquent d'être en déclin, je pense au
papier. Je ne dis pas que cela va se faire immédiatement, mais j'ai
déjà signalé qu'avec l'établissement de pulperle
dans le sud des Etats-Unis, et peut-être la découverte de nouveaux
produits c'est une industrie qui risque de décliner. Or, c'est avec un
centre de recherche industrielle qu'on pourra, du moins d'une façon
réelle, trouver de nouveaux produits donnant naissance à de
nouvelles industries et créant de nouveaux emplois, dont tous les deux,
nous signalons la nécessité à plusieurs reprises. C'est
pour cela que je blâme le gouvernement d'attendre encore je ne sais pas
quelles études sont en préparation ou quelles
vérifications ou quelles consultations, mais, malgré que ce
centre de recherche industrielle soit réclamé et pratiquement
prêt depuis deux ans, nous attendons encore qu'il soit proposé
dans un projet de loi, et c'est pour cela que M. Garrigue, regrette l'attitude
du gouvernement. Comme l'Opposition.
M. JOHNSON: Si le député avait voulu lire, jusqu'à
la fin du paragraphe, le chapitre concernant la recherche scientifique...
M. BOURASSA: Oui, oui, je l'ai lu.
M. JOHNSON: ... il aurait constaté que M. Claude Lapointe a
dirigé l'équipe...
M. BOURASSA: Oui, oui, vous en avez parlé tantôt.
M. JOHNSON: ... qui a localisé les organismes de recherches
gouvernementaux. Il nous a dressé un inventaire complet des programmes
de recherche en sciences, en physique et en biologie, et a
préparé, avec la collaboration des ministères des
Richesses naturelles et des Travaux publics, un programme
détaillé visant à l'édification d'un complexe
scientifi- que gouvernemental. Or, je dis que cela n'a pas seulement
été étudié, mais que nous sommes passés
à l'action. J'ai devant moi un arrêté. J'espère
avoir le temps de l'étudier avant mon départ. Il accorde des
contrats dès la première phase. Alors, ça bouge.
M. BOURASSA: Oui, mais le centre de recherche industrielle...
M. JOHNSON: L'encre n'était pas encore sèche
là-dessus et on était prêt à passer à
l'action.
M. BOURASSA: Mais il reste qu'on attend encore le projet de loi sur le
centre de recherche industrielle.
M. JOHNSON: N'est-il pas nécessaire que ça bouge?
M. BOURASSA: Oui, oui, mais ça bouge dans d'autres secteurs, pas
nécessairement dans le nôtre.
M. JOHNSON: Je vais vous donner des lois tant que vous en voulez, si
ça intéresse l'Opposition.
M. BOURASSA: Non, M. le Président, je ne comprends pas le premier
ministre ou je le comprends trop. Tantôt, il parlait de la planification.
Il dit: On a attendu que l'expérience du BAEQ soit plus avancée.
Parce qu'il se fait quelque chose dans un secteur, on dirait qu'il se sent
justifié, autorisé de ne rien faire dans tous les autres
secteurs. Alors, c'est la même chose. Il peut se faire quelque chose avec
M. Lapointe, mais il reste que ça ne doit pas empêcher le
gouvernement d'agir dans d'autres secteurs.
M. JOHNSON: Non, non, non. Seulement, chaque année, le
gouvernement qui nous a précédés votait des montants de
$100,000, $200,000 au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
pêche pour des communications, pour des laboratoires...
M. BOURASSA: Mais il faut développer le tourisme. Le ministre est
derrière vous. C'est une façon rapide de développer...
M. JOHNSON: Nous avons dit non à tout ce monde.
M. BOURASSA: Vous avez dit non, au ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche?
M. JOHNSON: Nous avons dit non. Vous n'aurez pas de crédits pour
de petits laboratoires à moitié faits, ici et là. Vous
allez...
M. BOURASSA: Vous n'êtes pas gentil pour votre ministre. Il est
juste derrière vous.
M. JOHNSON: Ne tentez pas de désunir ce que la politique a uni.
Il y a des liens d'amitié qui sont plus forts que...
