Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, September 12, 2024
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Vol. 47 N° 71
Special consultations and public hearings on Bill 70, An Act to amend the Animal Health Protection Act
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon matin à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'aménagement du territoire ouverte.
Je souhaite la bienvenue à tout le monde.
Et juste peut-être vérifier vos sonneries des fois qu'elles seraient encore
ouvertes. Alors, la commission est réunie d'entreprendre des consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 70, Loi
modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Est-ce qu'il y a des
remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Ciccone (Marquette) est remplacé par M. Fortin
(Pontiac).
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci beaucoup. Alors, nous allons débuter par les remarques préliminaires des
différents groupes ici présents, mais aussi je voudrais juste souligner que, ce
matin, nous recevons l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec et la
Fédération des producteurs d'œufs du Québec en visioconférence.
Alors, M. le ministre, je vous laisse la
parole pour des remarques préliminaires. Un maximum de six minutes vous est
alloué.
M. Lamontagne : Merci
beaucoup, M. le Président. Mais salutations à vous, très heureux d'être à votre
commission aujourd'hui. Alors, merci de nous accueillir. Salutations à mon
collègue député de Pontiac avec qui... depuis déjà un bon bout de temps, là, il
y a une stabilité au niveau de l'opposition officielle, au niveau de son
critique, que j'apprécie beaucoup, alors très heureux qu'on ait à faire ce
projet de loi là l'ensemble. Et merci à toute l'équipe du ministère. J'ai avec
moi Mme Nathalie Canac-Marquis, qui est directrice générale par intérim de
la direction générale expertise, santé et bien être des animaux. J'ai ma
directrice de cabinet qui est Geneviève Bélisle et l'équipe du ministère, puis
mes collègues, la députée de Laporte et le député de Lac-Saint-Jean. Dieu sait
que moi, qui viens du Lac-Saint-Jean, comment je suis en symbiose avec mon
collègue député de Lac-Saint-Jean. Et puis on vient d'avoir mon collègue le
député de Sorel aussi, qui se joint à nous. Alors, très heureux de vous
accueillir.
Juste, aujourd'hui, le projet de loi qu'on
commence à étudier, c'est la loi 70, Loi modifiant la Loi sur la
protection sanitaire des animaux... En réalité, on a une loi au Québec, la loi 42,
qui date, là, je vais vous dire un chiffre, M. le Président, là, quasiment 100 ans,
et puis cette loi-là, ce qu'elle vise à faire, elle agit sur les risques pour
la santé des animaux, elle agit sur les risques pour la santé des personnes qui
côtoient les animaux, elle agit sur les risques des gens qui consomment des
animaux, puis elle agit sur les risques, sur les gens qui consomment les
produits qui viennent des animaux, alors on s'entend que cette loi-là, qui date
de très longtemps, porte exclusivement, là, sur une question sanitaire liée aux
animaux. Les dernières modifications qui ont été apportées à la loi, je ne sais
pas si c'est en... les années, l'an 2000, alors c'est plus de 20 ans
où on a eu des changements à cette loi-là.
Alors, le projet de loi qu'on a devant
nous puis qu'on commence à étudier aujourd'hui par nos consultations
particulières, son principal objectif, là, c'est de mieux outiller le Québec
pour assurer une meilleure protection de la santé animale puis de la santé
publique, pour préserver la santé économique du secteur bioalimentaire. Puis on
a juste à voir ce qui se passe avec toutes les épizooties d'influence
aviaire... d'influenza aviaire, qui touchent, entre autres, l'Amérique du Nord,
la dispersion de la peste porcine africaine. Il y a quelques années, on a eu la
maladie débilitante des cervidés. Il y a plusieurs années, c'était la fièvre
aphteuse. Alors, il arrive, là, qu'on a des épisodes qu'on appelle des
épizooties de maladie qui viennent toucher une ou des espèces particulières
dans des régions ou une région sur des territoires. Et puis il est important d'avoir
une loi, d'avoir des... une réglementation qui permet à nos responsables de
santé publique, à nos responsables qui s'occupent de toute la question
sanitaire liée aux animaux, de poser les gestes qui vont aller dans le sens de
la santé des animaux, mais qui vont aller aussi dans le sens de la santé des
citoyens, des citoyennes du Québec.
Alors, les changements qui sont proposés
dans la loi, on s'aperçoit que c'est quand même assez technique, si on veut,
là, visent à répondre, de façon plus efficace, aux urgences sanitaires. Parce
que dans le mot urgence, là, ça veut dire que plus on est habilité pour agir
rapidement, plus on peut prévenir puis on peut circonscrire les dommages
potentiels d'une épizootie qui peut se déclarer sur le territoire...
M. Lamontagne : ...et puis,
bien, l'inverse est aussi vrai, c'est que moins on est habilité puis organisé
pour réagir rapidement, bien, il peut y avoir des conséquences ultimement qui
peuvent être très graves pour nos cheptels, pour nos animaux, mais aussi pour
la population du Québec.
L'autre volet aussi qu'on a dans cette
loi-là, c'est toute la question de la lutte à l'antibiorésistance. On a vu, on
a des rapports qui nous indiquent une augmentation de la résistance, si on
veut, des animaux à toute la question des antibiotiques. Alors, il est
important de se doter de pouvoirs pour élargir notre surveillance de
l'utilisation d'antibiotiques puis des autres médicaments d'importance pour
lesquels, bien, qui vont pour nos animaux, ça fait qu'on veut améliorer la
traçabilité.
Alors, une chose certaine aussi, c'est que
ce projet de loi là, la dernière chose qu'on veut faire avec ça, c'est
d'alourdir le fardeau administratif des gens. Parce que j'ai lu dans les
différents mémoires qui ont été déposés, il y a une crainte quand on dit le
gouvernement veut se donner des outils pour réglementer davantage
réglementation, on veut alourdir. Écoutez, M. le Président, on est engagé
depuis plusieurs mois vraiment dans un chantier pour alléger, si on veut, toute
la question administrative pour tout le secteur agricole, le secteur
bioalimentaire. Alors, on ne viendra avec ce projet de loi là, faire le contraire
de ce qu'on cherche à faire depuis des mois. L'autre chose aussi, c'est que le
projet de loi P-42 va nous permettre d'harmoniser ce que le Québec va faire.
Mais, si on se compare avec les autres provinces canadiennes, si on se compare
à ce qui se fait en Amérique du Nord, si on se compare ultimement à ce qui se
fait dans le monde, parce qu'on doit se le confesser, M. le Président, c'est
que depuis, tu sais, depuis 2000, les réalités ont changé au point de justement
des maladies. Les réalités ont changé sur la façon de circonscrire puis de
s'attaquer à la propagation de ces maladies-là sur le territoire. Et le Québec
est un peu à la traîne en termes de ses façons de faire puis les outils dont il
dispose.
Alors, ce qui est important de retenir,
c'est avec le projet de loi n° 70, ce qu'on veut faire, c'est gagner en
flexibilité pour faire face aux défis des prochaines années. Puis je veux
remercier tous les groupes qui ont participé. Ça fait des mois que ça se
prépare avec nos équipes du ministère pour faire en sorte qu'on dépose ce
projet de loi. Je vais les remercier pour les mémoires. Et puis je nous
souhaite à tous et à toutes le meilleur travail possible au cours des jours et
des semaines qui s'en viennent. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, nous allons maintenant du côté de
l'opposition officielle et j'attends le député de... et j'ai un blanc de
mémoire, pardonnez-moi, de Pontiac, excusez-moi. Voilà, voilà.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. À mon tour de saluer tout le monde autour de la
table, commençant par vous, M. le Président, mais M. le ministre également.
Toujours un plaisir et parlant de stabilité, effectivement, vous avez une
stabilité dans vos critiques d'opposition, mais on ne peut pas dire que le
ministère de l'Agriculture ne dispose pas d'une belle stabilité au niveau de
son ministre lui-même. Je salue les collègues de Laporte, du Lac-Saint-Jean et
de Sorel. Il me semble qu'on parle beaucoup de Sorel ces jours-ci, mais bon,
c'est toujours une bonne chose quand on parle de nos circonscriptions
habituellement. Je salue l'ensemble des équipes qui sont là et les gens qui
vont témoigner et nous faire part de ce qu'ils pensent du projet de loi
présenté par la ministre et son équipe.
Bon, on est, M. le Président, à discuter
de la Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux,
disons : Je ne pense pas, M. le Président, qu'on sera dans une très longue
étude qui sera particulièrement houleuse. Je pense que la protection des
animaux, c'est quelque chose qui que tout le monde a à cœur au Québec,
notamment des gens, je vois les vétérinaires, l'Ordre des vétérinaires qui est
ici, notamment les agriculteurs, des gens qui travaillent au quotidien avec des
animaux.
Ce qu'on voudra s'assurer, et c'est pour
ça que mes remarques d'introduction seront toutes simples, M. le Président, ce
qu'on voudra s'assurer, c'est que ce projet de loi là, d'un côté, va assez
loin, c'est-à-dire qu'il offre tous les mécanismes nécessaires pour assurer une
pleine protection des animaux et de leur bien-être, mais en même temps qu'il
atteint un certain équilibre. Et c'est ce que ce à quoi le ministre faisait
référence, c'est-à-dire cette préoccupation-là de divers groupes par rapport à
une surrèglementation possible.
• (11 h 50) •
Alors, bien évidemment, moi, j'étais
content d'entendre de la part du ministre, dans ses remarques d'ouverture,
qu'on va chercher à harmoniser certaines pratiques, parce que, de ce qu'on
entend, de ce qu'on voit, de ce qu'on lit, certaines provinces canadiennes ont
pris une certaine avance, disons, au niveau des meilleures pratiques en la
matière, font une meilleure utilisation, peut-être de certaines technologies
également, ce qui ne nous est pas toujours permis. Alors on voit ça d'un bon
œil, M. le Président, mais encore là, je pense qu'il faut avoir dans...
M. Fortin :...dans nos discussions au cours des prochains jours ou des
prochaines semaines, toujours en tête que les gens qui travaillent avec les
animaux, c'est-à-dire nos agriculteurs, que ce soient nos vétérinaires, que ce
soit... que ce soient d'autres groupes, ces gens-là, ils ont d'abord et avant
tout... eux-mêmes, ils ont à cœur le bien-être des animaux. Eux-mêmes travaillent,
dans le cas des agriculteurs, pour maximiser leurs investissements, et ils
n'ont très certainement aucun intérêt à ce que leurs animaux soient maltraités,
ou de mauvaise qualité, ou n'aient pas tous les outils pour être aussi aussi
productifs que possible.
Alors, dans le cadre de nos discussions,
je nous encouragerai à avoir cette confiance-là envers les différents groupes
qu'on entendra et les gens qu'ils représentent, mais, M. le Président, je m'en
tiens à ça pour l'instant. Je salue le dépôt de ce projet de loi et j'espère
que les discussions qu'on aura seront productives pour assurer cet
équilibre-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
député de Pontiac. Alors, nous allons terminer les remarques préliminaires.
Alors, nous accueillons ce matin le premier groupe qui est l'ordre des
vétérinaires du... Pardon. C'est ça, l'ordre des vétérinaires du Québec. Alors,
bonjour à vous trois.
Alors, je veux présenter les trois
personnes qui sont ici présentes. Alors, il y a Mme Patricia Noël, M. le
Dr Gaston Rioux et Mme la Dre Danielle Beaulieu.
Alors, vous avez 10 minutes pour
faire votre présentation, et, par la suite, nous allons procéder à une période
d'échange avec les élus. Allez-y.
M. Rioux (Gaston) : Merci, M.
le Président. Donc, M. le Président, honorablement M. le ministre et les
députés qui vous accompagnent et de l'opposition, je vous remercie de me donner
l'occasion de m'exprimer au nom de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec,
qui regroupe près de 3 100 médecins vétérinaires oeuvrant dans des
domaines variés, tels que la santé animale, la santé publique et
l'agroalimentaire. Notre mission est de protéger le public en encadrant la
pratique vétérinaire et en veillant au développement des compétences des
médecins vétérinaires. Aujourd'hui, nous sommes ici pour discuter du projet de
loi n° 70, une initiative législative qui vise à
améliorer la protection de santé animale publique au Québec.
Les médecins vétérinaires jouent un rôle
crucial dans la gestion des risques liés aux agents pathogènes, à la lutte
contre l'antibiorésistance, à la gestion des épizooties, domaine d'activité
explicitement visé par le présent projet de loi. En effet, environ un tiers de
nos membres travaillent dans les secteurs agricole et agroalimentaire, contribuant
à la surveillance des grandes productions animales, à l'inspection des viandes,
aux services diagnostiques dans les laboratoires gouvernementaux, à
l'épidémiosurveillance, à l'enseignement et à la recherche.
Les médecins vétérinaires sont donc des
professionnels les mieux outillés pour évaluer les propositions que nous fait
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation par le biais
de ce projet de loi. Précisons que l'ordre a pris soin de consulter les
associations vétérinaires des domaines des grands animaux, de l'industrie
animale et des animaux de compagnie avant de formuler ses remarques et
d'émettre ses recommandations.
Spécifions d'entrée de jeu que nous
appuyons le projet de loi n° 70 qui renforce les
capacités du gouvernement à réagir face aux urgences sanitaires, à améliorer
l'épidémiosurveillance et à lutter contre l'antibiorésistance grâce à
l'utilisation judicieuse des médicaments. Toutefois, nous souhaitons formuler
quelques recommandations pour renforcer le projet de loi et en faciliter la
mise en œuvre. Je vous présenterai à l'instant celles que nous jugeons les plus
importantes. Vous pourrez évidemment consulter l'ensemble de nos remarques et
recommandations dans le mémoire que nous vous avons transmis plus tôt cette
semaine.
Tout d'abord, nous souhaitons la... nous
soutenons, pardon, la nomination d'un médecin vétérinaire en chef au sein du
MAPAQ, un poste crucial pour la gestion des crises sanitaires. Cependant, nous
recommandons que la législation prévoie également la nomination d'un médecin
vétérinaire adjoint ou substitut de façon permanente et non ponctuelle pour
pallier toute absence ou empêchement du médecin vétérinaire en chef, surtout en
situation de crise. Cela garantirait la continuité des services de santé
publique et animale sans interruption.
Dans sa modification législative à
l'article 1.5, le MAPAQ apporte de nombreuses précisions sur les animaux
visés par cette loi. Il cite notamment les animaux destinés à la consommation
humaine. En effet, le projet de loi tel que rédigé s'applique uniquement aux
animaux destinés à la consommation humaine, or, certains animaux d'élevage sont
destinés à la consommation animale. En retirant ce terme...
M. Rioux (Gaston) : ...retirant
ce terme. Cela permettrait de protéger non seulement la santé animale, mais
aussi la santé des humains qui sont en interaction avec les animaux nourris
avec des aliments contenant de la viande. Le projet de loi permettra la tenue
d'études épidémiologiques pour identifier et prévenir la propagation des
maladies. Nous soutenons cette proposition. Toutefois, nous recommandons
d'indiquer l'instance détenant le pouvoir d'ordonner de telles enquêtes. Nous
suggérons que ce soit le médecin vétérinaire en chef du Québec.
De plus, nous suggérons d'inclure la
notion de surveillance continue de certaines maladies telles la rage, le virus
du Nil occidental ou l'encéphalite équine de l'Est, pour garantir une vigilance
constante face aux menaces sanitaires ayant une incidence grave sur la santé
publique.
Le projet de loi stipule également que,
s'il y a des motifs raisonnables de croire à la présence d'un agent, un médecin
vétérinaire ou un inspecteur peut ordonner la mise en place de toute mesure
permettant de contenir ou d'empêcher sa propagation. Nous soutenons
l'importance de clarifier la définition du terme «agent» à
l'article 2.0.3, en incluant les risques économiques et les risques liés
au bien-être animal dans les raisons justifiant une intervention. En outre, les
mesures visant à contenir ou éliminer un agent pathogène peuvent avoir un
impact économique significatif sur les producteurs, notamment pour les plus
petits élevages. Il est essentiel que le gouvernement prévoie un soutien
technique et financier pour accompagner les producteurs dans l'application des
mesures prévues par la loi. Également, lorsque de telles mesures sont
ordonnées, nous recommandons d'ajouter l'obligation pour le médecin vétérinaire
ou l'inspecteur de fournir des explications et des pièces justificatives expliquant
la décision.
Le projet de loi apporte des
clarifications quant à l'obligation pour un médecin vétérinaire de déclarer
tous les cas où il soupçonne la présence d'une maladie contagieuse ou
parasitaire, d'un agent infectieux ou d'un syndrome, ou la survenance de
situations graves. Nous sommes satisfaits de ces précisions. Toutefois, par
peur de faire l'objet d'une telle déclaration, nous craignons que certains
producteurs ne s'abstiennent de consulter leur médecin vétérinaire, augmentant
ainsi les risques sanitaires, mais également les préjudices en matière de
bien-être animal. Encore une fois, pour une meilleure application de la loi,
nous recommandons la mise en place de mesures de soutien aux producteurs et le
développement de communications les rassurant à cet effet.
Nous saluons les modifications qui
indiquent notamment que le ministre peut exiger l'élaboration et la mise en
place d'un plan de biosécurité. Cependant, aucun critère précis n'est donné
quant à leur contenu. Nous recommandons que les médecins vétérinaires soient
explicitement impliqués dans l'élaboration de ces plans, car leur expertise est
cruciale pour la santé animale et la mise en œuvre de mesures de biosécurité
efficaces. De plus, le système de traçabilité animale proposé ne concerne
actuellement, à notre connaissance, que les bovins et les ovins. Nous
recommandons d'étendre ce système à d'autres espèces pour renforcer la santé
publique, améliorer le contrôle des zoonoses et réduire les problèmes de
salubrité alimentaire.
Le projet de loi propose la mise en place
de registres sur l'utilisation des médicaments. Bien que nous soutenons cette
initiative, nous soulignons l'importance de veiller à ce que ces registres
soient compatibles avec les systèmes existants afin d'éviter de doubler le
travail et de réduire la charge administrative pour les médecins vétérinaires.
Nous offrons dès maintenant notre collaboration pour les travaux visant à
déterminer les divers documents qui devront être tenus ou fournis au regard de
la modification proposée à l'article 55.9, paragraphe 7.1. Nous
considérons important d'être consultés puisque de nombreux renseignements sont
déjà colligés, en vertu notamment du règlement sur les ordonnances des médecins
vétérinaires. Nous suggérons également que le soutien technique et financier
soit offert pour les divers intervenants, incluant les médecins vétérinaires,
dans les changements qui seront nécessaires.
• (12 heures) •
En conclusion, nous soutenons pleinement
les objectifs du projet 70. Pour assurer le succès de son application sur
le terrain, nous considérons essentiel que le MAPAQ s'appuie sur l'expertise
des médecins vétérinaires et continue de les consulter. En effet, les médecins
vétérinaires sont des acteurs incontournables dans la protection de la santé
publique, animale et économique. Nous offrons notre entière collaboration pour
les futures consultations et la mise en...
12 h (version non révisée)
M. Rioux (Gaston) : ...place
des règlements qui découleront de cette loi.
Nous vous remercions de votre attention et
de votre engagement pour la protection de la santé animale et publique du
Québec. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci, Docteur Rioux. Alors, nous allons procéder à une période d'échange. M.
le ministre, c'est à vous pour une période de 11 minutes 30.
M. Lamontagne : Parfait.
Merci beaucoup, M. le Président. Bien, salutations à vous, Dr Rioux, Mme Noël, Mme
Beaulieu. C'est un plaisir de vous accueillir. Puis j'ai lu avec grand intérêt
le mémoire déposé par l'ordre des vétérinaires par rapport à ce projet de loi
là. Et puis soyez assurés, d'entrée de jeu, quand vous parlez de l'importance
de la collaboration, quand vous parlez de l'importance de référer à l'expertise
des vétérinaires, vous savez combien qu'on a de vétérinaires au ministère, vous
savez combien ces gens-là travaillent en collaboration aussi avec des gens qui
sont à l'extérieur du ministère, puis, quand c'est le temps d'élaborer des
politiques de santé animale, quand c'est le temps d'élaborer un peu comment
tout ça va se coordonner puis se gérer, bien, je veux dire, les vétérinaires
sont toujours appelés à contribuer dans cette démarche-là. Ça fait que soyez
assurés, là, que, ce qui s'en vient par en avant, là, on ne changera pas la
recette, on va continuer à collaborer avec vous tous.
Une chose importante, puis, en lisant les
mémoires... Tu sais, le projet de loi qu'on a, ce qui est important, là, porte
sur la protection sanitaire des animaux, puis la loi P-42 porte sur la
protection sanitaire des animaux. Tout ce qui touche le bien-être animal et la réglementation
en lien avec le bien-être animal, c'est notre loi B-3.1.
Alors, oui, effectivement, si on fait les
choses de façon très correcte au niveau de la protection sanitaire des animaux,
ultimement ça va... peut avoir un impact sur le bien-être des animaux. Mais les
travaux qu'on a à faire puis la loi qu'on vient modifier ne portent pas sur le
bien-être animal mais portent sur la protection sanitaire des animaux. Je vous
dis ça parce qu'il y a quelques interventions qui sont faites dans votre
mémoire, là, puis des fois il peut y avoir un... tu sais, le... une petite
confusion entre les deux, mais on aura l'occasion plus tard, si on a besoin de
clarification, là, de vous... de vous parler pour ces clarifications-là.
D'emblée de jeu, je vous dirais, tu sais,
l'ordre des vétérinaires, vous avez salué, pour vous, l'importance d'avoir une
vétérinaire en chef ou un vétérinaire en chef. Bien, je vais vous demander, tu
sais : Comment, selon vous, le fait d'avoir ce titre-là... bien, comment
ça va assurer une meilleure surveillance ou comment ça va assurer une plus
grande agilité en cas de... en cas de crise sanitaire au point de vue animal,
là?
