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Comité des bills privés
Bill 14 - Loi de la police
(Dix heures, douze minutes)
M. THEORET (président du comité): Mes chers amis, nous
appelons le comité à l'ordre. Je veux d'abord, au nom des membres
du gouvernement et de tous nos collègues de l'Opposition, vous souhaiter
la plus cordiale bienvenue, très heureux de voir l'intérêt
que vous portez à un projet de loi qui est aussi important pour la
sécurité et l'avenir de tous les citoyens du Québec.
Maintenant, nous devrons, au départ, établir quelques
règles de procédure pour le bon ordre, et on permettra aussi que
certains d'entre vous puissent venir s'asseoir ici, de l'autre
côté, en faisant cela avec le plus d'ordre possible, vous qui
connaissez l'ordre, messieurs des diverses sûretés ou corps de
police...
M. LESAGE: Ceux qui sont debout, en arrière...
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez vous approcher.
Maintenant, avant de commencer, je dois vous dire que cette
séance est enregistrée. Tout ce qui sera dit, nous avons tout le
fil...
M. LESAGE: Tout ce qui sera dit pourra être...
M. LE PRESIDENT: Pourra servir contre vous. Maintenant, au début,
nous demanderons aux diverses associations qui sont représentées
ici de bien vouloir s'identifier dire quels sont les
représentants de ces associations ainsi que le nom de leur procureur.
Alors, nous aurons ça en bonne et due forme dès le
départ.
Dès que nous aurons identifié les différents
organismes qui sont ici ce matin, nous demanderons au président de la
fédération d'exprimer son point de vue sur le bill. De plus, f ai
accepté tantôt, à la demande de M. Pepin qui doit
siéger au Conseil supérieur du travail et qui doit s'absenter...
Alors, dès après le président, nous entendrons l'opinion
de M. Pepin et ensuite l'opinion de ceux qui veulent s'exprimer sur le bill en
général avant de procéder à l'étude en
particulier.
Alors, messieurs, si vous voulez bien d'abord vous identifier, allez au
micro, parce que c'est très important pour l'enregistrement, pour nous
dire quels sont vos représentants, l'association ainsi que vos
procureurs.
M. TOBIN: M. Gérard Tobin, directeur du service de la police de
la ville de Sillery et président de l'Association des chefs de police et
pompiers de la province de Québec. Nous sommes représentés
par Me Yvan Mignault qui est notre procureur.
M. LAFONTAINE: Jacques Lafontaine, maire de Saint-Hyacinthe,
vice-président de l'Union des municipalités et
représentant de cet organisme, accompagné de l'exécutif de
l'Union des municipalités de la province.
M. GENDRON: André Gendron...
M. LE PRESIDENT: Pardon. Est-ce que vous avez aussi un procureur M.
Lafontaine, qui vous accompagne?
M. LAFONTAINE: Non. C'est moi qui fais office de procureur, pour une
fois que les notaires ont une chance!
M. LE PRESIDENT: Remarquez que je suis sympathique à votre
remarque, comme notaire.
M. LESAGE: Personne ne peut vous comprendre comme le
président.
M. BERTRAND: Le président abonde dans le même sens.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. GENDRON: M. André Gendron, président de l'Association
des policiers provinciaux, accompagné du conseiller légal, Me
Jacques Bel-lemare.
M. PICARD: M. Jean-Paul Picard, président de la
Fédération des policiers municipaux du Québec,
assisté de Me René Beaudry.
M. PEPIN: Marcel Pepin, Confédération des syndicats
nationaux.
M. FRENETTE: Jean-Guy F renette, Fédération des
travailleurs du Québec. Le président de la
fédération, M. Louis Laberge, sera le porte-parole. Il demande de
l'excuser momentanément; dès qu'il pourra se dégager de
ses obligations, il viendra exposer le point de vue de la
Fédération des travailleurs du Québec.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres organismes ou corps publics
qui sont représentés? Alors, M. Tobin, je crois que nous allons
d'abord vous entendre.
M. TOBIN: M. le ministre, messieurs, au nom de l'Association des chefs
de police et pompiers de la province de Québec, je tiens à
remercier les autorités de l'initiative heureuse qu'elles ont prise en
déposant le bill 14.
La Loi de police a été réclamée depuis
nombre d'années. Notre association a accueilli avec grande satisfaction
le projet déposé, et nous ne saurions trop manifester notre
partait accord sur le principe du bill. Cette loi, sans doute, mettra de
l'ordre là où c'est nécessaire, assurera une plus grande
efficacité aux différentes sûretés par une
coordination accrue des efforts déployés par tous ceux qui sont
chargés du maintien de l'ordre et de la paix. La sécurité
et la tranquilité des honnêtes citoyens sera d'autant mieux
assurée. Il y a lieu de croire que la sécurité et la
tranquillité des policiers s'en porteront mieux.
J'en viens maintenant à certaines modifications que notre
association croit opportun de suggérer. A l'article 1, ...
M. LE PRESIDENT: M. Tobin, est-ce votre intention de procéder ici
avec vos recommandations, article par article?
M. TOBIN: Comme vous le voulez, c'est...
M. LE PRESIDENT: On pourrait entendre M. Pepin. Cela peut prendre
quelque temps et, pour être agréable à M. Pepin, je crois
qu'on pourrait avoir son message avant que vous procédiez article par
article.
M. TOBIN: Je n'ai pas d'objection.
M. BERTRAND: On pourrait entendre les considérations
générales...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. BERTRAND: ...après quoi nous pourrions examiner le
mémoire, article par article.
M. LE PRESIDENT: Je crois que je ne sais pas si vous avez entendu
les considérations du ministre de la Justice, M. Bertrand nous
entendrons les considérations générales de chacun des
organismes. Après cela, nous pourrons procéder avec les
détails que vous voulez apporter à chacun des articles.
M. LESAGE: A moins, évidemment, qu'il y ait, dans l'étude
des articles, des questions de principe tellement importantes que ceux qui nous
font des représentations considèrent qu'il y aurait lieu
d'élaborer sur certains principes de base. Il y a le principe de la
formation de la commission, c'est vrai; mais il y a d'autres principes dans le
bill.
M. TOBIN: Certains articles soutiennent, nous voudrions
procéder...
M. LESAGE: Oui, ils supportent des principes importants.
M. TOBIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Vous permettez, M. Lesage, on reviendra à M.
Tobin dès...
M. PEPIN: M. le Président, MM. les membres du comité, je
voudrais d'abord vous remercier d'accepter que je sois entendu
immédiatement. Mon intervention sera brève, d'ailleurs, parce que
je sais qu'il y a beaucoup de personnes qui sont très
intéressées à ce projet de loi. Je dis au point de
départ qu'un bill comme celui-ci, c'est un bill qui a sa raison
d'être, et nous ne nous opposons pas à la teneur même du
bill. Mais, le chef de l'Opposition vient de mentionner qu'il peut y avoir
certaines choses dans le bill, au niveau des principes, qui ne nous conviennent
pas et qui réfèrent à des articles précis. Et c'est
mon intention, dans cette brève intervention, de toucher uniquement
quelques points, qui, à mon avis, sont d'intérêt
général.
Je n'ai pas de mandat de parler pour des policiers ni pour des chefs de
police. Je pense que tout le monde le comprend bien.
M. PEPIN: Nous avons le mandat, au niveau d'une
confédération comme la nôtre, de voir si certains principes
peuvent être à l'encontre de ce que nous croyons être les
intérêts généraux de la population. Nous sommes
particulièrement frappés, pour ce qui me concerne en tout cas,
par trois articles du bill: l'article 6, les articles 75 et 76. Je toucherai
aussi quelques autres points généraux, mais aussi d'une
manière très brève.
A l'article no 6, M. le Président, il y a un principe de base
important. C'est que la police, quelle qu'elle soit, ne peut pas être un
outil politique dans les mains d'un parti ou dans les mains de partis
politiques. Et je pense que l'Intention de ceux qui ont rédigé ce
projet de loi, c'est très probablement pour en arriver à ce que
vraiment la police soit complètement libre des partis politiques.
Or, il me semble et c'est ce que j'ai l'Intention de soumettre
respectueusement aux membres de votre comité, que cet article ne
va pas tout à fait assez loin. Je m'explique: lors-
qu'il s'agit d'un membre de la sûreté le premier
paragraphe ce sera sous peine de destitution, s'il s'occupe
d'activités partisanes. Le point que Je voudrais soulever est le
suivant. Un membre de la sûreté, ça couvre toute la
hiérarchie, d'en haut jusqu'en bas, j'en suis bien convaincu. Mais
lorsqu'il s'agit du haut, disons un sergent, je ne connais pas trop tous les
titres dans les corps policiers, mais disons même par hypothèse le
chef de la sûreté, qui pourrait donner des instructions qui
placeraient les policiers dans une espèce de conflit, parce qu'ils
doivent obéir à la loi et d'autre part, ils peuvent être
sujets à perdre leur emploi.
Si les policiers obéissent à une instruction qui serait
contre la loi bien sûr que le chef n'a pas le droit de la donner,
je le reconnais, et lui aussi est soumis aux dispositions du paragraphe no 6
mais dans son cas et dans le cas de ceux qui sont des dirigeants, pas
uniquement le chef les autres aussi, il me semble que la loi devrait aller plus
loin que ça, pour donner une garantie à l'ensemble de la
population à l'effet que c'est vraiment une police qui est au service de
l'Etat et non pas une police qui, peut-être, pourrait être au
service de partisans politiques ou de partis politiques.
Aussi, dans le cas de ceux qui donnent des instructions, dans le cas de
ceux qui donnent des ordres... Je n'ai pas de texte à vous
présenter, M. le Président, je pense que si vous êtes
d'accord avec l'idée que je soumets, les textes pourront être
faciles à faire, par la suite. Il me semble que, dans un cas comme
celui-là, les officiers devraient d'abord être sous peine de
destitution, mais devraient aussi pouvoir être poursuivis en justice,
d'une manière ou de l'autre, de telle manière que nous aurions la
gamme complète. Lorsqu'il s'agit du simple policier, la peine de
destitution m'ap-paraît suffisante. Lorsqu'il s'agit de celui qui est
dans la hiérarchie, il me semble que ça devrait aller encore plus
loin que ça. Parce que, si vous me permettez de faire une
hypothèse et puis ce n'est pas rien de malicieux ce que je dis. Au
contraire, à mon avis, s'il arrivait qu'un homme politique donne un
ordre ou dise au chef de police: Il faudrait que telle chose se passe dans tel
comté, tel jour d'élection. Si le parti politique reste au
pouvoir, la peine qui est prévue, la destitution, pourra bien ne pas
être excercée. Mais s'il arrive qu'il y a d'autres recours aussi,
l'autre parti politique ou encore des citoyens auront le droit de recourir, le
droit de faire des actions contre un tel geste. Je pense que ce serait plus
complet.
C'est donc, à mon avis, une représentation que je fais au
comité là-dessus, qui va exactement dans le sens du principe
inscrit à l'article no 6. Mais, quant à moi, je crois que ce
serait plus large et meilleur si cela était prévu.
M. BERTRAND: M. Pepin, si vous le permettez, le principe établi
dans le premier paragraphe de l'article no 6, vous l'acceptez.
M. PEPIN: Oui.
M. BERTRAND: Mais vous voulez aller au-delà de ça.
M. PEPIN: C'est exact.
M. BERTRAND: Et vous donnez l'exemple d'un directeur, quel qu'il soit,
ou d'officiers, quels qu'ils soient, qui donneraient des directives qui,
d'après vous, pourraient être partisanes.
M. PEPIN: C'est exact, M. le ministre. C'est une hypothèse que je
formule.
M. BERTRAND: C'est une hypothèse, mais comment formuleriez-vous,
disons ce principe-là, dans le concret?
Est-ce que toute la structure d'une loi qui avait d'ailleurs
été passée pour la sûreté et que nous
reprenons ici dans ce bill, ne donne pas des garanties? D'abord, le directeur
général reste en fonction durant bonne conduite jusqu'à
l'âge de la retraite; il ne peut être destitué que par le
lieutenant-gouverneur en conseil sous l'ancienne loi, il y avait un
autre mécanisme . Sous la présente loi ce sera sur rapport
de la commission après enquête. Alors l'exemple que vous formulez,
ce serait d'un directeur qui, à la demande du procureur
général, quel qu'il soit, ou de son propre chef, donnerait des
directives dans le sens que vous l'Indiquez, qui irait en fait à
l'encontre de la loi.
M. PEPIN: C'est exactement ce que je fais comme hypothèse. Je
répète que je l'émets sous la forme d'hypothèse. Je
n'ai rien en tête du passé, mais, comme on fait une loi pour le
futur...
M. BERTRAND: J'espère non plus du présent.
M. PEPIN: Quand on parle aujourd'hui, si j'avais des cas aujourd'hui, je
vous le dirais M. Bertrand.
M. BERTRAND: Très bien.
M. PEPIN: Il reste que je cherche à avoir la meilleure protection
aussi pour les chefs de police, en faisant un tel énoncé. Je
pense que ça protégerait mieux la population, mais si vous me
demandez: Comment le rédigeriez-vous? Je vous dirai tout de suite : Je
n'ai pas de texte et je ne suis pas préparé à vous fournir
un texte.
M. BERTRAND: D'autre part, vous admettez vous-même que c'est un
cas très hypothétique...
M. PEPIN: Mais très important, vous savez, M. Bertrand.
M. BERTRAND: Votre hypothèse peut être importante, mais
l'hypothèse ne s'étant pas présentée, ne se
présentant pas, j'aimerais que vous clarifiez, que vous précisiez
encore davantage.
M. PEPIN: Vous savez, M. Bertrand, si on était pour raisonner en
disant: L'hypothèse ne s'est pas présentée, alors on ne le
fera pas. Il y a peut-être d'autres articles dans la loi.
M. BERTRAND: Non, c'est parce que votre hypothèse n'est pas
suffisamment précisée, quant à moi du moins.
M. PEPIN: Très bien, alors je vais essayer de la préciser,
d'une manière claire, j'espère, en tout cas. Prenez le cas d'un
policier qui est un directeur de la police ou un sous-directeur.
Il ne reçoit pas d'instructions de personne, mais au cours d'une
élection donnée il agit, disons, pour le parti au pouvoir, et
c'est manifeste qu'il agit pour le parti au pouvoir en donnant des instructions
à ses policiers: Allez à tel endroit! Ceux-ci sont sous peine de
destitution, ils peuvent être destitués. Le lendemain de
l'élection, le parti qu'il a bien servi est encore au pouvoir. La
tentation du parti qu'il a bien servi sera de le laisser lui aussi au pouvoir.
La seule peine que je vois évidemment il y a l'article 32, auquel
vous référez, l'autre mécanisme a l'article 6,
c'est la destitution. Est-ce que, dans un cas semblable, on peut imaginer que
c'est là une peine suffisante? C'est le problème que je
soulève.
M. BERTRAND: C'est là qu'est votre point, surtout.
M. PEPIN: Oui.
M. BERTRAND: Est-ce suffisant qu'il ne soit que destitué? Et vous
voudriez qu'à ce moment-là, une personne puisse utiliser ou
exercer des recours.
M. PEPIN: Des recours pénaux ou des recours...
M. BERTRAND: Des recours pénaux ou des recours en dommages. Vous
iriez jusque là contre cette personne-là.
M. PEPIN: Oui. Pour ce qui est des policiers, il me semble que c'est
suffisant, pour ceux qui n'ont pas de grades, qui n'ont pas d'instructions
à donner. Parce que la destitution pour eux, c'est quasiment la peine de
mort. Dans le fond, c'est leur emploi. Alors, il me semble que c'est suffisant
Mais, pour ce qui est des autres, je vous soumets respectueusement qu'il me
semble qu'il y a un trou quelque part qui pourrait être bouché.
Alors, sur...
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: M. Pepin, est-ce que je pourrais vous poser une question?
D'après l'article 6 auquel vous venez de référer, il
semble, je crois bien interpréter l'article. Si je me trompe je
demanderais au ministre de la Justice de me corriger. Il me semble qu'un
policier municipal, par exemple, ne pourrait, même s'il en profite pour
prendre ses vacances annuelles, s'occuper, de près ou de loin, des
élections provinciales. Je me demande si ce n'est pas limiter un peu
fort,
M. PEPIN: M. le chef de l'Opposition, je n'ai pas touché cette
deuxième partie de l'article 6 parce que je crois qu'il y a des
représentations qui s'en viennent de la part d'autres personnes.
M. LESAGE: Vous êtes mieux renseigné que moi, M. Pepin.
M. PEPIN: Uniquement sur ce point, M. Le-sage!
M. CHOQUETTE: M. Pepin, tout de même vous allez admettre que
ça pose des difficultés d'apprécier un ordre, une
activité ou une décision, quant à savoir si c'est
teinté de partisa-nerie politique ou non.
Vous admettez que la difficulté, que l'appréciation d'un
geste peut, aux yeux de certains, être considérée comme
politique et aux yeux d'autres, n'être considérée que comme
l'exécution d'un...
M. PEPIN: Je suis bien d'accord.
M. CHOQUETTE: Avez-vous une solution à proposer?
M. PEPIN: Je n'ai pas de solution pour le deuxième point que je
soulève. Je me suis dit: Puisque le projet de loi ne définit pas
« activité partisane » pour les policiers, à la base,
je ne peux pas le demander plus lorsqu'il s'agit de l'autre catégorie de
policiers.
Maintenant, est-ce qu'il est possible de définir «
activité partisane »? Ce n'est pas d'une grande
simplicité.
M. BERTRAND: Cela a toutefois été défini par la
Commission de la fonction publique.
M. PEPIN: Oui.
M. BERTRAND: Maintenant...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BERTRAND: ... j'avoue qu'il y a plusieurs définitions de ces
activités partisanes. C'est certainement un problème où
les interprétations ont été variées. C'est un peu
comme au sujet de certains principes de droit civil. Il y a parfois des
jugements contradictoires.
M. PEPIN: De toute façon, M. le Président et messieurs les
membres, c'est le premier point que je voulais débattre au niveau des
principes. Le deuxième point, ce sont les articles 75 et 76. Je pense
que vous auriez été surpris si nous n'avions rien eu à
dire sur ces articles importants.
Je serai bref...
M. BERTRAND: Avec votre permission M. Pepin, pour répondre
à la demande du chef de l'Opposition, en effet les dispositions de
l'alinéa s'appliquent aux policiers municipaux, excepté qu'il y a
à la fin une réserve dans l'article 6: « Il peut toutefois
se porter candidat ou se livrer le policier municipal à
une activité partisane lors d'une élection municipale ou scolaire
hors des limites de tout district judiciaire dont fait partie la
municipalité qui l'emploie. »
M. LESAGE: C'est pour ça que j'avais choisi l'exemple d'une
élection provinciale...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: ... parce que j'étais conscient que le policier
pouvait s'occuper d'élection municipale. Que le chef Tobin avait le
droit, par exemple, de participer aux élections municipales de la ville
de Québec. Cela, c'est clair, c'est...
M. BERTRAND: « Hors des limites de tout district judiciaire dont
fait partie la municipalité qui l'emploie ». District
judiciaire.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Je ne pense pas que le chef Tobin veuille se livrer
à des activités politiques nulle part.
M. TOBIN: On demande...
M. LESAGE: Nous nous sommes fait des clins d'oeil quand j'ai dit
cela.
M. BERTRAND: Oui, mais votre clin d'oeil n'est pas
enregistré.
M. PEPIN: Cela vient de l'être.
M. BERTRAND: Alors je protège le chef de l'Opposition.
M. PEPIN: Le deuxième point, M. le Président, les articles
75 et 76. Les membres du comité réaliseront comme nous que ce
sont là des articles importants, parce qu'ils donnent une nouvelle
dimension à ce qui peut être prévu dans la province de
Québec.
Il s'agit de pouvoirs extraordinaires. Plusieurs journalistes d'ailleurs
ont attiré l'attention du gouvernement sur le fait qu'on prévoit
non seulement la sécurité publique mais aussi la santé
sans trop savoir exactement où cela peut aller.
Sur ce premier point, moi, je pense que l'article 75 ne devrait pas
exister dans ce projet de loi, et évidemment, sa conséquence
c'est que 76 disparaisse aussi.
