Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Wednesday, January 29, 2025
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Vol. 47 N° 87
Special consultations and public hearings on Bill 86, an Act to ensure the long-term preservation and vitality of agricultural land
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, bon matin à tous. Ayant le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte. Je vous rappelle de bien vouloir fermer
vos sonneries électroniques. Alors, la commission est réunie ce matin afin
de poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi no 86, Loi visant à assurer la pérennité du territoire agricole
et sa vitalité.
Est-ce qu'il y a des remplaçants, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire : Oui, M. le Président.
M. Émond (Richelieu) est remplacé par Mme Blais (Abitibi-Ouest); M. Girard (Lac-Saint-Jean),
par M. Rivest (Côte-du-Sud); M. Ciccone (Marquette), par M. Fortin (Pontiac); M.
Kelley (Jacques-Cartier), par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis); et Mme Labrie
(Sherbrooke), par Mme Zaga-Mendez (Verdun).
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, ce matin, nous recevons Vivre en ville, et, ici présents, les Producteurs
et productrices acéricoles du Québec. Alors, bonjour à vous trois. Alors, dans
un premier temps, présentez-vous, et puis vous enchaînez par la suite avec
votre présentation. Vous avez un 10 minutes, total. Voilà.
M. Goulet (Luc) : Merci
beaucoup, M. le Président. Mesdames, Messieurs, membres de la commission. Mon
nom est Luc Goulet, je suis le président des Producteurs, productrices acéricoles
du Québec. Je suis aussi un producteur de sirop d'érable de la région de
Bellechasse. Je suis accompagné aujourd'hui de ma directrice générale, Mme
Isabelle Lapointe, et M. Joël Vaudeville, directeur des communications
corporatives chez nous, Producteurs, productrices acéricoles du Québec. Comme
vous le savez sans doute, notre organisation, c'est la référence mondiale pour
la...
M. Goulet (Luc) : ...puis la
mise en marché collective des produits de l'érable. Nous représentons l'intérêt
de 1 350 acériculteurs et acéricultrices, regroupés dans 8 400
entreprises. Le Québec assume une position dominante dans la production de
sirop d'érable. Nous représentons 72 % de la production mondiale, et notre
sirop d'érable est exporté dans plus de 70 pays. Notre organisation investit
dans la recherche, l'innovation, le développement de marchés, notamment via nos
marques génériques Érable du Québec et Maple from Canada.
Contribution de la production acéricole
québécoise. Le sirop d'érable est bien plus qu'un produit apprécié des
Québécois et Québécoises. C'est un or blond, qui enrichit nos régions. En 2022,
l'acériculture représentait 12 583 emplois équivalents temps plein, contribuait
au PIB intérieur à la hauteur de 1,1 milliard, engendrait des revenus de
taxation de l'ordre de 235 millions de dollars pour le Québec et le
Canada. En 2024, on a produit un nombre record : 239 millions de
livres ont été tirés de nos érablières, ce qui représente une valeur de
800 millions de dollars. L'acériculture représente une des
filières agricoles les plus dynamiques au Québec. Les récents programmes
d'ajout d'entailles, 19 millions d'entailles sur 10 ans, ont fortement
contribué à l'augmentation du nombre de producteurs et productrices agricoles
ces dernières années. Ce sont d'ailleurs plus de 2 000 entreprises
acéricoles qu'ils ont constituées depuis 2021.
À ces retombées économiques, nous ajoutons
une contribution importante à l'écologie et à l'environnement. Effectivement,
la production de sirop d'érable permet de séquestrer 744 000 tonnes
métriques de carbone par année, ce qui représente un retrait de 220 000
véhicules sur nos routes chaque année. Elle offre des services écologiques
d'une valeur de 1,6 milliard de dollars par année, en plus de
protéger la faune et la flore.
Pour la PPAQ, le dépôt de loi était
nécessaire. Nous saluons l'intention du législateur de renforcer la protection
du territoire agricole. Nous résumerons notre intervention de la sorte :
le sirop d'érable n'est pas n'importe quel aliment ou produit agricole,
l'érable n'est pas n'importe quel arbre. Alors, que sommes-nous prêts à faire
collectivement pour protéger les érablières au Québec et encourager la
production de sirop d'érable?
Bien que la situation de la production
acéricole soit vaste et complexe, nous résumerons nos recommandations sur le
projet de loi à certains dossiers prioritaires. Nous présentons, donc, dans
l'ordre nos commentaires : définition d'une érablière en zone agricole,
protection des érablières situées hors de la zone agricole, les enjeux touchant
à la réglementation municipale et le renforcement des sanctions prévues à la
loi. Pour les autres dispositions qui touchent plus largement le monde agricole,
les PPAQ appuient les recommandations de l'Union des producteurs agricoles.
• (11 h 30) •
Définition d'une érablière. Le peuplement
d'érables doit être protégé pour les apports agricoles, mais également leur
importance culturelle et services écologiques qu'elles fournissent. C'est la
raison pour laquelle les PPAQ soutiennent les dispositions prévues à la LPTA
qui octroient un statut spécifique à une érablière se trouvant en zone
agricole. Celles-ci accordent des protections satisfaisantes. À la lecture du
projet de loi, nous constatons que ces dispositions n'ont pas été revisitées
avec l'objectif d'en amoindrir la portée. C'est une très bonne nouvelle, que
nous soulignons aujourd'hui. Mieux encore, la modification proposée au projet
de loi renforcerait les protections consenties en élargissant la portée de la
définition d'une érablière.
L'article 20 du projet de loi changerait
l'article 1 de la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles afin de présumer une érablière un peuplement forestier à dominance
d'érables à sucre ou érables rouges. Si l'intention du législateur est louable,
il nous apparaît d'intérêt de préciser davantage ce qu'on entend par terme
«dominance» afin d'éviter que les peuplements forestiers impropres à la
production acéricole soient couverts par la définition de «érablière». Des
peuplements forestiers très diversifiés, qui présentent un potentiel acéricole
trop faible pour être mis en production, pourraient être identifiés comme étant
dominés par les érables, alors que ces derniers ne composent que 10 % à
20 % du peuplement. Cela impliquerait que les traitements sylvicoles
prévus pour les érablières, la coupe de jardinage acéricoforestier soient
effectués dans des peuplements qui ne démontrent pas de potentiel acéricole à
court terme ou moyen terme. Nous proposons donc de bonifier le libellé de
l'article 20 afin de préciser la proportion d'érables à sucre et d'érables
rouges suffisante pour identifier une érablière. Vous trouverez notre
proposition au libellé du... de la page 6 et 8 du mémoire.
En résumé, nous... nous suggérons au
législateur de préciser ce qu'il entend par «dominance d'érables à sucre et
érables rouges». Selon nous, la proposition fait consensus avec la Fédération
des producteurs forestiers du Québec. La dominance devrait être établie comme
une proportion minimale de 40 % d'érables à sucre rouges dans la
composition du peuplement forestier. Le seuil de 40 % permet l'inclusion
d'érablières qui n'était pas couvertes par la protection spécifique de la LPTA
par le passé, tout en minimisant les impacts sur les traitements sylvicoles qui
peuvent être effectués dans les peuplements forestiers qui contiennent des...
11 h 30 (version non révisée)
M. Goulet (Luc) : ...des
érables sans être des érables dont le potentiel acéricole serait exploitable à
court, moyen terme. Si les érablières en zones agricoles jouissent d'une
protection adéquate, c'est une toute autre histoire pour les érablières situées
dans le domaine de l'État ou situées en zones blanches. Nous estimons que
18 % de la production de sirop d'érable du contingent acéricole est
réalisée dans les érablières sur forêts publiques. À cela s'ajoutent les
érablières en zones blanches en forêt privée qui représentent 11 % de la
production. C'est donc près du tiers de la production acéricole qui ne
bénéficie pas de protection offerte par la loi de protection du territoire et
des activités agricoles. Ajoutons que la protection... la proportion de
18 % devrait croître dans les prochaines années si le gouvernement du
Québec a son intention de développer la sylviculture en forêt publique.
Pour les PPAQ, nous sommes devant une
situation incohérente qui ne serait pas tolérée pour un autre secteur agricole.
Pourquoi un érable à l'extérieur de la zone verte aurait moins de valeur qu'un
érable dans la zone blanche ou sur terre publique? Les érablières non
exploitées en forêt publique font régulièrement l'objet de traitements qui,
bien qu'ils viennent de guides sylvicoles du ministère des Ressources
naturelles et de la Forêt, ne sont pas adaptés à l'acériculture et portent
atteinte au potentiel acéricole du Québec de moyen et long terme.
Du côté de la zone blanche, les PPAQ peuvent
témoigner que des érablières en exploitation ou encore des érablières détenant
un beau potentiel sont menacées régulièrement par des projets de développement
immobilier, commercial, industriel et, à l'inverse de la réglementation
municipale mal adaptée et des mesures de conservation de la biodiversité,
limitent, voire empêchent les activités acéricoles.
Si par le passé les législateurs ont jugé
essentiel de se doter... à doter les érablières situées en zone agricole d'un
statut particulier pour en assurer leur pérennité, le même objectif devrait
maintenant pousser à se pencher sur la situation des érablières dans leur
ensemble au Québec. Selon nous, les érablières et la production acéricole doivent
pouvoir bénéficier d'une protection, et ce, qu'importe où elles sont situées.
Enjeu touchant... je vous dirais, qui nous
touche... Nous sommes maintenant à attirer l'attention de la commission
parlementaire sur les enjeux qui touchent la réglementation municipale. Les
municipalités disposent de pouvoirs de réglementer l'abattage d'arbres.
Cependant, la réglementation municipale peut être complexe et ne pas prioriser
l'exercice normal des activités acéricoles dans une érablière en zone agricole.
C'est pourquoi les PPAQ demandent au législateur de clarifier l'article 79.1
de la LPTA afin qu'une MRC exerce des pouvoirs avec l'objectif de favoriser les
activités agricoles et les activités forestières, et non pas seulement l'utilisation
du sol à des fins d'activités agricoles.
Les PPAQ souhaitent également apporter un
changement à un autre article qui touche aux pouvoirs des municipalités. Il
existe, à l'article 79.3 de la LPTA, un processus de médiation qui prévoit
qu'il est possible de soumettre à la médiation une réglementation municipale
qui causerait un préjudice aux activités agricoles. Toutefois, ce processus n'oblige
pas une municipalité à participer à cet exercice de conciliation et est libre d'accepter
ou non les conclusions du médiateur. Les PPAQ demandent que le législateur
prenne en compte la situation et qu'une disposition du projet de loi n° 86 oblige une municipalité à mettre en œuvre les
conclusions ou les recommandations du médiateur.
Également, nous souhaitons que la
médiation puisse être demandée par un organisme représentant le propriétaire
agricole. Cela pourrait avoir... cela pourrait être un syndicat local de l'Union
des producteurs agricoles ou les représentants des PPAQ.
Nous demandons également l'identification
du médiateur par consensus entre les parties pour l'identification du médiateur
et que ce médiateur soit un professionnel compétent, comme un agronome ou un
ingénieur forestier. Si le consensus n'est pas possible, le ministère
responsable serait chargé d'identifier le médiateur.
Finalement, les PPAQ occupent soit de
profiter de cette tribune pour alerter les parlementaires sur une situation qui
menace la rentabilité de nos entreprises acéricoles. Depuis quelques années,
les producteurs acéricoles doivent composer avec une hausse de leur compte de
taxes municipales en raison de la prise de compte de la valeur de leur
contingent acéricole dans l'unité d'évaluation foncière. Les évaluateurs
municipaux, dans plusieurs régions, demandent aux acériculteurs, acéricultrices
les informations sur le contingent acéricole émis par les PPAQ. Or, le contingent
acéricole est un outil de mise en marché collective mis en place pour que les
producteurs acéricoles, ils ne devraient pas être injustement taxés par les
municipalités. Les PPAQ contestent fermement cette pratique. Cette hausse de
compte de taxes municipales des érablières, parfois du simple au double,
représente un nouveau poids sur la rentabilité des entreprises agricoles et...
d'autant les budgets consentis pour le programme de crédits de taxe foncière
agricole.
Les sanctions prévues par la LPPAA en cas
de non-respect des dispositions de protection des érablières en zone agricole
sont insuffisantes et demeurent peu appliquées. Nous pensons notamment au
non-respect de l'article 27...
Le Président (M. Schneeberger) : Le
temps est écoulé. Est-ce que vous en avez pour longtemps? Parce que, là, je vais
devoir...
Le Président (M. Schneeberger) : ...demander
que le temps soit pris sur le côté ministériel.
M. Goulet (Luc) : Regardez,
j'en ai pour 15 secondes pour la conclusion.
Le Président (M. Schneeberger) : Ah!
Bon, continuez.
M. Goulet (Luc) : Est-ce que
c'est suffisant?
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
bon. Parfait. Allez-y.
M. Goulet (Luc) : En
conclusion, la sériciculture doit faire la fierté du Québec. D'une activité
artisanale qui prend les racines dans notre patrimoine, elle s'est transformée
en une industrie agricole prospère, innovante et dynamique. Ce changement n'est
pas le fruit du hasard, il est la conséquence des choix que nous avons faits
comme société pour développer la production agricole. La révision de la LPTAA
fait partie des actions qui sont déterminantes pour notre avenir. Nous invitons
le législateur à continuer de prendre les bonnes décisions pour le produit
national des Québécois. Merci de votre écoute. Et nous sommes maintenant prêts
à répondre à vos questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup. Alors, nous débutons une période d'échange. M. le ministre,
vous avez la parole pour 15 minutes 55 s.
M. Lamontagne : Excusez-moi,
là, je viens de perdre du temps, là. O.K., oui. Merci, M. le Président. M.
Goulet, Mme Laporte, merci, merci de... des représentations que vous avez
faites, merci d'être présents aujourd'hui. Sans aller en long et en large,
c'est que vous venez de conclure en parlant que c'est une industrie qui est
passée d'un stade artisanal il y a un certain nombre d'années à un stade
aujourd'hui où, tu sais, on a énormément d'innovation, c'est une industrie qui
est de plus en plus structurée. Puis on voit aussi le succès, le succès que
différentes décisions que vous avez prises de façon collective, là... a été
engendré par ces décisions-là. Alors, très fier, moi, de voir l'évolution. Tu
sais, avant d'être ministre, je commençais... je connaissais le sirop d'érable
parce que j'aimais ça n'en consommer. Mais c'est sûr que, depuis que je suis
ministre, j'ai additionné à ça un peu la connaissance, un peu d'historique,
puis après ça des efforts qui sont déployés puis des façons de faire. Alors,
j'apprécie, j'apprécie totalement votre contribution à tout l'écosystème, là,
du système... du secteur bioalimentaire au Québec.
• (11 h 40) •
Il y a plusieurs, plusieurs points que
vous apportez et vous abordez dans votre présentation. Puis, tu sais, je... moi,
je vais m'en tenir... Honnêtement puis bien respectueusement, il y a certains
éléments que vous avez amenés qui sont certainement très pertinents à aborder,
mais en même temps, bien, tu sais, on est dans la Loi sur la protection du
territoire agricole et des activités agricoles puis le... pour la révision de
cette loi-là, ça fait que je vais m'en tenir à des commentaires qui portent sur
les travaux que l'on a. Le premier, je vous dirais... Tu sais, vous avez
mentionné d'emblée, tu sais, auparavant, tu sais, toute... la question de
qualifier les érablières. Il y avait tout un système de codes. Ils m'ont
expliqué ça un petit peu, là, puis, honnêtement, ça dépasse un peu ma
compréhension de ça, mais c'était... c'était quand même complexe. Puis, avec la
révision de la loi, bien, on a eu à venir faire un peu de ménage là-dedans,
puis, un peu la solution qui a été... qui est proposée avec le projet de loi,
bien, honnêtement, au meilleur des habiletés, des connaissances des gens, là,
on statuait qu'on atterrissait à la bonne place. Vous avez mentionné d'emblée
qu'en prenant connaissance du projet de loi vous avez constaté qu'il y avait
avant des bonnes protections puis qu'on ne cherchait pas à venir réduire ces
protections-là, même, je veux dire, l'intention qu'on avait, c'était de
s'assurer de renforcer ces protections-là.
Ça fait que j'aimerais ça que vous nous
parliez davantage pour avoir une meilleure compréhension des arguments que vous
avancez. Parce que, je vous le dis d'entrée de jeu, l'objectif, c'est de
protéger. Puis c'est certain qu'en bout de ligne, quand ça va finir, bien, je
veux dire, on va être d'accord sur la façon qu'on le fait, tu sais, dans... au
niveau du texte, des libellés, parce que, ce qu'on présente, nous, on pense que
ça protège peut-être davantage, tu sais, que, dans le fond, votre
interprétation, ce que vous donnez. Ça fait que moi, j'aimerais ça vous
entendre sur toute votre appréciation de cette définition-là, ce que vous
recherchez. Puis après ça ce que je vous dis, bien, c'est que le travail puis
la suite des choses, jusqu'à la... du projet, bien, ça va être de travailler
avec vous pour faire atterrir ça à la bonne place, là.
M. Goulet (Luc) : C'est bon.
D'entrée de jeu, je vais peut-être faire un cas de figure pour bien... bien...
la compréhension, c'est du langage qui est forestier, d'ingénieur forestier.
Puis c'est sûr que les balises qu'on a, nous, le 40 %, présentement, par
rapport à l'ancienne méthode qui était d'évaluer, on caractérisait les
peuplements sur une carte puis on était capables de... vraiment de l'introduire
ou de ne pas introduire. Mais on le sait qu'en réalité, sur le terrain, on a
une autre dynamique. Ça veut dire qu'il y a des peuplements qui peuvent avoir
une densité d'érable qui soit suffisante, qu'il y ait une dominance mais qu'il
y ait d'autres espèces...
M. Goulet (Luc) : …qui soit
avec, mais qu'il était exclu parce qu'il était d'origine résineuse ou qu'il y
avait un fort pourcentage ou un faible pourcentage de résineux à travers. Nous,
pour la balise du 40 %, la dominance de 40 % nous permet d'aller
rechercher une plus grande superficie d'hectares au Québec de protection de ces
érablières-là. On le sait que, dans le développement, on a deux options, nous,
au Québec, on va avoir le développement sur les terres privées puis on va avoir
le développement sur les terres publiques. Sur les terres privées,
présentement, le projet de loi, c'est ce qui concerne, mais moi, je vous dirais
qu'il faut les protéger, tous les peuplements qui sont là. On le voit présentement,
certains grands propriétaires fonciers, pour eux, la notion de foresterie
devient dominante sur l'exploitation d'érablière. On l'a vu dans la dernière
émission… en 2023. Certains n'ont pas émis de superficies disponibles en
location à de nouveaux producteurs ou de consolidation sur les entreprises qui
étaient là. C'est une orientation qu'on veut, de dire : On envoie un
message clair que les superficies où est-ce qu'on a des érables, où est-ce
qu'il y a du potentiel qui va se développer dans les prochaines années, on veut
le maintenir puis le développer, parce que notre filière va continuer à se
développer.
On a des croissances de développement de
marché dans les 10, 15 dernières années qui étaient au-dessus de 6 %.
Dans la dernière année, on a de la croissance de marché de l'ordre de 8 %,
9 % de nos exportations présentement. Ça fait qu'il faut prévoir que, si
nos ventes continuent à augmenter comme ça, quotidiennement, annuellement ou
aux trois ans, on va devoir réémettre des entailles, et ces entailles-là, il
faut déjà planifier au niveau du territoire du Québec, la production qui va
venir pour la… le cinq… les cinq ans, les 10 ans puis les 25 ans en
avance. Parce qu'on est les seuls en... le Nord-Est américain, on est les seuls
à produire le sirop d'érable. Puis, au Québec, vous avez la chance d'avoir les
entrepreneurs puis les compétences pour être capables de développer cette
filière-là. Et ça, c'est important.
Si je reviens au niveau des… du terme
technique, au niveau des pourcentages, je vais prendre un cas de figure qui
s'utilise en… aux terres… sur les terres du domaine de l'État, c'est qu'on va
chercher un seuil de nombre d'entailles à l'hectare pour qualifier un
peuplement d'érables, puis aussi une densité. On va parler de 60 % de
densité, ce seuil-là est quand même assez élevé. Ce que ça veut dire c'est que,
dans des peuplements, on va avoir des densités qui seraient prêtes à entailler,
à exploiter puis qui auraient une rentabilité, un seuil de rentabilité sur la
densité, mais qu'à cause de… les espèces… qu'on a ne qualifient pas le
60 %. Ça veut dire qu'on a des beaux peuplements qui sont à 55 %,
puis on va les exclure des potentiels acéricoles à protéger parce qu'ils ne
cadrent pas dans cet effet-là de dominance. La loi qu'on est en train de
modifier, présentement, que vous êtes en train de modifier, sous le p.l. 86,
vient un peu apporter cette nuance-là et nous permet d'aller chercher ces
peuplements-là et de protéger ces peuplements-là. Pour nous, ça, c'est une
chose qui est très importante.
M. Lamontagne : Mais, encore
là, là, moi, je suis à 10 000 pieds, là, vous connaissez ça plus que moi
pas mal, mais ce que je lis puis ce que… ce que je comprends, c'est que vous
craignez… ou selon la définition qu'on met, c'est qu'on vienne protéger, dans
le fond, des peuplements ou des types d'arbres qu'on ne devrait pas protéger
ou… Ça, c'est… c'est dans une perspective où le fait de faire ça, ça vient
diminuer la concentration des érables ou… à moins que je ne comprends pas bien.
M. Goulet (Luc) : Le
40 %, si on avait déterminé un seuil que vous nous auriez proposé, une
réglementation à 20 % de dominance, là, on aurait été dans une zone où
est-ce que le peuplement n'est pas favorable au développement de
l'acériculture, à cause des espèces qui sont compagnes ou… le jargon, on a un
jargon qui s'appelle la surface terrière dans l'évaluation, surface terrière,
c'est un outil d'évaluation au prisme. Quand on se déplace dans le bois, qu'on
est capable de voir les tiges qui sont en place, le pourcentage versus la
grosseur détermine la dominance du peuplement. À 40 %, on considère, nous,
qu'on a des peuplements qu'il faut protéger et aménager en direction d'une
érablière.
Vous savez, il y a une résilience au
niveau d'un érable, l'érable rouge, l'érable à sucre ont une très grande
résilience, une très grande capacité d'adaptation, puis, je vous dirais, les
érablières du Québec, on a eu une transition qui s'est faite avec les années.
Comme propriétaires privés, souvent, on va avoir des parties de notre terrain
qu'on a des sapinières avec des érables à l'intérieur suite à des aménagements,
puis souvent les densités sont là puis les proportions, quand on parle du
40 %, justifiaient de faire des interventions pour maintenir le potentiel
acéricole. C'est ce qu'on dit, c'est ça notre appui dans le projet de loi,
c'est d'être capable de bien cadrer cette définition-là. Puis, quand un
ingénieur forestier arrive dans un boisé, puis qu'il voit une dominance de
l'érable à sucre par rapport aux autres essences, il va dire : Ici, on ne
peut pas faire une coupe totale. Parce que, présentement, dans certains de ces
peuplements-là, on va voir qu'il va y avoir une coupe totale, on va sortir le
bois franc, on va sortir le bois mou, mais on va aller…
M. Goulet (Luc) : ...et on va
aller avec une proportion d'érables que, dans un futur avenir, on va être
capables de dynamiser le peuplement pour en faire des érablières dans 10, 15,
20 ans. C'est la réflexion qu'on fait par rapport à cette dominance-là.
M. Lamontagne : Parfait.
Bien, écoutez, je réitère ce que je vous ai dit au début, là : Il va y
avoir des entretiens avec vous autres pour s'assurer, là, de faire en sorte que
la définition d'«érablière» qu'on va utiliser, là, va être... va rencontrer
autant les objectifs qu'on recherche, qui est la protection, autant vos
objectifs à vous, là, je veux vous certifier tout ça.
Vous avez parlé de toute la question de la
médiation. Honnêtement, ce qu'on me dit, au ministère, vraiment... c'est
quelque chose qui a été très peu utilisé par les producteurs agricoles depuis
que ça a été mis en place, je pense, c'est 1996, là. Ça fait que... Puis, je
veux dire, on n'est pas... on n'est pas fermés à aborder ce sujet-là, c'est
juste c'est quelque chose qui n'était pas du tout sur le radar. Ça fait que
peut-être nous en parler davantage un peu, là. Qu'est-ce qu'il en est? Est-ce
qu'il y a des cas? Est-ce qu'il y a des problèmes dans le passé associés au
processus de médiation qui est en place présentement?
Des voix : ...
M. Goulet (Luc) : Il va
compléter. Joël va compléter la question.
M. Vaudeville (Joël) : Sur le
processus de médiation...
M. Lamontagne : Est-ce que je
peux avoir votre nom? Excusez-moi.
M. Vaudeville (Joël) : Joël
Vaudeville. Je suis le directeur des communications aux producteurs acéricoles.
Bonjour.
Sur le processus de médiation,
effectivement, il est peu utilisé, mais c'est parce que, justement, il ne
répond pas aux besoins des producteurs acéricoles, puis c'est une demande
également qui est portée par les producteurs forestiers du Québec, le fait que
ce soit non contraignant pour la municipalité, mais aussi que le producteur est
seul dans ce processus-là, d'où la demande qu'on a de pouvoir, nous, en tant
qu'organisme représentant du producteur agricole, que ce soit un producteur
forestier ou acéricole... qu'on puisse, nous, déposer la demande de médiation
advenant qu'il y ait une réglementation, là, qui est mésadaptée à la réalité
acéricole ou forestière, là, pour le producteur.
• (11 h 50) •
M. Lamontagne : O.K., mais
avez-vous des exemples ou des situations à rapporter qu'il y aurait... il y
aurait... ça aurait indiqué qu'il aurait dû y avoir des procédures différentes
qui soient en place ou...
M. Vaudeville (Joël) : On n'a
pas d'exemple très particulier sur un producteur qui nous serait ramené avec
ces situations-là, mais je sais que les producteurs forestiers, qui,
malheureusement, n'ont pas été convoqués, là, pour la commission parlementaire,
pourraient vous fournir, là, une liste de situations, là, où est-ce que la
médiation aurait pu être utile et, finalement, le producteur a été... a été
découragé, là, d'utiliser ce processus-là.
M. Goulet (Luc) : Ce qui est
important pour nous... Ce qui est important pour nous dans ce processus-là,
c'est que, vous savez, on a une hiérarchie, on a une réglementation qui va
s'appliquer au niveau provincial puis, dans chacune des MRC, on va avoir des
règlements intérimaires qui vont être déposés. Et ça, souvent, ça crée des
préjudices, puis on va des fois à l'encontre de certaines orientations qu'on a
au niveau de la réglementation de la protection du territoire. C'est cette
inquiétude-là qu'on a. On a aussi certains propriétaires terriens qui vont
faire des interventions.
Vous savez, la CPTAQ, présentement,
protège les érablières. On a eu des demandes d'intervention avec d'autres types
de foresterie. Il n'y a pas eu nécessairement de contrôle qui a été fait au
niveau de certains grands propriétaires terriens, avec certaines interventions
forestières qu'on jugeait un petit peu trop intensives par rapport aux
peuplements d'érables. C'est un des éléments qu'on a là. L'équipe... On pourra
bonifier puis transférer à votre équipe un peu des cas que... des cas de figure
qu'on a. Le pourquoi qu'on a mis ce... là, c'est parce qu'on a une inquiétude
sur cette particularité-là.
Puis, de plus en plus, dans les MRC, des
règlements intérimaires viennent mettre une couche supplémentaire. Et ça, je
vous dirais... Puis, même au niveau du ministère, il y a une réflexion au
niveau de la réglementation, au niveau de la foresterie. Qu'elle soit
uniformisée provincialement, c'est un voeu, là, que, je pense, la réflexion
forêt veut amener sur les terres privées, terres publiques aussi, là, mais
terres privées, d'avoir un seul canevas de réglementation puis qu'on l'applique
tout simplement. Nous, ici, on a une règle pour la protection du territoire
agricole, on a une définition d'«érablière», mais on ne voudrait pas qu'il y
ait une couche supplémentaire au niveau intérimaire, là, des... de nos MRC qui
viennent rajouter une couche supplémentaire. Mais on va faire une communication
avec votre équipe pour des cas précis.
M. Lamontagne : C'est bon.
Non, mais c'est ça, ce qu'on fera, les gens, vous allez communiquer ensemble
pour voir s'il y a quelque chose à faire ou avoir une meilleure compréhension
de ce que vous demandez.
C'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) :
Oui, ça va? Parfait.
M. Lamontagne : Merci. Merci
beaucoup. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle. Et j'entends le député de Pontiac pour 10 minutes 24.
M. Fortin :Très bien. Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, M.
Goulet, Mme Laporte, M. Vaudeville. Merci, merci d'être avec nous aujourd'hui,
de participer à la commission parlementaire, mais j'en profite pour vous
remercier de votre leadership sur la place publique au cours des derniers mois,
des dernières années, là. C'est apprécié d'entendre la voix... la voix forte
des producteurs acéricoles.
Le ministre...
M. Fortin :...s'est concentré sur le message que vous aviez
directement et uniquement pour le projet de loi. Vous avez quand même choisi de
prendre une partie de votre temps en introduction pour discuter d'un autre...
d'un autre élément. Alors, j'aimerais vous donner le temps peut-être d'élaborer
un peu là-dessus, parce que je vous avoue, et pour... Ça fait quelques années,
là, que je suis porte-parole en agriculture et que je collabore aux travaux sur
ces enjeux-là ici, à l'Assemblée, et je ne me souviens pas d'avoir entendu
parler, du moins pas beaucoup, de l'enjeu des taxes municipales en lien avec le
contingent. Pouvez-vous juste nous faire un portrait de ce qui se passe un peu.
Est-ce que c'est... Est-ce que c'est généralisé? Est-ce que c'est selon les
municipalités? C'est quoi, l'ampleur de ce phénomène-là, disons?
M. Goulet (Luc) : Bien, je
vous dirais, c'est... Présentement, l'inquiétude qu'on a, c'est... Ça l'a
député dans certaines régions au Québec, certaines MRC se sont dotées... se
sont dotés ou ils ont... ils ont pris un peu cet alignement-là, on vient de
déplacer un peu le fardeau fiscal dans nos entreprises. La valeur du contingent,
bien, il y a... il y a des décisions administratives, on le sait, mais nous, ce
qu'on conteste... Puis ce n'est pas toutes les municipalités qui ont des taux
de taxation différenciés. On a aussi un plafond au niveau de la taxation
municipale qui peut s'appliquer, mais qui n'est pas applicable au niveau de
l'acériculture. Ce qu'on a dans les MRC présentement, c'est qu'on déplace ce
fardeau-là chez nos producteurs. Parce que les producteurs ont un outil de mise
en marché commun, on le dote d'une valeur puis on l'impute directement au
compte de taxes. Ça fait que, s'il y a un alignement très fort d'avoir des taux
différenciés, mais... là, c'est un travail, c'est un acharnement que chacun de
nos producteurs dans sa municipalité doit faire pour être capable de faire
valoir son point.
Moi, je vous dirais, c'est... Vous savez,
comme contribuable, comme population du Québec, c'est tous nous autres qui
paient cette augmentation-là du fardeau fiscal qui est renvoyé dans nos
entreprises. On a le crédit de taxe foncière, qui est un remboursement qu'on a,
qu'on apprécie, puis on a des obligations à répondre. Mais, je vous dirais, de
plus en plus, ce programme-là, ça va être un programme infini de montants à
rembourser au niveau de nos municipalités. C'est un redéplacement du fardeau
fiscal qui s'est fait dans... de notre côté. Il y en a un, pourcentage qui est
remboursé, mais il reste que ce fardeau-là, il devient de plus en plus élevé,
puis on le voit, là, dans tout l'ensemble. Mais notre production acéricole, on
a une particularité, c'est que ça se fait dans des régions. Dans le
Centre-du-Québec, présentement, c'est une mode, mais là ça commence à se parler
un peu partout dans la province, puis c'est une inquiétude qu'on a réellement.
