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(Douze heures onze minutes)
Le Président (M. French): La commission de la culture
entreprend donc son mandat qui est l'étude du rapport d'activités
de la Commission d'accès à l'information, conformément
à l'article 119. 1 de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
M. Doyon (Louis-Hébert) présent, M. Gauthier (Roberval)
présent, M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) présent. On ne se
posera pas la question à savoir si une personne qui n'est pas membre de
la commission peut former le quorum.
M. de Bellefeuille: D'accord! On ne pose pas la question.
Le Président (M. French): Nous voulons donc souhaiter la
bienvenue à nos invités d'aujourd'hui, soit le président
de la commission, M. Marcel Pepin, et ses deux collègues commissaires,
Mme Thérèse Giroux et Mme Caroline Pestieau.
Une voix: Bonjour.
Commission d'accès à
l'information
Le Président (M. French): Je crois comprendre qu'on a
déjà distribué votre allocution d'ouverture, M. le
président. Alors, vous pouvez y aller.
M. Marcel Pepin
M. Pepin (Marcel): M. le Président et MM. les
députés, il me fait grand plaisir, pour le bénéfice
des membres de la commission de la culture, de tracer le bilan de la
première année complète d'activités de la
Commission d'accès à l'information.
Durant la période couverte par le présent rapport annuel,
la majorité des articles de la loi n'étaient pas encore en
vigueur, mais nos opérations et nos efforts ont été
conditionnés par l'objectif de préparer la commission à
assumer pleinement tous ses rôles au moment de l'entrée en vigueur
du corps principal de la loi. Les articles qui étaient
déjà en vigueur, par ailleurs, nous permettaient
déjà de remplir deux rôles actifs; d'abord, celui de
surveiller l'application de la loi par l'examen des projets de
règlements parus à la Gazette officielle et des projets de loi
déposés à l'Assemblée nationale. Dans le cas de
certains projets de loi, nous avons cru bon de communiquer au président
de l'Assemblée et aux ministres qui parrainaient ces projets notre
opinion face à certaines dispositions contenues dans ces lois qui
auraient pu entrer en conflit avec la loi sur l'accès.
D'autre part, nous avons aussi rendu des avis sur des projets d'ententes
de transferts de renseignements nominatifs que certains organismes publics nous
ont soumis. Ces avis nous ont permis de dégager les principaux
critères qui nous guideront lorsque nous aurons à évaluer
les projets d'ententes de transferts de renseignements nominatifs entre
organismes publics. Ces critères ont fait l'objet à la mi-juin
d'une brochure qui a été distribuée aux 3600 organismes
publics qui sont assujettis à la loi sur l'accès.
De plus, la commission a été appelée à jouer
activement un rôle d'information auprès de ses clientèles,
soit les organismes et le grand public. C'est ainsi que le personnel de la
commission s'est efforcé de répondre, dans la mesure du possible,
aux nombreuses demandes d'information des organismes publics sur les exigences
de la loi à leur égard. Leurs requêtes
d'interprétation d'articles de la loi ont été
traitées avec égard, mais sans nécessairement que la
commission donne toujours des opinions juridiques formelles ou
définitives.
Le personnel de la commission a aussi exposé aux citoyens qui en
faisaient la demande, leurs nouveaux droits, ainsi que le rôle que la
commission allait être appelée à jouer.
De plus, les membres de la commission ont donné, à tour de
rôle, plusieurs conférences publiques portant sur les objectifs de
la loi et son contenu. Enfin, les commissaires ont eu quelques rencontres avec
leurs homologues des autres pays, de même qu'avec leurs homologues
fédéraux. Ils ont aussi eu des contacts avec des personnes
chargées d'appliquer des lois similaires dans les organismes
fédéraux américains.
En plus de ces mandats de surveillance de l'application de la loi et
d'information, la commission s'est efforcée de se préparer
à l'exercice des mandats qui allaient se concrétiser avec
l'entrée en vigueur de la plus grande partie de la loi sur
l'accès. Ainsi, après un plan d'organisation de démarrage,
le Conseil du trésor approuvait, en février, un nouveau plan
d'organisation
autorisant 29 postes permanents, dont 16 ont été
comblés, et 14 postes occasionnels. Je signale que mes propos
s'adressent à la période que couvre le rapport annuel.
La nouvelle structure organisationnelle s'articule autour de deux
directions: le secrétariat et service juridique, d'une part, et la
direction de l'analyse et de l'évaluation, d'autre part. À la fin
de l'année financière 1983-1984, le poste de directeur de
l'analyse et de l'évaluation a été comblé.
Pour ce qui est des prévisions budgétaires, celles-ci
avaient été conçues en fonction de l'entrée en
vigueur de la loi dès l'automne dernier, mais avec l'entrée en
vigueur de l'ensemble de la loi reportée en juillet, la commission a
été en mesure de retourner au fonds consolidé quelque 275
000 $.
La commission a aussi fait faire par son personnel un certain nombre de
recherches juridiques et non juridiques sur la meilleure façon
d'appliquer la réforme, de manière que nous soyons prêts
à exercer notre mandat. Ainsi, le service juridique s'est employé
à interpréter, pour notre gouverne, quelques articles de la loi
qui semblaient causer davantage de problèmes.
D'autres professionnels, quant à eux, ont effectué des
recherches sur les organismes assujettis à la loi et ce, afin de mieux
cerner leur pratique en matière de gestion de documents administratifs
ou encore de gestion de fichiers de renseignements personnels. De cette
manière, la commission commençait à se préparer a
assumer ses autres mandats.
Si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais anticiper
quelque peu sur le terme de l'année financière couverte par le
présent rapport annuel et expliquer un peu les rôles que nous
remplissons depuis quelques mois.
Il y a quelques semaines, nous fournissions aux organismes les outils
nécessaires à la déclaration de leurs fichiers de
renseignements personnels, tels les formulaires et un guide. Il me fait plaisir
de déposer un exemplaire de ce guide et de ce formulaire à la
commission
Le Président (M. French): Je vous remercie, mais je pense
que cela a déjà été distribué.
M. Pepin: Cela permettra aux organismes de faire l'inventaire des
renseignements personnels qu'ils détiennent sur les citoyens et aidera
la commission à confectionner un répertoire de fichiers
détenus au Québec par les organismes assujettis à la
loi.
Nous comptons faire connaître aux organismes notre politique sur
les transferts entre organismes publics et privés, sur la cueillette par
un organisme public de renseignements nominatifs déjà
colligés par un organisme privé et sur un certain nombre
d'exigences de la loi dont les autorisations de communication de renseignements
personnels à des fins de recherche.
Le personnel de la commission a également effectué des
études sur divers sujets comme le consentement des personnes à la
communication de renseignements nominatifs les concernant. Afin d'expliquer aux
citoyens leurs droits nouveaux, nous diffusons un dépliant qui a
été imprimé à 20 000 exemplaires en français
et à 2000 exemplaires en anglais et nous avons fait paraître deux
annonces dans tous les quotidiens du Québec.
Bien sûr, notre rôle d'adjudication est le plus visible et
le plus accaparant pour les commissaires. Au 1er décembre, nous avions
60 demandes de révision enregistrées au greffe dont 12 ont
déjà donné lieu à une décision et ce, en
moyenne, à moins d'un mois de la tenue de l'audition. Même si la
loi sur l'accès a été adoptée en juin 1982, il
n'est pas dit que les objectifs et les mécanismes de cette vaste
réforme sont compris de tous. C'est pourquoi, parallèlement
à l'exercice des mandats formellement assignés à la
commission par ia loi, les commissaires font un effort particulier, de
même que le personnel, pour fournir le plus d'informations possible
à de nombreux intervenants afin de faciliter la compréhension et
l'implantation harmonieuse de cette réforme.
Il me fera donc grand plaisir de répondre à vos questions
et je note, M. le Président, que mes collègues, Mmes Pestieau et
Giroux, sont également à votre disposition.
Le Président (M. French): Je vous remercie, M. le
président de la Commission d'accès à l'information. Je
voudrais donc inviter mes collègues à poser des questions. M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Quelques mots de
bienvenue lors de cette première comparution de la commission devant
cette commission parlementaire de la culture. Il est important que
régulièrement, tel que le prévoit la loi, les principaux
responsables de la commission puissent venir ici faire état de ce qu'ils
ont fait pendant l'année passée et possiblement - et je pense que
c'est aussi un but de l'exercice - nous faire part de certaines
difficultés qu'ils peuvent rencontrer dans l'application de la loi. Nous
sommes ici pour apprécier le travail qu'ils font et aussi,
éventuellement, pour le faciliter grâce à des
représentations qu'ils pourraient nous faire et que nous aurions le
devoir, dans un rapport, de transmettre au ministre.
Nous sommes heureux de voir que,
actuellement, il semble que les premières interventions, les
premières activités de la commission d'accès se
déroulent, tel que prévu, sans difficultés majeures. Je me
réfère aux adjudications que vous avez eu l'occasion de rendre;
c'est une partie très importante de votre mandat. Je pense qu'il faut se
féliciter que vous ayez réussi déjà à rendre
des décisions qui permettent aux citoyens du Québec de profiter
pleinement de ces droits nouveaux qui leur sont accordés par la loi sur
l'accès à l'information.
Processus décisionnel
Pour ce qui est des décisions, M. le président, qui ont
été rendues par votre organisme, est-ce que vous pouvez,
premièrement, éclairer cette commission et nous dire comment cela
se passe? Est-ce qu'il y a des règles d'établies, une
procédure quelconque sur la façon dont se fait l'audition? Est-ce
que des gens doivent présenter un document quelconque
établissant, un peu comme on le fait devant certains organismes quasi
judiciaires au niveau administratif, leurs prétentions, les principaux
points qu'ils ont l'intention de soulever, ou s'ils peuvent se présenter
de but en blanc sans avoir plus qu'indiqué leur intention d'aller en
appel d'une décision qui a été rendue en ce qui les
concerne?
M. Pepin: M. Doyon, la procédure est la suivante: le
citoyen fait une demande d'accès à un document et l'organisme lui
répond, soit de façon positive en lui donnant le document
demandé, soit de façon négative en le refusant et à
ce moment, il doit indiquer sur quel article de la loi sur l'accès il
s'appuie pour motiver son refus et il doit également indiquer au citoyen
que ce dernier a un droit de recours devant la commission. C'est comme cela que
cela se produit. À ce moment, le citoyen, soit de lui-même ou par
l'entremise d'un procureur, saisit la commission de ce refus et demande une
révision de la décision du responsable de l'accès. Il y a
une audition qui est tenue où les deux parties font valoir leur point de
vue et la décision est ensuite rendue.
La commission a adopté un règlement de preuve et de
procédure qui se veut souple, mais qui respecte, en même temps,
les règles de la justice naturelle et, notamment, le droit absolu des
deux parties d'exposer chacune son point de vue et d'interroger les
témoins de l'une et de l'autre. Je pourrais dire que, à
l'expérience jusqu'ici, c'est une procédure assez souple en ce
qui concerne ceux qui président les auditions. Il n'est pas
arrivé souvent que l'audition ait revêtu un caractère plus
formel et plus rigide. Cela ne s'est pas produit très souvent, mais,
lorsque cela s'est produit, ce n'était pas nécessairement
l'initiative du commissaire qui présidait l'audition.
M. Doyon: Ces règles, M. le président, qui semblent
avoir été établies, est-ce qu'il y aurait
possibilité que cette commission en ait une copie? J'imagine que c'est
disponible.
M. Pepin: Absolument. On vous en fait tenir une copie
immédiatement. C'est un règlement de preuve et de
procédure qui a été publié à la Gazette
officielle et adopté selon les règles.
M. Doyon: Vous avez mentionné dans votre réponse,
M. le président, que la comparution devant votre commission se faisait
par l'entremise d'un procureur. Est-ce que dans tous les cas un avocat, un
procureur est impliqué en ce qui concerne une contestation d'une
décision d'un organisme public de remettre ou de ne pas remettre un
document de nature personnelle?
M. Pepin: Non, le citoyen peut très bien exposer
lui-même son cas. D'ailleurs, la loi précise bien que le citoyen
n'a pas à motiver sa demande d'accès. Il n'a pas à
expliquer pourquoi il fait cette demande. Son plaidoyer se limite à
exposer son droit d'accès à un document public. Il appartient
à ceux qui le détiennent et qui refusent cet accès
d'expliquer à la commission pourquoi ils se sentent justifiés
d'agir ainsi.
Dans la pratique, je pense, comme il s'agit toujours d'organismes
publics qui détiennent le document, que la plupart, sinon la
totalité, se sont fait représenter par un procureur. Mais dans le
cas des citoyens, cela n'a pas toujours été le cas. Cela a
été le cas parfois et parfois non.
M. Doyon: Quand il s'agit d'une décision d'un organisme
public qui, lui, est représenté par un procureur, ce qui semble
être presque toujours le cas, vis-à-vis d'un citoyen qui, lui, se
présente à titre de simple requérant, très souvent,
sans la formation juridique et sans la préparation qui peut être
celle de l'autre partie, est-ce que votre commission a une règle de
conduite visant à faciliter les choses et à agir un peu comme
à titre d'amicus curiae vis-à-vis de cette personne qui arrive un
petit peu démunie vis-à-vis de l'autre partie qui, elle, est
peut-être mieux équipée?
M. Pepin: Je pense que je peux parler également au nom de
mes deux collègues. Les commissaires sont très soucieux de
protéger très adéquatement les droits des deux parties et
plus particulièrement si l'une des deux parties est moins bien
équipée que l'autre. Jusqu'ici, je ne crois pas que cela ait
posé de problème. Le commissaire lui-même, de toute
façon, peut intervenir, il est maître de la procédure, et
s'assurer que tous
les faits pertinents lui sont soumis de façon correcte avant de
conclure l'audition.
M. Doyon: M. le Président, je me réjouis des
assurances que me donne le président de la commission concernant la
situation des gens qui se présentent devant sa commission.
M. Pepin: Je pourrais peut-être ajouter, M. Doyon, que,
même si parfois les citoyens ne sont pas représentés par un
procureur, nous avons constaté qu'ils se défendaient très
bien et qu'ils se préparaient très bien.
M. Doyon: Oui, évidemment, cela se comprend fort bien. Il
y va de leur intérêt. Ce sont eux qui sont les requérants,
les demandeurs là-dedans et j'imagine qu'ils arrivent, quand même,
avec une certaine préparation. Mais il ne faut pas oublier que des gens
qui n'ont pas l'habitude de comparaître sont moins à l'aise,
forcément, que des gens qui en font leur profession. Je voulais
simplement que votre commission -et je suis heureux de vous l'entendre dire
-soit sensible à cette dimension d'un problème qui pourrait se
poser, en tout cas.
Vous avez mentionné aussi dans votre rapport, M. le
président, que vous avez voulu expliquer aux citoyens les droits qui
sont là maintenant, avec l'adoption de la loi sur l'accès
à l'information, et vous avez parlé de 20 000 dépliants
qui ont été distribués en français. Est-ce que vous
pouvez nous dire de quelle façon s'est faite cette distribution? Il y a
eu des annonces dans les journaux aussi, d'après ce que je comprends.
Mais en ce qui concerne les dépliants plus particulièrement,
est-ce que ce sont les bureaux de Communication-Québec qui avaient cela
en main où si c'était sur demande des citoyens que vous leur
remettiez un dépliant explicatif?
M. Pepin: Communication-Québec, évidemment, a
accepté de distribuer une partie de nos dépliants comme cet
organisme le fait pour l'ensemble, je pense, des ministères et
organismes gouvernementaux. Nous avons également donné plusieurs
milliers de ces dépliants à des organismes représentatifs,
à des associations, par exemple, de secrétaires-trésoriers
ou à des groupes comme ceux-là qui en demandaient pour les
distribuer à leurs membres. La distribution s'est faite. Nous avons
beaucoup de demandes de différents groupes qui en demandent 50, 75, 100.
Parfois, c'est un peu peut-être de bouche à oreille, dans les
régions surtout où les gens veulent en connaître
davantage.
M. Doyon: Est-ce que cette distribution-là est maintenant
complétée?
M. Pepin: Je vais, si vous me le permettez, demander une
précision là-dessus. Je crois qu'il en reste encore quelques-uns,
mais le plus gros est complété. (12 h 30)
M. Doyon: Une question que j'aimerais vous poser concerne plus
particulièrement les municipalités, le monde municipal en
général, les communautés urbaines comprises, les
municipalités régionales de comté. Est-ce que de ce
côté il y a une bonne participation, une bonne collaboration?
Est-ce que vous avez des chiffres à nous donner sur le nombre de
requêtes, par exemple? Est-ce que vous êtes en mesure de nous
informer sur le nombre de requêtes qui peuvent avoir été
adressées, disons, à tous - ce n'est peut-être pas
possible, ce que je vous demande là - les intervenants dans le monde
municipal, que ce soit des municipalités ou des communautés
urbaines, comme je vous le disais?
