Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, October 22, 2024
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Vol. 47 N° 75
Special consultations and public hearings on Bill 76, an Act mainly to enhance the quality of construction and public safety
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10 h 30 (version non révisée)
(Dix heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon matin à tous! Alors, je déclare le quorum de la Commission de l'aménagement
du territoire. Je demanderais peut-être juste de vérifier vos sonneries au
niveau de vos appareils électroniques. Alors, la commission est réunie ce matin
afin de participer aux auditions publiques sur le projet de loi n° 76, Loi
visant principalement à accroître la qualité de la construction et la sécurité
du public.
Est-ce que nous avons des remplaçants ce
matin, Mme la secrétaire?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Poulet (Laporte) est remplacée par Mme Mallette
(Huntingdon); M. Ciccone (Marquette) est emplacé par Mme Lakhoyan
Olivier (Chomedey); Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont) est remplacée par Mme Cadet
(Bourassa-Sauvé); M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, ce matin nous allons recevoir Me Éric Thibaudeau, de... du
bureau de... associé de... avocat, et l'Ordre des architectes du Québec. Alors,
nous avons... nous commençons par les remarques préliminaires. Alors, je laisse
la parole à M. le ministre. Vous avez six minutes pour les remarques
préliminaires.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. Un bon retour en commission ce matin.
C'est un projet de loi dont les objectifs
sont assez clairement exprimés, là, «accroître la qualité des travaux de
construction et sécuriser la population du Québec». Évidemment, il y a des
mesures qui concernent la qualification des entrepreneurs et l'augmentation de
la productivité. Il y a à peu près une trentaine de mesures dans ce projet de
loi là. Ça répond à des besoins qui sont essentiels.
On a vu des cas qui ont été documentés sur
la place publique, on a réalisé au cours des dernières années qu'il y avait eu
une augmentation quand même assez substantielle du nombre de non-conformités.
Quand je dis «non-conformités», c'est des vices de conception ou des vices de
construction. De 2019 à 2023, il y a eu une augmentation de 40,5 % par
inspection de la RBQ qui a révélé une non-conformité, et le ratio du nombre de
non-conformités détectées par inspection est passé pour la même période de 1,07
à 1,66. Et bon, tous s'entendent... J'ai vu les commentaires relativement consensuels
des associations d'entrepreneurs : Il faut s'améliorer, c'est beaucoup
plus coûteux de reprendre. Mais, encore une fois, au-delà des dommages
matériels, il y a souvent des drames humains qu'on ne peut pas accepter au
Québec.
• (10 h 40) •
Donc, dans les mesures importantes... Puis
je vais y aller de façon très télégraphique, parce qu'il y a beaucoup de
dispositions, mais en même temps...
M. Boulet : ...il y a une
finalité qui va être de nature réglementaire, parce que la Régie du bâtiment du
Québec regroupe une expertise en collaboration avec les partenaires clés,
notamment les professionnels que sont les ingénieurs, les architectes et les
technologues.
Donc, il y aura des inspections
obligatoires, conformément à un plan de surveillance, une attestation de
conformité avant de rendre le bâtiment accessible à la population, avec les
codes de construction puis les normes de construction établis par les
municipalités, une formation initiale obligatoire pour permettre aux
entrepreneurs, avant de passer l'examen qui est administré par la Régie du
bâtiment du Québec, d'avoir les compétences essentielles pour s'assurer de
faire un travail qui est le plus compatible possible avec le Code de
construction.
Il y a un élargissement aussi du pouvoir
réglementaire de la RBQ pour les cautionnements de licences pour qu'ils
puissent s'appliquer quand on construit une maison neuve. Même si
l'entrepreneur ne détient pas la sous-catégorie de licence appropriée, il y a
un encadrement d'un processus de médiation et d'arbitrage pour l'application de
la garantie de construction résidentielle. Il y a la bonification du registre
des titulaires de licence, et ça, ça fait suite à un rapport en 2021 du bureau
du Vérificateur général, pour que notamment la population soit informée des
annulations ou des suspensions de licences qui ont été imposées à des
entrepreneurs, population qui est à la quête d'un entrepreneur qui est le plus
fiable possible.
Il y a l'inspection des bâtiments par des
personnes qualifiées. On va s'assurer qu'il y ait une formation continue pour
les inspecteurs, et, je le répète, il y a des groupes qui vont parler de
l'importance d'avoir des inspecteurs qui sont bien qualifiés, et de le faire
dans une perspective collaborative avec les entrepreneurs pour ne pas que ça
occasionne de délais. L'APCHQ, notamment, nous le rappelait, dans la mesure où
il y a une symbiose entre les entrepreneurs puis les inspecteurs, ça va bien
aller.
Il y a un régime de sanctions
administratives pécuniaires. Il y a la possibilité, outre d'imposer pour un
régisseur la suspension ou l'annulation d'une licence, des correctifs ou des
mesures pour assurer la continuité des travaux. Il y a le délai de carence de
12 mois pour qu'un entrepreneur puisse faire une nouvelle demande de licence
quand il a été refusé. Bon, il y a évidemment la possibilité de poursuivre des
dirigeants suivant la procédure pénale. Il y a la concordance qui s'impose avec
la Loi sur les maîtres électriciens mécaniciens en tuyauterie.
Donc, je suis hypercontent d'amorcer ça
avec mes collègues gouvernementaux, mes collègues du Parti libéral, mes
collègues de Québec solidaire. Je suis convaincu qu'avec les groupes on va
bonifier, on va avoir des perspectives nouvelles. Tout projet de loi est
perfectible, donc allons de l'avant. Et merci beaucoup, M. le Président. Je
pense... j'ai respecté mon temps.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
oui, vous êtes dans les temps. Merci, M. le ministre. Alors, nous allons
maintenant du côté de l'opposition officielle, et je pense entendre la députée
de Bourassa-Sauvé. C'est bien ça?
Mme Cadet : Oui. Bonjour, M.
le Président...
Le Président (M. Schneeberger) : Bonjour.
Mme Cadet : ...merci
beaucoup. Bonjour, M. le ministre, bonjour, chers collègues, et salutations
donc à... donc aux groupes que nous entendrons à l'occasion de ces
consultations particulières aujourd'hui et tout au long de la semaine.
Le ministre, donc, vient de le dire, donc,
lui-même, donc, je pense qu'il s'agissait d'un projet de loi attendu. M. le
Président, moi, j'ai eu l'occasion au cours de la dernière année et demie, donc
depuis que je suis titulaire donc de ce dossier, donc, de rencontrer quelques
acteurs du milieu, qui eux-mêmes, donc, ont souligné donc l'importance de
revoir le modèle des inspections au Québec et qui oeuvraient déjà en ce sens.
Donc, à cet égard, donc, nous arrivons donc, bien, à une étape qui, je pense,
va susciter l'attention du milieu.
J'ai moi-même aussi posé plusieurs
questions au ministre, notamment à l'occasion de l'étude des crédits
budgétaires, donc sur la question de la qualité de la construction. Ma collègue
des Mille-Îles, donc notre porte-parole en matière d'habitation, a aussi eu
l'occasion de se lever en Chambre, au salon bleu, pour poser des questions donc
au ministre sur... sur cet enjeu, et notamment donc sur ce que le ministre a
lui-même qualifié donc de drames humains qui se sont produits qui ont été...
qui ont fait l'objet donc de différents reportages au sein de l'actualité au
cours des dernières années.
Donc, nous voici donc aujourd'hui, le...
donc à cette étape charnière, donc, comme je viens de le mentionner. Le
ministre, donc, a nommé donc différentes, donc, dispositions qui se trouvent
dans le projet de loi, puis, bien évidemment, M. le Président, donc, nous
aurons des questions qui seront donc également alimentées et qui seront
bonifiées par l'apport, donc, des groupes et experts que nous entendrons en
commission parlementaire cette semaine...
Mme Cadet : ...Bien, d'ores et
déjà, ce que je peux vous dire, M. le Président, c'est que, donc, même si le
projet de loi, donc, ne le précise pas, ne précise pas, donc le type de
bâtiment visé, le ministre non plus, dans ses remarques préliminaires, donc, ne
l'a pas fait. Donc, on demeure neutre sur le type de bâtiments couvert. Bien,
c'est ma compréhension ici, notamment, donc, à la suite, donc, de... des
écueils qui ont fait l'objet, donc, d'articles dans l'actualité, que le projet
de loi, donc, permettra essentiellement, donc d'assujettir la construction des
grandes tours à condos à des normes minimales d'inspection. On sait en ce
moment, donc, dans le résidentiel, seuls les ouvrages, donc, neufs, de quatre
étages et moins sont inspectés systématiquement par GCR. Les grands tours à
condo, elles, elles ne sont pas assujetties. Ils ne sont pas obligés non plus
de souscrire à une garantie privée. Donc, on en comprend qu'ici, donc, avec le
projet de loi, donc, on s'attaquera donc à cet enjeu. Le ministre l'a mentionné.
Donc, dans le projet de loi, je pense qu'on aura l'occasion, donc, d'étudier
avec beaucoup d'attention, donc, toutes les mesures de résolution alternatives
des différends, donc de médiation et d'arbitrage. Parce qu'on sait pour ces...
pour ces tours, là, donc... pour ces types de construction là qui ne sont pas
assujettis à... bon, à GCR, par exemple, ils doivent se tourner vers, en fait,
les personnes... les acheteurs mécontents doivent se tourner vers les tribunaux
de droit commun pour faire valoir leurs droits, ce qui ne représente pas
toujours un chemin en ligne droite, M. le Président. En fait, on dirait même
que c'est souvent un chemin sinueux.
Il y a... Je ne peux pas passer sous
silence, donc, un des cas qui a été plus documenté dans l'actualité, soit celui
du Faubourg Boisbriand, donc qui est un malheureux porte-étendard du cauchemar
que ça peut représenter pour les citoyens quand la qualité de la construction
n'est pas au rendez-vous. On se rappellera qu'en 2023 près de
200 résidents ont appris qu'ils vivaient avec des problèmes d'infiltration
et des vices cachés au Faubourg Boisbriand en raison de problèmes qui n'avaient
jamais été décelés lors de la construction 15 ans plus tôt. Je pourrais
vous en nommer d'autres, M. le Président. Donc, il faut à tout prix éviter que
tous les nouveaux propriétaires vivent, donc, de ce type de cauchemar là.
Lors de l'étude du projet de loi
n° 51, j'ai souvent répété que les Québécois, ce qu'ils souhaitaient,
c'est qu'au Québec, on construise mieux, qu'on construise plus vite et qu'on
construise à moindre coût. Lors du 51, ma formation politique le PLQ, nous
étions, donc, en faveur de ce projet de loi en disant, donc : On pourrait
faire... On pourrait aller plus loin. Bien, il nous permettait de faire des pas
pour construire plus vite et à moindre coût. Ici, bien, ce qui va nous
préoccuper, c'est de s'assurer qu'on construise mieux pour le bien de
l'ensemble de la population, pour le bien commun, M. le Président. Et on espère
qu'on aura de très, très bons échanges, comme toujours avec le ministre sur
cette question. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la députée. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième
opposition, et j'entends le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Ce n'est pas de coutume qu'on fait notre commission sur le travail
avec vous, alors toujours apprécié d'avoir votre présidence ici. Merci à tous
les gens qui sont disponibles pour venir nous parler dans les prochaines
heures, prochains jours. On les remercie de leur implication dans le débat
public.
Je trouve que c'est un sujet important
parce qu'on parle beaucoup de construire plus au Québec. Évidemment, à Québec
solidaire, on est toujours insatisfait du nombre de logements sociaux notamment
qui sort du programme PHAQ, mais ça, c'est un débat, peut-être plus pour le...
pour le salon rouge.
Cela étant dit, la quantité de logements
ne doit pas faire... ne doit pas se faire aux frais de la qualité des logements
et des constructions de manière plus générale. Je pense que là-dessus on
partage un objectif commun, le ministre et moi. Après ça, quand... comment
exactement on le mettra en vigueur, cet objectif-là, et on le réalisera? C'est
ce qu'on va découvrir à travers le projet de loi que j'ai... que j'ai parcouru
dans les derniers jours, qui me semblait, pour l'instant du moins, assez
intéressant. Je suis toujours intéressé, justement, de voir ce que disent les
groupes qui viennent nous parler.
Cela étant dit, la plupart du temps, quand
le ministre dépose un projet de loi, très rapidement, mon téléphone commence à
sonner avec des groupes qui sont inquiets, qui manifestent des inquiétudes, qui
veulent se mobiliser. Cette fois-ci, le téléphone était très tranquille, M. le
Président, suite au dépôt du projet de loi du ministre. J'ai hâte de voir si
c'est parce que tout le monde est somme toute plutôt d'accord, que le téléphone
est resté tranquille. On découvrira ça dans les prochains jours.
Cela étant dit... Ça, c'est sur le fond.
Sur la forme, je ne peux pas m'empêcher de souligner, M. le Président...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Leduc : Déjà.
Le Président (M. Schneeberger) : Déjà.
M. Leduc : Bien, on y
reviendra plus tard. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Déjà.
Excusez-moi. Alors, il y avait... Est-ce que le député de Saint-Jérôme voulait
aussi faire des remarques?
M. Chassin :S'il y a consentement...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Chassin :...bien sûr.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
consentement. Vous avez une minute.
• (10 h 50) •
M. Chassin :Merci, M. le Président. Alors, merci d'être là. Merci de
votre consentement. Peut-être juste renchérir...
M. Chassin :...renchérir un peu sur la collègue qui mentionnait, dans
le fond, qu'on construise mieux, effectivement. Quel est le coût en termes de
rapidité? Quel est le coût en termes de coûts financiers? Moi, c'est ce qui va
m'intéresser évidemment, et puis, à la limite, le fardeau réglementaire que ça
peut comporter. Il y a un certain nombre de pouvoirs puis des réglementations à
définir, donc mes questions vont essentiellement porter là-dessus. Je pense que
c'est important de réaliser que, quand on fait des choix, bien, on renonce
aussi à quelque chose et donc on renonce, entre autres, par exemple, à une
certaine rapidité, une certaine efficacité si on met trop de charges sur la
qualité. Ça fait que voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, député de Saint-Jérôme. Alors, les remarques préliminaires, est-ce
qu'il y avait d'autres personnes qui souhaitaient? Non, ça va. Alors, les
remarques préliminaires sont terminées. Alors, nous allons débuter maintenant
les séances. Alors, j'accueille le premier groupe ce matin, et c'est Me Éric
Thibaudeau, associé avocat du bureau... En tout cas, je ne sais si le titre, il
est bien.
M. Thibaudeau (Éric) : Avocat.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
je vous laisse vous présenter. Bonjour, à vous trois, je vous laisse vous
présenter et vous avez un 10 minutes pour nous soumettre votre mémoire.
M. Thibaudeau (Éric) : M. le
Président, merci de nous accueillir aujourd'hui en commission parlementaire. M.
le ministre. Bonjour, Mmes, MM. les députés, merci de nous accueillir. C'est la
première fois que j'ai l'honneur, le bénéfice d'être convoqué personnellement
par une commission parlementaire au lieu d'être ici pour représenter un groupe
ou un client. Étant tellement mal à l'aise, je me suis accompagné d'un groupe.
Alors, je vous présente Mme Ariane Lebeau qui est stagiaire avec moi, ainsi que
Mme Cinthia Gauvreau. Nous sommes tous à l'emploi chez BCF avocats et fiers d'y
être.
Nous allons commencer en vous parlant
aujourd'hui et en échangeant avec vous de ce que personne ne vous parle. Je
n'ai pas entendu personne en discuter aujourd'hui. On vous a fait parvenir un
mémoire environ une demi-heure avant le début de la séance. On a été devancés
de 48 h. Alors, on a travaillé très tard et très tôt ce matin pour vous
produire un document que Mme la secrétaire de la commission dispose.
Ceci étant dit, la raison pour laquelle
nous avons accepté avec joie l'invitation, nous sommes une équipe de
professionnels spécialisés en matière réglementaire de l'industrie de la
construction, que ce soit en matière de CCQ, de RBQ, de CNESST, d'AMP, bref,
tous ces organismes étatiques, si je puis dire, qui interviennent sur les
chantiers auprès des entrepreneurs que nous représentons.
Il y a de très bonnes avancées et je salue
le courage du ministre de mettre de l'avant des mesures telles que le
développement de nouveaux standards de construction, les mesures de contrôle de
qualité, l'amélioration et de l'efficacité des interventions de la RBQ, qu'il
puisse y avoir des délivrances ou des maintiens de licences, mais
conditionnels, ce qui n'était pas possible dans la loi, c'était ou on l'a
gardait, ou on la suspendait ou on l'annulait. Maintenant, le régisseur ou la
régie pourrait imposer des conditions pour la maintenir. C'est vraiment une
belle avancée selon nous, très utile dans bien des cas ce sera. Et également,
bien, que la délivrance de la licence soit assujettie à des formations
obligatoires plutôt que la simple réussite de tests, également excellente
initiative.
Ceci étant dit, il y a deux grandes
préoccupations en ce qui me — je vais dire plutôt que nous, puisque
je suis invité à titre personnel — mais qui me concerne dans ce
projet de loi. Tout d'abord, les sanctions administratives pécuniaires, un
chapitre entier nouveau présenté dans la loi, les articles 159.1 et
suivants, ainsi que les présomptions de culpabilité pénale qui se retrouvent
dans les futurs potentiels articles 201.0.1 et 201.0.2.
Je commence avec d'abord les sanctions
pécuniaires pour deux raisons. L'objectif avoué, écrit, publicisé du projet de
loi, si j'ai bien compris, M. le ministre, est évidemment d'assurer et
d'augmenter la qualité autant de la formation des entrepreneurs que des travaux
qu'ils réalisent, et avec égard, personnellement, je crois que l'imposition de
telles peines ou sanctions administratives ne sera pas d'utilité pour
l'atteinte de cet objectif. Payer une amende, que ce soit trois mois, six mois,
sept mois ou 18 mois, arrêt Jordan, au pénal après la commission de
l'infraction et l'accusation, ça n'empêchera pas que le mal aura été fait et
qu'il devra être réparé, première chose.
Le rapport de gestion au 2023‑2024, tout
frais, tout chaud, M. le ministre, que vous avez produit auprès de vos élus et
du gouvernement pour l'année 2023‑2024, au mois de septembre dernier,
dénombre 5 906 avis de correction...
M. Thibaudeau (Éric) : ...qui
ont été remis aux entrepreneurs et 19 902 éléments de non-conformité
qui ont été relevés dans ces avis-là. Si notre compréhension du projet de loi
est exacte, et je crois qu'elle l'est, ça fait d'autant d'avis avec des
sanctions disciplinaires... pas disciplinaires, excusez-moi, administratives pécuniaires
qui pourraient être émis et, selon le projet de loi, qui peuvent être contestés
au Tribunal administratif du travail Division construction. J'entrevois avec
pessimisme un engorgement du tribunal de contestation de tels avis. Pourquoi?
Parce qu'il y a, au-delà du montant de l'amende et de l'infraction, en vertu de
la Loi sur la santé-sécurité du travail, par exemple... on parle de constats
qui... les plus petits, qui varient de 2 000 $ environ à
14 000 $. Et pourtant, au bureau, et Mme Gauvreau pourrait vous
en parler, on doit représenter plus d'une cent cinquantaines de mandats par
année dans ces dossiers-là. Pourquoi? Pas à cause du montant d'argent, à cause
de l'impact réglementaire puis de la condamnation sur la licence. Vous n'êtes
pas sans savoir qu'une annulation de licence, c'est la mort de l'entreprise et
ne devrait être réservée qu'aux cas extrêmement graves, mais même une
suspension de licence pour certains entrepreneurs de quelques semaines peut
résulter en des obligations contractuelles de multimillions de dollars et faire
en sorte littéralement de les mettre en faillite.
La lecture que nous faisons du projet de
loi fait en sorte qu'en combinant ces avis-là, émis sous le nouveau
chapitre 6.1, avec l'article 62.0.1 qui commande à un entrepreneur
d'être constamment en mesure de démontrer sa probité, ses bonnes mœurs et ses
compétences, ferait en sorte que la régie non seulement émettrait des avis...
excusez moi, des avis... des sanctions administratives, pécuniaires via un
département serait, par ailleurs, avec son département, des enquêtes en mesure
d'ouvrir un dossier parce qu'il y aurait trop de ces avis. Le dossier serait
remis au département ou à la direction du contentieux, qui émettrait un avis
d'intention de suspension ou d'annulation de licence, et le dossier sera référé
au bureau des régisseurs de la RBQ qui relève directement du P.D.G. J'y
reviendrai un peu plus tard.
Donc, on aurait les enquêtes, les
policiers, si je puis dire, qui émettent des avis avec des amendes, avec l'enquêteur,
avec le contentieux, avec même le juge qui pourrait mener tout cela sous le
même chapiteau. Et ça, ça nous inquiète.
Nous suggérons fortement aux législateurs,
et vous le verrez, c'est la conclusion qu'on vous soumet, de retirer
l'article 29 du projet de loi no 76 et de renoncer aux sanctions
pécuniaires. Ceci étant dit, nous sommes sensibles... bien que nous
représentions les entrepreneurs souvent et les donneurs d'ouvrage, nous sommes
sensibles à l'objectif du législateur et c'est pourquoi nous proposons plutôt
d'opter pour un un système, si je puis dire, semblable à celui dans la Loi sur
la santé et sécurité du travail. Nous vous invitons à élargir les pouvoirs de
la RBQ en matière d'ordonnances et de non-respect ou d'irrégularités, et que
ces ordonnances-là soient exécutoires nonobstant appel. Et comme en matière de
CNESST et de LSST, ça ferait en sorte que les entrepreneurs seraient obligés de
se conformer immédiatement, à moins qu'ils s'adressent aux tribunaux pour
obtenir un sursis. Ce système-là est en place depuis 1985, depuis une
quarantaine d'années, avec la LSST, a fait ses preuves et fonctionne.
• (11 heures) •
Si le législateur souhaite tout de même
maintenir ce régime de sanctions administratives pécuniaires, nous vous
invitons fortement à rendre l'adoption en vertu de 159.1 d'un code ou d'un
cadre qui est prévu à cet article-là par la Régie du bâtiment, une condition
sine qua none à la mise en œuvre des articles suivants. Car la Régie du
bâtiment a déjà promis au législateur, en 2011, dans l'adoption de
l'article 62.0.1, qu'un règlement et un cadre seraient adoptés pour
encadrer les poursuites et les démarches légales faites en vertu de cet
article-là. Vous regarderez au mémoire, on vous a reproduit l'entièreté des
représentations de la ministre de l'époque, Mme Thériault, et qui, sans
équivoque, pas l'ombre d'un doute, pas d'interprétation, ont dit noir sur
blanc, en vertu d'un règlement qui sera adopté par...
11 h (version non révisée)
M. Thibaudeau (Éric) : ...adopté
par la RBQ, la RBQ viendra clairement et précisément indiquer c'est quoi être
probe et avoir de bonnes mœurs pour un entrepreneur. Or, 13 ans plus tard.
MM., Mmes les députés, il n'en est rien, il n'en est rien, et l'article 62.0.1
un est utilisé à toutes les sauces pour reprocher à des entrepreneurs des
gestes certes qui peuvent être répréhensibles, mais qui n'ont absolument rien à
voir avec l'activité d'être un entrepreneur en construction. Dans le cadre de
vos questions, je pourrais vous donner des exemples si vous voulez.
Je terminerai en vous disant à cette étape-ci — je
pense que notre mémoire sera assez clair, là, sur nos positions — que
vous devriez utiliser le présent projet de loi pour corriger justement deux
éléments importants dans la loi sous sa forme actuelle. Un, donner une
indépendance réelle judiciaire aux bureaux des régisseurs afin qu'ils ne
relèvent plus de l'autorité du P.D.G. de la RBQ, alors que ceux qui intentent
les recours devant lui relèvent également du P.D.G. de la RBQ. Et finalement,
nous vous suggérons de mettre un délai de rétroaction ou de prescription si
vous voulez pour l'article 62.0.1 parce que présentement la régie enquête
et reproche des comportements d'il y a 20, 25, 30 ans, et je vous le dis à
titre d'avocat de la défense, vous irez trouver des motifs de défense dans un
dossier d'il y a 25 ans dans vos dossiers, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci pour votre excellente présentation. Alors, nous allons maintenant débuter
une période d'échange avec le côté ministériel, et je laisse la parole à M. le
ministre.
M. Boulet : Merci, M. le
Président. Bien, d'emblée, je vous remercie de votre présence et je sais que ça
a été requis. Maintenant, moi, je n'ai pas eu l'opportunité de lire votre
mémoire, et vous savez mon intérêt pour les technicalités juridiques, donc j'ai
besoin de lire ce mémoire-là et vous préciser qu'on va tout étudier avec
attention et considération. Puis moi aussi, j'ai la même sensibilité qui a été
exprimée par certains de mes collègues de faciliter les processus puis de s'assurer
du retour à la conformité la plus diligente possible parce que vous le notez,
il y avait un impératif de revoir le modèle d'inspection, puis les objectifs de
ce projet de loi-là sont manifestement louables. Et j'ai répété ce que ma
collègue de Bourassa-Sauvé mentionnait. Au printemps, on a fait une loi pour
construire plus et là'on fait une loi pour construire mieux. Il va falloir être
extrêmement préoccupés par les coûts que ça engendre.
Mais je vais vous laisser un peu revenir
sur la présomption de culpabilité pénale, là, mais pour les SAP, simplement
faire un peu de pédagogie, là. Ce n'est pas nouveau, ce processus-là, et
évidemment ça vise à permettre ou à donner un corridor qui est plus rapide. Ça
élargit les moyens d'intervention, ça permet une certaine gradation des
sanctions, ça permet aussi une intervention quand il y a un manquement clair à
la loi ou un règlement pour que la personne qui est concernée puisse prendre
les mesures appropriées le plus rapidement possible. Tu sais, dans le projet de
loi, on en réfère aux personnes qui refusent de transmettre à la régie un
document ou un renseignement exigé, fournit un renseignement qui est inexact,
fait défaut de se conformer à un avis de correction, fait défaut d'avoir un
permis, un certificat ou une licence. C'est quand même de quoi la sanction
administrative qui nous permet d'intervenir plus rapidement parce que la
procédure pénale, vous le savez mieux que moi, c'est long, c'est compliqué,
puis ça ne donne pas les résultats souhaités dans des délais intéressants.
Donc, ça contribue à l'amélioration de la qualité. Ça réserve aussi les recours
au système judiciaire pour les infractions les plus graves et aussi aux
personnes qui sont récidivistes, là, que ce soit en entrepreneur ou autres.
Moi, j'ai toujours trouvé que ça améliorerait la crédibilité des organismes.
Puis au cours des dernières années, puis je vais
finir là-dessus, je vais vous poser une question plus directe, là, mais il y a
plusieurs organismes gouvernementaux notamment qui ont ajouté les SAP à leurs
interventions. Il y a la...
M. Boulet : ...Commission
d'accès à l'information, il y a le ministère des Transports, le ministère de
l'Agriculture, Pêcheries, Alimentation, la Société de l'assurance automobile du
Québec, l'Autorité des marchés financiers, la Régie des alcools, des courses et
des jeux, le ministère de la Famille et l'Autorité des marchés publics. Le but,
je pense que vous le comprenez bien.
Je me préoccupe de votre commentaire où
vous semblez requérir l'indépendance des régisseurs face à notamment la
présidence, direction générale de la Régie du bâtiment du Québec. Pouvez-vous
m'exprimer ou me donner des exemples clairs qui contribuent à alimenter cette
pensée-là, que l'absence d'indépendance joue un rôle qui est nocif ou qui est
contraire à l'atteinte des objectifs que nous visons dans le projet de loi? Je
ne sais pas si vous me connaissez bien. En quoi l'absence d'indépendance nuit
et quels sont les exemples qui me permettraient de me convaincre qu'on doit
ajouter une couche d'indépendance au Bureau des régisseurs? Puis je comprends
le parallèle que vous avez fait à la CNESST. Vous comprenez mes sensibilités à
cet égard-là. Ça fait que je vous laisse aller.
M. Thibaudeau (Éric) : Merci,
M. le ministre, de votre question et j'aurai, peut-être, des commentaires sur
les délais dont vous avez parlé également. Revenons sur l'indépendance que
d'autres devraient, selon moi, bénéficier le Bureau des régisseurs.
M. Boulet :Qui a peut-être un
litige en cours, hein? Excusez-moi, là, ça fait que...
M. Thibaudeau (Éric) : Tout à
fait, il y a un litige en cours. Nous soulevons le non-respect de la charte en
vertu de l'article 23. Vous le verrez dans notre mémoire.
M. Boulet : Et c'est vous qui
êtes dans ce dossier-là, hein?
M. Thibaudeau (Éric) : C'est
moi qui est dans ce dossier-là, effectivement, et c'est...
M. Boulet : D'où la pertinence
de votre présence ce matin.
M. Thibaudeau (Éric) : Absolument
pas, puisque vous m'avez invité alors que ce litige n'était pas connu, à moins
que la Régie du bâtiment vous en ait parlé, ce qui me surprendrait. Et ce n'est
pas moi qui vous en ai parlé. Alors, ce n'était pas connu de la commission qui
m'a invité. Ceci étant dit, le litige, il nous fera plaisir de transmettre à la
commission les documents s'il le faut pour qu'elle puisse voir le raisonnement
entier plutôt que celui résumé qu'on vous présente. Mais essentiellement,
écoutez, vous avez... vous regarderez l'organigramme de la Régie du bâtiment.
Le contentieux fait partie du bureau du président-directeur général de la RBQ,
fait partie de son département, pas d'un autre département, pas d'une autre
vice-présidence, fait partie... relève directement du P.D.G. Et vous regarderez
sur le même organigramme, le Bureau des régisseurs relève directement de qui?
Du président-directeur général? Il y a là — vous êtes juriste de
formation et avocat comme moi — une grande préoccupation d'apparence
de partialité et de non-indépendance, premièrement.
Deuxièmement, nous avons recensé, c'est
écrit dans notre mémoire, de janvier 2021 au 31 décembre 2023, tous les
recours, 100 % des décisions rendues par le Bureau des régisseurs. On
parle de 80 décisions environ, plus ou moins, M. le ministre, je n'ai pas
le chiffre exact... condamnent l'entrepreneur à une suspension ou une annulation
de licence. Je crois en la qualité de mes confrères et consœurs du contentieux
de la Régie du bâtiment, mais vous conviendrez avec moi que c'est un taux de
succès faramineusement élevé. Je n'ai pas l'impression que 80 %... que
80 avocats en défense dans 80 cas se sont trompés dans les
prétentions qu'ils présentaient au tribunal.
Donc, d'ailleurs, puisque vous parliez du
recours, permettez-moi de dire ce qui suit : la position de la Régie du
bâtiment, autant publique que dans ses recours, est à l'effet que : Non,
non, non, le Bureau des régisseurs est dans un autre bureau séparé, on n'entend
pas parler d'eux, ils font leur petite affaire, ne vous inquiétez pas. Alors,
vous savez quoi? Si c'est vrai, je vous invite à leur donner la pleine
autonomie, au Bureau des régisseurs, qu'ils ont supposément factuellement et
qu'ils méritent. Car n'oubliez pas, les décisions du Bureau des régisseurs ne
sont pas... on ne peut pas les contester et tenir un procès de novo où on
présente des témoins et des faits devant un autre tribunal, on peut seulement
aller en appel du tribunal administratif... au tribunal administratif du
travail Division construction sur des questions pures de droit ou mixte de
faits et de droit.
