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Education
(Seize heures vingt-trois minutes)
M. GARDNER (président): A l'ordre! Nous commençons les
crédits du ministère de l'Education. En l'absence du
député de Saint-Jean, on m'a demandé de présider le
comité. Si vous voulez bien m'accepter?
M. BERTRAND: M. le Président, nous vous acceptons
unanimement.
M. LE PRESIDENT: Merci. Je crois, également, qu'il y a une
entente de prise, non?
M. BERTRAND: M. le Président, au début de l'étude
des prévisions budgétaires du ministère de l'Education, le
leader du gouvernement, le leader parlementaire, m'a signifié qu'il y
avait eu une entente entre le député de Vaudreuil-Soulanges
à l'effet que, malgré l'article 429, et bien entendu avec la
permission des membres du comité ou de la Chambre, étant
donné que nous sommes en comité, le ministre de l'Education, Me
Jean-Guy Cardinal pourrait, même s'il n'est pas député,
répondre aux questions qui lui seront posées relativement aux
prévisions budgétaires du ministère de l'Education et
fournir à tous les membres de ce comité et par le truchement du
Journal des Débats, à tous les membres du gouvernement, les
renseignements qu'il doit fournir et les renseignements qu'il fournira
relativement aux prévisions budgétaires.
M. LAPORTE: M. le Président, le ministre se réfère,
évidemment, à l'article 429 de notre règlement qui
détermine la politique ou la procédure devant les comités.
L'article 429 dit: « Ni, les étrangers, ni les
députés qui ne sont pas membres d'un comité
spécial, ne peuvent sans l'autorisation du comité ou de la
Chambre, adresser la parole au comité ou poser des questions à un
témoin qui dépose devant le comité ».
Je voudrais d'abord dire que c'est la première fois depuis que M.
Cardinal est ministre de l'Education que j'ai l'occasion de le rencontrer pour
plus que le saluer au passage, de lui dire bonjour. Je voudrais dire aux
membres de ce comité que j'ai pour le ministre de l'Education de
l'amitié et de la considération. Je l'ai connu alors qu'il
était au Trust Général du Canada, je connais sa
compétence et son désir de faire un succès des fonctions
qu'on lui a confiées.
Vous n'imaginez pas, M. le Président, qu'en dépit de toute
la sincérité de ces compliments que je les fais sans imaginer que
je vais être obligé d'être désagréable envers
un homme pour qui j'ai de l'amitié et de l'estime. Je ne serai pas
désagréable pour l'homme; je vais être
désagréable pour une situation que l'on a créée
dans la province de Québec à l'intérieur d'un gouvernement
qui se veut démocratique.
Je trouve inacceptable que quelque ministre que ce soit et
particulièrement le ministre de l'Education ne soit pas un
député. C'est bien secondaire qu'on le considère devant ce
comité, si je m'en remets au texte de l'article 429, comme un
étranger. Parfaitement secondaire! Mais nous avons à la
tête du ministère le plus important de la province de
Québec quelqu'un qui n'est pas responsable devant le peuple.
Remontez dans le cours de l'histoire politique de la province de
Québec, mettons les cinquante dernières années. Vous avez
eu, dans un passé lointain, un premier ministre qui était
conseiller législatif. Je ne connais pas les ambitions personnelles de
M. Cardinal. J'ose croire qu'il ne veut pas ressusciter la tradition un jour
d'un premier ministre qui serait conseiller législatif.
M. BERTRAND: Il pourra quand même y avoir des changements à
la constitution du Québec peut-être à ce
moment-là.
M. LAPORTE: II pourrait même y avoir un changement de
gouvernement.
M. BERTRAND: On aura peut-être un président élu par
l'ensemble de la population, qui sait? Vers demain.
M. LAPORTE: C'est ça. Je suis parfaitement d'accord avec le
ministre. Car à ce moment-là le premier ministre ne pourra pas
être conseiller législatif parce que ces gens-là ne sont
pas élus.
Je dis, M. le Président, que cela ne s'est pas vu depuis
plusieurs décennies. Vous avez eu deux sortes de situations. Vous avez
eu un conseiller législatif qui était ministre d'Etat, qui
représentait en quelque sorte, les problèmes, les vues du Conseil
législatif au conseil des ministres. Le plus récent exemple que
je connaisse est celui de M. Marier qui était ministre sans
portefeuille, ministre d'Etat et conseiller législatif.
Vous avez eu le cas de ministres qui ont été nommés
avant d'être député. Vous avez le cas
de M. Kierans, vous avez le cas de M. Wagner, de récente
mémoire. Mais, dans les deux cas, au moment même où ces
gens-là étaient nommés ministres, ils étaient
déjà devant les électeurs, au cours d'une campagne
électorale ou sur le point de l'être. Ils n'ont pas
été ministres plus de quelques semaines sans être
députés.
Le ministère de l'Education existe depuis six ans,
approximativement. De tous les problèmes auxquels la province de
Québec doit faire face actuellement, il est clair que celui de
l'éducation est le plus sérieux, le plus profond. Celui qui est
le plus lourd de conséquences. Je ne veux pas être et je ne suis
pas par tempérament, et compte tenu des circonstances dans le
Québec, un prophète de malheur. Mais voyez où ont
commencé les problèmes dans différents pays. Les
problèmes très sérieux sont commencés à
l'université. Ils ont commencé chez les étudiants.
M. le Président, nous avons dans ce domaine, nous et ceux qui ont
suivi, opéré une réforme qui est voisine d'une
révolution. Nous ne le croyions pas, lorsque nous avons
créé le ministère de l'Education qui a fait le travail que
l'on sait, et qui reste en grande partie à compléter.
Le ministre qui a suivi immédiatement, le député de
Missisquoi, a avec raison dit qu'il fallait accélérer. Nous
n'avons jamais cru, lorsque nous avons créé le ministère
de l'Education, que nous bâtissions un ministère qui donnerait
à toute la jeunesse du Québec, à tous les intellectuels,
qui ont bataillé au cours des vingt dernières années pour
la démocratisation de notre société, que ce serait ce
ministère-là, dis-je, qui donnerait l'exemple du renversement de
la vapeur.
Encore une fois, la personnalité de M. Cardinal, qu'on me fasse
l'honneur de considérer que je la tiens en dehors du débat. Et
s'il y a quelqu'un tout à l'heure qui se lève pour dire que j'ai
attaqué personnellement M. Cardinal, je le contredis
immédiatement. Je dis pour lui mon respect et mon amitié. Ce
serait n'importe quel autre homme de la province de Québec qui serait
ministre de l'Education, je ne dirais peut-être pas que j'ai pour lui de
l'amitié, mais je dirais les mêmes paroles quant à la
situation qui est créée dans la province de Québec.
Depuis quelques années, des efforts immenses ont
été faits dans le Québec pour préparer une
réforme de l'éducation à tous les paliers.
Il faut que nous continuions dans cette voie.
Comment voulez-vous convaincre les parents? Comment voulez-vous
convaincre les commissions scolaires? Comment voulez-vous convaincre les
étudiants que nous sommes en train de créer le système
d'éducation le plus démocratisé au monde, où le
dialogue va exister à tous les niveaux, où ce sont vraiment les
intéressés qui vont avoir leur mot à dire, lorsque le
ministre lui-même est dans une tour d'ivoire? Lui, le premier, le chef,
n'est pas soumis à la procédure de l'élection.
Nous n'avions pas cru premièrement que nous bâtissions un
ministère de l'Education pour renverser la vapeur en matière de
démocratisation. Deuxièmement, nous jugeons qu'il y a
contradiction formelle dans les faits entre les assertions du ministère
sur la démocratisation, et sur la situation qui est créée
par un ministre qui, après plusieurs mois, n'a pas encore obtenu la
sanction des électeurs. Sanction des électeurs qui a quand
même un sens.
Les plus jeunes ont tous lu l'histoire politique de la province de
Québec. Jusqu'à des années récentes 25 ans
peut-être la sanction du peuple était tellement
sérieuse que lorsqu'un homme, un député était
nommé ministre il fallait qu'il démissionne comme
député et retourne dans son comté faire sanctionner sa
nomination par les électeurs. C'était comme cela il y a 25 ans,
peut-être moins que cela encore, dans la province de Québec. Il
est arrivé qu'un homme ait été élu
député, ait été nommé ministre, soit
retourné devant ses électeurs et soit battu. On n'a pas dit
à ce moment-là: On va faire de vous un conseiller
législatif et vous allez conserver votre poste. Il a
démissionné. Rappelons-nous les heures les plus graves de la
dernière guerre mondiale au Canada.
Ceci pour dire que sans doute le ministère de l'Education a des
problèmes sérieux à résoudre.
On va peut-être nous dire qu'il était bon qu'on ait pendant
un certain temps un ministre qui soit à l'abri des conflits politiques,
mais je pense qu'au cours de la dernière guerre c'était
également sérieux. M. King, au pire de la crise sur la
conscription, est allé chercher un général, le
général McNaughton, il en a fait le ministre de la Guerre, sans
qu'il soit député. Il s'est présenté quelques jours
plus tard. Il a été battu. Mais M. King n'a pas dit, étant
donné la gravité de la situation, étant donné
qu'à mon avis et c'était le cas à l'époque
vous êtes à peu près le seul homme qui peut rallier
à vous les pro et les anticonscriptionnistes, je vais vous nommer au
Sénat et vous allez continuer à être ministre. M.
McNaughton a démissionné immédiatement avec toutes les
conséquences que cela comportait pour le Canada. Je dis donc qu'il y a
contradiction.
Troisièmement, si nous étions en présence d'un
budget limité comme celui des Affaires
intergouvernementales, $2 millions, comme celui du Conseil
exécutif, $12 millions, comme celui du Secrétariat de la
province, $7 millions, nous pourrions nous battre avec la même vigueur
sur le principe de la présence d'un non-élu du peuple au conseil
des ministres, avec portefeuille.
Nous avons un autre argument, il s'agit d'un budget de deux-tiers de
milliard de dollars,celui de 67/68.
M. le Président, ce sont les taxes sur l'éducation qui
font actuellement le plus mal. Nous avons été, nous, en bonne
partie, battus à cause de nos taxes sur l'éducation. Nous n'avons
aucun remords, aucun. Si c'était à recommencer nous
recommencerions demain avec les mêmes conséquences, probablement.
Mais qu'on ne vienne pas nous demander d'admettre, nous, après les
heures que nous avons vécues, qu'on ait un ministre de l'Education qui
soit au-dessus de la mêlée! Nous voulons, plus que jamais, parce
que ce sont les citoyens qui paient, qu'ils aient le droit de dire directement
au ministre: Nous sanctionnons votre administration ou nous la condamnons. Et
la façon pour la population du Québec de sanctionner
l'administration d'un ministre, ce n'est pas d'abolir le Conseil
législatif, c'est de le battre aux élections. Il n'est pas
impossible, théoriquement, que fort mécontent de l'administration
du ministre, en général, la population soit obligée
actuellement comme seule solution de se liguer pour l'abolition du Conseil
législatif. C'est le seul endroit où on peut le rejoindre.
M. BERTRAND: Mais disons que la lutte a commencé bien avant
aujourd'hui et bien avant que M. Cardinal ne soit nommé au
Conseil...
M. LAPORTE: Je suis prêt à admettre la présence du
ministre de l'Education au Conseil législatif comme un nouvel et bon
argument.
UNE VOIX: Cela a commencé en 1870.
M. BERTRAND: Cela fait longtemps. On en parlait du temps de Mercier,
ça.
UNE VOIX: La solidarité ministérielle.
M. LAPORTE: La solidarité ministérielle existe à
tel point que M. Duplessis, et M. Johnson, et M. Taschereau avant lui et M.
Le-sage aussi ont présenté aux électeurs, au cours
d'élections, des ministres qui, à leur avis, avaient fait un
excellent travail. Ils ont été battus et les premiers ministres
ont été obligés de les remplacer. La sanction du peuple
prime la sanction d'un chef de parti ou d'un premier ministre.
M. le Président, je me répète parce que le premier
ministre était absent, retenu à l'Assemblée
législative. Je lui souhaite la bienvenue dans ce comité. Je ne
recommencerai pas, je vais simplement lui dire, qu'à l'occasion de
l'étude de l'article 429 demandant l'autorisation pour le ministre de
l'Education de s'exprimer personnellement devant ce comité, nous avons
regretté vivement la politique du gouvernement qui veut que le ministre
de l'Education ne soit pas un député.
M. JOHNSON: C'est temporaire.
M. LAPORTE: Le temporaire dans ce domaine a tendu, depuis la nomination
du ministre, à devenir permanent.
M. BERTRAND: Quelques mois à peine, voyons.
M. LAPORTE: Je suis content de l'argument du premier ministre, parce que
lui non plus, il n'admet pas en principe que le ministre de l'Education ne soit
pas un député, autrement, son argument ne vaut plus rien. Si
c'est bon, pourquoi est-ce temporaire? C'est temporaire parce que c'est
inacceptable aux yeux du premier ministre et de la population en
général.
Il eût été possible, lorsque le directeur
général adjoint au Trust Général du Canada a
été nommé ministre de l'Education, par des secrets que je
n'apprendrai certainement pas au premier ministre, d'ouvrir un comté et
de le proposer aux électeurs qui se seraient empressés d'aller
voter pour confirmer ou infirmer la décision du gouvernement. Nous
croyons que tout gouvernement démocratique doit prendre les
dispositions, sans aucun délai, pour que la personne qui exerce une
autorité dans un secteur aussi vital pour la société
québécoise en général, l'éducation, pour que
celui qui exerce une telle autorité siège comme
député à l'Assemblée législative. Ceci cause
toutes sortes de problèmes. Problèmes de relations directes des
députés avec le ministre. Problèmes de cette espèce
de traitement de faveur que l'on concède à un ministre en
particulier. Ce n'est pas toujours agréable d'être ministre et
d'avoir l'Opposition en face de soi. La période des questions...
M. JOHNSON: Qui a dit ça?
M. LAPORTE: Je pourrais vous en nommer une liste.
M. BERTRAND: C'est une déclaration répétée
par certains de vos collègues?
M. LAPORTE: Je dis que pour un ministre, avoir devant soi l'Opposition
n'est pas toujours agréable. C'est bien plus simple d'être en
dehors de la Chambre et de ne jamais se faire poser de questions.
M. BERTRAND: Quand on accepte le combat politique n'importe où,
la présence des députés de l'Opposition ou des
députés au pouvoir, comporte des inconvénients. C'est
fatigant parfois mais, d'autre part, ce sont les règles du jeu.
M. LAPORTE: J'accepte, M. le Président, cette déclaration.
Je voudrais que ceux qui veulent être ministres acceptent le combat
politique. Sans exception.
M. BERTRAND: Quand les circonstances le permettent.
M. LAPORTE: Mais quand les circonstances ne le permettent pas, on
respecte suffisamment la démocratie; surtout quand on fait élire
une équipe, en 1966, à nulle autre pareille par le talent, on
prend quelqu'un qui a été élu.
UNE VOIX: II y a déjà eu une réaction, le
président du comité.
UNE VOIX: C'est trop d'honneur.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, pensez-vous qu'on manque
d'aspirants au poste?
M. LAPORTE: Apparemment, il n'aspire pas assez fort pour être
nommé!
M. PROULX (Président): Ne considérez-vous pas que c'est
fatigant d'être whip aussi, M. Laporte, parfois?
M. LAPORTE: M. le Président, nous avions l'intention et
nous avons cru qu'il était plus normal de venir dire ces choses devant
le ministre nous avions l'Intention de proposer une motion de
non-confiance au gouvernement. Je pense que nous avons, de cette façon,
évité, je ne dirais pas une perte de temps, mais d'utiliser une
partie du temps de la Chambre un comité siège en haut, un
autre siège en bas... Cette motion se serait lue comme suit si on
me permet, je vais terminer avec cela: « Attendu que l'éducation a
pris une impor- tance considérable dans notre monde moderne;
Attendu que depuis quelques années des efforts immenses ont
été faits dans la province pour apporter une réforme de
l'enseignement à tous les paliers et qu'il importe de continuer dans la
voix engagée;
Attendu que la contribution de l'Etat au coût de
l'éducation prend des proportions gigantesques, le budget 67/68 du
ministère de l'Education se chiffrant par $736 millions, soit
près du tiers du budget de toute la province, et qu'au cours des
années à venir, les besoins seront toujours croissants;
Attendu, que dans tout gouvernement démocratique, il est
indispensable que la personne exerçant son autorité, sur un
secteur aussi vital que la société, siège à
l'Assemblée législative afin de défendre les mesures qu'il
préconise;
Cette Chambre regrette que le ministre de l'Education ne soit pas un
membre de l'Assemblée législative, démocratiquement
élu par le peuple.
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai écouté les
propos du leader parlementaire de l'Opposition. Je dois dire d'abord, que,
concernant la situation qui nous intéresse cet après-midi, le
leader parlementaire du gouvernement avait eu une entente avec le
député de Vaudreuil-Soulanges, qui est censé
représenter l'Opposition lors de l'étude des prévisions
budgétaires, à l'effet que le ministre de l'Education, non
seulement comme c'est son droit, pourrait être présent au
comité, mais qu'en plus, il pouvait répondre aux questions, et
prendre part aux discussions des prévisions budgétaires de
l'important ministère qu'il a été appelé à
diriger le 31 octobre.
A ce moment-là, le député de Vaudreuil-Soulanges a
dit qu'il ne soulèverait aucune opposition et que, suivant la tradition
parlementaire que nous connaissons au Québec, le régime
parlementaire dont on a prévu des règles au livre des
règlements, que malgré cela, le ministre de l'Education pourrait
répondre aux questions qui seraient posées et défendre
devant le comité les prévisions budgétaires et la
politique d'éducation, non seulement du ministère de l'Education,
mais du gouvernement.
D'ailleurs, je crois qu'il manifeste, ainsi, ce qui l'a toujours
animé d'ailleurs, son sens démocratique. Le ministre de
l'Education qui aurait refusé de venir devant le comité
défendre, non seulement la politique d'un ministère, mais aussi
celle du gouvernement en matière d'éducation, se serait
défilé. Ce n'est pas là le caractère ni le
tempérament du ministre de l'Education actuel.
Il est (levant le comité, prêt à répondre.
C'est pourquoi, nous avons demandé, par exemple, pour respecter les
règlements, que cette demande soit formulée au président
du comité et aux membres du comité et elle a été
discutée d'ailleurs avec le leader aux prévisions
budgétaires du ministère de l'Education, le député
de Vaudreuil-Soulanges, ancien ministre de l'Education.
M,, le Président, je ne voudrais pas entrer dans les
détails sur la démocratisation de l'éducation. Chose
certaine, le ministre de l'Education, je l'ai déjà dit en
Chambre, comme tel, le député de Vaudreuil-Soulanges n'avait
toujours pas été élu ministre de l'Education.
Si on veut parler de démocratie directe par l'élection du
ministre de l'Education comme tel par le peuple...
M. LAPORTE: Est-ce que ce n'est pas le cas de tous les ministres?
M. BERTRAND: C'est ça. Alors, ce n'est pas de la
démocratie directe. On va s'entendre, il y a une nuance.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que si vous...
M. BERTRAND: II est nommé et voici ce que je veux dire...
M. LAPORTE: Parmi tous les élus, le premier ministre choisit les
meilleurs.
M. BERTRAND: Parmi tous les élus, un premier ministre, en vertu
de notre système, choisit une personne qu'il désigne comme
ministre de l'Education. C'est parce que le député de Chambly,
leader de l'Opposition fait appel à cette démocratisation
directe. Pour le ministre de l'Education actuel, comme pour ceux qui l'ont
précédé, il est sûr que l'éducation est une
oeuvre collective, et nous nous entendons tous là-dessus: la
participation des parents, la participation des maîtres, la participation
des élus, des commissaires et la participation des députés
et du ministre de l'Education.
M. le Président, le ministre dirige un ministère qui est
le plus important du gouvernement, là-dessus nous nous entendons tous.
Le budget est le plus important. Le ministre a accepté de servir non pas
comme conseiller législatif perpétuel alors que le
député de Chambly parle d'une situation temporaire qui peut
devenir permanente le premier ministre et le ministre de l'Education ont
plusieurs fois signifié ou indiqué leur opinion à ce
sujet. II s'agit d'une situation purement temporaire. Il appartiendra au
premier ministre qui dirige le gouvernement et qui est en même temps chef
du parti, de décider avec les collègues du moment où le
ministre de l'Education se présentera devant le peuple. D'ailleurs,
c'est le désir le plus profond, le plus intime et manifesté
à plusieurs reprises par le ministre de l'Education, l'honorable
Jean-Guy Cardinal.
Donc, situation purement temporaire, situation qui deviendra conforme
aux règles et aux traditions parlementaires mais nous sommes, M. le
Président, devant le comité. L'ancien ministre aurait pu
défendre les prévisions budgétaires. N'importe quel
ministre peut venir ici et défendre les prévisions
budgétaires. Le premier ministre aurait pu défendre les
prévisions budgétaires, lui qui chaque jour donne les
réponses les plus complètes possibles aux nombreuses questions
qui ont été posées par les députés de
l'Opposition. Le jeu de la démocratie s'est exercé quand
même dans le domaine de l'éducation en Chambre et s'est
exercé également par les prises de position du ministre en dehors
de la Chambre alors qu'il rencontre des groupes, qu'il discute avec eux des
meilleurs moyens à prendre en vue de promouvoir la cause de
l'Education.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de faire un long
discours. Situation temporaire, nous sommes devant le comité. Le
ministre est ici; nous aurions pu ne pas demander du tout cette permission. Le
ministre est prêt à répondre et ses réponses sont
des réponses qui engagent la politique d'un gouvernement parce que nous
sommes solidaires les uns des autres. Ce n'est pas le fait, pour le moment, de
ne pas être député qui fera que les réponses seront
moins claires, moins complexes...
M. LAPORTE: Ah non!
M. BERTRAND: ... et moins à point. Alors, c'est justement parce
que le ministre de l'Education manifeste son désir d'utiliser au moins
tous les moyens que lui permettent les règlements, avec le consentement
des membres du comité, et de rendre son rôle le plus
démocratique possible comme ministre de l'Education, que j'ai
demandé, au début, au président et, par lui-même,
aux membres du comité, que le ministre de l'Education, soit
présent. II est titulaire d'un des ministères les plus
importants, il aurait pu ne pas être ici pour répondre aux
questions. Non seulement il a accepté mais il a insisté pour
être présent et répondre lui-même.
C'est pourquoi, M. le Président, je demande que l'on consente
à ce que l'honorable Jean-Guy Cardinal, ministre de l'Education, puisse
répondre aux questions qui lui seront posées, fournir les
renseignements les plus complets sur tous
et chacun des articles de l'important budget du ministère de
l'Education, expose aux membres du comité la politique qu'il entend
suivre, qui est non seulement sa politique, mais d'abord et avant tout la
politique du gouvernement.
Je n'entre pas dans les autres détails. Je ne veux soulever aucun
débat ni provoquer aucune chicane. Ce n'est pas dans mes habitudes, mais
je demande tout simplement aux membres du comité de permettre, devant
cette situation purement temporaire, que le ministre de l'Education puisse
jouer le rôle démocratique qu'il souhaite jouer et qu'il
réponde aux questions des députés.
M. JOHNSON: M. le Président, vous me permettrez de prendre la
parole pendant quelques minutes, au moins à titre de mise en cause. Il
est clair que je ne suis pas, moi non plus, membre du comité. Le
député de Chambly n'apparaît pas sur la liste, mais nous
avons tous le droit, comme députés, de nous adresser à ce
comité et de poser des questions. M. le Président, nous sommes
devant une motion faite en vertu de l'article 429, à une personne qui
n'est pas député - je devrais dire qui n'est pas encore
député - de porter la parole devant le comité de
l'Education, et nous avons devant nous une motion que nous aurions eu
l'intention de présenter mais qui, à toutes fins pratiques, ne
l'a pas été et ne le sera pas, si j'ai bien compris.
M. LAPORTE: Ah, non! elle ne sera pas présentée en
Chambre.
M. JOHNSON: Dommage, cette motion devrait être classée, si
elle avait été présentée comme une motion de
non-confiance. Car elle se termine par une conclusion à laquelle
j'aurais souscrit volontiers. Cette Chambre regrette que le ministre de
l'Education ne soit pas un membre de l'Assemblée législative
démocratiquement élu par le peuple.
M. LAPORTE: Vous auriez voté en faveur. M. BERTRAND: Non,
non.
M. JOHNSON: Non, à cause de la procédure. Je dois dire
tout de suite que j'y aurais apporté un amendement; Ne soit pas encore
membre de l'Assemblée législative.
M. LAPORTE: Comme cela, on aurait eu un sous-amendement; Ne soit pas
enfin...
M. JOHNSON: M. le Président, je dois ici parler au nom de celui
qui n'a pas encore reçu la permission de parler. Et je dévoilerai
un secret de cabinet en vous disant que la première remarque que m'a
faite M. Cardinal, doyen de la faculté de droit de l'université
de Montréal, lorsque je lui ai demandé s'il accepterait de se
joindre au cabinet, a été la suivante: Dommage, cela
m'intéresse beaucoup, ce que vous m'offrez, entrer dans le cabinet,
devenir ministre de l'Education, mais vous me privez de l'aspect qui
m'intéresse le plus, celui d'être en Chambre et d'être
là pour les débats. Tous ceux qui l'ont vu à l'oeuvre
depuis quelque temps, savent que c'est un homme qui est particulièrement
doué pour la politique. Mais, je pense que, m'élevant au-dessus
des personnes, nous devrions évoquer quelques précédents
et placer le problème dans une perspective un petit peu plus
réaliste et moins dramatique.
On l'a peut-être évoqué, ce n'est pas un
précédent qu'un ministre avec portefeuille soit un membre de la
Chambre haute, dans l'un ou l'autre des Parlements qui participent au
système parlementaire britannique. Il est arrivé très
souvent qu'un lord fut ministre dans un cabinet. C'est même arrivé
à Sir Winston Churchill, au début de sa carrière, et cela
ne l'a pas empêché d'avoir une carrière
particulièrement fulgurante.
Alors, qu'on patiente un peu! Il commence déjà sur les
traces de Sir WinstonChurchill.
M. BERTRAND: Give him the tools and he shall do the job.
M. JOHNSON: C'est arrivé très souvent dans la juridiction
fédérale que des membres du Sénat ont fait partie du
cabinet. L'exemple le plus récent qui me vient à la
mémoire c'est l'honorable MacEachen, sénateur, qui fut ministre
des Finances dans le cabinet de M. Diefenbaker. Presque sans interruption, un
ministre sans portefeuille était l'un des membres du Sénat. Il
est arrivé à Québec, depuis très longtemps, depuis
le début de la Confédération, que nous avons eu presque
constamment un membre de la Chambre haute dans l'équipe des ministres.
Il y a un précédent qui a duré longtemps, c'est celui de
Sir Thomas Chapais, qui remonte à très loin puisqu'il a fait
partie d'un cabinet dans l'autre siècle et d'un cabinet dans le
présent siècle de 1936 à 1939. Il y a évidemment le
cas dont tout le monde se souvient de l'honorable Brais qui, dans le
gouvernement Godbout, était ministre. Il y avait les cas aussi de
l'honorable Marier et de l'honorable Asselin qui tous deux ont
été, pendant plusieurs années, membres, l'un du
cabinet de M. Lesage et l'autre, membre du cabinet de M. Duplessis.
Nous nous ennuyions au cabinet de n'avoir pas un conseiller
législatif. A un moment donné, après avoir discuté
avec nos collègues du cabinet, nous avons pris la décision de
libérer, comme nous en suppliait l'Opposition, les ministres qui avaient
deux portefeuilles.
Je me souviens fort bien des interventions faites par les membres de
l'Opposition et toute la critique qui était dirigée sur le double
mandat, le double portefeuille qu'on donnait et au député de
Champlain et au député de Missisquoi en même temps ministre
de la Justice. Nous avons eu la chance d'obtenir les services d'un homme qui
est magnifiquement préparé à cette tache. Car à ses
qualités d'universitaire au sens le plus rempli du mot il joint les
qualités et une expérience d'administrateur.
Nous croyions qu'il était particulièrement â-propos
d'aller dans le groupe des universitaires pour choisir un titulaire parce que
la réforme scolaire déjà engagée au niveau primaire
et au niveau secondaire, devait porter surtout sur le niveau
préuniversitaire et le niveau universitaire et de la recherche. Qui
mieux qu'un doyen de faculté, professeur depuis quinze ans à
divers titres, adjoint, chargé de cours, titulaire et finalement doyen,
pouvait remplir ce poste? Et surtout quand on avait allié dans la
même personne des connaissances académiques sanctionnées
par un doctorat, non pas honoris causa comme il en pleut sur les épaules
d'un chef de gouvernement, mais d'un doctorat gagné à la sueur de
son front et à l'épuisement de ses forces qui semblent pourtant
inépuisables quand on le voit à l'oeuvre. Conseiller
législatif pour la division de Rougemont, il a accepté ce poste
à une condition, c'est que, lorsque le moment propice sera
arrivé, la conjoncture étant favorable, il se présenterait
à des élections pour précisément se faire ratifier
sa nomination par des électeurs.
Son grand désir est de faire de la politique à
l'Assemblée législative. Il trouve ça un peu trop
tranquille au Conseil législatif.
M. LAPORTE: Avant qu'on autorise ou non le ministre à prendre la
parole, vous ne pourriez pas lui poser une question de notre part?
M. JOHNSON: Non.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il est au courant que le comté de
Notre-Dame-de-Grâce est ouvert?
M. JOHNSON: Le conseiller législatif est au courant que le
comté est ouvert. Le premier ministre est également aucourant.
Mais je nie au conseiller législatif et au Conseil législatif le
droit de décréter la date des élections. Et, est-il
l'homme le plus agréable, ce n'est pas son affaire de déterminer
quand les élections auront lieu.
M. LAPORTE: Il va devenir impatient.
M. JOHNSON: J'ai assez de problèmes, n'allez pas le souquer
contre moi. Mais il y a aussi cette possibilité que d'autres
comtés s'ouvrent. Nous avons eu pendant un certain temps l'espoir que le
comté d'Ahuntsic s'ouvrirait.
UNE VOIX: Ce pourrait être celui de Vaudreuil-Soulanges.
M. JOHNSON: Et depuis midi on songe un peu à Vaudreuil-Soulanges.
Peut-être que le comté de Verdun deviendra aussi disponible.
UNE VOIX: Faites donc une élection générale!
M. BERTRAND: Attention! Attention!
M. JOHNSON: La méthode classique d'autrefois, c'était de
prendre un ou deux députés un peu usés par les
années de service ou tout simplement par l'âge et de les caser au
Conseil législatif pour ouvrir des comtés. Je n'en ai pas dans
toute l'équipe qui ont cette grande ambition de se faire caser. Ils
aiment tellement être députés qu'il va falloir exercer des
pressions pour en décider un ou deux à quitter son poste de
député. Il y a actuellement trois vacances au Conseil
législatif, et pour bien démontrer notre intention de
dépolitiser le Conseil législatif, je pourrais peut-être
nommer deux députés libéraux et un de l'Union nationale.
Ce qui ferait évidemment amplement de place pour le notaire Jean-Guy
Cardinal.
M. LAPORTE: Mais trois nominations alors qu'on a le désir
d'abolir le Conseil législatif.
M. JOHNSON: C'est justement le problème. Le député
de Chambly sait bien que nous avons un peu moins de latitude maintenant que
nous songeons à réformer ou à abolir le Conseil
législatif et que nous n'avons pas cette liberté que
s'accordaient les gouvernements antérieurs. Cela a été le
cas par exemple pour le député de Verchères, M.
Dupré, qui a été nommé au Conseil
législatif. Cela a été le cas pour le député
de Terrebonne, ministre, qui a quitté le cabinet...
M. LAPORTE: Il ne voulait pas, lui!
M. JOHNSON: ... pour aller siéger dans la
sérénité du Conseil législatif. Ce fut aussi le cas
du député de Verdun, M. O'Reilly, qu'on a casé au Conseil
législatif. Evidemment il s'agit de trois excellentes nominations qui
ont amélioré le Conseil législatif, personne n'en doute.
Ce n'est pas parce qu'un homme a été député ou
ministre qu'il n'est pas qualifié pour faire un bon conseiller
législatif. Comme le dit le député de Missisquoi, le
ministre de la Justice, on ne doit pas, en partant du fait que le ministre
n'est pas en Chambre, déclarer que l'instruction, l'éducation
n'est pas démocratisée car le ministère de l'Education
comme tous les ministères doit être jugé dans l'optique de
la solidarité ministérielle.
Combien de fois il est arrivé que le premier ministre ou un de
ses collègues a défendu selon la méthode disons,
l'expression classique, les crédits d'un ministre absent, malade et
combien de fois il nous est arrivé de prendre des décisions de ce
genre nous-mêmes. Nous avons dû, par exemple, répondre aux
questions en Chambre. En somme, le seul inconvénient qu'il y a, pour
être bien réaliste, c'est quoi?
C'est que le ministre n'est pas en Chambre pour répondre
instantanément aux questions qui sont posées. Quant au reste, ses
crédits, comme les crédits de tous les autres ministères,
sont sujets à un examen par les députés de la Chambre, et
à un examen sévère. Nous aurions pu le remplacer. Le
ministre de la Justice aurait pu prendre la relève, d'autres
collègues également.
Mais nous croyons que la façon la plus démocratique de
procéder dans les circonstances est bien de permettre à celui qui
administre ce ministère au jour le jour de répondre aux questions
et de le faire sans aucune restriction, j'en suis certain. M. le
Président, cette motion aurait été bien
déplacée, et il est dommage qu'on l'ait rendue publique
après avoir fait le sacrifice de ne pas la présenter en Chambre.
Je ne connais pas la nature du compromis auquel on en est arrivé ce
matin au téléphone avec le député de
Vaudreuil-Soulanges. Mais, à tout événement, il a tout
l'air d'un de ces compromis que le député de Chambly, avec son
grand talent, est capable de trouver de temps à autre pour
réconcilier ce qui est irréconciliable, pour masquer
temporairement les divisions qui sont irréparables. A tout
événement, je seconde avec plaisir la motion qui a
été faite, sachant que les députés seront servis
à souhait lorsque le notaire Jean-Guy Cardinal aura l'occasion de
répondre à leurs questions.
M. LAPORTE: M. le Président, je n'ai pas le moindrement
l'intention de faire tourner cette réunion du comité en
assemblée contradictoire. Je n'ajouterai que deux choses. Le premier
ministre a dit que le seul inconvénient, est que le ministre ne puisse
pas répondre directement aux questions en Chambre. Je crois que c'est
prendre le problème par le petit bout. Le problème essentiel,
l'inconvénient majeur, à notre avis réside dans le fait
que le ministre de l'Education ne soit pas un député. C'est une
entorse très sérieuse à notre démocratie
parlementaire. Je n'ajoute rien de plus sur ce point. Deuxièmement, le
député de Vaudreuil-Soulanges, M. le Président, dirige un
comité sur l'Education qui est, avec le comité sur le Travail,
dirigé par M. Lefebvre l'un des comités de travail de
l'Opposition qui ont été les plus actifs. Non seulement le
député de Vaudreuil-Soulanges a-t-il réuni à
plusieurs reprises les membres de son comité, mais il a tenu, en dehors
des travaux parlementaires eux-mêmes, des rencontres à divers
niveaux de la société québécoise avec des groupes
et des individus, afin d'être au courant des tout derniers
développements en matière d'éducation, afin d'être
très au fait des problèmes et des solutions que l'on propose. Il
est bien évident qu'il devait être ici aujourd'hui.
Malheureusement, c'est lui qui en porte seul la responsabilité, mais des
problèmes personnels l'ont retenu à Montréal.
Professionnel, M. Gérin-Lajoie, en plus d'être
député est avocat. Et il arrive que des députés
d'un côté ou l'autre de la Chambre sont retenus bien malgré
eux par certains problèmes. Ce n'est pas une raison pour que le
comité ne siège pas, j'en conviens.
Mais il eût été plus élégant je
suis convaincu que le premier ministre l'a fait sous forme de boutade au
lieu de laisser supposer qu'il y avait divergence d'opinion, qu'il y avait des
problèmes, de dire que le député de Vaudreuil-Soulanges,
malheureusement, ne peut-être ici cet après-midi. Il s'en excuse,
il va le regretter vivement. Il va être ici dès demain. Si le
député avait été ici, je n'aurais pas
prononcé une seule parole. C'est lui qui aurait mené le
débat d'un bout à l'autre. Nous répétons ce que
nous avons dit Nous sommes opposés à la situation actuelle.
L'acticle 429 suggère que le comité puisse autoriser le ministre
ou une personne à témoigner ou à parler, nous n'avons pas
d'objection.
Notre position de principe étant prise, nous croyons, même,
que c'est la première occasion où des députés ont
directement, le privilège, l'avantage, de questionner le ministre. C'est
une occasion qu'ils ne doivent pas rater comme
élus du peuple, et nous disons, quant à lui, que c'est
bien le moins qu'il réponde à nos questions. Alors, nous
accueillons, avec plaisir... Nous avons en haut un ministre maire. Nous
accueillons, maintenant, un ministre conseiller législatif. C'est une
variété nouvelle...
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LAPORTE: Nous l'accueillons avec plaisir. Grâce à la
gentilhommerie du ministre qui est reconnue par tout le monde, c'est un fait
qui contribue à notre décision. Et J'ajoute à l'intention
du premier ministre que si, par hasard, ce qui semble improbable, la même
situation existait dans douze mois, lors de l'étude d'un autre budget,
cette fois-là, nous ferions sur la question de principe,
véritablement une bataille de corsaires.
M. JOHNSON: M. le Président, on me permettra de rappeler
l'entente. C'est que nous avons consenti à réserver à
l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges, ce que nous
n'étions pas obligés de faire, son droit d'interroger sur tous
les postes budgétaires. Cependant, il doit être clairement entendu
que ce droit n'est réservé qu'au député de
Vaudreuil-Soulanges. Les autres postes budgétaires étant
adoptés, les autres députés, évidemment, devraient
s'abstenir d'en-chafner. C'est là l'entente telle que je l'ai comprise
et Je pense bien, telle que tout le monde l'entend.
M. LAPORTE: Sur cela, Je n'ai pas d'objection et ça me
paraît normal. Il reste que lorsque les crédits viennent devant le
comité plénier...
M. BERTRAND: M. le Président, on m'a dit que
l'inconvénient majeur, c'était que le ministre ne soit pas
député. L'inconvénient majeur, aujourd'hui, aurait
été que le ministre ne soit pas présent. Or, il est
présent, prêt à répondre, et à
défendre ses prévisions budgétaires, répondre
à toutes les questions de l'Opposition, et nous notons l'absence de deux
collègues de l'Opposition chargés spécialement de
l'étude de l'examen des prévisions budgétaires, les
députés de Vaudreuil-Soulanges et d'Ahuntsic. Merci.
M. JOHNSON: J'espère qu'il y aura un député de
langue anglaise pour que je puisse me rendre compte s'il est bilingue! Je ne
voudrais pas que cela soit pris au sérieux.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 1.
M. CARDINAL: Je n'ai pas l'intention de faire de discours. Je voudrais
remercier, cependant, le comité, de me donner cette permission de
répondre aux questions, remercier le premier ministre qui a
apporté certaines nuances, remercier M. le député de
Chambly même s'il est parti pour l'estime et
l'amitié qu'il a bien voulu me montrer. Je désire ajouter
à ce qu'a dit le ministre de la Justice que cette situation temporaire,
est vraiment temporaire, et que je suis à la disposition de la
population en toutes occasions et que j'attends le signal du premier ministre.
Ceci étant dit, je voudrais, cependant, quant au budget du
ministère, rappeler que la réforme de l'éducation fait que
certains postes de ce budget sont difficilement comparables d'une année
à l'autre à cause de certaines restructurations dans les niveaux
d'enseignement et pas conséquent dans le budget. Que pour cette raison,
à certains postes, les chiffres que l'on voit sont approximatifs pour
fin de comparaison, mais que d'une façon générale, l'on
peut fort bien comparer les chiffres de cette année avec ceux de l'an
passé.
Les premières comparaisons tout à fait de départ
que je donnerai, c'est que si l'on prend le budget net du ministère de
l'Education, les dépenses prévues s'élèvent
à $706,178,300 en comparaison des $581,614,300 du budget de l'an
passé, soit une augmentation, sur cette base, de 21.4%, ce qui indique
la priorité que le gouvernement, dont je suis membre, a donné
à l'éducation.
M. HOUDE: M. le Président, à une réunion du
comité de l'Education de notre groupe, nous avons décidé
avec M. Paul Gérin-Lajoie à l'article 1, dans le domaine de
l'administration générale, de demander au ministre de
l'Education, de bien vouloir nous donner, un résumé de ses
intentions, de sa philosophie ou de son optique très
générale en matière d'éducation, peut-être en
partant de la maternelle.
Enfin, nous donner une Idée de votre conception présente
du ministère de l'Education, des principaux problèmes et de la
façon peut-être que vous avez de les régler, avec certaines
étapes, s'il y a lieu.
M. CARDINAL: M. le Président, c'est une question qui pourrait
nous engager fort loin et pendant longtemps. Je vais essayer de résumer
et de rendre claire et concise la réponse à une question aussi
générale.
Nous savons que la réforme de l'enseignement a commencé
à peu près au même moment où le ministère de
l'Education a été créé. Entre parenthèses
c'est en 1964 et non pas il y a six
ans. Cependant, cette réforme avait déjà des
racines plus anciennes puisque c'est pendant la session 1959/1960, session que
l'on a appelée d'ailleurs session de l'éducation, qu'on avait
commencé à adopter certaines lois qui commençaient ce qui
s'est produit depuis dans l'éducation.
Le rapport Parent, qui a été publié, a donné
une source de renseignements très utiles, un guide aux ministres qui se
sont succédé à ce poste et lorsque, le 31 octobre dernier,
j'ai accepté de devenir ministre de l'Education, j'ai mentionné,
à ce moment-là, que le travail entrepris se continuerait, qu'il
serait, autant que faire se peut, accéléré d'une
façon réfléchie et que j'accorderais des priorités
à certains secteurs. Ces priorités que j'ai alors
mentionnées étaient de trois ordres particuliers: le premier
était l'enseignement supérieur; le second était la
formation des maîtres et le troisième, le niveau
collégial.
Je reviens sur chacune de ces trois priorités qui me permettront
peut-être de répondre plus précisément à la
question. L'enseignement supérieur, pourquoi? Parce qu'au cours des
années qui ont précédé, l'enseignement a
été refait dans ses structures à tous les niveaux, sauf au
niveau de l'enseignement supérieur. La dernière loi qui a
été adoptée au point de vue des structures, c'était
ce qui était alors appelé le bill 21, c'est-à-dire la Loi
des collèges d'enseignement général et professionnel, et
elle a été présentée par le ministre de l'Education
d'alors, l'honorable Jean-Jacques Bertrand. Il était donc logique
qu'après la loi sur les collèges, nous ayons une loi qui se
rapporte à l'enseignement supérieur, de façon que les
structures puissent logiquement s'aligner les unes à la suite des autres
et qu'il y ait, si vous voulez, une espèce de suite logique,
verticalament, pour tous les étudiants qui ont augmenté en nombre
à cause de réformes passées.
Priorité à la formation des maîtres, parce qu'il est
évident qu'il y a augmentation du nombre d'étudiants, non pas
tellement parce que les étudiants ont augmenté à cause du
grand nombre d'enfants on sait même que les données
démographiques indiquent peut-être une diminution vers l'avenir
mais parce que les enfants demeurent plus longtemps à
l'école. Ils y demeureront d'autant plus que, les CEGEP ayant
été créés, l'enseignement est gratuit jusqu'au
seuil de l'université ou jusqu'au niveau du marché du travail. Il
y a donc une augmentation du nombre des étudiants qui demeurent,
au-delà de l'ancienne 7e année dans les écoles et dans les
collèges. Ceci exige un grand nombre de professeurs; ceci exige que des
professeurs actuellement dans la fonction soient en quelque sorte
recyclés pour tenir compte de cette réforme qui s'est faite
rapidement, et, par conséquent, il y a là une autre série
de problèmes, et ceux qui ont suivi les récentes
déclarations que j'ai faites savent qu'à trois reprises, j'ai
fait des déclarations sur la formation des maîtres.
La troisième chose, c'était le niveau collégial
qu'il fallait compléter. Il y avait un plan qui prévoyait une
trentaine de collèges sur une période de cinq ans. Il y en a
maintenant, au moment où je vous parle, 23 dont la création est
soit réalisée, soit annoncée. En fait il y en a 21 qui
sont constitués et deux qui sont tout près d'être
constitués, ce qui veut dire qu'après moins de deux ans, il y a
plus des deux tiers des collèges qui sont créés.
Donc, en résumé, et je vais terminer ici, il faut
concevoir un système d'enseignement intégré qui permette
aux enfants, à partir de l'élémentaire ou même de la
maternelle, de se rendre soit jusqu'au marché du travail, soit jusqu'aux
écoles supérieures, soit jusqu'à l'enseignement
supérieur j'entends l'université sans être
obligés de revenir sur leurs pas si, à certains moments, des
options qu'ils ont faites s'avèrent comme n'étant pas les plus
judicieuses. Je pense que ceci indique généralement les raisons
du budget qui est devant vous. Ce budget indique donc un certain nombre de
choses pour chacun des niveaux d'enseignement, indique des budgets pour les
universités, indique aussi des budgets pour la construction
d'écoles, puisque les écoles régionales doivent augmenter
en nombre.
Je pourrais continuer 1'énumération. Je ne sais pas si la
réponse à la question satisfait l'honorable député,
mais disons que la philosophie générale est une philosophie qui
n'est pas changée par rapport au passé. Ce qui peut la changer,
si vous voulez, c'est le travail actuel, c'est qu'une réforme, au fur et
à mesure qu'elle s'opère, doit tenir compte des modifications qui
s'effectuent dans la société, dans l'économie et que, pour
ma part, je suis très attentif je l'ai
répété à plusieurs reprises aux
événements, aux individus, c'est-à-dire, dans le cas
présent, aux étudiants, aux professeurs, aux parents, avec qui
nous devons continuer de compléter cette réforme, qui est
essentielle non seulement pour la survivance, mais l'épanouissement du
Québec.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Laurent, s'il vous
plaît.
M. PEARSON: M. le Ministre, d'après ce que
je viens d'entendre dire, cela veut dire qu'il n'y a franchement pas de
changements majeurs dans la philosophie ou dans la conception de
l'éducation au Québec, c'est-à-dire que, d'après
moi, le travail qui a été fait par M. Tremblay et certains autres
fonctionnaires, et le rapport Parent, a été simplement un choix
peut-être marginal qui a pu être fait après un choix
secondaire, mais c'est quand même la même philosophie et la
même suite qui se continue avec le ministère actuel de
l'Education.
M. CARDINAL: Vous me permettrez de considérer cette question
comme étant plutôt une réponse qu'une question. Mais je
pense que ce n'est pas de cette façon qu'il faut envisager la politique
du ministère de l'Education. Avec toute l'estime que j'ai pour les hauts
fonctionnaires qui m'entourent et qui collaborent avec moi comme ils ont
collaboré avec les ministres qui ont précédé, je
pense que les politiques, en matière d'éducation, viennent du
ministre, du cabinet des ministres et de l'Assemblée législative
et que, par conséquent, ce que je puis répondre à cette
question, c'est que le travail qui se continue est dans la ligne de ce que le
gouvernement a fait dans le passé en tenant compte, cependant, comme je
l'indiquais tantôt, des modifications qui peuvent être
apportées, à la suite d'études, à la suite de
nouvelles structures qui seront créées, à la suite des
événements qui se produisent au gouvernement et dans le
Québec.
M. PEARSON: Alors, à la suite justement de ces études et
du travail qui a pu être fait au cabinet des ministres, d'après ce
que vous venez de nous dire, moi, je n'ai pas cru déceler de changements
majeurs dans la politique du ministère de l'Education.
M. CARDINAL: Non, les seul changements je ne sais pas si on peut
les appeler majeurs que vous avez pu peut-être voir depuis
quelques mois, ça été l'opération efficacité
qui a été lancée de façon que l'éducation,
qui a un très gros budget qui coûte très cher, qui fait
supporter des taxes élevées aux contribuables; ç'a
été que cette opération efficacité, qui serait
tentée en période d'austérité, soit lancée
de façon que chaque dollar qui soit utilisé pour
l'éducation le soit comme un dollar qui est investi plutôt qu'un
dollar dépensé. J'ai déjà donné un exemple
que je répète: II y a environ 1,500,000 étudiants dans le
Québec. Si nous économisons, pour diverses fins la
construction d'écoles, par exemple, où, de fait, il y a des
économies de réalisées simplement un dollar par
année, par étudiant, nous avons de quoi créer, chaque
année, un collège de plus.
Deuxièmement, c'est que, de fait, nous avons
préparé deux lois importantes, et on l'a mentionné en
Chambre cet après-midi, qui seront éventuellement
déposées, la loi-cadre des institutions privées et la
loi-cadre de l'enseignement supérieur. C'est la réponse que je
donnais tantôt au député M. Houde, pour compléter
les structures jusqu'à présent. Et il y a eu aussi cette
réforme de la formation des maîtres, qui maintenant est
engagée, d'une façon concrète. Pourquoi est-elle
engagée maintenant d'une façon concrète? C'est que, pour
vraiment réformer les maîtres, c'est un peu le jeu de l'oeuf et de
la poule, il faut se demander s'il fallait commencer par avoir des
maîtres avant d'avoir une réforme et vice-versa. Je pense qu'on a
procédé de la bonne façon. Maintenant qu'on sait dans quel
sens la réforme est engagée, l'on peut, ou recycler les
maîtres qui sont déjà là, ou former des
maîtres pour l'avenir, et il fallait, pour le faire, qu'un certain nombre
de structures soient en place, tout particulièrement les structures au
niveau collégial et éventuellement, au niveau universitaire.
M. PEARSON: Si j'ai posé cette question-là, tantôt,
ce n'est aucunement pour faire un reproche, parce que à n'importe qui,
disons un gouvernement précédent, qui agit automatiquement, il
arrive des erreurs. Ce que je voulais dire par ceci, c'est que le gouvernement
qui suit, parfois, peut être obligé de corriger certaines erreurs.
Tout comme vous, si vous mettez en marche une politique nouvelle, il y aura
probablement aussi également certaines erreurs mineures que vous devrez
corriger avec le temps, soit vous, si vous restez là longtemps, ou bien
le gouvernement suivant. Moi, personnellement, je n'ai aucune objection
à ce que le ministre soit complètement en dehors de toute
idée politique, parce que je considère que c'est un domaine
absolument unique, l'Education, je n'ai pas d'objection à ce que le
ministre soit là a temps plein, puisse y consacrer tout son temps,
à condition qu'on ne lui confie pas. des tâches à
l'extérieur, comme agent de bonne entente ou toute sorte de choses. S'il
peut se consacrer à temps plein dans l'éducation, moi, je vote
pour cela à 100%.
M. CARDINAL: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Arthabaska, s'il vous
plaît.
M. GARDNER: Je voulais poser tout à l'heure une question au
ministre, je vais le faire à ce moment-ci. Est-ce que le ministre
pourrait nous présenter les fonctionnaires qu'il a avec
lui présentement? C'est la coutume, je crois, au
début.
M. CARDINAL: J'aurais voulu le faire au début, mais comme vous
l'avez constaté, j'ai commencé trop rapidement; je l'avais
noté sur ma feuille.
Alors, mes sous-ministres qui sont avec moi vous me permettez de
dire « mes » c'est un phénomène d'identification au
travail M. Arthur Tremblay que tous connaissent déjà je
pense, qui est le sous-ministre titulaire; M. Beau-chemin, qui est le
sous-ministre associé ainsi que M. Dickson, l'autre sous-ministre
associé statutairement, l'un est catholique et l'autre est
protestant, il le sont par conviction et non pas par statut ensuite, M.
Yves Martin, qui est sous-ministre adjoint, Mlle Thérèse Baron,
sous-ministre adjoint, M. Yves Maheux, sous-ministre adjoint. Je ferai un peu
comme avec mes enfants, je les compterai pour savoir si je n'en ai pas
oublié. Cela fait six.
Vous avez ensuite en prenant dans l'ordre où ils se
trouvent M. Claude Lemire, qui est mon attaché de presse; M.
Debelval, qui est secrétaire au bureau des sous-ministres; M.
Pé-russe et M. Delagrave, qui sont des hauts-fonctionnaires dans
l'administration; M. Paul Beau-lieu, qui est l'administrateur du
ministère; M. Jean Lamy, qui est mon directeur de cabinet et M.
Eugène Houde, conseiller technique auprès de mon cabinet.
J'espère que je n'en ai pas oublié. M. Olivier aussi, qui n'est
pas dans le bercail, mais qui est aussi dans l'administration. Alors, voici
ceux qui m'entourent. J'aurais pu venir aussi avec une vingtaine de directeurs
généraux des services, mais j'ai préféré
m'en tenir à ce noyau qui est déjà quand même assez
imposant.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre à une bonne équipe.
M. HOUDE: M. le Ministre, dans votre optique générale,
votre façon de concevoir le ministère de l'Education, vous avez
mentionné tantôt, toujours en suivant jusqu'à un certain
point le rapport Parent qui est considéré comme la Bible, je
pense bien, en matière d'éducation à travers le
Québec actuellement, que sur certains points vous aviez opté pour
l'accélération. Vous avez parlé de l'enseignement
supérieur, de la formation des maîtres et des CEGEP, de
l'enseignement collégial. D'autre part, vous avez laissé entendre
que sur d'autres points vous aviez pu, peut-être, laisser de
côté certaines recommandations du rapport Parent. Est-ce que vous
pouvez me donner un exemple ou des exemples de certaines recommandations du
rapport Parent que vous avez l'intention de laisser de côté,
temporairement ou à long terme?
M. CARDINAL: Vous me permettez de reprendre votre question. Que le
rapport Parent soit ou non la Bible, je ne le sais pas, je n'ai jamais
employé cette expression. J'ai dit que c'était un document plein
de renseignements utiles...
M. HOUDE: Le peuple l'emploie.
M. CARDINAL: J'ai parlé d'accélération,
accélération que j'ai déjà qualifiée de
raison-née. Je n'ai jamais dit que je laissais de côté
certaines choses et, de fait, les circonstances nous prouvent qu'il y a des
choses qui ne sont pas dans le rapport Parent par exemple et que nous avons
accomplies. Ici, je vais donner un exemple parce que c'est positif. C'est
l'institution des ateliers pédagogiques qui n'a pas été
prévue. Il y a actuellement dans la province, environ 1,678 ateliers
pédagogiques je me trompe peut-être de dix en plus ou en
moins et ceci sans compter le phénomène du même
genre qui se produit à la Commission des écoles catholiques de
Montréal et à la Commission des écoles catholiques de
Québec qui ne sont pas comprises dans ces chiffres.
Quant à des recommandations du rapport Parent que nous aurions ou
que j'aurais volontairement laissées de côté, je n'en ai
pas d'exemple. J'ai fait cependant relever à mon cabinet, toutes les
recommandations du rapport Parent, pour voir s'il y en avait qui ne fussent pas
encore accomplies. L'une de celles que je puis mentionner je pourrais en
mentionner plusieurs qui ne le sont pas encore est justement ce que j'ai
mentionné tantôt comme prévisions pour l'avenir, le conseil
des universités, à titre d'exemple. Une autre, la réforme
de l'enseignement chez les maîtres, la question des écoles
normales. Est-ce que nous ferons exactement ce que recommandait le rapport
Parent? Je ne m'engage pas à le faire. Je donnerai un exemple comme quoi
les choses changent. M. Rocher lui-même qui avait fortement
recommandé le conseil des universités, dans une conférence
qu'il a prononcée le 2 décembre dernier, s'élevait contre
sa propre recommandation et en faisait une nouvelle. Ce qui prouve que c'est un
peu comme les ministres qui peuvent changer la politique de leur
prédécesseur parce que les circonstances ont changé ou
parce que le rodage a amené une nouvelle optique. Je pense qu'il faut
partir du rapport Parent, mais que le rapport Parent, déjà
aujourd'hui date un peu parce qu'il s'est écoulé quand même
quatre ans depuis qu'on a commencé à le mettre en pratique.
M. PEARSON: La question que j'avais, le ministre vient d'y
répondre.
M. PINARD: Est-ce que le ministre peut nous dire si, dans les
priorités qui ont été celles du ministère de
l'Education alors qu'il n'était pas encore titulaire de ce
ministère car depuis son arrivée il y a eu des changements
dans l'ordre de ces priorités s'il a plutôt donné sa
préférence à telle ou telle recommandation dans tel ou tel
secteur plutôt qu'à celles décidées par son
prédécesseur au ministère, ou par l'ancien titulaire dans
le gouvernement libéral à l'époque?
M. CARDINAL: Le premier jour où je suis arrivé au
ministère, la première phrase que j'ai prononcée est: La
vie continue. En fait, je n'ai pas voulu détruire ou modifier le
passé pour faire un nouvel avenir. Je préfère bâtir
sur ce qui est déjà fait.
Si on analyse les lois qui ont été adoptées l'an
dernier, qu'il s'agisse de la Loi des institutions associées, la Loi des
collèges d'enseignement général et professionnel, la Loi
des prêts-bourses etc... on voit que rien n'a été
modifié dans ce domaine. Les priorités qui avaient
été établies par mon prédécesseur,
l'honorable Bertrand, je les connaissais fort bien. De fait, le 27 ou 28
octobre, j'étais à la réunion du Conseil supérieur
auquel j'appartenais et j'y ai entendu M. Bertrand exprimer ses
priorités. Trois jours après, je devenais moi-même ministre
et c'est à partir de ce que j'avais entendu que j'ai établi mes
propres priorités. Je n'ai fait que les joindre aux
précédentes. Il n'y a donc pas eu de tournant dans la politique
au moment de mon arrivée.
M. HOUDE: M. le Ministre, on attache beaucoup d'importance à la
loi-cadre de l'enseignement spécialisé depuis à peu
près un an. Je sais que l'an dernier lorsqu'on a étudié
les...
M. CARDINAL: Voulez-vous dire l'enseignement supérieur ou
l'enseignement spécialisé?
M. HOUDE: ... également l'enseignement supérieur. En ce
qui concerne l'enseignement spécialisé, il y a à peu
près un an, jour pour jour, on parlait de cette loi qui devait
être adoptée dans un temps assez...
M. CARDINAL: Non, je me permets de vous corriger,...
M. HOUDE: ... cela se comparera au niveau d'une loi-cadre.
M. CARDINAL: On parlait de la loi des institutions privées et de
la loi de l'enseignement supérieur. Je ne connais pas même
en ayant suivi le ministère, bien que n'étant pas ministre parce
que j'étais membre de plusieurs de ses comités de lois
prévues pour l'enseignement spécialisé. Ce qui a
été prévu pour l'enseignement spécialisé
c'est son intégration dans les structures qui étaient
créées au fur et à mesure, c'est-à-dire soit au
niveau secondaire, comme c'est le cas, par exemple, aux écoles moyennes
d'agriculture et aux écoles de métiers, soit au niveau
collégial, comme c'est le cas pour l'enseignement
spécialisé à un plus haut niveau. Cette intégration
s'est poursuivie. Elle n'est pas entièrement accomplie, puisqu'il faut
commencer par une intégration à un niveau inférieur pour
en connaître le résultat avant de procéder au niveau
supérieur et, ensuite, parce que les collèges en étaient
l'an passé à leur première année et n'en sont
évidemment cette année, c'est une vérité de La
Palice, qu'à la deuxième année. Mais l'intégration
se continue.
Quant à la loi-cadre des institutions privées elle vient,
comme l'a dit le premier ministre ce matin,...
M. HOUDE: Pour la loi-cadre des institutions privées.
M. CARDINAL: Quant à cette loi-cadre, je n'étais pas en
Chambre tout à l'heure, mais je sais qu'une question a été
posée à son sujet par le chef de l'Opposition. Le premier
ministre a répondu que le retard dans le dépôt de la loi
est dû à ce qui s'est produit ces dernières semaines
à Québec, et a empêché le comité de
législation de l'étudier d'une façon immédiate. Le
projet est donc préparé et sera soumis en Chambre aussitôt
que le comité de législation de l'exécutif en aura
terminé l'étude.
M. HOUDE: Toujours dans le domaine général, nous n'y
reviendrons probablement pas article par article, j'aimerais savoir où
en est globalement rendu le travail pour l'intégration, dans les CEGEP
par exemple, de certains élèves qui, actuellement, suivent des
cours de niveau collégial dans des institutions qui ne sont pas en
réalité des CEGEP. Je pense par exemple à certains cours
qui se donnent dans les écoles normales. Egalement à un certain
nombre de cours qui, normalement ou jusqu'à maintenant, se donnent au
niveau universitaire, mais qui sont appelés à être
regroupés au niveau des CEGEP. Où en est rendu le travail dans
toute cette question fort complexe dont il a été souvent
question?
M. CARDINAL: Vous le savez vous-même, plusieurs études
faites par plusieurs comités ont essayé d'établir le seuil
entre le collège et l'université, en faisant
particulièrement ce qu'on appelle des profils d'admission. Ceux-ci au
début étaient énormes. Ils dépassaient 60 à
la suite d'une réunion tenue à Saint-Hyacinthe l'année
dernière. Ils ont été réduits à une
trentaine par la suite. Encore tout récemment, ces profils se sont
ramenés à un nombre très inférieur. Je ne sais pas
si M. Beauchemin peut dire le nombre, mais je dirai qu'ils sont de l'ordre de
la douzaine, sans me tromper.
D'autre part, il y a eu entre certains collèges je
préfère cette expression à l'expression «
collèges d'enseignement général et professionnel »
si vous voulez, je le mets entre guillemets des ententes avec des
écoles normales pour l'enseignement donné aux futurs
maîtres. C 'est le cas à Hull, cette question a été
posée en Chambre, où il y a une entente d'une année qui va
se répéter une deuxième année, parce que tout n'est
pas prêt dans ce domaine.
J'ajouterai que d'ici quelques semaines je serai en mesure, lorsqu'une
étude aura été terminée et m'aura été
remise d'annoncer un plan appelons-le plan de réorganisation de
l'enseignement pour les étudiants-maîtres qui sera un essai
de règlement de cette question d'intégration des écoles
normales, des collèges d'enseignement et des facultés des
sciences de l'éducation dans les universités.
Il est évident que l'enseignement qui est donné aux futurs
maîtres se situe sur deux niveaux. Tantôt le niveau
collégial, tantôt le niveau universitaire. Ceci devant être
distingué des questions de brevet et c'est le règlement
numéro 4 qui s'applique ici. Récemment, d'ailleurs, nous avons
lancé deux projets pour permettre aux professeurs de se qualifier
davantage.
M. HOUDE: Vous avez fait surtout allusion, dans la réponse
à ma question, à ceux qui étudient dans le domaine de
l'éducation, aux futurs maîtres. Mais également dans le
rapport, on disait si ma mémoire est fidèle, qu'à peu
près le tiers de tous les cours qui se donnaient au niveau
universitaire, n'étaient pas en réalité des cours de
niveau universitaire. Cela a été écrit dans un des
rapports.
M. CARDINAL: Je ne sais si cela a été écrit comme
ça. C'est un autre problème que le problème des
enseignants. C'est le fait que peu I peu au cours des années, par le
phénomène des facultés, de cette faculté des arts,
il s'est fait une espèce d'érosion dans les deux sens et que les
collèges ont donné des enseignements de plus en plus
élevés et que les universités, d'un autre
côté, ont facilité l'entrée dans leur faculté
d'étudiants de plus en plus jeunes. Il s'est établi une zone
grise qu'on a retrouvée dans plusieurs facultés et plusieurs
écoles. Justement la création des collèges,
l'établissement des profils d'admission permettent, sur un certain
nombre d'années ça ne peut pas s'abolir en une seule
année de diminuer cette zone grise et de la faire repartir
à zéro. Cependant, pour que ceci s'effectue vraiment,
concrètement, il faudrait que le réseau des collèges soit
établi partout à travers, la province. Parce qu'il ne faut pas
détruire les anciennes institutions qui existent, mais leur permettre de
conduire leurs étudiants jusqu'au bout, en attendant qu'il y ait un
collège. D'autre part, les universités ne pouvaient pas
l'année dernière, et ne pourront pas cette année, refuser
des gens qui viennent, soit du collège classique traditionnel, soit du
collège V qui existe déjà à Laval, soit en
septembre 1969, du collège d'enseignement général et
professionnel. Il y a donc une période temporaire. Est-ce que je
pourrais l'évaluer disons à quatre ou cinq ans, avant que cette
zone grise ne disparaisse? Parce que les structures auront été
établies, les programmes auront été renouvelés et
les étudiants sauront exactement ce qu'est un niveau universitaire et un
niveau collégial. Ceci est cependant très délicat, parce
qu'il faut étudier cette question avec beaucoup d'attention. Il ne
s'agit pas de dire que le numéro un tel est collégial ou
universitaire. Il faut voir tout un contexte, voir comment nos
universités se sont constituées. Il y a six universités
qui sont de tradition différente, d'histoire différente, qui ont
des chartes différentes et qui ont été
créées à des périodes différentes. Il faut
les amener à collaborer avec nous et c'est pourquoi il y a une loi-cadre
de l'enseignement supérieur qui leur permettra de collaborer avec nous,
à sa planification.
M. HOUDE: Maintenant, toujours globalement, est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il y a eu, depuis quelques mois, ou s'il y a des projets
concrets pour l'année à venir concernant une collaboration
très étroite, de plus en plus demandée, je pense, entre
l'éducation et l'industrie en particulier pour le niveau
professionnel.
M. CARDINAL: II y a déjà une collaboration qui s'est
créée entre trois ministères présentement. Celui du
Travail, de l'Education et du Bien-Etre social en particulier pour le
recyclage, la formation professionnelle et l'éducation que donne le
ministère sur le plan péda-
goglque. Il y a d'autre part, au ministère de l'Education,
à la direction générale de l'enseignement
collégial, des gens qui étudient les besoins du marché et
nous recevons régulièrement, du ministère de l'Industrie
et du Commerce, des indications à l'effet que dans telle région
ou telle autre région, tel genre d'industrie doit s'établir, et
qu'il y aurait lieu de prévoir des options qui permettront aux enfants
de satisfaire ces demandes. Cependant, il ne faut pas aller trop loin dans
ceci, parce qu'il ne s'agit pas de préparer, à quelque niveau que
ce soit, des enfants qui, à brève échéance, si vous
voulez, doivent entrer dans tel métier en particulier. Parce qu'on sait
aujourd'hui que ce qui est utile ou nécessaire demain peut
déjà après-demain être changé. Il faut donc,
en plus de cette formation précise qui peut être donnée
dans les options des métiers du travail, une formation
générale que donne justement le collège par sa
polyvalence. De plus, dans les collèges, en plus de l'orientation, il y
a ce qui s'appelle l'exploration. J'explique ce mot.
C'est que des gens des divers métiers, des diverses industries,
des gens qui sont déjà dans une sphère donnée, se
rendent dans ces collèges, dans ces institutions pour expliquer aux
étudiants ce qu'ils font, quels sont leurs besoins, etc.
M. PINARD: M. le Ministre, voici une question, qui me paraît
d'ordre général, mais qui quand même demande une
réponse assez précise. Est-ce que, du train où vont les
choses, le ministère de l'Education, le ministre est convaincu que
toutes les réformes amorcées jusqu'ici, et qui suivent quand
même une ligne de continuité comme il l'a dit tantôt, vont,
à brève-vince de Québec et surtout à la jeunesse de
la province de Québec, le système d'enseignement moderne le plus
capable, le plus susceptible de permettre à notre jeunesse d'arriver
àla société postindustrielle dont il est tellement
question depuis quelque temps, notamment en France? Et les statistiques sont
là pour le prouver, le ministre de l'Education du dernier gouvernement
de Gaulle a démissionné, non pas sur cette question-là,
mais on en a quand même fait état abondamment. Et je pense qu'il a
fallu aussi, ce qu'on a appelé chez nous, l'opération rattrapage
pour être bien sûr que la France ne resterait pas à
l'écart des grands mouvements éducationnels, modernes, face aux
besoins de la société nouvelle.
Alors, je me demande si, malgré les excellentes réformes
qui ont été faites jusqu'ici, nous avons quand même cette
assurance que la jeu- nesse du Québec sera bien préparée
pour faire face aux besoins de cette nouvelle société qu'on se
plaît à appeler la société postindustrielle, puisque
nous vivons dans le contexte nord-américain?
M. CARDINAL: Le ministre le pense en tenant compte des études qui
ont été faites, des besoins que nous pouvons connaître
aujourd'hui, du pari qui existe, nécessairement dans toute
réforme qui est faite, dans tout geste d'ailleurs que l'être
humain pose. C'est un pari quand on se marie, c'est un pari quand on a des
enfants et c'est un pari quand on les éduque.. Pour le ministère
de l'Education, faire une réforme de l'éducation, c'est un pari
qui équivaut à ceux que je viens de mentionner. Mais, ce pari,
c'est justement ce qui est donné présentement aux
étudiants, ce qui leur permettra à eux de se préparer pour
ce qui existera au moment où ils arriveront sur le marché du
travail, leur permettra à eux par la suite, de modifier même ce
milieu dans lequel ils vivront. C'est qu'en fait, en regard du temps
passé où peu d'étudiants se rendaient au bout de longues
études, nous n'avions qu'un très petit nombre qui constituait ce
que l'on appelait alors l'élite. Il y aura une grande majorité
des enfants dans le Québec qui auront non seulement une formation
générale mais aussi une formation technique. Et en faisant la
comparaison avec la France, j'ai pu constater, non pas dans des voyages de
prolongation mais dans d'autres, que c'est justement ce niveau qui leur manque,
ce niveau technique et technologique entre l'enseignement supérieur, par
exemple, des polytechniciens et le simple ouvrier de métier. C'est tout
ce niveau qui permettra de combler ce que vous n'avez pas mentionné par
des mots précis mais que je sens dans votre pensée, ce que
certains ont appelé le fossé ou le « gap » ou enfin
cette différence entre la technologie américaine, par exemple, et
ce qui se passe en France et ce qui se passait, semble-t-il, au Québec?
Quel sera le résultat? Je ne suis pas un prophète. Mais je pense
qu'actuellement le ministère et le gouvernement prennent et ont pris
jusqu'à présent tous les moyens pour arriver à ce
résultat et je suis optimiste en voyant ce qui déjà s'est
produit. Si on regarde simplement l'opération CEGEP et que l'on voit
qu'il y a à peine deux ans il y avait des résistances de ce
côté-là et que l'on voit aujourd'hui que le ministre a
peine à suffire aux pressions, aux demandes, etc., pas parce que l'on
veut dans des comtés des collèges mais parce que des
étudiants sont prêts à y demeurer, à se rendre
jusqu'au bout.
Quand on voit que l'opération CEGEP non
seulement a réussi dans nombre de collèges qui ont
été créés mais qu'on réussit à garder
ce que j'appellerais la pureté du sens d'un collège,
c'est-à-dire cette polyvalence qui permet à la fois d'avoir des
enfants qui ont au moins une scolarité de 13 ans et qui peuvent
immédiatement se lancer sur le marché du travail à un haut
niveau ou continuer dans l'enseignement supérieur, je pense qu'on montre
déjà qu'une partie de la réforme a réussi et j'ai
énormément confiance pour l'avenir du Québec, dans toute
cette moisson qui monte dans les écoles et les universités, quels
que soient les problèmes que l'on puisse voir dans la jeunesse
d'aujourd'hui qui ne tiennent pas à notre réforme, mais que l'on
rencontre dans tous les pays, même ceux qui n'ont pas de
réforme.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre, l'opération CEGEP dans
Saint-Jean a été un succès.
M. PINARD: Le président ne m'apparaît pas tellement neutre.
Il parle à titre de député.
M. HOUDE: M. le Ministre, depuis le début de cette réforme
scolaire, il y a eu beaucoup d'articles écrits. J'ai personnellement
fait plusieurs conférences à ce sujet, posé plusieurs
questions en Chambre concernant, dis-je, le manque de chaleur humaine au niveau
secondaire comme au niveau des CEGEP. D'ailleurs, le premier ministre
lui-même en a parlé une fois en Chambre, et je sais que, dans la
plupart des revues spécialisées dans le domaine de
l'éducation, il en a été question depuis les trois ou
quatre derniers mois. Ma question est la suivante: Est-ce que le
ministère de l'Education a pris certaines mesures? Est-ce que le
ministère de l'Education a l'intention soit de créer un
comité spécial, soit d'affecter à cette tâche trois
ou quatre fonctionnaires afin de trouver des méthodes, si la
méthode du tuteur n'est pas bonne ou n'est pas la meilleure, d'essayer
de trouver des moyens pour humaniser l'école? Surtout maintenant que les
enfants entrent dans nos écoles secondaires après la 6e
année, donc de très jeunes enfants? Ils arrivent dans des campus
de 3,000 ou 4,000 élèves, avec des corridors qui font parfois
presque un demi-mille de long. Est-ce que le ministère a l'intention de
consacrer beaucoup d'efforts, et par ricochet, probablement beaucoup d'argent
aussi, je crois, pour humaniser l'école et faire en sorte que nos gars
et nos filles sur nos campus ne deviennent pas ou ne risquent pas de devenir
des numéros?
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, d'abord je ferai une distinction.
Je ne ferai pas la même remarque pour le secondaire que pour le
collège où, de fait, les étudiants sont à un autre
niveau...
M. HOUDE: Peut-être.
M. CARDINAL: ... et que de toute façon ils seraient ou bien dans
la vie ou bien à l'université, etc.
M. HOUDE: Remarquez que c'est une école de pensée. Il y a
également l'autre qui dit que même au niveau du CEGEP, il reste
que ce sont encore des jeunes.
M. CARDINAL: Enfin, je pense que c'est différent... Je vais
répondre au plus précis de la question, en ce sens, qu'au niveau
secondaire, l'étude est commencée. Il y a déjà des
projets et dans les crédits budgétaires, nous y viendrons en
temps et lieu.
Il y a dans le poste budgétaire numéro 5, la
planification, les écoles secondaires polyvalentes, étude sur les
relations maîtres-élêves. Il y a une somme de $15,000 de
prévue. Vous n'avez pas ces détails-là. En fait, j'y
reviendrai.
Alors, il y a donc, dès cette année, ce montant-là
qui est prévu. De fait, après mon arrivée au
ministère, c'est une des choses auxquelles j'ai été
très tôt sensibilisé, et tout de suite, avec les
fonctionnaires, nous avons commencé à étudier cette
question et nous avons décidé qu'elle était prioritaire.
Par conséquent, il y a donc déjà une étude en
cours. Il y a des budgets de prévus pour construire cette étude
et, par exemple, une méthode de tuteur, que vous avez vous-même
mentionnée, est l'une des méthodes qui doit être
employée pour remplacer ce qu'on appelait autrefois le titulaire qu'il
est difficile, aujourd'hui, d'utiliser lorsqu'il y a plusieurs options, de la
polyvalence, etc...
J'ajouterais, cependant, qu'il ne faut jamais dramatiser et qu'il faut
élucider certaines choses. Des commissions scolaires c'est elle,
la commission scolaire, qui a autorité sur le secondaire ont pris
les initiatives parfois qui ne dépendent pas du ministère. Si,
dans une commission scolaire, l'on prend des initiatives qui
déshumanisent davantage, si vous voulez, la régionale, parce que
l'on donne des numéros aux étudiants ou d'autres choses du genre,
le ministère n'est jamais favorable à ces choses, le ministre est
toujours heureux d'apprendre des députés que se produisent de
semblables choses, pour essayer d'aider à les corriger.
Donc, pour l'avenir, étude présente. Et il est certain
qu'au ministère nous ferons quelque chose pour que les relations
maîtres-étudiants
deviennent plus étroites, parce que c'est essentiel, d'abord
à la formation de ces étudiants dans les écoles
secondaires et c'est essentiel aussi pour conserver, non pas ce que
j'appellerai l'ordre, mais pour conserver des relations normales chez des
enfants de cet âge, entre le professeur vis-à-vis de leur famille
et vis-à-vis de l'institution qui s'appelle école.
M. HOUDE: M. le Ministre, je suis d'accord avec le ministre quand il dit
qu'il y a certaines commissions scolaires qui ont peut-être pris des
initiatives personnelles, pas toujours heureuses pour déshumaniser, si
vous voulez, l'école. D'autre part, si l'on veut être positif, il
y a également des commissions scolaires qui sont prêtes, parce
qu'il y a des éducateurs qui sont vraiment conscients du
problème, il y a des éducateurs et des commissions scolaires qui
veulent prendre des moyens positifs pour humaniser l'école. Mais pour
les prendre ces moyens-là, ça suppose une augmentation parfois de
personnel. Est-ce que les normes budgétaires pour l'année qui
vient, disons, pour septembre qui va commencer, vont permettre à
certaines commissions scolaires qui pourraient, par exemple, vous soumettre des
projets pour humaniser l'école, d'obtenir des subventions
nécessaires pour cette augmentation de personnel?
M. CARDINAL: De ce côté, les normes ne sont pas
modifiées. L'étude se continue et cela fait partie des
négociations. Cependant, pour l'avenir, je pense qu'il ne faudrait pas
les modifier comme je vous le disais tantôt. C'est que de fait, si l'on
regarde les écoles polyvalentes, on s'aperçoit qu'il y en a 64
dans le Québec qui ont moins de 1,300 étudiants,
c'est-à-dire qui ont de 200 S. 1,300 étudiants. Il y en a 122,
qui ont entre 1,400 et 2,500 étudiants. Les grosses écoles dont
on parle sont les minorités et nous avons reçu récemment
le rapport du comité des cas exceptionnels qui a certaines
recommandations à ce sujet et nous avons invité les commissions
scolaires, qui avaient des problèmes dans ce domaine, à venir
nous voir pour que nous puissions les résoudre avec elles.
M. HOUDE: Alors, le mot de la fin, c'est que les parents peuvent avoir
de l'espoir et les élèves aussi.
M. CARDINAL: Pourquoi n'y en aurait-il pas? Ils savent que l'on
travaille et que l'on est en vie.
M. LE PRESIDENT: Pour humaniser ce comité, je suggérerais
d'aller souper, messieurs, et c'est ajourné à 8 h 15.
M. PINARD: M. le Président pourrait-il être entendu que
nous pourrions nous en tenir encore, du moins pour le début, lors de la
reprise de la séance à 8 h 15, aux remarques d'ordre
général? Personnellement, je n'ai pas terminé les
questions que j'avais l'intention de poser au ministre et j'imagine qu'il doit
en être de même pour mes confrères.
M. CARDINAL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Ajourné à 8 heures quinze minutes.
Reprise de la séance à 20 h 20
M. PROULX (président): A l'ordre! Messieurs, la séance est
ouverte. Le comité commence en retard. M. Houde, vous avez la
parole.
M. HOUDE: Je sais que le député de Drummond avait
demandé, avant de partir, de continuer dans le domaine des
généralités, je pense qu'il a quelques questions à
poser. Je l'ai croisé il y a à peine trente secondes,
probablement qu'il est en route pour venir ici.
Toujours dans le domaine des généralités, M. le
Ministre, vous avez fait mention des ateliers pédagogiques, une
initiative très valable, vous avez même donné des chiffres
concernant le nombre d'ateliers pédagogiques qui existent actuellement
au Québec. Est-ce que vous avez, en plus de ces chiffres, soit un
résumé ou des conclusions, à savoir comment cela a
fonctionné, et si les gens sont satisfaits des ateliers
pédagogiques? Je sais que dans beaucoup de régions, dont la
mienne en particulier, ça semble encore confus. C'est-à-dire que
ça fonctionne, les parents se demandent, jusqu'à un certain
point, jusqu'où ça va continuer, jusqu'à quand ça
va continuer. Est-ce que vous pouvez affirmer, enfin dire si c'est vraiment
entré maintenant dans notre concept de l'éducation? Est-ce que
tout le monde joue le jeu des ateliers pédagogiques?
M. CARDINAL: Vous me demandez de porter un jugement, de valeur. Je n'ai
pas fait d'enquête sociologique. Alors disons que l'atelier
pédagogique, c'est un exercice dans la démocratie de
participation, et qu'il faut dans ceci comme dans toute chose, une
période de rodage, et comme c'est tout nouveau, il est évident
que ça ne va pas de la même façon partout. Dans certains
endroits, les parents sont très heureux, dans d'autres, peut-être
un peu moins, parce qu'ils se demandent quelle voie ils vont prendre. Les
relations entre parents et professeurs ont été rarement
institutionnalisées, c'est la première fois que ça se
produit sur une si grande échelle. Je ne suis donc pas surpris que tout
ne soit pas parfait. Mais c'est un de ces sujets où je n'ai pas encore
eu à mon bureau, à aucun moment, de critiques qui soient
négatives. Au contraire, malgré les difficultés qui sont
rencontrées, je pense que les ateliers pédagogiques sont sur la
bonne voie et pour répondre à cette autre partie de votre
question il n'y a pas de raison que ça s'arrête.
M. HOUDE: Est-ce que vous avez une idée du nombre par
région d'écoles, de commissions scolaires qui ont commencé
à appliquer vraiment tout l'ensemble de...
M. CARDINAL: Je ne l'ai pas par région. Le chiffre que j'ai
donné cet après-midi, 1,678, est pour toute la province,
n'incluant ni la Commission des écoles catholiques de Montréal ni
la Commission des écoles catholiques de Québec. Je pense qu'il y
a, au niveau secondaire, environ 380 ateliers pédagogiques, tous les
autres se trouvent au niveau élémentaire. Mais je n'ai
malheureusement pas de tableau qui le donnerait par région. Si vous
voulez attendre un instant, cependant, il y en a 1,228 exactement dans des
écoles élémentaires, et il y en a 389 dans des
écoles secondaires. Cela se rencontre et chez les catholiques et chez
les protestants. Encore une fois, cela ne comprend pas les deux grandes
commissions que j'ai mentionnées. Cela ne comprend pas non plus le
Protestant School Board of Greater Montreal, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y
a pas l'équivalent des ateliers pédagogiques. Ces trois
commissions scolaires ont choisi une formule de participation différente
pour faire intervenir les parents. Ceci ne donne peut-être pas exactement
le total que j'ai donné tantôt. C'est à quelques chiffres
près comme je l'avais indiqué. Cela dépasse 1,600. Comme
vous le savez, l'atelier pédagogique est une formule de participation
qui permet aux éducateurs en équipe de préparer et de
réaliser eux-mêmes avec des parents, si vous voulez, des projets
relatifs au renouvellement pédagogique de l'école.
Les principales tâches qui incombent à l'atelier
pédagogique sont l'information des membres, l'élaboration de
projets d'application dans le nouveau système scolaire, et enfin
l'exécution, si c'est possible, à ce niveau-là, entre
parents et instituteurs ou professeurs.
Je n'ai malheureusement pas de détails. Vous savez que la
province est divisée en neuf régionales ou neuf régions
pour des fins du ministère de l'Education. Je n'ai pas de chiffres
précis sur le nombre qu'il y a dans une région plutôt que
dans une autre.
M. HOUDE: Maintenant, M. le Ministre, en ce qui me concerne, une
dernière question, d'ordre général. Quel est,
premièrement, l'encouragement du ministère de l'Education
vis-à-vis de ce qu'on appelle encore malheureusement des
expériences pilotes dans le domaine, par exemple, des classes de neige,
des classes vertes, et qui sont de plus en plus populaires auprès d'un
certain nombre de commissions scolaires. Est-ce que le ministère, d'une
part, a
des directives à ce sujet? Est-ce que le ministère
encourage de telles initiatives? Est-ce que le ministère a l'intention
dans un avenir assez raproché d'aider financièrement les
commissions scolaires, les parents des élèves en particulier,
là où on voudrait bien organiser de telles choses?
M. CARDINAL: A une partie de la question, je réponds
négativement, en ce sens que le ministère, actuellement, dans ses
règles d'approbation des budgets ou de subventions d'équilibre
budgétaire ne donne pas des subventions comme tel à ces
initiatives. Cette question est présentement à l'étude au
ministère.
Je réponds affirmativement à la deuxième partie de
la question, en ce sens que nous encourageons ces initiatives.
C'est-à-dire comment les encouragerons-nous, s'il n'y a pas de fonds de
donnés? C'est un encouragement dans le sens que le ministère
encourage toute initiative des parents et des commissions scolaires aux niveaux
local et régional, quitte à étudier ensuite le
problème et à voir, l'année suivante, si ces
choses-là peuvent être subventionnées. Il reste cependant
une expérience pilote qui se poursuit dans ce domaine à
Sainte-Foy, c'est la seule que je connaisse et dans laquelle le
ministère soit intervenu.
M. HOUDE: Maintenant, est-ce que le ministre me permet? C'est
peut-être une suggestion, étant donné qu'il y a quand
même un assez grand nombre de commissions scolaires qui ont tenté,
en particulier l'hiver dernier, l'expérience des classes de neige. J'ai
eu l'occasion d'en visiter plusieurs au cours de l'hiver et je sais
enfin je ne voudrais nommer aucune commission scolaire que, dans
certains coins, cela a été plus ou moins un succès, en ce
sens que les professeurs n'ont peut-être pas joué le rôle
qu'ils devaient jouer. Ils n'ont pas été suffisamment
préparés. Je pense que la classe de neige, est comme la classe
verte, quelque chose d'absolument valable pour autant que ce soit bien
préparé et pour autant que tout le monde veuille bien jouer le
jeu et comprenne la philosophie qui est à la base de ces initiatives. Ma
question est la suivante, ou enfin ma suggestion. Est-ce qu'il serait possible
que quelques hauts fonctionnaires du ministère puissent se procurer la
liste de ces classes, lorsqu'elles ont lieu, et aillent les visiter
peut-être parfois afin de voir un peu sur les lieux ce qui se passe pour
arriver finalement, à se faire une vraie conception de la classe de
neige, de la classe verte, mais adaptée à nous du Québec
et non pas copiée tout simplement sur la classe verte, la classe de
neige, la classe des forêts, telle qu'on la connaît en Suède
ou en France, par exemple.
M. CARDINAL: Comme ce n'est pas une question, mais une suggestion. Nous
en avons pris bonne note et, pendant que vous parliez, M. Tremblay l'a
notée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac.
M. GRENIER: M. le Président, auriez-vous une liste
établissant que l'approbation par matière, au niveau du primaire,
c'est une chose qui peut s'accélérer, se concrétiser dans
un avenir assez rapproché, particulièrement dans les sections
rurales?
M. CARDINAL: Il n'y a pas actuellement de système de promotion
par matière à l'élémentaire. C'est au niveau
secondaire que ce système commence. A l'élémentaire
plutôt, le système que le ministère a jusqu'à
présent reconnu, c'est ce qu'on appelle le progrès continu. La
nuance entre les deux est importante parce que la promotion par matière
ou appelez-la par crédit, à un niveau supérieur, c'est un
groupe de matières ou un groupe de crédits donnés qui
conduisent, au bout d'un nombre d'années qui pourrait être
variable, à la promotion tandis que le progrès continu, c'est un
progrès qui se fait suivant les moyens de l'enfant pour atteindre la fin
de l'élémentaire. Il n'y a pas actuellement de promotion par
matière au niveau élémentaire.
M. GRENIER: En fait, le progrès continu, c'est peut-être un
autre mot mais cela ressemble étrangement à la promotion par
matière, tout de même.
M. CARDINAL: Je ne sais pas si le député a des enfants de
cet âge. J'ai des enfants à tous les niveaux présentement
sauf au niveau universitaire et la promotion à
l'élémentaire n'est pas une promotion comme on la conçoit
au secondaire ou au collégial. L'enfant qui a terminé le nombre
d'années de l'élémentaire actuellement passe
nécessairement au secondaire. Alors, il n'y a pas véritablement
une promotion au sens où on l'entend.
M. HOUDE: Merci. Nous savons tous qu'il y a actuellement quatre
cités de jeunes au Québec, soit à Rivière-du-Loup,
Tracy, Hull et Vaudreuil et je pense bien que tout le monde est au courant
qu'elles connaissent présentement certains problèmes, certaines
difficultés. Il y a, je dirais, un éternel conflit entre ce qu'on
appelle
communément la corporation d'une cité de jeunes d'une part
et, d'autre part, la direction de l'école régionale qui est
toujours sur le campus d'une cité des jeunes. Conflit parfois de
personnalités, de juridictions, question de structures, d'organigrammes
et autres. Et également dans l'organisation et l'administration,
très souvent, de certains bureaux et édifices, constructions sur
un campus. Ma question est la suivante: Est-ce que le ministère a
l'intention ou pense pouvoir continuer à encourager la création
de futures cités de jeunes par des corporations, comme ça,
privées? Deuxièmement, qu'entend-il faire avec les cités
de jeunes déjà existantes?
M. CARDINAL: Si vous permettez, j'allais justement répondre
à cette question. Les cités de jeunes comme telles n'ont pas
été découragées par le ministère ni
encouragées en ce sens que ça ne fait pas partie de
l'équipement que la direction générale de
l'équipement fournit aux écoles. Ce qui importe au
ministère, pour le moment, avec tout ce que nous avons à diriger
et à financer, c'est le campus comme tel de la polyvalente,
c'est-à-dire de l'école secondaire qui peut, à ce
moment-là, faire partie ou non d'une cité des jeunes. Alors, de
fait, nous n'avons pas récemment, au moins durant les dernières
années, ni encouragé ni découragé les cités
des jeunes et, à ma connaissance, je n'ai pas vu de ces conflits.
J'admets qu'il y a des difficultés, mais disons que les conflits
ne sont pas montés jusqu'au niveau du ministre comme tel. Alors, s'il y
a des conflits, il faut tout de suite faire la part des choses.
Il existe des commissions scolaires, il existe un ministère. Les
commissions scolaires dépendent de la Loi de l'instruction publique et,
comme telles ont un certain nombre de responsabilités, de pouvoirs et de
devoirs qu'elles doivent remplir. Le ministère n'intervient que dans le
cas où la loi le prévoit, soit pour entériner, soit pour
ne pas le faire si les conditions de bien commun ne sont pas remplies. Et les
cités des jeunes, comme telles, ne sont pas prévues par les
politiques du ministère, ni par l'équipement, si vous voulez, en
matière scolaire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Ministre, est-ce que le ministère est conscient
ou bien s'il s'intéresse aux différents facteurs qui peuvent
influencer l'état d'esprit du corps enseignant? C'est la seule question
que j'ai à poser, disons, dans les généralités.
L'état d'esprit du corps enseignant, ou le futur professeur,
semble se ressentir par exemple des conséquences qu'il peut y avoir eues
après le bill 25, des négociations qui sont en cours
actuellement, ou des examens de qualification pour les écoles normales.
J'ai rencontré un certain nombre de professeurs, et j'ai l'impression
qu'il y en a plusieurs qui semblent déprimés à cause de
ces facteurs-là ou quelques-uns de ces facteurs-là. Ils sont
portés à faire, à l'école, simplement un minimum.
Autrement dit, on a l'impression qu'ils n'ont plus de coeur au ventre, qu'ils
n'ont plus ce qu'on appelait, anciennement, la vocation de l'enseignement. On a
l'impression, actuellement, que si on leur demande tant d'heures de travail,
une fois que c'est fini, ça se termine là.
Les enseignants essaient-ils de faire le mieux, disons, avec les
éléments qu'on leur met entre les mains, qui sont en dehors, un
peu, de la portée du ministère de l'Education? Par exemple, les
négociations vont affecter directement les professeurs et le
ministère a plus ou moins son mot à dire là-dedans.
Dispense-t-il les éléments qu'on lui met entre les mains? Fait-il
le mieux qu'il peut avec ça?
M. CARDINAL: La question est assez difficile. D'abord, il y a la
négociation qui, tout le monde sait, je pense, est sous la
responsabilité de l'honorable ministre Masse qui est
délégué à la Fonction publique et qui s'occupe en
même temps de négociations avec les enseignants. Comme tel, M.
Masse est un interlocuteur qui répond directement au gouvernement et je
pense que justement, les professeurs veulent un interlocuteur qui soit le
gouvernement et non pas seulement un ministre ou un ministère.
Ce qui ne veut pas dire que le ministère de l'Education ou le
ministre de l'Education n'ait pas été intéressé,
n'ait pas suivi avec intérêt les négociations. Mais ce
n'est pas la responsabilité, comme telle, du ministre de l'Education et
c'est pourquoi je me suis abstenu de toute remarque, de toute action en
matière de négociations sauf dans le cas où il y avait des
principes qui, immédiatement, concernaient le ministère où
on me demandait mon opinion ou mon intervention.
Je passe à l'autre question, dont vous avez parlé, par
exemple, les examens de qualification. Les examens de qualification du
ministère, qui sont simplement un examen parmi plusieurs examens de
qualification, les autres sont des examens de ces institutions, ont
été passés dans toute la province, par la très
grande majorité des futurs enseignants sauf dans trois écoles de
Montréal, c'est-à-dire Ville-Marie,
Jacques-Cartier et l'ENET, c'est-à-dire l'Ecole normale des
enseignants techniques. Ceci, à part cela, s'est passé à
la suite d'élection où il était loin d'y avoir la
majorité sur la gamme des chiffres.
Je ne sais pas quelle est la raison de cette abstention d'un certain
nombre d'élèves à se présenter à ces
examens. De toute façon, le ministère s'est immédiatement
préoccupé de cette question. Il a voulu, dans le but de donner
une chance à ces étudiants, ajouter un examen, non pas en plus,
mais mettre une nouvelle date de façon que ces étudiants ne
soient pas soumis à la règle générale qui les
aurait amenés au mois d'août devant un examen de reprise qu'il n'y
aurait pas eu comme c'était le cas de leurs autres confrères.
D'ailleurs, l'exécutif de la Fédération des
étudiants-maîtres s'était prononcé favorablement
à cet examen et dans tout le reste de la province, les
étudiants-maîtres ont passé cet examen.
Si je prends plus généralement votre question, je ne suis
pas en mesure de juger des cas individuels et je ne veux pas juger les
professeurs en groupe pour savoir s'ils ont, plus ou moins qu'avant, le sens de
la vocation. C'est purement un jugement de valeur que le ministre n'a pas
à porter et qui concerne justement les professeurs. Il est normal,
cependant, et je le conçois fort bien, qu'en période de
réformes, alors que l'on parle fréquemment de la formation des
maîtres, du recyclage des maîtres, du rattrapage des maîtres,
que les maîtres se sentent inquiets. Il est, je pense, humain, que chaque
fois qu'il y a des changements, ceux qui en sont les premiers affectés
manifestent certains signes d'insécurité, et que cela puisse, en
certains cas, guider leurs actes ou leur comportement.
M. PEARSON: Je reviendrai, tantôt à la question sur les
examens de qualification. Remarquez bien, M. le Ministre, que c'était de
façon globale, de façon générale. Personnellement,
j'ai rencontré, disons, certains milieux de l'enseignement et cette
année en particulier. Il y en a ici qui sont professeurs;je ne sais pas
s'ils l'ont réalisé, mais j'ai réalisé en somme,
que beaucoup de professeurs sont déprimés, autrement dit, ils
m'ont donné l'impression, dans plusieurs milieux, qu'ils se contentent
tout simplement de faire le minimum et qu'ils sont plus ou moins
intéressés.
M. CARDINAL: Je souhaite qu'ils...
M. PEARSON: Maintenant, c'est pour ça que je viens poser la
question...
M. CARDINAL: ... deviennent plus optimistes.
M. PEARSON: ... parce que vous n'êtes pas directement responsable.
Il peut y avoir les négociations; il peut y avoir eu à un moment
donné le bill 25; il peut y avoir toutes sortes d'autres facteurs, si
vous voulez, que je ne peux peut-être pas m'expliquer facilement
aujourd'hui. C'est pour ça que je vous demandais si vous étiez
conscient de cette chose-là, si vous réalisiez, si vous sentiez,
ce que moi-même j'ai senti dans certains milieux. Parce que si
l'enseignement devient, à un moment donné, une profession comme
une profession de menuisier qui dit: Moi, je travaille de telle heure à
telle heure ou bien un briqueteur: Je pose tant de briques, ça vient de
finir. Ecoutez! A ce moment-là, la plus belle réforme de
l'enseignement, s'en va chez le diable, c'est aussi simple que ça.
M. CARDINAL: II est évident qu'on a absolument besoin des
professeurs pour la réforme de l'enseignement, je l'ai mentionné
cet après-midi. Vous savez que moi-même j'ai enseigné
pendant près de 16 ans et que je connais cette vie. C'est un niveau
différent, évidemment, que l'élémentaire ou le
secondaire ou le collégial. Cependant il y a des choses qui se
ressemblent, et vous avez parfaitement raison de dire que ce n'est pas un genre
de travail qui peut se faire comme d'autres. Il faut le sens de la vocation, le
sens professionnel. Et même si je sens que les professeurs ont des
difficultés actuellement pour peut-être certaines des raisons que
vous avez mentionnées, je pense qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer, et
qu'au contraire ils doivent, en dehors des problèmes qui ne nous
concernent pas directement, comme la négociation, s'attabler avec nous
pour faire cette réforme parce qu'ils ont été parmi les
premiers à la réclamer.
M. PEARSON: Ce n'est pas simplement une question d'argent, c'est une
question d'initiative personnelle, parce que, d'après moi, un professeur
c'est quelqu'un qui peut donner quelque chose de lui-même. Alors, s'il
est contrôlé de la première à la dernière
minute, autrement dit, s'il n'a pas cinq minutes d'initiative, j'ai bien
l'impression que ce n'est pas un professeur...
M. CARDINAL: Je ne pense pas que le ministère contrôle les
professeurs de cette façon, au contraire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: M. le Ministre, encore une fois je reviens à la
question des cités de jeunes. Sans vouloir encourager de futures
cités de jeunes, il reste que nous sommes actuellement en
présence d'un fait accompli: il y en a quatre qui existent et qui
reçoivent journellement plusieurs milliers d'élèves au
Québec.
M. CARDINAL: Ce sont des organisations privées...
M. HOUDE: Ce sont des organisations privées mais qui sont
là, qui ont été aménagées, qui ont
été construites en fonction, d'abord et avant tout, des
élèves qui vivent sur un campus.
Et l'idée d'une cité de jeunes, vous vous le rappelez sans
doute, c'était d'avoir des enseignements différents sur un
même campus. Aujourd'hui, ces corporations connaissent quand même
de grandes difficultés parce que, d'une part, elles n'ont pas de sources
de revenus, n'ont pas de pouvoirs de taxation. Elles ont aménagé,
en tirant à gauche et à droite, par tous les moyens possibles,
certains aménagements physiques tels que les centres culturels, dans
beaucoup de cas. Dans le cas des fêtes du Centenaire, on a réussi
à avoir un centre culturel, dans d'autres cas, c'est une participation
des municipalités, une participation, de temps en temps, de certains
hommes d'affaires ou industriels, on a réussi à avoir un
aréna, dans d'autres cas, c'est une bibliothèque, etc. Je veux
savoir, étant donné que nous les avons, ces quatre cités
de jeunes; étant donné que les étudiants de nos
régionales, de nos écoles polyvalentes, bénéficient
des services offerts par le campus, par la cité des jeunes, quelle
qu'elle soit; étant donné aussi que le campus d'une cité
de jeunes répond très souvent aux besoins de la
communauté, soit par des cours de culture populaire, d'éducation
permanente, ou encore dans le domaine du sport ou du loisir, je veux savoir,
dis-je, si le ministère a l'intention, premièrement,
d'étudier très sérieusement le mémoire que lui a
soumis très récemment, l'Association des cités de jeunes,
parce qu'ils sont formés en association? Deuxièmement, est-ce que
le ministère a l'intention de recevoir les responsables des cités
de jeunes qui demandent un rendez-vous au ministre depuis déjà un
certain temps? Troisièmement, est-ce que le ministère a
l'intention de donner de l'aide ou d'accepter dans les normes
budgétaires certaines dépenses jusqu'à maintenant
jugées inadmissibles de la part du ministère? Parce que les
commissions scolaires qui bénéficient de certaines
facilités matérielles d'une cité des jeunes, paient, bien
sûr, leur quote-part, mais apparemment, d'après les corporations,
d'après ce qu'on me dit, les montants payés par les commissions
scolaires pour aider à financer ce que les corporations ont investi ou
construit, semblent nettement insuffisants.
M. CARDINAL: Tous les mémoires reçus au ministère
sont toujours très sérieusement étudiés et celui-ci
le sera comme les autres. Le ministre tente de recevoir tous ceux qui demandent
à le voir. Il est évident que les demandes sont nombreuses et, le
ministre voulant quand même recevoir tout le monde, il est par fois plus
efficace de s'adresser aux directions générales directement
impliquées, pour éviter qu'on fasse un circuit en deux sens.
Parce qu'il faut voir le rôle d'un ministre comme n'étant pas
celui de quelqu'un qui prend des décisions dans un bureau, sans
l'étude des dossiers et sans recommandation.
Quant aux normes, il n'y en a pas actuellement de créées.
Pour les cités des jeunes, ce sont des cas différents, chacun est
à étudier et il faut les étudier en tenant compte de deux
choses au moins. Tout d'abord, c'est que certains de ces centres-là
pourraient à l'avenir faire partie de centres où il y aurait
à la fois l'école secondaire et, par .exemple, un collège
d'enseignement général et professionnel. Ce sont des cas qui
peuvent se présenter.
Deuxièmement, il y a la question des centres communautaires qui
sont déjà proposés en certains endroits comme un moyen
alternatif si vous voulez à la cité des jeunes. Et vous avez le
centre communautaire qui a à la fois des intérêts
municipaux et des intérêts que j'appellerais de la paroisse. On a
même un endroit où il y a déjà une
église-école qui est prévue, elle n'est pas
commencée, mais les plans sont prévus. Il y a un autre endroit
actuellement, dans Montréal, où on songe au même projet.
Par conséquent, ces projets-là sont en petit nombre et se
trouvent sous des variantes, Centres communautaires versus par exemple la
cité des jeunes. Alors, pour résumer et ne pas faire un long
débat sur ceci, il est évident que nous allons étudier le
mémoire reçu récemment. Je ne peux pas répondre ce
soir, si je recevrai prochainement ou non, les représentants des
cités des jeunes. Si le ministre est trop pris par les débats de
ses crédits pendant ces jours-ci, ils pourront quand même
être reçus par des gens du ministère.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Drummond, s'il vous
plaît.
M. PINARD: M. le Président, il a été question cet
après-midi des institutions privées et d'un bill qui devrait
être déposé incessamment, concernant leur statut actuel et
futur. Est-ce que le ministre me permettrait quand même de
lui poser quelques questions relativement au sort qui attend ces
institutions privées qui sont en nombre de moins en moins grand? J'ai eu
l'occasion disons que j'ai un enfant qui fréquente une de ces
institutions qui sont en cause de constater que les institutions
privées subventionnées en vertu des bills 37 et 39
éprouvent en ce moment des difficultés assez
considérables, et que les autorités administratives de ces
institutions privées veulent savoir du ministère dans les plus
brefs délais possibles quelles mesures seront mises en application pour
leur permettre de se sortir de cette situation assez précaire.
Il semblerait qu'un découragement assez profond s'est
emparé d'un certain nombre de directeurs, de directrices de ces
institutions d'enseignement privé, et la perspective d'une loi-cadre
pour elles pourrait leur apparaître comme une éventualité
assez vague et assez incertaine sur laquelle elles ne peuvent recevoir, en ce
moment, du moins, quelque certitude.
Evidemment, plusieurs de ces institutions privées fonctionnent en
vertu du système de contrat d'association avec des commissions
scolaires, et le ministère les subventionne, je crois, à raison
de $350 ou $450. Il semblerait que ces subventions ne sont pas suffisantes pour
leur permettre de couvrir leurs dépenses d'administration et que pour la
plupart elles affichent à la fin d'une année financière un
déficit assez considérable.
Je ne sais pas ce que le ministre pourrait nous dire ce soir, sans
dévoiler, il va sans dire, le contenu exact de ce que peut contenir le
projet-cadre qu'il entend présenter dans un avenir rapproché
comme ministre de l'Education. Mais je crois qu'il est quand même
séant pour les députés de l'Opposition de
s'enquérir auprès de lui des grandes politiques que le
ministère veut amorcer de ce côté pour être en mesure
de rassurer, d'une part, les autorités administratives de ces
intitutions, et d'autre part, les parents qui ont des élèves et
qui s'inquiètent à bon titre, je crois, du sort qui sera fait
à leurs enfants pour l'année scolaire qui va venir très
rapidement au mois de septembre.
M. CARDINAL: Tout d'abord, disons que dans les institutions
privées actuelles, les subventions du ministère par le bill 39
représentent environ 60% du coût du financement de ces
institutions. Il y a donc 40% qui doivent être trouvés ailleurs.
Evidemment, la principale source, ce sont les frais de scolarité. Les
institutions privées, supposent quand même une participation des
individus qui veulent envoyer leurs enfants dans des institutions
différentes, des institutions publiques.
