Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Wednesday, November 1, 2023
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Vol. 47 N° 24
Clause-by-clause consideration of Bill 31, an Act to amend various legislative provisions with respect to housing
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11 h (version non révisée)
(Onze heures seize minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bonjour à tous. Alors, il y a quorum. Je déclare la Commission de l'aménagement
du territoire ouverte.
La commission est réunie aujourd'hui afin
de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 31,
Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons
des remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président, aucun remplacement.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
c'est parfait. Alors, hier, lors de l'ajournement, nous étions à l'article 26
qui avait été adopté. Et puis maintenant, si ma mémoire est bonne, on était à
la lecture de l'article 25 qui avait été lu. Par contre, il y avait eu des
questions.
Mme Duranceau : 25, il n'a
pas été lu.
Le Président (M. Schneeberger) : Non.
Parfait. Alors... Oui, c'est vrai, on a adopté l'article 26 à la toute
fin. Alors, l'article 25, Mme la ministre.
Mme Duranceau : O.K. Alors,
bonjour, tout le monde, merci d'être là. L'article 25. Donc : L'article 10
de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin du deuxième alinéa, du
paragraphe suivant : — donc on ajoute l'alinéa 6 —
«6° de désigner des membres pour
coordonner les activités du tribunal.»
Donc, l'article 25 du projet de loi
modifierait l'article 10 de la Loi sur le Tribunal administratif du
logement afin de permettre au président du TAL de nommer des coordonnateurs
parmi ses membres.
Alors, tout ça est dans un but d'offrir
une flexibilité organisationnelle. Peut-être que je peux vous donner d'autres
précisions. L'importante majoration du nombre de membres du TAL au cours des
dernières années a alourdi la charge de travail reliée à la répartition et à la
coordination du travail des membres. Il paraît nécessaire de donner au
président du TAL la possibilité de désigner, parmi ses membres, des
coordonnateurs afin d'assurer une répartition et une coordination du travail
plus agile et efficiente, ainsi qu'une meilleure représentativité des
particularités régionales. Donc, je comprends que c'est comme... ce n'est pas
possible actuellement et, en ajoutant cet élément-là, on va venir donner plus d'agilité
au président du TAL.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce que nous avons des questions. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, avec l'étude de notre projet de loi, ça m'a amené à lire
en entier la Loi sur le Tribunal administratif du logement, et j'étais tombé
sur la section justement du fonctionnement de la direction et de l'administration
du tribunal. Et je vous avoue que, quand j'ai lu les fonctions qui sont
décrites dans la loi, j'étais étonnée. J'étais étonnée que ce soit... puis je
vais le dire... puis c'est en tout respect avec le poste qu'occupe M. Simard,
ce n'est pas par rapport à la personne ce que je vais dire, mais c'est vraiment
par rapport... le descriptif qu'on fait ici. Ce que j'ai lu là, j'ai dit :
Mon Dieu! c'est bonbon, c'est un... tu sais, descriptif de tâches pour le poste
réellement occupé qui est très... comment dire... J'ai trouvé qu'on manquait d'ambitions
dans ce qu'on voulait pour le tribunal. Et, comme je dis, là, c'est en tout
respect des fonctions occupées et ce qui est vraiment réalisé dans la vraie
vie, là. Mais quand je lisais ça, on veut favoriser la participation des
membres, coordonner, répartir le travail, veiller au respect de la déontologie,
promouvoir le perfectionnement des membres, donner un avis au ministre. Ça, c'est
ce qui était comme... qui me semblait un petit peu plus, disons, intéressant,
mais tout le reste, c'était très... comment dire, ce n'est pas de l'envergure
de ce que ça devrait être un tel poste, à mon avis. Il n'y a rien par rapport
aux orientations stratégiques. On parle... On veut aider, favoriser la
participation des membres à l'élaboration d'orientations générales du tribunal.
C'est très vague, mais il n'y a pas, tu sais... Comme on regardait la loi, je
pense, d'Hydro-Québec ou là on parle vraiment qu'il est responsable d'établir
les orientations stratégiques. Je pense qu'on devrait lire un petit peu plus de
mordant. Comment qu'on... Et on ne le lit pas non plus là-dedans.
• (11 h 20) •
Puis en passant, là, je n'ai pas commenté
l'article, mais l'article, je n'ai aucun enjeu à désigner des membres puis
coordonner les activités du tribunal, là. Je n'ai aucun enjeu à ce que ce soit
ça. Mais comme P.D.G. de cette institution-là, je trouve qu'il manque de
mordant pour les... Par exemple, tous les objectifs d'amélioration continue, il
n'y a pas de responsabilité par rapport à ça évoquée dans cette loi-là. Tu
sais, il y a une loi qui a été créée, et on a...
Mme Dufour : ...choisit de
définir vraiment les tâches de façon détaillée, mais comment ça se fait qu'il
n'y a pas cette responsabilité-là de veiller à ce que les... qu'on atteigne les
cibles, qu'on s'assure que le tribunal soit le plus efficace possible? Comme je
dis, c'est très général, ce qu'il y a là, c'est très bonbon, puis, tu sais,
tant qu'à aller jouer dedans, moi... Je vous le mentionne, là, je me suis posé
la question, quand j'ai vu ça, on veut rajouter un élément, désigner des
membres, mais je pense que ça manque de mordant, tu sais, je pense que c'est le
terme, ça manque de mordant pour... Puis, tu sais, j'étais surprise, puis la
Coalition avenir Québec, c'est un gouvernement qui misait beaucoup sur les
cibles, les objectifs chiffrables, l'atteinte des... tu sais, on parlait de
tableaux de bord, etc., mais, là-dedans, là, dans ces listes de tâches là, il
n'y a absolument rien qui va dans ce sens-là. On est vraiment dans le... C'est
ça, tu sais, on... Un moment donné, j'ai déjà établi un programme électoral,
dans une autre époque, dans un autre niveau, puis on se disait : On veut des
cibles «smart», hein, qui étaient spécifiques, mesurables, atteignables. Là,
c'est des fonctions qui sont très floues, qu'il n'y a pas, comme, d'objectif
clair. En tout cas, c'était mon...
Mme Duranceau : Éditorial.
Mme Dufour : Mon éditorial.
Quand j'ai vu ça, j'étais surprise. Merci. Ça m'a fait du bien, ma petite
thérapie à matin.
Mme Duranceau : Non, non,
c'est ça. C'est un bon éditorial.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Merci M. le
Président, un bon éditorial, puis je comprends votre commentaire. Peut-être que
je peux offrir des précisions. Ce n'est peut-être pas la bonne réponse, là,
mais cet article-là puis les fonctions qui y sont décrites, là, c'est un
copier-coller de ce qu'il y a pour les autres tribunaux, donc le Tribunal
administratif du travail puis Tribunal administratif du Québec. Donc, ça, c'est
au niveau de certaines fonctions du président.
Maintenant, ce qui était décrit, là, comme
le plan stratégique ou ces éléments-là, ça, il y a une loi parapluie, qui est
la Loi de l'administration publique, à ses articles 8 et 9, elle vient prévoir
que le gestionnaire ou le président doit faire un plan stratégique, ou chaque
ministère doit faire ça, ou chaque organisation. Alors, il y a un parapluie
par-dessus ça qui vient prévoir ces modalités-là, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. On avait
regardé hier, c'était la gouvernance, c'était la loi...
Une voix : ...
Mme Dufour : Oui, en tout
cas, on regardait, c'était peut-être celle que vous dites, mais il n'y avait
pas, tu sais, d'atteinte des cibles, par exemple. Il n'y avait rien de tel, là,
de mémoire, mais on peut aller vérifier, là, si...
Mme Duranceau : Oui, en fait,
je pense que, là, vous référez à la loi sur la gouvernance, puis celle à
laquelle, moi, je réfère, c'est la Loi sur l'administration publique.
Mme Dufour : Mais je pense
que c'est celle-là qu'on a regardée hier. Vous avez dit l'article 8?
Mme Duranceau : Mais je pense
qu'il n'y a rien qui nous empêcherait, par ailleurs, au niveau administratif,
d'avoir des cibles, là.
Mme Dufour : Bien, c'est ça,
là, ce que ça dit : «Chaque ministère et organisme doit établir un plan
stratégique couvrant une période de plus d'une année.» C'est ça, l'article,
puis, après ça, l'article 9, ça décrit c'est quoi un plan stratégique, mais ce
n'est pas... ça n'a pas rapport avec les fonctions, tu sais, on ne dit pas que
le P.D.G., il est responsable de s'assurer de l'atteinte des cibles, tu sais.
Mme Duranceau : Bien, le
P.D.G., dans son rapport de gestion, il fait état de ce qu'il a fait puis de
ses cibles.
Mme Dufour : C'est ça que je
dis, c'est fait, j'ai vu les rapports annuels, je regardais ça hier en détail,
tu sais, puis on voit, il y a des cibles. Les cibles, je pense qu'on va se
parler quand on sera à l'étude des crédits, il faudra peut-être les réviser,
mais, tu sais, il y a des cibles où on dit où on est rendu, tout ça, mais,
quand on lit les descriptions de tâches, il n'y a rien qui dit, tu sais, qu'il
faut qu'il atteigne une certaine efficience, efficacité de son organisation,
etc., tu sais.
C'est très... Tu sais, je vous le dis, le
seul élément qui touche les orientations, là, ce n'est même pas stratégique,
là, c'est : «Favoriser la participation des membres à l'élaboration de
l'orientation générale du tribunal en vue de maintenir un niveau élevé de qualité
de cohérence des décisions.» Donc, il n'est pas responsable, lui, sa seule
responsabilité, c'est de s'assurer que les membres participent à l'exercice,
mais il n'est pas responsable des résultats, comment c'est écrit, là. Comme
j'ai dit, aucun... rien en égard de la réalité sur le terrain, mais la façon
que c'est écrit, il n'y a pas d'imputabilité du tout, là-dedans, là.
Mme Duranceau : Oui, bien,
c'est ailleurs qu'on la fait, l'imputabilité, en lien...
Mme Dufour : C'est ça, mais
elle n'est pas écrite dans les lois, là, elle n'est pas écrite. Elle l'est,
comme je vous le dis, dans d'autres sociétés d'État, où on en parle un petit
peu plus de c'est quoi, les attentes. Ici, il n'y en a pas. Ça fait que c'est
très bonbon, je le souligne. C'est peut-être pour une amélioration...
Mme Dufour : ...là.
Mme Duranceau : Ça pourrait.
Mme Dufour : En tout cas ça,
ça irait en concordance avec ce qu'on veut, avoir une fonction publique qui
répond à des objectifs, donc, d'efficience.
Mme Duranceau : Tout à fait.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, merci,
M. le Président. Pour le bénéfice des membres de la commission et du public en
général, qui nous regarde, ce serait pertinent de mieux comprendre le
fonctionnement général et, en particulier, des membres. Donc, nous, on propose
d'ajouter un alinéa à l'article 25 afin de désigner des membres pour coordonner
les activités du tribunal. Tout d'abord, je comprends que, de façon générale,
un accroissement du volume des activités, des litiges qui sont traités au
Tribunal administratif du logement peut amener, de façon logique et, souvent,
mécanique, l'accroissement du nombre des personnes qui travaillent et qui
traitent les affaires du tribunal, là. Mais, tout d'abord, j'aimerais que la
ministre ou Me Simard nous explique qui sont les membres du tribunal, et
quelles sont leurs fonctions, de façon générale.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Je vais
référer à Me Simard.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
alors, maître... Ça me prend le consentement, étant donné qu'on est une
nouvelle journée. Alors, consentement pour que Me Simard puisse prendre la
parole? Consentement, parfait. Alors, allez-y.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Patrick Simard, je suis président du Tribunal administratif du logement. Alors,
je comprends bien votre question : Que font les membres du tribunal?
Alors, les membres du tribunal, ce sont, finalement, ceux qui, dans le
vocabulaire, là, plus courant, sont les juges. Alors, leur fonction principale
est d'entendre les litiges qui leur sont assignés. Et d'ailleurs le rôle de
coordination sert à l'assignation, justement, donc qui fait quoi, évidemment,
avec le volume de travail, s'assurer que le travail est accompli, et donc, une
fois que le dossier leur est assigné, d'entendre les parties et de trancher.
C'est la fonction de juge, le membre du tribunal. Certains membres ont des
fonctions administratives. J'occupe une fonction administrative, à titre de
président. Les vice-présidents, également, peuvent occuper des fonctions
administratives, alors... Mais ça s'ajoute à la fonction de membre, c'est une
charge qui s'ajoute «à». Donc, à la base, tous les membres sont des juges, et
leur principale fonction est d'entendre les dossiers et trancher.
M. Fontecilla : Pour
continuer dans l'exercice de compréhension, qui nomme les membres du... Et, deuxième
question, quelles sont les compétences requises, là, pour devenir membre?
M. Simard (Patrick) : Alors,
la procédure de recrutement est prévue par règlement. Donc, si vous voulez
qu'on aille dans le détail, là, alors, le règlement prévoit la formation d'un
comité par le Secrétaire aux emplois supérieurs. Donc, c'est l'exécutif qui
forme un comité qui est chargé de faire l'analyse des candidatures suite à un
concours... en tout cas, un processus de recrutement, que le SES, là, pour
employer peut-être l'abréviation, va publier. Alors, le comité reçoit les
candidatures, fait une présélection en fonction des critères prévus par
règlement, dont, notamment, les aptitudes du candidat et la connaissance qu'il
a de la fonction de juge. Je ne vous le lirai pas en entier, là, mais il y a
plusieurs critères.
• (11 h 30) •
Une fois ceci étant établi, le comité
prévoit des examens. Donc, je peux vous parler de ce qui vient d'être fait,
parce qu'on en termine un à l'instant. Alors, il y a des examens d'aptitudes personnelles,
donc des tests psychométriques, des examens sur la connaissance du droit, des
examens de compréhension et de rédaction. C'est une journée complète d'examens,
qui donnent, par la suite, des résultats qui sont analysés par le comité de
sélection, formé au préalable, qui retiendra, parmi ces candidats, ceux qui
s'avèrent rencontrer, justement, les exigences prévues par règlement, donc qui
ont obtenu les résultats qui sont satisfaisants. Et, à la suite de cela, se
fait un autre examen, un examen oral. Ce n'est pas une entrevue, ce n'est pas
une rencontre, c'est un autre examen, oral, sur lequel les candidats sont
également jugés par le comité.
Une fois l'entièreté du processus que je
viens d'énoncer complétée, il y a des déclarations d'aptitudes qui sont faites.
Donc, les candidats rencontrés, ceux qui répondent aux exigences, se voient
déclarés aptes à être nommés au tribunal. Alors, je vous dirais qu'il y a comme
une banque de candidatures, qui est transmise, par la suite, au Secrétariat des
emplois supérieurs. Et, quant au processus de...
11 h 30 (version non révisée)
M. Simard (Patrick) : ...alors
ça relève de la prérogative du gouvernement. Sur proposition de la ministre
responsable de l'habitation, c'est le gouvernement, donc le Conseil des
ministres, qui procède aux nominations.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
M. Fontecilla : Très bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, merci, M.
le Président. Plus précisément, là, concernant la coordination de... la
fonction de coordination des activités du tribunal, je suppose qu'en ce moment
cette fonction est occupée par quelqu'un, peut-être un membre, peut-être un
autre type d'emploi. Enfin, qui occupe la... en ce moment, là, la fonction de
coordination des activités du tribunal?
Le Président (M. Schneeberger) : Maître
Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Alors, il faut procéder à la lecture de l'article 10 de la Loi sur le
tribunal. Alors, j'ai la responsabilité de coordonner et répartir le travail
des membres du tribunal. Donc, c'est le président qui a cette fonction-là. Le
dernier paragraphe de l'article 10 prévoit que je peux faire une
délégation de cette fonction-là à la vice-présidence. Donc, j'ai une
vice-présidente qui s'occupe de coordonner le travail des membres actuellement.
Mais, comme la ministre l'a énoncé il y a un instant, pour vous dire, le nombre
de membres a accru de façon quand même importante. Il y a plus d'une
cinquantaine de membres maintenant au TAL. Cette année, on a tout près de 79 000 dossiers
à entendre. Alors, vous aurez compris qu'une seule personne a de la difficulté,
c'est le moins que je puisse dire, c'est un euphémisme, à coordonner tout ce
travail.
Donc, l'objectif de la mesure est d'avoir
des membres désignés dans certaines régions pour accomplir, finalement, la
finalité de la coordination, s'assurer que chaque dossier porté au rôle d'audience
est entendu, que chacun a une charge de travail équilibrée. Donc, dans le fond,
la mesure vise à donner une meilleure... un meilleur service aux citoyens. C'est
ça, l'objectif, d'être davantage sur le terrain. Voilà.
M. Fontecilla : Dois-je...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Dois-je comprendre, Me Simard, qu'en ce moment la coordination,
dites-moi si je comprends bien votre propos, est effectuée par une
vice-présidente qui coordonne l'ensemble des activités du tribunal partout au
Québec?
M. Simard (Patrick) : La
réponse est oui.
M. Fontecilla : Parfait. Et
votre objectif très concret, là, c'est de désigner des coordonnateurs ou
coordonnatrices régionaux.
M. Simard (Patrick) : Exact.
Ça peut être ça. Je vous dirais, le principal objectif, effectivement, quand j'expliquais
tout à l'heure, c'est de se rendre jusque sur le terrain, dans le cas de la
coordination. Alors, c'est de voir aux endroits où c'est requis, pas dans
toutes les régions, dans les endroits où c'est requis. Je vous donnerai l'exemple,
par exemple, Montréal, qui est le plus grand bassin, là, de juges, le nombre le
plus important de dossiers à traiter. Alors, il est envisagé, dans la mesure où
le projet de loi était adopté, d'avoir au moins un membre coordonnateur pour
cette région-là pour s'assurer que tout le travail est accompli de la meilleure
façon, dans le meilleur équilibre, au bénéfice du citoyen.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce que ça va comme ça?
M. Fontecilla : Non, j'ai d'autres
questions.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
d'autres questions. Allez-y.
M. Fontecilla : Très bien.
Écoutez, hier, on a... en toute fin de séance, on a adopté un article qui
permet de nommer des vice-présidents au Tribunal administratif du logement, et
la question peut se poser : Pourquoi un de ces... ou une de ces
vice-présidences supplémentaires ne pourrait-elle pas assumer la fonction de
coordonner les activités du tribunal? D'autant plus qu'en ce moment, c'est une
vice-présidence qui l'occupe, là... qui accomplit cette fonction-là. Pourquoi
créer une fonction pour une... comment dire, une catégorie particulière? Alors,
la question que je me pose, c'est : Ça ne pourrait pas être réalisé par un
des vice-présidents supplémentaires que la loi vous permet maintenant, si elle
est adoptée, d'embaucher?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : La
réponse à votre question, c'est oui, mais est-ce que ce serait de bien utiliser
les ressources de l'État et les deniers de l'État? Les vice-présidences dans
les tribunaux, dont le nôtre, ont des fonctions administratives. Donc, tout à l'heure,
j'énonçais que la vice-présidente actuelle s'occupe de la coordination, mais,
au-delà de ça, elle est responsable de l'ensemble du secrétariat des juges, l'ensemble
des employés sur la mise au rôle. Donc, il y a toute une équipe de soutien.
Alors, est-ce que j'ai besoin
nécessairement d'avoir quelqu'un avec des fonctions administratives pour être
sur le terrain? Mon orientation, c'est non, alors, d'où la fonction de
coordonnateur qui n'a pas de fonctions dites administratives autrement qu'en
relation avec ses collègues, de bien répartir la charge de travail entre chacun
au bénéfice du citoyen.
M. Fontecilla : Donc, la
répartition du travail, là, entre les différents juges, je vais les appeler comme
ça, parce que je comprends mieux, pour vous, ce n'est pas une fonction
administrative, là. En fait, c'est...
M. Fontecilla : ...en tout
cas, c'est différent des autres fonctions administratives, là, et que c'est
géré comme une personne, laissez-moi... la question... à temps plein, à temps
partiel? Est-ce que...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Fontecilla : Pouvez-vous
évaluer l'ampleur de la tâche, là, que ça implique, là?
M. Simard (Patrick) : O.K.
Alors, j'envisage davantage la question sur l'aspect de la hiérarchie des
tâches. Le président a toutes les responsabilités, il y a une délégation à la
vice-présidence et la coordination s'avérerait être un membre coordinateur en
délégation également, de manière à ce que, d'une part, l'intensité de la
fonction soit reflétée par le poste occupé. Le fait qu'il n'y a pas de tâches
administratives dans le sens où, j'aurais peut-être dû vous le préciser, mais
il n'y aura pas d'employés dont le coordonnateur sera responsable, alors c'est
lui qui fait le travail. Donc, quand je vous parlais, là, de l'aspect beaucoup
plus terrain de la chose. Donc, ça vise justement cette hiérarchie-là dans les
fonctions. C'est une reconnaissance du niveau de responsabilité. Et évidemment,
un vice-président, ça vient aussi avec d'autres prérogatives, hein, donc c'est
un décret du Conseil des ministres qui donne certaines responsabilités,
certains avantages également, il y a une question de rémunération. Alors, je ne
crois pas que les ressources de l'État seraient utilisées, à mon avis, de
manière efficiente si on confiait la tâche de coordination de terrain
uniquement à des vice-présidents.
M. Fontecilla : Très bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, très
bien, je comprends votre logique, là, c'est... ça tient. Ceci étant dit, des
questions... parler des questions, des détails, là, mais un membre étant juge,
donc est-ce que cette... la personne qui va accomplir la tâche de coordination
des activités du tribunal, est-ce qu'on va... est-ce qu'elle va continuer à
traiter des causes ou est-ce qu'elle va être à temps plein... on sort un
membre, un juge de la... pas de la gestion, mais du traitement des dossiers,
pour lui donner cette tâche-là?
M. Simard (Patrick) : Alors,
actuellement, si vous avez... si on fait un petit peu le bilan des six
dernières années, je vais vous parler de mon administration, la performance du
tribunal a été nettement améliorée pour plusieurs raisons : plus de
membres, meilleure coordination, meilleure charge de travail, plusieurs
raisons. Alors, l'objectif, ce n'est certainement pas de me priver de juges qui
entament des dossiers. Alors, l'orientation que je prendrai si le projet de loi
est adopté, c'est de confier la coordination à certains membres, mais ça ne les
sort pas, passez-moi l'expression, mais du banc. Donc, ils vont demeurer juges,
entendre des dossiers, siéger. C'est une fonction qui s'ajoute à la leur, de
coordination.
M. Fontecilla : Donc, il va
continuer à traiter des dossiers et accomplir cette fonction-là?
M. Simard (Patrick) : Absolument.
C'est l'orientation que j'entends prendre.
M. Fontecilla : Très bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Alors, merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Alors, s'il n'y
a pas d'autre question, est-ce que l'article 25 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors, nous en sommes maintenant, Mme la ministre, je regarde le plan,
à l'article 31.
Mme Duranceau : 31.
Exactement. Donc, l'article 92 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans le deuxième alinéa, de «date» par «connaissance».
• (11 h 40) •
Alors, l'article 31 du projet de loi modifierait
l'article 92 de la Loi sur le Tribunal administratif du logement afin de
prévoir que la computation du délai permettant de faire appel d'une décision du
TAL devant la Cour du Québec débute à la date de la connaissance de la décision
plutôt qu'à celle où elle a été rendue.
Donc, on fait ça pour éviter qu'une
personne physique, donc un individu ou une personne morale, une société ne
puisse pas déposer une... qu'elle soit empêchée de déposer une demande pour
permission d'appeler parce qu'il n'a pas pu prendre connaissance d'une décision
du TAL dans les 30 jours de sa... de la date de la signature. Donc, c'est
vraiment pour préserver le droit d'appel ici puis éviter toute ambiguïté quant
au point de départ du délai à calculer. Puis en fait on vient refléter dans la
loi une décision de la Cour du Québec à l'égard de la date du point de départ
pour calculer le délai d'appel. Et dans cette décision-là, justement, la Cour
du Québec indiquait qu'on devait plutôt considérer la date de la connaissance
de la décision du TAL plutôt que la date de...
Mme Duranceau : ...j'ai été
déconcentrée, là.
Une voix : Ou à la date où
elle a été rendue.
Mme Duranceau : Oui, ou à la
date où elle a été rendue. Exactement. Donc, voilà. Puis on a d'ailleurs la
Cour du Québec qui... puis la Cour supérieure a aussi tranché en faveur de ce
courant jurisprudentiel en mars 23. Alors, on vient juste refléter dans la loi,
ce qui a été établi par la jurisprudence.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci. Pour les... est-ce qu'il y a des questions sur l'article? Mme la députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : De mémoire, il y
a des groupes qui sont venus, ou en tout cas un groupe au moins qui avait...
qui avait une certaine crainte quant à... c'est peut être le Barreau. Il
faudrait que je le retrouve là. Mais qui avait une certaine crainte quant à
utiliser la date de la connaissance, parce que ça amenait quand même une
certaine ambiguïté. Qu'arrive-t-il dans le cas où quelqu'un est parti à l'étranger
et n'est pas rejoignable? Qu'arrive-t-il si... toutes sortes de cas où la
personne joue à la cachette, entre guillemets, et fait... essaie de ne pas
prendre connaissance de la décision? Ça, j'aimerais entendre la ministre
là-dessus, là. Je vais peut-être essayer de retrouver, là, si c'était le
Barreau, de mémoire, qui avait parlé de ça.
Mme Duranceau : Oui,
peut-être, effectivement. Je ne me souviens pas, là si c'était le Bareau. Sauf
que là, on a une... c'est la juge en chef... oui, la juge en chef adjointe de
la Cour du Québec qui a pris cette décision-là pour... par mesure de
simplicité, là, et de cohérence avec ce qui est appliqué dans les faits.
Mme Dufour : Oui, mais en
fait...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles, votre micro, parce que...
Mme Dufour : Woup! Oui.
J'avais...
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Bon, vous avez le droit.
Mme Dufour : Oui, hein?
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Dufour : Manon, on a de
la misère avec le piton.
J'avais lu, il y a quelques mois un
document fort intéressant, pour ceux que ça intéresse, mais L'appel des
décisions du Tribunal administratif du logement, un délai à géométrie variable.
C'était vraiment fort intéressant. J'avais lu ça il y a quelques mois en me
disant, à la suite de ce document-là, qu'il y aurait quelque chose à modifier à
ce niveau-là. Ça fait que c'était dans le projet de loi, tant mieux. Il y a une
précision qui est venue se faire. Mais je me souviens qu'un groupe, dans un des
mémoires, est venu nous soulever des enjeux, et je voulais juste savoir :
Que se passera-t-il dans le cas où il y a quelqu'un qui n'est pas joignable,
donc qu'on n'arrive pas à transmettre la décision? C'est que j'aimerais
connaître ce cas de figure là.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui, je vais
laisser Me Simard préciser.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Me Simard, allez-y.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Je vais rappeler une disposition qui a été prise, projet de loi n° 16, première
législature du gouvernement actuel, où est ce que les parties doivent faire
leur changement d'adresse. C'est déjà une obligation qui vient avec le fait que
l'on doit indiquer à quel endroit on doit recevoir nos documents dans la mesure
où on doit recevoir devant les tribunaux. Alors, à partir de ce moment-là, le
tribunal, lui, lorsqu'il rend une décision, va l'acheminer et avec... il y a
une preuve, là, d'envoi, donc va acheminer à l'adresse de la partie, et
celle-ci pourra recevoir la décision dans les délais réguliers de la poste, et
les tribunaux ont l'habitude de gérer ça. Nous, on le fait déjà au tribunal
avec les rétractations. Les demandes de rétractation, le délai est également à
compter de la connaissance de la décision. Alors, il apparaissait peut-être
logique d'avoir justement cette même orientation-là qui est celle de la
jurisprudence, là. Entendons-nous, c'est la Cour supérieure qui a établi que
l'article actuellement, lorsqu'on le lit, n'est pas conforme à la jurisprudence
actuelle parce que ça dit que c'est uniquement au moment de la réception. C'est
ce que la jurisprudence énonce. Donc, c'était pour, d'une part, rendre
l'article conforme à la réalité, la jurisprudence d'aujourd'hui et, d'autre
part, c'est au bénéfice des parties puisque dans la mesure où — juste
donner un exemple, là — le tribunal rend sa décision le vendredi,
alors c'est mis à la poste le vendredi. Il y a les délais de la poste. Vous
savez que tout ça est numérisé maintenant, hein? Puis il y a une entité qui
envoie les décisions, là, en lieu et place du tribunal. Donc, il peut y avoir
quelques jours, et ces quelques jours là, bien, sont au détriment de la partie
puisque la décision, elle, elle est signée bien avant. Donc, il y a des parties
qui pouvaient recevoir leur décision, pour différentes raisons, une semaine,
une semaine et demie plus tard, ce qui va amputer le délai dans lequel elle
peut... elles peuvent, pardon, faire une requête pour permission d'appeler.
Donc c'est pour ça que je pense la jurisprudence a évolué...
M. Simard (Patrick) : ...en ce
sens, mais je terminerai mon propos simplement en vous référant à la lettre de
la juge en chef adjointe de la Cour du Québec qui a été déposée à la
Commission, qui énonce que les juges de la Cour du Québec sont en faveur de
cette proposition, puisque ça leur semble pour eux être un élément de
davantage, je dirais, en tout cas, un... ça donne un outil supplémentaire aux
juges pour évaluer justement si la partie a... doit bénéficier d'un délai, d'un
délai qui, dans les circonstances, peut être différent du 30 jours de la
décision, à partir du moment où elle démontrerait qu'elle n'a pas eu la
connaissance de cette décision-là dans les dans les jours ou dans les heures de
la décision, tout simplement. Donc, ça laisse à la Cour du Québec une certaine
marge d'appréciation, comme nous l'avons au TAL en matière de rétractation de
jugement.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
Mme Dufour : Oui, je vais
juste...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, je vais
vous lire la portion de la lettre que nous avons reçue du Barreau du Québec à
cet effet là. Donc, je vais vous lire un passage, là. « Le Barreau du Québec souligne une modification
apportée à la Loi concernant les délais d'appel à la Cour du Québec.
L'article 31 du projet de loi prévoit en effet que le point de départ pour
le calcul du délai de 30 jours sera désormais la connaissance de la
décision et non plus la date de la décision. »
Ils continuent en disant : « Cette
façon de faire est inédite en droit. Les décisions sont normalement appelables
à partir de la date à laquelle elles sont rendues ou bien au moment où elles
sont notifiées aux parties. Il sera difficile de prouver qu'elle est
réellement... quelle est réellement la date de la connaissance d'une décision
par une partie, rendant ainsi le délai de 30 jours caduc étant pourtant un
délai de rigueur et important d'échéance selon la loi. Ainsi, s'il existe un
enjeu créant des délais entre la date de la décision du tribunal administratif
du logement et le moment où les parties en prennent connaissance, la solution
proposée par le projet de loi rate la cible. Le Barreau du Québec propose donc
que le projet de loi soit modifié afin de remplacer la date de la connaissance
par la date de la notification aux parties de la décision du tribunal. Cette
façon de faire permettrait de s'assurer que le délai de 30 jours demeure
pertinent, assurant par le fait même une stabilité juridique aux décisions
rendues par le tribunal. »
Et là ils disent bien : « Tout
délai entre la décision du tribunal et sa notification aux parties ne leur sera
plus opposable. De plus, une partie dans l'impossibilité d'agir pourra toujours
faire une demande en ce sens au tribunal et être relevée de son défaut. » Donc, je crois qu'il y a ici
une proposition d'amendement qui revient à ce qu'on cherche, mais qui pourrait
éviter des enjeux futurs.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que c'est Mme la ministre qui répond?
Mme Duranceau : Ça ne sera
pas Mme la ministre qui va répondre. Je vais référer.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
Me Simard.
Mme Duranceau : ...
Mme Dufour : Non, non, non,
je le sais. Non, non, c'est un bon argumentaire. Mais justement, on avait une
réponse à ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
En tout respect pour le Barreau, c'est... il n'y a rien d'inédit à mon sens,
dans la mesure où, le 1ᵉʳ septembre dernier, la Cour du Québec énonçait
justement cette même orientation en disant que : « Je tiens compte de la date de la connaissance. » Alors, la Cour supérieure
qui déclare le droit nous énonce que c'est le bon moment, c'est le moment de la
connaissance qui prime. La Cour du Québec nous énonce la même chose en
septembre dernier et nous le faisons déjà dans une autre matière, je le répète
encore, rétractation de jugement, c'est la date de la connaissance également.
