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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des communications se réunit afin d'étudier,
programme par programme, les crédits budgétaires de
1983-1984.
Les membres de cette commission sont: MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Bertrand (Vanier), Blais (Terrebonne),
Brassard (Lac-Saint-Jean), French (Westmount), LeMay (Gaspé), Maciocia
(Viger), O'Gallagher (Robert Baldwin); Paradis (Brome-Missisquoi)
remplacé par Johnson (Vaudreuil-Soulanges); Payne (Vachon), Proulx
(Saint-Jean).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville), Bisaillon
(Sainte-Marie), Bissonnet (Jeanne-Mance), Charbonneau (Verchères), Dean
(Prévost), Gratton (Gatineau), Kehoe (Chapleau), Rodrigue (Vimont),
Sirros (Laurier), Vaugeois (Trois-Rivières).
J'aimerais que quelqu'un nous propose un rapporteur. On me dit que ce
serait le député de Terrebonne.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): S'il accepte la charge.
Le Président (M. Laplante): II m'a dit tout à
l'heure qu'il accepterait. Voulez-vous l'être, monsieur?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas question.
Le Président (M. Laplante): C'est M. Blais (Terrebonne).
M. le ministre.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. French: ...une question de procédure auparavant. Je
voudrais informer la commission que l'Opposition tient un caucus à 12 h
30. Nous ne pouvons donc pas déborder 12 h 30.
M. Bertrand: Très bien.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le ministre.
Exposés préliminaires M.
Jean-François Bertrand
M. Bertrand: M. le Président, j'ai le plaisir de vous
soumettre, pour une troisième année consécutive, les
crédits du ministère des Communications. Une nouvelle
année financière vient de commencer, marquée
peut-être du signe de l'austérité, mais aussi
chargée d'espoirs et de promesses.
En effet, cette nouvelle année financière qui commence
recoupe, en grande partie, l'Année mondiale des communications,
période au cours de laquelle les dossiers qui me préoccupent au
premier chef recevront un éclairage nouveau, une attention plus grande,
faisant ainsi progresser les objectifs que poursuit le ministère des
Communications.
Il ne me paraît pas inutile de rappeler, en ce début de
séance, les objectifs que nous avons atteints cette année afin de
remplir le plus correctement possible les trois grandes missions du
ministère: premièrement, le développement des
communications; deuxièmement, les services aux ministères et aux
organismes gouvernementaux et, enfin, l'accès à l'information
gouvernementale.
Le développement des communications. Ici même, l'an
passé, presque au même moment, je vous ai fait part de ma
volonté de doter le Québec d'une véritable politique des
communications afin de s'ajuster à la nouvelle réalité des
communications, nouvelle réalité marquée principalement
par la naissance et le développement de nouveaux services et de
nouvelles technologies auxquels les télécommunications et
l'informatique notamment ne sont pas tout à fait
étrangères.
Cette nouvelle réalité des communications véhicule
une dimension économique importante, à un point tel, d'ailleurs,
que le gouvernement du Québec en a fait un élément majeur
de sa stratégie de développement économique,
intitulée fort justement. Le virage technologique.
Cette nouvelle réalité des communications nous a donc
amenés, nous du ministère des Communications, à
préciser sous cet angle fortement économique quel était le
portrait exact des communications au Québec en 1983. Cet effort de
synthèse et d'analyse a débouché sur la production d'un
document qui sera lancé dans quelques jours sous le titre - je ne vous
l'annonce pas en primeur -Le Québec et les communications: Un futur
simple? Ce document, en plus de brosser un
portrait de l'état des communications sur notre territoire,
explore quelques pistes de développement. Déjà soumis sous
une forme préliminaire à tous les agents socio-économiques
du champ des communications, Un futur simple? nous a permis de poursuivre au
cours des dernières semaines un dialogue enrichissant et constructif
avec nos principaux partenaires, notamment les industriels, les chercheurs et
les travailleurs, responsables au premier chef du développement de
l'ensemble du secteur des communications.
Ce dialogue, qui se déroulera de façon plus formelle en
avril et en mai au cours de deux séries de tables sectorielles
préparatoires au sommet, débouchera sur la présentation
d'un ensemble de propositions très concrètes, fidèles aux
besoins et aux préoccupations des milieux de la radio, de la
télévision, de la presse écrite, de la
câblodistribution, des télécommunications et de
l'informatique. C'est autour de ces propositions venant du milieu que nous
tenterons d'établir, tous ensemble, des consensus au cours du sommet de
l'automne prochain
Cette conférence socio-économique sur les communications
sera l'étape décisive qui fournira les matériaux avec
lesquels nous bâtirons pour le Québec une véritable
politique des communications, politique qui devrait être connue avant la
fin de cette année financière.
Le temps presse, certes. Il est urgent d'agir, me direz-vous. Sans aucun
doute, mais pas n'importe comment, pas de n'importe quelle manière. La
démarche que nous avons entreprise cette année peut
apparaître à certains laborieuse ou complexe. À
ceux-là, je réponds que seul le dialogue, seule la concertation
peuvent permettre au Québec d'évoluer de façon
constructive. Nos ressources, de toutes natures, sont trop limitées pour
que la société québécoise se paie le luxe que
chacun tire dans sa direction, sans entente ou sans cohérence avec les
autres. C'est cet esprit qui anime le ministère des Communications dans
sa démarche pour doter la société québécoise
d'une politique qui permettra aux industriels et aux travailleurs du secteur
des communications, ainsi qu'à l'ensemble de la population, de profiter
au maximum de la véritable révolution à la fois
technologique et économique qui se prépare actuellement. Le
Québec doit relever ce défi et le ministère des
Communications doit jouer un rôle important dans cette dynamique. Le
développement des communications, rappelons-le, est une des grandes
missions du ministère.
Avant de terminer ce premier chapitre, j'aimerais ajouter quelques mots
au sujet d'un dossier majeur sur lequel nous sommes intervenus cette
année, celui de Bell Canada. Les activités de cette
société de télécommunication ont pris une large
place dans nos recherches et notre réflexion. En effet, qu'il suffise de
rappeler que cette compagnie dessert plus de 86% des abonnés
téléphoniques québécois et qu'elle couvre au
Québec plus de 48% du territoire municipalisé. Bell Canada, en
1981, présentait un chiffre d'affaires de plus de 7 400 000 000 $ qui
avaient généré des revenus nets de l'ordre de 550 000 000
$. Ces chiffres éloquents démontrent la taille exceptionnelle de
cette compagnie qui est parmi les plus grandes entreprises privées au
Canada.
Le Québec a été historiquement l'assise du groupe
Bell, mais on assiste depuis 20 ans environ à une érosion
très nette de ses activités en faveur notamment de l'Ontario et,
plus récemment, des États-Unis. Ce déclin constant se
vérifie tant dans le domaine de l'exploitation du service
téléphonique que dans celui de la fabrication. Quant à la
recherche et développement, elle s'est essentiellement
développée en Ontario, alors que le Québec estime qu'une
bonne partie aurait dû s'implanter ici.
C'est dans ce contexte que se situe la tenue de la commission
parlementaire des communications sur la réorganisation corporative de
Bell Canada et ses implications pour les consommateurs québécois.
Nous voulons savoir si cette réorganisation aura un impact positif sur
l'économie du Québec. Cette commission permettra également
d'analyser le rôle qu'a eu, qu'a et que devrait avoir Bell Canada dans le
développement économique du Québec.
L'information gouvernementale. Si vous le voulez bien, traitons quelques
instants de ce second mandat du ministère des Communications, celui de
l'information gouvernementale. L'adoption de la loi 65 constitue un des jalons
les plus importants mis en place depuis le 15 novembre 1976 pour favoriser la
transparence des actions et des politiques de l'État. C'est une
pièce législative majeure qui permettra d'améliorer
considérablement l'accès à l'information gouvernementale.
Déjà, la Commission d'accès à l'information a
été formée et le ministère est à mettre au
point un calendrier d'implantation de la loi. Le processus de consultation
lié à ce calendrier est, d'ailleurs, déjà en
marche.
Par ailleurs, d'autres mesures ont également été
prises au cours des derniers mois pour améliorer l'information
gouvernementale. Je mentionne, entre autres, la consolidation du programme de
dépôt des publications gouvernementales, auquel participent
près de 200 bibliothèques. Je retiens aussi l'entente
établie, à la suite d'un appel d'offres, avec une maison de
distribution afin que les publications gouvernementales soient disponibles dans
près de 2500 points de vente dans tout le Québec. Toujours dans
l'optique d'un meilleur accès, nous avons, cette année, ouvert
deux
nouveaux bureaux de Communication-Québec à Thetford-Mines
et Valleyfield. Deux autres bureaux seront ouverts l'an prochain, soit à
Granby et à Saint-Hyacinthe.
Vous pouvez, d'ailleurs, à la lecture du programme 2 sur
l'information et les publications gouvernementales, vous faire une idée
plus complète de toutes les réalisations du ministère au
cours de 1982-1983, ainsi que de nos orientations pour cette année.
Les services aux ministères et aux organismes gouvernementaux.
Par ailleurs, au niveau des services offerts par le ministère, qu'il me
soit permis aujourd'hui de mettre en lumière le souci constant de
rationalisation qui caractérise la gestion du ministère des
Communications. Je suis heureux de pouvoir encore cette année dire que
nous pouvons faire plus avec moins - d'ailleurs, les crédits sont
là pour le démontrer - sans pour autant rien céder au
niveau de la qualité des services offerts.
Au service des impressions en régie, par exemple, l'adoption d'un
certain nombre de mesures, la réduction de 50% de l'éventail des
types de papier offerts, la généralisation de l'impression recto
verso, l'emploi généralisé du papier 100M au lieu du 120M,
la diminution des normes de recevabilité de 3000 qu'elle était en
1981 à 2000 en 1982 ont permis de se défaire de certains
équipements, de réaffecter des ressources et d'amener ainsi une
diminution des coûts de fonctionnement de 14%.
La mise en place et l'opérationalisation du fonds renouvelable
permettant le financement des publications gouvernementales est aussi un
élément qui va dans le sens d'une plus grande rationalisation,
tout en maintenant un service de qualité aux clientèles. La mise
en place du guichet unique en audiovisuel en est un autre exemple.
Par ailleurs, dans le secteur technique, les faits marquants, toujours
dans l'optique d'une plus grande rationalisation, sont, premièrement, la
consolidation de l'infrastructure du réseau de radio mobile;
deuxièmement, l'implantation du centre de relève des
systèmes informatiques; troisièmement, le rapatriement et
l'intégration au centre de traitement du Bureau central de
l'informatique de la charge de traitement de trois ministères et,
quatrièmement, la décision de comprimer les dépenses de
télécommunication de 2 400 000 $ au cours de la prochaine
année.
Sur le plan de la gestion des ressources humaines et financières
du ministère, les compressions d'effectifs s'élèvent
à 24 en 1982-1983 et à 58 pour l'année prochaine. Les
compressions budgétaires ont été de 4 661 300 $ en
1982-1983 et seront de 5 751 600 $ pour la nouvelle année
financière. Nous avons, de plus, apporté deux modifications
majeures au plan d'organisation administrative entre février 1982 et
mars 1983 et, ainsi, vu le nombre de postes de cadres passer, de 73 à
64.
La Régie des services publics, la Commission d'accès
à l'information et Radio-Québec. En effet, en tant que ministre
des Communications, j'ai aussi à répondre des programmes relatifs
à la Régie des services publics à la nouvelle Commission
d'accès à l'information et à Radio-Québec.
Au cours de l'année budgétaire 1982-1983, la Régie
des services publics, tribunal administratif, organisme de contrôle et de
surveillance, a continué d'exercer sa compétence traditionnelle
en téléphonie en émettant la très grande
majorité de ses ordonnances dans ce secteur. Une de ces ordonnances a
permis, entre autres, la libéralisation du raccordement des terminaux.
Parmi les autres activités de la régie, soulignons son rôle
dans l'adoption de mesures innovatrices dans le but de rendre plus accessibles
les services téléphoniques aux personnes handicapées,
ainsi que son ordonnance sur la télévison payante. Finalement, en
1982-1983, la régie a encaissé 1 816 815 $ en droits et
redevances, alors que son budget de fonctionnement a été de 2 357
800 $.
Quant à la Commission d'accès à l'information, qui
a pour principale fonction d'entendre, à l'exclusion de tout autre
tribunal, les demandes de révision faites en vertu de la loi no 65 et
qui est aussi chargée de surveiller son application, elle est en train
de prendre forme actuellement. En effet, après la nomination des
commissaires par l'Assemblée nationale du Québec, le 16
décembre 1982, et l'entrée en fonction de deux de ses
commissaires au début de l'année, la commission a
préparé son premier budget et procédé à
l'amorce du recrutement de son personnel. D'ici à l'entrée en
vigueur de l'ensemble des articles de la loi no 65, la commission doit
s'occuper d'un certain nombre de tâches reliées à son
mandat dont, notamment, la préparation d'un avis sur le calendrier
d'implantation de la loi.
Pour sa part, Radio-Québec a poursuivi, au cours de
l'année 1982-1983, des efforts de rationalisation qui lui ont permis,
avec un budget accru de 8% seulement, de faire face aux responsabilités
que lui impose la loi, tout en faisant passer son effectif de 902 à 842
personnes. Précisons ici que la totalité de cette croissance
budgétaire est attribuable à l'extension de son réseau
d'antennes. Radio-Québec a réussi à contenir ses
coûts de production et à réduire ses dépenses
d'administration qui, de 15% en 1981-1982, sont passées à environ
13% au cours de la dernière année.
Soulignons, enfin, un accroissement de la productivité à
Radio-Québec, un niveau d'écoute satisfaisant compte tenu de la
mission de l'organisme et un point de non-
retour vers la régionalisation, même si le contexte
budgétaire de l'heure a forcé Radio-Québec à
ralentir quelque peu son rythme de croisière dans cette direction.
Bientôt, plus de 90% de la population québécoise sera
rejointe par le réseau de Radio-Québec et cette
pénétration sera facilitée par l'abandon, au cours des
prochaines années, du lien micro-ondes au profit de la transmission par
satellite pour l'alimentation des émetteurs.
Avant de terminer, M. le Président, j'aimerais souligner le
rôle de coordination qu'a joué le ministère des
Communications dans le lancement et l'organisation des activités de
l'Année mondiale des communications. Le ministère a nommé
un commissaire en la personne de M. Charles-Henri Dubé, ancien
délégué du Québec à Moncton, afin d'assurer
la coordination des activités reliées à l'Année
mondiale des communications sur le territoire québécois. Un
programme d'aide spécial de 400 000 $ a aussi été
créé afin de favoriser la participation du plus grand nombre
d'intervenants possible. Jusqu'à aujourd'hui, une cinquantaine de
projets provenant de toutes les régions du Québec ont reçu
un appui financier dépassant 250 000 $ dans le cadre de ce programme.
Parmi ces projets, il y a notamment le colloque sur la
télématique de l'Institut canadien de l'éducation des
adultes, l'Assemblée mondiale des artisans de radio de type
communautaire et un salon sur les nouvelles technologies en Abitibi.
Évidemment, la liste complète des projets retenus est disponible
pour les membres de la commission parlementaire.
La réponse à ce programme spécial est à ce
point enthousiaste que le ministère songe à augmenter l'enveloppe
qui lui est réservée. Je viens, d'ailleurs, ce matin, de prendre
la décision de demander au Conseil du trésor d'autoriser le
ministère des Communications à ajouter un montant de 100 000 $
à cette enveloppe de 400 000 $, mais toujours pris à même
les fonds déjà crédités au ministère des
Communications.
Soulignons aussi la mise sur pied, au cours de l'année qui vient
de s'écouler, de deux nouveaux programmes de création d'emplois
dans le domaine des communications avec comme objectifs de faciliter
l'implantation de la loi 65 et de permettre à des entreprises de
communication de réaliser certains projets spécifiques. Ces
projets, inscrits dans le cadre de l'action gouvernementale de relance
économique et d'aide à l'emploi, ont totalisé des
crédits de 1 500 000 $ et ont permis à 382 personnes de trouver
du travail à travers le Québec. Des démarches sont
actuellement en cours afin que des crédits d'un montant similaire soient
consentis de nouveau afin de rééditer ce programme en 1983-1984.
Mais, cette fois-ci, seul le créneau gestion documentaire en fonction de
l'implantation de la loi 65 serait retenu. Je suis, d'ailleurs, en mesure
d'annoncer aussi que, ce matin, je viens d'autoriser une demande, par le
truchement du ministère de la Main-d'Oeuvre, pour que le Conseil du
trésor nous permette de débloquer un montant de 1 500 000 $ pour
créer 311 emplois additionnels, mais plus spécifiquement dans le
domaine de l'implantation de la loi 65, en d'autres mots, dans le secteur de la
gestion documentaire.
Avant de terminer, j'aimerais remercier très sincèrement
tous les employés du ministère des Communications. Grâce
à leurs efforts, il nous a encore été possible de faire
plus avec moins dans le difficile contexte économique actuel. Je ne
saurais trop remercier tous ces collaborateurs et toutes ces collaboratrices
dont j'apprécie énormément le professionnalisme et
l'efficacité.
Je désire terminer ici mes observations générales.
Je vous ai indiqué trop brièvement, j'en suis conscient, les
grandes orientations et les projets du ministère des Communications.
J'aurais voulu aborder beaucoup d'autres questions, mais je
préfère être plutôt bref dans ma déclaration
préliminaire pour que nous passions assez rapidement à la
discussion. J'insiste, M. le Président et MM. le membres de la
commission parlementaire, pour vous exprimer toute notre disponibilité
en vue de répondre de la façon la plus transparente possible
à toutes les questions que vous voudrez bien nous poser.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Westmount.
M. Richard French
M. French: Merci, M. le Président. Au début, j'ai
de brefs commentaires sur les pratiques d'information du ministère des
Communications. Nous avons reçu le cahier concernant les crédits
à la fin de l'après-midi jeudi dernier. Il est,
évidemment, impossible de l'étudier efficacement dans un temps si
court et de se préparer efficacement pour une discussion bien
fondée en si peu de temps. Je sais que le ministre nous offrira ses
excuses, mais il ne s'agit pas de cela, effectivement. Il s'agit plus d'une
situation où la transparence devient un discours sans
réalité. Il me semble qu'on devrait même songer à
ajuster toutes les procédures des crédits et ajouter une exigence
formelle de présentation de documentation dans un délai
raisonnable avant le début de la session.
Je n'impute pas de motifs au ministre ou au ministère, mais,
compte tenu de l'éclair qui a frappé le ministre, qui a rendu
public le rapport Tamec sur Bell Canada mercredi dernier, alors que nous
avions
demandé en novembre dernier, l'ensemble des
responsabilités de cette semaine est, évidemment, impossible
à rencontrer pour quelque Opposition que ce soit, avec le meilleur
système de recherche possible. Je voulais, tout simplement, souligner au
début le problème qui est créé par ce genre de
pratique d'information et surtout que cela vienne du ministère des
Communications, cela crée d'autant plus de problèmes et d'autant
plus de contradictions vis-à-vis de son mandat. (10 h 30)
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais, sur ce point
très spécifique, indiquer d'abord que le ministère des
Communications, depuis un certain nombre d'années, est toujours à
peu près un des premiers ministères à se présenter
devant la commission parlementaire pour l'étude de ses crédits.
Deuxièmement, la tradition veut que le cahier des crédits, comme
on l'appelle communément, soit transmis à l'Opposition environ
une semaine avant que les crédits soient étudiés en
commission parlementaire. Troisièmement, par ailleurs, je souscris
entièrement à cette demande qui est formulée par le
député de Westmount, à savoir que, dans un contexte de
réforme parlementaire, nous pourrions envisager des modèles
nouveaux pour ce qui est de la présentation de documents de quelque
nature qu'ils soient.
Je lui indiquerai qu'à la sous-commission de l'Assemblée
nationale sur la réforme parlementaire, dans une perspective de
réforme qui se situerait au niveau de l'étude des crédits,
une proposition avait été présentée qui faisait
que, par exemple, les crédits étaient déposés
à l'Assemblée nationale vers la fin du mois de mars, comme le
règlement le prévoit, que, par la suite, l'Opposition avait une
dizaine de jours pour transmettre ses demandes de renseignements aux
différents ministères et que, par la suite, le ministère
avait une quinzaine de jours pour acheminer les réponses à
l'Opposition. Mais même dans ce contexte, nous nous trouvions
placés dans une situation où les délais demeuraient
relativement brefs pour procéder à l'étude des
crédits en commission parlementaire. Il est évident qu'il y a des
ministères dont l'étude des crédits va se faire quelque
part vers la fin du mois de mai ou le début du mois de juin et dont le
cahier des crédits sera disponible peut-être d'ici une semaine ou
deux.
M. French: Pas toujours.
M. Bertrand: Pas nécessairement.
M. French: Non.
M. Bertrand: Peut-être, je le souhaite.
M. French: Oui.
M. Bertrand: Dans ce contexte, comme il faut bien commencer par
certains ministères et comme le ministère des Communications est
toujours prêt, il nous semblait tout à fait correct de fonctionner
comme nous l'avons fait. On ne peut tout de même pas envoyer le livre des
crédits avant que les crédits aient été
déposés à l'Assemblée nationale.
M. French: M. le Président, j'apprécie la bonne
volonté du ministre, mais le ministère des Communications
n'était effectivement pas prêt, puisque sa documentation n'est pas
arrivée à l'heure. C'est évident que vous n'étiez
pas prêt. Vous étiez prêt à venir avec une Opposition
qui a eu une fin de semaine pour regarder vos documents, mais vous
n'étiez pas prêt, paraît-il, à nous fournir les
renseignements en temps et lieu. J'admets votre bonne volonté, mais
c'est une expérience que nous avons chaque année avec les
crédits. Avec respect, je dois dire au ministre qu'il ne s'agit pas
d'être le premier. Cela m'est arrivé alors que j'étudiais
les crédits de ministères qui étaient parmi les derniers
arrivés. Il ne s'agit pas de cela. Il s'agit d'avoir la volonté,
à l'intérieur du ministère, d'être prêt et de
fournir les documents assez tôt.
Je peux faire deux suggestions. D'abord, je dis au ministre que,
l'année prochaine, si on est tous les deux ici, je ne procède pas
à moins d'avoir les documents une semaine à l'avance. Est-ce que
le ministre est prêt à accepter cela?
M. Bertrand: Le ministre est même prêt à faire
beaucoup plus que cela. Comme j'ai des contacts très étroits avec
le leader parlementaire du gouvernement, je peux lui dire qu'en ce moment,
à la sous-commission qui étudie la réforme parlementaire,
nous travaillons de façon très serrée sur ce dossier de
l'étude des crédits. Ce qui cause des problèmes à
cette sous-commission de l'Assemblée nationale qui étudie la
réforme parlementaire, c'est que nous avons fait une proposition de
réforme parlementaire qui a comme comme prémisse, entre autres
choses, d'abolir l'étude des crédits telle qu'elle était
conçue dans sa forme traditionnelle et de la remplacer par de nouveaux
types de commissions parlementaires, de contrôle des finances publiques,
le Vérificateur général, etc. L'étude des
crédits, telle que nous la vivrons encore cette année, ne me
paraît pas être la meilleure façon de procéder
à l'étude des orientations des politiques des différents
ministères du gouvernement du Québec.
Je pense que le député de Westmount devrait se faire un
devoir de donner son
point de vue aux représentants de sa formation politique à
la sous-commission de l'Assemblée nationale. Tout cela doit être
revu dans un contexte plus général de réforme
parlementaire. Donc, il a, de ce côté, mon appui le plus
total.
M. French: Je voudrais faire une autre suggestion au ministre.
J'ai l'impression que la raison du retard, c'est qu'il y a un dernier
élément qui arrive toujours en retard. Non, ce n'est pas le cas.
Alors, pourquoi arrive-ton avec cette pile de documentation à la
dernière minute? J'ai plutôt l'impression que la plupart des
documents sont prêts assez tôt et qu'on attend pour
présenter le cahier en entier à l'Opposition. Ce serait
peut-être possible de le faire parvenir par tranches.
M. Bertrand: M. le Président, je pense qu'on fait un
débat qui risque de nous empêcher d'aller au fond des choses sur
l'ensemble du dossier des communications.
M. French: II est difficile d'aller au fond des choses lorsqu'on
ne reçoit pas les renseignements suffisamment tôt pour pouvoir les
étudier.
M. Bertrand: Je veux dire très simplement au
député de Westmount - il le comprendra, je l'espère - que
les crédits ont été déposés le 29 mars. Par
la suite, on s'était entendu pour que l'étude des crédits
commence quelque part dans la semaine du 12 avril. Finalement, ils ont
commencé davantage autour du 15 avril et, cette semaine, on s'engage
vraiment dans l'étude des crédits des différents
ministères. Dans ce contexte, il nous apparaît qu'on a
été fidèle à la tradition établie depuis
plusieurs années de les soumettre à l'Opposition, après
avoir reçu, d'ailleurs - il faut le savoir - ces demandes de
renseignements dans des délais qui sont à peu près les
mêmes. Une lettre nous a été envoyée le 6 avril 1983
nous disant: "Veuillez trouver annexées les demandes de renseignements
de l'Opposition au sujet de l'étude des crédits pour
l'année 1983." C'était le 6 avril.
M. French: Est-ce que le ministre est en train de me dire que le
cahier en entier dépendait du contenu de cette lettre?
M. Bertrand: Non, évidemment pas.
M. French: Tout ce que je lui dis, c'est que je l'invite à
faire parvenir les documents à l'Opposition lorsqu'ils sont prêts,
en vue des crédits, plutôt que d'attendre à la
dernière minute pour que tout soit complet. Ce n'est pas une critique;
c'est une suggestion qui se veut constructive.
M. Bertrand: Si l'étude des crédits existe encore
l'année prochaine dans sa forme actuelle et si elle existe encore dans
son essence même. J'ajouterai à cela que le ministère des
Communications - vous le remarquerez probablement encore cette année -
sera probablement le premier à déposer son rapport annuel de
1982-1983.
M. French: M. le Président, c'est un bilan plutôt
sombre et décevant que nous présente le ministère des
Communications pour l'année financière 1981-1982.
M. Bertrand: 1982-1983.
M. French: 1982-1983. Mais je faisais référence
à l'année financière qui vient de se terminer, M. le
ministre.
M. Bertrand: 1982-1983.
M. French: Je m'excuse. Il y a eu un élément
prometteur, il y a eu un élément positif, une expérience
valable, cela a été la collaboration entre l'Opposition et le
ministère dans la confection de la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
Lorsque le ministre démontre une telle attitude, il est toujours
possible d'améliorer grandement la productivité de
l'Assemblée nationale. Nous avons apprécié
l'expérience et nous espérons - nous en discuterons, d'ailleurs,
aujourd'hui - voir la Commission d'accès à l'information, ainsi
que la vraie mise en vigueur de la loi pendant l'année financière
qui s'en vient. C'est très important, puisque nous avons maintenant
annoncé l'objectif du gouvernement du Québec: une plus grande
transparence, une plus grande protection des renseignements personnels, de
passer aux actes et de faire appliquer la loi au moins quant aux
ministères les plus importants du gouvernement du Québec.
Mais, par contre, en regardant ce qui se passe dans le dossier des
communications, force nous est de constater que le ministre est accaparé
ailleurs par des responsabilités extrêmement lourdes. Nous avons
donc un ministre à temps partiel qui, avec la meilleure volonté
au monde, ne pourrait pas faire face aux besoins qu'ont les divers milieux en
communication au Québec, ne pourrait pas être en mesure de
rencontrer tous les intervenants et de participer pleinement à une
discussion des politiques qui concernent ces milieux très divers.
Il faut dire que le ministre donne parfois l'impression de mal
comprendre et de mal connaître ses dossiers et se trouve obligé de
reculer devant des déclarations fracassantes faites pas plus de trois ou
quatre semaines auparavant. Nous ne pouvons nous réjouir, par exemple,
d'apprendre aujourd'hui que la politique nationale de
communications sera retardée d'une autre année. Ici
même, dans cette salle, à la même occasion, lors de
l'étude des crédits de l'année dernière, on nous a
dit que cette politique verrait le jour ce printemps-ci. Si j'ai bien compris
la déclaration d'ouverture, cette politique entrera en vigueur
probablement après Noël, l'année prochaine, pour ne pas dire
d'ici un an. On ne peut se réjouir du fiasco lamentable dans le domaine
de la réglementation québécoise concernant la
télévision payante. Alors que le ministre disait, il y a un an,
qu'aucune entreprise de télévision payante ne pourrait
fonctionner au Québec sans permis de la Régie des services
publics, alors qu'il répétait la même chose en
février dernier, la semaine dernière, il a découvert
soudainement, tout à coup, qu'en 1978 une décision de la Cour
suprême enlevait effectivement tout pouvoir au Québec dans cette
juridiction.
On ne peut se réjouir du manque d'action concrète en ce
qui a trait au développement économique de l'industrie de
l'informatique. Il semble que le seul ministre qui s'en préoccupe au
sein du gouvernement, le ministre délégué à la
Science et à la Technologie, soit obligé de pousser ses
collègues, le ministre des Communications et le ministre de
l'Éducation, notamment, soit obligé de les forcer à se
préoccuper de ce volet extrêmement important de leur mandat
respectif.
On ne peut se réjouir face à la politique de porte ouverte
quant à la publicité gouvernementale, quant aux
possibilités de dépenser l'argent des contribuables chaque fois
que le gouvernement se trouve coincé. S'il n'y a pas de colloque, s'il
n'y a pas plus de dialogue, c'est sûrement.... La concertation, oui. Mon
collègue, le député de Vaudreuil-Soulanges, me rappelle ce
mot clé, la concertation avec les milieux populaires et les intervenants
privilégiés, etc. Quand ce n'est pas de la discussion, ce sont
surtout des annonces publicitaires, des dépliants dans les bureaux de
comté, des envois aux enseignants dans le domaine de l'histoire, tous
les trucs possibles, en utilisant l'argent des contribuables pour faire passer
les messages gouvernementaux, les négocations avec les syndicats du
secteur public par la voie des médias, encore une fois, aux frais des
contribuables.
On ne peut se réjouir, non plus, qu'une entreprise de
télévision éducative traîne la patte en ce qui a
trait à la technologie de pointe dans son domaine et semble bien en
arrière de ses homologues de l'extérieur du Québec. Je
peux continuer? Je dois reconnaître que c'est une indication de
santé au sein du ministère que le ministère semble
prêt, si on se fie aux fuites récentes, à réexaminer
son rôle et son approche. Si le ministère est prêt à
reconnaître que les querelles de juridictions entre Québec et
Ottawa dans le domaine des communications ont engouffré des
énergies et conduit le Québec à négliger le
développement des industries de communications, c'est un bon signe.
Cependant, nous voulons savoir, à la suite de cette autocritique
très saine, quelle est l'attitude du ministre et du ministère. On
est moins intéressé par les colloques, la consultation, les
sommets et les appels au dialogue que par les déclarations
spécifiques concernant les politiques et les programmes concrets que le
ministère pourrait mettre en marche.
La grande question, compte tenu de cette reconnaissance d'échec,
c'est: Comment réaménager les politiques et programmes du
ministère, compte tenu de tout cela? (10 h 45)
II nous semble qu'il y a trois points centraux: un ministre à
temps plein; une politique qui, tout en revendiquant une juridiction
augmentée pour le Québec, reconnaît les
réalités des compétences telles qu'elles sont. On est
forcé de reconnaître que les attaques sur la juridiction d'Ottawa
n'ont pas augmenté la clientèle séparatiste du
gouvernement, n'ont pas changé l'attitude à Ottawa et n'ont pas
changé la juridiction. Enfin, une politique qui reconnaît que les
nouvelles technologies et la croissance industrielle qui s'y rattache, avec
tous les bénéfices que cela peut apporter pour le peuple
québécois, continueront à progresser avec ou sans le
Québec. Le Québec a plus besoin de la nouvelle technologie que
ceux et celles qui font la nouvelle technologie ont besoin du
Québec. C'est une reconnaissance de base qui doit soutenir toutes les
activités du ministère dans le domaine économique et
technologique. C'est un volet qui a été remarquablement absent
dans le comportement du ministère jusqu'ici.
Nous entreprenons cette étude des crédits 1983-1984 en
reconnaissant que le bilan n'est pas toujours totalement négatif, mais
qu'il est décevant et en espérant entendre non pas les avalanches
de mots, non pas les déluges de mots, non pas le recours à la
rhétorique propres habituellement au ministre, mais des engagements
spécifiques et des réponses claires et concrètes qu'on
peut discuter entre intervenants raisonnables.
C'est la seule façon, je crois, qui nous permettra de retrouver,
au sein de la discussion des politiques du ministère et de ses
programmes pour l'année prochaine, la même atmosphère et la
même productivité que nous avons connues lors de la commission
permanente des communications qui a étudié le projet de loi no
65.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le ministre.
Réplique du ministre
M. Bertrand: M. le Président, je répondrai avec le
minimum de rhétorique et, j'espère, le maximum
d'efficacité, à quelques-unes des remarques qui m'ont
été formulées par le député de Westmount. Il
est bien évident que le ministre des Communications, qui assume en
même temps la fonction de leader parlementaire du gouvernement, se doit
de distribuer sa centaine d'heures de travail par semaine entre non seulement
sa responsabilité de leader parlementaire du gouvernement et celle de
ministre des Communications, mais celle de député du comté
de Vanier qui est mon premier titre d'importance - je le détiens
directement de la population - et aussi celle de ministre responsable de la
région de Québec, ce qui m'apparaît aussi très
important, étant donné le fait que cette région, qui est
celle de la capitale nationale du Québec, doit mériter
l'attention de tous les députés de cette région.
La question m'a, d'ailleurs, été posée, hier soir,
à l'émission de Pierre Nadeau, à Radio-Québec.
M. French: Qu'est-ce que vous avez répondu?
M. Bertrand: J'ai répondu, mon cher collègue, que
tant et aussi longtemps que le premier ministre du Québec
considérerait que le leader parlementaire du gouvernement assumerait en
même temps les fonctions de ministre des Communications, quant à
moi, en bon soldat, j'accepterais d'assumer ces deux responsabilités.
Deuxièmement, très souvent dans la vie, il est question
d'organisation du travail. Je crois très sincèrement qu'un leader
parlementaire du gouvernement peut efficacement remplir ses fonctions dans un
ministère sectoriel pour peu qu'il organise son travail correctement,
pour peu aussi qu'il accepte de travailler en équipe.
J'ai fait allusion tout à l'heure à cette équipe de
1250 personnes qui oeuvrent au sein du ministère des Communications,
à commencer, bien sûr, par les gens qui m'entourent très
directement, l'équipe sous-ministérielle, les membres de mon
cabinet. Chemin faisant, depuis environ quatorze mois, nous avons réussi
à réaliser nos objectifs. Je pense que cela s'est fait dans le
sens des orientations que nous nous étions fixées au
ministère des Communications.
Quant à la politique nationale des communications que le
député de Westmount rêvait de voir enfin sur la table au
printemps 1983, je dois lui indiquer qu'effectivement au ministère
des
Communications, en cours d'année, étant donné la
décision que nous avions prise de tenir un sommet sur les
communications, à l'automne 1983, nous avons
préféré faire en sorte que la politique nationale des
communications soit issue d'une discussion publique et que les propositions
d'action que nous retiendrons en matière de communications ne soient pas
que des propositions d'action gouvernementale, mais que ce soit des
propositions d'action qui associent l'ensemble des intervenants dans le vaste
champ des communications.
J'ai été très amusé d'entendre, tout
à l'heure, le député de Westmount nous reprocher de faire
de la consultation et de la concertation. Je trouve cela assez curieux venant
d'un député d'une formation comme celle du Parti libéral
du Québec de dire à un ministre des Communications: Qu'est-ce que
vous attendez pour mettre sur la table votre politique nationale des
communications? Alors que les efforts que je fais en ce moment vont dans le
sens d'associer l'industrie, l'entreprise privée, dont vous parlez
tellement souvent sans sembler vous rendre compte que nous travaillons en
très étroite relation avec elle.
Le député de Westmount parlait tantôt du temps dont
le ministre disposait pour s'occuper de ses responsabilités et surtout
pour s'intéresser au développement économique dans le
secteur des communications. Dois-je lui rappeler qu'au cours des
dernières semaines je suis allé rencontrer, chez eux, les gens de
Northern Telecom, les gens de Recherches Bell-Northern, les gens de l'INRS qui
travaillent avec Recherches Bell-Northern, les gens d'IBM, à Bromont et
à Montréal, les gens de Mitel, les gens de Comterm, les gens de
AES Data, les gens d'Industriel services techniques, IST, les gens de DMR,
Ducros, Meilleur, Roy, les gens de Micom. J'ai donc rencontré, au cours
des dernières semaines, des gens qui m'ont dit: C'est la première
fois qu'on reçoit un ministre des Communications; c'est la
première fois qu'on sent que le ministère des Communications, par
son ministre, s'associe aussi intimement au développement des
entreprises de communication sur le territoire québécois.
Quant à la réglementation sur la télévision
payante, effectivement, dans ce dossier, nous avons vécu, au cours des
dernières semaines, un certain nombre de problèmes.
Là-dessus, la responsabilité revient, en très directe
ligne, de l'attitude du gouvernement fédéral dans ce dossier.
Bien sûr - je le sais, le député de Westmount va me le dire
encore une fois -venant d'un gouvernement du Parti québécois,
d'un ministre des Communications péquiste, quel autre discours que
d'imputer la responsabilité des failles qui sont survenues dans ce
dossier au gouvernement fédéral?
Or, là-dessus, j'espère que le député de
Westmount aura au moins l'élémentaire prudence de s'en rapporter
aux attitudes de
sa formation politique dans le dossier de la télévision
payante. Dois-je lui rappeler que la guerre de la câblodistribution s'est
déroulée sous un gouvernement libéral, que la
câblodistribution était sous la responsabilité
québécoise, que c'est le gouvernement fédéral qui
est venu semer la pagaille dans ce dossier, que c'est sous le gouvernement
libéral qu'ont été engagées des poursuites devant
les tribunaux et que c'est la Cour suprême du Canada qui a, finalement,
tranché dans le sens des intérêts du gouvernement
fédéral en matière de câblodistribution? Dois-je lui
dire à quel point, dans le dossier de la télévision
payante, nous avons continuellement recherché un règlement par
voie négociée? Nous avons continuellement cherché à
faire comprendre au gouvernement fédéral, de conférence
fédérale-provinciale en conférence
fédérale-provinciale, de conférence interprovinciale en
conférence interprovinciale, que la télévision payante
était de compétence et de juridiction provinciales dans le
système actuel.
La dernière conférence, celle du mois de mai 1982,
à Calgary, nous a fait voir quoi? Un front commun - Dieu sait que c'est
souvent unique au Canada - des dix provinces qui, toutes, devant la presse
présente à la demande du Québec et de la Colombie
britannique, ont dit: La juridiction, la compétence en matière de
télévision payante doit revenir aux provinces. Bien plus, ici
même, lors de l'étude des crédits de mon ministère
l'an dernier, le député de Jeanne-Mance disait: "Nous tenons
à réaffirmer au ministre que nous désirons et nous
recherchons que soit reconnue cette compétence exclusive au
Québec dans la programmation et l'attribution des permis en ce qui
concerne la télévision payante au Québec." J'avais donc
l'appui de l'Opposition. Il y avait unanimité à
l'Assemblée nationale du Québec. Cela était dit avant
même que je me rende à Calgary. Toutes les provinces ont tenu le
même discours, les formations politiques à l'Assemblée
nationale ont tenu le même discours.
S'il y a un dossier sur lequel on doit se réjouir de la
continuité qui a existé en termes de revendications au cours des
quinze dernières années, c'est-à-dire depuis la fondation
du ministère des Communications, c'est bien celui de la
continuité des attitudes, des comportements, des prises de position des
gouvernements qui se sont succédé à Québec, que ce
soit un gouvernement de l'Union Nationale, du Parti libéral ou du Parti
québécois. Ne me demandez pas de faire autre chose que ce que les
gouvernements ont fait avant moi et n'attendez pas moins d'un gouvernement du
Parti québécois que ce qu'on a attendu, et à bon droit,
d'un gouvernement du Parti libéral ou d'un gouvernement de l'Union
Nationale.
Donc, dans le dossier de la télévision payante, nous
avions préparé un règlement depuis cinq ans; nous l'avons
modifié en cours de route avec la collaboration des entreprises
elles-mêmes. Ce règlement était conçu dans la
perspective où le Québec exerçait lui-même,
exclusivement, la juridiction en matière de télévision
payante. Dès lors que le gouvernement fédéral, faisant fi
des représentations unanimes des provinces, faisant fi des
représentations unanimes des formations politiques à
l'Assemblée nationale, décidait, via le CRTC, d'émettre
des permis à des entreprises de télévision payante (First
choice, Premier choix, C Channel, TVEC, etc.) comment, à partir de ce
moment-là, pouvions-nous, en pratique, imposer aux entreprises de
télévision payante de se constituer en un réseau central
des entreprises de télévision payante tel que le formulait le
règlement? À toutes fins utiles, l'essence même du
règlement se trouvait vidé de sa signification parce que le
gouvernement fédéral avait décidé d'agir
unilatéralement et de s'ingérer dans le dossier de la
télévision payante, malgré toutes les
représentations qui lui avaient été faites par l'ensemble
des provinces et l'ensemble des formations politiques au Québec.
Dans ce contexte - vous sembliez tantôt me féliciter de
cette attitude - plutôt que de m'engager dans des querelles
juridictionnelles, constitutionnelles, légales, qui, à terme,
pourraient s'avérer stériles pour le Québec et pour le
développement des communications sur le territoire
québécois, j'ai préféré demander au
ministère des Communications, en collaboration avec les entreprises qui
oeuvrent dans le secteur de la câblodistribution au Québec, que
nous puissions, au cours des prochaines semaines, reprendre le dossier, revoir
comment, tenant compte du contexte actuel et tenant compte de la position de
fait accompli devant laquelle nous a placés le gouvernement
fédéral, le Québec pourrait assumer ses
responsabilités en la matière, de telle sorte que les
retombées économiques se fassent sentir en faveur des entreprises
qui oeuvrent sur le territoire québécois, en particulier dans le
secteur du cinéma et de l'audiovisuel. Cela me paraît être
une attitude responsable et raisonnable. Cela, c'est du concret. Ce n'est pas
l'attitude d'un ministre qui cherche la bataille pour la bataille.
La négociation, nous l'avons menée de bonne foi, jusqu'au
bout, et je suis obligé de constater aujourd'hui que bien des gens de
votre côté, à commencer par le président de votre
campagne de financement, au sein de votre formation politique, M. Nadeau,
lorsqu'ils se tournent vers Ottawa, disent: Il est temps qu'on change de
gouvernement à Ottawa parce qu'il est impossible de travailler avec ce
genre de gouvernement.
Ce gouvernement a une conception du fédéralisme qui est.
bien loin de ce qu'on appelait, dans le temps - je crois que c'est Jean-Luc
Pépin qui avait sorti l'expression -le fédéralisme
coopératif. On est bien loin de la coopération dans le secteur du
fédéralisme, avec le gouvernement qui est à Ottawa.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Donc...