La politique du ministère est évidente: c'est
d'établir une saine concurrence entre d'une part un secteur public
où il y a un financement qui peut aller jusqu'à 100% par divers
moyens, et le secteur privé où le financement évidemment
ne pourra jamais être à 100% sans quoi vous vous rendez compte du
résultat: vous auriez deux réseaux parallèles dont un
s'intitulerait privé et l'autre s'intitulerait public, et qui seraient
financés sur le même base.
Je ne puis évidemment pas donner les termes précis de
cette loi, mais disons que cette loi va plus loin d'abord que les simples
collèges classiques que nous avons connus, il s'agit de toute
espèce d'insitutions privées qu'il y a dans la province,
ça veut dire que ça va des écoles privées qui
s'appellent lycées, instituts, académies, écoles, etc.,
etc., qui donnent des cours directement ou par correspondance ou autrement, par
lesquelles à plusieurs reprises d'ailleurs il y a eu des plaintes, parce
qu'il n'y a ni contrôle ni coordination et ça s'applique aux
institutions privées que j'appellerai traditionnelles.
Ces institutions seront d'abord autorisées à donner
l'enseignement, et ensuite seront reconnues comme pouvant recevoir du
ministère un financement statutaire qui obéira I des
règles précises.
Si bien que les institutions privées pourront d'avance savoir ce
à quoi elles peuvent s'attendre et ainsi planifier en conséquence
et établir des frais de scolarité ou des moyens de survivre, si
vous voulez, ou de vivre en conséquence.
Il y aura donc des règles générales qui seront
données dans cette loi et cette loi ira même plus loin. Elle
prévoira même des cas exceptionnels où il y aurait lieu
d'aider davantage certaines institutions. La loi, dans le fond, ne ferait que
mettre de l'ordre dans ce qui existe déjà. Si l'on regarde les
institutions privées, il y en a qui n'ont pas le contrat d'association,
parce qu'elles-mêmes n'en ont pas voulu, d'autres l'ont après
s'être entendues avec des commissions scolaires, et,
indépendamment de ce fait, des institutions privées dans certains
cas, parce que ce sont des cas exceptionnels, qu'elles ont eu plus de
difficulté, ont reçu des subventions particulières.
Presque toutes les institutions du Québec, au cours des années
qui se sont écoulées, dans le passé, ont reçu des
subventions, soit en capital, soit que j'appellerais d'opérations. Si on
regarde, par exemple, les subventions qui ont pu être données
à certaines institutions d'enseignement privé qui ont
d'ailleurs
toutes été rencontrées, j'en ai une liste d'une
quinzaine devant moi. On s'aperçoit qu'il y a des subventions
spéciales qui ont été payées jusqu'à
maintenant. Je prends un exemple tout à fait au hasard, le premier sur
la liste,, Le collège Sainte-Marie, à Montréal, a
reçu une subvention spéciale de $98,000, par exemple, durant la
période du 1er septembre 1967 au 1er septembre 1968. La Corporation
Sainte- Marie-des-Laurentides, qui s'appelle le collège
Saint-Pierre-d'Oka, a reçu $19,250. Si j'en prends un autre, le
collège classique de Hauterive, il a reçu $24,890.
M. PINARD: Que couvrent ces subventions-là? Les frais
d'administration et les frais de scolarité?
M. CARDINAL: C'est l'étude de chaque cas. Actuellement, cela
s'est fait sur une base exceptionnelle, puisqu'il n'y a pas de loi
générale, de loi-cadre qui donnerait de règles.
M. PINARD: Est-ce que c'est pour financer le déficit de ces
institutions?
M. CARDINAL: Souvent, c'est pour les aider à passer à
travers une situation difficile. De fait, ces subventions totales, durant cette
période, à des institutions privées
s'élèvent à $185,540. Je pense qu'il ne faut pas
dramatiser la situation des institutions privées, parce que, dans la
mesure du possible, avec les moyens que le ministère avait et son
budget, il a voulu les aider. Disons que ces cas exceptionnels viennent presque
toujours du fait que ces institutions avaient une dette et qu'il fallait les
aider au service de la dette de façon qu'elles puissent rencontrer les
échéances de versements en intérêts ou en
capital.
M. PINARD: Oui, elles avaient une clientèle à elles, ces
institutions-là, et, par la création des CEGEP, une concurrence
assez vive s'est faite à ce niveau. Est-ce que cette compétition
vu que les CEGEP étaient financés presque exclusivement,
sinon exclusivement, par le ministère de l'Education n'a pas
amené les parents à envoyer davantage leurs enfants du
côté des institutions publiques financées par le
gouvernement?
M. CARDINAL: Oui, en principe, mais on serait surpris dans la
réalité des choses. Le premier collège que j'ai
mentionné, c'est le collège Sainte-Marie à
Montréal. On sait qu'il est débordé et qu'il ne peut pas
recevoir tous les étudiants qui font la demande de suivre ses cours, que
ce soit le jour ou le soir. Je disais cet après-midi qu'il y a une
augmentation incroyable du nombre d'étudiants, enfants et adultes, mais
de fait, il est vrai que, dans certains coins de la province, le collège
d'enseignement général et professionnel a
bénéficié d'un fait favorable qu'était la
gratuité.
C'est justement la différence entre le secteur privé et le
secteur public, que l'enseignement soit totalement gratuit dans le secteur
public. Si vous envoyez vos enfants dans une école
élémentaire, tout sera gratuit. Si vous les envoyez dans un
jardin de l'enfance privé, il y aura des frais à payer. C'est la
même chose à tous les niveaux. Je pense que c'est la distinction
essentielle entre les institutions privées et les institutions
publiques. Cependant, les institutions privées, comme je le mentionnais
tantôt, reçoivent quand même des subventions non pas
exceptionnelles mais, en moyenne, en vertu du bill 39, de 60% de leurs
déboursés normaux de fonctionnement. Ce sont déjà
des institutions qui, je pense, sont généreusement servies par
l'Etat dans un moment où l'Etat a tous les frais que vous connaissez
à assumer et on ne peut pas en même temps vouloir diminuer les
budgets et augmenter les subventions. Cependant, la loi-cadre, pour y revenir,
c'est de là qu'est partie votre question, donnera deux
sécurités aux institutions privées, des normes qui leur
permettent de connaître davantage, statutairement, le financement et,
deuxièmement, un financement qui sera fondé sur un certain nombre
de règles ici je ne parle pas des normes qui permettront
vraiment de reconnaître à certaines institutions, non pas
simplement le droit d'exister mais le droit de vivre en tenant compte des
subventions statutaires et des frais de scolarité qu'elles pourront,
à ce moment-là, budgétiser.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait me dire...?
M. LE PRESIDENT: Le député d'Arthabaska a une question
à poser.
M. GARDNER: Etant donné la gratuité dans le secteur public
et l'obligation pour les parents, dans le secteur privé, de payer une
certaine partie des frais de scolarité, ne croyez-vous pas que la classe
moyenne, à ce moment-là, ira dans le secteur public et la classe
bourgeoise dans le secteur privé?
M. CARDINAL: Non, je ne pense pas du tout que c'est ce qui arrive. Je
pense qu'aujourd'hui avec les bourses même s'il y a des pro-
blèmes du côté des bourses les
étudiants peuvent quand même avoir accès à un bon
nombre d'institutions privées. De fait ce n'est pas là que se
situe le problème, le problème c'est que, si vous n'avez que des
institutions privées comme il en existait autrefois, le nombre d'enfants
qui peuvent aller jusqu'à un certain niveau est nécessairement
restreint.
Comme il faut démocratiser l'enseignement et le permettre au plus
grand nombre possible, ceux qui vont déjà dans nos institutions
privées continueront peut-être à y aller en partie et les
autres qui, de toute façon, ne pouvaient pas y aller, vont dans le
secteur public. Je pense que c'est là que se situe le vrai
problème, celui de ne pas mettre en compétition deux genres
d'enseignement en disant; Les fils ou certaines catégories iront dans
des institutions privées et les autres non. Les enfants iront plus tard,
lorsque ces deux réseaux seront clairement établis, à
l'institution que les parents jugeront la meilleure. Et la seule
compétition qui s'établira pourra faire que dans une
région donnée ce pourra être l'institution publique ou
l'institution privée qui sera l'institution reconnue la meilleure pour
certaines fins. Il y aura aussi certaines qualités, j'emploie le mot
« qualités » dans un sens très large, ou certains
caractères ou certaines caractéristiques des institutions qui
feront que les parents choisiront une institution plutôt qu'une autre.
Par exemple la tradition qui peut exister dans un certain collège, le
genre d'enseignement que peut donner tel groupe de religieux ou, pour d'autres
parents, plutôt le choix d'un enseignement public. Je mentionnais
tantôt, et c'est purement à titre d'exemple, que j'ai plusieurs
enfants. Il y en a dans les deux secteurs et mon choix n'est pas du tout
à ce moment-là, par conséquent, le choix
économique. C'est un choix selon les enfants, selon les besoins que l'on
peut connaître et qui peuvent être satisfaits par diverses
institutions. Je pense que le vrai problème c'est à la fois la
démocratisation de l'enseignement, le plus haut taux de la
scolarité qu'il faut obtenir pour les enfants du Québec et en
même temps la conservation d'un secteur privé pour ceux qui le
désirent. Et ceci est conforme d'ailleurs au premier principe de
l'ancien bill 60 qui s'appelle maintenant la Loi du ministère de
l'Education.
M. PEARSON: Le député de Duplessis, s'il vous
plaît.
M. COITEUX: M. le Président, partant du principe que partout dans
la province de Québec l'enfant, face à l'éducation, a les
mêmes droits qu'il réside à Blanc-Sablon, qu'il
réside à Montréal. Ce que le ministre vient de dire,
secteur public, secteur privé, je suis d'accord. Par contre,
aujourd'hui, lorsque des régions comme la nôtre n'ont pas pu
encore rencontrer les normes pour se qualifier pour un CEGEP, nous sommes
appelés à envoyer nos enfants de Blanc-Sablon à 700 milles
de Sept-Hes pour faire une demande dans un CEGEP. Les CEGEP nous disent: On n'a
pas de place. Le seul endroit où on pourrait trouver la
possibilité de donner à ces enfants de Blanc-Sablon
l'enseignement qu'ils désirent, ce serait dans le secteur privé,
et à ce moment-là on pénalise les parents qui n'en ont pas
les moyens, s'ils veulent faire continuer les études à leurs
enfants. A ce moment-là, je crois que si vous établissez une loi
générale comme vous venez de l'établir il y aura
certainement des enfants, dans certains secteurs du Québec, qui subiront
une injustice.
M. CARDINAL: Non, je n'admets pas cette interprétation que vous
venez de faire, vous me le permettrez avec déférence. C'est que
vous êtes une région que j'appellerai exceptionnelle, il y a un
certain nombre de régions semblables dans la province, par
l'éloignement ou pour d'autres raisons. Le réseau de
l'institution publique éventuellement devrait s'étendre à
toute la province. Je prends par exemple le cas des collèges
d'enseignement général et professionnel. J'ai mentionné
cet après-midi qu'il y aurait au moins une trentaine de collèges.
Il est impossible, ou budgétairement ou en voulant tenir compte des
richesses, si vous voulez, en hommes, d'établir toutes les options en
tenant compte de ce qui est vraiment un collège d'enseignement
général et professionnel, d'établir, la même
année, partout, trente, trente-deux ou trente-quatre collèges
d'enseignement général et professionnel. Il est évident
qu'une réforme s'établit au cours des années et qu'on ne
peut pas partout l'établir en même temps.
Cependant, nous avons fait un effort spécial, non pas dans votre
région mais à Gaspé. Nous avons établi un CEGEP
dans une région éloignée des centres, ce collège
n'obéissant pas à toutes les normes qu'on reconnaît
normalement dans un collège idéal qui suivrait toutes les normes
pour l'établissement d'un CEGEP. Ce n'est pas que votre secteur ne se
soit pas qualifié pour un CEGEP mais on ne commence pas normalement par
établir les cas exceptionnels. On commence à établir les
cas qui suivent la règle générale et ensuite, on les
complète par des institutions qui sont exceptionnelles. Je ne crois
pas qu'il y ait de l'injustice parce que, de toute façon, avant
qu'on ne commence à établir des CEGEP, la situation était
déjà ce qu'elle est chez vous, et le jour où on pourra
vous satisfaire davantage par un réseau d'institutions privées,
les enfants seront dans une meilleure situation. Il est évident que dans
les périodes intermédiaires, ce ne sont pas toutes les
régions qui bénéficient de tous les avantages.
M. COITEUX: Mais ce sont toutes les régions qui paient les taxes,
tout de même.
M. CARDINAL: Oui, je suis d'accord avec vous que toutes les
régions qui paient les taxes ont un droit égal aux mêmes
services mais il n'est pas possible de les établir en même temps
partout, que ce soit en éducation, que ce soit en voirie, que ce soit en
richesses naturelles ou dans d'autres domaines. Cependant, je vous dirai ceci.
C'est que dans les régions que j'ai appelées exceptionnelles, je
me permets ce terme, qu'il est possible d'accorder une aide spéciale
à certains étudiants placés dans une situation
exceptionnelle. Et entre-temps, une demande semblable pourrait être
étudiée d'une façon sympathique par le
ministère.
M. COITEUX: On y viendra plus tard lors du discours du budget parce que
ce n'est pas ce qui se produit en fait.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Si je comprends bien, M. le Ministre, le rôle des
institutions privées pour le moment serait de suppléer aux
institutions publiques, c'est-à-dire que le gouvernement est
intéressé à établir les institutions publiques
à travers toute la province et non pas à favoriser un
réseau parallèle d'institutions privées qui donneraient
exactement les mêmes cours à côté.
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas tout à fait comme ceci que se pose
la question. Les institutions privées ne sont pas là actuellement
pour suppléer au secteur public. Le secteur public n'existait pas, il
est créé peu à peu. Les institutions privées ont
conservé leur rôle. A l'avenir, ce sera pour donner le choix aux
parents lorsque tout le secteur public aura été établi,
d'envoyer leurs enfants, ou dans une institution publique, ou dans une
institution privée, si ces parents jugent qu'il y a lieu pour eux de les
envoyer dans une institution privée. Mais on sait bien par un groupe
d'associations qui existent et qui ont été d'ailleurs
consultées pour la rédac- tion de la loi-cadre des institutions
privées, que des parents souhaitent actuellement l'existence
d'institutions privées. Quand on dit l'existence, cela signifie la
conservation d'un réseau d'institutions privées. Ce réseau
n'est pas un réseau semblable au réseau public qui, lui, doit
couvrir, au cours des années, toutes les régions de la province,
les institutions privées étant, par leur nature même, parce
qu'elles sont privées, aptes à s'établir où elles
le désirent, quand elles le désirent, et devant être
subventionnées par l'Etat si elles obéissent à certains
critères de qualité et suivant certaines règles qui seront
les règles de financement de ces institutions.
Mais je pense qu'actuellement, on essaie de comparer une situation
future à une situation passée et à la situation
présente. Il faut bien voir que, dans un système qui
s'établit, une situation temporaire existe où le passé est
là en même temps que l'avenir qui naît.
M. LE PRESIDENT: Le député de Drummond.
M. PINARD: Ce serait pour enchafner sur la question préalable que
j'ai posée tantôt au ministre relativement aux institutions
privées. En vertu du bill 39... Et ici je ne cache pas mes sources de
renseignements, je fais appel à un mémoire qui a probablement
été envoyé à tous les députés, par
l'Association des parents catholiques du Québec. Alors, je lis
textuellement une partie du mémoire en ce qui a trait aux institutions
privées et aux dispositions du bill 39; « Les institutions
privées subventionnées en vertu du bill 39 accusent des
déficits qui vont en augmentant chaque année. Le coût moyen
de l'enseignement au secondaire était de $750. La subvention de $350 est
nettement insuffisante. Si l'on veut que l'instruction reste accessible aux
familles de la classe moyenne, les frais de scolarité ne doivent pas
dépasser $150 par année. Je rejoins en cela les
préoccupations du...
M. CARDINAL: Je regrette mais il y a longtemps que les frais de
scolarité dépassent $150 dans les collèges. C'était
ça, il y a quinze ans.
M. PINARD: Enfin, je rejoins quand même les préoccupations
exprimées tantôt par le député d'Arthabaska. Je
continue la citation: « La subvention reliée à
l'étudiant, calculée selon le coût moyen pour le même
service donné dans le secteur public, reste la solution la plus
équitable et la plus facilement appliquable.
Alors, il semblerait qu'au niveau collégial, d'après le
mémoire, la situation serait intenable. Comment l'institution
privée qui doit demander $450 ou $500 de scolarité par
année
peut-elle soutenir la concurrence des CEGEP qui donnent leurs services
gratuitement? N'oublions pas qu'il faut ajouter l'inscription, le coût
des livres et les frais de laboratoires.
Alors, comme élément de solution, le mémoire
préconise ceci et je cite; « Le gouvernement adoptera des mesures
immédiates pour corriger cette situation anormale et injuste. Les
intéressés doivent en être avertis le plus tôt
possible. Ainsi, les responsables des institutions privées pourront
juger de la bonne foi du ministère de l'Education et en même temps
voir clair dans la situation. » Je ne fais pas de procès
d'intention, je lis textuellement.
M. CARDINAL: II y en a un dans le texte, par exemple.
M. PINARD: Le gouvernement actuel s'était fait le
défenseur de l'institution privée dans son programme
électoral qui semblait vouloir donner la subvention reliée
à l'étudiant...
UNE VOIX: C'est vrai.
M. PINARD: ... et la parité financière. S'il ne prend pas
immédiatement les décisions d'urgence qui s'imposent, il portera
devant la population la responsabilité de la situation présente,
c'est-à-dire de la disparition, d'ici un an ou deux, des trois quarts
des institutions privées qui donnent un enseignement de formation
générale.
Ma première question est ceci: Est-ce que le ministre admet qu'il
y a une tendance très forte, en ce moment, au ministère de
l'Education à forcer ces institutions à consentir à des
contrats d'association avec des commissions scolaires?
M. CARDINAL: Notre ministère ne les a pas obligées, il le
leur a offert par le bill 39 et en aucun moment, au ministère, on ne les
a forcées, on les a simplement invitées à
bénéficier d'une loi qui est purement permissive.
M. PINARD: Oui, je comprends, mais il reste que sur le plan des
subventions, il y a quand même...
M. CARDINAL: Bien, il y a ceux qui bénéficient... Non,
non, il y a ceux qui veulent se servir de la loi et ceux qui ne le veulent pas.
Il y a des institutions qui n'ont pas voulu s'associer et c'était leur
droit et cette décision a été prise ou par les
institutions ou les institutions et les parents. Le ministère, à
ce moment-là, les a laissées libres.
M. PINARD: Pour les institutions qui donneraient des cours correspondant
en tout point et sur le plan de la parité...
M. CARDINAL: Ce n'est pas là la question c'est...
M. PINARD: ... également des catégories des options, par
exemple,...
M. CARDINAL: D'accord. Mais est-ce que les institutions privées
veulent être subventionnées au même taux que les
institutions publiques? Et alors, où est la différence? Vous avez
deux institutions subventionnées à 100%, je ne vois pas ce qui
sera public et ce qui sera privé? Il faut quand même distinguer
les choses. Et j'ajoute que les représentants des institutions
privées et des associations dépendant d'institutions
privées ont toutes été appelées, sans exception,
à participer au comité qui a préparé la loi
cadre.
M. PINARD: Oui, enfin, il y a quand même le
désanchantement...
M. CARDINAL: C'est une association qui exprime ceci. Il y a six ou sept
associations de parents, et il y en a une qui exprime ceci. Si vous avez lu les
journaux, il y en a d'autres qui ont exprimé d'autres sons de cloche.
C'est la présentation d'une association de parents, je la prends comme
une présentation de bonne foi, sauf que je n'admets pas le procès
d'intention.
M. PINARD: Est-ce que le ministre se rend quand même solidaire des
promesses du parti dans lequel il est engagé, et qui en 1966, dans son
programme et dans ses objectifs, surtout dans le domaine de l'enseignement,
proposait comme solution afin de doter le Québec d'un système
d'éducation qui nous convienne vraiment, de maintenir les institutions
privées et de les aider, et de relier les subventions à l'enfant
afin de lui permettre de fréquenter l'école de son choix, et de
les calculer d'après le coût per capita dans l'enseignement
public. Il y a des choses contradictoires entre...
M. CARDINAL: II y a deux choses dans cette recommandation.
M. PINARD: ... la politique suivie jusqu'ici par le ministère de
l'Education, et les promesses qui ont été faites quand même
à l'électorat en 1966 par ce même parti politique quie st
maintenant passé au pouvoir.
M. CARDINAL: Je pourrais vous dire que je ne juge pas le passé,
que je juge l'avenir, que je suis solidaire du parti dont je suis comme membre
du gouvernement, et que d'autre part, dans cette recommandation il y avait deux
choses. J'ai dit, je répète et je rerépète que nous
sommes favorables aux institutions privées puisque nous avons
adopté une première loi l'an passé, le bill 39, et que
nous en déposerons une deuxième cette année.
Quant à la deuxième partie de la recommandation, il est
exact que le bill 39 et la loi-cadre qui sera présentée sont une
modification de la proposition première. Encore une fois, je
répète ce que je disais tantôt, cet après-midi
plutôt, c'est que pendant que vous travaillez à résoudre un
certain nombre de problèmes dans ce ministère et dans d'autres,
vous êtes obligés d'ajuster aux situations qui se
présentent les moyens ou les remèdes que vous voulez appliquer.
Au moment où ce programme a été fait, il n'y avait pas les
collèges d'enseignement général et professionnel, il n'y
avait pas le bill 39. La situation a complètement changé depuis
cette période-là. Je ne nie donc pas le passé. Je ne suis
donc pas non solidaire avec ce qui a été proposé. Je ne
sais pas ce que sera l'avenir mais je replace les choses dans leur contexte,
disant que les institutions privées ont été
favorisées par le bill 39, et le seront certainement davantage dans la
loi cadre des institutions privées. Il est même possible que les
deux lois, pendant une période existent, parce que, comme je le
mentionnais tantôt, on ne peut pas abolir le présent sous
prétexte que l'avenir sera là demain.
M. CARDINAL: ... le présent sous prétexte que l'avenir
sera là demain.
M. LE PRESIDENT: Le député de Papineau.
M. THEORET: M. le Président, répondant à une
question du député de Duplessis tantôt, le ministre a
parlé de cas exceptionnels et de régions exceptionnelles. Il y a
un cas exceptionnel qui se pose pour l'ouest du Québec, c'est celui des
étudiants qui doivent aller étudier en Ontario. Pour être
qualifiés aux bourses, ces étudiants doivent aller dans certaines
institutions mentionnées dans une liste exhaustive qui est fournie par
le ministère selon, je crois, les règlements. La question est
celle-ci: Considérant que surtout les élèves de langue
anglaise doivent, à cause du manque d'Institutions à leur
disposition dans notre région, aller souvent étudier en Ontario,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu plutôt de changer la
réglementation pour permettre que des bourses soient offertes à
ces jeunes qui vont étudier en Ontario pourvu qu'il n'y ait pas
duplication et que nous n'ayons pas les mêmes institutions chez nous?
J'ai à l'idée, M. le Ministre, si vous me le permettez, certains
élèves qui vont étudier à Institute of Technology
of Ontario. Or, parce que cette institution n'est pas mentionnée sur la
liste des règlements, ils ne peuvent pas profiter de ces bourses et nous
n'avons pas d'institutions parallèles du côté de
Québec pour recevoir ces jeunes.
M. CARDINAL: La liste de ces institutions est exacte et exhaustive, elle
est sans cesse revisée au fur et à mesure qu'il y a des demandes.
En d'autres mots, si vous voulez, la liste des institutions du Québec ou
de l'extérieur du Québec, pour lesquelles les étudiants
ont droit à des bourses, est sans cesse mise à jour au fur et I
mesure que nous avons de nouvelles demandes ou de nouveaux renseignements. Je
donne à titre d'exemple ce qui n'entre pas dans le cadre de la
question, cependant que la quatrième année qui vient
d'être créée pour les étudiants au Barreau est
reconnue depuis quelques semaines comme étant une institution qui peut
être fréquentée avec le système de bourse. Elle ne
l'était pas auparavant parce qu'il n'y a pas eu demande et que le
dossier n'a pas été étudié. Alors, si le
député a des cas qu'il veut bien soumettre au ministère,
il nous fera plaisir de les étudier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Westmount.
M. HYDE: La question posée par le député de
Papineau soulève aussi, M. le Ministre, la question des CEGEP de langue
anglaise dans la région de Montréal. Est-ce que le ministre
pourrait offrir de quoi encourager les gens de langue anglaise? Je comprends
qu'il y a un comité qui siège depuis assez longtemps et qui,
récemment, a fourni, je crois, tous les renseignements qui ont
été demandés par le ministère. Mais dans le temps
c'est assez récent la réponse qu'ils ont eue c'est
que le ministère attendait d'autres informations. Ce n'étalent
pas d'autres informations du comité mais d'autres informations de
l'extérieur.
M. CARDINAL: Je peux vous dire, quand le 20 décembre j'ai
reçu les recommandations de la création des premiers
collèges, qu'il y avait de prévu, mais non pas pour
création immédiate, la création d'un collège
d'enseignement général et professionnel de langue anglaise
à Montréal. J'ai reçu d'autres renseignements tout
ré-
cemment qui complétaient ce dossier. De toute façon, quoi
qu'il en soit de ces dates et de ces renseignements, je puis dire qu'il y a
certainement un collège d'enseignement général et
professionnel qui est prévu pour Montréal et si nous avions eu,
non pas tous les renseignements mais la possibilité de le créer
pour septembre 1968,nous l'aurions fait. Cependant, au moment de l'annonce de
la création d'un certain nombre de collèges, soit neuf au mois de
mars dernier, l'unanimité, dans les milieux de langue anglaise,
n'était pas faite sur ce genre de collège. Depuis, un
comité, dont vous avez vous-même parlé, a
fonctionné, a terminé son travail. Il est certain qu'il y aura,
je pense, en septembre 1969,un collège d'enseignement
général et professionnel de langue anglaise.
M. HYDE: Au moins, c'est la première fois, je crois que le
ministre nous donne catégoriquement l'espoir au moins, qu'on va attendre
un CEGEP pour septembre 1969.
M. CARDINAL: Vous m'avez fourni l'occasion.
M. HYDE: Merci infiniment. Maintenant, le ministre est certainement au
courant du fait que dans le secteur anglais on se plaint beaucoup du manque
d'informations publiées en langue anglaise. Je prends simplement
l'Hebdo-Education. Depuis un an, c'est plus qu'un an, on a cessé de
publier l'Hebdo-Education en langue anglaise. Autrefois, on avait Education
Weekly et je me suis informé auprès de M. Bertrand, ça
fait quelques mois maintenant; il me répondait dans le temps qu'il avait
communiqué avec le ministère et qu'on attendait, qu'on
espérait qu'on pourrait au moins avoir l'Hebdo-Education en anglais
très prochainement.
M. GARDNER: II est publié.
M. HYDE: L'avez-vous vu récemment?
M. CARDINAL: L'Hebdo-Education n'a pas été suspendu en
langue anglaise. Il est malheureusement en retard.
M. HYDE: En retard depuis un an?
M. CARDINAL: Non, pas depuis un an, environ trois semaines en retard sur
l'édition française.
M. HYDE: Cela me ferait plaisir de téléphoner au bureau du
ministre pour mettre mon nom sur la liste.
M. CARDINAL: D'accord. Nous en prenons note.
M. HYDE: Non, je ne le reçois pas. A part cela, M. le
Ministre...
M. CARDINAL: Je pourrais être méchant et je pourrais dire
que c'est un retard moins long que les traductions françaises dans un
certain autre gouvernement.
M. HYDE: Cela répond à ma question concernant
Hebdo-Education. Mais il y a toute la gamme de publications du ministère
qui ne sont pas disponibles en anglais. Je pense actuellement à des
dépliants qui ont été faits, je crois à l'automne.
Des dépliants très bien faits qui donnent des explications sur
les différents programmes mis à la disposition des adultes, pour
l'avancement de l'enseignement. Même le secteur de la radio et de la
télévision, enfin tout le secteur anglais est très
intéressé. Ceux qui ont la capacité aimeraient bien suivre
ces émissions. Prenez votre programme de publicité, « C'est
votre affaire. » Je crois que c'est aussi bien l'affaire des Anglais que
l'affaire des gens de langue française. Puisqu'il nous a
déjà permis d'espérer pour un CEGEP au mois de septembre
1969, est-ce que le ministre pourrait nous donner le même espoir dans le
secteur des publications et de l'information en général?
M. CARDINAL: Deux réponses à cette question. M. le premier
ministre, à plusieurs reprises, a souligné que, avec la
création de Radio-Québec, la télévision
éducative sera donnée et en français et en anglais. Et je
l'ai moi-même répété au programme, Seven and
Six.
M. HYDE: Naturellement, je l'ai manqué.
M. CARDINAL: Deuxièmement, pour ce qui est des autres
publications il est exact qu'il y a un retard important pour la traduction
française. C'est une des choses que nous étudions au
ministère, parce que de fait, il est très difficile de garder le
pas, dans les traductions des très nombreuses publications qui
normalement sont d'abord faites en langue française. Mais c'est un sujet
qui est présentement à l'étude au ministère, celui
des problèmes de traduction de nos publications pour le public.
M. HYDE: J'ai déjà donné les mêmes
explications aux gens qui me posent les mêmes questions. Mais, je ne
crois pas que ce soit ma fonction de défendre le ministère de
l'Education. J'aimerais bien être en position bientôt...
M. CARDINAL: Je peux ajouter ceci... J'ai le détail devant moi.
Il y a toute une série de publications de prévues au budget qui
sont tantôt en langue française, tantôt en langue anglaise.
Vous n'avez pas ce détail, évidemment, dans le livre vert, mais
dans le détail que nous avons au ministère, il y a plusieurs
publications qui sont prévues en français ou en anglais.
Par exemple, ici, je constate qu'il y a le cahier de
l'élémentaire, édition française, édition
anglaise. Le cahier du secondaire, édition française,
édition anglaise, etc. Alors, évidemment l'édition
française a un tirage qui est habituellement supérieur à
l'édition anglaise, ce qui est normal à cause de la
majorité des étudiants et des parents de langue française
au Québec. Mais le budget, cette année, prévoit une partie
pour des publications de langue anglaise, parallèles aux nouvelles
publications de langue française.
M. HYDE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Quelles sont les institutions que le CEGEP anglais à
Montréal, d'après vous, pourraient regrouper?
M. CARDINAL: Je ne suis pas prêt à donner cette
réponse, parce que j'attends de fait, un rapport complémentaire
de l'admission des collèges d'enseignement général et
professionnel, d'ici quelques jours ou quelques semaines. Ce que je peux dire
ce soir, c'est ce que j'ai annoncé tantôt, qu'il y aurait
certainement un collège d'enseignement général et
professionnel de langue anglaise qui sera ouvert à Montréal pour
septembre 1969. Quand aux institutions qui seront regroupées, pour le
moment je ne suis pas prêt à faire une déclaration sur
certaine étude qui sera complétée.
M. PEARSON: En même temps, un peu dans le même ordre
d'idées, le comité de coordination scolaire pour l'Ile de
Montréal...
M. CARDINAL: Le Comité de restructuration scolaire.
M. PEARSON: Restructuration, bon. Quand, à peu près,
prévoyez-vous avoir des recommandations?
M. CARDINAL: D'après son mandat, il est censé me remettre
son rapport à la fin du mois de septembre 1968. Ce comité avait
été créé avant que je n'arrive, je l'ai, puis-je
oser dire, revivifié en arrivant, portant le nombre de ses membres
à environ 19, je pense ne pas me tromper. Il a immédiatement
commencé à fonctionner, il m'a donné
régulièrement des rapports de ses travaux, ce qu'on pourrait
appeler en anglais: « Progress report » et jusqu'à
présent, ces rapports intérimaires ont été remis I
temps et le comité sera à temps pour la remise de son rapport
final, soit à la fin de septembre 1968.
M. PEARSON: Vous ne pouvez pas dire pour le moment si ça va aller
dans le sens d'un regroupement selon la langue, selon la religion?
M. CARDINAL: Je n'oserais certainement pas déclarer ce que le
rapport d'un comité qui est écrit par le ministère va
dire. Actuellement, c'est la période où on reçoit des
mémoires de divers groupes intéressés. Je suis
obligé de faire comme tout le monde et d'attendre le rapport, avant
d'annoncer ce qu'il y a dans le rapport. Ce rapport est purement un rapport
consultatif comme les autres rapports de commissions, et ce sera au
ministère et au gouvernement de prendre les politiques qui s'imposeront
après avoir reçu ce rapport.
M. THEORET: M. le Président...
M. PEARSON: Une autre question, un instant, une dernière
question. Vous avez parlé tantôt du bill 39. Est-ce que vous
pourriez nous dire, un peu disons, la tendance actuelle pour les institutions
privées. Est-ce qu'elles veulent en bénéficier,
c'est-à-dire est-ce qu'en majorité elles veulent s'associer ou
bien si la plupart essaient plutôt de subsister?
M. CARDINAL: D'après mes connaissances personnelles, la
très grande majorité a bénéficié ou
désire bénéficier du bill 39. Dans les institutions que je
connais personnellement, par exemple dans la région de Montréal
c'est le coin que je connais le plus, je connais peut-être une
institution sur 15 qui, volontairement, a voulu ne pas bénéficier
du bill 39. Au contraire, presque partout, des institutions privées, non
seulement des collèges classiques mais d'autres institutions, ont voulu
bénéficier du bill 39, ce bill s'appliquant à toute
institution privée qui voulait s'associer à une commission
scolaire et qui trouvait une commission scolaire qui voulait signer le contrat
d'association avec elle.
M. LE PRESIDENT: Le député de Papineau.
M. THEORET: M. le Président, les journaux de la semaine
dernière nous rapportaient une initiative heureuse prise par une
municipalité du lac St-Jean, si ma mémoire est fidèle,
à St-Honoré, à l'effet que la commission scolaire
régionale de l'endroit acceptait de subventionner, et de donner des
cours de pilotage qui pourront être suivis par les élèves
de cette région. Je crois qu'il s'agit là d'une expérience
unique et isolée dans la province de Québec. J'ai eu l'occasion,
depuis plusieurs années, de recevoir des jeunes qui voulaient suivre des
cours de pilotage et toujours, après avoir pris des informations
auprès du ministère fédéral des Transports il
s'agissait d'institutions privées, des aéroclubs du Québec
où les jeunes de chez nous devaient payer des frais de scolarité
ou enfin payer pour le cours.
Maintenant, je me demande si, dans la situation actuelle, alors qu'on
doit créer des centaines de milliers de nouveaux emplois d'ici les
prochains dix ans et ce n'est un secret pour personne que les pilotes de
lignes, les grandes lignes surtout, à travers le monde, ne sont pas
remplis de Canadiens-français il n'y aurait pas lieu chez nous de
vulgariser cet enseignement, afin que nos jeunes puissent recevoir gratuitement
cet enseignement, puisque des milliers d'emplois seront créés par
le développement de l'aviation. Je me demande donc si le
ministère n'a pas l'intention de donner suite à cette initiative
prise au lac St-Jean et de vulgariser cet enseignement à travers la
province.
M. CARDINAL: Oui, c'est l'intention du ministère. D'ailleurs le
ministre a récemment autorisé, sous la recommandation du
sous-ministre à la direction de l'enseignement collégial, la
création d'option de pilotage dans deux collèges d'enseignement
général et professionnel dont l'un est déjà
identifié, c'est celui de Chicoutimi, et dont l'autre sera bientôt
identifié et sera dans la région de Montréal. Par
conséquent, pour la première fois, cet enseigne sera au niveau
collégial et gratuit, puisqu'il se fera dans des collèges
d'enseignement général et professionnel.
M. HOUDE: Un instant, M. le Président, dans la région du
député, dans le comté de Papineau, je ne sais pas s'il est
encore là, mais il y avait quand même un embryon d'école
à Buckingham, avec le frère Hormidas, un diplômé, et
plusieurs Canadiens français qui, aujourd'hui...
M. THEORET: Dans mon comté, M. le ministre, et pour votre
information, j'ai déjà suivi moi-même des cours de pilotage
et, s'ils avaient été gratuits, je serais peut-être ce soir
au-dessus de l'Atlantique au lieu...
M. CARDINAL: M. le Député, si j'avais été
ministre, dans ce temps-là, ils auraient peut-être
été gratuits.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre, je voudrais me départir un
moment de ma fonction de président pour faire connaître aux
députés qu'il y a une très forte demande aussi à
Saint-Jean, pour une école de pilotage, je ne veux pas insister, mais je
voudrais que ce soit imprimé dans le journal des Débats.
M. CARDINAL: On vient de créer un collège d'enseignement
général et professionnel à Saint-Jean, c'est-à-dire
que j'en avais annoncé la création. Attendons que cela soit
vraiment créé et que nous ayons tous les professeurs avant d'y
donner des options aussi originales que le pilotage.
M. LE PRESIDENT: Vous savez que nous avons une grande piste à
Saint-Jean.
M. CARDINAL: Oui, je sais ça, je connais très bien, c'est
ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Drummond.
M. PINARD: II en faudrait 108, une par comté. Comme le ministre
est en veine de bonnes nouvelles ce soir, je serai moins ambitieux que mes
confrères. Ce n'est pas une question de partisanerie politique.
Même s'il existe une piste à Drummondville, qui est très
achalandée et qui a...
M. LE PRESIDENT: II n'y a aucune raison de sourire, messieurs. Je vous
demande de revenir à l'ordre!
M. PINARD: ... et ce n'est pas le genre de piste auquel mes
confrères.,.
M. LE PRESIDENT: Vous les avez mis sur la piste.
M. PINARD: ... pourraient songer, il s'agit d'une piste d'avions. Mais
le problème, c'est qu'il n'y a pas encore...
M. LE PRESIDENT: Du sérieux!
M. PINARD: ... de collège d'enseignement général et
professionnel à Drummondville. Je voudrais savoir du ministre s'il croit
que ce
collège pourra être créé au cours de
l'année 1968 où si nous pouvons tout au moins l'espérer
pour le début de l'année 1969.
M. CARDINAL: Je répète ce que j'ai dit tantôt c'est
que dans les endroits où il n'y a pas encore de CEGEP, j'attends un
rapport complémentaire de la mission. Cependant il faut bien nous rendre
compte que nous avons devant nous un budget qui est énormément
fermé et qu'il ne sera pas possible de créer, en plus des onze
collèges, douze autres collèges cette année,
c'est-à-dire de les créer tous la même année.
Il y a en particulier ceci, et je généralise, à
partir de la question du député de Drummond, c'est que dans les
cas où il y a des emplacements contestés, que ce soit la ville de
X ou de Y de Z ou de P ou de R ou de S, dans aucun de ces cas, je n'ai
créé de CEGEP, àpartir du principe suivant, non pas que je
ne voulais pas avoir de problèmes, mais que, partout où des
collèges ont été créés, ils ont
été créés à la demande du milieu, avec le
travail du milieu et avec l'accord du milieu, en ce sens que nous n'avons
imposé nulle part un collège, lorsqu'il y avait des emplacements
contestés ou lorsqu'il n'était pas désiré. Alors,
partout où une demande n'a pas encore été faite ou partout
où il y a des contestations d'emplacements, je souhaite que ces
contestations s'amenuisent, et qu'elles permettent ainsi au ministère de
prendre les décisions judicieuses qui s'imposent.
M. PINARD: Est-ce que cette décision peut être prise
bientôt par le ministère?
M. CARDINAL: Je ne le sais pas, évidemment, tant que je n'aurai
pas reçu un rapport. Mais, cependant, je pense qu'il serait difficile,
au moment où nous sommes, de créer de nouveaux collèges
qui puissent fonctionner dès septembre 1968.
M. PINARD: Ni au point A ni au point D?
M. CARDINAL: Je ne fais jamais de promesse, ni positive, ni
négative.
UNE VOIX: Au milieu de la piste!
M. CARDINAL: Je suis toujours prêt à étudier les
demandes à leur juste valeur.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Arthabaska.
M. GARDNER: Est-ce que le député d'Arthabaska peut prendre
la décision à ce moment-là à la place du
ministre?
M. CARDINAL: Dois-je vous rappeler que la création des CEGEP
appartient au conseil des ministres et non pas au ministre.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Est-ce qu'on passe aux
généralités ou au détail des articles?
M. HOUDE: Non prenez 1, 2 et 3. Le poste 1: Administration, c'est
adopté. Les traitements.
M. LE PRESIDENT: Page 59. M. PINARD: Page 60.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 7.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 10.
M. HOUDE: Un instant, vous avez passé 9, pour quelle raison?
M. LE PRESIDENT: Article 9, page 66.
M. CARDINAL: Poste budgétaire 9: Subventions aux collèges
d'enseignement général et professionnel.
M. HOUDE: Non, nous ne sommes pas rendus là. Nous sommes au poste
budgétaire 1, page 66, article 9.
M. CARDINAL: Nous serions mieux de suivre tous au même
endroit.
M. PINARD: Poste budgétaire 1, article 9.
UNE VOIX: C'est parce qu'on voudrait être aux nouvelles à
onze heures. On veut être sur le Télé-Journal.
M. HOUDE: A l'article 9, M. le Président, si vous me permettez,
en 67/68, il y avait, pour subventionner les différents comités,
$629,200. Cette année, vous ne demandez que $295,000. Est-ce parce que
les comités ont diminué en nombre ou parce que les jetons de
présence ont disparu? Quoi?
M. CARDINAL: II y a trois raisons. La première raison, c'est que
les comités ont diminué en nombre. Beaucoup de comités ont
été créés au début du ministère ou
dans les années subséquentes. Le ministère n'a que quatre
ans et, par conséquent, au fur et à mesure que ces comités
ou commissions ont fait leur travail, ont fait leur rapport, évidemment,
ils ont cessé d'exister.
Deuxièmement, il est vrai que les membres des comités
avaient droit autrefois à une espèce de jeton de présence
en plus de leurs frais de transport et de séjour.
Ce jeton de présence est enlevé, les gens vont
généreusement se dévouer pour le ministère en ne
faisant couvrir que leurs frais de séjour et de transport. La
troisième raison, c'est que le nombre de comités que j'appellerai
si vous voulez, permanents, a été rationalisé. Lorsque je
suis arrivé au ministère, j'ai trouvé qu'il y avait un
nombre assez fort de comités. Le ministre devait recevoir constamment
des rapports de comités. Je pense qu'au fur et à mesure que les
structures sont établies, il y a lieu de renfermer le nombre de ces
comités dans les structures du ministère,
élémentaires, secondaires, collégiales, etc. et par
conséquent non seulement parce que les comités ont rendu les
services qu'ils devaient rendre mais parce qu'ils peuvent se
compénétrer. Par exemple, si vous créez des comités
au secondaire et que vous avez des comités aux écoles de
métiers et que vous en avez aux écoles d'agriculture, et qu'un
jour les trois sont intégrés, vous n'avez plus le même
nombre de comités. C'est ce que j'appelle ration-naliser, c'est qu'ils
sont concentrés en plus petit nombre au fur et à mesure de
l'intégration des divers groupes qui existaient partout dans notre
enseignement, dans les structures du ministère.
M. HOUDE: Cela inclut les comités qui démissionnent.
M. CARDINAL: Cela inclut le ou les comités qui
démissionnent ou qui ont terminé leur mandat ou qui le
termineront cette année, comme, par exemple, le comité de la
restructuration.
M. LE PRESIDENT: Dix, onze: Autres dépenses?
Poste budgétaire 2: Directeur général de la
planification. Article 1: Traitements.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2: Frais de voyage.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Frais debureau.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Matériel.
M. HOUDE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Etudes et recherches. Article 6: Autres
dépenses. Adopté. Poste budgétaire 3: Service de
l'informatique, article 1: Traitements. Frais de voyage.
M. PEARSON: D'où vient l'énorme différence?
M. CARDINAL: Il y a une raison, c'est que l'informatique, qui dessert de
plus en plus de secteurs, en particulier les examens, les bourses, les budgets
des commissions scolaires il y a des programmes dans tous les divers
niveaux doit être développée d'une façon
assez importante et de fait, les effectifs de l'informatique, qui
étaient aux environs de 129 l'an dernier, doivent passer cette
année à 167, c'est la première raison. La deuxième
raison, c'est que, dans le domaine de l'informatique, ce sont des gens
spécialisés qui sont les plus recherchés et qu'il faut
avoir pour davantage charpen-ter l'équipe. C'est un des secteurs
très importants du ministère, à cause de toute
l'administration du ministère, et de l'administration extérieure
que nous avons dans les commissions scolaires, dans les collèges et
partout.
Il y a donc lieu d'augmenter les cadres à cet endroit, même
si, généralement, le personnel du ministère est
diminué ou maintenu au même niveau. C'est un des secteurs
où il y a
importance de développer l'informatique. Il ya une autre raison,
c'est que l'informatique va aussi desservir à l'avenir les bureaux
régionaux ou les sous-centres et que, par conséquent, il faut
aussi avoir du personnel dans les régions pour ces mêmes fins. Il
ne suffit pas que l'on puisse sentir la machine ici, il faut que tous les
renseignements qui nous viennent soient faits en forme d'informatique, sans
quoi vous ne pouvez pas mettre les résultats des examens dans une
machine si ceci arrive préparé à la « mitaine
» ou de façon artisanale.
M. PEARSON: Autrement dit, en plus du nombre d'employés, ce sont
des services supplémentaires que vous fournissez à...
M. CARDINAL: C'est exact, c'est ça.
M. HYDE: Est-ce que le ministère prévoit même
concentrer tout son service d'informatique, ou se sert-on aussi du centre de
traitement et de données.
M. CARDINAL: Il existe maintenant un comité
interministériel pour l'informatique vu qu'il existe une informatique
dans divers ministères et même dans diverses régies. Et
comme il y a des périodes de pointe très fortes dans certains
ministères et qui ne correspondent pas nécessairement à
celles d'autres ministères, il y a de fait des échanges de
services, présentement entre les divers bureaux d'informatique.
M. HYDE: Il n'y a pas une partie spécifique de l'informatique du
ministère de l'Education qui se passe toujours au centre des
données?
M. CARDINAL: Parce qu'il y a certaines choses que j'appellerais
ancillaires. Par exemple la paie de tous les employés, de tous les
professeurs, etc., passe par le centre mécanographique puisque les
chèques sont tous signés par les Finances.
M. HYDE: Parce que tout ce domaine-là, le ministre est
certainement au courant que c'est un domaine où l'on cherche toujours
des spécialistes.
On étudiait l'autre soir les crédits du ministère
du Revenu et c'est toujours un problème d'avoir du personnel.
M. CARDINAL: C'est exact. C'est pourquoi nous allons tenter d'en former
dans les collèges.
M. HYDE: Dans les collèges et même j'ima- gine dans les
ministères. C'est ce que j'avais demandé au ministre du Revenu.
Est-ce que le ministère, de son propre chef, envoie...
M. CARDINAL: Nous envoyons des personnes suivre des cours comme cela se
fait dans les sociétés de fiducie, dans l'industrie.
M. LE PRESIDENT: Frais de voyage. Frais de bureau.
M. HOUDE: Adopté.
M. PEARSON: Je suppose que c'est la même chose que l'article 1,
cela va ensemble.
M. CARDINAL: Parlez-vous du matériel ou frais de bureau.
M. PEARSON: Du matériel.
M. CARDINAL: Le matériel. Vous savez que toutes ces machines sont
louées. Alors, il y a une augmentation aussi considérable dans la
location des machines que dans le personnel. Les deux sont parallèles.
Il est impossible de faire l'un sans l'autre.
M. LE PRESIDENT: Abonnements. Article 6: Etudes et recherches.
M. HOUDE: Une seconde, M. le Président. Il y a quelques semaines,
si ma mémoire est fidèle, le premier ministre, répondant
à une question à l'Assemblée législative, disait
que la machine, ou une des machines de ce service était responsable d'un
grand nombre de retards concernant les bourses d'études, tout simplement
parce que sur une des formules, on demandait aux étudiants si oui ou non
ils désiraient recevoir copie en français ou en anglais. Celles
qui n'avaient pas de réponse, la machine les rejetait.
M. CARDINAL: Ceci est exact.
M. HOUDE: Finalement, cela pouvait retarder de deux mois. Est-ce que
dans le domaine des études et des recherches, on a entrepris
récemment...
M. CARDINAL: On n'a pas besoin d'avoir de recherches. Le ministre a
simplement dit: Ceux qui n'auront pas répondu à la question
recevront une formule en français, ceux qui ont répondu à
la question recevront leur formule dans la langue de leur choix. Par
conséquent, cela ne bloquera plus dans la machine. Il n'y aura pas de
retard pour cette raison.
M. PINARD: Il y avait une question de trop.
M. CARDINAL: Non, parce que ceux qui sont de langue anglaise ont le
droit, sur demande, de recevoir une formule en anglais.
M. HOUDE: C'est-à-dire qu'à ce moment-là,
c'était l'oubli qui faisait...
M. CARDINAL: La question était mal formulée et la machine
était mal programmée. Cela n'existera pas l'an prochain.
M. HOUDE: Cela a été corrigé. M. CARDINAL: Ah, oui!
Et vite!
M. LE PRESIDENT: Article 7: Exécution de travaux. Autres
dépenses.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4: Direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire. Article 1: Traitements.
M. HOUDE: M. le Président, le ministre sait sans doute que dans
l'enseignement primaire actuellement, nous avons en particulier dans les
centres urbains je parle des centres urbains, je ne sais pas si c'est la
même chose à travers la province nous avons
énormément de difficultés à trouver des
institutions privées qui donnent l'enseignement primaire et où on
pourrait recevoir des enfants du lundi au vendredi. Je veux dire par là,
des pensionnats comme ça existait auparavant, pour des enfants de niveau
primaire qui voudraient poursuivre des études, disons de formule plus
moderne, du lundi au vendredi. Je sais qu'avec un groupe d'éducateurs
avec qui je participais à cette petite enquête, nous avons
découvert, en tout cas dans la région métropolitaine,
qu'il y avait actuellement un très grand marché pour des enfants,
garçons et filles de quatrième et de cinquième
année en particulier, dont le père et la mère travaillent
très souvent à l'extérieur. Des enfants pour qui les
parents voudraient trouver ce genre de pensionnat de telle sorte que l'enfant
puisse apprendre, non seulement ses matières académiques, mais
également des activités parascolaires comme la musique, par
exemple. Des institutions dans lesquelles l'enfant pourrait également
retrouver un climat et une atmosphère propres à l'étude,
ce qu'on ne retrouve pas très souvent à la maison. On a
parlé tantôt des institutions privées et j'étais
content lorsque le ministre disait qu'il ne s'agis- sait pas de regarder le
passé, peut-être même pas le présent, mais de voir
l'avenir dans le domaine des institutions privées. Ma question est la
suivante: Est-ce que dans la loi-cadre qui s'en vient on prévoit la
possibilité, pour l'avenir, d'ouvrir des institutions privées.
Lorsqu'on parle actuellement d'institutions privées, on est porté
à penser au passé, comme vous disiez, aux collèges
classiques ou au niveau secondaire. Mais est-ce que ceux qui voudront ouvrir de
telles maisons en se conformant aux normes, aux standards, aux critères
au point de vue académique, de la construction de l'hygiène,
enfin à tous points que le ministère voudra bien édicter,
est-ce qu'il sera possible à ce moment-là, dans l'entreprise
privée, d'avoir de tels pensionnats pour les enfants du primaire et
bénéficier d'une subvention quelconque de la part du
ministère de l'Education?
M. CARDINAL: La réponse a deux parties. Tout d'abord, la
situation présente, c'est que les institutions privées
elles-mêmes ne veulent plus être pensionnats, pour des raisons que
je n'analyse pas.
Et deuxièmement, c'est que la loi-cadre des institutions
privées, s'appliquant au futur, ne sert pas uniquement à
conserver les institutions privées actuelles, mais permettra à
toute institution privée de se créer. Il n'est pas prévu,
évidemment, qu'elle se créera pour être pensionnat ou non
ou semi-pensionnat mais la loi s'applique non seulement pour les institutions
existantes mais pour toute institution qui se qualifiera en vertu de la loi
pour devenir institution privée. Evidemment, je réponds à
votre question qui est générale et qui vient à l'occasion
de ce poste budgétaire. Concernant les craintes que l'on exprime, je
pense que les institutions privées, avec la loi-cadre, pourront
peut-être renaître alors qu'elles ont eu une période
où elles ont cru devoir disparaître à cause de
l'incertitude. Elles auront là la certitude qui leur permettra
d'exister, de se développer, si elles le désirent.
M. HOUDE: Si vous me permettez, M. le Ministre, je voudrais clarifier la
pensée de ma question. Lorsqu'on parle d'institution privée, vous
l'avez dit vous-même tantôt, c'est que beaucoup d'institutions
privées, justement, ne veulent plus de pensionnaires. Et lorsqu'on parle
du concept d'institution privée, pensionnat, on a souvent en tête
très souvent une communauté religieuse quelconque. Enfin, on
pense à des religieux ou à des religieuses qui très
souvent détenaient ces institutions privées.
M. CARDINAL: Quand je parle d'institution privée, je parle de
toute institution qui n'est pas publique, qu'elle soit religieuse, laïque,
dirigée par des frères, soeurs, pères...
M. HOUDE: Mais je veux dire que dans le passé la plupart
étaient dirigées par des religieux ou des religieuses. Mais,
étant donné ce marché c'était
véritablement un marché cette demande et ce besoin de
pensionnats, en particulier, je pense, pour les enfants de quatrième et
de cinquième années, je sais qu'il y a actuellement des
laïques qui ont je vais peut-être en faire sourire là
par exemple, certaines auberges de jeunesse et j'irais plus loin que
cela, certains centres aérés, comme on les appelle à
Villard-de-Lans dans les Alpes.
Je pense, et je ne parle pas pour ma paroisse, mon camp est
organisé pour l'hiver, pour tout de suite, cela exclut le camp Gilles
Houde. Alors, il y a des copains, des éducateurs qualifiés, je
pourrais en nommer cinq ou six, qui, dans des sites extraordinaires, des sites
enchanteurs, dans les montagnes, ont actuellement la possibilité ou les
facilités matérielles, physiques pour recevoir de 60 à 100
et, dans certains cas jusqu'à 150 jeunes garçons ou filles et
leur donner avec des professeurs qualifiés des cours de quatrième
ou de cinquième années et adaptés, si vous voulez,
à un programme vraiment d'avant-garde, étant donné qu'ils
seraient pensionnaires du lundi au vendredi. Ces garçons et ces filles
pourraient y suivre en effet une quantité d'activités
parascolaires comme la musique, l'éducation physique, les sports, durant
l'hiver, les classes de neige, etc. Tout pourrait se faire. D'après une
petite enquête que nous avons faite, il y a véritablement un
marché.
Mais le problème est le suivant, c'est que si une entreprise
privée voulait donner tous ces services-là à un enfant,
engager des professeurs compétents, cuisiniers compétents enfin
avoir tout ce qu'il faut au point de vue sécuritaire, tout ce qui existe
déjà durant l'été seulement, si une entreprise
privée voulait faire ça à l'année longue, il
faudrait demander aux parents quelque chose comme environ $1,200 par
année par tête.
Alors, on trouve que ce n'est pratiquement pas possible de demander
à un père de famille, de verser $1,200 pour envoyer son
garçon ou sa fille dans un tel collège du lundi au vendredi soir.
Et la question, je l'ai posée il y a déjà quelques mois,
nous avons même soumis un texte, ce n'est pas un mémoire, à
M. le sous-ministre Arthur Tremblay, qui me demandait juste- ment d'attendre la
loi-cadre. Et la question était la suivante: Est-ce possible d'avoir du
ministère de l'Education, dans un cas comme celui que je viens de
décrire, des subventions comme celles qui existent dans certains
collèges privés, de telle sorte qu'on pourrait finalement
demander aux parents de cotiser peut-être $400, $500 et au maximum $600,
si la différence était comblée par le ministère de
l'Education comme par exemple l'achat de certains livres, la location de
certains locaux dans ce centre aéré? C'est la question. Est-ce
qu'il y a possibilité d'envisager pour les quelques années
à venir, l'ouverture de quelques centres aérés pour jeunes
Québécois, jeunes Québécoises qui voudraient en
profiter?
M. CARDINAL: Il y a toujours des possibilités. Si on me
questionne comme ça à chaque niveau sur ce qu'il est possible de
faire avec la loi-cadre des institutions privées, je finirai par donner
toute la loi. Disons qu'en autant qu'on satisfera aux critères qui
seront établis par les mécanismes de cette loi, il y aura
toujours des possibilités d'étude, de projets semblables. Je ne
veux pas dire par là que l'on prévoit spécifiquement que
de telles choses seraient financées. D'ailleurs, une loi-cadre, comme la
loi-cadre des collèges, ça ne donne pas des sommes ou des
critères précis. Cela donne des règles
générales qui permettent à des organismes quels qu'ils
soient, d'établir par la suite ces critères.
Suivant une demande semblable, je pense que la réponse du
sous-ministre Tremblay était exacte. Il vaut mieux attendre la loi-cadre
des institutions privées et voir comment ça peut entrer dans ce
cadre.
M. HOUDE: Toujours dans le domaine de la direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire, je voudrais savoir si les budgets du ministère de
l'Education vont finalement permettre aux futures constructions d'écoles
primaires, la construction d'un gymnase, par exemple, et de commodités
suffisantes pour la pratique de l'éducation physique, étant
donné que dans le rapport Parent, on recommande un minimum de deux
heures d'éducation physique par semaine au cours primaire plus un
après-midi de plein air, et qu'actuellement il y a une espèce de
non-sens, on défend la construction d'un gymnase au niveau primaire. On
finit par accepter des salles de récréation et parce que c'est
une salle de récréation on dit: On n'a pas besoin de douches,
etc, et là on tourne en rond. Alors, on se retrouve avec une
quantité d'écoles primaires qui n'ont ni vraiment une salle
de
récréation ou une salle de groupement, ni vraiment un
gymnase, et encore moins de douches et de vestiaires appropriés pour la
pratique de l'éducation physique.
M. CARDINAL: Je dirai tout d'abord que ceci se rapporte, non pas
à cet article numéro 4, mais à la direction
générale de l'équipement. C'est là que se situe la
construction des écoles et, deuxièmement, d'après
l'information que j'ai, actuellement, un gymnase serait prévu même
dans les écoles primaires. Evidemment, il faudrait s'entendre sur la
définition d'un gymnase et l'on entre dans des techniques,
évidemment, où je ne sais pas si tous seraient d'accord. Mais un
gymnase est prévu qui, éventuellement, pourra être
équipé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Ministre, est-ce que le règlement numéro
1, d'après vous, est appliqué de façon satisfaisante,
c'est-à-dire à un rythme satisfaisant, actuellement?
M. CARDINAL: Oui, j'ai lieu de croire qu'il est appliqué à
un rythme satisfaisant parce qu'il n'est pas si vieux, ce règlement
numéro 1. J'ai déjà dit, à quelques reprises, lors
de questions posées à la télévision ou à la
radio, que même si tous sont très impatients de voir la
réforme s'appliquer, tout en craignant qu'elle s'applique trop vite,
cela me satisfait entièrement comme rythme d'application, non seulement
pour le règlement numéro 1 mais pour d'autres règlements
ou pour d'autres choses du ministère. Non, je suis satisfait, c'est ma
réponse.
M. PEARSON: Cela veut dire que, disons de façon
générale, ça pourrait être appliqué à
peu près dans toute la province dans la majorité des cas dans
à peu près combien d'années? Je ne dis pas à 100%
parce qu'il y aura toujours des exceptions.
M. CARDINAL: Ecoutez, je n'aime jamais prévoir l'avenir, je l'ai
répété à plusieurs reprises, parce qu'on ne sait
jamais quel événement peut accélérer ou ralentir,
mais si on laisse un corridor, disons, en plus ou en moins, cinq ans.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laviolette.
M. PEARSON: On peut parler justement à partir, je crois, du
regroupement des commissions scolaires.
M. CARDINAL; Vous avez pu voir qu'il y en a 85 qui viennent d'être
regroupées à la fin de mai. Il y a statutairement une
période limite au point de vue de la loi qui nous empêche d'en
regrouper immédiatement. Cependant, la Fédération des
commissions scolaires accélère présentement ce mouvement,
et vous savez que lorsque je les ai rencontrées, je leur ai
moi-même demandé d'exécuter ce regroupement dans un
délai court. La fédération elle-même fixe un
objectif qui est à peu près semblable à celui du
ministère. Le nombre d'années que ça prendra, encore
là c'est difficile à dire parce que chacune des commissions
scolaires, évidemment, a son autonomie, tout dépend des
régions, des régionales, etc. Le ministère fait son
possible et c'est la conviction profonde du ministre qu'il faut
accélérer ce regroupement et même si j'ai manifesté
parfois une certaine inquiétude, et ce jusqu'au mois de mai, sur le
regroupement, je suis satisfait du mouvement qui vient de se produire et je
pense que c'est un point de départ et l'indication d'une tendance pour
l'avenir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laviolette.
M. LEDUC (Laviolette): M. le Ministre, à l'article 1:
Traitements, je remarque qu'il y a une baisse de 92 personnes, environ 36%. Il
y a probablement lieu de croire que c'est la conséquence de
l'opération efficacité mais...
M. CARDINAL; Non, c'est la différence entre les prévisions
budgétaires et la réalité des choses. La colonne de droite
indique les prévisions de l'an passé; de fait, ce qui est
arrivé, c'est que nous n'avons pas atteint le chiffre prévu entre
parenthèses, qui était le chiffre idéal et que, par
conséquent, nous sommes en dessous et de beaucoup du nombre de personnes
requises.
M. LEDUC (Laviolette): Tout de même cela s'apparente avec
l'opération efficacité.
M. CARDINAL: Non, c'est qu'il y a eu un gel des effectifs, comme on le
sait, ça s'apparente de ce côté-là, et comme ils
sont gelés à peu près au niveau où ils
étaient vraiment, il n'y a pas de diminution. C'est une conservation des
chiffres vraiment dépensés qui sont reportés à une
année subséquente.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Arthabaska, s'il vous
plaît.
M. VAILLANCOURT: Dans les effectifs. M. CARDINAL: Non, dans les
effectifs, il
faut faire attention. Vous avez diverses choses. Dans les commissions
scolaires, nous n'avons pas autorité pour adopter, par exemple, un
arrêté en conseil, et les effectifs sont gelés, etc.
Cependant, nous avons réuni ici dans cette salle, j'entends le premier
ministre, les commissions scolaires catholiques, protestantes et d'autres
groupes, et nous avons demandé leur collaboration. Et quand il s'agit
des effectifs du ministère et de la direction même, ce sont des
experts qu'il nous faut, à ce moment-là. Et là,
évidemment le gel joue. Par conséquent, il faut distinguer les
commissions scolaires qui ne sont pas comprises ici, des effectifs du
ministère. Au ministère, le gel du 2 décembre est en
vigueur et, chaque fois que l'on veut dépasser ce gel, en dehors des
postes qui sont ouverts, il faut prouver qu'il y a une raison
particulière, qu'il y a une urgence, qu'il y a
nécessité.
Si vous me permettez, pour ajouter, vous avez l'article 3, où il
y a des honoraires de prévus. C'est qu'il faudra engager des experts
à honoraires vu le manque d'effectifs sur place. Et de fait, il y a une
erreur dans la colonne de droite au poste budgétaire 4. Il faudrait
corriger certains chiffres, vis-à-vis des honoraires, $138,000. L'an
passé, il n'y avait rien. Il devrait y avoir un trait. Les $31,000
devraient être décalés d'une colonne. Les $307,600
devraient se trouver à la place de $58,000. Tout devrait être
déplacé d'une ligne.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît.
Le député d'Arthabaska.
M. GARDNER: M. le Ministre, dans la direction générale de
l'enseignement élémentaire et secondaire, je crois qu'il entre
également la question de la maternelle. J'ai pu constater dans les
régions rurales, que certaines paroisses, à cause du nombre
d'élèves, à cause peut-être plutôt de la
« pilule », n'avaient pas le nombre d'élèves requis
pour avoir une maternelle. Alors, à ce moment-là, on a
fusionné deux paroisses qui étaient voisines, le plus possible.
Dans d'autres paroisses, qui étaient plus petites, où le nombre
d'élèves n'était pas suffisant, on a dû tout
simplement ne pas faire de maternelle, parce que ça ne rentrait pas dans
les normes du ministère pour avoir une classe de 17, 18 ou 20
élèves en maternelle. Je trouve que ces petites paroisses se
trouvent à être pénalisées grandement si on est
obligé de voyager ces enfants-là dans une paroisse voisine
à cause du nombre insuffisant d'élèves. Je crois que c'est
tout à fait inacceptable de voyager des enfants de cinq ans, à
neuf ou dix milles de leur résidence.
M. CARDINAL: Ils sont obligés de voyager et, d'un autre
côté, vous avez là des frais qui ne dépendent pas de
la direction générale ici, mais qui dépendent des
commissions scolaires. Si les commissions scolaires ne peuvent pas assumer ces
dépenses-là, elles sont obligées en fait, de se regrouper
pour pouvoir les assumer, le transport coûtant moins cher que les locaux,
l'équipement, la situation ou la multiplication même des
professeurs. Alors, c'est devant une incapacité d'avoir sur place les
deniers pour payer la multiplication des maternelles que ce
regroupement-là a été exécuté et il va se
retrouver d'ailleurs au niveau élémentaire. La question vaut pour
la maternelle et pour l'élémentaire. Pour le secondaire, c'est
une autre règle qui joue, c'est la polyvalente, c'est la
régionale.
M. PEARSON: Vous ne pensez pas que c'est la revanche des berceaux. C'est
l'inverse en ville, on a trop d'élèves et la commission ne peut
pas les absorber.
M. CARDINAL: Vous avez un phénomène, c'est exact, c'est
que dans les classes plus élevées, vous avez eu cette explosion
démographique qui a suivi la guerre et le fait que les étudiants
restent plus longtemps à l'école. Tandis que dans les petites
classes, vous avez l'effet de la diminution démographique des cinq
dernières années, qui, évidemment, va aller en jouant
davantage.
M. GARDNER: Ce qui veut donc dire que si la commission scolaire, qui
représente les parents, décide de ne pas faire de maternelle dans
une localité, les enfants qu'il y a là se trouvent
pénalisés par rapport aux autres qui vont entrer en
première année et qui n'auront pas fait de maternelle.
M. CARDINAL: Vous pouvez les pénaliser si vous voulez, mais vous
avez donné la bonne raison. J'ai déjà dit à
plusieurs reprises que les commissions scolaires sont autonomes sur leur
territoire et que le ministère, seulement dans certains cas,
entérine leur décision. Et dans des cas purement
d'administration, le ministère n'a même pas à intervenir
parce qu'elles ont tous les pouvoirs, que ce soit ici l'achat d'une
école ou d'autre chose. Par conséquent, il faut distinguer
régulièrement entre les décisions des commissions
scolaires et les directives du ministère. Mais le regroupement des
commissions scolaires dont on vient de parler et qui est souhaité par
plusieurs, va amener nécessairement des disparitions de commissions
scolaires et de regroupements d'élèves.
M. GARDNER: N'est-ce pas le ministère qui donne l'autorisation
à une commission scolaire de dispenser le cours?
M. CARDINAL: C'est exact, mais justement à la condition qu'il y
ait des effectifs et que cela puisse être admissible au budget, etc. Mais
si vous n'avez pas le personnel qualifié dans une école
donnée, c'est parce qu'une commission scolaire, n'est pas seulement une
école, ce sont plusieurs écoles dans une région
donnée.
UNE VOIX: C'est le cours primaire.
M. CARDINAL: C'est particulier et à l'élémentaire
et à la maternelle. Alors si vous n'êtes pas une personne
qualifiée, le ministère n'a pas le choix de donner ou de ne pas
donner l'autorisation.
Il y a un problème de personnel en plus de locaux et souvent
c'est d'abord le problème de personnel. Je viens de le souligner, tout
se tient, vous avez à ce niveau-là un problème de
personnel actuellement, comme à d'autres niveaux d'ailleurs.
M. LE PRESIDENT: Numéro 4, adopté?
UNE VOIX: Une seconde.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Fabre.
M. HOUDE: Concernant le nombre d'employés sous la direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire, je voudrais, M. le Ministre, profiter de l'occasion pour venir en
aide à un confrère et ancien élève, qui est
actuellement à la tête de la direction de l'éducation
physique au ministère de l'Education et...
UNE VOIX: C'est du patronage.
M. HOUDE: Ce n'est pas du patronage, non, mais tout simplement du bon
sens, chose que le député de Frontenac a énormément
de difficulté à obtenir et à avoir. J'essaie d'aider une
cause. Vous avez sans doute vu et reçu depuis quelques mois de nombreux
travaux faits d'après certaines initiatives de M. Raymond Benoît,
fonctionnaire, qui dirige actuellement le service de l'éducation
physique du ministère de l'Education. Jamais, au Québec, nous
n'avons vu autant de dynamisme à l'intérieur d'une profession
jeune et nouvelle. Dernièrement, une copie de la charte de l'enfant, des
droits de l'enfant à l'éducation physique, M. le Ministre, vous a
été remise. Tout un document a été publié
dernière- ment à la suite de plusieurs journées
d'étude.
Il s'intitulait, je pense: « Statut particulier ou quelque
chose du genre pour l'éducation physique ». Il y a
là énormément de travail. C'est une des rares
matières qui soit obligatoire au programme du primaire jusqu'au CEGEP
inclusivement, avec un aussi grand nombre d'heures d'allouées, par
semaine, obligatoirement, sans compter toutes les recommandations et toute la
bonne volonté que semblent vouloir accorder à cette
matière, les différentes commissions scolaires du
Québec.
Il y a également tout un renouveau de l'éducation physique
qui a été décidé, par la profession comme telle, et
il semble que ce soit également une directive du ministère de
l'Education de prendre en main, une fois pour toutes, tout ce qui pourrait
s'appeler le sport scolaire. Actuellement, il y a, bien sûr,
parallèlement à tout ça, la création d'un haut
commissariat à la jeunesse, aux sports et loisirs et voici où je
veux en arriver. C'est que, premièrement, je pense, sauf erreur, que la
direction générale de l'éducation physique au
ministère de l'Education, malgré ce grand titre, n'est
composée effectivement que d'un seul employé, il est le directeur
général de l'éducation physique, il est directeur
général lui-même.
M. CARDINAL: Quand nous donnons des titres...
M. HOUDE: Je sais qu'il fait un travail merveilleux, je sais
également tout ce qu'il abat comme besogne» Avec justement l'essor
que connaît actuellement l'éducation physique au Québec, je
crois qu'il serait justement et raisonnable, M. le Ministre, d'essayer, en tout
cas, de donner à Raymond Benoît quelques collaborateurs ou
collaboratrices afin qu'il continue le magnifique travail déjà
commencé.
Sur un autre point et c'est dommage qu'il soit sorti, je ne sais
pas si le ministre aux Sports et aux Loisirs a eu peur ou quoi mais il y
a une chose également qui inquiète beaucoup de personnes
intéressées à ce domaine au Québec, à savoir
que l'éducation physique, qui semble, jusqu'à un certain point,
inséparable de toute la question sportive, en soit actuellement
séparée. On vient de créer un haut commissariat aux sports
et à la jeunesse, qui dépend du Conseil exécutif, et on
laissé l'éducation physique à l'intérieur du
ministère de l'Education. Remarquez que l'on pourrait discuter
très longtemps sur cette question-là, mais, là n'est pas
le point. Ce que je voudrais savoir enfin, disons que je le sais, M. le
Ministre, je m'excuse peut-être de le savoir mais ce
que j'aimerais vous noter, c'est peut-être parce que M.
Benoît est seul, qu'il y a eu très peu de rencontres, pour ne pas
dire absolument aucune rencontre, entre le service de l'éducation
physique du ministère de l'Education d'une part et les fonctionnaires
nommés depuis déjà quelques mois quand même au haut
commissariat aux sports et à la jeunesse. Etant donné que ces
deux matières sont inséparables, on ne peut pas concevoir
aujourd'hui une école qui fermerait ses portes à quatre heures,
où tout le monde est d'accord pour que l'école serve à la
communauté vingt-quatre heures par jour, sept jours par semaine.
On ne peut pas séparer l'éducation physique scolaire
puisque eux-mêmes ont décidé de prendre en main le sport
scolaire et parascolaire. On ne peut pas séparer tout ça, des
sportifs, des loisirs, les mouvements de jeunesse en dehors des heures de
classe puisque en réalité ce sont les mêmes qui y
participent sauf qu'on pourrait toujours dire: II y a les jeunes ouvriers qui
ne sont plus des étudiants. Mais encore là ce n'est pas tout
à fait vrai puisqu'avec l'éducation permanente un très
fort pourcentage revient à l'école. Disons que c'est une
suggestion, employons le mot, pour essayer de stimuler des rencontres, une
très forte coordination et collaboration entre le haut commissariat
d'une part et le service de l'éducation physique, amélioré
si possible, du ministère de l'Education.
M. CARDINAL: Je vais quand même ajouter certaines choses. D'abord,
dans toutes les spécialités, à ce niveau-là, M.
Benoît n'est pas le seul qui soit directeur et qui n'ait pas de soldats
derrière lui. Cela se rencontre fréquemment. Cependant, ces
gens-là en auront particulièrement en éducation physique,
ces gens seront dans ce que j'appellerai le champ, c'est-à-dire non pas
sur place au ministère mais dans le champ.
Troisièmement, nous étudions présentement des
normes au ministère à ce sujet.
Quatrièmement, au poste numéro 4, à l'article 6:
Etudes et recherches, où il y a un montant de $40,000 de prévu,
il y a quand même une somme qui est prévue, qui s'appelle le
projet B et qui s'appelle: Etude en vue d'élaborer un guide pour
l'enseignement de l'éducation physique, enseignement des sports
collectifs, traitement des conseillers, frais de voyage des conseillers,
didactique de l'enseignement de l'éducation physique et traitement de
conseillers et frais de séjour et de voyages. Ceci n'existait pas l'an
passé.
M. HOUDE: Alors comme un ancien chef scout vous avez compris la
nécessité de cette matière trop longtemps ignorée
et négligée dans la province de Québec.
M. CARDINAL: Je suis toujours prêt à comprendre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. GRENIER: II y a un club ici qu'on appelle le club des jeunes
biologistes, des jeunes scien-tistes qui était antérieurement
subventionné par le ministère de l'Education. On m'informe
actuellement que ce serait passé au ministère des Loisirs. Toute
la théorie en fait serait passée là puis l'administration,
l'aspect financier seraient restés à l'Education. Alors vous
subventionniez ça l'an dernier. Et on me dit maintenant que, comme ce
sont des étudiants qui sont en saison estivale, ils n'ont aucune
subvention qui leur reviendrait cette année.
M. CARDINAL: Oui, dans certains cas particuliers, mais disons qu'entre
M. le ministre Morin et le ministre de l'Education il y a actuellement des
échanges au sujet de certaines choses qui se sont passées d'un
ministère à l'autre et où il y a pu y avoir eu, si vous
voulez, un transfert sur le papier qui ne s'est pas accompagné de tout
ce qui était fonctionnel. Alors actuellement il y a des échanges
constants qui se font entre le nouveau ministre et l'ancien presque nouveau
ministre aussi.
M. LE PRESIDENT: M. le Député de Saint-Laurent
M. PEARSON: M. le Ministre, il semble que la véritable
polyvalence soit encore hors d'atteinte d'un grand nombre
d'élèves à cause de la lenteur des constructions des
écoles polyvalentes. Est-ce que c'est dû au manque de
personnel?
M. CARDINAL: Si vous me permettez, ceci va dans la direction
générale de l'équipement. Cependant, je vais dire juste un
mot tout de suite...
M. PEARSON: A quel article?
M. CARDINAL: Par coeur je ne m'en souviens pas. Disons que la
réponse générale serait celle-ci. C'est que nous avons
établi, ce que je pourrais appeler, si on me permet l'expression, qui
n'est pas française, un « crash
program » et que, si vous regardez le discours du budget, vous y
retrouverez une somme d'environ $170 millions qui a été
prévue pour les constructions d'écoles cette année dont
une partie nette vient du ministère, une partie du fédéral
et une autre partie des commissions scolaires. Par conséquent, cette
année, ce programme sera de beaucoup accéléré.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4, adopté. Poste
budgétaire 5: Ecoles dans les territoires non organisés et cours
spéciaux. Le député de Fabre n'a pas de questions à
poser?
M. PINARD: Quels sont ces territoires non organisés, M. le
Ministre?
M. CARDINAL: Ce sont les territoires qui ne sont pas organisés
comme le sont, disons, la cinquantaine de territoires qui le sont au point de
vue régional. Ce sont, en partituclier, l'Abitibi-Est, en particulier
les localités de Clova, Desmaraisville, Miquelon, Paradis; dans
Gatineau, Dépôt de Landron; dans Roberval, lac Cooper; Laviolette,
Casey; Témiscamingue, Hunter Point et Vinway. Mais dans le cas de
Témiscamingue il y a une partie qui vient de se régionaliser.
UNE VOIX: II n'y en a pas dans Drummond non?
M. CARDINAL: Je n'en connais pas. Non. Ce comté-là est
entièrement organisé.
M. PEARSON: A l'article 1, il semblerait que les gens fuient de plus en
plus ces régions-là puisque ça...
M. CARDINAL: Non, c'est qu'au fur et à mesure que vous les
organisez, vous cessez d'avoir un grand nombre de territoires non
organisés.
Si vous me permettez une réponse plus intelligente, et moins
rapide, c'est que, chaque fois que vous n'avez pas de commissions scolaires, le
ministère intervient directement. En vertu de la Loi de V instruction
publique et la Loi du ministère de l'Education il a droit à ce
moment-là d'avoir ses écoles etc.
Ceci demandait des sommes considérables lorsque les territoires
non organisés étaient considérables. Au fur et à
mesure qu'ils sont organisés, ces écoles, ce personnel, cet
équipement tombent sous la responsabilité d'une commission
scolaire et, comme on vient de l'indiquer, ces territoires non organisés
sont devenus beaucoup moins nombreux et par con- séquent passent aux
commissions scolaires. Le budget diminue en conséquence mais se retrouve
ailleurs dans les budgets d'équilibre des commissions scolaires.
M. LE PRESIDENT: Page 68, au centre, poste budgétaire 5: Ecoles
d'agriculture. Adopté.
Le député de Saint-Laurent n'a pas de question?
M. PEARSON: Je n'ai pas d'autre question là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Page 69, article 3: Ecoles ménagères.
Le député de Fabre n'a pas de question sur ces
écoles ménagères?
M. HOUDE: Non.
M. LE PRESIDENT: Page 70...
M. PINARD: J'aurais une question. Combien reste-t-il d'écoles
ménagères dans le Québec?
M. CARDINAL: Voici, vous avez des écoles de métiers, des
écoles d'agriculture moyennes, des écoles
ménagères, des écoles d'infirmières pratiques.
Toutes ces écoles sont en voie d'intégration et normalement, en
septembrel968,il ne restera que des unités ici et là. Le but du
programme était de les intégrer pour septembre 1968 et je dois
dire que je suis très satisfait de la façon dont
l'intégration se poursuit, sans difficulté réelle et
à un rythme qui aurait été inespéré il y a
une année.
M. PINARD: Est-ce que l'école d'agriculture de Nicolet par
exemple...
M. CARDINAL: Est-ce une école d'agriculture moyenne ou
supérieure?
M. PINARD: Moyenne.
M. CARDINAL: Moyenne. Elle serait normalement intégrée
à la régionale. Si elle ne l'est pas, elle est
subventionnée directement par le ministère à ce
moment-là.
M. LE PRESIDENT: Page 70, poste budgétaire 6: Direction
générale de l'enseignement collégial.
M. HOUDE: Vous avez sauté le poste budgétaire 4, direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire.
M. LE PRESIDENT; Vous êtes en retard d'un an!
M. CARDINAL; Non, il n'y a pas de numéro, c'est qu'on saute au
poste budgétaire 5. Le 5 à la page 70, ce n'est pas 5
après 3, 5 est en dehors de la colonne et trois est dans la colonne.
M. LE PRESIDENT: Je ne me suis pas trompé! Page 70, poste
budgétaire 6 pour la troisième fois Direction
générale de l'enseignement collégial.
M. HOUDE: Le ministre a parlé du nombre de CEGEP qui ont
été créés, qui restent à créer. Bien
sûr, je serais peut-être un mauvais député si je n'en
profitais pas pour parler à mon tour pour ma paroisse. Vous avez dit que
jamais le ministère n'avait imposé de CEGEP à des
endroits, sur des emplacements particuliers, que lorsqu'il y avait des chicanes
de paroisse pour un emplacement plutôt que l'autre vous attendiez d'avoir
l'unanimité de la part des citoyens de l'endroit.
M. CARDINAL: Je n'ai pas employé exactement ces termes.
M. HOUDE: Non, mais cela revenait à ça. M. CARDINAL: Bien,
je ne sais pas.
M. HOUDE: Tout ça pour vous dire qu'il y a une chose de certaine,
c'est qu'il n'y a pas de difficulté quant à l'emplacement d'un
CEGEP, et la nécessité d'un CEGEP je pense, à Laval.
D'ailleurs vous-même l'avez déclaré plus d'une fois...
M. CARDINAL: Non, il y a beaucoup de place.
M. HOUDE: ... il y a beaucoup de place, il y a 20% du territoire qui est
habité seulement et je pense c'est dans l'esprit de la mission,
vous l'avez déclaré vous-même que
définitivement viendra un jour où on aura un CEGEP à
Laval. La seule question que j'aimerais vous poser à nouveau concerne un
rapport que vous avez sur votre bureau. On s'est obstiné l'autre jour
quant à la date moi, j'ai le 14 décembre, vous m'avez
parlé du 17 ou du 18 décembre en tout cas on ne se
chicanera pas pour trois ou quatre jours...
M. CARDINAL: Cela prend quatre jours pour qu'un rapport parte du
parlement et parvienne sur mon bureau parce que, vous savez, j'ai quatorze
édifices au ministère.
M. HOUDE: Alors l'information pourrait peut-être régler
cela, on pourrait peut-être imputer cela au service de l'informatique.
Quoi qu'il en soit, vous avez un rapport, je pense, du comité provisoire
CEGEP pour Laval et vous avez la liste des noms qui vous a été
soumise. Je le répète encore une fois que ce serait impossible,
même si on commençait à le construire ce soir, d'obtenir le
CEGEP dans un an et même deux ans. Nous avons la chance et l'unique
endroit, m'a-t-on dit, au Québec, pour créer de toute
pièce un CEGEP en partant de zéro, puisqu'il n'y a pas
d'institution au niveau collégial existant et de faire peut-être
un CEGEP modèle ou enfin un prototype.
Je voudrais savoir quand vous avez l'intention de nommer les cinq
personnes. Enfin peut-être pas vous, mais le lieutenant-gouverneur en
con-seil, ces personnes devant former la première corporation; parce
qu'entre cette nomination et la première brique, il y a quand même
une quantité de travaux à effectuer et actuellement, nous sommes
dans l'attente. Tous les citoyens sont dans l'attente. Je pense que tous les
citoyens de Laval et de Fabre se sont faits à l'idée d'attendre
encore quelques années pour entrer dans un édifice qui
s'appelerait CEGEP. Ils sont presque consentants, peut-être pas avec un
sourire très grand, à aller dans d'autres CEGEP situés
dans le nord de Montréal ou même à
Sainte-Thérèse, mais nous aimerions quand même avoir le
plus rapidement possible notre corporation afin que ces gens puissent commencer
à travailler très sérieusement.
M. CARDINAL: Vous savez que, lorsque j'ai annoncé la
création des collèges le 14 mars, j'ai donné une attention
particulière au cas de Laval en indiquant qu'il y avait
Sainte-Thérèse au nord, et sur la rive nord de l'île de
Montréal, par conséquent au sud de Laval, quatre autres
collèges qui pouvaient desservir actuellement la population de Laval. La
mission a été mise en contact avec les gens de Laval. Encore la
semaine dernière, la mission a rencontré les gens de Laval
justement pour faire ce rapport complémentaire dont j'ai parlé
tantôt. Quand serai-je prêt exactement à faire une
déclaration? Je ne le sais pas, mais il est certain que c'est un des cas
qui est étudié avec beaucoup d'attention et qu'il n'est pas pour
septembre 1968. Lorsque j'aurai un rapport complémentaire,
aussitôt qu'il me sera possible, après étude par le conseil
des ministres, de faire une déclaration, je le ferai. On remarquera que
dans les collèges, il n'y a pas eu de retards. Au contraire, chaque fois
que j'ai pu agir, je l'ai fait dans le plus bref délai possible en
tenant compte des budgets, des gens qui étaient à notre
disposition, des équipements, et
des renseignements obtenus de la mission.
M. HOUDE: Toujours dans le domaine des CEGEP, il y a beaucoup de parents
qui nous parlent des distances entre le lieu de résidence de certains
étudiants et le CEGEP. Est-ce qu'actuellement il y a des endroits
prévus pour les résidences d'étudiants?
M. CARDINAL: Ceci est une autre chose. La politique des
résidences est à l'étude présentement au
ministère, et il n'y a pas encore de décisions ou de politiques
qui ont été publiées. Il y a cependant la
Société d'habitation du Québec qui participe aussi
à ce projet. On sait que cette société peut fournir les
moyens de financer ces habitations. Or, nous sommes actuellement à
étudier le problème. Nous avons un certain nombre de projets que
j'appellerai pilotes ou témoins. Mais comme les collèges viennent
à peine d'être créés, que chacun d'eux est une
corporation indépendante, il n'y a pas encore au ministère une
politique que je puisse annoncer dans ce domaine. Il n'y a que des tentatives
pour voir ce qui pourrait se régler. Un projet cependant est
actuellement soumis par le ministère à la Société
d'habitation pour les habitations à des étudiants.
M. LE PRESIDENT; Le député de Frontenac, s'il vous
plaît.
M. GRENIER: Comme nous n'avons pas dans notre région de CEGEP en
vue, bien sûr, nous sommes cependant aux limites de deux CEGEP qui
pourraient être organisés dans la Beauce et dans Mégantic.
Est-ce qu'il y aurait lieu de savoir où en sont rendus les pourparlers,
concernant le CEGEP de la Beauce et celui de Thetford?
M. CARDINAL: La même réponse que je fais au
député de Drummond ou au député de Laval. J'attends
ce rapport complémentaire et, évidemment, je n'ai nommé
aucun cas tantôt quand j'ai parlé de rapport non
complété ou d'emplacement non décidé. C'est rendu
au même stade.
M. GRENIER: Cela se fera-t-il assez prochainement?
M. CARDINAL: Ecoutez, on ne sait jamais quand un rapport va entrer
exactement. Je l'attends dans un très bref délai.
M. PEARSON: Sur quels critères généraux vous
basez-vous pour établir un CEGEP?
M. CARDINAL: II y a une politique générale qui est
établie avec cinq principes généraux qu'on appelle
unités d'administration et unités pédagogiques, population
étudiante suffisante, équipement suffisamment prêt, etc. La
mission des collèges est allée rencontrer les gens sur place, a
vu jusqu'à quel degré l'enquête était
terminée au point de vue du bassin d'étudiants, de l'effectif de
professeurs, quels étaient les besoins de la population, comment ils
pouvaient se comparer aux besoins d'autres populations environnantes. Car,
comme il s'agit d'un réseau, il ne suffit pas d'aller l'établir
à la première place qui est prête mais de prévoir
à l'avance un réseau où il y en a autant au sud qu'au
nord, à l'est ou à l'ouest, en tenant compte des bassins de la
population. La mission avait préparé une espèce de grille
qui permettait de répondre, dans des carreaux, à chacune des
nombreuses questions qu'elle avait elle-même établies.
C'est à partir de tous ces renseignements qu'en accord avec le
milieu, avec les gens qui ont travaillé à obtenir un
collège, qu'un rapport est remis au ministre, qui, à ce
moment-là, évidemment, juge s'il est suffisant pour que
lui-même puisse faire une recommandation au conseil des ministres.
Le rapport de la mission, par exemple, pour la création des neuf
premiers collèges, était un rapport de peut-être 200
à 300 pages. Quant au rapport complémentaire, je ne sais quel
volume il aura. Mais il y a au ministère une politique très
précise qui est établie à la suite de l'adoption du bill
21, et les premiers collèges qui ont été établis,
ont tous été très fidèles à cette politique.
Comme je l'ai mentionné tantôt, nous en sommes venus à une
deuxième étape où il y a lieu de continuer à
créer des collèges qui suivent exactement cette politique et d'en
créer certains autres dans des régions exceptionnelles où,
de toute façon, on ne pourra jamais suivre tous les critères et
où on a quand même besoin de collèges.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire 6: Direction
générale de l'enseignement collégial, adopté?
M. PERASON: Un instant, le ministre, confirmant le CEGEP,...
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, je voudrais vous donner un
exemple, celui du nombre d'étudiants nécessaires. On ne peut pas
créer un CEGEP pour 200 étudiants. Le nombre d'options possibles
dans une région donnée, est à évaluer, à
cause des professeurs, de l'équipement, etc. La qualification de ces
professeurs-là, compte aussi car vous le remar-
querez, c'est un autre détail que je voudrais donner, que j'ai
déjà dit et que je répète: Les collèges,
jusqu'à présent, n'ont pas été créés,
ils ont été institués. On a reconnu qu'une région
avait sur place ce qui était nécessaire pour établir un
collège. Quand le député de Laval parle de la
création d'un collège dans son comté, il emploie le mot
« créer » dans un sens précis, parce qu'il n'y a pas
sur place, justement, cet équipement, ce corps professoral, etc. Ce
n'est pas la même situation. Par conséquent, il n'y a pas de
problème de corps professoral, d'équipement dans les
collèges déjà créés. Nous avons pris les
forces vives qui étaient surplace, nous les avons regroupées tant
en professeurs, en étudiants qu'en équipement, et c'est pourquoi
les premiers collèges ont pu se faire et ont pu commencer à
fonctionner assez rapidement.
Mais les prochains, évidemment, sont plus difficiles à
établir parce que les réponses à toutes ces questions ne
sont pas, ou bien aussi précises et aussi satisfaisantes, ou il y a des
emplacements contestés ou il y a nécessité de regrouper
des professeurs aux institutions sur les territoires trop vastes, etc. C'est
pourquoi il y a une demande de rapports complémentaires, pour que le
ministre soit mieux informé et pour que, si on établit un
collège à un tel endroit que l'on connaisse la vocation de tel
autre endroit aussi. Car il ne faut pas créer en détruisant mais
créer en conservant et en consolidant l'éducation au
Québec.
M. PEARSON: Je vous posais cette question-là, M. le Ministre,
parce que j'étais venu proposer un emplacement pour la future
université française, ou disons la deuxième
université française à Montréal, car, dans certains
milieux, on semblait dire qu'il n'y avait pas la densité, qu'il fallait
la situer dans un endroit où il y avait la plus forte densité de
la population.
M. CARDINAL: Non, cela est tout un autre problème. Ce n'est pas
du tout la même chose que les règles pour l'établissement
d'un collège.
M. PEARSON: Ah, bon!
M. LE PRESIDENT: Et dans l'attente, peut-être y viendra-t-on,
parce qu'on touchera le poste budgétaire « universités
».
M. PEARSON: Où en est-on rendu dans les CEGEP? On a tout
près de chez nous, à Saint-Laurent, trois CEGEP d'établis
dans à peuprès trois milles, un à chaque mille.
M. CARDINAL: Oui, ce ne sont pas du tout les mêmes
critères. On ne peut pas dire, parce qu'il y a de la place pour trois
CEGEP, qu'il y a de la place pour une université, car à ce
moment-là, que vous établissiez l'université n'importe
où sur l'île de Montréal, vous êtes certain d'avoir
un bassin d'étudiants pour l'université.
M. PEARSON: C'est pour cela que je vous demandais quels étaient
les critères généraux pour l'établissement d'un
CEGEP?
M. CARDINAL: Oui, c'est que, dans un secteur donné, par exemple,
l'un des premiers critères, c'est le nombre d'étudiants, le
nombre de professeurs, l'équipement qu'il y a sur place et vous avez
raison. Si à Bois-de-Boulogne, si à Saint-Laurent, si à
Ahuntsic, si dans le nouveau Bordeaux, si, dans le centre-ville, on peut
établir des collèges, c'est qu'il y a déjà
l'équipement, les professeurs et les étudiants.
M. HOUDE: M. le Ministre, est-ce qu'il y a des changements dans la
politique du ministère concernant le transport des étudiants au
niveau du CEGEP?
M. CARDINAL: Il n'y a pas de politique du ministère en ce sens
que chacune des institutions étant indépendante, chacune des
institutions jusqu'à présent, a décidé sa
politique. Si on peut appeler ceci un absence de politique au
ministère...
M. HOUDE: Une absence de subventions, disons, parce qu'il n'y avait pas
de subventions prévues pour le transport des étudiants...
M. CARDINAL: Non, il n'y avait pas de subventions prévues.
M. HOUDE: ... l'an passé et, à ce moment-là, le
ministre nous avait répondu que, selon certains cas particuliers,
quelque chose comme ça, il serait peut-être possible de voir au
fur et à mesure les difficultés. Alors, ma question est tout
simplement la suivante: Est-ce qu'il y a eu au cours de l'année des
demandes de la part de certains CEGEP pour organiser le transport des
étudiants? Je sais que si c'était à Laval, nous aurions un
véritable problème, il n'y en a pas de moyens de transport,
M. CARDINAL: Oui, il y en a eu. Cela a été
étudié par le ministère mais jusqu'à
présent, on n'a pas trouvé la solution parce que si vous regardez
les étudiants dans un collège d'en-
seignement général et professionnel, ils y vont à
différentes heures. Ils ne sont pas organisés comme les enfants
à l'élémentaire et au secondaire, qui arrivent à
telle heure le matin, qui quittent l'école à telle heure le midi,
qui viennent à telle heure l'après-midi, etc. Alors,
jusqu'à présent, je le répète, il n'y apas de
politique parce qu'il n'y a pas eu de solution qui a été
trouvée, et que l'année où les collèges ont
été créés, le mouvement partait et les
étudiants ne sont pas à journée pleine, à horaire
fixe dans un collège comme dans une école.
M. HOUDE: Ce n'est pas seulement une question d'avoir ou non des
subventions. Si un collège trouvait une solution pour accommoder un
grand nombre d'étudiants au niveau du CEGEP, est-ce qu'il pourrait, ce
collège-là ou cette corporation, obtenir des subventions pour les
moyens de transport?
M. CARDINAL: Pas dans le moment, à moins que les études du
ministère ne concluent au contraire. Une autre des raisons, pour le
moment, dans l'étude, c'est que les étudiants dans un
collège ne sont pas les étudiants d'une régionale comme au
secondaire. Il n'y a rien, aucun règlement, aucune loi ou quoi que ce
soit qui oblige un étudiant d'aller dans tel collège plutôt
que tel autre actuellement. Ce sont des institutions autonomes et elles
reçoivent des étudiants qui en font la demande,
évidemment, dans un bassin donné; mais de fait ils peuvent venir
de très loin. Si on prend le collège qui va être
établi dans le vieux Montréal, les étudiants viendront de
toute la ville pour aller à ce collège-là, qu'ils
choisiront de préférence au collège Bois-de-Boulogne,
à cause des options, à cause de l'équipement
différent qu'il aura.
M. HOUDE: Oui, mais à Montréal, il y a quand même
les moyens de transport, c'est-à-dire qu'il y a des endroits où
il y a des moyens de transport.
M. CARDINAL: Mais, si vous les prenez ailleurs...
M. HOUDE: II n'y a pas de résidences d'étudiants
prévues; enfin, c'est encore à l'étude. Il y a un projet
pilote pour des résidences d'étudiants et il n'y a pas, enfin, de
politique, si vous voulez, d'établie pour le transport. D'accord, dans
le cas de Montréal ça ne cause pas de problème; il y a les
autobus, il y a le métro...
M. CARDINAL: Mais le problème est juste- ment dans la province
parce qu'à ce moment-là ils viennent encore de plus loin à
des heures encore moins régulières et il n'y a pas encore de
solution qui ait été trouvée à ces demandes qui
nous ont été faites.
M. HOUDE: Cela doit causer quand même un fichu de problème
dans beaucoup de milieux. Est-ce qu'on l'étudie présentement?
M. CARDINAL: Oui, c'est étudié parce que, quand nous avons
des demandes, nous sommes obligés d'étudier, mais nous n'avons
pas trouvé une solution qui nous permette actuellement de prévoir
une subvention suivant des normes données au transport scolaire, comme
c'est prévu à l'élémentaire, par exemple, ou au
secondaire où il y a des normes.
M. HOUDE: Maintenant, juste une question un peu plus, enfin,
pédagogique. Est-ce que les options offertes au niveau collège
à Saint-Laurent, à Bois-de-Boulogne, à Ahuntsic ont
été rendues publiques dernièrement? Enfin, si cela a
été rendu public, ça m'a échappé. Est-ce
qu'on a déterminé quelles étaient les options offertes
à Bois-de-Boulogne, à Saint-Laurent et à Ahuntsic?
M. CARDINAL: Dans la plupart des cas, oui; ç'a été
fait en partie parce que ce n'est pas terminé. Notons cependant qu'il y
a déjà des bulletins d'information qui ont donné un grand
nombre de ces options et plusieurs renseignements sur plusieurs de ces
collèges qui viennent à peine d'être créés.
Ce n'est pas complété au moment où je vous parle, la
plupart de ces corporations-là n'ayant été
créées que dans les semaines qui viennent de se terminer.
M. HOUDE: Maintenant, est-ce que le ministre ou le ministère a
l'intention...
M. CARDINAL: II y a eu quand même des réunions des
directeurs, des présidents de ces collèges et le travail se fait
très régulièrement actuellement.
M. HOUDE: D'accord, mais cela reste quand même un peu...
M. CARDINAL: Celui-là, c'est un de l'an passé.
M. HOUDE: Le circuit fermé, j'imagine que cela va être
déterminé assez rapidement, puisque l'entrée des classes
est proche et qu'on accepte déjà les inscriptions des
élèves pour sep-
tembre prochain. Est-ce que le service de l'information va faire un
effort spécial pour que cela soit publié dans tous les journaux
et tous les intermédiaires d'information.
M. CARDINAL: Nous tenons à ce que ce soit publié
régulièrement dans les journaux, si vous remarquez, je dirais
toutes les semaines.
M. HOUDE: Oui, je parle de ce fait nouveau.
M. CARDINAL: Evidemment, nous sommes quand même en avance sur l'an
passé. Si vous vous rappelez, l'an passé, les collèges ont
été créés vers le mois de septembre et ils ont
commencé en septembre. Cette année, ils ont été
créés entre le mois de mars et le mois de juin, pour commencer en
septembre. Mais au moment où vous commencez une opération, vous
êtes obligés de télescoper en essayant de regagner un peu
de temps. Mais dès que tout sera connu, cela sera immédiatement
rendu public par le ministère.
M. LE PRESIDENT: Le député de Duplessis.
M. COITEUX: Est-ce que le ministère a une politique
définie, établie en ce qui concerne les pensionnats?
M. CARDINAL: Je pense que j'ai déjà répondu
à cette question.
M. COITEUX: Je n'étais pas ici.
M. CARDINAL: Ah, bon! je m'excuse. Non, il n'y a pas de politique parce
qu'il n'y a pas de pensionnats publics actuellement. Il y a des pensionnats
privés et, à ce moment-là, j'ai
référé à la loi-cadre des institutions
privées. Quant aux habitations d'étudiants, j'ai mentionné
tantôt qu'il y avait un projet pilote actuellement avec la
société d'habitation. Le ministère est à
étudier, en fonction de ce projet pilote, une politique à
établir pour les habitations d'étudiants pour l'avenir.
M. COITEUX: Parce que j'imagine que les hauts fonctionnaires du
ministère, dont quelques-uns ont visité mon comté, sont
parfaitement au fait qu'on ne peut pas parler de CEGEP, on ne peut pas parler
de pôles secondaires comme c'est actuellement le cas au
Havre-Saint-Pierre, où on est à bâtir un pensionnat sans
penser à la politique du pensionnat.
M. CARDINAL: J'aimerais mieux l'expres- sion « résidence au
niveau collégial », à ce moment-là.
M. COITEUX: Parfait. Je n'ai pas d'objection pourvu que les gens auront
une place pour rester. Parce que, les hauts fonctionnaires ou certains des
hauts fonctionnaires nous jugent avec les normes qu'on applique, disons dans
une régionale comme celle qui est dans un centre métropolitain
comme Montréal, ou dans un centre rural facile d'accès, on oublie
trop facilement, malheureusement, et dans plusieurs domaines les distances qui
nous confrontent pour une régionale. Nous avons tout de même 600
milles par voie aérienne. Nous n'avons pas de route, malheureusement
Alors, lorsqu'on applique ces normes, on se trouve placé devant des
faits qui sont extrêmement difficiles et, lorsqu'on ne veut pas
démordre au point de vue des dépenses admissibles, ce qui se
produit, c'est que nos enfants reçoivent un traitement d'injustice, si
on les place sur le même palier au droit de l'éducation que les
autres enfants de la province.
Cela veut dire, pour vous donner un exemple, qu'on a accepté $700
pour la pension comme dépense admissible lors de l'acceptation du budget
de la commission scolaire régionale du Golfe. Il est prouvé que
les pensionnaires à Havre Saint-Pierre coûtent $1,200. Alors ceci
veut dire qu'on veut exiger $500 des parents qui sont et c'est reconnu
universellement dans la province plus pauvres qu'au Gabon, d'un grand
bout. On veut nous demander $500. Alors, je suis bien d'accord pour aider le
Gabon, mais je crois que lorsqu'on reçoit une réponse
catégorique à l'effet que les parents devront payer et c'est en
fait une politique acceptée par le ministère, étant
donné que le ministère dit: C'est la seule dépense, le
seul montant admissible qu'on a. Quelle fréquentation scolaire
pensez-vous qu'on aura chez nos enfants de la basse Cote-Nord, si les parents
sont obligés de débourser $500 lorsque leur revenu moyen est de
$1,100?
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, M. le Député,
même si nous sommes rendus dans le collégial et qu'il s'agit,
cette fois-ci, de commissions scolaires, je répondrai à votre
question de la façon suivante:
M. COITEUX: Ce n'est pas une régionale.
M. CARDINAL: Oui, mais nous parlons du collège, nous
sommes...
M. COITEUX: Oui, le CEGEP.
M. CARDINAL: Alors, ce n'est plus la même chose. Il n'y a pas de
norme établie pour les subventions d'équilibre budgétaire
des CEGEP. Parlez-vous d'une régionale ou d'un CEGEP?
M. COITEUX: Je parle d'une régionale.
M. CARDINAL: Bon, c'est ça. Même si nous sommes dans les
CEGEP, je vais parler de la régionale car f aimerais qu'on distingue les
deux.
M. COITEUX: A quel endroit peut-on parler des régionales? Je vais
rester jusqu'à minuit, s'il le faut, mais enfin je veux en parler.
M. CARDINAL: Bien enfin, je vais quand même répondre
à la question précise que vous avez posée. D'abord, il n'y
a eu aucune aide de donnée jusqu'à présent au Gabon. Et
par conséquent, si vous voulez comparer avec l'aide qu'il y a au Gabon,
cela ne vous enrichira pas tellement.
Deuxièmement, quand vous dites qu'il y a des normes
d'établies et que le ministère y tient mordicus, je vous
répondrai que j'ai mentionné exactement le contraire
tantôt, en disant, qu'il y a des cas exceptionnels pour lesquels je sais
fort bien et mes fonctionnaires savent fort bien que les règles
ordinaires ne peuvent pas être suivies. C'est pourquoi, M. Sylvester
White, du financement des commissions scolaires, s'est rendu dans la
région de Sept-Iles, la semaine dernière pour me faire rapport.
J'ai visité moi-même, il y a quinze jours, toute la
Gaspésie y compris Sept-Iles, dans la même journée. Et
quand j'ai vu les distances que l'on voyait soit en voiture ou soit en
avion...
M. COITEUX: Vous vous êtes rendu seulement à Sept-Iles?
M. CARDINAL: Oui.
M. COITEUX: Bien, il vous manque 700 milles pour visiter mon
comté.
M. CARDINAL: C'est ça et j'ai tout fait ça dans la
même journée d'ailleurs. Alors, depuis ce temps-là, M.
White est en visite chez vous et il doit me faire un rapport incessamment.
Alors, c'est la réponse la plus précise que je puisse donner dans
le moment.
M. COITEUX: C'est un problème qui s'enchaîne et qui est
connexe. Je ne voudrais tout même pas déranger si on a
voulu...
M. LE PRESIDENT: Nous sommes au niveau collégial et vous parlez
d'un problème des régionales. Si on pouvait attendre...