Donc, à mon sens, en tout respect, il n'y a rien d'inédit puisque c'est la
réalité, là, actuellement dans la jurisprudence. Et ça existe par ailleurs par
rapport... en lien avec un autre recours.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
• (11 h 50) •
Mme Dufour : Oui, bien, en
fait, quand je lisais le document que je referais tout à l'heure, là, l'appel
des décisions du tribunal administratif du logement, un délai à géométrie
variable. Ça, c'était dans les Cahiers de droit de décembre 2022, ça... il y
avait définitivement un enjeu sur la façon qu'était interprétée la... bien, en
fait, c'est ça, que la jurisprudence se créait, que pendant des décennies, ça
avait été quand même stable, mais que, plus dernièrement, il y avait des
interprétations différentes, là, dans les jugements, sur quels délais étaient
raisonnables parce qu'il y avait des cas de gens dans le fond qui... le délai
de 30 jours arrivait, était échu avant même qu'ils puissent recevoir et
être avisés de la décision. Prenons l'exemple de quelqu'un qui a quitté, qui
est parti parce qu'un un parent mourant à l'étranger... a quitté, est parti
pendant quelques semaines et est revenu et il n'avait plus de recours. Donc,
c'est clair que c'est un enjeu avec...
Mme Dufour : ...actuellement,
et qu'une modification est nécessaire. Ça, il n'y a pas de doute. Mais là,
quand même, le Barreau nous invite à préciser, peut-être, que... Ils nous
disent, ils nous avisent qu'il pourrait y avoir d'autres enjeux en parlant
d'une date de la connaissance, alors que, la date de la notification, on arrive
aux mêmes objectifs, les mêmes, mêmes, mêmes objectifs, mais sans l'imprécision
de comment on définit la connaissance, qui là pourrait créer, encore une fois,
une géométrie variable selon l'interprétation future des jurisprudences. Donc,
il est là, le... Moi, personnellement, je pense qu'ils ont un bon point, là,
là-dessus. De préciser «date de notification», ça... c'est... il n'y a aucune
ambiguïté, ça ne peut pas être interprété de façon différente. La date de
notification, c'est la date qu'on l'a notifiée, mais la connaissance, là, ça
peut varier beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Ça fait que j'aimerais qu'on m'explique,
tu sais, quel est l'enjeu à ne pas parler de date de notification. Ce serait
quoi, le préjudice, pour ceux qui sont vraiment concernés, là, par ces
décisions-là, de parler de date de notification? Puis on s'entend que la
personne qui est partie à l'étranger parce qu'il y a un parent malade, on ne
peut pas lui notifier, donc ça ne lui enlèvera pas de droit, ça va être
toujours le fait qu'il faut qu'on soit capables de lui notifier pour que ça
commence, ce délai-là. Donc, je vous laisse répondre.
Le Président (M. Schneeberger) : Maître
Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Alors, la notification exige un acte positif supplémentaire dans le sens où,
lorsque le tribunal transmet sa décision, si personne n'allègue ne pas l'avoir
reçu dans le délai où est-ce que le tribunal le transmet, donc deux ou trois
jours après la mise à la poste, et veut prétendre, par exemple : J'étais à
l'hôpital, ou les cas de figure que vous énoncez, qu'il se passe des semaines
entre les deux, celle-ci pourrait prétendre justement : Je n'ai pas eu
connaissance de la décision, et bénéficier de la mesure. Dans la... Si on va
dans le sens d'une notification, la question peut se poser, le tribunal ne
notifie pas ses décisions. Il n'y a pas de tribunaux qui notifient les
décisions, ce sont les parties qui pourraient notifier leur décision, tout
comme elles notifient actuellement leurs pièces, notamment, là, en vertu de
notre législation. Donc, je crois que ce serait un élément supplémentaire et un
fardeau supplémentaire à ajouter à ceux et celles qui reçoivent les 78 000
décisions qu'on peu rendre dans une année, alors que, dans les cas qui s'y
prêtent, rien n'interdit aux parties de porter à la connaissance par
notification, par signification, dans la mesure où il existe peut-être une
expectative de problématique.
Cas d'espèce, là, si je suis devant le
tribunal, j'obtiens ma décision et je veux être certain qu'elle soit exécutée,
je sais que le tribunal va transmettre la décision, mais je pense, et c'est
dans le marché, là, pour l'avoir... y avoir été il y a quelques années, je
pense qu'il est opportun que je notifie ma décision, que je la, même, signifie
pour être sûr, justement, d'avoir une date de départ de computation en
disant : Bien, il n'y a personne qui pourra prétendre autrement que la
date que moi, j'ai obtenue. Je prends la décision du TAL, je la notifie, je la
signifie ou je vais la porter avec un accusé-réception et j'obtiens ma date, à
partir de laquelle je suis certain que la computation débutera. Mais d'en faire
une exigence générale, c'est autre chose.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Ce que j'aime
beaucoup dans la vie, c'est de trouver les cas d'exception puis penser à
qu'est-ce qui peut mal aller. Dans le cas qu'on vient de parler, là, c'est notifié,
avis signé que je l'ai reçu. J'ai reçu l'enveloppe, j'ai signé, mais je ne l'ai
pas ouvert, l'enveloppe. Je ne l'ai pas ouvert, je n'ai pas pris connaissance
de la décision, n'est-ce pas? Donc, comment, à ce moment-là, on démontre que,
bien, c'est à ce moment-là que la connaissance a... a pris... est vraiment...
c'est ça, a vraiment commencé? Parce que c'est la date de la prise de
connaissance. Personne peut alléguer : Je n'ai pas ouvert l'enveloppe,
j'ai eu à partir, j'ai discuté, je n'ai pas pu l'ouvrir, ça a pris deux
semaines avant que je revienne, donc la prise de connaissance, pour moi, c'est
vraiment à telle date. Comment ça pourrait être contesté après ça? Quand on
parle de la prise de connaissance, c'est vraiment juste la personne qui reçoit
la décision qui va pouvoir déterminer : C'est ça? Alors que la
notification, c'est clair, il n'y a pas de doute, vous avez signé, là, vous
l'avez reçue, c'est là que vous avez été notifié, qu'elle l'ait pris
connaissance ou pas...
Le Président (M. Schneeberger) : ...Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : ...que
vous énoncez, la notification, là, je pense que le problème surviendrait de
toute façon dans la mesure où on imposait même la notification. Parce que,
est-ce que je vais notifier sans enveloppe? Peut-être pas. Alors, je vais
notifier une enveloppe qui ne sera peut-être pas ouverte non plus. Alors, je
pense que quelqu'un qui veut s'assurer de la réception ne va peut-être pas le
mettre dans l'enveloppe, va peut-être le donner à un huissier ou aller porter
en mains propres puis faire signer l'accusé réception sur la décision, le cas
échéant.
Donc, si on veut rentrer dans les cas
d'exception, je pense qu'il y a différentes façons d'y arriver, là, pour
déterminer clairement une date de début de la computation. Et c'est le rôle du
juge, au final, qui jugera peut-être de la crédibilité de votre témoignage sur
le fait que vous recevez des enveloppes que vous n'ouvrez pas, et c'est le rôle
du juge à la Cour du Québec qui déterminera s'il retient cette prétention-là ou
pas.
Donc, c'est cette marge de manœuvre là qui
est laissée à l'appréciation du tribunal, la Cour du Québec, pour justement
faire face à ces situations où est-ce qu'actuellement, bien, c'est juste,
passez-moi l'expression, mais : tant pis, le délai est passé, sans marge
de manœuvre. Et c'est pour ça que les tribunaux ont évolué dans leur
appréciation de l'article sur la... Sur les requêtes, permissions d'appeler,
pour ramener justement cette notion qui leur permet d'analyser le véritable moment
où le justiciable reçoit sa décision.
Donc, c'est l'orientation, je pense, que
les tribunaux se sont donné au fil du temps, la jurisprudence qui amène les
décisions dont on s'est parlé il y a un instant, qui, maintenant, je pense,
amène, pourrait amener le législateur à dire : Bien, voilà, les tribunaux
ont pris cette orientation-là, dans la mesure où on le partage, bien, on va
s'assurer que la loi soit conforme à la jurisprudence pour éviter que le
citoyen qui lit l'article de la loi, bien, soit, passez-moi l'expression, mais
carrément induit en erreur. Parce que l'article de loi ne dit pas ça, la
jurisprudence dit autre chose. Alors, le justiciable qui lit l'article de loi,
s'il se contente de le lire en disant : Bien, c'est ce que la loi me dit, malheureusement,
actuellement, au moment où on se parle, bien, il est induit en erreur, parce
qu'il aurait dû avoir connaissance que la jurisprudence dit autre chose que cet
article-là, donne cette liberté-là, donc de la connaissance.
C'est peut-être ça, l'enjeu principal, à
mon sens, que je veux... dont j'aimerais témoigner aux membres de la
commission. C'est justement de la justesse de la loi par rapport à la réalité
d'aujourd'hui, lorsque, la jurisprudence, on la connaît. C'est surtout ça, je
pense, l'enjeu. Est-ce que les citoyens, en lisant la loi, sont induits ou pas
en erreur en fonction de ce qu'on connaît aujourd'hui comme paramètres, qui
sont bien établis maintenant et qui reçoivent l'assentiment de la Cour chargée
de traiter ces affaires, donc la Cour du Québec.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je ne suis pas juriste, je n'ai pas de formation en droit, donc
difficile pour moi de juger qui a raison. Mais le Barreau du Québec, c'est
quand même une institution crédible. Et, quand ils nous disent qu'il pourrait y
avoir un enjeu, j'ai tendance à vouloir quand même l'explorer un peu plus puis
dire : bien, pourquoi est-ce qu'ils disent ça? Tu sais, je pense que ça aurait
été bien de pouvoir les entendre puis pouvoir leur poser la question
actuellement. On ne les a pas... À ma connaissance, on ne les a pas invités,
là, ou s'ils ont refusé, peut-être, de venir, là, je ne suis plus certaine,
dans ce cas-ci.
Une voix : ...
Mme Dufour : C'est ça, ils
ont refusé. Mais ça reste que leur lettre n'est pas sans références non plus,
là, ils font référence à des jugements, ce n'est pas... Ça semble être basé sur
des informations et des faits quand même importants, là. Donc, moi, comme
parlementaire qui est devant une modification, bien, ce que j'entends, c'est
qu'il pourrait y avoir d'autres enjeux créés par la modification qui est
proposée. Et comme je l'ai dit, une modification est nécessaire, mais est-ce
que c'est la bonne médication? Moi, je ne suis pas convaincue, avec les
explications que j'ai reçues, là, jusqu'à maintenant. Je ne sais pas si mon...
si d'autres personnes veulent parler de ça, là. Moi, j'ai comme une inquiétude,
là, avec cette proposition-là.
• (12 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
ça va. Ça fait que, c'étaient des commentaires, ce n'était pas une question,
mais des commentaires. C'est bien entendu, Mme la députée de Mille-Îles. Est-ce
que nous avons d'autres questionnements par rapport... en lien avec
l'article 31? Député de Laurier-Dorion, oui.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. En plus de la question qui nous est soumise aujourd'hui, là, donc de
mettre la date de la connaissance de la décision, ma collègue de Mille-Îles en
a parlé amplement, là, on a ici une lettre reçue par la Commission, là, de
l'honorable Martine L. Tremblay, juge en chef adjointe de la Chambre civile,
qui soulève un point supplémentaire. J'aimerais savoir si la ministre...
12 h (version non révisée)
M. Fontecilla : ...avec son
équipe, à considérer la possibilité de prendre en compte cette... la
problématique qui est soumise, qui est soulevée par la juge en chef adjointe à
la chambre civile. C'est consternant la question du caractère exécutoire d'un
jugement de la Cour du Québec qui rejette une demande pour permission d'appeler
et d'une du TAL résiliant un bail et ordonnant l'éviction d'un locataire. Est-ce
que la ministre et son équipe ont pris connaissance de cette... de la
problématique soulevée par la juge en chef adjointe à la chambre civile et si
elle compte y donner suite?
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour la question. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je suis bien... Je suis bien au fait de cette lettre, cette lettre-là,
dont j'ai pris connaissance le 18 octobre 2023, donc, bien après nos
consultations sur le sujet. Alors, écoutez, on en prend bonne note, mais pour
le moment ce n'est pas considéré dans le projet de loi, là, simplement parce
que ça nous a été proposé le 18 octobre, tu sais, c'est la semaine passée,
ça. Donc, c'est ça, c'est une... Je peux vous compter... je peux vous compter
une grande histoire, là, mais c'est la raison pour laquelle, pour le moment, ce
n'est pas... ce n'est pas considéré. On l'analyse, on le regarde. Ça voudrait
dire réinsérer... réinsérer un amendement s'il y a lieu et qui doit repasser
par toute la séquence, là, jusqu'au Conseil des ministres avant de revenir ici,
là. Donc, pour le moment, on n'a pas ce... Il y aura d'autres véhicules
législatifs si on veut aller là, là.
M. Fontecilla : Donc, ce que
je comprends, là, c'est que tout d'abord ça... Le questionnement soulevé par la
juge en chef adjointe à la chambre civile exige tout d'abord une analyse, une analyse
de... de la requête. Et ensuite, si une décision est prise d'aller de l'avant,
ça impliquerait un changement au Code civil, donc consultation au ministère de
la Justice. Ensuite parce que... En fait, c'est à cause du travail que cela...
que cela exige? Vous n'avez pas le temps de faire l'ensemble de ces
démarches-là?
Mme Duranceau : Non.
Généralement, M. le député de Laurier-Dorion, je n'ai pas... je n'ai pas peur
de travailler. C'est juste que ça a été reçu le 18 octobre. Là, le projet
de loi, iI vise à, oui, à améliorer plusieurs choses. C'est un élément qu'on
peut regarder, mais je suis certaine qu'il y a un paquet d'autres mondes dans
notre société qui auraient d'autres propositions à nous faire pour le projet de
loi. Là, il y a une fenêtre, c'est celle-ci. Ça fait qu'on analyse ce qui a été
présenté avant et débattu et analysé au cours de l'été. Ça, on va le regarder,
mais ça sera... Il y a d'autres véhicules législatifs à d'autres moments. Je ne
voudrais pas retarder ce processus-ci pour cet article-là, là.
M. Fontecilla : Tout à fait,
tout à fait. Mais j'aimerais... puisque ça me semble un élément important qui a
été soulevé par la juge en chef adjointe à la Chambre civile, là, j'aimerais
savoir plus concrètement... connaître, comment dire, l'ampleur de la
problématique soulevée. Donc, on est dans le domaine des permissions d'appeler
une décision du TAL et du caractère exécutoire découlant de la permission d'appeler
une décision TAL, là, le temps que ça prend, etc., là, les délais que ça
implique. Moi, j'aimerais savoir, Mme la ministre, peut-être Me Simard, quelles
sont les conséquences du questionnement soulevé par la juge en cheffe adjointe
à Chambre civile sur le travail concret du Tribunal administratif du logement?
Est-ce que ça pose beaucoup de problèmes dans le caractère exécutoire de
certaines décisions, par exemple, une décision d'évincer un ménage par exemple?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, merci, M.
le Président. Je vais laisser mon sous-ministre adjoint préciser le processus
de tout ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, M. Savoie... Juste pour le bien de la cause, est-ce que nous avons le
consentement pour prendre la parole? Consentement. Alors, M. Savoie, votre nom
et titre.
M. Savoie (Jocelyn) : Jocelyn
Savoie, sous-ministre adjoint aux politiques au ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation. En fait, effectivement, on est en train d'analyser,
là, la suggestion qui a été faite, là, par la juge. Comme c'est une question
complexe qui pourrait avoir différentes ramifications, là, dans la structure,
là, de la loi du TAL ou sur différentes facettes, là, des dispositions de la
loi, c'est une analyse qui est assez complexe...
M. Savoie (Jocelyn) : ...qui
va nous requérir, là, d'interpeller notamment le ministère de la Justice pour
examiner sans détails. Donc, la complexité potentielle, là, de la demande nous
oblige à prendre un peu plus de temps pour l'analyse. C'est pour ça qu'on a
considéré de l'analyser, mais on n'a pas prévu, là, la portée ici ou dans le
contexte de ce projet de loi ci. C'est de prendre le temps de le regarder comme
il faut puis voir quelles sont les conséquences potentielles, là, si on devait
donner suite à cette recommandation-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
M. Fontecilla : Je comprends.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de... Oui, Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je comprends
tout à fait la réponse. C'est un sujet complexe. Mais ma question s'adresse
spécifiquement pour savoir si c'est un cas de figure qui se produit souvent et
si ça induit une complexité ou des conséquences lourdes pour certaines
personnes, etc., là. J'aimerais qu'on mette l'ampleur du problème, là.
Mme Duranceau : Monsieur, là,
on a une lettre d'un juge de la Cour du Québec qui nous dit quelque chose. On
aimerait ça l'analyser pour en comprendre les tenants et aboutissants. Si vous
voulez qu'on fasse ça tout de suite, moi je n'ai aucun problème. C'est assez
circonscrit, là, comme situation. C'est juste qu'avant de vous dire ce que le
ministère de la Justice en pense, ce que nous, on en pense, il faut qu'on fasse
le travail, puis on n'a pas priorisé ça compte tenu de tous les autres enjeux
qu'on avait à traiter. Je n'ai aucun problème à ce qu'on le regarde puis qu'on
vous revienne.
M. Fontecilla : Je réitère ma
question. J'aimerais connaître au moins...
Mme Duranceau : Bien, c'est
ça qu'on ne peut pas vous répondre. Je ne peux pas...
M. Fontecilla : Mais Mme la
Ministre m'a dit que c'était assez circonscrit comme...
Mme Duranceau : Oui, mais,
par ailleurs, on ne va pas vous donner... je ne peux pas vous donner une
réponse aujourd'hui, ni mon équipe. Il faut qu'on parle aux bonnes personnes,
puis on n'a pas priorisé ça, compte tenu que ça nous a été soumis le
18 octobre puis qu'on était bien avancé dans d'autres choses, là. Je n'ai
aucun problème à le regarder. Là, discussions préliminaires entre nous, ça
semble circonscrit, puis on est peut-être capable de faire un amendement assez
rapidement s'il y a lieu. Mais là il faut qu'on l'analyse puis qu'on vous le
resoumettre en temps et lieu, là. Je n'ai pas de trouble, on peut le faire.
M. Fontecilla : ...
Mme Duranceau : Oui, oui,
mais là, tu sais, combien d'autres vont m'en envoyer cette semaine, puis on ne
peut pas faire ça pour tout. Là, de ce que je comprends ici, c'est circonscrit,
c'est peut-être jouable sans autre consultation, mais, tu sais, on ne fera pas
ça sur chaque sujet, là, on se comprend?
M. Fontecilla : Je suis à
l'article 31 et à la lettre envoyée par la Cour du Québec qui appuie...
Mme Duranceau : C'est ça,
mais si quelqu'un d'autre envoie une lettre cette semaine, je ne peux pas en
rajouter chaque semaine, là.
M. Fontecilla : Tout à fait,
je comprends bien ça. En même temps, il faut regarder les choses au mérite,
c'est la juge en chef adjointe à la Chambre civile qui soulève une
problématique et j'essaie, justement, de juger...
Mme Duranceau : Parfait. Je
vous ai entendue. On va le regarder.
M. Fontecilla : Très bien. De
juger les mérites de cette demande-là. On entend que le ministre va analyser la
chose et la demande et prendre une décision, à savoir si... elle est à l'aise
de présenter quelque chose dans le cadre de l'étude détaillée du p.l. n° 31 ou ça va aller à une autre question. Tout à fait. Je
soulève seulement que les opportunités d'ouvrir le Code civil sur les questions
touchant le Tribunal administratif du logement, ça n'arrive pas à toutes les
années. Donc, il y a une fenêtre d'opportunités, là, qui est favorable. Je
comprends que c'est un sujet qui peut mériter une attention très particulière
et une analyse plus longue, là. Donc, j'aimerais juste que la ministre nous
fasse un suivi sur ces sujets-là.
• (12 h 10) •
Mais j'aimerais revenir à l'objet
principal de l'article 31, là, la question de la connaissance de la
décision versus ce qui a été notifié par... ce qui a été soulevé par le Barreau
du Québec, là, concernant les termes et notifications. Et moi, j'aimerais bien
connaître les circonstances où un tribunal considère qu'une décision que ce
tribunal-là a rendue a été... comment dire, les justiciables ou la personne
impliquée a eu connaissance. Qu'est-ce que ça implique? Par exemple, on a parlé
d'ouvrir une enveloppe, de ne pas l'ouvrir. Est-ce que le fait d'ouvrir des
données et de frapper à une porte, de donner une enveloppe, est-ce que c'est
considéré comme un fait qui prouve que la personne à qui on a communiqué cette
enveloppe-là a pris connaissance? Quel est le...
M. Fontecilla : ...qu'est-ce
que ça veut dire, «prendre connaissance», exactement, là? C'est ce que
j'aimerais établir.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui, je vais
référer à mon... notre juriste. «Prendre connaissance», le terme, dans son
cadre juridique? Qu'est-ce que ça veut dire, «prendre connaissance»?
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
M. Dumont, si je ne me trompe pas? C'est ça.
M. Dumont (Luc) : Oui, Luc...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
votre nom, titre. Et j'ai le consentement de la table pour qu'il puisse prendre
la parole? Consentement? Parfait. Allez-y.
M. Dumont (Luc) : Oui,
bonjour. Luc Dumont, juriste à la Direction des affaires juridiques du
ministère des Affaires municipales. La date de la connaissance, en fait, dit ce
que ça veut dire. C'est au moment où la personne a pris connaissance, de
manière factuelle que ce soit, là, de la décision en question. Donc, c'est
aussi simple que ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : O.K., oui.
J'aime bien approfondir sur la définition des termes. Moi, si un professeur en
littérature me dit : Vous devez prendre connaissance de tel roman, moi, ce
que je comprends, c'est que je dois le lire de la page 1 à la page finale,
sinon, je n'en ai pas pris connaissance. Est-ce que, pour le tribunal, ça
voudrait dire... «prendre connaissance», ça veut dire avoir lu, effectivement,
les documents en question?
M. Dumont (Luc) : Ce serait
donner, selon moi, une portée excessive à la notion de connaissance. Dans ce
cadre-ci, la date de la connaissance, comme je le disais, je pense qu'il faut
s'en remettre, dans le fond, là, à la prise de connaissance factuelle, là, de
la décision en question. Le fait, pour la personne, d'avoir eu un geste positif
de lire la page de A à Z, selon moi, ce serait excessif. L'idée, c'est de
l'avoir reçue.
M. Fontecilla : Dans ce
sens-là... je fais peut-être de la sémantique, là, mais c'est important, là,
parce qu'on travaille autour des lois, là... le sens de «connaissance», ça se
rapproche beaucoup de «notification». Dans ce sens-là, est-ce que c'est... les
deux pourraient être des synonymes?
Le Président (M. Schneeberger) : M. Dumont.
M. Dumont (Luc) : Comme
Me Simard l'a dit, la notification impose, dans le fond, une étape
supplémentaire, donc ce n'est pas tout à fait la même chose, même si ça peut se
ressembler. La notification exige, dans le fond, un geste positif additionnel
de la personne qui la transmet. Dans ce cas-ci, la date de la connaissance,
dans le fond, a... je ne veux pas dire que c'est un avantage, mais a le mérite
d'être plus simple, à ce niveau-là. Donc, c'est le moment où est-ce que la
personne qui... a eu connaissance de la décision qui a été rendue.
M. Fontecilla : Pouvez-vous
spécifier, maître, quelle est la nature de l'acte positif dont vous parlez, là?
M. Dumont (Luc) : Je crois
que Me Simard l'a dit plus tôt, là, par rapport à la notification. Donc,
ça prend, par exemple, là, une formalité additionnelle pour la notification,
puisqu'on parle de... Est-ce que c'est une remise en main propre? Est-ce que
c'est par huissier? C'est ça, la notification, c'est ce que ça exige. La date
de la connaissance n'exige pas une telle étape, c'est... Il faut donner, dans
le fond, plein sens à ce que la loi dirait, à ce moment-là. Donc, c'est le
moment de la connaissance, la personne qui a pris connaissance de la décision.
M. Fontecilla : Très bien.
D'un point de vue plus... comment dire, de la mécanique de la communication
d'une décision de la cour, Me Simard nous a dit tantôt le cas de figure. La
décision a pris... a eu lieu un vendredi, elle est communiquée... elle est
envoyée par la poste la journée même, et ça prend, je ne sais pas, x jours.
Avec la poste, on n'est jamais trop sûr. Mais la personne qui aurait dû recevoir
cette décision-là, elle dit que la poste a pris 10 jours. Puis on ne sait
jamais, la poste, c'est une grosse machine, là. Et il n'y a pas de date de
réception dans la boîte à lettres dans le domicile de la personne, et donc elle
demande... bien, elle demande une action en conséquence, là. Comment être sûr
de la date de connaissance, lorsque c'est communiqué par la poste, par exemple?
Le Président (M. Schneeberger) : La
question...
Le Président (M. Schneeberger) : La
question, à vous... Vous posez la question à qui, là? Parce que, là...
M. Fontecilla : À... À Mme la
ministre, c'est mon interlocutrice, évidemment. Mais elle peut très bien
déléguer à quelqu'un d'autre.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
parfait. Alors, c'est bon. Alors, Mme... Oui.
M. Dumont (Luc) : Je ne veux
pas... Je suis désolé, je ne veux pas jouer au ping-pong, mais je pense que Me
Simard, étant donné qu'il est... tu sais, c'est... dans le fond, c'est le
président du TAL, il est plus au niveau de la pratique par rapport à ce
tribunal, et je pense qu'il est mieux positionné que moi pour donner une
réponse éclairée à ce sujet-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Simard. Me Simard, pardon.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Peut-être, pour être bien certain de bien circonscrire votre question,
pouvez-vous la reprendre, je vous prie?
M. Fontecilla : Donc, il y a
une décision qui a été envoyée un... un vendredi, décision de la cour, et on
s'attend à trois... trois, quatre jours ouvrables, là, on va dire, parce qu'il
y a cette notion-là qui rentre en ligne de compte, là. Mais la personne qui a
dû recevoir cette décision-là allègue, là, que ça a pris non pas trois, quatre
jours, mais 10 jours, donc ça... ça a des conséquences sur la date d'exécution
de... de la décision. Est-ce que... Comment ça va se... ça... ça va se passer?
Le juge va... Qu'est-ce qui va se passer à ça... dans cette situation-là?
M. Simard (Patrick) : Bien.
Alors, ce que le... ce que le juge aura à déterminer, si c'est contesté, la
date de la... de la réception, ce sera les circonstances propres à l'affaire,
donc d'exprimer justement que la poste... on a le timbre... en fait, on a le
cachet postal, on sait la mise à la poste. On va présumer d'un délai raisonnable,
à moins qu'il y ait des circonstances qui sont établies devant le... devant le
tribunal, pour éviter, parce que c'est ça, l'objectif, éviter la perte de
droits, parce que, là, on parle d'un droit à aller en appel d'une décision,
tout comme ça existe, le droit d'aller en rétractation d'une décision du TAL,
c'est le même principe, on veut éviter la perte du droit pour des... passez-moi
l'expression, mais des dédales administratifs.
Prenons un cas de figure très, très
patent. Il est arrivé dans l'histoire, je dirais même au pluriel, des grèves de
la poste. Alors, le tribunal envoie les décisions par la poste. Alors, lorsque
la grève est déclenchée puis que la décision est quelque part, elle n'arrive
juste pas à terme, elle n'arrive pas à destination. Alors, si on n'avait pas ce
principe de la connaissance, bien, au moment où la poste était en grève pendant
un mois, bien, tout le monde perd ses droits, parce que c'est la date de la
décision.
Alors, ce qui est... ce qui est
sous-jacent à tout ça, ou plutôt ce qui est... ce qui est l'objectif recherché,
il m'apparaît que c'est justement d'éviter la perte des droits pour des
éléments purement administratifs. La... la décision rendue le vendredi va
plutôt être postée le lundi, pour dire la... pour vous dire la... les vraies
choses. Alors, s'il arrive un...un pépin à la poste ou dans le système postal,
là, parce qu'il y a... ce n'est pas juste de mettre ça dans... dans... dans une
boîte, hein, il y a plein de choses qui se passent, là, il y a plein de gens
qui interagissent pour arriver jusqu'au bout, alors, s'il arrive des éléments
qui retardent la connaissance de la décision et qu'on maintient la position à
l'effet que c'est 30 jours de la décision, bien, il y a des gens qui perdent
des droits sans avoir... sans être responsables de... de cette perte de droits
là par leurs propres agissements. C'est juste parce que le système postal ou
l'administration du tribunal a retardé ou a... ou a eu des embûches dans la
livraison de la décision. Donc, je le répète, l'objectif, c'est la protection
des droits des uns et des autres. En fonction du moment où je connais une
décision qui est rendue contre moi, bien, à ce moment-là, le délai m'est
imputable de le calculer pour arriver jusqu'à terme.
Ceci dit, pour éviter ces écueils-là, je
le répète, dans le marché, là, bien, les gens vont s'assurer de la réception,
ils ne vont pas nécessairement se fier sur le tribunal. Si j'ai un... Si j'ai
un recours important qui nécessite une action immédiate ou urgente, bien, je
vais peut-être m'assurer, moi, comme partie, que justement mon opposant ou la
partie adverse reçoit la décision en ma faveur. Donc, je vais aller faire
justement l'accusé réception, je vais peut-être mandater un huissier, et là, à
ce moment-là, la date est déterminée d'une manière plutôt incontestable. Voilà.
• (12 h 20) •
Donc, cette marge de manœuvre là, elle
existe pour les exceptions dont on vient de... d'énoncer, il y en a plein
d'autres, alors que, sans cette marge de manœuvre là, je le répète, le simple écoulement
du temps, sans en être responsable, amène la perte d'un droit qui est quand
même très important. On rend quand même des décisions en résiliation de bail,
hein? Alors, peut-être qu'on peut perdre son logement sans considération autre
que le simple écoulement du temps dont serait responsable une ou l'autre des
machines administratives, que ce soit la poste ou le tribunal.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
M. Fontecilla : Mais, en ce
moment...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : En ce moment,
un... un juge au Tribunal administratif du logement, si, pour une affaire
d'appel, il est... ou une autre affaire, on se présente devant lui en lui
disant...
M. Fontecilla : ...on se
présente devant lui en lui disant : Ça a pris... J'ai pris véritablement
connaissance quelques jours plus tard, là, il y a eu un délai x, y z. Est-ce
que ça amène une perte de droits, pour utiliser vos termes? Est-ce que dans la
jurisprudence actuelle, le juge au Tribunal administratif du logement va avoir
tendance à considérer et donner un délai supplémentaire? Parce que c'est de ça
qu'il s'agit, là, donner un délai supplémentaire à la personne.
Le Président (M. Schneeberger) : Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Merci pour cette question-là de précision parce que je vais vous rappeler que
ce problème-là n'existe pas au TAL. Parce que la connaissance, là... Nous, dans
les décisions qu'on rend puis qu'on peut casser, pardonnez-moi l'expression,
mais, tu sais, rétracter, comme la Cour du Québec peut casser une décision en
appel, ce processus-là d'analyse, là, c'est la connaissance. L'article prévoit
la date de la connaissance de la décision, alors c'est de faire... Ce qui est
bon pour le TAL, bon pour la Cour du Québec également, le même principe,
c'est-à-dire la date de la connaissance. Et, dans ce cas-là, le tribunal va
analyser, justement, toutes les circonstances propres à l'affaire. Et le simple
écoulement du temps ne fait pas perdre de droits devant le TAL en matière de
rétractation à cause de ce principe-là, en raison de ce principe-là de
connaissance qui est codifié, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Parfait. Alors... Oui, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Micro,
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci. O.K.
Donc, j'ai une question. Vous avez... La question est pour Me Simard, mais je
vais juste attendre qu'il revienne. Tout à l'heure, il a mentionné 78 000 décisions.
C'est 78 000 décisions rendues. C'est bien... Est-ce que c'est ça
qu'on parle quand on... tout à l'heure, le chiffre de 78 000?
Le Président (M. Schneeberger) : ...
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, on a actuellement 78 000 dossiers...
Mme Dufour : Oui.
M. Simard (Patrick) : ...qui
vont amener 78 000 décisions.
Mme Dufour : O.K.
M. Simard (Patrick) : Généralement,
on en rend à peu près 60 000 par année parce qu'il y a des dossiers qui se
ferment pour plusieurs raisons qui arrivent, là.
Mme Dufour : Parfait.
Maintenant, je vais vous amener sur le fait que ce ne sont pas toutes les
décisions du TAL qui peuvent aller en appel... qui peuvent être portées en appel.
De facto dans la loi, on écarte de plein droit tout ce qui est décision dont
l'objet est la fixation du loyer, la modification d'une autre condition du bail
ou la révision de loyer. Une décision portant sur une demande dont le seul
objet est le recouvrement d'une créance... à l'article 73, c'est exclu.
Une décision sur une demande... En fait, on dit : La plupart des demandes
concernant directement la démolition d'un logement, l'aliénation d'un immeuble
situé dans un ensemble d'immeubles, la conversion d'un immeuble locatif en
condos, les décisions relatives à une demande d'autorisation de déposer le
loyer. Tout ça, c'est de facto écarté. Combien de ces 78 000 là reste un
coup qu'on a écarté la fixation de loyer et tout le reste que je vous ai nommé.