Maintenant, sur ces deux articles, si le comité en vient à
la conclusion que ces choses doivent être prévues dans une loi de
la police, comme il s'agit de l'exercice d'un droit démocratique,
à un certain moment, il nous semble qu'en compromis au moins, cela ne
devrait pas être le lieutenant-gouverneur en conseil qui puisse avoir ce
pouvoir. Cela intéresse l'ensemble de la nation, et cela pourrait
être directement le Parlement. A ce moment-là, les gens qui sont
au parlement voteront pour, voteront contre, mais cela dépasse, à
mon avis, le cadre d'une décision administrative. Cela va plus loin que
ce que normalement, à mon avis, un lieutenant-gouverneur en conseil au
cabinet des ministres doit avoir comme pouvoir. Voilà pourquoi,
personnellement, je vous suggère que si 75 et 76 doivent exister, au
lieu que ce soit le lieutenant-gouverneur en conseil qui détien-
ne ce pouvoir, que ce soit le Parlement lui-même qui puisse le
faire. Maintenant, sans doute pourra-t-on me répondre; Le Parlement a
toujours le droit de faire cela, même si ce n'est pas inscrit dans la
loi. Je pense que c'est vrai. Mais, si vous tenez à avoir une
disposition dans une loi, vous pourriez dire qu'à l'occasion, suivant
des cas d'urgence, c'est le Parlement qui a ce pouvoir.
M. BERTRAND: M. Pepin, si vous me permettez, je ne veux pas vous
interrompre trop souvent, nous nous sommes...
M. PEPIN: Oui, très bien!
M. BERTRAND: ... basés sur le principe qui avait
été accepté l'an dernier à l'occasion de la
discussion du bill 50, lors de l'Expo.
M. PEPIN: C'est ça! .
M. BERTRAND: C'est un cas...
M. PEPIN: Un cas d'espèce.
M. BERTRAND: Maintenant, deuxièmement...
M. WAGNER: C'est une loi d'exception.
M. BERTRAND: ... ce pouvoir-là, c'est un pouvoir exceptionnel
également. C'est un pouvoir exceptionnel qui ne peut s'exercer, on le
voit clairement, que dans les cas d'urgence puisque c'est intitulé
« Pouvoirs d'urgence ». Alors, nous avions le bill 50, et il y a de
plus, également, dans la Loi de police de l'Ontario, des clauses
où pareils pouvoirs d'urgence peuvent être exercés. Alors,
je vous donne, tout simplement quelques précisions, le pourquoi et le
comment.
M. PEPIN: Bien, sur ce que vous me dites, pourquoi, j'étais
déjà un peu au courant...
M. BERTRAND: Oui.
M. PEPIN: ... qu'il y avait un bill exceptionnel qui avait
été passé pour la durée de l'Expo...
M. BERTRAND: L'an dernier.
M. PEPIN: Cependant, quand on fait des choses exceptionnelles, il
faudrait les maintenir exceptionnelles et ne pas trop...
M. BERTRAND: Mais, on les maintient exceptionnelles parce que ce sont
des pouvoirs d'urgence.
M. PEPIN: Oui, mais c'est qu'à ce moment-ci le caractère
temporaire d'un bill devient permanent.
M. BERTRAND: C'est le jugement du lieutenant-gouverneur en
conseil...
M. LESAGE: C'est comme, M. Pepin, dans le cas de la Loi des mesures de
guerre. Une Loi des mesures de guerre prévoyant l'urgence avait
été adoptée au cours de la guerre 1914-1917 et
était restée en vigueur.
M. LUSSIER: On recommence!
M. LESAGE: Mais, après la deuxième guerre mondiale, devant
la pression de l'opinion publique, elle a été abrogée. Or,
entre les deux guerres, elle ne l'avait pas été, laissant au
gouverneur général en conseil le soin de déterminer
l'urgence. Mais cela a été abrogé après la
deuxième guerre mondiale, et il appartient au Parlement, maintenant, de
décréter l'urgence.
M. BERTRAND; Maintenant, je voudrais relever une remarque que j'ai
entendue du député d'Outremont. Il a dit: A ce moment-là,
c'est l'exercice d'un jugement partisan.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas dit ça, monsieur.
M. HARVEY: Il n'a pas dit cela.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas dit cela. Cela peut l'être, voilà
ce que j'ai dit. Et j'abonde dans le sens des observations de M. Pepin.
M. BERTRAND: Cela peut l'être. Alors, disons donc qu'il y a
toujours moyen de prêter de la mauvaise foi, mais d'habitude la bonne foi
se présume...
M. CHOQUETTE: C'est vous qui la prêtez, M. le ministre.
M. HARVEY: Ce qui peut nous arriver à nous peut vous arriver
à vous.
M. BERTRAND: Alors, au sujet de ce pouvoir, il n'y a aucun doute qu'on
verra, à la lecture des articles, qu'il s'agit d'abord d'un pouvoir
d'urgence et que c'est lorsque la santé ou la sécurité
publiques sont en danger.
M. PEPIN: Oui, j'espère, M. le Président...
M. BERTRAND: Alors, M. Pepin, je regrette de vous avoir interrompu. Je
m'excuse, continuez vos remarques.
M. PEPIN: Oui, mais que l'on ne me fasse pas prêter des
intentions. Je n'ai pas prêté des intentions au
lieutenant-gouverneur en conseil. Je soulève tout simplement le point
que, à mon avis, un pouvoir comme celui-là devrait normalement,
dans une démocratie, être exercé par le Parlement. C'est
tout ce que je dis et je ne vais pas plus loin.
Maintenant, je ne parlerai pas longtemps sur le pouvoir des
municipalités. Elles sont bien représentées ici par le
notaire Lafontaine, mon ami. Cependant il y a là-dedans, pour
l'autonomie des municipalités, des choses qui peuvent être assez
sérieuses. Si les membres du comité me permettent, deux ou trois
minutes, ce sera assez bref pour ce côté-là. Et vous savez,
quand vous avez des conflits de travail parce que cela peut mettre en
cause des conflits de travail il y a dans des municipalités des
rapports qui s'établissent entre les grévistes et le conseil de
ville. La loi actuelle, si je comprends bien, là si je fais
erreur vous me le direz, mon argumentation viendra de tomber, c'est tout
mais si je comprends bien, pour que la Sûreté du Québec ou
la Sûreté provinciale aille sur les lieux, en règle
générale, ça prend un accord du conseil de ville ou une
demande, soit du maire ou du conseil de ville. Ceci protège l'autonomie
du conseil de ville, mais aussi ça peut maintenir des relations
ordonnées dans une ville où il y aurait des conflits de travail
qui pourraient être plus ou moins importants. Avec la directive ou la
loi, telle qu'elle est devant nous, c'est encore possible que, par voie de
réglementation, le lieutenant-gouverneur en conseil dise : Je vais
attendre d'avoir l'avis. Cependant, ce n'est pas obligatoire. Je ne fais pas un
point majeur de ce que je dis, mais je pense que, dans notre communauté,
plus le pouvoir s'éloigne de ceux qu'il a à administrer, moins il
est au courant des faits précis qui se déroulent. Il pourrait
être tentant pour le lieutenant-gouverneur en conseil de dire: Je n'ai
pas besoin de l'avis, je ne le prends pas.
J'ai eu des demandes de tant d'employeurs qui sont aux prises avec un
conflit, même s'il n'y a pas énormément de troubles, alors,
on envoie immédiatement un autre corps de police.
Je soulève ce point qui est important pour nous et pas important,
dans le sens, comme peut-être certains esprits mesquins pourraient
l'interpréter en disant: Ah, ils veulent protéger leurs groupes!
Non, je pense, au nom de l'ordre que, nous aussi, nous pouvons dire ces choses
et les dire d'une manière claire pour qu'il n'y ait pas non plus
d'intentions qui nous soient prêtées.
L'article 76, s'il était maintenu, M. le Président, il y a
là-dedans, à mon sens, quelque chose qui va contre le droit de
l'homme; parce qu'il y a de la conscription qui est prévue. Le membre
d'un corps de police ne pourrait pas démissionner avec cet
article-là. Cela, c'est une forme de conscription. Cela, c'est une forme
de travail forcé et vous savez, comme moi, que les législations
du travail, adoptées par le Bureau international du travail des diverses
conférences, toutes ces législations, toutes ces recommandations,
toutes les résolutions, l'ont été contre le travail
forcé.
Je pense que c'est un article qui pose un principe suivant le bill
numéro 1, d'ailleurs, du code de la CTM, qui à mon avis est
très grave. Voilà les quelques petits points que je voulais
soulever. Je vous remercie de m'avoir entendu.
M. WAGNER: M. Tobin, avant de terminer, sur l'article 75, les pouvoirs
d'urgence. Je pense que vous avez souligné, avec raison, le danger que
cet article comprend. Le ministre de la Justice vous a répondu en vous
disant que c'est également prévu dans la loi de l'Ontario. Or,
dans la loi de l'Ontario, on a défini l'urgence, et je me demande si ce
n'est pas ça que vous voulez avoir aujourd'hui, que l'on
définisse bien, ce que c'est une situation d'urgence. La loi de
l'Ontario mentionne « emergency » et je lis le texte anglais
« means a real or apprehended war, invasion or insurrection
proclaimed to exist under the War Measures Act, or a natural emergency ».
On est loin de la santé ou de la sécurité publique en
danger, on est loin d'une définition aussi vague que ça.
M. LABERGE: C'est vague.
M. WAGNER: Est-ce que je vous comprends bien? Vous voulez que dans la
loi, on spécifie de façon claire en quelles occasions et dans
quelles circonstances le lieutenant-gouverneur en conseil pourrait faire
ça. Mais, évidemment, l'idéal serait que le gouvernement
le décide par une loi d'exception comme il l'a fait pour l'Expo.
M. PEPIN: Mon premier point, cher ami, ça n'existe pas. Si
ça devait exister...
M. WAGNER: Oui.
M. PEPIN: ... il faudrait que ce soit le gouvernement et j'aimerais
mieux que ça soit vraiment défini. Quels sont et dans quelles
conditions ces pouvoirs peuvent être exercés?
M. WAGNER: Maintenant, pour continuer vos remarques, M. Pepin, pour
profiter de votre présence, est-ce que vous vous êtes
arrêté à la Commission de police, aux pouvoirs de la
Commission de police et aux droits réservés ou non
réservés aux citoyens devant la Commission de police?
M. PEPIN: Vous savez, là-dessus, M. Laber-ge, notre
collègue aura des représentations à faire, et je vous dis
à l'avance que je partage les représentations qu'il aura à
faire. Nous nous sommes un peu divisé le travail. Moi, j'ai
touché ces points-là. M. Laberge va toucher aussi le
problème des constables spéciaux et certains pouvoirs de la
Commission de police. Il va toucher la question de la démocratisation et
de l'administration de la justice. Je pense que ces trois points-là
seront couverts par M. Laberge.
M. WAGNER: Très bien.
M. BERTRAND: M. Pepin, le deuxième point que vous aviez
soulevé, vous vouliez que les municipalités donnent leur avis
pour que, disons, à un moment donné, leur corps de police
municipal tombe sous le contrôle ou du directeur ou de la personne
désignée par le lieutenant-gouverneur. C'est ça?
M. PEPIN: Oui. Alors, merci beaucoup messieurs et bonne chance à
ceux qui ont des intérêts là-dedans.
M. LE PRESIDENT: Alors, je crois que nous revenons à M. Tobin qui
voulait exprimer les principes généraux sur le bill.
M. TOBIN: M. le Président, nous avons quelques articles du bill
sur lesquels nous aimerions faire certaines revendications. L'article 1.
M. LE PRESIDENT: Vous commencez par l'article 1...
M. TOBIN: II y a autre chose après. On ne prend pas tous les
articles un après l'autre. On prend un, on s'en va à deux,
après ça à six.
M. LE PRESIDENT: Ah! Ce sont des remarques générales sur
le bill.
M. TOBIN: Ce sont des remarques générales sur le bill, pas
article par article.
M. LE PRESIDENT: Parce que M. Pepin a commencé par six, alors
ça paraissait...
M. TOBIN: Commençons par un. M. LE PRESIDENT: Très
bien.
M. TOBIN: Le paragraphe g) devrait être remplacé par le
suivant: sûreté municipale: Une Sûreté municipale
établie par une municipalité. C'est parce que l'on parle de corps
de police à différents endroits dans le bill.
Nous suggérons que les mots « sûreté
municipale » soient employés dans toute la province pour
définir les noms des corps de police. Et au lieu de parler de chefs de
police ou de directeurs de police, nous aimerions que le mot « directeur
» soit employé dans toute la province aussi, pour désigner
soit le chef ou le directeur. Prendre un nom. Il y a des endroits où
c'est le chef, d'autres endroits où c'est le directeur. Avec l'article
196 des statuts refondus, on dit que dans une ville de 50,000 âmes et
plus, le chef devient directeur. Or, il y a des villes de 5,000 de population
où les chefs sont directeurs parce qu'ils se sont prévalus de la
loi.
Alors, nous aimerions généraliser la chose dans toute la
province, et que le mot « directeur » soit employé car nous
croyons qu'il est plus français.
L'article no 2. Cet article, qui prévoit que les membres de la
Sûreté du Québec et les membres des sûretés
municipales sont constables et agents de la paix dans tout le territoire du
Québec, pose le problème suivant. Quelle autorité doit
assumer la responsabilité d'indemniser le constable d'une
municipalité si ce dernier, agissant non pas pour le compte de la
municipalité qui l'emploie mais comme agent de la paix dans le
territoire d'une autre municipalité, est blessé au cours de
l'exécution de ses fonctions, relativement à un crime qui a
été commis?
Il convient ici de se rappeler que le code criminel du Canada impose
à un agent de la paix certaines obligations dont nous en signalons une
à titre d'exemple: L'article 70: « L'agent de la paix, qui est
averti de l'existence d'une émeute de son ressort et qui, sans excuse
valable, ne prend pas toutes les mesures raisonnables pour réprimer
l'émeute, est coupable d'un acte criminel et passible d'un
emprisonnement de deux ans ». En vertu de cet article, l'agent de la paix
a l'obligation de réprimer l'émeute et à son défaut
d'y satisfaire, il est coupable d'un acte cri-
minel. Vu que le membre d'une sûreté municipale sera
désormais agent de la paix, dans tout le territoire du Québec, il
aura alors non pas seulement l'autorité nécessaire pour agir,
mais en plus, l'obligation. Il semblerait que dans un tel cas, cet agent de la
paix, blessé dans l'exécution de ses fonctions comme tel, et
relativement à un crime perpétré à
l'extérieur des limites du territoire de la municipalité qui
l'emploie, comme membre de la sûreté municipale concernée,
aurait un recours contre la couronne.
Aurait-il également un recours contre la corporation municipale
de l'endroit où le crime a été commis? Vue que la Loi de
police ne contient aucune disposition expresse à cet égard, nous
croyons qu'elle devrait être modifiée, de façon qu'il soit
prévu que la responsabilité d'indemniser le membre d'une
sûreté municipale, qui est blessé au cours de
l'exécution de ses fonctions comme agent de la paix, et relativement
à une affaire qui n'est pas du ressort de la sûreté
municipale qui l'emploie, incombe, soit à la Couronne, soit à la
corporation municipale dans le territoire de laquelle le crime a
été commis, soit aux deux à la fois.
M. BERTRAND: M. Tobin, si vous me permettez, avez-vous terminé
sur le point précis des agents de la paix et de la juridiction.
M. TOBIN: Oui.
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, vous savez que par le code criminel,
l'article 2, alinéa 3, paragraphe 3, tous les officiers de police sont
agents de la paix. Il y a là, ni plus ni moins, la description des
agents de la paix. Qui sont-ils? Alors, un officier de police est un agent de
la paix, comme le sont les autres personnes qui sont indiquées dans
l'article 2 du code criminel.
Il y a de la jurisprudence à l'effet que, lorsqu'un officier de
police municipale agit comme agent de la paix, à ce moment-là, il
devient représentant de la puissance et de l'autorité. Et il y a
des jugements. Supposons que dans l'exercice de ses fonctions, il cause des
dommages à des tiers, c'est le procureur général qui est
responsable.
D'autre part, supposons que l'agent de la paix comme tel, dans
l'exercice de ses devoirs, est blessé au moment où il applique le
code criminel, à ce moment-là, selon les informations que j'ai
obtenues de la Commission des accidents de travail, il pourrait être
protégé par sa municipalité. Cependant, à la
lumière des cas qui ont été déjà soumis, le
juge Marineau fait remar- quer que le problème ne s'est pas souvent
présenté et, à l'heure actuelle, en l'absence de
jurisprudence ou de textes législatifs précis, il note avec
raison que la solution est un peu douteuse.
Mais il y a eu des jugements de rendus. Lorsqu'un tel agent de la paix
cause des dommages à une tierce personne dans l'exercice de ses
fonctions, comme agent de la paix au sens du code criminel, à ce
moment-là, c'est le procureur général qui peut être
responsable des dommages.
Quant aux dommages qu'il peut subir, il y a des exemples où les
municipalités ont bénéficié, plutôt où
la personne elle-même a bénéficié de la loi de la
Commission des accidents de travail. Mais je dois vous avouer que tous les
renseignements que j'ai pu obtenir jusqu'à présent de la
Commission des accidents de travail ne me donnent pas satisfaction. C'est quand
même heureux qu'à l'occasion de la présentation de cette
Loi de police, le problème se pose et que vos représentations
comme les doutes qui sont nés dans notre esprit nous amènent
à examiner de plus près ce problème de la
responsabilité ou des corps municipaux ou du procureur
général en pareil cas.
M. TOBIN; Nous croyons que si ce n'est pas clair, ce n'est pas plus
clair pour nous, parce que nous avons eu des expériences dans certaines
municipalités où un chef, entre autres, a été
appelé à travailler en dehors de la municipalité. Il s'est
blessé et la ville lui a dit: Bien, vous étiez en-dehors de chez
nous. On n'a plus d'affaire à cela.
M. BERTRAND: Si vous me le permettez, vous avez eu un exemple à
Acton Vale...
M. TOBIN: Cela, c'en est un.
M. BERTRAND: Je regrette de rappeler, pour la famille elle-même,
des souvenirs comme ceux-là, mais, concernant le chef de police à
Acton Vale, l'on m'a informé ce matin qu'il y avait eu indemnité
par la Commission des accidents du travail, indemnité payée
à la veuve.
Il s'agissait d'un cas où le directeur était dans
l'exercice de ses fonctions comme agent de la paix, parce qu'il était
à la poursuite de criminels. Alors c'était l'application du code
criminel, agent de la paix, au sens du code criminel. La Commission des
accidents de travail a indemnisé la dame, la veuve.
M. TOBIN: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de clarifier justement
l'article 2 et y mettre quel-
que chose, dans la loi, pour clarifier cette situation-là, pour
ne pas laisser cela dans le vague et s'en aller. A un moment donné, il y
aura des discussions et on ne sera pas certain, ce n'est pas très clair.
Est-ce qu'il n'y aurait pas quelque chose à insérer dans la
loi?
M. WAGNER: Avez-vous préparé un petit texte, M. Tobin,
pour cette affaire-là, par hasard?
M. TOBIN: Ce n'est pasàunchef de police...
M. BERTRAND: A tout événement, M. Tobin, vous avez
attiré notre attention sur le problème et je tiens à vous
dire qu'avec la Commission des accidents de travail j'ai demandé
à nos officiers, premièrement, d'obtenir tous les renseignements,
et deuxièmement, s'il y a lieu, d'apporter des précisions au
texte, de manière à solutionner le problème. Nous le
ferons, s'il est nécessaire de le faire.
M. TOBIN: Parfait monsieur, merci.
M. LABERGE: M. le Président, si vous me le permettez.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LABERGE: Evidemment les indemnités prévues par la
Commission des accidents de travail ne sont pas bien généreuses
pour un policier qui va aller se faire tuer dans l'exercice de ses fonctions,
surtout dans une autre municipalité. Il n'y a rien dans le bill qui
prévoit que les conventions collectives signées entre des
fraternités de policiers et des municipalités vont quand
même demeurer en force. Il y a des conventions collectives qui
prévoient des indemnités pas mal plus généreuses
que ce que vous avez dans la Loi des accidents de travail.
Je pense qu'à ce moment-là il devrait y avoir une
référence à ces conventions collectives pour que ces
policiers au moins ne perdent pas la convention collective qu'ils ont eu le
bonheur, eux, de se négocier et qui prévoit déjà
quelque chose de plus généreux que la Loi des accidents de
travail.
M. BERTRAND: Vous suggérez alors, M. Laberge, d'améliorer
la Loi des accidents de travail.
M. LABERGE: Bien sûr qu'on veut améliorer la Loi des
accidents de travail. On vous a présenté...
M. BERTRAND: Au Conseil supérieur du travail, vous en discutez,
vous êtes près du ministre, vous pourrez le lui dire.