• (11 h 10) •
Donc, je pense que c'est important et ce
n'est pas... je tiens à le dire, là, j'entretiens d'excellentes — je
pense, en tout cas, je ne sais pas s'il pense la même chose — relations
avec le P.D.G. de la RBQ. Quand on se croise, on jase, on a toujours des belles
discussions intéressantes. Ce n'est pas une attaque à la Régie du bâtiment,
cette suggestion là, c'est de donner aux justiciables l'apparence
d'impartialité et d'indépendance d'un tribunal important. Écoutez, on parle de
fermetures d'entreprises...
M. Thibaudeau (Éric) : ...puis
pas de Joe la binerie du coin de la rue, de deux employés, d'entreprises
parfois de dizaines, de centaines, de milliers d'employés. Je pense qu'une
telle démarche mérite d'avoir cette reconnaissance-là à titre de tribunal.
D'ailleurs, la jurisprudence, dont une qu'on vous cite de mémoire, reconnaît
que le Bureau des régisseurs est un tribunal au sens du droit administratif.
M. Boulet : Oui, c'est une
excellente présentation. Je vais en prendre connaissance. J'ai besoin d'être
alimenté. Ça me préoccupe comme juriste que sur 80 cas, 100 %
aboutissent à la même décision, annulation ou suspension. En même temps, dans
le projet de loi, on s'assure du pouvoir d'émettre d'autres ordonnances que la
simple annulation ou la suspension. Ça peut être un retour à la conformité ou
des mesures qui permettent de respecter la loi ou un règlement, là, parce
qu'actuellement c'est limité. Ça fait que je comprends que le Bureau des
régisseurs n'ait rendu que ces deux types de décisions là, la loi les contraint
à ça. Ceci dit, que dans 100 % des cas, on aboutisse à la même conclusion,
ça, ça me préoccupe, et que ça génère une apparence de partialité, je suis
aussi sensible à cet aspect-là, puis qu'il y a un appel seulement pour les
questions de droit pur ou de questions mixtes, comme vous le soumettez,
j'aurais besoin d'approfondir cet élément-là. Mais...
M. Thibaudeau (Éric) : Écoutez,
M. le ministre, je tiens à vous rappeler, et vous le lirez, je souligne cette
excellente initiative que maintenant on puisse émettre les licences avec
conditions à respecter. Je pense que c'est vraiment une...
M. Boulet : Bien, oui, vous
l'avez mentionné.
M. Thibaudeau (Éric) : ...très,
très, très belle porte de sortie.
M. Boulet : O.K. Super! Ceci
dit, le litige actuellement, est-ce que vous êtes en mesure de donner un peu
plus d'informations sur le litige dans lequel vous êtes impliqué que je ne
connaissais pas par ailleurs, Me Thibodeau?
M. Thibaudeau (Éric) : Essentiellement,
on parle de la régie qui utilise les articles 70, paragraphe 1°, qui est
des déclarations de culpabilité à la LSST notamment, et l'article... le fameux
article dont je parlais un petit peu plus tôt, 62.0.1, est essentiellement
l'entreprise a reçu un avis de qu'on doit se présenter devant le Bureau des régisseurs
pour débattre d'est-ce que la licence doit être maintenue, suspendue ou
annulée. Et donc, dans le cadre de ce débat-là, ça fait plusieurs années que je
le prétends, je l'ai déjà soulevé dans d'autres dossiers qui se sont réglés par
ailleurs avec la Régie du bâtiment. On soulève des questions de
constitutionnalité, d'indépendance du tribunal.
Vous verrez aussi notre quatrième
recommandation, M. le ministre, on soulève des questions de prescription. J'en
ai parlé en terminant ma présentation. On allègue en utilisant 62.0.1 des
comportements des années parfois, dans un dossier que j'ai déjà fait, dont la
décision est rendue, auquel vous pourriez référer dans l'affaire LJP qui s'est
rendue aux dates et on soulève des questions prescription. On reproche des
comportements de 1990, des infractions de 1990 en invoquant le plumitif, puis
c'est impossible, littéralement impossible pour nous de présenter quelques
preuves, M. le ministre, puisque la documentation n'existe plus, la divulgation
de preuve n'existe plus, les éléments de défense n'existent plus. Alors, on
vous... c'est pour ça qu'on le recommande, parce que, dans plusieurs litiges,
on vous dit c'est un problème. Je vous dirais qu'avant la commission
Charbonneau, dans ma carrière, j'avais eu l'occasion de faire peut-être cinq
dossiers avec la RBQ. Depuis la commission Charbonneau, le changement de la
loi, notamment en 2011, on parle de dizaines de dossiers par année. Donc, ça a
pris son essor, la RBQ fait valoir ses pouvoirs, elle les utilise, et c'est correct,
et les objectifs sont louables.
Cependant, comme on le note dans le
mémoire, vous le verrez quand on accorde de tels pouvoirs à un organisme, je
pense que c'est important de bien les encadrer, et c'est pour ça que pour les
sanctions administratives pécuniaires, on vous suggère que, parfait à 159.1,
vous prévoyez un cadre, bien, on vous suggère fortement que toute l'application
de la section soit sujette à l'adoption de ce cadre-là avant qu'on applique les
articles suivants. Donc que ça devienne sine qua non, parce que sinon, je
crains, et c'est une opinion purement personnelle qui n'engage que moi, je
crains de revivre 62.0.1 où présentement on doit défendre quelqu'un. Par
exemple, un dossier que j'ai fait avec une des corporations et non pas la régie,
j'ai dû défendre un individu qui fait un super bon travail, aucun reproche
d'aucun client, d'aucun donneur d'ouvrage, mais M. a un problème d'alcoolisme
depuis des années. «He fell of the wagon...
M. Thibaudeau (Éric) : ...comme
on dit en anglais, à un moment, et a été accusé au criminel parce qu'il a
commis un acte à un moment donné où il est en état d'ivresse. Et j'ai passé
l'audience. Ça a duré toute une journée, il a fallu déplacer des donneurs
d'ouvrage, il a perdu des contrats. Puis j'ai dû expliquer : Écoutez, il
n'y a aucun lien entre ça puis... Personne ne lui reproche rien comme
entrepreneur depuis des années. Il est parfait. Mais il a quand même fallu se
défendre auprès de la corporation pour maintenir cette licence-là.
Donc si, comme la régie l'a dit à la
ministre de l'époque, en 2011, il y avait eu un cas précis où on intervient,
par lequel le justiciable... On a appris ça dans nos premiers cours de droit
administratif en première année de notre BAC en droit, je pense, M. le ministre,
mais en droit administratif, quand on donne des pouvoirs à un organisme, il
faut quand même que ces pouvoirs-là soient... ces pouvoirs-là soient assez
détaillés et précis pour que le justiciable sache à quoi s'en tenir. Et
maintenant, avec 62.0.1, et n'oubliez pas, à 159.7, vous prévoyez donner à la
régie le pouvoir, par règlement, de convenir de d'autres dérogations, avec
d'autres amendes, avec d'autres... Nous, on vous suggère dans le mémoire que ce
pouvoir-là devrait demeurer un pouvoir législatif et non pas être un pouvoir
réglementaire. Parce que, là, la régie va devenir le législateur, celui qui
émet les avis, celui qui invoque le 62.1 et celui qui donne les budgets au
tribunal, qui rend les décisions. C'est beaucoup de pouvoir.
M. Boulet : C'est
intéressant. J'aimerais ça que vous en reparliez, là, mais dans le dossier de
l'entrepreneur qui avait des problèmes d'alcoolisme, des problèmes reconnus
comme étant involontaires, alcoolisme reconnu comme étant un handicap au sens
de la Charte des droits et libertés de la personne, donc protégée contre toute
discrimination ou distinction, à moins qu'il y ait un lien, je pense que vous
l'avez présenté comme ça, qu'il y ait un lien entre la nature de l'infraction
puis sa capacité d'exécuter son travail. Tu sais, s'il y a un lien entre les
deux, il y a une possibilité d'intervenir, mais il avait quand même... il
bénéficiait d'une certaine protection en vertu de la Charte des droits et
libertés de la personne. Quelle est l'issue de ce dossier-là, Me Thibaudeau?
M. Thibaudeau (Éric) : Alors,
une décision partagée a été rendue. Et heureusement la majorité a donné raison
à mon client et lui a permis de maintenir sa licence. On a quand même des
membres du comité qui ont estimé qu'à cause de son alcoolisme, il ne devrait
pas être détenteur d'une licence, pour protéger le public. J'aimerais, si vous
permettez, M. le ministre...
M. Boulet : C'est une
maladie, oui.
M. Thibaudeau (Éric) : ...parce
que vous avez dit quelque chose que bien des gens croient, dont, je pense, les
députés ici, est faux. La position de la Régie du bâtiment dans le 62.0.1,
c'est que les bonnes moeurs, ou les mauvaises moeurs, n'ont pas à avoir de lien
avec l'activité d'entrepreneur. Et je vais profiter de mon immunité
parlementaire pour vous dire ce qui suit. Un avocat du contentieux, il y a
quelques années, m'a dit, mais je ne donnerai pas son nom, m'a déjà dit, quand
je lui ai dit qu'il y a un lien entre ce que vous reprochez à mon client, bien,
ça a été... Il m'a répondu : La loi n'exige pas ça. Il n'y a pas de cadre
qui le dit. Et nous, notre mandat à la RBQ, c'est de pousser cet article-là le
plus loin qu'on peut.
M. Boulet : Bien, voyons
donc!
M. Thibaudeau (Éric) : Bien,
M. le ministre, vous regarderez, on vous cite plusieurs décisions dans notre
mémoire où ce qui est reproché n'est pas en lien avec l'industrie de la
construction.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci beaucoup. Nous avons dépassé un peu. Nous avons dépassé le temps, mais je
pense que c'était quand même très pertinent, je pense, pour tout le monde.
Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle. Vous avez à
10 min 24 s, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Effectivement, donc, c'était très pertinent. Donc, il y avait
consentement, là, pour le dépassement du temps, pour vous permettre, Me
Thibaudeau, de terminer vos propos. D'abord, bonjour à vous. Bonjour, Mme
Gauvreau. Bonjour, Mme Legault. Me Thibaudeau, je vais reprendre là où on vient
de se laisser. Donc, je vous ai... je vous ai bien entendu, vous avez bien
spécifié que lorsqu'on accorde un tel pouvoir à un organisme, c'est important,
donc, de bien l'encadrer, donc, afin notamment de permettre de respecter les
principes de justice naturelle. Donc, vous l'avez, je pense, étayé, donc, de
façon très limpide au cours de votre échange avec le ministre.
• (11 h 20) •
Dans ce cadre-ci, vous nous dites, bon,
l'article 29, 159.1, donc, la régie... donc, on dit : «La régie élabore et
rend public un cadre général d'application des sanctions administratives
pécuniaires.» Vous dites : Il faudrait absolument, donc, que la régie
adopte ce cadre général d'application, là, avant...
Mme Cadet : ...de mettre en
œuvre les autres dispositions 159.2 et suivantes. Je veux vous entendre, ou
plus largement, vous avez parlé donc de 62.0.1, du fait que ce cadre
d'application là n'a jamais été adopté et du fait que, dans le projet de loi,
actuellement, donc, il y a 159.1, mais il y a quand même, donc, plusieurs
articles qui, essentiellement, disent : Bien voilà, la régie peut adopter,
pourra adopter tel ou tel règlement, notamment, là, sur le cadre, donc,
général, donc, des inspections. Quelle est votre crainte, en particulier face à
cette façon de procéder par le législateur?
M. Thibaudeau (Éric) : Bon.
Quelques commentaires. Merci pour votre question, Mme la députée. Tout d'abord,
la lecture que je fais, et elle est peut-être erronée, mais la lecture que je
fais du projet de loi fait en sorte que 159.3 à 159.6 pouraient, dès l'adoption
et l'entrée en vigueur de la loi, s'appliquer. Donc, des avis avec sanctions
administratives pécuniaires, sans adoption de 159.1, sans aucun cadre, sans
aucune balise pour les agents ou les décideurs, je vais les appeler comme ça,
de la RBQ de décider quand est-ce qu'ils émettent des avis ou non. Donc, je ne
vois pas qu'est-ce qui empêcherait... Mettons que la régie n'adopte pas le
fameux cadre ou se traîne les pieds pendant cinq ans pour adopter le cadre
prévu à 159.1, je ne vois pas qu'est ce qui l'empêche d'appliquer les articles
159.3 à 159.6, je crois. C'est pour ça que notre première suggestion, c'est
d'enlever les sanctions pécuniaires, je vais vous expliquer pourquoi
rapidement, mais que, si on les garde, je pense qu'on devrait faire une
condition, vraiment, sine qua non, M. le ministre, les députés, de faire ça,
faites ça, adoptez ce cadre-là, puis on va vous laisser, après, émettre des
avis avec des sanctions administratives, pécuniaires, mais tant que le cadre ne
sera pas adopté, no go.
Moi, la suggestion primaire, pourquoi on
ne devrait pas mettre les sanctions pécuniaires, c'est... L'idée est bonne, on
le voit, vous l'avez dit, M. le ministre, dans plusieurs autres domaines, ça a
son efficacité, mais ce sont d'autres domaines, avec leurs particularités, et
ça fonctionne pour ces raisons-là. On parle de délais, le projet de loi prévoit
qu'un tel avis, avec une sanction monétaire... pécuniaire, pourrait être
contesté. Le projet de loi prévoit également que la sanction est non
exécutoire, si elle est contestée. C'est prévu qu'elle est contestée au
Tribunal administratif, division construction qui compte - j'aurais pu
vérifier, dans les derniers jours, on a manqué de temps, je m'en excuse - mais
je pense qu'il compte six ou sept décideurs. On a un potentiel de milliers de
décisions administratives contestées et, croyez-moi, ils les contesteront, les
entrepreneurs qui vont se ramasser devant... sur le bureau de six ou sept
personnes qui devront tenir des audiences.
Donc, présentement, le délai à cette
division-là, pour entendre les autres recours dont ils ont juridiction, varie,
à part les matières qui sont prévues à être jugées d'urgence, varie entre
quatre et sept mois. Donc, je reçois un avis, j'ai 30 jours pour le contester.
Ça me fait un mois et demi, mettons, on va dire. Je le conteste, je suis au
tribunal. Si le tribunal garde la même efficience qu'actuellement, ce qui me
surprendrait beaucoup, on va se ramasser sept mois plus tard. Ça ne sera pas
une journée d'audience, parce que ça va être sur des questions techniques,
pointues qui requièrent parfois des experts. Donc, ça va prendre plusieurs
jours. La décision, le Tribunal administratif du travail, si les normes restent
pareilles, a trois mois pour rendre sa décision, on est rendu presque à un an.
En matière pénale, on a Jordan, et,
croyez-moi, Mme Gauvreau peut vous en parler, elle en gère, des dossiers
pénaux, avec moi, Mme Legault commence à faire pas mal de représentations aussi.
Jordan fait son effet, puis la plupart des dossiers entre l'accusation qu'on
reçoit, et 90 % se règlent, on est en dedans du 15 à 18 mois aisément, là.
Quand il y a des procès qui procèdent vraiment, on déborde un peu. Ça fait que
se ramasser au TAT avec ça, il y a une décision un an plus tard, est-ce que ça
va vraiment corriger plus rapidement les situations qu'on reproche aux
entrepreneurs versus le pénal? Moi je ne pense pas, c'est personnel. Mais oui,
je suis un fan fini de santé, sécurité, comme le sait le ministre, j'ai débuté
ma carrière là-dedans jusqu'en 2007, je ne faisais pratiquement que ça. Puis je
peux vous dire une chose, quand l'inspecteur de la CNESST arrête tous les
travaux sur un chantier, parce qu'il n'y a pas de garde-corps au troisième
étage, puis il dit : Il n'y a rien qui...
M. Thibaudeau (Éric) : ...avec
50 personnes qui travaillent à leur taux horaire pendant deux jours de
temps assis chez eux à être payé, là. Vous savez quoi? Les garde-corps, ils se
posent vraiment vite. Puis ils peuvent contester. Ils le font parfois. Parfois,
ils vont demander un sursis dans des cas plus graves, mais la réalité, c'est
que 99 % des cas, nos clients entrepreneurs en construction obtempèrent
immédiatement, corrigent la situation. Moi, j'invite le législateur à élargir,
parce qu'il y en a déjà des pouvoirs de suspension de travaux, là, pour la
régie, puis d'émettre certaines ordonnances. Moi, je vous inviterais à,
excusez-moi l'expression anglophone, à «buff up», à renforcir ces pouvoirs-là,
à les élargir. Rendez-les plus costauds, mais laissez tomber les avis
pécuniaires administratifs, je pense qu'on risque de manquer la cible et
surtout, puis ça, c'est ma grande préoccupation d'engorger les tribunaux.
Mme Cadet : Merci beaucoup
pour le partage de cette préoccupation-là. D'abord, sur votre premier point,
là, sur votre lecture, on partage la même lecture, Me Thibaudeau, là. Je pense
qu'à 159.2 on dit : La sanction peut être imposée par la régie à quiconque
fait défaut de respecter la présente loi ou ses règlements dans les cas et
conditions qui sont prévus. Donc, je pense que c'est assez noir sur blanc, là,
qu'il n'y a pas d'obligation, là, d'avoir un cadre général, donc, d'application
qui soit adopté, là, avant de mettre en œuvre, donc, les
dispositions 153... 159.3 et suivantes, là. Donc, on en fait la même
lecture.
Sur votre deuxième point, vous dites
qu'élargir, donc, les pouvoirs de la RBQ en matière d'ordonnance, mais vous
voulez dire, donc, de... De les renforcer comment exactement?
M. Thibaudeau (Éric) : Ça, je
n'ai pas eu le temps, honnêtement, de penser à des textes législatifs qui
permettraient de faire ça avec le court délai de quelques jours qui nous a été
octroyé. Mais définitivement, on peut le faire, je veux dire, il y a plusieurs
lois où c'est possible, là, je parle de la CNESST depuis tantôt, il y a
d'autres organismes où c'est pareil. Je pense qu'on peut définitivement songer
à ça. Je tiens à le dire, c'est important pour moi, parce que j'ai perdu
plusieurs heures de sommeil dans les derniers jours en me disant : Je suis
convoqué personnellement, je me sens un devoir. Je ne suis pas là pour
personne. Puis on vous a parlé de dossiers dans lesquels je suis impliqué, je
ne suis pas là pour ce client-là puis je ne suis pas là pour mes autres
clients. By the way, dans mon bureau, des dossiers de clients avec des avis
d'intention, là, il y en a pas mal plus qu'un, ça fait que je ne suis pas ici
pour un client. Puis ça me préoccupe, la qualité de la construction. Je suis
tanné de me faire dire par des clients en construction toutes les... les
mêmes... excusez, le mot m'échappe, mais les mêmes histoires anciennes qu'on
entend sur la construction. Je suis tanné de ça, je veux une industrie qui
s'améliore. J'en veux de la meilleure qualité. Je veux que mes clients soient
tenus à des bons et hauts standards. Ceci étant dit, comme on l'a écrit dans le
mémoire, je pense que ça doit se faire tout en maintenant un équilibre entre le
pouvoir étatique d'intervention ou quasi étatique avec la RBQ et les
justiciables, parce que quand quelqu'un décide à la RBQ qu'il émet ces avis-là
puis qu'il, permettez-moi l'expression, rentre dans le tas, là, ce n'est
vraiment pas facile de vivre la situation puis de s'en défendre. Alors, j'ai
une grande préoccupation, comme juriste, de préserver cet équilibre-là. Puis je
pense qu'on peut donner plus de pouvoirs à la RBQ, notamment avec des
ordonnances exécutoires nonobstant appel tout en évitant des dérapages dans des
dossiers avec une tonne d'émissions, par exemple, de sanctions pécuniaires
administratives à des justiciables. Parce que, présentement, à moins qu'on ne
force l'émission du cadre de 159.1 avant que toute la section du
chapitre 6.1 ne soit applicable, je ne vois pas qu'est-ce qui empêche là-dedans
les écarts que vous pourrez constater dans certaines jurisprudences, qu'on a
présentement depuis 12 ans, 13 ans avec l'article 62.0.1. Alors,
l'idée, je le répète...
Le Président (M. Schneeberger) : 30 secondes.
M. Thibaudeau (Éric) : ...je ne
suis pas contre la... je ne suis pas contre la RBQ ici. Au contraire, j'ai
beaucoup de plaisir avec eux, on a des bonnes discussions. Oui, on a des
litiges. On en a avec le DPCP pour les constats d'infraction, mais je pense
qu'il y a des moyens de rendre et d'atteindre les objectifs plus efficacement.
Mme Cadet : Et vous pensez
que, dans le projet de loi, donc, certains éléments devraient se retrouver du
côté législatif et non pas du côté de la RBQ, leur permettre d'élaborer, donc,
des règlements sans leur donner d'échéance pour le faire.
M. Thibaudeau (Éric) : Bien,
écoutez, à 159.7, on n'a rien de moins que d'inventer de nouvelles infractions,
de nouvelles amendes et de nouvelles gradations de sanctions, puis c'est un
pouvoir réglementaire à la régie, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition, et j'entends
le député de Hochelaga-Maisonneuve pour 2... 3 min 28 s.
• (11 h 30) •
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour. Content de vous entendre avec vos collègues. Restons sur la
question des amendes, c'est le bout qui m'a le plus attrapé, attiré
l'attention, là, pendant votre présentation...
11 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...un de vos
arguments principaux pour dire que ce n'est pas un bon chemin à emprunter, c'est
l'éventuel embourbement avec les tribunaux parce que les propriétaires de
licence ne voudront pas la perdre, bon, etc. Si on avait des bons tribunaux qui
fonctionnent, seriez-vous en accord avec les applications des amendes?
M. Thibaudeau (Éric) : Bien,
je pense qu'on a d'excellents tribunaux qui fonctionnent très bien, qui
fonctionnent beaucoup mieux qu'ils ne fonctionnaient avant Jordan. Les choses
vont beaucoup plus rapidement.
Ceci étant dit, j'aime toujours rappeler à
mes confrères poursuivants de différents organismes, il y a un passage dans l'arrêt
Jordan qui dit que... qui tape sur les doigts d'un peu tout le monde. Les
tribunaux doivent devenir plus efficaces, les défendeurs, dont je suis, doivent
arrêter de mettre des bâtons dans les roues pour rien et d'abuser de procédure,
mais la Cour suprême dit aussi que les poursuivants, au lieu d'émettre des
constats d'infraction tous azimuts pour toutes sortes d'infractions, devraient
se concentrer sur les cas qui valent vraiment la peine et trouver d'autres
moyens d'intervention pour corriger des situations dérogatoires. Le pouvoir d'émettre
des ordonnances exécutoires un peu plus large que ce qu'il y a présentement
dans la loi, c'est un exemple de ça, je pense, et c'est pour ça que je fais la
recommandation, mais...
M. Leduc : Parce que moi, ce
que j'ai entendu souvent, dans la construction, puis on a eu de nombreux
échanges dans le projet de loi précédent, c'était... sans, donc, peut-être,
tomber un peu dans la caricature, mais que c'était d'une facilité déconcertante
d'obtenir une licence d'entrepreneur en construction puis que c'était bien
difficile de la perdre. Il fallait quasiment se forcer.
M. Thibaudeau (Éric) : Je
suis en total désaccord avec cette affirmation.
M. Leduc : Je comprends, mais
c'est un peu ce que j'entends. Il y a certaines personnes qui plaidaient ça,
puis ce n'étaient pas... des personnes, j'assume, quand même, sérieuses qui
venaient nous dire des choses comme ça, mais... Ça fait que l'idée d'appliquer
des amendes, c'était peut-être pour donner un signal, de dire : Là, on va
resserrer un peu la vis.
M. Thibaudeau (Éric) : Mais
il y a des amendes, présentement. M. le député. Dans le projet... pas dans le
projet, dans la loi, il y a un chapitre entier sur les dispositions pénales. On
parle d'infraction de 15 000$, 35 000 $, qui vont jusqu'à dans les
centaines de milliers de dollars. Elles sont là, les infractions. Et des
dossiers pénaux dans les constats d'infraction, RBQ, on a un demi-million de
dollars d'infractions en jeu pour des gens qui ont des petites entreprises, qui
ont oeuvré sans licence pendant six mois alors qu'ils croyaient bien faire.
Rapidement, je vous donne l'exemple du :
Moi, je construis des escaliers, je les fabrique en usine, mais je ne les
installe pas. Je vous donne ça à vous parce que vous avez une licence. Je vends
un escalier à Mme Legault et je lui dis : Inquiète-toi pas, c'est 10000$,
je fais l'escalier puis je fais installer par quelqu'un qui est licencié, qui
est propre, qui a sa licence, que tout va bien, bien, je viens de commettre une
infraction de 35 000 $ si je suis incorporé. Pourquoi? Parce que, dans mon
contrat, en lui vendant des travaux de construction, une toute petite partie de
l'installation que vous, vous allez faire, j'ai agi comme entrepreneur en
construction parce que la définition d'entrepreneur, dans la loi, c'est de
faire soi-même ou de faire faire des travaux.
Et on a plusieurs cas, à chaque année, d'entreprises
tout à fait gentilles et honnêtes qui nous disent : Bien là, je fais quoi
avec ces constats d'infraction là? C'est une infraction, et les amendes sont
sévères.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. C'est déjà terminé. Alors, nous allons maintenant du côté des députés
indépendants. Alors, j'entends le député de Saint-Jérôme pour 2 min minutes 38
s.
M. Chassin :Merci, Me Thibaudeau, c'est fort pertinent. Est-ce que le
régime, dans le fond, de sanctions administratives pécuniaires, n'est pas là...
j'imagine, là, sans vouloir prêter des intentions au ministère ou au ministre,
pour simplifier, pour avoir, finalement, un régime de sanctions dissuasif qui n'est
pas que pénal? Dans le fond, j'ai l'impression que c'est un peu l'intention qui
vient... qui vient dissuader les comportements.
M. Thibaudeau (Éric) : Bien,
écoutez, je... Dans le système actuel, il faut d'abord référer le dossier au
DPCP, qui décide si la preuve est suffisante pour émettre des infractions, et
le fardeau de preuve du DPCP, et le «hors de tout doute raisonnable». Et une
condamnation peut avoir un effet, éventuellement, pour une suspension ou une
annulation de licence devant la régie. Là, l'effet concret de ça, c'est de
court-circuiter tout ça. C'est un agent de la régie qui va l'émettre, «God
knows» ça va être quoi, le fardeau de preuve qu'ils vont eux-mêmes s'imposer
dans le cadre qui n'existe pas. Le fardeau de preuve devant le TAT, tel que
rédigé un projet de loi, ce n'est plus le «hors de tout doute raisonnable», c'est
la balance des probabilités. Puis moi, je m'inquiète beaucoup de cette
situation-là.
M. Chassin :Mais donc le pénal est quand même relativement lourd, puis,
comme vous le dites, ça ouvre, pour les sanctions administratives, la porte à
on ne sait trop...
M. Chassin :...encore, parce que le cadre de référence n'est pas là.
Puis je pense qu'on a tous entendu votre intérêt à ce qu'il soit adopté avant.
Est-ce que, puis là je vous pose la question un peu, est-ce que ça peut être
dissuasif, peut-être pour ne pas faire certaines erreurs, mais est-ce que ça
peut être dissuasif aussi d'entreprendre, d'avoir des sanctions comme ça, qui
peuvent être lourdes, qui peuvent être avec un fardeau de la preuve difficile,
par exemple? Est-ce que ça peut pousser des gens qui, dans une industrie où il
y a plusieurs personnes qui vont prendre leur retraite, à dire : Ah,
savez-vous, je ne vais peut-être pas fonder d'entreprise puis être entrepreneur
en construction longtemps parce que, ouf! c'est lourd, à votre avis?
M. Thibaudeau (Éric) : Peut-être.
Non, non, peut-être. Moi, je fais juste vous dire que la réalité de 159.8, là,
c'est : Aucune sanction administrative pécuniaire ne peut être imposée à
une personne ou une société pour un manquement à la disposition qui a engendré
un constat d'infraction lui étant antérieurement signifié. J'ai deux ans pour
émettre un avis administratif puis, les infractions pénales, j'ai trois, cinq
ou sept ans. La réalité, là, c'est qu'il va y avoir des avis d'émis
administratifs puis des constats d'infraction, il va y avoir les deux qui vont
être émis en même temps. Mais l'objectif annoncé de la loi, c'est d'apporter et
de changer les comportements ou de corriger les déficiences rapidement. Puis
moi, pour les raisons que j'ai expliquées à la députée de l'opposition, la
première opposition, je pense qu'on manque la cible. Écoutez, je ne suis pas en
train de vous dire : Laissez tomber puis laissez ça de même. Je vous donne
une clé, je vous donne une clé qui ne fera pas plaisir à bien de mes clients,
de vous dire : Donnez-leur plus de pouvoir pour des ordonnances
exécutoires immédiatement. Vous voulez des problèmes qui se règlent, ils vont
se régler, ils vont se régler vite en chantier, parce que ce n'est payant pour
personne quand on intervient d'avoir un chantier arrêté.
M. Chassin :Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, merci beaucoup, pour votre présentation.
Nous allons suspendre quelques instants
afin d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
(Reprise à 11 h 42)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Maintenant, nous recevons l'Ordre des architectes
du Québec. Alors, bonjour à vous trois. Dans un premier temps, je vous laisse
vous présenter chacun à tour de rôle, et, par la suite, vous débutez votre
présentation. Vous avez un maximum de 10 minutes. Allez-y!
M. Corriveau (Pierre) : Merci.
Merci. Bonjour à tous. Merci énormément de nous donner cette occasion. Je suis
Pierre Corriveau, président de l'Ordre des architectes du Québec et
architectes. Jean Pierre.
M. Dumont
(Jean-Pierre) :Jean-Pierre Dumont,
directeur affaires juridiques et secrétaire de l'Ordre des architectes.
M. Desparois (Sébastien-Paul) : Bonjour.
Sébastien Desparois, architecte et directeur général à l'Ordre des architectes.
M. Corriveau (Pierre) : Merci
à tous. Écoutez, d'emblée, M. le ministre, mesdames, messieurs, membres de la
commission, nous vous remercions de nous accueillir et de nous permettre
d'échanger avec vous sur le projet de loi n° 76, la Loi visant principalement à
accroître la qualité de la construction et la sécurité du public.
Ce projet de loi s'avère très important
pour nous, en ce que, comme l'évoque son titre, il concerne des enjeux au cœur
même de la mission de l'Ordre des architectes du Québec, la protection du
public et la qualité de la construction. L'Ordre des architectes du Québec est
responsable de la régulation de l'accès à la profession d'architecte et de
l'encadrement de l'exercice de l'architecture. L'ordre regroupe actuellement
près de 5000 architectes et plus de 1200 candidats à la profession d'architecte
qu'on appelait avant les stagiaires. Notre profession est jeune, dynamique,
presque à parité hommes- femmes et sur le plan de la main-d'œuvre, en équilibre
relatif sur l'horizon 2033.
