Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, November 28, 2023
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Vol. 47 N° 31
Clause-by-clause consideration of Bill 31, an Act to amend various legislative provisions with respect to housing
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10 h (version non révisée)
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bonjour à tous. À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, il y a quorum, je déclare la
Commission de l'aménagement du territoire ouverte.
La commission est réunie aujourd'hui afin
de poursuivre les études détaillées du projet de loi n° 31, Loi modifiant
diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Est-ce que nous avons des remplaçants, M.
le secrétaire?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Dionne, Rivière-du-Loup-Témiscouata est remplacée par M. Thouin,
Rousseau; M. Rivet, Côte-du-Sud, est remplacé par Mme Gendron, Châteauguay; et
M. Ciccone, Marquette, est remplacé par Mme Prass, D'Arcy-McGee.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, lors de l'ajournement de nos travaux, jeudi dernier, le 2 novembre,
nous en étions à l'article numéro sept dans le thème cinq, alors Accorder une
latitude aux locateurs dans le choix de leurs locataires lors d'une cession de
bail. Alors, nous poursuivons les échanges. Est-ce qu'il y avait des
interventions sur le sujet? Mme... Bonjour, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je ne m'étais pas encore exprimée sur cet article-là, alors je
souhaite le faire. Dans un contexte de pénurie de logements, ça ne nous
apparaît pas être le bon moment de faire une... De faire des changements,
soit... Par contre, je vous mentionne que je comprends parfaitement le...
Comment je pourrais dire, le raisonnement de la partie ministérielle par
rapport à cet amendement-là. Il y a définitivement un enjeu actuellement où
les... des propriétaires... Il y a comme un enjeu quand il y a une
marchandisation, par exemple, de la cession de bail sur le dos des
propriétaires. Ça, c'est inacceptable, il n'y a aucun doute là-dessus. Et d'ailleurs,
je crois, là, si je ne me trompe pas, qu'on a déjà déposé un amendement à cet
effet-là pour l'interdire, la marchandisation de la sous-location ou de la
cession de bail.
Par contre, il y a une réalité
actuellement, que les taux d'inoccupation sont tellement bas, sont même à
certains endroits à 0 %, fait en sorte qu'actuellement les propriétaires
ont une... disons, ont le gros bout du bâton, on peut dire, dans les
négociations. Et là je vais vous lire certains articles, là, qui sont parus
dans les derniers mois, juste pour faire peur un peu, là. Je pense que ça
résume bien la situation.
On voit d'abord qu'il y a des villes, dans
les taux les plus bas au Québec, on voit que c'est là aussi qu'il y a des
hausses, les hausses de loyer les plus substantielles. Il y avait... C'était
dans La Presse, où on voyait des taux, des exemples de villes qu'on ne pense
pas nécessairement, mais Saint-Hyacinthe, 12 % d'augmentation du loyer,
Val-d'Or, 10.5 %, c'est en une année, là, c'est quand même beaucoup,
Salaberry-de-Valleyfield, ça, ce n'est pas très loin de Montréal, 9.5 %.
Et là, des villes comme Roberval, Marieville, qui sont à 0 %, Roberval,
6.5 % d'augmentation du loyer. Ça, c'était 2022, des chiffres 2022.
2023, c'est sûr que c'est encore plus élevé que ça, ces chiffres-là. Puis les
taux d'inoccupation n'ont pas monté du tout dans ces villes-là, ils sont
encore... Bien, en fait, ils étaient, dans certains cas, à 0 %, là, je
veux dire, c'est sûr qu'ils sont encore plus... Le marché est encore plus
difficile.
Alors, ce qu'on constate, c'est ce que je
vous mentionnais, c'est qu'il y a des hausses de loyer quand même
substantielles dans ces endroits-là. Ce que je vous ai donné, c'est des hausses
de loyer moyen. Il y a évidemment des loyers qui sont protégés par... s'ils
sont dans des coopératives, s'ils font partie de HLM, etc., mais on parle de
façon générale, les hausses de loyer, c'est quand même substantiel. Quand on
parle de 10 %, c'est majeur.
• (10 h 10) •
Et d'ailleurs on le mentionne, là, que,
souvent, bien, c'est à ce moment-là, lorsqu'il y a un changement de locataire,
que le loyer...
Mme Dufour : ...qui augmentent
le plus, parce qu'actuellement, compte tenu de la rareté, évidemment, mais il y
a un jeu d'offre et de demande qui se fait, même si c'est, quelque sorte,
contrôlé, là, par le Tribunal administratif du logement. Normalement, ça
devrait l'être, ça ne l'est pas tant que ça. Et on voit donc des gens qui
offrent plus pouvoir trouver un logement parce qu'il y a une rareté immense de
logements.
Puis il y a un exemple d'un citoyen qui a
annoncé sa cession de bail, qui, lui, a proposé sa cession de bail, en 48
heures, il avait plus de 450 ménages. Et là il recevait des messages, vraiment,
de toutes sortes de personnes. Et un exemple : «Je suis une mère
monoparentale. J'ai deux enfants et un bon travail, mais je n'arrive pas à
payer ce qui se loue sur le marché.» Ça c'est une réalité qu'on vit
malheureusement. Puis même, actuellement, là, j'étais sur la route tout à
l'heure, j'entendais des professeurs qui sont en grève et qui, parce qu'ils ont
des revenus diminués parce qu'ils sont en grève, et qui n'arrivent pas à payer
non plus. Donc, ce qu'on voit, c'est que ça touche de plus en plus une majorité
de personnes d'avoir de la difficulté à payer son loyer.
Mais là où c'est le plus inquiétant, c'est
la discrimination qu'on voit. Et comme je disais, vu qu'il y a une énorme
rareté, bien, lorsqu'il il y a des logements vacants, bien, il y a un facteur,
dans le fond, que les propriétaires peuvent choisir, évidemment, ils peuvent
choisir qui ils veulent avoir comme comme locataire. Même si c'est interdit de
faire de la discrimination, la réalité c'est que ça se fait. Puis il y a
plusieurs exemples qui ont été rapportés. Delphine, une mère, ça, c'était dans
l'actualité, une mère de trois enfants âgés de sept à neuf ans, elle ne voulait
pas me donner son nom de famille parce qu'elle a des craintes de ne pas pouvoir
se trouver un logement, elle est contrainte de rester dans un appartement trop
petit. Elle dit qu'en fait elle a tenté de trouver un logement plus grand, mais
qu'à chaque fois qu'elle prenait un rendez-vous pour visiter et qu'elle
mentionnait qu'elle avait des enfants, le rendez-vous s'annulait, et elle n'a
pas pu visiter un seul appartement. Et elle le dit, elle estime que plusieurs
propriétaires ne souhaitent pas que des enfants habitent dans leur immeuble,
même s'ils mettent sur le marché des cinq et demie. Et là elle disait :
«Je remarquais que, dès qu'ils lisaient mon message où je mentionnais avoir
trois enfants, ils ne donnaient pas suite, et ces propos, c'est carrément, je
pense, de la discrimination.»
Il y a d'autres cas qui ont été rapportés.
Si je ne me trompe pas, c'était ici. Celle-là, c'est la porte-parole du FRAPRU
qui en faisait... Véronique Laflamme, qui faisait état de cette
situation-là : «Des familles, encore une fois, qui se font discriminer.
Encore cette semaine, on a eu des appels de famille avec trois, quatre enfants,
des fois, des familles recomposées qui, dès qu'elles mentionnent qu'elles ont
quatre enfants, se font dire que le logement n'est pas disponible.» Familles
recomposées, quatre enfants, ce n'est pas si rare que ça, c'est mon cas. On a
deux enfants chacun, mon conjoint et moi. On a quatre enfants. Donc, si je
n'avais pas la chance d'être propriétaire, ce que je constate, c'est que
j'aurais de la misère à devenir locataire.
Donc, bref, c'est un peu pour palier à
cette situation-là que des gens ont commencé à faire des cessions de bail, puis
ça a permis de, disons, de faire en sorte de contrer cette discrimination-là.
Ensuite, on dit que, normalement, actuellement, la loi dit qu'on ne peut pas...
«le propriétaire ne peut pas refuser pour un motif autre que sérieux», mais
c'est déjà, quand même assez, c'est quand même déjà... il y a quand même des
motifs importants. Là, on dit... La loi dit que, «si le propriétaire veut
refuser la cession de bail, il peut regarder la solvabilité de la personne,
mais aussi le salaire du locataire, sa cote de crédit et son comportement».
Alors, il y a quand même des éléments qui font en sorte qu'un propriétaire peut
refuser actuellement. Mais la discrimination n'est pas permise, et là,
actuellement, elle semble se faire, et ça, c'est un enjeu.
Alors, en temps normal, si on était dans
un taux d'équilibre, je vous dirais qu'on en parlerait probablement même pas,
on n'aurait pas autant de débats sur la cession de bail. Mais actuellement,
compte tenu de la situation, compte tenu de la difficulté que les gens ont à
trouver des logements et la discrimination qui semble assez évidente, là,
contre des familles, mais aussi des personnes racisées qui le vivent davantage,
qui ont plus de difficultés à se trouver un loyer, bien, pour cette raison-là,
je pense que ce n'est pas le bon moment de faire...
Mme Dufour : ...Ce
changement-là, on pourra y revenir dans quelques années si des constructions
massives se font et que le taux d'équilibre revient, mais pour l'instant en
tout cas, moi, ça ne me semble pas le bon moment. Donc, je voulais le préciser
et c'est pour ça, là, que je le dis d'emblée, là, moi, je suis contre cet
article-là du projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Plaisir.
D'autres interventions? Ça va? Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, chers collègues. Donc, sur la
cession de bail toujours, un changement important qui vient changer des façons
de faire, une législation depuis... Qui existe depuis plus de 50 ans, on
en a assez.... On a abordé différents angles de cette Disposition-là,
l'article 7 du p.l. 31, et... mais je pense qu'on n'a pas tout à fait
épuisé différents angles morts qui ont été soulevés par quelques intervenants.
Ce serait utile d'en discuter et connaître la vision de la ministre.
Tout d'abord, j'aimerais soulever un
élément qui m'apparaît important, là, qui comporte un aspect historique, là.
Donc, la ministre nous dit que, pour elle, c'est essentiel de permettre au
locateur de choisir la personne qui va vivre sur leur tête. Donc, tout d'abord,
et je l'ai déjà affirmé, c'est une vision un peu idyllique. La plupart des
locataires ne vivent pas sur... n'ont pas un logement sur la tête des
propriétaires. C'est même le contraire, on en rencontre beaucoup de
propriétaires de beaucoup, beaucoup de portes, d'unités de logement, et qui ne
restent même pas dans le bâtiment où leur locataire vit. Donc, premier élément,
là.
Mais de toute évidence la ministre, à la
recherche d'une situation d'équilibre, elle a écouté certaines associations de
propriétaires pour qui la cession de bail était une atteinte au droit à la
propriété. On y reviendra plus en détail, là. Mais, si on se rappelle, M. le
Président, et ça a été explicité à plusieurs reprises, la cession de bail telle
qu'on la connaît maintenant a été introduite suite à la proposition des
associations de locateurs, de propriétaires, au début des années 1970 à
1973, plus particulièrement. Elle a été fixée sous sa forme actuelle en 1993.
Vous pourrez me corriger au besoin. Donc, c'est les propriétaires, c'est les
associations de locateurs qui ont proposé au législateur d'introduire la
cession de bail, là, parce qu'à l'époque on rencontrait une situation
particulière. La cession de bail était, aux yeux des associations de locateurs,
comme un moyen de pallier à une situation qui était à leur détriment. Donc,
dans un contexte de taux d'occupation beaucoup plus élevé... d'inoccupation,
pardon, beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui, les associations de locateurs
considéraient que la cession de bail était de nature à leur garantir...
C'est-à-dire permettre que le locataire cède son bail, ça leur permettait de
compter sur un loyer stable et mensuel. Évidemment, le contexte change et
aujourd'hui, ce n'est plus le cas. On a un taux d'inoccupation extrêmement bas
partout au Québec, là. Et encore une fois, le législateur, très à l'écoute des
revendications des associations de locateurs, acquiesce à cette demande de
vider de toute sa substance les dispositions sur la cession de bail, là.
• (10 h 20) •
Donc, la question est à savoir, M. le
Président, là, qu'est-ce qui a changé depuis... dans le principe, depuis que la
cession de bail était introduite. Évidemment, c'est évident, c'est la question
du taux d'inoccupation, là, qui n'est absolument pas le même, mais sur le
principe, on reste fondamentalement dans le même contexte, c'est-à-dire on revient
au droit à la propriété. Pourquoi, en 1973, on se permettait une atteinte de
limiter le droit à la propriété, et en 2023, on se permet d'invoquer...
M. Fontecilla : ...le
sacro-saint principe du droit à... à la propriété? Et j'aimerais savoir...
connaître la... la... la vision de la ministre, là, à savoir si c'est seulement
le contexte économique qui a changé ou si c'est le principe qui, en 1973,
était... était... comment dire, le droit à la propriété était considéré comme
relatif, et aujourd'hui, pour elle, le droit de la propriété, c'est considéré
comme un droit inaliénable. Donc, j'aimerais connaître la... la... la pensée de
la ministre concernant qu'est-ce... pourquoi qu'en 1973 le législateur a permis
cette... cette modulation du droit à la propriété.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, est-ce que nous avons une... une réponse, Mme la ministre?
Mme Duranceau : Oui. Bien,
écoutez, cette mesure-là a été introduite en 1973. On était dans un contexte
complètement différent au niveau de l'équilibre... de l'équilibre en termes
d'offre en matière locative, et puis c'est une mesure qui visait à s'assurer
qu'un locataire qui choisissait de quitter son logement pouvait le faire, mais
on venait baliser les conditions à l'intérieur desquelles ça pouvait être fait
pour ne pas, à l'époque, qu'un propriétaire se retrouve avec un... un... un
logement vide. Donc, on est venu dire: Tu as le droit de quitter, puis,
seulement s'il a des motifs sérieux, un propriétaire pourra refuser que tu
quittes et que... donc que tu conserves tes obligations en vertu du bail.
Donc, là, ce qu'on vient ajouter
aujourd'hui, c'est qu'on vient donner encore plus de flexibilité au locataire
qui souhaite quitter. Il ne faut pas oublier, cette mesure-là, ce n'est pas
pour contrôler les loyers, ce n'est pas pour redonner au suivant, c'est une
mesure pour faire en sorte que quelqu'un qui souhaite quitter son logement
parce que, par exemple, il a une nouvelle job ailleurs, dans un... une autre
région, est capable de se départir de son obligation en vertu du bail. Et on a
réalisé au fil des années... Pourquoi on aurait... Pourquoi ça s'est... ça a
été introduit, puis que là on change des... on vient modifier un peu cet
article-là? C'est qu'on a réalisé que la... l'article de loi n'était pas
utilisé à bon escient. Les gens utilisent ça pour redonner au suivant, alors
que c'est un article de loi qui est là pour prévoir les modalités quand
quelqu'un veut se départir de son bail.
Donc, là, ce qu'on vient permettre... on
vient ajouter la possibilité pour quelqu'un qui souhaite se départir de son
bail pour des raisons qui lui sont personnelles, comme un nouvel emploi
ailleurs, de... de... de faire une cession de bail, et, si le propriétaire
n'est pas en accord avec la cession de bail ou ne veut pas consentir à la
cession de bail, bien, il a l'obligation de... il a l'obligation de résilier le
bail. Donc, le locataire se retrouve libre de quitter sans fardeau financier
additionnel. C'est à ça qu'elle sert, la mesure. Pourquoi on la corrige
aujourd'hui? Parce qu'elle n'était pas utilisée dans l'esprit où elle a été
créée, c'est-à-dire de baliser les conditions auxquelles... les conditions dans
lesquelles quelqu'un quitte son logement puis se départit de ses obligations.
Alors là, toutes les raisons invoquées par
le député de Laurier-Dorion, là, c'est justement les raisons pour lesquelles il
faut agir, ce n'est pas une mesure qui est utilisée de la bonne façon. On peut
invoquer les taux d'inoccupation, on peut invoquer un paquet d'affaires, ce
n'est pas le bon outil. On vient corriger plein de choses dans la loi, on n'a
pas touché à ces règles-là depuis 40 ans, et cette mesure-là fait partie des
éléments qu'il faut corriger. Si ce n'était pas une problématique, on
n'entendrait pas autant de locataires... ou du moins l'opposition déchirer sa
chemise sur cette clause-là. Donc, clairement, la mesure n'est pas utilisée
pour les raisons pour lesquelles elle a été conçue.
Et c'est important de ne pas gérer...
C'est ça, la différence, là, quand tu es le gouvernement, il faut que tu
t'assures de voir les deux côtés de la médaille. On a un projet de loi qui est
équilibré, qui visait à corriger les situations qui étaient inadmissibles en...
en matière d'évictions. Et pourtant, je croyais que le député de
Laurier-Dorion, là, avait hâte de voir ces mesures-là être en vigueur, mais là
ça a l'air que non, là. Donc, les évictions, ça n'a plus l'air que c'est
important. Mais il y a d'excellentes mesures pour protéger des gens qui vont se
retrouver en situation d'éviction potentiellement au mois de janvier. Alors,
j'espère qu'ils pourront être protégés par le... les nouveaux articles de...
Mme Duranceau : ...et, je le
répète, la cession de bail, ce n'est pas le bon outil pour protéger contre les
augmentations de loyer. Encore là, il est raisonnable qu'un propriétaire puisse
choisir qui occupera ces lieux, que ce soit un duplex, un triplex ou un plus
gros immeuble. Et je m'arrête là, M. le Président, je pense que j'ai dit ce que
j'avais à dire sur cette mesure-là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Je voudrais juste vous remercier de m'avoir rajeuni de 10 ans, parce
que, tantôt, vous parliez de 1973, vous avez dit, c'est une mesure de 40 ans.
Alors, ça fait du bien pour... d'avoir 40. Merci beaucoup.
Mme Duranceau : ...d'anniversaire
aujourd'hui. Ça fait que je me suis rajeunie de 10 ans, moi aussi. Excellent.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous poursuivons. Est-ce que ça va comme ça? S'il n'y a pas d'autre
intervention, alors nous allons... M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Donc,
nous utilisons la bonne quantité d'années, 50 ans, 50 ans que cette mesure
existe, qui est devenue ce que l'on sait. Et évidemment toutes les lois, en
quelque sorte, étant aussi circonstancielles, cette mesure-là a été introduite,
à l'époque, là, justement pour garantir aux propriétaires un loyer mensuel. Que
ce soit par le locataire A ou le locataire B, l'important, ce n'était pas la
tête du locataire, c'était important que le locataire paie son loyer et que le
propriétaire ait son revenu en termes de loyer. Cette nécessité, cette pierre
d'assise de notre système, cette donnée économique, parce qu'on est en train de
louer un bien, existe toujours. Le propriétaire aujourd'hui, que ce soit un
petit propriétaire ou un grand propriétaire, une grande corporation, le pain et
le beurre de cette relation économique, c'est le paiement du loyer.
Donc, la cession de bail accomplit
toujours, accomplit toujours, aujourd'hui, en 2023, 50 ans plus tard qu'après
qu'elle ait été instaurée, accomplit toujours sa fonction de base, là,
c'est-à-dire de permettre au propriétaire de percevoir un loyer mensuellement.
Et donc il n'y a pas eu de détournement, là, de détournement de sens de cette
proposition-là, parce que la relation économique reliant le propriétaire et les
locataires demeure toujours. Le propriétaire va toujours avoir son loyer, et la
cession de bail permet de le faire. Donc, ce n'est pas vrai que la cession de
bail a été détournée, elle continue à accomplir sa fonction première.
Et, ceci dit, il y a d'autres aspects qui
se sont ajoutés à cette relation-là, c'est que, oui, le locataire peut, dans un
contexte de crise du logement, d'augmentation généralisée des loyers, de
discrimination accrue des locataires à cause de l'insuffisance de logements
locatifs disponibles, cette mesure-là permet au locataire une petite porte de
sortie pour s'assurer un droit fondamental, le droit à avoir un toit sur la
tête à un prix est raisonnable et accessible.
Ceci étant dit, si la ministre, elle nous
dit qu'il y a eu un détournement, et on pourrait rajouter un autre aspect de ce
détournement-là qui concerne certains locataires qui, justement, profitent du
changement de locataire pour augmenter, de façon considérable, les loyers sans
tenir aucunement compte des indices d'augmentation des loyers établis par le
Tribunal administratif et du logement. Donc... Et c'est là peut-être, c'est là
peut-être qu'il faudrait trouver les véritables... la véritable conséquence de
l'abolition, à toutes fins pratiques, de la cession de bail sous sa forme
actuelle. Ça va permettre au locateur d'augmenter encore plus facilement les
loyers et ça va affecter l'ensemble de la société. Et je reviendrai sur cet
aspect-là qui a une importance certaine, là.
• (10 h 30) •
Donc, est-ce que la ministre, elle est
d'accord avec moi pour dire que cette mesure-là, l'abolition, à toutes fins
pratiques, de l'essence même de l'abolition...
10 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...de bail
telle qu'on la connaît aujourd'hui va permettre au locateur d'augmenter le
loyer de façon considérable?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, est-ce que nous avons une réponse, Mme la ministre?
Mme Duranceau : Bien, M. le
Président, là, je l'ai déjà dit, là, je vais le répéter, ce n'est pas une
mesure qui ouvre la porte à toutes sortes d'agissement. Toutes les règles de
fixation de loyer continuent de s'appliquer. On va éventuellement en venir aux
dommages punitifs, si la clause G n'est pas remplie. Alors, brandir cet
épouvantail-là, c'est de la désinformation, M. le Président. Puis c'est tout ce
que j'ai à dire.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, parfait. D'autres interventions? Ça va. Alors, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : M. le
Président, je vous signale que Mme la ministre a fait un procès d'intention :
je fais de la désinformation. Bien, allons voir justement la désinformation.
Est-ce que la ministre est au courant peut-être qu'il y a une augmentation de
loyer assez substantielle depuis les dernières années dans un contexte de crise
du logement? Est-ce que c'est de la désinformation de dire ça?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui?
Mme Jeannotte : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Oui. Moi, ce
que je veux juste ajouter, là, c'est là où il y a de la désinformation, c'est
que, et Mme la ministre l'a bien expliqué, la cession bail, ce n'est pas le bon
outil parce que l'équilibre du droit est rompu. Ce n'est pas normal qu'il y ait
une marchandisation des loyers par les locataires. C'est juste ça qu'on dit.
Puis c'est juste ce qu'on... qu'elle dit. C'est un fait que ce n'est pas le bon
outil.
Maintenant, dans le projet de loi, il va y
avoir d'autres outils. Là où je pense qu'il y a désinformation, c'est quand on
dit que la cession de bail sert à aider les locataires. On est dans un marché
déséquilibré. Puis autrefois, ça pouvait fonctionner, mais là, dans un marché
où c'est déséquilibré, ça vient même jusqu'à tellement enlever le goût aux
propriétaires de rénover que ça vient même... finalement, là, en bout de ligne,
ça finit par faire en sorte que les logements sont tellement désuets que le
coût, pour les propriétaires, ça finit, ils sont obligés de vendre. Et c'est là
que ça devient un impact sur les locataires parce que c'est là que ça devient
des évictions. C'est un déséquilibre qui est rompu. La ministre, elle n'est pas
contre aider les locataires, là. Il va y en avoir, des mesures, il y en a, des
mesures. Mais il faut comprendre que ce n'est pas le bon outil. C'est juste ça.
Ça fait que peut-être que le mot «désinformation» fait mal, mais honnêtement,
il faut parler des vraies affaires. Et c'est l'équilibre des droits qui est
rompu. Donc, on dit juste qu'ailleurs dans le projet de loi il va y en avoir,
des mesures pour aider au locataire. Ça fait que c'est juste ça que je voulais
ajouter.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
députée de Labelle. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : C'est quand
même divertissant de me faire accuser de désinformation, alors que je ne fais
que rapporter des... une réalité qui est connue, reconnue par l'ensemble des
acteurs en habitation, par tous les locataires et par tous les propriétaires, c'est-à-dire
qu'il y a une augmentation généralisée des loyers dans un contexte de pénurie
de logements locatifs et non seulement locatifs, de logement en général.
Et on me parle de rétablir l'équilibre,
que l'équilibre était rompu. J'ai de la difficulté à comprendre est-ce que le
déséquilibre est rompu au détriment des locateurs en ce moment? Je pense que ce
n'est pas tout à fait... c'est complètement le contraire, même. L'équilibre est
rompu de façon, comment dire, assez évidente en défaveur des locataires. Et
aujourd'hui, c'est ce que la réalité nous informe quotidiennement, et à moins d'être...
de ne pas être... d'être déconnectés de cette réalité-là, brandir la rupture de
l'équilibre en faveur des propriétaires m'apparaît un peu... En tout cas, ne
pas vivre sur... dans la planète Québec en 2023.
Ma question demeure, M. le Président. Mme
la ministre nous a dit qu'il y avait eu un détournement de la clause... de la
cession de bail, là, pour... vers autre chose ce dont pourquoi elle avait été
créée à l'origine, mais je pose la question : est-ce qu'en modifiant la
clause... la cession de bail, là, est-ce que la ministre n'est pas encore une
fois en train d'approfondir cette...
M. Fontecilla : ...d'équilibre
et donner aux propriétaires, encore une fois, la possibilité d'augmenter
davantage les loyers dans un contexte où tous les loyers en manquent. Ne
craint-elle pas que la cession de bail, là, va faire en sorte d'augmenter, encore
une fois, les loyers au Québec?
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que nous avons quelques réponses? Mme la ministre.
Mme Duranceau : Pour une
dernière fois, M. le Président, ce n'est pas un outil de contrôle des loyers.
Toutes les règles du Tribunal administratif du logement continuent de
s'appliquer dans un contexte où il y a un nouveau locataire. On voit que les
demandes en fixation de loyer de loyer au Tribunal administratif du logement
sont en augmentation, c'est donc que les gens se prévalent de leurs droits.
Alors, je l'ai dit à plusieurs reprises,
il faut arrêter de faire reposer, là, l'entièreté de la crise du logement sur
la cession de bail puis penser que c'est ça qui règle tout. On vient corriger
un article de loi qui ne fonctionne pas bien, qui n'est pas utilisé pour la
raison pour laquelle il a été mis de l'avant. C'est la seule chose qu'on vient
faire, pour amoindrir la crise, il faut augmenter l'offre. D'ailleurs, on a une
excellente mesure qui a été adoptée à 37.2, si je ne me trompe pas, pour
permettre aux villes de bouger puis d'accélérer les projets. J'espère qu'elles
vont pouvoir mettre de l'avant leurs bonnes idées.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Alors, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Si la cession
de bail, sous sa forme actuelle, est une atteinte, comme l'a maintes fois
répété la ministre de l'Habitation, une atteinte inacceptable au droit des
propriétaires de choisir son prochain locataire, mais pourquoi n'a-t-elle pas
aussi légiféré sur l'ensemble de cession de bail, y compris le secteur
commercial où cette possibilité existe? Elle est balisée toujours par les lois,
et elle n'y a pas touché, c'est-à-dire un locataire commercial peut toujours
résilier son bail, là, et peut toujours porter atteinte au droit des propriétés
du propriétaire des ces bâtiments-là. Pourquoi s'est-elle arrêtée seulement
concernant le secteur locatif envers des ménages, des locataires? Et pourquoi
n'a-t-elle pas légiféré aussi pour introduire les mêmes types de disposition
concernant les baux commerciaux?
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, moi, je
suis ministre de l'Habitation, M. le Président, ça fait que ce n'est pas à moi
de légiférer en matière de bail commercial. Puis, en matière commerciale, c'est
le libre marché, donc c'est le locateur et le locataire qui décident entre eux
comment ils vont fonctionner en matière de logement résidentiel, de location
résidentielle. C'est d'ordre public, c'est dans le Code civil, puis c'est ce
qu'on discute aujourd'hui. Alors, c'est pour ça qu'on ne touche pas au
commercial.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. C'est le libre marché, mais c'est quand même... comme tout marché,
là, il y a quand même certaines règles qui sont encadrées par les lois. Et,
encore une fois, la cession de bail continue d'exister dans le secteur
commercial, et on est un peu ébahis devant ce qui semble une contradiction, là,
c'est que la ministre évoque le droit à la propriété, donc le droit de choisir
son prochain locataire, pour un propriétaire, là, mais, dans le cas d'un
propriétaire de locaux commerciaux, cette disposition-là n'est plus valide, là.