M. Vaudeville (Joël) : Si je
peux me permettre, très rapidement, c'est un phénomène nouveau, c'est-à-dire
qu'il y a des municipalités qui ont constaté que le contingent acéricole, qui
est un droit réel, qui est grevé à l'immeuble, donc à l'érablière, vaut quelque
chose et qu'une érablière avec du contingent vaut plus cher possiblement qu'une
érablière sans contingent acéricole. Donc, on a des producteurs acéricoles qui
eux, lorsque le rôle foncier est arrivé... c'est du simple au double en termes
de taxes municipales. Ça l'a d'ailleurs fait l'objet de nouvelles, là, dans La
Terre de chez nous la semaine dernière. Face à ça, l'état du droit, c'est que
c'est un droit réel. Et donc le Tribunal administratif du Québec, suite à une
contestation d'une productrice, a confirmé, là, que les municipalités étaient
dans leur bon droit. Maintenant, c'est au législateur de décider : Bien,
est-ce qu'on veut laisser la situation perdurer au risque de ce que ça coûte au
Programme de crédit de taxes foncières et ce que ça représente comme augmentation
de coûts pour les producteurs acéricoles?
Nous, on a identifié deux véhicules pour
régler le problème. C'est d'abord le changement sur la Loi sur la fiscalité
municipale, pour dire spécifiquement : Ce n'est pas une pratique qui est
tolérée, ou encore c'est le plafonnement de la valeur taxable des immeubles
agricoles. Ce règlement-là qui est nouveau, là, qui date du projet de loi
n° 48, de mémoire, prend l'ensemble des immeubles agricoles, et, au 90ᵉ
percentile, on plafonne la valeur taxable. Le problème qu'on a, nous, de notre
côté, c'est qu'il n'y a aucune érablière qui se qualifie dans ce plafond-là
parce qu'on prend tous les immeubles agricoles. Est-ce qu'on devrait plutôt y
aller par type de production pour le plafonnement, pour qu'au moins chacune des
spécialités, chacune des productions ait une partie de plafonnement de la
valeur taxable de leur immeuble agricole?
M. Fortin :O.K. Je... Ça va, M. Goulet?
M. Goulet (Luc) : On a... on
avait peut-être aussi le taux différencié qui est appliqué dans chacune des
municipalités, aux MRC. Est-ce qu'on devrait l'appliquer de manière uniforme
sur l'ensemble des biens agricoles, avoir un taux différencié qui est... qui
serait une directive au Québec pour être capable d'assouplir un peu la somme
qui est requise pour le crédit au niveau du programme de taxes foncières puis
de diminuer un peu cette pression-là qu'on a sur nos entreprises agricoles,
acéricoles?
M. Fortin :O.K. Je vous entends bien, mais le...
M. Fortin :...effectivement, il y a peut-être quelques véhicules par
lesquels, là, cet enjeu-là pourrait être amoindri, ou réglé, ou peu importe,
mais le problème... le problème, il est entier, là, puis vous faites bien de
lever le drapeau aujourd'hui parce que je peux comprendre ce que ça représente,
non seulement au niveau financier pour un producteur acéricole, mais, en plus,
si un producteur acéricole choisit de contester, il est un peu tout seul contre
sa municipalité, là, alors, effectivement, ça peut devenir, disons, plutôt
lourd à porter.
Si je reviens au projet de loi rapidement.
Vous avez parlé, dans votre mémoire, des sanctions prévues à la LPTAA qui
seraient insuffisantes. Pouvez-vous juste peut-être élaborer un petit peu
là-dessus, là, sur l'impact que certains manquements qui ne sont pas... soit
les inspections ne sont pas là, on ne se rend pas au bout de l'enquête, ou peu
importe, là, ce que ça peut avoir sur le potentiel acéricole?
M. Vaudeville (Joël) : Ce
qu'on constate présentement sur... dans le terrain, c'est que c'est plus
rentable pour certains de faire une coupe à blanc, vendre le bois, payer la
pénalité liée au fait qu'ils n'ont pas respecté notamment l'article 27 de
la Loi sur la protection du territoire agricole. Donc, on n'a pas une prescription
à vous offrir parce qu'on n'est pas à la bonne place pour pouvoir dire c'est
quoi la gradation des conséquences qui devrait être imposée à quelqu'un qui
fait ce genre de coupe, mais où est-ce qu'on veut vous sensibiliser, c'est
qu'on ne peut pas revenir en arrière : une fois que l'érable est coupé ça
prend 50 à 60 ans avant qu'il repousse, puis qu'on puisse s'en faire... en
tirer du sirop d'érable. Donc, il faut qu'il y ait une proportionnalité entre
la gravité de ce que ça représente comme conséquence pour le futur et la
sanction qui est imposée à la personne qui a le... qui a ce comportement-là.
• (12 heures) •
M. Fortin :Très bien. Je vous le dis... je vous le dis tout de suite,
M. le ministre, c'est un... c'est un sujet sur lequel on va revenir en cours
d'étude détaillée du projet de loi parce qu'effectivement payer la pénalité, ça
ne peut pas être plus payant que de suivre les règles. Ce n'est pas... L'idée
d'une pénalité, c'est justement ça, c'est de s'assurer que tout suit les règles
à la fin de la journée. Donc, j'apprécie. Pour vous nous, votre échange avec le
ministre, là, fait le tour des autres questions qui étaient présentes dans
votre mémoire, alors merci de votre participation encore une fois.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition avec la députée
de Verdun pour 3 min 28 s.
Mme Zaga Mendez : Merci. Je
principalement avoir deux questions en trois minutes. Ma première : Vous
avez déjà parlé un peu de votre proposition d'élargir la zone de protection des
érablières en zone blanche également sur les territoires du domaine de l'État.
Pouvez-vous me dire comment est-ce que vous pensez qu'on pourrait
l'opérationnaliser dans le cadre du projet de loi et comment on peut arrimer ça
aussi avec, j'imagine, les demandes que vous recevez des... du ministre... de
la ministre des Ressources naturelles et des Forêts?
M. Goulet (Luc) : Mais moi,
je vous dirais, la... les balises qu'on a en place au niveau de p.l. n° 86,
c'est des balises qui nous habillent au Québec. Même l'ancienne loi permettait
de protéger. Puis on avait des balises d'aménagement qui nous permettaient de
maintenir le potentiel acéricole du Québec. De l'autre côté, au niveau du
ministère, mais ces balises-là ne sont vraiment pas claires, c'est des balises
de foresterie en fonction de produire des mètres cubes de bois. Je sais que le
pouvoir législatif est pour la zone verte, mais quand on intervient dans notre
dossier acéricole sur les terres publiques, on demande d'avoir le même type de
protection que ce qui est appliqué à la zone verte. Et pour nous, ce serait un
gain qui serait énorme, de protéger que ce soit des potentiels à court terme,
moyen terme et long terme avec une foresterie qui est adaptée, mais une
foresterie qui permet une résidualité de notre peuplement, puis un peuplement
que, dans le temps, on va demeurer économiquement rentables, puis une
foresterie qui va être adaptée à la production de sève. Puis ce langage-là
n'est pas courant au niveau du ministère présentement. On parle de foresterie
pour produire des mètres cubes de bois et non de la foresterie pour maintenir
puis développer le potentiel acéricole. Et ça, pour nous, c'est très important.
Mme Zaga Mendez : Merci. Avec
le peu de temps qu'il me reste, c'est inévitable de parler de ce qui se passe
de l'autre côté de la frontière. Puis si vous voulez rapidement nous partager
comment la fédération entrevoit les possibles tarifs avec les relations
économiques avec les États-Unis et qu'est-ce que vous attendez un peu de nous
ici?
M. Goulet (Luc) : Nous, c'est
sûr et certain qu'au niveau de notre filière on a... Nous, on est représentant
des producteurs acéricoles du Québec, mais il ne faut pas oublier qu'on est une
filière, on a des équipementiers, on a nos transformateurs qui sont avec nous,
c'est eux qui mettent en marché notre produit sur 70 pays dans le monde.
Et ça, pour nous, ça va être important d'avoir un support...
12 h (version non révisée)
M. Goulet (Luc) : ...du
gouvernement pour être capable, si c'est la volonté du gouvernement de dire :
Présentement, on va investir dans d'autres marchés, mais on voudrait avoir le
support nécessaire pour développer ces autres marchés là. Vous savez, on a...
Les producteurs se sont dotés d'outils de mise en marché. On a un plan
conjoint, sur chaque livre de sirop, on prend certaines quantités, un volume d'argent,
qu'on le met dans un fonds pour faire notre promotion. On a des leviers au
niveau fédéral qui nous permettent de dédier sur les marchés un accompagnement,
mais ces leviers-là sont limités aussi. Si on veut avoir une pénétration de
notre développement de marché, d'avoir une croissance qui soit nécessaire, il
va falloir avoir un appui à la hauteur de nos attentes, puis la hauteur, un
peu, de la situation qu'on va avoir.
Malheureusement, on a 100 millions de
livres qui est exporté chez nos voisins américains. Ça représente quand même
62 % de nos exportations. Ce n'est pas rien. On est dépendant de ce
marché-là. C'est un marché de proximité avec nous. Il faut développer d'autres
marchés, puis c'est ce qu'on a fait dans le passé. On était de l'ordre de 75 %
à 78 %, certains... si on recule de plusieurs années, de dépendance avec
le marché américain. Maintenant, avec nos transformateurs, on a développé.
Ce qu'on attend du gouvernement
présentement, ça va être un appui pour être capable, vraiment, d'avoir cet...
ces montants d'argent là pour aller développer sur les marchés. Puis on a déjà
des marchés qu'on est là, mais, vous savez, avec 1 million, quand on a une
population de 100 millions d'habitants, on effleure puis on est très
imaginatif. Vous l'avez vu dans nos campagnes de promotion, que ce soit au Bye
Bye ou dans la promotion d'automne, on est très imaginatif dans nos moyens.
Avec un sou, on est capable de faire beaucoup de représentations, mais, je vous
dirais, si on avait un accompagnement à la hauteur de nos attentes... On n'aura
pas le choix d'avoir cet accompagnement-là dans la situation qu'on vit. Puis je
vous dirais qu'à l'annonce des tarifs, à la mise en place, on... il va falloir
qu'on le voit avec l'industrie. Je ne sais pas, Isabelle, si tu veux compléter.
Mme Lapointe (Isabelle) : Peut-être
juste ajouter un autre point. C'est sûr que, du côté à court terme, oui,
développer des marchés, mais ça prend quand même un peu de temps. On va avoir
besoin du support aussi, parce que si le... les baisses... si les tarifs, l'impact
que ça avoir sur le consommateur américain peut faire en sorte qu'il y ait des
baisses de ventes, bien, ce que ça va faire, c'est que le sirop d'érable, au
lieu de traverser les États-Unis, va s'en aller dans la réserve stratégique. Et
ça, c'est supporté par les producteurs. Donc, on va avoir besoin aussi d'une
certaine aide pour aider les producteurs parce que sinon ça va mettre en
péril... en péril leur entreprise puis la survie de leur entreprise puis les
investissements qu'ils doivent faire année... à chaque année pour pouvoir
continuer à produire le sirop d'érable.
Mme Zaga Mendez : Merci. Je
pense que c'est tout le temps qu'on a, mais je vous remercie pour vos réponses.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant au député de Matane-Matapédia pour deux
minutes 38 s.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Je ne vous cacherai pas que je
suis déçu de ne pas avoir reçu de canne de sirop d'érable, mais je comprends
pourquoi. Parce que vous en avez envoyé aux députés gouvernementaux pour les
sensibiliser à un enjeu qui est important pour vous. Et on vous supporte
là-dedans. D'ailleurs, on a adopté, le 21 février 2024, une motion
demandant de réserver à court terme... Enfin, on ne l'a pas fait adopter, elle
a été refusée. On l'a proposée : «De réserver à court terme un minimum de
25 000 hectares de forêt publique en tout temps, répartis dans les
différentes régions pour l'acériculture.» C'est toujours votre revendication?
Je vous laisse le temps. Comment on y arrive avec le projet de loi? Comment on
atteint cet objectif-là, maintenant qu'il y a une volonté de travailler sur le
territoire, même si c'est sur le territoire agricole? Comment on peut y
arriver? Les voies de passage, qu'est-ce que vous proposez?
M. Goulet (Luc) : Je vous
dirais, moi, d'entrée de jeu, ce qu'on est en train de discuter au niveau du
projet de loi, c'est déjà toute une affirmation au niveau du gouvernement,
présentement, qui dit : Aie! On veut protéger encore plus les érables. La
zone verte, je pense qu'on est habillé au Québec dans cette... dans cette
disposition réglementaire là. On va être capables de se développer. On va être
capables de maintenir les potentiels. On va être capables d'orienter un peu
nos... les actions dans chacune des régions en fonction de cette protection-là.
Maintenant, au niveau des terres
publiques, moi, je vous dirais que les discussions sont réouvertes
présentement. On sent qu'on est très proches de nos cibles qu'on a. Je vous
dirais qu'on n'a pas de demandes excessives. Je comprends présentement qu'on
doit partager cette forêt publique là avec tous les autres intervenants. L'industrie
forestière, elle est là, elle est majeure dans certaines régions, mais je vous
dirais qu'on est capables de faire ces deux choses-là avec l'acériculture. On
fait de la foresterie qui est régulière dans nos érablières, puis on
approvisionne nos industries forestières aussi. Puis, nous, ce qu'on veut, c'est
se développer. Ça fait que c'est le message qu'on a présentement. Puis les
discussions, je vous dirais qu'on met... On a des attentes, on a des très
grandes attentes, mais on n'est pas très loin de protéger, sur les cartes, les
chiffres que l'on veut.
M. Bérubé : Le 25 000.
M. Goulet (Luc) : Qu'on veut
avoir...
M. Goulet (Luc) : ...pour les
prochains cinq à 10 et 10 à 20, et ensuite de ça, les discussions vont se
poursuivre.
M. Bérubé : Est-ce que c'est
le projet de loi ou les négociations, par exemple, avec le ministère, qui vous
permettent d'être optimiste, de dire : On va arriver au 25 000?
M. Goulet (Luc) : Moi, je
vous dirais, le projet de loi, présentement, là, il envoie un signal clair pour
nous, c'est que le MAPAQ, présentement... la Loi sur la protection du
territoire agricole veut développer l'acériculture puis veut la protéger.
M. Bérubé : D'accord. C'est
bien, puis on va vous soutenir là-dedans.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
On n'a plus de temps, M. le député de Matane-Matapédia. Voilà. Merci. Alors,
merci beaucoup pour votre présentation et l'aide à l'apport de la commission.
Alors, je suspends quelques instants afin
d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 12 h 09)
(Reprise à 12 h 13)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous accueillons maintenant les deux représentants
de l'organisation...
Le Président (M. Schneeberger) : ...Vivre
en ville. Alors, je vous salue. Je vous invite à vous présenter et enchaîner
avec votre présentation. Ah oui! Excusez, donnez-moi juste un... J'aurais
besoin du consentement pour qu'on puisse poursuivre au-delà de l'heure prévue
qui était 12 h 50. Consentement. Parfait. Allez-y.
M. Savard (Christian) : Bonjour.
Merci à la commission de l'invitation. Mon nom est Christian Savard, directeur
général de Vivre en ville. Je suis accompagné de Samuel Pagé-Plouffe,
directeur, Affaires publiques et gouvernementales, chez nous. Très heureux
d'être ici aujourd'hui pour parler de ce projet de loi qui concerne
essentiellement la protection du territoire agricole.
On a beau s'appeler Vivre en ville, nous
sommes historiquement obsédés par la protection du territoire agricole, par
l'interface ville-campagne, par la question des démarches nourricières et
comment les systèmes alimentaires s'insèrent dans le quotidien des urbains.
Donc, c'est pour ça que Vivre en ville travaille... a travaillé dans le passé
avec de nombreuses municipalités, que ce soit dans des marges de consolidation
urbaine pour protéger le territoire ou des démarches nourricières à l'échelle
régionale, notamment partenaires avec différents ministères là-dessus.
On tient également à souligner qu'on... le
sérieux derrière le projet de loi et la démarche qu'il y a eu derrière. On a eu
l'occasion de participer à de nombreux forums. Il y a eu... Il y a une
conversation qui est relativement mature derrière le processus, et ce n'est pas
toujours le cas. J'en ai fait plusieurs, des commissions parlementaires, j'ai
commenté plusieurs projets de loi, et là on sent qu'il y a quand même un
certain nombre de bons alignements qu'on tenait à souligner. Il y a une
sincérité derrière, derrière la démarche qu'on aime. Également, il y a des
aspects... Évidemment, on va parler dans notre présentation des aspects qui
nous inquiètent, les zones que je dirais d'ombres ou les choses qu'on est plus
critiques. Mais il y a beaucoup de choses qu'on contient à saluer, on ne les
nommera pas tout en raison de temps. Par exemple, le suivi des transactions, on
est solidaires, et avec nos amis de l'alliance, salutaires là-dessus.
La protection du territoire agricole, et
la LPTAA est une grande loi québécoise qui est une... qui a fait en sorte qu'on
a un aménagement du territoire qui est différent. À travers le temps, parfois
il y a eu des brèches qui se sont créées, parfois il y a des gens qui poussent
pour en faire encore plus des brèches. Donc, dans l'esprit, on sent que
l'esprit est bien dans le cadre du projet de loi, mais on a quand même... on
voit des failles qu'on aimerait faire des propositions pour les colmater. Donc,
je dirais également, il va falloir faire attention à l'appel de certains qui
vont dire : Ah! la protection du territoire agricole, ça empêche nos
régions de se développer, c'est un empêcheur de tourner en rond. C'est un...
Selon moi, c'est un mythe. Selon nous, c'est un mythe. Ça empêche des gens de
faire qu'est-ce qu'ils veulent où qu'ils veulent. Ça, oui, mais c'est ça,
l'objectif. Après ça, lorsque les règles sont claires, il y a moyen de
continuer à développer nos villes, nos villages partout au Québec. Mais c'est
juste... ça rend... Il faut être un peu moins paresseux et essayer d'aller vers
le terrain le plus facile, qui est... que je peux acheter rapidement.
Donc, notre développement de nos villes et
villages ne doit pas se faire au détriment de notre agriculture, les deux
sont... peuvent aller ensemble. Je passe la parole à Samuel.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Merci
beaucoup, Christian. Bonjour. Je commencerais par une observation. Le projet de
loi, assez clairement, l'approche qui est adoptée, c'est de miser beaucoup sur
les outils de planification territoriale, notamment les nouvelles OGAT, les
schémas, pour limiter l'empiétement sur le territoire agricole. Et utiliser ces
outils-là, c'est positif parce que ce sont des outils qui permettent de prendre
le problème à la source, hein, le... on va faire une meilleure gestion de
l'urbanisation, qui permettra éventuellement de limiter l'empiétement. Je vous
dirais, quand on regarde les nouvelles OGAT, pour ce qui est des MRC A, B, C, on
est, somme toute, rassurés de la gestion qui va se faire pour limiter
l'empiétement. Pour ce qui est de D, E, F, par contre, les groupes de MRC, qui
représentent quand même 70 % du territoire agricole, on a, je vous dirais,
des inquiétudes assez importantes, puis on pourra vous entretenir là-dessus
lors des échanges, sur la force que ça a. Donc, tout miser là-dessus, nous, on
trouve que c'est assez périlleux. Dans l'analyse d'impact réglementaire, là,
qui vient expliquer le projet de loi, il est écrit qu'il est...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : ...tente
d'améliorer la cohérence entre le régime d'autorisation établi par la LPTAA et
le contenu des schémas d'aménagement des MRC adopté en vertu de la LAU. Et ça,
bien, c'est tout en respect du principe, là, qu'on a dans notre cadre
d'aménagement. C'est un principe de cohérence. Il faut avoir de la cohérence
entre les différents acteurs, il faut avoir de la cohérence entre ce que nous
dit les différentes... les différentes lois. Et, dans cette perspective-là, de
cohérence, vous savez, le régime d'aménagement maintenant va être davantage axé
sur les résultats. Il va y avoir un système de monitorage avec des bilans
nationaux, bilans régionaux. Et ce qui... ce qu'on trouve, c'est que, pour
améliorer la cohérence entre les différentes lois puis... du Code
d'aménagement, il faudrait nommer clairement dans la Loi sur la protection du
territoire agricole les indicateurs et les cibles qui vont être établis dans
ce... dans ce système de monitorage là pour pouvoir dire : Bien, on vise à
faire, par exemple, diminuer de 50 % le nombre de terres qui est dézoné
annuellement. Pour l'instant, il n'y a pas cette... il n'y a pas cette
communication-là entre la LPTAA et les OGAT qui sont établies par la LAU, donc
c'est manquant. Il n'y a pas... Il n'y a pas, donc, l'obligation de résultat.
Ce que l'on propose donc, encore une fois,
c'est tout simplement d'inscrire dans la LPTAA, là, des indicateurs et des
cibles en matière de protection de territoire agricole et de sa mise en valeur.
Et évidemment aussi, si ces indicateurs-là et ces cibles ne vont pas dans la
bonne direction, bien, il faut ensuite exiger la modification des schémas. Il
n'y a pas d'obligation de modifier les schémas non plus si les indicateurs ne
vont pas dans le bon sens. Alors, je reviens un peu au principe de la
cohérence, il faut faire les liens entre donc le cadre d'aménagement et la
LPTAA qui vient protéger le territoire agricole.
Rapidement, là, en fait, on a aussi des
choses, je vous dirais, assez positives à dire. Par exemple, sur le suivi des
transactions, bien, c'est bien. On a... On a des recommandations, des nuances,
mais honnêtement, pour l'essentiel de notre propos, c'est : Bravo! On
salue... On salue ce qui est fait dans le projet de loi et on propose d'élargir
donc ce suivi-là, des transactions, à l'ensemble des MRC, incluant les groupes,
là, DEF, là, qui, encore une fois, je le dis, représentent 70 % du
territoire agricole.
• (12 h 20) •
Concernant le mécanisme de compensation,
là, l'article 66 de la LPTAA, bien, de ce côté-là, on reprend une
recommandation qui vous a été exprimée par plusieurs autres groupes, mais donc
que c'est bien de le systématiser, le mécanisme de compensation, quand on...
quand on passe par décret, mais il faudrait minimalement que, donc, les
superficies compensées soient égales ou supérieures aux terres qui sont
dézonées, et donc s'assurer aussi de la vocation nourricière du territoire
agricole.
Dernier élément, de mon côté. Il y a... Il
y a une certaine tension qu'on nous a beaucoup relevée du côté des groupes qui
travaillent sur la protection des milieux naturels. C'est-à-dire qu'on a des
objectifs importants au Québec de protection de la biodiversité, de
conservation de la nature, et le projet de loi ne parle pas de comment on va
réussir à, par exemple, atteindre des objectifs de 30 % de protection des
milieux naturels. On ne préconise pas une seule manière d'y arriver, mais on
pense que, par cohérence des engagements qui ont été pris par le Québec, il
faut... il faut absolument s'y attarder.
Christian, je te laisse la parole.
M. Savard (Christian) : Parfait.
Rapidement, on sait, avec les nouvelles orientations gouvernementales en
matière d'aménagement du territoire, les OGAT, il y a des catégories de MRC et
les catégories D, Eet F, déjà, ont des ouvertures qui nous... qui nous ont déjà
inquiétés lors des consultations qu'on a eues avec le ministère des Affaires
municipales. Et il y a cette même ouverture là dans le projet de loi, à travers
l'article 40 qui vient modifier, là, l'article 59 de la LPTAA, sur
ouvrir les demandes à portée collective avec différents critères pour ces
mêmes... ces mêmes secteurs là. Pour nous, il y a quelque chose d'incohérent
parce que, pourquoi, parce que tu es classé dans D, E, F, le territoire
agricole serait plus facile à grignoter? Pour nous, on comprend mal cette
logique-là et surtout, on pense qu'il faut laisser le temps aux OGAT de voir
comment, de quel côté, là, tout ça va être analysé sur le terrain. Et de venir
en faire un lousse supplémentaire dans la LPTAA nous semble hasardeux et nous
inquiète.
Donc, notre recommandation n'est... pas
aller de l'avant avec l'article 40 et voir comment les OGAT vont... vont
évoluer parce que on a peur qu'il y ait des glissements...
M. Savard (Christian) : ...par
rapport à ça. Il ne faut pas oublier, là, que, dans ces MRC là, des MRC, là,
avec des fortes augmentations de population, avec une logique d'étalement
urbain qui sont aussi fortes, là, on ne parle pas de régions éloignées avec très
peu de croissance, on parle de régions qui... dans le sud du Québec. Donc, on
voit là une ouverture qui nous inquiète.
Et, très rapidement, pour finir, un aspect
positif dans l'esprit qu'on a vu, l'article 52 qui permet d'analyser
ensemble des inclusions à la zone agricole et des exclusions, voilà un début de
mécanique qui nous semble porteur pour venir faire en sorte qu'une municipalité
puisse dire : Cette terre-là, je la veux... la sortir de la zone blanche,
la remettre en zone verte, mais tel terrain à côté du noyau villageois, lui,
j'en ai besoin. Et, de cette manière-là, ça, c'est un aspect intéressant qu'on
voulait... Donc, je vous remercie. Et notre 10 minutes est fini. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous enchaînons avec la période de questions. M. le ministre,
vous avez un 15 secondes 54.
M. Lamontagne : ...minutes.
Le Président (M. Schneeberger) : Quinze
minutes 54 secondes...
M. Lamontagne : Oui. Je
trouvais que vous me coupiez pas mal, M. le Président.
Bien, merci beaucoup, Messieurs, de votre
contribution. Puis, je vais vous dire, à chaque fois que j'ai des gens dont la
vocation... Vous avez dit : On s'appelle Vivre en ville, mais vous avez
une obsession par rapport à tout ce qui touche le territoire agricole, et tout
ça. Bien, moi, chaque fois que je rencontre un groupe que leur motivation,
quand ils se lèvent le matin, c'est cette mission-là, bien, moi... moi, pour
moi, vous êtes des alliés, à titre de ministre de l'Agriculture, là. Alors, je
veux vous remercier pour votre contribution puis votre mobilisation dans ce
sens-là.
Puis, tu sais, vous en avez parlé, tu
sais, vous avez dit le mot... attendez un petit peu, là, je pense, c'est
«maturité», tu sais, une conversation mature. Tu sais, moi, le pari que j'ai
fait quand on a... Parce que, tu sais, ce qu'on a lancé en juin 2023, là, ce
n'est pas une affaire qu'on a comme décidée trois semaines avant, tu sais,
c'est quelque chose, là, qu'il y avait des objectifs qu'on pouvait rechercher.
Puis le pari que j'ai fait, c'est d'à un moment donné dire : Écoute, où on
est rendus aujourd'hui au Québec, là, on est capables d'asseoir à la même
table, tu sais, les producteurs agricoles, les municipalités, les communautés
métropolitaines, tout ce monde-là, là, qui sont sur le territoire puis d'avoir
cette conversation-là qui va nous permettre collectivement de se réengager
envers l'importance, tu sais, de protéger notre territoire agricole.
Puis c'est sûr que, depuis 1978, il y a eu
quelques changements à la loi, mais, tu sais, en 46 ans, là, les
communautés ont évolué, les pratiques agricoles ont évolué, les besoins ont
évolué sur le territoire, puis de penser, à un moment donné, d'avoir une loi
qui est en place qui ne démontre pas... ou qui n'a pas les outils puis les
caractérisations pour prendre en compte les réalités qu'on a sur le territoire
de chacune des parties prenantes qui habitent ce territoire-là... bien, de
penser qu'on peut avoir une loi auquel les gens... tout le monde souscrirait
puis tout le monde... non, ça pourrait fonctionner. D'ailleurs, les enjeux
qu'on a... Moi, depuis que je suis ministre, j'entends... que ce soit du côté
agricole, que ce soit du côté des municipalités, tu sais, j'entends des
commentaires où, à un moment donné, des gens trouvent que, là, on n'est plus à
la bonne place dans la façon de traiter certains enjeux.
Ça fait que, si on veut avoir l'adhésion
renouvelée des gens, bien, il faut avoir cette conversation-là. On a fait le
pari de le faire. Puis, jusqu'au moment où on se parle, ce pari-là, bien, ça a
payé parce qu'on a eu 600 personnes qui sont intervenues,
158 mémoires, on a eu 1 000 courriels, on a eu les webinaires,
et tout ça. Puis aujourd'hui on a ces présentations-là, on a ces dépôts de
mémoire là. Les gens veulent... Tu sais, les gens saluent la démarche, qui nous
appartient à tous, puis les gens veulent améliorer, veulent... selon leur
perspective des choses, mais il reste... les assises sur lesquelles on fait
notre travail, puis vous contribuez aujourd'hui, là, jusqu'à maintenant, sont
solides. Ça fait que je voulais mentionner ça.
Juste pour revenir sur la... tu sais,
l'article 66, l'article 96, le droit du gouvernement, à un moment
donné, de soustraire à la CPTAQ, là, d'intervenir par décret, tu sais, je suis
arrivé en poste comme ministre puis je me suis fait expliquer ça, puis, tu
sais, oui, il y avait un droit d'intervenir, il y avait... il n'y avait aucune
condition qui était associée à ça. Si, à un moment donné, il y a un geste qui
avait été posé puis qu'on voulait défaire ça, il n'y avait aucun outil qui
était là pour pouvoir défaire ça. Ça fait que, moi, par le biais du projet de
loi n° 103, en 2021, on a commencé à intervenir à ce niveau-là. On a amené
toute la question de mettre en place des mesures d'atténuation. On a donné au
gouvernement la possibilité : Oui, tu peux exclure, mais tu peux aussi
inclure. Avant... ça ne paraît pas, mais le gouvernement ne pouvait pas faire
ça. Après ça, on a amené toute la notion de compensation puis avec un «peut»,
tu sais : il peut y avoir des compensations. Puis là, bien, tu sais,
comment... moi, depuis que je suis en poste, l'application... puis je veux
quand même faire un peu la genèse...
M. Lamontagne : ...la genèse
de tout ça, là, l'application de 66 96, là, qui a été utilisé à quelques
reprises, en arrière de ça, la philosophie qu'on a, c'est que, si on est pour
intervenir, ce qui n'est pas souhaitable, mais si on est pour intervenir par
décret, ultimement, il faudrait qu'une fois qu'on est intervenus, on ait
quasiment renforcé, tu sais, le territoire agricole. Puis, si on regarde
quelques interventions qu'on a faites là, bien, je veux dire, on a additionné
beaucoup plus de territoires protégés qu'on en a enlevés, on est allés chercher
des compensations financières importantes qu'on a redistribuées, que ce soit
pour la ceinture verte à Montréal, que ce soit pour la fondation...
UPA-Fondaction. Ça fait que c'est ça, la philosophie qui est en arrière. Puis
là, dans les modifications qu'on suggère, là, ce n'est plus un «peut», ça
devient un «doit». C'est sûr qu'ultimement, bien, il y a le ministre qui doit,
ultimement, donner son imprimatur sur les types de compensations, et tout ça,
mais, d'un cas à l'autre aussi, des fois, les... la façon d'aborder ce
dossier-là, bien, il peut être... Tu sais, il peut être différent d'une place à
un autre, mais l'objectif, c'est de faire en sorte... vous avez parlé de
superficie, de compensations... tu sais, on parle aussi de compensations financières.
Ça fait que ce qui est important, c'est
qu'on introduit de pouvoir réinclure en zone agricole, on introduit des mesures
d'atténuation, on introduit qui... l'aspect des compensations, on vient... là,
on introduit... le projet, ce n'est pas juste qu'il peut y avoir, c'est qu'il
doit y avoir des compensations. Ça fait que je veux quand même... Tu sais, il y
a des outils qui sont là. Des fois, il y en a qui vont dire : Il ne
devrait pas avoir ces outils-là. Les outils sont là. Mais aujourd'hui, en 2025,
quand on va avoir atterri ce projet de loi là, bien, je veux dire, soyez
assurés qu'on n'est plus du tout à la même place qu'on était il y a six ans par
rapport à l'utilité de ces clauses-là.