M. LOUBIER: ... que le budget.
M. JOHNSON: ... et qui résisteraient à certains «
non » retentissants. Mais quand c'est dans le domaine des communications,
des laboratoires, nous avons vu cette dispersion des efforts, ces organisations
médiocres, nous avons coordonné tout cela, et nous fonctionnons
au point où nous sommes prêts à passer au stade de la
construction dans le domaine...
M. BOURASSA: Dans un secteur.
M. JOHNSON: C'est ça. Dans ce secteur...
M. BOURASSA: Un secteur.
M. JOHNSON: Mais c'est le deuxième secteur, celui-là. Il
restera les communications, il y a celui du transport aérien. C'en est
un autre.
M. BOURASSA: Il y a la recherche industrielle proprement dite.
M. JOHNSON: Il y a la recherche industrielle qui sera comprise
là-dedans.
M. BOURASSA: Mais ça, c'est très important.
M. JOHNSON: Oui, d'accordl Pas de discussion là-dessus!
M. BOURASSA: C'est peut-être une facon de trouver des emplois aux
diplômés dont a parlé le premier ministre pour son voyage
en France.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. BOURASSA: Oui, il y aura d'autres questions. A la Caisse de
dépôt, j'aurais peut-être une question. Les relations du
Conseil d'orientation économique avec la Caisse de
dépôt...
M. JOHNSON: Le directeur général du Con- seil
d'orientation est membre du conseil d'administration.
M. BOURASSA: Alors, je suppose que le directeur général a
participé au prêt de $60 millions de la caisse à la suite
d'une rencontre avec le premier ministre.
M. JOHNSON: Je n'ai pas assisté à la réunion.
M. BOURASSA: A la réunion où le premier ministre
était présent.
M. JOHNSON: Je ne suis allé à aucune réunion.
M. BOURASSA: Le 13 juin? M. JOHNSON: Le 13 juin, non. M. BOURASSA: Le
20?
M. JOHNSON: Ecoutez, je ne suis quand même pas pour rendre compte
au député de mes allées et venues, à quelle
heure...
M. BOURASSA: Non, mais il y a une rumeur sur la rue Saint-Jacques
à l'effet que le prêt de $60 millions s'est fait à la suite
d'une rencontre du premier ministre avec la Caisse de dépôt.
M. JOHNSON: C'est une erreur. C'est une fausse rumeur comme il en arrive
sur la rue Saint-Jacques. C'est comme le coup de Bourse de Dosco.
M. BOURASSA: Bien le coup de Bourse, M. le Président...
M. JOHNSON: C'est hors d'ordre!
M. BOURASSA: C'est hors d'ordre, mais oui... Puisqu'on en parle, on peut
dire que tout ce que nous avons signalé, c'est que les actions
étaient montées de $8 à $11 en quelques jours.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Ce qui est arrivé, c'est que vous avez fait rire de
vous sur la rue Saint-Jacques.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à...
M. BOURASSA: Non, un instant, M. le Président, le premier
ministre porte des
accusations en disant qu'on a fait rire de nous sur la rue
Saint-Jacques. S'ils avaient lu le journal des Débats, ceux qui ont ri
n'auraient pas ri parce que tout ce que l'on a fait, c'est de signaler le gain
sur papier d'une dizaine de millions. Une entreprise faisait $9 millions de
perte, alors on a signalé que c'était curieux qu'il y ait un gain
de $8 à $11 sur actions pour une entreprise qui fait $9 millions de
perte. C'est ce qui a été fait durant le débat.
Est-ce qu'il y avait des membres du Conseil d'orientation
économique à la réunion à Paris du comité
mixte conjoint dont je parlais récemment au premier ministre? Il m'avait
dit de signaler ça lors de l'étude de ses crédits.
Comité présidé par M. Faribault?
M. JOHNSON: M. Parenteau n'y était pas...
M. BOURASSA: Je ne sais si le premier ministre m'avait dit que le
rapport n'était pas terminé dans le temps.