M. LABERGE: Si vous permettez de soulever ce point-là, il est
important. Il n'y a aucune référence, dans le bill, à la
protection accordée à des policiers par des conventions
collectives. Cela me laisse un peu perplexe. Je pense bien que vous n'avez pas
l'intention d'enlever aux policiers ce qu'ils ont obtenu lors des conventions
collectives. Mais lorsqu'on parle de destitution de policiers, de tout le
reste, il y a des conventions collectives qui prévoient
déjà ces choses-là.
Il me semble qu'il devrait y avoir une référence
générale dans le bill...
M. BERTRAND: Il a été clairement indiqué, lors des
rencontres que j'ai eues avec les groupements qui sont
représentés ici par l'Association des policiers provinciaux et la
Fédération des policiers municipaux, que le bill ne touchait pas
au régime syndical et, bien entendu, aux avantages qui sont
accordés ou reconnus par telle convention aux policiers.
Et c'est ainsi que M. Picard, M. Gendron, entre autres, ceux qui
représentaient deux groupements de policiers, l'un municipal et l'autre
provincial, l'ont compris.
M. LABERGE: Mais M. Bertrand...
M. BERTRAND: Alors ce n'est pas notre but, ni directement, ni
indirectement, de porter atteinte aux droits reconnus au régime syndical
dont bénéficient les policiers municipaux ou provinciaux.
M. LABERGE: Mais, M. le ministre, actuellement, nous avons un bon
gouvernement et une bonne Opposition. Bon, mais cela ne veut pas dire que vous
serez toujours là, les deux.
M. CHOQUETTE: Ah, non! il faudrait changer ça.
M. BERTRAND: C'est ce que nous avons fait. La bonne Opposition est
devenue le bon gouvernement.
M. LABERGE: De toute façon, il pourrait y avoir d'autres
régimes politiques, et à moins que cela soit
spécifié dans la loi, les bonnes intentions, à ce
moment-là, comptent moins. Je pense que cela devrait être
spécifié dans la loi.
M. BERTRAND: A tout événement, on en prend note.
M. LABERGE: Si vous permettez, M. le Président, vu que vous
m'avez suggéré d'aller au Conseil supérieur du travail,
j'aimerais bien faire une couple d'observations avant d'y aller justement.
Parce que vous savez que le conseil siège ce matin?
Nous, à la Fédération des travailleurs du Québec,
nous sommes bien heureux de voir cette Loi de police. Je pense que
c'était dû depuis un bon bout de temps. Dans l'ensemble de la loi,
globalement, je pense que c'est quelque chose...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse auprès des autres présidents,
mais nous ferons une exception pour vous comme on l'a fait pour M. Pepin...
M. LABERGE: Vous êtes bien aimable.
M. LE PRESIDENT: ... à cause de vos fonctions au Conseil
supérieur du travail.
M. LABERGE: Vous êtes bien aimable. D'ailleurs M. Tobin me faisait
signe que je pouvais y aller.
M. LE PRESIDENT: Vos collègues les présidents semblent
acquiescer...
M. LABERGE: Garanti. Je ne voudrais pas revenir sur les points qu'a
soulevés mon collègue Marcel, mais c'est bien sûr
qu'à l'article 6 nous croyons qu'un policier devait être un
citoyen comme tous les autres citoyens, et devrait avoir des droits au moins
égaux. Le policier a déjà assez à souffrir de son
poste vis-à-vis d'une partie de la population qu'il devrait au moins
avoir des droits égaux comme citoyen.
Quant à l'article 75, là aussi, je suis parfaitement
d'accord avec les observations qu'a faites Marcel. Je pense que d'abord les
situations d'urgence...
M. BERTRAND: M. Pepin n'a pas dit qu'il était à
moins que j'aie mal compris contre le premier paragraphe de l'article
6.
M. LABERGE: Eh bien, s'il ne l'a pas dit, il a dû l'oublier.
M. BERTRAND: Je lui ai posé la question bien précise
à savoir s'il était favorable au principe qui était
édicté dans l'article 6, et il a dit oui.
M. LABERGE: C'est parce que, quand on a décidé de venir
faire des représentations où, par pure coïncidence, on
s'adonnait sur certains points, lors de la répétition, il
était censé le dire. De toute façon, moi, je figure qu'un
constable devrait avoir le droit de participer directement à la vie
politique de sa province. Evidemment, à ce moment-là, il devrait
avoir un congé sans solde. Il ne devrait pas le faire dans l'exercice de
ses fonctions, c'est bien sûr. Mais il devrait avoir le droit de
participer avec congé sans solde.
Quant à l'article 75, les pouvoirs d'urgence, cela a
été très bien discuté tantôt. Moi aussi, je
suis parfaitement d'accord que c'est le Parlement qui devrait avoir ce
pouvoir-là et que les situations d'urgence devraient être un peu
plus définies. Actuellement, la santé publique et l'ordre public,
c'est très vague. Ce n'est pas une police, cela devient l'armée
du Québec, un peu en quelque sorte, quand vous réquisitionnez
tous les corps de police; cela, je pense que c'est extrêmement
sérieux.
Si vous me permettez, je voudrais vous dire quelques mots sur les
constables spéciaux. Je pense que c'est un point extrêmement
délicat et extrêmement important. On a vu plusieurs
municipalités au Québec qui désignaient des constables
spéciaux durant les élections et même qui ordonnaient
à leur corps de police régulier de regarder ailleurs pendant que
les constables spéciaux volaient les élections. On a vu cela
à la ville de Jacques-Cartier, on a vu cela ailleurs, bon. Je ne
voudrais pas vous nommer de villes, mais cela s'est vu.
M. BERTRAND: Vous ne voulez pas en nommer plusieurs, vous n'en nommez
qu'une...
M. LABERGE: II est évident aussi que la nomination de constables
spéciaux pour des journées d'élection, c'est utile aussi
et parfois nécessaire. A la ville de Montréal, lors des
dernières élections municipales, je pense que tous les pompiers
avaient été nommés constables spéciaux. Mais pour
être sûr qu'il n'y a pas d'abus justement, moi, je figure que ce
devrait être une des responsabilités de cette commission de police
et que ce ne devrait pas être en vertu d'une résolution
adoptée par un conseil municipal, que tout de suite, automatiquement, on
ait le droit de nommer des constables spéciaux. Je pense que la
commission devrait avoir des pouvoirs, devrait regarder chaque demande avant
d'accorder un permis de nommer des constables spéciaux. Je pense que
c'est extrêmement important. D'ailleurs, on avait eu l'occasion d'en
discuter lors de certaines élections et on sait fort bien que des choses
semblables se sont passées. Vu qu'on a une Loi de police, on devrait
prendre soin que
cela ne survienne encore dans d'autres élections municipales.
La commission, par elle-même, à notre sens, pourrait
être plus représentative. Elle devrait avoir des pouvoirs plus
étendus qu'elle n'en a. D'ailleurs je pense que la
Fédération des policiers va vous faire des représentations
là-dessus. Je tiens à vous dire tout de suite que nous sommes
entièrement d'accord avec les représentations que vous fera la
fédération des policiers tantôt, non seulement sur la
formation et la composition de la commission mais sur tout le reste du bill.
Nous sommes entièrement d'accord. Mais la commission, à notre
sens, devrait être plus représentative. Il devrait y avoir plus de
gens qui siègent là-dessus. Les policiers devraient être
représentés, c'est évident. Mais, le public devrait aussi
être représenté.
Nous croyons que, pour une fois qu'on a une Loi de police à
l'étude, c'est l'occasion toute rêvée pour donner à
la population une plus grande protection. Cette commission a un rôle de
surveillance en quelque sorte. Enfin, à nos yeux, elle devrait avoir un
rôle de surveillance pour s'assurer que l'appareil policier fonctionne
très bien. Ce n'est pas seulement un rôle de coordination
déjà, c'est bon pas seulement un rôle
d'établir des normes pour les corps de police ça aussi,
c'est excellent mais aussi un rôle de surveillance, un rôle
de recommandation même, dans bien des cas, peut-être pour amender
la loi. Nous voyons cette commission-là avec une juridiction beaucoup
plus grande que le bill actuel ne le prévoit.
Encore une fois, je ne veux pas revenir sur ce que Marcel Pepin a dit
tantôt. Nous sommes entièrement d'accord. Mais il nous semble
à nous là, que dans ce bill de la police ces choses-là
devraient être considérées. Je pense que c'est dans
l'intérêt des policiers, bien sûr, mais c'est aussi dans
l'intérêt de toute la population.
Encore une fois, on a une Loi de police qui est étudiée.
Cela enlèverait peut-être des soupçons qui ne devraient
peut-être pas exister, mais ça rassurerait, je pense, toute la
population de dire qu'on essaie de faire quelque chose, de coordonner le
travail des policiers dans la province, et Dieu sait que c'est devenu
nécessaire. En même temps, on assure la population que c'est
quelque chose de bien et non pas quelque chose d'à peu près bien
qu'on veut faire.
Je vous remercie, M. le Président.
M. BERTRAND: M. Laberge, avant que vous ne partiez...
M. LABERGE: Oui.
M. BERTRAND: ... à l'article 16, paragraphe b), vous avez
parlé d'exercer un rôle de surveillance. Vous avez les mots
suivants: « Conseiller la sûreté, les corps de police
municipaux et les municipalités en matière policière et,
à ces fins, les visiter ou les faire visiter par ses fonctionnaires et
employés ». C'est exactement le principe qui était
appliqué dans la Loi de police de l'Ontario. Il me semble que cela a
donné pleine et entière satisfaction à toutes les
parties.
M. LABERGE s Vous croyez que c'est suffisant de simplement...
M. BERTRAND: Nous croyons, du moins au départ, que ce pouvoir est
suffisamment large pour permettre autant aux municipalités qu'à
la commission qu'une surveillance adéquate soit exercée et que
des conseils adéquats soient donnés aux policiers comme aux
municipalités.
M. LABERGE: Mais vous avez déterminé quand même un
peu plus loin... Là vous avez des pouvoirs où la commission peut
déterminer le niveau de scolarité, prescrire les programmes de
formation et tout le reste. Je pense que, dans l'article 16...
M. BERTRAND: Oui.
M. LABERGE: Enfin, je vous soumets pour votre étude que
conseiller, ce n'est peut-être pas assez fort. On sait fort bien qu'il y
a des corps de police dans des petites municipalités où il y
aurait besoin qu'on mette un peu d'ordre. Ce serait certainement aussi dans
l'intérêt des policiers qui ne savent pas trop trop à quoi
s'attendre et qui sont renvoyés du jour au lendemain, tout simplement
parce qu'ils ont refusé d'aller faire les commissions du maire ou des
conseillers. Ce sont des choses qui se produisent.
M. BERTRAND: Il y a également l'article 19 concernant les
pouvoirs d'enquête.
M. LABERGE: Oui, les pouvoirs d'enquête. Mais la commission,
à ce moment-là, donne les résultats de ses enquêtes
au procureur général.
M. BERTRAND: Vous savez, toutes ces personnes-là, de plus en plus
de nos jours on le constate chaque jour sont devant l'opinion
publique, la pression de l'opinion publique. Il y a des médias
d'information aujourd'hui: la radio, la télévision, la presse.
Rares sont les person-
nés qui peuvent temporiser et puis, devant l'opinion publique, ne
pas poser les gestes qui s'imposent dans telles ou telles situations, quels que
soient les gouvernements.
Alors, il y a, aujourd'hui, toute ces forces-là qui sont
présentes, qui sont actives, qui sont dynamiques, quand nous adoptons
des lois. Vous dites que ce n'est pas suffisamment fort, peut-être, un
article qui dit « conseiller », puis faire des visites, tout cela,
et, deuxièmement, les pouvoirs d'enquête... Il faut toujours
utiliser un mécanisme à l'effet que si, au bout d'un an, deux ou
trois, on s'aperçoit... Les lois ne sont jamais parfaites, M. Laberge,
vous le savez, le Parlement se réunit chaque année, nous
apportons des amendements. Nous avons cru qu'au départ ces
pouvoirs-là étaient suffisants. Et d'ailleurs, tous les corps de
police avec qui nous avions discuté les principes et de certaines
modalités ont accepté ce point de vue-là. Nous en avons
discuté assez longuement, en novembre dernier, à l'occasion des
rencontres que nous avons eues.
M. LABERGE: Comme je vous le disais, je soumets ce point-là pour
votre étude. Moi, je pense que ça devrait peut-être aller
plus loin que le présent article 16. Mais enfin, on n'en fera pas un cas
fédéral.
M. BERTRAND: Pas un « casus belli ». M. LABERGE: Merci.
M. WAGNER: Excusez-moi. Vous avez soulevé une question qui me
semble extrêmement importante, la question des conventions collectives et
la question de la protection des policiers par la Commission des accidents du
travail ou autrement. Le ministre vous a dit que ce n'était pas inclus
dans la présente loi. D'autre part, c'est inclus de façon
spécifique dans la loi de l'Ontario. La Loi de police de l'Ontario a
plusieurs chapitres touchant ce domaine-là. Est-ce que je vous comprends
bien? Suggérez-vous au gouvernement d'insérer dans la
présente loi des chapitres pour couvrir cet aspect-là?
M. LABERGE: Ah! sans l'ombre d'un doute. Comme je le disais
tantôt, il n'est pas question de faire de procès d'intention
à personne.
UNE VOIX: Non.
M. LABERGE: Mais, une fois la loi adoptée, évidemment, il
peut y arriver des changements et, à ce moment-là, c'est plus
sûr si c'est dans la loi. Comme je vous le disais tantôt, les in-
demnités accordées en vertu de la Loi des accidents de travail,
il ne faut pas oublier, avec la réquisition que vous pouvez faire, les
pouvoirs que vous vous donnez, que vous pouvez forcer des policiers qui n'ont
même plus le droit de démissionner de leurs fonctions, à
aller accomplir des missions plus périlleuses que le gars est en droit
de s'attendre normalement dans la municipalité où il travaille
régulièrement. Et c'est peut-être l'une des raisons pour
lesquelles dans certains cas, il y a des policiers qui ont
préféré être policiers dans des municipalités
où c'est plus tranquille. A ce moment-là, dans bien des cas, ils
reçoivent un salaire moindre, ils ont des conditions de travail
différentes. Ils préfèrent cela plutôt que d'aller
dans les grandes municipalités où le danger est plus grand, bien
sûr.
Mais là, par le pouvoir que vous vous donnez, vous pouvez forcer
le policier à y aller et, à ce moment-là, il me semble que
là il devrait y avoir quelque chose dans la loi, sans l'ombre d'un
doute, pour protéger les policiers et leur convention collective.
M. LE PRESIDENT: M. Picard, vous avez demandé la parole
tantôt?
M. PICARD: C'était simplement pour dire que nous avons un texte
à vous suggérer pour l'article 2. Mais comme vous avez dit au
tout début qu'on s'en tenait à des choses générales
sur tout le bill, il me semble et je m'excuse auprès des autres
que l'on discute passablement article par article. Et j'aimerais bien
que M. Tobin puisse faire ses constatations générales pour qu'on
puisse le plus vite possible procéder article par article. Parce que
nous aussi, nous aimerions bien, s'il s'agit de discuter immédiatement
article par article, discuter sur ces articles-là.
M. BERTRAND: Est-ce que vous avez, si vous me le permettez, M. le
Président, plusieurs articles? Ce que l'on peut faire c'est de prendre
par exemple le mémoire de M. Tobin, qui me semble assez complet
le vôtre probablement aussi et nous pouvons prendre
les articles où l'on demande des explications, où l'on aimerait
avoir précisions, car il semble qu'il n'y a que quelques articles, il
peut n'y en avoir qu'une douzaine...
M. PICARD: M. le ministre, même si les articles des chefs de
police semblent concorder passablement avec les articles de
lafédération, je crois tout de même qu'il serait bon de
s'en tenir à ce que vous avez dit tout à l'heure: fai-
re nos considérations générales et par la suite
procéder comme vous le suggérez...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. PICARD: Je tiens à m'excuser, comme président de la
fédération. Nous avons dû tenir, hier soir, à
Québec, une assemblée générale de nos membres pour
pouvoir étudier la Loi de police clause par clause. Nous avons des
recommandations à faire sur plusieurs des articles. Nous n'avons pas de
mémoire à déposer, quoique nous ayons déjà
déposé plusieurs recommandations à la fin de 1967 et,
nécessairement, nous allons pouvoir vous offrir, vous suggérer
même des textes pour certains de ces articles-là.
M. BERTRAND: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Je crois bien qu'on devrait quand même revenir
à l'idée du début, si d'autres présidents ou
d'autres représentants ont des considérations
générales à exprimer. En fait, je m'excuse mais, pour
permettre à MM, Pepin et Laberge de vaquer à d'autres
occupations, on a permis, et à cause des questions, cela a
dégénéré un peu en discussions sur des
articles.
Mais s'il y a des représentants qui ont des considérations
générales à faire sur la loi, on aimerait les entendre
tout de suite. Ensuite on pourra procéder.
Alors, s'il n'y en a pas d'autres, M. Lafontaine, de l'Union des
municipalités. Un instant, M. Lafontaine d'abord.
M. LAFONTAINE: M. le ministre, MM. les ministres, MM. les
députés, l'Union des municipalités du Québec
faisait connaître a l'honorable ministre de la Justice, dès le
début de février 1968, son point de vue sur l'adoption
éventuelle d'une Loi de police pour tout le territoire du Québec,
et elle soulignait l'urgence d'une telle loi pour revaloriser la fonction du
policier, accroître l'efficacité des corps policiers et promouvoir
la prévention de la criminalité. Nous nous devons donc de
remercier les autorités gouvernementales d'avoir donné suite,
dans un délai aussi court, aux voeux des administrateurs de l'Union des
municipalités en soumettant à la présente
Législature le bill no 14, qui tient compte, dans son ensemble, des
opinions et des observations émises par l'Union des
municipalités.
Nous remercions aussi l'honorable ministre de la Justice d'avoir permis
aux autorités de l'union, et particulièrement au comité de
la pro- tection publique de cette union, que j'ai l'honneur de présider,
d'étudier ce projet de loi et de soumettre au comité des bills
privés ce matin des recommandations et modifications qui permettront
à cette Loi de police, tant attendue, d'être un instrument de
travail efficace, puissant et respecté.
Si nous endossons le projet de loi dans son ensemble et désirons
voir le gouvernement l'adopter le plus tôt possible, nous voulons aussi
que chacun des articles qui le composent soit clair et précis. Que la
Commission de police, dont la création est prévue dans la section
no 2 dudit projet de loi soit plus représentative des organismes
intéressés. Que le nombre de ses membres soit majoré de
façon à en faire un organisme valable et opérant. Nous
désirons aussi que les pouvoirs et les devoirs de ladite Commission de
police soient plus étendus et souhaitons que ces pouvoirs soient aussi
des devoirs.
L'Union des municipalités du Québec veut aussi insister
pour que l'Institut de police du Québec, qui sera créé en
vertu de la section no 6 du bill no 14, soit accessible à tous les
policiers municipaux du Québec et que, de plus, celui-ci soit
chargé de fournir aux corps de police municipaux des moyens de formation
adéquats, par la création d'une école mobile qui
dispenserait des cours dans les diverses régions du Québec.
L'union des municipalités est aussi consciente que l'adoption des
articles nos 55, 85, 86 et 87 du bill no 14, auraient pour effet de rendre
l'application de la loi beaucoup trop difficile et, dans certains cas,
impossible.
De plus, nous craignons que l'adoption des-dits articles ne fasse
disparaître les avantages que nous attendons du bill no 14 en paralysant,
dans certains cas, et même dans plusieurs cas, l'action du policier et en
diminuant considérablement l'efficacité de nos corps de police
municipaux. Enfin, nous voudrions que des précisions soient
apportées à certains articles du bill no 14 et plus
particulièrement aux articles nos 2 et 23 afin d'éviter une
confusion qui pourrait entraîner des malentendus graves pour
l'avenir.
Je ne voudrais pas passer sous silence la collaboration qui nous a
été apportée par l'Association des chefs de police et
pompiers du Québec dont la ligne de pensée est parallèle
à la nôtre et dont l'Union des municipalités est heureuse
de soutenir les efforts pour aider à transformer, pour le plus grand
bien du Québec, notre système de protection publique, de
suppression et de prévention du crime. Je vous réitère mes
remerciements, les remerciements de l'Union du Québec et je vous soumets
respectueusement la liste de nos 21 recommanda-
tions auxquelles je joins l'exemplaire du document.