M. Bertrand: Je pense...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le ministre. (11
heures)
M. Bertrand: Laissez-moi terminer. Moi, je pense que, dans ce
contexte, le plus grand bien qui pourrait arriver aux
fédéralistes du Québec et, en même temps, bien
sûr, à ceux qui, comme moi, de bonne foi, essaient de
régler des problèmes dans le secteur des communications par la
voie de la négociation, c'est qu'au plus sacrant les
Québécois et l'ensemble des Canadiens mettent à la porte
ce gouvernement qui est incapable de négocier dans le cadre même
de ce qui s'appelle le fédéralisme. Dans ce contexte, je pense
que, sur le dossier de la télévision payante, si vous voulez
qu'on en reparle tantôt, mes armes sont prêtes.
Enfin, je voudrais aussi, M. le Président, ne pas oublier de
parler de la publicité gouvernementale. Encore une fois, le
député de Westmount, n'est-ce pas, se lance dans des
procès fondés sur aucun chiffre, d'ailleurs, fondés sur
à peu près aucune réalité. C'est l'habitude de
l'Opposition de dire: Ce gouvernement fait de la propagande, ce gouvernement
fait trop de publicité. Or, bon an, mal an, depuis 1976, depuis que nous
sommes au pouvoir, nous avons dépensé en publicité, en
placements publicitaires dans les médias d'information environ 10 000
000 $. Savez-vous quoi, M. le député de Westmount? C'est
tellement curieux pour moi, comme ministre des Communications, de rencontrer la
semaine dernière, avec un de vos collègues, le
député de Chapleau, je crois, M. Kehoe, des représentants
des hebdomadaires du Québec. J'en ai rencontré des hebdomadaires
de l'Est de Montréal, j'ai rencontré des gens qui
représentent des hebdomadaires de l'Outaouais...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Arrivez en ville!
M. Bertrand: ...et qui veulent avoir leur part dans la
publicité.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils en veulent plus.
M. French: C'est surprenant.
M. Bertrand: Oui, ils en veulent plus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le plus vite possible. C'est
bien évident.
M. French: On apprend des choses.
M. Bertrand: Oui. Savez-vous quoi? Ce sont des
députés libéraux qui exercent du lobbying auprès de
moi, M. le Président, pour faire en sorte que les hebdomadaires puissent
obtenir leur part en publicité. À ce moment, je leur dis, comme
j'ai dit à M. Kehoe: Tournez-vous vers vos porte-parole en la
matière. Faites-leur comprendre l'importance pour la population
d'être informée sur les services et les programmes
gouvernementaux. Faites-leur comprendre l'importance d'avoir des budgets
importants en publicité gouvernementale. C'est toujours le même
discours, même si on est en mesure de prouver que, bon an, mal an, on
dépense environ 10 000 000 $ en publicité gouvernementale.
Au-delà de cela, M. le Président, je lisais
récemment dans un journal très intéressant... Ce sont des
données qui nous viennent d'un organisme qui n'est pas
québécois, c'est un organisme canadien, qui a fait le bilan de ce
qui se fait en publicité au Canada. Le titre dans la Presse du mercredi
6 avril 1983: Forte réduction des dépenses publicitaires du
Québec. Moi, comme ministre des Communications, j'ai été
à la fois déçu et réjoui. Déçu parce
que je me dis: Peut-être qu'on assume mal nos responsabilités en
matière de publicité, en matière d'information
gouvernementale et qu'on devrait demander...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a pas
d'élections. Il n'y a pas de référendum.
M. Bertrand: ...au ministre des Finances d'ajouter des
crédits additionnels pour tous les ministères et organismes
gouvernementaux. Parce qu'il faut savoir une chose, c'est que les budgets de
publicité n'émargent pas directement aux crédits du
ministère des Communications; ils sont répartis dans un ensemble
de ministères et d'organismes gouvernementaux. Quand on fait le total,
savez-vous à quel rang on est rendu? On est rendu au 18e rang dans les
25 principaux annonceurs canadiens. Vous rappelez-vous l'époque
où on était à peu près au quatrième
rang?
M. French: Au quatrième rang, en 1980, je pense.
M. Bertrand: Et qu'on se faisait dire: C'est
épouvantable...
M. French: II y avait un référendum.
M. Bertrand: ...le gouvernement du Québec est le
quatrième annonceur le plus important au Canada. On est rendu au 18e
rang. On est derrière Chrysler, Warner Lambert, Kellogg Salada, Ford,
American Home Products, Unilever, groupe Imasco, Molson, Dart & Kraft,
General Motors, Nabisco Brands. Et qui est au sixième rang? Le
gouvernement de l'Ontario, avec 23 200 000 $ pour 1982. C'est plus que deux
fois le montant que le gouvernement du Québec consacre aux placements
publicitaires. Qui est au premier rang? À tout seigneur, tout honneur,
le gouvernement du Canada. Quand c'est lui, c'est normal: 54 500 000 $. Lui,
bien sûr, est autorisé -c'est normal, cela fait partie de ses
responsabilités - à faire le maximum de publicité.
Moi, M. le Président, quand je vois des chiffres comme
ceux-là, je vous avoue que je suis estomaqué d'entendre les
propos du député de Westmount. Il sera même en mesure de
constater, au programme 2 des crédits du ministère des
Communications relatifs à l'information et aux publications
gouvernementales, que le budget passe de 32 302 000 $ qu'il était en
1982-1983 à, croyez-le ou non, 24 999 400 $ en 1983-1984, une baisse
d'environ 8 000 000 $ quant à l'information et aux publications
gouvernementales. Vous savez, on aura beau faire des procès d'intention,
des déclarations ad nauseam sur la publicité gouvernementale, il
y a une chose qui demeure vraie, c'est que, cette année encore, le
budget de la publicité gouvernementale n'augmentera pas. Mais je peux
vous promettre une chose comme président du Comité
ministériel permanent des communications, c'est que vous allez vous
rendre compte que la cohérence et l'efficacité des programmes de
communications gouvernementales vont augmenter au cours de la prochaine
année budgétaire. Foi de ministre des
Communications responsable du CMPC, je vais m'assurer que nous n'allons
pas, avec des moyens aussi modestes, éparpiller et laisser se
volatiliser dans le décor des programmes de communications sur lesquels,
finalement, nous n'aurons pas pratiqué certaines mesures
d'efficacité et d'efficience.
Vous avez parlé aussi de l'informatique, des technologies de
pointe et de l'implication du ministère des Communications. Dans
quelques jours, nous allons annoncer un projet d'envergure qui concerne les
câblodistributeurs, auquel a participé directement le
ministère des Communications, auquel va participer directement la
Société de développement industriel du Québec,
auquel a participé le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, auquel a participé le ministère de la Science et de la
Technologie. Vous imaginez-vous que, depuis que le poste de ministre de la
Science et de la Technologie a été créé, les
ministères qui s'occupent d'informatique, de bureautique, de privatique,
de robotique ont cessé de s'intéresser à ces dossiers?
Avez-vous pris connaissance, oui ou non, des modifications apportées
à la Loi sur la Société de développement des
industries de la culture qui, maintenant, s'appelle la Société de
développement des industries de la culture et des communications et qui
reçoit par cette loi des mandats spécifiques en matière de
communications? Vous rendez-vous compte qu'à l'heure actuelle la
majorité des demandes qui sont acheminées à la SODIC
émergent du secteur des communications? Vous n'êtes pas en mesure
de le réaliser, probablement parce que vous ne suivez pas suffisamment
le dossier des communications, probablement parce que le député
de Westmount éparpille ses énergies quant à la
législation déléguée, quant à...
M. French: Non, attention.
M. Bertrand: ...certains autres dossiers. Il oublie de suivre pas
à pas ce qui se fait au ministère des Communications. Nous avons
dix heures pour regarder, point par point, ce qui se fait au ministère
des Communications. Le député de Westmount va se rendre compte
d'une chose, c'est que, premièrement, c'est un des ministères les
mieux gérés de tout l'appareil gouvernemental. J'en suis
très fier. Cela est attribuable à l'excellent travail d'une
équipe de gestionnaires qui a compris que c'est vrai qu'on peut faire
plus avec moins, deuxièmement, nous travaillons de façon
très active sur des dossiers majeurs dans le domaine de
l'économique des communications. Je l'ai dit et, après l'avoir
dit, j'ai fait quelque chose. Depuis sa création, le ministère
des Communications avait été trop exclusivement ou trop
spécifiquement voué à ce qu'on pourrait appeler le volet
culturel du développement du Québec. Je me suis assuré
depuis deux ans que nous prenions au ministère des Communications le
virage économique et le virage technologique. Nous l'avons fait. Nous le
faisons. Lorsque vous prendrez connaissance vous-même du document qui va
sortir d'ici environ une semaine relativement à la problématique
que le ministère des Communications envisage en préparation du
sommet sur les communications, vous vous rendrez bien compte que ce qui est
sorti dans le Soleil d'hier est tout à fait juste et exact. Plutôt
que de travailler avec un gouvernement pas parlable, intraitable, qui refuse,
de toute façon, d'aborder les questions dans un contexte de
négociations positives, nous allons, quant à nous, pour un
certain temps, fermer le dossier de ces espèces de débats
stériles avec le
gouvernement libéral fédéral et prendre en main les
dossiers qui relèvent du secteur des communications, dont nous avons la
responsabilité et, plus spécifiquement, dans le domaine des
industries de la communication; cela sans, pour autant, bien sûr, cesser
de nous inquiéter des intérêts du Québec et de
protéger au maximum les intérêts du Québec. Je le
réitère, avec le gouvernement qui est à Ottawa, il n'y a
rien à faire; les libéraux du Québec commencent,
d'ailleurs, à le comprendre. Il aurait été peut-être
souhaitable qu'ils le comprennent au moment du référendum. On
n'aurait peut-être pas à vivre le genre de situation qu'on vit en
1983 si on avait décidé, en 1980, de prendre nos affaires en
main. Mais, encore une fois, trois ans après, on se fait reprocher un
certain nombre d'attitudes. On avait pourtant dit aux gens: Ne faites pas
confiance à ces gens qui mettent leur tête sur le billot, qui
mettent leur siège en jeu, en disant qu'ils répondront aux
besoins et aux aspirations du Québec. Répondre aux besoins et aux
aspirations du Québec, si cela avait été vrai, le 20 mai
1980, dans la bouche de M. Trudeau, cela aurait peut-être voulu dire,
dans le domaine des communications, une réévaluation du partage
des juridictions. Qu'est-ce qui s'est fait depuis trois ans? Ce n'est pas le
Québec qui a refusé de collaborer; c'est le gouvernement
fédéral qui a encore une fois décidé d'agir
unilatéralement.
Tant et aussi longtemps qu'on acceptera des situations comme
celle-là, tant et aussi longtemps qu'on adoptera le genre de discours
qu'ont adopté le Parti libéral fédéral et le Parti
libéral du Québec au moment du référendum, on sera
obligé, effectivement, d'agir dans ce contexte où on dit
aujourd'hui: La hache de guerre, mettons-la de côté. Prenons nos
dossiers un par un, travaillons avec les industriels, travaillons avec les gens
du secteur privé. Allez rencontrer les gens du secteur privé, M.
le député de Westmount. Vous dites que le ministre des
Communications a beaucoup de travail, beaucoup de pain sur la planche; il est
leader parlementaire du gouvernement, il est député du
comté de Vanier, il est ministre responsable de la région de
Québec... Allez rencontrer les gens du monde de la publicité;
allez rencontrer les gens du monde des relations publiques; allez rencontrer
les gens du monde des télécommunications; allez recontrer les
gens de la câblodistribution, ceux de la presse écrite, de la
radio, de la télévision, de l'informatique et de tous les
nouveaux services en communications et demandez-leur quel genre de
collaboration leur apporte le ministère des Communications et vous serez
frappé de constater que ces gens se réjouissent de l'attitude du
ministère des Communications et du virage économique que nous
avons pris au cours des deux dernières années. Avec toute la
modestie qui caractérise les politiciens, je suis content d'avoir
participé à ce genre de virage au cours des dernières
années.
Discussion générale
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, quelques brefs commentaires
encore une fois en forme de parapluie à la suite du déluge de
mots qu'on vient de subir. On m'a recommandé d'aller parler aux
intervenants. Je citerai un intervenant pour le bénéfice du
ministre. Je citerai un professeur, directeur du laboratoire de
télématique de l'Université du Québec à
Montréal, au sujet de l'efficacité des discussions, au sujet du
besoin d'action concrète. Il s'agit de M. Michel Cartier, dans le Devoir
du 11 novembre 1982: "J'ai consulté plusieurs collègues lors de
la rédaction de cet article, il y a partout une grande lassitude;
celle-ci est causée par le négativisme des fonctionnaires,
causée aussi par leur manque de connaissances approfondies de
l'état de la situation et causée par les querelles
fédérales-provinciales dont les chercheurs font les frais."
Une autre, M. le Président: "Nous attendons un plan de
développement précis des objectifs d'ensemble, des
créneaux identifiés, des fonds suffisants, un calendrier et une
analyse des rôles des partenaires, etc."
Une troisième et dernière: "La dernière chose dont
le Québec ait besoin, c'est une nième consultation ou des
états généraux ou une commission d'enquête. Cela
produirait une macédoine de voeux pieux et nous ferait perdre encore une
année précieuse." (11 h 15)
Ce n'est pas de tenir un sommet, ce n'est pas de vouloir consulter ou
faire de la concertation, sauf que parfois ces mots sont des substituts pour
une politique réelle, qu'on reproche au ministre; c'est qu'il a dit ici
que sa politique nationale serait prête au printemps de 1983 et,
maintenant, il nous dit: Je pense que ce ne sera pas prêt avant 1984.
Force nous est de constater un retard de près d'un an.
M. Bertrand: C'est pour une raison très simple.
M. French: Ah!
M. Bertrand: C'est pour une raison très simple, je vous
l'ai dit. Notre document est prêt, il sera rendu public la semaine
prochaine. Cela a fait l'objet d'un coulage dans le Soleil d'hier. Un document
existe effectivement et sera rendu public la semaine prochaine. Nous avons
préféré, plutôt que ce soit le seul ministère
des
Communications qui dépose sur la table une politique nationale
des communications, faire en sorte que la politique nationale des
communications soit issue d'un partage, d'un échange, d'une discussion
avec d'autres partenaires, comme ceux qui oeuvrent - M. Cartier en est un -
dans le domaine de la recherche et du développement, comme ceux qui
oeuvrent dans le secteur manufacturier, comme ceux qui, sur le terrain, font
les communications, les industriels dont j'ai parlé tout à
l'heure et que je suis allé rencontrer. Je me suis dit qu'il
était préférable d'avoir une politique nationale des
communications qui soit l'objet d'un consensus établi entre plusieurs
partenaires qu'uniquement une politique gouvernementale imposée d'en
haut à un ensemble de partenaires qui n'auraient jamais eu leur mot
à dire là-dedans. Est-ce que ce n'est pas ça, dans le
fond, pratiquer une politique de coopération, de dialogue, de
concertation? Dans le fond, on se le fait dire, c'est ce que les gens
souhaitent. Ils sont très heureux, eux, peut-être pas vous, de
participer à ce sommet sur les communications. C'est, d'ailleurs,
déjà commencé, il y a des tables sectorielles qui se
réunissent la semaine prochaine, le mercredi 27, et elles vont se
réunir au mois de mai. Ces gens sont très heureux de travailler
dans ce contexte. Que le député ne vienne pas me reprocher de
faire ce qu'on nous reproche habituellement.
M. French: M. le Président, je reproche au ministre - je
dois tirer cette conclusion de son discours - qu'à cette même
période, l'année dernière, il songeait à imposer
une politique sans consultation et que, tout récemment, il décide
de faire de la consultation. Comment peut-on se fier à ses paroles si,
de son propre aveu, il y a un an, ce plan ne comprenait pas la consultation et
était imposé aux intervenants, alors que maintenant il vient de
découvrir, sous la neige de Noël, qu'il fallait consulter, qu'il
devait y avoir un sommet?
M. Bertrand: Bien avant cela.
M. French: Alors, pourquoi pas au printemps dernier?
M. Bertrand: C'est en février 1982 que le Conseil des
ministres a autorisé le ministre des Communications à tenir un
sommet sur les communications. C'est plus tard, au mois d'août 1982,
finalement, que le mandat précis, avec la formation du comité
interministériel et des autres comités, a été
décidé par le Conseil des ministres. En cours de route, à
un moment donné, quand on n'est pas toqué, buté - il y a
des gens dans la société qui sont toqués, butés -
quand on est un être humain qui réfléchit, qui se pose des
questions, qui accepte même de faire l'autocritique de son
ministère ou de se remettre en question, est-ce qu'il se peut qu'on
prenne une décision et qu'on dise: On prévoyait déposer au
printemps la politique nationale du gouvernement du Québec; on
préfère prendre quelques mois de plus pour arriver à une
politique nationale des communications qui soit le fruit, le résultat
d'un consensus établi avec un ensemble de partenaires? Je trouve cela
sympathique, je trouve que le député de Westmount devrait
féliciter le ministre des Communications; c'est la meilleure place, ici
en commission parlementaire, pour le faire.
M. French: Ah! Les incitations à commettre des
péchés, on n'en veut pas. Il reste que c'est un retard d'un an et
cela a été modifié en cours de route. Cela a
été improvisé, comme on peut s'y attendre de la part du
ministre, et c'est encore la même chose concernant la
télévision payante. En 1978, il y a une décision de la
Cour suprême. La position du Parti libéral du Québec reste
semblable à celle qu'il a prise au début des années
soixante-dix et elle ne change pas; je ne l'ignore pas, non plus. Quelque temps
après, il y a eu la question de la télévision payante. Le
gouvernement du Canada a promulgué sa réglementation dans le
domaine.
M. Bertrand: Non, il n'y a jamais eu de
réglementation.
M. French: M. le Président...
M. Bertrand: II n'y a pas eu de réglementation au
fédéral.
M. French: Sauf qu'il y a eu une longue discussion et trois
reports qui ne laissaient pas croire que cette question allait durer à
tout jamais. À un moment donné, la décision a
été prise qu'un certain genre d'entreprises allaient avoir un
permis. Quelques mois après, toujours cohérent avec ses
déclarations à cet effet, le ministre apprend - et ce
n'était une surprise pour personne - que lorsque le
fédéral décide de donner un permis à un chien,
c'est bien difficile qu'il vienne miauler devant une réglementation qui
prévoit un chat. C'est cela, la réglementation provinciale. Elle
demande au chien de miauler afin qu'il puisse avoir un permis provincial pour
sauver la face du ministre.
Ce qui est curieux, M. le Président, ce n'est pas que le ministre
revendique cette juridiction - il a tout à fait le droit de le faire -
c'est qu'il décide, aussi tardivement que la semaine dernière,
que cela ne marche pas, alors que tout le monde savait il y a six mois que cela
ne marcherait jamais comme cela, c'était évident. Comment
pouvions-nous, de façon réaliste, revendiquer
nos droits face à une démarche aussi décousue que
cela?
Je ne veux pas croire que le ministre n'est pas assez intelligent pour
apprécier ces questions-là. Je suis obligé de croire qu'il
est tellement accaparé et occupé par d'autres
responsabilités qu'il n'est pas vraiment en mesure de suivre
l'évolution du dossier. On en parlera à la Régie des
services publics; on passera tout cela, si vous voulez. Mais c'est
évident que, si vous voulez bien faire avancer les intérêts
québécois, si vous voulez bien exercer une réglementation
qui a du bon sens dans le domaine, il ne faudrait pas virer à 180
après coup. Il ne faudrait pas faire une déclaration fracassante
pour dire qu'une ordonnance aura force de loi le 3 mars, puis dire, le 13
avril: On a lu cette décision de la Cour suprême en 1978. On ne
peut pas faire grand-chose avec cela.
Il y a un intérêt derrière tout cela. Pour moi,
c'est moins la juridiction québécoise qui est critique que les
créateurs québécois, les maisons de production
cinématographique au Québec. Je ne dis pas que le gouvernement
fédéral leur joue un bon tour. Pas du tout. Mais je dis que le
gouvernement québécois ne fait pas beaucoup mieux, comme cela va
là.
Pour ce qui est de la télévision à péage,
tant à cause de la réglementation fédérale que des
efforts pitoyables au niveau québécois, le milieu risque encore
d'écoper, de se trouver sans l'appui nécessaire pour participer
efficacement à ce marché-là. Je dirai au ministre que
j'oublierais, à cette étape-ci - tellement tard - les
négociations avec l'industrie, mais j'essaierais d'aller parler aux gens
de l'industrie et de créer une structure d'incitation, peut-être
par la SODICC, peut-être par un autre moyen, pour qu'elle puisse offrir
aux entreprises de télévision à péage une
production québécoise intéressante et qui passerait avec
succès le test du marché qui est le test ultimement
important.
M. Bertrand: C'est ce que je viens d'indiquer au
député de Westmount.
M. French: Je suis très content qu'il le fasse.
M. Bertrand: C'est ce que je lui ai dit tout à l'heure.
Les difficultés devant lesquelles nous nous sommes trouvés
placés, le député peut les interpréter comme il le
veut, c'est son droit le plus normal. Je les ai interprétées
à ma façon, c'est mon droit le plus normal. Partant de là,
il s'agit maintenant de voir comment, au nom des objectifs économiques
que nous poursuivons, en particulier pour l'industrie du cinéma et de
l'audiovisuel au Québec, et d'ailleurs, que nous appuyons tout à
fait, nous pouvons, en collaboration avec l'industrie, par différents
moyens à trouver - et là-dessus je retiens des suggestions qui
nous sont acheminées par des journalistes qui suivent ce dossier, comme
M. Nadeau, dans le Devoir - sans que ce soit nécessairement par des
voies législatives ou réglementaires, atteindre les objectifs
auxquels nous souscrivons de part et d'autre.
Cela étant dit, le député de Westmount sera quand
même obligé d'admettre, encore une fois, que, dans un dossier
où l'unanimité existait partout au Canada, au Québec, le
gouvernement est obligé de faire face à une situation
d'ingérence, toujours de façon unilatérale. Et, par
hasard, c'est toujours du même type de gouvernement. M. Fox est une
espèce de copie carbone de son premier ministre et adopte dans son
ministère les mêmes attitudes que M. Trudeau. Les provinces sont
de grosses municipalités; c'est de cette façon qu'on va vous
traiter, et encore!
M. French: M. le Président, j'invite, tout simplement, le
ministre à faire ce qu'il a l'air, finalement et tardivement, de faire,
soit reconnaître, quelle que soit son attitude face à la
réalité de ses compétences ou des compétences
québécoises, qu'elles sont là pour un certain temps et
que, face à ce futur que le ministre souhaite très court, quant
à la juridiction sur la télévision payante - je le
souhaite aussi très court - il faudrait composer avec les moyens, les
instruments qu'il a, et ne pas brandir de bâton dans les airs alors que
le bâton n'existe pas. Tu fais alors "bye bye", avec le bâton parce
qu'il n'y a rien dans ta main.
Cela va, M. le Président. On va discuter les autres sujets de
litige en cours de route.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez
établi la façon de procéder?
M. Bertrand: Par programme.
Le Président (M. Gagnon): Programme par programme ou
élément par élément?
M. French: Je remarque, M. le Président, que les
représentants de Radio-Québec ne sont pas ici. Est-ce qu'on peut
savoir quand ils seront ici?
M. Bertrand: La raison est la suivante: les trois organismes qui
relèvent de la responsabilité directe du ministre, à
savoir la Régie des services publics, la Commission d'accès
à l'information et Radio-Québec, sont aux programmes 7, 8 et 9,
si ma mémoire est bonne. On pensait les entendre plutôt dans
l'après-midi ou au cours de la soirée.
M. French: Ce n'est pas ma préoccupation, mais le seul
problème, M. le
Président, c'est qu'il faudrait, quand même, entendre les
représentants de Radio-Québec parce qu'ils se sont
déplacés pour venir ici. Alors, on ne voudrait pas les retarder.
Mais s'il y a un problème, à l'Assemblée nationale, qui
nous coupe le temps, il me semble que cela vaudrait peut-être la peine
qu'on arrive à une façon de traiter de cela. Je vois un de ceux
qui appuient si bien le ministre; il va sans doute nous faire des
suggestions.
M. Bertrand: Ils seront à la disposition des membres de la
commission au moment où ils le désireront.
M. French: En tout cas, ce n'est pas qu'on a
particulièrement...
M. Bertrand: Après la période des questions, cet
après-midi?
M. French: Cela va. M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): D'abord, le programme 1, Gestion
interne et soutien. Est-ce que je dois l'appeler élément par
élément?
M. Bertrand: Le député de Vaudreuil-Soulanges
reviendra à ce moment-là pour reprendre le...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Reprendre le fil de la discussion de l'an dernier.
M. Bertrand: Oui, c'est exact.
Le Président (M. Gagnon): Je voudrais connaître la
façon dont vous voulez que les travaux soient menés. Est-ce que
c'est programme par programme, élément par élément,
ou si on discute de l'ensemble des éléments d'un programme?
M. Bertrand: L'ensemble des éléments d'un
programme.
Le Président (M. Gagnon): Cela va. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges, programme 1?
Gestion interne et soutien
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai un commentaire
général quant aux crédits et à leur
présentation. On sait que, en général, d'une façon
officielle, les chiffres qui sont devant nous, qui comparent les crédits
de l'an dernier à ceux prévus pour l'année
financière qui vient à peine de commencer, comportent des
crédits autorisés par l'Assemblée nationale dans les deux
cas où à l'être dans le cas qui nous préoccupe pour
l'année en cours.
Ce qui est intéressant dans tous les éléments de
tous les programmes, à mon sens, c'est de voir quel a été
le niveau de dépenses réel. D'après les renseignements
supplémentaires que le président du Conseil du trésor
soumet avec le livre des crédits, lorsqu'on parle des augmentations de
budget - disons les crédits pour 1983-1984 sont de tant de millions de
dollars dans tel programme, ce qui représente une augmentation de
variation de 8,6%, à titre d'exemple, par rapport à l'an dernier
- quand on retourne dans le livre des crédits, on ne trouve pas les 8,6%
évidemment, parce que ce qu'on a devant nous, dans le livre des
crédits, c'est crédits autorisés l'an dernier et
crédits demandés ou requis pour l'année en cours. Alors,
par recoupement avec la liste des crédits périmés qui est
très sommaire -c'est là que je veux en venir, il est impossible
de réconcilier à l'intérieur de quels programmes, de quels
éléments, pendant l'année écoulée, on a fait
des dépassements ou des manques à dépenser de divers
programmes.
Je me demande si le ministre a avec lui, aujourd'hui, pour qu'on puisse
étudier certaines de ces choses au cours de l'étude des
crédits, un document qui lui permet de répondre exactement. On a
vu, tout à l'heure, qu'il évoquait - j'anticipe peut-être
-une diminution faramineuse des dépenses dans un des
éléments de programme. Oui, c'est faramineux comparativement aux
crédits de l'an dernier. Mais j'aimerais savoir quelle somme a vraiment
été dépensée l'an dernier. Cela donne une meilleure
idée de la façon dont les dépenses sont comprimées
ou de l'importance qu'on accorde à ce programme ou à cet
élément de programme. Cela permet de voir quelle est l'influence,
quand on le décompose, de la récupération, par exemple, de
la masse salariale sur les diminutions de dépenses observées par
opposition aux crédits qui avaient été autorisés,
quoique, en théorie, il ne devrait pas y en avoir parce que le livre des
crédits de l'an dernier était assez clair là-dessus. En
tout cas, la politique du gouvernement était claire là-dessus.
(11 h 30)
Ou encore, est-ce le nombre de gens affectés à telle ou
telle tâche qui explique qu'on a comprimé, alors que ces gens se
retrouvent ailleurs, là où on a dépassé les
crédits? Enfin, il y a tout ce "manigançage" comptable, si on
veut, dans le sens non péjoratif du terme, qui mérite
peut-être d'être éclairé. Dans ce sens, je me
demandais si le ministre a les documents qui vont lui permettre de nous
répondre.
M. Bertrand: Oui, j'ai devant moi un document qui établit
le sommaire des crédits
périmés depuis 1978 jusqu'en 1983 au ministère des
Communications.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'avez-vous par programme? C'est l'objet de ma question.
M. Bertrand: Par programme? On a: réseaux et
équipements, communications gouvernementales, publications
gouvernementales, informatique, direction et administration,
développement des politiques. Il y avait, à une certaine
époque, le cinéma; c'était l'époque où cela
relevait du ministère des Communications. C'est maintenant
retourné au ministère des Affaires culturelles. Je l'ai, mais
comme les programmes pouvaient varier d'une année à l'autre et
qu'on n'introduisait pas dans les programmes nécessairement les
mêmes éléments d'une année à l'autre, les
points de comparaison ne sont pas nécessairement toujours tout à
fait adéquats.
Pour l'année 1982-1983, les crédits périmés
au ministère des Communications, pour l'ensemble du ministère,
s'élèvent à 4 110 000 $. Si on regarde maintenant au
niveau de la direction et de l'administration, cela s'élève
à 340 000 $. Au niveau des communications gouvernementales, j'additionne
deux chiffres rapidement: 661 000 $ au niveau des communications
gouvernementales et 459 900 $ au niveau des publications gouvernementales. Au
niveau de l'informatique, ce sont des crédits périmés de 1
142 500 $. Au niveau des réseaux et équipements, 1 036 700 $. Au
niveau du développement des politiques de communication, 470 300 $.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cela va, M. le
député de Westmount? M. le ministre.
M. Bertrand: Je peux décortiquer ces 4 110 400 $ d'une
autre façon aussi. Au niveau des traitements d'employés
réguliers ou occasionnels, 1 402 600 $. Au niveau des dépenses de
fonctionnement, 2 445 000 $. Au niveau du capital, 82 100 $ et aux programmes
de transfert, 180 730 $.
M. French: Le ministre a fait état d'une de ses plus dures
occupations à temps partiel, soit la présidence du Comité
ministériel permanent des communications. Je suis convaincu que le
ministre est très fier de cette attribution que lui a confiée le
premier ministre.
M. Bertrand: Très!
M. French: Et je vois même qu'on a créé
l'inévitable secrétariat permanent qui, sans doute, s'occupe de
bien surveiller les activités dans le domaine faites par d'autres
ministères, une espèce d'agence centrale de publicité.
M. Bertrand: Trois personnes.
M. French: Trois personnes, bon. Si elles sont bonnes, comme le
ministre l'a déjà dit, avec trois personnes, on peut faire des
miracles. Le ministre pourrait-il nous dire précisément de quoi
il s'agit? Je pense que nous en avons une idée générale,
puisque nous en avons discuté l'année dernière, mais
serait-il en mesure de nous dire, par exemple, quel progrès a fait ce
comité ministériel cette année?
M. Bertrand: Pour l'année 1982-1983, le Comité
ministériel permanent des communications a fait un travail
extrêmement détaillé pour recueillir les informations
relatives à tout ce qui pourrait s'appeler la planification des
ministères en matière de communications gouvernementales. Je
pense que c'est la première fois, depuis que le ministère existe;
le Conseil du trésor n'était même pas parvenu à
réaliser ce travail. Enfin, je me trompe en disant le
ministère des Communications; je pense qu'il faut que je sois plus
précis. Le Comité ministériel permanent des communications
a recueilli un ensemble de données qui permettent de connaître
davantage la façon de fonctionner des différents
ministères et organismes gouvernementaux qui sont soumis aux directives
du Conseil du trésor, ainsi que la planification de ces
ministères et organismes gouvernementaux en matière de
communications gouvernementales. Au moment où on se parle, le Conseil
des ministres et le Comité ministériel permanent des
communications ont donc en main toutes les informations qui leur permettent de
prendre des décisions qui seront appliquées en 1983-1984 au
niveau de ce que je pourrais appeler une plus grande cohérence et une
meilleure efficacité dans nos programmes de communications
gouvernementales, en particulier, dans le volet de la publicité
gouvernementale.
Cela a supposé, effectivement, que nous mettions jusqu'à
un certain point les directions de communications des ministères et des
organismes en plus étroites relations. Il existe un
décloisonnement tel dans le secteur des communications dans l'appareil
gouvernemental, à la suite de décisions qui ont été
prises au fil des années depuis à peu près 1970, qu'il
était devenu, à toutes fins, pratiquement impossible
d'établir des objectifs de cohérence et d'efficacité en
matière de communications gouvernementales. Je peux donc dire que non
seulement nous avons maintenant les données, mais que les
décisions sont déjà prises quant au plan de communications
gouvernementales que nous retiendrons pour l'année 1983-1984.
M. French: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
donner un exemple de ce que veut dire assurer la cohérence dans la
publicité gouvernementale?
M. Bertrand: C'est faire en sorte, par exemple, que, dans ces 10
000 000 $ auxquels je faisais allusion tout à l'heure en
publicité gouvernementale, nous puissions prendre des décisions
où nous disons à un ministère ou à un organisme
gouvernemental: L'argent que vous comptiez investir dans telle campagne de
publicité, nous ne croyons pas que cela correspond aux priorités
que le gouvernement du Québec a arrêtées, priorités
qui sont établies à l'occasion du message inaugural, qui sont
établies à l'occasion du discours sur le budget, qui sont
établies à l'occasion du dépôt du livre des
crédits à l'Assemblée nationale. Voici un exemple
très clair. Une campagne de 500 000 $ était prévue pour le
programme Kino-Québec; nous avons indiqué que, quant à
nous, ces 500 000 $ qui normalement seraient allés au programme de
publicité Kino-Québec seraient bien mieux utilisés si le
montant d'argent était dirigé vers ce qui nous apparait
être les grandes priorités du gouvernement pour la présente
année: la relance économique, le soutien, la création
d'emplois, l'aide à la jeunesse, etc.
En d'autres mots, il s'agissait de prendre des enveloppes
budgétaires réparties dans une cinquantaine de ministères
et organismes gouvernementaux, de faire des choix et de dire, par exemple,
à un ministère qui prévoyait dépenser 2 000 000 $
en publicité gouvernementale: Est-ce que vous ne pourriez pas
réduire tout cela à 1 000 000 $ et nous offrir la
possibilité d'utiliser l'autre moitié pour l'orienter vers des
priorités gouvernementales? C'est ce qui a été fait. C'est
ce qui nous a permis d'assurer ces objectifs de cohérence et
d'efficacité.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. French: Sur le même sujet.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Voici ce que j'essaie de
comprendre. Est-ce que le ministre est en train de nous dire qu'il remplit un
rôle qui normalement serait dévolu au Conseil du trésor,
soit celui de réaménager les enveloppes des
ministères?
M. Bertrand: C'est le Comité ministériel permanent
des communications qui a présenté un mémoire au Conseil
des ministres indiquant que, après analyse des planifications des
ministères ou des organismes gouvernementaux en matière de
communications - cela inclut tout, publicité, colloques, expositions,
audiovisuel, etc. - nous pouvions répartir entre onze ou treize
catégories...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un chiffre impair,
manifestement.
M. Bertrand: Pardon?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un chiffre impair, de toute
façon.
M. Bertrand: Un chiffre impair, à l'évidence. Qu'on
pouvait répartir dans un certain nombre de catégories les
programmes de communications des ministères. On a fait l'effort de
tenter de ramener ces catégories à un nombre plus restreint pour
coller davantage aux grandes priorités gouvernementales. Ces grandes
priorités gouvernementales, je les ai établies tout à
l'heure, il s'agit essentiellement de relance économique, de
création d'emplois et d'aide à la jeunesse, sous forme de
différents programmes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai toujours compris qu'un
programme de publicité, quel qu'il soit, de communication qui
émanait d'un ministère, avait pour objet de renseigner la
population sur l'existence du programme, pour exhorter la population à
s'en prévaloir, etc. Donc, cela forme une partie intégrante de
l'administration du programme comme tel.
M. Bertrand: C'est un outil de gestion.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un outil de gestionl Je vois
plutôt que c'est une partie intégrante du programme comme tel.
M. Bertrand: Vous avez travaillé dans l'entreprise
privée, vous savez fort bien que la communication, ce n'est pas
simplement un outil pour informer. C'est aussi un outil de gestion à
l'intérieur d'une entreprise. Si c'est vrai pour l'entreprise
privée, cela l'est encore plus, à mon avis, pour un
gouvernement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est vrai dans le cas de
communications internes. Quant aux communications avec l'extérieur, cela
ne me paraît pas faire partie de la classe des outils de gestion au sens
où je l'ai toujours entendu. Enfin, on se parlera des définitions
de vocabulaire plus tard, si vous voulez, M. le ministre. Indépendamment
de cela, il me semble que je ne vois pas en vertu de quel principe le
comité ministériel permanent que vous présidez peut
réaménager des enveloppes entre ministères ou ramener
l'existence de plusieurs catégories à des catégories moins
nombreuses dans une tâche première d'administration d'un programme
qui émane d'un ministère qui
n'est pas le vôtre. Comment fait-on la chirurgie, autrement dit?
C'est fascinant.
M. Bertrand: Premièrement, les montants d'argent ne sont
pas au ministère des Communications. Ils sont dans les différents
ministères et organismes gouvernementaux.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est précisément
ce que je dis.
M. Bertrand: Le Comité ministériel permanent des
communications a reçu comme mandat de faire en sorte que, dans tous ces
montants d'argent qui existent dans les différents ministères et
organismes gouvernementaux, on puisse, à un moment donné, tenter
de mettre un peu plus de cohérence. Cela a supposé,
effectivement, des échanges avec tous ces ministères et
organismes gouvernementaux. Cela ne veut pas dire qu'on a dit au
ministère des Finances d'annuler cette année la campagne de
publicité sur les obligations d'épargne du Québec. Au
contraire, c'est très important d'une année à l'autre que
le ministère des Finances puisse faire sa campagne de publicité
sur les obligations d'épargne. Cela nous a amené à dire
à certains ministères et organismes gouvernementaux quant aux
sommes d'argent qui devaient être affectées pour telle campagne:
Tout en gardant cette somme d'argent dans votre compte ministériel et
tout en essayant de respecter certains objectifs de votre ministère, ne
pourrait-on pas faire en sorte que ces 500 000 $ de Kino-Québec, par
exemple, puissent être utilisés à des priorités qui
nous paraissent plus importantes en 1983-1984?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À des priorités
du ministère?
M. Bertrand: À des priorités du gouvernement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Du gouvernement.
M. Bertrand: Du gouvernement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, une partie
intégrante de l'administration d'un programme qui est de publiciser
quelque chose par un ministère est sujette à un
réaménagement de la part du comité ministériel.
M. Bertrand: Cela veut dire qu'à toutes fins utiles, en
termes concrets et clairs, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, ne viendra pas devant le ministère des Communications
demander un avis préalable favorable pour une campagne de 500 000 $
relativement au programme Kino-
Québec. Mais, comme ces sommes, de toute façon,
émargent au fonds consolidé et auraient été
attribuées au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, pour une valeur de 500 000 $, on dit: Pour autant, on veut que le
montant demeure, mais qu'il soit réaffecté ailleurs.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Ailleurs, à titre d'exemple?
M. Bertrand: Au Comité ministériel permanent des
communications.
M. French: Ce n'est plus dans le budget du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. C'est cela, la question.
M. Bertrand: C'est-à-dire que cela y était, avec en
vue un programme très particulier de publicité et, partant d'une
décision du Conseil des ministres, ce montant d'argent devient
disponible pour être affecté à des priorités
gouvernementales autres. (11 h 45)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au point de vue technique, il
devient périmé au ministère et il va ailleurs?
M. Bertrand: Un gel de crédits.
M. French: Un gel de crédits dans un ministère et
un autre.
M. Bertrand: Une réaffectation ailleurs.
M. French: M. le Président, le ministre a
évoqué le Conseil des ministres. Est-ce à dire que le
comité ministériel permanent fait des recommandations au Conseil
des ministres?
M. Bertrand: C'est exact.
M. French: Ah bon! Alors, c'est l'autorité du Conseil des
ministres, s'il est d'accord, qui fait en sorte qu'un autre ministère ou
organisme est obligé d'accepter la pilule arrière de l'annulation
d'un montant.
M. Bertrand: C'est exact.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À quel moment le Conseil
du trésor intervient-il dans la chaîne?
M. Bertrand: Là-dessus, le Conseil du trésor a
été très heureux, finalement, que le Comité
ministériel permanent des communications fasse le travail que nous avons
fait au cours de l'année 1982-1983, c'est-à-dire de
répertorier, d'inventorier tout ce qui existait dans les
différents ministères et organismes gouvernementaux. À
partir de ce moment, la participation du Conseil du trésor, c'est de
s'assurer que ces gels de
crédits, ces réaffectations de montants d'argent puissent
s'effectuer dans l'appareil. Par exemple, nous sommes allés tout
récemment devant le Conseil du trésor demander une autorisation
pour un montant de 500 000 $. Donc, comme Comité ministériel
permanent des communications, à partir des priorités
gouvernementales retenues par le Conseil des ministres et, ensuite,
exprimées en communications gouvernementales via le CMPC, il nous faut,
bien sûr, aller chercher des montants d'argent. Nous sommes allés
tout récemment devant le Conseil du trésor pour obtenir un
montant de 500 000 $ qui nous permet d'amorcer le programme de communications
gouvernementales pour l'année 1983-1984.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que cet inventaire se
fait d'une façon continue ou essentiellement annuelle, l'inventaire et
surtout les décisions de réaffectation d'enveloppes?
M. Bertrand: Comme c'est la première fois qu'on s'engage
dans un tel processus, je dois dire que nous en sommes à nos
premières armes pour ce qui est, par exemple, d'indiquer à un
ministère que ce qu'il avait prévu dépenser en termes de
publicité sera coupé de tant pour être affecté
ailleurs. Donc, il y a des mécanismes, avec lesquels je ne suis pas
nécessairement très familier moi-même, mais dont les
sous-ministres ont chez nous la responsabilité, qui consistent à
passer par le Conseil du trésor, s'assurer qu'il y a des gels de
crédits dans les comptes des ministères ou organismes et que ces
fonds ainsi gelés sont par ailleurs récupérés pour
être affectés à d'autres endroits au sein des
ministères ou organismes gouvernementaux, ou même au CMPC qui
disposera...
Une voix: Les cas d'urgence.
M. Bertrand: ...d'un budget pour mener à bien ses
objectifs de cohérence et d'efficacité.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
à quel élément de quel programme en
étions-nous?
M. Bertrand: Programme 1.
Le Président (M. French): Nous sommes, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges, au programme 1. Je voudrais savoir
si vous avez terminé vos questions là-dessus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, pour le moment.
M. Bertrand: Si vous avez terminé, vous deviendrez
président et le député de
Westmount retournera siéger comme député.
Le Président (M. French): Précisément, c'est
cela.
M. French: M. le Président, le ministre dit donc que les
activités du comité ministériel permanent assurent la
cohérence entre les dépenses et les programmes publicitaires des
divers ministères et organismes et les priorités
gouvernementales. Est-ce que le comité ministériel permanent est
saisi parfois du contenu des programmes publicitaires? Il connaît les
objectifs en général, mais est-ce qu'il est saisi du contenu, de
la "copy" comme on dit en anglais.