M. Rioux (Gaston) : Bien, les
responsabilités qui seront conférées au médecin vétérinaire en chef, je pense
que... vont lui permettre d'agir rapidement parce qu'en situation d'urgence, je
pense que tout le monde reconnaît, peut reconnaître que le succès pour contrer
des épizooties ou des épidémies, c'est la rapidité d'action, puis, en ayant un
médecin vétérinaire en chef au courant puis porteur de ce dossier-là, avec les
responsabilités qui lui sont conférées... va être en mesure justement d'agir
très rapidement pour mettre en place des mesures soit de surveillance, soit d'examen,
de prélèvement, de nécropsie, etc., pour évidemment contrer potentiellement ces
agents-là avant qu'ils ne causent trop de dommages sur le territoire québécois.
M. Lamontagne : Parfait.
Merci. Puis on a parlé de l'importance d'agilité. C'est certain que ce qu'on s'est
aperçu, on l'a vu avec la maladie débilitante du cervidé et les épisodes qu'on
a eus récemment au niveau de la grippe aviaire, bien, ce qui nous manque un
peu, c'est cette capacité-là. Moi, l'expression que je vais dire : Est-ce
qu'on peut se revirer un 10 cents pour poser des gestes rapides? Puis c'est
certain que, dans la... dans les modifications qu'on est en train de faire,
encore là, tu sais, on a des invitations à essayer d'être le plus précis
possible sur telle chose, telle chose, mais, on sait, plus on vient mettre un
carcan au point de vue législatif, réglementaire, bien, plus on s'éloigne de
cette agilité-là ou des fois de cette capacité-là à se revirer sur un 10 cents.
Ça fait qu'il y a tout ce dosage-là qu'on a à faire. Vous l'avez exprimé d'emblée
un peu, les responsabilités puis l'apport d'avoir un médecin vétérinaire en
chef. Mais après ça, c'est : le médecin vétérinaire en chef ou la médecin
vétérinaire en chef a cette capacité-là, à un moment donné, là, de... à travers
tous les outils qui peuvent être disponibles, de faire les justes choix puis
après ça de nous engager dans des gestes puis des façons de faire avec lesquels
on va aller rallier des gens, là, pour pouvoir mettre ça en application. Alors,
bien, merci, votre commentaire pour ça.
Un deuxième point, c'est justement... on a
vécu quand même, au cours des dernières années, là, des crises sanitaires
importantes au niveau des animaux. On l'a vécu avec la grippe aviaire, on l'a
vécu avec la maladie débilitante du cerf. Selon vous, là, de l'angle que vous
étiez, là, les...
M. Lamontagne : ...les
principaux apprentissages qu'on a pu faire de ces deux épisodes là qu'on a eus,
là, depuis 2018 un peu, qu'est-ce que... qu'est-ce que... Vous, comme
vétérinaire, là, qu'est-ce que vous apprenez du vécu... notre vécu par rapport
à ces deux crises là, là?
M. Rioux (Gaston) : Bien,
c'est la rapidité de mobilisation, l'agilité, comme vous mentionnez aussi, mais
la capacité d'agir en concertation avec le milieu puis avec l'industrie.
Là-dessus, je salue ce que... les investissements que le gouvernement a pu
faire dans le passé aussi. Par exemple, on parle de l'Équipe québécoise de
santé porcine, on parle de l'équipe québécoise des maladies aviaires. C'est
vraiment avec des sous qui proviennent des gouvernements... ont pu établir des
modus operandi pour justement agir rapidement, que ce soit au niveau du
transport, que ce soit au niveau de la délimitation de ces zones-là à risque.
Là-dessus, je vous dirais, je me permets d'aller un petit peu plus loin.
Présentement, au Québec, ce n'est pas
toutes les productions puis ce n'est pas toute l'industrie qui a la possibilité
d'avoir ce type d'organisation là. Il y a des petites productions, puis, ceux
qui savent qu'est-ce que je fais dans ma deuxième vie au niveau professionnel,
les petits ruminants, entre autres, n'ont pas de structure similaire que la production
porcine et aviaire, n'ont pas les outils nécessaires. Évidemment, les maladies,
les urgences sanitaires, ils ne choisiront pas nécessairement les grandes
productions, ils pourraient choisir les petites productions. À ce moment-là, il
va falloir, je dirais, au niveau de l'industrie, au niveau la collaboration
ministérielle du ministère de l'Agriculture, prévoir du soutien à ces
industries-là. On peut parler des lapins, on peut parler de... de tout ça qui
peut mettre en danger l'ensemble des autres... des autres producteurs.
Je pense que... Moi, je salue ce que
fait... ce que font ces équipes-là. Puis, au niveau des aviaires, ça a très
bien fonctionné aussi pour circonscrire. Je pense... Je n'ai pas les données en
mémoire nécessairement de tout ça, mais je pense que le Québec fait bonne
figure au niveau du contrôle, entre autres, de l'influenza aviaire hautement
pathogène parce que, justement, on a des réseaux d'épidémiosurveillance. Oui,
il y a peut-être des provinces qui font différent de nous ou mieux, mais ici,
au Québec, on a des réseaux de laboratoires qui sont performants. Vous avez,
vous l'avez mentionné puis je le répète, des professionnels vétérinaires au
sein de votre ministère, avec lequel, dans différentes vies, que j'ai
collaboré, puis je collabore encore, qui sont très compétents. Mais je pense
qu'il faut s'en servir aussi puis il faut continuer à travailler en
concertation au niveau de l'industrie.
M. Lamontagne : Merci. Je
vais passer la parole à un collègue.
Le Président (M. Schneeberger) : La
députée de... Laporte, c'est ça, oui. Alors, ça veut dire que... vous avez...
J'ai tout des nouveaux membres à la CAT, alors aujourd'hui on va... je suis
comme moins habitué. Alors, députée de Laporte, allez-y.
Mme Poulet : Oui, merci, M.
le Président. Alors, M. Rioux, Mmes Beaulieu, Noël, merci beaucoup de votre
présence et d'enrichir la discussion pour ce projet de loi. J'ai une question.
Justement, concernant les catégories d'animaux et d'espèce visés par la loi,
votre organisation appuie ce changement. Pourquoi c'est important pour vous?
M. Rioux (Gaston) : Bien,
c'est... Évidemment, c'est d'être en mesure... Un projet de loi... Je ne suis
pas un politicien, mais un projet de loi doit être le plus large possible pour
ne pas avoir des zones grises ou des zones écartées. Puis ce qu'on mentionnait
entre autres au niveau des animaux destinés à la consommation humaine, on
considère important d'enlever «humaine» ou d'ajouter «animale», consommation
humaine ou animale. Parce qu'évidemment... je suis moins spécialiste des
animaux exotiques, peut-être que ma collègue pourra en rajouter, mais, exemple,
on peut élever des rats pour nourrir nos serpents, on peut élever des animaux
pour nourrir les oiseaux de proie. Ça fait qu'évidemment ces animaux-là peuvent
être porteurs de maladies ou... et contagieuses qui peuvent être
potentiellement dangereuses pour les humains. Ça fait que c'est pour ça qu'ils
sont en contact avec ces animaux-là d'élevage. Ça fait que ça, nous... considérait
qu'on ne devrait pas les oublier. Et j'ai aussi en mémoire, puis je vais
peut-être sortir un petit peu du cadre du projet de loi, mais tous les cas de
salmonellose au niveau des jeunes enfants qui... suite à l'alimentation des
chiens avec de la viande crue. Ça fait que ça, c'est très préoccupant. Donc,
c'est pour ça qu'on ne voulait pas oublier cette catégorie-là d'animaux qui
peuvent servir aussi puis qui peuvent avoir un impact majeur au niveau de la
santé humaine.
Mme Poulet : O.K. Bien, merci,
intéressant. J'en aurais... Combien de temps qu'il me... qu'il reste?
Le Président (M. Schneeberger) : Vous
avez deux minutes.
Mme Poulet : O.K. Je ne sais
pas si un collègue voulait poser une question. J'en aurais une autre, si vous me
permettez.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
députée de Laporte, allez-y.
• (12 h 10) •
Mme Poulet : Alors, dans
votre mémoire, on peut lire : «L'Ordre salue le désir du ministère de
documenter l'utilisation des médicaments, ce qui contribuera à leur utilisation
judicieuse.» Pouvez-vous nous dire ce que vous entendez par une utilisation...
Mme Poulet : ...judicieuse. Et
quels sont les avantages que vous voyez à faire de cette modification à la loi?
M. Rioux (Gaston) : Évidemment,
puis je reviendrais sur un chiffre qui peut faire peur, là-dessus, c'est que
les spécialistes vont nous dire qu'en 2050 la principale cause de mortalité
mondialement, ça va être des bactéries qui sont résistantes aux antibiotiques.
Ça fait que, ça, c'est très alarmant. Donc, il faut s'assurer que le contrôle
des médicaments se fasse bien. On parle des antibiotiques, oui, mais il y a
aussi tout ce qui est pesticides, vermifuges, etc. Je pense qu'au niveau de la
volonté aussi de tout le monde d'avoir des aliments sains et sans résidus, je
pense qu'on peut utiliser des stratégies où on devrait mieux, encore mieux
utiliser dans notre domaine vétérinaire, oui, dans le domaine humain, oui,
parce que ça a des répercussions évidemment globalement sur la santé humaine,
oui, mais la santé animale aussi, où des phénomènes de résistance sont déjà
présents. Donc, de choisir les bons produits et aussi d'avoir la possibilité de
répertorier puis de contrôler l'utilisation par des registres d'utilisation.
Nous, la position de l'ordre a toujours été que ce contrôle-là au niveau de
l'utilisation des médicaments puis des antibiotiques soit obligatoire parce que
ça a de l'importance vraiment au niveau de tous les secteurs de la santé.
Mme Poulet : O.K. Bien, merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Alors, s'il n'y a plus de questions, nous allons du côté de l'opposition
officielle avec le député de... Pontiac, pardon.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, Dr Rioux, Dre
Beaulieu, Mme Noël, merci de votre présence. Puis je vous le dis d'entrée
de jeu, là, et ça arrive souvent quand on a des médecins, des gens avec une
certaine expertise autour de la table : Ne vous gênez pas pour aller au
bout de votre argument parce que vous ne pensez pas qu'on le comprend. Ça va
arriver, là, vous allez pousser les députés autour de la table à essayer de
comprendre des concepts qu'ils ne comprennent pas dans le fin détail, alors
allez au bout de votre pensée, même si vous voyez que, dans nos yeux, là, vous
nous avez peut-être perdus, là.
Sur la traçabilité, vous en avez fait état
dans votre mémoire, là, vous dites essentiellement que c'est bien, il faut
maintenir un système de traçabilité, mais qu'il y a juste les bovins puis les
ovins qui sont essentiellement inclus, là, dans le règlement, puis vous
aimeriez voir d'autres espèces animales. Jusqu'où il faut aller dans cette
traçabilité-là? Parce que là vous faites référence à la dangerosité canine,
etc. Donc, est-ce que vous avez quelque chose de spécifique en tête?
M. Rioux (Gaston) : Mais
évidemment le succès de toute intervention d'urgence, au niveau du contrôle des
maladies puis des épizooties, c'est savoir où sont les animaux puis savoir...
d'être en mesure de les dépister. Évidemment, c'est cette volonté-là. Puis
évidemment, au niveau des animaux de production, avec des aliments qui s'en
vont directement à la consommation humaine, entre autres, bien, je pense que
c'est important d'avoir cette traçabilité-là sans faille. Évidemment, il y a des
productions, comme au niveau des chèvres, où on n'a pas ça. Ça s'en vient
apparemment, mais c'est un dossier qui dure, je vous dirais, depuis presque
20 ans. Mais évidemment je pense qu'il faut aller là-dessus. Puis c'est la
volonté aussi des gens de... au niveau du micro puçage, au niveau de la
dangerosité, d'être capable d'être en mesure de reconnaître... de savoir où
sont ces animaux-là pour circonscrire soit un territoire où aller les dépister,
s'il y a eu des mouvements d'animaux d'une région à une autre, entre autres.
M. Fortin :Est ce qu'il y en a... Est ce qu'il y a des types d'animaux
où c'est plus pressant que d'autres, là, si vous aviez à nous dire :
Concentrez-vous sur quelque chose, là, parce que ça, ça presse plus
qu'ailleurs?
M. Rioux (Gaston) : C'est une
bonne question. Mais je vais me mouiller, c'est... il faut se mouiller, je
dirais tout ce qui est animaux de production, je pense que c'est vraiment
l'urgence aussi. Par contre, les gens du domaine des animaux de compagnie vont
peut-être vous dire le contraire, mais ça sera à eux de défendre leur position.
Je pense que les impacts que peuvent avoir sur la santé humaine et animale vont
vraiment au niveau de la traçabilité. Il y a quand même Attestra qui est là où
il y a vraiment... c'est une entreprise qui recueille ces données-là, qui est
déjà, je pense, qui serait en possibilité d'expansion pour ça. On a vu le
dossier du micropuçage avec des chiens qui s'en vont aux États-Unis
potentiellement, où le gouvernement américain exige le micropuçage. Tout le
contrôle au niveau des municipalités qui auraient peut-être leur travail à
faire là-dessus. Il y en a des municipalités qui exigent le micropuçage au
niveau des animaux de compagnie, mais ça, ça devrait être étendu potentiellement
à l'ensemble du territoire québécois, évidemment. Puis, au niveau protection du
public, bien, les chiens dangereux, c'est quand même un argument. On a juste à
se reporter aux Îles-de-la-Madeleine, où deux chiens dangereux ont été
euthanasiés par erreur parce qu'ils n'étaient pas micropucés. Ce n'était pas
des chiens dangereux, c'est les chiens dangereux n'ont pas été euthanasiés,
parce que c'était impossible pour le médecin vétérinaire de reconnaître les
bons animaux sans...
M. Fortin :Très bien. Je vais vous citer, dites-moi si je l'ai fait...
je le fais correctement, là. Tantôt, vous avez dit : L'urgence sanitaire
ne choisit pas juste les grandes productions, elle peut également choisir les
petites productions. Et vous avez fait référence à un soutien nécessaire pour
les petits producteurs, là, dans un cas comme celui-là. Qu'est-ce que vous avez
en tête? Et si ce soutien-là ne vient pas, qu'est-ce qui vous inquiète qui
pourrait... qui pourrait arriver?
M. Rioux (Gaston) : Bien, je
pense que pour avoir déjà consulté ce que c'est, l'équipe québécoise de santé
porcine, puis tout ça, je pense que ce modèle-là devrait être exporté à toutes
les productions animales, à tous les types de productions animales. Mais
évidemment, quand on parle d'à peine 400 producteurs... 450 producteurs
ovins au Québec, un cheptel de 150 000,
ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions. Ils voudraient probablement le
faire, mais l'industrie n'a pas les outils puis le financement nécessaire pour
avoir des copies conformes de l'EQSP. Ça fait que ça, c'est vraiment
préoccupant. Puis ça, bien, si une maladie peut entrer, par exemple, la fièvre
aphteuse pourrait venir d'un autre continent, entrer au Québec au niveau de la
production ovine, et ça pourrait avoir des répercussions dans la production
porcine, la production bovine, etc. Ça fait que ça, c'est un danger que... puis
excusez l'expression, que le maillon le plus faible de la chaîne fasse tout
dérailler. Ça fait que ça, c'est une préoccupation que l'ordre des médecins vétérinaires
tenait à vous faire part.
M. Fortin :Une des choses, je pense, qu'il faut éviter à travers de
la... quand on vient jouer dans les lois et les règlements, quand on vient
faire des modifications, c'est de s'assurer qu'on n'a pas un effet repoussoir,
c'est-à-dire que, par exemple, des agriculteurs n'évitent pas d'aller voir des
vétérinaires parce qu'ils pourraient être affectés par une réglementation
peut-être excessive.
À l'inverse, et je pense qu'on vous a bien
entendu là-dessus, mais à l'inverse, il y a également beaucoup de producteurs
agricoles aujourd'hui qui nous disent... qui continuent à nous dire qu'ils ont
de la misère à voir des vétérinaires ces jours-ci. Alors là, je vous sors
peut-être un peu du cadre spécifique du projet de loi. Et est-ce que les
nouvelles... les nouveaux projets pilotes qui ont été mis en place, est-ce que
les... Est-ce qu'on en fait assez pour s'assurer que, partout au Québec, les
gens ont accès à un médecin vétérinaire?
M. Rioux (Gaston) : Me
donnez-vous une demi-heure?
M. Fortin :Moi, je vous la donnerais, mais le Président, je pense
qu'il va...
M. Rioux (Gaston) : ...je
vois M. Lamontagne avec... qui a travaillé très fort pour le campus satellite à
Rimouski, ça, c'est à saluer, mais il y a beaucoup d'autres... puis de
15 étudiants qui rentrent à chaque année avec un profil agricole, puis il
y a 12 dans le campus à Rimouski. C'est salué, puis je salue aussi... elle
n'est pas ici aujourd'hui, Me Sonia LeBel qui a déposé le projet de loi
n° 67, qui va... ce qu'on veut éventuellement, avoir des permis
restrictifs permanents. Justement, les permis restrictifs permanents, c'est
pour aller chercher des médecins vétérinaires étrangers, pour qu'ils puissent
commencer à travailler sur le territoire québécois plutôt que ça prend... ça
prenne quatre ans avant d'avoir tous les permis et peut-être un investissement
de 30 000 $ à 40 000 $, bien, selon le
profil de compétences que l'ordre pourra juger, ils pourront aller dans un
secteur comme les abattoirs, l'inspection des viandes dans les abattoirs, dans
certaines productions aussi animales, pour justement contrer tout ça, cette
préoccupation-là. Et l'Ordre des médecins vétérinaires a fait un travail aussi,
travaille à tous les jours, là-dessus, je vous dirais pratiquement, pour
assurer aussi que nos médecins vétérinaires conservent un niveau de santé
pour... ça prend un médecin vétérinaire en santé, soit physique et
psychologique, pour assurer la protection du public puis un bon service. Ça
fait que, donc, pour l'Ordre des médecins vétérinaires, c'est une préoccupation
constante, et on continue à travailler très fort là-dessus.
M. Fortin :Je vous dirais, sur la... et vous avez raison de mentionner
la santé des médecins vétérinaires, notamment des médecins vétérinaires, qui
travaillent avec la production... la production animale, là, parce que ces
gens-là font des énormes distances, parce qu'ils sont sollicités à toutes les
heures du jour et de la nuit, parce que ce n'est vraiment pas un mode de vie qui
est facile. Mais, en même temps, ça demeure que, dans certaines régions du
Québec, les médecins vétérinaires, ils sont loin, ils ne sont pas toujours
disponibles. Alors, j'aimerais ça vous entendre sur la consultation à distance,
sur les outils technologiques qui sont, à ce qu'on entend, pas mal plus
présents dans d'autres provinces canadiennes. Alors, quand on parlait
d'harmoniser les pratiques, tantôt, là, ça en fait partie, ça. Est-ce qu'on
est.... Est-ce qu'on a des modifications à faire au Québec pour s'assurer que
les médecins vétérinaires sont pas mal plus disponibles?
• (12 h 20) •
M. Rioux (Gaston) : On a fait
des modifications aussi au niveau... ça, pour rendre plus accessible la
télémédecine. On parle juste au niveau de la relation client vétérinaire
patient, parce qu'il était quand même important. On sait... on a adapté notre
politique à ce qui se fait dans d'autres professions notamment...
M. Rioux (Gaston) : ...au
niveau du Collège des médecins, pour la télémédecine. Il y a des projets comme,
je crois, à Baie-Comeau, avec un projet de télémédecine, justement, d'une
vétérinaire à distance, avec une équipe technique à Baie-Comeau, pour justement
assurer des soins de base... ça, puis on a aussi fait des webinaires, des...
pour justement introduire la télémédecine au niveau de la pratique vétérinaire.
Il y a aussi des projets pilotes, là, qui... je pense, qui concernent entre
autres le MAPAQ, l'AMVPQ puis l'UPA, qui font aussi... pour ça.
M. Fortin :...tantôt, vous avez dit, là : Des fois, il faut se
mouiller, là. Est-ce que ce que vous voyez des projets pilotes, est-ce que ça
fonctionne bien? Est-ce qu'il y a des changements à faire? Est-ce que c'est
quelque chose qui, selon vous, selon ce que vous entendez des médecins qui... les
médecins vétérinaires qui en font usage, ça pourrait être mis de façon
permanente au Québec?
M. Rioux (Gaston) : Bien, je
pense que... Bien, c'est sûr que je n'ai pas les résultats du projet... de ces
projets pilotes là, je... Si j'avais les résultats du projet pilote puis les
conclusions... Parce que, de mémoire, si je n'ose pas me tromper, ils sont
encore en cours.
Donc, il y aura une concertation, parce
qu'on a été consultés, on veut continuer d'être consultés là-dessus pour que
cet outil-là soit bien utilisé, et avec les bons équipements. Parce que ça
aussi, ça peut poser problème, notamment dans les abattoirs, notamment dans
différents secteurs, d'avoir aussi les bons outils pour aussi permettre la
confidentialité et aussi le respect du dossier vétérinaire versus client. Il y
a tout ça qu'il faut rentrer en ligne de compte puis travailler. Ça fait que ça
aussi, si j'avais ma demi-heure, on pourrait en parler longuement.
M. Fortin :Qu'est-ce qu'il reste, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : 1 min 20 s
M. Fortin :1 min 20 s. Rapidement, vous avez demandé à
ce qu'il y ait un médecin vétérinaire en chef adjoint, là.
M. Rioux (Gaston) : Oui.
M. Fortin :Vous pouvez juste nous dire pourquoi? Parce que, moi aussi,
je salue l'arrivée d'un médecin vétérinaire en chef. Mais pourquoi vous en
demandez un de plus?
