Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, April 30, 2024
-
Vol. 47 N° 56
Special consultations and public hearings on Bill 57, an Act to enact the Act to protect elected officers and to facilitate the unhindered exercise of their functions and to amend various legislative provisions concerning municipal affairs
Aller directement au contenu du Journal des débats
9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante-deux minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bonjour à tous, bon matin. Alors, le... Ayant constaté le quorum, je déclare la
Commission de l'aménagement du territoire ouverte. Juste peut-être rappeler,
bien vérifier vos sonneries de cellulaire, étant donné que nous sommes beaucoup
de monde. Est-ce que...
La commission est réunie afin d'entreprendre
les consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 57,
Loi édictant la Loi visant à protéger les élus et favoriser l'exercice sans entraves
de leurs fonctions et modifiant diverses dispositions législatives concernant
le domaine municipal?
Est-ce que, M. le secrétaire, nous avons
des remplaçants ce matin?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Girard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Rivest (Côte-du-Sud) par M. Provençal (Beauce-Nord);
et M. Ciccone (Marquette) par...
Le Secrétaire : ...Lakhoyan
Olivier (Chomedey).
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup.
Le Secrétaire : Et
M. Fontecilla (Laurier-Dorion) par M. Grandmont (Taschereau).
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous débutons ce matin avec les remarques préliminaires et,
par la suite, nous allons voir les groupes : l'Union des municipalités du
Québec, que je salue immédiatement, la Fédération québécoise des municipalités
et la Ville de Québec. Alors, on a du temps disponible pour les remarques
préliminaires, et je commence par la ministre. C'est à vous.
Mme Laforest : Oui. Alors,
merci, M. le Président. Je suis très heureuse d'être ici avec mes collègues
pour ce nouveau projet de loi. Merci à vous tous d'être ici. Merci à l'équipe
des Affaires municipales. Également, merci à tous mes collègues de Mont-Royal
Outremont, Chomedey, Taschereau et les Îles-de-la-Madeleine. Salutations
également aux gens de l'UMQ, M. Damphousse, maire de Varennes, entre
autres, Julie Bourdon, mairesse de Granby.
C'est certain que le projet de loi
n° 57 est vraiment important. Il est étudié à presque six ans que je...
que je sois en poste aux Affaires municipales. C'est sûr que depuis six ans, ça
se passait très, très bien avec les municipalités. Il y a eu des situations
désagréables, il y a eu la pandémie, il y a eu plusieurs... plusieurs gestes ou
encore situations malheureuses dans certaines municipalités. On a travaillé
avec le projet de loi n° 49 pour donner plus de pouvoirs à la CMQ. Maintenant,
on arrive avec le projet de loi n° 57 pour la protection des élus. Mais,
dans le projet de loi, il y a une autre partie aussi, d'autres mesures
législatives pour les affaires municipales.
Donc, je suis quand même très heureuse. On
va essayer de bien le travailler ensemble. C'est un gros projet de loi. Comme
je le dis, là, il y a des trucs qui sont travaillés depuis quelques années.
Donc, on a essayé de... de rassembler tous les articles, là, pour la protection
des élus.
Maintenant, c'est bien parce qu'ici il y a
plusieurs anciens élus, donc plusieurs se sentent concernés, alors pour ce
projet de loi, mais ça devrait bien se passer. Alors, je vais laisser le temps
à mes collègues. Évidemment, je suis là plus pour écouter que de parler. Alors,
je suis à l'écoute présentement. Merci, tout le monde.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la ministre. Nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle. Et
j'entends la députée de Mont-Royal Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le Président.
Mais à mon tour de saluer tout le monde, tout le monde qui est présent. Merci,
Mme la ministre. Moi aussi, je suis à l'écoute. On va... on a reçu des mémoires
de qualité, on a plusieurs groupes à entendre. C'est un projet de loi très
important. D'ailleurs, merci à votre équipe pour le briefing technique qu'on
a... qu'on a reçu hier, qui était... qui était excellent.
Étant une... une ancienne élue municipale,
c'est un sujet qui me tient vraiment à cœur, le bien-être des élus municipaux.
Je connais toutes les responsabilités qu'elles... qu'ils portent, qu'ils et
elles portent sur leurs épaules, responsabilités grandissantes dans un contexte
qui est... qui est de plus en plus difficile à la lumière des... des
démissions, des nombreuses démissions dont on a... qu'on a... qu'on a apprises,
là, dans les dernières années. Et étant donné que la prochaine élection
municipale, c'est... c'est très bientôt, c'est en 2025, il faut... il faut
mettre en place les mesures pour assurer que notre démocratie municipale
continue de bien fonctionner, qu'on continue d'attirer et de retenir des
candidats. Des... des gens tellement bien intentionnés, il y en a partout dans
nos communautés, des gens qui veulent s'impliquer, qui ont... pour les bonnes
raisons pour faire... pour faire une différence dans leur communauté. Il ne
faut pas que ces personnes-là se sentent découragées, il faut qu'elles
continuent de... de vouloir s'investir et de s'investir.
Donc, honnêtement, je... je salue ce
projet de loi. Je sais qu'il aborde une variété de sujets, c'est un projet de
loi omnibus. Et vous pouvez compter sur notre collaboration à... à l'opposition
officielle. Je suis avec ma collègue de Chomedey, nous sommes à l'écoute, on va
travailler ensemble de façon constructive pour... pour bonifier ce projet de
loi, mais qui, à la base, est un... est une démarche positive. Donc, voilà.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition, et
j'entends le député de Taschereau pour 1 min 30 s.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, salutations, Mme la ministre, aux collègues
de la partie gouvernementale, même chose, collègue de l'opposition.
C'est un enjeu sur lequel on a évidemment
les yeux tournés depuis assez longtemps maintenant, ça se compte en mois. On a
eu des articles qui montraient que le nombre de démissions chez les élus
municipaux était important. Moi, je pense qu'il y a un enjeu très grand au
niveau de la... de la vie démocratique municipale, nos gouvernements de
proximité, c'est important d'y travailler, c'est important d'y voir. Les
raisons de ces démissions là, à force d'éplucher le dossier, sont multiples.
Oui, il y a les incivilités, il y a le harcèlement, des agressions même, et il
faut y voir. Mon objectif à travers ça, ça va être... et ce qui va me guider
dans mes interventions, ça va être de trouver en même temps qu'on protège nos
élus, parce qu'on doit le faire, de trouver des mécanismes pour s'assurer de
maintenir la liberté d'expression aussi des citoyens et des citoyennes à
travers tout ça. Pour moi, c'est un enjeu tout aussi important, et il ne faut
pas le négliger. L'un... l'un et l'autre ne doivent pas se...
M. Grandmont : ...s'opposer,
l'un et l'autre sont aussi importants, et on doit les protéger à travers le
travail qu'on fait comme législateurs. Évidemment aussi, les démissions, ce
n'est pas que ça, comme je l'ai dit, c'est aussi causé par des surcharges de
travail, des conditions de rémunération, et j'entends par là, très largement,
aussi les conditions de conciliation travail-famille, qui sont difficiles pour
les élus municipaux. Ils sont difficiles à l'Assemblée nationale, donc imaginez
aussi aux municipales. Donc, là aussi, je serais très heureux d'entendre des
gens sur cet enjeu-là qui est aussi important. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, on... Selon mes informations, je comprends qu'il y a
consentement pour que le député des Îles-de-la-Madeleine puisse faire aussi ses
remarques préliminaires. Vous avez une minute. Consentement? Bien sûr, oui.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Je salue évidemment tous les membres de la commission, en
commençant par la ministre qui célèbre aujourd'hui son anniversaire de
naissance. Alors, c'est un beau cadeau que vous nous faites de déposer un
projet de loi aujourd'hui. Et plus sérieusement, évidemment, nous allons
étudier ça avec sérieux et en mode collaboratif. On ne peut pas évidemment être
contre la protection des élus et vouloir favoriser l'exercice de leurs
fonctions sans entraves, mais il faut trouver le point d'équilibre entre,
justement, les mesures de protection et également la protection du droit à la
libre expression de la part, évidemment, des citoyens et des organismes. Donc,
ce sera ma préoccupation. Même chose pour la question, là, des différentes...
des différents articles qui touchent aux pouvoirs du ministère par rapport aux
pouvoirs, et à l'autonomie, et aux responsabilités du milieu municipal. Encore
une fois, ma préoccupation, ce sera de maintenir l'équilibre. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous débutons maintenant par nos premiers groupes ce matin.
Alors, je resalue les membres de l'UMQ. Alors, je vais faire la présentation.
Nous avons Martin Damphousse, président et maire de Varennes, Mme Julie
Bourdon, trésorière et présidente du comité sur la démocratie municipale et
mairesse de Granby, et Mme Marie-Dominique Giguère, gestionnaire de projets.
Alors, vous avez 10 minutes pour faire votre présentation et, par la
suite, nous allons procéder à une période d'échange avec les élus. C'est à
vous.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
Mme la ministre des Affaires municipales, Andrée, joyeux anniversaire! C'est à
mon tour. M. le Président de la commission, Mesdames messieurs les membres de
la commission, je vous remercie de nous donner l'occasion aujourd'hui de vous
faire part de nos commentaires sur le projet de loi n° 57 portant sur la
protection et sur la valorisation des élus. Je suis accompagné aujourd'hui de
Mme Julie Bourdon, trésorière de l'UMQ, présidente du comité de la démocratie
municipale et mairesse de Granby, ainsi que de Mme Marie-Dominique Giguère,
gestionnaire du projet à l'UMQ.
• (10 heures) •
L'UMQ tient d'abord à saluer la volonté du
gouvernement et, bien sûr, Mme la ministre, dans un délai si rapide,
d'améliorer la protection des élus municipaux dans l'exercice de leurs
fonctions. L'union accueille également très favorablement l'ajout d'outils pour
favoriser la démocratie municipale ainsi que les mesures pour faciliter la
conciliation entre la fonction d'élu et la vie personnelle.
Le projet de loi présente plusieurs
éléments que nous souhaitons souligner, notamment de nombreuses avancées
significatives pour favoriser la participation électorale. De plus, il offre la
possibilité aux municipalités d'exiger une contrepartie financière destinée aux
logements à but non lucratif dans le cadre de règlements de zonage incitatifs,
ce qui constitue une mesure louable.
Le milieu municipal est plus mobilisé que
jamais à trouver des solutions aux défis actuels auxquels il fait face et
apprécie la collaboration du gouvernement provincial et de sa ministre. Avec ce
projet de loi, des avancées significatives sont réalisées. Les réflexions se
poursuivront et d'autres pistes de solutions continueront d'émerger.
Afin d'avoir un portrait juste de la
situation actuelle, l'UMQ a mené un sondage avec la firme Léger & Léger
auprès des 1 380 élus municipaux des quatre coins du Québec. Nous
tenons à partager quelques chiffres aujourd'hui avec vous. Une donnée
d'importance à souligner, que 96 % des élus municipaux estiment qu'ils ont
un impact significatif sur la société ou leur communauté. Cette donnée démontre
la solidarité et la motivation derrière leur engagement politique. Toutefois,
selon le même sondage, 46 % des élus ont signalé avoir été confrontés à de
l'intimidation et des menaces, 36 % ont déclaré avoir été victimes de
harcèlement. Et les femmes élues...
10 h (version non révisée)
M. Damphousse (Martin) : ...sont
plus fréquemment victime d'intimidation et de menaces que les hommes, 53
comparativement à 42. À la lumière de ces chiffres, l'UMQ accueille
favorablement la position d'une nouvelle amende pour les personnes qui
menacent, intimident ou harcèlent les élus. Nous recommandons même de
simplifier le fardeau de la preuve pour faciliter son application. De plus, l'UMQ
salue le processus facilité pour l'obtention de certains types d'injonction et
propose d'y inclure également, et c'est important pour nous, les injonctions
permettant de lever l'anonymat des harceleurs dans le cyberespace.
Ces nouvelles mesures de protection, soit
l'accès facilité à des injonctions et les amendes pour harcèlement, menaces et
intimidations, devraient aussi couvrir certains hauts fonctionnaires, la
famille d'un membre du conseil et le personnel de cabinet, considérant la
proximité avec les personnes élues. L'Union tient à souligner l'importance de
ces mesures visant à protéger les élus dans des situations inacceptables, tout
en précisant qu'il n'y a aucune intention de restreindre les échanges sains
avec les citoyens.
Selon le sondage Léger UMQ, 11 % des
élus ont été victimes de divulgation malveillante de leurs informations
personnelles. En matière de protection des données personnelles, une approche
préventive demeure préférable. À cet égard, la nouvelle mesure visant à
protéger les adresses des candidats et élus dans les déclarations de
candidature est la bienvenue. Par ailleurs, l'UMQ recommande également d'inclure
dans le projet de loi la protection des données personnelles des élus dans le
registre des donateurs d'Élections Québec, comme cela est le cas pour les élus
provinciaux.
Enfin, l'UMQ propose une modification au
code d'éthique et de déontologie des élus municipaux visant à interdire un élu
de divulguer publiquement le dépôt d'une plainte auprès de la Commission
municipale du Québec contre un autre élu avant le résultat de l'enquête,
permettant ainsi d'éviter l'utilisation de ces informations, malheureusement, à
des fins politiques. Maintenant, je tiens à passer la parole à Mme Julie
Bourdon.
Mme Bourdon (Julie) : Donc,
merci beaucoup, M. le Président, Mme la ministre, M. le Président de la
commission, Mesdames et Messieurs les membres de la commission. Les défis liés
à la conciliation avec la fonction d'élu et la vie personnelle sont nombreux et
peuvent constituer une barrière à l'implication politique. L'une des avancées
importantes dans le projet de loi n° 57 est l'ajout de la possibilité de
participer aux séances du conseil à distance, et ce, dans certaines situations
exceptionnelles. Par exemple, après la naissance ou l'adoption d'un enfant, un
élu pourrait participer à distance durant la première année.
L'Union réitère qu'il s'agit de mesures
exceptionnelles, que les séances de conseil sont des moments précieux d'échanges
directs avec les citoyens. Toutes les municipalités du Québec devront donc être
prêtes à tenir des séances hybrides, ce qui peut représenter un défi logistique
et des équipements distincts de la tenue de la séance entièrement à distance.
Donc, pour faciliter cette transition, on recommande à l'UMQ de mettre en place
des mesures financières dès l'adoption du projet de loi afin d'accompagner les
municipalités dans l'adaptation aux séances du conseil hybrides.
L'UMQ recommande également de prolonger
les délais d'application pour la participation à distance aux séances du
conseil. Les municipalités devront disposer du temps nécessaire pour se doter
des équipements requis et pour respecter leur processus d'approvisionnement. De
plus, le projet de loi accorde à la ministre un nouveau pouvoir, celui de
déterminer les formations obligatoires pour les élus municipaux. L'UMQ est d'avis
que les élus sont les mieux placés pour identifier leurs besoins en formation,
en tenant compte des particularités de leurs municipalités, des instances où
ils siègent, ainsi que de leurs compétences antérieures. L'union précise que l'accès
à la formation ne devrait pas être politisé, que toutes les municipalités
devraient disposer d'un mécanisme impartial pour financer la formation continue
des personnes élues. En ce sens, l'UMQ recommande la création d'un fonds dédié
dans toutes les municipalités, sans qu'une résolution soit nécessaire pour
suivre les formations.
Enfin, l'UMQ préconise de limiter l'application
de la mesure qui interdit à un élu de cumuler un poste d'officier dans une
autre municipalité, au cas où ce cumul s'effectue au sein même de la même MRC.
En pratique, les probabilités qu'une décision prise dans une municipalité ait
des répercussions sur une autre MRC demeurent minimes. Donc, nous sommes
maintenant disponibles à répondre à vos questions, et un grand merci pour votre
attention.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter une période...
Le Président (M. Schneeberger) : ...d'écharge
avec la ministre pour un maximum de 16minutes 30.
Mme Laforest : Oui, alors,
merci M. le Président. Ma première question est évidemment la question au
niveau des répercussions sur l'expression des opinions publiques des citoyens,
quand on a déposé le projet de loi n° 57, certains citoyens étaient inquiets
par rapport à la possibilité de poser des questions dans les séances du conseil
municipal. Puis c'est sûr que le projet de loi, au niveau de la protection des
élus, on est toujours dans une mesure, si je peux le dire, de gestes abusifs ou
de propos abusifs. Maintenant, j'aimerais vous entendre par rapport aux gens
qui ont dit que le projet de loi empêcherait certains citoyens de se prononcer.
M. Damphousse (Martin) : Bien,
honnêtement, je suis convaincu que Julie aura des commentaires là-dessus, parce
qu'elle y a travaillé fort dans les derniers mois, mais honnêtement, jamais il
n'a été question de la part de l'UMQ puis de la part d'aucun élu de restreindre
la période de questions d'aucune façon. Il faudra peut-être trouver un
mécanisme pour le réglementer, puis ça, ça fait partie des échanges qu'on a parce
qu'il y a des endroits, puis l'exemple de Varennes est bien simple, première
période, 15 minutes; deuxième période, en fin de réunion, 30 minutes
chronométrées. Il y en a d'autres où ils n'ont pas de temps limite. Puis, quand
ça prend quatre heures, on comprend qu'il y a peut-être un peu d'abus, surtout
que les données sont claires. Il y a très peu de gens qui monopolisent
85 % de l'ensemble des questions. Puis à Varennes, il y a deux personnes,
puis c'est un bel exemple qui monopolise 85 % des questions.
Donc, est-ce qu'on restreint réellement le
droit de parole à la population? Assurément pas, Mme la ministre, mais Julie a
sûrement un commentaire additionnel.
Mme Bourdon (Julie) : Oui, si
je peux me permettre. L'objectif est toujours de maintenir un certain décorum
dans nos instances municipales et que les échanges se passent avec respect.
C'est certain, on a vu dans ce sondage, également, dans l'ensemble des
personnes qui ont répondu, 86 % des gens nous ont dit que c'était toujours
les mêmes personnes qui revenaient au micro et qu'il y avait des enjeux tout le
temps sur les mêmes enjeux. Ce qu'on souhaite, c'est maintenir une santé
démocratique et justement qu'il y ait des citoyens qui viennent poser des
questions, qu'ils ne se sentent pas mal à l'aise, parce qu'il y a un ou deux
individus qui peut accaparer l'ensemble de la période de questions.
Concernant ce que mon collègue a mentionné
par rapport aux différentes séances publiques, ce qu'on est en train de faire,
ce qu'on peut train de regarder, avec l'ensemble de nos municipalités au
Québec, on est en train de regarder comment se passe l'ensemble des séances
publiques, quelles sont les règles qui sont mises en place, y a-tu une
question à cinq minutes, à trois minutes, pas de limite pour la période des
questions, et on reviendra si jamais il y a des souhaits de changement à faire
à ce moment-là.
• (10 h 10) •
Mme Laforest : D'accord,
merci. Dans votre mémoire, vous proposez de limiter la participation des
personnes qui n'ont aucun lien avec la municipalité aux périodes de questions
du conseil. J'aimerais savoir comment on pourrait exiger que ce soit seulement
les citoyens de la ville, vraiment, qui puissent poser des questions.
M. Damphousse (Martin) : Bien,
honnêtement, je ne sais pas comment ça se passe partout, mais, encore une fois,
je ramène très souvent un exemple très personnel. Je suis maire depuis 15 ans.
Quand une personne s'adresse à nous, on lui demande de s'identifier. Bon, ceux
qui sont nos habitués, on sait qu'ils habitent vraiment Varennes. Mais dans
l'éventualité où il y a un nouveau personnage qui arrive, on ne le connaît pas
du tout, mais on lui demande de s'identifier et de nous donner son adresse.
Donc, s'il n'est pas varennois dans un contexte varennois, et il n'aurait même
pas d'entreprise à Varennes, il n'aurait pas d'actif à Varennes, honnêtement,
il est mieux d'avoir une question très courte et très simple, parce que,
sincèrement, c'est le conseil de ville de la ville pour des enjeux municipaux.
Et, encore une fois, ce n'est pas dans un but de l'empêcher de parler, il
pourra revenir nous voir n'importe quand après la séance, mais c'est la séance
du conseil de la ville de Varennes.
Mme Laforest : D'accord. Au
niveau de la régie interne, parce que dans le projet de loi, on veut exiger que
toutes les municipalités puissent se doter d'une régie interne dès le début des
élections municipales, est-ce que vous avez le nombre de municipalités ou de
membres qui ont leur régie interne?
M. Damphousse (Martin) : Moi,
c'est une donnée que je n'ai pas. Selon moi, il y en a beaucoup, mais le
pourcentage, on ne l'a pas, on pourra vous revenir si on est capable de
l'avoir. Mais, je vous dirais combien ont, parce qu'il y a une sous-question à
ça que je vous pose, combien avons... de villes et de municipalités qui ont des
régies internes et qui les respectent? Parce que, très souvent, ce que
j'observe, c'est qu'il y a des temps, Julie en a parlé, des temps de préambule
avant la question. Il y en a qu' il n'y a pas de latitude, puis il y en a qui
ont un préambule. On veut que ce soit un préambule court. On veut arriver à...
M. Damphousse (Martin) : ...rapidement,
mais quand il y a des règles qui existent avec un préambule donné de
30 secondes, d'une minute, juste pour positionner la question, puis que
les gens ne font pas respecter ça à travers leurs règles qui existent déjà, et
là on prend le fameux quatre heures de tantôt, bien là, il faut s'assurer
de bien cadrer puis de respecter nos propres règles. Ça facilite assurément.
Mme Laforest : O.K. On parle
de l'obligation de suivre... de se doter d'une régie interne, on dit également
l'obligation de formation des élus municipaux. J'ai... en fait, j'ai deux
sous-questions. Formation avant les élections et formation après les élections,
quel genre de formation vous voyez et qui pourrait offrir ces formations-là?
Puis est-ce que la formation devrait être la même partout au Québec?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
une chose est sûre... Julie, qui est dans le dossier, aura son opinion, puis la
mienne, elle n'est pas clairement tranchée parce qu'elle n'est pas aussi simple
à répondre, parce qu'il y a des municipalités où il y a beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'élus pour plusieurs sièges. Est-ce qu'il faut l'imposer à tous ces
candidats-là? Ce serait une bonne chose. Puis c'était préférable pour moi
lorsque t'as gagné ton siège. Mais là, comprendre bien ton rôle, c'est plus
important. Mais encore là, c'est probablement aussi important avant. Est-ce que
les gens vont le faire avec le sérieux nécessaire? J'aimerais y croire, mais
c'est vraiment... pour moi, c'est difficile de savoir quelle est la meilleure
ligne pour s'assurer que les gens soient le mieux équipés possible le jour où
ils deviennent élus. Julie.
Mme Bourdon (Julie) : Peut-être
juste rapidement, si je peux me permettre, au niveau de la formation pré
électorale, l'objectif, ce n'était pas nécessairement de la rendre obligatoire,
mais d'en avoir une, parce que plusieurs personnes élues nous ont dit :
Mon Dieu, ce n'est pas ça qu'on s'attendait, d'être élu. Donc, un peu comme les
agents officiels qui doivent avoir une formation de... les candidats puissent
avoir une formation.
Pour la suite, les types de formations qui
pourraient arriver par la suite, ce qu'on dit, c'est : Est-ce qu'il
pourrait avoir, oui, peut-être un nombre d'heures de formation obligatoires ou
le budget qui soit déterminé? Parce que, présentement, par exemple, un élu de
l'opposition qui voudrait avoir accès à une formation, bien, il faut que ça soit
voté en conseil municipal, il ne peut peut-être pas avoir accès à cette
formation-là. Donc on trouve ça important, oui, de former les élus, mais former
les élus selon chacun leurs besoins. Il y en a des fois qu'ils sont
spécialistes en urbanisme, ils ont besoin d'une formation d'urbanisme. Il y en
a qui arrivent, qui sont gestionnaires, qui sont spécialistes en ressources
humaines. Donc, on veut y aller selon les besoins des élus municipaux.
Mme Laforest : O.K., merci.
Au niveau du zonage incitatif, vous savez, là, maintenant que, dans le projet
de loi, on va encourager les municipalités, si je peux dire, à augmenter ou
densifier leurs projets en habitation, quand ça concerne du logement social, du
logement abordable. Est-ce que vous êtes en mesure de dire : Oui, on est
prêts, puis on est prêts dès demain matin à fonctionner avec cette mesure-là,
si elle est adoptée dans le projet de loi?
M. Damphousse (Martin) : J'ai
un commentaire très rapide, puis je vais laisser encore une fois Julie donner
ses impressions aussi. On entend beaucoup parler de densification depuis
plusieurs années. Plus on est près des grands centres, plus on en entend parler
et plus c'est naturel. Ce que j'ai surtout entendu, Mme la ministre, à travers
ma grande tournée de toutes les régions du Québec, c'est qu'il y a une crainte
d'appliquer le modèle de densification identique à tout le monde, puis on sait
que ça ne peut pas se faire. Il y a des régions moins densifiées naturellement,
avec de très grands territoires. On ne peut pas leur imposer un 10 étages
dans une construction, ça ne cadre tout simplement pas. Mais à partir du moment
où on respecte une logique en fonction des régions, en fonction des secteurs
qui sont déjà densifiés, vous le savez, on est favorables à la densification,
surtout dans un contexte de protection du territoire agricole. À une autre
époque, Varennes a grandi dans les terres agricoles, comme beaucoup de
municipalités. Il faut stopper ça, on est d'accord, mais il faut l'amener avec
une forme d'intelligence et de respect de chacune des régions.
Mme Laforest : Puis
croyez-vous que les promoteurs sont prêts? Nous, ce qu'on entend, c'est que les
promoteurs sont favorables. Mais vous, de votre côté, est-ce que vous voyez...
vous avez entendu des promoteurs qui sont très à l'aise avec cette mesure-là si
on l'applique?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
surtout.
Mme Laforest : Je sais qu'à
Longueuil ils très favorables, mais en général, vos membres?
M. Damphousse (Martin) : Non,
mais, honnêtement, je ne connais pas de promoteur qui ne souhaiterait pas
rajouter un étage ou deux étages s'il est capable de le faire.
Mme Laforest : En
contrepartie, de donner un montant, là, vous savez.
M. Damphousse (Martin) : J'en
connais beaucoup qui seraient très favorables.
Mme Laforest : O.K., merci.
Je ne sais pas s'il reste du temps, mais j'avais une question. Les pôles
dédiés...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Laforest : Pardon?
Le Président (M. Schneeberger) : Il
reste sept minutes.
Mme Laforest : O.K. Les pôles
dédiés dans toutes les municipalités, Mme la Mairesse, qu'est-ce que...
voulez-vous m'expliquez comment ça pourrait fonctionner?
Mme Bourdon (Julie) : Les pôles
dédiés à quel...
Mme Laforest : Vous avez...
Au niveau du fonctionnement du conseil municipal, ça prendrait des pôles dédiés
dans toutes les municipalités?
Mme Bourdon (Julie) : Pour
venir soutenir les élus?
Mme Laforest : Oui.
Mme Bourdon (Julie) : Oui. En
fait, bien, ce qu'on a vu, c'est dire comment on peut soutenir, des fois, les
élus des plus petites municipalités...
Mme Bourdon (Julie) : ...municipalités
et tout, donc d'avoir un lien qui puisse les soutenir au niveau du MAMH, avoir
du référencement puis peut-être d'avoir une forme aussi de soutien, de
mentorat. Bien entendu, il y a aussi tout l'aspect des cabinets politiques. On
veut aussi travailler dans les... pour... pour les municipalités. Une chose qui
est certaine, c'est que les municipalités en bas de 100 000 habitants
n'ont pas accès à avoir des cabinets politiques. Puis on sait que les
municipalités, bon, possiblement en haut de 20 000, ça grossit, il y a
plusieurs responsabilités, et tout et ils ont besoin de soutien. Donc, de là
d'avoir la possibilité de mettre en place des cabinets politiques, c'est
certain que c'est une mesure qu'on souhaiterait voir atterrir et qu'on a
déjà... déjà discutée, d'ailleurs, là.
Mme Laforest : J'ai une
question rapide. Rapidement, vous avez mentionné que les plaintes qui sont
portées à la CMQ ne devraient pas être publiques.
Mme Bourdon (Julie) : En
fait, les plaintes, par exemple, si un élu d'un conseil municipal fait une
plainte contre un autre élu, c'est à ce moment-là qu'on ne souhaite pas qu'elle
soit publique au moment où elle est déposée, parce qu'on ne veut pas politiser
les plaintes, on ne veut pas que ça soit utilisé comme un instrument politique.
Donc, oui, les élus, entre eux, s'ils souhaitent faire des plaintes, il y aura
un processus qui est mis en place par la CMQ, qui sera étudié, mais on ne
souhaite pas politiser. Donc, en rendant publique, en rendant médiatique, c'est
devenu un instrument dans certaines municipalités où des élus déposaient des
plaintes, sortaient dans les médias et que, finalement, les plaintes ne
donnaient rien. Donc, c'était juste dans cet objectif-là.
M. Damphousse (Martin) : Si
je peux me permettre, Mme la ministre, sur ce sujet-là, on s'en va en
élections, vous le savez, imaginons que, deux mois avant la date de l'élection,
il y a deux candidats, selon les sondages, c'est serré, et l'un décide de... un
des deux candidats décide de déposer une plainte futile, qui n'existe pas.
C'est juste, là, pour laisser croire qu'il y a bel et bien une plainte, mais
elle n'est pas fondée, elle n'a aucune valeur. Et imaginez, elle laisse
sous-entendre qu'il y a une plainte contre tel autre candidat. Ce n'est pas
vrai, c'est juste dans le but de créer une jambette politique. Ça, honnêtement,
c'est très malsain de faire ça. Ça fait qu'à partir du moment où il y a un
jugement, bien là, attention, il y a un jugement, c'est tout à fait normal que
ça devienne public, mais c'est parce qu'on ne veut pas que des gens s'amusent à
se lancer des plaintes puis que ça sorte tout croche. Malheureusement, ça peut
faire très mal, puis c'est... c'est mal vu.
Mme Laforest : O.K., j'ai
d'autres questions, mais je crois que mon collègue de Beauce voudrait poser des
questions. Allez-y...
M. Poulin : ...
• (10 h 20) •
Mme Laforest : Ah! allez-y.
Non, mais j'en ai d'autres, puis je ne veux pas...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci, M. le
Président. Bonjour, merci d'être là. Vous avez soulevé différents points. Je
veux revenir sur l'intimidation, les difficultés entre élus. France Bélisle,
lors de son départ de la vie politique, a bien indiqué, également, le fait que
les tensions au conseil municipal ont également fait partie de sa réflexion. On
a vu différents épisodes de difficultés entre élus, notamment à la ville de
Québec. Est-ce que les élus sont, selon vous, assez préparés à cette difficulté
de joute politique, à cette difficulté lors de l'adoption de certains budgets,
qui devient très, très acrimonieuse, même entre élus, au conseil municipal?
Est-ce qu'ils sont, selon vous, suffisamment préparés?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
c'est une bonne question. Honnêtement, je pense que oui, mais, malheureusement,
la guerre politique, ou la joute... je vais utiliser le mot «joute», c'est plus
délicat... la joute politique que vous vivez quotidiennement, qu'on vit dans
des conseils davantage avec une opposition organisée, structurée, ça fait
partie de la politique. Honnêtement, je ne peux pas imaginer qu'avec une
meilleure formation ça n'existerait pas. Puis on le voit au fédéral puis on le
voit à peu près dans tous les pays, partout dans le monde. Donc, je ne pense
pas qu'avec une formation améliorée cette joute politique là n'aurait pas lieu
d'être. Mais, en même temps, les villes que vous avez mentionnées... bon, je
pourrais rajouter Trois-Rivières, Saguenay, Sherbrooke... il n'y en a pas tant
que ça, sauf que, quand on en entend parler, on a vraiment l'impression que
c'est généralisé, et ce n'est pas le cas, dans la très grande majorité des cas.
Même s'il y a de l'opposition ou des candidats indépendants, ça se passe très
bien.
M. Poulin : Vous avez tenu,
dans votre mémoire, puis vous l'avez mentionné ici au micro, je suis un homme
et je suis un homme féministe qui croit à l'égalité entre les hommes et les
femmes, mais vous avez tenu quand même à mentionner que les femmes étaient plus
souvent victimes d'intimidation. C'est important de le dire, c'est important de
le mentionner. Je veux saluer le fait que vous preniez le temps de le dire
parce qu'il pourrait être vrai, il est vrai que ça arrive trop souvent. Est-ce
que vous avez une explication? Et qu'est ce que les femmes qui sont membres de
l'UMQ vous disent le plus souvent?
M. Damphousse (Martin) : Ouf.
Est-ce que j'ai une explication? C'est un constat que je fais. Les motifs
derrière ça...
M. Damphousse (Martin) : ...je
vais les garder personnels parce qu'au fond je ne suis pas sûr qu'ils méritent
d'être... Je ne suis pas assez sûr de ce que j'avancerais, mais c'est un réel
constat. La réalité, c'est que, je le dis depuis tantôt, je suis maire depuis
15 ans, jamais on ne s'est attaqué à moi face à mon habillement, ma
coiffure, mon maquillage, mes souliers et mes enfants, mais il y a des femmes
où on dirait qu'on cherche à les atteindre plus facilement, ça fait qu'on va
être plus vicieux. La joute politique sera plus, à mon avis, malhonnête, puis
on va aller jouer là-dedans parce qu'on sait que ça fait mal. Je ne connais pas
une femme, quand on va lui parler de son habillement, son maquillage, ou peu
importe, que ça ne dérangera pas. Mais ça, honnêtement, je trouve que ça arrive
trop souvent, qu'on dépasse la limite de l'inacceptable. Donc, si ce projet de
loi là peut aider... Parce que, je le répète sur toutes les tribunes, puis je
suis content que vous ayez entendu mes propos, puis je l'ai répété très
souvent, je souhaite qu'on ait plus de femmes, parce que ça va bien, mais on
mérite d'en avoir davantage, et d'avoir de jeunes femmes comme Isabelle
Lessard, à Chapais. Malheureusement, son contexte de feu de forêt a été trop
pour elle, mais, quand elle était autour du conseil d'administration de l'UMQ,
là, c'est un ajout exceptionnel. Ça faisait du bien d'entendre des propos d'une
jeune femme. Donc, il faut aider à ce que la démocratie puisse protéger
davantage les femmes pour que ces stupidités-là ne puissent pas exister.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Poulin : Puis je vous
dis... Pardon?
Le Président (M. Schneeberger) : 10 secondes.
M. Poulin : Puis je vous
dirais que ça touche également les élues provinciales, malheureusement, où des
femmes se sont fait critiquer encore récemment parce qu'elles étaient
malheureusement des femmes, on a l'impression. Merci.
M. Damphousse (Martin) : Je
suis convaincu de... J'en ai la certitude.
M. Poulin : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle et
j'entends la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci. Merci à
vous trois. Merci pour le mémoire, merci pour la présentation. J'ai des
questions, mais, je pense, c'est important pour... de notre part aussi, de
faire l'énoncé suivant, là. Je pense, ce n'est pas l'intention de qui que ce
soit de restreindre la liberté d'expression des citoyens. Puis, tout au long
des consultations puis de l'étude détaillée, on va... on va s'assurer
d'examiner le libellé attentivement pour être sûrs que d'aucune façon ce
soit... ce soit... que ce soit l'intention du législateur et que le législateur
soit en train... de restreindre de quelque façon que ce soit. Parce qu'on
s'entend que les citoyens ont droit et doivent venir interpeller, interroger
les élus, questionner, faire valoir leurs revendications, leurs doléances à la
période de questions ou autrement et ils peuvent exprimer leurs désaccords avec
des positions politiques. Vous l'avez mentionné, Mme Bourdon, c'est... ça doit
se faire dans le respect, tout ça. On va... On va garder ça à l'esprit, là,
pour être sûrs que le... être certain que le projet de loi ne vienne pas du
tout brimer la liberté d'expression.
J'aimerais revenir sur... Vous avez fait
un sondage auprès de vos membres, auprès des élus et vous... il y a... vous
avez tiré différents constats. Moi, je le... je le simplifierais de la façon
suivante. Le climat est devenu difficile pour l'élu vis-à-vis la population,
même entre élus, le... mon collègue en a fait mention, entre élus, ça devient difficile
aussi, ça devient difficile aussi par rapport aux médias sociaux. Ma question
est la suivante : Est-ce que le projet de loi vient répondre à l'ensemble
de ces préoccupations-là, est-ce qu'il y a une zone d'ombre, est-ce qu'il y a
un élément qui n'a pas été traité? Là, je regarde. Tout à l'heure, on a
beaucoup parlé de la période de questions, mais ce n'est pas juste à la période
des questions locales, là, que les problèmes se manifestent, puis on a des
dispositions précises, là, sur le désordre et tout, sur la... mais... Mais donc
ma question, c'est : Le sondage a révélé quoi de... de... de plus précis?
Est-ce qu'on... Est-ce qu'on vient en traiter convenablement dans le projet de
loi?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
en fait, ce que je réalise, c'est que le sondage, qui a été très utile, vient
légitimer le projet de loi. En fait, est-ce que ce projet de loi là réglera
tout? J'aimerais sincèrement vous dire oui, mais ne soyons pas naïfs, là, c'est
impossible. Mais c'est assurément une pierre angulaire exceptionnelle, pour
faire en sorte que le portrait et la perception du portrait des élus municipaux
soient un peu moroses parce que... Malheureusement, quand une France Bélisle
quitte, bien, on en parle pendant une semaine de temps, mais c'est une élue. Je
comprends que ça fait beaucoup de bruit, mais la réalité, c'est que ça va très
bien dans bien des conseils. Ça fait que ça va nous donner probablement la
possibilité de renverser la vapeur dans un climat plus positif grâce à ce
projet de loi là pour nous permettre que, la prochaine année et demie, vous en
avez parlé tantôt, ça sera à notre tour de retourner aux élections. Plusieurs
veulent y aller. Donc, ça va être très aidant. Mais, par rapport aux périodes
de questions, sans vouloir aller trop là-dedans, ce que je réalise, c'est qu'il
y a eu une évolution importante de télédiffuser les séances du conseil. À
Varennes, ça l'est, puis de plus en plus, les grandes villes, c'est rendu...
M. Damphousse (Martin) : ...le
YouTube est facilitant, le Facebook live est facilitant. Mais, quand on observe
ça, le constat que je fais, c'est que les gens n'ont pas d'intérêt, puis on le
voit par les gens qui restent accrochés, là. Quand c'est les périodes des
résolutions, c'est un peu plate, les gens n'écoutent plus. Quand il y a une
période de questions au début, oh, là on est accroché, parce que monsieur ou
madame qui fait le show va être là. Et, à la fin, donc, les 85 % des gens,
que c'est toujours les mêmes qui viennent faire le spectacle, mais il y a, des
fois, il y a des spectacles qui débordent, et c'est là où on est rendu comme
des situations à Saint-Constant, où là il y a des jugements contre un citoyen.
On dit: Là, tu ne peux plus y aller, mais ça a dégénéré pendant des années. Et
le harcèlement au niveau des médias, quand tu envoies 20 courriels par jour à
une directrice générale, tu comprends que, mais, attendez, il y a quelque chose
qui ne fonctionne pas.
Donc, de télédiffuser ça augmente le
spectacle et n'améliore rien dans la situation. Mais, quand je dis ça, je ne
dis pas que je ne veux plus de période de questions. Je n'ai pas dit ça, j'ai
dit juste que c'est un constat qu'on fait. Puis, à travers les médias sociaux,
je l'ai répété souvent, ceux qui se cachent derrière, puis l'image du petit
minou, là, on ne sait pas c'est qui, ça aussi, le projet de loi risque
d'améliorer beaucoup ça. Un ou deux jugements risquent de refroidir l'ardeur de
ceux qui sont en pleine nuit puis veulent écrire n'importe quoi. Ça risque de
faire du bien.
Mme Bourdon (Julie) : Si je
peux me permettre. Effectivement, le projet de loi vient quand même encadrer
des demandes qui ont été faites par l'UMQ, puis vient quand même répondre à un
besoin. Mais, tu sais, je pense que tout le monde est conscient, le projet de
loi, ce n'est pas une fin en soi. Il faut travailler comme si c'était à
sensibiliser les citoyens au niveau de l'incivilité auprès des élus. Il faut
travailler à valoriser également le rôle des élus, puis c'est, entre autres, ce
qu'on va faire, nous, de notre côté, parce qu'on souhaite maintenir vraiment
notre santé démocratique.
Donc, le projet de loi, c'est une chose,
il ne viendra pas tout régler parce qu'on ne peut pas y aller avec des lois,
bien évidemment, mais on a une prise de conscience qu'on a à faire. Puis, comme
l'a mentionné monsieur Damphousse, tu sais, il y a des enjeux qui se passent
dans certaines municipalités. Mais je pense qu'il y a une chose qu'il faut
dire, c'est que, dans peut-être 80, 90 % des municipalités, ça va bien, ça
va bien, puis ilf faut continuer à valoriser ce rôle-là des élus, puis ne pas
dire que tout est mal et tout va mal. Donc, je tiens quand même à le
mentionner, là.
Mme Setlakwe : Merci. Est-ce
que vous croyez qu'il y a suffisamment de mesures en amont? Parce que là on a
des mesures punitives, on a... Il y a même d'autres mesures qui avaient été
annoncées avant... avant le dépôt du projet de loi, dans le cadre du plan
d'action du gouvernement, on parle d'aide psychologique, on parle d'aide
financière quand il y a des recours. Est-ce qu'il y a suffisamment de mesures
en amont? Et est-ce qu'on accompagne suffisamment les élus qui ne font pas
partie, disons, d'une majorité, là, dans un conseil et qui se trouvent
peut-être aussi à ne pas avoir accès à des différents comités, différents...
qui trouvent finalement que leur rôle d'élu est plutôt limité une fois... une
fois l'élection passée puis ils se retrouvent dans une situation minoritaire?
• (10 h 30) •
M. Damphousse (Martin) : Au
delà de la formation, à quel type de mesures vous feriez référence?
Mme Setlakwe : Mais est-ce
que, par exemple, on devrait aller de l'avant avec... être plus précis dans les
modifications qui devraient être faites dans tous les codes de conduite ou tous
les codes d'éthique et de déontologie? Est-ce qu'on devrait être plus précis
dans ce qui est acceptable et non acceptable, comme on le ferait dans un autre
milieu, un autre contexte de travail?
M. Damphousse (Martin) : Avoir
un genre de modèle maître recommandé par le gouvernement, code d'éthique.
Mme Setlakwe : Oui. Un
exemple, oui.
M. Damphousse (Martin) : OK
Bien, je trouve l'idée intéressante, mais je pense qu'on en a tous. Si on
s'amusait à les comparer du jour au lendemain, d'après moi, ils se sont
inspirés beaucoup l'un de l'autre. Il y a peut-être une saveur plus locale pour
des motifs qui leur... qui leur revient. Je vais garder votre question: Y
aurait-il d'autres choses en amont qui pourraient aider? Je vais y réfléchir, je
vais voir. La formation, on en entend parler beaucoup. Est-ce qu'il y a
d'autres éléments... Il n'y en a pas qui me viennent spontanément.
Mme Bourdon (Julie) : Mais,
effectivement, puis on est en amont, je pense qu'on... il y a quand même un
travail qui est fait, là, présentement. Puis, comme j'ai... on a mentionné
tantôt, on va quand même faire le tour au niveau de... de comment fonctionnent
les séances publiques de l'ensemble des municipalités, puis voir y a-tu lieu ou
pas d'améliorer ces séances-là, étant donné que chacun fonctionne de façon
différente, comme l'a mentionné mon collègue. Certaines ont seulement une
période de questions, d'autres ont deux périodes de questions, d'autres ont des
périodes de questions limitées, d'autres doivent s'inscrire avant. Il y en a
certains qui doivent inscrire la question préalable, d'autres arrivent et
parlent un peu n'importe quoi.
Il y a des villes qu'il y a beaucoup de
citoyens qui arrivent de l'extérieur quand il y a des dossiers polarisants
comme les cerfs à Longueuil, que ce n'est pas des... lois qui viennent prendre
l'espace, la période de questions. Donc, tu sais, je pense que c'est tout ça
qui est, entre autres, déjà, quand même dans le projet de loi, mais qu'on doit
être conscient de ça.
Mme Setlakwe : OK Non, mais
je pensais aussi au climat...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...au sein du
conseil lui-même, entre les élus, est-ce qu'il y a suffisamment d'accompagnement,
de médiation, tu sais, pour ne pas en arriver... pour dénouer les impasses,
dénouer les situations difficiles pour ne pas en arriver à des... à des
conflits, à des plaintes, à des démissions?
Mme Bourdon (Julie) : Bien,
on a parlé d'accompagnement. On travaille aussi sur une formule de mentorat,
éventuellement, également, là, de communauté de pratique qu'on veut mettre en
place pour nos élus, nous, pour les soutenir en amont, effectivement. C'est...
C'est certain qu'il y a... il y a certaines situations dans les municipalités,
puis, au final, est-ce qu'on pourra régler tous les conflits qui peuvent
arriver dans l'ensemble des municipalités? Non. Puis il y a des municipalités
qui fonctionnent avec des oppositions, il y en a que c'est juste des
indépendants. Donc, il y a des fonctionnements qui sont totalement... qui sont
totalement différents. Mais c'est sûr qu'on souhaite à ce qu'il y ait un
respect entre les élus, comme il y a un respect entre les citoyens et les élus
également, là.
Mme Setlakwe : Je comprends
généralement, là, de votre mémoire puis de votre intervention que vous êtes...
vous êtes plutôt satisfaits avec le projet de loi, vous souhaitez... à part la
question des barrages. J'aimerais ça que vous élaboriez un petit peu plus sur
la question des barrages. Il en reste encore un certain nombre qui sont détenus
par l'État, et là on voudrait qu'ils ne soient pas sujets à la taxe foncière,
et ça engendre donc une baisse de revenus dans certaines municipalités. Juste
nous expliquer rapidement cet enjeu-là et... ou élaborer et nous dire s'il y a
d'autres éléments du projet de loi avec lesquels vous êtes en désaccord que...
sur lesquels vous aimeriez élaborer.
Mme Bourdon (Julie) : Bien,
effectivement, au niveau des barrages, nous, ce qu'on souhaite, c'est que soit
maintenue la taxe foncière, là, comme elle était. Donc, souvent, c'est dans des
plus petites municipalités. L'affectation des revenus peut affecter quand même
grandement les budgets des municipalités. Bien entendu, on est aussi venus
intervenir, nous, dans notre mémoire, au niveau de la taxe au niveau de l'immatriculation.
Donc, s'assurer... s'assurer de peut-être avoir une ouverture sur comment...
comment elle peut... elle peut atterrir dans les municipalités, parce que,
présentement, c'est soit les grandes municipalités ou les MRC. Donc, des
municipalités qui ont des services de transport n'ont pas accès à cette
taxe-là. Donc, d'offrir la possibilité. Et il y a aussi les frais de service au
niveau de la SAAQ qui sont quand même élevés et qui... et qui...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, le temps est terminé. Alors, nous allons maintenant du côté de
la deuxième opposition, et j'entends le député de Taschereau pour trois minutes
28.
M. Grandmont : Bonjour.
Merci, M. le Président. Bonjour, M. Damphousse, Mme Bourdon, Mme Giguère. On a
très peu de temps, donc, vous l'avez entendu. Puis vous avez entendu mon
préambule, mes remarques préliminaires tout à l'heure. Je vais aller principalement
sur la question de la liberté d'expression. On est d'accord qu'il faut protéger
les élus. C'est un droit qui est important. On veut que la santé démocratique
demeure au niveau municipal, évidemment, puis au niveau de l'Assemblée
nationale, évidemment, aussi, là, mais, en même temps, le droit de manifester,
le droit de parole est un droit fondamental également. Est-ce... Il n'y a pas
longtemps, dans Le Soleil, là, il y avait Laurence Guénette, là, qui est
porte-parole de la Ligue des droits et libertés, qui disait : «On doit
permettre les perturbations raisonnables qui ne mettent personne en danger.»
Comment vous recevez cette affirmation... cette affirmation-là de la ligue?
M. Damphousse (Martin) : Des
perturbations raisonnables?