Moi, j'aimerais ça vous entendre. Écoutez,
vous avez parlé de l'article 59, tout ça, j'aimerais ça pouvoir vous en
parler, mais on va attendre un petit peu. J'aimerais ça vous entendre, là,
de... Consolidation urbaine et villageoise, moi... vous avez ça dans vos...
dans votre texte, vous avez la sobriété territoriale. Ça fait que quelques...
quelques instants, là, pour m'instruire un petit peu sur ces concepts-là, là.
• (12 h 30) •
M. Savard (Christian) : La
meilleure protection du territoire agricole qu'il peut y avoir, c'est de mieux
utiliser le territoire en développant... en le développant mieux, en le
développant parfois plus dense et en le développant au meilleur endroit. Et
c'est un des aspects qui est difficile, parce que, veut veut pas, la LPTAA,
c'est paramétrique, hein, tu sais, tu... c'est très... c'est très strict, mais
il peut y arriver parfois... En fait, le plus important, c'est que nos villages
et nos villes se développent, comme je le dis, au bon endroit et pas toujours
dans un mode éparpillé, qui coûterait très cher, d'ailleurs, hein, s'éparpiller,
ça fait des nouvelles rues un peu plus loin, ça... des fois, on n'a pas
aqueduc, égouts, il y a des coûts qui viennent avec ça, mais également pour
garder la vitalité, par exemple, de nos villages.
Et je vais vous donner un exemple à
Saint-Camille. Nous avons travaillé avec Saint-Camille puis on a même contribué
à dire : Oui, ce territoire agricole là, ce serait une bonne idée qu'il
soit exclu. Vous voyez qu'on n'est pas dogmatiques, même si on est très sévères
sur les exclusions, et on pense qu'il n'en faut à peu près pas. Mais c'est que
Saint-Camille avait proposé de dire : Mais je vais inclure un peu plus
loin un territoire que je pourrais développer et je vais l'inclure dans la zone
agricole parce que lui, il est moins cohérent, lui, il n'amènera pas des
enfants à pied à l'école, il n'amènera pas des gens dans notre commerce de
proximité ou dans nos... nos équipements communautaires.
Donc, la consolidation près du noyau
villageois est souvent une bonne nouvelle pour protéger le territoire agricole,
mais une bonne nouvelle urbanistique, et d'où la quadrature du cercle de Vivre
en ville qui est ramenée. Et ça, c'est très, très important. Et notamment, les
orientations gouvernementales d'aménagement du territoire, il y a... ils sont
toutes nouvelles, hein? Ils prennent ce pari-là, mais à quel point ça va
fonctionner? Il y a des questions à avoir, d'où le fait que nous, on considère
qu'il est important que la LPTAA reste là comme chien de garde pour ne pas non
plus qu'il se fasse des choses regrettables et qui mette une pression. Parce
qu'une fois tu commences à ouvrir c'est comme un jeu de dominos, là, et là,
bien, tout d'un coup, tu te retrouves avec des îlots déstructurés que t'es
obligé d'inclure... qui deviennent... qui font l'objet d'une demande à portée
collective, et ainsi de suite. Donc, l'importance de bien structurer nos villes
et villages autour des cœurs... de manière consolidée et non pas éparpillée,
est majeure pour la protection du territoire agricole et pour la cohérence de
la communauté, puis un paquet de raisons aussi qui sont des cobénéfices.
M. Lamontagne : Excellent.
Bien, merci beaucoup. Vous faites allusion à Saint-Camille puis d'inclure...
12 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...l'article 52,
vous êtes d'accord avec l'idée de... simultanément de pouvoir contempler des
besoins puis dire : Écoute, on va inclure, on va exclure, puis, en même
temps, bien, ce qu'on disait à la CPTAQ : Tu ne peux pas juste inclure
puis ne pas exclure. Tu sais, c'est les deux qu'il faut... pour poursuivre les
objectifs dont vous parlez.
M. Savard (Christian) : Oui.
Bien, vous voyez, c'est le genre d'ouverture, là, qu'on montre, c'est innovant.
M. Lamontagne : Oui, puis, de
toute façon, il y un historique à ça. Il y a des années, quand la zone agricole
a été... a été créée, bien, il y avait des pensées, à savoir : Bien,
écoute, les municipalités, celles-là devraient se développer en s'en allant
vers l'ouest. Finalement, tu te ramasses 30, 40 ans plus tard. Ce n'est
pas ça qui s'est passé. Ça fait que tu as des zones non protégées, tu as des
zones protégées, puis, à un moment donné, il y aurait un intérêt pour les
municipalités de venir réaménager ça. Bien là, on vient leur donner des outils
pour pouvoir le faire, là.
M. Savard (Christian) : Exact.
M. Lamontagne : Vous avez
parlé, rapidement, vous avez dit : La LPTA s'applique de façon
paramétrique. Bien, nous, ce qu'on a cherché à faire, on a commencé ça avec
103, projet de loi no 103, en venant vraiment mettre une emphase sur les
particularités régionales, avec l'ajout de certains critères à 62, en venant
encore renforcir l'idée des particularités régionales. Ce qu'on veut faire, là,
on veut donner au commissaire tous les outils nécessaires pour apprécier les
demandes qui sont devant eux en fonction des préoccupations que vous avez puis,
en même temps, en fonction de la réalité du demandeur. Ça fait que ce qu'on
cherche à faire, c'est justement que ce ne soit pas paramétrique, mais qu'il
puisse y avoir une agilité de la part de la commission. Puis on a commencé avec
103 puis on continue à venir donner ces outils-là au commissaire, parce qu'en
bout de ligne on investit la commission puis les commissaires d'appliquer puis
d'interpréter la loi. Alors, on veut leur donner davantage d'outils pour être
en mesure, justement, de lire finement ce qui se passe partout sur le
territoire. Ceci étant dit, j'ai ma collègue députée de La Porte qui aurait une
question pour vous.
Mme Poulet : Oui. Merci, oui.
Alors, merci à vous deux pour votre participation. M. le ministre, moi, vous le
savez, mon obsession, c'est la sécurité alimentaire. Alors, je vous amène à
votre mémoire, votre dernière recommandation sur le territoire nourricier, vous
mentionnez que la meilleure façon de protéger le territoire agricole est de l'occuper,
de le mettre en valeur, en renforçant notamment... notamment, sa vocation
nourricière. Notre gouvernement est motivé... est mobilisé à accroître l'autonomie
alimentaire. Par exemple, à l'automne dernier, j'ai initié un sommet sur... le
sommet sur la... le sommet sur la santé... je vais finir par le dire, sur la
sécurité alimentaire, voilà, qui a réuni plus de 175... 175 personnes partout
sur la Montérégie. L'objectif était notamment de faire émerger différentes
idées, pistes de solutions, actions structurantes pour répondre aux défis. Le
contexte au sud de la frontière démontre toute l'importance de nos démarches
pour produire plus ici et manger plus d'ici. Alors, votre dernière
recommandation suggère d'encourager les démarches locales pour développer des
SAT, les systèmes alimentaires territorial. J'aimerais vous entendre sur vos
suggestions et vos exemples concrets.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Bien
évidemment, on connaît bien ici, puis ça fait l'objet de discussions dans le
cadre du projet de loi, là, les fameux PDZA élaboré par les MRC, donc intégrés
dans la planification territoriale les considérations que vous avez mentionnées
et la vitalité du... des activités agricoles. Nous, on a travaillé beaucoup à
Vivre en ville avec des municipalités, dans plusieurs régions du Québec, à l'élaboration
des démarches des PDCN, donc, plans de développement de communautés
nourricières. Et donc ces plans-là, dans bien des cas, là, ont été élaborés
dans les trois, quatre, cinq dernières années. Et là ils arrivent au moment d'être
mis en œuvre. Et ça, bien, c'est là qu'il y aura le test de : Est-ce que
les plans de développement de communautés nourricières apporteront les
résultats, les fruits de... les fruits du travail?
Et c'est vrai que ça mobilise énormément l'ensemble
des parties prenantes, que ce soit le milieu municipal, qui doit devenir un
allié, je dirais, davantage encore de la question de la protection du
territoire agricole et de la sécurité alimentaire, et aussi les partenaires
directement, les producteurs agricoles. Et il y a une certaine incertitude sur
comment il y aura un accompagnement ou un soutien gouvernemental pour la mise
en œuvre de ces plans-là de communautés nourricières. C'est normal, on... c'est
en réflexion. Il y a la politique bioalimentaire qui est en... qui est en cours
d'élaboration, qu'il y a des consultations. Mais c'est vrai qu'on insiste
beaucoup sur le fait qu'il va... il va falloir être là pour l'étape de la mise
en œuvre, parce que, si on fait seulement la planification, on risque de
manquer de... on risque de manquer de moyens. Est-ce que, Christian, là.... Ça
va. Merci.
Mme Poulet : Bien, outre les
demandes financières, est-ce que les organismes, entre eux, organisent...
Mme Poulet : ...s'organise, se
mutualise, bonifie. Il y a-tu une synergie déjà sur le plancher où ils peuvent
se mutualiser entre eux autres?
M. Savard (Christian) : Oui.
On le... On le fait, notamment, Vivre en ville, notamment à travers les TIR,
qui sont dans toutes les régions, où ils travaillent ensemble pour partager des
pratiques, partager des bonnes idées, partager les choses qui se font sur le
terrain, là. Ils ne sont pas tous isolés, chacun de leur côté. Vous avez dit la
démarche qu'il y avait en Montérégie, donc il y a une synergie sur le terrain
et il y a une volonté des gens de travailler... de travailler ensemble. Mais,
on sait, hein, c'est... passer... passer du système alimentaire, des grandes
entreprises à la grande agriculture à des démarches nourricières locales,
c'est... il y a un changement, hein, de manière de faire, et, dès qu'il y a un
changement de manière de faire, on a besoin de soutien pour y arriver. Donc
c'est... c'est... c'est pour ça qu'il y a une de nos recommandations qui va
dans ce sens-là.
Mme Poulet : Mais il y a une
volonté de faire, d'y aller de l'avant, de faire des changements?
M. Savard (Christian) : Tout
à fait, oui, oui. Puis...
Mme Poulet : O.K. Pour mieux
nourrir notre population.
M. Savard (Christian) : Exact.
Mme Poulet : Parce qu'on
parle d'approvisionnement, de transformation et de distribution.
M. Savard (Christian) : Exact.
Oui. Puis il y a plein de démarches, nos collègues d'Équiterre en font à
travers les institutions, notamment, qui sont les premiers... premiers à
pouvoir le faire, là. Donc, oui, il y en a sur le terrain. En fait, c'est...
c'est assez fort, puis les gens sont très motivés. Ça fait que, un peu comme
vous, comme vous dites.
Mme Poulet : Merci.
• (12 h 40) •
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Si
je peux me permettre là-dessus. En fait, il y a énormément d'enthousiasme. On
est presque toujours surpris par à quel point il y en a. On avait un forum
justement là-dessus, sur les communautés nourricières, à l'automne, il n'y
avait plus de places, il y avait trop de demandes. Notre publication, qui est
la plus populaire à Vivre en ville, c'est celle sur les communautés nourricières.
Définitivement, là, il y a une volonté du terrain de travailler là-dessus et il
s'agit juste de répondre à cette demande-là.
Mme Poulet : Et en arriver
avec des exemples concrets, justement, des actions concrètes.
M. Savard (Christian) : Oui.
Mme Poulet : Parfait. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci beaucoup. Alors, le temps est écoulé. Nous allons maintenant du côté de
l'opposition officielle. Et j'entends le député de Pontiac pour un
10 minutes 24 s.
M. Fortin :Très bien, merci, M. le Président. Bonjour, M. Savard, M.
Pagé-Plouffe. Merci, merci d'être là. Toujours intéressant d'entendre votre
perspective, surtout sur des projets de loi comme ceux-là qui traitent de
l'aménagement. Parce que c'est ça, à la fin de la journée, là, c'est une
question d'aménagement et de bonne utilisation du territoire.
On a regardé l'ensemble de vos 17, je
crois, recommandations, là. Je ne vais pas vous demander de faire une gradation
complète de la chose mais, si on devait repartir avec une idée précise? Parce
qu'on va finir par débattre de chacune de vos recommandations, là, puis il y en
a que, bien, on va peut-être s'acharner plus sur certaines, si vous nous dites
celles-là ont un impact plus grand. Alors, peut-être que vous pourriez nous
donner, là, la grande idée avec laquelle vous aimeriez qu'on parte vraiment.
M. Savard (Christian) : De
manière... De manière générale, il y a... M. le ministre l'a bien exprimé,
qu'il y avait un désir de tenter d'ouvrir certaines choses, d'être plus agiles
sur certaines choses. Mais on pense que fort probablement que le projet de loi
va un pas trop loin par rapport à ça. Par exemple, notre... Et c'est pour ça
que notre recommandation sur l'article 40, on pense que ça, c'est le pas
de trop. On pense qu'à la limite d'autres actions qui ont été prises dans le
passé, on a parlé de 103 tantôt, certains ajustements à certains critères font
en sorte que probablement qu'on va donner des autorisations, notamment sur des
demandes à portée collective ou peut-être certaines exclusions qui vont aller
trop loin. Il y a une partie du pari qui, selon nous, est trop fort.
Donc, à titre d'exemple,
l'article 40, on pense qu'en l'état est dangereux et n'est pas nécessaire.
Ça semble être un cas où on a peut-être voulu répondre à certaines demandes en
ménageant et la chèvre et le chou, mais ça, ça nous inquiète. Je vais vous
donner l'exemple, là, appliquer l'article 40 dans des MRC du groupe D,
comme Brome-Missisquoi, qui ont des augmentations de 11,1 % de population,
là eux vont trouver... ça va être trop facile pour eux de justifier, surtout
que ça vient en parallèle avec les nouvelles orientations gouvernementales en
aménagement du territoire, qui, elles, pour ces types de MRC là, n'a pas vraiment
fermé la porte. On a fermé la porte pour A, B, C. Il faut le dire, là. Tu sais,
pour proche des grandes villes, on est satisfaits. En dehors et là où est-ce
qu'ils ne sont pas si loin que ça des grandes villes et où est-ce qu'il y a une
forte pression immobilière, là on a des inquiétudes et on pense qu'il y a des
portes...
M. Savard (Christian) : ...qui
sont à fermer. On a fait... notamment à travers notre recommandation sur
l'article 40, sur les demandes à portée collective qui nous inquiètent, et
d'autres ajustements sur certains critères qu'on fait, parce qu'on pense
qu'on... qu'en essayant d'ajuster on va un peu trop loin. Veux-tu compléter?
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Mais
c'est que notre propos doit être, je dirais, interprété en fonction du texte,
des orientations gouvernementales en aménagement du territoire. Et on
regardait, dans les derniers jours, à nouveau, là, ce que ça veut dire. Et donc
pour abaisser, comme Christian dit, bien, on ferme la porte. Mais pour DEF, on
dit : Mais limiter l'empiétement sur le territoire agricole. Mais
qu'est-ce que ça veut dire limiter? Le rapport de la commissaire au
développement durable était assez clair, là, la situation est encore aujourd'hui
alarmante. Puis si on se compare un peu, par exemple, à la France, mais eux,
ils ont dit : Zéro artificialisation nette en 2050 et, dans les
10 prochaines années, moitié moins... moitié moins d'empiétement sur les
territoires agricoles et naturels. On n'a pas de clarté comme ça pour l'instant
au Québec. On a dit : On va mesurer comment évolue. Et on a mis en place
certains mécanismes pour essayer de contrôler, mais il n'y a aucune garantie de
résultat. Donc, c'est de faire le lien, en fait, entre les différents documents
de planification territoriale.
M. Fortin :Est-ce que... pour... pour peut-être comprendre le fond de
votre pensée... Puis vous avez travaillé avec assez de municipalités, là, pour
comprendre la réalité de... des municipalités dans chacune de ces zones-là, là,
les zones... tant les zones ABC que les zones DEF, là. Et je comprends votre
recommandation, qui est la même qu'on a entendue de l'UPA, si je ne me trompe
pas, qu'on a entendue de la Fédération de la relève agricole. Est-ce que c'est
une question... Parce que, de la façon dont vous l'expliquez, là,
effectivement, O.K., on vient protéger ce qui est... ce qui est proche de la
ville, ce qui est à haut risque, ce qui est toujours plus convoité, etc. Puis
là vous me dites : Oui, mais il y a des places, comme la Haute-Yamaska,
par exemple, et d'autres, où il y a une pression, là, faites attention, là, ce
n'est pas si simple que vous le dites. Est-ce que c'est une question de changer
les territoires DEF, là, ou c'est une question de juste dire : Non, on
l'oublie? Parce que, quand je regarde la liste F, là, la Haute-Gaspésie, le
Rocher Percé, ce n'est pas la même dynamique que là Haute-Yamaska quand même,
là.
M. Savard (Christian) : De
manière générale, et ça, nous avions déjà fait ces représentations-là avec un
succès mitigé, on trouvait qu'il y avait des modulations trop fortes pour D
particulièrement, mais il y a aussi des E juste parce qu'ils n'ont pas de
grande ville, mais qui ont de fortes pressions. C'était notre propos. Et là on
trouve qu'on va un pas de plus avec le projet de loi, ce qui nous inquiète.
Il ne faut pas oublier qu'à terme, là, on
a mal développé nos villes, nos villages, souvent de manière trop étalée,
souvent de manière pas assez dense, on devrait avoir comme objectif d'avoir
moins... de moins prendre de territoire agricole, peut-être sur des petites
portions être plus agile. Je n'aime pas être dogmatique puis dire :
Jamais, jamais, jamais, jamais. Et donc c'est pour ça qu'on montre une certaine
ouverture à certains ajustements. Mais là, on a... on aimerait sortir d'ici...
On aurait aimé lire le projet de loi, dire : Aïe, on a renforcé les
choses. Puis il y a certaines choses qui sont renforcées, mais il y en a
d'autres qu'on pense qu'on va trop loin, puis qu'on joue avec le feu, et qu'on
prend des risques trop importants. Et une fois, là, que tu l'as donné, c'est
difficile, parfois, de revenir par... par en arrière. Il y a, par contre... il
y a aussi, quand même, il faut vous le donner, des processus, les clauses
crépusculaires qui remettent... qui renversent finalement une décision si ce
n'est pas utilisé, et on se rend compte que ce n'est souvent pas utilisé. Donc,
ça démontre qu'on peut quand même être sévère sans être en train d'empêcher le
développement. Donc, on pense qu'il y a des risques dans le projet de loi,
c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui puis qu'on voulait être là.
M. Fortin :O.K. Très bien. Je pense que c'est votre
recommandation 6 qui touche, entre autres, avec les demandes d'exclusion
apportées à la CPTAQ pour les projets énergétiques, notamment les éoliennes. Et
vous l'avez dit il y a quelques instants, là, M. Savard, on ne vous connaît pas
comme des gens particulièrement dogmatiques, là, vous avez une idée précise,
mais encore là, être capable de s'adapter aux différentes situations. Je pense
qu'il y a beaucoup de gens au Québec qui veulent voir l'énergie éolienne se
développer pour toutes sortes de considérations, que ce soit environnemental,
économique, énergétique, peu importe. Là, vous venez nous dire : Il faut
donner à la CPTAQ davantage soit de pouvoir, de leviers, ou, je pense, vous
utilisez le terme, là, les coudées franches pour vraiment qu'elle puisse
encadrer les demandes d'exclusion. Donc, je comprends que vous nous dites
aujourd'hui : Là, il y en a déjà trop puis il faut faire attention à ce
qui s'en vient, parce qu'il va y en avoir, du développement au Québec.
M. Savard (Christian) : Sur
le développement éolien, il faut juste dire que notre préjugé est favorable,
mais qu'on ne peut pas non plus ouvrir la porte comme si c'était bar ouvert. Je
te laisse compléter.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Oui.
Mais il y a trop de demandes d'exclusion...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : ...en
général, pour ce qui est des éoliennes, bien, on en a besoin de beaucoup plus,
là, efficacement, une transition énergétique à faire. L'échelle d'analyse de la
CPTAQ est, à notre avis, puis... doit être calibrée à l'échelle québécoise,
donc pas y aller, là, région par région. Donc, pour observer notamment là où il
y a un potentiel et pour éviter d'avoir des impacts là où ça... l'impact le
plus grand ou le plus grave.
Une voix : ...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Oui,
voilà.
M. Fortin :
Oui. Donc, au lieu de le faire de façon régionale, là... ou, de façon locale ou
régionale, dire : O.K., bien, il y a... il y a des terres disponibles pour
du développement éolien en Gaspésie, dans certaines des MRC que j'ai nommées
tantôt, là, peut-être, si le potentiel éolien est là et si toutes les autres
conditions sont... peuvent être remplies.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Voilà.
M. Savard (Christian) : Tout à
fait.
M. Fortin :
O.K., ça me va. Ça me va, M. le Président. Je vous remercie.
M. Savard (Christian) : Mais,
puisque l'énergie... bien, au sud du Québec, des meilleures terres, peut-être
que c'est moins important.
M. Fortin :
...
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup, député de Pontiac. Nous allons maintenant du côté de la
deuxième opposition avec la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Pour
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) :
5 min 28 s.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Moi, j'ai un peu plus de temps. Merci, bien, encore pour votre
présentation. Moi, j'ai le goût de vous amener peut-être dans une vision plus
globale puis faire écho à la discussion précédente. Vous avez parlé d'avoir une
vision de la protection de territoire à l'échelle du Québec, vous avez salué
plusieurs mesures qui sont dans le projet de loi, que je crois, comme vous, qui
nous amènent dans la bonne direction. Ceci dit, on a encore des fois... puis je
lisais ça dans les nouvelles, l'UPA qui nous rappelait qu'on utilise des
décrets encore pour exclure du territoire agricole. Puis je vous donne un
exemple, tout récemment, là, c'était l'usine d'Amazon qui a fermé à
Coteau-du-Lac et qu'on avait dézonée par décret pour ensuite avoir un projet
qui a duré trois ans, puis on a vu à quel point c'était catastrophique, là,
en plus avec la mise à pied des... de tellement d'employés. Donc, je voulais
vous entendre. Comment on fait? Ou qu'est-ce qu'il y a déjà dans la loi? Ou
comment on peut améliorer, maintenant qu'on l'a ouvert, pour éviter le recours
à ce type de mesures par décret pour des projets qui n'ont pas une garantie,
qui vont être plutôt éphémères?
• (12 h 50) •
M. Savard (Christian) : C'est
sûr qu'en... C'est sûr que c'est troublant, et je vais dire le fond de ma
pensée là-dessus, d'avoir fait un décret pour un entrepôt qui livre de la
marchandise. On n'est pas dans une infrastructure stratégique. C'est... ce
n'est pas du développement économique à haute valeur ajoutée, on s'entend.
Donc, ça, ce genre... ce genre de choses là... Les décrets devraient être peu
utilisés pour les projets privés ou pas utilisés pour les projets privés, si...
Les décrets devraient être davantage utilisés pour des projets publics, lorsque
c'est nécessaire.
Et je vous donnerai l'exemple, la station
terminale du REM à Brossard, qui est un exemple d'on a utilisé un décret pour
une infrastructure publique. Et on a mis en place autour de la station une
fiducie agricole, hein? C'est une des premières où nous en avions fait la
suggestion, on était contents. Vous voyez... On peut utiliser parfois un décret
de manière bien calibrée avec les bonnes mesures de compensation, ça peut
arriver.
Mais, pour le privé, ça serait à proscrire
et, de manière générale, il faut encadrer en partie ça. Je vous donnerais
l'exemple de l'hôpital, malheureusement, de Vaudreuil, où est-ce qu'on a dézoné
par décret beaucoup trop... une bande beaucoup trop large, où est-ce que, dans
le fond, on vient de mettre un bâtiment du stationnement de surface à grandeur
à un coin d'autoroute, qui va juste faire une pression à l'étalement urbain.
Ça, ça a été une décision très regrettable, selon nous. Donc, c'est quelque
chose à utiliser avec parcimonie.
Les mesures de compensation me semblent
intéressantes, mais... Tu voulais compléter?
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Bien,
là-dessus, sur les mesures de compensation, effectivement, il y a toujours une
crainte que ça soit utilisé comme manière de justifier les décisions. M. le
ministre, avec raison, disait : Bien, on a utilisé les mesures de
compensation jusqu'à présent de manière à la fois exigeante et, bien, plutôt
responsable, sauf, par exemple, dans le cas d'Amazon, on... qui était, bon,
d'un précédent gouvernement. Je veux juste mentionner que les pratiques de
compensation qui ont été observées par le passé, il n'y a pas, dans ce qu'on
voit dans l'article, de garantie qu'elles vont se maintenir. On dit : Il
doit y avoir une compensation. Donc, on la systématise, mais on n'exige pas
qu'elle soit proportionnelle à la valeur de la terre ou qu'elle soit, donc, au
moins d'une superficie égale.
Donc, pour limiter l'utilisation des
décrets, s'assurer que ça coûte beaucoup plus cher de faire un décret tout le
temps, ça nous semble être essentiel. C'est assez facile d'ajuster l'article...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : ...à
cet égard-là, là, on vous a fait notre recommandation 14, une proposition de
libellé.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Avec le temps qu'il me reste, peut-être, si vous voulez développer un
peu plus votre recommandation no 7, qui rejoint aussi la demande de la relève
agricole, je crois bien, là, c'est-à-dire... non, pardon, je me suis trompée,
no 8, c'est de réduire le seuil des quatre hectares à un hectare pour les
processus de contrôle. Je ne sais pas si vous voulez développer un peu, avec
les quelques minutes, peut-être... la minute qu'il me reste.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Je
sais que le sujet a été discuté avec l'Institut Jean-Garon hier. Bien,
essentiellement, ce qu'on dit, c'est que ces terres agricoles là, souvent de
petites superficies, bien, sont à proximité des grands centres, donc très, très
propices à l'agriculture de proximité. Et donc on regardait aussi dans des
juridictions, ailleurs, là, au Canada, puis on était davantage dans du deux
hectares. Donc on s'était dit : Bien, essayons d'aller encore plus...
encore plus loin là-dessus. On pense qu'on est capable d'aller aussi loin que
la Saskatchewan, à cet égard là, sans trop de problèmes. Donc, c'est vraiment
pour s'assurer de faire un bon suivi, là, de terres, encore une fois, qui
peuvent être à grande proximité des centres urbains, pour l'agriculture de
proximité.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Combien de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Schneeberger) : 10
secondes.
Mme Zaga Mendez : Ah bien, je
vous remercie pour votre présentation.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons au député de Matane-Matapédia pour 2min
38s.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Le projet de loi permettrait aux
municipalités de transmettre simultanément des demandes d'inclusion et
d'exclusion à la zone verte. On s'entend tous ici pour dire qu'il y a deux
objectifs, à terme, c'est : un, de maintenir et, mieux, d'étendre la zone
verte, et, deux, de protéger les meilleures terres. Est-ce qu'en l'état actuel
le projet de loi permet, selon vous, que chaque exclusion soit compensée par
une inclusion équivalente à la fois en quantité et en qualité?
M. Simard (Christian) : Non.
C'est un nouveau critère qui est amené pour... dans certains cas, mais ce ne
sera pas systématique. C'est sûr qu'une municipalité qui va proposer ça va
avoir plus de chances, selon moi, d'obtenir une exclusion à un endroit x et des
inclusions, parce qu'elle va avoir compensé, mais, pour le reste, non, ce n'est
pas le cas. Il n'y a pas un véritable processus, là, où est-ce qu'on arriverait
au fait de toujours compenser. Ça n'existe pas dans le projet de loi. À terme,
il faudrait peut-être... il faudrait peut-être arriver à ce genre de choses là.
On maintient, tu sais, nous, ce qu'on
espère, c'est qu'il va y avoir moins d'empiétement dans la zone agricole et que
la zone agricole ne servira plus de bassin pour du développement immobilier. Il
y a quand même... il y a... le cadre d'aménagement du Québec est en changement,
actuellement, il va falloir voir comment il va évoluer. Est-ce qu'il va y avoir
aussi, dans les villes, une plus grande maturité à moins de toujours vouloir se
développer sur le territoire agricole? C'est à surveiller. C'est pour ça qu'on
a mis beaucoup d'importance sur le fait de surveiller : est-ce qu'on en
perd encore beaucoup ou le rythme va ralentir, puis on va être plus collé à des
véritables besoins, plutôt qu'ouvrir pour ouvrir, donc.
Le Président (M. Schneeberger) : 49
secondes.
M. Bérubé : Recommandation
14, pouvez-vous nous développer un peu?
M. Simard (Christian) : Quatorze.
J'y arrive. Je ne les connais pas toutes par coeur.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) :
C'est l'obligation de compensation.
M. Bérubé : Oui.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Bien,
c'est ce qu'on discutait précédemment. Donc, on pense que non seulement on doit
systématiser l'obligation de compensation, mais, comme vous le disiez, ça doit
venir avec une terre qui est d'une superficie égale et d'une qualité égale.
Juste pour revenir, pour terminer, là, ce
qu'il nous faut, je pense, pour la protection du territoire agricole, c'est
des obligations de résultat. Le projet de loi ne nous donne aucune garantie de
ce qui va advenir. Puis, si on dit qu'il y a une situation qui est alarmante,
en termes de dézonage, bien, donnez-nous, donnons-nous un objectif, écrivons-le
dans la loi puis modifions, après ça, nos schémas d'aménagement en fonction de
ça.
M. Bérubé : Très bien, Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, à cette heure-ci, nous allons suspendre la commission jusqu'à
15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 04)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. La Commission de l'aménagement du territoire reprend ses
travaux. Alors, juste peut-être vérifier vos appareils électroniques, qu'ils
soient bien fermés. Alors, je rappelle que la commission poursuit les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 86,
Loi visant à assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité.
Alors, cet après-midi, nous recevons,
alors, l'Institut de recherche de développement en agro... agroenvironnement,
pardon, l'Institut de recherche en économie contemporaine, la Commission de
protection du territoire agricole du Québec, et, en premier, je vous salue, les
Producteurs de grains du Québec. Alors, bonjour à vous trois. Dans un premier
temps, vous présenter et par la suite enchaîner avec votre présentation, vous
avez un maximum de 10 minutes.
M. Pion (Sylvain) : Parfait.
Merci beaucoup. M. le Président, M. le ministre, distingués membres de la
commission, bien, je me présente, Sylvain Pion, premier vice-président des
Producteurs de grains du Québec. Je suis accompagné à ma droite par M. Pierre
Murray, deuxième vice-président, et de M. Benoit Legault, directeur général, à
ma gauche. Nous représentons quelque 9 500 producteurs et productrices de
grains présents dans toutes les régions du Québec. Nos productions incluent
principalement des céréales, telles que le maïs, le blé, l'orge et l'avoine,
ainsi que des oléagineux protéagineux comme le soya et le canola. Ces cultures
occupent près d'un million d'hectares de terres agricoles et génèrent un
chiffre d'affaires de plus de 2 milliards de dollars. Ainsi, la
production de grains se classe parmi les trois secteurs agricoles les plus
importants au Québec. En plus de contribuer à nourrir l'ensemble des autres
productions, ces denrées contribuent à une saine alimentation humaine, ainsi qu'à
l'épanouissement de l'économie québécoise.
Avant tout, nous tenons à remercier les parlementaires
de l'invitation spontanée. Nous sommes sur place, comme plusieurs d'autres
membres de la grande famille agricole, pour prononcer solidairement le message
de la protection du territoire, mais avec nos particularités comme producteurs
de grains. En accord avec l'UPA sur la protection du territoire agricole, les
producteurs de grain du Québec appuient le principe de projet de loi no 86,
qui, selon nous, représente un pas intéressant vers la protection et la
pérennité de notre territoire agricole.
C'est un projet de loi qui répond de
manière positive à plusieurs de nos recommandations et propose des mécanismes
renforcés pour protéger les terres agricoles. L'introduction de critères
supplémentaires dans l'évaluation des demandes d'aménagement et d'exclusion,
ainsi que l'ajout de mesures d'atténuation obligatoires pour les usages non
agricoles va dans le sens de nos préoccupations. Nous espérons que ce projet de
loi contribue à la préservation du potentiel agricole du Québec, tout en
facilitant une coexistence harmonieuse avec d'autres projets de développement.
