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Affaires intergouvernementales
(Quinze heures dix-neuf minutes)
M. PLAMONDON (président du comité des crédits du
Conseil exécutif): A l'ordre! Nous allons passer à l'étude
des crédits du ministère des Affaires intergouvernementales.
M. MARTEL (président du comité des crédits des
Affaires intergouvernementales): Le poste budgétaire 1.
M. LESAGE: M. le Président, en ce qui touche les Affaires
intergouvernementales, j'ai une question à poser au premier ministre.
Est-ce qu'il est en mesure d'assurer, non seulement les membres du
comité mais les députés, que le comité de la
Constitution sera reformé avant la fin de la semaine?
Deuxièmement, que le comité siégera une fois au moins,
pour fin d'organisation avant l'ajournement de la session? Je veux dire
simplement pour se choisir un président et un secrétaire.
Ensuite, le comité aura-t-il le droit, comme les comités
précédents l'avaient, de siéger même lorsque la
Chambre est ajournée et que la session n'est pas reprise.
M. JOHNSON: M. le Président, je suis en mesure d'annoncer que le
comité sera formé avant la fin de la semaine. J'ai reçu la
liste des noms proposés par l'Opposition. Le gouvernement prendra
à sa charge la nomination dans son groupe, pour fin du comité,
d'un des indépendants, soit le député de Sainte-Anne ou le
député de Laurier, à moins que ce soit le
député de Dorion.
Le comité pourra siéger au moins une fois pour s'organiser
et s'équiper. S'organiser: donc choisir un président et,
deuxièmement, désigner un secrétaire.
Je pense qu'il faudrait continuer la bonne habitude d'avoir un
secrétaire conjoint nommé par l'Opposition et,
troisièmement, il sera habilité à siéger,
même quand la Chambre ne siège pas et même entre les
sessions s'il y avait lieu. Quatrièmement c'est
déjà prévu ou on l'incluera au budget
supplémentaire qui doit être présenté demain ou
après-demain il faudra prévoir les fonds
nécessaires, si ce n'est déjà fait, pour les
séances, la rémunération des membres qui assistent
à des séances.
A cette première séance, nous proposerons, selon la
coutume établie, la formation d'un comité directeur qui, lui,
sera chargé de préparer le menu pour chacune des réunions.
Nous avons demandé que l'on nous résume sous forme de tableau
synoptique les divers mémoires qui nous ont été soumis. En
abscisse les propositions et, en coordonnée, le nom de l'association;
cela fait un tableau assez intéressant. J'espère qu'il est
complété et, s'il ne l'était pas, nous verrons à ce
que les membres le reçoivent aussitôt qu'il sera
terminé.
Nous avons un petit problème dont nous parlerons à la
première réunion du comité: c'est la documentation
complète. Je me demande si nous pouvons remettre à chacun des
membres du comité les copies de mémoires, parce que nous avions
déjà remis l'exemplaire aux membres qui en faisaient partie les
autres années et, toutefois, s'il nous en manque, nous
compléterons. En somme, le mécanisme sera organisé
dès la première réunion; la motion viendra en Chambre
demain ou après-demain et nous pourrons procéder après
l'ajournement de la session.
M. LESAGE: Est-ce que c'est aux crédits des Affaires
intergouvernementales que l'on trouve les montants nécessaires pour
défrayer les dépenses de voyage des 20 journalistes qui doivent
accompagner le premier ministre en France, tel que l'a mentionné M.
Cyr?
M. JOHNSON: Je sais que l'invitation a été offerte ou
présentée aux média d'information qui ont des
représentants à temps plein ou à temps partiel à la
Tribune de la presse. Je crois que c'est aux Affaires
intergouvernementales.
M. LESAGE: M. Cyr, d'après les nouvelles, aurait
déclaré que c'était l'Office d'information et de
publicité. J'en avais conclu que c'était au poste 13, n'est-ce
pas?
M. JOHNSON: Mon chef de cabinet m'informe que c'est à l'Office
d'information.
M. LESAGE: C'est au poste 13. $900,000 pour les autres
ministères. Pour le Conseil exécutif, on m'a expliqué que
le poste 13 était justement pour défrayer les dépenses
d'information et de publicité des autres ministères.
M. JOHNSON: II faut que ce soit au poste 12 ou au poste 13, le service
d'information.
M. LESAGE: Poste 13. De toute façon,lorsque nous arriverons au
poste 13, au Conseil exécutif, j'aurai encore quelques questions
à poser au premier ministre sur ce point. Quant au reste et quant
à moi, du moment que le comité de la Constitution est
formé, je crois que
nous serons en mesure d'y discuter de tous les sujets que nous pourrions
longuement discuter lors de l'étude des crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales.