M. JOHNSON: ... ni M. Paré, que je sache. Je crois qu'il n'y en
avait aucun. Oui, il y avait un des membres, M. Michel Bélanger.
M. BOURASSA: Ah, oui! M. Michel Bélanger, c'est vrai! Le premier
ministre m'avait signalé quand je lui avais posé la question que
le rapport n'était pas terminé, je ne sais pas s'il aurait la
gentillesse de nous dire s'il y a des développements là-dessus
sur les investissements français au Québec? Il en parlait en fin
de semaine, il parlait des investissements importants dans la SGF à 7%,
convertibles en quinze ans, actions privilégiées. Les
Investissements des banques en partie étaient à 7%, sous forme
d'actions privilégiées, et convertibles en 15 ans.
M. JOHNSON: Ce n'est pas moi qui ai donné ces détails.
Voici, cette question relève des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. BOURASSA: Oui, mais j'étais pris avec la taxe de vente en
Chambre, quand ils sont passés.
M. JOHNSON: Je n'ai pas ici le document. Je n'aurai pas d'objection
à répondre à cette question-là à une autre
séance si l'on veut. Je sais qu'il y a eu un procès-verbal, un
rapport de dressé qui n'était pas terminé au moment
où le député m'a posé la question en Chambre. Il
devrait être préparé.
M. BOURASSA: Mais est-ce que le premier ministre, quand il a fait sa
déclaration vendredi à l'effet qu'il s'en allait en France avec
comme principal but de revenir avec des investissements importants, est-ce
qu'il serait en mesure de préciser davantage? C'est parce que cela fait
tellement de fois qu'on a des voyages en Europe. Nous ne blâmons pas ces
voyages s'ils rapportent des fruits, s'ils profitent aux
Québécois. C'est clair. Mais quand on dit qu'on part pour
l'Europe afin d'aller chercher des investissements additionnels et que cela
fait quinze, vingt ou trente fois qu'on le fait et que, tout ce qu'on a, ce
sont des investissements à 7%, privilégiés, convertibles
en 15 ans, je pense qu'on est autorisé à poser des questions.
M. JOHNSON: Le député trouve le temps long dans
l'Opposition. Ce n'est que mon deuxième voyage en Europe. Le premier,
c'était au mois de mai 1967 alors que j'ai discuté avec le
président de la République de huit projets
caractérisés, entre autres celui du satellite et celui de
l'investissement dans une papeterie.
M. BOURASSA: Ah! vous avez discuté de ça avec le
général De Gaulle là, les $1,500,000 qui ont
été investis dans la papeterie.
M. JOHNSON: Non, le député est assez bien renseigné
sur les questions économiques, mais il ne sait peut-être pas que
le marché du papier en France est un marché contrôlé
par l'Etat et que l'importation, évidemment...
M. BOURASSA: C'est pour ça qu'ils ont refusé de baisser
leur tarif.
M. JOHNSON: ... est basée sur des quotas de divers pays. Alors,
pour que la SGF fasse un placement rentable dans une des papeteries
québécoises, Donahue, à Clermont, il fallait s'assurer
d'une commande minimale annuelle de 5,000 tonnes la première
année, et 10,000 tonnes annuellement pour les années à
venir. Et nous avons mentionné le problème. Nous avons vu
certaines personnes intéressées de plus près, des gens de
cellulose du pin, et nous étions accompagnés de M. Deschamps, le
directeur-général de la SGF. Lorsque nous sommes retournés
chez le président de la République, nous n'avons pas cru qu'il
était opportun de parler de ce problème. Nous croyons qu'il ne
fallait pas déranger un homme dans sa position, avec un problème
qui doit quand même lui paraître mineur. Au sortir de l'entrevue,
il a dit devant les fonctionnaires qui m'accompagnaient et m'attendaient dans
l'antichambre: « Mais vous avez oublié de me parler du
huitième projet, celui de l'investissement...