C'est avec grand intérêt que l'ordre
accueille le projet de loi à l'étude. Nous plaidons, depuis longtemps, en
faveur de la mise en place au Québec d'une surveillance obligatoire des travaux
par des professionnels, un mécanisme essentiel pour garantir la qualité et la
pérennité de nos bâtiments. En 2019, lors des consultations sur le projet de
loi n° 29, qui visait à moderniser la Loi sur les architectes, nous avions
salué le fait qu'ajouter la surveillance des travaux à la liste des actes
réservés pour assurer une meilleure protection du public. Il s'agissait là
d'une avancée majeure dans la mesure où le cadre légal affirme maintenant la
valeur de faire exécuter cette surveillance par des professionnels et reconnaît
la compétence de ces derniers pour exercer cette activité avec rigueur et
professionnalisme.
Parallèlement, toutefois, la surveillance
des travaux, en tant que telle, demeurait à ce jour non obligatoire. Il s'agit
pourtant là, à nos yeux, du maillon manquant de la protection du public. Le
projet actuel fait un pas majeur dans la bonne direction. Nous ne pouvons,
donc, que saluer cette avancée significative. En effet, le Québec ne peut plus
ignorer les défaillances fréquentes observées ces dernières années dans le
domaine des immeubles d'habitation en copropriété, par exemple, tant d'un point
de vue de sécurité physique que financière, les drames humains qu'elles
engendrent sont trop criants pour continuer à passer outre. Cela a été entendu
enfin. Ce n'est évidemment pas généralisé, mais il reste qu'un trop grand
nombre d'immeubles présentent des défaillances importantes qui révèlent
l'importance de mieux protéger les propriétaires et les occupants. La
surveillance des travaux...
M. Corriveau (Pierre) : ...un
professionnel qualifié est un moyen efficace de prévenir les problèmes de
manière proactive dès le début du chantier et au fur et à mesure de
l'avancement des travaux de construction. Cela a d'ailleurs été bien compris
par l'État. Comme vous le savez, il recourt à ce mécanisme de surveillance et
de contrôle qualité dans tous ses projets d'infrastructures publiques. Il
s'agit pour lui d'une prudence élémentaire qu'il souhaite aujourd'hui,
heureusement, rendre, à terme, quasi universelle. Nous le redisons, il s'agit
d'une avancée majeure qui nous réjouit. L'ordre est aussi satisfait de
constater que le rôle que peut jouer le professionnel est reconnu dans le texte
législatif.
Nous avons toutefois certaines
préoccupations, mais aussi beaucoup de questions, sur les moyens envisagés pour
mettre en œuvre l'obligation de surveillance des travaux au Québec. Au premier
chef de nos préoccupations, le choix de confier la responsabilité du contrat de
surveillance à l'entrepreneur. Cette disposition, qui porte un risque de
conflit d'intérêts fondamental et difficile à gérer, teinte fortement la
lecture que nous faisons du présent projet de loi.
Ce lien contractuel entre surveillant et
surveillé compromet l'indépendance du professionnel et induit en soi le risque
de compromettre même son objectivité. S'en remettre au code de déontologie du
professionnel pour parler... pour pallier une lacune législative ne nous
semblerait ni productif ni responsable. Il est crucial que... crucial que le
professionnel chargé de la surveillance soit indépendant afin d'agir dans
l'intérêt du donneur d'ouvrage, qu'on pourrait associer ici au propriétaire du
bâtiment, comme cela se fait dans des contextes législatifs comparables.
À cet effet, l'Ordre des architectes
recommande, recommande avec insistance que l'article 2 du projet de loi soit
modifié pour confier la responsabilité de la conclusion du contrat de
surveillance au propriétaire du bâtiment. Cette continuité contractuelle entre
le propriétaire et le professionnel simplifie d'ailleurs les processus et
apporte plusieurs avantages en termes de délais. Ainsi, pour favoriser une
compréhension mutuelle des multiples... aussi, pardon, pour favoriser une
compréhension mutuelle des multiples intervenants touchés par ce projet de loi,
l'ordre suggère que le texte législatif assure une meilleure cohérence avec le
Code civil, les lois, les normes et contrats types utilisés dans le monde de la
construction. Entre autres, une référence explicite aux lois professionnelles
nous apparaît essentielle pour dissiper toute ambiguïté quant au respect de ces
dernières.
Toujours dans un esprit de clarté et de
cohérence, l'ordre considère qu'il est essentiel de clarifier la distinction
entre inspection et surveillance. Ces termes sont trop souvent utilisés ou
compris de façon interchangeable. La surveillance, telle que définie dans le
Manuel canadien de pratiques de l'architecture, est une activité proactive et
continue. Elle vise à prévenir et à résoudre les problèmes de chantier tout au
long du projet. Parallèlement, l'inspection est généralement perçue comme un
examen ponctuel d'un élément ou d'un assemblage précis à une étape donnée de la
construction. En ce sens, il serait judicieux d'adopter une terminologie qui
s'arrime mieux à la réalité de la Loi sur les architectes et autres lois et
règlements en vigueur, voire même aux décrets qui régissent encore à ce jour
les contrats entre le gouvernement et ses professionnels de la construction.
L'ordre préconise par ailleurs
l'utilisation généralisée du terme «surveillance» dans le projet de loi. Cela
nous apparaît mieux arrimé aux objectifs visés. Notons d'ailleurs que le terme
«surveillance» peut inclure des inspections, ce qui semble bien compris dans le
texte lorsqu'il y est question du plan de surveillance.
Dans un autre ordre d'idées, l'ordre
aimerait inciter le législateur et les autorités réglementaires à résister à la
tentation de standardiser les plans de surveillance. Un plan de surveillance
doit prendre en compte les natures diverses des projets de construction.
Ceux-ci varient en termes d'usages, de complexité, de type de construction, de
délais et d'environnements d'insertion. Ils varient aussi en fonction du ou des
lieux de construction, par exemple, quand on parle de préfabrication. Il est
donc impératif que les professionnels disposent de la latitude nécessaire pour
élaborer un plan en fonction des risques et des caractéristiques spécifiques à
chaque projet. Nous croyons que le projet de loi pourrait être plus explicite à
cet égard.
Nous craignons par ailleurs que le nombre
minimal de trois inspections, un terme à définir, on se le rappellera,
n'induise de manière pernicieuse un réflexe de nivellement par le bas.
• (11 h 50) •
Aussi, afin de remplir ses promesses de
qualité et de protection, le projet de loi ne devrait pas limiter l'attestation
finale à la conformité aux seuls codes de construction et règlements
municipaux. Il devrait aussi attester de la conformité de la construction aux
plans et devis suite à la construction. Ceux-ci sont, en soi, la garantie que
l'ouvrage répond non seulement aux exigences réglementaires, mais aussi aux
attentes du client et aux ententes qu'il aura prises avec son entrepreneur en
signant son contrat. Quoique ne touchant pas directement la sécurité des
occupants, le respect de ces ententes doit être validé pour mieux protéger les
acheteurs. Comme on l'a dit plus haut, l'ordre invite l'État à s'inspirer des
meilleures pratiques...
M. Corriveau (Pierre) : ...de
surveillance qu'il applique déjà pour ses propres projets. Ceux-ci sont connus
et utilisés... celles-ci sont connues et utilisées par le large éventail des
acteurs de la construction qui participent conjointement à la qualité du
construit. Avoir une compréhension commune permet de mieux collaborer.
Notre dernier point concerne la notion de
responsabilité. Les professionnels et les entrepreneurs devraient être
considérés comme des partenaires conjoints de la démarche de qualité du projet.
Le projet de loi actuel devrait donc prévoir des mesures pour assurer une
répartition équitable des responsabilités entre ceux-ci. L'instauration d'une
surveillance obligatoire généralise la responsabilité solidaire des
entrepreneurs et des professionnels en vertu du Code civil du Québec.
Or, la possibilité pour l'entrepreneur de
disparaître après la fin du projet a toujours posé problème. Ce phénomène bien
documenté crée un déséquilibre important dans la répartition des
responsabilités, il vient fragiliser le système professionnel, en plus de
générer une faille importante dans la protection des propriétaires et usagers.
L'ordre considère donc essentiel que le régime d'assurance et/ou les règles
d'incorporation des promoteurs et entrepreneurs en construction fassent
rapidement l'objet d'une révision afin que le public puisse bénéficier d'une
meilleure garantie et d'une meilleure pérennité de cette garantie.
L'Ordre des architectes du Québec est
convaincu que la mise en place d'une surveillance obligatoire des travaux
encadrés de manière adéquate est une étape essentielle vers l'amélioration de
la qualité des constructions au Québec. Après la politique nationale
d'architecture et d'aménagement du territoire, le projet de loi n° 76
représente un autre bris d'inertie majeur à cet égard. Je vous remercie de votre
attention. Nous sommes... nous restons à votre entière disposition, mes
collègues et moi, pour répondre à vos questions. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre présentation. Nous allons maintenant débuter une
période d'échange avec M. le ministre. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : D'abord, bonjour
à vous trois. Merci de votre présence, merci de la qualité de votre mémoire qui
est, par ailleurs, très constructif, Pierre. Puis je pense que, sur le fond, on
s'entend. Puis que vous fassiez référence à la sécurité physique, financière,
puis les drames humains qui se cachent malheureusement derrière tous les vices
qui ont été documentés sur la place publique, j'aime bien que vous qualifiiez
le projet de loi de pas majeur, parce que je pense qu'il y avait un consensus
clair de la nécessité de revoir le modèle d'inspection.
Sur le risque de conflit d'intérêts,
Pierre, puis je vais adresser de façon assez superficielle, là, parce qu'on a
peu de temps, on pourra s'en reparler éventuellement. Je sais qu'en
Colombie-Britannique notamment, on réfère aux donneurs d'ouvrage ou aux
propriétaires. Je sais que d'autres lois, mais... C'est plate que je réfère
tout le temps au Code de déontologie, mais ça fait quand même référence à
l'objectivité puis à l'impartialité. Puis moi, j'ai une formation d'avocat puis
j'ai eu des mandats de donner des avis juridiques sur la conformité d'une
action avec des lois. Les comptables font exactement la même chose. Les
médecins en matière de santé-sécurité font exactement la même chose. Toujours
dans une perspective de respect de la conscience professionnelle de la personne
à qui le mandat est confié. Ça fait que, moi, quand un entrepreneur confie par
contrat à un ingénieur ou à un architecte le mandat de faire un plan de
surveillance, de s'assurer des inspections puis, ultimement, d'émettre une...
de voir à la confection d'une attestation de conformité, je n'y vois pas là un
risque de conflit d'intérêts, mais je respecte ce qui est dans la loi,
cependant, de la Colombie-Britannique, mais on le fait dans la perspective où
l'entrepreneur ou la propriétaire constructeur connaît le milieu, connaît les
professionnels, comme celui qui décide dans son entreprise de confier un mandat
à un avocat, un notaire, un comptable ou un médecin. Mais on pourrait en
discuter longtemps. Mais c'est sûr qu'il y a toujours matière à réflexion. Mais
Pierre, oui, je voyais que vous vouliez faire un commentaire. Allez-y, Pierre.
M. Corriveau (Pierre) : Écoutez,
je vous dirais que, selon nous, les avantages n'ont rien à voir avec les
inconvénients, le nombre d'inconvénients que l'on y voit. La notion de
surveillance surveillée, puis je n'irai pas trop... revenir, là, sur le
conflit, mais pour nous, enlève une forme de marge de manœuvre aux
professionnels. Et, encore une fois, on s'oblige à lui donner l'obligation de
respecter son code de déontologie alors qu'on lui met devant une énorme
tentation, parce que l'entrepreneur et lui vont vouloir entretenir de bons
rapports et, à long terme, vont peut-être finir par développer des bonnes...
des saines habitudes. Mais dès le.
M. Corriveau (Pierre) : ...corporatives,
mettez-le entre guillemets, et ça peut amener de manière pernicieuse un certain
laxisme de la part du professionnel. Bien sûr, l'ordre est là pour s'assurer
que ce laxisme n'existe pas. Bien, si on met la tentation, on la rend régulière
par le biais d'une loi, ça nous... ça nous dérange. Puis, je veux dire, on peut
lister la suite d'inconvénients que l'on voit. On a parlé d'inconvénients tant
en termes de délais. On parle... parce que là, tout à coup, le contrat de
surveillance est pris avec un tiers. Et donc il faut que ce tiers-là apparaisse
dans le dossier un jour ou l'autre. Mais surtout, puisque vous demandez que le
permis de construction soit signé, contienne une attestation de surveillance,
vous ne pourrez pas demander votre permis de construction avant la... que le
contrat soit passé avec l'entrepreneur, ce qui amène un délai évident d'emblée.
Il y a toutes sortes de petits problèmes comme ça qui font que nous, on
considère qu'on est mieux de garder la continuité des services professionnels
puisqu'il y a un professionnel qui a déjà été embauché par le client, par le
propriétaire pour faire ses plans et devis. On voit mal pourquoi il ne faut pas
que ça se continue et pourquoi ça devient presque obligatoire que ce soit
quelqu'un d'autre puisqu'il y a cette notion de conflit d'intérêts qui nous
fait teinter notre appréciation. Sébastien... Jean-Pierre aussi, peut être que
vous avez des choses à rajouter.
M. Boulet : Non, mais
Pierre...
M. Corriveau (Pierre) : Oui,
pardon.
M. Boulet : ...simplement
pour vous rassurer, là. Tu sais, en vertu de la Loi sur le bâtiment, tous les
donneurs d'ouvrage ont une licence d'entrepreneur, ça fait qu'ils sont...
M. Corriveau (Pierre) : Ah!
bien sûr.
M. Boulet : ...implicitement
visés, là, parce que c'est des entrepreneurs. Et donc ils contribuent à la
relation contractuelle avec le professionnel qui va faire la surveillance,
l'inspection puis émettre l'attestation de conformité. Puis l'article 16
actuel, avant le p.l., prévoyait déjà que l'entrepreneur émettait une
attestation de conformité des travaux de construction au Code de construction.
Ça fait que je pense qu'on dit à peu près la même chose, là. Tu sais, c'est...
M. Corriveau (Pierre) : On
dit à peu près la même chose.
M. Boulet : Oui, oui, tout à
fait. C'est pour ça que je vous dis, sur le fond, je pense qu'on est pas mal du
même avis. Puis encore une fois je vais y aller de façon un peu télégraphique,
là, mais il n'y aura pas d'impact du projet de loi sur le respect des lois
professionnelles, parce que je sais qu'en vertu de vos lois respectives, vous
avez des actes réservés. Ça fait qu'il n'y a pas de... on ne veut pas créer de
confusion, puis ce n'est pas un projet de loi qui vise à contredire ou à violer
une loi professionnelle. Je tenais quand même à vous le mentionner.
Les notions d'inspection puis de
surveillance, Pierre, c'est sûr qu'on peut s'embarquer dans une lutte de
sémantique, mais le sens commun est clair. Puis vous faites partie
d'ailleurs... Pierre, vous m'en avez déjà parlé lors d'une rencontre d'un
comité coordonnateur inspection, qui a été mis en place par la Régie du
bâtiment du Québec, puis que vous me confirmiez non seulement votre présence,
mais votre engagement à ce comité-là. Bien, vous élaborez avec le Bureau de
normalisation du Québec un guide de bonnes pratiques en matière d'inspection.
C'est ça, moi, ma barrière de protection, puis, Pierre, je compte beaucoup sur
l'Ordre des architectes, par votre présence et votre implication, pour vous
assurer qu'il n'y ait pas de... qu'il n'y ait pas de confusion dans la façon de
faire.
• (12 heures) •
Plans de surveillance, je suis d'accord
aussi. Tu sais, ça varie en fonction de la nature du bâtiment, la complexité,
le lieu, que ce soit du préfabriqué, je pense qu'on s'entend, puis qu'il y ait
une compréhension commune, ce n'est pas... Tu sais, vous faisiez, Pierre,
référence à ça, mais en tenant compte de la diversité des travaux, ce n'est pas
tout le temps une compréhension qui est commune à tout le monde. Puis moi aussi
je ne suis pas un partisan du nivellement par le bas. On parle d'un projet de
loi qui vise à améliorer la qualité. Puis vous le précisez, c'est au cœur de
votre mission. Il faut encore s'assurer que ce soit compatible avec ce que le
professionnel identifiera comme une nécessité d'inspection et de surveillance.
Puis vous faisiez référence aux plans et devis, pour moi, ce n'est pas
incompatible, là. Moi, je vois beaucoup ce projet de loi là comme un projet de
loi de normes minimales. Tu sais, ceux qui pratiquent en droit du travail
savent l'impact de la Loi sur les normes du travail. Qu'un plan de surveillance
fasse référence spécifiquement à des plans et devis, moi, je n'ai pas... je
n'ai pas d'enjeu, Pierre, avec ça. Je sais qu'il y a des groupes qui vont
dire... qui vont venir devant nous en consultations particulières, puis ils
vont dire : Ça ne devrait pas faire partie des plans et devis. Bien,
minimalement, ce qui est important, c'est que ça respecte le Code de
construction puis les normes de construction qui sont établies au sein de
chaque municipalité. Ça fait que c'est sûr que...
12 h (version non révisée)
M. Boulet : ...il y a du
travail à faire. Il y a l'exercice d'un pouvoir réglementaire, puis votre
contribution au comité coordonnateur, ça va véritablement jouer un rôle
important.
M. Corriveau (Pierre) : Est-ce
que...
M. Boulet : Oui, Pierre,
allez-y.
M. Corriveau (Pierre) : Non, j'avais
l'impression qu'on avait perdu la connexion. Bien, très rapidement, j'entends
ce que vous dites puis je suis très sensible à l'ensemble de vos interventions.
La notion du... Le comité coordonnateur, à ma connaissance, puis peut-être que
je me trompe, là, corrigez-moi, bien, je ne pense pas que ce comité-là soit
inscrit dans le projet de loi. Et, justement, puisqu'on parle de plan de
surveillance, il y aurait peut-être un très grand intérêt à ce que ce... les
travaux de ce comité coordonnateur soient nommés quelque part pour qu'au moins
on sache que ça existe. Votre mémoire introductif est très bien fait, mais,
justement, certains des paramètres qu'il prend pour acquis n'apparaissent pas
dans le projet de loi. Et c'est, nous, peut-être un peu là qu'on dit :
Peut-être qu'il y aurait mieux moyen de... il y aurait moyen de rajouter
certains éléments. Jean-Pierre, Sébastien, revenir peut-être sur le conflit d'intérêts,
s'il y a lieu, là.
M. Dumont (Jean-Pierre) :Oui, bien, à ce sujet-là, je peux... je peux enchaîner,
Pierre. D'abord, je veux rassurer, M. le ministre, les parlementaires, le code
de déontologie des architectes, effectivement, il est présent, il est là, il
est appliqué, bien entendu. Notre propos est plus au niveau de créer les
conditions favorables pour que, justement, il ne soit pas en frein. C'est dans
ce sens-là que nos commentaires sont faits.
Et je vous dirais qu'au niveau du lien
contractuel, de façon... de façon... comment je pourrais le résumer assez
facile? C'est à partir du moment où l'entrepreneur général conclut un contrat
avec le professionnel chargé de la surveillance. Veux veux pas, il y a des
éléments comme la rémunération ou la sélection même du surveillant de chantier
qui va être fait. Et à ce sujet-là, c'est sûr, c'est qu'on considère... ce n'est
pas un environnement... environnement professionnel favorable, justement, à
avoir une surveillance adéquate. On veut juste... C'est simplement la mise en
garde qu'on tient à faire aujourd'hui.
M. Boulet : Oui. Je
comprends, Jean-Pierre. Puis, oui, j'ai fait les commentaires sur la notion de
donneur d'ouvrage, là, qui est systématiquement détenteur d'une licence d'entrepreneur
et qui est un entrepreneur.
Je voudrais juste revenir, Pierre,
peut-être... Je ne sais pas combien il me reste de temps, M. le Président. Cinq
minutes? Mais, tu sais, quand je réfère à une loi qui contient des normes
minimales, tu sais, les plans et devis, là, tu sais, ce qu'on réalisait, c'est
que 28 % des chantiers visités nous permettaient de détecter une
non-conformité à des codes. Est-ce que, minimalement, le respect du Code de
construction, puis je le répète, là, minimalement, parce qu'on aura à le redire
lors de l'étude détaillée, le respect puis la compatibilité des travaux avec le
code de construction puis les normes municipales devraient nous permettre de
réduire ce pourcentage-là où l'ensemble des éléments de non-conformité, Pierre?
M. Corriveau (Pierre) : Écoutez,
il y a deux volets à votre question. La réponse est oui, absolument. Est-ce que
ça peut réduire cette attestation de conformité? Elle est excellente, l'idée de
l'inscrire est excellente, mais vous la demandez deux fois. Vous la demandez au
niveau du permis de construire, on doit fournir l'attestation de... j'oublie
les termes, là, Jean-Pierre, là, tu me corrigeras, l'accréditation de
conformité par le professionnel...
M. Dumont (Jean-Pierre) :Déclaration.
M. Corriveau (Pierre) : Déclaration,
merci, de conformité par le professionnel à la municipalité qui va émettre les
plans. Donc, déjà, cette notion de conformité au code et règlements en vigueur,
elle a été vérifiée par la municipalité par le biais d'une déclaration de
conformité qui a été inscrite par le concepteur, qui a été rédigée par le
concepteur.
De redemander la même chose à la fin de la
construction peut pallier, effectivement, à certaines modifications qui
auraient été apportées, mais c'est presque anecdotique par rapport au fait que,
si on demandait la conformité aux plans, au Code de construction, aux
règlements et aux plans et devis... lequel apporterait une valeur ajoutée, je
vous en ai parlé la dernière fois, très, très forte par rapport à l'investissement
que fait le propriétaire, celui qui va acheter le bâtiment. Il a une garantie
que les ententes qu'il a prises avec son concepteur ont été respectées par l'entrepreneur.
Et ça, au niveau de la qualité, au niveau du paiement, au niveau de la sécurité
financière, c'est un enjeu extrêmement important et c'est ce qui nous importe
le plus, c'est que, si on veut apporter une valeur ajoutée à tout ce magnifique
travail que vous avez fait, la meilleure façon, c'est de demander la conformité
aux plans et devis. Bien sûr, encore une fois, en plus du code de... de la
conformité, ça ne nous dérange pas de redemander la... l'idée n'est pas
mauvaise, mais...
M. Corriveau (Pierre) : ...la
plus-value, c'est réellement la conformité aux plans et devis.
M. Desparois (Sébastien-Paul) : Et
à ce sujet... Oui, merci, Pierre. Si je peux me permettre d'ajouter. Dans le
mémoire, c'est pourquoi on précise qu'on privilégierait une surveillance plutôt
qu'une inspection. C'est que la surveillance est un processus en continu, un
dialogue collaboratif avec l'entrepreneur. Donc, lorsqu'il y a surveillance, il
y a là la meilleure occasion pour le professionnel de réviser les plans et
devis advenant une non-conformité à des plans. Donc, c'est le dernier moment
avant la mise en service du bâtiment pour s'assurer de la conformité globale.
M. Boulet : Oui, puis,
là-dessus, je pense que j'ai fait un commentaire, il n'y a rien qui empêche un
entrepreneur d'exiger que le plan de surveillance assure le respect des plans
et devis. Comme je l'ai aussi mentionné, il y a des groupes qui vont dire que
ça ne puisse pas être intégré à la surveillance. Mais je le répète, le plan de
surveillance peut contenir des éléments pour s'assurer de la conformité non
seulement au cas des normes municipales, mais aussi aux plans et devis. Ça fait
qu'au moins j'aurai exprimé cette intention-là. On est au niveau des
consultations particulières, mais moi, ça... Il reste combien...
Le Président (M. Schneeberger) : 1
min 30 s.
M. Boulet : 1 min 30 s.
Alors, Pierre, je vais vous laisser compléter. Je vous ai félicité. Puis j'ai
compris que votre présence au comité coordonnateur, avec la nécessité pour le
Bureau de normalisation du Québec d'établir un guide de bonnes pratiques en
inspection, vous souhaiteriez qu'on en parle plus, Pierre, ou qu'éventuellement
le projet de loi y fasse référence? Mais c'est sûr qu'on ne peut pas, dans un
projet de loi, en tout cas techniquement, faire référence à tous les travaux
qui s'articulent autour de la mission de la Régie du bâtiment du Québec, mais
c'est important de mentionner ce que vous avez soumis dans votre mémoire, qui,
par ailleurs, Pierre, je n'ai pas eu le temps d'en prendre connaissance, mais
on va continuer de l'analyser avec considération et attention. Puis, le cas
échéant, on pourra se... on pourra se reparler. Pierre, peut-être vous laisser
le temps qu'il me reste pour faire un commentaire additionnel. Merci beaucoup.
M. Corriveau (Pierre) : Seulement...
Merci, c'est très gentil. Puis, M. le ministre, encore une fois, tient au fait
que le contrat soit passé directement avec l'entrepreneur, puis je vous
rappelle que celui-ci doit faire... répondre à une soumission sur prix la
plupart du temps. Et s'il demande plus à son professionnel, forcément, plus que
le minimum qui est exigé, il va être un peu plus cher que l'autre qui va... qui
ne le demandera pas, et c'est là qu'est le risque. Et c'est la raison pour
laquelle, encore une fois, on considère que les avantages du contrat passé
directement avec l'entrepreneur et le... via le... au professionnel sont
moindres que les avantages de continuer le système actuel, qui est de continuer
avec le donneur d'ouvrage, qui est le client et le propriétaire comme les
autres législations font.
M. Boulet : Merci et à
bientôt.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et
j'entends la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Corriveau, M. Desparois et M. Dumont,
merci pour votre présentation. Et j'ai bien écouté avec beaucoup d'attention
vos échanges avec M. le ministre. Je vais justement donc continuer sur cette
même lancée sur la question, donc, du risque de conflit d'intérêts que vous
avez soulevée à plusieurs égards en ce qui a trait à ce que... au fait, là, que
l'entrepreneur soit celui qui conclut le contrat. Vous avez dit, qui, je pense,
M. Dumont, que l'objectif pour vous, c'était de créer les conditions
favorables pour que, donc, les normes, là, éthiques, donc ne soient pas
enfreintes.
Vous avez dit, donc, que les autres
législations, c'est le donneur d'ouvrage, mais là vous avez parlé, précisément,
dans votre mémoire, de la Colombie-Britannique. Je comprends que c'est comme ça
ailleurs au Canada aussi. Je vous vois hocher de la tête. Ici, bon, le projet
de loi, donc, est neutre sur le plan du type de bâtiment, mais, dans le fond,
on sait, dans le milieu, il y a déjà des inspections dans d'autres...
M. Boulet : ...
Mme Cadet : Bien, neutre, le
ministre me parle, là, en même temps que je vous adresse, en disant : Non,
non, il couvre... il couvre tout. Ce qu'on comprend, là, c'est que dans les
secteurs, dans le secteur non résidentiel, en fait, c'est le donneur d'ouvrage,
là, qui le donne, parce qu'il y en a déjà, des inspections, puis c'est comme ça
que ça fonctionne. Donc, pour vous, outre le fait, puis peut-être que vous
pouvez préciser quelles sont les autres législations, les autres juridictions
qui ont, donc, cette même précision, donc, dans leur législation. Et d'autre
part, bien, nous dire comment ça se passe dans les autres secteurs d'activités
dans le secteur de la construction.
• (12 h 10) •
M. Corriveau (Pierre) : Avant
de passer la parole à Sébastien, je voudrais juste mentionner la surveillance
dont on a parlé tantôt, ce n'est pas nécessairement les autres que le
résidentiel, c'est tous les projets qui sont faits par le gouvernement du
Québec sont des projets surveillés...
M. Corriveau (Pierre) : ...alors
ça nous exclut, là, de, mettons... la plupart des projets industriels, des
éléments comme ça. Sébastien.
M. Desparois (Sébastien-Paul) : Oui,
bonjour. Merci, Mme la députée. Votre question est très pertinente. Ailleurs au
Canada, on va assumer les activités, on va les assimiler, les activités de
surveillance, à ce qu'on appelle en anglais, là, «contract administration»,
donc l'administration du contrat entre le client propriétaire et
l'entrepreneur. Ça fait qu'il y a donc cette culture-là que l'architecte ou le
professionnel qui effectue la surveillance agit comme arbitre pour s'assurer
que ce qui est construit est conforme au contrat de construction, lequel
contient les plans et devis.
Au Québec, il est coutume que le
professionnel qui fasse la surveillance soit engagé par le client. Donc,
d'avoir un entrepreneur qui engagerait un architecte pour la surveillance, on
serait, là, en rupture avec les us et coutumes de l'industrie.
Donc, nous, ce qu'on prône, bien, d'une
part, c'est une compatibilité avec l'industrie, mais aussi un mécanisme pour
s'assurer qu'un professionnel qui vient agir, le rempart, là, dans une logique
contractuelle entre... client propriétaire qui demande une construction par un
entrepreneur.
Mme Cadet : Merci. Puis, oui,
effectivement, c'était ma compréhension que... bon, que les chantiers publics
du gouvernement du Québec sont déjà surveillés et que c'est le donneur
d'ouvrage qui le fait, donc, dans ces cadres-là.
Donc, vous nous préciser qu'en fait, donc,
ici, ce qui est précisé, donc, à l'article 16 amené par l'article deux du
projet de loi, donc, ce sera sans rupture complète avec ce qui se fait déjà
ici, non seulement avec ce qui est déjà prévu dans les autres juridictions
canadiennes, mais aussi ce qui est fait au Québec, sachant que le projet de loi
couvre tout... bien, donc... couvre donc, ici, donc, tous les types de
bâtiments.
Vous avez aussi mentionné... si j'ai bien
compris, là, je pense que vous faisiez référence, un peu plus tôt, à la
disposition du troisième alinéa de l'article 16 : «L'entrepreneur ou le
constructeur propriétaire ne peut entreprendre de travaux de construction à
moins d'avoir conclu un tel contrat. C'est à ça que vous faisiez référence un
peu plus tôt, quand vous nous disiez : Bien là, ça risque d'occasionner
des délais?
M. Corriveau (Pierre) : Oui.
C'est-à-dire que, s'il n'a pas... et merci de le mentionner, s'il n'a pas
encore son contrat, l'entrepreneur, il ne peut pas confirmer qu'il a... parce
qu'on ne sait pas qui sera l'entrepreneur adjudicataire du projet. Donc, on ne
peut pas aller chercher un permis de construction tant et aussi longtemps que
le contrat n'est pas passé avec l'entrepreneur. Or, très souvent, pour réduire
les délais, sitôt que nous avons les plans et devis complétés, en même temps
qu'on amorce le processus d'approbation, parce qu'il y a très souvent des
processus d'approbation, d'approbation, et de soumission, et de
réapprobation... pendant qu'on fait ces processus-là, on demande le permis
directement à la municipalité. C'est le client qui va, à ce moment-là, déposer
la demande de permis. Et, quand l'entrepreneur est sélectionné, il a
immédiatement son permis puisque la municipalité a eu le temps de l'émettre.