La création assurée du comité de la Constitution
nous permettra d'étudier beaucoup plus à fond que nous ne
pourrions le faire lors de l'étude des crédits du
ministère, les questions politiques extrêmement importantes ou
graves de conséquence que nous avons tous à l'esprit.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais poser une question au
premier ministre, s'il le permet, justement sur la formation de ce
comité-là et lui demander jusqu'à quel point, dans son
esprit, le comité va être libre d'adopter des positions qui
pourraient être différentes de celles qui ont déjà
été adoptées par le premier ministre et son gouvernement
aux conférences de Toronto et d'Ottawa.
M. JOHNSON: Bien, le comité pourra au moins les discuter.
Evidemment, le comité n'a pas à prendre de position, il n'a
qu'à faire rapport à la Chambre.
M. CHOQUETTE: Mais jusqu'à quel point les membres nommés
par le gouvernement se sentiront-ils libres de s'échapper des prises de
position que le premier ministre a exprimées dans le passé?
M. JOHNSON: Et jusqu'à quel point les membres de l'Opposition
seront-ils libres de choisir entre l'une ou l'autre des tendances? Cela dessine
assez clairement...
M. CHOQUETTE: Oui, mais au moins il y a de la variété dans
notre parti. Mais, est-ce que ce comité-là va siéger
seulement pour la forme?
M. JOHNSON: Pourquoi anticiper de la nature de ces réunions? Le
comité, évidemment, a déjà beaucoup de travail
d'accumulé. Le monde a commencé à tourner avant
l'arrivée du député d'Outremont...
M. CHOQUETTE: Ah, c'est sûr! Cela, je ne le nierais pas du
tout.
M. JOHNSON: II serait étonné de se rendre compte que ce
comité a entendu des associations très sérieuses, qui ont
déposé des mémoires et sont venues ici témoigner.
Il s'est fait, à la demande du comité, depuis 1963, des
études très avancées sur divers aspects du problème
constitutionnel. Entre autres, nous avions, dès le début, retenu
les services d'un excellent professeur de droit qui est venu témoigner
à huis clos et qui, ensuite, a fait des travaux comme membre de
l'Institut de droit administratif de l'université de Montréal. Il
y a un monsieur P.E. Trudeau qui était professeur de droit à
l'université de Montréal et qui je m'en souviens comme si
c'était hier, il était assis ici nous avait donné
son point de vue à la suite de plusieurs autres experts, d'ailleurs.
Evidemment, le travail de déblaiement, si l'on veut, a
été fait. Il est assez normal que, maintenant que le processus
des négociations est engagé entre le Québec et les autres
provinces, d'une part, et le fédéral d'autre part relativement
à une nouvelle constitution, le rôle du comité peut, quant
à cet aspect, peut-être être modifié mais il lui
reste quand même beaucoup d'ouvrage.
On aura remarqué que, dans le mandat de l'année
dernière, on mettait l'accent sur la constitution interne du
Québec. Il y a un travail à faire. Je crois que c'est l'occasion
de le dire peut-être ici: La constitution interne du Québec est
une des priorités. J'ai l'intention, lors de la première
réunion du comité, d'insister sur ce point. Car dans tous les
domaines qui nous intéressent, qui sont de notre compétence, nous
avons beaucoup d'ordre à mettre dans les lois et nous devrions le plus
tôt possible en arriver à proclamer une constitution interne du
Québec qui garantirait, entre autres, les droits des minorités,
des groupes ethniques comme nous l'avons souvent annoncé.
Il faudrait aussi, à ce comité, peut-être demander
qu'on nous fournisse le plus tôt possible non seulement les copies d'un
rapport déjà publié, le rapport Laurendeau-Dunton, mais
l'ensemble de toute la documentation qui a servi à ce premier rapport et
à d'autres qui, si nos informations sont exactes, étaient
prêts pour diffusion il y a déjà quelques mois, mais, pour
des raisons que je ne critique pas, qu'on a pas jugé à propos de
rendre publics.
Le comité de la Constitution, en somme, a beaucoup d'ouvrage
à accomplir et j'espère que nous pourrons continuer dans le
même esprit que celui qui a présidé aux réunions
cela fait déjà un bon bout de temps - que nous avions
tenues et qui ont constitué pour celui qui vous parle et tous ceux qui
ont travaillé dans ce comité l'une des expériences les
plus intéressantes. Je note que le nom du député
d'Outremont, d'ailleurs, est inclus dans la liste des membres de l'Oppotion
qu'on m'a soumise.
M. CHOQUETTE: L'année dernière j'étais membre mais
nous n'avons pas siégé.
M. JOHNSON: Alors, le député d'Outremont aura l'occasion
d'étudier ces problèmes extrêmement intéressants. Je
dois dire que le travail accompli et les études faites ont
facilité beaucoup la tâche du gouvernement à l'occasion des
deux conférences, celle de Toronto et celle d'Ottawa et que ce travail
et la documentation servent d'une façon évidemment très
utile, ce temps-ci, à la préparation des négociations qui
doivent être entamées avec le fédéral.
En somme, ce n'est pas peine perdue, au contraire. Cela a
été de l'argent bien placé.