M. Pepin: Je peux vous donner un ordre de grandeur. Seulement les
demandes de renseignements téléphoniques que nous recevons - et
il y en a beaucoup qui viennent du milieu municipal - pour le mois de juillet,
par exemple, nous en avons reçu 99 à Québec et 61 à
Montréal. En août: 111 à Québec, 95 à
Montréal. En septembre: 77 à Québec, 113 à
Montréal. En octobre: 163 à Québec, 104 à
Montréal. Ce sont les demandes de renseignements
téléphoniques. Nous avons également une correspondance
assez volumineuse avec différents intervenants du monde municipal qui
veulent avoir des précisions sur tel ou tel aspect de la loi. Nous avons
des requêtes également de la part des associations
représentatives de ce milieu pour aller les rencontrer, ce que nous
faisons.
De façon générale, le monde municipal est
très touché, évidemment, par la loi. C'est peut-être
le milieu municipal qui a fait l'objet du plus grand nombre de demandes de
renseignements, pas nécessairement de refus, actuellement. Lorsqu'on
touche à toute la question des renseignements personnels, c'est
peut-être dans les lois municipales, en comparaison avec les exigences de
la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels qu'il se pose le plus de
problèmes d'interprétation. Donc, nous sommes
nécessairement appelés à apporter un peu plus
d'éclairage.
Refus de fournir des renseignements
M. Doyon: En ce qui concerne les refus que vous mentionnez en
passant comme cela, est-ce que vous êtes en mesure de dire à cette
commission si vous avez pu catégoriser les organismes qui avaient le
plus refusé de renseignements, dont on avait eu l'occasion d'appeler
à votre commission?
M. Pepin: Non, je ne suis pas en mesure de le faire, il est trop
tôt, M. Doyon, pour vous apporter quelque statistique que ce soit qui ait
quelque valeur sur ce sujet. En réalité, je ne me souviens pas
que nous ayons eu deux cas de refus à disposer qui venaient du
même organisme. Peut-être une fois. Donc, ce n'est pas suffisant
pour dire: Celui-là refuse plus souvent que d'autres. Jusqu'ici, les
refus viennent de tous les milieux.
Ce qui est assez particulier, c'est que, contrairement à ce que
nous aurions pu croire, étant donné la concentration de
population, la commission a été appelée à s'occuper
de plaintes ou de demandes de révision autant sinon plus dans les
régions périphériques du Québec que dans les deux
grandes régions urbaines de Montréal et de Québec.
M. Doyon: Est-ce que vous pouvez dire à cette commission,
en ce qui concerne des décisions que vous avez rendues, si actuellement
il y en a auxquelles on ne s'est pas conformé?
M. Pepin: II y en a une qui a été formellement
portée en appel devant la Cour provinciale...
M. Doyon: Qui est? M. Pepin: Qui est... M. Doyon:
La curatelle publique?
M. Pepin: Non, pas celle-là. Elle touche une
municipalité de la région de Lanaudière. Il y en a une
autre, du Revenu, où la permission d'en appeler a été
soumise à la Cour provinciale. Le jugement n'est pas rendu. La
troisième, évidemment, c'est celle où le ministre des
Finances a saisi la Cour supérieure d'un bref d'évocation pour
contester la juridiction de la commission sur un document que le
ministère détient.
M. Doyon: Ce dont vous parlez, c'est ce qui concerne le rapport
de la Curatelle publique sur l'administration des fonds qui sont gardés
en curatelle.
M. Pepin: Le rapport du contrôleur des finances...
M. Doyon: Le contrôleur des finances.
M. Pepin:... sur la gestion des fonds de la Curatelle
publique.
M. Doyon: Cette demande d'évocation devant le tribunal,
est-ce que, du côté de la commission, vous avez eu l'occasion
d'exprimer votre point de vue devant la cour à ce sujet-là?
M. Pepin: Oui, la commission...
M. Doyon: Où en sont les procédures exactement?
Le Président (M. French): M. le député, je
pense que le sujet est très important. Je me demande si on ne devrait
pas se poser la question, compte tenu de la situation ou de l'étape
judiciaire où on en est rendu, si on devrait en parler ici ou non.
Alors, avec votre permission, j'ai demandé à la greffière
d'aller poser la question et, si la réponse est: Oui, c'est dans les
règles, on pourra y revenir. Est-ce que cela va?
M. Doyon: Oui, oui. En fait, ce sont des questions de fait,
purement et simplement.
Le Président (M. French): Ma question est
posée.
M. Doyon: Oui, mais pour commencer...
Le Président (M. French): Je me suis permis de le
demander.
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. French): Si cela vous va.
M. Doyon: Alors, pour revenir à la décision du
ministère du Revenu, quand cette décision a-t-elle
été rendue par vous?
M. Pepin: La décision a été rendue il y a
deux semaines. Le bref d'évocation a été logé le
jour même où elle a été rendue.
M. Doyon: Par le ministère du Revenu?
M. Pepin: Non. Vous parlez du ministère du Revenu?
M. Doyon: Par le ministère du Revenu.
M. Pepin: Par le ministère du Revenu, elle a
été rendue... Mme Giroux était le commissaire.
Le Président (M. French): Mme Giroux.
Mme Giroux (Thérèse): Celle du ministère du
Revenu n'a pas encore été entendue. La permission d'appeler n'a
pas encore été entendue par la cour. C'est une décision
qui remonte à environ cinq semaines, je dirais. De la requête pour
permission d'appeler, on en a été informés il y a environ
dix jours. Donc, la cause devrait être entendue au cours des dix
prochains jours.
M. Doyon: C'est donc dire qu'il y a
cinq semaines la décision a été rendue par votre
commission ordonnant au ministère du Revenu de poser certains gestes et
de remettre certains renseignements à la personne qui les
requérait.
Mme Giroux: C'est exact.
M. Doyon: Et pendant cinq semaines, moins dix jours, disons
environ quatre semaines, le ministère du Revenu n'a tout simplement pas
bougé et vous vous êtes vu signifier une demande d'appel par le
ministère du Revenu, il y a une dizaine de jours?
Mme Giroux: C'est exact. Quand je dis cinq semaines, là
c'est un peu approximatif. C'est peut-être plutôt un mois, mais le
ministère du Revenu a respecté les délais d'appel, qui
sont en pratique de quinze jours. Je crois que, dans ce cas-là, on a
reçu l'avis de la requête pour permission d'appeler le
quinzième jour, soit il y a à peu près dix jours.
M. Doyon: Est-ce que c'est le seul ministère provincial
qui s'est opposé à remettre des renseignements que vous aviez
ordonné de remettre à la personne intéressée?
Mme Giroux: Est-ce que je peux? M. Pepin: Oui, vous pouvez y
aller.
Mme Giroux: Comme M. Pepin l'a dit tout à l'heure, il y a
un autre cas où c'était une municipalité qui était
impliquée...
M. Doyon: Oui.
Mme Giroux:... au début de septembre et, encore là,
le dernier jour du délai d'appel une requête a été
demandée et la permission d'appeler a été accordée
par la Cour provinciale. Un troisième cas, qui portait sur une opinion
juridique, l'article 32 de la loi, a également fait l'objet d'une
requête pour permission d'appeler, mais la permission d'appeler a
été rejetée au moment de l'audition de la requête.
Donc, en tout et pour tout, il y a eu trois cas de portés jusqu'à
maintenant en Cour provinciale.
M. Doyon: Le dernier cas dont vous parlez concernait quel
organisme?
Mme Giroux: Le ministère du Revenu...
M. Doyon: Encore le ministère du Revenu?
Mme Giroux:... et porte sur une expertise médicale.
M. Doyon: À la suite du refus d'appeler qui a
été décidé par la cour, est-ce que le
ministère du Revenu s'est conformé?
Mme Giroux: Celui du ministère du Revenu n'a pas encore
été décidé par la cour.
M. Doyon; Oui, mais vous me dites qu'il y a une demande qui a fait
l'objet d'un refus de demande d'appeler par la cour. De quel organisme
s'agissait-il?
Mme Giroux: Non seulement l'organisme s'est conformé, mais
dans celui-là, et je pense que...
M. Doyon: Mais quel organisme était-ce?
Mme Giroux: C'était une commission scolaire et, en fait,
très curieusement, l'organisme s'était conformé à
la décision, et il semble qu'il la contestait davantage pour le principe
que pour autre chose. Cela a été porté à
l'attention du juge au moment où il a entendu la cause. On peut penser
que c'est peut-être un des arguments, d'ailleurs, qui ont amené le
rejet de la requête.
M. Pepin: Je pourrais ajouter, M. Doyon, peut-être que, sur
les douze ou quatorze décisions qui ont été rendues
à ce jour, un bon nombre d'entre elles peuvent encore être
contestées parce que les délais d'appel ne sont pas
terminés.
M. Doyon: Expirés, oui. Je ne sais si le président
a des informations à nous fournir ou s'il le fera tout à
l'heure.
En ce qui concerne la mise en application de la loi, le corps principal
de la loi, est-ce que, pour ma gouverne personnelle, vous pouvez me dire s'il y
a des articles de la loi qui, actuellement, ne sont pas en vigueur et qui vont
entrer en vigueur ces prochains mois ou dont vous attendez, en tout cas,
l'entrée en vigueur?
M. Pepin: Une des prévisions était que l'ensemble
de la loi entrait en vigueur le 1er juillet, sauf que, dans les jours qui ont
précédé le 1er juillet, le gouvernement a reporté
d'une autre année l'application des articles 69 et 70 qui obligent les
organismes qui s'échangent des renseignements personnels à le
faire selon une procédure d'entente, lesquelles ententes sont soumises
à la commission pour avis, ensuite approuvées par le gouvernement
et déposées à l'Assemblée nationale. Cette partie
de la loi n'est pas en vigueur encore. L'obligation de faire des ententes
existe, mais l'obligation de les transmettre à la commission n'existe
pas encore.
L'autre article, c'est l'article 16 de la
loi, qui oblige les organismes à se doter d'un système de
gestion documentaire pour faciliter le repérage. Celui-là -
c'était déjà prévu dans le calendrier original
d'implantation de la loi - ne sera en vigueur que le 1er janvier 1986, je
pense.
M. Doyon: En ce qui concerne l'obligation de vous soumettre les
protocoles d'entente entre les organismes publics qui voudront
s'échanger des renseignements personnels, est-ce que votre commission a
été consultée préalablement à ce report de
l'application de ces articles?
M. Pepin: Pas formellement.
M. Doyon: Est-ce que votre commission s'était
préparée en fonction d'une mise en application de ces
articles-là pour le 1er juillet?
M. Pepin: Oui, nous souhaitions être prêts. La
préparation était, évidemment continue, autant pour ces
articles-là que pour tous les autres. Nous avons équipé
nos deux directions de personnel, au rythme où nous pouvons le faire
dans le cadre des contraintes que vous connaissez tous. Je pense que nous
aurions été prêts. Alors, ce report, ce délai
additionnel a fait que la commission s'est concentrée davantage sur
d'autres questions. C'est un peu comme ça aussi qu'un certain nombre de
postes ne sont pas encore comblés, parce qu'ils avaient
été réclamés en vue de cette fonction
particulière.
M. Doyon: Pour revenir au cas de la Curatelle publique, M. le
Président, vous avez eu des renseignements disant que nous pouvions en
discuter jusqu'à un certain point ou était-ce...
Le Président (M. French): Moi, M. le député,
n'étant pas avocat, j'ai cru bon de consulter la conseillère en
devoir à l'Assemblée nationale. Or, elle m'informe que la seule
limite, c'est l'article 35 de notre règlement qui dit que nous ne
pouvons pas "parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou un organisme
quasi judiciaire, ou qui fait l'objet d'une enquête, si les paroles
prononcées peuvent porter préjudice à qui que ce soit". Je
pense que, dans une procédure civile, en effet, il n'y a pas un
très grand danger. Alors, je pense que nous avons une liberté
assez large d'en parler.
M. Doyon: Merci, M. le Président.
M. Champagne: Moi, c'est une question d'information...
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne:... ou de directive. Je suis à me demander si
la mission ou la fonction des membres de la commission qui siègent ici
peut aller jusqu'à demander des informations des plus personnelles
à l'égard de certains dossiers. Moi, je voudrais savoir où
est notre limite. Si c'est de voir jusqu'à quel point un dossier est
rendu et qu'il y a des informations confidentielles, moi, je me dis: Est-ce que
c'est l'objet de notre commission ce matin? Je voudrais une directive de votre
part à ce moment-ci.
Le Président (M. French): M. le député,
jusqu'à ce que des renseignements de nature confidentielle soient
à la veille d'être révélés, je ne peux
prendre aucune mesure et je m'imagine mal comment cela pourrait se produire
ici. Nous ne demandons pas, après tout, de voir le document que,
d'ailleurs, le président ne peut...
M. Doyon: Ne connaît pas.
Le Président (M. French):... dévoiler de toute
façon parce qu'il ne l'a pas vu. Alors, il n'y a pas de renseignement
confidentiel qui risque d'être dévoilé ici. Je ne sais pas
si ça répond à votre question.
M. Champagne: D'accord. Mais, c'est parce que je voulais me
situer dans une espèce de cadre, parce qu'on pourrait prendre,
j'imagine, des cas qui peuvent être établis ici - chacun des cas
qui sont soumis à la commission - et poser des questions, comme une
espèce de tribunal. J'étais à me demander si
c'était l'objet de la démarche qu'on faisait ce matin, sans
vouloir peut-être restreindre quelqu'un dans des demandes de
renseignements. (12 h 45)
Le Président (M. French): M. le député, dans
la mesure où il ne s'agit pas de renseignements confidentiels, mais
plutôt si, oui ou non, on devrait parler de cas particuliers, je pense
que c'est assez établi devant les commissions parlementaires, que les
députés, que le président le veuille ou non, vont parler
de cas particuliers. C'est le cas pendant l'étude des crédits ou
à une autre occasion semblable. On ne peut pas empêcher un
député de soulever un cas, surtout s'il a quand même fait
un certain bruit, et qu'il est certainement très important pour l'avenir
de la commission.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. J'ai compris,
d'après vos paroles, qu'il est clair qu'il ne s'agit pas ici d'obtenir
des renseignements qui ne sont pas ou qui ne pourraient pas être
disponibles sans causer de préjudice à qui que ce soit. Je
comprends le mandat de cette commission comme visant à permettre
à la commission parlementaire
d'apprécier le travail accompli par la Commission d'accès
à l'information, ainsi que de pouvoir évaluer les
difficultés qu'elle rencontre dans l'exercice de ses fonctions.
C'est dans ce sens, je pense, qu'il est de notre devoir de ne pas passer
sous silence un certain nombre de choses, entre autres ce qui se passe au
niveau du rapport du Vérificateur général du Québec
pour ce qui est du placement des fonds qui sont sous la gestion de la Curatelle
publique.
Le Président (M. French): M. le député,
c'est le contrôleur des finances.
M. Doyon: C'est le contrôleur des finances. De ce
côté-là, j'aimerais savoir de votre part, M. le
président, où en est toute cette affaire au niveau des
procédures générales; est-ce que votre commission a eu
l'occasion de faire valoir son point de vue et quels sont les délais que
vous anticipez pour résoudre le conflit, le litige qui vous oppose en
tant que commission au ministre des Finances?
M. Pepin: Je peux faire un résumé très bref
de ce litige. Le litige porté à l'attention de la commission
était un litige classique, à savoir un citoyen qui veut obtenir
un document et un ministère qui le refuse en invoquant certains articles
de la loi. Lors de l'audition, le procureur du ministère des Finances a
fait valoir qu'il ne s'agissait pas d'un document détenu par un
organisme public, mais bien d'un document détenu par le ministre
à titre personnel. Le commissaire qui présidait l'audition, en
l'occurrence moi-même, a décidé qu'il s'agissait d'un
document détenu par un organisme public et en a demandé la
production.
C'est cette décision, cette ordonnance qui a été
contestée par un bref d'évocation devant la Cour
supérieure. La cause a été entendue en Cour
supérieure où les deux procureurs, celui de la commission et
celui du ministère des Finances, ont fait valoir leurs points de vue
respectifs, et le juge a pris la cause en délibéré.
J'avoue que je ne pourrais pas ajouter beaucoup.
Le Président (M. French): Vous ne pouvez pas?