Je voudrais juste... Je voudrais soulever cette contradiction. Donc, pour la
ministre, la protection du droit à la propriété est sélectif, là, ça s'applique
aux locataires. Un propriétaire d'immeuble locatif a le droit de choisir ses
prochains locataires, mais ça ne s'applique pas au secteur commercial.
• (10 h 40) •
Donc, encore une fois, là, le droit à la
propriété est toujours, comment dire, à géométrie variable lorsqu'il s'agit
d'affecter la situation des plus... des moins riches de la société, parce qu'on
sait que les locataires, en général, c'est une population, c'est moins aisé que
les propriétaires. Mais la ministre n'a aucun problème pour agir, là, mais...
M. Fontecilla : ...Il s'agit
de droit commercial où il y a beaucoup d'argent qui se brasse, la ministre,
bien, voilà, elle décide de ne rien faire. On voit où sont les priorités de la
ministre.
Mais revenons à la cession de bail en tant
que telle, là, la ministre nous dit qu'elle a été déviée de son usage initial.
Moi, je lui rétorque que la cession de bail continue à opérer, à répondre au
principe pour lequel elle a été créée, donc assurer au propriétaire, au
locateur un revenu stable, mois après mois. C'est la fonction initiale et c'est
la fonction qui demeure, à travers le temps, là. Évidemment, il y a, dans un
contexte de crise de logement, cette fonction-là, il y a d'autres types de
fonction qui se sont ajoutés, et, en quelque sorte, c'est normal, les gens
s'adaptent à la réalité économique, là. Mais il demeure qu'en 1973 on
considérait que c'était une atteinte raisonnable au droit de propriété, et en
2023, on... la ministre en tout cas, la partie ministérielle considère que
c'est une atteinte inacceptable au droit de propriété. La question qui se pose,
la question de base, M. le Président, là, c'est à savoir si, pour la ministre,
il y a des limites au droit de propriété.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce que nous avons une réponse, Mme la ministre?
Mme Duranceau : Encore là,
j'ai de la difficulté à suivre, là, ce que le député de Laurier-Dorion raconte,
là. La cession de bail, ce n'est pas ça, la limite au droit de propriété, là.
L'histoire de limite du droit de propriété, c'est la capacité d'un propriétaire
de duplex à choisir qui va habiter au-dessus de sa tête, O.K., ou de triplex,
ou peu importe. Je pense qu'il est légitime que quelqu'un qui met ses économies
de côté toute sa vie pour s'acheter un duplex ou un triplex, qu'il ne voit pas
passer au-dessus de sa tête des transferts de baux, puis des transferts de baux
à profit, puis que lui n'a aucun contrôle sur son propre bien, c'est ça, le
droit de propriété. C'est de contrôler son bien.
Et je répète, et c'est la dernière fois
que je vais le répéter, le locataire qui souhaite quitter un logement a le
droit de faire une cession de bail. Alors, c'est plus de souplesse qu'en
commercial. C'est d'office, un locataire qui veut quitter un logement a le
droit de... à la cession de bail, en matière résidentielle, le propriétaire
peut l'accepter, il peut refuser la cession, s'il y a des motifs qui sont
sérieux. Et, dans le cas où ce n'est pas des motifs qualifiés de sérieux par la
loi, bien, il se doit de résilier le bail. Donc, le locataire est libre de
partir sans avoir de fardeau, sur ses épaules, financier. Donc, c'est tout ce
qu'il y a à dire, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous n'avons pas d'autre... Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : j'aimerais
aborder la question très importante des conséquences économiques de cette
disposition introduite par la ministre de l'Habitation. Évidemment, on sait que
dans le marché locatif, dans le marché de l'habitation en général, là, il y a
des... c'est un vaste monde où il y a de multiples facteurs qui influencent les
comportements des acteurs économiques ou individuels et qui concernent... et
qui font en sorte qu'un bien fondamental, c'est-à-dire un logement, devient
plus ou moins accessible à tous. Et là où la chose se complique, c'est qu'on
n'est pas en train de parler, M. le Président, de la disponibilité ou
l'accessibilité à la crème glacée, on est en train de parler de la
disponibilité et l'accessibilité à un bien fondamental qui est reconnu comme un
droit fondamental, encore une fois, là, le droit d'avoir un toit sur la tête.
Et il y a, dans ce vaste monde des relations économiques... parce que c'est un
secteur d'abord et avant tout un secteur économique, là, il y a des facteurs
comme les taux d'intérêt, comme les données macroéconomiques, comme le niveau
de construction de résidences neuves, etc., le niveau des loyers...
M. Fontecilla : ...qui influencent
les prix, finalement, là, d'accession à un toit sur la tête. Et dans ce
contexte-là, M. le Président, c'est utile de ne pas segmenter et mettre par
exemple les locataires d'un côté et les propriétaires, qu'ils aient ou non des
unités locatives, là, de l'autre. On est tous dans le même bateau parce que
nous sommes tous consommateurs d'habitation. On doit tous vivre quelque part,
qu'on ait un bungalow, qu'on ait un triplex, qu'on ait... qu'on soit
propriétaire d'une compagnie qui possède des centaines, voire des milliers de
portes ou qu'on soit locataire, on est tous dans la même situation, on est
forcés de vivre quelque part, sauf une partie malheureusement encore trop
grande de notre société, les personnes en situation d'itinérance, qui n'ont
plus de toit dans leur tête... sur leur tête, pardon.
Et, dans ce sens-là, chaque... la
modification de chaque facteur sur... dans cet ensemble, dans cet écosystème,
risque d'avoir une influence sur les autres facteurs parce que tous les
facteurs sont dépendants de l'un envers l'autre. Il y a des facteurs
fondamentaux, par exemple, puis on comprend aisément, là, l'influence que ces
facteurs-là peuvent avoir sur l'accès à un logement, là, qu'on soit
propriétaire ou locataire, par exemple, les taux d'intérêt qui influencent
directement l'accès à une propriété très spécifiquement, là. Et aussi
l'augmentation des taux d'intérêt, pour démontrer ma pensée aussi, en quelque
part, a une influence certaine sur la situation des locataires. Parce que ces
éléments-là sont reliés, c'est des vases communicants. Dans ce sens-là, M. le
Président, là, il est utile, c'est éminemment pertinent de se questionner sur
les conséquences, en tant que législateurs, des gestes qu'on pose sur
l'ensemble de ce marché-là, du marché de l'habitation.
On sait que, et la ministre l'a dit, et
tout le monde le dit, il y a un taux d'inoccupation extrêmement bas partout au
Québec, là, il y a insuffisance de logements. Et, en plus d'accomplir son rôle
premier, concernant la cession de bail, là, c'est-à-dire assurer un revenu
stable au propriétaire, il y a d'autres fonctions qui se sont ajoutées. Parce
qu'encore une fois, là, les mécanismes mis en place à travers les années sont
tous insuffisants pour juguler les augmentations souvent abusives et généralisées
des loyers, là. Donc, il y a une fonction, oui, une fonction qui s'est ajoutée,
à travers le temps, avec le registre, avec une mesure de contrôle des loyers.
Et tant et aussi longtemps que le taux d'inoccupation va être aussi bas partout
au Québec, là, cette situation va perdurer. Donc, je coïncide, pour une fois,
avec la ministre dans la nécessité de construire des nouveaux logements, là,
surtout des logements destinés aux ménages à plus faibles revenus. Donc, la
formule la plus appropriée, c'est la formule de logement social.
Mais quelle est la conséquence, quelle
pourrait être la conséquence de cette abolition, à toutes fins pratiques, là,
de la cession de bail telle qu'on la connaît? Parce qu'il va y avoir une
conséquence. Surtout si l'on croit les paroles de Mme la ministre, de certains
acteurs représentant les propriétaires, c'est un phénomène largement répandu,
donc sa disparition va avoir un effet sur la dynamique entre les locataires et
les propriétaires. Ce n'est pas comme si rien ne s'est passé. Donc, et je l'ai
déjà introduit à plusieurs reprises, là, cette abolition, à toutes fins
pratiques, de la cession de bail, là, va créer en quelque sorte une
augmentation des loyers.
• (10 h 50) •
Le loyer individuel, et ça a été amplement
affirmé et démontré par différents acteurs, là, une augmentation individuelle
constitue un signal de prix qui s'adresse à l'ensemble du marché, là. Donc,
cette augmentation de prix va induire à la hausse de l'augmentation des prix
des unités qui se retrouvent à proximité, par exemple, et ainsi de suite, là...
M. Fontecilla : ...il
contribue à l'augmentation généralisée des... des loyers. Est-ce que la
ministre a fait des calculs, là, a fait... connaît les... a évalué les
conséquences de... de la surenchère des loyers, suite à l'abolition de la
cession de bail telle qu'on la connaît?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien
non, je n'ai pas de calcul à faire, M. le Président, il y a un contrôle des
loyers, là, à travers le TAL, puis la fixation de loyers, on n'enlève rien à
cet égard-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Ça va comme ça?
M. Fontecilla : Mais c'est
une réponse...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : C'est une
réponse bancale, si vous permettez mon... mon adjectif, ma... mon qualificatif,
monsieur... M. le... le... le Président. Encore une fois, la... la ministre vit
dans un monde idyllique en croyant que les mécanismes que... qu'on a
actuellement suffisent largement à contrôler les hausses de loyer. Je ne sais
pas dans... dans quelle... dans quelle planète elle vit. Et, je répète, là, il
y a une déconnexion, là, avec la réalité actuelle, là, en tout cas un
aveuglement...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion, je vous écoute. Ça fait quelques commentaires qui... disons,
que vous êtes sur la ligne. J'aimerais que vous... On est tous sur la même
planète. Actuellement, je pense qu'on respire tous de l'oxygène, puis, à ce que
je sache, il y a juste la planète Terre qui a de l'oxygène. Alors, merci.
M. Fontecilla : Très bien,
monsieur. Si vous me le demandez, je n'utiliserai plus la métaphore de la...
Le Président (M. Schneeberger) : S'il
vous plaît.
M. Fontecilla : ...déconnexion,
mais je vous prie de... d'intervenir aussi lorsque la ministre m'accuse de
faire de la désinformation.
Le Président (M. Schneeberger) : Je
vous ai écoutés tantôt, j'ai écouté les conversations. C'est... je ne dirais
pas des... de la désinformation, vous avez des... de l'information qui est
contradictoire. Ce n'est pas à moi de... de choisir que ce soit de la
désinformation, je pense qu'on est tous adultes autour de la... de cette table
et puis on est tous capables de comprendre ce que l'autre veut dire. Merci.
M. Fontecilla : Très bien, M.
le Président. Donc, où étais-je, là? Bon. On a entendu la réponse de la
ministre nous disant qu'elle n'avait pas fait des études sur les conséquences
de l'abolition, à toutes fins pratiques, de la cession de bail sous la forme
qu'on la connaît. Mais, de toute évidence, la ministre nous dit, et certains
représentants des... des locataires nous l'ont dit aussi, c'est un phénomène
largement répondu, donc... répandu, pardon. Donc, la disparition de cette
disposition-là telle qu'on la... telle qu'on la connaît va avoir une incidence
économique concrètement sur les niveaux des loyers. Est-ce que je suis en train
de... de... de... Est-ce qu'on doit comprendre que la ministre introduit une...
une modification à la cession de bail, là, qui va avoir des conséquences sur...
sur le niveau général des loyers et n'a pas évalué cet... ces conséquences-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien, j'ai répondu
tantôt, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Mme Duranceau : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que nous avons d'autres questions?
M. Fontecilla : Donc...
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va. Oui, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Je veux juste
revenir... Donc, vous dites depuis les derniers jours que la cession de bail
n'est pas un outil pour garder les loyers à prix raisonnable. Par contre,
dernièrement, il y a un article qui est sorti, en fait une publication de
juillet dernier de l'IRIS qui démontrait à partir de données de la Société
canadienne d'hypothèques et de logement la variation des loyers selon
différents cas de figure. Et ce qu'on nous révèle en fait, c'est que le
changement de... que... que le changement de locataire, qui est synonyme de
signature d'un nouveau bail, à l'exception des cessions... des cessions de
bail, entraîne une hausse de loyers quatre fois plus importante que lorsqu'il
n'y a pas de roulement de locataires. Alors, eux, ils font le loyer moyen...
variation moyenne de loyer des logements avec et sans changement de locataire
au Québec entre octobre 2021 et octobre 2022, et la variation pour les unités
sans roulement de locataires, donc avec des cessions de bail, est de
3.6 %, et, contrairement à avec une unité de roulement de locataires, donc
un nouveau bail, c'est de 13,2 %. Donc, c'est presque un écart de
10 % sur les prix de loyer au Québec quand on fait la distinction entre la
signature d'un nouveau bail et la cession de bail.
Donc, vous pouvez bien dire puis répéter
que ce n'est pas un bon outil, mais, clairement, cette statistique-là nous
démontre qu'il y a un effet sur les loyers, et, encore une fois, pour les
personnes vulnérables, etc., en pleine crise du logement, il faut que ces
personnes-là aient autant d'outils qu'ils peuvent à leur disposition pour
trouver un logement à prix raisonnable.
Dans le même sens — je continue — donc,
lors des consultations également, il y a eu un mémoire qui a été déposé par
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations, qui disent: «On
demanderait que l'article...
Mme Prass : ...quand même, on
parle de l'article 7, celui qu'on débat présentement, on demande quand même,
pour qu'il y ait sous-location ou cession de bail, il y aurait autorisation
écrite du locataire. Évidemment, la question de ne pas refuser sans motif
raisonnable, même si on s'y oppose, je pense que ce serait plutôt rétrograde de
ce côté. Donc là, vous avez les constructeurs en habitation qui eux-mêmes
disent que, peut-être, il devrait avoir une disposition, un amendement, par
exemple, d'avoir la permission du propriétaire quand on veut faire une cession
de bail. Parce que votre enjeu, c'est justement ça, qu'on doit penser au
propriétaire.
Donc, encore une fois, même eux, ils comprennent
qu'on ne peut pas, du revers de la main, enlever cet outil qui est disponible
aux personnes. Le recours contemporain à la cession de bail comme outil de
contrôle des hausses de loyer, c'est inscrit dans l'esprit de la réforme de
1973, et c'est un objectif de mobilité des locataires. En participant à éviter
des hausses de loyer, la mouture actuelle de la cession de bail favorise la
mobilité, et la réforme envisagée par le projet de loi 31 nous ramènerait à une
époque pré-1973, ceux qui ont fait un projet de loi, forcément, rétrogradé.
Donc là, quand même, on a plusieurs avis
pour dire qu'encore une fois un droit acquis qui a été consenti en 1973, que là
on veut enlever, qui, au fond, fait un tort aux locataires. Dans les derniers
mois, on a vu, à travers le Québec, que ce soit à Québec, à Montréal,
Rouyn-Noranda, Rimouski, Sherbrooke, des gens de tous les âges qui sont sortis
pour manifester contre la cession de bail... contre l'abolition de la cession
bail. Donc, c'est une décision qui aurait un impact dans toutes les régions du
Québec et pour des personnes de tous les âges, comme ma collègue l'a mentionné.
Des parents, monoparentales, des personnes vulnérables, des personnes qui se
font discriminer, des locataires de toutes les tranches d'âge ont tenu à se
déplacer lors des manifestations pour dénoncer le projet de loi du
gouvernement.
Je vous donne un autre exemple d'une maman
monoparentale avec une petite fille autiste de sept ans, qui dit: «Ce n'est pas
évident de trouver des appartements. On n'a pas de gros salaire. On travaille à
temps partiel pour que sa fille atteinte de l'autisme ait des soins. Chaque
fois qu'on a pu avoir un appartement, c'est grâce à une cession de bail.» Donc
là, on sait déjà que les propriétaires peuvent refuser la cession de bail si la
personne n'a pas un bon taux de crédit, donc, qui devrait être la raison pour
laquelle un propriétaire aurait à rejeter une demande de cession de bail, parce
qu'on voit que c'est les gens les plus vulnérables, ceux qui n'ont justement pas
le temps, pas les ressources pour aller chercher un appartement pendant qu'ils
travaillent, un ou deux emplois, ils s'occupent également de leurs enfants.
Donc, pourquoi leur enlever un outil qui est à leur disposition?
Et, dans le même sens, avec les chiffres
qui sont sortis au mois de septembre pour démontrer qu'il y a une hausse de
44 % de l'itinérance au Québec, et que 25 % sont dus à des expulsions
ou autres, on a manqué la ministre, lors du Sommet de l'itinérance, parce que
je pense que votre présence était très attendue, aurait été très appréciée. Le
fait que vous n'étiez pas là ne l'a pas été. Donc, les personnes en situation
de discrimination ou qui ne trouvent pas de logement abordable peuvent en
trouver un avec la cession de bail. Et, en pleine crise du logement, encore une
fois, je pense que votre argument que la cession de bail n'est pas un outil
pour maintenir des prix raisonnables pour les logements au Québec ne tient pas
la route quand on se réfère, justement, au rapport de... qui est sorti cet été.
Donc, comme je répète, entre une unité qui
se... entre octobre 2021, octobre 2022, l'augmentation du loyer pour des
appartements avec un nouveau bail était de 13,2 %, comparé à 3,6 %
quand une cession de bail avait lieu. Donc, avec votre argumentaire... Je ne
comprends pas l'argumentaire que vous faites, avec la réalité de ces chiffres,
ne tient pas debout.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce que nous avons une réponse, madame la ministre?
• (11 heures) •
Mme Duranceau : Oui. Je vais
utiliser le mot «désinformation», ce n'est pas par rapport à vos propos, c'est
par rapport aux articles que vous citez, puis pas vous, mais ces articles-là,
c'est de la désinformation. Ce matin, là, je suis allée m'acheter un café,
quelqu'un m'a interpellée pour me dire: Madame Duranceau, la cession de bail,
vous ne pouvez pas enlever la cession bail. Je ne l'enlève pas la cession de
bail, elle existe encore, la cession de bail. S'il y a une affaire qu'on ne
fait pas, c'est d'empêcher ça. Un locataire qui veut quitter son logement a une
option de plus pour quitter son logement...
11 h (version non révisée)
Mme Duranceau : ...Alors, nous
n'enlevons pas la cession de bail, ça peut-tu être repris largement puis que
les gens comprennent ça? Les oppositions, pas particulièrement vous, mais le
député de Laurier-Dorion et tous les groupes qui les soutiennent ont largement
répandu cette information-là, qu'on enlevait la cession de bail, mais c'est
absolument faux. La cession de bail demeure. Et on vient créer une opportunité
additionnelle pour permettre à un locataire qui souhaite quitter son logement
de faire en sorte qu'il n'ait plus d'obligations relatives au bail dont il veut
se départir. La cession de bail demeure. Là, c'est brandir un épouvantail pour
faire peur aux gens, mêler tous les concepts. La cession de bail demeure, même
plus souple. Et tout ce que vous m'avez lu comme articles, là, s'il n'y avait
pas de modification à la cession de bail, vous me les auriez lus quand même
parce que ce n'est pas ça, l'outil pour le contrôle des loyers. Éventuellement,
si on passe l'article sept, on va pouvoir parler des autres éléments qu'on veut
mettre de l'avant pour contrôler les loyers, c'est là qu'on a le vrai outil.
Là, la cession de bail, c'est devenu le cheval de bataille du député de
Laurier-Dorion, là, mais ce n'est absolument pas le bon outil pour contrôler
les loyers. Il y a d'autres mesures qu'on a mises de l'avant dans le projet de
loi pour ça, et peut-être qu'un jour on va s'y rendre. Mais je suis contente,
là, que vous ayez soulevé ces points-là, parce que, même si on n'avait pas la
cession... on ne touchait pas à l'article qui touche la cession de bail dans ce
projet de loi là, les articles que vous avez lus sont pertinents quand même. On
a besoin d'augmenter l'offre, on a besoin de mieux contrôler les loyers. Donc,
il faut passer aux autres articles, parce que ne n'est pas celui-là qui permet
de faire ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme Prass : ...
Mme Duranceau : Non.
Mme Prass : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Excusez-moi.
Donc, vous n'enlevez pas la cession... vous n'abolissez pas la cession de bail
en tant que telle, mais quand on enlève, on dit qu'on n'a plus besoin
spécifiquement d'un motif sérieux et donc on ouvre la porte, donc là, c'est
quand même... vous faites en sorte d'amoindrir.
Mme Duranceau : M. le
Président, le locataire qui veut quitter, est-ce qu'il peut encore quitter,
dans mon exemple? Parce que, si ce n'est pas un motif sérieux comme l'insolvabilité
du prochain locataire, là, c'est à peu près ça, ou le mauvais comportement
connu du tribunal administratif du logement, pour un prochain locataire, s'il y
a un... si une cession de bail est refusée pour des motifs non sérieux,
obligation d'annuler le bail. Donc, le locataire qui veut quitter, il n'aura
pas encore à assumer son ancien bail. C'est ça, cette mesure-là. C'est encore
entièrement possible. L'important, c'est de se rappeler que le locataire qui
veut quitter, il ne veut pas être obligé de payer deux baux, un dans son ancien
logement, un dans le nouveau. Alors, si le propriétaire refuse la cession pour
des motifs autres que ceux prévus par le tribunal, il doit absolument résilier
le bail, et donc le locataire «is free to go». C'est comme ça.
Mme Prass : Là, justement,
vous parlez du locataire...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme...
D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Excusez-moi. Vous
parlez du locataire qui va faire la cession du bail, mais nous, ce dont on
parle, c'est justement ceux qui reprendraient le bail, ceux qui sont considérés
vulnérables ou peuvent se faire... ils peuvent avoir de la discrimination.
Donc, vous parlez d'un aspect de la cession de bail, mais nous, on parle de l'autre
aspect, des personnes, justement, qui pourront aller chercher ces appartements
ou ces locaux-là. Donc, vous parlez d'un aspect, et nous parlons de l'autre.
Donc...
Mme Duranceau : c'est ça,
mais sauf que l'autre aspect dont vous parlez, le contrôle des loyers, il est
toujours possible, il est toujours en vigueur. Toutes les règles du TAL sont
applicables. C'est comme régler le problème avec le mauvais remède. C'est ça
que je dis depuis quatre mois.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. C'est
important de placer les choses. La disposition introduite par la partie
ministérielle sur la cession de bail, là, fait en sorte de la changer
substantiellement, et changer la façon dont elle est appliquée depuis quelque
50 ans, là. Donc, en quelque sorte, et je le dis encore, là, c'est une
disposition qui vide de sa substance la cession de bail, là.
Mais j'aimerais revenir sur les
conséquences sur le marché locatif de cette mesure-là. La ministre soutient la
thèse, là, que la cession de bail est devenue, à la suite de...
M. Fontecilla : ...ce qui a
été exprimé par les associations des locataires est devenu un phénomène
grandissant et envahissant qui prend de plus en plus de place. Lors des
commissions parlementaires, la cession de bail, là, on nous a dit que, sans
apporter aucune preuve solide, là, que 25 % des bourses est monnayé. Et on
a entendu même la ministre dire que presque la moitié des baux cédés monnayés
par la cession de bail sur le site Facebook, qui rassemblent des dizaines et
des dizaines de milliers de personnes, là.
Et, voilà. Si cette réalité-là est vraie,
ce qui est à discuter, là, mais, évidemment, la disposition, l'article 7 sur la
cession de bail qui est, à toutes fins pratiques, son abolition, là, bien, ça, ça
veut dire que les propriétaires pourront et contester les cessions de bail,
choisir un nouveau locataire et procéder à ce qu'en termes économiques
s'appelle l'optimisation du loyer, là, bien, en d'autres termes, à augmenter
les prix. Et il me semble que c'est une situation qui devrait préoccuper aussi
Mme la ministre, là, c'est-à-dire l'augmentation généralisée des loyers. Et
toute mesure, aussi petite soit-elle, qu'elle soit grosse ou petite, qui vise à
ralentir... ralentir la progression et la progression des loyers, devrait être
encouragée par la ministre. Parce qu'il faut se rappeler... il ne faut pas
oublier qu'une augmentation des loyers induit aussi, en bout de ligne, là, une
augmentation du marché immobilier en général, y compris celui des propriétés
privées.
Donc, l'augmentation des loyers, dans un
endroit, en bout de compte, rend plus difficile, par exemple, l'accès à la
propriété des premiers acheteurs qui sont souvent, pas uniquement, mais souvent
des jeunes ménages. Donc, c'est une situation qui affecte l'ensemble de la
société. Je ne sais pas si la ministre se rend compte, là, que l'augmentation
des loyers et les mesures qui permettent, qui ouvrent la porte à l'augmentation
des loyers, ce qu'on appelle, encore une fois, l'optimisation du locatif, là,
n'est pas une bonne politique à suivre. C'est pour ça que je lui ai posé la
question, si elle avait fait des études sur les conséquences économiques des...
surtout si le phénomène a l'ampleur dont elle dit... dont elle affirme que ça
a.
Donc, est-ce qu'elle a fait des études
économiques? Mais, en amont, on peut se poser la question, à savoir si cette
mesure-là va avoir une incidence et, selon moi, va avoir une incidence certaine
sur l'augmentation des loyers. Donc, on se demande : Quelle est... Est-ce
qu'il y a une motivation économique, là, et si le ministre a étudié les
conséquences économiques de la cession de bail?
Mme Duranceau : M. le
Président, là, premièrement, je n'ai pas beaucoup... je n'ai pas besoin de
grandes études économiques, là, parce que, justement, il faut comprendre un peu
l'économie, là. Rien ne se perd, rien ne se crée, M. le député de
Laurier-Dorion. Ça coûte plus cher pour tout le monde en ce moment, que tu sois
locataire ou que tu sois propriétaire. Mais vous dans votre oeillère de juste
penser à un volet, là, de notre civilisation, bien, vous pensez que c'est les
propriétaires qui doivent payer pour tout ici, là. Je veux dire, quand le
déneigement du triplex, il coûte plus cher, bien, c'est un frais qui est partagé
entre tout le monde qui habite dans le triplex.
Donc, à un moment donné, il faut arrêter
de penser que le logement, je veux dire, il est à l'abri de toutes les
augmentations. Il y a quelqu'un qui paie pour, il y a quelqu'un qui paie pour
les taxes, il y a quelqu'un qui paie pour les assurances, il y a quelqu'un qui
paie pour le déneigement, et tout coûte plus cher. Donc, oui, ça finit par
avoir un effet sur les loyers, c'est normal, il y a... Ça fait que je n'ai pas
besoin de grandes études économiques, là, c'est une relation directe. Première
des choses... Ça fait que vous parlez d'optimisation du loyer. Non, c'est juste
comme savoir compter, rien ne se perd, rien ne se crée. À un moment donné, il
faut que tout le monde y trouve son compte là-dedans, parce que, sinon, tous
vos petits propriétaires que vous ne considérez pas, là, vous, dans l'analyse,
bien, ils vont fermer leurs portes aussi, là. Première des choses.
• (11 h 10) •
Deuxième chose, il y a des groupes
Facebook de 74 000 personnes à Montréal pour la cession de bail. Ça fait que,
si vous trouvez que c'est juste, là, comme façon de faire, je pense qu'il faut
s'y attarder...
Mme Duranceau : ...toutes les
discussions qu'on a là-dessus, clairement, il y a des gens qui s'en occupent.
Puis d'ailleurs, je vais vous lire...