M. Simard (Patrick) : Je vous
dirai pourquoi c'est difficile d'y répondre. Parce que s'ajoutent à ce que vous
avez dit les objections à la preuve, qui peuvent être rappelées également. Ça,
vous ne le verrez pas nulle part, mais c'est la jurisprudence. Donc, de vous
dire tout ce qui peut être rappelé... Tu sais, en termes de recours, je peux
vous dire le nombre de recours introduits qui va amener peut-être une
possibilité d'appel, mais ça ne tiendra pas compte, justement, de d'autres
éléments qui peuvent être portés à la Cour du Québec sur permission. Parce que,
par exemple, en matière de confidentialité professionnelle, pour dire quelque
chose, si le TAL rend une décision en cette matière-là, sur l'administration de
la preuve, elle est... également. Donc, je ne suis pas capable vous fournir une
réponse exacte à votre question, mais de vous énoncer le nombre de recours qui
sont susceptibles de... je pourrais vous trouver la réponse.
Mme Dufour : Tu sais, c'est
pour avoir une idée du nombre qui se rendent... qui ont le potentiel d'être
portés en appel. Juste... Tu sais, je ne suis pas une spécialiste du tout, mais
j'ai comme l'impression que la fixation de loyer, ça doit être une grosse
partie du nombre des 78 000.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Allez-y, Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Vous me
posez la question aujourd'hui, la réponse, c'est oui. Vous m'auriez posé la
question il y a à peu près trois ans, je vous aurais dit non. Aujourd'hui, on a
un nombre important. Je pense, j'en ai 24 000, là, de mémoire comme ça,
là, de dossiers de fixation de loyer, alors que c'est plutôt autour de 8,
9 000 ou 10 000 par année généralement.
Donc, actuellement, la réponse, fixation de loyer
exclu du processus d'appel, je retranche 24 000 à peu près. Cependant, là,
j'aurai une difficulté à vous répondre sur les petites créances parce que je
n'ai rien qui identifie, là, dans mon système de gestion... Est-ce que cette
demande-là est en bas de 15 000 $ ou pas? Je ne suis pas capable de
l'identifier. Donc, je ne serai pas en mesure de donner une réponse très
exacte. Mais si...
M. Simard (Patrick) : ...On
enlève la fixation de retrancher 24 à 78.
Mme Dufour : O.K. C'est pour
comprendre l'ampleur de vraiment le nombre de décisions qui devraient être
notifiées advenant qu'il y avait une modification. Parce que j'écoutais M....
Maître... c'est?
Une voix : ...
Mme Dufour : ...Dumont, tout
à l'heure, et qui disait : bien, il faut qu'il l'ait reçue, ça fait que,
finalement, il faut que ça ait été notifiée, pour qu'il l'ait reçue, donc je
trouvais qu'on était à peu près dans les mêmes eaux. Mais «la connaissance», ça
reste très flou, ça va rester très flou. Puis j'ai l'impression qu'il va... on
risque d'avoir une jurisprudence tout aussi épaisse sur le nombre de cas où on
va...
(Interruption) ...on va ne pas être... tu
sais, dans le fond...
(Interruption) ...pardon, ne pas être en
accord sur la date que c'est vraiment... Commence vraiment le délai d'appel.
Parce que le 30 jours, c'est court, en fait, c'est ça qui arrive, donc le
30 jours est court. Et puis là, dans le document que je vous parlais tout
à l'heure, là, on parlait de toutes sortes d'exemples, de cas qui avaient...
Surtout avec la pandémie, notamment, là, qui avait retardé, des fois, les
envois ou la prise de connaissance, et cetera, la réception ou la... oui...
non, c'est ça, c'était la... En fait, c'est ça, le moment que la décision était
émise puis le moment que la personne la recevait... En fait, plusieurs cas
l'ont reçue après que le 30 jours était écoulé, pour toutes sortes de
raisons.
Donc, il faut changer, ça, je vous l'ai
dit. Mais ça reste que la date de connaissance va amener d'autres ambiguïtés
qui vont amener encore d'autres jugements, d'autres jurisprudences, et c'est de
ça que nous nous prévient le Barreau du Québec. Donc, moi, dans ce sens-là,
j'ai envoyé un amendement pour aller dans le sens de ce que le Barreau du
Québec propose, de changer pour la date de la notification. Donc, ça a été
envoyé tout à l'heure, là, vous devriez l'avoir reçu.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Dufour : Je vais pouvoir
le lire.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
allez-y.
Mme Dufour : Alors,
l'article 31, article 92 de la Loi sur le tribunal administratif du
logement : Remplacer le mot «date» par «date de notification».
L'article se lirait comme suit : la
demande pour... 94. La demande pour permission d'appeler doit être faite au
greffe du... de la Cour du Québec du lieu où est situé le logement, et elle est
accompagnée d'une copie de la décision et des pièces de contestation, si elles
ne sont pas reproduites dans la décision. La demande, accompagnée d'un avis de
présentation, doit être signifiée à la date... À la partie adverse et produite
au greffe du Québec dans les 30 jours de la date de notification de la
décision. Elle doit préciser les conclusions recherchées, et le demandeur doit
y énoncer sommairement les moyens qu'il prévoit utiliser. Si la demande est
accordée, le jugement qui autorise l'appel tient lieu de l'inscription en
appel. Le greffier de la Cour du Québec transmet sans délai copie de ce
jugement au tribunal ainsi qu'aux parties et à leurs procureurs. De la même
manière et dans les mêmes délais, l'intimé peut former un appel ou un appel
incident. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci beaucoup. Alors, est-ce que...
Mme Duranceau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Nous
allons suspendre pour que la ministre puisse prendre connaissance de
l'amendement et nous revenons.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
12 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 12 h 33)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, je pense que nous avons une réponse, Mme la
ministre.
Mme Duranceau : Oui. Donc,
pour ceux que ça intéresse, là, on fait un débat entre ce que le Barreau pense
puisque la Cour du Québec pense, là. Je ne suis pas sûre que c'est ici que ce
débat-là devrait avoir lieu, mais toujours est-il que je vais essayer de
ramener ça simple, là. Donc, il y a un jugement qui est rendu, O.K., le
Tribunal administratif du logement rend un jugement, envoie un fichier à Revenu
Québec. Revenu Québec envoie ça aux parties, puis là elles apprennent, les deux
parties... bien, elles apprennent, elles savent, là, mais elles l'ont papier,
ce qui se passe, elles ont, papier, leur jugement. Et là, si l'une des deux
parties, selon le cas, veut faire appel de la décision, là, à ce moment-là,
elle dépose quelque chose à la Cour du Québec.
Là, ce qu'on comprend, c'est que le délai
de 30 jours commençait à courir à partir de la date de la décision. Ça fait que
la date, ça alerte, là, sur le jugement qui est envoyé. Ça fait que tu as déjà
quelques jours entre le jugement rendu, le transfert à Revenu Québec, l'envoi.
Ça fait que ce qu'on veut, c'est récupérer ces jours-là, perdus, souvent au...
au bénéfice de l'une ou l'autre des parties, souvent au bénéfice du locataire.
Donc, en faisant la modification proposée, on vient refléter ce qui se passe en
pratique puis que la Cour supérieure a, par ailleurs, établi. En pratique, ce
qui se passe, c'est que, quand tu viens signifier à la cour... tu fais appel en
Cour du Québec, là, quand tu viens dire que tu fais appel, bien, le délai de 30
jours, là, il était rétréci, on vient dire : C'est à partir du moment où
tu prends connaissance du jugement, donc quand tu l'as reçu. Peut-être que c'est
la date de la mise à la poste, tu sais, c'est les jours qui ont suivi, mais c'est
pour donner plus de souplesse aux locataires ou aux propriétaires.
Et la cour donne déjà cette souplesse-là,
parce que la cour a déjà reconnu que la date du jugement, ça faisait... on ne
parlait plus d'un délai de 30 jours, on parlait d'un délai de 21 jours,
mettons. Donc, déjà, quand tu vas déposer ta demande à la cour, puis que, là,
elle constate que, ah bien, là, ton 30 jours, tu sais, comment il est établi,
bien, tu vas pouvoir expliquer ta date de prise de connaissance puis pourquoi
tu fais appel à l'intérieur du délai donné. Alors ça va être expliqué au moment
où tu fais appel du jugement. Là, actuellement, on réduit le nombre de jours
pour faire appel. La cour, dans sa pratique, est déjà souple et dit... et
accepte la notion de prise de connaissance du jugement, puis...
Mme Duranceau : ...histoire de
le notifier. Dans ce cas-ci... Premièrement, une notification, là, ça, ça a
l'air d'être bien établi dans le droit, ce n'est pas le tribunal qui notifie,
c'est les parties qui se notifient en temps réel. Donc là, on viendrait imposer
ici aux parties, la partie intéressée, probablement, là, celle qui veut faire appel,
de notifier l'autre partie, ça fait qu'on vient imposer sur le locataire ou
locateur une obligation qu'il n'y avait pas. C'est déjà assez compliqué, je ne
suis pas sûr qu'on veut rajouter une notification de leur part dans le sujet.
Alors, on a une souplesse qui est déjà
accordée par la Cour supérieure, on veut juste refléter ça dans la loi pour ne
pas ajouter de fardeau ni sur l'une des parties ni sur l'autre. Ça fait que
moi, en tout cas, je pensais que c'était positif cette affaire-là, là. Puis ça
reflète ce qui se passe en pratique parce qu'il y a une problématique en ce
moment quand on réfère à la date du jugement. Plus là si on réfère à la date de
notification, on risque d'avoir... un, on impose un fardeau au locataire, puis,
et/ou au propriétaire, puis deuxièmement, on va avoir la même... le même
enjeu : ah, c'est la date de notification, c'est la date d'envoi de Revenu
Québec. Bien oui, mais je ne l'ai pas reçu, j'étais parti. Ça fait qu'on va se
retrouver avec juste une autre date qui n'est pas plus utile puis qui n'offrira
pas la souplesse que là on tente de donner. Ça fait que si je peux résumer,
c'était ça l'objet.
Ça fait que cet amendement-là, évidemment,
je vais voter contre pour les raisons que je viens d'énoncer, puis j'aimerais
ça retourner à ce qui était proposé initialement, puis j'espère que mes propos
ont clarifié peut-être la compréhension.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Peut-être, juste
préciser, là, il n'y a pas de doute, c'est une amélioration, la proposition,
là, de faire un changement, là, «date de connaissance», c'est déjà mieux que la
date de la décision, il n'y a pas de doute, là, puis ce n'est pas ça qui était
mis en compte ici, là, c'est plutôt d'essayer d'éviter de créer d'autres
enjeux. Et, dans le fond, ce que je comprends des propos du Barreau, c'est
qu'avec la date de notification, c'est plus facile de démontrer qu'on n'a pas
été capable de notifier et donc d'aller de l'avant avec un jugement, alors que
la date de connaissance, si on fait face, par exemple, à une personne qui est
partie à l'étranger, qu'on n'est pas capable de retrouver ou, peu importe,
disparue dans la nature, là, c'est plus long de démontrer que ce n'est pas
possible, tu sais, parce que, bien, la date de connaissance, est-ce qu'elle a
pris connaissance? Là, on ne le sait pas, alors que la notification, c'est plus
facile. Moi, c'est ce que je comprends de ce qu'ils ont dit. On peut procéder
au vote, puis ça sera consigné, là, dans le procès-verbal, tout simplement.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait.
Mme Duranceau : Peut-être,
juste pour, justement, le procès-verbal, on imposerait au Tribunal
administratif du logement, avec l'histoire de notifications, un fardeau qui
n'est même pas... si c'est le tribunal qui notifiait, là, ce qui n'est comme
pas présent dans aucun des autres tribunaux, on viendrait imposer un fardeau au
Tribunal administratif du logement qui n'est pas imposé ailleurs, ça fait que
c'est compliqué.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Oui, député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui, bien, moi
aussi je pense qu'il faut s'assurer qu'il y ait 30 jours francs pour
pouvoir prendre la décision d'aller en appel, ça, on ne conteste pas ça, mais
je veux juste comprendre le fardeau auquel la ministre fait référence. Moi, je
comprenais la proposition de la bâtonnière qu'on... dont on a pris connaissance
aussi que c'était la notification par l'instance responsable, c'est-à-dire si
on dit que c'est Revenu Québec, là, qui doit envoyer une lettre qui rend compte
de la décision, mais c'est ça, la notification, est-ce que... Ce n'est pas ça?
Mme Duranceau : Non. Bien, ce
qu'on... ce que les juristes m'expliquent, c'est que la notion de notification,
ça n'existe pas au niveau des tribunaux, c'est entre les parties. Ça fait que
Revenu Québec notifie quelqu'un, là, ça, c'est deux parties, mais ce n'est
pas... ça... ce n'est pas un tribunal qui fait ça. Puis là je donne Revenu
Québec, là, dans l'exemple, mais c'est... les parties impliquées ici, ça ne
serait pas revenu Québec, ça serait un locataire, un locateur, là.
• (12 h 40) •
M. Arseneau : Mais j'ai de la
difficulté... Encore une fois, je ne veux pas contester ni la parole de la
ministre ni ses conseillers, mais quand la bâtonnière dit : «Tout délai
entre la décision du tribunal et sa notification aux parties». Mais ce n'est
pas la responsabilité des parties de notifier, c'est eux qui reçoivent la
notification. On peut penser, c'est par les instances responsables, non? Je
veux juste clarifier ça parce que moi, ça me semblait beaucoup plus clair.
Mme Duranceau : Oui, bien là,
ce n'est pas un texte de loi, là, ce qui est lu là, là, c'est une lettre.
M. Arseneau : C'est ça, mais
nous, on est en train d'élaborer un texte de loi, il faudrait savoir sur quoi
on s'appuie.
Mme Duranceau : Non, non, je
le sais.
M. Arseneau : Moi, j'aime
mieux m'appuyer sur un texte de... puis qu'il ait été écrit par une bâtonnière,
qu'improviser une décision sur la connaissance dont on ne peut pas
nécessairement vérifier la date. C'est ça, l'élément...
Mme Duranceau : Bien, la
preuve est faite devant...
Mme Duranceau : ...la Cour du
Québec. Quand tu décides de contester une décision qui a été rendue, tu as ton
délai de 30 jours. Si le délai de 30 jours ne semble pas respecté,
parce que... je ne sais pas, moi, si le jugement, il est le 18 octobre
puis que, là, tu allumes le 13 janvier, bien là, il y a quelque chose qui
s'est passé. Donc, il y aura une explication à fournir par le locataire ou le
locateur pour dire : Bien, savez-vous?, moi, j'en ai pris connaissance
juste à mon retour de voyage, le 12 janvier, j'étais parti longtemps. Donc
là, il y aura une preuve puis il va fournir son «boarding pass», j'imagine.
Mais ce que je veux dire, c'est que ça vient donner toute la souplesse sur
préciser la notion de connaissance, mais au moment où que tu fais appel de la
décision. Alors, on est dans... pour une fois, on est dans la souplesse.
M. Arseneau : Mais en fait
moi, je pense qu'il faut juste...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles... Îles-de-la-Madeleine, pardon.
M. Arseneau : Oui, parfait.
Mais on... Encore une fois, ce qui est intéressant, c'est de pouvoir à la fois
allier la souplesse, la rigueur et la précision. Donc, c'est ça, je pense,
qu'on essaie de faire, c'est de trouver la définition qui est la plus
inattaquable possible, d'où l'idée de voir si «notification» était plus claire
que «la date de prise de connaissance». Parce que ce qu'on comprend, c'est que,
si on dépasse ces délais, il faudra plaider comme quoi il y a effectivement eu
un délai et faire reconnaître que ce délai-là est légitime parce qu'on n'en
avait pas pris connaissance. Donc, il y aura comme une espèce de plaidoirie qui
sera nécessaire si on ne respecte pas les 30 jours.
Mme Duranceau : Bien, c'est
ça, actuellement, la date du jugement est contraignante puis rétrécit le délai
de 30 jours. Une date de notification, mise à part le fait qu'un tribunal
ne notifie pas puis que ça imposerait un fardeau additionnel sur le locataire
ou le locateur, la date de notification, je pense, amène la même problématique
du 30 jours parce que tu es contraint avec une date de départ qui est
fixe, qui serait ici potentiellement, là, la date de mise à la poste, disons,
par Revenu Québec. Alors, «la date de connaissance», je suis d'accord avec
vous, ça semble un peu souple et non précis, mais finalement c'est ce que la la
Cour du Québec puis la Cour supérieure retiennent, dans les faits, en pratique.
Ça fait que, là, est-ce que, comme législateur, on veut venir en remettre une
couche puis rendre ça plus... retourner à plus compliqué? Ils ne l'appliquent pas
plus compliqué, tu sais, ou plus restrictif, les tribunaux ne l'appliquent déjà
pas. Ça fait qu'on est venus refléter, dans la loi, ce qui reflétait la
pratique, donc la souplesse de la pratique.
M. Arseneau : Juste une
petite précision, là, peut-être que ça m'a échappé, mais, à l'heure actuelle,
lorsqu'on signifie, je ne dirai pas «notifie», lorsqu'on transmet un document
par la poste pour informer les parties de la décision, c'est fait par courrier
régulier, il n'y a pas de signature, il n'y a pas, évidemment, l'huissier de
justice, et tout ça, tout ça est exclu, là, ce qui pourrait vraiment permettre
de dire : Regarde, moi, je l'ai envoyé, je l'ai reçu, je l'ai signé...
Mme Duranceau : Tu l'as reçu
ou pas, oui.
M. Arseneau : Pourquoi on ne
fait pas ça? C'est-u parce que c'est trop cher, trop compliqué?
Mme Duranceau : Bien,
peut-être je vais laisser Me Simard préciser, mais il n'y a pas un tribunal qui
notifie, ce sont les parties entre elles, donc... puis effectivement il y
aurait un coût à ça, là. Si je peux...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, je pense qu'on peut prendre juste un petit moment pour
distinguer les modes de transmission. Lorsqu'on parle de connaissance, il n'y a
pas de mode obligatoire, on n'utilise pas un mode obligatoire. Si je vous
annonce, même, que j'ai une décision rendue contre vous et que vous me devez
10 000 $, bien, je pourrais peut-être même prétendre que vous en avez eu
connaissance au moment où je vous l'ai dit. Ça risque d'être débattu, là, bon.
Ceci étant, dans la gradation, les tribunaux... tous les tribunaux transmettent
tout simplement, par la poste ou même, dans les palais de justice, dans les
casiers des avocats, les décisions.
Une voix : O.K.
M. Simard (Patrick) : D'accord.
Il n'y a personne qui va aller dans un mode, je dirais, plus complexe, puisque
le mode qui suit par la suite, c'est la notification. La notification, c'est
prévu à 110 du Code de procédure civile : «La notification peut être faite
par tout mode approprié qui permet à celui qui notifie — et là je m'arrête un
instant — de constituer une preuve de la remise...», c'est le bout important.
Ce n'est pas juste de transmettre, c'est d'avoir la preuve que c'est reçu et
d'en gardé cette... justement, cette preuve-là. Alors ça, c'est la
notification.
Et par la suite la signification, bien,
ça, c'est fait par huissier seulement, seuls les huissiers peuvent signifier...
M. Simard (Patrick) : ...alors
là on a un procès-verbal de signification, bon, qui c'est un peu différent, et
évidemment les coûts sont évidemment différents. Alors, pour reprendre le
propos, il n'y a pas de tribunaux qui fait autrement que transmettre. Personne
ne notifie, parce qu'on ne se garde pas une preuve de réception, parce que ça
voudrait dire un acte positif, si j'ai l'obligation de transmettre mes
décisions au-delà de la poste et que je dois les notifier. Alors, il faut que
je regarde chacune des décisions que j'ai rendues, m'assurer qu'elle a été
reçue, et d'en conserver la preuve. Alors, le tribunal deviendrait responsable
du fait que vous êtes peut-être parti en vacances, que vous êtes à l'hôpital,
et là il faudrait que je gère bien, 78 000, peut-être, dossiers dans une année.
C'est pour ça que ça relève des parties que de le faire. Jamais personne n'a eu
l'idée d'imposer ça aux tribunaux. Ça ne se fait pas ailleurs non plus. Voilà.
M. Arseneau : On ne veut
surtout pas alourdir la charge ni des tribunaux ni du système judiciaire ou
celui du Tribunal administratif du logement. Merci de votre explication,
c'était très clair, et de la définition de la... pour les non-initiés, dont je
suis, signification, notification et transmission. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Député de Laurier-Dorion, vous avez une autre question?
M. Fontecilla : Oui, tout à
fait. C'est un débat quand même très intéressant, mais ce que j'en retire... en
fait, j'arrive à une conclusion, Me Simard l'a nommée tantôt, c'est la question
d'éviter la perte des droits. Et j'ajouterais une autre préoccupation,
préoccupation qui est celle de mesurer les effets, les préjudices d'une
décision du Tribunal administratif du logement, là, sur un justiciable. Je
pense que c'est le terme utilisé, ce n'est pas très joli, mais bon.
Et donc, par exemple, une personne qui va
être évincée, c'est un préjudice très important, là, pour la personne et pour
sa famille, pour les enfants, ou, peu importe, il y a un préjudice très
important, et cette personne-là, ce justiciable-là a une période, un délai de
30 jours pour contester cette éviction, pour ce cas de figure là. Et, s'il
y a une grève de la poste, si ça prend... pour x raisons, ça prend plus
longtemps, et la personne... utilisé le terme prend connaissance de cette
décision-là, donc, et Mme la ministre l'a nommé, sa période pour... où est-ce
qu'elle peut contester cette décision-là est écourtée, il en découle une perte
des droits.
Donc, il s'agit de l'esprit. L'esprit de
l'article 31 va dans ce sens-là, et j'en suis... je partage cette
volonté-là. Là, il y a... On est devant un amendement qui nous amène vers le
terme «notification» au lieu de «connaissance». Ce qu'on comprend, c'est que,
si, d'une part, ce n'est pas utilisé... non, ce n'est pas utilisé par les
tribunaux, ça impose un geste, je pense, positif, là, le terme utilisé, donc on
doit prouver, cette question-là, et c'est la... on doit prouver la réception de
cette décision-là et conserver la preuve, la preuve de cette notification-là,
ce qui amène évidemment un fardeau supplémentaire. Évidemment qu'on ne veut
pas, et je suis bien d'accord, augmenter le fardeau des tribunaux, qui sont
déjà assez chargés, sauf si c'est absolument nécessaire.
• (12 h 50) •
Mais la question où... qui me taraude, là,
c'est que la date de connaissance de la partie d'une décision du tribunal, en
quelque sorte, doit être prouvée par la partie concernée, par les justiciers et
les justiciables. J'ai posé des questions dans ce sens-là, et je pense que Me
Simard répondu. Si je dis, là, que j'ai pris connaissance de cette décision-là,
je ne sais pas, pour x raisons, peu importe, ce n'est ça qui nous importe, 15
jours après que la décision a été rendue, je dois faire la preuve devant les
juges au Tribunal administratif du logement que j'ai pris connaissance de cette
décision-là 15 jours plus tard, donc qu'il me reste encore un autre
30 jours pour porter appel de la décision. Donc, c'est aux justiciables,
devant un juge, de faire la preuve, là, dès la date de connaissance. Et ça peut
être une journée ou ça peut être 15 jours, là, ça peut avoir une...
M. Fontecilla : ...mais ça
peut avoir une conséquence, là. La question que je me pose, c'est l Est ce que
ça va alourdir la tâche ou la responsabilité du justifiable d'avoir à le
justifier la date de prise de connaissance de la décision? Est-ce qu'on
n'impose pas un fardeau supplémentaire sur le justiciable? Parce qu'il doit
prouver ou quelque chose de relativement simple, il doit seulement dire et
convaincre un juge que, voilà, j'ai pris connaissance a telle date pour telle
et telle raison? Et voilà. Donc, est ce qu'on n'est pas en train de déposer une
un fardeau supplémentaire sur le justiciable?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : En tout cas,
il doit justifier s'il est allé à l'extérieur du 30 jours comme en ce
moment, là. Donc, si tu es à l'extérieur du 30 jours, tu justifies. Puis
par ailleurs, on lui donne plus de flexibilité pour ne pas se ramasser à
l'extérieur du 30 jours. Ça fait que je ne vois pas, là, ce que ça impose
comme fardeau additionnel. Honnêtement, on peut en débattre longtemps, là, mais
je pense qu'on améliore la situation de part et d'autre puis on reflète la
réalité qui veut... qui ici est de donner plus de souplesse et de ne pas être
contraint avec une date de départ qui est fixe. Puis quelqu'un qui en prend
connaissance à l'intérieur du 30 jours, bien il n'est pas pénalisé de
rien. Puis quelqu'un qui en prend connaissance à l'extérieur du 30 jours,
bien coudon, il est chanceux, le 30 jours commence à courir plus tard,
puis il va juste démontrer qu'il était à l'extérieur du pays, qu'il y a eu un
feu, je ne sais pas, va donner ses raisons, puis la cour est disposée à les entendre,
alors que, quand tu as un délai qui est fixe, bien, c'est bien de valeur. De
toute façon, la cour ne l'applique pas, le délai fixe.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc, pour
mieux comprendre ce... suite aux commentaires de la ministre, si quelqu'un
prend connaissance, à l'intérieur... à la 15 ᵉ journée de la décision de
la cour, et dans l'état actuel des choses, alors que la loi lui permet une
période de 30 jours, là, pour contester la décision, s'il prend
connaissance à la 15 ᵉ journée, elle va avoir seulement 15 jours, là.
Donc, il y a une perte de droits dans ce sens-là, là. Donc, elle pourrait aller
à la... Encore une fois, je ne suis pas un avocat, mais elle pourrait aller à
la cour pour le dire : Mais ça ne me prend ce 15 jours-là pour que je
puisse prendre une décision, là. C'est juste pour clarifier comment ça se passe
en réalité, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Pour répondre
sur ce qui se passe techniquement, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
M. Simard... Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Peut-être que j'aimerais ramener... en fait amener une
réflexion supplémentaire. Ce dont on parle aujourd'hui par rapport à cet
article-là, c'est d'aller en appel de la décision du TAL. Et je vais faire
attention à mes propos, mais ce n'est pas déposer un formulaire, c'est une
requête pour permission d'appeler devant un tribunal judiciaire. C'est différent
que de déposer un formulaire au TAL puis être entendu dans 15 jours. Ça
demande des connaissances je serais tenté de dire juridiques. C'est loin d'être
simple. Ça demande de respecter les formats imposés par la Cour du Québec parce
qu'on ne remplit pas un document je dirais prérempli. Ce n'est pas un
formulaire où on coche des cases, là. Ce n'est pas comme venir au tribunal chez
nous. Donc, ça demande souvent de se constituer un procureur, d'avoir quelqu'un
pour nous assister parce que les règles ne sont pas simples. Ça demande de
monter une requête pour permission d'appeler. Ça demande également d'avoir une
copie du dossier du tribunal, tu TAL. Donc, il y a plein de formalités
associées à ce recours là qui ont amené les tribunaux, je crois, c'est ce que
je comprends de leur décision, on a la jurisprudence, à dire : Bien,
d'avoir un délai de 30 jours où le couperet tombe sans avoir vraiment la
possibilité de voir est ce que la partie a agi de manière diligente, s'est
assurée justement d'avoir connaissance du dossier ou le ou même le TAL s'est
assuré, dans un délai raisonnable, de transmettre ses décisions. Avec toutes
ces formalités-là, je pense que les tribunaux judiciaires, la Cour du Québec et
la Cour supérieure, bien énoncer. Après, on dit : Bien, il faut peut être
se donner le moment d'avoir un vrai 30 jours, puis le vrai 30 jours,
bien, c'est à compter du moment où au moi, je le sais que j'ai une décision
contre moi où je prends après ça la décision de procéder à l'analyse de la
décision, de faire ma requête, je le répète, constituer peut-être un procureur.
Ce n'est pas d'une simplicité absolue ce dont on parle. On ne parle pas d'un
recours devant le TAL, on parle d'un recours devant un tribunal judiciaire.
Alors, 30 jours avec un couperet tout à coup, je vous...
M. Simard (Patrick) : ...Peut-être
à y réfléchir dans ce contexte-là. Je pense qu'il faut se le rappeler.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc, d'où
l'importance que le justiciable aille un vrai 30 jours, là, à partir du
moment... sans décider de l'issue de ce débat-là, qu'il soit notifié ou qu'il
ait pris connaissance, peu importe le terme, là, j'ai appris, j'ai été... On
m'a communiqué au 15e jour, donc ça me prend 30 jours, là, pour
constituer le dossier, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
est-ce qu'on... Ça va? Parfait. Alors, député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Peut-être que
ça a été mentionné aussi. Vous parliez de 78 000 dossiers, c'est quoi
le nombre ou le pourcentage des demandes d'appel qu'on consigne, bon an mal an?
Puis c'est quoi l'évaluation du nombre de personnes ou de parties qui ont été
lésées par le 30 jours?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Seule
la Cour du Québec pourrait vous donner cette réponse-là puisque une fois que le
dossier... Nous, une fois que la décision est rendue, on est dessaisis du
dossier, alors je ne peux pas vous dire le nombre de requêtes pour permission
d'appeler qui sont présentées devant le tribunal judiciaire.
Mais ceci étant, nous avons, chez nous,
25 443 demandes civiles en ce moment, susceptibles... Pour répondre à
la question tout à l'heure de la députée de Mille-Îles, susceptibles d'aller en
appel, susceptibles.
M. Arseneau : 25 000?
M. Simard (Patrick) : Oui,
actuellement, juste des dossiers civils, là, donc qui sont susceptibles d'aller
en appel. Il y a peut-être, dans ceux-là, cependant, comme je disais tout à
l'heure, sur des petites créances, là, mais pour donner un ordre de grandeur.
Mais ceci étant, je ne comptabilise pas ce qui se passe devant la Cour du
Québec.
M. Arseneau : O.K. Mais
j'imagine bien que, si on a amené cette amélioration-là, c'est qu'on constatait
ou on avait ouï dire que le vrai 30 jours n'était pas nécessairement
facile à appliquer et que ça lésait certaines parties? J'imagine qu'il y a des
représentations qui ont été faites ou des informations qui ont permis de dire
qu'il y avait un problème?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : C'est la Cour
supérieure qui a tranché là-dessus.
M. Arseneau : Qui a... qui
vous a fait la modification?
Mme Duranceau : Qui a un
jugement de mars 2023.
Des voix : ...
Mme Duranceau : Donc, le
8 mars 2023, la Cour supérieure a tranché en faveur de ce courant
jurisprudentiel là.
M. Arseneau : Mais, et qui
disait, et qui vous a permis de dire : on va améliorer le...
Mme Duranceau : Oui.
M. Arseneau : Est-ce qu'il le
suggérait carrément? J'ai manqué cette partie-là.
Mme Duranceau : Bien là, je
ne sais pas si, dans le jugement... Il l'appliquait, il ne le suggérait pas.
Puis la Cour du Québec nous a envoyé une Lettre nous disant...
M. Arseneau : Ah! il
l'appliquait. Ah, d'accord, c'est pour ça. O.K. je comprends, là, on veut se
mettre en conformité avec le... O.K., avec le jugement rendu. Parfait.
Je voulais... j'avais une autre question
pour me Simard. Vous avez mentionné tout à l'heure que si on assistait au
rendu, à la décision, bien, évidemment, on en prend connaissance, puis
j'imagine que ça veut dire que les 30 jours commencent. Est-ce qu'il y a
un très grand nombre de décisions qui sont prises devant les parties, séance
tenante, où le délai de 30 jours commencerait dès le moment où on entend
le jugement?
M. Simard (Patrick) : La
réponse à cette question est vraisemblablement non, à part de très, très rares
exceptions, parce que le tribunal doit rendre des décisions écrites. C'est
prévu dans la loi. Donc, une décision sur le banc, comme on voit par ailleurs
sur les autres tribunaux...
M. Arseneau : O.K. Donc, les
décisions sont... par écrit.
M. Simard (Patrick) : Exact.
M. Arseneau : O.K. Donc,
c'est toujours l'écrit qui fait foi. D'accord.
M. Simard (Patrick) : Absolument.
M. Arseneau : Je vous
remercie.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, compte tenu de l'heure, nous suspendons les travaux jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. La Commission de l'aménagement du territoire reprend ses
travaux avec le projet de loi n° 31, Loi modifiant diverses dispositions
législatives en matière d'habitation.
Alors, avant la pause, nous étions à l'article...
à l'amendement de l'article 31. Alors, nous poursuivons les échanges. Je
pense qu'il n'y avait plus de questions, autrement dit, mais, si... avant de
passer au vote, s'il y avait quelque chose... Ça va?
Mme Dufour : ...ça ne sera
pas très long. Je voulais vous relire quelque chose qui était à mon écran.
Le Président (M. Schneeberger) : Vous
voulez prendre la parole, Mme la députée de Mille-Îles?
Mme Dufour : Oui, tout à
fait.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Mme Dufour : Bien, vu que c'est
mon amendement, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
oui, pas de problème.
Mme Dufour : C'est juste qu'il
est en train d'ouvrir. Ça ne sera pas long.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Bon, alors, quel temps fait-il? Non, mais c'est parce qu'on attend son
ordinateur, alors... C'est bon?
Mme Dufour : Ça vient d'ouvrir.
Voilà. Je serais prête, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Allez-y.