M. Grandmont : Raisonnables.
Des manifestations, des gens avec des pancartes dans des conseils municipaux,
par exemple. On n'est pas dans une... On est dans une période de questions, des
gens débarquent avec une pancarte. C'est sûrement déjà arrivé dans des conseils
qui sont membres de l'UMQ. Est-ce que c'est, selon vous... Est-ce qu'on... En
fait, est-ce qu'on doit trouver un équilibre pour garantir cette possibilité-là
puis, de l'autre côté, en même temps, protéger les élus? Je pense que Mme
Bourdon comprend le sens de ma question.
Mme Bourdon (Julie) : En
fait, je pense que l'objectif est de maintenir un décorum. On n'empêche pas des
citoyens de venir manifester devant l'hôtel de ville. On n'empêche pas la
liberté d'expression. Je pense qu'il y a plusieurs moyens qui existent, lorsqu'il
y a des groupes qui sont opposés, pour s'exprimer. Il y a des façons de faire
qui, j'imagine... comme à l'Assemblée nationale, il y a un certain décorum et
il y a des règles de conduite. Donc, c'est ce qu'on fait juste mentionner. On n'empêche
pas la liberté d'expression, on n'empêche pas des citoyens de venir s'exprimer
sur un sujet. Ce n'est pas ça. Mais, s'il y a du... si ça crie dans la salle,
si les gens parlent en même temps que la présidence d'assemblée ou quoi que ce
soit, ce n'est pas sain comme débat. En fait, ce n'est pas... ce n'est pas un
débat. Donc, tout ce qu'on veut, c'est maintenir un décorum. Les gens peuvent
venir poser leurs questions de façon respectueuse, peuvent venir faire valoir
leur point de vue, déposer une pétition. Il y a différents moyens pour s'exprimer.
C'est juste qu'il faut quand même rester respectueux, là, et ce n'est pas d'empêcher
la liberté d'expression, c'est peut-être juste dans le moyen utilisé. Je ne
pense pas que vous accepteriez à l'Assemblée nationale que des gens crient dans
les estrades en haut. Donc, c'est un peu la même chose dans les conseils
municipaux, là.
M. Grandmont : ...en même
temps, on est l'Assemblée nationale, effectivement, il y a des règlements qui l'empêchent
pour les tribunes. En même temps, on n'a pas de période de questions non plus,
il n'y a pas cette interaction-là non plus...
M. Grandmont : ... C'est un
mécanisme qui manque peut-être ici, à l'Assemblée nationale, par ailleurs, mais
c'est un autre sujet.
Vous parlez d'étendre la protection à la
famille et au personnel de cabinet. L'objectif qui est visé par ça, c'est
lequel exactement?
Mme Bourdon (Julie) : En
fait, peut-être, si je peux me permettre, sans nommer... sans nommer de cas
concret, là, il y a... ça a été porté à nos oreilles qu'à l'occasion il pouvait
y avoir une injonction qui avait été mise contre un citoyen... contre un élu,
et par la suite la personne est allée passer par l'enfant pour attaquer l'élu.
Donc, c'est ça, tout simplement, qu'on veut éviter.
M. Grandmont : Alors,
parfait. Puis dernière chose, peut-être, sur la question, là, des injonctions
de type Norwich, j'aimerais comprendre le sens de cette demande que vous avez.
Nous, à Québec, il y a des cas sur les injonctions de type Norwich, mais c'est
un autre sujet, mais quand même important. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Schneeberger) : Rapidement.
Mme Giguère (Marie-Dominique) : Oui.
Donc, les injonctions de type Norwich ont été développées en jurisprudence pour
permettre de lever l'anonymat auprès d'une tierce partie quand il y a du
harcèlement qui se fait de manière anonyme. Donc, ça nous permet par exemple
d'aller...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Désolé, ça passe vite.
Alors, nous allons maintenant du côté du
député des Îles-de-la-Madeleine, avec 2 min 38 s à votre
disposition.
M. Arseneau : Merci, merci
beaucoup, M. le Président, Mme Bourdon, Mme Giguère également. M. Damphousse,
j'aimerais poser une question d'abord sur votre remarque à l'effet que l'on
devrait étendre ou faciliter l'accès à des injonctions, je veux comprendre plus
précisément ce que vous voulez dire. Vous parlez ici de lever l'anonymat. Mais
est-ce que c'est simplement pour révéler le nom des harceleurs, ou vous voulez
avoir des injonctions plus rapides, que la cour réagisse plus rapidement à des
menaces, ou à de l'intimidation, ou...
M. Damphousse (Martin) : Votre
conclusion est tout à fait juste. Quand une municipalité dépense
100 000 $, petite municipalité, juste pour savoir qui se cache
derrière ce petit minou-là, bien, honnêtement, on comprend que ça n'a pas de
sens. Donc, il faut être capable de faciliter, parce que, quand il y a des
injures, quand il y a de la diffamation gratuite, puis on n'est jamais capable
de savoir... Et, trop souvent, ce qu'on observe, c'est qu'il y a des
municipalités qui se découragent à cause du processus législatif trop lourd,
trop long et trop coûteux. Donc, si, à partir du moment... on facilite et on
fait stopper ça... Puis c'est arrivé à Mercier. Ils ont tenu le coup jusqu'à la
fin. Sans grande surprise, celui qui se cachait derrière la tête de minou, c'est
un opposant politique, et il a arrêté, 35 $... 35 000 $
d'amende. Bonne chose.
• (10 h 40) •
M. Arseneau : O.K. Mais, pour
ce qui est de ce qui est proposé à l'article 8, notamment que la Cour
suprême... la Cour supérieure, pardon, peut prononcer une injonction sur les
motifs qui sont là, là, j'aimerais savoir le lien entre cet article-là, la
discussion qu'on a eue tout à l'heure sur la période de questions et sur le
fait que des gens peuvent accaparer 85 % du temps de parole. Je...
M. Damphousse (Martin) : Il
n'y a pas de lien.
M. Arseneau : Il n'y a pas de
lien., O.K., on...
M. Damphousse (Martin) : Non,
non, non.
M. Arseneau : Parce qu'on
a...
Mme Bourdon (Julie) : C'est
vraiment dans des cas de harcèlement, là...
M. Arseneau : C'est ça.
Mme Bourdon (Julie) : ...et
c'est vraiment normé au niveau des amendes, là, donc on...
M. Arseneau : Exact. Mais
vous ne demandez pas qu'on modifie ça?
M. Damphousse (Martin) : Non,
non, non.
Mme Bourdon (Julie) : Non.
M. Arseneau : Parce que les
règles permettent déjà...
M. Damphousse (Martin) : Non,
c'est... Le sondage émet un constat...
M. Arseneau : Oui.
M. Damphousse (Martin) : ...que
ceux qui parlent, c'est, à peu près 85 % du temps, les mêmes. On ne dit
pas qu'ils n'ont pas le droit, d'aucune façon, mais c'est quand même un
constat, là.
M. Arseneau : C'est ça. Mais
le constat que quelqu'un peut revenir à la charge à chaque...
M. Damphousse (Martin) : Pas
d'enjeu.
M. Arseneau : ...séance
municipale parce qu'un problème n'est pas réglé, ça peut être aussi valide.
M. Damphousse (Martin) : Ou
qu'il est réglé, mais pas à sa convenance.
M. Arseneau : Exact.
M. Damphousse (Martin) : Mais
il peut revenir, il a tout à fait le droit.
M. Arseneau : Mais ce n'est
pas ce qu'on cherche à changer actuellement?
M. Damphousse (Martin) : ...mais
dans le respect. Non, non, non, pas du tout, absolument pas.
M. Arseneau : La protection
des autres groupes... J'ai encore le temps?
Le Président (M. Schneeberger) : 10
secondes.
M. Arseneau : 10 secondes.
Bien, je n'ai pas le temps. Bien, je voulais savoir si ça... Oui. Pour les
hauts fonctionnaires également qui sont victimes d'intimidation, c'est une
préoccupation?
Mme Bourdon (Julie) : Rapidement,
c'est les D.G. et les greffières qui participent aussi aux séances du conseil
et les inspecteurs municipaux, c'est quelques personnes qui sont dans la salle
du conseil en même temps comme fonctionnaires.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, merci beaucoup à votre contribution à la commission. Nous
suspendons quelques instants pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 10 h 41)
(Reprise à 10 h 48)
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, nous reprenons les travaux. Alors, nous recevons maintenant les membres
de la Fédération québécoise des municipalités et nous recevons M. Antoine
Tardif, premier vice-président et maire de Victoriaville, et Mme Mélanie
Harvey, conseillère. Alors, vous connaissez la série actuellement au hockey?
Alors, M. Tardif, Antoine, je t'invite personnellement, Drummondville pour
venir fêter la victoire des Voltigeurs sur les Tigres dans quelques jours.
Alors, l'invitation est lancée.
M. Tardif (Antoine) : Alors,
comme on dit, ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini. Donc, il y a encore
de l'espoir. Il reste encore des matchs à cette série-là. Salutations aux
membres de la commission, Mme la ministre, bien, M. le Président, qui vient de
notre belle région du Centre-du-Québec. Antoine Tardif, maire de Victoriaville,
vice-président de la Fédération québécoise des municipalités, en remplacement
de notre président, Jacques Demers, et accompagné de Mélanie Harvey, qui a fait
un excellent travail de présenter le mémoire et qui m'accompagne aujourd'hui.
Comme vous le savez, la Fédération québécoise des municipalités représente plus
de 1 000 membres dans la totalité des MRC du Québec, et on remercie
la commission de nous accueillir aujourd'hui pour pouvoir présenter nos
observations sur le projet de loi no 57.
D'entrée de jeu, je veux vous signaler que
nous sommes très favorables au projet de loi et que, pour nous, c'est une bonne
nouvelle que d'avoir des mesures qui sont mises en place pour soutenir les élus
dans leur travail. Cette loi, qui vise à favoriser l'exercice des fonctions
électives à l'abri des menaces, du harcèlement et de l'intimidation, en
prévoyant la possibilité pour un élu municipal de demander une injonction à la
Cour supérieure pour mettre fin à des propos ou gestes qui entravent indûment
l'exercice de ses fonctions ou qui portent atteinte à son droit à la vie
privée, est très importante. Devant la multiplication des dénonciations qu'on
voit depuis quelques années, la fédération salue la volonté de la ministre des
Affaires municipales d'agir sur cette problématique et d'assurer une meilleure
protection des élus et par le fait même de nos institutions démocratiques.
• (10 h 50) •
Le rapport d'enquête que la FQM a tenue
sur les préoccupations des élus a dévoilé en mars dernier qu'il y a une hausse
importante des cas d'intimidation dans le monde municipal, malgré plusieurs
efforts qui sont consentis jusqu'à maintenant. On y constate d'ailleurs une
augmentation du nombre de citoyens mécontents qui n'hésitent pas à menacer,
intimider et harceler les élus et même les employés de leur municipalité. Le
rapport souligne également l'importance que prennent les incidents qui
surviennent en personne en raison du rapport de proximité qui existe dans le
monde municipal. Vous le savez tous, on dit qu'on est les plus près du citoyen,
mais ça vient avec ses avantages et parfois ses inconvénients.
Par ailleurs, le nombre de démissions
qu'on a vu au cours des dernières années est quand même alarmant, alors que
10 % des 8 000 élus municipaux ont quitté leurs fonctions depuis
2021, et ce, après quelques années en fonction seulement. Il est donc normal
que certaines décisions politiques qui affectent les citoyens puissent susciter
l'opposition, de vives réactions et entraîner des interventions émotives et
passionnées. Ces échanges font partie d'une saine démocratie. Mais il y a eu au
cours des dernières années certains dépassements qui méritent d'être soulignés.
Toutefois, les excès de la part des citoyens sont, somme toute, comprenables,
considérant qu'il n'y a pas de mécanisme pour faire l'opposition à ces
dépassements-là. L'équilibre n'est pas simple dans ce domaine, mais l'approche
proposée par la ministre est intéressante à ce chapitre.
En effet, la loi édictée par le projet de
loi prévoit qu'un élu doit s'adresser à la Cour supérieure pour qu'une mesure
soit prise à l'égard d'une personne qui aurait un comportement répréhensible.
Puis, pour la FQM, le fait qu'on doive s'adresser à la cour devrait assurer une
certaine protection de la voix des citoyens. La sanction viendra d'un tribunal
et non pas d'une partie prenante, et dans cette optique, on croit que c'est la
bonne chose à faire. Afin d'assurer une utilisation adéquate de ces mesures,
dans l'éventualité de l'adoption du projet de loi, la FQM va d'ailleurs
transmettre à ses membres un modèle de règlement de régie interne et de
procédure d'assemblée pour à la fois protéger le droit de parole des citoyens
et assurer la saine gestion du...
M. Tardif (Antoine) : ...déroulement
des réunions du Conseil.
En ce qui concerne les modalités
d'application de cette nouvelle loi, nous sommes d'avis que le pouvoir prévu
pour une municipalité locale d'intenter une poursuite pénale devrait être
également accordé aux MRC à même titre qu'on le fait pour les municipalités.
Enfin, considérant qu'on constate
également une hausse importante des cas d'intimidation et de harcèlement à
l'encontre de fonctionnaires municipaux dans l'exercice de leurs fonctions, on
est d'avis que le projet de loi n° 57 constitue une opportunité de réviser
les motifs et les montants des sanctions prévues au Code municipal du Québec et
à la Loi sur les cités et villes... et villes en... à l'endroit des
fonctionnaires municipaux afin de les rendre plus dissuasifs.
En second lieu, au niveau de la
gouvernance municipale, le projet de loi propose de permettre, dans certaines
circonstances, à un membre du Conseil d'une municipalité de participer à
distance à une séance du Conseil et en prévoit les conditions et modalités.
Face à la difficulté de certains élus de concilier leurs engagements familiaux,
professionnels, la Fédération accueille bien entendu favorablement la
modernisation des modalités de déroulement des séances du Conseil et, de façon
générale, est en accord avec les motifs qui ont été évoqués, soit la santé, la
sécurité, la déficience significative, une grossesse, une naissance, voire même
une adoption, et les conditions identifiées. Les enjeux de conciliation sont
d'autant plus importants dans les plus petites municipalités, où la majorité
des élus occupent en même temps des fonctions professionnelles. D'ailleurs,
dans notre rapport qu'on a réalisé à la FQM, 43 % des répondants ont
indiqué avoir un autre travail à temps plein, et 22 % un travail à temps
partiel. Ces enjeux de conciliation sont souvent plus importants chez les
jeunes, qui sont plus nombreux à occuper un emploi à temps plein en plus de
leur mandat d'élu, et ont plus souvent une personne à charge.
Toutefois, la participation à distance des
élus aux séances de conseil doit être bien encadrée et circonscrite afin
d'éviter des problématiques importantes. Il est important de rappeler que l'un
des piliers de la démocratie municipale, c'est la proximité avec les citoyens.
Cette proximité constitue, bien entendu, une force, mais comporte son lot de
défis, notamment lors des périodes de questions qui peuvent devenir enflammées.
Il apparaît clairement que la pression ne sera pas la même pour les élus qui
seront en présence des citoyens et ceux qui seront à distance. La volonté de
conciliation ne doit donc pas créer une iniquité entre les élus ni restreindre
la proximité et la transparence du processus décisionnel. Le projet de loi,
d'ailleurs, prévoit la possibilité que la majorité d'un Conseil puisse
participer à une séance de conseil à distance et que, dans cette éventualité,
celle-ci soit enregistrée afin d'éviter qu'un élu se retrouve seul devant les
citoyens pendant que tous les autres membres du conseil sont à distance. Nous
sommes d'avis qu'une disposition doit être ajoutée pour prévoir que la majorité
du Conseil doit être en présence à chacune des séances. Les modalités relatives
à l'obligation des mises en ligne des séances devront être modifiées
conséquemment.
Le projet de loi prévoit que les membres
d'un Conseil puissent assister à distance à une séance extraordinaire, ce qui
est très favorable pour la FQM, puisqu'on sait, ces séances-là sont souvent
appelées dans un court délai, puis on peut comprendre aussi les enjeux de
déplacement lorsqu'on est dans des régions où les kilomètres à parcourir sont
plus grands pour se rendre à une séance extraordinaire.
Troisièmement, en regard de l'éthique et
de la déontologie, le projet de loi prévoit l'introduction d'un nouveau motif
d'inhabileté à exercer la fonction de membre d'un conseil d'une municipalité
pour un directeur général, un greffier ou un trésorier d'une autre
municipalité, y compris d'une MRC. Alors qu'on cherche à accroître les
candidatures aux élections municipales, la FQM s'interroge sur cette
disposition du projet de loi. Une recherche non exhaustive qu'on a effectuée et
que l'Association des directeurs municipaux du Québec nous a fournie a permis
d'identifier au moins 27 personnes qui cumulent actuellement les fonctions
d'élu avec l'une des fonctions visées par le motif d'inhabileté sans
problématique connue. J'ai moi-même, dans mon conseil municipal, à
Victoriaville, un conseiller qui est directeur général d'une municipalité dans
une autre MRC, puis, bien, il serait évidemment très déçu que cette
disposition-là soit mise en place. Mais je pense qu'il aurait un choix
difficile à prendre aussi, soit de demeurer élu ou de garder son emploi de
directeur général. Puis, dans un contexte où ça ne se bat pas aux portes pour
être élu municipal ni pour devenir directeur général d'une municipalité, je
pense qu'on ne peut pas se priver de ces talents. Cette situation pose problème
pour nous. On est d'accord qu'il est possible de la corriger, mais nous sommes
d'avis que cela nécessite peut-être davantage de réflexion pour ne pas causer
de préjudice à des personnes bien intentionnées et dont la...
M. Tardif (Antoine) : ...contribution
comme élu est soulignée par ses pairs. Quatrièmement, il y a tout un volet au
niveau de la formation obligatoire ou pour laquelle la FQM a certaines
recommandations. Peut-être que le... pour les élus qui sont déjà en fonction,
l'obligation de faire à nouveau une formation en éthique et déontologie
pourrait être... par une autre formation en finances ou dans d'autres choses.
Puis il y a un pouvoir aussi pour la ministre d'imposer des nouvelles
obligations en matière de formation. On tient tout simplement rappeler qu'on
est dans un contexte où c'est de plus en plus difficile d'avoir des élus qui se
présentent. Les obligations familiales, professionnelles s'additionnent, et
donc d'avoir des nouvelles formations qui s'ajoutent doit inévitablement être
pris en considération.
En conclusion, on a vécu au cours des
dernières années des événements malheureux dans le monde municipal, puis je
crois qu'on se doit de saluer l'exercice qui est fait aujourd'hui puis
l'initiative de la ministre, que je remercie d'ailleurs pour le dépôt de ce
projet de loi là. Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour... M. Tardif, pour votre mémoire. Alors, nous allons débuter une
période d'échange avec la ministre pour 16 minutes 30.
Mme Laforest : Oui, merci.
Merci, M. Tardif, merci, Mme Harvey également. J'ai tout de suite une question,
la majorité en présence, parce que, là, on propose le vote à distance, juste
m'expliquer, c'est la FQM qui demande quand même que la majorité soit toujours
en présentiel.
M. Tardif (Antoine) : Exact.
Ça, on a eu des bonnes discussions à cet effet-là, puis c'est dans le contexte
où, justement... Prenons l'exemple de Victoriaville, par exemple, il y a
10 élus plus le maire, ça fait 11, advenant qu'on peut n'être que deux ou
trois dans la salle, puis il y a 30 citoyens qui viennent s'opposer à un
projet éolien, pour nommer quelque chose qui se passe au Centre-du-Québec
actuellement, bien, tu sais, ça devient selon nous... dérégler, en quelque
sorte, tu sais, l'essence d'une séance du conseil où on se doit d'avoir des
élus municipaux pour répondre aux questions des citoyens. Puis là, bien, on ne
voyait pas dans le projet de loi comment ça pourrait s'orchestrer. Puis c'est
pourquoi on a rajouté la disposition qui obligerait à avoir minimalement la majorité
des élus. Donc, sur... sur 10 conseillers municipaux à Victoriaville, il
devrait y en avoir cinq plus le maire en présentiel, ce qui fait six.
• (11 heures) •
Mme Laforest : O.K. Parce que
le vote à distance, c'est vraiment dans le projet de loi seulement pour des
raisons exceptionnelles, là, comme vous l'avez mentionné, grossesse, maladie,
ou autres. Donc, c'est vraiment important de le mentionner dans le projet de
loi. Là, là... oui, il est... il est bien indiqué dans le projet de loi. La période
de questions, la même question, tantôt, avec l'UMQ, les gens disent qu'on... ça
risque de brimer la liberté d'expression. Vous, au niveau des périodes de
questions du conseil municipal ou encore du projet de loi n° 57, il n'y a pas
d'enjeu, ou comment vous voyez ça au niveau de la liberté d'expression?
M. Tardif (Antoine) : Non, je
ne pense pas qu'on vient restreindre la liberté d'expression d'aucune façon. On
vient encadrer les débordements puis donner une possibilité aux élus de faire
une dénonciation. Bien entendu, c'est souligné dans le mémoire de la Fédération
québécoise des municipalités, le... le palier municipal est le plus près des
citoyens. On a ces échanges-là lors de la période des questions, on se doit de
les maintenir. C'est important. Mais il y a eu en même temps des débordements
au cours des dernières années. Puis on ne pense pas que le projet de loi vient
restreindre les libertés d'expression.
Mme Laforest : Il y a...
tantôt, vous avez mentionné les citoyens des autres municipalités qui viennent
au conseil municipal s'opposer à certains projets. Vous, vous êtes en faveur,
j'imagine, là, que tous les citoyens qui viennent au conseil municipal, ce sont
des citoyens qui habitent dans la municipalité et non ceux qui viendraient
s'opposer pour des projets quelconques.
M. Tardif (Antoine) : Oui, en
effet, mais ça devient parfois difficile à vérifier, tu sais, il n'y a, pas
dans tous les conseils municipaux des municipalités qu'on représente, quelqu'un
à la porte qui valide si le citoyen qui se présente réside vraiment dans la
municipalité. Parmi les recommandations de la FQM, c'est de fournir, justement,
une fois la loi adoptée, un guide des meilleures pratiques pour les conseils
municipaux, qui pourraient intégrer, tu sais, la vérification à l'entrée. Mais,
comme on le mentionne, il y a certaines municipalités où, à part le directeur
général, le greffier, il n'y a pas beaucoup d'autres personnels. Donc là, ça
nécessiterait des nouveaux mécanismes pour avoir un garde, pour avoir une
certaine sécurité lors des séances, qui est inexistante actuellement. Donc, ce
qui se passe dans le moment présent, c'est qu'on accepte toutes les questions
sans toujours savoir si c'est vraiment un citoyen de la municipalité ou non.
Mme Laforest : O.K., on a eu
la même demande évidemment avec l'UMQ. Le poste D.G. et maire, on sait, là,
que, dans une municipalité, une personne peut être maire...
11 h (version non révisée)
Mme Laforest : ...dans l'autre
municipalité, cette même personne est... est D.G. Mais on a quand même
certaines... quand même, là, plusieurs courriels disant qu'à tout moment il y a
un conflit d'intérêts. Vous vous dites que ne vous voyez aucun conflit d'intérêts,
quelqu'un qui est maire et... et D.G. d'une autre municipalité, même si on est
en pénurie de main-d'œuvre parfois dans ces municipalités-là.
M. Tardif (Antoine) : Bien,
on peut comprendre le... le questionnement, puis je suis persuadé que vous avez
des exemples concrets pour... pour le témoigner. En même temps, si c'est à l'intérieur
d'une même MRC, certainement qu'il peut y avoir des conflits d'intérêts, mais
quand c'est à d'autres MRC potentiellement que là, le conflit d'intérêts est
inexistant. Bref, c'est pourquoi on suggère qu'il y ait une... une analyse plus
approfondie de cette situation-là de façon plus particulière, parce qu'à
première vue il y a probablement des problématiques, mais il y a probablement
un paquet de cas aussi où ça se déroule très bien. Donc, pourquoi l'empêcher à
tous? C'est notre question.
Mme Laforest : Il y a
aussi... Tantôt vous avez mentionné, il y a eu plus de... environ...
exactement, il y en a 742, des démissions, avec les... les 8 000 postes,
comment vous voyez que, dans certaines municipalités, il y a même... on ne peut
pas faire d'élections partielles parce qu'il n'y a pas de candidat pour aller à
la mairie, est ce qu'une question comme ça, vous voyez... le nombre de
conseillers dans un conseil municipal ne devrait pas être vu, revu à la baisse?
M. Tardif (Antoine) : C'est
une possibilité, oui, puis ça fait partie des... des recommandations qu'on
fait, qu'il puisse y avoir, plus particulièrement dans les municipalités de 2 000 habitants
et moins, la possibilité pour le conseil d'adopter une nouvelle réglementation
qui permettrait d'avoir quatre élus au lieu de six, on parle des conseillers,
bien entendu. Puis évidemment c'est en réaction avec le nombre en diminution de
candidatures qu'on observe dans ces municipalités là.
Mme Laforest : Est-ce qu'on
devrait l'obliger?
M. Tardif (Antoine) : Certainement
pas, parce que s'il y a une démocratie municipale qui est enflammée dans un
milieu puis qu'il y a toujours des... suffisamment de candidatures pour
répondre aux six postes de conseillers, bien, on ne devrait pas obliger de
devoir diminuer à quatre d'aucune façon, ça devrait être tout simplement
volontaire. Si jamais la municipalité constate qu'il y a un manque de
candidatures, de s'y pencher puis d'accepter de modifier son règlement où là,
les citoyens auraient la possibilité également de se manifester pour pouvoir
aller s'y opposer ou non. Puis, advenant le cas où le règlement est mis en
place, adopté, qu'il n'y a pas eu de mobilisation des citoyens pour empêcher
cette diminution-là des six à quatre, bien, on se dit pourquoi ne pas avoir des
plus petits conseils municipaux dans certains endroits qui le demanderaient.
Mme Laforest : ...une bonne
réflexion à avoir, évidemment. Au... Si je regarde dans le programme dans le...
dans un des programmes aux Affaires municipales, les regroupements municipaux
ou le partage des services, c'est le programme le plus populaire, évidemment.
Considérant, par exemple, qu'un D.G. peut être D.G. de deux, trois
municipalités, c'est quand même hyper populaire, ça fait qu'il y a une
réflexion à avoir sur le nombre d'élus, là. Donc, c'est pour ça, je demandais
si, pour vous, ce serait une obligation.
J'ai une autre question. Les régies
internes, l'obligation d'avoir une régie interne dès le nouveau conseil
municipal et également l'obligation de formation des élus municipaux. Ma
question est celle-ci : Comment vous voyez la formation dans les plus
petites municipalités? Comment vous voyez ça? Ce serait la FQM qui proposerait
les formations ou...
M. Tardif (Antoine) : Bien,
un peu comme on le mentionnait, nous, on constate, là, des disparités entre le
fonctionnement des conseils municipaux un peu partout au Québec, encore plus
quand c'est des petites municipalités avec moins de ressources, puis c'est là
parfois qu'il y a des débordements, puis que les maires ou les élus en place ne
savent pas de quelle façon gérer la période de questions, les questions
soumises en ligne, les questions en présentiel, et tout le reste. Donc, on a
cette volonté-là, suivant l'adoption du projet de loi, de vraiment encadrer le
fonctionnement, ou du moins de donner des... des règles de régie interne qui
pourraient établir certaines balises pour que les élus aient tous la même
compréhension du fonctionnement municipal.
Mme Laforest : Il y a le...
Interdiction de divulguer les adresses des candidats et des élus municipaux. Il
y en a qui ont demandé aussi, pour les directeurs généraux ou d'autres postes,
est-ce que vous avez une opinion à... sur cette demande-là?
M. Tardif (Antoine) : Oui,
bien, on a vu, justement, qu'il y avait une mesure qui avait été faite pour
empêcher la divulgation sur l'acte de candidature, mais en même temps il y a d'autres...
il y a d'autres mécanismes où on peut avoir accès aux informations personnelles
des élus en faisant une simple demande d'accès à l'information. Donc, il y aura
certainement une analyse à faire à ce niveau-là...
M. Tardif (Antoine) : ...si on
dit qu'on l'enlève sur l'acte de candidature, bien, parce qu'on veut protéger
la vie privée de ces élus-là, bien, il faudrait s'assurer que, dans les autres
façons d'obtenir ces informations-là aussi, elles sont... elles sont plus
restrictives.
Mme Laforest : O.K. J'ai peut-être
une dernière question. Le fait que la ministre peut tout de suite envoyer
quelqu'un dans une municipalité pour accompagner la municipalité ou voir quand
le conseil municipal est dysfonctionnel, est-ce que vous voyez ça comme une
mesure trop restrictive ou abusive? Comment vous voyez ça? Parce que c'est sûr
que nous, ce qu'on veut, c'est... évidemment, pour les citoyens, on veut que
les conseils municipaux fonctionnent bien. Mais quand ça fait plusieurs fois, à
plusieurs reprises, que le conseil est dysfonctionnel, comment vous voyez cette
mesure-là, de donner le pouvoir à la ministre d'envoyer quelqu'un pour
accompagner la ville?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
tu sais, comme ministre au niveau des Affaires municipales, vous avez l'intérêt
des municipalités à cœur puis son bon fonctionnement. Donc, tu sais, d'avoir...
d'avoir de l'aide à un certain moment donné, je pense que, dans certaines
situations, ça peut être bénéfique pour des municipalités. En même temps, tu
sais, ce que ça amène aussi, alors qu'on parle de climat parfois tendu dans les
municipalités, bien, on l'a vu, dans certains cas, au cours des dernières
années, quand le ministère commente ou décide de s'immiscer, en quelque sorte,
dans les opérations municipales, bien là, ça donne du gaz puis du carburant aux
opposants puis aux gens qui sont insatisfaits dans cette municipalité-là, puis
ça peut amener son lot de situations conflictuelles. Donc, c'est à... c'est à
utiliser avec modération, fort probablement, si c'est... si c'est mis en place.
Mme Laforest : O.K. J'ai...
J'ai une question. Puis en même temps, bien, je vous félicite, là, parce que
chez vous, au niveau des projets en habitation, ça se passe quand même bien,
vous avez agi tout de suite, puis, bref, c'est très positif. Puis, dans le
projet de loi, on a la mesure zonage incitatif pour augmenter la densification.
J'imagine, est-ce que cette mesure-là, il y aurait des projets chez vous que
vous pourriez tout de suite mettre de l'avant avec cette nouvelle mesure-là de
zonage incitatif?
M. Tardif (Antoine) : Tout à
fait. Puis on est très favorables à cette nouvelle mesure-là. Tout incitatif,
là, qui est lié à la création de logements, là, d'une façon ou d'une autre, là,
est très bien reçu actuellement. Puis, comme on le mentionne souvent, il faut
sortir de la boîte pour essayer de trouver des nouvelles façons de construire
des unités d'habitation pour répondre aux besoins de la population, puis ça, ça
en est un très bon exemple. Donc, oui, très favorable.
• (11 h 10) •
Mme Laforest : J'ai...
J'ai... J'ai une autre question peut-être, dernière question, mais en même
temps, on sort un peu du projet de loi, mais ça reste dans le contexte des
élus, de la protection des élus et du rôle des élus. Parce que vous n'étiez pas
du tout dans le domaine municipal avant, vous êtes dans le domaine municipal,
vous êtes... vous êtes arrivé maire de Victoriaville, puis honnêtement, ça se
passe bien. J'aimerais savoir comment vous êtes arrivé dans le milieu pour que
tout se passe bien comme ça. Parce qu'en fait on parle beaucoup du rôle des
élus, souvent, c'est vu négativement. Mais vous, ça serait quoi, votre... je ne
sais pas, là, votre commentaire par rapport au fait que vous êtes arrivé comme
ça, sans connaissances, en tout respect, là, du monde municipal, et qu'est-ce
qui fait que... disons, que la recette va bien?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
tout d'abord, je pense que tout élu qui se présente se présente pour améliorer
les choses, pour faire avancer les dossiers de sa municipalité. On a vu, au
cours des dernières années, parfois, des prises de position, où là on en vient
quasiment mettre en cause la volonté d'un maire ou d'un élu provincial de faire
avancer les dossiers pour ses citoyens. Chez nous, on a été en mesure, à Victo,
de démontrer aux Victoriavilloises, Victoriavillois, que tout le monde autour
de la table, on était là pour eux, on travaillait sans partisanerie. On n'a pas
de parti politique. On s'est dotés d'une planification stratégique qu'on a
conçue ensemble. Puis on communique fréquemment avec les citoyens pour les
tenir au courant de ce qui se passe. Donc, le lien de confiance est là, puis
c'est ce qui nous permet de faire des choses, d'amener des changements qui,
dans certains endroits, pourraient être difficiles. À faire passer la collecte
des poubelles de deux semaines aux trois semaines, là, ce n'est pas populaire
comme mesure, mais quand tu es connecté avec ton milieu, puis que les gens
comprennent que tu fais ça dans une optique de développement durable puis que
c'est pour une question économique, parce que moins tu enfouis, plus que ta
redevance est élevée, bien, les gens adhèrent puis suivent. Puis je pense qu'on
est choyés chez nous d'avoir un groupe d'élus qui travaillent ensemble, qui ont
des bonnes discussions à porte close. On n'est pas toujours d'accord sur
l'ensemble des dossiers, mais quand qu'on se présente devant la population pour
présenter nos projets, on le fait de façon unanime, la majorité du temps. Puis
c'est ce qui me permet de croire qu'on a une bonne aura autour de Victo, puis
une belle confiance avec les citoyens. Mais la question des partis politiques,
c'est certainement un des enjeux, où là, tu as toujours une opposition
systématique à chaque projet de loi, à chaque décision qui est prise, puis ça
peut...
M. Tardif (Antoine) : ...amener
une municipalité à stagner, voire même à reculer.
Mme Laforest : Vous êtes
tous indépendants?
M. Tardif (Antoine) : Exact.
Mme Laforest : O.K.,
c'est bon. Merci. Je n'ai pas d'autre question. Merci beaucoup pour votre
présence.
M. Schneeberger : Merci.
Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle. Et j'attends
la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M.
le Président. Bien, d'abord, merci à vous deux pour votre présentation. Merci
pour le mémoire. Beaucoup de travail derrière la préparation de ce mémoire-là.
Donc, on en a pris connaissance. Il est clair que vous soutenez les mesures
visant à protéger les élus. Je pense qu'on est tous... On va tous travailler
dans ce sens-là. En protégeant les élus, on protège nos gouvernements de
proximité, on protège notre démocratie et le bon fonctionnement de nos conseils
municipaux pour le bien de la population.
Donc, ceci étant dit, moi, je vous amènerais,
juste pour ne pas être redondante, je vous amènerais peut-être vers des
éléments où vous voyez des... des enjeux, peut-être, de mise en application.
Est-ce qu'au sein des plus petites municipalités, il y a des enjeux de... ou il
y aurait des mesures qui ne seraient peut-être pas réalistes ou qui
pourraient... pourraient nécessiter plus de temps pour leur mise en
application? Je pense à l'UMQ qui est venue de l'avant pour nous dire, par
exemple, que, dans un contexte de séance en mode hybride, dont il y a
l'obligation d'avoir un enregistrement vidéo et tout ça, vous voyez où je veux
en venir, est-ce que c'est un élément dont vous avez entendu parler de la part
de vos membres? Et est-ce qu'il y a d'autres éléments dont il faudrait tenir
compte pour la mise en application?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
c'est clair que toute la question des séances en ligne, là, ça va nécessiter
une adaptation de la majorité des élus. Il y avait même, je pense, des
municipalités, il y avait même, je pense, une disposition où ça disait qu'il
fallait que l'ensemble des participants à une séance puissent être captés par
vidéo. Bon, ça, ça voudrait dire qu'il faut qu'il y ait une caméra sur le
conseil municipal, mais ça en prendrait aussi une sur les gens qui posent des
questions. On est rendu à deux. On parlait tantôt du manque de personnel, ou du
moins du nombre limité de personnels. Ça veut dire quoi, ça? Ça prend-tu, tu
sais, une régie? On comprend que ça peut se faire avec un téléphone
aujourd'hui, mais encore faut-il avoir la connectivité. Il y a des lieux où
même la connexion Internet n'est pas encore à point. Donc, oui, il y aura
certainement un besoin d'adaptation pour mettre en place certaines de ces
modalités-là, mais je pense qu'il n'y a rien d'impossible, puis on va être
capables de s'adapter, là.
Mme Setlakwe : Merci.
Autrement, est-ce qu'il y a des dispositions avec lesquelles vous êtes en
désaccord? Je pense à la question des barrages, les barrages qui, selon le
projet de loi, seraient... ne seraient pas sujets à la taxe foncière et donc
qui pourraient entraîner des baisses de revenus dans certaines municipalités.
Est-ce que vous souhaitez élaborer sur cet élément-là?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
peut-être je pourrais laisser notre conseillère politique...
Mme Harvey (Mélanie) : L'enjeu
des barrages. On demande effectivement le retrait de cette mesure-là parce
qu'elle a un impact financier, là, sur plusieurs municipalités. Puis,
considérant qu'il n'y a pas vraiment de prévisibilité par rapport à cette mesure-là,
tu sais, l'impact serait peut-être difficile à amortir, là, dans certains cas.
Donc, pour le moment, on demande le retrait.
Mme Setlakwe : Bien,
merci. Au niveau de la taxe sur l'immatriculation, est-ce que vous avez des
enjeux à mettre de l'avant ou ça, c'est une mesure qui est bien accueillie puis
qui va graduellement être déployée peut-être dans un certain nombre de
municipalités?
M. Tardif (Antoine) : Je
vous dirais que les discussions entourant la taxe sur les l'immatriculation, bon,
on les a vues, la majorité ont eu lieu dans certaines grandes villes, pour des
plus petites municipalités qui sont la majorité des municipalités représentées
par la FQM, ce n'est pas... ce n'est pas un sujet qui est sur toutes les lèvres
en ce moment, mais en même temps, la possibilité de l'utiliser reviendra à
chaque municipalité puis, ultimement, ça peut représenter une source de revenus
supplémentaire. Donc, il y a quand même une liberté de choix à ce niveau-là qui
est... qui est appréciable, là.
Mme Setlakwe : Merci. Au
niveau de la possibilité de participer à distance, en mode virtuel, à des... à
des séances, vous n'avez pas d'enjeu? On a parlé, la ministre l'a précisé
aussi, que c'est dans des cas exceptionnels, pour des motifs de santé, par
exemple. Mais vous avez mentionné que vous êtes préoccupés, là, par des enjeux
de respect de vie privée liés à l'obligation de fournir un certificat médical.
M. Tardif (Antoine) : Oui,
en effet, c'est une des questions qu'il y avait, à savoir, bon, le certificat
médical, c'est... c'est-tu le directeur général qui le reçoit puis qui en prend
la décision? C'est-tu le conseil municipal? Il y a parfois, tu sais, toutes
sortes de dynamiques dans un... dans un conseil municipal, là. Nous, si on
parle de... d'élus qui sont tous apolitiques, dans le sens qu'il n'y a pas de
parti, O.K. Dans le cas où il y a des oppositions, qui décide que le billet est
valide, ou que la demande d'être exempté d'une séance est valable? C'est des
questionnements qu'on avait puis qu'on a voulu mettre en lumière.
Mme Setlakwe : O.K.
Merci. J'avais peut-être une dernière question avant de céder la parole à ma
collègue. Il y a évidemment plusieurs mesures...
Mme Setlakwe : ...qui étaient
attendues et qui sont souhaitées, là, pour protéger l'élu, pour s'assurer, dans
des cas d'abus, qu'il y ait des mesures qui soient prises. On veut... On veut
attirer les gens vers la politique municipale, on veut les retenir, etc. Il y a
aussi des situations de toxicité ou de difficulté au sein même de certains
conseils municipaux. Je ne veux pas dire que c'est... c'est répandu à la
grandeur du Québec, mais ça existe, là, il y a des... il y a des conseils
municipaux qui ne fonctionnent pas bien. Il y a un climat toxique au sein de
certains conseils, comme c'est le cas dans des... C'est quelque chose qu'on
veut éviter complètement en milieu de travail.
Est-ce que vous croyez qu'il y a
suffisamment de mesures qui sont mises en place pour gérer ces situations-là,
pour gérer les... peut-être des situations que certains conseillers vivent
difficilement, des conseillers qui ne sont pas... ne font pas partie de la
majorité, sont indépendants ou sont dissidents puis finalement ils ne trouvent
pas leur compte à même le conseil? Et est-ce qu'on en a assez fait en amont
pour éviter de se retrouver dans des situations de... où on doit imposer des
sanctions?
M. Tardif (Antoine) : Au-delà
de ce qui se retrouve dans le projet de loi actuel, il y a quand même, l'année
dernière, une annonce conjointe qui avait été faite entre l'Union des
municipalités du Québec, la fédération québécoise et le gouvernement pour,
bien, mieux représenter les élus qui pourraient être victimes de situations
malheureuses au sein de leur conseil, il y a toute une campagne de sensibilisation
aussi qui a été faite, mais c'est clair qu'il va falloir faire plus. Les
résultats devant lesquels on est confrontés, là, avec le nombre de démissions,
c'est du jamais-vu. Puis ce qu'on voit, ce qu'on constate, ce n'est pas
toujours positif. Donc, très certainement, il va y avoir besoin de campagne de
civisme, d'implication autant dans les élections municipales que provinciales
et fédérales, parce que je pense que vous vivez tous la même chose. Mais il va
toujours falloir faire plus pour maintenir un climat qui est sain, qui est
respectueux, à l'ère des réseaux sociaux puis des prises de position qui
peuvent être parfois un peu plus drastiques, là.
Mme Setlakwe : Pensez-vous
qu'on doit aller aussi loin que de... d'imposer un genre de code de conduite
standard avec... où est-ce qu'on déclinerait les comportements tolérés... ou
qui ne sont pas tolérés, qui ne sont pas permis, que ce soit... des choses à ne
pas faire et des comportements aussi à adopter? On a vu cette proposition-là
circuler. Qu'est-ce que vous en pensez?
• (11 h 20) •
M. Tardif (Antoine) : Oui.
Bien, c'est... c'est ce à quoi on fait mention également, parce qu'il y a... il
y a vraiment une disparité entre les fonctionnements de chaque conseil
municipal. Puis il y a... il y a des choses qu'on voit à Infoman à l'occasion
puis qu'on se dit : Tabarouette! Comment ça, c'est rendu là? Nous, à
Victo, ça n'aurait pas pu parce qu'on a une règle de période de questions qui
stipule que tu as tant de secondes pour poser ta question puis ensuite une
réponse. Mais je comprends que ce n'est pas le cas partout. Donc, assurément
qu'il va falloir mettre en place certains... certains critères, certaines
règles de fonctionnement qui, j'en suis persuadé, vont simplement qu'améliorer
le fonctionnement des séances, puis autant pour les élus qui font face aux
questions que pour les citoyens qui vont savoir en quelque sorte quel est le
décorum d'une séance du conseil. À Victo, avant chaque séance, la greffière
prend le temps d'expliquer comment fonctionne la période de questions. Puis le
citoyen qui se présente au lutrin, bien, est en toute connaissance de cause par
rapport au temps qu'il a d'alloué puis les questions qu'il peut poser.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Lakhoyan Olivier : Il
reste combien de temps?
Le Président (M. Schneeberger) : Il
reste deux minutes 28.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
députée de Chomedey.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Je ne veux pas répéter qu'est-ce que ma collègue a mentionné. On sait que vous
êtes très favorables pour ce projet de loi. Concernant le... l'accompagnement
des villes et les formations, j'aimerais que vous élaborez là-dessus, parce
que, d'après ce que vous expliquez, ce n'est pas toutes les villes qui
fonctionnent de la même manière. Donc, est-ce que vous trouvez que le
ministère, dès le début des mandats, devrait avoir un meilleur accompagnement
pour prévenir des situations que certaines villes ont vécues ou vivent? En
plus, bien, vous, vous avez un très bon exemple de votre ville, comment c'est
bien géré, communication avec les citoyens, il y a un... Donc, c'est où la
lacune? Pensez-vous, c'est dans la formation des nouveaux élus,
l'accompagnement? Parce que vous n'étiez pas pour, pour l'accompagnement, quand
il y a un problème. Donc, dès le début peut-être. Donc, quelle est votre
opinion là-dessus, s'il vous plaît?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
très certainement que le ministère des Affaires municipales peut fournir
certaines directives, certaines documentations à l'intention des élus puis des
conseils municipaux. La Fédération québécoise des municipalités, de même que
l'Union des municipalités du Québec, peut également travailler avec...
M. Tardif (Antoine) : ...les
membres pour fournir des documents qui vont venir encadrer en quelque sorte.
Puis, tu sais, il faut se rappeler que c'est quand même, c'est récent, là,
qu'on vit ces situations-là qui sont de plus en plus déplorables. Puis tout le
monde est en mode ajustement, vous l'êtes avec le dépôt de ce projet de loi là,
mais on l'est aussi, à la fédération, pour accompagner. Ce n'était pas les
sujets de l'heure autour de la table, historiquement, comment vous gérez vos
séances du conseil, puis comment vous vivez les attaques, puis tout ça, puis ça
l'est devenu au cours des dernières années. Donc, tout le monde tente de
s'adapter, mais je pense qu'il y a une responsabilité partagée entre le
ministère puis les associations municipales.
Mme Lakhoyan Olivier : Vous
avez mentionné...
Le Président (M. Schneeberger) : 10
secondes.
Mme Lakhoyan Olivier : 10
secondes?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Lakhoyan Olivier : ...réviser
le montant les rend plus persuasives. De 2 $ à 500 $, est-ce que vous
trouvez que c'est assez?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Nous avons plus de temps, malheureusement.
M. Tardif (Antoine) : 2 $,
ce n'est pas très représentatif d'aujourd'hui.
Le Président (M. Schneeberger) : Nous
allons maintenant du côté de la deuxième opposition, et j'entends le député de
Taschereau pour trois minutes, 28.
M. Grandmont : Trois minutes,
28. Merci, M. le Président. On a peu de temps. Merci pour votre présence
aujourd'hui, M. Tardif, Mme Harvey. On veut évidemment protéger les élus
municipaux, les personnes qui les accompagnent, leurs familles aussi. J'essaie
de trouver la ligne, finalement, entre le respect du droit, finalement, à la
liberté d'expression d'un côté puis, de l'autre aussi, évidemment, ce droit
aussi de travailler dans des conditions qui sont respectueuses puis, bon... tu
sais. Donc, il y a dans le projet de loi, puis je pense que vous nommez bien
aussi, un paquet de dispositions qui sont intéressantes, notamment sur, bien,
le respect de l'intégrité physique des personnes. Ça, évidemment, ça me semble
assez clair où on peut trancher la limite.
Maintenant, sur la possibilité de
travailler dans... c'est nommé, sans entrave, dans le fond, à leurs fonctions,
là. J'essaie de tracer la ligne, ce n'est pas évident pour moi, des campagnes
de lettres, des campagnes de cartes postales, de courriels qui vous sont
envoyés. Est-ce que c'est une entrave au bon fonctionnement du travail
municipal?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
je ne crois pas, puis, tu sais, comme il a été mentionné tout à l'heure, le but
n'est pas de restreindre la liberté d'expression des citoyens, de les empêcher
de venir au conseil municipal, puis de poser des questions, de se mobiliser
autour d'un enjeu, d'une cause, d'une décision municipale qui... pour laquelle
ils sont en désaccord, c'est tout simplement de venir encadrer les
débordements. Puis, tu sais, en même temps, dans le projet de loi, ce qu'on
voit, c'est que cette responsabilité-là va être faite par la Cour supérieure.
Puis, tu sais, en quelque sorte, ça devient... ça devient totalement
apolitique. Ce n'est pas... en lien avec les parties prenantes, donc...
M. Grandmont : Je m'excuse de
vous presser, mais j'essaie de pousser un petit peu plus loin. Est-ce qu'une
manifestation, dans le cadre d'un conseil municipal, des gens qui débarquent
avec des pancartes, est ce que c'est une entrave au bon fonctionnement? Est-ce
que ces personnes-là méritent des amendes de 50 à 500$
M. Tardif (Antoine) : Des
manifestations pacifiques autour de certains enjeux...
M. Grandmont : Oui,
exactement, c'est ce que je cherche à essayer de définir, en fait.
M. Tardif (Antoine) : Exact.
Bien, tu sais, peut-être il faudra voir, là, c'est quoi qui va être vraiment
défini comme étant une obstruction au travail des élus versus une
manifestation. Mais, en même temps, s'il y a une dénonciation qui est faite,
bien, il y a le tribunal qui va analyser la demande puis qui va être en mesure
de trancher, donc...