M. COITEUX: A quel poste voyons-nous les régionales?
M. VAILLANCOURT: Au poste 16.
M. CARDINAL: Au poste de l'équipement.
M. LE PRESIDENT: Article 6: Etudes et recherches, adopté.
M. COITEUX: Non, voici si c'est la question des CEGEP, j'ai tout de
même une représentation à faire. Actuellement, sur la
Côte-Nord, je comprends, M. le ministre l'a expliqué d'une
façon très claire et très nette, on ne peut pas tout faire
en même temps. Par contre, on nous dit: Allez dans les CEGEP
organisés. Dans les CEGEP organisés, le transport n'est pas
organisé pour permettre aux élèves d'aller aux CEGEP. Les
CEGEP nous disent que les cadres sont pleins» Alors, ce qui se produit,
c'est que plusieurs de nos enfants sont obligés d'aller au
Nouveau-Brunswick pour suivre le même cours et à ce
moment-là ils sont considérés comme dans une institution
privée et cela au détriment financier des parents.
Je ne parle pas de la bourgeoisie qui peut se permettre ce luxe, je
parle d'une population extrêmement pauvre, celle de la basse
Côte-Nord ou les revenus moyens sont très très faibles et
où nos enfants ont le même droit à l'éducation et
où nous avons une fréquentation, un nombre d'enfants
peut-être plus considérable. Je pourrai donner au ministre les
statistiques par paroisse s'il le désire.
Je voudrais qu'enfin une politique soit établie. Pas une
politique générale, parce que les normes qui confrontent les
budgets dans les commissions scolaires ou dans les CEGEP des autres paroisses
ne sont pas comparables. Je voudrais que pour septembre nous ayons une
politique établie parce que lorsque l'on se réfère
à la commission scolaire régionale, pour autant que les CEGEP
sont concernés ou la fréquentation scolaire au niveau
collégial, on nous dit: Allez au CEGEP de Jonquière, allez au
CEGEP de Rivière-du-Loup. On se rend aux CEGEP de Jonquière et de
Rivière-du-Loup pour constater qu'il n'y à pas de pensionnat
là-bas, qu'il faut trouver une pension privée. Et si on peut
trouver un endroit où ils peuvent rester, comme à
Rivière-du-Loup, c'est que s'il y a trois jours de vacances pendant
lesquels l'enfant est obligé de sortir.
Alors ce sont tous des problèmes qui sont absolument
inhérents à notre région et j'espére que la visite
de M. White...
M. CARDINAL: Encore une fois là, parlons des deux. M. White y est
allé pour fin de financement de commission scolaire. Pour les
collèges, j'ai dit tantôt que c'est la même réponse
pour vous que pour les autres députés. Je dois justement vous
faire un rapport complémentaire incessamment sur l'implantation d'un
collège sur la Côte-Nord. Evidemment, il aurait fallu que les 35
collèges soient créés la même année pour n'y
ait pas d'injustice apparente. Mais c'est la même réponse que
tantôt; je comprends votre soucis pour votre comté. Mais il me
faut les rapports pour pouvoir les créer.
M. COITEUX: M. le Président, j'ai été en affaires
toute ma vie. Je ne fais aucun reproche.
M. COITEUX: Je ne considère pas ça comme un reproche. Je
réponds à votre question.
M. COITEUX: Le ministre me dit que le CEGEP de la Côte-Nord n'est
pas encore établi il ne peut l'être cette année, ça
je le comprends. Seulement, je ne démords pas du fait que les enfants de
chez nous ont droit, et les parents ont, pour leurs enfants, dès
l'instant où il y a un CEGEP de créé dans la province, au
même droit à l'éducation. S'il faut que nos enfants
attendent à 35 ans avant de pouvoir se permettre de se donner un niveau
d'éducation égal à ceux du reste de la province, à
ce mo-ment-là, je crois que ce n'est pas normal.
Maintenant, j'espère que lorsque les hauts fonctionnaires du
ministère reviendront de Sept-Iles, soit pour les CEGEP ou ailleurs,
pourront recommander au ministre une politique qui n'en est pas une d'exception
pour chaque cas pour les gens qui préparent le budget ou les parents qui
désirent voir leurs enfants poursuivre des études au niveau
collégial. Ce sera une politique générale et il me semble
que ce serait relativement facile si les hauts fonctionnaires du
ministère donnent un rapport exact de la situation qui prévaut
chez nous au point de vue éducatif.
M. CARDINAL: D'accord. Evidemment, je voudrais tout mettre ça
ensemble. Tantôt vous sembliez vouloir une politique exceptionnelle et
là vous parlez d'une politique qui ne soit pas exceptionnelle.
Bien, pour ce qui est du collège, c'est la po- litique
générale qui a été suivie. Et je m'excuse de
toujours me répéter. Il est évident que tous les enfants
de la province ont droit aux mêmes privilèges. Mais tous les
collèges ne sont pas créés en même temps. Et en
attendant que les collèges soient créés, les
prêts-bourses, dans les endroits où il n'y a pas de
collèges, sont restés au niveau où ils étaient,
avant que soit créé un collège. C'est le correctif, c'est
le seul que nous avons trouvé pour le moment faute de pouvoir en
même temps créer 35 collèges et de faire tous les
réseaux d'implantation en même temps. Je ne sais pas pour quelle
raison, si vous voulez, le rapport qui aurait permis la création d'un
collège dans telle région plutôt que dans telle autre n'est
pas entré le premier, le deuxième ou le troisième. Il y
avait déjà douze collèges de créés au moment
de mon arrivée au ministère. Il y en a eu neuf autres
d'annoncés par la suite parce que les dossiers étaient complets
au bureau du ministre et qu'il doit faire une recommandation. Il y en a eu deux
autres de créés par la suite aussi parce que ceci a
été complété. Cela en fait déjà 23 en
deux ans. Je pense que le ministère, le gouvernement a manifesté
un grand sens de la justice en hâtant les travaux. On aurait dû
normalement construire cinq ou six collèges par année pendant
cinq ans. Nous avons 23 collèges au bout de deux ans.
M. COITEUX: Je ne blâme aucunement le ministre du fait que nous
n'avons pas eu de collèges pour telle ou telle date. Il a touché
justement la question des bourses. Alors vous dites que vous compensez par des
bourses, suivant des normes établies pour les régions
métropolitaines. Lorsqu'un étudiant de Blanc-Sablon reçoit
une bourse de $500, lui, il n'en a pas assez pour payer son passage. C'est
aussi simple que ça le problème chez nous. C'est ça qui
n'a pas été réglé et que je voudrais voir
réglé une fois pour toutes par le ministère.
M. LE PRESIDENT: Excusez! Les bourses, c'est au poste 15.
M. COITEUX: C'est le ministre qui a parlé des bourses
lui-même.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté.
M. HOUDE: M. le Président, cet après-midi le ministre a
passé très brièvement dans les
généralités sur un problème qui enfin, l'an
dernier, lorsqu'on a étudié le bill 21 et les crédits,
était extrêmement important, celui des profils et des
prérequis et des ententes avec les uni-
versités. Très brièvement, M. le Ministre,
pourriez-vous nous dire si actuellement tous les prérequis pour
fréquenter disons toutes les facultés universitaires ont
été non seulement établis mais acceptés de part et
d'autre, de la part des CEGEP ou du ministère et de la part des
universités?
M. CARDINAL: Tous les profils ont été établis.
Toutes les universités les ont acceptés pour toutes les
facultés et ceci est très récent. Nous sommes
présentement à roder ce système dans les
universités et, dès septembre prochain, pas en 1968 mais en 1969,
il y aura le phénomène de la double promotion parce que justement
les universités ont accepté le niveau du collège
d'enseignement général et professionnel comme seuil
d'entrée dans les facultés universitaires. Cela a
été un long processus et maintenant c'est fait. Et j'en suis
heureux.
UNE VOIX: Il n'y aura pas d'accès direct?
M. CARDINAL: Il n'y aura pas d'examen, entendons-nous. Une
faculté ou une université a le droit d'avoir un examen
d'admission parce que, par exemple, elle ne peut pas accepter 600
étudiants dans une faculté où il y a place pour 300. Mais
à ce moment-là, l'examen n'est pas dû au fait que
l'étudiant n'est pas qualifié mais parce qu'il faut que les
facultés choissis-sent parmi un certain nombre. Les facultés de
médecine ont toujours eu un test d'admission psychologique,
intellectuel, etc. Certaines facultés de droit, depuis deux ans ou trois
ans ont un test d'admission comme les facultés américaines. Mais
ce n'est pas parce que le baccalauréat n'était pas suffisant.
C'est parce qu'il y avait plus de demandes, qu'il y avait de places.
UNE VOIX: Les meilleurs.
M. CARDINAL: Bien, enfin, les meilleurs selon leurs critères.
Ceci ne dépend pas du ministère à ce moment-là. Il
y a une liberté qui est laissée aux universités et aux
facultés, non pas de refuser ceux qui ont un diplôme, mais de
n'accepter que ceux qu'ils peuvent accepter dans les locaux qu'ils ont.
C'est pourquoi on ne parle pas d'un examen de qualification mais de
tests d'admission pour choisir les candidats qui pourront être
reçus.
M. VAILLANCOURT: Mais qu'est-ce qui va arriver pour le surplus qui ne
peut pas être...
M. CARDINAL: C'est pourquoi nous allons créer la deuxième
université de langue fran- çaise et c'est pourquoi vont
être développés les centres universitaires qui existent
déjà à Chicoutimi, Rimouski, Trois-Rivières et il y
en aurait éventuellement d'autres, de façon àpren-dre le
trop-plein des universités au fur et à mesure que de la double
promotion se fera. Maintenant cette double promotion, qui aura lieu une
année, ce sera un surplus qui se répercutera si vous voulez
à travers la vie universitaire pendant un certain temps mais n'aura lieu
qu'une seule fois. Alors, il ne faut pas construire des universités et
ouvrir des facultés parce qu'une année il y aura eu une double
promotion, car les années suivantes il n'y en aura pas. C'est un
phénomène qui viendra du fait qu'en même temps que se
terminera le baccalauréat traditionnel surviendra le diplôme qui
couronnera le collégial. Ensuite, les choses se rétabliront sauf
l'accroissement normal des étudiants.
M. HOUDE: M. le Président, est-ce qu'il y en a eu des projections
de faites justement pour éviter, disons, des déceptions aux
étudiants quant à l'admission aux universités? Dans un
CEGEP quelconque, prenons un chiffre au hasard, disons qu'il y en aurait 500
qui choisiraient exactement les mêmes options, pour s'en aller en
médecine, pour prendre votre exemple, est-ce qu'il y a, je ne dirai pas
un marché du travail, mais une espèce de marché
universitaire?
M. CARDINAL: Oui, il y a eu des chiffres de faits mais sur des moyennes.
Parce que si vous prenez votre exemple qui est extrême, il montre tout de
même qu'il y a des choses que l'on ne peut pas prévoir. Si vous
permettez, c'est comme le savant qui se noie dans un ruisseau où il y a
en moyenne trois pouces d'eau parce qu'il tombe dans un trou de trente pieds.
S'il fallait que, par exception, un groupe d'étudiants décident
de se lancer tous dans la même faculté, les chiffres qui sont
basés sur des grands nombres, sur des moyennes de statistiques, ne
joueraient plus, mais de fait ces statistiques ont été faites et
par les universités et par les facultés et par la
conférence des recteurs et par le ministère. Et actuellement,
quoi qu'on en dise, il a été prévu ce qui arriverait au
cours de cette double promotion et c'est un problème sur lequel
travaillent conjointement tous les intéressés. Et pour ce qui est
de l'avenir, après cette double promotion, il y a aussi à la
direction générale de l'enseignement supérieur, des
études qui seront faites pour que l'on sache quel est le maximum
possible d'étudiants dans une université, le maximum
idéal, combien il faudrait d'universités ou de centres
universitaires et sur quelle période de temps. C'est pourquoi
d'ailleurs nous nous préparons à déposer cette loi-cadre
de l'enseignement supérieur qui nous permettra de planifier ceci, ce que
nous ne pouvons pas faire actuellement parce que nous n'avons pas les
structures pour le faire.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Stans-tead, s'il vous
plaît.
M. VAILLANCOURT: Est-ce que cette loi va être
présentée à cette session?
M. CARDINAL: Elle a été annoncée dans le discours
du trône, la loi a été remise au comité de
législation de l'exécutif.
M. HOUDE: Etant donné tous ces changements et cette
rapidité avec lesquels on évolue dans l'éducation et
toujours par rapport aux options, les possibilités pour un jeune de
fréquenter l'université dans telle ou telle faculté selon
les options qu'il aura suivies pendant toutes ces années d'études
en partant du secondaire, est-ce que le ministère organise
régulièrement des cours de recyclage pour nos orien-teurs dans
les écoles et dans les CEGEP?
M. CARDINAL: Voici, il y a trois choses. Je reviens à quelque
chose que j'ai dit cet après-midi. J'ai mentionné qu'il y avait
les orienteurs, qu'il y avait ce que l'on appelle les explorations,
c'est-à-dire ces gens qui viennent du milieu pour rencontrer les
étudiants et enfin le recyclage des maîtres. Ceci entre dans le
programme de recyclage du personnel des collèges, des commissions
scolaires et à tous les niveaux et ces programmes de recyclage sont
nombreux.
Il y en a quelques-uns que j'ai mentionnés déjà,
que ce soit du rattrapage ou du recyclage. Or, de fait, il faut cependant
distinguer ce qu'est l'orienteur professionnel comme tel, qui est membre d'une
corporation et qui obéit à certaines règles et que nous
nous n'avons pas à recycler, c'est comme tout autre professionnel. Il y
a ceux qui sans être orienteurs professionnels vont s'occuper dans un
sens large de l'orientation parce qu'ils sont membres du corps professoral et
on leur offre tous les plans de recyclage qui existent actuellement dans le
ministère.
M. HOUDE: J'ai peut-être utilisé, M. le Ministre, un
mauvais mot, la mauvaise expression, ce serait peut-être au service de
l'information d'abord que je devrais m'adresser pour dire ce que j'ai à
dire, c'est que ce n'est pas nécessairement celui qui pourra aider un
élève à choisir telle ou telle option. Ce que je veux
dire, c'est celui qui sera parfaitement renseigné quant aux options et
aux profils à choisir obligatoirement pour fréquenter telle ou
telle faculté. Actuellement il y a des émissions, bien sûr,
à la radio et à la télévision concernant le
ministère de l'Education...
M. CARDINAL: Il y a plus que ça, il y a des publications.
M. HOUDE: Il y a des publications, je le sais, mais je pense qu'il nous
faut actuellement plus que jamais redoubler d'ardeur et d'efforts pour que ce
soit clair, net, et précis, parce que même chez les enseignants,
même à la direction d'école, même en
téléphonant parfois au ministère ou dans un CEGEP ou a
l'université, ça prend peut-être douze appels
téléphoniques avant de pouvoir parler à une personne qui
semble suffisamment renseignée pour dire: Ecoutez, madame, votre fils
peut aller à tel CEGEP, il peut prendre tel ou tel cours, et bien
sûr, dans deux ans, ou dans quatre ans, il pourra entrer à telle
université dans telle faculté s'il a de bonnes notes.
M. CARDINAL: La réponse à ça, premièrement,
c'est que c'est à l'information que le budget se retrouve pour cette
fin-là; et, deuxièmement, c'est pourquoi nous avons
créé récemment les bureaux régionaux afin que les
gens puissent sur place avoir de l'information dans une région
donnée, plutôt que de ne pas savoir qui appeler dans un gros
ministère à Québec.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 6, adopté. Poste
budgétaire 7: Ecole des métiers et Instituts techniques.
M. VAILLANCOURT: Est-ce que le ministre pourrait me dire I quel prix il
vend les écoles de métiers aux commissions scolaires
régionales?
M. CARDINAL: Je ne peux pas vous le dire parce que tout ce qui est fait,
c'est un arrêté en conseil qui permet aux commissions scolaires
régionales d'acheter les écoles de métiers. Le contrat qui
est passé devient un contrat entre deux parties, avec un notaire ou des
avocats, ou des experts présents, et je ne sais pas quel prix vont se
vendre ces écoles qui peuvent être cédées. Il est
faux de prétendre, comme je l'ai entendu dire, que nous avons vendu des
écoles techniques pour $1. Tout ce qui est prévu, c'est qu'il y a
une autorisation pour ces écoles, de telle sorte que les commissions
scolaires
puissent les acquérir. Elles peuvent les acquérir à
n'importe quel prix supérieur à $1. C'est une question d'entente
et de contrat dans chaque cas en particulier.
M. VAILLANCOURT: II n'y a pas eu d'entente encore.
M. CARDINAL: II y a probablement eu des ententes dans certains cas. Je
n'en ai pas ici que je peux vous donner immédiatement, je pourrais
répondre à cette question après vérification. Mais
le ministère n'a pas dit que cela se vendra à tel prix ou que
cela se donnera.
M. VAILLANCOURT: J'ai lu dans les journaux que certaines commissions
scolaires régionales avaient passé des résolutions disant
qu'elles étaient prêtes à acheter la commission scolaire de
tel endroit pour $1.
M. CARDINAL: Oui, c'est possible, je l'ai mentionné tantôt.
L'arrêté en conseil permet d'acquérir ces écoles
pour un prix qui part de $1 à tout autre chiffre qui est
mentionné. C'est une cession dont les conditions précises ne sont
pas données dans l'arrêté ministériel.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laviolette.
M. LEDUC (Laviolette): M. le Ministre, une question d'ordre
général. Je remarque que les dépenses totales, les
déboursés de 67/68, sont de $43 millions et les dépenses
prévues pour l'année en cours 68/69, sont de $34 millions. Vous
avez un écart d'environ $9 millions ou 28%.
M. CARDINAL: Je m'excuse, j'étais distrait. Vous parlez de
quel...
M. LEDUC (Laviolette): Au poste budgétaire 7, une question
d'ordre général. L'addition totale des déboursés de
l'année qui vient de se terminer était de $43 millions et les
dépenses prévues pour l'année en cours seront de $34
millions. Il y a un écart d'environ 28%. Est-ce que cela dépend
de l'intégration qui va se faire dans les régionales ou...?
M. CARDINAL: Cela dépend aussi en partie du fait que le montant
qui est là est un budget pour l'an passé, qui n'a pas non plus
été tout dépensé. Alors il y a ces deux
raisons-là qui jouent.
M. LEDUC (Laviolette): Ce n'est pas un déboursé, ce sont
des...
M. CARDINAL: Ce sont des dépenses, les deux sont des chiffres
budgétaires, et non pas des déboursés.
M. LEDUC (Laviolette): Très bien!
M. VAILLANCOURT: Quel est le montant qui a été
dépensé l'an passé sur les $43 millions?
M. CARDINAL: Un instant. Je vais voir si je l'ai. L'an passé il y
a eu $42 millions de dépensés donc il y a $1 million à peu
près qui est resté de côté. La diminution si vous
voulez chercher dans les chiffres, vous allez la trouver dans les salaires,
parce qu'il y a intégration des professeurs. Vous allez la retrouver
dans les frais de voyages parce que cela dépend exactement de la
même raison. Vous allez retrouver à « transport des
élèves » la même chose parce que c'est passé
aux commissions scolaires au fur et à mesure de
l'intégration.
Vous allez les retrouver dans les assurances, loyers et taxes au fur et
à mesure que les bâtisses sont passées aux commissions
scolaires, ces dépenses, vous allez les retrouver évidemment dans
les commissions scolaires. C'est ce que je disais cet après-midi quand
j'ai commencé. L'intégration déplace des dépenses
à d'autres postes.
M. LEDUC (Laviolette): Article 18: Allocations aux élèves
et bourses d'études. Il y a une diminution...
M. CARDINAL; Aux bourses d'études, oui, d'abord c'est une erreur
les $786,000 qu'il y a là. Cela devrait être $26,000.
M. LEDUC (Laviolette): Parfait
M. VAILLANCOURT: Combien y a-t-il d'écoles de métiers
actuellement passées aux commissions scolaires régionales?
Quelles sont-elles?
M. CARDINAL: Parlez-vous de la bâtisse ou du tout?
Il n'y a pas immédiatement de réponse précise
à cette question pour la raison qu'il y a une mission
d'intégration qui a été créée au moment
où le principe de l'intégration a été
adopté. Cette mission doit faire rapport le 20 juin et c'est à ce
moment-là seulement que je pourrai donner une réponse parce que
je n'ai pas de rapport de cette mission qui procède à
l'intégration. C'est surtout une autorisation générale qui
a été don-
née, il y en a peut-être qui sont faites mais quand je n'ai
pas le rapport je ne suis pas en mesure de vous donner des chiffres. Le rapport
nous sera fourni le ou vers le 20 juin.
M. VAILLANCOURT: S'il y en a déjà qui ont
été vendues ou passées aux commissions scolaires, est-ce
que vous avez des prix?
M. CARDINAL: II faut s'entendre. Quand on dit que c'est pour $1, par
exemple, la commission scolaire qui achète une école
n'achète pas une cage. Elle s'engage, à ce moment-là,
à donner l'enseignement, à avoir l'équipement
nécessaire, à intégrer les professeurs, à recevoir
les étudiants, à transporter les étudiants» Alors la
considération, c'est plus que $1, cela concerne toutes les
dépenses qu'elle devra assumer pour prendre charge de cette
école. C'est un transfert de responsabilités.
M. VAILLANCOURT : Je comprends, ce n' est pas un reproche que je veux
faire au ministre, mais s'il...
M. CARDINAL: Je ne le prends pas comme tell
M. VAILLANCOURT: C'est pour l'information, parce que c'est une question
qui nous est posée et on ne sait pas quoi répondre.
M. CARDINAL: Non, la réponse est que ce n'est pas exactement le
même genre de vente que pour une maison privée. C'est une
responsabilité qui est transférée d'une école qui
était école d'Etat, à la commission scolaire qui est un
organisme différent et qui a une certaine autonomie. Donc, le contrat
qui s'établit entre le gouvernement, telle école et la commission
scolaire, est un contrat global où ce n'est pas tellement de l'argent
que la commission scolaire débourse pour acheter une école mais
l'engagement qu'elle prend de faire les déboursés pour assurer
cet enseignement qui, autrefois, était assumé dans ce budget.
M. VAILLANCOURT: Je comprends, parce que les commissions scolaires,
lorsqu'elles auront sous leur contrôle les écoles de
métiers, indirectement c'est le gouvernement qui va payer quand
même.
M. CARDINAL: Attention. Pas en entier. Vous savez que les subventions
des commissions scolaires sont de deux ordres. Vous avez en particulier la
subvention de l'équilibre budgétaire qui n'est donnée que
s'il y a un déficit. Vous avez un certain nombre de subventions
d'opération qui sont données selon des normes et,
troisièmement, comme effet budgétaire, cela est de nature
à reporter ces dépenses immédiates à plus tard
parce que c'est nécessairement dans le budget qui sera approuvé
en fin d'année en fonction duquel la subvention sera accordée. Il
y a donc un déplacement des dépenses dans le temps et un
déplacement des dépenses aussi, parce que la commission scolaire
perçoit quand même ses taxes et qu'elle assume elle-même une
partie du coût de ses opérations. Et suivant que les commissions
scolaires sont plus ou moins riches, elles assument plus ou moins ce
coût. Alors, ce n'est plus 100% par le gouvernement, directement.
M. VAILLANCOURT: Mais sur l'ensemble.
M. CARDINAL: Sur l'ensemble, qu'est-ce que ça peut donner
exactement? Je ne le sais pas. Vous avez actuellement grosso modo, à
travers la province, une taxe foncière scolaire pour toutes les fins,
qui dépasse $300 millions, et dont une partie va, évidemment,
servir à payer ceci comme toute autre chose.
M. VAILLANCOURT: Mais le taux de la taxe scolaire est
normalisé.
M. CARDINAL: Oui.
M. VAILLANCOURT: Alors, le surplus que ça va coûter aux
commissions scolaires...
M. CARDINAL: Eventuellement, dans les budgets de...
M. VAILLANCOURT: Cela va être payé par le gouvernement.
M. CARDINAL: Maintenant, ça coûtera moins cher que si vous
avez deux institutions. Parce que vous aurez des regroupements d'institutions
aussi.
M. VAILLANCOURT: D'accord.
M. HOUDE: M. le Président, je voudrais demander au ministre,
d'abord, s'il est au courant que dans trois instituts techniques ou de
technologie, soit ceux de Rivière-du -Loup, Montréal et
Vaudreuil, il fut créé il y a déjà deux ans,
presque trois ans maintenant, trois sections qu'on appelle communément,
même si le terme n'est pas exact, « écoles de formation de
techniciens en loisirs ». Vous avez reçu...
M. CARDINAL: Je m'excuse. Est-ce que vous parlez des instituts
techniques ou technologiques? Sommes-nous au niveau secondaire ou au niveau
collégial? Parce que parmi ceux que vous avez mentionnés, on
dispensait l'enseignement aux deux niveaux. Si je parle des écoles de
métier, celui-ci se situait dans le collégial où on
pouvait retrouver l'enseignement technique.
M. HOUDE: Je parle des instituts de technologie qui relèvent
directement du ministère de l'Education. C'est ici au poste 7?
M. CARDINAL: C'est au niveau collégial. Par exemple, à
Montréal et Vaudreuil, c'est regroupé dans les CEGEP, ces
enseignements-là, parce que c'était de niveau collégial.
Dans le cas de Rivière-du-Loup, il est resté à l'Institut
qui est encore considéré comme tel et n'est pas encore
créé en CEGEP.
M. HOUDE: Non, mais je ne sais pas si on parle de la même chose.
Je parle des trois sections « loisirs » qui relevaient directement
du ministère de l'Education à l'intérieur des instituts de
technologie.
M. CARDINAL: C'est ça. Ce ne sont pas des écoles de
métiers, c'est un niveau supérieur qui est l'institut de
technologie et se place au niveau...
M. HOUDE: Oui, mais au poste 7, vous mentionnez les deux.
M. CARDINAL: Les écoles de métiers et instituts
techniques.
M. HOUDE: Les deux.
M. CARDINAL: D'accord. Mais, ce que je veux dire, c'est que le
déplacement s'est fait dans deux cas, à Montréal et
Vaudreuil, vers le CEGEP, et dans le cas de Rivière-du-Loup, il est
resté à l'institut technologique.
M. HOUDE: Bon! Alors, ce que je veux savoir, c'est officiel ce que vous
venez d'annoncer, le transfert est fait dans le cas de Vaudreuil et dans le cas
de Montréal au niveau CEGEP?
M. CARDINAL: Bien oui, il est fait, il n'est peut-être pas
réalisé dans les faits mais dans les principes puisque les CEGEP
s'organisent. C'est inclus parmi les CEGEP qui viennent d'être
créés.
M. HOUDE : Bon, c'est quand même une nouvelle, c'est une primeur
en ce qui me concerne.
M. CARDINAL: Non, quand j'ai annoncé la création des
collèges, j;ai indiqué que c'étaient les
institutions qui étalent regroupées. Peut-être que les
journaux n'ont pas donné tous ces détails que nous avions
donnés dans un tableau, mais ceci a déjà
été...
M. HOUDE: C'est parce que le frère Desbiens a annoncé,
quand même, il y a à peine deux mois, qu'il y avait une
troisième année ajoutée à ce cours prévu de
deux ans. Bon, cela c'est une chose. Je pense qu'il y aurait matière
et c'est le but de ma question - de clarifier cette situation-là.
Premièrement, savoir exactement ce qu'il adviendra des quelques
centaines d'élèves actuellement dans ces trois
écoles-là. Je ne veux pas ouvrir un débat à savoir
si oui ou non on aurait dû en ouvrir, premièrement, de ces
sections-là; mais il y a quand même un fait; C'est qu'on trouve
là 300 ou 400 jeunes garçons et filles qui se sont inscrits de
bonne foi à ces cours, et actuellement, on ne sait pas encore, enfin je
parle pour moi en tout cas, on ne sait pas encore exactement quelle sorte de
diplômes ils recevront. Il y a eu de nombreux mémoires
adressés au ministère de l'Education sous l'ancien régime,
comme sous le nouveau régime depuis deux ans, pour obtenir une
évaluation du marché du travail, pour savoir où ces
jeunes, qui recevront un diplôme du gouvernement, pourront aller
travailler par la suite, à savoir s'ils seront acceptés pour
travailler dans les activités parascolaires par exemple dans les
commissions scolaires. Etant donné que vous aviez le groupe de
finissants qui étaient diplômés cette année au mois
de mai, ç'a été une espèce de palliatif
Jusqu'à un certain point, je pense, d'ajouter une troisième
année.
Premièrement, je voudrais savoir si ces jeunes-là sont
pour être transférés au CEGEP, et que ce soit net, clair et
précis?
Et voici l'autre question que je voudrais poser. J'ai appris cette
semaine au ministère de l'Education - qu'il y avait des
études en cours et qu'on attendait la réponse très
bientôt qu'il y a un certain nombre de ces gars et de ces filles de
Rivière-du-Loup, Montréal et Vaudreuil qui, étant
donné la confusion qui existe dans ces trois sections depuis trois ans,
ont opté pour un changement.
Ils veulent se diriger vers l'éducation physique, le cours qui se
donne actuellement à Trois-Rivières et à l'école
normale Ville-Marie, le
cours qui forme de futurs éducateurs physiques, mais pour le
primaire.
Actuellement, il y a eu toute une série d'études, de
rencontres, je pense bien, avec les autorités du ministère et
celles de l'école normale. Nous sommes rendus au 10 juin et je sais
qu'actuellement il y a environ une soixantaine, m'a-t-on dit,
d'élèves qui veulent changer d'option, c'est-à-dire qui
veulent abandonner, qui veulent quitter une de ces sections de loisirs à
l'intérieur des instituts de technologie pour aller s'inscrire dans les
écoles normales, s'intégrer au groupe pour devenir professeurs
d'éducation physique au primaire. Or, actuellement, cette soixantaine
d'élèves attendent une réponse. Les directeurs de ces
sections dans les écoles normales attendent, eux aussi, une
réponse du ministère et je demande au ministre s'il veut, enfin,
vérifier si on a décidé de les accepter ou non, et dans le
cas des autres qui continuent pour une troisième année de cours,
si on a l'intention d'essayer de délimiter les tâches, le
marché du travail de ces quelques centaines de jeunes qui sont
actuellement dans ces cours.
M. CARDINAL: II y a beaucoup de nuances à apporter à la
réponse. Disons que, généralement, d'abord, il y a une
difficulté sur le marché du travail. Il y en avait un très
grand nombre pour un marché inconnu. Deuxièmement, dans le cas de
Rivière-du-Loup, la troisième année a été
annoncée officiellement, de fait, il y a quelques semaines. Dans les cas
de Montréal et de Vaudreuil, je le répète, ils sont
allés au CEGEP et, dans un cas comme dans l'autre, ces gens-là
pourront obtenir, ceux qui y demeureront, le diplôme qui va couronner
l'enseignement collégial, pourvu que leur dossier indique qu'ils ont
tous les crédits nécessaires pour obtenir ce diplôme. Dans
l'autre cas que vous mentionnez, le cas de ceux qui ont voulu se rendre
à l'école normale, il s'agit évidemment d'un métier
d'enseignant qui est à l'état d'évolution et je suis
d'accord avec vous qu'il y a certaines difficultés à cause de
ça. Mais on étudie présentement ce cas au ministère
de façon qu'une réponse soit donnée le plus rapidement
possible.
M. HOUDE: Parce que là au ministère, enfin, on m'a
répondu cette semaine qu'on n'était même pas certain que
ces sections, au niveau des écoles normales, vont continuer.
M. CARDINAL: C'est sous étude; je vais vous dire justement que
j'aurai la réponse le plus tôt possible.
M. HOUDE: Je ne peux pas vous dire de vous presser, on est rendu au 10
juin et vous avez là quand même... Si en plus, les sections de ces
deux écoles normales disparaissent pour n'importe quelles raisons, vous
multipliez, peut-être, par cinq le nombre d'étudiants et
d'étudiantes qui se demandent où aller en septembre.
M. CARDINAL: Je prends note.
M. LE PRESIDENT: Un instant. Serait-il possible, MM. les
Députés, d'accepter les postes 7,8 et 9? Cela règlerait le
problème de l'enseignement collégial et ça pourrait
libérer, sem-ble-t-il, certains sous-ministres et hauts
fonctionnaires?
M. PEARSON: Sur les numéros 8 et 9, j'aurais un mot tout
simplement...
M. LE PRESIDENT: C'est partout le même problème des
CEGEP.
M. PEARSON: Moi, je suis prêt à accepter les postes 8 et
9.
M. LE PRESIDENT: M. Houde...
M. HOUDE: Cela serait juste pour avoir...
M. PEARSON: ... les subventions aux postes 8 et 9. Alors, même si
on a cela juste demain...
M. CARDINAL: Quand vous parlez des postes 8 et 9, vous parlez de quoi
exactement?
M. LE PRESIDENT; Regardez à la page 59, s'il vous
plaît.
M. CARDINAL: Ah, oui! vous parlez des postes 8 et 9: Subventions
d'opération aux collèges d'enseignement général et
professionnel. Bien, évidemment, il n'y avait pas de chiffres l'an
passé parce que les collèges commençaient et que les fonds
avaient été pris à même le fonds consolidé en
vertu de la loi lorsqu'il y a une nouvelle création et c'est la
même chose pour les subventions. Il n'y avait pas de chiffres l'an
passé, parce que c'était créé de toute
pièce. Cette année, comme on a prévu que l'on
créerait un certain nombre de collèges, on a prévu au
budget $30 millions et $8,300,000 à partir des chiffres qui ont
été donnés par les missions et qui ont été
étudiés au comité du budget, pour nous permettre
l'opération de fonctionnement de tous les collèges
déjà créés l'an passé ou
cette année, ainsi que les loyers, les réparations,
l'acquisition des édifices qui sont nécessaires pour tous ces
collèges.
M. PEARSON: Ce que je voulais savoir, c'est simplement la
répartition. Ce n'est pas une grande liste, je ne pense pas, parce qu'il
n'y en a pas tellement.
M. CARDINAL: Entre les collèges?
M. PEARSON: C'est ça, les $30 millions et les $8,300,000 en gros,
si ce n'est pas une trop longue liste.
M. CARDINAL: Bien, je peux vous donner la base. La base des subventions
d'opération, c'est environ $1,150 par étudiant inscrit dans un
CEGEP. Alors, c'est par le nombre d'étudiants qui seront
réellement inscrits. Nous n'allons pas séparer par
collège, nous, parce que ces subventions sont globales et
dépendront de l'inscription. Quant à la subvention pour
l'acquisition ou réparations, c'est un chiffre global qui a
été posé là à la suite d'études de la
direction de l'équipement et qui est censé tout couvrir, mais qui
dépend de cas très variables parce qu'à un endroit c'est
loué; à un autre endroit, c'est tout simplement un édifice
qui existe déjà et qui appartient au gouvernement et qu'il faut
transformer. Il n'y a donc pas de chiffres précis que je peux donner
avant que les crédits ne soient terminés. Dans les deux cas, ce
sont des chiffres globaux à partir de modules, si vous voulez, ou de
normes connues sous l'expérience de l'année dernière.
M. PEARSON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Je vous demanderais, messieurs, s'il est possible,
d'accepter les postes 7, 8 et 9 qui visent les CEGEP. C'est que ça
règlerait le problème d'enseignement collégial et
ça pourrait ainsi libérer certains sous-ministres. Est-ce qu'on
peut accepter, MM. les Députés?
M. HOUDE: Oui, mais je pense bien que si parfois... Etant donné
que vous nous brusquez un tout petit peu, M. le Président, je pense que
le ministre serait d'accord si jamais il nous revient à l'idée
une question demain.
M. CARDINAL: Je suis toujours à votre entière disposition
et ça me fera plaisir.
M. HOUDE: Alors, disons qu'on accepte les postes 7, 8 et 9 mais qu'il y
a possibilité d'y revenir.
M. LE PRESIDENT: A demain après-midi. (23 h 2)
Séance du 11 juin 1968
(Quinze heures et cinquante six minutes)
M. PROULX (président): La deuxième séance du
comité des crédits de l'Education est ouverte et nous laissons la
parole à nos chers collègues placés à la gauche du
pouvoir.
A qui la première question?
M. GERIN-LAJOIE: Le député d'Outremont aimerait solliciter
le privilège de poser une question en dehors de l'ordre des articles. Je
ne sais pas si on le lui permettrait étant donné qu'il doit
participer au débat à l'Assemblée législative?
Est-ce que M. le président et M. le ministre consentiraient à lui
accorder cette permission?
M. HOUDE: C'est le premier ministre qui a demandé au
député d'Outremont déposer cette question
immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Le premier ministre respecte toujours l'autorité
constituée. M. le député d'Outremont, vous avez la
parole.
M. CHOQUETTE: Voici la question que je voudrais vous poser, M. le
Ministre. Est-ce que le ministère de l'Education a l'intention de
ratifier les ententes qui sont conclues à l'heure actuelle ou qui
peuvent être conclues en vertu du bill 37 de l'année
dernière entre les commissions scolaires protestantes et certaines
écoles privées juives, quant au versement d'une somme à
l'institution privée juive pour chaque enfant qui la
fréquente?
M. CARDINAL: Le ministère étudie très
sérieusement cette question et dans un temps très bref une
déclaration sera faite à ce sujet.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre est au courant qu'il y a une
manifestation qui doit avoir lieu ce soir?
M. CARDINAL: Le ministre a lu les journaux et il sait qu'il n'y a pas de
manifestation mais une réunion à l'hôtel Mont-Royal ce
soir. Il y aura un sous-ministre qui sera absent ici ce soir puisqu'il sera
à cette réunion.
M. CHOQUETTE: Alors le ministère se préoccupe de cette
question.
M. CARDINAL: II fait plus que s'en préoccuper. Il va la
régler.
M. LE PRESIDENT: II y a une différence entre un souper et une
manifestation.
M. CHOQUETTE: M. le Président, voulez-vous vous occuper de la
procédure et je m'occuperai des questions. Alors dans quel délai,
M. le Ministre, pouvons-nous attendre une réponse du ministère de
l'Education, dans un sens favorable, je l'espère?
M. CARDINAL: Quelle que soit la réponse, si vous êtes
patient jusqu'à demain, vous l'aurez.
M. BLANK: Maintenant, est-ce le sous-ministre qui va faire une
déclaration ce soir à l'assemblée?
M. CARDINAL: Quand mes sous-ministres font des déclarations ils
les font avec l'autorisation du ministre et en tant que porte-parole du
ministre.
M. BLANK: Est-ce que vous ne croyez pas qu'il serait mieux de donner des
réponses aux députés en Chambre avant de le faire en
public?
M. CARDINAL: Je regrette, je ne suis pas député et par
conséquent il m'est difficile de donner des réponses en
Chambre.
M. BLANK: Mais vous avez un représentant. Le premier ministre de
temps en temps vous représente en Chambre.
M. CARDINAL: Je n'ai jamais pensé que le premier ministre
était mon adjoint parlementaire ou qu'il me représentait. J'ai
dit simplement le premier ministre, et comme il est très au courant de
ce qui se passe à mon ministère il peut parfois répondre
aux questions.
M. BLANK: C'est du privilège des députés de savoir
ce qui se passe, avant que l'on fasse des annonces en public. Comme vous le
dites, vous n'êtes pas député, mais quelques
députés sont ici depuis sept, huit ou dix ans. Nous avons un
système parlementaire, des traditions parlementaires et ce sont toujours
les députés qui sont renseignés avant le public ou en
même temps que le public.
M. CARDINAL: D'accord. Comme l'a mentionné le
député d'Outremont, M. Choquette, il y a une réunion ce
soir à laquelle le ministère est invité et le
ministère va aller écouter ces gens qui ont des demandes à
faire et, comme
je l'ai mentionné tantôt, cette question dont je suis fort
bien au courant est sous étude. Des réponses de principe peuvent
être données ce soir. La question de M. Choquette se rapporte
à l'autorisation et celle-ci vient du ministre et elle sera
annoncée officiellement en temps et lieu par les voies ordinaires. Il
est possible que si une question change ou si Je crois qu'il y a lieu de faire
une annonce en Chambre, qu'elle soit faite par les voies ordinaires. Je me
permettrai, puisque l'on pose la question de cette façon, de rappeler
que quand j'ai annoncé les CEGEP au mois de mars, j'ai pris la peine de
faire annoncer la création de ces collèges d'abord en Chambre et
j'ai tenu ma conférence de presse une demi-heure après.
M. BLANK: C'est la même chose que nous vous demandons ici.
Exactement.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. le Ministre, est-ce que vous prévoyez pouvoir
donner une réponse à cette question demain?
M. CARDINAL: Oui, j'ai dit que, si vous étiez patient
jusqu'à demain, je prévois que vous aurez satisfaction.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il faut souligner que c'est un
problème qui existe depuis assez longtemps et qu'il existe des ententes
qui, selon les renseignements que j'ai, sont absolument superposables à
des ententes déjà conclues entre d'autres écoles et
d'autres commissions scolaires, qui ont été ratifiées par
le gouvernement il y a assez longtemps. Les ententes qui nous concernent
aujourd'hui restent en suspens depuis plusieurs mois; autrement, il n'y aurait
pas eu une réunion, une assemblée de convoquée pour ce
soir.
M. CARDINAL: II faudrait être parfaitement renseigné. Les
ententes qui existaient déjà n'étaient pas en vertu du
bill qui donne le statut d'associé avec la commission scolaire, ce bill
n'ayant été voté que l'année dernière. Les
ententes qui existaient auparavant étalent en vertu de l'article, je
pense, 226 et d'un autre article de la Loi de l'instruction publique et, par
conséquent, c'était dans la procédure courante qu'ont
faite les différents gouvernements. Si cette question a
été, je ne dis pas retardée, mais maintenue sous
étude jusqu'à présent, c'est qu'il y a une loi-cadre des
institutions privées qui devait être déposée depuis
un certain temps et dont l'annonce avait été faite dans le
discours du trône de l'année dernière. Comme une loi-cadre
des institutions privées devait être déposée et que
ces institutions sont des institutions privées, tout le monde avait
convenu d'attendre cette loi-cadre. Comme, cependant, la loi-cadre n'est pas
encore déposée au moment où je réponds à ces
questions, et qu'il y a lieu de donner justice à ces écoles
privées, nous avons convenu d'étudier plus rapidement le
problème et de donner des réponses avant que le mois de septembre
n'arrive pour que ces écoles ne soient pas dans une situation
défavorable parce que la loi-cadre n'aurait pas été
déposée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic, s'il vous
plaît.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je comprends le ministre correctement? Est-ce
que ce sont les seules ententes qui auraient été conclues en
vertu du bill 37 de l'an dernier? N'y a-t-il point eu d'entente conclue en
vertu du bill 37 de l'an dernier et ratifiée par le gouvernement?
M. CARDINAL: C'est au niveau primaire, et à ma connaissance,
à moins que je vérifie, je puis vérifier au
ministère je ne crois pas qu'il y ait eu d'entente de conclue
l'année dernière en vertu du bill 37.
M. GOLDBLOOM: Au niveau primaire. M. CARDINAL: Au niveau primaire.
M. GOLDBLOOM: Le ministre spécifie cela. Au niveau secondaire, il
y en a eu.
M. CARDINAL: Au niveau secondaire, je ne les ai pas sous la main, je
pourrais vérifier pour vous donner une réponse plus
précise. Mais, si cette année, il y a eu un retard, ce n'est pas
parce qu'il y a eu un refus. Le ministre a échangé de la
correspondance avec certaines écoles. On lui a simplement
mentionné que ceci devait s'étudier, si vous voulez, dans le
cadre de la loi qui devait être présentée. Or, comme cette
loi n'a pas été présentée, f ai déjà
rencontré à quelques reprises, des représentants de la
communauté juive, et discuté avec eux le problème pour le
connaître davantage. J'ai enfin accepté ou d'être
présent ou d'envoyer un délégué à cette
réunion ce soir.
Si je n'y suis pas c'est parce que je demeure à votre disposition
pour défendre mes crédits. De fait, au niveau secondaire, il y a
eu l'an passé je ne parle pas seulement des écoles juives
et des institutions privées plus ou moins, si vous voulez, 80
institutions de di-
verses catégories, qui ont obtenu le statut d'associées en
vertu de cette loi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic.
M. BERGERON: M. le Président, j'ai dû m'absenter hier soir
quelques instants. Cependant, j'aimerais poser une question au ministre de
l'Education, sur un problème extrêmement sérieux dans la
région de Thetford Mines, en particulier dans la région de
l'amiante, concernant l'établissement d'un collège d'enseignement
général et professionnel.
Je sais, M. le Président, ma question peut, sans doute,
être en dehors des articles que nous étudions, mais je pense qu'il
est de ma responsabilité d'attirer l'attention du ministre sur la
nécessité qu'une décision soit prise concernant
l'établissement d'un CEGEP dans notre région. Je sais qu'il
existe un problème de taille entre la région de Mégantic
et la région de Beauce.
Cependant si, à cette époque-ci de l'année, une
décision immédiate ne peut être prise, je pense qu'il
serait tout de même nécessaire que les autorités
concernées puissent obtenir la permission du ministère de donner,
même sans l'annonce officielle d'un CEGEP, les cours des collèges
d'enseignement général et professionnel. Ceci pourrait permettre
I la région de garder ses effectifs, de garder ses professeurs. S'il
m'est permis d'insister davantage, j'ose espérer que le ministère
prendra la décision la plus expéditive possible, pour rassurer la
population de Mégantic, la gent étudiante et aussi le corps
professoral qui est désireux, au sens strict du mot, de recevoir une
réponse du ministère.
M. CARDINAL: M. le Président, je comprends les
préoccupations du député, ce qui l'honore, parce qu'il
pense d'abord à son comté, comme les autres députés
d'ailleurs qui ont posé des questions. Sans répéter ce que
j'ai mentionné hier au sujet de l'institution ou de l'implantation des
collèges d'enseignement général et professionnel, je
rappelle que j'attends incessamment un rapport complémentaire de la
mission des collèges qui, non seulement répondra à la
question en faisant des recommandations au ministre où devront
être situés les collèges, mais aussi répondra
à cette autre question qui préoccupe le ministère et le
ministre: Quelle serait la vocation des endroits dans le cas des emplacements
contestés où il n'y aurait pas de collège d'enseignement
général et professionnel? Et j'ajoute: Ce qui n'empêche pas
cependant le ministère, d'accord avec les institutions
concernées, de trouver des moyens d'ob- tenir une situation qui favorise
les étudiants, les enseignants et la population de chacune des
régions, soit par entente avec les universités auxquelles ces
collèges sont affiliés ou soit par d'autres moyens. De toute
façon, ce sujet est une des préoccupations du ministère.
Je l'ai indiqué dès le début des discussions de ce
comité hier comme étant l'une des trois priorités. Je
remercie le député et je l'assure que s'il est inquiet je suis
préoccupé à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE: Il y a quelques instants, le député de
Montréal-Saint-Louis a soulevé une espèce de reproche
à l'adresse du ministre de l'Education, d'avoir élargi ses
consultations d'une façon qu'il considère trop large. S'il est
vrai d'une part que les députés ont le monopole de la
législation, de légiférer, ils n'ont quand même pas
le monopole des idées et qu'il ne faut absolument pas blâmer un
ministre, quel qu'il soit, d'ouvrir le plus large possible l'étape de la
consultation, l'étape de la rédaction par dialogue des textes
législatifs. C'est tout le contraire qu'on devrait blâmer, si
jamais cela se produit.
M. BLANK: Je n'ai pas parlé de cela du tout.
M. MASSE: Et ce relent qui revient constamment de la part de
députés sur le droit omnipotent et sacré qu'ils ont
d'être les premiers à prendre connaissance des textes de loi, est
à mon avis un relent d'une vieille tradition parlementaire qui voulait
que ceux-ci aient une espèce de monopole notable de la conduite des
affaires de l'Etat. Le ministre de l'Education ouvre largement ses
consultations et, qui que ce soit au Québec, les députés
ou les autres, ne doivent jamais blâmer un député
d'enfreindre cette tradition du parlementarisme anglo-saxon de l'omnipotence
des députés en matière de législation. Ils ont un
droit sacré dans les constitutions actuelles, celui d'être les
derniers à prendre connaissance d'un texte et d'avoir le droit de
légiférer, mais ils ne doivent pas s'arroger le droit unique de
contribuer à l'élaboration des lois.
M. BLANK: J'espère que le ministre a déjà lu les
déclarations de son chef, quand il était dans l'Opposition.
Lisez-les, ce sera très intéressant.
M. LE PRESIDENT: Le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je pense bien que le ministre
d'Etat à la Fonction publique a faussé le sens de l'intervention
du député, M. Blank, et je pense qu'il est important de faire ici
une mise au point. Je pense que le ministre d'Etat à la Fonction
publique devrait se souvenir que les députés ont le
privilège de connaître les premiers, les grandes décisions
du gouvernement. Jamais il n'a été reproché à
quelque ministre que ce soit, pas au ministre de l'Education en particulier, de
poursuivre des consultations très vastes parmi la population. Ce ne sont
pas les consultations qui sont en cause, c'est l'annonce d'une décision,
uniquement cela. Et je pense qu'il est important de rétablir ces
faits.
M. le Président, vous voudrez peut-être reprendre la
séance à son début normal et me permettre, dès ce
moment-ci, de faire une intervention pour corriger une impression qui a
été créée hier à l'Assemblée
législative, puis, à ce comité lors de l'ouverture de ses
travaux. Contrairement à ce qui a été affirmé
à l'Assemblée législative par le ministre du Travail et
leader de la Chambre, M. Bellemare, et contrairement à ce qui a
été affirmé par la suite par le premier ministre et par le
ministre de la Justice, il n'y avait aucune entente privée ou autre
d'intervenue entre le ministre du Travail et moi-même, en ce qui concerne
deux choses. La première, le moment où l'étude des
crédits du ministère de l'Education commencerait. La seconde, la
suspension qui serait accordée ou non de l'article 429 du
règlement, pour permettre au ministre de l'Education, conseiller
législatif, d'adresser la parole de son propre chef à ce
comité.
C'est exact que le ministre du Travail a causé de ces choses avec
moi, mais je lui ai tout simplement répondu que si au premier abord, je
ne voyais aucune objection à me rendre à ces deux demandes, c'est
une question qui devrait être décidée par les
députés de l'Opposition réunis en caucus et que la
question leur serait soumise. C'est tout ce dont il a été
question et ce qui a pu être convenu entre le ministre du Travail et
moi-même. C'est donc dire que ce qui a été affirmé,
au contraire, par le ministre Bellemare hier, n'est pas conforme à la
réalité. Je ne mets pas en cause bien sûr, ses intentions,
mais je mets en cause le récit qu'il a fait des conversations que nous
avons pu avoir.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peuxvous demander si cela a
été étudié pendant le caucus? Il serait bon que
quelqu'un le sache, je pense.
M. GERIN-LAJOIE: Les conclusions de l'Opposition libérale ont
été communiquées à la séance d'hier. Et les
crédits ont commencé à être étudiés
comme on le sait. Et je n'ai aucun reproche à faire en ce qui concerne
le début de l'étude des crédits, la décision de les
commencer hier.
En ce qui concerne le droit de parole qui a été
accordé au ministre de l'Education, je dois dire que je suis en parfait
accord avec mes collègues de l'Opposition. Je suis de ceux
évidemment qui croient c'est le cas, je pense, de l'immense
majorité de la population qu'il est très important que le
ministre de l'Education puisse informer les membres de l'Assemblée
législative et par eux, la population en général de
l'administration du ministère de l'Education, des politiques du
ministère de l'Education.
Mais, en disant cela, je m'associe néanmoins complètement
aux paroles qui ont été prononcées par le whip de
l'Opposition et le député de Chambly. Je crois que nous devons
déplorer très sérieusement et nous devons le faire
à plusieurs reprises, le fait que le ministre de l'Education ne
siège pas à l'Assemblée législative. J'ai
été heureux de constater à la lecture du compte-rendu de
la séance d'hier, que le ministre a dit qu'il serait heureux, à
la première occasion déterminée par le premier ministre,
d'être candidat dans un comté pour tenter sa chance. Et heureux
d'entendre également que le premier ministre a dit qu'il désire
également voir le ministre de l'Education siéger en Chambre. Je
n'ai qu'une chose à ajouter, c'est que j'aimerais bien que le premier
ministre passe de la parole aux actes. Qu'il se décide à
convoquer des élections, soit dans le comté de
Notre-Dame-de-Grâce qui est ouvert, soit dans tout autre
comté.
M. GRENIER: Cela a été commenté largement hier.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais je pense que j'ai le droit d'ajouter ma voix
à celle de ceux qui ont parlé hier, d'établir bien
clairement que je suis d'accord avec eux et profiter de cette occasion, entre
autres, pour porter la question devant l'opinion publique. Même si la
chose peut paraître un peu agaçante pour certains
députés ministériels, je pense que c'est une question qui
doit néanmoins être portée le plus souvent possible devant
l'opinion publique. Et je me demande, à voir l'attitude de certains
députés ministériels, s'ils n'ont pas le silencieux
désir de voir le ministre de l'Education battu dans un comté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Alors, M. le Député, revenons
au problème.
M. GERIN-LAJOIE: M. le président est pressé.
M. LE PRESIDENT: Non, non, je ne suis pas pressé.
M. GERIN-LAJOIE: Mais, est-ce que le député de Saint-Jean
ne pourrait pas offrir par sa piste un tremplin tout normal au ministre de
l'Education?
M. LE PRESIDENT: Quand vous parlez de piste, vous attaquez M. le
député de Drummond.
M. CARDINAL: Vous me permettrez, M. le Président, de remercier le
député deVaudreuil-Soulanges de sa sollicitude à mon
égard et de préparer ainsi la population à mon
élection.
M. GERIN-LAJOIE: Le premier ministre a annoncé bien clairement
hier que le comité des crédits de l'Education commençait
son travail, mais qu'il me serait permis de poser les diverses questions que je
pourrais avoir en dehors de celles qui ont été posées hier
ou des éclaircissements qui ont pu être donnés.
Alors, avec votre permission, M. le Président, au sujet du poste
1, je n'ai pas l'intention, en ce moment, de poser des questions. Mais je pense
que cet article devrait être laissé en suspens pour
l'Assemblée législative. Comme c'est la coutume, il appartiendra
aux députés de décider en temps et lieu s'ils
désirent entamer un débat à l'Assemblée
législative à ce sujet ou ou s'ils désirent le laisser
adopter à ce moment-là sans aucun débat. Alors, je demande
que ce poste 1 soit laissé en suspens pour l'Assemblée
législative.
M. LE PRESIDENT: Poste 1, remis. Poste 2?
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question. M. LE PRESIDENT: Poste 3? M.
GERIN-LAJOIE: Aucune question. M. LE PRESIDENT: Poste 4.
M. GERIN-LAJOIE: Au poste 4, M. le Président, j'aimerais poser un
certain nombre de questions au ministre de l'Education. Tout d'abord, en ce qui
concerne la réforme pédagogique, j'aimerais savoir combien
d'écoles, à travers la province, ont été
autorisées à appliquer le règlement 1, en totalité
ou en partie?
M. CARDINAL: J'ai mentionné déjà hier que
j'étais satisfait de la façon générale dont ce
règlement est appliqué. Je vais obtenir les renseignements pour
répondre avec précision à cette question. Pour
l'année courante, 1967-68, il y a environ une soixantaine
d'écoles qui ont accepté jusqu'ici les dispositions du
règlement numéro 1.
M. GERIN-LAJOIE: Combien d'écoles élémentaires?
Combien d'écoles secondaires environ?
M. CARDINAL: Comme le chiffre soixante est un chiffre approximatif,
disons environ 20 au niveau élémentaire et le reste au niveau
secondaire.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre est-il en mesure de nous dire si les
chiffres qu'il vient de nous donner s'appliquent au règlement
numéro 1 en entier, ou à des articles particuliers?
M. CARDINAL: Partiellement, en partie seulement.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre serait-il en mesure de nous dire quelles
sont les parties des articles du règlement numéro 1 qui ont
été ainsi mis en application par certaines commissions
scolaires?
M. CARDINAL: Les parties du règlement numéro 1, qui se
sont le plus appliquées à l'élémentaire, sont le
décloisonnement pour le français et, au secondaire, le
décloisonnement pour les première, deuxième et
troisième années du secondaire.
M. GERIN-LAJOIE: En fait, à l'enseignement
élémentaire, il y a par conséquent très peu
d'écoles, puisqu'il y en a 20 en tout. Il y en a très peu qui ont
appliqué l'article 1 en ce qui concerne l'âge d'admission, six
ans.
M. CARDINAL; Non, je ne dirais pas qu'il y en a peu, parce que, de ce
côté-là, je pense que le progrès est continu. De
fait, en septembre 1968 cette article s'appliquera à toutes les
écoles au niveau élémentaire.
M. GERIN-LAJOIE: Cela, en vertu du règlement lui-même qui
prévoyait l'application intégrale en 1968 de cet
article-là.
M. CARDINAL: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, en ce qui concerne l'application
prévue pour le mois de septembre prochain parce que les chiffres
qu'on vient de nous donner c'est pour l'année qui vient de se terminer
ou qui se termine...
M. CARDINAL: Qui se termine actuellement.
M. GERIN-LAJOIE: ... en ce qui concerne l'an prochain, prévoit-on
combien d'écoles élémentaires appliqueront le
règlement numéro 1? Peut-on le prévoir à l'heure
actuelle?
M. CARDINAL: Nous pourrions apporter un chiffre précis demain
après-midi. Il est toujours difficile de prévoir l'avenir. Mais
cette question est actuellement à l'étude à la direction
générale de l'élémentaire et du secondaire. Je
pourrai apporter ce chiffre demain, si vous le désirez.
M. GERIN-LAJOIE: Parce que le ministre nous a dit hier, et encore
aujourd'hui, qu'il est satisfait de la façon dont le règlement
numéro 1 s'applique. Je pense bien qu'en constatant qu'au niveau
élémentaire il y a seulement une vingtaine d'écoles dans
la province sur combien?... Combien y a-t-il d'écoles
élémentaires dans la province? 2,000 ou 3,000?
M. CARDINAL: Environ.
M. GERIN-LAJOIE: ... Alors, une vingtaine seulement d'écoles sur
un chiffre aussi considérable, c'est vraiment très peu. Comment
le ministre peut-il dire alors qu'il est satisfait de la façon dont le
règlement s'applique?
M. CARDINAL: Ah non! Il y a une explication qui se voyait dans le
contexte d'hier. Si je considère l'application du règlement
numéro 1 ou d'autres réformes qui se font à
l'élémentaire ou au secondaire ou à d'autres niveaux, il y
a une période, si vous voulez, de préparation qui doit se faire
durant une certaine période avant qu'un règlement comme tel ne
s'applique d'une façon définitive, comme l'article 1, en
septembre 1968, qui se fait en vertu du règlement lui-même.
Il parle des ateliers pédagogiques. J'ai mentionné hier
qu'il y en avait plus de 1,600 dont le plus grand nombre à
l'élémentaire. Ces questions ont déjà
été discutées, étudiées entre parents et
enseignants. Et c'est dans ce sens que je suis satisfait des résultats.
C'est que la voie est bien préparée pour qu'à l'avenir
l'accélération soit plus marquée dans l'application du
règlement numéro 1.
En d'autres mots, si vous voulez, c'est en bonne voie de
réalisation, même si la réalisation comme telle dans
l'application même partielle du règlement pour cette année,
paraît de peu d'importance. J'ai plus confiance en l'avenir, que, en
cette année qui vient de s'écouler...
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre conviendra sûrement qu'il y a
toujours danger que l'on puisse se préparer pendant très
longtemps à toutes sortes de choses, surtout à des institutions
nouvelles.
M. CARDINAL: Non, le ministre est plus optimiste que ça. Il pense
qu'avec l'aide de ceux qui collaborent avec lui, nous aurons des
résultats accélérés dans l'avenir. Je l'ai aussi
mentionné hier.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends que le ministre a des espoirs, mais en
fait il ne possède aucun renseignement précis sur la mise en
application du règlement numéro 1, à
l'élémentaire, au mois de septembre prochain.
M. CARDINAL: Non, je vous ai mentionné que je pourrais avoir des
renseignements à ce sujet demain, d'une façon plus
précise.
M. GERIN-LAJOIE: Alors si le ministre peut nous soumettre des
renseignements supplémentaires, de même que certaines statistiques
en ce qui concerne les prévisions pour le mois de septembre qui s'en
vient, je pense que ce sera utile.
M. CARDINAL: D'accordl
M. GERIN-LAJOIE: En ce qui concerne le cours secondaire maintenant,
toujours au sujet de l'application du règlement numéro 1
je comprends qu'il y a une quarantaine d'écoles qui ont
été autorisées à commencer l'application de
certains articles du règlement, au mois de septembre dernier
est-ce que le ministre peut nous dire quels sont les articles du
règlement numéro 1 qui ont commencé à être
appliqués au secondaire?
M. CARDINAL: Je m'excuse, je voudrais donner une précision sur ce
que j'ai mentionné tantôt. Les chiffres 20 et 40, ce sont des
commissions scolaires et non pas des écoles. C'est-à-dire qu'il
faut se reporter sur une base différente de celle de 2,000 à
3,000 et il y a un peu plus de 1,500 commissions scolaires, après les
derniers regroupements qui viennent d'être faits.
Deuxièmement, ces questions sont des ques-
tions auxquelles je n'ai pas donné de réponses
immédiates, parce que ce ne sont pas tellement des questions
budgétaires en soi, et je comprends que l'on veut profiter de l'occasion
pour avoir des détails d'ordre général. Ceux que je ne
pourrai pas obtenir aujourd'hui, je me porte fort de les obtenir pour
demain.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le ministre serait d'accord pour dire
que nous sommes ici non seulement pour nous renseigner sur l'administration
budgétaire du ministère de l'Education, et des institutions de
l'Education, mais sur le fonctionnement même du ministère de
l'Education et du système de l'éducation.
M. CARDINAL: Je suis entièrement d'accord!
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le budget n'est qu'un instrument pour
atteindre des buts et la création d'un ministère de l'Education
avait principalement pour but de permettre aux élus du peuple de suivre
le développement de l'éducation et non pas simplement du
financement.
M. CARDINAL: Je suis entièrement d'accord.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4.
M. GERIN-LAJOIE: J'attends une réponse du ministre.
M. CARDINAL: II y a particulièrement l'article 2 et l'article 5
du règlement numéro 1, qui sont en voie d'application au
secondaire. L'article 6 aussi. L'article 7, vous savez probablement que le
programme est en revision et que déjà dans certaines commissions
scolaires, il s'applique aussi.
Disons d'une façon plus générale, comme il s'agit
de travail avec les commissions scolaires, qu'au niveau du ministère le
travail est entièrement prêt et que, particulièrement en ce
qui concerne le décloisonnement et pour l'avenir, nous essaierons de
hâter davantage l'application de ce règlement.
M. GERIN-LAJOIE: II y a un moment, M. le ministre nous a
précisé que les chiffres 20 et 40 s'appliquaient à des
commissions scolaires et non pas à des écoles.
M. CARDINAL: C'est exact!
M. GERIN-LAJOIE: J'aimerais bien qu'il consente à nous fournir
pour demain le nombre d'écoles qui ont été
autorisées, parce que si c'est la commission scolaire de Montréal
ou la commission scolaire d'un endroit rural, cela n'a pas la même
portée évidemment.
Et puis, autre précision, je tiens pour acquis que les chiffres
que l'on vient de nous mentionner sont ceux d'autorisations qui ont
été données par le ministère de l'Education
à des commissions scolaires, mais que ce n'est pas une indication de ce
qui a été fait dans la réalité. Les commissions
scolaires ont pu recevoir une autorisation sans la mettre en pratique. Ou une
grande commission scolaire ainsi autorisée apu appliquer le
règlement en tout ou en partie dans certaines de ses écoles et
non pas dans toutes.
Est-ce que le ministre peut me confirmer ou infirmer...?
M. CARDINAL: Non, dans tous les cas où il y a des autorisations,
le travail est fait. Est-ce que je peux ajouter qu'il y a même des cas
où le travail est déjà en cours, au niveau des commissions
scolaires, et que l'autorisation est demandée.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais bien que le ministre
nous affirme également...
M. CARDINAL: Les chiffres précis, je pourrai vous les donner
demain.
M. GERIN-LAJOIE: ... si ce n'est pas clair dans mon esprit. La
Commission des écoles catholiques de Montréal, pour prendre un
cas bien particulier, a sûrement reçu des autorisations en vertu
du règlement numéro 1.
M. CARDINAL: Oui. Pour ce qui est du nombre d'écoles, si vous
permettez, je serais prêt I répondre demain, en faisant un
relevé du nombre de commissions scolaires et d'écoles dans chaque
commission scolaire.
M. GERIN-LAJOIE: Très bien. Est-ce que le ministre peut
répondre à ceci maintenant? La Commission des écoles
catholiques de Montréal ne met pas en application en même temps la
réforme de l'éducation dans toutes les écoles. C'est bien
exact?
M. CARDINAL: C'est exact. Il y en aura eu huit l'an prochain dans la
Commission des écoles catholiques de Montréal.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire jusqu'à quel point les programmes du ministère de l'Edu-
cation, pour le niveau secondaire d'abord, précisément,
sont en voie de transformation? D'abord, Ils n'ont pas été
modifiés, première question, depuis cinq ans.
M. CARDINAL: On m'informe qu'il y a eu des modifications dans les
dernières années, tout particulièrement dans la question
des langues, qu'il y a eu des réaménagements et qu'actuellement,
la question des programmes est très sérieusement à
l'étude au ministère, puisque, après
l'établissement des structures, c'est la question des programmes qu'il
faut nécessairement revoir. Mais il y a eu des modifications, des
réaménagements, en ces dernières années. A part les
langues, il y a eu la physique, les mathématiques, etc.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministère possède un
calendrier sommaire des étapes nécessaires pour la transformation
des programmes, de façon assez globale, parce que, pour autant que je
sache, jusqu'à ce que le ministre me corrige, les programmes
actuellement en vigueur dans les écoles secondaires sont
substantiellement ceux de 1955.
M. CARDINAL: Si Je reviens et reprends vos deux questions, je n'admets
pas que l'on dise qu'il n'y ait pas eu de modification. Par exemple, au
professionnel, il y a déjà eu des modifications profondes et, par
l'intégration qui va se produire en septembre 1968, il y aura encore
d'autres modifications. L'accent a été posté de ce
côté. Deuxièmement...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que vous pouvez me préciser quelles
sortes de transformations vous envisagez, simplement des nouveaux cours
professionnels ou autres choses, d'autres sortes de changements?
M. CARDINAL: II y a des nouveaux cours professionnels, prenons par
exemple au niveau secondaire, l'intégration des écoles de
métiers ou des écoles moyennes d'agriculture, exige
nécessairement, au moment ou ces intégrations s'effectuent, des
modifications dans les programmes du professionnel. De façon à
les coordonner avec le programme de l'école qui assume cet enseignement
au niveau secondaire. Dans le milieu professionnel, au niveau secondaire, il y
a de nouvelles spécialités qui n'existaient pas il y a cinq ans.
Il y a tout particulièrement des études faites pour
établir de nouveaux programmes, de concert avec des représentants
de l'industrie.
M. GERIN-LAJOIE: J'aurai l'occasion de revenir sur cet aspect-là
tout à l'heure. Mais en ce qui concerne l'enseignement de formation
générale, au niveau secondaire, quelles sont les transformations
plus précises qui ont été faites? On a mentionné la
physique...
M. CARDINAL: Les langues, les mathématiques, les sciences
expérimentales.
M. GERIN-LAJOIE: Mais est-ce que, dans tous ces cas, ce ne sont pas des
modifications de morceaux ou de parties de programmes, sans qu'on ait
procédé à aucune conception nouvelle de ces
programmes?
M. CARDINAL: Non. Il ne faut pas le voir de cette façon. Je pense
qu'au contraire, comme je le mentionnais tantôt et M. le
député est bien au courant comment une réforme de
l'éducation peut s'amorcer, se continuer et se roder il y a eu un
effort particulier fait par des lois votées par le gouvernement dans les
structures, comme celles des collèges. Il y a eu la
réorganisation des niveaux et les programmes viennent ensuite
compléter cette réforme de structure. De fait, comme ces
questions l'Indiquent et les réponses que j'ai pu donner, cette
réforme des programmes est loin d'être complétée,
globale et profonde. De fait, elle a été partielle jusqu'à
présent.
Les structures mêmes du ministère, par niveaux, ont
été refaites au cours de l'année dernière et depuis
ce temps des études se poursuivent de façon qu'il y ait une
réforme globale des programmes.
Et je répète ce que j'ai mentionné tantôt. Il
est évident qu'après l'établissement des structures, il
n'y ait pas de réforme de l'enseignement si l'on ne s'attaque pas au
problème de la réorganisation des programmes. Le ministre comme
tel est très conscient, non pas de ce problème, mais de cette
nécessité et entend, comme dans le reste de son travail,
l'accélérer d'une façon ralsonnée et
réfléchie, cependant. C'est ce qui peut expliquer qu'il n'y ait
pas eu de précipitation mais des études.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire comment son
ministère est organisé pour procéder à la
réforme des programmes? Qui est responsable de ça? Dans quel
cadre?
M. CARDINAL: Depuis la nouvelle restructuration du ministère par
niveaux, élémentaire, secondaire, collégial,
l'étude de la réforme des
programmes, l'étude de l'application des programmes se fait dans
chacune des directions générales de chacun de ces niveaux,
à l'élémentaire, au secondaire et au collégial.
Il n'y a donc pas un service ou des programmes qui existent en soi
indépendamment, il y a dans chacune des grandes directions
générales par niveaux, des spécialistes dans les diverses
matières qui s'occupent de la réforme des programmes.
M. GERIN-LAJOIE: A l'intérieur de chacune des directions
générales, comment le ministère est-il organisé? Le
ministre vient de mentionner des spécialistes. J'aimerais savoir quels
sont les cadres fixés pour la réforme des programmes?
M. CARDINAL: II y a, à chacun des niveaux, un directeur des
programmes, comme il y a aussi un directeur des examens. Et le directeur des
programmes a sous sa direction, des spécialistes dans les diverses
matières de chacun des niveaux.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il y a des personnes extérieures au
ministère qui sont appelées à collaborer?
M. CARDINAL: Oui, à l'intérieur des comités. De
fait, hier, lorsque nous avons étudié les crédits de
l'élémentaire et du secondaire, nous avons souligné que,
s'il y a une différence entre les crédits
budgétisés l'an passé pour les traitements et les
crédits budgétisés cette année pour les traitements
qui semblent inférieurs cette année, c'est dû au nouveau
poste qui s'appelle « honoraires » et qui permet d'obtenir les
services de spécialistes qu'il est impossible d'obtenir au
ministère, à temps continu dans toutes les matières, pour
couvrir tous les programmes. De fait, il y a dans le poste budgétaire 4,
article 3, un montant d'honoraires qui n'existait pas l'an passé et qui
est de $138,000.
M. GERIN-LAJOIE: En fait, est-ce qu'il y a des spécialistes
extérieurs au ministère qui travaillent actuellement?
M. CARDINAL: Actuellement, oui, dans les comités.
M. GERIN-LAJOIE: Dans les diverses matières?
M. CARDINAL: Oui, c'est exact, dans les comités il y a
déjà des spécialistes de l'extérieur qui
travaillent.
M. GERIN-LAJOIE: Vous avez fait allusion tout à l'heure, vous
avez mentionné qu'il y avait décloisonnement en ce qui concerne
l'enseignement du français au niveau élémentaire.
Qu'est-ce qu'il arrive des autres matières enseignées à
l'élémentaire? Toujours du point de vue du règlement
numéro 1.
M. CARDINAL: Le programme entier de l'élémentaire, dont
seulement une partie est réformée, est présentement
à l'étude à la direction générale de
l'élémentaire et le calendrier - question que vous avez
posée tantôt prévoit l'application de cette
réforme sur une période de six ans.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministère a une équipe
particulière chargée de la surveillance - je n'aime pas beaucoup
le mot de la mise en application du règlement numéro
1?
M. CARDINAL: II y a déjà au ministère même,
j'entends à Québec, depuis peu, dans chacun des neuf bureaux
régionaux, des gens par conséquent ils sont dans la
région même - non pas pour surveiller, mais pour aider à
l'application sur place de la réforme des programmes comme d'ailleurs
tous les autres domaines qui concernent l'éducation.
J'ai annoncé, il y a déjà quelques jours seulement,
la semaine dernière, la nomination des neuf directeurs régionaux,
des neuf directeurs adjoints, de chacun de ces bureaux régionaux qui
sont une déconcentration, si vous voulez, du ministère dans
chacune des régions pour assurer sur place, une participation du
ministère à la vie scolaire qui existe et aussi une participation
du milieu au travail du ministère. Il y aura tout
particulièrement dans chacun de ces bureaux régionaux, sur place,
des responsables de l'établissement des nouveaux programmes dans les
commissions scolaires.
M. GERIN-LAJOIE : Est-ce que les responsables dont parle le ministre ont
diverses responsabilités ou s'il y en a qui ont la responsabilité
exclusive de guider les commissions scolaires dans l'application du
règlement numéro 1, d'une part à
l'élémentaire et d'autre part au secondaire?
M. CARDINAL: Cela dépend des bureaux. Les bureaux
régionaux ont un personnel qui varie. Le bureau régional le moins
important en nom-
bre a quatre personnes, et le bureau le plus important, soit celui de
Montréal, a un peu moins de 75 personnes. Je pense que c'est 74 selon
mes derniers chiffres. Il est évident que dans un bureau régional
où il n'y a que quatre, cinq ou six personnes, celles-ci
possèdent une certaine polyvalence. Tandis que dans un bureau plus
structuré, parce que les besoins de la population sont plus
variés, il y a des gens plus spécialisés. Dans un bureau
comme celui de Montréal, il y a des gens qui sont spécialement
attachés aux programmes.
Cependant, cela doit se considérer d'une façon un peu plus
globale, puisqu'il y a aussi dans chaque bureau des gens qui s'occupent des
ateliers pédagogiques, voie par laquelle on se charge d'expliquer aux
parents, en collaboration avec les enseignants, l'application des
nouveauxpro-grammes, comme la réforme qui suit le règlement
numéro 1. Il y a également certaines expériences ou
certaines opérations qui ont été tentées, comme ce
que l'on a appelé l'opération SEMEA,qui signifie
exactement...
M. GERIN-LAJOIE: Stage d'entraîhement aux méthodes
d'éducation active.
M. CARDINAL: C'est cela, merci, M. le député, je le
cherchais. Il y a tellement de sigles au ministère.
M. GERIN-LAJOIE: La mémoire ne me fait pas encore trop
défaut.
M. CARDINAL: Je suis heureux que vous ayez encore des souvenirs. Je
préfère avoir encore à apprendre dans ce domaine.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que nous en sommes tous là. Tous
ceux qui sont autour de la table ici regardent plus en avant qu'en
arrière.
M. CARDINAL: Vous avez parfaitement raison.
M. GERIN-LAJOIE: J'aimerais que le ministre nous renseigne un peu sur la
question de l'orientation scolaire des jeunes, particulièrement au
niveau secondaire. Cela s'appliquera aussi dans une bonne mesure au niveau des
CEGEP. Puis-je faire précéder ceci d'un tout petit
préambule?
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que je n'apprends rien à personne
en rappelant que l'orientation des élèves, c'est-à-dire le
choix que font les élèves à l'intérieur de
l'enseignement secondaire et de l'enseignement collégial, pose des
problèmes très sérieux aux familles. Les parents n'y
comprennent rien. Les jeunes eux-mêmes sont passablement
désemparés devant l'éventail de possiblités qui
s'offrent apparemment à eux. On a le sentiment, de façon
générale dans le public, que les commissions scolaires et le
ministère n'ont aucun mécanisme en place pour favoriser
l'orientation rationnelle et efficace des jeunes. Le ministre peut-il nous
faire des commentaires à ce sujet-là, nous faire part des mesures
que le ministère entend prendre?
M. CARDINAL: Oui, M. le Député. J'ai déjà
parlé hier de cette question, mais je pense qu'il n'est pas mauvais
qu'un cardinal redise sa messe une deuxième fois, pour parler
d'orientation. De fait, l'orientation peut se comprendre dans un sens
très strict: l'orientation faite par des orienteurs professionnels,
membres d'une corporation, dont le nombre est nécessairement
limité. Il est certain que, dans ce secteur particulier, je l'ai
souligné hier, il manque d'orien-teurs professionnels, et ce dans toute
la province. D'autre part, l'orientation peut se faire dans un sens plus
général, soit par les enseignants eux-mêmes, soit par des
gens qui viennent de divers métiers et de diverses professions. C'est
pourquoi, je l'ai souligné également hier, qu'en plus des
orienteurs qui travaillent dans un certain nombre d'écoles secondaires,
il existe ce que nous appelons le système d'exploration. Selon ce
système, au niveau secondaire et au niveau collégial, les
étudiants ont des rencontres avec des gens qui viennent des divers
secteurs du travail, ou ont même des visites dans divers secteurs du
travail, de façon à entrevoir eux-mêmes une orientation en
dehors du simple conseiller qu'ils rencontrent individuellement ou par
groupe.
De plus, dans les programmes de recyclage des professeurs, des efforts
sont faits pour leur permettre d'aider les étudiants à
s'orienter. Enfin, je vous ai dit tout à l'heure que les parents n'y
comprennent rien, je ne pense pas que l'on doive aller si loin. Je sais qu'il
est difficile de comprendre tout ce qui se passe, mais pour les aider dans ce
domaine de l'orientation, le ministère, cette année, a eu au
moins deux initiatives précises, l'une au programme qui s'appelait:
« L'éducation, c'est votre affaire, » où il y a eu
une émission entière sur l'orientation, et l'autre, parmi un
certain nombre de publications à tous les niveaux,
particulièrement au secondaire et au collégial, qui ont
été
envoyées sur demande aux parents. Et la demande d'ailleurs a
été très forte dans ce domaine.
Alors, voilà, je pense, globalement ce que j'ai pu mentionner
hier, et ce problème d'orientation nous préoccupe, mais il
faudrait que nous ayons, à cause du nombre croissant des
étudiants, plus d'orienteurs au niveau secondaire, dans les
écoles régionales. Il y a cependant des endroits qui sont
peut-être relativement favorisés. Je pense qu'il y a plus d'une
trentaine d'orienteurs professionnels à la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Il y a plusieurs régionales du
Québec où il y a de fait, sur place, un orienteur à la
disposition des élèves.
Dans l'ensemble des commissions scolaires, il y a présentement,
150 de ces orienteurs.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre considère que le
rôle principal des orienteurs est d'orienter les élèves ou
de guider les professeurs pour qu'ils puissent mieux orienter les
élèves?
M. CARDINAL: Je verrais leur rôle double. Ceci est
évidemment une question d'opinion. Je pense qu'on ne peut, au nombre
d'orienteurs qui existent et au nombre d'étudiants qui se trouvent
à ces niveaux, croire que seuls les orienteurs pourraient, en voyant
surtout individuellement les élèves, les guider. Je pense que
ceci suppose la collaboration des orienteurs, des professeurs et aussi des
parents, sans oublier évidemment les étudiants qui sont les
premiers intéressés. Je vois donc le rôle non seulement
double, mais je pense que par les ateliers pédagogiques, par les
orienteurs qui travaillent en collaboration avec les professeurs, par ces cours
de recyclage dont je parlais tantôt et qui sont donnés aux
professeurs pour les initier au travail d'orientation dans leur classe en tant
que métier enseignant, je vois le travail d'orientation comme un travail
de collaboration et non pas comme le travail d'un individu qui a à faire
face à une grande masse d'étudiants.
M. GERIN-LAJOIE: J'ignore ce que le ministre pourrait nous dire à
ce sujet-ci. Seulement, selon ce que j'ai pu voir en quelques endroits de la
province, dans quelques écoles. D'une part, on trouve des situations
où les jeunes sont complètement désemparés quant au
choix des cours à faire. Pour le moment, disons que je n'envisage pas
les options professionnelles, mais simplement les options de formation
générale. Cela s'appliquera à fortiori aux options
professionnelles. Et dans un grand nombre de cas, le choix se fait tout
simplement par la loi du moindre effort. Et j'ai le sentiment très net
qu'il se perd un nombre appréciable de talents, parce que nos jeunes ne
sont pas orientés suffisamment, quand ils en ont le talent, vers les
cours les plus exigeants, ceux qui donnent la plus grande formation strictement
intellectuelle et qui sont de nature à mener les étudiants le
plus loin possible dans les études au niveau supérieur. Cela est
une situation que j'ai constatée. L'autre, c'est celle où, avec
le système de mécanographie, on en arrive à dire aux
jeunes ce qu'ils vont faire l'an prochain. Les options ne sont plus le choix
des enfants, ce sont des choix de la machine. Bien sûr que je comprends
qu'avec le régime d'options graduées, les résultats de
l'année courante constituent un élément majeur pour
déterminer le choix des options pour l'année suivante. Et je
pense bien que le ministre conviendra avec moi que cela ne doit pas être
le seul élément. Et j'ai l'impression que dans certains cas que
j'ai vus, on se fie trop automatiquement aux machines sans que les professeurs
et la direction des écoles n'interviennent pour faire voir aux jeunes
les diverses possibilités qui s'offrent deux, sur le plan des cours
formation générale, et sans les inciter même à
choisir certains cours exigeants. Et je situe cette double question dans la
perspective de ceci; C'est qu'avec la polyvalence et le développement de
l'enseignement élémentaire, secondaire et collégial au
Québec, on a assuré la démocratisation dans le sens d'une
fréquentation généralisée. Mais il reste à
relever ce que j'appelle ou ce qu'on appelle dans bien des cas le
défi de l'excellence. Ce n'est pas tout de mettre les jeunes dans les
écoles, mais il faut qu'ils développent leur talent au
maximum.
Alors, je dois vous dire que je m'inquiète de voir cette double
situation à laquelle j'ai fait allusion, qui favorise dans un trop grand
nombre de cas la loi du moindre effort dans le choix des cours pour
l'année suivante.
M. CARDINAL: A écouter l'honorable député, j'ai
l'impression qu'il a lu certains de mes récents discours dont un tout
dernier prononcé vendredi dernier.
M. GERIN-LAJOIE: Je remercie le ministre de m'envoyer le texte de ses
discours. J'en ai généralement lu les manchettes dans les
journaux et il m'arrive de jeter un coup d'oeil au texte qu'il m'envoie.
M. CARDINAL: Alors, de fait, les suites dont il a parlé me
préoccupent mais cependant je pense, et je crois que le
député sera d'accord avec mol, qu'il ne faut pas dramatiser. Il
l'a lui-même mentionné au dé-
but de son ntervention, d'après certains renseignements qu'il a.
De fait, je rencontrais vendredi dernier un groupe de près de 1,400
personnes qui était composé de parents, représentants des
unions de famille, associations de parents et dans ce domaine du choix et des
options, j'ai entendu exactement les deux sons de cloche, selon que les enfants
étaient dans telle école ou venaient de tel milieu ou que les
parents se conduisaient de telle façon.
La première remarque, c'est sur le choix des options. Même
avant qu'une réforme de l'enseignement ne soit opérée, il
y avait déjà dans les collèges classiques, par exemple,
des options qui existaient depuis un certain nombre d'années.
Déjà, on avait assisté à ce phénomène
chez un certain nombre d'étudiants de choisir, si vous voulez, la voie
la plus facile. On ne choisit pas normalement les mathématiques si l'on
n'est pas fort ou si l'on croit ne pas être fort en mathématiques,
on prend une autre matière. Personnellement, et du temps où j'ai
enseigné et depuis que je suis ministre, je m'élève contre
ce choix facile en ce sens que le culte de l'excellence, de la
compétence, doit certainement être développé au
Québec et que ce n'est pas simplement, évidemment, par des
discours qu'on pourra le faire, ni même par le travail du
ministère. Ceci suppose la collaboration de tous les
intéressés et la conviction que les parents, les enseignants, les
ateliers pédagogiques, les colloques, enfin les fonctionnaires et le
ministre y mettront, pour inciter davantage les étudiants à
choisir les voies qui conduisent davantage non pas à une formation qui
peut être supérieure à une autre, mais à un travail,
non pas difficile en soi, mais plus enrichissant.
D'autre part, quand on arrive à la machine, à
l'informatique, je pense que c'est un peu caricaturer les faits que de dire que
la machine choisit. La machine ne choisit jamais. Elle prend un certain nombre
de données qui sont préparées, d'ailleurs, par des
êtres humains, la machine ne donne jamais d'autres réponses que la
préparation qu'on a pu lui donner et c'est la différence entre,
justement, le cerveau humain et le cerveau électronique. De fait,
l'informatique n'est qu'un moyen ajouté à ce moment-là
à des tests, à des tableaux qui sont préparés pour
des choix et la machine, tout ce qu'elle peut faire, c'est d'ajouter des
indications d'une façon plus rapide à celle qu'on aurait pu
avoir, d'une façon artisanale, si on n'avait pas eu l'informatique. Je
pense donc qu'il n'est pas juste de prétendre que la machine choisit.
Certains peuvent croire que c'est la façon dont l'on procède. Il
y a par exemple, au niveau universitaire plusieurs facultés qui, depuis
quelques années, ont des tests d'admission qui sont corrigés par
des psychologues, par des orienteurs et qui sont ensuite codés et mis
dans une machine. Ce n'est pas la machine qui donne le résultat; la
machine n'analyse pas. Elle ne fait que donner par code les résultats
des analyses faites par des hommes qui sont des spécialistes dans ces
matières.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le ministre ne veut pas me faire dire
ce que je n'ai pas dit. Je pense que la machine, les ordinateurs et il
en conviendra codifient et présentent de façon
simplifiée le résultat des examens ou des travaux faits par les
étudiants, au cours d'une année. C'est dans ce sens-là que
j'ai dit que c'était un résultat automatique. Avec la machine,
les ordinateurs, les programmes qui sont faits, la préparation de la
matière fournie aux ordinateurs, comme résultat on n'obtient que
la résultante je m'excuse d'employer un mot analogue des
points obtenus par les étudiants au cours de l'année. Ce que j'ai
dit, c'est que, dans certains cas, on a eu tendance à accepter ces
résultats à peu près automatiquement pour orienter des
jeunes, sans tenir compte d'autres aspects de la personnalité ou du
comportement des étudiants. Je trouve que c'est un danger et un danger
réel et je me demande ce que le ministre envisage pour corriger ou
prévenir, s'il le préfère, de telles situations à
travers la province. Il nous a dit qu'il faudrait des interventions et non pas
seulement des discours. Mais je me demande par quel moyen concret il envisage
de régler ce problème, ne serait-ce que partiellement.
M. CARDINAL: Nous avons déjà eu ce problème,
puisqu'une des circulaires qui sont envoyées aux commissions scolaires
régionales au niveau secondaire, insiste précisément sur
le fait que, dans l'administration qui se fait au niveau des commissions
scolaires, on ne tienne pas compte uniquement et d'abord des résultats
donnés par l'informatique, mais que l'on tienne compte de tous les
aspects, y compris de la personnalité de l'étudiant et d'autres
tests que le simple résultat des examens.
M. HOUDE: M. le Président, vous me permettez une question?
Lorsqu'on parle d'orientation, on a un petit peu l'impression qu'on s'adresse
et qu'on vise surtout ceux et celles qui ne savent pas exactement ce qu'ils
veulent, jusqu'à un certain point. C'est très souvent la
conception que l'on se fait du rôle de l'orienteur
dans une école. D'autre part, il y a dans nos écoles, sur
nos campus, plusieurs milliers d'étudiants et d'étudiantes qui
savent exactement ce qu'ils veulent. Ils le savent. Ils ont
décidé de faire telle ou telle profession, de pratiquer tel ou
tel métier.
Je pense qu'à ce niveau également le rôle de
l'école ou de l'orientation serait pour cette catégorie
d'élèves, non pas d'essayer de découvrir ce qu'ils veulent
faire et de les orienter puisque, eux-mêmes, par gout, par
intérêt, ont décidé qu'ils voulaient aller dans
telle ou telle profession, mais la question qui nous est continuellement
posée par ces élèves et par les parents de ces
élèves c'est: Quels sont les moyens pour y arriver? Je pense
à mon humble opinion qu'il faudrait diviser en deux catégories
tout ce qu'on peut appeler orientation dans les écoles. Ceux, d'une
part, qui ne savent pas trop ce qu'ils veulent, qui ont besoin d'orientation
pour choisir leur vocation, pour choisir leur profession future, mais ceux qui,
d'autre part, ont déjà fait un choix. Ce qui leur manque dans
beaucoup de régions, ce sont les moyens pour arriver à cela.
Et si je parle comme ceci, c'est que même à la suite d'une
initiative excellente du ministère concernant les émissions
radiophoniques auxquelles vous avez fait allusion tantôt, je participe
moi-même à une émission radiophonique consacrée
à l'éducation et je sais pertinemment par les appels
téléphoniques que nous recevons régulièrement des
parents au cours de cette émission que, très souvent, c'est la
question que l'on nous pose. On nous dit: Je ne tiens pas à ce que mon
fils passe chez le psychologue pour se faire dire qu'il a plus de talent pour
être pâtissier qu'être cuisinier, mon fils veut être
chimiste. Quelles sont les options qu'il doit suivre? A quelle école
doit-il aller? Ce n'est pas une entrevue avec le psychologue ou l'orienteur. Il
en manque. Alors qu'ils s'occupent de ceux qui ne savent pas ce qu'ils veulent.
Ils vont en avoir déjà plein les bras. Mais pour ceux et celles
qui savent déjà ce qu'ils veulent, qu'on leur donne les moyens,
qu'on diffuse les possibilités, c'est ça le grand inconnu
actuellement. Tout le monde se demande où aller, dans quelle
école aller, si après une 9e c'est bon, si après une 10e
ce n'est pas bon, si le diplôme est accepté. Ils viennent de tel
collège et ils veulent aller à tel endroit. C'est là
qu'est la confusion.
M. CARDINAL: Si vous me permettez, hier j'ai déjà
répondu à une question similaire. J'ai mentionné que de
fait nous venions de terminer ce qu'on appelle les profils d'admission, soit
vers le marché du travail pour certains secteurs professionnels ou de
métiers, ou soit vers l'en- seignement supérieur. Ceci vient
à peine de se terminer il y a quelques semaines et de fait, même
si cela ne fait que quelques semaines que ces profils sont enfin
terminés et f en suis heureux que nous soyons rendus là
ils sont en nombre satisfaisant maintenant, et non plus en nombre
effarant. Déjà des publications sont faites, des tableaux ont
été dressés de ces profils d'admission, qui indiquent aux
étudiants qui déjà sont décidés quant au but
qu'ils poursuivent, quelle est la voie pour y arriver, entre le secondaire et
le terme de cette voie.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, est-ce que je pourrais...
M. LE PRESIDENT: Je me demande réellement s'il n'y avait pas une
entente de faite hier à l'effet que seul M. Gérin-Lajoie posait
des questions sur des articles déjà vus.
M. HOUDE: Mais il y avait également une promesse du ministre,
c'est la dernière phrase du journal des Débats...
UNE VOIX: Sur huit et neuf.
M. HOUDE: ... comme quoi on pouvaitreve-nir étant donné
qu'on avait été un peu brusqué.
UNE VOIX: Aux postes budgétaires huit et neuf, pas au poste
budgétaire 4.
M. HOUDE: Non, sur tous les articles, sur l'ensemble. Nous ne pouvons
tout de même pas diviser un cheveu en quatre.
M. LE PRESIDENT: Si nous recommençons l'étude de chacun
des articles, nous pouvons recommencer les mêmes questions quoi!
UNE VOIX: II me semble qu'il y a de l'exagération.
M. GERIN-LAJOIE: Je crois, M. le Président, que le ministre
voudra bien répondre à la question du député de
D'Arcy-McGee. Je pense bien qu'il n'aura pas d'objection.
M. CARDINAL: Le ministre n'a jamais d'objection. II est tout à
fait disponible.
M. LE PRESIDENT: Alors très bien! Le député de
D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse, je n'étais pas
au courant...
M. CARDINAL: Je pense bien qu'il doit être plus disponible que les
députés!
M. GOLDBLOOM: Je voulais seulement poser au ministre deux questions en
relation avec le sujet que nous discutons actuellement. Je comprends que le
ministre a dit que le nombre d'orienteurs professionnels ne suffit pas à
la tâche, mais que, par l'intermédiaire des professeurs, il y a
des séances d'orientation qui se tiennent.
Premièrement, sur combien de séances d'orientation
l'élève peut compter au secondaire? Est-ce que chaque
élève peut compter sur au moins une séance d'orientation
et de préférence plus?
M. CARDINAL: Je vais être très précis. Disons que
ça dépend des commissions scolaires. Il y a des commissions
scolaires régionales où, de fait, il n'y a pas encore
d'orienteurs. Il y en a d'autres qui bénéficient d'un ou deux ou
trois ou 35 comme J'ai mentionné. Par conséquent, on ne peut pas
généraliser à travers les commissions scolaires un nombre
idéal de séances d'orientation. Il n'est pas possible
d'établir cette statistique. Tout dépend des moyens qui sont
à la disposition des commissions scolaires qui ont pu
bénéficier des services d'orienteurs. Il y a cependant, dans
l'ordre idéal, suivant les directives du ministère, pour autant
que tous les moyens sont I la disposition des commissions scolaires, une
période de prévue chaque semaine pour l'information au sens
général comprenant de l'orientation, information sur les
métiers, les professions, les profils d'admission, etc. Cette
période est prévue dans chacune des commissions scolaires et
chacune des écoles de ces commissions scolaires.
M. GODLBLOOM: Ma deuxième question. Est-ce qu'il y a un effort
particulier, est-ce qu'il y a des dispositions particulières de prises
dans les quartiers défavorisés de nos villes et dans les
régions défavorisées de la province?
M. CARDINAL: Les quartiers défavorisés de nos villes,
c'est la responsabilité entière des commissions scolaires
intéressées. Il y a trois grandes commissions scolaires que l'on
connaît au Québec, la Commission des Ecoles catholiques de
Montréal, le Protestant School Board of Greater Montreal, la Commission
des Ecoles catholiques de Québec qui ont l'entière
autorité pour déterminer la façon dont elles vont
distribuer leurs services entre leurs écoles. Le ministère
n'intervient pas à ce niveau de l'administration locale qui est la
responsa- bilité des commissions scolaires.
Au niveau des commissions scolaires dans la province, en dehors des
grands centres, encore une fois, ce n'est pas le ministère qui envoie
sur place tel employé ou tel autre dans telle commission scolaire. Les
commissions scolaires régionales obéissent toutes aux mêmes
règles de subventions et c'est elles qui décident, d'après
leur choix, du personnel qu'elles obtiennent ou qu'elles peuvent obtenir. De
fait, j'ai mentionné au début que ce n'est pas tellement un choix
des commissions scolaires, le nombre d'orienteurs au Québec est
insuffisant pour satisfaire à la demande, si on se place dans
l'orientation au sens strict. Si on se place dans l'orientation au sens large,
toutes les commissions scolaires, dans les endroits plus favorisés ou
moins favorisés, reçoivent les mêmes directives quant aux
périodes d'orientation, aux périodes que j'ai appelées
d'exploration et d'information.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais soulever toute la
question de la pédagogie nouvelle qui me paraît s'imposer, qui
paraît aux éducateurs s'imposer dans nos grandes écoles,
grandes par leur nombre d'élèves en particulier, les
écoles secondaires.
On sait qu'on se plaint à travers la province que les
écoles sont des grandes boîtes à l'intérieur
desquelles on entasse des 2,000, 3,000, 3,500 élèves quand ce
n'est pas davantage. On se plaint que les élèves y entrent le
matin et en sortent au milieu ou à la fin de l'après-midi, qu'ils
passent dans des salles de cours où ils reçoivent un enseignement
X et que, la journée est finie, qu'il n'y a pas de contact personnel
entre le professeur et les élèves et que tout l'enseignement
devient une affaire absolument et totalement impersonnelle.
Je sais que la question des tuteurs a été soulevée.
Je sais qu'on a donné des explications à ce sujet mais, à
mon avis, la question des tuteurs n'est pas une réponse aux
problèmes qu'on soulève. Cela en est une de pédagogique
nouvelle pour s'adapter en somme à ce nouveau type d'écoles qui,
au lieu d'avoir 300 ou 500 élèves comme autrefois, en a, comme je
mentionnais, 2,000 et 4,000. Alors, je demanderais au ministre de nous dire ce
qui se fait au ministère de l'Education ou au Québec pour
rechercher cette pédagogie nouvelle qui s'impose dans nos écoles
secondaires.
M. CARDINAL: Il y a de fait, dans le budget pour les recherches
pédagogiques, un montant important de prévu. Parce qu'il y a un
centre de recherches pédagogiques ou un institut de re-
cherches pédagogiques qui a été justement
créé au ministère pour permettre des recherches avec les
enseignants et voir la façon dont on peut trouver une nouvelle
pédagogie qui satisfera non seulement au grand nombre d'étudiants
mais aux nouveaux programmes et aux nouvelles structures.
Et, de fait, cependant, il faudra encore une fois, peut-être
préciser les choses. J'ai donné, hier, et ça paraît
au journal des Débats, des écoles où le nombre des
élèves est très élevé, à partir de
200 jusqu'à 3,500. Par conséquent, ce que j'appellerai la
légende ou le mythe des grandes écoles, ne s'applique que dans un
nombre minimum d'écoles par rapport au nombre total d'écoles.
M. GERIN-LAJOIE: Un nombre minimum d'écoles, mais comprenant un
grand nombre d'enfants.
M. CARDINAL: D'accord, parce qu'il y a des centres, évidemment,
où, comme dans les grandes villes, il est impossible de construire, avec
les moyens que nous avons à notre disposition, des écoles
où le nombre d'étudiants serait limité à 1,000.
De fait, les écoles qui sont déjà construites, les
écoles polyvalentes, on y fait un double reproche si vous
permettez une parenthèse celui d'avoir de grandes écoles
et celui de ne pas aller assez vite dans la construction des écoles. Les
écoles qui sont déjà construites ont été
commencées avant le 5 juin 1966 pour contenir le nombre
d'élèves qu'elles peuvent contenir aujourd'hui. Les écoles
qui sont à construire, c'est une question de politique à
établir. Cependant, dans les études et recherches, vous avez
plusieurs sommes qui sont prévues, entre autres une somme au poste
budgétaire 2, article 5: Etudes et recherches des écoles
secondaires polyvalentes, études sur les relations
maîtres-élèves, interviewing, et traitements des
données, etc, $15,000. Il y a aussi, comme je le mentionnais
tantôt, ce centre de recherche pédagogique qui a été
créé l'année dernière au ministère pour
étudier la pédagogie dans les nouvelles écoles.
Il y a ensuite tout le problème de la formation des maîtres
et, en particulier, une opération REPERES qui a été
lancée il y a environ un mois, qui permet aux maîtres et aux
étudiants, en collaboration avec le ministère, de trouver les
cadres mêmes de cette année de psychopédagogie qui s'ajoute
à l'enseignement antérieur, de façon à satisfaire
au règlement numéro 4.
L'opération REPERES se situe d'abord à
Québec, où il y a un accord entre l'université
Laval et l'école normale Laval; et cette opération, en plus
d'avoir un centre pilote qui est à Québec, est permise à
toute autre école normale de la province qui la demanderait, justement
pour déterminer de quelle façon cette année de
psycho-pédagogie, qui prépare justement à la
pédagogie nouvelle, devrait être établie.
C'est-à-dire que le ministère, non seulement entend
établir seul sa nouvelle pédagogie, mais cherche dans la mesure
du possible, I l'établir avec les principaux intéressés
qui sont d'abord les étudiants qui se préparent eux-mêmes
à devenir maîtres.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'ignore si j'ai laissé
l'impression que, personnellement, je pouvais avoir quelque opposition à
la grandeur des écoles, dont j'ai parlé. Mais, bien au contraire,
Je suis de ceux qui favorisent très fortement les écoles de
3,000, 2,000 ou 2,500 élèves, pour les raisons que l'on
connaît, qui sont exposées dans le rapport Parent, qui ont
été exposées par le ministère de l'Education. En
somme ces écoles offrent un plus grand éventail d'options, un
plus grand éventail de services.
M. le Président, la question que j'ai soulevée c'est
vraiment celle de l'établissement d'une pédagogie nouvelle qui
soit adaptée à ces nouvelles écoles, qui, à mon
avis, s'imposaient et s'imposent encore au Québec et que l'on doit
construire à un rythme encore plus rapide que celui que l'on a connu
jusqu'à maintenant.
J'ai l'impression qu'en matière de pédagogie, on a
procédé par réformettes. Et je veux viser ici le
ministère de l'Education et je veux viser tout le monde enseignant. Et
Je vais vous dire que je suis de ceux qui sont très contrariés de
voir la façon dont les négociations se poursuivent dans le
domaine de l'enseignement, en ce qui concerne la charge des enseignants.
Je parle, évidemment, sur la foi des renseignements que je
possède. Je ne suis pas à la table des négociations. Il y
a sûrement des éléments qui m'échappent. Je me dois,
à ce moment-ci, d'intervenir à la lumière des
renseignements que je possède. Et c'est au ministre, évidemment,
de rectifier ce qu'il peut y avoir d'inexact dans mes interventions. Mais Je
pense qu'il faut viser à établir une pédagogie qui soit
radicalement transformée. Et je pense que le principe fondamental qui
doit être à la base de toute la pédagogie nouvelle, c'est
celui de la participation des enseignants et de la participation des
étudiants.
Je pense que la génération des plus de 40 et 50 ans, que
ce soit chez les enseignants, que ce soit chez les parents, que ce soit
chez
le grand public, a beaucoup trop la mentalité dont elle ne sort
pas que l'éducation et la détermination des méthodes
d'enseignement, du contenu de l'enseignement, c'est la responsabilité
exclusive de ceux qui ont la connaissance, c'est-à-dire de ceux qui sont
déjà profondément engagés dans la vie.
Eh bien, je ne suis pas du tout de ceux-là et sans doute
que bien d'autres sont du même avis que celui que j'exprime en ce moment
Je pense que la pédagogie doit être complètement
repensée pour nous départir, et non seulement au niveau
universitaire, M. le Ministre, non seulement au niveau collégial, mais
également au niveau secondaire, de cette méthode d'enseignement
magistrale, dont nous avons hérité des siècles
passés, et qui est encore la méthode à peu près
exclusive d'enseignement au Québec. Je dis à peu près,
parce que je reconnais certains efforts dans certains milieux de sortir, mais
combien lentement, de cette ornière de l'enseignement magistral. Et si
l'on accordait plus d'importance aux méthodes nouvelles qui font
participer les gens des écoles à la recherche, qui les font
travailler dans les bibliothèques, qui les font travailler dans les
laboratoires et par eux-mêmes, qui les font se servir de services
audio-visuels par eux-mêmes, je pense qu'on aborderait les
problèmes de l'enseignement et les problèmes de la
négociation collective entre enseignants et employeurs, dans une
perspective tout-à-fait différente.
Je pense que ces classes de 30 élèves, c'est une chose du
passé, M. le Président. Je pense qu'il faut enfermer les
étudiants dans des bibliothèques et que les professeurs soient
là pour apprendre aux jeunes à travailler dans une
bibliothèque. Je pense que l'on doit laisser les jeunes dans des
laboratoires. Je pense que l'on doit leur confier de l'équipement
audio-visuel. Nous reviendrons tout à l'heure aux services
audio-visuels, je n'en parle donc pas à ce moment-ci, sauf pour dire que
cela doit être considéré de la même façon que
les autres services mis à la disposition des jeunes comme
instruments.
Quelle proportion du temps devrait être consacrée à
l'enseignement magistral? Je n'en sais rien, mais je sais que cela devrait
être très peu, même au niveau de l'enseignement secondaire
et même au niveau des premières années de l'enseignement
secondaire. On parle en certains milieux de la participation des
étudiants, on en a parlé au sujet de l'université l'an
dernier ici même, au comité des bills privés, au sujet du
projet de loi de l'Université de Montréal, de la participation
des étudiants à l'administra- tion de la maison d'enseignement.
Mais je pense que l'on doit parler de la participation des étudiants
à l'enseignement lui-même. Je pense que c'est dans ce
sens-là que doit s'orienter toute la pédagogie nouvelle et comme
il ne se fait, je dirais à peu près rien, dans ce sens, M. le
Président, c'est pourquoi je disais au tout début de mes
observations sur ce point, que nous faisons de la réforme de la
pédagogie à la petite semaine, à la petite journée,
comme en changeant des dames ou des pions sur un échiquier, sans nous
arrêter à vraiment rechercher une conception nouvelle de
l'école, une conception nouvelle de la relation entre le maître et
l'étudiant, une conception nouvelle qui fasse du maître, non pas
quelqu'un qui communique sa connaissance, mais tout simplement quelqu'un qui
soit comme une borne, comme un rempart, comme un garde-fou qui empêche
les jeunes de s'égarer trop complètement dans la recherche des
connaissances et dans le développement de méthodes d'acquisition
de la connaissance par eux-mêmes.