M. LESAGE: M. le Président, pour autant que le rôle du
comité de la Constitution est concerné, le premier ministre dit
qu'il a l'intention de demander au comité de donner la priorité
à l'élaboration d'une constitution interne pour le Québec.
Quant au principe, à l'élaboration de cette constitution interne,
nous sommes parfaitement d'accord, nous, les députés de
l'Opposition. Nous l'avons approuvé unanimement en caucus et nous sommes
allés assez loin dans l'énumération des sujets qui
devraient faire l'objet de cette constitution interne du Québec et ceci
en ce qui concerne l'appareil législatif, l'appareil judiciaire et
l'appareil exécutif et administratif.
Mais il ne faut pas perdre de vue non plus la nécessité
qu'il y a pour le comité de tenter d'en arriver au plus haut
degré de consensus en ce qui concerne deux autres sujets d'une
importance capitale pour le Québec. Premièrement, il y a le
rapport Laurendeau-Dunton. Je crois que les membres du gouvernement et les
députés sont d'accord, comme nous le sommes, sur la
nécessité non seulement de mettre en oeuvre au Québec les
principales recommandations du rapport Laurendeau-Dunton mais de faire tout en
notre pouvoir pour qu'au niveau fédéral et au niveau des autres
provinces, ces principales recommandations soient également
adoptées dans la pratique et mises en oeuvre.
Enfin, il y a ce sujet de première importance qui est une
nouvelle constitution canadienne, une constitution canadienne renouvelée
avec le nouveau partage des pouvoirs que cela implique. Ce sont là des
sujets auxquels les membres du comité devront se préparer avec
sérieux et avec intensité. Je puis assurer le premier ministre
que les membres libéraux du comité feront tout en leur pouvoir
pour que le rapport du comité soit le plus précis possible sur
tous ces sujets, que nous ferons de notre côté l'impossible pour
en arriver au degré de consensus le plus élevé. Enfin,
quant à nous, nous donnerons suite aux intentions exprimées par
le premier ministre de continuer les délibérations de ce
comité dans une atmosphère détendue, une atmosphère
de cordialité et aussi de compréhension mutuelle.
M. JOHNSON; Vous me permettrez, M. le Président, d'attirer
l'attention tout de suite des membres du comité sur une requête
des Etats généraux. Les Etats généraux ont
demandé d'être entendus et c'est peut-être le rôle du
comité de la Constitution de recevoir les résolutions des Etats
généraux, de faire venir les membres, les principaux
porte-parole...
M. LESAGE: Je pense même que ce sera le rôle du
comité de prendre une décision de principe et le rôle du
comité directeur de faire les arrangements nécessaires.
M. JOHNSON: II y a aussi le problème de la déclaration des
droits. L'Office de revision du code civil a mis au point un nouveau projet de
déclaration des droits extrêmement intéressant.
M. LESAGE: Droits individuels ou des droits collectifs?
M. JOHNSON: Droits individuels.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le premier ministre visait le premier
chapitre?
M. JOHNSON: Les droits individuels, le premier chapitre du nouveau code.
Vous avez vu le projet? Extrêmement intéressant. Je me demande si
on devrait faire un comité ad hoc ou si on devrait soumettre ça
au comité de la Constitution.
M. LESAGE: Je pense que le comité de la Constitution devrait
être celui qui serait chargé d'étudier l'élaboration
de cette charte des droits de l'homme qui pourrait éventuellement
être incluse dans le code civil et qui, quand même, fait partie de
la constitution interne.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Quand on parle de constitution interne...
M. JOHNSON: Evidemment. Certains principes pourraient être
transposés à la constitution elle-même.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Mais ce projet mérite une
étude. Le cabinet n'a pas encore pris de décision
là-dessus, mais je suis très heureux d'entendre l'expression
d'opinion des membres de l'Opposition. Mais peut-être qu'il y aurait lieu
de faire un comité ad hoc, pratiquement les mêmes...
M. LESAGE: Nous verrons.
M. JOHNSON: Parce que ce ne sont peut-être pas les mêmes qui
sont intéressés. Il y a des implications autres que
constitutionnelles dans ces...
M. LESAGE: Implications strictement juridiques.
M. JOHNSON: Ah, des vraies de vraies! Je pense que c'est un travail
très technique et on devrait peut-être augmenter le nombre d'avo-
cats sur le comité. Sur un comité ad hoc on pourrait faire
travailler surtout des avocats.
M. CHOQUETTE: Moi, je pense que c'est ce qu'il faut faire parce que les
droits de l'homme, c'est un peu un en-soi, c'est un sujet bien
déterminé, bien limité, enfin pas limité. Il est
vaste mais il est...
M. JOHNSON: Spécifique.
M. CHOQUETTE: ... spécifique et, par conséquent, un
comité spécial sur cette question-là serait tout à
fait indiqué.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 1 est adopté? Tout
est adopté.
(15 h 42)