M. Pepin: Ajouter beaucoup à ça.
M. Doyon: Pour bien situer toute l'affaire, est-ce qu'il est
exact, à votre connaissance, que le document en question, qui est en
litige, finalement, consiste en un rapport qui a été
préparé par le contrôleur des finances et que ce
contrôleur des finances a préparé ce rapport à la
suite d'une demande du ministre des Finances qui avait eu l'occasion
d'être saisi de certains problèmes au niveau de la gestion des
fonds à la Curatelle publique?
M. Pepin: C'est précisément là l'objet du
litige, M. Doyon, que le juge de la Cour supérieure devra trancher. En
présentant la question comme vous venez de le faire, vous soumettez
qu'il s'agit bel et bien d'un document détenu par un organisme public,
à savoir un ministère. C'est ce qui est contesté et c'est
ce qui sera décidé par un juge de la Cour supérieure.
Quand je disais que je ne peux pas ajouter davantage, c'est qu'une
première décision qui a été rendue, ça a
été de faire produire le document pour le commissaire de
façon à déterminer si c'est un document qui peut
être conservé confidentiel pour les motifs prévus dans la
loi. C'est cette étape qui a été contestée et c'est
rendu en Cour supérieure.
M. Doyon: C'est donc dire que vous, vous n'avez jamais eu ce
document en main, parce qu'avant qu'on vous le produise...
M. Pepin: C'est la juridiction de la commission qui a
été contestée.
M. Doyon: Et on en est là actuellement.
M. Pepin: C'est ça.
M. Doyon: Est-ce que vous considérez, personnellement, M.
le président - vous avez peut-être eu l'occasion de consulter vos
collègues là-dessus - que cette question, de la façon dont
elle sera résolue, aura une importance capitale sur la façon dont
s'orienteront ou devront s'orienter à l'avenir les décisions qui
seront prises par votre commission, compte tenu de la juridiction qui sera
considérée comme étant la sienne ou lui étant
étrangère?
M. Pepin: Je ne veux pas anticiper sur la décision du juge
de la Cour supérieure. Je peux répondre à votre question
en vous disant que la commission a pris toutes les mesures voulues pour bien
faire valoir son point de vue devant le juge qui aura à trancher le
litige. C'est une indication de l'importance que nous attachons à ce
problème.
M. Doyon: M. le président, au-delà de cette
décision du ministre des Finances de prendre un bref d'évocation
contre votre commission, finalement, est-ce que vous êtes au courant si,
au niveau des discussions ministérielles - si vous en avez
été informé d'une façon ou d'une autre - le
ministre des Finances considère ce document comme lui étant
destiné en propre pour son utilisation en tant que ministre des Finances
par un de ses fonctionnaires etc... Est-ce que
vous savez si le ministre qui est responsable de votre commission, le
ministre des Communications, a eu l'occasion de discuter de l'à-propos
de cette démarche du ministre des Finances au niveau du cabinet ou au
niveau de rencontres personnelles? Est-ce que vous avez déjà eu
l'occasion d'expliquer à votre ministre, le ministre des Communications,
le point de vue de votre commission à ce sujet?
M. Pepin: Non, je ne l'ai pas fait et je pense que M. Bertrand a
toujours pris soin de ne jamais intervenir sur les questions qui concernent le
rôle d'adjudication de la commission.
Le Président (M. French): II n'est pas, d'ailleurs, votre
ministre.
M. Pepin: En plus. Le ministre est responsable de l'application
de la loi et, en ce qui concerne la commission, responsable des crédits
qui sont votés. Alors, non seulement M. le ministre n'est pas intervenu
là-dessus - est-ce qu'il l'a fait auprès de son collègue
des Finances? Je n'en sais rien, il n'avait pas à me le dire - mais, en
ce qui nous concerne, nous, il n'y a pas eu de discussions avec lui
là-dessus.
M. Doyon: J'aurai d'autres questions plus tard, M. le
Président. J'aimerais peut-être laisser la place à
d'autres.
Le Président (M. French): Pour les quelques minutes qu'il
reste et pour reprendre cet après-midi, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je vous remercie, M. le Président.
Protection des documents d'archives
M. le député de Louis-Hébert a déjà
posé plusieurs questions. Je voudrais, M. Pepin, attirer votre attention
sur la page 16 de votre rapport dans laquelle vous faites des commentaires,
d'abord, généraux et, ensuite, spécifiques sur la question
des archives. Je trouve que cette question est intéressante pour nous en
commission parlementaire dans notre rôle de législateurs puisque,
si j'ai bien compris, vous signalez ce qu'on pourrait considérer comme
des lacunes dans la loi 3. Vous dites: "Le projet de loi 3 semble multiplier
les intervenants dans le domaine des archives puisqu'en même temps qu'il
fait disparaître l'institution des archives nationales et du conservateur
de ces archives il prévoit une conservation des archives par des
instances diverses. Bien que cela puisse faire craindre des difficultés
accrues d'accessibilité à ces documents étant donné
leur dispersion, la Commission d'accès à l'information ne croit
pas fondé de dénoncer globalement cette mesure. " Fin de la
citation, M. Pepin. Je prends bonne note que la Commission d'accès
à l'information ne croit pas fondé de "dénoncer
globalement" cette mesure, mais je me demande avec quel adverbe il conviendrait
de la dénoncer.
Vous pouvez prendre note de cela et je vais continuer, si vous me le
permettez.
Vous ajoutez: "De façon générale, il sera donc
important que le ministre des Affaires culturelles veille à inclure dans
la liste de classement de ces documents les documents qu'il aura confiés
à un dépositaire, d'une part, et que des mesures soient prises
pour que l'accès réel à ces documents, quel que soit
l'endroit où ils se trouvent, soit assuré et ceci en ayant
recours, le cas échéant, à des ententes avec les
institutions dépositaires, tel que prévu à l'article 172
de la loi 65. " Et là, vous ajoutez ceci qui est assez clair, il me
semble: "La Commission d'accès à l'information s'inquiète
davantage des dangers que représente la multiplication des intervenants
pour la protection des renseignements personnels impliqués et rappelle
à cet égard que la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels couvre
bel et bien les documents d'archives. Comme les commentaires spécifiques
qui suivent le démontreront, le projet de loi 3 semble parfois oublier
cette prémisse. "
Je voudrais d'abord vous demander, M. Pepin, comme je l'ai
déjà fait, quelle serait la modalité précise de la
dénonciation que vous seriez prêt à faire. Quel est
l'adverbe que vous emploieriez? Je voudrais vous demander aussi s'il n'y a pas
matière à inquiétude non seulement quant à
l'accès aux documents d'archives, quant à la protection des
renseignements personnels qui sont dans les documents d'archives, mais -
là, ce n'est peut-être pas tout à fait votre domaine, mais
cela y est relié de très près - si vous ne seriez pas
inquiet aussi quant à la protection des documents d'archives
eux-mêmes. Autrement dit, étant dispersés, relevant d'un
plus grand nombre d'autorités différentes, est-ce qu'on ne peut
pas craindre que la protection des documents eux-mêmes soit moins
efficace, moins rigoureuse?
Il me semble que, si c'est le cas, ce problème pourrait
être assez grave parce que nous avons connu, au Québec, des pertes
de documents d'archives, dans certains cas, très graves. Il est bien
entendu que, s'il y a des documents qui se perdent, cela a des implications
directes sur l'accessibilité de ces documents. M. de La Palice ne dirait
pas autrement. S'il se perdent en ce sens que quelqu'un met la main dessus, il
y a un danger très réel aussi non seulement en ce sens qu'ils ne
sont plus disponibles pour le public mais que les renseignements personnels
qui s'y trouvent sont entre les mains de ceux qui auraient
chapardé ces documents. C'est là-dessus, M. Pepin, que je voulais
connaître vos sentiments.
M. Pepin: Pour situer ma réponse, je veux d'abord rappeler
que l'objectif de la commission, en soumettant ces avis aux législateurs
avant même que la loi soit adoptée, à une étape
intermédiaire, c'est de faire ressortir, de rappeler le caractère
prépondérant de la loi sur l'accès. Lorsqu'une loi
sectorielle comme la Loi sur les archives contient des propositions qui
risquent de devenir en conflit avec la loi 65 qui a un caractère
prépondérant ou même, plus qu'en conflit, qui risquent d'en
atténuer la portée, nous avons estimé et nous estimons
encore que c'est notre devoir d'alerter le législateur
là-dessus.
Dans le cas des archives, il y a un certain nombre de problèmes
qui nous préoccupaient. Ils sont tous listés ici et notamment
celui-là: de s'assurer que les distinctions que fait la Loi sur les
archives dans le mode de conservation des documents n'aient pas pour effet de
les soustraire, finalement, aux précautions qui sont prises dans la loi
d'accès pour l'accès à ces documents, d'en soustraire une
partie ou encore de libérer une partie des renseignements personnels qui
sont protégés tant que le document est actif dans un organisme et
qui cesseraient de l'être une fois qu'ils deviendraient partie de
l'archivage public.
C'était cela qui était notre objectif. J'avoue
moi-même que le mot "globalement", je m'en souvenais moins que vous, mais
j'ai trouvé la réponse plus loin. On indique à plusieurs
endroits pourquoi certaines mesures nous paraissent fort à point, mais
il y avait ce problème de la multiplicité des intervenants.
Je vous donne un exemple. La loi sur l'accès ne fait pas de
distinction entre un document actif et un document inactif ou un document
archivé. Techniquement, un citoyen, en 1984, peut avoir le goût de
consulter un document qui a été publié en 1884. Mais avec
un autre régime de conservation prévu ici, qui est
différent de celui sur l'accès, nous attirions l'attention des
législateurs sur le danger qu'il y ait disparition, comme vous dites, de
documents, d'une part, ou encore qu'il n'y ait pas possibilité de les
retrouver parce que les archives peuvent être confiées à
des tiers. C'était cela qui était notre préoccupation: de
faire en sorte que les deux lois s'harmonisent.
Il y a une troisième préoccupation que je pourrais
ajouter, c'est que ce sont les mêmes organismes qui ont l'obligation
à la fois de faire en sorte que la loi 65 soit appliquée
correctement chez eux et de faire en sorte que la Loi sur les archives soit
appliquée correctement chez eux. Vous comprendrez que, s'il s'agit d'une
municipalité, par exemple, ou même d'un ministère, cela
peut causer des problèmes, un peu, au responsable s'il a deux
instructions parallèles et différentes. C'était l'objectif
de notre intervention à cette étape du processus
législatif.
Le Président (M. French): Là-dessus, le
député de Deux-Montagnes conserve toujours son droit de parole,
mais la commission de la culture suspend ses travaux jusqu'à 15 heures
cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 7)
Le Président (M. French): La commission permanente de la
culture reprend ses travaux, l'étude du rapport annuel de la Commission
d'accès à l'information. La parole était à M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Pepin: M. le Président.
Le Président (M. French): Oui, M. le président de
la commission.
M. Pepin:... j'ai hâte d'entendre les questions du
député de Deux-Montagnes, mais je me demande si vous me
permettriez d'apporter une précision à une réponse que
j'ai donnée auparavant à une question de M. Doyon.
Le Président (M. French): Certainement.
M. Pepin: M. Doyon m'a demandé si la commission avait
été consultée sur le report par décret de
l'application des articles 69 et 70 de la loi, et je lui ai répondu
formellement non, ce qui est exact. Cependant, j'aurais dû ajouter que le
ministre des Communications avait soumis à la commission un projet de
décret pour avis, lequel prévoyait des mesures temporaires
d'acheminement des projets d'ententes pour la période qui allait du 1er
juillet 1984 au 1er juillet 1985. La difficulté était que, du
jour au lendemain, la loi s'appliquant, les échanges qui existaient soit
devenaient illégaux soit devaient cesser. Donc, il y avait une
procédure temporaire qui était proposée. La commission a
donné un avis sur cette procédure temporaire, sauf qu'elle n'a
jamais eu à donner un avis sur le report tout simplement par
décret de l'application de la loi. Je tenais à apporter cette
précision. L'avis de la commission a été donné le
26 juin 1984, et cela me fait plaisir de vous le déposer si cela peut
éclairer davantage la
commission.
Le Président (M. French): Merci, M. le
président.
Alors, M. le député.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne pense pas qu'il soit
nécessaire d'entrer dans tous les aspects que la Commission
d'accès à l'information a soulevés par rapport à la
loi 65 et à la loi 3 dans le domaine des archives. Le rapport de la
commission, comme je le rappelais ce matin, est explicite à ce sujet et
il contient des commentaires généraux et des commentaires
spécifiques sur une série d'articles de la loi 3.
Ce que je voudrais demander à M. Pepin, c'est s'il
considère qu'il serait opportun de légiférer de
façon à harmoniser la loi d'accès à l'information
gouvernementale et de protection des renseignements personnels et la Loi sur
les archives. C'est ce que son rapport indique. Alors, je voudrais lui demander
s'il est toujours de cet avis. Je suppose que, s'il est de cet avis, il
considère que l'harmonisation doit se faire dans le sens d'une
adhésion plus serrée aux prescriptions de la loi 65.
M. Pepin: Je vais d'abord préciser, M. de Bellefeuille -
j'aurais peut-être dû le faire plus tôt - que cet avis de la
commission a porté sur un projet de loi, lequel projet de loi fut,
évidemment, débattu par la suite en commission parlementaire,
notamment, et à l'Assemblée nationale même. Il a fait
l'objet de modifications. D'ailleurs, notre avis précise que ce projet
de loi a fait l'objet d'une réimpression. Plusieurs des objectifs que
nous signalions dans cet avis transmis aux parlementaires ont été
retenus, effectivement. Il y a eu des gestes de posés par le ministre
qui parrainait cette loi précisément en vue de l'harmoniser
davantage avec la loi 65. Il reste peut-être encore certaines zones
où, à l'application, on verra s'il y a encore lieu de faire des
modifications. Mais je ne saurais vous répondre de façon plus
précise que cela puisque autant la Loi sur les archives que la loi sur
l'accès à l'information gouvernementale constituent en soi deux
réformes assez fondamentales qui concernent la gestion des documents, et
je crois que c'est à l'usage qu'on pourra peut-être intervenir de
nouveau.
Je dois dire là-dessus que la Commission d'accès à
l'information a le mandat dans la loi de saisir l'Assemblée nationale de
toute modification qu'elle juge à propos après un délai de
cinq ans. C'est une obligation. Jusqu'ici, j'estime qu'il est trop tôt
pour tirer des conclusions notamment dans la comparaison de ces deux lois qui
sont toutes les deux assez nouvelles et qui constituent, dans un cas, une
refonte d'une loi existante et, dans l'autre cas, une nouvelle obligation pour
les organismes. Je crois qu'il y a eu un effort considérable qui a
été accompli à l'étape de la commission
parlementaire qui a étudié la Loi sur les archives pour,
justement, faciliter cette harmonisation.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je pense que M. Pepin
apporte une réponse très intéressante aux questions que
j'ai posées, mais, vu la nature de sa réponse, j'aimerais lui
demander d'être plus précis. Puisque votre rapport, M. Pepin,
contenait des commentaires spécifiques sur les articles 6, 9, 11, 14,
21, 23, 43, 30 et 71 dans quels cas est-ce que l'harmonisation dont vous parlez
a été faite, dans quelle mesure a-telle été faite
dans chacun des cas et par quel moyen et dans quels cas l'harmonisation
reste-t-elle encore à faire?
M. Pepin: J'aimerais vous apporter une réponse aussi
précise que votre question, M. le député. Malheureusement,
je ne suis pas en mesure de le faire. Je n'ai pas avec moi l'analyse
précise de l'évolution de la Loi sur les archives à la
suite de cet avis. C'est une analyse que nous pourrions faire, bien sûr,
mais malheureusement, je ne l'ai pas avec moi. À moins que mes
collègues n'aient des choses à ajouter là-dessus...
Mme Giroux: J'ajouterais peut-être, M. de Bellefeuille, que
ce bilan, justement, de ce qui a été fait de nos commentaires
avant la réimpression du projet de loi, il a été fait
à l'intérieur de la commission et, si vous le souhaitiez, le
document est disponible pour vous. Mais nous n'avons pas de mémoire le
bilan précis de ce qu'il est advenu de nos différents
commentaires.
M. de Bellefeuille: Vous me dites, madame, que vous avez ce bilan
dans les documents de votre commission.
Mme Giroux: Effectivement.
M. de Bellefeuille: Bon! Est-ce que ces documents, M. le
Président de la commission de la culture, pourraient être mis
à la disposition des membres de la commission de la culture?
Le Président (M. French): Certainement, certainement. Ces
documents, d'ailleurs, si j'ai bien compris ce dont on parle, ont
déjà été émis à l'Assemblée
nationale.
M. Pepin: Non. L'avis a été émis, mais
l'analyse, par la suite...
Le Président (M. French): Ah!
M. Pepin:... de ce qui en a résulté existe chez
nous, mais, malheureusement, je ne peux pas vous en détailler le contenu
de mémoire, comme ça.
