Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, October 31, 2023
-
Vol. 47 N° 23
Clause-by-clause consideration of Bill 31, an Act to amend various legislative provisions with respect to housing
Aller directement au contenu du Journal des débats
9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante-deux minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bonjour, tout le monde. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la
Commission de l'aménagement du territoire ouverte. La commission est réunie
aujourd'hui afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi no 31, Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons
des remplaçants aujourd'hui?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Non.
Alors, je pense que, jeudi passé, lors de l'ajournement, nous étions à une
question sur l'article 2, déposée par la députée de Mille-Îles. Alors, la
députée de Mille-Îles, peut-être juste reformuler la question pour le bien...
pour renouveler notre mémoire, et puis la ministre, j'imagine, qui va se faire
un plaisir d'y répondre. Voilà.
Mme Dufour : Oui. Merci, M.
le Président. Donc, c'était à l'article 1962 du Code civil, qu'on modifie avec
l'article 2, on avait le doute. On dit... On peut lire «dans le mois de la
réception de l'avis de reprise ou d'éviction, le locataire est tenu d'aviser le
locateur de son intention de s'y conformer ou non. C'est dans le mois de la
réception. On se posait la question, admettons qu'on est le 5 février. Dans le
mois de la réception, est-ce que c'est le mois de février ou on veut dire dans
les 30 jours ou 31 jours, et comment c'est calculé? Parce que, dans le mois, tu
sais... le mois de février, c'est un mois de 28 jours. Est-ce qu'on calcule que
c'est 28 jours, la date, tu sais? Il y a comme une ambiguïté qui vient avec la
façon que c'est écrit, «dans le mois de la réception». Donc, c'était pour ça
que je posais la question si on n'aurait pas... Puis d'ailleurs c'était une
recommandation, là, d'un groupe, là, dans un mémoire, c'était l'Association des
juristes progressistes qui nous recommandait de parler de 30 jours, donc, ou de
31, mais, tu sais, de le préciser en nombre de jours, puis qu'il n'y ait pas d'ambiguïté.
Donc, c'était mon questionnement, dans le fond, que je faisais.
Puis je comprends, là, qu'il y a un enjeu
de concordance parce que c'est dans le Code civil, il y a d'autres endroits,
puis, nous, d'ailleurs, on a identifié d'autres endroits où c'est écrit de
cette façon-là, mais c'est ça, on voulait, là, en discuter davantage.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Merci. J'aimerais...
J'ai eu les explications...
Mme Duranceau : ...j'aimerais
peut-être laisser notre juriste... C'est une question de rédaction, là, ça. Ça
fait que j'aimerais laisser notre juriste commenter sur la question, si c'est
possible.
Mme Dufour : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
alors, M. le juriste, juste nommer votre nom et titre.
M. Dumont (Luc) : Oui,
bonjour. Alors, Luc Dumont, je suis juriste à la DAG du ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation. Alors, considérant, là, les observations qui
ont été faites, d'abord, j'ai consulté des collègues de la Direction des
affaires juridiques du Tribunal administratif du logement. Eux, concernant, là,
la computation du délai, là, qu'on dit «dans le mois de» versus «30 jours», on
me dit que... on m'informe qu'il n'y a pas vraiment eu de cas par rapport
auquel ça posait un problème. J'ai moi-même vérifié la jurisprudence qui s'est
dégagée de tout ça. Dans les faits, il n'y en a pratiquement pas. En fait, les
dernières décisions qui ont eu à trait à l'interprétation de l'expression «dans
le mois» ont plus de 24 ans, donc c'est assez stable.
Il est vrai qu'on utilise, dans certains
endroits du code, la notion de 30 jours. Toutefois, la notion de «dans le mois»
est constante dans la section qui vise précisément le bail de logement. C'est
la... Toutes les occurrences, au Code civil, de la notion de «dans le mois de»,
il y en a 24. Elles sont toutes à la section qui vise le bail. L'idée derrière
ça, à notre avis, c'est que c'est probablement plus simple à calculer qu'un
jour de... 30 jours, puisqu'il y a toutes les... dans le fond, il y a des
règles applicables au calcul de chaque jour, tandis que «dans le mois de»
signifie, tout simplement, là, le mois qui s'écoule. Donc, par exemple, si on
est un 15 octobre, bien, ce sera le 15 novembre, «dans le mois de».
À cet effet-là, justement, j'ai parlé de
la jurisprudence qui était... qui avait été établie. Cette jurisprudence-là
découle, d'abord, du paragraphe 24° de l'article 61 de la Loi d'interprétation,
qui définit le terme «mois» comme un mois de calendrier, et où, justement, il y
a eu des cas d'interprétation de cette expression-là, et ce que la jurisprudence
dit depuis les 24 dernières années, et je la cite : «En l'instance, il
faut donc accorder au mot "mois" le sens qu'on lui donne à l'alinéa
24° de l'article 61 de la Loi d'interprétation, soit un mois de calendrier, et
entendre ces mots comme l'espace de temps compris entre un quantième quelconque
d'un mois et le quantième du mois suivant, selon la définition des
dictionnaires.» Et ça, c'était dans l'affaire Beaudry vs Communauté municipale
de Québec, et c'est la jurisprudence constante qui est reprise depuis ce
temps-là. Elle a été reprise dans différentes décisions, je vais dire, là, à la
fin des années 90, début 2000, et c'est ce qui tient toujours. Donc, pour
l'instant, il n'y a pas de... cette jurisprudence-là est stable, et il n'y a
pas vraiment de problème.
Et avoir une interprétation différente
lorsqu'une... ce qui est un principe de législation, avoir une interprétation
différente lorsque les termes sont clairs, tels que c'est le cas, selon nous,
au profit d'une interprétation qui serait, je ne veux pas dire farfelue, mais
ce serait quand même curieux de dire, par exemple, que «30 jours»... pardon,
«dans le mois de» voudrait dire : si j'ai transmis un avis durant le mois
de février, je dois absolument y répondre dans le mois de février, ce serait
accorder aux mots, là, une propension qui serait inexacte, puisqu'on
considérait qu'on envoie un avis le 25 février, puis il faudrait y avoir
répondu le 27. Ce serait une interprétation qui serait farfelue, puisque ce
serait, on va dire, là, la négation des droits qui existent à ce niveau-là,
puis ce n'est pas comme ça que la loi doit être interprétée.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Donc, parfait,
merci, c'est clair pour le côté farfelu d'interpréter que c'est dans le même
mois. Par contre, selon ce que vous m'avez dit, selon ce que vous avez décrit,
je comprends que ce ne sera pas le même nombre de jours que les gens auraient
pour répondre s'ils reçoivent leur avis en janvier ou s'ils le reçoivent en
février. Parce que, quand on dit, on calcule, c'est du 15 janvier au
15 février, par exemple, bien là, on parle de 31 jours, dans ce cas-ci,
mais si on est du 15 février au 15 mars, bien là, on est peut-être à
28 jours, parce que c'est un mois plus court, le mois de février, donc c'est
inégal, dans ce cas-là. Puis, selon le mois, ça peut être 30 ou 31 jours. Mais
le fait qu'entre janvier et février, c'est trois jours de différence, de
délais, ça, est-ce que je me trompe...
Mme Dufour : ...dans cette
compréhension-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Mille-Îles, je pense que Mme la ministre voulait peut-être
signifier quelque chose.
Mme Duranceau : Je vais
offrir une définition, moi, parce qu'on réfère à la notion de quantième, là,
dans l'interprétation du mot «mois», puis c'est ça, quand je parlais d'étendre
le vocabulaire. Donc, le mot «quantième», ça veut dire désignation du jour du
mois par son chiffre. Ça fait que 15 février au 15 mars. La notion...
Lorsqu'on réfère à la notion de quantième dans l'interprétation du mot «mois»
dans la loi, on réfère au quantième, ça fait que c'est du 15 février au
15 mars, du 26 février... peu importe le nombre de jours dans le
mois.
• (10 heures) •
Mme Dufour : Bien, c'est ça,
bien, ça revient à dire que ce n'est pas le même nombre de jours selon à quelle
année, quel mois.
Mme Duranceau : Non, c'est le
mois. Ça a le mérite d'être simple pour quelqu'un. C'est le mois.
Mme Dufour : Mais en fait...
oui. En fait, la façon que c'est écrit, ça ne dit pas «dans le quantième», là,
ça dit «dans le mois de la réception». C'est...
Mme Duranceau : Oui, mais,
quand tu interprètes «mois», il faut que tu réfères à la notion de quantième.
Mme Dufour : Bien, c'est ça,
il faut référer à la jurisprudence pour savoir qu'est-ce qu'on veut dire,
mais... c'est pour ça qu'ailleurs ils ont mis 30 jours pour être plus
précis.
Mme Duranceau : Je pense
que...
Mme Dufour : Mais, on s'entend,
est-ce que ma compréhension est correcte de dire que ce n'est pas le même
nombre de jours d'un mois à l'autre qu'on a pour répondre?
M. Dumont (Luc) : C'est
exact, ce que Mme la ministre vient de dire est tout à fait vrai. Est-ce que...
La décision, moi... Pourquoi on l'a écrit comme ça, justement, cette
sous-section-là du Code civil? Comme Mme la ministre l'a dit, c'est que c'est
plus simple, le calculer comme ça plutôt que, on va dire, là, des jours de
30 jours de calendrier, là, où est-ce qu'il y a une complication des
délais particulière. Il ne faut pas oublier que cette sous-section-là, c'est
probablement celle par rapport à laquelle le citoyen normal va utiliser le plus
dans sa vie étant donné, là, qu'on est pratiquement tous locataires une fois
dans notre vie. Donc, il y a certainement un souci de compréhension des délais,
et c'est franchement plus simple de les calculer comme ça.
M. Dumont (Luc) : O.K., mais
il y a une certaine iniquité entre la personne qui reçoit son avis en janvier
versus la personne qui le reçoit en février, ça, il y a quand même trois jours
de moins pour se revirer de bord pour cette personne. Mais merci des
explications.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
est-ce que... La question, je pense qu'elle a été répondue. Alors, s'il n'y a
pas d'autre question, on va mettre aux voix l'article 2? Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Alors, Mme la ministre, prochain article
Mme Duranceau : O.K.
L'article 3, donc. Alors : L'article 1963 de ce code est
modifié :
1° par l'insertion, dans le premier alinéa
et après «reprendre», de «ou en évincer le locataire»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «pour la fin mentionnée dans la vie et qu'il ne s'agit pas d'un
prétexte pour atteindre d'autres fins» par «ou en évincer le locataire pour la
fin mentionnée dans l'avis et qu'il ne s'agit pas d'un prétexte pour atteindre
d'autres fins et, lorsqu'il s'agit d'une éviction, que la loi permet de
subdiviser le logement, de l'agrandir ou d'en changer l'affectation».
Alors : L'article 3 du projet de
loi apporterait à l'article 1963 du Code civil une modification de
concordance liée à l'article 1962 de ce code, tel que modifié par l'article 2
du projet de loi, donc l'article 2 qu'on vient d'accepter.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce qu'il y avait des questions? Alors, s'il n'y a
pas de question, nous allons mettre aux voix l'article 3. Est-ce que
l'article 3 est adopté? Adopté?
Mme Duranceau : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Mme la ministre, prochain article.
Mme Duranceau : Un instant,
là, vous allez vite.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Duranceau : Je ne suis
pas habituée. Bon, puis... Oh! L'article 5 : L'article 1966 de
ce code est abrogé.
Donc : L'article 5 du projet de
loi abrogerait l'article 1966 du Code civil, puisque le recours qui est
prévu serait intégré à l'article 1963 de ce code, tel que modifié par
l'article 3 du projet de loi.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il y a des questions sur l'article 4?
Mme Duranceau : 3... 5.
Le Président (M. Schneeberger) : 5,
excusez, excusez-moi.
Mme Dufour : Je n'ai pas de
question spécifique pour l'article 5. Là, je comprends que c'est vraiment
de la concordance par l'article 3, mais, à l'article 3...
10 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...j'aurais
pu vous mentionner qu'il y a... il y a toujours l'enjeu du changement d'affectation
que j'ai soulevé dans un amendement précédent qui a été battu, que je considère
que d'évincer des gens pour faire du Airbnb devrait être interdit à cette
période de turbulences qu'on vit dans le logement. Donc, je voulais le
souligner parce que je ne l'ai pas apporté à l'article précédent. Voilà. Je
pense que c'est une aberration qu'on n'agisse pas là dessus, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) :
Parfait. D'autres questions? Ça va? Alors, est-ce que l'article 5 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, le prochain article, je pense, c'est l'article quatre, si je ne me
trompe pas...
Mme Duranceau : O.K.
Alors, article...
Le Président (M. Schneeberger) :
...si je suis les blocs, là.
Mme Duranceau : Oui,
article 4.
Des voix : ...
Mme Duranceau : Donc, l'article 4,
c'est : L'article 1965 de ce code est modifié par le remplacement,
dans le premier alinéa, de «ne indemnité de trois mois de loyer et des frais
raisonnables de déménagement» par «des frais raisonnables de déménagement ainsi
qu'une indemnité équivalente à un mois de loyer pour chaque année de location
ininterrompue du logement par le locataire, laquelle ne peut toutefois excéder
un montant représentant 24 mois de loyer ni être inférieure à un montant
représentant trois mois de loyer».
Une voix : ...
Mme Duranceau : Donc, j'ai
un amendement à déposer pour ça.
Le Président (M. Schneeberger) :
Allez-y.
Mme Duranceau : Ça fait
qu'on remplacerait l'article 4 qui avait été déposé par le suivant :
L'article 1965 de ce code est modifié par le remplacement du premier
alinéa par le suivant :
«Le locateur doit payer au locataire
évincé des frais raisonnables de déménagement ainsi qu'une indemnité
équivalente à un mois de loyer pour chaque année de location ininterrompue du
logement par le locataire, laquelle ne peut toutefois excéder un montant
représentant 24 mois de loyer ni être inférieure à un montant représentant
trois mois de loyer. Si le locataire considère que le préjudice qu'il subit
justifie une indemnité plus élevée, il peut s'adresser au tribunal pour en
faire fixer le montant.»
Par l'ajout au deuxième... au début du
deuxième alinéa, de «à moins que le tribunal en décide autrement».
Alors, cet amendement propose de remplacer
l'article 4 du projet de loi, lequel modifie l'article 1965 du Code
civil afin de prévoir que l'indemnité versée par le locateur à un locataire
évincé de son logement corresponde désormais à un mois de loyer par année de
location continue du logement par le locataire sans être inférieure à trois
mois de loyer ni supérieure à 24 mois de loyer, à laquelle s'ajouteraient
des frais raisonnables de déménagement. L'aménagement proposé permettra au
Tribunal administratif du logement de fixer la date à laquelle l'indemnité est
payable à une date autre que celle de l'expiration du bail.
Alors, on n'a pas réécrit l'article, on
est juste venu rajouter «L'amendement proposé permettra au Tribunal
administratif du logement de fixer la date à laquelle l'indemnité est payable à
une date autre que celle de l'expiration du bail.»