M. BOURASSA: II avait un bon dossier.
M. JOHNSON: ... dans une papeterie. Alors, quelques mois plus tard, les
intérêts français ont fait une entente avec la SGF et l'on
a maintenant un intérêt par la SGF et les intérêts
français ainsi que l'assurance d'une commande pour la papeterie de
Donahue qui doit, si j'ai bien compris le projet en entier, se
développer, qui doit ajouter une machine à papier.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a d'autres investissements ?
M. JOHNSON: Je n'en ai pas parlé avec le président de la
République.
M. BOURASSA: Le leader de la Chambre a des questions à poser,
d'accord?
M. JOHNSON: Nous avons aussi d'autres investissements. Nous avions des
problèmes, je n'en ai pas parlé au président ni à
d'autres personnes en France. Nous avions des problèmes avec Soma,
l'usine de montage Peugeot-Renault, des problèmes assez ennuyeux.
M. BOURASSA: Est-ce que ça va mieux, là?
M. JOHNSON: Beaucoup mieux. Des problèmes de déficit Nous
avions aussi des problèmes avec Ségelec, comme on le sait. Il y a
aussi plusieurs projets. Je ne pense pas qu'il soit d'intérêt
public de les dévoiler immédiatement.
M. BOURASSA: Importants ou... M. JOHNSON: De l'ordre de...
M. BOURASSA: De l'ordre de l'investissement dans le papier?
M. JOHNSON: ... de dizaines et de dizaines et de millions de
dollars.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je pense que...
M. BOURASSA: Non, M. le Président, c'est important, quand
même. Là, nous parlons du développement économique.
Le premier ministre...
M. JOHNSON: Le député se trouve intéressant...
M. BOURASSA: Non! S'il y a une chose qui intéresse les
Québécois actuellement, ce sont les investissements pour relancer
l'économie. Or, le premier ministre vient de laisser tomber des dizaines
et des dizaines de millions. Il a dit vendredi qu'il s'en allait en Europe pour
chercher des investissements additionnels, tout le monde va attendre son retour
pour voir si...
M. JOHNSON: Oui. Je vais en Europe, en France et en Angleterre aussi.
Est-ce que ça intéresserait le député de savoir que
les Anglais sont intéressés dans ce projet?
M. BOURASSA: Est-ce un projet qui a trait aux Richesses naturelles?
M. JOHNSON: On verra.
M. BOURASSA: II me reste seulement une question à poser au
premier ministre à ce sujet. A-t-il l'intention de discuter avec les
autorités françaises de la baisse du tarif sur l'aluminium? Dans
les négociations du Kennedy Round, l'une des déceptions pour le
Québec a été le fait que le marché commun,
paraît-il, sur l'insistance de la France, avait refusé de baisser
le tarif sur l'aluminium, ce qui aurait aidé favorablement le
Québec et surtout la région du Lac-Saint-Jean. Est-ce que le
premier ministre a l'intention de discuter de la possibilité,
peut-être, de la réduction de ce tarif qui permettrait à
l'une de nos régions de se développer plus rapidement?
M. JOHNSON: Evidemment, nous avons, M. le Président, des accords
avec la France qui ont été signés en 1965.
M. BOURASSA: Oui, cela relève du gouvernement central, mais un
bon mot du premier ministre...
M. JOHNSON: Je me demande si le député là, voudrait
que je me substitue au gouvernement fédéral, pour aller discuter
des effets des accords...
M. BOURASSA: Non, non. M. JOHNSON: ... de GATT.
M. BOURASSA: Si le général vous demande...
M. JOHNSON: J'espère qu'on se rend compte que même
l'Opposition nous pousse dans cette direction.
M. BOURASSA: Non, M. le Président, si le
général...
M. JOHNSON: Le député de Marguerite-Bourgeoys n'aurait
jamais osé me demander de violer l'autonomie fédérale.
M. BOURASSA: Non, mais si le général dit: Qu'est-ce que je
peux faire concrètement pour le Québec?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, le premier ministre n'a
pas le droit de dire des choses comme cela. Je ne sais pas pourquoi. A tout
bout de champ, on mentionne le député de Marguerite-Bourgeoys. Je
suis certaine qu'il n'a pas aimé que je participe à la campagne
fédérale. Mais, qu'est-ce que vous voulez, je suis une Canadienne
aussi bien qu'une Québécoise, puis cela m'a fait plaisir d'aider
à faire élire le ministre fédéral à
Ottawa.