Or, si on attend qu'il soit choisi et
qu'il ait pris entente, bien, généralement il va l'avoir prise au sein même de
sa soumission... Et c'est un autre cas d'espèce, là, où on vient créer le bris
de continuité des services architecturaux, c'est-à-dire que, s'il doit le faire
dans son temps de soumission, bien, il a été obligé de prendre ses propres
professionnels, la plupart du temps, et donc ce ne sera pas nécessairement ceux
qui ont fait les plans et devis qui vont faire la suite de la surveillance. Et
donc on part avec quelque chose qui a... qui s'appelle un bris de service, là,
un bris de continuité, en ce que la personne qui fait la surveillance, si elle
doit apporter une modification aux plans et devis initiaux, va apporter cette
modification sans tout le bagage de réflexion qui a été initiée par les
échanges, programmes, et les échanges entre les besoins du client, et les
possibilités du chantier, et tout ça fait qu'il faut reprendre en partie ce
travail-là pendant le chantier. Donc, il peut y avoir, même, à cause de ce
processus-là, de bris de continuité de services, des délais qui sont imputables
à cette décision-là.
Encore une fois, on ne voit pas, nous,
la... suffisamment de raisons, puis, en fait, on ne comprend pas vraiment non
plus la raison initiale, là, qui fait qu'on passerait le contrat directement
avec l'entrepreneur pour la surveillance. Sébastien, Jean-Pierre. Pardon.
Mme Cadet : ...
M. Desparois (Sébastien-Paul) : J'ai
envie de vous laisser poser votre question et on en complétera au besoin.
Mme Cadet : Parfait. Merci.
Bien, en fait, M. Corriveau, donc, vous nous avez un petit peu amené, donc, sur
votre recommandation six, ici, au niveau, donc, des plans et devis. Parce qu'en
fait la question que je me posais, c'est qu'en fait, s'il y a... Vous demandez,
donc, de «spécifier que l'attestation de conformité doit viser la conformité
aux plans et devis en plus de celle au code». Le ministre, donc, nous a
répondu, plus tôt, que, donc, ce serait possible. là, que l'entrepreneur, donc,
pourrait conclure le contrat, puis aussi inclure la conformité aux plans et
devis, parce que ce serait une des normes, donc, minimales. Mais, en fait,
sachant que...
Mme Cadet : ...le
propriétaire... pourrait lui-même, donc, conclure ce contrat-là, dire :
Bien moi, je veux une surveillance quant aux plans et devis. Si ce n'est pas
inclus au projet de loi, est-ce que vous pensez qu'il y aurait plus, donc, de
risques de litige... en fait, donc, ça créerait plus de confusion ou plus
d'incertitude de ne pas l'inclure puis de laisser ça, en disant : Bien, de
toute façon, c'est minimal, donc, chaque personne pourra le vérifier comme il
le souhaite et ajouter à son gré des dispositions de conformité
supplémentaires?
M. Corriveau (Pierre) : C'est
exactement la compréhension que l'on en a, mais je... Voilà.
Mme Cadet : Mais, je pense,
M. Desparois, vous vouliez ajouter, oui.
M. Desparois (Sébastien-Paul) : Merci.
Oui, tout à fait. Bien, si je peux me permettre de compléter. Effectivement,
c'est sûr que la Régie du bâtiment a juridiction sur la conformité des
constructions. Par rapport à des plans et devis, ça vient enchâsser plein
d'autres besoins du projet. Donc, une conformité aux plans et devis peut venir
s'assurer, en fait, qu'il y a une protection réelle de l'investissement du
propriétaire, là, qui a commandé ces plans et devis là. On peut enchâsser aussi
la conformité à des programmes de certification, des enjeux de qualité, de
performance. Donc, les plans et devis sont infiniment plus englobants. Et, au
niveau du préjudice qui pourrait être subi par un client, mais une conformité
seulement... c'est-à-dire au cas des... c'est bien, mais ça n'apparaît pas
suffisant du point de vue des préjudices globaux qui pourraient être subis.
Mme Cadet : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : ...secondes.
Mme Cadet : Ah! mon Dieu,
déjà! On prévoit beaucoup de choses, donc, par règlement, dont le fait que la
régie pourrait prévoir d'autres professionnels, d'autres organismes. Est-ce que
vous en voyez d'autres qui devraient peut-être être mis directement dans la
législation?
M. Dumont
(Jean-Pierre) :Sur ce plan... Pierre...
M. Corriveau (Pierre) : Non,
vas-y, vas-y!
M. Dumont
(Jean-Pierre) :C'est ça. Sur ce plan-là,
ça fait partie de nos inquiétudes par rapport au projet de loi de laisser à la
réglementation le soin de définir d'autres professionnels. Alors, c'est une
mise en garde qu'on indique dans notre mémoire également.
M. Corriveau (Pierre) : ...autres
professionnels.
M. Dumont (Jean-Pierre) :Oui, c'est ça, à toute autre personne, c'est ça,
exactement. Nous, on a...
Le Président (M. Schneeberger) : On
n'a plus de temps, peut-être, vous pourrez continuer à la fin, mais on a plus
de temps. Je m'excuse, on a déjà 10 secondes passées. Je m'excuse. J'essaie de
régler le temps.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Nous
allons maintenant du côté de la deuxième opposition. Alors, j'entends le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, mais je
laisserais peut-être terminer monsieur, il était dans une belle lancée.
M. Dumont
(Jean-Pierre) :Oui, merci beaucoup. Très,
très rapidement, en fait, nous, on prend comme prémisse qu'il va y avoir
respect des lois professionnelles, c'est une.... c'était notre lecture.
Maintenant qu'on le lit à la lettre, on se rend compte que «architecte ou
ingénieur ou une autre personne», ça, maintenant, il y a un doute ici, puis on
ne veut surtout pas que, bien entendu, on puisse arriver à enfreindre les lois
professionnelles par un règlement de la régie. Donc, il faut savoir que, dans
le milieu, les architectes surveillent les travaux d'architecture, les
ingénieurs surveillent les travaux de génie dans chacune de leurs catégories,
et les technologues professionnels, par délégation, par autorisation
réglementaire, surveillent également les travaux. Alors, c'est important de
maintenir cet équilibre-là.
M. Leduc : Merci. Bien,
bonjour à vous trois. Content de vous avoir ici. Dans le fond, j'aimerais
peut-être vous entendre sur l'échange qu'on a eu précédemment, je ne sais pas
si vous avez eu l'occasion de l'écouter, avec Me Thibaudeau, qui se
positionnait en défaveur de toute la partie sur les amendes qui allaient être
imposées. Peut-être, c'est un petit peu moins votre domaine ou ça vous touche
un peu quand même, est-ce que vous avez un commentaire par rapport à ça?
M. Corriveau (Pierre) : De
mon point de vue, honnêtement, on n'a pas analysé le projet de loi sur ces
facettes-là de façon très, très précise. Ce que l'on peut dire, c'est qu'on
apprécie beaucoup qu'il y ait un meilleur contrôle... non pas des
entrepreneurs, mais bien du système de la construction, que ce contrôle-là ne
peut qu'être bénéfique. Mais peut être que tous les moyens... Je laisse les
entrepreneurs discuter spécifiquement, parce qu'eux autres connaissent mieux
les tenants et aboutissants de ces paramètres-là. Mais, de façon générale, la
professionnalisation, excusez le terme, mais l'augmentation des compétences des
entrepreneurs, comme celles des professionnels d'ailleurs, est toujours
bénéfique.
M. Leduc : C'est parfait.
M. Corriveau (Pierre) : Et
Sébastien voulait...
M. Leduc : Oui, allez-y.
• (12 h 20) •
M. Desparois (Sébastien-Paul) : Oui,
merci. Bien, si je peux me permettre, en effet, il y a plusieurs dispositions
réglementaires, notamment, le Code de sécurité qui vient donner des
responsabilités au propriétaire de l'ouvrage. Donc, ça nous apparaît plus...
peut-être plus cohérent, là, parce que le propriétaire étant celui qui doit
être protégé d'un éventuel préjudice. Donc, la question des pénalités aux
entrepreneurs...
M. Desparois (Sébastien-Paul) : ...éventuellement,
c'est moins. C'est moins l'objectif de notre prise de position, mais on est
favorables à une responsabilisation du propriétaire dans la conformité du
bâtiment.
M. Leduc : Combien de temps,
M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : 20 secondes.
M. Leduc : Bien, on va vous
dire merci, on va passer au prochain appel. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous allons maintenant du côté du député de Jean-Talon pour 2 min 12 s.
M. Paradis : Merci. Vos
commentaires sur le potentiel conflit d'intérêts dans le cas où c'est
l'entrepreneur qui est responsable de passer un contrat de surveillance me
paraissent extrêmement intéressants. Maintenant, j'aimerais ça l'analyser du
côté du propriétaire ou du futur propriétaire d'une maison unifamiliale, là,
qui en a déjà beaucoup sur sa table de travail quand il fait construire, puis
c'est compliqué, puis là tu ne connais pas ça, puis là on te dit : Oui,
mais là c'est toi qui dois passer le contrat de surveillance. Et je le mets
tout de suite en lien avec la deuxième question, je vais vous les poser
ensemble parce c'est un peu la même chose, très intéressant ce que vous dites
sur le plan de surveillance, qui ne doit pas être trop standardisé, modulable,
mais là, encore une fois, le futur propriétaire qui, lui, ne connaît pas ça, tu
sais, il a plus de chance peut-être de ne pas aller là où il devrait aller.
Alors, comment vous conciliez ça, ces points très légitimes, mais avec la
difficulté pour les gens qui sont tout seuls face à plein d'experts de gérer
déjà la construction?
M. Corriveau (Pierre) : Écoutez,
je peux vous dire que votre question est extrêmement intéressante, parce
qu'elle pointe quelque chose, c'est que vous êtes allé chercher un exemple de
la maison privée par un petit propriétaire, etc. Et les problèmes, je crois,
que l'on tente de régler aujourd'hui sont ceux des multiplex, des projets d'un
peu plus grande taille. Et on les gère avec cette mentalité du petit
propriétaire que l'on veut tous protéger, mais il faut que le projet de loi
soit plus généralisé puis prenne en compte des constructions d'une beaucoup
plus grande ampleur, puisque les cas problèmes les plus médiatisés puis ceux
que l'on cherche à régler rapidement, là, sont un peu là, là. Tu sais, quand
on... je ne nommerai aucun projet, mais on a des scénarios d'horreur en tête
quand on parle de ces projets-là, c'est eux qui doivent être réglés. Il ne
s'agit pas ici du petit propriétaire qui construit son unité à lui, il s'agit
d'un propriétaire qui va acheter l'unité construite par quelqu'un d'autre. Et
c'est là que l'on veut que le quelqu'un d'autre en question ait été un peu
mieux défini. Sébastien, Jean-Pierre, oui.
M. Desparois (Sébastien-Paul) : Oui.
Un grand merci. Votre question est très pertinente, hein, ça pose aussi la
question, là, des bâtiments qui sont assujettis ou pas à une loi
professionnelle. La maison individuelle, unifamiliale, là, jusqu'à une certaine
limite, souvent, il n'y a pas d'architecte là-dedans. C'est là où un régime
d'inspection peut être intéressant. Et là où le projet de loi est muet, c'est
sur le type de bâtiment qui va être assujetti à l'un ou à l'autre. Et
l'inquiétude de l'ordre, c'est d'amalgamer les deux. Donc, dans certains
contextes, un régime d'inspection pourrait être jugé suffisant, on n'est pas là
ce matin pour en débattre, mais le projet de règlement qui sera déposé...
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
M. Desparois (Sébastien-Paul) : ...devra
clarifier cet élément-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci beaucoup. Nous avons déjà passé un petit peu de temps. Alors, nous allons
maintenant du côté du député de Saint-Jérôme pour le même temps, 2 min 12 s.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Alors, bonjour à vous. Vous avez,
dans votre présentation, si je ne m'abuse, mentionné, à un moment donné, que ça
permet, ce projet de loi, d'aller davantage dans les bonnes pratiques des
chantiers de construction dans le secteur public, de pouvoir, dans le fond, là,
les adopter puis les émuler. Évidemment, vous m'avez fait peur en parlant de
ça, parce qu'en général les constructions dans le secteur public sont longues,
sont coûteuses, et, évidemment, vous comprenez qu'elles sont de très grande
qualité, mais il y a d'autres facteurs qui jouent aussi. Est-ce que vous
trouvez que c'est... Peut-être, vous voulez préciser vos commentaires
là-dessus?
M. Corriveau (Pierre) : Oui,
c'est-à-dire qu'on s'était... on a parlé de s'inspirer de ces méthodes-là,
c'est-à-dire de s'inspirer des méthodes déjà en place pour créer un système qui
est adapté aux besoins actuels. C'est clair que tous les donneurs d'ouvrage
n'ont pas nécessairement la même infrastructure décisionnelle, gestionnaire, de
gestion que l'ensemble des ouvrages d'ouvrage potentiels et qu'ils n'ont donc
pas la capacité d'arriver avec une forme de lourdeur. Mais les systèmes, les
rouages en place ne sont pas lourds en soit.
M. Chassin :Mais justement, de s'en inspirer, parce que le ministre
dit, ça, c'est un peu minimal, en quelque sorte. Est-ce que vous considérez,
par exemple, que la régie, qui a un pouvoir, dans le règlement, là, de définir
quels seront les types de bâtiments assujettis, est ce que vous considérez
qu'il doit y aller d'abord peut-être plus ciblé ou est-ce que vous êtes plutôt
de l'opinion d'y allez largement?
M. Corriveau (Pierre) : Très
rapidement là-dessus, parce qu'il nous reste peu de temps, dans le mémoire
introductif déposé par le gouvernement du Québec, il y est clairement indiqué
que...
M. Corriveau (Pierre) : ...on
veut y aller progressivement. Et, pour être très honnête, je pense que c'est la
meilleure des solutions. Il faut laisser le temps à l'industrie de s'adapter.
Cette surveillance des travaux généralisée que l'on souhaite obtenir à terme,
si elle arrivait demain matin, pourrait devenir problématique. C'est drôle
parce qu'on a eu cette conversation en 2019. J'étais en présentiel à ce
moment-là, mais... où on avait posé cette question-là sur le fait : Est-ce
qu'on doit le faire partout, immédiatement ou par étapes? L'intention du
gouvernement à l'heure actuelle est de le faire par étapes, aller vers le plus
urgent pour aller ensuite vers la généralité.
M. Chassin :Merci beaucoup.
M. Corriveau (Pierre) : Je...
On est d'accord avec ça.
M. Chassin :Bien gentil.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Alors, ce qui met un terme à nos travaux de
ce matin.
Nous revenons cet après-midi après la
période de questions, environ vers 16 h 05. Merci. Bon dîner à tout
le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 08)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. La Commission de l'aménagement du territoire reprend ses
travaux. Je vous rappelle que nous poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 76, Loi visant
principalement à accroître la qualité de la construction et la sécurité du public.
Alors, cet après-midi, nous recevons l'Ordre
des ingénieurs du Québec, la Corporation des maîtres électriciens du Québec, l'Association
de la construction du Québec et la Corporation des maîtres mécaniciens en
tuyauterie du Québec.
Alors, nous commençons avec l'Ordre des
ingénieurs. Bonjour à vous quatre. Alors, je vous laisse vous présenter, et,
par la suite, vous avez un 10 minutes pour remettre... lire votre mémoire
et il y aura une période d'échange. Alors, je vous laisse la parole.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Excellent.
Merci beaucoup. Merci, M. le Président. M. le ministre, chers membres de la
commission, tout d'abord, j'aimerais présenter les gens qui m'accompagnent. M. Patrick
Savard, ingénieur et directeur général de l'Ordre des ingénieurs du Québec; M. Frédéric
Préto, ingénieur et directeur de la surveillance et de l'inspection
professionnelle, et Me François-Xavier Robert, avocat à l'ordre, et
moi-même, Sophie Larivière-Mantha, ingénieure et présidente de l'ordre. C'est
avec un grand plaisir qu'on participe à cette consultation.
Je pense que, vous le savez bien, la
surveillance obligatoire des travaux de construction, c'est un sujet qui me
tient particulièrement à cœur. C'est aussi une mesure que l'Ordre des
ingénieurs demande depuis de nombreuses années. La raison est simple. Pour
nous, c'est important de renforcer la qualité de la construction et la sécurité
du public, qui sont les deux objectifs du projet de loi. Je voudrais d'ailleurs
saluer la volonté du ministre et des parlementaires de s'attaquer à ce projet
de loi qui est important pour la collectivité québécoise. L'achat d'une
propriété, ça représente pour plusieurs familles québécoises l'investissement d'une
vie. On le sait tous, les travaux de construction mal exécutés peuvent causer
des pertes considérables et même générer des drames humains.
• (16 h 10) •
Nous avons donc le devoir de mettre en
place les meilleurs mécanismes de protection du public possibles. Nous croyons
en effet que des améliorations sont nécessaires au projet de loi si nous
voulons...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...collectivement
atteindre les objectifs qu'il s'est fixés.
Pour commencer, permettez-moi de rappeler
quelques faits. La surveillance des travaux de construction existe déjà au
Québec. Pour certains types d'ouvrage, la surveillance est d'ailleurs une
activité réservée aux ingénieurs et aux architectes. Ce qui manque au Québec,
c'est qu'elle n'est pas obligatoire, contrairement au reste du Canada, ce qui
m'amène à un premier constat. Plusieurs des mesures essentielles du projet de
loi s'écartent de façon importante de ce qui se fait déjà sur le terrain au
Québec et ailleurs au Canada. Évidemment, ça ne serait pas un problème si ces
différences renforçaient la sécurité du public, mais on ne croit pas que c'est
le cas ici. Parlons plus spécifiquement des mesures comprises dans le projet de
loi. Je vais m'attaquer... pardon. Je vais m'attarder particulièrement à deux
mesures principales.
J'aimerais d'abord aborder l'enjeu de qui
va commander la surveillance dans les projets de construction. Le projet de loi
prévoit que c'est l'entrepreneur ou le constructeur propriétaire qui devra
accorder le contrat de surveillance des travaux. Pour l'ordre, cette mesure est
très problématique. D'abord, elle s'écarte des pratiques actuelles au Québec et
dans le reste du pays. La pratique courante, c'est que la personne qui accorde
le contrat est le client, qu'on peut aussi désigner comme le propriétaire ou le
donneur d'ouvrage. Petite note au passage : Quand on parle du client, ça
peut être un syndicat de copropriété, ça peut être vous, ça peut être moi, ça
peut être la Société québécoise des infrastructures qui, par exemple, voudrait
construire une école ou une maison des aînés. La mesure prévue au projet de loi
risque fortement de placer les professionnels en position de conflit
d'intérêts.
Que devra faire l'ingénieur s'il détecte
un vice de construction et que l'entrepreneur refuse de le corriger? Est-ce
qu'il va devoir informer le donneur d'ouvrage avec lequel il n'a aucune
relation contractuelle? L'ingénieur serait en porte à faux avec son code de
déontologie. Notre code précise que le client est la personne qui bénéficie de
ses services professionnels. Dans un contexte de surveillance des travaux, le
bénéficiaire, c'est principalement le donneur d'ouvrage ou le propriétaire, pas
l'entrepreneur.
Pensez aussi au cas d'un syndicat de
copropriété qui voudrait entreprendre des travaux majeurs. Est-ce qu'il serait
en confiance s'il ne pouvait pas engager ses propres surveillants? Et si un
donneur d'ouvrage décide d'engager sa propre équipe de surveillants pour
veiller au respect de ces demandes, on peut s'attendre à des coûts
supplémentaires et à des chantiers moins efficaces. Le contrôle de la qualité,
ça se fait au bénéfice du client. C'est lui qui devrait embaucher son équipe de
surveillance.
Ça m'amène à une autre modification qu'on
juge essentielle. Le projet de loi prévoit que des attestations de conformité
seront produites en fonction du Code de construction du Québec et des normes
municipales applicables. À nouveau, cette mesure est différente de la pratique
actuelle au Québec et presque partout au Canada. Normalement, la surveillance
se fait en fonction des plans et devis. Les plans sont une représentation
graphique des éléments à construire. Les devis, eux, comprennent plusieurs
informations essentielles, comme par exemple des précisions sur les équipements
à installer ou des conditions à respecter, comme la température ambiante
minimale pour couler du béton. Une attestation de conformité limitée au Code de
construction nous paraît très problématique pour plusieurs raisons. Il y a
quelques instants, je vous parlais de l'importance du client. Les plans et
devis traduisent concrètement la vision et les besoins du client. Pour des
raisons propres à son projet, le client peut souhaiter aller plus loin que ce
que prévoit le code. L'objectif du code, c'est de fixer les exigences minimales
à respecter, mais dans plusieurs cas, il est souhaitable ou même nécessaire
d'aller plus loin.
Je vous donne un exemple. Dans le domaine
de la ventilation, il existe une norme technique récente qui tient compte des
leçons apprises pendant l'épidémie de COVID. Les ingénieurs ont l'obligation de
se tenir à jour dans leur domaine, et ils, ou elles, peuvent donc proposer les
meilleurs équipements et les meilleures méthodes à leurs clients. Le Code de
construction fait toutefois référence à une version plus ancienne de cette
norme, comme la surveillance prévue au projet de loi ne porterait que sur le
code de construction. On pourrait observer des écarts entre ce qui est installé
et ce qui a été prévu par les ingénieurs et accepté par le client.
En protection incendie, on trouve une
situation similaire. Le Code de construction fait référence...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...à
une norme qui remonte à 2013. Mais la version plus récente de cette norme tient
compte des enjeux liés à la présence de véhicules électriques et de batteries
de stockage dans les bâtiments. À nouveau, la surveillance des travaux devrait
permettre de s'assurer que ce qui est installé correspond bien aux plans et
devis. On sait tous que l'électrification est en marche. Les bâtiments que nous
construisons aujourd'hui doivent être prêts à répondre au monde de demain.
Dernier élément sur cette question, la
production d'une attestation au Code de construction sera très difficile ou
même impossible à réaliser dans beaucoup de cas. Je vous donne un exemple. Dans
une tour à condos de 15 étages, le Code de construction ne précise pas la
dimension des colonnes et des poutres à installer. C'est l'ingénieur qui doit
faire des calculs détaillés pour proposer une solution. Par conséquent, un
surveillant ne peut pas constater visuellement si les travaux répondent aux
exigences du Code de construction. Il faudrait qu'il refasse tous les calculs.
La bonne façon de travailler, c'est avec les plans et devis. Et c'est encore
plus vrai dans les grands bâtiments. J'ai parlé des deux principales mesures
qui devraient être modifiées aux yeux de l'ordre.
Avant de terminer, j'aimerais dire
quelques mots sur deux autres aspects. D'abord, le projet de loi prévoit qu'un
règlement va déterminer les détails concernant les étapes charnières. L'ordre
croit que le projet de loi devrait préciser que les professionnels chargés de
la surveillance auront une certaine marge de manœuvre pour proposer un plan de
surveillance qui correspond au niveau de risque du projet. En d'autres mots,
les professionnels devraient pouvoir proposer d'autres étapes charnières que
celles qui sont prévues au règlement.
Ensuite, l'ordre aimerait rappeler aux
parlementaires que plusieurs lois professionnelles ont été mises à jour en
2020. Ces lois prévoient que la surveillance des travaux doit être effectuée
par des architectes ou des ingénieurs pour plusieurs types de bâtiments, mais
le projet de loi n° 76 permet à la Régie du bâtiment de confier les
activités de surveillance des travaux à d'autres personnes ou à d'autres
organismes. Cette ouverture est incohérente avec le travail législatif effectué
récemment et n'est pas susceptible de renforcer la protection du public.
En conclusion, l'adoption du projet de loi
pourrait nous amener à franchir un pas important. Le Québec pourrait enfin se
doter d'un contrôle de la qualité obligatoire des travaux de construction. Il
est essentiel de ne pas rater cette occasion de donner au projet de loi toute
la portée qu'il mérite. Je vous invite à mettre la barre haute et à donner au
Québec tous les moyens qu'il faut pour véritablement bâtir pour les générations
futures.
Je vous remercie pour votre écoute et on
peut répondre à vos questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons débuter une période d'échange
avec le ministre. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. D'abord, Sophie, vous remercier avec toute votre équipe. On a
évidemment énormément d'estime et de respect pour les ingénieurs du Québec.
D'ailleurs, on me mentionnait, parce qu'il y en a un qui a une formation
juridique dans votre groupe, que les ingénieurs avaient moins le sens de
l'abstraction que les avocats, avocates. La méthode de réflexion ou de pensée
n'est pas nécessairement la même, mais, Sophie, depuis les quelques années où
vous êtes à la présidence de l'ordre, je pense que vous maîtrisez bien les
enjeux. Votre présentation est excellente. Votre mémoire est super bien
préparé. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de l'étudier en détail,
mais soyez assurés qu'on va le faire avec toute la considération que l'ordre
mérite.
Je vais essayer peut-être de partager avec
vous, là, puis ça ne sera pas toujours parfait, mais je comprends qu'on a les
mêmes objectifs. Il y avait un consensus au Québec que nous devions réviser le
modèle d'inspection. L'Ordre des ingénieurs fait partie de ce consensus-là,
puis le caractère obligatoire des inspections fait que ça devient beaucoup plus
symétrique dans le domaine institutionnel puis dans le secteur public,
parapublic, qui a beaucoup plus une culture d'inspection puis de surveillance,
alors que, par ailleurs, il n'y a pas ça, il n'y a pas ce même type
d'obligation là.
• (16 h 20) •
Un, je vais m'attarder peut-être aux
quatre points, là. Bien, le... Tu sais, quand on réfère à l'entrepreneur, ou
propriétaire, ou le constructeur propriétaire, moi, dans ma pensée, le donneur
d'ouvrage en fait partie aussi, parce qu'il a... ce qu'on me dit, moi, c'est
que les donneurs d'ouvrage sont...
M. Boulet : ...aussi
détenteurs d'une licence d'entrepreneur. Donc, l'obligation repose sur les
épaules du donneur d'ouvrage dans un contexte... Évidemment, ça peut varier
d'un contexte à l'autre. Le constructeur propriétaire, de la même manière, et
qu'on réfère à un syndicat de copropriété, ou à un promoteur immobilier, ou à
vous ou moi, on est tous visés par l'obligation.
Si on veut améliorer la qualité des
travaux au Québec, ça passe par une obligation qui est effective, et, si besoin
est de le préciser, Sophie, on le verra en étude détaillée avec les collègues
des partis d'opposition. Mais moi, j'ai... je ne ferme pas la porte à ça, parce
que ça me... J'ai vu d'ailleurs votre communiqué, qui faisait particulièrement
référence à la notion de «donneur d'ouvrage», et on va s'assurer que la loi, le
jour où elle sera adoptée, soit suffisamment claire. Ça fait que je trouve que
c'est assez clair à cet égard-là.
L'attestation de conformité, j'en ai parlé
ce matin, puis, tu sais, c'est un minimum, hein. Tu sais, on parle de trois
étapes charnières. Ça, c'est trois... qui est à un seuil minimum pour les
inspections de façon compatible avec un plan de surveillance, puis
l'attestation de conformité, je le vois de la même manière. Mais, tu sais, on
ne peut pas avoir une loi qui est découpée à l'infini, en tenant compte des
caractéristiques d'un bâtiment, sa nature, sa... sa localisation, est-ce que
c'est du préfabriqué?, ou autres.
Ça fait que les plans et devis, j'en suis
conscient, puis il faut se fier aux professionnels que sont les ingénieurs pour
aller au-delà des codes de construction puis des normes municipales, qui des
fois ne sont pas mis à jour, puis ça, c'est une réalité qui m'a été partagée,
et je suis totalement d'accord avec vous. Mais le professionnel devra être le
grand penseur de la détermination de la surveillance, comment elle se fera, et
quelles sont les étapes charnières, et s'il faut aller au-delà du code de
construction en fonction de la nature du bâtiment, encore une fois, puis je
n'irai pas dans toutes les caractéristiques, mais il faut absolument s'en
assurer. Puis, que ce soient des choses plus spécialisées — Sophie,
vous avez fait référence à la ventilation, à la protection incendie, aux
colonnes et aux poutres, là, particulièrement dans les condos de 15 étages — il
y aura la marge de manœuvre suffisante pour le prévoir.
Vous faisiez aussi... Là, je reviens
peut-être au premier point, au conflit d'intérêts potentiel, là, l'entrepreneur
qui donne un mandat. Qu'est-ce que vous me diriez, Sophie, de l'avocat qui a un
mandat de vérifier la légalité d'une action de son client ou du comptable qui
doit s'assurer de la... Vous feriez le même raisonnement? Ou le comptable, le
médecin, le notaire? Je veux vous écouter là-dessus, parce qu'il n'y a pas de
conflit d'intérêts avec les codes qui vous gouvernent, puis la formation, puis
les compétences des ingénieurs. Oui, allez-y, Sophie. Excusez-moi, je parle
beaucoup.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Excellent.
En fait, je pense qu'une des bonnes manières de l'expliquer, ça serait, en
comptabilité, par un auditeur externe qui vient auditer vos états financiers.
Donc, le surveillant vient... l'équivalent d'auditer le travail de
l'entrepreneur. L'auditeur, il ne relève pas du... de la compagnie, il va
relever du conseil d'administration, qui est l'équivalent du donneur d'ouvrage
dans le cas d'un mandat d'audit. Donc, c'est vraiment comme ça qu'il faut le
voir, parce que notre Code des professions, dans la... notre... pardon, code de
déontologie, dans la manière dont il est écrit, l'ingénieur doit construire
pour le client, donc pour l'utilisateur, ou le propriétaire du bâtiment, ou le
donneur d'ouvrage, c'est les intérêts de cette personne-là.
Je pourrais vous donner quelques exemples,
peut-être. Quand vous avez par exemple un entrepreneur ou un ingénieur qui va
surveiller qui détecte des... des choses qui ne fonctionnent pas, donc qu'il y
aurait des déficiences, va rapporter ça à l'entrepreneur, l'entrepreneur décide
de ne pas les faire, mais l'ingénieur, lui, il va devoir le dire au donneur
d'ouvrage qu'il y a quelque chose qui n'est pas fait selon la conception, ou
selon les normes, ou selon le code.
Donc, c'est dans ce sens-là qu'on le voit
davantage, ce surveillant-là, un peu comme un auditeur. Vous me faisiez
l'analogie, justement, là, des comptables. Probablement que le rôle de
l'auditeur est celui qui pourrait se rapprocher le plus, dans une autre
profession, de ce qu'on aurait ici, et ça serait probablement la meilleure
image.
Est-ce que je réponds également à vos
autres questions ou à vos autres points? O.K.
M. Boulet : Non, non, mais...
Sophie, si on...