M. Bertrand: II y a une rencontre prévue la semaine
prochaine, si ma mémoire est bonne, M. le responsable administratif du
CMPC. La semaine prochaine, nous avons une rencontre du Comité
ministériel permanent des communications pour prendre connaissance de la
proposition qui nous a été faite par une agence de
publicité relativement à un plan de communications
gouvernementales qui pourrait démarrer dans les mois qui viennent.
M. French: Alors, ce serait une espèce de session de vente
qu'aurait cette agence avec le comité ministériel.
M. Bertrand: C'est-à-dire que nous avons fonctionné
comme nous fonctionnons habituellement pour des programmes de publicité.
Nous sommes allés au fichier des fournisseurs. Environ 80 agences de
publicité sont identifiées dans ce fichier. La procédure
habituelle veut que nous en sélectionnions huit au hasard. De ces huit,
quand le premier traitement d'analyse des différentes agences retenues
est effectué, nous en retenons trois et, ensuite, nous soumettons
à ces trois agences ce qu'on pourrait appeler un devis de communications
sur lequel elles travaillent pendant un certain nombre de semaines. Ensuite,
elles sont en concurrence, d'une certaine façon, elles présentent
à un jury leur plan de communications à partir d'un devis qui
leur a été soumis. Le jury fait alors une recommandation
relativement à l'agence qui doit être retenue.
M. French: M. le Président, je suis un peu confus
puisqu'on a parlé de "nous" et on n'a pas évoqué le
rôle du comité ministériel permanent dans tout ça.
Est-ce qu'on doit présumer que, chaque fois que le ministre disait
"nous", il s'agissait du comité ministériel ou de son
secrétariat?
M. Bertrand: Oui, quand on parle de ce dossier.
M. French: On parle d'un dossier typique, je crois.
M. Bertrand: En ce moment, quand je dis "nous", je parle du CMPC,
le Comité ministériel permanent des communications, et de son
secrétariat.
M. French: Donc, le ministère et son secrétariat
conçoivent les besoins, font appel à Rosalie, font un tirage au
sort, font une analyse préliminaire, rejettent certaines des agences
tirées et font un devis qui circule parmi les agences retenues. Le
secrétariat forme un jury selon des propositions reçues de la
part des agences retenues et, enfin, une ou deux agences sont finalement
retenues et on en fait la présentation devant le comité
ministériel.
M. Bertrand: Oui, mais je veux clarifier immédiatement une
chose. Ce dont je viens de parler, c'est ce que nous venons de faire tout
récemment pour ces 500 000 $ dont je vous ai parlé, pour lesquels
nous sommes allés devant le Conseil du trésor pour obtenir
l'autorisation, bien sûr, d'utiliser 500 000 $ à des fins de
publicité gouvernementale. Je veux indiquer immédiatement que,
pour les autres campagnes de publicité, les ministères et
organismes gouvernementaux gardent leur autonomie au niveau du choix qui est
fait, au niveau du devis de communications qui est préparé.
En d'autres mots, le Comité ministériel permanent des
communications dispose d'une certaine enveloppe qui lui permet de
répondre aux priorités gouvernementales et, par la suite, c'est
par incitation auprès des ministères et organismes
gouvernementaux qu'il s'assure que ce que je pourrais appeler une
thématique commune à l'ensemble du gouvernement est
respectée. Je vais vous donner un exemple très simple. On
prévoit, par exemple, affecter au programme de création
d'emplois, qui est tout de même une des priorités du gouvernement
pour la prochaine année, un budget d'environ 1 000 000 $. Ce n'est pas
le Comité ministériel permanent des communications qui aura la
responsabilité directe de ce programme de publicité
gouvernementale; c'est le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu va s'inspirer de la thématique
commune qui aura été définie par le Comité
ministériel permanent des communications pour indiquer aux agences qui
viendront présenter leur plan de communications dans quel sens elles
doivent orienter ce plan de communications. C'est comme ça pour un bon
nombre de ministères et d'organismes gouvernementaux.
M. French: Pour certains projets majeurs et exceptionnels, le
comité ministériel permanent peut être
désigné le client principal et doit donc gérer le
processus de choix et d'évaluation d'un contenu, etc.
M. Bertrand: Pour un certain nombre.
M. French: C'est exceptionnel, d'après le ministre.
M. Bertrand: C'est exceptionnel. Il faut tout de même que
le Comité ministériel permanent des communications dispose d'une
latitude suffisante pour être en mesure de faire en sorte que l'ensemble
de l'enveloppe de publicité au gouvernement du Québec, comment
dirais-je...
M. French: Véhicule le message voulu.
M. Bertrand: ...véhicule effectivement les
priorités qui ont été retenues par le gouvernement du
Québec en matière de communications gouvernementales.
M. French: Parlons donc des cas où le comité
ministériel permanent n'est pas le client principal, ce qui est le cas
exceptionnel, selon le ministre. Le cas plus typique, c'est justement sa
responsabilité d'assurer la cohérence du message, ainsi que la
cohérence avec les priorités gouvernementales. Comment se fait
cet exercice d'influence de contenus, de cohérence de messages que le
comité ministériel permanent est chargé d'accomplir pour
ce qui est des autres projets de communications gouvernementales?
M. Bertrand: Ce serait très long à expliquer, ce
que nous faisons à ce moment-là, parce que l'opération a
été effectivement très laborieuse. On a fait - est-ce
qu'on a le document ici? - d'abord un inventaire qui a été
extrêmement long à préparer de tout ce qui allait se
dépenser en 1983-1984. Dieu sait que, dans les activités de
communication, il y a plus que la publicité. Il y a les expositions, les
colloques, l'audiovisuel, un paquet de choses. Une fois cet inventaire fait, on
a tenté de regrouper, dans un premier temps, dans onze catégories
les différents programmes de communication des ministères et des
organismes gouvernementaux. Partant de ces onze catégories, on a
tenté de les ramener progressivement à trois catégories
que j'ai identifiées tout à l'heure: relance économique;
création d'emplois et programme d'aide à la jeunesse. Ces trois
grandes priorités étant retenues, ce n'est pas le CMPC qui
assumera la responsabilité de la gestion de toutes les campagnes de
publicité gouvernementale, même si elles rencontrent ces trois
grandes priorités. Le CMPC assumera une part de responsabilité
pour ce
qui est de la définition de ce qu'on pourrait appeler une
thématique commune, mais nous ferons en sorte que les budgets qui seront
sous la responsabilité de différents ministères et
organismes gouvernementaux seront en quelque sorte alimentés par la
thématique commune qui aura été retenue par le
Comité ministériel permanent des communications.
Nous jouerons donc un rôle incitatif, dans certains cas même
directif, pour faire en sorte que les ministères et organismes
gouvernementaux nous permettent de maximiser l'impact, l'efficacité de
nos programmes de publicité gouvernementale, alors que, dans le
passé, nous étions obligés de constater qu'il n'y avait
pas ce genre de cohérence et d'efficacité que nous souhaitions
obtenir.
M. French: Quel pourcentage des dépenses gouvernementales
dans le domaine de la publicité irait aux trois volets prioritaires?
M. Bertrand: II y a de la publicité obligatoire au
départ, sur laquelle on...
M. French: Vous ne touchez pas à cela, vous autres.
M. Bertrand: Absolument pas. Il y a, ensuite, des sommes un peu
statutaires dépensées bon an mal an et sur lesquelles nous
n'exerçons pas de responsabilité. Des exemples à vous
donner: le tourisme à l'étranger, c'est 2 000 000 $ cette
année.
M. French: D'accord. Vous ne touchez pas à cela, ce n'est
pas votre affaire.
M. Bertrand: C'est-à-dire qu'on...
M. French: Vous savez que cela existe, mais vous ne leur demandez
pas de se conformer aux volets prioritaires.
M. Bertrand: ...sait très bien que la priorité,
c'est de tenter de définir le meilleur programme de publicité
possible à l'étranger pour inciter les gens du reste du Canada,
des États-Unis, de l'Europe à venir au Québec. Que peut-il
rester, finalement, sur 10 000 000 $ de placements publicitaires? Il peut nous
rester entre 6 000 000 $ et 6 500 000 $ sur lesquels nous pouvons dire que nos
priorités peuvent être respectées en termes de
cohérence et d'efficacité en communications gouvernementales.
C'est à peu près cela, c'est un montant approximatif.
M. French: Pour ce qui est du contenu, vous ne serez pas ceux qui
font l'approbation finale ou qui reçoivent les représentations
des agences de publicité pour ce qui est de la presque-totalité
de ces 6 000 000 $. Mais vous essaierez de vous assurer que les organismes ou
les institutions du gouvernement qui dépensent cet argent se conforment
aux thématiques communes que vous avez établies. (12 heures)
M. Bertrand: C'est cela. Maintenant, je veux indiquer que le
Comité ministériel permanent des communications n'est pas
l'organisme chargé de mener à terme la phase de la
sélection des agences. Tout ce processus se réalise comme il se
faisait dans le passé. Un jury a été constitué dont
font partie comme d'habitude, des fonctionnaires, mais non pas des
représentants du Comité ministériel permanent des
communications.
M. French: M. le Président, passons maintenant à la
coordination des activités de l'Année mondiale des
communications. Le ministre a un programme d'aide de 400 000 $ qui seront
dépensés dans le cadre des activités de l'Année
mondiale des communications.
M. Bertrand: Et on pense augmenter le montant à 500 000
$.
M. French: D'accord. Le ministre vient de l'annoncer, ce matin.
En même temps, je présume que...
Une voix: Dans quel programme?
M. Bertrand: C'est toujours dans le programme 1.
M. French: On peut dire que c'est dans le même programme.
Si, par exemple, cela relève d'un autre programme, je pourrais
attendre.
M. Bertrand: C'est toujours dans le même programme.
M. French: C'est ce que je pensais. Ces 400 000 $ ou 500 000 $
sont donc une dépense exceptionnelle qui ne se représentera pas
l'année prochaine. D'où cet argent provient-il?
M. Bertrand: D'un travail laborieux, intelligent, imaginatif des
gestionnaires de mon ministère, qui ne sont pas allés au Conseil
du trésor demander des sommes additionnelles, mais qui, en
exerçant des compressions dans certains secteurs, ont réussi
à dégager les sommes requises. Je dois vous dire, d'ailleurs,
que, lorsque le ministre délégué à la
Réforme administrative et président du Conseil du trésor
nous a demandé de lui livrer un document relatif aux 15% de notre budget
que nous pourrions réaliser en compressions de toutes sortes, nous lui
avons livré un document qui comprend 21 activités et, de ces
21
activités, bien sûr, toutes n'ont pas été
retenues pour l'effort de compression de l'année 1983-1984. C'est donc
nous qui avons décidé, au sein du ministère, dans les
activités que le Conseil du trésor n'a pas retenues pour les
compressions budgétaires du ministère des Communications, d'aller
chercher les 400 000 $ requis pour financer ce programme de subvention
extraordinaire et exceptionnel dans le cadre de l'Année mondiale des
communications.
M. French: M. le Président, si j'ai bien compris, la
plupart de ces activités se dessinent plutôt comme des
mini-sommets pour les divers intervenants du milieu des communications. Est-ce
vrai ou si les exemples que j'ai vus ne sont pas typiques?
M. Bertrand: II n'y a absolument rien là-dedans, M. le
Président, qui va directement vers le sommet sur les communications,
mais il y a beaucoup de projets qui ont été retenus parce qu'ils
vont permettre une réflexion sur l'introduction, par exemple, de la
télématique dans notre société et sur ses impacts
sociaux. Je retiens des projets. Enfin, tout cela est public et tout cela peut
vous être remis, plutôt que de vous en faire une nomenclature qui
pourrait devenir fastidieuse. Par exemple, M. Yvon Valcin a reçu un
montant de 5000 $ pour la rédaction et la publication d'un livre
vulgarisé sur la monnaie électronique. L'Institut canadien
d'éducation des adultes a reçu un montant de 14 500 $ pour un
colloque sur la télématique et son impact social. CKRL-MF a
reçu un montant de 4800 $ pour permettre des rencontres et des
discussions radiophoniques et publiques sous le thème Médias et
société. L'Assemblée mondiale des artisans des radios de
type communautaire a reçu un montant de 25 000 $ pour un congrès
mondial qui se tiendra à Montréal, au mois d'août prochain,
etc.
M. French: Le ministre a effectivement considéré
que cet ensemble d'activités constituaient une priorité; il a
donc réaffecté les sommes d'argent à l'intérieur de
son propre budget.
M. Bertrand: Je dois dire qu'on a reçu, jusqu'à
maintenant, au-delà de 150 demandes. On en a accepté une
cinquantaine. Donc, il y a plus de projets refusés que de projets
acceptés. Même quand on accepte certains projets, au lieu de
donner le montant demandé, on le coupe parfois par deux, par trois et
par quatre. Mais on pense que c'est tout de même une...
M. French: Une priorité.
M. Bertrand: Oui, pour moi, c'est une priorité qu'il y ait
un programme minimal d'environ 500 000 $ pour que, dans toutes les
régions du Québec, des organismes de toute nature permettent
à la population de prendre connaissance des technologies nouvelles, de
les apprivoiser et de faire en sorte qu'on suscite un débat public et
ouvert autour des impacts sociaux, culturels, économiques qu'auront ces
technologies nouvelles dans notre société.
M. French: II y a eu la mise sur pied d'un programme de
création d'emplois et, plus particulièrement, d'un programme de
création d'emplois dans le domaine de l'accès aux documents, des
pratiques de documentation dans les institutions, les municipalités,
etc. Est-ce que j'ai bien compris? Est-ce qu'il y aura un nouveau programme
cette année?
M. Bertrand: Oui.
M. French: Bon.
M. Bertrand: J'aimerais préciser là-dessus que le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
a demandé à différents ministères de lui fournir
des projets de création d'emplois temporaires.
M. French: Des suggestions de cadres de projets ou des projets
spécifiques?
M. Bertrand: Des projets spécifiques. Nous avons soumis un
projet qui totalisait 382 emplois temporaires, environ 250 dans le domaine de
la gestion documentaire et le reste pour des organismes de communication de
toute nature. Nous venons de faire une nouvelle demande pour qu'un nouveau
budget de 1 500 000 $ nous soit octroyé, mais, cette fois, nous allons
créer, si jamais le Conseil du trésor donne suite à notre
demande, 311 emplois, mais là, uniquement dans le domaine de la gestion
documentaire. Les demandes ont été tellement nombreuses dans le
domaine de la gestion documentaire que nous avons cru qu'il serait fort
pertinent, étant donné notre volonté d'implanter la loi
d'accès à l'information, d'aider des organismes qui seront
assujettis à la loi à améliorer leur méthode de
gestion documentaire. Il y a donc eu déjà plus de 250 emplois
temporaires créés dans le secteur de la gestion documentaire,
auxquels s'ajouteront, si le Conseil du trésor donne suite à la
demande du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu...
M. French: Ce n'est pas confirmé, cela?
M. Bertrand: Non, ça ne l'est pas encore.
M. French: C'est une proposition de programme?
M. Bertrand: Oui, c'est à l'étude du Conseil du
trésor en ce moment.
M. French: J'avais compris que c'était
approuvé.
M. Bertrand: Non. J'ai indiqué que le ministère des
Communications avait obtenu l'accord du ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu pour aller de l'avant avec encore 1 500
000 $, mais uniquement dans le secteur de la gestion documentaire tellement la
demande était forte et tellement nous considérons que c'est une
priorité pour le ministère d'implanter cette loi du mieux
possible. Dès que le Conseil du trésor aura donné son
accord à ce programme - je l'espère - nous pourrons donc aller de
l'avant et créer 311 emplois nouveaux.
M. French: Le ministre a dit qu'il y avait beaucoup plus de
demandes que d'acceptations. Effectivement, j'ai eu des représentations
d'un peu partout.
M. Bertrand: Moi aussi.
M. French: II y a beaucoup de déception à
l'égard de ce programme, ce qui est de bon augure pour la commission et
pour la mise en vigueur de la loi, mais c'est un peu décevant pour les
institutions qui ont pris la peine de faire une demande, etc. Peut-on avoir des
statistiques là-dessus pour qu'on puisse apprécier la
situation?
M. Bertrand: En gestion documentaire? M. French: Oui.
M. Bertrand: En gestion documentaire, il y a eu 984 demandes
d'emploi pour 250 emplois subventionnables.
M. French: Excusez-moi, vous dites 980...
M. Bertrand: 984 demandes d'emploi.
M. French: Ce sont des "jobs", mais combien de projets ont
été soumis? Est-ce le nombre de projets soumis ou si c'est le
nombre de "jobs" créés par ce projet?
M. Bertrand: C'est le nombre d'emplois qui auraient
été créés...
M. French: Le nombre d'emplois créés.
M. Bertrand: ...si on avait répondu à toutes les
demandes, 984.
M. French: D'accord, mais dans combien de projets?
M. Bertrand: Nous avons accordé 250 emplois pour 984
demandes d'emploi, mais est-ce qu'il y ait 984 projets?
M. French: J'essaie de savoir combien d'organismes...
M. Bertrand: Ce que le député veut savoir, c'est si
un organisme demandait deux ou trois emplois temporaires.
M. French: Évidemment, cela a dû se produire.
M. Bertrand: On peut dire que le nombre de demandes d'emploi
correspond, grosso modo, au nombre de projets; c'est-à-dire que les gens
demandaient en gros une personne pour réaliser le travail.
M. French: Alors, il y a vraiment eu une réaction assez
impressionnante, il me semble. Disons que 900 institutions publiques - parce
qu'il faut que ce soit des institutions publiques potentiellement assujetties
à la loi environ 20% des institutions potentiellement assujetties
à la loi ont réagi, ont proposé des projets et on a pu
répondre à un peu plus du quart de ce groupe.
M. Bertrand: Oui, parce qu'on avait un budget de 1 500 000 $.
Maintenant, on avait aussi affecté 125 emplois à des projets de
communications, mais alors là, de tous ordres.
M. French: On saute cela.
M. Bertrand: Cela, on ne le répéterait pas,
c'est-à-dire que les 311 nouveaux projets seraient ajoutés aux
250, ce qui ferait à peu près 561 projets acceptés. C'est
quand même déjà pas mal. Si on pouvait en ajouter
davantage...
M. French: Je ne veux pas critiquer le gouvernement, je
comprends, mais j'essaie de voir...
M. Bertrand: C'est cela.
M. French: C'est rare, mais cela me frappe parfois, trop souvent
pour certains de mes collègues du caucus. J'essaie de saisir la
réaction des organismes et, si j'ai bien compris, la réaction a
été très positive; beaucoup d'organismes veulent se
prévaloir du programme, veulent se préparer pour qu'on puisse
mettre en vigueur la nouvelle loi avec efficacité. Je ne peux qu'appuyer
le ministère dans ses efforts. Serait-il possible d'avoir copie du
document? Je vois que celui du sous-ministre est marqué, mais une
copie
du document, même juste une partie du document nous informerait
essentiellement sur ce qu'on vient de discuter.
M. Bertrand: Oui.
M. French: Cela me permettrait d'informer certaines personnes qui
m'ont contacté. Elles ont été bien déçues du
refus. Cela leur ferait comprendre qu'effectivement la demande a largement
dépassé la capacité possible du programme.
M. Bertrand: C'est cela. Je pourrai vous donner l'information
dès que je l'aurai, lorsque le Conseil du trésor -
évidemment, j'émettrai un communiqué de presse, cela va de
soi - aura...
M. French: Sinon une conférence de presse. M. le
Président, est-ce qu'on a une liste des organismes dont les projets ont
été acceptés? Serait-il possible d'avoir une liste des
organismes?
M. Bertrand: Je n'ai pas en ma possession, en ce moment, la liste
des organismes, mais j'ai la liste par région, j'ai la liste par
secteur: parapublic et péripublic, communautaire, médias sans but
lucratif, organismes sans but lucratif.
M. French: Pas médias sans but lucratif.
M. Bertrand: Communautaire.
M. French: C'est l'autre programme.
M. Bertrand: Oui.
M. French: Les deux programmes sont intégrés dans
les chiffres du ministre?
M. Bertrand: Oui. M. French: Ah bon!
M. Bertrand: Voyez-vous, par exemple, je peux dire qu'il y a:
Bas-Saint-Laurent et Gaspésie, 19 emplois; Saguenay-Lac-Saint-Jean, 25;
Québec, 39; Mauricie-Bois-Francs, 24; Estrie, 25; Montréal, 41;
Laurentides-Lanaudière, 21; Outaouais, 17; Abitibi-Témiscamingue,
21; Côte-Nord, 23, pour un total de 255 emplois dans la gestion
documentaire et un montant de 993 547,70 $.
M. French: Si c'était possible, j'aimerais voir la liste
de la région de Montréal.
M. Bertrand: 41.
M. French: Si c'était possible, j'aimerais avoir la liste
des récipiendaires, des organismes qui ont réussi.
M. Bertrand: Vous savez que les organismes prenaient
eux-mêmes l'initiative de demander d'avoir accès à ce
programme d'emplois temporaires. Ils passaient par les bureaux de
Communication-Québec.
M. French: De Communication-Québec.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions
sur ce programme?
M. French: Oui. En ce qui concerne la production du document de
travail dont on a entendu parler et dont on a eu certains échos hier ou
avant-hier, le ministre pourrait-il nous en dire plus long? On sait, d'abord,
que ce n'est pas la politique nationale. C'est un document de réflexion.
Cela a-t-il été fait par des consultants qui ont
été engagés par le ministère ou écrit par
les fonctionnaires ou les deux?
M. Bertrand: Cela a été réalisé par
des fonctionnaires du ministère des Communications. Il y a eu,
cependant, plusieurs études qui ont été
commandées...
M. French: D'accord.
M. Bertrand: ...à différentes personnes et qui ont,
donc, alimenté la réflexion des fonctionnaires du
ministère des Communications. Nous avons aussi - c'est pour cela que je
vous disais tantôt que la publication du document et la diffusion de la
politique nationale des communications sont reportées d'environ six
à huit mois demandé, lors de la première réunion du
comité d'orientation préparatoire au sommet, que les intervenants
qui sont autour de la table puissent nous faire connaître leurs
réactions à la version préliminaire du document, de telle
sorte que nous avons introduit un certain nombre de remarques qui nous ont
été faites par des partenaires qui oeuvrent dans le secteur des
communications. (12 h 15)
M. French: Peut-on présumer en lisant le document, bien
qu'il ne s'agisse pas d'une politique, qu'il s'agit d'une prise de position
essentiellement acceptée par le ministère?
M. Bertrand: II s'agit d'un document qui a reçu
l'approbation des plus hautes autorités administratives du
ministère des Communications, mais ce n'est pas un document que le
ministre des Communications, comme ministre des Communications membre d'un
gouvernement, endosse comme si c'était une politique
gouvernementale.
M. French: D'accord. Le ministre ne
peut quand même passer à son sous-ministre la
responsabilité de la prise de position. Il peut dire qu'il n'est pas
nécessairement d'accord, mais il ne peut pas passer la
responsabilité au sous-ministre.
M. Bertrand: J'ai le document. Je vais vous lire un paragraphe
qui explique cela un peu. Ce que je veux indiquer aussi, c'est que...
M. French: M. le Président, je voudrais souligner, pour le
bénéfice du ministre, qu'il peut bien dire qu'il n'est pas
d'accord, mais il ne peut...
M. Bertrand: Non, je n'ai pas dit cela.
M. French: D'accord. Il peut bien dire que c'est un document de
discussion, mais il ne peut pas dire qu'en tant que ministre il n'a rien
à faire avec cela, qu'il ne le connaît pas, qu'il ne l'a pas lu,
que c'est son sous-ministre. Il ne peut pas dire cela.
M. Bertrand: Non, c'est bien évident. D'ailleurs, je signe
l'avant-propos.
M. French: Que dites-vous là-dedans?
M. Bertrand: "Dix ans ont passé depuis que le gouvernement
du Québec a publié Le Québec maître d'oeuvre de la
politique des communications sur son territoire. C'était sous le
gouvernement libéral. Il était temps de faire le point. Ce
document en est la première phase. Chemin faisant, il poursuit trois
objectifs: vulgariser le dossier des communications auprès du grand
public, amorcer la concertation entre les divers acteurs de ce vaste champ,
autant les usagers que les artisans, et, finalement, alimenter le débat
public sur l'informatisation de la société. D'entrée de
jeu, qualifions ce texte. Ce n'est ni un livre blanc, ni un livre vert. C'est
d'abord et avant tout un document de réflexion et d'analyse
préparé par le ministère des Communications et qui a
reçu l'aval des plus hautes autorités administratives. La
sanction politique viendra, quant à elle, après la période
de concertation que ce rapport lance."
Or, ce rapport sera rendu public mercredi prochain au moment où
des tables sectorielles se réuniront en préparation du sommet et
la sanction politique viendra au terme du sommet sur les communications, car je
veux que la sanction politique vienne après une période de
concertation avec l'ensemble des intervenants qui oeuvrent dans le secteur des
communications. Voilà donc, dans les quelques premières lignes de
mon avant-propos, de quelle façon je situe ce document du
ministère des Communications qui correspond à ce qu'on appelle
traditionnellement, au moment des sommets, un état de la situation.
Chaque fois qu'il y a un sommet, le secrétariat des conférences
socio-économiques prépare un document qui s'appelle état
de la situation dans tel ou tel secteur. Dans le secteur des communications, on
peut dire que ce document qui sera rendu public la semaine prochaine constitue
ce qu'on pourrait appeler un état de la situation, un état de
fait. Mais c'est en même temps un document de réflexion et
d'analyse et il se veut un instrument de travail pour les gens qui oeuvreront
aux différentes tables sectorielles au comité d'orientation et au
sommet sur les communications.
M. French: M. le Président, je ne veux pas en faire un
plat. Je veux dire d'abord, comme je l'ai déjà indiqué,
que c'est un signe de santé du ministère et du débat qui
s'y fait que le document soit publié. C'est très utile. Je pense
que, des deux côtés de l'Assemblée nationale, on voudrait
encourager de tels exercices autant que possible. Je veux juste souligner au
ministre que la phrase: "Ce document a reçu l'approbation des plus
hautes autorités administratives du ministère," dans le
système constitutionnel dans lequel on fonctionne, n'a pas de sens,
effectivement. À mon sens, cela place le sous-ministre dans une
situation très difficile. Je pense que le ministre devrait dire
simplement: Je pense que ce document devrait être public parce qu'il
alimenterait un débat important. Mais quel sens donner à
l'approbation du sous-ministre au document? Je pense que cela est très
difficile. Je ne veux pas commencer la discussion, mais je veux soumettre que
c'est dangereux puisque, si on commence à prendre cette habitude
d'attribuer une forme d'approbation que le ministre ne partage pas chaque fois
qu'on publie quelque chose qui vient du ministère, mais pas du ministre,
on sera vraiment mêlé dans nos responsabilités
respectives.
M. Bertrand: Oui, mais je pense qu'il est bon, tout de
même, de faire la distinction. Si des gens avaient l'impression, d'une
façon ou d'une autre, que ce document a été
sanctionné politiquement ou par le ministre ou par le Conseil des
ministres, on pourrait nettement avoir l'impression qu'il s'agit, à
toutes fins utiles, d'un livre blanc en matière des communications.
M. French: Non mais...
M. Bertrand: Je ne veux pas que les gens qui travaillent aux
tables sectorielles et qui se préparent au sommet sur les communications
aient le moindrement l'impression que ce document est la politique
gouvernementale en matière de communications. Je veux que la
politique
nationale des communications soit la résultante du travail
concerté des partenaires qui oeuvrent dans tous les secteurs
d'activité en communications.
M. French: Oui, j'accepte cela, sauf que le ministre est
intervenu sur une distinction qui n'était pas la distinction que j'ai
soulevée. Il est tout à fait possible que le ministre dise: Ce
n'est pas la politique du gouvernement, mais je la rends publique. Ce qu'il
n'est pas nécessaire de dire et ce qu'il ne devrait pas dire, c'est que
cela a été approuvé par son sous-ministre, etc. Cela
crée tout un problème constitutionnel parce que le sous-ministre
n'a pas de responsabilité dans tout cela. Constitutionnellement, il
n'existe pas. Je ne veux pas en faire un plat, je le répète, mais
je pense que c'est important puisque, si on doit parler d'imputabilité
et avoir...
M. Bertrand: Voilà!
M. French: Parfait! Puisque le sous-ministre devrait être
responsable de ses gestes administratifs, puisqu'on dit dans votre projet que
cela a reçu l'approbation des hautes instances administratives du
ministère, est-ce que je peux commencer à lui poser des questions
là-dessus? Non, cela ne veut pas dire ça, c'est mêler des
oignons et des bananes.
M. Bertrand: Je crois beaucoup au principe de
l'imputabilité...
M. French: Oui, c'est sûr.
M. Bertrand: ...et mon sous-ministre y croit beaucoup.
M. French: Sans doute pour des gestes administratifs, mais pas
pour une autocritique du ministère.
M. Bertrand: Pour l'autocritique du ministère, je trouve
cela très sain que ce travail se fasse à l'intérieur
même de la machine administrative.
M. French: Moi aussi, mais ce n'est pas ce que je dis. Je dis
simplement qu'une fois que c'est rendu public, avec votre prise de position,
vous pouvez bien dire que ce n'est pas votre responsabilité. Cela va.
Mais le sous-ministre, à ce moment-là, ne devrait pas être
dans le portrait. C'est un point constitutionnel. Ce n'est pas un point
politique, mais c'est un point important à la longue parce que, si on en
prend l'habitude, on aura toutes sortes de problèmes à identifier
qui est responsable de quoi et qui a vraiment dit quoi, à quelles
fins.
M. Bertrand: Mettons les choses au clair parce que, dans le fond,
je comprends le député de Westmount, je sais que c'est un homme
très cartésien.
M. French: C'est mon éducation anglo-saxonne.
M. Bertrand: Oui. C'est le genre de distinction qu'il aime
beaucoup faire.
M. French: Cela a été bien important lors de
l'étude du projet de loi no 65.
M. Bertrand: Tout à fait et très utile. D'ailleurs,
je l'ai remercié publiquement pour son travail à cette commission
parlementaire. Cela étant dit, il est évident que le ministre des
Communications - on a eu combien de versions de ce document avant d'en arriver
à la version finale? - qui signe l'avant-propos de ce document, ne se
dissocie pas de cette réflexion, de cette analyse qui est faite mais
veut simplement faire en sorte que les gens avec qui il va travailler d'ici le
sommet sur les communications aient très nettement l'assurance, la
garantie qu'aucune décision politique n'a encore été prise
à partir de ce document, qui est un document de réflexion et
d'analyse dont le ministère des Communications assume la
paternité.
M. French: M. le Président, pour ce qui est du sommet, je
présume que l'Opposition sera invitée en tant qu'observateur, pas
comme participant.
M. Bertrand: Vous serez assis exactement derrière moi.
M. French: Un instant, M. le Président. Je ne suis pas
sûr d'accepter ce genre d'invitation. Cela obligerait le sous-ministre
à se déplacer, d'ailleurs, et je pense qu'il n'aimerait pas
ça vu sa responsabilité administrative.
M. Bertrand: II n'existe pas!
M. French: C'est vrai, par exemple, dans ce cas-là. La
consultation qui a eu lieu en septembre dernier sur Bâtir l'avenir...
M. Bertrand: Le 9 septembre.
M. French: Oui. Je pense qu'elle était également
axée sur le document Bilan et perspectives...
M. Bertrand: Bâtir l'avenir.
M. French: Oui, Bâtir l'avenir, Communications.
M. Bertrand: On est, d'ailleurs, le seul ministère sur les
quatre qui sont censés produire un rapport de conjoncture à
avoir
publié le sien dans les délais prescrits.
M. French: Je suis content que le ministre dépasse la
performance de ses collègues.
M. Bertrand: Un ministère efficace!
M. French: Quelle a été exactement la suite de
cette consultation?
M. Bertrand: La suite de cette consultation a été
au sein du ministère des Communications et en très étroite
collaboration avec d'autres ministères impliqués dans la
recherche et développement - je pense au secrétariat à la
Science et à la Technologie, au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, au ministère de l'Éducation du
Québec, au Conseil des industries en électronique du
Québec et au Centre de recherche industrielle du Québec -de
tenter de définir ce qu'on pourrait appeler les créneaux
d'intervention à privilégier en termes de recherche et
développement au gouvernement du Québec.
Ce travail s'est fait durant tout l'automne. Certains de ces
éléments font l'objet encore actuellement de discussions, plus
particulièrement avec le ministre délégué à
la Science et à la Technologie. Il s'agit de voir quel genre de
priorités on retient au niveau des programmes CAO FAO et aussi au niveau
des logiciels et de s'assurer aussi que nos priorités, vues à
partir du ministère des Communications, n'entrent pas en contradiction
avec les priorités que dégagent d'autres ministères qui
s'intéressent de près ou de loin à l'informatique ou aux
nouvelles technologies. Dans ce contexte-là je dois indiquer que la
manchette d'hier du Soleil qui faisait état d'une bisbille à
venir au sein du gouvernement entre le ministère des Communications et
le secrétariat à la Science et à la Technologie, est tout
à fait...
M. French: Fausse.
M. Bertrand: ...déplacée.
M. French: Mais oui! déplacée.
M. Bertrand: II existe une collaboration...
M. French: C'est mon vocabulaire qui fait défaut.
M. Bertrand: ...fort appropriée, opportune et constructive
entre le secrétariat à la Science et à la Technologie, le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, le
ministère de l'Éducation, le ministère des Communications,
qui sont, en fait, les ministères les plus intimement touchés par
les technologies nouvelles et les décisions que nous aurons à
prendre dans plusieurs secteurs, comme les micro-ordinateurs, les logiciels,
etc.
M. French: Autrement dit, M. le Président, on placote au
sein du gouvernement. On essaie de trouver des créneaux, on identifie
les priorités. Il y a un dialogue fructueux, on fait de la consultation,
on se concerte.
M. Bertrand: On présente au Conseil des ministres d'ici
peu...
M. French: D'ici peu?
M. Bertrand: Oui, d'ici peu... le plan de développement de
la bureautique.
M. French: Quand ce plan sera-t-il annoncé?
Comportera-t-il des engagements budgétaires spécifiques et des
programmes spécifiques?
M. Bertrand: II va comporter un certain nombre d'aspects de deux
ordres. Premièrement...
M. French: Quand sera-t-il présenté? Quand
sera-t-il annoncé?
M. Bertrand: Nous sommes trois à signer le mémoire
qui sera transmis au Conseil des ministres: le ministre
délégué à la Science et à la Technologie, le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et moi-même. Mon
sous-ministre...
M. French: Le deuxième signe n'importe quoi.
M. Bertrand: ...m'indique, à l'instant, que le
mémoire est sur mon bureau. Donc, il sera transmis dans quelques jours
au Conseil des ministres.
M. French: Cela est fascinant, mais quand...
M. Bertrand: Je sais que c'est fascinant.
M. French: ...le résultat de cet exercice va-t-il
être rendu public?
M. Bertrand: Quand le Conseil des ministres aura pris sa
décision.
M. French: Et on ne sait pas quand ce sera.
M. Bertrand: Le plus vite sera le mieux. (12 h 30)
M. French: Je suis tout à fait d'accord. C'est
précisément le but de ma démarche. Alors, le ministre ne
peut pas l'annoncer et il ne peut pas non plus - il indique que non - nous dire
s'il y aura des programmes complets et spécifiques d'annoncés
dans cette prise de position que le gouvernement devra émettre au sujet
de la recherche dans le domaine de la bureautique.
M. Bertrand: Oui, il y aura certainement, au-delà du
projet de bureautique comme tel, au niveau du plan de développement dans
le secteur de la bureautique, des propositions d'action immédiate qu'on
pourrait qualifier entre guillemets - l'expression n'est peut-être pas
heureuse - d'"expériences pilotes" à entreprendre dans les plus
brefs délais dans certains ministères ou organismes
gouvernementaux.
M. French: II s'agit de la bureautique au sein du
gouvernement?
M. Bertrand: Oui.
M. French: Ah! Le groupement d'achats, etc.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, messieurs; il est
maintenant midi trente. On s'était entendu, au début, pour
terminer à ce moment-ci.
M. Bertrand: M. le Président, pourrions-nous nous entendre
immédiatement, simplement pour que je puisse en informer les gens, pour
dire que vous souhaiteriez qu'après la période des questions on
commence avec Radio-Québec?
M. French: Je voudrais simplement dire au ministre que nous
sommes à sa disposition pour traiter de Radio-Québec, mais on ne
veut pas se faire dire, à 21 h 30 ce soir, que les gens de
Radio-Québec doivent quitter et qu'il faut commencer
Radio-Québec.
M. Bertrand: Non, non.
M. French: C'est seulement cela.
M. Bertrand: Non, absolument pas.
Le Président (M. Gagnon): Cela veut dire que nous
appellerons le programme qui touche Radio-Québec au début?
M. Bertrand: Si l'Opposition le souhaite.
M. French: Nous sommes à la disposition du ministre
là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): La commission des communications
suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi, après la
période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise de la séance à 15 h 38)
Le Président (M. Payne): À l'ordre, s'il vous
plaît;
La commission élue permanente des communications poursuit
l'étude de ses crédits. On en était à
l'étude du programme 1.
M. Bertrand: M. le Président, si vous me le permettez,
répondant en cela à une demande formulée par l'Opposition,
nous pourrions immédiatement passer au programme 8 pour permettre aux
gens de Radio-Québec de se faire entendre relativement aux
crédits de 54 565 400 $ prévus pour l'année 1983-1984.
Société de
radio-télévision du Québec
Le Président (M. Payne): On invite les intervenants de
Radio-Québec.
Voulez-vous vous identifier, M. Barbin?
M. Barbin (Gérard): Je suis Gérard Barbin,
président-directeur général de Radio-Québec. Je
suis accompagné de la présidente du conseil d'administration, Mme
Lise Goyette, et de quelques vice-présidents qu'on dit être fort
nombreux à Radio-Québec. Le vice-président
exécutif, M. Fortier, le vice-président aux programmes, M.
Sylvestre; derrière moi, M. Buzaré, vice-président
à l'administration, M. Robert, vice-président au
développement technique, et M. Gariépy, des communications.
Le Président (M. Payne): Merci. M. le député
de Westmount.
M. French: Merci, M. le Président. Je voudrais commencer
avec le programme de construction d'antennes de Radio-Québec qui
comprend, cette année, si j'ai bien compris, une dépense de 1 000
000 $ pour l'ajout de certaines antennes. Peut-on savoir de quelles antennes
précisément il s'agit? Est-ce qu'on a complété
l'étape 3 du réseau?
M. Bertrand: Nous sommes à compléter, cette
année, la dernière étape du développement du
réseau d'émetteurs principaux, ce qui est autorisé
d'ailleurs par décret. À la fin de cette année, avec trois
émetteurs qu'on est en train d'aménager actuellement en
Gaspésie, nous complétons le réseau qui couvre 90% de la
population du Québec. Il restera, l'an prochain, un autre
émetteur à Rivière-du-Loup pour desservir
cette partie de la province et notre plan sera complet. Il reste,
évidemment, tout le dossier des réémetteurs pour couvrir
les 10% de la population qui restent, mais cela n'est pas encore
présenté comme projet.
M. French: À ia fin de 1983, vous couvrirez 90% de la
population du Québec.
M. Bertrand: Exact, 90%.
M. French: 90%. Vous vous attendez éventuellement à
couvrir, si j'ai bien compris, 96% des foyers; ultimement, c'est votre
objectif?
M. Bertrand: C'est-à-dire qu'avec l'émetteur de
Grand-Fond on prévoit ajouter 2% de la population. On ne prévoit
pas rejoindre 96% de la population parce que, à court terme, ces
réémetteurs coûteraient cher. Nous faisons actuellement une
analyse que nous soumettrons au gouvernement. Il y a dans ce dossier des
éléments nouveaux, c'est que nous avons obtenu l'autorisation
d'utiliser deux canaux de satellite en 1985 et, à ce moment, par l'usage
du satellite et par les techniques nouvelles, peut-être qu'on peut
remettre en question l'aménagement de réémetteurs dans des
régions où ce serait très coûteux. Je pense à
la Côte-Nord du Saint-Laurent, je pense aussi à d'autres
régions. C'est un dossier qui n'est pas encore finalisé, ce que
nous entendons faire pour les 10% ou les 8% de la population qui restent, si je
veux être plus précis.
M. French: D'accord. Les 8% peuvent toujours être atteints,
sauf que le coût marginal pour pénétrer dans ces foyers est
extrêmement élevé.
M. Bertrand: Une quarantaine de réémetteurs pour
une somme d'environ 20 000 000 $, ce qui coûte aussi cher que tout le
réseau actuel.
M. French: Même avec les satellites. M. Bertrand:
Non, sans satellite.
M. French: Vous allez vous lancer dans les satellites?
M. Bertrand: Oui.
M. French: Mais est-ce que c'est certain? Oui ou non?
M. Bertrand: Oui, la décision est prise.
M. French: Oui. Alors, vers la fin de 1985, vous allez utiliser
les satellites.
M. Bertrand: Oui.
M. French: Pour 92% de la population?
M. Bertrand: Oui. C'est-à-dire qu'on peut supposer,
à ce moment, que la technologie permettra à des
câblodistri-buteurs de prendre le signal du satellite et de
compléter par la câblodistribution dans des régions
où nous n'avons pas d'émetteurs, ce qui nous permet de rejoindre
une partie plus grande encore de la population; 92% en ondes ouvertes et un
pourcentage par satellite éventuellement et par
câblodistributeurs.
M. French: Un pourcentage additionnel dont le montant
précis nous échappe encore.
M. Bertrand: Nos études ne sont pas
complétées là-dessus.
M. French: D'accord. Ce serait Anik C, le satellite?
M. Bertrand: Ce serait Anik C.
M. French: Je sais - je pose la question au ministre - que
Radio-Québec a proposé au ministre, en juin 1981, un projet de
distribution expérimentale par satellite Anik B qui, à ce moment,
aurait pu bénéficier de certaines subventions du gouvernement du
Canada. Pourquoi le ministre a-t-il refusé à Radio-Québec
la permission d'entreprendre cette expérience?
M. Bertrand: Je vous avoue que le député
m'amène sur un terrain où je n'ai pas mémoire d'avoir
été informé par Radio-Québec d'un projet de cette
nature.
M. French: Ah! bon. Donc, aucun document de...
M. Bertrand: La première demande véritable
relativement à l'utilisation du satellite m'est parvenue il y a quelques
mois. Nous l'avons fait acheminer au Conseil du trésor qui nous a
demandé de poursuivre des études pour être bien certains
que le choix que nous allions faire était un choix rentable et,
effectivement, après avoir conjointement mené des études
Radio-Québec et le ministère des Communications, le Conseil du
trésor a autorisé cette dépense relativement à
l'installation de Radio-Québec sur deux canaux sur le satellite Anik
C.
M. French: Donc, la première fois que le ministre a
été saisi d'un projet ou d'une proposition de Radio-Québec
pour la transmission par satellite aurait été avec Anik C, il y a
quelques mois?
M. Bertrand: Oui. À ma souvenance, en tout cas, aussi loin
que je puisse reculer en 1981, j'ai été nommé ministre
des
Communications le 30 avril 1981. À ce moment, on ne parlait pas
de satellites; ce n'était pas le genre de conversations qu'on avait. Je
ne sais pas si le président de Radio-Québec peut confirmer.