Parce que nous, on en reçoit, des courriels aussi, hein? Vous, vous recevez
juste des courriels, probablement, des locataires, là, puis nous, on reçoit des
courriels de plein de petits propriétaires. Puis, en fin de semaine, là, il y a
quelqu'un qui m'a écrit, puis choqué de ce qui se passe, puis qui me dit :
Écoute, on a une de nos locataires qui a sous-loué, c'est un cas différent, qui
a sous-loué son logement en profitant du prix très raisonnable de son loyer, donc
750 $ pour un trois et demi rénové, et du marché actuel. Donc, la personne
a sous-loué pour augmenter le prix de son logement sous-loué de 400 $ par
mois, O.K.?, ça, c'est les locataires toujours impeccables, et donc pour
charger 1 150 $ par mois. Et cette personne-là a dit à son
propriétaire que possiblement qu'elle va céder son bail après la sous-location,
puis qu'il n'avait pas un mot à dire. Alors, moi, j'ai peut-être une vision
idyllique de la vie, là, mais clairement, il se passe des affaires aussi sur le
plancher des vaches qui ne sont pas malheureusement celles que vous ramenez ou
vous rapportez dans les médias, jamais, jamais. Mais il y a deux réalités, là,
dans notre société, là. Il n'y a pas juste celle que vous mettez de l'avant
tout le temps.
Alors, je le répète, cet outil-là, ce
n'est pas pour contrôler les loyers, c'est pour permettre à quelqu'un qui veut
quitter son logement de ne pas se taper le paiement de deux loyers, dans
l'ancien puis dans le nouveau. On est venus donner des mesures additionnelles
pour permettre à quelqu'un de se libérer de son logement, que les causes soient
sérieuses ou non. Je pense que ça devrait être une bonne nouvelle pour les
locataires. Mais clairement, ce n'est pas ça que vous avez brandi ou vous avez
fait valoir dans la mesure. Alors, c'est malheureux, beaucoup de
désinformation, là, dedans dans le système. Et là, je pense que j'ai tout dit.
Mais je pense qu'il faut arrêter de voir juste le sujet avec des œillères,
juste d'un côté, parce que ça ne reflète pas ce qui se passe sur le terrain.
Puis des exemples comme je vous donne là, là, j'en ai plein. Moi aussi, je peux
sortir partout dans les médias sociaux avec ça, si vous voulez.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : C'est
important, M. le Président, d'être à l'écoute de ce que les citoyens et les
citoyennes nous disent, mais en tant que législateurs, c'est aussi important de
ne pas légiférer à partir de ce qu'eux nous disent ou de l'anecdotique. On doit
légiférer sur des études, sur des données, etc., et ce qu'on sait, et on dirait
que la ministre ne le voit pas.
C'est qu'il y a des augmentations qui
dépassent largement les indices d'augmentation de loyer du tribunal
administratif du logement. C'est le système que nous avons créé. C'est un
système qui assure, jusqu'à preuve du contraire, qui assure la viabilité de
notre marché locatif et sa santé. Et ce qu'on constate en ce moment, là... puis
on dirait que la ministre ne voit pas cette réalité-là, je ne dis pas que tous
les propriétaires sont des méchants et que tous les locataires sont parfaits
comme voudrait me le faire porter la ministre de l'Habitation, des gens qui ne
sont pas corrects, là, il y en a un peu partout, là, mais c'est important de
voir la tendance, la tendance dominante. Qu'un locataire sous-loue plus cher
son logement, ça m'apparaît éminemment discutable, qu'un locataire monnaie une
cession de bail, là, ça m'apparaît aussi éminemment discutable, et on devrait
légiférer sur cette possibilité-là.
Mais des sites... La crise du logement
étant tellement grande et ça affecte tellement le niveau de vie des gens que ça
ne m'étonne pas qu'il y ait des sites Facebook, là, de
74 000 personnes. Bien, c'est tout à fait normal que des sites de
cette nature-là existent parce que les gens sont préoccupés, là. Donc, il n'y a
pas de quoi fouetter un chat avec cette réalité-là, mais il faut, en tant que
législateurs, surtout en tant que ministre de l'habitation, là, regarder,
s'attarder sur les tendances structurelles du système qui sont à la hausse
généralisée des loyers, ce qui rend le coût de l'habitation plus cher, ce qui
appauvrit les ménages, surtout les ménages les plus défavorisés, qui rend
l'accès à la propriété pour les premiers acheteurs de plus en plus difficile,
là, qui fait en sorte qu'il existe une situation de spéculation spéculative,
là, qui.... la première étape, là, c'est dans le secteur locatif, là. C'est ça
les véritables tendances...
M. Fontecilla : ...qui existe
aujourd'hui, là. Et la ministre de l'Habitation, son mandat, ça devrait être de
contrer ces processus spéculatifs. Et ce qu'elle est en train de faire en
abolissant, à toutes fins pratiques, sous sa forme actuelle, l'abolition du
bail, là, c'est d'enlever un outil, ce n'est pas l'unique, mais un outil qui
permet, justement, de ralentir tant soit peu la progression des loyers. Donc,
dans ce sens-là, la ministre, elle met de l'avant une mesure complètement...
qui va à l'encontre, non pas seulement des intérêts des locataires, mais de la
société en général, parce qu'elle l'alimente de la spéculation immobilière en
abolissant cette mesure-là. Si c'est ça, la tâche de la ministre, bien,
parfait, qu'elle nous le dise, c'est parfaitement légitime, là. Mais, moi, il
me semble que ce n'est pas le rôle d'une ministre de l'Habitation, là, de
favoriser la spéculation immobilière.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la députée de Labelle. Micro.
Mme Jeannotte : Je voudrais
juste réagir, parce qu'en effet on n'est pas loin de la désinformation encore
une fois. Vous savez, ce matin, la ministre était au Salon de l'habitation,
puis c'est 1,8 milliard de dollars que la ministre va... que le
gouvernement a annoncé pour la construction de 8000 unités. Puis j'aimerais dire
aussi que, lorsque le député de Vaudreuil-Dorion dit que... pardon, de
Laurier-Dorion dit que la ministre ne voit pas, là, qu'il faut faire quelque
chose pour les gens plus vulnérables, l'exemple des habitations, La
Rousselière, où le gouvernement a mis 20 millions de dollars pour 720
logements, pour que les gens puissent rester dans ces logements-là, ce sont des
exemples concrets, là, ces deux exemples-là, pour dire que ce n'est pas le bon
outil, la cession de bail, mais que la ministre et le gouvernement agissent
vraiment de front pour contrer la crise du logement.
Ça fait que c'était plus fort que moi. Il
faut rétablir les faits, M. le Président. Ça n'a pas de bon sens, là, de dire
que le gouvernement puis la ministre n'attaquent pas le problème de front, là,
c'est le contraire, là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour le commentaire. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je veux
déposer un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Déposer
un amendement, oui. Alors, juste, étant donné que nous en sommes au salon rouge
et il n'y a pas d'écran, alors il faut le déposer au Greffier.
Et nous allons prendre... suspendre
quelques secondes, le temps qu'on prenne acte de l'amendement. Alors, nous suspendons.
(Suspension de la séance à 11 h 18)
(Reprise à 11 h 19)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, député de Laurier-Dorion, je vous laisse
déposer votre amendement... Bien, vous l'avez déposé, mais je vous laisse
déposer l'amendement et... pour le lire et l'expliquer.
M. Fontecilla : Je demande
une petite suspension, M. le Président, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Comment?
M. Fontecilla : Je demande
une suspension de quelques minutes.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Ah! O.K.... Je pensais que vous étiez prêt. Alors, nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 11 h 20)
(Reprise à 11 h 25)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, est-ce que le député de Laurier-Dorion est
prêt à déposer son amendement? Allez-y.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, c'est un amendement à l'article sept du projet de loi
n° 31 qui modifie l'article 1978 du Code civil du Québec. À l'article
sept du projet de loi modifiant l'article 1978 du Code civil du Québec,
supprimer le troisième alinéa ajoutant l'article 1978.2.
L'article, tel qu'amendé, se lirait
ainsi : 7. Ce code est modifié par l'insertion, après l'article 1978,
de la section suivante :
«8.1. Dès la cession du bail :
«1978.1. Lorsque l'avis de cession prévu à
l'article 1870 concerne un bail de logement, il doit indiquer la date de
cession prévue par le locateur.».
Et on bifferait le deuxième article,
1978.2, qui se lit comme suit...
M. Fontecilla : ...le locateur
qui est avisé de l'intention du locataire de céder le bail peut refuser d'y
consentir pour un motif autre qu'un motif sérieux visé au premier alinéa de
l'article 1871. Le bail est alors résilié à la date de cession indiquée
dans l'avis transmis par le locateur.
Vous permettez que je l'explique, M. le
Président?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup. Donc, ici, on vient enlever un irritant majeur de l'article sept du
PL 31, qui est de réformer, de vider de toute sa substance, à toutes fins
pratiques, de la cession de bail, là. À plusieurs reprises, nous avons
manifesté notre ouverture à réformer la cession de bail afin d'éviter les abus
et interdire expressément, par exemple, la marchandisation de la cession de
bail, qui semble être une épidémie, enfin, je me pose des questions, mais qui
semble très répandue, selon les mots de la ministre. Moi, je suis tout à fait
d'accord d'encadrer davantage la cession de bail pour, entre autres, interdire
la marchandisation, le fait de monnayer une cession de bail, qui me semble une
pratique inacceptable. J'espère que la ministre va être à l'écoute de notre
proposition.
Également, nous voyons d'un très bon œil,
et ça a été annoncé par mes collègues de l'opposition officielle, là, nous
voyons d'un très bon œil, là, le fait d'introduire des modifications afin
d'éviter certains abus qu'on peut constater, qui nous ont été rapportés concernant
la sous-location encore une fois sous la forme de marchandisation de la
sous-location, ce qui ne devrait pas se produire, selon nous.
Donc, nous sommes ouverts à toute une
série de mesures qui peuvent encadrer davantage la cession de bail, là, sans
pour autant l'enlever... enlever une notion qui existe et qui fonctionne depuis
1973, qui est appuyée sur une jurisprudence assez vaste, assez... très riche et
qui constitue un aspect important de la législation qui légifère sur les
relations entre locateurs et locataires. Donc, il nous semble qu'il est
important de conserver la cession de bail sous la forme du principe, conserver
la cession de bail sous sa forme actuelle.
Et notre amendement vient corriger ce qui
m'apparaît une faute, comment dire, une faute fondamentale de la part du parti
ministériel, c'est de permettre de refuser une cession de bail pour un motif
autre que sérieux. Nous avons abandonné... abondamment discuté, la semaine
dernière, sur la notion de autre que sérieux. Il me semble que ce n'est pas
très sérieux pour le législateur d'introduire dans le Code civil qu'on peut
s'opposer à une cession de bail, dans le cas qui nous occupe, par une raison
qui, à toutes fins pratiques, est une raison futile. Soyons sérieux, M. le
Président, là, c'est-à-dire, on peut s'opposer à quelque chose pour un motif
sérieux et on ne peut pas s'opposer à quelque chose pour un motif futile.
D'autant plus que le motif futile, c'est-à-dire s'opposer pour un motif autre
que sérieux à une cession de bail, là, va ouvrir grande la porte à des
situations de discrimination des ménages les plus défavorisés, les plus
marginalisés de notre société, entre autres, les ménages racisés, les ménages à
faibles revenus, les ménages qui ont plusieurs enfants, enfin tous les ménages
qui ont des caractéristiques, là, qui pourraient déplaire à certains, et
heureusement, seulement certains locateurs.
• (11 h 30) •
Donc, il me semble très discutable qu'on
puisse établir une disposition dans le code civil, là, qui établit qu'on peut s'opposer
à une cession de bail ou de façon générale s'opposer à quelque chose pour un
motif autre que sérieux. On n'est pas... on est en train de...
11 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...d'introduire
des modifications dans le Code civil, M. le Président, là, soyons... il me
semble qu'on doit être plus sérieux. Et le parti ministériel devraient avoir la
responsabilité de nous trouver ne serait-ce qu'une formulation moins... plus
sérieuse, justement, pour réutiliser ce terme-là. Donc, il est inacceptable,
pour moi, d'introduire une modification, encore une fois, qui permet de refuser
une cession de bail pour des motifs, là, qui ne sont pas définis. Et nous avons
entendu les juristes du ministère de l'Habitation, je suppose, là, qui nous
disaient que, jusqu'à présent, les tribunaux n'ont jamais eu à établir qu'est-ce
que c'est un motif autre que sérieux. En tout cas, bonne chance aux juges qui
devront statuer et définir ces notions-là, parce qu'on vit, on vit dans un
monde un peu surréaliste en voulant établir qu'est-ce qui est un motif autre
que sérieux.
En tout cas, ici, en commission
parlementaire, nous avons été incapables, la ministre ne nous a pas répondu qu'est-ce
que c'est, un motif autre que sérieux. D'autre part, la disposition introduite
par la ministre de l'Habitation va faire en sorte d'introduire la possibilité d'augmenter,
de continuer d'accentuer la dynamique d'augmentation des loyers, puisque le
locataire une fois qu'il aura quitté, le propriétaire aura toute la latitude
pour augmenter les loyers au prochain locataire, ce qui n'était justement pas
permis par la cession de bail. Ce qui fait en sorte que ça va être encore plus
facile, pour les locateurs, d'augmenter les loyers. Et c'est là l'augmentation
des loyers, je me répète, M. le Président, je réitère, c'est une préoccupation
que la ministre devrait avoir, à laquelle elle devrait s'adresser. C'est une
dynamique, là, qui affecte négativement l'ensemble de la société.
Et le mandat de la ministre de l'Habitation,
ça devrait être, justement, de surveiller très attentivement tous les facteurs,
aussi minimes soient-ils, là, qui peuvent introduire... qui peuvent alimenter
la dynamique d'augmentation des loyers et une dynamique qui, souvent, amène des
augmentations abusives, et l'actualité nous en donne amplement, amplement la
preuve, là. Mais, en introduisant l'article 7 avec l'abolition, à toutes fins
pratiques, là, de l'abolition telle qu'on la connaît, la ministre, justement,
elle met du charbon dans la fournaise de la spéculation immobilière, elle
facilite l'augmentation des loyers, ce qui va affecter l'ensemble de la
société.
Aujourd'hui, dans le contexte économique
qu'on connaît, là, l'augmentation de crise du logement, là, des taux d'inoccupation
extrêmement, historiquement très, très bas, ce n'est justement pas le temps de
permettre d'introduire des modifications qui permettent, encore une fois, d'augmenter,
souvent, de façon abusive, les changements entre... lorsqu'il y a un nouveau
locataire qui arrive. Parce qu'on le sait, là, les intervenants, l'ensemble des
intervenants nous l'ont dit, là, les augmentations et les augmentations
abusives aussi se produisent non pas lorsqu'il y a un renouvellement du même
bail, là, elles se produisent, ces augmentations, elles se produisent lorsqu'il
y a un changement de locataire.
La ministre nous dit qu'il y a toutes les
dispositions requises au Tribunal administratif du logement pour éviter cette
situation, c'est drôle, malgré l'existence de ces dispositions-là, les
augmentations et les augmentations abusives continuent à se produire. On
constate, et toutes les données gouvernementales, autant la Société canadienne
d'habitation et de logement, que de la Société d'habitation du Québec, là, nous
le confirment, et la réalité nous le confirme, les augmentations de loyer s'accentuent
de jour en jour, d'année en année, là. Et malheureusement, malheureusement, les
dispositions du Tribunal administratif du logement n'arrivent pas à contenir
cette progression fulgurante des loyers qui, encore une fois, appauvrit, de
façon générale, les ménages locataires. Parce que tout l'argent qu'on met dans
le loyer est de l'argent supplémentaire, on ne peut pas le mettre dans la
satisfaction des besoins essentiels comme bien se nourrir, bien s'habiller ou
pourquoi pas avoir des loisirs.
Donc, malheureusement, dans le contexte de
crise du logement, les dispositions... notre système qui protège ou qui régit
la relation entre le locataire et le locateur fonctionne beaucoup moins bien,
et ce, au détriment de ménages...
M. Fontecilla : ...locateur.
Et donc, la ministre vient, avec ces dispositions-là, augmenter ce déséquilibre
au détriment des locataires de façon générale, et avec, encore, et je reviens
au début, là, et avec une formulation qui me semble particulièrement malavisée,
là, celle de pouvoir contester une cession de bail pour un motif autre que
sérieux. Encore une fois, on peut contester à partir... si notre amendement à
l'article sept n'est pas accepté, si la version originale de la ministre de
l'Habitation à l'article sept est adoptée, on pourra maintenant contester la
cession de bail, là, par des motifs futiles. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il y a des commentaires suite à l'amendement du député de Laurier-Dorion?
Pas de commentaire. Alors, s'il n'y a pas de commentaire, nous allons procéder
à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement du député de Laurier-Dorion est
adopté?
M. Fontecilla : Par appel
nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Abstention.
Le Secrétaire : M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous revenons à l'article sept original.
Donc, s'il n'y a pas d'autre questionnement, à ce moment-là, nous allons...
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'ai un autre
amendement, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il est déposé?
M. Fontecilla : Il est déjà
déposé.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce que vous êtes prêt à le... sans suspendre, de le lire immédiatement?
M. Fontecilla : Laissez-moi
le retrouver sur le système Greffier, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion, est-ce que vous êtes prêt à le déposer immédiatement ou...
M. Fontecilla : Je suis en
train de le chercher, M. le Président. Il y a beaucoup d'amendements, M. le
Président. Est-ce que je pourrais le retrouver dans la section...
Des voix : ...
M. Fontecilla : C'est
l'article 7.2?
Des voix : ...
M. Fontecilla : Donc, article
sept du projet de loi n° 31 ajoutant une sous-section après
l'article 1978 du Code civil du Québec. À l'article sept du projet de loi,
modifier l'article 1978.2 du Code par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Le premier alinéa ne s'applique pas
lorsque le taux d'inoccupation de la municipalité où se situe le logement est
en bas de 3 %.».
L'article, tel qu'amendé, se lirait
ainsi : 7. Ce code est modifié par l'insertion, après l'article 1978,
de la sous-section suivante :
«8.1. Dès la cession du bail, là.
«1978.1. Lorsque l'avis de cession prévu à
l'article 1870 concerne un bail de logement, il doit indiquer la date de
cession prévue par le locataire.
«1978.2. Le locateur qui est avisé de
l'intention du locataire de céder le bail peut refuser d'y consentir pour un
motif autre qu'un motif sérieux visé au premier alinéa de l'article 1871.
Le BAIL est alors résilié à la date de cession indiquée dans l'avis transmis
par le locateur.
«Le premier alinéa ne s'applique pas
lorsque le taux d'inoccupation du secteur où se situe le logement est en bas de
3 %.».
• (11 h 40) •
Donc, voilà, M. le Président. En termes
d'explications, là, c'est qu'en pleine crise de logement, abolir la notion de
motif sérieux pour refuser une cession de bail va, selon nous, à l'encontre du
droit général au maintien à logement et à l'esprit de la Charte québécoise en
matière de discrimination au logement tout particulièrement. Donc, il nous
semble qu'il est important de pouvoir garder la cession de bail...
M. Fontecilla : ...sous sa
forme actuelle dans les territoires où le taux d'inoccupation est en bas de
3 %, c'est un minimum. On sait que le chiffre de 3 % est considéré,
de façon générale, comme un taux d'équilibre en termes d'inoccupation, ce qui
permet à la loi... aux lois du marché, la loi de l'offre et de la demande de
bien fonctionner, donc, il y a un pouvoir, autant pour le propriétaire, que
pour le locataire. Le locataire, s'il n'est pas d'accord avec le prix augmenté
offert par le propriétaire, il peut toujours se tourner et aller chercher un
logement équivalent, moins cher. Et le locateur, s'il voit qu'il ne peut, avec
un taux de 3 % et plus, s'il ne peut... s'il n'arrive pas à louer son
logement, bien, c'est un signal du marché, donc il devra, sans doute, baisser
les prix de son unité locative pour rencontrer finalement un locataire qui sera
prêt à payer pour le prix demandé.
Donc, c'est fondamentalement l'offre de la
loi... la loi de l'offre et de la demande qui fonctionne. Donc, en bas des
3 %, on note un déséquilibre accentué entre les propriétaires et les
locataires. Et les locataires n'ont pas vraiment les choix concernant les prix
du loyer, ils ne peuvent se tourner et aller chercher un autre logement parce
que, un, un autre logement n'est pas disponible, et l'autre logement peut-être
qu'il va être au même prix et dans des moins bonnes conditions ou dans un
secteur qui est moins attractif. Donc, les locataires, dans cette situation-là
de taux d'inoccupation en bas de 3 %, sont désavantagés grandement et sont
dans l'obligation de payer le prix que le locateur leur demande. Et je ne fais
pas de jugement de propriétaire en général, c'est une loi économique.
Si je détiens un bien rare, évidemment...
Et, en ce moment, un logement libre, surtout un grand logement avec un cinq et
demie, avec plusieurs chambres à coucher, ça devient de plus en plus une denrée
extrêmement rare. Si je détiens ce bien-là, évidemment que... Encore une fois,
la loi, la loi de l'offre et de la demande va m'inciter grandement à augmenter
mon prix, le prix de ce bien-là, évidemment, au détriment des ménages
locataires. C'est une situation normale et c'est pour ça qu'on a, en général,
on a un outil collectif, c'est-à-dire l'État qui légifère afin de corriger et
de rétablir l'équilibre entre deux parties, c'est-à-dire entre les locataires
et les locateurs, un rapport qui, en ce moment, est grandement en faveur des
locateurs. Et il y en a qui vont même au-delà et qui ont tendance à abuser, là,
et on voit que les loyers, de façon généralisée, augmentent partout au Québec.
Et, encore une fois, M. le Président, là, il faut s'éloigner de l'idée que cela
ne concerne que les locataires, une petite minorité, c'est 40 % de la
population québécoise, 1,3 million des ménages. Ça concerne beaucoup, beaucoup
de gens.
Et je réitère que le marché de
l'habitation est un écosystème étroitement interrelié. Ce qui se passe dans le
secteur locatif a des répercussions directes et en très peu de temps sur le
marché de la propriété privée. Donc, c'est aussi des propriétaires privés qui
créent s'en trouvent affectés, parce que pour les gens qui détiennent une
propriété, il y a, par exemple, ne serait-ce que cet élément-là, une
augmentation de la taxe foncière et qui va être assumée en partie, en tout cas,
par les propriétaires. Et, en général, une bonne partie de cette taxe-là va
être refilée, encore une fois, sur le prix... sur les locataires avec...
M. Fontecilla : ...en
utilisant les dispositions qui sont permises par notre législation et qui sont
permises par le Tribunal administratif du logement. Ça, c'est la normalité.
Mais l'important est de... est de savoir que c'est... c'est... ici, là, on est
devant la théorie de ce que j'appelle «l'eau dans la baignoire»: si ça monte à
un endroit, ça va nécessairement augmenter à l'autre. Donc, l'augmentation
généralisée du prix du locatif va aussi avoir des... des incidences sur les
augmentations dans le secteur... dans le secteur des propriétés privées. C'est
très bien pour les propriétaires, qui peuvent vendre... qui peuvent vendre
plus... plus cher, mais c'est néfaste pour les premiers acheteurs qui
voudraient avoir accès à la propriété. À un moment donné, le législateur, il
doit faire un choix, là. Qui on... À qui... qui... à qui on... Qui on
privilégie lorsqu'on fait des politiques publiques, là? Est-ce que c'est les
gens qui détiennent... qui sont les détenteurs des... des capitaux, qui ont un
bien et qui peuvent... qui peuvent retirer beaucoup de bénéfices pécuniers ou
plutôt des gens qui veulent plutôt accéder à la propriété et qui veulent tout
simplement avoir un toit sur la tête, un toit décent et accessible? C'est le
législateur qui doit arbitrer, qui doit faire ce... ce choix-là, et je suis...
je suis convaincu que mon... mon amendement à l'article 7 est... est en
mesure de... de... d'atténuer les effets négatifs de l'adoption de la cession
de... de... de bail, là, donc de faire en sorte que cette mesure-là ne
s'applique que dans le territoire où le taux d'inoccupation est sur le
3 %, là. Sinon, s'il s'applique partout, y compris dans le territoire où
le taux d'inoccupation est... est très bas, mais ça va alimenter la spéculation
immobilière, et cela est à éviter par tous les moyens possibles. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Alors, est-ce qu'on avait des commentaires sur le...
l'amendement? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. J'ai juste une question. En fait, j'ai... j'ai souvenir, quand on
parlait du taux d'inoccupation de 3 %, puis on a parlé de
l'amendement 37.2, sur les villes, qui pourraient, disons, avoir un genre
de... de... de processus rapide, j'ai entendu la ministre dire que le 10 000
habitants, c'était parce que c'était là où on avait les taux d'inoccupation. Et
donc, je voudrais juste savoir: Est-ce qu'on a les taux d'inoccupation pour
l'ensemble des villes du Québec? C'est... c'était... c'est ma question.
Mme Duranceau : Les... les
taux d'inoccupation, ils sont fournis par la SCHL. On les a annuellement... On
les a annuellement pour les villes de 10 000 et plus. C'est ça.
Mme Dufour : C'est ce que
j'avais entendu. Donc... donc, qu'arrive-t-il dans une proposition comme celle
du... là, du député, là? Et je ne sais pas si le député a fait cette
recherche-là pour les villes de 10 000 et moins. O.K. C'est juste ça,
ma... ma... ma question, M. le Président.
Mme Duranceau : Je vais nous
éviter cette problématique-là en refusant l'amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires, questions? Alors, à ce moment-là, nous
allons procéder au vote sur l'amendement déposé par le député de
Laurier-Dorion. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fontecilla : Par appel
nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui...
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Rejeté.
Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire : M.
Schneeberger (Drummond-Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Nous revenons maintenant à l'article 7
original. Est-ce que nous avons des commentaires? Ou c'est la suite. S'il n'y a
pas de commentaires, à ce moment-là... Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. J'ai un
autre amendement, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il est déposé?
M. Fontecilla : Je
demanderais une petite suspension pour le déposer.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Vous voulez une... une...
M. Fontecilla : Oui, une...
une suspension pour l'envoyer.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 11 h 50)
(Reprise à 11 h 56)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, député de Laurier-Dorion, veuillez déposer
votre amendement et l'expliquer.
M. Fontecilla : Bien sûr, M.
le Président. Donc, amendement à l'article sept du projet de loi n° 31.
L'article sept du projet de loi modifiant l'article 1978.2 du Code civil
du Québec est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Le premier alinéa ne s'applique pas
lorsque le cessionnaire est âgé de 65 ans ou plus et a un revenu égal ou
inférieur au revenu maximal lui permettant d'être admissible à un logement à
loyer modique, selon le règlement sur l'attribution de logement à loyer
modique, chapitre S-8 R.1.».
L'article, tel qu'amendé, se lirait
ainsi : Ce code est modifié par l'insertion, après l'article 1978, de
la sous-section suivante de la cession de bail... 8.1 de la cession du
bail :
«1978.1. Lorsque l'avis de cession prévu à
l'article 1870 concerne un bail de logement, il doit indiquer la date de
cession prévue par le locateur.
«1978.2. Le locateur qui est avisé de l'intention
du locataire de céder le bail peut refuser d'y consentir pour un motif autre
qu'un motif sérieux visé au premier alinéa de l'article 1871. Le BAIL est
alors résilié à la date de cession indiquée dans l'avis transmis par le
locataire.
«Le premier alinéa ne s'applique pas
lorsque le cessionnaire est âgé de 65 ans ou plus et a un revenu égal ou
inférieur au revenu maximal lui permettant d'être admissible à un logement à
loyer modique, selon le règlement sur l'attribution de logement à loyer modique,
chapitre S-8, R.1.».
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Alors, avez-vous des explications pour le...