M. JOHNSON: Est-ce que je devrais m'occuper de l'aluminium en France, ou
si je devrais attendre...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Pas pour le Québec, je suis d'accord puis
en même temps, c'est bon pour le Canada.
M. JOHNSON: II ne faut pas attendre Ottawa, là.
M. BOURASSA: Non, M. le Président,... MME KIRKLAND-CASGRAIN:
Voyons donc.
M. BOURASSA: ... le premier ministre déforme nos paroles.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est ridicule. Je ne sais pas s'il va me laisser
tranquille et s'il va continuer à discuter sérieusement
avec...
M. LE PRESIDENT: Le meilleur moyen de discuter entre économistes,
c'est par l'entremise du Conseil d'orientation économique.
M. BOURASSA: Le premier ministre m'a posé une question. Il ne
s'agit pas, M. le Président, de ne pas respecter la juridiction
respective des différents ordres de gouvernement. Mais, dans le
programme du parti libéral, il est écrit qu'il doit y avoir
consultation sur la politique tarifaire. Alors, c'est une chose que le
gouvernement actuel doit approuver.
Or, si l'occasion se présente, si le général de
Gaulle demande au premier ministre: Qu'est-ce que je peux faire pour aider
concrètement le Québec? Bien, vous pouvez, à titre
d'exemple, parler de la réduction du tarif sur l'aluminium par le
marché commun, où la France a un rôle important à
jouer, qui permettrait de stimuler le développement économique de
nos régions.
M. JOHNSON: Je dirai au général: Un représentant de
l'Opposition m'a prié de me sensibiliser aux problèmes du tarif
sur l'aluminium.
M. BOURASSA: M. le Président, si je pose cette question, c'est
que le premier ministre a dit: Je m'en vais en France, premièrement,
pour la promotion industrielle. C'est lui-même, avec ou sans
arrière-pensée, qui a dit que le but de son voyage était
pour la promotion industrielle au Québec.
Or, je lui fais des suggestions pour faciliter cette promotion
industrielle.
M. JOHNSON: Elles sont les bienvenues.
M. BOURASSA: Alors, M. le Président, quant au rapport qui avait
été rédigé lors de la rencontre du 15 mai, je pense
que celui-là, le premier ministre dit qu'il ne l'a pas sous la main et
que je pourrais lui poser une question... Il ne se souvient pas des conclusions
du rapport.
M. JOHNSON: Le rapport verbal. Il s'est agi surtout d'une exploration du
champ...
M. BOURASSA: Une autre exploration? M. JOHNSON: Bien oui! Evidemment...
M. BOURASSA: D'accord.
M. JOHNSON: ... quels sont les investissements français au
Canada? Quels sont les investissements québécois en France? Quel
a été leur rythme de développement depuis une certaine
période d'années? Quelles sont les possibilités pour
l'avenir? C'était là le mandat en gros de ce comité
conjoint. Nous n'attendons pas de miracle, il ne faut pas faire croire à
la population que la France, ni l'Angleterre, ni unautre pays d'Europe ne
remplacera jamais les Etats-Unis comme volume d'investissements, surtout dans
le secteur manufacturier et même dans le secteur primaire.
Mais, il est extrêmement important que nous puissions obtenir la
coopération de la France et des investissements français, parce
qu'avec les investissements viennent, généralement, la...
M. BOURASSA: La technique.
M. JOHNSON: ... technologie et il n'est pas indifférent que nos
gens travaillent en français ou en anglais. Il n'est pas
indifférent que ces nombreux ingénieurs électroniciens,
par exemple, qui sortent de nos écoles, puissent se trouver un
débouché pour travailler en français. On sait que nous
avons je l'ai annoncé, cela a peut-être
échappé à l'attention du député qu'
une dizaine d'ingénieurs sont rendus ou en route pour travailler sur le
projet Symphonie, projet conjoint de l'Allemagne de l'Ouest et de la France,
quant au lancement d'un satellite. Alors, voila une dizaine d'ingénieurs
qui vont travailler en français, qui vont s'entraîner dans cette
industrie de pointe.