M. Rioux (Gaston) : Bien,
c'est... évidemment, moi... Vous parliez des vétérinaires des animaux de ferme
qui font des urgences puis tout ça. Bien, j'en ai fait pendant 35, 40 ans. Bon.
Les urgences, ça ne choisit pas du 9 à 5, ça ne choisit pas le 1ᵉʳ janvier, ça
peut choisir le 1ᵉʳ janvier. Évidemment, le vétérinaire en chef, il a le droit
à des vacances, il a le droit à des congés de maladie. Mais, si on veut avoir
l'agilité puis la rapidité d'intervention, je pense qu'il faut qu'il y ait une
autre personne habilitée à prendre la relève à pied levé, si on veut, mais très
rapidement. C'est pour ça qu'à partir du moment où on pense qu'il pourrait y
avoir justement... ça serait justifié d'avoir un médecin vétérinaire en chef
substitut, bien, il aurait déjà le background, la formation adéquate pour
prendre la relève très rapidement.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. 19 secondes.
M. Fortin :Non... Bien, merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors merci pour votre contribution à la commission.
Alors j'invite... ...prendre une pause
pour laisser le prochain groupe prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 23)
(Reprise à 12 h 26)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons la séance. Alors, nous accueillons maintenant en visioconférence
la Fédération des producteurs d'œufs du Québec. Alors, bonjour à vous deux.
Alors, nous avons Éric Bouchard,
conseiller aux communications, et M. David Lefebvre, membre du conseil
d'administration. Bonjour à vous deux.
Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation et, par la suite, nous allons procéder à une période d'échange
avec les députés et le ministre. Alors, je vous laisse la parole.
M. Lefebvre (David) : Parfait.
Bonjour. Merci, M. le Président. Mon nom est David Lefebvre, je suis producteur
d'oeufs au Québec et membre du conseil d'information de la Fédération des
producteurs d'oeufs. Il me fait un grand plaisir d'être ici avec vous
aujourd'hui. Un grand merci pour l'invitation pour nous permettre de nous
exprimer sur un sujet aussi important que la santé de nos animaux sur les
fermes.
Alors, notre mémoire est assez succinct.
Je propose de faire la lecture de ce que nous avons pensé du projet de loi,
mais ce sera assez rapide, là, dans notre cas. Donc, si ça vous va, là, je
procéderai avec la lecture.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y.
M. Lefebvre (David) : Donc,
je commencerais par parler de la mission de la fédération pour bien nous
positionner. Donc, la Fédération des producteurs d'œufs du Québec représente
200 producteurs d'oeufs et 109 éleveurs de poulettes, dont les fermes
sont réparties sur l'ensemble du territoire. Le cheptel québécois s'élève à
plus de 5,9 millions de poules pondeuses et la production annuelle
totalise 1,9 milliard d'oeufs, un volume qui permet de répondre à la
demande des consommateurs d'ici.
Créée en 1964, la fédération est le
premier regroupement agricole spécialisé provincial à s'être doté d'un plan
conjoint de mise en marché et de production. Les objectifs de ce plan sont de
favoriser le développement durable de l'industrie québécoise des œufs,
notamment par le respect de l'environnement et le bien-être des animaux, en
procurant un revenu équitable aux intervenants du secteur et en répondant aux
attentes des consommateurs avec des œufs et des produits de haute qualité.
La structure organisationnelle de la fédération
lui permet de s'impliquer dans la promotion des œufs auprès des consommateurs
et d'administrer la gestion de l'offre. Elle coordonne des campagnes de
publicité et d'information visant notamment à mettre en valeur les qualités
nutritives des œufs. Les mécanismes en place permettent un approvisionnement
exceptionnel et un choix d'oeufs plus varié que jamais dans les marchés
d'alimentation.
Donc, en ce qui a trait plus précisément à
nos commentaires quant au projet de loi, donc ça va comme suit. La fédération
appuie le projet de loi, tant dans ses objectifs que dans les propositions, sur
trois axes de modification de la Loi sur la protection des animaux. Nous
saluons la nomination du médecin vétérinaire en chef et nous voyons d'un bon
œil les nouveaux pouvoirs réglementaires pour le ministre en matière de santé
animale. Les nouveaux pouvoirs permettront d'intervenir plus rapidement pour
venir en aide aux producteurs qui seront des victimes directes ou indirectes
d'une éclosion d'une maladie connue ou d'un nouvel agent biologique, chimique
ou physique susceptible de porter atteinte à la santé des animaux ou des
personnes qui les côtoient, qui les consomment et qui présentent un risque
élevé de propagation.
Dans le même esprit, la définition,
l'amélioration, la gradation et l'identification de celui qui donne les
pouvoirs d'ordonnance faciliteront toutes les interventions de la suspicion
d'un agent à la confirmation de sa présence sur un site.
Enfin, l'optimisation des pouvoirs en
inspection facilitera le travail d'inspection et permettra au ministre de
nommer des enquêteurs.
Une fois que le projet de loi sera adopté,
la fédération aimerait que les fonctionnaires responsables de l'écriture des
règlements travaillent de concert avec elle, avec l'Équipe québécoise de
contrôle des maladies avicoles, que l'on surnomme l'EQCMA, ainsi qu'avec tous
les partenaires de la filière avicole. L'expertise développée au cours des
épisodes de grippe aviaire, notamment dans les dernières années, fait des
intervenants de la filière avicole des consultants sans égal en matière de
protection des animaux, des producteurs et donc du public.
• (12 h 30) •
Nous suggérons au gouvernement de former
rapidement, après l'adoption du projet de loi, un groupe de travail qui se
penchera sur les règlements qui viendront compléter les modifications
législatives du projet de loi n° 70. Nous vous
remercions de l'invitation à nous exprimer sur ce sujet qui viendra améliorer
le processus d'intervention lors de la suspicion de la présence d'un agent sur
une de nos fermes. Meilleures salutations et c'est signé Sylvain Lapierre,
président de la Fédération des producteurs d'oeufs...
12 h 30 (version non révisée)
M. Lefebvre (David) : ...et j'abonde
en ce sens.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, vous avez terminé?
M. Lefebvre (David) : Oui,
oui. Terminé.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons procéder à la période d'échange avec, en
débutant, on part avec le ministre. Alors, M. le député de Johnson, mon
collègue que je partage depuis de nombreuses années maintenant.
M. Lamontagne : Plus de 10
ans.
Le Président (M. Schneeberger) :
Plus de 10 ans, exactement.
M. Lamontagne : Merci et
salutations à vous. M. Lefebvre, M. Bouchard, vous êtes dans quel coin, M.
Lefebvre, avec votre production.
M. Lefebvre (David) : On est
dans le coin de la Montérégie, plus précisément, Saint-Charles-sur-Richelieu, c'est
tout près de l'Ange-Gardien.
M. Lamontagne : C'est bon. Et
dans les épisodes qu'on a vécus depuis un an et demi, deux ans, là, étiez-vous
proche des épicentres un peu où vous étiez les épisodes d'influenza aviaire?
M. Lefebvre (David) : On est
en... été très échaudés par l'épisode de grippe aviaire. On a été nous-mêmes
infectés, malheureusement, donc nous sommes à bien de comprendre les risques
sanitaires qu'on court dans la production.
M. Lamontagne : Oui, bien
écoutez, je ne suis pas content d'entendre ça. On s'entend là-dessus, là, mais
d'avoir quelqu'un qui a eu les deux mains dedans, si on veut, dans les
dernières années, on ne peut pas avoir quelqu'un qui est plus qualifié que vous
pour comprendre, c'est ça, le pourquoi de ce pour quoi on est ici aujourd'hui?
Mais justement par rapport à ce qu'on a vécu, puis vous, ce que vous avez vécu
comme éleveur, mais en même temps, ce que vous avez vécu comme organisation,
parce que j'ai été aux premières lignes pour voir comment vous vous êtes
mobilisé puis les défis que vous avez rencontrés. Si vous avez des
apprentissages à avoir fait de ce qu'on a vécu depuis deux ans, qu'est-ce que
vous nous? Qu'est-ce que vous diriez par rapport à ces apprentissages-là?
M. Lefebvre (David) : Je dirais
qu'il faut mettre à profit l'expérience de toute la filière. Dans les premiers
cas qui sont apparus de l'influenza aviaire au pays, disons que la
communication était plutôt difficile entre les instances gouvernementales à ce
moment-là et les producteurs. Et il y a eu des situations qui ont été non
souhaitables, là, au niveau notamment de la santé psychologique des
producteurs, notamment au niveau des risques sanitaires eux-mêmes. Donc, je
pense que c'est vraiment... L'apprentissage qu'on a à avoir de ces épisodes-là,
c'est vraiment de travailler en concertation tout le monde, tous les acteurs de
l'industrie, tant les instances gouvernementales, que la fédération que les
producteurs eux-mêmes que l'EQCMA qui nous soutient beaucoup là-dedans, que....
Je peux parler... Dans notre cas, ça s'est très bien passé parce que justement
il y a une très bonne collaboration de tout le monde. Déjà, il y avait une
expérience tant l'Agence canadienne d'inspection des aliments à ce moment-là
que les classificateurs que la Fédération. Il y avait déjà eu des épisodes,
puis on avait bâti une expérience. Donc, il y a beaucoup d'étapes quand vient
le temps de dépeupler, de décontaminer puis de sécuriser les sites qui sont
autour. Puis l'expérience qu'on avait, l'expertise qu'on avait nous a permis d'avoir
une séquence d'action, d'intervention optimale et efficace pour s'assurer de
limiter les dégâts.
M. Lamontagne : C'est bon. C'est
sûr que quand vous me dites : communication difficile avec les instances
gouvernementales, moi, ça m'allume, parce que moi, à travers tous ces
épisodes-là, je suis en contact constant avec nos équipes pour m'assurer
justement de quelle sorte de coordination se fait sur le terrain. Parce que, tu
sais, il y a le producteur, il y a votre association, il y a l'EQCMA, après ça,
il y a le Québec, mais il y a après ça la CIA, puis là c'est de voir comment tout
ça se coordonne puis... Mais c'est certain que le souci d'avoir des
communications qui sont fluides, là, puis qui sont constantes, est très, très,
très important, puis de travailler ensemble, tu sais, c'est sûr que la
contribution importante qu'on a fait à l'EQCMA pour, justement, mieux
comprendre les enjeux, puis se donner davantage de moyens, va dans cette...
dans cette direction-là. Puis je pense que ça avait été très bien accueilli,
mais c'est surtout très, très utile. Je vous entendais sur l'importance de
collaborer quand vous dites : Mettons pour des règlements futurs. Bien, d'abord,
je vous dirais, puis je dis ça aussi pour mon collègue, là, à la suite de l'adoption
du projet de loi... Des fois, on adopte des projets de loi, puis après ça, on
entre dans un cycle d'écriture de règlements pour venir, toutes les
habilitations, si on veut, du projet de loi. Bien, dans ce projet de loi là, il
n'est pas prévu que, suite à l'adoption, là, qu'on commence à développer toutes
sortes de règlements, les outils qu'on va chercher en termes de flexibilité
puis d'agilité, en fonction d'événements qu'on ne connaît pas puis dont on ne
connaît pas justement un peu l'ampleur, puis on ne connaît pas aussi et quel
bouton on va devoir presser. Alors on n'est pas, on n'est pas. On n'est pas à
se préparer, là...
M. Lamontagne : ...toutes
sortes de règlements, mais je veux vous assurer, parce que vous l'avez vécu
dans le passé. Moi, j'ai été témoin aussi de la grande collaboration entre les
spécialistes du ministère et puis votre organisation. Quand c'est le temps de
contempler de la réglementation ou de contempler des réponses à des difficultés
qu'on a, on l'a vu pendant la pandémie, il y a des demandes qui ont été faites
pour des projets pilotes, un peu, pour disposer de certains animaux, et tout
ça, puis je vois comment vous travaillez ensemble, mais soyez assurés que cette
communication-là avec votre organisation, s'il y a des règlements à développer,
puis tout ça... bien, je veux dire, c'est certain que vous allez faire partie,
vous allez être aux premières loges, là, de... du processus de collaboration,
là, qui va mener à... ultimement à la présentation de règlements puis,
ultimement, à leur édiction. Ça fait que je veux... je veux vous rassurer à ce
niveau-là.
Je ne sais pas si j'ai des collègues qui
veulent... Oui, mon collègue député du Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Schneeberger) : ...allez-y.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : ...dans
votre mémoire, vous êtes d'accord avec la nomination d'un médecin vétérinaire
en chef. C'est ce que vous mentionnez. Puis je voudrais savoir un peu les...
quels bénéfices que vous y voyez versus un peu ce que vous avez vécu, parce que
vous dites que vous avez eu aussi les deux mains dedans. Donc, si vous pouvez
faire une comparaison, si vous êtes en mesure de me le mentionner.
M. Lefebvre (David) : Oui,
merci... Merci... pour vos propos, là, quant à nous... par rapport à nos...
sans dire préoccupations, mais notre demande.
Oui, pour répondre à la question, je
pourrais faire un parallèle à... Ce qui a beaucoup facilité les échanges dans
le cas des épisodes de grippe aviaire, c'est qu'il y avait, d'une part, au
niveau du producteur, une personne en charge de communiquer avec l'instance
gouvernementale, qui était à ce moment-là l'Agence canadienne d'inspection des
aliments. Puis, ayant seulement deux personnes qui se parlaient, bien qu'il y
avait beaucoup de dossiers à régler de part et d'autre, tant du côté du
producteur que du côté de l'agence, bien, il y avait seulement ce canal-là, il
y avait... les deux instances se parlaient seulement par ces personnes-là. Je
pense qu'il peut y avoir quelque chose de très positif à ce qu'il y ait un...
une personne en chef qui vient, disons, chapeauter... chapeauter la situation
pour une question de plus grande efficacité, de plus grande réactivité, d'une
plus grande agilité, selon moi, selon nous. Je ne sais pas si ça répond bien...
(panne de son).
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Intéressant.
Mais je ne sais pas si d'autres collègues, là, veulent... veulent... M. le
ministre, oui.
M. Lamontagne : ...juste pour
rajouter, en lien avec la question puis la réponse de M. Lefebvre, tu sais, ce
qu'on voit avec justement d'avoir un ou une vétérinaire en chef, c'est toute la
question, par exemple, des pouvoirs d'ordonnance. Tu sais, jusqu'à maintenant,
dans ces situations-là, on pouvait avoir quelqu'un du ministère qui
représentait le ministère pour aller dans des... dans des rencontres ou dans
des... de l'information, du partage d'information, mais qui n'avait pas ces
pouvoirs-là, si on veut. Ça fait qu'après ça, c'est se revirer de bord, puis là
revenir au ministère, puis : Qu'est-ce qu'on peut faire? On n'a pas la
réglementation. Est-ce qu'il y a... Est-ce qu'on pourrait édicter une
directive, quelque chose rapidement? Tu sais, on est dans un mode où il faut
créer de toute pièce... essayer de créer une réponse, tandis qu'à partir du
moment où on a une personne qui est en charge puis, de par le processus
législatif, a la capacité de poser certains gestes, bien, à ce moment-là, ça
vient aider dans... vous disiez, de cette collaboration-là, mais ça va venir
aider aussi beaucoup dans la question de l'agilité, puis du temps de réponse,
puis d'avoir des réponses appropriées par rapport à ce qui ressort du terrain,
si on veut, là.
M. Lefebvre (David) : Exactement.
C'est... Nous pensons aussi, là, qu'avec un médecin vétérinaire en chef, on
va... on va s'assurer d'avoir une grande... (panne de son) ...meilleure
réactivité face aux situations.
M. Lamontagne : Oui. Moi,
j'aurais le... tu sais, tout votre secteur, tu sais, un, de par la formation,
là, de l'équipe de contrôle des maladies aviaires, là, vous êtes vraiment
novateurs, mais aussi vous êtes vraiment mobilisés puis engagés, si on veut. Ça
fait quand même, je pense, une dizaine d'années, là, que vous avez créé cette
organisation-là, puis c'est tout à votre bénéfice. Bien, les modifications
qu'on se prépare à apporter à la loi, comment vous voyez que ça va vous permettre
d'appuyer encore davantage les mesures de surveillance, là, que... déjà qui
sont en place puis avec lesquelles vous travaillez?
• (12 h 40) •
M. Lefebvre (David) : Bien,
écoutez, c'est sûr que chacune des instances a son terrain de jeu. Donc, par exemple
l'EQCMA a sa limite au niveau de jusqu'où il peut intervenir, l'agence
canadienne a ses limites, la fédération a ses limites. Donc, je crois que c'est
bien que le ministère... que le MAPAQ puisse également intervenir de son côté
via le projet de loi qui est déposé parce que c'est sûr qu'il va arriver des
situations où il va y avoir... il va y avoir des trous...
M. Lefebvre (David) : ...où il
va falloir, comme on dit en bon Québécois, se revirer sur un 10 cents.
Donc, c'est comme ça que je l'entrevois, que nous l'entrevoyons, là, que ça
viendrait compléter un peu le travail de chacune des instances.
M. Lamontagne : Parfait.
Merci. Les collègues, est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou... non. Bien,
ça va être tout pour moi. Je vous remercie beaucoup, M. Lefebvre, M. Bouchard,
pour votre contribution, très appréciée.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le ministre. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle. Et j'attends le député de Pontiac pour 16 min 30 s
maximum.
M. Fortin :Merci, merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Merci,
merci, M. Lefebvre, de nous avoir un peu... un peu expliqué comment vous voyez
la situation puis les bienfaits, disons, de certaines modifications qui sont
proposées. Moi, j'ai une question par rapport... Justement, vous avez dit
tantôt que vous étiez un peu dans l'épicentre puis que votre propre production
avait eu des difficultés lors de la propagation, entre autres, ça, je pense que
c'était la grippe aviaire. L'Ordre des médecins vétérinaires était ici juste
avant vous et ils nous ont dit quelque chose qui ressemblait, là, je
paraphrase, à... bien, les maladies ne choisissent pas juste des les grandes
productions, des fois ils choisissent des petits producteurs, puis ces gens-là
ne sont pas nécessairement équipés pour faire face à tout ça. Là, je ne connais
pas l'ordre de grandeur de votre... de votre production, mais est-ce que c'est
quelque chose que vous... oui, j'en doute que c'est... vous n'êtes pas un des plus
petits au Québec, là, mais est-ce que c'est quelque chose que vous avez vu au
cours, disons, de cet épisode-là? Est-ce que, vraiment, vous avez vu certains
de vos... de vos voisins, de vos collègues, des gens... des membres de votre
fédération qui ont eu peut-être... que c'était clair, qu'ils n'avaient pas les
moyens pour répondre à quelque chose comme ça. Parce que l'ordre, ce qu'ils
nous disent, c'est qu'il faut, il faut donner un soutien additionnel à des
producteurs de petite taille.
M. Lefebvre (David) : C'est
une bonne question, merci beaucoup. Je vous dirais que, dans l'ensemble, là, de
ma connaissance au sein des producteurs d'oeufs et éleveurs de poulets du
Québec, il y a eu un accompagnement égal, que ce soit un petit ou un grand
producteur. Mais toutefois les plus petits peuvent manquer de ressources, je
dirais, internes pour faire face à ces situations-là, parce que c'est le genre
de situation qui demande de mobiliser beaucoup de personnes pour s'assurer de
dépeupler, décontaminer un site, par exemple, qui est infecté. Donc, oui, un
plus petit, selon moi, peut être plus impacté du fait qu'il n'y a pas... il n'y
a pas autant de ressources pour faire face à la situation. Puis même parfois,
ces personnes-là, si c'est un plus petit producteur, bien, c'est le
propriétaire qui travaille sur... directement, tous les jours sur la ferme.
Donc, au niveau psychologique, c'est ça qui peut avoir un plus gros impact
si... l'accompagnement n'est pas... n'est pas adéquat.
M. Fortin :Oui, je comprends ce que vous dites. C'est certain que...
Je ne pense pas que les ministères, les agences font une différenciation
dans : On va donner plus d'aide à un que l'autre, mais le fait qu'il y ait
une aide égale partout, bien, ça fait en sorte que des petits producteurs vont
peut-être... en ont plus... plus lourd sur leur... sur leurs épaules, là.
Alors, je pense que c'est quelque chose, M. le ministre, qu'on se doit
d'entendre comme... comme préoccupation de la part de l'Ordre des médecins
vétérinaires. Moi, j'ai juste...
M. Bouchard (Éric) : J'aurais
un petit commentaire...
M. Fortin :Oui, allez-y.
M. Bouchard (Éric) : ...par
rapport à ça. Dans le fond, il y a... on en parle, de petits producteurs, il
faut... il faut savoir de quoi vous voulez parler. Parce que les moins de 100
poules, c'est ceux qui ne font pas partie de la fédération, et donc, l'aide qui
est donnée par la fédération de concert avec l'EQCMA, de concert avec tout le
monde, bien, on ne peut pas aider ces membres-là parce qu'ils ne sont pas
membres. Donc, il y a beaucoup d'aide aussi qui vient de la part du personnel
de la fédération à ses membres puis de concert, vraiment, avec toute... tous
les ministères, que ce soit fédéral ou le Québec, puis avec l'EQCMA.
Maintenant, pour les plus petits producteurs, là, on ne peut pas répondre, dans
ce cas-là, ceux qui ont moins de... moins de 100 poules, juste... juste
précision que je voulais faire.
M. Fortin :Pas d'enjeu si M. le ministre veut prendre la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, allez-y. Consentement.
M. Lamontagne : ...compléter
notre échange. Parce que, quand on parle d'échelle, là, un des gros défis qu'on
a eus quand ça a commencé à sortir, c'est justement de venir localiser les
petits, petits. C'est sûr qu'à partir du moment où ils sont membres de la
fédération, ils ont plus que 100 poules, déjà, ils ont comme... quasiment
une puce d'attachée sur eux autres parce qu'il y a comme un suivi qui se fait.