M. Grandmont : Donc, c'est la
Cour supérieure, dans le fond, qui, à partir de ce moment-là, va bâtir sa
jurisprudence. C'est un peu ce que vous dites.
M. Tardif (Antoine) : Bien,
va pouvoir analyser, voir si la demande est recevable ou pas, puis donner sa
décision, là. Puis je pense que, tu sais, au fil des ans, c'est nouveau, mais
les élus vont se faire une tête à savoir qu'est-ce qui est vraiment
inadmissible, méritant une dénonciation puis qu'est-ce qui fait partie du
décorum municipal démocratique qu'on connaît.
M. Grandmont : Parfait. Je
veux juste souligne, je pense qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, mais que
je trouve intéressantes les deux propositions suivantes que vous apportez, notamment
l'importance d'avoir une majorité du conseil présent, parce que je comprends
que les membres que vous représentez, des fois, ce n'est pas beaucoup de monde
non plus qui siègent au conseil municipal. Donc c'est une préoccupation très
intéressante que... à laquelle je souscris. Puis aussi la possibilité pour un
D.G. d'être aussi membre du conseil municipal dans une autre municipalité,
c'est important puis ça doit se produire quand même assez souvent, j'imagine.
M. Tardif (Antoine) : Bien,
il y en a plusieurs exemples qui ont été recensés, des exemples où ça se passe
bien, comme je mentionnais, probablement, qu'il est arrivé des situations
malheureuses...
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
M. Tardif (Antoine) : ...à
d'autres endroits. Mais peut-être qu'avant d'avoir une mesure mur à mur, il y
aurait possibilité de l'évaluer davantage.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors nous allons maintenant du côté du député des
Îles-de-la-Madeleine pour deux minutes, 38.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. M. Tardif, Mme Harvey. Un peu dans le même sens, si la loi était
adoptée, le projet de loi est adopté tel quel, qu'est-ce qu'une municipalité
comme la vôtre pourrait faire qu'elle ne peut pas faire...
M. Arseneau : ...à l'heure
actuelle, pour contrer l'intimidation ou le harcèlement?
M. Tardif (Antoine) : Bien
là, il y a plusieurs mesures, mais, tu sais, la principale, c'est de pouvoir
dénoncer, une mesure exceptionnelle, qu'on ne souhaite pas vivre dans nos
conseils municipaux.
M. Arseneau : Mais, en fait,
ma question, c'est : Quels sont les cas, aujourd'hui, que vous ne pouvez
pas gérer parce que vous n'avez pas cet outil-là, là? Y a-tu des exemples qui
font que vous avez été limités dans les demandes d'injonction, dans les modes
d'intervention, dans votre capacité à protéger vos collègues ou vous-même?
M. Tardif (Antoine) : Il
faudrait faire un recensement, là, tu sais, des élus puis des dénonciations qui
ont été faites, pour voir jusqu'où ils ont été acceptés ou non. En même temps,
ce qu'on vient faire avec ce projet de loi là, c'est de démontrer qu'il y a des
actes répressibles qui pourront être condamnés, et que le monde municipal est
soutenu par le gouvernement du Québec dans son champ de compétence, puis que
des mesures qui étaient tolérées jusqu'à tout récemment ne le seront plus, puis
qu'il y aura un levier, pour les élus, d'agir.
M. Arseneau : Je m'essaie une
dernière fois, mais quels seraient, par exemple, des exemples de ce qui était
toléré, puis qui ne le serait plus?
Mme Harvey (Mélanie) : Bien,
si je peux me permettre, je pense que le projet de loi, c'est surtout un signal
qui est envoyé, un signal fort de l'État qui est envoyé, pour dire que ça
suffit. Puis, deuxièmement, je pense que ce qui est intéressant aussi, c'est le
fait que les demandes vont être instruites et jugées d'urgence. Donc, s'il y a
une situation qui est vraiment problématique, bien, rapidement, on va pouvoir
venir identifier si, oui, ça requiert une injonction ou des mesures
particulières, ou si c'est conforme, puis l'élu devra trouver des moyens
autres, là, pour faire face à ces situations-là.
M. Arseneau : Puis... il y a
peu de temps, il nous reste peu de temps... à quel point est-ce que c'est
important, pour vous, qu'on ajoute la protection pour les fonctionnaires
municipaux?
M. Tardif (Antoine) : Je
pense que ça mérite... ça fait partie de nos recommandations, là... ça mérite
d'être analysé, et voire, même, d'être ajouté, parce que les élus, on est là
une fois par mois devant les citoyens, les employés municipaux sont là à tous
les jours, puis des cas malheureux, il y en a eu aussi au détriment des
employés, que ce soient les directeurs généraux, qui vivent certaines pressions,
mais ça peut être les employés de première ligne aussi, aux services aux
citoyens, qui font face à la musique. Donc, on pense que ça mérite d'être
réfléchi d'inclure les employés municipaux.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour votre précieuse collaboration.
Alors, nous suspendons quelques instants
pour accueillir le dernier groupe de ce matin.
(Suspension de la séance à 11 h 30)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 42)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Alors, nous recevons des membres de la ville... du
personnel de Québec... de la ville de Québec, pardon. Alors, nous avons Mme
Catherine Vallières-Roland, mairesse suppléante, Mme Isabelle Chouinard,
directrice, Division du droit public, M. Serge Giasson, directeur du service
des affaires juridiques, et Mme Cynthia St-Hilaire, conseillère stratégique au
cabinet de la mairie. Alors, bonjour à vous quatre. Vous avez 10 minutes
pour faire votre présentation et ensuite, nous allons procéder à une période d'échange.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Merci, M. le Président. Alors, Mme la ministre, Mesdames
et Messieurs les députés...
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...un grand plaisir pour moi d'être avec vous aujourd'hui. Donc, je suis
Catherine Vallières-Roland, mairesse suppléante à la Ville de Québec et membre
du comité exécutif également.
Tout d'abord, je voudrais vous remercier
de nous permettre de vous présenter les grandes lignes de... du mémoire qu'on a
déposé, donc, dans le cadre de ce projet de loi n° 57.
D'entrée de jeu, je souhaite souligner que
ce projet de loi, donc, poursuit des objectifs auxquels la ville de Québec
souscrit. Et même certains des changements qui sont proposés dans le projet de
loi sont en droite ligne avec certaines des demandes de modifications
législatives qui avaient été formulées par la ville de Québec auprès du
gouvernement en 2023, je pense, entre autres, au plafond applicable aux sommes
qu'une ville peut verser dans ses réserves financières. Du côté de la ville, on
a en 2023 dans créé une réserve financière qui va nous permettre d'adapter nos
infrastructures aux impacts des changements climatiques. Et on a donc pour
objectif de se donner, donc, une réserve financière qui est de l'ordre de
300 millions de dollars d'ici 2028.
Donc, avec les plafonds qui sont proposés
dans le projet de loi, eh bien, ça va nous permettre, donc, de venir bonifier
cette réserve, justement, pour nous permettre, par exemple, de passer d'une
cible, selon les besoins, de 300 millions jusqu'à
600 millions de dollars. Et ça nous permettra donc de financer une
partie de ces investissements en évitant le recours à la dette, et ça, pour
nous, à la ville de Québec, c'est... c'est très important parce qu'il s'agit
vraiment d'une saine pratique de gestion financière. Le ratio de la dette
actuelle à Québec s'établit à 86,9 %, et on a pour cible d'atteindre
jusqu'à... une dette, donc, qui va atteindre 70 % au cours des prochaines
années.
Il y a maintenant un peu plus d'un an, la
ville a également amorcé une réflexion sur la conciliation entre le travail et
la vie personnelle, la vie personnelle des élus, dans un contexte où on
retrouve à Québec un comité exécutif qui est paritaire et où on retrouve
également une majorité de femmes au conseil de ville, soit 12 sur 22 élus.
Une analyse des besoins des priorités des élus a été effectuée dans les
derniers mois, ce qui a mené au dépôt d'un rapport au conseil de ville en
décembre dernier. Et les résultats de cette analyse ont mis en lumière,
justement, l'importance de pouvoir, pour les élus, assister à distance à une
séance du conseil municipal. Le nouvel article 332.1 de la Loi sur les
cités et les villes proposé par le projet de loi vient donc justement répondre
à une des recommandations de ce rapport. Donc, nous y sommes favorables, dans
la mesure toutefois où la participation à distance à une séance du conseil se
fasse dans des circonstances exceptionnelles. Donc, on est d'accord avec cette
prémisse de base de l'importance, donc, de s'assurer aussi que les citoyens
puissent continuer d'assister à des débats de qualité et de bénéficier aussi de
la présence physique de leurs élus.
On a par ailleurs identifié, dans notre
mémoire, certaines des questions qui mériteraient d'être précisées dans le
projet de loi avant son adoption, à savoir, par exemple, à qui reviendra la
responsabilité d'apprécier la suffisance des motifs qui seront jugés
acceptables pour un élu pour participer à distance et quelles seraient les
conséquences aussi pour un élu, par exemple, qui ne respectera pas les
conditions qui sont édictées.
En cohérence avec l'une des conclusions
également de l'analyse qu'on a menée à la ville de Québec, on aimerait aussi
vous proposer, donc, un ajout, une nouvelle proposition qui pourrait être
intégrée au projet de loi. Cette demande concerne la possibilité d'octroyer à
un élu des crédits supplémentaires pour l'embauche de personnel politique pour
le soutenir dans l'exercice de ses fonctions dans les premiers mois de vie d'un
enfant. Les crédits qu'une municipalité peut octroyer pour l'embauche du
personnel politique sont déterminés par la loi et, dans les cas des crédits alloués
pour des dépenses de recherche et de soutien, ils sont répartis à parts égales
entre les conseillers municipaux. Et ces crédits sont généralement engagés,
donc, pour le personnel régulier, de sorte qu'il ne reste plus de... à l'élu de
disponibilités financières pour lui permettre d'engager une ressource
additionnelle lorsque vient l'arrivée d'un enfant. Donc, une ressource comme
celle-là ne remplacerait pas l'élu aux instances officielles, mais pourrait par
contre lui offrir la possibilité d'alléger sa tâche, de suivre ses dossiers,
d'assurer le traitement aussi des demandes et d'assurer les communications avec
les citoyens de son district. Il faudrait...
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...notre point de vue, que le crédit supplémentaire couvre l'embauche d'une
ressource jusqu'à 50 semaines, soit l'équivalent de la période durant
laquelle un élu peut assister à distance aux séances du conseil.
Sur le plan de la protection des élus
maintenant, le projet de loi est très pertinent puisqu'il... justement, il met
en lumière le contexte dans lequel les élus exercent actuellement leur rôle.
Depuis l'élection de 2021, le projet de loi est... Pardon. C'est près de
800 élus qui ont quitté leurs fonctions. L'intimidation fait partie des
raisons d'ailleurs qui ont été évoquées par plusieurs d'entre eux, et je peux
d'ailleurs témoigner au nom aussi de collègues, là, à l'effet que plusieurs
commentaires partagés sur les médias sociaux dépassent parfois largement les
limites.
Pour nous, à la Ville de Québec, bien sûr,
la liberté d'expression est très importante. On salue et on encourage aussi,
bien sûr, l'engagement des citoyens à partager leurs opinions, à susciter aussi
des débats publics. Et, en 2023, ce sont plus de 600 activités de
participation publique qui ont été organisées sur notre territoire, justement,
pour permettre aux citoyens de participer à ces débats. Ceux-ci, par contre,
doivent se faire dans un climat qui est respectueux de part et d'autre. Les
menaces, l'intimidation et le harcèlement ne doivent pas être tolérés.
Et le projet de loi tient compte, à notre
avis, de cet équilibre entre respect et liberté d'expression, en prévoyant la
possibilité pour un élu de demander à la Cour supérieure de prononcer une
injonction pour mettre fin, par exemple, à des propos ou à des gestes qui
l'empêcheraient d'exercer ses fonctions ou encore qui seraient une atteinte
à... au droit à sa vie privée.
Le projet prévoit aussi notamment qu'une
municipalité puisse prendre ce recours au bénéfice d'un élu. Et pour éviter
qu'un élu soit victime d'une décision partisane qui le priverait du soutien de
la municipalité pour un tel recours, on suggère de prévoir la possibilité,
donc, pour cet élu qui assume les frais du recours, d'être remboursé par la
municipalité de ses frais raisonnables, si la Cour lui accorde sa demande
d'injonction. De cette façon, on permet à l'élu dans l'opposition ou à un élu
indépendant, par exemple, de bénéficier de la possibilité d'intenter un recours
aux frais de la municipalité, tout en s'assurant que les contribuables ne
financent pas des recours qui sont non fondés.
• (11 h 50) •
S'agissant d'approvisionnement, en février
dernier, la Ville a intégré des critères d'écoresponsabilité dans sa politique
d'approvisionnement durable. Ces critères vont permettre de hausser encore
davantage l'achat local. Actuellement, c'est 64 % des achats qui sont
effectués par la ville qui se... qui sont faits auprès de fournisseurs locaux.
À compter du 26 juin 2024, certains contrats que la municipalité peut accorder
de gré à gré vont pouvoir être accordés auprès de fournisseurs sur le
territoire de l'agglomération et de Wendake. On est d'avis, donc, que, dans le
cas de contrats de gré à gré, soit en deçà des seuils qui obligent une
concurrence sur l'ensemble du territoire du Canada et même à l'international,
qu'une municipalité ne devrait pas être limitée dans sa volonté de favoriser
l'achat local et de se donner des principes phare en matière
d'écoresponsabilité. En deçà du seuil à respecter, on devrait donc pouvoir
conserver notre autonomie locale.
Et l'article 28 du projet de loi va à
l'encontre de cette orientation que la Ville de Québec s'est donnée à
l'intérieur de sa politique. Donc, ce que l'on souhaiterait, c'est qu'un
amendement soit apporté à l'article 28 du projet de loi, justement, afin
qu'une ville puisse favoriser son économie locale, l'achat local sur son
territoire ou le territoire qui se trouve à proximité.
Donc, bien sûr, il y a... dans le mémoire,
il y a plusieurs autres éléments qui ont été déposés, présentés par la Ville de
Québec. Je terminerais, je conclurais simplement en réitérant que la ville
accueille très favorablement la plupart des mesures qui sont contenues dans le
projet de loi n° 57, notamment sur le plan de la conciliation entre la
famille et la vie personnelle. Nous espérons que vous prendrez en considération
les éléments que nous avons portés aujourd'hui à votre attention. Et je vous
remercie de votre attention. Je serai disponible pour répondre à vos questions.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre présentation. Nous allons maintenant débuter une
période d'échange avec... en débutant par la ministre pour 16 minutes
30 s.
Mme Laforest : O.K. Bien,
merci beaucoup. Merci à vous quatre d'être ici ce matin avec nous. Là, je
vais... je vais vérifier, mais au niveau de l'achat local, nous, on prévoit des
seuils d'appels d'offres, mais... puis on prévoit des règles minimales. Mais on
va vérifier parce qu'il me semble qu'on répond à cette demande-là, que les
villes peuvent aller plus loin, dans le projet de loi. Ça fait que ça, je pense
que ça, ce serait une bonne chose également. Puis il y a aussi, dans votre
demande...
Mme Laforest : ...au niveau
du... des organismes municipaux de constituer par le biais d'un règlement une
réserve foncière... financière pour financer des dépenses de fonctionnement ou
l'acquisition d'immobilisations corporelles. Donc, le montant total de la
réserve foncière, on ne peut pas dépasser 15 % du total qui est non amorti
au niveau des immobilisations corporelles et 30 % des crédits prévus au
budget de l'exercice financier. Présentement... puis ça aussi, je pense que ça
répond à votre demande, mais on va faire des vérifications, s'il y a des modifications
à avoir, je vous laisse tout de suite vous... vous le mentionner.
Ma première question étant, au niveau de
la formation des élus avec la Ville de Québec, comment ça fonctionne au niveau
des formations que les élus municipaux peuvent suivre? Quelles sont ces
formations? Et comment ça... comment c'est bien dirigé, par exemple, quand les
gens arrivent en poste, ou il n'y a pas nécessairement obligation de formation?
Comment ça se passe?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Oui, en fait, tous les élus, donc, dans les semaines qui
ont suivi l'élection, ont pu effectivement suivre une formation. Donc, il y a
eu plusieurs formations en présence et également des formations en ligne,
notamment en... pour toutes les questions qui concernent l'éthique, la déontologie.
Parce qu'en effet, à la Ville de Québec, on possède donc notre code, un code
d'éthique et de déontologie. Donc, c'est une formation quand même
substantielle, mais qui, à mon sens, pourrait mériter d'être revue à
l'occasion. Donc, parce que... quand on arrive en fonction, particulièrement
lorsqu'on est de nouveaux élus, l'information que l'on reçoit, au tout début,
elle est très importante. Donc, je pense que ce serait tout à fait à l'avantage
de l'ensemble des conseillers municipaux que de la recevoir sur une base
régulière.
Mme Laforest : Donc, durant
une période de quatre ans, toujours avoir une formation continuelle, c'est ça?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : En effet, je pense que ce serait pertinent qu'on...
qu'on l'ait peut-être une fois par année, ou qu'on puisse... Oui...
Mme Laforest : Au niveau de
la formation, quelle formation, d'après vous, ou quels... quels cours... ou sur
quels... sur quels aspects vous devriez, vous pourriez ou vous demanderiez des
cours ou des formations? Ce serait sur quels sujets, vraiment?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Il y a plusieurs formations qui sont offertes, disons,
selon les responsabilités, selon les intérêts également des élus, qui sont en
quelque sorte optionnelles. Je pense que celle qui est véritablement
essentielle pour l'ensemble d'entre nous porte effectivement sur la question,
là, de l'éthique, toutes les questions éthiques, et ces... ces questions-là.
Sinon... sinon, je pense qu'en effet ça peut être selon... selon nos... Bien
sûr, le budget, les finances, donc, des sujets qui nous concernent comme élus
dans notre capacité, là, à exercer nos fonctions.
Mme Laforest : O.K., merci.
J'avais comme question également, vous parliez tantôt d'offrir... à moins que je
me trompe, là, la possibilité que l'élu puisse s'absenter durant
50 semaines et participer à distance à tous les conseils municipaux
pendant 50 semaines. Puis je m'explique. Parce que nous, ce qu'on s'est
vraiment fait dire... et, en tout cas, plusieurs demandaient de ne pas offrir
50 semaines, parce que les gens disaient : Écoutez, ils sont élus
quatre ans. On s'entend que souvent c'est quand même un gros trois ans, après
ça, c'est... c'est particulier, le temps d'arriver en poste, les premiers six
mois, puis les six mois avant les élections. Donc, si on permet de s'absenter
50 semaines, à ce moment-ci, ça devient difficile. Puis je ne sais pas,
réexpliquez-moi comment vous voyez ça. Vous, vous voyez qu'un élu peut
s'absenter complètement pendant 50 semaines?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : En fait, c'est plutôt une participation à distance, donc
c'est évidemment selon les besoins, puis selon les motifs. Mais là, ici, dans
un contexte justement de... après la naissance d'un enfant, par exemple, où il serait
plus difficile pour un élu, là, d'être en personne au Conseil, que la
possibilité puisse lui être donnée, donc, de participer à distance sur une
période de 50 semaines.
Mme Laforest : O.K., mais
plus clairement, par exemple, pour un congé de maternité, les parents
pourraient... père ou mère, peu importe, pourrait s'absenter jusqu'à
50 semaines pour...
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Ce qu'on préconiserait, ce serait donc 18 semaines,
jusqu'à 18 semaines d'absence, ce qui est déjà prévu avec 32 semaines
qui pourrait être possible, donc, à distance, si... si le parent en ressent le
besoin.
Mme Laforest : O.K., merci.
Pour l'embauche d'une ressource pour soutenir l'élu, d'ailleurs nouvellement
parent, là, dans leur travail, il y a une... à Montréal, ça se fait très bien,
puis vous avez...
Mme Laforest : ...déjà la
possibilité, ça fait que je vous offre comme ça, si vous voulez, de regarder
qu'est-ce qui se passe à Montréal, parce que c'est quand même une bonne mesure.
Ensuite, je voulais vous parler au niveau des démolitions, la démolition des
bâtiments. Comment ça se passe présentement puis pourquoi vous demandez ou vous
voulez vraiment que ce soit plus sévère au niveau des démolitions? Puis de me
donner des exemples, s'il vous plaît.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Oui. Bien, je demanderais à Me Chouinard de vous
apporter des précisions sur ce point-là.
Mme Chouinard (Isabelle) : Oui,
Mme la ministre. La Ville de Québec a une Commission d'urbanisme et de
conservation, comme vous le savez, qui doit... dans les secteurs où elle a
juridiction, elle doit autoriser les démolitions. Ça fait partie des décisions
qu'elle doit rendre. Et dans notre charte, on avait déjà la possibilité, on
l'avait obtenue en 2016, si je ne m'abuse, d'imposer des amendes jusqu'à
250 000 $ dans le cas où la commission... dans le cas où une
démolition était faite sans respecter une décision de la commission ou sans
autorisation. Lorsque le projet de loi n° 69 a été
adopté, on a supprimé cette amende-là pour ne prévoir l'amende que dans la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme à l'égard du règlement sur la démolition
d'immeubles.
Or, il appert que, dans certains cas, il y
a des démolitions qui ne sont pas sujettes aux règlements sur la démolition
d'immeubles, mais qui sont sujettes à une décision de la commission, qui
pourraient aussi mériter une amende dissuasive. En matière de démolition, les
amendes de 4 000 $ dans le cas d'une personne morale ne sont pas suffisantes
pour dissuader les démolitions illégales. C'est pour ça qu'on a demandé de
réintroduire cette amende-là dans notre charte de la Ville de Québec, et elle
peut avoir son utilité également.
Mme Laforest : Puis les
montants les plus élevés, c'est de 250 000 $, je crois?
Mme Chouinard (Isabelle) : En
fait, oui, la loi laisse la discrétion aux juges. Donc, la municipalité ne peut
pas fixer le montant d'amende, mais la loi donne la discrétion au juge
d'imposer une amende jusqu'à 250 000 $, un minimum de
10 000 $. Donc, la jurisprudence reste à faire là-dessus. Il y a peu
de cas encore d'amendes qui ont été... de sanctions telles qui ont été imposées
par les tribunaux, selon notre analyse.
• (12 heures) •
Mme Laforest : O.K, merci. Il
y a également des mesures pour étendre la mission de la société du Centre des
Congrès de Québec qui ont été demandées pour confier les mesures à
l'administration de l'établissement. Comment vous voyez ça et pourquoi vous
demandez ces mesures-là pour Québec, en fait?
Mme Chouinard (Isabelle) : Pour
la Société du Centre des congrès, ce n'est pas une demande qui a été faite par
la ville de Québec.
Mme Laforest : C'est la
demande du Centre des congrès?
Mme Chouinard (Isabelle) : Probablement.
Mme Laforest : Puis vous,
comment vous vous positionnez avec cette demande-là? Il n'y a pas d'enjeu?
Mme Chouinard (Isabelle) : Pas
à ma connaissance.
Mme Laforest : O.K.,
excellent. J'avais... L'autre question, c'était sur la hausse des réserves
financières, ça, c'est correct également, puis... non, c'était ça. Donc, il y a
des mesures dans votre projet de loi puis que vous recommandez. Peut-être qu'on
pourrait s'en reparler, parce qu'il y a quand même déjà trois ou quatre
possibilités que vous pouvez déjà le faire. On pourrait se... on pourrait en
discuter après notre séance. Puis je vais laisser la parole à un de mes
collègues qui veut poser des questions à ce moment-ci, M. le Président. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Beauce-Sud.
M. Poulin : Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : Sept
minutes.
M. Poulin : Excellent,
parfait. Alors, bonjour. Merci d'être là, très heureux de vous retrouver. L'UMQ
est venue quelques minutes... il y a quelques minutes, en fait, nous dire qu'il
faut lever l'anonymat de harceleur virtuel et des procédures légales qui
peuvent être longues et laborieuses. Vous avez fait référence aux réseaux
sociaux, aux médias sociaux qui pourrissent la vie des élus, que ce soit au
municipal ou au provincial et même au fédéral. Actuellement, comment la Ville
de Québec se gouverne avec des harceleurs sur vos pages Facebook de conseillers
ou de... sur la page Facebook du maire de la ville? Comment vous vous gérez ça
actuellement?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Bien, écoutez, justement, c'est... Je dirais que ce
n'est pas toujours une approche qui est facile, à savoir qu'il y a
effectivement des commentaires qui dépassent les limites. Il y a bien sûr une
volonté, donc, de laisser les citoyens commenter, s'exprimer, exprimer leur
position. Bien sûr, lorsqu'il y a certains commentaires qui viennent vraiment
dépasser les bornes, à ce moment-là, ceux-ci sont... ceux-ci sont notés, sont
partagés également avec certains de nos services à la Ville de Québec.
Peut-être que Me Chouinard pourrait ajouter un complément d'information,
là, pour une fois que certains de ces commentaires-là ont dépassé les bornes.
Mais il reste que, et ça fait partie de nos demandes...
12 h (version non révisée)
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...sur les médias sociaux, une des difficultés, c'est vraiment d'identifier
les individus, donc, qui formulent ces commentaires-là. Et c'est... C'est pour
ça qu'on souhaite que les plateformes puissent nous fournir l'information dont
on a besoin, justement, pour éventuellement entreprendre un recours.
M. Poulin : Parce que...
Parce que les éléments qui... évidemment, on pourra faire dans le cadre de
cette loi-là, mais d'autres qui seront probablement d'autres lois du
gouvernement du Québec ou d'autres règlements, sans compter, comme vous l'avez
dit, les relations avec les plateformes et le fédéral. Vous alliez peut-être
ajouter, Mme l'avocate, sur la façon dont vous procédez à la ville de Québec
lorsqu'il y a des commentaires comme cela.
Mme Chouinard (Isabelle) : Bien,
c'est-à-dire que la... Une des difficultés qu'on a auxquelles le projet de loi
va... va répondre, c'est souvent que la municipalité ne peut pas agir au nom de
l'élu ou au nom d'un fonctionnaire qui est aux prises avec, par exemple, une
atteinte à sa vie privée. Donc, le projet de loi offre cette possibilité-là,
qui est une très belle avancée puis pour laquelle le service des affaires
juridiques va pouvoir agir de façon plus efficace, parce qu'actuellement,
quelqu'un qui subit personnellement un préjudice, mais qui ne porte pas
atteinte à la ville, bien, la ville ne peut pas agir nécessairement au bénéfice
de cette personne. Donc, c'est vraiment une possibilité très intéressante qu'offre
le projet de loi à cet égard.
M. Poulin : Avez-vous déjà
réfléchi à fermer vos réseaux sociaux?
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
Non.
M. Poulin : Donc, malgré
toute la balance des inconvénients, des nombreux messages que l'on peut
recevoir, malgré tout, on conserve ce lien-là avec la population.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
Absolument. Absolument. Puis c'est important pour nous de pouvoir
communiquer avec les gens, donc... communiquer de l'information, mais aussi d'avoir
cette rétroaction-là. Donc, effectivement, malgré les inconvénients que ça
comporte, il reste néanmoins que c'est une façon aussi d'obtenir une
rétroaction. Ce n'est pas le seul, puis je l'ai mentionné tout à l'heure, il y
a vraiment un effort important qui est fait à la ville de Québec pour
multiplier aussi les moyens d'obtenir cette rétroaction-là des gens, que ce
soit à travers des questionnaires, des sondages, des... des ateliers
participatifs, des consultations. Mais il reste que les médias sociaux,
évidemment, demeurent une façon importante, là... pour nous, un moyen important
de communiquer avec les gens.
M. Poulin : Le rôle d'un
président de conseil municipal, vous en avez un, évidemment, à la ville de
Québec. Ça a été relevé par plusieurs élus municipaux, que le manque de
décorum, que ce soit lors de la période des questions ou même entre élus, est
causé par le fait que certains conseils municipaux n'ont pas de président ou de
présidente de séance. Selon vous, est-ce que c'est un essentiel? Est-ce que, si
vous n'aviez pas de président ou de présidente de séance à la ville de Québec,
ça... je ne dirais pas que ce serait le... le... le... j'essaie de trouver un
bon mot français, là, donc du moins que ça... ça pourrait dégénérer, mon collègue
dit l'anarchie, mais est-ce que... est-ce que c'est, pour vous, un essentiel d'avoir
ce rôle de président là et que, si vous ne l'aviez pas, ça pourrait être encore
plus difficile?
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
Bien, pour nous, assurément, c'est... bien, c'est... Oui, c'est intéressant
d'avoir un président, d'avoir... c'est non seulement intéressant, c'est un
atout important, je pense, et dans une municipalité comme la ville de Québec.
Donc, le président s'assure aussi d'un certain décorum, donc, s'assure, donc,
du respect du règlement que nous avons, justement, pour s'assurer d'échanges
courtois entre les élus et aussi avec les citoyens qui sont dans la salle.
M. Poulin : Dans les conseils
de quartier, est-ce que la sécurité est aussi élevée qu'à l'hôtel de ville de
Québec? J'imagine que non.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Non.
M. Poulin : Est-ce que, pour
vous, c'est une problématique dans la mesure où des citoyens n'oseraient pas
aller, par exemple, à l'hôtel de ville de Québec, mais iraient dans des
conseils de quartier manifester leur désaccord envers les élus? Est-ce que ça
ne crée pas deux... deux des mesures d'une certaine façon?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Pour le moment, je dirais que les conseils de quartier
se déroulent bien, donc qui se déroule en présence des élus, donc, de district.
C'est effectivement l'occasion pour les gens d'exprimer leurs opinions. Mais il
n'y a pas... il n'y a pas de... Il n'est pas survenu, là, d'incidents majeurs
en conseil de quartier qui justifieraient, par exemple, la présence de
policiers, comme on le voit au conseil de ville.
M. Poulin : De la ville. O.K.
Excellent.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : De ville de Québec.
M. Poulin : Bien, je vous
remercie. Merci pour les échanges.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Ça va? D'autres questions? Il restait une minute.
Mme Laforest : ...de la
confidentialité, puis c'est bien, vous êtes les quatre ici, quand on parlait de
la confidentialité ou de la protection des élus municipaux, mais il y en a qui
demandent aussi la protection des directeurs. Qu'est-ce que vous en pensez, de
cette demande-là?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Effectivement, nous aussi, on fait la demande à l'effet
que certains fonctionnaires, donc, puissent aussi bénéficier d'un éventuel...
Mme Laforest : Greffier,
directeur...
Des voix : ...
Mme Laforest : Pardon?
M. Giasson (Serge) : C'est l'ensemble
des fonctionnaires.
Mme Laforest : L'ensemble
complet des fonctionnaires?
M. Giasson (Serge) : Oui.
Mme Laforest : Puis, s'il y
avait des postes à privilégier, ce seraient lesquels?
M. Giasson (Serge) : Bien,
disons que les victimes, par exemple, des réseaux sociaux, là, ce sont autant
les travailleurs, des cols bleus, par exemple, qui se font harceler dans la rue
et après, sur les réseaux sociaux, après avoir été filmés au travail, avec des
sous-titres, qui ne sont pas des sous-titres avantageux, qui sont des
sous-titres même qui peuvent susciter, par exemple, ce que le projet de loi
essaie de contrer pour les élus. Alors, moi, je pense que oui, effectivement,
il y a plusieurs cas, presque toutes les semaines, il y a des cas où il y a des
fonctionnaires, O.K., des directeurs de services, mais aussi des fonctionnaires
qui sont attaqués...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Giasson (Serge) : ...sur
les réseaux sociaux de la même façon que les élus.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup.
M. Giasson (Serge) : Et
parfois, ce sont des élus en même temps que les... que les... que les
fonctionnaires.
Le Président (M. Schneeberger) : On
n'a plus de temps.
Mme Laforest : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et j'entends
la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Merci à vous quatre. Merci de votre présentation, ce matin. Merci
pour le mémoire. On voit que vous êtes favorables. En fait, on veut tous mieux
protéger les élus et continuer d'attirer une relève et de ne pas décourager des
citoyens qui seraient intéressés à se présenter aux prochaines élections municipales.
Je regarde quand même en... dans le fin
détail, là, vos propositions. Et, bien, avant d'entrer dans le détail,
généralement, qu'est-ce que vous constatez à Québec? C'est sûr qu'on a eu le
son de cloche de l'UMQ, FQM, mais qu'est-ce que vous constatez à Québec?
Quel... Tu sais, on... pour nous aider à cerner la problématique, là. Dans les
derniers mois, les dernières années, surtout, on pense que la situation s'est
détériorée avec la pandémie. Qu'est-ce que vous constatez, autant à la période
des questions, dans vos échanges avec les citoyens à l'extérieur de l'hôtel de
ville, sur les médias sociaux, etc., et même au sein des... au sein du Conseil?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Bien, je vous dirais, en effet, la pandémie semble avoir
eu un impact sur les citoyens. En effet, on les sent peut-être plus impatients,
plus prompts aussi à formuler certains commentaires. Bien sûr, sur les médias
sociaux, on le voit avec l'anonymat dont on parlait tout à l'heure, du moins
l'anonymat potentiel de certaines personnes, les gens se permettent donc de
faire des commentaires qu'ils ne nous feraient pas en personne. Donc, une
certaine émotivité aussi qui, on remarque, est quand même grande. Puis on le
comprend, parfois, il y a certains enjeux, certains dossiers qui viennent
toucher vraiment les gens dans leur quotidien, puis c'est tout à fait correct,
puis c'est aussi notre travail d'entendre les gens puis de répondre aussi à
leurs préoccupations. Mais c'est sûr qu'il y a certains... il y a certains
comportements, il y a certains commentaires qui véritablement viennent dépasser
les bornes. Puis on le mentionnait, c'est lorsque ça porte atteinte à
l'intégrité d'une personne, lorsque ce sont des commentaires qui sont vraiment
personnels, sur... que ce soit sur l'apparence physique, par exemple, ou...
Donc, mais de façon... de... Et ça s'exprime dans les différentes instances.
Mais c'est sûr qu'il y a certaines... certaines de nos instances qui sont
davantage encadrées. On le mentionnait tout à l'heure, avec le conseil de
ville, donc, il y a vraiment.... il y a... il y a un règlement qui vient
baliser, là, le temps de... d'intervention des citoyens, etc., ce qu'on ne
retrouve dans d'autres instances, notamment, les conseils de quartier. Donc,
c'est variable, là, d'un... d'une instance à l'autre.
• (12 h 10) •
Mme Setlakwe : Merci. Puis au
niveau des réseaux sociaux, évidemment, vous l'avez dit, puis je pense qu'on
est tous d'accord, que les réseaux sociaux, on ne peut pas en faire... on ne
peut pas en faire fi, ça fait partie des outils aussi, puis c'est un... c'est
une plateforme de communication, dans un sens comme dans l'autre, avec les
citoyens. Mais vous, vous avez constaté que ça dérape? Prêtez-moi l'expression.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Oui, oui, tout à fait.
Mme Setlakwe : Et puis là,
est-ce que vous êtes satisfaits de ce qui... de ce qui est proposé dans le
projet de loi ou vous pensez qu'on peut... on peut aller plus loin? Là, je suis
en train... je vois aussi que vous demandez la possibilité d'aller chercher...
d'aller auprès des plateformes, d'aller faciliter, là, l'identification de
l'auteur des propos, n'est-ce pas? Parce qu'évidemment il y a des gens qui vont
le faire à visage découvert puis... mais souvent, on le sait, là, c'est...
c'est des... c'est des identités cachées. Alors, qu'est-ce que vous demandez
exactement à ce niveau-là?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Me Giasson, voulez-vous...
M. Giasson (Serge) : Écoutez,
la demande ressemble... la demande de la ville de Québec ressemble beaucoup à
celle de l'UMQ. Alors, il existe dans la jurisprudence des injonctions qui
permettent d'imposer aux réseaux sociaux... puis ça, c'est toujours sous
l'autorité de la Cour supérieure, qui permettent d'aller...
M. Giasson (Serge) : ...aller
chercher l'identité, permettre d'ordonner aux plateformes de... quand le juge
le... croit que c'est nécessaire, d'aller rechercher ces identités. Alors,
notre demande est plus... est la même que l'UMQ, finalement, sur ces... sur
cette question-là à l'égard de ceux qui se cachent derrière les réseaux
sociaux.
Mme Setlakwe : Merci.
Est-ce qu'à la ville de Québec les élus, puis là on parle d'une des plus
grandes villes, là, ont du soutien, justement? Parce que, si on recule, il n'y a
pas si longtemps, ça ne faisait pas partie de la réalité d'un élu municipal de
gérer les médias sociaux. Moi, j'ai été une élue municipale pendant cinq ans,
puis c'est devenu... C'était très, très prenant. Puis c'était dans une petite
municipalité. On n'avait pas de ressources particulières allouées à ça. Mais
est-ce que vous pensez que les... les élus sont assez encadrés, outillés,
soutenus, là, dans cette gestion des réseaux sociaux?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Effectivement, donc, on a un soutien, c'est-à-dire qu'on
a les membres de notre équipe, hein, qui... qui apportent un soutien pour la
gestion de ces médias sociaux là. Mais lorsque ceux-ci débordent, lorsque
l'identité de la personne est connue, bien, effectivement, là, il y a des... il
y a des gestes qui peuvent être posés. Je mentionnais tout à l'heure qu'on
documentait donc la situation pour ensuite transmettre ces informations-là, par
exemple, aux services de police, donc à certains membres de l'équipe pour que,
justement, il y ait enquête et qu'il puisse y avoir des gestes qui soient posés
pour protéger les élus lorsque c'est fondé. Mais encore une fois, là où le bât
blesse, puis là où il pourrait y avoir une amélioration, c'est en effet
lorsqu'on n'est pas en mesure d'identifier, donc, les personnes.
Mme Setlakwe : Merci.
Ça, on va s'y attarder. Vous précisez donc qu'il faudrait prévoir que le
recours ne peut viser un autre membre du conseil. Donc, je pense
qu'effectivement ce qui était visé pour les injonctions puis les sanctions,
c'est... c'est par rapport à une personne qui fait partie d'un... un membre du
public. Mais entre les... entre les conseillers, est-ce que vous croyez
généralement que c'est suffisamment encadré ou que le... il y a suffisamment de
mesures qui existent ou qui sont imposées pour assurer qu'il y ait un climat
fonctionnel au sein du conseil municipal?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Bien, en fait, on le mentionnait tout à l'heure, donc on
a un code d'éthique et de déontologie qui... dont le contenu est bon, je
dirais, mais bien sûr, et là ça rejoint l'idée de la formation, donc je pense
que c'est important aussi que ce code-là soit rappelé à l'attention des élus
sur une base régulière pour s'assurer de comportements qui sont adéquats entre
les élus. S'il y a un manquement à ce code, il y a la Commission municipale,
bien sûr, et on pense que s'il y a manquement, on doit continuer de référer,
donc, ces... ces manquements-là, on doit continuer d'en saisir la Commission
municipale plutôt que d'aller vers un recours en injonction pour éviter,
justement, qu'il y ait des... qu'une démarche comme celle-là soit
instrumentalisée, par exemple, sur le plan politique.
Mme Setlakwe : Est-ce
qu'il y a moyen de faire de la médiation? Est-ce que ça, ça, vous croyez que
c'est un... c'est un... tu sais, pour... avant d'en arriver à la CMQ?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Puis absolument. Puis, effectivement, il y a une
gradation, hein, dans les actions qui peuvent être prises. En effet, je pense
qu'il faut toujours avoir recours, justement, à des discussions, à des échanges
entre élus, sur la base, justement, de notre code puis de... pour essayer de
régler les situations, puis éventuellement aller vers... vers les instances que
sont la Commission municipale.
Mme Setlakwe : Vous avez
mentionné tout à l'heure que les citoyens sont peut-être plus prompts, ou
qu'ils démontrent de l'émotion. Puis, si je vous ai bien compris, vous étiez
clairs, moi, je comprends que les... ce n'est pas... ce n'est pas ça qu'on vise
avec le projet de loi. Les citoyens peuvent venir exprimer leurs doléances,
leurs revendications, puis ils peuvent démontrer de l'émotion ou de le... de
l'impatience à voir certaines mesures être mises en place, mais j'aimerais
voir... J'aimerais mieux saisir qu'est-ce qui est devenu problématique. Puis
est-ce que c'est à même l'hôtel de ville ou les conseils de quartier, ou est-ce
que, des fois, ça déborde à l'extérieur de l'hôtel de ville? Est-ce que c'est
là que les élus sont... sont l'objet d'abus?
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : C'est... Il est arrivé quelques cas où, effectivement,
des... sur des sujets plus polémiques, plus... plus conflictuels, plus
difficiles, où il y avait certains collègues, là, qui pouvaient vraiment ne pas
se sentir en sécurité en présence de certains citoyens, par un regard plus
menaçant, par certains comportements qui étaient inadéquats, par certaines
exclamations durant des séances ou des discussions, des échanges. Donc, ça,
c'est sûr...
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...ça peut faire partie de nos séances. Ce ne sont pas... Ça n'arrive pas
tous les jours. Ça demeure des cas quand même plutôt isolés lorsque ce sont des
séances en personne. Et là où les dérapages sont les plus grands, encore une
fois, puis je pense que c'est corroboré par plusieurs de mes collègues, c'est
vraiment, encore une fois, sur les médias sociaux parce qu'il y a... il y a une
forme de comportement plus décomplexée où les gens sentent la possibilité de
s'exprimer.
Mme Setlakwe : Merci. Non, je
pense que la ligne est mince, mais il y a... il y a... il va falloir qu'on
trouve une façon de... puis on le sait, mais de... d'expliquer puis de bien
viser les situations où justement il y a... il y a une ligne qui est traversée
puis on tombe dans des situations d'abus et d'atteinte à la... à la sécurité, à
l'intégrité de la personne.
Est-ce qu'il nous reste du temps, M. le
Président?
Le Président (M. Schneeberger) : 40 secondes.
Mme Setlakwe : Oh! Avais-tu
une question...
Mme Lakhoyan Olivier : Les
grandes villes versus les petites villes dans les régions, où vous trouvez
qu'il y a plus de problématiques concernant... concernant les situations
conflictuelles envers les élus? Rapidement...
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Oui. Bien, écoutez, ce que... ce que j'entends de la
part de collègues qui sont de plus petites municipalités... c'est certain
qu'ils sont en interaction au quotidien avec leurs citoyens, donc en allant à
l'épicerie, à la pharmacie, donc c'est certain qu'ils sont dans une situation
qui est... qui est difficile. Dans le cas d'une ville comme Québec, hein, où il
y a... il y a plus de 550 000 habitants, c'est sûr qu'on...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : ...on a...
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : La réalité est différente...
Le Président (M. Schneeberger) : Désolé.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : ...mais ceci dit, il reste qu'on le vit mais à une
échelle différente.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous allons maintenant du côté du député de Taschereau pour un trois
minutes 28.
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Mme Vallières-Roland. Merci aussi à vous d'être présent, présentes.
On n'a pas beaucoup de temps, mais j'aimerais vous entendre sur quelques
points, d'abord sur la question de l'octroi de crédits pour l'embauche d'une
ressource additionnelle. Bon, tantôt, dans votre échange avec Mme la ministre,
elle disait que c'est déjà permis, selon elle, et que la ville de Montréal
avait été en ce sens-là. Elles ont... Ils ont développé un règlement. Pourquoi
vous sentez le besoin de ramener cette proposition-là à l'intérieur de votre
mémoire? Voilà.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Me Chouinard.
• (12 h 20) •
Mme Chouinard (Isabelle) : Je
serais très intéressée d'entendre l'avis de mes collègues du ministère des
Affaires municipales là-dessus, puis on va le considérer avec beaucoup
d'ouverture, mais, nous, notre analyse juridique, c'est qu'actuellement les
sommes allouées au... à l'embauche du personnel politique sont encadrées par la
loi. Donc, on ne peut pas ajouter des fonds publics à ces sommes-là qui sont
plafonnées, et elles sont réparties selon une base qui est prévue dans la loi.
Donc, peut-être que mes collègues de Montréal ont été plus créatifs, mais
disons que notre analyse était plutôt qu'on aurait besoin d'une modification
législative pour pouvoir procéder en toute légalité à l'octroi de ces crédits.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. C'est sûr que c'est un enjeu, nous, qui nous préoccupe beaucoup. On
avait suivi évidemment, là, l'histoire avec la conseillère Mme Smith, et donc
on y reviendra certainement dans les discussions qu'on aura lors de l'étude
détaillée. Merci pour votre réponse.
Très content de voir votre proposition sur
l'achat local. Évidemment, là, nous, on est un peu scandalisés de voir que des
municipalités encouragent davantage, là, des grandes entreprises étrangères
dans leur approvisionnement. Donc, merci pour cette proposition-là. On sait que
la ville de Québec fait des efforts considérables là-dessus. Donc, merci d'essayer
de pousser toutes les villes du Québec à faire aussi bien.
Vous avez un point qui touche le quorum,
là, «prévoir que le quorum aux séances ordinaires du conseil et à celles de
l'adoption du budget est formé des élus présents». J'aimerais vous entendre un
peu là-dessus. Est-ce que vous faites référence au fait qu'il y a des gens qui
peuvent assister au conseil à distance, auquel cas ils font quand même partie
du quorum? De l'autre côté, on a la FQM tantôt qui nous disait qu'il faut
s'assurer qu'il y ait au moins un certain nombre d'élus qui soient présents
physiquement lors des séances ordinaires du conseil pour ne pas se retrouver
devant 30 citoyens aussi. Ça fait que j'aimerais comprendre un peu le sens
de votre proposition, parce qu'elle ne m'apparaît pas claire, claire pour
l'instant.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Je demanderai à Me Chouinard de compléter, là, mais, en
effet, là, dans les préoccupations que nous avons, c'est de s'assurer qu'il y
ait un maximum de conseillers municipaux qui soient effectivement en... dans la
salle du conseil. Donc, je pense que ça a été bien établi dans le projet de loi
à l'effet qu'une participation à distance devait demeurer une mesure
exceptionnelle. Et donc, nous, on souscrit à ça. Et. Et donc, bien sûr, en
ayant... donc en calculant le quorum, ça fait partie, là, des... disons, des
solutions ou des mesures que nous, on met de l'avant. Mais je demanderais à Me
Chiasson de...
Mme Chouinard (Isabelle) : Chouinard.
Me Chiasson...
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Chouinard. Me Chiasson ou Me Chouinard de compléter.
M. Grandmont : Je vous en
prie...
M. Giasson (Serge) : ...le
quorum en présentiel, c'est-à-dire qu'on va s'assurer qu'il y a un nombre qui
équivaut à l'équivalent de... d'une majorité, un peu comme l'a demandé la FQM.
C'est à peu près la même demande, là, c'est qu'en personnes en présentiel,
c'est-à-dire dans la salle du conseil, devant les citoyens il y ait
l'équivalent du quorum ou l'équivalent d'une majorité.
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
M. Giasson (Serge) : C'est la
même... Ça a le même effet que ce que demandait la FQM.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant du côté des Îles-de-la-Madeleine, avec le
député des Îles.
M. Arseneau : Pour
2 min 40 s?
Le Président (M. Schneeberger) : 2 min 38 s.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Mme Vallières, Mes Chouinard et Giasson, Mme St-Hilaire, j'aimerais
revenir sur la question, évidemment, de l'article 8. Je comprends qu'il
appartient à l'élu, individuellement et personnellement, de faire appel à la
Cour supérieure. Est-ce que vous pensez qu'effectivement c'est la meilleure
façon d'agir si l'élu est victime d'intimidation ou de menaces? En d'autres
mots, est-ce qu'il n'y aurait pas un soutien essentiel de la part de la ville
ou de la municipalité? Parce qu'un élu ne possède pas, évidemment, toutes les
connaissances, nécessairement, sur le plan légal, et ainsi de suite, pour agir.
Mme Vallières-Roland
(Catherine) : Tout à fait, tout à fait, puis, en effet, c'est ce qui
est souhaité et souhaitable, à l'effet que la municipalité puisse appuyer
l'élu, dans un éventuel recours, là, pour obtenir une injonction.
M. Arseneau : Parce que vous
proposez, effectivement, qu'il y ait des modalités de remboursement des frais
encourus, mais est-ce que ce ne serait pas, d'emblée, à la municipalité ou à la
ville d'encourir ces frais?