Et peut être offrir quelques... quelques
commentaires, là, sur ça. C'est que l'indemnité, actuellement, elle est payable
à l'expiration du bail, mais on pourrait prévoir que l'indemnité serait payable
d'avance, comme ou en compensation des mois de loyer à venir. Ça fait que ça
vient donner une flexibilité dans le moment où le locataire peut recevoir. Ça
vient donner une flexibilité au tribunal de décider du moment où le locataire
pourrait recevoir l'indemnité, ce qui pourrait être avantageux pour le locataire.
Donc, c'est l'idée.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, ça va comme ça pour les commentaires. Est-ce qu'il y a des
questions, Mme la députée de Mille-Îles?
Mme Dufour : Oui. En
fait, je voudrais souligner qu'il y a quand même plusieurs groupes qui sont
venus nous mentionner que, parfois, même 24 mois de loyer n'est pas
suffisant, que... Puis il y avait d'ailleurs plusieurs propositions de calcul,
d'autres, là, notamment, par exemple, d'y aller en fonction du nouveau loyer,
selon le marché. C'était quand même un peu complexe, là, les propositions qu'on
avait, et difficile à mettre en place. Mais il est vrai que, des fois, si...
Pour être... Dans le fond, pour évincer des gens, on finit par... Par exemple,
pour avoir été évincé, ça finit par nous coûter quatre fois plus cher, l'indemnité
ne va pas très loin. Donc, ça... Ça, c'est un enjeu. Je comprends que, par
contre, il y a quand même un élément qui dit que si le locataire considère que
le préjudice qui est subi justifie des dommages-intérêts plus élevés...
Mme Dufour : ...il peut
s'adresser au tribunal pour en faire fixer le montant.» Ça, ça, j'aimerais
vérifier si ça peut s'appliquer dans le cas où admettons que la personne a un
loyer, je ne sais pas moi, je vais dire un chiffre fictif, mais 500 $ par
mois et que, sur le marché, elle doit... elle ne peut rien trouver en bas de
2 000 $ ou 2 400 $ par mois. Est-ce que cette ligne-là, quand on
dit : «Si le locataire constate que le préjudice qu'il subit justifie des
dommages et intérêts plus élevés» pourraient venir s'appliquer et avoir une
compensation supérieure? Parce qu'on s'entend que si c'est ça, le marché, si le
marché est rendu là, ça veut dire que le locateur qui évince va aussi aller
chercher un loyer supérieur fort important. Donc... donc, peut-être que ça va
rester plus payant pour lui de payer même jusqu'à 24 mois de loyer, que...
que de... c'est ça, que de garder la personne, là. Donc... donc, il y a cet
élément-là, là, que j'aimerais avoir un peu plus de détails, jusqu'à quel point
on peut... peut-être que les gens sont protégés dans des cas comme ça, quand le
différentiel est tellement grand entre ce que la personne paie présentement et
le marché actuel. Si je pense à Gatineau, là, au marché est vraiment déséquilibré
et il n'y a plus du tout de logements disponibles. C'est ça. J'aimerais vous
entendre davantage là dessus.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien, en
fait, ça, ça vient donner une prévisibilité encore une fois puis une certitude
quant à un montant minimum puis ce que la loi... ce que la loi va exiger. Donc,
on va... ça va faire en sorte que les gens ne se retrouvent plus le bec à l'eau
avec juste trois mois, puis être obligé de se défendre pour aller en chercher
plus. Ça va être plus convenable.
Maintenant, si quelqu'un considère que
c'est insuffisant malgré tout, bien, il demeure que cette personne-là a quand
même la possibilité de se présenter devant le tribunal pour... devant le tribunal
pour aller en chercher davantage. Donc, le tribunal pourrait dans... Prenons un
cas où une personne se fait évincer, elle a un mois par année en logement, mais
qui a des circonstances atténuantes ou propres à cette personne-là, je ne sais
pas moi, maladie où, tu sais qui font qu'elle a une situation qui est vraiment
vulnérable, bien, je pense que le tribunal risque... mais je ne veux pas
m'avancer sur le courant jurisprudentiel, mais le tribunal va en tenir compte
et pourrait bonifier l'offre.
Mais quand on pense à ce qu'on veut mettre
dans le code... dans le Code civil, qui s'applique à toutes les situations, je
pense que c'est quelque chose qui est raisonnable aussi de part et d'autre,
d'un point de vue du locateur et du locataire. Alors c'est pour ça que, pour
moi, c'est un juste milieu, là, qui tenait compte des réalités des deux, tout
en conservant la possibilité d'aller rechercher plus si les circonstances le
permettent, là.
Mme Dufour : Mais peut-être
j'aimerais savoir comme pour aller chercher plus. Admettons qu'on parle de
trois mois de loyer, là, actuellement, la jurisprudence, qu'est-ce qu'elle a
établi pour ça, des exemples de dommages-intérêts? Parce que c'était déjà dans
la loi, là. Si le locataire considère que le préjudice qu'il subit justifie des
dommages-intérêts plus élevés, là, c'était déjà dans la loi, là. C'est ce que
je comprends. Est-ce qu'il y a de la jurisprudence? Puis je regarde notre
juriste. Mais est-ce que c'était déjà... Il y a une jurisprudence là-dessus, puis
ça représente comme... Comment qu'on a établi ça les fois que ça s'est
présenté? Parce que c'est quand même fastidieux, là, faire des demandes comme
ça pour trois mois, par exemple. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui
risquent de se décourager, de ne pas en faire la demande, mais... Puis souvent,
ceux qui paient les loyers les plus bas sont souvent les plus vulnérables,
malheureusement, et donc qui ont peut être le moins de moyens de se défendre.
Donc, j'aimerais savoir. En fait, c'est ça, la jurisprudence, qu'est ce qu'elle
a établi là dessus?
Mme Duranceau : O.K. Bien,
deux choses, là, le trois mois c'est le minimum, puis c'est un mois
supplémentaire par année en logement. Ça fait que c'est une belle amélioration.
Si ça fait 10 ans, selon l'ancienne... l'ancienne article, tu n'avais rien
que trois mois, puis t'étais obligé d'aller devant le tribunal. Là, si ça fait
10 ans, tu as toujours bien au moins 10 mois, donc ça va faire en
sorte que... Justement, c'est fastidieux d'aller devant le tribunal, ça fait
que les gens peuvent se dire : Bien, écoute, au moins un minimum
raisonnable dans les circonstances pour. Pour ce qui est d'aller chercher une
indemnité plus élevée, si vous permettez, je vais laisser Patrick Simard, là,
du Tribunal administratif du logement, donner un peu les barèmes de
jurisprudence pour qu'on comprenne comment le tribunal agit dans les
circonstances.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, un consentement?
Mme Dufour : Oui,
consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
M. Simard, vous présentez vos titres.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Alors, Patrick Simard...
M. Simard (Patrick) : ...Simard.
Je suis le président du Tribunal administratif du logement.
Alors, je vais ajouter à ma réponse,
cependant, tout de suite un élément qui... je pense, qui est important
d'énoncer, c'est qu'on soustrait maintenant la notion de dommage-intérêt pour
des... une indemnité. Donc, déjà là, ça change un petit peu la teneur des
débats puisqu'un dommage-intérêt équivalant à une faute, donc démontrer un
préjudice, cette notion-là, elle est maintenant soustraite de l'article pour
une indemnité tout simplement. Donc, ça enlève déjà, je pense, un critère, un
fardeau dans le cadre du débat.
Pour répondre précisément à votre
question, la jurisprudence est établie depuis quelques années par la Cour du
Québec, qui est notre Cour d'appel, dans l'affaire de Boulay contre Tremblay où
est-ce qu'on énonce clairement que le tribunal peut tenir compte de plusieurs
paramètres lorsque vient le moment de fixer l'indemnité. Et on va tenir compte,
je vous donnerai quelques exemples, de la situation de vulnérabilité, le
handicap, l'âge, par exemple quelqu'un qui n'est pas en mesure de faire ses boîtes
de déménagement seul, on va tenir compte de ça, et la Cour du Québec annonce
même cette possibilité que le TAL a de tenir compte du déracinement également.
Donc, le champ est assez large dans les éléments d'appréciation que le tribunal
peut avoir en preuve pour déterminer une indemnité qui serait conséquemment
plus élevée que ce que l'article énonce comme base.
Mme Dufour : Je...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Je vais
vous donner un cas, il y a eu un cas qui était passé dans les médias, là, j'y
vais de mémoire, mais la dame refusait de quitter son logement, elle demandait
50 000 $ pour sortir de son logement. La somme paraît énorme quand on
le regarde de même, mais, si on fait juste des petits calculs, on parle,
mettons, quelqu'un qui a été là 10 ans, O.K., on parle de 10 mois, 10 mois, si
la personne doit payer 1 500 $ de plus pour se reloger ailleurs,
bien, c'est 15 000 $ de plus pour cette personne-là. Pour la
personne... celui qui va relouer le logement, c'est aussi 15 000 $ de
plus qu'il va faire, mais c'est sur 10 mois seulement. La personne qui va
devoir se reloger va le faire pendant des années. Et donc elle, elle estimait
que... dans le fond, sur cinq ans, elle calculait que c'était
50 000 $ de plus que ça allait lui coûter. Ça, c'est un cas, là, je
suis sûre que, si on va fouiller sur Google, on le trouverait, je m'en
souviens, et ce n'était pas loufoque, là, comme demande. Et, quand on pense, tu
sais, au surplus que ça représente pour quelqu'un qui est quand même... qui a
des petits revenus, ça peut être vraiment problématique.
Ça fait que, dans le fond, c'est ça que je
veux m'assurer, c'est que... si la personne considère qu'il y a, tu sais, des dommages-intérêts
plus élevés, bien, qu'on... tu sais... Je ne dis pas qu'il faut aller à
50 000 $. Ce que je dis, c'est : Je veux juste m'assurer que
personne ne soit lésé. Parce qu'actuellement, malgré qu'on dit que ça va être
mieux avec ces... ce montant-là, dans les faits, les gens vont quand même subir
un préjudice important, puis le locateur va quand même avoir un intérêt
financier à évincer les gens, là. Cette clause-là ne vient pas rien changer
là-dessus, là. 24 mois de loyer, ça a l'air beaucoup, si quelqu'un a été là 24
mois... 24 ans, pardon, mais, dans les faits, en quelques mois, le propriétaire
va rentrer dans son argent, là, pas en 24 mois, en beaucoup plus rapide que ça,
là, en six mois peut-être, peut-être quatre.
Donc, bref, je veux souligner que ça ne
vient pas tout régler du tout, là, cette clause-là, là, puis ça... Tu sais,
oui, on encadre mieux le fardeau de preuve pour les évictions, ça, c'est un
gain, mais ici il y a une prévisibilité, mais ça reste encore plus intéressant,
je pense, quand on est propriétaire, d'évincer que... d'évincer légalement,
évidemment, là, que de garder un loyer qui est bas.
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Est-ce que Mme la ministre voulait revenir là-dessus ou...
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, moi, je considère que c'est une belle avancée... une prévisibilité, ça
tient compte des deux parties. Encore là, on a un contexte où on a deux parties
dans une location, un locataire puis un locateur. Puis ça tient compte des
droits et obligations des deux côtés. Alors, je pense que c'est une belle
amélioration puis que ça va servir... ça va bien servir notre population.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, merci,
M. le Président. Je voudrais aller plus particulièrement approfondir la notion
de préjudice. Me Simard nous a...
M. Fontecilla : ...la notion
de préjudice. Me Simard nous a dit tantôt que ça peut être une interprétation
assez large faite par les tribunaux : faire des boîtes, considérer le
déracinement d'une personne, etc. Mais, très concrètement, la question que je
voudrais savoir et adresser à la ministre : si la jurisprudence actuelle
permet de considérer que le préjudice concerne aussi les frais de location plus
élevés que la... que le locataire va devoir assumer, là, en... dans un autre
logement, donc si le préjudice comprend aussi, là, ce différentiel-là.
• (10 h 20) •
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : C'est quoi,
votre question?
M. Fontecilla : Donc, un
locataire est évincé, et il va devoir se trouver un autre logement, on... en
tout cas on l'espère. Et, dans l'état actuel du marché, de façon générale, les
loyers ne baissent pas, ils augmentent, mais aujourd'hui ils augmentent de
beaucoup. Donc, il va devoir se trouver un logement souvent de moindre qualité,
plus petit, mais pour beaucoup plus cher. Donc, la notion est à savoir si le
préjudice décidé par le tribunal considère ce... ce différentiel-là, le montant
supplémentaire substantiel que le locataire devra payer en se trouvant...
lorsqu'il va trouver un autre logement.
Mme Duranceau : Bien, le...
c'est prévu, hein? Si le locataire considère que le préjudice qu'il subit justifie
une indemnité plus élevée, il peut s'adresser au tribunal pour en faire fixer
le montant. Donc, dans le montant de l'indemnité, si le locataire considère
qu'il y a un préjudice, compte tenu de ce qu'il doit payer subséquemment, bien,
il peut le soumettre, puis là, ça sera au tribunal de décider ce qu'il en est,
là.
M. Fontecilla : Donc, ça fait
partie de la jurisprudence de considérer ce différentiel-là?
Mme Duranceau : Oui, ça fait
partie des analyses que le tribunal fait quand ils établissent l'indemnité à...
à établir.
M. Fontecilla : Très bien.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Donc,
ça va? Alors, d'autres questions? Non? Alors, s'il n'y a pas d'autre
question...
M. Fontecilla : M. le
Président...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : ...je
voudrais revenir sur la notion de... le minimum, surtout dans le contexte
actuel, où il y a une... beaucoup de... d'évictions, le montant minimal
qu'une... payait, de trois mois, tel que présenté ici dans l'article... dans
l'article 4, peut sembler... peut sembler pas assez dissuasif pour certains...
certains locateurs qui voudraient se débarrasser d'un locataire, surtout un
locataire qui ne paie pas assez... pas assez cher. On sait que, dans... quand
même, il y a un... il y a beaucoup de gens qui restent très longtemps dans le
même appartement, mais il y a quand même un certain... certain nombre de
locataires qui peuvent déménager souvent. Donc, le minimum, c'est un an,
évidemment, mais trois mois de loyer par... c'est... c'est... Le principe
général, là, c'est un mois d'indemnisation par année occupée dans le logement,
n'est-ce pas, avec un minimum de trois mois. Moi, je me questionne sur la
notion de... Si un locataire reste seulement un an, là, ou deux...
Mme Duranceau : Il a trois
mois.
M. Fontecilla : ... — c'est
ça — il a seulement trois mois; s'il reste deux ans, trois mois; et,
s'il reste trois ans, par exemple dans le cas d'une famille avec des enfants -
trois ans, c'est... c'est beaucoup, considérant que la notion du temps pour les
enfants est bien différente de celle des adultes - est-ce que la ministre
considère que le montant de trois... de trois mois de loyer est... est assez dissuasif
pour qu'un locateur... pour décourager un locateur de faire une éviction... on
va l'appeler «frivole»?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Bien,
écoutez, ce qu'on m'explique, là, c'est qu'en matière de jurisprudence,
justement, si quelqu'un est évincé après un an ou deux ans, le tribunal... Bon.