Nous discuterons en même temps que M. Tobin, étant
donné que nous sommes réunis depuis quelques années et
qu'après beaucoup d'efforts, de part et d'autre, nous en sommes venus
à nous entendre sur à peu près tous les points qui seront
discutés, un par un, tout à l'heure. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Je crois comprendre que M. Noël Lacas,
représentant syndical des agents de la paix, voudrait exposer son point
de vue.
M. LACAS: M. le Président, messieurs les ministres et
députés, il y a un des commentaires sur le bill 14 que nous
aimerions voir éclaircir. Le syndicat des agents de la paix de la
fonction publique, comme vous le voyez dans le commentaire, est né
à la suite d'un arrêté en conseil et il couvre les agents
de pêcheries, les constables de la cour de Bien-Etre social, les
gardes-chasse et les gardes-pêche, les gardiens constables et ceux de
l'institution pénale, les instructeurs, les surveillants en institution
pénale ainsi que les surveillants routiers.
Alors, parmi les personnes que je viens de mentionner, il y en a qui
remplissent effectivement des pouvoirs de constables spéciaux.
D'ailleurs ils sont porteurs d'une assermen-tation dans leurs poches, ou d'un
insigne attestant qu'ils sont constables spéciaux. Alors, les constables
spéciaux parmi nos agents de la paix, sont les constables de la cour de
Bien-Etre social, les gardiens constables ici autour du parlement de
Québec et les surveillants routiers du ministère des Transports
et des Communications à l'Office des autoroutes.
Il faudrait noter aussi également que les gardes-chasse et les
gardes-pêche, même s'ils n'ont pas un mandat comme constables
spéciaux, doivent quand même perquisitionner et faire des saisies
sur demande de la Sûreté provinciale. Alors, selon l'étude
très sommaire du bill 14 que nous avons pu faire, il y aurait trois
catégories d'employés, les membres de la Sûreté
provinciale, les corps de police municipaux et les constables spéciaux.
L'article 93 du bill mentionne agents de la paix, nous laissant un peu
sous-entendre qu'on pourrait peut-être être couvert ou être
assujetti au bill 14.
Les articles 75 et 76 ne semblent concerner que les membres de la
Sûreté provinciale et les corps de police municipaux, et semblent
exclure les constables spéciaux du pouvoir de la commission. Alors, le
syndicat des agents de la paix se demande si le bill 14 les couvre ou non. Si
on en vient à la conclusion que le bill 14 couvre les agents de la paix
de la fonction publique, il faudrait prévoir, dans le bill 14, un
article les concernant.
Il faudrait aussi savoir, par un article, si les articles 75 et 76 du
bill 14 s'appliquent aux agents de la paix, constables spéciaux, dans
les pouvoirs qui sont donnés à la commission. Et si on en venait
à la décision que le bill couvre les agents de la paix de la
fonction publique, il faudrait prévoir une certaine façon de
régler les problèmes de conventions collectives. D'ailleurs cela
vous a été déjà soumis.
Comme, par exemple, la question du temps supplémentaire. Dans
notre convention, nous, les agents de la paix, avons un article qui dit que le
temps supplémentaire autorisé est celui autorisé par le
sous-chef, c'est-à-dire le sous-ministre. Alors, à partir de ce
moment-là, si le directeur de la commission a les pouvoirs de
décréter du travail pour des agents de la paix de la fonction
publique, qui va décider du paiement du temps supplémentaire?
Si nous nous reportons aux Débats de l'Assemblée
législative de vendredi le 29 mars, à la page 1006, l'honorable
Jean-Jacques Bertrand disait textuellement que « seuls les agences et les
agents de sécurité et d'investigation ne sont pas inclus pour le
motif que leur pouvoir ne découle aucunement de l'autorité de
l'Etat, puisqu'ils n'exercent que les pouvoirs d'un propriétaire
privé ». Alors devant le texte du bill 14 et devant le texte du
débat de l'Assemblée législative, nous pouvons constater
que les agents de la paix ne savent réellement pas s'ils sont couverts
ou non, dans le bill 14.
Alors, si on considère les pouvoirs des constables
spéciaux, ils sont en deça des pouvoirs des agents de la paix de
la fonction publique, constables spéciaux. Parce que les
catégories d'agents de la paix, qui sont constables spéciaux,
aident effectivement, même à l'heure actuelle, et la
sûreté du Québec et les corps de police municipaux à
maintenir l'ordre. Ils participent également à des
activités de ces deux corps de police. Nous avons vu des policiers
d'autoroute aller mettre fin à une bataille dans un hôtel de
Shawbridge. Nous avons vu des policiers d'autoroute poursuivre des fugitifs,
même en dehors des territoires de l'autoroute, sur demande de la
Sûreté provinciale.
Donc, en conclusion, M. le Président, messieurs les ministres et
députés, nous nous considérons dans la hiérarchie
suivante en ce qui concerne le bill 14, une certaine hiérarchie que
pourrait éclaircir le bill 14, concernant la Sûreté
provinciale, les corps de police municipaux,
les agents de la paix qui sont constables spéciaux,
c'est-à-dire les résolutions 459, 461 et 466 de la Commission de
la fonction publique.
Vous avez également, pour les agents de la paix, les
résolutions 460 et 458 qui touchent les gardes-chasse, les
gardes-pêche et les agents de pêcherie dans le golfe du
Saint-Laurent. Et vous auriez, à un moment aussi, les autres agents de
la paix, c'est-à-dire les gardiens de prison et tout cela, et ensuite
viendraient les constables spéciaux tel que prévu à la
section 5 du bill.
Alors, nous croyons, pour tous ces motifs, qu'il faudrait que le bill 14
soit très précis là-dessus. Si nous sommes couverts, qu'on
nous le dise; si nous ne sommes pas couverts, qu'on nous le dise aussi afin que
nos membres puissent savoir à quoi s'en tenir. Je vous remercie, M. le
Président.
M. BERTRAND: Vous êtes couverts par le bill 14 pourvu que vous
soyez constables spéciaux, ou constable spécial et suivant, je
dois le dire, la définition du constable spécial, soit toute
personne nommée constable spécial en vertu des articles 60 et 61.
Dans un cas, c'est une nomination par le juge, avec approbation du procureur
général et, dans l'autre cas, c'est celui qui était
mentionné tantôt par l'autorité municipale.
Alors à ce moment-là, au problème précis que
vous soulevez, la réponse que je peux donner, c'est que vous êtes
couvert dans la mesure que vous êtes constable spécial.
M. LACAS: Alors, cela veut dire que nous ne serions pas obligés
de suivre, quand même, les directives des directeurs en ce qui concerne
la Sûreté provinciale et les corps de police municipaux. Les
constables spéciaux seraient complètement à l'écart
de cette loi d'urgence, s'il y avait émeute ou quelque chose comme
ça.
M. BERTRAND: A ce moment-là, les constables spéciaux, non.
Les constables spéciaux, par l'article 76, pourraient en faire
partie.
M. LACAS: Vous pourriez à ce moment-là exiger de nos
constables de la cour du Bien-Etre social...
M. BERTRAND: S'il y en a qui sont nommés constables
spéciaux, à ce moment-là, dans tel ou tel territoire, ils
tomberaient sous l'autorité ou du directeur ou de...
M. LACAS: Oui, sous l'autorité au point de vue de la nomination,
mais même au point de vue...
M. BERTRAND: Au point de vue des activités à ce
moment-là...
M. LACAS: Si à un moment donné vous aviez une
émeute quelque part, vous pourriez mobiliser les constables
spéciaux.
M. BERTRAND: C'est-à-dire qu'à ce moment-là il n'y
a aucun doute que les premiers seraient les membres de la sûreté
et les corps de police municipaux. Mais s'il y avait lieu, disons, d'augmenter
la force, il faudrait y avoir des constables spéciaux nommés
conformément à la loi.
M. LACAS: Mais ils sont déjà nommés, ils ont
déjà une nomination comme constables spéciaux.
M. BERTRAND: Vous avez toute une nomenclature de personnes qui sont
agents de la paix. Vous avez les agents de la paix de la Commission de la
fonction publique, les agents de pêcherie, les constables de la Cour du
Bien-Etre, les gardes-chasse, comme vous le dites dans votre mémoire,
les infirmiers en institution pénale. Alors, à ce
moment-là, il n'y a aucun doute que le bill 14 n'avait pas pour but de
les couvrir spécifiquement.
Nous nous occupions surtout des membres de la Sûreté
provinciale et des policiers municipaux. Il y a des articles, que vous avez
sans doute lus, au sujet des constables spéciaux nommés
conformément à deux articles auxquels on réfère
dans la loi et qui reproduisent la loi actuelle quant à la nomination
des constables spéciaux par un juge ou par l'autorité
municipale.
M. LACAS: Si je comprends bien, M. le ministre, l'article 76 dit
très bien que dès qu'un arrêté en conseil a
été adopté en vertu de l'article 75, tout le monde de la
sûreté et d'un corps de police, y compris le directeur, passe
alors sous le commandement.
M. BERTRAND: A ce moment-là, et je voudrais corriger la
déclaration que j'ai faite tantôt si vous lisez bien, il
s'agit des corps de police des municipalités et de la
sûreté...
M. LACAS: C'est cela.
M. BERTRAND: A ce moment-là, pour les pouvoirs d'urgence, les
constables spéciaux ne sont pas inclus.
M. LACAS: Bon, c'est ce qu'on voulait savoir. Merci beaucoup.
M. BERTRAND: Bon. Alors M. Picard, président de la
Fédération des policiers municipaux.
M. PICARD: M. le Président, M. le ministre, messieurs du
comité, laissez-moi vous dire pour débuter que j'ai l'honneur de
représenter 6,500 policiers municipaux dans la province de
Québec, groupés en 76 associations. Et cela ne tardera pas que
nous représenterons aussi les quelques autres qui restent à
l'extérieur.
Pour le moment, même si les policiers n'ont pas l'habitude
d'envoyer des fleurs à qui que ce soit, et surtout au gouvernement, dans
le cas que nous avons devant nous, nous désirons féliciter
l'honorable ministre de la Justice ainsi que le gouvernement d'avoir
donné suite à nos recommandations par la présentation
d'une Loi de police.
Surtout, d'avoir permis aux intéressés, comme l'a
souligné tout à l'heure le représentant des
municipalités, de se faire entendre, comme vous l'avez fait pour le code
du travail.
Permettez-moi de souligner l'objectivité et la
compréhension qu'a manifestées l'honorable ministre de la
Justice, lorsqu'il a reçu notre mémoire sur la future Loi de
police.
Vous êtes tous au courant que les policiers font du syndicalisme
depuis 25 ans. Nous avons réussi à inclure dans nos conventions
certaines clauses que nous désirons protéger. Là-dessus le
ministre de la Justice nous a confirmé ce qu'il a dit tout à
l'heure, lorsque nous l'avons rencontré, qu'il n'était pas
question, dans une Loi de police, de brimer les droits des policiers
conférés par le code du travail.
Nos représentations au niveau gouvernemental, comme
fédération, nous sont permises collectivement seulement depuis
l'avènement du code du travail en 1964.
Nous désirons vous dire que nous acceptons le principe du projet
de loi tel que présenté pour les policiers du Québec et
l'ensemble des citoyens. La fédération est d'accord. Cependant
nous avons des suggestions à vous faire, des amendements à vous
suggérer à certains des articles, pour la plus grande protection
des policiers concernés et des citoyens.
Messieurs, je crois que vous avez été assez indulgents
pour nous entendre. Mais il est grandement temps que nous passions, à la
suite du président de l'Association des policiers provinciaux, à
l'étude article par article et je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Gendron, vous avez des
représentations.
M. GENDRON: M. le Président, M. le Ministre, messieurs les
membres du comité, tel que l'a souligné notre confrère M.
Picard, l'Association des policiers provinciaux du Québec et ses membres
sont d'accord, en principe, avec le bill pour des raisons tout à fait
particulières.
Il est important de noter, je crois, que la Sûreté
provinciale du Québec ou, selon le nouvel amendement, la
Sûreté du Québec, est valorisée par le projet de loi
et que la Sûreté du Québec va prendre, avec cette loi,
l'essor qui lui est dû dans la province, comme le corps le plus
important.
La Sûreté du Québec, comme vous le savez, a un
statut particulier en vertu de sa constitution et elle relève
directement de l'autorité provinciale législative. Beaucoup
d'articles dans la loi ne concernent pas spécifiquement la
Sûreté du Québec. Mais, en commun accord avec tous les
policiers ici, nous en avons discuté et nous partageons plusieurs de
leurs revendications. Concernant la Sûreté du Québec, il y
a des éclaircissements que nous désirons apporter et que nous
aurons l'occasion d'apporter tantôt. Nous désirions noter ici que
s'il y a des points que nous ne touchons pas, tels le régime de
retraite, les accidents du travail et autre chose, c'est que l'association
vient de compléter et de signer un contrat de travail avec le
gouvernement. Dans le contrat, il est stipulé que nous aurons le pouvoir
de revendication sur ces dits articles. Donc, nous ne voudrions pas, à
ce moment-là, que notre silence soit interprété comme une
acceptation de ces points.
Un point d'ordre général, qui intéresse beaucoup la
Sûreté du Québec et l'Association des policiers
provinciaux, est la mise sur pied d'une institution de formation
policière, déterminée par les articles 70 à 74, en
vertu du paragraphe 6. Alors, l'Association des policiers provinciaux
préconise d'abord que cette institution soit reconnue et puisse donner
un diplôme de formation supérieure au point de vue policier.
Il existe déjà dans d'autres municipalités
actuellement des mécanismes de formation policière. Nous
aimerions que la Commission de police ait les pouvoirs d'éduquer et de
standardiser les normes pour la formation policière et puisse, à
la fin des cours, émettre un diplôme de reconnaissance
policière reconnu par, disons, des universités et des
écoles de haute formation.
Alors, nous désirions, principalement sur ce point, que le bill
14 soit plus précis et que la Commission de police puisse programmer des
cours de formation policière très précis qui pourraient
être dispensés à tous les policiers du Québec.
Sur les points d'ordre général, il s'agit pour nous,
messieurs, des seuls points que nous avons à souligner. Nous aurons
tantôt le privilège de discuter des autres points. Alors, je vous
remercie de votre attention.
M. LE PRESIDENT: Alors, si je comprends bien, nous avons entendu tous
les corps policiers qui sont représentés ici, ce matin.
Maintenant, je crois que nous allons procéder par section pour
étudier ce bill. Alors, la section 1, qui comprend 7 articles, pourra
être étudiée globalement, article par article. Nous
attendons, messieurs, vos représentations sur quelque article que ce
soit concernant la section 1. M. Tobin.
M. TOBIN: Je vais finir la section 1. J'ai parlé tout à
l'heure de l'article 1 de la section 1. Il me reste à parler de
l'article 2 de la section 1. Excusez-moi, c'est l'article 6. J'ai parlé
des articles 1 et 2 tout à l'heure. Pour finir cette section, à
l'article 6. Nous avons eu, à maintes reprises, l'occasion de dire que
nous voulions que les policiers soient des policiers et que les politiciens
soient des politiciens. Et nous voudrions que l'interdiction aux membres de la
Sûreté du Québec de participer à certaines
activités incompatibles avec leurs fonctions, devrait s'étendre
aux membres des sûretés municipales. Nous suggérons donc de
modifier l'article 6, en ajoutant à la première ligne du premier
alinéa, après les mots « un membre de la
sûreté », les mots: « ou d'une sûreté
municipale », en remplaçant le deuxième alinéa par
le suivant: « Les dispositions de l'alinéa s'étendent
à tout constable spécial dans les limites du territoire pour
lequel il est nommé ». Comme j'ai dit tout à l'heure, nous
nous sommes plaints souvent pour faire sortir la politique des corps de police;
nous ne voudrions pas par une loi qu'on mette des pouvoirs politiques et puis
qu'on laisse des constables aller se présenter dans une autre
municipalité, soit à la mairie ou comme échevins, comme
ça s'est déjà fait. Nous demanderions que ce qui est
défendu à la sûreté soit défendu à
tout constable municipal. Dans la section 1, c'est tout ce que nous avons
à donner.
M. LE PRESIDENT: M. Picard, vos représentations.
M. PICARD: Nous avons déjà fait des
représentations. Nous étions heureux de constater que l'honorable
ministre de la Justice avait inclus au projet de Loi de police une partie de
notre demande. Nous allions plus loin que cela dans notre demande; nous
voulions, tel qu'il a été suggéré tout à
l'heure par des honorables membres de cette Chambre, permettre à un
policier de devenir un peu plus un citoyen à part entière. Nous
concédons que parfois l'exercice de notre métier de policier, de
notre profession policière, nous empêche de nous mêler de
politique. Là-dessus, nous sommes d'accord. C'est pour ça que
nous avons concédé que, pourvu que ce fusse à
l'extérieur du district judiciaire, que là on pourrait s'occuper
et faire de la par-tisanerie politique, si vous voulez. Ce n'est pas du jour au
lendemain demander que 6,000 policiers municipaux fassent de la politique, loin
de là. Mais comme citoyen à part entière, nous voulons que
vous reconnaissiez ce droit tel que suggéré et que, lorsqu'il
s'agit d'élection provinciale ou fédérale, le policier
puisse, sans être obligé de résigner sa fonction, obtenir
un congé sans solde pour se présenter. S'il est défait,
qu'il ait le privilège de reprendre les rangs, mais s'il a un mandat de
trois ans ou plus à accomplir, qu'après son mandat, il puisse
réintégrer les rangs. Et ceci, nous vous le demandons pour le
plus grand bien de la population, c'est drôle à dire, mais aussi
pour les policiers. Souvent on dit: On ne peut être mieux servi que par
soi-même. Vous allez mentionner peut-être que les juges n'ont pas
le droit de se présenter, ils doivent démissionner. Quand
même, vous pouvez ici permettre à des policiers de faire leur
travail de citoyen; parce que l'on s'objecte même à ce qu'il se
présente comme commissaire d'école. Un policier, je crois que
vous l'avez constaté depuis quelques années, c'est un être
humain comme les autres et, lorsqu'on lui enlève des droits, on doit
parfois compenser.
Nous n'avons même pas demandé, lors de la passation du Code
du travail, d'avoir le droit de grève. Cependant, dans le cas
présent, je crois que notre point devrait être accepté.
Vous devriez même ajouter ce qu'on vous demande, à savoir un
congé sans solde, sans être obligé de résigner, mais
un congé sans solde pour faire de la politique. Parce que, qu'on dise du
bien ou du mal de la politique, la politique c'est nécessaire. Et de nos
jours, nous constatons malheureusement que ceux qui n'ont pas le droit de faire
ces choses-là sont généralement des policiers au bas
niveau de la police. Je ne veux accuser personne, mais nous avons des cas qu'on
peut vous référer où certains hauts gradés dans
d'autres villes sont présentement conseillers municipaux ou autres. Je
vous cite un exemple. Nous avons un policier qui, dernièrement, a
osé se présenter à une élection à
Saint-Sauveur. Du fait qu'il a été élu, il a eu deux
sanctions dis-
ciplinaires. Je ne tiens pas à régler ce grief ici mais je
vous le souligne simplement pour vous montrer qu'un type qui est
propriétaire à Saint-Sauveur ne peut pas faire reconnaître
ses droits alors que les autres citoyens de la municipalité sont
prêts à lui faire confiance.
Donc, messieurs, je vous demande en grâce de comprendre une fois
pour toutes que les policiers vous demandent des droits de citoyens à
part entière, et j'espère que vous allez nous les accorder. Je
vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Me Lafontaine, vous avec des remarques à
faire?
M. LAFONTAINE: Bien, l'Union des municipalités n'entend pas
vouloir limiter les droits des policiers, mais pense, comme l'Association des
chefs de police et pompiers de la province, que la charge de policier est,
disons en majeure partie, incompatible avec celle d'un homme qui fait de la
politique. Nous en avons eu des exemples assez frappants au cours de notre
carrière et puis, nous pensons qu'il y a trop d'inconvénients
à ce que les policiers fassent de la politique, même en dehors de
leur district. Nous croyons que celui qui veut faire de la politique et qui
veut être, en même temps policier ne peut pas remplir les deux
fonctions parce que les deux demandent, surtout dans certaines villes, comme
chez nous,que le policier ou le pompier nous parlons des policiers
que le policier soit presqu'à temps plein aux fonctions qu'on lui
a données.
Alors, l'union des municipalités demande au gouvernement de bien
vouloir maintenir la demande qui a été faite par l'association
des policiers.