Mme Chouinard (Isabelle) : Le
projet de loi le permet, en fait. À l'article 12, on dit que la municipalité
peut intenter la poursuite pour le bénéfice de l'élu. Ça, c'est une belle
mesure. Maintenant, pour qu'un élu ne soit pas victime d'un refus partisan, par
exemple, de prendre le recours... c'est pour ça qu'on proposait que... s'il
s'avère que son recours est fondé, qu'il puisse être remboursé de ses frais. De
cette façon-là, on évite les... un nombre important...
M. Arseneau : D'accord. On
couvre toutes les options.
Mme Chouinard (Isabelle) : C'est
ça, c'est ça.
M. Arseneau : D'accord. Et je
vais vous poser la même question qu'avec les intervenants précédents :
Pouvez-vous nous donner des exemples de ce qu'on pourrait faire, maintenant
qu'on... avec l'adoption d'une telle loi, par rapport à ce qu'on... les outils
qu'on possède aujourd'hui, des cas réels, là, des situations où on ne peut pas
intervenir aujourd'hui? Me Giasson, peut-être?
M. Giasson (Serge) : On
pourrait prendre un recours, que la municipalité pourrait prendre un recours.
Toute la différence entre la situation actuelle, qui est couverte par la
protection juridique, de 604, de la Loi sur les cités et villes... On vient
d'ouvrir ici la possibilité à la municipalité de prendre un recours en demande,
et pas seulement de défendre un élu qui est attaqué, mais aussi de permettre à
un élu de se défendre par l'attaque... c'est-à-dire, en déposant l'injonction.
C'est toute la différence, O.K., c'est ça, l'ouverture, et ça permet à la
municipalité d'appuyer l'élu. Avant, l'administration... vous savez, quand un
élu était dans cette situation-là, l'administration était un peu menottée,
parce que son... la possibilité d'intervenir était limitée.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, c'est tout le temps alloué qu'on a. Alors, merci à la ville de
Québec pour votre précieuse contribution.
Alors, la commission suspend ses travaux
jusqu'après la période des affaires touchant les travaux sur les commissions.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 28)
Le Président (M. Gagnon) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît, chers collègues! La Commission de l'aménagement du
territoire reprend ses travaux cet après-midi.
Je demande à toutes les personnes dans la
salle, effectivement, si vouloir, de bien vouloir atteindre leur appareil
électronique.
Alors, nous poursuivons des consultations
particulières et adoption publique sur la loi... le projet de loi, pardon, no
57, Loi édictant la Loi visant à protéger les élus et à favoriser l'exercice
sans entraves de leurs fonctions et modifiant diverses dispositions
législatives concernant le domaine municipal.
Cet après-midi, nous entendrons les
témoins suivants : la ville de Montréal, en vidéoconférence, qui sont avec
nous, le Réseau des jeunes mères au municipal, la Ligue des droits et libertés.
Le tableau... la Table, pardon, de travail sur la civilité en politique
municipale et M. Philippe Dubois, professeur adjoint à l'École nationale d'administration
publique.
En premier, je souhaite maintenant la
bienvenue aux représentants de la ville de Montréal. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé puisque nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous... donc, pardon, à
vous présenter et à débuter votre exposé.
(Visioconférence)
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Parfait.
Écoutez, merci beaucoup, merci beaucoup. Donc, je salue Mme la ministre, M. le
Président de la commission, Mesdames et Messieurs membres de la commission.
Donc, je suis Gracia Kasoki Katahwa, mairesse de Côte-des-Neiges Notre-Dame-de-Grâce
et membre du comité exécutif à la ville de Montréal, et il me fait grand
plaisir d'être avec vous pour vous présenter la position de la métropole quant
au projet de loi n° 57.
Je suis accompagné aujourd'hui de deux
personnes de l'administration, donc Me Annie Gerbeau, directrice des affaires
civiles au service des affaires juridiques de la ville, ainsi que M. Jean
Therrien, directeur du Bureau des relations gouvernementales et municipales.
• (15 h 30) •
Donc, d'entrée de jeu, je tiens à
souligner les efforts de la ministre des Affaires municipales et de toutes ses
équipes pour le travail accompli ayant mené au dépôt de ce projet de loi. Ce
dernier propose des dispositions qui sont nécessaires, concrètes et qui
permettront de réellement bonifier l'environnement de travail des personnes
élues partout à travers le Québec.
Les commentaires sexistes, racistes,
vexatoires ou carrément abusifs sont malheureusement monnaie courante dans le
quotidien des élus municipaux québécois et il est certainement temps d'y mettre
fin.
Donc, vous l'aurez compris, la ville de
Montréal est donc globalement satisfaite du projet de loi qui est déposé... qui
est déposé. Je vais donc concentrer mon intervention sur certaines propositions
de bonification qui permettraient à nos yeux de l'améliorer.
En tant que gouvernement de proximité, les
municipalités demeurent des répondants de première ligne pour les citoyens. Si
cette accessibilité offre des occasions d'échanges riches, elle prête également
le flanc aux écarts de conduite et abus de toutes sortes, tels que les
insultes, les menaces et même parfois des agressions qui, vous en conviendrez,
n'ont absolument pas leur place dans une société libre et démocratique comme le
Québec.
Si la ville accueille avec grande
ouverture, voire avec soulagement, je vous dirais, les mesures du projet de loi
qui viennent encadrer ce genre de comportement, force est toutefois d'admettre
que lorsque vient le temps de s'en prendre à un élu, les limites de la
créativité sont constamment repoussées. L'expérience récente nous porte à
croire que certaines personnes mal intentionnées, n'ayant plus la possibilité
de s'en prendre aux élus directement, pourraient avoir tendance à diriger leur
fiel vers les proches ou leur garde rapprochée. On parle ici de cas réels et
récents, de messages malveillants ou harcelants contre les conjoints,
conjointes, les collègues de travail ou, pire, les membres de la famille. De
telles situations sont d'autant plus inacceptables qu'elles visent des
personnes extérieures à la réalité de travail de l'élu concerné et peuvent
parfois s'attaquer à des personnes fragiles ou vulnérables. Nous ne devrions
pas laisser la porte ouverte à ce qu'elles... à ce qu'elles subissent ce dont
nous-mêmes, nous essayons de nous protéger. C'est pourquoi la ville recommande
d'élargir la portée des mesures de protection prévues pour les personnes élues
afin d'inclure le personnel politique et la famille proche des élus. À notre
avis, ceci permettra d'éviter que les comportements abusifs ne se déplacent
vers ces personnes.
Le projet de loi contient également
certaines mesures permettant d'accroître la flexibilité des séances du conseil
municipal en permettant notamment aux élus, dans certaines circonstances, de
siéger à distance. La ville de Montréal accueille positivement cette avancée
qui tient compte de la réalité...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : ...d'aujourd'hui
et des apprentissages, en fait, tirés de la pandémie de COVID-19. De telles
mesures sont évidemment en phase avec la réalité des élus municipaux dont les
profils sociodémographiques ont grandement évolué au cours des dernières
décennies. En raison des avancées technologiques, nous avons vu qu'il était
maintenant possible de siéger de cette façon pendant la pandémie, et la Ville
de Montréal demande depuis plusieurs années déjà de rendre cette pratique
permanente. Si nous saluons l'introduction de ces mesures, nous jugeons
néanmoins nécessaire d'élargir les motifs pour s'en prévaloir. Ainsi, nous
demandons que soit ajouté le motif de conciliation travail-famille ou
conciliation travail vie personnelle afin de s'arrimer à la diversité des
réalités qui font partie du milieu municipal québécois. Pour certaines et
certains d'entre nous, il s'agit de remplir nos responsabilités d'élus en même
temps que nos responsabilités de parent, par exemple. Pour d'autres, il s'agit
de concilier la politique municipale et la situation d'un proche aidant.
Afin de proposer un modèle... afin de
proposer un modèle le plus inclusif possible, nous recommandons d'adapter le
texte du projet de loi à la... à la terminologie pardon, conciliation travail
famille, et ce, dans un objectif d'être beaucoup plus inclusif. On voit aussi
la terminologie conciliation-travail vie personnelle, parfois. Donc, ce motif
permettrait grandement de faciliter la conciliation entre nos vies personnelles
et professionnelles et semble s'inscrire en phase avec l'esprit du projet de
loi.
Évidemment, nous ne pouvons passer sous
silence les avancées importantes qui incluent le projet de loi à l'égard de la
participation électorale. Les citoyens de Montréal représentent plus du sixième
du nombre total d'électrices et d'électeurs québécois. Il va de soi que la
Ville de Montréal demeure fermement engagée en faveur de la participation
électorale de toutes et tous. Cette dernière poursuit ses efforts en ce sens en
axant notamment son action auprès des jeunes, des personnes aînées et des
personnes plus vulnérables. Il importe donc de faciliter l'accès au vote en
tenant compte de l'expérience récente et des données probantes.
Par exemple, celle-ci démontre que le
nombre d'heures de vote disponibles au cours d'une même journée a un impact
significatif sur la participation électorale. C'est d'ailleurs ce qui a été
observé à Montréal, où le taux de participation au vote par anticipation a
atteint près de 13 % lors de l'élection municipale de 2021, alors que nous
avions eu deux jours de vote par anticipation, comparativement à 5,6 % en
2017, où il n'y avait eu qu'un seul jour de vote par anticipation. Fait
intéressant à noter, lors de ces journées, un achalandage important a été
observé entre 10 h et 12 h. La tenue d'un vote par anticipation
uniquement à compter de 12 h, tel que prévoit actuellement le projet de
loi, semble limiter le potentiel démocratique de ces journées. Ainsi, la ville
de Montréal estime nécessaire d'accorder au... au président d'élection la
possibilité de permettre le vote dès 10 heures le matin, le jour du vote
par anticipation.
Dans cette même perspective, elle demande
que la définition des heures d'opération du bureau de vote au bureau du
président soit laissée à la discrétion de ce dernier, de manière à offrir des
services pleinement adaptés à sa réalité unique de métropole. Enfin, de sorte à
maximiser la participation électorale des personnes aînées ou en perte d'autonomie
qui logent dans une résidence, la Ville de Montréal souhaite que le déploiement
du vote itinérant puisse s'effectuer d'emblée, c'est-à-dire sans qu'une demande
préalable ne soit nécessaire.
Autrement, sachez que notre mémoire
contient quelques autres recommandations de nature plus technique, qui
concernent la mécanique entourant la tenue des séances du conseil municipal. Il
nous fera également plaisir d'en discuter avec vous. Avant de conclure, j'aimerais
préciser que la métropole reste sensible au fait que les mesures prévues au projet
de loi ne doivent en aucun cas limiter le droit démocratique des citoyens ou de
regroupements de s'exprimer sur des enjeux qui leur sont chers. Selon nous, la
mouture actuelle du projet de loi présente une approche équilibrée qui tient
compte à la fois du respect des droits démocratiques et du droit des personnes
élues à évoluer dans un environnement de travail sécuritaire.
Pour conclure, la ville de Montréal salue
le dépôt du projet de loi n° 57 qui permet d'adapter nos institutions, en fait,
aux réalités du XXIᵉ siècle, d'assurer un meilleur fonctionnement de nos
municipalités et de garantir un environnement sain pour les élus. Nous espérons
que les recommandations que nous soumettons aujourd'hui pourront être prises en
compte pour bonifier le contenu du projet de loi au bénéfice partagé des
citoyennes, des citoyens et des élus partout au Québec. Je vous remercie de
votre attention.
Le Président (M. Gagnon) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Maintenant, commencer la période d'échange. Vous
allez... nous allons discuter avec Mme la ministre. Mme la ministre, la parole
est à vous pour une durée de 16 minutes 30.
Mme Laforest : Oui. Merci, M.
le Président. Bonjour, M. Therrien, Mme...
Mme Laforest : ...Mme Gerbeau
et Mme Katahwa. Bon. Maintenant, je regardais votre mémoire puis je suis... je
suis quand même très satisfaite, parce qu'on dirait qu'il y a plusieurs mesures
qui sont dans le projet de loi, donc c'est très positif. Puis également,
j'étais avec Mme Plante la semaine passée, et il y a des mesures qui... des
mesures qui satisfont évidemment la ville de Montréal.
Maintenant, j'ai quelques questions plus
spécifiques dans votre mémoire. Au niveau de... des mesures pour permettre de
préserver la Maison Nivard-De Saint-Dizier, est-ce que vous avez... Dites-moi
pourquoi vous voulez ajouter cette mesure-là dans le projet de loi?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Je
veux peut-être passer la parole à mon collègue, M. Therrien.
M. Therrien (Jean) : En fait,
l'idée, c'était de demander que cet équipement passe dans... soit inclus dans
la Charte de la Ville de Montréal comme équipement d'un certain niveau
d'agglomération, donc va être un équipement qui...
Mme Gerbeau (Annie) : ...
M. Therrien (Jean) : ...qui
passe à un niveau supérieur en termes... et qu'il puisse permettre une
intervention, là, plus importante.
Mme Laforest : Oui, c'est
vrai. C'est vrai. O.K.
M. Therrien (Jean) : Donc,
c'est une demande... une demande historique de ville, là, qui... que vous avez...
vous proposez de répondre dans le projet de loi, et on en est très satisfaits.
Mme Laforest : O.K. C'est
vrai parce que les autres sont déjà inclus au niveau des équipements. Merci
pour l'information.
Maintenant, j'ai une question au niveau
des... de la... des séances extraordinaires. Vous dites que vous pourriez les
faire tout en... par distance... par... à distance, en fait. J'aimerais savoir,
pour des séances extraordinaires, est-ce que vous ne craignez pas que les
citoyens soient déçus, si vous décidez que les séances extraordinaires, à
partir du projet de loi adopté, seraient toutes à distance?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : En
fait, c'est... Ce qu'on demande, c'est qu'on ait la possibilité de les faire à
distance. Et, en fait, comme on a vu durant la pandémie, les citoyens étaient
en mesure de poser leurs questions à distance, donc on voudrait, d'un point de
vue logistique... puis je vais laisser mes collègues compléter, là, ça serait
beaucoup plus facilitant de permettre donc de faire la séance complètement à
distance pour empêcher finalement qu'un citoyen se présente dans une séance
extraordinaire, poser des questions, puis qu'il y ait des élus qui sont à
distance puis des citoyens qui soient... qui soient en présentiel, là. C'est un
peu ce qui est demandé. Mais je vais... je vais demander à mes collègues de
compléter.
• (15 h 40) •
Mme Gerbeau (Annie) : En
fait, oui, ce qui est... ce qui est proposé, ce n'est pas qu'en tout temps ça
soit fait à distance, mais que, si pour une raison ou pour une autre, il est
nécessaire qu'une... comme une... un conseil municipal se tienne...
extraordinaire, se tienne à distance, que les citoyens puissent y participer
eux-mêmes à distance et non pas se présenter sur les lieux et être tout seuls
devant des caméras, finalement.
Mme Laforest : O.K., c'est
bon. Parce que, quand on parle de budget, il y a des mesures importantes, là,
pour les séances, évidemment, pour les citoyens.
Le zonage incitatif. Est-ce que vous prévoyez
déjà avoir certains projets pour travailler avec cette mesure-là, qui est dans
le projet de loi n° 57, pour le zonage incitatif, ajouter des logements
sur des immeubles déjà existants pour des nouveaux projets?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Bien,
si M. Therrien veut répondre à la question.
M. Therrien (Jean) : Bien,
absolument, oui, on est contents de ce pouvoir-là. Évidemment, on avait déjà un
peu un pouvoir similaire à travers le règlement de métropole mixte qui,
justement, à travers des ententes de développement avec les promoteurs,
permettait, là, de bonifier le projet à certaines conditions, et à ce
moment-là... une contribution financière ou pas pour acheter des logements
sociaux dans le... dans le développement du territoire en question. Donc, pour
nous, c'est un bon... Et on... D'ailleurs, en vertu des projets de la loi
précédente de l'automne dernier, là, on a une plus grande flexibilité d'action.
On est en train de réfléchir, là, à comment on peut utiliser ces nouveaux
pouvoirs là qui nous permettent d'être plus flexibles en matière de
développement, logement et logement social, notamment.
Mme Laforest : O.K. Est-ce
que... Là, j'aimerais savoir plus d'informations sur les heures des votes par
anticipation. Vous donnez des exemples, à partir de 10 h jusqu'à midi
ou... C'est quoi, la problématique?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Bien,
en fait... Puis je vais débuter, je vais vous laisser compléter. En fait, c'est
qu'on a remarqué, avec les statistiques qui ont été partagées dans le mémoire,
que lorsque le bureau de vote ouvrait à 10 h le matin, on a... on a
remarqué une meilleure participation. Donc, il y a deux éléments qui ont
favorisé la participation citoyenne. C'est permettre, en fait... Les journées
de vote par anticipation, il y a beaucoup de participation citoyenne, donc
plusieurs personnes qui viennent voter, et le fait d'ouvrir le bureau de vote à
10 heures aussi favorisait la participation des citoyens au vote
électoral. Donc, c'est pour ça qu'on vous propose ça. Puis il y a des données à
l'appui. Je ne sais pas si mes collègues veulent compléter la donnée.
M. Therrien (Jean) : Bien,
comme... Bien, comme on disait dans le mémoire, que l'expérience nous a montré
que l'achalandage, l'affluence était importante à partir de 10 h le matin
dans les projets qu'on a faits dans le passé. Donc, on s'interrogeait sur la...
un peu la pertinence de limiter ça à midi comme ouverture pour les bureaux de
vote par anticipation, alors qu'on sait qu'il y a déjà...
M. Therrien (Jean) : ...une
demande importante de 10 heures le matin. Donc, d'avoir une période plus grande
dans la journée nous paraissait plus... plus gage de succès et permette de
répondre aux attentes des citoyens...
Mme Laforest : O.K. Je vais
vérifier, parce que je crois que, pour ça, c'est... c'est comme... c'est comme
ça dans le projet de loi, mais je vais vérifier. J'aimerais savoir, au niveau
des formations, quand on parle... Nous, c'est sûr que c'est important, une
formation obligatoire dès l'entrée en poste des élus. Au niveau des genres de
formation, lesquels vous verriez?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Bien,
écoutez, je vais partager mon expérience. J'ai été élue moi récemment, en... en
2021. Donc, tout ce qui a trait à nos... à nos droits et responsabilités, là,
liés à la civilité, je pense que, comme élu, c'est important d'être conscient
de ça dès le départ, peut-être même avant, là. Donc, lorsqu'on est candidat.
Dans le contexte... dans l'esprit du projet de loi, puis dans le contexte que
nous connaissons aujourd'hui, je pense que c'est important aussi de connaître
les responsabilités, bien, des... et des citoyens, finalement, puis les recours
qu'on a, à partir du moment où on est candidat et, évidemment, quand on devient
élu. Donc, c'est le genre d'information qui serait intéressant puis rassurant
d'avoir dès le départ, et ça nous outille dès le départ. Donc, on est prêt à
faire face à ces situations-là, là, si ça nous arrive comme élu. Puis je ne
sais pas s'il y a... Est-ce que mes collègues, vous avez d'autres... d'autres
propositions...
Mme Gerbeau (Annie) : Les
formations qui sont données actuellement et qui sont obligatoires aussi, je
pense, concernent le code d'éthique. Et c'est... c'est donné de façon... par...
par un tiers à la ville, objectif et neutre, c'est donner aux élus à chaque
élection.
Mme Laforest : O.K., merci
beaucoup. Pour la Société du parc Jean-Drapeau, évidemment, là, dans le projet
de loi, c'est assez simple, fallait ajouter des activités culturelles et
récréatives et touristiques. Je ne sais pas pourquoi il faut mettre ça dans un
projet de loi, mais il n'y a rien de plus, parce qu'il fallait juste ajouter
ça, puis on pouvait même en faire un projet de loi d'intérêt privé, ce qui
était vraiment trop demandé. Là, c'est simple à ajouter. Je ne sais pas
pourquoi on doit ajouter ça, mais dites-vous que, selon... selon mes collègues
et moi, c'est sûr que ça devrait aller de soi, là, ce n'est pas... ce n'est pas
une grosse problématique. Ensuite, les règles de régie interne, comment ça se
passe, vous, les conseils municipaux? Est-ce qu'il y a des règles établies
et... Comment ça fonctionne?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Oui.
Donc, le conseil municipal, le conseil d'agglomération puis les conseils
d'arrondissements, là, dans la ville de Montréal ont leur règlement de régie
interne. Puis là je vous parle aujourd'hui peut-être avec deux chapeaux, là,
donc mairesse d'arrondissement où je préside les conseils d'arrondissement dans
l'arrondissement, puis mon... comment dire, conseillère au conseil municipal,
là. Donc, on a chacun nos règles de régie interne. Toutefois, il peut arriver
qu'il y ait des disparités dans l'application de certaines règles liées à la
civilité, notamment, entre le conseil municipal, le conseil d'agglomération ou
entre chacun des arrondissements. Donc, un citoyen pourrait venir me poser une
question en conseil d'arrondissement, dans Côte-des-Neiges, Notre
Dame-de-Grâce, je peux faire preuve de plus de tolérance ou appliquer mes
règles de civilité différemment qu'un autre conseil d'arrondissement à
l'intérieur même de la ville de Montréal. Puis le citoyen peut aller dans
n'importe quelle instance, là, mais il peut se retrouver face à des règles de
régie interne qui sont complètement différentes d'une instance à l'autre.
Il y a les règles de civilité, mais il y a
aussi, je ne sais pas, moi, le temps alloué pour... pour les questions, par
exemple, je sais que nous, on se greffe beaucoup à ce qui est fait au conseil
municipal, mais ce n'est pas le cas dans tous les arrondissements, où les
citoyens ont deux minutes pour une question, une minute pour une sous-question,
ça peut être appliqué complètement différemment. Donc, ça faciliterait selon
nous les choses d'avoir un canevas, là, qui pourrait être utilisé dans chacune
des villes pour que les citoyens sachent comment se comporter, peu importe quel
conseil municipal ou quel conseil d'arrondissement auquel ils souhaitent
participer, finalement.
Mme Laforest : D'accord.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Est-ce
que vous...
Mme Laforest : Très bon. O.K.
Allez-y, Oui?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : C'est
bon.
Mme Laforest : C'est bon?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Bien,
écoutez, juste pour vous dire, je... c'est vraiment un défi important, puis je
pense que ça a un impact sur, justement... comment dire, l'attitude ou le
comportement des citoyens, ces règles de… ces règles de régie interne, parce
que parfois on discute beaucoup avec les citoyens sur... sur ces règlements, en
fait, au lieu de répondre aux questions des citoyens sur des enjeux de
l'arrondissement ou de la municipalité, on prend du temps, beaucoup de temps
parfois pour expliquer les règles de régie interne, parce que le citoyen
dit : Bien, pourquoi vous appliquez cette règle-là de cette façon-là,
parce qu'ailleurs on l'applique différemment, etc.? Puis ça, ça amène aussi des
discussions qui sont très émotives parfois, et je pense que ça faciliterait
beaucoup les choses d'avoir...
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : ...vraiment,
un canevas puis des recommandations de voici comment devrait fonctionner les
conseils de ville, les conseils d'arrondissement, là, dans les différentes
villes, puis le citoyen saurait comment se comporter un peu partout, dans ce
cas-là, là.
Mme Laforest : O.K., c'est
bon. Parce que c'est... Le modèle de clause de bonification des règlements de
régie interne, vous dites que ce serait bien de le rendre accessible à
l'ensemble des municipalités. Donc, c'est sûr que... Ce que je comprends bien,
c'est que, si on a le même modèle pour toutes les municipalités — même
si Montréal, on s'entend que c'est 2 millions d'habitants — ce
serait positif?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Oui,
oui. Bien, c'est sûr qu'il faudrait... comment dire... il faudrait un modèle
qui permette à des municipalités d'adapter... Montréal, là, et les villes
autour de Montréal, je pense qu'il y a un contexte qui est particulier, mais je
pense que, s'il y a la flexibilité nécessaire pour permettre aux municipalités
de s'adapter, puis que tout le monde suivent des principes qui soient
similaires, je pense que ça amènerait une certaine... Ce n'est pas une
uniformité qu'on cherche, là, puis là je...
Mme Gerbeau (Annie) : Une
harmonisation.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Une
harmonisation, voilà, c'est l'harmonisation qu'on cherche. Puis, je ne sais
pas, est-ce que vous voulez ajouter des éléments là-dessus, monsieur....
M. Therrien (Jean) : Il
faudrait, c'est sûr, être capables de le bonifier. C'est un guide qu'on
souhaite...
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : C'est
un guide.
M. Therrien (Jean) : ...quelque
chose qui serait comme fourni aux municipalités, mais on peut légèrement
l'adapter à son contexte particulier, là, selon les régions, selon le type de
ville, évidemment.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Oui,
puis ça permettrait aussi, je pense, à... Je pense que c'est aussi bon pour les
élus qui président ces conseils de ville ou ces conseils d'arrondissement que
pour les citoyens. C'est à dire, lorsqu'une municipalité va souhaiter,
peut-être, s'écarter de ce guide-là qui est donné par Québec, bien, je pense
que c'est un levier intéressant, pour les citoyens, de... que la municipalité
doive s'expliquer, sur, bon, pourquoi est-ce que le Québec recommande, je ne
sais pas, moi, trois minutes de questions par citoyen, puis que vous, vous
demandez 30 secondes, tu sais. C'est un exemple un peu grossier, mais, voilà.
Je pense que ça... c'est aussi bénéfique, pour les personnes qui président les
séances, et les élus, que pour le citoyen, d'avoir un guide pour harmoniser les
pratiques dans l'ensemble des municipalités.
Mme Laforest : C'est bon.
Excellent. Merci beaucoup. Moi, j'ai... C'est complet. C'est sûr que j'avais
discuté aussi avec Mme Plante. Merci beaucoup. Puis, honnêtement, c'est un beau
projet de loi. Puis merci pour les petits commentaires. Je croyais que le
mémoire allait être plus volumineux, mais, en même temps, tant mieux, ça veut
dire qu'on répond à certaines demandes qui étaient importantes pour vous.
J'ai terminé pour... de mon côté. Je ne
sais pas s'il y a des collègues qui ont des questions? Ça va aussi? O.K. Merci,
M. le Président.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Gagnon) : Merci,
Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à la députée de Mont-Royal-Outremont,
pour 10 min 24 s.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Salutations à vous trois. Salutation toute spéciale à Mme Kazoki
Katahwa, que j'ai le plaisir de côtoyer régulièrement dans des événements dans
la circonscription. Merci pour la présentation, merci pour le mémoire. La
ministre a déjà couvert différents points, je ne veux pas être redondante. Je
veux peut-être juste revenir, de façon générale, sur le cœur du projet de loi,
on s'entend, qui couvre différents enjeux, mais on veut rapidement traiter de
la situation malheureuse du contexte de plus en plus difficile dans lequel
oeuvrent les élus de tous les paliers, mais en ayant une pensée particulière
pour les élus municipaux. On a vu le nombre grandissant de démissions. C'est franchement
très inquiétant, étant donné que la prochaine élection municipale va avoir lieu
l'an prochain. On veut garder nos élus en poste, on veut qu'ils soient
intéressés à se représenter, on ne veut pas décourager la relève, et tout.
Puis, dans le mémoire, vous citez, là, une
statistique, et on a eu d'ailleurs, ce matin, l'UMQ, qui a parlé des résultats
d'un sondage récent qu'ils ont mené. 74 % des élus municipaux disent avoir
été victimes d'intimidation dans le cadre de leur travail, donc c'est extrêmement
inquiétant. Et puis, nous, à l'opposition officielle, on va travailler de façon
constructive avec le gouvernement, là, on est très sensibles aussi à cet
enjeu-là, on veut tout faire pour améliorer les choses, tout en n'affectant pas
la liberté d'expression des citoyens.
Ma question est la suivante :
Qu'est-ce que vous vivez dans le cadre de vos fonctions? Je sais que vous,
personnellement, vous avez été élue, là, en 2021, et la pandémie était déjà
installée. Mais c'est une question qu'on pose assez généralement, pour avoir
des exemples, pour pouvoir savoir est-ce que le problème se situe surtout à
même l'hôtel de ville, est-ce qu'il y a, même, des cas difficiles, là, de
menaces, d'intimidation et de harcèlement à l'extérieur de l'hôtel de ville.
Est-ce que vous diriez que c'est... ou est-ce que c'est surtout les médias
sociaux qui posent problème? Tu sais, j'aimerais juste avoir quelques exemples
pour qu'on puisse bien cerner la problématique.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Écoutez,
merci beaucoup pour la question. C'est vraiment un mélange d'un peu tout ça, je
dirais, là, voilà. Je pense que c'est nécessaire, comme élus, lorsqu'on arrive,
notamment, de comprendre ce qui est exigé de nous, ce qui est requis de nous
dans notre...
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : ...comportement
envers nos collègues élus, envers la fonction publique, envers les citoyens. Tu
sais, il y a des formations qui sont données, mais je pense que c'est important
d'insister là-dessus. Lorsqu'on arrive, on est élus, il y a tellement d'informations
qui nous arrivent. Il faut vraiment trouver une façon, là, d'intégrer, là...
que ce soit intégré chez les élus, comment est-ce qu'on doit se comporter
envers nos collègues, la fonction publique et les citoyens. Donc, ça, c'est un
élément à l'intérieur de l'hôtel de ville.
À l'intérieur de l'hôtel de ville
également, donc dans les conseils municipaux et aussi dans les conseils
d'arrondissement, donc, évidemment, nous, on fait face à chaque mois, sinon
deux fois par mois en fait, aux citoyens qui viennent nous poser des questions.
Et je dois vous avouer que, voilà, maîresse de Côte-des-Neiges Notre-Dame-de-Grâce...
Puis c'est le... comment dire? C'est la même chose pour certains de mes
collègues. Tu peux perdre le sommeil parfois la veille d'un conseil
d'arrondissement. Ça peut te prendre toute une journée après pour récupérer.
Puis ce n'est pas... je veux dire, un conseil... Chez nous, ça dure longtemps,
là, mais ça peut durer trois, quatre heures. Tu peux prendre... avoir besoin de
la journée au complet le lendemain pour t'en remettre. Puis ça, c'est dans les
débuts. Après, tu finis peut-être par te développer des mécanismes de défense,
à tort ou à raison. Tu peux... ça a des impacts sur ta famille qui doit être là
pour te rassurer, te dire que tu es une bonne personne qui en vaut la peine,
puis que le travail que tu fais est important. Ça prend beaucoup de... je vais
dire TLC, là. Donc, ça prend beaucoup d'amour, finalement, des proches. Et ce
n'est pas tout le monde qui a la chance aussi d'avoir autant de personnes pour
les entourer, pour les rassurer après les conseils.
C'est une longue réponse, là, mais c'est
pour dire que, parfois, le ton employé, les mots employés, le fait de souvent
avoir à négocier, le fait que c'est important de ne pas insulter et de pas
utiliser, voilà, des mots que tu ne dirais pas à un enfant, de pas les utiliser
en conseil, en conseil d'arrondissement, de toujours devoir négocier ça avec
les citoyens, des fois, ça peut être difficile.
Les médias sociaux, peut-être pour
terminer là-dessus, c'est aussi un grand enjeu. C'est-à-dire que ce n'est pas
tout le monde que le luxe d'avoir des gens qui gèrent ces médias sociaux. Donc,
tu dois toi-même voir tous les messages, parfois d'insultes racistes, etc.,
puis on ne peut pas toujours bloquer le citoyen, tu sais, c'est comme du droit
nouveau, tout ça, là, donc tu ne peux pas... tu dois faire face à ces insultes
constamment. C'est très difficile sur le moral.
Mme Setlakwe : Merci. Votre
réponse n'est pas du tout trop longue, au contraire, elle est... c'est très
éclairant puis c'est très pertinent d'entendre votre témoignage. C'est
exactement pour ça qu'on veut améliorer la situation pour les élus. Puis vous
avez raison de dire qu'à la ville de Montréal, il y a probablement, pour les
élus, un soutien peut-être plus important pour la gestion de, par exemple, les
médias sociaux, mais c'est d'autant plus difficile pour les élus à l'extérieur
des grands centres qui doivent quand même composer avec cette réalité-là. Donc,
merci pour ça.
Vous suggérez donc de... vous recommandez
d'élargir la portée des mesures au personnel politique ainsi qu'à la famille
proche d'un élu. Vous avez mentionné que vous aviez le soutien de vos proches,
mais ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que, donc, les proches d'un élu
peuvent être visés aussi par du harcèlement, de l'intimidation, des menaces. Et
c'est dans ce sens-là, donc, que vous souhaiteriez qu'on ne protège pas
seulement les élus, mais leur entourage, leurs familles proches et aussi le
personnel politique.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : Oui,
en effet. Puis je vais débuter... puis mes collègues pourraient compléter,
mais, honnêtement, je pense qu'on prend le réflexe de cacher nos membres de
famille. C'est-à-dire, moi, je ne m'expose pas tout le temps avec les membres
de ma famille. Puis souvent, les membres de nos familles habitent avec nous
dans les quartiers, ils viennent avec nous à l'épicerie, sont avec nous dans la
rue. Moi, ça m'est arrivé de me faire apostropher de façon très, très agressive
par un citoyen, au point où j'ai dû faire une plainte à la police. Mais si
j'avais été.... je n'ai pas d'enfant, mais si j'avais été avec mon enfant...
Donc, je pense qu'on développe des réflexes pour protéger nos membres de
famille, mais quelqu'un qui voudrait s'en prendre à eux aussi, voilà, il y a
différentes... Maintenant, c'est facile de faire des recherches puis de voir,
donc il y a différentes façons de les atteindre. Et notre personnel politique,
lorsque j'ai subi ça dans la rue, j'étais avec un personnel politique qui vit
le même genre de traumatisme et d'agression que moi au moment où je le vis.
Donc, c'est vraiment quelques exemples
pour dire que les gens qui entourent les élus sont aussi potentiellement la
cible de la personne qui vise l'élu en question, là. Est-ce que vous souhaitez
ajouter des éléments?
M. Therrien (Jean) : Je pense
que c'est complet.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
pour la tenue de... pour ce qui est de la possibilité de participer à des
séances à distance, vous, vous souhaitez... vous trouvez que le projet de loi
ne va pas assez loin. Parce que ce qui prévaut actuellement, c'est des
situations plutôt exceptionnelles pour des raisons de santé, par exemple, ou,
en tout cas, on a nommé des cas précis, en cas de congé de... si on se trouve
dans un congé de maternité ou si on a adopté un enfant...
Mme Setlakwe : ...mais là, moi
ce que j'entends, c'est que vous souhaiteriez donc qu'on élargisse les motifs
puis qu'on puisse participer de façon... si j'ai bien compris, c'est juste pour
des séances extraordinaires qu'on puisse participer à distance pour des raisons
assez larges, là, de conciliation travail-famille.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : En
fait, là, vous me corriger, mais je ne crois pas que ce soit seulement pour les
séances extraordinaires, c'est pour l'ensemble des séances, hein, corrigez-moi
si... si je me trompe, là, mais c'est pour l'ensemble des séances. Puis on
voudrait, en fait, vraiment que le projet de loi s'aligne à la réalité actuelle,
là, des... des Québécoises, Québécois, c'est-à-dire le... le concept de famille
est très, très large aujourd'hui, c'est pour ça qu'on... souvent on dit
conciliation travail-vie personnelle au lieu de travail-famille. Parfois, tout
à l'heure, je parlais des proches, parfois ton proche, c'est peut-être ton
voisin, mais c'est le seul proche que tu as, et puis c'est difficile de
justifier que tu dois siéger à distance parce que, je ne sais pas, ce proche,
cette personne significative dans ta vie ne rentre pas dans la définition de...
de famille. Il y a plusieurs autres d'exemples qu'on... qu'on peut donner,
c'est-à-dire... voilà, des... des membres de famille pour lesquels on doit être
proches aidants par exemple. Donc, tu peux participer à la séance du conseil
municipal, mais parce que, voilà, tu accompagnes un membre de ta famille qui...
qui a commencé la chimiothérapie puis tu veux... elle ne va pas bien ce
matin-là, bien, tu vas rester à la maison, mais tu veux quand même participer
au conseil municipal. Donc... donc, c'est vraiment d'élargir le conseil parce
que c'est difficile dans un projet de loi, je pense, de cibler toutes les
situations auxquelles les élus peuvent faire face, qui leur demandent une
conciliation de travail et vie personnelle. Je pense que c'est important,
peut-être, d'aller travail-famille. Voilà, c'est important d'aller vers là et
de permettre cette flexibilité-là aux... aux élus. Ça a beaucoup été appliqué
comme ça, je dirais, durant la pandémie, là, honnêtement, là. Donc, on... on
proposerait, là, pour faciliter la vie des élus, d'utiliser... de s'assurer que
le terme travail... conciliation travail-famille soit le plus inclusif
possible, c'est... c'est ce qu'on demande, ce qu'on propose.
Mme Setlakwe : Merci. Là on
me dit qu'on a presque plus de temps. Juste, rapidement, puis je suis désolée,
là, de... de pas... de ne pas avoir le... le contexte, mais pour la société
Jean-Drapeau, quelle est la demande précise? Donc, c'est élargir sa mission? Et
puis plutôt que...
• (16 heures) •
M. Therrien (Jean) : Oui, en
fait, c'était de... de l'actualiser en vertu de ce qu'elle fait maintenant.
Donc, dans la Charte de la Ville de Montréal, c'était un peu plus restrictif,
il y avait certains éléments qui n'apparaissaient pas et donc elle avait déjà
commencé à être sollicitée ou à organiser des activités qui tournaient autour
soit scientifique, soit culturelle, qui n'apparaissaient pas dans sa mission
première, qui était inscrite dans la Charte de la Ville de Montréal. Donc, on vient
moderniser cet article-là de la charte qui élargit le champ d'action mais qui,
de facto, s'en allait vers ça déjà au niveau des activités de la société.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Gagnon) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Taschereau, pour une durée
de 3 min 28 s, M. le député.
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Katahwa, Mme Gerbeau, M. Terrien. Merci pour
votre mémoire, votre présence aujourd'hui.
J'aurais des questions à vous poser
concernant les périodes de questions qui pourraient, pour des cas de force
majeure, être entièrement virtuelles. Vous faites référence à quels cas
d'exception dans votre... dans votre proposition?
Mme Gerbeau (Annie) : Bien,
en fait, la... la seule demande de... de la ville, c'est dans les cas
d'assemblées extraordinaires qui seraient... qui seraient en virtuel, parce
que, pour des raisons particulières, là, la ville ne tient pas à faire des
assemblées extraordinaires, mais ça... ça peut arriver. Et on se disait si lors
d'une assemblée ordinaire, les élus sont à distance, mais qu'on demande aux
citoyens de se déplacer, ils vont arriver dans une salle vide, ils vont arriver
devant des écrans, ce qui n'est pas très optimal. Et la... l'expérience de la
pandémie nous amène à penser que, dans des cas comme ça, on devrait permettre
aux citoyens d'avoir une présence virtuelle également.
M. Grandmont : Mais juste
pour bien comprendre, là, actuellement, vous avez la possibilité, vous, de
tenir des assemblées extraordinaires en mode virtuel.
Mme Gerbeau (Annie) : Non, le
projet de loi nous donne cette possibilité-là.
M. Grandmont : D'accord. Donc,
vous voulez, vous, que dans... dans ce temps-là aussi, les citoyens puissent y
assister de manière virtuelle. Parfait. Merci. Je comprends mieux.
On a eu une discussion ce matin, là, sur
la question des congés parentaux, on... puis vous avez été évoqué comme cas, je
ne sais pas si avez assisté à l'échange, comme cas où finalement on avait
trouvé des aménagements pour permettre à des... les conseillères municipales en
l'occurrence, là, qui avaient... qui étaient nouvellement maman, et vous leur
avez donné la possibilité de prendre davantage que ce qui est prescrit par la
loi, là, comme congé parental. Juste nous expliquer comment ça... ça a été
quoi, l'arrangement, comment vous avez réussi à organiser cela.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) : M. Therrien...
16 h (version non révisée)
M. Therrien (Jean) : ...peut-être
Annie, mais je ne crois pas qu'on ait donné plus que ce que la loi permet, mais
ce qu'on a, ici, fait à la ville, c'est qu'on a dégagé un budget à travers le
budget de recherche pour que ces personnes en congé puissent être... puissent
bénéficier d'une intendance au niveau soutien de recherche pour assurer un
certain suivi des dossiers en leur absence pendant le congé déterminé, là, en
vertu des règles. Donc, c'est... c'est simplement qu'il y a un budget de
recherche puis il y a quelqu'un qui assure un certain suivi du compte... du
compte Facebook et des réseaux sociaux, ou de d'autres demandes, et qui peut, à
ce moment-là, acheminer les demandes et assurer une certaine vigie, là, pendant
l'absence de l'élu. Mais on n'a pas joué sur la période, là, à ma connaissance.
M. Grandmont : D'accord,
je comprends. Donc, c'était une personne qui était donc là pour faire de l'intendance,
gestion de médias sociaux, rien de politique. C'était vraiment du travail plus
administratif dans le fond?
M. Therrien (Jean) : Du
travail de soutien aux élus, mais de, vraiment, de plus de liens très, comment
dire, de base, là, juste s'assurer que les courriels ou les informations ne
restent pas... ne restent pas sans réponse pendant quatre mois ou...
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) :
C'est le suivi des demandes citoyennes, là. Bref, il y a des collègues qui
ont bénéficié de ça. Donc, suivi des demandes citoyennes, beaucoup, s'assurer
que pendant la période où la personne n'est pas là...
M. Grandmont : Et vous
avez combien de semaines, là, finalement, pour les personnes, en terminant?
M. Therrien (Jean) : Je
n'ai pas la réponse précise à ça.
Mme Gerbeau (Annie) : Moi
non plus.
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) :
On n'a pas la réponse.
M. Grandmont : Vous
pourriez nous envoyer... Si je peux me permettre une demande, de nous envoyer
un peu le modèle que vous avez utilisé, ce que vous avez développé comme outil,
dans le fond, pour accompagner les jeunes conseillères municipales. Bien, les
jeunes? Enfin, les conseillères municipales qui...
Le Président (M. Schneeberger) :
En terminant.
M. Grandmont : ...la
situation de... qui venaient d'avoir un enfant. Merci beaucoup. Vous pourrez l'envoyer
à l'adresse générale de la commission. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci. Merci beaucoup. Alors, bonjour à vous trois. On a changé de
président. Alors, je me présente, Sébastien Schneeberger, président de la
Commission de l'aménagement du territoire. Alors, nous allons... Maintenant,
nous poursuivons avec le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Bonjour à vous. Merci pour votre présentation. Je voulais juste
une petite précision, là. Est-ce qu'on peut avoir votre point de vue sur une
proposition qui a été entendue plus tôt aujourd'hui à l'effet que, pour la
participation virtuelle, là, qui serait permise selon certaines conditions, à
partir du projet de loi, malgré cette possibilité-là que le quorum soit assuré
par un nombre suffisant de personnes en présence. Est-ce que vous êtes
favorables à ça ou on pourrait imaginer que le trois quarts de l'assemblée ne
soit pas là, puis que la réunion se tienne malgré tout?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) :
Bien, écoutez, c'est... c'est vraiment pertinent, je pense qu'on serait
ouverts à en discuter, mais je comprends tout à fait la pertinence pour éviter
que les citoyens, notamment, viennent se présenter en conseil devant une salle
à moitié vide, là. Donc, je pense que c'est en effet une bonne idée. Je ne sais
pas, là, si je vous laisse tous les éléments.
M. Arseneau : Oui. Et
puis... Bien, vous avez aussi soulevé avec... avec grande légitimité le fait
que ça serait difficile pour la municipalité, là, d'aller vérifier, là, les... les
motivations ou la présence des gens sur le territoire de la ville, au Québec ou
ailleurs, là. Ça, je pense qu'effectivement on devra en tenir compte. J'aimerais
savoir. J'ai posé la question à d'autres également avant vous, sur le plan, là,
de l'intimidation dont sont victimes les élus, est-ce que vous voyez vraiment,
là, un outil pour vous, supplémentaire, et si oui, dans quels cas? Est-ce qu'il
y a un exemple, là, de ce que vous ne pouvez pas faire, que vous pourriez faire
avec les nouvelles dispositions de la loi?
Mme Katahwa (Gracia Kasoki) :
En tout cas, l'exemple auquel je pense, là, celle qu'on a parlé tout à l'heure,
c'est l'intimidation en ligne, là. C'est très... ça semble assez complexe en ce
moment pour les élus, d'agir. Juste le fait de bloquer, là, un citoyen, là, on
ne sait même plus si on peut bloquer un citoyen qui nous harcèle ou qui a des,
voilà, des propos racistes ou sexistes qu'on met sur nos médias sociaux. Puis
tout à l'heure, j'y faisais allusion, il y a beaucoup d'élus de Montréal qui n'ont
personne pour gérer leurs médias sociaux, là. C'est le cas aussi beaucoup pour
les élus à Montréal. Donc, ça, déjà, là, si on peut avoir, tu sais, alléger les
règles, là, ou expliquer aux élus comment est-ce qu'on gère le cyberharcèlement,
là, au quotidien, là, je pense que c'est... c'est absolument essentiel. Sinon,
avoir des... Comme je vous dis, des fois, on se fait... on se fait arrêter,
crier dessus, interpeler de façon agressive dans la rue. Je n'ai pas de
solution à vous donner, mais c'est extrêmement traumatisant quand ça arrive
puis c'est... En fait, c'est très, très déstabilisant quand ça arrive. Donc, il
faudrait savoir, tu sais, à part aller... Voilà! Voilà! On va à la police, mais
la personne peut revenir après à un conseil d'arrondissement, recommencer
ces... voilà, ces actes-là. Donc, il faudrait qu'on ait des recours beaucoup
plus clairs et simples.
M. Arseneau : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, c'est tout le temps que nous avions. Alors, merci
pour votre précieuse collaboration. Nous allons suspendre quelques instants
pour accueillir le prochain groupe.
Mme Katahwa (Gracia
Kasoki) : Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 08)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons... nous reprenons les travaux. Alors, nous en sommes maintenant
au groupe du Réseau des jeunes mères aux municipales. Alors, bonjour à vous
quatre, mesdames. Alors, je vais vous présenter : Mme Laure Lavoie-Letarte,
conseillère municipale de l'Hôtel-Dieu. J'imagine, c'est le quartier, ça?
O.K.La ville de Sherbrooke. Exactement. Alors, Mme Jackie Smith, cheffe de
Transition Québec et conseillère municipale de Limoilou, ville de Québec; Mme
Marjorie Mercier, conseillère municipale de LeMoyne—Jacques-Cartier, ville de
Longueuil; et Gabrielle Brisebois, conseillère municipale de ville de
Montmagny.
Alors, vous êtes présentées. Alors, vous
avez un 10 minutes pour faire votre présentation, et ensuite nous allons
procéder à une période d'échange.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Mesdames,
messieurs les ministres et députés, merci beaucoup de nous recevoir
aujourd'hui. Donc, en 2021, il y a eu les élections municipales, puis on a dit
qu'il est arrivé une nouvelle vague d'élus, donc beaucoup de femmes, de jeunes,
c'est très bien. Donc, les élus changent, on pense que les lois aussi doivent
évoluer, se moderniser en conséquence. Et il le faut, parce que le monde
municipal est en crise, on a qu'à penser à la vague de démissions sans
précédent qui a lieu, là, depuis les débuts du mandat. Nous, on est, le Réseau
des jeunes mères au municipal, donc un groupe d'élues, là, qui ont eu ou qui
vont avoir des bébés durant leur mandat. Et c'est sûr que la conciliation
famille-travail, c'est un enjeu qu'on trouve vraiment important pour l'exercice
de nos fonctions. Et, bien que ça ne soit pas le seul enjeu, on pense que c'est
quand même un élément qui va aider assurément à l'attractivité, à la pénurie
dans... pour assurer la relève au municipal et aussi le besoin de
représentativité qu'on veut chez nos élus.
Donc, on a, le RJMAM, quatre
recommandations. On était allé rencontrer la ministre Laforest pour lui en
parler. On va pouvoir vous détailler un peu plus les demandes avec vous. Je
vais commencer avec un survol. Donc, premièrement, la participation et le vote
à distance, on le sait, fait déjà partie du projet de loi. On est très
heureuses de voir ça. On était aussi vraiment satisfaites de voir que
l'autorisation était pour 50 semaines, donc dépasse les 18 semaines
actuellement permises. Donc, on sent qu'il y a une reconnaissance, que le
besoin d'accommodement va au-delà du 18 semaines et qu'il y a un consensus
autour du 50 semaines.