M. Fontecilla : Donc, cet
amendement-là, à l'article sept, qui vient abolir, à toutes fins pratiques...
et à vider de toute sa substance la cession du bail, là, fait en sorte
d'introduire une exception. Donc, la cession de bail serait permise, de la
façon dont elle est appliquée depuis 50 ans, lorsque le cessionnaire, donc
celui qui reçoit le... qui est bénéficié par la cession de bail est âgé de
65 ans et plus, a un revenu égal ou inférieur au revenu maximal lui
permettant d'être admissible à un logement à loyer modique. Donc, c'est
véritablement le secteur, le segment de notre société qui est le plus
vulnérable, c'est les personnes âgées et qui sont parmi les plus pauvres. On
sait que, pour être admissibles à un logement à loyer modique, selon le
règlement sur l'attribution de logement à loyer modique, là, c'est des ménages,
des personnes âgées, là, qui ne gagnent... ne reçoivent beaucoup... pas
beaucoup d'argent, là, bref, qui vivent dans la pauvreté, donc mon amendement
fait en sorte que lorsqu'il s'agit d'une personne âgée de 65 ans et plus
et qui vit en situation de pauvreté... Pourrait être exempte de l'article, de
la possibilité qu'un propriétaire refuse la cession de bail pour motif autre
que sérieux, encore une fois, un motif futile. Donc, on ne pourrait plus
refuser une cession de bail, là, pour les personnes de 65 ans et plus et
qui vivent en situation de pauvreté. il me semble que c'est important de
pouvoir extraire et pouvoir faire en sorte que cette population-là, la
population aînée, soit... puisse encore bénéficier ce la cession de bail telle
qu'on la connaît depuis 50 ans.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion.
Alors, à cette heure-ci, nous allons
suspendre les travaux jusqu'après la période des affaires courantes. Alors, bon
dîner à tous.
(Suspension de la séance à 12 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 29)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous! Alors, bienvenue à la Commission de l'aménagement du
territoire. Par contre, on est obligé pour des fins... on est obligé d'ouvrir
la commission, mais nous avons, actuellement, des députés qui doivent
intervenir au salon bleu pour... au niveau des dossiers de l'aménagement du
territoire.
Alors, nous allons suspendre pour le
besoin et puis nous reviendrons dès qu'ils seront de retour. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 30)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 15)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, M. le député de Laurier-Dorion, je pense qu'en
avant-midi, vous veniez juste de lire votre amendement que vous aviez déposé.
Alors, est-ce que vous avez des explications supplémentaires suite au dépôt de
votre amendement?
M. Fontecilla : Tout à fait, M.
le Président. Donc, nous étions à l'article 7 du projet de loi n° 31. Et j'avais
présenté un amendement qui vise fondamentalement à créer une exception pour les
locataires âgés de 65 ans, et plus et ayant un revenu égal ou inférieur au
revenu maximal lui permettant d'être admissible à un logement à loyer modique.
Ce que je disais, c'était que... Donc, deux conditions pour...
M. Fontecilla : ...pour
effectuer une... pour permettre à un locataire d'être exclu de l'application de
la cession de bail telle qu'a été présentée par Mme la ministre de
l'habitation, et c'est donc avoir 65 ans ou plus ou avoir un revenu très,
très modeste, donc un revenu qui lui permet d'avoir accès à... grosso modo à un
logement à loyer modique. Pourquoi il n'y a pas de chiffre exact? Parce que le
loyer... le revenu admissible pour avoir accès à un loyer modique change selon
les régions du Québec, selon les offices municipaux d'habitation, mais on
s'entend, c'est toujours un revenu très bas. Les habitations à loyer modique
sont... et avec raison, sont destinées aux personnes et aux ménages à plus
faibles revenus de notre société. Je pense que cette exclusion de l'application
de la cession de bail, du bail, là, telle qu'a été présentée dans le 31 est
nécessaire parce que justement les locataires aînés sont parmi les personnes
les plus vulnérables de la société. Tout d'abord, sur le plan physique, le
vieillissement comporte une perte des capacités physiques, et plus on avance en
âge, là, plus cette perte devient accentuée, mais aussi parce que les personnes
âgées au Québec, là, on va se le dire, là, de façon générale, ne roulent pas
sur l'or.
À ce titre-là, vous me permettrez, M. le
ministre, de citer le Dossier noir du logement et pauvreté au Québec, la
huitième édition publiée par le Front d'action populaire en réaménagement
urbain, qui nous donne des chiffres assez éloquents. Et je cite ce
rapport-là : «Beaucoup étant à la retraite, les ménages de 65 ans et
plus sont les locataires ayant le moins profité des transferts gouvernementaux
durant la pandémie. Ils représentent donc la catégorie d'âge dont les revenus
ont augmenté le moins vite entre les deux recensements. En 2021, ils
représentaient le groupe le plus pauvre avec un revenu annuel médian de
34 400 $.» Vous en conviendrez avec moi, M. le Président, 34 000 $
n'est pas beaucoup d'argent pour faire vivre un ménage, là. Donc, et aussi,
d'autre part, ils représentent énormément de personnes dans notre société. Et
je cite encore le Dossier noir du FRAPRU : «Alors que la population du
Québec vieillit, le nombre de ménages locataires dont le principal soutien
financier est âgé de 65 ans et plus représente à présent 26.5 % de
l'ensemble des ménages locataires. Donc, un peu plus d'un quart des locataires
au Québec, là, sont âgés de 65 ans et plus. Et en 2021, 9.4 %, presque
10 % d'entre eux consacraient la moitié de ses revenus pour se loger. Et
cette catégorie d'âge était également celle dont le loyer était le plus élevé
parmi tous les ménages ayant un taux d'effort de plus de 50 % ou
80 %.»
Pour le bénéfice des gens qui nous
regardent, le taux d'effort, cela représente le pourcentage du revenu qui est
alloué à l'habitation, à avoir un toit sur la tête. Donc, en... 10 % des
locataires aînés de 65 ans et plus payaient plus de 50 % de leurs
revenus au loyer, là, ce qui est assez éloquent, là. Imaginez, M. le Président,
si nous devions vivre avec seulement... en allouant 50 % de notre revenu
au loyer. Donc, c'est des données qui nous indiquent la nécessité de favoriser,
d'adopter des mesures qui protègent et qui facilitent la vie de ces
locataires-là.
• (16 h 20) •
Et on atteint là le coeur de
l'argumentaire avancé par la ministre, c'est que l'allocation... La cession de
bail n'est pas conçue pour mais est un élément de contrôle des loyers, mais par
la force des choses, là, par l'existence d'une crise du logement qui perdure à
travers le temps. C'est devenu, par la force des choses, là, un outil utilisé
par beaucoup de locataires, y compris par le quart des locataires qui sont
constitués par des gens de 65 ans...
M. Fontecilla : ...constitue
un moyen de payer moins cher. Encore une fois, là, c'est nécessaire de le
réitérer, de le répéter, c'est lors du changement de locataire qu'on a... là où
on assiste aux hausses substantielles du loyer, là, 10 %, 20 %. Il y a
des chiffres pour ça, c'est amplement prouvé. Et lorsqu'un locataire aîné doit
se relocaliser, pour différentes raisons, il va devoir affronter des loyers
beaucoup plus chers, ce qui, en bout de ligne, là, va les appauvrir. Donc,
c'est nécessaire de faire en sorte d'utiliser tous les moyens pour éviter que
les locataires aînés s'appauvrissent davantage principalement pour avoir un
droit fondamental, un toit sur la tête, là. Donc, il me semble très approprié
d'exclure les locataires âgés de 65 ans ou plus de la mesure qui modifie
substantiellement la cession de bail au Québec, là. Je pense que l'ensemble des
locataires aînés vont être reconnaissants envers la classe politique et en
particulier le gouvernement d'avoir acquiescé à cette exception-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour vos explications, M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce que nous
avons des questions, commentaires sur l'amendement déposé par le député? Mme la
ministre.
Mme Duranceau : Oui. Je peux
juste dire que moi aussi, là, le sort des personnes aînées puis le fait que
leurs revenus soient fixes, compte tenu que ce sont des revenus de retraite,
que ça, ça... je ne suis pas indifférente à ça du tout. Par contre, je ne pense
pas que cet ajout-là, dans cette mesure-là, est le bon ajout. Encore une fois,
la cession de bail, c'est pour le locataire qui quitte et non pour l'éventuel
locataire qui arrivera. Donc, il n'est pas exclu que des personnes aînées
puissent avoir accès à un espace qui se libère, mais je ne pense pas que ça
doit être dans une mesure comme celle-là. L'article sur la cession de bail vise
à faire en sorte que le locataire qui quitte est capable de se départir de son
obligation et non de choisir le prochain locataire.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Alors, d'autres commentaires? Non. Ça va comme ça. Alors, s'il n'y a
pas d'autre commentaire, nous allons mettre... Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'entends la
réponse de la ministre. Donc, elle refuse d'accepter notre amendement parce
qu'elle dit que ce n'est pas le bon véhicule et qu'elle est sensible à la
réalité des locataires aînés. Donc, je lui renvoie la question : est-ce
qu'elle entend proposer d'autres mécanismes pour améliorer et protéger, mieux
protéger les locataires aînés au Québec?
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je pense qu'on a déjà répondu, là, avec les évictions, entre autres
choses, qui sont des excellentes mesures qu'on espère voir sanctionnées avant
les fêtes. Donc, je pense qu'on a agi pour le moment. Avançons.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous allons mettre aux voix l'amendement déposé par le député de
Laurier-Dorion. Est-ce que l'amendement...
M. Fontecilla : Par appel
nominal, M. le Président, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, est-ce que l'amendement est adopté? Par appel nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire : M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous revenons à l'article sept original.
Est-ce que nous avons d'autres commentaires, questions? Oui, député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. J'aurais un autre amendement, s'il vous plaît, si vous me permettez
deux minutes, le temps de l'envoyer.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 26)
(Reprise à 16 h 31)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, député de Laurier-Dorion, je vous laisse
lire votre amendement de l'article sept et, par la suite, les explications.
Alors, allez-y.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, on est toujours sur l'article sept du projet de loi n° 31
sur le logement locatif...
16 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...Donc, c'est
l'article sept ajoutant une sous-section après l'article 1978 du Code
civil du Québec. À l'article sept du projet de loi, modifier l'article 1978.2
du code par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Le premier alinéa ne s'applique pas
lorsqu'il s'agit d'une cession de bail qui est prévue entre membres d'une même
famille.».
Ce code... Donc, l'article, tel qu'amendé,
se lirait ainsi :
7. Ce code est modifié par l'insertion,
après l'article 1978, de la sous-section suivante :
«8.1. De la cession du bail.
«1978.1. Lorsque l'avis de cession prévu à
l'article 1870 concerne un bail de logement, il doit indiquer la date de
cession prévue par le locataire.
«1978.2. Le locateur qui est avisé de l'intention
du locataire de céder le bail peut refuser d'y consentir pour un motif autre qu'un
motif sérieux visé au premier alinéa de l'article 1871. Le BAIL est alors
résilié à la date de cession indiquée dans l'avis transmis par le locataire.
«Le premier alinéa ne s'applique pas
lorsqu'il s'agit d'une cession de bail qui est prévue entre des membres d'une
même famille.».
Donc, voilà la lecture de l'amendement, M.
le Président. Cet article-là... cet amendement-là vise à faire en sorte de
créer une nouvelle exclusion à la possibilité d'une opposition pour un motif
autre que sérieux, là, à la cession de bail, là, c'est lorsqu'un locataire veut
céder son bail à un membre d'une même famille, là. On pourrait penser au cas
typique, par exemple, et cela arrive, cela peut arriver dans de multiples
situations, où un locataire veut quitter un logement, pour différentes raisons,
et il vit par exemple avec un membre de sa famille, ça peut être son fils, son
frère, etc., et il cède ce bail-là aux membres, à ces membres de cette famille,
là.
Donc, on assure non seulement qu'il n'y
aura pas d'augmentation de loyer, mais on s'assure aussi qu'un membre d'une
même famille qui restait, par exemple... qui demeurait, par exemple, dans le
même logement puisse continuer à jouir de ce lieu-là, contribuant ainsi au
maintien dans le logement, là. Parce qu'il ne faut pas se rappeler que le droit
de maintien au logement, là, ne s'applique pas seulement... en fait,
juridiquement, s'applique à la personne qui a signé le bail, mais par
extension, ça s'applique à toutes les personnes qui restent avec, qui demeurent
dans le même logement avec cette personne. Donc, il nous semble tout à fait
indiqué de créer une exception prévoyant qu'on puisse céder son bail à un
membre d'une même famille, là, tout en se soustrayant à la possibilité qu'il y
ait une contestation par un motif autre qu'un motif sérieux, et que la personne
liée par des liens familiaux puisse rester dans le... profiter... bénéficier,
plutôt, d'une cession de bail sans pouvoir... sans que cela puisse être
contesté.
Je suis sûr que la ministre pourrait avoir
une meilleure formulation de cet amendement-là, par exemple une meilleure
définition de ce que c'est, une même famille, là, ailleurs, dans le Code civil,
il doit y avoir des explications plus précises de ce que c'est, une famille, d'un
point de vue juridique, mais il est important que certaines personnes liées à
la personne qui a signé le bail puissent demeurer dans un logement lorsque le
signataire du bail, pour différentes raisons, décide de partir, par exemple il
n'est plus... la personne n'a plus un état de santé lui permettant de rester
dans un logement privé et il doit partir. Donc, il semble tout à fait approprié
que cette personne-là puisse céder...
M. Fontecilla : ...céder son
bail à un membre d'une même famille, surtout, par exemple, si ce membre-là est
un proche aidant, par exemple, qui a aidé longtemps le locataire principal.
Donc, il nous semble important de pouvoir... que le législateur envoie le
message, là, que, lorsqu'il y a des liens familiaux qui existent, le
législateur reconnaît à un locataire le droit de céder son bail à un
cessionnaire qui pourrait rester dans les lieux sans possibilité que cette
cession de bail là soit contestée par le locateur et par un motif autre qu'un
motif sérieux qui a déjà, et on en a discuté, qui a déjà été... qui est déjà
défini par la jurisprudence du Tribunal administratif du logement, là.
Donc, c'est une mesure qui vise à créer
une exception qui nous paraît tout à fait pertinente et appropriée dans le
contexte de crise du logement, où les logements sont rares. Et lorsqu'on en
trouve, on doit payer des loyers beaucoup plus élevés de ce qu'on payait pour
un logement où on est resté quelques années, là. C'est une mesure qui s'impose,
encore une fois, pour éviter les augmentations de loyer qui contribuent à une
hausse généralisée des loyers dans toute la société et qui a aussi une
incidence, encore une fois, je réitère, sur les propriétés privées. Voilà, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour vos explications. Je pense que la députée de Mille-Îles avait une
question ou un commentaire.
Mme Dufour : Oui, merci, M.
le Président. Juste pour m'assurer que je comprends bien, là, proposition du
collègue de Laurier Dorion, donc... Parce qu'à l'article 7, il y a deux... tu
sais, il y a une section complète qu'on introduit, il y a le 1978.1 :
«Lorsque l'avis de cession prévu à l'article 1810 concerne un bail de logement,
il doit indiquer la date de cession prévue par le locataire», ce n'est pas à ça
que ça fait référence, l'amendement, là. 1978.1 : «Lorsque l'avis de
cession prévu à l'article...
M. Fontecilla : Oui.
Mme Dufour : ...concerne un
bail de logement, il doit indiquer la date de cession prévue par le locataire.»
Ce n'est pas à ça, là, qu'on fait référence, c'est vraiment juste au 1978.2.
M. Fontecilla : O.K. Mais
merci de demander cette précision, collègue de Mille-Îles. Ce qu'on me dit,
c'est que le premier alinéa s'applique à 1978.2 seulement.
Mme Dufour : O.K. Donc, c'est
vraiment le fait de refuser de consentir pour un motif autre que sérieux
uniquement.
M. Fontecilla : Voilà. Vous
avez très bien compris, ça ne s'applique pas au premier 1978.1.
Mme Dufour : O.K. Parfait.
Parce que je lisais le premier alinéa de l'article 7, donc c'est pour ça, je
n'étais pas sûre de comprendre. Excellent. Merci de la précision.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Juste vérifier, oui, c'est peut-être au secrétaire, c'est bien ça,
l'alinéa, c'est bien... on comprend bien le sens, c'est ça, 1978.2. O.K.
Parfait. Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou questions sur
l'amendement? Oui.
Mme Duranceau : ...peut-être
seulement mentionner qu'il y a un cas... encore là, je partage la préoccupation
du député de Laurier-Dorion, mais je me dis deux choses dans ces cas-là, c'est
un cas qui pourrait être tout à fait indiqué pour une sous-location. Si tu
tiens tant à ce qu'un membre de ta famille occupe le logement, bien, pourquoi
ne pas lui sous-louer ou bien lui permettre tout simplement d'habiter là puis
de rester le propriétaire du bail? Donc, premier élément.
• (16 h 40) •
L'autre chose, c'est que cette
situation-là, moi, ma perception, c'est que c'est un cas où, justement, le
locataire puis le propriétaire vont s'entendre, puis qui n'aura pas de motif
autre que sérieux à invoquer dans un cas comme ça, parce que c'est un cas qui
m'apparaît très humain. Puis là je ne voudrais pas qu'on se mette à énumérer
tous les cas potentiellement très humains qui peuvent survenir, je pense que,
justement, on a une situation où les parties vont s'entendre puis on n'est pas
visés. Alors...
Mme Duranceau : ...c'est pour
ça que je ne pense pas qu'on a légiféré là-dessus.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Il me semble que la sous-location est une figure juridique qui est
un petit peu différente. Le locataire... le locataire principal, et dans le cas
de la sous- location, demeure responsable de l'ensemble des responsabilités
découlant de la signature du bail. La cession, c'est véritablement un transfert
de ses responsabilités vers le nouveau locataire. Effectivement, on pourrait
utiliser la cession... la sous-location, mais, dans ce cas-ci, c'est la cession
qui nous nous importe. Et, encore une fois, loin de moi de vouloir réglementer
toutes les relations qu'il peut avoir et les ententes à l'amiable qu'il peut
avoir entre un locateur et un locataire, c'est... Je pense que ce cette
possibilité-là existe toujours, là, c'est un cas, par exemple, de conflit ou de
litige qu'on est obligé de revenir voir ce que ce que la loi indique donc...
Mais sans que la loi soit compromise, les locateurs et les locataires ont
amplement la possibilité de s'entendre à l'amiable.
Mais, encore une fois, ce qui nous paraît
important, là, c'est de permettre la cession de bail à une personne membre
d'une même famille qui, par exemple, a résidé de nombreuses années dans le même
logement. Et ce serait une tragédie, par exemple, qu'un père, une mère doive,
pour des raisons de santé, par exemple, doit quitter son logement pour aller
dans une résidence plus appropriée à son état de santé. Et le frère... ou le
fils ou la fille, qui est toujours restée avec avec le signataire du bail, doit
abandonner aussi son logement, puisqu'il ne peut plus être, à moins d'une
entente, à moins que le propriétaire le veuille, qu'il fasse preuve de
compassion, ne veuille plus de cette de cette personne-là comme cessionnaire du
bail, là.
Donc, il s'agit ici, là, non pas soumettre
le locataire au bon vouloir et, comment dire, à la miséricorde du locateur. Il
y en a beaucoup heureusement dans notre société, mais c'était stipulé, c'est
là, cette obligation-là, dans le Code civil, pour que ça devienne une règle de
la société, là, qui est inscrite dans la loi, et on s'éloigne ici, là, d'une
conception un peu, comment dire, qui fait appel à la charité, là, qui est tout
à fait discrétionnaire. Je pense que, comme législateur, on doit inscrire cette
loi-là dans le Code civil pour prévoir ce type de possibilités qui me
paraissent tout à fait plausibles d'exister.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, s'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons soumettre au vote
l'amendement. Est-ce que l'amendement de l'article 7 est adopté?
Mme Duranceau : Rejeté.
Le Président (M. Schneeberger) : Rejeté.
M. Fontecilla : Par appel
nominal.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, on vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : ...
Des voix : ...
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 7. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires là-dessus? Alors, si vous n'avez pas d'autre commentaire,
nous allons procéder au vote. Alors, est-ce que l'article 7 est adopté?
Des voix : Pour.
Le Président (M. Schneeberger) : Pour.
M. Fontecilla : J'ai un autre
amendement, M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : Bien
là, on n'a pas... Il faut que vous suivez, M. Fontecilla... M. le député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Mais voilà,
j'ai un autre amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : Le
vote était en procédure. On a procédé au vote. Il n'y a personne qui...
M. Fontecilla : ...donc,
qu'est-ce que vous déterminez? Moi, j'ai un autre amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
je sais. Mais j'ai demandé : Est-ce qu'il n'y a pas d'autre intervention?,
et personne n'a levé la main. Alors, à ce moment-là, je procède au vote. Et le
vote est commencé, et là, vous dites vous... un autre amendement.
M. Fontecilla : Tout à fait.
Mais qu'est-ce que vous décidez?
Le Président (M. Schneeberger) : Je
sais. Mais à l'Assemblée, quand... au salon bleu, quand le vote est commencé,
je veux dire, on ne peut pas sortir, rentrer, le vote est parti.
M. Fontecilla : Donc, je
demande de vote par appel nominal.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau : Pour.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Pour.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Pour.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Contre.
Le Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Contre.
Le Secrétaire : M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : abstention.
Alors, l'article sept est adopté. Nous en sommes maintenant au prochain
article. L'article, si je ne me trompe pas, no 30. Donnez-moi juste un
instant, je n'ai pas ma feuille. Ah! O.K., parfait, il est là. C'est bon.
Excusez-moi. Alors, on est au prochain article, l'article 36. Mme la
ministre.
Mme Duranceau : O.K. Un
instant.
Des voix : ...
Mme Duranceau : Alors, mesure
transitoire en lien avec l'article qu'on vient d'adopter. Donc, les
dispositions des articles 1978.1 et 1978.2 du Code civil édictés par
l'article sept de la présente loi ne s'appliquent pas à la cession d'un bail
d'un logement dont l'avis prévu à l'article 1870 de ce code a été transmis
avant le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
Donc, l'article 36 du projet de loi
est une mesure transitoire liée à l'introduction dans le Code civil des
nouveaux articles 1978.1 et .2, comme le propose l'article sept du projet de
loi. L'article aurait pour effet de permettre à une cession de bail en cours
lors de l'entrée en vigueur de la loi de demeurer régie par les règles
applicables au moment de l'avis de cession.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que nous avons des commentaires? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, petite
question juste pour comprendre... je cherche... la ligne du temps, je cherchais
le mot «time line» en français, la ligne du temps. Il doit s'écouler combien de
temps pour transmettre? Tu sais, quelqu'un qui a un bail qui vient à échéance à
la fin juin, là, 1er juillet, combien de temps d'avance l'avis doit...
Non, en fait, ce n'est pas ça. Ici, c'est l'inverse, c'est plutôt... O.K. c'est
combien de temps d'avance qu'une cession bail doit être... Attendez : «ne
s'applique pas à la cession de bail de logement dont l'avis...» O.K. ça fait
que normalement, c'est combien de temps avant qu'on émet un avis de cession de
bail? Excusez-moi, là, j'essaie de... je suis à l'envers.
Mme Duranceau : C'est
correct. Bien, quand on émet un... Disons que je souhaite céder mon bail, le
délai, le délai que...
Des voix : ...
Mme Duranceau : Il n'y a pas
de délai, il n'y a pas de délai.
Mme Dufour : Donc, je peux
dire : demain matin, je cède mon bail?
Mme Duranceau : Je veux
quitter.
Mme Dufour : Puis demain
matin, il est cédé, là. C'est ça?
Mme Duranceau : Bien, il
n'est pas...
Une voix : ...
Mme Duranceau : Il y a un
avis pour répondre?
Mme Dufour : Bien, c'est ça
que je demande : c'est combien de temps d'avance, cet avis-là?
Mme Duranceau : Je vais
demander à Me Simard, si vous voulez bien, M. le Président, de préciser, si...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, à ce moment-là, est-ce que nous avons le consentement pour que Me Simard
puisse...
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Consentement.
Alors, parfait. Me Simard, vous nommer et...
M. Simard (Patrick) : Oui,
merci, M. le Président. Patrick Simard, président du Tribunal administratif du
logement.
Alors, l'avis de cession de bail,
lorsqu'il est transmis au locataire... au locateur, pardon, il a 15 jours
pour donner une réponse au locataire, alors c'est 15 jours de la réception
de l'avis.
Mme Dufour : O.K., mais le
locataire, lui, n'a pas à annoncer ça d'avance. C'est-à-dire qu'il y a comme...
Il peut dire, bien, j'imagine, deux semaines plus tard, là. Si le locateur a
15 jours pour répondre, il ne peut pas céder son bail à l'intérieur de ce
15 jours là, j'imagine, là?
• (16 h 50) •
M. Simard (Patrick) : La
réponse, c'est que c'est exact. Tout à fait. Parce qu'il y a un délai que le
locateur a pour répondre. Alors, dans la mesure où le délai n'est pas expiré,
où la réponse n'a pas été obtenue, évidemment la cession n'a pas d'effet.
Mme Dufour : O.K. Donc, si la
loi était sanctionnée à la fin de... tu sais, de cette session, bien là, ça
voudrait dire que, dans le fond, ça serait deux semaines avant, à peu près, là,
que les avis, au maximum, pourraient avoir été...
Mme Dufour : ...émis, ou... ou
avant, là, ou précédemment, là, évidemment. Mais ça peut aller jusqu'à deux
semaines avant la section de la... sanction de la loi, c'est ce que je
comprends.
M. Simard (Patrick) : Ce que
l'article... Je veux juste le revoir.
Mme Dufour : C'est... c'est
ce que... Je veux juste m'assurer que je comprends bien la ligne.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que vous désirez qu'on suspende, le temps du... où la recherche soit faite?
Non, ça va?
Mme Dufour : C'est... Il est
assez court. Je peux même le lire, là.
M. Simard (Patrick) : Donc,
si vous me permettez, M. le Président, alors, ce que la disposition prévoit,
c'est le moment où prend effet justement la modification au code, qui est relié
au moment de la transmission de l'avis. Donc, peu importe à quel moment, si
l'avis est transmis avant la sanction de la loi, le régime actuel s'applique.
Donc, il n'y a pas... il n'y a pas de notion reliée à la réponse du locateur
dans la disposition.
Mme Dufour : O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça répond à votre question, Mme la députée de Mille-Îles?
Mme Dufour : Oui. Dans le
fond... O.K. Ça fait que le deux semaines, il n'est pas... il n'est pas
indiqué. Tu sais, dans le fond, il n'y a rien qui indique que le... le... le
locataire doit le fournir deux semaines d'avance. Ce que ça dit, c'est que le
locateur, lui, peut refuser à l'intérieur de 15 jours. O.K. C'est beau. Merci.
M. Simard (Patrick) : Exact.
Exact.
Mme Dufour : Et il pourrait
aviser, dans le fond: Je céderai mon bail dans deux mois, là, aussi, là, et
c'est... Il pourrait faire ça.
M. Simard (Patrick) : Il y a
une distinction à faire entre le moment de la prise d'effet de la cession et le
délai dont dispose le locateur, effectivement, pour répondre. Le délai demeure
toujours de 15 jours...
Mme Dufour : De 15 jours.
M. Simard (Patrick) : ...mais
les parties peuvent convenir entre elles, locataire et le... le cessionnaire,
du moment où prendra effet la cession de bail.
Mme Jeannotte : M. le
Président, est-ce que je peux poser une question à M. Simard?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y. Mme... députée de Labelle.
Mme Jeannotte : Bien,
écoutez, M. le Président...
Le Président (M. Schneeberger) : Attendez,
on attend qu'on allume le micro. Allez, allez-y. Voilà.
Mme Jeannotte : C'est-tu
correct? Donc, merci, M. le Président. Dans le fond, Me Simard, est-ce que ça
voudrait dire que le locateur pourrait, dans... Là... Là, ça ne se posera
probablement pas, parce qu'on est dans un marché où l'offre et la demande sont
déséquilibrées. Mais, éventuellement, si le marché redevenait équilibré, ça
veut dire que pour le locateur, il aurait seulement deux semaines pour
retrouver un... un locataire. Est-ce que ça ne le met pas dans une position où
il pourrait prendre... perdre un mois de loyer?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
Mme Jeannotte : Ah! Donc, il
peut toujours refuser.
M. Simard (Patrick) : ...une
rupture du lien, là, donc du contrat, à quelques jours d'avis, tout simplement.
Mme Jeannotte : D'accord.
Merci.
Mme Dufour : Donc...
Excusez-moi. Donc...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce que ça va comme ça, Mme la députée de Labelle? Oui?
Mme Jeannotte : Bien, ce que
je comprends, c'est qu'il peut toujours refuser.