M. le Président, on doit parler de Cancom et de l'utilisation du
satellite par Radio-Québec, en accord avec Cancom, où nousprésentons une partie de notre programmation quelques heures par
jour. C'est la première utilisation du satellite par Radio-Québec
via Cancom. À côté de cela, il n'y a pas eu d'autres
projets et d'autres demandes faites au gouvernement.
M. French: II n'y a pas eu d'analyses de projets avec Anik B?
M. Bertrand: Non, pas à ma connaissance.
M. French: Au sein de Radio-Québec, il n'y a pas eu
d'analyse de projet avec Anik B?
M. Bertrand: Non, sauf cette participation dans le cadre de
Cancom où Radio-Québec en est venue finalement à une
entente avec le groupe pour diffuser un certain nombre d'heures
d'émissions. Mais il n'y a pas eu autre chose, à ma connaissance
en tout cas. Comme ministre des Communications, c'est la première fois
que j'entends parler de cela.
M. French: M. le Président, sous réserve d'y
revenir tantôt, un des avantages d'utiliser un satellite est la
possibilité d'ajouter un système vidéotex. Compte tenu de
la technologie actuelle, avez-vous l'intention d'utiliser le système
Télidon ou un autre système vidéotex avec votre projet de
satellite, comme le fait déjà TV Ontario, par exemple?
M. Bertrand: II n'y a pas eu d'étude particulière
à Radio-Québec sur l'utilisation de nouvelles technologies du
genre. Radio-Québec a été depuis un certain nombre
d'années préoccupée par le développement de la
régionalisation. Le particularisme de Radio-Québec est
différent de celui de TV Ontario. TV Ontario est une
télévision qui joue à la fois le rôle d'une
télévision scolaire, parce qu'il n'y a pas en Ontario de Service
général des moyens d'enseignement comme nous l'avons au
Québec. Cette responsabilité au Québec des moyens
d'enseignement scolaire est celle du ministère de l'Éducation. La
nature même de notre société et son orientation ont fait
qu'on a pris des voies différentes de celles du développement de
TV Ontario.
M. French: Cela veut dire que vous n'êtes pas
intéressé dans le vidéotex, si j'ai bien compris, puisque
vous n'avez pas, quant à vous, le mandat de le faire?
M. Bertrand: Oui. On n'a pas le mandat de le faire et on n'a pas
eu le temps de faire les analyses qu'il faut. Le ministère de
l'Éducation n'a pas contacté Radio-Québec pour s'associer
dans ce genre d'utilisation de technologies nouvelles.
M. French: M. le Président, comme je vous l'ai dit, quitte
à revenir, je voudrais parler maintenant de certains aspects de la
gestion de Radio-Québec et de la promotion de Radio-Québec. Plus
particulièrement, je voudrais explorer quelque peu, avec le ministre, le
président de Radio-Québec et ses associés, certains
aspects de financement et de marketing. D'abord, je voudrais me faire confirmer
effectivement que le revenu autonome de Radio-Québec pour l'année
1981-1982 a été de 857 000 $. Est-ce à peu près
cela?
M. Bertrand: Oui.
M. French: Et l'année dernière, cela aurait
été quoi?
M. Bertrand: 857 000 $.
M. French: 1982-1983?
M. Bertrand: Pour 1983, la prévision est de 1 500 000
$.
M. French: Ah bon!
M. Bertrand: Mais l'année n'est pas encore
terminée.
M. French: Je comprends. D'accord!
M. Bertrand: II faut savoir une chose: l'exercice financier de
Radio-Québec, c'est septembre...
M. French: Cela ne coïncide pas. D'accord!
M. Bertrand: ...fin août, alors que le nôtre, c'est
le 1er avril ou le 31 mars.
M. French: Alors, c'est une amélioration nette sur la
performance de l'année précédente. Est-ce une
priorité pour Radio-Québec?
M. Bertrand: C'est-à-dire que c'est une priorité
pour nous d'aller chercher des revenus autonomes puisque le gouvernement du
Québec nous a demandé de compléter notre budget par 2 000
000 $ de revenus autonomes, il y a quelques années. Évidemment,
c'est arrivé à un moment un peu difficile pour
Radio-Québec. D'abord, il y
a les problèmes de l'économie en général et
aussi le fait que nous sommes toujours en appel d'une décision de la
Régie des services publics touchant cette question de la
publicité, ce qui n'a pas facilité notre travail. Il reste quand
même qu'on peut prévoir que l'année dernière, pour
l'exercice actuel, nous sommes allés chercher environ 300 000 $ en
revenus de publicité de prestige et que nous nous dirigeons cette
année, pour l'exercice actuel, vers le double de ce montant. Le reste
des revenus autonomes est composé de la vente de nos émissions
pour un montant d'environ 300 000 $ et aussi de revenus d'environ 100 000 $ qui
viennent de la location de nos émetteurs et de nos installations
principalement au mont Orford et au mont Valin au Lac-Saint-Jean. C'est
l'essentiel des 800 000 $, M. le Président.
M. French: La vente de programmes rapportait 300 000 $, ce qui
est un peu en deçà de 1% des déboursés globaux,
alors qu'à la TV Ontario la somme parallèle pour 1981-1982 a
été de 2 600 000 $, soit 8,8% de son budget total. Je pense qu'il
y a là un écart qui appelle au moins une explication, sinon un
examen de la part de Radio-Québec. Je voudrais donner au
président la possibilité de m'en faire un.
M. Bertrand: II faut se rappeler que TV Ontario a une structure
de fonctionnement différente de celle de Radio-Québec. Je
rappelle qu'elle a le mandat de réaliser et de diffuser tout ce qui
touche au réseau scolaire. Donc, il y a beaucoup d'émissions dans
ce secteur qui sont commercialisables, étant donné que c'est
produit en anglais, sur tout le continent nord-américain, ce que nous
n'avons pas comme avantage, étant donné que nous produisons en
français.
TV Ontario s'est aussi lancée dans la publicité, dans la
commandite de prestige. Elle connaît un succès plus grand que
celui de Radio-Québec. Il faut dire qu'en Ontario il y a un bon nombre
d'entreprises qui supportent TV Ontario d'une façon plus importante que
les entreprises supportent ici Radio-Québec. Il faut dire que la vente
des émissions n'est pas facile pour une société de
télévision francophone. Si je fais référence
à l'expérience de Radio-Canada, qui a des budgets beaucoup plus
importants, un personnel nombreux et même un bureau à Paris
où il y a plusieurs personnes en permanence, elle n'a vendu
l'année dernière que pour 1 000 000 $ d'émissions.
Il reste que Radio-Québec, avec son succès relatif, va
peut-être atteindre le demi-million, ce qui est quand même assez
considérable. Surtout si on respecte la réciprocité dans
les échanges entre la France et le Québec, on peut prévoir
que Radio-Québec mettra à la disposition des
télévisions francophones cette année - on espère -
une vingtaine d'heures vendues au prix du marché, ce qui augmentera la
commercialisation de nos émissions. Mais cela reste très
difficile de commercialiser des émissions francophones, même dans
le milieu de la francophonie.
M. French: Alors, le problème, essentiellement, c'est non
seulement que le marché comme tel est plus petit, mais que la vente est
plus difficile à cause du fait que ces marchés sont moins
accueillants pour les produits québécois?
M. Bertrand: Exact, pour les produits canadiens.
M. French: Oui, d'accord, parce que vous avez bien dit que
Radio-Canada fait face au même genre de problème et que,
d'ailleurs, elle n'a fait que le triple de ce que vous avez pu faire,
malgré le fait que...
M. Bertrand: Le double.
M. French: Mais, écoutez, est-ce 300 000 $ ou 500 000
$?
M. Bertrand: C'est-à-dire qu'on peut prévoir, si on
veut être prudent, que nous allons vers 500 000 $, disons 400 000 $ cette
année, si tout va bien.
M. French: D'accord. De toute façon, je n'essaie pas de
déformer vos propos. L'essentiel est que la seule façon
d'augmenter les revenus autonomes de façon sérieuse n'est pas le
marketing ou l'exportation de vos produits. II doit donc y avoir des formes de
publicité ou des commandites de prestige, l'une ou l'autre?
M. Bertrand: Oui.
M. French: Vous vous axez là-dessus?
M. Bertrand: II y a aussi des revenus que nous apporte la
location des installations de notre réseau.
M. French: Mais ce n'est pas une...
M. Bertrand: II y a aussi le service de la distribution dont je
n'ai pas parlé tout à l'heure qui recueille 100 000 $. Mais cela
reste un petit pourcentage du budget total de Radio-Québec et on ne peut
pas prévoir à court terme des augmentations spectaculaires. Il
reste qu'on double cette année le budget de l'année
dernière...
M. French: Oui, voilà.
M. Bertrand: ...ce qui n'est quand même pas si mal.
M. French: Si vous pouviez continuer cela pour quelques
années, ce serait très prometteur.
M. Bertrand: Merci beaucoup, M. le député de
Westmount.
M. French: Avant de continuer, vous avez dit que certaines
émissions de TV Ontario, parce qu'elles sont intimement liées au
réseau scolaire, sont plus vendables que les vôtres, donc qu'elle
a un mandat plus attrayant. Je suis convaincu que vous êtes passé
à travers ce terrain-là souvent mais, étant donné
que c'est ma première année à l'étude des
crédits en tant que critique principal, pourriez-vous m'expliquer
pourquoi précisément vous n'avez pas ce mandat? Qui, au
Québec, a ce mandat?
M. Bertrand: C'est une longue histoire. Il faut dire que
j'administre une société de télévision, comme
président-directeur général, qui a reçu un mandat
du gouvernement. La société Radio-Québec a connu une
nouvelle loi en 1979 où, à la suite d'un rapport qu'on appelait
le rapport Rocher, on a reprécisé ses orientations. On a
décidé de régionaliser Radio-Québec et on a
maintenu la structure parallèle, en quelque sorte, qui existe au
ministère de l'Éducation où il y a le Service
général des moyens d'enseignement qui s'occupe de la production,
de la préparation et aussi de faire diffuser tous les produits
éducatifs utilisés dans les écoles, que ce soit
Passe-Partout ou d'autres émissions semblables.
À TV Ontario, on n'a pas, au niveau du ministère de
l'Éducation, créé un service parallèle. Cela tient
à l'histoire. Radio-Québec est une entreprise qui fête son
quinzième anniversaire cette année et elle a été
créée après l'existence de ces nombreux services qui se
sont, d'ailleurs, restructurés. C'est donc une assez longue
histoire.
Ce n'est pas malheureux pour nous parce que nous croyons que les
émissions scolaires demandent des préparations
particulières et des experts qu'il nous faudrait avoir à
Radio-Québec et qui sont au ministère de l'Éducation. Il
existe une collaboration étroite entre le Service général
des moyens d'enseignement et Radio-Québec qui, lui, joue le rôle
de diffuseur dans ses rapports avec le ministère, alors que TV Ontario
joue un rôle de producteur et de diffuseur en collaboration
étroite avec le ministère de l'Éducation de l'Ontario.
M. French: M. le Président, une autre source de revenus
autonomes pour TV Ontario, par exemple, a été une campagne
d'abonnement populaire effectuée pour la première fois l'automne
dernier et qu'ils ont l'intention de répéter. Ils ont
ramassé environ 600 000 $, soit pratiquement 2% de leur
déboursé total, impliquant 19 000 personnes. Je me demandais si
Radio-Québec, compte tenu de sa popularité, s'attend de faire la
même chose.
M. Bertrand: Nous n'avons pas l'intention, à court terme,
de nous lancer dans ce genre de souscription publique. Il y a des comportements
différents dans le milieu francophone et dans le milieu anglophone. Il
faut se rappeler que TV Ontario, que l'Ontario est entouré de beaucoup
plus de stations PBS que le Québec. La concurrence de PBS se voit
à Montréal, se voit dans l'Outaouais, peut-être aussi dans
la région de Sherbrooke. Il y a toute une partie du Québec qui
n'est pas atteinte par PBS. PBS organise des campagnes de souscription publique
depuis de nombreuses années. Il y a une habitude, chez les Canadiens, de
souscrire nombreux aux campagnes de souscription de PBS, ce qui est un peu
anormal. TV Ontario a senti le besoin d'occuper le terrain à sa
façon, ce que nous sentons moins.
Il y a des Montréalais, sans doute, qui versent des souscriptions
à PBS qui diffuse tout le long de nos frontières. Nous ne croyons
pas qu'il en vaudrait le coup d'organiser une campagne de souscription à
court terme qui rapporterait vraiment beaucoup à Radio-Québec.
Nous préférons, à ce moment-ci, mettre nos efforts du
côté de la publicité de prestige. C'est une question qui
peut devenir à l'étude. C'est un projet que nous n'envisageons
pas à court terme, mais qui peut être envisagé à un
moment donné.
M. French: Une chose est certaine, si on n'en fait pas l'essai,
on ne le découvrira pas. Non pas que je veuille vous y forcer, mais
c'est quand même une source d'information importante. C'est une source de
rétroinformation aussi; vous pouvez rejoindre par ce biais un certain
nombre de personnes qui deviennent vos fidèles et auprès
desquelles vous pouvez vous renseigner de façon plus efficace parce
qu'elles auraient déjà une espèce d'investissement chez
vous.
Je voudrais parler un peu de votre production et de votre
productivité. Je crois que vous diffusez à peu près 3500
heures par année. De ces 3500 heures, il y en a combien qui sont de
l'Assemblée nationale du Québec? (16 heures)
M. Bertrand: Environ 250 heures parce que nous ne diffusons cette
année que la période des questions. C'est un peu moins que ce que
nous avions diffusé, à la reprise de Radio-Québec,
après le conflit en 1979 où nous diffusions à la fois les
débats de l'Assemblée nationale - une bonne partie des
débats - et la période des questions. Nous diffusons, en plus de
la période des
questions, quelques émissions spéciales de grand
intérêt pour le public: l'ouverture de la session, le discours du
budget, certaines commissions parlementaires, etc.
M. French: II y a eu une certaine réaction face à
votre changement d'horaire pour l'Assemblée nationale et je sais que
vous en avez discuté souvent. Je vous invite à mettre sur la
table les décisions à prendre, s'il y en a, juste pour nous
éclairer.
M. Bertrand: La décision prise pour l'année en
cours, c'est que nous avons déplacé la période des
questions, qui était diffusée à 19 heures, à 22
heures pour laisser la place, à cette meilleure période de la
journée, à une émission sur laquelle nous avons investi
beaucoup, qui est une de nos premières émissions quotidiennes:
les rencontres avec Pierre Nadeau. Cela a été malheureux pour la
période des questions sur le plan des cotes d'écoute. Mais cela a
été heureux dans le fond, comme c'était une
décision de programme, pour une émission sur laquelle nous
misions beaucoup comme société. Les cotes d'écoute de la
période des questions ont baissé considérablement par
rapport à l'année précédente. Quand je dis
considérablement, je veux dire que nous atteignons peut-être une
moyenne de 25 000 auditeurs. L'année dernière, nous en avions 89
000 en moyenne, à 19 heures et c'est 22 000 cette année.
M. French: À 22 heures? M. Bertrand: À 22
heures.
M. French: Excusez-moi. Un de vos adjoints a fourni...
M. Bertrand: Pour l'émission de Pierre Nadeau, c'est 160
000 à 19 heures. La période de questions à 19 heures,
c'était 89 000 en moyenne et, cette année, 25 000 à peu
près, pour la période des questions à 22 heures. Je parle
de cette année. Je ne parle pas des décisions de programmes que
nous prendrons pour l'automne prochain. Il faut se rappeler que, dans le
domaine de la télévision, il y a une concurrence assez forte. Les
autres stations ont des intentions qui diffèrent d'une année
à l'autre. Il faut penser que, l'année prochaine, le
réseau français de Radio-Canada va faire une heure d'information
à compter de 22 heures. C'est ce que la société a
annoncé. Cela va nous faire réfléchir à toute cette
question de la programmation. Il n'y a pas de décision prise encore et
nous réfléchissons à ce sujet pour l'année
prochaine.
M. French: Je ne voudrais pas pousser le président de
Radio-Québec à dévoiler ses plans dans une situation qui
est concurrentielle. Mais est-ce que j'ai bien compris que, à ce
moment-ci, bien que le choix Nadeau, cinq jours par semaine, semble avoir
été une réussite si on se base uniquement sur les cotes
d'écoute qui, de toute façon, sont une très bonne base de
jugement, il me semble - la meilleure ou à peu près la meilleure
dans une telle décision; je ne dis pas pour toutes les émissions
de Radio-Québec, mais pour cette émission en particulier, par
rapport à ce qu'il y avait au préalable - tout cela est remis en
cause et qu'il faudrait voir ce que font les autres postes de
télévision? Est-ce que M. Nadeau a l'intention de rester toujours
à Radio-Québec?
M. Bertrand: M. Nadeau a annoncé son départ de
Radio-Québec après trois ans. La formule de l'émission
"Pierre Nadeau rencontre" s'appellera "M. X ou Mme X rencontre". La formule
reste quotidienne. La grille-horaire de Radio-Québec n'est pas
établie. La direction des programmes n'a pas complété ses
suggestions à la direction générale. Il n'y a pas de
secret. Je ne le sais pas moi-même et on ne saura pas avant plusieurs
mois de quelle façon on va répartir notre grille-horaire. La
réflexion autour de la période des questions va se faire dans le
contexte d'une grille de soirée. Alors, je ne peux pas vous dire ce que
nous déciderons à ce sujet. Mais nous avons l'intention de
maintenir la période des questions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je m'excuse de mon absence de
quelques minutes. Je présume qu'on se demande ce qu'il advient de la
période des questions: si cela va être maintenu de bonne heure ou
plus tard le soir. J'aurais presque le goût de demander au directeur
général si on pourrait, nous, de l'Opposition, par avis
formulé avant 5 heures le soir, vous indiquer si on
préfère que ce soit très tard le soir ou plus tôt
dans la soirée.
M. Bertrand: Par les temps qui courent et avec le genre de
périodes de questions qu'on a, je pense que vous avez
intérêt à ce que ce soit diffusé le plus tard
possible.
M. French: Vous aussi, d'ailleurs.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une mobile.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez toujours la parole, M.
le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. L'an dernier - je présume que le directeur
général de Radio-Québec s'attendait à cela - nous
avions discuté assez longuement des coûts de
production maison de Radio-Québec. Évidemment,
comparativement à des postes du secteur privé, compte tenu du
mandat particulier de Radio-Québec, compte tenu de la production
régionale à laquelle on tentait de s'astreindre, compte tenu du
territoire -on a essayé de rejoindre 100% des Québécois
essentiellement, avec le temps, ce qui n'est pas nécessairement une
préoccupation des réseaux commerciaux, c'est entendu - on
essayait de dégager ce qui coûtait cher au point de vue de la
production maison.
Sans citer mot à mot les questions et réponses, j'avais
cru retenir que Radio-Québec pourrait être en mesure, cette
année, de nous donner des éléments de réponses sur
ces coûts de revient. À l'époque, je pense qu'on avait dit
que la maison avait instauré un programme de calcul de coûts de
revient. Sans consacrer toute l'année dernière, les douze
derniers mois, à cette réflexion, je me demandais si vous aviez
des éléments de réponses pour nous, cette
année.
M. Bertrand: Nous avons des éléments de
réponses qui sont dans la logique des réponses que nous avons
données l'année dernière. Il est évident que je ne
pourrai pas vous révéler des choses qui nous sont données,
d'un caractère un peu confidentiel, quand on communique avec d'autres
organismes de télévision. Ce qui n'est pas publié dans le
rapport annuel est parfois difficile à communiquer quand on l'apprend un
peu en échange professionnel.
Nous avons des renseignements sur ce que cela coûte à
Radio-Canada. Nous avons des renseignements sur ce que cela coûte
à TV Ontario qui, d'ailleurs, a le plus beau dossier au plan des
coûts réduits de production. Il faut dire - et je pourrais
l'expliquer, si vous le désirez - que la nature de TV Ontario, le fait
qu'ils fassent peu de productions autonomes, qu'ils diffusent beaucoup
d'émissions à caractère scolaire et beaucoup de reprises,
expliquent qu'ils peuvent avoir un coût de production horaire beaucoup
plus bas que le nôtre.
Si on compare avec Télémétropole et avec les
données que nous avions pour 1981-1982 - j'ai fait un retour en
arrière avec mes collaborateurs - si, au lieu de prendre le coût
de production par émission, on prend le coût de diffusion et si on
suppose, d'après nos calculs, que Télémétropole
diffuse environ 8000 heures par année et que nous diffusons 3500 heures,
si on divise cela par le budget de Télémétropole, on ne
peut pas diviser de la même manière par le budget global de
Radio-Québec. Il faut faire un calcul - que je vais faire devant vous -
pour l'année 1981-1982. Si je prends le budget de Radio-Québec -
puisque je le compare avec les données que j'ai de
Télémétropole - qui était, à cette
époque, de 47 000 000 $, il faut que j'enlève le budget
régional puisque je prends Télémétropole à
Montréal sans le réseau TVA; si je compare le budget avec
Télémétropole à Montréal, j'enlève
donc le budget des régions de Radio-Québec, c'est-à-dire 5
500 000 $; il nous faut aussi enlever le réseau, l'entretien et tout
l'argent que nous investissons pour rejoindre l'ensemble du Québec,
environ 4 000 000 $; il nous faut enlever les frais financiers qui supportent
le réseau, environ 1 000 000 $; il nous faut enlever aussi 600 000 $
environ, pour les amortissements du réseau, ce qui nous laisse environ
40 000 000 $.
Si nous comparons avec le budget de Télémétropole
pour la même période, qui est un budget de 50 000 000 $, ils font
8000 heures de diffusion. Le coût de l'heure de diffusion, à
Télémétropole, serait de 8300 $. Pour Radio-Québec,
il serait de 11 600 $. On s'aperçoit, quand on fait un tel calcul, que
Radio-Québec se compare moins désavantageusement qu'on peut le
croire, tout en étant une télévision éducative.
Là-dessus, je dirais que, si nous enlevons de notre programmation
certaines émissions plus coûteuses, telles que la participation au
Prix Kammans, dramatiques qui peuvent coûter environ 100 000 $ ou plus,
si nous enlevons, dis-je, presque 1 000 000 $ que nous investissons dans le
domaine de la programmation ethnique avec des groupes et des comités de
consultation et une diffusion en douze langues, si nous enlevons des
émissions du genre qui collent à un mandat particulier d'une
télévision éducative, souvent, pour des coûts de
production d'émissions comparables, nous en arrivons à bien nous
défendre.
Cependant, il y a beaucoup d'améliorations. Nous avons
déjà expliqué qu'avec des frais fixes assez
élevés, un personnel permanent, des conventions collectives qui
apparentent les employés de Radio-Québec à la fonction
publique, contraintes que n'ont pas, sur le plan des salaires, les entreprises
privées qui ont plus de souplesse dans l'utilisation des ressources,
malgré tout cela, nous pouvons faire des progrès. Nous avons
diminué nos coûts. Les budgets ont été gelés
pour la production et nous réussissons à faire plus
d'émissions avec moins d'argent. Maintenant, cet effort de
productivité doit continuer. Je pense que, si on considère que
Radio-Québec, dans le fond, est une maison d'éducation dans un
contexte d'éducation permanente, c'est le budget d'une petite
université, d'un gros cégep ou d'une petite ou moyenne commission
scolaire. On peut difficilement demander à Radio-Québec de ne pas
dépenser plus en recherches, en études de documents qu'une autre
télévision.
Je donne un dernier exemple, M. le Président. Nous faisons une
série d'émissions qui s'appelle Visages. Nous consacrons, pour
ces demi-heures sur divers citoyens et citoyennes du Québec ou de
l'étranger, de la
recherche parce que ces émissions sont utilisées comme
instruments d'éducation et ont une durée. Il est évident
que faire Visages avec plusieurs dizaines de milliers de dollars, c'est plus
cher que faire une interview en studio à
Télémétropole, où on peut parler avec une personne
pendant une demi-heure.
Une voix: La même personne.
M. Bertrand: Et même, avec la même personne. Mais
c'est de la recherche et des études que nous avons faites pour pouvoir
présenter aux Québécois des émissions de
qualité qui ont une durée. Je pense à ce que nous avons
fait sur le frère Marie-Victorin: toutes les études qui nous
obligent à retourner en arrière, à faire du film à
l'extérieur. Faire une émission qui est à la fois
éducative et agréable, c'est plus coûteux. Si on demande
à Radio-Québec de faire des émissions quotidiennes en
studio, on pourrait le faire et à un prix qui serait comparable,
même avec le personnel que nous avons, à ce que nous trouvons dans
la télévision privée.
Pour l'Ontario, c'est différent. Si vous voulez que je vous en
parle, M. le Président, je peux vous donner quelques renseignements.
C'est la structure même de TV Ontario qui fait que les coûts de
production sont plus bas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Vous avez surtout, avec raison, ramené les coûts
horaires de diffusion de façon comparable, le canal 10 et
Radio-Québec, donc en excluant le fardeau financier que
représente la régionalisation. Par ailleurs, l'an dernier,
j'avais indiqué que c'était surtout au chapitre des coûts
de production d'émissions comparables que j'étais resté
plus sur mon appétit, disons, et vous avez terminé votre courte
explication en disant précisément que, pour des émissions
comparables, vous auriez des coûts comparables.
M. Bertrand: Par exemple, M. le Président, Droit de
parole, qui est une émission en studio - même si nous avons des
recherchistes et faisons des analyses de dossiers, cela reste une
émission qui peut être comparée à ce que fait
Télémétropole puisque celle-ci a engagé les deux
anciens animateurs de Radio-Québec pour faire l'émission
quotidienne là-bas - nous coûte actuellement 8900 $ l'heure.
Téléservice, qui est une émission relativement
simple, même si nous faisons toutes les recherches pour en faire une
émission à contenu éducatif, nous coûte 11 000 $
l'heure. Retraite-action, qui est une émission de studio, encore une
fois, avec des interviews, malgré toutes les recherches que nous faisons
avec le personnel pédagogique, coûte 16 000 $ l'heure. J'arrondis
les chiffres. Pierre Nadeau, c'est une émission qui coûte 6400 $
l'heure. Voilà une émission quotidienne;
Téléservice aussi.
L'on voit bien que, si nous faisons des émissions qui ne sont pas
des émissions uniques, mais des émissions en série, le
coût de production de Radio-Québec baisse. Si nous diffusions
davantage et si le ministère de l'Éducation, par exemple, mettait
à notre disposition - ce que nous lui offrons - une période plus
longue dans la journée pour que nous diffusions tous les documents qu'il
a produits, nous baisserions notre coût de diffusion à l'heure.
C'est ce que TV Ontario fait. Elle diffuse 5000 heures par année et
nous, 3500. Voilà des choses que l'on peut faire pour augmenter notre
productivité. (16 h 15)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous aviez évoqué
ou isolé, comme un des gros facteurs qui pouvaient expliquer une
différence défavorable au plan des coûts horaires de
Radio-Québec, l'existence de régime conventionné de
relations de travail. Cela m'amène à vous demander, pour
l'année en cours, celle qui se terminera le 31 août 1983, quelle
est chez vous l'influence du nouveau régime imposé par les lois
70 et 105. Je remarque que, pour l'année dernière, par exemple,
il y a un peu plus de la moitié, on parle de 52% ou de 53%, de votre
budget de dépenses qui est attribuable aux traitements, salaires,
avantages sociaux. Qu'est-ce que cela va signifier pour 1982-1983?
M. Bertrand: Je réponds au nom de la
société. Nous serons en négociation pour nos deux
principaux syndicats à compter du mois de juin. Les avis sont sans doute
partagés et ne sont pas les mêmes que celui de la direction. Nous
avons appliqué à Radio-Québec la coupure de 20%,
échelonnée selon les salaires, qui a été
imposée par le gouvernement à ses fonctionnaires et aux
organismes paragouvernementaux. On nous a demandé de le faire. Une
clause de la convention collective de nos deux syndicats principaux
prévoyait un appariement en quelque sorte avec les salaires
versés au ministère de l'Éducation. Je peux difficilement
commenter plus cette question parce qu'elle est contestée par nos
syndicats devant le Tribunal du travail. Il y aura une décision de prise
quant à notre droit d'interpréter cette clause remorque de notre
convention collective.
Le gouvernement du Québec nous a déjà retenu sur la
subvention de l'année dernière l'équivalent des 20%. Il
nous fallait donc l'appliquer et cette clause nous le permettait. Si cette
clause n'avait pas existé, j'imagine qu'on aurait inclus
Radio-Québec dans la liste des organismes qui
devaient être touchés.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Concernant les coûts de fonctionnement -c'était l'objet de
ma question - qu'est-ce que cela va signifier pour vous? Est-ce que cela va
alléger considérablement le coût horaire de la diffusion,
de la production - appelez cela comme on voudra - de Radio-Québec?
Est-ce là l'élément qui vous permettrait
d'améliorer votre productivité mesurée en "output" par
dollar investi dans les ressources humaines?
M. Bertrand: Nous n'avons pas économisé cet argent.
Il nous a été retiré de la subvention. Cela stabilise tout
simplement. Je ne peux pas dire ce qui va arriver des prochaines
négociations. Je ne crois pas qu'il y ait une grande différence
dans le pourcentage des salaires par rapport au budget global de la
société. Je ne crois pas que ce soit de ce côté que
nous pourrons récupérer des fonds. Il y a d'autres façons
que nous avons de le faire. Nous avons contrôlé le
développement de l'engagement du personnel. Les effectifs sont
réduits depuis un certain nombre d'années. Il y a,
évidemment, une garantie d'emploi qui existe d'après les
conventions collectives et aussi d'après les règles de
fonctionnement de la société. On a stabilisé le personnel.
On peut prévoir de légères réductions, mais cela ne
changera pas beaucoup les équilibres globaux au cours des prochaines
années.
Comme les subventions n'ont pas tendance à augmenter,
excepté pour le développement du réseau, il nous faut, par
une meilleure productivité, essayer de produire des émissions
à un coût moindre et essayer de retenir le plus d'auditeurs
possible, ce qui est quand même faisable puisque nous avons
augmenté nos cotes d'écoute malgré une période
difficile.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, si on se dirige vers une
meilleure utilisation des ressources humaines, afin de répondre aux
objectifs de productivité, il demeure que c'est la direction, les
gestionnaires qui vont porter le fardeau de l'amélioration et non pas
les comptables.
M. Bertrand: Ils portent le fardeau, mais c'est un fardeau qui
est facile à porter, puisqu'on a réussi à augmenter, avec
le même argent et relativement avec moins d'argent, la production
annuelle de 400 heures à presque 500 heures cette année.
Évidemment, quand on fait un téléthon pour dépanner
les gens, cela ajoute 24 heures. Ce sont des émissions qui sont peu
coûteuses, ce qui fait que, souvent, les coûts de production dans
les télévisions privées qui font ce genre de production
sont plus bas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Parlant de ressources humaines, j'ai remarqué, en lisant votre
rapport annuel qui a été déposé au premier
trimestre, que la direction des ressources humaines n'avait pas de titulaire.
Est-ce un poste qui a été comblé?
M. Bertrand: Oui, c'est un poste qui a été
comblé assez rapidement. Le problème, c'est que le rapport annuel
a chevauché. Il est comblé par une personne qui travaillait,
d'ailleurs, à la direction des programmes, ce qui nous permet de mieux
comprendre les problèmes de personnel et de se rapprocher dans une
direction de personnel d'une entreprise de télévision et de ses
préoccupations.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je regardais à quoi les
ressources humaines, les gens travaillant chez vous, avaient été
utilisés pendant l'année. Il y a un tableau comparatif
d'utilisation potentielle et réelle des ressources techniques en
équipement et en main-d'oeuvre affectés à la production et
à la diffusion. À la page 41 de votre rapport, on voit que les
utilisations potentielles sont un peu inférieures, même beaucoup
inférieures, dans le cas des deux studios de télévision
à l'utilisation réelle. Donc, il y a beaucoup plus d'heures. Je
serais curieux de savoir quelle utilisation potentielle est
dépassée. Vous avez dépassé votre potentiel?
M. Bertrand: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vidéo
légère, c'est l'inverse, cars de reportage, c'est très
manifestement l'inverse, c'est sous-utilisé compte tenu de la
capacité, sauf que je vois une note disant que vous réaffectez le
personnel dans les studios. Je remarque, finalement, que la diffusion
potentielle est de 365 jours à 12 heures, et que la diffusion
réelle est de 365 jours à 9 h 30. Il me semble que je voyais une
relation entre ce tableau et dans les états financiers, le fait que vous
ayez augmenté considérablement les émissions
réalisées en cours de production que vous portez en inventaire.
Est-ce que tous ces gens ont été affectés à de la
production qu'on n'a pas encore vue? Autrement dit, j'essaie de comprendre le
sens du poste des émissions en inventaire, il y en a pour plus de 6 000
000 $ comparativement à 3 000 000 $ l'an dernier. Si vous pouviez
m'expliquer un peu ce qui passe à ce sujet.
M. Bertrand: Je vais commencer, M. le Président, par
commenter un peu le tableau de la page 41. Par utilisation potentielle, on
comprend le nombre de semaines travaillables en dehors des congés, de la
fermeture de
l'été, des mois de l'été et des vacances qui
se répartissent dans l'année. Bon! Alors, 225 jours. Si on fait
une utilisation plus grande, cela veut dire qu'on a travaillé davantage
les fins de semaine et en surtemps. Il faut dire aussi que, pour les cars de
reportage, si on voit une utilisation réelle qui est inférieure
à l'utilisation potentielle, c'est beaucoup de personnel. Les cars de
reportage ont été utilisés dans la production dans les
deux studios. Pour ce qui est de la vidéo légère, je pense
que c'est déjà une bonne utilisation et il y a encore place
à du progrès.
L'effort que nous faisons est d'essayer d'utiliser notre personnel
à longueur d'année. On a déjà eu de la
difficulté à Radio-Québec avec des budgets un peu
réduits, d'avoir beaucoup de personnel et pas assez d'argent pour
pouvoir produire. On fait l'effort de mieux planifier l'utilisation de nos
studios et, de cette façon, on peut porter en inventaire un certain
nombre d'émissions que nous produisons à des périodes
où il y a moins de diffusion. C'est tout à fait normal pour une
entreprise de télévision dont la matière première
est la production. C'est comme les négociations, d'ailleurs, que nous
avons pour les acquisitions et les coûts de production, nous ne pouvons
pas les absorber complètement dans l'année, nous les reportons
d'une année à l'autre et nous déprécions
d'année en année, suivant les reprises, l'utilisation une fois,
deux fois ou trois fois, jusqu'à trois passes, la production de
Radio-Québec qui se stabilisera autour de 6 000 000 $.
Il y a eu, cette année, avec notre vérificateur, une revue
des inventaires de la société et on a reporté en
inventaire... On a fait le ménage, en quelque sorte, et on a
réapprécié ou déprécié un certain
nombre d'émissions qui n'avaient plus de valeur. Je ne sais pas, M. le
Président, si cela répond à la question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En l'occurence, non,
peut-être pas complètement. Ce que je constatais, c'est si ce
n'est pas simplement une réévaluation. Je regarde à la
note 9 de vos états financiers, il y a variation de l'exercice. C'est
une explication, évidemment, entre un inventaire, si on veut,
d'émissions réalisées et en cours, les 6 130 000 $, au 31
août 1982, comparativement aux 3 871 000 $, au 31 août 1981, ce
sont effectivement les 2 258 000 $ qu'on voit apparaître à la note
9, c'est l'évidence même. Quand vous calculez les coûts de
production des émissions réalisées pendant l'année,
il y a un calcul, à une autre note, qui fait état des
dépenses dont vous déduisez, évidemment, ce qui va en
inventaire. Je trouve que l'inventaire est très gros. Je trouve que
l'inventaire est très gros. Comprenez-vous? Je trouve que l'inventaire
est deux fois plus gros. J'essaie de voir si c'est en heures ou en valeur
réalisation comptable ou en changement comptable. Par ailleurs, je
remarque que vous avez subi une dévaluation d'amortissement
considérable sur les droits de télédiffusion et le taux
d'imputation des coûts de participation etc., aux coproductions, 1 400
000 $. Alors, en faisant le ménage, c'est rare qu'on
réévalue l'expérience. J'essayais de comprendre ce qu'est
le contenu d'un poste au bilan de 6 130 000 $.
M. Bertrand: M. le Président, entendu qu'il s'agissait
cette année-là de deux productions assez coûteuses qu'on a
mises en inventaire pour diffusion l'année suivante, ce sont des
produits réels de télévision.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je comprends cela. Les
Québécois les ont-ils vues à cette heure-ci, depuis le 31
août 1982?
M. Bertrand: Les deux émissions en cause - il s'agissait
du Prix Kammans et de l'émission sur Marc-Aurèle Fortin ou la
manière noire - ont été diffusées en
première passe cette année, dépréciées en
partie, et ce sera rediffusé au cours des prochaines années.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un peu, évidemment,
à cause de la variation considérable de la classification des
postes de dépenses et de revenus, comme dit le vérificateur, il
nous manque la troisième année avec laquelle cela aurait
été intéressant de voir comment cela évoluait.
M. Bertrand: En valeur d'inventaire, il y a peut-être
aussi...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En valeurs comparatives.
M. Bertrand: ...le Duplessis de Thisdale, qui est passé
une première fois et que, je l'espère, on reprendra. Entre bleus,
on peut le souhaiter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
J'avais pris d'autres notes dans les états financiers.
M. Bertrand: On dit que cette année on maintient le
même niveau d'inventaire qui tourne autour de 6 000 000 $. Ce qui est
diffusé est remplacé par d'autres émissions qu'on place en
inventaire pour, comme je l'ai dit, mieux équilibrer l'utilisation de
nos ressources et de nos équipements.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, ce serait logiquement une
bonne nouvelle de voir que vous avez des inventaires de
6 000 000 $ plutôt que de 3 000 000 $.
M. Bertrand: C'est une bonne nouvelle, parce qu'on a de la
matière première à diffuser, ce qui est très
heureux pour Radio-Québec.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, et vous vous servez de vos
gens évidemment. Toujours dans les états financiers, j'avais une
note qui serait intéressante. Note 11, vous avez prêté
à votre locateur. C'est plutôt rare que l'on fait cela et je me
demandais depuis quand Radio-Québec, avec l'approbation du gouvernement
du Québec, prête à 17% l'an, une somme de 3 750 000 $ au
propriétaire de son immeuble.
M. Bertrand: C'est une opération qui nous a permis
d'économiser à peu près 200 000 $ par année sur nos
loyers. En fait, la question est bien simple. C'est inusité, c'est
sûr, mais c'était une façon pour nous d'aller chercher de
l'argent à un meilleur coût que le propriétaire de
l'immeuble que nous louons. En empruntant à un meilleur coût parce
que nous avons des garanties indirectes du gouvernement, nous avons pu
reprêter cet argent à notre propriétaire et épargner
ainsi en loyers environ 150 000 $ par année.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord! Si je comprends bien, le propriétaire désirait
emprunter, pour une raison ou pour une autre, et il était incapable
d'emprunter à 17%, lui.
M. Bertrand: Exact.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quelle est l'utilisation que
vous entendez faire de ces 3 750 000 $?
M. Bertrand: II semble que le propriétaire arrivait
à un renouvellement d'hypothèque sur sa bâtisse et qu'il
avait besoin d'emprunter 3 000 000 $. C'est de cette façon qu'ayant des
taux plus élevés nous sommes devenus le prêteur, par
personne interposée. Cela ne semble pas clair.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est très clair,
mais je cherche encore pourquoi une société d'État
subventionne le propriétaire, mais vous économisez sur la hausse
de loyer qu'il vous aurait présumément transmise chaque mois. Je
ne veux pas vous inciter à déménager toutes vos
installations, cela coûterait probablement plus cher que 150 000 $ de
déménager, mais je trouve cela spécial, pour dire
franchement.
M. Bertrand: C'est l'autre télévision.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, l'autre
télévision. (16 h 30)
M. Bertrand: II faut dire que, quand il s'agit d'augmenter des
revenus autonomes, on a beaucoup d'imagination. On s'est dit qu'aller chercher
150 000 $ pour Radio-Québec, c'était des émissions de plus
pour les citoyens du Québec. Emprunter, nous, et prêter à
notre propriétaire une fois qu'on a les autorisations du Conseil du
trésor, c'est une opération qui s'explique, à mon avis,
assez facilement, même si elle est un peu acrobatique en quelque
sorte.
M. French: Je pense que le point essentiel du
député de Vaudreuil-Soulanges, c'est que cela s'explique
éminemment bien au point de vue de Radio-Québec, mais un peu
moins bien de la part du gouvernement qui, lui, emprunte sur les marchés
internationaux à des taux plus élevés que cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Peut-être pas à
l'époque. C'est ce qu'il faudrait voir; il faudrait avoir les dates,
etc. On fait confiance aux administrateurs de Radio-Québec d'avoir
emprunté...
M. Bertrand: Au taux concurrentiel.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...au taux courant auquel le
gouvernement du Québec présumément devait emprunter
à ce moment. Qui est le propriétaire?
M. Bertrand: M. Cefis qui est président de la
société, les Ensembles urbains. Radio-Québec est locataire
de cet édifice depuis presque sa fondation, depuis quinze ans.
M. French: J'ai essayé de suivre le président
lorsqu'il décrit les différences entre TV Ontario et
Radio-Québec. Je voudrais lui donner une autre chance de
m'éclairer parce que je vous avoue que peut-être il n'a pas
livré la totalité de sa pensée là-dessus.
Radio-Québec diffuse 3500 heures par année avec un budget
de 51 000 000 $ et un personnel aux alentours de 800 personnes. TV Ontario a
une programmation annuelle de 5000 heures avec un budget de 30 000 000 $ et un
personnel de l'ordre de 400 personnes.
Je vais essayer moi-même de faire le sommaire des
différences, puis le directeur général va me corriger.
D'abord, TV Ontario diffuse plus; en diffusant plus, elle baisse son "overhead"
de façon à effectuer une meilleure productivité. Sauf que,
veux ou veux pas, en nombre absolu le nombre d'heures est beaucoup plus grand
que les heures de diffusion de Radio-Québec. Donc, cela n'explique pas
l'écart budgétaire; cela ne peut qu'expliquer l'écart
entre le coût des heures diffusées, mais cela n'explique pas
un
écart de 20 000 000 $ dans les budgets absolus.
Un deuxième point, c'est qu'il y a beaucoup de
répétitions, paraît-il, sur TV Ontario. Je vous
soulignerai, par exemple -cela vient peut-être confirmer ou infirmer,
puisque je ne comprends pas assez bien une entreprise de
télévision - que, l'année dernière, le nombre total
d'heures d'émissions en langue anglaise réalisées ou
acquises par TV Ontario s'établissait à 950. Le nombre d'heures
en langue française, puisque TV Ontario diffuse 17% de sa programmation,
je pense, en langue française, était de 161. Alors, il y a
à peu près 1000 heures soi-disant originales par année
ajoutées à son inventaire. Ou bien elle passe les choses cinq
fois, ce qui est fort possible, je ne le sais pas, ou bien il y a un
problème dans la comparaison des deux organismes que je n'ai pas encore
saisi. Je voudrais donner au directeur général la
possibilité de nous éclairer là-dessus.