Il est essentiel que le territoire
agricole soit protégé, non seulement en théorie, mais aussi dans les faits, par
des critères rigoureux et des mécanismes de contrôle efficaces. Nous saluons
également comment la CPTAQ bénéficiera, grâce à ce projet de loi, de
renforcement de ses responsabilités, notamment en matière de surveillance, d'inspection
et de gestion des demandes. C'est une approche qui propose de garantir une plus
grande rigueur dans l'application des normes de protection du territoire
agricole et permettra à l'organisme de réagir de manière plus réactive et
efficace face aux enjeux qui se présentent. Comme le gouvernement, nous
espérons que cette initiative représentera une avancée importante pour la
vitalité de notre agriculture et la préservation de notre territoire.
Les Producteurs de grains du Québec
reconnaissent que les efforts sont déployés pour encadrer davantage les projets
d'usage non agricole en zone agricole. Toutefois, nous avons plusieurs
préoccupations concernant l'approbation de ces projets. L'un des enjeux pour
les producteurs...
M. Pion (Sylvain) : ...producteurs
de grain réside en la capacité du gouvernement et la CPTAQ à limiter
efficacement l'expansion des usages non agricoles dans les zones agricoles
sensibles. La présentation des critères pour le contrôle des usages non
agricoles en zone agricole manque de clarté et bénéficierait d'être groupés
dans un même article de la loi, sinon ils seront éparpillés dans les
articles 12, 62 et 79.
Nous sommes aussi préoccupés par le manque
de transparence quant au dénombrement de projets d'usages non agricoles
autorisés, en cours ou projetés. Actuellement, il est difficile d'évaluer
l'ampleur de ces projets et leurs impacts potentiels sur la disponibilité des
terres agricoles. Parfois, certains projets d'usages non agricoles sont
interprétés de manière trop favorable, sans tenir compte de leur impact
cumulatif réel sur l'intégrité du territoire agricole. Prenons par exemple des
zones de conservation et les pistes cyclables qui peuvent, de façon cumulative,
engendrer des effets négatifs importants sur des terres agricoles.
Le projet de loi n° 86 propose une
gestion différenciée du territoire agricole entre les régions comme moyen de
gérer les spécificités des régions périphériques. Nous estimons que ce n'est
pas la solution optimale. En effet, la pression exercée par l'urbanisation
concerne autant les régions périphériques que centrales. On croit que la
qualité des terres agricoles, leur côté stratégique dans la sécurité
alimentaire et leur préservation doivent être des priorités indépendamment de
leur localisation géographique. Une approche cohérente et uniforme qui protège
l'ensemble du territoire agricole québécois est essentielle pour assurer la
pérennité de notre agriculture.
• (15 h 10) •
Un autre aspect du projet de loi qui
soulève des préoccupations concerne l'article 44, qui propose de modifier
le processus d'analyse des demandes d'approbation des usages non agricoles en
permettant à la CPTAQ de ne plus fournir d'orientations préliminaires pour les
décisions favorables sans condition. Cet article risque d'entraîner une prise
de décision moins transparente et moins éclairée. L'orientation préliminaire
est un outil important pour s'assurer que toutes les parties prenantes aient
une vision complète des enjeux. En l'absence d'orientations préliminaires, il
devient difficile d'évaluer adéquatement les répercussions des décisions sur le
territoire agricole. Justement, ce sont des décisions favorables qui ont le...
les effets les plus importants sur le territoire, et ces décisions nécessitent
une consultation approfondie pour anticiper les impacts à long terme.
Le projet de loi prévoit également un
mécanisme de partage d'informations sur les transactions foncières en zone
agricole. Les PGQ saluent cette initiative. La transparence sur les
transactions est essentielle. Toutefois, le projet de loi ne répond pas à
l'enjeu crucial de la transparence au niveau des pertes nettes de terres
agricoles. Il est tout... Il est tout aussi important de comptabiliser les
pertes de terres agricoles attribuées à des usages non agricoles. Un mécanisme
spécifique permettant de comptabiliser ces pertes nettes serait un outil
précieux pour évaluer l'impact réel sur le territoire.
Enfin, concernant le contrôle de la
superficie totale détenue par un exploitant agricole, l'ajout de 79.0.6 à la
loi... à la Loi sur la protection du territoire agricole vise à contrôler la
superficie totale détenue et la superficie annuelle acquise par un exploitant
agricole. Les PGQ reconnaissent l'importance de cette mesure et son objectif de
protéger la relève face à la spéculation foncière en limitant la capacité des
grands acquéreurs. Toutefois, cette mesure risque involontairement d'affecter
de nombreuses familles agricoles, qui ont souvent plusieurs exploitants, ce qui
nécessite une superficie plus importante, notamment pour assurer leur relève.
Nous estimons qu'une évaluation approfondie des impacts de cette mesure est
nécessaire avant sa mise en œuvre. C'est pourquoi nous recommandons la
réalisation d'une étude publique sur les effets de cet article avant qu'il
rentre en vigueur pour s'assurer que cette mesure ne pénalise pas
involontairement la relève agricole et les familles agricoles.
Voici donc le résumé de nos
recommandations concernant le projet de loi : Que les parlementaires
adoptent le principe du p.l. 86; que le projet de loi n° 86 soit amendé
afin d'exiger une transparence totale sur les projets d'usages non agricoles en
cours ou à venir et en proposant une seule liste claire de critères pour les
projets proposés; que le projet de...
M. Pion (Sylvain) : ...de loi
no 86 soit amendé pour assurer une gestion uniforme des terres agricoles à travers
toutes les régions du Québec en supprimant toute distinction entre les régions
périphériques et centrales afin de garantir que la protection du territoire
agricole soit égale et cohérente, indépendamment de la proximité avec les zones
urbaines;
Que le projet de loi n° 86 soit amendé
afin de maintenir l'orientation préliminaire de la CPTAQ dans toutes les
situations, y compris pour les décisions favorables, sans condition, afin de
garantir une consultation adéquate des parties prenantes;
Que le projet de loi n° 86 soit amendé
afin d'inclure une comptabilisation par la CPTAQ des pertes nettes des
superficies agricoles dues à des usages autres qu'agricoles en zone agricole
afin de refléter de manière transparente et précise l'impact réel de ces autorisations
sur le territoire et les activités agricoles;
Que l'article 79.0.6 de la loi, ajouté par
l'article 60 du projet de loi n° 86, entré en vigueur à la date fixée par le
gouvernement, conditionnellement à la réalisation d'une étude publique approfondie
sur l'impact de cette mesure sur les projets d'expansion, d'acquisition et
autres des exploitations agricoles.
Merci de votre attention. Nous serons
heureux de répondre à vos questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre lecture. Nous procédons maintenant à une période
d'échange avec le ministre. Alors, M. le ministre, vous avez le temps complet
de 16 minutes 30 s.
M. Lamontagne : Tu vas me le
dire? Bien, j'aime mieux suivre mon histoire un peu, là. Combien tu as dit, 15
minutes?
Le Président (M. Schneeberger) : 16
min 30 s.
M. Lamontagne : 16 minutes.
C'est bon. Excellent. Bien, merci beaucoup, Messieurs, de votre mémoire,
d'avoir pris le temps. Merci beaucoup de votre présence ici aujourd'hui. Puis,
honnêtement, bien, je trouve ça une belle opportunité qu'on a parce qu'on parle
de la protection du territoire agricole, puis on est en présence de gens qui,
de par la nature de votre travail, bien, vous êtes des détenteurs, vous devez
avoir des superficies appréciables de terres agricoles, on s'entend, pour être
producteurs de grains au Québec, puis, en même temps, bien, vous êtes aussi des
gens qui peuvent être impliqués dans des transactions pour acheter des terres
agricoles, puis faire agrandir nos superficies, puis tout ça. Ça fait que, dans
un premier temps, mettons, vous, vous êtes producteurs de grains un peu partout
sur le territoire, là, puis vous décidez que vous voulez agrandir vos
superficies en culture, comment ça marche, comment ça se passe, comment...
c'est quoi votre démarche? Comment vous vous en allez sur le terrain, là, puis
ultimement, pour en finir qu'à acheter votre terre agricole, là? Parlez-moi un
petit peu de la dynamique, un peu de ce que vous rencontrez comme dynamique,
puis comment ça se passe.
M. Pion (Sylvain) : Tu sais,
vous me posez une question, puis ça n'a pas arrivé souvent dans ma carrière
d'avoir à faire cette démarche-là. Mais je vous dirais que c'est un marché
libre. Les producteurs... Les producteurs s'informent entre eux, là. Il y a...
Il y a une certaine... je vous dirais, là, certaines rencontres entre des
producteurs, là, puis que ça... des fois, tu sais qu'un voisin est à vendre ou
bien que tu... telle situation, question qu'il n'y a pas de relève ou qu'il y a
des situations de santé que tu dis : Bon, il va finir par louer ou par
vendre, là, puis là, il y a des contacts qui se font là, là. Mais c'est...
c'est carrément un marché qui est libre, je vous dirais, là.
M. Lamontagne : Bien, ça, je
n'ai pas... je n'ai pas de doute que c'est un marché libre. Puis ma question,
je n'ai pas d'agenda en arrière ce ça, c'est juste pour savoir comment ça se
passe. Puis, exemple, quand on est producteur de grains, mettons, puis qu'on
veut agrandir nos superficies, bien, on peut-tu aller se chercher une terre
à... Il faut-tu que ce soit une terre adjacente? Ça peut-tu être une terre à 10
kilomètres, à cinq kilomètres, à 100 kilomètres de notre exploitation
principale? C'est quoi, votre réalité, par rapport à la détention de terres
puis l'exploitation de vos terres agricoles?
M. Pion (Sylvain) : Vous
auriez poser votre question-là voilà quelques années, j'aurais dit que ça prend
quelque chose d'assez près, là, à 10, 15 minutes, là. Puis, de plus en plus, là,
la disponibilité n'est pas là. Les entreprises, par rapport à avoir... à
vouloir un peu, là, peut-être avoir des escomptes de volume puis ces choses-là,
ou la relève, bien, ils sont portés, des fois, à s'éloigner du... je vais dire,
du siège social, là. C'est... C'est plus fréquent que ça l'a été voilà une
vingtaine d'années ou une trentaine d'années, là.
M. Lamontagne : Bien,
exemple, pour un producteur de grains, est-ce qu'il y a une distance, mettons,
maximale que vous pouvez contempler pour acheter une terre agricole? Vous
pouvez être dans une région puis vous achetez des terres dans une autre région
pour faire de la production de grains?
M. Pion (Sylvain) : C'est
vraiment, là, disparate, là. Moi, j'ai jasé avec un producteur qui a des terrains
à Cuba, là. Non, non, mais je vous dis, là, c'était... c'était...
M. Lamontagne : On va s'en
tenir au...
M. Pion (Sylvain) : ...oui,
c'est imagé, là, mais, au Québec, on voit de tout, là. Moi, je suis dans
l'extrême sud de la province puis je sais qu'il y en a qui ont acheté des
terres ou qui louent des terres dans le coin de Québec, à 300 kilomètres. Mais
ce n'est pas la majorité, mais je vous dis que cette situation-là est présente.
M. Lamontagne : O.K. Dans le
projet de loi, c'est quelque chose qui était demandé, mais aussi que ce soit la
Commissaire au développement durable. L'importance, tu sais... Quand on a fait
la consultation, il y avait trois volets, il y avait la protection des terres,
il y avait naturellement toute la question du dynamisme des entreprises
agricoles, puis il y avait aussi la propriété des terres agricoles. Puis, avec
le projet de loi, on a introduit le suivi des transactions au niveau des terres
agricoles. Puis on vient... on vient mettre vraiment un gros drapeau, là, pour,
exemple, des fonds d'investissement, là, en fonction des définitions de l'AMF.
On vient chercher à contrer la spéculation quand on est à proximité de
périmètre urbain, et tout ça. Puis aussi on vient se donner des outils pour,
ultimement, avoir une possibilité de, s'il y a lieu de le faire, de venir
contrôler un peu sur qui détient quoi puis en quelle quantité, si on veut, là.
C'est sûr qu'on a des représentations qui
peuvent nous être faites par des groupes agricoles ou par d'autres gens dans la
société qui disent : Bien, écoute, les grands producteurs, et tout ça, là,
il faudrait pouvoir... Il faudrait limiter, si on veut, leurs capacités puis le
nombre d'hectares de terres qu'ils peuvent détenir, qu'ils peuvent acheter,
puis tout ça. Puis, je veux dire, il n'y a pas unanimité sur ce sujet-là.
D'ailleurs, vous en traitez... vous en traitez dans votre mémoire. Ça fait que
j'aimerais ça, tu sais, vous entendre un peu, quand vous avez vu cette
disposition-là... Puis on jase, là, c'est pour nous éclairer, les membres de la
commission. Mais, vous, votre approche par rapport à cette possibilité-là, puis
comment vous voyez ça par rapport à votre métier, les entreprises que vous
avez, comment vous voulez voir progresser vos entreprises, et tout ça, là. Si
vous avez des commentaires à formuler, là, au-delà de ce que vous avez écrit
dans votre mémoire, là, qu'on puisse en discuter ensemble, là, j'aimerais ça
vous entendre sur ce sujet-là.
• (15 h 20) •
M. Pion (Sylvain) : Nous, on
ne pense pas que c'est à nous, en tant que producteurs de grains, à instaurer
des limites ou des quantités. Chaque entreprise est vraiment personnelle, ou
bien, tu sais, il y en a que, peut-être, 100 hectares, ça peut être amplement
pour eux autres, puis d'autres, s'ils sont en développement, qu'ils ont de la
famille puis qu'ils ont de l'ambition, ça peut être 1000 puis 10 000 hectares,
là. Nous, en tant que gardiens de la terre, qu'est-ce qui nous préoccupe, c'est
que ce soit des producteurs ou qu'elle soit exploitée pour l'agriculture. C'est
ça qui est prioritaire pour nous, là. Mais de là à nommer ou bien à dicter une
superficie, là, ça, je pense que, juste ça, ça serait l'élément d'une
consultation, là.
M. Lamontagne : Mais on a,
bien, assez proche de vous autres, là, qui est comme parents avec vous autres,
là, qui viennent nous voir puis ils nous expliquent qu'eux autres, mettons, il
faudrait limiter à 300 hectares, mettons, par cinq ans, de pouvoir acheter des
terres pour une entreprise agricole. Quand vous entendez ça ou vous lisez ça,
vous, ce que vous me dites... Répétez-moi-le un petit peu, comment vous voyez
ça.
M. Pion (Sylvain) : Mais,
moi, je ne pense pas qu'on doive, là, en tant... Producteurs de grains, là, tu
sais, on est élus, on est représentés. On est nommés par un groupe, on
représente des producteurs de grains, là. Puis ce mandat-là, on ne l'a jamais
eu, là, pour dire... être capable de limiter l'acquisition, là, puis vérifier,
là, c'est comment on doit acheter. Qu'est-ce qui est qui est préoccupant pour
nous, c'est que ce soit des propriétaires qui vont cultiver, qui vont exploiter
leurs terrains agricoles. On ne veut pas que ces superficies-là soient
diminuées du territoire agricole. C'est ça qui nous préoccupe, là, de base, là,
c'est ça qui est vraiment notre aspect... On a un garde-manger au Québec, puis
il diminue d'année après année, puis il faut essayer de se mettre des outils.
Puis je pense que ce n'est pas en limitant un producteur qui, je vais dire, qui
a de l'ambition, là, ou qui va avoir de l'expansion pour telle, telle, telle
raison, que ça va faire que ça va diminuer les superficies de territoire
agricole au Québec.
M. Lamontagne : Non. Mais,
un, d'abord, je vous dirais, c'est certain que la première chose, c'est que le
territoire agricole soit détenu par des gens qui veulent mettre en valeur puis
que le territoire agricole soit exploité. Ça, on s'entend bien là-dessus, là.
Mais voyez-vous, possiblement, des côtés négatifs à ce qu'il puisse y avoir
une...
M. Lamontagne : ...une,
concentration, à un moment donné, d'un certain nombre d'hectares, et tout ça,
entre, tu sais, un, ou, deux... ou un groupe de producteurs puisse avoir.
Pensez-vous? Est-ce que, selon vous, ça peut avoir des répercussions négatives
sur le territoire? On a juste à penser à la relève agricole, des fois, qu'on
ils nous disent l'accès à la terre, le fait qu'on ait des groupes qui puissent
avoir quand même une concentration importante de terres. Est-ce que selon vous,
ça peut jouer un rôle dans la disponibilité des terres, dans l'accessibilité à
la terre ou...
M. Legault (Benoit) : ...votre
question est tout de même spéculative, là, sur les impacts. Puis d'ailleurs
c'est pour ça qu'on a pris cette position-là de dire : Il faut y réfléchir
davantage, parce qu'il ne faut pas se le cacher, qu'on soit pour ou contre,
c'est quand même un nouveau pouvoir qui est donné au gouvernement de faire...
c'est quand même assez gros, comme pouvoir, là, de contrôler l'achat de terres,
la possession de terres. On embarque dans quelque chose de gros, qu'on soit
pour ou contre, c'est déjà un enjeu en soi.
Je pense que le premier vice-président des
PGQ, ce qu'il dit, c'est que, dans un premier temps, l'esprit de cet
article-là, on pourrait le comprendre sous l'angle où c'est peut-être une
solution pour atteindre certains objectifs en matière de relève, puis, bien, on
ne les identifie pas nécessairement, il y en a peut-être qui les identifient,
nous, on ne les voit pas nécessairement, mais, si on arrive à nous convaincre
qu'il y a des enjeux qui nous permettent ça, tant mieux, puis on aimerait ça,
le découvrir dans une étude plus poussée.
Mais ce qu'on soulevait aussi, c'est que
c'est quand même complexe, là. Souvent, quand on veut s'imposer dans un domaine
précis, tout est lié, c'est-à-dire, on essayait, justement, en montant en
voiture, de voir ce serait quoi, les impacts, si on commençait à plafonner le
prix... pas le prix, mais l'accès aux terres, puis limiter la propriété. Il y
aurait des répercussions là, ça changerait la dynamique d'achat, de vente, ça
changerait la dynamique de propriété. Peut-être que, justement, les gens
seraient moins portés à vendre leurs terres... à les garder, les garder une
fois qu'ils cessent de cultiver puis décider de les louer. Est-ce qu'on se
retrouverait un système où ça accélérerait la location? C'est juste des
éléments que je vous lance comme ça. C'est sûr que ça aurait des répercussions.
C'est pour ça qu'on était un peu pantois
en se disant : Il me semble qu'on n'a pas beaucoup d'information. Puis je
vous dirais qu'on est un petit peu... on a été un peu pris de court. Il y a des
éléments qui étaient... On n'est pas des experts, chez nous, là, on a regardé
puis on vous a présenté ça sur un angle de... plus de principe que technique,
mais il y a peut-être des éléments qui pourraient... puis ça, je pense que
c'est dans la section 79, le nouvel article... où on identifiait le test qui
devait être passé, justement, pour répondre aux critères de la commission
advenant que, bon, cette entreprise-là qui veut grandir, pour toutes sortes de
raisons, ça pourrait être parce que... on a quand même des fermes familiales
qui sont assez grosses, il y a beaucoup d'exploitants, mais il y aurait
peut-être une volonté d'agrandir puis, si on limite cette ferme-là, il y aurait
des... puis il y a des tests comme : quel impact sur le prix, c'est quoi,
la valeur ajoutée, qu'apporterait le fait de cultiver plus de superficies. Là,
on rentre vraiment, là, dans des éléments, là... Tout est à penser, là, sur l'utilisation
de tels tests, là, pour voir si on permet ou non de dépasser les maximums. On
pense qu'on manque beaucoup d'information, de notre côté, pour pouvoir mettre
de l'avant, là, un article comme celui-là.
M. Lamontagne : Bien,
écoutez, un, je vous entends bien, puis je vous dirais, tu sais, la loi, la
réviser, ce n'est pas quelque chose qui arrive tout le temps, puis c'est sûr
que, pendant la consultation, il a beaucoup été question de cet aspect-là
aussi, de la concentration, de la possession des terres. Ça fait que c'est
certain que la façon de faire qu'on veut amener, c'est de se donner le pouvoir
dans la loi d'intervenir s'il y avait lieu d'intervenir, mais, après ça, c'est
sûr que, là, on va avoir la possibilité de faire le suivi des transactions. Il
y a des choses qu'on va apprendre avec ce suivi-là, au fil des ans, au fil du
temps, puis, après ça, s'il y a lieu d'intervenir, bien, à un moment donné, il
y a des pistes, tu sais, qui vont... qui vont émerger, et tout ça.
Ça fait que moi, je voulais vous entendre
sur si vous trouvez que c'était approprié de le faire. Puis ce que vous dites,
c'est : De le faire comme ça demain matin, vous ne pensez pas que c'est
une bonne idée, là, puis s'il devait y avoir des interventions, il faut qu'il y
ait tout un bien-fondé qui est en arrière de ça puis qu'il y ait de
l'information qui soit là. Ça fait que j'entends ça.
L'autre sujet que j'aimerais vous
entendre... C'est sûr qu'on a... on a, au Québec, le programme de crédit de
taxe foncière agricole, O.K., qui vient rembourser une partie très, très, très
importante là, les taxes agricoles que vous avez à payer. Puis, des fois, il y
en a qui vont faire un lien entre, des fois, la montée de la valeur des terres
puis, ultimement, le fait que le gouvernement rembourse cette partie importante
de la taxation. Puis on a entendu, là, quelques groupes suggérer que...
M. Lamontagne : ...plus les
gens possèdent des terres, bien, que le taux de contribution du programme,
bien, aille de façon dégressive. Autrement dit, mettons, il y aurait certains
seuils, puis, rendu à certains seuils, bien, au lieu d'être payé 100 %
pour le crédit de taxe foncière agricole, ça pourrait être 70 %,
80 %, 50 %, 40 %, puis, ultimement, rendu à un certain seuil,
peut-être qu'il n'y aurait plus de crédit de taxe foncière agricole. Ça fait
que c'est des suggestions qu'on a entendues. J'aimerais ça vous entendre
là-dessus, ce que vous pensez de ça.
M. Pion (Sylvain) : Bien,
vous savez, là, que l'initiative, là, du remboursement de crédits de taxes,
c'était parce que... pour un agriculteur, en faire 1 $, ça lui prenait
huit, 10 $, là, c'était beaucoup plus élevé que pour un citoyen en
général, là. Les crédits de taxes, là, pour... allaient diminuer avec la
possession de terres agricoles. Moi, j'ai... je ne sais pas à quel niveau ça
pourrait être bénéfique pour... tu sais, on parle du... protéger le territoire,
là, je ne pense pas à... que ça va ramener à des superficies, là. Ça aurait
peut-être un certain lien, à un moment donné, peut-être, je vous dirais, là,
pour la relève, là, mais je ne suis pas certain que cette initiative-là, là,
serait bénéfique pour l'agriculture en général, là.
M. Lamontagne : ...ceux qui
se font les apôtres de ça, c'est que ça peut avoir un impact, tu sais, sur
accroître la possibilité de... le caractère spéculatif, un moment donné, du
montant que les gens sont prêts à payer sur leurs terres. Tu sais, que si
ultimement les gens n'avaient plus accès au crédit de taxes foncières
agricoles, peut-être que ça pourrait refroidir leurs ardeurs un petit peu, là,
pour accroître et accroître, puis ça ferait en sorte que ça aurait une
pression, mais plus à la baisse sur les augmentations de prix des terres.
• (15 h 30) •
M. Murray (Pierre) : Bien, je
ne sais pas, on a eu un chiffre l'autre jour, là, il y a à peu près 6 %
des sols qui ne seraient pas détenus par des familles ou des... assurées, là.
On est en révision du modèle, là. Il y aurait 6 % actuellement des sols
qui seraient comme... des fonds d'investissement ou des... Si à l'an 1 du
projet, on est à 6 %, on a-tu un objectif de laisser ça là ou que... c'est
une autre question qu'il faudrait se poser aussi. La statistique est-tu bonne,
6 %, puis c'est-tu ça qu'on veut, 6 % de nos sols que ça n'aille pas
à des familles? On en a une question là aussi, là, qu'on n'a jamais crevé
l'abcès et non plus des fonds d'investissement. Mais je pense que là ça s'est
peut-être calmé un peu dans certains coins, dans d'autres, je ne sais pas, mais
c'est 6 % qu'on est actuellement. Le reste serait... si les chiffres qu'on
a eus sont bons, c'est ça. Il faudrait-tu commencer par ces 6 % là à
cogner un peu sur les doigts? Je ne sais pas, aucune idée.
M. Lamontagne : C'est bon.
Merci beaucoup. Merci de votre contribution. Je vais laisser la parole à mon
collègue député de l'opposition officielle.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, merci beaucoup. Nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle et j'entends le député de Pontiac pour 16 min 30 s.
M. Fortin :Très bien, merci. Merci, M. le Président. Bonjour à vous
trois. Merci d'être avec nous comme toujours. Peut-être pour continuer dans la
même veine, là, parce que la discussion n'est pas inintéressante, le
6 %... si j'ai bien compris, M. Murray, 6 % des superficies de
la production de grains est détenue par des fonds d'investissement, c'est bien
ça?
M. Murray (Pierre) : ...assurances.
Il y en a peut-être qui ne sont pas assurés. En tout cas, mon chiffre est
peut-être à vérifier, mais c'est un chiffre qu'on a eu.
M. Fortin :D'accord. Moi, je peux avoir mon idée là-dessus, à savoir,
comme vous le disiez, c'est une bonne chose, c'est une moins bonne chose. On
dit réduire ce nombre-là, on est-tu correct pour l'augmenter, le ministre peut
avoir son idée, mais est-ce que les producteurs de grains eux-mêmes ont statué
là-dessus? Est-ce qu'ils ont parlé de ça? Est-ce qu'il y a des débats à
l'interne chez les producteurs de grains, à savoir si le gouvernement venait
dire : Non, on veut vraiment restreindre ça puis tendre vers le zéro
éventuellement, là, est-ce que c'est une bonne affaire ou pas une bonne affaire
selon vous?
M. Pion (Sylvain) : Regardez,
moi, je l'ai mentionné tantôt, là, c'est vraiment disparate, les producteurs de
grains, hein? Il y en a des gros, il y en a des moyens puis il y en a des
petits. Vous comprendrez que, pour certains groupes, ça ne fera pas leur
affaire, je veux dire, qu'il y aurait une coupure de remboursement de taxes,
là. Quand tu as un cheminement, tu as un plan de vie, un plan de match, puis tu
as la relève, puis tout est correct, là, mais qu'il y aurait
1 000 hectares, puis si c'est à partir de 1 000 hectares
qu'on commence ou à partir de 800 hectares qu'on dit que ce n'est pas
correct, c'est ça qu'en tant que représentant, là, moi, je ne suis pas prêt à
dire qu'il y a une limitation, puis il n'y en a pas un qui est plus mauvais que
l'autre puis qui n'aurait pas à être pénalisé pour ça, là, parce que j'ai à...
15 h 30 (version non révisée)
M. Pion (Sylvain) : ...de tous
ces producteurs-là.
M. Fortin :Mais, s'il y a une clause comme celle-là qui est incluse dans
un projet de loi sur la protection du territoire agricole, là, pour toutes
sortes de raisons, valides ou pas, puis la relève agricole nous en a beaucoup
parlé, là, de... C'est une de leurs suggestions. Ils se basent sur ce qui a été
fait, je crois, à l'Île-du-Prince-Édouard, sur la superficie maximale qu'un
producteur agricole doit... peut détenir. Est-ce que... est-ce que l'idée d'avoir
une clause grand-père... est-ce que c'est quelque chose qui serait obligatoire,
selon vous, ou nécessaire, ou comment vous entrevoyez ça? Si le gouvernement
choisit d'aller dans cette avenue-là, là, j'ose croire que ça prendrait quelque
chose comme ça.
M. Pion (Sylvain) : Bien là,
c'est spéculatif pas mal, là. Comme je te dis, moi, avec les... comme je vous
dis, excusez, avec les informations pour être capable de défendre nos membres...
Je ne suis pas à l'aise du tout à ouvrir la porte pour dire que c'est correct,
là. Il y avoir du monde qui vont monter au front puis... ils vont monter au
front puis ils vont vouloir justifier les remboursements de taxes, est-ce que
la taxation est conforme, puis ainsi de suite, par rapport à ça, là, puis ça va
soulever d'autres débats pas mal plus féroces, j'ai l'impression.
M. Fortin :Ah! mais je suis d'accord avec vous, puis j'y arrive, M.
Legault, je m'excuse, je suis d'accord avec vous sur le fait que ça va soulever
un débat puis un débat important chez probablement plusieurs de vos membres, là.
Puis, encore là, je n'ai pas une échelle de grandeur à savoir combien de vos
membres ont plus que 1000 hectares, là, peut-être que vous pouvez nous éclairer
là-dessus, mais la raison pour laquelle on pose la question, c'est que, si ça
vient, le débat va avoir lieu, puis j'aime autant avoir le plus d'information
possibles là-dessus avant de dire, avant de se lancer là-dedans, là.
M. Pion (Sylvain) : Juste
peut-être avant de passer la parole à M. Legault, là, vous mentionnez, là, qu'il
peut y avoir des provinces qui ont cette situation-là, là. Nous autres, les
éléments qu'on se disait, là, dans les discussions antérieures, c'est que... il
y a-tu d'autres secteurs d'activités qui limitent la possession, ou l'acquisition,
ou ces choses-là? Puis, quand on a eu ces discussions-là, bien, c'était non. Ça
fait qu'on était mal placé pour se réglementer à l'interne, quand on ne voit
pas que ça se fait à l'externe, on va dire ça comme ça.
M. Legault (Benoit) : L'exemple
que vous donniez sur l'Île-du-Prince-Édouard, c'est justement le genre des
questions qu'on se pose et qu'a soulevées M. Pion aussi, c'est qu'on manque d'information.
Même pour l'Île-du-Prince-Édouard, on sait tous que c'est un enjeu différent, ce
sont des compagnies de frites qui accaparent des terres. Là, on se retrouve
dans un enjeu de concentration, même à l'intérieur de la filière, ce n'est pas
juste une concentration de propriété des terres. Jusqu'à un certain point, on ne
vit pas ça comme ça au Québec. La question se pose, mais, en même temps, on se
disait aussi : Ça dépend ce qu'on vise aussi, là. Si c'est de se protéger
contre un acquéreur qui, un jour, risquerait de... Je vous dirais que si vous
nous disiez qu'on veut se protéger contre les possessions de 25 000 hectares, on
dirait peut-être, là, qu'on devrait commencer là, mais ce n'est pas la même
game de parler de 25 hectares ou commencer à plafonner une possession à 1000
hectares, ou à 800, ou à 2000, là. On ne parlerait pas de la même chose aujourd'hui,
là. Mais peut-être qu'à l'Île-du-Prince-Édouard, il y avait... puis on le sait
tous, là, qu'il y a une grande concentration avec l'industrie de la pomme de
terre, mais on manque tellement d'information, puis c'est un bel exemple de
manque d'information qu'on a.
Honnêtement, je ne sais même pas ce que
les gens qui proposent ça aujourd'hui... qu'on en fait partie, mais vous
découvrez, vous aussi, que c'est... qu'on n'a pas tous la même idée derrière ce
que signifie ce plafonnement-là aujourd'hui, là.
M. Fortin :Pour la suite du débat qui aura peut-être lieu lors de l'étude
détaillée, là, je ne détesterais pas... si vous avez des indications à nous
donner sur c'est quoi, la taille de vos plus gros producteurs, etc. Ce n'est
pas obligé d'être tout de suite, là, mais je pense que ça pourrait nous aider à
faire... à mieux comprendre les impacts d'une telle mesure.
La question de la possibilité pour les
municipalités de taxer les terres en friche, est-ce que... est-ce que vous vous
êtes penchés sur cet enjeu-là, et, si oui, quelle serait votre position?