Mme Dufour : Donc, dans le
fond, je vais juste relire un élément que j'avais lu de... du... de la lettre
ou, en fait, le mémoire qui venait du Barreau du Québec. La bâtonnière disait,
par rapport à établir le délai de 30 jours, que... le point de départ du délai
de 30 jours, on est toujours, là, dans le délai d'appel, dans les... aux
décisions du Tribunal administratif du logement... donc elle disait : «Le
point de départ pour le calcul serait désormais la connaissance de la décision
et non plus la date de la décision.» Et elle disait : «Cette façon de
faire est inédite en droit. Les décisions sont normalement appelables à partir
de la date à laquelle elles sont rendues ou bien au moment où elles sont
notifiées aux parties.» Et là il y avait une note, et ça, je ne l'ai pas lu
tout à l'heure, qui venait avec cette phrase, cette dernière phrase, qui disait :
«L'avis de jugement prévu à l'article 335 du Code de procédure civile
(RLRQ c. C-25.01) est notifié aux parties et sa date sert de point de départ au
calcul du délai d'appel prévu à l'article 360 de cette même loi.»
Donc, ça, c'était la référence qui venait
justifier ce qui était... ce qui était indiqué. Et l'amendement que j'ai déposé
allait dans le sens de la recommandation de la bâtonnière d'établir plutôt le
30 jours à partir de la date de la notification. Ça fait le tour, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
fait le tour? Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
soumettre l'amendement au vote. Est-ce que l'amendement de la députée de
Mille-Îles sur l'article 31 est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Contre?
Mme Dufour : Vote nominal, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Vote
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Contre.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est refusé. Alors, nous revenons à l'article 31.
Est-ce qu'il y a d'autres questions sur l'article 31? Alors, s'il n'y a
pas d'autre question, nous allons mettre aux voix l'article 31. Est-ce que
l'article 31 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté?
Parfait. Adopté.
Alors, avant de poursuivre, je veux juste
peut-être vous énumérer quelques... au niveau du bloc, vous avez tous la
feuille du bloc des... du projet de loi. Il y a quelques amendements qui ont
été rajoutés, je pense, au niveau du thème quatre, si je ne me trompe pas, Mme
la ministre. Alors, juste peut-être en faire mention. Et puis ils sont tous sur
le Greffier. Voilà.
Alors, nous allons poursuivre les travaux
avec l'article 28. Mme la ministre.
Mme Dufour : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Dufour : ...il y a deux
amendements qui ont été soumis et qui s'inséreraient entre l'article qu'on
vient de faire, le 31, et le 28. Est-ce qu'on doit y aller en ordre du TAL, là,
de la loi sur le TAL, là? Donc, on... ils ont été déjà déposés dans le
Greffier?
Le Président (M. Schneeberger) : Ça,
c'est des amendements que vous avez... que vous venez de soumettre?
Mme Dufour : Tout à fait.
Tout à fait.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait...
Mme Dufour : ...qui ont été
soumis avant qu'on quitte, là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Alors, ils sont sur le greffier. À ce moment-là, je ne vois pas de
problématique, là, pour les travailler en même temps, peut-être juste peut-être
nous dire où est-ce qu'ils devraient se trouver.
Mme Dufour : Bien, exactement
au moment où on se parle.
Le Président (M. Schneeberger) : Actuellement?
Mme Dufour : Oui. Exactement.
C'est pour ça que je les soumets maintenant. Donc, avant qu'on discute du... de
l'article 28.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Dufour : C'est qu'on
comme on suit juste...logiquement, on suit l'ordre de la loi sur le TAL. On
était à l'article 92 du TAL et là on s'en va à l'article 113 du TAL
avec le premier amendement que j'ai déposé.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
C'est l'amendement... l'article 31, c'est ça?
Mme Dufour : Exact.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, allez-y, Mme...
Mme Dufour : O.K. Donc,
voilà. Alors : L'article 31.1... en fait, juste pour préciser, en
fait, les deux articles qui suivent ont pour but de réviser à la hausse les
amendes qui sont prévues dans la loi sur le TAL. Présentement, je l'explique,
là, présentement, les amendes minimales, c'est 250 $ et pour certaines
infractions, il n'y a pas d'enjeu, pour d'autres, c'est dérisoire comme somme.
Et donc ça peut devenir vraiment avantageux, en fait, de déroger à l'article et
de ne pas suivre et payer plutôt l'amende. Donc, c'est pour ça qu'il y a une
proposition de réviser à la hausse. Mais vous allez voir, on va séparer en deux
l'article 113 actuel du tribunal administratif du logement parce qu'on
considère que les articles qui sont visés dans cet article-là ne sont pas tous
équivalents en termes de gravité. Et donc il y a certains qu'on va augmenter et
d'autres qu'on va laisser. Alors, je vais... je l'explique avant pour que ça
soit plus clair quand je vais le lire.
Donc, l'article 31.1,
article 113 de la loi sur le tribunal administratif du logement :
Insérer, après l'article 31 du projet de loi, l'article suivant :
31.1. L'article 113 de la loi sur le tribunal administratif du logement
est modifié par :
1 : le retrait des termes 1899,
1904, 1913 et 1970 — et;
2 : l'insertion après
l'article 113 de l'article 113.1.
Et là je vous lis cet article : «Quiconque
contrevient aux articles 1899, 1904, 1913 et 1970 du Code civil commet une
infraction et est passible d'une amende d'au moins 125 $ et d'au plus
1000... 1225 $, voilà, s'il s'agit d'une personne autre qu'une personne
morale, et d'au moins et d'au moins 5000 $ et d'au plus 20 000 $ s'il
s'agit d'une personne morale. »
Là, je ne suis pas sûre qu'on l'a libellé
d'une autre personne qu'une personne morale... Oui, O.K., parfait. Et là, par
la suite, si on peut descendre, il y aurait un autre ajout. L'article se lirait
comme suit... O.K., il y a quelque chose qu'on n'a pas fait comme il faut.
Est-ce que je peux suspendre deux instants? Je pense qu'il va falloir le
modifier.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous pouvons suspendre. Alors, nous suspendons.
(Suspension de la séance à 15 h 20)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, suite aux discussions, Mme la députée de
Mille-Îles, si j'ai bien compris, vous allez souhaiter retirer
l'article 3... pas l'article, mais l'amendement de l'article 31.1.
Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le retrait de l'article?
Mme Dufour : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Et, par la suite, vous souhaitez aussi déposer un autre article?
Mme Dufour : Bien, en fait,
c'est le remplacement de l'article 31.1. Donc, c'est le même... exactement
le même numéro, là, c'est l'article 31.1. Vous devriez l'avoir dans le
Greffier.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Oui, alors un autre amendement qui concerne le même article. Et suite...
Mme Dufour : Il y avait une
petite erreur, là, dans un des chiffres, donc une coquille qui a été corrigée.
Donc, je vais reprendre, je vais juste attendre qu'il soit à l'écran.
Le Président (M. Schneeberger) :
Allez-y.
Mme Dufour : Donc, on était
rendu... donc, l'article 31.1, article 113, toujours, de la Loi sur
le Tribunal administratif du logement.
Insérer, après l'article 31 du projet
de loi, l'article suivant :
31.1. L'article 113 de la Loi sur le
Tribunal administratif du logement est modifié par :
1. le retrait des termes 1899, 1904,
1913 et 1970;
2. l'insertion après l'article 113 de
l'article 113.1.
113.1. Quiconque contrevient aux
articles 1899, 1904, 1913 et 1970 du Code civil commet une infraction et
est passible d'une amende d'au 1 250 $ et d'au plus
10 000 $ s'il s'agit d'une personne autre qu'une personne morale et
d'au moins 5 000 $ et d'au plus 20 000 $ s'il s'agit d'une
personne morale.
L'article se lirait comme suit :
113. Quiconque contrevient à
l'article 69 et aux articles 1919, 1921, 1930 1931 et 1935 du Code civil
commet une infraction et est passible d'une amende d'au moins 125 $ et
d'au plus 1 225 $ s'il s'agit d'une personne autre qu'une personne
morale et d'au moins 250 $ et d'au plus 2 450 $ s'il s'agit
d'une personne morale.
113.1. Quiconque contrevient aux
articles 1899, 1904, 1913 et 1970 du Code civil commet une infraction et
est passible d'une amende d'au moins 1 250 $ et d'au plus
10 000 $ s'il s'agit d'une personne autre qu'une personne morale et
d'au moins 5 000 $ et d'au plus 20 000 $ s'il s'agit d'une
personne morale.
Alors, ce que j'expliquais, c'est
vraiment, là... on a séparé, dans le fond, en termes de gravité,
l'article 113, en gardant les sommes qui étaient déjà dans la loi pour des
éléments qui sont de moindre nature. Un exemple, là, un des articles, c'étaient
ceux qui étaient de moindre nature, c'était de mettre... d'identifier qu'une
résidence... réside une personne à mobilité réduite à cet endroit là, par
exemple, dans un certain registre, on ne pensait pas que ça valait une amende
aussi élevée que jusqu'à 20 000 $ pour une omission... bien, tu sais,
une omission de bonne foi, et qu'il n'y a pas de gain monétaire avec ça de
toute façon. Et certains de ces articles là, là, aussi, c'est des éléments qui
relèvent du locataire, alors que dans l'article 113.1 qui est proposé,
bien là, on a vraiment séparé... c'est des articles qui concernent plutôt, là,
des éléments qui, là, peuvent causer préjudice à des locataires, par exemple la
discrimination de personnes...
Mme Dufour : ...ça, ça fait
partie de ces éléments-là. Le 1904, c'est le fameux dépôt de garantie. Donc,
quelqu'un qui l'exigerait, le dépôt de garantie, à l'exception de la
proposition qui est faite, si c'était le cas puis qu'elle était acceptée, pour
les animaux, bien, ce serait passible d'une plus grande amende. Il y avait
aussi le fait d'offrir un logement impropre à l'habitation. On en parlait hier.
Et le dernier, 1970, je vais juste y arriver, c'est dans ce cas-ci... c'est
dans le cas que l'éviction ou la reprise dans le fond, là, s'est faite pour une
fin autre que celle qui était prévue. Donc, ça, c'est l'article 113.1. Et
les autres qui sont restés dans le 113, c'est beaucoup plus léger, entre
guillemets, comme infraction, là, ça ne méritait pas d'aussi grande amende.
Donc, voilà pour la proposition, je vais laisser peut-être... La ministre, je
sais qu'elle voulait proposer... Vous vouliez proposer quelque chose par
rapport à cette...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, Mme la ministre, allez-y.
Mme Duranceau : Oui. Bien, en
fait, c'est ça, on veut... on propose... on va proposer un peu plus tard, là,
dans notre étude détaillée dans le dernier bloc de revoir les amendes,
justement, qui sont prévues dans différentes circonstances. Alors, je
proposerais de traiter de ce sujet-là en bloc, justement, à la fin, avec tous
les articles qui seront visés par des modifications. Donc, si c'est possible,
si tout le monde est d'accord, de suspendre l'amendement qui est proposé par le
Parti libéral, puis on va le regarder après ça avec nous ce qu'on propose. Puis
je pense que le député de Laurier-Dorion propose aussi là.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, s'il y a consentement de la table, on peut suspendre l'article...
l'amendement.
Mme Dufour : Oui. Tout à
fait. Il y a aussi un amendement qui a été déposé pour l'article 114, que
j'aimerais lire. On va y... Ça va être le même traitement, mais au moins...
Le Président (M. Schneeberger) : ...juste
finir ça. Ça fait que votre amendement est suspendu. Alors là, à ce moment-là,
vous pouvez présenter le second amendement que vous aviez, dans le même sens,
je pense.
Mme Dufour : Exactement.
Donc, dans ce cas-ci, on touche l'article 114 du tribunal administratif du
logement et c'est aussi pour augmenter les pénalités. Donc,
l'article 31.2, article 114 de la Loi sur le tribunal administratif
du logement : Insérer après l'article 31.1 du projet de loi,
l'article suivant : L'article 114 de cette loi est remplacé par le
suivant : 31.2. L'article 114 de la Loi sur le tribunal administratif
du logement est remplacé par le suivant : "114. Quiconque fait une
déclaration qu'il sait être fausse dans une formule ou un écrit dont l'usage
est obligatoire en vertu de la présente loi ou des articles 1892 à 2000 du
Code civil, commet une infraction et est passible d'une amende d'au moins
5 000 $ et d'au plus 20 000 $."
L'article se lirait comme suit :
«Quiconque fait une...» 114 : «Quiconque fait une déclaration qu'il sait
fausse dans une formule ou un écrit dans l'usage est obligatoire en vertu de la
présente loi ou des articles 1892 à 2000 du Code civil commet une
infraction et est passible d'une amende d'au moins 5 000 $ et d'au
plus 20 000 $.» Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour les explications. Alors, je ne sais pas si la ministre
souhaite intervenir là-dessus ou on est dans le même sens, c'est-à-dire qu'on
va avoir le consentement de la table pour suspendre l'article. Alors, c'est
bien ça, Mme la députée Mille-Îles? Alors, il y a consentement pour suspendre
l'article et y revenir plus tard. Parfait.
Mme Dufour : Oui, M. le
Président.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Dans le même ordre d'idées, je pense que le député de Laurier-Dorion
avait une même approche aussi avec un amendement qui concernait le même
article.
M. Fontecilla : Oui. Tout à
fait, M. le Président, merci. Et nous avions aussi un amendement à
l'article 141 de la Loi sur le Tribunal administratif du logement. En
lisant notre amendement qui a été déposé, je me rends compte que, sans aucune
consultation et pour une rare fois dans l'histoire, il y a une conjonction
d'esprit avec la formation politique de ma collègue, et c'est la même chose,
nous proposons exactement la même chose. On va, on va enquêter d'où vient votre
inspiration commune.
Mme Dufour : Mais c'est
l'article 114.
M. Fontecilla : Oui, oui,
nous, c'est l'article 114.
Une voix : Il y a une coquille
dans le...
Mme Duranceau : Ce n'est pas
facile, les chiffres.
M. Fontecilla : Non, moi, je
suis à 114.
Une voix : 141.
M. Fontecilla : Ah! 141. Oui,
excusez-moi. Donc, voilà. Donc, puisqu'il s'agit de la même chose, moi, je
dépose le dépôt, et on va traiter de l'amendement, en temps et lieu, de ma
collègue.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, à ce moment-là, il est déposé.
M. Fontecilla : ...c'est
différencié, là...
15 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Schneeberger) : ...oui.
Alors, l'amendement est déposé. J'ai besoin maintenant de la même chose, du
consentement de la table pour suspendre l'amendement proposé par le député de
Laurier-Dorion. Est-ce que j'ai le consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Vous
allez le déposer?
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Ce n'était pas...
M. Fontecilla : ...c'est le
même.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Bien, alors, vous voulez le déposer?
M. Fontecilla : Non.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Vous ne voulez pas le déposer?
M. Fontecilla : Parce que j'avais
annoncé que j'allais en déposer un...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
M. Fontecilla : À la lecture
de l'amendement de la collègue de Mille-Îles, je me rends compte que c'est la
même chose. Donc, c'est inutile de présenter le même amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Alors, à ce moment-là, il n'y a pas de... On n'a pas besoin de
suspendre rien. On continue. Nous revenons à l'article 28. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
on poursuit. Donc, l'article 28 du projet de loi vise l'article 63 de cette
loi, donc, et est modifié par l'ajout, à la fin du troisième alinéa, de la
phrase suivante : «Il peut suppléer d'office le moyen résultant de la
prescription en permettant aux parties d'y répondre.».
Alors ce que ça veut dire, ça, c'est que l'article
28 du projet de loi modifierait l'article 63 de la loi sur le tribunal
administratif du logement afin qu'un membre du TAL puisse soulever d'office la
prescription d'une demande lors de l'audition en permettant aux parties d'y
répondre. Donc, on veut... Un des objectifs poursuivis par là, c'est de
permettre que le TAL bénéficie des mêmes modalités à l'égard de la notion de
prescription que la Cour du Québec. On s'attend à ce que ça ait un effet
positif sur l'accès à la justice.
Et, peut-être d'autres précisions
additionnelles, là. C'est un peu technique aussi. Conformément à la Loi sur le
TAL, les membres et les greffiers spéciaux du TAL doivent apporter à chacune
des parties un secours équitable et impartial de façon à faire apparaître le
droit et à en assurer la sanction. Or, la majeure partie des justiciables se
représentent seuls devant le TAL, ils ne connaissent pas tous les moyens de
droit mis à leur disposition. Donc, je comprends que quand il y a des cas de
prescription, parce que les délais se sont écoulés, que ce serait important que
le tribunal puisse en informer bien souvent le locataire. Et là, je pense qu'il
est obligé de s'y abstenir parce que ce n'est pas permis.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Duranceau : Alors, puis
on fait comme aux petites créances, c'est un droit qui est consenti au tribunal
pour une meilleure information des justiciables.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci beaucoup. Est-ce que nous avons des questions sur l'article proposé,
bien, qui est proposé, 28? Oui, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. J'aurais
besoin d'explications supplémentaires. Je vous avoue, là, que... «Il peut
suppléer d'office le moyen résultant de la prescription», là, je ne suis pas
sûre, j'ai bien saisi, je ne sais pas si on peut le... en parler dans d'autres
mots.
Mme Duranceau : dans d'autres
mots. Je vais laisser, si vous le permettez, Me Simard donner un exemple
concret. Puis je pense que c'est... ça va être assez évident pour vous tous,
là.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M, le Président. Alors, je suis Patrick Simard, le président du tribunal. Vous
savez, cette disposition-là qui est proposée nous amène à faire un calque,
soyons honnêtes, de l'article 560 du Code de procédure civile, en matière de
petites créances, où le vocabulaire est identique. Alors, dans les faits, ce
que ça veut dire, c'est que le juge, une fois que les faits lui sont présentés
d'une créance, va pouvoir soulever, sans problématique notamment déontologique,
le fait que peut-être que cette somme qui est due, est due depuis trop
longtemps.
Je vous l'explique. En matière de
recouvrement de créances, la prescription est de trois ans. Alors, si, aujourd'hui,
je vous poursuis pour une créance d'il y a quatre ans, bien, le juge va se
questionner dans son esprit, en écoutant l'audience... en faisant l'audience,
pardon, dire : Bien là, cette demande-là, peut-être qu'elle vaut zéro
maintenant, du fait de l'écoulement du temps puisque la créance est prescrite. Mais
là la difficulté actuellement, c'est que le juge qui doit apporter un secours
équitable, c'est ce que la loi prévoit, impartiale, équitable, bien, une
réticence à soulever d'office ce moyen-là, puisqu'il ne dispose pas de la même
disposition, là, il ne bénéficie pas de la même disposition que son homologue
aux petites créances dispose, pour dire : Moi, j'ai toute autorité pour le
soulever d'office. Donc, ça permet aux parties d'être, je pense, mieux
soutenues...
M. Simard (Patrick) : ...le
tribunal. Parce que, la prescription, entre nous, les gens qui nous écoutent
vont se demander si on ne parle pas d'une pharmacie, là, hein, alors, la
prescription, en droit civil, ce n'est pas ça, c'est l'écoulement du temps.
Alors, quand c'est soulevé par un juge, bien, ça permet de mieux accompagner
les parties pour à la fois faire valoir leur droit à la créance mais également
leur défense à l'encontre de la créance en disant : Bien là, peut-être que
le code prévoit que, et je ne te dois plus rien dorénavant. Alors, ça donne une
plus grande latitude au juge dans ses interventions pour mieux soutenir le
débat.
Mme Dufour : Question.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : La prescription,
c'est trois ans au civil, mais ça dépend aussi. Comme on parlait tout à
l'heure, là, tantôt, on parlait de la date de connaissance, dans le cas du
tribunal, est-ce que, des fois, il y a de la variabilité dans le point de
départ du calcul de la prescription?
M. Simard (Patrick) : Alors,
la réponse à ça, oui et non, je vais vous dire. Pas sur le point de départ,
parce qu'à un moment donné la créance, si je vous envoie un compte pour dire
quelque chose, ou une facture, bien, on connaît la date de la facture. Bon.
Alors, le point de départ, il est rarement litigieux.
Cependant, il y a quand même un débat à
faire. Une fois qu'on dit qu'on la soulève, la prescription, bien, il y a deux
moyens pour la faire... en fait, pour énoncer qu'il n'y en a pas, de
prescription. Le premier, c'est l'interruption. Alors, les faits et gestes des
parties ont permis l'interruption de la prescription. Par exemple, vous m'avez,
en cours de route pendant ces trois ans là, fait un paiement partiel, alors là,
il y a quelque chose qui se passe, donc le tribunal va en tenir compte, le
chronomètre vient de subir un ajustement. Et l'autre moyen, également, c'est la
suspension de la prescription. Alors, pour d'autres événements, on pourrait
arriver à conclure que, bon, bien, le délai a été suspendu pendant un moment
pour différentes raisons, là, mais c'est des principes de droit, là. Alors, ce
n'est pas juste parce qu'il existe trois ans dans le Code civil que c'est trois
ans, là. Il y a plein de modalités : soit que c'est interrompu, soit c'est
suspendu, on peut même reconnaître à nouveau la créance en cours de route. Si,
tout à coup, deux ans et demi plus tard, vous me dites : Je me rappelle
qu'effectivement je vous dois des sous, ah! on recommence la prescription parce
qu'il y a une reconnaissance.
Alors, voyez-vous, il y a... Tous ces
principes-là, c'est des principes de droit que le juge aura à soupeser. Et
justement, je pense que, quand je suis en train de vous l'expliquer, ça a l'air
tellement compliqué que... L'idée, c'est de permettre au juge, justement, de
faire une intervention, parce que, ces principes-là, pour les justiciables qui
sont devant nous, peu représentés, bien, c'est peut-être bon que celui et celle
qui peut mener le débat, là, le juge soit à même de les faire entendre,
d'entendre ce qu'ils ont à dire sur ces éléments-là, parce que c'est des
concepts de droit plus complexes, un petit peu, que simplement dire : je
dois ou je ne dois pas de l'argent.
Mme Dufour : Mais comme vous
l'avez dit, il y a quand même une variabilité...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Dufour : Il y a une
variabilité sur la durée de la prescription, si ça a été interrompu, par
exemple. Mais le juge, est-ce qu'il peut, à ce moment-là, si on lui dit qu'il
peut intervenir... Est-ce qu'il va pouvoir donner tous les cas de figure puis
dire : Bien, dans votre cas? Puis là, à ce moment-là, est-ce qu'il ne se
substitue pas, d'une certaine façon, à un avocat en donnant des conseils
juridiques? Tu sais, parce que, si on a devant nous une cause où c'est clair,
c'est trois ans, le point de départ est connu, on a dépassé le trois ans, c'est
clair. Mais, s'il y a de la... une question d'interprétation, là, est-ce qu'il
y a eu interruption ou non, comment, à ce moment-là, ça serait traité?
• (15 h 40) •
M. Simard (Patrick) : Alors,
je vous dirais que la question n'est pas tant de l'interprétation, mais plutôt
la mise au jour des faits, là, qui nous amène à faire une analyse. C'est d'amener
les parties à en discuter, à faire état de leur position ou des faits qui
soutiennent peut-être le fait que la prescription a été interrompue, suspendue,
ou finalement qu'elle est acquise.
Alors donc, je vais juste rappeler
qu'également le juge, parce qu'on le voit aux petites créances, ça existe
depuis un moment, là, le juge, ce qu'il fait, c'est qu'il va interpeler les
parties, je constate que, est-ce que vous avez quelque chose à me dire, et il a
aussi une autre obligation, qui n'est pas dans cet article-là, à l'évidence,
là, puisque c'est une obligation générale d'un secours équitable et impartial.
Alors, le juge ne se permettra jamais d'uniquement poser la question pour...
est-ce que c'est vraiment interrompu, sans poser la question à l'autre, là,
pour alimenter le débat, pour avoir une situation complète devant lui,
l'ensemble des faits, pour rendre une décision éclairée. Donc, ceci étant, il a
un devoir et maintenant il a une possibilité de soulever également sur un
aspect particulier, là, un débat sur le fait que c'est prescrit ou ce ne l'est
pas. Donc, il faut rattacher ça au fait que le juge doit intervenir de manière
équitable et impartiale. C'est une obligation légale, ce n'est pas juste si ça
lui tente ou pas, il a l'obligation d'agir et il est même susceptible d'être
appelé en déontologie...
Mme Dufour : ...O.K. Et tout à
l'heure vous avez dit que c'était quand même clair, le point de départ pour une
prescription, parce qu'il y a une facture, mais est-ce qu'il y a des cas que ce
n'est pas une facture? C'est ça, en fait, je veux c'est savoir c'est quoi, les
cas qu'on traite de créances au Tribunal administratif du logement.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Alors, vous avez une obligation, par exemple, de remettre le logement en bon
état, d'accord? Alors, on sait... Généralement, on va se dire : Bien,
c'est le 1er juillet ou le 30 juin, là, c'est à partir de là que ça
commence. Donc, si le logement n'est pas en bon état, 30 jours... bien,
non, le trois ans débute à partir de ce moment-là. Il y a d'autres cas où
est-ce que survient, par exemple, un événement, un dégât d'eau. Alors, la
créance va débuter au moment où on constate qu'effectivement il y a des travaux
à faire. Alors, avant que je puisse vous les réclamer devant un tribunal, bien,
il faut que je m'assure que c'est dans les trois ans qui suivent le dégât
d'eau, parce que c'est l'origine du sinistre, donc du dommage.
Alors, il y a plusieurs cas d'espèce. Là,
ça dépend des faits, mais, lorsque survient un événement, s'il y a une créance
qui est en lien avec l'événement, si vous prétendez un droit, bien, c'est le
moment où est-ce que survient l'événement, pas nécessairement au moment de la
facture. Alors, c'est difficile de vous donner... bien, en tout cas, il y
aurait une panoplie d'exemples, là. Si aujourd'hui je suis locataire et je
tombe dans un espace commun, par exemple, bien, alors, l'événement, c'est
aujourd'hui, je viens de tomber, est-ce qu'il y a une responsabilité du
locataire? Le débat peut se faire. Alors, ma créance doit porter la demande au
tribunal, mais dans les trois années qui suivent.
Mme Dufour : Mais il n'y
aurait pas des cas... Par exemple, le cas du dégât d'eau que vous donniez, si
le dégât d'eau s'est fait, mais on ne le constate que 10 mois plus tard...
mais il y a une grande pluie, une très grande pluie, il y a eu un dégât d'eau,
mais on ne l'a pas vu, on ne l'a pas constaté, ça s'est infiltré dans les murs,
les champignons sont apparus des mois plus tard. À ce moment-là, la date n'est
pas si claire que ça, la date de la prescription.
M. Simard (Patrick) : Absolument.
C'est pour ça que c'est toujours délicat de donner des exemples parce qu'il y
en aurait une panoplie.
Mme Dufour : Bien, c'est pour
ça que...
M. Simard (Patrick) : Juste
pour répondre à votre question davantage, je vais vous donner le cas patent de
la laveuse avec son boyau derrière qui coule dans le mur. On le voit rarement,
je connais peu de gens qui vont venir vérifier leurs tuyaux tous les jours, là.
Alors, on finit par le constater, bien, c'est au moment où on le constate...
Mme Dufour : C'est ça. Bien,
c'est pour ça, je vous posais la question. Parce que ce n'était pas toujours
évident de déterminer la date de début d'une prescription, et donc je voulais juste
m'assurer que c'est ça, que le juge allait vraiment avoir la partialité pour
pouvoir accompagner les gens. Parce qu'il y a des gens qui vont dire :
Bien, moi, je considère que je suis encore dans ma prescription. Peut-être que
le juge va dire : Non, tu n'y es plus, mais ça reste que c'est de
l'interprétation rendu là, tu sais, et c'est là que... Je ne sais pas si les
gens, quand ils vont au tribunal, sont accompagnés d'avocats. Peut-être des
fois non, oui ou non, mais, tu sais, ça reste que deux avocats vont se parler,
ils vont avoir une définition différente du début de la prescription, de la
date de début.
M. Simard (Patrick) : La
réponse à votre question, si les gens sont fréquemment accompagnés, je peux
mettre la main tout de suite sur ce que j'ai comme information, je peux vous
dire, c'est peu de gens qui sont accompagnés, mais j'ai les chiffres. Alors, la
proportion, actuellement, de locataires... non... oui, pardon, la proportion
avec un avocat pour le locataire qui est en demande, là, on parle de
22,3 % dans la dernière année financière.
Mme Dufour : 22?
M. Simard (Patrick) : 22,3 %,
la proportion d'avocats pour les locataires qui sont en demande. Donc, c'est
plus de 75 % des gens qui n'ont pas d'avocat. Tu sais, je peux vous donner
une panoplie de chiffres si ça vous intéresse, là.
Mme Dufour : C'est... En
fait, c'est plus élevé que je pensais.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Voyez-vous, si vous voulez que... je peux en faire la lecture. Les locateurs,
dans la dernière année fiscale... financière, pardon, les locateurs sans
avocat, j'en ai 7 411, des locateurs... pardon, avec avocat :
7 411... Je vais y arriver. Locateurs avec avocats : 7 411.
Locateurs sans avocat : 44 963. Donc, la proportion avec avocats, pour ce
qui est des locateurs, c'est 14 %.
Mme Dufour : Là, on est...
O.K. Ah! quand même. Donc, moins chez les locateurs, quand même, là.
Mme Duranceau : ...
M. Simard (Patrick) : Et, le
locataire sans avocat, voyez-vous, dans l'année fiscale, j'en avais 2 218,
là, on parle des demandes, là, hein, c'est lorsqu'ils sont en demandeurs, là,
et, les locataires sans avocat, j'en avais 8 024, ce qui laisse la
proportion avec avocats, pour les locataires en demande, de 22,3 %.
Mme Dufour : Les chiffres que
vous avez pour les locataires... excusez, j'ai les chiffres en absolu, vous
aviez dit 22,5, mais...
Mme Dufour : ...voulez-vous
que je les écris?
M. Simard (Patrick) : Non,
non. Locataires avec avocats lorsqu'ils sont en demande, c'est 2 298, ceux
qui étaient demandeurs sans avocat au 8 024. Ce qui faisait une proportion
de 22,3. Voyez-vous, dans la dernière année, là, les gens étaient davantage
représentés que dans le passé. Je veux juste donner les proportions, là, pour
ce qui est des mêmes personnes, donc les locataires représentés par un avocat
lorsqu'ils sont demandeurs à la procédure, on se rappelle... je me répète 22,3
la dernière année, avant cela, l'année suivante, 16,2, avant cela, 14,6.
Mme Dufour : Ah! quand même,
oui, c'est une hausse.
M. Simard (Patrick) : Avant
cela, 17, 15,7. Alors, il y avait une certaine stabilité, mais dans la dernière
année, les gens étaient davantage représentés. Même chose au niveau des
locateurs, lorsqu'ils sont en demande, bien, même chose, je veux dire, il n'y a
pas de grands écarts, là, 14,2. On était avant ça à 13,7, 11, 10, 9,6.
Mme Dufour : Donc, on
constate qu'il y a une augmentation du nombre de personnes qui demandent, qui
sont accompagnées d'un avocat.
M. Simard (Patrick) : Exact.
Mme Dufour : Pourquoi, à ce
moment-là, on a senti le besoin de faire cette modification-là maintenant à
l'article 63? Juste par curiosité, qu'est-ce qui est venu faire...
Mme Duranceau : M. le
Président, je vais répondre.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Comme je le
répète, là, l'esprit de toutes ces modifications-là, c'est de simplifier, mieux
protéger. Puis je veux dire, on parle de pourcentages, là, qui sont en bas...
Il y a quand même 80 % ou 75 % du monde qui ne sont pas représentés.
Alors, il faut que ces gens-là aient les bonnes informations puis qu'ils soient
bien protégés, puis on pense qu'en faisant cette modification là, bien, le juge
va amener quelque chose de pertinent au débat. Encore là, c'est pour mieux
protéger.
Mme Dufour : Mais est ce que
c'est venu de... Tu sais, est-ce qu'il y a quelqu'un...
Mme Duranceau : C'est venu de
notre connaissance du dossier.
Mme Dufour : O.K. Parfait.
C'est bon, merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Madame,
d'autres... Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, et
quelques questions d'éclaircissement, M. le Président, là. Donc, si je
comprends bien, la question de la prescription dans le cas du Tribunal
administratif du logement et dans le cas des Petites créances, en tout cas, ne
s'applique qu'aux litiges impliquant une créance, donc une somme due, un
montant dû, là. Ça implique de l'argent qui est dû par une des parties à
l'autre, dont on réclame le paiement, mais concerne... la prescription ne
concerne que ce cas-là, pas d'autres cas.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Je vais
laisser Me Simard répondre.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Si on
reprend le libellé de l'article proposé, alors : «Le membre du tribunal
apporte à chacun un secours équitable et impartial de façon à faire apparaître
le droit et en assurer la sanction. Il peut suppléer d'office le moyen
résultant de la prescription en permettant aux parties d'y répondre. Il n'y a
pas de limitation quant à un recours en particulier.»