M. WAGNER: M. Picard, si vous me le permettez, juste une petite
observation. Vous avez comparé évidemment les policiers aux
juges. Je pense que c'est une excellente comparaison. Les deux ont besoin
d'objectivité, et c'est justement pour ça qu'un juge qui doit
faire de la politique doit démissionner. Et quand j'ai
décidé de faire de la politique, je n'ai pas obtenu de
congé sans solde me permettant de retourner sur le banc.
M. BERTRAND: Vous auriez aimé ça, par exemple!
M. WAGNER: Je vous le dirai « dans le particulier. »
Mais je pense qu'il est essentiel pour sauvegarder justement le public
que ceux qui veulent plonger dans la politique, et plonger d'une façon
partisane, le fassent sans arrière-pensée, sans savoir qu'un jour
ou l'autre ils reviendront à leur position antérieure et qu'ils
essaieront de nouveau de servir le public d'une façon non partisane. Que
voulez-vous, même les hommes les plus parfaits gardent une
mentalité résultant de leurs actions, et le policier qui aura
fait un ou deux termes comme député à l'Assemblée
législative pourra difficilement revenir dans son corps de police et
reprendre ses fonctions avec le même esprit qu'auparavant
Je pense que c'est humainement impossible. Je fais juste cette
observation-là.
M. PICARD: Vos observations sont justes cependant. Lorsqu'on parle de
policiers, on oublie trop facilement que le policier qui va être
poussé justement à se présenter, soit au provincial, soit
au fédéral, est obligé... A ce moment-là, je ne me
compare pas aux juges, parce qu'il faut tout de même avoir des
modalités dans notre façon de penser. Lorsqu'on parle de juges ou
d'avocats ou de professions libérales, ils peuvent en quelque sorte,
résigner une telle fonction et, assez facilement, vous l'admettrez avec
moi, ouvrir un bureau par la suite pour continuer de vivre adéquatement.
Le policier, lui, toute sa vie, il l'a sacrifiée pour la population.
Remarquez-bien, on ne fait pas une guerre comme l'a dit tout à l'heure
M. Laberge à ce point-là: mais il est grandement temps qu'on
reconnaisse aux policiers, dans certains cas biens spécifiques, ces
droits-là qui sont fondamentaux.
Lorsqu'on vous dit que cela pourrait être incompatible avec sa
fonction, laissons, pour une minute, les points de vue provincial et
fédéral, prenons seulement le point de vue municipal.
Et lorsqu'on parle d'un policier qui serait obligé de
résigner ses fonctions pour se présenter à Saint-Sauveur,
alors qu'il n'est probablement pas payé pour agir comme échevin
à Saint-Sauveur, il sert la population de Saint-Sauveur. Cela n'affecte
aucunement, je crois, la politique, dans notre cas de Montréal.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me permettez de faire une
interruption. Je pense que le dernier alinéa donne le droit au policier
de se présenter dans une autre ville où il n'agit pas en
qualité de policier.
M. BERTRAND: En dehors de son district judiciaire.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. PICARD: Nous sommes d'accord là-dessus, c'est qu'on voulait
vous le faire biffer tout à l'heure. C'est pour cela qu'on plaide
tellement notre cause.
M. CHOQUETTE: Vous venez à la rescousse de la
législation.
M. PICARD: C'est ça.
M. BERTRAND: Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. LEFEBVRE: Sur ce point-là, je ne suis pas juriste
moi-même, mais je pense qu'il y a assez de juristes autour de la table
ici, pour trancher la question...
M. BERTRAND: Ou pour l'embrouiller...
M. LEFEBVRE: Est-ce que l'article 6, dans l'opinion du ministre et des
autres juristes qui sont ici, se trouve à avoir préséance
sur les prévisions de la loi électorale qui oblige actuellement
tout employeur à accorder un congé sans solde à un citoyen
qui veut faire office de candidat.
M. BERTRAND: A ce moment-là, pour cette loi, il n'y a pas de
congé sans solde qui s'applique. Est-ce que c'est une prohibition?
M. CHOQUETTE: C'est un cas particulier qui prime la règle
générale.
M. BERTRAND: C'est ça. Lorsque nous avons examiné ce
problème, lors des rencontres que nous avons eues avec tous les groupes
qui sont représentés ici, il y avait deux points de vue: le point
de vue exprimé par M. Tobin et par M. le maire de Sainte-Hyacinthe et le
point de vue exprimé par les policiers. Prohibitions complètes
d'une part, et d'autre part cesser cette application du principe de la
limitation des droits du citoyen à l'endroit des policiers. Or, nous
avons cru, à ce moment, qu'il était sage d'é-dicter une
règle commune pour tous, la limitant par contre, quant à son
application, aux policiers municipaux, leur permettant, en dehors du district,
non pas de s'occuper de politique fédérale ou provinciale, mais
de s'occuper de participer à des activités municipales ou
scolaires. On nous a fourni plusieurs exemples. L'exemple que vient de donner
M. Picard nous a été donné. Je connais personnellement,
dans ma région aussi, des gens qui habitent dans mon district et qui par
contre ont une résidence ailleurs. Alors, ces gens-là, dans le
patelin où ils vont vivre, peuvent se présenter au poste de
commissaire d'école ou d'êchevin.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous ne trouvez pas que la restriction du
district judiciaire est trop étendue? Je veux dire qu'on devrait
peut-être quand même donner le droit au nouveau policier de se
présenter dans une autre municipalité où il n'est pas
employé.
M. BERTRAND: C'est ce qui existe dans la. loi actuelle, et nous avons
cru qu'il était préférable de dire en dehors du district.
Il y a dans les grands centres, plusieurs petites villes qui se voisinent.
Alors, si vous l'appliquez à ce moment-là dans une autre
municipalité, on sait que les distances ne sont pas longues, est-ce que
les activités d'un policier, disons dans telle ville, qui irait se
présenter dans la ville immédiatement voisine, ne seraient pas
une occasion de problèmes? Je le note en passant, et c'est pourquoi,
lorsque nous avons rencontré les membres de la Fédération
des policiers municipaux, nous nous sommes arrêtés sur ce que vous
retrouvez dans l'article. C'est bien ça, M. Picard?
M. PICARD: C'est ça et nous disions que c'était un grand
pas à l'avant.
M. LE PRESIDENT: D'autres considérations, M. Gendron?
M. GENDRON: Alors, messieurs, nous partageons fortement la position de
la Fédération des policiers municipaux quant aux
privilèges des policiers d'être des citoyens à part
entière.
Il reste quand même un problème, M. le député
de Verdun l'a souligné, celui où il est peut-être
incompatible, à certains moments, de devoir retourner dans l'exercice de
nos fonctions. Cependant nous préconisons que le policier, tel que
stipulé dans les contrats de travail, qui peut se prévaloir d'un
congé sans solde, devrait, à ce moment-là, comme ça
existe dans la fonction publique, comme cela a existé chez nous,
à la Sûreté provinciale du Québec, se
prévaloir du droit de demander un congé sans solde pour sa
période de candidature et aussi pour sa période de mandat, si tel
policier était élu. Alors, nous revendiquons le même droit.
Un droit de citoyen et nous croyons que le policier, dans sa
municipalité, dans la province ou ailleurs, peut exercer une influence
favorable et peut travailler au bon avancement de la population en
général.
M. LE PRESIDENT: Sur cette section-là, est-ce qu'il y a d'autres
représentations?
M. PICARD: Excusez, je ne voudrais pas vous donner l'impression que nous
avons accepté les cinq articles avant l'article 6, parce que nous
avions...
M. BERTRAND: Nous discutions de l'article 6, M. Picard.
M. PICARD: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Justement...
M. PICARD: A l'article 1, il y a certaines recommandations qui vous sont
faites par les chefs de police, et nous aimerions souligner ici que, lorsque
vous parlez de sûreté municipale, lorsque nous, de
Montréal, par exemple, nous parlons de sûreté, nous avons
dans l'esprit, tout de suite, et tous les citoyens ont ça dans l'esprit,
qu'il s'agit des gens qui font des enquêtes. Ils n'ont pas dans l'esprit
la gendarmerie, par le fait même. Donc, présentement, si vous
décidez de donner suite a la recommandation, moi, je vous souligne
simplement ceci, pour vous aider à mieux décider. Parce que
ça peut créer des différends assez marqués.
M. LE PRESIDENT: Alors, pour fin de référence, si vous le
permettez, messieurs, nous allons prendre les articles un par un, parce que
c'est enregistré. Alors, ce sera plus facile de revoir les notes et
chacun des articles aura ses commentaires propres, et l'on ne sautera pas d'un
article à l'autre, parce que je crois qu'il y aura assez de
documentation.
M. BERTRAND: Quant à moi, pour vous permettre d'exprimer votre
opinion et de faire vos suggestions, je ne ferai aucun commentaire sur aucun de
vos propos et nous pourrons, par la suite, nous les membres du comité,
lire le journal des Débats et nous en inspirer pour amender ou ne pas
amender.
M. LE PRESIDENT: Alors, sur l'article 1, est-ce qu'il y a d'autres
points de vue à exprimer?
M. GENDRON: M. le Président, si vous me le permettez, l'article
1, au paragraphe d), parle des membres de la sûreté. Alors, les
titulaires des fonctions mentionnées, et on nous réfère
à l'article 30 de la même loi, parties 1 à 6 inclusivement.
Ensuite, à l'article e), on parle des cadets de la sûreté,
les personnes mentionnées au dernier alinéa de l'article 30. Pour
fin de comparaison, j'aimerais attirer l'attention des membres du comité
sur la loi actuelle de la Sûreté provinciale du Québec
à l'article 9, section 6e, qui dit: « Des agents et des recrues en
nombre déterminé par le lieutenant-gouverneur en conseil. »
Alors, le litige que nous aimerions souligner ici est le suivant: Dans la
nouvelle loi, on détermine à l'article 30 les catégories
de la Sûreté provinciale et on exclut, dans les catégories
à l'article 30, les agents-recrues et les cadets. On fait des
agents-recrues et des cadets une nouvelle catégorie qui est sous la
nouvelle appellation de cadets.
J'aimerais aussi attirer votre attention sur le fait qu'en vertu du
contrat de travail intervenu entre l'Association des policiers provinciaux et
le gouvernement, l'article 1 de la convention dit: « Le gouvernement
reconnaît l'association comme le mandataire exclusif de tous les membres
de la Sûreté provinciale du Québec, à l'exclusion
des officiers. » Alors, notre litige est le suivant. C'est qu'en
créant un paragraphe spécial pour les cadets, et en incluant dans
l'appellation « cadets », les agents-recrues de la
Sûreté provinciale ou ceux qui sont à l'école de
police, nous sommes lésés en vertu de contrats et nous aimerions
que l'amendement soit apporté pour que ces cadets et ces agents-recrues
soient considérés comme des membres à part entière
de la Sûreté du Québec.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres considérations sur
l'article 2? M. Picard.
M. PICARD: Tel que nous l'avons dit tout à l'heure, nous vous
avons préparé un texte. Si vous désirez l'avoir, nous en
avons quelques copies ici.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, oui.
M. BERTRAND: Vous pouvez nous le transmettre.
M. PICARD: Dois-je en faire la lecture quand même, M. le
Président?
M. BERTRAND: Oui, si vous voulez. Il va être
enregistré.
M. PICARD: Nous suggérons ceci, et je m'inspire des remarques des
membres de ce comité tout à l'heure: « Les membres de la
sûreté, ainsi que les policiers municipaux dans l'exercice de
leurs fonctions, sont constables et agents de la paix dans tout le territoire
du Québec; il en est de même de tout constable spécial dans
le territoire pour lequel il est nommé, sous réserve toutefois
des restrictions contenues dans l'écrit constatant sa nomination. Dans
l'application de l'alinéa précédent, les policiers
municipaux demeurent salariés de la municipalité qui les emploie.
»
Lorsque nous vous suggérons ceci, c'est pour
éviter justement aux différents gouvernements les
chinoiseries pour décider qui, en dernier ressort, va payer. Et
là-dessus, messieurs, croyez-moi, j'ai pas mal d'expérience dans
ce domaine, et notre membre que nous voulons protéger est obligé
d'attendre des décisions, soit de la commission des accidents du
travail, soit de sa municipalité, soit du gouvernement dans ce cas-ci,
et nous suggérons réellement d'adopter ce texte. En
réalité, qui paie? C'est le citoyen en dernier ressort. Et qu'il
paie par le provincial ou par la municipalité, ça va consister en
un échange de service continuellement. Je vous souligne que nous avons
demandé « dans l'exercice de leurs fonctions », ce n'est pas
pour vous cacher quelque chose, c'est pour éviter qu'un constable soit
obligé d'intervenir alors qu'il est en vacances en Gaspésie, par
exemple. Je ne dis pas que, comme agent de la paix, on ne doit pas intervenir;
mais comme constable, parfois, surtout en vacances, vous admettrez avec nous
que le voisin qui sait que vous êtes constable, s'il vient vous chercher
pour vous mêler des règlements de sa municipalité, je crois
que c'est dépasser un peu les bornes.
M. BERTRAND: Ce n'était pas du tout le but...
M. PICARD: D'accord.
M. BERTRAND: C'était tout simplement comme agent de la paix, non
pas de vous demander d'appliquer le règlement municipal de la ville de
Rimouski si vous êtes dans le Bas-du-Fleuve, ou de Chicoutimi ou de
Sherbrooke, si vous êtes un constable de Montréal. Cela, c'est
clair.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Sauvageau.
M. SAUVAGEAU: M. Gilbert, j'aimerais savoir, avec l'article 2, ce qui va
arriver des frontières de la ville de Montréal lorsque des
policiers ont dû enfreindre des règlements municipaux pour aller
porter secours à d'autres municipalités. Est-ce que la ville va
être responsable de ces policiers ou la province? De quelle
manière allez-vous appliquer les règlements de frontière
de votre municipalité?
M. GILBERT: Bien, je ne suis pas en mesure de répondre à
cette question-là, M. Sauvageau.
M. SAUVAGEAU: Qu'est-ce qui serait arrivé, M. le Directeur, aux
policiers qui sont allés à Outremont lors de l'explosion d'une
maison...
M. CHOQUETTE: La maison du premier ministre...
M. SAUVAGEAU: D'accord. Et si, dans l'exercice de leurs fonctions, ils
se seraient fait tuer, par exemple, est-ce que vous auriez été
obligés de les réprimander ou quoi?
DES VOIX: Bien, ils sont morts.
M. SAUVAGEAU: Est-ce que vous auriez été obligés de
leur payer une pension? S'il y en avait un des deux qui était mort,
l'autre aurait passé...
M. GILBERT: Vous avez ici un cas particulier. Je suis embarrassé
pour répondre. Je ne l'ai pas été lorsqu'il a
été mentionné dans les journaux. Est-ce que la police de
Montréal, enfin l'état-major ou le directeur de la police va
réprimander les policiers qui, sans autorisation, se sont rendus dans la
ville d'Outremont? Ma réponse a été très rapide
à ce moment-là. Cela a été qu'il n'est pas question
de réprimander un policier qui, conscient de ses responsabilités,
est intervenu sans demander la permission à des officiers
supérieurs. Quant aux conséquences sur le plan des accidents de
travail et même de mort, le cas aurait été soumis à
l'administration municipale. Mais je ne peux pas affirmer ici que ça se
serait déroulé sans causer de problèmes. Il peut exister
un problème avec l'exemple que vous citez, exemple qui pourrait se
répéter d'ailleurs.
M. SAUVAGEAU: Je pense que c'est là que la Commission de police
devrait étudier la possibilité de créer un corps pour
l'ensemble de l'Ile de Montréal.
M. BERTRAND: Cela, c'est un autre problème, monsieur
Sauvageau.
M. SAUVAGEAU: Mais, M. le Directeur, je reviens au cas des
frontières. Une personne qui se fait frapper à Montréal
sur un coin où de chaque côté de la rue il y a une
municipalité.
D'accord. Souvent, on a eu à Montréal des discussions
entre deux corps de police à l'effet de savoir s'ils devaient prendre le
blessé ou ne pas le prendre.
M. GILBERT: II y a, règle générale, entente, mais
il arrive aussi que des discussions s'élèvent ou peuvent
s'élever sur la question de savoir qui va se charger de noter
différents détails et même d'appliquer les premiers
soins...
M. SAUVAGEAU: Je crois, M. le Président, que c'est un cas qui
devrait être réglé immédiatement. Parce qu'on a vu
souvent des cas de frontières où un blessé était
dans le milieu de la rue et personne ne voulait le ramasser.
M. CHOQUETTE: Il faut quand même faire confiance un peu au
jugement des policiers.
M. SAUVAGEAU: D'accord. Mais ils ont des règlements à
suivre.
M. CHOQUETTE: Oui, oui.
M. BERTRAND: Maintenant, quand vous parlez, M. Sauvageau, de
regroupement municipal, il y a d'autres articles du bill 14 qui y pourvoient et
quand on sera rendu là, on pourra peut-être en parler.
M. SAUVAGEAU: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 2, c'est réglé. Article
3, alors, s'il n'y a pas de commentaire...
M. PICARD: Voici, c'est seulement un commentaire d'ordre
général. Remarquez bien, c'est pour vous souligner le
problème. C'est que, dans certains cas, dans le paragraphe 3 C,
lorsqu'il s'agit des dossiers criminels de juvéniles, je crois que vous
pourriez peut-être laisser à la commission le soin
d'étudier, à sa juste valeur, l'infraction, l'âge de
l'enfant lorsqu'il a commis l'infraction et tout le reste. Nous vous le
soulignons tout simplement, parce que présentement, je dois vous dire
que dans certains cas je comprends que ça peut-être
considéré comme un vol, un enfant de douze ans, qui n'a pas eu de
bicyclette et qui saute sur la première bicyclette à la
portée de sa main, peut être condamné et, à un
moment donné, ça lui fait un dossier.
Présentement, on le refuse dans la police. Remarquez bien, je ne
plaide pas pour qu'on accepte dans les forces policières des voleurs,
mais dans le cas de juvéniles on pourrait quand même se pencher
sur le problème.
M. BERTRAND: Disons que la Commission de police pourra s'occuper de ce
problème-là et recommander, s'il y a lieu, des amendements.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me permettez, dans le
même sens que M. Picard on pourrait peut-être faire la distinction
entre ces infractions au code criminel qui sont considérées comme
des crimes, ou en fait des pei- nes infamantes et ce qui n'est pas infamant.
Parce qu'il y a beaucoup de choses dans le code criminel. Enfin, il peut y
avoir, comme disait M. Picard, un ensemble de détails. Je pense qu'on
peut faire cette distinction qui est faite ailleurs dans d'autres
législations.
M. BERTRAND: Nous avons appliqué à cet article, le
principe qui est édicté dans la Loi de la Sûreté
provinciale, à l'heure actuelle.
M. TESSIER: Je comprends que l'article 3 pose des conditions
d'admissibilité...
M. BERTRAND: Générales.
M. TESSIER: Mais, pour ceux qui en font déjà partie...
M. BERTRAND: Oui.
M. TESSIER: ... est-ce que c'est prévu dans la loi? Une personne
doit, pour devenir cadet ou membre de la Sûreté ou policier
municipal... Est-ce que l'on devrait pas dire « pour devenir et y
demeurer »?
M. BERTRAND: Bien, c'est compris.
M. TESSIER: Ce n'est pas compris. Vous avez quelqu'un, par exemple, qui
n'aura aucun dossier et qui va remplir toutes ces conditions-là, bonnes
moeurs, pas de dossier criminel, va être admis comme cadet et
après, s'il ne devient pas de bonnes moeurs, ou s'il commet une
infraction criminelle...
M. BERTRAND: Eh bien voici, à ce moment-là il y a les cas
de...
M. SAUVAGEAU: C'est automatique.
M. BERTRAND: ... discipline, il y a le code disciplinaire qui
s'applique. Et, à l'heure actuelle...
M. TESSIER: Mais lequel?
M. BERTRAND: ...vous ayez à la Sûreté provinciale,
comme vous avez à la Sûreté municipale, et un peu partout,
un code de discipline, et il y a des règlements d'édictés
pour couvrir ces cas-là. M. Picard est là qui fait signe que
oui.
M. PICARD: Evidemment.
M. TESSIER: Je comprends que les cas disciplinaires ça ne sera
pas dans la loi.
M. BERTRAND: C'est dans le code de discipline.
M. GILBERT: Oui.
M. TESSIER: Il y a des règlements d'édictés, mais
ça ne sera pas dans un texte de loi?