M. Boulet : ...on veut faire
le parallèle. C'est sûr qu'un avocat en droit du travail peut donner une
opinion à la direction des ressources humaines sans que le C.A. soit informé,
parce qu'on demande une opinion sur la conformité d'une pratique de gestion des
ressources humaines avec, mettons, la Loi sur les normes du travail ou la Loi
santé-sécurité, comme un CPA peut avoir à rendre une opinion à un directeur des
finances sans que ce soit... sans que ça vienne du C.A. Je veux juste mettre ça
en perspective. Ce n'est pas parce que c'est l'entrepreneur qui n'est pas
nécessairement le propriétaire que ça met l'ingénieur en situation de conflit
d'intérêts ou d'apparence de conflit d'intérêts, là, il faut...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Je
vais peut-être permettre à Me Robert, là, de répondre plus en détail puisque
c'est notre spécialiste.
M. Robert (François-Xavier) : En
fait, c'est clair qu'il y va avoir une apparence, même un conflit d'intérêts,
du fait qu'il y a deux clients dans ce cas-là. Il y a un... mais il y a le
client qui est... Au sens du Code de déontologie, en fait, le client, c'est la
personne qui bénéficie des services professionnels. Dans votre exemple, il y en
a deux. Il y a un donneur d'ouvrage puisque que c'est pour lui qu'on construit
l'immeuble, mais il y a aussi l'entrepreneur parce qu'il c'est lui qui a retenu
ses services. Et, dans ce cas là, bien leurs intérêts sont significativement à
risque de diverger. Donc, pour faire, en fait, votre exemple d'avocat, ce
serait beaucoup plus... le projet de loi, puis c'est un peu l'équivalent, s'il
disait : Bien, vous allez faire, dans le fond... Vous représentez deux
clients qui sont potentiellement en litige, mais vous allez faire l'opinion
juridique pour l'un des deux, sur le recours entre les deux. C'est ça qui est
plus risqué, vous comprenez?
M. Boulet : Tout à fait. Non,
non, je comprends la nuance. C'est pour ça que je disais, un peu plus tôt, à
Sophie que s'il faut le préciser, on le précisera. Mais, en même temps, comme
j'ai mentionné un peu plus tôt, le donneur d'ouvrage, il est nécessairement un
entrepreneur. Puis le propriétaire-constructeur, tel qu'il est précisé par la
loi, aussi. Pas dans tous les cas, c'est pour ça que, peut-être, ce sur quoi
vous voulez nous amener, c'est de dire : Dans certaines... Puis Sophie,
donnez-moi... Est-ce que vous avez des exemples de donneurs d'ouvrage qui ne
seraient pas des entrepreneurs?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Je
vais donner la parole à M. Savard.
M. Savard (Patrick) : Mais
tous les donneurs d'ouvrage ne sont pas des entrepreneurs. Évidemment, quand on
regarde la loi, elle est assez large. Le projet de loi est assez large. Quelqu'un
qui achète un site pour en faire un multifamilial ou redévelopper un site peut
ne pas être un entrepreneur et confier le développement ou le développement du
site à un entrepreneur. Donc, dans ce cas-là, le donneur d'ouvrage n'a pas de
licence, peut être juste un investisseur. Et, à ce moment-là, la dynamique
qu'on vous a expliquée entre en ligne de jeu. Je vais vous donner un autre
exemple. Comme ça se passe actuellement dans à peu près tous les chantiers
publics ou privés, mais on le voit beaucoup dans les chantiers publics, les
fameuses directives de changement, des ordres de changement, tout le monde
connaît ça. Lorsqu'il arrive un changement sur un chantier, c'est soit une
erreur de conception, soit un imprévu, soit une demande d'un client, ou une
erreur dans la mise en œuvre. Ce qui passe, actuellement, c'est que l'ingénieur
ou les professionnels font les recommandations au client, donc au donneur
d'ouvrage, sur les mesures à mettre en place, et l'entrepreneur fixe un prix.
Évidemment, l'ingénieur joue un rôle, actuellement, conseil auprès du donneur
d'ouvrage pour s'assurer que le prix qui est fourni par l'entrepreneur est en
corrélation avec les changements. Donc, il y a un rôle actuellement. Il ne peut
pas jouer ce rôle-là des deux côtés. Il le fait pour le donneur d'ouvrage et il
s'assure que ce qui va être fait est bien et le prix que le donneur d'ouvrage
va assumer va être adéquat. Donc, on a un autre exemple où le donneur d'ouvrage
et le professionnel ont quand même un lien actuellement important qui est
commun dans les chantiers.
M. Boulet : Je le comprends.
Mais dans les exemples que vous donnez, dans mon esprit puis selon ma
compréhension de ce que nous avons écrit dans le projet de loi, le donneur
d'ouvrage est un constructeur propriétaire. Mais les lois, c'est fait pour être
appliqué, il faut qu'elles soient bien comprises. Et le fait que vous souleviez
cette potentielle ambiguïté-là, je pense que ça pourrait nous convaincre, en
étude détaillée, de le préciser. Ça fait que merci pour ce point-là. Je suis
content, Sophie, d'être revenu là dessus.
Les étapes charnières. Vous souhaitiez que
le professionnel ait une marge de manœuvre pour les déterminer en fonction du
niveau de risque, c'est bien ça, Sophie?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : C'est
exactement ça.
• (16 h 30) •
M. Boulet : Je suis
totalement d'accord avec ça. Puis il faut... Je le répète, ce projet de loi là
est un seuil minimum. Ce matin, je faisais la comparaison avec la Loi sur les
normes du travail, ce n'est pas parce qu'il y a un salaire minimum que ça
t'empêche d'aller au-delà, ce n'est pas parce qu'il y a huit congés dans la loi
que ça t'empêche d'aller au-delà, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de régime
de retraite dans la loi que tu ne peux pas... Ça fait que la réponse, c'est
oui. Si le professionnel détermine, par ailleurs... Évidemment, il y aura un
règlement qui va faire une détermination après avoir consulté les parties
prenantes, mais c'est certain que...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...au
moins, un peu de délais.
Nos professionnels ont l'obligation de se
tenir à jour dans leurs compétences, et donc, quand ils font des plans, ils
peuvent... quand ils font la conception, ils peuvent aller voir le donneur d'ouvrage
et dire : Souhaitez-vous qu'au lieu de respecter les normes qui sont
actuellement, le minimum, dans le Code de construction, on aille plus loin? On
faisait référence, tout à l'heure... la norme de protection incendie date de
2013, la dernière norme de protection incendie date de 2015... elle date d'il y
a quelques semaines. Un client pourrait choisir qu'il respecte la norme 2025 et
souhaiterait évidemment, normalement, que la surveillance soit effectuée par
rapport aux normes qui ont été choisies. Évidemment, il y a des coûts qui
viennent avec ça, mais le donneur d'ouvrage a ce droit là d'aller au-delà du
code. Donc, on pense que la surveillance devrait aller au même niveau que ce
qui a été déterminé par le donneur d'ouvrage, qui était son besoin initial.
Mme Cadet : ...cas ailleurs au
Canada.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Comme
c'est le cas presque partout au Canada, oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Bon,
alors, merci beaucoup, le temps est écoulé. Nous allons maintenant du côté de
la deuxième opposition, avec le député de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre, bienvenue. Est-ce que je me trompe ou votre
recommandation 2, sur les surveillances, là, conformément aux plans et devis,
est assez proche de ce que vos prédécesseurs, plus tôt aujourd'hui, ont dit,
là, à l'Ordre des architectes?
M. Savard (Patrick) : Oui, je
pense que c'est assez proche, là, effectivement, là, de ce qu'on a compris ce
matin mais je pense que les explications de... de Mme Larivière-Mantha ont venu
compléter ça, là. Mais je pense qu'on a fait le tour effectivement, ce matin.
M. Leduc : O.K. Moi, je
trouve votre mémoire vraiment très riche, très détaillé. Merci de l'avoir
rédigé, j'imagine, dans un...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...on
vous invite à regarder la page 18.
M. Leduc : D'accord.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : On
a fait un superschéma qui illustre bien, dans le fond, toute la différence
entre une conformité au code et une conformité aux plans et devis. On a essayé
de vous l'illustrer. On s'excuse, le sujet est très, très, très technique, là,
donc on a essayé de mettre en image le plus possible, là, cette... ce volet-là.
M. Leduc : Ça, c'est fait
maison, alors, ce beau graphique?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : C'est
fait maison.
M. Leduc : Bravo, bravo à vos
infographistes.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Merci
à toute l'équipe de l'ordre.
M. Leduc : C'est du beau
travail. On reçoit toutes sortes de mémoires ici...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Oui,
et à nos ingénieurs, et aux ingénieurs qu'on a consultés également, là, pour la
rédaction de ce mémoire-là, là, les ingénieurs sur le terrain, évidemment, là,
qui sont dans les domaines, oui.
M. Leduc : Alors, je disais
qu'on reçoit beaucoup de mémoires ici, mais le vôtre est certainement, dans sa
facture en tout cas, en haut de la pile, en haut de la liste.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Merci.
M. Leduc : Bien, en fait,
justement, moi, je n'ai pas tant de questions, mais je... je serais curieux de
vous entendre : Est-ce qu'il y a des aspects de votre mémoire qu'on n'a
pas eu le temps d'aborder jusqu'à... à ce moment ci, que vous voudriez
profiter... On n'a pas beaucoup de temps, je pense, une minute encore, si vous
voulez mettre d'avant un enjeu.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Oui,
en fait, on a... on a couvert pas mal tout ce qui est dans la mémoire. Je vous
ramènerais peut-être sur le fait de bâtir pour les générations futures. Je
pense que c'est très important qu'on se questionne maintenant sur comment faire
des bâtiments de qualité. Je pense que c'est un but qui est très, très important.
Et, comme on le disait au début, on adhère à la qualité de la construction, à
la sécurité du public, ça fait partie de notre... de notre mission. Pour nous,
c'est important qu'on y réfléchisse puis c'est pour ça qu'on voulait venir
aujourd'hui, bonifier le projet de loi. On pense qu'on a des améliorations qui
vont dans ce sens-là et qui permettraient, justement, là, de... d'améliorer les
choses dans le domaine de la construction. Ça fait que c'est peut-être ce
message-là qui... qui, pour moi, est important. Je vais peut-être inviter mes
collègues s'ils ont quelque chose à ajouter également.
M. Robert (François-Xavier) : O.K.,
bon. Juste vous dire, même si on allait avec le minimum puis on disait :
Non, nous, on veut surveiller au minimum, le Code de construction, bientôt, ce
ne sera même plus le minimum, parce que tout ce qui touche l'efficacité
énergétique s'en va dans un règlement du ministère de l'Environnement. D'ailleurs,
vous avez adopté... c'est la... c'était, quoi, le projet de loi n° 41, je
crois, justement, à cet effet là, nous disant : bien, ce qui est les
règles, dans le fond, d'efficacité énergétique, tout ce qui est performance
environnementale des bâtiments, qui sont hyperimportantes aujourd'hui, bien,
elles ne seront plus dans le code. Ça fait qu'il n'y a personne qui va
surveiller, qui va vérifier, qui va attester si les bâtiments sont... répondent
aux exigences environnementales qu'on va avoir fixées collectivement.
Puis même si vous disiez : Bah!
finalement, le projet de loi n° 41, on annule puis on revient au Code de
construction, il y a quand même des articles, aussi, du code de sécurité, qui
sont un autre règlement de la RBQ, qui s'appliquent en cadre de construction,
justement, pour... au niveau de la protection, par exemple, des... des chambres
d'appareils électriques, pour ce genre de choses là, qui sont quand même
importantes pour la sécurité du public. Donc, le Code de construction, ce n'est
même pas le minimum normatif.
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Oui.
Je pense que ce qu'il faut conclure en fait, c'est qu'il y a plusieurs codes et
normes. Les ingénieurs, dans leurs conceptions, donc dans les plans et devis,
doivent tenir compte de l'ensemble d'entre eux, et non seulement ceux du Code
de construction. Ça fait que c'est un peu ça, il y a d'autres codes, il y a d'autres...
Voilà.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant du côté du député de Saint-Jérôme, pour 2 min 38 s.
M. Chassin :Et, comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vais aussi vous
demander de garder vos réponses courtes. Je voudrais juste savoir :
Dans... Si c'est l'entrepreneur qui va chercher un contrat de surveillance, est-ce
que vous avez peur qu'il... dans le fond, qu'il demande un contrat de
surveillance minimal?...
17 h (version non révisée)
M. Kingsbury (Erik) : ...ainsi,
il appartient à la CMEQ d'appliquer la loi du bâtiment, de délivrer, suspendre
ou d'annuler les licences des entrepreneurs électriciens. Depuis 2022, la CMEQ
administre également le règlement sur la formation continue obligatoire de ses
membres. En terminant, la CMEQ regroupe plus de 3 800 entrepreneurs
électriciens répartis à travers le Québec.
Mme Senécal (Julie) : Donc,
écoutez, la CMEQ accueille avec satisfaction le projet de loi n° 76, elle
qui s'inquiète depuis plusieurs années de l'insuffisance d'inspections des
installations électriques, d'autant plus que c'est en électricité où les
non-conformités sont susceptibles d'avoir les plus grandes conséquences pour le
travailleur qui exécute les travaux, pour le bâtiment et la sécurité de ses
occupants. Donc, on ne peut que se réjouir de l'intention du gouvernement d'accroître
la sécurité et la qualité des travaux, parce que ça correspond précisément aux
objectifs poursuivis par la CMEQ en regard de l'inspection.
La CMEQ tient aussi à saluer la volonté
démontrée par la Régie du bâtiment du Québec et tous les efforts consacrés à
cet enjeu majeur et la préoccupation d'atteindre les objectifs, tout en
répondant aux préoccupations de l'industrie. Donc, ils sont à l'écoute. Et,
depuis 2022, la CMEQ, à la demande du gouvernement, collabore avec la Régie du
bâtiment et la CMMTQ à ce vaste chantier. On comprend que le projet de loi pose
les grands principes et qu'il y a bien des choses qui vont être déterminées
ultimement par règlement. On offre notre collaboration pleine et entière pour
continuer à contribuer à ce nouveau modèle.
Au niveau du plan de surveillance des
travaux, ce qu'on peut vous vous mentionner, c'est que, pour nous, c'est
important qu'il soit confié par le propriétaire, constructeur propriétaire au
sens de la loi sur le bâtiment, mais en fait celui qui bénéficie ultimement des
travaux. On estime important qu'un lien contractuel s'établisse entre ces deux
parties-là et que c'était ultimement à celui qui profite des travaux qui doit
avoir la prérogative de choisir. Il y a un lien de confiance qui doit s'établir
avec le professionnel qui va être choisi, et c'est garant de l'indépendance et
de l'impartialité du processus également.
Au niveau de l'inspection, on comprend qu'il
y a des étapes charnières où on a très bien compris que le... trois étapes
charnières, c'est vraiment un minimum, et que selon... ça va s'ajuster selon le
type de bâtiment. Mais, même si c'est une évidence, on souligne tout de suite
qu'une étape charnière est incontournable, c'est avant la fermeture des murs,
évidemment, parce que c'est là où on peut constater la majeure partie des
non-conformités, du moins en électricité.
Ce qu'on... ce qu'on aimerait souligner
aussi, c'est que malgré le pouvoir de surveillance, malgré les activités d'inspection
qui vont être réalisées par les professionnels, il est important pour nous que
la Régie du bâtiment du Québec conserve son pouvoir d'inspection. Que ce soit
aléatoirement ou sur dépôt d'une plainte, elle doit pouvoir quand même se
présenter sur les chantiers et procéder à des activités d'inspection.
Quant à l'attestation de conformité, nous,
on se réjouissait qu'elle était au code plutôt qu'aux plans et devis, parce qu'aux
plans et devis, pour nous, des fois, le plan et devis confie la conception ou
une partie des conceptions aux entrepreneurs, surtout en électricité. Donc,
pour nous, c'est important à tout le moins qu'on comprenne que l'attestation de
conformité, ce n'est pas juste les normes de... d'urbanisme, ou peu importe,
qui vont être déterminées, mais également les normes du code de construction. D'autre
part, il n'est pas... il n'est pas rare qu'il y ait des divergences au niveau
de la conformité des travaux entre le professionnel et l'entrepreneur. Donc, c'est
important de prévoir une façon rapide et simple de régler ces conflits-là pour
ne pas retarder les travaux.
Nous, ce qu'on pense, c'est que, bon, il y
a une surveillance des travaux... le professionnel, tout est beau, il peut
émettre son attestation de conformité. Il y a une non-conformité qui est
constatée, il l'adresse à l'entrepreneur. L'entrepreneur en convient. Il
corrige. Les travaux se poursuivent. Si l'entrepreneur n'est pas d'accord avec
la non-conformité qu'on... constatée, alors là, il pourrait faire appel à la
Régie du bâtiment qui, elle, aurait l'autorité pour émettre l'avis de
correction des travaux. Donc, il y a une entité indépendante qui viendrait
trancher un peu le litige sur la conformité ou non de ce qui est constaté par
le professionnel. Évidemment, le projet de loi prévoit la possibilité de
déléguer ce pouvoir-là. On estime que la régie ne devrait pas déléguer le
pouvoir, par exemple, au professionnel qui fait l'inspection d'émettre l'avis
de correction, mais elle pourrait déléguer à une entité neutre, indépendante
qui possède l'expertise nécessaire dans le domaine visé...
Mme Senécal (Julie) : ...En ce
qui concerne les coûts de l'opération, certains peuvent s'en préoccuper, on a
pris connaissance des analyses d'impact, ça nous semble tout à fait
raisonnable, eu égard aussi aux bénéfices que la population va en retirer.
Toutefois, on estime qu'il faut éviter de dédoubler les coûts. On attire
l'attention sur le fait que les entrepreneurs électriciens paient une
cotisation spéciale en plus de la licence, une cotisation basée sur leur masse
salariale, une cotisation fixe qui correspond peut-être autour de
30 millions, là, au moment où on se parle. Donc, il faut éviter.
Maintenant, on sait que les travaux pour
la révision de la tarification ont débuté. On veut que ça se poursuive
maintenant que le modèle se dessine pour voir quel sera le rôle de la RBQ et
quelles sont les sommes nécessaires à verser à RBQ et de réviser la
tarification.
Maintenant, on voit aussi que le projet de
loi agit sur la compétence des futurs entrepreneurs en imposant ou en prévoyant
l'imposition d'une formation initiale obligatoire. On salue cette initiative.
En fait, ça rejoint les orientations de la CEMQ, qui avait déjà amorcé les travaux
en ce sens. Parce que notre loi constitutive nous permet d'adopter notre propre
règlement de formation initiale obligatoire, comme on l'a fait pour la
formation continue obligatoire, qui est une réussite dans l'industrie. Donc, on
entend collaborer avec la régie et, ultimement, peut-être, avec la CMMTQ pour
la formation initiale obligatoire.
On vous l'a mentionné, la CMEQ a un mandat
gouvernemental. Un décret existe pour confier à la CMEQ le mandat
d'administrer, appliquer la Loi sur le bâtiment. On voit d'un bon œil les
nouveaux pouvoirs qui sont donnés aux régisseurs, parce que ça complète, là,
les sanctions qui peuvent être imposées. Toutefois, chez nous, c'est le comité
de qualification qui exerce ces fonctions-là, donc c'est important que les pouvoirs
accordés au régisseur le soit aussi au... à la CMEQ pour qu'on puisse exercer
ces pouvoirs-là à l'égard des entrepreneurs électriciens. Il faut éviter
d'avoir un système à deux vitesses ou un régime particulier qui s'applique.
Donc, que ce soit en modifiant la loi ou le décret, ça, on laisse aux autorités
la liberté de déterminer le meilleur moyen.
C'est la même chose pour les sanctions
administratives pécuniaires. On instaure un nouveau régime. Certaines sanctions
s'adressent, certaines SAP s'adressent à la qualification, bien, écoutez, c'est
important qu'on ait les mêmes pouvoirs pour uniformité des régimes. La CMEQ,
on... Il y a aussi des SAP au niveau pénal. Il est important de souligner que
la CMEQ possède, de par sa loi, le pouvoir d'intenter les poursuites pénales
pour l'exercice illégal d'entrepreneur électricien. Et il y a même une entente
avec la régie... transfère les plaintes, évidemment, à la CMEQ quand il s'agit
d'électricité. Le projet de loi harmonise, justement, la prescription pénale
entre les deux lois, mais c'est important aussi qu'on ait les SAP en matière
pénale, et pour qu'on puisse exercer, là, tous les pouvoirs nécessaires.
C'est la même chose pour les présomptions
en matière pénale. C'est comme il y a des présomptions qui sont prévues qu'on
lève un peu le voile corporatif. On le voit dans les poursuites qu'on intente,
souvent, il y a une entreprise qui est partie, ils font des travaux légaux, on
la poursuit, elle ferme ses portes, oups! une autre entreprise bouge, le même dirigeant,
le même nom souvent, pour faire... continuer à faire des travaux d'électricité.
Donc, pour une protection du public efficace, ces présomptions-là vont être
importantes. Et on recommande que la Loi sur les maîtres électriciens soit
amendée pour juste modifier, pour inclure, justement, ces présomptions-là pour
l'exercice de notre responsabilité au niveau des poursuites pénales. Donc,
voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
fait le tour?
Mme Senécal (Julie) : Oui.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui?
O.K. Vous étiez juste à pile temps. Alors, parfait. Alors, merci beaucoup pour
votre présentation. Nous allons maintenant débuter une période d'échange avec
M. le ministre. La parole est à vous.
M. Boulet : Merci, hein, M.
le Président. Je pense qu'il faut s'adresser tout le temps à vous d'ailleurs.
Mais je veux... Je m'adresse à vous d'abord pour vous remercier de votre
présence, pour la préparation de votre mémoire. Sachez que nous allons
l'analyser. Puis il y a des belles recommandations, puis on va faire peut-être
un échange assez bref, mais vous savez à quel point on estime aussi
l'implication des maîtres électriciens dans les défis que nous avons de
construire le Québec d'aujourd'hui et de demain, hein, c'est dans tous les
secteurs que vous êtes présents, et donc vous devez être reconnus à juste
titre.
• (17 h 10) •
Julie, vous y fait référence, là, mais il
y aura vraisemblablement des discussions avec mes collègues des partis
d'opposition, là, mais l'obligation qui apparaît à la loi pour l'inspection, la
surveillance et l'obtention des attestations de conformité...
M. Boulet : ...dans notre
esprit, c'est l'entrepreneur ou le constructeur propriétaire. Et, dans
certaines situations où il y a un donneur d'ouvrage qui est détenteur d'une
licence, s'il est un entrepreneur; s'il n'en a pas, il est un constructeur
propriétaire. Bien, ça a l'air simple à dire, mais il faut que ce soit bien
compris pour que l'application de la loi soit bien respectée.
Donc, de façon un peu télégraphique,
Julie, les étapes charnières avant la fermeture des murs, je pense que je n'ai
pas donné une entrevue sans faire référence à... au caractère impératif de
l'inspection avant la fermeture des murs, parce que les travaux d'électricité...
puis je réfère aussi aux travaux de plomberie, quand les murs sont fermés, tu
ne peux pas constater. Puis vous le dites, à juste titre, qu'il y a beaucoup de
dommages matériels et de drames humains qui découlent de travaux d'électricité
là. Ça fait que ce que vous faites en matière de qualification des maîtres
électriciens, c'est vraiment fondamental. Donc, pour cette étape charnière là,
ça m'apparaît être évident.
Les conflits entre un professionnel puis
un entrepreneur, parce qu'il y en a, actuellement, qui peuvent survenir, bon,
moi, j'ai toujours compris qu'il y avait des mécanismes de résolution de
conflits. Est-ce que, Julie, vous pouvez me donner un exemple où ça a causé des
délais, où ça a été un enjeu important, un conflit entre le professionnel puis
l'entrepreneur?
Mme Senécal (Julie) : Bien,
en fait, si le professionnel estime qu'une non-conformité exige des travaux
correctifs et que l'entrepreneur, lui, prétend, plutôt, que les travaux sont
conformes, bien, il peut y avoir, à ce moment-là, un conflit, qui va risquer de
retarder les travaux.
M. Boulet : Et, actuellement,
est-ce qu'on n'a pas un mécanisme qui permet de régler ce conflit-là? C'est ce
à quoi vous faites référence, qu'on devrait avoir de quoi de clairement établi,
qui permet de trouver une solution.
Mme Senécal (Julie) : Bon,
effectivement, puis on pense que la Régie du bâtiment peut avoir un rôle à
jouer, parce que, si on donne le pouvoir, aux professionnels, d'émettre
l'attestation de conformité, il peut y avoir, justement, là, des... des
situations où, s'il y a une mésentente sur est-ce qu'effectivement il y a des
correctifs à apporter ou pas, bien, ultimement, ça peut être... dégénérer en
conflit, et il faut éviter la judiciarisation de tout ça aussi, également.
Donc, oui.
M. Boulet : Il faut éviter la
judiciarisation, Il faut penser plus à de la médiation, parce que c'est comme
ça que ça se règle, généralement, dans la quasi-totalité des cas.
Les plans et devis, Julie... Bon, il y a
des groupes qui viennent nous mentionner que les plans et devis devraient être
identifiés, puis que l'attestation de conformité, ce n'est pas que le Code de
construction, ce n'est pas que les normes applicables dans les municipalités,
et que, souvent, ces codes et normes-là sont dépassés, datent d'un certain
nombre d'années, et donc que les plans et devis sont plus actuels, sont plus
compatibles avec les règles de l'art d'aujourd'hui. Qu'est-ce que vous avez à
dire là-dessus?
Puis je respecte votre point de vue à cet
égard là, mais vous m'avez entendu dire que, dans notre esprit, la loi est une
de normes minimales. C'est le minimum, puis ça peut aller au-delà de ça. Puis,
en fonction de la nature d'un bâtiment, le Code de construction ou les normes
municipales ne... pourraient ne pas être suffisants, et que le professionnel
décide qu'il faut que ce soit compatible avec les plans et devis. Qu'est-ce que
vous... Ce serait quoi, votre objection à ça?
Mme Senécal (Julie) : Écoutez,
déjà, moi, la réflexion que ça m'apporte, c'est que la définition de
l'attestation de conformité, de... de la conformité qu'il faut attester devra
être déterminée, là, dans la réglementation à venir, pour bien préciser ce à
quoi on s'attend dans un...
M. Boulet : O.K., je
comprends.
Mme Senécal (Julie) : Et, en
fait, ce qu'on... ce qu'on retrouve, nous, souvent, dans les plans des devis...
malheureusement, tu sais, il peut y avoir des erreurs aussi dans les plans et
devis.
M. Boulet : Ça, je comprends.
Mme Senécal (Julie) : Ça
arrive, des erreurs que l'entrepreneur doit soulever au maître... au professionnel.
Et c'est là aussi que les conflits peuvent survenir. Est-ce qu'il y a une
erreur? Est-ce que c'est... Quelle est la bonne façon d'effectuer les travaux?
Ça s'accentue quand le professionnel, aussi, est là pour autoriser la demande
de paiement. Donc, des fois, est-ce que les travaux supplémentaires, ça aurait
dû être inclus dès le départ? Est-ce que c'est un extra qui est demandé? Donc,
il y a toutes ces discussions-là qui s'opèrent entre le professionnel et
l'entrepreneur. Donc, pour évacuer ça, l'intervention d'une instance neutre
pourrait être adéquate pour régler ce genre de situation...
M. Boulet : ...c'est bien
compris.
Mme Senécal (Julie) : On
voit... On voit des fois encore des plans et devis où on réfère au bureau des
examinateurs électriciens, qui est l'instance précédemment... qui précède la
Régie du bâtiment. Donc, c'est inquiétant en ce sens-là. On comprend que, les
professionnels aussi, malheureusement, la préparation des documents d'appel
d'offres, des plans et devis, c'est souvent une étape où on n'investit pas
suffisamment de temps. Donc, c'est important que les donneurs d'ouvrage soient
conscientisés à l'importance aussi de consacrer suffisamment de temps et de
ressources à la préparation du projet et aux documents d'appel d'offres.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Puis, dépendamment de la nature du bâtiment, de la complexité de la
construction, je pense quand même, Julie, que ça peut être opportun puis
pertinent d'aller au-delà du code puis des normes. Parfois... Vous avez raison,
Julie. Je pense que vous êtes d'accord avec ce que je viens de mentionner. Et
ça, il faut s'appuyer sur l'expertise du professionnel. Et il faut certainement
que la réglementation de la Régie du bâtiment du Québec y aille de façon
progressive, là, qu'on monte l'escalier graduellement pour ne pas faire une
révolution. Moi, j'aime ça qu'on réforme graduellement, mais en respectant les
partenaires que vous êtes. Et vous serez vraisemblablement consultés. S'il y a
des paramètres qui apparaissent dans le règlement, vous serez, évidemment,
impliqués.
Peut-être le dernier point, là, vous
dites : octroyer à la CMEQ les nouveaux pouvoirs dévolus aux régisseurs.
Ça, c'est... Ce serait par la voie de votre comité de qualification, là, c'est
ce que je comprends, Julie?
Mme Senécal (Julie) : C'est
le comité de qualification à la CMEQ qui applique les pouvoirs dévolus aux
régisseurs à la Régie du bâtiment.
M. Boulet : O.K. Et donc vous
souhaiteriez... Parce que là ça ne relève pas nécessairement de la loi. Je
pense, il y a une entente qui est faite entre... entre mon ministère ou moi et
la commission des maîtres électriciens pour... qui pourrait inclure les
nouveaux pouvoirs dévolus aux régisseurs en vertu du projet de loi.
Mme Senécal (Julie) : Effectivement.
Le décret prévoit les pouvoirs qui sont dévolus aux corporations, à la
corporation des maîtres électriciens. Donc, à l'époque, en 2001, bien, évidemment,
ces nouveaux pouvoirs là n'existaient pas. Donc, ça pourrait être, vous avez
tout à fait raison, M. le ministre, tout simplement d'amender le décret pour
prévoir ces nouveaux pouvoirs là.
M. Boulet : O.K. Moi, je vous
dis d'emblée, Julie, je ne suis absolument pas fermé, puis on va faire
l'analyse qui s'impose, puis, le cas échéant, on pourra discuter des modalités
de modification de cette entente-là, là, entre... entre nous.
Mme Senécal (Julie) : Parfait.
Merci.
M. Boulet : Alors, moi, ça
compléterait. Encore une fois, un gros merci de votre présence puis de votre
présentation. Puis restons en contact. Après les consultations particulières,
comme vous le savez, il y aura une étude détaillée avec les collègues des
partis d'opposition, puis je sais qu'on va communiquer encore ensemble, là,
pour raffiner ce projet de loi là. Merci beaucoup.
Mme Senécal (Julie) : Merci à
vous.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le ministre. Alors, pas d'autres questions du côté ministériel? Alors, nous
allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et j'entends la députée
de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Merci, M. le ministre. Bonjour à vous. Merci d'être avec nous, M.
Kingsbury, Mme Senécal, M. Bonneau et Mme Polonia. Également, donc, merci de
nous avoir soumis, donc, un mémoire étoffé en très peu de temps.
Je vais y aller, donc, recommandation par
recommandation, avec ce qui nous a été soumis puis évidemment, donc, en
complémentarité des échanges que vous avez eus avec le ministre.