Nous, une autre de nos recommandations,
c'est de pouvoir exercer son droit de vote et son droit de parole par
procuration. Parce que, bien que, oui, la participation à distance puisse être
intéressante, pour avoir fait, avec mon bébé de deux mois, quelques rencontres
à distance, avec un bébé dans les bras, premièrement, on ne peut pas prendre de
notes. C'est plus difficile de faire des interventions quand il y a un bébé qui
a besoin d'être stimulé, d'être allaité, j'ai pu allaiter juste avant de
rentrer, ça a quelques complexes. Donc, de pouvoir voter par procuration, ça
permettrait de vraiment se concentrer à son enfant et de ne pas perdre le droit
de s'exprimer, de voter.
Une autre de nos recommandations, c'est
d'avoir un fonds national pour embaucher une ressource pour du soutien
administratif, parce qu'il n'y a aucun élu qui va être capable de complètement
décrocher sans pouvoir assurer le suivi des dossiers, les requêtes citoyennes.
On sait, ils vont continuer de rentrer, ils vont continuer d'avoir des besoins,
des enjeux dans leur quartier. Vous êtes bien au courant de ça.
Donc, avec l'ensemble de ces mesures là,
ça nous amène à notre proposition principale qui est d'étirer le congé à 50
semaines. On veut pouvoir offrir, en fait, avec ces mesures complémentaires là,
dont je vous parle, un réel congé qui offre des choix et de la flexibilité au
parent, qui permet d'exercer autant son rôle de parent que d'élu. Et tant qu'il
n'y aura pas des balises qui vont être claires, qui vont être définies, en
fait, le problème, c'est que ça revient à chaque élu, individuellement, la
pression de déterminer comment il va exercer ces conditions-là. Et c'est un peu
naviguer à vue, là, selon son contexte politique, son contexte parental, les
besoins de...
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : ...enfant,
puis on considère que ce n'est pas nécessairement équitable ni très attrayant.
Donc, je laisse ma collègue Marjolaine
poursuivre.
Mme Mercier (Marjolaine) : Merci,
Laure, et merci, mesdames, Messieurs les ministres, les députés, de nous recevoir.
Comme je dors peu depuis janvier, je vais lire mon texte comme béquille, vous
me le pardonnerez.
Donc, notre recommandation principale est
la suivante, c'est que soit levée l'assiduité des élus municipaux afin de
légitimer l'absence à l'occasion d'une grossesse, de la naissance ou de
l'adoption d'un enfant pour une durée équivalente à un an, incluant la
possibilité de retrait quatre semaines avant l'accouchement. Dans le mémoire
que vous avez reçu, on a documenté le modèle des élus au fédéral et le vôtre
également au provincial.
Donc, en 2019, la Chambre des communes a
autorisé quatre semaines de répit avant l'accouchement et jusqu'à un an
d'absence après l'arrivée d'un enfant sans pénalité financière. Ça, ça a été
recommandé à l'unanimité par le Comité permanent de la procédure. Donc, c'est
un règlement qui est vraiment venu rehausser la conciliation famille-politique
des députées fédérales, qui ont désormais la flexibilité de se présenter aux
communes certains jours, mais aussi peuvent choisir de rester dans leurs...
circonscriptions, pardon, nous, c'est district, c'est plus compliqué, à
d'autres moments, durant un an. Avec ce règlement, le légiste des communes est
également venu reconnaître que l'arrivée d'un enfant, c'est une raison légitime
de s'absenter.
Au niveau provincial, en 2022, vous, les
élus de l'Assemblée nationale, avez procédé à une modification du code
d'éthique et de déontologie. Désormais, ne fait pas défaut d'assiduité le
député qui s'absente pour la grossesse, la naissance ou l'adoption d'un enfant.
Ainsi, les élus au provincial peuvent s'absenter dans ce contexte pour une
durée indéterminée sans risquer de se faire rappeler à l'ordre par le
commissaire à l'éthique.
Au niveau municipal, les élus ne
bénéficient toutefois pas du même traitement, ne pouvant s'absenter plus de
18 semaines sans risquer une suspension par la Commission municipale du
Québec. Or, 18 semaines, c'est très court. Moi, je suis rendue à
16 semaines, mon bébé, puis entre 18 et 50 ou 54 semaines, si on
compare au RQAP ou au modèle fédéral, il y a vraiment tout un monde.
Vu les modèles existants, le Réseau des
jeunes mères au municipal est d'avis qu'il serait équitable de permettre aux
élus municipaux de s'absenter quatre semaines avant la fin de la grossesse et
de légitimer l'absence sur une durée d'un an lors de l'arrivée de l'enfant en
levant la notion d'assiduité à l'article 317 de la Loi sur les élections
et les référendums dans les municipalités.
• (16 h 20) •
Il y a plusieurs bienfaits, qu'on a documentés
dans le mémoire, qui découleraient de cette mesure, notamment sur la santé,
mais même sur l'économie. D'ailleurs, le collectif Petite enfance soutient
qu'«investir massivement en petite enfance constitue le plus important legs que
le gouvernement du Québec puisse offrir à nos tout-petits et à l'ensemble de la
société» et recommande de «faire des conditions de vie adéquates pour les
enfants de 0-5 ans et leurs familles une priorité». Donc, ce qu'on
demande, c'est justement de permettre aux jeunes parents en politique plus de
flexibilité, puis ça s'inscrirait en ce sens, là, un beau legs pour la société.
Donc, merci pour votre écoute. Puis
j'espère que la levée de l'assiduité pour les élus dans ce contexte figure à la
loi 57 que vous adopterez.
Mme Brisebois (Gabrielle) : Merci,
Marjorie.
Mme Mercier (Marjolaine) : Marjolaine.
Mme Brisebois (Gabrielle) : Marjolaine,
je m'excuse. Donc, je vais poursuivre. Chers collègues élus, je suis devant
vous aujourd'hui pour représenter les quelques milliers d'élus municipaux qui
occupent leurs fonctions dans plus de 1 000 petites municipalités et
dont le revenu municipal ne leur permet pas d'occuper leurs fonctions à temps
plein, même si les responsabilités et les défis sont de plus en plus nombreux
et complexes pour toutes les municipalités du Québec. Pour les jeunes parents
élus municipaux dans cette situation, c'est tout sauf clair pour ce qui a trait
à leurs droits parentaux ainsi que pour l'accès au RQAP.
À la différence des paliers fédéral et
provincial, plusieurs élus municipaux ont un emploi principal en plus de leur
fonction d'élu pour atteindre un revenu décent. On parle de revenus de
40 000 $, 50 000 $ ou 60 000 $ annuellement. Ce
double rôle, celui d'élu et d'employé, compte déjà son lot de défis et une
triple charge de conciliation... famille, pardon, travail et vie politique.
Plus important encore, l'accès aux prestations du RQAP est inégal, voire même
impossible pour certains élus. En effet, si le revenu municipal constitue un
pourcentage de revenu total de 60 % ou plus, l'élu devient inadmissible au
RQAP pour son autre emploi lors de la venue d'un enfant. Cette situation est
inéquitable, et les élus municipaux qui la subissent doivent choisir entre la
diminution de leurs revenus familiaux au-delà de ce qui est prévu pour les
parents qui sont admissibles au RQAP ou la poursuite de leur emploi après la
naissance de leur enfant. Comme il existe une multiplicité de cas quant aux
revenus des élus municipaux, il est impossible en ce moment de pouvoir garantir
à un élu municipal ou une personne qui souhaite s'engager en politique
municipale qu'elle aura droit au RQAP durant son mandat avec la venue d'un
enfant.
Une solution simple pour le réseau, qui
permettrait de rendre la situation équitable entre tous les paliers d'élus au
Québec, mais également entre les travailleuses et travailleurs, serait de ne
pas tenir compte de la portion de...
Mme Brisebois (Gabrielle) : ...rémunération
pour la fonction d'élu lors de la demande de prestation au RQAP. Par exemple,
une élue dans le revenu d'emploi représente 40 % de son revenu total
pourrait faire une demande de prestation, mais pour cette portion seulement. Le
régime lui verserait donc une prestation selon les modalités applicables
uniquement pour cette portion salariale, comme pour tous les autres parents
employés ou travailleurs autonomes au Québec. Parallèlement, comme pour tous
les autres élus du Québec, elle continuerait à recevoir sa prestation d'élue,
puisque la fonction qu'elle occupe se poursuit même après la naissance d'un
enfant. De cette manière, la situation financière des parents et futurs parents
élus municipaux du Québec deviendrait équitable et surtout prévisible. Ça
permettrait ainsi de lever une barrière pour l'implication des femmes et des
jeunes en politique municipale.
Mme Smith (Jackie) : Merci.
Il y a deux éléments de... clés de rôle d'un élu. Comme vous le savez très
bien, mes chers collègues, le premier est de voter et le deuxième, c'est
répondre aux besoins des citoyens. Le RJMAM, notre regroupement propose deux
autres solutions pour combler les obligations des élus lors d'un congé
parental. Le premier est le vote par procuration et le deuxième est un fonds
national pour l'embauche de soutien administratif. L'obligation principale d'un
élu est de voter au conseil de ville. Actuellement, la loi exige que le vote
soit en présentiel et faite par l'élu. Si un élu est minoritaire, l'élue est la
seule représentante de son parti ou est indépendante, son absence lors d'un
vote peut débalancer la dynamique politique. Un vote par distance, bien que
c'est intéressant, ne permet pas aux élus de pleinement profiter de leurs
congés. En Ontario, la loi sur les municipalités permet aux élus de nommer un
autre élu pour voter par procuration ou de permettre à l'élu absent d'exprimer
son vote... le greffier, préalablement du vote. Les villes d'Edmonton et
Halifax ont aussi des règlements similaires. Un vote par procuration va
permettre à l'élu de ne pas passer plusieurs heures devant un écran ou au conseil
de ville avec la tâche supplémentaire de gérer un bébé.
Le deuxième élément du rôle de l'élu est
le service aux citoyens. L'absence d'un élu ne peut... ne met pas fin aux
besoins des citoyens. À l'heure actuelle, il existe un crédit individuel pour
les élus pour avoir un soutien de recherche et d'administration.
Malheureusement, seulement les municipalités avec plus de 20 000 habitants
peuvent en bénéficier et les montants varient d'une... d'une municipalité à
l'autre. C'est pour cette raison que le RJMAM propose que le gouvernement crée
un fonds national pour que tous les élus, peu importe de quelles municipalités
elles proviennent, puissent en bénéficier. Cette ressource pourrait s'occuper
des suivis de dossiers des demandes des citoyens et permettrait aux élus
d'avoir une charge réduite, à l'instar des élus au provincial et au fédéral qui
ont des employés de cabinet. Il faudrait également prévoir un temps avant
l'accouchement pour la formation de cette ressource. Dans le cas des plus
petites municipalités, le fonds peut servir d'ajouter les heures supplémentaires
à un employé déjà en fonction à la ville ou compenser un élu qui est déjà en
fonction. Merci beaucoup pour votre écoute.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour votre présentation. Alors, nous allons maintenant débuter
une période d'échange avec la ministre pour 15 minutes.
Mme Laforest : Oui, alors,
merci beaucoup de votre présence. Je suis contente de vous revoir. On a eu une belle
rencontre il n'y a pas si longtemps, c'est pour ça qu'on a pu ajouter des
mesures dans le projet de loi, puis on en discutera avec mes collègues. Je suis
très heureuse de vous revoir, évidemment, félicitations pour votre nouveau
bébé. Et on va essayer de faire ça rapidement. Je sais que si... arriver avec
un bébé, peut-être qu'on va essayer de vous accommoder, parce que j'avais déjà
posé plusieurs questions. Il y a juste une chose que je veux savoir, parce
qu'il y a eu des rencontres. Avez-vous rencontré l'UMQ, la FQM? Parce qu'il y a
eu quand même des discussions avec l'UMQ, la FQM, à savoir, étant donné que...
admettons, un mandat est de quatre ans, s'il y a un congé complet sur un an
pendant un an, pour les citoyens, ce n'est pas toujours évident de dire :
On a élu Andrée Laforest comme conseillère, puis Andrée Laforest quitte pour un
an. Parce que, dans le projet de loi, il y a quand même de nouvelles mesures
vraiment intéressantes, qu'on peut travailler à distance, évidemment, ça, vous
allez voir ça dans le projet de loi, mais s'absenter complètement, ça, c'est
sûr que ça a été discuté aussi avec l'UMQ et la FQM. Les avez-vous rencontrées?
Mme Mercier (Marjolaine) : On
n'a pas fait de rencontre récemment avec l'UMQ. Par contre, je ne sais pas si l'UMQ
a eu la chance de sonder aussi les jeunes mères qui le vivent en ce moment.
Nous, on le vit, on le vit toutes, puis c'est certain que ce qu'on souhaite,
c'est donner à la mère le droit de choisir. Il peut y avoir toutes sortes de
situations. Moi, je suis chanceuse, j'ai un bébé qui est en santé...
Mme Mercier (Marjolaine) : ...mais,
si ça n'avait pas été le cas, possiblement que j'aurais voulu m'absenter un an,
ou du moins, le faire le plus possible à distance, et aider la
personne-ressource qui serait là pour répondre aux citoyens. Donc, l'idée,
c'est... on s'inspire un petit peu du modèle fédéral, pour qui... pour les
députés, pour lesquels, là, c'est possible de s'absenter jusqu'à un an. Mais,
souvent, les femmes vont choisir un modèle hybride, parce que, bien sûr, on ne
veut pas avoir à choisir entre la famille et la politique. On fait de la
politique parce qu'on est passionnée, parce qu'on aime ça, parce qu'on veut
changer les choses, mais, quand on devient mère, bien, on doit composer avec cette
nouvelle réalité là, donc on a besoin de plus de flexibilité.
Dans certains cas, il y en a qui vont
peut-être vouloir choisir de s'absenter d'un an. Moi, je suis... là, je suis à
16 semaines, je vais retourner à 18 semaines, avec des accommodements puis,
probablement, un allègement de tâches, étant donné que je suis sur le comité
exécutif. Mais il faut donner aux mères le droit de choisir, comme toutes les
femmes au Québec, en ce moment, ont le droit de choisir, de prendre ou non le
RQAP. Donc...
Mme Laforest : D'accord. Mais
moi, je suis quand même très, très sensible, là... vous voyez, le projet de loi
est très, très bonifié. Mais, quand même, je voulais vous en faire part, pour
cette mesure-là, parce que, quand on parlait aussi des élus provinciaux ou des
élus fédéraux, veut veut pas, nous, on quitte nos régions pour s'absenter, on
ne peut pas revenir le soir à la maison, ou encore, le faire à distance, ce
n'est pas possible. Donc, évidemment, pour un conseil municipal, qui se fait
une fois par mois, on pourrait le faire à distance. Donc, c'est ça qui a été
discuté, donc j'aime mieux, aussi, vous en faire part.
Puis il y a aussi... Quand, tantôt, vous
avez mentionné : le salaire de l'élu ne peut pas... on ne peut pas
recevoir le salaire de... quand on est élu puis on est en congé, avec le calcul
du RQAP, mais c'est seulement les jetons qui sont calculés dans le... C'est
bien ça? C'est parce que...
Mme Mercier (Marjolaine) : Bien,
au niveau du salaire, en fait, de la rémunération de l'élu, en tant que tel,
s'il y a une rémunération supplémentaire, par exemple, à l'exécutif, c'est
compté aussi, les jetons de présence également. Peut-être dans le nouvel
exemple, là...
Mme Brisebois (Gabrielle) : En
fait, chaque municipalité a la liberté de choisir la manière dont elle... Il y
a une rémunération qui est globale, mais les jetons de présence, ce n'est pas
quelque chose qui existe dans toutes les municipalités du Québec. Il y en a qui
ont... Tous les élus ont la même rémunération, peu importe le nombre de
comités, le nombre d'heures par semaine où ils occupent leurs fonctions. Puis
le... Puis c'est quand même bien expliqué dans le dépliant pour les élus
municipaux, qui a été préparé par le RQAP, mais il faut voir une diminution de
son salaire de plus de 40 % pour devenir admissible au RQAP.
• (16 h 30) •
Mme Laforest : Donc, on va
vérifier, parce qu'il y a certaines municipalités qu'il y a eu des congés comme
ça, puis ça... il y a eu... il n'y avait aucun problème avec le RQAP. On va
faire des vérifications de notre côté aussi. Puis...
Mme Mercier (Marjolaine) : Si
je peux me permettre, peut-être, un petit ajout. À la différence, peut-être,
des employées qui vont bénéficier du RQAP avec la baisse du 40 %, l'élue
municipale, comme les députées au provincial et fédéral, demeure en fonction,
donc va continuer d'être interpellée par les citoyens, certainement, continuer
de faire le lien avec l'agent de soutien qui serait peut-être embauché durant
cette année-là, également. Donc, ce n'est pas complètement un retrait des
fonctions. Donc, il y a un maintien des fonctions, mais c'est un peu la
différence avec les...
Mme Laforest : Mais on va
avoir... on a les bonnes personnes, là...
Mme Mercier (Marjolaine) : C'est
ça, on va aller démêler tout ça, là. Exact.
Mme Laforest : ...on va
valider les informations, puis... O.K., c'est beau. Moi, je vais vous laisser
tout de suite, parce que j'ai posé toutes les questions quand je vous ai
rencontrées, puis je sais qu'on peut faire ça vite avec votre petit bébé.
Merci. Mais vous ne serez pas déçues du projet de loi, je ne suis pas inquiète.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il y avait d'autres questions du côté ministériel? Non? Alors, nous allons
du côté de l'opposition officielle, et j'entends la députée de Chomedey.
Mme Lakhoyan Olivier : Bonjour.
Merci d'avoir pris le temps de préparer ce mémoire et d'être présentes, c'est
très apprécié. En tant que femme, je comprends qu'est-ce que vous apportez à la
table. Concernant les congés parentaux, bien sûr, et les attentes des
citoyennes... c'est là que je veux m'en venir... vous proposer de... avec
l'absence de présentiel, vous proposez d'avoir quelqu'un qui vous représente.
Vous avez élaboré un peu là-dessus. Est-ce que vous pouvez donner plus de
détails?
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : En
fait, ce serait quelqu'un qui est plus pour les suivis citoyens, les requêtes
citoyennes, mais pas nécessairement pour... ce n'est pas quelqu'un qui irait
voter à notre place. C'est pour ça qu'on disait que, pour le vote par
procuration, ce serait soit une procédure via le greffier de la ville, où on
pourrait lui transmettre le... ce qu'on veut voter, ou via un autre élu, qui a
déjà la légitimité pour s'exprimer, là, au sein du conseil de ville.
Mme Lakhoyan Olivier : Donc,
ce ne serait pas une absence, absence, parce qu'elle va pouvoir lire et suivre
ce qui se passe, de la maison, et puis donner son opinion à son collègue, ou...
dépendant de la décision, que ce soit pris par le biais du greffier.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : C'est
ça. C'est pour ça... Quand on parle d'étirer le congé, en fait, oui, étirer le
congé, mais avec des mesures qui permettent, en fait, de continuer de
représenter...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : ...les
citoyens et de continuer de répondre à leurs questions, mais de... ce qui nous
donne plus de choix, plus de flexibilité, et surtout d'avoir l'opportunité de
se consacrer à notre enfant si on le souhaite, tu sais, puis on...
Mme Lakhoyan Olivier : Vous
voyez, ça, ça change tout, parce que, là, vous... cette partie-là, on ne l'avait
pas remarquée. Donc, elle est toujours active de chez elle avec son bébé dans
ses bras.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Mais
c'est qu'elle peut avoir le choix, justement, de soit... Il y a une réunion qu'elle
peut faire à distance, mais, à un moment donné, peut-être, ce n'est pas possible,
elle veut pouvoir le faire par un vote par procuration puis que les citoyens
puissent continuer d'être répondus par le soutien administratif, qui est la
troisième... la quatrième demande.
Mme Smith (Jackie) : Est-ce
que je peux préciser?
Mme Lakhoyan Olivier : Oui.
Mme Smith (Jackie) : En fait,
c'est ça, un peu, la question, parce que, si... avoir l'égalité d'avoir... bien
remplir nos fonctions, il faut avoir une flexibilité. Quand on a des jeunes
enfants... flexibilité, c'est extraordinaire. Donc, avec un vote par distance,
c'est excellent, parce que, si on veut vraiment participer, mais on ne peut pas
nécessairement se déplacer ou on ne veut pas gérer notre enfant en présence, on
peut l'avoir, mais aussi d'avoir l'option de... Disons qu'on veut faire un
véritable décrochage, on a un bébé très malade qui passe des semaines, des mois
à l'hôpital, tu sais, on fait une dépression post-partum, etc., d'avoir l'option
d'avoir un vote par procuration où on dit à un collègue qui est... qu'on fait
confiance de voter pour moi comme, tu sais, pour notre parti, ou, dans certains
dossiers qui sont clés qui ne passent pas ou ne passeront pas si je ne vote
pas, on a l'option d'enregistrer notre vote ou passer le vote à un autre élu. C'est
ça qui arrive dans... en Ontario, il y a plusieurs villes aussi... En fait,
avant de partir en congé maternité, il faut avoir un plan, comment on va
répondre aux citoyens, et on dépose ça au greffe. Donc, c'est ça qui est la loi
en Ontario, c'est un vote par procuration, donc il y aura un vote qui est
enregistré qui représente les dossiers, mais ça permet... l'élu de décrocher un
peu quand il faut vraiment concentrer sur la famille.
Je ne dirais pas que c'est... ça devrait
être comme ça. Je ne pense pas... ça, c'est... notre idée, c'est de s'absenter
complètement, mais avoir l'option d'avoir un 50 semaines comme tout le
monde, parce que c'est une question... Tu sais, je comprends l'idée de... des
citoyens qui disent : Bien, on élit quelqu'un pour... mandat pour quatre
ans, puis il part pour un an, ça ne marche pas. Mais, dans mon vécu, quand j'ai
demandé auprès de la ville de Québec un congé maternité, je me sens... c'est
parce que tout le monde m'a dit : Jackie, tu pars quand? Et qui va te
remplacer, qui est ton remplaçant? Parce que, dans la société québécoise, on
est tellement habitué que quelqu'un part en congé maternité, puis il y a quelqu'un
qui le remplace, puis ce n'est pas grave, tu sais, c'est...
Donc, c'est ça que... je trouve, il y a
vraiment un fossé entre les élus puis les gens qui sont craints qu'il y ait des
politiques, les journalistes, etc., sur c'est quoi, le rôle d'un élu propre,
puis c'est quoi, l'acceptabilité sociale et comment les citoyens voient le rôle
d'une jeune mère dans le cadre de son travail, et ça inclut les élus. Donc, je
trouve qu'il n'y a personne qui compte des... Dans les rebondis, il n'y a pas
une résistance à l'idée d'un élu qui peut partir en congé maternité et avoir
son vote respecté, mais aussi avoir un attaché politique ou un soutien
administratif qui va répondre aux appels, qui va répondre aux citoyens, qui va
suivre des dossiers et représenter l'élu dans les comités. Donc, c'est un peu
ça quand on parle d'avoir des rôles d'une élue, c'est à la fois voter puis
aussi représenter les citoyens.
Mme Lakhoyan Olivier : Bien,
vous avez très bien expliqué en détail qu'est-ce que vous entendiez de ça.
Donc, est-ce que vous aimeriez voir dans ce projet de loi... dans cet article
un alinéa qui parle juste de la grossesse et qu'est-ce... ce qui entourerait
une élue qui s'en va en grossesse? Est-ce que vous aimeriez voir ça? C'est-tu
ça, votre attente?
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : C'est
pour ça qu'on parlait de la levée de l'assiduité, là, comme vous avez au niveau
provincial. Ça fait que, ça, ça permettrait qu'on pourrait s'absenter, et, avec
les mesures qu'on vient d'expliquer, qui permettrait d'avoir un hybride puis de
pouvoir choisir comment on exerce notre rôle et politique et parental.
Mme Mercier (Marjolaine) : Exact...
Mme Lakhoyan Olivier : Une...
Oui.
Mme Mercier (Marjolaine) : Si
je peux me permettre, dans le fond c'est d'avoir une boîte à outils, d'avoir
plus qu'un outil. Donc, on aurait le vote à distance quand on peut être en
ligne. Si on ne peut pas parce que l'enfant est très malade ou que la mère est
malade, bien, on pourrait voter par procuration, si on a eu le temps de s'informer
pour voter, puis de lever l'assiduité un peu plus longtemps dans les cas où il
y a une dépression post-partum sévère, un stress post-traumatique ou autre...
bien, comme c'est au fédéral, l'assiduité est levée. Puis on a mis dans le
mémoire l'exemple de Karina Gold, qui a expliqué un petit peu comment elle
allait composer... les six premiers mois de la venue d'un enfant. Donc, c'est
un...
Mme Mercier (Marjolaine) : ...plus
ça qu'on recherche, comme flexibilité, au niveau municipal, en fonction de tous
les cas de figure, là. Chaque naissance, chaque grossesse est différente,
chaque... Comment les mères vont se sentir, c'est différent, comment le bébé va
être aussi. Donc, c'est vraiment d'avoir la flexibilité, pour ne pas voir les
mères quitter le monde municipal, puis, au contraire, attirer les nouvelles
jeunes femmes en politique municipale, puis qu'elles n'aient pas peur d'avoir
un enfant en cours de mandat. Parce que c'est clair, il y a une belle boîte à
outils, de la flexibilité. On veut passer du temps avec notre enfant, mais on
peut aussi continuer de s'impliquer activement dans notre milieu.
Mme Brisebois (Gabrielle) : J'ajouterais
peut-être, simplement pour le mentionner, en ce moment, l'ensemble de la
responsabilité, de l'interprétation des choix est sur les épaules de chaque
mère, parce que ce n'est tellement pas clair qu'on a... On va donner un
exemple. On est quatre personnes qui avons eu des enfants en cours de mandat,
puis, dans nos administrations municipales, on a eu quatre réponses différentes
sur qu'est-ce qu'on pouvait faire, comment est-ce qu'on pouvait...
Ça ne fait pas si longtemps que ça que les
jeunes et les femmes sont impliqués dans les différents paliers politiques. Il
y a 10 ans, les grossesses puis les accouchements de la part d'élues
municipales, il y en avait très, très peu, sinon aucun. Donc, la loi... Je
pense qu'on est rendus, justement, à intégrer ces enjeux là, qui font partie du
quotidien d'élus municipaux, pour que ça ne soit plus, en fait, à la discrétion
des gens qui interprètent des lois qui n'incluent pas ces mentions-là, pour
savoir si, bon, est-ce que je peux faire cesser mon revenu d'élue pour avoir le
droit au RQAP pendant au moins 18 semaines, est-ce que je peux avoir un
personnel de soutien pour venir m'aider. Dans les petites municipalités, on n'a
pas le droit, on est moins de 20 000 citoyens, donc je n'ai pas le droit au
budget de recherche, c'est moi, moi-même, et toute seule. Donc, si jamais j'ai
besoin d'aide pour des suivis de dossiers, je n'ai pas personne pour m'aider,
puis c'est tributaire du reste du conseil municipal de dire, bien, on va
octroyer ou non de l'aide à cette élue-là. Si jamais je suis indépendante ou je
ne suis pas dans le parti qui est au pouvoir, bien, ça revient sur mes épaules.
Ce n'est pas systématisé, nous n'avons pas
tous les mêmes droits en ce moment, parce qu'il y a une... comme ce n'est pas
inscrit dans la loi, bien, il y a... c'est à la discrétion de l'interprétation
des gens et de la volonté politique d'accorder ou non des conditions aux femmes
qui accouchent en cours de mandat.
• (16 h 40) •
Mme Lakhoyan Olivier : Donc,
votre rêve serait d'apporter les changements dans ce projet de loi, et puis
afin que chaque femme qui tomberait enceinte, elle aura le droit de savourer
son moment avec son bébé.
Mme Mercier (Marjolaine) : Exact.
Puis on n'a pas reparlé du quatre semaines. Bon, en fait, je vous donne un
exemple concret. Les 18 semaines, ça correspond à peu près à quatre conseils de
ville. La plupart des femmes, en fin de grossesse, on est très, très fatiguées.
Il y en a qui ont beaucoup d'énergie, mais une majorité va avoir certaines difficultés.
Mais, souvent, on veut tellement profiter du temps avec notre enfant, après,
qu'on va tout faire pour travailler jusqu'à la dernière minute. Mais ça, ça a
des conséquences, puis c'est des risques sur la santé plus élevés, autant pour
la femme que l'enfant. Donc, d'avoir les quatre semaines de retrait, aussi,
avant l'accouchement, je pense que ça enlèverait une pression de dire : Je
vais travailler jusqu'à la dernière seconde. On ne sait jamais quand on va
accoucher, mais on a quand même une idée de la date prévue. Ça fait que ça,
c'est quelque chose qui est inclus au fédéral, puis je pense que ça ajoute une
belle flexibilité. Puis au niveau, là, après ça, du un an de l'assiduité, bien,
ce serait de se rendre à l'équivalent du RQAP qu'on connaît, plus près de chez
nous. Donc, je pense que ce serait l'équité pour les femmes élues au municipal,
là.
Mme Lakhoyan Olivier : Vous
avez amplement répondu à ma question. Est-ce qu'il me reste du temps? Ça va?
Le Président (M. Schneeberger) : 30,
30 secondes.
Mme Lakhoyan Olivier : 30
secondes?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mais là 20 secondes.
Mme Lakhoyan Olivier : ...
Mme Setlakwe : ...rapidement.
Je comprends que vous avez des revendications très bien détaillées, mais le
projet de loi répond à une de vos recommandations, c'est ça? O.K., une...
vous...
Mme Mercier (Marjolaine) : Le
vote à distance, oui, oui, oui.
Mme Setlakwe : Oui, c'est ça.
Ça, c'est réglé. Mais il y en a d'autres... O.K., merci.
Mme Mercier (Marjolaine) : Il
en reste trois, dans le fond...
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Parce
que, seule, ça ne répond pas à l'ensemble.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième
opposition, et j'entends le député de Taschereau, pour un 3 min 28 s.
M. Grandmont : M. le
Président, si mon calcul est bon, il reste un peu de temps, là, du côté
gouvernemental. Avec le consentement, je... demanderais la répartition sur les
dernières enveloppes de temps.
Le Président (M. Schneeberger) : Moi,
ça me prend le... Non?
Mme Laforest : Non.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Pas de consentement.
M. Grandmont : Non? D'accord.
Ça m'étonne. Bonjour, Mme Lavoie-Letarte, Mercier, Brisebois, Smith. Merci
d'être là. Merci pour tout le travail de sensibilisation que vous faites, je
tiens à le souligner. On s'est déjà rencontré, évidemment, puis je vous suis,
évidemment, parce que ce que vous faites est important. Donc, une fois ces
félicitations données, j'aimerais vous entendre sur deux points, en fait, la
première qui touche sur le fonds national pour l'embauche de nos ressources.
Pourquoi, selon vous, ça doit passer par une instance dans le fonds national
plutôt que directement à travers les budgets municipaux?
Une voix : Il n'y a pas de...
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : ...villes
ne peuvent pas... Comme c'est expliqué, on a un budget de recherche et soutien,
mais c'est seulement pour les villes de 20 000 habitants et plus. Et puis
il y a... même, mettons, tu sais, moi, à Sherbrooke, il y a... il existe ce
fonds-là, sauf que ça ne permet pas d'embaucher quelqu'un seulement pour moi, parce
que le montant ne permet pas d'avoir quelqu'un à temps plein. Donc, si c'est un
fonds national, bien, tout le monde, de façon équitable, aurait un montant qui
permettrait d'embaucher quelqu'un. Parce que, là, actuellement les fonds ne
sont pas égales partout, et il n'y en a pas partout dans toutes les villes.
M. Grandmont : Donc, vous
parlez d'équitabilité. Est-ce que ça veut dire que des plus grandes
municipalités pourraient continuer à soutenir une charge financière pour payer
ces ressources-là puis les petites... Donc, le fonds pourrait, dans le fond,
s'assurer de l'équitabilité ou vous souhaiteriez plutôt, en fait, dans votre
esprit, d'avoir le fonds qui finance égale tout le monde?
Mme Mercier (Marjolaine) : Ce
serait plus le fonds qui finance tout le monde, dans le sens où, que soit une
grande ou une petite municipalité, la situation financière peut être bonne ou
mauvaise, peu importe la taille de la ville. On sait qu'il y a Montréal, dans
le fonds, qui a mis sur pied un fonds, ils ont fait des choix politiques où
c'est rendu possible. Mais, juste de l'autre côté du Pont, à Longueuil, on
avait des très gros défis financiers. On l'avait mentionné dans les médias, je
pense qu'on était à plus de 36 millions à la fin d'année de défi. Donc, quand
est arrivé à la commission des finances un peu mon tour, de dire : Bien,
il faudrait peut-être engager une ressource, c'était à moins 36 millions, très
difficile, même si on est une grande ville, là. Donc, je ne sais pas si tu peux
ajouter.
Mme Smith (Jackie) : Et
aussi... politique ne permet pas le même poids décisionnel pour tous les élus.
Je proviens d'une grande ville, puis il n'y a pas de fonds, même s'il y a
peut-être un budget beaucoup plus important qui est peut-être équivalent de
tous les budgets ici, tu sais, toutes les villes ici. Donc, juste parce qu'on
provient d'une petite... une grande ville, ça ne veut pas... si ce n'est pas
dans la loi, s'il n'y a pas... si ce n'est pas un droit, puis il faut... il
faut aller militer pour avoir un financement supplémentaire, lorsqu'on part en
grossesse, ce n'est pas acquis. C'est encore la question d'équité entre les
élus puis entre les femmes.
M. Grandmont : Absolument.
Merci. Sur la question du vote par proxy rapidement, qui devrait porter le vote
par procuration? Est-ce que c'est un élu ou si c'est plutôt un membre du
personnel? Certaines personnes pensent que ça devrait être des personnes qui
sont légitimées par le fait d'avoir été élues. Est-ce que... Votre opinion
là-dessus.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Bien,
en fait, c'est ça, c'est qu'on ne voulait pas nécessairement donner un modèle
précis, ça n'a pas... Il pourrait y avoir une commission qui se penche sur la
question, mais c'est pour ça qu'on disait : Si c'est un élu, bien, on le sait
qu'il y a la légitimité, mais, si on pense à une procédure avec le greffier,
aussi, de la ville, bien, ça aussi ça serait assez légitime. Puis ça ne serait
peut-être pas trop compliqué. On ne voulait pas obliger une solution, mais on
pense qu'il y a différentes façons. Puis, comme on disait, il y a... il y a des
modèles, là, dans d'autres villes où ils le font.
M. Grandmont : Parfait!
Merci. Il me reste très peu de temps, mais je vais simplement redire, en fait,
que... vous remercier pour votre implication. J'ai des filles moi-même aussi,
j'en ai trois. Puis je suis très content de voir qu'elles ont des modèles
positifs qui veulent améliorer les choses, pour favoriser, encourager la
participation des femmes en politique, et des jeunes... des jeunes, des femmes
en politique. Donc, merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme Laforest : ...c'était juste
pour la dame avec le bébé, qui attend en arrière, c'est pour ça que je disais
qu'on ne donne pas plus de temps, c'était juste pour le bébé, en arrière.
M. Grandmont : Ah! Non, mais
moi...
Mme Laforest : ...mais
allez-y, allez-y, là, prenez votre cinq minutes.
M. Grandmont : C'est parce
que moi, je suis parti du principe que c'est... Les représentantes du
regroupement sont parties... différents coins du Québec, on savait qu'elles
venaient ici, passer 1 h ici, puis, dans le fond, on voulait maximiser.
Parfait. Excellent.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : ...moi,
juste... moi, il n'y a pas de... M. le député Taschereau. C'est juste parce
qu'à ce moment-là, moi, s'il y a temps qui est... à l'autre côté, il faut que
je le répartisse au niveau des trois groupes. Je ne peux pas le répartir juste
à vous. Alors, c'est pour... une question d'équité pour le groupe qui est déjà
intervenu. Alors, à moins qu'il y ait le consentement, je peux vous l'accorder
au complet, mais là, c'est parce que, là... commencera pas à jouer avec le
temps, là, comme ça, on n'en finira plus, là.
M. Grandmont : ...je sais
comment ça fonctionne un petit peu aussi. Ça fait que je...
Une voix : ...
M. Grandmont : Oui, je sais,
mais ils ont pris la peine de se déplacer, je pense que ça vaut la peine de
leur poser des questions. Merci. Donc, on continue?
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
on peut l'accorder, le cinq minutes, mais on va le répartir, à ce moment-là,
et...
M. Grandmont : Moi, je donne
mon consentement, en tout cas.
Le Président (M. Schneeberger) :
O.K., parfait alors...
M. Grandmont : Merci. Bien,
je terminerais avec une dernière question, parce que, bon, le temps file, mais
sur la question de l'assiduité, vous avez évoqué, bon, la possibilité pour les
mères de choisir, puis les mères ou les pères, en fait, aussi, là, de choisir
évidemment en fonction d'un paquet de paramètres. Mais il y a aussi la notion
d'assumer les conséquences aussi qui viennent avec. J'imagine que des femmes
pourraient décider de revenir ou de prendre le long congé, puis même se rendre
jusqu'à l'élection, puis tant pis, tu sais, elles ne feront peut-être pas une
campagne électorale ou elles ne seront peut-être pas présentes. Dans le fond,
ça revient à la notion de choix, puis c'est ça que je trouve intéressant. C'est
un peu ça le fond de votre réflexion par rapport à l'assiduité, là.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Tu
sais, il y a le choix pour les élus qui veulent avoir différentes modalités,
mais c'est aussi du côté des citoyens qu'avec ces différents choix là, ils
sentent... ils continuent d'être représentés...
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : ...qu'ils
n'aient peur, là, de dire : Bien là, j'ai un jeune ou une jeune candidate
qui se présente aux élections puis je ne vais pas voter pour parce que, je ne
le sais pas trop, tu sais, si, mettons, elle voulait avoir un enfant, tu sais,
qu'il n'y ait plus cette crainte-là dans la tête des gens, qu'ils sachent
qu'ils vont savoir en fait, que bien, même si elle décide où il décide d'avoir
un enfant, bien, il va y avoir... je vais... il va continuer d'expliquer son
vote, de représenter, de me représenter. Tu sais, c'est aussi... c'est autant
pour les élus que pour les citoyens.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait!
Une voix : Merci beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Nous
allons poursuivre avec le député des Îles-de-la-Madeleine pour
4 min 16 s et, après ça, si vous le désirez reprendre le temps,
vous... on reviendra à l'opposition officielle. Le député des Îles-de-la-
Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre présence, d'abord parce que vous
êtes très occupée comme jeune mère, votre mémoire très détaillé aussi, et le
plaidoyer pour la normalisation de la grossesse dans un contexte politique me
semble extrêmement pertinent. J'aimerais savoir si, ce que vous proposez, ça
s'applique tant pour les grandes villes où les maires ou les conseillères sont
qui... sont sollicités à temps plein que pour les petites municipalités où
c'est davantage un travail à temps partiel.
Mme Brisebois (Gabrielle) : En
fait, oui, c'est pour l'ensemble, puis c'est pour ça qu'on a... on a placé un
point justement sur le RQAP, à savoir il ne faudrait pas que le... le revenu de
la fonction municipale soit pris en compte dans le calcul du RQAP pour
s'assurer que, de manière équitable, peu importe le revenu qu'on tire de notre
fonction municipale, mais notre second... notre second emploi, on va pouvoir
prendre le congé de maternité d'un an puis... si on le souhaite, puis on va
pouvoir recevoir le 70 % pour les 18 premières semaines, puis les
12 suivantes, puis après ça le 50 % si on veut le long, le congé long
ou le court. Bref, c'est de dire : En ce moment, tout dépendant les
pourcentages... Je prends mon exemple très précis. Moi, mon revenu municipal,
c'est 60 %, mon revenu d'employé est de 40 %. Je... ma diminution de
revenu n'était pas assez grande pour me permettre d'avoir accès au RQAP. Donc,
si jamais j'avais pris la décision de prendre un congé de maternité de mon autre
emploi, ça aurait été à mes frais. J'aurais eu zéro prestation pendant mon
année.
M. Arseneau : D'accord.
Mme Brisebois (Gabrielle) : Donc,
cette mesure-là va vraiment permettre à toutes les femmes de toutes les
grandeurs de municipalités de ne pas être impactées financièrement par le choix
en politique municipale.
• (16 h 50) •
M. Arseneau : O.K. C'est ce
que je... Mais c'est ce qui m'avait échappé quand on disait «les élus devant
également occuper un emploi». C'est ce que... c'est ce que vous vouliez dire.
Par exemple, la recommandation
numéro 2... et 3 en fait, c'est ciblé sur essentiellement la grossesse et
l'année qui suit l'accouchement. Est-ce qu'en fait le rôle de jeune mère, ça...
ça ne s'étale pas aussi sur les années suivantes? En d'autres mots, vous me
voyez venir, je ne sais pas si c'est dans vos intentions de dire : Ça
s'applique pour la grossesse, ça s'applique aussi quand l'enfant a deux ans de
pouvoir, par exemple, voter par proxy et ainsi de suite.
Mme Mercier (Marjolaine) : Bien,
si c'est un outil qui est... qui est disponible. Là, on parlait de
50 semaines dans le projet de loi qui est déjà très, très bien, mais
éventuellement, et en effet, les enfants, c'est souvent malade quand ça arrive
à la garderie rendu à un an, à deux ans. Donc, s'il y a cette flexibilité-là
pour l'ensemble des parents, ça serait... ce serait un... oui, en effet, une
belle... une belle avancée. Donc, nous, on commençait avec les 50 semaines
qui étaient proposées, étant donné aussi que ça correspond pas mal aussi au
RQAP. Mais en effet, si le vote en ligne est disponible, une personne qui
serait malade ou une personne qui a un enfant malade pourrait...
M. Arseneau : C'est ça, parce
qu'en fait, c'est en lisant votre mémoire...
Mme Mercier (Marjolaine) : La
proche aidance, oui
M. Arseneau : ...en entendant
votre argumentaire, ça peut se produire quand l'enfant a deux ans ou trois ans,
tu sais, surtout, là, des périodes...
Mme Mercier (Marjolaine) : Exact,
exact.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : C'est
qu'on sait que c'est quand même les premiers mois de vie. La première année en
fait a son lot de défis, tu sais. Ça fait que c'est pour ça. Mais c'est pour ça
qu'on parle de, tu sais, comme pour la participation à distance, ça touche la proche
aidance, bien, dans un contexte de proches aidants, ça peut aussi être utile à
votre propre... etc.
M. Arseneau : Je suis très,
très curieux de savoir quelles étaient les quatre versions différentes que vous
avez obtenues quand vous avez voulu prendre vos congés. Est-ce qu'on peut faire
un petit tour de temps pour savoir comment c'était différent ou à quel point
c'était différent? Rapidement, on a une minute.
Mme Brisebois (Gabrielle) : Bien
moi, je peux commencer. Donc, quand j'ai posé la question, on m'a dit : On
ne peut pas suspendre le salaire d'élu donc, parce que si jamais on suspend le
salaire, mais c'est comme si tu n'étais plus élue, donc il faudrait que tu
démissionnes. Puis bien, je conservais donc ce salaire-là pendant 18 semaines,
puis ce salaire-là étant de... un peu plus de 60 % de mon revenu complet,
bien, je tombais inadmissible au RQAP. Donc moi, c'est la version que j'ai eue.
Mme Mercier (Marjolaine) : Moi,
c'était la première fois à Longueuil, donc les ressources humaines m'ont
dit : Appelez à Montréal pour savoir un petit peu comment gérer la
situation. Au début, on m'a dit : Oui, oui, ça va être le RQAP. Après ça,
on m'a dit : Non, non... dans les dernières semaines, ils ont dit :
On aurait peut-être pu couper une partie du salaire. Donc, des versions
différentes. Mais là, mon choix avait été fait en décembre dernier avec mon
conjoint étant donné que j'ai accouché en janvier. Donc, ça a été quand même
plusieurs démarches pour des... c'est ça, des constats un peu différents.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Moi
aussi. C'est la première fois que ça arrive à Sherbrooke, donc en fait, là, il
y a certaines réunions que c'est par jeton de présence, ça c'est sûr que non...
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Mais
je suis sur le comité exécutif de la ville, puis ça, il ne le ne savait pas
s'il allait payer ou pas.
Le Président
(M. Schneeberger) : ...est écoulé. Alors, nous retournons du côté
de l'opposition officielle pour 3 min 9 s Et j'entends la
députée de Mont-Royal-Outremont. C'est ça.
Mme Setlakwe : Merci, M.
le Président. Bien, écoutez, j'aimerais ça que vous complétiez votre réponse,
là, qu'on termine le tour de table. Je trouve ça très intéressant, la question
que mon collègue des Îles a posée. D'ailleurs, plus... Puis après ça, je vous
laisse la parole, mais plus on échange, plus je réalise qu'effectivement on est
peut-être rendus ailleurs. Puis moi, je suis une mère de trois enfants, mais
quand j'ai commencé en politique, ils étaient déjà des adolescents. Donc,
allez-y, là, racontez-nous vos... On va terminer le tour de table puis après
ça, honnêtement, je voudrais juste qu'on continue à vous entendre s'il y a des
choses que vous n'avez pas eu l'occasion de nous partager. Allez-y.
Mme Smith (Jackie) : Et
en fait, pour moi, j'ai demandé aux ressources humaines, j'ai annoncé que
j'étais enceinte, et qu'est-ce que, tu sais, comment ça fonctionne pour la
grossesse. Puis ils ont dit : Attends, on... Tu sais, on va vous revenir.
O.K. Puis je n'ai pas de réponse. Tu sais, on ne sait pas. Ça fait que j'ai une
formation juridique, donc j'ai fait mes propres recherches. Je n'aime pas ce
terme-là, mais j'ai fait mes propres recherches dans la loi. Mais pour moi ce
n'était pas clair. Puis il y a plusieurs lois qui... Donc, j'ai commencé à
poser des questions et... j'ai lancé le débat. En fait, ce que je ne comprenais
pas avec le RQAP, moi en tant que... si on n'est pas, si on ne cède pas notre
salaire, parce que moi, mon... c'est mon seul emploi. Si on ne cède pas notre salaire,
on ne peut pas avoir le RQAP. Donc, ça... Mais si on est élu, le poste d'élu
est lié au salaire. Alors, si je cède mon salaire, je cède mon poste d'élue. Ça
fait qu'il faut que je choisisse entre être élue puis être mère.
Donc, tu sais, ou je peux s'absenter...
Au moins que je peux m'absenter... 18 semaines sans tomber... sans céder mon
poste. Ça fait que si... Ce n'est pas... Ce n'est pas la même question pour...
Tu sais, la Charte des droits et libertés, il dit qu'on ne peut pas être
congédié pour une raison de grossesse. Pourtant, moi, si je dépasse
18 semaines pour congé de maternité, bien, en fait, je vais perdre mon
emploi. Ca fait qu'il y a toute cette question-là. J'ai gardé mon salaire,
j'ai gardé mon 18 semaines, puis j'ai même voté parce qu'une fois que tu
votes au conseil, ça retombe dans le... ça prolonge de 10... de 90 jours
d'absence. Donc, il y a... J'ai joué un peu ça, mais ça... J'avoue que, tu
sais, c'est grâce à mon propre connaissance puis mes recherches. Puis j'ai approfondi
beaucoup les questions de grossesse que je partageais avec mes collègues. Puis
on en a eu des belles discussions, puis des belles... approfondissements.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : ...ce
que ça fait, c'est que, là, le premier 18 semaines, justement, là, nous,
dans, mettons, dans une... On n'a pas pu être payées. Ça fait qu'on se
disait : Ah crime! Je veux... je veux continuer à travailler parce qu'on
se sent mal. Puis entre élues, c'est ça, on se dit on va...
Le Président
(M. Schneeberger) : En terminant.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : Puis
là, finalement, ça fait en sorte des situations comme ça, comme moi aussi je
suis allé au conseil municipal quand mon bébé avait un mois. Puis j'ai reçu
plusieurs, plusieurs critiques, soit de ne pas être restée assez longtemps,
soit que j'aurais dû rester à la maison, soit que...
Le Président
(M. Schneeberger) : Oui, merci. Merci. Mme la ministre avait
encore une question étant donné qu'il restait du temps.