M. LE PRESIDENT: M. Gilbert.
M. GILBERT: Je regrette, M. le ministre de la Justice, je ne crois pas
que toutes les municipalités de la province...
M. BERTRAND: Non, non. Je n'ai pas dit « toutes », J'ai dit
« presque toutes ».
M. GILBERT: ... aient un code de discipline.
M. BERTRAND: J'ai dit « presque toutes » et j'ai
nommé Montréal. Je sais que Québec en a un. En avez-vous
un M. Tobin?
M. TOBIN: Oui.
M. BERTRAND: Vous en avez.
M. GILBERT: Parce qu'il est possible que dans certaines
municipalités les policiers se rendent coupables d'actes criminels et
qu'il n'existe pas de précision...
M. BERTRAND: Oui.
M. GILBERT: ... voyant...
M. BERTRAND: Mais vous avez les pouvoirs de la commission, elle peut
établir des règles d'éthique relatives à la
conduite des cadets et membres des policiers municipaux etc.. Alors, c'est un
code d'éthique.
M. TESSIER: Oui, mais est-ce que ce ne serait pas faciliter justement le
travail de la commission que de le mettre dans le texte de loi? A ce
moment-là la commission n'aura pas à se poser le
problème.
M. BERTRAND: Cela s'infère.
M. TESSIER: On dirait: On a un texte de loi, il faut que ce texte de loi
soit observé.
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection à examiner le point que
soulève le député de Rimouski, mais je ne crois pas qu'il
y ait là un problème.
M. TESSIER: Le code de discipline n'existe pas dans toutes et chacune
des municipalités. Or ce que l'on veut avoir, je crois, ce que tout le
monde est d'accord pour avoir, c'est un corps de police uniforme
«standard» dans toute la province. Que le corps de police d'une
petite municipalité, disons de 15,000 âmes, soit aussi bon, ait le
même «standard» que celui, disons, de la ville de
Montréal ou de la ville de Québec. Alors, je suggérerais
que l'on ajoute « une personne doit, pour devenir et demeurer
».
M. BERTRAND: On va le prendre en note. M. TESSIER: Alors, ça
couvrirait...
M. LE PRESIDENT: M. Picard, vous avez d'autres remarques à faire
avant de passer...
M. PICARD: Je ne voudrais pas argumenter avec les membres de ce
comité mais, disons que c'est plutôt du ressort, tel que nous
l'avions demandé au ministre de la Justice, des contrats de travail, de
négocier un code de discipline, les procédures de discipline et
tout ce qui s'ensuit.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. PICARD: D'autant plus que notre conseiller a quelque chose à
ajouter en ce qui concerne l'article au complet tel que
suggéré.
M. BEAUDRY: Si vous me le permettez, la suggestion qui a
été faite a pour point de départ la discussion sur le
paragraphe c) n'est-ce pas? Et là, ça pourrait devenir dangereux
si on l'incluait au premier paragraphe, surtout en regard des autres
paragraphes, des sous-paragraphes, comme e) par exemple. Ce qui voudrait dire
qu'à un moment donné, si un nouveau règlement est
établi par la Commission, en vertu de l'article no 17, il y aurait des
policiers à l'heure actuelle qu'on pourrait destituer. Alors là,
à ce moment-là, ce serait dangereux d'inclure l'amendement
demandé.
M. BERTRAND: Les policiers, par exemple, qui n'ont pas le degré
de scolarité désiré perdraient leurs droits acquis.
M. TESSIER: A moins de le spécifier sur le contrat.
M. BERTRAND: Alors...
M. LE PRESIDENT: Article 4. Article 5.
M. PICARD: Excusez, pour l'article 4, nous suggérons que le
serment que les policiers municipaux ainsi que les membres de la
Sûreté provinciale doivent prêter, devrait s'appliquer
à toutes les personnes concernées. Parce qu'à un moment
donné, lorsque vous regardez la page 26, il semble que les policiers
municipaux, ainsi que ceux de la sûreté, doivent se conformer
à un serment qui est beaucoup plus exigeant que celui demandé aux
constables spéciaux. Je ne crois pas que ce soit dans les vues du
ministre de la Justice à ce moment-là, parce que ce
serment-là, doit couvrir tout le monde.
M. BERTRAND: Vous voulez qu'il s'applique à tout le monde.
M. PICARD: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Article 5. Article 6. Il a été
discuté. Est-ce qu'il y a d'autres remarques? On en a parlé
longuement tantôt. Article 7.
M. BEAUDRY: Si vous me permettez, au sujet de l'article 6, il y a un
problème qui a été soulevé par un des dirigeants
des centrales syndicales, et qui a également fait l'objet
d'études par les policiers municipaux. Autrement dit, il y a certains
policiers municipaux qui, dans le passé, se sont plaints que des ordres,
qui leur étaient donnés du haut de l'échelle,
étaient de caractère nettement politique mais, évidemment,
pour le policier, qui est obligé d'accomplir cet ordre-là, bien
souvent, il l'accomplirait sans même le savoir. Alors, nous inspirant de
certaines dispositions de la Loi des élections, nous avons un texte
à vous suggérer, sur cette question, qui se lirait comme suit:
«Toute personne qui, directement ou indirectement, par elle-même ou
par l'intermédiaire d'une autre, ordonne à un policier de se
livrer à une activité partisane ou prohibée par l'article
6, de la présente loi, ou icite un policier à commettre une
infraction, est passible d'une amende de $100 à $500 et à un
emprisonnement de six mois, et à défaut de paiement de l'amende,
d'un emprisonnement additionnel de six mois. »
M. LE PRESIDENT: Alors, nous prenons note de votre papillon et, si vous
n'avez pas d'autres commentaires, l'article 7.
Alors, nous passons à la section II, qui concerne la Commission
de police. Article 8. Article 9. M. Tobin.
M. TOBIN: Nous croyons que la Commission de police du Québec,
dont les pouvoirs sont à la fois d'ordre administratif et d'ordre quasi
judiciaire, devrait être formée de cinq membres, dont un
président et un vice-président qui remplirait les devoirs du
président et exercerait ses pouvoirs en cas d'absence, de maladie,
d'incapacité d'agir ou de vacances. Nous suggérons de plus que
l'article 10 soit modifié en le remplaçant par le suivant
9 et 10 vont ensemble: « Le quorum de la commission est de trois membres,
et elle décide à la majorité des voix. S'il y a partage de
voix, le président a un vote prépondérant. Cependant,
l'opinion du président prévaut en toute question qui, de son
avis, est une question de droit ». Nous nous permettons ici de
suggérer respectueusement à l'autorité compétente
que les dispositions soient prises en temps opportun pour que l'un des membres
de la commission soit un policier de carrière.
A cet égard, nous croyons qu'il y aurait intérêt
à ce que notre association soit consultée, et puisse ainsi avoir
l'opportunité de suggérer un certain nombre de noms de candidats
éligibles à une telle fonction.
M. LAFONTAINE: J'ajoute à ce que vient de dire M. Tobin, si vous
permettez, que l'Union des municipalités abonde en ce sens et demande
que la loi prévoie que l'union puisse, elle aussi, suggérer un
certain nombre de noms, et qu'il devrait y avoir, au sein de cette commission,
quelqu'un qui connaît les municipalités, et dont le nom serait
suggéré par l'union.
Alors le reste, ce qui a été dit par M. Tobin, est
exact.
M. PICARD: Si vous me permettez, nous allions justement faire une
suggestion en ce sens, excepté que nous étions pour
suggérer sept. A un moment donné nous avons répondu aux
citoyens, aux échos du Québec lorsque le bill est sorti, et la
grande crainte des citoyens, c'est justement celle-là, on craint de
partout que ça devienne un Etat policier dans le Québec, et tout
le tra-la-la. Et après avoir parlé aux différents
représentants des grands syndicats, ces messieurs-là aimeraient
avoir une représentation. Je n'ai pas à faire une bataille pour
eux. Moi, je dis qu'un policier de carrière, d'accord ça pourrait
très bien être un membre de la Fédération des
policiers municipaux du Québec, encore là, et peu importe le
nombre que vous allez décider, c'est que je tiens à vous
souligner, sans vouloir être méchant, à la suite des
paroles prononcées, et par les chefs de police et par les
représentants des municipalités, qu'on travaille conjoin-
tement. Alors il pourrait y avoir un seul représentant et
ça suffirait pour les deux parties. Ils pourraient s'entendre comme ils
se sont entendus dans le reste.
M. BERTRAND: Alors, supposons qu'une telle suggestion soit
acceptée, qu'il y ait consultation, comme l'a formulé M. Tobin,
avec l'Union des municipalités et l'Association des chefs de police et
la Fédération des policiers municipaux. Est-ce ça que vous
vouliez dire?
M. PICARD: Voici...
M. BERTRAND: Parce que M. Tobin a indiqué: « A cet
égard nous croyons qu'il y aurait intérêt à ce que
notre association soit consultée ».
M. PICARD: Soit consultée pour suggérer un
représentant à ce que j'ai bien compris?
M. BERTRAND: C'est-à-dire de suggérer un certain nombre de
noms de candidats éligibles à une telle fonction.
M. PICARD: Alors, à ce moment-là, on pourrait demander la
même chose au gouvernement. Cependant, nous vous soulignons qu'à
la suite des demandes des autres, si vous décidez d'ajouter, il faudrait
donner une chance à tout le monde.
M. BERTRAND: Donner une chance à tout le monde. Qui entendez-vous
par tout le monde?
M. PICARD: Non, non, écoutez. Le patronat par exemple.
M. BERTRAND: Vous parlez d'un organisme de sept membres, je crois
personnellement que c'est trop lourd. Il faut toujours que nous ayons une
commission qui puisse travailler et agir. Quand on a sept membres, c'est
beaucoup plus difficile que quand on en a cinq ou trois.
M. PICARD: Excusez, si je peux me permettre, à un moment
donné, à sept membres c'est plus facile d'obtenir un quorum parce
que lorsque vous mentionnez trois membres, je tiens à vous souligner
qu'un quorum de deux, en réalité, sans vouloir être
méchant, qui va se trouver à décider?
M. BERTRAND: Mais il ne faut pas oublier, M. Picard, que les personnes
qui seront nommées là le seront à temps plein. Il ne faut
pas l'oublier. Alors les personnes qui sont là à temps plein ont
des devoirs précis, exercent des pouvoirs précis. Alors on compte
que, com- me dans toutes les commissions, l'expérience le
démontre, ces gens-là consacrent entièrement leur temps
à leurs fonctions.
M. GENDRON: M. le Président, si vous me permettez, l'Association
des policiers provinciaux aimerait souligner d'abord son approbation à
la formation de sept sur la Commission de police, avec certaines
modalités. Nous préconisons l'acceptation du président tel
que stipulé dans la loi. Pour les autres membres, nous voudrions que les
syndicats policiers soient représentés à titre, si vous
voulez, d'agents flottants, et non pas en tant que membres permanents, mais bel
et bien en tant que membres de la commission, mais participant seulement aux
débats. Alors, sur une commission de sept, vous pourriez avoir quatre
membres permanents, et trois membres flottants ou non permanents qui
représenteraient d'une part les syndicats policiers, d'autre part
l'Association des municipalités et l'Association des chefs de
police.
Dans l'intérêt de la communauté, cette suggestion
permettrait à la commission de pouvoir en tout temps, sans handicap de
quorum, puisque le quorum pourrait être de quatre, nous croyons que la
commission, à ce moment-là, pourrait entendre et discuter des
positions de toutes les personnes impliquées dans les décisions
à venir.
M. BERTRAND: M. Gendron, la seule remarque que je voudrais faire, c'est
la suivante. C'est que, dès la première rencontre que nous avons
eue, et cela a été formulé par M. Picard à ce
moment-là, on a bien dit qu'on ne voulait pas que la Loi de police ait
quoi que ce soit à voir avec le régime syndical ou avec les
problèmes concernant les conventions collectives ou les relations de
travail. Cela m'a été tellement clairement indiqué qu'on
n'a fait aucune référence aux conventions collectives ou aux
problèmes qui étaient soulevés par M. Laberge, justement
pour que cela soit clairement défini que c'est une loi de police, ou un
code de police, mais que cela ne porte atteinte, ni directement, ni
indirectement, aux droits, aux devoirs reconnus aux syndicats en vertu du code
du travail.
C'est pour ça que, quand il s'agit de nommer comme tel, comme
représentant d'un syndicat, je crains fort, j'exprime une opinion,
qu'à ce moment-là, ce soit mêler, dans le mécanisme
d'une loi, l'action de personnes qui s'occupent de syndicalisme, et avec raison
et suivant leurs droits, et de ceux qui sont chargés de l'application du
code de police.
C'est la seule remarque que Je tenais à faire.
M. GENDRON: Maintenant, M. le ministre, nous faisons cette demande, non
pas dans un but de négociation syndicale, mais tout simplement dans une
optique de construction d'une organisation policière des plus efficaces
et nous croyons que les personnes concernées, c'est-à-dire les
policiers, les municipalités, les chefs de police pourraient se
présenter à cette commission et faire des revendications d'ordre
général, tandis que pour les revendications purement syndicales,
les mécanismes existent déjà en vertu du code du travail
ou en vertu d'autres lois.
M. BERTRAND: Très bien.
M. WAGNER: Est-ce que vous êtes satisfaits de la durée du
mandat prévu par la loi, soit dix ans, surtout quand vous constatez que,
dans la loi, il n'y a rien de prévu pour relever de ses fonctions, un
des membres, sinon pour raison de maladie ou d'absence? Est-ce que le terme de
dix ans ne vous paraît pas un peu long? Au cas où par
hypothèse, vous seriez affligés d'un membre qui ne serait pas
tout à fait selon les normes.
M. PICARD: Nous n'avons pas discuté de ce point de vue-là.
Cependant, à un certain moment, lorsque nous avons pensé de
suggérer l'augmentation du nombre de membres, on avait pensé
aussi de suggérer une rotation. Parce que ça prend quand
même, et nous le concédons facilement, une certaine permanence
à ces gens-là qui vont être chargés d'une lourde
charge en réalité, même si je me répète.
Peut-être que « dix ans » pourrait être
modifié dans le sens que vous le suggérez, mais nous n'avons pas
attaché plus d'importance que ça, nous avons laissé le
soin à ceux qui dirigent le gouvernement, des deux côtés de
la table, d'en décider.
M. BERTRAND: Et nous avons suivi cour cette commission, pour
répondre à mon collègue de Verdun, l'exemple des lois qui
ont été adoptées relativement aux commissions et
organismes du gouvernement. Dans la plupart des cas, le terme est de dix ans et
nous avons reproduit, pour la Commission de police, exactement ce que l'on
retrouve dans d'autres lois. De plus, nous nous sommes également
inspirés de la Loi de police de l'Ontario. Alors disons que ç'a
été une règle qui semble avoir été assez
bien défi- nie par le gouvernement précédent comme par les
autres. Nous croyons qu'elle est normale. Dix ans, c'est un terme assez long.
D'ailleurs le président comme tel, à ce moment-là, lorsque
ça se produit, disons qu'il démissionne, qu'il abandonne ses
fonctions, il retourne sur le banc. Alors, quant au président, il y a
une garantie d'objectivité d'indépendance.
M. LE PRESIDENT: Nous passons à l'article 10 et je crois bien que
les discussions de l'article 9 s'appliquent, selon que le quorum pourra
être changé en considération du nombre de membres.
L'article 11, l'article 12, l'article 13, les articles 14, 15, 16, 17. Il n'y a
pas d'autres remarques sur la Commission.
M. PICARD: Excusez, à l'article 16.
M. LE PRESIDENT: A l'article 16. Pardon?
M. PICARD: Nous suggérons d'ajouter 16 d) qui se lirait à
peu près comme ceci: « Donner le pouvoir à la Commission
d'étudier les problèmes relatifs à la coordination du
travail policier entre les différents corps policiers et formuler les
recommandations appropriées. » Et à 16 e) « Etablir
des écoles de formation policière. »
M. BERTRAND: Nous le prenons en note.
M. LE PRESIDENT: Alors, à l'article 16, il n'y a pas d'autres
commentaires? Article 17.
M. TOBIN: A l'article 17.
M. LE PRESIDENT: M. Tobin.
M. TOBIN: Nous recommandons que cet article soit modifié en
remplaçant à la première ligne, après les mots
« la commission », le mot « peut » par le mot «
doit ». En insérant après le paragraphe f) le paragraphe
suivant: « Etablir les règles minimales concernant la retraite, la
sécurité, les compensations à être versées
aux membres des sûretés municipales en cas d'incapacité et,
en cas de décès, aux veuves et aux dépendants. » En
insérant après le paragraphe g) le paragraphe suivant: «
Adopter un code de discipline auquel seront assujettis les membres des
sûretés municipales. » d), en remplaçant au dernier
paragraphe la lettre G par la lettre L
M. LE PRESIDENT: Alors vos remarques sont notées, M. Tobin.
D'autres remarques? Article 18.
M. PICARD: Nous nous objectons à l'article 17 c), M. le
Président, parce que nous prétendons que les conventions
collectives couvrent déjà cet aspect.
M. BERTRAND: C?
M. PICARD: C. A présent, c'est peut-être mal compris de
notre part. Peut-être qu'avec des éclaircissements.
M. BERTRAND: C) de l'article 17? M. PICARD: Oui.
M. BERTRAND: « Déterminer les caractéristiques des
uniformes et insignes... » Je n'ai pas besoin de lire tout l'article.
Vous l'avez devant vous.
M. PICARD: Oui, d'accord. Cela fait l'objet de négociations. Si
vous parlez de la couleur des uniformes pour une telle municipalité cela
peut être différent, mais la grandeur des insignes, cela devient
secondaire. Mais si ça concerne les uniformes comme tels, les uniformes
sont généralement une clause de toutes les conventions
policières.
M. CHOQUETTE: Mais pas au sujet des caractéristiques, au sujet du
nombre d'uniformes, au sujet...
M. BERTRAND: Non. Il s'agit des caractéristiques d'uniformes.
M. CHOQUETTE: Au sujet des cravates et des chapeaux et...
UNE VOIX: Les chapeaux, c'est important!
M. PICARD: Oui, écoutez, justement ça là, disons
on peut se permettre de rire, vous l'avez fait ce matin et...
M. BERTRAND: Ah non! Jamais! Vous attirez notre attention et...
M. PICARD: C'est ça!
M. BERTRAND: ... Vous avez votre convention collective. Alors vous
pourrez nous faire noter, nous faire parvenir ce qui, dans votre convention
collective, s'applique aux uniformes. On verra si l'article c) porte atteinte
à cela.
M. PICARD: M. le ministre, je ne voudrais pas vous laisser croire que
j'ai voulu dire: Vous pouvez rire en ce sens. C'est que nous nous sommes permis
même avec le grand sérieux de cette loi de rire et c'est
très bon pour la législation.
M. BERTRAND: Cela fait du bien.
M. PICARD: C'est très bon. Cependant, nous nous objections
grandement à ce que le législateur change « peut »
pour « doit » dans un tel article.
M. BERTRAND: D'ailleurs, dans les deux cas il le fait.
M. LESAGE: Je n'ai pas très bien compris les remarques de M.
Tobin. Est-ce que vous avez suggéré que le mot « peut
» soit remplacé par le mot « doit »?
M. TOBIN: C'est ça. DES VOIX: Oui, oui. M. TOBIN: II faut que
ça soit quelque chose.
M. BERTRAND: Vous savez que dans toutes nos lois, le chef de
l'Opposition le sait, quand c'est dit « peut » ça veut dire
que c'est « fait ».
M. TOBIN: C'est « doit ».
M. BERTRAND: Dans le sens où on l'entendra, et c'est normal.
Comment voudriez-vous que la commission puisse jouer un rôle sans exercer
les pouvoirs? Ce sont des pouvoirs, et quand on a des pouvoirs à
exercer, si on ne les exerce pas, on ne remplit pas son devoir.
M. LESAGE: Il y a une jurisprudence très volumineuse sur
l'interprétation du mot « peut » dans une loi.
UNE VOIX: Oui.
M. LESAGE: Il y a des cas où c'est un pouvoir, d'autres cas
où c'est une obligation.
UNE VOIX: C'est ça.
M. LESAGE: Il faut que ce soit étudié à la
lumière du contexte.
M. BERTRAND: Mais à la lumière du contexte, ici, je pense
que ça veut clairement dire que c'est un pouvoir qui doit être
exercé.
M. LESAGE: Bien, je ne sais pas. Comme
vous vous arrêtez aux caractéristiques des uniformes,
là...