Donc, je comprends, donc, au niveau, donc,
de la première recommandation que vous allez dans le même sens, donc, que vos
prédécesseurs, si vous avez eu l'occasion, donc, de les entendre, que pour
vous, c'est important que ce soit, donc, le client, au sens du Code civil du
Québec, qui établisse un lien contractuel avec, donc, le professionnel qui
établit la surveillance. Donc, pour vous, donc, vous verriez, là, que le... la
meilleure route que le législateur, donc, pourrait prendre, donc, ce serait
d'amender... d'amender, donc, le projet de loi, donc, tel qu'il a été déposé et
de prévoir que ce soit le donneur d'ouvrage/client/propriétaire qui octroie ce
contrat de surveillance là. C'est bien ça?
Mme Senécal (Julie) : Exactement.
Mme Cadet : Parfait. Pour les
différents motifs, bon, on a parlé beaucoup, donc, de risque de conflit
d'intérêts, d'indépendance et de partialité. Donc, ce sont... ce sont les
motifs qui sous-tendent votre recommandation également ou il y en a d'autres?
Mme Senécal (Julie) : Non, en
fait, c'est essentiellement ça. J'ai entendu l'Ordre des ingénieurs aussi de...
invoquer la possibilité que plusieurs... chacun des entrepreneurs octroie un
mandat de surveillance, ce qui serait impossible, là, ingérable sur un
chantier. Donc, je suis d'accord avec leur représentation à ce niveau-là.
• (17 h 20) •
Mme Cadet : Parfait. Puis je
comprends...
Mme Cadet : ...si vous avez
entendu, parfois... si vous écoutiez précédemment, vous m'avez parfois
peut-être entendue poser, donc, la question, donc, sur la démarche, là, prévue
à l'article 16 du projet... bien, l'article 16, donc, de la loi,
donc, qui serait modifié par l'article deux du projet de loi, qui indique que
l'entrepreneur ou le constructeur propriétaire ne pourrait entreprendre de
travaux de construction, à moins d'avoir conclu un tel contrat, un contrat de
surveillance. De ce que je comprends de vos prédécesseurs, puis vous pouvez
confirmer, c'est que cette façon de faire, donc, de conclure un contrat de
surveillance au préalable, c'est ce qui se fait ailleurs au Canada, ou même,
donc, ici, donc, sur les autres types de chantiers publics. Mais, pour ce
faire, pour que ça ne retarde pas trop, donc, les travaux, il faudrait que ce
soit le propriétaire, le client, donc, qui octroie ce contrat-là, mais, pour
vous, il n'y a pas d'enjeu à ce que le contrat soit conclu avant d'entreprendre
des travaux, si c'est le propriétaire qui l'octroie.
Mme Senécal (Julie) : Si
c'est le propriétaire, effectivement.
Mme Cadet : Parfait. Donc, de
ce côté-ci, c'est clair. La deuxième recommandation, donc, c'est... c'est
certain que pour moi aussi, ça me semble évident qu'il faudrait qu'une des
étapes charnières soit obligatoirement fixée avant la fermeture des murs. On a
entendu donc le ministre, donc, nous rassurer à l'effet que c'est l'intention
du législateur. Selon vous, pour plus de clarté, donc, au-delà, donc, de ces
confirmations-là, donc, qui seraient confirmées au procès-verbal, donc, de ces
échanges, vous souhaiteriez, donc que, dans le... que dans le projet de loi,
que ce soit écrit définitivement ou que ce soit prévu par voie réglementaire?
Mme Senécal (Julie) : Par
voie réglementaire, je pense que c'est tout à fait acceptable, là, mais on...
Mme Cadet : O.K. donc, par
voie réglementaire, que, dans le règlement que... dans le fond, ce que vous
dites, c'est qu'une fois que le règlement, donc, sera adopté, ce que vous...
vous êtes à l'aise avec cette démarche de voie réglementaire là, c'est que...
c'est qu'à ce moment-là il faudrait absolument dans... Et puis j'imagine que
vous allez être consultés à ce moment-là, là, que vous souhaitez être
reconsultés, que ce soit écrit noir sur blanc, donc, dans le règlement, que
le... l'une des étapes soit fixée avant la fermeture des murs.
Mme Senécal (Julie) : Exactement...
Mme Cadet : Oui, allez-y.
Mme Senécal (Julie) : Non,
non.
Mme Cadet : O.K. Ensuite,
vous demandez que la RBQ conserve son pouvoir d'inspection. J'aimerais
peut-être vous entendre élaborer un peu plus sur cette troisième
recommandation, parce qu'on a entendu moins d'interlocuteurs nous parler...
bien, nous... nous l'étayer. Et bon, vous dites, donc, qu'il s'agisse
d'inspections aléatoires ou de celle effectuée à la suite de la réception d'une
plainte. Donc, vous le voyez, ce mandat-là, de façon complémentaire aux
contrats qui seraient conclus avec, donc, le propriétaire, selon votre... le
propriétaire ou le client selon votre recommandation?
Mme Senécal (Julie) : Exactement.
En fait, je pense que la régie possède le pouvoir, là, d'inspecter, dans
l'optique de la qualité des travaux, la conformité au code. Et, même s'il y a
un contrat de surveillance qui est accordé, ça n'exclut pas automatiquement le
pouvoir de la régie, elle devrait conserver ce pouvoir-là d'intervenir ou
d'aller sur le chantier, même s'il y a un plan de surveillance qui est accordé,
donc.
Mme Cadet : Oui, bien, c'est
ça, c'est... ma compréhension, c'est qu'ici, donc, le projet de loi n'éliminait
pas nécessairement, donc, ce pouvoir-là. Vous souhaiterez donc que nous, comme
législateurs, lorsqu'on va s'attaquer à l'étude détaillée du projet de loi,
qu'on ait une pensée particulière pour éviter toute confusion à ce sujet.
Mme Senécal (Julie) : Oui,
surtout au niveau de la réglementation aussi...
Mme Cadet : ...au niveau de
la réglementation.
Mme Senécal (Julie) : ...en
prévision de la réglementation... qui vont être adoptées.
Mme Cadet : Parfait, que ce
soit, encore une fois, donc, par règlement, indiqué de façon limpide que ce
pouvoir-là, donc, il est préservé. J'en arrive donc à... Bon, incidemment,
donc, à la question, donc, des plans et devis, au niveau de la quatrième
recommandation. C'est... je sais, bon, on vient... on vient de vous écouter,
donc, dans les échanges avec le ministre là-dessus. Peut-être, donc, nous
étayer, donc, comment... Quel est le... Quel est le plus grand risque que vous
voyez à l'inclusion de la conformité aux plans et devis au projet de loi?
Mme Senécal (Julie) : Bien,
écoutez, ça dépend de comment on le définit. Ici, on dit : Aux plans et
devis... inclus nécessairement la conformité au code. Et donc ça... je pouvais
comprendre cet argumentaire-là. Mais, selon nous, le plus grand problème, c'est
que le plan et devis ne respecte pas toujours les codes, il est là le problème.
Donc, l'attestation de conformité, pour nous, qu'elle soit au code, c'est
important, c'est le minimum à respecter. Et le problème, c'est quand les plans
et devis contreviennent au code. Alors là, à ce moment-là, on aurait un
problème.
Mme Cadet : D'accord. Puis,
dans... en ce sens... Parce que, souvent, ce qu'on a entendu ministre répondre
aux groupes précédents, c'est qu'il disait que, bon, lui, il n'a pas
d'objection à ce que... dans les faits, que, lorsque le contrat de
surveillance, donc, il est conclu, que ça comprenne aussi, donc, de façon
excédentaire, donc, une conformité aux plans et devis, parce qu'ils le voient
comme une norme minimale...
Mme Cadet : ...minimal, est-ce
que vous êtes... vous êtes d'accord avec cette perspective, considérant le
risque que vous venez d'énoncer?
Mme Senécal (Julie) : Bien,
en fait, ça peut être une conformité au code. Ça, c'est la base. C'est le
minimum, c'est clair. Si les plans et devis augmentent les exigences, il n'y
aurait pas de problème à ce que la conformité soit aussi aux plans et devis,
mais c'est aussi l'avantage que le plan de surveillance soit confié par le
propriétaire. S'il veut payer des sommes supplémentaires pour qu'il y ait une
surveillance supplémentaire au code, ça lui appartiendra, mais, minimalement,
c'est le code qu'il faut s'assurer qu'il soit respecté.
Mme Cadet : D'accord. Je
comprends mieux votre prise de position ici. Ce que... dans le fond, ce que
vous nous dites, c'est que le défi, c'est... le défi... factuellement, comme le
mentionne souvent, donc, la loi, donc, elle doit être appliquée sur le terrain,
donc, avec les réalités du terrain, et votre défi derrière, de... de vie, donc,
ne respectent pas le code, donc, là, vous verriez, donc, une possibilité, donc,
de litige à ce moment-là.
Une voix : Absolument.
Mme Cadet : Mais s'ils le
respectent, et je comprends, donc... moi, ce que je saisis, donc, de vos
prédécesseurs, c'est que ce scénario-là, donc, qui est envisagé dans leurs
recommandations, c'est que ces plans et devis là, donc, aillent au-delà de ce
qui est prévu au code et que le respect, donc, au Code de construction et aux
codes... aux différents, donc, codes municipaux, donc, soient un plancher, en
fait.
Mme Senécal (Julie) : C'est
un plancher. Puis ce qu'on apprend aussi, ce qu'on voit, c'est qu'il y a beaucoup
de non-conformités qui sont constatées par la régie qui résultent d'un défaut
de conception. Donc, quelquefois, il y a... dans les plans et devis, ça ne
respecte pas nécessairement le code. Donc pour nous, la préoccupation, c'est
vraiment le respect du code.
Mme Cadet : O.K. Parfait.
Mais ça peut être, donc une norme minimale, là, dans ce cadre-là, c'est qu'il
faut absolument que ça respecte le code, puis ça, je pense que... ça, c'est
partagé par l'ensemble des interlocuteurs.
Peut-être, avec le temps qui nous est
imparti, vous... et ça a été abordé également avec le ministre, donc, vous
voulez, donc, que soient octroyés, donc, les nouveaux pouvoirs accordés aux
régisseurs. Pouvez-vous élaborer de ce côté-là?
Mme Senécal (Julie) : En
fait, la FMEQ applique la Loi sur le bâtiment. Donc, le régisseur, pour nous,
c'est le comité de qualification, qui peut annuler, suspendre des licences,
mais, des fois, l'annulation ou la suspension, c'est comme la peine de mort
pour l'entreprise, ce n'est pas nécessairement la bonne solution, mais le
comité de qualification n'a pas d'autre pouvoir.
Donc, les nouveaux pouvoirs émis aux
régisseurs, par exemple, pour imposer une formation... On voit que
l'entrepreneur a certains enjeux parce que... au niveau de la qualité des
travaux, bien, on peut lui imposer un accompagnement, une formation, donc, dans
le but de rejoindre la conformité plus rapidement, d'améliorer la compétence de
l'entrepreneur. Donc, ce sont des moyens extrêmement intéressants. On voit ça
d'un bon œil, mais on voit mal pourquoi l'ensemble des entrepreneurs pourraient
se faire imposer des mesures, mais que les entrepreneurs électriciens, eux, ne
peuvent pas se faire imposer les mêmes mesures. Donc, c'est important qu'on ait
un régime de qualification uniforme qui ne crée pas d'iniquité, non plus, qu'on
puisse intervenir auprès des entrepreneurs électriciens. De la même manière et
avec les mêmes moyens, qu'on puisse intervenir à travers les autres
entrepreneurs.
Mme Cadet : Je comprends.
Donc, essentiellement, ici, là, c'est vraiment une question, donc, d'uniformité
puis s'assurer que tous les... peu importe où est-ce que le législateur, donc,
décide d'aller avec les différentes dispositions qui sont là, qui sont prévues,
donc, au projet de loi, que ces dispositions-là, donc, soient uniformes
quand... que ce soit, donc, du côté de la régie ou que ce soit soir du côté,
donc... que ce soit, en fait, du vôtre, pour que vous puissiez appliquer
adéquatement les différentes responsabilités que le gouvernement vous a
octroyées, donc, au fil des ans.
Mme Senécal (Julie) : Exactement.
Mme Cadet : O.K. parfait.
Donc, c'est très clair.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, pile dans les temps. Alors, nous allons maintenant du côté de
la deuxième opposition, avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre, toujours heureux de vous voir en commission.
Ca a été, je pense, abordé un peu plus tôt, mais, à la page cinq et six, la
recommandation deux, vous dites que ... ça peut paraître étonnant, mais vous...
«Or, il nous apparaît d'ores et déjà crucial de souligner, même si cela peut
paraître une évidence, qu'une des étapes charnières pour l'inspection des travaux
doit systématiquement être réalisée avant la fermeture des murs.» Puis vous en
faites une recommandation, qu'une des étapes charnières... avant la fermeture
des murs. Si ça paraît une évidence, pourquoi en avoir fait une recommandation?
C'est parce que vous avez la crainte que ça ne soit pas une évidence pour
quelqu'un, éventuellement, dans le processus?
• (17 h 30) •
Mme Senécal (Julie) : Bien,
en fait, présentement, l'inspection qui se fait... il n'y a pas nécessairement
d'inspection systématique avant la fermeture des murs. Même au niveau des plans
de garantie résidentielle, ça... c'est dans les projets, mais ça ne l'était
pas. Donc, même si ça paraît une évidence, pour nous, c'est vraiment une...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Senécal (Julie) : ...c'est
impératif. À tout le moins, en électricité, c'est là qu'on constate les
non-conformités. Est-ce que c'est les bons câbles, donc, qui ont été installés?
Tout ça, c'est vraiment avant la fermeture des murs. C'est même là où c'est
plus facile de corriger les non-conformités parce qu'une fois que les murs sont
fermés, là, les coûts sont astronomiques pour corriger les non-conformités.
Donc, c'est important qu'il y ait un regard particulier avant la fermeture des
murs.
M. Leduc : O.K., je vais
reformuler peut-être ma question. Quand vous écrivez ça, vous vous adressez, si
je comprends bien, un peu, à la RBQ parce que vous dites qu'il aura un
règlement qui sera adopté ultérieurement à la RBQ et vous leur dites, à la RBQ :
N'oubliez surtout pas la fermeture des murs.
Mme Senécal (Julie) : L'inspection
avant la fermeture des murs devrait être systématique, pour nous, dans n'importe
quel type de bâtiment.
M. Leduc : O.K., parfait. Je
suis juste surpris qu'on ait besoin d'écrire ça dans son mémoire, mais, coudon,
si vous l'écrivez, c'est que vous jugez que ça puisse... qu'il y ait quelqu'un
qui l'échappe en quelque part.
Mme Senécal (Julie) : Bien,
en fait, pour nous, c'est une des étapes charnières incontournables. Les
autres, on peut les terminer, mais, pour nous, celle-là, elle était
incontournable et c'est important de le mentionner.
M. Leduc : Vous êtes à la
RBQ, écrivez un règlement comme vous voulez, à la limite, mais n'oubliez
surtout pas ce bout-là.
Mme Senécal (Julie) : Mais je
n'irais pas jusqu'à là, là, mais c'est un...
M. Leduc : Quelque chose dans
le sens du monde, mais oubliez surtout pas cet élément-là. O.K., je prête des
intentions, selon le ministre, c'est dangereux.
En fait, j'aimerais vous offrir le restant
de mon temps, voir si vous avez des éléments dans le mémoire qu'on n'a pas eu
le temps d'adopter... pas d'adopter, mais d'aborder aujourd'hui que vous
aimeriez mettre de l'avant.
Mme Senécal (Julie) : Bien,
écoutez, je pense que j'ai quand même fait le tour rapidement de nos
recommandations. On n'a pas parlé beaucoup de formation initiale obligatoire,
mais je vous dirais que c'est une préoccupation d'avoir la meilleure compétence
possible pour les futurs entrepreneurs et, pour nous, la formation initiale
obligatoire devrait l'être et conserver l'examen, je pense que c'est
effectivement ce qu'on prévoit dans le projet. Parce que, ce qu'on constate, c'est
des déficits de compétences chez les nouveaux entrepreneurs. Que ce soit en
administration ou que ce soit en technique, il faut s'assurer de la compétence,
il faut que la licence conserve sa valeur quand on accorde une licence d'entrepreneur.
M. Leduc : Et, dans votre
vision, qui offrirait cette formation? La RBQ ou la corporation?
Mme Senécal (Julie) : Bien,
en fait, un peu comme la formation continue, ça peut être différents
dispensateurs qui soient accrédités par la RBQ. En électricité, c'est la CMEQ
qui accrédite les dispensateurs, mais il peut y avoir d'autres dispensateurs.
Donc, ça, c'est à déterminer. Mais l'important, c'est qu'il y ait un contenu
qui soit déterminé par la corporation en électricité, par la régie dans d'autres
domaines.
M. Leduc : Et c'est quelque
chose qui...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
M. Leduc : Ah! voilà. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté du député de Saint-Jérôme pour
2 min 38 s.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Alors, peut-être des petites
questions, mais je voudrais quand même vous entendre. Dans la Loi sur les
maîtres électriciens, le projet de loi prévoit, dans le fond, certaines modifications,
puis là je comprends que c'est du langage surtout, mais on... dans ces
modifications-là, vous, vous êtes à l'aise avec toutes ces modifications-là?
Mme Senécal (Julie) : Toutes
les modifications qui apportées, effectivement, à la Loi sur les maîtres
électriciens.
M. Chassin :Y compris l'article 46, là, qui fait de 1 à 3, de 5 à
7?
Mme Senécal (Julie) : Oui,
pour les prescriptions... Justement, on harmonise les prescriptions pénales
pour que les deux lois aient les mêmes prescriptions, parce qu'essentiellement
c'est le même comportement illicite qu'on vise. Sauf que, des fois, c'est en
vertu de la Loi sur le bâtiment. Mais quand c'est de l'électricité, c'est en vertu
de la Loi sur les maîtres électriciens. Mais ultimement, c'est la même
infraction qu'on vise.
M. Chassin :Parfait. Et puis une autre question, alors, justement, sur
la formation. Puis là je me trompe peut-être, mais j'ai... on m'a dit en fait
qu'au Québec on avait misé sur un régime où on porte davantage... on fait
porter davantage l'importance à la formation pour qu'elle soit excellente
plutôt qu'à des inspections et de la surveillance de chantier en cours et que,
dans d'autres provinces, en fait, on avait comme choisi un autre mixte, un
autre équilibre. Est-ce que maintenant qu'on change un peu notre fusil d'épaule,
on renforce la surveillance, est-ce qu'en termes de formation, vous avez des
craintes qu'on relâche ou est-ce que vous avez, au contraire, plutôt la
préoccupation, par exemple, qu'on soit équilibré, qu'on ait peut-être une
intention d'harmoniser l'exigence de formation avec d'autres provinces?
Mme Senécal (Julie) : Bien,
moi, ce que je perçois, c'est la recherche. Je ne perçois pas un relâchement au
niveau de la qualification professionnelle parce que justement on arrive avec
la formation initiale obligatoire. Je pense qu'on vise un bel équilibre ici. Je
pense que chacun des aspects est important pour assurer la sécurité du public...
Mme Senécal (Julie) : ...oui,
la qualification à l'entrée de la licence, la formation continue pour s'assurer
que les entrepreneurs conservent leurs connaissances à jour pendant toute la
durée de la licence et l'inspection pour vérifier effectivement qu'est-ce qui
s'exécute comme travaux sur les chantiers.
M. Chassin :O.K. Et puis il me reste 30 secondes, même pas. Les
sanctions administratives pécuniaires, avez-vous des craintes que ça pèse
lourdement sur certains des maîtres électriciens qui pourraient être
sanctionnés?
Mme Senécal (Julie) : Mais en
fait je pense qu'il y a un cadre général aussi qui va être élaboré. Il va être
rendu public. Donc, ça, ça va être important, un travail de transparence au
niveau du cadre général d'application et...
M. Chassin :Vous réserverez vos commentaires pour le cadre général
finalement.
Mme Senécal (Julie) : Exactement.
M. Chassin :D'accord.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, merci beaucoup pour votre aide à la commission.
Nous allons suspendre quelques instants
afin d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 17 h 36)
(Reprise à 17 h 45)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Bonjour à vous quatre. Nous recevons les...
l'Association de la construction du Québec. Alors, je vous laisse vous
présenter, et, par la suite, vous avez un 10 minutes pour faire votre
présentation...
M. Fraser (Éric) : ...merci,
M. le Président. M. le ministre, Mmes, MM. les députés, membres de la
commission. Je me présente, Éric Fraser, président de l'Association de la
construction du Québec et aussi entrepreneur basé dans le Bas-Saint-Laurent. Je
suis accompagné aujourd'hui de Francine Sabourin, directrice générale de l'ACQ,
de Félix Rhéaume, directeur des affaires publiques et gouvernementales à l'ACQ,
et de David Martellino, directeur général de l'ACQ Résidentiel.
J'aimerais débuter en vous remerciant de
l'opportunité qui nous est offerte de partager notre point de vue, de l'ACQ,
concernant un projet de loi important et fort attendu pour l'industrie de la
construction.
L'ACQ est un réseau de
10 associations régionales implanté dans 17 villes du Québec. Nous
sommes l'agent patronal négociateur pour les secteurs institutionnel,
commercial, ce qui inclut le résidentiel en hauteur, et industriel. Nous
représentons plus de 20 000 entrepreneurs qui oeuvrent dans toutes
les régions du Québec. Nos membres génèrent plus de 62 % des heures... des
heures déclarées dans l'industrie de la construction.
L'ACQ Résidentiel est une filiale de l'ACQ
qui administre notamment des plans de garantie et qui offre des services
spécialisés en construction résidentielle couvrant plusieurs secteurs. La
mission de l'ACQ Résidentiel est d'accompagner les entrepreneurs à maintenir
des standards de construction de haut niveau afin d'assurer la protection des
consommateurs.
Comme vous le savez, l'industrie de la
construction occupe une place prépondérante dans l'économie québécoise. En
2023, notre secteur représentait 6,9 % du PIB provincial, employant plus
de 300 000 personnes et générant plus de 65 milliards de
dollars d'investissements. Que ce soit pour nos écoles, nos hôpitaux, nos
usines, nos tours à condos ou encore les travaux qui ont eu lieu ici même, à
l'Assemblée nationale, dans les dernières années, nos membres sont aux
premières loges des plus grands chantiers au Québec. Nous avons à cœur
d'accroître la qualité des travaux et de toujours améliorer les standards de
notre industrie. Nous vivons au quotidien avec les inspections sur les
chantiers et nous avons une expertise de pointe dans le domaine avec l'ACQ
Résidentiel.
Le projet de loi n° 76 est une avancée
importante que nous tenons à saluer. Les recommandations que nous vous
soumettrons visent d'abord à éviter des délais inutiles dans la livraison des
différents projets de construction, tout en assurant la protection du public.
Je vais maintenant céder la parole à notre
directrice générale, Francine Sabourin.
Mme Sabourin (Francine) : Merci,
Éric. À mon tour de vous saluer, M. le Président, M. le ministre du Travail et
tous les membres de la commission.
D'emblée, l'Association de la construction
du Québec souligne le travail du gouvernement pour le dépôt du projet de loi n°
76. Celui-ci vient répondre à des revendications de longue date de l'ACQ.
Depuis plusieurs années, nous plaidons
pour la mise en place d'un système d'inspections obligatoires à plusieurs
étapes clés de la construction couvrant tous les types de bâtiments. La
sécurité du public n'est pas un simple objectif, c'est une obligation morale et
sociétale. Repérer les non-conformités avant qu'elles ne deviennent des
problèmes majeurs permet non seulement de réaliser des économies importantes,
mais surtout de mieux protéger la population.
Le projet de loi propose des inspections
obligatoires à des étapes charnières de la construction, assurant ainsi que les
chantiers soient surveillés avec soin. De plus, il prévoit certaines
dispositions concernant la formation et la délivrance d'une licence
d'entrepreneur.
Nous croyons que c'est l'occasion
d'instaurer une formation initiale obligatoire afin de renforcer la qualité de
l'ensemble des acteurs de l'industrie. C'est une mesure essentielle qui
garantit que le secteur continue de s'appuyer sur des professionnels qualifiés
et formés, assurant ainsi une meilleure qualité des travaux dans notre
industrie.
L'ACQ le redit, nous soutenons le projet
de loi n° 76. Il est une étape importante pour appuyer une industrie qui
encourage l'excellence et la qualité de la construction. Nous croyons toutefois
que certaines modifications sont nécessaires pour garantir une mise en œuvre
efficace et harmonieuse, adaptée aux réalités du terrain.
Tout d'abord, il est essentiel de
reconnaître la diversité des projets de construction au Québec. Tous les
chantiers représentent des niveaux de complexité différents, et cette réalité
doit se refléter dans les exigences légales entourant les inspections.
• (17 h 50) •
L'ACQ propose donc une approche où le
nombre d'inspections obligatoires serait adapté à la nature et à la complexité
des travaux. Les trois inspections à des étapes charnières prévues au projet de
loi peuvent être considérées comme un seuil plancher pour des constructions
neuves. Cependant, nous croyons que le professionnel mandaté à la création du
plan de surveillance devrait établir le nombre...
Mme Sabourin (Francine) : ...supplémentaire
requise pour un ouvrage donné, selon sa complexité et son envergure. À titre
d'exemple, un projet immobilier de plusieurs... de plus de 10 étages qui
s'échelonne sur plusieurs années nécessitera assurément plus de trois inspections.
Par contre, au contraire, une modernisation d'une salle de bain, elle n'en
demandera sûrement pas autant.
Dans la même optique, l'ACQ recommande
d'élargir le bassin des professionnels habilités à effectuer les inspections et
à délivrer des attestations de conformité. Nous proposons donc d'inclure
expressément les technologues professionnels membres de l'Ordre des
technologues professionnels du Québec à l'intérieur du projet de loi. Nous
pourrions ainsi pallier en partie à la pénurie de professionnels qualifiés qui
freine parfois le démarrage et la bonne continuité des travaux. Cette mesure
favoriserait une utilisation plus efficiente des ressources, de progresser à un
rythme plus soutenu, tout en réduisant les délais qui nuisent au bon
déroulement des chantiers.
La flexibilité est un autre aspect crucial
que nous souhaitons souligner dans le cadre de la législation actuelle,
l'obligation de conclure un contrat de surveillance avant le début des travaux
peut poser des problèmes pratiques, notamment en cas de difficulté à trouver
des professionnels disponibles à temps. Nous préconisons donc de permettre la
conclusion de ce contrat après le démarrage des travaux, mais avant la première
inspection clé. Ça éviterait des retards inutiles et permettrait aux
entrepreneurs de lancer leurs projets tout en respectant les exigences de
sécurité au moment opportun. Cette flexibilité est d'autant plus nécessaire
dans un contexte où la rareté de main-d'œuvre qualifiée continue de poser un
problème de taille dans notre industrie.
Dans cet esprit, l'ACQ propose également
d'ajuster les exigences relatives à la présence continue des professionnels sur
les chantiers des inspections... lors des inspections. Chaque inspection
effectuée par un professionnel compétent ne doit pas alourdir les délais dans
une présence continue en chantier. Pour éviter les retards, il serait plus
pertinent de concentrer leur présence sur les étapes critiques du projet. Ça
permettrait d'optimiser l'utilisation de leur expertise tout en maintenant des
standards de qualité élevés. Cette réorganisation du suivi professionnel,
combinée à la possibilité de conclure les contrats de surveillance après
l'obtention du permis de construire, introduirait une flexibilité bienvenue
dans les processus.
Par ailleurs, la simplification des
démarches et l'allègement du fardeau administratif qui incombent aux
entrepreneurs sont au cœur de nos préoccupations. Nous croyons qu'il est
possible de rendre le processus d'inspection plus efficace en permettant aux
professionnels déjà mandatés par le donneur d'ouvrage d'émettre les
attestations de conformité requises. Ça éviterait les redondances et la
multiplication des intervenants dans un même projet, ce qui pourrait générer
des coûts supplémentaires et retarder la livraison des travaux.
Je vais maintenant céder la parole à Félix
Rhéaume, notre directeur des affaires publiques et gouvernementales, qui
terminera la présentation de nos recommandations.
M. Rhéaume (Félix) : Merci,
Francine. Alors, la clarté et la prévisibilité des coûts associés aux
inspections sont également primordiales. Nous proposons donc l'introduction
d'une grille tarifaire officielle qui assurerait une répartition équitable des
ressources et des responsabilités. Cette mesure amènera plus de prévisibilité
aux entrepreneurs pour fins de soumission. L'AQ souligne l'importance de bien
différencier certains mécanismes légaux qui encadrent notre secteur.
Nous insistons sur la nécessité de
maintenir la distinction entre le cautionnement de licence et le plan de
garantie pour les bâtiments résidentiels neufs. Une modification de l'article
84 de la Loi sur le bâtiment viendrait changer la nature du cautionnement de
licence, nuisant ainsi à la transparence pour les consommateurs. Enfin, nous
exprimons des préoccupations concernant l'article 159.18 du projet de loi, qui
introduit une responsabilité solidaire automatique pour les dirigeants
d'entreprise en cas de sanctions impayées. Une telle disposition va à
l'encontre du principe de la personnalité juridique distincte des entreprises,
principe fondamental du droit commun.
Nous recommandons donc le retrait de cet
article afin d'éviter des sanctions injustifiées qui pourraient affecter les
dirigeants sans tenir compte des responsabilités individuelles.
En conclusion, les recommandations de
l'ACQ visent à améliorer le projet loi no 76 en y intégrant des ajustements
pratiques et adaptés aux réalités de notre industrie. Nous croyons que ces
modifications permettront de répondre aux objectifs du projet de loi tout en
préservant la compétitivité de notre secteur et la qualité des travaux réalisés
pour la protection du public.
L'ACQ reste disponible pour continuer à
travailler en étroite collaboration afin de bâtir un cadre législatif qui serve
les intérêts de tous les acteurs de la construction au Québec. Je vous remercie
de votre attention.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci à vous quatre pour la présentation. Nous allons maintenant débuter une
période d'échange avec le ministre. Vous avez la parole.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. D'abord, un grand merci...