M. CARDINAL: M. le Président, je nie l'affirmation globale qu'il
n'y ait que des réformettes et que rien ne soit fait, et je ne pense pas
que seul le député de Vaudreuil-Soulanges ait les désirs
qu'il vient d'exprimer. Je dirais même que sauf certaines des
affirmations qui ont été faites, je suis entièrement
d'accord sur les idées générales qui ont été
exprimées, et qu'au ministère nous cherchons justement dans le
moment, l'application pratique à cet égard de plusieurs des
points qui ont été mentionnés dans l'intervention du
député.
De plus, la participation des étudiants se fait actuellement au
Québec, d'une façon plus avancée qu'elle ne peut se faire
dans aucun pays ou dans aucun état. Prenons par exemple le bill 21, la
Loi des collèges d'enseignement général et professionnel,
qui permet aux étudiants, au même titre que les professeurs, au
même titre que les cinq administrateurs temporaires nommés par le
gouvernement, au même titre que les autres personnes choisies dans le
milieu, de participer à l'administration générale, y
compris l'administration pédagogique, des collèges d'enseignement
général et professionnel. En aucun endroit vous ne trouvez une
participation aussi étendue.
Pour les négociations j'essaie de reprendre chacun des
points notons qu'elles ne relèvent pas de la
responsabilité directe du ministre de l'Education. Je l'ai
mentionné hier, je serais le premier heureux que les négociations
se déroulent dans une atmosphère plus normale le jeu des
négociations semble l'exi-
ger dans la société actuelle et se fassent sur
d'autres bases. Ce qui n'est pas une critique de la façon dont on les
conduit actuellement, à la table mais tout simplement une observation
sur la façon dont généralement, l'on considère que
des négociations doivent se faire. Que rien ne se fasse... Au contraire,
je le mentionnais tout à l'heure d'une façon
générale. Et je reviens à ceci: l'institut de recherche
pédagogique qui est prévu à l'article 41
bénéficie cette année d'une somme brute de $760,000 qui,
moins certains remboursements, demeure beaucoup plus élevée que
celle de l'an passé et d'il y a deux ans.
J'ajouterai que l'enseignement magistral est évidemment un
enseignement qui, si on le prend dans son sens strict, a tendance à
disparaître. Cependant, encore une fois, il ne faudrait pas prendre des
termes et en faire des mythes ou se bercer de noms qui paraissent bien comme
magistral. Si l'on compare, par exemple, l'enseignement magistral qui existe
dans les écoles, dans les collèges, dans les universités
de France, à ce que l'on qualifie ici du même nom, je dirai que
nous ne savons vraiment pas ce que c'est qu'un enseignement magistral. Il n'y
en a jamais eu. Par conséquent, encore une fois, les termes doivent
être nuancés, doivent être qualifiés, si l'on veut
arriver à se comprendre, et à ce que la population soit bien
informée. Si l'on prend ce qu'on a considéré ici, dans
l'enseignement magistral, c'est-à-dire l'enseignement donné par
un professeur devant une classe qu'elle soit de 30, 40, 100, 200 ou 400
élèves, il est évident que cet enseignement doit
être remplacé par un enseignement auquel les élèves
participent davantage. En fait, ceci est déjà commencé.
L'ancien ministre de l'Education a probablement suffisamment connu ce qui s'est
passé dans les écoles et, s'il a des enfants qui sont d'âge
scolaire aujourd'hui et comme j'en ai moi-même, il voit ce qui se passe.
Les enfants aujourd'hui, même au niveau élémentaire font
des choses assez étranges que l'on appelle des recherches. Pour eux
à ce niveau, ce sont déjà des recherches qu'ils font dans
leurs foyers, dans des salles de classe ou même d'autres salles
spéciales à l'aide de volumes, de photos, de coupures, etc. Et
cet institut pédagogique dont je parlais tout à l'heure est
justement un organisme qui a été prévu pour permettre que
la pédagogie soit modifiée à la suite d'études qui
seront faites.
D'ailleurs, cette réforme de la pédagogie n'est pas une
idée nouvelle qui vient d'être lancée par le ministre de
l'Education, ou par l'honorable député de l'Opposition. Nous
savons que ces réformes existent depuis plus d'un siècle.
Dès 1820, déjà en Italie particulièrement, on
parlait de réforme pédagogique. Cependant, on constate qu'elles
semblent être venues beaucoup plus rapidement dans notre province
où elles se continuent qu'elles ont été
entamées dans les pays européens. J'ai parlé tout à
l'heure des classes actives dues au SEMEA. On ne leur trouve pas non plus
d'équivalent, je pense, ailleurs qu'ici.
Il y a enfin une autre chose que je voudrais souligner. Il ne faudrait
pas croire à la lecture des Débats que la pédagogie
n'intéresse pas le ministère de l'Education et le ministre actuel
de l'Education. Au contraire. J'ai mentionné hier, et je le
répète, que ce qui s'effectue au ministère de l'Education
se fait à la suite de ce qui, dans les années récentes,
avait été entrepris au ministère. Mais on ne peut pas,
dans une réforme aussi importante que celle qui a été
inaugurée, poursuivie et reprise par un troisième ministre de
l'Education, réaliser dans tous les secteurs, une implantation
complète de toutes les structures à tous les niveaux et une
réforme complète de la pédagogie.
Tantôt, nous parlions des programmes. Justement dans
l'étude qui est présentement en cours au ministère de
l'Education sur les programmes, la principale préoccupation n'est pas
tellement une préoccupation de programmes, de savoir combien il y aura
d'heures de telle chose, mais plutôt de savoir comment ces programmes
seront transmis aux étudiants dans une pédagogie nouvelle. Encore
une fois ici, veut-on des comparaisons? Non pas que je veuille attaquer un
autre pays. Ceux qui connaissent ce qui se passe ailleurs savent, par exemple,
que dans certains pays, à la même heure, dans tout le pays, les
enfants d'un même niveau font le même problème de
mathématique. Je pense qu'il n'y a rien de ceci qui existe ici et que si
l'on veut ajouter 1'audio-visuel dont vous n'avez pas parlé tout en en
parlant, on sait qu'il y a de nombreux projets qui sont prévus au
ministère et en dehors du ministère, justement pour aider, non
seulement aider, non seulement supporter, mais pourpar-ticiper à cette
nouvelle pédagogie.
Lorsqu'on arrive aux moyens que sont, par exemple, la
télévision ou la radio, on peut difficilement séparer le
contenu du contenant, parce qu'à ce moment-là la pédagogie
elle-même, l'enseignement lui-même, passant par ces nouveaux
média, devient un enseignement différent. Comme je l'ai
déjà mentionné, il ne suffit pas de placer une
caméra devant des acteurs qui jouent une pièce de
théâtre pour que l'on ait de la télévision; c'est du
théâtre photographié à ce moment-là. Tous
ceux qui ont étudié ces média savent qu'il faut aller
au-delà deça.C'est justement ce que le ministère veut
faire présen-
te ment, non seulement corriger des programmes en mettant un peu plus ou
un peu moins de ceci, mais corriger la façon même dont
l'école est conçue.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je remercie le ministre de
l'Education de ses explications. Seulement il me permettra d'ajouter que je ne
suis pas, quant à moi, satisfait de regarder en arrière et puis
de regarder ce qui se passe ailleurs pour faire des comparaisons et nous taper
les flancs pour nous dire que tout ce qui se passe chez nous est parfait.
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit ça.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'il y ait des étudiants de
présentés au conseil d'administration des CEGEP en vertu du bill
21, bien c'est ça que j'appelle des réformettes. Je trouve que
c'est quelque chose qui est bien, mais qui est un bien petit morceau dans le
cadre très vaste de ce qu'il y a à accomplir. Quant à ce
qui doit se faire par l'institut de recherches, je suis heureux d'entendre le
ministre en parler. Il nous en dira plus long, sans doute, plus tard lorsque ce
poste budgétaire sera appelé, mais à tout
événement, ça n'indique pas ce qui s'est fait
jusqu'à aujourd'hui. De dire qu'au Québec, on va plus vite qu'en
France ou qu'ailleurs avec des projets comme SEMEA ou d'autres projets, je veux
bien le croire. Tout cela est de nature, sans doute, à nous
réjouir, mais je pense que notre véritable point de comparaison
ce n'est pas là où nous étions il y a cinq ou dix ans, ce
n'est pas là où se trouve la France ou tel autre pays, notre
point de comparaison, ça doit être l'objectif que l'on se fixe.
Cela doit être ce qui doit inspirer le ministère, ce qui doit
inspirer les enseignants, ce qui doit inspirer la société
québécoise.
M. CARDINAL: Cela apparaît au journal des Débats dans la
bouche du ministre de l'Education hier.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, j'aurais aimé l'entendre dire ça,
plutôt que de nous dire que toutes sortes de bonnes choses se sont
faites, comme si c'était une réponse à mon intervention de
tout à l'heure. Je pense que ce qu'il y a d'important, c'est d'envisager
une pédagogie nouvelle de façon beaucoup plus globale et je suis
personnellement très déçu de constater que l'on donne
encore cet enseignement d'un maître avec 30 élèves, que la
négociation se fait presque intégralement sur cette
base-là, selon les renseignements dont je dispose. Quand je vois, par
exemple, l'horaire de nos enfants dans les écoles secondaires M.
le Ministre parlait de ses enfants et de nos enfants, j'en ai au niveau
secondaire je vois leur horaire établi par l'ordinateur ou
autrement et je constate qu'a toutes les heures de la semaine, toutes les
périodes de la semaine sont occupées par l'enseignement d'un
maître à 30 élèves ou environ, sauf peut-être
dans toute la semaine, une période dans la bibliothèque. Alors,
M. le Président, j'appelle ça scandaleux d'avoir seulement une
période par semaine dans la bibliothèque, à une
époque où, de plus en plus, on devient conscient le
ministre y a fait allusion, ce n'était pas une idée à moi,
bien au contraire, je pensais l'avoir dit de la nécessité
de faire découvrir le monde par les jeunes eux-mêmes.
M. CARDINAL: M. le Député, je m'excuse, je continuerai sur
le même ton, c'est-à-dire que je ne crierai ni au scandale ni a la
déception, mais je pense, qu'au contraire, quand j'ai mentionné
au début que ce que vous aviez exprimé, correspondait à ce
que je pensais globalement, ce n'était déjà pas une
réponse à toutes les objections que vous avez mentionnées,
et je ne vois pas qu'il y ait scandale. S'il y a scandale évidemment, je
ne veux pas référer au passé.
Il aurait pu déjà être corrigé en partie
avant 1966 mais, encore une fois, je vise plutôt l'avenir et je
répète que, ce qui me paraît très important, ce qui
me paraît être une réponse acceptable, présentement,
au ministère, c'est justement cette réforme globale de la
pédagogie que nous envisageons et que nous entendons, dans un avenir
aussi proche que possible, appliquer. Ceci suppose, comme vous l'avez
vous-même dit ou laissé entendre, une collaboration très
active des maîtres et aussi, à ce moment-là, une
collaboration ou une participation j'aime mieux ce terme
très active des étudiants eux-mêmes. Cette participation,
évidemment, vous vous en rendez compte, doit se faire de façon,
sous des modalités différentes à des niveaux divers, selon
le degré de maturité des étudiants ou des
élèves, c'est-à-dire que l'école active se fait
à partir de la maternelle jusqu'à l'université, si l'on
veut. Si j'ai pris un exemple à un moment donné, au niveau
universitaire, ce n'est pas que ce niveau soit le seul qui m'arrête dans
mes préoccupations au ministère. Au contraire, je l'ai
donné comme exemple connu, par expérience personnelle.
De fait, je pense que cette question de la pédagogie, il est
important que tous les deux nous nous y soyons arrêtés cet
après-midi, même si, à ce moment-là, les provisions
budgétaires ont paru demeurer en suspens. Parce que, de
fait, vous m'avez donné l'occasion, soit par mes propres paroles,
soit par les vôtres, que j'ai endossées, de souligner l'importance
de ce renouvellement, et je me permets, à la fin, d'en appeler à
la collaboration de tous les intéressés, qui sont les
enseignants, les futurs enseignants et les étudiants.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au même poste
budgétaire de l'enseignement élémentaire et secondaire,
j'aimerais que le ministre nous donne quelques éclaircissements au sujet
de la réforme des structures administratives. Il y a diverses
subdivisions peut-être à travers lesquelles nous devrions passer.
Tout d'abord le regroupement des commissions scolaires locales, regroupement
entrepris, je pense, principalement sous l'égide de la
Fédération des commissions scolaires, avec la collaboration, si
je comprends bien, du ministère de l'Education.
Le ministre peut-il nous dire combien il y a eu de regroupements qui se
sont faits Jusqu'à maintenant?
M. CARDINAL: A la fin de mai, tout récemment, à la suite
d'arrêtés en conseil, il y a eu 85 regroupements
véritables, plus une quinzaine d'annexions, ce qui fait une centaine de
regroupements qui viennent tout juste de s'opérer. Vous savez qu'il y a
une date limite à laquelle ces regroupements ou ces annexions doivent se
faire statutairement. Il y a donc cette première étape qui vient
d'être franchie. Si on réfère à la rencontre que
j'avais eue avec la Fédération des commissions scolaires au tout
début, je pense, de mon mandat comme ministre de l'Education, je ne me
trompe pas, je pense, en disant que c'était en décembre ou en
novembre, j'avais demandé la collaboration active de la
Fédération des commissions scolaires pour assurer dans un
délai que f avais qualifié de court le regroupement de ces
commissions scolaires. Pendant un certain temps, dans les mois suivants qui se
sont écoulés, chaque mois, je me suis inquiété, et
j'ai demandé des rapports sur le regroupement des commissions scolaires.
J'avais une certaine inquiétude qui, heureusement, s'est corrigée
par ce mouvement de dernière heure, à la fin de mai, la
Fédération des commissions scolaires ayant d'ailleurs
elle-même, vers le début du mois de mai, fait un mémoire
qu'elle a présenté au ministre et qu'elle a publié dans
les journaux pour rappeler son désir d'établir des regroupements
volontaires.
La Fédération des commissions scolaires nous assure qu'au
cours de l'année prochaine les regroupements seront encore plus
nombreux, maintenant que l'opération est vraiment amorcée et
qu'elle indique non pas simplement un désir, mais une tendance.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre peut nous préciser si les
85 regroupements signifient 85 commissions scolaires locales qui ont
été regroupées, ou bien s'il s'agit de 85 nouvelles
commissions scolaires regroupant un plus grand nombre de commissions scolaires
locales anciennes?
M. CARDINAL: De fait non. Il y a une centaine de commissions scolaires
qui, à la suite de regroupement ou d'annexion, sont disparues au sens de
commissions, qui existaient comme entités et qui ont été
remplacées par 21 ou 22 centres régionaux. Alors, de fait, cela
dépend sur quelle base l'on calcule. Quand je parle de 100 là, 85
plus 15, je parle de commissions réaménagées. Il ne s'agit
pas de nouvelles commissions scolaires. Il s'agit de regroupements qui
permettent d'avoir moins de commissions scolaires par comparaison à
celles qui existaient avant ce regroupement
M. GERIN-LAJOIE: Alors, il s'agit d'une centaine de commissions
scolaires locales qui sont maintenant regroupées en une vingtaine ou en
vingt et une commissions scolaires?
M. CARDINAL: Oui, sur la base du secteur d'aménagement.
M. GERIN-LAJOIE: C'est une autre question à laquelle j'arrivais.
Est-ce que le ministre est bien catégorique là-dessus?
Réaménager sur la base des secteurs d'aménagement, cela
veut dire l'aménagement d'une école secondaire
régionale?
M. CARDINAL: Non, pas nécessairement.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que je vais poser ma question d'une
façon plus générale.
M. CARDINAL: Peut-être que je peux répondre. Disons qu'on
part en fait d'une opération que vous connaissez bien,
l'opération 55, et on s'appuie sur la carte scolaire, sauf les
modifications qui peuvent, dans certains cas, avoir été
apportées par l'évolution naturelle qui s'est faite au cours des
années, depuis le début de cette opération.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce que veut dire la carte scolaire, dans ce
cas?
M. CARDINAL: Alors, c'est la carte des régionales, qui
était elle-même divisée en secteurs d'aménagement au
moment de la régionalisation.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce que vous appelez un secteur
d'aménagement?
M. CARDINAL: Dans une régionale donnée, vous avez un
certain nombre de secteurs qui sont autant de divisions géographiques et
qu'on appelle des secteurs d'aménagement.
M. GERIN-LAJOIE: Des secteurs pour fin de présentation par
commissaires ou pour fin d'établissement d'une école
secondaire.
M. CARDINAL: Non, on ne peut être aussi catégorique. De
fait, il y a un comité qui prépare la régionalisation dans
une région donnée, et ces secteurs d'aménagement sont des
divisions territoriales qui ne correspondent pas nécessairement à
la représentation au sein de la régionale pour fin
d'élections, de nominations de commissaires, ni nécessairement
à la situation d'écoles, parce qu'il y a eu, par exemple, le
comité des cas exceptionnels quant à l' emplacement des
écoles, qui peut parfois modifier cette division.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce que ça veut dire, secteur
d'aménagement?
M. HOUDE: Cela reste des commissions scolaires locales, quoi. Au lieu
d'en avoir dix dans un territoire, vous les divisez en quatre commissions
scolaires locales.
M. CARDINAL: Si on prend l'exemple d'une commission scolaire, celle
qu'on appelle Grand-Pré, les locales regroupées sont un certain
nombre: Louiseville, Maskinongé, Saint-Justin, Sainte-Ursule, Dumontier,
Saint-Edouard, Sain-te-Angèle-de-Prémont, Yamachiche,
Saint-Sévère. Au moment où l'honorable
député était ministre de l'Education, ses fonctionnaires
avaient trouvé comme modules ou comme principes d'aménagement des
régionales à travers la carte scolaire pour faire la division de
la province, ce moyen qu'on appelle le secteur d'aménagement, qui
était purement un moyen qui permettait à ceux qui travaillaient
sur l'aménagement des commissions scolaires de diviser des territoires.
Dans le fond, le secteur d'aménagement correspond grosso modo au
territoire d'une école polyvalente, à l'intérieur d'une
région géographique donnée. C'est à partir de ce
principe, ce n'est pas une réalité que le secteur
d'aménagement, que la régionalisation et le regroupement ont
été faits pour créer des commissions scolaires
régionales qui groupent d'anciennes commissions scolaires locales. Le
secteur d'aménagement est donc purement une idée. Ce n'est pas
une division territoriale pour fin administrative ni nécessairement le
territoire d'une école. De fait, j'aurais pu ne pas employer
l'expression secteur d'aménagement et simplement mentionner qu'un
certain nombre de commissions scolaires locales, que l'on pourrait mentionner,
ont été regroupées en un certain nombre de nouvelles
commissions scolaires que l'on appelle régionales.
M. GERIN-LAJOIE: Que vous appelez régionales?
M. CARDINAL: Appelez-les si vous voulez locales regroupées au
centre d'un territoire sur lequel il y aura une régionale. Mais de fait,
si vous me le permettez, je vous rappellerai que, lors de certaines questions
posées en Chambre, dont l'une posée par vous, sur les subventions
de l'équilibre budgétaire...
M. GERIN-LAJOIE: Les subventions mentionnées étaient
peut-être...
M. CARDINAL: ... qu'on a mentionnées, justement,
régionales et locales, ces termes-là ont un sens strict,
technique, au sein du ministère, ou un sens que les gens emploient dans
la population.
Si l'on veut venir au sens strict, ce qui n'est qu'une question de
vocabulaire, et qui ne change pas la réalité des choses, lorsque
le regroupement est fait, vous allez appeler ça un secteur
d'aménagement. Sur ce territoire-là, il y aura, normalement, une
école polyvalente qu'on appellera régionale. De là,
l'expression, qui a pu s'appliquer à la régionale. Mais la
commission régionale est un organisme administratif qui s'applique
à un secteur d'aménagement donné, l'école
polyvalente et l'école secondaire, qui a la polyvalence pour ce secteur,
et les commissions scolaires locales, qui sont regroupées, forment ce
secteur d'aménagement.
M. GERIN-LAJOIE: Mais cette idée d'une école secondaire
polyvalente sur le territoire d'une commission scolaire regroupée,
est-ce que ça avait été prévu?
M. CARDINAL: Non, c'était simplement prévu dans le plan de
régionalisation lors de l'Opération 55.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas comment le ministre peut dire ça.
J'ai un cas précis chez moi. On a regroupé les commissions
scolaires de l'île Perrot, il y en a cinq. Il n'y a pas d'écoles
polyvalentes de prévues dans le territoire?
M. CARDINAL: Je m'excuse. J'ai mentionné tantôt qu'il n'y
avait pas nécessairement, dans la réalité des faits, une
école polyvalente secondaire existante ou qui existerait un jour. J'ai
dit que, dans la majorité des cas, il y a une école secondaire
polyvalente. Mais ce principe était à l'origine de
l'Opération 55, qui avait été faite au moment où
vous dirigiez vous-même ce ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Disons que j'en arrive à poser la question plus
générale que j'avais en note. Sur quels critères s'appuie
le ministère pour accorder le regroupement demandé par un certain
nombre de commissions scolaires? Parce que c'est le ministère qui
décide d'accorder ou de ne pas accorder, il faut un arrêté
en conseil, n'est-ce pas? Alors, quels sont les critères sur lesquels se
base le ministère?
M. CARDINAL: Il y a le groupe des commissions scolaires, d'au moins un
secteur d'aménagement, tel qu'il avait été prévu
par le plan de régionalisation fait lors de l'Opération 55. De
fait, sauf les cas exceptionnels, qui ont pu être étudiés
par la suite, le ministère est demeuré fidèle au plan qui
avait alors été fait lors de l'Opération 55, et ce sont
les mêmes critères qui s'appliquent, ceux que je viens de
mentionner, aujourd'hui comme à ce moment-là, sauf, encore une
fois, des cas exceptionnels.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas sur quoi le ministre s'appuie pour
parler de secteurs d'aménagement dans le cadre de l'Opération 55.
Il a pu y avoir des méthodes de travail, d'inspecteurs d'écoles,
de personnes à travers la province, mais sûrement qu'au niveau de
la direction du ministère, il n'a jamais été question
d'établir ou de reconnaître des secteurs d'aménagement
à l'intérieur des commissions scolaires régionales, sauf
dans la mesure où le secteur d'aménagement aurait voulu dire le
territoire d'une école secondaire polyvalente à
l'intérieur du plus grand territoire d'une commission scolaire
régionale. J'ai posé la question au ministre...
M. CARDINAL: Non...
M. GERIN-LAJOIE: ... tout à l'heure, pour savoir si
c'était ça, son secteur d'aménagement et il m'a dit
non.
M. CARDINAL: Non, je n'ai pas dit non, je m'excuse. La définition
que vous venez de donner est exacte sauf que j'ai distingué entre la
méthode de travail ou le principe j'ai même employé
l'expression module qui est employée et la réalité
concrète des choses, parce que j'ai mentionné que, dans un
endroit qui est organisé, il n'y avait pas de polyvalente
secondaire.
Alors, j'ai distingué la méthode de travail de la
réalité dans chacun des secteurs d'aménagement. La
définition que vous venez de donner est exacte et elle est
appliquée actuellement dans les structures du ministère par la
direction de la planification.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministère accorde des regroupements dans des
cas où le territoire en cause ne correspond pas, c'est-à-dire est
plus petit que le secteur d'aménagement pour une école secondaire
régionale.
M. CARDINAL: Il n'y en a pas eu d'accordés encore.
M. GERIN-LAJOIE: Il y a au moins le cas de l'île Perrot.
M. CARDINAL: II faudrait que je vérifie le cas de l'île
Perrot comme tel... Non, c'est peut-être l'exception qui confirme la
règle. Il faudrait que je fasse, comme j'ai fait pour une autre question
tantôt, que je vérifie. Je n'ai pas actuellement, devant moi le
cas de l'île Perrot. Mais, seulement, le cas de l'île Perrot,
peut-être est-il exceptionnel. Je ne sais pas. Je vérifierai et
j'apporterai la réponse demain.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, est-ce que le ministre a décidé,
et est-ce que le gouvernement actuel a décidé de laisser de
côté, de rejeter formellement les recommandations du rapport
Parent en ce qui concerne la restructuration scolaire à travers le
Québec?
Le rapport Parent proposait, entre autres, de faire coïncider les
commissions scolaires élémentaires avec les commissions scolaires
secondaires, c'est-à-dire nous confier toute la responsabilité de
l'enseignement I ces niveaux aux régionales.
M. CARDINAL: Non, ceci n'est pas abandonné au point de vue de
l'étude. Ce n'est pas réalisé, mais la question est
toujours à l'étude au ministère. Vous savez qu'un principe
semblable doit être sérieusement étudié avant
de pouvoir être mis en application, s'il doit l'être. Si
l'on se rapporte à ce que j'ai mentionné hier au sujet du rapport
Parent, toutes les recommandations du rapport Parent ne sont pas encore
nécessairement appliquées, et ne devront pas
nécessairement l'être. Parce qu'au fur et à mesure que la
réforme s'est réalisée, il s'est produit un certain nombre
de faits, de réactions, d'événements, qui
nécessitent des réajustements.
Le rapport Parent je l'ai mentionné hier et c'est au
journal des Débats, je pense est une source précieuse de
renseignements. Dans certains cas, le ministère est allé en
dehors de ses recommandations, pour y ajouter certaines innovations, j'ai
donné l'exemple de l'atelier pédagogique. Dans d'autres cas, les
gens mêmes qui ont participé au rapport Parent ont critiqué
certaines des recommandations qu'ils avaient faites et avaient
défendues, parce qu'eux-mêmes avaient considéré des
changements de circonstances. Je pense que cette jonction, si je puis ainsi
m'exprimer, de l'élémentaire et du secondaire dans le cadre d'une
régionale peut être un idéal à atteindre. Les
études nous le diront. Mais avant d'y accéder, je pense qu'il
fallait procéder par une étape intermédiaire
nécessaire qui était celle du regroupement.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre nous parle d'études. Il est
conscient évidemment que le Conseil supérieur de
l'éducation a étudié cette question-là, j'allais
dire à fond. J'imagine que tout ce qu'il fait, il le fait à fond.
Il a présenté des recommandations au ministère, appuyant
dans l'ensemble les recommandations de la commission Parent. Alors, le ministre
peut-il nous dire quelles autres études il fait faire, I l'heure
actuelle, sur la question que nous étudions de la restructuration
scolaire?
M. CARDINAL: La régionalisation, comme je viens de le mentionner,
est une étape nécessaire vers cette deuxième étape
possible. Tant que la régionalisation ne sera pas répandue, ne
sera pas effectuée sur une plus grande échelle, je pense...
M. GERIN-LAJOIE: Vous parlez du nouveau type de régionalisation
pour l'élémentaire, des petites régionales?
M. CARDINAL: Non, non, je parle de régionalisation, tel que vous
l'entendiez tout à l'heure, et qui doit encore être plus
répandue. Tant que ceci ne sera pas effectué dans la province
d'une façon plus importante, je pense qu'il ne faut pas songer I essayer
de résoudre le second pro- blème. En ce sens que si je parle
d'accélération raisonnée j'ai joint les deux
chiffres ou pondérée, de la réforme, il faut bien
se rendre compte qu'une politique prônée dans un rapport, ou
étudiée même par le conseil supérieur et qui
est valable doit quand même, dans sa réalisation, se faire
avec les gens qui sont les parents, qui sont les enseignants, qui sont les
administrateurs scolaires.
Et encore une fois, s'il faut hâter dans plusieurs cas
l'application de certaines recommandations du rapport Parent, il ne faut pas
imposer une réforme à une population, quels qu'en soient les
secteurs: étudiants, parents, enseignants, à un rythme qui ne
permet pas de l'accepter ou de la différer, jusqu'à ses
conclusions logiques et ultimes. Je pense qu'il ne faut pas procéder
d'une façon telle qu'on en ignore la population, ses réactions,
ses possibilités d'accepter et de mettre en pratique une réforme.
Il faut à la fois, dans toute réforme, passer à travers
une période intermédiaire et temporaire, qui permette de garder
ce que l'on a du passé avant d'instaurer ce que l'on veut avoir à
l'avenir.
Il est impossible pour un gouvernement de réaliser, dans le
concret, des politiques théoriques, si on ne le fait pas à la
mesure de ses moyens financiers, à la mesure des forces humaines, et
selon la capacité de tous les intéressés.
M. GERIN-LAJOIE: Dois-je conclure, que le ministre vient de dire que les
recommandations du rapport Parent, en ce qui concerne les nouvelles structures
scolaires, sont sur les tablettes, à la poussière, et que
personne n'y touche?
M. CARDINAL: Non, vous ne devez pas conclure cela, au contraire.
Evidemment, vous pouvez poser la contre-question: Quelles sont les
études précises qui se font? Ce n'est pas la façon dont le
ministère procède nécessairement. Il y a des études
précises dans certains secteurs.
Nous en avons déjà mentionné et nous en
mentionnerons d'autres.
Cependant, la façon dont le ministère est
restructuré présentement, à compter du bureau des
sous-ministres, au nombre de six, des directions générales, et de
la planification surtout, fait qu'il y asans cesse, soit au niveau du bureau
des sous-ministres, soit au niveau de la rencontre des directeurs
généraux, soit au niveau de la planification, des études
qui se poursuivent d'une façon continue, et qui sont la
préoccupation en cours, si vous voulez, de réformes, si je
peux
ainsi m'exprimer, du ministère, non pas à chaque instant
ou d'une façon nécessairement poussée par une étude
précise ou une commandite donnée à un moment donné,
qui ne sont quand même pas sur les tablettes, mais qui font partie du
travail régulier du ministère en vue d'arriver à certains
objectifs.
Ce qui est important, ce n'est pas le nombre de comités que l'on
a pu créer à un certain moment ou que l'on voudrait créer
à l'avenir, le nombre incroyable d'études et de rapports, le
nombre de consultations qui sont importantes et qui progressent aussi, ce qui
est important, c'est de pouvoir réaliser dans les faits, après
des études qui supposent une réflexion, pendant que se poursuit
l'opération, des principes qui apparaissent dans le rapport Parent.
M. GERIN-LAJO1E: M. le ministre ne m'en voudra de dire que tout cela
m'apparaît comme des généralités et ne paraît
pas répondre à ma question. Qu'est-ce qu'on fait des
recommandations du rapport Parent, dans le volume 4? Il ne propose pas de
nouveaux comités, loin de là, il y en a eu assez. La commission
Parent a étudié, le conseil supérieur a fait des
recommandations. Ce que je demande au ministre, ce sont les décisions.
Je ne lui demande pas de considérer le rapport Parent comme la Bible, je
ne lui demande pas encore d'adopter tout ce qu'il y a dedans. Je lui demande
tout simplement ce qu'il a choisi de faire dans les recommandations du rapport
Parent sur la restructuration scolaire?
M. CARDINAL: Bon, dans ce cas particulier, je viens de parler de
participation du milieu à divers échelons. L'endroit où la
participation du milieu se rencontre, c'est particulièrement à la
Fédération des commissions scolaires. En même temps,
qu'elles font cette opération de regroupement, cette
fédération, étudie... elle-même non pas tout
simplement dans l'abstrait, mais avec ses membres qui y participent ce
sont les administrateurs des commissions scolaires la réalisation
de cette autre recommandation du rapport Parent.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre considère que la
Fédération des commissions scolaires est placée dans une
situation où ses recommandations représentent
nécessairement ce qui est le plus conforme à
l'intérêt public? ou pense-t-il que c'est le ministère de
l'Education qui est placé dans une position pour vraiment
représenter l'intérêt général de la
population?
M. CARDINAL: Je trouve que vous venez de prononcer deux choses qui sont
des abstractions. Je pense que ce n'est pas le ministère qui a le
monopole de la vérité et de la découverte du bien commun,
et je ne pense pas que ce soit non plus la fédération des
commissions scolaires qui l'ait ou qui, au contraire ne l'ait pas. Je pense
qu'au contraire, en vertu du principe de participation de tous les
intéressés, c'est de la participation de tous les
intéressés que l'on peut découvrir les moyens d'atteindre
au bien commun.
M. GERIN-LAJOIE; Bien oui, évidemment, je suis d'accord avec
cela. C'est pour cela que je ne suis pas satisfait que cela soit confié
à la Fédération des commissions scolaires...
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit que c'était confié.
M. GERIN-LAJOIE: Les intéressés, c'est la
Fédération des commissions scolaires, ce sont les enseignants, ce
sont les parents, c'est le milieu de la façon la plus globale possible,
La responsabilité, à mon avis, du ministère de
l'Education, ce n'est pas d'étudier la chose en vase clos et d'en
arriver à des décisions prises par un ministre ou un conseil de
ministres, c'est d'aménager cette participation de tout le milieu et je
veux, à ce moment-ci, profiter de l'occasion pour affirmer très
clairement que le travail actuellement poursuivi par la
Fédération des commissions scolaires ne me paraît pas
satisfaisant, du point de vue de l'intérêt général.
L'étude de la Fédération des commissions scolaires, c'est
un morceau d'un plus grand ensemble et d'un plus grand ensemble qui ne
fonctionne pas au point de vue de l'étude de ces recommandations de la
commission Parent, parce que le ministère de l'Education
n'aménage pas cette participation de tous les secteurs
intéressés à l'Education, de sorte que tous ces secteurs
puissent manifester leur opinion. Et c'est cela qui m'inquiète, ce n'est
pas l'action du gouvernement sous prétexte, apparemment, que la
Fédération des commissions scolaires a l'affaire en main.
M. CARDINAL: Non, je m'excuse. Je n'ai pas dit qu'elle avait l'affaire
en main et, si je l'ai dit, je me corrige. Je n'ai dit que ce n'était
qu'un des éléments de la participation, et je donne deux
exemples. Pour ce qui est, disons, de l'île de Montréal qui, au
point de vue de la population, est quand même un des facteurs, si vous
voulez, importants, au point de vue scolaire, de la province de Québec,
vous savez qu'il y a eu l'an passé, un comité de restruc-
turation, justement, qui a été créé et qui
doit faire rapport on l'a indiqué hier à la fin de
septembre 1968
Vous retrouvez sur ce comité non seulement des
représentants de la Fédération des commissions scolaires,
il y a de plus un autre comité où il y a à la fois des
représentants de la Fédération des commissions scolaires
et des représentants du ministère. J'ajoute que ces
comités...
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce qu'il y a sur le deuxième
comité?
M. CARDINAL: Je ne sais pas son nom, c'est ce qu'on appelle table de
travail, le comité de la table de travail pour le regroupement des
commissions scolaires, y compris l'élémentaire et le
secondaire.
M. GERIN-LAJOIE: Si je comprends bien, c'est un comité que
reçoit les recommandations de la Fédération des
commissions scolaires ou des commissions scolaires en cause.
M. CARDINAL: Non, c'est un comité composé, je vous l'ai
dit, de représentants des commissions scolaires et de
représentants du ministère. De fait, il y a trois
représentants du ministère, dans divers secteurs, qui sont
à ce comité et qui sont à une table de travail, si vous
voulez, ce n'est pas une table de négociation, en vue de poursuivre
cette opération.
M. GERIN-LAJOIE: Mais ça ne représente pas d'autres
secteurs intéressés à l'enseignement dans la
société.
M. CARDINAL: Attendez un instant! Il y a quand même ceci: c'est
que vous ne pouvez pas avoir un comité qui représente tous les
secteurs; vous auriez un comité qui serait monstre. Vous avez un certain
nombre de comités de travail ou de tables de travail ou de
comités qui sont tous des instruments qui font des recommandations au
ministère. Le point sur lequel je vous rejoindrai, d'ailleurs, c'est que
c'est au ministère à faire, lui, le réaménagement,
à avoir le leadership qui permette d'en arriver, après la
consultation des intéressés, à des solutions. La
consultation des intéressés peut se faire à divers
niveaux. Il faut d'abord qu'il y ait un noyau qui travaille et qui puisse, lui,
recevoir des recommandations.
Je reprends comme exemple le comité de restructuration de
l'île de Montréal. Ce comité compte 19 membres, qui
représentent particulièrement toutes les commissions scolaires de
l'île de Montréal. Le ministère reçoit parce
qu'il se réunit régulièrement et qu'il a fait une
invitation à tous les intéressés des
mémoires des divers groupes intéressés. Tout groupe
intéressé ou tout individu et lui-même fait
régulièrement au ministre des rapports préliminaires ou
intermédiaires, si vous voulez, sur ces travaux, de façon
à en arriver à un rapport final, qui sera présenté
au ministère à la fin du mois de septembre 1968. C'est à
ce moment-là que le ministère, devant ce rapport qui est de
l'ordre d'une consultation et d'une recommandation, verra à faire les
aménagements qu'il jugera nécessaires.
C'est dans ce sens qu'en plus des organismes même du
ministère, que j'ai mentionnés tantôt, de cette table de
travail et du comité de restructuration, le ministère pourra,
à ce moment-là, s'il le juge à propos, procéder
à une nouvelle consultation. Ceci s'est fait très souvent au
ministère. Lorsqu'il y a eu la rédaction, par exemple, de la
loi-cadre des institutions privées je prends ce cas purement
à titre d'exemple, même si c'est en dehors de ce sujet
précis il y a eu un comité consultatif et ensuite le
ministère, comme tel, qui y a travaillé par un comité
particulier de législation, il y a eu ensuite la Chambre, où la
question a été débattue, et il y a ensuite les
comités, où le public est encore invité à faire
part de ses représentations. Il en est de même dans cette
opération où, en plus des tables de travail je prends
l'expression d'une façon générale les gens ont la
possibilité de faire part de leurs suggestions, de leurs désirs,
de leurs recommandations, le ministère est à son tour saisi de
ces recommandations et les étudie avant de proposer une politique qui
est étudiée par l'organisme qui en a la responsabilité,
soit le conseil des ministre, ou la Chambre, s'il s'agit d'une
législation. Ce n'est donc pas sur les tablettes.
M. GERIN-LAJOIE: Le rapport Parent est sûrement sur les tablettes.
La table de travail, dont le ministre vient de parler il nous a
expliqué son rôle c'est de considérer les projets de
regroupements scolaires qui sont plus petits que les commissions scolaires
régionales existant à travers la province.
Alors il ne nous a pas dit que les recommandations de la commission
Parent étaient à l'étude à l'heure actuelle par qui
que ce soit.
M. CARDINAL: Ecoutez, c'est de l'interprétation, je regrette.
Quand je vous dis qu'il y a une table de travail et un comité de
restructuration, je ne sais pas ce que vous appelez étude à ce
moment-là. L'étude...
M. GERIN-LAJOIE: Mais la table de travail, c'est pour l'étude des
projets de regroupements comme les vingt regroupements dont le ministre nous a
parlé il y a un moment.
M. CARDINAL: Bon, essayons de définir les termes. Voulez-vous
parler de structures administratives des commissions scolaires dans ce domaine?
Voulez-vous parler de l'aspect de la langue, de l'aspect de la
confessionnalité? Voulez-vous parler uniquement de mettre sous une seule
juridiction l'élémentaire ou le secondaire? Voulez-vous parler
d'autres sujets qui sont dans le quatrième volume du rapport Parent?
Si l'on m'accuse de faire des généralités, je ne
ferai pas d'accusation, je constaterai que l'on me pose des questions
très générales pour lesquelles on attend des
réponses très précises. Par conséquent, il est
facile de parler du regroupement des commissions scolaires locales à des
régionales, de la réunion de l'élémentaire au
secondaire, de la restructuration des commissions scolaires sur tout le plan de
la province, mais un problème aussi global le mot problème
est pris dans le sens d'hypothèse de travail et dans le sens d'une chose
qui nous rend anxieux suppose que l'on délimite les objectifs
dans une option globale, et le quatrième rapport parle au moins de
chacun des sujets dont j'ai parlé et de plusieurs autres.
Si l'on prend des exemples concrets, on sait que les commissions
scolaires actuellement en vertu de la Loi de l'instruction publique ont un
certain nombre de responsabilités, de pouvoirs, ont aussi des
difficultés qu'elles essaient parfois de résoudre qu'elles
veulent parfois remettre au ministère. Si l'on prend toutes les
questions que je viens de mentionner rapidement, l'on s'aperçoit que la
restructuration pour fin scolaire dans tout le Québec suppose plus que
des regroupements administratifs. Cela suppose que l'on pense à toutes
ces questions qui sont soulevées et qui se rapportent à des
problèmes aussi importants que l'enseignement du français,
l'existence d'écoles ou unilingues ou bilingues, l'existence
d'écoles confessionnelles ou non, la division des écoles selon la
confessionnalité ou selon la langue ou sur d'autres bases qui ne sont
pas encore trouvées.
Comme vous le mentionnez vous-même et comme on l'a
mentionné hier, alors que j'étais questionné par un autre
député, le rapport Parent n'est pas une bible, en ce sens que ce
n'est pas quelque chose qui doive s'imposer. C'est le résultat d'une
étude sérieuse poursuivie pendant un certain nombre de mois,
pendant un certain nombre d'années. Un certain nombre de volumes ont
été donnés à des époques
différentes.
Le ministère qui a été créé il y a
quatre ans, ce n'est quand même pas il y a si longtemps, a
commencé à refaire les structures par niveaux. C'est un autre des
problèmes. Il ne s'agit pas uniquement de niveaux d'enseignement.
Par conséquent, je ne sais pas si je ne dois pas vous retourner
la question en vous disant: Qu'entendez-vous par recommandation pour la
restructuration scolaire au plan de toute la province?
M. GERIN-LAJOIE: Je vais être aussi précis que le ministre
le souhaite. Je parle des recommandations de la commission Parent contenues
dans la troisième partie, volume IV les recommandations numéro 30
I 63 inclusivement. Ce sont celles qui englobent à peu près tous
les aspects qu'a mentionnés le ministre, c'est-à-dire la
restructuration en ce qui concerne le projet de confier à la même
autorité scolaire l'enseignement élémentaire et
secondaire, en ce qui concerne le regroupement des responsabilités selon
la langue et selon la confession religieuse et tout cela est contenu dans les
recommandations, que je viens de mentionner, du rapport Parent. Et je pensais
que c'était suffisamment clair, que tout cela touche la restructuration
au point de vue administratif.
En somme, c'est pour déterminer qui aura la responsabilité
d'organiser l'enseignement au plan local. Est-ce que c'est une commission
scolaire locale comme maintenant? Est-ce une commission scolaire
regroupée selon l'opération qui est en voie de se faire? Est-ce
que ce seront les commissions scolaires régionales telles que
constituées depuis l'Opération 55 sur une base confessionnelle ou
est-ce que ce seront de nouvelles commissions scolaires constituées
selon les recommandations de la Commission Parent?
Je suis d'accord que ce n'est pas une bible, le rapport Parent. J'ai
simplement posé une question au ministre. Je n'ai rien affirmé.
Je lui ai demandé ce qu'il fait des recommandations, et je
précise 30 à 63, de la 3e partie du rapport Parent. Tout cela est
sur les tablettes, en train d'être empoussiéré parce que
personne ne l'étudie. On fait des réfor-mettes sous
l'égide de la Fédération des commissions scolaires et rien
de plus.
M. CARDINAL: Je regrette, M. le Député, je n'aime pas ces
expressions qui n'indiquent pas vraiment le travail du ministère et qui,
en fait, replacent le problème de la réforme scolaire sur un tout
autre plan que la réforme elle-même. J'aurais
préféré ne pas le mentionner.
Je reviens sur un fait que j'ai mentionné tantôt cependant,
c'est que tout plan de ce genre doit se faire par étapes et il faut voir
les résultats de chaque étape avant de passer à
l'étape suivante. A moins que je ne me trompe, le conseil
supérieur lui-même, que vous invoquiez tantôt il
faudrait peut-être que je vérifie le texte, je n'aime pas citer de
mémoire avait lui-même indiqué au sujet de ces
recommandations qu'il fallait les faire par étapes.
M. GERIN-LAJOIE: Le rapport Parent lui-même propose des
étapes.
M. CARDINAL: Par conséquent, nous sommes d'accord sur ce point.
Je pense qu'en partant du point que j'ai mentionné tantôt, de la
courte période d'existence du ministère de l'Education, il ne
faut pas s'attendre que tout ce qui existe dans les cinq volumes du rapport
Parent puisse déjà être appliqué.
Je regrette, cependant, de dire qu'il n'y a pas, actuellement, au
ministère ni de réformettes, ni de regroupettes, ni de choses du
genre. Il y a tout simplement des étapes que le ministre lui-même
voudrait voir accélérées.
UNE VOIX: On en a assez de ces faits.
M. CARDINAL: Si M. le président, me demande de me taire, je me
reprendrai à la reprise de ces débats. Il y a des forces
centripètes...
M. LEFEBVRE: M. le Président, je voudrais vous demander un avis.
Est-ce que je comprends qu'il y a un embargo.
M. LE PRESIDENT: Jusqu'à l'article 10 il y a eu une entente. Si
vous voulez bien vous soumettre...
M. LEFEBVRE: ... à cet embargo. Ecoutez, M. le Président,
j'aimerais monter en Chambre. J'aimerais demander au ministre... Je vous
remercie de vos félicitations. Je m'abstiendrai de vous en faire,
cependant, étant donné que ce n'est pas le lieu.
M. le Président, j'aurais moi-même quelques questions
très précises à poser concernant la restructuration
scolaire sur l'île de Montréal. Est-ce qu'il serait d'accord pour
que nous lui posions ces questions au poste 16, alors qu'il sera question des
subventions d'opération aux commissions scolaires?
M. CARDINAL: Je n'ai pas d'objection.
M. LEFEBVRE: S'il y a actuellement un embargo, je ne veux pas...
M. CARDINAL: Non, il n'y a pas d'embargo, M. le Député.
Vous savez que ces réunions, si je peux les appeler ainsi, ont
commencé hier vers quatre heures et qu'elles se sont poursuivies hier de
huit heures vingt à onze heures et que nous avions convenu que le
député de Vaudreuil-Soulanges pourrait revenir sur un certain
nombre de questions. Les autres membres étant présents avaient
convenu que les postes seraient adoptés jusqu'au poste 10 inclusivement,
sauf le retour que l'on pourrait faire occasionnellement sur les postes
budgétaires huit et neuf. Cependant, cet après-midi, le
président et celui qui vous parle ont accepté que le poste
budgétaire 1 soit remis en cause pour un débat en Chambre. Je
pense que, cependant, sans vouloir précipiter les choses je n'ai
pas donné cette impression depuis le début il faudrait
essayer de replacer les questions dans le contexte des articles du budget et si
le poste 16 vous satisfait, ceci me satisfait aussi entièrement.
M. LEFEBVRE: Parfait, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Poste 4, adopté peut-être?
M. GERIN-LAJOIE: Non, j'ai une autre question, M. le Président.
On pourrait peut-être la liquider en cinq minutes, je ne sais pas. C'est
une question importante en ce qui concerne l'organisation scolaire au service
des Néo-Canadiens, particulièrement à Montréal.
Le ministre est sans doute au courant du résultat de
l'élection scolaire hier à Saint-Léonard, alors qu'on a
élu deux commissaires favorisant l'établissement ou la
construction de nouvelles écoles unilingues françaises pour les
Néo-Canadiens catholiques, pour remplacer tout projet d'école
bilingue, et s'opposant à la construction, à
l'établissement d'écoles de langue anglaise pour les
Néo-Canadiens qui le désirent. La lutte scolaire à
Saint-Léonard s'est faite sur cette question-là qui est de
notoriété publique et le ministre n'est pas, sans doute, sans en
connaître tous les détails.
Alors, j'aimerais demander au ministre et j'ajouterai ceci comme
préambule. J'ai l'impression, à moins que je ne me trompe, que
c'est la première fois, dans l'histoire de la province de Québec,
vraisemblablement, depuis
la Confédération, qu'un problème comme
celui-là se pose. J'ai l'impression qu'au cours de nos cent ans de vie
dans la Confédération, le Québec a toujours laissé
aux familles le choix de l'école que fréquenteront leurs enfants
tant sur le plan de la religion que sur le plan de la langue. Il y a
peut-être une nuance à apporter à cette affirmation; c'est
que les protestants de langue française ont été
frustrés de leur droit, légal ou moral, d'avoir des écoles
selon leur religion et leur langue à la fois. Mais en dehors de cette
exception, je ne pense pas qu'on ait jamais refusé aux familles le choix
de leur école en ce qui concerne la langue et la religion. Si je
comprends bien la situation de Saint-Léonard, on refuserait aux parents
ce choix; on imposerait à des Néo-Canadiens à mon
avis, peu importe qu'ils soient Néo-Canadiens ou Canadiens tout court de
longue date on refuserait aux Néo-Canadiens catholiques le droit
de choisir une école de langue anglaise.
J'aimerais savoir du ministre quelle attitude son ministère ou le
gouvernement entend prendre dans ce cas particulier. Deuxièmement,
à plus long terme, dans une perspective plus vaste, qui n'est pas la
perspective de la loi actuelle, mais de tout amendement possible, quelle est la
politique du gouvernement actuel du Québec en ce qui concerne le
problème soulevé à
Saint-Léonard-de-Port-Maurice?
M. CARDINAL: La réponse demanderait un développement qui,
je pense, dépasserait six heures. Je me permettrai pour le moment,
quitte à y revenir, si on me le permet, de souligner...
M. GERIN-LAJOIE: Si le ministre le souhaite, on peut remettre cela
à huit heures.
M. CARDINAL: Bien, juste un mot, si vous me le permettez, pour souligner
ce qui s'est produit à Saint-Léonard-de-Port-Maurice. Il s'est
produit, un événement, comme il l'a mentionné
lui-même, dans les cadres de la loi actuelle qui accorde, comme je le
mentionnais tantôt, aux commissions scolaires, certains pouvoirs et
certains devoirs, ou qui n'accorde pas au ministère certains pouvoirs.
Il s'agit ici d'une question précise. Je terminerai si vous voulez en
demandant qu'on me donne la permission d'y revenir lors de la reprise, en
posant au député de l'Opposition une question: Comment
résoudrait-il lui-même ce problème de Saint-Léonard,
s'il était à la place du ministre de l'Education? Et en
réponse, je pourrais peut-être me permettre de juger sa
réponse.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, juste pour conclure
là-dessus, je vais répondre tout de suite parce que ma
réponse viendrait un peu comme un aparté ou un «
anti-climax » après le souper. Je suis très flatté
que le ministre fasse appel à mon jugement sur cette question. Mais je
lui répondrai qu'il y a une façon bien simple de se voir
satisfait: c'est de céder sa place et inviter le premier ministre
à céder la sienne.
M. LE PRESIDENT: Bon, cela n'est pas pressé, ça n'est pas
urgent, nous reviendrons à huit heures.
Reprise de la séance à 20 h 33
M. PROULX (président): A l'ordre! Messieurs les membres du
comité, à six heures le député de
Vaudreuil-Soulanges posait une question au ministre de l'Education,
Vous avez la parole, M. le Ministre.
M. CARDINAL: Est-ce que M. le président veut m'indiquer
exactement à quel poste budgétaire nous avons quitté?
M. LE PRESIDENT: Oui, pour suivre l'ordre. Je rappelle qu'il y a eu une
entente d'établie à l'effet que, hier soir, nous en étions
rendus au poste budgétaire 10, et que seul le député de
Vaudreuil-Soulanges pourrait revenir sur les articles
précédents» J'entends bien que cette entente soit
respectée.
M. le Ministre, s'il vous plaît.
M. CARDINAL: Lorsque nous nous sommes quittés, nous étions
sur une question précise du député de Vaudreuil-Soulanges
concernant les événements de Saint-Léonard.
Voici les faits. Je n'ai pu les avoir que par les journaux. Deux
commissaires ont été élus. Un référendum a
été tenu. D'autre part, nous ne savons rien encore sur les
orientations de cette commission scolaire. Je pense que nous ne pouvons pas
faire de procès d'orientation et prévenir ou prévoir ce
qui se produira. Cette élection s'est tenue selon la loi actuelle de
façon démocratique et à moins qu'il n'y ait une question
précise, je pense que pour le moment je n'ai pas d'autre réponse
à apporter à cette question posée à la fin de la
réunion de cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions? Poste budgétaire 4,
adopté.
M. LESAGE: Un instant!
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, évidemment, j'ai
posé une double question au ministre, il s'en souviendra, celle de
l'opinion du ministère ou du ministre en ce qui concerne
l'événement de Saint-Léonard où on sait qu'à
toutes fins pratiques il s'agissait plus ou moins d'un référendum
je dis à toutes fins pratiques, plus ou moins, le ministre me
comprend sur la question de savoir si les écoles bilingues
seraient maintenues. Les écoles dites bilingues telles qu'elles existent
là-bas, je n'essaie pas de les décrire, je veux savoir si elles
seront maintenues, ou si elles seront remplacées par des écoles
unilingues françaises selon ce qu'a réclamé un groupe de
citoyens, de parents de Saint-Léonard qui a comme sigle MIS, groupe qui
était représenté par deux candidats qui ont effectivement
été élus.
Le ministre a répondu très sommairement sur l'aspect
strictement juridique en vertu de la loi scolaire actuelle. J'ai posé
une autre question, celle de savoir quelle est la politique du gouvernement
actuel du Québec sur la question de la liberté de choix des
familles quant à la langue dans laquelle les enfants seront
éduqués à l'école. Est-ce qu'en somme c'est la
politique du gouvernement qu'on permette aux familles de choisir une
école française ou anglaise, sans contrainte, ou est-ce que c'est
la politique du gouvernement de laisser, à l'avenir, les commissions
scolaires libres d'offrir ou de ne pas offrir l'enseignement en anglais et en
français à la jeunesse de leur territoire, au choix des
parents?
M. CARDINAL: L'honorable député pose une question qui est
à la fois générale et à la fois
particulière. Je ne sais pas à laquelle des deux questions il
veut que je réponde, puisque les deux sont imbriquées l'une dans
l'autre. Cependant, à partir de cette question ainsi libellée,
j'essaierai de donner une réponse.
Si l'on s'en tient au principe général et qu'on regarde ce
qui s'est toujours passé dans le Québec, sous tous les
gouvernements, y compris celui qui nous a précédés, on a
jusqu'à présent laissé les commissions scolaires
décider de leur propre orientation. Est-ce que c'est ce que le
gouvernement entend faire à l'avenir? Ceci est une autre question. Il
faut voir, dans le cas de Saint-Léonard, si on part de ce cas
précis, ce qui n'est plus la question générale.
Saint-Léonard est située sur l'île de Montréal et,
comme je l'ai mentionné cet après-midi, il y a de
créé, pour l'fle de Montréal, un comité de
restructuration scolaire qui doit étudier toutes ces questions qui se
sont posées à Saint-Léonard, et qui doit faire rapport
à la fin de septembre 1968.
Comme je viens de le dire, l'élection de deux commissaires ne
permet pas au ministre de savoir ou de préjuger quelle attitude prendra
la commission scolaire puisqu'il y a au moins cinq commissaires à
Saint-Léonard et que deux commissaires constituent deux commissaires sur
cinq. Des questions hypothétiques, je pense qu'on ne peut pas demander
à un ministre d'y répondre. Qu'est-ce qui arriverait si telle
chose arrivait?
Si on revient à l'aspect général, puisque la
question porte sur les deux plans, il faut donc
voir une première partie de la réponse dans ce
comité de restructuration. La Commission scolaire de
Saint-Léonard sait qu'il existe un comité de restructuration et
la commission scolaire comme telle pourrait nous faire ses
représentations pour rencontrer ce comité qui, dans quelques
mois, ferait rapport Sur le plan général du Québec, ce
n'est pas à partir d'un cas particulier qu'on doit définir une
politique, mais ce sera à partir d'un certain nombre de recommandations
dans le domaine de l'éducation que ce soit le comité de
restructuration, ou la table de travail sur le plan provincial dont j'ai
parlé cet après-midi.
Et de toute façon, quant à la politique du gouvernement,
je pense que ce n'est pas au ministre de l'Education comme tel à la
définir à compter d'une semblable question. Elle dépasse
les cadres du ministère de l'Education.
Et, enfin, il faut voir que cette question met en cause plusieurs
questions qui étaient posées par le député
immédiatement avec cette question de Saint-Léonard relativement
à la 4e partie du rapport Parent. Et f ajouterai que ça
dépasse même les cadres de cette question puisqu'on connaît
maintenant une première tranche seulement et non pas tout le rapport de
la Commission royale sur le bilinguisme et le biculturalisme, et que ce n'est
pas le moment, alors que nous sommes en période de négociations
qui viennent d'être commencées, d'annoncer des politiques à
compter d'un cas particulier qui vient de se produire, sans qu'on en connaisse
les conséquences. Comme je l'ai indiqué déjà, et
comme ces faits se sont toujours produits dans le passé, on pourrait
multiplier les exemples.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je comprends très bien
le ministre de l'Education quand il nous explique que ce n'est pas à
lui, comme ministre de l'Education, de définir la politique globale du
gouvernement ni de l'exprimer. Mais je pense bien que j'exprime le sentiment de
plusieurs en disant que je suis heureux de voir que le premier ministre est ici
et que lui, vraisemblablement, peut parler au nom du gouvernement. Je pense que
nous serions heureux de l'entendre répondre à la question que le
ministre de l'Education a laissée en blanc.
M. JOHNSON: Je ne voudrais pas, M. le Président, manquer à
l'entente qui a été conclue en Chambre et qui a été
formulée ici même devant vous au début de l'étude
des crédits hier. Il a été suggéré par
moi-même en Chambre, vu l'absence peut-être explicable, mais
inexpliquée à ce moment-là, du député de
Vaudreuil-Soulanges, que nous voulions bien lui réserver son droit de
poser des questions sur des résolutions déjà
adoptées par le comité des crédits. Le comité des
crédits a adopté, si je suis bien informé, neuf ou dix
postes différents.
C'est le député de Vaudreuil-Soulanges qui, utilisant le
privilège que les députés ont bien voulu unanimement lui
accorder hier, pose une foule de questions.
M. GERIN-LAJOIE: Des questions à-propos, je m'imagine?
M. JOHNSON: Je ne dis pas qu'elles ne sont pas â-propos, je dis
que je ne voudrais pas, moi, manquer à cette entente. Il y aura d'autres
occasions d'en parler. On pourra, oralement, provoquer un débat en
Chambre. On pourra lancer... Non, je ne réponds pas à la
question. J'explique pourquoi je ne réponds pas.
M. LESAGE: M. le Président, moi, je dois m'abstenir de poser des
questions, mais, d'un autre côté, l'entente n'empêche pas le
premier ministre d'annoncer la politique du gouvernement.
M. JOHNSON: Le premier ministre sera heureux de l'annoncer, la politique
du gouvernement, en temps et lieu, et le premier ministre n'a aucune
hésitation à prendre ses responsabilités," mais je ne
servirai certainement pas de précédent pour que l'on n'avance pas
dans l'étude des crédits. C'est une question assez importante qui
doit certainement être débattue par l'Assemblée
législative et nous ne manquons pas d'occasions d'en débattre. La
question peut être posée en Chambre dès demain
après-midi, au début de la séance. On peut apporter une
motion. On peut procéder de cinq ou six autres façons. Alors,
quant à moi, je choisis de ne pas répondre ce soir à cette
question, de ne pas dévoiler la politique du gouvernement malgré
la grande tentation que j'aurais de le faire.
M. LESAGE: Succombez, M. le Premier Ministre!
M. JOHNSON: Ah!
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le premier ministre est
évidemment libre de dire ou de ne pas dire ce qu'il juge à propos
de dire ou de ne pas dire. Mais, je pense qu'à ce moment-ci, il a
lui-même souligné qu'il s'agit d'une question de la plus grande
importance.
Le comité a convenu que nous ferions l'étu-
de des crédits, en partant du début, pour me permettre de
poser toutes les questions que je juge à-propos, dans mes fonctions de
député. C'est ce que j'ai fait. Nous avons engagé un
échange, le ministre de l'Education et moi. Le ministre de l'Education
dit qu'il s'agit d'une politique gouvernementale qui ne peut pas être
exprimée ou formulée par lui. Je pense bien que le premier
ministre ne voudra pas priver le comité de renseignements, parce que
nous sommes ici pour cela. Le premier ministre a souligné qu'il y a une
foule de moyens qui sont à la disposition de l'Opposition ou de tous les
députés, comme question de fait, pour se renseigner, que les
députés peuvent poser des questions demain en Chambre, peuvent
présenter des motions. Je pense bien que le premier ministre ne voudra
pas faire de chicane de procédures. Il ne voudra pas, non plus, inviter
les députés à faire toutes sortes de procédures,
demain, en Chambre.
Le premier ministre sait très bien qu'à la période
de questions, il ne peut pas y avoir de débat. Il ne peut y avoir
échange d'opinions sur les politiques que le gouvernement exprime dans
une déclaration ministérielle. Alors, je pense que l'étude
des crédits en comité, comme à l'heure actuelle, est le
moment tout indiqué pour que le gouvernement renseigne non seulement
l'Opposition, mais la population. Le premier ministre lui-même n'a pas
caché qu'à son point de vue, il s'agit d'une question
importante.
Alors, je me permets de le prier avec insistance de nous exposer ce qui
en est de la politique du gouvernement.
M. JOHNSON: M. le Président, le député de
Vaudreuil-Soulanges devrait savoir que les résolutions qui sont ici
adoptées sont rapportées par le président au comité
plénier, au comité des subsides de l'Assemblée
législative et qu'en vertu du règlement toutes et chacune des
résolutions peuvent devenir l'objet de questions et de débats
à l'Assemblée législative.
Deuxièmement, il devrait savoir qu'en vertu du règlement,
lorsque le président du comité des subsides fait rapport au
président de l'Assemblée législative, encore là on
peut, pour l'une ou l'autre ou chacune ou toutes résolutions engager
encore un débat.
Alors il y a, en plus de la période des questions, en plus de la
possibilité de faire une motion soit de forme, soit de fond, soit
d'urgence ou non, il y a en plus ces trois moyens que je viens d'indiquer, et
c'est avec beaucoup de peine que je dois, ce soir, décliner l'invitation
si pressante du député de Vaudreuil-Soulanges. La raison majeure,
M. le Président, c'est que j'ai convoqué pour huit heures et
demie une réunion à laquelle se sont rendus des gens qui sont
venus de très loin, même si ce n'est pas leur devoir d'être
ici comme députés à chaque jour et d'être à
temps pour les crédits...
M. LESAGE: Ils savent que le premier ministre est toujours en retard!
Celan'apas d'importance!
M. JOHNSON: M. le Président, en résumé, vous me
demandez ce soir de vous dire mon opinion, ce serait comme me demander de vous
dire qui a raison, M. Aquin ou M. Levesque, sur ce problème qui a
été soulevé dans d'autres circonstances, à d'autres
endroits.
M. LESAGE: Demandez-le au député de Saint-Hyacinthe...
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, vous me permettrez de
poser une question quand même avec quelques attendus parce que le premier
ministre me tend la perche, et je résisterai difficilement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je pense qu'il y a eu
une entente, M. le député de Laurier, hier, entente pour qu'on
fasse l'étude des postes jusqu'à 10 et que seul M.
Gérin-Lajoie aurait la possibilité de parler ce soir. Alors, je
ne peux pas...
M. LEVESQUE (Laurier): Je regrette, M. le Président, mais ce
genre d'entente ou de demande a-t-il été accepté
rigidement?
M. LE PRESIDENT: Oui, assez rigidement et on l'a maintenu toute la
journée.
M. JOHNSON: Les résolutions sont adoptées. Alors, si on
recommençait le débat sur chacune...
M. LEVESQUE (Laurier); Ce qui revient à dire que le premier
ministre peut, jusqu'à un certain point, mentionner un
député qui n'appartient pas au parti de M. Gérin-Lajoie
à propos de ces sujets-là, mais l'entente fait que le
député n'a plus le droit de parole. Ce qui lui reste: une
conférence de presse?
M. JOHNSON: Bien, pourquoi pas?
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais enfin ça me paraît idiot.
Là, on tombe dans la chinoi-
série de la procédure qui dégrade les
Parlements...
M. JOHNSON: M. le Président, c'était tout simplement une
blague, et je n'ai certainement pas d'objection, quant à moi, à
ce que le député de Laurier, qui ne manque pas de moyens quand il
s'agit de réplique, réponde à une blague, mais, quant au
fond du problème, la politique du gouvernement, je considère que
ce n'est pas l'endroit pour la donner. Il y aura d'autres occasions et
très prochaines de le faire.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais ça revient à dire que, dans ce
comité-ci, l'Union Nationale et les libéraux ont seuls le droit
de parole.
M.JOHNSON: Non.
M. LE PRESIDENT: Hier, il y a eu une entente qui s'est faite avec les
gens qui sont ici pour étudier les dix postes, et les dix ont
été acceptés. Alors, je ne peux pas accepter...
M. LESAGE: M. le Président, j'ai compris tout à
l'heure...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais enfin, depuis qu'on a commencé
à discuter ce sujet-là, M. le Président ça
ne fait que dix minutes que je suis ici je crois que c'est le
député, si j'ai bien compris, parce que je l'ai rencontré
en entrant, c'est le député Pearson qui a posé une
question à propos de Saint-Léonard entre autres.
Enfin, c'est ce qu'il m'a dit en entrant. J'ai entendu le chef du parti
libéral poser une question au député Gérin-Lajoie,
et il y a quelques minutes au premier ministre...
M. LE PRESIDENT: Le député de...
M. LESAGE: Non, on m'a dit que je n'avais pas le droit de poser des
questions.
M. LE PRESIDENT: Et deuxièmement, la personne qui a posé
la question, sur Saint-Léonard, est le député de
Vaudreuil-Soulanges, et il a posé une question juste à 6 h moins
3 minutes. Et, M. le ministre a répondu tout à l'heure.
Je vous demanderais, M. le député de Laurier, si vous
voulez bien...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, nous sommes ici pour écouter et
pour nous instruire.
M. JOHNSON: Non, si vous aviez été ici hier, vous auriez
pu, sur ces articles, poser toutes les questions, comme tout autre
député.
M. LESAGE: Ce n'est pas juste, parce que j'étais au parlement
hier. J'étais en Chambre, moi.
M. JOHNSON: Non, mais je parle d'hier.
M. LESAGE: Et je suis quand même empêché de poser des
questions.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: A ce moment-ci, mais j'étais ici au parlement toute la
journée.
M. JOHNSON: C'est ce que je réponds au député de
Laurier.
M. LE PRESIDENT: C'est parce que, s'il arrive d'autres
députés demain, on n'est pas pour recommencer continuellement. Si
d'autres députés arrivent encore demain, on va recommencer aux
postes 1, 2, et 3, alors, ça peut durer longtemps. Je demande donc
à tous, s'il vous plaît, de respecter cette entente qui s'est
faite d'un commun accord hier.
M. LEVESQUE (Laurier): Au fond c'était seulement pour souligner
que plus le premier ministre parle, plus on voit que nous n'avons pas de
politique devant les cas qui lui sont posés.
M. JOHNSON: J'espère, M. le Président, que le
député de Laurier n'est pas sérieux. S'il est
intéressé à connaître la politique du gouvernement,
il lui faut se placer en Chambre. Et il la connaîtra.
M. LEVESQUE (Laurier): Aussi, M. le Président, il y a une chose
que je voudrais dire, c'est qu'il y a une cinquantaine de gars des deux
côtés dont la moitié sont toujours absents. Il est
évident que pour les caucus à deux, aussitôt qu'il y en a
un qui est absent, il y en a qui jouent là-dessus.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, à l'ordre! A l'ordre!
Poste budgétaire 4.
M. LEVESQUE (Laurier)ï ... on manque...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!S'il vous plaît, M. le
Député. A l'ordre!
Poste budgétaire 4 adopté. Le député de
Vaudreuil-Soulanges, une question.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais demander au ministre
de l'Education, s'il a pris connaissance du rapport qui a été
préparé par un comité nommé par le gouvernement sur
la question de l'éducation des Néo-Canadiens dans le secteur du
grand Montréal?
M. CARDINAL: De quel comité voulez-vous parler exactement?
M. GERIN-LAJOIE: Le comité dont je ne connais pas le
président, dont le nom du président m'échappe.
M. CARDINAL: Je ne pense pas qu'il y ait un comité du
gouvernement à ce sujet et je n'en connais pas. Je ne sais pas si le
député pourrait être plus précis, et me dire par qui
et à quel moment ce comité a été
créé? De toute façon, au ministère de l'Education,
je n'ai pas été saisi d'un tel rapport. Si un rapport de ce genre
a été présenté, il l'a été
àquelqu'un d'autre qu'au ministre de l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: II s'agit d'un comité qui a été
créé conjointement par le ministère de l'Education, dans
le temps où le ministre d'Etat actuel à la Fonction publique
était ministre d'Etat à l'Education, et le ministère des
Affaires culturelles, pour examiner l'orientation et l'option linguistique des
Néo-Québécois. Le rapport, apparamment, a coulé de
quelque façon comme cela arrive et les journaux en ont donné,
paraît-il, un compte-rendu, je n'en n'ai pas vu l'original. Un
compte-rendu au mois d'avril, et j'ai ici une coupure de la Presse du 6 avril
1968, qui donne, prétendument, un résumé de ce rapport. On
dit que ce rapport aurait une cinquantaine de pages et aurait été
remis au gouvernement, apparemment au mois de janvier 1967. Je ne sais pas si
c'était aussi tôt que janvier 1967, et que le gouvernement n'a pas
encore rendu public. A ce sujet-là, le premier ministre aurait
déclaré que les recommandations de ce comité
interministériel de 10 personnes, serviront largement à
l'élaboration de la politique du futur ministère de
l'Immigration.
M. JOHNSON: C'est exact. Ce rapport a été remis bien avant
que le titulaire actuel du ministère de l'Education ne soit entré
en fonction. Il sert à l'élaboration non seulement de la loi,
mais de la politique qui sera suivie par le ministère de l'Immigration,
loi que nous espérons présenter en Chambre ces jours-ci et il
sert aussi évidemment au groupe de travail qui s'occupe, au
ministère des Affaires culturelles, de l'élaboration d'une
politique de la langue. C'est là qu'en sont les choses.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, le chef de l'Opposition me...
M. JOHNSON: Ce n'est pas un rapport officiel évidemment
d'un...
M. GERIN-LAJOIE: C'est le rapport d'un comité de travail.
M. JOHNSON: C'est le comité de travail que M. Masse avait
à ce moment-là demandé.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, le chef de l'Opposition me signale à
l'oreille que le premier ministre lui avait dit, à l'Assemblée
législative, au mois d'avril, à la suite des comptes rendus des
journaux dont je viens de parler, qu'il le rendrait public, qu'il le
déposerait en Chambre. Voilà déjà quelques mois
d'écoulés, c'est une chose qui a échappé à
la mémoire des collaborateurs du premier ministre, chargés de
dépouiller le journal des Débats...
M. JOHNSON: Cela a même échappé à
l'Opposition qui n'a pas réitéré sa demande, alors qu'elle
ne se gêne pas pour réitérer ses demandes.
M. LESAGE: C'était après avoir entendu la nouvelle
à Radio-Canada.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, c'est ce que nous faisons maintenant, M. le
Président, est-ce que le premier ministre...
M. JOHNSON: D'accord, nous allons...
M. GERIN-LAJOIE: ... pourrait le déposer demain ou ces
jours-ci?
M. JOHNSON: Je ne sais pas quel jour mais... il y en a seulement que
quelques copies, M. Xérox était membre du comité et...
M. GERIN-LAJOIE: Et il n'a pas fait son devoir.
M. JOHNSON: II a remis des copies à la presse.
M. CARDINAL: Si vous permettez, M. le Président, dans la
même voie, je voudrais ajouter
un fait qui peut compléter la réponse qui vient
d'être donnée, c'est que de fait je n'ai pas copie de ce rapport,
on vient de mentionner que c'était janvier 1967, c'était avant
que je remplisse le poste que je détiens aujourd'hui. Cependant, je dois
souligner qu'au ministère de l'Education, même si le ministre ne
connaissait pas l'existence de ce rapport, il y a présentement une
action conjointe du ministère et de la CECM pour les adultes que l'on
peut appeler des Néo-Canadiens ou des immigrants. On à la
même chose à Québec avec la Commission des écoles
catholiques de Québec. Il s'agit de cours qui ont été
commencés il y a quelques mois, premièrement dans le domaine de
l'initiation à la vie québécoise, deuxièmement dans
le domaine de la langue française.
Je n'ai pas le nombre de personnes inscrites à ces cours du soir,
mais je sais que ces cours fonctionnent très bien depuis qu'ils ont
été inaugurés en collaboration par le ministère et
ces deux commissions scolaires.
M. GERIN-LAJOIE: Maintenant, M. le Président, je voudrais
signaler quelque chose. Le premier ministre, pour des raisons qu'il nous a
expliquées, se refuse I nous donner un énoncé de politique
ce soir. Je voudrais souligner la gravité de ce refus du premier
ministre. Je m'explique. La situation actuelle, c'est-à-dire celle dans
laquelle les Néo-Canadiens ne savent pas s'ils pourront faire
éduquer leurs enfants dans la langue de leur choix, s'ils sont
catholiques, l'état d'Incertitude et de malaise actuel en ce qui
concerne la langue d'enseignement dans les écoles catholiques peut avoir
pour effet d'entraîner les Néo-Canadiens catholiques, qui
désirent avoir l'enseignement pour leurs enfants en langue anglaise,
à s'inscrire dans des écoles protestantes.
Une décision comme celle que l'on entrevoit à
St-Léonard n'aurait pas nécessairement pour effet, comme le
voudraient les commissaires de St-Léonard, de forcer les familles
à inscrire leurs enfants dans une école française; mais
ils pourraient tout simplement forcer les familles catholiques à
inscrire leurs enfants dans une école de langue anglaise protestante.
C'est donc dire qu'une action isolée par une commission scolaire,
indépendamment de l'aspect de justice ou d'injustice dans la
décision en soi, personnellement, je trouve ça injuste. Mais
c'est une autre question, je n'engage pas le débat là-dessus.
Cette décision ne permettrait pas à la commission scolaire locale
et au gouvernement, qui laisse passer une telle chose, d'atteindre ses
buts.
Je veux donc souligner que tout retard de la part du gouvernement
à énoncer une politique claire et précise au sujet du
problème soulevé peut être la cause d'un malaise
très grave, peut produire des mouvements de population
désorganisant la ville de Montréal et placer un grand nombre de
familles dans l'obligation d'envoyer des enfants dans une école d'une
autre confession religieuse que celle à laquelle ils adhèrent.
C'est là seulement un aspect du problème qui a des faces
multiples et très complexes. Je pense qu'il est de mon devoir ce soir,
avant de laisser passer ce poste, de bien mettre en lumière cette
gravité.
Le gouvernement, en choisissant de reporter à plus tard un
énoncé de principe se rend, à mon avis gravement coupable
de l'état de malaise qui ne pourra aller qu'en s'accentuant à la
suite des événements non seulement d'hier mais des derniers mois
dans la région de Saint-Léonard.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, puisqu'on a fait des
arrangements qui sont rigides, est-ce que ça implique que des questions
de privilège peuvent être posées par les
députés? Nous avons quand même des privilèges en
Chambre.
M. JOHNSON: Pas devant un comité.
M. LEVESQUE (Laurier): J'ai la feuille de 22 h 59... Parce qu'autrement
cela devient un « railroading » c'est une question de
procédure. Je ne sais pas si je suis bien renseigné, mais j'ai la
feuille de 22 h 59 hier soir...
M. LE PRESIDENT: M.leDéputé, il n'y a pas de question de
privilège.
M. LEVESQUE (Laurier): C'était hier soir. Est-ce que l'entente
dont vous parlez a été faite hier après-midi?
M. JOHNSON: Oui, au début de la séance.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors à 22 h 59, hier soir, M. Houde dit
ceci, ce sont les dernières répliques de la séance:
« M. Houde: Etant donné que vous nous brusquez un tout petit peu,
M. le Président c'est le moins qu'on peut dire je pense
que le ministre serait d'accord si jamais il nous revient à
l'idée une question demain. « M. Cardinal: Je suis toujours
à votre entière disposition, et ça me fera plaisir.
»
On ne dirait pas que le plaisir a duré au-delà de 24
heures. « M. Houde: Alors, disons qu'on accepte les articles 7, 8 et 9,
mais qu'il y a possibilité... »
C'est là-dessus qu'on s'est quitté.
M. LE PRESIDENT: Les articles 7, 8 et 9.
M. LEVESQUE (Laurier): Aujourd'hui on évoque un sujet qui est
dans les journaux de ce matin. Les résultats ont été
connus hier soir et peuvent affecter grandement la situation. Ils affectent
déjà gravement la situation qui durait depuis un siècle
dans le domaine scolaire et, en particulier, dans la région
métropolitaine de Montréal. A cause de quelques chinoiseries de
procédure, les députés de la région
métropolitaine, entre autres j'en suis et il y en a d'autres
n'auraient pas le droit d'intervenir. Bien, à ce
moment-là, on se demande quel rôle joue le Parlement et, pendant
ce temps-là, le gouvernement se sert de l'entente, à toutes fins
pratiques, pour escamoter le fait qu'il y a peut-être une politique,
mais, comme dit le premier ministre, on pourra aller « chinoiser »
en haut avec les règlements que l'on connaît, tandis qu'on est ici
pour parler d'éducation. J'avoue que je ne comprends pas. M. le
Président, honnêtement, c'est une question de privilèges
généraux de la Chambre beaucoup plus que d'un simple
député.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne blâme pas le
député d'être très désireux de vouloir parler
du sujet, et nous sommes, nous aussi, désireux de parler de ce sujet. Je
crois qu'il est extrêmement important qu'on en parle. Mais le
comité des crédits est quand même réuni pour une fin
spécifique. L'étude en comité des crédits, comme Je
l'ai expliqué amplement tantôt, n'empêchera pas quelque
député que ce soit, demain ou n'importe quel autre jour, de
soulever le problème, de le débattre sous une forme ou sous une
autre. Le gouvernement est extrêmement conscient de la
nécessité de faire connaître la politique, quand ce ne
serait que pour rappeler le préambule du chapitre 233 qui coiffe
maintenant le bill 60.
Le gouvernement fera connaître sa politique comme c'est son devoir
de le faire pour calmer évidemment certaines appréhensions
inutiles et pour suivre des exhortations du député de
Vaudreuil-Soulanges, qui est soudainement piqué de la grande vocation de
sauver la confes-sionnalité et la religion. Nous le verrons en temps et
lieu. Mais qu'il me suffise de rappeler aux députés de ce
comité, et au député de Laurier en particulier, que le
bill 60 dans son préambule et le préambule fait partie de
la loi règle assez bien le problème sur le terrain des
principes.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le premier ministre me permet: en
répondant, il argumente.
Il lui est permis à lui d'argumenter au-delà du ministre
de l'Education, d'après ce que je peux voir. Il argumente sur le sujet.
Il nous offre d'aller en Chambre, et le ministre de l'Education n'est pas
présent. Il n'a pas le droit d'y être, sauf en comité, et
Dieu sait si on a « chinoisé » pour que le ministre ait le
droit de parler sans être député. Alors le ministre, qui
n'est pas député, « placote », mais les
députés n'ont pas le droit de parler. C'est un drôle de
Parlement!
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit un mot.
M. JOHNSON: M. le Président, je veux bien croire que le
député de Laurier a utilisé les méthodes qui lui
sont habituelles, mais je ne pense pas que le ministre de l'Education «
placote ».
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse: « S'exprime ».
M. JOHNSON: Oui, s'exprime, d'accord! Et si le député veut
être patient...
M. GERIN-LAJOIE: On y reviendra au poste budgétaire 16.
M. JOHNSON: ... il pourrait peut-être y revenir au poste
budgétaire 16, à ce moment-là...
M. LESAGE: Est-ce qu'on peut être assuré que le premier
ministre sera ici pour la discussion du poste budgétaire 16?
M. JOHNSON: Si cela a lieu ce soir, je ne peux pas assurer que...
M. LESAGE: On va s'arranger pour que ça n'ait pas lieu ce
soir.
M. GERIN-LAJOIE: Cela va faire un suspense pour les journaux, mais cela
ne fait rien.
M. LEVESQUE (Laurier): On se fait passer des sapins!
M. LESAGE: On va s'arranger pour que le poste budgétaire 16 soit
étudié demain après-midi, nous allons compter sur la
présence du premier ministre, alors que tous les députés
auront retrouvé le droit de parole.
M. JOHNSON: Cela pourra, M. le Président, faire protester le chef
de l'Opposition et j'espère que mes collègues vont me comprendre,
y compris le leader parlementaire, ça ne sert à rien d'être
gentilhomme avec le chef de l'Oppo-
sition. Hier, nous n'avions pas réservé le droit du
député de Vaudreuil-Soulanges, c'est par pure gentilhommerie que
nous l'avons fait, ce n'est pas notre faute, s'il n'était pas ici...
M. GERIN-LAJOIE: Ne vous fâchez pas! M. JOHNSON: Ce n'est pas
notre faute...
M. LESAGE: J'ai dit que nous aurons retrouvé le droit de parole
au poste budgétaire 16.
M. GERIN-LAJOIE: Ne vous fâchez pas!
M. JOHNSON: Le chef du parti libéral prouve encore une fois que,
pour faire une entente entre gentilshommes, il faut au moins être deux
gentilshommes!
M. LESAGE: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le premier ministre peut dire qu'on
retrouve le droit de parole à 16?
M. JOHNSON: Oui, ici, au comité, on peut le réserver
à 10, si on veut.
M. LEVESQUE (Laurier): Au poste budgétaire 16, on peut revenir,
parce que...
M. JOHNSON: Oui. Cela peut revenir devant le comité des
crédits, et ce poste budgétaire 16 ou n'importe quel autre peut
être réservé, comme on l'a fait amplement d'ailleurs
àl'occasion d'autres études en semblable comité.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors l'entente finit à 10.
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE: Le seul but de mon intervention, M. le Président,
c'était de m'assurer que le premier ministre serait présent
à la séance du comité, lors de l'étude du poste
budgétaire 16.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4, adopté.
Le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Je vais juste poser une question rapide au ministre de
l'Education, sur un même sujet, mais toujours au poste 4, il y a un
document sur les structures d'administration proposées dans les
commissions scolaires. Ce document sur les structures fonctionnelles des
commissions scolaires, je pense, a été distribué aux
commissions scolaires. Est-ce que c'est bien le cas?
M. CARDINAL: C'est vrai qu'il y a eu un document de proposé aux
commissions scolaires et qui sert de base de travail pour restructurer les
commissions scolaires pour fins d'efficacité dans leur
administration.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous apporter ce
document?
M. CARDINAL: II est à votre disposition, je ne l'ai pas avec moi,
mais à tout moment où il me sera possible de vous le remettre, me
fera plaisir. Tout ce qui est au ministère peut être
apporté à l'Opposition sur demande, et vous savez que depuis le
début de la discussion de ces crédits, je n'ai jamais
refusé de remettre un renseignement ou de donner une réponse.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, le ministre pourrait nous l'apporter demain et,
si j'ai des questions sur le document, je pourrai les poser.
M. CARDINAL: C'est noté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux demander que tout le monde garde
silence afin qu'on puisse procéder en paix.
M. JOHNSON: M. le Président, m'accorderez-vous, avant mon
départ causé par des circonstances, juste un moment pour attirer
l'attention du député de Laurier, non seulement sur le
préambule du chapitre 233, mais également sur certains articles
de la Loi de l'instruction publique qui définit les
responsabilités, les pouvoirs et devoirs des commissaires et des
syndics, relativement à l'administration des écoles? On trouvera
là amplement de justifications pour que les gens ne soient pas inquiets
et que toute la politique en matière d'éducation, de
confes-sionnalité et de langue, ne peut pas être chambardée
par un vote, par un référendum local ou par l'attitude de deux
commissaires ou l'élection de deux commissaires.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que c'est l'énoncé de politique du
premier ministre et du gouvernement, ça?
M. JOHNSON: Je vous dis que c'est la loi actuelle et nous n'avons pas
les...
M. GERIN-LAJOIE: Je demande si c'est l'énoncé de politique
que le premier ministre devait nous faire?
M. LE PRESIDENT: C'est un rappel au règlement.
M. JOHNSON: C'est un rappel aux sources.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire si
c'est ça l'énoncé de principe...
M. JOHNSON: Si on veut en savoir davantage, on consultera le programme
de l'Union Nationale où toute...
M. LESAGE: On est sûr qu'il faut prendre le contraire!
M. GERIN-LAJOIE: Ah! ça, c'est la manchette pour les journaux de
demain!
M. LESAGE: Cela, on est sûr qu'il faut prendre le contraire.
M. JOHNSON: ... où tout le problème de l'éducation,
de la confessionnalité ou non, est axé sur un principe, celui de
la liberté de nos gens dans le respect des droits acquis et dans le
respect des droits des groupes ethniques.
Alors, si on veut consulter ces trois documents, se renseigner davantage
sur la portée exacte du vote, je pense qu'on verra qu'on n'aura pas
à faire un drame et à s'inquiéter dans la province tant
que nous serons là.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, nous comptons sur la présence du premier
ministre lors de l'étude du poste 16.
M. JOHNSON: Le premier ministre n'est pas membre de ce comité. Il
tentera d'assister à cette réunion, mais il sera certainement en
Chambre et on pourra en discuter.
M. LEVESQUE (Laurier): N'ayant pas le droit de parler, je remercie le
premier ministre de nous indiquer où on doit chercher la politique qu'il
refuse de donner.
M. JOHNSON: C'est aussi simple que ça. J'aime ça dire au
député de Laurier qu'il n'a pas un gros groupe de travail et
qu'il a surtout la mauvaise habitude de se prononcer avant de connaître
tous les faits et tous les documents.
M. LEVESQUE (Laurier): On n'est pas en élection. Le premier
ministre confond les périodes.
M. LE PRESIDENT: Poste 4, adopté. Adop- té. Poste 5:
Ecoles dans les territoires non organisés et cours spéciaux.
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question.
M. LE PRESIDENT: Aucune question. Poste 5, adopté. Poste 6:
Direction générale de l'enseignement collégial.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'ai un certain nombre de
questions ici. Toutd'abord, j'aimerais me référer à des
remarques faites par le ministre de l'Education, hier, et qui avaient
d'ailleurs été faites par le premier ministre en Chambre à
plus d'une reprise. Il a été question d'un plan
d'établissement de trente collèges d'enseignement
général et professionnel, en vertu du bill 21, sur une
période de cinq ans. Est-ce que le ministre pourrait nous dire de quel
plan il s'agit?
M. CARDINAL: De fait, c'est à la suite de l'adoption du bill
créant les CEGEP qui portait le numéro 21, le ministère,
par ses fonctionnaires, et le ministre, qui était alors l'honorable
Bertrand, avaient établi un plan d'action pour l'implantation des CEGEP,
c'est-à-dire qu'on avait étudié le territoire de la
province pour prévoir un réseau de collèges dans lesquels,
conformément à la loi et aux documents qui l'accompagnaient,
l'enseignement serait gratuit jusqu'au seuil de l'université. Au moment
où ces études ont été faites, ilI y a un peu moins
de deux ans, un peu plus de trente collèges avaient été
prévus, et la période de création ou
d'établissement de ces collèges avait alors été
fixée sur cinq ans. Ceci a d'ailleurs été mentionné
à plusieurs reprises non seulement par le premier ministre et le
ministre de l'Education actuel, mais par le ministre de l'Education qui m'a
précédé et, si ma mémoire est bonne, tout
particulièrement lors de la dernière réunion du Conseil
supérieur de l'éducation, au mois d'octobre dernier, au manoir
Saint-Gabriel. De fait, l'année dernière, entre le moment
où la loi a été adoptée et le moment où je
suis devenu ministre del'Educa-tion, le 31 octobre, douze collèges
avalent quand même été créés, et la mission
des collèges créés à ce moment-là pour
réaliser ce plan et qui devait rencontrer les divers milieux où
des collèges pouvaient ou devaient être créés, a
fait une recommandation au ministre de l'Education, ce qui a amené la
déclaration du mois de mars dernier.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne voudrais pas avoir l'air de prendre le ministre
dans un piège, je ne voudrais pas donner cette impression en posant
mes autres questions. C'est pour ça que je mentionne tout de
suite ce que j'ai àl'esprit. Le premier ministre, à plus d'une
reprise, a mentionné qu'il y avait depuis une époque qui remonte
avant le changement de gouvernement, un plan d'établissement d'une
trentaine de collèges à travers la province sur une
période de cinq ans. Quand le gouvernement établissait, comme
l'an dernier, douze collèges et, cette année, onze
collèges, alors, le premier ministre se faisait fort et s'est fait fort,
à plus d'une reprise, d'annoncer que c'était à un rythme
très rapide, étant donné que l'ancien gouvernement avait
prévu trente collèges en cinq ans, donc en moyenne six par
année. Alors, comme je ne me souvenais pas qu'il y ait eu de plan pour
l'établissement de trente collèges dans cinq ans de défini
par le ministre d'Education avant juin 1966, j'ai pensé qu'il serait
opportun de faire préciser la chose. Alors, je comprends bien qu'il
s'agit d'un plan qui a été mis au point depuis le changement du
gouvernement.
M. CARDINAL: Sans aller jusque là, je dirais que c'est la
même question qui a été posée au sujet du rapport
tantôt. Je puis difficilement remonter au passé et je me fierais
à votre mémoire, plutôt qu'à la mienne pour savoir
ce qui s'est passé avant le 5 juin 1966.
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, c'est bien sûr, avant le 5 juin 1966,
il y avait un projet de loi en élaboration qui est devenu,
éventuellement, après certaines transformations le bill 21, et il
y avait une somme considérable de travail qui avait été
abattue par les fonctionnaires du ministère en vue de
l'établissement éventuel de collèges d'enseignement
général et professionnel qu'on appelait alors instituts.
Mais, je voudrais qu'il soit bien clair que le ministre d'alors n'avait
pas été appelé à prendre une décision sur un
plan de cette nature.
M. CARDINAL: C'est probablement pourquoi la loi a attendu que le
gouvernement change avant d'être adoptée?
M. GERIN-LAJOIE: C'est ça, M. le Président, mais
malheureusement le ministre n'y est pour rien. Mais, s'il avait
été là, ça aurait été bien vite, je
n'en doute pas! Je lui rends cet hommage.
Alors, M. le Président, le ministre pourrait-il nous faire part
de ce plan-là? Est-ce un document écrit qu'il pourrait nous
communiquer? Qu'on sache un peu où l'on va?
M. CARDINAL: Même réponse que tantôt. Je ne suis pas
en mesure de donner une réponse immédiate. Je puis
vérifier et, si un plan précis existe dans un document, il me
fera plaisir de vous le remettre. Je sais, cependant, que cette mission a
été créée, qu'elle avait un mandat et qu'elle a
fait un certain nombre de rapports. Il y a certainement lieu que je puisse
apporter des documents plus tard, lorsque j'aurai réussi à les
réunir.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre croit qu'avec l'aide des
fonctionnaires qui l'entourent ce soir, ou de ceux qu'il pourra atteindre
demain avant-midi, il pourrait nous remettre ce document-là demain
après-midi?
M. CARDINAL: Je n'oserais pas le promettre pour demain
après-midi. C'est qu'il y a plusieurs problèmes qui assaillent le
ministre de l'Education, et l'avant-midi est quelque chose de très court
pour voir à expédier les choses courantes et à
préparer les réponses qui seront données au cours de
l'après-midi de demain. Alors, je dis: Aussitôt qu'il me sera
possible de le faire. Parce que j'ai déjà promis un certain
nombre de choses pour demain.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le ministre ne m'en voudra pas de
signaler qu'à mon avis, le premier devoir d'un ministre, il me semble,
dans un moment comme celui-ci, où on étudie les crédits
d'un ministère en Chambre, c'est d'être à la disposition de
la Chambre.
M. CARDINAL: Je suis entièrement à la disposition du
comité et, dans ce cas-ci, comme je le mentionnais tantôt, tous
mes collaborateurs sont avec moi pour préparer les réponses que
je peux donner aux questions qui sont posées par l'Opposition ou par des
députés ministériels. Cependant, si je prends l'habitude
de répondre à chaque question, et j'aurai celles-ci demain, je me
demande quel résultat j'aurai à la fin de la soirée. C'est
pourquoi vous me permettrez de me réserver.
Cependant, pour revenir à cette question des collèges, il
y a un objectif qui avait été prévu quant au nombre
d'étudiants, puisque le gouvernement actuel en adoptant le bill 21
avait, non seulement adopté un principe, mais avait tenté de
prévoir par des études au ministère, quel nombre
d'étudiants cette loi pourrait desservir sur une période
donnée, c'est-à-dire de 1966 à 1971 ou 1972, cette
période de cinq ans dont on a parlé.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le poste budgétaire 6 est
adopté? M. le député?
M. GERIN-LAJOIE: Non, M. le Président. M. LE PRESIDENT: On n'est
pas pressé.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que c'estnotre devoir, M. le Président,
de nous renseigner le plus à fond possible...
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. GERIN-LAJOIE: ... et comme je l'ai souligné, cet
après-midi, je pense que nous n'avons pas seulement à juger des
sommes d'argent qui sont au budget, c'est aussi la seule occasion que nous
avons d'étudier les politiques d'éducation du
ministère.
Et je pense que le ministère de l'Education est assez important,
que les politiques d'éducation sont assez importantes, que nous sommes
en voie de passer par des transformations assez profondes, pour que nous
puissions consacrer de longues heures et même plusieurs journées
à nous renseigner. Et je pense que nous manquerions profondément
à notre devoir envers la population en ne consacrant pas à
l'étude des crédits et des politiques du ministère de
l'Education, tout le temps que les députés jugent
nécessaire d'y apporter.
M. BOUSQUET: Qui est-ce qui vous a bâillonné?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président...
M. BOUSQUET: Qui est-ce qui veut vous bâillonner?
M. GERIN-LAJOIE: ... j'aimerais demander au ministre de l'Education, je
comprends très bien qu'il ne soit pas en mesure de faire une promesse
précise quant au moment où nous recevrons les documents...
M. CARDINAL: Non, je préfère poser des actes que de faire
des promesses.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais nous sommes ici pour demander des
renseignements...
M. CARDINAL: Je pense que je n'ai refusé aucun renseignement
jusqu'ici.
M. GERIN-LAJOIE: Je prends note simplement du fait que le ministre nous
a dit qu'il nous procurerait ce document aussitôt que possible.
M. BOUSQUET: Espèce de polisson.
M. HOUDE: Tu peux parler de polisson, toi.
UNE VOIX: M. le Président, il y a des échanges de
mots...
M. LE PRESIDENT: Je demande au député de Fabre de retirer
ses paroles antiparlementaires.
M. HYDE: Il a simplement répété des paroles...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je n'ai pas entendu ce que le
député de Saint-Hyacinthe a dit.
M. BOUSQUET: Nous les retirons mutuellement, je suis prêt à
faire ma part.
M. LE PRESIDENT: Je demande au député de Fabre de retirer
ses paroles.
M. HOUDE: Je retire mes paroles.
M. LE PRESIDENT: Merci. Continuons.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au sujet des CEGEP on sait
qu'une grande proportion d'entre eux sont constitués par le regroupement
d'institutions existantes: collèges classiques, instituts de technologie
et autres institutions. Le ministre pourrait-il nous dire quels sont les
critères qui président aux décisions qu'il prend, avec les
conseils de ses fonctionnaires, pour déterminer le regroupement de telle
ou telle institution? Quand j'emploie le mot critère, Je veux dire quant
au nombre d'élèves, quant au bassin de population, quant aux
installations existantes, quant aux distances qui peuvent exister entre les
diverses institutions.
M. CARDINAL: Oui, c'est exact. La mission qui a travaillé pour
faire des recommandations au ministre... Je me permets d'apporter une
correction, les collèges sont créés par le conseil des
ministres sur la recommandation du ministre de l'Education. Les recommandations
portent en particulier sur cinq critères généraux et
comportent une grille de 19 critères particuliers qui sont tous
examinés et auxquels une réponse doit nécessairement
être apportée avant que le ministre ne fasse une recommandation au
conseil des ministres. Ce n'est donc pas fait au hasard, mais sur une politique
qui a été établie préalablement.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends que ce
n'est pas fait au hasard, mais les députés aimeraient
être informés sur les critères qui sont
utilisés.
M. CARDINAL: Les 19 critères que je viens de mentionner, je ne
les aurais pas facilement à la mémoire puisqu'il y en a 19. Je
les tiens à la disposition du député de
Vaudreuil-Soulanges et de tout autre député qui voudra avoir ce
document. C'est un autre document que je note parmi ceux qui pourront
être remis sur demande aussi rapidement que possible.
M. GERIN-LAJOIE: Mais le ministre comprendra qu'on peut avoir des
questions à poser sur ces documents. C'est pour ça que j'aimerais
bien qu'ils soient produits au comité, ici, au moment où il
conviendra au ministre, de sorte que, quand nous en aurons pris connaissance,
nous ayons l'occasion de poser les questions...
M. CARDINAL: C'est pourquoi que je vous dis aussi rapidement que
possible.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, disons que ce sont des questions, M. le
Président, que je laisserai en suspens pour pouvoir avoir des
renseignements du ministre. En ce qui concerne en particulier les distances
entre les diverses institutions regroupées, est-ce que le ministre est
en mesure de nous faire part des critères? Je vais vous donner un cas
concret comme exemple que j'ai à l'esprit. Dans la région chez
nous, l'institut de technologie de Vaudreuil, par exemple, est regroupé
avec l'ancien collège de Saint-Laurent pour faire le CEGEP avec d'autres
institutions situées à une bonne distance. Alors, je me demande
comment le ministre et ses collaborateurs évaluent des facteurs de
distance comme ça?
M. CARDINAL: Le facteur de distance n'est que l'un des 19 facteurs. Il
n'est pas, évidemment, le plus important. Le bassin d'étudiants,
la force que je pourrais appeler de professeurs ou d'enseignants, la
possibilité d'unification. Il faut établir la polyvalence de
diverses institutions. Tous ces facteurs sont d'abord tenus en ligne de compte.
Pour répondre plus précisément à cette question, il
faudrait que j'aie ce document en main de fait. La distance est un des
critères mais n'est pas, et de loin, le principal critère. De
fait, ces critères, comme je l'ai mentionné tantôt, font
partie d'une grille, et c'est par comparaison entre diverses
possibilités qu'une décision est prise.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, on va laisser cette question-là en
suspens, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes toujours au poste 6.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, sur les CEGEP. M. le Président, j'ai lu le
compte-rendu des délibérations d'hier alors que le ministre a
exposé entre autres qu'il y a une mission pour la constitution des
CEGEP, et que cette mission considère les projets qu'on lui soumet.
Alors j'aimerais demander au ministre si son ministère, dont la mission
fait partie, attend vraiment les demandes du milieu dans tous les cas ou si la
mission ou d'autres fonctionnaires du ministère font une analyse plus
complète de la situation pour explorer le milieu complètement?
Parce que non seulement il peut, mais il y a des cas où des institutions
ou des groupements n'ont pas fait valoir d'opinion auprès de la
mission.
M. CARDINAL: II y a quelques minutes à peine, j'ai indiqué
que la mission, d'une part, étudiait les demandes et, d'autre part,
proposait elle-même des recommandations même dans les cas où
le milieu lui-même n'aurait pas agi. De fait, depuis quelques mois, il y
a des cas où nous n'avions pas reçu de demandes précises
du milieu et où la mission s'est quand même rendue de façon
à susciter l'intérêt, disons pour la création d'un
collège.
Cependant, j'ai dit hier, et je ne voudrais pas répéter
tout ce que j'ai dit à ce sujet, que les premiers collèges qui
ont été créés l'ont été dans des
lieux où il existait déjà l'équipement, le corps
professoral, le bassin d'étudiants, etc.
M. GERIN-LAJOIE: Je signale simplement ceci pour compléter le
tableau que j'ai en vue et je comprends que les réponses plus
complètes viendront avec le document. On comprendra que le transport des
étudiants pose un problème tout à fait particulier, il y a
déjà le problème de transport...
M. CARDINAL: Cela a été discuté hier, de fait, au
niveau collégial.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, il y a le problème du transport des
étudiants depuis leur foyer jusqu'au CEGEP, mais là, je mets en
évidence le deuxième problème de transport, celui des
étudiants d'une bâtisse à une autre des bâtisses qui
font l'objet d'un regroupement pour faire un CEGEP. Par exemple, un
étudiant de Saint-Polycarpe s'en va au CEGEP à Saint-Laurent et
poursuit certains cours et retourne à Vaudreuil. Alors c'est un
transport supplémentaire.
Disons que je ne pose pas d'autres questions sur ce point-là, je
voulais simplement donner au ministre une image un peu plus complète du
problème que j'ai en vue, pour qu'il puisse nous apporter certains
éclaircissements. Disons que je me permettrai de lui remettre demain,
peut-être, un document exposant ce problème-là un peu plus
en détail, pour qu'il puisse savoir à l'avance toutes les
questions que j'aimerais poser au sujet de ce problème qui me
paraît fort complexe.
M. CARDINAL: Le document sera le bienvenu.
M. GERIN-LAJOIE: Je vous donnerai cela par écrit. Alors, disons
que, sur la question des CEGEP, il y a toute la question de
l'intégration du technique. Je voudrais simplement souligner ici que
j'entends un grand nombre de personnes qui se préoccupent du sort de
l'enseignement, non des institutions, mais de l'enseignement professionnel
technique dans la province, avec l'intégration des instituts de
technologie. Au CEGEP, on a l'impression que l'enseignement technique est en
voie de passer tout à fait à l'arrière-plan, pas toujours
par la volonté des autorités au ministère ou dans les
institutions, mais à cause du climat qui existe. Apparemment, les
étudiants perdent de l'intérêt pour l'enseignement
technique ainsi absorbé dans les CEGEP, alors que la
société québécoise avait eu déjà
beaucoup de difficulté à revaloriser ou à valoriser tout
simplement dans l'opinion publique, progressivement, au cours des
années, l'enseignement technique. Alors, je suis sûr que le
ministre est saisi de ce problème-là. Je ne sais pas s'il y
aurait lieu de...
M. CARDINAL: J'ai mentionné justement hier que le collège
créait un nouveau niveau qui avait une caractéristique
très particulière, originale, que l'on ne retrouve pas ailleurs,
et c'est justement la possibilité de préparer pour le
marché du Travail ce groupe d'étudiants, qui seront des
techniciens de niveau supérieur.
J'aurais deux réponses à apporter à la suggestion
faite ou à l'interrogation posée. D'une part, dans les
collèges actuels, il y a 33 options préuniversitaires contre 42
options professionnelles actuellement. Le ministère lui-même, dans
la préparation de ces programmes, a mis l'accent sur la technique.
D'autre part, j'admets avec le député qu'il y a un esprit
à créer dans ce domaine, lorsque l'on fait la réunion
d'étudiants qui, autrefois, ne se fréquentaient pas. Il y a donc
vraiment là, matière à une initiation à cette vie
en com- mun, de polyvalence, si l'on veut, dans les collèges, et
à une revalorisation, dans l'esprit même de ceux qui se
rencontrent, de cet enseignement technique. Et enfin, certains secteurs, si
vous voulez, dans certains collèges, peuvent être
privilégiés et je pense que la situation actuelle justifie quant
à l'avenir beaucoup plus d'optimisme que quant au passé, quant
à l'enseignement technique. Un exemple que je donnerai, c'est le choix,
ou un certain désir chez les étudiants de se diriger par exemple,
vers l'informatique, qui est une des techniques de l'avenir.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre comprendra que je ne mets pas du tout en
cause les objectifs de l'enseignement polyvalent, ni l'idée des
CEGEP.
M. CARDINAL: Je n'ai jamais compris votre question dans ce sens.
M. GERIN-LAJOIE: Je vous fait part d'une préoccupation tout en
acceptant les objectifs des CEGEP. Je pense bien que nous pouvons constater
qu'il y a là un problème. Cela revient peut-être un peu
à la question de cet après-midi, le problème d'orientation
des jeunes, et je pense qu'il y a tout un problème de motivation chez la
jeunesse. Je pense aussi que nous pouvons nous Interroger sur la façon
dont l'université est présentée à l'esprit de toute
la jeunesse. On a tendance, je pense, chez la jeunesse actuelle, à
prendre l'université comme une panacée pour tout le monde.
M. CARDINAL: Oui, mais je dirai ceci: II y a deux
phénomènes qui se passent au niveau des collèges: c'est
que ces étudiants qui vont au collège d'enseignement
général et professionnel, autrefois allaient à
l'école technique et se séparaient de tout ce groupe et vice
versa pour ceux qui allaient dans les collèges classiques.
Le fait qu'ils se rencontrent fait que ces étudiants, en commun,
peuvent se réorienter à la suite d'options qu'ils prendront au
cours de deux ans ou parfois de trois ans, possibilité qui n'existait
pas avant puisqu'on était pris dans un système qui conduisait
nécessairement à des issues tout à fait différentes
et inconciliables. C'est d'ailleurs une des caractéristiques principales
du collège, et au fur et à mesure que les étudiants
vivront dans ces collèges, ils seront davantage imbus de l'esprit qui
préside à leur création et à leur
fonctionnement.