Mais nous, on s'est ramassé dans des régions, là, avec des employés du
ministère, là, partir avec leur voiture, puis, quand ils voyaient de quoi qui
pouvait peut-être ressembler, tu sais, à un élevage ou qui pourrait avoir
quelques poules, là, d'aller cogner à la porte, de laisser un papier...
M. Lamontagne : ...pour les
identifier puis commencer à les accompagner par rapport à ce qui se passait,
puis chercher à faire en sorte qu'ils aient des comportements qui soient
compatibles avec une bonne gestion de tout ça, mais c'est sûr que plus c'est
petit, moins ils sont sur le radar, plus c'est compliqué, tu sais.
M. Fortin :Effectivement, et là, on fait... vous faites référence à un
épisode bien précis, mais l'enjeu de traçabilité qui nous a été expliqué tantôt
sur les différentes productions mène peut-être à un peu moins d'épisodes comme
ceux-là où on y va au hasard, on cogne sur les portes, on voit un bâtiment qui
ressemble à quelque chose qui pourrait héberger une production ou une autre.
Moi, j'ai... pour des gens de la
fédération, là, moi, je... nous, on est ici essentiellement pour bonifier le
projet de loi, pour changer le projet de loi, pour voir s'il y a des
améliorations à faire. Est-ce que vous avez des pistes à nous suggérer à ce
niveau-là ou si vous nous dites : Non, tout est beau, adoptez-le, il n'y a
pas de problème. Juste... juste... parce que je n'en vois pas dans votre
mémoire, mais si vous en avez en tête, on est preneur.
M. Lefebvre (David) : Suite à
la lecture, là, du projet de loi, du texte de règlement, là, il n'y avait
pas... on était d'accord avec toutes les orientations et les grandes lignes,
là, puis les différents axes. Donc, on n'a pas de suggestion supplémentaire à
faire, là, sur le projet de loi.
M. Bouchard (Éric) : Puis,
une des raisons pour laquelle on suggère de peut-être voir s'il y a... il y
avait des règlements, mais là ce que je comprends, c'est qu'il n'y aura pas de
règlement, mais c'est sûr qu'après ça, dans le détail des situations, c'est sûr
que M. Lefebvre, ayant vécu un épisode, bien, il est en mesure de dire :
Ah! vous proposez telle façon de faire, mais non, ce n'est peut-être pas la
meilleure chose à faire puisque... C'est une bonne intention que vous avez
comme fonctionnaires, très, très bonne, mais dans la réalité, ça ne se passe
pas de cette façon-là. C'est peut-être plus ça.
Maintenant, s'il n'y a pas de projet de
règlement, peut-être une consultation plus... pas comme aujourd'hui sur le
projet de loi, mais sur qu'est-ce qui arrive, s'il y a un épisode de grippe
aviaire ou autres, comment on peut aider des producteurs sans que ça soit un
projet réglementaire.
M. Fortin :Oui, effectivement juste dans l'application de la chose,
que dans la législation comme telle, là. Puis je vous soumettrai, M. le
ministre, qu'effectivement, dans un épisode de... comme celui qu'on a vécu, où
les gens du ministère sont sont impliqués pour tenter, de toutes les façons
possibles, comme celles que vous avez décrites, là, de trouver un animal ou un
oiseau qui pourrait porter une maladie... vous le savez, l'agriculture change
beaucoup. Alors, des petites productions comme celles que M. Bouchard
décrivait, il y en a de plus en plus puis il y en a dans nos villes. Il y en a,
des gens qui ont une, deux, trois, quatre, cinq poules en ville, il y en a
partout. Alors, c'est un exercice, disons, de longue haleine. Je ne sais pas
comment vous allez vous y prendre puis je ne sais pas comment vous allez faire
ça, mais ça fait partie de ce que le ministère va devoir considérer dans des
épisodes comme ceux-là. Surtout que ce n'est pas déclaré, toujours. C'est... en
fait, au contraire, ce n'est souvent pas déclaré du tout.
Alors, vous avez du pain sur la planche
pour trouver la façon de s'y prendre. Je ne sais pas si vous avez déjà quelque
chose en tête, mais je pense que ça va être nécessaire rapidement de trouver...
de trouver ces façons de faire là, d'où l'enjeu de traçabilité qui nous a été
soumis tantôt par l'Ordre des médecins vétérinaires. Ça va pour moi, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, ce qui met fin à nos échanges. Alors, je vous remercie pour votre
contribution. Nous allons suspendre pour l'heure du dîner. Alors, nous sommes
de retour à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 49)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. Alors, la Commission de l'aménagement du territoire
reprend ses travaux. Je demande de bien vouloir fermer toutes vos sonneries s'il
y en a qui sont ouvertes.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi numéro n° 70,
Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux.
Alors, cet après-midi, nous recevons la
SPCA de Montréal, l'Union des producteurs agricoles et Les Éleveurs de porcs du
Québec. Alors, nous commençons tout de suite en visioconférence avec la SPCA de
Montréal et j'accueille Mme Me Sophie Gaillard, directrice de la défense des
animaux et des affaires juridiques gouvernementales, et Mme Émilie-Lune
Sauvé, responsable de campagne, Défense des animaux et éducation à la
compassion.
Alors, bonjour à vous deux. Vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation et, par la suite, nous allons procéder avec une
période d'échange avec les élus et le ministre. Allez-y.
Mme Gaillard (Sophie) : Merci.
Bonjour, M. le Président, Mmes et MM. les députés. Fondé en 1869, la SPCA de
Montréal fut le premier organisme de protection animale au Canada et est
aujourd'hui le plus important organisme de ce type au Québec. En plus d'opérer
un refuge qui accueille plus de 14 000 animaux par année, nous avons
une équipe de constables spéciaux qui sont mandatés pour appliquer les
dispositions du Code criminel relatives à la cruauté envers les animaux, ainsi
que la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal et ses règlements.
Notre équipe de défense des animaux, dont
Mme Sauvé et moi-même font partie, est responsable des initiatives qui
visent à renforcer les lois et les politiques publiques en matière de protection
animale au niveau municipal, provincial et fédéral. Nous avons été l'un des
principaux moteurs de la réforme du droit animal québécois en 2015, à l'occasion
de laquelle le Québec a reconnu les animaux comme des êtres sensibles dans son
Code civil et a adopté la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal. Nous
remercions la commission de nous avoir invités aujourd'hui à commenter le
projet de loi n° 66.
De manière générale, la SPCA de Montréal
salue les modifications législatives proposées dans ce projet de loi, nous
croyons toutefois qu'il pourrait être bonifié à plusieurs égards. Nous appuyons
l'article 1.2 du projet de loi qui propose la désignation d'un médecin
vétérinaire en chef pour le Québec. Toutefois, nous estimons que ce rôle ne
devrait pas se limiter à la santé animale, mais également comprendre un volet
bien-être animal, comme c'est le cas dans la plupart des autres provinces
canadiennes.
D'abord, depuis la réforme de 2015, le
bien-être animal est reconnu comme une valeur importante en droit québécois. On
reconnaît expressément dans le préambule de la Loi sur le bien-être et la
sécurité de l'animal que la condition animale est devenue une préoccupation
sociétale, que l'espèce humaine a une responsabilité individuelle et collective
de veiller au bien-être et à la sécurité des animaux et que l'État estime
essentiel d'intervenir afin de mettre en place un régime juridique et
administratif efficace afin de s'assurer du bien-être et de la sécurité de l'animal.
Cette reconnaissance par le législateur du bien-être animal comme une valeur
fondamentale devrait être reflétée dans la création d'un poste aussi important
en matière animale que celui de vétérinaire en chef du Québec.
Ensuite, le bien-être animal est aussi
intimement lié à la santé animale et à la santé publique. En effet, comme l'expliquera
dans un moment ma collègue, les conditions d'élevage intensives qui
caractérisent la vaste majorité des exploitations animales au Québec favorisent
la propagation de maladies et de pathogènes à un rythme accéléré et créent la
nécessité d'avoir recours aux antibiotiques de manière préventive. Une lutte
efficace contre l'antibiorésistance nécessite donc nécessairement une...
Mme Gaillard (Sophie) : ...d'amélioration
des conditions de vie des animaux d'élevage.
Enfin, un double mandat en matière à la
fois de santé et de bien-être animal pour un vétérinaire en chef est répandu
dans les autres provinces et aussi au niveau fédéral. Nous recommandons donc de
définir clairement dans le cadre législatif proposé par le projet de loi
n° 66 un mandat relatif au bien-être animal pour cette fonction. Nous
recommandons également que les responsabilités du vétérinaire en chef du Québec
relatives au bien-être animal comprennent l'obligation de faire rapport
annuellement au ministre de l'état du bien-être animal au Québec, en
consultation avec les organismes de protection animale, dont la SPCA, ainsi que
le pouvoir d'émettre des recommandations au gouvernement quant à l'amélioration
du bien-être animal dans notre province.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Vous avez terminé? Oui.
Mme Gaillard (Sophie) : Je
vais céder la parole à ma collègue, Mme Sauvé.
Le Président (M. Schneeberger) : Ah!
O.K., parfait.
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : Oui.
Bonjour, M. le Président. Bonjour, Mesdames et Messieurs les députés. Donc,
pour faire suite à notre première recommandation qui vous a été exposée par Me
Gaillard, soit l'inclusion d'un mandat de bien-être animal dans le rôle du
vétérinaire en chef, je vais vous exposer ici deux problématiques distinctes,
toutes les deux reliées à des crises sanitaires pour lesquelles ce mandat de
bien-être serait particulièrement judicieux. Étant donné l'interconnectivité
entre les conditions de vie des animaux, les risques sanitaires et la santé
humaine, il est essentiel que ces enjeux soient abordés de façon cohésive.
Le premier volet de mon intervention
concerne les opérations de dépeuplement qui pourraient être l'objet d'une
ordonnance par le vétérinaire en chef lors de menaces sanitaires. Il s'agit
d'opérations où l'on doit procéder à la mise à mort de grands groupes d'animaux
dans des délais rapides et dans des environnements qui ne sont pas conçus à des
fins d'abattage.
Évidemment, nous comprenons bien, les situations
de crises sanitaires exigent des interventions efficaces. Toutefois, ces
stratégies d'intervention doivent s'articuler en respect de la nature sensible
des animaux impliqués et sans contrevenir aux obligations provinciales et
fédérales en matière de bien-être animal telles qu'établi dans la législation
et la réglementation. L'État doit donc s'assurer en amont de mettre en place
des stratégies de réponse sanitaire qui sont conformes aux recommandations des
instances vétérinaires nationales.
Seules les méthodes d'euthanasie ou
d'abattage favorisant une perte de conscience rapide devraient être
considérées. L'Association canadienne des médecins vétérinaires estime que les
protocoles de dépeuplement de masse doivent assurer une perte de conscience efficace
et irréversible et que le bien-être animal doit rester une priorité, même lors
des opérations de dépeuplement d'urgence.
De concert avec l'association canadienne
vétérinaires, nous recommandons donc la mise sur pied d'un registre où seraient
consignées les méthodes, les sources d'expertise et les données en lien avec
les dépeuplements.
Ensuite, la SPCA de Montréal est
préoccupée par la possible mise sur pied de stratégies de dépeuplement qui ne
rencontreraient pas les critères minimaux en termes de bien-être animal,
notamment la méthode par arrêt de ventilation assortie du chauffage, qui
pourrait même contrevenir à certaines exigences provinciales et fédérales
relatives à la cruauté animale, une méthode qui pourrait être envisagée ici, au
Québec, notamment pour des maternités porcines et pour le secteur de la
volaille.
Donc, la méthode par arrêt de ventilation
assortie du chauffage consiste en l'arrêt du système de ventilation d'un
bâtiment dans lequel se trouve un groupe d'animaux afin de laisser la
température augmenter jusqu'à ce que, éventuellement, les animaux présents
meurent d'hyperthermie. La science nous indique que ces animaux sont
susceptibles d'éprouver de la douleur, de l'anxiété, des nausées, de la
détresse, de l'essoufflement, et ce, durant plusieurs heures avant la perte de
conscience.
L'association vétérinaire américaine a
indiqué pour cette méthode de dernier recours des critères impératifs qui sont
détaillés dans notre mémoire et qui, selon la littérature scientifique, sont
tout simplement irréalistes en milieu de production. L'Union européenne a
interdit cette méthode et encadre plutôt le recours à des méthodes qui
induisent la perte de conscience en moins d'une minute. Aux États-Unis, le
recours à cette méthode et son financement ont été contestés devant les
tribunaux et deux projets de loi ont été déposés à cet effet.
Nous croyons qu'une distinction doit être
faite entre les événements occasionnant des risques à la santé publique et ceux
pouvant être la cause de pertes financières. Dans le cas de la peste porcine et
de l'influenza aviaire au Québec, il ne s'agit pas de zoonoses posant un risque
immédiat à la santé publique. Il est donc raisonnable d'envisager, en réponse à
ces menaces, des méthodes s'appuyant sur des procédés plus normalisés. Nous
avons joint à notre mémoire une liste exhaustive des méthodes les plus récentes
que nous invitons le gouvernement à consulter.
Notre recommandation principale ici
consiste donc en la création d'un comité consultatif sur les méthodes de
dépeuplement au sein duquel la SPCA de Montréal serait invitée à participer.
• (14 h 10) •
Ceci nous amène donc au dernier volet de
notre intervention, soit l'amélioration du bien-être animal comme outil de
prévention en santé publique. La SPCA de... Montréal, pardon, salue la volonté
du gouvernement de lutter plus efficacement contre l'antibiorésistance et
souligne le rôle précurseur du Québec qui est, à ce jour, la seule province
canadienne à interdire l'utilisation à titre préventif des antibiotiques de
catégorie 1 chez les animaux élevés pour la consommation. La vaste
majorité des antibiotiques utilisés sur la planète le sont chez les animaux
d'élevage. Leur rôle dans la création de bactéries multirésistantes fait
l'objet d'un large consensus.
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : ...scientifiques.
Les impacts de l'antibiorésistance spécifiques au Canada et ses coûts anticipés
au pays sont détaillés dans notre mémoire. Mais l'urgence de légiférer sur ces
enjeux a été reconnue, entre autres, par les pays nordiques qui ont interdit
aux vétérinaires de tirer profit des ventes d'antibiotiques en agriculture. La
volonté du projet de loi de mieux encadrer l'utilisation des médicaments chez
les animaux doit s'accompagner d'une réflexion sur la relation de causalité
entre les conditions de vie des animaux et la nécessité d'une utilisation
abondante d'antibiotiques. En effet, c'est précisément grâce à l'usage
généralisé des antimicrobiens qu'il a été possible de maintenir des pratiques
intensives. Les environnements de production où de grands groupes d'animaux
vivent en proximité extrême, favorisent la transmission accélérée de divers
pathogènes et leur cause un stress constant qui les rend plus susceptibles aux
infections. Évidemment, une réduction de l'utilisation des antibiotiques sans
une amélioration des conditions d'élevage pourrait entraîner d'importants
problèmes de santé et de bien-être chez les animaux. La réduction doit donc
impérativement s'accompagner d'amélioration des conditions de vie des animaux.
Et c'est dans ce contexte que nous jugeons qu'il est donc plus que jamais
nécessaire pour le gouvernement de combler le vide juridique actuel,
c'est-à-dire l'exemption prévue à la Loi sur le bien-être et la sécurité de
l'animal pour les pratiques agricoles et l'absence d'encadrement réglementaire
du bien-être des animaux d'élevage. Cette question est abordée plus en détail
dans notre mémoire et nous vous invitons donc à nous poser des questions à ce
sujet, si vous voulez.
En terminant, notre mémoire comprend
également des pistes détaillées d'amélioration de pratiques agricoles
spécifiques pour chaque espèce qui, selon la littérature scientifique,
permettent justement de réduire l'utilisation d'antibiotiques. C'est ce qui
conclut notre intervention.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci à vous deux pour la présentation. Nous débutons la période d'échange avec
M. le ministre. M. le ministre, c'est à vous.
M. Lamontagne : Oui. Bonjour.
Merci. Salutations à Mme Gaillard, on a déjà eu l'occasion de se
rencontrer quand j'étais allé visiter vos installations à Montréal. Et puis,
Mme Sauvé, merci beaucoup pour votre contribution, votre participation.
Encore là, la loi, le projet de loi n° 70 qui vient amender, si on veut,
la loi P-42, cette loi-là, la loi P-42 date, j'expliquais ce matin,
de presque 100 ans, puis la dernière mise à jour été faite en... je crois,
c'était au début des années 2000, elle porte essentiellement sur la
protection sanitaire des animaux, la protection de ceux qui côtoient les
animaux, la protection de ceux qui consomment, puis la protection de ceux qui
consomment les produits, des animaux. Et puis, un, première des choses, je
reconnais l'importance, puis, je veux dire, c'est votre ADN, toute la question
du bien-être animal, puis, je veux dire, les préoccupations que vous avez,
soyez assurées que je les partage, mais, dans le projet de loi que l'on
contemple actuellement, ça vise vraiment sur la question sanitaire, mais on
s'entend qu'il peut y avoir des gestes qui sont posés en lien avec la
protection sanitaire des animaux qui, de façon indirecte ou directe, va avoir
un impact sur le bien-être des animaux, mais, à l'intérieur du projet de loi
qu'on a, c'est vraiment en lien avec la loi qui traite du volet sanitaire, si
on veut, ce n'est pas en lien avec toute la question qui est couverte par B.
3.1, là, qui touche le bien-être animal. Alors, juste, tu sais, tout ce qui
touche, exemple, la possession, l'administration de médicaments,
d'antibiotiques, ces choses-là, ça, encore là, c'est traité par la Loi sur la
médecine vétérinaire, il y en a que c'est traité par la Loi des pharmacies.
Puis je comprends l'intérêt, à un moment donné, de tout vouloir lier ça
ensemble, là, mais, pour les fins du travail qu'on a à accomplir, là, c'est
vraiment autour de ce qui s'appelle la protection, la protection sanitaire des
animaux.
Vous avez commenté la question des
antibiotiques, la question de l'antibiorésistance, puis vous mentionnez, à
raison, que Québec est un précurseur dans ce volet-là. J'aimerais peut-être
vous entendre un petit peu, un petit peu davantage, votre compréhension puis
votre lecture de, justement, de l'état des lieux présentement. Et puis aussi
pourquoi, au Québec, on fait quand même bien les choses à ce niveau-là, là?
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : Bien,
écoutez, la distinction... Est-ce que c'est normal qu'on m'entende en écho?
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
non, on vous entend correctement.
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : D'accord.
Donc, la distinction du Québec, bien évidemment, c'est d'avoir été la première
province, là, à interdire l'utilisation...
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : ...des
antibiotiques de première importance pour la santé humaine en prévention chez
les animaux d'élevage. Donc, à ce sujet-là, on a salué cette avancée-là. Par
contre, l'ensemble de nos recommandations sont à l'effet qu'on lie justement...
on ait une volonté de cohésion entre les conditions de vie actuelles des
animaux et l'utilisation d'antibiotiques. Parce qu'avec la volonté du
gouvernement de réduire cette utilisation, qui est tout à fait évidemment
justifiée, on doit améliorer de façon substantielle les conditions de vie des
animaux. Et, pour le faire, il nous apparaît essentiel qu'il y ait un
encadrement réglementaire de la part de l'État.
M. Lamontagne : Excellent.
Merci. En... dans l'idée de la protection sanitaire puis du projet de loi qui
est en place, est-ce que vous avez les... des recommandations spécifiques, là,
qui touchent le volet sanitaire, si on veut, là, par rapport à la pièce
législative, là, qui est devant vous, là?
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : Une
des recommandations que nous avons détaillées dans le mémoire... bien là, vous
avez expliqué en préambule que, possiblement, ce ne sera pas dans ce projet de
loi ci que ça puisse être appliqué, mais ce serait de prendre l'exemple des
pays nordiques. Et là les initiatives nordiques ont été documentées dans notre
mémoire, mais notamment, bon, de possiblement y mettre un plafond sur le profit
qui peut être engendré par la vente d'antimicrobiens par les vétérinaires à
l'industrie agricole, précisément, parce qu'on souhaite des objectifs de
réduction importants de ce côté-là.
M. Lamontagne : Excellent.
Bien, écoutez, moi, M. le Président, ça va être tout pour moi, et tous les
collègues aussi, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Du côté ministériel? Non, ça va. Alors, s'il n'y a pas d'autre question,
nous allons passer du côté...
Mme Gaillard (Sophie) : M. le
Président?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y.
Mme Gaillard (Sophie) : Je ne
sais pas si c'est possible de juste répondre aussi aux remarques introductives
de M. le ministre?
M. Lamontagne : Bien sûr.
Mme Gaillard (Sophie) : Oui,
juste très rapidement. Bonjour, M. Lamontagne. Donc évidemment, on comprend
bien que ce projet de loi est très ciblé sur des modifications apportées à la
Loi sur la protection sanitaire des animaux. Par contre, je pense qu'au niveau
de la création de la fonction... du rôle de vétérinaire en chef, ou plutôt sa
redéfinition dans le cadre du présent projet de loi, il y a nécessairement une
réflexion au niveau administratif qui va se faire... sera... quel est ce rôle
exactement et de quels sont les mandats qui le composent. Donc, je pense que,
même si on peut considérer que le bien-être... la question du bien-être dépasse
le cadre de ce... du texte de loi en tant que tel, il pourrait donner lieu à
une réflexion de votre côté sur le rôle et l'étendue du rôle du vétérinaire en
chef.