Là, on prévoit : si ça fait un an, si ça fait deux ans, si ça fait trois
ans, tu as trois mois de loyer. Donc...
Une voix : Par année?
Mme Duranceau : Oui. Et, par
ailleurs, si tu considères que ce n'est pas assez, tu peux aller devant le
tribunal, puis le tribunal va considérer le fait que, justement, tu venais
d'emménager, tu venais de tout peinturer ou tu venais de faire certains
aménagements qui, finalement, tu sais, sont un coût perdu, parce que tu n'es
pas resté dans le logement assez longtemps parce que le locateur décide de
reprendre le logement, donc... ou de t'évincer. Alors, c'est déjà considéré au
niveau du tribunal. Donc, on le couvre...
Mme Duranceau : ...donc on le
couvre, on en tient compte.
M. Fontecilla : O.K. Très
bien, du côté du tribunal, qui peut considérer si la personne a fait certains
travaux, de la peinture, comme vous le nommez, là. Mais moi, je me réfère
plutôt à l'aspect d'un dédommagement et d'une indemnité dissuasive. Ce n'est
pas tellement pour payer la peinture qu'elle a faite, que le locataire a faite,
etc., c'est un nombre de mois minimal pour faire en sorte... pour que ça ait un
effet dissuasif sur certaines évictions qui... Parce qu'il y a beaucoup,
beaucoup des locataires qui possèdent des puissants moyens financiers, Mme la
ministre, trois mois de loyer, là, c'est un détail pour eux, là. Donc, ce n'est
pas... On pourrait considérer que, pour ces locataires-là, ce n'est pas assez
dissuasif étant donné surtout le contexte actuel de crise de logement et les
effets délétères, les effets négatifs qu'une éviction a sur n'importe quel
locataire.
Donc, est-ce que vous pensez que trois
mois de loyer, c'est assez dissuasif pour éviter des évictions, encore une
fois, qui pourraient paraître frivoles?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre?
Mme Duranceau : Oui, mais on
n'est pas dans les dommages dissuasifs, là, on est dans une notion d'indemnité,
puis, si l'indemnité n'est pas suffisante, le locataire peut s'adresser au
tribunal. Par ailleurs, je comprends ce que vous dites, là, mais il y a
75 % des propriétaires au Québec, c'est des petits propriétaires, là,
c'est Mme Caron avec son duplex ou son triplex. Puis ces gens-là, ils essaient
juste d'arriver puis de regarder comment, comment ils vont arriver avec leur
immeuble. Puis, s'ils décident de le reprendre, pour x, y raisons, bien là, on
vient, on vient mettre des balises qui, pour ces gens-là, sont très, très
dissuasives, comme vous dites, là.
Alors, je pense qu'encore là c'est le
difficile équilibre à maintenir entre locataires puis propriétaires. Mais il
faut sortir de la bulle que tout le monde est dans des cas de rénoviction qui
n'ont pas de bon sens, là. Je veux dire, il y en a, mais ce n'est pas
l'ensemble de l'oeuvre au Québec. Puis cette règle-là, je pense qu'elle
vient... c'est une belle avancée qui, dans mon livre à moi, est dissuasive pour
bien du monde, même si ce n'est pas l'objectif. Mais je pense qu'on vient
couvrir ce qu'on veut couvrir avec ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
M. Fontecilla : Mme la
ministre nous dit qu'un pourcentage important des propriétaires, c'est des
petits propriétaires, fort bien, mais il nous reste quand même un pourcentage
substantiel qui sont des gros propriétaires qui appartiennent à des intérêts
financiers dont le siège social ne se trouve... ça se peut que ça ne se trouve
même pas ici, au Québec, là. C'est vraiment des entités qui possèdent des
milliers de portes et pour qui 12 bâtiments de 12 logements, là, bien, écoutez,
il n'y a rien là. On va procéder à augmenter les loyers en procédant à des
évictions. Donc, c'est surtout pour ces gens-là, mais pour tout le monde qui
pourrait être tenté d'évincer des locataires, juste pour engranger des profits.
Donc, il faut qu'il y ait un aspect dissuasif, peu importe le nombre d'années
que le locataire reste sur... qu'il reste dans un logement, là. Et trois mois
de loyer, ça peut paraître dérisoire pour plusieurs personnes qui veulent
évincer pour... monter les loyers, faire davantage de profits. Donc, il n'y
aurait pas moyen d'inclure, Mme la ministre, dans une forme que l'aspect
dissuasif de cette mesure-là ne fait pas partie des motivations qui ont conduit
à la rédaction de cet article-là.
Mais est-ce que, je lui pose la question,
est-ce qu'introduire une notion de dissuasion afin de décourager, désinciter
des évictions pourrait faire partie des choses qu'elle peut considérer,
l'aspect dissuasif, là? Est-ce qu'elle est intéressée à dissuader certains
propriétaires à faire des évictions frivoles?
Le Président (M. Schneeberger) :
...
Mme Duranceau : Je pense que
là, vous jouez sur les mots, là, M. Fontecilla. C'est dissuasif, là, quand il
faut que tu paies 24 mois de loyer à quelqu'un, c'est dissuasif. Bon.
Maintenant...
Mme Duranceau : ...il faut
regarder ces mesures-là dans l'ensemble... dans leur ensemble, puis on a dit
que c'était le cumul. On change le fardeau de la preuve, on le met sur les
épaules du propriétaire. On ajoute des mois de loyer comme compensation.
Ensuite de ça, quelqu'un qui reprend le logement puis qui ne fait pas ce qui
est supposé faire, va avoir le fardeau de la preuve de démontrer qu'il est...
qu'il était dans son droit de faire ça.
• (10 h 30) •
Alors, on est venu changer trois articles
de loi pour dissuader comme vous dites. C'est l'ensemble de l'oeuvre qu'il faut
regarder là-dedans. Puis il ne faut pas oublier qu'à moins de nationaliser
l'ensemble du parc immobilier du Québec, là, ça nous prend des propriétaires
pour qui ça va être viable aussi de détenir leur duplex puis leur triplex. Puis
je tiens à le rappeler, on a un grand parc immobilier détenu par des petits
propriétaires au Québec puis des gens pour qui c'est très, très contraignant,
ce qu'on ajoute, là, comme mesures, puis on le fait parce qu'on pense qu'il
faut protéger les gens qui sont vulnérables, mais il faut tenir compte des deux
parties là-dedans. Ça fait que je vous invite aussi à penser à ça dans vos
interventions, là. Ça prend un propriétaire puis ça prend des locataires, il
faut tenir compte des deux.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Juste vous rappeler qu'on appelle... par nos titres de comté et pas le nom de
famille ou prénom. Voilà.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Écoutez, j'ai en tête surtout des bâtiments avec... voire une
dizaine, deux dizaines de logements, dont les habitations du Manoir Lafontaine
qui possédaient quelques centaines de logements. Donc, moi, je... Et ce qu'on
voit en ce moment dans l'actualité, là, c'est surtout des gens qui ont... ou
des entités financières qui ont beaucoup de moyens, qui évincent des locataires
qui ne paient pas cher, justement, pour pouvoir monter les loyers. On n'est pas
ici dans le cas de Mme Caron ou de M. Thibodeau qui possède un
duplex, etc., là. La réalité fait en sorte que c'est des gros intérêts
financiers qui mettent à la porte des gens pour pouvoir monter les loyers.
C'est ça qu'on connaît pratiquement à tous les jours, là. L'actualité regorge
de ce type de nouvelles.
Donc, j'invite peut-être Mme la Ministre à
regarder la vraie réalité et non pas se réfugier dans une vision idyllique de
ce qui est le marché locatif en ce moment, là. Le marché locatif en ce moment,
là, c'est un Far West où celui qui a des poches profondes peut l'emporter très
facilement sur des gens très défavorisés et qui sont vulnérables. C'est ça, la
réalité qu'on connaît en ce moment-là, très éloignée de la réalité idyllique
que voudrait nous présenter la ministre. Je reconnais qu'il faut protéger
l'ensemble... il faut regarder l'ensemble de la situation, y compris la
situation des petits propriétaires. Mais la situation actuelle correspond à une
tout autre réalité, et c'est celle des spéculateurs qui mettent à la rue des
gens, là, qui ne paient pas des loyers assez cher.
Maintenant, je voudrais revenir sur
l'aspect dissuasif du trois mois de loyer. Je peux bien comprendre que
24 mois de loyer pour une personne qui demeure depuis au moins 24 ans
dans un logement peut sembler dissuasif, justement, pour un petit propriétaire
qui n'a pas beaucoup les moyens, même pour une compagnie qui peut... qui
possède d'importantes ressources financières, ça peut être dissuasif
24 mois. Mais à l'autre extrême, là... à l'autre extrême de cette
réalité-là, les gens qui restent jusqu'à trois ans dans un même logement, peut-être
avec l'intention de rester pendant 24 ans, mais qui se voient évincés,
trois mois de loyer, ce n'est vraiment pas dissuasif. Tantôt la ministre nous a
dit que l'aspect dissuasif ne faisait pas partie de ses calculs. Ensuite, elle
nous a dit que, oui, ça fait partie de ces... des motivations. Très bien. Je
suis bien content que l'aspect dissuasif fasse partie des motivations qui ont
amené à la rédaction de cet article-là. Mais questionnons-nous donc sur...
10 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...l'aspect
dissuasif de trois mois de loyer, et moi, je pense qu'il faut... que ce n'est
pas assez. Trois mois de loyer, ce n'est pas assez dissuasif ni pour un petit
propriétaire qui veut évincer un locataire ni pour un gros propriétaire. Donc,
il y a lieu, je crois, d'augmenter ce trois mois de loyer là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce que nous avons des commentaires? Non, ça va? O.K., parfait. Alors, s'il
n'y a pas d'autre commentaire, alors, est-ce que l'article... dans le fond, l'amendement
de l'article 4... Oui, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aimerais
quelques minutes de suspension pour présenter un amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : De
suspension pour présenter un amendement?
M. Fontecilla : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Un sous-amendement?
M. Fontecilla : Un
sous-amendement, pardon, oui.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
parfait. Bien, combien vous avez besoin de temps?
M. Fontecilla : Ça va nous
prendre quelques minutes, on va... quelques minutes, là. On va essayer de bien
faire le travail.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 10 h 36)
(Reprise à 10 h 43)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Alors, député de Laurier-Dorion, vous aviez un
sous-amendement à l'amendement de l'article 4. Alors, je vous laisse présenter
votre sous-amendement, et puis faire les commentaires par la suite, et... s'il
y a un échange aux questions. Allez-y.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, sous-amendement à l'article 4 : À l'amendement à
l'article 4 du projet de loi, au deuxième alinéa du premier paragraphe,
changer les mois... «3 mois» et «6 mois», 6 mois de... voilà.
Donc, voilà, M. le Président. Mme la
ministre nous informait tantôt, là, que la très grande majorité des
propriétaires, s'il s'agit des tout petits propriétaires... je vais utiliser
le terme de Mme Caron, j'ajoute M. Thibodeau, écoutez... et pourtant, le
chiffre que... Et tout ça pour nous dire que, pour la plupart, c'est des
évictions légitimes. Et il y a des évictions légitimes, selon le Code civil du
Québec, là, mais il y en a beaucoup, il y en a beaucoup qui réussissent, malgré
les précautions, à imposer une logique spéculative et à évincer des locataires
afin de pouvoir monter ensuite les loyers. Donc...
M. Fontecilla : ...tout
d'abord allons... nous allons nous référer sur la taille, la typologie des
différents propriétaires et des différents propriétaires au Québec, là, et se
long... selon des données provenant d'une chercheuse, Mme Chloé
Saint-Hilaire, chercheur de l'Université McGill et Waterloo sur la... sur des
sujets portant sur la financiarisation du logement. On nous dit que 43 %
du parc locatif, là, sont... est détenu par... 43 % du parc locatif, c'est
des propriétaires qui ont six logements et moins. 41 % du parc locatif est
détenu par des personnes qui sont... qui détiennent entre sept et
99 logements. Donc, ce n'est pas un... Ce n'est pas nécessairement un
petit propriétaire, sept et 99 logements. Et 800 propriétaires en
plus des 100 portes, et ce qui correspond à 16 % du parc locatif.
Donc, voilà, on est... on est loin de l'image idyllique, là, de... d'un Québec,
là, où la très grande majorité des propriétaires sont des tout petits
propriétaires. On se rend compte qu'il y a beaucoup de propriétaires qui
constituent la majorité du parc locatif, qui ont une très bonne partie du parc
locatif.
Et j'aimerais aussi ajouter, là, qu'à
Montréal 0,46 % des propriétaires, c'est moins de 1 %, possèdent
31 % du parc locatif montréalais. Et c'est beaucoup, ça, c'est beaucoup.
C'est ce secteur-là principalement qui effectue des évictions et des reprises,
et à profusion, là, justement afin de valoriser l'actif qu'ils détiennent, les
logements locatifs. Donc, c'est dans ce contexte-là qu'il y a une flambée
depuis le début de la crise du logement, là, une flambée des procédures
d'éviction, et souvent, souvent frauduleuses. Et malheureusement, puisqu'il n'y
a aucun moyen de vérifier la véracité de l'opération ou est-ce que ça
correspond... ou que ça... l'opération corresponde à ce que stipule le Code
civil, là, on ne peut pas vérifier. Donc, ça continue, de se faire en très...
les évictions continuent à se faire en très grand nombre.
Donc, dans ce sens-là, le projet de loi
no 31 est une occasion unique de... d'améliorer le Code civil en cette matière
et faire en sorte que les évictions deviennent... deviennent un peu plus... un
peu plus difficiles. Et quoi qu'il en soit, qu'on... et j'ai apporté des
modifications dans ce sens-là qui ont été refusées, qu'on puisse vérifier de la
validité de l'opération de... a posteriori de la validité de l'opération de
l'éviction. Mais en amont, en amont, les propriétaires, les gens qui veulent
évincer et faire perdre le droit au maintien dans les lieux à un ménage, parce
que c'est de ça qu'il s'agit, hein, c'est de faire perdre le droit au maintien
dans le lieu qui est la pierre d'assise du système québécois qui régit les
relations entre locateurs et locataires, il devrait... il devrait y avoir des
aspects dissuasifs, là, afin de... afin que les gens qui pensent à cette
opération-là y pensent à deux fois.
Donc, la ministre fait une avancée
importante, oui, dans le... dans l'aspect dissuasif, là, lorsque le locataire
demeure depuis de nombreuses années dans le même logement. Donc, on va jusqu'à
un moi... un mois de loyer par année de résidence jusqu'à un maximum de 24...
24 mois. Mais dans l'autre... l'autre bout de l'échelle, lorsque le locataire
reste depuis moins de trois mois... trois ans dans le même logement, le
loyer... la... l'indemnité se réduit à seulement trois mois.