Le Président (M. French): Je pense que je peux parler pour
la commission, M. le député de Deux-Montagnes, et vous dire que
la commission est d'accord pour que ces documents soient distribués aux
membres de la commission.
M. de Bellefeuille: M. le Président, les mots
"président" et "commission" sont toujours pleins de confusion.
Le Président (M. French): Difficiles.
M. de Bellefeuille: M. le Président de la commission de la
culture, j'aimerais que l'étude dont il vient d'être question et
qui a été faite par la Commission d'accès à
l'information soit effectivement distribuée aux membres de la commission
de la culture...
Le Président (M. French): Oui.
M. de Bellefeuille:... afin que la commission de la culture, en
séance de travail, puisse porter son propre jugement sur la question de
savoir si, comme législateurs, nous voulons recommander qu'un nouveau
travail d'harmonisation soit fait entre la loi 65 et la loi 3.
Le Président (M. French): M. le député,
libre à vous de le suggérer. La commission prend bien note de vos
suggestions. D'autres questions, M. le député?
M. de Bellefeuille: Non, c'est tout, M. le Président.
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles.
Protection de la vie privée
M. Champagne: Merci beaucoup, M. le Président. Je veux
remercier les membres de la Commission d'accès à l'information de
s'être présentés devant notre commission parlementaire.
Voici ce que j'ai remarqué. On parle souvent d'accès à
l'information, mais votre commission a quand même un deuxième
mandat qui est la protection de la vie privée.
M. Pepin: Oui.
M. Champagne: Je pense qu'on n'en parle peut-être pas
assez. Je pense que les droits individuels intéressent tout le monde, la
protection de la vie privée également. C'est sûr qu'on a
droit à une information. À certaines occasions, je pense qu'il y
en a qui en font des abus.
Je voudrais savoir comment vous partagez jusqu'à un certain
point, votre travail afin de promouvoir, justement, l'accès à
l'information et, d'autre part, comment aussi dans votre travail vous arrivez
ou quel est le mécanisme que vous employez pour protéger la vie
privée. Je veux dire: Comment cela fonctionne-t-il à votre bureau
avec ces deux éléments à la fois, à savoir qu'on
veut être très informé et qu'on dit: Ne touchez pas
à la vie privée? Etes-vous un protecteur du citoyen dans ce
sens-là?
M. Pepin: M. le député, la loi stipule que la
commission a le mandat à la fois d'appliquer le volet de la loi qui
touche l'accès aux documents des organismes publics et également
de protéger les renseignements personnels qui sont détenus dans
les fichiers des organismes publics. Je dois vous dire que, jusqu'ici, depuis
le début de l'exercice de notre mandat, nous avons consacré
peut-être 80% à 90% de nos énergies au volet de la
protection des renseignements personnels. Pour une raison bien simple, c'est
que la commission, dans ce volet de son mandat, a une mission administrative.
Elle doit, par exemple, recevoir les déclarations de fichiers de
renseignements que détiennent les organismes. C'est ce que j'indiquais
un peu plus tôt. Nous avons dû préparer ce formulaire de
déclaration. La commission a également le mandat d'autoriser les
transferts de renseignements entre un organisme public et un organisme
privé de recherche, par exemple. De même, elle a la mission de
donner des avis favorables ou défavorables pour des transferts de
renseignements entre organismes publics. Pour y arriver, nous avons
examiné de très près toutes les implications de ce mandat
et nous avons établi une grille d'évaluation de ce qui nous
paraît acceptable et de ce qui ne nous paraît pas acceptable dans
les échanges de renseignements entre organismes. C'est cette brochure
qui a été distribuée à l'ensemble des organismes
publics.
Alors, quand vous me demandez ce que nous faisons chez nous, à la
commission, pour vraiment nous acquitter de ce mandat, il y a ce volet de
renseigner les organismes sur leurs devoirs, sur les obligations qu'ils ont
à l'endroit de la commission. Nous avons également, par tous les
moyens mis à notre disposition, accepté d'aller sur de nombreuses
tribunes, autant mes collègues commissaires que moi-même et
d'autres membres du personnel de la commission, pour expliquer à
l'ensemble du public l'essence, le fondement de cette réforme et la
protection nouvelle qu'accorde la loi aux individus. Je vous donne un exemple.
La semaine dernière ou il y a deux semaines, je suis allé
à l'Université du Québec à Montréal; 400
personnes m'ont
interrogé pendant trois heures sur les effets de cette
réforme sur la protection de la vie privée. C'est le type
d'effort que nous faisons actuellement pour faire ressortir ce volet vie
privée que nous estimons, nous aussi, extrêmement important.
Il y a, d'autre part, dans notre mandat d'adjudication, l'obligation que
nous avons de départager les deux droits lorsqu'ils sont encollision, et cela arrive assez fréquemment. Lorsque quelqu'un veut
avoir accès à un document et que quelqu'un d'autre refuse de le
donner en invoquant la protection de la vie privée, il appartient
à la commission de déterminer lequel des deux droits a
préséance à la lumière des prescriptions de la loi.
C'est une caractéristique différente de la loi
québécoise par rapport à l'ensemble des organismes que je
connais en Occident là-dessus. Ailleurs, on a deux organismes
indépendants, l'un qui s'occupe de l'accès à l'information
et l'autre qui s'occupe de la protection de la vie privée, qui peuvent
très facilement et très fréquemment rendre des
décisions qui sont contraires, contradictoires, et là, il faut
ensuite remonter au processus judiciaire pour essayer de tirer cela au clair,
tandis qu'ici, au Québec - et c'est une des caractéristiques de
la loi québécoise qui suscite beaucoup d'intérêt
dans d'autres juridictions - nous devons nous réconcilier
nous-mêmes avant de dire aux citoyens quel droit, dans cette
circonstance, doit l'emporter sur l'autre.
M. Champagne: Très intéressant comme
éclairage. On parle trop souvent, hélas, de l'accès
à l'information comme si c'était un droit... Bien sûr,
c'est un droit fondamental, d'accord, mais je pense qu'il y a une limite
à tout cela. Je suis content de voir que 80% de votre travail se fait
pour la protection de la vie privée.
J'arrive à un débat très chaud actuellement au
sujet de la loi sur l'adoption. Actuellement, il y a deux groupes de parents.
Des enfants se disent: Moi, je voudrais connaître mon père, mes
parents biologiques. Il y a présentement un débat public
très émotif à ce sujet; j'ai vu une émission
à la télévision et j'ai été surpris de
constater les antagonismes qu'il y avait dans cette discussion et tout
l'élément émotif.
J'aimerais savoir quelle est votre position face à la loi sur
l'adoption, qui a un caractère de confidentialité, j'allais dire
très hermétique, face à la demande de certains enfants qui
voudraient connaître leurs parents biologiques. J'ai reçu des
parents -je ne sais pas si c'est d'adoption ou des parents adoptifs, qui ont
adopté des enfants - qui trouvaient qu'il y a des enfants ou des gens
dans la société qui ont une curiosité a la fois
légitime et morbide jusqu'à un certain point. Morbide,
peut-être pas dans le sens péjoratif du mot, mais cela n'aboutit
à rien.
Ces parents ont accepté de prendre un enfant à charge
simplement parce qu'on voulait aussi qu'il y ait une très grande
confidentialité.
La question que je pose est la suivante: Est-ce que vous avez eu
à traiter de ces cas et comment les traitez-vous?
M. Pepin: Je crois que vous apportez un très bel exemple
de la contradiction entre deux droits: le droit de savoir, d'une part, et
l'obligation de se taire, d'autre part.
Dans le cas que vous évoquez, je dois, d'abord, peut-être
vous éclairer en vous disant que la loi sur l'accès
prévoit que, pendant une période de deux ans, les dispositions
législatives qui sont contraires à la loi sur l'accès
continuent de s'appliquer jusqu'à ce que le législateur en
décide autrement. Nous avons l'obligation de faire une recommandation au
législateur en ce qui concerne les dispositions qui sont contraires
à notre loi, au principe de la loi sur l'accès, qui sont en
vigueur présentement de façon à harmoniser l'ensemble
à une date ultérieure.
Les lois qui régissent le régime d'adoption
présentement sont, dans certains de leurs éléments,
contraires à des dispositions de la loi sur l'accès. Nous les
avons repérés, évidemment; la commission n'a pas encore
fait de recommandations. Elle a l'obligation de consulter les personnes
intéressées. Ce n'est pas toujours facile d'identifier qui est la
personne intéressée, mais, en fait, c'est le grand public, si on
veut. Nous n'avons pas de position arrêtée là-dessus, mais
c'est un des problèmes qui sont difficiles.
Peut-être que ma collègue, Mme Giroux, pourrait ajouter
quelque chose parce que nous nous sommes partagé certains dossiers et
elle connaît celui-là beaucoup mieux que moi.
Le Président (M. French): Mme Giroux.
Mme Giroux: Merci. Je pense que M. Pepin a tout à fait
raison de dire que, dans ces lois relatives à l'adoption, il y a
certaines dispositions qui sont contraires à certaines des dispositions
de la nôtre. Là-dessus, la commission a, jusqu'à
maintenant, dit, sinon pris position formellement, que les attentes qui avaient
été suscitées par la loi d'accès chez les
différents groupements qui veulent promouvoir les droits des
adoptés n'étaient peut-être pas susceptibles d'être
satisfaites autant qu'on l'avait cru. Je vous donne un exemple: un des grands
problèmes qui caractérisent, si on veut, le secret des dossiers
de l'adoption, c'est, entre autres, le fait qu'il y a dans ces
dossiers-là des renseignements nominatifs sur les parents, sur la
mère. Or, la loi d'accès contient, au niveau de l'accès
aux renseignements personnels, une exception importante qui est
celle des renseignements personnels sur d'autres personnes.
Là-dessus, sans prendre position sur l'ensemble du débat, la
commission n'a pas fui les occasions de clarifier les choses et de
préciser qu'il ne faut peut-être pas croire que la loi
d'accès règle tous les problèmes parce que, justement, par
le fait qu'en demandant accès aux dossiers d'adoption on peut vouloir
avoir accès aux renseignements concernant la mère, la loi
d'accès ne permet pas un tel accès.
La commission en a profité à ce moment-là pour dire
que, comme M. Pepin vient de le dire, lors de l'opération
révision des dispositions inconciliables, ce sera une occasion tout
à fait en or pour rouvrir peut-être ce débat qui a fait
l'objet de nombreuses discussions au moment de la réforme du Code civil
en 1981-1982, mais qui si on en juge par les mouvements, les débats qui
continuent d'exister, n'a peut-être pas été résolu
complètement. Là-dessus, la commission a bien ouvert la porte
à une discussion au moment de la révision des dispositions
inconciliables.
M. Champagne: Mais si un parent biologique veut absolument savoir
où est rendu son enfant et qu'il s'adresse chez vous... J'imagine,
d'abord, qu'ils vont s'adresser chez vous, à l'accès à
l'information, parce que c'est un petit peu du domaine public.
M. Pepin: Ils s'adressent à l'organisme qui détient
le dossier.
M. Champagne; À Montréal, ce sont les CRSSS qui ont
ça?
M. Pepin: Les centres de services sociaux.
M. Champagne: Les centres de services sociaux. Oui, mais si la
personne s'adresse là et qu'elle n'a pas gain de cause, elle peut aller
chez vous, à l'accès à l'information.
M. Pepin: Oui.
M. Champagne: D'accord. Quelle recommandation faites-vous
à ce moment-là? Est-ce ce que vous venez de donner comme
réponse ou avez-vous des pouvoirs je ne veux pas dire d'injonction...
Êtes-vous capable de dire oui ou non? Vous êtes en discussion quand
même avec la personne ou l'organisme en question.
Mme Giroux: Je pense que la réponse que la commission
devrait donner, si tel était le cas - on n'a pas eu encore ce genre de
problème - c'est exactement la même, finalement, qu'on a pour
toute autre demande qui nous est soumise actuellement, à savoir qu'en
plus des dispositions de la loi d'accès il peut y avoir des dispositions
des lois sectorielles qui sont concernées par une demande
d'accès. Et comme la loi d'accès, qui a un caractère
prépondérant, fait tout de même subsister les dispositions
inconciliables pendant deux ans, pendant cette période de deux ans la
commission est toujours obligée d'aller voir dans les lois sectorielles
s'il y a des dispositions qui sont pertinentes et qui seraient
prépondérantes sur notre loi pour l'instant.
Je pense que, dans un cas comme celui-là, la commission serait
nécessairement obligée de regarder les dispositions du nouveau
Code civil qui régissent la confidentialité du dossier de
l'adoption dont je ne connais pas les détails ici et d'apprécier
vraiment ces dispositions à la lumière des nôtres avant de
statuer, ce qu'elle fait dans d'autres domaines; dans le domaine municipal, par
exemple, ça arrive assez fréquemment. (15 h 30)
M. Champagne: Je voulais traiter d'un autre sujet, mais le
député de Deux-Montagnes en a parlé, des archives. Est-ce
que vous avez eu, quand même, des municipalités et des corps
publics qui n'ont pas voulu rendre publics ou déposer aux archives, au
ministère des Affaires culturelles, des documents? Vu que
dorénavant on doit le faire, est-ce que vous avez des résultats?
Est-ce que les Affaires culturelles ont été
débordées? Moi-même, j'ai vu, à l'édifice des
archives, sur la rue Notre-Dame à Montréal, qu'il y avait des
centaines et des centaines de caisses qui n'étaient pas
cataloguées. Je me demande si le fait qu'on "oblige" actuellement fait
en sorte qu'il y a peut-être réticence ou qu'il y a bon aloi et on
y va. Quel est le résultat à la fin? Je ne sais pas. Bien
sûr que je devrais adresser cela aux Affaires culturelles.
M. Pepin: C'est ce que j'allais vous dire, M. Champagne. Je ne
suis pas en mesure de répondre à votre question parce que, bien
que nous soyons très sensibles, quand même, au sort qui est fait
à tous les documents détenus par les organismes, autant ceux qui
ont atteint l'étape de l'archivage que ceux qui sont des documents
administratifs courants, nous n'avons pas de rapport chez nous, nous n'avons
pas fait d'enquête à cet effet et je ne suis pas en mesure de
répondre à votre question précise, à savoir si les
municipalités résistent ou non aux prescriptions de la Loi sur
les archives. Je peux vous dire, par ailleurs, que le monde municipal, comme je
le disais ce matin à M. Doyon, est très concerné par notre
loi, la loi sur l'accès. Jusqu'à présent, je n'ai pas
à déplorer de la part des municipalités, du moins de
celles avec qui nous avons eu affaire, de résistance
particulière. Au
contraire, je pense qu'il y a un effort sensible qui se fait pour
adapter les méthodes de gestion aux nouvelles exigences de la loi.
M. Champagne: Merci beaucoup.
Le Président (M. French): Merci, M. le
député. Y a-t-il d'autres questions? M. le député
de Louis-Hébert.
Effet des avis de la CAI
M. Doyon: Merci, M. le Président. Un des devoirs
importants qui nous concerne plus particulièrement comme parlementaires,
ce sont les avis que vous donnez à l'Assemblée nationale sur les
projets de loi qui sont déposés et aussi sur la
réglementation ministérielle. Est-ce que vous êtes en
mesure de nous dire, M. le président de la Commission d'accès
à l'information, si vous faites, après coup, une analyse des
changements qui sont ou ne sont pas apportés aux lois à la suite
des avis que vous avez déposés? Est-ce qu'il y a eu des
modifications? Est-ce qu'il y a eu des améliorations ou si vous avez
fait des suggestions de changements d'importance qui auraient pu rendre les
projets de loi conformes aux dispositions de la loi d'accès à
l'information?
M. Pepin: Oui. Cette analyse est faite, évidemment, mais
vous êtes plus familier que moi encore avec le processus parlementaire.
Vous savez qu'un projet de loi peut être modifié très
rapidement et très substantiellement à diverses étapes du
processus législatif. Il y a plusieurs modifications qui sont
apportées parfois pour des motifs tout à fait différents
de ceux pour lesquels nous avions invoqué, dans notre argumentation, une
modification suggérée. Cette étude est faite. Tout
à l'heure, on a convenu de remettre aux membres de la commission
l'examen que nous avons fait de la Loi sur les archives par rapport aux avis
que nous avons donnés. Certains projets ont été
modifiés en accord avec les suggestions de la commission. D'autres l'ont
été en partie seulement. D'autres ne l'ont pas été
parce que le ministre a rejeté les arguments de la commission en
convainquant les parlementaires que nous n'avions pas tout à fait
raison. Je ne pourrai pas vous donner une réponse globale, mais, de
façon générale, les avis sont bien accueillis et je crois
qu'ils ont été utiles aux parlementaires.