M. BERTRAND: Oui, mais peut-être pas partout.
M. LESAGE: Je me demande...
M. BERTRAND: Dans votre cas, et on l'examinera pour les autres, vous
dites que ça fait l'objet de négociations, sous certains aspects.
Alors, faites-nous donc parvenir ce qui s'applique à cela dans votre
convention collective et nous verrons dans l'interprétation de vos
remarques si l'article C porte atteinte à ce qui relève, à
l'heure actuelle, de la convention collective.
M. PICARD: Nous nous objectons aussi à la suggestion de 17-H,
parce que nous avons déjà fait des représentations
à l'honorable ministre et vous avez accepté à ce
moment-là, du moins, la loi laisse prévoir que vous avez
accepté nos objections qu'un code de discipline tel que
préconisé doit aussi se négocier entre l'employeur et
l'employé.
M. LE PRESIDENT: M. Gilbert a manifesté le désir de parler
sur cet article.
M. GILBERT: Oui, étant donné qu'on parle des
responsabilités de la commission, nous considérons qu'il devrait
être indiqué que la Commission doit enquêter sur le crime
organisé dans la province. Ou enfin, lorsque l'on croit que dans une
certaine activité criminelle, il s'agit de crimes organisés, que
la Commission ait le pouvoir de le faire.
Je dois ajouter, que dans la Loi de la police d'Ontario, cette
spécification a été indiquée.
M. BERTRAND: M. le directeur de la sûreté municipale, pour
le moment, je crois, quant à moi, que nous devons laisser à la
Commission les pouvoirs d'enquête qui sont là. Quant au second
problème, nous avons à l'heure actuelle, une commission
d'enquête sur l'administration de la justice, et par les
témoignages qui ont été rendus, il n'y a aucun doute que
nous aurons des renseignements très intéressants sur l'ampleur du
crime organisé au Québec. D'autre part, que l'on donne à
la Commission de police le pouvoir d'enquêter dans ce domaine-là,
nous croyons que ce serait lui donner un mandat beaucoup trop vaste. Les
gouvernements, quels qu'ils soient, ont les pouvoirs des commissions
d'enquête sur l'administration de la justice en général,
ils peuvent le faire sur le crime organisé.
M. LE PRESIDENT: M. Gilbert.
M. GILBERT: II y a d'autres choses que je connais des activités
de la Commission de police de l'Ontario. Je ne les connais pas toutes mais je
peux vous dire qu'il ne se passe pas une semaine, sans que nous ayons des
rencontres ou échanges de correspondance justement avec la Commission de
police de l'Ontario sur cette question du crime organisé.
Selon les représentants de la commission qui s'occupe
exclusivement des enquêtes de ce genre, on songe à augmenter les
effectifs àl'in-térieur de la commission. Sur le plan du
personnel, non pas les membres qui se chargeront d'enquêter davantage sur
les répercussions du crime entre provinces et aussi entre pays.
M. LE PRESIDENT: M. Wagner.
M. WAGNER: II est fort heureux que vous ayez soulevé cette
question-là devant le comité, surtout à cause de
l'expérience que vous avez à Montréal, ces derniers temps
en particulier. Le crime organisé est certainement le problème
numéro 1. Et vous l'avez dit vous-même souvent à la
télévision. Quand on considère les règlements de
compte qui se font, six dans une semaine, dans le district de Montréal,
je pense que ça prouve jusqu'à quel point c'est un
phénomène de plus en plus dangereux. Dans la loi de l'Ontario, en
1964, la Loi de police avait été amendée justement pour
donner à la commission de police des pouvoirs additionnels. J'ai devant
moi de lexte de la loi, l'article 17: « The lieutenant-governor in
council may direct the Commission to inquire into and report to him upon any
matter relating to the extent, investigation or control of crime or be the
inforce-ment of law and he shall define the scope of the inquiry in this
direction ».
Par conséquent la Commission de police, par ses pouvoirs
d'enquête, n'est pas seulement une commission d'étude. On a
parlé de la commission Prévost qui obtient des renseignements et
qui, actuellement, est en Californie. Je pense bien qu'on ne doit pas attendre
deux ans avant de se mettre à lutter contre le crime organisé. On
ne doit pas attendre non plus que cette commission-là finisse sa
tournée en Californie ou en Europe pour s'attaquer au crime
organisé.
Je trouve que votre suggestion, M. Gilbert, est heureuse et
personnellement, moi, je sais que je recommanderai fortement au comité
et à la Chambre que le pouvoir de la Commission de police soit
amendé pour permettre qu'elle s'attaque au crime organisé et
qu'elle ait en même temps des droits spécifiques pour les
citoyens
qui seront appelés devant elle. Parce qu'actuellement, avec la
loi que nous avons, rien n'est prévu pour protéger les
témoins.
Leurs droits ne sont prévus à aucun moment. Tandis qu'en
Ontario, en vertu de cette loi de police, on prévoit la protection du
témoin. Ils ont le droit d'être accompagnés par un avocat,
ils ont le droit de recourir au privilège d'habeas corpus et autres que
nos lois prévoient, tandis que notre Loi de police actuelle devant vous
prévoit le contraire. Elle enlève aux citoyens ces recours de
procédures qui existent devant tous les tribunaux. Alors, je pense que
votre intervention arrive certainement à un moment extrêmement
heureux de ces discussions.
M. BERTRAND: Quant à la lutte organisée, M. le
Président, le député de Verdun dit qu'il n'y a rien qui se
fait en fait de lutte organisée contre le crime, je crois qu'à ce
moment-ci, c'est rendre un mauvais service que de déclarer ça.
Premièrement, la sûreté provinciale autant que la
sûreté municipale de Montréal et les autres
sûretés dans tout le Québec, travaillent en
coopération chaque jour et en relation avec la gendarmerie royale et les
autres corps policiers dans tout le Canada; ils luttent quotidiennement contre
le crime. Il ne faut pas laisser entendre qu'il n'y a pas de lutte. Il y en a
une à l'heure actuelle, et M. Gilbert le sait fort bien. Ses relations
avec le directeur de la Sûreté provinciale comme avec les autres
corps de police, c'est quotidien dans cette lutte-là. Le problème
que soulevait M. Gilbert est le suivant, c'est que la Commission de police ait
le pouvoir de faire enquête. C'est ça? Le pouvoir de faire
enquête sur le crime organisé.
M. GILBERT: Et d'avoir également l'oeil ouvert et la
facilité de procéder très rapidement. L'exemple de la
situation actuelle dans la région de Montréal, où vous
avez une série fantastique de règlements de compte dans peu de
temps, démontre bien la nécessité d'une coordination qui
doit dépasser l'entente je profite de la circonstance pour
souligner que nous travaillons de concert avec la Sûreté du
Québec mais que l'on prenne l'exemple des deux derniers meurtres
commis dans un sous-sol, dans la ville de Pierrefonds. La ville de Pierrefonds
n'a pas de bureau de détectives.
La police de Pierrefonds a des policiers qui agissent comme
enquêteurs, mais n'a pas une section d'enquête. Donc à ce
moment-là, c'est la Sûreté provinciale, la
Sûreté du Québec, qui est chargée de l'enquête
dans les deux meurtres.
Une des victimes est très connue de la police de Montréal,
et nous sommes très intéressés à connaître
tous les détails de l'enquête. Donc, nous sommes en face d'une
situation où vous avez trois corps de policiers qui sont
intéressés. Dans le cas d'individus qui font partie du crime
organisé. La signification, ici, du mot crime organisé ne
signifie pas nécessairement des contacts sur le plan international. Cela
peut être entre plusieurs individus qui opèrent dans plusieurs
municipalités. Nous croyons qu'en incluant dans le texte de loi, «
pouvoir d'enquête sur le crime organisé »,
immédiatement la commission se chargerait, après une situation de
quelques mois, qui devient complexe comme une série de règlements
de compte, pourrait intervenir immédiatement sans qu'il soit
nécessaire de mettre sur pied un organisme bien constitué, qui
aurait seulement à enquêter sur les problèmes du crime
organisé dans le Québec. Ce serait déjà inclus dans
le texte de la loi.
M. BERTRAND: Alors, nous prenons note, la référence
à la loi de l'Ontario également, et nous l'examinerons. Mais ce
que je ne voulais pas, c'est que l'expression d'opinion par le
député de Verdun tente de laisser croire qu'il n'y a pas à
l'heure actuelle de luttes contre le crime organisé. Au contraire.
M. WAGNER: Elle peut être améliorée et de
beaucoup.
M. BERTRAND: Elle peut être améliorée, et elle le
sera davantage, il n'y a aucun doute, quand nous aurons, par exemple, la
Commission de police, un service central de renseignements. Tout le monde
demande cela depuis des années. Alors, ce sera une mesure positive et
concrète pour aider à ce que les renseignements d'une
sûreté à l'autre puissent être transmis beaucoup plus
rapidement. Quant à la deuxième remarque du député
de Verdun, que les droits des citoyens, des témoins, ne sont pas
sauvegardés dans la loi, qu'on me trouve donc une seule commission, ici,
au Québec, où des témoins ont été
appelés à se faire entendre, où ces témoins n'ont
pas pu être assistés d'un avocat. Il ne faudrait toujours pas
et je pense que le député de Verdun l'admet
reprendre un débat qui, au Québec du moins, n'a pas sa raison
d'être. Nous reconnaissons tous, premièrement, que le
témoin qui se présente devant une commission peut être
assisté de son avocat; deuxièmement, que ce témoin, s'il
est appelé à témoigner et que les faits qu'il
révèle à la cour puissent être de nature à
l'incriminer,
qu'il obtienne la protection du tribunal de manière que ce
témoignage ne puisse pas servir contre lui. Ce sont des principes
acceptés et qui ne sont pas mis en doute.
Par contre, il faut reconnaître que, lorsque nous aurons une
charte des droits de l'homme, ces principes qui sont reconnus
premièrement, qui sont appliqués deuxièmement, protection
reconnue et appliquée, que ces protections soient écrites. Mais
à ce moment-là on conviendra qu'il y a, par exemple, la Loi de la
commission d'enquête qui existe depuis des années, qui a
été appliquée par le gouvernement précédent
en certaines circonstances. Dans la Loi de la commission d'enquête, il
n'y a pas d'article qui formule précisément la mention dans un
texte de tous ces droits et ces devoirs. Par contre, ç'a toujours
été reconnu et toujours appliqué.
M. WAGNER: C'est le genre de principe dont on peut dire: « Il va
sans dire que... » mais ça va beaucoup mieux en ne le disant
pas.
M. BERTRAND: Disons que ça ne renforce pas, mais j'ai
parlé d'une charte des droits de l'homme. Tout le monde en parle...
M. WAGNER: Oui, ça...
M. BERTRAND: ... et je crois qu'à ce moment-là,
voilà quelque chose qui chapeaute l'éventail de toutes les lois
dans une province, et qui s'applique partout et en tout temps. Alors, quant
à moi, je préfère qu'au lieu d'inscrire chaque fois que
nous adoptons une loi, dans un texte... Il faudrait le faire pour la Loi de la
commission d'enquête.
A ce moment-ci, où l'on parle d'élaborer la charte des
droits de l'homme, de reconnaître ses droits qui sont appliqués,
non pas de les reconnaître, mais de les indiquer, c'est beaucoup mieux,
je pense, dans une législation générale qui coifferait
l'ensemble des lois.
M. WAGNER: En les insérant ici, ce serait une façon
pratique de protéger les droits de l'homme.
M. CHOQUETTE: J'aurais aimé entendre...
M. BERTRAND: Non pas de les protéger, parce qu'il faut
reconnaître que, devant toutes les commissions, ces droits-là ont
été non pas protégés, mais reconnus.
M. CHOQUETTE: Mais, M. le ministre, on aurait aimé entendre ces
observations que vous venez de faire, lors des bills 2, 3 et 4 sur l'affaire de
Saint-Michel.
M. BERTRAND: A la ville de Saint-Michel, l'enquête doit
débuter bientôt...
M. LUSSIER: Demain.
M. BERTRAND: ... demain, alors...
M. WAGNER: Alors, c'est une enquête publique.
M. BERTRAND: ... une enquête publique, elle a été
annoncée. J'espère que le député de Verdun a lu les
journaux...
M. WAGNER: Oui mais cela a pris deux ans.
M. BERTRAND: ... et les gens qui vont comparaître là seront
protégés suivant la coutume, et la tradition, et en vertu de nos
lois.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Article 18. Les enquêtes,
article 19, M. Tobin.
M. TOBIN: Article 18.
M. LE PRESIDENT: Ah oui! Vous aviez une note.
M. TOBIN: Nous croyons nécessaire de recommander que l'article 18
soit moditié en retranchant au premier alinéa, à partir de
la sixième ligne, les mots suivants: « Dans les cas prévus
aux paragraphes a), c), d), et e) de l'article 17, leurs dispositions peuvent
varier selon les régions ou les localités où elles sont
applicables, et les catégories de personnes qu'elle détermine.
»
M. BEAUDRY: M. le Président, cette question a été
étudiée par la fédération des policiers, et la
fédération recommande le maintien du texte tel qu'il est
présentement.
Cette commission n'a tout de même pas encore commencé
à siéger. Cela va tout de même prendre quelques
années avant que l'on puisse voir exactement quelle orientation elle
prendra, et il me semble qu'il peut exister des cas où la commission
pourra, disons, apporter des tempéraments à certains de ces
règlements, suivant les circonstances.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Article 19,
M. TESSIER: M. le Président, dans le même article 18, le
dernier paragraphe: « Ces règlements s'appliquent nonobstant toute
disposition inconciliable de la charte d'une municipalité ou de ses
règlements. » Mais qu'est-ce qu'on fait
des conventions collectives? S'il y a des clauses dans une convention
collective qui viennent à l'encontre des règlements, je crois que
pour que la loi puisse avoir son plein effet... Est-ce que vous êtes
d'accord là-dessus? Je m'excuse, je n'étais pas ici.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 19. Je crois que M. Tobin a des
remarques dans son mémoire.
M. TOBIN: Oui, cet article devrait être modifié en ajoutant
à la dixième ligne, après les mots « qu'une
municipalité », les mots entre virgules suivants: « par un
vote majoritaire du conseil municipal », ou en remplaçant les mots
« qu'une municipalité » par les mots « qu'un conseil
municipal par une résolution adoptée par la majorité de
ses membres ».
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ces remarques rencontrent le point de vue de
M. Lafontaine.
M. LAFONTAINE: Je voudrais ajouter ce qui manque dans le texte qui vous
a été soumis. L'Union des municipalités semble vouloir
demander que ce soit indiqué par la majorité absolue des membres
du conseil. Vous savez que la majorité absolue ou la majorité
tout court, ce n'est pas pareil. Alors si les membres veulent bien prendre note
de cette demande et l'ajouter dans le texte.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Maintenant Me Beaudry.
M. BEAUDRY: M. le Président, la fédération vous
demande également que la commission puisse faire enquête lorsque
demande lui en est faite par une association accréditée de
policiers, et dans la même ligne, en rapport avec l'article 20, il nous
semble que lorsqu'une plainte est portée contre un policier ou contre un
groupement de policiers, que ces personnes devraient être avisées
qu'une plainte est portée contre elle ou contre eux, et que la
commission avise également qu'elle doit tenir une enquête.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Maintenant, si vous le
permettez...
M. BEAUDRY: Nous vous demandons, à l'article 20, une modification
qui nous semble essentielle également, et c'est par expérience
que nous faisons cette demande à l'effet qu'un citoyen fasse une demande
par écrit, et que sa demande soit assermentée. Qu'elle soit
appuyée d'un serment pour éviter les plaintes frivoles.
M. BERTRAND: Nous notons...
M. LE PRESIDENT: Nous considérons vos remarques. Maintenant, je
note dans les rapports ici que celui de M. Tobin, pour accélérer
la marche de nos discussions, réfère à l'article 52, celui
de l'Union des municipalités à l'article 23. Est-ce qu'entre ces
articles-là il y aura d'autres commentaires? C'est parce qu'il se fait
déjà tard. Il est une heure moins vingt alors...
M. BERTRAND: S'il y avait eu possibilité que nous terminions
l'examen avec tous les groupes représentés aujourd'hui, à
ce moment-là, le journal des Débats étant imprimé,
les députés pourraient en prendre connaissance et, lorsque nous
reprendrons nos travaux, nous pourrons, au comité, ici ou en Chambre,
procéder à l'examen article par article. Non pas qu'on veille
écourter la discussion, mais, d'après votre mémoire, M.
Tobin, vos commentaires tombent à l'article 52. Si d'autres avaient,
entre les articles 19 et 52 des problèmes, on pourrait peut-être
nous Indiquer quel article et faire les propositions, les suggestions que l'on
veut.
M. LE PRESIDENT: M. Gilbert.
M. GILBERT: Messieurs, je m'excuse de revenir à l'article 20 au
sujet des plaintes écrites. Il est possible qu'un citoyen porte une
plainte d'une façon anonyme et que le contenu de la plainte
mérite d'être enquêté. Il y a toutes sortes de
situations qui, à un moment donné, empêchent un citoyen de
s'identifier. D'ailleurs, il y a beaucoup d'enquêtes criminelles qui se
font de cette façon-là. Nous recevons une information.
M. LE PRESIDENT: Alors, qu'on continue. Est-ce qu'il y a d'autres
articles qui méritent votre attention? M. Picard.
M. PICARD: A l'article 22 - c'est peut-être drôle de
demander cela nous demandons si vous acceptez qu'une association
accréditée de policiers puisse demander une enquête, si on
demande la même chose que pour une municipalité avec des raisons
frivoles, qu'on doive en quelque sorte débourser les sommes
nécessaires à l'enquête. Et la même chose devrait
s'appliquer pour le citoyen. Je ne crois pas que le gouvernement devrait
défrayer ces enquêtes-là si les raisons n'en sont pas
justifiées.
M. LE PRESIDENT: D'autres articles? M. Gendron.
M. GENDRON: M. le Président, à l'article 30, je veux
attirer l'attention du comité sur le point que nous avons
souligné tantôt, suite au sixièmement. La
sûreté comprend également des cadets en nombre
déterminé. Alors notre grief de tantôt, je vous le
resouligne. A l'article 36: « Les membres de la sûreté
doivent s'occuper exclusivement du travail de la sûreté et des
devoirs de leurs fonctions ». Nous sommes d'accord jusque là. Ils
ne peuvent remplir aucun autre emploi ni se livrer directement ou indirectement
à aucun commerce. Nous sommes d'accord aussi qu'il y a des emplois qui
sont incompatibles avec la fonction policière. Mais nos
prétentions sont à l'effet que dans l'exercice d'un commerce
contrôlé par l'épouse ou contrôlé, disons
d'une manière financière, par le policier, nous croyons que cette
objection-là devrait être abolie. Le policier devrait avoir le
privilège d'opérer un commerce si cela n'est pas incompatible
avec sa fonction.
M. LE PRESIDENT: Me Beaudry.
M. BEAUDRY: M. le Président, la Fédération des
policiers est d'accord avec les représentations qui sont faites par le
président de l'Association des policiers provinciaux d'autant plus que,
dans les conventions collectives des policiers municipaux, il est
fréquemment stipulé que les policiers ne peuvent exercer un
commerce qui est incompatible ou inconciliable avec leur fonction.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres articles qui doivent
être commentés?
M. GENDRON: Maintenant, en vertu de l'article 47, messieurs...
M. BERTRAND: Article 47.
M. GENDRON: ... on prévoit, à la Sûreté du
Québec un régime de pension obligatoire après 25 ou 35 ans
de service. Maintenant, à l'article c): « Retraite avec pension
obligatoire à l'âge de 65 ans pour les officiers de la
sûreté, à l'âge de 62 ans pour les sergents et
à l'âge de 60 ans pour les caporaux. » Nous demandons un
amendement qui pourrait édicter qu'il n'y ait pas de restriction
d'opérer ni pour les agents, ni pour les sous-officiers, ni pour les
caporaux, mais que la limite d'âge soit 65 ans pour tous et chacun des
membres de la sûreté.
Or, ni de privilège, ni de restriction pour aucun, mais bel et
bien 65 ans pour tout le monde, tandis qu'on parle de 60 ans pour les caporaux,
62 ans pour les sergents et de 65 ans pour les officiers. Or, nous demandons
l'amendement à l'effet que tous les policiers de la sûreté
du Québec puissent se rendre à l'âge de 65 ans.
M. LE PRESIDENT: Très bien. D'autres articles attirent votre
attention? L'article 52 qui est commenté dans le mémoire
de...