Pour un petit logement qui, dans le temps,
pour... par miracle, il y a trois ans, ne coûtait pas... pas si cher que ça, on
va dire 600 $, on va dire 600 $ pour un un et demie, par exemple, et
on veut l'évincer et le locataire reste moins des trois ans, bien, le
propriétaire va devoir lui donner 600 $ fois trois. Faites le calcul, ça
fait 1 800 $, ce qui est une somme dérisoire et absolument pas
dissuasive pour...
M. Fontecilla : ...pour un
propriétaire qui tient absolument à procéder à l'éviction et pouvoir augmenter
le loyer puisque, cette somme-là, il va la récupérer dans un rien de temps,
même à l'intérieur même d'une seule année en augmentant les loyers.
Donc, les trois mois, ce n'est pas
suffisant, ce n'est pas dissuasif, pour certains propriétaires, là, de procéder
à une procédure d'éviction. Il me semble que monter à un minimum de six mois,
le double, ce qui n'est pas la fin du monde non plus, ce n'est pas beaucoup, ça
pourrait en dissuader beaucoup de procéder à cette... à une éviction,
justement, pour pouvoir engranger plus de profits. Donc, il me semble que trois
mois, ce n'est pas suffisant, on devrait pouvoir monter à six mois. Voilà, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour votre sous-amendement. Alors, est-ce qu'il y a des questions-réponses
suite au dépôt? Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, bien,
écoutez, je vais peut-être faire trois précisions où on a... Vous avez parlé
d'évictions qui sont légitimes. Effectivement, il y en a, des cas d'évictions
légitimes, puis il faut en tenir compte, puis c'est pour ça que le trois mois,
c'est suffisant et que ce n'est pas six mois qui est recommandé. Il y a des
gens qui, pour certaines raisons, vont évincer quelqu'un puis qui sont
légitimes. Puis je pense que c'est suffisamment contraignant d'avoir trois mois
de loyer à payer versus six mois.
Ensuite de ça, vous avez parlé d'évictions
qui sont frauduleuses. Bien, dans ce cas-là, il y a un préjudice. Puis
l'indemnité additionnelle possible, elle est là, elle est prévue une fois qu'on
va devant le tribunal. Alors, les mécanismes sont en place pour prévoir une
plus grande indemnité.
Puis, vous insistez beaucoup sur le fait
qu'il faut que ce soit dissuasif, que ce soit plus difficile de faire des
évictions, moi, je pense qu'il ne faut pas regarder seulement cet article-là,
il faut regarder l'ensemble de l'œuvre puis l'ensemble des modifications qu'on
vient faire, et je pense que, quand on regarde l'ensemble des modifications,
c'est effectivement cumulativement dissuasif. Ça fait que, pour cette
raison-là, je pense que le trois mois est suffisant et qu'il faut regarder
l'ensemble de l'œuvre pour comprendre que c'est effectivement dissuasif
d'évincer quelqu'un.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Et c'est
important de discuter sur le terme «légitime». La loi permet à un propriétaire
d'évincer pour faire des travaux d'agrandissement, subdivision ou changement
d'affectation. On n'est pas ici dans la motivation est-ce que c'est pour rendre
le logement plus beau, pour permettre... Peu importe la motivation du
propriétaire, il y a trois cas de figure, et, si le propriétaire s'engage à
faire un changement d'affectation, subdiviser ou agrandir, donc voilà, le
tribunal administratif du logement octroie l'autorisation pour évincer.
On est... Mais on sait, on sait que ce
type d'opération, et on a... l'actualité, encore une fois, nous fournit
amplement des informations sur cette situation, la motivation principale de la
plus... de la très grande quantité des propriétaires qui effectuent des
rénovictions, comme on les appelle communément, là, c'est pour augmenter ses
profits. Mais le Tribunal administratif n'a pas se questionner sur si c'est
pour augmenter des profits ou non, on lui soumet un cas : Est-ce qu'il
correspond aux critères tels que définis par la loi?, et l'autorisation
d'évincer est accordée ou pas, là.
Mais la question que la ministre, elle,
doit se poser, là : Est-ce qu'il est légitime, dans la situation actuelle,
qu'il y ait un très grand nombre d'évictions pour finalement augmenter les
loyers et augmenter les profits de certains locataires? Et c'est ça, la
question de la légitimité. Mme la ministre nous a dit que, pour les évictions
frauduleuses dont certaines études nous signalent qu'elles constituent une très
grande partie des évictions qui sont effectuées au Québec, là... nous a dit
qu'il existe des mécanismes en place pour prouver qu'elles ont été frauduleuses
et donc aller chercher des dommages et intérêts, ce qui est une mesure, si j'ai
bien compris, une mesure plus de l'ordre...
M. Fontecilla : ...de
caractère punitif. Mais justement, Mme la Ministre, les mécanismes en place
pour prouver qu'une éviction a été faite de façon frauduleuse, et même une
reprise, jusque là n'existent pas au Québec, là. J'ai même proposé la semaine
dernière un amendement pour instaurer un régime de vérification, qui pourrait
être très simple, là, ça pourrait être un régime de vérification fiscale, là.
Et donc est-ce que les travaux ont été effectués ou... fournir une preuve comme
quoi la grand-mère, la tante, les fils, le père ou la mère ont été installés là
dans le cas d'une reprise, là, donc... mais la ministre a refusé d'avancer...
d'accepter mes propositions pour instaurer un mécanisme de vérification.
Donc, il est excessivement difficile en ce
moment au Québec, là, de prouver qu'une éviction et même qu'une reprise a été
effectuée de façon frauduleuse. Mais ça nous donne une raison de plus pour
essayer d'instaurer davantage de mécanismes dissuasifs puisqu'au bout du
processus il est très difficile de prouver le caractère frauduleux d'une
éviction ou d'une reprise. Mais, en amont, en instaurant davantage de règles qui
rendent la décision plus coûteuse ou plus difficile, en tout cas, dans ce
cas-ci, plus coûteuse, et en augmentant le nombre de mois minimaux qui doivent
être donnés et octroyés à un locataire qui est évincé. Trois mois dans le
marché locatif actuel, là, ce n'est pas grand-chose, c'est dérisoire comme
montant, là. Et les boîtes financières... les grandes compagnies financières
qui veulent mettre des locataires à la rue, pour encore une fois, la finalité
étant de faire plus de profits, n'auront aucun, aucun problème financier. Il
n'y a aucun aspect dissuasif à payer trois mois de loyer, là. Peut-être qu'à
six mois... Et même là, peut-être qu'à six mois, là ils vont commencer à se
poser la question : Bien... d'évincer un locataire commence à nous coûter
un peu cher. Donc, peut-être qu'on pourrait peut-être retarder d'une année,
peut-être ne pas le faire, enfin, etc. Mais le Québec doit se doter d'une
meilleure protection des locataires vulnérables qui... surtout, dans ce cas-ci,
là, pour les locataires qui résident depuis moins de trois ans dans un
logement, là, qui vont se faire évincer très facilement en déboursant des
peccadilles, là, des montants dérisoires d'argent.
Donc, la ministre, si elle est sérieuse
dans sa volonté de mieux protéger les locataires, elle devrait augmenter les
indemnités correspondant à six mois de loyer afin que cela constitue un tout
petit peu plus que... que ça ait un petit peu plus de mordant, là, dans
l'aspect dissuasif.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce qu'il y a des réponses suite
aux discussions? Non. Alors... Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. J'aimerais intervenir sur l'amendement...
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Dufour : Le
sous-amendement, vous avez raison. Donc, je suis d'accord avec le collègue de
Laurier-Dorion que parfois le trois mois n'est pas suffisant. Je l'ai souligné
d'ailleurs lors de mon intervention. On faisait état de changement
d'affectation, on parlait d'Airbnb. Moi, j'aurais bien aimé que l'amendement
que j'ai proposé la semaine dernière pour les interdire soit accepté. L'exemple
que je vais vous donner n'en ferait pas partie à ce moment-là. Mais aujourd'hui
il est possible en peut-être trois semaines seulement, récupérer les trois
mois... l'équivalent de trois mois, là, même... peut-être même moins
d'indemnité qui serait à payer dans le cas qu'on évincerait pour faire de
l'hébergement de courte durée comme du Airbnb. Alors, de monter à six mois, ça
pourrait se valoir.
Par contre, il y a aussi le côté...
l'autre côté où il est possible que ce soit un tout nouveau locataire qui paie
un loyer, qui est dans le marché, et que là pour des raisons bien valables, il
y a un besoin d'avoir une subdivision ou un changement dans le logement. Et là,
bien, il y a une indemnité à payer, et là on monterait à six mois. Et là...
Mme Dufour : ...ça devient
préjudiciable au propriétaire, tu sais, qui... dans le fond, ça va peut-être
reporter le projet, en fait, faire en sorte que ce ne soit plus possible. Puis
pensons à un cas où on voudrait agrandir pour offrir des logements, des cinq et
demie, par exemple, pour des familles. Là, ce ne serait plus possible. Tu sais,
là, ça deviendrait rébarbatif. Donc, bref, il y a toujours...
Moi, je m'étais beaucoup questionnée, là,
sur cette clause-là, à savoir s'il fallait l'augmenter. On a eu beaucoup de
groupes qui sont venus en commission parlementaire, et plusieurs ont parlé de
ça, ont parlé du fait que, bien, peut-être, il faudrait s'ajuster, plutôt, en
fonction du marché différentiel, entre le loyer payé actuel et le marché. Je
dirais que ce serait probablement plus juste que juste d'augmenter de trois
mois à six mois, mais, là-dessus, moi, je pense qu'en tout cas on n'est pas
prêts à modifier ça, et, pour cette raison-là, je ne serais pas à l'aise, là,
d'appuyer l'amendement... le sous-amendement, pardon, qui est proposé par le
collègue de Laurier-Dorion. Par contre, ça ne change pas le fait que je pense
qu'il y a des modifications qui devraient être faites. Mais, à ce jour, là, je
ne suis pas prête, je ne connais pas vraiment la bonne formule. Je pense que...
Personne ne m'a convaincu qu'il avait la formule parfaite, toutes ont des
grands désavantages, et donc, pour l'instant, je considère que de trois à 24
mois reste quand même un barème.
On peut comprendre que, si quelqu'un a...
reçoit 24 mois de loyer, c'est parce que ça fait 24 ans qu'il est dans le
logement, et donc il paie un loyer, quand même, beaucoup plus bas. Mais le
problème, c'est le minimum. Le trois mois passé à six mois, c'est là que... Là,
on peut parler peut-être de quelqu'un qui vient juste de rentrer dans le
logement, et là ça deviendrait démesuré, l'indemnité qu'on aurait à leur... que
le propriétaire, le locateur aurait à payer. Ça fait que c'est toujours le jeu
d'équilibre, et c'est pour ça, là, que moi, je ne serais pas... je ne veux pas
appuyer cet amendement-là... sous-amendement.
• (11 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait,
merci beaucoup. Alors, nous allons mettre aux voix le sous-amendement. Est-ce
que le sous-amendement...
M. Fontecilla : ...appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : ...par
appel nominal, est adopté?
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Rivest
(Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Contre.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, le sous-amendement est rejeté. Alors là, nous revenons à l'amendement
présenté par la ministre. Alors, est-ce qu'il y avait d'autres commentaires
là-dessus? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, merci,
M. le Président. Je voudrais revenir sur la notion d'indemnité pour les
préjudices. Tantôt, on disait que la jurisprudence actuelle comprend les frais
additionnels qu'ils devront payer par... les locataires devront payer ailleurs,
là, un prix, souvent, beaucoup plus élevé, mais j'aimerais savoir, Mme la
ministre, là, si vous avez en tête une jurisprudence exacte, là, concernant
cette... que les tribunaux ont prise en compte cette... Est-ce que vous
pourriez citer un cas, là, concret, là, où les tribunaux... le TAL, là, le
Tribunal administratif du logement a pris en considération, dans l'indemnité,
le prix supérieur de... que le locataire devra payer ailleurs, suite à une
éviction?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, chaque cas est un cas d'espèce, là. On va vous en sortir, de la
jurisprudence, on va vous la transmettre, si vous voulez lire ça.
M. Fontecilla : J'aimerais
avoir quelques cas.
Mme Duranceau : Parfait, on
va vous transmettre ça.
M. Fontecilla : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Alors, nous revenons à l'article... l'amendement de l'article 4. Est-ce que
l'amendement présenté par la ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté?
Adopté. Alors, Mme la ministre, nous en sommes maintenant à l'article 6, si je
suis... Alors, nous en sommes maintenant à l'article 6, Mame la ministre.
Mme Duranceau : 6, on y va.
Alors : L'article 1968 de ce code est remplacé par le suivant, donc :
«Le locataire peut recouvrer les
dommages-intérêts résultant d'une reprise ou d'une éviction, qu'il y ait
consenti ou non, à moins que le locateur ne prouve que celle-ci a été...
11 h (version non révisée)
Mme Duranceau : ...faite de
bonne foi.
«Le locataire peut aussi demander que le
locateur soit condamné à des dommages-intérêts punitifs s'il démontre que la
reprise ou l'éviction a été obtenue de mauvaise foi.»
Donc, l'article 6 du projet de loi
remplacerait l'article 1968 du Code civil de sorte qu'il reviendrait au
locateur, dans le cadre d'un recours en dommages-intérêts résultant d'une
reprise ou d'une éviction, de démontrer qu'il a agi avec bonne foi.
Il permettrait également au locataire de
réclamer des dommages-intérêts punitifs s'il est en mesure de prouver que la
reprise ou l'éviction a été obtenue de mauvaise foi.
Donc, depuis que... depuis le début, on
dit : Il faut regarder l'ensemble des mesures. Puis ça, c'est une mesure
dont l'objectif est de renverser le fardeau de la preuve pour le locateur, qui
devra démontrer qu'il a agi de bonne foi en exerçant son droit à la reprise ou
à l'éviction. Alors, c'est gros, là, ça. Et les effets attendus, ça va être de
faciliter la procédure en dommages et intérêts pour une reprise ou une éviction
de mauvaise foi. Donc, voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme la ministre, je vais devoir revenir. J'ai fait une petite erreur de
procédure. L'article 4, dans le fond, l'amendement a été adopté, mais là l'article 4
n'a pas été adopté. Alors là, je vais devoir reprendre l'article 4 et de
le passer au vote. Est-ce que l'article 4, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté?
Parfait. Voilà. Alors là, nous revenons à l'article 6. Allez-y...
Mme Duranceau : Que j'ai lu.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Alors, il y avait... Est-ce qu'il y avait...
Mme Duranceau : Alors, on est
prêts à écouter les commentaires.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
est-ce qu'il y a des questions sur l'article 6?