Le problème qui se pose, évidemment -l'an dernier,
à la dernière comparution de la commission, il en fut abondamment
question - c'est à quel moment du processus parlementaire la commission
doit-elle intervenir pour être le plus efficace possible? Comme vous le
savez, lorsqu'un projet de loi est déposé, il a
déjà subi de nombreuses étapes antérieures. La loi
devient officielle, mais son étude, son examen, sa justification devant
le Comité de législation et devant divers autres comités
est déjà complété. Il arrive que des
ministères plutôt, nous soumettent à l'avance des
problèmes en nous disant: Nous, on veut résoudre tel genre de
difficulté; est-ce que ce serait conforme aux exigences de la loi
d'accès? Selon l'avis informel qu'on leur donne, ils vont ajuster leur
projet aux exigences de notre loi. Dans ces cas-là, évidemment,
ils suivent nos propositions, mais sans que cela paraisse nulle part. C'est
pour cela que la réponse à votre question est
nécessairement mitigée. L'influence de la commission est
présente dans les textes qui sont finalement adoptés. Mais est-ce
qu'on peut la quantifier en pourcentage? Ce n'est pas toujours aisé.
M. Doyon: En partant de projets de loi qui sont adoptés,
qui ont été sanctionnés, est-ce que vous avez fait une
analyse de ce que votre commission pourrait considérer comme
étant des dispositions dérogatoires à ce que vous pensez
être des exigences de la loi qui vous gouverne, vous autres?
M. Pepin: Par exemple, il y a des avis de la commission qui
portent non pas sur la dérogation, mais sur ce que nous appelons la
non-pertinence d'apporter une dérogation. En ce qui concerne, par
exemple, les échanges de renseignements personnels entre organismes
publics, la loi 65 prévoit un régime uniforme et universel pour
régir ces échanges, qui consiste à faire une entente,
à soumettre ce projet d'entente à la commission, laquelle donne
un avis favorable ou défavorable. Le gouvernement l'entérine par
décret et le dépose à l'Assemblée. C'est la
règle générale.
Certains organismes ou certains ministères, par exemple, dans
certaines lois -il y a une loi qui vient d'être déposée qui
emprunte le même chemin - disent: Malgré la loi d'accès, il
y aura des échanges. Malgré la loi d'accès, cela veut dire
qu'il y aura des échanges, mais sans entente. Nous nous opposons non pas
parce que l'échange en question n'est pas fondé, n'est pas
nécessaire, n'est pas utile, n'est pas justifié, mais parce que
c'est une exception à la règle générale. C'est
arrivé, dans certains cas que, parce que nous n'étions pas contre
le principe, on a aussi dérogé à la procédure. Cela
s'est produit.
M. Doyon: En fait, ce que vous contestez, à ce moment,
c'est l'opportunité de ne pas se conformer à la règle
générale qui est établie dans la loi sur l'accès
à l'information.
M. Pepin: Absolument.
M. Doyon: D'une façon plus pratique, est-ce
qu'actuellement tous les postes qui sont autorisés par le Conseil du
trésor - il y en a, d'après ce que je comprends, une trentaine,
29 - sont comblés ou s'il reste des postes vacants?
M. Pepin: II y en a 24 de comblés.
M. Doyon: II y en a 24 de comblés. En ce qui concerne les
demandes d'opinions juridiques - on en avait discuté lorsque vous
êtes venu la dernière fois devant cette commission parlementaire -
qui vous parviennent d'organismes, de personnes, d'individus, de particuliers,
est-ce que vous avez toujours gardé la même ligne de conduite,
c'est-à-dire que vous n'étiez pas là pour donner des
opinions juridiques motivées, privées, sur demande? Vous
référiez plutôt les gens à une interprétation
venant de cabinets d'avocats de la loi qui est là pour tout le monde et
qui peut être interprétée par les gens dont c'est la
spécialité, et vous réserviez les conseillers juridiques
qui étaient à l'emploi de la commission pour guider plutôt
la commission dans son travail.
M. Pepin: Nous n'avons pas modifié, M. Doyon, notre
politique là-dessus qui est celle, comme je le disais dans mes remarques
préliminaires, de répondre avec égard à ces
demandes, mais sans nécessairement fournir une opinion juridique
formelle et définitive. Cela n'exclut absolument pas des efforts
soutenus de la part de notre service juridique pour essayer d'éclairer
le plus possible ceux qui demandent l'assistance de la commission. Mais dans
certains cas, si je prenais, par exemple, la question de M. le
député Champagne, tout à l'heure, il est bien
évident que si on demande à la commission un avis juridique
formel sur les lois qui régissent l'adoption comparativement aux lois
qui protègent la vie privée, et à celles qui
régissent l'accès aux documents, ce serait imprudent que la
commission s'engage d'avance et sans avoir un cas précis à
trancher sur une piste comme celle-là. Cela ne nous interdit pas de
rappeler à notre intervenant ou à notre interlocuteur les
diverses lois qui sont susceptibles d'être en conflit et les
problèmes juridiques que pose ce conflit. C'est ce que nous faisons.
M. Doyon: Pas d'autres questions. M. Pepin: Merci.
Le Président (M. French): D'autres questions? Mme la
députée de Dorion.
Mme Lachapelle: J'en aurais une toute petite. M. Pepin, c'est
ça? Je m'excuse. J'ai manqué un peu le début de la
commission. Il y a une petite question que je voudrais vous poser. On entend
souvent parler des listes noires des propriétaires sur les locataires.
Je me demandais si vos services iraient jusqu'à interdire les
renseignements qu'on accumule -les renseignements qui, d'après moi, sont
confidentiels - sur les locataires.
M. Pepin: Nos services pourraient, effectivement, intervenir si
ces listes étaient confectionnées par un organisme public et
distribuées par un organisme public, mais la commission n'a pas
juridiction sur les organismes privés. Les listes auxquelles vous faites
allusion, je pense, sont confectionnées à partir de
renseignements que s'échangent entre eux les propriétaires. Ce
que la commission a fait, de façon assez informelle et en toute bonne
entente avec la Régie des loyers, il y a déjà plusieurs
mois, elle a examiné ce problème-là et la Régie des
loyers elle-même a pris des précautions pour éviter que Ies
renseignements qui découlent des audiences devant la régie soient
la base de la mine de renseignements pour confectionner des listes. Il y a eu
une intervention de notre part là-dessus. La régie, je pense, a
essayé, dans la mesure où elle le pouvait, de corriger cela. Il y
a un autre problème qui se pose. C'est que les règles de
fonctionnement des tribunaux administratifs, comme le nôtre et celui de
la régie, prévoient que ces audiences sont publiques et que les
documents qui y sont déposés sont des documents publics, alors
que les règles de protection des renseignements personnels sont en
contradiction avec ce précepte. C'est un problème aigu auquel
nous essayons de trouver une solution présentement.
Mme Lachapelle: Je vous encourage à continuer.
Le Président (M. French): D'autres questions? M. le
député de Mille-îles.
M. Champagne: Oui, merci. Vous avez un avis sur le projet de loi
42, la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. Au
moment où on se parle, cette commission siège. Elle siège
depuis deux semaines et peut-être qu'elle en a encore pour deux autres
semaines. Vous faites une recommandation au sujet du libellé des
articles 46 et 47. On voit cela dans votre rapport à la page 18.
Avez-vous vérifié si, dans le nouveau projet de loi 42 qui est
à l'étude aujourd'hui même article par article, on a tenu
vos recommandations à la vue? Vous dites "et recommande en
conséquence au législateur de s'en tenir au texte de la loi
d'accès. " Vous qualifiez les articles 46 et 47 de redondants. Avez-vous
vérifié et quel serait peut-être cet amendement que vous
souhaitez?
M. Pepin: II y a eu, dans ce cas-là, je pourrais vous
dire, une intense vérification. Comme vous le savez, il y a eu un
nouveau projet de loi, à toutes fins utiles, avec une série assez
impressionnante d'amendements et la commission a repris son avis à la
lumière des nouveaux amendements. L'avis de la commission a
été déposé hier devant les membres de la commission
du travail et de la main-d'oeuvre, - je pense, que cela s'appelle ainsi -
devant les membres qui examinent ce projet de loi présentement. Les
corrections que nous demandions ont été faites en grande partie.
Il y a encore une difficulté que nous avons soulevée devant les
députés dans un avis écrit qui leur a été
transmis hier et qui sera transmis à tous les députés
aujourd'hui. Je pense que vous en aurez tous un exemplaire.
M. Champagne: D'accord. Merci beaucoup, M. Pepin.
M. Doyon: Simplement une petite question. Les organismes publics,
en général, ont l'obligation, si je comprends bien, en plus de
permettre l'accès selon certaines normes, etc., de permettre la
consultation sur place et d'avoir un endroit privilégié
réservé à cette fin selon certaines normes, etc. Avez-vous
eu l'occasion de faire une vérification ou est-ce que vous en êtes
rendu au niveau de l'inspection sur la mise en place de ces cagibis?
M. Pepin: Je me rappelle la question que vous me posiez, M.
Doyon, la dernière fois que je suis venu en commission parlementaire,
alors que j'ai un peu témérairement répondu qu'on devait
mettre à la disposition des citoyens un local. Or, c'était
peut-être de ma part du "wishful thinking". Mes conseillers m'ont
noté que la loi ne dit pas cela. La loi dit qu'on autorise les gens
à consulter sur place. J'en ai conclu - et je voudrais continuer de
conclure - que, si on peut consulter sur place, il faut qu'il y ait un endroit
pour consulter. (15 h 45)
Maintenant, nous n'avons pas fait de vérification, comme vous le
dites, de façon systématique, mais nous n'avons pas eu de
plaintes, non plus, là-dessus. Au contraire, nous avons eu l'occasion de
constater que, dans plusieurs endroits, effectivement, les citoyens sont fort
bien traités.
M. Doyon: Est-ce que vous considérez comme étant de
la compétence de votre commission, M. Pepin, au besoin de
vérifier s'il y a finalement un endroit? Comme vous le dites fort
justement, si on peut vérifier sur place, il faut qu'il y ait un endroit
quelque part pour le faire. Est-ce que vous considérez qu'il serait de
la compétence de votre organisme de faire certaines vérifications
à savoir comment cela se fait en pratique? Parce que, en fait, quand
vous me dites qu'il n'y a pas eu de plaintes à ce sujet-là, je
reconnais que c'est indicatif d'une certaine satisfaction, mais je ne pense pas
que cela soit totalement convaincant. D'après mon expérience
personnelle, je peux vous dire que c'est une affaire que de se rendre dans une
municipalité ou une communauté urbaine pour demander certains
renseignements ou documents qui sont parfaitement disponibles et d'être
obligé de les regarder dans la salle d'attente ou dans des endroits qui
ne sont pas tellement propices.
Est-ce que vous considérez que vous pourriez pousser votre
compétence jusqu'à vérifier vous-même, sans plainte,
proprio motu, et regarder comment cela se fait?
M. Pepin: Certainement que nous pourrions le faire. L'article 124
de la loi donne à la commission le pouvoir de surveillance de
l'application de la loi. Un des moyens d'appliquer la loi, c'est d'autoriser la
consultation sur place. Si, dans la pratique, cette consultation n'est pas
possible, soit parce que l'accueil est déficient, soit que les
facilités physiques sont inexistantes ou soit que l'on complique la vie
des gens qui veulent consulter pour une raison ou pour une autre, il est
évident que nous pourrions intervenir.
M. Doyon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. French): M. le président,
très brièvement, sur votre rôle comme intervenant officieux
par rapport à l'Assemblée nationale, mais néanmoins
important dans le processus législatif - je pense que je peux dire que
c'est officieux -est-ce que j'ai bien compris qu'en général votre
expérience est tout à fait satisfaisante?
M. Pepin: Elle est satisfaisante pour autant que les
communications, qui, jusqu'ici, sont écrites et officielles, de la
commission se rendent - je crois que c'est le cas -auprès des
parlementaires et que ceux-ci en tiennent compte. Je suis conscient que,
lorsque la commission, par exemple, soumet plusieurs avis, surtout en fin de
session, sur des projets de loi, ce n'est pas facile pour les parlementaires
d'en prendre rapidement connaissance et d'y réagir rapidement.
Peut-être que c'est un problème qui concerne davantage la
réforme des institutions parlementaires que notre propre commission.
Mais ce que nous avons adopté comme principe, c'est d'informer les
parlementaires chaque fois que nous estimons qu'il y a intérêt
pour eux à l'être.
Évidemment, nous ne voulons pas faire de discrimination et juger
à leur place, mais
nous ne voulons pas, non plus, vous inonder quotidiennement de rapports.
Nous essayons d'être un peu sélectifs. Cela étant, nous
avons opté pour renseigner tous les parlementaires sans distinction,
chaque fois que nous avons un avis susceptible de les intéresser.
Le Président (M. French): Oui, mais la question
n'était pas tout à fait cela. Je me suis mal exprimé. Le
gouvernement répond-il avec empressement, intérêt et
sérieux à vos interventions écrites, à vos
analyses, à vos conseils?
M. Pepin: Évidemment, quand un projet de loi est
déposé et formulé d'une certaine façon, c'est parce
que celui qui le dépose et celui qui le défend a des
intérêts. Il l'a rédigé de cette
façon-là parce que cela correspond à ses objectifs. Il est
évident que, même si la commission intervient et dit: Nous ne
partageons pas vos objectifs, cela ne signifie pas nécessairement qu'il
va changer d'idée le lendemain. Parce qu'il peut être convaincu
que ses intérêts sont prépondérants, sont plus
pertinents, que l'objectif qu'il vise est plus urgent que celui que la
commission peut viser. Là, il appartient aux parlementaires, s'ils
épousent l'opinion de la commission, de la faire valoir. La commission
n'est pas un membre de ce forum qu'on appelle l'Assemblée nationale.
Elle peut lui donner des avis et c'est tout.
Jusqu'ici, pour répondre de façon plus précise
à votre question, chaque fois que nous avons émis un avis -
là-dessus, je pense qu'il n'y a aucune exception - les responsables du
ministère concerné, au contentieux ou dans les services qui
pilotent ce projet de loi, ont toujours communiqué avec nous, ont
toujours demandé des renseignements additionnels, ont toujours
manifesté beaucoup d'intérêt à l'opinion que nous
leur donnions. Parfois, évidemment, ils maintenaient leurs positions
parce qu'ils estimaient qu'elles étaient plus conformes aux objectifs
que le ministre poursuivait, mais il n'y a pas eu indifférence, si vous
voulez, jusqu'ici.
Le Président (M. French): Mon expérience,
incidemment, là-dessus n'est pas que le ministre tienne tellement
à une formule en particulier, c'est que les administrateurs de son
ministère, parfois, se montrent plus préoccupés par ce qui
leur semble pratique, rapide et efficace que par les valeurs que vous avez
à défendre.
Je pense, en particulier, au règlement de la loi 27. Si j'ai bien
compris le rapport annuel, à deux ou trois exceptions près, vous
êtes tout à fait satisfaits de la version ultime, alors que la
première version - c'est moi qui ai pris l'initiative de vous envoyer la
première version - était écrite non pas de mauvaise foi,
mais dans l'ignorance totale du fait que la loi 65 existait. Le ministre
lui-même m'avait assuré à ce moment-là que
c'était conforme à la loi 65, alors qu'il était
très évident que ni lui ni ses fonctionnaires ne savaient ce qui
était dans la loi 65.
Il y a une chose que vous avez dite en réponse à l'un de
mes collègues et qui m'a préoccupé, toujours dans le
même domaine. Un certain nombre de lois, de projets de loi posent un
"nonobstant" face à la loi 65 et autorisent de façon sectorielle
ou indépendamment de vous les transferts de renseignements personnels.
Pouvez-vous nous donner des exemples? Avez-vous réussi à
intervenir en temps opportun pour changer ce genre de tendance auparavant?
M. Pepin: Bon. Je vous donne un exemple: le projet de loi 90 sur
le Vérificateur général. Je me souviens qu'il y avait des
"nonobstant". La commission a fait valoir qu'il n'y avait pas lieu, selon elle,
de modifier le régime prévu, le régime
général.
Le Président (M. French)! On commence à avoir un
"pattern" un peu avec le ministre parrain du projet de loi?
M. Pepin: Non. Il y a eu une modification, je crois. Je pense que
le projet qui est devant les députés présentement a
été modifié à la suite de cet avis. Sur la loi 42
également.
Le Président (M. French): M. Pepin, donc, vous nous parlez
d'un projet de loi qui est réellement une ébauche, dont les
parlementaires n'ont pas été saisis.
M. Pepin: Non, pas du tout. Nous avons le projet de loi en
première lecture, comme tout le monde.