M. Simard (Patrick) : Exact.
Mme Dufour : Bien, ce que je
comprends, c'est qu'il peut refuser...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : ...il peut
refuser la cession, mais, s'il la refuse, il libère le... et là, oui,
effectivement, il... il doit assumer le temps, c'est ce que je comprends, là,
que le... le... le logement sera vacant. Mais pourquoi... Juste une curiosité.
Pourquoi ce n'est pas indiqué dans le Code civil le... un délai pour annoncer à
l'avance la cession? Parce que... Est-ce qu'il y aurait... Parce que dans
l'article 1870, on dit que le locataire peut sous-louer ou céder le bail, il
doit aviser son... le locateur, mais il dit... il n'y a pas de délai, puis là,
1871, le locateur peut refuser dans les 15 jours. Est-ce qu'il pourrait y avoir
eu un moment où... Est-ce que c'est déjà arrivé, au tribunal, que... que
quelqu'un ait cédé à l'autre avant d'avoir eu la réponse et que, là, c'était
contesté?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Alors,
la réponse à ça, c'est: Effectivement, oui, ça arrive, effectivement, d'où...
d'où l'importance que revêt l'idée de... de mettre la date à laquelle est prévue
la cession dans l'avis de cession pour que les gens comprennent bien qu'on ne
peut pas la mettre avant le... l'expiration du délai de réponse, là, à
défaut...
Mme Dufour : ...clair? Est-ce
que ça va... Excusez-moi, je vous ai... Je ne sais...
Mme Dufour : ...je m'excuse.
Est-ce que ça va être clair, dans le fond, excusez-moi, avec l'article qu'on a
modifié, là, l'article 7, est-ce que ça va être clair qu'ils doivent délaisser,
au minimum, un deux semaines?
M. Simard (Patrick) : En
fait, c'est que l'article 1871 continue de s'appliquer, donc il y a toujours 15
jours. Alors, ça, il n'y a pas de modifications qui ont été présentées à cet
article-là. Et je vais profiter de l'occasion pour vous dire que le tribunal
met à la disposition des citoyens tous les modèles d'avis, donc, qui comportent
ces mentions-là, qui, peut-être, servent de meilleur guide, là, pour que les
parties puissent s'y référer.
Donc, j'invite tous ceux et celles qui
nous écoutent à utiliser les modèles du tribunal qui, évidemment, sont
conformes à la loi et donnent justement ces indications-là de temps.
Mme Dufour : Mais ça revient
à ce qu'on parlait avec les avis de modification de loyer, si tout le monde
prenait le même formulaire, il y aurait peut-être moins de confusion, des fois,
tu sais. La vie de cession, ce n'est pas indiqué, c'est comment que ça doit
être fait. Ils peuvent prendre le formulaire, mais ils peuvent écrire ça à la
main. Et, s'ils font ça, ils ne vont pas nécessairement aller lire le Code
civil, l'article 1871, qui dit qu'ils ont 15 jours pour refuser, tu sais. Ça
fait que c'est possible que la cession se fasse avant même... Puis je ne sais
pas, je ne connais pas la valeur légale de quelque chose qui a été cédé. Si
l'autre personne a déjà commencé à payer, mais que le locateur arrive, il
dit : Non, non, moi, je refuse, tu sais, parce que la personne qui cède,
si elle ne sait pas que l'autre... le locateur a 15 jours pour céder, il n'y a
pas... il ne peut pas y avoir...
Puis vous avez dit, il y a eu des
contestations. Donc, je comprends, là, que, peut-être, ça n'a pas force de loi.
Mais, tu sais, si la personne est partie à l'étranger entre-temps, parce que,
tu sais, il arrive quelque chose, pouf, elle cède son bail. Moi, j'ai vu ça, quelqu'un
qui était dans mon comté puis qui a quitté du jour au lendemain en France. Tu
sais, ça peut arriver de partir... Est-ce qu'il y a quelque chose à ce
moment-là, tu sais, pour la personne qui, elle, a pris le nouveau bail sans
savoir que le locateur, lui, n'avait pas encore approuvé?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Dans la mesure où les gens transigent à l'extérieur du cadre prévu par le
législateur, il y a toujours un risque. C'est pour ça que je le rappelle, je
pense, c'est important de guider les gens sur les avis que le tribunal met à
leur disposition. Alors, dans le cas que vous me présentez, dans la mesure où
le locateur refuse, mais que le locataire est déjà parti, que l'autre a déjà
aménagé, bien, le refus de la cession, à moins que là il libère, là, si c'est
pour un motif autre que, ce que la commission vient d'adopter, bien, à ce
moment-là, ça remet les parties dans l'état où ils étaient, là. Donc, il n'y a
pas de départ, donc il n'y a pas d'aménagement prévu. Donc, le locataire
demeure responsable du bail, et celui qui est là n'est qu'un occupant à la
charge du locataire qui lui a permis d'être là. Il ne détient pas davantage de
droits.
Mme Dufour : En tout cas, je
considère... Je pense qu'on considère encore que ce serait peut-être utile que
tout le monde utilise les mêmes formulaires, comme ça, ça éviterait ce genre de
problème là. En tout cas, je le souligne, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Ça va comme ça? Oui, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, toujours
à des fins de compréhension, là. L'article 36, dites-moi si je comprends bien
ce qu'on veut dire par l'article 36, là. Si j'envoie un avis de cession
aujourd'hui, en date d'aujourd'hui, et la loi est sanctionnée demain, est-ce
que le locateur pourra contester par un motif autre qu'un motif sérieux, cette
cession-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Maître
Simard.
M. Fontecilla : C'est de ça,
dont on parle, là. Parfait.
M. Simard (Patrick) : Absolument.
Ce qui fait foi de l'application ou pas de la mesure, la nouvelle mesure, c'est
le moment de la transmission de l'avis. Alors, si je transmets l'avis
aujourd'hui et la loi est adoptée, sanctionnée demain, je demeure sous l'ancien
régime.
• (17 heures) •
M. Fontecilla : J'aurai une
autre question, monsieur...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Fontecilla : ...oui, une
autre question, M. le Président. Donc, selon la nouvelle disposition, j'envoie
une cession... j'informe le propriétaire que j'ai procédé à une cession du
bail, le locateur a 15 jours pour me répondre. Et je dis au propriétaire que ma
cession de bail prendra effet, je ne sais pas, dans 30 jours. Et le locateur me
répond, dans un délai de 15 jours, que...
17 h (version non révisée)
M. Fontecilla : ...la nouvelle
disposition, qu'il refuse, sans plus, est-ce que le refus... est-ce que le
locateur... le locataire pourrait, par exemple... Quels sont les recours
pour... si c'est encore utile, là, ça se peut que ce soit une demande futile,
là, mais est-ce qu'il existe un recours pour les locataires concernant ce
refus-là, qui n'a... le locateur n'a explicité aucune raison, juste un refus,
là, qu'est-ce qui se passe dans cette... Qu'est-ce qu'il reste à faire au
locataire qui a signifié que dans 30 jours il partait et il cédait son
bail à quelqu'un d'autre?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Alors, il existe toujours, aujourd'hui, demain, existera encore la possibilité
de demander au tribunal de statuer sur la validité de la cession, quoi qu'il
arrive. Donc, ce recours-là existe et il existerait toujours dans la mesure où,
si le locateur n'énonce pas une réponse complète ou énonce une réponse qui n'est
pas en lien avec l'avis de cession, le locataire peut déposer au tribunal une
demande pour statuer sur la validité de sa cession de bail.
M. Fontecilla : Très bien. Et
le locataire, puisqu'on l'a entendu de la part des juristes du gouvernement,
là, on est dans le droit nouveau... Si le locataire conteste cette opposition à
la cession de bail dans les 15 jours, là... Non, attendez, là, si le
locataire... si le locateur a fourni, dans les 15 jours, une opposition à
la cession, là, le locataire pourrait toujours aller au tribunal pour demander
quoi exactement, là? Demander que l'opposition ne soit plus valide? Et il peut
faire la cession de bail, n'est-ce pas? C'est ça que vous me dites?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Je vais
essayer de répondre du mieux que je peux à l'interrogation que vous me
soulevez. Le locataire a toujours la possibilité, tout comme aujourd'hui, une
fois la loi sanctionnée, si elle l'est, de demander au tribunal de statuer sur
la validité de la transaction qui se passe, donc de la cession de bail, quoi qu'il
arrive. Alors... Mais encore faut-il avoir un motif, là, encore faut-il que le
locataire énonce le motif, ce sur quoi il base sa contestation de la réponse du
locateur. Mais il a toujours l'opportunité de demander au tribunal d'intervenir
pour prendre en compte l'ensemble de ces allégations et statuer sur la cession
de bail.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Dans le cas
de figure où le locateur, dans son opposition à la cession, n'a pas fourni de
raison, il dit qu'il s'y oppose seulement, le locataire va aller au tribunal
administratif du logement et va contester cette opposition-là. Qu'est-ce que le
tribunal va statuer? Est-ce qu'il pourrait donner raison au locataire parce qu'il
n'y a pas eu de raison fournie? Et le locateur, lors de son audience au
tribunal administratif du logement, va donner une raison, et de facto, cette
raison-là va être considérée par le tribunal comme valable, donc la cession a
été refusée. C'est ça qui va être statué?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Je vais
vous donner un cas, peut-être, pour illustrer la démarche que le tribunal
ferait. Le locataire transmet un avis de cession, le locateur transmet un avis
de refus, il refuse la cession, mais il n'y a pas de motif, pas de motif
sérieux. La disposition, telle qu'adoptée, là, par la Commission en ce moment,
fait en sorte qu'il peut transmettre un avis de refus sans avoir un motif
sérieux, comme on le connaît, là, dans la jurisprudence actuelle. Mais il
refuse de libérer le locataire. Alors là, le locataire peut demander au
tribunal d'intervenir pour statuer sur le refus que le locateur lui oppose
parce qu'il aurait le droit de lui refuser, je prends pour acquis, mais il
refuse de le libérer, ce qui est contraire à la législation qui serait... qui
est sur le point d'être adoptée, là, celle qui vous est présentée. Donc, il y
aurait motif pour le tribunal, après analyse des arguments, de permettre la
cession de bail, tout à fait, parce que la disposition prévoit que si j'ai un
refus, si j'adresse un refus sans un motif sérieux, bien, je dois libérer le
locataire de ses obligations. Donc, dans ce cas-là, le tribunal pourrait
intervenir, il rend les ordonnances appropriées...
M. Fontecilla : ...donc, en
quelque sorte, il y aurait une résiliation du bail sans plus, mais sans un
cessionnaire. Je dirais comme la première partie de cette opération-là qui
pourrait... le bail va être résilié, mais le bail ne va pas être transmis...
transféré à une autre personne.
M. Simard (Patrick) : En
fait, le tribunal aura à se poser la question : Est-ce que le refus
était... Est-ce que le refus peut avoir une conséquence, parce qu'il ne vient
pas avec la condition de la libération? Donc, le tribunal pourrait arriver à la
conclusion que la cession de bail est permise.
M. Fontecilla : Très bien. Au
milieu de tout ça, vous savez, il y a beaucoup de gens qui ne connaissent pas
les lois, beaucoup de gens peuvent avoir l'impression que la cession de bail
est toujours permise sous son ancienne forme. Est-ce qu'il y a une possibilité
de rétractation, c'est-à-dire le locataire cède son bail à quelqu'un d'autre.
Il informe le locateur, le locateur refuse. Mais vu que c'est refusé, le
locataire décide de changer d'avis. Une fois qu'il a envoyé sa cession de bail,
c'est définitif, il doit quitter à la date spécifiée par le locataire lui-même.
M. Simard (Patrick) : Si vous
permettez, M. le Président. Alors, l'avis de cession, une fois qu'il est
transmis, prend effet. Alors, l'avis de session demeure. Il n'y a pas de
possibilité de revenir en arrière, à moins qu'il y ait consentement des
parties, là, sinon, c'est un peu comme les avis de modification de bail. Alors,
une fois que le locateur envoie son avis de modification de bail, c'est
celui-là, on vit avec celui-là jusqu'à ce que le locataire y réponde.
M. Fontecilla : Et la date,
comment dire, de résiliation du bail, s'il y a une contestation, c'est la date
spécifiée par le locataire dans son avis au locateur. Ça peut être dans 30
jours, dans 90 jours, dans 120 jours, ou dans 15 jours, là, mais c'est cette
date-là où le bail... date à laquelle le bail est résilié et il doit quitter
les lieux.
M. Simard (Patrick) : L'article
1978.2, tel qu'adopté actuellement par la commission, prévoit que le bail est
résilié à la date de la cession. Donc, c'est la date que le locataire aura
indiquée pour la prise d'effet de la cession. C'est à ce moment-là que le bail
se terminera. Donc, c'est le locataire qui va indiquer, dans son avis, à quel
moment la rupture du lien contractuel prendra effet.
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, est-ce que nous avons d'autres questions sur l'article 36? Alors, s'il
n'y a pas d'autre question, nous allons mettre aux voix l'article 36. Est-ce
que l'article 36 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté
sur division. Parfait. Adopté sur division.
Alors, nous en sommes maintenant... La
suite est un amendement qui avait été déposé, qui avait été suspendu, si ma
mémoire est bonne, par la députée de Mille-Îles. Alors, nous reprenons
l'amendement. Et puis je pense aussi que, si j'ai bien entendu M. le
secrétaire, Mme la ministre avait un amendement aussi qui allait dans le même
sens. Alors, Mme la ministre.
Mme Duranceau : J'aimerais,
si vous êtes d'accord, qu'on suspende quelques instants pour qu'on puisse
s'expliquer sur nos amendements respectifs.
Le Président (M. Schneeberger) : Il
n'y a pas de problème. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 10)
(Reprise à 17 h 25)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, la... je vais laisser la députée de
Mille-Îles expliquer son amendement 0.1. Et, suite aux discussions avec la
ministre, je pense que vous allez l'expliquer, après ça, vous allez
probablement le retirer. En tout cas, je ne veux pas m'avancer trop, mais
vous... suite aux discussions, là, vous... je vous laisse parler et puis
présenter votre amendement.
Mme Dufour : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, j'avais déposé, ça fait quand même quelques semaines de
ça, un amendement pour, dans le fond, venir encadrer un peu plus la
marchandisation de la cession de bail ou de la sous-location, parce que c'était
un enjeu qu'on entendait, là, qu'il y avait... En fait, c'est un des éléments
qui était soulevé par les propriétaires, de dire : Bien, au détriment de
mon bien, des gens font de l'argent en le sous-louant et abusent, dans le fond,
aussi, là, des... La personne qui acceptait une telle entente ne savait peut-être
pas qu'elle avait une possibilité de payer moins cher, dans le fond, que ce
qu'elle payait, donc il y avait de l'abus à ce niveau-là. Puis je suis tout à
fait, là, d'accord qu'on ne devrait pas pouvoir faire de profit sur le bien de
quelqu'un d'autre, là, au détriment de la personne qui a ce bien-là, donc c'est
pour ça que j'avais déposé un amendement, dans le fond, qui venait changer
l'article... qui venait à introduire un article 1870.1, là, qui était
après l'article 1870, dans le but d'attribuer des dommages et intérêts punitifs
en cas de violation de la disposition. Parce qu'on m'avait... De la lecture
qu'on faisait...
Mme Dufour : ...le Code civil,
c'était déjà implicite que ce n'était pas permis de sous-louer ou de céder un
bail en... avec une contrepartie monétaire, mais ce n'était pas clairement
indiqué. Et surtout, c'est qu'il fallait que ce soit... Il y ait un incitatif à
ce qu'on ne le fasse pas. Et donc, c'est pour ça que c'était... Ça a été
introduit de cette façon-là, l'amendement.
Ceci dit, en période sans la caméra, on a
discuté avec M. le Président du TAL, monsieur...
Une voix : Simard.
Mme Dufour : Simard. Vous,
vous êtes M. Simard. Oui, O.K. M. Simard, qui m'expliquait que ce n'était pas
possible... Et peut-être vous pouvez l'expliquer, là, pourquoi des dommages et
intérêts punitifs, dans ce cas-ci, ça ne pourrait pas être fait, parce que,
dans le fond, les dommages et intérêts punitifs doivent aller à la personne
qui... Il faut qu'il y ait une partie qui est lésée là-dedans, puis là, la
personne lésée est le propriétaire, dans ce cas-ci, mais elle ne fait pas
partie de l'entente de sous-location ou de cession de bail. Je ne sais pas si
je me l'exprime bien, là. C'est...
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
est-ce qu'on a une réponse?
Mme Dufour : Ah! c'est M.
Simard. O.K. Je pensais que c'était vous qui m'aviez parlé de ça. O.K. Donc, M.
Simard, sous-ministre, il m'avait expliqué...
Une voix : ...
Mme Dufour : M. Savoie? O.K.
Puis M. Simard. O.K. Excusez-moi. Donc, un des deux a expliqué... Je ne sais
pas. Est-ce que vous pouvez juste l'expliquer, pourquoi ce n'est pas possible,
des dommages et intérêts punitifs, dans un cas comme ça?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, ça prend le consentement pour M. Savoie? On veut juste... Par
consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
M. Savoie, allez-y.
M. Savoie (Jocelyn) : Oui.
Alors, Jocelyn Savoie, sous-ministre adjoint aux impacts climatiques,
fiscalité, finance et infrastructure. Puis je suis en train de rechercher mon
argumentaire, là, ça ne sera pas long. oui, l'idée, c'est que... L'idée d'un
dommage punitif, c'est pour punir un comportement qui va créer, là, un
préjudice ou, en fait, pour réparer un préjudice. Dans le cas présent, la
personne qui subit le préjudice, c'est le propriétaire du logement, mais il
n'est pas partie prenante à la transaction qui a cours. Donc, si on vient
encadrer la cession ou la sous-location, dans les deux cas, on va capter deux
parties qui ne subissent pas de préjudice, là, donc... Un a consenti au
montant, puis...
Mme Dufour : Mais le tribunal
administratif du logement ne pourrait pas, dans le fond, attribuer les dommages
et intérêts punitifs, dans le fond, qui sont chargés à celui qui a fait la
sous-location, la marchandisation du bail, de la cession de bail, ne pourrait
pas dire : Bien, cet argent-là, vous allez le payer au propriétaire, là?
C'est ce que je comprends, là, ça ne serait pas légalement possible de faire
ça.
M. Savoie (Jocelyn) : Bien,
il faudrait qu'il soit partie prenante à la démarche, puis il n'est pas
concernée directement à ce moment. C'est pour ça que les dispositions, celles
qui portent sur la cession qui se ferait, disons, à profit, et autres, sont
plutôt traitées au tribunal. Puis la conséquence va être la résiliation du bail
plutôt que le fait de prévoir un dommage punitif, puisqu'à ce moment-là, le
propriétaire récupère son logement qu'il peut donc louer à la personne qui va
payer le prix correct avec les règles en vigueur, là.
Mme Dufour : O.K. Bien...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. M.
Savoie, vous avez dit : On est dans une relation, comment dire, à deux,
mais il y a une troisième partie, donc il y a le locateur, qui loue, un
locataire et le locataire sous-loue à une troisième entité. Mais il fait de
l'argent, il ajoute un montant supplémentaire. Et vous avez dit : Il y a
un préjudice envers le propriétaire, le locateur. Mais il est où, le préjudice
envers le locateur? Entre une relation commerciale entre le locataire et le
sous-locataire, je ne vois pas le préjudice. Oui, c'est de l'argent qu'il n'a
pas perçu, là, mais ça ne le concerne pas directement, là.
• (17 h 30) •
M. Savoie (Jocelyn) : Au
fait, vous avez deux préjudices : vous en avez un au sous-locataire qui a
payé, qui a dû défrayer un frais pour avoir le droit de sous-louer, puis vous
en avez un, techniquement, la personne n'aurait pas dû faire un profit sur le
bien d'autrui.
M. Fontecilla : Est-ce que
c'est dans le cas... c'est une question peut-être juridique, là : Est-ce
que c'est un principe établi? C'est-à-dire, je loue un bien et je l'utilise
pour faire de l'argent, est-ce que c'est interdit par les règles commerciales?
M. Savoie (Jocelyn) : Avec
les dispositions qu'on présente, qui sont bien...
17 h 30 (version non révisée)
M. Savoie (Jocelyn) : ...explicitement
que la cession ne peut pas être faite à profit, la sous-location ne peut pas
être faite avec un profit. Donc, à ce moment-là, la chose est clarifiée.
M. Fontecilla : Tout à fait.
Je comprends bien l'amendement, mais il n'y a pas... Je ne vois pas le
préjudice évident entre un locataire qui fait de l'argent un sous-louant, je ne
vois pas de préjudice évident pour le locataire. Vous dites qu'il y en a un,
mais... techniquement, vous avez dit, là, ce n'est pas...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Là, je ne
pense pas qu'on va rentrer dans ce débat-là. En tout cas, moi, je ne rentrerai
pas dans ce débat-là, parce que ça fait partie de la même perception, qui est
différente de votre côté puis de notre côté. Donc là, ce qu'on vient faire ici,
c'est qu'on dit, puis ça va être au bénéfice de tout le monde, cette mesure-là,
s'il y a une sous-location, bien, elle ne peut pas être faite avec un profit
pour la personne qui décide de sous-louer son logement. Donc, le locateur ne
sera pas... Le locateur, le propriétaire ne sera pas lésé parce que son bien ne
sera pas sous-loué à quelqu'un d'autre à profit. Et puis le sous-locataire qui
s'en venait prendre possession de ce logement-là ne paiera pas une prime pour
prendre possession du logement. Ça fait que je pense que là, on couvre les
deux. Je ne veux pas rentrer dans le débat de qui est lésé, qui n'est pas lésé,
on vient aider les deux parties, là, ici. Dans le fond, ce qu'on vient faire, c'est
que celui qui est dans le milieu, là, le sous-locateur, lui, il ne fera pas de
profit sur un bien qui ne lui appartient pas, ce qui est correct.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je suis d'accord
avec le principe, non pas tellement de faire de l'argent avec... parce que ça,
ça pourrait... avec un bien qui ne lui appartient pas, parce que ça pourrait
faire objet de débat, mais c'est qu'on est en train de profiter d'un sous-locataire
qui, normalement, n'aurait pas dû payer ce montant-là, parce que, voilà, ce n'était
pas le prix du bail, là.
Mais la question que je me pose, M. le
Président, c'est, dans cette version-là, qui était présentée par la ministre,
cet amendement-là, qu'est-ce qui arrive dans le cas où je sous-loue mon
appartement que j'ai meublé et je le loue avec les meubles et je dis : Je
te... au sous-locataire : je donne... je te charge, je ne sais pas, 100 $
de plus, parce que ça vient avec mes meubles? Ce cas de figure là, qui peut
exister, on peut trouver dans la réalité, là.
Mme Duranceau : Oui. Bien, on
pourra en reparler, de cet élément-là, mais ça ne vise pas l'amendement déposé
par notre collègue des Mille-Îles. C'est l'amendement que moi, j'ai déposé.
M. Fontecilla : Ah! dans le
vôtre. Parfait. C'est ça, là.
Mme Duranceau : Oui, oui, c'est
ça. Mais on pourra parler de ça. Tout à fait.
Le Président (M. Schneeberger) : Pas
tous en... s'il vous plaît, pas tous en même temps, parce que là, quand vous
interchangez...
Mme Duranceau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, juste un après l'autre, s'il vous plaît. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc là, pour
la procédure, on est en train d'étudier l'amendement de la députée de
Mille-Îles?
Une voix : Oui.
M. Fontecilla : O.K. mais c'est
un peu compliqué parce que c'est un après l'autre, mais il me semble qu'on doit
étudier les avantages de l'un et l'autre, celui présenté par la ministre et
celui présenté par la députée de Mille-Îles. Et l'autre contemple la
possibilité des biens meubles, et pas celui-là. Donc, il me semble que l'autre,
présenté par la ministre, pour une fois que je suis d'accord avec la ministre, est
plus complet. Et c'est rare, et ça ne va pas arriver souvent, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : J'aimerais
reprendre une phrase d'un célèbre humoriste : «Je crois rêver!»
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Duranceau : Écoutez,
merci, M. le député de Laurier-Dorion. Mais on va y venir, s'il vous plaît,
gardez votre enthousiasme pour la suite.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
je pense, la députée de Mille-Îles souhaitait intervenir.
Mme Dufour : Oui,
effectivement, c'est un cas de figure que je n'avais pas pensé, les biens
meubles, et que je trouvais bien dans la proposition de la ministre. La raison
pourquoi qu'on discute de cet amendement-là, c'est que je voulais qu'on ait la
discussion sur les dommages et intérêts punitifs qui ne se retrouvent pas dans
la deuxième version, dans la version de la ministre. Ceci dit, moi, je vais
retirer mon amendement.
J'aimerais tout de même répondre à une
question, à un élément qui a été... Que le député de Laurier-Dorion a soulevé :
il est où, le préjudice pour un propriétaire? Bien, si je vous prête quelque
chose et vous le reprêtez à quelqu'un d'autre, mais en échange d'argent, je
vais dire : Bien, pourquoi vous prenez mon bien puis vous faites de l'argent
sur mon bien puis que moi, je n'en profite pas? C'est un peu ça qui se fait,
là...
Mme Dufour : ...quand il y a
de la marchandisation, là. C'est... c'est tout simplement ça, là, il est là, le
préjudice. C'est que le bien qui appartient à quelqu'un, bien, les revenus qui
viennent avec ce bien-là devraient aller à cette personne-là, pas à une tierce
partie qui n'a pas investi de capital, qui n'a pas investi de... d'intérêts,
qui n'a pas mis des rénovations, qui a peut-être eu à pallier à des... des...
des dommages dans le passé, qui ne paie pas les assurances, etc. Il est là, le
préjudice, à mon avis. Tu sais, si une personne, en plus, a... a réussi à avoir
un loyer qui est bas qui lui permet de le sous-louer plus cher, bien, tu sais,
c'est aussi un préjudice envers la personne qui a le... qui prend le bail de
l'autre personne puis qui dit: Bien, pourquoi, moi, je ne bénéficie pas de
ce... ce bas loyer-là? Tu sais, il y a comme une injustice là. Puis... puis, tu
sais, les personnes qui sous-louent, qui cèdent leur bail devraient au moins
avoir cette préoccupation-là pour les autres, tu sais, et c'est pour ça que,
pour moi, il fallait que ça soit absolument dénoncé, la marchandisation. Puis
c'est sûr que le propriétaire est... a un préjudice, mais, à mon avis, le...
le... le... la personne qui paie en plus ou en surplus devrait aussi... aussi
subit aussi un préjudice. Donc, voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les... Merci pour les explications. Alors, à ce moment-là, je veux juste
bien suivre, là. Est-ce que vous allez...
Mme Dufour : Je vais retirer
mon amendement, et avec consentement, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, la députée de Mille-Îles va retirer l'amendement. Est-ce que nous... le
consentement pour le retrait?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Consentement.
Parfait. Alors, l'amendement 0.1 est retiré. Et là, on va sur le...
Mme Duranceau : Oui. Alors,
je vais lire mon amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors là, c'est la... la... la ministre qui a... qui va lire l'amendement de
l'article 7.0.1.
Mme Duranceau : Oui. Alors:
Insérer, après l'article 7 du projet de loi, le suivant:
7. 0.1. Ce code est modifié par
l'insertion, avant l'intitulé de la sous-section 9 de la section IV du chapitre
quatrième du titre deuxième du livre cinquième, des articles suivants:
«1978.3. Le locataire qui cède son bail ne
peut exiger de contrepartie.
«1978.4. Le locataire... Le locataire qui
sous-loue son logement ne peut exiger, outre le coût des services offerts et
des frais raisonnables pour l'usage des biens meubles dont le locataire est
propriétaire, un montant supérieur au loyer qu'il verse au locateur.».
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, juste question de procédure, j'ai besoin du consentement, étant donné
que l'amendement... l'article introduit plusieurs articles. Est-ce que nous
avons le consentement de la table pour ça?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Correspond...