M. Bertrand: Toutes mes remarques, M. le Président, sont
positives à l'égard de TV Ontario. C'est une
société avec laquelle nous collaborons beaucoup et je voudrais
bien que cela soit bien interprété. C'est une critique qui est
très positive que je peux faire.
Je compare donc TV Ontario, en 1981-1982, pour les données que
nous pouvons utiliser, avec Radio-Québec qui a un budget de 47 000 000 $
alors que TV Ontario a un budget de 28 300 000 $. Les dépenses de
production de Radio-Québec à ce moment étaient de 22 000
000 $ et celles de TV Ontario de 12 000 000 $. Il faut remarquer que TV Ontario
a moins d'heures de production maison que Radio-Québec, cependant: 353
pour cette période, alors qu'à Radio-Québec nous en avions
467. Il faut se rappeler que TV Ontario est alimentée par une production
qui lui coûte peu d'argent parce que c'est une production
éducative et scolaire dont elle peut disposer. Nous aimerions beaucoup
disposer gratuitement d'une grande production "scolaire", entre guillemets, que
le ministère de l'Éducation mettrait à notre disposition,
ce qui augmenterait de beaucoup notre nombre d'heures de production et nous
empêcherait d'acquérir des documents assez coûteux quand on
diffuse en français.
Produire une émission de télévision maison, c'est
plus coûteux que de faire des acquisitions. Il y a là une
différence dans le comportement et dans le fonctionnement des deux
télévisions, ce qui ne justifie pas la productivité de
Radio-Québec que nous pouvons aussi contester. L'histoire, d'ailleurs,
est là pour l'expliquer, j'en ai déjà parlé.
Radio-Québec a été formée de plusieurs
unités où tout le personnel a été gardé et
recyclé. De plus, une des différences fondamentales est que
Radio-Québec est une télévision
régionalisée, alors que TV Ontario est une
télévision d'un seul réseau qui a des comités
consultatifs régionaux, mais qui n'ont pas de personnel réparti
à travers l'Ontario, ce qui est plus coûteux comme réseau.
Déjà, on va chercher là de 5 000 000 $ à 6 000 000
$.
Quand Radio-Québec, par exemple, diffuse par satellite, elle ne
loue pas qu'un seul canal; elle en loue deux parce que nous avons à
prévoir les détachements des régions. C'est la fonction de
Radio-Québec d'être ce genre de télévision. C'est ce
genre de télévision que la loi a faite en 1979. TV Ontario n'a
donc pas les mêmes obligations. TV Ontario fonctionne davantage en
contrats à l'extérieur. S'ils ont moins de personnel de
production, ils vont à la pige, suivant les besoins, et n'ont pas
à supporter, durant les périodes creuses, un personnel permanent,
ce que nous essayons de corriger à Radio-Québec en étalant
la production sur toute une période de l'année.
Ces différences étant faites, il s'agit pour TV Ontario
d'une belle réussite, meilleure encore que la télévision
privée, à mon avis, parce que le coût de diffusion d'une
heure d'émission à TV Ontario est plus bas que celui de
Télémétropole, ce qui est surprenant; il est de 5600 $. TV
Ontario, a des moyens réduits, mais elle a les ressources que donne
toute la production anglophone et les échanges moins coûteux avec
PBS, ce que nous ne pouvons pas avoir. Nous ne pouvons pas diffuser Nova sans
l'adapter et le traduire, ce qui est beaucoup plus coûteux pour
Radio-Québec. En d'autres mots, je dis qu'une télévision
francophone régionalisée est plus coûteuse qu'une
télévision centralisée anglophone, même si elle est
éducative.
M. French: Si j'ai bien compris, ils bénéficient
d'une collaboration avec le ministère de l'Éducation qui est plus
étroite et plus soutenue.
M. Bertrand: Exact. C'est le ministère de
l'Éducation de l'Ontario qui subventionne en partie TV Ontario, l'autre
ministère étant celui, je pense, des Loisirs et de la
Culture.
M. French: Je remercie le directeur général de
Radio-Québec pour cette explication. Il va facilement comprendre
pourquoi on utilise TV Ontario comme base de comparaison; c'est simplement
parce qu'il n'y a pas d'autre "bête" pareille disponible. Je ne lui dirai
qu'une autre chose là-dessus. En me préparant pour cette
commission, en l'absence de renseignements du ministère, j'ai lu le
rapport annuel de TV Ontario et je tiens à dire, avec beaucoup de
respect, qu'il est beaucoup plus intéressant et beaucoup plus lisible
que le rapport annuel de Radio-Québec. Je vous recommanderais,
très
sincèrement et respectueusement de l'imiter. Je ne veux pas dire
qu'eux font toujours mieux, etc., ce n'est pas ce que je dis, mais c'est
beaucoup plus détaillé et beaucoup plus facile à
éplucher que votre rapport annuel. Je sais que vous êtes dans la
trame de toute une série de rapports annuels, mais je fais appel
également aux préjugés du ministre en souhaitant un
prochain rapport annuel plus accessible et plus lisible.
M. Bertrand: Je prends note de cette suggestion et je vous ferai
remarquer qu'un des efforts que nous avons faits pour pouvoir réinjecter
plus d'argent dans la production de Radio-Québec, justement à
cause de ces difficultés d'augmenter notre budget de production, c'est
du côté des communications que nous avons réduit de
beaucoup à la suite du lancement de la société en 1979.
Malgré cet effort de réduction, on peut faire un effort
particulier pour essayer de mieux expliquer ce qu'est cette autre
télévision, parce qu'il y a beaucoup de choses à dire
qu'on ne dit peut-être pas dans le rapport annuel.
M. French: Dans le rapport annuel, il ne s'agit pas de
coûts inévitables dus au fait d'être une minorité
francophone, puisque le rapport de TV Ontario est bilingue. Je ne voudrais pas
que le directeur général ait l'impression que c'est la production
qui m'impressionne. C'est le contenu qui m'impressionne. La production est
bonne, mais ce n'est pas cela. C'est que cela se lit facilement. Même si
c'était un rapport dactylographié, ce serait plus informateur et
plus intéressant. Je le signale au président-directeur
général comme un exemple.
Nous avons parlé au début de projet de distribution par
satellite à Radio-Québec. J'avais demandé pourquoi le
ministre n'avait pas donné son autorisation à un projet de
distribution par satellite Anik B au mois de juin 1981. Le ministre me dit
qu'il n'a jamais été saisi d'un tel projet. Le directeur
général a dit qu'à sa connaissance il n'était pas
au courant, non plus, d'un tel projet. Est-ce vrai?
M. Bertrand: Par Radio-Québec? M. French: Par
Radio-Québec, oui.
M. Bertrand: Je sais qu'il y a eu des collaborations du
ministère de l'Éducation à titre expérimental.
M. French: Non, je parle bien de Radio-Québec.
M. Bertrand: Vous parlez de Radio-Québec. Il n'y a pas eu
de projet, il n'y a pas eu de demande au gouvernement, il n'y a pas eu
d'étude particulière, il n'y a pas eu d'offre faite à
Radio-Québec par le gouvernement fédéral.
M. French: Vous m'étonnez d'autant plus. Le gouvernement
du Canada n'a-t-il pas offert à toutes les télévisions
éducatives du pays, le Knowledge Network, TV Ontario et
Radio-Québec, la possibilité de profiter, pour un projet
expérimental, d'un des canaux d'Anik B?
M. Bertrand: Voilà une autre question, mais il faut
présenter ce dossier sous l'angle de l'Association des
télévisions éducatives du Canada qui regroupe TV Ontario,
Radio-Québec, la Sakatchewan, la Colombie britannique et l'Alberta. Les
télévisions éducatives canadiennes, dont fait partie
Radio-Québec et d'autres provinces aussi qui se sont jointes à
elles, ont essayé d'obtenir des avantages pour la création d'une
sorte de canal de télévision éducative. Nous disions,
à Radio-Québec: Deux canaux de télévision
éducative, un francophone et un anglophone. Les pressions se sont faites
du côté du gouvernement fédéral. Il n'y a pas eu
d'accord. Cela fait au moins deux ans que cette question est discutée
par la télévision éducative canadienne afin d'essayer
d'obtenir un certain nombre d'avantages pour créer ce grand
réseau pancanadien de télévision éducative. C'est
un dossier qui est principalement piloté par TV Ontario qui y voit
beaucoup d'avantages, puisque c'est la télévision anglophone la
plus forte, cela lui permet de commercialiser toute sa production.
Radio-Québec n'a pas les mêmes prétentions
francophones, mais elle était prête, nous attendions des offres
formelles. Nous avons participé avec l'ATEC l'Association des
télévisions éducatives du Canada - à certaines
discussions, mais qui ne sont jamais allées très loin en termes
de concrétisation. Un certain nombre de membres de l'ATEC cherchent
toujours à discuter avec le ministre fédéral des
Communications de cette question. Quant à nous, à
Radio-Québec, nous discutons avec le ministère des Communications
du Québec qui est en relation avec le ministère
fédéral des Communications.
M. French: TV Ontario a distribué ses signaux par
satellites depuis au moins 1979, sauf erreur. Il y a deux mois, ce
réseau a pris un canal de façon permanente sur l'Anik C qui est
censé être en marche. Il a pu profiter, à la suite de ce
projet expérimental, du don d'équipement et de subvention du
gouvernement du Canada. Ce qui m'a intéressé dans ce que disait
le directeur général, c'est qu'il n'y a pas eu d'étude.
Puisque j'ai devant moi un document de Radio-Québec daté de mai
1981 intitulé: Projet de distribution expérimentale par
satellite Anik B, je me demande, justement, comment réconcilier
ce rapport avec ce que me dit le directeur général. (16 h 45)
M. Bertrand: À Radio-Québec, à cause de la
structure décentralisée, il y a eu une utilisation des
réseaux micro-ondes qui correspondaient mieux, selon l'usage que nous
avions, aux besoins de la société. On nous a demandé, au
conseil d'administration de Radio-Québec, de faire une étude sur
l'utilisation d'un satellite pour vérifier s'il serait plus avantageux
pour Radio-Québec plutôt que d'utiliser le micro-onde, de passer
sur satellite. L'étude a été faite et nous avons conclu
à ce moment qu'il n'était pas plus avantageux
économiquement d'utiliser le satellite. Cependant, l'année
dernière, à la suite de réflexions et d'une analyse plus
poussée de ce dossier, à la suite aussi du fait que notre
réseau était complété maintenant, nous avons
demandé au gouvernement de passer sur satellite dans les années
quatre-vingt-cinq parce qu'à ce moment il devenait plus rentable
d'utiliser le satellite. Si nous n'avons pas utilisé le satellite plus
tôt, c'est qu'il était, pour Radio-Québec, plus
économique d'utiliser les réseaux de micro-ondes, tenant compte
de la décentralisation et du problème de
régionalisation.
M. French: Cela me semble éminemment raisonnable, mais il
émerge qu'il y a eu une étude et que cette étude a
démontré que l'usage du satellite n'était pas
économiquement rentable.
M. Bertrand: On me dit, M. le Président, pour expliquer un
peu le sens de ce qu'on appelle une étude, qu'il s'agit d'un document
préparé par un de nos employés à notre demande pour
faire le tour un peu de toute cette question des nouvelles technologies. C'est
un rapport préparé par une personne, à notre demande, pour
la direction générale. Ce n'est pas une étude en
particulier qui a été demandée. Je croyais que
c'était celle que nous avions faite au réseau pour
répondre au besoin du conseil d'administration. Voilà un travail,
une réflexion que nous devions faire parce que beaucoup de gens nous ont
sollicités, dans les universités et ailleurs, pour inviter
Radio-Québec à utiliser davantage les techniques nouvelles, le
Télidon, le satellite mais nos priorités étaient
d'aménager le réseau de Radio-Québec et de
régionaliser. Voilà une démarche que la loi de 1979 nous
engageait à faire, démarche qui était très lourde
et qui a pris toutes nos énergies, alors que TV Ontario s'est
dirigée plus vers les technologies nouvelles parce qu'elle avait cette
responsabilité que lui avait confiée le ministère de
l'Éducation, alors qu'ici au Québec les réflexions et les
recherches se sont faites par le ministère de l'Éducation et non
pas par Radio-Québec qui était occupée à
développer son réseau et à régionaliser ses
structures.
M. French: Alors, ce que j'ai devant moi est une étude ou
un projet fait par une personne. On dit une personne, mais il y a, je pense,
Mme Nicole Cloutier, Mme Alice Nault, M. Pierre Daigneault, M. Jean Lajoie, M.
Jean-Claude ... etc. Il y toute une équipe.
M. Bertrand: Oui.
M. French: Tout d'abord, je veux dire que j'essaie tout
simplement de comprendre comment il se fait que je me retrouve avec ce rapport
alors qu'on me dit qu'il n'y a jamais eu de projet. Il émerge qu'il y a
un projet qui a été en quelque sorte l'idée d'une ou de
personnes au sein de Radio-Québec, que cette étude a
été faite et qu'enfin on a décidé
qu'économiquement parlant ce n'était pas prioritaire pour
Radio-Québec, que Radio-Québec préférait
compléter son réseau d'antennes, que c'était tout à
fait raisonnable dans le contexte et que, maintenant que le réseau
d'antennes est complété, il semble raisonnable, en 1985, de
commencer des émissions par satellite.
M. Bertrand: Cela était raisonnable et avantageux sur le
plan économique.
M. French: Peut-on savoir précisément pourquoi
c'était plus avantageux il y a deux ans, économiquement parlant,
de continuer avec la technologie existante?
M. Bertrand: C'est directement relié à l'ampleur du
réseau. Si on recule à il y a trois ans, Rimouski,
Trois-Rivières,
Sherbrooke n'existaient pas. L'antenne du Saguenay-Lac-Saint-Jean
n'existait pas, pas plus que celle de Baie-Trinité et de
Sept-Îles. Et encore moins, les quatre qu'on ouvrira à l'automne:
Carleton, Gascons, Percé et Gaspé, et Grand-Fond en 1984.
À un moment donné, il faut découvrir le seuil
où une technologie l'emporte sur l'autre et quand on sait aussi que la
technologie qu'on utilise sur un satellite de type A, B et D, parce que ce sont
des études exploratoires, ce sont des gens qui... Parce qu'à
travers cette période aussi, il ne fallait pas se laisser distancer. Je
fais une différence entre rester à jour au sujet des technologies
et procéder à une étude en profondeur qui nous permette de
découvrir son économie d'ensemble, ses avantages et tout ce qui
en découle.
Or, les satellites A, B et D sont des satellites à couverture
canadienne, nationale, dont le coût de location est supérieur
à du satellite C, dont le coût des antennes de
réception est supérieur et c'est une technologie qui ne
permet pas facilement à M. Tout-le-Monde de s'y greffer. À titre
d'exemple aujourd'hui, pour une antenne bien simple, il faut débourser
entre 5000 $ et 6000 $ pour celui qui veut jouer à la captation de
satellites dans sa cour, alors que ce qu'on envisage, par rapport au
degré de pénétration, ce serait peut-être une
antenne qui se vendrait autour de 500 $ et qui serait accessible à M.
Tout-le-Monde.
Plus le réseau se développe, plus il faut payer de
l'alimentation. L'alimentation pour moi, c'était le transport micro-onde
qui prend le signal son-image à Montréal et qui le délivre
à chacune des antennes. Avec une technologie combinée,
étant donné qu'on fait du détachement régional,
à certains moments il fallait un double tronçon pour
détacher une région en soirée, alors que le reste de la
province reçoit l'émission nationale. Tant et aussi longtemps que
le coût - on peut appeler cela un ancien moyen de transport,
l'alimentation micro-onde - était inférieur à ce que
coûte la technologie du satellite, il y avait avantage pour
Radio-Québec à garder la technologie du micro-onde. Ce fut le
cas. À mesure que s'ajoutent les antennes, que le transport
s'éloigne de Montréal - quand on pense à Sept-Îles
ou à Carleton - il fallait suivre de très près le dossier
pour découvrir le seuil de rentabilité de l'utilisation du
satellite.
Cela a coïncidé également avec la venue de l'annonce
faite il y a environ un mois, celle de la libéralisation de l'achat des
satellites pour la réception par le privé. Vous avez
Radio-Québec qui s'insère en 1985 en utilisant un satellite C
dont la couverture est le Québec, avec un débordement au
Nouveau-Brunswick, qui arrose principalement l'Acadie, la section
française, et avec un léger débordement vers l'Ontario. Le
C va se diriger en 1988 vers ce qu'on appelle dans notre jargon le DBS,
c'est-à-dire le satellite à accès direct qui là va
pouvoir rejoindre à bon compte l'individu complètement
éloigné qui peut même désespérer d'avoir un
réémetteur à ses fins.
M. French: Vous allez couvrir à 100% à ce
moment.
M. Bertrand: C'est-à-dire qu'on va être accessible
à 100%.
M. French: Oui, à 500 $ pour chaque utilisateur.
M. Bertrand: Ce qui va rester à mesurer, c'est
jusqu'à quel point l'accès direct, la vente des soucoupes de
réception va pénétrer le marché. Aura-t-on le
même phénomène que, tant que les magnétoscopes ont
été au-dessus de 1000 $, la pénétration
était presque nulle et que, depuis qu'on peut s'en procurer à 699
$ ou 599 $, cela se vend facilement? C'est tout cela qui a été
calculé et mesuré et qui nous a permis, avec la collaboration de
l'ingénierie du ministère des Communications, d'en arriver
à conclure que, pour Radio-Québec, se serait sur C, parce que
dès qu'on touche à B - parce que dans notre jargon, A, B et D,
c'est la même chose, c'est une couverture - vous avez un
dérivé sur le droit de vos émissions. Il faut que tout
soit négocié d'un océan à l'autre, ce qui
représente peut-être 1 000 000 $ pour nous en coûts
supplémentaires pour libérer les droits. C'est cela.
Je considère que ce dossier, que j'avais même oublié
tantôt, entre dans ce que j'appelais des dossiers de mise à jour,
de suivi plutôt en surface, avec toujours une référence
dans nos coûts, pour ne pas se laisser avoir à un moment
donné en maintenant avec des coûts supérieurs une vieille
technologie et en se privant, au nom de l'économie, d'une nouvelle qui
ouvre des portes à Radio-Québec. C'est ce à quoi vous
allez assister. Dès le début de 1985, par rapport au nombre
d'antennes que nous aurons à couvrir, nous allons épargner 500
000 $ par année en passant du micro-onde au satellite. Nous allons
ouvrir des portes à Radio-Québec, étant donné qu'on
utilise du C. Je peux donner comme référence le
câblodistributeur de Chibou-gamau-Chapais, qui a au-dessus de 90% de la
population d'abonnés. Au lieu de lui placer un réémetteur
avec des coûts d'alimentation, avec une simple soucoupe sur le
bâtiment où passe la distribution, il va donner
Radio-Québec au pair, c'est-à-dire le national avec les
détachements qui sont pertinents à sa région. Cela peut
être valable pour les Îles-de-la-Madeleine et cela peut être
valable pour Havre-Saint-Pierre. Nous suivons de très près la
deuxième étape de cette série de satellites: ce sont ceux
qui seront à bon compte, captables, avec l'acquisition d'une antenne de
réception peu coûteuse.
M. French: M. le Président, est-ce que le rapport au sujet
d'Anik B est sorti de votre vice-présidence?
M. Bertrand: Non.
M. French: Le président n'en a jamais été
saisi?
M. Bertrand: Non, ce n'est pas sorti; c'était un
employé. Et, sans doute, la référence qu'il fait au nom,
c'est qu'il est allé voir un monsieur pour poser deux ou trois
questions: Qu'est-ce qu'un B par rapport à un C? C'est une question de
référence pour que son rapport ne soit pas faux ni en
porte-à-faux.
M. French: Honnêtement, je ne sais pas d'où j'ai eu
ce rapport.
M. Bertrand: M. le Président, ce n'est pas un rapport
secret, c'est le vice-président exécutif, qui était alors
vice-président à la régionalisation, de qui relevait M.
Brassard. On a confié à ce dernier le soin de
réfléchir, de consulter quelques personnes, de faire le point sur
ce dossier.
M. French: Qui était la personne qui a fait cela?
M. Bertrand: M. Pierre-Paul Brassard, qui a travaillé pour
nous et qui travaille maintenant au gouvernement fédéral.
M. French: D'accord.
M. Bertrand: II a bien servi Radio-Québec du temps
où il était là, mais ce n'était pas un expert dans
la matière, dans le domaine des satellites, ni du réseau. Il
avait travaillé à TV Ontario, il connaissait les nouvelles
technologies. Il avait personnellement le goût de défendre ces
idées, il nous les a fait connaître. Et nous n'avons pas
accepté de nous lancer dans cette orientation au niveau de la direction
générale.
M. French: Vous avez été saisi, vous
personnellement, du rapport.
M. Bertrand: M. Fortier, le vice-président
exécutif, avait commandé le rapport; il l'a reçu, nous en
a parlé et on a classé ce dossier.
M. French: Je ne sais pas pourquoi j'en ai eu deux copies et,
honnêtement, je ne sais pas de quelle source. Pardon?
M. Bertrand: On peut vous en donner d'autres.
M. French: Non, cela va, merci; j'en ai deux déjà.
Je ne sais pas si mon collègue de Vaudreuil-Soulanges a d'autres
questions à poser.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que c'est terminé
pour ce programme?
M. French: C'est terminé.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 8 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Merci beaucoup.
Au revoir.
M. French: Merci beaucoup.
M. Bertrand: M. le Président, puisque nous sommes à
parler des organismes autonomes qui ont des conseils d'administration et qui,
de par leur loi constitutive, tout en relevant, bien sûr, du ministre des
Communications, sont ou des tribunaux administratifs, comme c'est le cas de la
Régie des services publics, ou un organisme très autonome et
très indépendant relevant directement de l'Assemblée
nationale, à toutes fins utiles, la Commission d'accès à
l'information, peut-être que nous pourrions entendre le président
de la Commission d'accès à l'information sur le programme 7.
Le Président (M. Gagnon): Programme 7, d'accord? Est-ce
que le programme 1 a été adopté ce matin?
M. Bertrand: Non, on reviendra là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): On reviendra au programme 1.
M. Bertrand: Non, on va y revenir. (17 heures)
Commission d'accès à
l'information
M. Bertrand: M. le Président, je suis très heureux
de pouvoir, pour la première année à titre de ministre des
Communications, présenter le programme 7 de nos crédits relatifs
à la Commission d'accès à l'information et de permettre au
premier président de cette commission, choisi à
l'unanimité par l'Assemblée nationale du Québec, M. Marcel
Pépin, de vous entretenir de ce qu'il compte faire avec ce budget de 893
100 $ pour l'année 1983-1984 et peut-être de nous dire aussi, au
sujet des 500 000 $ qui étaient prévus pour l'année
1982-1983, combien d'argent a effectivement été
dépensé sur ce montant.
Le Président (M. Payne): Nous sommes au programme 7.
À vous la parole, M. Pépin.
M. Bertrand: En réponse à la question du ministre,
savoir combien d'argent a été dépensé en 1982-1983,
j'ai fait une vérification, tout à l'heure. Je suis
retourné à mon bureau parce que je craignais qu'il n'y ait eu une
erreur. En fait, les dépenses globales se sont élevées
à moins de 6000 $. Comme M. Johnson n'est pas là et comme il est
habitué à jouer dans les millions depuis le matin, je crains un
peu de le décevoir. Ceci n'inclut pas, par contre, les salaires. Les
salaires du président et de la commissaire, Mme Giroux, ne paraissent
pas dans ces dépenses. Le salaire de l'adjoint au président, M.
White, a été défrayé par le
ministère des Communications sous forme de prêt de
services.
M. French: Toujours la mainmise du gouvernement.
M. Bertrand: Oui, mais pas de n'importe qui, de M. White.
M. French: D'accord.
M. Bertrand: Depuis que les commissaires ont été
assermentés.
M. French: Ma recherchiste m'informe que c'est son
beau-frère; il doit être bien correct.
M. Bertrand: Oh! Dans les documents que je vous ai remis, j'ai
tenté d'expliquer brièvement quels étaient les objectifs
de la commission au cours de l'année qui vient tout juste de commencer.
Nous avons le mandat de nous préparer à exercer notre mandat, si
je peux m'exprimer ainsi, puisque la loi n'est pas encore en vigueur. Nous
avons préparé un premier plan général
d'organisation qui est assez modeste et qui prévoit l'arrivée
d'environ 14 personnes permanentes au cours des douze premiers mois. C'est une
première évaluation qui est faite un peu, je l'admets, de
façon intuitive puisque nous n'avons aucun critère sur lequel
nous appuyer pour déterminer quels sont nos besoins précis en
termes de personnel professionnel.
Nous avons décidé, du moins dans la phase de
démarrage, de faire une entente de services avec le ministère des
Communications pour ce qui concerne des tâches d'ordre financier, les
services professionnels du service du personnel, de même que les services
auxiliaires. Ce contrat de services - M. le député de Westmount,
je peux vous en remettre une copie - a été complété
cette semaine et signé hier. C'est pour cette raison qu'il
n'était pas avec les documents qu'on vous a remis.
M. French: Merci.
M. Bertrand: II stipule tout simplement que les services
déjà existants du ministère nous sont prêtés
sur demande pour des tâches très spécifiques. Lorsque les
professionnels du ministère, du service du personnel, par exemple, ou
des services auxiliaires sont appelés à accomplir des
tâches pour nous, ils prennent leurs directives du président de la
commission et ils exécutent les requêtes que nous faisons. Je ne
sais pas si c'est fréquent dans l'administration.
L'objectif est double. Le premier, c'est d'essayer de diminuer les
coûts fixes de l'administration; le deuxième, c'est de profiter
d'une expertise qu'il n'est pas facile, de façon spontanée, de
rassembler dans un nouvel organisme. Si j'avais eu à recruter un
directeur du personnel et un directeur de l'administration, un directeur de
l'aménagement ou d'autres, j'aurais perdu énormément de
temps sans être sûr de pouvoir compter sur une équipe
beaucoup plus globale que celle qui existe présentement au
ministère. L'autre raison est que, dans un organisme avec un personnel
de démarrage aussi petit, je craignais - et je crois, avec raison - que
ces gens que j'aurais pu recruter ne s'ennuient très rapidement,
dès que la tâche première du recrutement est
complétée.
Dans une deuxième phase, ce que nous voulons faire, c'est
compléter le recrutement actuel, bien déterminer quelles seront
les tâches et les fonctions du bureau de Montréal, que nous
devrons mettre sur pied dès le mois prochain, aussitôt que Mme
Pestieau entrera en fonction, et baliser davantage notre mandat à partir
des requêtes que nous avons. Déjà, nous avons un certain
nombre d'indications qui nous permettent de croire que l'intérêt
du public est très diversifié. Ce ne sont pas forcément
des clientèles spécialisées qui font appel à nous;
il y en a un bon nombre. Je pense, par exemple, à des groupes comme les
greffiers municipaux ou les secrétaires de commission scolaire, ces gens
qui sont déjà constitués en groupes et qui veulent des
renseignements additionnels. Mais il y a aussi énormément
d'individus, à ma grande surprise, des régions rurales, qui nous
écrivent - beaucoup moins de Montréal et de Québec - pour
avoir des renseignements ou d'autres qui frappent à notre porte pour
obtenir toutes sortes de renseignements.
Évidemment, il y a des groupes qui attendent impatiemment que la
loi soit en vigueur pour toutes sortes de raisons, parce qu'ils
éprouvent présentement des difficultés à obtenir
des renseignements, entre autres choses, non pas que ces renseignements ne
soient pas disponibles, mais parce que les lois existantes contiennent des
clauses qui interdisent la diffusion de certains renseignements. Je pense, par
exemple, au mouvement Retrouvailles qui mène actuellement un combat pour
faire éclater une loi actuelle. Comme la loi 65 a
prépondérance, ils attendent impatiemment de voir comment cette
situation sera tranchée.
Je suis disponible à vos questions de tous ordres.
M. French: Je remercie beaucoup le président de la
Commission d'accès à l'information. Commençons sur le plan
administratif. Le contrat de services est là pour durer combien de
temps?
M. Bertrand: On peut y mettre fin n'importe quand.
M. French: Dans vos plans?
M. Bertrand: Dans mes plans, pour un an, à tout le moins,
je pense que ce sera très utile. Ensuite, on pourra faire une
évaluation annuelle pour voir comment cela se traduit dans la
pratique.
M. French: Votre hébergement, quel est-il? Vous êtes
situé où, exactement?
M. Bertrand: Nous sommes au 900 Place d'Youville, à deux
pas d'ici.
M. French: Le ministère est où?
M. Bertrand: Le ministère est à l'édifice
G.
M. French: Vous n'êtes pas dans le même
édifice, autrement dit?
M. Bertrand: Non.
M. French: Vous avez bien fait.
M. Bertrand: C'est la seule exigence que j'ai posée le 17
janvier, de ne pas être dans un immeuble qui abrite le Conseil
exécutif ou le ministère des Communications.
M. French: Cela me confirme que l'Opposition a bien fait
d'agréer à votre nomination. D'ici 18 mois, vous allez engager
à peu près 14 personnes.
M. Bertrand: J'espère que ce sera avant 18 mois.
M. French: Ces personnes auraient principalement des fonctions
professionnelles et quasi professionnelles de soutien et non pas
d'administration, puisque les services administratifs seront fournis par le
ministère.
M. Bertrand: II y a des semaines entières qui peuvent se
passer sans qu'on fasse appel à ces services. Je pense, par exemple, aux
services du comptable du ministère. Tout ce que je fais, je remplis, je
signe les formules et, plutôt que d'avoir quelqu'un qui les contresigne
chez moi et qui les achemine je ne sais où, c'est le comptable du
ministère qui ajoute à ses tâches celle-là. C'est la
même chose pour les services auxiliaires. Une fois qu'on a placé
les plantes vertes, je pense qu'ils ne reviendront pas. Ce sont des choses
comme cela.
M. French: Vous savez, M. le Président, que si jamais vous
avez des difficultés à passer un compte quelconque auprès
de l'administration du ministère, le député de Westmount
serait discret et efficace en intervenant en votre faveur.
M. Bertrand: Je l'en remercie d'avance.
M. French: II ne faudrait pas se trouver dans cette situation,
non plus. Mais je comprends que, selon votre vision des choses, le
ministère des Communications vous sert, mais il n'exerce aucune
influence politique sur le personnel que vous engagez ou sur vous.
M. Bertrand: Non. Jusqu'ici, du moins, il n'a même pas eu
l'occasion d'être tenté d'exercer une influence comme
celle-là puisque le recrutement n'est pas très engagé.
Cependant, aujourd'hui ou demain, l'embauche du secrétaire sera
complétée. Je pense que même M. le ministre n'en
connaît pas l'identité.
Absolument pas.
Parce que les procédures ne sont pas
complétées.
J'espère avoir accès à l'information.
M. French: Vous pouvez déposer une demande auprès
de la commission.
M. Bertrand: D'ailleurs, je veux rappeler au député
de Westmount qu'un des voeux qu'il avait formulés lorsqu'on avait
étudié la loi 65 était de faire en sorte que la Commission
d'accès à l'information, à cause des
responsabilités nouvelles qu'elle devait assumer, c'est-à-dire le
droit nouveau dans lequel on s'intégrait maintenant avec cette loi 65,
remplisse les fonctions qui sont vraiment celles d'une commission.
M. French: Et non pas l'administration de la loi au sens
large.
M. Bertrand: Voilà. Dans cette perspective, le
député de Westmount avait dit que peut-être d'autres
organismes ou ministères et même le ministère des
Communications, en l'occurrence, pouvaient assumer certaines
responsabilités. L'entente intervenue entre le ministère des
Communications et la Commission d'accès à l'information va dans
le sens de ces préoccupations, mais c'est la Commission d'accès
à l'information qui fait connaître le contexte et le cadre dans
lequel elle veut signer une telle entente. C'est le président de la
Commission d'accès à l'information qui sollicite les services. Il
n'y a pas d'intervention faite par le ministère pour tenter d'influencer
une décision de la commission dans un sens ou dans un autre.
Je dois ajouter, M. le député, que cette entente dont je
vous ai fait tenir une copie porte exclusivement sur des services
administratifs et techniques, exclusivement
là-dessus. Cela me paraissait à peu près impossible
d'organiser ces services de façon autonome dans un court laps de temps
et le coût m'apparaissait très élevé par rapport aux
avantages que j'aurais pu en retirer. Peut-être est-ce un excès de
naïveté de ma part, mais on verra.
M. French: On verra bien parce que vous aurez toujours le loisir
d'agir en conséquence si jamais des tentatives illégitimes sont
faites. Parlant d'embauche du personnel, je pense qu'au moment où nous
avons étudié le projet de loi le ministre se souciait d'un
meilleur contrôle - et je partageais ses préoccupations d'un
meilleur contrôle - sur les nouvelles créatures du Parlement que
celui qu'on a eu sur les créatures déjà existantes. Par
voie de conséquence, je pense que vous vous trouvez en quelque sorte
obligé de respecter certaines normes de la fonction publique quant
à l'embauche des personnes. Est-ce à dire que vous avez à
examiner des centaines de dossiers de fonctionnaires qui devraient être
disponibles sur le marché du travail à l'intérieur du
gouvernement?
M. Bertrand: Cela veut dire cela, en fait, je pense. Jusqu'ici,
nous avons embauché un cadre, il s'agit du secrétaire. En fait,
cela devrait se compléter aujourd'hui ou demain. Nous avons
procédé par une offre générale de mutation, ce qui
implique, évidemment, de rencontrer quand même plusieurs personnes
et de prendre des renseignements, de vérifier les
références, etc. A ce niveau d'un cadre, c'est fort acceptable.
Ce n'est pas différent de ce que c'était dans l'emploi que
j'occupais précédemment. (17 h 15)
Mais dans le cas de d'autres fonctions, cela peut prendre, sur le plan
administratif un peu plus de temps. Je vous fais lecture, par exemple, de cette
lettre que j'ai reçue le 7 mars 1983, signée par M. Robert
Tessier, le secrétaire du Conseil du trésor, qui me dit: "Le
Conseil du trésor me demande de vous rappeler que, conformément
au CT-142319 du 20 décembre 1982 - c'est-à-dire quatre jours
après l'assermentation - il s'attend à ce que votre organisme
embauche prioritairement le personnel en disponibilité de la fonction
publique et parapublique lorsque leurs qualifications professionnelles
concordent avec vos exigences." C'est une norme à laquelle je suis
soumis, semble-t-il, comme tous les autres ministères et organismes
parce que la loi stipule que le personnel est régi par la Loi sur la
fonction publique. Conséquemment, cela signifie qu'il faut d'abord
découvrir le personnel de la fonction publique, l'identifier et ensuite
passer par tout le processus de la recherche de la bonne personne parmi ces
gens, et uniquement après passer à l'autre étape. Cela
constitue une exigence fort contraignante, si je peux m'offrir ce
pléonasme, dans le cas d'un organisme qui commence. Je me fie à
la débrouillardise des gens qui acceptent de me conseiller au service du
personnel pour essayer d'accélérer les choses.
M. French: Oui, M. le Président, c'est effectivement une
contrainte importante. Sans vouloir dire qu'il n'y a pas des ressources
humaines extrêmement valables disponibles actuellement à
l'intérieur de la fonction publique, permettez-moi d'émettre le
voeu que la commission soit extrêmement sélective, que la
commission soit extrêmement patiente, que la commission
préfère avoir un manque de personnel plutôt que de se
lancer dans des embauches sur lesquelles vous avez le moindre doute.
Je répète qu'il y a sans doute des ressources humaines
importantes et valables à l'intérieur de la fonction publique
actuellement disponibles, mais je suis obligé quand même de vous
faire part de mon expérience dans d'autres domaines de la fonction
publique: lorsqu'il se présente des ouvertures quelque part dans ce
système, cela crée une espèce de vacuum, mais dans ce
vacuum il y a un mouvement et ce mouvement ne joue pas toujours en faveur de la
nouvelle institution. Il faut absolument être exigeant et même
méfiant à l'endroit des personnes - quelle que soit leur origine
d'ailleurs, à l'intérieur ou à l'extérieur de la
fonction publique - qui voudraient venir se joindre à vous, parce que
vous n'avez qu'une possibilité de sélectionner. Après
cela, vous êtes obligé de fonctionner avec des règles
encore plus contraignantes que celles avec lesquelles vous fonctionnez
actuellement.
Je ne vous invite pas à faire des commentaires si vous
préférez ne pas en faire, mais je voulais quand même
émettre ces quelques idées. Car il me semble que, si vous
n'êtes pas en mesure d'établir une crédibilité et
une image de compétence, une image d'indépendance auprès
des ministères mêmes, vous allez avoir une maudite "job" difficile
pour exercer vos responsabilités de façon efficace. Si vous vous
faites jouer un certain nombre de tours par des mains habiles de sous-ministres
adjoints ici et là dans le système, qui vous refilent des
ressources humaines plus ou moins intéressantes, cela va être
compris et su très vite à travers le système. Il est
très important, je le répète, que vous soyez très
méfiant et sélectif dans cet exercice d'engagement de
personnel.
M. le Président, pour l'information gouvernementale ou pour les
documents gouvernementaux, je voudrais passer aux commentaires que le
président de la commission a faits au sujet des requêtes
qu'il recevait par écrit et d'autres. Je voudrais, d'abord,
demander si les gens comprennent la différence entre les documents et
l'information qu'ils peuvent vouloir avoir, c'est-à-dire s'ils se
rendent compte que la loi leur donne droit aux documents existants et non pas
à la confection de renseignements taillés à leur
mesure.
M. Bertrand: De façon générale, je dirais
qu'il y a une confusion entre le mot "document" et le mot "renseignement". Ce
que les gens veulent obtenir, c'est un renseignement, de façon
générale, et non pas un document. Ils ne savent pas comment s'y
prendre. Ils croient aussi, dans un bon nombre de cas, que nous détenons
une immense banque que nous distribuons comme du chocolat à
Pâques. Il y a une éducation à faire. J'avais pensé
qu'un service d'information, du moins dans la phase de démarrage, serait
un peu du luxe. Enfin, j'étais très préoccupé. Il
faut se souvenir que je suis entré en fonction au début de
janvier et que l'expression à la mode dans le débat public au
Québec, c'était de restreindre les dépenses. J'ai pris
cela au sérieux. J'ai pensé qu'au départ, ce serait
peut-être un peu du luxe d'avoir un service d'information. Je crois que
c'est une lacune qu'il faudra corriger très vite; déjà, il
y a beaucoup de rectifications à faire dans l'opinion. Ce qui m'a
peut-être surpris davantage, c'est que les demandes qui touchent la
protection de la vie privée sont beaucoup plus nombreuses que les
demandes concernant l'accès à l'information.
M. French: Parlons de ce point. Quelles sont les
préoccupations des gens? Ils veulent savoir s'il existe des documents ou
un dossier à leur sujet et ils veulent y avoir accès?
M. Bertrand: C'est cela.
M. French: Actuellement, êtes-vous en mesure de les
aider?
M. Bertrand: Nous ne sommes pas particulièrement en mesure
de les aider, sauf de leur rappeler qu'ils ont un droit, qu'il y a une
démarche à suivre et que l'État s'est donné
lui-même des obligations sur ce plan. Je ne dis pas que cela satisfait
les gens, mais au moins, ils savent un peu mieux de quoi il s'agit.
M. French: Les orientez-vous vers le ministère ou
l'organisme en question?
M. Bertrand: Dans certains cas, oui.
M. French: Les gens ont l'impression que c'est vous, alors que
vous n'êtes que l'arbitre qui entre après que le jeu est
déjà amorcé par d'autres joueurs.
M. Bertrand: Voici ce qui s'est produit à quelques
reprises. Des gens, pour une raison ou pour une autre, se sont fait refuser
l'accès à leur dossier ou se sont fait dire qu'il n'y avait pas
de dossier à leur nom, alors qu'ils sont convaincus qu'ils en ont un.
Ils disent: Qu'est-ce que je fais maintenant? J'explique que la loi n'est pas
en vigueur. C'est particulièrement vrai dans le cas de gens qui
prétendent qu'on leur a refusé un emploi à cause d'un
dossier mystérieux qui existerait ou des choses comme cela. Cette
préoccupation au sujet des renseignements personnels est assez
répandue.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Vachon avait demandé la parole. Est-ce que je peux la lui donner et vous
reviendrez plus tard?
M. Payne: Juste un bref commentaire. J'exprimais, lors de
l'étude du projet de loi no 65, la préoccupation qu'au
début, la commission devrait prendre une attitude, une philosophie, un
rôle d'information auprès du public dans son propre mandat.
À mon avis, la première raison d'être de la commission
devrait être caractérisée comme une espèce
d'exercice pédagogique et didactique auprès de la population.
Dans tous les milieux en général, la population éprouve le
besoin d'avoir vraiment l'information sur votre philosophie et sur votre
mandat. Cette préoccupation a été confirmée au
cours des derniers trois ou quatre mois. Je me souviens, lors du remembrement
de l'Office de la langue française en 1977, que c'était
très important après l'adoption de la Charte de la langue
française, de bien renseigner le milieu sur les droits. Quel a
été le mandat de la Commission de surveillance de la langue
française? Je voudrais simplement réitérer cette
préoccupation. Les prochains deux ans devraient être
accentués véritablement sur ce droit.
Le Président (M. Gagnon): M. Pépin, n'est-ce
pas?
Une voix: Oui.
M. Bertrand: Sur ces observations, M. le député de
Vachon, je pourrais peut-être dire que nous n'avons pas
complété notre réflexion, d'abord parce que nous ne sommes
pas assez nombreux et c'est vraiment le système du pompier qui est la
règle actuellement. Aujourd'hui, je suis ici et, demain, je recontrerai
un groupe, alors je tiens tous les rôles pour l'instant. Quelle sera
notre approche vis-à-vis du public? Il y a une discussion formelle que
nous devrons avoir avec le ministre qui, lui, est responsable de l'application
de la loi, alors
que nous sommes d'abord et avant tout un tribunal d'appel. À qui
appartient-il d'expliquer aux clients, qui sont les 5000 organismes à
commencer par les ministères et les régies, offices et
commissions, d'une part, les devoirs des gens qui sont visés par la loi
et les droits qui découlent de la loi pour les citoyens? Il faudra
déterminer cela. Est-ce que notre rôle est d'expliquer aux gens
que nous avons un rôle de tribunal, un rôle d'appel? À
l'intérieur de notre mandat, nous devons surveiller aussi l'application
de la loi. Alors, est-ce que, de façon extensible, cela signifie
d'inviter les gens à se prévaloir de ce privilège nouveau?
Nous n'avons pas eu de discussion formelle là-dessus, mais il faudra le
faire un jour puisqu'il y a à la fois le ministère qui a un
mandat de faire connaître le point de chute dans chaque organisme,
publier la liste des gens responsables de l'accès. Il y a la commission
qui a une responsabilité et il y a le ministre, qui n'est pas
forcément le ministre des Communications, cela pourrait être un
autre, qui est responsable de l'application de la loi. Il y aura à
préciser tout cela dans les temps qui viennent.