M. Pion (Sylvain) : Regardez,
c'est un élément, c'est un moyen, je pense, qui pourrait stimuler, que ces
terres-là soient cultivées. Nous autres, on ne peut pas être contre ce moyen-là,
mais c'est bien plus le résultat qu'on veut avoir, c'est que ça soit tout le
temps cultivé, qu'il n'y en ait pas qui soient laissées en friche puis qu'après,
bien, ils disent que ce n'est plus de la bonne terre puis qu'ils veulent être
capables de dézoner.
Ça fait que la taxation, tarification, ça
peut être un des moyens. Il y en a qui disaient qu'ils échangeaient pour l'obligation,
là, de louer ou de cultiver, là, mais vous comprendrez que... en tout cas, moi,
des situations, ce que je vois, que les propriétaires achètent des terres puis
qu'ils ne veulent pas...
M. Pion (Sylvain) : ...qu'on
les cultive, ce n'est peut-être pas l'aspect financier qui va leur faire mal.
Ils sont en moyens.
M. Fortin :Des gens qui achètent des terres puis qui les laissent
comme ça, c'est des gens qui ont les moyens de ne pas en puiser des revenus
potentiels, là.
M. Pion (Sylvain) : Exact.
M. Fortin :Je vous entends. O.K. Sur la question des orientations préliminaires,
le ministre fait la proposition que la CPTAQ n'ait plus à mettre de l'avant une
orientation préliminaire, simplement, à faire une décision pour... lorsque
c'est positif. Vous émettez un bémol là-dessus. J'aimerais vous entendre sur...
Est-ce qu'il y en a beaucoup, par exemple, de cas où l'orientation préliminaire
est positive puis qu'après ça devient négatif, parce qu'il y a eu intervention,
je ne sais pas, ça peut être de vous, de l'UPA ou d'autres, là? Est-ce que
c'est ça qui vient vous inquiéter dans la mesure qui est présentée ou c'est
quelque chose d'autre?
M. Legault (Benoit) : Comme
M. Pion l'a expliqué, on doit faire attention, parce que, nous trois, ici, on
n'a pas une expertise pointue. On consulte les documents, on a consulté les
documents de l'UPA. Je pense que l'UPA identifiait que ça pourrait être 25...
jusqu'à 25 % des décisions qui pourraient en faire partie. Donc, bon, pour
nous autres, ce n'est pas nécessairement une question de nombre, comme une
question de principe. On a mentionné fréquemment la notion de transparence, de
donner le temps de bien faire les choses, puis c'est ce qu'on craint de faire
moins bien les choses. Il y a une question d'efficience, mais on peut
comprendre la commission de vouloir être plus efficace. Mais, bon, on est
d'accord avec la position de l'UPA qu'il ne faut pas sacrifier la qualité de la
consultation. Puis notre compréhension, c'est que, que ce soit un cas, deux cas
ou trois cas, on ne souhaite pas sacrifier la qualité de la consultation pour les
cas qui se présenteront, parce que, d'un point de vue provincial, on peut se
dire que c'est juste un ou deux cas, mais pour les gens que ça touche, puis la
région que ça touche, évidemment, j'aimerais ça, comme organisation, pouvoir
leur dire qu'on cherche à mettre en place, pour chacun des cas, les meilleurs
moyens, puis s'assurer de faire une bonne consultation.
• (15 h 40) •
L'enjeu d'efficacité, on la comprend, mais
on ne voudrait pas que ça se fasse au détriment de la qualité de la
consultation. Il y a des experts, il y a des gens, il y a toute une... autour
de ces consultations-là. C'est important qu'elle se fasse comme il faut. Il y a
des enjeux plus techniques, là, la possibilité d'aller devant le Tribunal
administratif, qu'on perdrait dans certains cas.
Donc, pour nous, comme gens moins experts, ça
sonne, ça sonne... il y a un signal, il y a un petit drapeau rouge qui se lève,
là, avec une mesure comme celle-là.
M. Fortin :Parlant de transparence, vous y avez fait référence à
quelques reprises, l'idée d'avoir une comptabilisation des pertes nettes de
superficie agricole à cause des usages non agricoles, là, moi, je peux
comprendre d'où vous venez là-dessus. C'est dur d'avoir un portrait, un
portrait global de ce qui est en train de se passer sur des terres agricoles,
surtout avec l'arrivée de toutes sortes d'autres possibilités que ce soit, on
parlait de l'éolien, ce matin, ou autre chose, là. C'est dur d'avoir un
portrait global de ce qui est en train de se passer. Alors, moi, je peux
comprendre votre préoccupation, puis j'ose, j'ose penser que c'est un peu ça,
c'est non seulement de savoir ce qui est là, mais savoir, pour l'avenir, ce qui
pourrait se passer également.
M. Pion (Sylvain) : Absolument,
oui, oui. Tu sais, on a parlé, à plusieurs reprises, la superficie, ça
n'augmente pas, ça rapetisse toujours, ça fait qu'il faut la comptabiliser.
Puis en la comptabilisant, on va être capable de l'orienter puis, après, faire
des actes en conséquence pour que ça diminue le plus possible.
M. Fortin :Très bien. Ça va pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va pour vous? Parfait. Alors, ce qui met fin à notre discussion. Donc, je vous
remercie beaucoup à vous trois. Vous avez été très riches pour nous.
Alors, je suspends la commission quelques
instants afin d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 49)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons le deuxième groupe de cet après-midi.
Alors, je salue les gens de l'Institut de recherche et de développement en
agroa... environnement, pardon. Alors, bonjour à vous trois. Dans un premier
temps, je vous laisse vous présenter, et par la suite vous pouvez enchaîner immédiatement
avec votre présentation. Vous avez un 10 minutes.
M. Vachon (Alain) : Alors,
bonjour, M. le Président. Merci, d'abord, de nous inviter. Merci, M. le
ministre, de nous inviter également, et je salue l'ensemble des membres de la
commission. Merci de nous accueillir et de mettre un peu de science dans
l'étude du projet de loi n° 86, nous sommes là pour ça. Je me présente :
je suis Alain Vachon, je suis le président et chef de la direction de
l'Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Je suis
accompagné ici aujourd'hui par M. Stéphane Lemay, qui est directeur de la
recherche et du développement, ainsi que par Mme Catherine Bossé, qui est
agronome pédologue.
Je vais me permettre de vous présenter un
petit peu l'IRDA, l'IRDA qui est un OBNL qui a été créé il y a plus de 25 ans
maintenant, qui a été fondé par le MAPAQ, l'UPA, le MELCCFP et le MEIE. Notre
mission, c'est d'innover en agroenvironnement pour créer ensemble la production
agricole de demain. En moyenne, à chaque année, à l'IRDA, on réalise à peu près
170 projets de recherche appliquée en agroenvironnement. Nous effectuons cette
recherche-là sur quatre sites qui sont situés principalement en Montérégie,
dans la capitale nationale et en Chaudière-Appalaches. L'IRDA, c'est 125
employés, 16 équipes de recherche réparties en trois pôles d'expertise qui
travaillent sur plusieurs thématiques en agroenvironnement. Nous avons, entre
autres, une équipe... des équipes spécialisées en santé des sols de même qu'une
équipe en pédologie qui a pour mandat, entre autres, de diffuser des
informations sur les sols, dont l'inventaire des terres du Canada, auquel le
projet de loi fait référence. En bref, à l'IRDA, là, on réalise des projets de
recherche en agroenvironnement pour faire en sorte que notre agriculture puisse
nourrir la population québécoise et qu'elle soit toujours plus respectueuse de
l'environnement, plus durable et plus pérenne. Nous effectuons des projets de
recherche appliquée sur l'ensemble du territoire agricole québécois.
Alors, en ce sens-là, on est heureux, on
salue la volonté exprimée par le projet de loi n° 86 de mieux protéger le
territoire agricole québécois. Vous le savez, les terres agricoles de bonne
qualité représentent moins de 2 % de notre territoire et, à cet effet-là,
constituent donc une ressource rare et précieuse qui mérite une protection
accrue. Nous saluons également la référence contenue au projet de loi à
l'inventaire des terres du Canada. À notre connaissance, c'est la première fois
qu'un instrument législatif fait référence à cet outil-là, et je trouve ça
extrêmement intéressant. Il nous apparaît tout à fait opportun que le projet de
loi s'appuie sur des données techniques connues... contenues à l'inventaire des
terres du Canada pour identifier et mieux protéger les meilleures terres. Le
fait de considérer le potentiel agricole des sols pour permettre ou non
certaines utilisations nous semble une orientation juste à prendre par le
législateur. L'IRDA... Vous devez savoir que l'IRDA diffuse, interprète et
valorise les données contenues à cet inventaire des terres du Canada et les
combine aussi à d'autres données qui proviennent des cartes pédologiques que
nous diffusons également, qui permettent de prendre de meilleures décisions sur
les sols agricoles. L'IRDA accompagne dans son mandat les utilisateurs pour
qu'ils puissent en faire un usage adéquat et pertinent.
L'inventaire des terres du Canada est un
outil utile et pertinent pour mieux protéger les meilleures terres du Québec,
mais on tient quand même à préciser que les terres de classe 4 à 6 sont
également des terres agricoles importantes sur lesquelles il est possible de
faire une production agricole de grande qualité et qui méritent une meilleure
protection également. ...
M. Vachon (Alain) : ...nous
souhaitons également mentionner que l'inventaire des terres du Canada ne porte
que sur les sols minéraux et n'inclut pas de classement particulier pour les
terres organiques. Or, ces sols organiques sont d'une grande qualité. Ils
pourraient bénéficier d'une meilleure protection. Ainsi, la proposition du
projet de loi visant à restreindre l'implantation de certaines activités sur
les terres de classe 1 à 3 pourrait être étendue aux terres organiques,
qui sont aussi des terres de très grande qualité et qui, cependant, ne font pas
partie de ces classes.
Enfin, nous tenons à apporter une
précision concernant les données contenues à l'inventaire des terres du Canada.
Cet inventaire a été fait à grande échelle. Donc, quand viendra le temps
d'appliquer ce projet de loi, il serait important de faire des vérifications
sur le terrain lorsque des projets spécifiques s'implanteront dans des zones
mixtes ou encore dans des zones limitrophes aux classes 1 à 3. En guise
d'améliorations futures, comme les cartes de l'inventaire des terres du Canada
ont été construites à grande échelle, il serait sûrement pertinent de revoir
cette information à une échelle plus fine. Des données déjà existantes et de
nouveaux outils pourraient améliorer la précision de ces classes de sol et par
conséquent conduire à une application plus juste du projet de loi.
En résumé, l'IRDA appuie favorablement les
orientations prises en vue de mieux protéger le territoire agricole par le
biais du projet de loi n° 86. Nous saluons les modifications apportées et
nous formulons les recommandations suivantes : s'assurer de la validation
et de la portée des cartes et des données actuelles dans l'application du
concept de classe de sol; s'assurer de la formation des intervenants impliqués dans
l'application du projet de loi en termes de classification de sols,
d'évaluation morphologique des profils de sols et d'interprétation des cartes
pédologiques; faciliter l'accès à un réseau d'experts pour la validation sur le
terrain des classes de sols et l'interprétation des cartes; et ajouter les
terres organiques aux sols de classe 1 à 3, visées par les modifications
de l'article 1 de la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles; puis enfin, mettre les conditions en place pour valoriser et réviser
les cartes pédologiques et prioriser les mises à jour requises.
Je vous remercie de votre écoute, et nous
sommes à votre entière disposition pour répondre à vos questions. Merci.
Le Président
(M. Schneeberger) : Alors, merci beaucoup pour votre
présentation. Nous débutons une période d'échange avec M. le ministre pour un
maximum de 16 min 30 s.
M. Lamontagne : Merci, M.
le Président. Bien, merci beaucoup pour votre mémoire. Merci beaucoup pour
votre contribution. Moi, d'entrée de jeu, j'aimerais ça que vous nous parliez
des terres agricoles au Québec. Les terres qu'on a, c'est-tu des bonnes terres?
On a-tu... On a-tu des bonnes terres? En quelle quantité, selon vous, on a des
bonnes terres? Est-ce que le potentiel des terres qu'on a pour nourrir les
Québécois et les Québécoises pour des années à venir... De façon générale, là,
brossez-moi un tableau un petit peu, plutôt brossez-nous un tableau, s'il vous
plaît, là, de... Quand on parle de terres agricoles, O.K., en termes de qualité
de terres et de capacité de ces terres-là à nous nourrir, là, j'aimerais ça
vous entendre.
M. Vachon (Alain) :
Écoutez, si vous vous permettez, M. le ministre, je vais donner la parole à
notre pédologue, là, qui est ici présente...
M. Lamontagne : Bien sûr.
M. Vachon (Alain) : ...et
qui pourra vous donner une réponse plus intelligente que les miennes.
Mme Bossé (Catherine) :
Donc, dans le fond, on a beaucoup de bonnes terres à bon potentiel agricole au
Québec. Il faut penser aussi que le... En fait, on parle beaucoup... On a
beaucoup de types de sols au Québec. Hein, on a eu beaucoup de types de dépôts
de sols différents. On pense par exemple aux terres argileuses, là, qui
composent les basses terres du Saint-Laurent, aussi les basses terres en
Abitibi et aussi au Saguenay—Lac-Saint-Jean. C'est vraiment des terres à bon
potentiel pour la grande culture. Donc, vraiment, en fait, toute la composition
physique et chimique permet vraiment la bonne croissance des plantes dans ces
sols-là. Ceci dit, on parle de potentiel agricole des terres pour la grande
culture, mais ceci dit, il peut avoir des potentiels pour différents autres
types de cultures également, là. Par exemple, on pourrait avoir à développer un
potentiel agricole pour la culture du bleuet, qui serait différent pour
différents points, là, que pour la grande culture, là, en général. Ceci dit, on
parle de classes 1 à 3, qu'il y a des bons potentiels. Et il y a des
classes aussi 4, 5, 6 qui ont aussi, là, un potentiel, là, pour l'agriculture
également. C'est vraiment la classe 7, là, qui est vraiment impropre à
l'agriculture, là, quand on parle du potentiel agricole des terres.
Donc, pour ce qui est, là, de ce qu'on
connaît sur les sols, il y a les cartes pédologiques, hein, qui ont été faites,
là, sur différentes...
Mme Bossé (Catherine) : ...unis
par des pédologues, hein, pour lesquels ils ont classifié chacun des grands
types de sols rencontrés au Québec. Une classification des sols qui existe, et
ça, mais c'est bien connu. Donc, c'est pour ça qu'on parlait aussi des cartes
pédologiques, là, que M. Vachon a parlé dans le mémoire, qui est vraiment un
complément d'information intéressant, là, qui vient nous donner vraiment de
l'information très pointue sur le caractère du sous-sol si on peut dire. Donc,
on peut parler de drainage du sol, on peut parler par exemple, bon, de... de...
en fait de fertilité, de chimie des sols, de physique des sols et de
microbiologie des sols. Donc, voilà. Donc, il y a toutes ces informations-là,
là, qui sont disponibles aussi, c'est ça, à différentes échelles
cartographiques. Donc là, on... vraiment tout le Québec a été cartographié. Ça
s'est fait autant au fédéral par des équipes du fédéral que par les équipes au
provincial. Et là, il y a, par exemple, là, je crois qu'il y a la Côte-Nord qui
n'a pas été faite encore, là.
M. Lamontagne : Mais je vous
demande ça puis je continue dans la même veine. C'est sûr, tu sais, le Québec,
en termes d'hectares cultivables, là, tu sais, la zone agricole, on a 0,24 hectare
par habitant, au Québec, là, de zone cultivable. Puis on parle de tous les pays
de l'OCDE, c'est nous autres qu'on a le plus bas, là, à 0,24, là. Puis c'est
sûr qu'on a... on a observé... depuis un certain nombre d'années, on a pu en
avoir un accroissement de la zone agricole, au sens où on a sur la Côte-Nord,
on a dans certaines régions qu'on a pu ragrandir la zone agricole. Mais on
s'entend que, tu sais, on ne parle pas des mêmes types de terres qu'on retrouve
en Montérégie quand on perd de la terre, mettons, en Montérégie.
Parallèlement à ça, bien, on a des
articles pas plus, pas plus lointains qu'il y a quelques mois, où on a un
producteur du Bas-Saint-Laurent qui nous explique que, maintenant, depuis
quelques années, il fait du maïs grain, et puis finalement c'est intéressant,
puis la récolte est bonne. Ça fait que, là, on se dit : Bon, bien, écoute,
il y a du potentiel, là, à venir en fonction des changements climatiques, si on
voit là pour... pour nos producteurs, productrices. Ça fait que je reviens...
je reviens à ma question. On a un nombre limité d'hectares qui a différentes
qualités, on a différents climats, mais votre appréciation du potentiel
nourricier, si on veut, du territoire agricole tel qu'il est présentement, là,
vous le qualifieriez comment ce potentiel nourricier là?
• (16 heures) •
Mme Bossé (Catherine) : Bien,
on a un bon potentiel nourricier dans le potentiel agricole, vous en avez fait
référence, là. En fait, on parle beaucoup de la nature des sols, mais on parle
aussi de climat et on parle aussi de tout ce qui est paysage également, là,
donc topographie. Donc, si on... si je reviens à la... à votre question sur le
potentiel nourricier, bien c'est sûr qu'il y a un fort potentiel nourricier.
Mais, comme je le disais aussi tantôt, on peut... on peut essayer de cultiver
la bonne plante au bon... au bon endroit également. Donc, il y a moyen de tirer
profit de terres qui sont peut-être moins aptes à la grande culture, mais qui
pourraient être aussi utilisées, là, pour d'autres types de cultures également,
là. Donc, oui, le potentiel est là.
M. Lamontagne : O.K. Ça fait
que... puis je vous parle de ça, c'est dans un contexte où on est là puis on a
un projet de loi dont l'objectif est d'accroître la protection puis de s'assurer
qu'on fait le bon travail pour bien protéger nos terres agricoles. Mais ce que
vous nous dites, c'est, au moment où on se parle, là, le potentiel nourricier
de l'inventaire de terres agricoles qu'on a au Québec, là, est adéquat, là, si
on veut pour... pour servir notre population puis en même temps, si on regarde
par en avant, cette population va croître, et tout ça, là. Ça fait que le
potentiel est là.
Mme Bossé (Catherine) : Mais
il faut que... C'est ça. Donc, il faut conserver nos terres agricoles, puis
aussi, bien, il y a tout un aspect, là, aménagement des terres et de santé des
sols aussi qui, ça, c'est un autre aspect, mais qu'il faut quand même prendre
en considération.
M. Lamontagne : Excellent.
C'est là où j'ai lu, il y a peut-être quatre, cinq mois, cinq, six mois, toute
une étude, je pense, qui vient d'une organisation mondiale, puis qui explique
que, dans le contexte des changements climatiques, que dans la plupart des
endroits sur la planète, on va voir une décroissance... l'échelle...
l'augmentation de température, puis les changements climatiques vont avoir un
impact négatif sur la productivité des sols. Autrement dit qu'on va voir une
décroissance de la productivité des sols, ce qui veut dire que, pour produire
des quantités de nourriture équivalentes, bien, ça va prendre davantage de
superficies. Alors, si on veut accroître notre... notre production, bien, non
seulement ça va prendre plus, mais ça va en prendre encore davantage.
J'aimerais ça vous entendre. Je ne sais pas si vous êtes familiers avec un peu
ces informations-là. J'aimerais ça que vous entendre là-dessus puis après ça
j'aimerais ça vous entendre sur comment vous...
16 h (version non révisée)
M. Lamontagne : ...entendre là-dessus,
puis, après ça, j'aimerais ça que vous entendre sur comment vous voyez... est-ce
qu'il y a un potentiel pour le Québec d'accroître sa zone agricole, d'accroître
sa capacité nourricière de façon appréciable ou...
Mme Bossé (Catherine) : Bien,
en fait, pour répondre à votre première question, c'est sûr que je ne suis pas
une spécialiste des changements climatiques. Entre autres, on a... bon, on peut
parler aussi de carbone dans les sols, là. Quand on parle de changements
climatiques, ça peut avoir un impact là-dessus. En fait, on a un chercheur à
l'IRDA qui a travaillé, là, à modéliser un peu le carbone dans les sols en
fonction des climats qu'on a aussi au Québec. Puis le territoire, comme vous le
savez, est quand même assez grand aussi, là. Et puis, bien, c'est sûr qu'il y a
un impact, là, au niveau, là, de ce carbone-là, qui a un impact aussi sur notre
production agricole. Ceci dit, comme je vous l'ai dit, je ne suis pas
nécessairement une spécialiste de la chose.
Pour ce qui est de l'évolution des sols,
tout ça, il nous manque encore beaucoup de données, là, pour pouvoir discuter,
là, de l'impact des changements climatiques sur l'évolution de nos sols, sauf
pour d'autres paramètres. Là, je vous ai parlé du carbone, mais il y a d'autres
paramètres également liés à ça, par exemple l'eau dans le sol.
M. Lamontagne : ...par exemple?
Mme Bossé (Catherine) : Ah! l'eau
dans le sol, par exemple, ou, tu sais, bon, on sait qu'avec les changements
climatiques il pourrait y avoir des changements de régime d'humidité, mais on a
très peu de données à cela.
Puis pour terminer, avant de passer la
parole à Stéphane, pour répondre à votre deuxième question, c'est : Bon,
est-ce qu'on peut accroître, dans le fond, notre zone agricole? Bien, en fait,
là, il faut aller chercher de la donnée sur les types de sols qu'on va
rencontrer, là, à l'extérieur des zones pour lesquelles on a eu... on a
cartographié les sols. Donc, ça, on n'a pas d'information. Donc là, est-ce que
c'est un sol qui va être apte à la production agricole, à supporter cette
production-là? Je ne peux pas répondre à cette question-là tant qu'on n'aura
pas été sur le terrain voir.
M. Lamontagne : O.K., vous
avez commentaire?
M. Lemay (Stéphane P.) : Si
vous me permettez, M. le ministre, parce que votre question est très
intéressante. Dans la... par rapport à l'impact que les changements climatiques
peuvent avoir ou pourront avoir sur soit la capacité des sols ou la capacité
des cultures en général, à l'IRDA, on a plusieurs de nos chercheurs qui vont
avoir des spécialités en lien avec ce sujet-là. Et, par exemple, on sait que
juste au niveau du bilan hydrique, que ce soit sur les quantités d'eau qu'on va
recevoir ou l'intensité des phénomènes ou des événements qui vont être reçus,
il va y avoir toutes sortes d'impacts au niveau, par exemple, de la gestion d'irrigation
ou de la gestion de l'eau, tant au niveau de la ferme que du bassin versant, et
dans notre mémoire ou dans le petit document qu'on vous a soumis pour la... dans
le cadre du projet de loi, bien, dans notre esprit, on faisait une distinction
assez... on faisait une distinction claire entre la façon dont on doit aménager
ou protéger notre territoire agricole dans le cadre du règlement, et ensuite
toute la la façon de bien gérer nos terres ou de bien gérer... d'avoir les
meilleures pratiques agricoles pour les sols qu'on aura consacrés à l'agriculture,
bien, s'assurer qu'on les gère le mieux possible et qu'ensuite on met les
meilleures pratiques en place.
Dans notre esprit, c'est un peu... évidemment,
ces sujets-là sont reliés, mais dans le cadre du projet de loi. C'est pour ça
qu'on a mentionné un petit peu plus le côté pédologique. Mais évidemment, on a
plusieurs... Ça aurait été le fun d'être plusieurs autour de la table pour
avoir les bons chercheurs, les bonnes spécialités, pour pouvoir répondre à ces
questions-là. Mais c'est sûr que plusieurs de ces événements-là vont amener des
défis importants pour la productivité, pas seulement au niveau de la nature des
sols, mais pour tout le reste des éléments reliés à la production.
M. Lamontagne : Excellent. Merci
beaucoup. Mon collègue de Jonquière.
M. Gagnon : Bonjour et
bienvenue aux membres de l'institut. J'en profite également... je voyais dans
le rapport quand même 125 employés, ça montre quand même toute l'expertise,
là, qu'IRDA, l'OBNL, possède. Merci, c'est très apprécié de vous accueillir aujourd'hui.
J'ai bien aimé quand vous parlez... dans
le rapport que vous avez mis en place, le programme de recherche 2023-2027,
vous êtes très lasers, comporte cinq axes, 14 priorités, puis j'ai
accroché beaucoup, là, sur sur l'axe 1, qui est la valorisation des
données pour appuyer l'aide à la décision. Au même moment de tout à l'heure,
avec Mme ici qui est une experte, on parlait un peu, là, justement de toute la
qualité, le classement du sol, la différence entre les terres du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
les terres de bleuets, il restait encore du travail à faire sur la Côte-Nord.
Bref, je trouve que vous possédez un savoir qui est grand puis vous êtes
constamment aussi en train de valider, comme on mentionnait, sur la Côte-Nord.
Je me demandais...
M. Gagnon : ...ma question est
peut-être un peu large, mais je me demandais comment, comment nous permettre
d'approfondir les connaissances de ceux qui sont au cœur des décisions? Je
voyais dans le rapport, tout à l'heure, vous parlez de former un réseau
d'experts. Alors, est-ce que c'est une piste qui peut... qui est enviable, pour
vous, justement, pour garder cette communication-là, cette recherche-là, pour
continuer d'alimenter votre travail? C'est un peu... Je voulais voir,
j'étais... justement en lien avec... que vous demandez de former le réseau
d'experts.
M. Vachon (Alain) : Si je
peux me permettre, tout juste... d'entrée, puis vous pourrez prendre la parole
par la suite, le MAPAQ nous a d'ailleurs confié un mandat de diffuser, de
valoriser les données que nous hébergeons chez nous. Ça fait que ça fait partie
de notre ADN d'accompagner les gens, de les aider, de leur bien faire
comprendre les données disponibles pour bien interpréter, à la fois les
cartes... et l'inventaire des terres du Canada. Et là je vais passer la parole
à mes collègues, ils pourront en rajouter là-dessus.
M. Lemay (Stéphane P.) : C'est
ça, je pense que le message qu'on voulait partager dans le mémoire, c'est que
je pense que c'est... comme on l'a mentionné, c'est une excellente idée de
pouvoir appuyer certaines dispositions du projet de loi avec certaines données
techniques, mais il faut s'assurer que l'application des données techniques
soit juste, soit bien réalisée, puis c'est... pour être capable... Il y a quand
même différentes nuances en lien avec les classes de ça, et, Catherine, tu
pourrais élaborer à cet égard-là, mais l'idée c'est d'être capable de... oui,
de pouvoir, par ces experts-là... pour être capable de pouvoir supporter la formation
des personnes qui vont être soit impliquées dans la mise en place du projet de
loi... puis ensuite d'être capable de s'assurer que l'on comprend bien les
conditions réelles de notre territoire agricole, en lien avec les cartes que
nous avons.
• (16 h 10) •
Mme Bossé (Catherine) : Oui,
et, si je peux rajouter, au niveau de l'information sur les sols qu'on diffuse,
donc, en fait, il y a deux types de données. On a diffusé les données sur...
les données pédologiques, donc les cartes pédologiques, qui démontrent un peu,
là, l'étendue des types de sols, avec la classification, là, par type de sol,
et ensuite on a des produits, là, au niveau de l'inventaire des terres du
Canada.
Et là on a deux produits qu'on a mis sur
notre site Internet, là, donc, il y a le produit dérivé des années 60, là, qui
a été fait là, à l'échelle canadienne, et aussi, bien, il y a eu des données
qui ont été faites, à partir, là, des polygones de sols de la carte pédologique
qui vient un petit peu... qui vient préciser davantage, là, l'étendue des
différentes, là, classes qui sont là. Puis ça, ça a été fait tout simplement en
valorisant les données qui étaient dans les études pédologiques. Donc, ils ont
fait des classes par appellation cartographique.
Donc, je ne veux pas rentrer trop dans le
détail, mais on a quand même ces produits-là. Puis je pense que ce qui est
important, puis vu qu'on travaille beaucoup avec les gens, donc les gens nous
interpellent, donc, on est là aussi comme soutien technique, hein, pour tous
ceux qui se posent des questions par rapport à ça, c'est de bien comprendre,
dans le fond, les délimitations des produits géospatiaux, de comprendre comment
ça a été fait. Donc, je pense qu'il faut que ça fasse partie aussi de la
formation des gens, là, de comprendre comment utiliser ces données-là, comment
ça a été fait aussi, puis que, bien, quand on parle de ça, là, on parle, oui,
de surfaces, mais il y a beaucoup de choses qu'on ne voit pas aussi en
profondeur, puis c'est ça qu'il faut comprendre, également, là, pour les gens.
Et aussi de la formation technique pour être capable d'aller au champ puis
d'être capable de reconnaître, là, un potentiel agricole.
M. Gagnon : Merci.
M. Lamontagne : Merci beaucoup.
Je pense qu'on aurait besoin d'un petit cours en pédologie, là, pédologie, mais
merci beaucoup pour vos informations, c'était très, très apprécié.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, merci. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle,
et j'entends la députée de Westmount—Saint-Louis pour 16 min 30s.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bienvenue chez vous. Merci beaucoup pour votre présentation. Je ne
suis pas experte en matière d'agriculture, mais j'ai plusieurs questions pour
comprendre ce que vous souhaitez accomplir. Je trouve intéressant ce réseau
d'experts. Moi, je me demande comment ce réseau d'experts va fonctionner avec
les instances comme le CPTAQ ou les municipalités. C'est quoi, votre vision?
M. Lemay (Stéphane P.) : Bien,
je pense qu'on peut... la vision que l'on a, évidemment, ça va dépendre des...
au global, ça peut dépendre des ressources finales qui vont être disponibles,
tant au niveau de la CPTAQ ou de d'autres instances, mais nous croyons que,
d'abord, les gens, ou même le personnel de CPTAQ qui sera impliqué, soit à
analyser des projets ou à...
M. Lemay (Stéphane P.) : ...pouvoir
faire avancer certains dossiers ou à comprendre l'évolution des dossiers
peuvent... doivent être avancés. Bien, je pense que ces personnes-là auraient
avantage à être bien... On pourrait appuyer ces personnes-là pour bien
comprendre la portée de cette information technique là reliée au potentiel
agricole pour s'assurer que ce soit bien appliqué dans les projets comme tels.
On comprend aussi... Nous ne sommes pas... Nous, de notre côté, nous ne sommes
pas des spécialistes réglementaires, mais on comprend qu'il y a des ouvertures
au niveau du projet de loi pour soit aussi faire des liens avec les
municipalités ou quoi que ce soit. Alors, il pourrait... À notre avis, il
pourrait avoir une voie de passage pour faire en sorte qu'il y ait de la
formation qui soit donnée aux bonnes personnes pour s'assurer que l'application
de ces classes de sol là soit bien faite ou soit faite dans leur bon contexte
dans l'application du règlement.
Mme Maccarone : Puis la
bonne personne pour vous, c'est les municipalités, c'est les CPTAQ, c'est les
agriculteurs eux-mêmes?
M. Lemay (Stéphane P.) :
Bien, la... C'est sûr que la décision finale de ça, selon nous, appartient...
appartient au législateur comme tel. Mais il reste que je pense que, pour des
analyses, pour un certain niveau d'analyse de dossier, le personnel de la CPTAQ
pourrait certainement être capable de pouvoir faire une première évaluation, et
dans certaines conditions, lorsque les classes de sol sont uniformes ou quoi
que ce soit, l'application du règlement peut facilement être capable d'être
interprétée. C'est lorsqu'il y a des situations en zone limitrophe ou lorsqu'on
a des zones de sol où on peut avoir une proportion de différentes classes en
même temps, bien là, il y a une validation terrain qui doit être faite. Et puis
là je pense que ça prend un appui technique pour être capable de supporter dans
un premier temps ces validations terrain là, si on veut bien protéger notre
territoire agricole.
Mme Maccarone : Par
curiosité, est-ce que c'est la première fois que vous parlez d'avoir cette...
réseau d'experts? Est-ce que c'est la première fois qu'on entend parler de ça?
M. Lemay (Stéphane P.) :
Oui. Bien, c'est la première fois que nous, on se prononce à cet égard-là.
Mme Maccarone : O.K.