Mme Dufour : Oui, il y en a, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : J'essaie juste de
retrouver mes notes, de me comprendre. Ça fait un bout, hein, qu'on a préparé
ça. J'essaie de les retrouver. En fait, l'enjeu ici, c'est le fardeau de la
preuve. O.K. Ici, on demande au locataire de démontrer que la reprise ou l'éviction
a été obtenue de mauvaise foi. Et donc... Et là ce qu'on nous explique, c'est
que, de un, c'est très difficile, ce que les groupes sont venus nous dire, c'est
difficile de le démontrer. On a... Parfois, ce n'est pas possible de voir
est-ce que c'est vraiment, par exemple, telle personne qui devait revenir dans
le logement, le père de, très difficile de démontrer que c'était vraiment ça.
Ça peut être un nouveau locataire qui ressemble au père, mais ce n'est pas lui.
Encore faut-il... il faudrait explorer, il faudrait être capable de surveiller
ce qui se passe. Quand on n'a pas... on ne voit pas à l'intérieur du logement,
le logement est au cinquième étage, on ne peut pas rentrer, difficile de voir
que les travaux ont été effectués tels qu'ils étaient supposés de se faire, l'agrandissement
ou... Bref, le fardeau qu'on demande au locataire est très élevé et
pratiquement impossible, dans certains cas, à démontrer.
Alors, ce que je voudrais proposer, c'est
qu'on change tout simplement le fardeau de preuve et que ce soit plutôt le
locateur qui prouve que ça a été fait de bonne foi. Et c'est facile à démontrer
pour lui. Lui, il a toutes les factures. Il peut très très, très aisément le
démontrer. Alors, il y a un amendement, là, qui... je ne sais pas s'il est
parti, il a été envoyé, que je voudrais déposer.
Le Président (M. Schneeberger) : ...dans
le Greffier. Alors, les gens, les députés l'ont. Alors, juste, vous pouvez le
déposer, le lire et puis commenter sur votre amendement.
Mme Dufour : On va le mettre,
c'est ça, à l'écran.
Des voix : ...
Mme Dufour : Alors, je vais
le lire : L'article 6 du projet de loi est modifié par le
remplacement de l'article par le suivant :
L'article 1968 de ce code est
remplacé par le suivant :
«1968. Le locataire peut recouvrer les
dommages-intérêts résultant d'une reprise ou d'une éviction, qu'il y ait
consenti ou non, et peut également demander que le locateur soit condamné à des
dommages-intérêts punitifs, à moins que le locateur ne prouve que celle-ci a
été faite de bonne foi.»
L'article modifié se lirait comme suit...
Donc, tout ce qui était proposé, dans le fond... Je ne sais pas si je...
Mme Dufour : ...dois relire
tout ce qui est biffé? Je dois le lire? Non, c'est ça. Alors, c'est... se
lirait : «Le locataire peut recouvrir les dommages-intérêts résultant
d'une reprise ou d'une éviction, qu'il y ait consenti ou non, et peut également
demander que le locateur soit condamné à des dommages-intérêts punitifs, à
moins que le locateur ne prouve que ceci a été fait de bonne foi».
Alors, comme je l'expliquais, dans le
fond, ça vient tout simplement changer le fardeau de preuve. Ça ne change pas
le fait qu'on peut recouvrir des dommages-intérêts, mais c'est beaucoup plus
facile, pour le locateur, de prouver que les changements qu'il voulait apporter
ont été faits de bonne foi puis que, pour le locataire, de démontrer que le
locataire l'a fait de mauvaise fois, beaucoup plus facile.
Et j'ai échangé avec différents groupes,
et les groupes qui représentent les propriétaires, certains, en tout cas, du
moins, ne veulent pas nécessairement que... comment dire, ils ne veulent pas
encourager les travaux faits de mauvaise foi ou les évictions faites de
mauvaise foi. Alors, pour eux, ce n'était pas un changement majeur, c'était en
fait... Tu sais, ils se disaient : Bien, si quelqu'un le fait de bonne
foi, bien, il n'y a pas d'enjeu, c'est facile à démontrer, il envoie les
preuves au tribunal et c'est réglé. L'enjeu, comme je disais, c'est tous ceux
qui le font par la porte en arrière, que, là, c'est vraiment très difficile à
démontrer. Puis les groupes de propriétaires ne veulent pas les encourager, ces
gens-là qui font des choses de mauvaise foi. Alors, il n'y aurait pas d'enjeu
de ce côté-là.
Évidemment, pour les groupes de défense
des locataires, bien, c'est majeur, parce que, comme je le disais, tu sais,
pour démontrer que les travaux ont été faits et réalisés comme il était
supposé, c'est tout un fardeau de preuve, ça demande d'engager quasiment un
détective, alors que... Les gens travaillent, les gens ont besoin de payer leur
loyer, alors ils n'ont pas que ça à faire, de passer leur temps à essayer de
voir qu'est-ce qui s'est fait dans leur ancien logement.
Donc, voilà, c'est ma proposition. Je
pourrais commenter davantage, là, s'il y a des questions ou des commentaires.
Merci.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, bien, en
fait, je comprends ce que vous dites, je comprends aussi que, là, ce qu'on
veut... ce que l'on propose, c'est qu'il y ait des dommages qu'on présume la
mauvaise foi dans un contexte de dommages punitifs. Bien, c'est ça que ça a
comme effet, là, la modification proposée. Ça fait que je vais laisser notre juriste
commenter sur la question, parce que ça n'existe pas ailleurs dans la loi, là,
ça, donc c'est un enjeu pour nous.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, consentement pour entendre le juriste? Consentement. Oui. Alors, M.,
juste vous renommer et votre site.
M. Dumont (Luc) : Oui. Alors.
Luc Dumont, juriste à la DAJ du ministère des Affaires municipales et de
l'Habitation. Alors, bien, d'abord, l'amendement proposé, lorsqu'on le lit, ce
qu'il fait, c'est que, de la manière qu'il est rédigé, ça devient une... C'est
effectivement une présomption de mauvaise foi à cet effet-là puisqu'on... dans
la dernière portion de la dernière phrase, on dit : «...à moins que le
locateur ne prouve que celle-ci ait été fait de bonne foi.», ce qui fait en sorte
qu'on présume qu'il ne l'était. Donc, on ne présume pas de sa mauvaise foi mais
on ne présume pas de sa bonne foi, donc, par le fait même, on écarte, dans tous
les cas, y compris que ce soit pour les dommages-intérêts et les
dommages-intérêts punitifs... dans tous les cas, on écarterait la bonne foi,
qui est... bon, dans la bonne foi, qui est d'ailleurs présumée au Code civil du
Québec.
Ce que... L'article proposé dans le projet
de loi, tel qu'il est écrit, là, dans le projet de loi actuellement, 1968,
c'est qu'il distingue les dommages-intérêts qui résultent d'une reprise, mais
il distingue également les dommages-intérêts punitifs puisque ce sont des
dommages qui visent des choses différentes, l'un étant une... les dommages, une
forme d'indemnité, je sais que c'est différent, on en a parlé plutôt, mais
c'est pour indemniser pour les dommages-intérêts qui résultent de la reprise,
alors que les autres, c'est pour punir. Les dommages-intérêts punitifs, là, je
le rappelle, c'est un peu le pendant en droit civil du droit pénal. Donc, il y
a toujours un certain... C'est toujours un certain fardeau de preuve à remplir
à ce niveau-là.
Les dommages punitifs, en pratique et...
pas juste en pratique, là, mais en théorie, d'ailleurs, dans la loi, c'est
exceptionnel. Puis ça vise à condamner des comportements qui sont jugés
socialement inacceptables puis ça vise à dissuader l'auteur qui veut, dans le
fond, commettre, ce qu'on va dire, des comportements un peu plus
répréhensibles. C'est pour ça qu'en général...
M. Dumont (Luc) : ...toutes
les dispositions qui visent à octroyer des dommages- intérêts punitifs, vous
allez trouver une forme de mot qui invoque un esprit coupable, c'est-à-dire
avoir fait avoir fait sciemment, avoir eu l'intention de le faire. Donc, il y a
une forme de preuve à faire. D'ailleurs, le meilleur exemple, c'est
l'article 49 de la Charte québécoise des droits et libertés qui prévoit
qu'en cas d'atteinte illicite et intentionnelle à un droit ou à une liberté
reconnue par la charte, la victime peut obtenir que l'auteur de cette atteinte
soit condamné à lui payer des dommages-intérêts punitifs, d'où pourquoi ça se
fait en deux temps.
L'article 1968 fait en sorte que le
fardeau de preuve repose sur le locateur. Lorsqu'il fait reprise, c'est à lui
de prouver qu'il le fait de bonne foi. S'il était incapable de prouver, ça ne
veut pas dire nécessairement qu'il était de mauvaise foi. Tout ce que ça fait,
c'est qu'il n'a pas été en mesure de remplir son fardeau de preuve qu'il était
de bonne foi. Il doit donner des dommages-intérêts... des dommages-intérêts
pour la reprise. Toutefois, si le locataire est en mesure de prouver que
l'atteinte était illicite, de mauvaise foi, qu'il est capable de faire la
preuve qu'il y avait une conscience de ce qu'il est coupable, il aura droit à
ce moment-là, s'il remplit le fardeau de la preuve, à des dommages-intérêts
punitifs. C'est ça que la disposition prévoit.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci beaucoup pour vos explications. Mme la
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui,
j'avais... J'avais bien compris que la disposition, c'est ce qu'elle prévoyait,
mais l'enjeu demeure que c'est très, très, très difficile pour un locataire de
prouver qu'une reprise ou une éviction a été faite de mauvaise foi. On voit
quelques cas anecdotiques dans les journaux, mais on ne voit pas tous ceux qui
n'ont pas pu le démontrer. Ils avaient des doutes, mais n'ont pas pu le
démontrer. Alors... Alors, c'est vraiment un enjeu. Le fardeau est très élevé,
les dommages-intérêts sont... ne sont pas très grands, à comparer des dommages
punitifs quand on voit les les différentes jurisprudences des derniers mois. Et
c'est vraiment les dommages-intérêts punitifs qui viennent, entre guillemets,
corriger l'action qui était, d'une certaine façon, illégale, là, l'éviction
illégale ou frauduleuse. Donc, alors que les dommages-intérêts, ce n'était pas
suffisant, visiblement. Donc, c'est pour ça qu'on vient intégrer ça. On ajoute
ça, mais ça reste que le fardeau est immense pour le locataire.
Une... J'ai de la misère à voir le cas où
ça ne serait pas possible pour un propriétaire de démontrer qu'il a fait un
agrandissement, une subdivision, un changement d'affectation ou qu'il a repris
le logement pour un membre de sa famille, j'ai de la misère à voir comment, à
quel moment. Puis j'aimerais qu'on me présente de la jurisprudence où c'est
arrivé, qu'il n'aurait pas pu démontrer ça, le propriétaire. Dans quel cas il
n'aurait pas pu le démontrer? J'aimerais qu'on me... qu'on me l'explique.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci...
Mme Dufour : Est-ce que
la ministre peut me donner des détails?
Le Président
(M. Schneeberger) : ...Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
peut-être... Moi, deux commentaires, là. Si... Si on cherche sur Google, là,
«punitif, logement», là, on a une panoplie de décisions rendues où on en tient
compte, des dommages punitifs, qui sont... qui sont imposés aux propriétaires,
là. Ça fait que le système, il fonctionne. L'autre chose, on ne peut pas
présumer de... Notre loi n'est pas conçue comme ça, là, présumer de la mauvaise
foi de quelqu'un. Ça ne fonctionne pas. Puis on ne va pas aller là pour une
disposition spécifique propre au logement. Tu sais, vous savez, il y a un... Il
y a l'ensemble de l'oeuvre, puis ce n'est pas comme ça que c'est conçu.
Puis je ne pense pas que ce soit... que ce
soit bénéfique non plus de faire une exception pour cette disposition-là, alors
qu'on voit très bien qu'au niveau du tribunal ça fonctionne. Donc, ça marche,
là. Là, ce qu'on est venu faire, c'est... Donc, dans le premier cas, on est
venu enlever le fardeau de la preuve sur le locataire. C'est le propriétaire
qui devra faire sa présomption de... de démontrer sa bonne foi. Puis, si ça, ce
n'est pas fait, bien, les dommages punitifs vont en découler fort probablement,
là. Donc, je pense qu'on a une mesure... Encore là, quand on regarde,
l'ensemble des mesures pour dissuader les situations d'éviction sans
considération, là, qui sont favorables.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci pour les explications. Mme la députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Comme
je l'ai dit, il y a effectivement plusieurs cas dans les derniers mois, où des
dommages punitifs ont été... On peut le voir, là, tu sais. Google va nous en
donner plein, effectivement. Ce que j'ai dit, c'est qu'on ne voit pas tous ceux
qui n'ont pas pu être prouvés, tous ceux qui ne se sont pas rendus là parce
qu'il était impossible pour le locataire de démontrer quoi que ce soit. Donc,
c'est... C'est ceux-là, c'est ceux qu'on ne trouve pas qui sont le problème. Et
je comprends l'enjeu, peut-être, de la présomption de mauvaise...
Mme Dufour : ...foi. Mais
l'envers... l'autre solution, entre guillemets, que moi j'avais regardée, quand
on avait regardé cet article-là, bien, ce serait de demander que... Et je pense
qu'il y a des groupes qu'ils l'avaient proposé, là, dans leurs mémoires, c'est
qu'à l'année suivant le changement, la reprise ou l'éviction, bien qu'il y ait
des documents qui soient transmis au Tribunal administratif du logement pour
simplement confirmer que tout est en ordre. Ça, ça a été demandé par des
groupes. Moi, personnellement, je le regardais, je me disais : Ça va être
lourd. On a un tribunal administratif du logement qui est déjà très débordé,
donc je me demandais si c'était vraiment la meilleure approche. Mais advenant
que cette option-là n'est pas possible, bien, ça serait l'amendement suivant,
qui suivrait, là, qu'il faudrait aller voir... pour voir comment on peut dans
l'année... Puis, en tout cas, je vais laisser mon collègue de Laurier-Dorion en
parler. Je suis certaine qu'il a une opinion là-dessus, mais il y a vraiment un
enjeu de fardeau de preuve ici qui est très difficile à porter pour le
locataire, beaucoup plus facile à démontrer pour le locateur. C'est indéniable.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Ça va comme ça. Député de
Laurier-Dorion.
• (11 h 20) •
M. Fontecilla : Oui. Merci,
M. le Président, là. Et moi, j'aimerais bien comprendre, mieux comprendre
comment... comment ça va... ça va se passer, là. Donc, j'aimerais avoir des
éclaircissements de la part de la ministre. Il y a une procédure d'éviction. Un
locateur... Un locataire est évincé, et supposément parce qu'il y a eu soit
trois possibilités, là, agrandissement, subdivision, changement d'affectation
de son appartement. Le locateur, quand je reprends l'exemple utilisé par ma
collègue de Mille-Îles, c'est un logement qui se trouve au cinquième étage d'un
bâtiment. Et voilà, par des couloirs... on y accède par des couloirs
intérieurs, là, et il n'y a pas vraiment de moyen de savoir si, par exemple, il
y a eu un changement d'affectation, ou une subdivision, ou un agrandissement.