M. BOURASSA: Oui, mais comment cela se fait-il que nos étudiants
en électronique sont obligés d'aller en Colombie-Britannique?
M. JOHNSON: Bien, oui, c'est parce qu'on n'avait pas de
débouché, on n'en a pas préparé dans le
passé.
M. BOURASSA: Dans le passé, cela remonte en 1940, je suppose?
M. JOHNSON: Cela remonte loin. Avec les $600 millions qu'on a mis dans
la nationalisation des compagnies d'électricité, je pense qu'on
aurait pu faire un développement spectaculaire dans le domaine
industriel.
M. BOURASSA: Oui, mais si vous voulez qu'on reprenne cette
discussion-là, M. le Président,... Le centre de recherche
à Boucherville aurait-il été possible, sans la
nationalisation?
M. JOHNSON: Oui.
M. BOURASSA: Oui?
M. JOHNSON: Oui, c'est-à-dire,
M. BOURASSA: Oui, la coordination des... M. le Président, qu'on
n'est pas pour reprendre tout ce débat-là.
M. JOHNSON: On est pas pour reprendre la campagne de 1962.
M. BOURASSA: Oui, d'ailleurs le point de vue de la population a
été clairement exprimé là-dessus.
Sur la question, M. le Président, de l'analyse des
investissements manufacturiers qui a été faite par le Conseil
d'orientation économique, est-ce que le premier ministre a pris
connaissance des études qui ont été faites à cet
égard?
M. JOHNSON: C'est regrettable, mais il n'y a pas eu de rapport remis au
gouvernement.
M. BOURASSA: Le gouvernement lui-même a-t-il fait faire une
analyse par un expert de Montréal à cet égard, sur les
investissements manufacturiers?
M. JOHNSON: Je ne sais pas si cela relève des crédits
ici.
M. BOURASSA: Non, mais je voudrais seulement savoir si ç'a
été fait.
M. JOHNSON: Oui, je me suis servi en Chambre de certaines données
d'un rapport que j'avais fait préparer par...
M. BOURASSA: Par qui? M.JOHNSON: L'ingénieur...
M. BOURASSA: Un ingénieur ou un économiste?
M. JOHNSON: Un ingénieur spécialisé dans ce
domaine.
M. BOURASSA: Alors, étant donné que l'on parle d'une
synthèse de deux études qui a été faite par M.
Gauthier, est-ce que le premier ministre pourrait nous dire quand ce rapport
sera remis au gouvernement?
M. JOHNSON: M. Parenteau m'informe que le travail n'est pas
terminé, qu'il a été interrompu parce que son attention et
ses ressources ont été portées sur d'autres
problèmes, et M. Gauthier est rendu au ministère des
Finances.
M. BOURASSA: Alors est-ce...
M. JOHNSON: C'est parce que, après entente avec le chef de
l'Opposition, nous devons retourner en Chambre à six heures moins
quart.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a encore plusieurs autres questions?
Est-ce que je pourrais adopter l'article?
M. BOURASSA: Je préférerais attendre, ce ne sera pas
long.
M. JOHNSON: C'est bien Intéressant de causer avec le
député de Mercier, je pourrais peut-être l'inviter à
dîner un de ces jours après l'ajournement et si le
député de Marguerite-Bourgeoys est intéressé
à suivre notre conversation, je l'inviterai avec plaisir.
M. BOURASSA: Alors j'accepterai l'invitation du premier ministre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est ajourné à ce soir
à 8 heures?
M. BOURASSA: D'accord! M. JOHNSON: 8 heures 15.
(Note de l'éditeur: L'étude des crédits du Conseil
exécutif a été continuée au comité des
subsides de la Chambre, voir page 3270 et suivantes.)
(17 h 38)