Il faut ajouter, pour l'information des collègues que
déjà en ce moment, au ministère des Communications, il y a
un groupe-conseil qui travaille à l'implantation de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels et que ce groupe est en pleine période de
consultation auprès des différents organismes qui seront
assujettis à l'application de la loi. Cette consultation est
menée en prévision d'une décision que le Conseil des
ministres doit prendre vers la fin de l'année relativement au calendrier
d'implantation de la loi. Je crois que là-dessus le député
de Westmount a probablement reçu quelques documents quant au travail que
ce groupe mène relativement à la consultation auprès des
organismes visés par la loi 65.
Et j'ajoute au-delà de cela que, bien sûr, à chacune
de ces séances de consultation, nous invitons les membres de la
Commission d'accès à l'information à être
présents. M. Pépin me racontait récemment, d'ailleurs, que
lors d'une séance qui a eu lieu vendredi dernier, ici à
Québec, après avoir présenté brièvement la
Commission d'accès à l'information pendant une dizaine de
minutes, il a été comme il me l'a dit - passez-moi l'expression -
"passé au gril" pendant une heure et demie au feu des questions des gens
qui étaient présents et qui se montraient très
intéressés par cette nouvelle loi. Nous allons, bien sûr,
avant de faire une proposition au Conseil des ministres, relativement au
calendrier d'implantation, demander l'avis de la Commission d'accès
à l'information à ce sujet.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: Est-ce que vous avez terminé? Oui. Je pense que
je devrais adresser mes questions implicitement par votre entremise au ministre
et non pas au président. Au sujet du calendrier d'implantation, quand le
ministre serait-il prêt à faire une recommandation au Conseil des
ministres?
M. Bertrand: II faut que la décision du Conseil des
ministres soit prise quelque part l'automne prochain, si ma mémoire est
bonne c'est au mois d'octobre. Dans ce contexte, il nous faut donc être
en mesure de soumettre au Conseil des ministres une proposition de
faisabilité, j'oserais dire, au niveau de l'implantation de la loi. Il y
avait plusieurs scénarios possibles pour aller en consultation, il y
avait deux hypothèses, en fait, si je veux un peu caricaturer parce
qu'il y avait des nuances, bien sûr, sur ces deux hypothèses, mais
deux approches différentes m'étaient proposées. (17 h
30)
L'une consistait à dire: Invitons d'abord les organismes à
se doter des instruments, des outils et des moyens qui favoriseront
l'accès à l'information et la protection des renseignements
personnels. L'autre tendance consistait à dire: Mentionnons qu'à
partir d'une certaine date, tous les organismes ou certains organismes doivent
favoriser l'accès à l'information, peu importe qu'ils aient ou
non encore en main les instruments, les moyens, les outils pour favoriser
l'exercice de ces droits nouveaux. J'ai préféré retenir
l'hypothèse la plus difficile, mais qui, en même temps,
m'apparaît être un test de la volonté politique du
gouvernement d'aller de l'avant dans l'application de cette loi sur
l'accès à l'information, c'est-à-dire l'hypothèse
selon laquelle nous retiendrions une date et un certain nombre d'organismes
à qui nous dirions qu'à partir de maintenant les citoyens ont
accès aux documents des organismes et doivent pouvoir sentir que les
renseignements personnels que nous possédons sont protégés
convenablement, et cela, jusqu'à un certain point, indépendamment
du plus ou moins grand degré de préparation des organismes pour
faciliter l'exercice de ces droits.
En d'autres mots, si, par exemple, le 1er juin 1984 tel type d'organisme
est assujetti à la loi, si dans les semaines qui suivent ou les mois qui
suivent les demandes nombreuses autant pour l'accès aux documents que
pour la protection des renseignements personnels, ils devront bien -passez-moi
l'expression - "se grouiller", entre guillemets, pour faire en sorte que
l'exercice des droits nouveaux soit effectif. Je préfère cette
approche à l'autre qui nous mènerait
peut-être en 1985-1986 et on laisserait deux ou trois ans aux
organismes pour préparer les instruments nécessaires à
l'application convenable de ces droits nouveaux alors qu'en fait nous
passerions deux ou trois ans sans que les citoyens et citoyennes du
Québec puissent effectivement les exercer.
M. French: J'ai appris qu'en octobre prochain, le Conseil des
ministres serait saisi des recommandations du ministre, recommandations qui ne
tiendraient pas nécessairement compte de l'état d'âme des
ministères ou des organismes potentiellement assujettis à la loi
et leur sens de préparation, mais plutôt de l'optique du ministre
quant à la nécessité qu'il soit amené à en
venir aux prises avec le programme d'accès aux documents. Le ministre
pourrait-il nous dire, d'abord, s'il penche plus du côté des
ministères du gouvernement ou des organismes à l'extérieur
du gouvernement? Ses ministères, j'imagine.
M. Bertrand: En ce moment, nous menons la consultation "at
large", c'est-à-dire que nous tentons de rejoindre l'ensemble des
organismes qui, théoriquement, pourraient être assujettis en
même temps.
M. French: En même temps.
M. Bertrand: Théoriquement, je dis bien. En d'autres mots,
nous ne prenons pas, à ce moment-ci, de décision à savoir
si nous allons commencer par les organismes qui sont, entre guillemets ou en
théorie, "plus prêts des citoyens" comme les commissions
scolaires, les municipalités, les organismes de santé oeuvrant au
niveau local ou bien si nous allons commencer par les ministères,
organismes gouvernementaux, sociétés d'État, etc. Nous
menons notre consultation auprès de l'ensemble des organismes parce que
nous voulons aussi mesurer dans ces séances de consultation, comment
dirais-je, la réaction des organismes, ces quelque 3500 à 4000
organismes qui, éventuellement, seront tous un jour assujettis à
la loi 65. Il est évident, je crois, que là-dessus, le
député de Westmount sera d'accord avec moi, que je ne pourrai pas
procéder à une recommandation au Conseil des ministres qui
engloberait d'un seul coup tous les organismes prévus à la loi
65. Je crois que là, non seulement nous créerions des
problèmes considérables à la Commission d'accès
à l'information pour les premiers mois de fonctionnement, mais nous
pourrions hypothéquer dangereusement la loi elle-même puisque le
terrain à couvrir serait beaucoup trop large dans un premier temps.
M. French: M. le Président, je conviens que ce ne serait
pas possible de décréter toute une tranche, mais je voudrais
demander au ministre s'il pense que ce serait acceptable, politiquement, dans
l'esprit de la loi ou autrement, de choisir, par exemple, quelques
universités, quelques réseaux scolaires, quelques
municipalités avant de mettre sur pied des systèmes
d'accès aux documents des grands ministères au sein du
gouvernement du Québec. Je pense et je voudrais qu'il sache très
clairement que, dans l'optique de l'Opposition officielle, on devrait commencer
avec les ministères. S'il veut consulter tout le monde, c'est son droit;
mais commençons avec les ministères et les organismes provinciaux
importants et n'essayons pas de faire de petites expériences ici et
là dans les institutions les moins près du gouvernement du
Québec.
Je pense que ce serait vraiment se tromper sur l'esprit de la loi, sur
les besoins de la population, sur l'état de préparation des
institutions, sur le job d'éducation nécessaire à
l'intérieur des organismes afin que cela fonctionne efficacement.
M. Bertrand: Je prends bonne note, M. le Président, de
cette séance de consultation que nous venons de mener auprès de
l'Opposition officielle.
M. French: Je sais que le ministre est favorable à la
consultation, sinon la consultation avec l'Opposition.
M. Bertrand: Ce matin vous m'avez invité à en faire
le moins possible.
M. French: C'est cela. D'ailleurs c'est sûr et certain. Si
nous présumons donc d'un échantillon bien choisi des organismes
publics québécois assujettis à la loi, ce serait à
partir de quelle date que cette mise en vigueur se ferait?
M. Bertrand: C'est la décision que le Conseil des
ministres doit prendre. J'attends justement de cette consultation qui est en
cours, qui est déjà commencée, qui va se poursuivre durant
une bonne partie du printemps et jusqu'au début de l'été,
avec des recommandations qui me seront transmises quelque part au mois de juin,
j'attends de cette consultation qu'elle me révèle les
possibilités qui existent au niveau des dates. Est-ce que c'est le 1er
janvier 1984? Est-ce que c'est le 1er juin 1984? Je ne suis pas en mesure
à ce moment-ci de l'indiquer au député de Westmount.
M. French: D'accord mais on parle de 1984 de toute
façon.
M. Bertrand: Ah! oui, dans mon esprit vraiment on parle de
1984.
M. French: C'est ce que je voulais savoir. Je peux même
accepter six mois ou un an mais, effectivement, c'est l'année
prochaine.
M. Bertrand: Oui, parce que ce que j'ai beaucoup
apprécié dans ce dossier, depuis le début, c'est qu'on a
fonctionné, je crois, grâce à l'appui de tout le monde,
avec une certaine célérité. Je ne crois pas qu'on ait
bousculé quoi que ce soit. Il y a eu d'abord la commission
présidée par M. Paré qui a fait son travail, qui l'a bien
fait. Il y avait une proposition de loi contenue là-dedans. On est
allé en commission parlementaire. On a présenté le projet
de loi assez rapidement; on l'a adopté avant la fin de la
première partie de la session au mois de juin 1982. On a nommé
les gens de la Commission d'accès à l'information, les trois
premiers commissaires, avant la fin de l'année 1982. Alors ce rythme
doit continuer, doit se maintenir et il serait assez malheureux, tout à
coup, de prendre connaissance d'une décision qui reporterait à
1985 ou 1986 l'application de la loi. C'est la Commission d'accès
à l'information elle-même qui se retournerait vers moi et me
demanderait: "Bon, qu'est-ce qu'on fait? On veut travailler."
M. French: M. le Président, je veux signaler au ministre
une chose à laquelle je tiens absolument, c'est qu'en septembre 1974
j'étais envoyé en Suède pour étudier
l'administration de la Loi sur l'accès à l'information par le
gouvernement fédéral pour les fins fédérales, pour
un régime d'accès aux documents publics du gouvernement du
Canada. Je signale que, depuis, bien que nous ayons commencé à
peu près en 1979-1980 au Québec, nous avons dépassé
déjà ce que le gouvernement du Canada a eu le courage de faire
dans ce domaine, que le Parlement du Canada n'a pas encore été
saisi des nominations du gouvernement du Canada pour la commission
fédérale...
M. Bertrand: Ken Dryden n'est pas encore nommé.
M. French: Ken Dryden sera probablement le commissaire-adjoint
mais il n'est pas encore nommé. Donc je tiens absolument à ce que
la loi soit 100% en vigueur pour certains ministères avant que le
fédéral se trouve dans cette situation et je compte sur le
ministre pour qu'il respecte mon échéancier personnel dans le
dossier parce qu'il sait très bien que l'Opposition n'a jamais
dérogé à ses responsabilités à cet
égard.
M. Bertrand: Êtes-vous dans une situation de
règlement de compte avec quelqu'un au fédéral en ce
moment?
M. French: J'avais un règlement de compte mais il
siège actuellement au Sénat.
Alors... M. le Président, on adopte le programme 7.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 7 est
adopté. Quel est l'autre programme?
M. Bertrand: On pourrait peut-être terminer avec la
Régie des services publics puisqu'il nous reste environ une vingtaine de
minutes.
M. French: On remercie le président de la Commission
d'accès à l'information.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 6.
Régie des services publics
M. Bertrand: Je m'appelle Jean-Guy Paquet. Je suis
secrétaire de la régie. M'accompagnent, M. Pierre Piché,
adjoint au président et M. Gilles-André Boucher.
M. French: M. le Président, la régie étant
un organisme neutre, quasi judiciaire, nous n'avons pas à interroger les
représentants sauf sur les questions d'ordre administratif. Je vous
avoue que, compte tenu de l'heure à laquelle on a reçu les
documents, on n'a pas pu vraiment éplucher ce qui touchait plus
particulièrement à la Régie des services publics.
Autrement dit, on est totalement désarmé devant les gens qui
peuvent nous parler sérieusement de ce qui se passe au sein de
l'institution au point de vue administratif.
Il reste quand même certaines questions à poser au
ministre, puisque la Régie des services publics devrait être
l'instrument privilégié pour l'exercice de la juridiction
québécoise dans certains domaines extrêmement importants.
J'ai déjà échangé des points de vue avec le
ministre, de façon assez claire, au sujet de la démarche qu'il a
entreprise dans le domaine de la réglementation de la
télévision payante. Commençant là où nous
nous sommes arrêtés ce matin, je voudrais inviter le ministre
à nous indiquer, compte tenu de la triste histoire jusqu'ici, quels sont
ses projets dès aujourd'hui quant à cette question
épineuse et difficile de la réglementation
québécoise dans le domaine de la télévision
payante.
M. Bertrand: C'est d'aborder le dossier d'abord en me
préoccupant d'objectifs concrets auxquels nous désirons
répondre, qui sont des objectifs culturels et des objectifs
économiques. Je veux m'assurer que d'une façon ou d'une autre -
je ne sais pas si c'est la voie législative qui est la meilleure, je ne
sais pas si c'est la voie réglementaire qui est la meilleure, je ne sais
pas si c'est la voie fiscale qui est la meilleure, je ne sais
pas si c'est la voie incitative par des organismes qui y oeuvrent
déjà qui est la meilleure - le développement de
l'industrie de la télévision payante soit profitable aux
Québécois. Dans cette perspective, je suis prêt, quant
à moi, à revoir la réglementation et à revoir le
principe même de la réglementation. Concrètement, cela nous
amènera à décider d'ici le début de
l'été d'une nouvelle approche du dossier de la
télévision payante, tenant compte de ce que j'ai dit ce matin.
Peut-être que certaines modifications apportées au
règlement pourraient suffire dans la mesure où nous tenons compte
du contexte nouveau qui s'est créé au cours des derniers mois.
Peut-être aussi que nous pourrions trouver d'autres moyens qui excluent
la voie réglementaire ou la voie législative pour arriver
à faire en sorte que les entreprises qui oeuvrent dans le secteur de la
télévision payante fassent profiter l'industrie
cinématographique québécoise de leur présence sur
le territoire québécois.
J'ai lu beaucoup d'articles à ce sujet. J'ai pris connaissance de
plusieurs avis qui ont été émis par des personnes de bonne
foi. Quand je fais le bilan d'un peu tout ce que j'ai lu et des contacts
que j'ai eus avec les entreprises, et en même temps de l'analyse que je
fais du modèle de télévision payante tel qu'il se
développe en ce moment au Québec et du taux de
pénétration qu'on connaît dans le secteur de la
télévision payante, et aussi des relations qu'entretient la
SODICC avec une des entreprises, Tévec, relations de
négociations...
M. French: Toujours des relations de négociations, rien de
complété.
M. Bertrand: Oui, toujours, rien de complété.
M. French: Merci. (17 h 45)
M. Bertrand: ...je vous avoue que je n'ai pas encore
arrêté mon choix sur le meilleur moyen ou les meilleurs moyens qui
devront être pris, mais je dois vous dire que j'aborde ce dossier avec
beaucoup d'ouverture d'esprit en prenant en considération le fait que,
dans mon esprit, nous nous acheminons de plus en plus, dans le secteur des
communications, vers la voie de la déréglementation - nous
n'aurons pas le choix - et que, dans cette perspective, peut-être est-il
plus difficile, mais en même temps plus efficace de faire preuve de
créativité et d'imagination en trouvant des moyens nouveaux de
faire participer l'industrie québécoise au développement
de la télévision payante. À ce stade, je ne pourrais pas
donner au député de Westmount de réponse définitive
quant aux moyens que nous aurons choisis d'ici à quelques mois. Un
groupe de travail est déjà mandaté à mon
ministère pour faire une évaluation de l'ensemble du dossier,
à la lumière de l'ordonnance qui a été rendue par
la Régie des services publics, à la lumière des rencontres
que nous avons eues avec Câblevision nationale et Cable TV et, bien
sûr, à la lumière de l'analyse que nous faisons du dossier
de la télévision payante, quelques semaines après son
introduction.
M. French: M. le Président, comment se fait-il que la
Régie des services publics n'ait pas décrété une
ordonnance finale, le 3 mars, tel que le ministre et la régie disaient
qu'elle le ferait?
M. Bertrand: C'est une décision qui revient très
directement à la Régie des services publics. Je ne crois pas
qu'il soit de mes responsabilités, comme ministre des Communications,
d'indiquer à la Régie des services publics ce qu'elle doit faire.
Je me rappelle - si j'avais le texte précis devant moi - que
l'ordonnance de la régie était de rejeter provisoirement la
demande de la requérante qui était l'Agence de livraison
sélective et elle indiquait qu'elle pourra, à compter du 3 mars,
émettre une ordonnance finale. Je crois qu'il y avait là une
forme d'ouverture ou de latitude laissée à la Régie des
services publics d'évaluer à quel moment elle émettrait
une ordonnance finale relativement à ce dossier.
M. Payne: Parlant des textes, M. le Président, est-ce que
je peux demander...
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Vachon.
M. Payne: ...si, au moins, on a le rapport annuel de la
Régie des services publics, un document de base?
M. Bertrand: II a été déposé à
l'Assemblée nationale.
M. Payne: Cela aiderait un peu.
M. French: M. le Président, pour continuer la discussion,
non seulement le ministre a-t-il eu une espèce de conversion, mais il
aurait connu les difficultés que présentait la
réglementation habituelle par rapport à la réglementation
que le gouvernement du Canada a essayé d'utiliser pour la
télévision payante. La régie a eu la même
inspiration à peu près au même moment et elle a
décidé de ne pas émettre d'ordonnance finale. Est-ce
à dire qu'il y a toujours possibilité que cela se fasse? Est-ce
à dire qu'effectivement c'est la prétention du gouvernement du
Québec que non seulement il devrait avoir juridiction, mais qu'il l'a et
que cette juridiction reste en
quelque sorte en suspens?
M. Bertrand: La façon de dire les choses telle que
formulée par le député de Westmount m'apparaît tout
à fait correcte. J'ai communiqué avec le président de la
Régie des services publics; d'ailleurs, j'entretiens des relations
normales et fréquentes avec les présidents des organismes dont
j'ai à répondre devant l'Assemblée nationale et le Conseil
des ministres, à savoir la Régie des services publics,
Radio-Québec et la Commission d'accès à l'information.
Alors, j'ai discuté de ces choses avec le président de la
Régie des services publics. Dans la mesure où l'ordonnance qui a
été rendue au mois de février peut demeurer en suspens
pendant un certain temps, cela me permet d'avoir le temps nécessaire
pour statuer si oui ou non ledit règlement demeurera en vigueur,
amendé ou non, bien sûr. Si jamais nous décidions que nous
allions maintenant atteindre nos objectifs autrement que par la voie de la
réglementation, je devrai en aviser la Régie des services publics
du Québec. Mais si nous décidions que nous fonctionnons par
modification à la réglementation existante pour lever les
entraves qui existent dans ce règlement et qui ne permettent pas aux
entreprises qui se sont regroupées au sein de cette agence de
livraison sélective de respecter certaines des clauses du
règlement, alors j'indiquerai à la Régie des services
publics du Québec que le gouvernement entend maintenir son
règlement, mais le modifier à la lumière des
événements survenus au cours des derniers mois.
M. French: Alors, le ministre n'a absolument pas dit au
président de la Régie des services publics quoi faire dans le
dossier, mais il a eu une communion de pensée d'une façon ou
d'une autre qui fait que la possibilité reste. On démissionne
totalement face à la possibilité de réglementation. On
profite de la réglementation actuelle forcément en essayant de
faire désister ou arrêter le fonctionnement actuel des entreprises
de télévision payante ou on modifie le règlement et on
réamorce l'exercice de requête devant la régie, etc. Quant
à la troisième possibilité, je dois dire au ministre que
bien qu'il ait été étonné par l'inefficacité
de la réglementation québécoise, je doute que cela ait
échappé aux intervenants de Cable TV et de la Câblevision
nationale. Par contre, ils se sont quand même présentés en
tant qu'agences de livraison sélective devant la régie, ce qui
doit vouloir dire, qu'ils voudraient, s'ils le pouvaient se conformer aux
exigences québécoises, ce qui doit être un point positif et
qu'il ne faudrait pas laisser tomber et surtout qu'il ne faudrait pas laisser
tomber en émettant des menaces vides que le ministre a été
tenté de faire à un moment donné. Il s'est
arrêté et c'est de bon droit qu'il a arrêté
l'affaire.
M. Bertrand: C'est pour cela que j'ai déclaré
dès la décision qui a été rendue par la
Régie des services publics, dès la conférence de presse
que j'ai tenue dans les jours qui ont suivi, que je voulais adopter dans ce
dossier une attitude responsable et raisonnable. J'ai bien refusé de
dire, à ce moment, si oui ou non le gouvernement du Québec allait
intenter des poursuites à l'endroit des entreprises de
télévision payante qui allaient fonctionner, malgré le
fait qu'elles n'avaient pas obtenu leur permis de la Régie des services
publics du Québec. Bien sûr, à partir de ce moment, comme
le dit le député de Westmount, j'ai pris contact avec les
entreprises de câblodistribution parmi les plus importantes au
Québec qui rejoignent 75% de tous les abonnés du câble. Il
m'invite, il sollicite de ma part une collaboration de tous les instants avec
ces entreprises. Effectivement, je dois dire qu'en aucun moment ces entreprises
ne se sont montrées - comment dirais-je - négatives dans leurs
discussions avec le ministère des Communications et elles souhaitent, au
contraire, que nous puissions trouver des moyens qui permettront de
répondre aux objectifs du Québec en matière de
télévision payante. Cela m'a été confirmé
très officiellement et par les représentants de Câblevision
nationale et par les représentants de Cable TV.
M. French: Je suis content que les entreprises n'aient pas
manifesté de réticence face à l'objectif
québécois. Je dois me douter quand même que c'était
l'approche diplomatique du ministre qui a fait ainsi. Malgré ce que le
ministre, lors de sa conférence de presse, a dit: "Si le 3 mars, il n'y
a pas eu de suites de données, une ordonnance finale sera émise."
Je ne sais pas comment on peut être plus catégorique que cela
malgré le fait que cela ne se soit pas produit. Comme je l'ai dit, il y
a une inspiration commune des deux côtés, soit d'un
côté le ministre et de l'autre côté, la Régie
des services publics, de ne pas agir de la sorte, heureusement. Le ministre a
été obligé de reculer. Il recommence ses consultations.
Dans le fond, on parle d'argent lorsqu'on parle des ambitions qu'ont les
citoyens. Les intérêts qu'ont les citoyens du Québec dans
une entreprise de télévision payante au Québec sont
effectivement les intérêts de voir plus de produits
québécois intéressants sur leurs écrans.
Ultimement, on peut dire que c'est culturel et économique, mais cela
rejoint, par cet intermédiaire, un mouvement de finance plus
intéressant pour
les producteurs, les maisons cinématographiques
québécoises. C'est cela qui est en jeu.
Le ministre a-t-il parlé d'argent avec Cable TV et
Câblevision nationale? A-t-il pensé, par exemple, également
au fait que le Québec détient une partie importante de
l'équité de Câblevision nationale? Est-ce que tout cela lui
est passé par l'esprit et quelle est la situation quant à cette
question?
M. Bertrand: J'ai dit, lors de la conférence de presse que
j'ai tenue vendredi dernier, qu'effectivement je parlais, à ce moment,
du dossier Bell Canada, mais on m'a posé des questions sur la
télévision payante et j'ai dit: II y a des questions d'argent
qui, à un moment donné, peuvent devenir stimulantes à
l'occasion d'une discussion avec les entreprises de télévision
payante ou les entreprises de câblodis-tribution. Vous n'êtes pas
sans savoir qu'à l'occcasion de la discussion sur le projet de loi sur
le cinéma et la vidéo, on a fait état non pas dans le
projet de loi, mais à l'occasion de la commission parlementaire, de la
possiblité de lever des taxes additionnelles auprès des
entreprises de radiotélévision ou de câblodistribution qui
permettraient de financer l'industrie du cinéma et de la vidéo.
Effectivement, la Caisse de dépôt est présente dans le
groupe Câblevision nationale. Nous avons nous-mêmes à
l'heure actuelle des relations très étroites avec le groupe de
Câblevision nationale sur le projet Vidacom où le gouvernement du
Québec investira des montants assez élevés, si on les
compare aux montants qui seront investis par le secteur privé, mais
c'est un projet dans lequel on croit, qui est une technologie de pointe et qui
s'est développé ici au Québec et nous voulons en retirer
ici même toutes les retombées économiques. Dans ce
contexte, je suis convaincu qu'il y a un environnement qui permettra une
discussion positive autour de ce que je pourrais appeler la meilleure
façon d'atteindre nos objectifs en termes économiques et
culturels.
Je ne sens pas - je dirais même que c'est le contraire que je
ressens davantage -de résistance de la part des entreprises sur ce genre
de discussion. Il s'agit maintenant pour nous, comme gouvernement, de trouver
le meilleur moyen de faire en sorte que ces objectifs soient atteints, s'il
s'agit de lever, à l'intérieur du règlement, certaines des
difficultés qui s'y trouvent. J'avoue que la notion de réseau
central que nous avons tout de même tenté de rencontrer posait des
difficultés. Pourquoi? Parce que le réseau central se voyait
attribuer des responsabilités de programmation, de diffusion etc. Dans
le cadre des ententes qui ont été signées entre les
entreprises de câblodistribution et les grossistes nationaux ou
régionaux que sont First Choice, Premier choix, C Channel et
TVEC, il n'y avait pas vraiment une très large marge de manoeuvre
pour intervenir au niveau des contenus, au niveau de la programmation. C'est un
peu à la lumière de tout cela que je voudrais maintenant
fonctionner. Je crois que c'est révélateur de l'attitude de
quelqu'un qui veut se montrer à la fois responsable et raisonnable. Je
crois que le titre du Soleil d'hier prend donc toute sa signification.
Travaillons davantage sur du concret et le moins possible sur de la
politique.
M. French: M. le Président, lorsque le ministre fait appel
à mes préjugés de cette façon, il m'est impossible
de lui refuser l'adoption du programme 6.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 6 est
adopté. Nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise de la séance à 20 h 02)
Le Président (M. Gagnon): La commission des communications
reprend l'étude des crédits du ministère des
Communications. Nous avons déjà adopté les programmes 6, 7
et 8.
M. French: Le programme de la Régie des services
publics...
Le Président (M. Gagnon): C'est cela.
M. French: ...est adopté, celui de la commission est
adopté et celui de Radio-Québec est adopté.
Le Président (M. Gagnon): Oui. Est-ce qu'on va à
reculons ou est-ce qu'on commence au programme 1?
M. Bertrand: On revient au programme 1.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Gagnon): On revient au programme 1.
M. le député de Westmount.
M. French: Pour ce qui est du programme 1... Un instant, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Gagnon): On étudie les deux
éléments du programme 1 en même temps.
M. French: On étudie tous les éléments en
même temps.
M. Bertrand: On fonctionne comme pour
le tiercé, dans l'ordre et le désordre... Cela va de soi,
entre gens civilisés, sans partisanerie aucune.
M. French: M. le Président, l'année dernière
on a annoncé des plans de promotion d'accès à
l'égalité pour les femmes, tant au niveau professionnel qu'au
niveau soutien. Puisque je viens de rappeler au ministre que je suis le
porte-parole de ma formation politique pour la commission féminine, je
tiens à ce qu'il nous informe de ce que le ministère des
Communications fait dans le cadre de ces deux programmes d'accès
à l'égalité dont il a été fait mention
l'année dernière.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: C'est avec beaucoup de plaisir que je vais vous
donner des renseignements à ce sujet. Je dois vous dire que le
ministère des Communications est un des ministères les plus
performants au niveau de ce qu'on pourrait appeler la condition féminine
et nous n'en sommes pas peu fiers.
Par exemple, sur les 63 cadres que nous avons en ce moment, nous avons
d'abord diminué le nombre de cadres, ce qui était
déjà en soi un objectif louable - je voudrais avoir les chiffres
très précis - nous avons 9 femmes, soit 14,3% des emplois
supérieurs, des emplois de cadres détenus par des femmes.
Je reconnaîtrai avec le député de Westmount que je
suis de ceux - et il est sans doute aussi de ceux-là - qui
espèrent qu'un jour et l'Assemblée nationale du Québec et
la fonction publique québécoise, à tous les niveaux, parce
qu'il y a des niveaux où, effectivement, dans la fonction publique
québécoise, on retrouve beaucoup plus de femmes que d'hommes, on
puisse retrouver un pourcentage de femmes qui corresponde à la place
qu'elles occupent dans la société québécoise. Nous
savons que beaucoup reste à faire et je considère que
déjà, d'avoir un pourcentage d'emplois supérieurs de 14,3%
attribués à des femmes au ministère des Communications,
c'est parmi, à mon avis, les meilleures performances qui existent
actuellement au gouvernement du Québec.
Cela va continuer ainsi. En d'autres mots, on peut continuer de
rationaliser nos ressources davantage, d'effectuer des compressions au niveau
des cadres et certainement pas en tentant de diminuer pour autant nos efforts
en ce qui a trait à l'augmentation du pourcentage de femmes qui oeuvrent
au sein du ministère en ce qu'il est convenu d'appeler des emplois de
cadre.
C'est peut-être intéressant, pour le député,
de savoir où se retrouvent ces femmes dans l'organigramme
général du ministère. Il y a la directrice de la
bibliothèque administrative, la directrice de la recherche, la
directrice du Service de la diffusion des documents audiovisuels, la directrice
générale de l'administration, qui arrive à l'instant et
qui nous honore de sa présence, Mme Monette, la directrice du Centre
d'études des supports de publicité, la directrice du bureau de
Communication-Québec à Trois-Rivières et la
secrétaire du ministère, qui est la personne immédiatement
rattachée au sous-ministre, M. Deschênes, à la direction du
ministère des Communications.
M. French: Et les femmes au niveau du personnel de soutien.
M. Bertrand: Au niveau des employés de soutien, je n'ai
pas les données ici avec moi, M. le Président.
M. French: M. le Président, l'année
dernière, on a eu les stages de formation pour les femmes au niveau du
soutien; y en a-t-il eu cette année?
M. Bertrand: On appelle cela le plan de rattrapage. Dans ce
programme, qui est maintenu, il y a à l'heure actuelle quatre femmes
professionnelles qui vont suivre des cours de perfectionnement, qui vont en
stage aussi, pour être en mesure, éventuellement, d'assumer des
emplois de cadre. Il y a aussi six femmes, me dit-on, qui obtiennent un
congé avec traitement pour aller se perfectionner à
différents niveaux: collégial, secondaire, universitaire aussi -
dans certains cas - et faire en sorte qu'effectivement elles puissent,
éventuellement, dans un programme de promotion au sein du
ministère, obtenir des emplois de cadre. Donc, ce programme se
perpétue. Le titre m'amuse beaucoup: Plan de rattrapage. Effectivement,
c'est un peu de cela qu'il s'agit.
M. French: C'est bel et bien le rattrapage si on permet un stage
avec traitement pour finir ses études secondaires.
M. Bertrand: C'est cela. Ce sont des femmes qui ne deviendront
pas nécessairement cadres, mais qui, pour améliorer leur position
au sein du ministère des Communications, ont besoin de compléter
des études.
M. French: Avec traitement.
M. Bertrand: Avec traitement, pour six d'entre elles. Je voudrais
remettre au député de Westmount, tel que demandé,
accès à l'information, le nom des organismes qui ont obtenu des
emplois subventionnés dans la région de Montréal.
M. French: Merci.
M. Bertrand: Ainsi que le bilan général de ce
programme de création des 382 emplois temporaires, tel que je l'ai
mentionné ce matin.
M. French: Le député de Vaudreuil-Soulanges
voudrait absolument savoir si...
M. Bertrand: ...
M. French: Oui, j'ai vu cela, je m'en réjouis. Pas dans
Vaudreuil-Soulanges.
M. Bertrand: Non, mais il y en a dans Westmount.
Une voix: Ils ont besoin de rattrapage.
M. Bertrand: C'est un plan de rattrapage dans Westmount.
M. French: Oui, je suis très étonné de voir
que l'Université McGill est dans mon comté, mais je suis
très content que ce soit mentionné. C'est dans le comté de
Saint-Louis.
M. Bertrand: J'espère que vous en êtes fier.
M. French: En ce qui concerne le programme 1, à moins que
mon collègue, le député de Vaudreuil-Soulanges, veuille
poser une question, on va adopter le programme 1.
Le Président (M. Payne): Le programme 1 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Payne): Adopté. On étudie
maintenant le programme 2, selon l'entente de procéder
consécutivement.
M. French: Oui. Mon collègue a un autre engagement. Il
voudrait parler du programme...
M. Bertrand: Informatique...
M. French: PAMEC. Est-ce au programme 5 ou au programme 2? Au
programme 5?
M. Bertrand: PAMEC se trouve à être dans le
programme 5, développement des communications et des politiques.
[Développement des communications et des
politiques
Le Président (M. Payne): On va sauter au programme 5?
M. Bertrand: Oui, on va aller au programme 5.
Le Président (M. Payne): D'accord. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le ministre, j'ai appris
l'existence du programme PAMEC grâce à une lettre que vous avez
envoyée à tous les députés l'an dernier, qui
faisait état du programme d'aide aux médias communautaires. Je
remarque, en consultant les notes explicatives que vous nous avez transmises,
qu'il n'y a pas beaucoup de mouvement au point de vue du nombre, pas tellement
non plus pour les montants; il y a des augmentations depuis trois ans quand
même. Il n'y a pas tellement de mouvement quant au nombre de
médias écrits, télévision, radio, etc., qui
bénéficient d'aide en vertu de ce programme. Cela m'avait
frappé. Essentiellement, on dirait que c'est un programme relativement
statique, dans le sens qu'il y a une petite indexation insignifiante - 1 600
000 $, 1 800 000 $, 2 000 000 $, pour les trois dernières années
- des sommes consacrées à ce programme. En creusant un peu plus
avant, j'ai cru découvrir que cela tient au critère - je me
souviens - qui m'avait assez frappé, étant donné que, dans
ma circonscription électorale, il y avait une télévision
communautaire à Vaudreuil...
M. Bertrand: Vous m'avez écrit là-dessus d'ailleurs
et je vous ai répondu.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Absolument, vous m'avez écrit et répondu. Ce qui m'avait
frappé à l'époque, c'était que les critères
d'admissibilité, à ce programme d'aide, inévitablement
figeaient la liste des bénéficiaires. Tant et aussi longtemps
qu'on ne bougera pas du tout sur les critères, il faut avoir
déjà bénéficié d'aide. Cela m'avait
frappé, comme critère.
M. Bertrand: On l'a retiré, ce critère.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour l'année...
M. Bertrand: Depuis l'année dernière.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'année dernière?
M. Bertrand: Toutes les télévisions communautaires
existantes sur le territoire québécois ont pu faire une demande.
D'ailleurs, je rencontre au mois de mai un regroupement de
télévisions communautaires qui n'a pas obtenu de subvention dans
le cadre du programme PAMEC l'an dernier. Il n'est pas membre du Regroupement
des organismes communautaires de communications du Québec, le ROCCQ, et
il veut me faire des représentations pour essayer de comprendre un peu
mieux
pourquoi il y a des télévisions communautaires qui sont
membres du ROCCQ et d'autres qui ne le sont pas et pourquoi certaines
télévisions communautaires ont, d'année en année,
un renouvellement de leurs subventions en plus ou en moins et que certaines
autres n'ont absolument rien. Je devrai m'expliquer auprès de ces
télévisions communautaires. Cela tient en très grande
partie effectivement au budget lui-même qui va demeurer exactement le
même cette année qu'en 1982-1983, c'est-à-dire 2 000 000
$.
Cela tient aussi en partie au fait que l'enveloppe globale qui sera
dévolue aux télévisions communautaires va demeurer
exactement la même. Ce sont des médias qui ne réussissent
pas facilement à répondre à un des objectifs du programme
qui est l'autofinancement; initialement, quand le programme avait
été lancé, on avait presque émis un critère
qui est devenu tranquillement un souhait et qui, maintenant, ressemble
davantage à une utopie qu'à autre chose, que ces médias
communautaires puissent s'autofinancer au terme de cinq ans. Je suis
obligé de dire que les conditions sont telles que, finalement, nous
continuons de subventionner des radios, des journaux, des
télévisions communautaires qui ont sept, huit, neuf ou dix ans
d'existence et qui n'arrivent pas, malgré toute leur bonne
volonté, à s'autofinancer comme on souhaiterait qu'elles le
fassent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ma compréhension de
l'état du marché des organismes de télévision
communautaire, c'est qu'il y aurait une trentaine de télévisions
communautaires au Québec... (20 h 15)
M. Bertrand: Une vingtaine environ sont
subventionnées.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est cela. Qui, toutes,
sont membres du ROCCQ.
M. Bertrand: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...alors que celles qui ne sont
pas subventionnées ne sont pas membres du ROCCQ.
M. Bertrand: Dans la plupart des cas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...et que le jury est
constitué de gens du ministère...
M. Bertrand: Une personne du ministère des Communications,
une personne du regroupement...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une personne du ROCCQ.
M. Bertrand: ...et une personne choisie à
l'extérieur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela m'avait frappé. Il
n'y a que les gens qui appartiennent au ROCCQ qui ont des subventions et un
membre du ROCCQ fait partie du jury. Une des raisons pour lesquelles les gens
sentent qu'ils n'ont pas d'aide, c'est qu'ils n'étaient pas membres du
ROCCQ. Ils demandaient d'être membres du ROCCQ et ils se faisaient dire:
Non, vous ne vous qualifiez pas.
M. Bertrand: Effectivement, le...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a une espèce de
cercle vicieux duquel il était difficile de sortir.
M. Bertrand: D'abord, les regroupements...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne parle pas juste de
Vaudreuil, il y en a 18 autres.
M. Bertrand: Oui. Les regroupements de ces médias
communautaires, soit la MECQ pour les journaux, l'ARCQ pour les radios ou le
ROCCQ pour les télévisions communautaires, sont des regroupements
qui ont leurs propres statuts et qui choississent d'accepter ou de refuser
certaines télévisions ou certaines radios. Moins pour les radios,
ils acceptent tout le monde. Quant aux journaux, je ne sais pas, c'est à
peu près tout le monde. Mais, pour les télévisions, comme
organisme, le ROCCQ a un comportement assez particulier. Il est
sélectif. Il faut dire d'ailleurs que, quand on approche le dossier des
médias communautaires, selon qu'on parle au ROCCQ, à l'AMECQ ou
à l'ARCQ, on parle à trois intervenants très
différents les uns des autres.
Récemment à Montréal, il y a environ un mois, comme
ministre des
Communications qui s'occupe de ses dossiers, j'ai passé une heure
et demie avec les représentants des trois regroupements en même
temps. Je leur ai dit que je souhaitais, comme ministre des
Communications, qu'on puisse parler de l'avenir des médias
communautaires mais avec les trois regroupements en même temps et non pas
toujours isolément. La tendance est que les radios viennent me voir et
me disent: On voudrait que notre budget passe de 1 200 000 $ à 2 000 000
$. Je dois dire que les télévisions communautaires, assez
curieusement, m'ont rencontré pour me dire: On a environ 750 000 $, on
ne demande pas plus d'argent cette année. Quant aux
journaux communautaires, qui n'ont qu'une enveloppe d'environ 175 000 $,
évidemment, ils ne demandent pas mieux que cette enveloppe passe
à 200 000 $, 300 000 $ ou 400 000 $. Ils m'ont fait une demande pour
environ 400 000 $, si ma mémoire est bonne.
Dans ce contexte-là, je leur ai dit que j'étais prêt
à réviser de fond en comble le programme d'aide aux médias
communautaires, à évaluer cette expérience, très
originale d'ailleurs au Québec, de médias communautaires, mais
à le faire avec les gens des médias communautaires. Pour ce
faire, je ne voudrais pas avoir une définition des médias
communautaires qui passe par les télévisions, par les radios, par
les journaux. Je voudrais qu'il y ait un regroupement des médias
communautaires de telle sorte qu'on discute du dossier dans son ensemble et pas
seulement en prenant chacun des médias isolément.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Comment faisiez-vous pour dialoguer, si on veut, avec le regroupement
des organismes communautaires pour la télévision communautaire
s'il ne représentait même pas la moitié des postes
communautaires existants?
M. Bertrand: II représente plus de la moitié des
télévisions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ou à peu près. 19
sur 34.
M. Bertrand: Je dois vous avouer que cela aide beaucoup le
ministère dans le fond, parce qu'ils se font un devoir, comme organisme
regroupant des télévisions communautaires, d'indiquer à
certaines télévisions communautaires qu'à leur avis -et
ils font cela de façon autonome, le ministère ne leur donne pas
de directives -certaines télévisions communautaires ne
correspondent pas aux objectifs que ce regroupement s'est fixés.
Les télévisions communautaires que je recevrai par
exemple, au mois de mai, sont des télévisions communautaires qui
sont regroupées dans ce qu'on appelle Intervision. C'est un ensemble de
télévisions communautaires qui sont le canal communautaire de
câblodistributeurs et qui ne font pas exactement le même genre de
travail, qui ne répondent pas au même genre d'objectifs que les
télévisions communautaires qui sont membres du ROCCQ.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sous prétexte qu'elles
n'ont pas autant d'heures d'antenne? Sous prétexte qu'elles ne partagent
pas le même canal 9 - ou peu importe le numéro - dans les
régions? Je ne vois pas en quoi cela change la destination, la vocation,
ou le mandat d'une télévision communautaire qu'elle partage les
ondes, selon les heures de la journée, avec le
câblodistributeur.
M. Bertrand: C'est qu'elles sont, à toutes fins utiles,
des télévisions communautaires qui ont un lien d'association tel
avec le câblodistributeur qu'elles n'ont pas la même autonomie,
dirais-je, au niveau de la définition de leurs objectifs, de leur
implication dans le milieu, etc., que les télévisions
communautaires qui sont regroupées au sein du ROCCQ.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mon expérience de
près de deux ans avec une situation comme celle-là...
M. Bertrand: C'est une situation variable.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je comprends.
M. Bertrand: II ne faudrait pas en faire une question....
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, mais un cas
d'espèce que je connais qui se rattrache à Vidéotron, en
l'occurrence. Les gens de Vaudreuil ne sont pas seuls. Il y en a un petit peu
partout. Ils sont en train, depuis une quinzaine de mois... Ces gens, en
l'occurrence, bénéficient, depuis une quinzaine de mois, de
soutien technique à titre gracieux littéralement du
câblodistributeur en question et m'apparaissent justement sur une
excellente voie qui raffermit les volontés, les compétences du
milieu pour faire de la production locale. En tout cas, dans le cas de
Vaudreuil, ils servent même d'expérience pilote sinon - je devrais
plutôt dire - de modèle aux autres gens qui sont rattachés
aux autres canaux communautaires, qui sont rattachés à ce
câblodistributeur.
M. Bertrand: Est-ce qu'ils ont une assemblée
générale, par exemple?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Absolument, où j'étais présent. Le conseil
d'administration est constitué de gens du milieu, du personnel des
municipalités...
M. Bertrand: Ils ont un comité de programmation.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils ont tout cela depuis le
début.
M. Bertrand: Ils impliquent les groupes sociaux, culturels,
économiques.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Des
centres de bénévolat, des membres des centres d'accueil.