M. Fontecilla : Pardon...
M. Simard (Patrick) : Il n'y
a pas de limitations quant à un recours en particulier. Donc, dès lors qu'il y
a une prescription, ça peut être également la prescription sur un recours.
Alors, il pourrait être soulevé d'office également par les membres du tribunal.
Alors, pour faire une histoire courte, si vous avez 15 jours pour réagir,
bien, le tribunal pourra soulever la question : Je constate que vous êtes
rendu au 20 ᵉ jour pour agir, alors donnez-moi maintenant votre point de
vue là-dessus.
• (15 h 50) •
M. Polo : Très bien. Donc...
Et dites-moi, là, parce que la première phrase dit que les membres du tribunal
apportent chacun un secours équitable et impartial de façon à faire apparaître
le droit et en assurer la sanction. Pourquoi... La question que je me pose :
Pourquoi la question de la prescription ne pouvait pas être soulevée par les
membres du tribunal, là, sans que ce soit spécifiquement indiqué dans la loi
sur le Tribunal administratif du logement?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Votre
question est davantage pertinente parce que ça me permet d'expliquer que, sur
le plan de l'interprétation de la loi, lorsque le législateur est venu faire,
en 2020, l'amendement au Code de procédure civile et donner au juge judiciaire
de la Cour du Québec en matière de petites créances, le droit de soulever la
prescription, lorsque le législateur l'a fait, il a fait un acte positif en
disant : Vous pouvez le faire. Ceci étant, en ne le faisant pas pour les
membres du TAL, bien, l'omission lorsqu'on vient réfléchir, est-ce qu'on a le
pouvoir de le faire ou pas, mais si le législateur le fait dans ce cas là puis
il a omis de le faire par rapport au TAL, c'est probablement que le temps ne
peut pas le faire. Et c'est là l'interprétation qui est donnée par une partie
des juges chez nous : Tu sais, bien moi, je n'ose pas soulever parce que
le législateur ne l'a pas mis dans la loi alors qu'il était ailleurs dans une
autre loi. Donc, je préfère ne pas le soulever, je pense... je ne crois pas avoir
le pouvoir de le faire. Alors que d'autres vont dire : Bien, c'était
probablement voulu ça, mais...
M. Simard (Patrick) : ...en
tout cas, moi, je considère que je l'ai malgré tout. Donc, pour éviter tout ce
débat-là. Du courant jurisprudentiel du juge qui hésite de le faire, bien, le
législateur par son action aujourd'hui, viendrait dire : Vous avez toute
la liberté de soulever, tout comme on le fait aux petites créances.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Très bien. Ça
me paraît clair. Dans le libellé de l'article... Ah! non, c'est bon, je viens
de comprends, je n'ai pas d'autre commentaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, s'il n'y a pas d'autre question, est-ce que l'article 28 est
adopté? Adopté. Alors, nous en sommes maintenant à l'article 29. Mme la
ministre.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
l'article 29, les articles... 72 de cette loi qui est remplacé par le
suivant : « Les
partis peuvent se faire représenter par un mandataire à l'exception d'un
professionnel radié, déclaré inhabile à exercer sa profession ou dont le droit
d'exercer des activités professionnelles a été limité ou suspendu en
application du Code des professions ou d'une autre loi professionnelle. »
Donc, l'article 29 du projet de loi
remplacerait l'article 72 de la loi sur le tribunal administratif du
logement afin de permettre à une personne physique ou morale d'être représentée
par la personne de son choix, sans égard à leur lien. Il ne serait toutefois
pas possible d'être représenté par un professionnel radié, déclaré inhabile à
exercer sa profession ou dont le droit d'exercer des activités professionnelles
a été limité ou suspendu. Donc, bien, écoutez, c'est pour faciliter l'accès à
la justice, là, auprès du TAL pour les personnes morales et physiques. Et
actuellement, la loi sur le tribunal administratif du logement prévoit qu'une
personne morale ne peut être représentée à l'audience que par un
administrateur, un dirigeant, un employé à son seul service ou par un avocat.
Or, en pratique, de nombreuses entreprises de location confient la gestion de
leurs immeubles à une compagnie de gestion. Et ces personnes-là pourraient
représenter devant le tribunal, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce que nous avons des questions sur
l'article 29? Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, M. le
Président, je cherche... voilà. Il y a eu... On a eu des commentaires sur cet
article-là. Il y a des groupes représentant les propriétaires qui étaient tout
à fait d'accord, qui nous ont dit : On recommande de l'adopter tel quel.
Il y a par contre des groupes qui représentent les organismes de droit aux
locataires qui, eux, ont émis une certaine inquiétude et nous ont suggéré de
faire une modification. Et là, c'est ça, je cherchais dans le fond l'exemple,
dans le fond, ce qu'on nous dit, c'est qu'on devrait ajouter le fait que ce
soit à titre gratuit, que d'être représenté le soit seulement par un mandataire
à titre gratuit. Et ce qu'on nous expliquait, là, et là, c'est ça, j'essayais
de retrouver dans le mémoire, mais qu'il y avait eu à un certain moment,
c'était comme ça, que ça avait... Il y avait un certain préjudice, disons, de
force. Et, si je ne me trompe pas, les Juristes progressistes aussi, nous en
ont parlé, l'Association. C'est qu'il y avait comme un rapport de force inégal
où les propriétaires pouvaient à ce moment-là être représentés par... on
disait, là, des avocats, et tout ça. Et d'un autre côté, les groupes de
locataires n'avaient pas le même poids.
Donc, ce qu'on nous disait, c'est que pour
assurer une certaine... bien, en fait, ce n'est pas l'avocat interne qui
inquiétait, mais plutôt le consultant externe. Et donc on nous demandait de
dire... bien, que ce soit fait à titre gratuit, donc que ce soit quelqu'un de
l'interne qui le fasse pour qu'il y ait un rapport de force plus équitable.
Donc, ça, c'est un élément qui avait été soulevé, que je voulais souligner,
puis je vais laisser d'autres prendre la parole, mais je vais continuer à
fouiller, là, là-dessus.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce qu'il y avait... Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aurais une
question. Cet article-là a été remanié à plusieurs reprises au cours des
dernières années et on le voit dans la loi sur le tribunal administratif du
logement, et donc ça a été remanié en 2019 et en 2021. Donc, il y a eu
différentes moutures, si je peux m'exprimer ainsi, là, de cet...
M. Fontecilla : ...de cet
article-là. À la base, là, on peut toujours améliorer un article de loi, mais,
vu les... Il y a des articles qui changent très rarement, mais il y en a qui
changent à plusieurs à plusieurs reprises, et donc ça indique qu'il y a une situation
qui n'est pas... une situation problématique, dont les solutions qu'on a
apportées ne sont pas tout à fait adéquates, et on en arrive à la conclusion
qu'il faut améliorer, il faut perfectionner, peaufiner le traitement de cette
question qui est jugée problématique, là.
Et donc, tout d'abord, je n'ai pas en
mémoire des anciennes versions de l'article 72 de la Loi sur le tribunal
administratif du logement, mais la question que je me pose, là, depuis 2019...
quel est le... avec les différentes modifications que... les deux modifications
qui ont été apportées, là, quel est le bilan, là, des modifications qui ont été
faites? Est-ce qu'il s'agit... d'aller dans la même direction, de peaufiner
dans la même direction qui avait été souhaitée par le législateur comme réponse
à une situation jugée problématique, ou il y a eu des changements et étant
donné les problèmes d'application de cet article-là? J'aimerais savoir, grosso
modo, pourquoi il y a eu autant de... deux changements, et là on est rendu à un
troisième, là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien,
écoutez, là, les changements passés, là, je ne peux pas me prononcer sur tout.
Je sais qu'on a permis... il y a eu un changement qui est récent, qui
devrait... avec lequel vous devriez être d'accord, M. le député de
Laurier-Dorion, là, c'était pour les demandes conjointes qui étaient faites par
des groupes de locataires dans certains cas bien spécifiques. Donc, on est venu
permettre ça. C'est pour ça que ça a été modifié récemment.
Par ailleurs, de la manière dont l'article
est libellé en ce moment, c'est comme si on faisait un procès avant de faire le
procès, là, il faut déterminer qui a le droit d'être là, qui n'a pas le droit.
Puis, en bout de ligne, en bout de ligne, ceux qui devraient être là, devant le
tribunal, pour défendre l'une partie ou l'autre, c'est ceux qui connaissent le
dossier. Puis là il y a vraiment un niveau de complexité qui est un peu trop
grand.
Et ce qu'on vient dire, par les
modifications qu'on fait, c'est que tu peux te faire représenter par qui tu
veux, dans la mesure où il n'est pas radié, que la personne est habilitée, là,
à exercer sa profession, puis que ce n'est pas quelqu'un dont le... tu sais,
dont le permis a été suspendu par le Code des professions. Ça fait qu'on ramène
ça à sa plus simple expression pour s'éviter de devoir trancher sur qui est là
dans le cas d'une personne physique, dans le cas d'une personne morale, dans le
cas d'une fiducie, qui doit être assimilée à une personne, même pas, même pas
assimilée à une personne physique, liquidateur d'une succession, ça va être
qui, Curateur public, ça va qui, une corporation, après ça, ça va être qui? Ça
devient un peu compliqué, là, ultimement, qui connaît le dossier, qui peut être
là.
On n'enlève pas de droit à personne, ni
d'un bord ni de l'autre, on vient vraiment simplifier le mode de représentation
devant le tribunal. On pense que c'est un meilleur accès à la justice et puis
que... Aussi, le tribunal, le Tribunal administratif du logement, quand on dit
qu'il fallait moderniser, là, bien, les règles du Tribunal administratif du
logement sont les règles les plus complexes parmi celles qui sont en vigueur à
travers tous les tribunaux administratifs, petites créances, Tribunal du
travail, Tribunal administratif du Québec. Alors, encore là, on vient
s'harmoniser pour rendre ça plus simple pour tout le monde. Ce n'est pas une
guerre pour un ou pour l'autre, c'est vraiment pour tout le monde, pour
s'harmoniser avec ce qui se passe ailleurs aussi, là.
• (16 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour ces explications. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Si je
lis la première version, bien, la première, la version actuelle de l'article
72... Je pense que c'est utile de relire un extrait, là : «Une personne
physique peut être représentée par son conjoint ou par un avocat. Si une telle
personne ne peut se présenter elle-même, pour cause de maladie, d'éloignement
ou toute autre cause jugée suffisante par un membre du tribunal, elle peut
aussi être représentée par un parent ou un allié, ou, à défaut de parent ou
d'allié sur le territoire de la municipalité locale, par un ami.» J'essaie de
comprendre, dégager l'esprit qui se trouve derrière cette formulation-là. Tout
d'abord, le Tribunal administratif du logement en est un de proximité...
16 h (version non révisée)
M. Fontecilla : ...donc qui
permet, ça a été exprimé à plusieurs reprises lors de l'étude détaillée qui
nous occupe, là, il a été... on n'a pas... la personne peut se représenter
elle-même, on n'a pas besoin d'un avocat. Tantôt, on a entendu de la part de Me
Simard les chiffres concernant le pourcentage des justiciables qui se sont...
qui ont été représentés par un avocat, c'est quand même minoritaire par rapport
à l'ensemble, je pense qu'on est rendu autour de 20 %, je parle de
mémoire, même qu'on... même si l'on dénote une... si l'on remarque une
croissance, mais la très grande majorité, huit sur 10, j'oserais dire, sont...
se représente elle-même, là.
Donc, et d'autre part, il y a un fait qui
a été nommé à maintes reprises, là, c'est la situation de... souvent d'inégalité
fondamentale entre un locateur et un locataire. Souvent, le locataire, ce n'est
pas... encore une fois, pour utiliser l'expression de Mme la ministre, ce n'est
pas Mme Caron qui possède un appartement à louer, mais c'est des grandes
corporations qui ont des moyens... qui ont beaucoup des moyens financiers et
qui ont les moyens de se faire représenter par un avocat, chose que le
locataire moyen... qui manque aux locataires.
Donc, ce que je ressens ici, là, de la
formulation actuelle, là, c'est de limiter, et vous me direz si j'ai la bonne
interprétation, de limiter, en quelque sorte, l'utilisation de la puissance
économique, là, pour bien se faire représenter, là, au TAL au détriment d'une...
de l'autre partie qui n'a pas la même puissance économique, là, pour se... pour
engager des avocats à grands frais qui connaissent très bien les lois.
Donc il y a ce souci-là, il me semble,
dans l'article 72, et si je me trompe encore une fois, dites-le-moi, mais
j'entends la ministre nous dire qu'il y a un désir d'harmonisation avec d'autres
types des tribunaux, fort bien, moi, j'en suis ici au Tribunal administratif du
logement, là, et je me demande si... dans quelle mesure cet esprit-là de l'article 29
du projet de loi... 29, là, vient modifier ou amoindrir la portée de l'esprit
de l'article 72, là. Donc, par l'effet de se faire représenter par un
mandataire qui, puis il peut être très bien puis ce n'est pas spécifié, qui
peut être un mandataire payé, donc un spécialiste, pas nécessairement un
avocat, mais un spécialiste de la question du... dans le thème du logement qui
pourrait représenter une des parties, souvent celle qui peut payer, qui a les
moyens économiques pour payer, et c'est souvent la partie propriétaire, surtout
si cette partie-là est une compagnie qui a accès à des ressources financières
que les locataires, individuellement, n'ont pas.
Donc, la question est à savoir dans quelle
mesure cet article-là reprend l'esprit de l'article initial 72, là, de
favoriser la représentation par une personne, ici c'est par un mandataire, mais
que ce mandataire-là... qu'il n'y ait pas un avantage indu pour une des
parties, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : M. le député
de Laurier-Dorion, c'est ça? Sincèrement, je comprends que vous le regardez
avec votre prisme-là, mais là il ne faut pas voir des complots partout, là, il
y a vraiment... Actuellement, comment l'article est écrit, là, une personne
physique, donc un individu, là, les locataires, là, dont vous parlez, peuvent
être représentés uniquement par leur conjoint ou par un avocat. Ça, ils se
représentent eux-mêmes, leur conjoint ou leur avocat, s'ils décident d'avoir un
avocat. Et ce que l'article actuel indique, c'est que c'est seulement s'ils ne
sont pas capables de se... Si eux personnellement, pour cause de maladie, d'éloignement,
ou toute autre cause jugée suffisante, c'est dans ce contexte-là qu'ils
pourront avoir un autre type de mandataire, donc restrictif, là, il faut qu'ils
soient malades, faut qu'ils soient en région, il faut que... et juste dans des
circonstances comme celles-là, pourront-ils décider d'avoir un autre type de
mandataire? Parce que là la loi dit : Toi, locataire, là, c'est toi qui te
présentes, qui te représentes, c'est ton conjoint ou c'est ton...
Mme Duranceau : ...puis juste
dans des circonstances bien particulières, tu auras le droit d'avoir quelqu'un
d'autre. Puis, tu sais, ton beau-frère, peut-être qu'il est bien bon, là, puis
il pourrait venir te représenter. Mais non, il faut que tu sois malade.
Alors, là ce qu'on vient faire, c'est
qu'on vient enlever ces restrictions-là du côté du locataire puis, oui, du côté
du propriétaire, bon, bien, il y aura plus de souplesse. Lui, c'était énoncé
clairement, si c'est une corporation, puis, encore là, tu sais, Mme Caron, là,
qui est propriétaire d'un triplex, elle n'est pas une corporation, là, elle est
Mme Caron puis, peut être, qu'elle aimerait ça envoyer son beau-frère qui est
comptable puis il est capable d'aller la représenter. Elle ne peut pas, là,
comme c'est là, elle est obligée d'être malade, puis d'avoir un mandat, puis
que ça soit tout rédigé. Ça fait que c'est juste de la souplesse puis, encore
là, ce n'est pas comme si j'étais en train d'organiser quelque chose pour
favoriser un versus un autre. Si on va regarder dans, puis je sais que, bon,
vous dites : Ça ne nous intéresse pas, là, parce qu'ici c'est le TAL,
mais, si on va regarder dans le Tribunal administratif du travail, à l'article
20, même libellé, ça fait qu'on reprend la même chose qui existe dans d'autres
lois.
Ça fait que, sincèrement, ce n'est pas une
conspiration, là, c'est vraiment de simplifier ça pour tout le monde, pour que
ça soit plus simple, plus cohérent d'une loi à l'autre, puis que ça serve mieux
la population de part et d'autre.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je ne crois
pas avoir soulevé une quelconque conspiration dans mon propos. J'ai,
explicitement, essayé d'extraire les principes qui se trouvent derrière
l'article 72 sous sa forme actuelle. Et je ne suis pas le seul à avoir cette
préoccupation-là et laissez-moi vous citer l'Association des juristes
progressistes, qui partage aussi... qui exprime aussi différentes
préoccupations concernant cet article-là, et je cite : «Il faut
mentionner que la représentation par mandataire avantage nécessairement les
locateurs qui disposent d'une pléthore de mandataires à leur disposition,
concierges, gestionnaires d'immeuble, professionnels, etc., afin de mener toute
démarche devant le tribunal moyennant une rémunération bien inférieure à celle
de l'avocat membre du Barreau du Québec. Ce type de mandat posait problème
avant la décision Harvey contre Guerreiro en 2005, car il créait un
déséquilibre important entre les locateurs et les locataires. Les locataires
peinaient, de leur côté, à trouver un avocat membre du Barreau selon leurs
critères économiques ou sociaux, par exemple, et les locateurs pouvaient
aisément avoir une représentation peu coûteuse devant le TAL.»
Dans ce sens-là, je pense que c'est bien
exprimé, il y a un déséquilibre concernant les mandataires et surtout s'il est
rémunéré. Donc, la question qui se pose, Mme la ministre, est-ce que vous avez
envisagé que ce mandataire-là, on puisse faire en sorte qu'il ne soit pas
rémunéré, par exemple?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
• (16 h 10) •
Mme Duranceau : Mais, encore
là, tu sais, je vois toujours revenir qu'il y a les forces, les forces, je veux
dire, on vient simplifier pour tout le monde. On l'a vu, là, dans 80 % des
cas, les gens se représentent, se représentent eux-mêmes. C'est pour des cas
plutôt restreints où on vient proposer une souplesse. Je ne pense pas qu'on...
Tu sais, actuellement, les avocats qui font ça, là, je présume qu'ils sont
rémunérés de part et d'autre. Donc, on ne va pas changer ça, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion, ça va comme ça?
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles. Le micro, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Voilà. J'ai
souvenir qu'il y a plusieurs groupes qui représentent les locataires sont venus
nous voir, ils disaient : On a une certaine inquiétude avec cet
amendement-là, pas juste... Il y avait, ce que mon collègue dit, là, le
débalancement, ce que j'avais parlé, des forces, mais aussi l'essoufflement des
comités de logement. Puis c'était ça, leur grande crainte que ça retombe sur
les comités de logement. Donc... Puis ça, c'est soulevé dans divers groupes,
là. D'ailleurs, l'Association des juristes progressistes...
Mme Dufour : ...mention aussi
de ça. De mémoire, ce qu'il dit, je vais essayer de vous le retrouver... Puis
ça, peut-être juste... je vais juste continuer sur ce que le député de
Laurier-Dorion mentionnait, que, lorsque ça a été changé en 2005, bien, le
jugement Guerreiro a mis fin à cette pratique, qui était... à l'époque, ces
jugements, là... qui a dit ça, là, que c'était... bon, c'est ça. Comment qu'il
l'a dit exactement, là? Ça avantage les locateurs, bon, puis il disait que
c'était une bonne chose de retirer ça, que les locataires n'ont pas les moyens
d'embaucher des mandataires professionnels, bon, je répète, et là... C'est ça.
Et là : «Il a été mentionné dans
l'espace public — c'est ce qu'ils disent — que les comités
logement pourraient se saisir de l'occasion et représenter les locataires par
mandat, mais c'est une bien mauvaise idée, si c'est l'intention derrière cet
article. Les comités logement sont surchargés de travail et n'ont pas les
moyens financiers pour ce type d'entreprise. De plus, les comités logement sont
fiers de fonder leurs interventions sur une relation de confiance avec les locataires,
et celle-ci serait mise en péril s'il leur fallait se transformer en centre de
service mandaté pour plaider des causes au TAL. Enfin, les comités logement ne
souhaitent aucunement gérer les conflits d'intérêts sous-jacents à ce qui
distingue la représentation juridique à une cause au TAL et leur mission,
centrée sur la justice sociale et la défense des droits des locataires moins
nantis.» C'était vraiment, là, une inquiétude, puis ça, ça a été partagé. Il y
a eu plusieurs groupes puis il y a eu plusieurs mémoires qui en ont fait part,
de l'essoufflement des comités de logement, puis qui avaient vraiment peur
qu'ils deviennent... d'une certaine façon, qu'ils n'aient pas le choix
d'embarquer là-dedans, avec la mesure.
Mais je ne sais pas si la ministre a vu
l'amendement qui était proposé par l'association... O.K., là, je ne suis pas
dans les... ce n'était pas les... je m'excuse... Juste mentionner, je n'étais
pas dans l'Association des juristes progressistes, leur mémoire, c'était bien
le RCLALQ, le Regroupement des comités logement et associations de locataires
du Québec. Mais je me demandais si la ministre avait regardé la proposition
faite par l'Association des juristes progressistes qui, eux aussi, ont parlé du
jugement Guerreiro, qui disait que... qui disait, c'est ça, qu'Harvey c.
Guerreiro ça avait mis frein... un frein, à l'époque, définitif aux actes
juridiques signés par un mandataire, et là qu'on revenait, dans le fond, en
arrière, bon, il a mentionné ça. Mais, bref, est-ce qu'on a regardé cet
amendement-là qui était proposé, une modification qui, à mon sens, me semblait,
quand même... ouvrir, quand même... être assez... donner assez de flexibilité,
là. Je ne sais pas si vous l'avez lu, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre, vous souhaitez intervenir, je pense?
Mme Duranceau : Bien, je peux
intervenir, là. Tu sais, on peut parler de ça. Ce qu'on comprend, c'est que ce
n'est pas un jugement qui vise ça, ça fait que... Ça vise la rédaction des
demandes, ça fait que ce n'est pas la même chose. Puis, encore là, là, la
position des comités de logement, c'est correct, là, mais je pense qu'elle est
vue... il y a un prisme à travers lequel c'est regardé, puis les gens
perçoivent que là, il y a une mesure, ici, là, qui est mise en place puis qui
va nuire aux locataires puis à leur capacité à se représenter. Au contraire. Je
pense que je l'ai bien expliqué tantôt, ça vient donner plus de souplesse à
tout le monde. Ça fait que je ne sais pas pourquoi c'est mal perçu, là.
Puis, effectivement, ça a été... Avec les
comités de logement, on a dit : Bien, tu sais, même vous, vous pourriez
vous en mêler, si vous voulez. Mais, je veux dire, oui, ils pourraient, mais,
maintenant, ils ne s'en mêlent pas, puis les locataires se représentent, tu
sais, à 80 %, eux-mêmes. Ça fait que ça va continuer. Mais pour les
quelques locataires qui veulent de l'aide de quelqu'un d'autre — puis
on va prendre l'exemple du beau-frère — bien, ils vont pouvoir
l'avoir, donc. Bien, en tout cas, je ne le vois pas bien, là, moi. Mais moi, je
vois que c'est une souplesse, puis...
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Je m'excuse, je
veux juste reposer ma dernière question : Est-ce que vous avez lu la
recommandation 16 du mémoire de l'Association des juristes progressistes?
Mme Duranceau : On les a
toutes vues, on les a toutes vues.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? D'autres questions?
Mme Dufour : Mais... O.K., je
vais laisser mon collègue continuer, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Député de Laurier-Dorion, vous souhaitez intervenir?
M. Fontecilla : Oui, merci,
M. le Président. Bien, j'aimerais déposer un amendement. Donc, c'est à
Greffier, je vais vous le...
Le Président (M. Schneeberger) : ...il
a déjà été déposé au Greffier.
M. Fontecilla : Il a déjà été
déposé.
Le Président (M. Schneeberger) : Il
est sur Greffier, on l'a, oui.
M. Fontecilla : Est-ce que
vous l'avez? On pourrait peut-être...
Le Président (M. Schneeberger) : Allez-y.
M. Fontecilla : On va
attendre qu'il apparaisse sur l'écran. Je vais y aller?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Il est sur les écrans. Allez-y.
M. Fontecilla : Parfait.
C'est un amendement à l'article 29, modifiant l'article 72 de la Loi sur le
tribunal administratif du logement. À l'article 29 du projet de loi modifiant
l'article 72 de la Loi sur le tribunal administratif du logement, ajouter, à la
fin, l'alinéa suivant :
«Une personne physique peut être
représentée par un avocat. Elle peut être aussi représentée par son conjoint,
un parent, un allié ou un ami. Une telle personne peut également être
représentée par un bénévole ou un employé d'un organisme à but non lucratif à
vocation juridique, en autant qu'un tel mandat soit gratuit.»
L'article 29 du projet de loi, tel
qu'amendé, se lirait ainsi :
29. L'article 72 de cette loi est remplacé
par le suivant :
72. Les parties peuvent se faire représenter
par un mandataire, à l'exception d'un professionnel radié déclaré inhabile à
exercer sa profession ou dont le droit d'exercer des activités professionnelles
a été limité ou suspendu en application du Code des professions (chapitre C-26)
ou d'une autre loi professionnelle.
Une personne physique peut être
représentée par un avocat. Elle peut être aussi représentée par son conjoint,
un parent, un allié ou un ami. Une telle personne peut également être
représentée par un bénévole ou un employé d'un organisme à but non lucratif à
vocation juridique, en autant qu'un tel mandat soit gratuit.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
M. Fontecilla : Donc, M. le
Président, il me semble que des organismes communautaires soulèvent que la formulation
présentée par la ministre de l'Habitation, là, infligerait un recul substantiel
aux locataires parce que, déjà, ce que les organismes communautaires et experts
en la matière nous apprennent... déjà, en 2005, la Cour du Québec a obligé
l'ancienne Régie du logement à mettre un frein aux actes juridiques par
mandataire, avec justement le jugement qu'on vient de nommer il y a quelques
minutes, le jugement Harvey contre Guerrero, pour les raisons qu'on a
expliquées, là, que la représentation par mandataire avantage les locateurs qui
ont accès à une... j'utilise les termes de l'Association des juristes
progressistes, à une pléthore de professionnels qui peuvent... et qui ont une
expertise certaine, une connaissance approfondie de la Loi sur le tribunal du logement,
ce qui n'est pas nécessairement le cas de M. Thibodeau, qui est locataire et
qui n'a aucune connaissance, qui se représente seul devant le Tribunal
administratif du logement, parce que, justement, c'est la fonction de ce
tribunal de permettre à des personnes de se représenter sans avocat. Mais il va
faire face à une partie adverse qui a une connaissance approfondie du système
et de toutes les lois régissant les relations entre locateurs et locataires. Et
donc il y a un déséquilibre fondamental et qui est qui ne va pas dans le sens
d'obtenir des... comment dire, qui ne va pas dans le sens de faire justice.
• (16 h 20) •
Et, dans ce sens-là, il est important que
les mandataires ne soient pas soumis à... ne soient pas rémunérés,
concrètement, et qu'ils doivent obligatoirement être et à titre gratuit, tout
en gardant les différentes possibilités qui apparaissent déjà dans l'article
72, là, donc, un parent, un un allié. Un allié, ça peut être un voisin, ça peut
être un ami, ça peut être beaucoup, beaucoup de personnes, ou une personne qui
possède une connaissance dans le domaine, mais qui le fait à...
M. Fontecilla : ...non pas
bénévole, mais non rémunéré, c'est-à-dire que les locateurs ou les locataires
n'ont pas à défrayer, à payer les services de cette personne-là. Cette
personne-là peut être payée par une autre entité, par exemple, un organisme
communautaire à vocation juridique. Il me semble que cette façon de faire
pourrait grandement aider à équilibrer, Mme la ministre de l'Habitation n'aime
pas que j'utilise le terme de forces en présence, je vais... les parties, on va
changer le qualificatif, là, donc ça pourrait aider à équilibrer le rapport de
force s'exerçant au sein de ce domaine-là. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce que Mme la ministre veut intervenir?
Mme Duranceau : bien,
écoutez, peut-être deux choses, là. Ce que je dirais... que ce n'est pas parce
que tu connais un sujet puis que tu représentes quelqu'un que tu vas créer de
la preuve. La preuve, elle va exister, c'est juste que si la personne est plus
habile à la présenter, bien, ça va juste faciliter le débat. Puis c'est ce
qu'on fait avec l'article, tel que proposé, c'est que c'est la possibilité de
se faire représenter par qui on veut qui est permise. Puis on pense que ça
ajoute de la souplesse de part et d'autre dans l'écosystème.
Et je le répète, on vous a énoncé des
chiffres, 80 % des gens se représentent eux-mêmes. Là, avec ça, peut-être qu'ils...
peut-être, ça va donner plus de souplesse à ces gens-là parce qu'ils ne seront
pas contraints d'être représentés par leur conjoint ou leur avocat, ou d'être
malades pour être représentés par quelqu'un d'autre. Donc, je pense que c'est
une belle souplesse qui est apportée.
C'est ça, l'objectif, c'est de calquer ce
qui est fait dans les autres tribunaux aussi, puis ce n'est pas d'avantager un
par rapport à l'autre. Puis, je pense, il faut enlever cette lunette-là, là,
qui voit... Qui est toujours en train d'opposer une partie versus l'autre.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Mme la
ministre me demande d'enlever la lunette qui fait en sorte qu'on oppose
toujours, là, une partie à une autre. Je me permets de lui rappeler, là, qu'un
tribunal règle le litige de deux parties qui s'opposent. Fondamentalement,
structurellement, là, il y a un litige, il y a une opposition. Le tribunal
administratif du logement, à la base, là, existe pour régler des litiges, oui,
il y a une... et puis c'est une mesure qui a été introduite, là, peut aussi
proposer la médiation, mais on n'est pas ici dans une... De façon générale, on
n'est pas ici dans un espace de conciliation. On est... c'est deux parties qui
s'affrontent et qui demandent à une partie, à un juge, une troisième partie, de
trancher qui a raison et qui a tort selon les lois existantes. Donc, à la base,
là, ce n'est pas une... deux amis qui se rencontrent pour discuter et régler à
l'amiable de deux problèmes. Si ça se fait, tant mieux, là, mais à la base, là,
il y a un litige, là, et il y a deux parties qui s'opposent.
D'autre part, Mme la ministre nous informe
de la nécessité d'avoir de la souplesse, de la flexibilité. Fort bien. Je suis
tout à fait d'accord. Mais je ne vois pas en quoi la possibilité qu'elle ouvre
avec son article 72, là, de se faire représenter par un mandataire, qui
pourrait très bien... et on sait que ça se passe... dans la réalité, ça se
passe comme ça, qui est payé, introduit davantage de flexibilité. En tout cas,
si elle introduit davantage de flexibilité, c'est à la faveur d'une des
parties, la partie qui a les moyens de payer ce mandataire-là, chose qui n'est
pas le cas de l'ensemble des locataires qui sont souvent des personnes avec des
moyens financiers limités.
Donc, on parle comme deux langages
différents, là. Ma Proposition, l'amendement que je viens de déposer, n'enlève
pas la souplesse, il vient établir un critère tout simple qui est que... celui
de faire en sorte que le mandataire ne soit pas rémunéré, c'est tout. Et les
deux parties vont trouver les façons d'aller chercher de l'aide, si elles le
jugent nécessaire, dans... et les critères pour obtenir cette aide-là, en
termes de représentation, d'être un...
M. Fontecilla : ...c'est
qu'elle ne soit pas rémunérée, et il me semble que ça va équilibrer grandement
la représentation devant le tribunal.
Le Président
(M. Schneeberger) : Alors, est-ce que nous avons réponse, Mme la
ministre? Souhaitez-vous répondre ou...
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je vais le dire une dernière fois, là. Dans le fond, ces
modifications-là, ils visent à faire en sorte que les parties, peu importe la
partie, peut se faire représenter par un mandataire. On ne vient pas énumérer tous
les mandataires possibles et imaginables. On vient juste dire qu'ils peuvent
être représentés par un mandataire. Puis ça donne des options de plus, puis des
options quant à moi qui sont beaucoup plus économiques que de payer un avocat.
Donc, je pense que c'est positif pour les deux partis. Puis c'est ça.
Le Président
(M. Schneeberger) : Voilà. Parfait. Merci. Autre intervention?
Député de... Non?
M. Arseneau : Oui,
mais...
Le Président
(M. Schneeberger) : Oui, des Îles-de-la-Madeleine. Allez-y.
M. Arseneau : Je pense
qu'on a évoqué tout à l'heure le fait qu'il y avait, quoi, 24 % des cas
qui étaient... ou des dossiers où on avait l'accompagnement d'un avocat, même
moins c'était...
Une voix : 22,3 %
M. Arseneau : 22,3 %
quelque chose comme ça.
Mme Duranceau : ...
M. Arseneau : C'est ça.
Mme Duranceau : Les
locataires demandeurs, 24 %.
Une voix : ...22 points.
Mme Duranceau : 22,1 %?