Et selon cet article-là, ce qui est proposé par la ministre, comment un
locataire pourrait faire pour recouvrer des dommages-intérêts résultant d'une
reprise ou d'une éviction? J'ai de la misère à voir concrètement comment que le
locataire va... va recouvrer les dommages-intérêts, là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Merci. Est-ce que la ministre a une réponse?
Mme Duranceau : Oui. Bien, en
fait, ce que je veux dire, là, c'est qu'on vient prévoir qu'il y a une
indemnité, O.K.? Dommages-intérêts, ça, on vient le mettre sur les épaules du
propriétaire. Puis c'est un fait, si tu es... l'éviction n'est pas faite de
bonne foi, bien, il y aura dommages et intérêts qui vont être payés. Donc, ça,
c'est une belle avancée. Parce qu'avant ce n'était pas le cas, O.K.? Même à cet
égard-là, c'était sur les épaules du locataire. Après ça, une fois que cette
preuve-là est faite ou pas, je pense qu'il sera beaucoup plus facile pour le
locataire d'aller chercher des dommages punitifs qui sont pour punir, si c'est
indiqué. Puis sa preuve... si c'est parce que le logement est sur Airbnb, bien,
je veux dire, elle existe, la preuve, là, elle va quand même être plus facile à
aller chercher.
Donc là, on vient ici s'assurer qu'il y
aura des dommages et intérêts qui vont être payables. Et ce sera aux locataires
de faire la bonne foi, mais il va quand même avoir mis toute la table au
locataire pour que celui-ci puisse dire : O.K., bien, sais-tu quoi? J'ai
des dommages et intérêts, mais vous avez été de mauvaise foi dans ce contexte-là,
puis je pense que j'ai droit à des dommages punitifs. Bien, je pense que la
table va être mise, alors qu'avant il n'y avait même pas un semblant de preuve
qui était devant le locataire puis il devait tout amasser. Là, tout va lui être
fourni en quelque sorte, puis, s'il y a lieu d'avoir des dommages punitifs,
bien, ils pourront être invoqués. Puis le tribunal, on le voit très bien,
réagit assez favorablement au locataire dans ce contexte-là, là. Alors, je
pense qu'on vient justement, encore là... Puis ce n'est pas une question
d'équilibre ici, là, c'est vraiment de réparer quelque chose. Et puis on met le
fardeau de la preuve à la bonne place, compte tenu de qui initie le projet dans
ce contexte-là, puis c'est le propriétaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Mme la députée de...
Le Président (M. Schneeberger) : ...Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je reconnais
le fait que la ministre a fait une avancée dans... en termes de permettre des
dommages-intérêts et même des dommages-intérêts punitifs, là, elle avance sur
le principe, mais, par contre, elle s'arrête en moitié de chemin, elle ne donne
aucun moyen pour que ce principe-là se concrétise, là, jusqu'à présent, là. Et
je ne vois toujours pas comment un locateur... un locataire, pardon, pourrait
faire la preuve, pour avoir des dommages-intérêts positifs, là, que la reprise
de l'éviction a été effectuée et obtenue de bonne foi.
Est-ce que ça veut dire que... Et je
voudrais bien comprendre la procédure, là. La ministre s'avance dans un
principe, O.K., il va y avoir des dommages-intérêts et même des
dommages-intérêts punitifs, très bien, mais comment le locataire peut obtenir
ces dommages-intérêts punitifs là? La ministre nous a donné un exemple. Bien,
si ça a été sur Airbnb, il pourrait apporter la preuve que, bien, son logement
a été... qu'il occupait est utilisé pour Airbnb. Mais il y a des milliers de
logements sur Airbnb, là, même... seulement au Québec, là. Ça impose un travail
de recherche, d'enquête au locataire qui est souvent hors de sa portée.
Donc, je ne vois toujours pas comment les
locataires pourraient faire la preuve, là, qu'il y a des... que l'éviction
résulte d'une pratique qui a été obtenue... avec de la mauvaise foi. J'aimerais
qu'elle nous explique comment le locataire peut faire la preuve, quelle est la
procédure exacte. Sinon, on établit un principe, mais il reste complètement
inapplicable.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce qu'il y a une réponse? Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bien,
écoutez, je vais répéter ce que j'ai dit. Je pense qu'on vient mettre la
table... en changeant le fardeau de preuve d'épaules, on vient mettre la table
pour le locataire, d'une part au niveau des dommages et intérêts et d'autre
part on ouvre la porte, là, les faits vont être exposés, puis après ça, s'il
est clair que le locateur a fait quelque chose de manière intentionnelle, bien,
je comprends que la preuve, c'est le locataire qui doit finir de la faire, mais
il va au moins avoir les faits devant lui qui vont lui être proposés. Donc, je
pense qu'encore une fois on a un équilibre, là, dans cette mesure-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Est-ce que la
ministre pourrait, j'essaie de faire avancer sa cause puisqu'elle s'est avancée
sur ce terrain-là, je ne sais pas, demander que le locateur fournisse son
compte de taxes pour voir si... une augmentation qui reflète les améliorations
locatives qui ont été faites. Parce que, jusqu'à présent, encore une fois, la
ministre ne complète pas le travail, là, elle consacre un principe de
recouvrement des dommages-intérêts et même des dommages-intérêts punitifs, mais
la preuve, à toutes fins pratiques, est impossible à démontrer par le
locataire. Donc, c'est un principe qui reste complètement inapplicable.
C'est... Ça paraît bien sur papier, mais ça ne va pas décourager ou dissuader
des propriétaires qui voudraient faire des évictions ou des reprises de
mauvaise foi, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
parfait. Alors, est-ce qu'il y a une réponse, Mme la ministre, ou...
Mme Duranceau : Non.
Le Président (M. Schneeberger) : Non.
Parfait. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aimerais
que la ministre nous explique, là, quel est le passage entre... et ça a été
expliqué par le juriste du ministère, mais j'aimerais ça l'entendre, je ne
comprends pas qu'est-ce qui fait la différence entre recouvrer des dommages et
intérêts résultant d'une reprise ou d'une éviction qui était faite de mauvaise
foi et qu'est-ce qui détermine qu'on passe à des dommages-intérêts punitifs,
parce que cette même reprise ou éviction a été obtenue de mauvaise foi, là.
Quand est-ce qu'un juge du Tribunal administratif du logement va faire en...
M. Fontecilla : ...en sorte
que c'est des dommages qu'il va... octroyer des dommages-intérêts? Et, quand
est-ce qu'il va octroyer des dommages-intérêts punitifs? J'ai de la misère à
comprendre ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
merci, M. le député de Laurier-Dorion. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Bon. Oui,
écoutez, ce n'est pas moi l'avocate, là, mais les dommages punitifs, c'est
quand il y a quelque chose, qu'intentionnellement tu vas à l'encontre de la
loi. Alors, c'est là, là, tu es puni pour faire ça. Donc, c'est ça, la nuance
entre les deux. Mais, si vous voulez creuser davantage ce concept-là, je vais
référer à notre juriste pour vous en parler.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
ça va? Allez-y.
M. Dumont (Luc) : Oui, Luc
Dumont, juriste à la DAJ du ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation. Alors, n'étant pas un plaidant moi-même, mais toutefois, là,
on... je suis quand même capable d'aller voir que la preuve, évidemment, comme
je l'ai dit, elle doit être faite, là, en matière de dommages... En matière de
dommages punitifs, on ne peut pas... il n'y en a pas... il y a de très très,
très rares présomptions de mauvaise foi, très, très rares. Mais je n'en connais
aucune, par contre, c'est la... pour laquelle on va lier l'octroi de
dommages-intérêts punitifs, là, aucune.
• (11 h 30) •
Donc, pour faire la preuve de
dommages-intérêts punitifs, comme j'ai mentionné, c'est un peu normal parce que
c'est, en quelque sorte, le pendant du pénal au niveau du droit civil. Donc,
oui, la preuve, elle doit être faite, elle repose sur celui qui demande ces
dommages punitifs là, mais elle n'est pas impossible. Un locataire, par
exemple, pourrait demander au nouveau locataire de venir témoigner au TAL, il
pourrait demander au locateur de venir témoigner au TAL, il peut... par
exemple, si on parlait d'Airbnb, il peut prendre une capture d'écran, de la
présenter au TAL. C'est... Il y a une multitude de moyens de preuves à leur disposition
qui sont connus. Le TAL, c'est aussi un tribunal spécialisé administratif, il
est là pour accompagner les parties à travers ce processus-là. Mais ce n'est
pas impossible à faire, ce n'est pas impossible, ça se fait. Le plus gros
problème, c'est toujours, en fait, d'être informé sur comment. Mais le TAL, en
tant que tel, dans... est capable de faire... C'est d'être capable de faire ce
travail-là. Mais on ne peut pas remettre en question, selon moi, là,
juridiquement parlant, le principe par rapport auquel on pourrait octroyer des
dommages-intérêts punitifs sans que celui qui le demande en fasse la preuve.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc, en même
temps, on apprend qu'il y a plusieurs moyens de prouver qu'il y a mauvaise foi
et donc invoquer la nécessité d'octroyer des dommages-intérêts punitifs, mais
en même temps on apprend que c'est du jamais vu, c'est très rare, mais qu'il y
a des moyens. O.K. C'est une mesure qui existe. Juridiquement, il revient au
plaignant ou au locataire, dans ce sens-ci... dans ce sens-là, de prouver qu'il
y a de la mauvaise foi, ce qui aboutirait à des sanctions, des
dommages-intérêts punitifs, mais que, dans la réalité, là, c'est ça qui nous
intéresse, c'est la réalité, on ne vit pas dans un monde de principes, on vit
beaucoup dans un monde de réalité, c'est pratiquement impossible.
Ceci étant dit, j'y vais avec...
j'aimerais aborder la question de recouvrer des dommages-intérêts résultant...
donc de l'étape, comme, antérieure, parce qu'on a des dommages-intérêts et,
ensuite, on a des dommages-intérêts positifs... punitifs, pardon. Je suppose
que les dommages-intérêts punitifs sont beaucoup plus substantiels, parce que
ça correspond à un verdict de culpabilité, en quelque sorte, là, l'équivalent
au code pénal, mais il y a toujours les dommages-intérêts résultat d'une
reprise ou d'une éviction. Mais, encore là, il faut prouver, c'est le
locateur... qui a été faite... qu'il doit prouver... Pour ne pas allouer des
dommages-intérêts, elle doit être faite de bonne foi. Comment... Et je me pose
la question : Si c'est pratiquement impossible, dans le cas des
dommages-intérêts punitifs, ou très difficile de prouver la mauvaise foi,
comment, dans... comment on va...
11 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...comment on
va... comment... C'est la même chose qui pourrait se produire dans le cas des
dommages-intérêts. Donc, c'est très difficile de prouver la bonne foi ou la
mauvaise foi pour recouvrer des dommages et intérêts, là. Quel est... Est-ce qu'il
y a un changement de niveau de preuves, là, qu'on doit... qu'on doit apporter
dans l'un ou dans l'autre, et... ou, comme dans les dommages-intérêts punitifs,
les dommages et intérêts, tout court, là, c'est pratiquement... très difficile,
à toutes fins pratiques, là, impossible de prouver, là? Est-ce que je me fais
comprendre, Mme la ministre?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Là, je
vais répéter. Les dommages et intérêts, la preuve, c'est le propriétaire, le
locateur qui va devoir faire la preuve qu'il était de bonne foi, puis, s'il n'était
pas de bonne foi, puis qu'il n'est pas capable... faire sa preuve, bien, il y a
des dommages et intérêts payables au locataire.
Là, une fois qu'on sait ça puis qu'on
connaît le contexte dans lequel la reprise s'est faite, puis que les choses ne
se sont pas déroulées comme prévu, bien là, le locataire est en excellente
position ou en... du moins en bien meilleure position qu'avant, parce qu'il a
toute la preuve devant lui, il va chercher ses dommages et intérêts, et, si...
là, on est capable de... si, avec les faits qui sont présentés, le locateur
peut... le locataire peut démontrer que, sciemment, le locateur a voulu ne pas
respecter la loi, bien là, il y aura possibilité de dommages et intérêts
punitifs. Puis ce n'est pas rare qu'il y en a, des dommages et intérêts
punitifs, là. On fait une recherche, puis ils sont là, là, ça... le tribunal
les accorde. Ce qui est extrêmement rare, ce que mentionnait notre juriste
tantôt, c'est qu'il n'y a pas de lien... c'est de présumer d'emblée de la
mauvaise foi dans la loi. Ça, ça ne marche pas.
Alors, moi, je pense qu'on a un bel
équilibre, encore une fois, où le fardeau de la preuve... Ça... Ça va être bien
moins compliqué pour le locataire, puis les... les situations vont parler d'elles-mêmes,
un moment donné. Si... Si finalement tu as repris le logement, c'est ta
belle-mère qui s'en venait, elle ne s'en vient plus, bien, il y aura des
explications pour ça. Peut-être qu'elle est décédée, c'est pour ça qu'elle n'est
plus là. Bien là, il n'y a pas de... il n'y a pas de dommages punitifs
applicables, là, tu sais, il y a des... il y a une situation qui a changé,
puis, ici, il n'y a probablement pas de dommages et intérêts non plus dans ce
cas-là. Mais, si après ça on se rend compte que toute l'histoire est cousue de
fil blanc, puis que finalement c'était sur Airbnb, bien là, il y aura
probablement des dommages punitifs. Mais, encore là, chaque cas est un cas d'espèce.
Mais on vient faire en sorte que le
locataire va ramer pas mal moins fort dans ce contexte-ci, parce que c'est
comme s'il a déjà la moitié de la preuve, ou en tout cas tous les faits vont
être sur la table pour qu'on comprenne bien ce qui s'est passé. Après, ce qu'il
va rester à démontrer, c'est si le locateur a vraiment agi de mauvaise foi,
puis là, bien, ça, le locataire aura... aura le droit de faire sa
démonstration, puis ce sera au tribunal à en juger. Mais on part de bien moins
loin qu'avant, là, puis surtout on n'est pas en train ici d'imposer quelque
chose qui est... qui est unique. Je veux dire, dans... dans toute la loi, il n'y
en a pas de présomption de mauvaise foi.
Alors, je veux dire, on est juste
cohérents avec le reste de la loi, mais on vient donner les outils en amont
pour... pour bien percevoir ce qui s'est passé puis être en mesure d'aller... d'aller
les chercher, les dommages-intérêts. Je dirais qu'avant qu'on propose ces
amendements-là, finalement, tu sais, ça... c'était pas mal compliqué d'aller
chercher les dommages et intérêts. Là, oui, il y a encore un fardeau de preuve,
à cet égard-là uniquement, et en cohérence... en cohérence avec tout le reste
de la loi, qui demeure sur le locataire, mais c'est comme si tu as le chapitre
d'avant qui va t'être livré avec toute l'information pertinente pour les
invoquer. Donc, c'est une belle avancée, je pense.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Il demeure
toujours qu'il appartient au locataire de faire ces démarches-là. Souvent, les
locataires, pour différentes raisons, surtout parce que... beaucoup parce qu'ils
veulent tourner la page, là, d'un événement traumatisant, ne se donnent pas la
peine de... d'entamer un chemin qui pour l'instant ne me paraît pas très clair,
et je voudrais avoir des... des éclaircissements, là. Donc, dites-moi, Mme la
ministre, moi, j'aimerais savoir, là, quand est-ce que cette opération-là de
recouvrement des dommages et intérêts, ce qui pourrait... s'ils sont octroyés,
pourrait ouvrir la porte à des dommages-intérêts punitifs...