M. GERIN-LAJOIE: Je suis d'accord avec tout ce que le ministre dit, mais
le problème demeure entier je pense. C'est le problème
d'éviter que les jeunes se concentrent sur les options de formation
générale...
M. CARDINAL: Ce n'est pas le problème. Je pense que nous sommes
sur la bonne voie, parce qu'ils ont un moyen maintenant de se concentrer sur
plusieurs voies, c'est-à-dire de se distribuer sur plusieurs voies entre
eux, plutôt que de se concentrer sur une seule voie qui leur était
offerte dans l'ancien système.
J'ai des raisons de croire que je suis optimiste à bon droit et
le ministère, par sa direction générale du collège,
se préoccupe beaucoup de cette question qui vient d'être
soulevée par le député, je dirais même que c'est
l'un de ses principaux soucis.
M. GERIN-LAJOIE: Vous me permettrez d'ajouter simplement que le nombre
d'options professionnelles offertes par les CEGEP en général,
dans toute la province, n'est en aucune façon une réponse
à la question que je posais. Bien sûr, je reconnais que le
ministère se préoccupe du problème que j'ai
soulevé, je le sais. Ma question ce n'est pas de savoir s'il s'en
préoccupe, c'est de savoir s'il a des moyens en vue pour éviter
une concentration des jeunes vers les options de formation
générale. Je dois vous dire que je ne sors rien de ma tête,
la préoccupation que je viens d'exprimer, elle me vient de mes multiples
conversations avec des professeurs, des étudiants et des dirigeants dans
l'enseignement professionnel à travers le Québec. Cette
préoccupation que j'ai exprimée, c'est la préoccupation
d'un grand nombre d'éducateurs, surtout dans le secteur professionnel,
et c'est une préoccupation, non seulement qui vient de leur construction
d'esprit ou de leurs réflexions en vase clos, mais qui vient
déjà de leur expérience après un an d'existence
d'un certain nombre de CEGEP. Alors, l'optimisme du ministre ne m'encourage
pas, cela me fait craindre que le ministre ne voit pas la difficulté.
J'aurais été plus rassuré s'il m'avait dit: Oui, je vois
le problème en effet, aussi gravement que le député le
voit, et nous prenons certains moyens pour pallier ces difficultés.
M. CARDINAL: M. le Député, ma
sérénité de langage n'empêche rien de la grandeur,
de la dimension et de la profondeur de mes préoccupations dans ce
domaine.
M. LE PRESIDENT: Qu'en termes de gen- tilhomme ces choses-là sont
dites!
M. GERIN-LAJOIE: Quant à moi j'ai fini mes questions.
M. LE PRESIDENT: Je ne veux rien brusquer, M. le Député,
mais...
M. GERIN-LAJOIE: Mais... je ne veux rien brusquer, mais...
M. LE PRESIDENT: Je ne veux rien brusquer.
M. GERIN-LAJOIE: Vous ne perdez rien pour attendre, M. le
Président, parce que le poste est en suspens jusqu'à ce que le
ministre m'apporte les documents.
M. LE PRESIDENT: Cela me fait plaisir, qu'il s'allonge. Puis-je vous
demander si le poste 6 est accepté?
M. CLICHE: M. le Président, avant de passer à un autre
article.
M. LE PRESIDENT: Un instant, un instant, monsieur, je m'excuse, il y a
eu une entente. Pour la troisième fois, il y a eu une entente, et comme
nous sommes des gentilshommes, j'espère que le gentilhomme
député...
M. CLICHE: C'est une question de gentilhomme que je veux poser.
DES VOIX: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Impossible.
UNE VOIX: Je m'objecte.
M. LE PRESIDENT: Une seconde.
M. CLICHE: Je voudrais bien donner mon point de vue.
DES VOIX: Non, non.
M. CLICHE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant, je vais voir le sens de la question,
avant.
M. GARDNER: Peu importe le sens de la question.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, attendez.
M. CLICHE: Ma question, c'est qu'on a parlé de CEGEP, alors je
veux en parler.
M. LE PRESIDENT: Un instant, à l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, à l'ordre! Tout à l'heure nous avons discuté
pendant quinze minutes sur ce problème et je...
M. CLICHE: Vous en avez parlé.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, il y a une entente qui s'est
faite, je vais vous l'expliquer clairement, hier, entre les deux
représentants des partis pour que, les dits postes ayant
été acceptés, seul le député de
Vaudreuil-Soulanges ce soir puisse intervenir et j'entends bien faire
respecter cette entente. J'entends bien la faire respecter. Poste
budgétaire 7, s'il vous plaît.
M. CLICHE: M. le Ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plafi] A l'ordre, s'il vous
plaît!
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plafi!
M. CLICHE: Je vous demande, M. le Ministre, de répondre à
ma question.
M. CARDINAL: Je regrette, M. le Député, je suis à
la disposition des députés, mais je m'en tiens au
règlement, à l'entente et à la décision du
président...
M. CLICHE: C'est une autre façon de se défiler.
M. CARDINAL: ... conforme à l'entente, sur l'article 6.
M. LE PRESIDENT: II y a eu entente entre les deux groupes. Et j'entends
la faire respecter, s'il vous plafi.
Poste budgétaire 7. De part et d'autre, je demande de revenir
à la discipline.
Poste budgétaire 7, s'il vous plaît.
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question.
M. LE PRESIDENT: Merci. Poste 8. Poste budgétaire 9.
M. GERIN-LAJOIE: Aucune question.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, tout le monde peut poser des questions au
poste budgétaire 10.
M. GRENIER: M. Cliche, votre question.
M. LE PRESIDENT: Direction générale de la formation des
mafires. Merci.
M. MASSE: M. Cliche, vous pouvez poser votre question, c'est la
direction générale de la formation des mafires. Il est
quelquefois question des collèges d'enseignement. Vous pourriez poser
votre question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent, s'il vous
plaît!
M. PEARSON: M. le Ministre, est-ce que vous pourriez nous dire pour
quelle raison le comité de formation des mafires, d'après les
renseignements que j'ai, ne fonctionne plus depuis peut-être le mois de
janvier? Est-ce qu'il y a une raison spécifique?
M. CARDINAL: II est purement suspendu. C'est qu'à la suite de
rencontres avec tous les groupes intéressés, le comité a
suspendu ses travaux pour réorientation, sujet à une convocation
très prochaine. Et, de fait, cette convocation aura certainement lieu
très bientôt. C'est donc du consentement des membres du
comité et des intéressés qu'il représentait que le
comité a été non pas aboli, mais a temporairement suspendu
ses travaux.
M. GERIN-LAJOIE: Mais le ministre nous dit que c'est par un vote du
comité...
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit un vote du comité, f ai dit par une
entente entre les intéressés.
M. MASSE: De plus en plus les...
M. CARDINAL: Pour être plus précis, c'est que les groupes
qui étaient représentés à ce comité ont tous
été consultés depuis janvier, ont donné leur
réponse au cours des mois de janvier et de février jusqu'à
la fin de mars, et c'est pendant ces consultations-là que les travaux
ont été suspendus, quitte à recommander les travaux du
comité. Ce n'est pas un vote au sein du comité, c'est une
consultation auprès des groupes intéressés
représentés au comité.
M. GERIN-LAJOIE: Qui fait la consultation auprès des groupes? Des
fonctionnaires?
M. CARDINAL: A la demande des groupes eux-mêmes, la direction
générale de la formation des maîtres, dont il est question
au poste budgétaire 10.
M. GERIN-LAJOIE: Je dois manifester mon étonnement, parce que les
représentants de la CEQ m'ont fait part de leur étonnement et de
leur sentiment de désappointement que le comité ne siège
pas. Je prends la parole du ministre, je ne le mets pas en cause, mais je me
demande s'il peut y avoir une sorte de malentendu. J'essaie de me l'expliquer
parce que je tiens pour acquis que les deux nous donnent les faits, sauf qu'il
y a probablement un malentendu quelque part.
M. CARDINAL: Evidemment, je n'ai pas parlé de vote majoritaire.
J'ai dit qu'à la demande des intéressés, pendant la
consultation, les travaux ont été suspendus. Je ne suis pas au
courant de cette réaction de la CEQ.
M. HOUDE: M. le Président, étant donné qu'il y a
encore beaucoup de professeurs, beaucoup de maîtres qui n'ont pas de
diplôme et qui enseignent, en fait...
M. CARDINAL: Qu'entendez-vous par diplôme?
M. HOUDE: Un diplôme reconnu par une école normale. Il y en
a encore beaucoup.
M. CARDINAL: Je ne comprends pas la question.
M. HOUDE: Je dis qu'étant donné qu'il y a beaucoup de
professeurs qui, actuellement, sont dans les écoles à travers la
province de Québec, qui n'ont jamais eu de diplôme...
M. MASSE: Des brevets d'enseignement.
M. HOUDE: ... qui n'ont jamais eu de brevet d'enseignement, quelle est
la politique du ministère pour le recyclage de tous ces enseignants?
M. CARDINAL: Brièvement, il y a environ 6,500 professeurs qui ne
sont pas légalement qualifiés au terme des brevets. Ces
professeurs ont cependant un taux de scolarisation qui, parfois, dépasse
la moyenne des professeurs qui sont appelés légalement
qualifiés. Il ne faut pas confondre la qualification légale et la
compétence.
J'ai annoncé tout récemment un plan de rat- trapage qui
est offert à ces 6,500 professeurs non légalement
qualifiés et qui peuvent, en suivant des cours durant les fins de
semaine, durant l'été, durant les périodes où il
n'y a pas de travaux, sans perdre de salaire, sans perdre de temps de travail,
obtenir la qualification conformément au règlement numéro
4.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre pourrait-il nous dire si son
ministère a un plan de développement de la formation des
maîtres, un plan d'ensemble, avec des prévisions pour les
années à venir, et des plans contenant aussi des aspects du
contenu de l'enseignement, de la formation générale des
maîtres et ce qui concerne les institutions qui doivent dispenser cet
enseignement, est-ce que c'est contenu dans un document? Je me rends compte que
je pose une question d'ordre général, mais comme la question de
la formation des maîtres n'a pas fait l'objet d'une politique
générale comme les CEGEP, comme l'enseignement secondaire, comme
l'enseignement élémentaire, je demande au ministre s'il y aune
politique générale de la formation des maîtres.
M. CARDINAL: Vous avez raison de dire que jusqu'à présent,
il n'y a pas eu de politique générale de la formation des
maîtres. Quand je suis arrivé, le 31 octobre, j'ai annoncé
la formation des maîtres comme l'une des priorités et, à ce
moment-là, avec mes collaborateurs, je me suis mis au travail pour
amorcer une politique dans ce domaine. La première annonce qui a
été faite a été celle du plan REPERES dont j'ai
parlé cet après-midi, c'est-à-dire cette expérience
pilote dans la région de Québec, qui peut être
étendu dans d'autres régions du Québec, et qui permet de
déterminer les cadres, le contenu de cette année de
psychopédagogie et qui se fait en collaboration avec les
étudiants-maîtres et le ministère. Deuxièmement,
j'ai annoncé ce que je viens de mentionner: cette opération de
rattrapage pour les maîtres non légalement qualifiés.
Troisièmement je suis obligé de répondre
dans ce sens il y a une étude qui est actuellement
préparée concernant la formation des maîtres. Je l'aurai
entre les mains dans peu de temps, je ne l'ai pas actuellement, et je me
propose personnellement de faire très bientôt, c'est-à-dire
d'ici la fin de ce mois, une annonce concernant la formation des
maîtres.
De fait, à la première conférence de presse que
j'ai donnée concernant l'opération REPERES, j'ai mentionné
que, dans les six mois ou à peu près qui suivraient, je
reviendrais à plusieurs reprises pour annoncer des amorces à
cette politique, ou des étapes dans
cette politique, où finalement une politique définie et
globale pour l'avenir.
Alors, je ne suis pas en mesure ce soir, je le dis très
franchement, d'annoncer cette politique, j'attends une étude qui est
présentement faite au ministère. étude que je rendrai
publique dès qu'elle me sera remise et que j'aurai après
étude, évidemment, consenti à l'accepter.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre peut nous dire si le projet dont
il parle lui permettra vraisemblablement d'annoncer une politique d'ensemble
avec certaines échéances, certaines étapes. Il a
parlé de certaines initiatives qui ont été prises par le
ministère, qui sont très bien, mais qui demeurent quand
même des initiatives, des décisions isolées ou enfin, je ne
peux pas employer cela de façon péjorative, mais le ministre me
comprend. Alors, est-ce son intention d'annoncer un plan d'ensemble avec des
étapes pour que tout le monde sache où on s'en va?
M. CARDINAL: C'est d'annoncer un plan qui permette d'établir
cette politique générale. Je ne peux pas, comme je vous le dis,
définir davantage, parce que je n'ai pas le document de travail qui est
préparé au ministère. Ce ne sera pas, comme telle, une
politique définitive, parce que dans ce domaine Je pense qu'on ne peut
pas s'attendre à une politique définitive. C'est un terrain qui,
de lui-même, est mouvant, mais ce seront des moyens que j'annoncerai et
qui permettront d'établir une politique et, évidemment, de la
reviser au fur et à mesure des besoins.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre a une idée approximative
de l'époque à laquelle il pense être en mesure d'annoncer
une telle politique?
M. CARDINAL: D'ici la fin de ce mois, comme je viens de le mentionner.
Me permettez-vous d'ajouter que toute politique de formation des maîtres
se place quand même dans les cadres de la restructuration de
l'enseignement. Il était difficile, j'en ai parlé hier,
d'annoncer une politique de formation des maîtres avant que les
structures au niveau collégial et éventuellement au niveau de
l'enseignement supérieur, cette loi-cadre de l'enseignement
supérieur dont il a déjà été question, soit
elle-même définie, puisque l'enseignement aux futurs maîtres
se situe actuellement, si on me permet cette expression, elle n'a rien
de péjoratif à cheval sur ces deux niveaux. Maintenant que
ces structures sont, ou bien établies, ou bien définies, il me
sera possible, d'ici la fin du mois, de procéder à une autre
annonce. De plus, j'ajoute sans entrer dans ce domaine, que le travail qui se
fait avec les professeurs eux-mêmes permettra de définir davantage
cette politique.
M. GERIN-LAJOIE: Je remercie monsieur le ministre.
M. CLICHE: Le ministère a-t-il objection à ce que les
cours de niveau CEGEP pour la formation des maîtres soient donnés
à Amos? A l'école Monseigneur-Desmarais?
M. CARDINAL: C'est une question précise. Je ne saurais pas y
répondre immédiatement comme ceci sans regarder le dossier. Je
n'ai pas, à première vue, d'objection. Il existe
déjà d'ailleurs un centre de formation des maîtres à
Amos. Par conséquent, ce centre fera partie d'une politique
générale que j'annoncerai d'ici la fin du mois.
M. CLICHE: C'est pour l'information du ministre. Des cours ont
été donnés au cours de la présente année et
on m'annonce un programme semblable pour l'an prochain, la prochaine
année scolaire. Je veux savoir si le ministère concourt dans les
décisions...
M. CARDINAL: Ah! si des cours ont été annoncés pour
l'an prochain, il est évident que le ministère y concourt, sans
quoi cela n'aurait pas pu être annoncé.
M. CLICHE: Est-il à votre connaissance qu'il existe un centre
d'études supérieures de l'Abitibi? C'est l'appellation qu'on
donne au groupement et le groupement annonce qu'avec le concours de l'Ecole
normale Monseigneur-Desmarais, le centre de formation des maîtres offrira
en septembre 1968 tout l'éventail des cours requis pour l'obtention d'un
brevet B, option élémentaire-maternelle, et d'un brevet A, option
secondaire-élémentaire.
M. CARDINAL: Je ne saurais répondre parce que, comme i la
première question, ceci est évidemment un dossier particulier et
je n'ai pas ici ce soir les renseignements, mais je peux les vérifier
pour vous apporter une réponse aussi rapide que possible.
M. CLICHE: Demain, disons?
M. CARDINAL: Je réponds la même chose que j'ai
répondue au député de Vaudreuil-Sou-
langes, j'aimerais apporter toutes les réponses demain mais je ne
sais depuis quel nombre d'heures on me demande des réponses pour demain.
Je dis aussitôt qu'il sera possible de réunir les documents pour
répondre.
M. CLICHE: Est-ce que, dans la décision que prend le
ministère de former un CEGEP ou de créer un CEGEP dans une
région en particulier, cela pèse beaucoup dans la balance, cette
formation des maîtres?
M. CARDINAL: C'est un des 19 critères que j'ai mentionnés
tantôt, sans revenir sur le poste numéro 6.
M. CLICHE: Ce n'est pas un des cinq, c'est un des 19.
M. CARDINAL: C'est un des dix-neuf, oui. D'ailleurs, si vous permettez,
M. le Député, dans l'annonce que je ferai d'ici la fin du mois,
il y aura une réponse non pas à votre question précise de
telle institution, mais à votre question plus générale de
la prise en considération de la formation des maîtres pour la
création d'un collège ou d'autres centres du genre.
M. CLICHE: Dans l'Abitibi?
M. CARDINAL: Non pas en Abitibi mais partout dans la province.
M. CLICHE: Partout dans la province, cela n'exclut pas l'Abitibi.
M. CARDINAL: L'Abitibi, à ce que je sache, n'est pas encore
séparée. Il ne faut pas se fier à ses impressions.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire quelle est la politique du ministère de l'Education en ce qui
concerne les écoles normales? Je pourrais lui demander de
préciser pour les écoles normales privées et
publiques?
M. CARDINAL: Est-ce que vous pouvez préciser votre question?
Est-ce une question sur les institutions privées ou sur les
écoles normales?
M. GERIN-LAJOIE: Sur les écoles normales. Ce n'est pas en tant
qu'institutions privées que je me pose la question, c'est comme
écoles normales, celles qui dispensent le brevet B, le brevet A.
M. CARDINAL: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'elles sont appelées à
disparaître en somme, ou est-ce qu'on les conserve et en leur permettant
de dispenser tel enseignement? Sous quelles conditions?
M. CARDINAL: Je vais vous dévoiler un secret. L'annonce que je
ferai d'ici la fin du mois portera certainement, entre autres, sur la
réponse à cette question.
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas un gros secret.
M. CARDINAL: Si vous savez la réponse, pourquoi posez-vous la
question?
M. GERIN-LAJOIE: C'est parce que je voudrais savoir le contenu de la
décision.
M. CARDINAL: Elle n'est pas prise, cette décision. C'est la
même réponse que tantôt. Disons que je suis sérieux
comme d'habitude. Dans cette annonce de politique qui sera proposée
d'ici la fin du mois, il y aura réponse à cette question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: On est au poste 11.
M. LE PRESIDENT: Non, dix: Formation des maîtres.
M. HOUDE : M. le Ministre, dans l'annonce que vous ferez bientôt
concernant la formation des maîtres, est-ce qu'il serait également
question de certaines institutions privées qui ne sont pas des
écoles normales et qui, dans certaines spécialités,
décernent actuellement des diplômes qui, jusqu'à
maintenant, ont été tolérés et qui permettaient aux
détenteurs de ces diplômes d'entrer et d'enseigner dans des
écoles, dans des commissions scolaires à travers le
Québec? Je sais que ça existe encore aujourd'hui en
éducation physique. Probablement que ça existe dans d'autres
spécialités.
M. CARDINAL: Quel exemple pouvez-vous donner, parce que la question est
trop générale pour que je puisse tenter d'y répondre?
M. HOUDE: Je peux vous donner un exemple. Celui de l'institut Yvan Coutu
ou celui de la So-
ciété canadienne d'éducation physique et de
récréation, qui organisent des cours, qui émettent un
diplôme à plusieurs centaines d'étudiants par année.
Ces étudiants et ces étudiantes, munis de ces diplômes
peuvent actuellement, trouver des emplois dans les commissions scolaires.
Alors, ça toujours été assez vague cette question
à savoir, si oui ou non ce diplôme était reconnu ou le
serait à l'avenir.
M. CARDINAL: Ces professeurs ou enfin ces personnes qui désirent
devenir professeurs sont soumis, comme tous les autres, dans tout genre
d'enseignement, qu'il soit question de métier professionnel,
d'éducation physique ou autre, au règlement numéro 4. La
réponse se retrouve dans le règlement numéro 4.
Il leur faut, à moins d'un permis d'enseigner, un des brevets
prévus.
Il faut être plus précis. Disons que les commissions
scolaires peuvent avoir l'autorisation d'engager des personnes qui ne sont pas
légalement qualifiées, mais ces personnes peuvent
également se qualifier conformément au règlement
numéro 4, en suivant le projet de rattrapage dont j'ai parlé il y
a quelques instants.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire si les écoles normales font réellement double emploi avec
les CEGEP au niveau de A-l, et A-2, ou pas exactement? Il semble avoir
confusion.
M. CARDINAL: Vous voulez absolument que je fasse l'annonce de la
politique avant d'avoir reçu le document et de l'avoir
étudié. C'est une question tellement proche de celle de
tantôt que je suis obligé, avec tout le regret que j'ai de ne pas
pouvoir annoncer ce soir une bonne nouvelle, de répondre que ça
ferait partie de cette politique.
M. GERIN-LAJOIE: Evidemment, je ne voudrais pas être
désagréable. Je vois que le ministre de la Justice est ici...
M. CARDINAL: Vous ne l'êtes jamais.
M. GERIN-LAJOIE: ... mais, je ne sais pas ce que signifie le ton sur
lequel le ministre dit ça...
M. LE PRESIDENT: Je connais le ministre, c'est un bon ton!
M. GERIN-LAJOIE: C'est un bon ton.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas de méchanceté dans cela.
M. GERIN-LAJOIE: Mais, je ne peux pas m'empêcher de manifester de
la déception. C'est le moins que je puisse dire qu'après deux ans
d'un gouvernement qui a admis, par ses propres paroles, qu'il donnait une
priorité à la formation des maîtres, on en soit encore au
stade de dire qu'un document s'en vient.
M. CARDINAL: Je m'excuse. J'ai mentionné qu'il y avait eu, depuis
quelques mois, un certain nombre d'initiatives, qu'il y a une étude qui
se poursuit et que j'aurai d'ici quelques jours ou quelques semaines ce qui me
permettra de faire une annonce.
Je ne pense pas que l'on puisse croire que, d'une façon
irréfléchie et sans étude, je puisse annoncer une
politique dans une matière aussi difficile. Cependant, il y a
déjà des actes qui ont été posés ou par mon
prédécesseur ou par le ministre actuel qui vous
répond.
Par exemple, il y a eu, dans certaines régions, entente entre le
collège d'enseignement général et professionnel et
l'école normale qui se trouve sur le même lieu, pour que
l'enseignement puisse s'échanger. Il y a déjà ce qu'on
appelle A-1,...
M. GERIN-LAJOIE: C'était A-l en 1966.
M. CARDINAL: ... A-2 qui existe dans ces écoles normales. Si
c'était une bonne solution avant 1966, elle a été
poursuivie et je le donne à titre d'exemple. Il y aurait peut-être
d'autres exemples précis que l'on pourrait aller chercher. Cependant, je
pense que la formation des maîtres est quelque chose de suffisamment
important pour qu'il faille non seulement poser un certain nombre de paliers,
comme on l'a fait jusqu'à présent, mais annoncer un jour un moyen
d'établir une politique générale.
J'ai d'ailleurs si vous me permettez, je vous
référerai au journal des Débats d'hier parlé
de l'endroit ou de l'ordre du temps où devait se placer la
réforme par rapport à la formation des maîtres.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre nous a-t-il dit d'ici un mois ou d'ici la
fin du mois?
M. CARDINAL: J'ai dit d'ici la fin du mois.
M. GERIN-LAJOIE: Etant donné l'importance de la question, je me
rends compte que sur tout le problème la formation des maîtres,
le
ministre semble nous dire: Je ne sais pas si cela s'appliquera aux
autres questions que j'ai, que la réponse se trouvera, à toutes
fins pratiques, dans le document de la nouvelle politique...
M. CARDINAL: Pas nécessairement, tout dépend de la
question. Si la question se rapporte à la politique
générale, je devrai faire la même réponse. Si cela
se rapporte à des choses tout à fait précises, qui ne
dépendent pas de cette politique générale, j'espère
que je serai en mesure de donner une réponse précise.
M. GERIN-LAJOIE: Mais, j'ai plusieurs questions sur la politique
générale. Je comprends ce que le ministre nous dit. Je me demande
si, dans les circonstances, le poste budgétaire 10 devrait être
suspendu pour que nous le reprenions à la fin du mois pour que le
ministre ait l'occasion de nous expliquer...
M. CARDINAL: Bien, je peux vous faire une autre suggestion. Il peut
toujours être suspendu, comme le poste budgétaire 1, pour
discussion en Chambre, plutôt que de retenir un comité et
d'empêcher que d'autres crédits ne soient débattus.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, je pense qu'on ne retarde personne, sauf les
membres mêmes du comité...
M. CARDINAL: Bien, c'est ça que j'ai voulu dire.
M. GERIN-LAJOIE: ... mais ce que j'ai en vue, c'est que, si le ministre
croit être en mesure d'annoncer sa politique nouvelle, qui me
paraît assez globale, d'assez d'envergure, d'après ce qu'il nous
laisse entendre, je me demande si on ne devrait pas convenir que le
comité des crédits de l'Education devrait se réunir
à la fin de juin, parce que nous serons apparemment en session à
ce moment-là, selon les indications actuelles, et le ministre pourra
alors nous expliquer la nouvelle politique du ministère de l'Education
en ce qui concerne la formation des maîtres.
Le comité est évidemment maîtres de ses
décisions, mais je suis tenté de proposer cela étant
donné l'importance du sujet. Le ministre lui-même a annoncé
que c'était une de ses trois ou quatre priorités. Alors, Je
serais tenté de proposer la chose si mes collègues...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais souligner...
M. LE PRESIDENT: M. le député de D'Arcy McGee.
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, je vais répondre à
la question de M. Gérin-Lajoie. J'aurais quand même deux remarques
précises à faire à ce sujet-là. Je fais une
distinction entre la politique et les crédits pour autant que, comme
vous l'avez indiqué vous-même, les crédits ne sont que des
moyens de réaliser une politique. Je ne voudrais pas retarder l'adoption
des crédits parce que cette politique ne met pas en cause le montant ni
l'affectation des crédits qui sont à ce poste, et je ne voudrais
pas, comme je l'ai mentionné tantôt, retarder le comité
pour cette fin. Dès que je serai prêt à faire cette
annonce, je pourrai la faire faire en Chambre et, à ce moment-là,
on pourra débattre immédiatement en Chambre sans que le
comité en soit retardé ni l'adoption des crédits.
M. GERIN-LAJOIE: Cela ne fonctionnera pas. Le premier ministre va nous
dire qu'il va poser la question au ministre de l'Education et qu'il donnera une
réponse le lendemain.
M. CARDINAL: Quand vous avez eu l'annonce des collèges
d'enseignement général et professionnel, le ministre n'a
retardé aucune question parce que je lui avais remis tous les
renseignements qui étaient utiles pour faire l'annonce avant que je
n'aille la faire en public.
M. GERIN-LAJOIE: Cela c'est un communiqué que le premier ministre
nous a lu.
M. CARDINAL: Pardon, c'était tout un cahier qu'il avait entre les
mains. Il a lu peut-être les cinq ou six premières pages.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais le ministre conviendra sûrement que ce
n'est pas la même chose que de permettre aux membres de
l'assemblée de poser des questions pour avoir des
éclaircissements; quelle que soit la valeur d'un document, quelqu'un
peut toujours avoir des questions supplémentaires à poser. Je
pense bien que le ministre en conviendra...
M. CARDINAL: D'accord mais...
M. GERIN-LAJOIE: ... même sur le meilleur contrat,
M. CARDINAL: Mais comme il y a un ancien ministre de l'Education en
Chambre, même deux, je n'ose comparer mes réponses à celles
que d'autres personnes expérimentées pourraient faire.
M. GERIN-LAJOIE: Parce qu'en ce qui concerne la question des
crédits, nous sommes appelés...
M. CARDINAL: II y a le comité de l'éducation aussi.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, assurément. M. le Président, le
ministre de l'Education est très conscient que nous sommes
appelés, à ce moment-ci, et en Chambre, quand les crédits
du ministère sont rendus en haut, à voter des crédits.
Pourquoi? Pour mettre en oeuvre une politique. Nous sommes appelés
à voter des crédits pour permettre, entre autres, la
réalisation de la politique de formation des maîtres que le
ministre se propose d'annoncer d'ici la fin du mois.
M. CARDINAL: Je m'excuse, M. le Député, c'est que si l'on
regarde l'article 10, la direction générale de la formation des
maîtres, il s'agit de la direction générale de la formation
des maîtres, c'est-à-dire qu'à ce moment-là le
personnel à la direction générale de la formation des
maîtres, les frais de voyage, les honoraires, le matériel, les
dépenses d'examens, etc., seront, si vous voulez, dans les cadres de ce
budget, avant ou après que j'ai annoncé cette politique. C'est
autre chose de savoir ce qui va se passer dans les collèges, dans les
écoles normales, dans les facultés des sciences
d'éducation, et de décider des crédits de la direction
générale de la formation des maîtres.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, les députés
veulent sûrement savoir ce que le gouvernement se propose de faire avec
les crédits requis à l'article 10, à l'article 11 et
à d'autres articles. En somme, dans le budget du ministère de
l'Education, il y a sûrement quelque chose pour la formation des
maîtres.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, ce qu'on va faire avec cet argent-là, ce
n'est pas ce quia été fait l'an dernier. Le ministre vient de
nous dire qu'il y a une nouvelle politique. Alors il va y avoir des
changements. Bien sûr que des choses vont être
répétées, mais il va y avoir des changements, et les
députés sont en droit de savoir à quelles fins on veut
utiliser l'argent qui est demandé ici. C'est pour ça que nous
sommes intéressés à savoir...
M. CARDINAL: Aux fins qui sont indiquées là et, encore une
fois, je répète ce que j'ai dit il y a quelques instants: Un
changement de politique dans ce domaine n'affectera pas les prévisions
budgétaires...
M. GERIN-LAJOIE: Les montants.
M. CARDINAL: ... qui sont à ces postes.
M. GERIN-LAJOIE: II n'affectera pas les montants, mais il affecte la
manière de les utiliser.
M. CARDINAL: Ce seront les fins de la formation des maîtres
également sous des modalités qui pourraient être
différentes.
M. GERIN-LAJOIE: Bien c'est ça. Les députés ont non
seulement le droit, M. le Président, mais ils ont le devoir...
M. CARDINAL: C'est la même chose, M. le Député, que
si vous vouliez que f annonce la politique avant d'avoir reçu le
document et d'avoir pu l'étudier.
M. GERIN-LAJOIE: Non, non, ce que je propose, je pense bien que
ça ne devrait pas causer d'ennuis à personne, c'est simplement de
suspendre ces articles-là jusqu'à ce que le ministre soit
prêt à nous communiquer...
M. CARDINAL: Je suis à la disposition du comité.
M. GERIN-LAJOIE: Si la session allait s'ajourner, je ne demanderai pas
qu'on retarde la session pour cela, je comprendrais; mais si nous sommes ici au
parlement, je ne vois pas quel problème il y aurait à ce qu'on se
réunisse pour prendre connaissance du projet. Je pense bien que le
ministre est disposé...
M. CARDINAL: Je suis disposé à me soumettre à la
décision du comité.
M. GERIN-LAJOIE: II se pose peut-être des questions sur ce qui va
arriver au budget dans l'intervalle, mais je pense que, pour une question de
trois semaines, il ne doit pas y avoir de problèmes.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, avant de faire cela, puis-je
ajouter un commentaire? Le ministre de la Justice qui est ici se rappellera
que, la semaine dernière, il m'a fourni une réponse à une
question que j'avais posée même quelque trois semaines avant.
Le but de ma question était de souligner la situation difficile
dans laquelle se trouve bon nombre d'élèves qui attendent cette
décision, cet énoncé de politique. Ces étudiants
sont actuellement dans des écoles normales ou dans des CEGEP, selon le
cas, ils cherchent à s'inscrire à une institution pour être
formés comme maîtres, mais ne savent pas quoi faire, ni où
s'inscrire. J'ai cité l'école normale de Hull. Il y a aussi celle
de Chapeau. Il est question, dans le cas de Chapeau, de déménager
cette école à Hull ou de la laisser à Chapeau; il est
aussi question de l'intégrer avec d'autres institutions et le personnel
de l'école, les étudiants de l'école, ne savent pas
à quoi s'en tenir. Quand j'ai posé la question, je me suis fait
répondre, avec un délai de trois semaines, que ces
décisions dépendront de la décision globale qui
définira l'orientation du ministère dans ce
domaine-là.
Alors, je comprends parfaitement les difficultés et les
complications qui se posent. Mais je souligne quand même le
problème humain qui est soulevé dans cette situation et je
regrette beaucoup que l'on attende depuis si longtemps cette décision et
cet énoncé pour permettre aux intéressés de prendre
leurs décisions et leurs dispositions.
M. CARDINAL: Je note vos remarques et, comme je l'ai dit, Je n'attendrai
pas; d'ici peu de temps l'annonce sera faite.
M. BERTRAND: M. le Président, dans le domaine de la formation des
maîtres, mon collègue me permettra de dire ceci. Il n'y a aucun
doute que tout ce problème est fondamental à la réforme de
l'éducation. Lorsque, en Juin 1966, je suis arrivé au
ministère, de l'aveu même des officiers qui étalent
chargés de s'occuper de ce problème primordial, on a tous reconnu
que c'était un problème qui avait forcément
été négligé, à cause des autres
étapes que l'on avait dû franchir dans le domaine de la
réforme de l'enseignement. Il y a à peine deux ans de cela, on
s'est empressé, tous, au ministère, de mettre l'accent du
côté de la formation des maîtres. Nous avons, à ce
moment-là, créé une direction générale. Il
nous a fallu un peu de temps avant de trouver un responsable, et l'organisation
s'est faite. Cela a pris plusieurs mois. L'an dernier, vers la fin de
l'année, nous avons de nouveau demandé à nos officiers de
préparer une politique dont les principes d'abord seraient
acceptés, et ensuite les modalités établies. Quand mon
collègue, le ministre de l'Education est arrivé, il a
continué dans ce sens-là.
A l'heure actuelle, j'ai eu l'occasion d'en discuter avec lui, avec des
représentants du ministère. Il sera certainement en mesure
d'énoncer les principes fondamentaux de cette politique et d'indiquer
les modalités de sa réalisation.
L'ancien ministre de l'Education est au courant que, dans ce
domaine-là, on ne peut pas tout transformer du soir au matin. C'est sans
doute pour cela que le ministère, le ministre en particulier et ceux qui
l'entourent, après avoir établi les principes qu'ils croient
fondamentaux à cette politique essentielle pour assurer la
réforme de la formation des maîtres, on veut les bien peser et les
faire accepter et, ensuite, trouver les modalités de réalisation.
C'est à cette besogne que le nouveau ministre a voulu s'attacher d'une
manière particulière, car son expérience lui enseigne que
c'est beau de bâtir de belles écoles, d'avoir des écoles
bien équipées, d'avoir une jeunesse de plus en plus nombreuse qui
les fréquente; mais, d'abord et avant tout, il faut des maîtres
bien préparés, compétents et qui acceptent les
méthodes modernes de l'enseignement.
C'est donc une tâche formidable que le ministère a à
accomplir, je ne dirai pas en une année, mais durant les années
à venir. Sans cette recherche d'une formation des maîtres plus
appropriée, la réforme serait vouée à
l'échec. C'est l'expérience que j'ai acquise au ministère
après deux années où j'ai consacré, comme mon
collègue, toutes mes énergies à cette tâche.
M. CARDINAL: Je remercie le ministre de la Justice, ancien ministre de
l'Education, qui a exactement mentionné les deux principes de cette
annonce, c'est-à-dire les principes de la réforme et les
modalités d'application, et je ne puis que corroborer entièrement
ses paroles.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, on va laisser en
suspens, tel que proposé, la question générale, la
formation des maîtres. Juste une question particulière qui semble
être d'une certaine urgence, c'est celle des examens de qualification
pour les étudiants-maîtres.
M. CARDINAL: Quelle est la question?
M. GERIN-LAJOIE: Alors, ma question, c'est d'abord juste pour situer le
problème. Je comprends qu'il y a eu des examens auxquels se sont
effectivement présentés des étudiants dans un certain
nombre d'écoles normales. Dans trois écoles normales, les
étudiants ont refusé de se présenter, le ministère
a annoncé ces jours derniers - le ministre me corrige-
ra après si j'ai des choses inexactes dans ce que j'énonce
qu'une nouvelle séance d'examens aurait lieu pour permettre
à ceux qui ne se sont pas présentés pour une raison ou
pour une autre, de se présenter à l'examen. Alors, ma question
est celle-ci: Est-ce que le ministre a raison de croire que tout rentre dans
l'ordre? De façon plus précise, le ministre ou ses fonctionnaires
ont eu des contacts avec les étudiants en cause dans les trois
institutions. Ces contacts permettent-ils au ministère de croire que
tout rentrera dans l'ordre ou bien est-ce que le ministre est obligé de
nous dire que la chose est en suspens, puis qu'il ne sait pas ce qui va se
passer, que c'est hors de sa connaissance, en somme?
M. CARDINAL: Non, la chose n'est pas hors de la connaissance du
ministre. Il n'est pas non plus ignorant de ce qui se passe et,
évidemment, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, je ne sais
pas ce qui va se passer, mais nous voyons à ce qu'il se passe des choses
normales. Il y a eu des contacts avant les examens de qualification avec les
représentants officiels des étudiants-maîtyres. Il est
arrivé depuis, que dans seulement trois écoles normales, parmi
toutes les écoles normales de la province, un certain nombre
d'étudiants ont pris sur place un vote pour ne pas se présenter
à ces examens, comme le député vient de le mentionner. Il
y a eu une communication avec tous ces étudiants qui ne se sont pas
présentés à ces examens. Il y a eu de plus des contacts
avec les directeurs de ces écoles et il y a eu des contacts aussi avec
le personnel enseignant de ces écoles.
Moi-même, je réponds à cette question
qu'aujourd'hui, nous nous préoccupons encore de savoir ce qui va se
passer et nous suivons de très près la situation. Sans
élaborer, disons que la lettre qui a été envoyée
sous la signature de M. Paradis était pour rétablir une situation
de justice afin que ceux qui ne s'étaient pas présentés
aux examens sachent dans quelle situation ils étaient s'ils ne se
présentaient pas à l'examen de reprise qui aurait
été le seul examen sans autre reprise après.
M. GERIN-LAJOIE: Mais le ministre ne sait pas ce que feront les
étudiants-maîtres des trois écoles en question. Ils n'ont
pas indiqué qu'ils se présenteraient à l'examen ou est-ce
qu'ils l'ont fait?
M. CARDINAL: La lettre qui a été envoyée aux
écoles normales est datée du 5 juin à Québec. Elle
a été reçue, je ne sais pas la date précise dans
chacune des écoles, mais dans les jours qui ont suivi. Nous sommes
aujourd'hui au 11 juin et nous n'avons pas encore de réponse
précise à cette lettre de la part de chacun des étudiants,
mais nous suivons la chose de près et nous ne la laisserons pas
traîner, de façon à connaître la situation et, dans
la mesure du possible, à la contrôler.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre se propose d'avoir,
lui-même ou par ses fonctionnaires, des contacts avec les dirigeants de
la Fédération des étudiants-maîtres pour tenter de
mettre les choses au point, avant la date de la nouvelle séance
d'examen?
M. CARDINAL: II n'y a pas eu de contact officiel aujourd'hui, mais si
vous avez observé ce qui s'est passé cet après-midi, les
membres de l'exécutif de la Fédération des
étudiants-maîtres étaient de l'autre côté de
cette barre qui nous sépare, et le sous-ministre les a rencontrés
pour parler justement de ce problème. Encore une fois, ce n'était
pas une rencontre officielle, mais les circonstances ont voulu qu'encore
aujourd'hui ils puissent avoir ce contact qui de fait s'est
réalisé.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si le contact
qui s'est établi entre le sous-ministre et les représentants de
la fédération a donné quelques résultats?
M. CARDINAL: Je vous dirai tout d'abord que non seulement le
sous-ministre les a rencontrés mais que je suis allé les
rencontrer moi-même pendant peu de temps. Après avoir causé
avec le sous-ministre par la suite et après avoir rencontré
moi-même les gens de l'exécutif, j'ai trouvé cette
rencontre aussi cordiale que celle qui avait eu lieu avant les examens entre le
même exécutif et des responsables du ministère.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent, s'il vous
plaît.
M. PEARSON: Sur le même sujet, M. le Ministre, j'aurais
également quelques questions pour continuer à cerner le
problème. Alors Je vais vous les donner tout d'un bloc, là, vu
que nous sommes autour du même problème. Est-il vrai qu'il y a
plusieurs professeurs qui trouvent qu'il y a eu manque de consultation et qui
aident les étudiants dans un certain boycottage au moins I deux ou trois
des écoles normales?
M. CARDINAL: Bien il n'y a eu que trois écoles normales où
il n'y a pas eu d'examen.
M. PEARSON: Est-il vrai que le SPEC, section de la formation des
maîtres, appuie sans réserve tout boycottage futur de l'examen par
l'étudiant et dénonce avec vigueur le principe de l'examen de
qualification? Ces questions se ressemblent un peu mais c'est toujours autour
de différents aspects du même problème.
Est-il vrai que la CEQ appuie fortement les propositions de la FEMEQ
face I l'examen?
M. CARDINAL: Ces trois questions, je vais essayer d'y répondre,
parce qu'il faudrait que je sois dans les intentions ou que j'aie reçu
des renseignements précis. Je ne fais pas de procès d'intention.
Je ne connais pas les intentions et je n'ai pas reçu de documents
formels à ce sujet. Cependant, il faudrait distinguer des questions.
Vous venez de dire, si je ne me trompe, dans votre dernière question,
que la CEQ aurait appuyé la fédération. Or, dans les trois
écoles où il n'y a pas eu d'examen, c'est après que la
fédération eut accepté, lors d'une consultation
préalable, ce système d'examen. Ce n'est pas la
fédération qui a boycotté les examens, ce sont des
étudiants, dans certaines écoles, qui ont pris un vote.
M. PEARSON: C'est pour ça que j'aiposé la question sous
forme interrogative? En somme, ce sont des informations verbales.
Comment se fait-il également je ne suis pas à
même de vérifier que des étudiants sont
déjà en possession de l'examen de qualification?
M. CARDINAL: Pardon? Que veut dire la question?
M. PEARSON: Il y a des étudiants qui sont déjà en
possession de l'examen de qualification.
M. CARDINAL: Bien, l'examen a eu lieu. Cet examen a déjà
eu lieu depuis la fin du mois de mai.
M. PEARSON: Est-ce qu'il n'y a pas une reprise qui s'en vient?
M. CARDINAL: La reprise, normalement, n'était qu'au mois
d'août. Ils ne sont certainement pas en possession des questions de
l'examen de la reprise.
M. PEARSON: D'accord: Pourtant, ce sont des informations que j'ai et que
je ne suis pas à même de vérifier. On a dit qu'il y a des
gens chez nous justement...
M. CARDINAL: L'examen, si je ne me trom- pe, a eu lieu le 31 mai. Il est
donc normal que les questions soient entre les mains de ceux qui n'ont pas
passé d'examen et qui peut-être pouvaient les avoir à leur
disposition. Je n'ai pas vérifié ce fait. Quant à l'examen
du mois d'août, je ne sais même pas si les questions sont
actuellement préparées.
M. PEARSON: A moins que ce soit encore Xerox.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux vous poser une question, honorable
député?
M. PEARSON: Sûrement.
M. CARDINAL: Si d'après les renseignements oraux, verbaux ou
autres que vous possédez, vous avez, comme membre de la Chambre et comme
député, des raisons de croire que des étudiants auraient
pu être en possession des questions de cet examen avant qu'il n'ait lieu,
le ministre ou le ministère serait intéressé à
connaître ces faits.
M. PEARSON: Ce sont des questions qui me parviennent justement de
l'association que vous avez signalée tantôt et qui est ici
aujourd'hui. Alors, disons que c'est pour ça que je vous ai
mentionné que je ne suis pas à même de vérifier, et
que je vous les donnais comme ça tout à l'heure, en bloc...
M. CARDINAL: Je n'ai pas donné de réponse, je ne suis pas
au courant. Mais si vous obtenez des renseignements, je pense que je serai
heureux de les connaître.
M. PEARSON: Jusqu'à présent, est-ce que vous êtes
capable de dire quel est le pourcentage de ceux qui ont réussi ou qui
ont échoué à cet examen?
M. CARDINAL: Non, les résultats des examens ne sont pas encore
publiés, ne sont pas encore connus.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, sur le même sujet,
est-ce qu'on a droit de parole?
M. CARDINAL: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Si les renseignements sont verbaux
forcément, j'ai rencontré un groupe des
étudiants-maîtres qui parlaient de ces examens de qualification,
il s'agit bien des examens de qualification, si
on m'a bien renseigné, de troisième et de quatrième
années, un peu répartis sur deux ans, qui sont
expédiés par le ministère, qui forment une gamme de trois,
je crois, de façon à ce que additionnelle ment aux examens des
institutions elles-mêmes cette qualification-là soit
contrôlée par le ministère, c'est ça?
M. CARDINAL: C'est exact, il y a trois séries d'examens. Si on
réfère a Hebdo-Edu-cation il y a ce qu'on peut appeler des
examens de l'école, l'appréciation de la pratique de
l'enseignement et de l'examen ministériel de qualification.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, c'est la première année
si je fais erreur, vous me le direz.
M. CARDINAL: Cet examen comme tel, c'est la première
année.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors j'ai deux questions qui viennent des
renseignements verbaux qui, forcément prennent une forme interrogative,
parce que je n'ai pas pu contrôler tout ce qu'on me disait. La
première question est celle-ci: D'après ceux que j'ai
rencontrés et qui avaient l'air d'être parmi les jeunes
responsables de cette fédération, ils n'avaient pas eu
d'avertissement. Autrement dit, cet examen, ce qui est le plus grave à
leur point de vue, débordait le programme d'étude qu'on leur a
fait suivre. Autrement dit, on leur posait des questions sur des sujets qui
n'étaient pas prévus au programme d'étude, et ça
leur serait arrivé sur la tête sans avertissement. Autrement dit,
on pouvait couler cet examen en dehors des sujets sur lesquels on pouvait
normalement s'attendre à être questionné. Est-ce que ma
première question est claire?
M. CARDINAL: Oui, elle me semble claire.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, ça débordait le
cours d'étude, et par conséquent, c'était un examen qui
portait sur des sujets sur lesquels ils avaient le droit de ne pas s'attendre
à être questionnés. Deuxièmement, on faisait
remarquer toujours sous forme interrogative que si on
interprète convenablement la Loi du Conseil supérieur de
l'éducation, toute nouvelle série d'examens, dans ce
domaine-là, devrait être approuvée au préalable par
le Conseil supérieur de l'éducation, en fonction de l'article 28,
je crois, et que autant qu'on le sache, ça n'a jamais été
fait. Est-ce que le ministre peut répondre?
M. CARDINAL: Je vais essayer de répondre aux deux questions.
Première question. Si je prends Hebdo-Edu-cation qui donne des
clarifications sur le caractère et la portée de l'examen dit de
qualification et il a peut-être aidé à créer
cette situation on peut lire ceci! « Une fois décidé
que l'évaluation de la qualification parce que ces qualifications
supposent les trois examens en ce qui concerne les apprentissages
correspondant aux diverses matières du programme et à la pratique
de l'enseignement, serait désormais remise à la
responsabilité des institutions, il devenait possible de mettre un
système d'examens qui aurait pour objet d'évaluer pour l'ensemble
des candidats des aspects plus généraux de la qualification moins
directement ou indirectement liés à l'enseignement formel. Il
n'est donc pas surprenant qu'on n'ait plus à interpréter comme
étant en dehors du programme, etc. »
Réponse à la deuxième question. Je suis surpris de
la question parce qu'en autant que je puisse interpréter un texte de
loi, je ne crois pas qu'on puisse invoquer l'article que vous avez
mentionné ou aucun autre, pour exiger que le conseil supérieur
ait sanctionné cet examen qui n'est pas un examen fait en vertu d'un
règlement adopté par le ministère. Les règlements
doivent être des règlements officiels comme le un, le deux, le
trois, le quatre, doivent être soumis nécessairement au conseil
supérieur. Tel n'est pas le cas, me semble-t-il, de cet exament.
M. LEVESQUE (Laurier): Non mais enfin, est-ce que l'esprit de l'article,
si je me souviens bien, c'est 28, premièrement, le ministre dit bien que
ça débordait le cours d'étude, cet examen de
qualification?
M. CARDINAL: Cet examen est dans le cadre des règlements
présentement en vigueur. C'est pourquoi nous avons cru qu'il
n'était pas nécessaire d'en référer au conseil
supérieur.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est l'interprétation du
ministère, mais si je comprends bien l'esprit de l'article, celui-ci dit
que sauf ce qui mène directement à des brevets universitaires ou
à des diplômes universitaires dans le domaine des examens qui
touchent de près ou de loin des secteurs comme celui-là,
normalement, les examens nouveaux doivent être soumis, les programmes
d'examens nouveaux doivent être soumis au Conseil supérieur de
l'éducation.
M. CARDINAL: Evidemment, c'est l'interprétation du paragraphe B,
article 28, cet exa-
ment de qualification je l'ai mentionné tantôt
était pour la première fois établi, mais il y a
toujours eu des examens du ministère et ce n'est pas parce que le titre
en a été changé que l'on a cru... je suis d'accord avec
vous jusqu'à un certain point. Il y a une question
d'interprétation d'un article, si, après coup, il est
interprété différemment de ce que le ministère
l'avait interprété jusqu'à présent.
M. LEVESQUE (Laurieur): Pour la première question, je ne veux pas
insister mais si j'ai bien compris le ministre, c'est vrai que, jusqu'à
un certain point, sur des notions de qualification dites
générales ou plus professionnelles, cela déborde le cours
d'études que ces élèves ont suivi.
M. CARDINAL: Cela peut déborder. Je ne dis pas que l'examen comme
tel a débordé. Mais l'examen n'était pas fait pour savoir
si les étudiants avaient subi avec succès les cours de
l'institution, puisqu'il y a déjà l'examen de l'institution qui
est supposé contrôler cet aspect. L'examen de qualification...
M. LEVESQUE (Laurier): Je demanderais simplement au ministre si, dans un
cas comme celui-là, tout en admettant le principe d'un exa-ment de
qualification parce qu'il y a beaucoup de divergence entre les
institutions il n'aurait pas fallu quand même, tenant compte de
certains doutes que ça laisse, surtout sur des interprétations,
s'il n'aurait pas fallu, strictement au point de vue d'une certaine
éthique administrative, donner un peu plus d'avertissement et
vérifier un peu plus avant de risquer d'en couler un bon nombre. Parce
que, comme dit le ministre, on en sait pas encore les résultats mais
ceux qui sont coulés sont coulés.
M. CARDINAL: Encore là, je ne vais pas plus loin. On ne peut pas
dire qu'on va en couler un grand nombre quand on ne sait pas les
résultats. Disons d'abord que l'annonce de cet examen a
été faite en novembre. Par conséquent, ce n'est pas au
mois de mai qu'on peut être surpris. Ensuite, j'ai mentionné qu'il
y a toujours eu des examens du ministère, dont le ministère a
toujours déterminé les sujets et, enfin, si on parle de
débordement des sujets, les sujets de cet examen de qualification
étaient le français écrit, le français oral, la
culture générale et la culture professionnelle.
M. LEVESQUE (Laurier): On m'a dit aussi les lois du ministère de
l'Education.
M. CARDINAL: A ma connaissance, non. Culture générale si
vous voulez, pouvoir comprendre peut-être... je n'ai pas le questionnaire
devant moi.
M. LEVESQUE (Laurier): En homme cultivé, le ministre sait fort
bien que la culture générale, cela peut mener loin.
M. CARDINAL: C'est très général, d'accord. Je ne
dis pas d'accord, homme cultivé, je dis d'accord, culture
générale. Si vous permettez, je pourrais lire plus longuement le
document. « Par contre, on procédera avec la plus grande prudence
dans l'usage des résultats pour la première année
d'application de ces épreuves. » Ceci vous a été
annoncé. « Voilà pourquoi le ministère sera moins
catégorique à cet égard dans le cas des examens
ministériels que dans le cas des examens institutionnels de
qualification. C'est à la lumière de l'analyse des
résultats observés que la décision sera prise d'utiliser
en tout ou en partie les épreuves de ces examens pour éliminer
certains candidats. »
Alors, il ne faudrait pas dire qu'il y aura élimination parce
qu'il y aura examen. Ce texte-là était là avant l'examen,
c'est une clarification de la situation.
M. PEARSON: Evidemment, M. le Ministre, c'est ça qui pose en
somme le point d'interrogation pour les étudiants. Cela veut dire,
d'apês ce que vous venez de dire, que si les résultats sont bons,
l'examen va compter dans une proportion et si pour la majorité les
résultats sont lamentables, à ce moment-là, ça
serait un examen non éliminatoire. Disons que les étudiants
peuvent poser le jugement suivant. Il y a environ 2,800 ou près de 3,000
finissants d'école normale et on a un besoin de 5,000 à 6,000
professeurs. Alors, ce doute qu'il y a dans leur esprit, est peut-être ce
qui en a amené quelques-uns,,..
M. CARDINAL: Je me permets, sans aucunement interpréter votre
pensée, de dire qu'il ne faut pas interpréter les faits. Je me
permettrai encore de lire un autre texte, ce n'est pas à ce
moment-là de mon interprétation: « Ila toujours
été, cependant, dans les intentions du ministère, de
l'appliquer il s'agit de l'examen avec les nuances suivantes dans
le cas des examens ministériels. Ces examens ne seront
éliminatoires que dans les épreuves dont la validité aura
été établie à la lumière des données
recueillies par chacune des administrations. Ainsi, par exemple, il est d'ores
et déjà acquis, que l'épreuve orale sur la langue
d'enseignement n'aura aucun caractère éliminatoire en 1968. Elle
ne
servira cette année qu'à fournir les matériaux
repuis pour la mise au point éventuelle d'une véritable
épreuve de qualification. « De même il va de soi qu'au moins
deux des trois autres épreuves prévues pour les examens
ministériels de qualification, français, culture
générale, culture professionnelle, devront être
jugées valides par l'équipe d'experts en la matière
chargée de cette tâche pour que le caractère
éliminatoire de cet examen soit appliqué dès cette
année ».
Donc, toutes les mesures seront prises pour qu'il n'y ait rien de
vexatoire, d'injuste, dans ces examens. Et la crainte qui est exprimée,
c'est une crainte légitime devant tout examen, mais il est rare que des
examens soient présentés dans un tel contexte, qui semble vouloir
donner toutes les chances d'étude par les experts, d'étude de la
validité de cet examen avant d'en faire un examen de caractère
éliminatoire pour cette année.
M. PEARSON: Alors, disons, vu que c'est la première année,
que ça va être plutôt cette année un test, d'une
certaine façon, une expérience qui permettra de juger pour les
années futures, ce qui veut dire que, selon toute probabilité,
l'interprétation ne sera probablement pas rigide sur les
résultats. Il faudra une analyse assez sérieuse des
résultats pour pouvoir juger de la valeur de l'examen.
M. CARDINAL: C'est ce que la circulaire indique et vous donnez une
partie de la réponse, à la lecture de cette circulaire.
Evidemment, certains députés disent que je suis optimiste.
Mais pourquoi une expérience ne réussirait-elle pas du premier
coup?
M. PEARSON: Non, écoutez, en somme, ce n'est pas moi qui passe
l'examen. Mais je dis que malgré toutes ces mises en garde, tous ces
avertissements, vous avez mentionné tantôt les consultations, j'ai
l'impression qu'on n'a pas réussi à calmer l'inquiétude
d'un bon nombre d'étudiants à l'école normale.
M. CARDINAL: Enfin, je ne sais pas. Ces inquiétudes n'ont
peut-être pas été partagées par tous; sur environ
5,600 étudiants appelés à subir cet examen dit de
qualification, environ 1,300 se sont abstenus.
M. PEARSON: Sur 5,000?
M. CARDINAL: Sur 5,600.
M. LE PRESIDENT: Au sujet du poste bud- gétaire 10, on passe
outre avec la possibilité d'y revenir plus tard. C'est la volonté
de nos collègues.
M. GERIN-LAJOIE: C'est suspendu jusqu'à... M. LE PRESIDENT:
Jusqu'à la prochaine...
M. GERIN-LAJOIE: ... la déclaration du ministre.
M. LE PRESIDENT: ... indication.
M. GERIN-LAJOIE: Seulement une autre question avant que l'on termine
ça. Ceux qui n'ont pas passé les examens, les 1,300, qu'est-ce
qui va arriver de ces gens-là?
M. CARDINAL: Bien, je ne sais pas. Je pourrais lire la lettre qui a
été envoyée. Je résume si vous permettez, ça
a déjà paru dans les journaux. Une autre date a été
proposée pour que ces étudiants aient les mêmes droits que
ceux qui se sont présentés, c'est-à-dire qu'ils aient une
date où il y aura un premier examen et une date de reprise.
Si vous me permettez, je vais vous lire la lettre du 5 juin. «
Mademoiselle ou monsieur,
Comme l'indique clairement le courrier reçu depuis quelques
jours, un grand nombre d'étudiants de l'Ecole normale Jacques-Cartier,
de l'Ecole normale Ville-Marie et de l'Ecole normale de l'enseignement
technique, qui étaient tenus de se présenter aux examens de
qualification du ministère de l'Education, les 30 et 31 mai derniers,
ont été empêchés de se conformer à cette
obligation. « II leur reste la possibilité de se présenter
à la session prévue pour les 1er et 2 août, mais cette
session aurait été normalement, pour plusieurs d'entre eux, une
occasion de reprendre un échec subi à la session de mai. C'est de
cette possibilité d'une reprise que les événements des 30
et 31 mai auront privé ceux qui ne réussiront pas tous les
examens à la première tentative de la session d'août, la
seule qui leur reste maintenant pour cette année. « Devant
l'injustice qu'une telle situation pourrait comporter pour un certain nombre
d'étudiants, surtout pour ceux qui sont parvenus au terme de leur
étude et pour qui l'obtention d'un brevet d'enseignement est la
condition de leur embauchage par une commission scolaire, le ministère
de l'Education a décidé d'organiser une session spéciale
d'examens ministériels de qualification. Cette session aura lieu les 26
et 27 juin prochains dans les trois écoles qui ont été
affectées par les événements évoqués
ci-dessus.
Il est important, cependant, que la direction des écoles normales
en cause soit mise au courant, dans les plus brefs délais, du nombre
d'étudiants désireux de se présenter à cette
session spéciale. Si donc vous avez l'intention de vous présenter
à cette session, veuillez remplir le formulaire ci-joint et le faire
parvenir à l'adresse du directeur de votre école normale avant le
19 juin. »
M. GERIN-LAJOIE: Alors, étant optimiste, vous espérez que
les 1,300 vont se présenter.
M. LE PRESIDENT: Quelle est la date, M. le Ministre, à quel
moment cette lettre a-t-elle été envoyée?
M. CARDINAL: Cette lettre a été envoyée le 5...
M. LE PRESIDENT: Le 5 juin.
M. CARDINAL: ... Les sessions auront lieu les 26 et 27, et la date pour
indiquer son désir de s'y présenter est le 19 juin.
M. LE PRESIDENT: ... au 5 juin, M. le Ministre, on n'a pas compris.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Ministre, advenant le cas qu'il y en ait un
certain nombre, qui ne se présentent pas à l'examen.
Actuellement, on ne le sait pas.
M. CARDINAL: Bien, c'est une question hypothétique et comme je
l'indiquais tantôt au député de Vaudreuil-Soulanges, nous
suivons la session de très près de façon à ne pas
attendre une situation difficile à laquelle il faudrait faire face au
bout de la ligne.
M. GERIN-LAJOIE: Vous jugerez dans le temps, c'est ça que
ça veut dire.
M. CARDINAL: Je ne dis pas que je jugerai dans le temps, mais nous
faisons attention continuellement de façon qu'il n'y ait pas de
situation qui soit impossible à corriger.
M. LE PRESIDENT: Nous pouvons passer au poste 11, messieurs, s'il vous
plaît.
M. GERIN-LAJOIE: A la condition mentionnée tout à
l'heure.
M. LE PRESIDENT: A la condition toujours que le poste 10 soit suspendu
jusqu'à la prochaine réunion. Poste 11: Ecoles normales.
M. GERIN-LAJOIE: Quant à moi, je n'ai pas d'objection à
l'adopter tel quel, tenant pour acquis que ça entrera au moins
partiellement dans la déclaration du ministre puis dans la discussion
qui pourra suivre.
M. LE PRESIDENT: Poste 12.
M. PEARSON: Un instant, juste une question.
M. LE PRESIDENT: Allez-y, je vous en prie.
M. PEARSON: En 1966, la Fédération des étudiants
d'écoles normales avaient publié une petite étude dans
laquelle, au sujet du poste 11, article 12, au sujet des bibliothèques
on signalait l'excessive pauvreté des bibliothèques des
écoles normales. Selon cette enquête, 85% des bibliothèques
avaient moins de 20,000 volumes et 98% moins de 30,000, etc., il y a toute une
série de statistiques. Depuis ce temps là, est-ce qu'il y a eu
une grosse amélioration, ou si ces statistiques-là sont à
peu près semblables actuellement, pour corriger la pauvreté des
bibliothèques d'écoles normales?
M. CARDINAL: Deux réponses. D'abord, si on regarde uniquement les
crédits budgétaires, on voit que l'an prochain, par rapport
à l'an passé, il y a déjà une augmentation de
crédits de plus de 16%. Deuxièmement, depuis que ce rapport a
été publié, il y a un service spécial dit des
bibliothèques qui a été créé au
ministère de façon à enrichir davantage la qualité,
si je peux ainsi m'exprimer, des bibliothèques. Il y a un travail, qui a
été accompli.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions au poste de
l'école normale. Poste 13: Direction générale de
l'équipement.
M. BINETTE: M. le Président, il y a une diminution du budget aux
traitements, et nous constatons qu'à la direction générale
de l'équipement qui s'occupe de préparer et d'approuver les plans
et devis des commissions scolaires qui présentent des projets de
construction, il y a une diminution du personnel, alors que l'on sait qu'il
faut accroître la construction de toutes sortes d'écoles, tant au
secondaire qu'au primaire. On voit une diminution du personnel et on sait que
les 131 écoles avaient été prévues dans le discours
du budget de 67/68 par le ministre des Finances.
Je crois que ce nombre de 131 écoles n'a pas été
atteint. Alors, est-ce qu'il y aurait une relation entre la diminution du
personnel, du fait que nous n'aurions pas eu de personnel suffisant pour
répondre aux exigences pour lire capables
de construire ces 131 écoles, ou est-ce une question de finance
tout simplement?
M. CARDINAL: Ce n'est pas la réponse. J'ai mentionné hier,
lorsqu'on a commencé l'étude des crédits, qu'il faut
considérer la colonne de gauche et la colonne de droite comme
étant deux colonnes de chiffres budgétaires.
M. BINETTE: Oui, oui, d'accord.
M. CARDINAL: Par conséquent, dans la colonne, le chiffre entre
parenthèses et le chiffre indiqué sont deux prévisions
budgétaires. Le personnel est loin d'être diminué dans les
prévisions, 79 n'a jamais été atteint, d'autre part
$524,900 n'ont jamais été dépassés. Si l'on prend
les montants dépensés dans ce domaine, pour les traitements, il y
a eu $455,000. Par conséquent, il y a un accroissement dans la
prévision budgétaire par rapport à la réalisation.
Ensuite, l'on voit qu'il y a des honoraires qui sont portés, cette
année, à $765,000 par rapport à $365,000 l'an
passé, c'est la même...
M. BINETTE: Justement.
M. CARDINAL: ... réponse que j'ai faite dans une autre direction
générale. Faute de pouvoir engager du personnel dans la direction
même, on recourt à des experts de l'extérieur...
M. BINETTE: Dont des ingénieurs, des architectes, etc.
M. CARDINAL: Ce sont donc deux montants qu'il faut mettre ensemble et
qui sont considérablement, par conséquent, plus
élevés que les dépenses de l'année dernière.
Parce que, justement, pour aller plus loin dans la question, j'ai
mentionné aussi - je ne me souviens pas si c'est cet après-midi
ou hier - qu'il y avait un programme d'accélération de
construction des écoles.
M. BINETTE: Sur le nombre de 131 écoles qui avait
été prévu l'an passé, combien y en a-t-il eu de
mises en chantier au cours de l'année?
M. CARDINAL: Un instant. Au31 mars 1968, 7 écoles polyvalentes
étaient terminées, 36 étaient en construction, les
soumissions à l'étude étalent pour 9 additionnelles. Ce
qui fait 52. On prévoit mettre en chantier durant l'année fiscale
subséquente, 70 projets, ensuite 80 autres écoles. De fait, il
n'y a un retard que de quelques mois seulement qui fait porter les
crédits sur la période de l'année nouvelle, parce qu'un
retard de trois mois les reporte sur cette année. Ces retards sont
causés pour plusieurs raisons...
M. BINETTE : Je comprends, mais à ce moment-ci, nous sommes
rendus à une question qui pourrait se poser facilement à
l'article 17. On reviendra sur cela. Je voudrais tout simplement, pour
l'intelligence de ma question, amener ce fait que, sur les 131 écoles
qui avaient été prévues, il n'y en avait qu'une partie qui
avait été réalisée et je me demandais si
c'était à cause de la diminution du personnel, ou...
M. CARDINAL: Non, il n'y a aucun rapport.
M. BINETTE: ... si cela avait été retardé?
Maintenant vous engagez des...
M. CARDINAL: Je pourrai donner les raisons au moment où l'on
étudiera le poste ad hoc, si vous voulez.
M. BINETTE: D'accord, on reviendra sur cette question. Maintenant, je
peux continuer, l'article 5. Vous engagez des professionnels à
honoraires. Quel est le montant des honoraires que vous payez, soit
quotidiennement, soit à la semaine ou au mois à ces
ingénieurs et architectes qui travaillent pour le ministère?
M. CARDINAL: C'est une réponse que je ne peux pas tenir comme
ceci. Ces ingénieurs ou ces experts sont engagés sur une base
temporaire pour accélérer ce mouvement de construction des
écoles. Us sont payés, par conséquent, sur la base
d'honoraires que demandent normalement les professionnels en cette
matière. Ceci est une prévision budgétaire, et, par
conséquent, je ne sais pas ce qui se produira exactement au mois et
à la semaine ou à la journée dans les mois à
suivre.
M. BINETTE: Vous ne l'avez pas établi pour l'an passé?
Vous en aviez déjà des professionnels que vous payiez en
honoraires, vous étiez supposé...
M. CARDINAL: Les honoraires, l'an passé, ont été
payés pour environ $300,000. C'est exact, pour toute l'année.
M. BINETTE: D'après l'expérience de l'an passé,
à combien revient le taux honoraire de ces professionnels que vous
engagez? Est-ce que vous pouvez établir ce taux?
M. CARDINAL: Ils ne sont pas payés sur une base de taux
honoraires comme les profession-
nels, ils sont payés sur d'autres bases. Pour vous satisfaire, il
faudrait que je fasse le calcul avant de pouvoir répondre à la
question. Je ne le sais pas parce qu'ils ne sont pas payés sur cette
base. Evidemment tout taux honoraire, que nous établirions serait
purement une fiction, à partir des dépenses de l'année
divisées par le nombre d'heures totales, dans l'année. Cela ne
serait qu'une statistique.
M. BINETTE: Est-il vrai qu'on a payé environ de $100 à
$150 par jour pour ces professionnels, est-ce exact?
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas exact, ces montants-là sont
donnés au hasard comme ceci. Est-ce qu'il faudrait dire que c'est une
moyenne sur une période donnée? Il n'y a pas de taux fixés
disons I $100 ou à $150 par jour comme vous le mentionnez.
M. BINETTE: Maintenant, est-ce que le ministère considère
que le fait d'engager des professionnels ainsi, c'est plus économique
que d'essayer de trouver du personnel qui serait du même
ministère?
M. CARDINAL: Oui, pour deux raisons, premièrement, c'est qu'ils
sont engagés pendant une période temporaire et dès que
leurs travaux sont finis, nous n'avons pas à conserver ce personnel.
Deuxièmement, c'est sur une base horaire. Il n'y a pas tous les autres
frais qui entourent l'engagement d'un personnel, c'est-à-dire des locaux
qui demeurent continuellement à la disposition de ce personnel, le
personnel de soutien de ce personnel qu'il faut engager, etc. Toute personne
qui est dans les affaires, l'industrie ou le commerce sait que, pour certaines
fins temporaires, il vaut mieux engager un personnel d'experts ou de
professionnels, que d'avoir un personnel permanent dont les frais demeurent,
même après que l'opération s'est terminée.
M. BINETTE: Comme cela, vous considérez que c'est plus avantageux
et vous avez fait des études dans ce sens-là pour prouver...
M. CARDINAL: Il y a des études qui sont faites...
M. BINETTE: ... qu'il vaut mieux engager des professionnels à
honoraires que de les avoir à temps plein au ministère.
M. CARDINAL: Tout ce qui concerne la construction des écoles, je
l'ai fait à partir d'expertises et d'études. C'est une firme qui
a déjà été engagée avant que je n'arrive au
ministère et, suivant des plans, des critères et des normes,
cette chose, entre autres, a été étudiée. Et il y a
un fait, c'est que si l'on veut de plus accélérer ce mouvement de
construction, avec la difficulté d'engagement du personnel, il vaut
mieux, il est nécessaire même d'avoir un personnel temporaire,
immédiat, pour le temps de l'opération.
M. BINETTE: Mais, d'après vous vous avez fait une
étude comparative pour le savoir quel est le gain que vous faites
en engageant ainsi des professionnels au lieu d'avoir des personnes...
M. CARDINAL: Je ne connais pas d'étude comparative mais nous
savons que l'engagement de ces professionnels, l'an passé, pour un
montant d'environ $300,000, a permis une importante diminution dont nous
pourrons parler au poste budgétaire ad-hoc encore une fois, dans le
coût de construction des écoles.
M. BINETTE: Alors, j'aimerais, si c'était possible, que vous
fassiez connaître la proportion, 10%, 20%, il doit sans doute y avoir une
étude de faite dans ce sens-là.
M. CARDINAL: De diminution? Cela dépasse 10%.
M. BINETTE: Cela dépasse 10%. Dans l'ordre de quoi, 15%, 20%?
M. CARDINAL: Cela peut aller jusqu'à 25% dans certains cas.
M. BINETTE: Jusqu'à 25% dans certains cas. M. CARDINAL: Je vous
donne deux extrêmes.
M. BINETTE: II y a des cas où ça peut aller à 10%
de plus.
M. CARDINAL: Non, quand je dis que ça diminue d'au moins 10%, et
d'au plus 25%, je parle d'une diminution constante dans tous les cas.
M. BINETTE: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Direction générale de
l'équipement, est-ce que tout le monde accepte ce poste?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'avais des questions pas
longues à poser au poste 17:
Subventions de construction. Je suis aussi bien de les poser ici,
étant donné que ça a déjà été
soulevé quant au nombre d'écoles.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ça règlerait le poste 17
peut-être?
M. GERIN-LAJOIE: Je ne veux pas me prononcer pour les autres. Disons que
le ministre nous a donné des chiffres sur les écoles qui ont
été mises en chantier, si j'ai bien compris, pendant la
dernière année.
M. CARDINAL: J'ai mentionné celles mises en chantier, celles
à l'état de soumissions, celles à l'état de plans,
et celles terminées.
M. GERIN-LAJOIE: Les 52, c'est quoi, ça, est-ce que le ministre
pourrait...
M. CARDINAL: Vous permettez que je regarde mes chiffres. Sept
écoles polyvalentes, trente-six en chantier.
M. BINETTE : En chantier, neuf; appels d'offres 52, pour l'an
passé, 70 pour...
M. CARDINAL: Alors au 31 mars 1968, ce que vient de dire le
député est exact. 7, terminées, 36 en construction, appels
d'offres pour 9 additionnelles.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas, je comprends que c'est une question qui
est embarrassante, si le ministre peut nous dire comment il s'explique qu'on
n'ait pas pu mettre en chantier un plus grand nombre d'écoles, alors
que, dans son discours du budget de 1967, le ministre des Finances nous avait
annoncé et je pense que le ministre de l'Education l'avait
annoncé aussi à l'époque qu'on prévoyait la
construction de 133 écoles secondaires polyvalentes pour l'année
1967.
M. CARDINAL: Encore une fois, je ne réponds pas des faits lorsque
je n'étais pas là. Je conserve la responsabilité
ministérielle. Cependant les explications pourraient être les
suivantes: la mise en chantier du réseau des écoles polyvalentes
ne s'est pas faite au cours de l'année qui vient de se terminer au
rythme prévu au moment du discours du budget.
Le retard, en fait, n'est cependant que de quelques mois; je
n'ai pas extrapolé les chiffres que je donnais tantôt. Et ce
retard est dû à de nombreux facteurs inhérents à la
réalisation de semblables programmes, c'est-à-dire la
consultation de tous les organismes concer- nés, tous les travaux
administratifs si je peux m'exprimer ainsi, que la commission scolaire doit
faire, les travaux que doivent faire les architectes eux-mêmes, les
ingénieurs, le ministère de l'Education, les prévisions
aussi des bassins d'étudiants à la lumière de chiffres
antérieurement établis et qu'il faut reviser, tout
particulièrement à la suite de la diminution démographique
dans le Québec, de façon à ne pas construire des
écoles pour des nombres d'étudiants nous sommes au niveau
secondaire qui, dans certaines régions, s'avéreraient
être de grandes écoles pour un bassin d'étudiants plus
petit.
Il a donc fallu dans certains cas reviser les plans. Nous avons voulu de
plus, au ministère, devant une telle opération, assurer un
contrôle efficace non seulement de la qualité des constructions,
mais de leur coût, et tendre à une diminution du coût par
unité de la construction de ces écoles. Par exemple, je l'ai
mentionné tantôt, le coût de ces écoles a
commencé à tendre à baisser de 10% et c'est rendu dans
certains cas jusqu'à 25%.
Pour revenir aux bassins d'étudiants, les premières
prévisions qui avaient été faites étaient sur un
bassin de 140,000 étudiants pour le réseau prévu et elles
ont dû être corrigées à 100,000 étudiants par
la suite. C'est une différence de 40,000 sur 100,000. C'est une forte
proportion qui a exigé nécessairement de fortes revisions dans le
plan.
M. GERIN-LAJOIE s De quel bassin d'étudiants serait-il question
ici?
M. CARDINAL: C'est à partir des naissances. C'est-à-dire
que si on prend des statistiques qui ne viennent pas du ministère mais
des démographes, on se rappelle qu'elles ont été
publiés partout dans les journaux, l'on a prévu une diminution de
40,000 naissances sur un bassin possible de 100,000 enfants au
Québec.
M. BINETTE: Le ministre prétend que c'est à cause de la
pilule?
M. CARDINAL: Je n'ai jamais prétendu qu'il y avait cette cause.
Je n'en sais absolument rien, comme ministre de l'Education.
M. BINETTE: On sait quand même que le taux de la natalité a
baissé au Québec, n'est-ce pas?
M. LE PRESIDENT: Le problème de la pilule touche essentiellement
le ministère de la Santé, mais pas le ministère de
l'Education.
M. BERTRAND: Non, mais cela a un rayonnement là aussi.
M. LE PRESIDENT: Revenons au ministère de l'Education.
UNE VOIX: Chaque ministère a ses responsabilités, n'est-ce
pas, docteur?
M. CARDINAL: C'est ça! Si vous me permettez, ces chiffres que je
viens de citer viennent du recensement de 1966 mais, les chiffres
revisés que f ai mentionnés n'ont été obtenus qu'en
1967.
M. GERIN-LAJOIE: Les 100,000 de population scolaire au secondaire,
c'est...
M. CARDINAL: C'est le chiffre des naissances, d'après les
prévisions des statistiques de 1966.
M. BINETTES II est quand même vrai, M. le Ministre, que le taux de
natalité ayant diminué énormément dans le
Québec, c'est peut-être l'endroit où cela a diminué
le plus au monde, cela peut avoir une influence sur ce...
M. CARDINAL: C'est ce que nous avons cru, c'est pourquoi nous avons
revisé le programme dans de fortes proportions.
M. BERTRAND: M. le Président, on se souviendra que quand il s'est
agi, l'an dernier, de préparer le budget, un des articles importants
avait été la construction de ces écoles. On avait
prévu qu'il y aurait un fort programme d'immobilisations dans le domaine
scolaire par la construction de 131 écoles. Or, dès que le budget
a été voté, nos officiers ont suivi, de mois en mois, la
marche de manière à ce que nous puissions réaliser cet
objectif que nous nous étions fixé.
Mais les mois passaient et on réalisait que l'objectif
très éloquent ne pourrait pas être réalisé.
Je me rappelle avoir eu des rapports de la direction de l'équipement
tous les mois et, quand je demandais quelles étaient les causes du
retard, celles que le ministre actuel de l'Education a énoncées
sont fondées. Car, à ce moment-là, nous avions
intérêt à accélérer la construction des
écoles, les fonds étaient prévus, nous n'avions aucun
intérêt à retarder directement ou indirectement.
Pour ne donner qu'un exemple, on se souvient du problème à
la régionale de Missisquoi, chez nous. Ce qui s'est produit, c'est
qu'à un moment donné, quelques commissions scolaires: celles de
Farnham, Bedford et quelques autres rattachées à
celles-là, se sont détachées pour s'en aller à la
régionale Honoré-Mercier. Le reste de la régionale,
composé de Cowansville et de certaines autres commissions scolaires, a
formé la régionale de Missisquoi. A ce moment-là, aucun
doute que les constructions qui étaient prévues et pour Farnham
et pour Cowansville constructions qui ont été
autorisées récemment se feront cette année et non
pas l'an dernier, à cause de cette nouvelle répartition des
commissions scolaires et du rattachement de quelques-unes d'entre elles
à la régionale Honoré-Mercier.
Ailleurs, il y a eu des problèmes également de plan. On a
repris des plans, on a corrigé des plans, et l'on sait que, dans ce
domaine, c'est toujours long. Alors, les causes énoncées par mon
collègue... Entre autres cependant on ajoute ceci: au niveau secondaire,
le programme prévu l'an dernier pour la construction d'écoles est
en voie de réalisation; cependant les nombreux facteurs inhérents
à la réalisation de ce programme, son ampleur, la
nécessité d'en assurer à chaque étape la plus
grande efficacité au meilleur coût, ces difficultés
techniques, la répartition des rôles entre les divers niveaux de
l'administration scolaire, aussi bien que la diversité des groupes
professionnels intéressés expliquent que, dans le calendrier des
opérations initialement prévues, des décalages se soient
produits au cours de l'exercice financier qui se termine.
Compte tenu de la contribution des commissions scolaires
régionales, les sommes inscrites au budget du gouvernement pour 68/69
permettront un investissement global de près de $170 millions dans la
construction d'écoles secondaires. Autrement dit, ce qui n'a pas
été dépensé l'an dernier le sera cette
année.
M. BINETTE: Est-ce que les 75% sont encore la contribution du
fédéral?
M. BERTRAND: C'est en vertu de l'entente fédérale
-provinciale.
M. CARDINAL: Ce n'est pas 75%, car il y avait deux paliers. Il y avait
jusqu'à un certain chiffre à 75% et ensuite à 50%.
M. BINETTE: Je me base ici sur le discours du budget de l'an dernier
où on disait que la plupart de ces constructions seront admissibles
à une contribution fédérale jusqu'à concurrence de
75%.
M. CARDINAL: Cette année, c'est 75% et surtout 50%.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Ministre, si on peut s'attendre à 50%, ce
n'est pas à cause de l'écoulement du temps, c'est à cause
de l'utilisation des fonds.
M. CARDINAL: C'est ça. C'est en vertu de l'entente. Et de fait,
si on prend $170 millions, on peut se dire que globalement et localement, la
commission scolaire absorbe 25% du coût par des moyens de financement
particuliers aux commissions scolaires, que le fédéral absorbe un
montant moyen qu'on peut établir à un certain montant sur toute
l'année, et finalement, que le ministère absorbe la
différence. Si on veut être plus précis dans les chiffres,
sur $170 millions imputés à cette fin, comme les honoraires et
les coûts sont en partie reportés à l'année
subséquente pour un certain montant, on peut dire qu'on espère en
cours d'année que $43 millions viendront du ministère, $57
millions viendront du fédéral et $36 millions du local. La
différence d'environ 20% n'est pas mentionnée, étant la
partie qui va excéder l'année pour se porter dans les paiements
de l'année subséquente.
M. GERIN-LAJOIE: Et la partie locale est financée en grande
partie par les subventions.
M. CARDINAL: Eventuellement, pas sur l'année même, mais
vous avez raison. Et ceci est inévitable.
M. GERIN-LAJOIE: Quelles sont les prévisions pour l'année
qui vient de commencer? Le ministre nous a dit $170 millions de
construction.
M. CARDINAL: C'est le chiffre qui était dans le discours du
budget.
M. GERIN-LAJOIE: Cela signifie combien d'édifices scolaires,
à peu près?
M. CARDINAL: On va vous le donner. Je prévois 102 édifices
scolaires; 102 est un chiffre idéal au moment présent. Ce peut
être plus ou moins selon le coût, les prévisions qui seront
corrigées en cours de route selon la réalisation qui se fera.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je comprends très bien les raisons que le
ministre nous a données là pour...
M. CARDINAL: C'est-à-dire 80 plus 22, chiffre que j'avais
mentionné à la question du député de
Deux-Montagnes.
M. GERIN-LAJOIE: Alors j'allais dire que je comprends très bien
les raisons que le ministre nous a expliquées pour le fait que les
projets de construction scolaire annoncés l'an dernier dans le discours
du budget ne se sont pas réalisés. Maintenant, je me demande si
le ministre a des raisons de croire que les mêmes raisons ne
s'appliqueront pas aux projets qu'il nous annonce pour la présente
année?
M. CARDINAL: II y a certaines des raisons qui ne s'appliqueront pas. La
revision des plans à partir des statistiques démographiques est
déjà faite. Il y a un rodage qui s'est fait à la direction
générale de l'équipement depuis que l'opération a
été commencée. C'est une opération globale qui
normalement aura une fin. Evidemment, il y aura d'autres écoles, mais
dans un autre plan. Troisièmement, les contrôles sont plus
efficaces parce qu'il y a déjà une année
d'expérience. Il peut se produire en cours d'année des
événements qui viennent du prince ou du fait de Dieu, que je ne
connais pas, qui pourraient changer nos prévisions. Mais il n'y a pas
d'éléments prévisibles qui nous permettent de croire que
cette année nos prévisions ne seront pas
réalisées.
Evidemment, il faudra tenir compte de la collaboration des commissions
scolaires, des architectes et des ingénieurs. Il y a lieu
d'espérer puisque les architectes et les ingénieurs se sont
déjà familiarisés avec la façon de procéder
du ministère.
M. GERIN-LAJOIE: J'allais poser la question suivante à ce
sujet-là, justement. On sait que le ministère doit faire
reprendre en totalité ou en partie les plans préparés par
les architectes. Souvent, à plus d'une reprise, je ne demande pas les
causes de cela, je sais qu'elles sont multiples, je me demande si le ministre
et ses fonctionnaires sont en mesure de nous dire si on constate au
ministère que ces reprises s'imposent moins aujourd'hui, qu'il y a six
mois ou un an?
M. CARDINAL: Hors de tout doute, elles s'imposent moins pour la raison
suivante: les architectes, comme d'ailleurs, je l'espère, toute la
population, sont maintenant familiers avec ce qu'on appelle la polyvalence ou
les besoins qu'il y a dans un édifice scolaire.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministère, par sa direction
générale de l'équipement, amis par écrit les normes
de toutes sortes, quant aux matériaux, quant à la dimension et
aux sortes d'édifices? Je sais que ça n'existait pas il y a
quelques années; alors je me demande jusqu'à quel point
ça peut être mis par écrit ces choses-là.
M. CARDINAL: Oui, il y a déjà des normes écrites.
Je ne sais pas si elles sont publiées dans un seul document ou dans un
cahier, mais il y a de fait des normes écrites qui sont prévues
et qui sont remises aux architectes et aux ingénieurs. Il y a surtout
ces experts dont j'ai parlé tantôt qui sont engagés par le
ministère pour voir, pour aider même ceux qui viennent au nom des
commissions scolaires construire ces édifices. Il y a des
ingénieurs de projets, il y a un cahier de ces normes pour ces
ingénieurs de projets.
M. GERIN-LAJOIE: Je sais qu'il y ades ingénieurs de projets, mais
en fait leur rôle a été grandement d'analyser les projets
pour les faire recommencer.
M. CARDINAL: Oui, mais j'ai indiqué tantôt qu'il y a eu
souvent des reprises, parfois deux fois, trois fois, c'est allé
jusqu'à des nombres qui sont des multiples de ceux que je viens
d'indiquer pour la raison que je viens de mentionner. Mais l'on ne craint pas
que ceci se répète.
Il y a un bureau d'experts qui surveillent ceci d'une façon
permanente. D'autre part, il y aura cette année ce nouvel aspect qui
n'existait pas l'an passé et que j'ai mentionné dans d'autres
cas, les bureaux régionaux où il y aura sur place des experts qui
ne seront pas sans cesse obligés de partir de Québec. Ils
connaîtront le milieu, les besoins locaux, les constructeurs qui seront
sur place.
M. BINETTE: Alors, comment se fait-il, M. le Président, que vous
augmentiez les frais de voyage de $35,000 à $50,000?
M. CARDINAL: Pour deux raisons: c'est que d'abord il y a encore la
différence entre la dépense et le budget et, ensuite,
malgré qu'il y ait des bureaux régionaux, il y a ce que nous
appelons l'inspection qui part du ministère, ici. Si vous construisez
plus d'écoles...
M. BINETTE: Il y auraplusd'inspections.
M. CARDINAL: ... vous avez plus d'inspections en plus d'endroits,
etc.
M. BINETTE: Mais, dans vos normes, est-ce qu'il y a établissement
d'un prix moyen pour une polyvalente? Vous connaissez aujourd'hui...
M. CARDINAL: Il n'y a pas un prix moyen pour une polyvalente, mais il y
a des prix moyens au module si vous voulez...
M. BINETTE: Le pied carré... M. CARDINAL: Exactement.
M. BINETTE: Est-ce qu'il est établi qu'une polyvalente
coûte $12 ou $15 le pied cube? Il y a sans doute des prix
établis...
M. CARDINAL: Oui, cette norme-là est établie, elle fait
partie des normes dont j'ai parlé tantôt.
M. BINETTE: Quelle est-elle actuellement pour une polyvalente
normale?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le poste 13 est accepté?
M. CARDINAL: Je peux répondre à cette question. La norme
et le budget sont très proches, c'est environ $14 le pied carré
pour la construction d'une polyvalente.
M. BINETTE: Et quel est le prix pour une école
élémentaire ordinaire?
M. CARDINAL: Ah écoutez, je parlais des polyvalentes. Cette
opération est pour les polyvalentes, on pourrait y répondre.
C'est à peu près le même prix, ça pourrait
être légèrement inférieur, mais c'est à peu
près le même prix.
M. BINETTE: Vous pensez que les écoles élémentaires
coûtent moins cher qu'une polyvalente? Il me semble qu'il y avait une
différence...
M. CARDINAL: Non, parce que vous avez un autre phénomène.
Si vous construisez des édifices plus petits, vous avez un certain
nombre de choses que j'appellerais des supports, sous-sols, la fenestration,
qui demeurent quand même là, et qui augmentent, au pied
carré, relativement, le coût, et par conséquent, font que
les deux coûts sont à peu près égaux. Dans le fond,
il faudrait calculer le coût par pied, non pas calculer entre la
polyvalente et l'école élémentaire, ni le coût par
étudiant.
M. BINETTE: Par étudiant, oui. Alors quel est-il le coût
par étudiant?
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 13, accepté?
M. BINETTE: Une dernière question.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question, la dernière,
l'ultime.
M. CARDINAL: Le coût par élève I la polyvalente est
environ $1,600 et, au primaire, cela va de $800 I $900. Vous voyez que la
relation n'est plus la même.
M. BINETTE: Est-ce que vous entrez dans les prix que vous avez
donnés?
M. CARDINAL: La construction n'a pas l'équipement ni
l'ameublement.
M. BINETTE: Pour la construction réalisée actuellement,
est-ce que vous entrez dans ces prix-là?
M. CARDINAL: Oui avec une tendance à diminuer ces
coûts.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 13, adopté. Poste
budgétaire 14, adopté.
M. BINETTE: Non, la direction générale du financement, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, il est 11 heures.
M. BINETTE: Alors, il n'est pas adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas si mon collègue serait d'accord
pour considérer que le poste budgétaire 14, en fait, donnerait
peut- être lieu à des questions qui pourraient être aussi
posées au poste budgétaire 16.
M. BINETTE: Certainement.
M. GERIN-LAJOIE: Pour éviter, je ne sais pas si mon
collègue est d'accord...
M. BINETTE: C'était tout simplement sur la question de
l'approbation des budgets.
M. CARDINAL: Alors, cela va àl'article 16.
M. LE PRESIDENT: Alors, on adopte le poste budgétaire 14. Poste
budgétaire 15, aussi, adopté, merci.
M. GERIN-LAJOIE: Nous reportons tout cela au poste 16.
M. CARDINAL: Alors, on arrête après le poste 15.
M. GERIN-LAJOIE: Les Italiens appellent cela du « wishful thinking
».
M. LE PRESIDENT: Adopté. Adopté. Le comité se
réunira demain après-midi, à 3 h 15, 3 h 30. Nous
demandons à tous d'être présents et à l'heure.
M. BERTRAND: Merci M. le Président. (23 h 02)
Séance du 12 juin 1968
(Seize heures dix-neuf minutes)
M. PROULX (président): Nous sommes rendus au poste
budgétaire 15. Je demanderais à tout le monde d'avoir le
même esprit que celui qui a animé le comité hier, un esprit
de gentilhommerie, de camaraderie et de bonne entente. « Camarade
», je ne le prends pas dans le sens communiste du mot monsieur...
UNE VOIX: Cela vient de Mao-Tsé-Toung!
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 15: Aide aux étudiants.
Il y a eu une entente, hier, que si nous pouvions revenir sur les postes
budgétaires précédents, nous pourrions le faire si vous
avez d'autres questions.
M. GERIN-LAJOIE: C'est-à-dire que ce sera à l'occasion du
dépôt de documents par le ministre. Je pense que le ministre
aimerait dire quelques mots.
M. CARDINAL: Oui, si vous me le permettez, M. le Président. J'ai
déjà deux documents en main. J'en aurai probablement d'autres
avant la fin de la séance.
Le premier document s'intitule: Implantation du réseau de
collèges d'enseignement général et professionnel à
travers la province. Il s'agit de la carte des instituts, puisque
c'était en 1966.
Et le deuxième, c'est le même document. Je m'excuse, ce
sont deux copies du même document.
Je ne sais pas si l'on veut que je lise ce document. Il donne, d'une
part, les critères, cette grille dont j'ai parlé hier, et d'autre
part, le programme d'Implantation du nombre prévu de collèges
d'enseignement général et professionnel.
M. GERIN-LAJOIE: De mémoire je n'ai pas la liste devant
moi j'ai le vague souvenir qu'il y avait quelques questions aussi que
j'avais laissées en suspens. Le ministre consentirait-il à ce
qu'on reporte ça à la fin de l'étude des
crédits?
M. CARDINAL: Je n'ai pas d'objection. Je peux, pour le moment, garder
les documents et...
M. GERIN-LAJOIE: Si on n'a pas objection à nous les laisser, on
pourra...
M. CARDINAL: Je peux remettre cette co- pie-là
immédiatement à la disposition du comité et de l'honorable
député.
M. GERIN-LAJOIE: Nous pourrions peut-être étudier le poste
15.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 15, s'il vous plaît.
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet de l'aide aux étudiants, j'ai un
certain nombre de questions, M. le Président. Mes collègues en
ont également.
Je pense que c'est assez notoire, il y a eu des retards
considérables dans l'attribution des bourses et des certificats de
prêts. Il en a été question à l'Assemblée
législative tout au long de la session à l'occasion de diverses
questions posées par des membres de l'Opposition et de réponses
données par le premier ministre au nom du ministre de l'Education.
Le ministre pourrait-il nous dire quelles dispositions il envisage
prendre pour améliorer la situation à ce sujet et éviter
que de pareils retards se produisent au cours de la prochaine année
scolaire?
M. CARDINAL: Disons que je ne veux pas réexpllquer le
passé. Cela a été fait à plusieurs reprises en
Chambre. Cependant, je vais ajouter une raison. Il s'agissait d'une
période de rodage puisque le bill, qui s'appelait bill 2, qui a
été, je pense, le premier de la dernière session
créait ce qu'on appelle maintenant les prêts-bourses. Etant
nouveau, il a fallu au ministère créer une procédure et
des moyens d'établir cette nouvelle routine pour la première
fois.
Pour l'année prochaine, tout d'abord le feuillet explicatif qui
est remis aux institutions et aux étudiants est déjà
prêt. Il a été envoyé, ce qui constitue une avance
de probablement deux mois sur l'an passé.
Deuxièmement, la formule elle-même de demande de
prêts est déjà approuvée par le ministre et à
l'impression.
Troisièmement, il y a eu, comme je l'ai mentionné hier, un
certain nombre de procédures administratives qui ont été
corrigées. J'ai déjà donné un exemple hier au sujet
du questionnaire.
Quatrièmement, nous étudions actuellement les normes pour
voir s'il n'y a pas lieu de faire certaines revisions et nous suivons un
calendrier aussi critique que possible. Il est même question, si le
ministre se rend compte que des difficultés doivent survenir, que l'on
demande à des experts d'établir un cheminement critique
pour les bourses l'an prochain. Le ministre est très sensible
à ces retards qui se sont produits.
Il a l'intention qu'il ne s'en produise pas l'an prochain.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre ne croit-il pas qu'il eût
été utile ou qu'il serait encore utile, à ce moment-ci, de
faire établir ce cheminement critique pour que lui et les hauts
fonctionnaires sachent exactement où ils s'en vont.
M. CARDINAL: La décision d'avoir une étude du cheminement
critique est déjà prise. Il y a deux jours à peine que
j'ai remis un mémoire à ce sujet. Il s'agit maintenant de savoir
si nous allons avoir recours à de l'aide extérieure ou si ce sont
des gens du ministère qui vont faire cette étude. Une
décision sera prise cette semaine même, et l'étude
débutera à compter de la semaine prochaine.
M. GERIN-LAJOIE: Quand le ministre croit-Il que les formulaires seront
prêts?
M. CARDINAL: La formule, me dit-on, est prête actuellement. Il ne
manque qu'une feuille explicative qui est encore chez l'imprimeur. Quant au
feuillet dont j'ai parlé, qui est le premier qui a été
envoyé, je l'ai ici entre les mains.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre a-t-il objection à nous remettre au
moins le feuillet qui est prêt?
M. CARDINAL: Je n'ai aucune objection à remettre les deux ou la
formule... Non, je n'ai malheureusement pas les exemplaires sur place. Mais je
pourrais en avoir à la disposition des députés. En voici
un deuxième.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, quant à la date approximative à
laquelle les formulaires seront disponibles pour le public, quelle
est-elle?
M. CARDINAL: Avant le 1er juillet, c'est-à-dire avant la fin du
présent mois.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que les formules sont disponibles dans les
institutions ou est-ce au ministère que l'on doit se les procurer?
M. CARDINAL: Ils sont disponibles dans les institutions, au
ministère et dans les bureaux régionaux.
M. GERIN-LAJOIE: A un moment donné Jusqu'à
récemment, je pense, le service d'aide aux étudiants n'exigeait
pas, mais insistait, pour que les demandes soient faites directement au
ministère. C'était plus efficace, disait-on, au point de vue de
système de mécanographie ou autrement. Est-ce que cette
politique-là est changée ou adoucie?
M. CARDINAL: Cela dépend de ce que veut dire exactement votre
question. Les demandes sont toutes acheminées directement au
ministère et chaque étudiant qui, par exemple, a
déjà dans le passé obtenu un prêt-bourse, recevra
automatiquement une formule chez lui. Dans les autres cas, il pourrait
l'obtenir à l'institution, mais ceci ne veut pas dire que c'est
l'institution qui fait le travail pour le ministère, pour l'obtention du
prêt-bourse. Ceci se fait au ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Ma question c'était de savoir si les formules
devaient être envoyées directement au ministère ou si cela
pouvait passer par l'institution, disons simplement comme canal de
transmission.
M. CARDINAL: Ceci n'est pas impossible. C'est justement l'une des
questions qui sera étudiée dans l'acheminement critique dont j'ai
parlé. Vous savez que ce projet a déjà été
essayé dans le passé. Ce n'était pas le même
système de prêt-bourse, il était question d'étudier
s'il serait plus fonctionnel ou moins que la méthode actuelle.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministère a reçu le rapport
qu'il a commandé, ce qui s'appelle le Centre de recherches de l'opinion
publique, au sujet de la situation financière des étudiants? Il
s'agit d'une étude qui a été demandée il y a un an
ou prabablement d'avantage. Est-ce que le ministère l'a reçu?
M. CARDINAL: Le rapport a été reçu et l'analyse
à toutes fins pratiques de ce rapport est terminée.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre pourrait nous communiquer ou
déposer ce document?
M. CARDINAL: Je préférerais, si vous voulez, avant d'y
répondre, voir moi-même ce rapport, dans quelles conditions il a
été demandé et à qui il était
destiné. Je pourrais répondre à cette question, disons,
à une prochaine séance. Ce n'est pas une objection.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je prends note de la réponse
bienveillante du ministre.
M. CARDINAL: C'est cela, si vous permettez je peux ajouter une
réponse à une question qui a été posée
tantôt au sujet des institutions, pour être encore plus
précis. Il est à noter que même si les demandes sont faites
au ministère, l'institution a un rôle positif à jouer. Elle
doit confirmer l'inscription des étudiants qui font la demande d'un
prêt-bourse.
M. GERIN-LAJOIE: Merci bien. Alors, j'ai une question d'ordre assez
général au point de vue de la politique du ministère, en
ce qui concerne les prêts et les bourses aux étudiants. Je me
demande si le ministère a considéré la possibilité
d'avoir un système en vertu duquel un étudiant puisse savoir, en
remplissant un formulaire comme on fait, par exemple à l'impôt sur
le revenu fédéral ou provincial, exactement le montant du
prêt et le montant de la bourse auquel il a droit. On sait qu'à
l'heure actuelle, l'étudiant remplit un formulaire, l'envoie au
ministère et ne sait absolument pas, n'a aucune idée des montants
auxquels il aura droit éventuellement.
L'étudiant doit entreprendre ses études, sans
connaître l'aide financière qu'il recevra. Alors, je me demande si
le ministère a étudié cette possibilité.
M. CARDINAL: C'est une suggestion, certainement intéressante qui
suppose que l'on remettrait aux étudiants les tables de calcul, avec
tout le détail des normes, et cela supposerait comme résultat
qu'il n'arriverait pas ce qui arrive à l'impôt
fédéral sur le revenu, c'est-à-dire un si fort pourcentage
d'erreurs dans le calcul. Nous aurions à ce moment-là un nouveau
fait auquel il faudrait faire face.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que les erreurs de calcul des
étudiants ou des candidats aux prêts et aux bourses, ne seraient
certainement pas une objection à l'établissement d'un tel
système. Pour la proportion qui aurait obtenu la réponse juste,
ce serait déjà un très grand service et pour les autres,
probablement qu'ils auraient déjà l'idée de l'ordre de
grandeur de l'aide à laquelle ils auraient droit.
M. CARDINAL: Ce n'est pas une objection, je répète que
c'est une excellente suggestion.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministère ne l'a pas encore
étudiée?
M. CARDINAL: Non.
M. LEFEBVRE: Si vous me permettez, seu- lement une petite question
à ce sujet-là. Le ministre a fait allusion je comprends
que ce n'est pas son ministère, je ne lui en voudrai pas de ne pas
connaître la réponse mais ça m'intéresserait de la
connaître si lui-même la connaît il a semblé
indiquer que le pourcentage d'erreurs dans les formulaires d'impôt sur le
revenu étaient très élevé...
M. CARDINAL: J'ai dit au fédéral.
M. LEFEBVRE: Mais pourquoi serait-il plus élevé au
fédéral?
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit qu'il était plus élevé
au fédéral qu'au provincial, je n'ai pas fait de comparaison. Je
me rappelle avoir lu dans les journaux que la proportion d'erreurs au
fédéral était assez forte.
M. LEFEBVRE: Ah, bon! Il est logique que cela soit à peu
près la même proportion au provincial.
M. CARDINAL: Je ne sais pas s'il y a une logique de ce
côté-là, je n'en sais rien.
M. GARDNER: Je voudrais tout d'abord féliciter sincèrement
le ministre de cette initiative qu'il a prise en faisant publier ce feuillet
qui aidera sûrement tous les étudiants à comprendre quel
est le montant qu'ils sont susceptibles d'obtenir.
Je voulais moi-même faire cette suggestion que le
député de Vaudreuil-Soulanges a faite tout à l'heure
concernant le taux que l'étudiant devrait recevoir approximativement en
tout cas. J'espère que cela sera étudié bien attentivement
parce que ce serait une façon pour l'étudiant de savoir quel
montant il devrait recevoir et cela même au début de
l'année pour lui permettre d'agencer son budget de façon
convenable parce qu'il peut s'attendre à recevoir tel montant de
prêt et tel montant de bourse au cours de l'année.
Maintenant, je voudrais faire un commentaire sur la question du revenu
de vacances des étudiants.
M. CARDINAL: Avant que vous passiez au revenu de vacances des
étudiants, je voudrais ajouter quelque chose à cette suggestion
qui a été faite. Il y avait au ministère un début,
si vous voulez, de réalisation dans le sens de cette suggestion. Nous
avons préparé un document qui s'appelle « Notes
explicatives sur les prêts et bourses aux étudiants » et qui
a été très peu répandu de fait puisque cela
était une tentative.
Ce document donne généralement les conditions
d'admissibilité, enfin, disons tous les renseignements pertinents,
même la liste des institutions où les étudiants peuvent
bénéficier de bourses et s'y inscrire. De fait, il suffirait de
développer davantage ce petit manuel et peut-être d'y avoir une
formule qui le compléterait et qui pourrait être remise aux
étudiants. J'accepte la suggestion pour étude.
M. GARDNER: II faudrait sûrement améliorer ce
dépliant-là parce que j'ai constaté moi-même,
à mon bureau de député, en maintes circonstances, avec le
barème qu'il y avait là, que cela ne correspondait pas du tout
avec le montant de prêt et bourse accepté.
M. CARDINAL: Ce ne sont que des exemples.
M. GERIN-LAJOIE: II s'agirait de faire un formulaire complet comme on a
à l'impôt. Il faudrait en somme que soient mis à la
disposition des candidats aux prêts et bourses les mêmes
renseignements que ceux qu'utilise le ministère pour
l'établissement des montants des prêts et des bourses. Je pense
que c'est une question de justice et c'est une question
d'efficacité.
Je pense que le ministère a voulu établir progressivement
en améliorant, j'espère bien, d'année en année, un
système qui soit aussi réglementaire que possible,
c'est-à-dire, qui comporte des normes applicables de façon aussi
mathématique que possible à tous les candidats aux prêts et
bourses quitte à ce qu'un certain nombre, le moins possible quand on est
au ministère, de cas particuliers, cas exceptionnels, soient
envisagés séparément. Je remercie le ministre de l'accueil
qu'il a fait à la suggestion et j'espère que son ministère
pourra y donner suite dans un délai relativement court pour que cela
permette une mise en application au moins pour l'autre année mais pas au
mois de juin, au mois de janvier, disons pour que les étudiants puissent
au cours de l'hiver faire leur plan pour l'année suivante.
Je pense bien que le ministre sera d'accord pour dire que des projets
pour des années d'études se font dès l'hiver. On pourra
parler tout à l'heure des bourses de perfectionnement. Il y a un petit
problème analogue au sujet de l'époque où les
réponses sont données aux candidats. Mais on parlera
peut-être séparément des bourses de perfectionnement.
M. CARDINAL: Je voudrais ajouter que des critiques aussi positives de la
part des députés de quelque côté de la Chambre
qu'ils soient sont toujours fort bienvenues de la part du ministre.