M. Boulet : ...à l'ACQ. On
sait l'importance capitale de votre association dans le secteur de la
construction au Québec pour que le PIB mais, les ressources humaines et votre
engagement à faire évoluer notre capacité de bien répondre aux besoins qui sont
tellement variés, qu'on pense aux maisons, aux écoles, aux hôpitaux. On a
travaillé ensemble d'ailleurs pour une loi qui permet de construire plus. C'est
une loi qui vous appartient. Maintenant, c'est un projet de loi qui vise à nous
aider à mieux construire puis à mieux rassurer la population. Il y a eu
tellement de drames découlant de vices de conception ou de construction, donc
il faut s'y attarder. Puis j'apprécie que vous fassiez part de l'importance de
ne pas nuire aux délais, d'assurer aussi la compétitivité des entreprises. Je
vais m'attarder à quelques points, Francine, puis je vais m'adresser à vous,
là, mais... La formation, c'est certain qu'il faut accroître la qualification
des entrepreneurs. La formation initiale, elle est un incontournable, ça, c'est
un aspect qui est vraiment important dans le projet de loi. Quand vous faites
référence aux inspections, on a la même philosophie, c'est un cadre minimal. Ce
projet de loi là, puis on peut aller au-delà de ça, puis il faut se fier au
professionnel. Puis vous faites référence à la nature puis la complexité des
bâtiments, et ça, bien sûr, on va s'appuyer sur le pouvoir réglementaire qui
est prévu, l'habilitation qui est dans la loi. Et ça, il y aura des
consultations ou des publications pour fins de commentaires. Mais le trois
inspections, il est vraiment un seuil minimal que les technologues... J'ai eu
la même interrogation quand on a préparé le projet de loi, mais, tu sais, j'ai
réalisé que les technologues, ils peuvent faire de la surveillance, ils peuvent
émettre des attestations de conformité de façon autonome, mais pour des plus
petits bâtiments. Puis de la surveillance, il faut quand même que le plan de
surveillance ait été signé par un ingénieur. Donc, c'était pour s'assurer qu'en
écrivant les technologues dans le projet de loi, que ça fasse comprendre qu'ils
sont en mesure de tout faire. C'est pour ça qu'il y a un pouvoir réglementaire
qui va permettre à la RBQ de s'assurer que ce soit bien appliqué. Mais le
potentiel de l'inspectorat québécois, il va devoir aussi s'appuyer sur
l'expertise de nos technologues. Quand vous dites, Francine, vous dites, vous
souhaiteriez qu'on puisse amorcer les travaux avant que le contrat soit confié
à un professionnel, mais là il faut quand même obtenir le permis de
construction par la municipalité. Et le permis de construction, on va devoir en
tenir compte que le contrat aura été consenti par l'entrepreneur au professionnel.
C'est quoi votre compréhension là dessus, Francine?
Mme Sabourin (Francine) : En
fait, c'est que nous, on désire que le contrat soit conclu avant, comme je
mentionnais, une première inspection clé, donc, pour s'assurer d'aller chercher
le permis à la ville qui peut amener certains délais pour le donneur d'ouvrage,
pour l'entrepreneur. Donc, s'assurer, en fait, de ne pas ralentir les travaux
dans tout ça, donc s'assurer. Par contre, comme vous avez mentionné qu'il n'y a
pas... la structure, si elle fait partie des étapes clés pour tel projet, mais
qu'à ce moment-là le contrat soit déjà donné. D'ailleurs, je vais laisser la
parole à David qui réalise déjà des plans de surveillance pour l'ACQ
résidentielle.
M. Martellino (David) : Oui.
Merci. Bien, en fait, je vais me permettre aussi d'ajouter, mais aussi de
répondre aux commentaires que vous avez faits en lien avec les technologues et
la raison pourquoi qu'on demande expressément à les inclure. La notion du
technologue, pour nous, c'est un généraliste, ça fait qu'on est tout à fait
d'accord avec toutes les attestations professionnelles, avec les mandats
spécifiques qui sont donnés dans différents segments. Mais un technologue va se
retrouver à avoir un portrait global et aussi être en début de projet,
d'accompagner l'entrepreneur ou le donneur d'ouvrage tout au long du projet et
à voir si les travaux sont bien effectués. Donc, et en fin de projet va souvent
aller regrouper l'ensemble des attestations des ordres professionnels, entre
autres, on peut parler des concepts de la structure, de l'architecture, la
mécanique du bâtiment, l'électricité, même on peut aller jusqu'à aller aux
géotechniques, à voir c'est quoi la complexité du sol derrière un bâtiment ou
de la fondation en arrière de tout ça. Donc, le technologue va revenir dans
l'ensemble d'un portrait global, si on veut, ou d'un sceau de qualité du
bâtiment. C'est la raison qu'on le mentionnait de cette façon-là.
• (18 heures) •
Pour revenir sur le point en lien avec le
séquencement. Puis c'est toujours dans la notion de ne pas ralentir ou de
s'agencer à la réalité du... de la...
18 h (version non révisée)
M. Martellino (David) : ...conception
d'un bâtiment actuellement, c'est que dans certains dossiers où est-ce qu'on
peut penser peut-être à la rénovation, on peut penser à des rénovations
mineures, à une construction mineure, un ajout sur un bâtiment, on n'est pas
nécessairement dans la conception d'un bâtiment à son grand complet dans son
ensemble, ça va causer des ralentissements. C'est-à-dire que, si on pense aux
cinq étapes charnières qui avaient été énumérées dans le cadre du plan
réglementé résidentiel, si on se base encore aux influences de tout ça, on s'entend
que certaines étapes ne seront pas à valider dans certains projets. Donc, on
souhaiterait, temps et aussi longtemps que l'entrepreneur, son plan de
surveillance, soit dans la conception des étapes à vérifier... qu'il n'ait pas
besoin d'attendre à cette période-là pour demander l'émission de son permis,
qui peuvent être... qui peut prendre quand même quelques délais, là.
M. Boulet : Ah! Je suis d'accord
avec ça, David, c'est bien exprimé, d'ailleurs. Puis Francine y faisait
référence, ça va prendre une approche collaborative avec les inspecteurs. Il ne
faut certainement pas qu'une inspection retarde l'exécution des travaux. C'est
pour ça que la coopération... puis je pense que Francine, vous faisiez
référence à la flexibilité, que les inspections interviennent à des moments
vraiment critiques. Donc, quand c'est critique, là, à ce moment-là, c'est plus
opportun et c'est plus pertinent de faire l'inspection, ça, j'adhère
complètement à ça.
Peut-être trois petits points, là,
peut-être des opinions en même temps, là, le cautionnement. Félix a fait
référence, il y a une décision, là, probablement que vous avez déjà lu, là, de
la Cour d'appel en 2023. Puis, en fait, ce qu'on précise, dans la loi, tu sais,
pour les... les plus petits bâtiments, il y a un cautionnement qui est requis
par l'assureur, qui est Garantie de construction résidentielle, qui est
différent pour les autres bâtiments plus grands. C'est un cautionnement de
40 000 $. Ce que la Cour d'appel nous a enseigné, c'est que, si l'entrepreneur
n'a pas la sous-catégorie de licence pertinente, là, le bénéficiaire, qui peut
être un citoyen, qui peut être n'importe qui, là, qui bénéficie des travaux de
construction, il perd le cautionnement. C'est ça qu'on vient corriger dans la
loi, purement et simplement. On veut s'assurer que le cautionnement soit quand
même effectif si l'entrepreneur n'a pas la sous-catégorie de licence qui est
prévue. Donc, c'est deux cautionnement qui sont distincts, là, cautionnement de
GCR, qui a un plan de garantie administré, et le cautionnement de
40 000 $, ce que la vaste... ce que, probablement, la totalité des membres
de l'ACQ ont à assumer. Ça fait que c'était une précision que je tenais à
faire.
La grille tarifaire, je ne sais pas si c'est
français, une... ce n'est certainement pas notre intention d'embarquer dans...
Tu sais, je pense qu'on... on vit dans un marché. Moi, je crois à la libre
négociation des parties. Et je ne souhaiterais pas que la régie se mette à
faire une grille tarifaire. Bon, c'est l'opinion que je donne au niveau des
consultations particulières.
Puis la responsabilité solidaire,
peut-être, dernier élément, Félix, je suis conscient de ça, là, mais ça existe
puis vous le savez, avec la formation que vous avez, dans beaucoup de lois
maintenant. Ceci dit, le dirigeant ou l'administrateur peut toujours se
défendre en plaidant la prudence et la diligence. Là, il y a quand même des
moyens de défense importants, mais c'est quand même souhaité et souhaitable
pour assurer, là, le respect des dispositions du projet de loi.
Donc, pour moi, ça fait le tour, M. le
Président, mais... Puis je veux vous remercier puis sachez... puis vous l'avez
redit, ce n'est pas parce que les consultations particulières sont terminées qu'on
n'aura pas à collaborer. Vous savez comment vous avez travaillé avec nous le
printemps dernier. On va continuer à demeurer en contact quand on amorcera l'étude
détaillée avec l'intéressante collaboration de nos collègues des partis d'opposition,
on aura certainement à se parler. Alors, merci beaucoup à vous quatre, puis au
plaisir de se revoir bientôt. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le ministre. Nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle avec
la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre, M. Martellino, M. Fraser, Francine, Félix.
Merci d'être avec nous et de votre habituelle collaboration. Je vais commencer,
donc, avec... donc, vos recommandations, les recommandations qu'on retrouve à
votre mémoire. D'abord, donc, sur l'inclusion des technologues professionnels,
donc vous n'êtes pas les premiers, donc, à nous en faire état et à nous... de
nous dire, en fait, que vous préféreriez que le législateur précise...
Mme Cadet : ...dans la loi,
donc, que... et non, donc, dans un éventuel règlement que des technologues
professionnels en architecture et sciences, donc, du bâtiment, donc, qu'ils
aient l'occasion de pouvoir réaliser des inspections. J'aimerais vous entendre
sur la plus-value. Je pense que votre mémoire est assez claire à cet effet,
mais donc de voir, donc, quel serait le risque en fait, donc, de ne pas les
inclure directement à la loi.
Mme Sabourin (Francine) : Bien,
je vais laisser David poursuivre.
M. Martellino (David) : Oui.
Bien, quant aux biens faits, je pense que j'ai déjà mentionné notre position
sur le point.
La question quant aux risques, par contre,
c'est... le risque que nous y voyons, c'est d'avoir un portrait partiel en
termes de suivi de qualité qui est fait sur un bâtiment. Il y a souvent des
mandats ou des attestations qui sont demandées, des attestations de fin de
travaux, des attestations de conformité qui sont faites dans le dans le cadre
d'un mandat très spécifique. Donc, ça donne un portrait qui est très restreint
sur l'ensemble de la qualité du bâtiment.
Un technologue, de son point de vue, lui,
s'il fait une inspection, il va considérer l'ensemble du bâtiment et va aller
chercher les données qui sont recueillies par les experts ou par les
professionnels dans les dossiers aussi.
Ça fait que le risque, pour revenir à la
question de base, c'est d'avoir un portrait très partiel en termes de
rehaussement de qualité d'un bâtiment.
Mme Cadet : D'accord. Vous
voyez donc vraiment un technologue comme un généraliste ici, là, qui aurait
c'est cette vue d'ensemble sur la surveillance, donc, des chantiers.
M. Martellino (David) : Exact.
Mme Cadet : O.K., parfait.
Ensuite, bien, justement, je pense que vous m'avez entendu, donc, poser cette
question, donc, à quelques reprises en ce qui a trait, donc, à l'article... au
troisième alinéa, donc, de l'article 16, qui vient modifier, donc,
l'article 2 du projet de loi, donc, quant aux potentiels délais, donc, qui
seraient occasionnés. Donc, si, donc, l'entrepreneur, le constructeur
propriétaire, donc, ne peut entreprendre des travaux de construction à moins
d'avoir conclu un tel contrat. Donc, ce que vous me dites, c'est que ça... tel
que libellé, cet article là, donc, du projet de loi, donc, pourrait, donc,
occasionner, donc, des délais, importants, là.
Mme Sabourin (Francine) : Effectivement,
ça pourrait devenir plus difficile et ce n'est surtout pas nécessaire. Donc, ça
peut quand même attendre à la première étape charnière selon nous, de conclure
l'entente.
Mme Cadet : Puis, de façon
complémentaire à ce que... dans votre recommandation suivante, vous demandez,
donc, une exemption pour les professionnels déjà mandatés par le donneur
d'ouvrage. Là, vous avez probablement, donc, entendu, donc, les autres échanges
qu'on a eus au cours, donc, de la journée sur la possibilité que ces
contrats-là soient conclus par le donneur d'ouvrage, le client, le
professionnel. Là, ce que j'entends ici, c'est que le donneur d'ouvrage, donc,
lui-même, il peut mandater un... il pourrait, donc, mandater un professionnel,
parce que le projet de loi ne l'exclut pas. Et ce que... Et je veux bien
comprendre, donc, votre recommandation. Donc, ici, vous dites : Bien, il
faudrait, donc, élargir, donc, cette possibilité-là de conclure un contrat aux
donneurs d'ouvrage également et de faire en sorte que le professionnel, donc,
ne soit pas... qu'il n'y ait pas, donc, un dédoublement, donc, de surveillance
dans ces cas-là.
Mme Sabourin (Francine) : Effectivement.
Le donneur d'ouvrage peut décider, donc, de donner aux professionnels qui a
créé les plans et devis dans un premier temps, mais il peut déléguer également
à l'entrepreneur le mandat de donner une inspection. Et je vais laisser la
parole à Éric, qui a quelques exemples plus concrets de comment ça se passe sur
un chantier.
M. Fraser (Éric) : Quand on
arrive sur un projet, un projet institutionnel ou un projet privé, là, il y a
déjà un ingénieur. Pour l'entrepreneur, il n'y a pas de gain à aller chercher
un autre professionnel, un avec un qui ferait les plans et l'autre qui ferait
la surveillance. Il n'y a pas de gain à ça, on mettrait deux personnes, dans le
fond, un petit peu en compétition. Ça fait que cette personne-là est ingénieur
ou est architecte, a déjà les compétences. Pour nous, ça va de soi que c'est la
même personne qui pourrait faire le suivi. Ils ont quand même des
responsabilités à avoir là-dessus. Ça fait qu'on ne voit pas l'avantage de...
Et s'il n'y a pas de professionnel, là, à partir de là, on irait avec un
technologue.
Mme Cadet : O.K., d'accord.
Je pense que c'est assez clair. La grille tarifaire. Donc, on vient d'entendre
le ministre nous dire qu'il n'est pas intéressé par cette voie. Je veux
peut-être vous entendre un peu plus là-dessus, là. Votre mémoire, donc, vous me
dites, donc, que, pour vous, une grille de taux horaire, donc, ça permettrait
une prévisibilité financière, que ce serait aussi une question d'équité et
d'accessibilité, ça permettrait de réduire les délais et les coûts. Donc, je
comprends, donc, que vous y voyez, donc, des avantages certains à avoir un
cadre de rémunération standardisé. Peut-être, Félix, je pense que c'est toi qui
l'as étayé un peu plus tôt.
• (18 h 10) •
M. Rhéaume (Félix) : Oui,
tout à fait. Puis j'ai pris bonne note, là, de l'argument du ministre
concernant le libre marché. Nous, la façon qu'on le voyait, d'abord, ça peut
uniformiser les taux. Donc, par exemple, on pourrait établir des barèmes. Donc,
pour tel type d'inspection ou tel type de professionnel, on établit que ça
pourrait être entre...
M. Rhéaume (Félix) : ...x montant,
x montant de l'heure, donc ça donne une certaine uniformité pour l'ensemble des
projets et également pour l'ensemble des régions, donc, que ça... qu'il n'y a
pas de différence entre une région ou une autre.
Et également, l'avantage principal, c'est
au niveau de la prévisibilité. Donc, pour l'entrepreneur, au moment de préparer
ses soumissions, il sait qu'il va avoir x normes d'inspection à réaliser, à
telle étape du projet, et il va savoir, également, à l'intérieur d'une grille,
d'un barème, comment il va pouvoir monter sa soumission. Donc, ça facilite
beaucoup, justement, la préparation des soumissions et la prévisibilité des
sommes à budgéter à cette étape-là.
Mme Cadet : Donc, je vous
entends, donc, sur la prévisibilité, donc, des soumissions ici. Puis, dans le
fond, je veux dire, ça se voit déjà ailleurs dans l'industrie, l'élaboration
d'une grille tarifaire?
M. Rhéaume (Félix) : Pas sur
ce point-là, spécifique. On a fait beaucoup de recensement sur ce qui se fait
ailleurs, au niveau des provinces, au niveau des inspections. Donc, il y a des
régimes d'inspection obligatoires qui se font dans toutes les provinces, avec
un nombre variable. Au niveau de la grille tarifaire, ce n'est pas quelque
chose qu'on a recensé. Ce n'est pas exclu non plus qu'on l'ait manqué, mais
c'est vraiment quelque chose qu'on a mis de l'avant depuis depuis de nombreuses
années. Donc, c'est une proposition qu'on avait déjà faite en 2022, dans le
cadre des consultations sur l'habitation, et on pense justement, là, qu'au
niveau de la prévisibilité, ce serait vraiment un avantage important, là, pour
les entrepreneurs.
Mme Cadet : Avec le temps
qu'il nous reste, je veux peut-être vous poser des questions sur des
recommandations qu'on a entendues un peu plus tôt en commission parlementaire.
Donc, on a eu, donc, l'associé, donc, d'un cabinet d'avocats, donc, qui nous
parlait de l'importance de faire en sorte qu'il y ait un cadre de référence, un
cadre, pardon, général d'application qui soit élaboré avant qu'entrent en
vigueur, donc, les différentes dispositions sur les sanctions administratives,
pécuniaires. Donc, si vous n'avez pas eu l'occasion de l'entendre, là, je vous
rapporte ici. Donc, à l'article 159.1, qui est apporté, donc, qui est inséré au
projet de loi, donc, à l'article 29, qui nous dit que la régie, donc, devra
élaborer et rendre publique ce cadre général d'application là. Mais, quand on
lit le projet de loi, donc, on comprend que les sanctions qui sont prévues aux
articles 159.3 et suivants ne sont pas assujetties à l'élaboration en tant que
telle de ce code général d'application.
Donc, la régie, en ce moment, donc,
pourrait avoir le droit de l'élaborer, mais sans que ce soit clarifié. Tel que
libellé, bien, le projet de loi permettrait, donc, que des sanctions, donc,
soient administrées sans même que les assujettis puissent bien prendre
connaissance, donc, de ce cadre-là.
J'aimerais savoir si vous avez, donc,
des... si vous partagez ces types de... ces préoccupations-là qui nous ont été
énoncées.
M. Rhéaume (Félix) : C'est...
Bien, j'ai pris connaissance rapidement des commentaires qui avaient été émis
plus tôt aujourd'hui. Ce n'est pas un sujet d'inquiétude pour nous,
spécifiquement. Donc, on comprend les enjeux qui ont été soulevés. Ce n'est pas
quelque chose qui nous préoccupe spécifiquement, mais ça me donne l'occasion de
revenir sur un autre élément dans l'ajout de cette section à la loi, donc sur
les sanctions administratives pécuniaires, et qui était un élément que j'avais
mentionné également dans mon introduction, sur le renversement du fardeau de
preuve.
Donc, à l'article 159.18, on introduit la
responsabilité solidaire des dirigeants et on fait porter sur eux le fardeau,
justement, de prouver leur bonne foi puis leur diligence, alors que,
normalement, c'est l'inverse qui se fait. Puis, effectivement, c'est quelque
chose qu'on retrouve dans d'autres lois, entre autres, la LCOP, je pense que ça
a été calqué sur ce modèle-là, mais nonobstant ça, on considère que c'est un
renversement du fardeau de preuve puis qui va à l'encontre des principes du
droit, donc la séparation entre l'entreprise et la responsabilité des
dirigeants. Donc, c'est vraiment plus à ce niveau-là, notre inquiétude sur la
section, là, des sanctions administratives, pécuniaires.
Mme Cadet : D'accord.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Le temps est écoulé. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième
opposition, avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre. Toujours un plaisir de vous voir. Plus tôt,
on a entendu l'Ordre des architectes qui parlait de potentiel conflit
d'intérêts. Je vous lis une rapide section de leur mémoire, là, j'aimerais ça,
vous entendre là-dessus. "L'article 2 du projet impose à l'entrepreneur de
confier par contrat à un ingénieur, un architecte ou une personne reconnue par
la régie, la réalisation des inspections. Cette disposition pose un problème
d'application... confie à l'entrepreneur la possibilité de choisir et de
convenir avec le professionnel responsable de la surveillance de travaux de sa
rémunération, tel que proposé par l'article 2 du projet de loi no 76, suscite
de vives inquiétudes. Cette disposition teinte fortement la lecture que fait
l'ordre du projet de loi puisque l'entrepreneur est, de facto, en conflit
d'intérêts s'il choisit et rémunère le professionnel qui sera chargé de la
surveillance des travaux qu'il exécute." Qu'est-ce que ça vous...
qu'est-ce que ça vous sonne, ça, comme réflexion?
Mme Sabourin (Francine) : Bien,
en fait, un ordre professionnel met des règles pour encadrer ses
professionnels. Donc, il y a déjà un encadrement. Un professionnel doit suivre
un code d'éthique, doit suivre des formations, habituellement, en éthique,
également, et il y a des mécanismes de protection. Donc, un...
Mme Sabourin (Francine) : ...professionnel
qui a déjà des contacts avec un entrepreneur, se doit de refuser, s'il se
considère, lui, en conflit d'intérêts, de prendre le mandat. Moi, je peux comparer
ça à un mandat d'audit. Donc, une organisation se fait auditer, donc se fait
surveiller par des comptables, et, habituellement, ça appartient au conseil
d'administration de décider qui audite également ou à l'assemblée générale qui
audite l'organisation. Donc, c'est la même chose, considérant qu'il faut qu'on
fasse confiance quand même à notre système professionnel. Donc, pour nous, on
ne voit pas comme tel de problèmes de conflits. Mais je vais laisser compléter
Éric.
M. Fraser (Éric) : Moi...
Nous, en tant qu'entrepreneurs, quand on arrivait avec ce sujet-là, une des
peurs qu'on a, c'est la perte de contrôle de notre chantier, c'est que quand on
signe un contrat, on a des délais de livraison, on peut avoir des pénalités à
la fin de notre contrat et si on n'a pas le contrôle, je dirais, la personne
qui fait nos vérifications pourrait dire : Moi, ça va être dans sept
jours, ça va être dans huit jours et on n'a aucun lien contractuel avec lui
pour l'amener à venir dire : Viens faire l'inspection tout de suite. Ça
fait que, nous autres, si c'est 10 jours pour faire la première inspection
et qu'on a eu huit, neuf inspections, puis qu'on met deux jours, trois jours,
quatre jours par inspection, à la fin, ça va avoir un impact sur la livraison,
ça veut dire un impact sur les coûts, un impact sur aussi, peut-être, des
pénalités. Je vais aller... on parle de logement aujourd'hui. Bien, si j'ai
30 jours de... 30 jours de retard sur une livraison de
300 logements, bien, c'est 300 logements qu'on va avoir 30 jours
plus tard pour nous autres.
M. Leduc : Donc, il y a
l'ordre des... pardon, l'Ordre des architectes s'inquiète un petit peu trop, à
votre avis?
Mme Sabourin (Francine) : Nous,
on ne voit pas de problème avec ça.
M. Leduc : O.K., Parfait. Je
ne sais pas combien de temps il me reste, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Six
secondes.
M. Leduc : Merci pour votre
partage. Bonne soirée.
Le Président (M. Schneeberger) : ...du
côté du député de Jean-Talon pour 2 min 12 s.
M. Paradis : J'aimerais
revenir, moi aussi, sur la grille tarifaire que vous proposez. J'étais tout
récemment avec des gens d'affaires, notamment des gens de PME, qui
disent : Vous savez, autant les citoyens que les PME, on a de plus en plus
de paperasse puis d'obligations administratives à gérer. Puis ça devient... ça
devient des contraintes vraiment importantes, notamment pour la productivité.
Est-ce que vous croyez qu'une grille tarifaire comme ça aurait un impact
positif de ce côté-là, ou l'inverse, donc, que ce serait plus de gestion pour
les entrepreneurs puis les gens impliqués ou moins de gestion? Parce que,
j'imagine, si vous le proposez, il y a une supposition qu'en fait ça aiderait,
ça simplifierait vraiment. Parce que vous parlez des délais, mais ça serait une
simplification administrative aussi.
M. Rhéaume (Félix) : Alors,
d'abord, je vais aller dans le même sens que vous parce que c'est quelque chose
qu'on constate aussi, là. On veut alléger le plus possible le fardeau et tout
ce qui est paperasse administrative des entrepreneurs. Donc, on partage
entièrement cette préoccupation et cet objectif-là. Donc, la façon qu'on voit
la grille tarifaire, c'est effectivement quelque chose qui va simplifier les
processus, uniformiser les processus puis favoriser nos entrepreneurs quand ils
préparent leur soumission. Donc, c'est... aucunement l'objectif, c'est de
rajouter de la complexité, mais c'est au contraire de simplifier les processus
dans un cadre où on établit des barèmes qui sont les mêmes pour tout le monde.
Donc, c'est vraiment dans une optique de favoriser puis simplifier les choses.
M. Paradis : Ce qu'on veut à
la fin aussi, c'est que ça ait un impact positif sur les coûts, que ça aide à
diminuer les coûts. Vous faites cette hypothèse-là dans votre document. Comment
ça fonctionnerait? Qu'est-ce qui vous indique que ça, ça pourrait vraiment
aider à faire en sorte qu'on contrôle mieux les coûts plutôt que, ah, on a des
barèmes qui sont trop élevés puis qui font que tout le monde paie un peu trop
cher à la fin?
M. Fraser (Éric) : Je vous
dirais que, mettons qu'on va parler avec la pandémie qu'on a eue les dernières
années, tous les coûts ont explosé. Mettons qu'on arrive avec les firmes
d'ingénieurs ou des firmes d'architectes et les bureaux sont... ils n'ont pas
pas de place pour entrer personne, bien, les coûts vont exploser. Si on a une
grille tarifaire, on va être capable de se fier à ça. Ça va aussi avec les
régions, là. Il y a des régions qui sont plus éloignées, et ces régions-là vont
avoir des coûts beaucoup plus élevés. Ça fait qu'avec une grille tarifaire qui
serait là, on serait capables aussi, les entrepreneurs, d'avoir un... d'être
capable de mettre un prix sur lequel on pourrait se fier et éviter de dire :
Bien, je vais mettre 10 000 $ de plus parce que je ne veux pas
prendre de risques. Ça fait que ce risque-là... Moins qu'on a de risques,
meilleur est notre prix. Plus qu'on est compétitif, bien, plus qu'on va être
capable de faire les travaux à coûts raisonnables.
M. Paradis : Il me reste
combien de temps M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Paradis : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous allons maintenant du côté du député de Saint-Jérôme.
• (18 h 20) •
M. Chassin :Peut-être juste vous entendre, puis là il y a beaucoup de
questions qui ont déjà été posées, sur l'obligation à la régie de tenir des
registres, notamment de licences, puis d'ajouter, en fait, au registre, là, qui
existe. Est-ce que c'est quelque chose... Puis là, j'imagine que la régie...
M. Chassin :...fait certainement très bien son travail. Elle doit aussi
demander à des entrepreneurs de compléter, d'envoyer des papiers, tout ça, ça
fait qu'un peu dans le même sens que le fardeau administratif et
bureaucratique. Comment vous voyez la partie registre du projet de loi?
M. Rhéaume (Félix) : Alors,
si je peux me permettre, c'est... je crois que c'est quelque chose qu'on va
devoir analyser dans le temps et voir l'expérience concrète sur le terrain.
Donc, à la lecture du projet de loi, on ne voyait pas d'élément qui devenait
redondant ou superflu dans les éléments qui doivent être tenus dans le registre
de la régie. Ça étant dit, je l'ai mentionné, la question du fardeau
administratif puis de l'allègement réglementaire des entrepreneurs, c'est une
préoccupation constante qu'on a. Donc, de voir au fil du temps comment ça va se
matérialiser, comment ça va s'opérationnaliser sur le terrain, c'est quelque
chose qu'on va suivre de très près pour s'assurer, justement, qu'on n'en
rajoute pas inutilement sur le dos des entrepreneurs.
M. Chassin :Parce qu'effectivement c'est des mécanismes qui peuvent
être très légitimes, mais qui n'arrivent pas, comment dire, sur une table rase,
il y a déjà plusieurs mécanismes qui existent, ça fait que c'est un peu ça
aussi, hein, de mesurer l'ajout de plus. Puis on ajoute certains pouvoirs,
notamment, quand il y a un procédé de construction ou des éléments comme ça qui
sont nouveaux, équipements, matériaux, etc., qui sont approuvés par la régie,
puis là j'apprends ça, je découvre ça. Le ministre a un pouvoir ou, en fait, on
lui donnerait un pouvoir par arrêté, d'autoriser l'utilisation du procédé ou de
l'équipement innovant. Ça veut dire qu'aujourd'hui quelqu'un qui veut pouvoir
utiliser quelque chose d'innovant ne peut pas tant que la régie ne lui donne
pas la permission. Est-ce que je comprends que l'état actuel, là, d'un
entrepreneur qui veut faire quelque chose de complètement différent, il est
quand même très restreint à l'heure actuelle? Savez-vous? Peut-être pas.
M. Fraser (Éric) : Vraiment.
On a la flexibilité, les nouveaux produits, ces choses-là, il y a un
encadrement qui est là, qui est très rigide. Je ne veux pas parler au nom des
architectes, mais quand on a des discussions avec eux, amener des nouveaux
produits, des nouvelles technologies, de l'innovation, on manque un peu de
courage dans ces parties-là, des fois, pour amener ces technologies-là, des
fois, qui vont amener une rapidité d'exécution sur des chantiers qui va baisser
des coûts, mais les délais sont longs puis ça va de plus en plus vite. Ça fait
que, normalement, cette partie-là, il faudrait avoir une flexibilité, puis ça,
je trouve que ce serait quelque chose qui serait vraiment intéressant.
M. Chassin :Pourrait peut-être même être plus flexible que ça.
M. Fraser (Éric) : Ah,
encore...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, merci beaucoup pour votre apport à la commission.
Nous suspendons quelques instants afin
d'accueillir le dernier groupe de la journée.
(Suspension de la séance à 18 h 23)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 18 h 32)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons le dernier groupe de la journée avec
la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec. Alors, bonjour
à vous trois. Alors je vous laisse vous présenter et, par la suite, enchaîner
avec votre présentation, 10 minutes, maximum.
M. Turgeon (Jean) : M. le
Président, M. le ministre, membres de la commission, bonjour. Je me présente,
Jean Turgeon, Président de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie
du Québec, et entrepreneur en plomberie et chauffage depuis 30 ans. Je suis
accompagné de notre directeur général, Me Steve Boulanger, et de notre
directrice du service juridique, Me Mylène Sagala. Nous tenons d'abord à
remercier cette commission pour nous donner l'opportunité de participer aux
consultations et de formuler sur nos commentaires au sujet du projet de loi n° 76,
Loi visant principalement à accroître la qualité de la construction et la
sécurité du public.
La CMMTQ a été constituée en 1949, par une
loi d'ordre public, maintenant connue comme la Loi sur les maîtres mécaniciens
en tuyauterie. Elle regroupe près de 2 900 entrepreneurs en construction
au Québec, spécialisés en plomberie et chauffage, ainsi que des entrepreneurs
en réfrigération et protection incendie. La CMMTQ a notamment pour objectif d'augmenter
la compétence et l'habileté de ses membres en vue d'assurer au public une plus
grande sécurité et une meilleure protection en matière d'hygiène et de santé,
ainsi que de réglementer leur discipline et leur conduite dans l'exercice de
leurs activités.
Depuis 2001, la CMMTQ est titulaire d'un
mandat du gouvernement du Québec en matière de qualification professionnelle de
ses membres en ce qui concerne la délivrance, la suspension ou l'annulation d'une
licence d'entrepreneur en plomberie et chauffage. À cette fin, elle administre
et applique les dispositions de la Loi sur le bâtiment et de ce règlement
portant sur la qualification des entrepreneurs en construction.