Mme Laforest : Bien,
rapidement, parce que moi, j'ai entendu dire qu'il y a des municipalités qui
avaient payé soit du personnel ou qui avaient créé un fonds pour vous donner du
personnel de soutien pour travailler vos dossiers durant les congés de
maternité. Est-ce qu'il y en a ici que ça vous a touché d'avoir du personnel
qui est payé par la municipalité pour vous accompagner? Est-ce qu'il y en a qui
ont eu droit à ça?
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : C'est
Montréal...
Mme Mercier (Marjolaine) : Dans
le fonds, à ma connaissance, il n'y a pas d'autres villes qui ont encore ce
fonds-là. Personnellement, à Longueuil, on a trouvé une façon, avec le... de
soutien, d'avoir un petit peu d'aide à temps à peu près partiel d'une étudiante
qui avait fait un stage au cabinet. Je suis très chanceuse, là, que ce soit,
que ça ait été le cas.
Mme Letarte-Lavoie (Laure) : C'est
la poursuite du plan de recherche et soutien. Donc, c'est... on a un attaché
pour... comme un ensemble d'élus, là. Donc, ce n'est pas à temps plein pour
moi, là.
Mme Laforest : O.K.,
merci.
Mme Brisebois (Gabrielle) : ...la
grandeur de municipalité qu'on a, on est 10 000 habitants. Donc, pour
toutes les plus petites municipalités du Québec, ce n'est même pas une option
d'avoir de l'aide. Je comprends qu'on est à temps partiel parce que... On n'est
pas à temps partiel parce qu'on veut l'être. Je pense qu'il y a beaucoup d'élus
qui aimeraient ça, être à temps plein dans leur municipalité parce qu'il y a
des projets pour être là à temps plein, mais il faut qu'on fasse manger nos enfants,
il faut qu'on vive, qu'on paye notre maison puis, bien souvent, c'est des choix
qu'on doit faire, là. Mais on se représente nous-mêmes. On n'a pas de... On n'a
pas d'aide.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci beaucoup. Alors, merci pour votre
contribution à la commission. Nous allons suspendre quelques instants pour
laisser...
Le Président (M. Schneeberger) : ...le
prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 58
)
(Reprise à 17 01)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, nous en sommes maintenant à la Ligue des
droits et libertés. Alors, nous accueillons Mme Lynda Khelil, porte- parole et
responsable de la mobilisation; et Denis Barrette, juriste et membre du comité
Liberté d'expression. Alors, bonjour à vous deux.
Alors, vous avez 10 minutes pour faire
votre exposé et, par la suite, nous allons procéder à une période d'échange.
Mme Khelil (Lynda) : Oui, je
pars le chronomètre. Bonjour. Merci, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre,
Mmes et MM. les députés. Donc, je me présente Lynda Khelil, responsable de la
mobilisation et porte-parole de la Ligue des droits et libertés. Je suis
accompagnée de M. Denis Barrette, juriste et militant... militant membre du comité
Liberté d'expression de la Ligue des droits et libertés. Nous remercions la
Commission de l'aménagement du territoire, de son... de son invitation à
participer aujourd'hui aux consultations sur le projet de loi n° 57.
Tout d'abord, nous souhaitons faire état
du délai très court de trois semaines entre le dépôt du projet de loi le 9
avril dernier et la tenue des consultations cette semaine. Cet échéancier
excessivement court constitue un obstacle à une véritable participation
citoyenne dans les débats démocratiques sur des enjeux sociaux importants.
Cette situation s'inscrit... qu'on observe dans une tendance du gouvernement à
enchaîner les dépôts de projets de loi en laissant trop peu... trop souvent,
peu de temps aux organisations de la société civile pour les analyser et
prendre parole à leur sujet, écartant un grand nombre d'entre elles du débat
public démocratique. Et, paradoxalement, le projet de loi n° 57 vise à protéger
les institutions démocratiques, mais, malheureusement, escamote ces processus de
consultation dans le cadre des présentes consultations particulières.
Les commentaires de la Ligue des droits et
libertés sur le projet de loi n° 57 portent essentiellement sur le chapitre 1,
donc, qui propose l'adoption de...
17 h (version non révisée)
Mme Khelil (Lynda) : ...la Loi
visant à protéger les élus et à favoriser l'exercice sans entraves de leurs
fonctions. Le projet de loi n° 57 est présenté comme une réponse aux
situations d'intimidation, de harcèlement et de menaces auxquelles sont confrontées
des personnes élues. Il s'agit d'une problématique qui est le fait à la fois de
citoyens et citoyennes et d'autres élus, et c'est un problème sérieux auquel il
est nécessaire de répondre en adoptant des mesures adéquates.
Toutefois, le projet de loi n° 57 n'apporte
pas de solutions adéquates à cette problématique importante, tandis qu'il
présente des risques sérieux d'atteintes aux libertés fondamentales, d'expression,
d'opinion et d'association qui sont protégées par les chartes canadienne et
québécoise. Pour les raisons détaillées, dans notre... dans notre mémoire, que
nous vous avons fait parvenir hier et que nous allons résumer dans notre
allocution, la Ligue des droits et libertés recommande le retrait du chapitre I
du projet de loi n° 57, c'est-à-dire que nous recommandons de ne pas
procéder à l'adoption de la nouvelle loi proposée, et ce, pour deux raisons.
Donc, premièrement, il existe déjà, dans
le cadre législatif actuel, des recours tels que des infractions au Code
criminel ainsi qu'un régime de demande d'injonction prévu au Code de procédure
civile qui suffisent pour répondre aux menaces, à l'intimidation et au
harcèlement visant des personnes élues. Et par ailleurs nous avons également
pris connaissance du rapport qui a été transmis à Mme la ministre, la gestion
par les élus municipaux des actes et propos violents, haineux ou déplacés à
leur égard, qui contient une foule de mesures également très intéressantes qui
devraient être mises en place, notamment en ce qui concerne la formation, la
valorisation, aussi la communication avec les citoyens et citoyennes.
Donc, deuxièmement, pourquoi nous... nous
recommandons le retrait du chapitre I du projet de loi, c'est qu'il existe des
risques sérieux d'atteinte aux libertés fondamentales, comme je l'ai dit d'entrée
de jeu, les libertés d'expression, d'opinion et d'association. Les reculs
démocratiques que nous observons et la limitation des espaces de contestation
sociale, non que la Ligue des droits et libertés... et de nombreuses autres organisations
communautaires, syndicales et de défense des droits observent depuis plusieurs
années, s'accentuent et font craindre légitimement une interprétation et une
application abusive et arbitraire de la nouvelle loi qui est proposée. La
nouvelle loi contient des dispositions aux énoncés trop larges et ne fait pas
de distinction entre les menaces avérées et réelles envers les personnes élues
et la contestation sociale, qui est au cœur d'une société démocratique. Et je
vois que le temps file, donc je vais y aller assez rapidement, puis nous
pourrons répondre à vos questions.
Donc, tout d'abord, le projet de loi ne
mentionne pas ces libertés fondamentales. Et on considère également, en ayant
pris connaissance du mémoire de Mme la ministre ainsi que du ministre
Jean-François Roberge, que l'approche qui est de reléguer vers les tribunaux le
rôle d'interpréter la législation et donc de remettre entre les mains des
citoyens, citoyennes et des organisations de contester la loi n'est pas une
approche souhaitable, telle qu'on l'expose dans notre mémoire. On considère que
le législateur a le devoir de prendre en compte les droits et libertés dans l'élaboration
des projets de loi et des projets de règlement et qu'il est injuste d'imposer,
en fait, tout ça aux citoyens et citoyennes ce fardeau financier d'aller
contester devant les tribunaux des lois et des règlements qui... qui avaient
des atteintes susceptibles envers les droits et libertés. Et, pendant ce
temps-là, évidemment, les personnes, leurs droits ont été lésés pendant ce
processus judiciaire.
Également, dans le mémoire, on fait état d'un
contexte de limitation des espaces de contestation sociale et on donne
plusieurs exemples. Donc, on donne, par exemple, la situation survenue à l'été 2023
dans la ville de Trois-Rivières où, lors d'un conseil municipal, la police a
été appelée suite à un mouvement citoyen qui concernait le projet d'agrandissement
du parc industriel 40-55 qui allait avoir des effets de destruction de
milieux humides. Également, les citoyens déploraient vivement l'absence de
consultations et de transparence sur ce projet. Et, dans la même municipalité,
malheureusement, il y a également une mise en demeure qui a été transmise à une
citoyenne, tous des événements qui ont aussi été relatés dans les médias, et la
citoyenne, donc, a reçu une mise en demeure pour des propos tenus sur Facebook
tout à fait légitimes, qui participent du débat démocratique et qui relèvent d'une
application abusive d'un règlement de la municipalité concernant la prévention
de la violence, un règlement nécessaire, mais dont l'application a été... a été
abusive. On relate également la...
Mme Khelil (Lynda) : ...de
Sainte Pétronille, où des résidents, résidentes ont reçu une mise en demeure,
donc, une centaine de résidents, résidentes ont reçu une mise en demeure après
avoir fait parvenir aux élus une pétition pour exprimer leurs préoccupations
concernant l'embauche de la directrice générale de la municipalité. Un autre
exemple, également, préoccupant, qui relève d'une forme d'expression
traditionnelle, qui est une campagne de lettres... donc, un organisme
communautaire des Laurentides... le Regroupement des organismes communautaires
des Laurentides a participé, en 2023, à une campagne de lettres concernant le
projet de loi no 15, qui, comme vous le savez, a été vivement contesté, et par
beaucoup d'organisations de la société civile, et, dans la campagne de lettres,
le premier ministre François Legault, donc, le courriel de circonscription du
premier ministre, était en copie conforme, et le bureau de circonscription du
premier ministre a répondu à l'organisation, considérait que ce nombre de
courriels, qui est au nombre de 10, relevait du harcèlement et indiquait avoir
à... réfléchir à la possibilité de contacter la Sûreté du Québec pour ce qui
est également considéré comme des envois non sollicités. Donc, évidemment,
c'est un contexte qui nous préoccupe grandement, dans lequel s'inscrit la
proposition du projet de loi no 57.
Donc, pour les prochaines minutes, sur les
dispositions en elles-mêmes du projet loi no 57, à propos des injonctions, de
la création de nouvelles infractions pénales et de l'octroi de nouveaux
pouvoirs au DGEQ... Donc, en ce qui concerne l'injonction, le projet de loi
propose de créer un régime spécifique d'injonction, et deux motifs sont prévus.
Donc, le premier relève de propos et de gestes qui entravent indûment
l'exercice des fonctions d'un député ou d'un élu municipal. À cet égard,
considérant que l'objectif du projet de loi est de protéger les élus contre
l'intimidation, les menaces et le harcèlement, nous nous questionnons sur le
fait d'utiliser le critère d'entrave indue à l'exercice des fonctions dans le
cadre de cette proposition d'injonction. Également, la notion d'entrave qui est
prévue est trop large et imprécise et pourrait mener, dans le contexte que nous
avons décrit, à des applications qui peuvent être abusives, arbitraires.
Également, le deuxième motif qui est prévu en ce qui concerne les injonctions
relève de l'atteinte au droit à la vie privée des députés et des personnes
élues au municipal. Cette dimension nous préoccupe également, dans la mesure où
l'état de la jurisprudence nous dit que les personnes élues ont une expectative
de vie privée réduite en raison du droit du public à l'information. Donc,
évidemment, il est nécessaire de protéger le mieux possible le droit à la vie
privée des personnes élues, mais cette mesure ne peut pas se faire au détriment
du droit à l'information de la population.
• (17 h 10) •
On a également des inquiétudes en ce qui
concerne le caractère permanent, potentiellement, de certaines injonctions.
Donc, par exemple, à l'article 8, il est fait état de... comme proposition
d'ordonnance qu'une personne ne puisse plus se présenter aux séances de tout
conseil d'un organisme public où siège un élu. Donc, si l'élu est en fonction
pendant de nombreuses années, ça exclurait la personne de l'accès à cet espace
démocratique. Donc, on a des questionnements à cet égard. Également,
rapidement, donc, à propos de... je vois, le temps file...
Le Président (M. Schneeberger) : ...pour
longtemps, parce que... Juste savoir, sinon...
Mme Khelil (Lynda) : 30
secondes.
Le Président (M. Schneeberger) : ...il
faut que je demande consentement pour embarquer sur le temps au niveau de la
ministre.
Mme Khelil (Lynda) : O.K., je
vous remercie.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Parfait
Mme Khelil (Lynda) : Ça va
être très, très rapide, en fait, il reste deux points. Merci beaucoup. Donc, en
ce qui concerne l'infraction pénale relativement aux conseils municipaux, donc
au conseil d'un organisme public, dont les conseils municipaux, la proposition
de créer une nouvelle infraction pénale est également préoccupante, dans la
mesure où des points de vue divergents peuvent s'exprimer, des débats, des
controverses peuvent avoir lieu dans ces espaces démocratiques, et certains
troubles et dérangements peuvent survenir. Et on considère, donc, qu'au sein
d'une démocratie il est non seulement nécessaire de tolérer un certain niveau
de dérangement et de perturbation, mais surtout de reconnaître que celles-ci
font partie d'une société libre et démocratique et qu'elles en sont des
composantes essentielles et légitimes. Et on pourra discuter de l'exemple, par
exemple, de la ville de Trois-Rivières, que j'ai évoqué tout à l'heure et qui
est mentionné dans notre mémoire.
On observe également le contexte actuel,
c'est un enchaînement de prises de décisions de la part du gouvernement et de
municipalités qui excluent du débat démocratique des citoyens, citoyennes et ne
tiennent pas compte de leur perspective et de leurs droits. Donc, les citoyens
ne sont pas entendus par les décideurs, dans beaucoup de situations, et,
souvent, n'ont pas d'autre choix que d'aller dans ces lieux où les décisions
sont prises, tels que les conseils municipaux, pour se faire entendre
collectivement. En terminant, sur le DGEQ...
Le Président (M. Schneeberger) : ...oui,
je veux bien vous laisser un peu de...
Le Président (M. Schneeberger) : ...mais
là, c'est parce qu'on embarque vraiment sur le temps...
Mme Khelil (Lynda) : Oui,
oui, mais pour le DGEQ, simplement, c'était de dire que son rôle est lié au
processus électoral traditionnel, donc il y a des questionnements quant au fait
de déléguer... de... d'octroyer des nouveaux pouvoirs de poursuite et d'enquête
au DGEQ. Et l'effet que ça peut avoir également, les risques de miner la
confiance de la population envers cette institution dans le contexte électoral.
Je vous remercie.
Le Président (M. Schneeberger) : Mercie
beaucoup. Alors, nous allons procéder à une période d'échange avec la ministre
pour...
Mme Laforest : ...merci
beaucoup, M. Barrette, Mme Khelil. Évidemment, j'ai des questions en
rafale. Est-ce que vous avez déjà connu des élus municipaux ou des députés qui
ont eu des menaces?
Mme Khelil (Lynda) : Pas
directement, personnellement, pour ma part.
M. Barrette (Denis) : Pas
directement, mais on... ce n'est sûrement pas drôle de recevoir des menaces,
des vraies menaces à l'intégrité physique et psychologique d'une personne... Je
ne sais... je ne sais pas quel est le sens de votre question, Mme la ministre,
mais les menaces sont... D'abord, menaces sont prohibées par le Code criminel,
l'intimidation aussi est prohibée par le Code criminel. Et je... Nous, ce qu'on
dit, c'est qu'il y a d'autres moyens d'intervenir sur les menaces. Le problème
est le suivant pour nous... Oui?
Mme Laforest : Bien, ma
question était... Attendez, parce que ça, c'était ma première question. Ma
deuxième question, c'était justement ça, c'est quoi vos propositions?
M. Barrette (Denis) : Bien,
la...
Mme Laforest : Parce que dans
vos...
M. Barrette (Denis) : Dans le
mémoire, ce qu'on vous... ce qu'on vous dit, ce qu'on explique du moins...
Excusez, je coupe encore, là, vous n'avez pas terminé.
Mme Laforest : Oui, ce n'est
pas grave.
M. Barrette (Denis) : Non,
non, je vous laisse terminer.
Mme Laforest : Non, non, j'ai
une bonne patience. Mais votre... dans... Parce que vous proposez le retrait du
projet de loi, en fait, complètement, ça fait que, là, c'est sûr que moi, je me
dis : Est-ce que ces gens-là ont connu des députés ou des élus qui ont eu
des menaces? Parce qu'évidemment on ne fait pas un projet de loi parce qu'on
n'a pas des situations vraiment graves dans certaines municipalités ou encore
avec certains députés. Ça fait que c'est pour ça, ma question était :
Est-ce que vous en... est-ce que vous en avez côtoyé? Puis, si vous êtes en
mesure de demander complètement le retrait du projet de loi, c'est quoi vos
propositions à ce moment-ci? Si ça fait... parce que, là, ça fait quand même
six ans, moi, ou presque, que je suis aux Affaires municipales, puis on ne fait
pas un projet de loi pour s'amuser. Donc, il y a des raisons pour le faire.
Donc, vous, vos propositions. Nous, on veut protéger les élus. Puis je ne sais
pas si vous avez lu un peu, mais c'est vraiment dans des situations de... de...
abusives, là, des cas extrêmes, des situations abusives. Ce n'est pas la
personne qui vient au conseil de ville poser des questions, ce n'est pas du
tout dans ces mesures là, c'est la personne, exemple, qui est très, très
insistante, menaçante, puis ça continue, puis c'est répétitif et ensuite il y a
même des menaces à l'extérieur de l'hôtel de ville. Donc, ce n'est pas pour
quelqu'un qui va manifester un désaccord ou, tu sais, un désappointement ou...
au conseil municipal. Donc, moi, je dis : Qu'est ce que vous proposez à ce
moment-ci, si vous voulez qu'on retire le projet de loi? Qu'est-ce que vous
feriez?
M. Barrette (Denis) : D'abord,
pour être clair, lorsqu'on parle de projet de loi, on parle du chapitre 1
du projet de loi n° 57. On ne réfute pas tout le projet de loi n° 57.
D'ailleurs, j'ai... j'ai écouté une partie des intervenantes de tantôt, je
trouvais ça très intéressant, il y a des propositions, puis il y a une
discussion là-dessus, et puis il y a eu aussi des propositions sur les
personnes, le droit... excusez moi, l'exercice du droit de vote pour les
personnes handicapées, pour les aînés, etc., qui sont assez intéressantes.
Nous, ce qu'on... notre... notre
recommandation, c'est le retrait du premier chapitre du projet de loi n° 57 et
un article qui touche le... le pouvoir du DGE, l'élargissement du pouvoir du
Directeur général des élections.
Maintenant, pour ce qui est des menaces,
quelles qu'elles soient, qu'elles soient à l'Assemblée nationale, qu'elles
soient dans un conseil municipal, à l'extérieur, dans le... dans la rue, c'est
sûr que c'est inacceptable. La cyberintimidation, c'est sûr que c'est
inacceptable. Il y a des moyens pour y mettre fin, les... qui existent
présentement. Les moyens... et parler très court, là, je ne peux pas trop
élaborer, mais il y a des moyens. D'abord, il y a les plaintes de police qu'on
peut faire aux policiers en vertu du Code criminel. Ça peut être assez rapide.
Il y a l'article du 810 du Code criminel qui permet d'avoir rapidement une
ordonnance avec des conditions de ne pas communiquer, de ne pas rendre de tel
endroit quand une personne ou des biens sont à risque. Il y a aussi des
injonctions dans le système qu'on connaît, le système général d'injonction,
alors que le projet de loi crée un système d'injonctions spécifique qui,
d'après nous, va créer des problèmes. On vous donne des exemples. Et on a
vécu... à la Ligue des droits et libertés, on a fait des... des tournées dans
différentes municipalités au sujet des réglementations municipales relatives
aux manifestations, plusieurs ont été estimées abusives, arbitraires et...
Parce que là, on... quand on rentre dans les... dans des....
M. Barrette (Denis) : ...code
d'éthique, on risque de rentrer... d'avoir des codes d'éthique à géométrie
variable. Et on l'a vu dans des cas de manifestations comme à Rouen, par
exemple, toutes les manifestations étaient interdites, sauf pour la Fête-Dieu,
la fête de... je n'ai pas... la parade des Christophe-Colomb, ou des choses
comme ça. Bon, donc, on sait, d'expérience, en tout cas, la Ligue des droits,
que, malheureusement, des municipalités peuvent soumettre ou mettre en vigueur
des règlements, et on croit que le projet... chapitre 1 du projet de loi est un
mauvais incitatif à cet égard-là, c'est-à-dire mettre en vigueur des règlements
qui vont se retrouver à des mises en application d'interprétation abusive.
On donne quatre exemples. L'exemple de
Sainte- Pétronille, qui n'est pas loin d'ici d'ailleurs, là, d'une personne qui
a fait signer une pétition par une centaine d'autres citoyens, sur 1000 citoyens,
une pétition demandant une enquête sur la directrice générale. Et, peu de temps
après, la centaine de citoyens recevait chacun une mise en demeure. Et ce qui
est intéressant, c'est qu'on souligne la violence et on souligne... on
considérait, dans la mise en demeure, que la pétition est un geste violent,
intimidant, harcelant. Et je... Il faut faire attention lorsque, aussi, d'après
nous, lorsqu'il existe déjà des sanctions, des sanctions punitives. Comme, si
je prends l'entrave, la menace, le harcèlement, c'est toujours risqué de faire
des lois spécifiques pour en ajouter, pour ajouter des interprétations qui
pourraient être fautives. Inévitablement, il y a des interprétations fautives
lorsqu'on parle de droit pénal ou criminel, et on peut se retrouver avec des
gens qui sont injustement poursuivis. C'est un peu notre... Mais là, en plus,
ce projet de loi là, ce qui est frappant, c'est que, nulle part, le premier
chapitre, nulle part, n'a fait mention de liberté d'expression, d'opinion,
d'association, comme si on parlait d'un comportement ordinaire dans la rue,
mais on parle d'un exercice démocratique.
• (17 h 20) •
Mme Laforest : ...peut-être,
vous allez voir, dans le projet de loi, c'est vraiment dans des situations,
dans des situations d'abus, là. Il faut vraiment, puis je veux vous rassurer,
là, il faut vraiment avoir ça en tête. J'ai une autre question au niveau de...
M. Barrette (Denis) : Mais je
n'ai pas lu, Mme la ministre, les situations des...
Mme Laforest : Oui, c'est ça,
mais je veux vous rassurer, vous allez voir, là, j'aime mieux vous rassurer
tout de suite. Au niveau... Tantôt, on parlait des informations, le droit à
l'information, on parlait, par exemple, le retrait des adresses des élus, vous
mentionnez ça. Vous n'êtes pas d'accord qu'on retire les adresses des élus
ou...
Mme Khelil (Lynda) : Cette
disposition ne fait pas partie du chapitre 1. C'est un autre article, dans le
projet de loi, dont on a pris connaissance. On n'a pas de désaccord avec cette
proposition.
Mme Laforest : Vous êtes...
O.K. C'est bien.
Mme Khelil (Lynda) : Donc,
c'est davantage dans l'injonction, la façon dont le régime spécifique
d'injonction est formulé dans le projet de loi. Donc, on parle d'entrave indue,
qui est une disposition, de la manière dont c'est rédigé, très large, qui peut
porter à des interprétations et à des applications abusives. Puis on parle
aussi du droit à la vie privée, donc... alors que le droit à la vie privée, on
peut, comme je le disais, avoir une expectative réduite du fait d'avoir une
fonction élective et d'être représentant de sa population dans une
municipalité, par exemple.
Puis, si je peux me permettre de rajouter,
quand vous demandez quelles sont les solutions, donc la problématique est
réelle et ce qu'on... Le message qu'on veut, qu'on veut communiquer, c'est que
le projet de loi ne va pas davantage répondre à cette problématique. Il y a
beaucoup d'autres mesures qui sont possibles, qui ne relèvent pas de la voie
judiciaire davantage, car il y a déjà des outils dans le système juridique.
Mais ce que ça va faire dans la manière dont il est écrit, c'est de voir des
risques d'atteinte fondée aux libertés d'expression, d'opinion et
d'association, ce qui n'est pas souhaitable non plus et ce qui n'est pas pour
susciter davantage la confiance de la population dans les institutions.
Mme Laforest : O.K. Mais je
veux vraiment, vraiment mettre ça au clair, là, le projet de loi n'empêche pas
personne d'aller dans un conseil municipal, n'empêche aucun citoyen de faire
des réclamations, de parler d'un projet ou contre ou pour un projet. Il n'y a
rien qui empêche ça dans le projet de loi. Ça fait qu'il faut vraiment garder
en tête qu'on est dans des situations extrêmes, des situations abusives, puis
il faut absolument agir dans une période assez rapprochée, parce que, oui, il y
a des individus qui sont parfois menacés ou encore qui vivent certains,
certains propos assez particuliers. Ça fait que ça, il faut vraiment dire qu'on
n'a jamais... on ne touche pas la liberté d'expression, dites-vous ça.
J'ai juste une question rapide. Je
voudrais savoir, vous, est-ce que vous êtes... j'imagine que vous êtes... vous
n'êtes pas d'accord, en fait, que des citoyens qui habitent dans...
Mme Laforest : ...une municipalité
puissent se présenter... des citoyens de Québec puissent se présenter au
conseil municipal de Montréal, par exemple, durant une soirée d'un conseil
municipal, vous êtes pour que les gens puissent manifester ou se présenter dans
tous les conseils municipaux, dans toutes les villes du Québec, même s'ils ne
sont pas résidents dans la même ville?
Mme Khelil (Lynda) : Peut-être
juste... juste avant, si vous permettez... Donc, on comprend qu'il y a une
distinction entre l'intention que vous manifestez et l'application possible
dont on essaie de vous prévenir, qui peut être arbitraire et abusive. Si on
prend la disposition... l'article 9 concernant les conseils municipaux,
par exemple, on a entendu aussi certains... certains échanges ce matin et on ne
dit pas que... le projet de loi ne dit pas que les personnes ne pourront pas se
présenter à une période de questions du public. Donc, ça, on le comprend bien,
mais c'est davantage sur le dérangement qui peut survenir. Par exemple, à
Trois-Rivières, lors d'un débat entre... entre élus, des citoyens se sont levés
avec des pancartes, ont crié des slogans à certains moments. La police a été
appelée très rapidement, après deux minutes. On considère qu'il n'est
absolument pas souhaitable de pénaliser par une infraction pénale les... ce
type de situation qui relève du débat démocratique, quand bien même ils sont un
peu dérangeants, évidemment.
Mme Laforest : ...j'ai un
collègue qui a d'autres questions. Alors, je vous poserai peut-être mon autre question
pour les adresses ou l'échange dans les villes, mais je vais laisser mon
collègue poser des questions.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Nous
allons aller avec le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Trois
minutes cinquante.
M. Poulin : O.K., c'est très,
très peu. Vous nous dites que les processus actuels des lois fonctionnent bien,
que tout fonctionne bien, qu'il y a déjà des processus qui sont en cours, que
ce soit sur le harcèlement, sur l'intimidation, que tout, tout va bien puis que
les processus fonctionnent. Alors, comment expliquez-vous qu'il y a autant
d'élus municipaux qui démissionnent? Comment expliquez-vous que, depuis la
pandémie, on a remarqué une hausse également de la haine en ligne? Comment
expliquez-vous aussi qu'on se retrouve quand même au Canada, au Québec, dans un
des endroits les plus libres au monde en matière de liberté d'expression?
Alors, vous, les mécanismes, actuellement, ils fonctionnent? Quand on parle de
harcèlement et d'intimidation, il n'y a pas de problème?
M. Barrette (Denis) : ...pourquoi
on ne fait pas affaire aux mécanismes actuels? À ce moment-là, si quelqu'un
fait du... d'abord de la cyberintimidation, on doit se donner les moyens pour y
mettre fin. Mais il existe... dans le Code criminel, il existe des dispositions
à ce sujet-là.
M. Poulin : Mais vous savez
qu'on n'est même pas capable de savoir qui se cache derrière l'écran lorsque
c'est un pseudonyme par moments. C'est ce que l'UMQ est venue nous demander ce
matin : Ayons des injonctions pour pouvoir savoir qui nous intimide. Vous
savez...
M. Barrette (Denis) : Ça,
c'est une chose. Ce n'est pas ça qui est dans le projet de loi. Je ne vois pas
les...
M. Poulin : Non, non. Mais je
vous parle de propositions quand même qui ont été faites ce matin, qui
démontrent qu'on doit aller encore plus loin. Et il y a aussi une réflexion
gouvernementale. Aujourd'hui, c'est la ministre des Affaires municipales qui
nous parle des élus municipaux, des élus provinciaux, mais on a d'autres
collègues qui vont continuer de tabler sur comment on peut davantage
travailler, oui, dans une liberté d'expression, mais également dans le respect.
Je veux savoir, la ministre l'a effleuré,
la vie privée des élus, vous nous dites : O.K., on est d'accord à ce qu'on
protège les adresses, c'est ce que j'en ai compris, les adresses personnelles,
les lieux de résidence, mais on ne veut pas que ça nous empêche d'avoir accès à
nos élus ou accès à des éléments des élus. Je veux juste bien comprendre
jusqu'où s'arrête votre perception de la vie privée d'un élu.
M. Barrette (Denis) : C'est
du cas par cas... Si on prend, par exemple, le conjoint... la conjointe ou le
conjoint d'un élu, là, quel qu'il soit, qui est dans une entreprise qui a
affaire à la municipalité, c'est clairement d'intérêt public et ça fait partie
de sa vie privée.
M. Poulin : Mais ça, c'est la
divulgation des conflits d'intérêts, un mécanisme qui fonctionne déjà.
M. Barrette (Denis) : Oui.
Oui, mais ça fait partie de sa vie privée. Mais, si ce n'est pas divulgué puis
si jamais on s'en aperçoit, c'est difficile de ne pas être d'accord que c'est
d'intérêt public, tant pour un citoyen, que pour les médias, que pour la ligue,
que pour tout le monde de le... Bon. C'est un exemple parmi tant d'autres, là,
c'est des...
M. Poulin : O.K. Je veux...
Parce qu'il me reste très, très peu de temps. Vous avez donné plusieurs
exemples, dans votre mémoire, de situations que vous avez senti abusives au
Québec en matière de liberté d'expression. Vous venez de donner un exemple où
la police est arrivée trop tôt sur un lieu. Est-ce que vous demandez aux élus
d'attendre avant d'appeler la police lorsqu'ils se sentent menacés?
Mme Khelil (Lynda) : L'exemple...
Cet exemple-là, ce n'était pas un exemple de menace ou d'intimidation. Donc, il
n'y avait pas de menace ou d'intimidation lors du conseil municipal selon
l'information...
M. Poulin : Mais la
perception des gens, la perception des élus...
Mme Khelil (Lynda) : Je
comprends.
M. Poulin : Peut-être que
vous ne vous sentirez pas menacée, moi, je vais me sentir menacé à un moment
donné, ou vice versa. Donc, vous encouragez les gens à attendre, si je
comprends bien, avant d'avoir accès à des processus qui existent?
Mme Khelil (Lynda) : Bien, il
faut se ramener à la situation dont on parle. Donc, au conseil municipal, c'est
des citoyens, citoyennes qui sont face à des décideurs qui veulent aller de
l'avant sans les consulter, sans prendre en considération leurs perspectives,
leurs avis, leurs droits, qui veulent aller de l'avant et qui s'expriment en...
Mme Khelil (Lynda) : ...une
pancarte et en brandissant une bannière et en chantant quelques slogans. Donc, on
considère que ça fait partie du débat démocratique, et donc il ne faut pas
brouiller les cartes.
M. Poulin : Mais, si
quelqu'un se sent menacé? Si quelqu'un se sent menacé, est-ce que vous lui
recommandez quand même d'appeler la police?
Mme Khelil (Lynda) : Bien là,
on parle de menaces qui relèvent du Code criminel. Donc, si c'est dérangeant et
que ça ne relève pas d'une menace, non, la police n'était pas justifiée d'être
appelée.
M. Poulin : Merci pour vos
échanges.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle, et j'entends la députée de...
Une voix : Mont-Royal-Outremont.
Le Président (M. Schneeberger) : Mont-Royal-Outremont.
Parfait.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Merci à vous deux. Je pense que vous nous amenez vers une réflexion
qui est importante, il n'y a aucun doute. Moi, je suis extrêmement sensible à
toute la question du respect des droits et libertés, de la liberté
d'expression. Je suis une élue, évidemment, à l'Assemblée nationale. J'ai déjà
été élue aux municipales. Je suis très sensible à ce qui se passe, au nombre
grandissant de démissions. Je pense que c'est très important qu'on pose des
gestes pour s'assurer que le climat au sein de nos démocraties locales, au sein
de nos gouvernements de proximité soit sain.
Ceci étant dit, vos mises en garde sont
importantes, on va y réfléchir, parce que peut-être que le libellé... comme
vous le dites, l'intention est peut-être de ne pas brimer la liberté
d'expression, mais possiblement que le libellé a besoin d'être précisé. On va y
réfléchir, mais devant le manque de civisme, devant la hausse de... devant le
fait que le climat se détériore... on ne peut pas le nier, là, le climat se
détériore au sein même des conseils municipaux et au sein des... entre les
conseillers, parfois, et beaucoup vis-à-vis la population, que ce soit dans...
en personne ou dans les échanges qui se font sur les médias sociaux. Donc,
notre démarche en tant que législateur, est elle est importante.
• (17 h 30) •
Ceci étant dit, je pense qu'il y a une...
J'aimerais ça vous entendre davantage sur... c'est ça, ma question, parce que,
là, vous dites : Retirez ça complètement. Nous, on doit poser des gestes
pour nous, le législateur, là, c'est le gouvernement qui propose un projet de
loi, mais on doit... on se doit de protéger la démocratie locale, de s'assurer
qu'elle demeure saine. Est-ce que vous auriez des... plutôt que de tout
retirer, est-ce que vous auriez une proposition mitoyenne? Est-ce que vous
voyez des éléments? Vous l'avez déjà mentionné, là, les termes «entraver de
façon indue», «atteinte au droit à la vie privée». Est-ce que vous voyez quand
même qu'il y aurait des précisions à apporter qui pourraient vous rassurer puis
répondre à vos préoccupations?
M. Barrette (Denis) : Comme
solution, il y avait... il y a des pistes de solutions vraiment intéressantes
dans la recherche qui était... je crois qu'elle était demandée par le
gouvernement, là, pas Mme... Dre Mireille Lalancette, vous avez ça aux pages 45
à 50, il y a des très bonnes pistes de solutions qui, souvent, touchent à la
sensibilisation, la formation, l'éducation, aussi le support des élus, pas
uniquement au niveau monétaire, comme les intervenants de tantôt, mais le
support... lorsqu'il arrive... lorsqu'il arrive des situations difficiles.
Puis c'est vrai que la démocratie, ce
n'est pas facile, ce n'est pas toujours facile, on s'entend, on le sait, mais
il faut que les débats se passent, puisse se passer sans qu'on prenne des
personnes qui se lèvent avec une petite pancarte de 81/2 par 11 en disant
quelque chose comme une menace, d'une part, et c'est une gestion, en fait,
d'une assemblée, aussi, on doit... ça... On veut régler la... comment vous dire
ça, la gestion d'une assemblée démocratique par des sanctions pénales, qui ont
des conséquences, puis par des injonctions qui ont des conséquences très, très
sérieuses, très graves. Et c'est un régime spécial, je le répète, d'injonctions.
Peut-être que ma collègue aurait d'autres... Mais les pistes, je vous invite à
lire les pistes, là, relire, vous les avez sûrement lues, mais relire les
pistes de solutions qui sont inscrites dans le document et, entre autres, on
dit que les élus sont très peu informés de leurs... et de leurs recours, et du
processus démocratique, surtout dans les petites municipalités, ce qui est le
contraire des grandes municipalités.
Il faut penser aussi que les règlements
d'éthique qui vont être abordés, dans les grandes municipalités... les grandes
municipalités bénéficient de conseillers juridiques, des petites municipalités,
ce n'est pas toujours certain, ou, lorsqu'ils le font, ça leur coûte... ça
coûte cher à leur budget...
17 h 30 (version non révisée)
M. Barrette (Denis) : ...donc,
on peut se retrouver avec des... comme je disais tantôt, des règlements à
géométrie variable.
Mme Khelil (Lynda) : Donc,
notre message, c'est vraiment qu'on... ce ne sont pas des outils
supplémentaires qui vont permettre de résoudre davantage la situation sur le
plan judiciaire, donc, dans la voie de la judiciarisation, et alors qu'il y a
des campagnes à mener et des investissements à faire dans le cadre de campagnes
publiques, comme... comme M. Barrette le disait, à la fois entre les élus,
parce que... comme le rapport mentionné par M. Barrette l'évoque, la... la...
une grande partie du climat de harcèlement et de tensions, mais aussi entre les
personnes élues elles-mêmes et également une partie d'entre elles et de la part
des citoyens envers les élus.
Donc, cette situation-là, pour être
résolue, c'est également par de la formation, mais des campagnes plus larges
qui... qui ne relèvent pas de davantage de judiciarisation, alors qu'il y a
déjà des outils. Et on invite vraiment le législateur à prendre en compte la
liberté d'expression, parce que, trop souvent, lorsque des organisations
viennent prévenir des atteintes, elles ne sont pas entendues. Ensuite, les
organisations et les citoyens vont subir des atteintes à leurs droits, vont
devoir passer plusieurs années devant les tribunaux pour qu'ensuite la
disposition soit interprétée ou invalidée, mais pendant ce temps-là, les
atteintes aux droits ont eu lieu. Donc, c'est d'autant plus important pour le
législateur de jouer son rôle en amont et de ne pas reléguer dans la sphère des
tribunaux ce rôle plus tard d'interprétation. Et le contexte et le climat... il
y a également une lettre qui a été publiée le 24 avril dernier par 19 organisations
communautaires qui disent que, dans la manière dont le projet de loi est
construit actuellement, on parle toujours du chapitre un ici, il va très
certainement y avoir une utilisation qui va miner l'action politique des
mouvements sociaux, des organisations communautaires.
Mme Setlakwe : Merci.
Effectivement, il faut agir sur plusieurs fronts puis je ne pense pas que les
mesures qui sont mises de l'avant règlent tous les enjeux, là, il y a... Il
faut agir effectivement, à différents... à différents niveaux et on va... on va
garder ça en tête quand on va l'analyser, mais je suis... moi, je... je
comprends que ce sont des mesures tout à fait exceptionnelles. Et puis, dans le
cas que vous évoquez, quelqu'un qui arrive et qui... qui brandit une pancarte
et qui... il n'y a aucun enjeu, là, il ne faut pas qu'il n'y ait aucun enjeu,
il faut... il ne faut pas du tout affecter la participation citoyenne. Ce n'est
pas l'intention, mais on va encore une fois garder en tête, là, vos... vos
mises en garde qui sont... qui sont très importantes.
Puis c'est sûr que quand qu'on... on se
lance en politique, peu importe à quel niveau, mais c'est surtout au municipal
qu'on est vraiment confronté de très près à des enjeux de proximité, les
décisions qu'on prend affectent directement nos... nos voisins, voisines, il
faut accepter qu'il va y avoir de l'opposition, il va y avoir de la
confrontation, là, dans... il faut que ça demeure dans un contexte... bien, en
tout cas, avec respect. Il va y avoir des adversaires, il va y avoir forcément
quelqu'un qui va vouloir nous remplacer. Donc, on s'embarque dans un... Puis
les formations doivent nous... doivent sensibiliser les élus à tout ça, encore
une fois... et puis là, je vais laisser ma collègue poser sa question, mais on
est... on est, je l'espère, c'est ce que je comprends dans une... dans des
situations tout à fait exceptionnelles, malheureusement, avec... avec ce que
vivent différents élus à différents niveaux, puis c'est en train vraiment de
se... de prendre une tangente qui est hors de contrôle, il faut qu'on
réfléchisse à mieux protéger nos élus.
Mme Lakhoyan Olivier : …
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Chomedey. C'est à vous.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Désolée... il fallait me présenter hein, c'est ça. Je me suis dépêché.
Le Président (M. Schneeberger) : Je
suis. Je suis.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Je m'excuse. Bonjour. J'avais hâte de leur parler, tu vois? Merci de nous avoir
envoyé vos mémoires. C'est vraiment un autre point de vue qu'on... qu'on entend
aujourd'hui, puis c'est important, et puis ça nous fait réfléchir, puis on
va... on va vraiment prendre en considération pendant qu'on va étudier le
projet de loi, ça, c'est sûr.
Concernant le passage à la page 10,
lorsque vous dites : «Selon l'auteur Pierre Lauret, il est donc clair que
quiconque qui se lance dans l'arène politique abandonne, de gré ou de force...
de force, de force, une partie importante de la protection de sa vie privée...
qui lui a assuré ce texte législatif de portée générale. Lauret va jusqu'à dire
que, contrairement aux citoyens dont la sphère privée est beaucoup plus grande
que la sphère publique, les personnes élues voient leur vie privée réduite au
minimum, voire jusqu'au... jusqu'à l'inexistence.» Mais c'est ça qu'on veut, on
veut... Quand on habite dans nos quartiers, on veut que les gens nous saluent,
on veut que les gens nous parlent, on veut être leur...
Mme Lakhoyan Olivier : ...tu
sais, on veut les écouter afin d'amener les propositions à l'Assemblée nationale
ou aux municipales. C'est sûr, c'est important que... que les gens nous
reconnaissent dans les rues, mais, dans ce cas-là, c'est... c'est quand il y a
un danger vraiment. Je comprends, vous êtes en train de nous donner un... comme
une alarme, une mise en garde des... puis peut-être exagérations des situations
ou... des situations alarmantes. D'après vous... Ce que je comprends, avec
toutes les réponses que vous avez données, on dirait que vous voyez ça trop
large, pas assez spécifique. Donc, c'est la raison que ça vous inquiète, est-ce
que je me trompe?
Mme Khelil (Lynda) : Peut-être
juste nous ramener au libellé de l'article 2, par exemple. Donc, par
rapport aux injonctions, on parle strictement de propos ou de gestes qui
entravent indûment l'exercice des fonctions de l'élu ou portent atteinte à sa
vie privée. Donc, il n'est pas question ici d'intimidation, dans la façon dont
c'est écrit, de menace, de danger et de harcèlement, donc c'est d'autant plus
préoccupant, que l'utilisation qui peuvent être faite ensuite de ce recours en
injonction va être beaucoup plus large qu'une situation de menace. Donc,
c'est... On analyse en vertu de... en fonction de comment le libellé est
rédigé, et il n'y a pas d'indication que ça va être pour des cas de menace. Donc,
ça va être extrêmement large. C'est pour ça qu'on a dit dans notre mémoire que
c'est une... la notion d'entrave est utilisée de manière très large et
imprécise.
Et les... peut-être revenir sur les
situations. On ne considère pas que c'est des situations comme exagérées
qu'on... qu'on... qu'on vous soulève dans la mesure où c'est des situations
avérées, et c'est quelques exemples, et... Prenons l'exemple, tu sais, pour
revenir à une question qu'on m'a posée préalablement, de... du bureau de
circonscription du premier ministre, qui considère qu'il répond à un groupe
citoyen suite à une campagne de lettres en évoquant la possibilité d'appeler la
Sûreté du Québec pour harcèlement. Donc, évidemment, quand c'est le bureau de
circonscription du premier ministre, ça veut dire qu'il y a peut-être beaucoup
d'élus au niveau municipal qui vont avoir le même réflexe. Donc, c'est pour ça
que le législateur, c'est important de prendre en compte l'état actuel aussi de
réduction des espaces de contestation sociale et de... de nombre de mises en
demeure qui déferlent un peu partout, qui sont envoyés à des citoyens qui
veulent participer au débat public. Donc, l'intention n'est peut-être pas
celle-là pour le projet de loi, mais c'est comme ça qu'on peut très
raisonnablement prévoir que ça va être utilisé.
Mme Lakhoyan Olivier : Bien,
merci pour cet exemple-là. On va garder l'oeil là-dessus.
Le Président (M. Schneeberger) : ...cinq
secondes.
Mme Lakhoyan Olivier : Quoi?
Ça va si vite. J'avais tellement des questions.
Mme Khelil (Lynda) : Ça passe
trop vite.
Mme Lakhoyan Olivier : Bien,
merci beaucoup.
Mme Khelil (Lynda) : Merci à
vous.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de la deuxième opposition, et
j'entends la députée de Taschereau pour un 4 min 8 s.
• (17 h 40) •
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous deux pour votre présence aujourd'hui,
c'est fort apprécié. Oui, vous avez un... un propos qui est différent de ce
qu'on a entendu jusqu'à maintenant. Mais j'aimerais quand même rappeler que la
démocratie au Québec, on l'aime beaucoup, on veut la garder, puis, évidemment,
il faut permettre aux gens qui sont élus au niveau municipal ou à l'Assemblée
nationale de travailler sans entraves et sans risque pour leur santé, intégrité
et vie privée, en même temps, il y a un pilier fondamental aussi qui est la
liberté d'expression, et ça fait partie aussi de notre démocratie. Donc, merci
pour votre... votre mémoire.
J'aimerais vous entendre rapidement, puis
on a peu de temps, vous avez entendu, là, qu'on... Selon vous, dans le fond,
puis peut-être que vous pourrez préciser, là, mais ce que je comprends, c'est
qu'on a déjà quand même beaucoup d'outils pour protéger les élus dans
l'exercice de leurs fonctions. Malheureusement, ce qu'on remarque, c'est qu'il
y a effectivement une hausse des incivilités, du harcèlement, des agressions
puis beaucoup de démissions. Je veux dire, ça fait... Il y a des gens qui
quittent la politique parce qu'ils... ils n'en peuvent juste plus, de ces
agressions répétées, physiques ou en personne... en fait, je voulais dire, ou
sur les médias sociaux. Donc, comment on peut utiliser les dispositions qui
existent déjà dans les différentes lois pour arriver à réduire ces
démissions-là ou encore protéger mieux nos élus, tout en respectant,
évidemment, là, la liberté d'expression?
M. Barrette (Denis) : On ne
nie pas qu'il y a des problèmes actuellement, au contraire, là, entre autres,
sur la...
M. Grandmont : Oui, oui.
M. Barrette (Denis) : ...pour
ce qui est de la cyberintimidation, et ça ne touche pas que les élus, ça touche
beaucoup de monde. Et c'est... on peut... Il existe, encore là, des articles
dans le... des dispositions du Code criminel... sur les menaces, le
harcèlement, l'intimidation. Ce sont... Ce sont des délits dans le code du Code
criminel. Les policiers peuvent faire enquête, ils doivent être équipés pour
faire enquête dans ces cas-là...
M. Barrette (Denis) : ...et,
effectivement, ça doit cesser. Puis, quand les menaces viennent de... les
menaces Internet, pardon, l'intimidation Internet vient de personnes inconnues,
là, je ne me rappelle plus le terme, là, des surnoms, bon...
Une voix : ...
M. Barrette (Denis) : Oui. Ça
c'est fait souvent, d'ailleurs, dans Prud'homme... on cite l'arrêt Prud'homme,
je crois, de la Cour supérieure, un dossier d'injonction, justement, qui
souligne l'importance de la liberté d'expression, mais, dans ce dossier-là, on
a... on avait obtenu des ordonnances de la cour pour avoir les noms des
personnes qui envoyaient des messages, qu'il s'agisse de trolls, d'autres
choses, pour que ça cesse.
Il y a l'article 810, que je citais
tantôt, qui est généralement... qu'on connaît en matière conjugale, pour les...
en matière de violence conjugale, mais en matière de violence conjugale, qui
est souvent employé pour des... ce qu'on appelle aussi ordonnance de garder la
paix, où le juge décide ou ordonne, pour une certaine période de temps, de ne
pas faire telle chose, ne pas contacter telle personne, etc. Et on peut
l'obtenir assez rapidement.
Et aussi lorsqu'une personne est arrêtée,
je rappellerais que, si une personne est arrêtée pour menaces, intimidation, le
policier qui l'arrête a le pouvoir de lui imposer des conditions jusqu'à sa
comparution. Et, s'il n'accepte pas ces conditions-là, il va rester détenu, et
le juge va lui imposer ces conditions-là. Et, dans ces conditions-là, ça peut
être... ce qu'on appelle les promesses de comparaître, là, ça peut être
interdiction de communiquer avec telle personne, interdiction de se rendre à
tel lieu ou être à 500 mètres de tel lieu. Mais tout ça, évidemment, c'est tout
le temps mis... à chaque fois, c'est mis en contexte dans le contexte de la
présente affaire, mais ça existe, ces outils-là...