M. GARDNER: Pour revenir à la question du feuillet, pourquoi ne
serait-il pas fait également dès cette année? Nous sommes
à peine au mois de juin et, d'ici le mois de septembre, même s'il
n'est pas possible de l'envoyer à tous les élèves, ils
pourraient faire une demande au moins de l'envoyer à l'institution en
question pour permettre aux responsables, soit de l'UGEQ ou des
étudiants, de donner eux-mêmes des explications aux
intéressés à ce sujet-là, quitte à envoyer
tout simplement le pamphlet qu'il y avait l'an dernier.
M. CARDINAL: Nous prenons note.
M. GARDNER: Pour continuer dans le domaine des revenus de vacances, j'ai
pu constater depuis plus d'un an, concernant le système, qu'il y avait
un minimum de revenus de vacances qui étaient déterminés
selon le degré de scolarité de l'étudiant.
Nous avons tous pu constater également que l'étudiant, une
fois rendu à son minimum requis, soit $300 ou $400 de revenus de
vacances, ne se disait plus intéressé à ce
moment-là à vouloir travailler en aucune façon parce que
le surplus était déductible sur le montant de sa bourse. Pourquoi
n'accorderait-on pas simplement soit 50% ou 75% de revenus de vacances du
surplus qui serait déductible et non pas 100% du surplus pour encourager
l'étudiant à continuer quand même son travail et ne pas se
dire, comme plusieurs étudiants disent cet été: Moi,
ça ne me donne rien de travailler, ça va m'être
déduit de ma bourse.
Alors si on établissait un barème soit de 50% ou de 75% du
surplus du minimum requis selon son degré de scolarité, je crois
que l'étudiant pourrait continuer de travailler encore.
M. CARDINAL: Merci de la suggestion. Deux remarques, la première
c'est que les normes actuelles avaient été établies par un
comité conjoint où des étudiants étaient
présents. La deuxième, c'est que ces normes, n'ayant pas
satisfait le ministre lui-même, elles sont à l'étude comme
je l'ai mentionné tantôt en même temps que la
procédure et le cheminement critique.
M. GARDNER: Parce que je remarque sur le feuillet que c'est encore la
même chose que l'an dernier.
M. CARDINAL: Je vous remercie. D'accord, mais seulement il fallait
commencer quelque part. S'il fallait attendre d'avoir termi-
né l'étude, nous serions en retard. Actuellement notre
calendrier prévoit que les étudiants qui feront une demande en
juillet auront déjà une première réponse à
la fin septembre.
M. GARDNER: Maintenant, concernant le formulaire que les
étudiants devaient remplir au sujet du revenu de vacances, pourquoi ne
serait-il pas envoyé dès le mois de septembre, quand V
étudiant aurait terminé ses études au lieu des mois de
janvier, février, mars?
M. CARDINAL: De toute façon il y a une chose, c'est que le revenu
de vacances devait être confirmé seulement à la fin des
vacances mais, dans l'étude dont je viens encore de parler, ce
point-là en particulier aussi est prévu.
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet de la procédure générale,
est-ce que le ministère a considéré ou est-ce qu'il
considère la possibilité de décentraliser dans une
certaine mesure, quant à certains aspects, le système de bourse,
c'est-à-dire d'attribution des bourses et des prêts?
M. CARDINAL: Cet aspect de la question est aussi à
l'étude. Très précisément.
M. GERIN-LAJOIE: Par les fonctionnaires ou par des groupes
extérieurs?
M. CARDINAL: Ecoutez, il peut y avoir diverses solutions. Je ne fais pas
1' étude cet après-midi, j'ai donné deux exemples
tantôt. Cela peut être par les institutions, ça peut
être par les bureaux régionaux par exemple. Il y a peut-être
d'autres moyens.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que cette question est à l'étude
chez les fonctionnaires...
M. CARDINAL: Oui, dans la procédure.
M. HOUDE: M. le Président, est-ce que c'est dans les plans du
ministère de l'Education de venir en aide, par une formule quelconque de
prêts-bourses, à ceux et celles qui sont déjà sur le
marché du travail mais qui gagnent quand même des salaires disons
fort moyens et qui voudraient continuer des études à temps
partiel?
Il y a beaucoup d'adultes qui gagnent disons, $50, $60 par semaine, qui
sont mariés, qui ont des enfants, qui s'inscrivent le soir à des
cours, qui s'imposent d'énormes sacrifices et qui auraient besoin d'une
aide financière de la part du gouvernement pour poursuivre des
études en vue de l'obtention d'un diplôme. Parce qu'ils sont
déjà sur le marché du travail, parce qu'ils sont
considérés comme des étudiants à temps partiel, je
ne crois pas qu'ils puissent avoir assez facilement d'aide de la part du
ministère de l'Education. Est-ce que c'est dans les projets?
M. CARDINAL: Tout d'abord pour les adultes, dans certaines limites, avec
l'accord fédéral-provincial, le recyclage de main-d'oeuvre, vous
savez qu'il y a déjà une aide très précise qui est
apportée là. Ce n'est pas une bourse mais c'est une aide, c'est
un salaire. Deuxièmement, dans le cas des adultes qui
étudieraient à temps partiel, présentement les normes ne
leur accordent pas de prêts-bourses, ils sont en dehors des normes. Il y
a une raison à ceci, qui aurait pu être donnée à
chacune des questions qui ont été posées sur les normes,
ou à toute autre qui pourrait venir. Vous avez dans le budget un montant
d'indiqué qui doit être distribué à ceux qui
bénéficient de cette aide. Ce montant total, quand vous modifiez
les normes, va modifier nécessairement le nombre de personnes qui
pourront recevoir des prêts-bourses et, comme le montant total est
nécessairement limité, il s'agit de savoir si on distribue 100
fois $1 ou 10 fois $10 ou 1 fois $100.
M. HOUDE s Non, mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'actuellement
il y a des mécanismes qui aident celui qui par exemple est
chômeur.
M. CARDINAL: Cela, c'est du bien-être social, il ne faut pas
mêler, je pense, l'aide aux étudiants et le bien-être social
et l'accord fédéral.
M. HOUDE: Il y a quand même des mécanismes qui aident cette
catégorie de personnes. Il y a des mécanismes qui aident les
étudiants qui sont considérés comme étudiants
à temps partiel. D'autre part, tout le monde en éducation parle
d'éducation permanente, de la nécessité de
s'améliorer, de continuer à poursuivre des études. Dans
vos chiffres, je ne me souviens plus des nombres en tout cas c'est par milliers
que l'on compte les Québécois, gars ou filles, qui ont les
prérequis nécessaires, qui ont déjà
complété parfois une 11e année, il y a cinq ans, il y a
six ans et qui pourraient suivre d'autres cours dans les universités ou
dans les écoles un peu plus spécialisées, mais qui sont
mariés, qui ont des obligations familiales et qui sont
déjà sur le marché du travail.
Par conséquent, Ils ne sont ni considérés comme
étudiants à temps plein, ni considérés comme
chômeurs ou travailleurs que l'on veut recycler dans une certaine
catégorie, mais ce
sont tout simplement de braves personnes qui veulent poursuivre des
études mais qui auraient besoin d'une certaine aide, qui ne demandent
pas nécessairement d'avoir une bourse à 100%, mais au moins la
possibilité d'avoir un prêt-bourse, de telle sorte qu'ils
pourraient, sans négliger leur devoir de père de famille, leurs
obligations familiales, poursuivre certaines études, s'acheter des
volumes, se documenter par eux-mêmes, voyager.
Et cette catégorie m'apparaît actuellement comme
étant celle qui est peut-être la plus négligée.
Est-ce dans les projets je ne dis pas que si financièrement c'est
impossible pour cette année mais est-ce une préoccupation
du ministère de venir en aide éventuellement I cette
catégorie d'individus de plus en plus nombreux qui veulent poursuivre
des études?
M. CARDINAL: Une des préoccupations du ministère dans ce
domaine, c'est à compter de ce qui existe actuellement, d'augmenter si
l'on peut dire les moyens qui vont permettre au plus grand nombre de candidats
possible, soit jeunes, soit adultes, de poursuivre des études. Par
conséquent, la suggestion est retenue pour fin d'étude, pour
répondre précisément à la question, elle
n'était pas jusqu'à présent entrée dans les plans
précis du ministère.
M. LEFEBVRE: Je me souviens d'une déclaration du ministre avant
qu'il occupe ses responsabilités actuelles au sein du gouvernement
je ne pense pas qu'il renie cette déclaration à
l'effet qu'il était urgent, au Québec, d'établir la
gratuité scolaire, non seulement pour les jeunes, mais aussi pour les
adultes. Je n'ai pas le texte mais je pense que le ministre
reconnaîtra...
M. CARDINAL: Ce n'est pas tout à fait ça. Au moment
où j'étais dans un autre poste que celui que j'occupe, alors que
j'étais vice-président de la campagne du prêt d'honneur,
j'ai fait une déclaration disant que ces moyens, que sont entre autres
les prêts-bourses, ne sont que des moyens qui n'en sont pas, dans l'ordre
idéal. Je n'ai pas effacé ce que j'ai dit ou écrit avant
de devenir ministre et je n'ai même pas changé d'idée
à ce sujet.
M. LEFEBVRE: Non, Je sais bien. C'est pour ça d'ailleurs
que...
M. CARDINAL: C'est la deuxième fois que je le confirme.
M. LEFEBVRE: ... je suis tout à fait à l'aise pour
demander au ministre, est-ce que cela enchaîne avec les remarques de mon
collègue, au sujet des prêts-bourses ou non? Avant de donner des
bourses, ne faudrait-il pas commencer par éliminer les frais de
scolarité?
M. CARDINAL: C'est ce qui a été fait au niveau des
collèges d'enseignement général et professionnel
déjà.
M. LEFEBVRE: Mais pas pour les adultes?
M. CARDINAL: Non. C'est pourquoi j'ai répondu tout à
l'heure qu'en dehors... Si vous voulez, séparons les questions. Si nous
étudions le système de prêts-bourses, c'est une question.
Si l'on parle des projets du ministère pour l'avenir, je vous
répondrai très précisément que c'est une des
questions que j'ai posées presque tout de suite après mon
arrivée au ministère, aux fonctionnaires du ministère, de
réétudier toute la question de l'accessibilité aux
études pour les personnes de toutes catégories.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ma question au ministre est bien
précise. Est-ce que son ministère a un échéancier,
concernant l'établissement de la gratuité scolaire pour les
adultes, au niveau collégial et universitaire?
M. CARDINAL: II n'y a pas d'échéancier actuellement, mais
il y a une commande qui est faite pour obtenir justement appelez
ça un échéancier les possibilités d'une
réalisation, d'un accroissement de l'accessibilité.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre ne croit pas qu'il y aurait
possibilité de récupérer certains frais d'une telle
gratuité, à même les fonds prévus par la
législation fédérale? Est-ce qu'à l'occasion d'une
prochaine négociation il n'y aurait pas possibilité...
M. CARDINAL: II n'y a pas l'ombre d'un doute, quant aux
possibilités, mais, quant aux faits qu'on doive le faire.
M. LEFEBVRE: Vous voulez tenter de le faire.
M. CARDINAL: Oui. Maintenant j'ajoute cependant une réponse plus
précise I votre question de tout à l'heure sur les adultes aux
collèges d'enseignement général et professionnel. Ils ont
des frais de scolarité qui sont de $25 par cours et le nombre de cours
maximum
qu'un adulte peut prendre dans une année, c'est six cours. Alors
ce sont quand même des frais tellement restreints qu'il y a une aide.
Quand je parle d'un cours, je ne veux pas dire une leçon. Non, six cours
ce sont les étudiants réguliers à temps plein, je
m'excuse. Alors le nombre maximum auquel il pourrait prétendre à
temps partiel est donc inférieur 1 ceci. Par conséquent, cela se
situe entre $25 et $50.
M. LEFEBVRE: Si le ministre me le permet; d'après mes
informations, un adulte qui s'Inscrirait à temps plein n'aurait pas de
frais de scolarité à payer.
M. CARDINAL: Non, parce qu'à ce moment-là il serait un
étudiant. D'ailleurs si vous prenez la Loi des collèges
d'enseignement général et professionnel et la documentation qui
l'a précédée, il y a dans ce système une
possibilité de recyclage et lorsque l'étudiant est à temps
plein, il est un étudiant comme les autres et il n'y a pas d'âge
fixé pour ce niveau. Ceci est exact.
M. LEFEBVRE: Non, mais je soumets au ministre que même $75 par
année pour un adulte qui vit sur un petit salaire et qui a des
responsabilités de famille, c'est un empêchement qu'il serait
urgent d'éliminer de la carte, de façon que les adultes aient les
mêmes...
M. CARDINAL: De façon générale
l'accessibilité aux études est une question de
disponibilité de crédits. Je pense que tous les gouvernements
passés l'ont constaté et que les gouvernements actuels s'en
rendent compte. Je pense qu'il y a quand même moyen, au fur et à
mesure que cette accessibilité atteint des niveaux supérieurs, de
réussir à la pousser plus loin, parce qu'il y a un
déplacement qui se fait. Si vous augmentez l'accessibilité par la
gratuité, vous diminuez d'autant, du moins la partie frais de
scolarité, les bourses.
M. PEARSON: Relativement au nombre de demandes de bourses, le
ministère fait un certain nombre de vérifications pour
découvrir s'il peut y avoir des irrégularités à un
moment donné, soit de fausses déclarations. Est-ce que vous
êtes à même de nous dire approximativement quel est le
pourcentage d'irrégularités que vous découvrez dans les
vérifications qui sont faites?
M. CARDINAL: Pourriez-vous définir «
irrégularité », s'il vous plaît?
M. PEARSON: Bien, spécifions, précisons fausses
déclarations, disons quant au salaire du père ou quelque chose du
genre.
M. CARDINAL: Sur environ 70,000 demandes de bourses, cette année,
il y a eu 2,000 cas dans lesquels le ministère a demandé des
renseignements supplémentaires, au cas où il y aurait des
irrégularités ou des inexactitudes.
M. PEARSON: Alors, vous ne pouvez pas dire, en somme, si vous avez
découvert véritablement des irrégularités. Vous
avez demandé d'autres renseignements.
M. CARDINAL: Toutes les réponses ne sont pas entrées sur
ces 2,000 cas qui sont, je ne dirai pas en revision, mais qui ont
été retournés à ceux qui ont fait une demande de
bourse.
M. PEARSON: Mais ces 2,000 cas, disons sur 70,000, est-ce que c'est pris
au hasard, à la manière d'un sondage? Qu'est-ce qui vous
amène à choisir un tel plutôt qu'un autre?
M. CARDINAL: Non, lorsqu'il y a des indications; ces formules qui
reviennent sont toutes étudiées. Une partie de ce travail est
mécanographiée. Alors l'expérience, même si elle est
courte, laisse voir certaines possibilités d'inexactitude. Dans les
2,000 cas que j'ai mentionnés, je n'ai prononcé à aucun
moment le cas de fausses déclarations, parce que ceci serait un jugement
de valeur sur une inexactitude.
Il y a des choses singulières qui se produisent. Je me souviens
d'un cas qui a été porté à ma connaissance
où, d'une part, dans la formule, l'étudiant répond que son
père est décédé sur sa formule de l'an passé
et sur la formule de cette année, il a la signature de son père.
Est-ce que sa mère s'est remariée ou s'il y avait une
inexactitude l'année dernière? Ce sont des choses semblables qui,
dans la réalité des choses, permettent aux fonctionnaires ou
à la machine de retirer une formule et de demander des renseignements
additionnels.
M. PEARSON: Oui, mais supposons qu'un père de famille fasse un
salaire de $12,000 par année. Cela arrive des fois qu'il y en ait qui
soient menteurs. Alors dans sa déclaration, il signale qu'il en fait
seulement $6,000.
M. CARDINAL: II n'y a aucun moyen de vérifier ceci...
M. PEARSON: Aucun moyen de vérifier.
M. CARDINAL: ... à moins qu'une indication ne vienne de
l'extérieur. Mais le rapport d'impôt n'est pas demandé.
M. PEARSON: Mais il n'y aurait pas une possibilité de...
M. CARDINAL: Le rapport d'impôt est confidentiel, sauf, si je ne
me trompe pas, la relation qu'il y a entre le fisc provincial et
fédéral, en vertu des articles qui sont dans la loi.
M. GERIN-LAJOIE: Ce qui est arrivé dans le passé, si je
peux me référer à mon expérience au
ministère, c'est que les déclarations étaient
envoyées au ministère du Revenu et le ministère du Revenu,
sans donner de détail au ministère de l'Education, indiquait
qu'il y avait des formules erronées.
M. CARDINAL: Actuellement, il n'y a pas de relation entre le
ministère de l'Education et le ministère du Revenu, à
cette fin.
M. PEARSON: Mais est-ce qu'il n'y aurait pas une possibilité, par
exemple, de faire ajouter à la formule de demande, soit une photocopie
ou une copie du dernier rapport d'impôt?
M. CARDINAL: Ah! je regrette, personnellement je n'irais pas jusque
là, parce que c'est demander qu'un document qui, de sa nature et de la
façon dont les gens le considèrent, est confidentiel. Nous nous
fions à la déclaration, sous signature des parents, pour ce
renseignement, sauf, comme je le mentionnais tantôt, si des comparaisons
avec des demandes antérieures ou des faits qui sont portés
à notre connaissance, nous permettent de croire à une
Inexactitude.
M. PEARSON: Voici ce qui se produit. Il y a des cas assez curieux qui
arrivent. Il suffit d'un élève, dans une institution, un cas
particulier, par exemple où moi-même j'ai donné le nom d'un
individu au ministère déjà.
Son père avait un commerce, il possédait deux ou trois
maisons et lui-même attendait justement sa bourse pour faire le dernier
paiement sur sa voiture. Pendant ce temps-là, il y a des
étudiants, dans la même institution, dont le père faisait
un salaire minime, qui eux-mêmes ne réussissaient pas à
avoir leur bourse et l'autre s'en vantait aux yeux des autres. J'ai
demandé le nom à ce moment-là, on m'a signalé le
nom. On signale ces irrégularités au ministère, mais ce
que je trouve de curieux, c'est que le ministère, d'après ce que
vous me dites, n'a aucune possibilité de vérifier et
d'éviter des choses comme celles-là. Sur 700, dans une
institution, s'il y en a un.
M. CARDINAL: Si vous me permettez; s'il y a 2,000 formules
retournées pour inexactitude, ceci comprend énormément de
cas où l'on a oublié de répondre à une question ou
bien on a mal répondu. 2,000 est donc le chiffre maximum de ces
irrégularités. 2,000 sur 70,000, cela fait 0.3%. S'il fallait
établir une vérification pour les 70,000 cas pour cette petite
proportion, il y a une question d'acheminement critique.
M. COITEUX: Le ministre vient de dire 0?
M. CARDINAL: 0.3%, je m'excuse, enlevez un zéro. C'est quand
même faible. Je m'excuse. 2 sur 70, 1 sur 35, vous avez raison, 3%. Je
fais la correction, 3%, mais j'ajoute ceci. Cependant, dans la façon
dont les formules sont remises, il y a souvent des indications. Je vais donner
un exemple. Beaucoup de parents, volontairement, sans que la demande en ait
été faite, sans que la suggestion n'en ait été
faite, mettent une photocopie ou une copie du rapport d'impôt en
même temps qu'ils signent la formule pour leur fils.
M. GARDNER: Est-ce que le ministre peut me dire s'il y a certains
barèmes spéciaux dans l'attribution des bourses et des
prêts-bourses pour d'abord l'étudiant marié,
deuxièmement, l'étudiant qui, ayant quitté les
études pendant une période d'un, deux, trois ans, revient
à temps plein?
M. CARDINAL: Dans le premier cas, le fait d'être marié
influe, comme le fait d'avoir des parents ou de ne pas avoir des parents. Dans
le deuxième cas, l'étudiant a temps plein, qu'il ait cessé
d'étudier pendant un, deux ou trois ans, est considéré
comme un étudiant à temps plein pour les fins de la bourse.
Cependant, si à ce moment-là lui-même a acquis une somme
d'argent dont il retire maintenant des revenus, ça sera dans la
déclaration. C'est-à-dire, il ne faut pas poser la question de
cette façon pour savoir quels sont les besoins de l'étudiant en
fonction de sa situation de famille et des revenus qu'il retire.
M. GARDNER: Si l'étudiant est marié, est-ce que le revenu
des parents entre en ligne de compte?
M. CARDINAL: Non, pas cette année.
M. GARDNER: Pas cette année. Très bien. Si
l'étudiant, qui a laissé ses études et qui revient, qui a
travaillé du mois de Janvier au mois de septembre et qui a gagné
$3,000 ou $4,000 dans son année, est-ce que c'est ce montant qui est
considéré comme travail d'étudiant?
M. CARDINAL: Je ne pourrais pas répondre à une question
aussi précise. Il faudrait que je voie les fonctionnaires qui font le
travail. Si vous voulez la réponse, je puis noter la question et
l'apporter à une prochaine réunion.
M. GARDNER: Ce qui est arrivé, c'est que j'ai eu un cas
d'étudiant comme ça qui avait laissé depuis deux ans et
qui est revenu et qui avait travaillé du mois de janvier au mois de
septembre, il n'a pas pu avoir de bourse parce qu'il avait gagné $3,000
du mois de janvier au mois de septembre.
M. CARDINAL: J'ai vu un cas comme ça. C'est possible de
vérifier ce fait, mais ceci est trop technique pour que le ministre
puisse répondre à cette question.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais commencer par une petite question: Est-ce que
le dépliant que f ai entre les mains est actuellement disponible en
anglais?
M. CARDINAL: C'est prévu, mais la traduction est en retard et
n'est pas encore entrée.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que l'on prévoit que la version anglaise
sera disponible bientôt? Est-ce que vous pouvez donner une date
approximative?
M. CARDINAL: Pour une date approximative, il faudrait que je m'informe.
On prévoit qu'elle sera prête bientôt. Il s'agit de
qualifier bientôt. Ces formules, comme vous le savez, sont en anglais ou
en français et il y a même une question dans la demande de bourse
qui permet d'avoir tout le formulaire en langue anglaise.
M. GOLDBLOOM: On en a déjà discuté.
Deuxièmement, je voudrais...
M. GERIN-LAJOIE: Le formulaire n'est pas bilingue.
M. CARDINAL: Non, c'est l'une ou l'autre langue.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le formulaire anglais est prêt en
épreuve, comme le formulaire français que le ministre nous a
montré?
M. CARDINAL: Oui, les deux sont prêts, au même stade.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais ajouter ma voix à celle du
député d'Arthabaska, quant à la possibilité pour
l'étudiant qui travaille l'été, de conserver une portion
de ce qu'il gagne au lieu de se voir privé de ce montant dans
l'attribution des prêts et bourses.
Troisièmement, je voudrais demander s'il y a une formule par
laquelle le ministère tient compte du nombre d'enfants d'âge
scolaire, du nombre d'enfants dans une famille pour lesquels des demandes sont
formulées pour des prêts et bourses.
M. CARDINAL: Oui, ceci est pris en ligne de compte. Je ne peux pas
donner la pondération exacte, mais ceci aussi est pris en ligne de
compte dans les normes.
M. GOLDBLOOM: Quatrièmement, M. le Président, je ne suis
pas en mesure de laisser croire que les plaintes formulées contre ce
service du ministère concernent uniquement et exclusivement les retards
importants que l'on a connus dans l'attribution des prêts et bourses. Je
dois dire qu'il y a eu également une confusion administrative apparente
qui s'est manifestée par certaines difficultés qu'ont connues les
familles ayant fait leur demande au ministère, au point où l'on a
entendu le terme français « fouillis » et le terme anglais
« mess », à l'endroit de ce service du ministère.
J'en donne quelques exemples: des demandes ont été
formulées pour recevoir les formules nécessaires et l'enveloppe
de réponse contenait une formule de demande pour une allocation sociale
du ministère de la Famille et du Bien-Etre; et l'inverse s'est produit
encore plus souvent, c'est-à-dire une demande d'allocation sociale qui
recevait comme réponse une formule de demande pour un prêt-bourse
d'étudiant.
Je regrette de dire que les seules plaintes que j'ai eues à ces
effets, dans les deux sens, sont venues d'électeurs d'expression
anglaise.
Deuxièmement, les revisions ont été
retardées dans tant de cas que, moi personnellement, j'ai eu à
appeler à plusieurs reprises, dans plusieurs cas, pour obtenir quelque
réponse que ce soit, généralement dans la
négative.
Troisièmement, la perte de documents au point où une
mère de famille, qui est une assis-
tée sociale, m'a dit, et j'ai tout lieu de croire que ses
affirmations sont véridlques, qu'on lui a demandé quatre fois les
mêmes documents. A chaque fois, on a nié avoir reçu les
documents concernés. Evidemment, devant le problème d'obtenir une
réponse, soit par lettre, soit par téléphone, les gens qui
se sont plaints auprès de celui qui vous parle ont été
assez nombreux. Ils se sont plaints de ne pas avoir obtenu une réponse
malgré une attente de plusieurs semaines et malgré des promesses
faites par téléphone, de la part de fonctionnaires qui ont dit:
Je pars pour deux ou trois jours. A mon retour je m'en occupe, c'est devant moi
sur mon pupitre. Il y a trois semaines de cela, dans le cas qui m'a
été soumis aujourd'hui.
Tout cela se résume par une question: Le premier ministre, en
réponse à de nombreuses plaintes émanant des
députés de l'Opposition qui représentaient dans ces
plaintes leurs électeurs, a promis, à un moment donné,
exprimant sa propre inquiétude devant les difficultés
administratives, a entrepris de faire enquête dans ce secteur du
ministère. Je voudrais savoir si l'on a donné suite à
cette promesse d'enquête et quels en ont été les
résultats?
M. CARDINAL: Même si celui qui vous répond n'est que
conseiller législatif, il a eu les mêmes demandes que vous et en
plusieurs cas. Si vous référez aux paroles du premier ministre en
Chambre...
M. GERIN-LAJOIE: Les demandes de quel comté avez-vous
reçues?
M. CARDINAL: De tous les comtés.
M. LE PRESIDENT: Certainement du vôtre.
M. CARDINAL: Si vous référez au journal des Débats,
vous verrez que, par la bouche du premier ministre, j'ai moi-même
porté un jugement sur cette situation.
C'est pourquoi je reviens à la première réponse que
j'ai donnée. J'ai moi-même demandé deux choses: qu'on
réétudie la procédure et qu'on réétudie les
normes. J'ai également demandé un rapport complet sur la
situation.
M. GOLDBLOOM: Ce rapport n'est pas encore disponible.
M. CARDINAL: II n'y a pas encore de rapport que je puisse publier et,
dès qu'il sera disponible, comme la question a été
posée en Chambre, il y sera remis pour réponse.
M. GOLDBLOOM: Je remercie monsieur le ministre.
M. CARDINAL: J'ajoute ceci: Sur 70,000 demandes, il n'est pas surprenant
qu'il y ait un certain nombre de difficultés. Il y a vraiment eu, cette
année, un nombre incroyable de demandes. Cependant, le passé,
dans ce cas, est une expérience que le ministre peut juger. Mais ce qui
l'intéresse, c'est la prochaine opération et les
subséquentes.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais ajouter un mot. En
toute justice, le premier problème que j'ai soulevé: celui des
personnes qui, faisant leur demande pour une formule, en ont reçu une
venant d'un autre ministère, semble nettement à la baisse depuis
plusieurs semaines.
M. CARDINAL: Je ne connais pas les raisons de cette erreur.
M. GERIN-LAJOIE: Façon subtile de dire qu'il y en a beaucoup.
M. GOLDBLOOM; Ni moi non plus.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE: M. le Ministre, y a-t-il possibilité pour les
étudiants, qui, après avoir demandé une révision de
leur cas, reçoivent pour une deuxième et parfois pour une
troisième fois, une réponse négative, possibilité,
dis-je, de se faire entendre oralement? Y a-t-il un bureau, un personnel au
ministère de l'Education qui soit à la disposition des cas
vraiment exceptionnels, qui aimeraient expliquer en noir sur blanc les raisons
de leur demande de re'vision plusieurs fois refusée dans la plupart des
cas?
M. CARDINAL: Il n'y a pas de tribunal oral organisé. Mais en
réalité, tous ceux qui sont venus ont été
écoutés et entendus.
M. HOUDE: Avez-vous une idée du nombre des cas de revision qui,
après avoir été étudiés, ont effectivement
reçu leur prêt-bourse?
M. CARDINAL: II y a eu 10,430 cas de revision sur les demandes que j'ai
mentionnées. Cependant, sur 70,000 demandes, il n'y a pas eu 70,000
prêts d'accordés. Des cas de revision peuvent subvenir parce qu'il
y a un refus, ou parce que la bourse accordée n'a pas satisfait
l'étudiant. Il est donc difficile de comparer ces
deux chiffres. Disons qu'il y a eu 68,000 demandes d'analysées
comme étant sérieuses et sur ce nombre, nous avons eu 10,430
étudiants qui ont sollicité une revision de leur dossier parce
qu'ils considéraient leur situation financière comme
exceptionnelle. C'est la raison de la revision.
Ces revisions ont rapporté des sommes additionnelles à
environ 4,000 étudiants différents au moment où je
réponds à cette question.
M. HOUDE: Vous voulez dire que sur 10,000 étudiants qui ont
demandé une revision de leur cas, il y en a 4,000 qui...
M. CARDINAL: Qui actuellement ont reçu une réponse
favorable, soit une bourse ou une augmentation.
M. HOUDE: Si quelqu'un demande la revision, c'est parce qu'il n'est pas
satisfait.
M. CARDINAL: Oui, mais ce n'est pas parce que la réponse
était défavorable, c'est parce qu'ils n'étaient pas
satisfaits.
M. HOUDE: Vous avez dit tout à l'heure que les insatisfaits
avaient l'avantage de se faire entendre par des fonctionnaires aux bureaux de
l'aide aux étudiants. Ces mêmes étudiants qui ne sont pas
satisfaits d'une réponse négative à la suite d'un cas de
revision peuvent-ils se faire entendre sans venir à Québec dans
les bureaux régionaux au ministère de l'Education.
M. CARDINAL: Pas actuellement, non. Les bureaux régionaux, comme
je l'ai indiqué hier ou avant-hier, viennent à peine d'être
organisés. Il n'y a pas encore, pour le moment, de personnes pour
répondre aux questions de prêts de bourses aux étudiants.
J'ai mentionné dans une réponse précédente que
l'une des possibilités étudiées actuellement dans la
déconcentration pour les prêts-bourses est justement l'utilisation
des bureaux régionaux. Cela n'a pas existé l'an passé.
C'est à l'étude pour l'an prochain. En
général, cependant, dans ces cas-là, il est possible de
communiquer par l'intermédiaire des institutions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Duplessis.
M. COITEUX: M. le Président, j'entendais tantôt le ministre
dire que le but principal des prêts-bourses, c'était de rendre
accessible à tous les étudiants du Québec
l'éducation qu'ils désirent. Naturellement, lorsque l'on
décide de la subvention de ces prêts-bourses certaines normes
régissent les hauts fonctionnaires. Est-ce que lorsqu'il est question
d'accorder un prêt-bourse à un étudiant, il est tenu compte
des frais de transport de celui-ci? Première question.
M. CARDINAL: Correction. Les normes n'ont pas été
établies par les hauts fonctionnaires. J'ai mentionné qu'elles
l'avaient été par le comité conjoint. Les frais de
transport, oui, il en est tenu compte dans l'attribution du
prêt-bourse.
M. COITEUX: Parce que j'ai plusieurs cas, dans mon comté surtout,
où on a donné une bourse de $500 à un étudiant dont
les revenus du père je n'ai pas besoin de le mentionner, le
revenu moyen de la Basse Côte-Nord étant pour les familles
d'environ $2,000 il estnullement question du revenu du père pour
décider si l'étudiant a droit oui ou non à un
prêt-bourse, c'est définitivement oui. On lui a donné une
subvention de $500, on a fait des représentations. Etant donné
que le transport de cet étudiant-là qui demeure à
Blanc-Sablon lui coûte au delà de $500, à ce
moment-là est-ce que l'on peut dire que...
M. CARDINAL: Vous parlez du prêt ou de la bourse?
M. COITEUX: Les deux.
M. CARDINAL: Parce que de fait, ce cas-là en particulier...
M. COITEUX: Parce que dans les frais de scolarité, le prêt
est pour compléter ce que cela coûte à l'étudiant,
sans tenir compte des frais de transport.
M. CARDINAL: Non, les frais de transport sont inclus dans les normes. Il
y a dans les normes un certain nombre de critères. Il y a de plus des
minima et des maxima. J'ignore dans ce cas particulier si l'étudiant
dans sa situation atteignait un maximum de bourse possible. A ce
moment-là, on ne le dépasse pas.
M. COITEUX: Ce n'est pas un cas particulier, c'est le cas
général de la Basse Côte-Nord au niveau collégial et
universitaire. Je reviendrai à l'article 16 sur un autre domaine, mais
j'ai eu cette année des dizaines et des dizaines de cas où l'on
m'a prouvé à l'évidence que les réponses
reçues du ministère étaient à l'effet
qu'il semblait que les frais de transport n'étaient pas
considérés. Lorsque cela coûte, seulement de Sept-Iles
à Blanc-Sablon, $153 par avion, et qu'un étudiant aujourd'hui est
obligé d'aller chez lui étant donné qu'il n'y a pas de
pensionnat ou de maison d'étudiants qui peut le recevoir dans bien des
cas, il est obligé d'aller chez lui quatre fois par année. Cela
fait déjà $450, plus le transport de Sept-Iles à une
institution, si c'est une institution anglaise au Nouveau-Brunswick ou à
Québec.
Je sais que la Commission scolaire régionale du Golfe, au palier
collégial, et les autres étudiants se plaignent du fait qu'il n'y
a pas de normes bien établies, afin que l'étudiant sache qu'en
plus des revenus de ses parents qui sont considérés, les gains
minima qu'ils peuvent faire au cours de l'été, j'oserais dire
dans 90% des cas qui m'ont été soumis cette année, on n'a
pas considéré le fait du transport. Alors à ce
moment-là, je crois que c'est une injustice pour les étudiants
qui vivent dans des régions ce n'est pas leur faute qui
sont éloignées. Je crois que c'est une injustice pour les jeunes
de Blanc-Sablon, de Tête-à-la-Baleine, de Romaine et de toutes ces
localités, parce qu'on ne place pas l'éducation qu'ils
désirent à un palier d'accessibilité aussi facile que pour
les gens qui demeurent près des grands centres.
C'est l'expérience que j'ai vécue depuis deux ans.
M. CARDINAL: Les gens de votre comté sont éloignés
de quoi? De Montréal, de Québec ou de Hull?
M. COITEUX: Même de Sept-Iles! M. CARDINAL: Ah, bon!
M. COITEUX: Même pour venir à la régionale, c'est
700 milles par avion.
M. CARDINAL: Pour continuer à être sérieux, je vais
vous donner deux exemples. Dans le comté de Duplessis, le relevé
complet des revisions n'est pas terminé, comme je l'ai indiqué
pour tous les cas de revision. Si je prends juste six cas précis,
à travers les chiffres que nous avons ici, en 65/66, les six
étudiants qui avaient obtenu une aide totale de $3,200, cela a
été revisé en 67/68, ont obtenu ensuite $6,800. Il y a
donc un effort particulier qui a été accompli.
M. COITEUX: II y a tout de même au-delà de 175
étudiants sur la Côte-Nord, au palier universitaire.
M. CARDINAL: Oui, je comprends vos préoccupations et je vous
promets même, si vous voulez, pas pour demain, mais lorsqu'il sera
terminé, un relevé complet des cas de revision dans votre
comté, de façon que vous puissiez faire valoir vos
recommandations.
M. COITEUX: M. le Président, je ne suis pas tellement
intéressé aux erreurs du passé, je suis
intéressé à ce que le ministre m'annonce une politique qui
réglera le cas pour l'avenir une fois pour toutes.
M. CARDINAL: J'ignore si vous êtes intéressé aux
erreurs du passé, mais je vous ai dit que, pour l'avenir, tout ceci est
à l'étude. Je l'ai répété à chacune
des questions posées et j'ai même donné des termes de
référence très précis pour cette étude. Par
conséquent, si c'est une suggestion que vous faites, elle est bienvenue.
Nous la notons, comme les autres suggestions.
M. COITEUX: J'espère que ça dépassera le palier de
la bonne recommandation du ministre et que ça passera à
l'efficacité, parce que c'est un problème qui cause actuellement
des détriments aux étudiants de mon comté, tant au palier
féminin qu'au palier masculin. Et je peux vous citer un cas que j'ai
référé au sous-ministre l'année dernière,
où parce que le type qui était protestant de langue anglaise et
qui est obligé de fréquenter une institution d'une autre
province, est resté en plan, parce que le système catholique
protestant dans les bourses,...
UNE VOIX: Un catholique protestant, c'est assez rare.
UNE VOIX: C'est oecuménique.
M. COITEUX: ... catholique anglais, n'avait pu avoir le transport que
jusqu'à Blanc-Sablon et j'ai référé le cas au
sous-ministre, M. Dixon, parce qu'il y avait un seul étudiant et qu'il
n'était pas couvert par la commission des écoles catholiques, et
lui, il n'avait pas les bourses comme les autres. Mais pour les autres, on a pu
régler le cas, et j'ai soumis le cas à M. Dixon qui doit s'en
rappeler. On a finalement réussi à régler le cas; mais ce
sont des causes d'injustice comme ça qui se répètent
à tout moment, parce qu'on ne semble pas se rendre compte que la
régionale du Golfe ou que le comté de Duplessis, de Sept-Iles
à Blanc-Sablon, j'ai une distance plus grande...
M. CARDINAL: II n'y a pas de bourse au
niveau régional. Je m'excuse, on passe à un autre
sujet.
M. COITEUX: Non, non. Il y a eu des bourses à l'école de
technologie,...
M. CARDINAL: II n'y a pas eu de bourse au niveau régional.
M. COITEUX: ... ou les gens qui vont...
M. CARDINAL: Ah! c'est une autre chose ça. Il y a eu des bourses
pour les écoles de métiers, il y a des bourses au niveau
collégial.
M. COITEUX: C'est ça que je veux... M. CARDINAL: II y a des
bourses...
M. COITEUX: Je ne suis pas ministre de l'Education. Je ne suis pas au
courant de tous les détails qu'il peut y avoir, mais je sais que le fait
est là.
M. CARDINAL: II faut s'intéresser à l'éducation et
être au courant de tous les faits. Je pense que c'est très
intéressant pour tous les députés.
M. COITEUXî Je suis au courant de ceci; On semble oublier les
distances dans notre comté et le revenu des familles.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Arthabaska a une question
importante à poser.
M. GARDNER: M. le Ministre, est-ce que vous pourriez dire, pour
l'information du public en général, que le député
n'a rien à dire dans le montant d'attribution de bourse ou prêt?
Il arrive très souvent pour les députés de chaque
côté de la Chambre, que des étudiants viennent nous voir et
croient que le député peut faire augmenter une bourse. Alors, je
voudrais que vous disiez publiquement que l'influence du député
dans ce domaine-là n'est pas du tout de mise et que ce sont les normes
simplement qui sont des critères primordiaux.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Ministre, est-ce que je pourrais compléter
la question pour que vous répondiez aux deux à la fois? Vous
pourrez peut-être nous dire aussi si l'influence est maintenant entre les
mains des conseillers législatifs, à la place des
députés?
M. CARDINAL: Les bourses sont attribuées uniquement sur des
critères objectifs, dont on peut discuter, et l'influence des
députés, minis- tres ou conseillers législatifs ne joue
pas sur ces normes, bien que cette influence généralement de
notre société soit aussi importante qu'on le croit.
M. GARDNER: Très bien merci. Je voudrais que tous les
étudiants le sachent.
M. LEVESQUE: II va y avoir des élections, certainement.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Louis.
UNE VOIX: L'honorable député de Saint-Louis a la
parole.
M. CARDINAL: La dernière phrase est séparée de la
première. La première phrase c'est une réponse
précise. La deuxième phrase est une constatation de la
façon dont nous considérons l'Influence.
M. BLANK: Mr. Chairman, I would like to know from the Minister, he
mentioned before, that in the case of an adult who returns to school full time
is not considered as a student and is ineligible for the bursaries and the
loans, same than anybody else.
What I would like to know, is at what stage is he considered as an
adult? Because in one particular case that I am thinking of, a young lady who
is now reached the age of thirty, who has been away from her home for some
five, six or seven years, who is living on her own yet, when she made her
application for a bursary, they took into consideration her father earnings and
the fact she is living at home, when she is in fact living out. When does one
consider an adult an adult, and when an adult is a student with reference to
his parents?
M. CARDINAL: La question que vous posez indique la
véracité de la réponse que j'ai donnée
tantôt, que dès qu'un étudiant était à temps
plein par exemple au niveau du collège il suffit de prendre quatre cours
sur six pour être considéré à temps plein, toutes
les règles ordinaires s'appliquent et que la formule normale s'applique.
C'est pourquoi elle doit être...
M. BLANK: Cela n'a pas de bon sens. Quand quelqu'un ne demeure pas chez
lui depuis dix ou vingt ans, on va prendre en considération ce que fait
son père?
M. CARDINAL: Je ne vous dis pas que cela
a du bon sens, je vous dis que c'est la règle normale et c'est
pourquoi...
M. BLANK: Mais on doit la changer.
M. CARDINAL: C'est pourquoi nous étudions des modifications aux
normes et aux règles de procédure, encore une fois.
M. GARDNER: Je crois, M. le Ministre, qu'avec un papier
assermenté, c'est pris en...
M. CARDINAL: C'est-à-dire que l'on peut prendre en
considération, en revision, ce qu'on appelle j'emploie la
technique qui est utilisée rupture de banc. Je m'excuse, je ne
dis pas que votre demoiselle est en rupture de banc, cette notion est
simplement la notion des étudiants, quel que soit leur âge, qui,
ayant des parents qui vivent, ne vivent pas avec leurs parents.
M. BLANK: Mais on doit prendre d'autres facteurs en
considération.
M. CARDINAL: She may ask for a revision.
M. BLANK: She asked for three revisions already and she got three
No!
M. CARDINAL: There should be some other reasons.
M. BLANK; Pour ajouter à ce que disait mon confrère, le
député de D'Arcy-McGee, la question des formules perdues, des
documents perdus. Moi, j'ai un comté mixte...
M. CARDINAL: Voulez-vous dire féminin et masculin?
M. BLANK: Anglais, français, italien, grec, dix-sept langues
différentes. Je vous dis franchement que chaque plainte que j'ai eue de
pertes de documents, même pour la première formule d'application,
j'en avais au moins 6 ou 7 du côté anglophone. Il n'y a pas eu une
plainte du côté français. J'ignore les causes.
Peut-être que les gens ne peuvent pas lire l'anglais chez vous, je
l'ignore. Mais il y a une raison...
M. CARDINAL: Ce n'est certainement pas la raison, bien que je ne la
connaisse pas.
M. BLANK: Peut-être pour bien d'autres raisons que je ne mentionne
pas. Mais on en avait assez de cela. Mais c'est un fait. Chaque plainte de
perte de demande de bourse ou de documents, c'était du côté
anglais.
M. CARDINAL: C'est peut-être la machine informatique qui n'est pas
bilingue.
M. BLANK: Qui ne comprend pas l'anglais.
M. LAFRANCE: Chez nous, c'est le contraire, c'est du côté
français.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 15 adopté,
messieurs?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais signaler rapidement
le problème d'information du public. Cela a toujours été
un problème, depuis longtemps. Je pense qu'il devrait y avoir moyen de
mettre un accent plus considérable qu'on ne le fait maintenant, qu'on ne
l'a fait dans le passé, sur cette question d'information. Je donnerai
simplement, à titre d'exemple, la petite brochure que le ministre vient
aimablement de nous communiquer. Je constate que la date limite pour la
présentation des demandes de prêts et de bourses est fixée
au 30 septembre et que l'inscription à cet effet apparaît à
l'intérieur de la publication, en caractères de la même
grosseur que les autres sous-titres.
Je pense qu'il y a un nombre de cas appréciable, où des
étudiants font des demandes en retard. Ils se plaignent qu'ils ne sont
pas au courant. On dira qu'ils ne doivent pas être bien
intéressés à leur bourse, s'ils ne sont pas capables
d'être au courant des dates d'échéance, s'ils ne se sont
pas renseignés. Je ne juge pas les causes. Ce que je constate, c'est
qu'il y a des demandes en retard. D'autre part, je constate qu'il n'y a pas de
publicité particulière sur les dates d'échéance. Je
verrais très bien qu'à l'occasion d'une brochure comme celle-ci,
que l'on mette en évidence, au travers de la page frontispice, la date
d'échéance, comme on fait avec certaines formules, le mot
specimen, ou sur des horaires d'avion il y a des dates d'échéance
bien en évidence. Je pense que le ministère devrait publier
je ne dis pas que cela ne se fait pas, je dis que je ne l'ai pas vu
durant le mois de septembre ou le mois d'août, des annonces dans
les journaux pour annoncer la date d'échéance.
Je pense que c'est juste un aspect de la question de l'information. Mais
je pense que ce problème est d'ordre très général.
Je n'ai mentionné que la date d'échéance, en rapport avec
ces prêts et ces bourses en particulier.
Mais en fait, cette question d'échéance se pose pour les
autres types de bourses aussi.
Il faut dire que cela aussi est une cause de confusion chez le public
étudiant. Le public n'est pas familier, comme le ministre ou les
fonc-
tionnalres ou les députés, avec les différents
types de bourses qui sont mises à la disposition du public par le
ministère de l'Education, sans compter toutes les bourses offertes par
les autres ministères. Pour obtenir ces bourses-là, on doit
formuler des demandes en dedans d'échéances qui varient d'un type
de bourses à un autre. Alors, je pense que le ministère a
vraiment la responsabilité de faire des efforts beaucoup plus
considérables que dans le passé, pour s'assurer que le public est
informé et que l'information présentée au public est la
plus simplifiée possible. J'ai parlé d'annonces dans les
journaux, mais 6e n'est pas tout d'avoir une annonce dans les journaux. S'il y
a dix annonces pour dix types de bourses différents, cela ne
répond vraiment pas au problème d'information.
Alors, je suggère que le ministre apporte une attention toute
particulière à ce problème d'information en donnant
instruction à ses collaborateurs formés pour ce genre de travail,
d'essayer de se mettre dans la peau du public. C'est ça qui est
important. Quand on est au ministère, évidemment on connaît
tout et on ne soupçonne pas au prime abord, jusqu'à ce qu'on
reçoive des plaintes de tout le monde, les problèmes que se
posent les contribuables ou les citoyens en général. Alors, je
pense que ce problème en soi est vraiment sérieux et tout aussi
sérieux que les problèmes administratifs internes et les
problèmes des montants de bourses ou de prêts. Je crois que c'est
vraiment un problème majeur. J'attire donc l'attention du ministre sur
cette question.
M. CARDINAL: Je note les suggestions de l'honorable
député. Je note son talent pour tracer le dessin d'une
publication pour fin d'information. Je note cependant, que en plus de ces
circulaires, dans toutes les institutions il y a des affiches avec des lettres
beaucoup plus grandes qui indiquent les échéances jusqu'où
les étudiants sont admissibles aux bourses. Je note que, à un
programme radiophonique et à un programme de télévision,
ces échéances sont aussi rappelés. Je note que même
les gens informés nous placent devant de drôles situations.
Les étudiants ont reçu des prêts-bourses.
C'est-à-dire qu'ils ont été informés qu'ils y
avaient droit. Ils ne se sont pas plaints qu'ils n'étalent pas
satisfaits. Toute la procédure a été suivie et au moment
où je donne des réponses, où je reçois des
suggestions. Il y a actuellement pour $3 millions de prêts qui n'ont pas
été réclamés par des étudiants I qui ils ont
été attribués.
M. GERIN-LAJOIE: Cela doit être des étu- diants
honnêtes qui ont constaté depuis lors, qu'ils n'y avaient pas
droit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Laurent, une
dernière question.
M. PEARSON: Juste avant d'adopter le poste budgétaire no 15.
L'article 8, bourses d'études. Malgré l'augmentation du nombre
d'étudiants et probablement du nombre de demandes, je remarque qu'il y a
eu une diminution de plus de $5 millions dans l'article des bourses
d'études.
M. CARDINAL: Oui, cela s'explique. Il y a une première raison qui
est la raison principale. C'est que la création de 12 plus 11
collèges d'enseignement général et professionnel, fait 23
institutions où il n'y a plus de frais de scolarité.
La deuxième raison, c'est que les versements de ces sommes sont
prévus en deux périodes et que la façon dont les
échéances sont placées par rapport à l'année
budgétaire de la province, fait qu'une partie du deuxième
versement tombera sur le prochain budget, ce qui n'était pas le cas
l'année dernière. Ce sont les deux raisons qui expliquent la
différence que vous avez mentionnée.
M. PEARSON: Alors, cela donne une impression fausse, cela donne
l'impression d'une diminution. Alors on retrouve cela ailleurs.
M. CARDINAL: On retrouve cela ailleurs. Si vous vous rappelez, dans les
tout premiers mots que j'ai dits, une vingtaine de mots au début, j'ai
souligné que des restructurations faisaient que les comparaisons
étaient parfois plus ou moins boiteuses, puisque on retrouvait des
sommes ailleurs. L'an passé par exemple, à des articles qui ont
été adoptés, il y avait zéro pour les
collèges d'enseignement général et professionnel. Cette
année, il y a là une différence qui est supérieure
à la différence qui existe ici.
M. BINETTE: M. le Président, le ministre, tantôt, a dit
qu'il y a pour $3 millions de prêts qui n'ont pas été
réclamés par des étudiants. Est-ce à cause du fait
que certains étudiants n'ont pas pu obtenir le versement de leurs
bourses à certaines banques qui refusaient de faire le prêt aux
étudiants, parce que le taux d'intérêt n'était pas
assez élevé?
M. CARDINAL: Non.
M. BINETTE: Le ministre est au courant qu'il y a eu certaines
difficultés?
M. CARDINAL: Oui, je suis parfaitement au courant que, dans certaines
institutions financières, les étudiants ont eu des
difficultés. C'est un problème que nous avons eu au
ministère et que nous avons essayé de régler pour les
étudiants.
M. BINETTE: Est-ce réglé actuellement? Comment l'avez-vous
réglé?
M. CARDINAL: Je ne connais pas de cas portés à notre
connaissance que nous n'avons pas tenté de régler et qui n'ont
pas été réglés.
M. BINETTE: Vous ne connaissez pas de cas qui n'ont pas
été réglés?
M. CARDINAL: Présentement non, pour les cas portés
à notre connaissance.
M. BINETTE: Est-ce que le règlement s'est fait en augmentant le
taux d'intérêt, parce que la principale raison que la banque
donnait c'est que le taux d'intérêt n'était pas assez
élevé?
M. CARDINAL: Non, c'est tout simplement en envoyant l'étudiant
dans une autre institution financière.
M. LE PRESIDENT: Vous avezfaitdela discrimination du
côté...
M. CARDINAL: Du tout, la discrimination n'était pas du
côté qu'on l'indique.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'aimerais me
référer à un document avec lequel le ministre aura
sûrement à se familiariser au cours des prochaines semaines, ou
des prochains mois. Si on doit en croire le premier ministre, il s'agit du
programme électoral de l'Union Nationale publié à
l'occasion de l'élection de juin 1966.
M. HOUDE: C'est à l'index.
M. GERIN-LAJOIE: C'est un programme qui est riche en promesses et nous
en attendons la réalisation.
M. GARDNER: II faut le mettre en réalisation ce programme.
M. CARDINAL: Si le député veut mentionner tout ce qui a
été réalisé, et ensuite s'arrêter à ce
qui ne l'a pas été, ce serait peut-être instructif pour
l'assemblée.
M. HOUDE: C'est un programme complexe!
M. LE PRESIDENT: Si on regarde votre programme de 1966, il n'y a pas
grand-chose.
M. LEVESQUE (Laurier): Il essaie de changer de ton mais il ne l'a pas
encore.
M. CARDINAL: Pourquoi le prendre, M. Lévesque?
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, en me
référant à ce document, j'aimerais lire à la page
11, simplement quelques lignes, au chapitre de l'éducation où il
est dit, paragraphe 4: « Rendre l'enseignement accessible à tous
et partout au Québec. B) Par l'offre de la gratuité scolaire, au
niveau universitaire, cette gratuité s'établira par étapes
suivant les besoins prioritaires du Québec. De plus l'aide
financière aux étudiants sera accrue et améliorée.
»
Alors, je voudrais demander au ministre si les étapes pour
l'établissement de la gratuité scolaire au niveau universitaire
ont été établies?
M. CARDINAL: Elles sont à l'étude actuellement. Je
réfère à des réponses que j'ai données, il y
a quelques instants. Oui, il y a beaucoup de choses à l'étude. De
fait, après sept mois, je pense, qu'il y a un certain nombre
d'étapes qui sont franchies dans des domaines et un certain nombre de
réponses que vous avez eues, je me réfère à sept
mois. Le passé, il se rattache à ce que J'ai fait et à ce
que j'ai mentionné tantôt.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que le ministre est quand même
solidaire du gouvernement dont il fait partie.
M. CARDINAL: Le ministre est entièrement solidaire du
gouvernement dont il fait partie. Mais, ce n'est pas ça que je veux
dire. Il y a eu cette première étape qui était le bill 21,
ce n'était pas au niveau universitaire mais, si l'on examine la
situation à cause de cette zone grise qui existait entre les
universités et les collèges, il y a quand même des
étudiants qui bénéficient d'un enseignement gratuit,
lequel pouvait autrefois être coûteux à
l'université.
Deuxièmement, je répète ce que j'ai
mentionné tantôt, à une réponse du
député d'Ahunt-sic, à une réponse au
député de Vaudreuil-Soulanges, que l'un de mes principaux soucis
était d'accroître cette accessibilité et je voulais dire
par là, justement, au niveau universitaire. Je suis entièrement
d'accord avec cette recommandation.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, j'ai bien entendu la réponse du ministre
à la question du député
d'Ahuntsic qui se référait particulièrement aux
adultes. Mais, tout de même, ici, il est question d'étapes. Il y a
deux ans que le gouvernement actuel est en fonction. L'an dernier, nous avons
posé la question à celui qui occupait la fonction de ministre de
l'Education. On nous a dit que la question était à
l'étude.
Alors, c'est pour cela que cette année, rendu au mois de juin,
deux ans après le changement de gouvernement, j'ai pensé que le
ministre serait en mesure, non pas de nous annoncer que la gratuité va
être établie à cette session-ci, je n'avais pas cette
naiVeté-là...
M. CARDINAL: Non, l'honorable député, après six ans
d'étude, ne l'avait pas établie. Après deux ans nous ne
l'avons pas établie.
M. GAGNON! C'était au programme.
M. CARDINAL: C'est ça. Et nous avons commencé à
l'établir et l'augmentation des bourses au cours des années est
une autre façon de l'établir qui n'est pas satisfaisante pour
l'avenir.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, ce que je viens de lire dans le
programme de l'Union Nationale dit bien que l'aide financière accrue aux
étudiants sera en plus. La phrase se lit: « De plus, l'aide
financière aux étudiants sera accrue et améliorée
». C'est donc en plus de la gratuité au niveau universitaire.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, ce n'est pas un piège que je tends au
ministre, en aucune façon. Je lui demande, simplement, ce qui en est des
étapes qui nous ont été annoncées il y a deux ans.
Disons que je m'étonne qu'on ne soit pas encore en mesure de nous rendre
publiques ces étapes.
M. CARDINAL: Je comprends l'étonnement de l'honorable
député sachant que d'habitude l'Union Nationale est plus rapide
dans ses réalisations. D'autre part, ce qui retarde les
étapes...
UNE VOIX: C'est contre...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est contre Johnson, on est mieux
d'avertir...
M. CARDINAL: D'autre part, dans ces études, si vous permettez, ce
qui nous a retardés jusqu'à présent, c'est de trouver le
moyen d'augmenter cette accessibilité sans augmenter les taxes.
M. GERIN-LAJOIE: Mais qui est ministre de l'Education, donc?
M. MASSE: Tous les députés ont droit de parole. Le
député de Vaudreuil-Soulanges se souvient fort bien que, dans le
domaine de l'aide aux étudiants, c'est peut-être pour ça
qu'il n'aime pas ça que je le souligne, en 65/66 le budget de l'aide aux
étudiants était d'environ $17 millions au ministère de
l'Education.
Or, compte tenu du programme de l'Union Nationale, et des
réalisations après étude rapide de la situation, le budget
de l'année dernière, compte tenu du bill 2 qui a augmenté
l'aide aux étudiants, est passé de $17 millions à $43
millions dans le domaine de l'aide aux étudiants. L'aide comme telle aux
étudiants.
Deuxièmement, il faut également tenir compte dans ce
domaine-là que, par le bill 21, un certain nombre de collèges
d'enseignement ont été mis à la disposition des
étudiants et que le plan complet, alors qu'il était prévu
pour être réalisé sur un certain nombre d'années...
je ne voudrais pas donner les chiffres...
M. GERIN-LAJOIE: ... sur un certain nombre d'années par le
gouvernement de l'Union Nationale.
M. MASSE: Par le ministère de l'Education en 65/66. L'ancien
ministre le sait fort bien, a été drôlement devancé
et aujourd'hui on peut prévoir que d'ici quelques temps, la
totalité des collèges d'enseignement seront
réalisés à l'intérieur du mandat de quatre ans de
l'Union Nationale.
M. GERIN-LAJOIE: Je l'espère bien, c'est déjà assez
en retard.
M. MASSE: Il faut également tenir compte que, dans d'autres
domaines, le programme de l'Union Nationale disait fort bien et c'est
une phrase que l'on tente d'escamoter dans cette discussion: « Compte
tenu des besoins prioritaires et des possibilités du Québec
». Alors, si le député de Vaudreuil-Soulanges a une
solution magique pour tout réaliser, sans augmenter les taxes, comme il
le préconisait en 1960, on aimerait bien avoir la suggestion
immédiatement.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le ministre d'Etat à la
Fonction publique peut être assuré que personne n'a de solution
magique. Mais il était tout simplement dit qu'au niveau universitaire la
gratuité serait établie par étapes, selon des besoins
prioritaires.
M. MASSE: C'est ce qu'on a fait.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je demande...
M. MASSE: C'est quand même un certain nombre.
M. GERIN-LAJOIE: Pardon.
M. MASSE: C'est ce qu'on a fait: de $17 millions à $43
millions...
M. GERIN-LAJOIE: Vous n'avez rien fait pour cette gratuité. Vous
avez réalisé, dans une certaine mesure, l'amélioration qui
est prévue à la fin du paragraphe que j'ai lu. Vous avez
amélioré, selon un projet de loi qui avait été
préparé par le gouvernement libéral avant juin 1966, et
qui a pu être adopté en décembre 1966. Je ne m'en plains
pas, j'en suis heureux. Maintenant, la gratuité au niveau universitaire
était quelque chose de distinct dans le programme. Je ne me plains pas
qu'elle ne soit pas en vigueur, je n'étonne que les étapes
prévues ne soient pas encore établies. Si on nous disait: Nous
commencerons dans cinq ans à réduire de $100 par année,
cinq ans après, de $100 de plus, on saurait à quoi s'en tenir.
J'aurais une réponse à ma question. Mais là je n'ai pas de
réponse à ma question. Je demande quelles sont les étapes
et on me dit: C'est à l'étude.
M. MASSE: Je pense qu'une des étapes tout à fait logique,
le député de Vaudreuil le sait fort bien, c'est d'abord de rendre
accessible et gratuit le niveau collégial. C'est ce qui a
été fait par le bill...
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas au niveau universitaire.
M. MASSE: Oui, mais avant de passer au niveau universitaire, je pense
qu'il est logique de passer par le niveau collégial.
M. GERIN-LAJOIE: Bien sûr.
M. MASSE: Ensuite, de là au niveau universitaire, par
l'augmentation des prêts et des bourses qui sont accordés. Une
partie de cette étape a déjà été
réglée! Une partie seulement, mais une partie quand même.
Et tout ceci malgré les études et après deux ans.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre nous a dit que la question de
l'établissement de ces étapes était à
l'étude à l'heure actuelle. Peut-il nous dire par qui? Par quel
groupe? Dans quel milieu cette question-là...?
M. CARDINAL: Ce sont pour l'instant uniquement les fonctionnaires du
ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre peut-il être aussi précis que
ceci et nous dire qu'il a demandé à ses fonctionnaires
d'établir vraiment des étapes, un calendrier de
réalisation.
M. CARDINAL: Pour le moment, non, mais les modalités de
façon à établir des étapes et un calendrier.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre a-t-il une idée de l'époque
à laquelle il s'attend...
M. CARDINAL: Le ministre ne fait pas de promesses, il espère que
la prochaine étape aura lieu, non pas cette année qui est
commencée, mais l'an prochain.
M. GERIN-LAJOIE: C'est-à-dire qu'il compte être en mesure
de nous présenter quelque chose lors de l'étude du prochain
budget?
M. CARDINAL: Ses espérances sont précisément
celles-là.
M. BERTRAND: M. le Président, j'aimerais relever certains des
propos du député de Vaudreuil-Soulanges sur
l'établissement de la gratuité au niveau universitaire, et, sur
le problème, également, des collèges d'enseignement
général et professionnel.
Lorsque je suis arrivé au ministère, en juin 1966, nous
avons dans les mois suivants, constaté que, depuis au moins sept
à huit mois, la plupart des projets que l'ancien ministre de l'Education
avait élaborés, qu'il avait essayé de mettre sur pied,
dormaient. Dormaient parce qu'à ce moment-là, lorsque l'ancien
ministre de l'Education présentait des projets, immanquablement, on lui
disait: Cela coûte trop cher. Et tout était paralysé depuis
au moins six à sept mois au ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Comment le ministre peut-il dire que l'on disait que
ça coûtait trop cher?
M. BERTRAND: Au ministère.
M. GERIN-LAJOIE: Comment le ministre...
M.BERTRAND: Le député de Missisquoi sait ce qu'il dit.
M. GERIN-LAJOIE: Bien non, il ne sait pas ce qu'il dit
M. BERTRAND: Et quand nous sommes arrivés, entre autres, pour la
Loi des collèges d'enseignement général et professionnel,
il y avait des projets qui avaient commencé à être
élaborés et nous avons mis sur pied le mécanisme qui a
permis, en un court espace de temps, non seulement d'élaborer des
projets, mais d'abord de faire adopter une loi et, deuxièmement, par le
truchement de l'admission, d'organiser en une année, au cours de
l'année dernière, douze collèges d'enseignement
général et professionnel. Douze, par la coopération.
D'abord par l'action de cette mission, par la coopération des recteurs
des institutions d'enseignement classique, par la coopération du milieu.
Je ne blâme pas l'ancien ministre, le député de
Vaudreuil-Soulanges, de s'être créé, disons un panache avec
l'Opération 55. Nous avons peut-être fait moins de bruit, moins de
tournées à travers la province quand il s'est agi des
collèges d'enseignement général et professionnel, mais les
faits sont là. Une loi et douze collèges la première
année, alors que les étapes prévues étaient
d'établir ces collèges-là dans un délai d'environ
cinq ans.
C'est donc dire qu'avec le nombre de collèges ajoutés
cette année, onze, nous aurons en deux années organisé
à travers le Québec douze institutions appelées
collèges d'enseignement général et professionnel,
vingt-trois en tout, onze cette année et douze l'an dernier, où
la gratuité est complète. Et on les trouve situés dans
tous les coins de la province.
Deuxièmement, nous avons également, alors que l'entreprise
était risquée, joliment risquée, de l'aveu de tous nos
fonctionnaires, établi un nouveau système d'aide aux
étudiants, en établissant un calendrier joliment serré qui
comportait de nombreux risques et nous avons, suivant le calendrier,
présenté un projet de loi en décembre 1966, qui a permis
cette nouvelle loi des prêts et bourses. On dira, ce n'est pas de la
gratuité, mais c'était au moins mettre à la disposition
des étudiants, au niveau collégial et au niveau universitaire,
des moyens pour ceux qui sont dans le besoin, qui ont le talent et qui ont la
volonté de s'instruire.
Je crois qu'en peu de temps, nous avons accompli beaucoup, qu'il reste
beaucoup à faire, l'ancien ministre, le député de
Vaudreuil-Soulanges le sait, et qu'il y ait eu dans ce domaine-là comme
on l'a parfois laissé entendre de l'immobilisme, c'est une accusation
qui ne tient pas debout, quand on examine les faits, quand on examine l'action,
quand on examine les lois qui sont là pour le prouver et quand on
examine les institutions qui ont été organisées au niveau
des collèges d'enseignement général et professionnel, en
aussi peu de temps. Soyons justes, nous avons déjà reconnu au
député de Vaudreuil-Soulanges les actes dynamiques qu'il avait
posés et qu'il sache également reconnaître ceux qui ont pu
être posés par d'autres.
Il est clair qu'il y a énormément à faire
nous en avons parlé hier soir dans le domaine de la formation des
maîtres, et je n'ai pas envie d'y revenir. Et c'est là surtout que
doit porter à l'heure actuelle, l'action du ministère, tout en
tenant compte en vue de l'établissement de la gratuité qu'il nous
faut réaliser que la gratuité comme telle, ça n'existe
pas» Ce sont les contribuables qui doivent, par le truchement des taxes,
assurer au ministère de l'Education, au gouvernement d'abord, les fonds
en vue de répondre aux besoins. Et l'on sait les critiques qui
s'élèvent dans le domaine de la taxation. Il faut tenir compte de
tout ça.
Donc, du dynamisme, de l'action, mais également du
réalisme.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je regrette vraiment ce
hors-d'oeuvre du ministre de la Justice. Nous avons l'impression qu'il est venu
ici pour essayer de donner une leçon de politique partisane et
électorale au ministre de l'Education en titre.
Nous étions à discuter des postes budgétaires se
rapportant à l'aide aux étudiants. J'ai posé une question
bien précise en ce qui concerne l'établissement par étapes
de la gratuité scolaire au niveau de l'université, et c'est
uniquement sur cela que la question portait, en partant du programme
publié par l'Union Nationale en 1966.
M. BERTRAND: Et vous parliez de la par-tisanerie.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai laissé parler le ministre de la Justice,
alors celui-ci pourrait écouter. Et il répondra après s'il
veut. J'ai écouté religieusement, en silence, comme il m'invite
souvent à le faire moi-même lorsqu'il parle.
Alors, si le ministre d'Etat à la Fonction publique
n'était pas intervenu pour vanter ce que l'Union Nationale et le
gouvernement ont pu faire depuis un certain nombre d'années...
M. MASSE: Pour rétablir les faits.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense qu'on n'a rien rétabli. J'ai
posé des questions sur l'établissement de la gratuité au
niveau universitaire.
M. MASSE: M. le Président, le député a
laissé entendre qu'il n'y avait rien de fait, que le programme
annonçait un certain nombre de choses et que tout est à
l'étude, alors qu'on le sait fort bien. J'aimerais qu'il nous cite le
programme du parti libéral en 1960, pour savoir ce qui s'était
fait dans ce domaine. Il s'en est fait beaucoup plus de 1966 à 1968 dans
ce domaine qu'il s'en était fait de 1960 à 1966. Si ce n'est pas
de la partisanerie politique que le député de Vaudreuil-Soulanges
a laissé entendre, je me demande ce que c'est.
M. BOUSQUET: Vous posez des questions basées sur le programme et
vous ne voulez pas que le ministre réponde pour dire ce qu'ils ont fait
pour réaliser le programme. Tout de même.
M. GAGNON: Ce sont des questions suggestives.
M. MASSE: Si vous voulez en savoir...
M. GERIN-LAJOIE: Après avoir écouté religieusement,
j'aimerais dire quelques mots, à ce moment-ci. Je me sens obligé
d'intervenir pour rectifier de grossières inexactitudes faites par le
ministre de la Justice, et je lui serais reconnaissant, à lui et ses
collègues, d'avoir la patience d'écouter ce que je vais dire,
comme nous avons écouté ce qu'il avait à dire. C'est notre
droit de nous exprimer, ici, à ce comité et en Chambre.
Je pense que le ministre de la Justice a été absolument
injuste et a parlé absolument hors de connaissance de cause, en disant
qu'au ministère de l'Education, avant juin 1966, tous les grands projets
étaient bloqués depuis six à huit mois. Il a
référé, par la suite, dans son exposé, à
l'enseignement collégial, l'établissement des institutions
requises, l'aide aux étudiants et d'autres projets.
Je me permettrai de donner des renseignements qui sont d'ordre public.
C'est qu'au mois de mars ou au mois d'avril 1966, je parle de mémoire,
je peux avoir la date ici, le conseil des ministres, sur la recommandation du
ministre de l'Education, a adopté trois règlements fondamentaux
du ministère de l'Education qui sont à la base de toute la
réforme de l'éducation, telle qu'elle doit se poursuivre. Le
règlement numéro 2, relatif aux examens du ministère au
cours élémentaire et secondaire. Le règlement
numéro 3, relatif aux études préuniversitaires et
professionnelles qui est à la base même de l'établissement
des collèges d'enseignement général et professionnel et de
l'ensei- gnement qui y est donné. Le règlement numéro 4,
relatif aux permis et aux brevets d'enseignement.
A part l'adoption de ces règlements, ce qui supposait un long
travail de préparation pour la rédaction de ces documents, la
poursuite des consultations nécessaires avec les différents
milieux en cause, il y a eu, parallèlement, d'autres projets de
préparés, en particulier le projet d'une loi pour
l'établissement des collèges d'enseignement général
et professionnel, collèges destinés à dispenser
l'enseignement prévu dans le cadre du règlement numéro 2.
Ce projet de loi a été préparé, a été
le fruit du travail de comité approprié au ministère de
l'Education, le fruit de longues consultations, non seulement avec des
différents groupes intermédiaires au sein du comité, dont
je ne me souviens pas le nom, mais qui avait la responsabilité de
préparer ce travail pour le ministre, mais aussi des consultations
auprès d'organismes particuliers, comme la Fédération des
collèges classiques.
Au moment du changement de gouvernement, le ministre d'Education
d'alors, aujourd'hui ministre de la Justice, a eu l'avantage de se faire
remettre par les fonctionnaires du ministère un projet de loi tout
préparé qu'il a pu utiliser, à peu près mot
à mot, pour le soumettre au conseil des ministres, le faire adopter et
le soumettre par la suite à l'Assemblée législative comme
bill 21: bill qui a été ultérieurement adopté au
cours de la dernière session.
Tout ça, c'est du travail qui a été
réalisé avant juin 1966. C'est du travail qui s'est poursuivi au
cours des mois qui ont précédé l'élection. Et si le
ministre appelle ça une période au cours de laquelle tout
était bloqué, je me demande ce qu'il entend par une
période d'action et d'activité considérables. Je dirai, en
plus, que c'est après que tout a bloqué. Le règlement no 4
relatif aux permis et aux brevets d'enseignement, qu'est-il devenu, M. le
Président, depuis juin 1966? Qu'est-il advenu du fameux comité de
la formation des maîtres, dont nous avons parlé hier, et qui
n'existe plus?
M. MASSE: On est dans l'aide aux étudiants.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait. Nous sommes au poste de
l'aide aux étudiants. Deuxièmement, avant le début de la
séance, j'ai conclu une entente avec le député de
Vaudreuil-Soulanges pour que tout soit terminé à six heures moins
le quart. Nous avons dépassé l'horaire de quelques minutes. La
séance est donc levée, nous ajournons à trois heures
demain. J'entends bien respecter l'entente.
La séance est levée, veuillez fermer les micros s'il vous
plaît. Une entente a été prise pour que ce comité se
forme à six heures moins le quart. Voulez-vous, MM. les
Députés, que l'on respecte cette entente ou non?
M. GERIN-LAJOIE : Je suis heureux que vous posiez la question.
Pourrait-on avoir le plaisir de voir le président à son
siège.
M. LE PRESIDENT: Que fait-on avec notre entente?
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que le député se fait un petit
peu provocateur. Je ne sais pas si c'est ça la sorte d'enseignants que
nous avons dans nos écoles aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: J'attends votre réponse.
M. MASSE: Si nous voulons continuer, revenons à l'article en
question, l'article 15, l'aide aux étudiants.
M. LE PRESIDENT: II y a eu une entente tout à l'heure pour que
nous terminions à six heures moins quart. Il faudrait que nous prenions
une décision.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne qualifierai pas l'intervention du
président. Je sais qu'il le fait avec une bonne intention. De toute
façon j'ai convenu avec le ministre de l'Education qu'il pourrait
s'absenter. Seulement, je prends mon droit de parole sur cette question en
réponse aux affirmations du ministre de la Justice à la prochaine
séance et non pas sur l'aide aux étudiants. Le ministre de la
Justice a fait des affirmations gratuites, sortant du sujet de l'aide aux
étudiants.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée à demain,
trois heures.
(17 h 48)
Séance du 13 juin 1968 (Seize heures deux minutes)
M. PROULX (Président): A l'ordre! Cette troisième
séance est ouverte.
UNE VOIX : Vous avez l'air de bonne humeur cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: Nous avons une bonne nouvelle pour le
député de Laurier tout particulièrement. On parlait des
politiquement faibles, tout à l'heure. Il n'y a pas d'entente
aujourd'hui, sinon celle de respecter le règlement de finir à six
heures. Nous sommes donc au poste 15: L'aide aux étudiants.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, quand nous avons ajourné
hier, je tenais à faire une mise au point à la suite d'une
intervention du ministre de la Justice, ancien ministre de l'Education. Je n'ai
évidemment pas l'intention de reprendre ce que j'ai dit. J'aimerais
juste ajouter une chose, tout à fait sans acrimonie mais je pense qu'une
mise au point s'impose.
Le ministre de la Justice a parlé de ce qu'il a appelé
je pense que ce n'était pas la première fois
l'Opération 55 faite avec un certain panache. Je pense bien que le
ministre n'a dit ça ni avec envie ni avec d'autres sentiments plus ou
moins justifiés. Mais quels que soient les motifs qui aient pu animer
cette observation, je pense que je me dois de dire ici que je considère
que le rôle d'un ministre, particulièrement à la tête
d'un ministère qui entreprend des grandes réformes qui touchent
à l'organisation de la société, qui touchent à la
structure sociologique, est de faire tout son possible pour faire comprendre
à fond les réformes entreprises. Bien sûr que les premiers
responsables au plan concret de l'information dans un ministère, ce sont
les fonctionnaires. Tous, chacun dans leur fonction.
Je pense, M. le Président, que le ministre a un rôle lui
aussi très important, un rôle de contact direct avec la
population. Il n'appartient pas, je pense, au ministre d'entrer dans tous les
détails techniques d'une politique, soit à l'occasion de
rencontres avec la population dans différents milieux, soit lorsqu'il
donne des conférences de presse. Les fonctionnaires peuvent, d'une
façon générale, le faire mieux qu'un ministre qui est
d'abord préoccupé des grandes politiques générales.
Mais je pense que le ministre a la responsabilité de faire
connaître aussi bien que possible les grandes politiques
générales et que nul ne peut le remplacer dans ce rôle.
Je pense qu'aucun fonctionnaire ne peut remplacer le ministre dans ce
rôle de contact direct avec la population pour donner aux exposés
qu'il peut faire, aux réponses qu'il peut donner aux questions
posées, tout le prestige, l'éclat de la fonction qu'il
remplit.
C'est dans cet esprit que j'ai entrepris, à un moment
donné, ce qui a été la tournée du bill 60, et par
la suite la tournée de l'Opération 55. Que cela ait pris un peu
de panache, personnellement Je m'en réjouis et je n'ose pas croire que
le ministre de la Justice critique cet aspect des actions du titulaire du
ministère à ce moment-là. Je souhaiterais que le ministre
actuel de l'Education fasse quelque chose d'analogue ou du moins qu'il emploie
tous les moyens que son imagination lui suggérera pour établir le
contact direct avec la population et pour réussir le mieux possible
à faire comprendre à tous les secteurs de la population l'esprit
de la grande réforme de l'éducation entreprise il y a quelques
années et que le ministre actuel, de même que son
prédécesseur immédiat, ont exprimé le désir
de poursuivre.
M. BERTRAND: M. le Président, continuer ces propos dans ce
domaine, ce serait, disons, faire des déclarations qui pourraient
laisser croire que l'on porte un jugement sur l'oeuvre de l'ancien ministre et
sur l'oeuvre également du prédécesseur du ministre actuel.
Il a essayé de mettre en pratique la devise du Soleil que j'ai devant
moi: « Fais ce que dois ». J'ai essayé de faire de
même et également d'en mettre une autre en pratique, surtout dans
le domaine de l'éducation, celle du quartier latin; « Bien faire
et laisser braire ».
Alors, disons que c'est une oeuvre difficile, une oeuvre délicate
et le ministre actuel, je suis heureux de lui en rendre le témoignage,
poursuit cette tâche immense et très grande de faire de
l'éducation une oeuvre collective. Je suis heureux de lui en rendre le
témoignage; il y apporte du dynamisme, une action positive et tous ses
collègues, du côté de la droite, sont heureux de l'appuyer
et souhaitent que très bientôt il vienne se joindre à eux
au Parlement, à l'Assemblée législative.
M. LEVESQUE (Laurier): Comme dirait la couronne d'Angleterre: «
Honni soit qui mal y pense ».
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Ahuntsic.
M. CARDINAL: M. le Président, puis-je remercier les deux
ministres, l'un pour ses suggestions intéressantes, et l'autre...
M. GERIN-LAJOIE: Les deux anciens. M. BERTRAND: II n'y a pas de doute.
M. CARDINAL: Le député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: M. le Président, pour suivre le ministre de la
Justice sur la voie des devises, moi j'utiliserai celle de la province de
Québec: « Je me souviens ». Et, je me souviens d'avoir
entendu hier le ministre de l'Education expliquer, en réponse à
une question d'un de mes collègues, que l'établissement de la
gratuité au niveau des CEGEP avait évidemment réduit les
sommes nécessaires pour les prêts-bourses, dans la mesure
où les frais de scolarité étaient éliminés
du calcul pour l'établissement du montant global nécessaire aux
prêts-bourses; et j'aimerais demander au ministre s'il est en mesure, au
niveau de l'université cette fois, de nous dire quel serait le
coût réel de la gratuité au niveau universitaire, tenant
compte du facteur que je viens de rappeler et qu'il a lui-même
souligné hier, parce que lorsqu'on l'a questionné
là-dessus, il a mentionné que c'était un objectif qui lui
plaisait mais qu'enfin, il y avait des limitations budgétaires. Est-ce
que le ministère et le ministre connaissent actuellement le coût
de l'établissement de la gratuité au niveau universitaire?
M. CARDINAL: Pour répondre à la question, je ne le connais
pas actuellement, mais au moment où je vous réponds, j'ai
déjà demandé qu'on établisse ces coûts. Si
vous me permettez que je revienne à cette question, parce que ça
forme un tout, hier lorsque l'ancien ministre de l'Education, le
député de Vaudreuil-Soulanges, m'a questionné sur l'un des
articles du programme de l'Union Nationale, je n'avais pas ce programme devant
moi et quand je l'ai revu, j'ai vu qu'il avait bien employé...
M. GERIN-LAJOIE: Revu ou vu?
M. CARDINAL: Revu, c'est ce que j'ai dit.
M. BERTRAND: C'est un homme cultivé, il l'avait
déjà vu.
M. CARDINAL: Est-ce que les gens sont devenus suffisamment
sérieux pour que je puisse continuer à parler du programme de
l'Union Nationale?
UNE VOIX: Avec plaisir.
M. CARDINAL: J'ai constaté que le député avait pris
les mots qui étaient dans une petite
publication qui est un extrait du programme, jusqu'à même
revenir au texte, et avec ceci je répondrai au député
d'Ahuntsic. L'on disait dans le texte du programme, au sujet de
l'accessibilité partielle de l'enseignement supérieur par la
gratuité: « Dans la mesure où la gratuité peut
rendre l'enseignement universitaire plus accessible à ceux qui ont les
aptitudes voulues pour en profiter, le gouvernement de l'Union Nationale
établira cette gratuité par étapes, suivant les besoins
prioritaires du Québec et les moyens de la collectivité
québécoise ». J'ai expliqué en réponse
à cette question qu'un certain nombre d'étapes avaient
été parcourues, même si dans la question et peut-être
dans la réponse, le mot plan avait été utilisé.
Parmi ces étapes que j'ai mentionnées, il y avait celle
dont vient de parler le député d'Ahuntsic: la création des
collèges d'enseignement général et professionnel. Ce n'est
pas seulement une étape qu'il faut considérer comme étant
une gratuité jusqu'au seuil de l'université. C'est plus, parce
qu'en faisant cette étape, il y ace deuxième aspect que j'ai
souligné, une partie de l'enseignement qui se donnait jusqu'à
présent dans les universités, tendra à disparaître
et je pourrais même en énumérer une partie.
C'est-à-dire que dans les deux années qui vont suivre, une partie
de l'enseignement qui était autrefois de niveau universitaire sera
gratuit.
Une troisième étape dont il a été question
hier et que je rappelle, la Loi des prêts-bourses, a
considérablement augmenté les montants à la disposition
des étudiants en ajoutant un prêt à la bourse et en en
augmentant les montants.
Une autre étape que je n'ai pas mentionnée hier et qui se
rapporte à l'université, c'est qu'au comité des budgets
des universités, au sous-comité des budgets de fonctionnement,
nous avons prévu que, pour septembre 1968, les frais de scolarité
seraient bloqués en ce sens que les frais de scolarité dans les
universités, ont été volontairement, non pas gelés,
le terme ne serait pas juste, mais arrêtés.
M. GERIN-LAJOIE: Votre promesse de diminuer a-t-elle été
une promesse de ne pas laisser augmenter?
M. CARDINAL: Je regrette, je n'ai pas dit promesse de diminuer. Je
rappelle les étapes en vue d'arriver à l'enseignement gratuit au
niveau supérieur, dans la mesure des moyens de la province et des
circonstances. Or c'est une étape que d'arrêter l'accroissement
qui se faisait dans les frais de scolarité continuellement année
après année.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre sait très bien, lui qui a
été à l'université, qu'il n'y avait pas
d'augmentations, année après année, depuis cinq ou six
ans!
M. CARDINAL: Il y avait des augmentations année après
année depuis au moins deux ans. Enfin, j'ai mentionné qu'il y
avait eu un programme de perfectionnement des maîtres, que ce soit au
niveau collégial ou universitaire, qui leur permettait de ne pas perdre
de salaire. J'ajoute pour répondre à la question précise
qui est soumise après, justement, avoir demandé à mes
fonctionnaires ce qu'actuellement, représentent les frais de
scolarité de tous les étudiants universitaires, qu'on ne peut pas
procéder par moyenne. Il y a inégalité d'une
université à l'autre, d'une faculté à l'autre, et
dans les niveaux des universités.
Nous verrons peut-être, au moment où nous arriverons au
poste budgétaire des subventions aux universités, que cette
subvention a été considérablement augmentée
plus que du double en deux ans et que, maintenant que ces subsides sont
rendus à un niveau si élevé, il y a justement lieu, comme
étape subséquente, de s'interroger sur la partie des frais de
scolarité par année, ou par tranche, qui pourrait être
enlevée, puisqu'elle devient minime par rapport à la subvention
totale. De toute façon, ces chiffres, je les aurai très
bientôt. Je ne promets pas de les remettre pendant les discussions du
budget, en raison du relevé de statistiques assez précis que
demande leur compilation.
M. PROULX (président): L'honorable député
d'Ahuntsic, s'il vous plaît.
M. LEFEBVRE: M. le Président, il me semble que
l'établissement du coût des frais de scolarité au niveau
universitaire, devrait être relativement facile à faire par une
simple compilation des budgets des universités? Je ne vois pas la
complexité qu'il peut y avoir là-dedans? Nous n'avons pas ces
documents-là, mais je suppose que le ministre les a.
M. CARDINAL: On les obtient après coup. Vous avez dans le
comité de fonctionnement des budgets, un budget idéal un
budget, et non pas des entrées basées sur des prévisions
. C'est à la fin que vous parvenez à des coûts
exacts.
Si vous voulez partir des budgets, je vous citerai un chiffre qui,
à ce moment-là, est approximatif. Il s'agit d'un montant, plus ou
moins de $20 millions, actuellement, dans les budgets des universités.
Ce montant est accepté pour fin d'établissement des
subventions.
M. LEFEBVRE: Alors, les frais de scolarité représentent
$20 millions?
M. CARDINAL: Plus ou moins.
M. LEFEBVRE: Maintenant, quelle est l'opinion du ministre sur le rapport
qui avait été préparé par un comité conjoint
où siégeaient des fonctionnaires du ministère avec des
représentants de la CSN, de la FTQ et des Syndicats nationaux?
M. CARDINAL: Est-ce que nous pourrions remettre ceci au poste «
subventions aux universités », ou si nous devons en parler au
poste 15?
M. LEFEBVRE: C'est parce que cela touche la gratuité. Je n'ai pas
d'objection à revenir avec les universités.
M. CARDINAL: Est-ce que c'est au sujet des universités?
M. LEFEBVRE: C'est parce que cela touche évidemment le
problème de la gratuité et je parle du rapport du comité
conjoint qui a étudié le problème.
M. CARDINAL: Dans ce sens-là, vous avez raison, c'est une autre
étape, puisque si l'on double les subventions aux universités,
indirectement cela touche à la gratuité. Je suis à la
disposition du député, mais je me demande si le président
préférerait qu'on en parle lors de l'étude du poste en
question.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que nous parlons de la même chose?
M. LEFEBVRE: Moi, je parle du rapport du comité conjoint et je
crois que c'était un comité du plan, qui a étudié
le problème d'accessibilité à l'enseignement
universitaire.
M. CARDINAL: Alors, nous ne parlons pas de la même chose, je
m'excuse.
M. LEFEBVRE: Je parle du rapport, M. le Président. Je regrette de
ne pas l'avoir ici, mais il s'agit d'un comité qui était
formé de trois ou quatre fonctionnaires du ministère, des
représentants de la FTQ, de la CSN, et dont l'ancien ministre de
l'Education nous avait finalement remis copie après bien des
hésitations, je crois. Après que nous l'eussions obtenu par M.
L'Espérance.
M. BERTRAND: Non pas après beaucoup d'hésitation, mais
premièrement quand il a eu le rapport. Deuxièmement, après
l'avoir analysé. Troisièmement, après en avoir
discuté avec ses fonctionnaires. Et quatrièmement, après
en avoir discuté même avec les membres du comité qui,
à un moment donné, nous avaient laissé entendre que le
rapport n'était pas suffisamment complet.
M. LEFEBVRE: Parce que c'était un échéancier de
cinq ans...
M. BERTRAND: Environ cinq ans.
M. LEFEBVRE: ... et à ma connaissance, à aucun moment, le
ministère ou le gouvernement actuel n'a donné son opinion sur ce
rapport. A aucun moment, à ma connaissance, du moins. C'est pourquoi je
pose la question au ministre. Qu'est-ce qu'il est advenu?
M. BERTRAND: Bien, voici, opinion, vous voulez dire sur les...
M. LEFEBVRE: Sur les recommandations.
M. BERTRAND: ... sur les étapes ou les recommandations...
M. LEFEBVRE: C'est ça.
M. BERTRAND: L'opinion a été donnée tantôt
par mon collègue. L'opinion est que cette gratuité doit
s'établir par étapes.
M. LEFEBVRE: D'accord.
M. BERTRAND: Et même le comité qui avait été
formé recommandait d'établir la gratuité par
étapes.
M. LEFEBVRE: Nous sommes bien d'accord, mais je me souviens, M. le
Président, que nous avions harcelé l'ancien ministre de
l'Education, sans jamais pouvoir le faire se compromettre vis-à-vis des
recommandations de ce rapport.
M. CARDINAL: Quelle est votre question précise? La
deuxième?
M. LEFEBVRE: Ma question précise est: Est-ce que le ministre,
premièrement, est au courant de l'existence de ce rapport?
Deuxièmement, est-ce qu'il en approuve les recommandations?
M. CARDINAL: Je suis au courant de l'existence de ce rapport. Je
n'approuve en principe
qu'un certain nombre de recommandations et, de fait, un certain nombre
de recommandations on pourrait dire dans la nature des étapes
ont déjà été mises en application. Par
exemple, il y avait dans ces recommandations: « Poursuites au
régime des institutions sociales, au niveau secondaire; abolition des
frais de scolarité dans les institutions publiques au niveau
préuniversitaire et professionnel; modifications des normes du
régime d'aide aux étudiants, etc. »
M. LEFEBVRE: Mais il y avait surtout le remplacement progressif du
système de prêts-bourses par l'élimination des frais de
scolarité.
M. CARDINAL: J'ai mentionné déjà hier que
j'étais favorable à cette recommandation.
M. LEFEBVRE: Mais le ministre n'est pas en mesure de nous dire de
façon précise, quel est l'échéancier de son
ministère, dans ce domaine.
M. CARDINAL: Non, je l'ai dit hier et je répète que ce
n'est pas un échéancier que j'ai préparé. J'ai
préparé des études aujourd'hui. Parce que dans ce domaine,
une année ou deux années de décalage font qu'au point de
vue du coût, au niveau universitaire, une différence
énorme. Et que, comme tout ceci fait partie d'un contexte
budgétaire, si l'on revient à la recommandation du gouvernement
de l'Union Nationale, il faut revoir ces chiffres tout en partant du même
principe.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laurier, s'il vous
plaît.
M. LEVESQUE (Laurier): C'était sur le même lancer que les
questions du député d'Ahunt-sic, mais il y a une chose qui est
assez frappante à ce point de vue-là. D'une part, vous avez des
gens, je crois le ministre est plus au courant que moi mais on me
dit à Montréal par exemple, que dans certaines grandes
écoles, on a déjà une surproduction, sinon réelle
du moins qui s'annonce, par rapport aux besoins réels de la
société québécoise.
D'autre part, il est bien entendu, du moins si l'on s'en tient aux
chiffres du rapport Parent, par exemple, qu'on a besoin non seulement d'une
formation des maîtres accentuée, améliorée, mais
aussi simplement au point de vue quantitatif, de quelques milliers de
maîtres de mieux en mieux formés d'ici quelques brèves
années. La même chose s'applique mutadis mutandis dans le domaine
des professions médicales, je veux dire dans la médecine
proprement dite et de certaines professions ou médicales ou
paramédicales. Et là on voit nettement se profiler des besoins
réels du Québec au niveau des études supérieures,
qui ne sont pas nécessairement des besoins omnibus.
Alors, est-ce qu'il n'y a pas une forme de diriger? Je voudrais savoir
si le gouvernement s'y est arrêté et si le ministre aurait une
opinion là-dessus. Est-ce qu'il n'y a pas une forme de dirigisme
extrêmement fécond qui pourrait être relié à
ces besoins dans certains secteurs et à ce danger de trop plein dans
d'autres secteurs ?
Autrement dit, si l'on parle de gratuité et même
d'accessibilité, dans mon esprit, si on interprète le mot de la
même façon, je pense qu'on va plus loin que la gratuité.
C'est-à-dire qu'on rend les études, comme dirait M. Caouet-te,
financièrement réalisables.
M. CARDINAL: A la grandeur de la province.
M. LEVESQUE (Laurier): A la grandeur de tout ce que vous voudrez pourvu
que ce soit dans le territoire québécois.
Est-ce qu'il ne serait pas possible de délimiter exactement les
domaines où il y a des urgences, des priorités et de concevoir
une politique de gratuité et d'accessibilité
accélérée, le plus tôt possible, dans les secteurs
où on se fait souvent bloquer par rapport au progrès requis par
l'argument peut-être valable, en tout cas, sûrement au moins
partiellement valable du manque de cadres professionnels.
M. CARDINAL: Je tenterai de répondre à cette question qui
part d'assez loin et qui finit aussi par une
généralité.
M. LEVESQUE (Laurier): Si ma question n'est pas claire, je peux essayer
de la préciser.
M. CARDINAL: Non, c'est très clair, mais c'est très large.
Il est exact que déjà de grandes écoles, enfin des
écoles supérieures préparent un certain nombre
d'étudiants à des fonctions pour lesquelles il est possible que,
dans un avenir plus ou moins lointain, il n'y ait pas une demande suffisante
pour le marché. Ceci s'est produit dans d'autres pays comme tous les
gens à cette table le savent.
D'autre part, vous avez parlé de la formation des maîtres.
A plusieurs reprises depuis le début, j'ai indiqué, non seulement
nos préoccupations mais nos étapes et même une annonce
prochaine à ce sujet. Vous parlez des professions
paramédicales ou techniques.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais d'abord la médecine.
M. CARDINAL: Je reviens sur ce que vous avez dit, mais d'abord la
médecine. C'est quand même deux domaines. Parce que la
création des collèges d'enseignement général et
professionnel produit pour le Québec et je reviens sur ce que
j'ai dit hier une originalité nouvelle qui justement va permettre
aux étudiants, non seulement de choisir les orientations
traditionnelles, les grandes écoles, mais va leur accorder un milieu
où la polyvalence va leur donner un éventail où ils vont
se rencontrer de façon que déjà, chez eux, va se changer
cette tendance que ceux qui continuent à l'école vont
nécessairement dans ces grandes écoles et va surtout créer
dans la population, avec le temps, ce niveau de technicien, par exemple, dans
le domaine paramédical.
Pour ce qui est du niveau qu'on appelle supérieur, la position
présente c'est le principe de la liberté de choix des
orientations. Il n'y a donc pas de dirigisme actuellement mais nous donnons aux
étudiants, dans la mesure du possible, par les informations du
ministère, des renseignements qui leur permettent de se rendre compte de
la situation présente et future.
M. LEVESQUE (Laurier): Ma question était peut-être large,
mais la réponse du ministre est plus large, c'est quarante avenues en
même temps. Prenons le cas, si je peux me permettre d'essayer de
préciser, de la médecine elle-même. C'est bien beau de dire
qu'on ne fait pas de dirigisme, d'accord. Il ne s'agit pas de faire un
dirigisme enfin c'est une question d'interprétation, je voudrais
voir la conception que s'en fait le ministre s'il en a une c'est bien
beau le libéralisme des professions, personne ne l'empêche, tout
le monde reste libre de choisir. Mais puisqu'on parle de gratuité et
d'accessibilité est-ce que, par exemple, pour être précis,
le ministre concevrait qu'en médecine, laquelle est affectée par
un certain malthusianisme professionnel qui est bien connu et qu'il faut briser
parce que c'est un des murs dont on se sert pour retarder l'avènement de
l'assurance-santé convenable, ça ne pourrait pas être une
des étapes préliminaires, à la fois d'un dirigisme qui
n'empêche pas le libre choix mais qui permet de faciliter au maximum le
recrutement des cadres dans les secteurs où la société en
a justement besoin?
M. CARDINAL: Je vais essayer de donner deux réponses aussi
précises que la question. En médecine, il y a deux choses. Il y a
un fait qui existe déjà. Vous êtes certainement au courant
qu'il existe pour les étudiants en médecine des bourses
particulières qui leur permettent de suivre leur cours pourvu qu'ils
s'établissent dans certaines régions moins favorisées, ce
qui leur évite de rembourser à ce moment-là le montant du
prêt à l'origine.
Il y a une deuxième chose que je dois ajouter. Pour tout ce qui
concerne l'enseignement supérieur actuellement, si l'on suit les textes,
la lettre de la loi du ministère de l'Education, l'ancien bill 60, l'on
s'aperçoit qu'il n'y a pas de structures, pas de pouvoirs précis,
pas d'organismes qui permettent au ministre ou au ministère d'entrer
dans ce domaine et, présentement, d'exercer par des moyens qui sont
trouvés judicieux une politique qui arriverait aux fins
mentionnées par le député de Laurier.
Cependant, vous savez que nous allons déposer cette loi-cadre
où justement il y aura une commission des universités pour
planifier l'enseignement au niveau supérieur. Et planifier veut dire,
Justement, ne pas multiplier ce qui ne doit pas d'une façon
désirable être multiplié et créer ce qui manque. Il
est même prévu dans les documents de travail concernant cette loi
que ce conseil d'universités pourrait faire des plans quinquennaux dans
tout ce qui concerne l'enseignement supérieur.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre me permet-il une dernière
question sur le sujet? Je voudrais juste compléter. C'est parce que vous
avez mentionné un sujet qui ne manque pas d'importance. Vous dites qu'il
y a des bourses je ne suis peut-être pas le seul qui l'ignorait
qui sont distribuées aux étudiants en médecine qui
s'engagent à aller sans des régions médicalement
défavorisées pendant X temps et, s'ils remplissent cette
condition, autrement dit, s'ils honorent cet engagement, ils ne sont pas
obligés de rembourser.
M. CARDINAL: C'est exact et ces bourses ne viennent pas du
ministère de l'Education. Si l'on peut les appeler bourses. Ce sont des
prêts à l'origine. C'est accordé par le ministère de
la Santé et du Bien-Etre social. C'est-à-dire que ça vient
de la Santé.
M. LEVESQUE (Laurier): Aux étudiants en médecine.
M. CARDINAL: Aux étudiants en médecine.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il serait possible puisque, quand
même le ministère doit être au courant, de nous dire combien
présentement d'étudiants emploient ces bourses et combien ont
tenu les engagements plutôt que de rembourser?
M. CARDINAL: II faudrait que je demande au ministre de la Santé
parce que je n'ai pas ces chiffres au ministère. Je sais
cependant...
M. LEVESQUE (Laurier); On lui demandera à son tour.
M. CARDINAL: Je sais personnellement qu'il y en a peu qui veulent se
soumettre à ce dirigisme très indirect.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est bien ce que je soupçonnais et si, en
fait, il n'y a pas de politique précise, cela ne sert à rien.
C'est vraiment faire semblant. Si l'on connaît un peu la mentalité
actuelle...
M. CARDINAL: N'interprétez pas, M. le Député. Il y
a une différence entre offrir quelque chose à des gens qui ne
s'en servent pas.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que je veux dire est ceci, si le ministre le
permet d'être bien clair. C'est que vous avez actuellement une certaine
délinquance sociale dans la profession médicale, dans le
Québec comme ailleurs. C'est bien beau de parler de multiplier les
médecins, mais si c'est pour toujours les accumuler sous formes de
spécialistes et de gens qui courent après les gros revenus le
plus vite possible avec l'excuse qu'on leur laisse: J'ai payé mes
études et j'ai dû m'endetter, etc. Si vous faites de façon
générale la gratuité et l'accessibilité des
professions médicales, ce qui est actuellement une espèce de
bébelle qu'on offre à des étudiants, dont très peu
nombreux probablement sont ceux qui en profitent parce qu'ils ne veulent pas
aller dans ces régions, il n'y aurait rien d'abusif à dire: Tout
le monde, tous ceux qui peuvent, qu'ils viennent de n'importe quelle classe
sociale, que leurs parents soient riches ou pauvres, qu'ils veulent faire de la
médecine peuvent en faire, si leurs examens le justifient. On leur rend
ça accessible parce que c'est un besoin social, mais ça implique
qu'il y a un certain dirigisme au moins pour les premières années
de leur carrière. Parce qu'à ce moment-là, ils n'ont rien
à payer. Et c'est l'Etat, c'est-à-dire tout le monde, la
société, qui leur a assuré cette profession. Tandis que
dans le système de bourse, le ministre dit qu'on peut tout de même
poser des questions ailleurs mais je présume d'avance la réponse.
Il doit y en avoir une fraction microscopique de gars qui se servent de
ça.
M. BOUSQUET: Mais nous, les députés, est-ce que nous
accepterions certain dirigisme de cette sorte?
M. LEVESQUE (Laurier): II va bien falloir un jour ou l'autre que, dans
toute société civilisée, on accepte que les besoins
sociaux et les besoins économiques impliquent un certain dirigisme.
Autrement, on est une jungle.
M. BOUSQUET: Oui, d'accord.
M. BERTRAND: Vous avez l'air satisfait des avocats?
M. LEVESQUE (Laurier): Ne m'embarquez pas là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Il faut un certain dirigisme dans le comité, M.
Houde, le député de Fabre.
M. HOUDE: M. le Président, je voulais savoir de la part du
ministre jusqu'à quel point le ministère tient compte dans ses
normes pour, l'aide aux étudiants, les prêts-bourses, des
augmentations de certains services au niveau de l'université. Je pense
à l'université de Montréal, aux augmentations ou aux frais
que doivent débourser les étudiants pour le service de
santé, du sport, du centre social et de la polycopie. Vous avez dit
tantôt que les taux ou les frais de scolarité étaient
gelés. C'est vrai jusqu'à un certain point. Mais c'est
également faux si l'on songe que, d'autre part, vous avez des
augmentations et des frais pour lesquels les étudiants sont
obligés de faire des déboursés allant parfois
jusqu'à une centaine de dollars par année.
M. CARDINAL: La réponse est déjà donnée, M.
le Député, en ce sens que cette augmentation dans les frais de
service, qui ne sont pas une augmentation de scolarité, sera l'une des
considérations qui sera étudiée lorsque nous referons ces
normes. Ces augmentations de frais de scolarité indirectes sont
prévues pour septembre 1968 et nous étudions présentement
justement les normes pour la distribution des bourses pour l'année
68/69. Par conséquent, je réponds très
précisément que, de même que l'an passé les montants
de nos étudiants étaient plus généreux que ceux de
l'année précédente, globalement, ainsi les normes seront
étudiées cet-
te année en fonction de ce qui se produit dans la vie
étudiante, si je peux m'exprimer ainsi.
M. HOUDE: Merci.
M. CARDINAL: Les normes pourraient être déposées
n'importe quand, si les honorables députés veulent passer
à travers cette documentation. Les normes pour l'obtention de l'aide aux
étudiants.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Hyacinthe.
M. BOUSQUET: Pour en revenir à ce que disait tout à
l'heure le député de Laurier, est-ce qu'il y aurait
possibilité qu'au moins les finissants soient très bien
renseignés sur les possibilités, les ouvertures dans les
différentes classes sociales dans les différentes
carrières?
M. CARDINAL: Le cahier des normes sera distribué I tous les
membres du comité.
M. GERIN-LAJOIE: Voulez-vous en distribuer à tous les
députés quant à faire de la polycopie?
M. CARDINAL: Alors, aux 108 députés. Un conseiller
législatif les a déjà.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Hyacinthe, s'il vous
plaît.
M. BOUSQUET: La question que je voudrais poser est celle-ci: Est-ce
qu'il y aurait possibilité de renseigner davantage les finissants, les
étudiants universitaires, sur les ouvertures qu'il y a dans les
différentes carrières? Je connais des jeunes qui sont
allés en économique, par exemple, en sociologie. On leur avait
fait miroiter qu'il y avait des ouvertures considérables, â. des
salaires très élevés, et aujourd'hui, ils sont
obligés de faire autre chose, pratiquent autre chose que de la
sociologie.
M. CARDINAL: Je répondrai qu'il y a une étude
présentement en cours sur le marché du travail des professions
après l'enseignement universitaire, qui se fait à la direction
générale de la planification, justement pour informer tous ceux
qui s'intéressent aux débouchés, après les
études supérieures.
M.BOUSQUET: Merci.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je vou- drais dire un mot
là-dessus. Pendant le séjour que j'ai fait au Collège des
médecins, comme gouverneur, nous avons fait préparer des cartes
de la province, indiquant là-dessus la distribution des médecins
en comparaison avec la distribution de la population, pour montrer non
seulement les régions géographiques où il y avait
déficience, mais aussi les domaines de la médecine où il y
avait déficience. Nous avons affecté, à ce
moment-là, un fonctionnaire du Collège des médecins
à des entrevues avec les finissants en médecine, pour leur
indiquer les besoins, pour les Inciter à se diriger vers les
régions ou les domaines où il existait des besoins.
Je suis informé en ce moment qu'il y a des négociations
entre les CEGEP, au moins peut-être même le ministère
de l'Education et les universités, pour que les
diplômés des CEGEP soient acceptés directement dans les
facultés de médecine, sans être obligés de passer
par des stages intermédiaires.
M. CARDINAL: C'est accepté présentement depuis, je ne sais
pas si c'est une semaine ou dix jours.
M. GOLDBLOOM: Oui. Et il y a aussi des réformes qui sont en cours
à la formation postdiplômée des médecins, de
façon à réduire d'un an la durée du cours
postdiplômé, afin de sortir les médecins plus rapidement.
Cela ne répond pas parfaitement I la question et au problème
posés par le député de Laurier, mais c'est pour indiquer
qu'il y a des efforts qui se font, qui s'arrêtent en aval du dirigisme
complet, mais qui témoignent quand même d'une conscience
professionnelle et sociale en ce qui concerne la distribution des
médecins, une distribution qui laisse, évidemment, à
désirer.
M. LEVESQUE (Laurier): On me permettra de dire simplement que s'il y en
avait plus au Collège des médecins, comme le député
de D'Arcy-McGee, on n'aurait pas les mêmes questions à poser
probablement.
M. CARDINAL: J'ajouterai, justement, dans le même sens que le
député de Laurier, pour montrer la participation du
ministère, que sur ce comité, le sous-ministre de l'Education est
membre du comité, avec des représentants de l'université
et que nous participons à cette étude.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes toujours au poste 15: Aide aux
étudiants.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, nous sommes entrés
depuis...