Et d'ailleurs, c'est ce qu'on voit dans
les autres provinces canadiennes, là, j'ai fait... on a fait le tour de...
l'inventaire a été répertorié dans notre mémoire sur comment s'articule le rôle
de vétérinaire en chef dans les autres provinces et au niveau fédéral. Et ce
qu'on voit, c'est que ce n'est pas toujours dans dans une loi en tant que telle
que le mandat de bien-être est reflété, mais très clairement sur les sites
gouvernementaux et dans la compréhension de l'administration publique de ce
rôle-là. Parce que j'ai eu la chance de discuter avec quelques vétérinaires en
chef, d'ailleurs, au pays, le bien-être est très clairement... fait très
clairement du... partie du mandat. Donc, même si ce n'est pas dans le cadre du
texte de loi comme tel, on vous invite, avec votre cabinet et votre équipe, à
réfléchir à ce rôle-là d'un point de vue administratif, puis, au niveau
administratif, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de clarifier que le bien-être
animal fait aussi partie de ce rôle.
M. Lamontagne : Bien, Mme
Gaillard, pour vous rassurer, la première des choses, tu sais, vous êtes une
organisation avec tout un pedigree en termes de compréhension des enjeux animal
puis aussi de certaines directions que notre grande communauté devrait prendre,
ça fait que soyez assurés que ce que vous nous avez soumis comme suggestions,
votre mémoire, et tout ça, là, ça fait... ça vient certainement alimenter des
réflexions. Puis quoique... quoique le projet de loi qu'on a avec nous
présentement, ça touche spécifiquement le volet sanitaire, bien, la question
plus large du bien-être animal puis comment aussi on s'occupe de ça sur le
territoire, là, c'est un... c'est un travail qui est toujours en progrès puis
que vous contribuez à ces réflexions-là, là, soyez-en... soyez-en assurés.
• (14 h 20) •
Je vous dirais, une particularité, c'est
sûr qu'en amenant le côté du médecin vétérinaire en chef ou la médecin
vétérinaire en chef, première des choses, tout ce qui se fait en lien avec la
protection sanitaire doit se faire aussi... en tout à fait en respect avec la
loi 3.1, là, source sur le bien-être animal. Alors, tu sais, de penser
qu'il y a des pratiques qui pourraient être systématisées, qui viendraient à
l'encontre de la loi ou qui viendraient à l'encontre de...
M. Lamontagne : ...pratiques
reconnues qui... auxquelles on devrait adhérer, tu sais, je ne peux pas
imaginer, là, qu'on chercherait à mettre en place, tu sais, des politiques qui
feraient en sorte qu'on ne serait pas dans le respect de... tu sais, des
meilleures pratiques, si on veut, ou de la loi, là. Mais un volet aussi qu'on
a, par contre, c'est que le médecin vétérinaire en chef ou la médecin
vétérinaire en chef a dans ses pouvoirs de s'occuper de bien-être animal, de
santé animale, mais aussi toute la question des mandats administratifs, tu
sais, il y a tout ce volet-là aussi, là.
Ça fait que je veux vous rassurer que, tu
sais, les commentaires puis votre contribution, que ça soit aujourd'hui, mais
de façon plus large à toute la question animale, là, ça vient toujours
alimenter les réflexions des professionnels au ministère, là, pour apprécier comment
on fait les choses aujourd'hui, puis après ça comment... apprécier comment on
peut faire évoluer les choses, là. Ça fait que je vous remercie à ce niveau-là,
là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le ministre. Alors, s'il n'y a pas d'autre question, nous allons maintenant
du côté de l'opposition officielle, et j'entends le député de Pontiac pour
16 min 30 s, maximum.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Bonjour... bonjour à vous deux,
merci de votre participation aux travaux de la commission.
Sur le dernier point que vous venez de
faire, Me Gaillard, notamment... en fait, sur la question de... d'un
vétérinaire en chef qui n'a pas seulement le rôle... un rôle au niveau de la
santé animale, mais également au niveau du bien être-animal, il y a eu des
représentations par le passé à savoir, tu sais, qui au Québec devrait être en
charge du bien-être animal. Est-ce que ça devrait être au MAPAQ? Est-ce que ça devrait
être ailleurs dans l'appareil gouvernemental? C'est quoi, votre point de vue
là-dessus?
Mme Gaillard (Sophie) : C'est
une excellente question, une à laquelle on réfléchit depuis longtemps, et
effectivement nous considérons que ça serait intéressant d'un point de vue
institutionnel de songer à créer une agence indépendante qui serait responsable
du bien-être animal au Québec. C'est un mouvement qu'on voit un peu partout
dans le monde actuellement, une tendance vers vraiment la création d'agences ou
de rôles au gouvernement qui sont indépendants d'autres intérêts et qui visent
uniquement la protection du bien-être des animaux. Donc, c'est une réflexion
qu'on se fait aussi du côté de la SPCA, à savoir : Est-ce que ça ne serait
pas le temps ou, disons, un horizon relativement proche de réfléchir à ces
questions-là au Québec aussi?
Avec la réforme du droit animal que je
décrivais en 2015, on voit vraiment que les choses sont en train d'évoluer au
niveau de la société, au niveau de la législation, au niveau des tribunaux sur
comment on songe au bien-être animal et à l'importance de cette question-là
dans notre société, dans notre système juridique, dans notre système politique.
Et est-ce qu'au niveau institutionnel on ne devrait pas aussi songer à refléter
cette importance-là en créant une institution indépendante d'autres mandats qui
pourrait vraiment se concentrer uniquement sur le bien être-animal?
Donc, c'est... Pour répondre à votre
question, c'est une réflexion qui nous intéresse beaucoup, du côté de la SPCA,
et c'est quelque chose qu'on serait vraiment intéressés à voir se développer.
M. Fortin :Et vous avez parlé de vos interactions, là, des... avec
d'autres médecins vétérinaires en chef dans les provinces canadiennes. Là, vous
faites référence à, disons, une façon de faire à l'international. Est-ce que,
dans les... Comment ça se passe dans les autres provinces canadiennes pour les
médecins vétérinaires en chef, qui ont justement cette... ce rôle-là, ce
mandat-là de travailler au bien-être animal?
Mme Gaillard (Sophie) : Bien,
ce qu'on voit dans les autres provinces, c'est qu'en fait la plupart des autres
provinces, leur vétérinaire en chef a très clairement un rôle à jouer au niveau
du bien-être animal, et non seulement la santé animale. Je pense que la
province pour laquelle ce mandat-là est le plus étayé, où il est le plus
communiqué, disons, publiquement, c'est au Manitoba, où le vétérinaire en chef
a des fonctions au niveau du bien-être des animaux en cas de catastrophe ou
d'urgence et également est chargé de protéger le bien-être des animaux, et
c'est précisé : que ces animaux-là soient gardés pour les... pour des fins
économiques ou pour d'autres fins. Donc, c'est le Manitoba, en fait, qui a
la... pardon, qui a la description la plus complète au niveau de... du rôle
administratif du vétérinaire en chef.
Au niveau fédéral aussi, c'est très
clairement un volet de... du travail du vétérinaire en chef au niveau national,
et au Royaume-Uni, parce qu'on a regardé aussi un petit peu à l'extérieur du
Canada comment ça se passe, au Royaume-Uni, le vétérinaire...
Mme Gaillard (Sophie) : ...en
chef agit comme porte-parole principal sur les questions de santé et bien-être
animal et joue aussi un rôle clé dans l'élaboration de la politique publique en
matière de bien-être des animaux dans l'ensemble du Royaume-Uni et veille à sa
mise en œuvre, donc a vraiment un rôle assez étendu en termes de bien-être
animal. Et ça serait intéressant, justement, que le... la création de ce... ou
la redéfinition de ce rôle-là au Québec comprenne un volet comme ça, bien-être
animal, très bien étayé, et que ça soit vraiment quelqu'un qui est imputable au
niveau du public sur les questions de bien-être animal.
M. Fortin :Très bien. Je veux juste revenir, parce que vous passez une
bonne partie de votre... de votre mémoire, là... et fait état de préoccupations
qui sont peut-être à l'extérieur du projet de... du projet de loi, mais qui,
pour vous, n'en sont pas moins importantes, j'imagine. Je pense qu'il y a un
bon trois ou quatre pages sur vos préoccupations sur les méthodes et les
stratégies de dépeuplement. Je veux juste qu'on soit clairs, là, les stratégies
auxquelles vous faites référence ici, là, l'espèce de «shut down» de la
ventilation, ça ne se fait pas au Québec, là. Je ne voudrais pas qu'on laisse
penser dans la sphère publique aujourd'hui que ça se fait au Québec. Alors,
elle vient d'où votre préoccupation à ce point importante pour que vous passiez
une partie importante de votre mémoire là-dessus?
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : On
est... On est heureux de l'entendre, si ce n'est pas une méthode qui est
actuellement utilisée au Québec. Selon notre...
M. Fortin :...si vous pensez que ce l'est, mais moi, je ne connais pas
de producteur qui utilise cette méthode-là, et j'espère ne pas en connaître non
plus, là.
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : D'accord.
Bien, je vous entends. En fait, c'est selon de l'information publiée par le
ministère de l'Agriculture suite à une demande d'information, une information
qui se trouve en ligne comme quoi ce serait une méthode qui pourrait
éventuellement être utilisée. Et notre principale recommandation, là, pour
revenir au projet de loi, en fait, c'est qu'étant donné le rôle du vétérinaire
en chef, qui est... qui aura la possibilité de... d'ordonner des dépeuplements,
on aimerait qu'il y ait un répertoire en amont des méthodes et des expertises
suite à un comité consultatif au sein duquel les organismes de protection
animale pourraient participer.
M. Fortin :O.K. Donc, juste pour bien comprendre, là, le... ce que
vous nous dites, c'est que vous avez fait une demande d'accès à l'information,
puis la réponse que vous avez eue laisse sous-entendre que c'est quelque chose
qui pourrait un jour être accepté par le MAPAQ. C'est ce que j'entends de votre
voix?
Mme Sauvé (Émilie-Lune) : Bien,
en fait, je... nous n'avons pas personnellement fait de demande d'accès à
l'information, mais il y a une demande d'accès à l'information qui se trouve en
ligne, là, sur ce sujet-là, qui peut être trouvée, là, dans une recherche
exhaustive sur ce sujet-là, qui effectivement laisse entendre que c'est une
méthode qui est à l'étude. Tout ça a été mis en référence dans notre... dans
notre mémoire.
M. Fortin :Oui, je la vois, je l'ai devant moi, là, effectivement, là,
la... ce que vous... ce à quoi vous faites référence. Cependant, je pense que
c'est important de le dire, là, on n'est pas... on n'en est pas là pour
l'instant. J'entends votre préoccupation si vous pensez que le MAPAQ pourrait
autoriser de telles... une telle stratégie. Mais, en même temps, il faut juste
faire attention à ne pas alarmer les gens non plus, là. On n'en est pas là au
Québec en ce moment.
Mme Gaillard (Sophie) : Si je
peux me permettre de juste rajouter quelque chose à ce sujet. Comme vous...
Comme vous l'a expliqué ma collègue, c'est ça, c'est... de ce qu'on comprend
par rapport à la situation, actuellement, des méthodes de... dépeuplement,
pardon, dépopulation ou dépeuplement, les deux termes sont utilisés, c'est que
la méthode habituelle utilisée au Québec est avec le... avec du gaz, avec du
CO2 et qu'il y a actuellement une problématique au niveau de
l'approvisionnement de CO2, et donc il y a une réflexion sur des alternatives à
la méthode CO2. Et on veut surtout se prémunir contre... le fait d'envisager la
méthode par arrêt de la ventilation.
• (14 h 30) •
Donc, on voudrait... on est heureux
d'entendre que ça ne serait pas quelque chose que le ministère autoriserait,
parce qu'actuellement c'est une méthode qui est utilisée aux États-Unis, qui
soulève beaucoup de controverse. Et, étant donné que, de ce qu'on comprend, la
méthode usuelle CO2 au Québec pose certains problèmes et qu'il y a une
réflexion qui semble être en train d'être faite au niveau...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Gaillard (Sophie) : ...à
cette méthode-là, on veut justement s'assurer que cette méthode là, par arrêt
de la ventilation, ne soit pas adoptée au Québec. Donc, si le ministre est prêt
à nous rassurer à ce niveau-là, on serait très heureuses de l'entendre de sa
bouche.
M. Fortin :Bien, il vient de lever la main, donc...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
j'ai juste besoin du consentement, puis étant donné que le parti ministériel
lui restait du temps, alors je pense que ça ne cause pas problème. Alors,
consentement.
M. Lamontagne : Oui. Non,
juste, Mme Gaillard, vous rassurer. Première des choses, toute la question
présentement, là, des problématiques qui peut être associées au gaz,
effectivement... à ce niveau-là, mais il y a des gestes qu'on a posés de
financement pour faire en sorte qu'il y ait des réserves qui sont mises en
place, faire en sorte qu'il y a maintenant des unités mobiles, si on veut, pour
venir assister sur les sites. Alors, il y a... en fonction des défis qu'on a
rencontrés les dernières années, là, on s'est quand même reviré de bord assez
vite au ministère, là, pour venir donner de l'accompagnement.
Ceci étant dit, il y a tout un travail...
vous parlez de répertorier puis d'analyse tout ça, des méthodes, des
peuplements, il y a un travail... Les gens au ministère sont à l'affût de ce
qui se fait, mais aussi il y a une grande collaboration qui se fait avec tous
nos partenaires canadiens puis avec le gouvernement fédéral pour faire ce
travail-là de façon collaborative. Alors, c'est vraiment quelque chose qui est
sur notre radar, là. Juste à penser... tu sais, la peste porcine africaine, là,
tu sais, c'est quelque chose qu'on souhaite qui ne nous arrive jamais, mais les
enjeux qui vont être liés au dépeuplement, s'il devait y avoir ça, ils vont
être énormes. Alors, il y a vraiment un travail avec les meilleures têtes, si
on veut, que ce soit au Québec ou que ce soit de façon collaborative au Canada,
là, pour évaluer, regarder puis, après ça, pondérer un peu, là, les meilleures
façons, les meilleures pratiques, là, pour ce qui s'en vient, là. Ça fait que
je veux vous rassurer à ce niveau-là, là.
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
bon. Alors, nous retournons du côté de l'opposition officielle, député de
Pontiac.
M. Fortin :Ça va, M. le Président. Je crois bien saisir les
préoccupations qui ont été énoncées par la SPCA de Montréal. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
M. Fortin :Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, nous avons terminé. Alors, merci beaucoup pour votre contribution à la
commission. Nous allons suspendre quelques instants pour accueillir le prochain
groupe. Merci et bonne journée. Au revoir.
M. Lamontagne : Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 33)
(Reprise à 14 h 37)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons le prochain groupe qui est l'Union
des producteurs agricoles, en compagnie de M. Paul Doyon, deuxième
vice-président général, et M. Guylain Charron, conseiller en agronomie. Alors,
bonjour à vous deux. Vous avez un temps de 10 minutes pour faire la
présentation de votre mémoire, et comme les autres, par la suite on aura un
temps d'échange avec le ministre et les députés. Alors, je vous laisse la
parole.
M. Doyon (Paul) : Merci
beaucoup. M. le Président, M. le ministre, messieurs et mesdames les députés,
mon nom est Paul Doyon, je suis le premier vice-président général de l'Union
des producteurs agricoles. Je suis avant tout producteur agricole... producteur
laitier et acéricole à Saint-Joseph-des-Érables dans la région de
Chaudière-Appalaches. Avec moi aujourd'hui, Guylain Charron, de la direction
Recherche et politiques agricoles de l'UPA. Merci de nous permettre d'exposer
le point de vue des productrices et des producteurs agricoles concernant le
projet de loi n° 70.
D'entrée de jeu, je tiens à mentionner que
la protection sanitaire des animaux destinés à la consommation est primordiale
pour les producteurs agricoles puisque l'élevage constitue une activité
économique importante des entreprises agricoles. Dans la mesure où ils côtoient
leurs animaux au quotidien, les producteurs agricoles sont en première ligne
pour déceler une situation anormale dans leur état de santé.
D'ailleurs, la grande majorité des
secteurs d'élevage suivent des codes de pratiques pour le soin et la
manipulation des animaux développés sur la base de données scientifiques les
plus récentes. Au regard du traitement des animaux, les codes préconisent
notamment la prévention des maladies et des blessures ainsi que leur détection
rapide, suivie par des traitements vétérinaires appropriés.
De plus, il faut rappeler que l'UPA et ses
groupes affiliés participent à différents comités, groupes de travail et
initiatives en lien avec la santé et le bien-être animal. Pensons au groupe de
pilotage de la Stratégie québécoise de santé et bien-être des animaux, le
comité d'orientation pour une stratégie sur l'antibiogouvernance, le comité sur
la relève et le maintien des services vétérinaires en milieu agricole et la
traçabilité des animaux, pour ne citer que ceux-là.
De plus, plusieurs secteurs d'élevage ont
également mis en place des programmes internes qui couvrent différents aspects
liés à la santé animale, tels la biosécurité, la salubrité, le bien-être
animal, etc.
Par conséquent, il importe que le MAPAQ
travaille en complémentarité avec les organismes et les associations
d'éleveurs, ainsi qu'avec l'Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles
et l'équipe québécoises en santé porcine, afin d'éviter le dédoublement de
procédures déjà mises en place.
Les producteurs agricoles sont des
professionnels qui travaillent en collaboration avec leurs médecins
vétérinaires. Il faut continuer de s'assurer que les éleveurs aient un accès
adéquat à ces services professionnels et aux médicaments vétérinaires.
• (14 h 40) •
Or, le programme d'amélioration de santé
animale du Québec, qu'ils appréciaient, sera profondément modifié en passant de
programmes négociés dans le cadre d'une entente entre quatre parties
signataires à un programme normé dès le printemps 2025. Alors que le tarif
horaire pour les services et les marges sur les médicaments étaient auparavant
convenus entre les parties, ce sera le retour au libre marché dans le cadre du
nouveau programme.
Nous perdrons ainsi l'uniformité...
M. Doyon (Paul) : ...qui
existaient auparavant sur tout le territoire québécois concernant ces frais. Ce
faisant, des iniquités pourront apparaître pour différents tarifs,
particulièrement entre les régions centrales et les régions éloignées
desservies par un moins grand nombre de cliniques vétérinaires. Ces changements
soulèvent des inquiétudes importantes auprès des associations de producteurs.
C'est pourquoi l'UPA demeure convaincue
que le gouvernement doit assurer un accès physique et économique adéquat aux
services vétérinaires afin que toute nouvelle responsabilité qui incomberait
aux producteurs ou à un gardien ou au gardien d'un animal suite à l'adoption du
présent projet de loi ou modification au règlement, puisse être accompagnée
d'un soutien vétérinaire au besoin. D'autre part, le projet de loi n° 70
introduit de nouveaux articles à la loi dans lesquels une personne autorisée
par le ministre peut prendre diverses dispositions ou ordonnances et réaliser
diverses actions sur les animaux, sur les lieux d'élevage ou du transport.
Ces pouvoirs les autorisent à mettre en
place des mesures permettant de contenir ou d'empêcher la propagation de
l'agent, notamment des mesures de quarantaine, d'isolement ou de contrôle des
entrées et sorties du lieu de garde, et ce, sur la base de motifs à croire à la
présence d'un agent. L'application de tels pouvoirs peut entraîner des
conséquences importantes sur la santé financière des entreprises en élevage.
C'est pourquoi il est primordial que tout inspecteur ou analyste autorisé par
le ministre reçoive une formation continue assurant les compétences requises et
qu'un processus de consultation avec un médecin vétérinaire ou le médecin
vétérinaire en chef soit prévu afin que l'application des dispositions de la
loi et de tout règlement en découlant soit réalisée de manière uniforme et
équitable pour tous les types de production et dans toutes les régions, et que
les mesures de prévention ou de contrôle soient appliquées selon une
progression restrictive évolutive.
De plus, le projet de loi mentionne qu'une
personne dite autorisée peut, et je cite le projet de loi, exiger de suspendre
ou de restreindre pendant la durée de l'inspection toute activité ou toute
opération auxquelles s'applique la présente loi. Pour nous, il est important de
minimiser le recours à ce pouvoir et, à défaut de prévoir un dédommagement aux
producteurs pour les temps consacré à la durée de l'inspection, lorsque sa
présence est exigée ou qu'ils doivent interrompre une activité.
À la lumière de tout ce qui précède, il
importe d'assurer que les changements proposés ne représenteront pas un
accroissement de la charge administrative des entreprises agricoles ou un
dédoublement avec des mesures découlant de la législation fédérale en matière
de santé animale. Nous désirons aussi rappeler l'importance de maintenir une
cohérence avec le plan de réduction du fardeau administratif du ministère de
l'Agriculture publié le 30 avril 2021, qui mentionne, et je cite, que
l'allègement réglementaire et administratif est l'une des priorités du
gouvernement du Québec afin d'accroître la compétitivité de l'environnement
d'affaires et de stimuler le développement des petites et moyennes entreprises.
Le projet de loi n° 60 p.l....
Le projet de loi n° 70 introduit
plusieurs changements visant à permettre au gouvernement, par règlement,
d'assujettir une personne ou une catégorie de personnes à la tenue d'un
registre d'acquisition ou d'administration des médicaments, de prémélanges
médicamenteux ou d'aliments médicamenteux destinés à un animal. Puisque les
modifications apportées par le projet de loi n° 70 à la loi actuelle feront en
sorte que le Québec devienne la première province au Canada, à notre
connaissance, à implanter un tel système de monitorage des médicaments
vétérinaires tous frais supplémentaires pour les producteurs agricoles
affecteront leur compétitivité par rapport aux producteurs des autres
provinces. Il faut savoir que certains groupes d'élevage ont déjà mis en place
des outils de gestion des médicaments vétérinaires pour leurs éleveurs,
notamment dans le cadre des certifications, de codes de pratiques ou programmes
ou programmes de salubrité à la ferme. Il sera par conséquent important que
l'implantation d'un tel système de monitorage considère les outils de suivi
déjà existants, s'assure que les différents outils de tenue de registre présentent
une interface permettant de transférer automatiquement les données d'un outil à
l'autre et n'impose pas de frais aux producteurs agricoles pour les nouvelles
plateformes développées à cette fin, et que l'implantation d'un système de
monitorage soit accompagnée d'une aide financière et s'assure, en terminant que
les informations exigées par ces registres soient dans un format simplifié
visant à réduire au minimum le temps nécessaire pour l'entrée de ces données.