Le Président (M. French): Le projet de loi qui est devant
l'Assemblée nationale, c'est le seul projet de loi sur le
Vérificateur général que l'on a vu.
M. Pepin: Dans ce cas, il y a probablement eu une consultation de
la commission de la part du Vérificateur.
Le Président (M. French): C'est une très bonne
chose. Je veux juste être certain que je comprends de quoi on parle.
M. Pepin: Oui. Mais dans le cas de la loi 42, il y a eu, entre la
première et la deuxième lecture, deux "nonobstant" qui ont
été enlevés à la suite de l'intervention de la
commission.
Le Président (M. French): En reste-t-il dans 42?
M. Pepin: Je pense qu'il en reste un avec laquelle la commission
est d'accord et elle explique pourquoi.
Le Président (M. French): Bon. Oui, c'est cela. J'ai lu ce
que vous avez dit sur 42 et vous semblez être relativement heureux de
42.
M. Pepin: Oui.
Le Président (M. French): Ce sont les deux cas qui...
M. Pepin: Un autre cas a été soumis à mon
attention aujourd'hui même.
Le Président (M. French): Oui.
M. Pepin: C'est le projet de loi 3 où on invoque, encore
une fois, un malgré la loi sur l'accès.
Le Président (M. French): Toujours en ce qui a trait aux
renseignements personnels?
M. Pepin: Oui.
M. Doyon: À quel article est-ce? Le savez-vous?
M. Pepin: Article 270, je pense. M. Doyon: Article 268?
Une voix: Article 270. M. Doyon: Article 270.
M. Pepire Nous n'avons pas eu le temps de réagir, mais
nous le ferons incessamment.
Le Président (M. French): Justement, dernière
question dans ce domaine. Je dois comprendre que l'expérience a
été jusqu'ici relativement heureuse, sans problème
énorme; en tout cas pas de mauvaise foi, pas d'indifférence de la
part du gouvernement, mais un intérêt sérieux, etc.
Quel mécanisme existe afin que vous soyez informés de
façon systématique? Je veux bien que vous soyez consultés
même avant que le projet de loi arrive devant nous, je n'ai aucune
objection, je trouve cela très bien. Est-ce au hasard, pour le
moment?
M. Pepin: Là, il y a une difficulté, c'est celle
que vous avez soulevée vous-même il y a un moment. Selon la
tradition parlementaire, le fondement du régime parlementaire...
Le Président (M. French): En principe, vous ne devez pas
être contre.
M. Pepin:... avec lequel je suis personnellement très
d'accord, les projets de loi sont d'abord la propriété des
parlementaires. Ce sont eux qui en prennent connaissance les premiers. Sauf
qu'au moment où le projet de loi arrive imprimé à
l'Assemblée nationale, plusieurs étapes ont été
franchies avant. Il y a eu toutes les étapes du Comité de
législation, des comités interministériels. Enfin, tous
les problèmes qui avaient à être soulevés l'ont
été.
Si le problème d'une dérogation à la loi
d'accès n'a pas été soulevé, c'est parce que la
commission n'était pas au courant et que tous ceux qui ont eu à
travailler sur ce projet de loi ne l'ont pas soulevé, soit par manque
d'intérêt ou pour d'autres raisons. Cela pose une
difficulté; jusqu'ici, nous essayons de réagir rapidement entre
la première lecture et les étapes ultérieures. C'est ce
que nous avons adopté comme attitude, mais ce n'est pas toujours facile
de faire modifier...
Le Président (M. French): À cette
étape-là.
M. Pepin:... à cette étape-là, des projets
de loi.
Il y a eu d'autres méthodes qui ont été
utilisées. L'organisme veut, par exemple, faire modifier sa loi. Cela
peut arriver: demain matin, la Commission des normes du travail, par exemple,
voudrait faire modifier sa loi pour régler un problème. Si cette
modification risquait de créer un problème avec la loi 65, elle
pourrait - la commission des normes - nous consulter et dire: Si je faisais
ça comme ça, qu'est-ce que ça ferait? Ça commence
à se faire aussi parfois.
Là, c'est très officieux. Ce qui arrive, c'est que dans
certains cas on a dit: Non, ça ne serait pas acceptable pour telle
raison, et les gens laissent tomber. C'est pour ça que le travail de la
commission, à ce niveau-là, n'est pas toujours visible, si on
veut.
Le Président (M. French): Est-ce que la situation est
satisfaisante actuellement ou n'est-elle pas quelque peu chancelante?
M. Pepin: Jusqu'ici, oui. Je serais plus en mesure, après
une période un peu plus longue, de vous le dire. Il ne faut pas se faire
d'illusions, non plus; c'est un très jeune organisme et même les
parlementaires ne sont pas tous familiers avec son existence et avec ses
mandats.
Le Président (M. French): Ils vont être les
derniers, M. le président.
M. Pepin: Nous avons déjà plus de demandes de la
part de parlementaires qui nous demandent si on a réagi à telle
proposition ou si on va le faire, etc., ce qui
manifeste déjà un intérêt. Je crois que petit
à petit on va roder un système. Est-ce que ce sera
celui-là toujours? Je ne le sais pas.
Le Président (M. French): Vous savez, M. le
président, que, si vous aviez des recommandations précises
à nous soumettre, nous pourrions, par exemple, les endosser, si les
parlementaires étaient d'accord, faire rapport à
l'Assemblée nationale. La résolution pourrait être que le
président de l'Assemblée nationale écrive soit au
sous-ministre de la Justice, soit au secrétaire du Conseil
exécutif ou à un autre intervenant dans le processus
législatif pour que vous soyez consulté de façon
routinière. Je ne sais pas si ça vous aiderait. Je vous offre les
bons offices de la commission puisqu'on serait très
intéressé à voir à ce que votre contribution dans
le processus législatif soit optimisée.
M. Pepin: Je vous remercie bien. C'est une piste que nous
explorerons sûrement.
Le Président (M. French): Vous avez aussi cette
responsabilité importante que le député de
Mille-Îles a soulevée et peut-être d'autres
députés, celle d'informer les organismes publics de leurs
obligations face au fichier de renseignements personnels et ainsi de
procéder au processus de déclaration de fichier pour lequel vous
avez émis ce "kit", si je peux l'appeler ici.
M. Pepin: Oui.
Le Président (M. French): Je dois comprendre de ce que
vous avez dit au député de Mille-Îles que le processus va
bon train et que vous ne voyez pas de pépins énormes pour le
moment.
La question que je me suis posée lorsque j'ai pris connaissance
du "kit" découle d'une réserve que moi-même et le
député de Louis-Hébert avons émise depuis assez
longtemps - je ne veux pas la rouvrir -c'est-à-dire la façon
globale dont on a implanté le projet de loi et surtout ce que peut
faire, par exemple, une petite municipalité face à ça. Il
me semble que vous venez de donner à peu près trois semaines de
travail au greffier et je me demande si la flexibilité y est, si
l'encadrement de tout cet éventail d'organismes est disponible si, bref,
avec vos 24 personnes, avec toutes les autres responsabilités que vous
avez, vous êtes vraiment en mesure d'aider dans ce processus de l'acte de
déclaration. (16 heures)
M. Pepin: Nous essayons. La Direction de l'analyse chez nous, qui
est chargée de mener à bien cette opération, se propose,
justement, de regrouper les gens pour leur donner du soutien le plus possible.
Il faut dire que, dans les municipalités ou les commissions scolaires,
il existe des organismes de soutien, leurs fédérations, leurs
associations de secrétaires, et ces gens ont été
très actifs avec nous pour bien s'assurer qu'ils possédaient tous
les éléments. Je suis d'accord avec vous que, même si on a
tenté de mettre les choses les plus claires possible, les plus
succinctes possible, la loi contient quand même assez d'exigences pour
que cela soit impossible de simplifier à l'extrême.
Nécessairement, on a abouti à un formulaire qui est
peut-être un petit peu plus élaboré que ce que, au
début, on souhaitait faire. C'est un peu comme les formules
d'impôt; on veut toujours les simplifier, mais je pense qu'elles restent
toujours encore un peu longues si on veut qu'elles soient complètes.
Le Président (M. French): Tout ce que j'ai à vous
dire là-dessus, c'est qu'à votre place je m'attendrais à
ce qu'il y ait un bon millier d'organismes qui auront de la misère avec
votre "kit". Ce n'est pas votre faute, peut-être, mais c'est très
important que la commission soit consciente que ce problème va se
présenter et que vous soyez en mesure, au moins, par le biais des
associations sectorielles, d'apporter une aide soutenue aux organismes
relativement petits et donc un peu pris au dépourvu par les exigences de
la loi.
M. Pepin: Oui. Nous tenterons de le faire.
Le Président (M. French): Je pense, incidemment, pour
continuer très brièvement, qu'une des grandes failles de
l'administration publique au Québec et au Canada - mais c'est
effectivement pire au Québec - c'est la théorie globalisante qui
veut qu'une école c'est une école, une municipalité c'est
une municipalité, un hôpital c'est un hôpital. Les exigences
de base sont toutes conçues en vertu de Québec, pour ne pas dire
de Montréal, alors que la réalité québécoise
n'est pas cela du tout dans les régions et dans les petites villes, etc.
On n'atteint pas nos objectifs en surchargeant les petites administrations avec
des exigences conçues pour les grandes administrations. Je ne vous
invite pas à commenter là-dessus; c'est une réflexion que
j'avais et que j'aurai plus particulièrement en ce qui a trait aux
exigences de la loi quant à la déclaration des fichiers.
Déjudiciarisation des auditions
Un troisième point qui me semble important, c'est le point qu'a
touché le député de Louis-Hébert quant aux
auditions que vous tenez. Je suis à la fois heureux et inquiet de voir
que nous avons déjà des
règles de preuve et de procédure. Je ne vous invite pas
à commenter davantage, parce que vous semblez dire que vous être
relativement satisfaits que les auditions ne passent pas par-dessus la
tête des intervenants. Je vais tout simplement dire que c'était
certainement, sans aucune ambiguïté, l'idée, la
pensée du législateur que la judiciarisation des auditions ne se
fasse pas ou se fasse de façon minime et que l'intervenant qui vient
sans conseiller juridique, sans procureur ait naturellement et d'office l'appui
de la commission pour faire en sorte qu'il ne soit pas bousculé,
poussé, mystifié par le procureur de l'administration publique
avec lequel il est aux prises.
Je voudrais tout simplement vous inviter à continuer à
garder toujours cela à l'esprit, c'est très important, dans
l'optique du législateur.
M. Pepin: Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le
dire, M. French, c'est un objectif que je partage également, bien
sûr. En ce qui concerne les règles de preuve et de
procédure, c'est la loi qui nous oblige à les soumettre. Il y a
également une tradition et un organisme quasi judiciaire, on nous l'a
demandé rapidement.
En ce qui concerne la judiciarisation du processus, moi personnellement,
mes collègues aussi y résistent dans la mesure du possible, mais,
par moments, cette judiciarisation se fait, justement, par les intervenants. Ce
n'est pas la commission qui a, par exemple, demandé un bref
d'évocation en Cour supérieure.
Le Président (M. French): Dire que les intervenants du
côté administratif ont de la judiciarisation, c'est dire
exactement pourquoi on a ce résultat.
M. Pepin: Nécessairement, il faut enclencher le même
processus lorsqu'on est dans une situation comme celle-là. On essaie de
l'éviter. Jusqu'ici, il n'y a pas eu trop de difficultés, mais je
n'exclus pas qu'il y en ait puisque les procureurs, de façon
générale, ne font pas de distinction entre le processus
judiciaire traditionnel et un processus judiciaire qui serait un peu plus
souple comme celui-là. Je ne peux pas parler au nom de la profession
juridique, mais je pense que là aussi il y a une forme de culture qui se
réfère à un modèle, qui est le modèle des
tribunaux judiciaires et il faut bien vivre avec cette situation.
Mme Giroux voudrait ajouter quelque chose.
Mme Giroux: J'aimerais ajouter une petite précision. Je
pense qu'effectivement la commission est très sensible à
l'idée de ne pas judiciariser a outrance. La loi nous fait obligation de
donner aux parties l'occasion de se faire entendre et à cause de cela,
comme l'a souligné M. Pepin, généralement nous
procédons à des auditions que nous voulons le moins formelles
possible. Cependant, dans la façon de traiter les dossiers lorsqu'ils
arrivent au greffe, nous n'avons pas éliminé la
possibilité de trancher certains litiges sans faire d'auditions
formelles. Cela fait maintenant partie de notre système. Une fois que le
dossier a été attribué à un commissaire, nous
l'étudions et, si le commissaire à qui le dossier a
été donné croit qu'il est en mesure, avec ce qu'il y a
dans le dossier, de statuer sur l'accessibilité ou non du document, il
en informe !es parties par correspondance, il renseigne les parties sur leur
droit de présenter leur point de vue dans une audition formelle ou
autrement et, si les parties ne tiennent pas à avoir absolument une
audition formelle, on n'élimine pas la possibilité de trancher
certains litiges d'une façon plus souple.
Le Président (M. French): Je trouve cela encourageant et
je suis très heureux d'en entendre parler. Je dois vous dire que j'avais
argumenté en commission parlementaire que cela devrait être la
règle et les auditions être l'exception. J'ai argumenté en
plus que l'accès à l'information n'était pas un droit
fondamental, donc, ne demandait pas nécessairement la participation d'un
procureur et un processus quasi judiciaire. En tout cas, la commission devait
avoir le droit, l'option et le choix de lire les arguments de l'organisme
public et de décider immédiatement, sans audition.
Regrettablement, cet argument n'a pas été retenu.
Vous avez, à un moment donné, fait, d'après le
rapport annuel, de la recherche sur la pensée du législateur dans
le but d'avoir l'interprétation la plus uniforme possible de la loi.
Est-ce qu'on peut savoir plus particulièrement de quoi il
s'agissait?
M. Pepin: Dans quel contexte?
Le Président (M. French): Quels étaient les points
sur lesquels vous aviez des doutes sur la pensée du
législateur?
M. Pepin: Nous n'avons pas de doute. Non, c'est dans certains cas
où, à la suite de la proposition de loi qui est contenue dans le
rapport Paré et de la proposition de loi qui a été
finalement adoptée par l'Assemblée nationale, il y a une
difficulté d'interprétation. Là, nous allons lire les
comptes rendus de la commission parlementaire notamment, où nous pouvons
découvrir exactement quel était l'objectif, à tout le
moins, du législateur. Le but de l'exercice, c'est, dans des cas plus
obscurs un peu, de se référer aux débats qui ont eu lieu
ici à l'Assemblée pour essayer de mieux
saisir quelle était la perspective.
Le Président (M. French): Je voudrais tout simplement dire
que, si vous êtes mystifiés, c'est parce qu'il y a eu maintes
conférences entre l'Opposition et le gouvernement et le conseiller
juridique qui n'ont pas été enregistrées. Je dois
comprendre, de toute façon, que cet exercice est mené à
terme et puis...
M. Pepin: C'est-à-dire qu'il n'est jamais
complètement terminé, dans le sens que, lorsqu'une nouvelle
difficulté survient...
Le Président (M. French): Mais moi, je voudrais dire que
je suis très heureux que vous fassiez cela, puisque cela témoigne
d'un respect pour un exercice de législation comme j'en ai rarement
expérimenté ici, et qui, je pense, doit vous donner au moins une
idée de ce que les parlementaires, dans leur façon un peu
boiteuse de s'exprimer à 11 h 30 le soir en fin de session, voulaient ou
pensaient qu'ils faisaient, même si je pense que dans le produit final il
y avait des choses dont les parlementaires ne se rendaient pas compte, ce qui
est inévitable et généralisé.
Ce devrait être, en tout cas, dans une certaine mesure, utile plus
particulièrement -et je vais faire certains commentaires que je ne
voudrais pas vous inviter à commenter -en ce qui a trait à la
réaction du ministre des Finances. Il est très clair que, d'un
côté comme de l'autre de la commission parlementaire, il est
inconcevable qu'un rapport d'un contrôleur des finances, parce que
commandé par le ministre, doive être qualifié et
considéré pour les fins de la loi comme un document du ministre.
L'exception qui a été faite pour les hommes et les femmes
politiques était destinée à protéger leurs papiers
personnels, leurs papiers partisans, leurs papiers du caucus, du cabinet des
ministres dans la mesure où ces papiers impliquaient le
côté politique des responsabilités du ministre et non le
côté administration publique.