Oui, parfait. Alors, ça va. Alors, vous pouvez continuer vos... vos échanges.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je pense que c'est relativement clair, là. Mais je vais laisser les
oppositions poser leurs questions, si... s'il y en a, là.
Mme Dufour : Oui, je... Ce ne
sera pas long, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce que vous avez des questions, commentaires sur l'amendement déposé par
Mme la ministre?
Mme Dufour : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, c'est ça.
Ici, on sépare le «cède... cède le... céder le bail», là. Dans le fond, le
locataire qui cède son bail ne peut exiger de contrepartie, puis là,
séparément, on... on parle de la sous-location. Mais là, effectivement, il y a
la question des biens meubles qui est... qui est... Mais là, comment on définit
les frais raisonnables? Ça... ça, c'est l'élément... C'est... c'est ça. Est-ce
qu'au Tribunal administratif du logement, on a des barèmes pour ça?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui. Le
bénéfice du Tribunal administratif du logement, c'est d'être spécialisé. Donc,
en cette matière-là... Mais, évidemment, ça, c'est une matière qui... qui peut
sembler plus nouvelle, mais on a souvent à statuer sur la valeur de... de
l'utilisation de certains biens lorsqu'il y a notamment des demandes en
diminution, en compensation. Donc, on fait ces évaluations-là déjà.
Mme Dufour : O.K. Je
m'excuse, je vous entendais mal. Mais... mais ça peut ressembler à quoi, des
frais raisonnables pour l'usage de biens meubles dont le locataire est
propriétaire?
• (17 h 40) •
M. Simard (Patrick) : Sont
par exemple des biens meubles, on dira, des... bien, des meubles, hein, un
sofa, pour dire quelque chose. Donc... donc, dans... dans l'espace de
discussion, lorsque le tribunal a à statuer, les parties font leurs
présentations, expriment ce pourquoi ça vaut 150 $. Alors, le tribunal va
statuer en fonction de ce que... de ce qu'on a déjà comme jurisprudence.
Lorsque... Par exemple, en matière notamment de... de... de dégâts d'eau,
d'assurance - parce qu'on fait également, en subrogation, certains dossiers
d'assurance - donc, on est capables d'évaluer quel est l'usage d'un bien.
Alors, par...
M. Simard (Patrick) : ...vont
prendre un sofa, donc on va déterminer la valeur du sofa, sa durée, en
principe, son expectative de vie, puis on va en déterminer une proportion d'utilisation.
Donc, c'est... je dirais, ce n'est pas simple à vous exprimer autrement qu'on
va entendre les parties. On va statuer suivant la valeur du bien de ce dont on
parle. Par exemple, ça pourrait aussi être usage de l'Internet, par exemple.
Même chose. Alors, il y a l'Internet qui fonctionne encore dans l'appartement
que, tout à coup, j'habite. Donc, même chose. Les frais d'énergie également.
Donc, ça dépend vraiment des circonstances propres à chacune des affaires qui
nous sont présentées.
Mme Dufour : Oui, c'est vrai,
ça, l'Internet, des fois... Oui. O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, je disais,
c'est vrai que, des fois, l'Internet est inclus.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Prass : Oui. Pour
déterminer la valeur, est-ce que vous demandez, par exemple, des factures?
Parce que, si une personne peut... 5000 $ pour mon sofa, mais, en fait, ça a
une valeur de 1000 $, comment est-ce que vous déterminez, c'est quoi, le prix?
Est-ce que vous demandez des preuves, mais c'est basé sur quoi?
M. Simard (Patrick) : Alors,
ce sont les parties qui font la présentation de leur preuve et le tribunal
statue en fonction de la prépondérance de la preuve. Et il y a un principe de
base, là, en matière de preuve, c'est que le tribunal doit être convaincu que
ce qu'on lui livre comme information, bien, c'est la réalité. Donc, le tribunal
a toujours un espace d'évaluation, même si les parties peuvent prétendre autre
chose. Donc, dans notre discrétion judiciaire, parce qu'on l'a encore, notre
discrétion, c'est nous qui déterminons le véritable montant qui fait l'objet de
l'usage.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Tout à
l'heure, lors des échanges à huis clos qu'on a eus, dans le fond, on a... moi,
je soulevais les enjeux, là, de dire : Bien, comme il n'y a pas de dommage
punitif ici, il est où, l'intérêt, dans le fond, l'incitatif à respecter la
loi? Et Me Simard mentionnait, peut-être que vous pouvez le répéter, dans le
fond, là, qu'est-ce que vous suspectez qui risque d'arriver avec cet
amendement-là? C'est intéressant, là, ça fait que je pense que ce serait bien
que tout le monde vous entende, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Merci, M. le Président, merci, Mme la députée, de me donner l'opportunité. Ce
qui est envisagé, ce que ce que j'entrevois pour l'avenir, dans la mesure où
c'est adopté, c'est que le locataire qui a cédé son bail à un cessionnaire, à
un autre locataire, en exigeant une contrepartie, nous amènera certainement la
situation où la personne qui a payé la contrepartie pourra demander, c'est ce
que j'entrevois, au tribunal le remboursement de la contrepartie. Ce qui va, je
pense, avoir comme effet de freiner cette manœuvre-là dans le marché, puisque
celui ou celle qui aura consenti tout à coup de verser 1 000 $, pour un
cas hypothétique, mais pourra exiger au tribunal, parce que cette
possibilité-là, elle est maintenant... ferait partie maintenant de la
législation, de se voir totalement rembourser par celui qui en a bénéficié.
Mme Dufour : Est-ce
qu'actuellement, il y a déjà des gens qui contestent une marchandisation, dont
ils auraient fait les frais, là, des gens qui ne savaient pas, par exemple, que
le loyer, admettons, est 1000, mais ils se font charger 1250 en sous-location
ou en cession de bail?
M. Simard (Patrick) : Dans la
mesure où cette disposition-là n'existe pas, la réponse à cela, c'est non, puisqu'il
n'y a rien qui interdit, pour reprendre votre propos, la marchandisation, la
contrepartie, rien ne l'interdit.
Mme Dufour : Mais, comme je
le disais plus tôt, nous, notre lecture, c'était que c'était interdit, d'une
certaine façon. Je comprends que ça l'était, O.K., ça l'était pour la cession
de bail, mais pas pour la sous-location. Est-ce que c'est bien ça? Tout à
l'heure, quand on a eu ces échanges-là, c'était intrinsèque dans un des deux
cas, mais je ne rappelle plus lequel.
M. Simard (Patrick) : C'est
dans la mesure où on fait la relation entre le locateur et le locataire qui se
distingue du locataire et du sous-locataire. Entre le locataire et le
sous-locataire, il n'y a rien qui aujourd'hui interdit la contrepartie.
Cependant, ou peut-être au détriment dans la mesure où il prouve le préjudice
sérieux, le locateur, à son détriment... une contrepartie, il nous présente une
démonstration qui est convaincante sur le fait qu'il en subit un préjudice. Là,
il y aura une sanction, c'est-à-dire une intervention du TAL.
Mme Dufour : O.K. Bien, en
tout cas, moi, ça me va, là. Ça répond à mes questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : M. le
Président, si le Tribunal administratif du logement, en ce moment, possède une
jurisprudence lui permettant de calculer les coûts de services offerts et des
frais raisonnables pour l'usage des biens meubles dont le locateur est
propriétaire. Donc, si...
M. Fontecilla : ...Si le TAL a
cette... comment dire, cette expertise-là, je vais dire, ou jurisprudence? Je
ne sais pas si c'est à Me Simard de nous en informer. Est-ce qu'il est en
mesure de calculer combien ça coûte, les biens meubles dont le locataire,
comment dire, a loués au sous-locataire?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Alors, je vous rassure, la réponse, c'est oui. Parce qu'actuellement il y a des
litiges qui sont présentés devant le tribunal qui nous amènent à faire cet exercice-là,
notamment par rapport aux services offerts, les demandes en diminution de
loyer, les demandes en remboursement, les frais raisonnables pour l'usage de
biens meubles. On va le voir également en matière, je le disais tout à l'heure,
là, en matière d'assurance, en subrogation, où est-ce qu'on a déterminé
justement l'usage du bien, on en est rendus où, dans sa durée de vie. Donc,
oui, on fait cet exercice-là. Et évidemment, bien, on développera davantage
d'acuité dans notre propos et dans nos décisions avec cette disposition-là pour
l'avenir, mais actuellement, oui, on a déjà ces cas-là, qui nous sont
présentés, où on doit faire les analyses.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Oui. Alors, d'autres questions sur l'amendement? Non. Alors, on va mettre
aux voix l'amendement. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 7.0.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Nous en sommes maintenant à l'article, qui était aussi un amendement déposé et
suspendu, 31.1, par la députée de Mille-Îles.
Mme Duranceau : Je pense
qu'on va suspendre, M. le Président, si tout le monde est d'accord.
Le Président (M. Schneeberger) : Nous
allons suspendre? Oui. O.K..
Alors, une demande de suspension.
(Suspension de la séance à 17 h 48)
(Reprise à 18 heures)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous avons... nous reprenons les travaux. Nous en sommes toujours à des
discussions entre les différents groupes.
Alors, pour les besoins, nous allons
suspendre les travaux pour l'heure du souper. Alors, nous revenons à
19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 53)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bonsoir à tous. Alors, nous reprenons les travaux.
Alors, la commission reprend les travaux
sur le projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions
législatives en matière d'habitation. Alors, avant la suspension, nous en
étions à l'amendement déposé par la députée de Mille-Îles, qui introduisait l'article 31.1.
Cet amendement-là avait déjà été déposé et suspendu, alors nous reprenons.
Alors, Mme la députée de Mille-Îles, je vous laisse la parole pour votre
amendement.
Mme Dufour : Oui, merci, M.
le Président. Bon, l'amendement 31.1, que j'avais déposé au début, il
mérite un petit peu d'explications, là. Dans le fond, si on regarde la loi sur
le tribunal administratif du logement, les amendes qui sont imposées incluent
toute une série d'articles du Code civil. Et donc, on dit : Bien, toute
personne, quiconque contrevient à, et là, on nomme toute une série du code... d'articles
du Code civil : commet une infraction est passible d'une amende d'au moins
125 $ ou d'au plus 1 125 $, s'il s'agit d'une personne autre qu'une
personne morale, puis là, c'est davantage si c'est une personne morale. L'enjeu
qu'il y avait avec ça, c'est que dans... l'intention devant... avec mon amendement,
c'était de faire en sorte que certaines infractions considérées plus graves
soient augmentées substantiellement, alors que les autres, qui sont, en fait,
des infractions somme toute mineures, on ne touche pas, tu sais, à ça.
Et donc l'article 31.1, dans ce
cas-ci, réfère à la loi sur... l'article 114, du Tribunal administratif du
logement, mais, comme je disais, ça inclut tous les articles du Code civil de
1892 à 2000. Donc, c'est quand même beaucoup d'articles là-dedans, mais ils ne
sont pas tous équivalents, là, il y en a là-dedans que c'est vraiment très,
très, très mineur, là. Je veux juste donner peut-être un exemple, là, qu'on
avait vu, qui était vraiment... Tu sais, par exemple, le locataire qui peut, à
moins d'une urgence, refuser que le logement soit visité avant 9 h ou
après 21 h, tu sais, la visite doit avoir lieu dans ces heures-là, mais il
peut y avoir un cas où le locataire n'est pas en mesure de permettre une visite
dans ces heures-là, est-ce que ça mériterait des amendes substantielles pour
ça? On n'était pas là.
Et donc, dans le fond, c'est pour ça que l'article
31.1, si on peut juste descendre juste pour que j'en voie le libellé, voilà, c'était,
en fait, de retirer tous les éléments, dans le fond, des articles qui étaient
quand même assez... plus mineurs, et d'insérer que ceux qui commettent des
infractions plus graves soient passibles d'amendes plus élevées. Et là, on
parlait d'articles...
Mme Dufour : ...que là je vais
quand même vous expliquer c'est quoi en deux secondes. Voilà. C'est de la
discrimination. C'est un locateur, un locateur qui ferait de la discrimination,
par exemple, envers une personne enceinte ou toute personne, en fait, toute
discrimination. C'est grave, faire de la discrimination. 1904, 1904, c'était le
dépôt de garantie, donc contrevenir et exiger un dépôt de garantie. C'est
quelque chose qui, à notre avis, méritait d'avoir une amende plus substantielle
que ce qui est actuellement prévu, là, 250 $. L'article 1913, délivrer un
logement impropre à l'habitation, ça aussi, c'est grave. Ça devrait être
pénalisé, tu sais, il devrait avoir des amendes substantiellement plus
importantes. Et le dernier 1970, je vais vous montrer, je vais vous dire, c'est
un logement qui a fait l'objet d'une reprise ou d'une éviction, mais qui est
utilisé pour une autre fin que celle pour laquelle le droit a été exercé, donc,
finalement, une reprise ou une éviction frauduleuse. C'est sûr qu'on a revu
certains éléments ailleurs dans le projet de loi.
Mais, bref, tout ça pour dire que
l'article qui est présenté ici, c'était pour augmenter, pour ces articles-là
spécifiquement, les amendes, pour qu'actuellement c'est 250 à, au plus, 2450,
ce sera augmenté à, au moins, 1250 à, au plus, 10 000 $, s'il s'agit d'une
personne morale... autre qu'une personne morale, pardon, et, d'au moins, 5000,
au plus, 20 000 s'il s'agit d'une personne morale. Et, de mémoire, il y a, au
moins, un de ces articles-là que le collègue de Laurier Dorion avait à peu près
la même proposition aussi d'augmenter l'amende, mais que, finalement, il avait
retiré, je ne me rappelle plus c'était quel article, là.
M. Fontecilla : ...
Mme Dufour : Il est toujours
là, il a été déposé. O.K. Ça fait que, bref, on avait à peu près les mêmes
montants. La logique était vraiment la gravité, la sévérité de l'infraction.
Donc, l'article se lirait comme suit, là, «quiconque contrevient à l'article 69
et aux articles 1919», vous voyez, dans le fond, la logique, c'est qu'on retire
les articles les plus graves pour créer une section 113.1, où on dit que ces
articles-là, l'amende est plus élevée, là. En tout cas, si vous me permettez,
je ne lirai pas tout ce qui est déjà écrit, je l'ai déjà lu, je pense, quand je
les ai déposés la première fois.
Donc, voilà. C'est un peu compliqué, mais
j'explique c'était quoi, le raisonnement derrière cet article-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, est-ce que, là-dessus, Mme la ministre avait des commentaires à émettre
ou juste... ou on souhaite passer au vote sur l'amendement?
Mme Duranceau : Non, je n'ai
pas de commentaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Non.
Alors, à ce moment... Oui. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Bien, moi, je
voudrais peut-être, au moins, dire ce qui s'est dit hors de la caméra, là.
Dans le fond, c'est que... ce qu'on a discuté, c'est que les amendes, ce n'est
pas nécessairement quelque chose qui est applicable, qui s'applique
actuellement. Ce que j'ai compris par des échanges avec Maître Simard, c'est
qu'actuellement le DPCP, donc le directeur des poursuites criminelles et
pénales, doit, dans le fond, démontrer que c'est hors de tout doute raisonnable
pour pouvoir appliquer les amendes, alors que, dans le cas des
dommages-intérêts punitifs, ce qui n'est pas prévu dans ces articles-là, mais
là, à ce moment-là, c'est beaucoup plus... c'est le Tribunal administration du
logement qui les applique, et c'est c'est basé plutôt sur la probabilité et
donc plus facile à appliquer. Et, dans le cas des dommages-intérêts punitifs,
ce qu'on comprend, c'est que c'est appliqué actuellement, alors que les
amendes, ce qu'on comprend, c'est que, les mots, c'est que ça n'a jamais été
appliqué. Donc, toutes ces amendes-là n'ont jamais, jamais été appliquées.
C'est ce qu'on nous a dit hors caméra.
• (20 heures) •
Il reste que, et là la ministre va arriver
avec des amendements, là, pour proposer des montants plus élevés, mais il n'y a
pas, dans les amendements que la ministre propose, il n'y a pas la distinction
de qu'est-ce qui est grave, qu'est-ce qui n'est pas grave là-dedans. Et moi, je
continue à... penser que c'est important que ce soit écrit dans la loi, que
c'est... quelque chose qui est plus grave devrait avoir une pénalité plus
grande, même si je comprends qu'elle n'est peut-être pas appliquée en pratique,
là...
20 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...Ça lance un
signal aux gens, surtout quand que c'est écrit, là. Tu sais, quand qu'on reçoit
un avis puis qu'il est écrit «toute personne contrevient à tel, tel, tel, est
passible d'une amende de xxx», ça ne donne peut-être pas le goût de le faire.
Alors que, si on voit que c'est 125 $, comme dans certains cas ici,
peut-être qu'on dit : Bien, ce n'est pas bien grave, 125 $. Mais, si
c'est 5 000 $... bien là, ce n'est pas 5 000 $, là, mais
mon maximum, 1 250 $, au plus, 10 000 $, puis 5 000 $,
oui, dans le cas d'une personne morale, c'est un peu plus dissuasif.
Donc, c'était l'objectif de l'article. Là,
je comprends que la ministre n'est pas d'accord avec mes propositions, mais je
pense que c'était important que je le souligne, là, qu'il y avait quand même un
avantage à montrer que quelque chose qui est plus grave devrait avoir un
montant plus grave associé à ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, bien entendu, je pense que Mme la ministre avait quelque chose à nous
dire.
Mme Duranceau : Oui. Bien,
écoutez, on propose plusieurs amendements au niveau des amendes. Effectivement,
les amendes, c'est plus compliqué à faire appliquer. Par contre, toutes nos
modifications quant aux montants, que ça soit dans cet article-là ou dans les
autres, c'est cohérent avec l'inflation depuis la date où ça a été introduit et
ça tient compte du corpus de toutes les lois. Donc, ce n'est pas vrai que, pour
ces mesures-là, je peux aller bonifier de manière importante sans tenir compte
de l'ensemble des lois. Ça fait que là, on recommence, là, si on s'en va, là.
Donc, considérant qu'au niveau des amendes ce n'est pas ça qui risque de s'appliquer,
bien, moi, j'ai voulu bonifier les dommages punitifs, qui, eux, peuvent être
appliqués par le TAL, puis c'est là-dessus que j'ai l'intention de passer du
temps.
Sinon, ce qu'on a fait, c'est de mettre à
jour la loi, mais en tenant compte de l'ensemble de l'oeuvre puis de toutes nos
lois applicables. Alors, on peut en parler longuement, c'est un... La députée
de Mille-Îles a un bon point en disant : Bien, on devrait pénaliser plus
ce qui est plus grave, mais, bon, il y a un... Il y a une œuvre plus grande à
considérer pour ça. Puis je pense que ça va être un débat qui est plutôt
théorique, considérant l'applicabilité, finalement, en pratique, restreinte,
des amendes, là. Alors, moi, je vais mieux... J'aime mieux passer du temps puis
faire adopter des dommages punitifs, qui, eux, vont vraiment avoir un impact
sur les gens.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Bien, je
suis tout à fait d'accord que des dommages et intérêts punitifs, c'est fort
intéressant. Puis d'ailleurs, il y a eu plusieurs amendements que j'avais
déposés pour les ajouter pour les prévoir, parce que ce n'était pas prévu
partout, puis on avait eu des demandes en ce sens-là lors des consultations
particulières. Par contre, je continue à penser que c'est comme... tu sais, un
peu comme les infractions de la route, là : quand on pense qu'on va perdre
plus de points puis plus d'argent, on fait plus attention que si c'est mineur,
tu sais. C'est évident. Ça fait que moi, j'invite la ministre à faire l'exercice,
tu sais, avec leur équipe, puis à voir comment on peut, un, les augmenter
vraiment, parce qu'à l'époque, quand la loi... certains articles de loi ont été
adoptés, ce qui était considéré grave à l'époque ou pas grave à l'époque n'est
pas la même chose qu'aujourd'hui, on considère. Donc, en partant, notre jugement
de qu'est-ce qui est grave et pas grave a beaucoup changé à travers les 40 ans
de cette loi-là... 40, 50 ans.
Puis ensuite, l'autre élément, c'est de
voir aussi comment on peut faire en sorte qu'elles s'appliquent, ces
amendes-là. Tu sais, il y a sûrement une façon de revoir les choses pour qu'éventuellement
ça serve à quelque chose, d'avoir des amendes. Parce que, si on a des amendes
puis ce n'est jamais appliqué, imaginez qu'est-ce que ça aurait l'air sur l'autoroute,
si on n'appliquait jamais les... c'est ça, les limites de vitesse. Donc, je
pense que, tu sais, il y aurait une importance à voir comment on peut les
appliquer. Je comprends que les dommages et intérêts punitifs, ça, le TAL peut
le faire, et c'est... mais il y a de l'imprévisibilité, on ne sait pas combien
ça va être. Donc, la première fois... Puis d'ailleurs, la première personne,
là, qui va recevoir un jugement en fonction de ça va peut-être avoir... va être
très surpris, peut-être, parce que, soudainement, il pensait que c'était peut-être
une amende de, je ne le sais pas, moi, de 125 $, puis là, finalement, il
va peut-être se ramasser avec un jugement de 10 000 $ et plus. Ça
fait que, tu sais, il va peut-être y avoir un effet de surprise, alors que,
quand on sait s'il y a une amende, c'est établi, on a une meilleure idée de qu'est-ce
que c'est qui nous attend. En tout cas, je le dis.
Ça fait que moi, j'invite à ce qu'on fasse
cette réflexion-là, de revoir les amendes puis de voir comment on peut les
appliquer plus aisément peut-être en révisant les façons de faire au niveau de
la justice, tout simplement.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors...
Le Président (M. Schneeberger) : ...bien
entendu. Alors, à ce moment-là, s'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons
mettre aux voix l'amendement qui introduit l'article 31.1. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Vote
par appel nominal. Alors, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
: Contre.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Abstention.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous en sommes maintenant à l'amendement
qui introduit l'article. Oui.
Mme Duranceau : ...si tout le
monde consent, à introduire l'article 31... l'amendement 31.3, juste pour être
cohérente avec la discussion qu'on vient d'avoir, là, parce que le 31.3 reprend
le sujet, là, dont parlait la députée de Mille-Îles.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, avec le consentement. Consentement? Oui. Alors, allez-y, Mme la
ministre, il n'y a pas de problème.
Mme Duranceau : Alors, merci.
Je vais lire le 31.3. Donc, insérer, après l'article 31.2 du projet de loi tel
qu'amendé, le suivant :
31.3. L'article 113 de cette loi est
modifié par le remplacement de «et 1970» par «1970, 1978.3 et 1978.4», de «125
et d'au plus 1225» par «200 et d'au plus 1900», puis «250» par «d'au plus 2450»
par «400 et d'au plus 4200».
Donc, c'est notre proposition de
majoration des amendes qui est cohérente avec l'ensemble du corpus de nos lois
et de leur degré de punition qui doit être imposé compte tenu de l'offense.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce qu'il y a des questions, commentaires? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Merci, M.
le Président. Mais, tu sais, un exemple de quelque chose qui, pour moi, ne fait
aucun sens ici, c'est qu'on vient dire que, dans le cas de refuser... dans le
cas de l'article, contrevenir à l'article 1899, qui implique de refuser de
consentir un bail, refuser le maintien en ses droits ou imposer des conditions
plus onéreuses à une personne enceinte ou avec des enfants, ainsi qu'à une
personne pour le seul motif qu'elle exerce ses droits en tant que locataire»,
ça, c'est de la discrimination, on augmente ça à 200 $ au lieu de
125 $. Pour moi, c'est gravissime comme infraction, mais ça fait partie des
genres d'article que j'avais augmentés substantiellement avec l'article
précédent... mon amendement précédent.
Pour moi, ça doit être révisé, je veux
dire, si, dans la loi, là, quelqu'un contrevient à cet article-là, il se fait
dire : Bien non, ça va être juste... tu as juste 200 $ d'amende.
Oui, c'est vrai qu'il va avoir des dommages-punitifs éventuellement, là, c'est
ce que je comprends qu'on veut... En fait, je le vois pas dans l'article, là,
je ne sais pas, je ne le vois pas, il est où, dommages-punitifs ici.
Une voix : ...
Mme Dufour : Il est déjà là.
Bon. Mais ça reste que c'est risible, là. 200 $. Ça démontre absolument
mon point précédent. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Député de Laurier-Dorion.
• (20 h 10) •
M. Fontecilla : Oui, merci,
M. le Président. Dans la même veine, évidemment, on comprend l'impératif de
cohérence soulevé par la ministre de l'Habitation, donc que les amendes soient
cohérentes avec un corpus d'amendes qui existe ailleurs dans le Code civil.
Mais il y avait certains types d'infraction, des fautes qui heurtent davantage
la conscience collective, comme, par exemple, de refuser de consentir un bail à
une personne enceinte ou avec des enfants ou pour le seul motif qu'elle a
exercé ses droits en tant que locataire. C'est des éléments qui, comment dire,
offensent l'esprit d'une personne normalement constituée, là, davantage que,
par exemple, donner accès à un logement à un expert ou à une personne qui
agit... qui va faire inspectionner quelque chose, ou...
M. Fontecilla : ...Un montant,
un versement qui excède un mois de loyer, là. Ici, c'est concrètement des
situations qui s'apparentent à des situations discriminatoires.
Et, deuxième élément, deuxième volet,
c'est des représailles, là. On sait que, par ailleurs, là, beaucoup de
locataires, c'est un fait connu, beaucoup de locataires refusent d'aller au TAL
simplement pour ne pas voir son nom apparaître dans les différentes
communications qui sont rendues publiques par le Tribunal administratif du
logement. Et on sait aussi qu'il y a des compagnies qui fournissent ce
service-là à certains propriétaires, c'est-à-dire signaler, après paiement de
certaines sommes, faire la recherche, là, de locataires qui ont déjà utilisé,
exercé ce droit en tant que locataires. Et c'est des choses qui existent.
Donc, et même si on nous a expliqué que la
procédure d'amendes est une procédure beaucoup plus compliquée, le seul fait
qu'il y ait des amendes plus importantes peut avoir un effet dissuasif sur un
certain nombre de personnes malveillantes et les dissuader d'agir de cette
façon-là, par exemple, refuser un logement à une personne enceinte ou avec des
enfants ou refuser un logement à une personne parce qu'elle a déjà exercé ses
droits.
Donc, à mon avis, dans la marge de
manœuvre dont dispose la ministre de l'Habitation, est-ce qu'elle ne pourrait
pas élever davantage les amendes pour le fait de refuser ou consentir un bail à
une personne enceinte ou avec des enfants ou pour le seul motif qu'elle a
exercé ses droits en tant que le locataire? Est-ce qu'elle peut aller plus
loin, là, dans le rehaussement des amendes?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Mme la ministre, est-ce que vous souhaitez...
Mme Duranceau : Non.
Le Président (M. Schneeberger) : Non.
Mme Duranceau : Bien, j'ai
déjà répondu. C'est la même question, là, que la députée de Mille-Îles. Je
respecte l'ensemble des niveaux d'amende dans toutes nos lois, on ne peut pas
être diamétralement opposés ou complètement hors champ dans les amendes à
l'égard de ces manquements-là. Alors, au niveau des amendes, on respecte
l'ensemble du corpus de lois. Puis on les a majorées, ça fait que, déjà, c'est
mis à jour. Et puis on va miser plutôt sur les dommages punitifs dans les cas
applicables, là. Il y en a qui le sont déjà, il y en a qu'on a amendés... Pas
«qu'on a amendés», mais qu'on a ajoutés dans le cadre des articles 0.4.1
puis 32.2, quand les logements sont impropres à l'habitation. Donc, c'est comme
ça qu'on vient capturer les comportements dissuasifs qu'on veut... les
comportements qu'on veut freiner. C'est ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Est-ce que... Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : je ne pense
pas que le sens de ma demande, c'est d'être complètement hors champ, là, ou en
contradiction avec... ou de façon... des amendes incohérentes avec le reste de
ce qui est présent ailleurs dans le Code civil en termes d'amende, mais il y a
une marge entre majorer et majorer un peu pour ce type d'infractions, qui nous
paraissent particulièrement odieuses, donc... Et Il me semble que le
législateur pourrait avoir la marge d'action pour indiquer avec une amende ne
serait-ce qu'un peu plus élevée, là, mais de signaler que ce type d'infractions
est davantage condamné et puni par conséquent, là, par... bien, par le
législateur, justement. C'est donc d'envoyer le message, par une amende un peu
plus élevée, là, que ce type d'actions, les actions de représailles ou le refus
d'un logement pour une personne enceinte ou avec des enfants, là, sont
particulièrement odieuses aux yeux du législateur, donc elles ont une amende un
peu plus grande, c'est tout, là, tout en sachant que le régime des amendes est
particulièrement difficile à appliquer, là. Mais, si on peut envoyer un
message, ce serait encore mieux.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Alors, est-ce que nous avons... Oui, députée de
D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui.