Finalement, nous comprenons que le projet
de loi n° 70 permettra d'actualiser à la hausse les dispositions pénales
de la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Les amendes passeraient du
simple au double selon que le contrevenant est une personne physique ou
considérée comme un autre cas, soit des personnes morales. L'Union des
producteurs agricoles est très préoccupée par cette situation, car près de
60 % des entreprises agricoles sont considérées comme des personnes
morales ou des sociétés de personnes au sens de la loi, et ce, bien qu'elle
demeure en réalité des entreprises familiales. Elles ne peuvent ainsi être
comparées aux compagnies manufacturières comme des fabricants et des vendeurs
d'intrants...
M. Doyon (Paul) : ...considérée
personne morale comme entité juridique ayant un revenu net de loin supérieur et
non comparable à celui des entreprises agricoles. Nous déplorons qu'il n'y ait
toujours pas de distinction pour le secteur agricole entre une personne
physique et morale et autres cas pour utiliser la terminologie du projet de loi
n° 70.
Les amendes auprès de ces entreprises
agricoles s'en trouvent inévitablement démesurées. Nous pensons que les
montants doivent être dissuasifs sans être abusifs pour les entreprises
agricoles. Dans ce contexte, nous demandons que les entreprises agricoles
soient considérées comme des personnes physiques pour l'application des
montants des amendes prévues à la loi ainsi que pour tous les autres règlements
qui seraient pris ou modifiés. Nous comptons sur cette consultation afin que
les membres de la commission ainsi que le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation prennent en considération les préoccupations des
productrices et producteurs agricoles. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre mémoire. Alors, nous allons débuter la période
d'échange avec M. le ministre. Vous avez 16 min 30 s. À vous.
M. Lamontagne : Merci. Bien,
bienvenue, M. Doyon, c'est un plaisir de vous accueillir. Et puis
effectivement, je veux dire, s'il y en a qui sont concernés puis qui sont aussi
impactés par toute la question... toute la question de la protection sanitaire
des animaux, bien, on s'entend que c'est nos producteurs, nos productrices qui
ont comme les deux mains dedans à chaque jour.
Puis j'avais des notes ici, j'avais marqué
UPA, puis j'avais marqué : Pas de dédoublements, pas de lourdeur
additionnelle. Puis là je vous entends. Bien, tu sais, je veux vous
réconforter, si on veut, là. Première des choses, bien, vous le savez, toutes
les initiatives, là, qui viennent toucher notre secteur agricole quand c'est le
temps de contempler une initiative, il y a toujours une grande consultation, il
y a toujours une étroite collaboration entre l'Union des producteurs agricoles
puis les différents responsables spécialistes au ministère. Et puis, c'est
entendu, là, maintenant, on est dans, tu sais, le projet de loi n° 70,
mais soyez assurés, là, que, tu sais, cette pratique-là de collaboration puis
de concertation, bien, elle va toujours continuer, elle va toujours à être là
dans un sens que, tu sais, s'il y a des gestes à poser, bien, les premières
personnes avec qui tu t'assoies, bien, c'est les personnes qui vont être
impactées par ces gestes-là pour bien comprendre la réalité puis, après ça, de
voir comment l'intervention qu'on va faire va être le mieux arrimée possible
avec cette réalité-là. Ça fait que je veux vous réconforter à ce niveau-là puis
vous réconforter aussi...
Tu sais, bien, on parle de formation, on
parle de s'assurer de l'uniformisation quant à la mise en œuvre de certaines
réalités qui vont ressortir de l'application de la loi. Encore là, je veux vous
réconforter, là, c'est vraiment dans les intentions du ministère de s'assurer
de la compréhension des réalités qui vont découler de l'application de ce
projet de loi là, mais, après ça, de la formation des personnes qui vont avoir
à appliquer ou qui vont être liées de près, là, à l'application de cette
nouvelle modalité-là. Ça fait que ça, je veux vous rassurer de tout ça.
Pour la question des frais, nous, on s'est
inspiré un peu de la Loi des produits alimentaires où on distingue les
personnes morales des personnes individuelles, mais, on s'entend, là,
M. Doyon, là, que, je veux dire, au Québec, la définition de personne morale,
oui, il y en a que, vraiment, on peut associer ça à des individus, mais on peut
faire le tour de la classe agricole, puis il y a des personnes morales que
c'est pas mal des grosses affaires, puis c'est pas mal des grosses business,
puis on n'est plus juste au niveau de tout ça, l'individu.
Alors, il y a vraiment cette
distinction-là qu'on est appelés à faire ou qu'on s'invite à faire par le
projet de loi. Comme je vous dis, on le retrouve ailleurs dans la Loi sur les
produits alimentaires, mais de penser qu'il y aurait seulement qu'une
considération puis ce serait la considération au point de vue individuel, là,
ce n'est pas quelque chose qui serait envisagé. Je vous dirais, la meilleure
façon de palier aux impacts que peut avoir la section pénale, bien, c'est
d'être en règle, puis de poser les bons gestes, puis s'assurer qu'on n'a pas à
subir les impacts de la loi pour des raisons qui font en sorte qu'on n'a pas eu
les pratiques qu'on avait à avoir puis que les pratiques qu'on a eues ont pu
générer des problématiques.
• (14 h 50) •
Puis moi, je regarde souvent dans un autre
domaine, mais qui est l'inspection. Moi, j'ai des rapports qui m'arrivent sur
mon bureau quand on inspecte des restaurants, différents établissements
alimentaires, puis avant qu'on agisse, puis vraiment que ça pince un peu pour
le propriétaire, là, tu sais, des fois c'est six, puis c'est sept, puis c'est
huit, puis c'est neuf, tu sais, retours puis demandes d'amélioration et tout
ça, puis... Ça fait qu'il y a comme quand même toujours le...
M. Lamontagne : ...gros bon
sens, tu sais, qui s'applique dans le cas qui nous concerne ici. Par contre, la
protection sanitaire, je vous dirais, il y a le volet des fois urgence, puis
des fois si on dit : Il faut que telle pratique soit mise en place, puis
que, pour une raison X, les gens ne mettent pas cette pratique-là en place,
puis ultimement, ça met en danger, pas seulement que leur troupeau, mais ça met
en danger tous les voisins. Bien là, à un moment donné, on ne niaise pas avec
la puck, là, tu sais, à un moment donné, il faut... il faut que les gens se
conforment puis les gens agissent, là, ça fait que, juste en réponse à quelques
commentaires... mais je veux juste vous assurer, là, de la collaboration puis
de la concertation.
Puis aussi, comme j'ai expliqué au groupe
précédent, il n'est pas prévu, là, suite à l'adoption de la loi, qu'il va y
avoir des règlements, là, qu'on va commencer, parce que souvent on adopte une
loi, puis déjà il y a tout un corpus réglementaire qu'on développe, là, pour
venir mettre des habilitations, tout ça. Mais là, dans le cas du projet de loi
n° 70, si on adopte le projet de loi... puis, à court terme, là, il n'y a
pas... il n'y a pas de règlement de prévu. Mais, s'il devait y avoir une réglementation
pour un volet X, soyez assurés, là, de toute la consultation.
Juste une question pour vous, parce que
vous en avez parlé, mais, tu sais, il y a plusieurs filières, plusieurs
associations, puis il y a vraiment beaucoup de choses qui sont faites, des programmes
de santé animale. Pouvez-vous nous donner des exemples un petit peu peut-être
différents de vos groupes, là, qu'est-ce qui est fait? Qu'est-ce qui est mis de
l'avant, là, justement, en... le volet de prévention, puis protection de la
santé animale?
M. Doyon (Paul) : Bien, il y
a plein de programmes d'assurance qualité qui sont obligatoires pour des
associations de producteurs, ce qui est une condition à... pour avoir un accès
au marché. Ça fait qu'on a, exemple, le programme proaction au niveau des
producteurs de lait, il y en a, on a toute la liste ici, on pourrait vous la...
vous la partager. Le Programme national de biosécurité, par... au niveau des
éleveurs de porcs, ils vous en parleront peut-être tantôt. Les éleveurs de la
volaille, il y a le programme de salubrité biosécurité canadien, reconnu par
l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Et il y a plein d'exemples comme
ça qu'on pourrait vous vous partager.
M. Lamontagne : Excellent.
Est-ce que j'ai des collègues, député de Sorel, Lac-Saint-Jean, collègue de
Laporte, qui auraient des questions? Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Poulet : ...alors,
désolée, bienvenue à vous deux. J'aimerais vous entendre l'équilibre que vous
faites entre la santé des animaux et la santé économique des entreprises
agricoles, comment est-ce que les modifications apportées dans le projet de loi
peuvent permettre aux entreprises de demeurer compétitives?
M. Doyon (Paul) : Bien, il
faut que... dans le cas où est-ce qu'il y a une intervention pour différentes
raisons, bien, il faut que ces règles-là fassent en sorte que ces
entreprises-là puissent demeurer compétitives, alors que, s'il n'y en a pas,
s'il n'y a pas ce genre de règlement là, de loi-là, dans d'autres provinces,
bien, il faut que ça vienne... il faut que ça... il faut que nos entreprises
demeurent compétitives sur les marchés avec les autres provinces ou les autres
pays.
Mme Poulet : Vous avez... on
a parlé tantôt que le Québec était quand même distinctif par rapport... est-ce
que ça peut être un avantage aussi pour les agriculteurs ou un désavantage?
Parce que, là, il y a quand même un monitorage supplémentaire.
M. Doyon (Paul) : Je pense
qu'on peut... les deux réponses sont bonnes, là, dans le sens qu'il y a... il y
a des... il y a des avantages pour parfois avoir accès à certains marchés, mais
il y a aussi des inconvénients, parfois, considérant que ces mesures-là peuvent
faire en sorte que ça vienne augmenter le coût de production et rendre les...
les entreprises agricoles moins compétitives. Ça fait que les deux...les
deux... il y a du pour et du contre.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Alors, s'il n'y a pas d'autre... Oui... M. le ministre.
M. Lamontagne : Non, c'est
juste qu'on a... vos collègues, là, les producteurs bovins qui nous ont soumis
un mémoire, malheureusement, qui ne sont pas avec nous aujourd'hui, j'ai... Si
vous pourriez juste nous parler un peu de... parce qu'il y a quand même des
efforts importants qu'ils font à ce niveau-là, là, les programmes de qualité
qu'ils ont eux autres en termes de santé animale, là, au point de vue de la
filière bovine.
M. Doyon (Paul) : Oui, bien,
mon collègue va vous les... vous en faire part, le Veau vérifié et VGQC qu'on
appelle, là, j'ai de la misère avec l'acronyme là.
M. Charron (Guylain) : Veau
de grain Québec certifié.
M. Doyon (Paul) : C'est ça,
merci. Et puis il y en a d'autres, là. Vas-y, Guylain.
M. Lamontagne : Ça, c'est
comme des cahiers de charges, si on veut, que les producteurs ont. Puis il y a
comme une vérification par la fédération ou l'association, de s'assurer que
chacun des producteurs est comme vraiment certifié à ce niveau-là.
M. Charron (Guylain) : C'est
des programmes de certification, effectivement, dans le veau de grain puis dans
le veau de lait aussi. Puis il y a un autre programme qui s'appelle... bien là,
je m'excuse, j'ai juste le nom en anglais, mais c'est comme ça qu'on le
présente sur le site, là, c'est Verified veal production, qui est là depuis
2004 et encore là, dans les bouvillons, c'est un programme de...
M. Charron (Guylain) : ...
situation des producteurs agricoles?
M. Lamontagne : Puis qu'est-ce
qui se passe, mettons qu'un producteur n'est pas en conformité avec les
exigences d'une certification qui vient... est une sorte de garantie pour la
santé animale quand il n'est pas conforme. Qu'est-ce qui se passe?
M. Doyon (Paul) : Bien, je
sais qu'au niveau de l'exportation, il y a des règles à suivre où ils doivent
déposer des documents en lien avec des animaux ou des lots d'animaux qui
pourraient être exportés, soit des animaux vivants ou des animaux... de la
viande qui seraient exportés en fonction de la traçabilité de certains lots de
bovins. Ça fait qu'il y a. Il y a des... Il y a des mesures de prises aussi.
M. Charron (Guylain) : C'est
ça puis on dit même que c'est une certification obligatoire pour la mise en
marché des produits, selon en tout cas, le règlement de la production et de la
mise en marché des veaux de grain, là, dans le cas du veau de grain.
M. Lamontagne : Ça fait que
quelqu'un, exemple, qui est un producteur de veaux de grain qui doit adhérer,
là qu'il y ait des charges de veaux de grain certifiés, puis qu'ultimement la
fédération ou les producteurs se rendent compte qu'il n'est pas conforme, bien,
il y a des gestes, il y a des actions qui seraient prises en lien avec ce
producteur-là pour s'assurer qu'il se conforme ou sinon qu'il puisse puis
mettre en marché ses produits, là.
M. Doyon (Paul) : Entre
autres, la Loi sur la traçabilité, où est-ce qu'il y a des inspecteurs peuvent
débarquer sur les entreprises, regarder le niveau de conformité des
identifiants par rapport au registre.
M. Lamontagne : O.K.,
parfait. Mais ça va être tout pour moi. M. le Président, Oui, merci, merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) :
Parfait! Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle avec le député de Pontiac pour 16 min 30 s, maximum.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, M. Doyon, M. Charron, merci d'être là.
Je salue au passage M. Caron, qui s'est joint à nous lors de votre exposé.
Toujours un plaisir de recevoir l'UPA et de bien comprendre la réalité des
agriculteurs et des producteurs québécois. Je vous ai bien entendu, M. Doyon,
tout à l'heure, faire l'exposé essentiellement de l'importance de la
compétitivité des producteurs québécois. Je pense que c'est en réponse à la
collègue de Laporte, mais de dire essentiellement : Si on rajoute des
couches de réglementation, qu'elles soient bonnes ou moins bonnes, là, si on
rajoute des couches de réglementation, il faut s'assurer qu'on ne met pas notre
producteur québécois à un désavantage par rapport à ceux des autres provinces.
Et là ici, dans le cas du projet de loi n° 70, encore là, on aura le débat sur
est-ce que l'entièreté de ce qui est proposé est bon et moins bon ou est ce que
ça met une surcharge sur certains producteurs? Vous avez fait état notamment du
système de monitorage des médicaments vétérinaires et si j'ai bien compris, on
serait la première province à avoir un tel système? Alors, vous avez
suggéré : Bien, il faut que ça vienne avec une espèce de compensation ou
un mécanisme pour s'assurer qu'on ne perd pas une certaine compétitivité.
Qu'est-ce que ça peut représenter pour des producteurs agricoles un système
comme ça?
M. Doyon (Paul) : Je pense
qu'au départ, il faut prendre soin de regarder tout ce qui existe parce qu'il
existe déjà des choses au niveau des registres : prescription des médecins
vétérinaires en lien avec les registres qu'on doit fournir pour les programmes
d'assurance-qualité. Et puis après ça, bien, si c'est encore de quoi de
supplémentaire, bien, là, c'est là qu'il faut commencer à penser, à compenser
les écarts qui pourraient être créés sur la compétitivité des entreprises avec
les marchés qui nous entourent. Mais au départ, il faut commencer par regarder
ce qui existe, essayer d'amalgamer tout ça ensemble, rendre ça conforme pour
que les systèmes puissent se parler entre eux pour faire en sorte qu'on n'ait
pas à écrire le même, la même information huit fois, là. Bien, peut-être quatre
fois.
M. Fortin :
Oui, je vous entends là-dessus. Puis, de toutes les de toutes les discussions
qu'on a avec des producteurs agricoles, l'enjeu de la paperasse, la redondance
de s'assurer qu'on ne leur demande pas des charges administratives excessives
revient tout le temps, continuellement. Alors effectivement, là, je nous
encourage, dans les débats qu'on aura autour du projet de loi n° 70, à
s'assurer qu'on n'est pas en train de rajouter des couches. Puis ça, ça va
aussi pour le ministre et son équipe par la suite, dans l'application du projet
de loi bien évidemment. Je vous entends d'ailleurs sur la question, dans votre
mémoire, de la complémentarité des actions. Ce que vous venez de dire, c'est
qu'il y a déjà plusieurs secteurs d'élevage où il y a des procédures pour
encadrer, encadrer des pratiques, encadrer la coordination de la gestion des
maladies. Mais est-ce qu'il y a des secteurs, selon vous, où, très clairement,
on n'en fait pas assez en ce moment, des secteurs où il y a des nouvelles
maladies qui apparaissent, soit l'encadrement laisse énormément à désirer.
Est-ce qu'il y a des secteurs d'activités au Québec où vraiment vous êtes à
même de nous dire : Il y a lieu de prendre un grand pas par en avant?
• (15 heures) •
M. Doyon (Paul) : Bien...
15 h (version non révisée)
M. Doyon (Paul) : ...écoutez,
c'est sûr que tous les types d'élevages ne sont... ne sont pas au même niveau,
évidemment que des plus petits groupes qui sont moins organisés ont
peut-être... ont peut-être moins de moyens, là, pour y arriver, mais il y a...
tout le monde a un minimum, là, à tout le moins.
M. Fortin :Oui.
M. Doyon (Paul) : Et puis il
y a... Également, tantôt, quand on parlait de compétitivité, là, aussi, on... c'est
en lien avec les produits qui arrivent de l'extérieur, tu sais, c'est...
parfois c'est nos produits qu'on souhaite exporter, mais parfois, quand les
exigences sont trop élevées... j'étais avec les producteurs d'ovins il y a
quelques jours, où est-ce que le... ce qui arrive dans l'autre bout du monde
coûte vraiment moins cher. Bien, c'est... Si on en ajoute encore plus, bien, ça
va être encore plus difficile pour ces productions-là. Et puis il y a eu des
enjeux au niveau des producteurs caprins il y a quelques années. Mais, au
niveau du ministère de l'Agriculture, on avait un groupe, là, avec le CEPOQ...
La Pocatière, où est-ce qu'ils ont travaillé sur des choses. Mais, votre
question, je fais une longue réponse, là, qui n'est pas bonne, votre question,
c'était... votre question, c'était : Est-ce qu'il y en a qui devraient
faire un plus grand pas? Oui, mais ils méritent d'être accompagnés, ces
groupes-là, parce que c'est des petits groupes avec peu de producteurs qui ont
un petit marché compétitionné par les autres, c'est... Oui, il y en a qui
devraient faire des plus grands pas et ils mériteraient d'être accompagnés
par... par le ministère de l'Agriculture.
M. Fortin :Est-ce que cet accompagnement-là, nonobstant du projet de
loi n° 70, là, des... des fédérations, des types de productions qui sont
peut-être de plus petite taille avec des petits producteurs qui n'ont peut-être
pas les moyens, etc., est-ce que vous sentez que cet accompagnement-là, pour
ceux qui lèvent la main déjà, j'imagine qu'il y en a, là, qui ont vécu des
maladies dans les dernières années puis qu'ils se disent : O.K., il faut
vraiment améliorer nos pratiques puis nos façons de faire... Est-ce que cet
accompagnement-là, il existe et il est adéquat de la part du ministère aujourd'hui?
M. Doyon (Paul) : Il existe à
géométrie variable, mais il y a toujours de l'écoute de la part du ministère,
là, pour accompagner ces gens-là.
M. Fortin :O.K. Mais, si je comprends bien votre mémoire, il faut juste s'assurer
qu'au niveau de l'accompagnement, au niveau de la compensation, au niveau de l'aide,
au niveau de tout ça, si on met de la réglementation supplémentaire, on n'a pas
le choix, à ce moment-là, de le faire. Là, c'est... les gens le font sur une
base, que ce soit volontaire ou que... peu importe, c'est correct, mais, à
partir du moment où le gouvernement met de la réglementation, ça prend une
espèce d'aide équivalente.
M. Doyon (Paul) : Absolument.
M. Fortin :O.K., on s'entend là-dessus. Oui.
M. Lamontagne : Je peux-tu
faire un petit commentaire?
M. Fortin :Sans problème.
M. Lamontagne : Oui?
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : M. Doyon,
vous voyez comment on est en mode collaboratif.
M. Doyon (Paul) : C'est bon.
M. Lamontagne : Oui. Non,
juste pour parler d'accompagnement. Le défi, des fois, parce que... tu sais, on
a des filières, puis ils ont le tonus déjà pour être bien structurés, puis là,
à ce moment-là, tu sais, quand tu dis : Il y a toujours une ouverture,
puis on est tout le temps en mode accompagnement, on veut que les gens puissent
faire... tu sais, c'est... puissent faire ce qu'ils ont à faire pour
prospérer... Mais le défi qu'on va avoir des fois, c'est que tu vas faire des
filières, mais eux-mêmes, les filières, tu sais, ne sont pas organisées ou manque
des outils. Ça fait que, tu sais, nous autres on a des outils, exemple, le
Programme de développement de marchés... ou le programme de développement
sectoriel dans lequel on peut fournir des ressources, on peut fournir des sous.
Mais, ultimement, c'est sûr que, la filière, il faut qu'elle ait un minimum de
structure puis d'organisation pour qu'après ça pouvoir être accompagnée. Parce
que, sinon, ça... tu sais, c'est compliqué dans ce temps-là, là, tu sais, c'est...