Je ne veux pas et je ne peux pas aller plus loin pour le moment, sauf de
dire que nous devons espérer que le juge qui est appelé à
trancher un litige, lui aussi, son greffier ou son conseiller lisent - pas les
procès-verbaux de la commission parlementaire. On appelle cela quoi - le
Journal des débats de la commission parlementaire. Ils vont voir que
l'exception qui a été faite pour les documents des élus ne
devait jamais toucher un document de l'Exécutif du genre dont il est
question. Je suis très étonné que le ministre des Finances
ait décidé de temporiser ainsi. On peut peut-être
espérer que son successeur fera autrement. Si jamais le juge
décidait autrement, c'est très évident qu'il faudrait
recommencer toute la loi et réexprimer la volonté des
parlementaires pour que la loi traduise cette volonté de façon
précise et inaliénable, parce que l'exercice en question ne vise
rien de moins qu'une remise en question de la loi de A à Z en ce qui a
trait à l'accès aux documents. Bon!
Pour ce qui est de l'exercice d'information publique, de vos
responsabilités d'informer la population, qui est du ressort de la
commission, j'ai une ambiguïté de taille dans mon esprit entre la
responsabilité du ministre, la responsabilité du ministère
et la responsabilité de la commission. Pour moi, la commission, en ce
qui a trait a la population, n'a que la responsabilité de faire en sorte
que les gens sachent que la commission existe et sachent comment utiliser la
commission en droit d'appel. Est-ce également votre compréhension
de vos responsabilités? Êtes-vous d'accord que, dans le fond,
c'est au ministère des Communications - ou en tout cas à
l'Exécutif - de faire la publicité sur la possibilité qu'a
le citoyen de faire une demande pour avoir accès aux documents, et que
votre mandat est tout simplement beaucoup plus limité, à savoir
que vous existez comme cour de dernier recours?
M. Pepin: Si nous n'avions qu'un mandat d'adjudication, ce serait
très clair, ce serait très simple. Notre rôle se limiterait
à renseigner les citoyens sur la façon d'exercer leur droit de
recours; sur l'existence, d'abord, de ce droit et la façon de l'exercer.
L'ennui, c'est que nous avons également un rôle administratif
très précis dans le volet de la protection des renseignements
personnels, directement auprès des organismes. Par exemple, ces
déclarations de fichiers, c'est auprès de la commission qu'elles
sont faites; donc, c'est à la commission que les responsables
s'adressent. C'est la même chose dans le cas des renseignements qui sont
transmis à des fins de recherche. (16 h 15)
Le Président (M. French): Oui, mais, M. Pepin, je ne parle
pas de votre mandat d'informer les gens qui sont des administrateurs
publics.
M. Pepin: Oui.
Le Président (M. French): Je ne remets pas ça en
question. Je parle uniquement du grand public.
M. Pepin: Ce que nous faisons jusqu'ici, c'est que nous avons
renseigné le public sur l'existence d'un droit de recours et la
façon de l'exercer, c'est-à-dire comment s'adresser à la
commission. Nous avons limité nos interventions auprès du grand
public à ces deux volets. En ce qui concerne la publicité
de la loi elle-même, le contenu de la réforme, ses
objectifs, je crois que cela appartient au ministère, bien qu'il soit
très difficile de les dissocier lorsque les commissaires sont
invités à une tribune, par exemple, ce qui est très
fréquemment le cas, dans un symposium ou un séminaire quelque
part. Les gens - il ne faut pas les en blâmer -...
Le Président (M. French): Non.
M. Pepin:... ne font pas nécessairement la
distinction.
Le Président (M. French): Je parle de la publicité
payée.
M. Pepin: Oui, la publicité payée s'est
limitée, jusqu'ici, à ce volet.
Le Président (M. French): Si je vous pose la question,
c'est parce qu'il est évident que Gilles Lesage, dans son article du 30
octobre 1984, n'était pas tout à fait d'accord sur cette
question-là. Il n'était pas d'accord avec vous et moi, en tout
cas, puisqu'il reproche à la commission de ne pas avoir suffisamment
investi dans la publicité, alors qu'au fond il devrait - il l'a fait,
d'ailleurs, dans son article - d'une façon beaucoup plus pointée
critiquer le ministère des Communications qui est ultimement responsable
de faire en sorte que la population soit consciente de l'existence de la loi et
des possibilités que la loi confère à tous et chacun.
Je pense que j'ai une seule question finale. Quant au colloque
international que vous avez organisé en novembre 1983, est-ce que le
ministre des Communications y a participé? Est-ce qu'il a pris la parole
à ce colloque?
M. Pepin: II est venu ouvrir le colloque. Il a fait une
intervention à l'ouverture du colloque, très rapidement.
Malheureusement, à cause d'un problème d'horaire, il a dû
se contenter de souhaiter la bienvenue à tous ceux qui étaient
là et quitter immédiatement après.
Le Président (M. French): Le seul point que je vous ferai
valoir dans ce contexte, M. le président, c'est qu'il y a aussi une
Opposition à l'Assemblée nationale et que nous n'avons même
pas été invités. Je pense que nous devons regretter cela,
d'autant plus que vous êtes nommé en vertu du Parlement et non pas
de l'Exécutif. Dans la mesure où vous devez, je pense, tenir
compte de cela, il me semble, même si le ministre prend la parole, et
c'est peut-être tout à fait compréhensible aussi, qu'il y
aurait eu lieu d'inviter l'Opposition au colloque également.
Finalement, la vitesse avec laquelle vous avez, vous, réagi aux
plaintes, la vitesse avec laquelle vous avez pu répondre aux diverses
possibilités qu'ont les citoyens pour faire appel à vos services
n'a pas créé de problème jusqu'ici. Vous êtes
conscients qu'au fédéral cela devient, paraît-il, un
problème sérieux. Est-ce que le même genre de
problème se pointe à l'horizon pour vous ou si tout va bien?
M. Pepin: Jusqu'ici, nous avons un rythme, je pense, qui est
assez exceptionnel. Une plainte ou une demande de révision est
traitée, en moyenne, à l'intérieur d'un mois, je pense.
Cela prend un peu moins d'un mois, alors que, dans plusieurs autres instances,
évidemment, cela prend plusieurs mois. Il ne faut pas trop s'en
féliciter parce que cela commence et que nous n'avons pas encore de
surplus. Mais c'est vraiment l'objectif de maintenir ce rythme-là,
quitte à explorer davantage ce que Mme Giroux disait tout à
l'heure, le règlement des dossiers de façon plus rapide sans
toujours procéder par l'audition, chaque fois qu'il sera possible de le
faire.
En ce qui concerne les plaintes, par contre, qui exigent des
enquêtes, là, il est moins facile d'établir un rythme de
réponses parce que tout dépend de la complication de
l'enquête. Dans certains cas, c'est vraiment très
compliqué. Je pense que Mme Giroux voulait ajouter quelque chose.
Mme Giroux: Je voulais juste préciser que, quand M. Pepin
parle d'un mois, c'est effectivement le cas, à partir du moment
où nous entendons vraiment la cause, c'est-à-dire à partir
de l'audition. Il y a toujours quelques semaines avant l'audition pour accuser
réception de la demande et aviser les parties de la tenue de
l'audition.
Le Président (M. French): Quel pourcentage des plaintes de
ce genre va occasionner une audition? La quasi-totalité?
Mme Giroux: Jusqu'à maintenant, je crois que c'est la
très grande majorité, cependant.
Le Président (M. French): Vous allez regretter cela,
madame et messieurs. Vous allez regretter cela. S'il y a moyen de changer cela,
faites-le; sinon, vous allez aboutir comme la Régie des loyers, en
version plus petite. Si vous pouvez continuer à développer les
mesures dont Me Giroux a parlé, cela va peut-être vous sauver.
Cela serait très valable et très utile d'essayer de faire cela.
Si vous vous mettez dans la situation où il y a une audition pour chaque
plainte d'accès aux documents qui est refusé, l'Exécutif,
sachant consciemment ce que cela va occasionner - vous allez être
responsables de l'embouteillage du système et vous
deviendrez un outil pour un ministre qui veut temporiser - n'aurait
qu'à refuser de concourir avec vous à 100%, sachant fort bien que
vous n'avez pas les ressources pour tenir l'audition avant six mois. Vous
êtes partis pour cela si vous devez tenir des auditions pour toutes ces
plaintes.
M. Pepin: Je souhaiterais, M. French, que cette conviction que
vous avez soit partagée même par tous ceux qui font des demandes.
Jusqu'ici, on a eu plusieurs cas où les gens avaient hâte de venir
s'exprimer eux-mêmes devant la commission. Ce n'est pas toujours
l'organisme public qui tient à l'audition bien que, de façon
générale, c'est normal et instinctif lorsqu'il s'agit d'un
procureur de venir plaider. Mais le citoyen aussi insiste pour rencontrer la
commission.
Le Président (M. French): Je ne doute pas qu'il y ait des
citoyens qui voudraient se faire entendre, bien que j'aie de la
difficulté à comprendre sur quoi ils plaident, puisqu'ils n'ont
pas eu le document. Je ne crois pas que le gouvernement dise la
vérité en invoquant l'article 83. Même s'il n'avait pas le
droit, je ne le considérerais pas brimé pour autant, pour
être très honnête avec vous.
D'autre part, le procureur est payé pour cela et il va y aller au
bout. Encore une fois, on va se trouver dans la situation d'un processus
élaboré qui ferait en sorte que toutes les formes de la justice
seraient respectées, mais que l'efficacité n'y serait pas. On va
se trouver dans la situation de "justice delayed is justice denied". Je le
crains.
Me Giroux, voulez-vous ajouter quelque chose?
Mme Giroux: Oui, M. le Président. J'avoue que
personnellement je suis tout à fait d'accord avec votre souci, sauf que,
compte tenu du fait que la loi nous oblige à donner aux parties
l'occasion de présenter leur point de vue, je ne suis pas certaine qu'en
essayant d'éviter l'audition à tout prix on soit plus efficace et
plus rapide parce que cela voudrait dire un échange de correspondance,
dans beaucoup de cas, qui n'en finit plus. Il faut bien être conscient
que, si l'on veut éviter la confrontation physique des personnes, il
faut, aussitôt que l'une des deux parties nous fait part de quelque
chose, en informer l'autre et offrir à l'autre de réagir.
L'expérience, en tout cas, jusqu'à maintenant
effectivement nous amène à constater que cela s'avérerait
souvent une solution plus compliquée et probablement moins efficace et
moins rapide que l'audition, tout simplement.
Le Président (M. French): J'apprécie votre
intervention qui pourrait vouloir dire une de ces deux choses: soit que vous me
dites que j'ai perdu ma bataille à la commission et qu'il faut vivre
avec cette réalité, soit que vous me dites que, même si
j'avais gagné ma bataille et que l'audition était une exception,
l'audition aurait été nécessaire de toute façon
parce que, inévitablement, il faut avoir la réaction,
l'échange des points de vue, etc. Comprenez-vous? Ou c'est le cas
qu'essentiellement c'est une décision entre trois commissaires ou un
commissaire et le gouvernement, alors que le gouvernement invoque un article et
le commissaire a devant lui l'article de la loi, la loi en
général, le document dont il est question et l'argumentation du
procureur du gouvernement; ou bien il est toujours nécessaire que le
procureur ou le demandeur lui-même prenne connaissance de
l'argumentation, réagisse à l'argumentation et apporte un
éclairage additionnel pour le bénéfice du ou de la
commissaire.
Je n'arrive pas à imaginer que le deuxième cas serait
nécessairement le bon. J'avais pensé que ce serait l'exception
puisque, encore une fois, je ne vois pas ce que le citoyen a à dire
là-dessus alors qu'il n'a pas vu le document. Dites-moi si c'est
très intelligent et si ça suscite chez vous des pensées
qui ne vous étaient jamais passées par l'esprit? J'en doute. Je
pense, dans le fond, que c'est la commission qui a un préjugé
envers la publicité parce que le fardeau de la preuve reste au
gouvernement et que celui-ci fait ou ne fait pas, dans un affidavit, le point
face à l'article de la loi et au document qui est examiné par le
commissaire. Il me semble que ça ne devait pas se compliquer comme
ça. Je me trompe peut-être, mais c'est comme ça que j'avais
conçu la chose. Je pense que si, inévitablement, le citoyen a
quelque chose de très important, de fondamental et de substantiel, qui
change vos opinions, eh bien, j'ai tort. J'ai de la misère à voir
comment ça peut se faire.
M. Pepin: II y a aussi une autre difficulté, M. French.
À partir du moment où la loi prévoit une procédure
d'appel sur une question de droit ou de compétence, la question de droit
peut être très aisément évoquée...
Le Président (M. French): La question de?
M. Pepin:... de droit peut être très aisément
évoquée si l'une des deux parties prétend qu'elle n'a pas
eu l'occasion suffisante de se faire entendre. C'est une difficulté
permanente, évidemment. C'est pour ça qu'il faut au moins
offrir... Si les deux parties sont d'accord pour faire un plaidoyer
écrit, un exposé écrit de leur point de vue et dire: On
s'en tient à cela, il n'y a
pas de difficulté à ce moment-là. Mais si l'une des
deux tient à une argumentation en plus sur l'argumentation de l'autre,
ce qui est normal dans le processus de confrontation, il faut tenir
l'audition.
Le Président (M. French): Je dirai deux choses. Tôt
ou tard il va falloir que vous nous disiez sérieusement si
l'argumentation des citoyens est très valable, très importante et
indispensable dans tous les cas. Je ne vous demande pas de le faire
aujourd'hui, mais tôt ou tard il va falloir le faire.
M. Pepin: Mme Pestieau aurait peut-être quelque chose
à dire à ce sujet-là.
Le Président (M. French): Mme Pestieau.
Mme Pestieau (Caroline): D'après ma courte
expérience, M. le Président, c'est utile pour l'identification du
document parce que les auditions que j'ai tenues et même un effort que
j'ai fait de tout régler par correspondance ont montré que
très souvent l'organisme n'a pas compris ou n'a pas voulu comprendre
exactement quel document le demandeur voulait. Même quelquefois ce
n'était pas trop clair dans l'esprit du demandeur quel document il
voulait.
Malgré le préjugé que j'avais moi-même au
commencement que ça aurait été beaucoup plus facile de
régler ça par correspondance plutôt que de faire
déplacer des personnes, je suis prête à croire le contraire
maintenant, à condition, évidemment, qu'on ne déplace pas
trop loin les personnes. Je pense que c'est utile pour s'assurer qu'on parle du
même document et s'assurer que l'organisme a vraiment cherché,
parce qu'il a beau dire qu'il ne trouve pas le document parce que le demandeur
ne l'a pas identifié comme il faut.
Pendant un premier temps, en tout cas, je pense que les auditions sont
utiles, mais ce que j'espère personnellement, c'est qu'après une
vingtaine ou une trentaine de décisions de notre part les organismes
vont donner les documents plus facilement parce qu'ils vont voir comment nous
interprétons la loi et les citoyens aussi vont peut-être
être plus précis dans leurs demandes. Ce sera plus facile plus
tard d'éviter des auditions. Pour le moment, je trouve qu'elles sont
utiles.
Le Président (M. French): Je serais tout prêt
à me rallier à une position comme celle-ci: Le citoyen a le droit
de demander une audition. L'administration publique, l'institution publique n'a
pas un tel droit. Évidemment s'il y a une audition, il est entendu.
C'est une autre suggestion que j'avais faite lors de la commission. De toute
façon, on ne réglera pas ça ici, mais je
répète ma crainte que, si vous entendez la quasi-totalité
des plaintes, vous aurez un problème assez sérieux
d'embouteillage d'ici à un ou deux ans.
M. Pepin: On ne le souhaite pas, en tout cas.
Le Président (M. French): Moi, non plus.
Est-ce qu'il y a d'autres questions? M. le député de
Louis-Hébert.
(16 h 30)
M. Doyon: M. le Président, je voudrais me
référer à un ou deux cas qui ont été
portés à notre attention par la voie des journaux. Je me
réfère plus particulièrement à une décision
de l'Office des ressources humaines qui a refusé certaines copies
d'examens à une personne. Est-ce que vous avez été saisi
de cette situation où une fonctionnaire, d'après l'article que
j'ai ici, a invoqué la loi d'accès à l'information pour
obtenir certains renseignements, sauf que l'office a rétorqué
qu'il s'agissait de documents qui ne pouvaient pas être mis à sa
disposition? Est-ce que vous êtes au courant de ce cas-là?
M. Pepin: C'est devant la Commission de la fonction publique que
la personne en question...
M. Doyon: La commission n'a pas été
impliquée.
M. Pepin:... a invoqué la loi d'accès. Probablement
qu'elle a eu satisfaction, parce qu'il n'y a pas eu de suite chez nous.
M. Doyon: Vous n'avez pas été saisi d'une demande
de sa part à la suite de ce refus par l'Office des ressources
humaines.
M. Pepin: On vient de m'informer que ce cas-là
était débattu devant la Commission de la fonction publique.