M. Grandmont : ...quelques
secondes. Qu'est-ce qu'il manque, en fait? C'est de mieux faire connaître ces
outils-là aux élus, selon vous?
M. Barrette (Denis) : Peut-être,
peut-être, ce serait une des choses à faire. Mieux aussi les équiper, comme dit
le rapport de Dre Lalancette, là, mieux équiper les élus pour faire face, pour
gérer, d'abord, leurs comptes Web et faire face à la cyberintimidation.
M. Grandmont : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, on vous remercie pour votre apport à la commission.
Nous suspendons quelques instants pour
laisser entrer le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise à 17 h 49)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
on reprend les travaux. Alors, nous recevons la Table de travail sur la
civilité en politique municipale. Alors là, j'ai trois personnes. Est-ce que là
j'ai... deux personnes qui êtes assis... Alors, je vais vous laisser vous
présenter parce qu'actuellement je ne vous connais pas par votre nom. Alors, je
vous laisse vous présenter. Voilà.
Mme Sharma (Jasmine) : Merci
beaucoup. Alors, bien, merci. Merci, M. le Président, Mme la ministre. Alors,
je vous remercie d'avoir reçu... de recevoir la Table de travail sur la
civilité en politique municipale. Moi, je me présente, Jasmine Sharma, je suis
conseillère municipale dans mon deuxième mandat à la ville de Vaudreuil-Dorion
et je suis ici...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Sharma (Jasmine) :
...merci, alors ici avec ma collègue, Annie Godbout, qui est dans son troisième
mandat à la Ville de Sherbrooke. Merci beaucoup de nous recevoir, de recevoir
la table, d'être ouverts à entendre la voix des conseillers conseillers
municipaux, d'entendre notre expertise, notre expérience sur le terrain. Je
crois que c'est important. Je tiens à souligner aussi la présence... Ah!
Valérie, donc de Valérie Léveillé, conseillère d'une petite municipalité, de
Mme Diane Morin, conseillère d'une moyenne municipalité, qui ont aussi
participé aux travaux de la table de travail.
Le projet de loi n° 57
constitue vraiment un progrès significatif, on croit, là, au niveau de la
reconnaissance du rôle des élus. Il y a des objectifs ambitieux dans ce projet
de loi, notamment, on parle de renforcer la valorisation du rôle des élus,
d'encourager la participation électorale, de favoriser la rétention des élus
qualifiés. Donc, c'est un pas dans la bonne direction, mais on croit que c'est
quand même impératif d'apporter certaines clarifications et améliorations
particulières au projet de loi.
Alors, pourquoi avoir mis en place une
table de travail sur la civilité municipale? Bien, j'ai été confronté à un
climat tendu au niveau de notre... mon conseil de ville. Pendant plusieurs
mois, tentatives d'aller chercher du soutien, de dénouer l'impasse par
différents mécanismes. J'ai constaté qu'il y avait beaucoup... vraiment un
manque d'outils, d'accompagnement, d'accès à l'accompagnement, manque de
certains mécanismes pour nous permettre de régler les enjeux. Alors, j'ai
décidé, après avoir suivi une formation avec l'Institut Leadership au
printemps 2023, de mettre en place une table de travail, aller chercher...
je suis allé chercher des chercheurs universitaires, conseillers, conseillères
municipaux, une mairesse, d'anciens élus à différents paliers gouvernementaux
ainsi qu'une consultante en équité, diversité et inclusion pour vraiment
m'accompagner dans une réflexion afin d'apporter des amendements au Code
d'éthique et de déontologie à la Ville de Vaudreuil-Dorion.
Alors, dans le mémoire, bien, vous voyez,
là, on vous partage les statistiques. Je pense qu'on les voit dans les médias,
on s'en rappelle quelques-uns dans le mémoire, à la page quatre. Alors, je vous
en fais fi, mais force est de constater que les élus sont confrontés à un
climat difficile en ce moment et que ça a des impacts quand même assez
importants sur la rétention de ces derniers. Et on est particulièrement
préoccupés par les effets sur le recrutement des candidats de qualité aux
élections de 2025. Dans un contexte où la diversité sous toutes ses formes est
en expansion dans le contexte municipal, et ici on parle de diversité pas juste
culturelle, là, mais diversité de genre, au niveau de l'âge, au niveau des
expériences, la table pense que c'est essentiel de doter les élus des outils
nécessaires pour développer, améliorer, mais aussi renforcer les compétences
requises pour favoriser un environnement de travail politique qui est sain et
sécuritaire.
Alors, on a vraiment trois constats qui
ont émergé des travaux de la table, le premier étant qu'il y a un manque de
formation et de soutien. Plusieurs membres de la table ont souligné que la...
Mme Sharma (Jasmine) : ...formation
obligatoire offerte aux élus, sur l'éthique et la déontologie, où, oui, on
aborde les questions de civilité, de respect, se concentre surtout sur une
compréhension juridique de ces éléments, sans pour autant sensibiliser les élus
aux différentes formes de harcèlement et d'intimidation qui peuvent nuire au
climat de travail.
Alors, à la page 6 des travaux, on fait
référence à la recherche de Mme Mireille Lalancette, qui parle des
microagressions. Donc, quand on parle de harcèlement, intimidation, ce n'est
pas juste des coups de poing, puis élever le ton, et crier, il y a plusieurs
formes de microagression qui peuvent nuire au climat de travail. La gouvernance
est défaillante. Alors, les conseils municipaux ne suivent pas tous un mode de
fonctionnement clair et uniforme, laissant souvent la partisanerie prendre le
dessus.
Et, troisièmement, bien, on constate que
les mécanismes de gestion de conflits et de gradation des sanctions ont besoin
d'être précisés.
Alors, les élus autour de la table de
travail, puis, je vous le rappelle, là, on avait des élus de petites, moyennes
et grandes municipalités qui ont... qui ont participé, on s'entend tous pour
dire : C'est important de signer un code d'éthique et de déontologie, mais
en l'absence de conséquences liées à un manquement à ce code, c'est vraiment
juste la bonne foi des signataires qui peut en garantir le respect.
Donc, bien, quelles sont les pistes de
solutions possibles? On suit encore une fois pas mal les trois constats pour
vous en proposer, là, des solutions concrètes. On croit que c'est important de
bonifier la formation obligatoire. L'idée, c'est de renforcer les programmes de
formation initiale et de mettre en place des exigences pour de la formation
continue. C'est pour instaurer une culture de bienveillance, pour que les...
pour les élus tout au long de leur mandat et leur permettre d'acquérir ou de
renforcer diverses compétences afin de travailler ensemble dans le respect et
la compréhension mutuels. Alors, je vous invite à la fin, à la page 14, là, on
vous propose des dispositions qui pourraient être ajoutées à la Loi sur
l'éthique et la déontologie, notamment.
On vous propose aussi deux outils de
gouvernance pour valoriser l'équité, la diversité et l'inclusion. Premier outil
est d'intégrer un code de civilité à même le code d'éthique et de déontologie.
Ici, l'idée, c'est d'encourager et de maintenir un milieu de travail
respectueux, harmonieux et efficace. On l'explique dans le mémoire, un code de
conduite en matière de civilité, bien, c'est un énoncé des attitudes et des
comportements associés au savoir-vivre que de nombreux organismes qui tendent
vers la réussite et l'excellence ont dans leur boîte à outils de cette
gouvernance. Alors, si vous regardez, aux pages 14 et 15 du mémoire, on vous
suggère, là, des ajouts, des amendements à la Loi sur les cités et villes, au
code municipal et la Loi sur l'éthique et la déontologie. L'avantage d'intégrer
un code de civilité dans le code de conduite... excusez, d'intégrer un code de
civilité dans le code d'éthique et de déontologie, bien, c'est que ça
obligerait la CMQ à évaluer les manquements reprochés en jugeant la liberté
d'expression contre des prévisions déontologiques clairement précisées.
Deuxième outil, on en fait référence, puis
ça... on est très heureux de voir que le projet de loi propose de rendre
obligatoire l'adoption de règlements de régie interne, par contre, il y a des
précisions qui sont nécessaires. Il y a des clauses obligatoires qu'on croit
devraient être ajoutées pour vraiment assurer une démocratie municipale qui est
équilibrée et cohérente sur l'ensemble du territoire québécois. Donc, de plus,
je dirais, on doit aussi encadrer non seulement les séances publiques du
conseil, mais également les rencontres préparatoires, que ça soit les caucus ou
les pléniers, ainsi que les comités, parce qu'on le sait que les situations
problématiques peuvent survenir dans divers contextes et souvent à huis clos.
Je vous encourage à regarder notamment la page 11 du mémoire, où on en parle,
et on vous propose aussi des dispositions concrètes, là, qui peuvent être
ajoutées dans ces sections des différentes lois.
Et, finalement, bien, on parle de
bienveillance latérale et de responsabilisation. Il serait judicieux, on croit,
de mettre en place un organisme neutre doté d'une expertise en développement
organisationnel. C'est une accroche... une approche qui pourrait permettre de
résoudre plusieurs problèmes internes beaucoup plus rapidement, et surtout en
évitant de surcharger la CMQ avec des enquêtes qui pourraient être résolues
grâce à l'intervention d'une tierce partie neutre. Puis c'est sûr qu'identifier
des étapes claires pour la gestion de conflits, c'est important. Ce n'est pas
assez précis, en ce moment, là, dans la façon de fonctionner, quelles sont les
démarches à suivre pour... arriver à dénouer l'impasse à certains niveaux.
Et donc, dans le mémoire, on vous en
propose, à la page 12 et 13, là, concrètement, là, quel genre d'étape pourrait
être suivi, ce qui implique des amendements à la Loi sur l'éthique et la
déontologie. Alors...
Mme Sharma (Jasmine) : ...en
conclusion, tu sais, en somme, oui, le projet de loi, excellente nouvelle. On
est... On est contents de voir qu'il y a quand même des changements concrets
qui sont proposés. Par contre, il manque certaines précisions, certaines
nuances, certaines clauses qui viennent... qui tiennent compte, je dirais, de
la réalité sur le terrain. Une fois qu'on met des choses en application, là,
comment que ça percole dans les municipalités, comment on peut peut-être mieux
encadrer ces éléments-là. Donc, je pense qu'on a tous à cœur le bien-être des
élus. Mais ce qui se passe présentement dans certaines municipalités est
clairement un signe qu'il y a une problématique qui doit être réglée. Mais je
vous remercie encore une fois, là, d'accueillir des conseillers et conseillères
pour vous... vous partager ce qu'on vit sur le terrain, ce qu'on a appris aussi
avec nos expériences et nos essais, là, pour aller chercher de l'aide et du
soutien. Et on espère que ça va vous permettre vraiment de bonifier ce projet
de loi et de l'améliorer pour qu'on puisse encourager les élus à persévérer, à
terminer leur mandat, avoir espoir, vouloir se représenter en 2025 et en
encourager d'autres aussi à s'impliquer en démocratie municipale, c'est
important. Merci.
Le Président
(M. Schneeberger) : Alors, merci beaucoup pour votre
présentation. Alors, nous débutons une période d'échange avec Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui.
Alors, merci beaucoup. Je suis quand même rassurée parce que je vois que dans
vos recommandations, dans le projet de loi, il y a plusieurs, plusieurs de vos
questions ou de vos inquiétudes qu'on va répondre positivement. Donc, ça, je
vous rassure vraiment. Deuxième des choses, bien, je vous félicite. Le
troisième mandat, moi, honnêtement, là, félicitations, je vous lève mon
chapeau. Puis honnêtement, tous ceux qui font trois mandats en politique
municipale et même quatre, là, bravo, vous êtes un exemple, je devais le
mentionner. Vous dites dans votre mémoire de désigner un organisme neutre pour
accompagner les municipalités. Moi, je suis curieuse. Est-ce que vous
travaillez avec votre direction régionale?
Mme Sharma (Jasmine) : Oui.
D'ailleurs, ça prend... ça prend une... pour aller chercher certains services
d'accompagnement. Je vais vous donner l'exemple. Il y a un an, j'ai déposé une
résolution au conseil demandant d'aller chercher la... Il y avait un service de
médiation offert par la commission municipale, mais ça nécessite une résolution
du conseil. C'est ce qu'on nous a dit. Malheureusement, la demande a été
refusée par le conseil. Après les démissions récentes.
Une voix : Ça s'est corrigé.
Mme Sharma (Jasmine) : Ça
s'est corrigé? C'est fantastique! C'est une bonne nouvelle.
Mme Laforest : C'est si
mes collègues veulent, mais c'est dans le projet de loi.
Mme Sharma (Jasmine) : O.K.
Je sais, après, vous avez quand même donné une directive.
Mme Laforest : Excusez,
là, mais on travaille en équipe, vraiment. Mais ça, je sais que tout le monde
le demandait.
• (18 heures) •
Mme Sharma (Jasmine) : Merveilleux.
Bien... Puis d'ailleurs, il y a quelques semaines, vous aviez donné... mais
presque deux mois, vous aviez donné une directive, là, aux différentes directions
régionales d'entrer en communication avec les municipalités. Quelques éléments
à ce niveau-là. L'information ne s'est pas toujours rendue jusqu'aux
conseillers, conseillères. Donc, les lettres étaient adressées aux maires ou
aux directions générales. Moi, je suis très chanceuse d'avoir un directeur
général qui partage tout aussitôt que ça dit que ça doit se rendre au conseil.
Mais il y a plusieurs élus autour de la table qui n'ont pas nécessairement reçu
cette communication-là. Ils ont par contre demandé d'en obtenir copie une fois
que, moi, j'ai partagé celle que j'avais reçue.
Donc, suite à la réception de cette
lettre-là où le MAMH, la direction régionale, réitérait les services qui
étaient disponibles, notamment en matière de... Il y avait une formation pour
préciser les rôles et responsabilités des élus, la médiation aussi, moi, je
suis entrée en contact avec ma direction régionale et ce qu'ils m'ont dit,
c'est qu'effectivement ça prenait une résolution de mon conseil. Alors, je leur
ai fait part de la réalité dans notre contexte, qu'il y avait déjà eu un refus.
Ils m'ont quand même encouragé de redéposer une demande. Et je tiens à
préciser, moi, quand j'arrive avec un avis de proposition séance tenante, ça
froisse certains de mes collègues autour de la table. Ce n'est pas apprécié. Je
l'ai fait quand même parce que la direction régionale m'a indiqué que ça ne
pouvait pas être une décision à ajouter à huis clos. Ce n'est pas une
décision... Ça prenait clairement un refus ou une acceptation publique. Puis
malheureusement, encore une fois, cette deuxième fois, cette demande de soutien
a été refusée par notre conseil.
Alors j'ai envoyé une lettre, là, au MAMH
demandant qu'est-ce que je peux faire, qu'est-ce que... qu'est-ce que j'ai
comme options, maintenant que j'ai obtenu deux refus. Alors, quel soutien peut
être offert à notre municipalité pour qu'on puisse se parler? Parce que moi, je
ne crois pas qu'on a les outils en ce moment dans l'équipe, puis même moi, je
ne prétends pas avoir les solutions. On a besoin d'un oeil externe pour nous
aider à dire ce qu'on a à dire puis régler les problématiques.
Mme Laforest : C'est
bon. C'est pris en note. Puis le message avait été envoyé et on a retourné une
lettre à tous les élus, tous les conseillers et conseillères...
18 h (version non révisée)
Mme Laforest : ...
Mme Sharma (Jasmine) : Merci.
Mme Laforest : ...au sujet...
à ce sujet-là. Puis l'autre chose aussi, «la présidence du conseil municipal
soit nommée par la majorité des élus», ça aussi, là, normalement, ça devrait
bien aller aussi.
Donc moi, c'est... j'ai terminé mes... mes
petites questions. Félicitations encore une fois. Parce que ma collègue ici a
plusieurs autres questions. Mais je pense que vous ne serez pas déçus. On va
travailler ensemble. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
la députée de Rivière-du-Loup—Timiscouata, vous avez la parole.
Mme Dionne : Timiscouata!
Le Président (M. Schneeberger) : Timiscouata?
Mme Dionne : Non... Oui, oui,
Témiscouata et incluant Les Basques.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Des voix : Les Basques.
Mme Dionne : Des Basques,
oui, c'est ça. Bon, excusez, il se fait tard. Alors, reprenons notre sérieux.
Alors, bonsoir, mesdames. Alors moi aussi, j'ai eu la chance d'être conseillère
municipale en 2009, ainsi que d'autres collègues féminines ici à l'Assemblée
nationale et c'est ça. Bien, je pense qu'il y a de la place pour les femmes et
il y a des choses qui peuvent être améliorées aussi, mais pour l'ensemble des
élus municipaux. Mais je comprends, sachez que c'est ça, on se met dans... dans
vos souliers très, très facilement lorsqu'on a touché au monde municipal.
Dans votre mémoire, vous proposez aussi
différents sujets de formation que devraient suivre les élus municipaux tout au
long de leur mandat. Pour vous, à quel point ces formations-là sont
essentielles dans la... la durée? Puis parce que, là, vous parlez des six
premiers mois pour un premier mandat, puis après ça, neuf mois, puis qu'on doit
peut-être réitérer aussi certaines formations. Pouvez-vous m'en dire un petit
peu plus, là-dessus?
Mme Godbout (Annie) : Oui, en
fait, c'est sûr qu'on voit que les formations qu'on a quand on débute comme élu,
c'est beaucoup sur le juridique, les règles, la Loi des cités et villes, les
décrets. Tout est fondé, hein, sur les lois. Mais il n'en demeure pas moins qu'il
y a tout le... le volet maintenant de savoir être, savoir débattre.
Moi, j'ai eu, à l'Université de
Sherbrooke, un atelier sur l'écoute, comment écouter l'autre dans un contexte d'idéation
puis de création, puis franchement, là, c'était... ça amenait, je trouve, la
réflexion, le débat à un autre niveau quand on a un savoir-être qui est
différent. Puis honnêtement, moi, j'en ai parlé à beaucoup de... de collègues,
là, d'avoir autres formations que juridiques, et tout le monde trouve que c'est
une excellente idée, là, d'avoir un... un... un volet qui... qui est davantage
sur sur notre façon de travailler, là, mais pas seulement juridique, parce que
c'est vraiment à degrés variables. Puis, vous savez, les enjeux au municipal
évoluent énormément. C'est de plus en plus complexe. Il y a beaucoup de choses
qui sont maintenant dans notre cour, et ça prend... c'est... il faut être
préparé à ça, là. Ce n'est plus... ce n'est plus aussi simple qu'avant.
Mme Dionne : Oui, puis on
parle beaucoup de civilité. C'est sûr qu'au niveau de la civilité, le
savoir-être, le savoir... c'est ça. Le savoir-être, c'est difficile aussi de
venir légiférer là-dessus. Mais croyez- vous quand même que les mesures mises
en place par le projet de loi vont aider justement à garder un peu cette... ou
à ramener cette civilité-là au sein des conseils municipaux.?
Mme Sharma (Jasmine) : C'est
certainement aidant, mais je dirais que l'importance de la formation continue
est là aussi parce qu'on va chercher une expérience de groupe aussi quand on
travaille ensemble. Donc, une formation dans les six premiers mois, il faut
comprendre, hein, on arrive comme élu, on est tout de suite dans les budgets
municipaux. On suit nos formations si on est nouvellement élu, et c'est
beaucoup, beaucoup d'informations. Puis on le sait, là, à répéter l'information,
des fois devoir l'appliquer, vivre certains contextes concrets, puis après ça,
retourner en formation un an après avec les collègues avec qui on travaille,
ça, c'est un autre élément qui est important, là. Je sais que la formation en
visioconférence est devenue très populaire avec la pandémie. Mais, au niveau de
la table, on pense que ce serait important que les mêmes membres du conseil
assistent à ces formations-là ensemble pour entendre l'information ensemble,
pour poser les questions, entendre les questions de leurs collègues et aussi
pouvoir échanger peut-être sur des choses concrètes, là, qui se sont passées au
niveau du conseil en cours d'année pour recadrer, là, progressivement les
choses avant que ça dérape puis que ça devienne envenimeux, là comme... comme
ambiance.
Mme Dionne : Merci, pour les
précisions. Dans votre mémoi aussi, vous proposez d'inclure certains contenus
au règlement de régie interne, tout ça. C'est sûr que les... au niveau des
conseils municipaux, hein, c'est... c'est très varié. On a des partis
politiques, on a des conseils avec des conseillers indépendants, on a des
petites municipalités rurales, on a les grandes villes, les arrondissements.
Bref, ne craignez-vous pas, dans le fond, de devoir limiter, en obligeant à un
certain contenu, là, à toutes les municipalités, de devenir un peu restreindre
la marge de manœuvre des municipalités...
Mme Dionne : ...pour qu'elles
puissent adapter, peut-être, le contenu de la régie interne à leur réalité.
Mme Sharma (Jasmine) : Bien,
si vous regardez, tu pourras ajouter Annie, là, si vous regardez ce qui est
proposé, c'est plus des principes qui devraient se retrouver, des concepts qui
devraient se retrouver dans un règlement de régie interne. Puis c'est sûr qu'on
regarde ça aussi avec les lunettes... là. Donc, c'est juste pour s'assurer que
tous puissent vraiment participer aux débats. Ce qu'il faut être conscient,
c'est que ce n'est pas toutes les municipalités qui ont un règlement de régie
interne. Donc, dans les petites et certaines moyennes municipalités, des gens
qui ont participé à notre table, ils nous disent qu'ils n'avaient même pas
l'occasion d'amener un point à l'ordre du jour, ne pouvaient même pas prendre
la parole pour exprimer leur opinion sur une résolution avant la prise d'un
vote, parce que ce n'était pas prévu, il n'y avait pas de règlement. Donc,
c'était comme on le faisait en pratique. Même dans ma municipalité, Annie
pourra renchérir pour la sienne, là, mais notre règlement de régie interne
était désuet. Puis une de mes collègues est allée chercher un avis juridique
pour qu'on puisse modifier le règlement de régie interne, tout simplement pour nous
permettre d'apporter des points à l'ordre du jour.
Donc, ce concept d'avoir un avis de
proposition n'existait pas dans notre municipalité avant 2023. Donc, il y a des
choses de base. On parle juste en matière de saine gouvernance, là, pour
s'assurer que tous aient l'occasion de participer de façon équitable, tant au
niveau des séances du conseil, qu'en rencontres préparatoire, comment on nomme
les gens au niveau des comités, ça aussi, c'est quelque chose qui a été
rapporté par plusieurs membres de la table. D'aller, tu sais, mettre en place
des règles qui donnent quand même une flexibilité aux municipalités de voir le
comment de la chose, là, selon la réalité, mais, à la base, qu'on ait des
fondations qui sont quand même uniformes. Si tu veux ajouter.
Mme Godbout (Annie) : Oui, si
je peux ajouter. Je vous dirais que je me suis beaucoup intéressée aux règles
de régie interne. Moi, j'ai fait le tour des 10 plus grandes villes, puis on
voit que c'est vraiment à degré variable. Et de prendre le temps de moderniser
nos règlements de régie interne, notamment avec l'apparition des partis
politiques au municipal, où clairement, actuellement, c'est inéquitable dans la
façon de gérer. Puis il faut que les règles du jeu soient modernisées,
équitables. Puis ce n'est pas juste que, quand on est conseillers municipaux
qu'on voit les problématiques, puis quand on devient maire ou mairesse, bien,
tu sais, ça nous convient d'avoir un certain pouvoir. Donc, je pense qu'il
faut... je pense que ça serait de bon augure, là.
Mme Dionne : Puis on parle de
civilité, tout ça, mais moi, ce que je me rends compte peut-être aussi dans mes
municipalités qui ont des problématiques présentement, là, c'est aussi une
question de compréhension, peut-être du rôle et des responsabilités de chacun.
Ça, est-ce que vous êtes en accord avec ça? Est-ce qu'on devrait peut-être
éduquer peut-être plus... ou, tu sais, dans le fond, pour une meilleure
compréhension des rôles et responsabilités, autant du personnel administratif,
que des...
• (18 h 10) •
Mme Godbout (Annie) : Oui,
bien, on a eu, à Sherbrooke, justement, une formation récemment avec deux
avocats, mais, encore là, c'est encore des avocats. C'est encore le volet
juridique qui est venu, qui est venu nous, nous former de revoir, là, tout ce
volet-là. Et c'est sûr que les lignes sont très minces, là, entre... entre
autres, l'administratif et le politique. Mais moi, je peux vous dire que... tu
sais, je tiens quand même à le dire, là, vu qu'on n'a pas tant de temps, là,
mais quand on a travaillé, avec la table de travail... Mais Jasmine, quand elle
a présenté le mémoire, la raison pour laquelle que je suis venue l'accompagner
aujourd'hui, c'est que vous savez qu'à Sherbrooke, on est en accompagnement
actuellement avec la CMQ. Et quand moi, j'ai eu ma rencontre avec la CMQ, il y
a certains éléments, effectivement, qu'on ne peut pas agir, au niveau de
relations humaines, c'est plus difficile.
Puis les trois éléments clés que j'avais
soulevés au commissaire qu'on a rencontré, la commission, c'était justement de
la formation que je vous ai expliqué tout à l'heure, les règles de régie
interne qui doivent être modernisées, les espaces de débats, de créer des
espaces plus sains, plus équitables encore avec les partis politiques, et aussi
tout le volet que, quand on a des règles de régie interne puis qui ne sont pas
suivies par les élus, maires ou mairesses, bien, c'est qui est là pour les
faire respecter? Et c'est pour ça que d'avoir une entité, un espace qui est
simple et accessible, parce que si c'est beau de se mettre des règles, mais
encore faut-il les respecter, et c'est ça qui est assez troublant en ce moment,
c'est que ça devient far west quand tu te mets des règles en place, mais qu'il
n'y a personne pour les faire respecter. Donc, il faut assurément revoir ces
mécanismes-là pour améliorer ce climat-là.
Puis je tiens... je réitère qu'on veut
améliorer le climat entre les citoyens et les élus, mais je pense que ça passe
d'abord par une... une prestation exemplaire entre élus. Et plus les règles du
jeu vont être améliorées, bonifiées, bien, plus ça sera profitable...
Mme Godbout (Annie) : ...la
société québécoise.
Mme Dionne : En terminant,
justement, pour faire du pouce, parce qu'un grand pan de ce projet de loi là,
c'est la protection des élus. Donc, pensez-vous que les mesures, là, pour
protéger les élus, là, sont suffisantes?
Mme Sharma (Jasmine) : C'est
un bon début, je dirais, mais il y a des précisions, là, qui sont nécessaires,
je pense, pour vraiment nous assurer, puis les propositions que nous, on fait,
on est vraiment en mode prévention, là, et je pense qu'il y a des outils, des
mécanismes de base qui devraient être mis en place. Puis c'est justement pour
prévenir les situations qu'on voit, là, dans plusieurs... dans plusieurs
municipalités, c'est ce que je dirais.
Mme Dionne : Comme un code de
conduite pour nos conseils municipaux?
Mme Sharma (Jasmine) : Exactement.
Mme Dionne : ...
Mme Sharma (Jasmine) : Régie
interne, formation. Puis, comme on dit, hein, tout est dans tout.
Mme Dionne : O.K. Je ne sais
pas s'il reste du temps pour mes collègues.
Le Président (M. Schneeberger) : D'autres
questions? Députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Bien, merci,
M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Deux
minutes.
Mme Jeannotte : Dans le fond,
c'est ça, c'est que l'élu a une vision. Vous avez des fonctionnaires qui sont
là, mais c'est intéressant de vous entendre parler, de dire que, des fois, la
ligne est mince. Donc, c'est comme si nous, à l'Assemblée nationale, on a des
règlements, mais on n'avait pas de président pour faire, dans le fond,
l'arbitre, c'est comme si vous n'aviez pas d'arbitre. C'est un peu ça dans le fond.
Donc, ça, c'est très difficile. Puis la connaissance des rôles et
responsabilités, elle n'est pas assez claire, ce n'est pas assez noir et blanc,
c'est... Puis j'aurais été curieuse à vous entendre sur jusqu'à quel point vous
utilisez, entre guillemets, là, le mot «utilisez», vos... les fonctionnaires du
palier municipal versus la direction territoriale du MAMH, et... versus,
pardon, la MRC, versus les fonctionnaires de la MRC, quelle est la... est-ce
que... est-ce que les élus se servent plus de... des collègues de la MRC ou de
la direction territoriale?
Mme Sharma (Jasmine) : Donc,
les élus ont... je vais parler pour ma municipalité, on doit passer par la
direction générale pour toute question. On ne peut pas communiquer directement
avec des fonctionnaires, des directeurs, là, ça, c'est interdit. Puis je pense
que c'est quelque chose qui est quand même important, là, pour garder un
certain contrôle. Mais donc tout dépend de ta relation aussi avec la direction
générale. Quand il y a des situations... tu sais, le directeur général peut se
trouver entre l'arbre et l'écorce, là, c'est comme... En principe, les
questions qu'on pose et les réponses auxquelles on a droit, c'est des sujets
qui sont à l'ordre du jour, les sujets qui sont en cours de débat au conseil.
Donc, si ce n'est pas à l'ordre du jour puis si ce n'est pas un sujet qui est
traité actuellement ou qui a déjà été traité, n'est pas nécessairement dans
l'obligation de nous donner l'information, de nous donner accès à cette
information-là.
Mme Jeannotte : ...
Mme Godbout (Annie) : Bien,
je dirais peut-être, qu'heureusement... tu sais, c'est mon troisième mandat,
comme vous avez compris, mais c'est qu'on a, comme élus, l'impression que les
directions régionales du MAHM parlent avec des maires et mairesses et
parlent...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
On n'a plus de temps.
Mme Godbout (Annie) : Avec
les directions générales de municipalités. Pardon?
Le Président (M. Schneeberger) : On
n'a plus de temps. Voilà. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle avec Mme la députée Mont-Royal–Outremont. Parfait.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président, bien, je vais commencer mon temps en vous permettant de terminer
votre réponse. Allez-y.
Mme Godbout (Annie) : Bien,
en fait, c'est que, comme élus, on... comme conseillers municipaux, là, on n'a
pas l'impression qu'on a accès à ces ressources-là. Moi, je... ça a adonné, tu
sais, que j'ai croisé le directeur régional dans un événement, puis on... j'ai
eu une discussion avec lui, puis c'est là que j'ai... c'est là que j'ai compris
que je pouvais avoir accès aux services du MAMH pour un conseiller municipal.
Ça fait que ce n'était pas si clair, je trouvais, là, mais c'est... Puis là une
fois qu'on le sait, par exemple, c'est super.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
je pense qu'on a... on a compris que vos revendications ou ce que vous mettez
de l'avant, c'est plus pour gérer ou améliorer le climat au sein même des
conseils... des conseils municipaux. Le projet de loi, peut-être, a besoin
d'être peaufiné à ce niveau-là, là. Je pense qu'il fait des avancées
significatives, oui, au niveau de la formation puis, oui, pour travailler en
amont et oui pour protéger les élus vis-à-vis des citoyens qui sont menaçants
ou qui font preuve de harcèlement ou d'intimidation, tout ça, mais j'aimerais
ça vous entendre davantage sur les problématiques qui touchent certains élus au
Québec. Puis vous faites partie d'une table de travail. Vous avez quand même
parlé à beaucoup de gens, sans parler de vos expériences personnelles, mais
allez-y, là, si vous voulez le faire, mais qu'est-ce que vous entendez? Je
pense que c'est pour le bénéfice de la commission. C'est bon qu'on ait des
exemples concrets, là, de ce qui vous limite dans l'exercice de vos fonctions
d'élus, pour qu'on l'ait, tout ça en tête quand on va étudier le projet de loi
et qu'on va revoir vos recommandations, qu'on ait en tête ce qui... ce qui vous
brime dans le quotidien, dans l'exercice de vos fonctions.
Mme Godbout (Annie) : Oui, en
fait, tu sais, moi, je ne suis pas venue pour, mettons, parler spécifiquement
des enjeux...
Mme Godbout (Annie) : ...liés
à Sherbrooke, mais quand... quand... quand on... C'est sûr qu'on met des règles
de fonctionnement en place, c'est dans le but qu'on soit optimal dans notre
façon de travailler à la ville. Puis moi, au-delà d'un climat des fois
difficile... Parce qu'en politique, là, c'est sûr qu'entre élus... On est
passionnés. On a des discours des fois, tu sais, qui... qui nous dépassent, là,
parce qu'on est emportés, parce qu'on est... on est passionnés par le sujet.
Mais, quand, en fait, ça devient sclérosé, la ville, où les dossiers n'avancent
pas, c'est ça... c'est là que ça devient problématique. Nous, il y a plusieurs
dossiers, entre autres à Sherbrooke, où ça avance extrêmement lentement. Encore
la semaine dernière, on a eu un dossier qui a... qui a traîné pendant un an,
qui a été vu en commission comme on a aujourd'hui, mais, avant que ça se rendre
au conseil municipal, ça a pris en... en deuxième étape, là, ça a pris un an
avant que ça se rendre au conseil. C'est complètement inefficace. Donc, c'est
ça, la problématique, entre autres.
Puis là, aussi, l'autre problématique,
c'est que, quand on entend à travers... parce que je fais... je fais beaucoup
de revue de presse sur la gouvernance à travers les différentes villes, je suis
très intéressée par ça, tu sais, on le voit, que, dans les... Tu sais, les plus
petites municipalités, tu vois que ça paralyse aussi parce que les fonctionnaires
quittent, il y a plusieurs gens qui quittent le bateau. Donc, c'est... C'est ça
aussi qui est problématique, au-delà du fait qu'on est un peu inquiet que...
qui va se présenter aux prochaines élections.
Mme Sharma (Jasmine) : Moi,
j'ajouterais qu'il y a... Il y a des enjeux au niveau... Il y a un manque de...
de mécanismes de gradation au niveau de la gestion des conflits et au niveau de
la gradation des sanctions. Donc, un élu qui se trouve face à des
microagressions répétées, puisse dire : Bien là, est-ce que ça vaut
vraiment une plainte à la CMQ ou est-ce que j'endure, j'endure, j'endure
pendant un certain temps, jusqu'à ce que ça ne soit plus intolérable... que ça
soit plus tolérable? Si on avait des mécanismes de gestion de conflits en amont,
puis on en propose, là, on est... on en propose concrètement, là, les étapes à
suivre dans ce mémoire, ça permettrait de dénouer certains... certaines
situations. Ça permettrait peut-être à des gens qui ont des comportements
inacceptables de se recadrer carrément, là, et de ne pas se rendre dans des
situations malsaines au niveau des conseils. Ça fait que ça, c'est important à
regarder.
Puis, tu sais, il ne faut pas... Des fois,
là, le... la conséquence, ce n'est pas que la ville devient dysfonctionnelle,
mais c'est la conséquence sur juste le concept d'une saine démocratie. Quand il
y a des élus qui sont isolés, des élus qui sont... qui se... qui te font sentir
qu'ils sont incompétents parce qu'ils posent trop de questions ou qui ne sont
pas aimés ou appréciés par leurs collègues et que ces gens-là, tranquillement,
commencent à s'autocensurer, à ne plus participer activement dans des comités
ou aux séances du conseil, moi, je pense que ce n'est pas servir la démocratie
parce qu'à la base d'une démocratie, bien, c'est de pouvoir échanger, avoir des
débats, des échanges d'idées pour qu'on arrive à des compromis puis des
décisions qui reflètent vraiment les intérêts de la communauté.
• (18 h 20) •
Mme Setlakwe : Merci.
Des voix : ...
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : ...c'est
à vous, Chomedey.
Mme Lakhoyan Olivier : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
oui.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci
d'être là. Donc, ce que vous suggérez, c'est uniformiser la formation par le
ministère pour toute la province du Québec, comme ça, tout le monde seront à un
même niveau d'ordre.
Mme Sharma (Jasmine) : Oui,
notamment, c'est une des choses qu'on propose. Le pourquoi, c'est parce que je
pense que tout le monde avoir... devrait avoir la même information à la base,
avoir la même compréhension, puis je pense que, oui, c'est important au niveau
des rôles et responsabilités, au niveau aussi du code d'éthique. Mais, comme
Annie aussi l'a mentionné, c'est de faire ces formations-là pas juste avec des
lunettes juridiques, là. En termes de développement organisationnel, il y a
d'autres façons d'aborder des formations. Je vous invite à regarder... tu sais,
les élus, on est dans une situation particulière, on n'est pas dans une
situation de plein emploi, donc on n'est pas protégés, là, par la CNESST, etc.,
mais on en parle un petit peu dans le mémoire, mais c'est peut-être des pistes
de réflexion intéressantes pour vous. La loi sur les artistes, et on regarde le
milieu universitaire également, tout ce qu'ils mettent en place en termes de
formation pour la prévention du harcèlement et de l'intimidation, c'est des
formations obligatoires, des formations continues aussi qui doivent être
prises. Donc, ça peut être des pistes intéressantes à regarder parce que, comme
on a dit, tu sais, oui, formation initiale pour aller chercher les...
Mme Sharma (Jasmine) : ...principe
de base, mais après ça, c'est important de renforcer les choses une fois qu'on
a pratiqué des choses sur le terrain, qu'on a... qu'on a un petit peu
d'expérience, de pouvoir retourner, puis questionner, puis retravailler, puis
vraiment renforcer tous ces principes-là, c'est important aussi.
Mme Lakhoyan Olivier : D'après
vous... vous... qu'est-ce que vous suggérez afin qu'on puisse faire respecter
la civilité, tiens?
Mme Sharma (Jasmine) : C'est
sûr que nous, on parle d'un organisme neutre qui serait mis en place, parce
qu'on trouve que, tu sais, surcharger la commission municipale, là, avec
l'accompagnement d'un élu avant le dépôt d'une plainte, ce n'est peut-être pas
son rôle, mais à moins que cette instance-là pourrait relever de la CMQ ou du
MAMAH. Mais ce qui manque, pour les élus, c'est cet accompagnement-là. Quand on
vit une situation difficile, bien, ou qu'on voit qu'il y a un manquement au
code à qui on se tourne. On ne peut pas se tourner à notre direction générale,
à la ville, parce que, tu sais, c'est... ça les met dans la situation quand
même assez difficile. Au niveau du MAMAH, pour le moment, ça prend une
résolution pour, tu sais, aller chercher de l'accompagnement plus... plus
encadré. Là, je suis contente, il y a une ouverture pour enlever cette
exigence-là, c'est sûr que ça aiderait. Mais une tierce partie qui aurait aussi
un regard neutre sur une situation, puis pourrait guider l'élu dans les étapes
à suivre, puis aussi guider l'élu dans ce qui doit être documenté pour
éventuellement une plainte qui doit être déposée, parce que l'autre enjeu,
quand on arrive à la CMQ, il y a beaucoup de plaintes qui sont non recevables,
soit parce qu'elles ne sont pas bien documentées, soit parce qu'on ne sait pas
trop qui étaient les témoins, qui on doit questionner, mais s'il y a des étapes
claires qui sont établies, que ces étapes-là sont suivies puis qu'elles font
partie du dépôt d'une plainte éventuelle, on croit que ça va aussi alléger la
tâche de la CMQ dans l'analyse de ces plaintes là.
Mme Lakhoyan Olivier : Oui,
allez-y.
Mme Godbout (Annie) : ...compléter.
En fait, on voulait aussi... C'est l'intention en arrière, là, la
multiplication des structures, ce n'est pas l'idéal, là, on va se le dire, mais
peut-être à l'intérieur, entre autres, de la direction régionale, s'il y a une
équipe qui peut être en place comme... Je donnais l'exemple à mes collègues, il
y a une équipe respect sur le campus de l'Université de Sherbrooke qui joue
justement un peu ce rôle là où c'est des gens en développement organisationnel,
des gens qui... avec une certaine expertise, qui pourraient être aidants, parce
que l'idée, hein, c'est d'éviter l'escalade. Plus on essaie de régler le
problème le plus rapidement possible, mais plus on évite des escalades.
Mme Lakhoyan Olivier : On a
entendu beaucoup parler des situations où des élus devaient quitter par
harcèlement à l'extérieur, mais là, vous nous apportez un autre point de vue à
l'interne. C'est inquiétant. Il y en a-tu tant que ça?
Mme Sharma (Jasmine) : ...notre
table... notre table est composée d'élus qui vivent des... des enjeux internes,
et je sais que demain vous... vous allez rencontrer la coalition Faut que ça
change qui compte maintenant à peu près 150 membres, puis c'est tous des
enjeux au niveau de... de problématiques entre élus.
Mme Lakhoyan Olivier : Intéressant.
Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Schneeberger) : Il
vous reste six minutes.
Mme Lakhoyan Olivier : O.K.
Vous parlez de... de... à part le code de civilité dont on a couvert, vous
parlez de rencontres préparatives. Ces rencontres préparatives, est ce...
Une voix : ...
Mme Lakhoyan Olivier : Je
m'excuse, est ce que c'est avant d'être élu? Après être élu? Pouvez-vous
élaborer là-dessus, s'il vous plaît?
Mme Godbout (Annie) : Oui.
Bien, en fait, comme les séances du conseil municipal, c'est surtout des
séances où on prend les décisions par résolution, puis ça varie d'une
municipalité à l'autre, mais avant ces... ces séances du conseil, il y a des
ateliers publics, là, c'est soit des caucus, des rencontres préparatoires, il y
a différents noms, là, qui sont utilisés, donc aussi, tu sais, souvent...
D'ailleurs, justement, à Sherbrooke, tu sais, ce n'est pas encadré, là, dans
notre règlement de... de règles de régie interne comment... comment tout ça est
géré, c'est quelque chose que... Quand on a eu notre formation sur les rôles et
responsabilités, qu'on s'est dit que ça commençait peut-être à urger, d'avoir
ce type de... de règles là, mais c'est tout aussi important, sinon encore plus,
ces rencontres préparatoires là, de mettre en place les règles du jeu puis de
créer des espaces de débat. Parce que, vous savez, sur les enjeux qu'on...
qu'on vit, vous le savez, là, les enjeux socioéconomiques et environnementaux,
d'avoir un dossier puis d'avoir trois minutes pour juste t'exprimer sur le
sujet et non pas pour...
Mme Godbout (Annie) : ...débattre,
puis d'avoir vraiment des échanges, puis d'essayer de s'auto-influencer. Tu
sais, on n'est pas du tout dans cette dynamique-là. Et puis c'est important
d'avoir des débats qui sont sains et qui... bien, sains pour la démocratie, là.
Vous comprenez ce que je veux dire?
Mme Lakhoyan Olivier : Oui.
Mme Sharma (Jasmine) : Oui,
donc, c'est ça, tout... Effectivement, donc, le projet de loi de propose,
obligatoire, un règlement interne, mais juste pour les séances publiques. Nous,
ce qu'on demande, en fait, c'est que cette obligation-là soit d'avoir un
règlement interne qui encadre les séances publiques, les rencontres
préparatoires, donc tout ce qui précède la séance publique du conseil, et
également les comités. Dans le mémoire, là, vous le voyez, je crois que c'est à
la page 6, on explique un peu, là, les dérapages qui peuvent se passer dans ces
rencontres à huis clos. Donc, si on peut venir mieux encadrer ces moments-là
d'échangée, ça serait important.
Puis, tu sais, autour de la table, il y
avait une élue qui nous a partagé que, dans son cas, à défaut d'avoir un
règlement interne... puis le climat est tellement toxique, ils ont deux
rencontres préparatoires où est-ce qu'un groupe d'élus et rencontré pour passer
à travers l'ordre du jour, qui est le groupe majoritaire, là, puis, ensuite, la
deuxième préparatoire avec les autres élus, ou est-ce qu'on leur dit, bien, les
orientations qui ont été prises avec la première table puis là, bien, ils
passent l'ordre du jour beaucoup plus rapidement parce qu'il n'y a pas de débat
nécessaire, ça va passer. De un, ça ne suscite pas un échange entre tous les
élus. Moi, je pense que c'est nécessaire, dans une démocratie, puis, deux, ce
n'est pas efficace, là. Là, on a une direction générale, dans une municipalité,
et des directeurs qui doivent deux fois rencontrer les élus parce que le climat
est rendu tellement malsain.
Si on venait à encadrer les choses,
améliorer la situation, prévenir la dégradation jusqu'à ce point-là, on
pourrait avoir des réunions préparatoires et même des séances beaucoup plus...
beaucoup plus efficaces.
Mme Lakhoyan Olivier : C'est
inquiétant. C'est inquiétant de savoir que, d'une municipalité à l'autre,
c'est... les choses sont faites différemment.
Mme Sharma (Jasmine) : Oui,
effectivement. Bien, la réalité, dans les petites municipalités, les moyennes
municipalités et les grandes municipalités, très, très différentes. Les
obligations ne sont pas les mêmes puis les ressources ne sont pas les mêmes non
plus. Et tout dépend, là, évidemment aussi qui est à la direction générale.
Comme j'ai dit, moi, dans ma municipalité, on est choyés, on a quand même un
directeur général, là, qui est très transparent, qui s'assure que l'information
circule de façon ouverte avec l'ensemble des élus, mais ce n'est pas le cas
dans toutes les municipalités, il y a des gens sur la table, il y a des
conseillers, conseillères, dans la table, qui nous ont partagé qu'ils ne
peuvent pas se tourner à leur directeur général, puis, en fait, c'est le fait qu'on
s'est réunis en table pour réfléchir un peu... qu'ils ont réalisé... Je vais
vous montrer un exemple concret, là, d'une ressource qui existe, que... ça, ça
s'appelle le Manuel de l'élu municipal. Quand j'ai été élue, en 2017, notre
greffier nous en a remis une copie. C'est un manuel, là... il nous a dit :
C'est votre bible d'élu municipal. Puis on a eu la nouvelle édition quand j'ai
eu mon deuxième mandat. Il coûte quand même 150 $, là. Pour un élu qui
fait 400 $ par mois, d'aller se payer cette bible qui peut le guider, ce
n'est pas raisonnable. Et quand que la bibliothèque ne veut pas mettre la
ressource disponible, que la municipalité... tu sais, c'est... qu'est-ce qu'on
fait, là, dans ce cas-là?
Moi, j'étais heureuse, là, d'envoyer...
Je n'ai peut-être pas le droit de le faire, mais de partager... j'ai pris une
petite photo d'une page, puis de dire : Bon, bien, je te partage l'info,
au moins, tu vas l'avoir puis tu peux poser des questions, tout ça. Mais c'est
ça, là, c'est la base, là. Il y a même des situations comme ça où les gens
n'ont même pas des outils de base pour avoir des références. Puis ça, c'est
vraiment toute la jurisprudence sur notre rôle, nos responsabilités, qu'est-ce
qu'on a le droit de demander, ne pas demander, quand, les services qui sont
disponibles. Ça se trouve ici. Et plusieurs élus n'ont même pas accès à cet
outil-là.
Mme Lakhoyan Olivier : Le
directeur général est engagé par l'équipe, donc, ceux qui sont... Est-ce que le
problème, c'est qu'il y en a en opposition qui...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Lakhoyan Olivier : Combien
de minutes?
Le Président (M. Schneeberger) : Dix
secondes.
Mme Lakhoyan Olivier : Est-ce
que le parti au pouvoir... c'est-tu un problème de parti au pouvoir et
opposition?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Vous n'avez plus de temps, malheureusement, pour répondre.
Mme Lakhoyan Olivier : C'est
inquiétant pour le Québec de...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, merci à vous deux pour votre précieuse contribution. Alors,
bon retour chez vous.
Nous suspendre quelques instants pour
accueillir nos derniers invités de la journée.
(Suspension de la séance à 18 h 33)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 18 h 37)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Et nous recevons le dernier intervenant de cette
belle journée, alors, je le nomme : Philippe Dubois, professeur adjoint à
l'École nationale d'administration publique. Alors, bonsoir à vous. Alors, vous
avez un 10 minutes pour faire votre intervention. Par la suite, comme les
autres, vous aurez une période d'échange. Allez-y.
M. Dubois (Philippe) : Excellent.
Merci beaucoup, M. le Président. Mmes et MM. les députés membres de la
commission, d'abord, je tiens à vous remercier de m'avoir invité à participer à
ces consultations particulières sur le projet de loi n° 57, dont la
pertinence est certaine dans le contexte actuel. Je salue d'abord la volonté
gouvernementale de répondre aux besoins et aux préoccupations des élus,
particulièrement des élus municipaux, qui doivent évoluer dans un environnement
où les ressources et la reconnaissance demeurent encore limitées.