Nommez-les. Cela n'est pas récent. C'est depuis le début. C'est
pour cela que c'était extrêmement pénible de voir que les
critères que vous me disiez qui existaient à l'époque,
évidemment, les empêchaient, étant donné qu'ils
étaient nouveaux. Ils ont été littéralement
formés dans les semaines qui ont précédé la
campagne électorale. J'ai été une de leurs
premières vedettes de production, avec mes adversaires.
Une voix: Après la candidate.
M. Bertrand: Est-ce qu'il y avait une grosse cote
d'écoute?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Apparemment, cela a été suivi. J'ai gagné mes
élections, en tout cas, dans ce comté. Vous savez ce que cela
veut dire. Peut-être que les gens ne m'ont pas vu, vous allez me dire. Il
n'en reste pas moins qu'il y a énormément d'efforts de production
locale. Je vous répète que cela sert de modèle. Ils sont
impliqués dans le milieu. Il y a eu un téléthon où
les gens du milieu ont appelé. Ils ont ramassé 10 000 $, 12 000 $
à un téléthon local de quinze heures. Enfin, les
critères à l'époque, me semblaient, à mon sens,
correspondre à d'autres cas que j'ai vus; j'ai rencontré d'autres
représentants, d'autres gens qui leur sont associés grâce
au câblodistributeur, si on peut parler d'association dans ce cas; ils
manifestaient, comment dirais-je, beaucoup d'entrain en général
mais n'étaient pas admissibles au programme sans changer les
critères et ensuite il semble que le fait qu'ils n'appartiennent pas au
ROCCQ devient un autre...
M. Bertrand: Non, non...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est ma perception.
M. Bertrand: ...cela n'est pas un critère du
ministère. Le ministère ne tient pas compte de l'appartenance ou
non au ROCCQ. Le ministère a levé, l'an dernier, cette
hypothèque qui pesait sur certaines télévisions
communautaires à savoir qu'elles avaient été auparavant
subventionnées. Effectivement, je me rappelle qu'on avait donné
quoi, je crois 32 000 $ ou 35 000 $ à la télévision
communautaire d'Alma, qui nous reprochait, justement, de maintenir ce
critère de la non-admissibilité parce que non
subventionnée dans les années précédentes.
Effectivement, à l'analyse du dossier de la télévision
communautaire d'Alma, on a réalisé qu'il s'agissait là
d'un projet fort intéressant et on a décidé de le
subventionner. Maintenant, les critères qu'on retient sont:
l'appropriation collective, 25 points; la contribution au développement
culturel, 15 points; l'analyse des enjeux collectifs, 20 points;
l'autofinancement, 20 points; la capacité de gestion, 20 points. Ce
devrait être un organisme de communication de masse constitué en
société sans but lucratif, agir sur une base régionale,
être doté de structures de fonctionnement communautaire, diffuser
sur câble depuis au moins un an et desservir un bassin de population
inférieur à 50 000 personnes, etc. Bien sûr que, quand on a
un budget qui demeure au même niveau, 2 000 000 $ et en 1982-83 et 2 000
000 $ en 1983-84 et que le budget total des télévisions
communautaires ne bougera pas, je n'ai pas besoin de vous dire que, s'il y a
cette dizaine ou cette douzaine de télévisions communautaires qui
n'ont pas été subventionnées jusqu'à maintenant, je
ne me sentirais pas très responsable, en tout cas, si je faisais passer,
disons, 250 000 $ de ces 750 000 $ vers les télévisions
communautaires qui n'ont pas été subventionnées
jusqu'à maintenant et que, par le fait même, je mettais en
péril l'existence des télévisions communautaires qu'on
appuie depuis environ, trois, quatre, cinq ou six ans. Ce sont des choix pas
faciles à faire. Je ne fais pas de choix politique, je tiens à
vous le dire d'avance. Il y a des jurys qui ont été
constitués pour analyser les dossiers. Je m'en remets aux
recommandations de ces jurys, mais je sais que cela crée certains
problèmes. Je ne suis pas sans reconnaître que par exemple, les
radios communautaires voudraient bien que je permette l'implantation de
nouvelles radios communautaires, parce qu'il y a au sein de l'Association des
radios communautaires du Québec des radios communautaires qui sont en
voie de formation et qui voudraient obtenir des subventions. Quand il s'agit de
décider de l'implantation d'une radio communautaire, pour ce qui est des
infrastructures, ce sont des montants de l'ordre de 100 000 $, 150 000 $, 200
000 $ et 300 000 $. Il y a une radio communautaire à laquelle on vient
de donner une autorisation de s'implanter dans la région de la
Baie-des-Chaleurs, dans le comté de Bonaventure. Vous connaissez la
géographie de ce comté. Cela coûte très cher les
infrastructures, pour rejoindre finalement un bassin de population qui n'est
pas très important, mais qui est réparti sur une très
longue bande côtière. Il y a 300 000 $ qu'on investit dans les
implantations sur une base triennale pour cette radio communautaire. On a
investi 200 000 $ pour la radio communautaire de Rivière-du-Loup. C'est
une ancienne télévision communautaire qui s'est convertie en
radio communautaire. C'est un montant de 200 000 $ hypothéqués
sur une base triennale. Quand on a des montants
aussi substantiels qui sont engagés, et à mon avis, selon
des priorités correctes, c'est-à-dire dans les régions
moins bien servies, moins bien desservies sur le plan de l'information, ce sont
des choix difficiles à faire.
Si, au cours des prochaines années, je peux réussir
à augmenter ce programme substantiellement, à ce moment, les
décisions seront plus faciles à prendre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je me serais demandé si
vous ne comptiez pas retenir comme critère la capacité
grandissante d'autofinancement ou de financement interne du milieu; c'est une
de mes marottes. Il ne faudrait pas qu'ils ne puissent indéfiniment
compter sur les subventions gouvernementales, mais qu'on puisse leur annoncer
dès à présent que l'an prochain, ils ne peuvent pas
compter sur plus de 80% de la subvention, l'année d'après, 60%,
de manière à se désengager et que cela ressemble un petit
peu à un fonds renouvelable - enfin une somme renouvelable ce qui se
promène comme aide au développement de ces organismes
communautaires de diffusion.
M. Bertrand: On a déjà ce critère de
décroissance, ce qui le fait passer de 33% à 10%, d'année
en année.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur trois ans?
M. Bertrand: Sur neuf ans.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur neuf ans.
M. Bertrand: Le problème, c'est effectivement
l'autofinancement. Il y a des radios communautaires - je n'en nommerai pas une,
mais je l'ai très présente à l'esprit - qui ont toujours
refusé systématiquement toute commandite de prestige, par
exemple, que le CRTC permet parce qu'il donne un permis à ces radios
communautaires. Maintenant, cette radio communautaire, voyant bien que le
ministère des Communications ne pouvait pas fournir tous les montants
d'argent, a décidé de s'engager dans la voie de la
commandite.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une dernière question.
Est-ce que le ROCCQ comme tel bénéficie d'une subvention du
ministère?
M. Bertrand: Oui, chaque organisme qui est le regroupement
de ces médias communautaires a une subvention qui équivaut a
environ 10%; c'est un pourcentage sur l'ensemble, finalement. Dans le cas de
l'Association des radios communautaires, c'est 90 000 $, si ma mémoire
est bonne. Dans le cas du ROCCQ, c'est 55 000 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est basé sur quoi?
C'est 10% de?
M. Bertrand: 10% ou 15%. 55 000 $ dans le cas du ROCCQ et 30 000
$ dans le cas de la AMEC.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À quoi est-ce
relié? Pourquoi 55 000 $ plutôt que 45 000 $? Y a-t-il une formule
ou quoi?
M. Bertrand: C'est le 10%. Dans le cas des
télévisions communautaires, en 1982-1983, elles avaient 625 000 $
pour les télévisions. On a donné 55 000 $. Le pourcentage
de 10% était plus ou moins respecté dans ce cas. Concernant les
médias écrits, par contre, si on leur avait donné
seulement 10% de 175 000 $, cela aurait fait 17 500 $.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous avez donné 30 000
$.
M. Bertrand: Oui, on a donné 30 000 $ parce qu'on a
considéré que ce n'était pas suffisant 10% de ce montant
pour leur permettre vraiment de faire leur travail. Dans le cas des radios
communautaires...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, cela émarge
ailleurs que dans PAMEC...
M. Bertrand: C'est à l'intérieur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À
l'intérieur.
M. Bertrand: C'est à l'intérieur de,
c'est-à-dire que dans les 625 000 $ de 1982-1983, il y a le montant du
ROCCQ.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Bertrand: Dans le 1 200 000 $ accordé aux radios, il y
a le montant de l'ARCQ. Dans les 175 000 $ aux médias écrits, il
y a le montant de l'AMECQ; tout cela est inclus dans le PAMEC.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Il y en a quatre dans le regroupement; il y en avait trois en
1982-1983 pour un total de 175 000 $. Est-ce juste?
M. Bertrand: Si vous voulez additionner, c'est à peu
près...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, les chiffres
étaient présentés différemment ici.
M. Bertrand: Ah! Je m'excuse.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils sont classifies à
part.
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Payne): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre pourrait-il dire
encore une fois, très brièvement, quels sont les critères
pour lesquels le ROCCQ refuse les demandes de "membership" et pourquoi est-ce
valable pour le ministère?
M. Bertrand: Je ne les connais pas, M. le député de
Westmount. J'ai eu une rencontre avec le ROCCQ au moment même de cette
rencontre avec les trois groupes de médias communautaires. Le ROCCQ m'a
alors indiqué qu'il avait, quant à lui, une attitude face aux
télévisions communautaires différente de l'ARCQ
vis-à-vis des radios communautaires, c'est-à-dire qu'il se
montrait sélectif. Je ne connais pas les critères du ROCCQ.
M. French: Donc, le "membership" ou non dans le ROCCQ, n'affecte
aucunement l'évaluation de votre jury?
M. Bertrand: Évidemment, je rejoins là-dessus le
député de Vaudreuil-Soulanges, il y a un membre du regroupement
des organismes communautaires de communications qui est membre du jury. Cela
peut avoir une certaine influence. Le jury est constitué de trois
personnes et, normalement, le critère d'appartenance au ROCCQ peut jouer
dans la tête du représentant du ROCCQ subjectivement, mais quant
aux critères définis dans le cadre du programme et que le jury
doit suivre, l'appartenance au ROCCQ n'est pas l'un des critères
retenus.
M. French: Je soulignerai, pour le bénéfice du
ministre, qu'il me semble que l'État, lorsqu'il subventionne un tel
groupe, devrait savoir quels sont les critères de "membership" et sur
quelle base un média communautaire se voit refuser la participation dans
un groupe subventionné par l'État.
M. Bertrand: Oui, je pense que c'est une bonne question. Cela
mérite d'être évalué avec les représentants
du ROCCQ lors d'une rencontre que j'aurai avec eux au cours des prochaines
semaines.
M. French: M. le Président, toujours avec la...
M. Bertrand: Mais, cela dit, je rencontre aussi, durant le mois
de mai, environ huit représentants de télévisions
communautaires, si ma mémoire est bonne, qui n'ont pas reçu de
subvention l'an dernier et qui ne font pas partie du ROCCQ.
M. French: Ah bon! Alors vous aurez le temps de défricher
le terrain des deux côtés...
M. Bertrand: Oui, c'est exact.
M. French: ...et d'essayer de comprendre un peu mieux.
M. Bertrand: C'est cela. M. French: Très bien.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y en a six qui l'ont
demandé et qui seront reçus par le ministre.
M. French: II y en a six qui...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est merveilleux. Six ou huit,
une demi-douzaine.
M. Bertrand: Est-ce qu'on a la liste des gens qui veulent venir?
En tout cas, il y en a un certain nombre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Peu importe l'ordre de...
M. French: M. le Président, je sais que vous partagerez
avec moi la préoccupation qu'il n'y a pas de médias anglais
représentés...
M. Bertrand: Ah!
M. French: Je sais que le ministre a un discours tout cuit, alors
je lui donne l'occasion d'en parler.
M. Bertrand: Quand je suis arrivé au ministère de
Communications, j'administrais un programme qui s'appelait le PAMCC, un
programme d'aide destiné aux médias des communautés
culturelles. Il y a eu négociations, autour d'un verre de coke, avec mon
collègue des Communautés culturelles et de l'Immigration qui m'a
demandé si j'accepterais de transférer ce programme au
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration et,
effectivement, c'est là qu'il se trouve en ce moment.
M. French: Est-ce à dire qu'une entreprise de média
communautaire anglais qualifiée autrement serait refusée au PAMEC
ou...?
M. Bertrand: II y a déjà une radio
communautaire que nous subventionnons et qui rejoint des groupes
ethniques, c'est celle de Montréal centre-ville... le
député de Vachon doit la connaître.
Le Président (M. Payne): Radio Centre-Ville.
M. Bertrand: Radio Centre-Ville qui rejoint des groupes
ethniques.
M. French: Oui, mais le ministre persiste, comme c'est l'habitude
des péquistes, à caractériser les médias anglais
comme groupes ethniques.
M. Bertrand: Non, non, je suis bien d'accord pour
considérer que...
M. French: Je ne suis pas malheureux de cela, mais enfin...
M. Bertrand: ...la communauté anglophone...
M. French: Je lui pose des questions spécifiques, je
voudrais avoir des réponses aussi spécifiques. Est-ce à
dire que la langue anglaise est en soi...
M. Bertrand: C'était dans le cadre du PAMCC que ces
subventions étaient accordées dans le passé. Si vous
voulez que le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration,
augmente l'enveloppe du PAMCC - qui était de quel ordre dans le temps?
175 000 $.
D'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il m'avait demandé
que le programme soit transféré à son ministère
était pour faire augmenter l'enveloppe de ce programme pour être
en mesure de subventionner davantage les médias communautaires, que ce
soient des médias anglophones ou des médias d'autres langues,
particulièrement dans la région de Montréal
évidemment.
M. French: M. le Président, je pense aussi que...
M. Bertrand: On m'indique aussi que jusqu'à maintenant
nous n'avons jamais, dans le cadre du programme PAMEC, refusé de
recevoir des demandes qui venaient de médias autres que
francophones.
M. French: Oui, je pense effectivement qu'une...
M. Bertrand: Mais qu'ils ne se sont jamais adressés au
ministère des Communications pour...
M. French: Je ne pense pas que ce soit strictement vrai parce que
je pense qu'il y a eu un journal pour les gens de l'âge d'or de mon
comté qui a fait une demande. Cela ne m'a pas étonné que
vous l'ayez refusée mais je crois qu'il a fait une demande. Je ne sais
pas si c'est dans la mémoire de....
M. Bertrand: C'est cela. Il y a la notion de média
communautaire.
M. French: Alors cela doit être accessible à toute
la communauté. J'ai un autre problème, c'est que beaucoup de
médias anglophones sont essentiellement à but lucratif et ne se
qualifient donc pas, si j'ai bien compris, pour PAMEC. Cela me donne un
discours à donner à ceux qui disent qu'il n'y a pas de milieu
anglais parmi ce groupe.
M. Bertrand: Interrogez mon collègue, M. Godin, sur son
PAMCC.
M. French: Bien...
M. Bertrand: Ce n'est pas dans vos dossiers?
M. French: Je pense que je vais m'en passer. Merci beaucoup, M.
le ministre.
Le Président (M. Payne): Alors, le programme 5.
M. French: Le programme 5. Non, M. le Président. Par
contre je vois ici le sous-ministre adjoint responsable du programme 3. Si vous
permettez, M. le Président, je vais suggérer qu'on fasse cela et
qu'on le libère ensuite.
Le Président (M. Payne): Très bien.
M. Bertrand: D'autant plus qu'on a eu une...
M. French: Oui, c'est qu'on a eu une...
Le Président (M. Payne): Est-ce que j'ai bien compris que
le programme 5 est adopté?
Des voix: Suspendu.
Bureau central de l'informatique
Le Président (M. Payne): Suspendu. Programme no 3.
M. French: Nous avons eu un "briefing" du ministre, assez
détaillé d'ailleurs, interrogé par le député
de Vaudreuil-Soulanges sur le rôle du Bureau central d'informatique. Je
voudrais tout simplement poser quelques questions au ministre dans le cadre du
mandat de promotion industrielle d'un groupement des achats qui, je crois,
relève du Bureau central d'informatique et du ministère
des Communications.
Le ministre a promis récemment, lors d'une visite à une
exposition de la bureautique, que le gouvernement procédera à une
rationalisation et à un regroupement de ses achats dans le domaine de
l'informatique afin de mieux aider au développement de cette industrie.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quel progrès a
été accompli en ce sens?
M. Bertrand: Il y a essentiellement deux éléments,
M. le Président, auxquels on faisait référence à ce
moment. C'était d'abord, dans le secteur de la bureautique plus
particulièrement, de tenter de faire un regroupement d'achats qui
permette d'atteindre nos objectifs dans le secteur de la bureautique et aussi
la politique du faire faire, qui étaient, dans le fond, les deux
charnières autour desquelles s'articulait cet énoncé de
politique au moment où j'avais rencontré à Montréal
des gens qui oeuvrent dans ce secteur.
Pour ce qui est de la bureautique, je reviens à ce que je disais
ce matin: Nous allons très bientôt proposer au Conseil des
ministres une politique de développement de la bureautique pour
l'administration gouvernementale et le développement de cette politique
ne demande à l'heure actuelle que ma signature. C'est sur mon bureau.
Dès qu'on me libérera de la commission parlementaire, celle-ci et
celle sur Bell Canada, je pourrai probablement procéder à la
signature dudit document mais il y a une politique de regroupement des achats
qui devra s'effectuer dans le secteur de la bureautique et il y a surtout cette
politique du faire faire à laquelle je crois intensément. J'ai
déjà souligné en commission parlementaire l'autre fois
dans quels secteurs nous voulions intensifier cette politique du faire faire,
premièrement, au niveau du génie-conseil où nous pensons
qu'effectivement, en termes de ressources humaines, nous pouvons probablement
profiter davantage de ce qui se fait dans le secteur privé et,
deuxièmement, au niveau de saisie des données, faire quelque
chose avec l'entreprise privée qui, à l'heure actuelle, est
assumé par le bureau central de l'informatique. Ce sont donc trois
mémoires qui vont être transmis au Conseil des ministres et qui
m'apparaissent aller dans le sens de cet énoncé de
politiques.
M. French: Prenons à titre d'exemple le ministère
du Revenu. On me dit que le ministère du Revenu s'apprête à
mettre sur le marché des équipements d'informatique de plusieurs
millions de dollars - aux alentours de 25 000 000 $. - Je ne sais pas si c'est
le cas, mais c'est ce qu'on m'a dit.
M. Bertrand: Oui.
M. French: Je me demandais quel rôle le BCI et le
ministère joueraient dans tout cela? Comment cela s'inscrirait-il dans
une éventuelle politique de bureautique? Est-ce que c'est vrai qu'ils
s'apprêtent à faire cela?
M. Bertrand: Un mémoire a été soumis au
Conseil des ministres, il y a quelques mois, où on proposait de prendre
une décision immédiate relativement au ministère du
Revenu. C'est à l'occasion de cette discussion au Conseil des ministres
que nous avons décidé de ne pas aller de l'avant avec la
proposition qui nous était faite relativement au ministère du
Revenu. Nous voulions, dans un premier temps, voir plus clair au niveau de
notre politique de développement dans le secteur de la bureautique pour
l'administration gouvernementale, pour les fins de l'État
québécois. Deuxièmement, nous voulions être
en mesure d'identifier de façon plus précise les besoins du
ministère du Revenu en même temps que le type d'équipement
qui correspondrait le mieux aux besoins de ce ministère. Et aussi, bien
sûr, répondre à notre politique d'achat
québécoise.
D'ailleurs, cette décision remonte au 22 septembre 1982. Je vais
vous montrer à quel point l'accès à l'information est une
décision du Conseil des ministres. Le Conseil des ministres
décide, à la suite du mémoire présenté par
le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme portant sur l'octroi
d'un contrat pour l'implantation de la bureautique au ministère du
Revenu et du mémoire présenté par le ministre du Revenu et
portant sur la bureautique du ministère du Revenu, premièrement,
de confier au ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et au
ministre délégué à la Science et la Technologie,
avec le concours du Bureau central de l'informatique - c'est ce dont je vous ai
parlé, - le soin d'établir une politique précise en
matière de bureautique d'ici le mois de février 1983, cette
politique devant s'inscrire nettement dans l'axe du virage technologique.
Qu'à cette fin, le secrétariat de la science et de la
technologie soit chargé de procéder à un inventaire des
besoins en bureautique pour l'ensemble des ministères et organismes du
gouvernement, d'annuler la soumission publique pour l'implantation de la
bureautique au ministère du Revenu et d'autoriser ce dernier à se
doter temporairement d'équipement de traitement de texte et, enfin,
d'autoriser le Service général des achats à conclure sans
délai des contrats de location pour une durée de douze mois avec
AES Data Ltée., ou la compagnie Micom selon les règles en
usage.
M. French: Donc, il s'agit de
bureautique et pas d'informatique, dans lequel cas nous avons quand
même des fournisseurs québécois
intéressés.
M. Bertrand: Ah oui!
M. French: Là, on ne peut presque pas rater notre coup
dans le sens qu'on a même deux ou trois fournisseurs intéressants.
Lequel choisir avec des retombées économiques
intéressantes.
M. Bertrand: Exact.
M. French: Je m'excuse, j'ai tout à fait mal saisi cela
parce que j'avais compris que c'était l'informatique. C'est la
bureautique.
M. Bertrand: J'avais bien mentionné.
M. French: J'ai compris cela, mais je me suis dit que
peut-être vous vous trompiez.
M. Bertrand: D'accord.
M. French: Je souligne d'abord que je m'apprêtais à
poser cette question même avant que je lise la fuite qui a paru dans le
Soleil, hier ou avant-hier. Comment se fait-il que le Conseil des ministres a
demandé au ministre délégué à la Science et
à la Technologie plutôt qu'au ministre des Communications la
responsabilité de réunir une table de concertation sur
l'informatique? (20 h 45)
M. Bertrand: Effectivement, dans le cadre du sommet sur les
communications, nous avons un secteur sur lequel nous allons nous pencher qui
est celui de l'informatique et des nouveaux services en communication. Il est
arrivé, l'automne dernier, que le gouvernement, après avoir
rencontré des représentants du monde syndical, décide de
tenir un certain nombre de tables sectorielles de concertation sur un certain
nombre de sujets. Par exemple, le vêtement. Il y en a cinq: le meuble,
et, entre autres... Je vais m'occuper de celui que je connais et duquel je
m'occupe, l'électronique. Avec le temps, cette proposition a
été modifiée pour inclure l'informatique. Donc, il y a
l'électronique et l'informatique.
Nous avons fait des représentations comme ministère des
Communications, auprès du Secrétariat à la science et
à la technologie, qui a la responsabilité de diriger le
comité interministériel qui prépare cette table de
concertation sur l'informatique et l'électronique et nous lui avons
indiqué que nous ne voulions pas qu'il y ait chevauchement avec ce qui
se préparait en prévision du sommet sur les communications.
La rencontre a eu lieu la semaine dernière entre des
représentants du Secrétariat à la science et à la
technologie, du ministère des Communications, du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, du ministère de
l'Éducation, du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, enfin un certain nombre de ministères.
Un certain nombre de décisions ont été prises à
cette occasion, permettant de faire en sorte que cette table de concertation ne
vienne pas hypothéquer le travail qui est assumé en ce moment par
le ministère des Communications en prévision du sommet sur les
communications.
Nous allons donc tenter de nous arrimer pour faire en sorte de ne pas
faire double emploi et que, dans le temps, nous arrivions à faire que le
travail que le Secrétariat à la science et à la
technologie mène, mais en concertation avec le ministère des
Communications, parce que nous sommes membres nous-mêmes du comité
interministériel à cette table, que ce travail, dis-je, se fasse
dans la perspective du sommet sur les communications, sans pour autant aller
à l'encontre d'une décision qui a été prise par le
Conseil des ministres l'automne dernier d'avoir une table sectorielle portant
sur l'électronique, à laquelle s'est ajoutée
l'informatique au cours des dernières semaines.
En d'autres mots, ce que je veux dire au député de
Westmount, c'est que c'est évident que tout le dossier de l'informatique
et ses dérivés, bureautique, privatique, robotique,
télématique, politique, etc., pose un certain nombre de
problèmes de coordination à l'intérieur du gouvernement.
Je pense que ce serait mentir au député de Westmount que de ne
pas lui dire très franchement que, par exemple, il nous faut
définir qui est le porteur du ballon dans le domaine des logiciels, qui
est le porteur du ballon dans le dossier de la privatique, qui est le porteur
du ballon dans le dossier de la robotique, qui est le porteur du ballon dans le
dossier de la conception assistée par ordinateur, ou de la fabrication
assistée par ordinateur, et qui est le porteur du ballon dans le domaine
de la recherche scientifique.
Ce sont des dossiers qui nous obligent, en ce moment, au sein du
gouvernement, à plusieurs rencontres où il nous faut, pour peu
qu'on fasse appel à la concertation avec les autres partenaires qui
oeuvrent à l'extérieur du gouvernement, pour peu qu'on essaie
chez nous de nous entendre, de nous coordonner et de nous concerter et savoir
exactement qui porte le ballon dans chacun de ces secteurs dont je viens de
faire mention.
M. French: Ces décisions n'ont pas encore
été prises?
M. Bertrand: Elles se précisent. On comprend, par exemple,
que la privatique est un dossier qui doit relever du ministère des
Communications puisqu'il s'agit, en fait, de
nouveaux services de communications qui seront transmis aux individus
par des moyens qu'on connaît déjà, que ce soit le secteur
des télécommunications ou de la câblodis-tribution; la
robotique, on tient à peu près pour acquis que c'est le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui aurait
davantage le "leadership" dans ce secteur-là. Au niveau des logiciels,
vous n'êtes pas sans savoir que le ministère des Communications
peut jouer un rôle très actif dans ce dossier, mais, dès
qu'on parle des didacticiels, par exemple, il est évident qu'il faut le
faire en concertation avec le ministère de l'Éducation. Alors,
tout le dossier science et technologie, tout le dossier des technologies
nouvelles pose - et c'est normal - à un appareil d'État, un
certain nombre de problèmes de responsabilités à assumer
et il nous faut être en mesure de préciser qui sont les porteurs
de ballon dans chacun de ces dossiers.
M. French: M. le Président, en ce qui a trait à
logiciel, est-ce que le ministre dirait que c'est en vertu du programme 3 qu'on
doit discuter la problématique de logiciel ou si on doit en parler en
vertu du programme 5?
M. Bertrand: Davantage en vertu du programme 5 puisqu'il s'agit
de développement de politiques de communications et je dirai que c'est
davantage là que nous avons abordé ces dossiers au
ministère des Communications.
M. French: Y compris logiciel? M. Bertrand: Logiciel,
oui.
M. French: M. le Président, cela va pour le programme
3.
Le Président (M. Payne): Alors est-ce qu'on vote pour?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Payne): Adopté.
M. French: On remercie le sous-ministre adjoint pour la
deuxième fois dans trois semaines.
M. Bertrand: C'est un homme d'une grande compétence,
d'ailleurs.
M. French: J'imagine. On a pu le constater il y a deux
semaines.
Le Président (M. Payne): Alors, le choix est sur le
programme no 4, n'est-ce pas?
M. Bertrand: Je ne sais plus lequel on prend?
M. French: On ira au 5. On nettoiera le reste à la
fin.
M. Bertrand: Retournons au 5.
Le Président (M. Payne): II faudrait un tirage au sort. No
5?
M. Bertrand: Oui, revenons au numéro 5.
M. French: Le programme 5 a été suspendu, M. le
Président.
Développement des communications et des
politiques (suite)
Le Président (M. Payne): Oui. Reprise de la discussion.
Programme 5.
M. French: M. le Président, je pense que le gouvernement
du Québec et, je crois, plus précisément le
ministère des Communications, mais je peux me tromper, a donné
une subvention à la Société Sogiciel pour l'aider à
percer dans le marché des logiciels en français.
M. Bertrand: C'est la SODICC qui a...
M. French: C'est la SODICC qui a fait cela, à la suite
d'une demande de Sogiciel à cette fin. Peut-on savoir
précisément de quelle somme d'argent il s'agissait?
M. Bertrand: 250 000 $.
M. French: Et c'était?
M. Bertrand: C'était un prêt. C'était sous
forme de prêt.
M. French: Un prêt? M. Bertrand: Oui.
M. French: Ah bon! C'était un prêt de la SODICC?
M. Bertrand: Oui, et la SDI a donné une subvention de 250
000 $ pour la recherche.
M. French: Donc, un demi-million, moitié prêt et
moitié subvention.
M. Bertrand: C'est cela.
M. French: De la SDI et de la SODICC.
M. Bertrand: D'ailleurs, je dois dire une chose au
député de Westmount: dans tout ce problème d'arrimage dont
je parlais tantôt, il y a un dossier qui, effectivement, a mis en
relation le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et le
ministère des Communications ainsi que deux des
organismes qui sont un peu nos bras financiers, si vous le voulez, pour
le développement du tertiaire moteur ou des technologies de pointe. Ce
sont la SDI, d'une part, et la SODICC, d'autre part.
On est arrivé à une espèce de protocole d'entente
où la SDI et la SODICC travaillent conjointement à l'analyse des
dossiers qui parviennent, ou au ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme ou au ministère des Communications.
M. French: Est-ce que d'autres compagnies
québécoises ont présenté des demandes pour des
subventions ou des prêts ou l'appui financier du gouvernement dans le
domaine du logiciel?
M. Bertrand: Le ministère des Communications, directement,
n'a pas donné de subvention comme telle, mais la SODICC, si elle
était présente ce soir, ou M. Morin, directeur
général de la SODICC, pourrait donner des réponses, mais
comme la SODICC relève du ministère des Affaires culturelles, je
crois que les questions pourraient être posées au moment de
l'étude des crédits du ministère des Affaires culturelles.
Je sais que des demandes ont été acheminées à la
SODICC et que des décisions ont été prises par la SODICC
dans ce secteur. Mais je ne pourrais pas, en ce moment, puisque je n'ai pas les
informations, donner les renseignements au député de Westmount.
Logidisque est une des entreprises, entre autres, qui...
M. French: Qui a présenté une demande.
M. Bertrand: La décision n'est pas prise dans le cas de
Logidisque.
M. French: Encore une fois, je rappelle au ministre que cela
souligne la nécessité d'un certain arrimage parce que...
M. Bertrand: Ah oui!
M. French: ...le ministre s'engage de plus en plus. La
prospective de demander au ministre actuel des Affaires culturelles, la
situation de Logiciel par rapport à... je vous avoue que cela m'effraie
un peu.
M. Bertrand: Ce qui est important -j'espère que c'est
comme cela que cela va se passer - c'est que, normalement, la SODICC devrait
être présente au moment de l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles, j'imagine, puisque la SODICC,
malgré qu'on y ait ajouté le volet fort important des industries
de la communication, continue de relever du ministre des Affaires
culturelles.
M. French: Je suis obligé de...
M. Bertrand: Je peux faire quelque chose pour le
député de Westmount parce que - je dois dire que cela
m'intéresse personnellement - je reçois périodiquement du
directeur général de la SODICC des rapports sur les demandes qui
lui ont été acheminées et sur les décisions qui
sont prises par le conseil d'administration de la SODICC. Il y a le dossier de
TVEQ entre autres qui arrivera sur ma table un jour ou l'autre, alors je me
ferai un devoir de demander à la SODICC si on peut prendre note de cela,
et je vais demander à la SODICC de me faire une sorte de bilan depuis
qu'elle a reçu ce mandat relatif aux industries de la communication et
de me transmettre les demandes qui ont été acheminées et
les décisions qui ont été prises dans le secteur plus
particulier des communications.
M. French: Ce qui m'intéresserait surtout, M. le ministre,
ce sont les entreprises sur les logiciels...
M. Bertrand: Très bien.
M. French: ...ou d'autres entreprises qui sont à la
frontière de la culture et de l'informatique ou des communications.
M. Bertrand: D'accord, très bien.
M. French: Je suis obligé de dire dans ce contexte que je
suis un peu inquiet que, dans un domaine que je vois personnellement comme
étant vraiment un domaine clé, pour le développement
québécois, comme le logiciel, on laisse un peu à
l'initiative de certaines compagnies qui sont déjà dans le champ
la possibilité d'en faire l'application aux organismes qui
relèvent du ministre des Affaires culturelles et de l'Immigration. On
sait qu'à moins d'avoir des logiciels de haute qualité en
français, on risque évidemment de laisser pour compte certains
des objectifs primordiaux du gouvernement actuel et de tout gouvernement
québécois. Il me semble que toute cette problématique du
logiciel appelle un énoncé de politique beaucoup plus clair,
beaucoup plus explicite que ce qu'on a actuellement à notre
disposition.
M. Bertrand: Je voudrais rappeler au député de
Westmount que, ce matin, je lui avais indiqué que les suites qui avaient
été données à la rencontre du 9 septembre à
Montréal, relativement à la recherche et au développement
et au document Bâtir l'avenir, qui était un rapport de conjoncture
qui faisait le bilan de la recherche et du développement en
communications et qui, aussi, essayait de tracer certaines lignes directrices
et certaines perspectives d'avenir,
je lui signalais, dis-je, qu'un des éléments, un des
créneaux d'intervention que nous avions décidé de
privilégier était celui des logiciels, mais que, depuis que nous
avons fait ce travail, nous sommes obligés, pour qu'une politique
vraiment cohérente se développe dans ce secteur, de le faire en
très étroite concertation avec le Secrétariat de la
science et de la technologie, le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme et le ministre de l'Éducation du Québec, et c'est
à cela que nous travaillons en ce moment.
Je comprends très bien ce que veut dire le député
de Westmount. Dans le fond, si nous attendons des entreprises elles-mêmes
qu'elles développent une politique des logiciels au Québec, nous
attendrons longtemps. Chacune y va avec ses projets, avec ses
développements. Logidisque a ses objectifs à l'esprit, Sogiciel a
les siens; d'autres en ont qui peuvent être différents, mais le
gouvernement du Québec se doit de pouvoir avoir un énoncé
de politique relatif aux logiciels et cet énoncé de politique
n'existe pas encore, mais c'est un des éléments duquel nous
attendons beaucoup à partir des consultations que nous avons
menées l'automne dernier et à partir des réunions que nous
tenons, par les temps qui courent, avec les différents ministères
impliqués dans ces dossiers. Chaque fois - je dois le dire au
député de Westmount - il arrive que nous nous butions,
jusqu'à un certain point, à des difficultés de
définition de responsabilités, cela fait aussi partie des choses
qu'il faut arriver à régler entre nous.
J'ajouterai même, comme ministre des Communications, que je
souhaiterais que toutes ces choses puissent se préciser au niveau des
responsabilités de l'un ou l'autre ministère pour qu'un
énoncé de politique -c'est vrai pour la bureautique - vous avez
vu la décision que je vous ai lue tout à l'heure, on parlait de
février 1983, nous sommes en avril 1983...
M. French: J'avais remarqué cela.
M. Bertrand: Je le note moi-même et je suis de ceux qui
souhaitent qu'on débouche le plus rapidement possible dans ces dossiers,
sans même nécessairement attendre la tenue du sommet sur les
communications. D'ailleurs, à ce point de vue, je dois dire que le
ministre délégué à la Science et à la
Technologie fait preuve de beaucoup de dynamisme dans ses dossiers. Il veut
qu'on puisse aboutir à des dossiers où nous nous sentons
prêts à présenter des énoncés de politique.
Dans ce contexte, ce n'est pas le ministère des Communications qui lui
mettra des bâtons dans les roues, au contraire. Notre collaboration avec
le Secrétariat à la Science et à la Technologie est totale
mais l'énoncé de politique reste à venir.
(21 heures)
Vous savez, M. le député de Westmount, on ne parlait
même pas de ces dossiers-là lors de l'étude des
crédits l'an dernier.
M. French: Oui, mais, M. le Président, je...
M. Bertrand: Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il
s'est vraiment passé quelque chose dans la société
québécoise depuis à peu près un an. J'ai
été estomaqué de lire la section A du journal Le Soleil,
il y a quelques jours. Je tournais les pages et je pense que, sur une douzaine,
il y en avait à peu près sept ou huit où on parlait de
dossiers relatifs aux technologies nouvelles. C'est le cas de le dire, c'est
vraiment nouveau.
M. French: Oui, c'est nouveau, mais on peut s'inquiéter de
bon droit, je pense, de la capacité du gouvernement à
répondre efficacement et suffisamment rapidement. Comme je l'ai dit au
début de nos travaux ce matin, je pense que le Québec a plus
besoin de nouvelles technologies que les nouveaux technologues ont besoin du
Québec. Je pense que nous n'avons pas apprécié
suffisamment encore combien nous sommes exposés au danger, tant
économique que culturel. Nous partageons, avec le Nord-Est de
l'Amérique du Nord, l'Ontario, le Québec, l'Ohio, le
Massachusetts, New York, un certain nombre de problèmes communs mais
nous avons au Québec certains problèmes uniques, ce qui fait en
sorte que nous ne sommes même pas concurrentiels par rapport à ces
autres parties de l'Amérique du Nord, qui, elles, ne sont pas
concurrentielles dans le contexte nord-américain qui, lui, est moins
concurrentiel sur l'échelle mondiale. À moins d'un virage dans
les actes qui viendrait s'ajouter au virage de paroles ou au virage
technologique qui reste au niveau du discours, nous risquons vraiment de nous
retrouver exposés et vulnérables. Nous nous retrouverons dans une
situation où nous ne pourrons jamais arriver à fournir les
emplois et les occasions auxquels les gens de moins de 20 ans dans notre
société s'attendront légitimement.
Le ministre des Communications de la province de Québec doit
absolument être vraiment le leader dans un domaine comme le logiciel,
soit et il ne peut permettre de se faire bousculer par ses collègues. Il
faut absolument qu'il se lance là-dedans à fond de train, puisque
c'est naturel pour le ministre des Communications, et cela rejoint parfaitement
les préoccupations, à la fois économiques et culturelles,
qui animent le gouvernement - à ce qu'il dit - actuellement.
M. Bertrand: J'aimerais poser une
question au député de Westmount. Ce qu'il dit me
passionne, m'intéresse et Dieu sait! que nous discutons souvent de ces
choses à mon cabinet au ministère, parce que nous avons de
très nombreuses réunions avec plusieurs ministères et
plusieurs intervenants dans ces dossiers. C'est toujours la question de savoir
- je reviens à cette question de tantôt - qui est le porteur du
ballon.
Est-ce que le député de Westmount est de ces personnes qui
considèrent que dans le dossier des technologies nouvelles il y en a un
certain nombre qui reviennent de plein droit au ministère des
Communications au niveau de ce qu'on pourrait appeler le "leadership", quitte,
bien sûr, à se coordonner et à se concerter avec d'autres
ministères?
Vous venez de parler du logiciel. C'est évident que...
M. French: Cela vous revient.
M. Bertrand: ...cela revient au ministère des
Communications. La privatique revient au ministère des Communications,
c'est évident.
M. French: M. le Président...
M. Bertrand: La robotique, un peu moins quand même.
M. French: Sûrement pas. J'ai fait référence
au ministre délégué à la Science et à la
Technologie, au début de nos travaux aujourd'hui. Hormis son discours
anti-Ottawa qui est un peu stupide, qui n'apporte pas grand-chose à qui
que ce soit, même à ceux qui voudraient un autre statut
constitutionnel pour le Québec, le ministre délégué
à la Science et à la Technologie du Québec est le premier
ministre de son genre, au Canada, à avoir réussi à
bousculer son gouvernement.
M. Bertrand: C'est son travail.
M. French: Oui, c'est son travail, mais je dis tout simplement
que les autres ministres de la Science, tant au fédéral qu'en
Ontario, n'ont pas réussi à faire grand-chose parce qu'ils
étaient trop jeunes. Ils s'attendaient toujours à avoir un
meilleur statut, etc. Donc, ils ne voulaient pas briser les traditions et ils
n'ont rien accompli. Il reste, néanmoins, qu'un ministre qui n'a pas de
budget ou des budgets généreux et importants et qui n'a pas
d'assises particulières dans un secteur quelconque ne peut être
qu'un catalyseur, ne peut pas être un porteur de ballon à long
terme. Il faudrait, pour que le ballon soit efficacement porté, que ce
soit les ministres sectoriels, qui, eux, ont les budgets et une
légitimité dans un domaine quelconque, qui peuvent changer les
habitudes et qu'ils puissent se spécialiser et avoir une équipe
spécialisée pour les aider, les appuyer. Ils devraient être
les fers de lance dans leurs secteurs respectifs.
Le job du ministre délégué à la Science et
à la Technologie est de commencer le processus, peut-être
d'être le quart-arrière, mais de ne pas être le porteur de
ballon. Le problème avec le gouvernement actuel, c'est qu'il y a un
quart-arrière, mais il n'y a pas de porteur de ballon. Ce qu'on voit de
l'extérieur...
M. Bertrand: Continuez, j'écoute, M. le
député.
M. French: Ce qu'on voit de l'extérieur, effectivement,
c'est une coordination interministérielle qui manque totalement. C'est
un ministre délégué à la Science et à la
Technologie qui parle avant qu'il y ait un programme d'institué et qui
force les autres ministres à répondre par les moyens
essentiellement publics plutôt que privés, ce qui n'est pas bien
rassurant pour l'observateur de l'extérieur qui dit: Ils sont
obligés de se nourrir par la voix des médias. Une situation
où, pour débloquer quelque chose, par exemple, dans le domaine du
micro-ordinateur à l'école, il faut que le ministre
délégué à la Science et à la Technologie
parle publiquement afin que le ministre de l'Éducation réagisse.
Autrement dit, laissé à ses propres fins, le ministre de
l'Éducation serait obsédé encore par les choses qui n'ont
rien à faire avec les vrais problèmes et les vraies
possibilités pour les étudiants québécois.
À moins que ce gouvernement soit capable de laisser tomber ses
obsessions traditionnelles et d'embrasser avec une compréhension qui
aussi réelle que la compréhension des discussions culturelles
valables et des discussions constitutionnelles moins valables, à moins
qu'ils soient capables d'embrasser de la même façon les
discussions économiques et technologiques, à moins que vous
fassiez preuve, demain ou après-demain, de plus de compréhension,
vous avez déjà fait preuve, par exemple, dans la
problématique de Bell Canada, vous allez réussir à faire
absolument rien sauf d'être capable d'aller chez vous et de pleurer parce
que cela va mal et que tout le monde sort de Québec et que ce n'est pas
bon pour nous autres. Il y a un autre moyen de reprendre tout cela.
M. Bertrand: Quand sera diffusé, la semaine prochaine, le
document "Un Futur simple", vous allez constater que je tiens le même
discours que vous, M. le député de Westmount. Quand je dis "je",
je parle encore de ce document qui n'a pas reçu de sanction politique et
auquel le ministre des Communications se sent tout de même intimement
lié.