M. Fontecilla : ...des
dommages-intérêts punitifs, parce que tout ce qui est... à la base, il y a de
la mauvaise foi, là, et qui a été prouvée, mais, pratico-pratique, un locataire
a été évincé au mois de... au 1er juillet, quand est-ce que le locataire
peut initier des dommages... des démarches pour recouvrer, dans un premier
temps, des dommages-intérêts? Je pense que c'est comme ça que ça marche, j'ai
compris, là. Et quand est-ce que ça va... Il va le faire le lendemain, un an
après? Est-ce qu'il va le faire avant, au moment de... Quand est-ce qu'il
aurait à porter cette preuve-là? Comment il va faire? Est-ce qu'il va se
présenter au Tribunal administratif du logement? Est-ce qu'il y a un formulaire
à remplir? Est-ce qu'il y a une requête à faire? Comment... Profitez-en, du...
Puisqu'il y a beaucoup de locataires qui nous regardent, Mme la ministre,
profitez-en pour les informer comment ils peuvent... s'ils ont de sérieux
soupçons, là, leur éviction ou la reprise a été effectuée de mauvaise foi, là,
qu'est-ce qu'ils doivent faire, là, pour avoir des dommages... pour recouvrer
les dommages-intérêts.
Le Président
(M. Schneeberger) : Merci, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Découlant
de cet article de loi, là, évidemment.
Le Président
(M. Schneeberger) : Parfait. Mme la ministre.
• (11 h 40) •
Mme Duranceau : Alors
donc, quand il y a un cas... quand quelqu'un pense que son logement a été
repris de mauvaise foi, il y a une demande qui peut être faite au TAL, O.K., tu
remplis un formulaire, puis là il y a une demande qui est faite au TAL. Et,
avant ce qui se passait, c'est que tu faisais ta demande, mais là il fallait
que tu aies tout ton petit dossier d'enquête, là, pour pouvoir présenter ton
dossier. Alors, plutôt fastidieux pour le locataire qui, finalement, ne sait
pas trop ce qui s'est passé, mais qui a l'impression que ça ne fonctionne pas.
Là, ce qu'on dit, c'est que la demande va être faite au TAL et le propriétaire
devra avoir son dossier de preuves avec lui pour dire : Bien, écoute. Moi,
j'ai envoyé un avis, j'ai indiqué que je reprenais le logement pour tel
bénéficiaire, voici ce qui s'est produit, ma belle-mère est venue ou n'est pas
venue, ou, finalement, j'ai changé de bénéficiaire. Donc, il y aurait une
explication à faire. Ou j'ai envoyé un avis, j'ai repris le logement parce que
je voulais faire des travaux, bien, voici où j'en suis avec les travaux, où je
n'en suis pas, si je n'en ai pas fait. Alors, la preuve doit être faite par le
locateur, chose qui était dans les mains du locataire avant. Alors, je pense
qu'encore là on vient mettre le fardeau de preuve à la bonne place,
c'est-à-dire celui qui est l'instigateur du projet, bien, il va devoir
expliquer le projet. Donc, c'est comme ça que ça se passe.
Le Président
(M. Schneeberger) : Oui. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc, pour
paraphraser la ministre, essayer de bien comprendre, en ce moment, avec
l'adoption de cet article de loi là, tout locateur... locataire pourra se
présenter au tribunal administratif du... Tout locataire qui a été victime
d'une éviction ou d'une reprise qu'il considère frauduleuse pourra se présenter
au tribunal administratif du... Tribunal administratif du logement et présenter
une requête. Et le Tribunal administratif du logement, automatiquement, va
convoquer le propriétaire en question, qui devra, lui, arriver avec son... avec
sa valise, avec toutes les preuves prouvant que la... l'éviction a été réalisée
de bonne foi et conformément à la loi, et la reprise quand même. S'il n'arrive
pas à prouver, devant le Tribunal administratif du logement, de cette bonne
foi, là, ça ouvre la porte à... au recouvrement de dommages et intérêts.
Donc, le message aujourd'hui, là, ce qu'il
en ressort, et c'est un... c'est un message quand même important, c'est que
tout locataire peut demander à son propriétaire qui l'a évincé de prouver
ultérieurement qu'il a été évincé de... de mauvaise foi. C'est ce que je
comprends. Et tous les...
Une voix : ...
M. Fontecilla : Mais
c'est pour ça que j'essaie de comprendre, là, Mme la ministre. Et les
locateurs, à leur tour, devront savoir qu'ils peuvent être convoqués quelque
temps après pour prouver que l'éviction ou la reprise a été effectuée de... de
bonne foi.
Le Président
(M. Schneeberger) : Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui. Là,
il faut arrêter de penser que tout le monde est de mauvaise foi, là. Il y a...
Il y a des gens qui vont vouloir reprendre un logement, qui vont faire un
énoncé...
Mme Duranceau : ...qui
dit : Je reprends mon logement pour telle ou telle raison, pour faire des
travaux, pour loger ma belle-mère, pour loger mon fils, et, si cet énoncé-là
est faux, selon la présomption du locataire ou selon ce qu'il a pu constater,
parce que, des fois, il va le constater, là, il peut faire une demande au
tribunal puis dire : Écoute, là, je me suis fait dire quelque chose qui n'est
pas vrai, là, mon logement a été repris. Il y a des circonstances valables et
permises pour reprendre un logement, puis ce n'est pas ce qui s'est passé. Le
propriétaire a invoqué une fausse raison. Alors là, je dépose ma demande, ma
demande devant le TAL, et le propriétaire, s'il ne se présente pas devant le
TAL, là, bien, il va avoir un jugement par défaut qui, probablement, ne sera
pas en sa faveur s'il n'est pas là pour présenter son cas. Donc, c'est dans...
cet article de loi là s'applique à une situation qui est celle que je décris,
là.
M. Fontecilla : Donc, je
suis... j'ai été évincé et je n'ai aucun accès à... et j'ai des raisons de
croire que j'ai été évincé de mauvaise foi, mais je n'ai pas la preuve, là, je
ne peux pas le prouver. Mais, puisque j'ai des raisons de croire que ça a
été... c'est une opération fondée sur la mauvaise foi, je me au TAL pour, bon,
faire une requête, et le TAL va convoquer le propriétaire pour dire :
Venez faire la preuve que l'éviction ou que la reprise a été faite de bonne foi
et conformément à la loi. Si le locateur ne se présente pas, bien, la cause est
entendue. S'il se présente, il doit arriver avec des preuves, par exemple, que
la grand-mère, effectivement, c'est son domicile, qu'il y a un compte de taxes
qui prouve que les travaux ont été faits, et cetera. Sinon, ça ouvre la porte à
des dommages-intérêts, à tout le moins, et peut-être même à des
dommages-intérêts punitifs.
Mme Duranceau : C'est ça.
M. Fontecilla : Voilà. Donc,
c'est ce que je comprends, là, c'est que tous les locataires du Québec, là, qui
pensent avoir été victimes d'une éviction de mauvaise foi peuvent exiger de
leurs propriétaires, de leurs locateurs, qu'ils prouvent, en termes très
humains, qu'ils prouvent la bonne foi de cette éviction-là ou de cette
reprise-là. Vous faites...
Mme Duranceau : C'est ça que
ça dit, l'article.
M. Fontecilla : Je n'ai posé
pas d'autre question, monsieur.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Parfait. Alors, est-ce que ça va comme ça? Alors, je vous rappelle
toujours qu'on est toujours sur l'amendement de la députée des Mille-Îles.
Alors, est-ce qu'il y avait d'autres questions sur l'amendement? Ça va comme
ça? Alors, nous allons procéder au vote de l'amendement. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Président (M. Schneeberger) : Rejeté.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous revenons à l'article 6 tel qu'il
est écrit. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur l'article 6? Oui. Ça va.
Alors, s'il n'y a pas d'autre question, nous allons procéder au vote de
l'article 6. Est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Alors, l'article adopté, subdivisé. Alors, l'article 6 est adopté. Alors,
l'article 34, Mme la ministre, oui.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
34 qui est une modification corrélative je crois. Donc : «Les dispositions
des articles 1962, 1963, 1966, 1968 du Code civil, telles qu'elles se lisaient
le (indiquer ici la date qui précède celle de la sanction de la présente loi,
continuent de s'appliquer à un processus de reprise d'un logement d'éviction
dont l'avis visé à l'article 1960 de ce code a été transmis avant la sanction
de la présente loi, donc la date de la sanction de la présente loi.» Et, à cet
égard, j'ai un amendement.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
est-ce qu'il est déposé? Est-ce que tout le monde l'a reçu au Greffier? Oui,
parfait. Alors, juste... vous pouvez le lire, Mme la ministre.
Mme Duranceau : Merci. Alors,
l'amendement, ça va être que les dispositions des articles 1962, 1963, 1965,
1966, 1968 du Code civil, donc c'est le1965 qui est ajouté ici...
Mme Duranceau : ...telle
qu'elle se lisait le (donc la date qui précède celle de la sanction du projet
de loi... de la présente loi) continue de s'appliquer à un processus de reprise
d'un logement ou d'éviction dont l'avis visé à l'article 960 de ce code a
été transmis avant le... puis on va indiquer la date de la sanction de la
présente loi. Alors...
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Duranceau : Donc, le
commentaire, c'est que cet amendement propose de modifier l'article 34 du
projet de loi afin d'y intégrer les dispositions de l'article 35.
L'article 34, tel qu'il serait amendé, est une mesure transitoire liée aux
modifications proposées aux articles 1962, 1963, 1965, 1966 et 1968 du Code
civil du Québec et les articles 2, 3, 4, 5 et 6 du projet de loi.
L'article permettrait aux procédures de reprise d'un logement ou d'éviction en
cours lors de l'entrée en vigueur de la loi de demeurer régies par les règles
applicables au moment où ont été donnés l'avis de reprise ou d'éviction.
Et donc là j'imagine qu'il faut lire 35.
Non?
• (11 h 50) •
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
on va... Pour l'instant, c'est l'amendement de l'article 34. Est-ce que
nous avons des questions sur l'amendement de l'article 34? Mme la députée
de Mille-Îles.
Des voix : ...
Mme Dufour : Ah! voilà. On
m'a dit de ne plus peser sur le bouton, alors je ne pèse pas, mais il faut que
je sois patiente. Donc, si je comprends bien, dans le fond, on veut fusionner
l'article 35 avec l'article 34, là, si c'est ce que je comprends
bien. Mais pourquoi, au départ, on ne l'a pas fait ici? Pourquoi on le fait
maintenant, on les fusionne ensemble? Qu'est-ce que ça change, foncièrement, de
les laisser séparément ou de les mettre ensemble? Puis pourquoi on ne l'a pas
fait dès le début? J'essaie juste de comprendre qu'est-ce qu'on gagne, là, à
faire ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
alors est-ce que nous avons est un élément de réponse?
Mme Duranceau : Je réfère à
mon juriste.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
alors M. le juriste.
M. Dumont (Luc) : Donc, oui,
Luc Dumont, de la direction des affaires juridiques du ministère des Affaires
municipales. Écoutez, c'est... après le dépôt du projet de loi, c'est moi, en
relisant les dispositions, qui a conclu que, par économie du projet de loi, par
économie d'article puis par souci de compréhension aussi un peu pour tout le
monde... que c'était préférable d'intégrer 35 à 34, pour ainsi dire, là, lier,
là, tout... dans le fond, que tout ce qui est visé par l'avis, là, d'éviction
ou de reprise soit tout dans la même disposition transitoire, c'est juste
beaucoup plus simple à comprendre pour tout le monde.
Le Président (M. Schneeberger) : ...comme
ça. Peut-être un élément de réponse, c'est que l'article 35 est retiré au
complet, l'amendement tantôt, alors...
Des voix : ...
Mme Duranceau : Si je peux me
permettre.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y.
Mme Duranceau : Dans le fond,
le 1965, les dispositions de l'article 1965... puis là on énumérait à peu
près le même paragraphe, là, on est juste venu rajouter le numéro d'article
dans l'article 31. Ça fait que c'était une question de rédaction. On aime
ça, hein, c'était une question de rédaction. Puis là je me réfère à mes
juristes pour ça, je pense qu'effectivement ça simplifie l'ensemble de
l'oeuvre, là. Donc, ce n'est pas une réécriture du projet de loi, c'est une
consolidation de deux articles pour simplifier les choses.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, est-ce que ça va? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Bien, je veux
juste juste comprendre. C'est quoi, on a révisé le projet de loi un coup qui a
été soumis, qui a été déposé? On n'aurait pas pu le voir avant? C'est pour ça
que je ne comprends pas pourquoi on le fait maintenant. Je n'ai pas d'enjeu, tu
sais, de l'adopter, mais c'est juste que je me demande pourquoi on ne l'a pas
vu avant.
M. Dumont (Luc) : C'est qu'à
35, si vous vous référez à 35, on vise, par exemple, que c'est la date... on
vise que c'est la demande d'éviction introduite au tribunal administratif du
logement alors que, dans le fond, en relisant la disposition, il y avait une...
pas une forme d'incohérence, mais c'était plus facile, par la suite, de juste
viser pour tout le monde l'avis d'éviction. Donc, pour ne pas créer, là,
différents régimes, puis tout, c'était juste plus simple de fusionner les deux
pour éviter, justement, qu'il y ait de la confusion. Et, oui, ça peut arriver
qu'en cours de route on... par souci, là, de la qualité du projet de loi qu'on
décide de modifier par la suite, là, les dispositions, ce n'est pas...
Mme Dufour : Puis il n'y a
pas de groupe qui demandait ce changement-là, là, c'est vraiment venu...
Le Président (M. Schneeberger) : ...Oui.
Ça va? Est-ce que ça va comme ça? Oui, parfait. Est-ce qu'on a une autre
question sur l'amendement? Non, alors s'il n'y a pas d'autre question, est-ce
que l'amendement de l'article 34 est adopté?
Mme Duranceau : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Est-ce que l'article 34, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors, nous en sommes maintenant à l'article 35. Mme la ministre.
Mme Duranceau : O.K. Alors,
les dispositions... bien là, je vais lire l'amendement, hein, parce que c'est
ça, on l'abroge, «right»? Donc, article...
Le Président (M. Schneeberger) : ...il
faut lire l'article même s'il est abrogé.
Mme Duranceau : Ah, oui? O.K.
Je suis la procédure. Donc : Les dispositions de l'article 1965 du
Code civil, telles qu'elles se lisaient le (indiquer ici la date qui précède
celle de la sanction de la présente loi), continuent de s'appliquer à l'égard
de toute demande d'éviction introduite au Tribunal administratif du logement
avant le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).»