M. Doyon: Oui.
M. Pepin: C'est la Commission de la fonction publique qui a soit
donné satisfaction à la personne ou encore l'Office des
ressources humaines s'est rendu à cette argumentation. Je n'en sais
rien.
M. Doyon: Cela ne s'est pas rendu chez nous.
M. Pepin: Non.
Coût des documents
M. Doyon: En ce qui concerne les tarifs sur les documents, on
avait eu l'occasion de discuter du genre de tarification qui avait
été imposé. Est-ce que vous avez modifié votre
point de vue à ce sujet? Comment
évaluez-vous la situation actuellement en regard des coûts
qui sont impliqués pour obtenir certains documents?
M. Pepin: Non. Nous avions fait une recommandation qui n'a pas
été entièrement suivie, mais au moins le principe de la
franchise de 5 $ est demeuré. Le seul point de comparaison que le
gouvernement du Québec a dans ce domaine, c'est avec le gouvernement
fédéral. La situation au Québec, en ce qui concerne les
frais, est tout de même très avantageuse pour les citoyens
comparativement au gouvernement fédéral où il y a des
frais modérateurs, au départ. Là-bas, quelqu'un qui fait
une demande, il faut qu'il fasse un déboursé pour faire sa
demande; ensuite, il y a des frais de tant par page. Ici, la demande est
gratuite: il n'y a pas de frais. Lorsqu'il s'agit de renseignements personnels,
c'est gratuit également. Lorsqu'il s'agit de documents administratifs,
il y a une franchise de 5 $ et, ensuite, c'est 0, 25 $ par page.
Les 0, 25 $ nous paraissaient élevés. Cependant, c'est le
chiffre qui a été retenu par le gouvernement quand même.
Mais je dois dire que, depuis que la loi est en vigueur, à ma
connaissance, nous n'avons eu aucune plainte formelle là-dessus. Il y a
un cas qui est en révision présentement où le coût
est invoqué. Ce n'est même pas le coût, mais la
procédure pour l'imposer. Mais nous n'avons pas eu à changer
d'opinion. L'opinion a été donnée et la situation est
restée la même. Si nous avions beaucoup de plaintes, nous
pourrions peut-être revenir sur la question.
M. Doyon: Comment un citoyen peut-il se plaindre de cela? Enfin,
le problème qu'il y a, c'est qu'il peut aller chez vous pour
prétendre ou soutenir qu'un document lui serait dû et qu'il ne
peut pas l'obtenir. C'est une procédure. Mais, en ce qui concerne les
tarifs, est-ce que vous êtes véritablement le forum auprès
de qui il pourrait se plaindre? Vous dites: On n'a pas eu de plainte. Ce que je
rétorque à cela, c'est que...
M. Pepin: En fait, le citoyen peut se plaindre,
évidemment, à beaucoup de gens, y compris à son
député. Si les députés recevaient beaucoup de
plaintes, je présume qu'ils trouveraient peut-être un moyen de
nous en informer aussi. Ils le font en d'autres circonstances. Quand je dis
plainte, c'est que, comme je le notais, nous recevons, aux deux bureaux de
Québec et de Montréal plusieurs centaines d'appels
téléphoniques par mois et, si c'était un problème
majeur dans la démarche, parmi tous ces appels il y en aurait qui
porteraient là-dessus. Cela n'a pas été le cas de
façon systématique.
Mme Pestieau veut ajouter quelque chose.
Mme Pestieau: La loi même mentionne les frais comme une
chose qui peut être révisée par la commission. Alors, un
citoyen qui estime qu'on lui a demandé trop peut demander qu'on
révise cela comme un refus. On parle des frais, des modalités
d'accès. Alors, les citoyens auraient pu venir se plaindre à
nous.
M. Doyon: II faudrait savoir si demander trop, c'est demander
quelque chose en excédent de ce qui a été
réglementé ou prévu dans le règlement. Est-ce qu'on
peut prétendre qu'on est trop chargé de frais quand l'organisme
qui réclame la facture s'est conformé à la
réglementation? Il faudrait peut-être argumenter
là-dessus.
Le Président (M. French): II reste, M. le
député, que c'est ultimement la responsabilité du
gouvernement.
M. Doyon: C'est ce que je dis. Une voix: Mme Giroux.
Mme Giroux: Je voudrais ajouter que c'est effectivement possible.
Nous avons eu, en fait, un cas où la personne voulait avoir des
documents et le tarif qui lui était demandé par une
municipalité était supérieur à 0, 25 $ en
l'occurrence. Donc, on lui refusait les documents. Cela s'avère
être, finalement, une demande d'accès à des documents qu'on
ne peut pas obtenir parce que le prix qu'on est prêt à payer est
inférieur à celui qu'on nous demande. Là-dessus, nous
avons eu l'occasion de statuer une fois dans une décision qui n'est pas
très intéressante en termes de jurisprudence parce qu'il
s'agissait de voir si une disposition sectorielle prévalait sur le
règlement. Cela nous a permis de dire qu'effectivement, dans le domaine
municipal, la disposition, qui est dans le Code municipal et dans la Loi sur
les cités et villes, qui donne une entière discrétion au
ministre de fixer un tarif est une disposition inconciliable avec notre loi.
Mais c'est une situation qui peut se présenter par le biais d'une
demande de révision de l'accès aux documents.
M. Pepin: Je pourrais peut-être ajouter, M. Doyon, que
d'après les échos que nous avons, par ailleurs, des organismes
non gouvernementaux, soit dans le secteur municipal, le secteur scolaire ou le
secteur hospitalier, eux ils trouvent la grille de tarifs pas assez
généreuse; surtout la franchise de 5 $, ça les agace
beaucoup.
M. Doyon: M. le Président de la commission de la culture,
pour faire suite à des remarques que vous avez faites concernant la
lacune considérable qu'il y a eu de la part du ministère des
Communications à faire une publicité adéquate
concernant l'entrée en vigueur des dispositions de la loi et tout ce qui
devrait permettre à la population du Québec de devenir de plus en
plus familière avec cette loi, qui comporte la venue de droit nouveau
pour la population en général, comme vous je ne peux que le
déplorer vivement, surtout en comparaison avec les sommes faramineuses
qui sont dépensées à des fins totalement inutiles qui se
résument à dire que le Québec s'est redonné des
forces, que le Québec est plus fort que jamais.
M. Champagne: À ce moment-ci, se pose la question de la
pertinence du débat. On reçoit quand même des visiteurs et
on fait peut-être de la politique. J'ai seulement une question à
poser: Combien a coûté cette publicité?
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles, vous aurez l'occasion de répondre au
député de Louis-Hébert. Ce ne serait pas la
première fois. Je vous prierais de permettre au député de
Louis-Hébert de finir son intervention.
M. Doyon: II est coutumier de la part du député de
Mille-Îles que, du moment qu'on fait une remarque qui peut ne pas
être à l'avantage de son idole, le ministre des Communications, il
m'interrompe et tente de m'empêcher de dire ce que j'ai à dire
là-dessus. Ce que je veux dire, c'est qu'on a là un gouvernement
qui peut dépenser 14 000 000 $ en campagnes de publicité de toute
nature sans "focus", sans objet précis déterminé, sans
avoir un projet de loi à mettre en application, une
réglementation déterminée à faire valoir, un
gouvernement qui dépense 14 000 000 $ en publicité, ce qui le
situe tout de suite après Coca-Cola, un gouvernement qui se limite
à entonner des cantiques de la nature: "Bravo Québec". "C'est
reparti au Québec". "On s'est redonné des forces au
Québec", avec 700 000 assistés sociaux, 300 000 chômeurs,
perte du droit de veto etc. Si M. le député de Mille-Îles
voulait que je donne des exemples, j'en donnerais jusqu'à demain
matin.
M. Champagne: M. le Président, la pertinence du
débat.
M. Doyon: Je vais continuer mon propos.
M. Champagne: La pertinence du débat.
Le Président (M. French): M. le député.
M. Champagne: La pertinence du débat ou je vais quitter,
cela finit là.
Le Président (M. French): Bien, vous avez toujours le
droit de quitter.
M. Doyon: Vous avez le droit de partir. Ce ne serait pas une
grosse perte.
Le Président (M. French): Le député
s'exprime dans la trame d'une discussion sur la publicité. Il n'a pas
l'intention de faire un long discours.
M. Champagne: C'est ce que vous avez pensé?
Le Président (M. French): Je vous prierais, s'il vous
plaît, de lui permettre de terminer. Après quoi, vous pourrez
répondre.
M. Doyon: Je parle de cette façon de dépenser, je
devrais dire de gaspiller les fonds publics, sous un chef d'orchestre qui se
vante de diriger au doigt et à l'oeil l'ensemble de la publicité
gouvernementale. Ce ministre devrait être en mesure d'informer la
population par une campagne de publicité qui viserait, justement,
à donner des renseignements à la population; il ferait mieux de
dépenser l'argent à cette fin. C'est un signe de sa part d'une
totale incompétence, d'un manque à ses
responsabilités.
M. le Président, je ne suis pas seul à dire cela. M.
Gilles Lesage, dans une analyse qu'il fait dans le journal Le Devoir, le 30
octobre 1984, s'exprime comme ceci et je vais le citer. Il dit: "En revanche,
la mise en vigueur de la loi 65 dont les débuts sont lents et timides
devrait faire l'objet d'une solide campagne de promotion, ne serait-ce que pour
faire savoir aux citoyens qu'elle est là, à leur disposition,
comme un outil ou une clé. Or, le ministère des Communications,
dont c'est le mandat, commence à peine à réfléchir
à l'orientation à donner une campagne sur les nouveaux droits des
citoyens et la manière dont les 3500 organismes assujettis s'emploient
à les satisfaire. Pas un sou n'a été dépensé
à ce titre ou moins que des miettes, comme si on craignait que la
promotion de la loi entraîne une foule de demandes que par la suite les
ministères et organismes publics, municipaux et scolaires ne pourraient
satisfaire en temps utile. " Et il continue ici dans le même sens en
parlant de certaines dépenses.
Les quelques mots que j'ai prononcés, M. le Président,
c'est tout simplement pour attirer l'attention, et je pense que c'est l'endroit
pour le faire, sur le fait que le ministre des Communications a aussi une
responsabilité à ce sujet. Le président de la Commission
d'accès à l'information nous a expliqué comment il voyait
son rôle en ce qui concerne l'information à donner à la
population québécoise. À partir de là, le relais
doit être pris par le ministre des Communications qui a à agir
d'une façon
conforme au mandat qui est le sien à ce sujet. Je regrette
vivement qu'il soit absent à ce sujet, et je souhaite que, dans
l'avenir, il puisse rapidement combler cette lacune.
J'aimerais aussi, M. le Président, en terminant, demander
à M. Pepin, au président de la Commission d'accès à
l'information, s'il a été, d'une façon ou d'une autre,
consulté en ce qui concerne un règlement qui a été
publié dans la Gazette officielle du Québec le 29 août,
lequel vise, d'après ce que je comprends, à exempter de
publication intégrale certains décrets gouvernementaux. C'est
encore M. Gilles Lesage qui s'exprime ainsi: "Personne au Conseil
exécutif, organisme central s'il en est, n'a cru bon d'attirer
l'attention de quiconque sur cette mesure" - il parle de mesure d'exemption de
publication intégrale -"qui ajoute un second verrou là où
il n'y en avait qu'un seul avant la loi d'accès aux documents des
organismes publics. Seuls les lecteurs habituels de la même Gazette ont
appris, en date du 3 octobre, la nature du règlement sur Ies... "
Là, il continue sur les frais exigibles, etc. Alors, j'aimerais plus
spécifiquement, M. Pepin, savoir si, au sujet de cette exemption de
publication intégrale des règlements gouvernementaux dans la
Gazette, vous ou votre commission avez été consultés.
M. Pepin; Oui, on nous a demandé formellement un avis que
nous avons transmis. Le résultat est assez conforme aux souhaits
qu'avait exprimés la commission. Je crois que ce n'est pas tout à
fait exact ce que vous lisiez tout à l'heure. En fait, c'est la loi
d'accès qui amène l'obligation de publier les décrets. Le
gouvernement s'est obligé, via la loi d'accès, à une
publication systématique. Il y a le problème de certains
décrets qui sont de vrais livres: je pense au décret sur le
vêtement, au décret sur la construction, qui font l'objet d'une
publication à part. Il y a un certain nombre d'autres décrets qui
sont d'ordre administratif routinier. Alors, ce qui s'est produit, c'est qu'on
nous a fait une proposition, laquelle a été commentée par
la commission. Là encore, ces avis ne sont pas dans le rapport annuel
que vous avez là, parce que cela déborde la période de
cette année-là. Mais la commission s'est effectivement
exprimée là-dessus et, si mon souvenir est bon, les propositions
de la commission ont été retenues.
Le Président (M. French): D'autres questions ou
commentaires, M. le député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Oui. Il y a un article qui a été
publié dans le Devoir du 13 juillet 1984, où on faisait
état d'une sorte de litige qu'il y avait en ce qui concerne la
transmission d'un plan d'aménagement d'un site de construction dans
l'est de la ville de Montréal. C'était à Rosemont, je
pense. Pouvez-vous me dire si votre commission a été saisie de ce
problème? D'après ce que je comprends la ville de Rosemont avait
en main un plan d'aménagement. Un citoyen ou un groupe de citoyens a
voulu en prendre connaissance. Il y a eu opposition de la part de la ville de
Rosemont. Est-ce que votre commission a eu à statuer
là-dessus?
M. Pepin: Non. Nous avons appris par les journaux, comme vous,
que quelqu'un se proposait de faire appel à la commission, mais
probablement qu'ils ont eu les documents qu'ils réclamaient puisque cela
n'a jamais été porté en appel chez nous.
Je dois dire, par contre, que ce n'est pas par ignorance de la part de
ces citoyens, puisqu'ils avaient communiqué avec les bureaux de la
commission à Montréal pour s'enquérir de la
procédure à suivre au cas où.
M. Doyon: Je pense que c'est un des effets, finalement, de
l'existence...
M. Pepin: Effectivement.
M. Doyon: de votre commission: on en a deux exemples, je pense,
ici que j'ai signalés.
M. Pepin: Si vous me le permettez, M. French...
Le Président (M. French): Allez-y, M. le
président.
M. Pepin:... cela me permettrait, peut-être,
d'atténuer vos craintes sur les auditions en vous disant qu'il arrive
assez fréquemment, dès que la date des auditions est
fixée, que l'organisme se ravise et décide, pour éviter
l'audition, de donner le document.
M. Doyon: C'est ce que je voulais dire aussi, M. le
Président. Il y a quand même des effets positifs qui sont
difficilement quantifiables, en ce sens qu'il y a probablement nombre
d'organismes qui se rendent à l'esprit de la loi, en tout cas;
peut-être pas à la lettre, strictement interprétée,
mais à l'esprit de la loi, en ce sens qu'après avoir
réfléchi à la situation et après avoir
réalisé qu'il y avait un organisme comme le vôtre qui
existait, il y a beaucoup plus d'incitation, plus de motivation à se
conformer et à remettre aux citoyens qui les demandent un certain nombre
de renseignements. Je pense qu'il y a tout lieu de se réjouir de ces
résultats qui se font, finalement, sans trop d'auditions, ce qui rejoint
une préoccupation du président de la
commission de la culture.
Le Président (M. French): M. le vice-président.
M. Brouillet: Je m'excuse un peu de ne pas avoir participé
tellement activement. J'ai été pris cet avant-midi et je n'ai pas
pu assister au tout début. J'ai quand même suivi attentivement et
j'ai appris beaucoup de choses, surtout sur la publicité
gouvernementale.
M. Doyon: II n'est jamais trop tard.
M. Brouillet: II y aurait peut-être beaucoup de nuances
à apporter, mais je sais que M. Pepin et tout l'auditoire ici sont
capables de le faire.
Le Président (M. French): M. Pepin, avez-vous d'autres
commentaires ou un mot de la fin de la part de vos collègues ou de
vous-même?
M. Pepin: Oui. Je voudrais vous dire que nous sommes très
sensibles, à la commission, à l'intérêt que portent
les députés, et plus particulièrement cette commission,
aux travaux que nous faisons et à l'offre que vous nous avez
déjà faite et que vous avez renouvelée aujourd'hui de vous
faire part de tout problème, de toute difficulté ou de toute
amélioration possible à cette réforme qui commence. Je
veux vous assurer que nous sommes sensibles a cette proposition et que nous en
tiendrons compte.
Peut-être que Mme Pestieau, qui n'a pas eu l'occasion de parler
beaucoup, aurait quelque chose à ajouter aussi.
Mme Pestieau: Merci. Non, cela va.
Le Président (M. French): Je voudrais, de la part de la
commission, remercier les trois commissaires de la Commission d'accès
à l'information.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 49)