M. Doyon (Paul) : ...
Une voix : Pardon?
M. Doyon (Paul) : Il y a eu
les... dans les dernières années, les accompagnements de ces plus petits
groupes de producteurs, là, par les programmes PISAQ, là, où est-ce qu'il y
avait des campagnes d'identifiées avec des thématiques identifiées pour
améliorer tel type de conditions, et puis ça l'a été... ça l'a été intéressant
pour ces petits groupes là, et puis ça a été apprécié.
M. Fortin :Les producteurs, de façon générale, là, ils ne mettent pas
santé de leur... de leurs animaux en compétition avec la santé financière de
leur entreprise. En fait, l'un va avec l'autre, là. Si c'est un producteur qui
perd des animaux parce qu'ils ne sont pas en bonne santé, il y a... la santé
financière de son entreprise est mise à risque assez rapidement merci.
M. Doyon (Paul) : Absolument.
M. Fortin :Sur la... Parlant de la santé financière, sur la question
des amendes que vous avez évoquées lors de votre discours initial, là, j'ai...
si j'ai bien compris votre propos, là, il va y avoir essentiellement deux types
d'amendes, une pour les personnes physiques, une pour les personnes morales.
Mais, parce qu'il y a une proportion, disons, des entreprises agricoles qui
sont des personnes morales, il y en a qui vont se retrouver à payer plus que d'autres,
là.
M. Doyon (Paul) : Oui,
considérant le statut juridique de l'entreprise, où est-ce que c'est une
personne morale, souvent c'est une entreprise familiale où le M., la Mme sont
copropriétaires, et ça devient une entreprise, à statut juridique, morale. Et
puis parfois ça peut être une très, très petite entreprise, là, où est-ce que
des amendes...
M. Doyon (Paul) : ...importantes
pourraient les achever, là.
M. Fortin :Oui. Bien, moi, je peux comprendre votre point de vue parce
qu'effectivement il peut y avoir de très minimes différences dans la réalité
quotidienne de l'entreprise... d'une entreprise versus une autre, mais ils
pourraient se retrouver avec des amendes très, très, très différentes, même si
le contexte... le contexte de l'entreprise est similaire, quoique différent, au
niveau de l'enregistrement de l'entreprise.
Dernière chose de mon côté, M. Doyon, M.
le ministre tantôt parlait de l'étroite collaboration constante, et j'entendais
dans son propos le ministre dire : Mais vous savez, quand on propose des
réglementations, quand... c'est certain qu'on va toujours voir les gens qui
sont concernés pour faire ça ensemble, etc. Dans l'élaboration du projet de
loi, est-ce que vous avez été consultés ou est-ce que vous l'avez vu apparaître
en même temps que tout le monde?
M. Doyon (Paul) : Bien, on
savait qu'il s'en venait quelque chose, là, mais on l'a... on n'a... on ne l'a
pas... on n'a... je n'ai pas su qu'on avait été consultés précisément pour ça.
Oui?
M. Charron (Guylain) : Bien,
on nous a dit qu'il y a un projet de loi qui s'en venait. Tant que le projet de
loi n'est pas présenté par le ministre, on ne peut pas nous...
M. Fortin :Non, mais le... ça arrive souvent que le gouvernement va
donner des grandes orientations par rapport à ce qu'il veut faire puis aller en
jaser avec les groupes. Sur la question spécifique de la protection sanitaire
des animaux, vous n'aviez pas émis de commentaire envers l'arrivée prochaine
d'un projet de loi là-dessus?
M. Doyon (Paul) : Non.
M. Fortin :O.K.
M. Doyon (Paul) : Mais là
c'est ce qu'on fait là.
M. Fortin :Oui, parfait. Excellent. C'est pour ça que vous êtes là.
M. Doyon (Paul) : Bien oui.
M. Fortin :Excellent. C'est beau.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
M. Fortin :C'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, merci pour votre présentation, M. Doyon, monsieur... Toujours un plaisir
de vous recevoir.
Nous allons suspendre quelques instants
pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 07)
(Reprise à 15 h 14)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Et, enfin, pour ce dernier groupe de la journée,
nous accueillons Les Éleveurs de porcs du Québec. Alors, bonjour à vous deux.
Alors, nous recevons Raphaël Bertinotti,
directeur, Santé, qualité et recherche et développement, et M. René Roy,
président des éleveurs de porcs de la Beauce.
Alors, vous avez 10 minutes pour
faire votre présentation et, par la suite, nous allons procéder à une période
d'échange avec les élus.
M. Roy (René) : Merci, M. le
Président. Je me présente en premier, René Roy, producteur de porcs dans la
région de la Beauce et administrateur aux Éleveurs de porcs du Québec. Je suis
également responsable des dossiers santé et antibiotiques pour l'organisation.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Raphaël Bertinotti, qui est notre
directeur Santé, qualité et recherche et développement pour les éleveurs de
porcs et coordonnateur des dossiers des maladies endémiques porcines et
antibiotiques pour la filière.
Premièrement, Les Éleveurs de porcs du
Québec souhaitent vous remercier pour cette occasion de faire valoir notre
point de vue sur cet enjeu stratégique. Les Éleveurs de porcs du Québec forment
depuis 1966 une fédération agricole affiliée à l'Union des producteurs
agricoles, l'UPA, et au Conseil canadien du porc, et nous représentons les
intérêts de plus de 2 500 éleveurs, répartis dans 12 régions
administratives au Québec. Notre mission est de représenter et promouvoir les
intérêts des éleveurs et des éleveuses de porcs du Québec et de les rendre
fiers en valorisant leur profession et leurs produits. Nous veillons également
à ce que les conditions de marché d'élevage permettent...
M. Roy (René) : ...assurer la
prospérité et la pérennité des entreprises porcines québécoises. Les éleveurs
de porcs du Québec avons pris connaissance du projet de loi n° 70 et nous
l'accueillons favorablement, avec toutefois certains commentaires. La santé et
l'antibiorésistance sont stratégiques pour notre secteur et nous investissons
beaucoup d'efforts dans ces dossiers, et on le fait en filière depuis de
nombreuses années, en collaboration également avec nos gouvernements. Nous nous
attendons à ce que le projet de loi apporte une plus grande efficacité dans le
contrôle des maladies, notamment en accélérant les interventions en ce qui a
trait aux maladies.
Cependant, nous voulons apporter à votre
attention les réserves suivantes. Tout d'abord, il est essentiel de ne pas
dédoubler les systèmes déjà en place. Il faut s'appuyer sur les organisations,
les expertises, les processus, outils numériques et documents qui sont déjà
existants. Le partenariat pour l'élaboration de nouveaux règlements est crucial
en adoptant une approche de collaboration et de consultation avec le secteur.
Les règlements doivent être clairs, basés sur des critères objectifs et
mesurables pour garantir une application uniforme et équitable.
Et finalement, un sous... les exigences
évoquées dans le projet de loi, tout spécialement lors d'une intervention à la
ferme, doivent être totalement compensées financièrement pour répondre aux
exigences demandées par la loi. J'invite maintenant M. Bertinotti à élaborer
sur le contexte et le type de travail que nous faisons à tous les jours aux
éleveurs de porcs du Québec.
M. Bertinotti (Raphaël) : Oui.
Bonjour à tous. Donc, les éleveurs de porcs du Québec, en collaboration avec
nos partenaires de la filière, ont fait de la santé porcine une priorité depuis
des années. En 2013, l'équipe québécoise de santé porcine, regroupant les
éleveurs, les abattoirs et les fournisseurs d'intrants, a été créée pour gérer
les enjeux de santé, d'abord pour les maladies à déclaration obligatoire, comme
la peste porcine africaine, puis pour les maladies émergentes comme la diarrhée
épidémique porcine, puis aujourd'hui pour les maladies endémiques et le dossier
antibiotiques.
Notre mobilisation a permis de maintenir
le Québec exempt de DEP, c'est un succès en comparaison des autres provinces
canadiennes et des États-Unis. Depuis 2020, la filière a mis en place un plan
ambitieux pour lutter contre deux maladies endémiques virales le SRP et l'influenza.
Ce plan inclut notamment une surveillance stricte, des mesures de biosécurité
renforcées, des actions de sensibilisation et le déploiement à succès d'un
vaccin provincial contre l'influenza porcin, d'ailleurs, en collaboration avec
le MAPAQ.
En 2020, nous nous sommes dotés du premier
règlement en santé dans le domaine porcin pour réduire l'impact du SRP. En
parallèle, depuis 2006, les éleveurs ont intensifié leurs efforts pour une
utilisation judicieuse des antibiotiques en réponse à la menace croissante de
l'antibiorésistance. Plusieurs initiatives ont permis de mieux suivre l'usage
des antibiotiques, d'offrir des formations et de sensibiliser toute la filière.
On s'était fixé un objectif ambitieux de réduction de 20 % de
l'utilisation de nos antibiotiques entre 2016 et 2020. Puis on l'a largement
dépassé grâce à une mobilisation collective. Donc, c'est bien l'implication
conjointe des éleveurs, des abattoirs, de la... de nos vétérinaires, du MAPAQ,
d'autres partenaires qui continue de porter ses fruits avec des actions
concrètes pour garantir la santé des troupeaux, tout en minimisant l'apparition
d'antibiorésistance.
M. Roy (René) : Nous allons
maintenant rentrer... nous allons maintenant rentrer avec un peu plus de
précision dans les commentaires que nous voudrions apporter au projet de loi.
Premièrement, en ce qui a trait à la nomination du vétérinaire en chef, nous
soutenons la nomination d'un médecin vétérinaire en chef pour faciliter
l'application des mesures en santé animale. Toutefois, en raison de la
diversité de dossiers, nous demandons la... la création d'un comité d'experts
composé de vétérinaires de terrain pour soutenir ce vétérinaire en chef dans
ses missions.
• (15 h 20) •
En ce qui a trait à la gestion des
éclosions des maladies, nous approuvons les nouveaux pouvoirs accordés au
gouvernement pour limiter la propagation des maladies animales, en particulier
les arrêtés d'urgence de 30 et 60 jours. Toutefois, nous insistons sur la
nécessité d'une collaboration étroite avec l'Agence canadienne d'inspection des
aliments, lorsque cette dernière est impliquée, pour éviter les dédoublements
administratifs. Nous souhaitons être impliqués dans la gestion des maladies à
travers notre organisation santé qui est l'équipe québécoise de santé porcine
afin de faire profiter les parties prenantes existantes...
M. Roy (René) : ...en ce qui a
trait à l'aide financière, les coûts associés à la mise en place de mesures
sanitaires à la ferme peuvent être très importants. Les éleveurs soutiennent
donc la création d'un programme d'aide financière pour la surveillance des
maladies et pour que les fermes se conforment aux ordonnances sanitaires du
gouvernement. Il est reconnu qu'une aide financière adéquate et préétablie
favorise les bons comportements. Nous préconisons également l'élaboration en
temps de paix, c'est-à-dire lorsque la maladie n'a pas frappé, de plans
d'action pour différentes maladies, incluant des programmes d'aide financière
et des arbres de décision objectifs afin d'assurer une gestion efficace en cas
de crise. Nous savons que mieux vaut prévenir que guérir. Finalement, nous
insistons sur l'importance d'offrir un accompagnement psychologique pour les
éleveurs en temps de crise.
Au sujet de la traçabilité, le système de
traçabilité que nous avons dans le porc, le porc tracé, est déjà mis en place
au niveau fédéral et doit être reconnu par le MAPAQ. Nous nous opposons à
l'imposition de nouvelles exigences provinciales en matière d'identification
des porcs ou de tenue de registres, car cela entraînerait des complications
administratives et nuirait à la fluidité des processus et à la numérisation que
nous sommes en train de faire.
La lutte contre l'antibiorésistance. Nous
soutenons les modifications liées à la gestion des médicaments vétérinaires et
à la lutte contre l'antibiorésistance, mais nous insistons sur la consultation
préalable des parties prenantes avant l'adoption de nouvelles règles. Nous
voulons également mettre en garde le comité contre des règlements provinciaux
qui pourraient désavantager les éleveurs québécois par rapport aux autres
producteurs canadiens ou internationaux, notamment américains. La compétitivité
du secteur porcin est fragile et doit être considérée lors de l'établissement
de ces lois ou règlements. Nous souhaitons que les aides financières permettent
aux producteurs de se conformer aux exigences en lien avec l'antibiorésistance
et l'antibiogouvernance.
Finalement, l'uniformité de l'application
des règlements en respect de la biosécurité. Les inspecteurs chargés de
l'application de la loi doivent être formés et qualifiés pour garantir une
application uniforme et équitable des règlements. Ils doivent aussi respecter
les normes de biosécurité des fermes porcines du Québec afin de ne pas propager
de maladies autres que celles visées par leurs interventions. Et, lors... dans
le système de pénalités qui est proposé, il est crucial que le règlement... les
règlements soient clairs, basés sur des critères objectifs et facilement
mesurables pour permettre une application uniforme et équitable.
Nous vous remercions à nouveau de votre
invitation à partager notre perspective à propos du projet de loi. Et nous
sommes disponibles, bien sûr, pour répondre à vos questions. Nous restons
disponibles par la suite si vous avez besoin d'autres informations à la suite
de cette audition. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci, M. Roy, pour votre présentation. Nous débutons une période d'échange
avec le ministre pour un maximum de 16 minutes 30.
M. Lamontagne : Merci.
Salutations, M. Roy. C'est un plaisir de vous accueillir. M. Bertinotti, un
plaisir de vous accueillir.
Bien, d'entrée de jeu, vous avez statué
vos attentes, vous avez dit deux choses : plus grande efficacité puis
accélérer les interventions. Bien, ce matin, là, si vous avez écouté les
commentaires préliminaires qu'on a pu faire, l'objectif de la loi, là, c'est
exactement ça, parce qu'on a une loi qui existe depuis presque 100 ans, qui a
été mise à jour la dernière fois en l'an 2000, puis avec ce qu'on a vécu depuis
un certain nombre d'années, on s'est aperçu des enjeux qu'on avait au point de
vue agilité, flexibilité, pouvoir d'intervention, si on se compare aussi avec
d'autres législatures au Canada, aux États-Unis ou en Europe. Puis d'ailleurs
le... de mettre en place le poste de vétérinaire en chef avec les pouvoirs
d'ordonnance puis les différents pouvoirs que le médecin vétérinaire va avoir,
déjà, ça sous-tend toute cette agilité-là puis cette flexibilité-là. Alors,
soyez assurés que les objectifs du projet de loi rencontrent... vont rencontrer
vos attentes à ce niveau-là.
Rapidement, là, les craintes ou les
commentaires que vous faites, là, tu sais, là, au point de vue de dédoubler...
Vous avez parlé de la traçabilité. Présentement, on utilise un système de
traçabilité qui est canadien. Il n'est pas du tout dans les intentions du
Québec de faire développer un système parallèle. L'objectif, quand on parle,
encore là, d'efficacité, là, c'est... c'est de faire...
M. Lamontagne : ...en sorte
que ce qui fonctionne aujourd'hui, bien, qu'on se rattache à ce qui fonctionne
aujourd'hui puis qu'on soit tous un peu sur le même... sous la même source de
pouvoir, si on veut. Alors je veux vous rassurer à ce niveau-là, encore là,
j'en ai parlé tantôt, mais la question de l'uniformité de l'application, la
standardisation de l'application, ultimement, de ce qui va découler de la mise
en œuvre du projet de loi n° 70, on est tout à fait à la même place, à la
même place que vous. La nécessité de collaboration. Aujourd'hui, il y a cette
collaboration avec la CIA, il y a cette collaboration avec l'équipe de santé
porcine. Puis on voit le travail, tout ce qui se fait aussi du côté de la peste
porcine africaine. Bien, encore là, M. Roy, là, soyez assuré que l'objectif, ce
n'est pas qu'il y a moins de collaboration puis de concertation, mais, je vous
dirais, c'est qu'il y ait une concertation puis une collaboration soutenue,
mais, quand il y a à intervenir, bien, c'est que le Québec ne soit pas à la
traîne puis que le Québec ne soit pas limité. Moi, j'ai des exemples à donner.
Juste avec la question aviaire, tu sais, des fois, il y a des groupes qui ont
des petits élevages puis qui font des petites rencontres une fois de temps en
temps pour se montrer leur poule, puis tout ça, puis, à un moment donné, avec
la propagation de la grippe aviaire, bien, il ne fallait pas qu'il y ait de ces
rencontres là, là, il ne fallait pas qu'on permette que les gens commencent à
se promener sur le territoire, puis, bien, avec les dispositions qu'on a
présentement, là, et ça a été très, très, très compliqué de chercher à faire en
sorte que, pendant un bout de temps, ils ne puissent pas se rassembler. Tu
sais, ça fait qu'on veut plus vivre ça, là, parce qu'à un moment donné ça va
vite quand ça se met à mal aller, ou si on veut prévoir. Alors, l'idée, c'est
de conférer à nos professionnels au Québec, là, des outils qui vont être aussi
en synchronicité avec ce qu'il y a ailleurs au Canada, ce qu'il y a ailleurs
dans les autres provinces, pour être agile puis pouvoir intervenir rapidement.
Mais aussi, tu sais, il y a de la prévention. Quand, à un moment donné, il y a
un doute sur quelque chose, d'avoir un moyen d'aller mettre le doigt dessus
puis de valider notre... tu sais, ce qu'on pense qui est en train de se passer
là, avant qu'il y ait de quoi qui se développe puis qui se propage. Puis si, à
un moment donné, on a inspecté des lieux, on a inspecté des véhicules, on a
inspecté ou on soupçonne qu'il pourrait y avoir des traces de quelque chose, il
faut pouvoir le faire. Si on a quelqu'un qui fait analyser des animaux ou des
prélèvements quelque part, bien, il faut être capable d'avoir accès à ces
prélèvements-là. Si quelqu'un sort du Québec pour faire analyser quelque chose,
il faut avoir la possibilité de savoir le résultat, tu sais, de... Ça fait que
c'est toutes des choses qu'on veut... qu'on veut pouvoir faire.
Au point de vue de l'aide financière, ce
qui est important, c'est... bien, des choses qui vont être initiées par le
ministère, naturellement, bien, je veux dire, c'est le ministère qui a la
responsabilité d'assumer des coûts. Après ça, que s'il y a des politiques à
être mises en place, c'est toutes des choses qui sont discutées avec les
groupes qui sont organisés. Puis après ça, dans la loi, là, on a
l'article 6 aussi qui donne justement les balises puis a le pouvoir aussi
de venir accompagner. Mais c'est certain que si, mettons, on est dans un cas où
on a quelqu'un qui est un délinquant puis qu'ultimement se ramasse à avoir des
conséquences liées à sa délinquance en fonction de cette loi-là, bien, on ne
l'encouragera pas en mettant en place des programmes pour venir le soutenir, on
va lui dire : Corrige-toi au plus vite parce que sinon ça va mal aller
pour ton organisation. Tu sais, ça fait qu'il y a ce... de démarquer ça, là,
mais, en bout de ligne, tu sais, on l'a vu dans le passé, il y a des gestes
qu'on a posés avec les sangliers sauvages, avec... Ça a été avec la MDC, tu
sais, on a mis en place des programmes d'accompagnement pour faire en sorte que
les gens qui ont à faire face à ces événements-là, bien, ne soient pas tout
seuls là-dedans, là, mais qu'il y ait un accompagnement du ministère. Ça fait
que je veux vous rassurer encore à ce niveau-là.
Moi, j'aurais une question avant de céder
la parole à mes collègues. Tu sais, le secteur porcin, vous avez parlé que vous
avez agi, puis il y a eu une diminution importante au point de vue de votre
performance, l'utilisation d'antibiotiques. J'aimerais ça que vous m'en parliez
davantage un petit peu. Qu'est-ce qui a été fait, là, puis, c'est ça, les
résultats que ça a donnés, là?
M. Roy (René) : Je vais
inviter Raphaël à commencer, il a été au centre de tout l'effort, donc, après
ça, je vais reprendre la parole.
• (15 h 30) •
M. Bertinotti (Raphaël) : Oui,
mais en 2016, en fait, on avait eu un projet de... pour évaluer, en fait,
notre... avoir un portrait de notre consommation d'antibiotiques au Québec dans
l'élevage porcin, parce qu'en fait si on veut s'améliorer, il faut mesurer
comment est-ce qu'on les utilise. D'avoir des patrons d'utilisation, c'est la
base, en fait, de notre capacité à comprendre comment est-ce qu'on peut trouver
des pistes d'amélioration. Puis, en 2020, on a répété l'exercice puis on s'est
fixé un objectif par rapport à l'enquête qu'on avait fait en 2016. Il faut
comprendre que l'enquête, on la sous-traite à l'Université de Montréal, on la
délègue, en fait, à l'Université de Montréal pour son expertise puis sa
neutralité. Et puis on l'a fait dans toutes nos... On a fait sur un gros
échantillon, je pense...
15 h 30 (version non révisée)
M. Bertinotti (Raphaël) : ...puis
c'était une première au niveau canadien, toutes espèces confondues. Environ 205
sites de production, stades de production, tous types d'antibiotiques, toutes
les voies d'administration, donc que ce soit dans l'eau, injectable ou dans la
moulée. Et puis ça nous a donné un portrait précis d'où est-ce qu'on se situait
puis ça nous a permis aussi de mesurer le progrès entre 2016 et 2020.