Premièrement, je voudrais savoir si vous avez réponse : Quand les montants
originaux, les montants actuels...
Mme Prass : ...ont été
établis?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, qui veut répondre?
Mme Duranceau : Me Simard.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard. Oui, allez-y.
M. Simard (Patrick) : Avec
plaisir, M. le Président. Alors, je vais vous donner les chiffres et vous dire
à quel moment ils étaient là parce qu'effectivement les corrélations peuvent
être difficiles à comprendre en fonction du moment où l'amende a été adoptée
par le législateur.
Donc, le 5 000 $ qu'on retrouve
date de 1980, alors, celui-là, avec la majoration de l'inflation, donnait
17 500 $, le 25 000 $ date également de 1980, ce qui nous
amène à 90 000 $, le 5 800 $ date de 1991, qui nous amenait
à 11 000 $, 28 975 $ date de 1991 également, pour un
arrimage actuellement à 55 000 $, le 125 $ date de 1999, c'est
beaucoup plus récent, alors, avec l'exercice de mise à jour, donnait
200 $, 1 225 $, c'est en 1999, tout comme 250 $ et
2 450 $, ils sont tous de 1999.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui, Merci. Donc,
quand on parle d'au moins 125 $, puis là, on le voit rehaussé à
200 $, puis ça fait 33 ans, je pense que, même avec l'inflation,
c'est encore disproportionné à la réalité d'aujourd'hui. Quand on dit surtout,
par exemple, exiger... quand une des infractions serait d'exiger... bien, on
parle de refuser de consentir un bail pour des raisons de discrimination, celui
qui est prêt à dire non à une femme enceinte, à une famille monoparentale avec
des enfants, ce n'est pas un 200 $ ou 1 900 $ qui va faire en
sorte qu'on va le convaincre de ne pas faire ces gestes-là. Surtout, comme j'ai
dit, là, entre 1990... en 33 ans, on a monté une amende de 125 $ à
200 $. Même si ça inclut l'inflation, je ne pense pas que ça reflète
vraiment la réalité dans le sens que, si on veut faire un élément dissuasif, ce
n'est pas 200 $ puis une augmentation de 75 $ en 33 ans qui vont
faire que la personne va penser deux fois avant d'agir d'une telle façon. Même
avec le 1 900 $. Le 200 $, en plus, tu sais, ce n'est rien pour
attendre que quelqu'un plus désirable arrive avec un profil qu'on recherche qui
peut-être a des capacités de payer davantage.
Donc, comme ma collègue l'a suggéré, je
trouve... Puis les dommages et intérêts punitifs, c'est une chose. Et, encore
une fois, comme ma collègue l'a mentionné tantôt, ce n'est pas inscrit nulle
part, il faut que les gens aillent chercher, puis il faut qu'il y ait une
précédence pour que ces montants soient établis. Tandis que normalement, quand
on parle de logement, on parle du tribunal administratif du logement, puis
c'est là qu'on va chercher nos informations. Donc, pour donner à tout le moins
l'apparence qu'il y ait une conséquence réelle à de tels gestes, il faudrait
que, dans les amendes du tribunal administratif, qui sont facilement... Qu'on
peut facilement aller chercher sur le site web, etc. Donc, tu sais, si on pense
à faire quelque chose ou même si quelqu'un veut être bien informé, puis ils
vont dire : Bien, vous êtes en train de faire de la discrimination, j'ai
vérifié auprès du Tribunal administratif du logement, et c'est une amende d'au
moins 5 000 $, ça peut faire en sorte que la personne, encore une
fois, va repenser la façon dont ils vont agir puis ils vont traiter cette
personne-là. Tandis que les intérêts et dommages punitifs, on ne sait pas, ils
seront combien. On sait... S'ils ne sont pas assez autant accessibles que
d'aller sur le site web du Tribunal administratif du logement.
• (20 h 20) •
Les autres montants qui sont là, bien, ça
fait 24 ans. Donc, on parle d'une amende de 1 225 $ qui est
rendue à 1 900 $, une amende de 250 $ qui est rendue à
400 $, une amende de 2 450 $ qui est rendue à 4 200 $.
En 23 ans, et je comprends, on a ajusté pour l'inflation, mais ces
montants ne représentent plus... n'ont plus le même effet qu'ils avaient au moment
où ils ont été établis, et il faut prendre ça en considération. Comme ma
collègue a dit, il y a des gestes qui sont plus de mauvaise foi que d'autres,
puis il faut les mettre dans une catégorie à part pour vraiment que ça soit un
«détérant» pour que les propriétaires n'agissent pas de cette façon. Donc, même
avec l'augmentation pour l'inflation, je trouve qu'avec des 23 ans et des
33 ans de... Des 24 ans et 33 ans depuis que...
Mme Prass : ...que le montant
initial a été établi, les montants que vous suggérez ne reflètent plus la
réalité de ce qu'on aurait voulu faire en 1990 et 1999 pour que ça soit
vraiment une amende qui... qui fait mal plutôt que quelque chose de quasiment
décoratif, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Madame de... Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je vais faire
un dernier commentaire sur ça, là, parce qu'il va s'appliquer sur tous les
autres amendements. Deux choses. Ça fait 40 ans, là, et plus, 50 ans, presque,
qu'on a touché à ces articles de loi là - on l'a vu, on a discuté de plein
d'articles de loi - puis on met à jour, on corrige ce qui ne fonctionne pas
bien. Là, ici, honnêtement, pour les amendes, on a dit: On va mettre à jour de
manière cohérente avec l'inflation puis les autres lois. Là, on n'est pas en
train de partir un grand débat sur les amendes. Pourquoi? Parce que, dans la
vraie vie, là, des amendes, pour que ça s'applique, ça prend une dénonciation,
ça prend une enquête, ça prend un rapport d'enquête, ça prend une décision
provisoire... de... ça prend une décision de poursuivre, ça prend un acte
d'accusation, ça prend un procès, puis là, après ça, il y a des amendes qui
sont chargées qui ne s'en vont pas dans la poche de la personne qui a été...
qui a été victime... ça s'en... c'est celui qui a été... qui était dans...
fautif qui paie l'amende au gouvernement. Alors, ça, c'est le système des
amendes.
Moi, ce que je me suis dit: Ce qu'on veut,
c'est que les cas qu'on veut traiter, comme la clause G, comme les... les
situations de... d'insalubrité, bien là, on veut les dommages... que les
dommages punitifs s'appliquent, puis, dans ce cas-là, s'ils s'appliquent,
premièrement, le TAL est capable de les faire appliquer; deuxièmement, ça s'en
va dans la poche de la personne qui a été lésée, ça fait que ça a bien plus
d'impact que toutes les... les amendes en question. Puis la personne qui pense
qu'elle est lésée, elle a juste à remplir un formulaire au TAL, puis là son
histoire va être entendue, puis après ça, bien, si elle y a droit, elle va
recevoir le montant. Ça fait que le processus est beaucoup plus direct, puis il
a beaucoup plus d'impact, je pense, pour le... pas le contribuable, mais le
locataire qui... qui est lésé.
Ça fait que, moi, c'est ça, l'approche que
j'ai privilégiée dans... Honnêtement, les amendes, c'était juste pour les
mettre à jour, comme j'ai corrigé d'autres choses, là, dans... dans ces
articles de loi là. Je voulais plus axer sur les dommages punitifs, qui, je
pense, vont avoir un effet — je pense, vous aussi, c'est quelque
chose que vous vouliez regarder, là — vont avoir un effet dissuasif
pour... C'est ça, ma logique, là.
Mme Prass : Quel est le...
Quel serait le délai de traitement?
Mme Duranceau : Pour... Dans
un cas de dommages punitifs?
Mme Prass : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui. De
mémoire... Je peux... Je peux vérifier pour vous donner le chiffre exact, mais
on parle d'environ trois mois et demi, à peu près, quatre mois, de ce temps-ci.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Maître... pas «maître», mais députée... députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Ça va.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
ça va? O.K., parfait. Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci.
Bien, je pense que ça démontre un peu ce que je disais tout à l'heure, qu'il va
falloir que ça soit plus simplifié, peut-être, la façon d'appliquer les
amendes, parce que ça reste... ça reste dissuasif quand on voit le montant.
C'est sûr que, si tout le monde se passe le mot, puis ils disent: Bien, le
montant, il ne sert à rien, parce que dans le fond il n'est jamais appliqué...
Tu sais, c'est quand même ironique, là. Ici, bon, on a un tableau avec tous,
tous, tous, des montants, mais on sait tous, en jasant, que ça ne sera jamais
appliqué. Ça fait que, tu sais, à quoi... à quoi bon les... les avoir dans une
loi, là, quant... quant à moi? Mais je me dis: Il faudrait revoir le processus.
Ça ne sera pas maintenant que ça va se faire, mais, je pense, je vous invite
vraiment à le revoir, la façon que c'est... que c'est fait.
Ceci dit, je voudrais peut-être juste
parler du dépôt de garantie, qui est dans le 31.3 dans l'article — c'est
l'article, dans le fond, 19.0.4 du Code civil du Québec. Dans ce cas-ci,
précisément, il n'y a pas d'application de dommages-intérêts punitifs, et
l'amende est particulièrement faible. Mais, de toute façon, on sait qu'elle ne
s'appliquerait pas. Donc, dans le fond, quelqu'un qui contrevient... Parce que
toutes les autres, là, où est-ce que les amendes sont faibles puis qu'il n'y a
pas de dépôt de garantie, ou en fait toutes les autres qu'il n'y a pas de
dommages-intérêts punitifs, je veux dire, c'est... c'est des... des éléments
qui sont quand même substantiellement mineurs. Mais celui-là, d'exiger un dépôt
de garantie, il n'y a pas de dommages punitifs, et là, si on sait qu'il n'y a
pas non plus d'amende qui va être imposée, qu'est-ce qui va venir en fait
protéger les citoyens qu'il y ait un... une exigence comme ça d'un dépôt de
garantie?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Oui, voulez-vous qu'on suspende pour le répondre? Parfait. Alors, nous allons
suspendre quelques instants pour revenir avec une réponse. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 26)
(Reprise à 20 h 30)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, je ne sais pas si vous avez... on avait une
réponse... ou la question de Mme...
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, peut-être, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : M. le Président,
dans le fond, c'est juste que je me demandais, vu que les amendes, on a compris
qu'elles ne s'appliquent pas vraiment, je voulais juste savoir comment on
s'assurait que, s'il y avait une demande de dépôt de garantie qui est illégale,
qui était faite, c'était quoi, la conséquence? Et là Me Simard a répondu, là,
mais je pense que c'est important que tout le monde l'entende, la réponse.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous allons laisser répondre Me Simard. Allez-y.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, c'est utile de rappeler que 1904 du Code civil prohibe
l'exigence d'un dépôt de garantie, c'est interdit de l'exiger. Et, dans la
mesure où il y a eu exigence d'un dépôt de garantie qui a été versé et que la
demande est faite devant le tribunal, il y aura le remboursement.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Donc, dans le
fond, c'est ça. Si c'était contesté, il y aurait remboursement tout simplement.
M. Simard (Patrick) : Absolument,
donc soit le remboursement, soit en matière de no-paiement de loyer, par
exemple, on va l'appliquer sur le loyer qui est dû. C'est clair qu'il y a une
soustraction qui s'applique.
Mme Dufour : O.K.
Intéressant. Merci.
M. Simard (Patrick) : Avec
plaisir.
Le Président (M. Schneeberger) : ...alors,
est-ce que...
20 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Schneeberger) : ...il
y avait d'autres... Oui. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Merci, M.
le Président. Écoutez, on a l'habitude de dire ici, à l'Assemblée nationale,
dans n'importe quel Parlement à travers le monde, que le législateur ne parle
jamais pour ne rien dire. Donc, s'il a institué un régime d'amende, au-delà de
l'application concrète de ce régime-là, mais c'est parce qu'il voulait envoyer
un message comme quoi une pratique, elle est punissable d'un montant d'argent,
là, dans ce cas-ci. Et ce montant d'argent peut varier à travers le temps et le
montant d'argent devrait être proportionnel avec la faute commise.
Donc, d'est important de rappeler cet
élément-là et le seul fait de stipuler, de spécifier un régime des sanctions
pécunier, dans le cas qui nous occupe, là, envoie un message, on l'espère,
dissuasif pour un certain nombre de personnes qui, juste... du seul fait qu'ils
ont connaissance qu'il peut y avoir une amende, bien, voilà, ils vont s'abstenir
de poser certains gestes comme dans le Code de sécurité routière. Vous arrivez
dans n'importe quelle ville du Québec, vous vous posez la question :
Est-ce qu'ici on peut tourner à droite sur un feu rouge ou non? Et voilà, vous
agissez en conséquence parce que vous savez qu'il peut y avoir une amende si ce
geste-là n'est pas permis.
Donc, encore une fois, le législateur ne
parle jamais pour ne rien dire. Et ici on fait... en quelque sorte, on met, sur
un même niveau, sur un pied d'égalité trois ans, trois comportements, trois
gestes, donc refuser de donner accès à un logement à un membre, un expert ou un
inspecteur, par exemple; refuser un bail à une personne enceinte ou avec des
enfants ou à une personne qui a exercé ses droits en tant que locataire et,
pour résumer, une personne qui a exigé un dépôt de garantie qui est illégal. Et
il me semble qu'ici on devrait, en tant que législateur, envoyer un message un
peu plus fort et démontrer à l'ensemble de la société que le législateur
considère que certaines fautes sont plus graves que d'autres, dont celle de
refuser un logement à une personne enceinte ou avec des enfants ou parce qu'il
a exercé ses droits en tant que locataire. Et le législateur a cette
latitude-là et devrait, au moins, augmenter tant soit un peu le montant de l'amende.
Et ici on n'est absolument pas dans les
faits... dans le questionnement, à savoir comment cette amende-là va aboutir,
comment... quelle est la mécanique d'imposition de cette amende-là. J'apprends
avec satisfaction qu'on va considérer, dans quelques minutes, dans un autre
article, la possibilité pour l'État d'imposer des dommages-intérêts punitifs,
en tout cas, pour ce qui semblerait beaucoup plus efficace, là. Mais une
personne moyennement informée va aller voir minimalement le Code civil et va
voir qu'il y a des amendes. Et par rapport à une possibilité de
dommages-intérêts punitifs, là, c'est une possibilité beaucoup plus éloignée,
beaucoup plus, comment dire, difficile à saisir. Mais une amende d'un montant
x, y, z est facilement reconnaissable par n'importe quelle personne qui veut s'assurer
qu'il respecte les lois.
Donc, dans ce sens-là, il me semble que le
législateur devrait envoyer le message avec un montant d'amende plus élevé, et
je ne suis pas dans le montant, hein, ça, c'est aux personnes responsables du
dossier d'en proposer, mais ils devraient, en tout cas... d'envoyer le message
que les amendes sont punies d'un montant plus élevé, là, pour le refus de louer
à une personne enceinte ou avec des enfants ou pour le seul motif que cette
personne a exercé ses droits en tant que locataire. Voilà. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Alors, est-ce que nous avons d'autres commentaires?
Sinon, nous allons mettre aux voix l'amendement qui introduit l'article
33.1... 31.3, pardon, 31.3. Voilà. Oui. Ça va? Alors, est-ce que l'article
31.3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Schneeberger) : Sur
division. Alors, adopté sur division...
Le Président (M. Schneeberger) : ...Alors,
nous en sommes maintenant au...
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
j'avais aussi l'article 31.2, qui introduisait l'article, un amendement de
la députée de Mille-Îles, avant ça. Alors, nous entamons la même procédure
là-dessus, s'il y a consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, ça, c'est le 31.1. Ça, c'est l'article que vous...
Mme Duranceau : C'est ça. Il
n'y a pas de lien avec les autres.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
que la ministre dépose. Parfait. Alors, s'il y a consentement, on va y aller
comme ça. Consentement? Oui?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
Mme la ministre, je vous écoute.
Mme Duranceau : Alors, encore
là, 31.1.1, article 112 La Loi sur le Tribunal administratif du logement.
Insérer, après l'article 31 du projet de loi, le suivant :
«31.1.1. L'article 112 de cette loi
est modifié par le remplacement, dans le deuxième alinéa, de
"5 000 $ et d'au plus 25 000 $" par
"17 500 $ et d'au plus 90 000 $".».
Alors, on a simplement, encore une fois
ici, mis à jour les montants d'amendes potentielles. Alors, c'est tout, juste
pour cohérent... être cohérent avec toutes les autres modifications qu'on a
faites.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, est-ce que nous avons des commentaires sur l'amendement déposé par la
ministre? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Ici, de ce que je comprends, dans le fond, c'est
l'article 1918, là, il n'est pas mentionné dans l'amendement, mais ce que
je comprends, c'est l'article 1918 du Code civil, et l'article, bien, 55
du TAL. Le 1918, c'est par rapport à l'état du logement, lorsque, dans le fond,
il y a une inexécution qui risque de rendre le logement impropre à
l'habitation. Quand on voit les montants, on parle de 17 500 $ à
90 000 $, c'est substantiel, et c'est grave aussi, d'avoir... de
faire en sorte que des travaux ne sont pas faits et rendent impropre à
l'habitation un logement. Donc, comme je le mentionnais plus tôt, comme le
collègue de Laurier-Dorion, comme la collègue de D'Arcy-McGee l'a dit ça, ça,
ça parle, c'est ce que j'aurais aimé voir dans les autres amendements. Mais je
comprends aussi qu'on a des dommages punitifs ici aussi.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Dufour : Puis là, ce
qu'on dit, par contre... Ah! peut-être juste une validation. On dit, dans le
tableau, que ça va être... les dommages punitifs vont venir dans
articles 0.4.1 et 32.2.
Une voix : ...
Mme Dufour : Ils sont déjà
adoptés. O.K., parfait.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça?
Mme Dufour : C'est bon.
Le Président (M. Schneeberger) : oui.
Député de Laurier-Dorion.
• (20 h 40) •
M. Fontecilla : Dans la même
veine, M. le Président, si on peut servir de... ça peut servir d'exemple, vous
voyez les montants des amendes qui sont substantiellement plus élevés que lors
de... que dans le cas de ce qu'on a étudié tantôt. Donc, ici, c'est le refus de
se conformer à une ordonnance du TAL, dans le cas de conservation de logement
ou de ses obligations relatives à l'état du logement. Donc, c'est lorsque le
tribunal considère que son ordre n'a pas été suivi, la punition est
particulièrement dure, là. Et c'est le message que le législateur envoie, c'est
que, lorsqu'il y a une décision du tribunal, cette décision-là doit être
impérativement suivie, et, si elle ne l'est pas, bien, les amendes et la
punition sont quand même pas mal pesantes : 17 500 $, ce que
propose la ministre, jusqu'à 80 000 $ pour le non-suivi d'une
ordonnance. On est en train de signifier ici, aux personnes ou aux personnes
morales qui voudraient jouer avec une ordonnance du TAL, que la société
n'accepte pas cette situation-là et donc que c'est puni sévèrement. D'ailleurs,
j'apprends aussi que la ministre a l'intention d'ajouter des dommages et
intérêts punitifs, ce qui rajoute à la faute.
Donc, voilà ce qui soutient encore une
fois nos affirmations, comme quoi il y a certains agissements qui méritent une
punition plus importante, même si cette punition-là va être compliquée à
appliquer, là. Et, comment dire, l'impact ou, comment dire, l'évaluation que
fait une société d'une infraction, elle évolue à travers le temps, là. Et c'est
important de... Mais par contre...
M. Fontecilla : ...S'il y a
une constante dans la société, c'est de juger très durement lorsqu'une partie
ne se conforme pas à un ordre du tribunal. Mais il peut y avoir d'autres types
de situations, comme refuser un bail à une personne enceinte ou avec des
enfants, qui, en 1990, étaient considérées comme pas si grave, mais qui, aujourd'hui,
c'est considéré, en tous cas par moi et par d'autres législateurs, j'en suis
sûr, qui est considéré comme très grave, donc il faut augmenter le niveau des
sanctions, si cette infraction est commise. Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Alors... Oui, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci, M.
le Président. J'aurais peut-être une question, en fait, sur cet élément-là. Je
veux savoir, parce que les municipalités aussi ont des pouvoirs en matière de logement
impropre à l'habitation, du moins certaines, là, en tout cas, comment... Puis
je voudrais savoir aussi, les dommages punitifs, qu'est-ce que ça peut... on
peut s'attendre à voir quelle ampleur de dommages punitifs dans des cas comme
ça, puis comment ça va être déterminé? Mais aussi, les municipalités, comment
ça s'intègre, les deux? Tu sais, dans le fond, est-ce qu'on pourrait se
ramasser, pour le même logement, être puni trois fois, de trois différentes
façons, tu sais? C'est ça que j'aimerais savoir. Là, ça commencerait à être
vraiment dissuasif, c'est pour ça que je pose la question.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Merci pour la question. Alors, est-ce que nous avons une réponse, Me Simard?
M. Simard (Patrick) : Oui,
bien, je peux à tout le moins commencer une réponse, notamment à l'égard de la
fixation, là, des dommages punitifs. Alors, ce qu'il faut retenir, c'est qu'il
n'y a pas de montant déterminé pour un acte précis en matière de dommages
punitifs. Je vous explique. Parce que le tribunal analyse l'ensemble de la
situation, voit la gravité de l'acte et regarde la capacité de payer de la
personne qui a causé l'acte, qui a créé l'acte, et par la suite, va établir la
sanction en fonction des paramètres de dissuasion. Pour dire dans d'autres
mots, si je fais des profits de 10 000 $ par année comme individu et
je fais une infraction, là, à ce que la loi m'ordonne de faire, ou je refuse de
me conformer à une ordonnance du tribunal, le tribunal va dire : Bon,
bien, voilà, il gagne 10 000 $ par année, net, alors je vais calibrer
mon amende. Alors qu'une société devant nous, cotée à la Bourse, qui fait
100 millions, pour dire quelque chose, bien, n'aura pas la même punition
pour le même acte. Parce que l'idée du législateur, lorsqu'on fait des dommages
punitifs, c'est qu'il y ait une véritable sanction adaptée à la situation, donc
à la fois au comportement et à la capacité de payer. En d'autres mots il faut
que ça fasse mal, et faire mal à quelqu'un qui a une capacité de payer
nettement plus élevée que quelqu'un d'autre, bien, c'est là justement
l'intervention que le tribunal fait dans la part des choses. Donc, ça, c'est
pour les dommages punitifs.
Pour répondre à votre question à l'égard
des amendes, chaque municipalité a son propre registre des amendes en fonction
de la salubrité des appartements, notamment. Alors, si ce n'est pas le même
règlement qui s'applique, bien, alors il y a possibilité d'amendes, je
dirais... pas complémentaires, mais supplémentaires. Mais il faut voir chacun des
régimes de chacune des municipalités pour voir s'il n'y a pas le principe, là,
parce que je ne connais un peu le droit pénal, autrefois convict, là,
autrefois... bon, tu sais, pour qu'on ne puisse pas avoir, tu sais, de
multiples sanctions pour des mêmes événements, là. Alors il faut être prudents
là-dessus. Donc, c'est là qu'il faut laisser, je dirais... enfin, il faut
regarder chacun des règlements municipaux pour voir s'il n'y a pas de multiples
infractions qui se créent. ce que le juge pourrait faire à ce moment-là, c'est
de dire : Bien, écoutez, on ne peut pas créer... ou plutôt condamner
quelqu'un à de multiples amendes pour un même événement. C'est ça, le principe.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Vous avez... (Interruption)
Pardon. Vous avez mentionné qu'il y avait... Dans le fond, c'était en fonction
aussi de comment ça fait mal à la...
M. Simard (Patrick) : Oui.
Mme Dufour : Mais est-ce
que... à la personne, dans le fond, fautive. Mais quand c'est des dommages
punitifs, intérêts punitifs, c'est versé à la personne qui est lésée, n'est-ce
pas?
M. Simard (Patrick) : Exact.
Mme Dufour : Est-ce que la
sévérité de l'impact de ce qui a été vécu, puis là, spécifiquement, là, pour
des logements impropres à l'habitation, par exemple, s'il y a des champignons
qui causent de l'asthme à un enfant, que la personne a dû aller à l'hôpital
avec son enfant, manquer son travail, etc., face à un...
Mme Dufour : ...propriétaire qui
n'a peut-être pas les moyens, pour toutes sortes de raisons, est-ce que, quand
même, des dommages et intérêts punitifs vont compenser la personne pour la...
tu sais, selon l'impact que ça a eu chez elle?
M. Simard (Patrick) : Absolument.
Le tribunal tient compte de la gravité de la faute, donc de l'acte à proprement
parler, et la capacité de payer. Donc, ça, ça répond à votre question. Mais, tu
sais, si, par exemple, je ne sais pas, disons que l'insalubrité est légère, ça,
c'est dur à dire, là, je ne pense pas que ça existe, de l'insalubrité légère, à
mon sens, mais bon, disons que c'est de moins grande conséquence, alors c'est
possible que, justement, les dommages punitifs soient moins élevés que, si, par
exemple, il y a une insalubrité qui amène, tu sais, de manière
disproportionnée, là, des conséquences très graves. Donc, on va analyser la
situation, et les barèmes vont s'appliquer. Donc, gravité de la faute, capacité
de payer.
Je veux également ajouter un élément.
C'est important de retenir que le tribunal aussi est lié par la demande qui est
portée. Je m'explique. Parfois on entend des critiques que les dommages
punitifs sont parfois peu élevés, mais il faut faire la démarche :
qu'est-ce qui était réclamé par la personne qui a été lésée? Par exemple, le
locataire, s'il fait une demande au TAL pour 5 000 $ de dommages
punitifs, bien, le maximum qu'il pourrait obtenir, c'est 5 000 $.
S'il fait une demande au TAL pour 25 000 $, bien, le maximum pourrait
être de 25 000 $. Alors, il faut... C'est pour ça qu'il faut être
prudent. Il ne faut pas juste regarder la conclusion à laquelle le tribunal est
arrivé, mais quelle était aussi la demande. Je le répète, on ne peut pas aller
au-delà de ce qui est réclamé. Alors, parfois, il serait peut-être envisageable
de croire que le tribunal aurait émis des pénalités plus sévères, n'eût été...
elles n'avaient pas été demandées.
Mme Dufour : Intéressant.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : oui. Donc, je
comprends qu'il y a différents éléments que vous prenez en considération lors
de votre analyse, mais qu'est-ce qui fait en sorte que vous déterminez combien
ça prend, combien un montant... de quelle valeur un montant doit être pour
faire mal? Est-ce que c'est un pourcentage, est-ce que... Parce que, je
comprends, c'est la capacité de la personne à payer, mais également, comme on a
mentionné, qu'il devrait y avoir peut-être des catégories, presque, où des
situations sont plus sévères que d'autres qui permettraient justement d'avoir
une base pour déterminer le montant qui va être attribué à la personne. Parce
que, ma question, c'est : par exemple, disons, on a le même cas d'une
année à l'autre, est-ce qu'on est sûr que l'analyse du montant va se faire de
la même façon parce qu'on prend les mêmes critères en considération, donc ça
peut varier même si la personne a les mêmes capacités de payer?
M. Simard (Patrick) : Oui, je
comprends, je comprends bien votre question. Je vais peut-être vous rappeler, à
propos de la revue des manchettes, mais vous avez peut-être remarqué, au
courant de la dernière, et même des deux dernières années, que les sommes
octroyées à titre de dommages punitifs sont beaucoup plus élevées que dans le
passé parce que le juge tient compte également de l'environnement dans lequel
il évolue. Donc, l'objectif, je le répète, c'est de dissuader le comportement.