Avant de vous entretenir plus en détail
sur mon analyse du projet de loi, permettez-moi de vous résumer brièvement mes
champs d'expertise, afin de baliser la portée de mon intervention. Politologue
de formation, je suis professeur à l'École nationale d'administration publique.
L'ENAP, une constituante de l'Université du Québec, est la seule...
M. Dubois (Philippe) : ...université
francophone de cycles supérieurs spécialisée en administration publique en
Amérique du Nord.
À titre de professeur, ma recherche et mon
enseignement portent notamment sur la communication publique et politique, les
enjeux contemporains de gouvernance et la politique québécoise et municipale.
Il est aussi pertinent de vous mentionner qu'avant ma carrière universitaire,
j'ai été attaché politique et conseiller aux communications auprès d'élus
municipaux. J'ai donc été à même de constater et, à certains égards,
d'expérimenter les réalités particulières des élus locaux québécois. C'est donc
en combinant mes expériences professionnelles et mon expertise universitaire
que j'ai formulé ce témoignage. Je vous propose d'abord de souligner quelques
tendances qui peuvent en partie expliquer les causes plus profondes du problème
que cherche à résoudre ce projet de loi. Ensuite, je vous partagerai mon
analyse et quelques recommandations.
D'abord, vous n'êtes pas sans savoir que
les élus municipaux et les élus québécois évoluent dans un contexte qui leur
est somme toute défavorable. Un sondage Léger, publié en mars 2024, indiquait
que seulement 43 % des répondants font confiance aux députés et aux
ministres, et une proportion... cette proportion augmente à 53 % pour les
maires. On connaît généralement peu le rôle et les responsabilités des élus.
Rappelons aussi qu'à l'échelle
internationale, la démocratie et ses principes se portent relativement mal. En
effet, la majorité des pays du monde ne peuvent pas être considérés comme des
démocraties à l'heure actuelle. L'attachement envers la démocratie semble elle
aussi s'effriter chez certains citoyens. Cette remise en question est en partie
alimentée par des discours populistes, de gauche et de droite, qui gagnent en
popularité. Certes, le Québec semble encore préservé. Un sondage récent, mené
par CROP en collaboration avec l'Institut du Nouveau Monde, nous apprend que 68 %
des Québécois se disent globalement satisfaits de leur démocratie. Toutefois,
la pandémie de COVID-19 semble avoir contribué à populariser des discours
populistes auprès de certains segments de l'électorat. Le résultat, c'est
qu'aujourd'hui, plusieurs Québécois demeurent encore méfiants envers nos
institutions et les personnes qui évoluent en leur sein. Cette situation mérite
notre attention.
Les élus québécois, autant à l'Assemblée
nationale que dans nos hôtels de ville, sont également soumis à une forte pression
populaire et médiatique, et là-dessus je pense que je ne vous apprends
absolument rien. Nos attentes envers les élus sont élevées. S'ajoute à cela un
cadrage médiatique souvent négatif à leur endroit ou envers les politiques
publiques qu'ils tentent de mettre en œuvre.
Mentionnons aussi que les élus doivent
composer avec des mythes bien ancrés, notamment celui, coriace, que vous ne
respectez pas vos promesses. Or, les données empiriques montrent que vous
respectez globalement vos promesses, mais que ce sont les promesses brisées qui
occupent l'attention des médias et les discussions publiques.
Finalement, on peut passer sous silence
l'influence des technologies de l'information et de la communication sur le
débat public. Nos manières de s'informer et de communiquer ont été largement
transformées. À l'ère numérique, la frontière entre la vie publique et la vie
privée semble moins bien définie. Les canaux de communication se multiplient.
Pour les élus, c'est autant de points de contact avec les citoyens. Cette
communication constante, interactive et fragmentée demande temps et énergie.
Dans un contexte de forte proximité, comme le vivent les élus locaux, cela a le
potentiel de rajouter une charge mentale importante.
• (18 h 40) •
Il faut aussi souligner que tous sont
aujourd'hui à la fois des consommateurs, mais aussi des producteurs, des
diffuseurs de contenus. À tout moment, sans compétence technique particulière
ou moyen, une personne peut créer et partager du contenu sur le web et sur les
médias sociaux pour de bonnes et de moins bonnes raisons. Qui plus est,
l'intelligence artificielle générative facilite ce processus, brouillant au
passage la séparation entre le vrai et le faux. On connaît encore très peu de
choses sur les conséquences sociales et politiques de l'intelligence
artificielle générative, mais il est certain que cela représente un défi
supplémentaire pour nos élus et nos institutions publiques, qui doivent déjà
lutter à armes inégales avec la désinformation et les campagnes de communication
frauduleuses.
Une fois qu'on a brossé ce portrait
général, il importe d'analyser comment le projet de loi n° 57 peut agir de
manière à protéger les élus et à... à favoriser, pardon, l'exercice sans
entraves de leurs fonctions. Le pari est qu'en limitant les irritants en cas de
débordement, il sera plus facile de retenir les élus actuels et d'encourager
les nouvelles personnes à se porter candidates. Il s'agit d'une réponse
législative à certaines situations vécues par nos élus et qui semblent s'être
accentuées depuis quelques années. Évidemment, elles m'apparaissent à propos
dans le contexte où plusieurs politiciennes et politiciens rapportent ne plus
se sentir en sécurité ou encore ne pas avoir les moyens nécessaires pour faire
cesser les situations jugées problématiques.
Toutefois, au regard du portrait exposé
précédemment, je me dois de mentionner qu'il ne s'agit pas là d'une solution
pérenne aux problèmes complexes que nous avons abordés. Mettre le couvercle sur
la marmite n'a pas pour conséquence de faire cesser l'eau de bouillir. À mon
sens, ce nouveau projet de loi, s'il est adopté en l'état, ne peut être
considéré autrement que comme une première étape d'une réflexion plus globale
sur l'état de notre démocratie, mais aussi sur les moyens dont nos élus...
M. Dubois (Philippe) : ...pour
effectuer leur travail. Autrement dit, il faut aussi s'attaquer aux causes
profondes à l'origine du problème. Dans un contexte où la... où une proportion
non négligeable de la population semble au mieux cynique, au pire, méfiante,
envers la classe politique et les institutions publiques, il y a un risque,
disons-le, qu'un projet de loi comme celui... comme celui-ci alimente un
certain discours populiste en étant interprété comme un signe additionnel de la
déconnexion entre les élites et le peuple. Si, à mon sens, cette possibilité
n'est pas suffisante pour se priver d'agir, il faut toutefois garder en tête
qu'il faudra faire beaucoup plus pour reconnecter ces tranches de la population
à la vie publique et politique québécoise.
Qui plus est, qu'arriverait-il si la
personne à l'origine de propos menaçants, intimidants ou harcelants était elle
aussi une élue? On sait que les relations entre les élus municipaux sont
parfois tendues dans certaines villes, il ne faudrait pas que le projet de loi
devienne un outil partisan, mais demeure une solution de dernier recours.
La volonté gouvernementale de protéger les
personnes élues et de favoriser l'exercice sans entrave de leurs fonctions est
louable et doit être soulignée. Le projet de loi, dans sa forme actuelle, est
un pas dans la bonne direction. Il propose des mesures concrètes pour régler
des situations précises. En ce sens, comme toute tentative visant à valoriser
le rôle d'élu, il doit être salué. Toutefois, le projet de loi n° 57 ne
doit pas être le point d'arrivée, mais une étape. Le chemin est encore long
pour garantir la reconnaissance publique des élus, de leur rôle, de leurs
responsabilités.
En guise de conclusion, M. le Président,
je me permets de vous soumettre ces quelques recommandations qui, je l'espère,
pourront alimenter les réflexions de la commission.
Il me semble nécessaire d'abord de mieux
documenter le travail des élus, particulièrement au palier municipal. La
recherche en sciences sociales s'est relativement peu attardée à ce niveau de
gouvernance et beaucoup reste à faire pour comprendre réellement, au-delà des
événements ponctuels et des urgences, les conditions de professionnalisation de
nos élus locaux.
Il m'apparaît aussi pertinent d'offrir
plus de moyens et d'accompagnement comme de la formation continue accessible à
tous et à toutes, les personnes élues, j'entends ici, afin de les appuyer dans
leur travail quotidien. Évidemment, ce ne sont pas toutes les municipalités qui
ont les moyens de le faire, et l'État québécois, en ce sens, peut agir comme
leader.
Finalement, je propose de continuer et
d'accentuer les campagnes de valorisation des fonctions électives et publiques
auprès de la population, notamment auprès des plus jeunes générations, qui
sont, les données le montrent, peut-être moins attachées aux systèmes
politiques et aux institutions telles que nous les connaissons aujourd'hui. La
démocratie ne doit pas être tenue pour acquise, pas même au Québec, où elle
semble se porter relativement bien. Le sentiment d'insécurité et d'épuisement
exprimé par plusieurs élus locaux et nationaux ces dernières années m'apparaît
comme la pointe de l'iceberg d'un défi plus global, celui de la santé de notre
régime politique. C'est un combat collectif dont les ramifications sont
complexes. Nous avons toutes et tous le devoir d'être des ambassadeurs de la
démocratie et d'agir en conséquence. Je vous remercie et je serai heureux de
prendre vos questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons débuter la période de questions du côté
ministériel, et j'entends la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Mme Dionne : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, M. Dubois. Très, très intéressant, très inspirant, votre
exposé. Vous avez raison, c'est l'affaire de tous, la démocratie. Puis sachez
aussi qu'au nom de la ministre, le projet de loi n° 57 n'est pas une fin
en soi, ce n'est pas une finalité. Alors, on a eu quand même le projet de loi
n° 49, également. Donc, tu sais, c'est du travail en continu, je pense,
puis il faut s'adapter. Les réalités, c'est ça, dans le fond, changent
rapidement. Vous parliez, tout à l'heure, des médias, des différents canaux,
des multiples canaux de communication maintenant que les citoyens ont de
pouvoir communiquer avec leurs élus. On le vit d'ailleurs à titre de députés,
hein, les Facebook et Instagram et tout ce que vous voulez. Donc, c'est sûr que
l'accessibilité aux élus, elle est... elle est bien présente. Puis il reste
aussi que c'est... ce sont des canaux aussi où on n'a pas toujours l'élu en
face de nous. Ça fait que je... moi, j'étais curieuse de vous entendre. Je suis
quand même... Je suis titulaire d'un baccalauréat en communication, alors ça
m'intéresse beaucoup, la communication politique aussi puis les relations avec
les citoyens, mais en ce sens où pensez-vous que cette multiplication des
canaux là, cette accessibilité-là a vraiment permis de... a vraiment contribué
à cette espèce de... justement, de discours populiste, de... d'augmentation,
là, de l'intimidation envers nos élus. Est-ce que, vous pensez, ça a contribué
de façon importante?
M. Dubois (Philippe) : La
question que vous posez, il y a beaucoup de chercheurs qui se la posent. La
réponse un peu plate, c'est que les données penchent un peu d'un côté et de
l'autre. Certainement, ça a augmenté notre perception du phénomène. Parce
qu'évidemment, à l'époque où les deux principaux canaux de communication qu'on
a comme élus avec nos citoyens, c'est la boîte vocale puis la lettre, bien,
évidemment que l'effort pour insulter un élu est beaucoup plus important. Puis
on a moins conscience de ce qui se passe autour du café, la... tu sais, autour
d'un café ou de la taverne du...
M. Dubois (Philippe) : ...Avec
les médias sociaux, on voit une partie, puis j'insiste sur une partie, des
discours publics qui ont lieu et on peut être interpellés aussi de façon plus
directement, à toute heure du jour, de la nuit, pendant les congés,
personnellement, parfois même très agressivement. Donc, très clairement, je
pense que du côté des élus, puis on l'entend bien dans les témoignages publics
qui ont été offerts ces derniers mois, ces dernières années, la perception,
elle est là, que ça a facilité cette espèce d'incivilité envers la charge
d'élu. Quelle est la solution? Je pense que si on avait la solution miracle,
qu'on ne serait pas ici ou on serait tous très, très riches, là, un des deux,
dépendamment. Blague à part, je crois qu'il y a une partie du fait que, bien,
ces comportements-là sont acceptables pour une partie de la population, et ça,
c'est le problème de fond à mon sens. Et que, oui, il faut agir, puis je pense
que le projet de loi n° 57 le fait très bien, en donnant les moyens de
faire cesser des situations qui sont problématiques et qui représentent une
nuance... une nuisance, pardon, réelle.
Ceci dit, ça ne fera pas, ça ne réglera
pas le problème de fond. Et je pense que le problème de fond, c'est en partie
qu'il y a des gens qui pensent que, bien, les gens qui sont élus, ce sont des
ennemis du peuple ou ce sont des bons à rien, et donc on a le droit d'agir
comme ça avec ces gens-là. Il y a peut-être en partie une mécompréhension de
votre travail puis aussi peut-être une mécompréhension des outils numériques
qui sont utilisés.
Mme Dionne : Puis vous
parliez justement à la fin dans votre résumé de campagnes. Dans le fond, est-ce
que vous avez des thèmes en particulier qu'il faudrait aborder? Parce qu'on...
justement on sera en élections municipales en 2025, alors s'il y a des messages
à passer. Parce que je pense que, oui, il y a la... le projet de loi pour la
protection des élus pour éviter les entraves à nos fonctions, mais il reste
aussi qu'il y a peut-être... qu'auprès du citoyen, il y a de l'éducation à
faire. Alors, est-ce que vous aviez des thèmes en particulier qui pourraient,
qui devraient être abordés?
M. Dubois (Philippe) : Bien,
je suis d'accord avec vous puis je pense que vous venez de résumer un des nœuds
du problème. C'est sensibiliser puis faire connaître aux gens c'est quoi le
rôle d'élu au-delà de ce qu'on entend sur la place publique, puis ce qu'on
entend dans les médias. Puis... Puis c'est facile de blâmer les médias pour
tout, mais force est de constater qu'il y a un cadrage médiatique généralement
négatif autour de la politique, puis que, bien, une nouvelle, ça... une
histoire puis une histoire, c'est souvent un raté, ou un faux pas, ou un
scandale. Une bonne nouvelle, puis quelqu'un qui fait son travail, puis
quelqu'un qui arrive à l'heure, bien, ça ne fait pas une bonne histoire, là.
C'est plate, mais c'est ça.
Donc, souvent, dans le discours public,
bien, ce qu'on entend lorsqu'on est en contact avec la chose politique, c'est
les travers, les torts de chacun, puis d'éduquer, puis de faire comprendre,
puis de montrer c'est quoi concrètement un élu. Qu'est-ce que ça fait, à quoi
ça sert? Et c'est quoi les... les... les conséquences concrètes pour la vie des
gens? Puis en politique municipale puis en politique québécoise, on le sait que
c'est là où l'action concrète dans la vie des gens se joue. Donc, je pense
qu'on a deux paliers de gouvernance qu'on peut mettre de l'avant et qu'on peut
promouvoir comme étant vraiment des leviers intéressants pour tous et toutes.
Évidemment, il y a des gens... les... les... les cyniques ou les populistes ne
tendront pas l'oreille. Mais le but c'est d'aller réchapper des gens qui, bien,
ne sont pas connaisseurs ou qui ne sont pas exposés au travail que vous faites
puis au travail que les élus municipaux font et qui seraient preneurs
d'informations pertinentes à ce sujet-là.
• (18 h 50) •
Mme Dionne : Surtout qu'aussi
vous parliez de méfiance envers les élus, mais il y a aussi peut-être une perte
de confiance également envers les médias présentement. Donc, je pense que...
M. Dubois (Philippe) : Tout à
fait.
Mme Dionne : ...d'où
l'importance de... de... de se faire ambassadeur, de... de... et de, justement,
de promouvoir notre rôle et d'éduquer les gens finalement.
M. Dubois (Philippe) : Tout à
fait.
Mme Dionne : Si on revient au
projet de loi, est-ce que vous pensez que... Quels impacts vous pensez que ce
projet de loi aura concrètement sur la protection des élus puis nos fonctions,
là, le... le... le bon fonctionnement de nos fonctions...
M. Dubois (Philippe) : Je
pense que mon expertise, évidemment, ne couvre pas l'entièreté de ce projet de
loi là. Le chapitre 1, je trouve... Quand je parle de mesures concrètes
qui répond à des problématiques concrètes, le chapitre 1, à mon sens, est
un pas dans la bonne direction, un très bon pas dans la bonne direction, parce
qu'on se donne les moyens de faire cesser des irritants qui ont été à maintes
reprises amenés sur la place publique. Donc, je pense que le besoin est là, on
vient combler un besoin très clairement exprimé. Lorsque je parle des... des
risques de mésinterprétation de cette mesure-là auprès de certaines personnes,
c'est qu'évidemment, si on limite le droit démocratique d'un citoyen à rentrer
en contact avec son élu, pour de bonnes raisons au sens du projet de loi, ça
pourrait être perçu aussi comme un signe de déconnexion. Ça sera inévitablement
ou ça risque d'apporter de l'eau au moulin, un discours de gens qui de toute
façon ne croient plus au système, voire veulent le transformer de façon
radicale.
Donc, tout est dans l'approche puis tout
est dans... est dans la façon de faire les choses. Mais je pense que le
chapitre 1, bien, demain matin, s'il est adopté, il y a des élus municipaux
puis nationaux qui vont pouvoir s'en prévaloir puis faire cesser des irritants
que j'estime... je ne l'ai pas vécu, mais que j'estime majeures dans leur
quotidien...
Mme Dionne : ...êtes-vous en
faveur de la formation... de la bonification de la formation obligatoire pour
nos élus? Puis, d'après vous, quels seraient, quels pourraient être les thèmes
de formation qui pourraient être privilégiés, justement, pour aider les élus à
bien remplir leurs fonctions?
M. Dubois (Philippe) : Là,
vous demandez à un prof d'uni si on est en faveur de la formation. Évidemment
que je vais être enthousiaste.
Mme Dionne : Question
biaisée.
M. Dubois (Philippe) : Oui.
Non, mais, blague à part, je pense que... puis d'autant plus que tout est
complexe. Puis c'est un peu convenu de le dire, mais la complexité des dossiers
que les élus ont à traiter... puis je pense, particulièrement, aux élus
municipaux, puis on vient d'avoir un témoignage à cet effet, où il y a des gens
qui gagnent quelques centaines de dollars par mois, qui ne font pas ça à temps
plein, qui ont beaucoup d'autres choses à gérer. D'offrir les moyens à ces
gens-là de comprendre leur environnement, comprendre des enjeux et d'évoluer de
façon adéquate là-dedans, je pense qu'on n'est jamais perdant. Puis de
professionnaliser nos élus, de les rendre véritablement outillés, équipés,
capables d'agir en fonction de ce qu'on attend d'eux — puis on en
attend beaucoup d'eux — ce n'est jamais perdant.
Maintenant, sur la thématique, la critique
de la formation, presque uniquement juridique, qu'on a entendue tout à l'heure,
à mon sens, elle est valable, parce que la politique, c'est beaucoup d'autres
choses. Puis je ne dis pas qu'il faut mettre de côté les avocats pour mettre
des profs en sciences po, mais je pense qu'il y a une pluralité des enjeux puis
des contextes que les élus doivent gérer aujourd'hui, puis que, parfois, on
évite d'aborder certains sujets avec des élus parce qu'on ne veut pas
intervenir dans la sphère partisane de leur travail.
Mais, tu sais, aujourd'hui, faire une
bonne communication sur les médias sociaux, ce n'est pas uniquement à des fins
partisanes. C'est... Tu sais, les médias sociaux aujourd'hui, c'est le
téléphone d'hier. Si on n'est pas capable de répondre au téléphone, on ne fait
pas notre travail d'élu. Si on n'est pas capable de gérer nos médias sociaux
convenablement, peut-être qu'on ne fait pas convenablement notre travail d'élu
ou, du moins, pas autant que ce que les gens s'attendent de nous. Donc, il y a
un paquet de sujets, que ce soit en communication, en compréhension du système
politique aussi, oui, municipal, mais même l'État québécois. Lorsqu'on est élu
municipal, il faut traiter avec l'État québécois. Ce n'est pas tous des
politologues qui sont élus. C'est une très bonne chose que ce ne soit pas tous
des politologues qui soient élus, mais il faut accompagner ces gens-là dans le
système.
Mme Dionne : Vous avez été,
justement, attaché politique, anciennement, pour des élus. J'aimerais vous
entendre aussi sur le fait de mettre en place des mesures visant un accompagnement
accru des conseils municipaux, puis qu'une personne puisse être désignée par la
ministre. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Dubois (Philippe) : J'ai
trouvé la proposition originale. Je pense que ça a le potentiel d'être utile.
Je fréquente une petite municipalité de 350 personnes, où, bien, la séance du
conseil, c'est la directrice générale qui l'organise, de placer les tables,
jusqu'à faire l'ordre du jour, jusqu'à l'animer. Donc, évidemment que cette
personne-là ne peut pas avoir la tête partout. Par exemple, par contre,
j'insisterais sur le caractère professionnalisant de l'accompagnement.
C'est-à-dire qu'on ne veut pas créer un business de consultance parallèle aux
instances démocratiques. Le but, c'est de rendre nos instances démocratiques plus
outillées, plus équipées, plus compétentes, et donc de prévoir un
accompagnement soit offert par des institutions qui n'ont pas intérêt à
développer un business, ou d'avoir, vraiment, des barèmes, très clairs, de
dire : Voici le travail, voici le mandat, voici les livrables, et
d'évaluer ces livrables-là pour s'assurer qu'il y ait un gain de connaissances
et de compétences.
Mme Dionne : Vous parlez des
médias. Je vais vous exposer... Bien, dans le fond, j'aimerais vous entendre
aussi sur la participation à distance dans certaines situations
exceptionnelles. Croyez-vous que ça pourrait influencer la relation de l'élu
avec les médias et avec les citoyens?
M. Dubois (Philippe) : J'ai...
Ma compréhension du projet de loi, c'est que les situations sont quand même
bien balisées, qu'un élu ne pourrait pas être en Floride à l'année longue et
percevoir son 400 $ mensuel. Ceci dit, évidemment que, lorsqu'on ne... la
perte du lieu commun, hein, la perte des échanges physiques, en personne, que
l'on a, bien, évidemment, démocratiquement, comme notre système est fait comme
ça, il y a toujours le risque de perdre quelque chose. Est-ce que ça va
arriver? Je n'ai pas de boule de cristal. Ceci dit, je pense que c'est
important de garder des moments où les élus sont rassemblés, physiquement,
ensemble, avec... au contact des autres groupes de la société, les médias
d'information, les groupes d'intérêt, les citoyens, pour favoriser l'échange.
Parce que, vous le savez, souvent, ce qui est le plus pertinent, c'est dans
l'informel. Le formel, c'est une chose, le formel a son rôle, a sa
justification, mais bon échange de machine à café ou de couloir, parfois, c'est
plus utile ou plus éclairant pour l'élu.
Mme Dionne : On parle aussi
beaucoup de la participation à la démocratie. Les élections, justement, seront
en 2025 pour le municipal. Ce qu'on souhaite aussi, c'est qu'on souhaite
augmenter le taux de participation. On a eu beaucoup de démissions, aussi,
depuis la dernière élection. Donc, pensez-vous que les mesures, en démocratie
municipale, qui sont prévues au projet de loi vont pouvoir avoir un impact
positif sur la participation aux prochaines élections?
M. Dubois (Philippe) : Encore
une fois, moi, je le vois... moi, je pense que...
M. Dubois (Philippe) : ...toutes
les mesures qui veulent ramer dans cette direction-là sont bonnes, mais n'ayant
pas de boule de cristal, c'est difficile pour moi de vous garantir un succès,
d'autant plus que la scène municipale connaît une transformation actuelle. Et
on se rend compte que cette transformation-là, tu sais, ce qu'on voyait, une
nouvelle génération d'élus, des gens qui sont motivés, des gens qui veulent
transformer, prendre ces leviers-là à bras le corps, bien, on voit que c'est
usant pour le corps et pour l'esprit. Et peut-être qu'il y a des gens qui vont
préférer passer leur tour, peut-être qu'il y a des gens qui vont dire :
Bien, j'aurais été intéressé, mais vous savez quoi? Pour ce salaire-là, je
vais... je vais laisser mon tour. Donc, il y a un paquet de facteurs qui
peuvent expliquer à la fois les candidatures puis à la fois l'intérêt des
citoyens aussi pour ça.
Mme Dionne : Merci, M. le
Président, je pense que mon collègue...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
oui, alors, député de Beauce-Nord.
M. Provençal : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Schneeberger) : Il
vous reste quatre minutes.
M. Provençal : Merci. Je vais
être très rapide. Parce qu'au départ vous avez parlé de mieux documenter le
travail des élus. Je suis d'accord avec ça, parce qu'au Québec, c'est à
géométrie variable, hein, vous avez des petites municipalités de 300 versus des
municipalités de 100 000 et plus. Et, par contre, c'est tout... ce sont tous des
gens qui prennent des décisions qui vont vers un impact sur la population. Ne
croyez-vous pas que, dans la formation qu'on pourrait donner, il faudrait tout
de suite mettre en garde les nouveaux élus et même les anciens de toutes les
lois avec lesquelles ils et elles doivent travailler? Parce que, d'une certaine
façon, c'est la balise, ce sont les balises du monde municipal. Et c'est dans
ce terrain de jeu là qu'il faut jouer, quand tu débordes de ce terrain de jeu
là, bien, tu te fais taper sur les doigts. Et moi, je pense personnellement
qu'il y a peut-être un élément à ajouter de ce côté-là. J'aimerais avoir votre
opinion.
M. Dubois (Philippe) : Je
suis d'accord avec vous que l'encadrement juridique du travail des élus, c'est
ce qui délimite le carré de sable. On ne peut pas aller jouer ailleurs que dans
ce pour quoi on a été élu. Je crois que c'est... ce n'est pas inopportun que
les élus y soient sensibilisés. Je pense qu'ils doivent être accompagnés aussi,
hein? Parce que la logique d'élire des gens pour prendre des décisions, c'est
qu'on ne veut pas... on ne veut pas mettre des juristes ou on ne veut pas
mettre des politologues, on veut des gens qui représentent la communauté, des
gens qui n'ont pas de formation de droit, mais qui ont des points de vue
différents, des gens qui ne connaissent pas nécessairement le système
politique, mais qui ont un point de vue différent. Donc, il faut trouver cet
équilibre-là entre en faire des spécialistes puis garder aussi cette
spontanéité-là de citoyens impliqués qui mettent leur face sur le poteau, puis
qui décident d'aller servir leur communauté. Ça fait que, oui, une formation,
un accompagnement surtout, hein, avoir du personnel professionnel, qui... pour
qui c'est le travail quotidien, puis qui peuvent guider les élus, puis, encore
là, je reviens à ce qui a été dit précédemment, qui peuvent guider les élus,
pas des élus.
M. Provençal : C'est ça. Non,
non. Ça va. Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
il reste deux minutes. Est-ce qu'on a d'autres personnes? Députée de Labelle.
Mme Jeannotte : ...oui,
merci, M. le Président. Dans le fond, ça m'avait fait réagir quand vous avez
dit...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Labelle, veuillez juste descendre votre micro.
Mme Jeannotte : Merci, M. le
Président. Vous avez répondu à mon inquiétude, parce que, quand vous avez parlé
de professionnalisation, justement, ce qui me venait à l'esprit, c'est au
contraire on veut des citoyens de tous les... les milieux, de toutes les...
gauches, droites, tout ça, parce qu'au fond on s'implique en politique plus
pour des idées. Puis, au fond... ça fait que vous avez... vous m'avez rassurée,
mais j'aimerais vous entendre sur qu'est-ce que vous pensez des séances qui
sont publiques, qu'on met sur Facebook, alors que d'autres ne le font pas?
Vous, êtes-vous plus en faveur de mettre carrément les séances du conseil sur
Facebook?
• (19 heures) •
M. Dubois (Philippe) : C'est
un... C'est une bonne question aussi puis je pense que ça peut se répondre par
le fait de savoir s'il y a une demande. Parce que, comme tout canal, hein,
est-ce qu'il y a véritablement une demande? Est-ce que c'est le meilleur moyen
pour garantir une transparence? Est-ce que les séances publiques doivent être
accessibles, consultables? Moi, je pense que oui, parce que les élus sont
redevables, puis on a comme citoyen le droit et l'intérêt de prendre
connaissance du travail qu'ils font en notre nom. Maintenant, à savoir le moyen
en particulier, si une municipalité n'est pas connectée à internet, ça ne sert
à rien de mettre ça sur Facebook.
Mme Jeannotte : Ils sont pas
mal tous connectés, là, grâce à nous.
M. Dubois (Philippe) : Oui,
oui... un gouvernement qui travaillait là-dessus, mais disons, ou si les gens
ne fréquentent pas cette plateforme-là. Tu sais, les médias sociaux,
aujourd'hui, c'est de plus en plus fragmenté, les gens... il n'y a plus... il
n'y a plus un espace public numérique. Les gens sont sur certaines plateformes,
ils utilisent de certaine façon. Donc, ça ne veut pas dire que parce qu'on rend
ça disponible, que les gens vont y aller sur ces plateformes-là en particulier.
Il y a une réflexion plus de communication stratégique à y avoir. Mais je pense
que, pour répondre à votre question, que de rendre ça disponible...
Mme Jeannotte : C'est quand
même positif.
M. Dubois (Philippe) : Tout à
fait.
Mme Jeannotte : Puis comment
on fait pour attirer les jeunes justement, c'est... le défi est encore double.
M. Dubois (Philippe) : Tout à
fait, tout à fait. Puis, encore là, je n'ai pas la réponse magique, mais je
pense que la première étape, c'est d'expliquer, hein, pour montrer à quoi ça
sert, comment ça fonctionne...
19 h (version non révisée)
M. Dubois (Philippe) : ...pourquoi
c'est comme ça? Après, les gens font leur choix. Mais si quelqu'un, il veut
douter, il veut transformer, bien, il va avoir la même base que tout le monde.
Puis on est à l'ère de la fragmentation. Le défi, c'est d'avoir tous et toutes
la même base d'informations pour prendre des décisions puis porter des
jugements.
Mme Jeannotte : Dans le
contexte où le populisme prend de plus en plus d'espace, iriez-vous jusqu'à
dire que ça prendrait des cours de sciences politiques plutôt dans la sphère...
au niveau de l'éducation, dans le fond, au secondaire ou même au primaire? Qu'est-ce
que vous en pensez?
Le Président (M. Schneeberger) : ...oui,
on a plus de temps.
Mme Jeannotte : On n'a plus
de temps. D'accord.
Le Président (M. Schneeberger) : Excusez-moi,
je n'avais pas vu le chronomètre. Excusez-moi. Alors, nous allons maintenant du
côté de l'opposition officielle, et j'entends la députée de Chomedey.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci,
M. le Président. Bonjour, M. Dubois. En vous écoutant, c'est comme... je ne
sais pas, une noirceur. On se dit : Oh boy! Qu'est-ce qu'on va faire? Pour
moi, la démocratie est un système politique dans lequel le pouvoir est exercé
par le peuple en allant à un vote, en donnant leur vote. Puis on est le
représentante en démocratie, donc on les représente pour venir... Que ce soit
aux conseils municipaux... municipal ou à l'Assemblée nationale, tous les élus,
on représente la population.
Je reviens à votre message où vous dites
que les gens sont déconnectés. Je comprends, j'ai déjà entendu ça, et puis je
comprends ça, mais j'essaie de réfléchir ensemble qu'en démocratie... On est
chanceux d'être dans un pays comme le Canada, la province du Québec, on a une
démocratie, puis c'est notre fierté, puis la Charte des droits et libertés des
personnes du Québec qui garantit des droits et libertés fondamentaux. Tout ça,
c'est parce qu'on a le droit de vote. Chaque personne a... sa vote, et puis c'est
comme ça qu'on garde notre démocratie. Si les gens ne font plus confiance, c'est
quoi qu'ils s'attendent d'après vous?
M. Dubois (Philippe) : ...puis
je ne veux pas être un prophète de malheur, mais vous avez raison que ça ouvre
une porte que l'on ne veut peut être pas ouvrir. Puis je vais vous rassurer, il
y a le sondage CROP récemment avec l'institut du Nouveau Monde, 68 % des
Québécois se disent globalement satisfaits de la démocratie. En fait, l'enjeu
ou, du moins, ce qu'on constate dans les données, c'est qu'au Québec la démocratie,
elle est davantage appréciée que les élus. Donc, c'est un problème, mais ce n'est
pas tant le régime en lui-même que les personnes qui l'exercent. Ça fait qu'à
la limite on peut se dire : Bien, si les gens sont insatisfaits, ils
pourront changer les personnes qui sont à leur tête.
Ceci dit, je vous donne quelques données du même
sondage qui, comme politologue, m'interpellent quand même. On dit 68 % des
gens sont satisfaits de la démocratie, mais 33 % du même sondage, des
répondants du même sondage, doutent de l'indépendance des médias publics face
aux politiciens, ou encore 32 % pensent la même chose du système
judiciaire, ou encore 31 % disent que le mode de scrutin est inadéquat.
Donc, il y a quand même, grosso modo, un tiers des répondants de ce sondage-là
qui doutent de certaines composantes essentielles de la démocratie. Puis il n'y
a pas un profil type de la personne qui a décroché, mais c'est... Aujourd'hui,
la politique, puis vous le savez, c'est chirurgical, hein? Tu sais, on... c'est
des segments d'électorat. Les enjeux sont complexes, les gens ne sont plus des
blocs monolithiques nécessairement. Donc, il faut comprendre un peu plus les
raisons de chacune de ces personnes-là de douter de la démocratie pour être en
mesure de leur montrer que, bien, ce n'est peut-être pas un régime parfait,
mais c'est peut-être le plus parfait des régimes ou, du moins, c'est le moins
imparfait des régimes, pour paraphraser Churchill.
Qu'est-ce qu'on fait pour régler tout ça?
Je n'ai pas la réponse. Je pense qu'un projet de loi comme celui-là, c'est un
pas dans la bonne direction, parce que ça va permettre au moins de faire cesser
des comportements qui ralentissent le groupe, hein, qui nuisent au travail des
élus puis peut-être que ça va permettre aux élus d'en convaincre un peu plus de
la pertinence puis que, collectivement, bien, il faudra y avoir une réflexion
puis un discours pour valoriser notre régime. Parce qu'il faut être... il faut
être conscient qu'on vit... Puis le Canada, selon le Démocraty Index, 13e
démocratie la plus solide au monde, mais la minorité des pays vivent en
démocratie aujourd'hui. Donc, on est... on est dans les meilleurs, mais notre
camp, ce n'est pas le camp majoritaire. Puis à l'heure du numérique, bien, les
discours de partout rejoignent nos citoyens aussi, puis il y a des états
internationaux qui ont intérêt à ce que les démocraties ne soient plus des
démocraties. Donc, je pense que la... la base qu'on...
M. Dubois (Philippe) : ...on
peut faire plus — puis là, c'est le prof de Sciences Po qui divague
un peu, mais... mais je reviens vers vous — c'est que,
collectivement, si on prend conscience de la chance qu'on a puis qu'on valorise
la démocratie puis qu'on valorise les personnes qui l'exercent, même si on ne
sera jamais tous d'accord puis qu'on ne sera jamais pleinement satisfait, mais
ça, c'est déjà, je pense, un pas dans la bonne direction, parce qu'au moins on
va développer une loyauté et un sentiment d'appartenance envers le système de
gouvernance qu'on s'est donné.
Mme Lakhoyan Olivier : C'est
bien dit. Vous avez bien expliqué la... la valorisation et rendez-les... la
population à aimer et à respecter notre démocratie.
Concernant le projet de loi. Ce projet de
loi, revenant au projet de loi, vous dites que c'est la première étape. Donc,
je vois une deuxième et troisième, quatrième étape. Pouvez-vous élaborer
là-dessus?
M. Dubois (Philippe) : J'ai
dit «première étape, puis... puis on me l'a rappelé, tout à l'heure, que ce
n'est pas une première étape dans le sens que ça s'inscrit dans une série
d'étapes, dans une série de mesures adoptées par l'Assemblée nationale pour
tenter d'offrir aux élus les moyens d'exercer leur mandat.
Ceci dit, quand je parle que ça ne devrait
pas être le fil d'arrivée, mais une étape dans ce processus-là, c'est qu'il
faut s'adresser... Comme c'est des problèmes complexes, avec des causes
complexes, bien, il faut s'adresser à l'ensemble de cette... de cette
complexité-là. Et encore une fois, l'itinéraire, il n'est pas connu. Mais si...
Le jour où vous allez adopter ce projet de loi là, si les élus décident de
l'adopter, j'espère, et ça c'est mon voeu de citoyen, que la réflexion ne
s'arrêtera pas au moment du vote, mais qu'elle va continuer. Et puis les
échanges qu'on a me rassurent, mais que c'est un combat de tous les jours et
qu'il y aura d'autres problèmes qui vont émerger.
Puis je repense aux élus municipaux qui...
qui sont souvent loin de Québec, qui sont... qui vivent une réalité
complètement différente que les élus de l'Assemblée nationale et qui lancent
des cris du cœur depuis un certain nombre d'années, et je pense qu'on aurait
tendance à mieux comprendre leur travail pour être en mesure de mieux répondre
à leurs besoins aussi, et ça, bien, c'est... c'est votre travail d'élus, c'est
mon travail de chercheur, c'est le travail d'un paquet de gens de... de
focusser davantage sur le comment puis le pourquoi plutôt que sur le spectacle
que l'on associe généralement à la politique.
• (19 h 10) •
Mme Lakhoyan Olivier : Donc
vous, vous croyez que, d'après vous, ce projet de loi n'est pas complet?
M. Dubois (Philippe) : Sans
dire qu'il n'est pas complet, je pense que... que ce projet de loi là s'attaque
à une problématique qui dépasse la portée du projet de loi. Ceci dit, à savoir
si le projet de loi répond complètement, puis là, j'ai le chapitre un en tête.
Est-ce que le projet de loi peut permettre de cesser des comportements
inacceptables? Je pense que le projet de loi permet de le faire.
Mme Lakhoyan Olivier : ...
M. Dubois (Philippe) : Hein?
Je ne pense pas qu'en mettant ce couvercle-là sur la marmite, l'eau va arrêter
de bouillir. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'on a les moyens d'empêcher
les gens d'agir de façon inacceptable avec des élus que ces gens-là vont
changer d'opinion.
Mme Lakhoyan Olivier : Oui.
Vous n'avez pas... vous n'avez pas mentionné... je n'ai pas entendu votre
opinion sur... sur l'article où on va... on va laisser les... les municipalités
faire leurs réunions en... en mode à distance.
M. Dubois (Philippe) : ...
Mme Lakhoyan Olivier : Qu'est-ce
que vous pensez de cela? Parce que tantôt vous avez mentionné que la population
aimerait ou ça serait important qu'ils voient physiquement les élus en réunion.
Donc, est-ce que vous croyez que si... s'il va y avoir des... des réunions à
distance, est-ce que cela va affecter l'opinion publique?
M. Dubois (Philippe) : Je ne
sais pas si les citoyens aimeraient assister aux séances, mais je pense
qu'il... que l'opportunité qui existe et est utile dans certaines
circonstances. Dans un conseil municipal, on ne va pas au conseil municipal,
sauf si on est directement concerné par un enjeu puis qu'on n'est pas content.
Mme Lakhoyan Olivier : Oui.
M. Dubois (Philippe) : Généralement,
disons les choses comme elles sont.
Ceci dit, je n'ai pas d'opinion
particulière comme chercheur sur la pertinence ou pas, ou sur les conséquences
éventuelles de tenir des réunions à distance. J'y vois plein d'avantages, j'y
vois aussi des désavantages, et... mais comme chercheur, je n'ai pas de données
qui me permettent de vous dire : C'est une bonne ou une mauvaise chose.
Puis je pense qu'un peu comme beaucoup de trucs qui se sont numérisés dans les
derniers temps, bien, on... c'est à la... avec la pratique, on va... on va y
voir plus clair.
Mme Lakhoyan Olivier : Il
reste combien de temps?
Le Président (M. Schneeberger) : Il
reste sept minutes...
Mme Lakhoyan Olivier : ...j'aurais
un autre point. Vous avez parlé d'accentuer des campagnes de valorisation avec
les jeunes, vous n'avez pas parlé des aînés, parce que les aînés, d'après des
statistiques, sont majoritairement ceux qui votent, n'est-ce pas?
M. Dubois (Philippe) : Tout à
fait.
Mme Lakhoyan Olivier : Qu'est-ce
que vous en dites, concernant les aînés et les jeunes, pour valoriser le
respect envers les élus et la participation au droit de vote, là?
M. Dubois (Philippe) : Tout à
fait. Vous avez raison, je n'ai pas mentionné les aînés, pas par âgisme, mais
parce que ces gens-là sont généralement ceux qui participent le plus, ceux qui
connaissent le plus aussi comment le système fonctionne ou, du moins, qui sont
habitués au fonctionnement de nos institutions. Pourquoi j'ai parlé plus
particulièrement des jeunes, c'est qu'on sait que les jeunes votent moins, ça,
encore une fois, c'est un peu convenu de le dire, mais c'est vrai. On sait
aussi que les jeunes sont plus nombreux à remettre en question le fonctionnement
des institutions, hein? Il y a moins de jeunes qui sont membres de partis
politiques. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de jeunes dans les partis
politiques, mais, s'il y a moins de jeunes qu'avant qui sont prêts à s'investir
dans un parti politique ou à militer politiquement de la façon dont on le
faisait voilà 15 ans, voilà 20 ans, voilà 30, voilà 50 ans. Et donc je pense
que ce n'est pas inopportun de sensibiliser, sensibiliser les jeunes
générations au fonctionnement du système pour qu'ils comprennent comment ça
fonctionne, pour qu'ils comprennent le pourquoi, pourquoi c'était comme ça,
pourquoi une commission parlementaire, pourquoi des élections, pourquoi des
partis politiques. Après, ils vont pouvoir faire leur propre jugement, mais il
ne faut pas prendre pour acquis que parce qu'une institution existe, elle est
comprise et que tout le monde sait à quoi elle sert et pourquoi elle existe.
Et on a peut-être fait l'économie puis pas
pas juste au Québec, tu sais, on pourrait faire le même discours sur
l'université, on pourrait faire de même sur plein d'institutions qui existent,
mais qu'au final on les prend un peu pour acquis et donc on oublie d'expliquer
pourquoi elles existent et comment elles fonctionnent, puis que, lorsqu'on
comprend pourquoi elles existent puis que pourquoi elles fonctionnent, puis
comment elles fonctionnent, bien, notre regard change, on n'est peut-être pas
convaincu de leur pertinence, mais, au moins, on comprend les raisons de leur
existence. Puis, comme les citoyens plus âgés semblent davantage comprendre ça
parce qu'ils votent plus, parce qu'ils participent plus, je crois que le besoin
est auprès des plus jeunes générations qui, pour plein de raisons, sont moins
enclins à aller voter, moins enclins à participer dans les institutions
actuelles puis de faire le pont, en fait, entre nos institutions et ces
générations-là.
Mme Lakhoyan Olivier : À quel
âge vous trouvez qu'on doit approcher les jeunes, est-ce que ça serait
primaire, secondaire?
M. Dubois (Philippe) : C'est
une... Là on s'éloigne un peu de mon champ d'expertise. Donc, je ne dirais pas
un âge sur mes propres opinions personnelles. Mais il y a des chercheurs qui
s'intéressent à l'éducation citoyenne puis à l'impact de l'éducation citoyenne,
l'éducation aux médias aussi, l'éducation numérique, tout ça a un impact sur
notre perception, comme citoyen, du fonctionnement puis de la pertinence de nos
institutions. Donc, je pense que c'est un... c'est une préoccupation qu'on
devrait avoir, sur l'âge, je n'ai pas de réponse malheureusement pour vous,
parce que ce serait... Ça dépasse mes compétences.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci
de me donner cette opportunité d'avoir cette conversation avec vous. En tant
qu'élue, pour moi, c'est vraiment important, et je sais, tous mes collègues,
c'est pareil, pour nous, c'est important la population puis d'être proche de
nos populations, jeunes, aînés, les familles, vraiment, tout le monde. On a
cette responsabilité-là de faire le pas, mais la société aussi. Les écoles aussi
devraient, devraient peut-être nous inviter à leurs écoles pour aller parler
aux élèves de la démocratie. Il y en a beaucoup aujourd'hui dans la société. Je
trouve qu'ils ont peur d'inviter un élu par peur de prendre une partie. Donc,
si tu n'es pas au pouvoir, bien là, O.K., qu'est-ce que le gouvernement au
pouvoir va penser? Donc, je pense que c'est un travail sociétal.
M. Dubois (Philippe) : Je
suis, je suis d'accord avec vous, puis vous venez dans mes cours quand vous
voulez, Mme la députée.
Mme Lakhoyan Olivier : Merci.
Mme Setlakwe : Est-ce qu'il
reste encore du temps?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
il reste deux minutes 30.
Mme Setlakwe : Je peux poser
une dernière...
Mme Lakhoyan Olivier : Ah
oui!
Mme Setlakwe : Merci à ma
collègue. Je vous remercie beaucoup, Pr Dubois, pour votre intervention. Je
pense que vous êtes venus compléter notre journée d'aujourd'hui avec... Vous
avez apporté un éclairage différent et intéressant. On vous a entendu dire
que...
Mme Setlakwe : ...le chapitre
un, c'est un pas dans la bonne direction, qu'il répond à un besoin que les élus
vont pouvoir faire cesser des comportements inacceptables et des irritants. On
a entendu... Puis c'est... effectivement, ça répond à un besoin, les groupes
saluent le dépôt de ce projet de loi là. On a... On a entendu, entre autres, la
Ligue des droits et libertés venir dire : faites très attention, le
libellé est trop large, on donne... «on vient offrir la possibilité de
prononcer une injonction, si un élu fait l'objet de propos ou de gestes qui
entravent indûment l'exercice de ses fonctions ou portent atteinte à son droit
à la vie privée.» Vous avez dit tout à l'heure, puis je m'en réjouis, là, que
selon un sondage, 68 % de la population est satisfaite de notre
démocratie. Est-ce que vous pensez que les citoyens vont se sentir brimés dans
leur liberté d'expression? Est-ce que vous pensez que, si on met tout ça dans
la balance des inconvénients, est-ce qu'on va... on va glisser dans la mauvaise
direction?
M. Dubois (Philippe) : Ce
serait... Ce ne serait évidemment pas souhaitable. N'étant pas juriste, par
exemple, sur le libellé en question, je n'ai pas d'opinion particulière, mais
très clairement, il y a des gens qui pourraient voir ça comme étant une preuve
de plus que les élites ne veulent pas véritablement entendre le peuple. Parce
que lorsqu'on les questionne ou lorsqu'on les... on les... on les challenge, en
bon français, bien, ils ont un moyen de nous faire taire. Je ne pense pas
que... surtout si c'est la Cour qui juge qu'il y a véritablement une situation
problématique, je pense que cette mesure-là pourrait être comprise et acceptée
par l'ensemble ou du moins la majorité de la population. Mais il faut être conscients
que pour des gens qui voient déjà un complot sociétal, bien, le fait de se
faire priver d'un droit, bien, évidemment, ça va alimenter leur perception des
choses. Mais là il y a un calcul à faire. Est-ce qu'on veut que les élus
continuent à être harcelés ou on veut leur donner le moyen de faire cesser en
utilisant des moyens, et c'est vrai, qui sont exceptionnels. On vient ici
priver le droit à des citoyens d'entrer en contact avec des élus. Mais en même
temps, comme pour ce qui est des plaidants... parfois les droits sont mal
utilisés, puis il faut faire cesser des situations qui au final nuisent au
groupe plutôt qu'à un individu.
• (19 h 20) •
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup. J'ai laissé un petit peu filer le temps pour être égal des deux
côtés, étant donné que tout à l'heure on avait dépassé. Alors, merci beaucoup
pour votre précieux mémoire, M. Dubois. Vraiment enrichissant. Et puis je pense
que nous devons tous faire plus connaître notre profession, parce que c'est
vraiment la méconnaissance de beaucoup de citoyens qui fait en sorte qu'il y a
du... qui soient très critiques.
Alors, sur ce, je vous souhaite une belle
fin de soirée. Et nous ajournons la commission au mercredi 1er mai après
les avis touchant les travaux. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 19 h 21)