Est-ce qu'il y a des limitations au niveau législatif, des obstacles qui vous
empêchent de poursuivre? Mettons, si c'est quelque chose qui ne fait pas partie
du projet de loi, pourriez-vous poursuivre quand même à établir ce réseau
d'experts puis continuer à faire de la formation?
M. Lemay (Stéphane P.) :
Bien, je pense que ça, on peut peut-être... Je crois que oui, on serait capable
de... On serait capable de continuer à faire de la formation ou de vulgariser
de l'information au niveau pédologique. Et peut-être que... Et Catherine, tu
pourrais peut-être élaborer sur le type d'activités que l'on fait déjà pour
être capable d'aider le secteur agricole à bien comprendre l'impact de la
pédologie.
Mme Bossé (Catherine) :
Oui. Bien, de plus en plus, on fait... Bien, on fait beaucoup de formation, là,
pour les agronomes, les clubs-conseils aussi, donc, qui doivent faire du
diagnostic, par exemple, de problématiques. Par exemple, le producteur agricole
qui se rend compte qu'il y a des mauvais rendements dans son champ peut faire
venir, par exemple, un... son conseiller en agronomie, là, pour venir
expertiser son champ puis, des fois, bien, essayer de voir si j'apporte tout le
temps la notion de nature des sols et de santé des sols également, là. Donc,
c'est d'interpréter qu'est-ce qu'on voit dans le sol. Et ça peut être
accompagné aussi d'analyses chimiques de sols, analyses physiques, chimiques et
microbiologiques des sols. Donc, il y a... Tu sais, vraiment, les agronomes ont
déjà un certain niveau, là, d'expertise, là, je vous dirais. En tout cas, là,
ils ont une certaine base. Donc, puis nous, c'est ça, donc on peut accompagner.
On a déjà accompagné aussi des agronomes du MAPAQ, tout ça, avec des
clubs-conseils également. Donc, c'est ce qu'on fait. Puis, tu sais, là, dans ce
cas-ci, ça serait pour évaluer le potentiel agricole d'un sol. Des fois, ça
peut être pour évaluer, là, par exemple, d'autres problématiques, là, qu'on
pourrait rencontrer, par exemple la compaction, des choses comme ça. Ça fait
que ça dépend. On peut être demandé sur le terrain pour différentes choses, là.
Et là on s'adapte à ce moment-là.
Mme Maccarone : Ça serait
bien qu'on ait quelque chose en noir et blanc, là, dans un projet de loi qui
peut vous aider à élaborer vos projets. Je comprends. Ce n'est pas la première
fois qu'on entend des gens en commission qui parlent de la validation de
cartes. Ça fait qu'encore une fois la proposition est intéressante. Selon vous
et votre expertise avec un réseau d'experts, ça peut prendre combien de temps?
C'est combien de personnes? Est-ce que c'est le gouvernement qui subventionne
tout ceci ou est-ce que c'est les propriétaires? Comment voyez -vous la mise en
œuvre de cette re validation des cartes?
M. Vachon (Alain) : Tu
peux y aller.
M. Lemay (Stéphane P.) :
Oui. Bien, c'est sûr que la... Comme on le mentionne, je crois que par
l'expertise qu'on a déjà en place pour aider la formation ou la vulgarisation
de l'information pédologique, je crois que, dans les premières étapes, de
pouvoir appuyer le personnel de la CPTAQ, ce serait certainement la...
M. Lemay (Stéphane P.) : ...étape
à réaliser, puis ensuite de pouvoir, selon le nombre, l'intensité des projets
qui se présentent, où il y a des validations de terrain qui devraient être
faites, bien, ensuite, être capable de pouvoir enchaîner dans les étapes
subséquentes. Étant donné qu'on a déjà de l'expertise, par exemple, pour être
capables d'appuyer les gens de la CPTAQ, c'est quelque chose qui peut se faire
sur un horizon de temps relativement court. Ce n'est pas... On ne parle pas de
plusieurs années pour être capables de pouvoir exercer ou de donner cet
appui-là. Ensuite, pour être capable d'avoir, j'imagine, des spécialistes ou
des gens qu'on pourrait former davantage au niveau du terrain, qui pourraient
donner une expertise pédologique un peu plus grande, bien là, c'est un travail
qui peut être un peu... qui dépasse la... ou qui prend un peu plus de temps,
là, dans ce cas-là. Mais ce sont des hypothèses avec la... avec la vision
actuelle que nous avons, là, du contexte et par l'expertise que nous avons déjà
de partager ou de vulgariser cette information pédologique là à différents
conseillers agricoles dans le champ.
Mme Maccarone : On sait
que, dans un monde parfait, on parle de peut-être un an pour le bénéfice de
tout le monde, parce que je vois comment ça peut vraiment être bénéfique quand
on parle de la qualité de nos terres, la protection, surtout quand on parle des
zones qui sont un peu floues. La façon de... Je n'ai pas votre terminologie,
c'est ma traduction, mais je vois comment c'est essentiel. Merci beaucoup. Mais
allez-y.
Mme Bossé (Catherine) :
Je pourrais peut-être ajouter un petit quelque chose aussi. En fait, je pense
que c'est important justement dans... de faire peut-être un... de commencer
avec un comité d'experts aussi, là, pour voir... Parce que là on touche, oui, à
la nature des sols. On peut toucher au climat également. C'est ça.
Mme Maccarone : Ça, ça
peut être un amendement très intéressant. Merci.
Le Président
(M. Schneeberger) : Député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci, M. le Président. Moi, je veux juste... Je veux juste me retrouver, là,
puis... Bien, d'abord, je vous remercie d'être avec nous puis de nous partager
votre expertise, mais j'essaie de m'y retrouver entre ce que vous nous dites
aujourd'hui puis ce qu'on a entendu hier, entre autres, de la part des gens de
la CMM, là. Je pense que la mairesse de Sainte-Anne-des-Plaines, si je ne
m'abuse, nous a dit essentiellement, en lien avec la même disposition du projet
de loi, là, celle qui vise à restreindre certaines infrastructures, notamment
des serres, là, qui soient en terre de grande qualité, disons, là. Bien, ils
nous ont essentiellement dit : Belle disposition. Peut-être pas hyper
pratique. Il y a un paquet de municipalités qui n'ont pas fait la
caractérisation de leurs sols. Alors, vous, ce que vous nous dites aujourd'hui,
si je comprends bien, c'est qu'il y a d'autres outils qu'on peut utiliser, là,
pour... qui sont déjà là.
• (16 h 20) •
Mme Bossé (Catherine) :
Oui. Bien, en fait, il y a eu une cartographie sur le... du potentiel agricole
des terres. Bien, en fait... Bien, excusez, je recommence. Il y a une
cartographie, vraiment, à l'échelle canadienne du potentiel des terres pour la
grande culture qui a été faite dans les années 60. Donc ça, ces cartes-là
sont là. On peut les utiliser. Puis il y a aussi... La plupart, je dirais, des
régions du Québec ont une carte des sols également, dont je vous parlais
tantôt, là, les cartes pédologiques, qui peuvent fournir de l'information
aussi, là, pour valider, là, ce qu'on peut retrouver dans les cartes de
l'inventaire également. Ça fait que... Est-ce qu'il y a des zones, peut-être,
qui ne... qui sont exclues, là? Je ne les connais pas par cœur, mais il y a...
Mais ça couvre vraiment un très grand territoire, là, à mon avis.
M. Fortin :
O.K. Alors, pour appliquer la réglementation comme ça, là, ou une idée comme
celle-là, on n'aurait pas besoin de redemander à chaque municipalité de refaire
la catégorisation des sols, là.
Mme Bossé (Catherine) :
Non.
M. Fortin :
De toute évidence, on a déjà les outils nécessaires.
Mme Bossé (Catherine) :
On a les outils. Puis comme on disait aussi, si jamais il y a une ambiguïté,
puis qu'on pourrait percevoir en regardant les cartes, on pourrait aller
valider sur le terrain après.
M. Fortin :
O.K. Puis vous, là, dans le fond, la raison pour laquelle vous accueillez, puis
j'utilise vos mots, là, accueillez favorablement cette disposition-là qui fera
en sorte que, par exemple, des serres devraient être établies ailleurs que dans
des sols zonés agricoles et de grande qualité, là, bien, c'est pour la
meilleure utilisation de nos sols agricoles. Je me pose la question, puis
peut-être que vous le savez, peut-être que vous ne le savez pas, là, je me pose
la question à savoir est-ce que, quand on passe la réglementation comme ça, le
réflexe naturel c'est, par exemple, pour des serres, d'aller s'établir dans des
zones industrielles ou d'aller s'établir dans des régions plus éloignées?
Avez-vous déjà vu des, que ce soit des endroits ailleurs dans le monde, là, qui
ont peut-être de la réglementation similaire à celle-là?
M. Lemay (Stéphane P.) :
Nous, on ne peut pas se prononcer sur cette question-là comme telle.
M. Fortin :
Non? O.K.
M. Lemay (Stéphane P.) :
On n'a pas d'information spécifique à cet égard-là. Ce qu'on peut... Ce qu'on
peut mentionner, c'est que la raison pour laquelle on amène cet élément-là,
c'est qu'on se rappelle que nos terres agricoles, nos bons sols agricoles, ne
représentent que 2 % de l'ensemble du territoire. Puis on aura peut-être
un contexte où on pourra élargir la surface avec... avec nos changements
climatiques. Peut-être qu'il y a certains endroits, où on aura...
M. Lemay (Stéphane P.) : ...la
chance de pouvoir avoir certaines unités thermiques qui vont être meilleures, des
sols qui vont pouvoir s'ouvrir. Mais globalement, notre territoire agricole, il
est très petit pour être capable de bien... de bien nourrir, puis je pense que
c'est important de bien le protéger. Alores, dans notre esprit, c'est... c'est
pour ça qu'on reçoit favorablement le fait de protéger ces sols-là de
classe 1 à 3, puis de les garder pour de la production agricole
directement.
M. Fortin :Oui. Je vous avoue, tu sais, moi, je vois la députée des
Laurentides. Moi, à chaque fois que je suis rendu sur la 15 puis que je vois
une étendue de serres, là, en très, très, très bonnes terres agricoles, on se
pose la question à savoir est-ce que c'est la meilleure utilisation. En même
temps, si je pense à, par exemple, un producteur de fraises qui se dit :
Bien, je veux passer ma production du champ à une serre. Puis qu'il se
dit : Bien, O.K., j'ai... ma terre, c'est celle-là, je vais... je vais me
bâtir une serre. Tu sais, je pense qu'il faut regarder des nuances autour de ça
pour ne pas non plus imposer un fardeau financier à des projets de plus petite
échelle que les serres Savoura, disons.
Je veux juste revenir sur un... J'ai un
dernier, un dernier point là, entre autres sur la catégorisation. Vous faites
un point par rapport aux zones limitrophes. Je veux juste essayer de bien le
comprendre. Dans le fond, ce que vous nous dites, c'est si jamais il y a un
projet dans ces zones-là, allez donc et d'en mesurer spécifiquement juste pour
qu'on se... que tout le monde soit à la même place puis qu'on comprenne
qu'est-ce qu'on soit en train de faire, là.
M. Lemay (Stéphane P.) : C'est
que d'une certaine façon, là, parce que les... les cartes de potentiel agricole
ont été faites à une échelle régionale, à une échelle assez grande. Alors, si
par exemple... puis quelles qu'elles soient, là, on parle de 1 à 3 et on croit
que c'est une bonne idée d'être de 1 à 3. Mais et ce qu'on dit, c'est que si,
par exemple, le règlement a certaines applications, certaines dispositions pour
1 à 3, puis d'autres dispositions pour 4, 5, 6. Mais si on est dans une zone où
on est vraiment à la limite entre ces... entre ces limites-là entre 3 et 4,
bien, c'est important d'aller valider correctement sur le terrain parce que
c'est une autre interprétation. Je pense qu'il faut être capable d'amener,
c'est que parfois la classe que l'on a pour la surface, c'est la classe
principale. Parfois, il y a une combinaison de classes de sol sur un même
endroit, alors il faut être capable de s'assurer qu'on a la bonne classe de sol
qu'on croit avoir. Je ne sais pas Catherine, si tu veux bonifier ça.
Mme Bossé (Catherine) : Ça,
c'est sûr qu'avec tout produit géospatial, ça vient avec une incertitude. Mais
c'est sûr qu'il y a des fois, bien, on est dans des aires, des grandes aires où
il y a... c'est du 1, du deux, du trois, et c'est très clair. On le sait qu'on
est dans des plaines, par exemple, argileuses, il n'y a pas trop de doute, il y
a plein... il y a d'autres informations géospatiales qui peuvent corroborer ces
informations-à. Donc là, on a un dossier qui est correct. Mais comme le disait
Stéphane, si on est, par exemple, limitrophe, il y a du 4 qui n'est pas très
loin, ça... ça se pourrait qu'on soit sur du... du sol aussi classé 4. Et à
certains endroits, bien là, c'est... il y a vraiment une... tu sais, c'est très
mixte, donc c'est très hétérogène. Ça fait que, là aussi, ça pourrait être des
endroits, là, que ça vaudrait la peine d'aller valider sur le terrain.
M. Fortin :Fantastique. Je vous remercie tous les trois pour la présentation.
Merci.
Une voix : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup. Si je peux me permettre une question, est-ce que les unités
thermiques font partie du classement des terres agricoles?
Mme Bossé (Catherine) : Mais
en fait ça rentre dans les... dans les facteurs climatiques, là. C'est pris en
considération, là, tout dépendamment des systèmes de classification qu'on
utilise, là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait, mais pas directement.
Mme Bossé (Catherine) : Bien
oui. Bien, en fait, ça, ça rentre dans les facteurs dans les... le... En fait,
il y a les classes de sol, 1 à 7, et il y a aussi des facteurs limitatifs qui
viennent détailler ces informations-là. Et le climat est un facteur limitatif.
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
merci, merci beaucoup. Alors, ce qui met fin à nos échanges. Alors, je vous
remercie beaucoup pour l'apport à la commission. Nous suspendons quelques
instants afin de procéder à la venue du prochain groupe.
Une voix : Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 27)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 34)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux, nous recevons le prochain groupe. Alors, nous avons
les deux représentants de l'Institut de recherche en économie contemporaine.
Bonjour à vous deux. Dans un premier temps, je vous laisse vous présenter, et
poursuivez avec la présentation pour un maximum de 10 minutes.
M. Laplante (Robert) : Merci
beaucoup. Je suis Robert Laplante, le directeur général de l'IREC, et je suis
accompagné de François L'Italien, qui est le directeur adjoint. L'IREC est un
institut de recherche indépendant sans but lucratif qui a pour mission de
contribuer à l'enrichissement du débat public par la production d'analyses et
de travaux scientifiques.
Nous avons, au cours des dernières années,
poursuivi un gros programme de recherche sur ce que l'agriculture du Québec
doit résoudre comme problèmes pour s'inscrire dans le XXIᵉ siècle. Il y a des
défis majeurs, et ces défis-là... On est heureux de constater que le ministre
ne s'est pas défilé et que la modernisation de la Loi sur la protection du
territoire agricole constitue un pas, un pas majeur dans la bonne direction.
Parce que l'agriculture du Québec ne s'est
pas développée seulement grâce au travail des agriculteurs sur leur ferme, l'agriculture
du Québec put se développer partout sur le territoire avec la construction d'un
dispositif institutionnel, d'une architecture institutionnelle qui lui a donné
sa forme et ses conditions de prospérité. L'agriculture du Québec a son modèle
propre qui la distingue à l'échelle du continent, et, parmi les
caractéristiques qu'on peut lui reconnaître, c'est le consensus ferme qui s'est
construit au cours, au fond, des sept ou huit dernières décennies concernant le
modèle de fermes que les Québécois, que les agriculteurs souhaitaient voir se
déployer sur le territoire. La ferme familiale, ou celle qu'on a au fil des
années dénommée celle du propriétaire exploitant, ce n'est pas seulement que le
résultat du travail des familles, c'est le résultat d'un appareil de
règlements, de lois qui ont permis de soutenir la possibilité pour ces
agriculteurs et ces agricultrices-là de relever les défis qui s'imposent à un
secteur qui, depuis au moins deux siècles, est déjà confronté aux marchés
mondiaux et aux grands enjeux du commerce international.
Dans ce contexte-là, la lutte des
agriculteurs et les consensus qu'ils ont réussi à construire avec les autres
groupes de la société nous ont conduits à la Loi de protection du territoire
agricole. C'est une pièce essentielle et qui a permis véritablement de donner
des assises à la modernisation de l'agriculture. Et, au cours des dernières
années, cette loi, comme ça arrive parfois, hélas! cette loi est devenue un peu
fossilisée. Elle a été en retard sur les transformations de la société et en
retard surtout sur les progrès très rapides de l'agriculture, qui doit répondre
aux défis du secteur économique et aux défis du continent, en particulier pour
tout ce qui concerne le commerce international et les écarts... les accords de
libre-échange.
Alors, moderniser la loi, c'est essentiel,
et il y a dans ce projet de loi, estimons-nous, tout ce qu'il faut pour
affronter avec sérénité et confiance les défis qui viennent. En particulier,
nous avons attiré l'attention au cours des travaux que nous menons depuis
quelques années sur le statut du sol. Nous avons, il y a 12 ans déjà, devant
une commission comme celle-ci, présenté les enjeux que représentait...
M. Laplante (Robert) : ...l'accaparement
des terres par les fonds de placement, par les institutions financières, qui ne
sont pas nécessairement intéressés à l'agriculture mais au rendement financier
qu'on peut tirer, à la rente qu'on peut tirer de la plus-value que prennent les
terres quand elles sont bien mises en valeur.
Et ce problème, il s'est dessiné à nouveau
au cours des dernières années en particulier, mais il a changé de forme, ce ne
sont plus seulement que les fonds d'investissement, ce sont aussi des grands
acteurs de l'agriculture dans sa pointe la plus avancée, dans sa pointe
industrielle, qui, désormais, ont des pratiques d'affaires qui sont
équivalentes à celle des fonds d'investissement, dans la mesure où ces
pratiques-là sont dictées d'abord par des objectifs de rendement financier,
bien davantage que par des ambitions de croissance de la ferme familiale.
Ces acquisitions-là ont un effet majeur
sur le territoire. Et nous avons documenté, dans le cas en particulier de la
vallée de La Mitis, l'effet déstructurant que peuvent avoir ces pratiques.
Elles ne sont pas mal intentionnées, elles répondent tout simplement d'un autre
modèle de développement, sur lequel il va falloir que le débat se fasse dans
notre société si on veut que le territoire agricole soit mis en valeur et
exploité par ceux qui habitent le territoire et par ceux qui entretiennent, sur
ce territoire-là, des projets qui ne sont pas seulement des projets d'affaires,
mais des projets d'appartenance à une collectivité.
• (16 h 40) •
Le cas que nous avons documenté a à peu
près toutes les caractéristiques de ce qu'il va falloir qu'on trouve comme
solution parce que, quand un grand acquisiteur démembre des fermes, et c'est le
cas qui s'est produit, ce n'est pas seulement une ferme qui change de vocation,
elle ne disparaît pas, ce qu'elle va produire va rester dans le PIB, mais ce
qu'elle va contribuer au développement local et à la nature de la vie
communautaire peut être radicalement modifiée. Le démembrement d'une ferme, par
exemple, pour quitter la production laitière et aller vers la grande production
céréalière, peut se faire de manière tout à fait correcte sur le plan
agronomique, sur le plan économique, mais une ferme exploitée par des
travailleurs temporaires qui viennent pour faire les semences, et ensuite un
traitement pendant le mois de juillet, et on revient à la récolte, va donner
des tonnes de céréales qui vont pouvoir être vendues sur les marchés
internationaux sans problème, et de bonne qualité, le secteur agricole va
connaître une croissance, mais la communauté, elle, va s'être appauvrie, son
modèle de développement va être esquinté.
Mais il y a plus. C'est que la disparition
et l'usage des projets d'émancipation ou d'agrandissement des fermes a aussi un
effet sur les masses critiques de l'agriculture dans la région. Et ça va bien
au-delà de la ferme qui fait l'objet d'une transaction. Quand vous démantelez
cinq fermes laitières, ce que vous fragilisez, c'est la route pour la collecte
du lait, c'est l'usine voisine pour sa transformation, parce que vous risquez
de faire perdre au secteur sa masse critique. Alors, il faut véritablement un
dispositif pour suivre ça de très près.
Et, de ce point de vue là, la création
d'un observatoire sur le foncier est une initiative que nous saluons
chaleureusement. On la réclame depuis des années, et c'est un instrument qui,
je pense, doit compléter l'architecture institutionnelle du modèle québécois
d'agriculture. Si tu veux donner des précisions, François, là-dessus.
M. L'Italien (François) :
Bon. Alors, dans le projet de loi, il n'est pas directement question d'un
observatoire. Nous, on pense que c'est ce qu'il faut faire. Le dispositif qui
serait adjacent ou prolongeant la commission, devrait, selon nous, avoir minimalement
deux grandes fonctions puis une caractéristique principale. La première
fonction, c'est de ne pas simplement cueillir des données, parce qu'on peut
noyer le poisson en ayant trop de données, on doit avoir une fonction d'analyse
qui permet, région par région, d'avoir un portrait le plus parlant possible des
dynamiques...
M. L'Italien (François) : ...foncières
qui affectent les régions puis qui vont permettre à toutes les parties
prenantes d'avoir un portrait clair de la situation pour prendre les moyens qui
s'imposent pour faire face à la musique.
La deuxième chose, deuxième fonction de
cet observatoire-là, nous, on pense qu'il doit avoir une fonction de conseil,
il ne doit pas simplement se cantonner dans une position d'analyse, mais
doit... pouvoir produire des avis ou des recommandations pour pouvoir maîtriser
le foncier agricole. L'expertise qui va se développer au sein de cet
observatoire-là ne doit pas être laissée entre quatre murs. Elle doit pouvoir
servir les parlementaires, la société québécoise et le gouvernement. Donc, il y
a vraiment là-dedans un moteur collectif qu'on doit mettre à contribution pour
l'intérêt général.
Et troisième chose qu'on juge essentielle,
c'est d'avoir des moyens institutionnels et financiers conséquents. Par
«institutionnels», on juge qu'on ne doit pas simplement rapporter au registre
foncier les transactions qui concernent les terres agricoles elles-mêmes, mais
aussi tout ce qui concerne les rachats d'actions. Le cas qu'on a documenté dans
la Mitis est très éloquent à ce titre-là. Il y a des... Dans le fond, les
entreprises, maintenant, vous le savez, atteignent une certaine taille, ont un
statut juridique qui permet d'émettre des actions, des obligations, et parfois
les transactions sont sur des entreprises qui comprennent des terres agricoles,
mais qui ne sont pas référencées comme terres agricoles.
Donc, si, par exemple, un groupe achète
une autre... une entreprise agricole qui, dans son périmètre de propriété,
détient des terres, ça n'apparaît pas nécessairement dans la transaction. Donc,
on pense que le registre foncier doit pouvoir exiger des notaires, lorsqu'il y
a un rachat d'actions qui contient, dans la transaction, des terres
agricoles... qu'on doit pouvoir faire un usage raisonné de ça. C'est déjà le
cas, je pense, dans la gestion de la loi sur l'acquisition des terres par des
non-résidents, puisqu'il y a un dispositif d'analyse des structures financières
des groupes. Donc, pour nous, ça, c'est une pièce maîtresse.
L'autre élément sur lequel on voulait
mettre l'accent aujourd'hui, c'est : on salue le mécanisme de contrôle, de
renouer avec une approche plus volontaire, parce que le modèle agricole
québécois, ce n'est pas un modèle de laisser-faire, c'est un modèle qui repose
sur des petites et moyennes fermes. Et donc de reprendre l'initiative en
capant, si on veut, le nombre d'hectares acquis sur un certain nombre d'années,
c'est le minimum qu'on puisse faire, et, d'autre part, qu'on rende plus
explicite dans la loi que ce n'est pas simplement les fonds d'investissement
qui acquièrent des terres, mais aussi des groupes qui, atteignant une certaine
taille, ont des stratégies de croissance qui n'ont plus rien à voir avec des
fermes et leur logique de développement.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Juste vous avertir que vous avez quand même dépassé de plus d'une
minute le temps, mais je voulais vous laisser finir parce que, tu sais,
c'est... par respect, étant donné que vous venez ici.
Alors, M. le ministre, vous avez 14 minutes
45 secondes à disposition pour les questions.
M. Lamontagne : ...à moins
que je splitte ça avec mes collègues. Quatorze minutes et combien?
Le Président (M. Schneeberger) : Quatorze
minutes 45.
M. Lamontagne : 45, parfait.
Merci beaucoup. Bienvenue. M. Laplante, c'est sûr que j'ai un intérêt pour ce
sujet-là, là, mais vous avez commencé à parler puis j'ai été comme absorbé par
vos paroles puis le conte que vous aviez à nous raconter, et tout ça. Puis
honnêtement, si j'ai d'autres opportunités, dans le futur, de passer du temps
avec vous pour vous entendre parler de toutes vos connaissances, mais aussi
la... tu sais, il y a un aspect de philosophie aussi, là. C'est sûr, quand on
parle, le modèle qu'on a... Tantôt, je partageais avec mes... mon collègue,
j'étais en Europe il y a un an et demi puis j'étais en France, j'étais en
Belgique, sud de la Belgique, les Pays-Bas, puis, je veux dire, la question de
la propriété des terres, la question des exploitations agricoles, la question
des prix des terres agricoles, et tout ça, là, on est dans un autre univers. Ça
n'a rien à voir avec ce qui se passe au Québec.
Et une chose que vous avez dit, qui est
important, c'est, au Québec, on s'est donné des outils. C'est plus un système
qu'on a mis en place qui est venu encourager... qui est venu définir un peu,
justement, qui fait qu'aujourd'hui, bien, on a ce genre de ferme là, puis on a
quand même, au Québec, un taux de propriété qui appartient aux exploitants
agricoles, qui est très élevé comparativement à beaucoup d'autres juridictions
dans le monde. Mais, en tout cas, je voulais vous dire merci pour votre
contribution. Puis c'était vraiment, vraiment très intéressant. Puis, d'entrée
de jeu, vous en avez parlé, mais je veux que vous en parliez encore, peut-être,
de façon plus expansive, là, tu sais, l'idée de venir faire un suivi des
transactions, l'importance de faire ça, puis comment ça peut puis ça va
contribuer à nous éclairer pour quelques décisions qu'ultimement on aurait à
contempler, à prendre par rapport à notre territoire agricole.
M. Laplante (Robert) : Bien,
écoutez, c'est une vaste... c'est une vaste question.
M. Lamontagne : Ne prenez pas
mon 14 minutes, là... mais éclairez-nous un peu.
M. Laplante (Robert) : Je vais
tenter de rester pour voir. Essentiellement, je pense...
M. Laplante (Robert) : ...il
faut des mécanismes de contrôle pour tenir compte d'un fait qui ne peut pas,
lui, être comprimé d'aucune manière. Le terroir, le sol propice à l'agriculture
du Québec, c'est limiter, c'est en fait un patrimoine national qu'on doit
mettre à l'abri de toute forme d'aliénation. Le sol, c'est bien sûr les fermes,
les exploitants, les vocations qu'on peut y développer, mais l'État a une
responsabilité qui est celle de préserver la capacité nourricière de sa
population. Et ça, c'est une... si on veut, c'est une fonction qui se superpose
aux enjeux, je dirais, opérationnels concernant les transactions et les
transformations des fermes et de l'usage des sols. Alors, ce contrôle-là, il
est important parce qu'il nous renvoie directement à la responsabilité
fiduciaire de l'État. Et cette responsabilité-là, elle n'est pas seulement à
l'endroit des agriculteurs, mais elle est à l'endroit de toute la société
québécoise, puisque notre terroir, c'est notre sécurité alimentaire. Et, si on
laisse aller les choses, on peut se retrouver dans une situation où il va y
avoir encore des vocations agricoles, mais qui ne seront plus définies sur les
besoins de notre société, qui ne seront plus définies sur les choix de
développement de nos collectivités. Ça se voit ailleurs, particulièrement en
Amérique centrale et en Amérique du Sud, où on peut très bien concevoir des
fermes avec des performances exceptionnelles, mais qui ne soutiennent aucun développement
communautaire, qui ne soutiennent pas les préoccupations d'occupation du
territoire. Alors, c'est la... c'est la première et, je vous dirais, la
principale raison pour laquelle il faut du contrôle. C'est essentiel pour que
l'État puisse remplir sa responsabilité fiduciaire.
• (16 h 50) •
M. Lamontagne : Merci. On
avait un groupe précédemment qui a passé, puis des gens qui sont, justement, en
production. Tu sais, je leur posais la question sur, tu sais, la possibilité de
venir contrôler les superficies qu'ils possèdent, contrôler les achats de
terres, puis... je veux dire, vous allez aussi loin que de dire, bien, que ça
prendrait 300 hectares aux cinq ans, et tout ça, puis qu'est-ce que ces
gens-là nous disaient que c'était complexe, tu sais, de... de faire... parce
que je parlais aussi du prix des terres, et tout ça, et... c'était complexe de
faire un lien entre, tu sais, l'entreprise de grande... de superficie qui
achète des terres additionnelles puis l'aspect détriment que ça pourrait avoir
un peu pour le territoire. Puis aussi, dans un contexte où... tu sais, dans
l'état de droit, où on est, en Amérique du Nord, d'arriver demain matin puis
dire : Écoute, on vient de décider qui achetait quoi puis en quelle
quantité, là, ça peut être délicat. Là, j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Laplante (Robert) : Bien,
vous avez raison, c'est délicat. Et l'idée n'est pas de transgresser la règle
de droit, on s'entend là-dessus, mais il faut bien comprendre qu'il y a des
choix de modèle de développement qu'on peut soutenir et encourager.
L'encadrement sur les transactions, c'est une responsabilité qui n'est pas du
tout incompatible avec le respect des affaires et avec le droit. Dans les
villes, il y a des règles d'aménagement urbain qui font que vous ne pouvez pas
mettre une station-service à côté d'une garderie. Et c'est un contrôle qui
s'exerce sur la liberté d'entreprendre, mais c'est un contrôle qui est jugé
conforme à l'intérêt général. Donc, l'idée de poser des seuils pour les
transactions, c'est essentiellement pour s'assurer que le modèle de
développement qu'on souhaite ne soit pas détricoté, hein, démantelé
indirectement. Et c'est d'autant plus important que c'est le principal obstacle
à la relève. Les grosses transactions ont fait monter les prix des terres et
les superficies occupées par ces grands...
M. Laplante (Robert) : ...propriétaire
rendre la possibilité pour la relève beaucoup plus étroite de trouver à
s'insérer dans le milieu où elle désire vivre. Alors, c'est un arbitrage.
L'idée n'est pas de faire disparaître l'agriculture à haute intensité ou
l'agriculture industrielle, mais c'est un arbitrage, un dosage à établir pour
s'assurer qu'on ne fait pas, en prenant ces décisions-là, le contraire de ce
qu'on souhaite, si on veut maintenir la vitalité et l'habitation du territoire.
Alors, c'est des compromis qui doivent être faits et des arbitrages qui doivent
être très bien balisés pour éviter tout arbitraire. Et ça, ça peut être fait
par la voie réglementaire et, bien sûr, par une cohérence de cette voie
réglementaire là avec les choix que font dans l'aménagement les MRC ou les
régions des communautés urbaines avec les PDZA. C'est essentiel de faire cet
encadrement-là.
Bien sûr, bien sûr, ça peut poser des
frustrations et des interrogations de la part des promoteurs qui souhaiteraient
le faire, mais ça pose autant d'interrogations et de frustrations dans la
relève qui ne peut pas mettre le pied à l'étrier. Alors, il y a donc... Là, il
faut... il faut un dosage. Et ce dosage-là peut être fait en utilisant les
instruments comme les subventions, l'aide à l'établissement et les dispositifs
d'allocation du territoire. Bon, ça peut être fait comme ça. Personne n'a dit
que ça allait être facile. Personne n'a dit qu'il n'y aurait pas de zone grise.