M. French: C'est la sanction administrative du sous-ministre.
M. Bertrand: À la page 254, on y lit: "La
télématique et l'informatisation de la société,
cela concerne l'éducation, la santé, le travail, la politique
scientifique, la reconversion industrielle, l'État employeur,
l'État bailleur de fonds. Sans plaider pour l'harmonie
électronique à tout prix, vouloir jouer de tous les instruments,
est-ce outrancier de dire qu'il faut au moins un chef d'orchestre. De par son
mandat de coordination, le ministre délégué à la
Science et à la Technologie est bien placé pour jouer ce
rôle. Dans ce contexte foisonnant, il faut aussi un fer de lance: le
ministère des Communications du Québec, qui table sur une solide
expertise en informatique, en télécommunication et en mesure
d'impacts afin d'amener la définition des grandes orientations qui
s'imposent. L'expertise est la clé de voûte de ce leadership
à assumer. Plus loin, on développe effectivement ces secteurs
où nous considérons que le ministère des Communications
doit être le fer de lance, même si le ministère
délégué à la Science et à la Technologie
peut jouer un rôle de chef d'orchestre. Je pense que c'est un peu le sens
de votre intervention. C'est qu'il doit y avoir quelqu'un qui nous aiguillonne
continuellement, qui nous stimule continuellement, qui assure une certaine
coordination, mais il y a des ministères sectoriels bien placés
pour être les fers de lance du développement dans certains
secteurs particuliers.
Le ministère des Communications du Québec considère
qu'il est bien placé pour jouer ce rôle dans certains secteurs
particuliers.
M. French: Tout ce que je peux dire, c'est que voilà des
mots intéressants. Encore faut-il des actions intéressantes. Cela
m'est égal d'attendre l'automne prochain pour que tous les intervenants
puissent se prononcer là-dessus. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Nous
aurons un quart de génération de nouveaux systèmes
d'ordinateurs l'automne prochain. Toute l'infrastructure intellectuelle de
l'informatique, de la micro-informatique roule à un taux tellement
rapide que la consultation, les sommets, tout cela passe tout à fait
à côté de la question. Le ministre n'a pas besoin
d'attendre le sommet pour décider qu'il devrait y avoir un programme
pour la promotion des logiciels en français. Ce n'est pas
compliqué; c'est là, la situation. On n'a pas besoin d'attendre
septembre prochain pour consulter tout le monde, faire un show et convoquer les
conférences de presse et publier des choses bien belles, ce n'est pas
cela. Il s'agit de décider que, dans le cadre des logiciels et
didacticiels, vous dépenserez un certain montant d'argent. Dans le cas
d'autres logiciels et même des ordinateurs, vous devrez avoir des
"operating systems" en français et là, si vous pouvez marier tous
ces exercices, c'est évident que vous n'avez pas besoin d'attendre pour
faire cela. Au lieu de dépenser 400 000 $ pour des rencontres de toutes
sortes, pour des gens qui vont placoter de ceci et de cela au sommet et lors de
l'année mondiale des communications, vous devez dépenser ces 400
000 $ ou ces 500 000 $ à la promotion de l'industrie
québécoise des logiciels. C'est plus intéressant que le
point de vue de l'exportation, c'est plus important que la quincaillerie, c'est
essentiel à la culture québécoise, cela rejoint tous vos
soi-disant objectifs, sauf qu'on ne voit pas d'action là-dedans.
M. Bertrand: Ce n'est pas avec 400 000 $ ou 500 000 $ que le
gouvernement du Québec pourra donner des ancrages à un
énoncé de politique en matière de logiciel, c'est par un
organisme comme la SODICC. Personnellement, si vous me demandez de faire un
choix, je vous le dis brutalement comme cela: si, sur mon bureau, je
reçois des projets relatifs aux logiciels pour des montants de 2 500 000
$ et que je reçois à côté une demande d'une
entreprise comme Tévec pour 2 500 000 $, connaissant les fonds dont
disposent la Société de développement des industries de la
culture et des communications, je crois que des choix, peut-être plus
intelligents, plus cohérents, plus conséquents devraient
être faits dans la direction des logiciels que dans la direction des
télévisions payantes.
M. French: Tout ce que j'allais dire là-dessus, c'est
que...
M. Bertrand: Je pense que c'est ce que vous pensez aussi.
M. French: Oui, sauf que tout ce qu'on a entendu...
M. Bertrand: Je me rappelle votre conférence sur le
dossier Tévec.
M. French: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole, M. le
député de Westmount.
M. French: Merci, M. le Président. C'est bien vrai qu'un
demi-million, ce n'est pas grand-chose dans ce portrait. Sauf que tout ce qu'on
a entendu du gouvernement actuel, c'est que vous avez investi d'une
façon ou d'une autre 500 000 $, pas plus. Alors, avec mes suggestions,
j'ai déjà doublé ce que vous avez fait. Je veux dire que
ce n'est pas beaucoup, ce n'est pas assez; c'est
sûr et certain; mais c'est quand même le double que le
gouvernement du Québec a fait jusqu'ici, d'après le ministre des
Communications qui devrait être celui du gouvernement qui connaît
le mieux la situation en ce qui a trait à l'appui du gouvernement
à l'industrie du logiciel au Québec.
M. Bertrand: M. le Président, je prends bonne note des
remarques qui, je le sais, se veulent critiques, mais positives du
député de Westmount. Je veux lui dire que la sensibilité
politique est là, qu'il y a des difficultés de parcours, que la
marchandise n'est peut-être pas livrée aussi rapidement qu'elle
devrait l'être, étant donné que, de toute façon, il
y a des développements phénoménaux qui se sont produits
dans ces différents secteurs depuis un certain nombre d'années,
sans que l'État qui est trop souvent à la remorque des
développements plutôt qu'en avant... Je prends bonne note des
remarques du député de Westmount. J'espère que si je suis
encore ministre des Communications dans un an, lors de la défense de mes
crédits, je pourrai lui apporter des réponses qui seront le
témoignage non seulement de paroles fort intéressantes, mais de
gestes concrets, multiples et porteurs d'avenir.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier m'avait demandé la parole.
M. French: Oui, M. le Président, je pense que,
d'abord...
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. French: Je devrais demander à la présidence et
au ministre leur indulgence et leur collaboration. Le député de
Berthier veut revenir sur le PAMEC.
Une voix: Très bien.
M. French: Alors, on le fera brièvement sans rouvrir le
programme. (21 h 15)
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Merci. Étant donné que j'ai
été retenu au salon bleu pour étudier les lois 112 et 113,
il y a peut-être des choses qui se sont dites et que des réponses
ont été données. De toute façon, je vais quand
même poser des questions pour le bien de mon comté. J'aimerais
savoir combien d'argent le ministre a à sa disposition pour
l'année 1983-1984 pour des stations communautaires dans la province.
M. Bertrand: 1 200 000 $.
M. Houde: 1 200 000 $. Ma deuxième question est la
suivante: Combien de stations prévoyez-vous mettre en place pour
1983-1984 avec ce 1 200 000 $?
M. Bertrand: II y a, à l'heure actuelle, 200 000 $ qui
sont affectés à deux radios communautaires pour les
infrastructures pour leur implantation: celle de Rivière-du-Loup et
celle de la Baie-des-Chaleurs.
M. Houde: Qui vont être en marche cette année, qui
sont en exploitation actuellement?
M. Bertrand: Oui, et qui ont besoin de l'aide pour les
infrastructures.
M. Houde: Cela va.
M. Bertrand: Celle de la Baie-des-Chaleurs a-t-elle
commencé à fonctionner? Non, elle n'a pas commencé
à fonctionner.
M. Houde: M. le ministre, vous devez être au courant des
démarches qui sont faites, venant de mon comté, en ce qui
concerne un groupe de personnes qui, depuis deux ans, ont travaillé dans
le milieu auprès des municipalités, auprès des organismes,
auprès de plusieurs groupes de personnes...
M. Bertrand: Vous voulez savoir ce qui va arriver de la radio
communautaire Nord-Joli?
M. Houde: Oui. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire au
sujet de la radio Nord-Joli? Quelles sont vos prévisions pour
1983-1984?
M. Bertrand: C'est le jury qui va décider.
Deuxièmement, l'étude de rentabilité est entrée,
elle semble être positive. Dans ce contexte, le jury va faire l'analyse
du dossier de la radio communautaire Nord-Joli à son mérite.
M. Houde: Très bien. Combien d'argent prévoyez-vous
pour Nord-Joli? Combien allez-vous mettre d'argent à sa disposition?
M. Bertrand: Aucune idée.
M. Houde: Vous n'avez pas d'idée. En ce qui concerne la
radio Nord-Joli, d'après vous, dans combien de temps aurions-nous la
nouvelle officielle en ce qui concerne cette station?
M. Bertrand: Le Conseil du trésor a accepté le
programme PAMEC pour l'année 1983-1984 tout récemment. Nous avons
déjà envoyé, M. le député, les formulaires
d'inscription aux différents médias communautaires; c'est parti.
Il y a un
engagement que j'ai pris, comme ministre des Communications, quand je
suis arrivé au ministère, c'est de m'assurer que les
décisions soient toutes prises avant ma fête. Si cela peut vous
permettre de m'envoyer des bons souhaits à cette occasion, avant le 22
juin 1983.
M. Houde: Si je comprends bien, au 22 juin 1983, vous aurez la
nouvelle finale comme quoi elle serait acceptée et qu'elle serait mise
en marche dans les mois qui viennent.
M. Bertrand: Vous aurez une réponse, en tout cas. Je ne
sais pas quelle sera cette réponse, mais vous aurez une
réponse.
M. Houde: Très bien. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Westmount.
M. French: On revient au programme 5.
Le Président (M. Gagnon): Est-il adopté, le
programme 5?
M. Bertrand: Nous sommes à l'étudier.
M. French: Non, nous sommes à l'étudier.
M. Bertrand: Le programme PAMEC est dans le programme 5.
M. French: Le programme PAMEC est aussi dans le programme 5.
D'accord. Nous n'avons pas dérogé à la règle.
M. Bertrand: Non.
M. French: M. le Président, j'ai posé une question
au ministre au sujet du programme de recherches universitaires non
sollicitées, le programme PRUNOS. Lors des engagements financiers le 31
mars 1983, vous vous rappellerez qu'en septembre 1981 il y a eu une annonce de
ce programme sur une base urgente. D'après le ministre, le programme
s'inscrivait dans le plan d'action du ministère des Communications, tel
que défini à la suite des récents rapports "Bâtir le
Québec" et "Le virage technologique" et visait la consultation des
chercheurs dans les universités entre elles avec le gouvernement. Toute
cette merveilleuse opération d'appui de la recherche dans les milieux
universitaires s'est soldée par l'annulation du programme annoncé
par le ministre à la commission des engagements financiers. Il semble
que les thèmes prioritaires et les objectifs du ministre ne sont plus
les priorités et les objectifs... Le ministre m'a servi un des discours
qu'il sort de sa garde-robe lorsqu'il a besoin de dire quelque chose de long et
large, mais qui ne veut pas dire grand-chose.
M. Bertrand: Je n'ai pas grand-chose dans ma garde-robe.
M. French: C'est que, paraît-il, d'abord, il fallait
réaménager le budget pour respecter les priorités avec
lesquelles personne ne peut être en désaccord puisqu'il ne s'agit
pas de priorités spécifiques et, deuxièmement, il
s'agissait que la recherche ait des suites économiques ou des suites
quelconques; dans les mots du ministre, il faut que la recherche fasse des
petits. Je voudrais tout simplement savoir, en termes un peu plus terre
à terre et un peu plus clairs, comment il se fait que ce programme, si
prioritaire, si urgent et si important, en septembre dernier, soit totalement
disparu en mars ou avril 1983.
M. Bertrand: Je ne sais pas à quelle déclaration le
député de Westmount fait référence. Je n'ai jamais
dit que je considérais que le programme de subventions non
sollicitées était pour moi une priorité.
M. French: Vous disiez...
M. Bertrand: La recherche était prioritaire, mais pas le
programme de recherche qu'on appelle non sollicitée.
M. French: M. le Président, à la page 4 de la
documentation envoyée aux chercheurs, on parle des objectifs et des
thèmes prioritaires. Tout ce que je dis, c'est que ce ne sont plus
évidemment les objectifs ni les thèmes prioritaires puisque le
programme n'existe plus.
M. Bertrand: Oui, mais le programme de recherche continue
d'exister. Il y a un montant d'environ 300 000 $ au ministère des
Communications pour la recherche.
M. French: Tout ce que je demande au ministre, c'est de
m'expliquer comment il se fait que les priorités aient changé.
Quelles sont les nouvelles priorités?
M. Bertrand: Je vais vous donner un exemple très simple.
Par exemple, je préfère m'assurer que, sur ces 300 000 $, nous
indiquions aux chercheurs que nous souhaitons qu'ils collaborent, par exemple,
à la préparation d'un énoncé de politique sur les
logiciels plutôt que de recevoir une demande...
M. French: M. le Président, ce n'est pas de la recherche,
c'est de la consultation. Voyons donc! Décidez-vous, M. le ministre! Si
vous voulez de la recherche, vous voulez de la recherche; si vous voulez de
la
consultation, vous voulez de la consultation.
M. Bertrand: II peut y avoir de la recherche là-dedans. On
peut faire de la recherche dans tout. La preuve est qu'une fois j'ai eu un cas
sur mon bureau -j'aimerais me souvenir du cas, j'aimerais en parler; mon
sous-ministre s'en souvient. Un dossier est arrivé sur mon bureau, il
s'agissait carrément de la recherche non sollicitée. J'ai vu le
sujet, j'ai vu les objectifs poursuivis par le chercheur et je me suis dit:
Vraiment, je ne suis pas capable, comme ministre des Communications, d'accorder
le montant d'argent demandé pour cette recherche. Pourquoi? Parce que
cela ne m'apparaissait pas correspondre à des priorités que le
ministère des Communications devait se donner dans le cadre du virage
économique que nous avons entrepris il y a deux ans.
Je pense que le sujet était... Toi non plus, tu ne t'en souviens
plus. En tout cas, je préfère ne pas m'en souvenir.
M. French: C'est vraiment central dans les préoccupations
du ministre et du ministère. Cela a dû être vraiment central
par rapport aux préoccupations du ministre et du ministère
puisque personne ne s'en souvient.
M. Bertrand: En tout cas, cela avait trait à quelque chose
comme l'éthique dans le domaine de ceci ou de cela.
M. French: C'est évident que ce n'est pas correct. Cela
n'aide pas un Québécois.
M. Bertrand: Non, mais j'ai fait un choix. On a des ressources
financières très limitées dans le domaine de la recherche
au ministère des Communications. Bien sûr qu'on peut arriver
à faire de la recherche, pas uniquement au ministère des
Communications; il y a d'autres secteurs dans l'appareil gouvernemental
où il se fait de la recherche et on devrait d'ailleurs tenter de
regrouper les efforts de recherche qui se font à gauche et à
droite.
Ceci étant dit, quand on a un budget de 300 000 $... Il y avait
une distinction de faite. Avant, il y avait une partie du budget qui allait
à la recherche sollicitée et une partie à la recherche non
solicitée. Je veux que tout mon montant d'argent aille dans la recherche
sollicitée.
M. French: Si le ministre m'avait dit cela lors de la commission
des engagements financiers, j'aurais été d'autant plus
éclairé là-dessus. J'apprécie cela, mais vous
n'avez pas dit cela du tout.
M. Bertrand: Non?
M. French: Non. Vous avez dit que vous avez changé de
priorités, mais vous n'avez pas dit....
M. Bertrand: Non, non, non, non.
M. French: Je m'excuse, je l'ai devant moi. Vous avez dit qu'il
fallait changer de priorités, mais vous n'avez pas dit que
c'était justement conservé pour la recherche, que c'était
de la recherche sollicitée, si vous voulez.
Ce qui m'intéresse donc, c'est de savoir quel genre de recherche
vous sollicitez, avec ces 300 000 $.
M. Bertrand: Des projets. On peut avoir la liste. Est-ce que vous
voulez avoir la liste des projets qu'on a...
M. French: Ce serait intéressant, oui. Entre-temps, je
voudrais savoir combien de demandes de financement il y a eu en vertu de ce
programme.
M. Bertrand: Combien de?
M. French: De demandes de financement?
M. Bertrand: ...que je voudrais...
M. French: Non, non. L'ancien programme que vous avez
annulé...
M. Bertrand: Ah bon! d'accord.
M. French: Combien y a-t-il eu de demandes?
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut prendre note de ces questions? On
vous fera parvenir les renseignements.
M. French: J'apprécierais cela.
Je vous dis cela simplement parce que deux recherchistes isolés
dans le domaine m'ont fait valoir leur déception parce que, non
seulement ils n'avaient pas eu de réponse, mais on n'a pas fait
d'annonce; on ne leur a pas envoyé de lettre pour leur expliquer que
vous aviez changé d'idée. En somme, c'est une drôle de
façon d'agir.
M. Bertrand: Écoutez! À qui a été
envoyée la lettre? Je réponds à toutes les lettres que je
reçois dans des délais qui varient entre trois et sept jours.
M. French: Ah bon! Vous me dites que toutes les demandes pour le
PRUNOS ont reçu des réponses et que, dans ces réponses, on
faisait état de l'annulation de ce même programme.
M. Bertrand: J'espère qu'à compter de
maintenant, chaque fois qu'on reçoit une demande pour ce
programme maintenant disparu, on répondra: C'est bien dommage, mais le
ministère des Communications ne subventionne plus les recherches non
sollicitées.
M. French: C'est maintenant clair, mais...
M. Bertrand: On le fait d'ailleurs. Cela arrive quand même,
dans un appareil gouvernemental où on reçoit beaucoup de
courrier...
M. French: Qu'on perde des choses. J'accepte cela, je comprends
cela.
M. Bertrand: Pourtant, on a un bon système de
classement.
M. French: Vous serez parmi les premiers ministères
assujettis à la loi sur l'accès à l'information.
M. Bertrand: On a même un groupe qui travaille très
activement là-dessus; ce groupe est dirigé par Mme Monette, si ma
mémoire est bonne.
M. French: Donc, changement de priorité, décision
d'utiliser l'argent ainsi libéré, réaffectation des
budgets de la recherche non sollicitée envers la recherche
sollicitée et on aura une liste des projets financés par le
ministre dans le cadre de ce programme de recherche sollicitée.
M. Bertrand: On vous fournira ces informations.
M. French: Est-ce qu'on aura la liste ce soir?
M. Bertrand: Non, on ne pourra pas l'avoir ce soir.
M. French: Non? Vous me l'enverrez d'ici à deux ou trois
semaines?
M. Bertrand: Avant cela.
M. French: Dans le contexte de la recherche sollicitée ou
de la collaboration du ministère avec les organismes dans le domaine de
la recherche dans les communications, les organismes universitaires, les
instituts de recherche, etc., existe-t-il un répertoire ou une liste
d'organismes, d'institutions, d'individus avec lesquels le ministère est
prêt à collaborer dans le domaine de la recherche et du
développement?
M. Bertrand: M. le Président, on a ce qu'on pourrait
appeler un répertoire d'interlocuteurs privilégiés dans
les différentes institutions qui font de la recherche.
M. French: Serait-il possible d'y avoir accès?
M. Bertrand: Avez-vous une liste de cela? Je peux vous la faire
parvenir.
M. French: D'accord. Merci beaucoup.
S'il y a des critères spéciaux, des mécanismes
quelconques pour être sur cette liste, il serait intéressant de
les avoir.
M. Bertrand: II n'y a pas de critères particuliers.
M. French: Bon! Donc, il est impossible pour le ministre
d'expliquer le genre de recherche - je ne demande pas cela article par article
en l'absence de la liste - qui se fait à l'intérieur du programme
de recherche sollicitée. C'est quand même possible de dire si
c'est technologique ou sociologique? Est-ce en fonction des besoins du
ministère? Si oui, quel genre de besoin?
Je voudrais rappeler au ministre que... (21 h 30)
M. Bertrand: Je vais vous donner une liste d'études
réalisées dans le cadre du programme de recherche prospective en
communication. Évolution des communications au Québec,
rétrospective et perspective d'avenir; évolution de
l'informatique au Québec, rétrospective et perspective d'avenir;
analyse économique des industries québécoises de services
télématiques; la télématique, aspect technique et
nouveaux services; l'avenir de la vie quotidienne et des usages possibles des
médias; les stratégies de communications dans quatre pays,
États-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon. On a des études, bien
sûr, qui se font ici à l'interne, mais cela peut vous donner une
idée du genre de recherche qu'on fait. Je continue: l'usage du
téléphone au Québec; la télématique en
devenir; Québec et Ottawa face à la mutation des
télécommunications; les équipements de communication des
ménages québécois à l'orée de la
télématique; premier rapport d'étapes sur le programme de
recherche prospective; approche économique de la réglementation
des communications; la quantification des activités d'information et de
communication dans l'économie; l'informatisation et l'emploi; la
radiodiffusion au Québec; état du développement actuel et
nouvelles perspectives technologiques; les explications du satellite de
communications; la fibre optique; développement et perspective
pour les télécommunications au Québec; la
télématique. Espérant le tout à votre
satisfaction.
M. French: M. le Président...
M. Bertrand: Comme vous voyez, c'est très orienté
vers les technologies nouvelles.
M. French: Je vois cela.
M. Bertrand: Et leurs impacts.
M. French: Les chercheurs sont surtout des professeurs
universitaires ou des consultants?
M. Bertrand: Surtout des universitaires.
M. French: Surtout des universitaires. Est-ce que ces sujets ne
sont pas essentiellement la recherche de base pour le rapport que vous allez
déposer d'ici à une semaine ou deux semaines?
M. Bertrand: II y a eu combien d'études faites? 66
études ont été faites.
M. French: Cela était en dehors du programme de recherche?
C'était de la consultation.
M. Bertrand: Oui. Il y a eu un budget spécial de 152 000 $
qui a été dépensé pour 66 études qui nous
ont aidés à préparer ce document qui sera publié la
semaine prochaine.
M. French: À part la liste que vous venez de lire.
M. Bertrand: Oui. D'ailleurs, on a la liste. C'est quelque chose,
n'est-ce pas? Ouf! Je ne vous lirai jamais tout cela. Les pages 281, 282, 283,
284...
M. French: Ils sont tous indiqués dans le document qu'il
va y avoir.
M. Bertrand: Cela va être publié en annexe.
M. French: Pour ce qui est de la liste des nouvelles
priorités dans le domaine de la recherche, la liste de projets de
recherche sollicitée, est-ce que le public peut avoir accès
à cette recherche?
M. Bertrand: Moi, je trouve que ce serait tout à fait
souhaitable.
M. French: Moi aussi. Vous allez me faire parvenir le document et
je pourrai choisir ou d'autres personnes pourraient choisir les titres de
documents...
M. Bertrand: Je trouverais cela tout à fait normal. Je
pense que l'information au niveau de la recherche doit circuler au maximum.
M. French: D'accord.
M. Bertrand: D'ailleurs, il existe Informatech, une banque qui
est là pour permettre la diffusion de l'information documentaire et
scientifique. Je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas ce travail. Oui,
madame.
M. French: Bon, le ministre...
M. Bertrand: Le leader est redevenu ministre des
Communications.
M. French: ...a ses autres responsabilités
ministérielles. Je faisais référence à la
coordination ou à la collaboration interministérielle
tantôt; je voudrais savoir comment se fait la coordination
interministérielle. Par quel mécanisme va-t-on faire l'arrimage,
le réaménagement des responsabilités, l'identification des
porteurs de ballon auquel il a fait référence, il y a quelques
minutes?
M. Bertrand: II y a une loi qui sera présentée
à l'Assemblée nationale relativement à la science et
à la technologie et qui va définir un peu les
responsabilités du Secrétariat à la science et à la
technologie dans le cadre du virage technologique.
Il y a des responsabilités horizontales, il y a des
responsabilités verticales et je dois vous dire que j'attends avec
beaucoup d'impatience la présentation au Conseil des ministres de ce
mémoire et du projet de loi qui va l'accompagner puisque, effectivement,
il nous faudrait, avec cette loi, pouvoir préciser de façon
beaucoup plus adéquate les responsabilités de tous et chacun. Je
ne veux pas revenir sur la discussion que j'ai eue tantôt. Je crois
d'ailleurs que le député de Westmount peut comprendre qu'un
virage technologique de l'importance de celui qu'on est en train de prendre
tous ensemble suppose une redéfinition des responsabilités qui
tiennent compte de l'existence d'un certain nombre de ministères
sectoriels qui ont déjà développé des expertises
dans certains secteurs en particulier et de l'arrivée aussi d'un
ministre délégué à la Science et à la
Technologie qui se voit confier un mandat important de coordination des efforts
déployés par différents ministères sectoriels.
Toute la question est de savoir jusqu'à quel point le ministre
délégué à la Science et à la Technologie
assume un rôle horizontal et jusqu'à quel point il assume un
rôle vertical. Mon appréciation personnelle, au moment où
on se parle, est que les responsabilités d'ordre horizontal doivent
évidemment primer les responsabilités d'ordre vertical. En
d'autres mots, le ministre délégué à la Science et
à la
Technologie doit s'assurer, par exemple, que le ministère de
l'Éducation, que le ministère des Communications, que le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, que le
ministère de la Main-d'Oeuvre, que le ministère du Travail
assument leurs responsabilités spécifiques dans le contexte du
virage technologique.
Il m'apparaîtrait assez malheureux que le ministre
délégué à la Science et de la Technologie, à
la faveur de la loi qui sera présentée à
l'Assemblée nationale - et on verra le débat qu'on aura à
ce moment au Conseil des ministres comme à l'Assemblée nationale
- se mette à récupérer un ensemble de
responsabilités qui sont assumées sectoriellement et vide ainsi
plusieurs ministères des responsabilités qu'ils ont à
assumer dans le cadre du virage technologique. Je crois qu'on rejoint là
un des éléments du discours que tenait le député de
Westmount tout à l'heure. Mais comment y arrivons-nous? C'est par
l'existence d'un comité interministériel où sont
réunis à peu près sept ou huit partenaires qui, dans
certains cas, sont des ministères et, dans d'autres cas, sont des
organismes comme le CRIQ, le développement économique, l'INRS,
etc.
M. French: Dans le domaine de la télématique, par
exemple, n'y a-t-il pas déjà un comité
interministériel de télématique?
M. Bertrand: Nous n'en avons pas constitué dans le secteur
de la télématique.
M. French: II n'en existe pas qui rejoigne les communications,
l'éducation, la science et la technologie?
M. Bertrand: Sur la télématique? Non. Le
comité qui travaille en ce moment le plus activement est celui qui
travaille sur le projet de développement de la bureautique pour
l'appareil gouvernemental.
M. French: C'est toujours votre projet...
M. Bertrand: Dont je parlais tout à l'heure.
M. French: Ce comité interministériel sur la
bureautique, ce serait fait uniquement de gens de l'intérieur du
gouvernement? Il n'y aurait pas de représentants de
l'extérieur?
M. Bertrand: Non, au comité interministériel, non.
Il y a aussi, bien sûr, le comité qui travaille sur cette table de
concertation relativement à l'industrie de l'électronique et de
l'informatique et il y a toutes les tables sectorielles issues du sommet sur
les communications.
M. French: M. le Président, dans les renseignements
traitant des orientations du ministère au programme 5, il y a eu
référence à un certain nombre d'activités en ce qui
a trait aux banques de données. Est-ce qu'il s'agit uniquement de la
banque de données sur les médias? Je parle de la page 62,
à gauche, vers les trois quarts de la fin, vers le bas.
M. Bertrand: Ah oui!
M. French: On se demandait tout simplement comment s'y prendre
dans tout cela. Qu'est-ce que cela veut dire: "Ces activités toucheront
entre autres les sujets suivants: les banques de données"?
M. Bertrand: II s'agit très simplement, profitant de la
tenue du sommet sur les communications, de compléter notre inventaire
sur les médias d'information et d'y ajouter tous les
éléments qu'habituellement on ne récolte pas,
c'est-à-dire des éléments d'ordre technologique,
économique, réglementaire, etc. et cela, pas uniquement pour les
médias traditionnels que sont la presse, la radio et la
télévision, mais pour des secteurs des nouveaux services en
communications. En d'autres mots, on profite du sommet pour mettre à
jour nos données au ministère des Communications parce
qu'effectivement on s'est rendu compte, en préparant notre document, Un
futur simple, qu'on avait tout un inventaire d'information, mais qui
n'était pas véritablement à jour et pas
véritablement systématisé. Nous profitons de ce sommet
pour faire en sorte que ce travail soit réalisé et qu'ainsi nous
ayons en notre possession une banque opérationnelle c'est-à-dire
qui soit utilisable en tout temps, lorsque viendra le temps de faire des choix
de politiques, par exemple, relativement à la télématique
ou aux nouveaux services en communications.
M. French: Donc, vous saurez à ce moment quels seraient
les intervenants à aller voir, les différents groupements
québécois, les institutions et les personnes-ressources dans ces
domaines des médias.
M. Bertrand: Mais surtout en s'attachant le plus possible aux
informations de nature économique...
M. French: D'accord.
M. Bertrand: ...et technologique qu'on peut obtenir sur ces
médias.
M. French: D'accord. Une espèce de répertoire
informatisé.
M. Bertrand: Oui, c'est cela.
M. French: M. le Président, il est 21 h 45 et je suis
frappé d'un soudain excès d'esprit d'"acquiescence"...
M. Bertrand: ...d'acquiescement... M. French:
...d'acquiescement, merci.
Le Président (M. Gagnon): Alors, est-ce que le programme 5
est adopté?
M. French: Le programme 5 est adopté sur division.
Le Président (M. Gagnon): Adopté, sur division.
M. French: Le député de Vaudreuil-Soulanges
voudrait que je vous signale que c'est adopté sur division puisque le
ministre ne peut pas nous expliquer les critères d'admission au ROCC,
alors que son propre ministère le subventionne.
M. Bertrand: La prochaine fois...
M. French: Alors, voilà pourquoi on l'adopte sur
division.
M. Bertrand: ...j'inviterai M. Roger Leclerc à venir
comparaître à la commission parlementaire sous serment.
Le Président (M. Gagnon): Alors, les
éléments 1, 2 et 3 du programme 5 sont adoptés.
M. French: Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Sur division. On revient au
programme 4 - est-ce que c'est cela? - ou plutôt il reste les programmes
2 et 4.
M. French: Oui. Est-ce que le ministre a quelque chose à
nous dire au sujet du programme 4?
Le Président (M. Gagnon): Programme 4, M. le ministre.
Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication
M. Bertrand: Je veux simplement vous indiquer que nous exercerons
une compression additionnelle au niveau des télécommunications de
l'ordre de 2 400 000 $ cette année qui s'ajoute à un montant de 4
000 000 $ de compressions que nous avions faites, non pas lors de cet exercice
financier, mais lors du précédent.
M. French: Cela va. Adopté, M. le Président. (21 h
45)
Le Président (M. Gagnon): Les éléments 1 et
2 du programme 4 sont adoptés.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 4 est
adopté.
Je reviens au programme 2.
Information et publications gouvernementales
M. French: II est excessivement tard pour commencer mon discours
sur le programme 2. Je sais que beaucoup de personnes de l'autre
côté de la table vont en être très
déçues. Peut-être fera-t-on une reprise plus tard au cours
de la session, pour le bénéfice... Je voudrais quand même
demander une chose au ministre, lui parler de ce problème des rapports
annuels.
M. Bertrand: Oui. Vous avez ici un homme convaincu de ce que vous
allez dire.
M. French: Même sans savoir ce que c'est.
M. Bertrand: Qui d'ailleurs fait concrètement du travail
là-dessus.
M. French: Tout ce que je peux dire au ministre, c'est que je
doute fort que les dépenses et la quantité des rapports annuels
qu'on publie actuellement soient justifiées. Quand on pense à
tous les arbres qui ont trouvé la mort pour fournir du papier pour
publier des choses que les gens ne lisent pas, c'est triste, surtout dans une
optique environnementale.
Le ministre a une déclaration à faire et il veut savoir de
son sous-ministre adjoint quand il va la faire.
Le Président (M. Gagnon): On vous laisse la parole.
M. Bertrand: Je ne ferai probablement pas une déclaration
ministérielle, parce que, ce serait donner une importance...
M. French: J'espère que ce n'est pas une
déclaration ministérielle. Cela me déprimerait beaucoup
d'être obligé de répondre à cela.
M. Bertrand: Non, parce que vous seriez obligé de vous
préparer. Vous savez que j'ai eu des communications avec le chef de
l'Opposition, M. Ryan, à l'époque où il était chef
de l'Opposition, et M. Levesque par la suite, relativement à tous ces
documents qu'on dépose à l'Assemblée nationale,
relativement aux rapports annuels et à la distribution de ces documents
et de ces rapports annuels, et aussi à ce qu'on
pourrait appeler la normalisation des publications, en particulier les
rapports annuels. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais, de plus en
plus, tous les rapports annuels que nous présentons ont une forme...
M. French: Standardisée. M. Bertrand:
...standardisée. M. French: Oui, d'accord. M. Bertrand:
Qui est celle-ci. M. French: D'accord.
M. Bertrand: Nous allons plus loin que cela. Nous invitons les
ministères, les organismes gouvernementaux qui sont soumis aux
directives du Conseil du trésor à...
M. French: Se conformer.
M. Bertrand: ...se conformer non seulement à cette
standardisation, mais à présenter les renseignements, de telle
sorte que, lorsque les gens feuillettent un rapport annuel, ils le parcourent
d'un ministère à l'autre, d'un organisme à l'autre avec,
comment dirais-je...
M. French: Un format standardisé.
M. Bertrand: ...une certaine habitude de lecture qui leur
permette de s'y retrouver. Cela va permettre des économies
considérables. Il n'y a plus de photos là-dedans, je ne sais pas
si vous avez remarqué.
M. French: Même pas de photo du ministre?
M. Bertrand: Non, même pas du ministre. Regardez! C'est
malheureux que cela ne puisse pas paraître au journal des
Débats et que nos travaux ne soient pas
télédiffusés.
M. French: Je dois croire que c'est un format assez raisonnable,
assez bon marché et qu'il n'y a effectivement pas dans l'opinion du
ministre des économies substantielles à faire en réduisant
encore la qualité du papier.
M. Bertrand: Un des endroits au ministère des
Communications où le travail de rationalisation, d'amélioration
de la productivité, de compression s'est fait avec le plus
d'efficacité, c'est le secteur des publications gouvernementales et tout
le secteur de l'édition, des impressions. En d'autres mots, dans ce
programme Information et publications gouvernementales, si vous voyez le budget
passer de 32 000 000 $ à 24 000 000 $, il y a bien sûr
là-dedans des éléments qui sont attribuables à
certaines décisions que nous avons prises comme, par exemple, le fonds
renouvelable, mais il y a aussi des éléments qui sont intimement
liés au fait que nous avons réussi dans ce secteur très
particulier des publications gouvernementales à mener des
activités de compression budgétaire d'une efficacité
remarquable. J'en ai parlé l'an dernier lors de l'étude des
crédits, simplement de la Gazette officielle. La Gazette officielle est
quand même un instrument très important. On a réussi,
simplement en changeant la qualité du papier et en diminuant les
coûts postaux pour la Gazette officielle du Québec, à faire
passer le coût de la Gazette officielle du Québec de 2 000 000 $
à 1 000 000 $.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Depuis 1976, j'ai remarqué que, dans le
programme 2, qui touche en partie la politique de la traduction, il manquait
manifestement, au moins en pratique, sinon dans la politique même, une
cohésion en ce qui concerne la politique de la traduction. Je
m'explique. Souvent, les différents ministères adoptent des
politiques assez personnelles selon le voeu, l'intérêt, les
préjugés positifs du ministre concerné pour la traduction
dans une langue autre que le français, particulièrement dans la
langue anglaise. J'ai remarqué cela depuis 1976, mais j'imagine que
c'était le cas avant, après en avoir souvent discuté avec
les fonctionnaires. J'aimerais avoir quelques explications du ministre à
cet égard. Quelles pressions a-t-il exercées sur ses
collègues pour avoir une plus grande cohérence entre eux en ce
qui concerne la politique de traduction? Par exemple, les livres blancs, les
livres verts, les dossiers d'études d'intérêt public sont
traduits selon la discrétion du ministre ou des autres fonctionnaires
impliqués. Relié à ce problème, il y a aussi un
certain manque de cohérence - "consistency" - en ce qui concerne les
réseaux de distribution. J'ai une certaine expérience avec un
grand nombre de traductions touchant quelques ministères et j'ai compris
une chose, c'est qu'il y avait un flagrant manque de cohérence.
J'aimerais avoir les commentaires du ministre là-dessus et
suggérer qu'on puisse améliorer la cohérence.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: Je ne demande pas mieux que de discuter de ces
choses avec mon collègue, le député de Vachon, mais je
dois dire une chose. La Direction de la
traduction, qui existe au ministère des Communications, est
là pour répondre à des demandes. Il n'y a pas une
politique de la traduction au ministère des Communications.
M. Payne: C'est justement le point que je soulève.
M. Bertrand: Exact.
M. Payne: Je déplore le manque de politique dans un
premier temps et, deuxièmement, le manque de la cohérence entre
les ministères pour l'application... Le deuxième problème
est conséquent du premier. Premièrement, il n'y a pas de
politique; deuxièmement, évidemment il n'y a pas de
cohérence parce qu'il n'y a pas de politique. Si on commence avec une
politique...
M. Bertrand: Oui, sauf que le ministère des Communications
est un ministère de services; entre autres, concernant ce qu'on pourrait
appeler tout le secteur des publications gouvernementales, des impressions, de
l'édition, etc., nous tentons d'améliorer la gestion de ces
différents programmes à l'intérieur du ministère
des Communications. Nous invitons aussi les ministères à
manifester de la bonne volonté concernant certaines des
améliorations que vous voudrions voir apportées, par exemple
quant aux publications gouvernementales.
Dans le secteur de la traduction, premièrement, nous allons
améliorer une politique du faire-faire. Notre direction de la traduction
a vu ses effectifs réduits de 34 à 13 traducteurs, parce qu'on
encourage la politique du faire-faire dans le domaine de la traduction.
M. Payne: Qu'est-ce que c'est, le faire-faire?
M. Bertrand: Le faire-faire, c'est... Comment dites-vous cela en
anglais?
M. French: "Contracting out".
M. Bertrand: "Contracting out". Il y a une autre expression plus
sexée.
M. French: II y a "make or...
M. Bertrand: En d'autres mots, au lieu de faire les travaux de
traduction en régie, c'est-à-dire à l'intérieur du
ministère par la Direction de la traduction, on les fait faire de plus
en plus à l'extérieur. La Direction de la traduction voit ses
effectifs réduits de plus de la moitié.
M. Payne: Mes préoccupations touchent le principe
de...
M. Bertrand: Je comprends votre préoccupation.
M. Payne: ...l'accès à l'information, à
savoir si c'est normal que certains livres blancs soient traduits par la simple
discrétion du ministre ou des autres fonctionnaires et, d'autre part,
que les moyens de distribuer ces textes laissent souvent beaucoup à
désirer.
Je considère que, par exemple, vous pouvez exercer beaucoup de
"leadership" auprès de vos collègues pour rendre cela plus
cohérent. Par exemple, il m'apparaît absolument normal que tout
livre blanc et livre vert devrait automatiquement être traduit en
anglais.
On peut difficilement m'expliquer comment il se fait qu'un certain livre
blanc soit traduit en anglais et qu'un autre ne le soit pas. Je peux vous dire
en passant que j'ai vu beaucoup de publications traduites en anglais qui ne
sont pas nécessaires du tout parce que le réseau de distribution
manque. C'est une suggestion pour votre "leadership".
M. Bertrand: Dans la mesure où on pourrait avoir
là-dessus des discussions bilatérales avec le ministre des
Communautés culturelles, on pourrait peut-être voir ce qu'il y a
lieu de faire, mais actuellement, en tout cas, c'est vraiment là-dessus
l'autonomie la plus totale qui est laissée aux ministères et
organismes de faire le choix de traduire ou de ne pas traduire certains
documents qu'ils publient. Par exemple, chez nous, le Guide du citoyen est
traduit. Sur les 5000 Guides du citoyen en langue anglaise qu'on a
diffusés en 1982, on en a vendu 2500. Pourtant, ils se retrouvent dans
combien de points de vente? 2000 au Québec.
M. French: Cela dépend de l'achalandage anglais de ces
points de vente, par exemple.
M. Bertrand: Aussi.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce terminé?
M. le député de Westmount.
M. French: Je voudrais tout simplement endosser la suggestion de
mon collègue, à savoir qu'il y a effectivement une espèce
de politique un peu confuse dans tout cela, qui fait en sorte qu'il y a souvent
des documents intéressants et valables qui ne sont pas disponibles en
anglais. Je dois dire que le problème est beaucoup plus important au
niveau des formules importantes et de la disponibilité de ces formules
qu'il ne l'est pour les documents de politique du gouvernement.
Si on pouvait régler cinq ou six formules utilisées
régulièrement, une large
partie de la frustration de la communauté anglophone pourrait
être réglée très vite. Le ministère du Revenu
le fait de façon très efficace et je n'ai d'ailleurs jamais
compris pourquoi le bureau de l'assurance automobile et deux ou trois autres
n'ont pas fait de même.
M. Bertrand: Je peux prendre un engagement...
M. French: Ce n'est pas le problème du ministre, c'est un
commentaire que je fais.
M. Bertrand: Oui. Je peux prendre un engagement, M. le
Président, ayant le privilège d'avoir à cette table ce
soir des représentants de la communauté anglophone du
Québec, de faire en sorte d'avoir une rencontre peut-être avec mon
collègue, le ministre des Communautés culturelles, pour
évaluer comment on pourrait en "arriver" à établir une
forme de politique ou, en tout cas, une forme d'évaluation des choix et
des décisions qui devraient être prises au niveau de la traduction
de formulaires, de documents, de publications...
M. French: C'est surtout la disponibilité des traductions,
qui sont déjà faites, mais pas accessibles. C'est cela le
problème.
M. Payne: Et aussi une série de "guidelines" pour chaque
ministère concernant les documents d'intérêt public.
Le Président (M. Gagnon): Là-dessus, je vous
demande si le programme 2, éléments 1, 2, 3 et 4 sont
adoptés.
M. French: Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Le programme est adopté
sur division.
Nous avons donc terminé l'étude des crédits du
ministère des Communications pour l'année 1983-1984.
M. Bertrand: M. le Président, je tiens à remercier
mon collègue, le député de Vachon, de sa présence
à cette commission parlementaire, ainsi que mon collègue le
député de Westmount avec qui il m'est toujours agréable de
discuter de sujets relatifs au secteur des communications.
J'espère avoir le bonheur de discuter, un jour, de dossiers
relatifs à la condition féminine avec lui, puisqu'il est
responsable aussi de ce dossier, et de bien d'autres. Mais là, j'aurai
peut-être à en discuter avec lui à titre de leader.
M. French: Sur le contrôle parlementaire de la
législation déléguée.
M. Bertrand: Exactement.
Le Président (M. Gagnon): Simplement au cas où on
aurait oublié des éléments, je voudrais faire mention que
les crédits des huit programmes et tous les éléments du
ministère des Communications ont été adoptés.
M. French: Certains sur division.
Le Président (M. Gagnon): Certains sur division.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Je prierais le rapporteur d'en
faire rapport à l'Assemblée nationale.
La commission des communications ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 01)