M. PICARD (Olier): M. le Président, le ministre a
mentionné tantôt qu'il avait décidé d'arrêter
la croissance continuelle des frais de scolarité au niveau de
l'université. Mais il reste tout de même que les dépenses
administratives vont probablement continuer à augmenter...
M. CARDINAL: Qu'est-ce que vous appelez dépenses
administratives?
M. PICARD (Olier): L'administration de l'université.
M. CARDINAL: C'est autre chose, ça. Je parlais des
étudiants, vis-à-vis des étudiants. Ceux-ci, en septembre
1968, ont des frais de scolarité qui ne sont pas plus
élevés que ceux de l'an passé, même si le budget des
universités et, en conséquence les subventions aux
universités, sont augmentées.
M. PICARD (Olier): D'accord, c'est-à-dire que cela pourrait se
traduire dans un déficit accru de l'université et le
ministère prévoit...
M. CARDINAL: II n'y a aucun doute, c'est déjà le fait pour
68/69.
M. PICARD (Olier): Alors le ministère prévoit le
remboursement.
M. CARDINAL: On le verra à l'article des subventions.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, nous sommes entrés
depuis quelques instants sur un terrain que je m'étais proposé
d'aborder à l'occasion des subventions aux universités, mais pour
éviter le double emploi et éviter de reprendre la question
à ce moment-là, je vais juste faire mon intervention à ce
moment-ci, puisque le sujet a déjà été
touché. C'est la question de la relation entre le nombre
d'universitaires qu'on forme dans les diverses disciplines, par rapport au
nombre d'ouvertures qui existent dans la société pour les
diplômés de chacune des disciplines en question. J'ignore si
j'exagère je ne le crois pas en disant que nous nous
trouvons à ce sujet-là dans une certaine pagaille, à cause
du manque d'équilibre considérable entre le marché du
travail et le nombre de diplômés que l'on est en train de former.
On a parlé du cas de la médecine. Il ne fait aucun doute que l'on
forme un nombre beaucoup trop restreint de médecins, par rapport aux
exigences du milieu dans lequel nous vivons, cela dû à un grand
nombre de facteurs sur lesquels je ne veux pas m'étendre. Il y aurait
celui de l'agrandissement de la faculté de médecine à
l'université de Montréal, c'est un simple aspect de ce vaste
problème.
Le phénomène inverse se produit dans d'autres disciplines.
On a mentionné tout à l'heure la sociologie de façon
générale. Je pourrais mentionner le cas de la faculté
d'Histoire, où on nous signalait que l'on est en train de former,
à l'université de Montréal ou dans l'ensemble des
facultés de la province, 800 diplômés en Histoire, alors
qu'il est loin d'exister un nombre correspondant de postes d'enseignement
dans...
M. BOUSQUET: II y a des ouvertures dans la politique, cependant.
M. GERIN-LAJOIE: Je n'aurais jamais osé dire une chose pareille,
parce qu'évidemment, cela aurait pu être interprété
comme un souhait que le député de Saint-Hyacinthe soit
remplacé, mais puisque c'est lui qui le dit, passons.
Cette blague étant passée, M. le Président, je
pense que lorsque l'on voit des statistiques, des faits concrets comme
celui-là, 800 diplômés d'université qui s'en
viennent en Histoire alors qu'il est loin d'avoir le nombre de postes
correspondants dans l'enseignement de l'Histoire aux niveaux secondaire et
collégial, je pense que c'est une situation assez tragique et l'on dit
dans notre société québécoise, à diverses
occasions et à divers sujets, que la réforme de
l'éducation peut avoir pour effet de produire une
génération, parfois on dit de chômeurs
diplômés, à d'autres moments donnés, de
diplômés frustrés. Alors ce danger-là est
réel. On le dit en particulier au sujet de l'enseignement professionnel
et quand on prépare des jeunes pour des fonctions qui n'existent pas, la
même chose doit se dire de l'université.
Je comprends que le ministre vient de nous dire qu'il y aura le conseil
des universités ou autre organisme qui sera vraisemblablement
constitué par une loi de la Législature plus ou moins
prochainement, mais je pense que c'est un problème qu'il faut mettre
très sérieusement en lumière. C'est un problème
auquel, sur le plan de l'enseignement universitaire, il faut vraiment donner
une priorité. Je pense que c'est le désir du ministre et de tout
le ministère de l'Education de voir l'enseignement universitaire se
développer, mais non pas se développer dans toutes les directions
et dans n'importe
quelle direction. Alors, je pense que c'est un problème qu'il
faut souligner et j'ai l'impression que le ministre va être d'accord sur
cela.
M. CARDINAL: C'est une excellente impression et lorsque je parle du
conseil de l'université je ne veux pas répéter ce
que j'ai dit, j'ignore combien de fois, devant les nombreux groupes que j'ai
rencontrés, depuis le 1er décembre qu'il y aurait le
conseil de l'université, l'université du Québec et
d'autres organismes qui, justement, permettront à l'Etat d'intervenir au
niveau de l'enseignement supérieur, pour le bien commun.
M. LEVESQUE (Laurier): Inutile de dire que le MSA est très
content de rallier l'appui du député de Vaudreuil-Soulanges et du
ministre de l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: Nous sommes heureux de voir que le MSA a quand
même certains moments de gros bon sens!
M. CARDINAL: Cela fait énormément plaisir au
représentant de l'Union Nationale.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le poste budgétaire no 15 est
adopté, messieurs?
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet du poste budgétaire no 15...
M. LEVESQUE (Laurier): Ce n'est rien, attendez le restel
M. GERIN-LAJOIE: Alors, à une question précise à M.
le ministre, sur le poste budgétaire no 15, cela enchaîne avec
d'autres questions nous procédons de façon un peu
décousue, malheureusement, mais je pense bien que c'est le sort de
comités comme le nôtre, étant donné le nombre de
membres. Dans Hebdo-Education du 26 janvier on lisait ce qui avait
déjà été communiqué d'ailleurs aux journaux
quotidiens que le ministre de l'Education créait un comité
consultatif pour les prêts-bourses. La création de ce
comité faisait suite soit à la délégation que le
ministre a reçue, à son bureau, la délégation de
l'UGEQ, ou soit à la marche sur le parlement faite par les
étudiants de cette association.
Le ministre pourrait-il nous dire où en sont les travaux de ce
comité?
M. CARDINAL: On me donne enfin l'occasion de préciser les faits.
Lorsque les étudiants de L'UGEQ sont venus à mon bureau, ils
étaient déjà invités depuis trois semaines. Ils
sont venus en grand nombre et cela m'a fait plaisir de voir beaucoup de gens
enthousiastes venir me rencontrer.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre les a tous rencontrés?
M. CARDINAL: Je les tous rencontrés, puisque je suis parti avec
leur président au poste de télévision où j'ai pu
leur parler à tous en même temps qu'à la population.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, le ministre peut-il nous expliquer où en
est le travail de ce comité?
M. BOUSQUET: II est allé rencontrer les étudiants, mais ce
n'est pas lui qu'on a envoyé pour rencontrer les cultivateurs, comme ce
fut le cas il y a deux ans. C'est vous qui êtes allé les
rencontrer.
M. CARDINAL: Si vous le permettez, le comité comme tel, bien que
cela ait été annoncé, n'a pas fonctionné par la
suite, parce que les étudiants s'en sont retirés. C'est alors que
nous avons décidé, au sein du ministère, de faire
nous-même cette étude des critères, du cheminement
critique, etc. bref, de tout ce que j'ai mentionné hier. Depuis, nous
avons aussi décidé de prendre des experts pour compléter
l'étude avec nous et les membres de l'UGEQ m'ont par la suite,
après cette date, informé par écrit qu'ils ne
participaient pas à ce comité.
M. GERIN-LAJOIE: A l'heure actuelle, à défaut de ce
comité, n'y a-t-il pas un autre comité du ministère,
comprenant des représentants des étudiants, et peut-être
des représentants d'autres milieux, qui étudient la question des
prêts-bourses ou de l'aide aux étudiants?
M. CARDINAL: Non. C'est la direction générale de la
planification qui étudie cette question. Je considère que l'Union
générale des étudiants, qui représente les
étudiants au niveau collégial et universitaire, n'a pas voulu,
pour des raisons que j'ignore, participer à ce comité. Je n'ai
pas créé en dehors de celui-là où des
étudiants, qui auraient été ou non membres de l'UGEQ comme
telle auraient pu siéger. Nous nous sommes immédiatement mis au
travail, et la direction générale de la planification, pour faire
ce travail, est normalement assistée, comme il se doit dans toutes les
matières, par le comité du plan.
M. GERIN-LAJOIE: N'y avait-il pas un comité préalable,
existant avant que le ministre reçoive l'UGEQ au mois de janvier?
M. CARDINAL: Oui. C'est le comité du plan de
l'accessibilité générale qui existe encore. Quand je dis
que le comité du plan j'aurais dû le nommer au long
assiste la direction générale de planification, c'est de ce
comité dont il est question.
M. GERIN-LAJOIE: Est-il vrai que selon mon information, il n'y a pas eu
de réunion de ce comité depuis environ deux mois?
M. CARDINAL: Depuis deux mois, je l'ignore. Mais il n'y en a pas eu
depuis un certain temps. J'ai rencontré hier les membres de l'UGEQ. Nous
avons justement parlé de la réunion de ce comité du plan.
Le nouveau conseil de l'UGEQ vient d'être formé depuis environ 15
jours et je l'ai également invité, devant moi, hier. Nous avons
repris le dialogue sur cette question des bourses en particulier mais aussi sur
plusieurs autres sujets.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre peut-il nous dire quelles sont les
prochaines étapes?
Il doit sortir quelque chose des conversations qu'il a eues avec les
étudiants?
M. CARDINAL: Les prochaines étapes? Je vais demander à ce
comité de se réunir dans le plus bref délai, dès
que j'aurai terminé l'étude de mes crédits au
comité des budgets. Cela ne dépend pas de moi.
M. LE PRESIDENT: On vient de vous distribuer une formule, un exemplaire
de formulaire de demande. Vous avez noté qu'on le distribue dans les
deux langues: la française et l'anglaise, avec un dépliant.
M. CARDINAL: Vous voyez, nos retards sont de plus en plus courts. On
nous l'a demandé hier, on vous la distribue aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 15 est-il enfin
adopté?
Poste budgétaire 15 adopté.
Poste budgétaire 16: Subventions d'opération aux
commissions scolaires. Adopté?
M. le député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne suis pas dans l'eau bouillante, mais je
voudrais bien me reprendre pour l'autre soir.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, c'est un poste budgétaire qui est lourd
en matières. Lourd en argent aussi. J'aimerais développer
selon votre suggestion comme première question, celle qui avait
été brièvement abordée l'autre jour, mais sur
laquelle les circonstances ont fait qu'il y a eu un boycottage je dis
bien les circonstances ont fait c'est-à-dire que tout le monde
n'a pas pu s'exprimer. Je dis bien à cause des circonstances.
A ce sujet-là, M. le Président, nous avons abordé
non seulement le cas de Saint-Léonard en particulier, mais des questions
de principe et de politique générale qui ont été
soulevées à cette occasion-là.
Pour bien préciser ce que j'ai en vue et ne pas
référer au cas de Saint-Léonard de façon si
générale que simplement par un non, je dirai que j'ai en vue la
situation par laquelle il semble probable qu'un groupe de citoyens du
territoire de la Commission scolaire de Saint-Léonard serait
forcé d'envoyer leurs enfants dans des écoles où
l'enseignement se donnera dans une langue qui ne correspondra pas à
celle choisie par les parents.
Le premier ministre, à ce sujet-là, à la
réunion du comité des crédits de l'Education, tenue avant
hier, a dit que la politique du gouvernement serait annoncée en temps et
lieu mais il a quand même ajouté quelques mots à l'effet
qu'on pouvait se référer au préambule de la loi du
ministère de l'Education et à certains articles de la Loi de
l'instruction publique, en particulier l'article 203 et suivants. Le premier
ministre n'a pas mentionné le chiffre 203 mais il a indentifié
l'article en donnant mot à mot le titre de section qui
précède cet article, section 15 qui se lit: « Les pouvoirs
et les devoirs des commissaires et des syndics relativement à
l'administration des écoles ».
Le premier ministre a un peu complété sa
déclaration d'avant-hier, lorsque hier, à la sortie d'un caucus
des députés de son parti, il a fait une déclaration aux
journalistes, déclaration parue dans les journaux d'aujourd'hui.
M. le Président, j'ouvre ici une parenthèse. (Le premier
ministre n'est pas parmi nous à ce comité, je le note. L'autre
soir, nous l'avons invité à venir parmi nous lorsque nous
discutions ce sujet. Mais, nous sommes à la séance de jeudi
après-midi, je pense que c'est à ce moment-ci que nous devons
discuter ce sujet parce que le poste budgétaire est appelé.
D'autre part, le premier ministre pourra sûrement être mis au
courant pas son collègue le ministre de l'Education, de ce qui se
passera cet après-midi et j'ose espérer qu'à la
séance de ce soir, ou à un autre moment, le premier mi-
nistre voudra participer aux séances de ce comité pour
établir la politique de son gouvernement, répondre aux questions
que nous lui poserons à moins que ses collègues, le ministre de
l'Education et le ministre de la Justice soient en mesure de répondre au
nom du gouvernement).
Alors, hier, selon ce que nous rapportent les journaux d'aujourd'hui
et le premier ministre devra nous corriger si les comptes rendus sont
inexacts . Le premier ministre, apparemment, selon le compte rendu du
Devoir de ce matin, est allé un peu plus loin que mardi dernier. Il
avait alors indiqué, dit le Devoir « que les droits des parents de
choisir l'éducation de leurs enfants étaient assurés par
la Loi du ministère de l'Education ».
Je continue la citation du Devoir. Hier, il a dit « qu'il serait
stupide de tenter d'intégrer par la force, quelqu'un à la
communauté franco-québécoise. On ne peut faire cela en
1968. On ne le fera pas même si cela a été fait à
l'inverse depuis des décennies dans les autres parties du pays ».
Je continue la citation: « M. Johnson a indiqué que même
s'il n'y a rien dans l'AANB qui protège les anglophones en
matière d'éducation au Québec, l'éducation en
langue anglaise était un droit acquis au Québec. Et ce droit,
dit-il, sera protégé même si quelques contribuables sont
élus commissaires d'écoles dans leur ville de la banlieue de
Montréal ».
La citation continues « II faisait ainsi référence
à l'élection de deux membres du mouvement pour
l'intégration scolaire à Saint-Léonard, lundi dernier. M.
Johnson a indiqué aux reporters que les événements de
Saint-Léonard démontraient, de toute évidence, la
nécessité d'une politique scolaire qui tienne compte des
principes suivants; le gouvernement du Québec est le gouvernement de
tous les Québécois. Il est dans la nature des choses que le
Québec soit et demeure la province française au Canada tout en
admettant, cependant, que la langue anglaise doive y demeurer officielle.
» Et l'article continue.
Alors, M. le Président, je pense d'une part que cette
intervention du premier ministre, hier, en conférence de presse, faisant
suite à l'intervention du premier ministre à ce comité
avant-hier, ne constitue aucun énoncé de politique de la part du
gouvernement. Deuxièmement, c'est une déclaration que je me
permets de qualifier de ronflante, qui ne règle absolument rien, qui
n'apporte aucun élément nouveau dans la situation et qui plus
est, est de nature à induire la population en erreur en lui faisant
croire qu'il n'y a actuellement aucun danger, aucun malaise.
M. le Président, le premier ministre, à part ses
déclarations tout à fait générales qui ne sont que
des voeux pieux dans sa bouche, s'est référé à deux
textes de loi. Tout d'abord, le préambule de la Loi du ministère
de l'Education, chapitre 233, des statuts du Québec. Or, ce
préambule, M. le Président, tout d'abord dit ceci: Attendu que
les parents ont le droit de choisir les institutions qui, selon leurs
convictions, assurent le mieux, le respect des droits de leurs enfants.
A ce sujet, deux choses. Leurs convictions, il s'agit évidemment
de leurs convictions religieuses. Parce que la norme, ce n'est pas une
conviction, c'est un état de fait. Et cet article du préambule du
bill 60 ne vise en aucune façon la langue des citoyens du Québec,
des enfants du Québec.
En deuxième lieu, M. le Président, nous savons tous
très bien, et en particulier, les hommes de loi, tels que le premier
ministre et le ministre de l'Education, qu'un préambule n'a aucune force
de loi, sauf pour apporter un éclairage aux articles
numérotés d'un texte de loi. Et pour invoquer des droits devant
un tribunal, il faut se référer aux articles mêmes d'un
texte de loi, et non pas uniquement à un préambule. C'est donc
dire que le préambule de la loi du ministère de l'Education,
auquel s'est référé le premier ministre, est uniquement
une déclaration d'intention du législateur et aucunement un
article qui peut recevoir son application devant les tribunaux. En plus du fait
que cet article se réfère à la religion et non pas
à la langue et en plus du fait que cet article est rédigé
en termes très généraux, et qui ne comportent de toute
façon, aucune sanction si toutefois, il pouvait comporter une
application.
En deuxième lieu, le premier ministre s'est
référé à l'article 203 de la Loi de l'Instruction
publique. Or, M. le Président, on a beau lire chacune des lignes de cet
article 203, rien, mais rien de rien, n'oblige les commissaires d'écoles
à ouvrir des classes, dans la langue française et dans la langue
anglaise.
Tout ce que l'article 203 impose aux commissaires d'écoles, au
sujet de l'ouverture de classes et au sujet des enseignements qui y sont
donnés, c'est de se conformer aux règlements du ministère
de l'Education, aux règlements adoptés ou reconnus pour les
écoles publiques, catholiques ou protestantes. Et de s'assurer que dans
les écoles, il ne se donne aucun autre enseignement que ceux
approuvés par le ministère de l'Education et par les
comités catholique et protestant du Conseil supérieur de
l'éducation.
Il n'y a tellement rien, dans cet article 203, qui impose aux
commissions scolaires de répondre pleinement aux désirs des
parents quant
à l'éducation de leurs enfants dans une langue
donnée, que nous avons vu au Québec, au cours de la
dernière décennie ou des deux ou trois dernières
décennies, la population de langue française protestante,
privée, effectivement privée de l'enseignement dans sa propre
langue. Cet enseignement, on le comprend très bien de prime abord, sans
autre explication, relevait de la responsabilité d'une commission
scolaire protestante. C'était le cas, en particulier, à
Montréal, le cas que j'ai en vue, mais je pense, de mémoire, que
le cas s'est présenté également à Granby. Mais je
donne cette référence de mémoire, sous réserve de
confirmation.
A Montréal le problème ne s'est réglé
qu'après des interventions à titre personnel des autorités
gouvernementales auprès des autorités du Protestant School Board
of Greater Montreal, qui ont accepté de compléter l'organisation
de leurs classes en langue française toujours, dis-je, pour des
protestants de langue française.
Je me réfère à cet exemple, M. le Président,
pour montrer tout d'abord il faut bien s'en rendre compte, je le
mentionne entre parenthèses que la population de langue anglaise
ou la population qui désire avoir un enseignement en langue anglaise,
qu'il s'agisse de Néo-Canadiens ou de Canadiens de très longue
date, n'est pas la première et la seule à être
frustrée chez nous. Notre système a fait que même chez
nous, la population de langue française a été
frustrée sur le plan de l'enseignement dans sa propre langue, mais cela
n'a pas atteint à l'époque une envergure telle que le
législateur juge à propos d'intervenir pour modifier nos lois. La
question s'est réglée à la suite d'interventions au niveau
administratif, comme je viens de le mentionner. Mais je cite cet exemple pour
bien montrer combien le premier ministre a induit la population en erreur, en
lui disant que la Loi actuelle de l'instruction publique et la Loi du
ministère de l'Education protégeaient les citoyens de tout le
Québec, et en particulier les citoyens de la municipalité
scolaire de Saint-Léonard, quant à l'enseignement pour leurs
enfants dans la langue du choix des parents.
C'est pourquoi je crois que le premier ministre demeure, comme je le
signalais l'autre jour, sous l'obligation impérieuse de mettre la
situation au clair et de dire non seulement quelles sont les intentions vagues
du premier ministre et du gouvernement actuel, mais de dire quels sont les
gestes précis qu'il entend poser dans le concret, pour éviter
qu'aucune commission scolaire du Québec ne refuse à qui que ce
soit sous sa juridiction, l'enseignement dans la langue choisie par les
parents.
Bien sûr, la langue français exige des inter- ventions de
l'Etat et de divers niveaux d'autorité, pour maintenir le
développement du groupe culturel français au Québec, mais
le problème d'ensemble du développement de la langue
française, de son statut dans les affaires, de son statut par rapport
aux immigrants, de son statut dans notre milieu à tous points de vue,
dans les média de communications, dans l'enseignement, le
problème d'ensemble de la langue française chez nous et sa
complexité ne justifient en aucune façon le gouvernement de
laisser quelque commission scolaire que ce soit au Québec entraver ou
menacer d'entraver la liberté de choix des parents qui a
été reconnue dans la pratique, au Québec, depuis la
Confédération, comme un principe fondamental, même s'il
n'était écrit ni dans la Constitution ni dans nos lois.
Nous avons vécu sous un régime de tolérance qui
nous fait honneur, j'en suis convaincu, que ce régime de
tolérance pose des problèmes, j'en conviens. Mais le gouvernement
a une responsabilité, c'est celle de voir à ce que l'avenir du
groupe culturel canadien-français soit assuré, sans permettre
à quelque groupe que ce soit, de brimer sur un plan local et
isolé et hors de toute politique générale, des droits que
nous avons considérés comme fondamentaux, en pratique, même
si aucun texte de loi ne les sanctionnait.
C'est dans ce contexte que je crois l'intervention du premier ministre
très importante pour clarifier la situation. Nous sommes dans un
état de malaise, les comptes rendus des diverses mises au point du
premier ministre ne règlent en rien la situation, nous voyons encore
dans les journaux d'aujourd'hui des comptes rendus des événements
ou des expressions d'opinions qui suivent l'élection scolaire de
Saint-Léonard. Et je pense qu'à la simple lecture des journaux
d'aujourd'hui, on se rend compte qu'il n'y a rien de réglé par
les déclarations du premier ministre. D'une façon, je regrette
d'avoir à insister autant que cela sur une question qui me paraît
pourtant assez évidente, mais qui est de la plus grande importance pour
l'avenir du Québec.
Je pense que ce sont ceux qui sont le plus désireux de voir se
mettre au point et se réaliser une politique de développement
culturel de langue française au Québec, qui doivent être en
même temps les plus préoccupés de voirie premier ministre
et le gouvernement actuel du Québec laisser une situation se
détériorer et se gâter, comme ce à quoi nous sommes
en train d'assister depuis maintenant quelques jours de façon
très aiguë, mais depuis plusieurs semaines et plusieurs mois de
façon plus la ten-
te, à l'occasion de toute la campagne qui s'est poursuivie dans
la région de Saint-Léonard. Alors, j'invite donc le gouvernement
à faire une mise au point pour éclaircir cette situation
ambiguë, qui est une source de malaise très grave au sein
d'éléments importants de la population
québécoise.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laurier, s'il vous
plaît.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, je serais d'accord avec
le député de Vaudreuil-Soulanges sur le fait que non seulement
les déclarations très tardives du premier ministre ne clarifient
pas vraiment la situation, mais à ce point de vue, je serais du
même avis que le député de Vaudreuil-Soulanges que c'est
vraiment au gouvernement de gouverner et de donner une politique. Même
dans l'Action de ce matin, si j'ai bien lu encore une fois comme disait
celui qui parlait avant moi, si ce n'est pas bien rapporté,
j'espère que le premier ministre nous fera l'honneur de venir corriger
les comptes rendus on disait même dans le résumé de
la conférence de presse qui a été reproduite au futur que
l'Union Nationale aura une politique. Enfin, je ne cite pas textuellement mais
c'est au futur et c'était attribué au premier ministre. Autrement
dit, on cherche encore une politique. Et ça fait quand même pas
mal de semaines que les événements de Saint-Léonard
annoncent quelque chose à n'importe qui qui a des yeux et des oreilles
dans la région métropolitaine. Cela vient de loin, de pas mal
d'années.
Maintenant, il y a vraiment, sous la surface, je crois, il faut vivre
dans les milieux politiques que je fréquente et dans les milieux
parapoliti-ques qui ne suivent pas nécessairement la lancée des
deux vieux partis, surtout dans les jeunes générations, pour
savoir que l'on peut se préparer de drôles de réveils si,
avec un certain cynisme, le gouvernement se contente de faire de 1' «
attentisme » pour voir comment les forces vont se départager
vis-à-vis d'un problème comme celui-là.
D'autre part, je ne suis pas du tout, je ne peux pas suivre du tout
l'espèce de passivité avec laquelle le porte-parole du parti
libéral a évoqué ce que je crois être l'attitude de
ceux qui, au nom de qui il parle, quand il donnait l'impression qu'il fallait
plus ou moins passivement maintenir, tout en disant que, bien sûr, la
langue française doit être soutenue par des interventions de
l'Etat, pour maintenir le développement du groupe culturel de langue
française. Ce genre de banalité-là, on l'a entendu depuis
que nous sommes au monde. Mais que, ensuite, passivement, on dise que rien ne
permet à personne de changer une pratique établie depuis la
Confédération, c'est-à-dire la liberté de choix
linguistique dans le domaine scolaire en particulier, c'est là que l'on
se séparerait.
Si l'on me permet de mettre une préliminaire aux quelques
remarques que je voudrais faire là-dessus, je prends dans la causerie du
ministre des Affaires culturelles du gouvernement actuel, qu'il a
prononcée en septembre dernier à la Biennale de la Langue
française, la première phrase est celle-ci: « Langue et
culture, voilà les valeurs que nous tenons à conserver et qui
constituent l'armature de notre entité socio-culturelle»
»
Nous, nous disons pour l'instant quitte à aller plus loin
l'un de ces jours que s'il y a une personnalité collective qui
s'appelle nous autres, sans laquelle il n'y a pas de raison pour que nous
soyons ici réunis dans un parlement différent de celui d'Ottawa
ou, à toutes fins pratiques, de n'importe quel autre parlement
d'Amérique du Nord, s'il y a une raison pour laquelle nous existons,
c'est justement que nous parlons français, jouai quand on ne peut pas
faire autrement, mieux quand on peut faire autrement. Mais
l'élément essentiel de la personnalité collective,
j'emploie un terme qui est bien employé que nous
représentons ici, c'est quand même lalangue. Alors il ne faudrait
pas faire des amuset-tes au moment où ce problème-là est
en train de devenir crucial.
Les événements qui se sont passés à
Saint-Léonard sont déjà des événements
auxquels on annonce des prolongements. On a parlé de la ville de
Saint-Laurent, on a parlé d'ailleurs. Ce qu'il y a de tragique
là-dedans, c'est que vous avez déjà, de part et d'autre,
une mobilisation qui est en train de se faire, une mobilisation de gens qui, de
part et d'autre, d'un conflit linguistique qui s'amorce dans la région
métropolitaine de Montréal, ce n'est pas Saint-Léonard.
Saint-Léonard c'est un incident qui montre ce qui se passe dans la
région métropolitaine de Montréal. Vous avez de part et
d'autre une mobilisation farouche qui s'amorce, de gens qui sont des deux
côtés profondément convaincus de leur bon droit et de leur
bonne foi. A part les conflits religieux, il n'y a pas de conflit plus
dangereux dans l'histoire des peuples que les conflits linguistiques, cela on
devrait le savoir. Or, c'est en train de s'amorcer d'une façon beaucoup
plus grave et depuis bien plus longtemps que ne le laisserait supposer
l'inaction, pour ne pas dire le cynisme avec lequel le gouvernement a
regardé évoluer, et regarde encore, somme toute, évoluer
la situation.
En fait, il s'agit du commencement de la fin d'une tradition centenaire,
ou comme dirait le député de Vaudreuil-Soulanges, d'une pratique
centenaire, dont on ne retrouve rien dans l'imprécision de nos lois,
rien qui permette de l'étayer sur des textes officiels, c'est une
pratique qui s'était établie dans le climat, qui s'est
reliée à la vieille équation de la langue gardienne de la
foi, laquelle a permis pas mal d'accrocs le député de
Vaudreuil-Soulanges en évoquait au point de vue des franco-protestants.
Or cette tradition centenaire qui est la tradition du laisser-faire, de
l'imprécision et des équations profondément fausses,
surtout dans une société pluraliste comme celle où nous
sommes maintenant, à mon humble avis et je crois, majoritairement du
moins, de l'avis du groupe que je représente ici, cette
tradition-là doit se terminer. On voudrait bien que le gouvernement nous
annonce s'il est d'accord un jour, et comment il veut la terminer. Comment
faire finir cette tradition avec le maximum d'équité possible et
avec le minimum de déchirement possible. Parce qu'encore une fois, il
s'agit d'un terrain où tu peux vite avoir des réactions
douloureuses et des conséquences presque imprévisibles de
violence.
L'autre soir, le premier ministre, quand il m'a expliqué avec
grande courtoisie les raisons pour lesquelles je n'avais pas le droit de
parler, m'a renvoyé, entre autres choses, au programme de l'Union
Nationale. J'avoue que j'ai uniquement le petit fascicule qui est quand
même officiel. Le premier article de ce programme dit ceci: « Les
Canadiens français forment une nation; après plus de 300 ans
d'évolution, cette nation est devenue adulte et capable d'assumer la
responsabilité de son destin, sans pour cela s'entourer de
barrières. Ce qui implique qu'elle possède ou qu'elle se donne
les instruments nécessaires à son épanouissement, soit un
Etat national, un territoire national qui soit son principal foyer et une
langue nationale qui ait la primauté sur les autres ». Les autres
étant au pluriel, on se demande si on prévoit l'invasion
éventuelle du chinois, mais pour l'instant, il y en a une autre qui est
impliquée.
Donc, le programme de l'Union Nationale propose aux
Québécois un Etat national, doté d'un territoire national
où l'on donnerait au français l'élément qui est
à la fois définisseur et moteur de la nation que nous sommes,
à toutes fins pratiques, du groupe que nous sommes, sans quoi nous ne
sommes plus. Ce programme se propose de donner à cette langue un statut
national. Qu'est-ce que cela signifie? Quelle doit être l'ampleur de ce
statut? A moins que l'on se gargarise de mots, comme dans d'autres programmes.
Entre parenthèses, je dirais que du côté libéral,
nous avons élaboré un programme nous aussi dans le temps
où nous travaillions dans le même parti, en 1966. Je me souviens
que nous avons accroché là-dessus parce que nous n'étions
pas prêts, entre autres, l'affichage, les raisons sociales. Nous avons
accroché là-dessus, mais tout le monde devait être
conscient, les termes du programme de l'union Nationale le montrent, du fait
qu'un problème se développait et commençait à
être aigu.
Mais qu'est-ce qu'on fait? Qu'est-ce que cela veut dire?
Comment prévoit-on, surtout, la mise en place de ce statut d'une
langue nationale? On s'attendrait donc à trouver quelque chose au
chapitre de l'éducation, dans ce programme de l'Union Nationale, auquel
le premier ministre nous renvoyait.
Non pas parce que l'école est le tout de la question
linguistique. Là, je voudrais éviter, tout de suite, certaines
discussions inutiles. Je suis même prêt à dire que le climat
socio-économique et la maîtrise des institutions politiques pour
un peuple ont au moins autant d'importance par rapport à sa vigueur
linguistique. Autrement dit, qu'un peuple soit vraiment et sérieusement
maître chez soi, dans son pays, ou dans quelque chose qui soit le plus
proche possible d'un pays normal, et qu'il apprenne là à
récupérer et à développer et à orienter par
lui-même, avec persistance, l'essentiel de sa vie économique,
autrement dit, vivre économiquement parlant dans sa langue.
Et bientôt, il y a des chances qu'il ne se posera plus de question
sur sa vigueur linguistique. Mais, justement, il arrive ceci je lis le
reste du programme de l'Union Nationale. Toute la tradition conservatrice de
l'Union Nationale qui apparaît à chaque page dans les autres
chapitres de son programme, exclut au départ, toute vigueur et toute
audace décisive du côté de la maîtrise des
instruments politiques de notre peuple. Autrement dit, avec ou sans M.
Faribeault, avec ou sans le ministre de l'Education qui est entré en
même temps que lui, avec ou sans les autres, on prévilégie
l'amélioration des bebelles provinciales plutôt que la mise en
place des outils sérieux d'un Etat national.
Je constate. La constatation découle du programme. Donc, du point
de vue politique, il n'y a rien à attendre sauf un long et
pénible cheminement. Et cela, c'est vital pour la santé d'un
peuple, dans le domaine linguistique en particulier.
Quant à l'économique, bien qu'est-ce que vous voulez, il
fallait vraiment qu'un certain nombre de citoyens québécois ait
une furieuse tentation
de passivité dans ce domaine, une espèce de goût
pour l'état soliveau, pour favoriser l'Union Nationale au point de vue
économique. Ce n'est pas un reproche, encore une fois, c'est une
constatation. Le conservatisme a le droit de vivre et il y a de l'autre
côté des conservateurs qui se donnent un visage moderne, grand
bien leur fasse.
Mais, dans le secteur économique, en particulier, la
vitalité du conservatisme, surtout au niveau de l'Etat, est
précisément contraire à toute vitalité
réelle de la société québécoise dans son
ensemble. C'est le maintien du statu quo économique dans lequel on est
une colonie interne du Canada d'abord et de l'Amérique du Nord, à
toutes fins pratiques, au complet.
Alors, sachant comme tout le monde le sait, s'il se sert de sa
tête, que, ni du point de vue politique ni du point de vue
économique, l'Union Nationale ne pouvait établir vraiment les
conditions de vitalité linguistique comme les autres pour notre peuple,
je me suis rabattu sur le chapitre de l'éducation. Et au chapitre de
l'éducation de l'Union Nationale bien cette langue qu'on a pompeusement
qualifiée au début du programme, de langue nationale, il n'y
avait pas un mot qui la concerne, pas un traître mot dans ce chapitre de
l'éducation.
Depuis deux ans, il n'y a eu rien non plus, autant que nous le sachions,
en action ou en réalisation, qui puisse aider à préciser
cette imprécision fondamentale. La seule manifestation quelque peu
structurée d'intérêt pour cette question vitale de la
langue, dont je me souvienne, justement, celle du ministre des Affaires
culturelles, son intervention du mois de septembre 1967, à la Biennale
de la langue française, et en fait ce que faisait le ministre,
c'était un pourparler, comme le premier ministre l'autre jour, constat
de dégradation galoppante.
J'en lis deux passages. C'est un porte-parole reconnu du gouvernement
actuel qui parle: « Il n'est pas nécessaire disait le
ministre des Affaires culturelles de procéder à une longue
enquête pour se rendre compte de la situation du français
parlé et écrit au Québec. Il suffit de regarder et
d'écouter, pour constater la dé-te'rioration de notre langage. La
ferait-on, du reste, cette enquête, que le témoignage des seuls
éducateurs démontrerait à l'évidence que nous
devons donner un solide coup de barre, pour empêcher que le vaisseau ne
coule à pic ».
Il y avait déjà une urgence dans le ton, et c'était
il y a neuf mois, le temps qu'il faut normalement pour accoucher. Un peu plus
loin situant dans un secteur particulièrement crucial, cette
dégradation, le ministre continuait: « Nous pouvons constater au
Québec un phénomène d'aliénation collective dont
bien peu de sociologues se sont préoccupés jusqu'à
présent, pour ne pas dire le gouvernement.
Ce phénomène est celui des milliers de travailleurs
obligés de traiter avec des patrons unilingues anglophones, d'user
à l'usine, au magasin, dans les hôtels, etc., d'une langue qui
n'est pas la leur. Il en découle, il en résulte une
dépersonnalisation, une assimilation, un reniement de leur
identité culturelle qui aboutit à la lassitude et à
l'acceptation de conditions de vie et de travail qui accélèrent
le processus de l'abâtardissement national.
D'autre part, la concentration massive des travailleurs dans les grands
centres, à Montréal surtout, risque de rendre de plus en plus
précaire la situation du français au Québec. Alors, il y
avait là une constatation d'urgence et d'aliénation dans le
domaine en particulier, du travail et de l'économie. Là-dessus,
le ministre enchaînait: une gamme et de douze, et je cites Mesures que le
gouvernement entend prendre. Ce n'était pas donc des paroles en l'air.
Il fait partie du cabinet. Je regrette qu'il ne soit pas ici, mais enfin,
là encore, il pourra corriger, bien que ce soit le texte officiel qui
ait été reproduit. Une gamme de douze mesures que le gouvernement
entend prendre.
Or, justement il arrive que les plus indicatives, celles qui seraient le
plus indicatives de volonté, celles qui produiraient un effet de choc
qui est indispensable dans une situation de dégradation. Ces genres de
mesures, autant qu'on le sache, ne vivent toujours que dans la poussière
de ce texte ministériel. J'en donne deux ou trois exemples: Refaire le
visage français du Québec par l'affichage et la signalisation. On
a beau chercher, évidemment il n'y a rien d'entrepris qu'on sache.
Inviter, par la persuasion, les sociétés industrielles et
commerciales de même que toutes les entreprises à adopter des
raisons sociales en langue française à faire chez nous leur
publicité en français, à présenter leurs produits
sous des étiquettes françaises, afin que le gouvernement ne soit
plus obligé de procéder par ordonnances qui, d'ailleurs, restent
lettres mortes dans la plupart des cas, (sauf pour des niaiseries). Exiger des
entreprises-industrielles ou commerciales qui s'établissent chez nous,
qu'elles donnent préséance au français comme langue
d'usage comme elles le font dans les autres pays où elles s'installent,
notamment dans les pays européens. C'est-à-dire ce qui
réjoignait cette aliénation économique et
aliénation du travailleur, en particulier dans des grands centres. Le
plus imposant de tous et le plus menacé en même temps était
Montréal. Donc, les seules mesures qui aient été
proposées pour
l'ensemble des conditions linguistiques, en particulier dans le domaine
du travail et de l'économie, l'ont été par le ministre des
Affaires culturelles. Le gouvernement n'a pas agi dans les domaines les plus
stratégiques au sujet desquels il parlait de mesures qu'on entend
prendre.
Le texte du ministre des Affaires culturelles ignorait pudiquement tout
ce qui touche à l'éducation et tout ce qui touche à
l'aspect linguistique du système du régime scolaires Qu'est ce
régime scolaire? Bien pour sauver du temps au comité, je ne
répéterai pas ce qu'a dit l'ancien ministre de l'Education, le
député de Vaudreuil-Soulanges. Nos lois escamotent publiquement,
complètement, la question linguistique. Le premier ministre devait
être un peu mal renseigné ou avoir la mémoire qui
fonctionnait mal; enfin, avec des ratées, l'autre soir. Parce qu'on a
beau fouiller l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, que tout le
monde connaît, aussi bien que les lois d'éducation du
Québec, que le député de Vaudreuil-Soulanges connaît
aussi bien que n' importe qui d'entre nous et qu'il a résumées,
il n'est question nulle part d'autre chose que les divergences ou
différences possibles au point de vue religieux avec les dissidences,
etc., qui ont fait partie de notre histoire.
Alors, la langue dans nos lois n'existe qu'en sous-entendu, que comme un
complément de la vieille équation dans laquelle nous avons tous
été élevés: la langue gardienne de la foi.
C'est-à-dire la vieille équation traditionnelle deux fois
centenaire du Québec, où on disait: II y a une équation
entre Catholiques et Français et il y a une équation entre
Protestants et Anglais. Or, cette équation ne vaut plus. A travers deux
siècles d'avatars, de régimes constitutionnels différents
qui tous ont escamoté la question, d'imprécision, c'est
demeuré, mais en s'accentuant depuis un certain nombre d'années,
un domaine de non-présence de l'Etat. C'est-à-dire de
laisser-faire d'Etat-soliveau. Et c'est ce à quoi le gouvernement
actuel, après une attente assez cynique, semble nous condamner de
nouveau.
Là-dessus, puisque la loi ne dit rien, à quoi ressemble la
situation, telle que vue par des experts «
dépassionnalisés? » Je prends le texte, au moins qui a
circulé le plus dans Québec depuis quelque temps à cause
du contexte dans lequel il a paru, c'est le texte que le Devoir a publié
dans son numéro spécial de l'année du centenaire, qui
ensuite a été publié sous forme d'édition de poche,
du texte de Jacques Brazeau, intitulé: « Une politique de la
langue au Québec et au Canada. » M. Brazeau est un professeur
à la faculté de sociologie de l'université de
Montréal. Le début, justement, cerne l'imprécision,
l'absence totale de politique, le climat de laisser-faire et de pratique
passée en tradition sacrée, parce qu'elle est centenaire,
qu'évoquait le député de Vaudreuil-Soulanges. Je cite;
« L'emploi des langues est demeuré une question indécise
tout au cours de notre histoire. Au moment où nous faisons le bilan de
cent années de régime fédératif,
l'imprécision demeure. On ne saurait définir exactement le
bilinguisme canadien. Le statut des langues officielles au pays et celui des
autres langues usitées. » Pour voir d'où cela vient, on me
permettra un petit passage qui situe le début de la pratique ou
l'absence déjà, dès le début, de l'Etat se retirant
pudiquement de ce domaine qui était miné à son point de
vue.
Je cite: « L'arrivée au Québec d'administrateurs
britanniques exigea d'eux un choix pratique. Les gouverneurs militaires de 1760
se firent seconder par des secrétaires huguenots et suisses et
publièrent leurs édits en deux langues et ils adoptèrent
le français dans le domaine judiciaire. Le bilinguisme fut reconnu dans
le commerce, l'administration et le domaine judiciaire et puis dans
l'activité parlementaire, alors que par les actes 1774 et 1791, on
prenait soin de ne pas trancher la question d'un point de vue constitutionnel.
« L'Etat était simplement l'Etat absent. Il ne pouvait pas faire
autrement. « C'est donc par la coutume que s'établit le
bilinguisme québécois, quand le Canada comptait une
majorité française. « L'espoir et la crainte d'en arriver
à l'unilinguisme anglais, l'espoir d'un côté et la crainte
de l'autre d'être anglicisé, l'espoir et la crainte donc
n'étaient pas abandonnés pour autant. Une politique assimilatrice
continuait de se manifester. Elle a d'ailleurs accentué et
enraciné la tradition de laisser-faire dans une population que l'on
avait colonisée et que ses élites continuaient à coloniser
tant qu'elle pouvait. Une politique assimilatrice continuait de se manifester
et elle fut mise en évidence par la proclamation de l'Union. L'Acte
d'union de 1840 établissait l'unilinguisme parlementaire. On y
énonçait une disposition constitutionnelle en matière
linguistique, au moment où les anglophones devenaient majoritaires.
Autrement dit, devenant majoritaires, ils imposaient leur langue. On peut
s'expliquer ce fait d'ailleurs au lendemain de l'insurrection. A partir de
là, on est venu, toujours dans la même indécision et dans
la même imprécision, au régime constitutionnel qui dure
depuis cent ans.
Le régime constitutionnel dit ceci dans le Québec: «
Les langues anglaise et française ont des privilèges reconnus au
Québec dans les domaines parlementaire et judiciaire. » A ces
mesures constitutionnelles, il s'est ajouté dans le domaine
public un ensemble de pratiques cou-tumières basé sur
l'acceptation du caractère bilingue de l'entité socio-politique
québécoise. Le dédoublement des institutions d'importance
culturelle a résulté de cette acceptation. » Et puis
là, on passe au secteur privé qu'évoquait le ministre des
Affaires culturelles. Il n'y a rien nulle part, forcément, dans les
textes de loi.
Le secteur privé, c'est là que nous vivons et je cite:
« Le secteur privé de son côté a défini le
bilinguisme québécois en termes de liberté de choix
linguistique. Cette définition a doté le Québec d'un
ensemble d'entreprises commerciales, financières et industrielles dont
la langue de travail est l'anglais. Aucune obligation légale et aucun
contrôle social coutumier. » On sait qui domine les
sociétés, ce sont les élites. « Aucun contrôle
social coutumier ne contraignait les entreprises à utiliser la langue de
la majorité de la population, dans une situation où deux langues
étaient également reconnues. Le choix de l'anglais était
assuré, compte tenu de l'origine de la grande entreprise et de la
facilité avec laquelle elle pouvait, grâce à ce choix,
assurer sa liaison dans l'ensemble industriel nord-américain. Afin
d'établir un rapport avec la main-d'oeuvre et la clientèle
locale, il lui suffisait de compter dans ses cadres inférieurs quelques
secrétaires, contremaîtres et vendeurs bilingues. De la même
façon, les agences de l'Etat central pouvaient se contenter au
Québec d'un bilinguisme de guichet et utiliser l'anglais comme la langue
de travail de sa main-d'oeuvre québécoise. »
Tout ça c'est notre situation, premièrement, l'histoire,
ça on ne peut pas l'éviter, il ne s'agit pas de la
réécrire, on ne la refait pas l'histoire. Il ne s'agit pas non
plus, je crois, nécessairement de s'appuyer sur cent ans d'histoire
passivement en disant: La pratique a été établie, c'est
reconnu. Donc on ne fait rien et on laisse les choses continuer à se
détériorer.
Deuxièmement, la qualité de nos élites, qu'il ne
faut pas oublier, c'est que nos élites ont été les rois
nègres dont le regretté André Lauren-deau parlait. Ils
sont encore en trop grande partie, c'est-à-dire cet usage coutumier de
la société, d'une société dégradée
à la tête.
Alors, comme nous connaissons la suite, et que nous avons toujours dans
le domaine économique plus de commis que de gérants, et que nous
avons toujours dans le domaine politique jusqu'à nouvel ordre des
régimes qui prétendent maintenir une province comme une colonie
interne dans un pays où elle sera toujours la minorité, est-ce
que quelque chose peut changer? Est-ce que ce régime peut changer et
est- ce que c'est nécessaire? Bien, c'est devenu nécessaire. Le
premier ministre a dit qu'il en était conscient, qu'on en tienne compte
à cause de deux autres facteurs qui se sont mis à intervenir. Et
depuis quelques années cela s'accélère à un galop
infernal. Notre dégradation lente est devenue une dégradation
galopante, à cause, d'une façon que les sociologues n'ont pas
encore fini d'évaluer, de la baisse absolument invraisemblable de la
natalité québécoise et d'autre part du jeu de
l'immigration qui nous projette chez nous par millions, dont les neuf
dizièmes s'installent toujours dans la région
métropolitaine de Montréal, des gens que tous ces facteurs
mènent massivement à l'anglais, et qui considèrent
à juste titre, dans le pays tel qu'il est, que c'est leur droit.
Saint-Léonard, c'est seulement l'identification et la
dramatisation de l'accélération du phénomène. Vous
savez qu'il y a un rapport. Je ne sais pas si le ministre est au courant, moi
j'ai lu ce rapport parce qu'il y a des gens enragés qui me l'ont remis.
Il y a un rapport qui doit traîner dans les couloirs d'un
ministère, à l'Education ou aux Affaires culturelles. Qui a
été fait par un comité montréalais. J'ignore, c'est
un livre blanc, la couverture est bleue, celui que j'ai eu. Mais ce doit
être un Uvre blanc quand même. Et ce rapport est là depuis
je crois l'automne 1967. Et c'était plus ou moins, je pense, une
extension des études que le gouvernement faisait faire, dit-il, autour
et alentour du fameux livre blanc des Affaires culturelles dont on n'a jamais
vu ni la queue ni la tête, depuis que le gouvernement a changé
mais, qu'on a longuement discuté.
M. BERTRAND: Vous l'aviez vu avant.
M. LEVESQUE (Laurier): J'en avais vu des brouillons mais
évidemment, ce n'était pas mon ministère. Enfin. Peu
importe. Mais ça doit découler de ça. Alors, je sais que
dans ce rapport, Dieu sait que ce n'est pas un secret, il est marqué par
des relevés de 1965, si j'ai bonne mémoire, que 3.5% des enfants
des immigrants de première génération, dans le territoire
du Montréal métropolitain, et singulièrement dans le
territoire de la vieille CECM, la Commission des Ecoles catholiques de
Montréal, que 3.5%, maximum, des enfants des immigrants de
première génération sont dans le secteur scolaire
français, Ce qui voudrait dire que 96.5% de la génération
que l'on prépare seront fort probablement des unilingues anglais, tel
que le système fonctionne actuellement. Pendant que notre
natalité fout le camp, ce qui au point de vue social n'est pas
nécessairement du tout un mal, et que
Montréal traîne péniblement ce qu'il faut pour nous
maintenir dans la région métropolitaine comme une entité
majoritaire au point de vue démographique, les gens qui se sont battus
à Saint-Léonard, peu importe comment on juge de part et d'autre,
sont furieusement motivés.
J'ai rencontré les gens du MIS, Mouvement d'intégration
scolaire. Ils sont conscients de ça. Ils se disent qu'ils sont foutus,
d'ici une quinzaine d'années, parce qu'étant
économiquement des gens de deuxième classe, ils ont des
croûtes à manger pour rattraper le terrain perdu. Etant dans un
contexte de passivité et d'impuissance politique, grâce au
régime que l'on s'échange depuis cent ans, y compris celui qui
est là, l'incapacité de prendre les outils d'un Etat, de changer
d'une façon cohérente la direction de l'économie et du
travail qui se fait en anglais, si, pardessus le marché, nous
commençons à être minorisés, pour employer un
néologisme bien connu, minorisés sérieusement dans la
région métropolitaine de Montréal, nous sommes foutus.
Alors, du côté des Néo-Québécois qui
ont commencé à se mobiliser et à recruter tant bien que
mal, y compris le Father Malone, de Loyola, et d'autres, des appuis dans
d'autres secteurs anglophones, du côté des
Néo-Québécois pendant ce temps-là, et pas seulement
dans le groupe italien de Saint-Léonard, vous avez des citoyens qui sont
citoyens, vous avez aussi des résidants depuis bon nombre
d'années, et vous avez des immigrants. Il y a un vrai fouillis. On n'a
pas été capable de savoir. Vous savez vous-même que
l'élection a laissé tomber des pans de quartiers complets sans
qu'il y ait eu de... Autrement dit, cela fut fait dans la confusion. Mais une
chose est certaine, c'est qu'il y a là-dedans, comme dans tout
Montréal, dans toute la région métropolitaine, des
citoyens d'origine autres qu'anglo-saxonne ou française, des
résidants depuis bon nombre d'années, des immigrants
arrivés depuis un certain temps, de même que des immigrants
récents. Tous ces gens-là sont venus ici avec ce libre choix
linguistique qui est dans notre tradition et non dans nos lois, qui paient des
taxes et qui sont en droit de se sentir trompés si ce droit leur est
enlevé. Parce que dans les préambules des lois dont on parle, il
y a aussi l'épanouissement tel que les parents le voient pour leurs
enfants.
Les convictions, c'est quand on dit, conformément à leurs
convictions, c'est vraiment le terme le plus serpent que j'ai jamais vu dans
nos lois. On a même enlevé le mot religieux de façon que ce
soit encore plus flou que c'était avant. Mais il y a aussi
épanouissement. Et par rapport à ces parents, cela peut vouloir
dire pour eux qu'ils sont venus dans un pays qui di- sait qu'ils avaient le
choix entre, et c'était comme ça et ça l'est encore. Vous
avez le choix entre l'une ou l'autre des deux langues de ce pays, mais c'est en
Amérique. Ils n'ont pas d'attache à l'un ou à l'autre des
groupes culturels. Alors, ils choisissent celui qui leur paraît le plus
rentable. Ils ont le droit d'être furieux.
Là on voit, si on ne l'a pas vu ailleurs au Canada, si on ne veut
pas revivre ce qui s'est passé en Belgique et ce qui se passe encore, on
voit l'amorce.
D'un côté, notre peuple à nous, avec des gens
sincères, qui disent: Nous allons être noyés dans
Montréal, dans la politique de passivité actuelle. De l'autre
côté, des milliers de gens qui sont venus de bonne foi et qui
disent: Nous, on nous a dit que c'était comme ça. Personne ne les
a avertis. Alors, chacun sait que vous avez là l'amorce possible du
conflit linguistique, qui fait saigner, entre des populations installées
et qui ont des droits acquis, qui sont sûres de leurs droits. Ce genre de
conflit peut vite devenir déchirant et insoluble, presque autant que les
conflits religieux.
Alors, on peut bien faire comme le gouvernement actuellement, attendre,
et flairer le vent, et annoncer au futur une politique et se demander: Le
« Star » de Montréal va-t-il être
particulièrement violent à cause du vote anglo-saxon? Ou bien:
Comment les étudiants de McGill vont-ils réagir? Que va faire le
groupe juif? Se demander comment tout cela va se balancer sur la carte
électorale du Montréal métropolitain. C'est une
façon, traditionnelle, d'attendre pour formuler des politiques qui
soient autre chose que des « fling-flang ».
Cela fait un mois et demi que le gouvernement n'a rien fait
depuis bien plus longtemps que cela et il en est conscient - depuis que cela
bouillonnait dans cette marmite-là. La marmite n'arrêtera pas de
bouillonner simplement parce que le premier ministre a annoncé à
la télévision une non-politique. Ça, sûrement pas.
C'est jouer avec le feu, et cela implique un certain cynisme et le mot
cynisme, c'est le Star qui l'a employé hier soir à l'adresse du
gouvernement, ce n'est pas moi - un certain cynisme dans un domaine
particulièrement explosif. Le gouvernement doit avoir une politique.
Il n'en a pas. Celle qu'évoquait le premier ministre depuis hier,
comme dans sa conférence de presse, c'est essentiellement le statut quo
avec une sorte de vague d'Intégration volontaire par la bonne
volonté des immigrants, avec un futur ministère de l'Immigration,
dont nous n'avons pas vu encore le texte et dont nous ne savons pas s'il aura
un budget, et qui, de toute
façon, n'a pas les pouvoirs d'un peuple qui se défend.
Donc, le gouvernement doit avoir une politique et en fonction de tout ce
qu'est notre situation, des urgences qui se développent, de la
nécessité de ne pas jeter notre société plus vite
qu'on le pense dans un conflit linguistique qui pourrait très vite
devenir insoluble. Il faut sortir, à notre humble avis, du vieux
libéralisme linguistique et entrer dans un dirigisme là encore
qui, autant qu'il est humainement possible, respecte les autres. Qui respecte
les autres et qui soit au moins un peu conscient du fait que lorsqu'on parle du
statut d'une langue nationale et qu'il y a une situation d'urgence
véritable qui se développe en plein coeur métropolitain du
territoire, qu'on appelle aussi un territoire national, éventuellement
doté d'un Etat national, à moins qu'on rigole aux dépens
des populations et en particulier des jeunes générations qui
commencent à en avoir plein le dos des vieilles rigolades avec
lesquelles on se fait élire et réélire et
mésélire, etc. Le gouvernement doit avoir une politique qui ne
consiste pas à sans cesse remettre au calendes grecques
l'établissement on peut l'établir avec les outils actuels
de la province que nous sommes de cette langue nationale.
Je voudrais terminer par une suggestion très simple. Très
simple, mais qui marquerait la fin d'un régime centenaire qui a trop
duré, qui est dans l'imprécision, la confusion et qui, en fait,
n'est que le régime de résignation, aujourd'hui injustifiable,
d'élites dirigeantes qui ont toujours préféré faire
leurs calculs prudents en fonction de l'intérêt qu'ils pouvaient
représenter et, à cause de cela, justifier terriblement le
chapeau de roi nègre qui leur a été appliqué.
Saint-Léonard, avant que cela ne se produise dans trois, quatre
ou cinq autres comme on l'a dit pour le Viet-Nam, avant qu'il y ait
trois, quatre ou cinq Saint-Léonard Saint-Léonard devrait,
à mon humble avis et je parle au nom du groupe que je
représente qui l'a voté majoritairement être la fin
d'un régime, devrait marquer la fin d'un chapitre passif de notre
histoire qui pouvait peut-être se justifier autrefois, mais qui n'est
plus justifiable. Autrement, la temporisation de l'Etat pourrait vite avoir
quelque chose de criminel. Cela peut laisser les conflits et le poison se
développer dans l'organisme social et le gouvernement laisserait faire
cela en faisant des calculs électoraux.
Ma suggestion serait celle-ci, peu importe les modalités:
Qu'à une date précise qui pourrait être celle de la mise en
vigueur du ministère de l'Immigration dont parle le premier ministre,
qu'un nouveau régime commence pour le Québec. Un régime
qui soit clair, précis et annoncé de façon que personne ne
puisse dire; J'ai été dupé en entrant dans ce
pays-là. Ce régime pourrait tenir essentiellement, à notre
humble avis, en deux points.
Premièrement, que les droits que nous admettons comme des droits
acquis, que les droits des résidants de longue date et des citoyens qui
sont établis chez nous, quelle que soit leur origine, dans ce secteur
vital, soient scrupuleusement respectés et maintenus,
c'est-à-dire le droit des écoles à prédominance
anglaise tant qu'ils en veulent, pourvu, et c'est vital, qu'intensément,
aussi, le français y prenne une place croissante. Qu'on arrête de
fabriquer des unilingues qui littéralement nous méprisent chez
nous, pourvu que le français y prenne dès maintenant, à
telle date, une place croissante, par quelque moyen que ce soit, une place
croissante et que ça tende vers une école bilingue. Il s'agit
d'intégrer ces gens de société française dans une
société qui aura son état national sur son territoire
national avec sa langue nationale, n'est-ce pas?
Il s'agit d'intégrer ces gens, mais de les intégrer de la
seule façon qui soit civilisée, qui puisse convenir, qui est de
les respecter. On n'assimilera jamais personne à coups de bâton.
Là-dessus, je crois que tous, on peut être d'accord. Cela, c'est
premièrement.
Mais, deuxièmement, que soit proclamé, qu'après
cette date, que ce soit septembre 1968 ou janvier 1969 enfin laissons
les modalités de côté que soit proclamé
qu'après cette date, les classes publiques, primaires et secondaires,
subventionnées par l'Etat, et de toute façon, étant sous
l'autorité du ministère de l'Education il a seulement
à se donner les pouvoirs s'il lui en manque de ce
côté-là, il a le droit de les avoir après
cette date, ne seront construites et des places ne seront disponibles, et le
personnel ne sera mis en place, que dans le secteur français pour tous
les immigrants qui viendront après cette date, quelle que soit leur
origine raciale ou nationale-raciale c'est un mot que je déteste
parce que, eux, qui viendront au futur, demandent un privilège.
Nous avons le droit, même dans l'état fragile de nos pouvoirs
actuels, de définir la politique qui conditionnera ce qui est un
privilège au futur, que demanderont des gens envers qui nous n'avons
qu'un seul devoir, celui de les avertir honnêtement de notre
politique.
En attendant qu'un ministère de l'Immigration existe, si faible
soit-il, il y a moyen d'avoir des gens dans les principaux centres d'immi-
gration où le Canada recrute, que le Québec se branche
pour s'en donner une politique, autre qu'accessoire dans l'Immigration. A ce
moment-il, rien ne l'empêche de dire: Voici le régime scolaire
prédominant du Québec. Voici celui dans lequel vos enfants auront
à aller, étant attendu qu'on essaiera d'améliorer sans
arrêt, l'enseignement de la langue seconde, parce que là ce serait
vraiment se bâtir des murailles de Chine invraisemblables. Justement,
c'est le danger que l'on peut courir si l'on ne fait pas attention. C'est
qu'à force de laisser se développer les conflits, de ne pas avoir
le courage d'établir une politique pour l'avenir, on est porté,
parfois, trop dangereusement, à réécrire le passé
et à véhiculer tous les poisons que le passé nous a
laissés.
Ce qui reste aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas de loi, pas de tradition
légale dans ce domaine-là. Une politique qui nous mène
littéralement à la noyade, une espèce de passivité
sans trêve, des droits acquis et des gens qu'on n'assimilera pas, ceux
qui sont ici, à coups de bâton. Cela ne se fait pas. Cela, c'est
vraiment ce qui permet d'empoisonner une société. Mais absolument
rien, sauf une espèce d'incapacité de se brancher, à mon
avis, qui empêche de prévoir l'avenir. Il y a un peuple qui existe
et il y a un avenir qui s'en vient. Nous sommes majoritaires chez nous. Dieu
sait qu'on à du travail à faire! En particulier dans la
région métropolitaine de Montréal, il y a une urgence qui
se développe. Est-ce que l'avenir doit nous être fermé?
Est-ce que c'est injuste pour des gens qui ne sont pas encore ici, de leur
dire, que les classes seront disponibles. La liberté demeure de payer
s'ils veulent aller dans d'autres écoles, mais qu'ils paient, parce
qu'on n'a pas le droit de se laisser noyer au futur, d'annoncer clairement
qu'à partir de telle date, grâce aux pouvoirs qu'a
déjà le ministère de l'Education, à ceux qu'il peut
facilement s'ajouter, s'il en manque, que désormais que pour tous ceux
qui viendront s'établir chez nous avec l'intention de s'implanter, pas
d'hypocrisie, pas de changement qu'on leur envoie sur la tête à
coups de bâton, mais que désormais les classes disponibles, le
personnel disponible pour les chiffres et les projections sont faciles
à faire, de nouveaux qui arrivent que leurs enfants seront
dirigés dans des écoles françaises. Elles seront les
seules qui seront disponibles dans le secteur public.
Il nous semble à nous, dans l'état actuel de notre
société, que c'est une élément clé parmi
d'autres, d'une politique linguistique. Si on n'emploie pas celui-là,
qu'on en trouve un au moins. Mais celui-là me paraît le seul
capable de ne pas nous mener dans un cul-de-sac ou dans l'hypocrisie partisane
électorale.
Ce serait aussi l'un des aspects évidents, principaux d'une
politique à établir dans le Québec souverain, quant
à nous. Mais il est plus indiqué encore et plus urgent encore
d'établir quelque chose du genre, pour un peuple dont les dirigeants
veulent indéfiniment, autant qu'on puisse voir, le garder comme une
colonie interne dans un pays dont les structures, le climat majoritaire, le
climat économique et la tradition partisane, ne font que saper ces
énergies jour après jour. Là-dessus, je vous renvoie au
texte de votre collègue des Affaires culturelles.
Alors, je me permets, aunom d'autres aussi, de prier le gouvernement
d'agir dans un sens peut-être comme celui-là. Enfin, c'est
vraiment quelque chose d'angoissant, si c'était venu d'autres, f aurais
aimé mieux cela, parce que nous, nous savons que nous sommes
minoritaires, nous espérons que nous ne le serons pas d'ici quelques
années. Mais c'est une des choses qui nous préoccupe. J'ignore
quels termes je pourrais employer pour que cela soit considéré
sérieusement par le gouvernement et non pas comme un truc qui essaie de
démantibuler, mais de les prier d'agir avec décision et avec
vigueur, dans un domaine qui est crucial et d'une façon qui permette
d'enrayer ce qui peut vite dégénérer en poison partout
dans notre société.
Si les analyses que j'ai lues et, entre autres, celles qui
étaient dans le mémoire dont je parle au livre blanc, je ne sais
pas trop, que le gouvernement a en main depuis des mois, sont exactes...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres du comité qui
veulent prendre la parole?
M. CARDINAL: M. le Président, je vais laisser de
côté ce que pourrait répondre le premier ministre,
puisqu'il a été impliqué directement et personnellement
par la déclaration que l'on rapporte à partir des journaux. Je
reviendrai cependant sur une affirmation, c'est que l'on a dit que le
gouvernement avait passivement regardé évoluer la situation. En
dehors de toute question partisane, et à partir des gouvernements qui,
dans le passé, se sont succédé, l'on pourrait
peut-être, si l'on analysait la situation dire que ceci, c'est
passé.
Si je ne m'en tiens qu'à l'éducation, parce que je suis le
ministre de l'Education, et que je n'entends pas représenter la
politique générale de tout le gouvernement par tous ses
ministères, je ne suis ni premier ministre, ni chef de ce parti. Si l'on
s'en tient qu'à l'éducation,
je dirai qu'à partir du problème de Saint-Léonard
et avant que le problème de Saint-Léonard ne se pose,
déjà le ministère avait posé un certain nombre
d'étapes qui sont directement en relation avec cette situation à
Saint-Léonard qui est, je l'ignore l'aboutissement ou l'évolution
ou la cristallisation d'une situation.
Avant d'en venir aux principes généraux, quelques faits
particuliers. A la fin de son intervention le député de
Vaudreuil-Soulanges parlait d'une mise au point. J'en fais une tout de suite au
départ. On peut bien faire des interventions générales, en
parlant, sans en parler, de Saint-Léonard. Le problème de
Saint-Léonard, évidemment, ne peut pas se régler
uniquement sur le plan de Saint-Léonard. Le problème de
Saint-Léonard se place d'abord, je dis d'abord, ce qui suppose d'autres
environnements, à l'échelle du grand Montréal. Il se pose
tellement à l'échelle du grand Montréal que celui qui m'a
précédé avait déjà créé ce
comité de restructuration et que l'un de mes premiers gestes en arrivant
a été de compléter les cadres de ce comité, lequel
comité doit faire un rapport sur la restructuration scolaire du grand
Montréal, dès septembre prochain. Sans donner tout le mandat du
comité, nous pourrons y revenir, je pense, justement, que cela saute aux
yeux, que ce n'est pas le problème d'une école en particulier.
Mais encore là, il y aura des mises au point à faire. Je ne
voudrais pas qu'on fasse des procès d'intention à ceux qui sont
à Saint-Léonard, qu'ils soient de la commission scolaire,
à l'emploi de la commission scolaire ou du MIS.
Je pense que l'on précède les faits et que l'on ne se rend
pas compte exactement de ce qui est passé. Je ne voudrais justement pas
que le public soit trompé en croyant que certaines choses se sont
passées alors qu'elles ne sont pas encore arrivées.
A Saint-Léonard, il y a eu une élection dans deux
quartiers. Deux membres du MIS ont été élus. Sur cinq
commissaires, il y en a trois autres, deux dont je ne connais pas les
convictions et dont je n'ai jamais analysé les intentions, et un
cinquième qui est de langue anglaise.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre me permet? Pour autant
qu'on soit renseigné, remarquez que c'est aussi fragile que ce que dit
le ministre, mais pour autant qu'on soit renseigné, ils sont trois qui
se recoupent dans la ligne du MIS et deux autres qui sont probablement, comme
disait le ministre...enfin, pour autant qu'on sache.
M. CARDINAL: Je viens justement de dire que je n'ai pas
analysé... Il y en a deux pour qui c'est clair, deux pour qui ce n'est
pas clair et un troisième pour qui c'est clair que ce n'est pas dans la
ligne du MIS.
Dès que l'histoire de Saint-Léonard a commencé,
j'ai fait faire sur place une enquête pour voir quelle était la
démographie de l'endroit, quels étaient les problèmes,
quelle était l'histoire des résolutions qui avaient
été adoptées par cette commission scolaire, quels
étaient les groupes représentés. Il y a un certain nombre
de choses qui ont été dites cet après-midi, parmi
tellement d'autres qui ne sont pas exactes, qui étaient quand même
exactes. Quand on se place devant des Néo-Québécois, terme
que je n'aime pas, qu'est-ce que ça veut dire, un immigrant ou un
Néo-Québécois? Il y a ceux qui sont établis ici
depuis des siècles, car qui d'entre nous n'a pas une grand-mère,
une arrière-grand-mère, un grand-père Irlandais, Ecossais,
Belge, Allemand, etc.?
M. LEVESQUE (Laurier): Indien.
M. CARDINAL: Indien, dans certains cas. D'autres, établis plus
récemment, à la suite de chacune des deux guerres, ont des
enfants qui se considèrent comme Canadiens, même s'ils ont une
ascendance très directe d'une nationalité donnée.
Et il y a ceux qui arrivent ou qui viennent d'arriver, pour qui le
problème ne se pose pas de droit à une école
française ou de droit I une école anglaise. Je regrette, le choix
pour lui est absolu. Pour celui qui est Espagnol, qui est Allemand, qui est
Hongrois, le choix ne se pose pas dans ces termes. Pour lui, il y a une
liberté totale, dans l'ordre des principes, de choisir une des deux
langues.
Je pourrais apporter plusieurs corrections sur ce qui est affirmé
sur la loi.
Ainsi, par exemple, le paragraphe trois de l'article 203 ne nous donne
pas de garantie. Il n'a pas été invoqué comme tel. Mais on
voit clairement, si on le joint au règlement, qu'il n'y a que deux
programmes au point de vue linguistique d'après les règlements du
ministère, c'est le français et l'anglais. Et l'on voit que l'un
des devoirs des commissaires, c'est de prendre les mesures nécessaires
pour que les cours d'étude, du niveau de la première année
à ceux de la onzième année inclusivement, adoptés
ou reconnus par les écoles publiques catholiques ou protestantes, c'est
ça, le programme français ou anglais, selon le cas, soient
dispensés à tous les enfants domiciliés dans le territoire
suivant leur juridiction et la loi ajoute: S'ils sont jugés aptes
à suivre
ces cours et s'ils sont désireux de s'y inscrire.
Je suis d'accord que le préambule d'une loi, c'est le
préambule d'une loi, et je ne ferai pas de juridisme à partir
d'un problème semblable. Je serai le dernier à le faire,
probablement à cause de l'expérience passée.
Si on regarde Saint-Léonard, par exemple, on parle d'Italiens, on
parle de Français, on parle d'Anglais. Qu'est-ce que ça veut
dire, des Français et des Anglais? Il y a à Saint-Léonard,
sur 1,743 étudiants qui fréquentaient les écoles au moment
où j'ai envoyé deux représentants, l'un de langue anglaise
et l'autre de langue française, pour qu'on ne croie pas que le
résultat puisse être partial. D'après ce que les gens ont
dit, à l'école, lorsqu'ils inscrivent leurs enfants, 22
Allemands, 80 Anglais au sens de personnes d'ascendance anglaise, si vous
voulez, Britanniques, deux Brésiliens, 130 Canadiens français, un
Ecossais, onze Français, quatorze Grecs, trois Irlandais, 44 Polonais,
14 Yougoslaves, trois Chinois, 6 Egyptiens, 2 Suisses, 23 Ukrainiens, deux
Philippins, un Belge, un Espagnol, deux Haïtiens, deux
Tchécoslovaques et j'en passe, et 67 d'autres nationalités qui ne
sont pas mentionnées dans le résultat.
M. LEVESQUE (Laurier): Combien d'Italiens?
M. CARDINAL: D'Italiens? je m'excuse. Justement, le cas est à
part parce que c'est la masse: 1,288 Italiens. Il y a aussi des gens au nombre
de 24 qui se sont décrits comme Canadiens anglais et non comme Anglais.
Il y en a quelques autres dont le nombre ne vaut pas la peine d'être
mentionné. Le chiffre total est de 1,743. Quelles sont les mesures que
le ministère, avant l'affaire de Saint-Léonard, a pu prendre dans
ce domaine? La première, je l'ai mentionnée, c'est ce
comité. Et ce comité n'est pas uniquement un moyen de repousser
une échéance. Au contraire, on a vu qu'il avait un mandat, un
terme très court à son mandat: Le comité de
restructuration scolaire de l'île de Montréal. Il est
évident, si on retourne à l'histoire toute récente, que
nous sommes devant le fait suivant: Il y a sur l'île de Montréal
une grande commission scolaire catholique, une grande commission scolaire
protestante et une multitude de commissions scolaires, soit catholiques, soit
protestantes.
Tous ceux qui ne sont pas catholiques romains au sens strict du terme,
qu'ils soient venus du Moyen-Orient francophone, de l'Europe centrale,
où les gens, sans être francophones, sont souvent de culture
francophone par leur expérience, ont été obligé,
soit par des cadres juridiques complétés par un non-usage,
d'aller à l'école dite non-catholique, et normalement, dans la
majorité des cas, de langue anglaise, sauf ceux où les
protestants eux-mêmes ont créé quelques écoles de
langue française.
Tandis que de l'autre côté, la commission dite catholique,
et qui l'est juridiquement de fait, il y a très peu de
commissions scolaires, juridiquement au sens strict, catholiques ou
protestantes la commission dite catholique, dis-je, a au contraire
construit plusieurs écoles où des catholiques de langue anglaise
sont admis. Le comité n'est pas une panacée, mais est
sensé trouver une solution et faire des recommandations au
ministère et au ministre sur la restructuration de l'fle de
Montréal, à cause justement de ce problème qui se pose
d'une façon plus aiguë à Montréal que n'importe
où dans la province.
Les résultats du scrutin scolaire qui vient de se tenir à
Saint-Léonard, la campagne qui l'a précédé, et les
télégrammes, les lettres, les articles de journaux qui suivent,
indiquent évidemment une inquiétude compréhensible des
deux groupes ethniques à ce sujet. Quand on se demande quelles vont en
être les réactions, elles sont parfois étranges. Si je suis
bien informé par une nouvelle que j'ai entendue à la radio ce
matin, un groupe d'étudiants de McGill s'est montré favorable
à ce qui vient de se produire à Saint-Léonard. D'autres
groupes ont manifesté d'autres tendances. C'est un de ces cas justement
où, dans le Québec, il faut que les gens choisissent. Il est
évident qu'on n'a pas eu dans le passé tellement d'occasions
d'être pour ou contre une solution donnée.
M. LEVESQUE (Laurier): Entre parenthèses, est-ce qu'il y a eu un
rapport sur l'espèce de référendum confus?
M. CARDINAL: Le ministère n'a malheureusement aucun rapport, bien
que je l'aie demandé.
Deuxième étape, les cours aux adultes, pour les
immigrants, dont j'ai parlé hier. Un des cours porte sur la langue
française et l'autre est un cours d'initiation à la vie
québécoise. Ceci fonctionnait avant que le problème de
Saint-Léonard ne soit rendu à l'état où il se
trouve actuellement, et avant même que le ministère de
l'Immigration ne soit créé, puisqu'il est encore à
l'état de projet pour être créé bientôt. Et,
entre parenthèses...
M. LEFEBVRE: Ils existaient avant le gouvernement actuel. C'est
moi-même qui les ai organisés à Montréal.
M. CARDINAL: Non, je parle du ministère.
Je m'excuse, j'ai dit au départ, M. Lefebvre, que je mettais ceci
en dehors de toute question partisane. Je ne sais pas qui a fait le premier
telle chose ou après.
Troisième chose qui peut paraître étrange, on en a
parlé directement hier, c'est ce fameux examen de qualification, qui,
pour la première fois dans le Québec, porte sur la langue
orale.
Il est à l'état de test, je l'ai dit. Ce n'est que pour
une partie de la population, mais c'est pour les enseignants quand même.
C'est un autre point qui est important. Il ne suffit pas juste d'être
francophone parce qu'on va dans une école francophone. Il faut
l'être vraiment, ou, à ce moment-là, si on l'est à
rabais, je me demande pourquoi on en parlerait.
Autre exemple qui va beaucoup plus loin, qui a été
établi sous tous les gouvernements et qui s'est particulièrement
développé récemment: la coopération
France-Québec. J'ai dit et je répète ici, sans vouloir
entrer dans d'autres questions, qu'elles soient constitutionnelles, politiques
ou autres, que si on veut prétendre non seulement survivre, terme que,
personnellement j'emploie peu souvent, si on veut s'épanouir, ce n'est
pas en restant seul chez soi qu'on peut le faire, ni en prenant juste des
moyens locaux de le faire.
Autre moyen du même genre et qui découle du
précédent, la participation au monde francophone, non seulement
en France, mais partout où il se trouve ce monde-là. Ce n'est pas
quand nous sommes 6 millions...
M. LEVESQUE (Laurier): Jusqu'où?
M. CARDINAL: ... laissez-moi y arriver. Ce n'est pas quand nous sommes 6
millions parmi 220 millions d'anglophones quel'onpeutpré-tendre, encore
une fois, réaliser quelque chose si l'on se replie sur soi. Il faut y
participer qu'il soit en Asie, qu'il soit en Europe, qu'il soit en
Amérique, qu'il soit en Afrique.
M. LEVESQUE (Laurier): Jusqu'où?
M. CARDINAL: Même si certains y voient un aspect ridicule parce
qu'ils ne voient pas le vrai problème. Par conséquent, je ne
pense pas que l'on puisse dire que le ministère de l'Education soit
resté passif. Je ne reviendrai pas sur les mots qu'a employés un
certain journal et qui ont été répétés. La
situation présente, globale à Montréal, nous la
connaissons, la situation de Saint-Léonard nous la suivons nous
veut dire le ministère, le ministre chaque jour, de façon
que ce ne soit pas une situation inéluctable.
La situation de l'enseignement des langues, au Québec, aussi,
fait plus que nous préoccuper. A compter du moment où le
ministère commence à avoir ses instruments de structure à
tous les niveaux, où il commence à avoir des examens qui sont des
examens du ministère, au secondaire, au collégial, il a, à
ce moment-là, un moyen qu'il n'avait pas dans le passé, non pas
pour brimer ceux qui veulent parler une autre langue, mais, justement pour
contrôler si l'enseignement du français, l'usage du
français, la qualité du français, utilisé dans les
écoles, la mesure dans laquelle il sera enseigné à tous
les Québécois, mesure qui pourra varier d'un groupe à
l'autre, quelle sera-t-elle et par quels moyens? Ce n'est pas uniquement par
des paroles, même par tout ce que je viens d'indiquer, que nous pouvons
résoudre le problème.
Ce n'est pas uniquement par l'éducation, mais l'éducation
est certainement, je me permets d'employer un terme qui a été
employé dans d'autres occasions pour d'autres fins, l'une des clefs qui
va nous permettre vraiment d'ouvrir la porte à une solution globale
à ce problème-là.
Ce n'est pas encore une fois uniquement l'affaire du ministère de
l'Education. On a mentionné, à plusieurs reprises, cet
après-midi, le ministère des Affaires culturelles, le futur
ministère de l'Immigration, la politique générale
gouvernementale.
Par conséquent, pour le moment, vu l'heure avancée, il
semble que malgré que l'on soit censé parler de crédits,
que l'on soit rendu dans des discussions qui dépassent cette simple
contingence...
M. LEVESQUE: Cela ne finit pas par se chiffrer, ça.
M. CARDINAL: ... D'accord. On va le voir dans divers postes et on l'a
déjà vu, si on peut y arriver.
Je m'élève donc contre cette attitude qui nous est
attribuée et qui n'est pas le fait du gouvernement, ou ces impressions
que l'on peut en donner à l'extérieur, de quelque
côté de la Chambre que l'on soit, de s'accuser
réciproquement, ou de mal renseigner, ou de ne rien faire, ou de ne pas
voir les problèmes, ou d'essayer de les éviter. Au contraire, si
quelqu'un, par son expérience passée, est conscient de ces
problèmes, vous avez parlé du niveau économique
tantôt, je l'ai connu autant que le milieu de l'enseignement. Il est bien
évident qu'une situation telle que nous la connaissons, et qui a
été constatée encore une fois au ministère de
l'Education, avant le ministre actuel, avant aussi celui qui
l'a précédé, doit être réglée,
mais pas à compter de faits imprécis, d'une façon
irréfléchie, à la suite d'interventions, de
réponses à des interventions, d'attitudes pour montrer que l'on
est plus avant ou plus en arrière, mais par une réflexion qui
viendra de propositions concrètes, à la suite d'organismes qui
déjà sont créés. Et s'ils ne sont pas
satisfaisants, et si les recommandations ne le sont pas, je ne veux pas dire
qu'elles ne le seront pas, au contraire, ce comité travaille très
bien actuellement, le ministère devra, en ce qui concerne l'Education,
encore une fois, je me suis tenu, à cela prévoir d'autres mesures
en plus des cinq que j'ai déjà mentionnées.
M. MICHAUD: J'aurais une question à poser au ministre de
l'Education.
M. LE PRESIDENT: II est 6 heures. La séance est ajournée
à 8 heures quinze.
Reprise de la séance à 20 h 31
M. PROULX (président): A l'ordre! La séance est ouverte.
Poste budgétaire 16. M. le Ministre a la parole.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne veux pas recommencer un
discours. En un résumé très bref, je pense que, cet
après-midi, j'ai décrit la situation de fait à
Saint-Léonard, je l'ai reliée au problème global du grand
Montréal, je l'ai reliée, comme ceux qui m'ont
précédé, en partie ou non, à la question de foi et
de langue, tout en nous rendant compte que, comme on l'a mentionné, la
question de foi, parfois, du moins d'un côté, est surtout une
question de langue. J'ai mentionné cinq points de ce que j'appellerais
les étapes ou les moyens que, jusqu'à présent, depuis un
certain nombre de mois ou d'années, le ministère de l'Education a
employés, a utilisés pour non pas résoudre le
problème global, mais y parer.
Quant à l'avenir immédiat, il y a ce rapport qui est
attendu à la fin du mois de septembre. Il y a les décisions qui
suivront l'étude de ce rapport, c'est-à-dire la restructuration
du grand Montréal sur de nouvelles bases. Il y a ce que j'ai rapidement
mentionné cet après-midi, les structures du ministère, qui
permettent maintenant au ministère, par ces examens, de contrôler
d'une certaine façon, qui sera définie plus tard, la connaissance
de la langue française dans les écoles pour tous les
Québécois.
Je rappelle cependant, non pas pour en faire un voeu pieux, mais parce
qu'il faut le constater, dans une population qui est composée
d'individus qui ont des problèmes divers et qui sont à des
degrés divers de problèmes personnels d'évolution, que la
justice doit être sauvegardée pour des questions non seulement de
langue mais aussi de foi.
Je ne voudrais pas revenir sur ce qui a été dit sur le
conservatisme. Je pense que ce que je viens de dire n'est pas une attitude dans
ce sens, mais, de même qu'il y a une grande distance de la coupe aux
lèvres, il y a parfois aussi une grande distance des théories
dans l'abstrait à leur application dans la pratique, chez un peuple
donné.
Quant à la politique générale, je le rappelle, je
n'ai pas l'intention de la présenter. Je m'en suis tenu au
ministère de l'Education. Et quant à la Commission scolaire de
Saint-Léonard, j'ignore quelle décision elle prendra, mais je
pense que je tiendrai compte de tous les débats qui ont pu se produire
à ce comité aujourd'hui, avant de prendre une décision, et
du fait qu'il y ait justement ce comité de restructuration
scolaire qui est créé et qui dans un avenir très
proche fournira des recommandations au ministère de l'Education.
Donc, en résumé, je ne reprends pas tous les
éléments que j'ai mentionnés cet après-midi. Je
suis heureux cependant que le débat ait fini par se situer à un
niveau cohérent, où les véritables problèmes ont
été posés, problèmes que le gouvernement actuel ne
niera pas, qu'il n'essaiera pas d'éviter, des problèmes que le
ministère de l'Education a déjà commencé non
seulement à envisager, mais qu'il a envisagé en posant des
gestes, en créant des moyens d'étude qui lui permettront, dans un
avenir très prochain, d'établir quant à lui, quant
à ce ministère, une politique qui sera à la fois conforme
au programme général du parti que je représente, au bien
commun, en n'oubliant pas qu'au Québec, si tous les citoyens sont
Québécois et ont des droits, il y a quand même 80% de la
population qui est de langue française et il y a toute une histoire qui
précède cette situation qui doit se conserver, non pas uniquement
pour des principes abstraits, mais parce qu'un peuple n'a pas le choix de se
laisser disparaître.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin, s'il vous
plaît.
M. MICHAUD: M. le Président, j'ai une question à poser au
ministre. J'ai pris acte des propos qu'il vient de rééditer,
qu'il avait d'ailleurs prononcés au terme des discussions de cet
après-midi. Il dit qu'il ne veut pas engager la politique du
gouvernement sur le fond du problème, c'est-à-dire la politique
générale du gouvernement en matière linguistique et de
l'enseignement du français dans les écoles publiques. Je lui pose
cette question à laquelle il pourrait répondre en qualité
de ministre responsable de l'Education, ou bien en qualité de citoyen,
à titre personnel. Il me semble que le problème, il l'a
admislui-même, déborde les cadres de Saint-Léonard et
devient un problème à l'échelle du Québec. Je lui
pose la question suivante.
Il peut répondre oui ou non ou peut-être. Mais, je crois
qu'il devrait répondre carrément à cette question. Est-il
disposé, son ministère est-il disposé à accorder
à l'enseignement du français au Québec, à courte
échéance, dans les institutions publiques, plus qu'un statut
d'égalité, c'est-à-dire un statut prioritaire de langue
nationale, quitte à accorder sous une forme ou sous une autre un statut
particulier ou privilégié à l'enseignement de
l'anglais?
M. CARDINAL: J'aimerais conprendre la question, M. le
Député, parce que de fait, si je parle à titre personnel,
je n'engage certainement pas le ministère, et je ne peux pas parler pour
lui.
M. MICHAUD: Bien, alors, parlez au nom du ministère.
M. CARDINAL: Et si je parle au nom du ministère, je ne peux pas
parler de la politique gouvernementale en ce domaine. Si je reviens à
votre question de tantôt sur la langue nationale, la langue prioritaire,
etc., si vous aviez une question précise, il me ferait plaisir d'y
répondre. Mais la question, telle que posée, m'oblige à
répéter ce que j'ai dit, parce que ça n'a pas
été assez clair, ou m'oblige à répondre des
généralités qui ne répondront pas à la
question.
M. MICHAUD: Je dois conclure que le gouvernement, comme tel, n'a pas de
politique...
M. CARDINAL: C'est de l'interprétation, je m'excuse.
M. MICHAUD: ... en matière d'enseignement...
M. CARDINAL: Vous me posez une question personnelle alors que j'ai
réservé...
M. MICHAUD: ... du français dans les institutions publiques?
M. CARDINAL: ... la politique générale au chef du
gouvernement, et vous dites: Si je ne réponds pas, c'est parce que le
gouvernement n'a pas de politique; si je réponds, vous
l'interprétez comme étant une politique générale ou
une opinion personnelle ou une politique du ministère. Posez une
question pratique, c'est-à-dire une question claire, et j'y
répondrai avec plaisir comme j'ai tenté depuis quatre jours de le
faire.
M. MICHAUD: La question pratique est reposée, M. le
Président: Le gouvernement, le ministre de l'Education est-il
disposé à accorder à l'enseignement du français
dans les institutions publiques du Québec plus qu'un statut
d'égalité, c'est-à-dire un statut prioritaire de
l'enseignement du français dans l'ensemble du territoire
québécois?
M. CARDINAL: Je vais tenter de répondre à la question,
même si elle commence par le gouvernement ou le ministre, sans
répéter tout ce
que j'ai dit. J'ai mentionné tantôt, cet après-midi
et ce soir, les principaux actes qui ont été posés et j'ai
dit que nous attendions des recommandations pour que, dans le concret, nous
puissions restructurer l'enseignement, c'est-à-dire tout le
système scolaire sur de nouvelles bases tout d'abord dans l'île de
Montréal.
Tant que nous avons la situation telle qu'elle existe, je pense qu'il
n'est pas possible de répondre à cette question puisque ce serait
imposer des choses à des structures qui ne peuvent pas les recevoir.
Lorsque ce rapport aura été reçu, dans très
peu de temps, dans quelques mois, et que nous aurons étudié ces
recommandations, lorsque nous aurons fait, comme je viens de le mentionner, une
restructuration, l'idée que j'ai lancée cet après-midi
une idée qui n'était pas encore établie comme une
politique du ministère, je n'ai jamais prétendu qu'elle
l'était devra faire son chemin. Je pense que le ministère,
par les moyens qu'il a, devra pouvoir se rendre compte si, pour tous les
Québécois qui passent par le système public, il y a, selon
ses critères, une connaissance suffisante du français.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre a parlé à plusieurs
reprises, M. le Président est-ce qu'on peut enchaîner
là-dessus, une seconde seulement, c'est une question d'information
le ministre, dis-je, a parlé à plusieurs reprises du fait
que, très bientôt, il vient de dire dans quelques mois ou plus
tard, il y aurait un rapport de ce comité de restructuration. Si je
comprends bien, parce que je ne suis peut-être pas le seul à ne
pas comprendre les liens qu'il fait entre restructuration et question
linguistique, est-ce que cela s'enchafnerait avec, si j'ai bonne
mémoire, le tableau que traçait la commission Parent dans son
rapport, où on parlait en particulier du grand Montréal comme
d'un secteur enfin peut-être pas uniquement du grand
Montréal, mais c'est l'exemple qui me reste à l'esprit
où les vieilles commissions scolaires et les vieilles structures
compartimentées depuis un siècle devaient sauter, ou devaient
être éliminées, pour plutôt se diriger vers quelque
chose de plus souple et qui serait basé sur les deux groupes
linguistiques comme priorité et non plus sur la vieille distinction
confessionnelle? Est-ce que c'est plus ou moins dans ce sens-là? Alors,
on comprendra un peu mieux.
M. CARDINAL: Plus ou moins, évidemment, serait une réponse
très vague. Mais je serai plus précis. Le comité, comme
tel, doit justement étudier non seulement le phénomène de
la présence de plus de vingt commissions scolaires sur l'île de
Montréal, mais aussi le phénomène de ces
différences linguistiques, de ces différences professionnelles,
de regroupements qui se sont opérés plus ou moins volontairement.
Je dois justement faire des recommandations sur une nouvelle structure scolaire
pour l'île de Montréal.
Une nouvelle structure scolaire pour l'fle de Montréal, qu'est-ce
que cela veut dire? Ce n'est pas uniquement le nombre de commissaires ou de
syndics ou d'administrateurs ou j'ignore ce qu'il y aurait. Le grand
Montréal est certainement une grande partie de la population du
Québec, dans un centre très urbanisé, très
je ne sais pas quelle expression, au juste...
M. LEVESQUE (Laurier): Très anglicisé aussi.
M. CARDINAL: Non, ce n'est pas ce que je voulais dire.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais c'est vrai quand même.
M. CARDINAL: Si on peut employer ce pléonasme, M. le
député, très pluraliste.
M. LEVESQUE (Laurier): Linguistiquement, cela ne veut pas dire le
chinois.
M. CARDINAL: Non, très pluraliste, cela veut dire langue et
religion, non?
M. LEVESQUE (Laurier): Religion, d'accord.
M. CARDINAL: Ou tendances, etc. Comment pourrait-on la restructurer,
pour que justement une nouvelle structure corresponde à l'état
actuel de la société, pour que l'éducation qui sera
donnée aux enfants sur ce territoire puisse être pour le bien
commun que toute la population du Québec je m'excuse de
continuer, parce que je sais que ces termes-là, vous n'aimez pas cela
...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, ce n'est pas cela, j'écoute, mais
j'essaie de comprendre.
M. CARDINAL: ... en tenant compte de la politique
générale! Maintenant, je peux cependant être plus
précis et vous donner le mandat de ce comité, si cela peut vous
aider.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela aiderait certainement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Hyacinthe, s'il vous
plaît.
M. GERIN-LAJOIE: Le mandat apparaît, à l'Hebdo-Education du
27 novembre 1967.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Hyacinthe, s'il vous
plaît, a la parole.
M. GERIN-LAJOIE: C'est parce que le ministre parle du mandat, il ne
faudrait pas changer de sujet, peut-être que...
M. LESAGE: Le ministre vient de dire: Je vais vous donner le mandat.
Pourquoi couper la parole à son propre ministre.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre, avez-vous terminé?
M. LEVESQUE (Laurier): II n'a pas terminé du tout, il
commençait.
M. CARDINAL: Je devais regarder le mandat...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est effrayant, on a un président qui a
des tendances...
M. LE PRESIDENT: Je veux être impartial, aussi bien à
l'égard des...
M. CARDINAL: Si on veut l'entendre, je peux le donner, le mandat. Si on
ne veut pas l'entendre, je suis à la disposition du comité.
M. LEVESQUE (Laurier): On l'entendrait volontiers. Je parle pour un.
UNEVOIX: On est deux!
M. CARDINAL: Alors, le ministre de l'Education institue un conseil pour
la restructuration scolaire de l'île de Montréal, auquel
participeront des représentants des commissions scolaires, des parents
et des enseignants. Il est composé de 18 membres et l'on donne le nom de
ces membres. Afin de promouvoir la régionalisation et la
démocratisation de l'administration scolaire dans l'île de
Montréal et là, il y aura une réponse au
député à la lumière du rapport de la
commission Royale d'enquête sur l'enseignement...
M. LEVESQUE (Laurier): Dans l'île de Montréal?
M. CARDINAL: Oui, et du rapport du comité de coordination de la
planification de la région métropolitaine de Montréal, et
de toute autre étude pertinente, le conseil a pour mandat de faire au
ministre de l'Education des suggestions relativement au mode d'organisation et
de mise en place des organismes habilités à assumer dans l'fle de
Montréal les responsabilités attribuées aux commissions
scolaires par la Loi de l'Instruction publique, aux fonctions et à la
juridiction territoriale de ces organismes, aux modalités de nomination
ou d'élection des membres de ces organismes.
Le conseil maintiendra une liaison avec le comité de coordination
scolaire de l'Ile de Montréal et, s'il le juge à propos, avec les
associations les plus représentatives des groupes
socio-économiques de l'île de Montréal.
Le conseil fera rapport du progrès de ses travaux tous les trois
mois à compter de la date de son institution. Il soumettra avant le 30
septembre 1968 le rapport final de ses suggestions. Ce qui reste, ce sont des
détails administratifs.
Constatez donc que ce mandat est assez large et qu'il a surtout comme
aspect principal ce que j'appellerais une démocratie de participation
puisque les enseignants, les parents, les commissions scolaires et tous les
autres groupes intéressés, ou en font partie ou peuvent y
soumettre des rapports, des recommandations, des suggestions, etc.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais pour autant, si vous permettez, que
ça touche le problème que l'on discute depuis cet
après-midi, le rapport Parent puisque c'est de là que ça
découle... Enfin, les autres études pertinentes sont venues par
la suite, mais le rapport Parent était le point de départ. Si
j'ai bonne mémoire, le rapport Parent disait justement... Si je me
trompe, je voudrais que le ministre ou que le sous-ministre qui est à
côté de lui me corrige. C'est comme un « red herring
», pour employer l'anglais, que de nous amener ça devant, au
moment où l'on parle du problème de la langue. Le rapport Parent
disait qu'l la place des commissions scolaires traditionnelles, il fallait
établir quelque chose qui, démocratiquement et sur une base de
responsabilité régionale, remplacerait les vieux secteurs
confessionnels structurés rigidement avec les résultats qu'on
sait à l'intérieur de l'équation: langue gardienne de la
foi. Dans une société pluraliste, deux blocs, un français,
un anglais, représentant les parents et tout ce que vous voudrez,
recouperait démocratiquement l'île de Montréal d'une
façon plus moderne.
Je n'ai rien vu dans le mandat qu'a lu le ministre, est-ce que le mandat
implique que ces gens-là sont censés suivre l'esprit du
rapport
Parent ou bien s'ils peuvent arriver avec n'importe quelle «
patente », y compris des recommandations pour laisser durer un
système qui, à toutes fins pratiques, est à la base des
conflits qui se développent.
M. CARDINAL: Vous permettez que je relise un paragraphe? « Afin de
promouvoir la régionalisation je viens de le dire et la
démocratisation de l'administration scolaire dans l'îlede
Montréal, à la lumière du rapport de la commission royale
d'enquête sur l'enseignement... »
Je prends justement un extrait plus loin: « Il voit
particulièrement à faire des recommandations quant au mode
d'organisation et de mise en place des organismes habilités à
assumer, dans l'île de Montréal, les responsabilités
actuellement attribuées aux commissions scolaires par la Loi de
l'instruction publique. »
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne veux pas être chinois là, mais
quand vous dites le rapport Parent, le rapport de la commission royale
d'enquête, mais ensuite le mandat dit: A la lumière de ça,
puis de tout le reste, hein?
M. CARDINAL: A la lumière de ce que...
M. LEVESQUE (Laurier): Et le gouvernement, lui, n'a pas
précisé si le mandat qu'il donnait, par rapport à ce sujet
que l'on discute, devait découler du rapport Parent, parce qu'on leur
laisse l'ouverture de faire n'importe quoi: c'est le rapport Parent puis tout
le reste...
M. CARDINAL: Le rapport Parent et le rapport du comité de
coordination qui a été créé à la suite du
rapport Parent.
M. LEVESQUE (Laurier): Et autres études pertinentes.
M. CARDINAL: Et autres études pertinentes.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est-à-dire n'importe quoi.
M. CARDINAL: Je m'excuse, mais pertinent ça veut dire pertinent,
ça ne veut pas dire n'importe quoi.
M. LEVESQUE (Laurier): Pertinent ça veut dire une étude
qui dirait par exemple: Maintenez la vieille division traditionnelle depuis
cent ans. C'est pertinent.
M. CARDINAL: Je m'excuse, si l'on regarde, le mandat indique que le
comité doit faire régulièrement des rapports
intérimaires au ministre, tous les trois mois. Ces rapports ont
déjà commencé à entrer, évidemment, depuis
qu'il est créé. A la lecture de ces rapports, qui sont des
rapports uniquement au ministre, il est évident que les gens qui se sont
présentés devant ce comité ont tous vu le problème
linguistique. Ce n'est pas dans le vague que ce mandat se place. Si vous vous
rappelez ce que j'ai dit cet après-midi, je pense que vous vous en
rappelez, je suis justement parti de ce problème linguistique qui existe
à Montréal pour parler du comité de restructuration.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est pour ça qu'on veut le savoir.
M. CARDINAL: Même dans l'esprit du ministre, le rapport du
comité de restructuration doit se référer à ce
problème-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Hyacinthe, s'il vous
plaît.
M. BOUSQUET: Si on me permettait, je voudrais simplement faire la
remarque suivante: ce qui est bien important, c'est de considérer la
situation actuelle comme une situation en évolution. Nous sommes, ici au
Québec, dans la situation ou se trouve la Belgique actuellement.
Vous avez une partie de la population qui, durant un certain temps, a
été tenue en arrière tant linguistiquement
qu'économiquement et qui maintenant veut reprendre sa place, la place
à laquelle elle a droit. Alors, naturellement, le français doit
faire des gains et les Anglo-Canadiens du Québec, de même que les
immigrants qui viennent ici, doivent se rendre compte que l'on doit faire la
place plus large au français et si, d'un côté, il faut
reconnaître ce droit bien précis des parents au choix de
l'école pour leurs enfants, il faut aussi reconnaître à
toute nation le droit à la vie et ici, pour les Canadiens
français actuellement, le droit à la vie, c'est d'abord le droit
à sa langue, parce qu'un peuple qui a perdu sa langue a perdu tout
simplement la vie, si on peut dire en tant que telle. Alors, la situation
évolue, elle va encore évoluer rapidement au cours des
années à venir, c'est important de ne pas se figer dans un carcan
comme celui qu'on a voulu nous imposer, il y a quelques années, dans la
formule Fulton-Favreau.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au sujet de ce comité ou
ce conseil de restructuration
scolaire à Montréal, je vous avoue que j'ai
écouté bien attentivement le ministre, tout à l'heure, je
l'ai écouté cet après-midi, je l'ai écouté
hier. Il a référé, à chaque moment ou
avant-hier plutôt à ce comité à plusieurs
reprises. Je vous avoue que j'ai écouté attentivement tout
à l'heure la lecture du mandat, je l'avais lu et relu très
attentivement au préalable, en consultant Hebdo-Education du 17 novembre
1967, et je vous avoue que je ne vois vraiment pas, quant à moi, de
quelle façon les membres de ce comité ont pu étirer ce
mandat ou l'interprétation de ce mandat, pour toucher au problème
qui est actuellement devant nous. Et à fortiori, puisque le texte que
nous a lu le ministère réfère au rapport Parent qui devait
servir plus ou moins de point de départ, dont le comité devait
tenir compte, j'y vois une raison supplémentaire pour affirmer que le
conseil n'avait pas, dans son mandat, du moins tel que libellé
originairement, et à moins que le ministre ait donné des
instructions toutes récentes au contraire, le mandat du comité ne
comprenait pas cet aspect. C'était un mandat qui portait exclusivement
sur les structures scolaires à Montréal, savoir comment serait
divisé en commissions scolaires, ou en conseils régionaux ou en
organismes d'administration scolaire sous quelque nom que ce soit, le
territoire de l'île de Montréal, comment cet organisme ou ces
organismes seraient subdivisés, sur le plan de la langue, sur le plan de
la religion...
M. CARDINAL: Sur le plan de la langue, vous venez de le dire.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense bien que M. le ministre me fera la faveur de
m'écouter jusqu'à la fin. Alors, c'est uniquement, dis-je, une
étude quant aux structures de l'organisation scolaire de Montréal
et au partage des responsabilités telles qu'attribuées à
l'heure actuelle aux commissions scolaires par la Loi de l'instruction
publique.
Mais le point qui nous occupe actuellement, ce n'est pas le moindrement
celui de savoir qui a la responsabilité d'enseigner en français
ou en anglais, de savoir qui a la responsabilité d'organiser un
enseignement catholique, protestant ou autre. C'est une question qui n'a rien
à faire, je pense, avec les questions de structures administratives, la
question que nous soulevons actuellement, c'est une question de philosophie de
notre système d'éducation et même f irai plus loin, de
philosophie de la société québécoise telle que nous
voulons l'avoir dans l'avenir, et je précise comment c'est une question
de philosophie à mon avis. C'est qu'il s'agit de savoir,
indépendamment de toutes structures et quelles que soient les
structures, il s'agit de savoir si les citoyens du Québec, si la
familles du Québec auront ou n'auront pas la liberté de choisir
l'école de leur choix, avec la langue de leur choix, avec la religion de
leur choix, ce n'est pas une question de savoir qui va administrer
l'école catholique, ou l'école française, ou
l'école anglaise, ou l'école protestante, c'est la question de
savoir si, une fois que les structures sont en place, les parents auront la
liberté ou bien s'il y aura une coercition quelconque, c'est toute la
question qui est soulevée à l'heure actuelle, coercition ou
dirigisme versus liberté et cela à l'intérieur de quelque
système que ce soit.
Ma prétention, c'est que je ne vois pas comment une commission
scolaire, individuellement, pourrait décider de prendre une nouvelle
option philosophique à l'intérieur du Québec,
indépendamment du reste du Québec.
Et quand on a dit à un moment donné, l'autre jour et
encore aujourd'hui, que le problème de Saint-Léonard ne pouvait
pas être isolé de celui du grand Montréal, bien sûr
que je suis d'accord avec le ministre. Mais le ministre ne dit que la
moitié de la réalité. Ce qu'il faut dire, je pense, c'est
que le problème de Saint-Léonard ne peut pas être
isolé du problème scolaire de l'ensemble du Québec. Bien
sûr que la question du choix de l'école ou la question de cette
philosophie de notre système d'éducation, comme je le mentionne,
se présente de façon actuelle et aiguë dans l'île de
Montréal, aujourd'hui. Mais les principes que l'on est appelé
à formuler, à adopter et à mettre en application, à
Montréal, pour Saint-Léonard ou pour le grand Montréal,
seront des principes qui seront susceptibles de s'appliquer dans tout le
Québec.
A tout événement, ce sont des principes qui indiqueront la
façon dont les citoyens de la province de Québec voient l'avenir
du Québec. C'est là toute la question de l'orientation
même, de la province, de l'Etat, en somme, du territoire du Québec
avec la population qui y vit actuellement et avec les regards tournés
vers l'avenir.
Alors, pour deux raisons, je ne vois vraiment pas comment le ministre
peut penser avoir répondu à la question. La première,
c'est que je ne vois pas comment le texte du mandat peut justifier
l'interprétation qu'il en donne, à moins qu'il ait donné
des instructions plus récentes que le texte qu'il nous a cité,
et, indépendamment du mandat, je ne vois pas comment un comité
composé comme il l'est de commissions d'écoles de
Montréal, qui n'ont aucune responsabilité en matière de
philosophie pour l'avenir du
Québec, des administrateurs scolaires et des enseignants,
préoccupés de l'organisation administrative et pédagogique
du système scolaire à Montréal, auraient pu être
appelés ou pourraient être appelés aujourd'hui à
formuler au ministère des recommandations sur ce que j'appelle une
véritable option philosophico-politique pour l'ensemble du
Québec.
Le premier ministre dit: Puis, puis? Je dis que je ne vois pas comment
des personnes comme celles-là, malgré tout le respect que nous
leur portons, mais en raison des fonctions qu'elles occupent, la
préparation qu'elles ont, auraient pu être appelées
à étudier ce problème, à formuler des
recommandations au ministre. Je ne vois pas comment elles pourraient être
appelées maintenant.
Je serais bien heureux d'entendre le ministre nous dire que quand ces
personnes ont été choisies, il avait à l'esprit qu'elles
seraient appelées à se prononcer sur l'orientation
philosophico-politique du Québec.
M. CARDINAL: Me permettez-vous, M. le Président? Je pense qu'il y
aurait tellement de choses à corriger dans cette intervention que l'on
pourrait appeler une question, que déjà il y aurait beaucoup de
matières pour une période de temps.
Quand on dit que le comité n'est composé que
d'administrateurs...
M. GERIN-LAJOIE: Vous dites que c'est important? Cela vaut la peine
d'être corrigé.