La CMMTQ souhaite participer aux travaux
entourant l'adoption du présent projet de loi à titre d'organisme de régulation
dans la construction, et ses représentations seront orientées en ce sens. Je
passerais maintenant la parole à notre directeur général, qui vous fera part de
nos positions. Steve?
M. Boulanger (Steve) : Merci,
Jean. M. le Président, chers membres de la commission, alors, la CMMTQ
accueille favorablement le projet de loi qui est sous étude, je dirais même, le
projet de loi tant attendu qui est sous étude. Les objectifs qu'il vise — rehausser
la qualité dans la construction, augmenter la sécurité du public, améliorer la
qualification professionnelle — sont en adéquation parfaite avec la
mission de la corporation. Les principes sont très bien reçus de notre côté.
Évidemment, on aura à travailler les modalités, dont plusieurs seront prévues
par règlement. On entend bien contribuer à l'élaboration du cadre
réglementaire, pour mettre en œuvre les principes apportés par la loi.
Et on sent, et ça, je vous le dirais, une
volonté affirmée de la part de la Régie du bâtiment, qui a beaucoup collaboré
avec la CMMTQ, entre autres, à moderniser le système d'inspection, et cette
volonté affirmée là, elle est ressentie, également, du côté gouvernemental, et
ça, c'est vraiment une bonne nouvelle pour... parce qu'on parle de qualité de
travaux depuis une dizaine d'années... bien, on arrive maintenant à mettre les
principes en application, et vous trouverez, à la CMMTQ, un partenaire qui
voudra contribuer et mettre l'épaule à la roue pour rencontrer les objectifs.
On a beaucoup de choses à dire. On a un
mémoire qui, on l'espère, est très complet, détaillant nos positions. D'abord,
on vous parlera d'inspections. On le... on revendique un accroissement des
activités d'inspection depuis longtemps, chez nous, une amélioration de la
conduite des inspections...
M. Boulanger (Steve) : ...également,
puis on pense que ce qui est intégré dans le projet de loi, donc d'avoir des
activités d'inspection à étapes charnières dans le cadre d'un plan de
surveillance qui mèneront à une attestation de conformité au Code de
construction est une bonne chose.
Il y a eu débat, nous l'avons entendu,
quant à savoir qui devra confier ce fameux mandat de surveillance des travaux.
Dans notre vision, ça a toujours été le propriétaire, donc l'ultime
bénéficiaire des travaux, le client. C'est vrai qu'à première vue, quand on lit
l'article 16 de la Loi sur le bâtiment, introduit par l'article 2 du
projet de loi, ça peut ne pas paraître évident qu'on parle ici du bénéficiaire
des travaux, puisqu'on utilise les termes «constructeur», «propriétaire» et
«entrepreneur».
Or, dans notre analyse et notre
compréhension, ces concepts-là... par le jeu des définitions et des
présomptions des articles 7 et 8 de la Loi sur le bâtiment, on en arrive à
la conclusion, et on espère que c'est la bonne conclusion, que c'est ultimement
le client qui confie le mandat de surveillance, parce qu'un constructeur
propriétaire, c'est quelqu'un qui fait construire pour son propre compte ou qui
construit lui-même, mais là on vise quelqu'un qui construit pour son propre
compte. Un entrepreneur, c'est quelqu'un qui construit pour autrui. Si
l'entrepreneur construit dans un but de vente, il est également présumé... ou
la personne qui construit dans un but de vente, elle est présumée entrepreneure
au sens de la loi. Alors, si notre compréhension est la bonne, l'objectif est
atteint, et la CMMTQ donne son accord.
Là où il pourrait y avoir confusion, c'est
dans le cadre d'une situation où, de façon concomitante, on a un constructeur propriétaire,
donc un propriétaire, qui confie un contrat de construction à un entrepreneur,
ou encore un entrepreneur promoteur qui confie un contrat à un entrepreneur
général pour construire. Qui aura l'obligation de remplir les exigences de
l'article 16? Alors, c'est pourquoi notre première recommandation... on
dit que dans un cas comme ça, on doit faire une hiérarchie. Ça devrait être
précisé qu'ultimement, c'est le bénéficiaire des travaux, le client ou le
donneur d'ouvrage, comme on l'appelle, qui devra d'abord et avant tout remplir
les obligations de l'article 16.
Toujours au niveau de nos recommandations,
on a compris que les étapes charnières seront déterminées par règlement, mais
la façon dont est rédigé l'article 16 est peut-être un peu limitative. On
a entendu les professionnels dire : Selon la catégorie de bâtiment, son
emplacement, sa destination, il se peut que le plan de surveillance diffère.
Nous croyons que les professionnels doivent justement bénéficier de leur
liberté professionnelle pour établir le bon plan de surveillance avec le bon
type de bâtiment. Ce qu'il faut, selon nous, puis on l'a toujours dit, c'est un
plancher. Il doit y avoir... Dans la réglementation, on doit prévoir
minimalement certains types de bâtiments, quel type d'inspection il devra y
avoir et à quelle étape charnière. Ce qu'on pourrait dire dans le règlement...
dans la loi, c'est que le règlement prévoit les étapes charnières qui doivent
minimalement être faites dans le cadre d'un plan de surveillance. Alors, de cette
façon, on laisserait la liberté aux professionnels.
Il peut y avoir également des différends
qui naissent, des divergences d'interprétation dans l'application des codes
entre, par exemple, un entrepreneur et un professionnel au niveau... et qui
pourraient retarder la délivrance de l'attestation de conformité. Donc, on
suggère d'introduire au projet de loi un mécanisme de règlement des différends,
si ça devait se présenter, qui soit simple, rapide, et on pense que dans un
contexte comme celui-là la Régie du bâtiment du Québec pourrait être l'autorité
compétente pour déterminer une telle question. On souhaite aussi qu'à travers
le nouveau régime d'inspection, la Régie du bâtiment puisse toujours et encore,
de façon aléatoire ou sur plainte, poursuivre ses activités d'inspection, ça,
ça nous apparaît clair, pour apporter davantage de rigueur et de
responsabilisation de la part des parties prenantes.
Au niveau de la CMMTQ, on entend jouer un
rôle. On ne sait pas encore lequel, c'est ça, on le verra à travers les
travaux. D'ailleurs, on est très bien impliqués dans les travaux du comité
consultatif inspection avec la Régie du bâtiment et les autres partenaires.
Donc, on entend jouer un rôle. On pense que l'inspection est une continuité
naturelle de notre mandat de qualification professionnelle.
• (18 h 40) •
D'ailleurs, au sujet de ce mandat, on
salue les ajustements des critères de qualification professionnelle qui sont
proposés à l'intérieur du projet de loi n° 76. On pense entre autres aux
nouvelles mesures de formation initiale obligatoire, de conditions qui
peuvent... dont un régisseur peut assortir une licence, des sanctions
administratives pécuniaires en matière de qualification professionnelle. Donc,
pour bénéficier d'un régime commun pour nous permettre d'exercer notre mandat
de qualification professionnelle, on voudrait bénéficier des mêmes outils que
ceux qui sont octroyés aujourd'hui, ou en tout cas par le projet de loi...
M. Boulanger (Steve) : ...à
l'intérieur, à la Régie du bâtiment du Québec, et, pour ce faire, nous, on se
commet... on ne pense pas qu'il y ait besoin d'une modification de l'actuel
projet de loi. On pense qu'on peut le faire en modernisant l'entente qui nous
lie au gouvernement et qui est par décret.
Au niveau de l'harmonisation de la Loi sur
les maîtres mécaniciens en tuyauterie avec la Loi sur le bâtiment, c'est une
demande historique de notre organisation. Le projet de loi y répond en tous
points, et je tiens, au nom de nos membres et du public, à remercier le ministre
d'avoir mis ces éléments-là à l'intérieur du projet de loi. Il s'agissait
d'archaïsmes. On vient corriger, on vient harmoniser, on vient simplifier à
l'avantage du public, qui n'aura plus... on va voir disparaître deux catégories
d'entrepreneurs qui semaient confusion et iniquité.
Et, finalement, il y a d'autres
introductions que l'on souhaite faire dans le projet de loi n° 76, en tout
cas, qu'on propose. Les nouveautés en matière pénale, au niveau des
présomptions, les sanctions administratives pécuniaires pour l'exercice
illégal, alors, là aussi, la corporation demande, comme elle administre une loi
très semblable à la Loi sur le bâtiment, avec des infractions pénales, que l'on
puisse appliquer les mêmes pouvoirs qui... que le gouvernement souhaite octroyer
à la Régie du bâtiment.
Donc, en conclusion, on a, devant nous, ce
qu'on considère comme étant un bon projet de loi, on veut le travailler avec
les parlementaires et on espère... on a hâte de sa mise en application, et de
pouvoir y contribuer. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre présentation. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Une présentation, Steve, énergique, convaincante, un mémoire qui est
bien travaillé. Jean, Mylène, je sais que c'est issu de votre travail d'équipe
à l'interne, mais bravo. Puis on va analyser les recommandations de façon un
peu plus détaillée. Mais quelques éléments de réflexion, Steve. Le cadre
réglementaire, absolument, puis c'est la volonté du législateur et de la Régie
du bâtiment du Québec. Quand on fait des règlements, il y a des consultations,
il y a des publications, il y a des commentaires. Et soyez assurés que cette
procédure là, réglementaire, sera totalement respectée.
Qui devra confier... Je vais y aller de
façon un peu télégraphique, Steve, parce que vous m'avez entendu, quand même,
depuis... depuis une couple d'heures, là. Mais, ultimement, le client,
ultimement, le bénéficiaire, ultimement, le donneur d'ouvrage, c'était notre
esprit, puis c'est tout à fait compatible avec ce que vous avez mentionné,
quand il y a un donneur d'ouvrage, et qui est détenteur d'une licence s'il est
un entrepreneur. S'il est un donneur d'ouvrage qui n'est pas détenteur de
licence, c'est un propriétaire ou un constructeur-propriétaire. Ça fait qu'on a
voulu viser cette situation-là pour éviter une fragmentation de... de
l'obligation, à qui... sur les épaules de qui ça repose. Mais il va falloir le
préciser, là, parce qu'il y a plusieurs groupes qui en ont fait état, puis on
travaille là-dessus, pour que ce soit véritablement clair.
Les étapes charnières minimales, oui, il
faut que ce soit prévu dans le plan de surveillance. D'ailleurs, c'est notre
état d'esprit. On a parlé de l'étape charnière, c'est-à-dire lors de la
fermeture des murs. Ça, ça apparaît être un incontournable à tout le monde,
mais il va falloir que le plan de surveillance, élaboré par le professionnel,
prévoie les étapes charnières. Puis on dit «un nombre minimal». Il pourrait y
en avoir quatre, il pourrait y en avoir six, dépendamment de la nature puis de
la complexité du bâtiment. Il faut se donner des marges de manœuvre pour
s'adapter dans l'application de cette loi-là, sinon, on va se perdre, parce
qu'il y a tellement une diversité de bâtiments qui sont construits, puis une
diversité de complexités dans les travaux qui doivent être exécutés, qu'il va
falloir se fier aussi aux professionnels que sont les ingénieurs puis les
architectes.
Mécanisme de règlement des différends, moi,
je trouve qu'en théorie il va falloir voir comment ça peut se faire, en
pratique, mais je pense que c'est une idée qui est intéressante. La RBQ, les
inspections... oui, il faut maintenir les inspections faites par la RBQ, par la
voix de ses inspecteurs, notamment pour les... les bâtiments où il y a plus de
risques, et pour s'assurer de la conformité et du respect, aussi, de... du
projet de loi que nous discutons.
Peut-être deux derniers commentaires,
Steve. Pour le... les nouveaux pouvoirs accordés au régisseur dans le projet de
loi, que ça puisse être exercé aussi par le comité de qualification de la CMMT,
qui fait un travail...
M. Boulet : ...extraordinaire,
en passant, ça, ça relève d'une entente qui est faite entre le ministre et
la... la CMMTQ, et ça, on va l'analyser puis on fera les adaptations qui
s'imposent, mais ce n'est pas dans le cadre législatif que ça peut se faire.
Mais ce sera des modalités à insérer dans l'entente. Pour les SAP, cependant,
ça, ça ne fait pas partie du corpus législatif québécois, là, pour des raisons
qui m'apparaissent assez évidentes, là, de ne pas déléguer des sanctions
administratives pécuniaires à des organismes non gouvernementaux.
Ça fait qu'en gros c'étaient les
commentaires que je voulais partager avec vous. Mais, je le répète, là, la
CMMTQ est non seulement un partenaire depuis son année de fondation, mais
actuellement, et dans l'avenir. Et, Steve, si c'est des consultations
particulières, lors de l'étude détaillée, on continuera notre communication pour
faire en sorte que les recommandations, dans leur essence, puissent être
intégrées le plus possible dans le projet de loi que nous allons travailler
ensemble. Ça fait que moi, ça complétait mes commentaires. Merci beaucoup de
votre présence, et à bientôt.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le ministre. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle, et j'entends la députée de Bourassa-Sauvé, pour
12 min 23 s.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous trois, merci, donc, de votre présentation — je
vais reprendre, donc, les termes du ministre — énergique et
convaincante. Je pense que les attributs étaient tout à fait appropriés. Je
vais... J'aurais moins de commentaires, mais beaucoup... peut-être un peu plus,
donc, de questions puis je vais aussi laisser ma collègue de Chomedey
compléter, aussi, à son gré, cet échange.
D'abord, au niveau de la première
recommandation, donc, vous l'avez dit, comme plusieurs avant... plusieurs
interlocuteurs avant vous, que, donc, pour vous, dans les projets de
construction, il y a présence concomitante d'un entrepreneur, ou d'un
constructeur-propriétaire, ou de plusieurs entrepreneurs, puis là prévoir que
c'est au constructeur-propriétaire ou au bénéficiaire ultime des travaux que
reviennent les obligations prévues par l'article 16 de la Loi sur le bâtiment
introduit par l'article 2 du projet de loi. Je pense que ce sont des... des
préoccupations qui... bien, je viens de le mentionner, qui ont largement été
relayées par plusieurs intervenants de l'industrie, notamment, donc, vous nous
dites, donc, lorsqu'il y en a plusieurs, là. Je pense qu'on a entendu quelques
groupes nous dire : Bien, parfois, donc, sur un chantier, on peut
retrouver plus... plus d'un entrepreneur. Donc, à qui reviendrait, donc, ce...
cette responsabilité? Il semble y avoir un flou.
J'entends le ministre nous dire qu'il est
prêt à préciser ce que l'on retrouve, donc, au... à cet article-ci. Mais, donc,
peut-être, donc, selon... selon vous, donc... comment, donc, le... comment le
préciser, là, mais comment est-ce que vous voyez, donc, l'application, donc, de
votre première recommandation?
M. Boulanger (Steve) : Bien,
en fait, je pense qu'il y a un consensus qui se dégage des groupes que vous
avez entendus jusqu'à présent, puis je comprends que l'objectif gouvernemental,
il est là également. Je pense que le client, ultimement... je vais l'appeler...
vous avez entendu toutes sortes de termes aujourd'hui, le maître d'œuvre, le
donneur de l'ouvrage, le bénéficiaire des travaux, mais, on s'entend, c'est la
personne qui sera dans le bâtiment... je pense que cette personne doit avoir la
faculté de choisir le professionnel qui va assurer les inspections, conduire le
plan de surveillance et attester de la conformité au code et normes. Il faut
trouver la façon de le faire, de rencontrer cet objectif-là.
Et, surtout... Et nous, notre
recommandation, c'est d'apporter une précision quand il y a une multitude
d'intervenants, pour que ce soit clair, dans le cadre d'un projet, lorsqu'on
démarre un projet, qui aura cette obligation-là, et comment la mettre en œuvre.
Parce qu'elle est importante. C'est un point de départ du projet, selon ce qui
est dans la modification à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme également.
Quand on va chercher le permis, il devrait y avoir une déclaration à
l'effet : Nous avons confié un mandat de surveillance. Et c'est le régime
qui existe dans d'autres provinces également, comme en Colombie-Britannique par
exemple. Donc, d'où l'importance que le cadre soit très clair à qui revient les
exigences, puis, à partir de là, bien, je pense que ça va être beaucoup mieux
compris de la part de toutes les parties prenantes, y compris les
entrepreneurs.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Ça m'amène à vous poser une question... parce qu'on ne vous a pas entendus sur
la question de la conformité aux plans et devis. Vos... bon, vos collègues,
donc, l'ont abordée. J'aimerais vous entendre là-dessus.
• (18 h 50) •
M. Boulanger (Steve) : Oui.
Nous, quand on a lu l'article 16, tel que proposé, il nous convenait, dans le
sens où, présentement, les revendications de la CMMTQ sont...
M. Boulanger (Steve) : ...à
l'effet d'avoir davantage d'inspections pour s'assurer de la conformité aux
codes et normes dans les spécialités de la mécanique du bâtiment qui sont
particulièrement à risque, on pense à la plomberie, gaz naturel, chauffage,
climatisation, protection incendie, etc. Donc, notre préoccupation, c'est de
transposer le mandat qui est exercé par la Régie du bâtiment et l'élargir à
d'autres parties prenantes, en y incluant les architectes et les ingénieurs.
Donc, la conformité et code... aux codes et normes, elle est bonne pour nous,
et ça doit demeurer, absolument.
Cependant, on a entendu d'autres groupes
en disant : Est-ce que, dans le cadre de cette attestation de conformité
là, je... le professionnel ne pourrait pas, par ailleurs, attester aux plans et
devis? Nous sommes en accord également avec cette... cette proposition-là. Tout
ce qu'on dit, nous, c'est que l'attestation de conformité aux codes et aux
normes, elle doit demeurer à l'intérieur du projet de loi. Mais rien n'empêche
qu'on mette également l'attestation aux plans et devis.
Mme Cadet : D'accord. Donc,
pour vous, donc, ce serait donc... c'est un... c'est un strict minimum, mais
c'est possible, donc, d'ajouter, donc, cette... cette possibilité que
l'attestation, donc, couvre les plans et devis, tant que les plans et devis
respectent eux-mêmes les codes de construction, comme on l'a entendu de la part
de nos collègues?
M. Boulanger (Steve) : Oui,
évidemment, donc une question de conformité. Puis il faut... il faut comprendre
aussi, particulièrement dans le domaine de la plomberie, que les plans ne
comprennent pas nécessairement tous les aspects techniques du système qui sont
par ailleurs visés par certaines normes du code de construction, donc d'où
l'importance d'avoir une attestation de conformité aux codes et normes qui
peuvent à certains égards être plus précis que ce qu'on peut retrouver sur les
plans et devis, dépendamment du type de bâtiment et du mandat qui a été confié
aux professionnels.
Mme Cadet : Parfait. Vous
nous demandez également d'ajouter un article au projet de loi pour «prévoir que
tout différend entre l'entrepreneur, le constructeur propriétaire et
l'ingénieur, l'architecte ou la personne ou organisme reconnu par la RBQ quant
à l'attestation de conformité des travaux soit soumis à un mécanisme de
règlement des différends prévu par règlement.» J'imagine que dans votre
pratique, vous... bien, vous voyez... En fait, ce que vous en... ce que vous...
ce que vous prévoyez, là, c'est qu'il y aurait peut-être quoi, une
recrudescence, donc, des litiges ou des différends?
M. Boulanger (Steve) : Non,
on ne prévoit pas ça. C'est que le système actuel d'inspection, présentement,
ce sont les inspecteurs de la Régie du bâtiment qui visitent les chantiers et
qui constatent, le cas échéant, certaines non-conformités, et dans ce cas-là
ils exercent les pouvoirs prévus à l'article 122 de la loi pour émettre des
avis de correction. Donc, présentement, c'est l'autorité compétente qui
constate et qui demande le correctif, et donc qui applique le pouvoir.
Avec ce qui est proposé dans le projet de
loi, ce sera un architecte ou un ingénieur qui constatera... lors de son plan
de surveillance ou lors de la conduite des inspections, il pourrait constater
qu'il y a un élément de non-conformité, et l'entrepreneur pourrait dire :
Je n'ai pas tout à fait la même interprétation de la norme technique du code à
ce sujet-là, et donc il peut y avoir un différend, une mésentente entre les
deux.
Alors, c'est là où on dit : On
devrait prévoir un mécanisme très clair, rapide, simple de régler le différend,
puis nous, on dit : Bien, c'était... ça devrait être la Régie du bâtiment
du Québec, qui est l'autorité compétente au jour d'aujourd'hui et qui le
demeurera. Le projet de loi ne touche pas aux autres pouvoirs et fonctions de
la Régie du bâtiment, qui a le mandat d'adopter les codes et normes et de les
faire appliquer au Québec.
Mme Cadet : Puis est-ce que
vous pensez que la Régie du bâtiment dispose des... des ressources pour mettre
en application ces possibles pouvoirs-là?
M. Boulanger (Steve) : Je ne
serais pas en mesure de répondre à cette question-là.
Mme Cadet : O.K. Parfait,
merci. Je vais laisser donc ma collègue de Chomedey compléter. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
députée de Chomedey, la parole est à vous.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci
beaucoup. Merci. Vraiment, le ministre a raison, quand il a parlé de vous...
vraiment très énergique, et puis de très bonnes explications.
Vous ne trouvez pas que tous ces
processus-là sont... ça va être très, très compliqué à... aux petites entreprises,
là, qui font une maison à la fois ou ajout d'une... d'une chambre, d'une
cuisine? Est-ce que ce n'est pas demander trop de ces entreprises-là?
M. Boulanger (Steve) : Notre
compréhension qu'on a du projet de loi, c'est que les mesures qui sont mises en
place vont viser des catégories de bâtiments ou des types de travaux qui seront
prévus de façon réglementaire.
Donc, à l'heure actuelle, on a eu
l'occasion, comme je vous le disais, de participer à des travaux préliminaires,
par un biais d'un comité consultatif inspection, avec la Régie du bâtiment,
qu'on remercie d'ailleurs de nous avoir inclus dans le processus, la
Corporation des maîtres électriciens et d'autres parties prenantes, dont les
ordres, et il faudra adresser les questions de petites rénovations ou de
transformation...
M. Boulanger (Steve) : ...de
bâtiment, mais il ne faut pas oublier qu'il y a toute le cadre... tout le cadre
de GCR, donc Garantie de construction résidentielle, pour les bâtiments neufs.
Ma compréhension du projet de loi, c'est qu'on vise d'abord et avant tout, des
constructions qui sont hors ce plan de garantie là. Donc, on parle de
constructions qui ont une envergure plus grande qu'un bâtiment par exemple, de
quatre étages résidentiels.
Mme Lakhoyan Olivier : O.K.
Ça répond à ma question, parce que je... je pense à tous ces petits
entrepreneurs qui vont me demander la question, donc ça répond.
On dit, notamment, qu'un règlement de la
RBQ détermine les catégories de bâtiments, les étapes charnières devant être
prévues pour... par le plan de surveillance, ainsi que les autres conditions et
modalités relatives au plan de surveillance. Êtes-vous à l'aise qu'on laisse la
RBQ déterminer tout ça par règlement ou vous aimeriez que le législateur inclue
tous ces détails directement dans la loi, pour plus de clarté et plus de
prévisibilité?
M. Boulanger (Steve) : On
pense que... Nous, le processus réglementaire qui est proposé convient. Et je
m'explique. Premièrement, en tout cas, les consultations qui ont lieu en amont
sont très rassurantes, parce que les parties prenantes sont autour de la table.
Je parle des entrepreneurs, des plans de garantie et des ordres professionnels.
Et le processus réglementaire est peut-être moins lourd, donc permettra
d'adapter ce qui devra être contrôlé. Et on dit même, et c'est l'essence de
notre deuxième recommandation... c'est que, quand on dit que la régie doit
déterminer, par règlement, les modalités relatives au plan de surveillance, on
se dit : Bien là, il faudrait peut-être être... il faut être exhaustifs,
et ça, c'est un grand défi. Alors, c'est pour ça qu'on dit : La régie
devrait prévoir, par règlement, les modalités minimales prévues au plan de
surveillance, donc laisser la place, pour les professionnels, à en faire
davantage.
Mme Lakhoyan Olivier : ...petite
question. J'ai le temps?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
vous avez le temps.
Mme Lakhoyan Olivier : O.K.,
je n'ai pas entendu, c'est pour ça. Est-ce que vous croyez que tout le
processus qu'on ajoute dans ce projet de loi ça va retarder la construction si
jamais il y a des situations? Est-ce qu'on est en train de mettre des bâtons
dans les roues?
M. Boulanger (Steve) : On
espère que ce ne soit pas le cas. C'est, effectivement, une de nos
préoccupations. Quand on discute de la mise en place d'un... d'un tel processus
avec les entrepreneurs, ils sont en faveur de rehausser l'inspection, mais leur
crainte, c'est d'éviter les ralentissements. Je pense qu'il doit... il devra y
avoir une bonne circulation d'information, une communication entre les
professionnels et les entrepreneurs, et la volonté d'inspection, de...
d'inspecter davantage, de mieux inspecter, de pas être faite au déprimant... au
détriment de la productivité. Donc, on devra trouver un point d'équilibre, la
disponibilité des professionnels, l'inclusion de tous les professionnels, comme
les technologues, et de prévoir que les étapes charnières puissent être
déterminées, vraiment, à l'avance. Donc, l'aspect prévisibilité, pour
l'entrepreneur, pourrait être un élément très important pour régler le fardeau
que ça peut apporter ou l'éventuelle crainte de ralentissement. Donc, l'aspect
prévisibilité est important là-dedans.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci,
merci beaucoup. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, oui, nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition, avec le
député de Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez 4 min 8 s.
M. Leduc : Merci, M. le Président.
Bonsoir à vous trois. Vous êtes les malchanceux qui passent à 7 heures,
pas le temps de souper, fin de journée. Ce n'est pas évident, mais on est tous
concentrés puis on vous remercie d'être là.
Il y a... Vous avez une longue section, à
la page 28, à 5.2, sur les présomptions en matière pénale, quelque chose qui
n'avait pas été beaucoup abordé, je pense, depuis le début de la journée. Puis,
notamment, à la page 30, vous parlez, là, du fait que vous avez le pouvoir de
pouvoir traiter des signalements, de faire des poursuites, là, pour des
personnes qui, frauduleusement, se prétendraient en mesure de faire les travaux
que vous représentez. Puis j'étais surpris du nombre, le nombre de signalements
traités. Ça tourne alentour de... 213 en 2022, 287 en 2023, 231 en 2024. Le
nombre de poursuites intentées, c'est toujours entre 60 et 80 par année. Ça me
semble beaucoup de gens qui disent qu'ils font des travaux, qu'ils ne sont pas
sûrs de le faire puis que vous vous faites signaler.
• (19 heures) •
M. Boulanger (Steve) : ...c'est
trop. Mais on prend notre mandat à cœur, il y a une surveillance qui est
faite...
19 h (version non révisée)
M. Boulanger (Steve) : ...les
présomptions qui sont amenées dans le projet de loi à l'article 201.2 et
201.3, là, ce sont de bonnes présomptions en matière pénale parce qu'il y a de
plus en plus de stratagèmes, puis on en a vécu, même dans les poursuites. Puis,
si vous le permettez, peut-être que ma collègue Me Sagala pourrait
continuer...
M. Leduc : Ce n'est pas
nécessaire. Expliquez-nous ce que ça va changer.
M. Boulanger (Steve) : ...parce
qu'on a vécu de telles situations où les articles nous auraient été utiles.
M. Leduc : Allons-y.
Mme Sagala (Mylène) : Effectivement,
on a mis un exemple dans notre mémoire, où on a dû intenter plusieurs
poursuites contre un individu qui multipliait les entreprises. Donc, ça a fait
en sorte qu'on n'était pas capable de l'atteindre personnellement. Il fallait
poursuivre généralement des coquilles vides. Donc, au final, on se retrouvait
avec des beaux jugements, mais pas capables de ne rien faire. Puis il repartait
une entreprise, puis il était capable de continuer son stratagème, puis à
exercer illégalement encore. Donc, avec une présomption comme ça, bien, on
serait capable de l'atteindre, puis ultimement le dissuader de continuer à
exercer illégalement.
M. Leduc : Puis la
présomption, elle arrive une fois un premier jugement rendu?
Mme Sagala (Mylène) : Non.
Ma compréhension du projet de loi, c'est que dès l'infraction, si on constate
un stratagème, ça serait notre prérogative de poursuivant d'aller chercher l'individu
au-delà de l'entreprise.
M. Leduc : D'accord.
Intéressant. Et est-ce que... Vous fonctionnez principalement par signalement.
Donc, est-ce que vous avez une forme de... des agents sur le terrain qui,
eux-mêmes, font du démarchage pour trouver des fautifs ou c'est d'abord
principalement, donc, des gens qui vous signalent telle ou telle personne? Qui
vous signale d'ailleurs ces personnes-là?
M. Boulanger (Steve) : Parce
que là, dans le... souvent, il y a des clients insatisfaits de la qualité des
travaux, qui communiquent avec nous en disant, en prenant pour acquis que c'est
un membre de la CMMTQ, donc un entrepreneur licencié, en disant : Il a mal
exécuté ces travaux. Or, après des recherches, souvent on se rend compte que c'est
un individu ou une personne qui n'est pas membre. Alors, signalement du public,
signalement de d'autres entrepreneurs sur des chantiers qui constatent qu'il y
a des gens qui oeuvrent sans licence. Et on a également une enquêtrice à l'interne
qui fait des vérifications chez nous, et on a développé une expertise
particulière. C'est pourquoi, lorsque des travaux de plomberie sans licence
sont détectés, la Régie du bâtiment du Québec transfère ces dossiers-là, ou l'information,
ou le signalement chez nous à la CMMTQ. Et donc on a une équipe spécialisée
pour enquêter. Et même nos avocats ont l'autorisation légale, en vertu de la
Loi sur les maîtres mécaniciens, de poursuivre devant les tribunaux en matière
pénale.
M. Leduc : Est-ce que je
me trompe ou votre espoir avec les amendements précisés dans le projet de loi,
c'est que le nombre de signalements là et donc de poursuites baisse dans un
futur proche?
M. Boulanger (Steve) : On
l'espère. On espère toujours que les gens se conforment à la législation.
M. Leduc : J'imagine que
vous n'êtes pas en mesure de chiffrer un objectif.
M. Boulanger (Steve) : Non,
on n'est pas en mesure de le chiffrer. On... Je ne pense pas que ça fasse
diminuer le nombre de poursuites dans le sens qu'on va pouvoir poursuivre. On
poursuivait lesdites compagnies coquilles. Maintenant on va avoir plus d'arsenal.
Et c'est pour ça qu'on demande de les avoir et de dire est-ce que je poursuis
uniquement l'entreprise, ou sachant que c'est une coquille vide, bien, on
pourrait directement orienter la poursuite pénale vers le dirigeant, l'arme
dirigeante de cette entreprise, pour qu'il cesse son comportement répréhensible.
M. Leduc : Il y aurait
moins de récidivistes, effectivement.
M. Boulanger (Steve) : J'espère,
effectivement.
M. Leduc : Parfait.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, merci. Merci d'avoir contribué à la commission. Et comme le dit l'expression,
merci pour vos bons tuyaux. Alors...
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
la suspension... La commission y a accompli son mandat, reprend ses travaux
demain pour la suite des auditions. Bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 19 h 04)