Mais tout est dans la volonté de maintenir le modèle. C'est la norme que nous
avons bâtie au Québec avec le modèle agricole du propriétaire exploitant. C'est
encore ce qui fait consensus dans toutes les régions du Québec. Si nous n'avions
pas ce consensus-là, c'est à peu près assuré qu'il n'y aurait pas de communauté
rurale viable dans beaucoup de régions du Québec. Et ça, c'est un choix de
société.
M. Lamontagne : Bien,
merci. Merci beaucoup. Quand vous parlez que non seulement c'est de faire un
suivi de l'achat de terres, mais vous êtes aussi il doit y avoir un suivi du
rachat, du rachat d'actions, là, on s'entend... on s'entend que, tu sais, quand
il y a des actions d'une entreprise qui se vendent, ce n'est pas quelque chose qui
est inscrit au registre foncier, hein? Ça fait que dans... Ça fait que de
contempler puis de faire le suivi de tout ça, là, vite, vite de même, là, à
1 000 pieds, là, ça peut être compliqué pas mal. Ça fait que, vous,
comment... Comment vous verriez que ça pourrait être possible de mettre en
œuvre, sans que ça soit un capharnaüm administratif, là, mais comment vous
verriez que ça puisse être mis en œuvre?
M. L'Italien (François) : Bien,
on sait que, comme je le disais, pour tout ce qui est l'application de la Loi
sur l'acquisition des terres par les non-résidents, c'est ce genre d'analyse
là, à notre connaissance, qui se fait quand on... Quand les équipes de la
commission regardent une demande d'acquisition par un non-résident, on regarde
la structure financière, si le détenteur final, son identité, à quel endroit il
loge, etc. Donc, il y a déjà une expertise, même si elle est minime, il y a
déjà l'expertise de la commission pour analyser les structures financières. Et
d'une certaine façon, c'est la porte d'entrée pour comprendre qu'est-ce qui est
dans le périmètre de l'entreprise. Donc, si on s'adresse directement à des
entreprises québécoises qui sont enregistrées comme producteurs agricoles, on
peut déjà se douter que, dans ce périmètre-là, il y a des actifs fonciers comme
des terres.
M. Lamontagne : Mais
l'exemple que vous donnez... Tu sais, hier, on avait des gens, des notaires,
qui étaient là puis qui disaient : Bien, nous autres... Tu sais, moi, je
leur disais : La loi, tu sais, les achats par les non-résidents, c'est-tu
compliqué? Bien non, ce n'est pas compliqué, tu sais. La personne est-tu
résidente? Oui ou non? Si c'est non-résident, la lumière s'allume puis il y a
tout un processus. Mais je veux dire, quand on n'est pas un résident, un non-résident
au Québec, là, je veux dire, des transactions de vente d'entreprises ou de
participation dans des entreprises, on a des milliers d'entreprises au Québec,
on a des milliers d'actionnaires qui détiennent des millions ou des trillions
d'actions, bien, de venir faire un suivi quand, à un moment donné, y aurait une
de ces entreprises-là qui aurait une possession de terres agricoles, on n'est
pas... On n'est pas dans le même registre, en tout respect, là, pour la
comparaison que vous faisiez, là. On n'est pas pantoute à la même place. C'est
pour ça que, moi, je verrais ça, à prime abord, d'une...
M. Lamontagne : ...très
grande complexité, mais pour voir si... comment vous, vous verriez ça, là?
M. Laplante (Robert) : Écoutez,
tout est dans le degré de précision qu'on va rechercher. Dans le cas des
acquisitions par les non-résidents, et ça peut être effectivement complexe,
mais en définitive, en bout de course, le notaire, il sait ce qu'il vend puis
il sait ce qu'il achète. Ses clients, là, c'est défini dans l'acte de vente, il
y a un périmètre. Et, avec ça, on sait à qui on a affaire. Bon.
Alors, dans la fonction d'observatoire
telle que nous la voyons, il y a un travail d'analyse et de compréhension de ce
que fait le secteur de la production agricole dans le territoire, dans la MRC.
Donc, on connaît les acteurs, on sait qui ils sont, on sait ce qu'ils font. Et
donc la fonction de suivi est essentielle, pas seulement pour connaître
l'affectation des sols, mais pour connaître les acteurs qui font ou ne font pas
la dynamique de la collectivité et le dynamisme du secteur. Parce qu'il ne faut
pas oublier que l'agriculture, dans sa dimension économique, c'est un secteur
extraordinairement innovant, très dynamique. Et on a besoin, pour les fins de développement
et de planification, de développer des outils d'accompagnement de ces
innovateurs-là. Pour avoir des outils efficaces, il faut connaître à qui on a
affaire et connaître les moyens qui sont mis en cause. On pourrait prendre
l'exemple des fromagers, là. C'est extraordinaire, ce qui s'est produit dans
l'industrie fromagère du Québec dans les 30 dernières années. Mais, pour être
capable d'accompagner ces innovations-là, il faut connaître les acteurs.
• (17 heures) •
Donc, cette fonction-là n'est pas
seulement axée sur le contrôle, je vous dirais, mesquin, c'est axé sur
l'optimisation de notre accompagnement pour savoir véritablement où ces
projets-là conduisent le secteur et les réalités de la localité. Puis c'est
vrai, en particulier... J'entendais tantôt l'échange sur la production en
serre, bien, c'est un exemple intéressant, parce que la production en serre, ça
pourrait très bien, très, très bien être contrôlée de Hong Kong ou de
Singapour. Alors, on a intérêt à savoir à qui on a affaire et dans quoi ce
brevet-là s'insère quand on les accompagne. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci, merci beaucoup. Nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle et j'entends le ou la... le député de Pontiac. Voilà.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Bonjour, bonjour à vous deux. Merci
de partager votre point de vue avec nous. J'ai bien aimé votre phrase :
«Nos terres agricoles, c'est notre patrimoine naturel et national.» Je crois
que ça s'applique puis ça peut nous gouverner, en partie, dans nos travaux.
Alors, merci pour cette phrase.
Je vous ai entendu d'emblée, d'entrée de
jeu, vous avez dit : Au cours des dernières décennies, depuis
l'établissement de la Loi sur la protection du territoire agricole, bien, cette
loi-là, elle s'est... bien, l'agriculture a beaucoup changé, le développement
urbain a beaucoup changé. Le développement de nos communautés ne se fait pas
comme à l'époque. Donc, la loi, c'est un peu, je pense, vous avez utilisé le
mot «fossilisé», là. Alors, je recule quelques mois en arrière, avant le dépôt
du projet de loi du ministre de l'Agriculture, et je vous donne carte blanche,
parce qu'à cette époque-là, vous auriez dit : L'enjeu principal à amener,
la première chose à faire pour moderniser la Loi sur la protection du
territoire agricole, nonobstant les recommandations que vous avez par rapport
aux articles spécifiques de loi présentés par le ministre, qu'est-ce que vous
auriez mis de l'avant?
M. Laplante (Robert) : Évidemment,
avec des si, on peut mettre Paris en bouteille, là. Mais une chose qui a
manqué, c'est la perspective intégratrice. Beaucoup de problèmes de dézonage,
de débat sur le dézonage, de décisions qui ont été prises ont souffert de ce
que le traitement a été fait au cas par cas. Et l'addition de ces cas-là finit
par donner quelque chose qui ressemble à un cheval...
17 h (version non révisée)
M. Laplante (Robert) : ...décidé
par un comité, hein? Ça veut dire que, là, les fonctions sont devenues
étriquées, pas par un quelconque complot, pas par une quelconque malveillance,
mais par le fait qu'on n'a pas suffisamment porté attention à l'effet cumulatif
des choix qui sont réalisés et à leurs conséquences. Donc, la fonction de
veille et de suivi, elle est essentielle, et c'est cette fonction-là qui, nous
semble-t-il, doit être renforcée à la commission. Et on aurait pu à l'époque,
on aurait pu le faire, mais on était centrés, et il faut se reporter aux
conditions économiques et d'affaires qui ont présidé à la... au débat sur le
zonage agricole. Hein, on était en plein, en plein délire d'étalement urbain. Il
y avait des promoteurs en appétit partout sur le territoire, et les milieux
n'étaient pas tous sensibles de la même façon, même certains ne l'étaient pas
du tout, à la préservation du territoire agricole, parce qu'il y avait d'autres
considérations qui pouvaient être prises pour la fiscalité municipale, pour le
développement urbain, etc. C'étaient des ambitions qui étaient en soi
légitimes. Mais comme il n'y avait pas de souci de l'effet sur l'agriculture,
on a eu l'effet sur les sols. Mais l'effet sur l'agriculture comme secteur
économique et sur sa place dans la structure économique locale, ça, ce
suivi-là, il a été défaillant et, parce qu'il a été défaillant, il a généré des
problèmes réels mais qui sont en vérité des faux problèmes, c'est-à-dire qu'ils
sont des problèmes qui sont l'expression d'une lacune dans notre dispositif
institutionnel, et c'est ça qui, je crois, doit être corrigé, parce que,là, ça
va très, très vite, et les changements climatiques ont déjà commencé à faire
déferler, sur l'ensemble des territoires de l'Amérique du Nord, une pensée
spéculative féroce. Déjà, on peut observer sur le territoire des promoteurs
californiens qui cherchent à utiliser les unités caloriques du Québec pour
compenser les pertes qu'ils ont en Californie. Alors donc, là, on a vraiment
intérêt à comprendre, dans une perspective intégrée, qui sont les acteurs,
quels sont leurs projets et quel est l'effet de ce projet-là sur l'économie
locale et sur le secteur agricole dans son ensemble. Donc, on pourrait entrer
dans d'autres... d'autres volets du dispositif institutionnel, mais entre
autres, et je ne veux pas abuser de mon temps de parole, mais ce dispositif de
veille-là, comme il a été lacunaire, ça a donné des outils d'accompagnement, en
particulier de la relève qui, je pense, sont devenus de moins en moins
adéquats. Et là on se retrouve maintenant avec une situation où le seuil
d'entrée pour un jeune dans l'agriculture est devenu absolument prohibitif, et
ce n'est pas un choix structurant pour le devenir de l'agriculture, ce n'est
pas un choix structurant pour l'équité intergénérationnelle puis pour l'avenir
de nos collectivités. Alors donc, il y a un côté névralgique à cette
fonction-là.
M. Fortin :J'aimerais vous entendre sur la question de la surtaxation
des... des terres en friche.
M. Laplante (Robert) : Oui.
M. Fortin :Ce qui n'est pas un sujet que je pense que vous avez abordé
directement dans votre... votre exposé d'emblée, mais qui semble relié à
beaucoup de ce que vous dites en ce moment. Alors, j'aimerais ça vous entendre
sur cette question-là.
M. Laplante (Robert) : Oui.
Écoutez, ça n'a aucun sens que, dans certaines régions ou dans certaines MRC,
on se retrouve avec des... Des proportions de terres en friche qui frisent les
30 %, 40 %. C'est invraisemblable, c'est invraisemblable, et il faut
que le patrimoine agricole du Québec soit optimisé. Il faut en tirer le
maximum, et pour ça il n'y a pas un seul secteur économique qui peut prétendre
se développer quand il n'y a pas d'entretien d'actifs. Ça ne marche pas. Alors,
les terres en friche, c'est un déficit d'entretien d'actifs...
M. Laplante (Robert) : ...des
terres en friche, c'est un déficit d'entretien d'actifs qu'à l'échelle
politique, à l'échelle de la politique agricole du Québec, on ne doit pas
tolérer. Et pour éviter que ça dure et que ça perdure, la surtaxe est le moyen
conventionnel. Et personne ne peut être surpris quand les barèmes sont établis
et publics. Quelqu'un qui ne veut pas cultiver sa terre aura le choix de payer
cette surtaxe-là ou de trouver quelqu'un qui va le faire pour lui. Et, comme
ça, on va être certain que notre maigre territoire soit au service de notre
ambition de nourrir le Québec.
M. Fortin :Je vais revenir sur la question des non-résidents, là, que
vous avez commencé à aborder avec le ministre un peu plus tôt. Selon vous, ce
qui est proposé dans le projet de loi sur la question de l'acquisition des
terres par des non-résidents, est-ce que c'est suffisant? Est-ce que ça nous permet
réellement d'arriver à ce qu'on devrait vouloir? Puis, tantôt, vous avez parlé
des mécanismes, entre autres, au niveau des notaires qui... J'ai un peu la même
impression que le ministre, ça semble assez clair, quand quelqu'un se présente
chez le notaire, ce qui peut être fait, ce qui ne peut pas être fait, puis le
notaire ne semble pas perdre son temps avec le client non plus en lui racontant
n'importe quoi. Ça semble être un processus assez assez clair. Mais est-ce que
les mécanismes qui sont inclus sont de bon augure...
• (17 h 10) •
M. L'Italien (François) : Bien,
en fait, tout indique que la question de l'acquisition des terres par les
non-résidents n'est pas vraiment un enjeu au Québec sur, d'une part, sur
l'accaparement des terres, dont on a beaucoup parlé, il y a une dizaine
d'années, puis ce n'est pas nécessairement aussi un obstacle pour
l'établissement de la relève. Donc, on donne un tour de vis supplémentaire à la
loi, ce n'est pas c'est pas mauvais, mais ce n'est pas... ce n'est pas la principale
pièce de cette pièce législative là.
M. Laplante (Robert) : Cependant,
la question de l'acquisition et de l'accaparement des terres par de gros
propriétaires, quelle que soit leur origine, ça, c'est quelque chose qui doit
rester absolument sur l'écran radar, parce que, dans une dynamique strictement
financière, bien, il y a une vérité élémentaire qu'il faut rappeler, hein, le
capital est apatride. Alors, il faut trouver des façons de faire atterrir les
brevets d'affaires dans l'intérêt général et dans le maximum d'espace,
d'innovation et d'initiative qu'on peut accorder aux entrepreneurs. L'idée
n'est pas de limiter cet esprit d'initiative là, c'est de le canaliser pour
éviter qu'il ne déstructure l'intérêt général.
M. Fortin :Bien, si je vous entends bien, quand même, j'essaie
d'interpréter votre propos, là, de la façon la plus honnête possible envers ce
que vous essayez de nous dire, là. Mais tantôt on avait des Producteurs de
grains qui étaient ici, qui nous ont dit essentiellement, il y a environ...
Leur estimé, c'est que 6 % des terres sont propriété de fonds
d'investissement, des terres qui sont utilisées pour la production de grains.
Est-ce que, selon ce que vous en savez, une terre qui est propriété d'un fonds
d'investissement au Québec, ça amène la valeur ajoutée que vous discutez plus
tôt, ou si on devrait tenter de tendre vers le zéro absolu?
Le Président (M. Schneeberger) : 10
secondes, parce que vous... 10 secondes.
M. Laplante (Robert) : La
propriété du sol par un grand acquéreur, que ce soit un fonds d'investissement,
ça n'empêche pas que ça puisse permettre de générer de la richesse. La
question, c'est de savoir, cette richesse-là va aller où et elle va être
produite au détriment de qui et de quoi.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de la députée de Verdun, pour 3
min 28 s.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci aux membres d'IREC pour votre présentation. J'aimerais ça
continuer sur ce phénomène d'accaparement par des grands propriétaires. Il y a
certains acteurs qui nous ont parlé d'une option de mettre des limites au
nombre d'hectares qu'on... qui peuvent être achetés, par exemple, par un
producteur... mettons, 1000 hectares maximum ou des limites par région.
J'aimerais ça vous entendre sur ce type de mesure là qui pourrait nous
permettre un peu de sauvegarder ce modèle. Et j'aimais beaucoup la façon que
vous le présentez, des liens avec la communauté puis de développement régional
et local.
M. Laplante (Robert) : Bien,
essentiellement, nous, ce que nous voulons que la loi et que la future
politique prenne en compte, c'est que...
M. Laplante (Robert) : ...tout
ne peut pas être fait. Ce n'est pas le laisser-faire, il faut des balises. Bon.
Que ce soit 300 hectares, 200 hectares, il y aura du travail à faire
pour contextualiser tout ça. La question, c'est qu'on ne peut pas
essentiellement s'en remettre au laisser-faire. Il faut organiser la chose et
il faut éviter qu'elle serve à nourrir la logique spéculative. Parce que ça,
c'est non seulement un gros problème pour les agriculteurs exploitants, mais
c'est devenu un obstacle mortifère pour la relève, là. Ça devient presque
utopique de penser que les moins de 30 ans peuvent mettre le... vraiment,
le pied à l'étrier et se lancer dans le métier. Donc, il faut... Et, à la
limite, ça pourrait même être modulé par région selon le contexte, mais, pour
être capable de faire ces nuances-là, il faut d'abord avoir un portrait net de
la situation. Donc, ça dépend de la fonction de veille, vraiment.
Mme Zaga Mendez : Oui, merci.
Je vais vous lancer une autre question rapidement, je n'ai pas beaucoup de
temps, parce que j'aime le principe de qu'on doit avoir... le laisser-faire n'a
pas de place pour l'agriculture. Il y a une mesure qui pourrait être
intéressante, c'est la surtaxe sur les terres qui sont en friche. J'aimerais ça
vous entendre là-dessus. Parce qu'il y a un autre contre-argument... peut nous
dire qu'un propriétaire qui a beaucoup de terres, et qui laisse peut-être des
terres en friche, et qui peut payer la surtaxe, mais ce n'est pas
nécessairement l'incitatif pour valoriser. Donc, comment vous voyez ça comme
mécanisme économique de protection?
M. Laplante (Robert) : Si ça
arrive, c'est parce que la surtaxe n'est pas assez élevée. C'est aussi simple
que ça.
M. L'Italien (François) : Puis,
tu sais, on se retrouve dans plusieurs régions agricoles du Québec, plusieurs
régions plus en périphérie des grands centres où on a des producteurs sans
terre, qui ne sont pas propriétaires, puis on a des propriétaires sans
producteur. Donc, l'idée d'avoir des mécanismes d'incitation de la culture,
c'est que... c'est de faire en sorte que les... qu'il y a autour de milliers de
gradués sur deux ans des deux ITAQ au Québec, qu'on puisse donner la chance à
tous ces futurs producteurs là d'avoir au moins accès à une terre. Puis des
terres en friche, bon, c'est effectivement parce qu'il y a des propriétaires
qui ne veulent pas les mettre en production. Puis on pourrait penser à des
modèles où le propriétaire, qui n'est pas nécessairement un producteur,
mettrait sa terre à la disposition de groupes agricoles ou d'une coopérative de
producteurs, dans un premier temps, pour que chacun puisse se faire un montant
de base pour éventuellement s'établir de son côté. Donc, c'est pour éviter que
se polarise cette situation-là de producteurs sans propriétaire, sans propriété
puis des propriétaires sans producteur. Puis, d'autre part, je dirais aussi
que, depuis...
Le Président (M. Schneeberger) : ...vous
êtes dépassés aussi.
M. L'Italien (François) : On
s'excuse.
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
mais vous pouvez juste finir votre phrase.
M. L'Italien (François) : Bien,
rapidement, c'est une façon... c'est une autre façon de refroidir le marché.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté du député de Matane-Matapédia
pour deux minutes 38.
M. Bérubé : Merci. Vous le
savez déjà, je suis le député de la MRC de La Mitis, alors je suis de très près
vos travaux. Je vous remercie d'avoir étudié notre situation, qui n'est pas
unique au Québec, j'en suis convaincu. Le travail que Jonathan a fait et que
toute son équipe a fait est exceptionnel. Et la conclusion est claire et nette,
on se fait déposséder de notre territoire dans la ruralité, dans nos rangs, les
fermes sont vendues l'une après l'autre, et on est dépossédés de notre vie
agricole. Ça, c'est la réalité, c'est dans votre étude. Le ministre est au
courant, il a l'information. À partir du moment où ça existe puis on le sait,
on choisit d'agir ou pas. Vous avez devant vous un projet de loi qui se penche
sur ces questions, vous avez des propositions à faire. Qu'est-ce qui empêche
présentement un entrepreneur qui a les poches très profondes en Estrie de
continuer d'acheter sans arrêt des fermes dans notre région? Est-ce que vous
voyez, avec le projet de loi, une façon de mettre fin à ça?
M. L'Italien (François) : Pour
l'instant, il n'y a rien. On voit qu'il y a une possibilité de... par
réglementation, de limiter les superficies acquises. Est-ce que c'est par un...
de façon absolue ou relative? Nous, c'est ce qu'on pense, c'est qu'il doit y
avoir dans le projet de loi une référence beaucoup plus explicite à autre chose
que des fonds d'investissement comme grands acquéreurs de terres. On pense que
le projet de loi mériterait d'être beaucoup plus clair là-dessus, d'être un
petit peu plus mordant aussi au niveau des seuils minimaux à être... à exiger
pour pouvoir contrôler l'accès ou l'acquisition à des terres agricoles. Donc,
pour répondre à votre question, dans le projet de loi, actuellement, ce n'est
pas clair, qu'un groupe, comme par exemple Mario Côté, en... dans le
Bas-Saint-Laurent, continue à...
M. L'Italien (François) : ...ce
qu'il fait.
M. Bérubé : Il n'est pas
énervé par le projet de loi. Ça le... Je ne crois pas que ça l'inquiète
beaucoup. Parce qu'il est Québécois, on se dit : Bien, il y a des fonds
étrangers, mais il y a des gens qui font ça au Québec. Et je ne le blâme pas.
La législation lui permet de le faire. Alors, qu'est-ce qui fait en sorte qu'on
pourrait empêcher ça, bien là, on a l'occasion de le faire. Et c'est souhaitable.
Les... Tout ce qui est acheté pour les animaux, c'est à l'extérieur, ça
transite, je veux dire, c'est très problématique chez nous. Et j'aimerais que
le ministère puisse, avec ses moyens, documenter toutes les autres MRC
agricoles. Dans notre cas, là, c'est tout petit, mais on a été capables de
faire l'exercice avec très peu de moyens. J'ai la Matanie puis la Matapédia
dans ma circonscription. Je suis assez convaincu que c'est un phénomène qui
existe aussi. Donc bravo pour cette œuvre importante. J'ai lu ça un peu avant
Noël. C'est vraiment très complet. J'espère que ça va faire œuvre utile. Et
nous, au Parti québécois, on va faire en sorte que ce phénomène-là et soit
légiféré également, soyez-en assurés.
M. L'Italien (François) : Est-ce
qu'on a...
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
je vous laisse, par souci d'équité. Vous êtes dépassés, mais je le laisse
aussi...
M. L'Italien (François) : En
fait, le fascicule numéro trois dans la consultation a montré qu'on est
capables d'en savoir plus sur les dynamiques foncières agricoles. Puis ça,
c'est une bonne nouvelle. Parce que, si on... si on ne connaît pas la réalité,
on ne peut pas agir sur la réalité. Là, on est en mesure d'avoir des
indicatifs, des indicateurs clairs sur la réalité qui concerne le foncier
agricole. Donc, l'idée d'un observatoire, d'un suivi, c'est pour faire
apparaître cette réalité-là, puis qu'il y ait des débats collectifs qui soient
conséquents.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, merci pour votre apport à la commission.
Nous suspendons quelques instants afin
d'accueillir le dernier groupe de la journée.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 27)
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, nous reprenons les travaux. Alors, dernier groupe, cet après-midi, nous
recevons la Commission de la protection du territoire agricole du Québec.
Bonjour à vous trois. Alors, j'ai l'impression de me répéter, mais étant donné
que vous n'étiez pas là, je vais le répéter encore : Vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation, en débutant par vous présenter vous-mêmes, et
vous enchaînez par la suite.
M. Labrie (Stéphane) : Bonjour,
M. le Président. Stéphane Labrie, président de la Commission du territoire
agricole.
Une voix : ...
M. Labrie (Stéphane) : Plus
fort?
Des voix : ...
M. Labrie (Stéphane) : Je
suis accompagné d'Élaine Grignon, vice-présidente à la commission, et de Me
Mathieu Brassard, qui est juriste à la commission. Alors, bonjour à tous. Merci
de nous accueillir.
La commission assure la protection du
territoire et des activités agricoles depuis maintenant 46 ans. Deux lois nous
permettent de nous acquitter de notre mission : la Loi sur la protection
du territoire et des activités agricoles ainsi que la Loi sur l'acquisition de
terres agricoles par des non-résidents. La commission est une petite
organisation qui compte 95 employés. Notre mandat est principalement de décider
de l'issue des diverses demandes d'autorisation qui nous sont soumises. En
parallèle, la commission surveille l'application des lois en procédant aux
enquêtes et inspections appropriées et, s'il y a lieu, en sanctionnant les
infractions
Au cours de l'exercice 2023-2024, la
commission a rendu 1540 décisions, a répondu à plus de 28 000 demandes...
M. Labrie (Stéphane) : ...demandes
d'information, a autorisé l'exclusion de 45 hectares de la zone agricole et en
a inclus 249; elle a traité près de 700 dénonciations, dont la moitié se sont
révélées fondées avec infractions, générant ainsi 355 interventions pour le
suivi et la sanction de ces infractions. Par ailleurs, 5 % de ces
décisions ont été contestées devant le Tribunal administratif du Québec, et
seulement huit de ces décisions ont été infirmées en totalité ou en partie.
• (17 h 30) •
Malgré ce travail colossal, le rapport du
Vérificateur général rendu au mois d'avril dernier fait le constat que la
surveillance du territoire agricole est insuffisante pour détecter les
infractions commises et que de longs délais sont observés dans le traitement
des infractions. Voilà pourquoi la commission appuie la volonté gouvernementale
de moderniser la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles
de même que de la Loi sur l'acquisition des terres... de terres agricoles par
des non-résidents. Notre mémoire met en lumière les modifications importantes
qui nous permettraient, selon nous, de renforcer la surveillance dont nous
sommes chargés.
Tout d'abord, la commission ne dispose pas
d'une base de données qui lui permet d'avoir un portrait représentatif et en
temps réel du territoire agricole, compliquant ainsi ses activités de
surveillance. En se basant principalement sur les dénonciations reçues, elle ne
peut relever certains types d'infractions qui ne sont pas visibles en zone
agricole, par exemple le transfert d'un droit de propriété effectué en
contravention de la loi. L'article 60 du projet de loi n° 86 permettrait à la
commission d'obtenir de manière rapide et directe certains renseignements
découlant de l'inscription d'un droit sur le registre foncier. Ainsi, la
commission pourrait développer son outil géomatique afin de pouvoir faire du
croisement de données et vérifier si le transfert du droit de propriété s'est
en fait... s'est fait en contravention de la loi.
Concernant l'acquisition de terres
agricoles, la commission contrôle seulement les acquisitions réalisées par des
non-résidents. L'article 60 du projet de loi n° 86 permettrait à la commission
de contrôler également les acquisitions de terres agricoles par un fonds
d'investissement, par une personne morale ou une personne physique dont
l'acquisition a pour effet de porter le total des superficies de terres
agricoles qu'elle détient au-delà de la limite à être fixée par règlement du
gouvernement. Cette modification vise à assurer une meilleure protection dans
un contexte où certaines terres peuvent être sous-utilisées ou plus difficiles
d'accès pour la relève agricole.
L'article 50 du projet de loi n° 86
permettrait, quant à lui, de rendre nulles les autorisations accordées pour une
utilisation à des fins autres que l'agriculture ou pour la coupe d'érables
lorsque l'utilisation n'a pas débuté après cinq ans. Et, puisqu'il serait
également prévu que cette nouveauté s'applique à toute disposition rendue avant
la sanction du projet de loi, il pourrait permettre de récupérer certaines
terres en zone agricole.
Actuellement, la commission ne peut
prendre en considération le non-respect des conditions prévues à une
autorisation accordée antérieurement, que ce soit sur le même lot ou sur
celui... ou sur celui, par... sur le même lot, pardon, que celui visé par la
demande ou sur un autre lot. Une même personne peut donc multiplier aisément le
nombre de contraventions à la loi. Le projet de loi n° 86 permettrait à
la commission de prendre en considération les comportements antérieurs d'un
demandeur ou d'une personne qui lui est liée, et ce, tant à l'égard de la
protection du territoire agricole qu'en matière d'environnement. La commission
pourrait également prévoir dans les ordonnances qu'elle rend qu'une personne
qui contrevient à la loi ou aux conditions d'une autorisation ne peut déposer
une nouvelle demande.
En cas de contravention à l'une de ces
obligations ou interdictions, la commission ne dispose que du pouvoir
d'ordonnance et de la sanction pénale. Les délais associés à ces deux recours
ne contribuent pas toujours à créer l'effet dissuasif recherché. En plus
d'avoir parfois des impacts importants pour la protection du territoire et des
activités agricoles, le non-respect de ces obligations nécessite que la
commission investisse plus de temps et d'efforts dans le traitement d'un
dossier, entraînant des pertes d'efficience. Avec les articles 86.1 et
suivants, la commission pourra opter pour l'émission d'une sanction
administrative pécuniaire afin d'obtenir plus rapidement un retour à la
conformité et créer un effet dissuasif pour la personne visée, mais également
auprès des tiers.
Enfin, mentionnons que la zone agricole
est d'une superficie de plus de 6,3 millions d'hectares répartis sur le
territoire de 947 municipalités situées dans 17 régions administratives. Nous
estimons, à la commission, que le respect du régime de protection du territoire
agricole est une responsabilité partagée entre la commission et chacune de ces
municipalités. En effet, un usage non agricole non autorisé par la commission
constitue une infraction à la loi, mais peut également...
17 h 30 (version non révisée)
M. Labrie (Stéphane) : ...constituer
une contravention à la réglementation de la municipalité où est situé le lot.
Les inspecteurs municipaux qui acceptent de collaborer avec le service des
enquêtes de la commission contribuent à accélérer le traitement du dossier et à
obtenir plus rapidement un retour à la conformité tant à notre loi qu'au règlement
municipal. Dans ce contexte, nous accueillons favorablement l'ajout d'un
article permettant la conclusion d'ententes entre la commission et les
municipalités désireuses de mettre en place un programme d'inspection.
En conclusion, le projet de loi n° 86 aura des impacts importants sur les activités de la
commission. L'ampleur du mandat représente des défis actuellement et en
fonction de ses ressources actuelles. La commission revoit ses façons de faire,
envisage un recours accru à des outils technologiques et assure une meilleure
priorisation du traitement des dossiers selon leur impact sur la zone agricole.
Mais l'organisation de ce... l'optimisation de ces processus ne peut contrer l'augmentation
considérable du nombre de dossiers des dernières années, de l'accroissement de
leur complexité, et ce, avec les mêmes ressources. Il nous faut accepter que
tout ne pourra être fait de la même manière, dans les mêmes délais.
En terminant, la mise en œuvre du projet
de loi n° 86, notamment avec les sanctions
administratives pécuniaires et une collaboration accrue avec le monde
municipal, représente, selon nous, des pistes d'amélioration porteuses pour un
plus grand respect de la loi et des décisions de la commission. Je vous
remercie de votre attention.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons débuter une période d'échange avec M. le ministre.
Vous avez un maximum de 16 min 30 s.
M. Lamontagne : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Vous savez, je vous faisais remarquer, quand je suis
allé vous rencontrer, que c'est la deuxième fois par voie législative, là, qu'on
vient intervenir puis se manifester... C'est combien de temps, excusez-moi?
Le Président (M. Schneeberger) : 16
min 30 s.
M. Lamontagne : Parfait.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
16 min 10 s.