M. CARDINAL: ... d'enseignants, il y a des parents... C'est
déjà changé.
M. LEVESQUE (Laurier): II pourrait puisqu'il en a parlé. Le
député de Vaudreuil-Soulanges est au courant, d'autres ne le sont
peut-être pas. Vous avez dit qu'il y avait 18...
M. CARDINAL: II y a 18 membres. Il y a des membres de la Commission des
écoles catholiques de Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): Combien?
M. CARDINAL: Quatre. Deux membres des autres commissions scolaires de
l'île de Montréal. Deux membres du Bureau métropolitain des
écoles protestantes de Montréal. Un membre des autres commissions
scolaires protestantes ou dissidentes de l'île de Montréal. Quatre
membres des associations les plus représentatives des parents de
l'île de Montréal. Cinq membres des associations les plus re-
présentatives des enseignants de l'île de Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, lesdeuxqui suivent les quatre premiers sont
les autres commissions scolaires catholiques, à part la CECM?
M. CARDINAL: Si vous voulez.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est parce que vous êtes allé trop
vite.
M. CARDINAL: C'est ça, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Excusez.
M. CARDINAL: Donc, première correction, c'est qu'il n'y a pas
simplement ceci. Deuxièmement, quand on dit indépendamment des
structures, il n'y a pas moyen qu'un tel mandat soit fait indépendamment
des structures. Nous avons passé l'après-midi à dire que
si la situation actuelle existait, c'était à cause des structures
qui obligeaient ceux qui étaient non catholiques romains à aller
nécessairement vers les écoles protestantes.
M. GERIN-LAJOIE: Nous n'avons jamais dit ça cet
après-midi.
M. CARDINAL: Bien, je m'excuse, je pourrais sortir le journal des
Débats.
M. GERIN-LAJOIE: On a dit que c'est parce que la loi n'oblige pas la
commission scolaire de Saint-Léonard à ouvrir une école
anglaise, si elle a une population anglaise ou à ouvrir des
écoles bilingues, si elle a une population qui veut ça.
M. CARDINAL: Vous restreignez le débat, il s'était
élargi au-delà de ceci. J'ai mentionné, au début de
mon intervention que Saint-Léonard n'était qu'un point de
départ, qu'une cristallisation, qu'un exemple des problèmes
globaux de toute l'Ile de Montréal. Dès le début de mon
intervention, je suis sorti de ceci en disant que ce n'est pas à
l'occasion d'un cas particulier qui se présente, parce qu'il s'est
produit tel fait et qu'il va peut-être se produire des faits, alors que
l'on fait des imputations d'intention, de résolutions, qu'adopterait la
commission scolaire si elle en adopte, d'ici à ce que le comité
fasse son rapport, qu'on va régler un problème de cette
importance.
Troisièmement, quand on dit dans tout le Québec, d'accord,
nous nous en sommes tenus,
dans l'intervention de cet après-midi, justement au
problème de Montréal. Si les recommandations du comité de
restructuration de l'île de Montréal sont acceptées par le
ministère, nous commencerons par la faire, la structure scolaire de
l'île de Montréal, mais il est clair qu'il n'est pas possible d'en
rester là. Ce n'est que parce que le problème est plus aigu
àMontréal, à cause des raisons que l'on a données
de part et d'autre cet après-midi, qu'il faut commencer par cet endroit.
Et quant à l'école de leur choix, pour la langue et la religion,
c'est revenir au point de départ. M. le député, cet
après-midi, est parti du préambule de la loi pour dire que ceci
était des voeux pieux et n'engageait pas et il revient sur le même
sujet.
Je pense que l'on remet le débat à un niveau qui
n'était pas du tout celui où il était rendu et que, par
conséquent, le comité, je ne l'ai jamais placé comme
étant un panacée, j'ai même employé cette
expression. Je l'ai mentionné au sein de cinq groupes d'action que le
ministère de l'Education je n'ai jamais dit le gouvernement avait
posés avant même que la situation de Saint-Léonard
ne se présente. Et par conséquent, je ne voudrais pas que l'on
interprête ce qui a pu être dit cet après-midi par qui que
ce soit, d'une façon aussi étroite en revenant tout à coup
à Saint-Léonard, comme si c'était le problème de
toute la province. Je pense qu'il faut distinguer les choses, qu'il ne faut pas
interpréter un mandat strictement quant à la lettre, parce que
ça tue toujours, mais à la lumière du rapport Parent,
à la lumière des faits qui se présentent, à la
lumière de la philosophie socio-politico-économico, etc., qui se
présentent dans l'île de Montréal. Tout cela ce sont des
mots, mais je pense qu'au contraire, il faut s'attacher aux
réalités et que le rapport n'est pas la solution à tous
les problèmes. C'est une des choses qui permettraient d'éviter
que des situations comme celle de Saint-Léonard ne se
représentent. Et ceci ne se fait pas indépendamment des
structures, parce qu'à moins que l'on ait une autre
société où il n'y en ait plus, où qu'il y en ait
tellement que ce soit du dirigisme. Les actes dans le domaine de
l'enseignement, de l'administration de cet enseignement au niveau local,
passeront nécessairement par des structures qui seront uniquement des
moyens d'appliquer une politique ou générale du gouvernement ou
particulière du ministère de l'Education.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, sur le même point,
j'aimerais apporter des précisions. Le cas de Saint-Léonard est
le point de départ et c'est également l'illustration d'un
problème très vaste et je pense que nous avons l'illustration du
coeur même du problème qui a été discuté tout
l'après-midi. Quant à moi, à tout événement,
j'ignore si d'autres ont vu le problème autrement, mais quant à
moi, et je pense que c'est le cas de tous mes collègues libéraux
également, parce que nous en avons parlé, nous voyons dans le cas
de Saint-Léonard l'illustration de tout le problème. C'est la
question de savoir, à l'intérieur d'une structure ou de l'autre -
les structures ont leur importance, M. le Ministre, je suis entièrement
d'accord mais je dis que ce soit un type de structures ou un autre type
de structures, la question se posera de la même façon.
Les parents pourront-ils choisir librement ou se verront-ils imposer
quelque chose? C'est sur cette question de la liberté ou de la
non-liberté, que nous avons invité l'autre soir le premier
ministre à énoncer la politique du gouvernement. C'est encore sur
cette question que je l'ai invité à se prononcer cet
après-midi. Je suis heureux de constater qu'il est ici ce soir. Je
comprends très bien que la question puisse déborder les cadres du
ministère de l'Education, mais je pense que la question est fondamentale
et tant que le gouvernement n'aura pas répondu à cette question,
non pas sur les structures mais sur la liberté des familles, je pense
qu'il subsistera un grave malaise dans la province.
Et le comité dont on a parlé, je tiens à le dire
tris clairement, au cas où je ne l'aurais pas fait suffisamment, tout
à l'heure, un comité comme celui-là n'a pas
été conçu parce que je me souviens de la conception
le ministre de la Justice d'aujourd'hui nous en a parlé à
l'Assemblée législative lors de l'étude du bill 67, l'an
dernier à peu près à pareille date.
Alors, l'esprit du conseil de restructuration scolaire, tel qu'il nous a
été présenté par le ministre de la Justice
d'aujourd'hui, alors ministre de l'Education, cela n'a jamais été
de toucher à cette question que j'appelle philosophique, celle de la
liberté que doivent avoir, intégralement ou partiellement ou pas
du tout, les familles du Québec quant aux types d'enseignement, quant
à la langue d'enseignement à l'intérieur de laquelle
pourront se trouver leurs enfants. C'est cela que je trouve grave. C'est sur ce
point bien précis et pas autre chose, sur ce point-là de la
liberté je m'excuse d'insister sur le mot, mais il est capital
sur ce point de la liberté, que nous invitons, nous l'Opposition,
et je parle nettement et clairement au nom de tous mes collègues
libéraux, j'invite le gouvernement, par le ministre de l'Education et le
premier ministre, à se prononcer non pas en
faisant seulement une déclaration vague de principe, comme il a
fait jusqu'à maintenant, mais en nous disant par quelles dispositions
faits ou gestes administratifs ou législatifs il entend disposer de
cette question?
M. LE PRESIDENT: Le député de Laurier, s'il vous
plaît.
M. LEVESQUE (Laurier): Très rapidement, si le premier ministre
n'est pas pressé, parce que moi aussi, comme le député de
Vaudreuil-Soulanges, je suis heureux qu'il soit ici puisque c'est quand
même, l'autre soir, lui, qui a plus ou moins amorcé, juste avant
qu'on désamorce, grâce à des questions de
procédures, cette question.
Je veux juste revenir sur ceci. Je suis d'accord avec le
député de Vaudreuil-Soulanges. Je ne crois pas que l'on puisse
camoufler une question qui implique profondément toute la conception
qu'on se fait de notre société par rapport à un peuple qui
est le nôtre, qu'on puisse camoufler cela en disant: C'est le
comité de restructuration qui va nous fournir une réponse. Je
crois que le ministre, cet après-midi, ne voulait pas dire
ça.
D'ailleurs, j'accepterais ce qu'il a donné comme une des
façons, au moins, de montrer à quel point ce problème de
la langue n'est pas situé à un seul endroit. C'est un ensemble.
Quand il a parlé du comité de restructuration dans la
région de Montréal, en supposant que c'est vraiment
accroché à l'esprit du rapport Parent, il a également
parlé des relations extérieures, y compris et jusqu'au Gabon,
comme un des exemples de ces éléments d'un ensemble qu'il ne faut
pas négliger. Autrement dit, par exemple, l'une des choses dont souffre
le Québec français, traditionnellement, c'est son isolement. Et
rien n'est plus malsain, dans le monde d'aujourd'hui, que l'isolement, quand il
est axé sur une longue tradition qui, à un moment donné,
peut nous condamner à une mesquinerie. Dieu sait, d'ailleurs, que,
depuis quelques années, cela a commencé à se briser et je
trouve qu'il est profondément ridicule de ne pas comprendre que le
ministre de l'Education puisse autant avoir affaire au Gabon ou à Paris,
qu'à l'occasion, dans divers coins du Québec. On a besoin de
briser notre isolement.
La même chose, quand il a évoqué comme un des
éléments de l'ensemble, les examens de qualification qu'il impose
désormais, que le ministère va imposer, en test, cette
année, va essayer d'ancrer dans la qualification des enseignants, parce
que c'est vrai que si l'on maintenait une tradition d'enseignement
médiocre du français, alors, à ce moment-là, par
définition, nous nous dégradons nous-mêmes.
Donc, le ministre, à mon humble avis, avait raison de dire que
c'est un ensemble, et de donner des exemples des moyens d'approcher cet
ensemble. Il aurait pu aller plus loin. Je comprends ce qui l'en a
empêché, parce que l'ensemble des éléments
essentiels, ce sont les structures politiques dans lesquelles un peuple vit.
La, je réfère le ministre à son propre programme qu'il a
adopté en entrant dans la famille que nous savons, le programme de
l'Union Nationale, où l'on parle d'un Etat national. Cela demeure
terriblement flou. On parle aussi du territoire national, où, ce qui est
le plus important, et le ministre des Affaires culturelles l'a identifié
pour le gouvernement, c'est l'aliénation au point de vue
économique, au point de vue de la langue et du climat de travail, au
point de vue même de l'affichage qui reflète dans le grand
Montréal à quel point, on est dans la deuxième soit-disant
ville française du monde, soit-disant mais à quel point on a
honte, chaque fois qu'on ouvre les yeux pour voir le visage de cette ville
soit-disant française, à quel point, aussi, cela implique la
démission, presque sans arrêt depuis des
générations, de nos dirigeants et de nos élites
traditionnelles.
A quel point aussi, des gens comme ceux de Saint-Léonard
commencent à montrer, sous la surface traditionnelle, qu'il peut y avoir
des explosions et qu'à un moment donné, cette
société-là peut nous sauter dans la face.
Si les dirigeants, en particulier ceux qui sont de l'autre
côté de la table ce sont eux qui sont chargés d'une
tâche comportant des responsabilités ne sont pas capables
de canaliser non plus le passé, mais l'avenir... Or, vis-à-vis de
cet ensemble dont le ministre n'a évoqué que les parties qui
dépendent de son ministère et il l'a fait d'une
façon valable, sauf sur la question spécifique de la langue dans
les écoles, celle-là, il l'a escamotée à mon humble
avis... Mais pour le reste, moi, je suis prêt à l'accepter.
Vis-à-vis des structures politiques de l'Etat du Québec,
vis-à-vis de son économie et de son climat de travail, la langue
de travail, il n'avait rien à dire et c'est normal. J'ignore si le
premier ministre aurait quelque chose à dire. Mais pour revenir à
cette responsabilité de définir, non plus en fonction du
présent, que le passé nous a fabriqué, c'est
là-dedans que nous vivons. Mais en fonction de l'avenir qui vous
appartient, quel genre de société nous voulons avoir et comment
nous voulons commencer à l'activer. Je me permets de dire au ministre
que, pas plus lui que le premier ministre, n'a le droit de faire de
l'attentisme. Enfin, à mon humble avis,
ils ont le devoir de ne pas faire de l'attentisme, de ne pas dire: Ce
sont les gens du comité de restructuration scolaire qui vont... C'est un
camouflage. La philosophie d'une société, c'est-à-dire sa
façon de concevoir sa vie à elle, visà-vis de l'avenir. Si
nous avons un gouvernement qui a eu un programme grandiloquent, flamboyant par
ses adjectifs et par l'esprit qui s'en dégageait, il fallait tout de
même que l'on mette la réalité aussi, à un moment
donné dans le paysage.
Et je me permets de répéter en terminant ce que nous, nous
avons proposé et avec tout le respect que je dois aux dirigeants du
Québec actuel, en attendant qu'il y en ait d'autres, lui demander
pourquoi cela ne serait pas possible, premièrement...
M. GRENIER: Cela pourrait être long.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, ça ne sera peut-être pas si
long que cela. Premièrement, que l'on maintienne scrupuleusement le
respect que nous devons, la liberté que nous devons à ce
présent justement que tous les passés que nous avons vécu
depuis 200 ans nous ont fabriqués. Nous n'assimilerons pas ou nous
n'intégrerons pas les gens qui existent chez nous, actuellement,
à coups de bâton ou de force.
Par conséquent, qu'on leur laisse leurs écoles, d'accord.
A condition que ces écoles deviennent de plus en plus bilingues,
c'est-à-dire, acceptent de respecter le peuple que nous sommes chez
nous.
Deuxièmement, que l'avenir ne soit pas, lui paralysé par
les souvenirs du passé et par ce que le présent nous a faits. On
parle d'un ministère de l'Immigration et je voudrais bien être
clair parce qu'il y a des gens de ce côté-ci qui m'ont dit qu'ils
n'avaient compris.
Il n'y a pas de limite quant à nous, par rapport à ce que
nous avons accepté majoritairement. Il n'y a pas de limite dans le
temps, à ce que soient respectés les droits de la minorité
existante dans le Québec. Pourvu qu'ils acceptent un bilinguisme
progressif dans leurs écoles. C'est-à-dire qu'ils acceptent
à toutes fins pratiques de respecter dans la vie, la majorité que
nous formons et d'apprendre sa langue et d'apprendre à travailler aussi
au besoin dans sa langue.
Mais deuxièmement, vis-à-vis de l'avenir, devant lequel la
coercition ou le dirigisme, pour employer les termes du député de
Vaudreuil-Soulanges, sont parfaitement Indiqués dans le sens suivant.
C'est que celui qui n'est pas encore venu au Québec est libre de ne pas
venir, pourvu qu'il soit honnêtement et clairement averti du genre de
structure dans lequel il entrera. Le dirigisme est celui d'une
société qui doit se dire, après 100 ans et plus de
libéralisme linguistique et de libéralisme à d'autres
points de vue qui l'on précipité dans le trou, trop souvent, que
la liberté de ce genre-là, ce peut aussi être celle du
renard dans le poulailler, la liberté du renard pour manger toutes les
poules.
Or, un peuple a le droit de se défendre vis-à-vis de
l'avenir. C'est du dirigisme dans le sens d'un salut national. Et cela
n'enlève rien à ceux qui ne sont pas encore ici. S'ils
n'acceptent pas, ils ne sont pas obligés de venir ici. Et que par
conséquent, pour l'avenir, s'il doit y avoir un ministère de
l'Immigration en particulier, pourquoi le gouvernement ne pourrait-il pas
établir et il a le droit de le faire
précisément que les écoles vers lesquelles seront
orientés, à partir de telle date, les enfants qui arriveront dans
les familles d'immigrants sans compter le cas des immigrants adultes qui est
une autre chose, les enfants dans les familles des immigrants, les
écoles qui seront disponibles, les places qui leur seront faites dans le
secteur public subventionné par l'Etat. Ce qui ne leur enlève pas
le droit de se payer autre chose, s'ils veulent. Mais le secteur public
subventionné par l'Etat sera dans le secteur français.
Il me semble que c'est peut-être acceptable, c'est peut-être
refusable au point de vue du gouvernement, que ce soit cela ou autre chose.
Le gouvernement ne peut pas à moins de risquer des
conflits et mime risquer de se faire accuser de cynisme de l'attentisme, c'est
déjà commencé jouer sur des comités de
restructuration, des fonctionnaires, des parents, qui que ce soit tout en
disant: Eh bien! moi, j'attends pour voir quel courant va me balloter, et dans
quelle direction.
M. CARDINAL: M. le Président, beaucoup de choses de ce
qu'à dit M. Levesque reviennent à ce qui a été
mentionné cet après-midi et que nous avons...
M. LEVESQUE: Je m'excuse, c'était surtout parce que le premier
ministre était ici, on voulait être bien sûr que quand
même,.. Il pouvait avoir l'essentiel.
M. CARDINAL: Je me permets quand même, je serai bref. Vous avez
proposé une solution, ce qui est déjà très
différente de l'Opposition qui se contente de questions et qui, quand
elle était au gouvernement, ne se posait même pas de
questions.
M. LEVESQUE: En toute loyauté, je dois dire, et je suis mieux
placé que n'importe qui pour le dire, que l'ancien gouvernement se
posait des questions, j'en étais. Il n'a pas osé aborder les
réponses, d'accord. Est-ce que le gouvernement actuel va les
aborder?
M. JOHNSON: Oui.
M. LEVESQUE: Comment?
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais d'abord faire une couple
de mises au point. La situation de St-Léonard, on a raison de la
projeter à l'échelle du Québec. Je crois que ce qui s'est
passé à St-Léonard, et nous avons suivi
l'expérience avec beaucoup d'intérêt, c'est quand
même en quelque sorte un petit laboratoire. On ne peut pas régler
le problème soulevé par l'affaire de Saint-Léonard tout
simplement en se retranchant derrière des textes de loi ou même
des comités de structuration, et ce n'est pas l'intention ni du ministre
de l'Education, ni du gouvernement, de se retrancher derrière du
juridisme ou des mécanismes ou de l'attentisme. Mais le gouvernement,
contrairement à l'Opposition, et surtout contrairement à certains
membres de l'Opposition qui ont peut-être l'espoir de former un
gouvernement dans des décennies peut-être le gouvernement lui,
quand il se prononce, quand il énonce des principes et des politiques,
doit être prêt à passer à l'action. On l'a vu
à la télévision, ceux qui n'ont pas à former un
gouvernement avaient beaucoup plus d'aise pour s'exprimer sans nuance sur les
réformes que ceux qui espèrent ou qui ont raison d'espérer
former un gouvernement.
M. LEVESQUE: Voulez-vous dire que Stanfield et Trudeau étaient
également ennuyants?
M. JOHNSON: Chacun tirera les conclusions qu'il voudra, mais on peut
certainement être plus colorés, « more colourful »,
quand on est certain de ne pas former le gouvernement. On peut, sans
distinction aucune, adopter les conclusions de n'importe quel rapport et de
tous les rapports, comme on peut aussi préconiser des principes aussi
simples que rendre financièrement possible tout ce qui est physiquement
possible.
M. LEVESQUE: Physiquement réalisable.
M. JOHNSON: Alors, disons que le député de Laurier, qui
n'a pas à former le gouverne- ment demain, peut s'exprimer dans l'absolu
et le prêcher. Ce n'est pas moi qui vais le blâmer de se faire le
porte-parole d'une école.
M. LEVESQUE: Est-ce que le premier ministre dirait pour finir si c'est
physiquement possible et financièrement réalisable ce que l'on
propose sur ces deux points précis.
M. JOHNSON: C'est là qu'on s'en vient. M. LEVESQUE: D'accord.
M. JOHNSON: Le député de Laurier sait qu'il est dans un
domaine extrêmement difficile et il n'a pas réussi à faire
l'unanimité au sein même de son groupe, alors ça va
être assez difficile d'établir un consensus. Quand on est deux et
qu'on ne s'entend pas, quand il a dû mettre sa tête à prix
pour sauvegarder le principe des droits acquis, il y a des gens qui, avec
raison dans cette province, se demandent qu'est-ce qui arriverait à eux
et à leurs enfants s'il fallait que les principes qui guident certains
de nos hommes politiques, je songe surtout, je regrette d'être
obligé de le mentionner en son absence au député de
Dorion.
Il y a des gens dans cette province qui ont raison de se poser la
question suivante: Qu'est-ce qu'il va advenir de mes enfants?
Quel avenir ai-je dans cette province?
M. LEVESQUE (Laurier): Ce sera d'autant plus grave si le gouvernement
continue à hésiter.
M. JOHNSON: Le gouvernement n'a pas hésité, sauf qu'il n'a
pas pris les nerfs. Il n'a pas sauté aux conclusions et il n'a pas
voulu, je pense que c'était son devoir, attacher à l'affaire de
Saint-Léonard toutes les conséquences que les gens y voient
déjà. Je reçois déjà des messages, plusieurs
en anglais, qui tiennent pour acquis que le seul fait que, dans deux quartiers,
les électeurs ont voté pour des gens du mouvement en question,
tiennent pour acquis que ce sera la politique générale du
gouvernement actuel et des gouvernements à venir.
UNE VOIX: Ce n'est pas vrai ça!
M. JOHNSON: Dans les messages que je reçois: Mes droits ont
été brimés par le vote à Saint-Léonard. Et
même s'il ne demeure pas dans Saint-Léonard. Il y a des gens qui
prennent peur, tout de suite, je les comprends. C'est un domaine
extrêmement exclusif et un domaine vital.
M. PICARD (Olier): Les gens de Saint-Léonard ont certainement
raison, eux...
M. JOHNSON: Pas d'erreur. Sauf que la décision, le vote et la
décision de la commission des écoles catholiques et ensuite
l'exécution de cette décision, c'est trois stades
différents. Le ministre l'a clairement exprimé, la
décision de la Commission des écoles catholiques de
Saint-Léonard n'est pas prise...
M. PINARD (Olier): Peut-être le premier ministre pourrait-il me
dire si le ministre aurait l'intention de rencontrer les commissaires de
Saint-Léonard?
M. JOHNSON: M. le Président, les commissions scolaires ont leurs
responsabilités en vertu de la loi, la Commission scolaire de
Saint-Léonard prendra ses responsabilités.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ça qui inquiète les gens.
M. JOHNSON: Pour Saint-Léonard, oui. Avant de nous énerver
et avant d'énerver la population, nous allons attendre pour voir ce que
va faire Saint-Léonard, la commission scolaire comme telle.
M. GERIN-LAJOIE: Vous attendez toujours que le feu soit à la
maison avant de faire venir les pompiers.
M. JOHNSON: J'ai entendu un député dans l'Opposition,
devenu ministre, proclamer en 1960 à Rimouski: Il y a une urgence
à faire, c'est l'opération urgence pour la langue
française et après six ans comme ministre de l'Education, il y
avait zéro de fait au point de vue de la langue française au
ministère de l'Education et je n'endurerai pas que cet homme fasse de la
petite politique avec ça. Il est le dernier, comme d'ailleurs son
gouvernement, à venir faire des reproches au gouvernement actuel quand,
pendant six ans, ils n'ont jamais affronté ce problème, jamais.
M. le Président, nous allons l'affronter, quelle est la situation
actuelle? D'abord, il y a la loi. Etaient-ils sérieux, ces
gens-là, quand ils voulaient garantir les droits des parents et des
enfants?
M. le Président, il y a le préambule de la loi. Est-il
nécessaire de le lire? Les députés ne s'en souviennent
peut-être pas, il est très court.
M. GERIN-LAJOIE: Nous l'avons relu cet après-midi.
M. JOHNSON: Il est donc déjà consigné en ce
débat, mais je le lis rapidement. « Attendu que tout enfant a
droit de bénéficier d'un système d'éducation qui
favorise le plein épanouissement de sa personnalité;
Attendu que les parents ont le droit de choisir les institutions qui,
selon leurs convictions, assurent le mieux le respect des droits de leurs
enfants c'est joliment suggestif, à ce moment-là, ce sont
les parents;
Attentu que les personnes et les groupes ont le droit de créer
des institutions d'enseignement autonomes - ça je pense que tout le
monde veut reconnaître ce droit-là et les exigences du bien
commun étant sauves, de bénéficier des moyens
administratifs et financiers nécessaires à la poursuite de leurs
fins - ce qui, dans l'esprit, du moins tel qu'on l'a exprimé dans le
temps, voulait dire qu'on les subventionnerait;
Attendu qu'il importe d'instituer souvent ces principes, un
ministère de l'Education donne des pouvoirs soit en relation avec les
attributions reconnues à un Conseil supérieur de
l'éducation, à ces comités catholiques et protestants,
ainsi qu'à ces commissions. »
M. le Président, on aurait dit cet après-midi,
d'après le rapport que l'on m'a fait que le préambule en somme,
ce sont des voeux pieux, cela n'a pas tellement d'Importance. On oublie que le
préambule, en vertu même du chapitre 1, article 40, on sait que
c'est la loi de l'interprétation. L'article 40 dit spécifiquement
ceci, mot à mot: « Le préambule d'un statut en fait partie
et sert à en expliquer l'objet et la portée ».
M. GERIN-LAJOIE: C'est ce qu'on a dit cet après-midi. Je serais
heureux que le premier ministre ait pris la peine de relire la transcription de
ce qui a été dit.
M. JOHNSON: Alors, si ce n'est pas le député de
Vaudreuil-Soulanges, tant mieux pour lui. Le préambule y est. Mais il y
est pourquoi? Nous avons, en Chambre, après avoir voté pour le
principe du bill 60 établissant le ministère de l'Education,
mené une lutte pendant des heures et des heures pour que le
préambule soit inclus dans l'impression définitive du statut du
chapitre 233 et du chapitre 234.
On avait rédigé la loi de façon qu'au moment de
l'impression, le préambule disparaisse. On avait, dans le bill 60,
présenté ainsi la législation concernant le
ministère de l'Education et le conseil supérieur, Loi instituant
le ministère de l'Education, et là,on avait le préambule,
l'article 1 disait: « Les statuts refondus du Québec 1941 sont
modifiés en ajoutant après le chapitre
58 les suivants: c'est-à-dire chapitre 58a, Loi du
ministère de l'Education et, chapitre 58b, Loi du Conseil
supérieur de l'éducation. »
M. le Président, à ce moment-là, en Chambre, le
ministre de la Jeunesse du temps, ainsi que le premier ministre, aujourd'hui
chef de l'Opposition, ont refusé de faire en sorte que le
préambule soit inclus dans le statut, chapitre 233, et dans la loi,
chapitre 234. C'est le Conseil législatif qui, par un amendement,
rapporté dans les journaux de l'Assemblée législative page
93, le 5 février 1964, c'est le Conseil législatif, je vous
demande pardon, ce sont des amendements apportés par l'Opposition du
temps, les dix amendements qui ont été si dédaigneusement
rejetés dans le temps, le Conseil législatif a, par un
amendement, rapporté le 27 février page 199, Journaux de
l'Assemblée législative, session 1963-1964, qui a imposé
que le préambule soit inclus.
Et voici comment on a rapporté cet amendement du Conseil
législatif. Le préambule est biffé et la formule du
décret qui le suit est modifiée en biffant au début les
mots: « à ces causes ».
Deux: Le chapitre 58a, Loi du ministère de l'Education, a
été modifié en y ajoutant le préambule suivant et
là on cite le préambule que je viens de lire. Et on a ensuite,
évidemment, fait un amendement pour empêcher l'expropriation des
maisons d'éducation par le gouvernement et on a imposé que le
chapitre 58b soit précédé du préambule qui
était au bill 60 mais qui aurait sauté. Les parents de cette
province, anglophones, immigrants, Canadiens français, catholiques,
protestants ou agnostiques, auraient été privés de ce
préambule qui fait partie de la loi, qui sert à en expliquer
l'objet et la portée. Je laisse à la population de juger des
intentions qui ont guidé le gouvernement du temps dans cette lutte.
C'est un cas, incidemment, où le Conseil législatif a rendu
service à la population du Québec et il faut le souligner.
Quel est l'état de la loi actuellement? Au point de vue
constitutionnel, aucune garantie quant à la langue.
Tout est basé sur l'aspect de confessionnali-té. Au point
de vue des lois de la province, les commissions scolaires sont toutes d'ordre
public, sont toutes neutres, sauf la Commission des écoles catholiques
de Montréal, The Protestant School Board, la Commission des
écoles catholiques de Québec, les Trustees de Québec, je
pense qu'on appelle ainsi la Commission des écoles protestantes de
Québec, et quelques trustees ou quelques fiduciaires dans d'autres coins
de la province. Il y a même des catholiques qui ont utilisé ce
droit de dissidence prévu depuis 1848, je crois, dans la Loi de
l'instruction publique et qui existe encore. Ce droit de dissidence fait que
trois personnes qui ne sont pas de la même confession que la
majorité ou que la prépondérance des contribuables d'un
même territoire, peuvent enregistrer leur dissidence, ne pas payer leurs
taxes à la commission des écoles et former leur propre commission
sous le nom de syndics d'écoles ou trustees, et utiliser ces montants
pour soit se construire une école, soit faire transporter leurs enfants
ailleurs et payer, comme c'était la coutume autrefois, certains frais de
scolarité. Ceci est la situation juridique. Quant à la
confessionnalité, elle est établie par qui? Par le comité
catholique et par le comité protestant. Comment? Par des
règlements qui doivent être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil et qui, effectivement, ont été
approuvés et promulgués, le tout en suivant les formalités
de la loi, l'année dernière.
Ces règlements prévoient les modalités, la forme de
la confessionnalité dans les écoles catholiques et protestantes.
Il y en a pour les protestants, aussi. Il y a deux règlements.
Voilà, M. le Président, quelle est la situation. Au point de vue
de la loi, donc, aucune prescription. Quant à la langue, la coutume, on
sait que, du côté des Québécois francophones,
ça été depuis toujours le régime non seulement du
respect des droits naturels, mais de la tolérance et même, je
dirais de la générosité. Partout où il y avait un
groupe, si minime fut-il, de catholiques de langue anglaise, on a admis que ces
gens-là avaient droit à des écoles et on les a
financées à même les fonds publics tels que
prélevés dans ce temps-là, c'est-à-dire
principalement sur les propriétés des contribuables dans un
territoire donné, sous la juridiction d'une commission scolaire
donnée. Le cas se pose à Sherbrooke.
M. PICARD: Est-ce que le même traitement a été
donné aux protestants avant ça?
M. JOHNSON: A l'inverse, j'en arrivais là, je remercie le
député d'Olier, à l'inverse, le pasteur Beaudon et
d'autres se sont battus pendant des décennies pour obtenir une
école élémentaire de langue française pour les
protestants. On sait aussi, je vous en fais grâce, ce soir, mais on
connaît les grandes étapes des problèmes ou des luttes que
les Québécois de foi hébraïque ont dû mener.
Qu'il me suffise d'évoquer tout simplement le problème, de dire
qu'on les a catégorisés du côté protestant, de dire
qu'on a, chez les gens, les Québécois de
foi hébraïque, des écoles confessionnelles qui ne
reçoivent aucune subvention, à moins que ce soit très
récemment. Récemment, oui, il y a eu une entente. Et ils ont
été longtemps sans représentation. Ce n'est que du temps
du régime de M. Le-sage, en 1963oul964,qu'on a accordé une
représentation, c'est Greater Montreal Protestant Board, aux citoyens de
foi hébraïque.
Donc, M. le Président, la situation de fait, sauf à
Montréal, ne crée pas de problème sérieux. Ni
à Sherbrooke, ni à Québec, ni à Gaspé, ni
même dans le sud-ouest de Montréal, où il y a une
population quand même assez hétéroclite et on a
réussi, dans certaines municipalités scolaires, par exemple, dans
Châteauguay, à faire des ententes entre protestants et
catholiques, de même qu'à Sherbrooke et on est en train de faire
une expérience à Cowansville, comme je l'ai évoqué
cet après-midi en Chambre. Le vrai problème, c'est à
Montréal.
A Montréal, on sait que la Commission des écoles
catholiques a une très grande autonomie et quand un gouvernement a
osé tenter y toucher, il a subi des assauts, peut-être les plus
difficiles, les plus efficaces que l'Opposition n'ait jamais donnés
à un gouvernement, au gouvernement actuel, en tout cas.
M. PICARD (Olier): On ne voulait pas mettre le gouvernement dans la
position de dire qu'il mentait ou qu'il effectuait des réformet-tes.
M. JOHNSON: M. le Président, il reste...
M. PICARD (Olier): Cela aurait été une route!
M. JOHNSON: ... que le gouvernement actuel et c'est probablement
ce qu'aurait fait l'ancien gouvernement dans les différentes
phases ou à la phase ou nous en sommes rendus dans l'évolution,
ne peut pas admettre qu'il y ait dans la province deux ministères de
l'Education, un à Montréal et l'autre à Québec.
Cela, je crois, que c'est l'un des principes sur lesquels nous allons nous
entendre.
La commission Parent a fait des suggestions, car nous allons en parler
de l'aspect démocratique de la Commission des écoles catholiques
de Montréal. On est mieux de ne pas me faire entrer dans les
détails, parce qu'il y en a un qui va y goûter, c'est le
député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: Le premier ministre a déjà essayé, il
n'a pas réussi.
M. GOLDBLOOM: Des menaces!
M. JOHNSON: Puis, si l'on veut savoir depuis quand sont donnés
les cours aux immigrants et les facilités d'intégrer les
immigrants à la Commission des écoles catholiques de
Montréal, cela date du moment où le député
d'Ahuntsic était commissaire et ensuite directeur de l'éducation
des adultes. Il répondra à cela, M. le Président. C'est
à partir de ce moment-là que l'on a cessé de faire des
efforts, à Montréal.
M. LEFEBVRE: C'est rigoureusement faux. M. JOHNSON: Cela, le
député répondra. M. LEFEBVRE: Je donnerai des
chiffres!
M. JOHNSON: Il donnera des chiffres sur ce qui se faisait avant et ce
qui s'est fait de son temps, quand après avoir démissionné
comme membre de la commission des écoles, il est devenu directeur de
l'éducation des adultes.
L'une des causes de notre problème réside là,
l'inertie de la Commission des écoles catholiques de Montréal,
quand cela n'a pas été de la part de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, sous quelque régime que ce
soit, Union Nationale ou libéral, quand cela n'a pas été
tout simplement de l'hostilité. Nous avons un député dans
cette Chambre, le député de Saint-Henri, qui a dû se battre
avec la Commission des écoles catholiques de Montréal pour faire
admettre sa fille dans une école française.
La Commission des écoles catholiques de Montréal voulait
l'envoyer dans une école anglaise. Et le député Martellani
pourra en témoigner. Et cela a été le cas, cela a
été la politique suivie à Montréal. Si le groupe
francophone a à se plaindre du manque d'intégration de ces
dizaines de milliers de nouveaux arrivés dans la région de
Montréal, il doit d'abord battre sa coulpe, commission autonome,
gouvernement qui ne changeait pas les structures. Que faut-il faire au
départ? Commencer par changer les structures? Comment les changer? Par
la consultation. Consultation comment? A deux paliers, d'abord par un conseil
qui existait déjà quand nous sommes arrivés,
présidé par M. Viau, je pense, de Lachine, et ensuite un
comité de restructuration que le ministre, le député de
Beauharnois, a mis sur pied et dont on a lu tantôt le mandat. Le
député de Missisquoi, grand Dieu, quelle confusion!
M. LEVESQUE (Laurier): C'est plus que de la confusion!
M. LEFEBVRE: Le président des deux comi-
tés dont vous parlez s'appelle M. Pagé. Je crois que
c'était M. Pagé, qui était le président.
M. JOHNSON: C'était M. Viau d'abord... M. CARDINAL: Ah!
c'était M. Jacques Viau.
M. JOHNSON: ... et le comité a précédé celui
de M. Pagé.
M. CARDINAL: ...çatoujours été M. Jacques Viau.
M. JOHNSON: M. le Président, d'une part, une commission des
écoles catholiques a donné aux catholiques de langue anglaise des
possibilités de s'installer des écoles. Les catholiques de langue
anglaise, à tort ou à raison, ont en plusieurs occasions
protesté contre le sort qui leur était fait dans un certain coin
de Montréal, en disant que leurs écoles étaient moins
modernes et n'étaient pas suffisantes, etc.
Quant aux protestants, quant aux fils des nouveaux arrivés, des
Néo-Québécois, les Canadiens récents
installés à Montréal, on les envoyait, s'ils
étaient catholiques romains, aux écoles de langue anglaise. De
sorte que nous avons des statistiques tout à fait fausses, sur la
proportion d'anglophones et de francophones dans nos écoles.
Et quand on n'est pas catholique romain, qu'on s'adonne à
être orthodoxe, schismatique, d'une autre religion, nommez-la et cela
s'applique... on les envoyait automatiquement chez les protestants. Et les
protestants, jusqu'à tout récemment, ces quelques
dernières années, donnaient très peu de facilité de
se faire instruire en français.
Il y a donc de l'ordre I mettre dans tout ce domaine pour au moins
respecter la liberté. Au moins, respecter la liberté! Il y a
actuellement à Montréal et dans la région immédiate
tout près de 20,000 Libanais, dont 90% sont francophones, ont comme
langue seconde le français, et parmi lesquels il y a 500 professeurs qui
enseignent en français. Il y a 150 ingénieurs, médecins,
et dentistes, il y a une trentaine d'avocats, quelques notaires et combien
d'ingénieurs? Je ne le sais pas. Il y a les Arméniens, qui sont
au nombre de 10,000 ou 12,000 et dont on prévoit qu'ils seront 20,000
d'ici cinq ou dix ans.
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a un groupe égyptien?
M. JOHNSON: Il y a un groupe égyptien, qui, dans une proportion
de 80%, parle un français à faire honte à tous ceux qui
sont ici autour de la table, y inclus celui qui vous parle. Je devrais faire
exception peut-être pour le ministre des Affaires culturelles qui est en
haut, lui.
UNE VOIX: Par exception, le député de Gouin.
M. LEVESQUE (Laurier): Le député de Gouin est ici.
M. JOHNSON: M. le Président, il y a là tout un groupe, des
Espagnols, des Sud-Américains, qui seraient prêts à
participer au fait français, au développement de la vie
française du Québec et qu'on a rejetés, mais que nous
allons accueillir et à qui nous allons faciliter cette
intégration volontaire au groupe francophone.
M. le Président, je ne voudrais pas abuser du temps et je ne
voudrais pas couvrir tout le terrain de la vigueur de la langue...
M. LEVESQUE: Pour clore, est-ce que le premier ministre...
M. JOHNSON: ... je m'en viens là.
M. LEVESQUE: Non, mais pour cette partie-là, il me semble que
ça rejoint la restructuration, je crois, c'est-à-dire...
M. JOHNSON: Oui.
M. LEVESQUE: ... on peut faire cesser les injustices qui ont
été plus ou moins institutionnalisées dans la
répartition des gens.
M. JOHNSON: Il reste donc quand même que le comité de
restructuration a à nous apporter des suggestions qui ont une
portée réelle. On doit le faire, selon le mandat qui a
été donné, et dans le mandat on réfère
à la commission Parent; je laisserai au député de
Mis-sisquoi d'ajouter tantôt quelques commentaires car lui, il a
préparé le mandat que le conseil des ministres avait dans le
temps approuvé.
Parallèlement, brièvement, un ministère de
l'Immigration qui, en plus de venir en aide à ceux qui sont
déjà sur place, en plus de favoriser le maintien et le
développement de leur culture, de leur art particulier, en favorisant
l'établissement de centres culturels qui leur sont propres afin qu'ils
puissent se grouper et ajouter dans la qualité, avec une qualité
qui peut être remarquable, l'apport de leur culture à la
nôtre.
M. le Président, le ministère de l'Immigration qui a
déjà, en vertu d'une entente avec Ottawa, obtenu que le
Québec, par ses employés, soit présent dans les bureaux
d'Immigration
au moment de la sélection des immigrants, je crois qu'à ce
moment-là il y a aussi un facteur extrêmement important dans la
sélection de l'immigrant, pour le renseigner exactement sur ce qui
l'attend au Québec, au lieu de le renseigner d'une façon assez
vague comme on l'a fait trop souvent malheureusement. J'admets, même en
campagne électorale, qu'il y a eu énormément de
progrès de ce côté dans les bureaux de l'Immigration, du
moins dans certains pays francophones, ou des pays où la langue
française est utilisée comme langue seconde.
Il y a donc de la place et nous allons être présents avant
très longtemps, avant très peu de temps, au centre de
sélection des immigrants, non seulement en France mais dans certains
pays latins, au Liban et ailleurs. Nous serons donc en mesure, non pas de faire
du dirigisme mais de faire une sélection et j'espère que nous
allons pouvoir nous entendre avec Ottawa quant au contingentement et à
tous les autres aspects du problème de l'immigration, tant que nous
serons dans la Confédération et nous n'avons pas l'intention d'en
sortir avant que nous soyons forcés d'en sortir d'une façon ou
d'une autre.
M. LEVESQUE: La sélection avec contingentement, mais pas du
dirigisme.
M. JOHNSON: Tout ça, ça se fait dans tous les pays,
ça se fait même au Canada.
M. LEVESQUE: Mais c'est du dirigisme...
M. JOHNSON: Et ça se fait sans que l'on soit accusé de
dirigisme, alors qu'il y en a énormément.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire que nous ne nous entendons pas sur les
mots.
M. JOHNSON: Tout le monde le sait mais personne ne le dit.
M. LEVESQUE: Alors, pourquoi jouer...
M. JOHNSON: Dans la politique d'immigration d'Ottawa, comme dans la
politique d'immigration de tous les pays du monde, il y a...
M. LEVESQUE: Du dirigisme.
M. JOHNSON: Bien appelons ça du dirigisme, si vous voulez, mais
il y a du décontingentement et, en tout cas, une certaine
sélection et un certain critère de sélection qui,
paraissant bien objectifs, quand même coiffent bien une situation ou
habillent très bien une situation que l'on veut créer ou que l'on
veut cesser de créer.
Donc, comité de restructuration, immigration, et tout ça
en vue de quoi, M. le Président? En vue de mener dans l'ordre, à
terme, une évolution que tout le monde sent, c'est le
député de St-Hyacinthe qui l'évoquait tantôt, avec
raison, nous sommes en pleine période d'évolution. Tout de suite,
je voudrais dire qu'il ne faut pas se laisser enflammer par certains propos et
par certaines généralisations.
Ce sont surtout les gens qui n'ont pas vécu à
Montréal qui crient le plus fort pour dire que Montréal
s'anglicise. Il y a joliment d'amélioration depuis trente ans à
Montréal au point de vue de l'utilisation de la langue française
à l'ouest de la rue Bleury. A l'ouest de la rue Bleury, en 1937, quand
j'étais étudiant, ce n'était pas le mur de Berlin mais
presque. Il n'y avait pas un mot, dans aucun des magasins, aucun des
restaurants, aucun des hôtels, c'était l'exception...
M. LEVESQUE (Laurier): Partout où on paie, maintenant, ça
va mieux.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LEVESQUE (Laurier): Partout où on est appelé à
payer, maintenant, ça va mieux.
M. JOHNSON: On payait, dans ce temps-là, et on ne pouvait pas se
faire servir.
M. LESAGE: Je m'en souviens, moi.
M. JOHNSON: Seulement, M. le Président, à Montréal,
le visage français, ça fait pitié. Tout le monde admet
ça, mais ce n'est pas dans le domaine de l'éducation pour le
moment. Cela fait pitié, il faut que ça change. Cela va changer
et je crois que la population, même non francophone, est prête
à coopérer à ce changement-là et nous sommes
prêts, nous, à passer à l'action.
M. LEVESQUE (Laurier): Avec dirigisme ou...?
M. JOHNSON: Non, je crois, M. le Président, que tout le monde va
admettre les principes suivants. Le gouvernement du Québec est le
gouvernement de tous les Québécois. Les Canadiens qui sont
installés dans la province de Québec ont droit d'y être et,
y étant, ont des droits. Quant à la langue, je vais me servir de
l'expression du ministre de l'Education de l'Ontario qui, à la
conférence de Toronto, au mois de novem-
bre 1967, disait: Nous allons faire en sorte que les francophones du
Québec puissent apprendre le français avec des subventions de
l'Etat, mais nous allons nous assurer qu'ils auront un « working
knowledge of the language, the prevailing language of this province
».
Nous allons, nous, continuer de reconnaître l'anglais comme langue
officielle c'est dans notre programme et ça va y demeurer. Nous n'avons
pas l'intention de changer ce principe ni son application.
Deuxièmement, nous allons, avec les recommandations des divers
comités, à la lumière des travaux qui se sont faits dans
plusieurs ministères, dont celui des Affaires culturelles, celui de
l'Education, les recommandations qui nous viendront des comités de
structuration ou de restructuration, nous allons, dis-je, établir une
politique de la langue, de telle sorte que tous les Québécois, de
quelque origine qu'ils soient, aient non seulement la chance, la liberté
de se joindre ou de s'Intégrer à nous, mais soient aussi
tentés de le faire et soient aussi munis d'un « working knowledge
of the language of the province ». Et tout le monde sait, puisque cela a
été publié dans notre programme, que cela a
été répété à des conférences
fédérales-provinciales et à la conférence de
Toronto, tout le monde sait que nous voulons faire de Québec le foyer de
la nation canadienne-française où le français sera
vigoureux, sera la langue qui aura priorité dans les faits, et pour
l'avoir dans les faits, il faut qu'elle soit vigoureuse et, pour être
vigoureuse, il faut qu'elle soit bien enseignée. Et, pour se
développer, il faut, comme l'a évoqué le
député de Laurier je le remercie de ne pas faire, comme
certains députés de la Chambre, de la petite démagogie
avec le problème des relations avec les autres pays francophones, de
saisir la portée de ce problème que nous sachions, par la
vigueur de la langue française, M. le Président, tenter tout le
monde et que nous puissions lui faciliter cette intégration à la
vie et à la fécondité de la culture française dans
la province de Québec.
Nous avons préconisé dans le programme, nous avons
établi un principe que nous tentons d'appliquer. Il n'est pas facile de
l'appliquer, parce que nous sommes en pleine évolution. Mais dans les
objectifs nous disons ceci au chapitre de l'éducation: Pour donner son
plein effet aux droits des parents et des enfants à l'école de
leur choix, les subventions seront reliées à l'enfant et
calculées d'après le coût per capita de l'enseignement
public dans chaque région.
M. GERIN-LAJOIE: On attend encore ça!
M. JOHNSON: Ce n'est pas facile à appliquer quand on n'a pas
encore toutes les structures. Mais nous allons y venir. Et nous allons y venir
pour les groupes francophones, avec des écoles confessionnelles pour le
groupe d'immigrants qui sont ici. Nous allons y venir. Pourquoi? Parce qu'il y
a un principe, c'est celui de la liberté. Maintenant, c'est à
nous qui voulons que Québec, qui est la province française du
Canada et qui doit le demeurer et prendre tous les moyens pour y demeurer, de
mettre en application une politique et des structures qui vont favoriser cet
état de choses et cette ambition, et l'un des moyens dont on n'a pas
saisi l'importance dans certains milieux ce sont précisément ces
relations avec les autres pays francophones. Car un peuple replié sur
lui-même ne peut certainement pas, dans notre ère spatiale,
espérer survivre. Et ce n'est pas en imposant un système unique
francophone et en niant aux autres leurs droits, que nous allons faire du
Québec une province où la vie française va
s'épanouir. C'est de rêver en couleurs, car la vie culturelle, et
ça s'applique au groupe francophone du Québec, n'est pas
conditionnée seulement par l'école et nous n'avons pas les moyens
de brouiller les ondes qui nous viennent du sud du 45ême
parallèle. Nous n'avons pas les moyens, nous n'aurons pas les moyens de
brouiller les ondes ou d'empêcher que l'on capte des émissions par
satellites.
Mais on était en train, par exemple, de nous coiffer de
satellites dont aucun n'aurait parlé français. On était en
train de nous mettre un couvercle qui nous aurait asphyxiés. Et nous
avons pris une initiative, dont on a ri dans certains milieux mais dont on
finira par saisir l'importance, en faisant une entente en vue de faire couvrir
le Québec par un satellite qui parlerait français et qui nous
permettrait des télécommunications spatiales, non seulement pour
des « shows », non seulement pour des
téléthéâtres, mais également pour la
transmission des données de l'informatique, l'échange au point de
vue scientifique.
Et c'est tout ça qu'il y a derrière le programme que nous
sommes à mettre en marche et, comme je l'ai annoncé à
Sherbrooke, il y a même huit ingénieurs qui sont admis maintenant
à aller préparer et la rampe de lancement et le satellite
Symphonie, projet franco-allemand de satellites de communications...
M. LEVESQUE (Laurier): Dans ce domaine-là, si le premier ministre
me permet, tout en admettant que sur ce sujet-là Dieu sait, il
s'intéresse sûrement avec son gouvernement à une chose qui
sera au coeur de la vie de tous
les peuples d'ici dix ou quinze ans, pas plus, il faudra peut-être
être... juste pour montrer l'évolution que nous avons subi dans
Québec, y compris de l'autre côté de la table, souligner
que c'est un satellite, sauf erreur, qui représente le bloc
franco-allemand-soviétique.
M. JOHNSON: Non, non, franco-allemand seulement.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, le ciel va être séparé
en deux blocs et le premier ministre, je crois, à juste titre, est en
train de nous intégrer à ce qui sera la portion
franco-soviétique du ciel de demain. Non, mais je pense que cela fait
plaisir après dix ans de...
M. JOHNSON: J'ai moins peur des « Rouges » que j'en avais
peur!
UNE VOIX: Cela s'améliore.
M. JOHNSON: Surtout depuis que le les ai battus ici!
M. GERIN-LAJOIE: C'est une évolution que...
M. JOHNSON: C'est une évolution qui fait que le gouvernement,
comme c'est son devoir, tâche d'adopter des moyens qui vont respecter la
liberté, mais qui vont assurer en même temps la vigueur de la
culture française au Québec.
L'une des conditions essentielles, c'est de partir, de communiquer avec
le reste de l'univers et, si nous avons les pouvoirs dans cette
négociation, les pouvoirs que nous demandons à
l'unanimité, les uns comme un minimum et les autres comme une politique
régulière, nous croyons sincèrement que le groupe
francophone, que la nation canadienne-française non pas au sens
uniquement biologique, mais au sens culturel... Car si c'était
biologique, je ne pourrais pas facilement en faire partie et j'aurais de la
difficulté à faire un bon Aryen.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, depuis qu'on vous appelle « Jonson
» à l'échelle du monde, il n'y a pas de
problème.
M. JOHNSON: M. le Président, cette philosophie que j'ai
évoquée ce soir, sans partisa-nerie, je l'espère, j'ai eu
une attaque personnelle sur une question de fait. Le député
d'Ahunt-sic pourra mettre les choses au point si j'ai fait erreur. Cette
philosophie, à mon sens, est la meilleure pour le développement
de notre groupe et le bien de la province. Je l'ai sou- vent dit, le fait
français n'appartient pas uniquement aux Québécois de
langue française, il appartient aussi à tous les
Québécois, et il constitue un enrichissement pour le Canada. J'en
suis convaincu.
M. le Président, je disais donc que, si des pouvoirs nous sont
accordés dans cette négociation, si on met un peu moins de
raideur qu'on en affiche ou si on met autant de souplesse qu'on en promet
d'autre part, quelque soit le gouvernement au pouvoir après le 25
à Ottawa, nous croyons, nous, qu'ayant des pouvoirs élargis,
nécessaires non pas pour détruire le Canada mais pour
développer et épanouir le groupe francophone, nous avons
intérêt a avoir une base plus large pour opérer, et c'est
la base canadienne.
Mais si on nous refuse des pouvoirs essentiels, M. le Président,
nous rêvons. Nous rêvons. Nous n'avons pas d'affaires à
rester dans la Confédération, mais qu'est-ce qui nous arrivera
après? Dieu le sait! Il faudra se serrer la ceinture. Mais je suis
convaincu qu'il y a moyen d'atteindre ce que j'appelle ce statut
d'égalité. En terminant, M. le Président, en m'excusant
d'avoir pris autant de temps on me reproche de ne pas parler, mais quand
je parle, parfois je parle trop longtemps je voudrais dire que si des
pays avec 40 millions de population sentent le besoin de se
fédérer, de faire des marchés communs et de faire des
traités en vertu desquels on en viendra à normaliser les normes,
pour employer un pléonasme qui dépeint bien la situation,
même dans la préparation des maîtres, si des pays de 40
millions sentent le besoin d'échanges au rythme de 200,000 ou 300,000
jeunes d'un côté ou de l'autre, de l'Allemagne à la France,
ils sentent ce besoin d'une base plus large, un groupe francophone, un groupe
de six millions de Québécois, dont cinq millions sont
francophones, 4,800,000, ce groupe a intérêt à avoir une
base plus large qui serait la base canadienne. Mais à la condition de ne
pas être obligé de passer sous les Fourches Caudines d'une
majorité qui n'est pas la nôtre.
Nous ne voulons pas devenir minoritaires dans le domaine de
l'éducation ou de la culture car c'est là l'oxygène qu'il
faut pour notre développement.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le premier ministre le permet, c'est nous
qu'il visait. C'est parce qu'il y avait une sorte de pointe directe. Si le chef
de l'Opposition le permet, deux secondes. M. le Premier Ministre, aucun petit
groupe ne peut vivre sans échange et, Dieu sait, que ce soient les
marchés communs ou quoi que ce
soit, comment cela se répand dans le monde. Je ferai remarquer au
premier ministre que la base canadienne est une base de 20 millions qui
d'après ses propres calculs, est insuffisante dans le monde
d'aujourd'hui. S'il était logique, il faudrait alors qu'on ait une base
commune avec tout le reste du continent. Si sa logique était vraiment
une logique pragmatique comme il prétend l'imposer. En fait, c'est la
logique de la routine centenaire. C'est son droit, je le respecte.
Je lui ferai remarquer qu'il y a de petits peuples justement, qui, dans
le monde d'aujourd'hui, étant compacts et culturellement
cohérents, se débattent beaucoup mieux que les unités un
peu inorganiques dont, hélas! le Canada est l'un des exemples, au point
de vue politique. Ce qui n'empêche aucunement ni les échanges, ni
les marchés communs ni même les divorces suivis de remariages pour
employer une expression que le premier ministre a déjà
employée.
M. JOHNSON: Il lui manque quand même les chambres communiquantes
ou les lits doubles.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour ce qui est de la langue, tout en admettant
tout ce que le premier ministre a dit au point de vue de ses intentions, c'est
sûr que ça a l'air sincère, et, pour une fois, on avait
l'impression de voir le fond de sa pensée. J'ai l'impression que la
liberté, cette espèce de vieux libéralisme linguistique
qu'il maintient, autant il est bon pour ce qui existe actuellement dans le
Québec, autant il va découvrir qu'il est intenable pour ce qui
est de l'avenir et de ceux qui viendront chez nous.
Si, à un moment donné, il s'en rend compte, on pourra tous
conclure. Je souhaite simplement que cela arrive, cette prise de conscience,
avant que d'autres, il les a évoqués et il n'y a pas de cachette
à faire, qui, sincèrement, veulent aller beaucoup plus loin, et
qui rejoignent un certain climat chez nous, qui est dangereux, moi, je vis
à Montréal, j'en parle, mais j'y vis, contrairement à ceux
qu'évoquait le premier ministre un certain climat, puissent aller
beaucoup plus loin, qu'on se ramasse encore avec des faits accomplis, au moment
où il y aura plus de poison qui circulera dans l'organisme. Enfin, grand
bien vous fasse.
M. LESAGE: M. le Président, le premier ministre, dans son
intervention, a énoncé de nombreux principes quant auxquels il le
sait, je suis parfaitement d'accord. Lorsqu'il par- le d'accentuer la vigueur
culturelle des parlants français au Canada en commençant au
Québec leur principal foyer; lorsqu'il parle de la
nécessité d'accentuer cette vigueur de notre culture
française en ayant comme base, non pas seulement le Québec mais
tout le Canada, et il a raison.
Je ne puis concourir avec le député de Laurier qui
enchaîne de ce que le premier ministre a dit: Bien au Canada, cela sera
seulement 20 millions d'habitants, alors, pourquoi pas tout le continent
nord-américain? Or, en ce qui concerne les forces culturelles, l'on sait
fort bien que notre puissant voisin ne reconnaît qu'une culture, qu'une
langue. Une seule culture y a le statut officiel; et c'est justement pourquoi
si, d'un côté, nous devons rechercher la base d'opération
la plus large possible, d'un autre côté, nous ne pouvons par
réussir ce qui est radicalement impossible, l'élargir
au-delà de nos frontières du sud, parce qu'on n'admettra pas
qu'on le fasse. Alors, au contraire, et surtout depuis tout récemment,
les autorités provinciales, les autres provinces du Canada ont
démontré non seulement par des paroles, mais par des actes, par
des mesures législatives et administratives et le premier
ministre en a donné des exemples que l'on est prêt à
reconnaître aux francophones de l'Ontario, par exemple, le droit I
l'instruction dans leur langue, à condition qu'ils aient un «
working knowledge » de la langue qui est la langue de la majorité
en Ontario, l'anglais.
Je crois que nous pouvons poser comme principe, ici, au Québec,
celui de la priorité de la langue française. Comme en Ontario on
énonce le principe de la priorité de la langue anglaise, mais
nous devons nous attendre, comme les autorités de l'Ontario s'y
attendent, à ce que nos minorités de langue anglaise aient un
« working knowledge » de la langue française et que, dans
nos écoles, nous préparions les jeunes en conséquence.
Le premier ministre, au début de ses remarques, a dit que la
situation de Saint-Léonard était une situation
particulière qui s'était projetée à
l'échelle du Québec. Il a même dit: C'est un petit
laboratoire. Je crois que des représentations, j'en ai relues tout
à l'heure quand le premier ministre faisait allusion aux
représentations qu'il avait reçues. J'ai relu des
télégrammes que j'ai reçus. Il est clair que ces
télégrammes ont été préparés dans
l'optique de la campagne qui s'est faite à l'occasion des
élections scolaires à Saint-Léonard et dans l'optique du
référendum.
Lors de cette campagne, les candidats qui ont été
élus, aidés d'un autre commissaire, ce qui
leur donnerait théoriquement la majorité, n'est-ce pas,
ont fait campagne en disant qu'à Saint-Léonard il ne devait pas y
avoir d'école catholique de langue anglaise, que ce n'était pas
nécessaire, que les citoyens canadiens ou les immigrants non
naturalisés, principalement de descendance italienne M. le
ministre de l'Education a donné les chiffres cet après-midi
c'est la majorité, c'est 1,200 je crois...
M. CARDINAL: C'est 1,288.
M. LESAGE: ... 1,288, presque 1,300 - eh bien, qu'ils n'avaient
qu'à aller à l'école française... On avait,
jusqu'à maintenant, pour le plus grand nombre d'après mes
informations, trouvé cette solution de l'école que l'on appelle
l'école bilingue. Moitié en anglais, moitié en
français Je ne suis pas prêt à dire, je ne suis pas un
pédagogue, je ne suis pas prêt à endosser la solution de
l'école bilingue, moitié anglais, moitié français,
comme étant une bonne formule pour former des enfants d'une façon
adéquate en vue de l'avenir. J'ai beaucoup plus confiance à un
système où l'on apprend une langue à fond. Mais où
l'on apprend en même temps, un véritable « working knowledge
», de l'autre langue. Et là, je ne suis pas sûr, j'ai des
enfants qui vont à l'école française je ne suis pas
sûr, loin de là, que l'on dispense dans nos écoles de
langue française un enseignement de l'anglais qui donne un «
working knowledge » de cet anglais. Je ne suis pas sûr non plus,
que dans nos écoles de langue anglaise, on donne un enseignement du
français qui donne un « working knowledge » du
français.
M. LEVESQUE (Laurier): Ils ne le donnent pas.
M. LESAGE: Non, dans les deux cas, c'est un euphémisme. Il est
sûr que si je n'avais pas eu l'occasion excusez l'expression
de pratiquer l'anglais, en dehors de l'école, je ne l'aurais pas
parlé couramment, cela ne m'aurait pas été possible. Je
pouvais l'écrire un peu tant bien que mal, mais de là à le
parler couramment, non. C'est un peu là, l'une des causes de nos
difficultés. Si dans nos écoles françaises je
prends le cas des Italiens, des citoyens canadiens de descendance italienne,
naturalisés ou non de Saint-Léonard on leur donnait par
des méthodes que je laisse aux pédagogues, suffisamment d'anglais
pour qu'ils aient un « working knowledge » de cette langue, le
problème serait beaucoup moins aigu. Et si dans les écoles
anglaises, on donnait à nos concitoyens de langue anglaise, un
enseignement du français qui leur permette de parler français, eh
bien, même si cela s'est amélioré à l'ouest de la
rue Bleury, la situation serait quand même meilleure qu'elle ne l'est
maintenant sur la rue Saint-Jacques.
Mais il faut comprendre et je reviens à ce que je disais
au début que ceux qui nous ont fait des représentations
les ont faites dans l'optique de cette campagne au cours de laquelle on a dit:
II n'y aura plus d'écoles bilingues; il faudra qu'à
Saint-Léonard, à l'avenir, tous les enfants aillent à
l'école française sauf c'était la campagne
ceux qui sont de descendance anglo-saxonne. Ils pourront être
envoyés dans des écoles catholiques en dehors de
Saint-Léonard, aux frais de la commission scolaire de
Saint-Léonard. C'était ça la campagne. (C'était
bien ça, M. Picard?) C'était ça la campagne qui a
été faite, et alors les Néo-Canadiens, descendants
italiens, qui voulaient acquérir le «working knowledge » de
l'anglais, qui avaient la conviction qu'ils pouvaient l'acquérir, ce
« working knowledge » de l'anglais, dans les écoles
bilingues qui existent à Saint-Léonard, n'avaient pas confiance
de pouvoir l'obtenir dans les écoles françaises et les parents
considéraient que pour l'avenir de leurs enfants, il leur fallait ce
« working knowledge ». En vertu des principes de liberté qui
existent, en vertu des droits acquis qu'a reconnus le député de
Laurier cet après-midi, ils avaient droit au choix entre l'école
de langue anglaise et l'école de langue française. C'est bien
beau de dire que l'on a la liberté qu'a mentionnée le premier
ministre, que l'on a le choix, mais si on a réellement la
liberté, pour avoir réellement le choix, il faudrait être
en mesure de l'exercer. Or, la campagne du MIS, c'était justement
d'empêcher les chefs de famille d'exercer véritablement un choix,
en ce qui concerne l'éducation de leurs enfants.
Que nous ayons reçu des pétitions, des
représentations, ça se comprend, ce n'est pas tant
l'élection elle-même qui me préoccupe M. le Ministre, que
la campagne qui a été faite. Tout ce que je dis ici, je le dis
sans partisane-rie, croyez-moi. J'essaie de cerner le problème, f essaie
de voir les faits tels qu'ils sont.
Ces citoyens de Saint-Léonard craignent que, dans l'avenir, ils
n'auront plus le choix. Ils craignent qu'ils ne pourront plus donner dans
Saint-Léonard même, dans les écoles publiques de
Saint-Léonard, à leurs enfants, un enseignement procurant un
« working knowledge » de l'anglais, parce qu'ils croient seulement
que c'est dans l'école bilingue qu'ils peuvent l'obtenir.
Ils n'ont pas d'objection à apprendre le français, parce
que c'est pour l'école bilingue qu'ils se battent...
M. LEVESQUE: Pas à la fin. A la fin, c'était pour le
contraire, c'est devenu deux extrêmes.
M. LESAGE: Oui, oui, mais enfin le fond... M. LEVESQUE: Cela a
commencé par ça. M. LESAGE: ... de la campagne, c'était
ça. M. PICARD: A cause des candidatures.
M. LESAGE: Bien oui, mais ça, ça été une
affaire plutôt électorale, j'essaie de cerner le véritable
problème.
Alors, il faut les comprendre et il faut comprendre qu'ils sont inquiets
et qu'ils veulent être protégés pour l'avenir, qu'ils
veulent obtenir des garanties.
Quant à leur liberté de choisir et quant à
l'existence d'un choix, dans le système public, choix qui soit à
leur portée, ils y ont droit et je pense qu'il nous appartient à
nous de l'Assemblée législative, sous la direction du
gouvernement qui, je le reconnais, doit prendre l'initiative, qu'il nous
appartient de leur donner ces garanties.
Le premier ministre a dit que le problème ne peut pas être
réglé en se retranchant derrière des textes de loi,
derrière des structures, c'est vrai.
C'est une question d'idée, c'est une question de philosophie,
c'est une question de droit.
Pour ce qui est du préambule de la loi puisque le premier
ministre a choisi de mentionner mon nom à l'occasion d'une discussion
sur ce sujet je me permettrai de lui rappeler que lors de la refonte des
statuts, en 1964, j'ai donné personnellement des instructions pour que
l'on fasse exception à la règle et que les attendus, le
préambule, se trouvent dans les statuts refondus où on verra que
ce sont les deux seules lois qui ont des attendus, des préambules, et je
m'étais levé en Chambre pour l'annoncer on peut le
retrouver au journal des Débats .
M. JOHNSON: J'irai plus loin, je dirai qu'il donnait l'assurance
à la Chambre qu'il donnerait des instructions pour que le
préambule soit inclus.
M. LESAGE: C'est ça. Et cela l'a été.
M. JOHNSON: Mais pour les statuts annuels, le préambule n'y
aurait pas été, n'eut été...
M. LESAGE: L'amendement du Conseil législatif que nous nommons,
c'est la majorité de l'Assemblée législative.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: Pour le statut annuel, il y aurait été de
toute façon, même avant l'amendement du Conseil
législatif.
M. LESAGE: Il y aurait été de toute façon. Mais ce
que veut dire le premier ministre, c'est que c'est venu par amendement.
M. GERIN-LAJOIE: Pas pour le statut annuel. C'est dans les statuts
refondus qu'il n'y aurait pas été.
M. JOHNSON: Il n'y aurait pas été de...
M. LESAGE: Bien là je pense que ce n'est pas avec ça que
l'on va aller au fond des choses.
M. JOHNSON: Non, non, non.
M. LESAGE : Et comme je pense, M. le Président, que vous l'avez
remarqué, j'ai voulu m'en tenir jusqu'à maintenant aux questions
de principe et j'ai voulu m'élever au-dessus de la partisanerie
politique.
M. JOHNSON: Je suis parti du niveau du député de
Vaudreuil-Soulanges, avant de m'élever, moi. Alors, ça c'est au
niveau du député de Vaudreuil-Soulanges.
M. LESAGE: Pourquoi le premier ministre tient-il absolument
à...
M. GERIN-LAJOIE: Le premier ministre devrait se rappeler que c'est lui
le premier qui a parlé du préambule de la loi du ministère
de l'Education, ce n'est pas moi, et je lui ai répondu tout simplement,
alors s'il parle de niveau, je suis parti de son niveau.
M. LESAGE: Le premier ministre a dit qu'il ne faut pas se retrancher
derrière les textes de loi ni derrière les structures. Non, parce
que ni les textes de loi, ni les structures, en ce qui concerne la langue,
à l'heure actuelle, ne permettent aux législateurs de donner un
véritable choix.
Je pense que le premier ministre a dit cela également en d'autres
termes, aux législateurs, j'entends, et il a lui-même longuement
parlé de l'autonomie de la Commission des écoles catholiques de
Montréal comme d'un exemple. Alors je n'ai pas l'intention... Je
laisserai M. Lefebvre lui répondre sur ce point. Pour ma part, je dis
que dans un cas comme celui-ci, lorsqu'il s'agit de la langue d'enseignement,
de la langue d'instruction, il appartient au législateur, au Parle-
ment, à l'initiative du gouvernement qui doit avoir l'initiative
des lois d'ordre public, autant que possible sauf peut-être en ce qui
concerne l'abolition de certaines structures comme le Conseil
législatif...
M. BERTRAND: Qui a sauvegardé le préambule!
M. LEVESQUE (Laurier): Il avait fait une grosse année, cette
fois-là!
M. LESAGE: Dans ces conditions, je pense qu'il appartient au premier
ministre, au nom du gouvernement, de formuler une politique. Il a dit à
un moment: C'est facile pour l'Opposition ou c'est facile pour le
député de Laurier, de critiquer, d'aiguillonner, oui, et c'est
notre devoir de le faire, c'est notre rôle. Mais c'est mon rôle de
rappeler au gouvernement aussi, et c'est mon devoir de le faire, que nous
sommes devant un cas où la politique doit être formulée le
plus rapidement possible, même si le premier ministre croit qu'une fois
la politique formulée, elle doit être mise en oeuvre sans
délai. Mais sans délai peut s'interpréter...
Je pense qu'il est possible au gouvernement de dire qu'il a l'Intention
d'apporter des législations ou des directions administratives, enfin ce
qu'il faut pour voir à ce que les droits acquis soient
protégés, pour voir à ce qu'il y ait de nouvelles formules
plus adaptées à un enseignement progressif dans une langue ou
dans l'autre, mais qui permettent une connaissance suffisante de l'autre
langue, et que, pendant l'élaboration de ces formules, les droits acquis
ne seront pas touchés. Si le gouvernement disait ça maintenant,
je pense que cela ramènerait la quiétude. Il y a bien des moyens
d'en arriver là, en commençant par la persuasion, et M. Picard,
le député d'Olier, où se trouve Saint-Léonard, a
fait tantôt une suggestion qui est excellente, lorsqu'il a demandé
au ministre s'il ne serait pas bon qu'il voie les commissaires. C'est une chose
qui se fait. S'ils ne veulent pas conserver le statu quo pour un an nous
sommes en juin, l'année scolaire est finie, il y a une année qui
commence en septembre s'ils ne veulent pas garder le statu quo pour un
an pendant que le gouvernement redéfinit les formules et établit
une politique de la langue d'enseignement, bien, mon Dieu, il y a moyen de
protéger les droits acquis par une législation. Mais je comprends
qu'il faut définir une politique à plus long terme sur la
question de langue, que cette politique doit être basée sur les
principes de liberté, liberté des parents que l'on retrouve dans
le préambule de nos lois et que l'on retrouve et dans le programme de
l'Union Nationale et dans le programme du parti libéral.
C'est donc dire que, sur le principe, nous nous entendons. Une
déclaration de la part du premier ministre, du ministre de la Justice ou
du ministre de l'Education, à l'effet que les droits acquis seront
protégés tant et aussi longtemps que le gouvernement sera
à l'étude d'une nouvelle formule, qui sera basée sur le
principe fondamental de la liberté des parents en ce qui concerne la
langue d'instruction qui sera utilisée pour l'éducation de leurs
enfants, bien, je pense qu'avec ça les inquiétudes pourront
disparaître et que nous n'aurons pas perdu notre temps en discutant cette
question autour de cette table.
M. le Président, je pense que les ministres qui sont devant moi,
comme tous les députés, ont bien conscience que j'ai voulu
m'éloigner complètement de la partisanerie politique pour tenter
de rassurer ceux qui sont inquiets.
M. BERTRAND: M. le Président, après les propos du premier
ministre et du chef de l'Opposition et ceux que nous avons entendus cet
après-midi, de la part des collègues, on peut dire que ce
débat aura été fructueux et intéressant à
tous les points de vue. Mon collègue, le ministre de l'Education, comme
c'est son devoir, occupant ce poste et en ayant assumé les
responsabilités, a exposé cet après-midi le
problème du Montréal métropolitain, des commissions
scolaires de l'île de Montréal et de l'ensemble des territoires
métropolitains.
Il a parlé du comité de restructuration qui a
été formé l'an dernier. A un moment donné,
lorsqu'il a lu le mandat du comité, il a lu ces mots: « Afin de
promouvoir la régionalisation et la démocratisation de
l'administration scolaire dans l'île de Montréal à la
lumière du rapport de la Commission royale d'enquête sur
l'enseignement. »
Le député de Vaudreuil-Soulanges a semblé laisser
croire que c'était tout simplement une allusion en passant. C'est
beaucoup plus que ça, M. le Président. Cette commission a
présenté son rapport. J'ai devant moi le volume IV. Dans les
dernières pages, à la page 178 il serait heureux parfois,
lorsqu'on parle de ces problèmes, qu'on le relise on conclut
comme suit cette étude sur les nouvelles structures scolaires,
administration de l'enseignement et diversité religieuse,
diversité culturelle et unité de l'administration. « A la
lumière des principes généraux formulés dans le
premier chapitre de cette dernière partie de notre rapport, nous avons
abordé la réforme des commissions scolaires actuelles.
« On l'applique, à ce moment-là, à l'ensemble
des commissions scolaires du Québec. Mais on conviendra que le
problème qui se posait à Montréal était beaucoup
plus urgent.
Et on continue: « Nous avons constaté que celles-ci ne
peuvent plus servir de façon sa-tsifaisante l'objectif premier du
système scolaire qui est d'accorder à chacun, où qu'il
habite et sans distinction de religion ou de langue, un enseignement de bonne
qualité et assez varié pour permettre le plein
épanouissement de la personnalité de chaque jeune, chaque
élève, jeune ou adulte. »
Premier principe, je crois, qui est passablement conforme à ce
qu'on retrouve dans une partie du préambule des lois et du
ministère de l'Education et du Conseil supérieur de l'Education.
« En second lieu, toute solution proposée doit favoriser le plus
possible le libre choix des parents et des élèves entre un
enseignement confessionnel et l'enseignement non confessionnel j'y
reviendrai tantôt entre l'enseignement de langue française
et l'enseignement de langue anglaise, sans que cette possibilité
d'option entraîne une excessive fragmentation et une
dévalorisation de l'enseignement public. »
Lorsque le comité de restructuration a été
formé, on sait en quelles circonstances, je n'ai pas besoin de reprendre
tout le débat qui a eu lieu à l'époque, disons
qu'honnêtement que j'avais le problème à ce
moment-là. Le gouvernement et moi, comme ministre de l'Education, avions
le problème de l'enseignement non confessionnel, d'abord.
Deuxièmement, nous avions le problème d'appliquer
immédiatement, dans l'île de Montréal, les recommandations
faites par la commission Parent. J'avais personnellement lu et relu toute cette
partie du rapport où on parle de comités scolaires, de conseils
de développement scolaire, etc., mettant l'accent sur la langue
française et la langue anglaise et des structures nouvelles qui seraient
axées beaucoup plus dans ce sens, permettant, à
l'Intérieur de l'une et de l'autre, l'exercice des droits de la
confessionnalité et permettant également l'établissement
d'écoles non confessionnelles.
Or, après un examen, et je le dis de la manière la plus
objective, pour continuer le ton et du premier ministre et du chef de
l'Opposition, nos officiers nous disaient que tenter de réaliser
immédiatement, même d'adopter une loi avant d'avoir de nouveau
consulté le milieu et réexaminé ce problème,
c'était illusoire.
Et d'ailleurs même dans le rapport Parent, lorsque l'on fait ces
recommandations, l'on note que c'est un problème extrêmement
difficile.
Je n'ai pas la citation exacte. Je l'avais utilisée l'an dernier
en Chambre. Donc essayer immédiatement, c'est impossible.
La formule que nous avons trouvée fut celle de ce comité
de restructuration qui présentera un rapport en septembre 1968, rapport
où l'on doit nécessairement tenir compte des principes que je
viens de lire et qui nécessairement, dans leur application pratique au
sein des structures, il ne m'appartient pas de dire quelles seront les
recommandations. Personnellement, je ne les connais pas. Le ministre a
reçu des rapports intermédiaires ou des rapports occasionnels,
périodiques. Mais là philosophie qui est à la base ou les
principes qui sont à la base doivent pour la langue anglaise et pour la
langue française, permettre de présenter des droits pour ceux
qui, suivant leur croyance, leur conviction, veulent un enseignement
confessionnel, de même que pour ceux qui n'en veulent pas.
M. le Président, voilà ce que signifiait le mandat qui a
été donné au comité de restructuration scolaire de
Montréal. Et voilà dans quel sens, quant à moi, je l'ai
indiqué à ceux qui ont été nommés. Quant aux
membres, j'ai quelques noms de membres, mais on a donné la
représentation, ce qu'ils représentent, ce que les mandataires,
les personnes qui ont été nommées, représentent:
commissions scolaires catholiques et les autres commissions scolaires de la
ville de Montréal.
Voilà les principes et quand on dit à la lumière du
rapport de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement,
voilà les principes dont on doit tenir compte.
M. CARDINAL: Permettez-vous, M. le Président, Je suis content que
le débat soit revenu à ce niveau...
M. LEFEBVRE: Est-ce que ça pourrait être à mon tour,
parce que le premier ministre, tout à l'heure, s'est permis... Je pense
qu'à un moment donné, il faudrait que ce soit à mon tour.
Je ne sais pas quand?
M. CARDINAL: Je serai très bref, M. le Député.
UNE VOIX: Très bref!
M. CARDINAL: II y a trois choses. Premièrement, je voudrais
revenir sur certains faits à Saint-Léonard, car ce débat
est parti d'un certain nombre de faits précis que tous les connaissent,
et je voudrais qu'ils soient quand même au journal des Débats.
Lorsqu'on dit qu'à Saint-Léonard une campagne
électorale a été faite pour abolir les écoles
bilingues, il faut voir d'où cette campagne est partie à
l'origine. C'est qu'il existait à Saint-Léonard, avant que la
campagne ne commence, cinq secteurs. Dans chacun des secteurs, il y avait un
certain nombre de classes bilingues et un certain nombre de classes uni-lingues
françaises. Le nombre total de classes bilingues était de 57.
C'est à la suite d'une demande de Néo-Canadiens de convertir les
57 classes bilingues en classes unilingues anglaises que la campagne a
commencé.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre est au courant, pour que
l'on soit vraiment bien informé, du fait qu'on nous a rapporté
à plusieurs reprises à Montréal, que les classes bilingues
avaient commencé à peu près à 50-50, f
rançais-anglais...
M. CARDINAL: Justement, j'y arrive.
M. LEVESQUE (Laurier): ... et qu'elles dégénéraient
en anglais à 70% ou 75% et que cela s'accélérait?
M. CARDINAL: J'ai ces faits. Actuellement, ou au moment où la
campagne a commencé, il y avait donc des classes françaises et
des classes bilingues. Dans les 57 classes bilingues, l'enseignement se donne,
à ce moment-là, dans une proportion de 70% en langue anglaise et
de 30% en langue française.
L'on pourrait remonter dans les faits. Il y a eu une évolution
quant au nombre de classes et quant à la proportion de l'anglais et du
français. C'est à la suite de cette demande de convertir les 57
classes en classes unilingues anglaises qu'il y a eu une réaction d'un
mouvement qui a voulu les convertir en classes unilingues
françaises.
Je ne juge pas la partie électorale de ces faits, je les
mentionne.
Deuxième fait, à deux reprises, une fois dans les
débats aujourd'hui, une fois hier, alors que j'ai été
interviewé à la télévision, j'ai mentionné
directement à la commission scolaire l'existence du comité de
restructuration. Je leur ai fait une invitation non déguisée de
communiquer avec ce comité avant de prendre une décision. Une
note dans un journal de ce matin l'indiquait. Qu'on ajoute à ceci la
suggestion que je les rencontre, je la trouve excellente. Cela sera une
deuxième invitation à cette commission scolaire d'agir avec
prudence.
M. LEFEBVRE: Si on permet, parce qu'au- trement, il sera 11 heures. M.
le Président, c'est à mon tour?
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je ne sais si je dois me
flatter ou me plaindre de l'habitude que semble avoir le premier ministre de
dire toujours qu'il parle sans par-tisanerie et, au beau milieu de son
discours, tout à coup, il devient rouge et fait une colère et il
parle du député d'Ahuntsic.
Je pense que le premier ministre a mal digéré le
débat sur le bill 67 et je le comprends. Mais j'aimerais peut-être
pour faciliter ses humeurs, lui dire qu'à mon avis il est exact que
l'Opposition a fait un excellent débat contre ce bill, mais les gens qui
ont vraiment battu le bill, je crois que c'est la population de
Montréal. A mon avis, c'est une cause qui a été entendue
et qui a été jugée à l'époque. Je pense que
le premier ministre n'aura pas beaucoup de succès en voulant aujourd'hui
nous rappeler la pureté de ses intentions et enfin tout le progressisme
caché qu'il pouvait y avoir sous ce bill défunt.
Ceci dit, le premier ministre a évidemment dit un bon nombre de
choses à propos de la CECM, je ne veux pas les relever toutes. Je pense
que ce serait futile de faire ici le procès de la CECM. Pour ma part, je
pourrais y participer, je connais un certain nombre de faits et je pense que je
pourrais peut-être aider le premier ministre à trouver les
véritables responsables de certaines situations. Quoi qu'il en soit,
dans l'intérêt public et puisque c'est lui qui est le
gouvernement...
M. FLAMAND: Ponce-Pilate ne serait pas là. Il serait à se
laver les mains.
M. LEFEBVRE: C'est bien. Alors, après cette digne remarque du
député de Rouyn-Noranda, je poursuis. Je suggère au
premier ministre de se procurer, auprès de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, le dossier de ce qu'on a
appelé « la querelle des écoles bilingues ». Je crois
que cela remonte à 1963 ou quelque chose comme cela. Je pense que cela
pourra lui procurer des renseignements utiles dans les problèmes que
nous discutons ce soir. Je ne fais qu'une allusion à cela. Parce qu'il
m'a été donné de vivre, en tant que l'un des membres de la
commission, une partie des conflits créés par cette situation des
écoles bilingues à Montréal et je lui indique que c'est un
dossier qui pourra l'intéresser.
M. JOHNSON: Le député avait été élu
par qui à ce poste?
M. LEFEBVRE: Ah! écoutez, ce n'est pas drôle, M. le
Président. Tout le monde le sait. J'avais été élu
comme commissaire? J'avais été nommé par le cardinal. Tout
le monde sait ça. Mais ce n'est pas drôle!
M. JOHNSON: Non, mais je n'étais pas sûr si c'était
le gouvernement ou le cardinal.
M. LEFEBVRE: Mais si le premier ministre veut aller sur ce
terrain-là, je lui dirai que j'ai été un de ceux qui, bien
qu'étant nommé, ai fait campagne, et le dossier est là
pour le prouver. Tout le monde d'ailleurs connaît cela, sauf le premier
ministre, qui le sait mais qui feint de l'ignorer.
J'ai fait campagne de façon très active pour la
démocratisation de la commission scolaire alors que j'étais
moi-même commissaire. Autrement dit j'ai fait l'impossible pour perdre
l'emploi qu'on m'avait fait l'honneur de me confier, mais quoi qu'il en soit,
M. le Président, je ne veux pas...
M. JOHNSON: Je crois que vous avez lâché pour prendre
l'emploi après un concours évidemment, commandé par votre
commission...
M. LEFEBVRE: Oh, ne recommencez pas là-dessus!
M. JOHNSON: ... pour prendre l'emploi comme directeur de
l'éducation des adultes.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si le premier ministre et ses
informations veulent, une fois pour toutes c'est la seule chose qu'ils
ont réussi à trouver dans la vie du député
d'Ahuntsic ou s'ils pensent avoir quelque chose de bon,
répéter ça en dehors de la Chambre, mes avocats et mes
témoins sont déjà choisis, mais en Chambre, ça va
faire, ça fait 15 ou 20 fois que vous en parlez.
M. FLAMAND: Cela fait mal?
M. LEFEBVRE: Mais non, ça ne fait pas mal, mais c'est faux et, M.
le Président, malgré les motifs que je voudrais bien avoir,
d'avoir encore plus de respect pour l'autorité, je pense qu'une
autorité qui ne se respecte pas trop elle-même ne peut pas
prétendre qu'on lui accorde beaucoup de respect Ainsi les premiers
ministres, si habiles soient-ils en politique, ne peuvent pas créer la
vérité.
M. FLAMAND: Vous ne...
M. LEFEBVRE: Or, le premier ministre...
M. FLAMAND: ... mais vous, si vous étiez...
M. LEFEBVRE: Voulez-vous, s'il vous plaît, vous parlerez à
votre tour.
Le premier ministre, tout à l'heure, a indiqué une
fausseté. Je lui dirai simplement ceci. Lorsque j'ai assumé la
direction du service de l'éducation aux adultes à la Commission
des écoles catholiques de Montréal, une des premières
choses que nous avons faites a été d'engager des gens
compétents pour diriger les diverses sections et nous avons
engagé, pour diriger la section des cours culturels où entraient
les cours de langue, un linguiste dont la compétence a été
tellement reconnue que le gouvernement l'a depuis nommé directeur de
l'école des Beaux-Arts.
Et, M. le Président, je dois dire...
M. CARDINAL: Comme linguiste.
M. LEFEBVRE: C'est un garçon polyvalent.
M. CARDINAL: Comme le député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: M. le Président, ce n'est pas moi qui l'ai
nommé directeur de l'Ecole des Beaux-Arts, je pense que le ministre ne
devrait pas faire le procès de ses fonctionnaires au comité.
M. CARDINAL: Je n'ai été pour rien dans sa nomination.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je disais donc que les
affirmations du premier ministre sont fausses. Je n'ai pas, évidemment
je ne traîne pas avec moi tous les dossiers de la Commission des
écoles catholiques de Montréal pour l'époque où
j'avais une responsabilité, mais je l'invite...
M. JOHNSON: Vous avez laissé...
M. LEFEBVRE: Je pense que le premier ministre pourra vérifier
très facilement auprès des fonctionnaires du ministère de
l'Education, parce que les cours que nous donnions, comme il le sait,
étaient des cours financés par le ministère de l'Education
avec de l'argent qui venait d'Ottawa, mais enfin, financés directement
par le ministère de l'Education du Québec. Il aura donc toutes
les statistiques et je lui dis, de mémoire, je ne lui demande pas
de me faire confiance, Je lui demande de véri-f ier, mais je suis
sûr que mes informations sont plus exactes et moins partisanes que les
siennes.
Je lui dis que, dès la première année où
j'ai pris la responsabilité du service, nous avons à peu
près doublé le nombre de cours de langue française
donnés auxNéo-Canadiens. Nous avons grandement
amélioré la qualité et la quantité de ces cours, et
je lui dis également que j'ai personnellement négocié avec
le consul d'Italie à Montréal, M. Canagli, puisqu'on parle des
Italiens ce soir, pour la première fois dans la province de
Québec et, je pense, pour la première fois au Canada, nous avons
négocié une entente en vertu de laquelle les immigrants d'origine
italienne qui étaient sans emploi ont pu suivre un cours de treize
semaines de français avant de suivre un cours de treize semaines de
formation professionnelle.
Alors, tous ces faits-là peuvent être
vérifiés dans les dossiers du ministère de l'Education et,
quant à moi, j'aurais bien préféré ne pas
être obligé de faire ces mises au point, mais j'espère
qu'à l'avenir, le premier ministre, lorsqu'il annonce qu'il va faire une
intervention dépourvue de toute partisanerie, se privera du plaisir
qu'il semble avoir à accuser le député d'Ahunt-sic de tous
les péchés d'Israël. Et si, parce que j'ai, bien sûr,
certains torts, mais au moins, s'il a des choses à me reprocher, qu'il
vérifie ses informations et qu'il me reproche des choses réelles
et, à ce moment-là, je crois qu'il sera lui-même en
meilleure posture. Je crois qu'il affaiblit sa propre cause en lançant
à tort et à travers des informations qui ne sont pas
fondées alors qu'il a à son service une armée de
fonctionnaires et qu'il est très facile pour lui de vérifier les
faits, en particulier pour le sujet dont je viens de parler. Alors sur ce, M.
le Président, quant à moi, j'espère que le premier
ministre, à l'avenir, se montrera plus...
M. JOHNSON: Evidemment, je prends la parole du député et
mes renseignements étaient justement basés sur une demande que
j'ai faite et on m'a informé que les cours offerts par le service des
Néo-Canadiens de la CECM, ont été supprimés en
1964.
M. LEFEBVRE: Non, c'est complètement faux, M. le
Président. Le service des Néo-Canadiens a été fondu
dans le service de l'éducation des adultes, mais le premier ministre
devrait se méfier des gens qui lui apportent comme ça des
informations fragmentaires.
M. JOHNSON: On comprendra pourquoi je ne veux pas toujours
déposer des renseignements que j'ai demandés, même dans
certains rapports auxquels on a référé. Ce serait le
qualificatif d'un rapport qui n'est pas complet.
M. LEFEBVRE: En tout cas, là-dessus, je suis sûr que le
premier ministre se trompe.
M. LE PRESIDENT: Le député de D'Arcy-McGee. Vous ne ferez
pas votre biographie?
M. GOLDBLOOM: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Vous ne ferez pas votre biographie?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai quatre questions assez
précises que je voudrais poser au ministre.
M. JOHNSON: Est-ce que ça concerne Saint-Léonard?
M. GOLDBLOOM: Oui, ça concerne Saint-Léonard. Comme
préambule, je soulignerai que, vers le début de cette
soirée, le ministre a exprimé son plaisir qu'on en était
revenu à ce moment-là aux véritables problèmes. Je
soumets que les véritables problèmes sont les problèmes
humains et c'est sur ces problèmes humains que porteront mes
questions.
Deuxièmement, en préambule toujours, je dirai ce que je
n'ai pas besoin de dire, que celui qui vous parle n'est ni passif ni
indifférent à l'endroit de la langue française, et je ne
voudrais pas que mes questions soient acceptées dans quelque sens que ce
soit autre que celui du respect que j'ai pour la langue et la culture
françaises. Je les pose sans esprit de partisanerie quant aux partis
politiques et également quant aux groupements intéressés
à Saint-Léonard.
Je voudrais demander, premièrement, si le gouvernement a
l'intention de faire enquête quant à des
irrégularités alléguées dans les élections
scolaires à Saint-Léonard? On affirme qu'il y a eu des noms, par
centaines et peut-être plus, qui ont été omis des listes
électorales. On affirme que ceux qui se sont présentés aux
bureaux de votation se sont vu refuser le droit de voter parce qu'ils n'avaient
pas en leur possession immédiate certains documents qui n'auraient pas
dû être exigés. On affirme que l'on a fait attendre
certaines personnes sous prétexte qu'il fallait vérifier des
listes ou des documents, pour leur dire, à la fin de la journée,
que les bureaux de votation étaient fermés et qu'elles avaient
perdu leur droit de vote.
M. JOHNSON: Si on me permet, j'ai reçu des représentations
à cet effet. J'ai immédiatement répondu en disant que je
transmettais la plainte au ministre de la Justice. Je crois qu'au point de vue
de principe, on a raison de demander une enquête si on a un début
de preuve, mais, de toute façon, ce n'est pas ce qui va régler le
problème.
M. GOLDBLOOM: C'est clair, M. le Président, mais quand
même...
M. JOHNSON: Il ne faudrait pas que ce soit l'un des moyens de
régler le problème. Je pense que l'on ne ferait que l'aggraver en
attachant plus d'importance à la forme de la vota-tion et à la
modalité, qu'au fond du problème. Et je pense que, vu qu'il y a
dénonciation, le ministre de la Justice n'hésitera pas à
faire enquête.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous comprendrez que l'esprit dans
lequel je soulève ces questions est l'esprit de vouloir rendre justice
à tout le monde et apaiser une situation qui est assez
inquiétante pour plusieurs observateurs. Deuxième question dans
le même esprit: Est-ce qu'il est acceptable pour le gouvernement que la
définition du terme Néo-Canadien soit élargie pour
englober des détenteurs de la citoyenneté canadienne et
même des personnes qui sont nées au Canada et dont les parents
sont nés au Canada?
M. CARDINAL: Si vous permettez, j'ai déjà répondu
à cette question, cet après-midi, en disant que, personnellement,
je trouvais que ce terme était mal choisi. C'était au tout
début de mon intervention.
M. GOLDBLOOM: Troisièmement, est-ce qu'il est acceptable au
gouvernement parce que le gouvernement par la bouche du ministre de
l'Education a pris la position qu'il voulait attendre les
événements et voir ce que serait la décision de la
Commission scolaire de Saint-Léonard est-ce qu'il est acceptable
au gouvernement de continuer d'attendre devant une décision prise par
déjà 400 familles de foi catholique de transférer leurs
enfants à des écoles protestantes?
M. CARDINAL: Je n'ai pas dit que j'attendais la décision. J'ai
dit que nous surveillions à chaque jour les événements.
J'ai mentionné tantôt que j'avais déjà, publiquement
à la télévision et au comité, demandé
à la commission scolaire de ne pas poser de geste avant de ré-
férer au comité de restructuration et j'ai ajouté
tantôt que j'acceptais la suggestion du chef de l'Opposition.
M. GOLDBLOOM: Dernière question. Si c'est la décision du
gouvernement d'attendre et si, en attendant, il se trouve, comme la population
de Saint-Léonard se trouverait devant deux faits accomplis, une
décision de la commission scolaire qui n'aurait pas rendu justice
à tout le monde et j'insiste sur « tout le monde », et,
deuxièmement, une décision de certains parents de chambarder le
système en envoyant leurs enfants ailleurs, est-ce que le gouvernement,
peut, aujourd'hui, donner une assurance à la population de
Saint-Léonard, de quelque groupement que ce soit, qu'il y aurait moyen
à ce moment-là de rétablir une situation sans ouvrir plus
grandes des plaies qui sont déjà importantes et qui sont assez
désagréables pour tous les intéressés et tous les
observateurs?
M. JOHNSON: Le député me permettra de lui rappeler que
j'ai, dès ma première intervention, avant-hier, mentionné
la portée de l'article 203. Une interprétation de l'article 203
qu'il faudrait porter à l'attention des commissaires de ville
Saint-Léonard, c'est qu'ils n'ont pas le choix, si les parents demandent
de suivre un programme approuvé. Or, il y a d'approuvés par les
comités protestants et les comités catholiques deux programmes,
un en français et l'autre en anglais.
Alors, il y aurait une interprétation de la loi que les gens de
Saint-Léonard ont peut-être oubliée ou qu'ils ne veulent
pas admettre. Cela se discute. Et il y a comme conséquence, certaines
sanctions assez sévères. Le gouvernement peut retenir des
subventions quand une commission scolaire ne se conforme pas aux obligations
imposées par l'article 203, troisième paragraphe.
Il y a aussi la méthode suggérée par le
député d'Olier, c'est de rencontrer ces gens-là et de
discuter le problème. Je pense que, quand la période
d'émotions sera calmée un peu, de part et d'autre, vous savez, il
y en a qui sont partis en guerre très vite, et c'est
généralement les enfants gâtés qui partent en
guerre, les enfants gâtés...
M. LEVESQUE (Laurier): Des deux côtés.
M. JOHNSON: ... je parle des catholiques anglophones, qui ont
été des enfants gâtés dans le Québec, non pas
que nous le regrettions, au contraire, tellement gâtés. S'il y en
a un qui le sait, c'est moi.
Récemment, nous avons réglé une situation qui
traînait depuis 1964, à Loyola, et à un coût
de $4 millions. Loyola, depuis 1964, n'a pas eu un traitement comparable
à celui des autres institutions quant aux subventions.
M. GERIN-LAJOIE: Le premier ministre ne devrait pas peut-être
ouvrir une porte à un débat sur cela.
M. JOHNSON: Alors il y a des passions là-dedans que nous ne
voulons pas attiser par des enquêtes, des débats de toutes sortes.
Mais il faut se rendre compte que, dans Québec, les anglophones
catholiques et protestants ont été traités royalement, et
nous avons l'intention de continuer à respecter leurs droits; mais nous
n'avons pas de complexe de culpabilité. Il faudrait qu'on comprenne cela
très clairement. Il faudrait qu'on se débarrasse d'un complexe de
supériorité dans certains milieux où l'on voudrait encore
se comporter comme des vainqueurs, comme si on était en 1759 et que
leurs droits seraient basés sur la conquête.
Aujourd'hui, nous tentons de baser nos droits sur
l'autodétermination, le respect de la liberté, dans un contexte
d'oecuménisme, en tenant compte que Montréal est une ville
internationale et en tenant compte ... Je le dis bien clairement, c'est
le fond de ma pensée, tous les députés ne sont
peut-être pas de mon avis, mais on ne rendrait pas un bon service aux
Canadiens français, en ne leur permettant pas d'être bilingues,
surtout s'ils veulent oeuvrer à Montréal, à
l'échelle du Canada et de l'univers, et qu'on veuille restreindre
cela...
Ce qui me choque c'est que, la plupart du temps, ces
théories-là sont prechées par des gens qui sont bilingues
et qui prennent de sacrées bonnes assurances pour que leurs enfants le
soient.
Je connais des Canadiens français qui prêchent contre des
institutions privées, qui sont directeurs de régionales et qui
envoient leurs enfants dans les institutions privées. Je connais des
Canadiens français qui parlent en faveur de l'unilinguisme et qui
envoient leurs enfants dans des écoles anglaises ou dans des camps
anglais, pour être bien sûrs que les leurs, au moins, vont
être bilingues et pourront évidemment tenir le haut du
pavé. Ce sont des faits qu'il faut envisager mais je me défie
aussi d'une sorte de bilinguisme qui ne serait qu'un abâtardissement...
Le député de Laurier pourrait m'aider à le dire...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est le mot qu'employait le ministre des
Affaires culturelles pour décrire les dangers que court notre
société.
M. JOHNSON: Non, mais une certaine forme de bilinguisme peut-être
tout simplement la forme déguisée d'une mauvaise assimilation.
C'est ce qu'il y a de pire, si c'était de la bonne assimilation au
moins. Le bonhomme part, bien outillé, et s'en va n'importe où en
Amérique du Nord, et, dans un quart de l'univers, il gagne sa vie. Mais
on fait des gens qui ne sont ni francophones ni anglophones, et cela ne fait
pas du monde qui a un instrument assez aigu.
Il y a une dimension biologique à ça, je ne suis pas
prêt à trancher. Il y a deux écoles, il y a l'école
du Dr Penfield, il yen a d'autres qui ne sont pas de son opinion sur
l'opportunité de faire apprendre plusieurs langues à des jeunes.
Il y a le problème je voudrais l'évoquer pour ne pas
couvrir seulement le monde non palestinien il y a 9,000 Juifs de langue
française à Montréal qui font de fortes pressions pour
avoir des écoles françaises confessionnelles. Alors nous avons
tous ces problèmes-là et nous cherchons une formule pour que tous
ceux qui veulent, au moins ceux qui veulent s'instruire en français et
participer au développement du Québec en français puissent
le faire, et ça, on ne le fera pas par des formules passionnées
comme on a trouvé.
Il y a aussi la dimension de travail que je n'ai pas voulu
évoquer. L'Hydro-Québec, le secteur de la sidérurgie, le
secteur de l'électronique qui s'en viennent et d'autres du même
genre. En tout cas, ce n'est pas à Saint-Pie-de-Bagot qu'on a des
problèmes, ni à Saint-Hyacinthe, c'est dans la région de
Montréal, et c'est là que nous allons, à la lumière
des recommandations du comité de restructuration,tenter de trouver une
formule permanente. En attendant, nous allons voir les gens de
Saint-Léonard, de la commission scolaire, et je puis dire publiquement
qu'on n'a pas à s'énerver pour le respect des droits acquis ni
pour la sécurité de l'avenir.
M. LE PRESIDENT: II est onze heures trois, et trois veulent parler.
M. LEVESQUE (Laurier): Moi, c'est une phrase, c'est que le premier
ministre, comme le chef de l'Opposition, se trouve à avoir parfaitement
calmé ce soir, et j'emploie les termes qui ont été
employés, les inquiétudes de la minorité. Je trouve
ça remarquablement bien, mais il n'y a pas grand-chose qui a
été dit pour calmer les inquiétudes que peut avoir la
majorité par rapport à son avenir. Cela complèterait le
tableau un jour.
M. JOHNSON: Je croyais l'avoir fait, l'avoir
évoqué en disant qu'il ne faudrait pas que nos structures
empêchent le Québec de s'épanouir comme province
française, au contraire.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela, c'est plus vague.
M. JOHNSON: Les moyens: satellite, Radio-Québec et d'autres
domaines, je ne veux pas. Non, descendons à terre, descendons dans
l'acier, l'Hydro-Québec et bientôt l'électronique. Nous
allons voir qu'il y a là des espoirs. Le fond du problème, c'est
que nous instruisons en français 1,600,000, c'est-à-dire 80% de
nos élèves.
Et si ces gens-là se butent à la porte de l'usine, deux
pas en arrière de celui qui a été instruit en anglais, on
vient de gaspiller de l'argent, on vient d'agir stupidement, comme le dirait le
député de Laurier et nous n'avons pas l'intention d'agir de cette
façon-là.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais répondre au
premier ministre simplement ceci: II faut prendre les êtres humains tels
qu'ils sont. Les gens de Saint-Léonard sont très inquiets, sont
très émus. Qu'ils aient raison de l'être ou non, ça
n'entre pas en ligne de compte en ce moment. Ils veulent sentir que le
gouvernement est présent, que le gouvernement est
intéressé non seulement à des idées et des
politiques générales, mais à eux; et c'est ça le
sens de mes questions.
M. LE PRESIDENT: M. le député d'Olier, une dernière
question.
M. PICARD (Olier): Pour rassurer encore un peu plus la population de
Saint-Léonard, j'aimerais demander au ministre, étant
donné les affirmations qui ont été faites tout au long du
débat à l'effet que les commissions scolaires locales ont
l'autorité finale dans la décision à prendre en ce qui
concerne les écoles, soit françaises ou anglaises, en vertu de
quel règlement le ministre pourrait intervenir dans
l'éventualité où les commissaires prendraient une
décision pour la mise en application de ce qu'ils ont
prêché durant la campagne pour l'élection des
commissaires?
M. CARDINAL: Un instant. Je pense qu'on mêle deux
choses-là. Ils ont autorité pour prendre la décision. Ils
ont même le devoir de la prendre, mais finale, c'est dire beaucoup plus,
parce qu'ils doivent la prendre dans les limites de la loi et des
règlements.
Deuxièmement, si la commission décidait de prendre
entièrement le programme français ou entièrement le
programme anglais, la question ne porte plus, parce qu'elle agit à ce
moment-là dans les limites de la loi et des règle- ments, si les
parents le désirent. Par conséquent...
M. PICARD (Olier): A la suite de l'élection, vous savez, comme le
premier ministre l'a mentionné tout à l'heure, qu'il y a deux
nouveaux commissaires qui font partie du MIS, ce groupement qui favorise
l'unilinguisme français. Il y a aussi un des commissaires, M. Deschesne,
qui appuie le mouvement et qui est déjà en place. Il y a deux
autres commissaires, M. Pérusse et M. Pappa. Il n'y a pas de
commissaires anglo-saxons. M. Pappa est Italien mais il est parfaitement
intégré aux Canadiens-français. Alors il se peut que ces
gens-là, qui auront la majorité de trois contre deux,
décident d'appliquer le principe d'écoles uniquement
françaises dans tout Saint-Léonard. Vous avez mentionné
tout à l'heure qu'il y avait 57 classes bilingues. Il y a aussi 111
classes unilingues françaises.
C'est ça qu'ils ont prêché durant toute leur
campagne électorale, que ce seraient uniquement des classes unilingues
françaises dans Saint-Léonard. Alors, à ce
moment-là, en vertu de quelle loi le gouvernement pourrait-il les
empêcher d'agir de la sorte?
M. CARDINAL: A ceci je réponds que j'ai dit que nous les
verrions, justement pour qu'il n'arrive pas une situation qui soit
irréparable. Je l'ai répété deux, trois, quatre ou
cinq fois ce soir, et à la suite d'une intervention de M. Le-vesque, je
l'ai encore une fois mentionné.
M. PICARD (Olier): Maintenant, pour rassurer encore plus les citoyens de
Saint-Léonard, j'aimerais savoir si le ministre de l'Education...
M. CARDINAL: Je ne sais pas si vous les avez rassurés par ces
questions.
M. PICARD (Olier): Non, mais est-ce qu'il a le pouvoir d'ordonner qu'on
garde le statu quo pour un an, jusqu'à ce qu'on ait eu le temps
d'étudier les structures nouvelles?
M. LE PRESIDENT: Messieurs, demain, nous nous réunissons... La
Chambre se réunit à onze heures et c'est à onze heures
dans la Chambre que nous déciderons de l'heure à laquelle nous
reviendrons en comité.
M. JOHNSON: Pour l'information...
M. LE PRESIDENT: A onze heures trente, le comité? Merci.
(23 h 10)