M. BEAUDRY: A l'article 50, si vous me permettez.
M. LE PRESIDENT: 50, Me Beaudry.
M. BEAUDRY: C'est que nous reconnaissons qu'il s'agit simplement de
reproduire, dans la présente loi, le texte des dispositions de la Loi
des cités et villes, à l'article 426, je crois, qui a
été relié...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. BEAUDRY: Mais, en référence au paragraphe c), il nous
semble que cette clause n'a plus sa raison d'être aujourd'hui. Cette
infraction, d'ailleurs, est prévue à l'article 368 du code
criminel, et nous voyons difficilement comment aujourd'hui on peut donner
à une municipalité le pouvoir d'imposer une amende, disons par
simple règlement et sans procès. Alors, la
fédération demande que le paragraphe c) soit tout simplement
biffé.
M. LE PRESIDENT: C'est noté. Est-ce qu'il y a d'autres
arguments?
M. BEAUDRY: Oui. Sur le paragraphe d), le problème de la
résidence, de même que le problème de
l'établissement des classes font l'objet de la négociation de la
convention collective. Là encore, on reproduit le texte d'une
disposition de la Loi des cités et villes qui a été
adoptée il y a peut-être 60 à 75 ans. Mais aujourd'hui, les
choses ont changé et vous savez qu'il y a beaucoup de policiers
municipaux, par exemple, qui ne peuvent demeurer dans la municipalité
où ils travaillent mais il leur est peut-être très facile
d'aller demeurer dans les limites d'une autre municipalité adjacente.
Alors, ces questions de résidence, disons depuis une dizaine
d'années, sont négociables par les associations et les
municipalités. Et de fait les conventions collectives contiennent des
clauses à ce sujet-là. Il en est de même pour les
classes.
C'est encore une disposition de la Loi des cités et villes qui a
été adoptée avant même que des négociations
collectives aient lieu entre policiers et municipalités. Et les
classes
font partie, n'est-ce pas, de la négociation. Elles sont en
général le rapport direct avec les années de service et
l'expérience. Alors nous demandons que ces pouvoirs de déterminer
la résidence et l'établissement des classes soient reliés.
Sur la question de résidence, eh bien, très souvent, a
été présenté devant les tribunaux d'arbitrage le
fameux problème de la petite politique locale dans l'engagement des
policiers en établissant, par exemple, qu'un policier doit avoir feu et
lieu dans la municipalité pour devenir un policier municipal.
Et ensuite la fédération prétend qu'il s'agit
là, pour une municipalité, tout simplement, de s'éviter
d'avoir de bons candidats, en allant chercher des candidats dans des
municipalités voisines.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Nous avons noté vos
observations. L'article 52 a été commenté dans deux
rapports. Est-ce que vous avez d'autres commentaires à faire? M.
Tobin.
M. TOBIN: Pour activer le comité; 52, 53. Nous aimerions dire
quelque chose sur 55 et 56.
M. LE PRESIDENT: Cela va.
M. TOBIN: Nous sommes d'avis que ces articles soient abrogés car
ils constituent une entrave aux membres des sûretés municipales
dans leurs fonctions de répression et de contrôle de certaines
infractions aux règlements municipaux. Nous estimons qu'il serait
nécessaire d'incorporer ici un article contenant les dispositions des
sous-paragraphes, c), d), e) et f), paragraphe 16 de l'article 426 de la Loi
des cités et villes, Statuts refondus de 1964.
M. BERTRAND: J'ai reçu également, M. Tobin, des
représentations de la ville de Montréal, sur ce problème
de l'arrestation sans mandat. Alors, nous les avons prises en note. Nous
examinerons le problème, et s'il y a lieu, nous communiquerons avec vous
plus tard.
M. TOBIN: Parfait.
M. PICARD: Mais l'arrestation...
M. BERTRAND: Nous voulons, excusez...
M. CHOQUETTE: Un instant...
M. BERTRAND: Comme le dit le député d'Outremont; sur le
principe de l'arrestation sans mandat, il y a plusieurs personnes qui ont
émis des opinions, les unes très bien fondées, à
l'effet qu'arrêter sans mandat, ce doit être l'exception.
M. CHOQUETTE: Absolument.
M. BERTRAND: Cela ne doit pas devenir la règle. Et l'on donne des
exemples...
M. BLANK: Cela doit être des sommations, dans des cas comme
ça, pas des mandats.
M. BERTRAND: Mais je sais que le fait de priver les municipalités
ou les policiers municipaux de ce pouvoir causerait des problèmes.
D'autre part, il ne faut pas oublier qu'il y a toute une série d'actes
qui sont des actes criminels. Alors, le policier étant l'agent de la
paix, par exemple, tous les crimes qui sont énumérés dans
le code criminel je n'ai pas envie d'en faire la nomenclature
mais à ce moment-là, il peut arrêter quelqu'un sans mandat,
si la personne est en train de commettre le crime ou sur le point de commettre
le crime.
M. CHOQUETTE: En flagrant délit.
M. BERTRAND: Disons le vagabondage, troubler la paix publique, etc. Par
contre, il y a certains actes qui sont réglementés par les
conseils municipaux et où il est prévu qu'on peut arrêter
sans mandat. Il y a des problèmes. On a donné des exemples dans
la lettre qui m'est parvenue des autorités municipales de
Montréal. Nous allons les examiner, mais disons que le principe devrait
être que l'arrestation sans mandat, c'est l'exception.
Et je pense qu'il y a déjà des chefs de police et des
policiers qui ont exprimé l'opinion là-dessus que l'arrestation
sans mandat, comme règle, ça devrait être banni de nos
lois.
M. CHOQUETTE: Je suis content qu'il y ait des chefs de police qui aient
exprimé cette opinion.
M. BERTRAND: Oui, il y en a.
M. PICARD: M. le ministre, si vous le permettez, je me suis levé,
non pas pour endosser, malheureusement, ce que vous venez de dire, mais pour
endosser les chefs de police dans leurs recommandations. Parce que, comme
policiers, il ne faudrait tout de même pas, peu importe l'importance du
délit, enlever aux policiers les droits qu'ils ont présentement.
Je vais vous dire pourquoi. C'est que généralement, si nous
sommes forcés d'arrêter un ci-
toyen, pour un acte mineur, que ce soit un règlement municipal ou
autre, c'est à cause du comportement de ce même citoyen-là.
On vous demande d'étudier notre côté de la médaille
aussi, parce que vous allez entraver d'une façon assez draconnienne le
travail des policiers.
Ce n'est pas que nous voulions, remarquez bien, arrêter tous et
chacun sans mandat et à vue, mais le code criminel, vous l'avez
mentionné vous-même, lorsque c'est à vue, nous avons le
droit d'arrêter sans mandat.
M. BERTRAND: C'est vrai.
M. PICARD: Mais prenez un règlement municipal qui est anodin,
comme creuser un fossé à travers la rue Sainte-Catherine à
quatre heures et demie l'après-midi. Si, comme policier, je demande au
citoyen d'arrêter ses travaux et qu'il m'envoie vous savez où,
combien de temps est-ce que ça me prendra pour l'arrêter, si j'ai
besoin d'aller me chercher un mandat?
Donc, c'est un cas bien anodin, ce sont des cas qui peuvent se
multiplier. Le Code de la route dit que vous devez produire vos permis aux
policiers qui vous arrêtent. S'il vous dit encore d'aller vous promener,
qu'est-ce que vous allez faire? C'est justement ces cas-là de «
border line » qui doivent être étudiés par votre
comité. Merci.
M. GILBERT: Je dois ajouter, pour rassurer certaines personnes que la
correspondance à laquelle a fait allusion M. le ministre de la Justice
n'a pas été signée par le directeur de la police.
M. BERTRAND: Non, non, je n'ai pas parlé du directeur.
M. GILBERT: Non, non, excusez-moi, je vais donner plus de
détails. Il ne faudrait pas croire que les policiers cherchent à
avoir encore plus de pouvoirs pour en venir à ce qui pourrait être
un Etat policier comme on se plaît à le dire. Mais je tenais
seulement à souligner que les représentations officielles faites
auprès du ministre de la Justice ne l'ont pas été sous la
signature du directeur de la police...
M. BERTRAND: Avez-vous...
M. GILBERT: Pour certaines personnes ce pourrait être
intéressant de connaître le détail.
M. BERTRAND: Etes-vous favorable au principe appliqué dans la
loi?
M. GILBERT: Je suis d'opinion qu'on doit continuer de permettre aux
policiers d'arrêter à vue dans des cas exceptionnels, comme
ça se produit, un citoyen qui enfreint un règlement municipal.
L'exemple cité par le président de la Fédération
des policiers du Québec est assez éloquent. Nous sommes d'avis
que, lorsqu'il y a abus de la part de la police, il s'agit d'attirer
l'attention des responsables de l'administration municipale
concernée.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce qu'il y a d'autres articles qui doivent
être soulignés?
M. PICARD: L'article 57.
M. BEAUDRY: Nous avons quelque chose à dire sur l'article 57. Cet
article peut présenter de graves problèmes pour les policiers. En
particulier lorsqu'il s'agit pour une municipalité de louer le service
de police d'une autre municipalité. Alors ce qui se produit, c'est
qu'à un moment donné et c'est arrivé dans un cas en
particulier que l'on connaît, une municipalité, par
exemple, qui ne serait pas satisfaite d'une décision arbitrale, pourrait
tout simplement décider d'abolir son corps de police, ce qui lui est
permis, pour signer un contrat de service avec une municipalité
voisine.
Dans un cas particulier, une municipalité avait un service de
police organisé et a loué les services de police d'une
municipalité qui n'en avait pas. Et ce qu'on a fait, c'est qu'on a
constitué un nouveau corps de police avec d'autres personnes et ce sont
les policiers, au nombre, je pense, de douze à quinze, qui avaient
obtenu des conditions de travail par une sentence arbitrale, qui ont
été obligés de s'en retourner chez eux.
Alors, nous suggérons qu'il soit possible de louer les services
d'une autre municipalité pour une municipalité qui ne
possède pas déjà de corps de police. Dans le cas de la
fusion ou de l'annexion, c'est différent. Parce que l'article 36 du code
du travail protège les conventions collectives existantes et les
certificats d'accréditation.
M. BERTRAND: C'est dans le deuxième cas, là où on
parle de soumettre son territoire à la juridiction du corps de
police.
M. BEAUDRY: Non, c'est le conseil de toute municipalité
lisez à l'article 49 qui peut faire des règlements pour
conclure une entente avec une autre telle municipalité
entièrement ou partiellement située dans un rayon de vingt
milles. Encore là, on se demande s'il serait
possible de spécifier des territoires contigus. Parce que de la
façon dont le texte est écrit ici, les villes pourraient
requérir les services d'un corps de police d'une autre
municipalité en passant par le sous-territoire des autres
municipalités. Alors cette municipalité peut demander à
une autre ville de lui fournir les services, l'usage des lieux de
détention et les services de son corps de police.
Alors, nous suggérons qu'au début de l'article 57,
après le chiffre 49, que l'on ajoute : « qui ne possède pas
déjà un corps de police municipal ».
M. LE PRESIDENT: Nous avons pris note. Maintenant je vous ferai
remarquer qu'il est une heure, nous devons siéger à trois heures,
et si on veut épuiser tout le texte de la loi.
M. BERTRAND: Si on continuait, voici pourquoi. Vous êtes tous ici
et, s'il était possible de terminer dans une demi-heure, je crois que ce
serait préférable pour tous. Comme je l'ai dit tantôt les
députés auront le journal des Débats et pourront s'en
inspirer. Quant à nous, cela nous éclairera et, d'autre part,
cela vous éviterait de revenir après Pâques, et ça
accélérerait la marche des choses.
Si on pense pouvoir terminer dans quinze ou vingt minutes, parce que je
note que dans le mémoire de M. Tobin, il y a juste quelques articles, je
demanderais à M. le Président, et si mes collègues
consentent, que nous continuions.
M. BEAUDRY: Alors sur l'article 58, voici ce qui se présente ou
ce qui peut se présenter. Evidemment la loi interdit, par l'article 58,
à une municipalité de permettre à une tierce personne ou
à une organisation quelconque de maintenir un corps de police. Pour
nous, c'est parfait. Mais la chose peut se faire indirectement,
c'est-à-dire qu'on peut engager des policiers, disons d'une agence
privée. On leur donne un salaire et, à la fin de la semaine, ce
policier de l'agence privée s'en va avec son chèque, chez son
employeur, endosse son chèque et en reçoit un autre pour le
montant d'à peu près la moitié ou les deux tiers. Alors
c'est faire indirectement ce que la loi défend de faire directement.
Mais pour plus d'assurance, nous vous demandons que soit ajouté
au texte de l'article 58, au lieu du point à la fin, une virgule et
continuer de la façon suivante: « ou de faire assumer en tout ou
en partie la fonction de policier municipal par des personnes autres que celles
prévues à l'article 1. paragraphe I ».
M. LE PRESIDENT: Autres commentaires, M. Tobin?
M. TOBIN: Nous voulons en finir avec 59, 71, 73, 86 et 87. Nous les
avons soumis par écrit mais nous aimerions encore dire quelque chose sur
59. Ce sera tout.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. TOBIN: Nous estimons que cet article doit être modifié
en ajoutant aux 4e et 5e lignes, après les mots « destituer le
directeur », les mots « le suspendre ou réduire le
traitement », parce que nous nous apercevons qu'à certains
endroits ils ont suspendu leur directeur et la suspension dure pendant un ou
deux ans. On n'est pas plus avancé.
Dans l'article 69 de la Loi des cités et villes, les mots «
réduction de traitement » étaient compris, mais dans la loi
on ne les avait pas mis. En retranchant de la 5e ligne les mots « chef ou
de son corps de police » en biffant à la 8e ligne les mots «
ou chef » nous sommes d'avis qu'un dernier paragraphe devrait être
ajouté à cet article et être libellé dans les termes
suivants ou les termes analogues: « Les dispositions du présent
article s'appliquent à tout membre d'une Sûreté municipale
remplissant à titre temporaire ou provisoire les fonctions de directeur,
ainsi qu'aux membres d'une Sûreté municipale qui n'est pas
assujettie aux conditions d'une convention collective de travail »; parce
que dans la Loi des cités et villes, on disait « le chef de police
ou celui qui remplit des fonctions analogues. » Alors nous
déterminons et nous disons ceux qui ne sont pas sur une convention. Cela
dépend dans certaines villes, cela part du capitaine en descendant, dans
d'autres, cela part du lieutenant en descendant. Mais que les autres soient
couverts par l'article 59.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a autre chose?
M. TOBIN: A la fin, vous biffez 69 de la Loi des cités et villes,
196 des Statuts refondus et on ne parle pas de 115 de la Loi des cités
et villes où il est dit que tous les fonctionnaires et employés
des municipalités sauf le greffier et le trésorier, sont sous le
contrôle et la direction du gérant qui a le pouvoir de les
suspendre de leur fonction. Alors, il faudrait que cela soit aussi...
M. BERTRAND: Nous le prenons en note. M. TOBIN: En ce qui nous concerne,
M. le
Président, M. le ministre, ce sont nos remarques. Ne restent que
71, 73, 86 et 87, que vous avez par écrit. Nous vous remercions de
l'attention que vous avez eue, de nous endurer, de nous laisser donner nos
explications, merci.
M. BERTRAND: Un autre commentaire de la part des policiers
provinciaux?
M. GENDRON: Alors, si vous permettez, messieurs, nous avons deux
articles sur lesquels nous voulons attirer votre attention.
L'article 95 de la loi parle des membres de la sûreté
provinciale du Québec actuellement en fonction et qui le demeurent comme
s'ils avaient été nommés en vertu de la présente
loi. Toutefois, les sergents-majors et les sergents d'état-major
deviennent respectivement des capitaines et des lieutenants tandis que les
recrues deviennent des cadets. Cela fait déjà partie du contrat
de travail. L'association est d'accord. Cependant où il y a une
anomalie, où on brime les membres de l'association, c'est qu'on dit
« tandis que les recrues deviennent des cadets. » Alors nous
insistons encore sur cet amendement à l'effet qu'on n'a pas d'objection
à ce que vous les appeliez cadets, mais qu'ils restent éligibles
tel que le contrat le stipule aux droits de l'association.
Maintenant, au sujet de l'article 37 j'aimerais revenir en
arrière qui mentionne qu'un cadet ou qu'un membre de la
sûreté qui désire quitter le département doit donner
un avis de trente jours, si le membre ne donne pas avis de 30 jours, il est
passible d'une amende de $200. Nous désirons attirer l'attention du
comité sur le point suivant. En comparaison avec l'article 7 où
l'on parle de personnification policière, celui qui personnifie un
policier n'est condamné qu'à $50 ou à un maximum de $100,
tandis que le pauvre policier, qui ne donne pas un avis de trente jours, peut
être condamné à $200.
M. BERTRAND: Nous le prenons en très bonne note.
M. GENDRON: Merci, monsieur.
M. BEAUDRY: Nous avons trois remarques. La première est sur
l'article 61, nous croyons que dans le cas où une municipalité
veut nommer des constables spéciaux, elle devrait référer
à la commission, et la commission devrait avoir plus de pouvoirs dans ce
cas-là.
Ensuite, nous recommandons que l'Institut de police soit sous la
juridiction de la Commission de police, de même que toutes les
écoles de police. Il y aurait peut-être lieu de prévoir
à l'article 74, que plusieurs municipalités pourraient s'unir
pour former une école de police.
M. PICARD: Notre conseiller a oublié l'article 60, M. le
Ministre. Si vous me permettez, nous aimerions qu'à l'article 60 soit
ajouté un délai quelconque, parce que là,
présentement, on pourrait nommer pour une période
indéfinie.
M. BERTRAND: Oui. Vous aurez noté que nous avons reproduit
à peu près textuellement la loi actuelle pour les constables
spéciaux. Mais je prends note de vos suggestions. Est-ce qu'il y en a
d'autres?
M. LE PRESIDENT: Alors, C-l.
M. BEAUDRY: A l'article 76, dernière remarque, à la fin du
paragraphe, nous demanderions que les cinq ou six dernières lignes
où il est dit... « Aucun membre d'un corps de police ne peut
démissionner lorsque s'applique... » disparaissent. Il me semble
que c'est porter atteinte à la liberté du contrat de travail du
policier et, si un policier décidait, à un moment donné,
qu'il ne peut agir honnêtement dans une situation semblable, il devrait
avoir le privilège de démissionner.
M. BERTRAND: Est-ce qu'il y a d'autres remarques?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres remarques ou si c'est la fin
de vos observations? Alors, M. le ministre de la Justice aimerait vous...
M. BERTRAND: Vous me permettrez bien, M. le Président, d'exprimer
au nom de tous mes collègues présents, des remerciements et des
félicitations à l'endroit de tous les corps qui se sont
présentés ce matin devant nous; les représentants des
policiers, des municipalités, des syndicats, des agents de la paix. Je
les remercie de leur coopération. D'ailleurs j'en avais
déjà eu des preuves en novembre lorsque nous avons
définitivement élaboré ce projet de loi, nous avions
discuté avec eux dans une atmosphère où le dialogue
était des plus sereins. Je les remercie de leur coopération. Je
les félicite également de la tâche qu'ils accomplissent
chaque jour pour la protection du public et j'invite les citoyens à
coopérer avec nos corps policiers partout. Leur tâche est
difficile et ingrate. Leur tâche est d'autant plus difficile et ingrate
que les citoyens ne coopèrent pas en certains cas.
Donc, merci. Ce dialogue aura été fructueux pour vous et
pour tous les membres de ce comité et pour celui qui parle.
Maintenant, il faudra passer à l'action. Nous allons examiner
toutes vos suggestions. Je serais
bien mal venu de vous dire que toutes vont être acceptées.
D'autre part, vous aurez eu l'occasion de les formuler. Soyez sûrs d'une
chose: en toute loi il y a un départ. C'est un départ que l'on
attendait depuis 20 ans. Donc, la loi. Deuxièmement, les suggestions que
nous pourrons accepter, nous les accepterons, parmi celles que vous avez
formulées ce matin.
Je tiens à le dire devant vous parce que très souvent,
quand des groupes viennent ici, ils disent: On a parlé; On a
été écouté, mais on n'a pas inscrit dans la loi ce
que nous avons demandé. Nous prendrons nos responsabilités. Ce
qu'il y a d'important, c'est qu'à la suite de ce dialogue ouvert, franc
et clair, nous passions maintenant à l'action et c'est ce que les
membres du Parlement feront à la plus prochaine occasion au retour des
vacances de Pâques.
A tous, merci et joyeuses Pâques!
(13 h 9)