M. Lamontagne : ...qu'on
vient intervenir par rapport à la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles. Et ça, c'est dans un contexte où, tu sais, la commission est
inféodée de la responsabilité de l'application de la loi, de l'interprétation
de la loi, du suivi de la loi puis l'impact partout sur le territoire. Puis je
vous dirais, M. le Président, que moi, à titre de ministre de l'Agriculture,
pour avoir piloté ces deux dossiers là, c'est sûr que le premier objectif, avec
en tête la protection du territoire agricole, bien, c'est d'outiller la commission,
d'outiller les membres de la commission et les commissaires pour leur permettre
de poser les meilleurs gestes possibles avec le plus de cohérence possible en
fonction des défis qu'ils rencontrent, à chaque fois qu'ils ont à statuer sur
une décision, sur un dossier sur le territoire. Parce que, des fois, on peut
être de l'extérieur, il y a des choses qui peuvent être simples et très
simples. Puis quand on se rapproche puis qu'on regarde qu'est-ce qui en est — tantôt,
on parlait de qualité de sol —, tu sais, ça peut devenir beaucoup
plus complexe. Alors, moi, l'intérêt de venir vous donner des moyens puis des
outils additionnels pour bien faire votre travail, pour qu'ultimement, par la
démarche qu'on a faite pour le projet de loi n° 86,
moi, c'est de susciter un engagement nouveau du Québec, la société du Québec,
envers l'importance de protéger le territoire agricole. Puis une partie
importante de la mise en œuvre de tout ça, c'est vous. Alors, moi, c'est vous
accompagner tous ensemble, c'est de venir vous accompagner là-dedans, puis vous
avez des grands défis. Mais en même temps, c'est de parler du territoire
agricole au Québec, tu sais, c'est quelque chose de grand aussi. Alors, tu
sais, c'est arrimé, on s'entend là-dessus.
Moi, j'aimerais ça vous entendre parce qu'on
a beaucoup parlé... on a entendu parler par plusieurs groupes de l'article 40
du projet de loi, là, qui vise à venir élargir la portée, si on veut, des
demandes à portée collective, l'article 59. Puis, écoutez, les
commentaires... On dit : On craint des impacts sur les activités
agricoles, on voit ça comme un cheval de Troie, en permettant davantage. Puis
il me semble... même, il y a des gens qui... quasiment prétendre que ça pouvait
se passer en zone agricole dynamique, des choses comme ça. Moi, j'aimerais ça,
pour le bénéfice des gens qui nous écoutent puis tous les membres de la
commission, dont moi-même, là, vous entendre nous parler des initiatives à
portée collective, à partir de... C'est quoi, un îlot déstructuré, puis c'est
quoi, le processus, puis comment vous encadrer ça, quel...
M. Lamontagne : ...travail
que vous faites, comment vous accompagnez le milieu, parce que c'est des
décisions du milieu. C'est une demande du milieu, l'article 59. Ça fait
que j'aimerais ça vous nous éclairiez comme il faut sur ce processus-là.
M. Labrie (Stéphane) :
C'est très... C'est très particulier, le traitement d'une demande à portée
collective par la composition ou qui initie la demande, de la façon dont elle
est traitée effectivement. Et ces particularités-là, ça devrait rassurer les
intervenants. Une demande à portée collective, c'est présenté par une MRC,
c'est des municipalités qui ont développé ensemble une vision de ce que devrait
être l'usage résidentiel en zone agricole dynamique à la grandeur de la MRC. Et
ils formulent une demande à la commission qui va identifier sur le territoire
de chacune de chacune de ces municipalités-là, des îlots déstructurés, donc des
endroits le long d'un chemin où il y a une maison ou des terrains pas souvent
exploités et, à la fin, une autre maison qui constitue, au terme de la
décision, après un travail de tous les intervenants, l'îlot déstructuré où on
va autoriser, entre deux maisons, deux extrémités de la zone, on va autoriser la
construction des lotissements de résidences.
Les municipalités et la MRC vont aussi
identifier des secteurs qui pourraient recevoir des résidences sans
déstructurer la zone agricole, ce qu'on appelle des secteurs. Donc, ce
travail-là va d'abord se définir par la MRC et les municipalités qui vont bâtir
une demande, qui vont venir faire... déposer la demande à la commission. Et là
il y a un travail de collaboration qui se développe, et c'est unique à la
demande à portée collective, entre la commission, la MRC et ses municipalités,
et la fédération régionale de l'UPA. Il y a un document de travail, il y a des
échanges qui vont se faire, ce qu'on appelle nos négociations, mais c'est un
échange de point de vue entre toutes les parties impliquées. Et après le document
de travail, on va avoir une orientation préliminaire qui va être acheminée à
toutes les parties concernées.
• (17 h 40) •
Ce qui est particulier de
l'article 59, c'est que c'est le seul endroit dans la loi où la commission
ne peut pas rendre une décision s'il n'y a pas un consensus de toutes les
parties autour de la table. Donc, c'est un... C'est un exercice collaboratif.
C'est un dénouement qui est consensuel. Et une fois que la décision est rendue
et que les secteurs, les îlots, sont identifiés, là, c'est la MRC et ses
municipalités qui administrent la décision et qui émettent les permis de
construction pour des usages résidentiels à l'intérieur de ces îlots et
secteurs déterminés dans la décision.
Alors, c'est assez unique, c'est assez
particulier, mais ça présuppose une vision d'ensemble de la MRC et de la
municipalité sur la fonction résidentielle dans la zone agricole de la MRC. Par
sa nature même, a priori, moi, je ne vois pas d'enjeu particulier par des
modifications à la loi qui vont permettre, suivant des critères supplémentaires
dans certaines zones au Québec, de venir définir une zone et des îlots... des
secteurs et des îlots ou des endroits à l'intérieur de la MRC où peuvent être
construites des résidences. Je ne sais pas si ça répond.
M. Lamontagne : Oui. Oui,
ça nous donne une bonne idée du processus puis, tu sais, moi, le mot important
que vous avez dit aussi, c'est consensuel. Tu sais, c'est une demande qui vient
du milieu. Puis commission n'a pas un pouvoir, vous dites, ce n'est pas la
commission qui décide. C'est pour qu'il puisse y avoir ultimement un projet qui
donne suite à une demande. L'article 59, c'est parce que le milieu, dont
les producteurs agricoles qui se sont entendus sur la portée de ce projet-là
puis le bien-fondé de ce projet-là pour la MRC. Bien, merci. Merci beaucoup
pour ces clarifications-là.
Dans un autre registre, complètement, M.
le Président, moi, j'ai eu toutes sortes de discussions au fil des années avec
le milieu municipal, puis je vous dirais qu'à plusieurs reprises, j'ai entendu
des frustrations qui viennent du milieu municipal. Ils m'ont souligné qu'il y a
des décisions de la CPTAQ qui, ultimement, entraînent une perte de confiance
envers les processus ou envers les décisions de la CPTAQ. Et puis il y a
beaucoup le mot cohérence, tu sais, qui revient, c'est-à-dire ils vont dénoter
qu'il y a des incohérences dans les décisions ou la façon dont la commission
rend ses décisions. Puis je comprends qu'on a 15 commissaires. C'est des
personnes indépendantes. Ils font leurs...
M. Lamontagne : ...puis qui
rendent leurs décisions, mais là on arrive avec le projet de loi n° 86,
puis aussi on a ce souci-là, en arrière de la tête, de s'assurer, parce qu'on
dit : On veut avoir une adhésion renouvelée de la société québécoise
envers l'importance de protéger le territoire agricole. Bien, c'est certain
qu'à la base aussi ça prend une adhésion puis une confiance envers l'organisme
qui a la responsabilité d'interpréter puis d'appliquer la loi.
Ça fait que parlez-moi un petit peu de...
Cette réalité-là, vous l'avez déjà entendue aussi? Ce n'est pas quelque chose,
je pense, que je vous dis comme ça, là, que... tu sais. Puis comment vous
accueillez ça, mais aussi comment... comment on peut accroître la confiance
puis comment on peut accroître cette cohérence-là?
M. Labrie (Stéphane) : J'ai
entendu le commentaire. Je vous dirais qu'il ne m'a pas été véhiculé
directement par les personnes concernées. J'ignorais, là vous me parlez de
décision, si ça découlait de nos décisions dans le cadre de demandes d'autorisation
dans nos activités de surveillance. Je crois comprendre que ça vient de nos
décisions sur les demandes d'autorisation.
Sur la cohérence, je vais peut-être
surprendre des gens qui nous écoutent, la loi nous amène à être incohérents,
c'est intrinsèque à la LPTAA, et je pense que c'est unique dans la législation
au Québec. La loi nous demande de prendre en compte des particularités
régionales qui doivent être véhiculées à la commission dossier par dossier,
présentées par les demandeurs, les autorités municipales, l'UPA, qui vont
particulariser l'analyse des critères de la loi en fonction de ces
particularités régionales là. Ce qui fait que, dans une région donnée, pour une
demande similaire, on va avoir une analyse et peut-être une conclusion qui va être
différente de la même demande dans une autre région, et ça vient avec. Et le
jour où il y aura de la cohérence au point où on pense que ça devrait être
comme dans les autres lois, c'est qu'on ne tiendra plus compte des
particularités régionales. Ça, je pense, ce serait une erreur.
L'autre chose, on a... on a, dans la loi,
des critères de l'article 62 qui invitent les intervenants aux dossiers,
particulièrement les MRC puis les municipalités, à nous faire valoir les
particularités régionales. Et il y a des modifications dans le projet de loi
n° 86 qui viennent accentuer cette demande-là au monde municipal de faire
valoir les particularités régionales. On en a fait un objectif dans notre plan
stratégique, et je pense, sans me tromper, que, dans la dernière année, la
seule cible qu'on n'a pas atteinte, c'est la cible du nombre de décisions où on
prend compte des particularités régionales, pas par nous-mêmes, mais le nombre
de dossiers ou le pourcentage de dossiers où des particularités régionales nous
ont été présentées par les parties. Trop souvent, malheureusement, les
commissaires aux dossiers ne reçoivent pas l'information pertinente pour leur
permettre de prendre en compte ces particularités régionales là, qu'on
s'attendrait de recevoir parfois, dans certains dossiers, par la municipalité
ou la MRC concernée. On salue cette précision-là dans la loi, qui vient
rappeler, lorsque les municipalités et MRC vont nous transmettre leur avis dans
le délai de 45 jours, de faire valoir les particularités régionales. Ça, c'est
important.
On aura toujours le défi de bien rédiger
nos décisions, d'être clairs dans nos motivations pour que le lecteur, même un
non-initié à ce que l'on fait au quotidien, puisse bien comprendre le
cheminement intellectuel du commissaire, des commissaires qui rendent la
décision en se rappelant toutefois toujours qu'on a un processus de tribunal.
Ça, les gens ne sont pas toujours conscients de ça.
On est un tribunal administratif. On rend
des décisions sur des demandes qui nous sont formulées avec l'information qui
nous sont déposées par les parties et des informations que les parties veulent
nous donner lors de l'analyse de la demande, que ce soit préalablement à
l'orientation préliminaire, lors de la rencontre s'il y en a une et ultimement
pour la décision. On travaille avec le dossier qu'on nous dépose, qu'on va
étudier en relation avec les critères de la loi et les particularités
régionales si elles nous sont présentées. C'est un élément qu'on ne doit jamais
oublier. On rend une décision...
M. Labrie (Stéphane) : ...sur
le dossier, dossier par dossier. C'est notre travail.
M. Lamontagne : Parfait. Mais
merci. Merci beaucoup pour votre réponse. J'ai mon collègue de Côte-du-Sud qui
a une question à vous poser.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Côte-du-Sud, c'est à vous.
M. Rivest : Oui. Merci.
Écoutez, je serai très heureux d'entendre votre réponse suite à la dernière
question de M. Lamontagne, bien, du ministère de l'Agriculture, parce que
ça vient faire ce lien-là entre les... notre travail, là, de représenter une
région. Je suis député de Côte-du-Sud, 45 municipalités, puis il y a
parfois des enjeux qui sont reliés à l'eau, à la distribution de l'eau. Puis
peut-être nous montrer un peu le mécanisme, soit à travers le processus, là, de
l'analyse que vous avez à faire, du taux d'autorisation aussi, parce que je
fais un parallèle... dans votre mémoire, vous démontrez aussi les taux
d'autorisation, vous réalisez, en général, puis j'étais aussi très heureux de
pouvoir lire ça et de voir le travail que vous réalisez, puis particulièrement
les contraintes qui sont réelles, là, dans l'établissement des décisions que
vous avez à prendre en lien avec les activités agricoles, particulièrement, là,
au niveau de nos municipalités. Donc, l'élément, processus, taux d'autorisation
puis les contraintes reliées.
• (17 h 50) •
M. Labrie (Stéphane) : Une
demande d'une municipalité pour implanter un puits est une demande qui est
traitée de la même façon qu'une autre demande en vertu de la loi actuelle.
Donc, il y a un dossier qui va être monté par la municipalité, présenté à la
commission qui va analyser la demande en fonction des éléments qui lui sont
présentés, bien sûr, et des critères de la loi, notamment les articles 12
et 62 qui sont les deux principaux articles qui établissent les critères d'analyse
pour chaque dossier par la commission. Un puits, en zone agricole, doit être...
doit faire l'objet d'une démonstration à la commission que son emplacement
projeté est le site de moindre impact, moindre impact pour la zone agricole
puis moindre impact pour l'activité agricole. Le projet de loi n° 103 en
2021 a élargi la mission de la commission, qui doit davantage prendre...
s'assurer de la protection des activités agricoles. Lorsque l'implantation d'un
puits va venir avoir des impacts ou est susceptible d'avoir des impacts sur les
activités agricoles d'un ou de... des producteurs agricoles autour du site
projeté. La commission va avoir une attention particulière à ces impacts-là, et
va s'assurer, et va vouloir avoir une démonstration de la municipalité que le
site qui est projeté, c'est le site de moindre impact à la zone agricole.
Parfois, les commissaires aux dossiers considèrent que la démonstration n'est
pas faite que le site projeté est le site de moindre impact et ça peut conduire
à un refus. Mais il faut se rappeler que, pour ce type de dossier là, le taux
d'autorisation est autour de 90 %.
M. Rivest : Dans l'ensemble
des municipalités du Québec, c'est le taux?
M. Labrie (Stéphane) : Pour
ce type de dossier là, selon les données récentes que j'ai, là, on est autour
d'un 90 %, ce qui est supérieur au taux général d'autorisation de la
commission pour l'ensemble de ces décisions, qui est, d'année en année, entre
70 % et 74 % d'autorisation. Alors, on est au-delà pour les puits.
M. Rivest : Merci. Merci à
vous.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, avec un temps de 12
min 23 s. Députée Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Merci
beaucoup. Merci pour votre exposé puis votre mémoire. Un peu en lien avec...
des questions que vous avez eues du ministre, lui a parlé de cohérence. Depuis
les deux dernières journées, je ne vous cache pas, il y a beaucoup de gens qui
ont parlé du manque de transparence. Alors, puis juste pour vous dire
aujourd'hui, précédemment aujourd'hui, les producteurs de grains du Québec,
dans leur mémoire, c'est noté 23 fois puis six fois dans leur exposé.
Alors, respectueusement, je souhaite vous donner le temps de parole pour
expliquer une réponse à eux, parce que c'est quelque chose qu'on a quand même
entendu assez souvent. Comment vous expliquez ça? Puis est-ce que vous pensez
que les modifications que nous aurons dans la loi, ça va vous aider à peut-être
éteindre cette image que les gens ont ou la perception qu'ils ont de la CPTAQ.
M. Labrie (Stéphane) : Ce
n'est jamais agréable d'entendre ce genre de commentaire là. On personnifie la
loi. Je parlais tantôt du statut de la commission. Les gens ne savent pas ça et
parfois même le savent, mais ne réalisent pas nécessairement les implications
que ça a d'avoir les responsabilités d'un tribunal administratif. Les...
M. Labrie (Stéphane) : ...de
la commission font partie de la Conférence des juges administratifs du Québec,
le président fait partie du Regroupement des présidents des tribunaux
administratifs du Québec, et on fonctionne dans le cadre de la Loi sur la
protection du territoire agricole principalement, mais on est régis par les
principes de la Loi sur la justice administrative.
On rend des décisions dossier par dossier
en fonction de ce qui est présenté au banc des commissaires parce que,
généralement, ils siègent à deux, par le demandeur et par les personnes
intéressées au dossier, et on prend en considération ce qui nous est présenté,
les observations qui peuvent être faites lors de la rencontre, après
l'orientation préliminaire, et en fonction des critères de la loi et seulement
des critères de la loi et des faits qui sont présentés, une décision est
rendue. Je parlais de l'article 13 et 62, tantôt, qui sont les principaux
critères dont la commission doit tenir compte, mais l'article 6 2.1 vient
indiquer que la commission ne peut prendre en considération d'autres éléments
que ceux prévus à l'article 62, 12 et quelques autres articles. On ne peut
pas prendre en considération d'autres éléments que ce que la loi nous demande
de considérer. Une fois qu'on fait ça, on aura toujours le défi de bien rédiger
nos décisions. Je pense qu'on s'est améliorés dans les dernières années, nos
décisions sont plus courtes, sont plus claires. Je voudrais parler un petit peu
de transparence si vous me le permettez.
Mme Maccarone : J'ai une
collègue qui a des questions puis moi, j'ai deux autres petites questions par
la suite.
M. Labrie (Stéphane) : La
commission a travaillé très fort, dans les dernières années, pour redorer son
site Web, le rendre transactionnel, rendre disponible aux parties concernées
par un dossier à leur dossier en ligne, mais permet aussi aux citoyens en
général de venir consulter des dossiers pour certains éléments qui sont
publics.
Mme Maccarone : C'est bien.
Ça fait que c'est lui l'expert.
M. Labrie (Stéphane) : Il y a
encore...
Mme Maccarone : Si c'est
bien, je suis d'accord.
M. Labrie (Stéphane) : Il y a
de l'amélioration à faire, il y a encore de l'information à développer. On a
mis en ligne récemment une capsule vidéo pour expliquer aux gens comment monter
leur dossier financier pour une demande dans une déclaration article 40.
Il y a encore beaucoup à faire, puis je pense qu'on va dans la bonne direction.
Mme Maccarone :
C'est
votre opinion. On a aussi entendu plusieurs groupes qui parlent d'avoir un
observatoire qui serait établi. Votre opinion là-dessus? Puis même aussi,
aujourd'hui, on a entendu de l'Institut de recherche et de développement en
agroenvironnement, eux proposent un comité d'experts pour nous aider à valider
les terrains, les classes de sols et l'interprétation des cartes de sols.
Est-ce que ça, ça va vous aider à accomplir vos tâches? Est-ce que ça va être
plus complexe? Est-ce qu'on ajoute de la bureaucratie ou est-ce qu'on va
assouplir les tâches?
M. Labrie (Stéphane) : Je
vous dirais que la Commission a présentement toutes les compétences requises
pour bien évaluer les qualités des sols et des environnements où se situent les
demandes. Je pense qu'il n'y a pas de souci à avoir à ce sujet-là. Au niveau
d'un observatoire pour avoir une vision d'ensemble de la tenure et des
transactions en zones agricoles, je pense que le projet de loi no 86 va
répondre à ça avec le registre des transactions. Le registre des transactions,
les dispositions de la loi vont permettre à la Commission de recevoir
l'information de ce qui se publie au registre foncier en zones agricoles. Nous,
on entend jumeler les informations de ces transactions-là avec des entreprises
pour avoir une meilleure idée de ce qui se fait sur la zone agricole pour notre
point de vue, améliorer nos activités de surveillance. Mais le projet de loi
prévoit aussi que ces informations-là sont transmises au ministère pour que le
ministère ait, pour ses propres fins, ait de l'information à jour. Je pense que
les objectifs de l'observatoire vont... vont être atteints avec ces
dispositions-là.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président.
M. Fortin :Merci...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Pontiac.
M. Fortin :...merci, M. le Président. Bonjour, bonjour à vous trois.
Merci d'être là. Je sais que ce n'est pas... ce n'est pas particulièrement
plaisant, là, d'entendre certaines, certaines remontrances, mais je vous le dis
comme ça, là, moi, le jour où je suis arrivé en politique, il y a quelqu'un qui
m'a dit : La seule façon que personne ne va t'aimer c'est si tu ne prends
aucune décision. Alors, vous, vous prenez des décisions à longueur de journée,
donc c'est sûr qu'il va y avoir du monde content puis du monde pas content.
Ceci étant, c'est vrai que ce que... ce
que le ministre a véhiculé, là, on l'entend souvent, que les gens comprennent
mal les décisions de la CPTAQ malgré qu'elles sont disponibles, malgré qu'elles
sont souvent longuement élaborées, et puis je comprends que vous faites un
travail pour être de plus en plus concis...
M. Fortin :...puis je comprends que vous faites un travail pour être
de plus en plus concis, mais, quand même, qu'il y a de l'information là,
derrière, les orientations puis les décisions de la CPTAQ. Mais une chose qu'on
entend régulièrement, puis je suis certain qu'il y a des collègues autour de la
table pourraient vous dire la même chose, là, c'est que les gens qui... nous
disent : On ne comprend pas la décision de la commission, il y a des faits
qui sont mentionnés que... ce n'est pas vrai pantoute, là, tu sais. Je vous
donne des exemples, comme ça, là, ils disent qu'il y a tel type de production
sur une terre contiguë, ce n'est pas pantoute ça qui est le cas. Ils nous
disent qu'il y a une forêt d'érable sur une partie de la terre, ce n'est pas
pantoute ça, c'est des bouleaux.
J'aimerais ça, savoir comment vous arrivez
à puiser cette information-là pour la retransmettre dans les orientations puis
les décisions, parce que ça arrive fréquemment. Puis je suis certain que vos
commissaires le savent, ils l'entendent nécessairement quand il y a la
discussion par la suite d'une orientation, là.
Des voix : ...
Mme Grignon (Élaine) : Les
faits, bon, on a différents... La commission a une connaissance de base, donc
on suit avec... pour le potentiel des sols, les cartes... au niveau de la
présence d'érablières ou pas, on a les données du ministère des Ressources
naturelles, donc on a des érablières qui sont présumées. Pour lever cette
présomption, ça prend une expertise d'un ingénieur forestier qui est allé sur
le... qui est allé sur place et qui fait un diagnostic. Donc, c'est à partir de
ces éléments-là, ces faits qui sont identifiés, notamment l'orientation
préliminaire qui façonne le dossier... Certaines informations proviennent
directement aussi des municipalités, de la fédération de l'UPA concernée.
Donc, l'orientation préliminaire sert
justement à évoquer les faits, puis si certains faits sont erronés, c'est le
moment d'informer la commission qu'il y a peut-être des nuances à apporter à
certains, à certaines situations, mais on travaille avec les données, là, qui
viennent des différents ministères ou organismes reconnus, si on veut.
• (18 heures) •
M. Fortin :O.K.. Je veux... je sais qu'il ne reste pas énormément de
temps, mais je veux quand même avoir une discussion. Je ne sais pas si vous
avez suivi les travaux de la commission hier, là, mais il y a certaines
municipalités qui sont venues nous dire qu'au niveau des inspections, je mets
de côté les orientations et les décisions, au niveau des inspections, ça
arrivait qu'il y avait des dossiers qui étaient portés à votre attention et que
ça pouvait prendre quatre ans avant que l'inspection ait lieu. Quatre ans, c'est
long en s'il vous plaît, là. Alors, j'essaie de comprendre. C'est quoi, là,
c'est un manque d'effectifs, c'est un manque de ressources, c'est un manque de
financement? Qu'est ce qui se passe?
M. Labrie (Stéphane) : Chaque
cas est un cas d'espèce, mais je vais essayer de vous donner des généralités.
En quatre ans, et la Commissaire au développement durable l'a noté, il y a eu,
par moments, des dossiers qui n'ont pas été traités par la commission à
l'intérieur d'un délai raisonnable. Ça existe. Un dossier d'infraction qui
commence à la commission par le dépôt d'une dénonciation d'un citoyen et la
transmission d'un avis d'infraction ou d'un préavis d'ordonnance à la personne
visée peut conduire cette personne visée là à faire une demande d'autorisation.
Et là il y a un deuxième dossier qui s'ouvre. Et là ça suspend le dossier
d'infraction. Ça peut conduire à une autorisation, ça peut conduire à un refus,
ça peut conduire à un appel au TAQ et à la Cour du Québec.
Et, pendant tout ce temps-là — ça,
c'est des processus qui sont plus longs que le traitement d'un dossier
d'infraction — bien, le dossier d'infraction n'avance pas. Alors,
quand tu regardes, à la fin de tout ça, tu peux avoir des délais qui
s'expliquent par un mauvais fonctionnement à la commission. Puis ça peut
arriver, c'est déjà arrivé, mais ça peut aussi s'expliquer par un dossier
parallèle... tout à fait légitime, dont la personne visée a voulu se prévaloir,
et parfois, ça conduit à une autorisation et ça ferme le dossier d'infraction.
M. Fortin :Ça, je peux comprendre, là, cette partie-là, mais la partie
mauvais fonctionnement de la commission... parce que vous me dites : Ça
peut arriver, c'est déjà arrivé, c'est documenté, mais est-ce que... Ça, c'est
dû à quoi? Est-ce que c'est dû au fait que vous avez juste, si je ne me trompe
pas, là, huit ou 10 inspecteurs pour l'ensemble du territoire?
M. Labrie (Stéphane) : Il y a
eu une période où... au fil du temps, en 46 ans, il y a eu des périodes où il
n'y avait pas 10 inspecteurs. On est aujourd'hui, l'équipe est complète. On a,
au fil du temps, essayé de traiter tous les dossiers de la même façon. On a
maintenant une grille de risques qui vient moduler nos interventions et
prioriser nos interventions, et les commissaires, avec les analystes, les
enquêteurs, ont convenu d'une grille de risques qui est utilisée dossier par
dossier. Quand je disais, dans mon allocution : Tout ne peut pas être fait
de la même façon, dans les mêmes délais, c'est à ça qu'on pense. Il y a des
dossiers qui sont...
18 h (version non révisée)
M. Labrie (Stéphane) : ...niveau
quatre en termes de gravité et d'importance puis il y en a qui sont de risque 1.
Il y a des dossiers qui ont un impact sur la zone agricole et il y en a qui n'en
ont pas. Il y a des infractions qui ne créent pas d'impact. J'ai entendu Mme la
mairesse des Sainte-Anne-des-Plaines qui vous a fait référence à ça. Quand Mme
la mairesse a eu un... Quand j'ai eu un entretien avec elle en 2023, le dossier
qu'elle m'a évoqué, c'était un dossier de stationnement de deux «pickups» et
une remorque sur un terrain zoné agricole qui a un droit acquis résidentiel. Et
on a reçu une dénonciation par courriel qui était adressée à la Commission, au
ministère des Transports, à la police de Terrebonne et à la Commission, où on
invoquait notamment des risques au niveau routier par le stationnement et la
sortie de ces véhicules-là. On a envoyé un avis d'infraction. On a eu un retour
de la citoyenne qui nous a expliqué la situation, qui était temporaire. Et on
a, après instruction d'un commissaire, après cette discussion-là, on a fermé le
dossier. J'ai vérifié, ce matin, il n'y a pas eu d'autres infractions dénoncées
sur ce lot-là. On peut penser que l'intervention de la Commission, qui était
plus léger parce que c'était un... a quand même conduit à un retour à la
conformité.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
merci...
M. Labrie (Stéphane) : Ça, c'est
un cas. Mais il y a des cas qui amènent à des interventions plus musclées.
Mais, auparavant, on essayait de faire des préavis puis des ordonnances dans
tous les cas. Et je pense que c'est peut-être l'erreur...
Le Président (M. Schneeberger) : Excusez.
Il faut que je vous coupe, là, parce que là, je vous...
M. Labrie (Stéphane) : Je m'excuse.
Le Président (M. Schneeberger) : ...mais,
à un moment donné, ça fait déjà quand même 40 secondes. Alors, députée de
Verdun, pour la finalité de la journée.
Mme Zaga Mendez : Pour
combien de temps? Juste...
Le Président (M. Schneeberger) : Deux
minutes 38 s.
Mme Zaga Mendez : Il n'y a
pas de problème. Merci beaucoup pour la présentation. J'ai deux questions. La
première, ça fait un peu écho. On parlait des ressources...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Verdun, excusez-moi, vous avez un peu plus parce que le temps n'était pas
correct. Mais vous avez genre quatre minutes et... 4 min 7 s. Voilà.
Mme Zaga Mendez : On va
prendre un peu plus de temps. J'irai moins vite dans ma formulation.
Concernant les ressources, le projet de loi
élargit quand même un peu, là, le mandat de la CPTAQ. Ça vous donne un mandat
qui va être plus grand. Est-ce que vous sentez en ce moment que vous avez les
ressources suffisantes pour accomplir ce mandat-là? Parce que nous, on ne voit
pas une augmentation, nombre d'inspecteurs ou d'autres ressources internes que
vous nécessiterez pour arriver à accomplir ce mandat.
M. Labrie (Stéphane) : Je
pense qu'il n'y a pas un dirigeant de ministère ou d'organisme qui va vous dire
qu'il n'aimerait pas avoir plus de ressources. Une fois qu'on a dit ça, on a
des responsabilités qui s'ajoutent dans le projet de loi, il y a des tâches et
des responsabilités qui vont diminuer. Il y a une modification dans le projet
de loi qui prévoit que, lorsque la commission entend autoriser, peut être
dispensée de l'orientation préliminaire. On a estimé 700 dossiers de ce
type-là l'année dernière. Imaginez, 700 orientations préliminaires de
moins à faire, on vient de dégager des capacités. On comprend que le
gouvernement a l'intention, éventuellement, d'élargir la portée du règlement d'autorisation
qui autorise les activités non agricoles qui correspondent aux critères qui
sont prévus par le règlement, sans passer par la Commission. C'est autant de
dossiers en moins que l'on aura.
Est-ce que la combinaison des nouvelles
responsabilités et celles dont on va être dispensés va conduire à une
surcharge, une baisse de charges? C'est trop tôt pour l'évaluer. Mais j'ai
indiqué dans mon allocution qu'un partenariat accru avec les autorités
municipales, ça réduirait le nombre de déplacements des enquêteurs entre les
bureaux et les sites à la grandeur du Québec puis ça donnerait une capacité
additionnelle pour traiter plus de dossiers plus vite.
Mme Zaga Mendez : Merci. Et
ma deuxième question... Vous me direz aussi jusqu'à où vous pouvez commenter.
Il arrive que vous faites des avis, comme on a vu tout à l'heure, qu'on ne
comprend pas bien la nature. Mais il y en a qui sont très clairs puis il y en a
certains qui sont même déterminants pour le développement du Québec. Et, de l'autre
côté, vous connaissez bien comment ça fonctionne, il peut y avoir des pouvoirs
discrétionnaires, dont des décrets, qui sont faits pour aller à l'encontre des
décisions de la CPTAQ, par exemple, pour un dézoner du territoire pour faire un
entrepôt d'Amazon, pour nommer... j'avais cette discussion-là avec un autre
intervenant. Je ne veux pas qu'on commente le cas spécifique, mais juste, façon
plus large, est-ce que vous sentez qu'on devrait avoir des mécanismes qui font
en sorte qu'on évite de passer par décret pour ce type de projet privé au
Québec?
M. Labrie (Stéphane) : Je
prends toujours la même habitude de ne pas juger les choix...
M. Labrie (Stéphane) : ...gouvernementaux.
Et je ne le ferai pas plus ce soir. Ce que je peux vous dire, et là vous
référez sans doute aux articles 66 et 96 de la loi, ces articles-là, à ma
connaissance, sont dans la loi depuis 1978. Ils prévoient dans chaque cas
qu'avant de prendre une décision finale le gouvernement doit prendre avis à la
commission. Et, dans chaque cas, la commission a rendu son avis en fonction des
mêmes critères de la loi dont je parlais tantôt. Et ensuite le gouvernement a
fait ses choix d'opportunité qui sont les siens et qui lui appartiennent. Nous,
on a voix au chapitre dans ce processus-là où la loi prévoit, et ça, ça ne
change pas, qu'on doit rendre un avis, puis c'est un avis par trois
commissaires, pas deux, pas un, trois. Et on indique à la commission ce qu'il
en est de notre côté du projet qu'a le gouvernement. Mais une fois ça fait, la
commission a fait son travail.
Mme Zaga Mendez : C'est
indépendamment de vous. Il me resterait...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Zaga Mendez : Ah! mais
non, c'est juste pour vous céder quelques secondes, si vous voulez ajouter un
autre commentaire, si vous n'avez pas eu la chance de le faire.
M. Labrie (Stéphane) : Bien,
je pense, j'ai déjà trop parlé. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci, merci beaucoup. Alors, étant donné l'heure, la commission ajourne ses
travaux. La commission reprend ses travaux demain jeudi, après les avis
touchant les avis sur les commissions. Alors, bonne soirée à tous. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 10)