Ça dépend des années, là.
M. Arseneau : Oui. Il y
en avait une que c'était 22,3 %.
Mme Duranceau : Puis du
côté locateur, c'est moins que ça.
M. Arseneau : C'est
moins que ça?
Mme Duranceau : C'est en
bas de 20%.
M. Arseneau : O.K.
Est-ce que... est-ce qu'on a les données pour ceux qui font actuellement, qui
ont recours à des mandataires qui ne sont pas avocats?
Mme Duranceau : Non, ça
semble peu. Non.
M. Arseneau : O.K. On
n'a pas ces chiffres-là. C'est bon. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
C'est bon comme ça?
M. Arseneau : Oui.
Le Président
(M. Schneeberger) : Parfait. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Il y a
un aspect qui me turlupine. Deux entités, et pas des moindres, l'Association
des juristes progressistes et le Regroupement des comités... Regroupement des
comités logement et associations des locataires du Québec ont soulevé le fait
qu'en 2005 la Cour du Québec a obligé la Régie du logement à mettre un frein
aux actes juridiques par mandataire. Et aujourd'hui, d'après leur
interprétation, on revient avec cette formule-là. Donc, en tant que
législateur, est ce qu'on doit... on doit connaître la teneur de ce qui
s'est... du jugement de la Cour du Québec en 2005 pour savoir si on n'est pas
en train de contredire quelque chose qui a été... qui a été tranché il y a
quelques années, là? Donc, est-ce que la ministre pourrait nous dire en quoi,
là, l'effet... qu'est-ce qui est l'effet de permettre la représentation par
mandataire n'est pas contradictoire avec les jugements de la Cour du Québec
dans le jugement Guerreiro? Est-ce qu'on n'est pas en train de revenir en
arrière?
Le Président
(M. Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, M.
le Président, je vais demander à Me Simard de commenter sur le jugement en
question, là, sous toute réserve.
Le Président
(M. Schneeberger) : Alors, Me Simard, allez-y.
Mme Duranceau : Un
commentaire technique.
M. Simard (Patrick) : En
fait, je vais me permettre de lire un extrait, peut-être, de l'affaire de
Guerreiro. C'est la Cour du Québec qui rend son jugement, il y a déjà quelques
années, qui a amené une modification d'ailleurs aux pratiques du TAL. C'est en
mai 2005. Vous aurez compris que je ne commenterai pas les jugements de la Cour
du Québec. Ce n'est pas mon rôle de le faire. Je vais me garder cette
réserve-là que je dois avoir.
• (16 h 30) •
Mais à tous égards, au paragraphe 33
du jugement, le tribunal conclut à l'égard de cette première question, la
question en litige, là, mais vous allez voir, vous allez comprendre rapidement,
le verbe agir ne peut en aucun cas pouvoir comprendre une rédaction d'une
procédure ou l'introduction d'une demande. Ce qui était visé, je le répète,
rédaction d'une procédure ou introduction d'une demande.
La conclusion. Si vous allez dans les
conclusions du jugement, le juge reprend l'article, l'article 72 et biffe
ce qui est interdit. Alors, je vais vous lire l'article que le juge, mais je
vous dirai où il a fait les corrections, là, en vertu de son jugement. Dans
l'article 10 du règlement sur la procédure devant la Régie du logement de
l'époque, donc, sauf s'il est son conjoint ou un avocat, le mandataire qui
représente une partie, et là le juge dit : Voici, le reste, vous ne pouvez
pas le faire. Alors, qui représente une partie, que ce soit pour la production
d'une demande ou d'une requête, dépôt d'une demande. Et après ça on parle du
mandat.
Donc ce qui était visé, à l'évidence,
lorsque je lis le jugement, c'était le fait de rédiger une demande pour autrui.
Ça ne visait pas, à mon sens, l'affaire Guerreiro ou la représentation à
l'audience. Alors, ce qui était visé dans cette affaire-là...
16 h 30 (version non révisée)
M. Simard (Patrick) : ...c'est
qu'une partie avait requis les services de sa fille, il me semble que c'était
ça, dans l'affaire Guerrero, pour rédiger la demande. Donc, ce n'est pas la
partie elle-même. Je suis locataire, je fais rédiger une demande par quelqu'un
d'autre qui se présente au tribunal, remplis le formulaire, dis : Je signe
pour Patrick Simard. C'était ça qui était visé.
Ce que la cour dit, en vertu de la Loi sur
le Barreau, c'est interdit de rédiger une demande au bénéfice de quelqu'un d'autre.
Et la décision, c'est de venir clore le débat sur le fait que certaines
personnes se présentaient, mandatées par d'autres pour aller rédiger des
demandes en leur nom. C'est la pratique qui a été mise fin. L'affaire Guerrero
ne m'apparaît pas avoir eu un impact sur la représentation. Deux moments. On
rédige une demande et après ça, on vient devant le tribunal. Le premier
segment, Guerrero s'applique, représentation devant le tribunal, on n'en parle
pas. Donc, c'était le deuxième mouvement, là, la représentation, ça n'a pas
changé nos pratiques.
M. Fontecilla : ...pour
compléter l'information, M. le Président, est-ce que... Me Simard nous a dit
tantôt que ça avait amené quelques changements à l'ancienne Régie du logement.
Juste pour compléter l'histoire, quels changements ça... ont été introduits
après ce jugement-là.
M. Simard (Patrick) : Bien,
en fait, c'est qu'il est interdit pour les parties, puis ça visait notamment
les locateurs, là, l'affaire Guerrero d'avoir un mandataire comme un gestionnaire
qui... qui venait signer les demandes, déposer les demandes au nom de leurs
clients, c'est interdit, c'est un acte de représentation prévu par la loi sur
le barreau. Donc, la pratique devant la Régie à l'époque, qui demeure la même
aujourd'hui devant le TAL, évidemment, c'est que personne ne peut rédiger une
demande au bénéfice de quelqu'un d'autre. Alors, si vous êtes propriétaire d'un
immeuble, vous devez venir signer la demande au tribunal. Vous devez être le
signataire. Si vous êtes le locateur corporatif, bien là, il y a des gens qui
sont prévus, là, dans les actes de représentation, ça... un administrateur, un
principal dirigeant. Donc, ça venait limiter beaucoup, beaucoup, beaucoup qui
pouvait faire des demandes au tribunal au bénéfice des autres. C'est ce que ça
venait dire. Donc, ça a changé beaucoup ces pratiques.
M. Fontecilla : Est-ce que...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Est-ce
qu'une personne morale propriétaire d'un immeuble, une compagnie pourrait faire
signer la rédaction des documents de... par un concierge, un gestionnaire d'immeuble
ou un professionnel à son emploi?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : La
proposition d'article qui est actuellement débattue ne vise que la
représentation à l'audience, ne change aucunement les règles de rédaction des
demandes. Donc, c'est toujours la partie elle-même qui doit rédiger la demande.
Alors, si je suis votre concierge, je ne pourrai pas rédiger une demande en
votre nom. Ce n'est pas possible. C'est réglé depuis l'affaire Guerrero et l'article
actuel ne vise pas ces actes-là. C'est déjà canné, là... l'expression, donc ça
vise uniquement la représentation, l'acte qui suit, donc qui est présent devant
le tribunal.
M. Fontecilla : Parfait. Et,
pour continuer dans votre cas de figure, si vous êtes mon concierge, est-ce que
vous pouvez me représenter au TAL?
Mme Duranceau : La réponse, c'est...
M. Simard (Patrick) : Actuellement...
Actuellement?
M. Fontecilla : Bien,
sûrement.
M. Simard (Patrick) : À moins
que vous me considériez comme votre ami et que vous soyez absent, je ne
pourrais pas. Alors, hormis en ma qualité d'avocat... mais actuellement, si une
personne physique peut être représentée uniquement par son conjoint ou un
avocat, sinon un parent, un allié, lorsque vous ne pouvez pas être là, et là,
il va falloir discuter du motif de votre absence. Êtes-vous malade? Êtes-vous
en éloignement ou une autre cause? Et là, bien là, la porte est ouverte à une
discussion, ou sinon un ami, à défaut d'un parent ou d'un allié sur le
territoire de la municipalité.
Dans le fond, ce qui se passe devant le
tribunal pour y avoir siégé longtemps, là, encore, c'est qu'on fait un débat
sur qui est présent. Alors, on va même avoir des contestations en disant :
Bien, ce n'est pas l'ami, ce n'est pas vrai que c'est son ami qui est là
aujourd'hui, je ne l'ai jamais vu rentrer dans l'immeuble, alors je fais un
débat sur vos liens d'amitié, ça va jusque là. Alors, quand on parle de
complexité, c'est... je pourrais vous faire la liste de qui peut être là. Et je
pense que vous allez en perdre votre latin parce que c'est vraiment complexe de
voir qui a le droit d'y être, qui n'a pas le droit d'y être, à un tel point
que, dans notre mission d'information, on a fait un tableau au bénéfice de la
clientèle, parce que ce n'est pas simple. Par exemple, si vous êtes une
personne morale, en ce moment, que vous soyez un administrateur, un dirigeant,
un employé au seul service, un avocat, alors pour dire quelque chose...
M. Simard (Patrick) : ...si je
suis votre concierge puis je travaille à temps partiel, je ne suis pas là,
alors je ne peux pas être là, alors que c'est moi qui vais gérer, mettons, les
relations avec les autres locataires, j'habite, moi aussi, l'immeuble, comme
concierge. Donc, vous savez, il y a tout ce débat-là. Donc, c'est un... Si on
était en matière pénale, je vous dirais, on fait quasiment un voir-dire, tu
sais, c'est comme si on fait un procès dans le procès pour voir est-ce que vous
avez la bonne personne devant vous, alors que, dans les autres tribunaux, ce ne
sont pas ces règles-là, là, il y a davantage de latitude, puisqu'il me semble
être le propre d'un tribunal administratif que d'être davantage, je dirais,
souple dans les règles. Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
ça va? Oui, député de Laurier-Dorions
M. Fontecilla : Je comprends
tout à fait les explications de Me Simard, mais... Je pense d'avoir trouvé la
solution, M. le Président, mais on doit voter sur cet amendement-là pour la
proposer.
Mme Duranceau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
si tout le monde est prêt à voter, on va y aller. Alors, est-ce que l'amendement
qui concerne l'article 29 déposé par le député de Laurier-Dorion est
adopté?
M. Fontecilla : Par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est refusé. Alors, nous poursuivons les discussions sur
l'article 29. Alors, oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aurais un
autre amendement à présenter sur le même article.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il a été déposé au Greffier?
M. Fontecilla : Il a été
déposé et sur Greffier.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Tout le monde l'a reçu? Comment?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Il
vient d'être... O.K. À ce moment-là, s'il n'est pas reçu, je vais peut-être
suspendre le temps que les gens puissent l'avoir, là, pour en prendre note.
Alors, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 39)
(Reprise à 16 h 41)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, M. le député de Laurier-Dorion, je vous
invite à lire votre amendement et puis de l'expliquer.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, amendement à l'article 29 modifiant l'article 72 de
la Loi sur le Tribunal administratif du logement : À l'article 29 du
projet de loi modifiant l'article 72 de la Loi sur le tribunal
administratif du logement ajouter, à la fin, les alinéas suivants :
«Lorsque le mandataire n'est pas un
avocat, le mandataire doit exercer son mandat gratuitement.
«Nonobstant le deuxième alinéa, une
personne morale peut être représentée par un administrateur, un dirigeant ou un
employé à son seul service.»
L'article 29 du projet de loi, tel
qu'amendé, se lirait ainsi :
M. Fontecilla : ...29.
L'article 72 de cette loi est remplacé par le suivant :
72. Les parties peuvent se faire
représenter par un mandataire, à l'exception d'un professionnel radié déclaré
inhabile à exercer sa profession ou dont le droit d'exercer des activités
professionnelles a été limité ou suspendu en application du Code des
professions (chapitre C-26) ou d'une autre loi professionnelle. Lorsque le
mandataire n'est pas un avocat, le mandataire doit exercer son mandat gratuitement.
Nonobstant le deuxième alinéa, une
personne morale peut être représentée par un administrateur, un dirigeant ou un
employé à son seul service.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce qu'il y a des questions sur l'amendement? Non? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aimerais
soulever les avantages à adopter cet amendement-là, qui corrige, il me semble,
quelques observations qui ont été faites à la première version de mon
amendement. Et donc l'enjeu central, on le conserve et on simplifie ce qu'est
«il doit exercer son mandat de façon gratuite». Et ensuite on n'est plus dans
la liste des personnes qui peuvent être considérées comme mandataires, ça
permet d'éviter le débat sur les liens d'amitié, à savoir s'ils existent ou
non, s'ils sont vraiment plus ou moins amis et à quel degré, tout en conservant
les droits des personnes morales, donc des compagnies, des compagnies
propriétaires d'immeubles qui peuvent être représentées par un administrateur,
un dirigeant ou un employé à son seul service. Pour tous les autres, qu'ils
soient locataires ou locateurs, ils pourraient recourir à des services de
représentation d'un organisme communautaire qui a une expertise en la matière,
une clinique juridique, par exemple, ou autre entité, là, qui est disposée à
offrir des services gratuits dans ce domaine-là.
Donc, la formulation qui est exprimée par
cet amendement-là, il me semble, vient corriger les principales objections, là,
qui ont été faites à mon premier amendement, tout en conservant le droit à être
représenté par un administrateur, un dirigeant ou un employé à son seul
service. Et, plus fondamentalement, cet amendement-là permet d'équilibrer et
d'éviter, c'est... d'éviter un déséquilibre grandissant, très grand qui peut...
qui est contenu en puissance, là, dans l'article 72 tel que présenté par le
gouvernement, qui va permettre à des entités, souvent des personnes morales,
parce que c'est elles qui ont plus de ressources financières, là, et qui ont
accès à beaucoup, beaucoup de ressources économiques, là, de se faire
représenter au tribunal, ce qui va créer un déséquilibre évident, il me semble,
avec des locataires, qui ont, quant à eux, peu de moyens de se faire
représenter de façon rémunérée par des mandataires qui ont une expertise
certaine dans ce domaine-là.
Donc, on conserve le principe général qui
était déjà dans l'article qu'on vient... j'ai fait de la lecture il y a
quelques minutes, là on conserve l'esprit de la première version, la version
actuelle, là, de l'article 72, là, qui met beaucoup, beaucoup l'emphase sur la
nécessité de la gratuité, tout en s'enlevant... tout un évitant tous les
problèmes que l'article actuel pose en termes de définition de qui est un ami,
qui peut représenter.
Donc, c'est un amendement qui vient
corriger la plupart des lacunes, tout en reprenant la volonté de la ministre
contenue dans sa proposition d'article 29.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce que nous avons des questions, réponses? Mme la
ministre.
Mme Duranceau : Bien,
j'aimerais ça, peut-être, en trois mots, là, tu sais, qui vous voulez exclure,
spécifiquement, là? Parce que, là, moi, je donne les mêmes droits à tout le
monde...
Mme Duranceau : ...les mêmes
droits à tout le monde... souplesse. Il y a un paquet d'autres cas qui ne sont
pas pris en compte par cet amendement-là, quand on parle de fiducies, de
liquidateurs, du Curateur public. Qu'est-ce qui vous fait si peur, là, dans
cette mesure-là? Tu sais, à part, là, de brandir, là, un déséquilibre profond,
là, à un moment donné, je veux dire, c'est une mesure qui... Tout le monde a
les mêmes droits, c'est utilisé dans 20 % des cas. Je ne comprends pas
pourquoi on crée un gros débat avec ça, alors qu'on simplifie, on vient
englober toutes les... les options en donnant la latitude à tout le monde. Je
n'ai rien enlevé à personne, là, dans ça, je viens donner à tout le monde les
mêmes... la même latitude.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Je crois
que je viens surtout réaffirmer la nécessité de la gratuité de la... la
représentation tout en... tout en... en préservant certains droits aux
administrateurs, aux dirigeants d'un... des... des... des personnes morales,
là, à se faire représenter par un mandataire. Donc, ce... ce principe de... de
gratuité va, encore une fois, je réitère, assurer la... un plus grand équilibre
dans la représentation, parce que, encore... on peut se retrouver très souvent
dans le cas... dans le cas d'espèce où des... des locateurs, surtout des
personnes morales, des grandes... des... des... des compagnies qui ont
d'importants moyens financiers peuvent avoir accès à... à... à des mandataires
presque... presque professionnels qui ne sont pas des avocats, mais qui peuvent
avoir une connaissance tout aussi approfondie qu'un avocat des règles des...
du... du Tribunal administratif du... du logement et affronter... — parce
qu'encore une fois, on est dans un litige, c'est deux... deux parties qui s'opposent.
Je... je m'excuse d'utiliser des termes qui induisent un conflit, mais il me
semble qu'il y a des conflits dans le... dans le Tribunal administratif du...
du logement, même si la ministre de l'Habitation semble ne pas voir cet
aspect-là — donc des professionnels mandataires qui sont bien payés,
peut-être très bien payés, affronter des locataires... des locataires qui ont
très peu de moyens, là, qui doivent se défendre tout seuls devant une... un...
un tribunal dont ils... ils ne comprennent pas tous les tenants et
aboutissants.
Il me semble que, là, il y a un
déséquilibre évident. Si... Si on ne veut pas le voir, bon, bien, ça, c'est une
autre... une autre question, là. Mais il y a un déséquilibre. Ça a été soulevé
non pas par... par le...le... le député de Laurier-Dorion, qui... qui pourrait
être qualifié de complotiste, là, mais par d'autres... d'autres entités, comme
l'Association des juristes progressistes et le Regroupement national des
comités logement... des comités logement et associations de locataires. Je ne
suis pas le seul à... Je ne suis pas un... Je... Je... je me sens... je me sens
comme si j'étais un... un... un hurluberlu à soulever cet... cet aspect-là,
mais c'est un... c'est un danger réel. Et la ministre, si elle ne veut pas le
voir, bon, bien, c'est... c'est... c'est correct, là, c'est... c'est... c'est
tout à fait son droit, là.
• (16 h 50) •
Mais il me semble que mon amendement vient
corriger les principaux... la complexité de la... l'article de loi actuel tout
en... tout en permettant la représentation rémunérée par, en particulier,
les... les... les personnes morales. Donc, on reprend l'esprit qui se retrouve
dans l'article 72 actuellement, tout en... en l'enrichissant, et même en le
simplifiant. La ministre aurait grand intérêt, il me semble, à reprendre cette
formulation-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je n'ai rien
à ajouter.
Le Président (M. Schneeberger) : Rien
à ajouter? Parfait. Voilà. Alors...
M. Fontecilla : ...M. le
Président, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y.
M. Fontecilla : Est-ce que...
Est-ce qu'on peut se faire représenter par un mandataire autre qu'un avocat,
là, dans d'autres tribunaux?
Mme Duranceau : La réponse,
c'est oui, là.
M. Fontecilla : Lesquels?
Mme Duranceau : On calque...
On a calqué, pour le tribunal... L'article 20, la Loi sur le tribunal
administratif du travail, c'est exactement ça : «Les parties peuvent se
faire représenter par une personne de leur choix, à l'exception d'un
professionnel radié, déclaré inhabile à exercer sa profession ou dont le droit
d'exercer des activités professionnelles a été limité ou suspendu en
application du Code des professions ou d'une loi professionnelle.» Moi, je
copie ce qui est fait...
Mme Duranceau : ...Moi, je
copie ce qui est fait dans l'autre loi, j'offre aux deux parties les mêmes
droits. Je ne suis pas en train de ne pas voir ce que vous prétendez que je
vois ou que je ne vois pas, là. Je suis en train de simplifier, donner les
mêmes droits aux deux parties puis la même souplesse comme le font les autres
lois.
Puis je... Quand tu vas au Tribunal
administratif du travail, c'est parce qu'il y a une mésentente entre
l'employeur puis l'employé, OK, ça fait qu'on a le même rapport de force. C'est
drôle, au tribunal administratif du travail, là, ça fonctionne, là, c'est écrit
comme ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je me permets
d'ajouter que, dans le tribunal du travail, là, on peut se faire représenter
par un syndicat ou par des organismes hautement professionnalisés qui défendent
les droits des personnes non syndiquées, par exemple, donc il y a accès à des
ressources.
Ici, il y a plusieurs personnes qui ont
pensé à confier le rôle de mandataire aux comités logement et associations de
locataires, mais on les a entendus, ces organismes communautaires là refusent
d'assumer ce rôle-là parce qu'ils n'ont pas assez... Ils n'ont pas le
financement. Ils sont très peu financés, ils n'ont pas la capacité de défendre
des locataires. Sauf que les travailleurs, les travailleuses, oui, souvent, pas
toujours, là, mais souvent, ils ont accès à des ressources professionnelles,
par exemple, des centrales syndicales ou des organismes hautement
professionnalisés qui peuvent effectuer ce rôle-là, mais ici, ce n'est pas le
cas des comités logement, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Députée... Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, merci.
Bien, écoutez, je vais conclure, là, moi, en disant qu'on fait des gros
changements, on en fait au tribunal administratif du travail, on va en faire à
la SHQ, on en fait dans toute la façon de financer le logement. Personne ne
s'est occupé de ça au cours des 15 dernières années, avant que la CAQ
arrive. Alors, on brasse beaucoup de choses, on fait les choses différemment.
Savez-vous quoi? Il va y avoir des nouvelles ressources qui vont se développer
s'il y a des choses qui changent. On le voit au niveau de la construction de
logements, on a des groupes qui sont hyperperformants puis qui arrivent avec
des nouvelles propositions, des nouvelles façons de faire. Bien, le changement,
ça induit ça aussi, ça va induire des nouvelles opportunités.
Puis vous me dites que les groupes de
logement ne veulent pas s'en occuper, bien, peut-être. Peut-être qu'il y en a
qui vont décider de s'en occuper, puis peut-être qu'il y aura d'autres OBNL qui
vont se développer puis qui vont travailler là-dessus. Là, de toute façon, je
ne suis pas en train d'enlever quoi que ce soit aux locataires, malgré ce que
vous dites. Je suis en train de faire exactement ce qui est fait au tribunal
administratif du travail dans un contexte de même rapport de force. Puis on
voit que c'est dans 80 % des cas, les gens se représentent eux-mêmes, donc
on n'est pas en train de changer quelque chose qui est largement répandu. On
vient donner plus de souplesse, c'est ça qu'on fait. On ne va s'en vient pas
faire de la chicane, là, on s'en vient donner plus de souplesse aux deux
parties. Alors, moi, je vois les deux parties, M. le député.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Ça va.
M. Fontecilla : M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Moi aussi, je
vois les deux parties, Mme la ministre.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Je voulais
juste savoir qui demandait plus de souplesse dans toute cette équation-là?
Mme Duranceau : Bien, je ne
sais pas qui demandait plus de souplesse. Moi, je... on a constaté, dans notre
revue du tribunal administratif du logement, que clairement, on n'avait pas la
même formule qu'ailleurs, alors c'est ce qu'on a décidé de mettre de l'avant.
M. Arseneau : Mais, si on veut
transposer la formule du tribunal administratif du travail au tribunal
administratif du logement, c'est, j'imagine, qu'on constate que ça fonctionne
au tribunal administratif du travail. Tout à l'heure, j'ai demandé s'il y avait
des chiffres à savoir s'il y avait des gens qu'on pouvait... qui faisaient
affaire à des mandataires et qui avaient à faire un débat dans le débat, dans le
procès, on me dit qu'on n'a pas de chiffres. Est-ce qu'on peut avoir des
chiffres qui nous démontrent que ça marche dans le tribunal administratif du
travail? Est-ce que les pourcentages de recours, par exemple, aux avocats
versus aux mandataires versus se représenter soi-même, est-ce que ça a évolué?
Est-ce que c'est une tendance qu'on veut... vers laquelle on veut se tourner,
c'est-à-dire que les gens n'aillent plus se représenter eux-mêmes, mais qu'à
20 % ils aillent un avocat, puis à 80 %, ils se fassent représenter
par quelqu'un d'autre qu'on va pouvoir rémunérer?
Tu sais, je veux juste comprendre vers où
on s'en va. On essaie de faire de la prospective, comme législateurs, pour voir
qu'est-ce que ça va donner, cette flexibilité-là. Parce que là, on parle d'une
harmonisation, mais on n'est pas dans le même domaine, là. Tout comme mon
collègue de Laurier-Dorion l'a dit, dans le monde du travail, il y a des gens
qui représentent à la fois les travailleurs puis à la fois les employeurs.
Dans...
M. Arseneau : ...le cas où on
est à loyer, puis qu'on va devant le tribunal administratif du logement, bien
souvent, bien, on est obligé de se défendre soi-même face à un locateur qui lui
a peut-être davantage les moyens de se faire représenter par un avocat ou par
un autre mandataire qu'il paierait un peu moins cher puis qui va faire le même
travail. Ça fait que je veux juste savoir où on s'en va avec ça. Est-ce que...
Puisqu'on fait un copier-coller d'une autre loi, est-ce qu'on peut dire ce que
ça donne... Quels sont les avantages pour le tribunal administratif du travail,
qui pourraient être transposés, qui pourraient être appuyés par nous tous,
législateurs, comme étant quelque chose de vraiment, là, avant-gardiste et puis
qui donne des résultats pour tout le monde et les deux parties, surtout de
façon équitable?
Mme Duranceau : Oui, bien,
écoutez...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Là, je fais
le parallèle avec le tribunal administratif du travail au niveau de la
rédaction parce que le député de Laurier-Dorion, là, sous-entendait peut-être
que j'étais innovante pour une partie plutôt que l'autre, là, dans cette façon
de faire là. Ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas du tout innovante.
Je reprends un libellé qui est déjà existant. Ça fait que c'est pour ça que je
fais le parallèle avec le Tribunal administratif du travail. Par ailleurs,
puisqu'on en parle, la division des normes du travail, les employés ne sont pas
syndiqués, ça fait qu'ils ne sont pas représentés par un syndicat. Donc, c'est
comparable aux locataires à certains égards ou aux locateurs. Mais là, c'est le
plus loin que je peux aller dans la comparaison, là. Puis j'ai... les chiffres
dont vous parlez, je ne les ai pas, là. Donc, le parallèle, il est fait au
niveau du libellé, pour dire de quoi on s'est inspiré puis qu'on ne va pas plus
loin. Et c'est dans un esprit de souplesse. C'est juste ça que je maintiens,
prétends et répète. C'est dans un esprit de souplesse pour toutes les parties.
Ça fait que ça va... Ça fait en sorte que du côté locataire, ça peut être ton
beau-frère qui te représente, puis c'est correct, puis il n'y a pas de débat à
faire s'il est réellement ton beau-frère, ton allié, ton ami. Puis, du côté
propriétaire, bien, ça sera qui ça sera. Puis ce n'est pas parce qu'un est
représenté par quelqu'un rémunéré ou pas, que l'autre est moins bien servi.
D'une part, si, dans un cas, c'est le locataire qui n'est pas représenté par
quelqu'un, bien, clairement, il connaît sa preuve, parce qu'il est là pour
défendre son cas.
Puis, par ailleurs, il faut rappeler que
le tribunal, on l'a mentionné tantôt, le membre du tribunal, le juge apporte à
chacun un secours équitable et impartial dans la façon de faire, là, à paraître
le droit puis en assurer la sanction. Alors, là aussi, ça demeure devant le
tribunal, le juge ne va pas laisser une des deux parties s'enliser s'il sent
qu'il manque de notions. Donc, ça, il faut croire en nos tribunaux puis comment
il fonctionne aussi. Alors là, encore là, souplesse, c'est ce que je viens
proposer.
M. Arseneau : Donc, si on
veut résumer, on s'inspire d'une règle qui est déjà applicable au tribunal
administratif du travail. Puis, si je regarde, je pense que ça date de 2015, si
je regarde le moment où l'article a été modifié. L'article 28, je pense...
non, 20? 20. Mais on essaie juste de savoir, en fait, c'est la question très,
très candide : En quoi est-ce que c'est mieux si on a cette
flexibilité-là? On dit : Il n'y a personne particulièrement qui a demandé
la flexibilité. Nous, on a pensé que c'était une bonne idée. De quoi vous
inspirez-vous? On s'inspire du tribunal administratif du travail. Avez-vous des
données probantes qui nous permettent de dire que c'est mieux? On dit :
Non. Alors, c'est pour ça que l'explication est un peu courte.
• (17 heures) •
Et, moi, la question, c'est : Est-ce
qu'on est en train de créer une autre catégorie de représentation, moins
dispendieuse que l'avocat, mais quand même rémunérée? Donc, on est en train de
créer la business de la représentation par mandataire, à laquelle on peut
supposer que les locateurs aient davantage accès parce qu'ils ont davantage les
moyens que les locataires. Et est-ce que c'est une bonne idée à ce moment-là?
Parce qu'on peut imaginer... est-ce qu'on peut imaginer? Est-ce que vous avez
peut-être, en termes d'anticipation, imaginé qu'on aurait davantage de recours
au Tribunal administratif du travail... du logement, si on peut davantage avoir
recours à des mandataires qui ne sont pas des avocats, qui vont commander
probablement un salaire horaire plus important, mais qu'en même temps on n'a
pas à se déplacer nous même? Est-ce que c'est possible que cette mesure-là crée
une série de contestations ou des contestations plus nombreuses? Parce qu'il
sera plus facile de se faire représenter par une personne qui n'est pas un
avocat, mais qui est un mandataire rémunéré.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien, je ne
pense pas, là, que ça crée un plus grand nombre de contestations, là, je veux
dire c'est du temps quand même, là, puis il faut faut le préparer qu'on envoie
quelqu'un pour...
17 h (version non révisée)
Mme Duranceau : ...soit... tu
sais, comme j'ai dit tantôt, ce n'est pas parce que quelqu'un te représente qu'il
va inventer de la preuve, là, il faut quand même le préparer puis... Alors, je
pense qu'il faut voir au-delà de ça. Encore une fois, 80 % des gens se
représentent eux-mêmes.
M. Arseneau : C'est ça, mais,
à partir du moment où ils n'ont pas à se représenter eux-mêmes puis qui peuvent
mandater une tierce partie sans avoir à payer les frais d'un avocat, à ce
moment-là, ils sauvent du temps, ils paient un peu plus cher, mais pas le prix
d'un avocat, donc ça devient plus facile d'avoir recours au tribunal sans avoir
à se déplacer.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Écoutez, vous
pouvez...
M. Arseneau : C'est plus
économique.
Mme Duranceau : ...vous
pouvez soutenir ça, là, moi, je ne le pense pas.
M. Arseneau : Bien, en fait,
c'est une hypothèse. Est-ce qu'on a mesuré ça? Non?
Mme Duranceau : Bien...
M. Arseneau : Parce que ça,
la flexibilité permettrait justement de multiplier les recours sans avoir à se
déplacer. C'est peut-être ça qui est sous-jacent, là, au questionnement de mon
collègue, questionnement que je partage, évidemment. Puis on peut penser que c'est
davantage les locateurs que les locataires qui le font, là, pour justement...
Mme Duranceau : Je pense,
personne ne veut y aller, devant le TAL, autant que possible, là, tu sais. Ça
fait que je pense, ça, c'est une bonne... ça aussi, c'est une bonne hypothèse.
M. Arseneau : Dans l'absolu,
on peut dire que tout le monde est pour la vertu, oui. Dans la réalité, à
combien de cas par année vous vous disiez 78 000? C'est des gens qui préféreraient,
j'imagine, ne pas aller au Tribunal administratif du logement, mais ils y vont
quand même.
Le Président (M. Schneeberger) : D'autres
questions? Ça va. Alors, s'il n'y a pas d'autre question, nous allons procéder
au vote sur l'amendement de l'article 29. Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Fontecilla : Par appel
nominal, M....
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous revenons à l'article 29 tel
quel. S'il n'y a pas d'autre questionnement, nous allons passer au vote. Alors,
est-ce que l'article 29 est adopté?
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Pour.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Pour.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Contre.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est adopté. Alors, nous poursuivrons maintenant sur l'article 30.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Alors :
L'article 74 de cette loi est modifié par le remplacement du premier
alinéa par le suivant :
«Si une partie est représentée par un
mandataire ou autre qu'un avocat, ce mandataire doit fournir au tribunal un
mandat écrit, signé par la personne qu'il représente.»
Alors : L'article 30 du projet
de loi modifierait l'article 74 de la Loi sur le Tribunal administratif du
logement en concordance avec l'article 72 de cette même loi, tel que
modifié par l'article 29 du projet de loi, afin de prévoir que le
mandataire, autre qu'un avocat, doit fournir au TAL un mandat, écrit signé par
la personne qu'il représente.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce que nous avons des questions sur l'article 30?
S'il n'y a pas de question, à ce moment-là, nous allons passer aux voix. Est-ce
que l'article 30 est adopté? Adopté?
M. Fontecilla : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je me pose
une question. Justement, dans... la partie biffée mentionne notamment que ce
mandat doit être gratuit, là, n'est-ce pas? La question se pose : Pourquoi
la ministre de l'Habition enlève la gratuité, pour plus de souplesse? Est-ce
que ça, ça a des conséquences importantes sur beaucoup de locataires à très
faibles revenus? Donc, d'une partie, on peut... on vient d'adopter un article
qui permet la rémunération et maintenant on dit qu'on a enlevé l'obligation que
ce soit gratuit, donc ça va être pour...