Puis, pour vous donner une idée... puis on
a formé et sensibilisé l'ensemble de nos vétérinaires, plutôt de nos
producteurs, puis nos vétérinaires les ont accompagnés pour atteindre cet
objectif-là. Pour vous donner une idée de réduction en engraissement dans la
moulée, on a réduit de 65 % de notre consommation d'antibiotiques. Donc,
quand je disais qu'on a largement dépassé l'objectif, c'est le secteur... puis
c'est surtout les antibiotiques administrés via la moulée. C'est là qu'on a
fait le plus de progrès. Et puis, au niveau des catégories I, qui sont les
antibiotiques les plus importants en médecine humaine, on a réduit de plus que
98,5 %. Ça nous emmène au... Quand on a demandé à l'Université de Montréal
de nous comparer au niveau international, on est dans les cinq à 10 meilleurs
mondiaux sur ce critère-là. Donc, ça, c'était très important pour nous, parce
que c'est comme... l'utilisation judicieuse des médicaments, c'est mieux et
moins. Le mieux, c'était d'utiliser le moins possible de catégorie I, puis c'est
ce qu'on a réussi à faire. On a réussi à baisser l'ensemble de la quantité d'antibiotiques
qu'on a... des autres catégories, mais surtout les antibiotiques de catégorie
I. Et puis, c'est ça, donc on était très fiers du résultat puis on continue le
travail.
D'ailleurs, on est la première filière, je
pense, à être intéressée à participer au projet de monitorage que le MAPAQ met
en place. Et on travaille activement avec vos équipes pour justement qu'on
puisse être prêt le plus rapidement possible et qu'on puisse avoir des données
nouvelles à moindre coût, parce qu'il y a tout l'aspect efficacité de la
capture de données. Parce que, dans les enquêtes qu'on a faites, ça nous
coûtait quand même... c'est deux enquêtes à 300 000 $, donc 600 000 $.
Donc là, tout le projet nouveau de monitorage que le MAPAQ veut mettre en
place, on le voit d'un très bon œil, puis ça permettra d'avoir notre portrait
de notre filière plus large, et puis, comme je le disais, à moindre coût, puis
de manière plus efficace, puisqu'en fait l'information sera captée directement
auprès des pharmacies ou auprès des meuniers.
M. Lamontagne : Bien, merci
beaucoup d'être ici. Puis honnêtement, je vous entends. Puis au bénéfice des
collègues puis des gens qui nous écoutent, là, le témoignage que vous venez de
faire, c'est le témoignage d'une filière qui est résolument engagée à être
meilleure chaque jour. Puis, tu sais, son monde dans les coupures de journaux
il y a 30 ans, ce qu'ils disaient par rapport à la filière porcine, puis
on regarde aujourd'hui où vous êtes en termes de bien-être animal, où vous êtes
en termes de... on parle d'antibiorésistance, où vous êtes en termes de vos
engagements au point de vue des gaz à effet de serre, tu sais, tout votre bilan
environnemental et tout ça qui fait en sorte que la filière porcine québécoise,
ça se compare avec les grandes filières dans le monde. On est dans les
meilleures, tu sais.
Puis moi, je le sais comme ministre, il y
a beaucoup de discussions avec votre filière et tout ça parce que vous arrivez
souvent avec toutes sortes de projets. Puis ces projets là, ils ont un
dénominateur commun, c'est être meilleur à tous les jours. Puis ça, bien, je
veux le saluer, je veux que ça se sache. Puis le témoignage que vous venez de
faire sur les antibiotiques, l'antibiorésistance, bien, ça témoigne de cette
volonté-là de faire que vous êtes les meilleurs. Ça fait que bravo pour ça. Les
collègues, si vous avez des questions pour nos gens des Éleveurs de porcs.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va à la députée de Laporte. Alors, allez-y.
Mme Poulet : Oui, bonjour.
Bienvenue et merci de votre participation. Vous savez que de plus en plus de
Québécois portent une attention particulière à nos animaux d'élevage. Pour
faire un suivi avec qu'est-ce que le le ministre mentionnait au niveau de
votre... que vous étiez les meilleurs, pouvez-vous nous parler de votre
programme d'excellence du porc canadien qui regroupe porcSALUBRITÉ,
porcBIEN-ÊTRE, porcTRACÉ? Alors, nous parler de ces programmes-là, s'il vous
plaît.
M. Roy (René) : Oui. Nous
avons... en tant que producteurs, on un cahier de charges qui comprend trois
piliers qui ne sont pas seulement niveau québécois, on l'applique au niveau
québécois, mais c'est au niveau canadien. Donc, tous les producteurs canadiens
sont sous ces sept égides-là de cahier de charges. Donc, le porcTRACÉ, c'est
vraiment la portion traçabilité de notre produit. Donc, le produit, le porc,
est tracé de sa naissance jusqu'à l'abattoir. Nous, on s'occupe de suivre l'animal
de toutes les étapes, puis c'est enregistré, c'est numérisé.
Ensuite, il y a porcSALUBRITÉ, qui est
toute la question de la salubrité pour les humains, puis que notre produit...
M. Roy (René) : ...soit de
très haute qualité, puis aussi qu'il soit... qu'il soit bon pour les produits,
l'exportation, puisque nous exportons plus de 70 % de nos produits à
travers le monde. Puis, une des raisons pourquoi on le fait, c'est parce que
notre produit est reconnu comme d'excellente qualité, puis on a accès à des
marchés de haute... à haute valeur ajoutée. Et finalement, le porc bien-être,
qui est lié avec le code de bonnes pratiques. Donc, on a un cahier de charges
sur les bonnes pratiques de bien-être animal à suivre. Puis ces trois piliers
là font notre programme de qualité en production porcine, et ça nous permet en
tant que producteurs d'avoir accès au marché. Si on est suivis par un
inspecteur qui vient inspecter sur notre ferme, un valideur, qu'on appelle, sur
notre ferme pour voir si on suit tous les cahiers de charges, si ce n'est pas
suivi correctement, le producteur doit apporter, le ou la productrice doit
apporter des mesures correctives. Et si ultimement... mais ça arrive très peu
parce que les... on veut bien faire, c'est ça, notre objectif, on veut réussir,
s'il y avait une problématique, l'éleveur ou l'éleveuse n'aurait plus accès au
marché. Il y aurait une suspension de la mise en marché de son produit.
Mme Poulet : Il me reste
encore du temps?
Le Président (M. Schneeberger) : D'autres
questions? Ça va?
Mme Poulet : J'ai-tu encore
du temps?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
oui.
Mme Poulet : Vous parlez de
valideur. Et le médecin vétérinaire en chef, il vient faire quoi, par rapport
à... avec versus le valideur? Et qu'est-ce que ça peut apporter, le bénéfice de
ce médecin en chef là, pour votre filière? Je m'excuse, mon inexpérience dans
le domaine, c'est tout nouveau pour moi. Peut-être juste m'expliquer, s'il vous
plaît.
M. Roy (René) : Sans
problème, sans problème. Dans le domaine... Dans le domaine animal, un vétérinaire
en chef viendrait nous aider à pouvoir coordonner... notamment, là, dans le
projet de loi présent, viendrait nous aider à pouvoir coordonner des actions en
cas d'urgence, notamment. Si une maladie qui aurait un impact important sur
notre industrie venait qu'à arriver, on a certains outils de mise en marché
qu'on peut mettre en place, nous, en tant qu'éleveurs, que la loi nous permet,
mais il y a d'autres outils qu'on n'a pas, puis que ce projet de loi nous
permettrait de pouvoir mettre en place. Par exemple, au niveau de... le
déplacement des animaux, avoir une suspension du déplacement des animaux au
niveau réglementaire, ça permettrait que les animaux ne bougent pas pour
justement éviter la propagation des maladies. C'est un cas précis, un exemple
précis où un vétérinaire en chef pourrait dire : J'allume l'interrupteur,
la lumière allume, il ne faut plus que ça bouge au Québec, au niveau du porc,
par exemple, pour éviter un cas suspect ou éradiquer une maladie spécifique.
Mme Poulet : O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va, Mme la députée de Laporte?
Mme Poulet : Oui, oui, oui.
C'est sécurisant.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
D'autres questions? Non. Ça va. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle avec le député de Pontiac pour 16 minutes 30 s.
M. Fortin :Merci, merci, M. le Président. Bonjour, bonjour à vous
deux. Merci d'être avec nous et de nous partager ce que... ce qui se passe dans
le monde des éleveurs de porcs, notamment au niveau de ce qui nous concerne
aujourd'hui, la protection sanitaire et tous les efforts que vous faites qui,
de toute évidence, sont louables et qui font en sorte que la qualité du porc,
au Québec, elle est sans contredit une des meilleures à travers le monde.
Vous l'avez mentionné, vous en avez fait
un élément central de votre présentation, de votre mémoire, et vous n'êtes pas
le seul groupe qui en a parlé d'ailleurs, la nécessité d'avoir une certaine
forme de compensation pour des mesures réglementaires introduites qui
viendraient affecter votre industrie et vos producteurs et vos éleveurs. Je me
pose la question : Si ça revient si souvent à travers les différents
mémoires qu'on a eus, est-ce que c'est parce que vous sentez qu'habituellement
cet accompagnement ou cette aide-là, lorsqu'une nouvelle réglementation,
qu'elle vienne du MAPAQ ou d'une autre instance gouvernementale, là,
lorsqu'elle est introduite, vous êtes un peu laissés à vous-mêmes?
• (15 h 40) •
M. Roy (René) : Merci, merci
pour la question. C'est une... Au niveau... Je vais faire un parallèle au
niveau canadien. S'il y a une maladie à déclaration obligatoire qui est
détectée dans une ferme, la ferme va...
M. Roy (René) : ...la ferme va
être suivie, va avoir une prise en charge par l'agence d'inspection des
aliments, puis les coûts liés à cette éradication-là, toute l'intervention qui
aurait lieu est supportée financièrement et compensée. Puis, une des raisons
principales, c'est que ça permet d'avoir des comportements qui encouragent...
encourager les bons comportements. Si ce n'est pas présent, premièrement, ça...
ça peut décourager les bons comportements, de un, et, de deux, ça l'amène
énormément d'incertitude dans le secteur, dans la façon que la prise en charge
va arriver. La COVID est un exemple concret si on fait un parallèle avec les
humains où... lorsque le gouvernement a dit : O.K., on voit la situation
d'urgence. Il y a une incertitude dans la population. Regardez, qu'est-ce qu'on
va faire pour s'assurer que vous ne tombez pas... vous ne tombez pas à rien,
vous ne tombez pas sans ressource. Voici ce qu'on va faire. On va supporter de
telle, telle, telle façon. C'est le même parallèle qu'on demande au niveau des
interventions pour éviter, justement, des problématiques qu'on veut... qu'en
tant qu'industrie on ne veut pas voir.
M. Fortin :Oui. Bien, vous faites bien de le demander parce que, vous
avez raison, là, s'il n'y a pas cette aide-là, on pourrait se trouver à
encourager, bien... bien malgré la bonne volonté de tout le monde, là, des
comportements qui ne sont pas idéaux. Alors, j'apprécie ce que vous...
M. Roy (René) : Si je peux me
permettre, je dirais, décourager des bons comportements.
M. Fortin :Voilà. Vous avez parlé de la... Dans votre point sur la...
cette forme de compensation là qui doit être... qui doit être faite, vous avez
parlé de l'accompagnement psychologique des éleveurs. Pouvez-vous peut-être
juste en dire un peu davantage? Parce qu'il y a la composante financière sur tout
ce qui doit être fait et... à la ferme pour des... d'élevage, mais vous avez
fait le lien un peu entre la compensation financière puis l'accompagnement
psychologique. Faites juste élaborer sur ce que vous cherchez, ce que vous
voulez.
M. Roy (René) : Dans un
contexte de support, on a parlé du support financier, mais il y a aussi un
support qui peut être psychologique. Lorsqu'on travaille énormément dans notre
entreprise, on y met notre cœur, on y met nos ressources financières, on y met
notre temps, on se dévoue à ça. Notre business, c'est... c'est que nos animaux
soient bien. Puis, du jour au lendemain, une maladie arrive, l'incertitude
arrive. C'est extrêmement déstabilisant. Puis on a vu des cas dans différents
domaines, notamment dans... lors du triste événement de l'encéphalopathie
spongiforme bovine, la vache folle, dans l'Ouest ou dans le Canada au complet,
où on... il y a eu des événements très malheureux. Puis ça nous a appris...
entre autres, c'est un des exemples, ça nous a appris qu'il faut aussi
supporter du côté psychologique puisque c'est extrêmement perturbant. Notre
business, c'est de... que nos animaux aillent bien, pas l'euthanasie. Puis
c'est extrêmement difficile pour... pour les éleveurs et les éleveuses de faire
face à une... à une situation comme celle-là. Donc, un support spécifique au
niveau psychologique doit être considéré.
M. Fortin :Bien, vous avez raison. Et d'ailleurs j'étais content
d'entendre le point un peu plus tôt ce matin qui a été fait, notamment en lien
avec des plus petites productions, à quel point ça peut être pesant parce qu'on
n'a pas... on manque d'aide à la ferme, mais également, psychologiquement, ça
peut être... ça peut être encore plus... encore plus prenant si on est habitués
de travailler seul, entre autres.
Je veux vous amener sur les
articles 22.1 à 22.6. Dans votre mémoire, vous parlez essentiellement de
la réglementation fédérale, de la Réglementation sur la santé des animaux et de
tout le travail qui doit déjà être fait pour déclarer les mouvements
d'expédition, de réception. Et là ce que vous demandez au gouvernement,
c'est... au gouvernement du Québec, c'est de s'assurer que déjà ce système-là,
il est reconnu puis qu'on ne revient pas en rajouter une couche. Alors, je me
permets, M. le Président, parce qu'on le fait depuis... depuis tantôt,
d'échanger... d'échanger avec le ministre, s'il le veut bien, peut-être, alors
qu'on a Les Éleveurs de porcs ici, là, qui font ce point-là... peut-être que
vous pouvez clarifier votre intention et peut-être rassurer des gens qui sont
ici en leur disant que ce n'est pas ça que vous allez faire, là, vous n'allez
pas rajouter une couche, vous allez reconnaître le système...
M. Fortin :...qui est déjà en place au fédéral.
M. Lamontagne : Bien,
c'est-à-dire...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
M. le ministre, juste... bien, je pense qu'il y a un consentement, étant donné
qu'on... il y a juste une personne. Alors, consentement pour prendre la parole,
M. le ministre.
M. Lamontagne : Oui, bien,
tantôt, j'ai expliqué, au niveau de la traçabilité, là, il faut... il faut que
ça soit bien, bien, bien clair, là, le système qui est en place, c'est un
système qui fonctionne bien, puis on n'a pas l'intention, il n'est pas dans l'intention
du ministère de venir en rajouter, si on veut. Mais de façon plus large, je
l'ai spécifié ce matin, d'entrée de jeu, puis je le répète encore, tu sais, ce
qui est cherché par le projet de loi, c'est d'amener de l'agilité, d'amener...
d'être... de pouvoir agir plus rapidement, mais la dernière intention, il y
a... je disais, donc, il y a... pas la dernière, il y a zéro intention de faire
en sorte que ça, ça se traduise par un fardeau administratif additionnel pour
les producteurs. On est très, très... On n'est pas là du tout, pas là du tout.
M. Fortin :Mais je vous entends de façon large, je pense, ici, ce
qu'on vient de dire, c'est qu'on veut que le système de traçabilité fédérale
soit reconnu dans...
M. Lamontagne : Oui, oui, c'est
ça, mais c'est ce que je dis, là, il n'y a pas... il n'y a pas de... Est-ce je
pourrais ajouter deux petits points?
M. Fortin :...bien sûr.
M. Lamontagne : Tantôt, on
parle de soutien, O.K., puis vraiment soutien psychologique, tu sais, il y a...
exemple ce qu'on a vécu, parce que M. Roy vient de la Beauce, on a vécu des
grandes difficultés dans le secteur porcin, puis, à un moment donné, on a
vraiment activé... on a eu la collaboration du ministère de la Santé, du CIUSSS
Chaudières-Appalaches, le MAPAQ. On a envoyé des fonds au cœur des familles
agricoles pour faire en sorte que tout ce monde-là puisse... puisse travailler
ensemble. Alors, il y a... c'est certain qu'au ministère on n'a pas... on n'a
pas les équipes, même si on a des... tous nos premiers répondants au ministère
ont tous suivi des formations avec l'Association québécoise de prévention du
suicide, on a plus que 250 employés qui ont suivi des formations, mais on
s'entend que les professionnels, c'est le ministère de la Santé, c'est Au coeur
de la famille agricole. Alors, il y a cette volonté-là, là, d'être au diapason
puis de... Tu sais, on était conscient que c'était difficile, ce qui se
passait. L'autre chose aussi, quand on parle d'accompagnement...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Lamontagne : Pardon?
Le Président (M. Schneeberger) : On
a 10 secondes...
M. Fortin :...il peut être sur mon temps, là.
Le Président (M. Schneeberger) : ...alors,
s'il y a consentement...
M. Lamontagne : Juste, tu
sais, quand on a eu la MDC, la maladie des...
Des voix : ...
M. Lamontagne : ...débilitante
du cervidé, bien, c'est sûr, l'ACIA dans les dépeuplements, et tout ça, bien,
ils viennent, ils ont des programmes, bien, on est arrivé avec un programme
complémentaire, là, pour venir accompagner l'action de l'ACIA parce qu'on a
plusieurs producteurs qui étaient vraiment impactés de façon importante du
point de vue financier. Alors, il y a cette volonté-là, là, d'agir en complémentarité,
là, avec l'ACIA dans ces dossiers-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le ministre.
M. Fortin :Ça va pour moi, je vous remercie. Allez-y, M. Roy, si vous
avez quelque chose à dire.
M. Roy (René) : Si je
pourrais ajouter deux points. Premièrement, on reconnaît... on reconnaît le
travail de collaboration, ce que M. le ministre a évoqué, là, dans le support
psychologique, pas seulement dans le support psychologique, là, mais dans
l'antibio... il y a un énorme travail de collaboration avec le gouvernement. On
est fiers de ce qu'on a... de ce qu'on accomplit, mais on l'accomplit en
collaboration avec... avec le gouvernement. Puis ça, on le reconnaît. Lorsqu'on
lit le texte de loi, on voulait porter à votre attention des points précis en
reconnaissant que la façon qu'on travaille aujourd'hui, c'est très bien, mais
que le texte ne rend pas justice à tous les aspects en hors législation qu'on
travaille, de un.
L'autre point que j'aimerais... si vous
aussi vous le permettez, j'aimerais souligner, on a entendu un petit peu plus
tôt, ça me... ça me touche, en tant que producteur, on a entendu plus tôt qu'il
y aurait la possibilité de fermer les fans pour... je vous... juste vous
assurer là-dessus, là, puis ce n'est pas un travail, seulement d'industries,
là, le gouvernement a participé, puis c'est... ce n'est pas considéré dans les
méthodes d'euthanasie, ni dans le code de bonnes pratiques qui est au cœur du
porc bien-être, du programme Porc bien-être, ni dans les intentions. On a
investi pour s'assurer d'avoir des méthodes de dépeuplement qui seraient
utilisables puis reconnues au niveau du bien-être, notamment en utilisant des
installations de... d'abattage qui existent déjà pour le dépeuplement. Puis on
a investi dans ça, le gouvernement avec l'industrie. Donc, je voudrais juste,
premièrement, rassurer et rétablir les faits. Je sais que certains députés au
comité l'ont fait, mais ça... en tant que producteur, ça... il y a des poils
qui ont grouillés un peu quand j'ai entendu ça.
• (15 h 50) •
M. Fortin :Mais vous faites bien de le faire, M. Roy, parce que ça
fait partie, ça... ce que vous venez de dire là, ça fait partie des raisons
pour lesquelles, je pense, énormément de Québécois sont... sont entre autres
fiers de l'industrie porcine au Québec, des façons qu'on... qu'on procède et de
tout...
M. Fortin :...importance de la santé et du bien-être animal
qu'accordent les producteurs à leur élevage. Alors, je vous félicite de le
dire. J'espère qu'au minimum la séance de cet après-midi aura permis de
rassurer certaines personnes qui étaient peut-être inquiètes sans juste raison
par rapport à ça.
M. Bertinotti (Raphaël) : Je
voudrais faire un complément de réponse par rapport à la question que vous avez
posée sur le soutien psychologique. Vous savez, pour limiter le besoin d'avoir
recours à du soutien psychologique, il faut... il faut limiter les
incertitudes. Puis, les incertitudes, elles sont de deux types, elles sont
financières puis sur ce qui va nous arriver. Quand on... je ne sais pas, quand
on a une maladie, quand nos animaux ont une maladie, bien, qu'est-ce qui va
m'arriver, donc il faut avoir une visibilité. Puis, j'ai entendu M. le
ministre, ce matin, a dit : Il fallait se... tu sais, c'était de l'agilité
puis pouvoir agir vite. Mais il faut aussi planifier, se préparer pour
justement que cette visibilité-là, elle soit possible puis elle soit transmise
et elle soit communiquée à nos producteurs pour qu'ils n'aient pas de doute sur
ce qui risque de leur arriver en cas de difficultés. Puis je pense que c'est à
ça qu'on travaille notamment... mais ça va être... c'est aussi important dans
les autres... dans plusieurs autres situations de crise, essayer d'anticiper
les scénarios et de s'y préparer adéquatement.
M. Fortin :Vous faites bien de le dire parce qu'on pense souvent que
la détresse de certains producteurs, elle vient au moment de l'incident ou de
la maladie ou peu importe, mais le stress de tout ça pèse bien lourd, bien
avant, pour un producteur qui peut-être est déjà dans une santé financière
précaire, peut-être, c'est... peut reconnaître l'impact que ça aurait sur sa...
sur sa production. Vous faites bien de le dire, que ce travail-là, il doit être
fait tout de suite en amont de situations comme celles-là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup. Alors, ce qui met fin pour cette journée, alors je vous
remercie pour votre contribution.
Alors, la commission ajourne ses travaux
au mardi 17 septembre à 9 h 45, où nous allons poursuivre
nos auditions particulières. Merci.
(Fin de la séance à 15 h 52)