Et cette dissuasion-là, elle prend aussi sa source dans la société, qu'est-ce
que la société... ce à quoi la société s'attend justement à freiner comme
comportement. Et les juges sont conscients de ça. Et je ne parle pas uniquement
du TAL, parce que le régime des dommages punitifs s'applique dans tous les
tribunaux au Québec. Donc, nous faisons tous les mêmes analyses. Alors, les décisions
des juges s'inscrivent dans un moment, dans la société, et on tient compte
justement de l'ensemble des paramètres. Alors, par exemple, quelqu'un qui se
verrait freiner l'accès à un logement aujourd'hui, dans le contexte qu'on
connaît, pourrait s'attendre à avoir des conséquences différentes d'il y a
15 ans.
Mme Prass : Et donc, est-ce
que les précédents sont pris en considération ou est-ce que ça varie vraiment
d'un cas à l'autre, même si les situations sont similaires?
• (20 h 50) •
M. Simard (Patrick) : Les
précédents sont toujours utilisés par les juges pour justement déterminer la
meilleure des sanctions, mais évidemment, les précédents, encore une fois, je
le répète, s'inscrivent quelque part dans le temps. Alors, je n'irai pas chercher
un précédent, par exemple en matière de comportement qui a empêché quelqu'un à
l'accès à un logement, je n'irai pas chercher mon précédent il y a 10 ans,
il n'est plus à jour. Alors, on s'inscrit dans la société d'aujourd'hui avec
les paramètres d'aujourd'hui, mais en tenant compte évidemment de ce qu'on
appelle la jurisprudence, donc des précédents, tout à fait.
Mme Prass : ...pris en
considération, si le même propriétaire se... est présenté à plusieurs reprises
pour la même situation? Est-ce que c'est un élément que vous prendrez en
considération également, que, justement, ce n'est pas anodin, c'est une
manière...
Mme Prass : ...de cette
façon... de cette personne de faire affaire, disons?
Le Président (M. Schneeberger) : M.
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
J'apprécie que vous posiez cette question-là, parce que c'est important de
rappeler qu'effectivement la répétition de la faute est retenue par le
tribunal, par le juge, tout à fait.
Mme Prass : Parfait. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
Mme Prass : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
d'autres... Ça va comme ça? D'autres questions? Pas d'autre question. Alors,
nous allons passer au vote. Est-ce que l'amendement qui introduit l'article
31.1.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors, nous poursuivons. Il y... Si je reviens à l'ordre, il y avait
l'article... l'amendement déposé... déposé auparavant par la députée de
Mille-Îles, 31.2. Alors, Mme la députée de Mille-Îles, sur votre amendement.
Mme Dufour : Excusez-moi,
j'essaie de retrouver mon... mon... mon article 31.2. Oui, mais non, c'est ça.
(Consultation)
Le Président (M. Schneeberger) : Il
a déjà été déposé là, il est dans la liste, là, de dépôt, là.
Mme Dufour : Oui, je... je
le... Je le cherche, parce que sur mon ordinateur, j'ai visiblement une autre
version.
(Consultation)
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que vous avez trouvé?
Mme Dufour : Je pense que
oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Bon.
Mme Dufour : Ah oui! O.K.,
d'accord. C'était dans le fond...
Mme Duranceau : Toi, tu
proposais des amendes.
Mme Dufour : C'est ça, c'est
les amendes plus... plus élevées.
Mme Duranceau : Moi, je
propose des dommages punitifs.
Mme Dufour : Mais il y avait
aussi des dommages punitifs à quelque part, je pense.
Mme Duranceau : C'est .7, les
dommages... c'est ça, .4.
Mme Dufour : 0.4? C'est ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que vous vouliez suspendre? Ou est-ce que vous êtes correcte avec ça, ou...
Mme Dufour : O.K., c'est ça.
C'est ça, effectivement. Excusez-moi, M. le Président, il y a effectivement un
autre amendement 0.4 qui prévoit les dommages punitifs pour la fausse
déclaration. Ici, c'était dans le fond que quiconque fait une fausse
déclaration, à l'article... l'article 114 de la Loi sur le Tribunal
administratif du logement... Dans le fond, ça va avec l'article que j'ai parlé
précédemment, où je séparais en deux les... les articles, là, pour... pour...
pour convenir de ceux qui étaient plus... plus graves qu'une autre. Dans le
fond, on disait: «Quiconque fait une déclaration qu'il sait être fausse dans
une formule ou un écrit dont l'usage est obligatoire en vertu de la présente
loi ou des articles 18, 92 à 2000 du Code civil commet une infraction et est
passible d'une amende d'au moins 5 000 $ et d'au plus
20 000 $.» Donc... Donc, ça... c'est un peu différent de... comme je
disais, que la ministre proposait des amendes plutôt de 200 $ à...
200 $, je crois, à 400 $. Non, les fausses déclarations, 400 $.
C'est ça. Moi, je considérais que ça devait être plus élevé. Donc, 400... le
400 que je vous parle va venir dans un amendement subséquent, là. Ça devient
très difficile à suivre, mais ceux qui nous suivent, moi, j'espérais des
amendes plus élevées sur celui-là, donc, voilà, pour que ce soit dissuasif à
l'oeil, du moins. Donc...
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Dufour : ...voilà, donc,
ce que j'ai quand même bien expliqué tout à l'heure, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Ah!
Vous souhaitez continuer... vous souhaitez continuer le dépôt?
Mme Dufour : Oui, oui, oui,
je... je le souhaite.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
parfait.
Mme Dufour : Bien oui, c'est
sûr, parce que je considère vraiment que ce n'est pas suffisant, 400 $,
pour faire des fausses déclarations, là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Alors, est-ce qu'il y avait des questions, commentaires suite au dépôt
de l'amendement de la députée de Mille-Îles? Non?
Mme Duranceau : Bien, je veux
juste dire que, compte tenu...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Comme j'ai
mentionné tantôt, c'est vraiment la notion de dommages punitifs qui va être
pertinente ici. Je vous entends sur la non... qu'en pratique les amendes ne
sont pas appliquées, ou que c'est compliqué de faire appliquer les amendes. Il
y aura peut-être un autre régime où ça sera revu, là, de manière plus globale
pour l'ensemble des lois qui... qui... qui touchent... promulguées par le
gouvernement. Donc, on gérera ça à ce moment-là. Mais là, pour cette clause-là,
si on veut être pratique puis on veut avoir un effet tangible sur le terrain,
c'est les dommages punitifs...
Le Président (M. Schneeberger) : ...oui,
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : C'est juste que
ça aurait été bien que, dans le bail où on indique, tu sais, les clauses, où on
indique les pénalités, on voit des chiffres qui fassent peur un peu, même si je
comprends qu'ils ne sont pas appliqués. Comme je l'ai dit, les dommages
punitifs, c'est un peu... on ne le sait pas combien ça va être, tu sais, c'est
un peu abstrait. Quelqu'un qui arrive sur le marché, qui n'a pas connaissance,
il n'a aucune idée, ce qui va lui arriver, mais si regarde la loi, il va
dire : Bien, c'est 400 $, donc il n'y a pas... ce n'est pas
dissuasif. Donc, tu sais, puis c'est peut-être après coup qu'il va avoir la
mauvaise surprise avec des dommages punitifs très importants. Mais ça reste
que, quand on voit une amende, on sait que ça va coûter cher, on se retient
peut-être un peu plus. C'était mon point. Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci beaucoup. Alors, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Ça va dans le
même sens. Une amende, même si c'est beaucoup plus compliqué d'imposer une
amende, ne serait-ce que l'information sur un bail ou sur une autre plateforme,
l'information d'une amende salée concernant, en particulier, la clause G
pourrait dissuader un certain nombre des personnes à aller de l'avant. Donc, il
faut imposer, malgré les difficultés à faire appliquer les amendes, il faut
imposer des montants plus élevés. Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Alors, à ce moment-ci, alors, nous allons soumettre aux
voix l'amendement qui introduit l'article 31.2. Alors, est-ce que l'amendement
est... Vote par appel nominal. Alors, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, au niveau de la suite, juste, ça va avec
ce qui était prévu, l'amendement déposé par la ministre, qui introduit
l'article 31.2.
Mme Duranceau : Non, non,
non, je vais faire 31.4...
Le Président (M. Schneeberger) : 31.4
Mme Duranceau : ...juste
parce qu'il est en lien avec la même discussion.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors...
Mme Duranceau : Ce n'est pas
bien grave, mais...
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, pour l'amendement, 31.4. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bon. 31.4, un
instant. Donc, insérer, après l'article 31.4 du projet de loi tel qu'amendé, le
suivant : L'article 114 de cette loi est modifié par le remplacement de
«250 et d'au plus 2450» par «400 et d'au plus 400».
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que nous avons des commentaires sur l'amendement? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Comme je le
mentionnais précédemment, on s'entendra que 400 $, ce n'est pas très
dissuasif. Puis là on parle ici, là, vraiment, c'est important de le préciser,
là, de faire une fausse déclaration, parce que ce n'est pas écrit là-dedans,
faire une fausse déclaration, notamment dans un avis d'éviction, démolir un
logement, un avis de l'intention de convertir un immeuble locatif en
copropriété divise, l'avis indiquant le loyer le plus bas payé au cours des 12
mois précédant le début du bail, un avis au locateur sur l'état du logement
avant... un avis de modification au bail, les avis d'éviction, reprise de
logement, un avis des résiliations du bail. Donc, toute fausse
déclaration, ce qu'on comprend, ce que les gens vont lire dans le bail, dans
les clauses du bail, vont dire : Bien, l'amende maximale, c'est de 400 à
4200 $. 400, ce n'est vraiment pas assez pour ce qu'on voit actuellement
qui se passe sur le marché, même si je comprends qu'il y a des amendes,
punitifs... des dommages punitifs, intérêts qui peuvent être importants.
Voilà...
• (21 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
du commentaire. Est-ce que nous avons d'autres commentaires? Ça va comme ça?
Alors... Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Encore une
fois, M. le Président, nous avons maintes fois entendu la ministre d e
l'Habitation nous informer que la principale cause de la situation de hausses
généralisées et souvent abusives, là, c'est le fait qu'on ne remplit pas la
clause G. Et, aujourd'hui, bon, effectivement, elle va ajouter un régime de
dommages-intérêts punitifs, ce qui est une bonne chose...
21 h (version non révisée)
M. Fontecilla : ...mais en
termes de punition pour une amende, ce n'est pas faramineux, ce qu'elle
annonce. Donc, tout en étant supposément une des raisons pour lesquelles les
loyers augmentent au Québec, là, bien, elle se limite à une augmentation très
timide des amendes lorsque la clause G n'est pas remplie par le locateur.
Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos commentaires. Alors, nous allons mettre aux voix l'amendement qui
introduit l'article 31.4. Est-ce que l'article 31.4 est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté,
sub division. Pour la suite, Mme la ministre?
Mme Duranceau : 31.2.
Le Président (M. Schneeberger) : 31.2.
Alors, je vous laisse lire l'article, l'amendement, dans le fond, qui introduit
l'article 31.2.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
31.2, article 112.1 de la Loi sur le Tribunal administratif du logement.
Insérer, après l'article 31.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«L'article 112.1 de cette loi est
modifié par le remplacement de "5 800 $ et d'au plus 28 975 $"
par "11 000 $ et d'au plus 55 000 $".».
Même logique, on met à jour les montants
des amendes.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Commentaires, questions? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : 11 000 $
jusqu'à 55 000 $, ça, c'est ce que j'appelle dissuasif. Donc, je ne
sais pas, à l'époque, c'était quoi, le raisonnement, en 1991, quand, ça, on a
mis ça, là, pour information, pour ceux qui nous suivent, là, on parle ici d'«user
de harcèlement envers un locataire de manière à restreindre son droit à la
jouissance paisible de son logement en vue de convertir un immeuble locatif en
copropriété divise ou d'en évincer un locataire», ça, on parle de 11 000 $,
de faire une fausse déclaration pour l'évincer ou un avis de... tu sais, ou ne
pas remplir la clause G, 400 $. C'est... Pour moi, là, c'est évident qu'on
aurait... On doit ajuster les autres montants également. Voilà. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aimerais
signaler, M. le Président, là, qu'en ce moment les amendes pour harcèlement
afin de convertir un immeuble locatif en copropriété divise ou d'en évincer un
locataire, c'est entre 5 800 $ et 28 975 $. Ce n'est quand
même pas rien, c'est des montants quand même substantiels. La ministre propose
monter, élever ces montants-là de 11 000 $ à 55 000 $ en
cas... si on arrive à faire la preuve. En plus, ça va être accompagné de l'imposition
de dommages et intérêts punitifs, ce qui est nouveau, ce qui est nouveau.
Mais j'aimerais vous signaler, M. le
Président, que malgré l'existence d'une amende quand même relativement élevée,
cela n'a pas empêché un très grand nombre de locateurs de procéder à évincer de
façon frauduleuse. Et on entend des histoires à tous les jours, là. Donc, il
faut aller plus loin, là, il faut dépasser le simple stade des amendes et même
des dommages et intérêts punitifs parce que, semble-t-il, malheureusement, un
très grand nombre, un trop grand nombre de locateurs n'ont que faire de ces
punitions-là et procèdent quand même en toute connaissance qu'ils sont en train
de violer, de ne pas respecter une loi, et s'exposent même à des amendes
salées, mais ils procèdent pareil. Donc, on voit ici un cas patent, là, où la
loi n'est pas respectée, et ça, c'est grave pour le législateur, puisque, à
quoi ça sert de légiférer, si les lois ne sont pas respectées. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les commentaires. Alors, s'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons
passer au vote. Est-ce que l'amendement de Mme... Déposé par... qui introduit l'article 31.2...
Pardon, il est 9 h 10 bientôt. Alors, est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Alors, l'amendement est adopté. Alors, pour la suite, est-ce que... Moi, si je
me...
Le Président (M. Schneeberger) : ...je
me fie à ma liste, on serait au niveau de l'amendement 0.6 qui avait été déposé
par le député de Laurier-Dorion. Alors, nous reprenons l'article, si c'est
conforme... si tout le monde l1e veut bien. Voilà. Alors, député de
LaurierDorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Pour s'en rappeler, nous avions déposé cet article-là au tout début
du projet... de l'étude détaillée du projet de loi n° 31, et il avait été placé
ici. Effectivement, il aurait été plus convenable de traiter cet article-là...
cet amendement-là à un autre moment, à l'article 7. Mais, bon, par la mécanique
des choses, il s'est retrouvé ici, mais je prends la peine de le lire quand
même, parce qu'il l'aurait été quand même, peut-être, une porte de sortie
concernant les débats sur la cession de bail, là. Mais il a quand même un rôle
à jouer encore après l'adoption de l'article 7, parce qu'il vient spécifier et
inscrire, dans le Code civil, ce qui se trouve dans la jurisprudence qui est
utilisée abondamment par les tribunaux pour déterminer qu'est-ce qui est un
motif sérieux pour procéder à une cession de bail, là.
Donc, ce qu'on propose concrètement, c'est
modifiant... C'est l'amendement à l'article 0.6, modifiant l'article 1871 du
Code civil, qui ajoute, avant l'article 1 du projet de loi, le suivant :
0.6. Modifier l'article 1871 du Code civil du Québec par l'insertion, entre le
premier et le deuxième alinéa, de l'alinéa suivant :
«Peuvent être notamment considérés comme
des motifs sérieux les cas suivants :
«1° la solvabilité et les habitudes de
paiement du cessionnaire;
«2° les comportements du cessionnaire dans
le cadre de ses baux précédents;
«3° l'effet pour le cédant d'avoir reçu un
montant d'argent de la part du cessionnaire aux fins de la cession de bail;
«4° lorsque le locataire est une OSBL qui
fournit des logements à des personnes à faible revenu, le fait que le
cessionnaire ne fasse pas partie de cette clientèle visée.»
Donc, l'article 1871, tel qu'amendé, se
lirait comme suit :
«1871. Seul le locateur ne peut refuser
de consentir à la sous-location du bien ou à la cession du bail sans un motif
sérieux.
«Peuvent être notamment considérés comme
des motifs sérieux, les cas suivants :
«1° la solvabilité et les habitudes de
paiement du cessionnaire;
«2° le comportement du cessionnaire dans
le cadre de ses baux précédents;
«3° l'effet pour le cédant d'avoir reçu un
montant d'argent de la part du cessionnaire aux fins de la cession de bail;
«4° lorsque le locateur est une OSBL qui
fournit des logements à des personnes à faible revenu, le fait que le
cessionnaire ne fasse pas partie de cette clientèle visée.
«Lorsqu'il refuse, le locateur est tenu
d'indiquer au locataire, dans les 15 jours de la réception de l'avis, les
motifs de son refus. S'il omet de le faire, il est réputé d'avoir consenti.»
Donc, M. le Président, s'il y a une
volonté dans la partie ministérielle, on pourrait très bien reprendre certains
éléments qui se retrouvent ici et d'élaguer de certains éléments qui n'ont plus
leur raison d'être et qui serviraient, entre autres, à définir davantage et
spécifier, dans le Code civil, qu'est-ce qui est un motif sérieux, ce qui
n'était pas le cas, en ce moment, dans le Code civil. Les motifs sérieux se
retrouvent dans la jurisprudence, mais non pas dans le Code civil. Donc, si la
ministre veut reprendre ces éléments-là, je serais tout à fait disposé à
collaborer avec elle.
• (21 h 10) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour vos explications. Est-ce que nous avons des commentaires ou questions sur
l'amendement? Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, écoute,
je pense qu'on en a amplement parlé, là, puis peut-être mentionné qu'au niveau
de la... on ne pense pas que c'est pertinent d'inscrire ces éléments-là pour
permettre à la jurisprudence d'évoluer comme elle a à évoluer. Donc, d'aller
enchâsser ça dans la loi, on ne considère pas, du moins, pour 1° et 2° que
c'est pertinent. Pour 3°, mes notes, c'était que... Pour 4°, on a déjà quelque
chose qui est prévu à l'article 1995 du Code civil, ça fait que ce n'était pas
applicable. Puis, pour 3°, je vais référer à Me Simard.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard, oui...
M. Simard (Patrick) : ...vous
voyez, c'est que ce que l'on comprend, là, dans l'équipe, c'est que la mesure
aurait pour effet de pénaliser le cessionnaire qui n'aurait pas accès au
logement. Ce ne serait pas la personne qui serait la meilleure personne visée
par une mesure de cette nature-là. Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : M. le
Président, j'ai de la difficulté à comprendre. La personne qui serait
pénalisée, ce serait le cessionnaire, donc la personne qui est bénéficiaire du
bail, là? Je n'ai pas compris.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Savoie.
M. Savoie (Jocelyn) : Oui. En
fait, c'est que la disposition qui est là va pénaliser le cédant, mais ne va
rien apporter, là, à la personne qui est pénalisée, ultimement, qui est le
cessionnaire. Donc, comme on l'a couvert tantôt avec l'amendement 7.01, ça
semble plus faire le travail dans l'autre élément qu'on a prévu que de venir
préciser les éléments de jurisprudence ici. D'autant plus qu'en ayant ajouté
des nouveaux éléments dans le projet de loi, on pense, ce serait intéressant
que la jurisprudence puisse évoluer puis s'adapter, là, à ce qu'on va avoir
ajouté dans le projet de loi.
M. Fontecilla : Il y a deux
éléments qui sont et qui ont été amplement... qui ont déjà fait partie de nos
discussions, l'élément trois, le fait pour le cédant d'avoir reçu un montant
d'argent de la part du cessionnaire aux fins de la cession de bail, donc on
s'entend, il y a eu consensus, la cession de bail ne devrait pas être l'objet
d'une marchandisation. Et le quatrième aussi, parce que, dans le cas des OSBL
qui fournissent des logements, il y a des listes d'attente, c'est... souvent il
s'agit... donc, il y a des listes d'attente, si une personne part, c'est
rapidement remplacé par une deuxième personne. Il y a des raisons de
fonctionnement dans des systèmes des OSBL d'habitation qui empêchent la cession
de bail, là, tout comme dans les coopératives et les HLM également, là.
Mais il y a deux éléments, le premier puis
le deuxième, qui font partie de la jurisprudence, mais qui n'ont pas été
codifiés dans le code civil, là, et qui définissent, d'après ce qu'on a
compris, et ça a été affirmé, réaffirmé à plusieurs reprises lors de l'étude
détaillée du PL 16, là, c'est les deux éléments qui constituent le motif
sérieux pour s'opposer à un bail, là. Alors, pourquoi ne pas... Si c'est la
jurisprudence, si c'est une jurisprudence solide, établie, utilisée amplement
par le Tribunal administratif du logement, pourquoi ne pas, en quelque sorte,
l'officialiser et le spécifier dans le Code civil?
Et moi, je serais tout à fait prêt à
amender cet... ou à le sous-amender ou à le retirer ou en présenter un nouveau,
mais à définir qu'est-ce qui est le motif sérieux. Puisque c'est déjà défini
dans la jurisprudence, définissons-le une fois pour toutes dans le Code civil.
Je ne comprends pas pourquoi que le cessionnaire serait affecté ou... alors que
ces deux critères là sont déjà utilisés par le tribunal administratif du
logement.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce qu'on a... Oui. Voyons...
Une
voix : Me Simard.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard. Excusez-moi.
M. Simard (Patrick) : Plaisir.
Alors, je vais répondre à l'interrogation du député à l'égard de la proposition
du paragraphe trois. Ce que je comprends, c'est que posons-nous la question qui
veut obtenir le logement, qui veut obtenir le bail, c'est le cessionnaire. Et
le cessionnaire, lui, qui aurait donné une somme au cédant, parce que le cédant
l'a reçue ou l'a exigée, n'aurait plus accès au logement parce que la cession
ne serait pas validée. C'était le propos que je voulais vous livrer tout à
l'heure.
M. Fontecilla : Je comprends,
je comprends. Merci, Maître Simard. Dans ce sens-là, de toute façon, la
question de céder un bail a été réglée, là, parce qu'on peut céder... On
peut... un propriétaire, un locateur peut s'opposer à la cession de bail avec
un motif autre que sérieux, donc c'est réglé, cette question-là. Ça fait que
moi, je suis tout à fait prêt à l'enlever, enlever même le point quatre, mais
gardez au moins le point un et le point deux.
Mme Duranceau : Bien, le
point un puis le point deux, on ne mettra pas ça dans le Code civil. Dans le
Code civil, on ne met pas la jurisprudence puis on n'énumère pas toutes les
situations...
Mme Duranceau : ...cette
façon-là. Là, c'est une discussion juridique plus que politique, si vous
voulez, ça fait qu'on ne va pas aller là.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Alors, s'il n'y a pas d'autre commentaire ou question, nous allons passer
au vote de l'amendement 0.6. Est-ce que l'amendement 0.6 est adopté?
M. Fontecilla : Par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Abstention.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous poursuivons. Si mes informations
sont bonnes...
Mme Duranceau : Je pense qu'on
devrait suspendre une minute.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, Mme la ministre demande une suspension. Alors, nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 18)
(Reprise à 21 h 24)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, suite aux discussions, Mme la députée de
Mille-Îles a un amendement à déposer. Alors, Mme... qui... l'article 7.7.
Alors, Mme la députée de Mille-Îles, c'est à vous.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Dans le fond, les deux amendements qui vont être déposés ici ont
pour le même objectif, c'est que dans... à l'article du Code civil, le 1988, on
vient... on parle, dans le fond, là, de comme de fausses déclarations dans le
cas de logements à loyer modique. S'il y a eu une fausse déclaration, bien, il
y a possibilité pour le tribunal de résilier le bail et, dans le fond, de
modifier les conditions du bail, etc. Et, dans le cas du... dans le Code civil,
à l'article 1995, bien là, c'est l'interdiction de sous-louer ou de céder
le bail dans le cas d'un logement à loyer modique. Par contre, le Regroupement
québécois pour les habitations... RQOH, les offices...
Une voix : ...
Mme Dufour : ...les OBNL en
habitation nous a fait remarquer qu'il n'y a pas de dispositions concernant les
logements à loyer modeste au sens de la Loi sur la Société d'habitation du
Québec, et donc qu'eux ça leur cause des soucis, où il peut y avoir des
cessions de bail faites à des gens qui ne correspondent pas à la clientèle
visée par l'OBNL, par exemple, un certain revenu, etc. Et donc ce qu'ils
souhaitaient, c'est qu'on ajoute cette distinction-là, donc les deux
amendements qui sont ici et que je vais lire.
Le premier, c'est d'insérer, après
l'article... bien là, ce n'est peut-être pas cet article-là, mais
l'article 7.6.1 du projet de loi, le suivant :
«7.7. L'article 1988 de ce code est
modifié par l'ajout de l'alinéa suivant :
«Il en est de même du locataire d'un
logement à loyer modeste au sens de la Loi sur la Société d'habitation du
Québec, chapitre S-8.».
C'est la même chose, exactement, idem pour
l'amendement suivant, qui est proposé. De ce que je comprends, puis là, la
ministre pourra peut-être donner plus de détails, mais il y a eu... La partie ministérielle
est en train de regarder ça, mais qu'il y aurait un enjeu, parce que le
loyer... le concept de logement à loyer modeste ne serait pas dans le Code
civil. Et, bien, en tout cas, ça fait que je le précise, là...
Mme Dufour : ...peut-être
qu'ils peuvent donner plus de détails. C'est ça, mais je pense que c'était
quand même un élément important. On vient interdire les cessions de bail, la
sous-location pour de fausses prémisses, etc. Mais, dans le cas, il semble y
avoir, comment dire, un vide, là, juridique avec les logements à loyer modeste
au sens de la Loi sur la SHQ, puis c'est ce que cet organisme-là nous a demandé
de corriger.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, merci pour vos explications. Est-ce que nous avons des commentaires ou
questions suite au dépôt de l'amendement?
Mme Duranceau : Pas de
commentaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Pas
de commentaire. Parfait. À ce moment-là, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, s'il
vous plaît. Une question, pour la collègue, de compréhension, à ma collègue de
Mille-Îles. Est-ce que les logements à loyer modeste, est-ce qu'elle pourrait
nous référer à la définition de ces logements à loyer modeste au sens de la Loi
de la Société d'habitation du Québec? Est-ce que ça correspond à un article?
Est-ce qu'il y a une définition sur... Parce qu'on a les logements à loyer
modique, là on a un logement à loyer modeste. C'est pour être bien informé de
la différence entre les deux.
Mme Dufour : Mais là c'est ce
que je comprends, puis là c'était dans le mémoire du RQOH. Pardon? Page 8,
voilà, page 8 du mémoire. Merci. Donc, ce que je comprends, c'est qu'il y a des
projets qui ont été développés avec des programmes de la Société d'habitation
du Québec pour développer des logements à loyer modeste dans cette
définition-là, à l'époque, qui est différent de logement à loyer modique que
vous connaissez, qui sont ce qu'on appelle les HLM, mais qui ne semblent...
comme je vous dis, qu'il y a comme un vide juridique actuellement dans le cas
des cessions de bail. Et donc, là, si quelqu'un se qualifie pour faire partie
d'une OBNL en habitation, il n'y a rien qui puisse l'empêcher actuellement de
transférer son bail à quelqu'un qui ne serait pas à loyer modeste, mais qui
peut-être serait député, comme vous et moi, et qui aurait amplement les moyens
de se payer un autre loyer.
Donc, ils étaient venus en commission nous
mentionner que c'était une aberration, qu'ils l'avaient vécu, qu'il y avait des
OBNL qui l'avaient vécu, mais qu'il n'y avait pas de moyen juridique pour
l'empêcher. Et donc c'est pour ça qu'ils nous demandaient de faire une
modification.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autre question, nous allons
mettre aux voix l'article... l'amendement qui introduit l'article 7.7. Est-ce
que l'article 7.7 est adopté?
Mme Dufour : Par appel
nominal.
Le Président (M. Schneeberger) : Vote
par appel nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Prass
(D'Arcy-McGee)?
Mme Prass : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Alors, bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 21 h 30)