M. Fontecilla : ...du temps,
ça va être rémunéré, donc ça désavantage carrément les locataires. C'est la
conclusion que j'en retire. N'est-ce pas, Mme la ministre?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui, bien, je
ne suis pas d'accord avec votre conclusion. Si tu veux que ce soit gratuit, ce
sera gratuit. Si tu veux rémunérer ton mandataire, tu vas rémunérer ton
mandataire. Puis ça peut faire partie de la rémunération du mandataire, par
ailleurs, qui fait d'autres choses pour toi, qui est le concierge la semaine,
ça dépend des cas, mais il n'y a pas... Encore là, la même souplesse est offerte
de part et d'autre.
M. Fontecilla : Est-ce que
Mme la ministre de l'Habitation ne craint-elle pas qu'il y ait une, comment
dire, une situation qui se généralise dans le sens où les mandats gratuits
commencent à disparaître et les mandats rémunérés... parce qu'on l'a entendu
tantôt, il va y avoir tout un... je pense qu'elle a même utilisé le terme
«écosystème», je n'en suis pas... tout un... plusieurs organismes qui vont être
créés, qui vont faire de la représentation. Évidemment, de façon générale, les
gens ne travaillent pas pour rien, donc ils vont demander des tarifs. Donc, il
va y avoir une généralisation des mandataires payés. Et si un locataire veut
avoir, s'il n'a pas un bon ami, un beau-frère, le concierge de son bâtiment ne
veut pas le représenter parce qu'il représente déjà son patron qui est le
locateur, s'il n'y a personne, la personne, le locataire qui ne veut pas se
faire... qui veut... qui ne se sent pas sûr de lui ou sûre d'elle, pourrait
être représenté... pour se représenter au TAL, est-ce que, de plus en plus, il
va y avoir l'obligation de payer pour se faire représenter au TAL?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
M. Fontecilla : Dans d'autres
mots, est-ce qu'il y aura... ne craint-elle pas qu'il va y avoir une
marchandisation poussée des mandats de représentation au détriment des
locataires?
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je ne crains pas ça, là. Ce que je dis, c'est qu'il y a la même
souplesse offerte de part et d'autre. Tu peux décider de rémunérer ton
mandataire, tu peux décider de ne pas le rémunérer et, vice versa, il peut
décider de demander une rémunération ou pas. Tu peux choisir de rembourser ses
frais de déplacement. Tu peux... je veux dire, on laisse les gens décider de comment
les choses vont fonctionner, puis je pense que ce n'est pas une mauvaise chose
qu'il y ait cette souplesse-là.
M. Fontecilla : ...Mme la
ministre, si je suis moi... dans une affaire de justice pénale, moi aussi je
peux choisir de me représenter moi-même, ça existe, oui, ça existe, on le voit
à quelques reprises dans l'actualité. Heureusement, ce n'est pas répandu parce
que les conséquences sont très lourdes. Mais je suis en... si je choisis de me
représenter moi-même, en n'étant pas avocat, n'ayant pas les connaissances
juridiques, je suis nettement désavantagé par rapport à la, encore une fois, la
partie adverse qui se fait représenter par un avocat qui connaît les rouages de
la loi, etc. Donc, oui, on peut choisir de ne pas se faire représenter, mais
si... de façon de plus en plus systématique, puis d'après les chiffres donnés
tantôt par Me Simard, président du Tribunal administratif du logement, il y a
une tendance quand même qui se dégage, là, à se faire représenter de plus en
plus souvent au Tribunal administratif du logement. Est-ce que ça va
s'accélérer ou pas? Mais la tendance, à travers les années, d'après ce que je
réussis à comprendre des chiffres qui ont été donnés, il y a une tendance à se
faire représenter par un avocat.
• (17 h 10) •
Donc, il va y arriver, à un moment donné,
à plus ou moins brève échéance, la situation où le locataire va se dire :
Si je ne suis pas représenté à la Régie du logement par un spécialiste, bien,
j'ai toutes les chances de perdre parce que la partie adverse, elle, elle se
fait représenter par une partie qui a une expertise certaine, là.
D'autre part, je vous rappelle que cette
formulation-là à l'article 74, «ce mandat doit être gratuit», existe
depuis la création de la Régie du logement en 1980, là. Est-ce qu'elle a eu
accès à des...
M. Fontecilla : ...des études,
elle a commandé des recherches qui nous disent que cet aspect de gratuité doit
être enlevé, un principe qui existe depuis... faisons le décompte, depuis 43
ans, depuis la création de la Régie du logement, là. C'est un changement majeur
que vous êtes en train d'effectuer, Mme la ministre, d'enlever l'obligation de
la gratuité de la représentation.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Écoutez,
encore une fois, je répète, là, de part et d'autre, les gens peuvent choisir
d'être représentés ou pas, de payer ou pas. On donne toute la souplesse à
toutes les parties. Et puis, au risque de me répéter, quand on regarde le
Tribunal administratif du travail, on a la même notion, il n'y a pas de
référence à un mandat gratuit ou pas gratuit. Les partis choisissent d'être
représentées ou pas.
M. Fontecilla : Encore une
fois, M. le Président...
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : ...on a la
liberté de choisir si je me fais représenter ou pas, sauf que cette liberté
repose, si l'amendement est accepté... si l'article 30 est adopté, cette
liberté repose sur la présence ou non de moyens financiers. Si je n'ai pas les
moyens financiers pour me faire représenter, comme on dit, là, bien, voilà, je
ne me fais pas représenter, je suis nettement désavantagé, là, par la partie
adverse, qui, elle, va se faire représenter par des spécialistes qui ne vont pas
demander des pinottes, hein, qui ne vont pas être au salaire minimum, là, qui
vont demander quand même une rémunération conséquente en échange de
l'utilisation de leur expertise, là.
Donc, en quelque sorte, la ministre vient
d'introduire un autre élément d'iniquité des locataires face à des locateurs
qui ont les moyens. Et ce n'est pas... je n'inclus pas tous les... il y a
beaucoup de locateurs qui n'ont pas les moyens non plus, mais il y a des
locateurs, surtout lorsqu'il s'agit des personnes morales, des compagnies qui
possèdent beaucoup d'argent, qui vont avoir la liberté de... parce qu'ils ont
les moyens de se faire représenter et avoir un avantage sur la partie qui n'a
pas les moyens de se faire représenter. Un locataire qui est sur l'aide sociale,
Mme la ministre, n'a pas les moyens de se faire... de payer pour de la
représentation. Si cette personne-là qui vit de l'aide sociale n'a pas un ami
qui veut le représenter, n'a pas accès à un organisme, un comité logement, qui
n'a pas les moyens, de toute façon, de représenter, bien, cette personne sur
l'aide sociale, dans un litige au Tribunal administratif du logement, devant
son propriétaire, un locateur qui est représenté par un expert... bien, la
situation, le déséquilibre est flagrant, là, est flagrant, dans ce cas-ci.
Mme Duranceau : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Allez-y,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : La situation
du locataire, c'est la situation du locataire, puis la situation du locateur,
c'est celle du locateur. Là, il ne faut pas tout mélanger, là. Un locataire sur
l'aide sociale, il est représenté par l'aide juridique, s'il le demande, là,
alors... Puis comment chacun se représente, c'est son affaire, selon sa
situation, selon comment il se sent ce jour-là, selon qui il veut envoyer,
selon en qui il a confiance. Ça fait que, je pense, il faut arrêter de relier
toujours un contre l'autre, là. Un propriétaire, actuellement, qui dit :
Moi, j'envoie mon avocat, ça ne me dérange pas, combien ça coûte, bien, ça ne
change rien à la situation de notre locataire sur l'aide juridique ou sur le
locataire qui n'a pas accès à un groupe de comité de logement. La situation,
elle n'a pas changé. Donc là, on vient mettre de la souplesse. Même traitement
pour tout le monde. Il faut arrêter de le voir juste d'une façon.
Puis par ailleurs je pense qu'il faut
aussi donner un peu de crédit au tribunal, là, puis au juge qui entendent ça
puis que... S'ils voient qu'il y a un déséquilibre entre les parties puis qu'il
y a une des deux parties qui n'est pas équipée comme l'autre d'un point de vue
juridique, le tribunal a le devoir d'intervenir pour l'équité. Donc, il y a
quand même un système de justice qui fonctionne, là, au Québec. Bien, il faut y
croire, puis, comme je vous dis, je sais que... C'est correct, de soulever
toutes les possibilités possibles puis toutes les failles possibles, mais là je
pense qu'on le voit trop juste d'un angle.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Heureusement,
M. le Président, qu'il existe un Tribunal administratif du logement qui a des
membres, des juges...
M. Fontecilla : ...ont
l'obligation d'essayer d'équilibrer les forces en présence en termes de
procédure et juridique, là. Mais il demeure quand même qu'en termes de...
l'autre partie d'un procès, c'est-à-dire la capacité de se faire représenter,
on on vient de consacrer un déséquilibre assez important, là, entre... Je
maintiens mon point de vue, là. Oui, le juge est là, et j'ai confiance que les
juges font leur travail, essaient, tant bien que mal, d'équilibrer les forces
en présence en termes de connaissance des procédures et de présentation de la
preuve, etc. Mais il demeure qu'à la base, là, à l'entrée, là, en termes de
représentation, là, de mes intérêts, bien, la ministre, en enlevant la gratuité
de la représentation, est en train d'accentuer le déséquilibre fondamental
entre locateurs et locataires.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
s'il n'y a pas d'autre question, nous allons passer au vote. Est-ce que
l'article 30 est adopté?
M. Fontecilla : Appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal. Allez-y.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Duranceau (Bertrand)?
Mme Duranceau : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Pour.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Pour.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Excusez-moi,
excusez-moi. Sur quel article...
Le Président (M. Schneeberger) : L'article
30.
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Contre.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond―Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Absention.
Alors, l'article est adopté. Nous allons maintenant au niveau de l'article 37.
Mme Duranceau : Alors,
modification corrélative à l'article 37. Ce sont les règles transitoires, si je
me souviens bien. C'est ça, mais il y a un amendement. Mais je lis
l'amendement.
Une voix : ...
Mme Duranceau : O.K. Je lis
l'article. Donc : «Les dispositions des articles 63, 72 et 74 de la Loi
sur le tribunal administratif du logement, telles qu'elles se lisaient le
(indiquer ici la date qui précède celle de la sanction de la présente loi),
continuent de s'appliquer à toute demande présentée avant le (donc la date de
la présente loi... la sanction de la présente loi).»
Ça fait que l'article 37 du projet de loi
est une mesure transitoire liée aux modifications proposées aux articles 63,
72, 74 de la Loi sur le Tribunal administratif du logement par les articles 28,
29, 30 du projet de loi. L'article aurait pour effet de permettre à toute
demande présentée au TAL, avant la date d'entrée en vigueur de la loi, de
demeurer régie par l'ancienne loi.
Et il y a un amendement, M. le Président,
où on remplace... Encore là, ce n'était pas une réécriture de la loi, on est
juste venu remplacer ici, dans l'article 37 du projet de loi, le mot
«présentée» par «introduite». Oui. Donc, cet amendement propose d'apporter, à
l'article 37 du projet de loi, un ajustement de terminologie en remplaçant
«présentée» par «introduite».
• (17 h 20) •
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, premièrement, on va passer... s'il y a des questions sur l'amendement
proposé. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, j'aurais
besoin d'une pause physique pendant quelques minutes.
Le Président (M. Schneeberger) : On
appelle ça, une pause santé. Voilà.
M. Fontecilla : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
on va faire une pause santé de quelques minutes. Voilà.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
(Reprise à 17 h 31)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux...
17 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, nous en... nous étions à l'article... à l'amendement de l'article 37.
Alors, nous y étions prêts à passer au vote de l'amendement. Est-ce que l'amendement
de l'article 37 est adopté?
Mme Dufour : ...
Le Président (M. Schneeberger) :
Pardon?
Mme Dufour : On n'a même
pas eu le temps de poser des questions sur l'amendement.
Le Président (M. Schneeberger) :
Vous l'avez ici. Alors, s'il y a des questions, il n'y a pas de problème.
Vous pouvez juste me le dire.
Mme Dufour : C'est juste
pour comprendre la différence...
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, allez-y, Mme la députée de Mille-Îles pour la question.
Mme Dufour : Merci, M.
le Président. Juste comprendre la différence au niveau d'une... d'une demande
au tribunal, dans le fond, qui est qu'est-ce que... C'est quoi la différence
entre présentée puis introduite? Simplement comprendre la distinction légale
pour le tribunal.
Le Président (M. Schneeberger) :
Mme... Ah! M.... Me Simard, pardon.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, c'est uniquement le vocabulaire employé partout dans la
loi. Au total, on ne présente pas une demande, on introduit une demande
simplement. Le fait de présenter une demande devant les tribunaux judiciaires,
c'est juste pour uniformiser la loi parce que c'est un concept qui n'existe
pas.
Mme Dufour : O.K. Je
comprends. Je comprends. Puis là pour préciser, dans le fond, encore une fois,
parce qu'on l'avait fait hier, là, on avait parlé, là, ou hier, ou à matin, je
ne sais plus à quel moment, mais bref, ce que je comprends, c'est que les
causes qui sont introduites entre la... avant la sanction de la loi, donc, vont
être sur l'ancien régime. Donc, ça veut dire que les gens vont devoir se...
vont devoir suivre, dans le fond, à titre gratuit, et tout ça, là, d'être
représenté, ce qu'on a discuté juste avant, les amendements précédents... les
articles précédents plutôt, et donc... Et on avait parlé que ça prenait environ
deux mois, les délais moyens d'une cause, là. Donc, d'ici le début de l'année
prochaine, toutes les nouvelles causes seraient probablement, s'il était... si
c'est sanctionné, serait sous le nouveau régime. C'est bien ça?
Le Président (M. Schneeberger) :
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Alors,
ce que ça dit, effectivement, c'est que toutes les demandes déjà introduites
fonctionnent avec les règles déjà connues. Les nouvelles demandes introduites
vont faire l'objet des nouvelles règles, effectivement. Il s'agit de voir,
maintenant, est-ce qu'on sera rendu en début d'année ou un peu plus tard, là? C'est
autre chose.
Mme Dufour : Ça fait que
ça veut dire qu'il va y avoir dans la même salle, peut-être, des causes où les
gens pourraient être représentés par un avocat qui serait choisi et, dans un
autre cas, ça devrait être à titre gratuit et quelqu'un de bénévole. C'est ce
que je comprends.
Le Président (M. Schneeberger) :
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui,
comme dans toute tout autre matière ou est-ce que les lois, à un moment donné,
prennent effet un peu plus tard, on se retrouve avec des règles différentes à
appliquer. Alors, la réponse à ça, c'est oui. Effectivement.
Mme Dufour : Par
curiosité, comment on peut faire la différence quand la cause se présente à
vous comme juge? Comment vous faites... vous savez que c'est à titre gratuit ou
pas que la personne est représentée?
M. Simard (Patrick) : Alors...
Bien, pour savoir à partir de quel moment, bien, on regarde la date de l'introduction
de la demande. Mais je pense que votre question visait davantage, comment on
fait pour savoir si le mandat était gratuit ou pas? Alors, c'est des questions
que les juges vont poser, tout simplement. Mais généralement ça fait l'objet d'un
débat lorsque les parties veulent amener ce débat-là, mais le juge peut poser
cette question-là en toute liberté.
Mme Dufour : Parfait.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
...comme ça? Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autre question sur l'amendement,
est-ce que l'amendement de l'article 37 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) :
Adopté. Parfait. Alors, maintenant, nous en sommes à l'article 37 tel
qu'amendé. Est-ce que l'article 37 tel qu'amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) :
Adopté. Alors maintenant, nous en sommes, Mme la ministre, à l'article 27.
Mme Duranceau : Oui.
Alors, l'article 27. Donc, il y a un amendement aussi. Je vais commencer
par l'article initial. Donc l'article 28 de cette loi est modifié par l'ajout,
à la fin, de l'alinéa suivant :
«Malgré le paragraphe 1° du premier
alinéa, le Tribunal administratif du logement peut connaître... peut connaître
en première instance toute demande relative à une ordonnance visée aux articles
1863, 1867, 1917, 1918 du Code civil, dont la valeur dépasse le montant de la
limite monétaire supérieure de compétence concurrente de la Cour du Québec.»
Alors, qu'est ce que ça veut dire tout ça?
L'article 27 du projet de loi modifierait l'article 28 de la Loi sur
le tribunal administratif du logement afin de permettre au TAL de rendre les
ordonnances prévues aux articles 1863, 1867, 1917, 1918 du Code civil, dont les
coûts dépassent le plafond de la compétence monétaire de la Cour du Québec,
laquelle est établie à 100 000 $. Donc, l'objectif poursuivi, c'est
que le TAL...
Mme Duranceau : ...C'est
d'éviter que certaines demandes d'ordonnance qui dépassent le seuil de
compétence monétaire du TAL, donc le seuil de 100 000 $, doivent être
référées ou demandées à la Cour supérieure.
Alors, donc là, je peux peut-être donner
d'autres détails. Le TAL exerce une compétence exclusive à l'égard de toute
demande relative à un bail de logement lorsque la somme demandée ou la valeur
de la chose réclamée ou de l'intérêt du demandeur est inférieure à
100 000 $. Lorsque le TAL est saisi d'une demande d'ordonnance
d'exécution en nature, la valeur de ses travaux peut facilement excéder cette
limite monétaire. Le TAL est alors contraint de décliner sa compétence, puis le
demandeur doit alors exercer un recours plus coûteux et complexe devant la Cour
supérieure. Alors, pour éviter ça, on permettrait au TAL de rendre toute
ordonnance afin que les parties d'une entente exécutent les obligations qui y
sont prévues, et ce, sans égard au plafond de sa compétence monétaire. Cette
habilitation s'exercerait concurremment à celle de la Cour supérieure. Donc,
exemple, un locataire pourrait s'adresser au TAL afin qu'un locateur exécute
des réparations ou des améliorations prévues au bail, même si les coûts des
travaux atteignent ou excèdent 100 000 $. Donc, on donne au TAL, on
permet au TAL d'exercer sa compétence jusqu'au bout, peu importe le chiffre qui
est en cause, là, au niveau monétaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce que nous avons des questions sur l'amendement? Mme la députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Je
vais peut-être juste souligner qu'on a eu quelques groupes qui en ont... Qui
ont commenté cet article-là, là, dans des mémoires, et c'était positif, là. Tu
sais, c'était, disons, plusieurs horizons, là, et cette modification-là, là,
autant les groupes de protection des locataires que M. Searle, notamment,
là, qui avait commenté aussi, appuyaient cette cette modification-là. Donc, ça
semble être un changement, là, qui est unanimement bien reçu, donc, pour moi,
ça me va.
Mme Duranceau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
c'est parce que... Oui. Mme la ministre, juste, peut-être... j'ai comme... ou
je suis trop rapide?
Mme Duranceau : Non,
non, pas du tout.
Le Président (M. Schneeberger) : Mais
est-ce que vous avez lu l'amendement ou...
Mme Duranceau : Non.
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
c'est ça, hein?
Mme Duranceau : C'est ça
que je viens de...
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parce que là, moi, étant donné qu'on parle de l'amendement avant tout, pour les
questions, parce que, vu qu'il y a un amendement, vous devez lire par la suite
l'amendement, alors, moi, j'ai commis une erreur de demander s'il y avait une
question sur l'amendement et il n'a pas été lu. Alors, je vous demanderais de
le lire.
Mme Duranceau : Mais le
commentaire qui a été fait demeurera pertinent. L'amendement vient ajouter
quelque chose, vous allez voir. Donc, je vais lire l'amendement. Donc,
l'article 27 : Remplacer l'article 27 du projet de loi par le
suivant, puis là, on ne remplace pas complet, on ajoute :
«L'article 28 de cette loi est
modifié par l'ajout, à la fin, des alinéas suivants :
«Aux fins du paragraphe un du premier
alinéa, lorsque plusieurs demandeurs se joignent ou sont représentés par une
même personne dans une même demande, le tribunal administratif du logement est
compétent s'il peut connaître des demandes de chacun.».
• (17 h 40) •
Puis là, on revient avec le paragraphe de
tantôt. «Malgré le paragraphe un du présent... Du premier alinéa, le tribunal
administratif du logement peut connaître en première instance toute demande
relative à une ordonnance ou une autorisation visée aux articles 1863, 1867,
1917, 1918 du Code civil dont la valeur dépasse le montant de la limite
monétaire supérieure de compétence concurrente de la Cour du Québec.».
Donc, cet amendement propose de modifier
l'article 27 du projet de loi modifiant l'article 28 de la Loi sur le
tribunal administratif du logement afin de permettre au TAL de rendre les
ordonnances d'exécution en nature prévues aux articles 1863, 1867, 1917, 1918
du Code civil, dont la valeur dépasse le plafond de la compétence monétaire de
la Cour du Québec, laquelle est établie à 100 000 $.
Il prévoit également que lorsque plusieurs
demandeurs se joignent ou sont représentés par une même personne dans une même
demande, le TAL est compétent dans la mesure où le montant de chacune des
demandes prises individuellement ne dépasse pas 100 000 $. Voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Alors, maintenant, on peut y aller pour le
questionnement sur l'amendement. Alors, Mme la députée de Mille-ÎIes.
Mme Dufour : Merci, M.
le Président. Donc, on comprend que, dans un cas où il y aurait par exemple 30,
une trentaine de locataires, là, ça pourrait monter à presque...
Mme Dufour : ...3 millions,
là, la demande, mais que ce serait... ça respecterait l'article de la loi, là.
C'est... est-ce que je comprends bien? En autant qu'individuellement, ce soit
99 000... Bien, en fait, on dit : Ne dépasse pas 100 000, donc ça peut se
rendre jusqu'à 100 000, mais pas 100 001. C'est bien ça?
Mme Duranceau : Oui, c'est
bien ça.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
D'autres questions?
Mme Dufour : Ici, on n'avait
pas fait l'amendement, est-ce qu'à ce moment-là ça aurait compliqué les
requêtes communes? Oui.
Mme Duranceau : ...en Cour
supérieure.
Mme Dufour : O.K., O.K.,
c'est ça, parce que c'était déjà prévu ailleurs dans la loi sur le TAL, les
requêtes communes, mais là on aurait atteint le maximum et donc ça n'aurait pas
pu être traité au TAL.
Mme Duranceau : C'est ça.
Mme Dufour : Ça fait que ça
va occuper davantage le TAL.
Mme Duranceau : Potentiellement,
par contre, c'est une meilleure accessibilité à la justice parce qu'au moins on
est devant un tribunal où tu peux aller te représenter toi même, où ça peut
être plus simple. Donc, c'est, ça, c'est ça. Donc, c'est l'idée.
Mme Dufour : Parfait. Donc,
ça va rendre... parce que le micro était fermé, je veux juste dire : Ça va
être plus accessible pour tout le monde, l'accès à la justice, parfait. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, d'autres questions? Ça va comme ça. Alors, s'il n'y a pas d'autre
question, nous allons... Oui.
M. Fontecilla : J'aurais une
question, là. L'article 1863 fait allusion en particulier à des dommages
et intérêts. Ça va permettre de mieux comprendre l'ensemble de l'amendement et
de l'article. Donc, 1863, là, c'est : « L'inexécution
d'une obligation par l'une des parties confère à l'autre le droit de demander
autres de dommages et intérêts. »
J'aimerais savoir quelle est l'obligation découlant de 1863, là, s'il vous
plait, là, Mme la ministre.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce que... Si maître...
Mme Duranceau : Je vais
laisser...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, Me Simard. Question technique.
M. Simard (Patrick) : Alors,
l'un des deux cas, là, qui pourrait être révisé par 1863, je pense c'est bien
de le relire, là : « L'inexécution
d'une obligation », donc,
c'est donc dire que j'ai l'obligation, comme locateur, de maintenir le logement
en bon état. La toiture coule et je ne répare pas. Le locataire peut demander
au tribunal une ordonnance d'exécution de travaux. Sans la mesure,
actuellement, en raison d'une décision, notamment des tribunaux supérieurs, là,
qui ont restreint notre pouvoir d'intervention, il s'agirait que... de me
dire : Bien, pour que la toiture arrête de couler, je dois la remplacer,
et ça va coûter évidemment plus de 100 000 $ parce que c'est un grand
immeuble. Le tribunal ne peut plus rien faire dès lors que cette
présentation-là nous est faite. Alors, ça nous restreint dans les interventions
que l'on peut faire, donc, dans la suite qu'on peut donner aux demandes qui
nous sont présentées pour exécuter des travaux, particulièrement pour l'état du
logement.
M. Fontecilla : Très bien, et
dans le cas de 1867?
Le Président (M. Schneeberger) : Maître
Simard.
M. Fontecilla : ...c'est une
situation qui...
M. Simard (Patrick) : Ah! je
m'excuse, oui, je vous ai parlé de 1867.
M. Fontecilla : Ah bon! O.K.
M. Simard (Patrick) : Je vous
ai parlé de 1867. 1863, c'est notamment, bon, la diminution de loyer, mais là,
on vient la capter avec l'amendement d'aujourd'hui. Si... prenons un cas, là,
où est-ce que... dans une RPA, les loyers sont assez élevés, on s'entendra, à
cause des services qui sont au bénéfice du locataire. Alors, si j'ai quelques
personnes qui se joignent dans une demande conjointe ou quelques personnes qui
se joignent tout simplement dans une demande à titre de co-demandeur, là, c'est
facile d'arriver à dépasser la compétence supérieure du TAL. Il s'agirait
d'être cinq personnes à demander une diminution de loyer qui pourrait valoir
2 000 $ pour que, déjà, le TAL puisse... voit sa compétence passer à la Cour
supérieure. Si je demande... par six locataires, 2 000 $ de réduction
pendant un an, bien, 2000 $, ça fait 24 000 $ par personne, si on est
six, le TAL ne peut plus rien faire, juste parce que les gens se sont mis
ensemble pour faire une même demande.
M. Fontecilla : Et la limite
du TAL, c'est combien.?
M. Simard (Patrick) : 100.
M. Fontecilla : Mais là
c'est... là, je n'ai pas compris le calcul que vous avez dit. Chaque locataire,
il y en a cinq, demande... Il y en a six, demande, 2 000 $ de réduction du
loyer.
M. Simard (Patrick) : Un an.
M. Fontecilla : Un an. Donc,
si...
M. Fontecilla : ...ça fait six
fois 12.
Mme Duranceau : Six fois 12,
fois 12.
M. Fontecilla : Parfait.
Mme Duranceau : Bien, six
fois 12, fois 12...
M. Fontecilla : Je comprends.
Mais, puisqu'on est si bien parti, M. le président du... allons-y pour les
autres. 1917, il faut bien comprendre de quoi il s'agit, hein?
Mme Duranceau : Non, non, bon
point. Vos questions sont pratico-pratiques, c'est bon.
M. Simard (Patrick) : C'est
toujours un plaisir, vous savez, de vous répondre. Alors, 1917 : «Le
tribunal peut, à l'occasion de tout litige au bail... relatif au bail, pardon,
déclarer, même d'office, qu'un logement est impropre à l'habitation. Il peut
alors statuer sur le loyer, fixer les conditions nécessaires à la protection
des droits du locataire et, le cas échéant, ordonner que le logement soit rendu
propre à l'habitation.»
Alors, la disposition qui vous est
présentée aujourd'hui permet de rendre une ordonnance pour rendre le logement
propre à l'habitation.
M. Fontecilla : Même si ça
dépasse... Est-ce que la notion du montant... comment c'est introduit ici?
M. Simard (Patrick) : Même si
les travaux requis pour rendre le logement propre à l'habitation dépassent
100 000 $.
M. Fontecilla : Parfait. Très
bien. Et le dernier? On vous fait travailler, Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Vous
voulez qu'on parle de 1918?
Des voix : ...
M. Simard (Patrick) : À quel
article vous voulez que je vous donne l'exemple?
M. Fontecilla : 1918. Est-ce
que je suis...
M. Simard (Patrick) : Alors,
1918 : «Le locataire peut requérir qu'il enjoigne les... ses obligations
relatives à l'état du logement lorsqu'une exécution risque de rendre le
logement impropre à l'habitation.»
Alors, même chose, c'est toujours dans le
cadre de travaux, là. Si l'inexécution des travaux risque... si l'inexécution,
oui, des travaux risque de rendre le logement impropre, on a revu la notion
ultérieurement, hier, là, sur la notion d'être impropre à l'habitation, alors
le tribunal peut rendre des ordonnances pour enjoindre le locateur à rendre le
logement propre à l'habitation ou le maintenir dans son état pour qu'il soit
propre à l'habitation. Alors, encore une fois, c'est le même exemple. Donc, le
temps n'est pas limité dans les ordonnances de travaux, juste du fait qu'on
puisse prétendre qu'ils sont de plus de 5 000 $.
M. Fontecilla : Quelle est la
différence entre 1918 et 1917? Il me semble que ça se ressemble pas mal. Il
doit y avoir sans doute une nuance fondamentale?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Alors,
oui. 1917, là, c'est lorsque le tribunal... On va le relise, vous allez voir,
on va le décanter après : «Le tribunal peut, à l'occasion de tout litige
au bail, déclarer, même d'office, qu'un logement est impropre.» Alors, ça,
c'est le pouvoir du tribunal. Sans que qui que ce soit l'énonce ou le requière,
le tribunal peut constater un logement impropre à l'habitation et le déclarer
comme tel, avec les conséquences prévues par la loi. Alors, on peut alors, à
cette occasion-là, lorsqu'on constate un logement impropre, statuer sur le
loyer, fixer les conditions pour protéger le locataire et, le cas échéant,
ordonner que le logement soit rendu propre. Alors là, je suis dans le cas où le
logement est impropre et j'interviens pour le rendre propre à l'habitation.
Alors que 18, 1918, c'est que le logement
est en voie de le devenir, alors «risque de rendre le logement impropre», donc
là, je suis en amont, je suis avant. Alors, à 17, 1917, je règle un problème
que je constate, et 1918, j'interviens par précaution, je dirais, là, pour
éviter que le logement devienne impropre. C'est la distinction dans le temps.
• (17 h 50) •
M. Fontecilla : Très bien. Je
reviens en... A-63, là. On parle de «l'inexécution de l'obligation confère à
l'autre le droit de demander...»
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député de Laurier-Dorion, je pense que Mme la ministre souhaiterait
intervenir sur vos questions.
M. Fontecilla : Ah! tout à
fait. J'ai hâte d'entendre.
Mme Duranceau : Ou, bien, je
comprends, là, on a énoncé ce que ça visait, dans un cumul de demandes qui
peuvent être faites. Le but de la modification, c'est vraiment, encore une
fois, de donner un meilleur accès à la justice, de permettre aux gens de
cumuler leurs demandes puis de rester à l'intérieur de la compétence du TAL
même si ces chiffres-là excèdent 100 000 $. Là, on a passé chacun des
articles du Code civil qui est visé par ça. Ça ne répond pas à la question?
Parce que, là, on ne va pas refaire le Code civil, là, au complet.
M. Fontecilla : Mme la
ministre, vous parlez de quatre articles du Code civil...
M. Fontecilla : ...connaître
la teneur de chacun. Et qu'est-ce que ça implique, ce changement?
Mme Duranceau : ...pas, on ne
les change pas, hein, on vient juste dire que, quand il y a une compensation
qui est offerte en vertu de ces articles-là...
M. Fontecilla : Tout à fait,
mais puisque le Code civil est relié par des fils invisibles et non... et très
visibles, là, dans ce cas-ci, là, oui, c'est important de bien connaître la
teneur, on ne fait que faire notre travail de parlementaire. Mais j'aimerais
mieux paraphraser votre intention, c'est de permettre à ces causes-là qui
dépassent, au fond, là, grosso modo, 100 000 $, de permettre que ce
soit traité et décidé par le Tribunal administratif du logement et ça nous
évite d'aller à en Cour supérieure, ce qui implique des démarches beaucoup plus
lourdes et coûteuses, là. Donc, la, comment dire, la garantie... On maintient,
on consolide l'accès à la justice dans le cadre du droit du logement, là? Est-ce
que je paraphrase bien, Mme la ministre?
Mme Duranceau : Oui.
M. Fontecilla : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autres questions, nous allons procéder au
vote sur l'amendement de l'article. Est-ce que l'article... l'amendement est
adopté?
Une voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Alors, maintenant, nous allons au niveau de l'article 27 tel qu'amendé.
Est-ce que l'article 27, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors, l'article est adopté. Je viens de recevoir un amendement sur...
qui porte le numéro de 27.1. Alors, j'imagine que c'est en lien avec... en
suite... sur article 27. Et c'est Mme la députée de Mille-Îles. Est-ce que
c'était un article qui avait déjà été déposé au préalable ou venez de l'avoir?
Mme Dufour : Non.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce que tout le monde l'a reçu ou en a besoin d'un temps de suspension pour
en prendre connaissance?
Mme Dufour : ...pendant...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui?
Mme Dufour : Il est à... en
train...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Je vais juste
l'expliquer. En fait...
M. Fontecilla : M. le
Président, on ne l'a pas reçu.
Mme Dufour : Mais il est à
l'écran. Mais je vais l'expliquer.
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
mais c'est pour ça... C'est pour ça quand je demandais une suspension. Mais
elle veut juste intervenir, puis on pourra suspendre par la suite.
M. Fontecilla : Parfait.
Mme Dufour : C'est ça.
Exactement. Je voulais juste expliquer, en fait, pourquoi cet amendement-là,
pourquoi il vient. En fait, c'est qu'on a adopté, dans le bloc I, les
indemnités en cas d'éviction au locataire, mais, en lisant la loi sur le TAL,
je me suis rendu compte qu'il y avait toute une section sur les démolitions de
logements et donc que ce n'est pas traité, ça, dans le Code civil, c'est traité
dans la loi sur le TAL, et il y a aussi une indemnité qui est prévue ici
lorsqu'il y a quelqu'un qui est évincé. Donc, mais l'article actuellement comme
on peut le lire, bien, c'est l'indemnité de trois mois de loyer et les frais de
déménagement.
Donc, ce que je viens proposer, dans le
fond, c'est d'être juste en concordance avec ce qu'on a adopté plus tôt et le
cas de figure qui est, dans le fond, une éviction, mais pour démolition. Alors,
pour moi, c'était difficile de comprendre... bien, pourquoi, en fait, une
éviction, disons, sans que l'immeuble soit démoli, on peut aller jusqu'à
24 mois de loyer, mais si on évince les gens pour que l'immeuble soit
démoli, là c'est trois mois de loyer.
Donc, on peut suspendre maintenant, là,
puis les gens pourront prendre le temps de le regarder, mais je fais juste
expliquer d'où ça vient, pourquoi c'est arrivé. Et voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 17 h 59)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, nous en étions à l'amendement proposé par la
députée de Mille-Îles, 27.1. Elle en a fait la... bien, pas la lecture, mais en
gros, alors je vais lui laisser faire la lecture officielle, et puis les
commentaires et questions suivront.
Mme Dufour : Excellent. Donc,
l'article 27.1, article 39 de la Loi sur le Tribunal administratif du
logement : Insérer, après l'article 27 du projet de loi, l'article
suivant :
27.1 Le premier alinéa de l'article 39 de
la Loi sur le tribunal administratif du logement est remplacé par le
suivant :
«Le locateur doit payer au locataire
évincé des frais raisonnables de déménagement ainsi qu'une indemnité
équivalente à un mois de loyer pour chaque année de location ininterrompue du
logement par le locataire, laquelle ne peut toutefois excéder un montant
représentant 24 mois de loyer ni être inférieur à un montant représentant trois
mois de loyer. Si le locataire considère que le préjudice qui est subi justifie
une indemnité plus élevée, il peut s'adresser au tribunal pour en faire fixer
le montant.»
• (18 heures) •
Et donc je vais répéter, dans le fond, ce
que j'ai dit juste avant qu'on suspende, là, c'est que c'est une question de
concordance avec, dans le fond, un article qu'on a adopté plus tôt, qui était,
dans le fond, l'article 3... 4, voilà, je vois des signes ici... l'article 4 du
projet de loi n° 31, qui venait préciser, là, l'indemnité accordée au
locataire en cas d'éviction. Et, comme je disais précédemment, on était à trois
mois de loyer, on l'a augmenté, mais ce cas de figure là, je ne sais pas
pourquoi, mais il n'avait pas été prévu dans l'article 4, et pourtant, ça
touche quand même des gens, puisque c'est dans la loi. Mais c'est dans la Loi
sur le TAL, c'est pour ça que je n'ai pas pu l'introduire lorsqu'on parlait du
Code civil, et que je l'introduis maintenant qu'on est dans la Loi sur le TAL.
Et j'aurais... c'est ça, j'ai pris connaissance de... en lisant la Loi sur le
TAL au complet, la preuve que je l'ai lue. Donc, c'est ça. Ça fait que
j'aimerais comprendre, là, pourquoi on ne l'avait pas fait à l'époque, quand on
a proposé l'article 4, puis... C'est ça, je vous...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
alors, c'est maître... M. Savoie qui va répondre. Allez-y.
M. Savoie (Jocelyn) : Simplement,
quand on a fait l'exercice pour les différentes dispositions, on s'était
concentrés sur le Code civil du Québec. Il faut comprendre que, dans le projet
de loi n° 69, on avait révisé l'ensemble des dispositions concernant les
règlements de construction... de démolition, je veux dire, et les articles
afférents, donc on n'était pas allés revisiter celui-ci, là, dans...
18 h (version non révisée)
M. Savoie (Jocelyn) : ...sur
le TAL.
Mme Dufour : Vous ne parlez
pas fort, je vous entends difficilement.
M. Savoie (Jocelyn) : Dans le
fond, ce que je disais, c'est que, quand on a fait l'exercice pour les fins de
ce projet de loi ci, on s'est concentré sur les dispositions qui étaient dans
le Code civil du Québec pour pouvoir viser les différents droits en question.
Mme Dufour : Merci. C'était à
quelle époque, cette révision-là, que vous parlez?
M. Savoie (Jocelyn) : le projet
de loi n° 69, on l'a fait...
Une voix : ...
M. Savoie (Jocelyn) : 2021.
Mme Dufour : O.K. Mais à
cette époque-là, il n'y avait pas la vision de revoir les indemnités?
M. Savoie (Jocelyn) : Non.
Mme Dufour : Une vision qui
est arrivée maintenant avec le projet de loi n° 31?
M. Savoie (Jocelyn) : Tout à
fait. Donc, quand on avait fait ces travaux-là, cela étant derrière nous, dans
ce projet de loi ci, on s'est concentrés plutôt sur l'angle des différentes
dispositions au Code civil et non pas... On n'est pas allés réexaminer, là, les
éléments relatifs au règlement de démolition et, dans les cas où il n'y a pas
de règlement de démolition, la disposition en question, que vous pointez avec l'amendement.
Mme Dufour : est-ce que...
donc, est-ce que c'est un amendement qui fait du sens à ce moment-là?
Mme Duranceau : La réponse, c'est
oui. Par contre, il faut qu'on se donne... On va regarder les impacts dans les
cas où les villes ont des dispositions sur la démolition, puis dans les cas où
est-ce qu'elles n'en ont pas, puis on va vous revenir. Ça fait que je
proposerais de le suspendre, puis on va le prendre en considération, là.
Mme Dufour : oui. Puis, c'est
sûr, le premier règlement de démolition qui a été mis à Laval, c'est moi qui
étais là, donc j'étais responsable du dossier, donc je... Tu sais, mais la
nature des démolitions qu'on trouve avec les règlements de démolition, c'est
souvent... En fait, les démolitions ont souvent pour but pour remplacer. Par exemple
un bâtiment patrimonial qui est tellement rendu abîmé, on va le remplacer par
un autre projet, donc, tu sais, il y a quelque chose, ce n'est pas : on
démolit, puis ça reste un terrain vacant, là, c'est... et c'est rarement le
cas. Mais oui, je vous invite à faire l'exercice parce que c'est sûr que dans
un cas comme ça, moi, les cas de démolition que j'ai vus à Laval, bien, la
personne qui a été évincée, bien, a été remplacée par quelqu'un d'autre. Des
fois, c'est des logements vacants, là, parce que souvent, ils sont inaptes,
bien, impropres à l'habitation, ça arrive fréquemment, là. Mais advenant le cas
où c'était... Il y avait quelqu'un qui était évincé pour ça, bien, il devrait
avoir les mêmes droits que pour, dans le fond, être remplacé par une autre
locataire, là, tout simplement. Parce qu'au bout du compte, quand il y aura
reconstruction, ce sera des nouveaux locataires, fort probablement.
Mme Duranceau : Parfait.
Bien, moi, si vous êtes d'accord, on le suspend, on le regarde, puis on vous
revient avec ça?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, consentement pour la suspension de l'amendement? Oui. Parfait. Alors, l'amendement
est suspendu. Là, si je me fie, le thème numéro deux, sauf bien sûr l'amendement,
est conclu. Nous allons normalement, si on se fie au thème numéro trois, alors
est-ce que c'était... tout... C'est bien? Parfait. Alors, thème numéro trois,
Moduler certaines règles concernant la propriété divise. Alors, il y avait l'article,
32 dans les premiers articles. Alors, Mme la ministre, je vous écoute pour l'article 32.
Mme Duranceau : Parfait.
Article 32. Donc, c'est la loi visant principalement l'encadrement des
inspections en bâtiment et de la copropriété divise, le remplacement de la
dénomination de la Régie du logement et l'amélioration de ses règles de
fonctionnement et modifiant la Loi sur la Société d'habitation du Québec et
diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal. Donc, l'article
40 de la Loi visant principalement l'encadrement des inspections en bâtiment et
de la copropriété divise, le remplacement de la dénomination de la Régie du
logement et l'amélioration de ses règles de fonctionnement et modifiant la Loi
sur la Société d'habitation du Québec et diverses dispositions législatives
concernant le domaine municipal, est modifié par le remplacement, dans le
paragraphe deux, de «deuxième» par «troisième».
Alors, l'article 32 du projet de loi
modifierait l'article 40 de la loi visant principalement l'encadrement des
inspections en bâtiment et de la copropriété divise, le remplacement de la
dénomination de la Régie du logement et l'amélioration de ses règles de
fonctionnement et modifiant la Loi sur la Société d'habitation du Québec et
diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal. L'article
modifié, qui n'est pas encore en vigueur, supprimerait erronément le deuxième
alinéa de l'article 1072 du Code civil, alors qu'il devrait plutôt
supprimer le troisième alinéa de cet article du code. Cette erreur doit être
corrigée afin d'éviter de supprimer des dispositions toujours requises qui
habilitent le gouvernement à adopter un règlement pour encadrer le fonds d'autoassurance
d'une copropriété divise.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait...
Le Président (M. Schneeberger) : ...alors,
est-ce qu'il y a des questions là-dessus? Oui?
Mme Dufour : Je ne sais pas
si mon collègue en a, en premier, là. Je suis en train d'ouvrir ma loi.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui...
Mme Duranceau : ...on peut
vous offrir des explications, si vous voulez, puis ça va déjà clarifier un peu,
là. Puis j'ai notre avocat juriste. Ça va mettre en contexte.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
vous... Consentement? Étant donné que vous prenez la parole la première fois
aujourd'hui, j'ai besoin du consentement pour prendre la parole. Consentement?
Parfait, alors votre nom et votre titre. Merci.
M. Bernier (Guillaume) : Guillaume
Bernier, avocat au ministère des Affaires municipales et de l'Habitation. En
fait, ce qu'on fait ici, là, c'est une correction purement cléricale, là, d'une
erreur contenue dans le projet de loi, chapitre 28 des lois de 2019, là. Il y a
une simple erreur d'alinéa, là. Au lieu de remplacer le deuxième alinéa, on
devait remplacer le troisième alinéa de l'article 1072 du Code civil. Donc,
parfois, dans la machine à saucisses des projets de loi...
On ne m'entend pas bien? Excusez, je vais
m'approcher.
Donc, c'est une simple erreur cléricale,
finalement, là, qu'on corrige ici. On ne change pas l'état du droit. C'est une
erreur qu'on ne pouvait pas corriger autrement que par cette disposition, là.
L'équipe de l'édition des lois et de la refonte nous ont informés qu'on ne
pouvait pas corriger ça, disons, administrativement. Voilà pourquoi on procède
par loi. Donc, c'est l'objectif de la disposition.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
parfait. Alors, est-ce qu'il y avait des questions? Mme la députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, bien, en
fait, ça, c'est l'autre bout que j'ai lu tantôt. Je me suis amusée à lire le
Code civil, la portion sur la copropriété divise d'un immeuble, et là je lisais
l'article 1072, j'avais surligné qu'il y avait «par règlement du gouvernement».
Donc, il y avait des éléments qui devaient... Je comprends, là, que ce n'est
pas encore en vigueur, mais est-ce que le règlement du gouvernement, lui, a été
adopté?
M. Bernier (Guillaume) : ...effectivement,
le règlement en question, sur le volet assurance, là, autoassurance, lui, il
est en vigueur. Ce qui n'est pas en vigueur actuellement, c'est les règles à
venir, là, qui sont en élaboration. Je pense que ce n'est pas un secret, là, il
y a des groupes de travail là-dessus, le ministère, et tout, là, qui vont venir
régir la copropriété divise, là. On va regarder ça tout à l'heure, le carnet
d'entretien, l'étude du fonds de prévoyance. C'est de ce règlement-là dont on
parle. Mais les règles, là, sur l'autoassurance des copropriétés divise, ça,
actuellement, c'est en vigueur.
Mme Dufour : Pour
l'autoassurance. Mais pour le carnet d'entretien, ça, ce n'est pas encore en
vigueur. Puis le règlement, lui, il a été... non, il est en élaboration. On
prévoit qu'il va être en vigueur quand? On pense que c'est quoi, l'échéancier?
Mme Duranceau : ...va l'avoir
revu.
Mme Dufour : O.K. Mais ça
rentre en vigueur quand, cet article-là? J'ai quelque chose qui me dit...
M. Bernier (Guillaume) : Bien
là, on parle de quel article exactement? Excusez, je...
Mme Dufour : L'article
1072... 1070.2 du Code civil. Je vais vous le dire quand est-ce qu'il est
supposé rentrer...
• (18 h 10) •
M. Bernier (Guillaume) : ...l'article,
là, qui traite du carnet d'entretien, cet article-là va entrer en vigueur au
moment où le règlement à venir sur la copropriété divise, qui va régir,
notamment, le carnet d'entretien, va entrer en vigueur.
Mme Dufour : O.K. Quand le
règlement va être approuvé, l'article va rentrer en vigueur, c'est bien ça?
O.K., il n'y a pas... Ça fait que c'est comme une... je ne veux pas dire le
terme «épée de Damoclès», parce que ce n'est pas le bon terme, mais, dans le
fond, les syndicats de copropriété, là, ça pourrait venir, à tout moment,
s'imposer à eux, de pouvoir... mais sans qu'ils connaissent la nature de
qu'est-ce qu'ils vont avoir à faire, pour l'instant.
M. Bernier (Guillaume) : Les
victimes.
Mme Dufour : Du moment que ça
va être adopté, le règlement, combien de temps auront-ils pour se conformer?
Parce que, d'habitude, le temps pour se conformer est en fonction de la loi,
mais là c'est un règlement.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
M. Savoie.
M. Savoie (Jocelyn) : Comme
tout règlement, là, qui va être présenté, il va être... il va faire l'objet
d'une prépublication de 45 jours à la Gazette officielle, va retourner
ensuite, là, au Conseil des ministres, puis, par la suite, une fois qu'il va
être édicté, il va faire l'objet, là, d'une publication, avant édiction, de
deux semaines. Donc, les notions vont être quand même connues à l'avance.
Puis...
M. Savoie (Jocelyn) : ...prévu
compte tenu que c'est un règlement qui va venir encadrer un secteur quand même
assez important, là, de la population. Il va évidemment y avoir des documents,
là, qui vont être produits pour informer correctement les différents syndicats
de propriété... de copropriété.
Cela étant dit, il est quand même bon de
savoir que ces éléments-là sont déjà... ont déjà été beaucoup publicisés, là,
par les différents regroupements, là, de syndicats de copropriété à l'avance,
dans l'optique que le règlement allait s'en venir, mais effectivement n'étant
pas en vigueur. Et donc l'information est déjà très répandue, mais il va y
avoir un processus plus officiel pour le formaliser.
Mme Dufour : Mais ma
compréhension, c'est que la forme, le contenu et les modalités n'ont pas encore
été établis, là, parce que ça va être dans le règlement, ou je me trompe?
Mme Duranceau : ...le
règlement. Le règlement, il n'y est pas... il n'est pas établi encore. Il y a
des modifications qu'il faut faire dans la loi pour être sûr de pouvoir faire
le règlement comme il faut. Pour répondre à votre question, les gens vont avoir
trois ans de la date de l'adoption du règlement pour se conformer au niveau des
documents, là, du carnet d'entretien puis du fonds de prévoyance.
Mme Dufour : Trois ans à
partir de la date du règlement, de l'adoption du règlement.
Mme Duranceau : De l'adoption
du règlement.
Mme Dufour : O.K. Excellent.
Et donc, là, l'amendement, ce que je comprends, l'amendement... Non. En fait,
l'article 32, parce que je sais qu'il y a des amendements qui viennent,
l'article 32, lui, dans le fond, va permettre de préserver l'article 1072 du
code parce que là il y avait une... Le 1072, c'est ailleurs, en fait,
c'était... C'est pour ça que je suis allé sur est pour ça que je suis allé sur
le 1068.2. C'est le 1072.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça va, Mme la députée de Mille-Îles?
Mme Dufour : Non, je ne suis
pas sûre encore. Excusez. J'essaie de comprendre le changement.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous avons le député de Laurier-Dorion qui a une question.
M. Fontecilla : J'avais des
questions, là, sur le contenu en tant que tel, là. Déjà que c'est une mécanique
compliquée, là. Et donc, si je comprends bien, là, ce que... dites-moi si je me
trompe, là, c'est qu'on a oublié d'inclure la partie ajoutée, là, les... les
normes prévues au règlement peuvent varier en fonction des caractéristiques de
l'immeuble.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce que... Allez-y.
M. Savoie (Jocelyn) : Mais,
en fait, là, ce qu'on fait ici, puis on pourra reparler, il y a deux autres
amendements qui s'en viennent concernant la copropriété divise, on aura
peut-être l'occasion, à ce moment-là, d'aborder les autres aspects qui seront
prévus dans un règlement à venir sur le sujet. Mais là ce qu'on fait ici, là,
avec la disposition du projet de loi, celle qu'on examine en ce moment, c'est
corriger une simple erreur cléricale. On veut s'assurer de respecter
l'intention du législateur dans le cadre du projet de loi de l'époque, là. On a
constaté une erreur dernièrement et on profite du projet de loi actuel pour la
corriger, simple erreur de numéro d'alinéa. C'est ce qu'on fait là.
Le Président (M. Schneeberger) :
On ne peut pas appeler ça, un article de concordance, mais, dans le fond, pour
corriger et venir corriger une erreur du passé.
M. Savoie (Jocelyn) : Exact.
Puis le processus, j'en conviens, est un peu lourd, repasser par la loi pour
corriger une erreur comme ça dans une loi annuelle, mais on n'a pas le choix,
c'est ce qu'on nous a dit.
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
bon. O.K. Alors, ça va comme ça? Oui. Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : O.K. Je vais
voir si on comprend bien de ce côté-ci, là. Dans le fond, lorsque la Loi visant
l'encadrement des inspections en bâtiment, etc., elle est très longue, là, a
été adoptée, on avait dit qu'il fallait... qu'on allait supprimer le deuxième
alinéa, lequel est... était «le gouvernement détermine, par règlement, les
modalités selon lesquelles est établie la contribution minimale des
copropriétaires au fonds d'autoassurance», alors que, dans le fond, ce qu'on
voulait éliminer était plutôt le troisième alinéa qui se dit ainsi : «La
contribution des copropriétaires au fonds de prévoyance est d'au moins 5 %
de leur contribution aux charges communes. Il peut être tenu compte, pour
l'établir, des droits respectifs des copropriétaires sur les parties communes à
usage restreint.» Est-ce que c'est ça qu'on essaie de faire avec cette... Parce
qu'en toute franchise, là, l'explication ici, là, il manquait un peu de
précision...
Mme Dufour : ...Et ça aurait
été bien de voir l'article final 72.
Mme Duranceau : Bien,
effectivement, ce que vous dites, c'est bien compris. Puis on corrige une
erreur législative pour maintenir la validité du règlement sur le fond d'auto
assurance et permettre au gouvernement d'adopter son règlement sur le fonds de
prévoyance. Puis c'est une correction législative... doit survenir avant l'entrée
en vigueur du règlement sur le fonds de prévoyance. C'est ça, le...
Mme Dufour : Parfait. Donc,
dans le fond, le 5 % pourrait être supérieur si le règlement l'établit.
Puis là peut-être qu'il est déjà établi, là, c'est une question que je me posais,
est-ce que... J'imagine ça a été établi par règlement depuis.
M. Bernier (Guillaume) : Bien,
donc, sur... Cette question-là, de la contribution, va être réglée plus tard
par les copropriétaires, qui vont, une fois que les nouvelles dispositions vont
entrer en vigueur avec le règlement à venir sur la copropriété divise... vont
avoir à déterminer : on contribue à quelle hauteur annuellement dans notre
fonds de prévoyance? Donc...
Mme Dufour : Mais juste pour
reprendre, parce que vous venez de dire que les copropriétaires vont décider,
ou les syndicats, entre guillemets, mais ce que ça dit, c'est que «le
gouvernement détermine par règlement les modalités selon lesquelles est établie
la contribution minimale des copropriétaires au fonds d'auto assurance». Donc,
c'est... Le règlement du gouvernement, est-ce qu'il a été fait?
M. Bernier (Guillaume) : Bien,
excusez, c'est que, là, le deuxième alinéa de l'article 1072, O.K., lui, il
traite d'un règlement sur la contribution minimale des copropriétaires au fonds
d'auto assurance. Donc là on est dans le domaine de l'assurance, O.K.? Ça, on
maintient ça tel quel. Ce règlement-là existe.
Mme Dufour : Ah! il existe.
M. Bernier (Guillaume) : Il
existe, il est en vigueur, puis la contribution est déterminée dans le
règlement.
Mme Dufour : C'est combien,
le pourcentage minimal, contribution minimale? Parce que, tu sais, on va
biffer, dans le fond, on va venir éliminer celui qui disait que ça devait être
au moins 5%, ça fait que, dans le fond, je veux juste savoir, dans le
règlement, c'est quoi, le minimum qui est demandé maintenant?
Le Président (M. Schneeberger) : On
n'est plus... pas dans le projet de loi.
M. Bernier (Guillaume) : Je
peux peut-être vous lire l'article 1, là, c'est un règlement que je ne connais
pas si bien...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Me Bernier, par contre, moi, je voudrais juste intervenir. Là, je vous écoute,
là, puis, oui, l'article fait mention pour un... mais là on pose des questions sur
un projet de loi qui n'a pas lieu d'être ici, qui va ultérieurement venir. Ça
fait que, moi, je préférerais que, si vous avez des projets de loi... des
questions qu'on pose sur le changement, je pense que ça a été répondu, mais là
on est rendus sur un projet de loi qui va éventuellement s'en venir. Je trouve
que, là, on...
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
c'est le... C'est parce que ce règlement-là, il ne fait pas partie du projet de
loi, là, actuel, il vient corriger une erreur de script, mais pas...
Mme Dufour : Bien, justement,
M. le Président, c'est parce que ce qu'on demande... ce qu'on nous demande,
c'est d'éliminer le troisième paragraphe, qui prévoit un minimum de 5 % de
contribution, pour le remplacer par «le gouvernement détermine par règlement
les modalités du fonds d'auto assurance». Donc, ma question c'est : C'est
quoi, le règlement? Parce qu'on va éliminer le fameux 5 % en acceptant ce
changement-là? Donc, oui, il y a un lien, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Je
pense que Me Savoie pourrait... Pas maître, mais, en tout cas... Me Savoie,
mais c'est M. Savoie. Excusez.
• (18 h 20) •
Mme Duranceau : Je vais
laisser parler Me Savoie, parce que, là, on s'entend que ça se retrouve dans le
projet de loi, là, mais que...
Mme Dufour : Puis on a des
amendements qui viennent aussi changer la même... cette même loi-là, alors
donc...
Mme Duranceau : Donc, on
écoute Me Savoie.
M. Savoie (Jocelyn) : Me
Savoie, qui n'est pas maître. Dans le fond, le règlement, là, qui détermine les
modalités pour l'auto assurance, là, comme a dit Me Bernier, il est en vigueur,
mais, quand il y a eu le croisement des deux projets de loi, ça a été barré,
puis c'est l'autre alinéa, qui, lui, va faire l'objet du règlement pour
encadrer les fonds de prévoyance des copropriétés, qui, lui, va venir rétablir
les minimums. Parce qu'avec les modifications qui avaient été apportées dans le
projet de loi n° 16, pas celui du printemps dernier, mais l'autre d'avant, les
montants des copropriétés au fonds de prévoyance devaient être en fonction des
études de fonds de prévoyance qui devaient être faites puis de toute la
dynamique des carnets d'entretien subséquents.
C'est juste que l'effet croisé des deux
projets de loi a fait en sorte qu'un projet de loi a déplacé l'alinéa qui
devait être abrogé, puis là, accidentellement, c'est celui qui est en vigueur,
dont le règlement a été adopté, qui est à risque, alors que c'est l'autre qui
aurait dû l'être, enlevé, vu qu'il va être remplacé par le règlement, qui, lui,
s'en vient puis qui fait en sorte que, pour l'instant, il n'y a pas d'effet
concret sur le terrain parce qu'il y a des délais dans l'application...
M. Savoie (Jocelyn) : ...mais
si on ne le fait pas aujourd'hui, bien là, on va avoir des problématiques, là,
après. C'était ça, l'idée, là, puis on comprend que c'est un peu difficile de
le comprendre dans l'explication qui est écrite, mais c'est ça, l'idée.
Des voix : ...
Le Président
(M. Schneeberger) : Oui. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc,
toujours pour bien comprendre, la loi encadrant la loi visant principalement
l'encadrement des inspections, etc., là, visait à biffer l'alinéa trois de
1072. Finalement, on a biffé 2. 2, C'est : «Le gouvernement détermine par
règlement les modalités selon lesquelles est établie la contribution minimale
des copropriétaires au fonds d'autoassurance.» Donc, la situation actuelle est
que le gouvernement n'a pas l'habileté légale de produire un règlement? C'est
ce que je... c'est la situation actuelle, il n'est pas autorisé à produire un
règlement parce qu'il n'y a pas de loi qui l'autorise, puisqu'on a biffé
l'alinéa qui l'autorisait. Est-ce que c'est ça? Est-ce que je comprends bien?
M. Bernier (Guillaume) :
Non. Juste pour préciser, là, dans le fond, c'est que l'article 40 en
question, de toute façon, n'est pas encore en vigueur. Cet article-là va entrer
en vigueur quand le règlement sur la copropriété divise va entrer en vigueur.
C'est comme une entrée en vigueur, là, simultanée à la fois du règlement et de
l'article 40. Donc là, dans la mesure où l'article 40 n'est pas en
vigueur, le deuxième alinéa de l'article 1072 n'est pas supprimé, vous
comprenez? Il n'est pas supprimé, donc il existe toujours. L'habilitation
réglementaire donnée au gouvernement de déterminer par règlement les modalités
selon lesquelles est établie la contribution minimale des copropriétaires au
fonds d'autoassurance est toujours là. Donc, le règlement n'a jamais été en
danger au plan juridique, au niveau de sa validité, il n'y a pas eu de... Puis
là, on veut corriger parce qu'éventuellement on s'en vient avec un règlement
sur la copropriété divise, éventuellement, un jour, peut-être, donc, c'est ça,
on est... On prévient le coup finalement avec ce qu'on fait ce soir.
M. Fontecilla : Mais quand
vous me dites que ça va rentrer en... ça va être... les deux vont être en
vigueur simultanément, c'est l'un qui autorise l'autre? Dans un... la loi qui
autorise, qui donne l'habilité réglementaire, ça, je n'ai pas... j'ai moins
saisi.
M. Bernier (Guillaume) :
Bien, en fait, le règlement à venir sur la copropriété divise, lui, le
gouvernement est habilité à l'édicter en vertu du Code civil. Donc, ça, c'est
une habilitation qui existe déjà.
M. Fontecilla : ...
M. Bernier (Guillaume) :
...générale et précise sur des sujets particuliers relativement à la
copropriété divise. Mais c'est ça, donc, comme tel. Là, ce qu'il faut avoir à
l'esprit, c'est que, dans les prochains mois, les prochaines années, un
règlement sur la copropriété divise va entrer en vigueur. Avec cette entrée en
vigueur, si on ne fait rien ce soir, le deuxième alinéa de l'article 1072
va être supprimé, et par cette suppression-là, on se retrouve... On se
retrouverait dans une situation où le gouvernement aurait adopté un règlement
pour lequel il n'a pas l'habilitation. Personne ne souhaite ça. Donc là, on...
M. Fontecilla : c'est ça
que je voulais dire au début.
M. Bernier (Guillaume) :
Exact. C'est ça.
M. Fontecilla : Parfait.
O.K.
Le Président
(M. Schneeberger) : Ça va comme ça. Parfait. Bon, alors, est-ce
qu'il y a d'autres questions sur l'article 32? S'il n'y a pas d'autre
question, on va remettre l'article 32 aux...
M. Fontecilla : ...
Le Président
(M. Schneeberger) : Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Mais
c'est quelque chose que je veux comprendre encore, le troisième alinéa, c'est
lui qu'on voulait... L'intention du législateur était de le supprimer. Donc, la
contribution des copropriétaires au fonds de prévoyance, c'est au moins 5%,
etc. Cette partie-là, cet alinéa-là, j'ai cru comprendre qu'il allait se
retrouver à terme dans le règlement?
M. Bernier (Guillaume) :
Oui.
M. Fontecilla : C'est ce
que vous avez dit, M. le sous-ministre?
M. Savoie (Jocelyn) : Oui,
c'est que le règlement va venir remplacer cet alinéa-là puis va venir préciser
les éléments. Puis l'intention, c'est de faire en sorte que ce soit en lien
avec les études.
M. Fontecilla : O.K.
Mais...
M. Savoie (Jocelyn) : C'est
ce qui avait été débattu dans le projet de loi no 16, en...
M. Fontecilla : Oui.
M. Savoie (Jocelyn) : ...2019.
M. Fontecilla : J'ai un
vague souvenir, mais est-ce que... Je veux juste comprendre. Est-ce que c'est
une... l'alinéa trois va se... va être modifié ou sensiblement c'est le même
contenu qui va se retrouver dans...
M. Fontecilla : ...où, dans le
règlement, où il va être complété? C'est ça que je veux... où on va prendre ça,
et on va le mettre dans le règlement, là.
M. Savoie (Jocelyn) : Je ne
peux pas vous donner le contenu exact du règlement vu qu'il est en élaboration.
Mais ce qui avait été débattu par les parlementaires à l'époque, c'était
d'abroger cet article-là, de le remplacer par l'habilitation réglementaire, de
venir préciser dans le règlement ce qui serait... comment serait fixée, là, la
contribution au fonds de prévoyance. Puis ce qui avait été présenté aux
parlementaires à l'époque, puis accepté dans le fond dans les débats, là, si
vous regardez les... de l'époque, l'idée générale, c'était qu'il allait
s'établir un lien, via le règlement gouvernemental, entre les études de fonds
de prévoyance qui seraient faites devant les syndicats de copropriété et leur
niveau de cotisation au fonds de prévoyance.
M. Fontecilla : ...
M. Savoie (Jocelyn) : Bien,
c'est plus que ça, parce que l'idée, à l'époque, c'est que le 5 % était
beaucoup trop bas. Tout le monde constatait que les fonds de prévoyance étaient
sous provisionnés, d'où la discussion qu'il y avait eu de venir habiliter par
règlement, faire le lien avec les études de fonds de prévoyance, puis, à ce
moment-là, s'assurer que les copropriétés établissent des fonds de prévoyance à
la hauteur de leurs besoins et minimisent donc le besoin de recourir à des
cotisations spéciales en cours d'année pour faire face à des réparations
majeures, alors qu'un fonds de prévoyance est préparé à l'avance sur la base d'une
étude. Bien, on peut, dans le fond, prévoir, faire un étalement, là, sur
20 ans, des sommes accumulées, par exemple, pour remplacer un toit, un
parement extérieur d'un bâtiment, des sommes qui sont... des travaux assez
coûteux. Puis, quand ils se retrouvent en cotisations spéciales, ils soulèvent
toutes sortes de problématiques au sein des copropriétés ou entraînent, là, le
même problème qu'on voit dans les logements dont on a discuté, là, depuis le
début de la commission, c'est-à-dire un sous investissement dans le bâtiment,
donc sa dégradation à terme. C'était ça tout le débat qui avait été fait à
l'époque.
Donc, c'est pour ça que cet alinéa-là est
toujours en vigueur aujourd'hui, parce que le règlement qui le remplace n'est
pas encore en vigueur. Mais, quand il va l'être, bien là, cette ligne-là
disparaissait pour ne pas qu'il y ait deux éléments concurrents sur la fixation
du niveau, là, de cotisation, de quote-part des copropriétés, là, à leur fonds
de prévoyance.
M. Fontecilla : ...qu'on
supprime le besoin que... la question... constitue le plus bas dénominateur
commun. Donc, si je comprends, beaucoup de gens comprennent. Je crois
comprendre.
Le Président (M. Schneeberger) : Bon,
alors, ça va comme ça? Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autre question, est-ce
que l'article 32 est adopté? Adopté. Adopté.
Regardez, compte tenu de l'heure, on
n'embarquera pas sur un autre article, là, il reste moins d'une minute. Alors,
la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 29)