Donc, il y a un amendement, M. le
Président, et l'amendement, c'est de retirer l'article 35 du projet de
loi. Et le commentaire relatif à ce retrait, c'est que l'article 35 ne
serait plus requis en raison de l'amendement proposé à l'article 34 du
projet de loi qui regrouperait dans un même article les règles transitoires
prévues aux articles 34 et 35.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce qu'il y a des questions? Non, alors s'il n'y a pas de question, est-ce
que l'amendement de l'article 35 est adopté?
Mme Duranceau : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Est-ce que l'article... Dans le fond, l'article, il n'y a plus d'article, mais
il faut l'adopter quand même, étant donné qu'il est retiré.
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Pas
d'adoption? Parfait. Alors, excusez-moi. Alors, nous allons passer à la... au
prochain article, je pense, si les notes sont bonnes, que c'est un amendement
que vous introduisez.
Mme Duranceau : Oui. Alors,
ça, c'est un vrai amendement qu'on introduit dans le projet de loi. Quand je
dis «vrai», là, ce n'est pas une question d'écriture. Alors, l'amendement que
l'on vous propose ici, c'est d'insérer avant l'article un du projet de loi le
suivant, donc 0.5...
Une voix : ...
(Consultation)
Mme Duranceau : Alors,
l'article 0.5.1 (article 1943 du Code civil du Québec)
Insérer, après l'article 0.4.1 du
projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«0.5.1 L'article 1943 de ce code est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le suivant :
«l'avis doit, de plus, reproduire le
contenu des articles 1945 et 1947 et indiquer la durée proposée du bail,
si le locateur propose de la modifier.»
Alors, cet amendement propose d'introduire
dans le projet de loi un nouvel article modifiant l'article 1943 du Code
civil afin que soit reproduit, dans l'avis du locateur informant le locataire
de son intention d'augmenter le loyer, le contenu des articles 1945 et 1947,
lesquels prévoient les droits et recours relatifs à la contestation de la
hausse proposée par le locateur.
Alors, l'objectif poursuivi par ça, c'est
vraiment de s'assurer que le locataire est informé de l'ensemble de ses options
suivant la réception d'un avis de modification de bail. Alors, voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci, est-ce qu'il y a des questions sur l'amendement? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Donc, la ministre vient de mentionner qu'on veut, dans le fond,
informer les locataires de l'ensemble de leurs droits. C'est effectivement le
cas à l'article 1945 où on dit que, je vais vous le lire, là : «Le
locataire qui refuse la modification proposée par le locateur est tenu, dans le
mois de la réception de l'avis de modification du bail, d'aviser le locateur de
son refus ou de l'aviser qu'il quitte le logement. S'il omet de le faire, il
est réputé avoir accepté la reconduction du bail aux conditions proposées
par...
Mme Dufour : ...le locateur et
aussi... Bon, ça fait qu'il y a d'autres éléments, mais c'est moins pertinent.
Ça fait que c'est bien, O.K., on indique ça, mais on indique aussi
l'article 1947. Et là, l'article 47, c'est plutôt qu'on parle plutôt
du locateur, qui, lui, «peut, lorsque le locataire refuse la modification
proposée, s'adresser au tribunal dans le mois de la réception de l'avis de refus
pour faire fixer le loyer ou, suivant le cas, faire statuer sur toute autre
modification du bail. S'il omet de le faire, le bail est reconduit de plein
droit aux conditions antérieures.» Donc ici, on vient informer que, bien, le
locateur, lui, il peut se défendre d'une certaine façon, donc ce n'est pas
qu'on veut donner toutes les options aux locataires, on veut aussi, bien, c'est
ça, parler des options du locateur. Est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Oui. Alors, est-ce qu'il y a des...
Mme Dufour : Bien, j'ai posé
une question, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
on a...
Mme Duranceau : ...je
m'excuse.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Pouvez-vous
répéter la question?
• (12 heures) •
Mme Dufour : Bien, dans le
fond, la ministre indiquait qu'on voulait nommer... Dans le fond, aviser les
locataires de leurs options dans l'avis, mais... De toutes leurs options, mais
on indique aussi que les options que le locateur peut prendre à sa disposition.
Donc, ce n'est pas que les droits ou les options du locataire qu'on va mettre
dans l'avis, on va aussi mettre ceux du locateur, avec l'article 1947,
non? C'est ça, ma question.
Mme Duranceau : Oui. Je suis
dans l'équilibre, là, tout le monde doit connaître ses droits et obligations.
Mme Dufour : Non, mais c'est
que ça ne faisait pas partie des explications qui ont été données par la
ministre.
Mme Duranceau : Ah! je m'excuse,
je m'excuse.
Mme Dufour : Alors, c'est
quand même... il faut le souligner, là, que ce n'est pas juste les options du
locataire qui sont présentées, c'est aussi les options du locateur. Est-ce que
ça peut faire peur à du monde? Je ne le sais pas, mais je fais juste le
souligner, que ce n'est pas... c'est ça, ce n'est pas juste les options du
locataire.
Mme Duranceau : Précision,
l'article 1947, là, le locateur peut, lorsque le locataire refuse la
modification proposée, s'adresser au tribunal, O.K., dans le mois de la
réception de l'avis de refus. Mais c'est qu'il y a la... Il y a le refus du
locataire, là, qui est inclus dans l'article 1947. Ça fait qu'on vient
juste dire : regarde, quand le locataire refuse, il est tout à fait dans
son droit de refuser, bien là, il y aura... tu sais, le locateur pourra ou
pas...
Mme Dufour : Aller au TAL?
Mme Duranceau : ...aller au
TAL, c'est ça. Mais c'est transparent. Le but, là, de cette affaire-là, c'est
vraiment transparence, que tout le monde comprenne. Parce que ce qu'on entend,
c'est que, souvent, les gens, par peur de perdre leur logement, bien, ils
n'osaient même pas refuser ou challenger l'augmentation qui leur était
proposée, ça fait que je pense que là, au moins, les droits sont énoncés
clairement, là, de l'avis.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Oui, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : et comment ça va
s'opérer, l'avis? Est-ce qu'il est produit par le TAL? Tu sais, l'avis que les
locateurs utilisent, ce n'est pas quelque chose que j'ai eu à utiliser
moi-même, donc je me demandais comment ça se s'opère dans... quand ça a lieu,
là, ces avis-là?
Mme Duranceau : Bien, le TAL
a un formulaire, là, qui n'est pas un formulaire prescrit mais qui est un
formulaire suggéré qui peut être utilisé. Puis éventuellement, ça va être dans
le nouveau bail, c'est ça qu'on veut élaborer, là.
Mme Dufour : Mais, je veux
dire, l'avis qui va être mis, qui va être sur le site du TAL pour aider les
propriétaires va être mis à jour avec ces deux articles là, ils vont être
inclus?
Mme Duranceau : Oui. Il les
contient déjà. L'avis du TAL, il les contient déjà. C'est juste si toi tu fais
ton avis sur Word, chez vous, bien, tu n'étais pas obligée de les mettre, ces
informations-là. Là on dit : bien, il va falloir les ajouter au modèle
maison que les gens utilisent.
Mme Dufour : O.K. Là, ils
vont devoir recopier les articles ou des... fournir des photocopies ou...
Mme Duranceau : Ou prendre le
formulaire du TAL, qui, finalement... tu sais, un peu comme quand tu regardes à
l'OACIQ, là, pour les achats ou ventes de maisons, bien, tu sais, c'est des
formulaires qui sont prescrits, que dans ce cas-là sont prescrits. Le TAL ne
les oblige pas, mais ils contiennent toute l'information, ça fait que ça a le
mérite d'être simple au moins si tu veux l'utiliser.
Mme Dufour : Puis dans ce
cas-là, pourquoi on... Je lance une idée, là, puis ça n'a pas été discuté nulle
part, mais est-ce que ce genre d'avis là, ça ne devrait pas être prescrit,
comme vous dites, que ce soient ceux du TAL, puis comme ça, il n'y a pas de
possibilité de s'être trompé, d'avoir omis quelque chose? Tu sais, je pose la
question, là, parce que ça serait peut-être plus simple pour tout le monde,
tout le monde aurait toujours la même... Le même genre d'avis.
Mme Duranceau : Bien, on
prescrit le contenu, là, tu sais, en venant dire ce que ça doit contenir,
mais...
12 h (version non révisée)
Mme Duranceau : ...en même
temps, tu sais, on pense que ça, c'est suffisant. Là, je donne l'exemple de l'OACQ,
là, mais il y a d'autres enjeux à avoir tous ces formulaires prescrits là. Puis
il faut que... il faut que tu paies à chaque année pour les avoir. Puis au
moins, là, on a un modèle qui est simple, les... on sait ce qu'il doit
contenir, mais chacun peut avoir sa formule selon ses systèmes puis selon
comment ils veulent le gérer, là.
Mme Dufour : Mais admettons
que l'avis ne contiendrait pas l'article 1945 ou la moitié de l'article
1945, je ne sais pas, qui est... c'est quoi, qu'est-ce qui arrive?
Mme Duranceau : Bien là, c'est
ça, s'il y a un préjudice, c'est quoi? Le tribunal va rendre... l'avis, ça fait
que... bien là, il ne contiendra pas tout, là. Peut-être juste expliquer
techniquement comment ça se...
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
allez-y, juste... pas besoin du consentement, ça a déjà été fait, juste dire
votre nom pour les fins de transcription.
M. Simard (Patrick) : M. le
Président, Patrick Simard. Alors, ce que l'on fait déjà, c'est que le tribunal
analyse le contenu de l'avis. Dans la mesure où les mentions obligatoires ne
sont pas là, on regarde si le locataire en subit un préjudice, dans ce cas-ci,
et on peut aller jusqu'à invalider l'avis, le rendre inopposable.
Mme Dufour : Excusez-moi,
je... Excusez-moi. Oui, pouvez-vous juste répéter... je suis désolée.
M. Simard (Patrick) : Avec
plaisir. Alors, on le fait déjà, d'accord? C'est une pratique qui est connue
chez nous. Donc, dans la mesure où l'avis ne contient pas les mentions
obligatoires prescrites, le tribunal peut, si le locataire, dans ce cas-ci, en
subit un préjudice, totalement invalider l'avis, le rendre inopposable.
Mme Dufour : O.K., le rendre
inopposable, s'il y a un préjudice. S'il y a... O.K., puis ça, c'est à lui de
le démontrer, j'imagine, au locataire, le préjudice.
M. Simard (Patrick) : C'est
dans le cadre de l'audience, dans la mesure où... tu sais, si c'est une
information... par exemple, je vais juste vous donner un exemple un peu anodin,
là, mais ne augmentation de loyer, si on dit : Je t'augmente de 20 $
mais le 20 $, finalement, le calcul est mal fait, est-ce que l'avis est
invalide pour autant? On va en discuter, on va analyser la preuve et on
décidera à ce moment-là. On ne va pas nécessairement dans tous les cas
invalider un avis parce qu'il y a une mention qui est erronée, par exemple.
Alors, dans ce cas là, cependant, plus précisément, s'il y a une mention qui
est manquante, bien, elle est manquante, alors que le législateur la requiert.
Je ne vais pas présumer des décisions qui seront rendues, mais on peut imaginer
que nos interventions seront un petit peu plus sévères dans ce cas-là.
Mme Dufour : O.K. Donc, si,
dans le futur, un avis ne contiendrait pas ces deux articles et
particulièrement l'article 1945, vous pensez que le tribunal pourrait
invalider ou le rendre... inopposable, vous avez dit, l'avis. C'est ce que vous
dites?
M. Simard (Patrick) : Absolument.
Ça fait partie des conclusions que le tribunal peut rendre. Tout à fait.
Mme Dufour : Et puis là,
est-ce que... là, on suppose à ce moment-là que tous les propriétaires vont
devoir être au courant de ça et mettre à jour leur modèle maison. Comment on
les avise? Comment les propriétaires, eux, vont être mis au fait de ces
changements-là? Parce que ce n'était pas dans l'article, dans le projet de loi
initial, là, c'est un amendement. Comment on va... ça n'a pas fait les
nouvelles, etc. Comment on va s'assurer qu'ils soient au courant de cette
nouvelle obligation là pour eux?
M. Simard (Patrick) : M. le
Président. Alors, le tribunal a deux missions. L'une d'entre elles, la plus
connue, c'est l'adjudication, mais l'autre également, c'est la mission d'information.
Alors, le TAL va s'assurer de rendre l'information disponible à la fois sur le
site Internet, dans nos publications, sur Instagram notamment. Donc, on va
faire cette publication-là. Et je vais également ajouter à cela, pour reprendre
le propos de la ministre, le bail contient aussi des modèles d'avis. Alors, le
prochain formulaire de bail sur lequel on travaille contiendra ce modèle-là.
Alors, je pense que la diffusion pour nous m'apparaît être suffisante qu'en à l'information.
Mme Dufour : O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça?
Mme Dufour : Moi, ça me va,
merci, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Dans l'absolu,
il y a trois possibilités suite à un avis de modification qui vise à augmenter
le loyer, il y a trois possibilités, soit accepter l'augmentation et rester, je
ne suis pas dans le langage juridique, hein, c'est... soit refuser l'augmentation
et rester, soit refuser l'augmentation et partir. Dans le deuxième cas de
figure... bon, dans... pour accepter l'augmentation et rester, si le locataire
ne répond pas, il est réputé d'avoir accepté, dans le deuxième cas de figure,
refuser l'augmentation et rester, il doit dans le...
M. Fontecilla : ...30 jours
suivants, signifier ce refus-là. Et le propriétaire, il peut, libre à lui
d'aller en procédure de fixation de loyer. Et la troisième, bien, refuser et
quitter, il n'y a plus rien à faire, voilà. Donc, c'est surtout dans la
deuxième, là, où il y a, comment dire, un échange... il y a des gestes à poser.
Tout d'abord, le locataire, ensuite, le propriétaire.
Et l'article de loi, ce qu'il nous dit,
c'est que... Bien, ça, ce n'est pas codifié, en tant que tel, dans le Code
civil, ni... mais ce que je viens de dire, c'est, comment dire, une supposition
logique des dispositions, là, de 1943. Ce n'est pas... le formulaire, en tant
que tel, n'est pas formulé ainsi, là, dans le Code civil, à moins que je me
trompe?
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que nous avons une réponse? Oui...
• (12 h 10) •
M. Fontecilla : Si ce que je
dis est vrai, je vais continuer, là, on a... parce qu'il y a beaucoup, beaucoup
d'avis qui sont envoyés sous cette forme-là, avec trois choix, mais il y a
énormément d'avis qui ne correspondent pas tout à fait à ces trois choix-là
mais correspondent plutôt à deux choix, là, c'est-à-dire j'accepte et je reste
ou je refuse et je quitte. Beaucoup de locataires, et je l'ai vu, moi, de mes
propres yeux... des avis d'augmentation, là, qui contiennent ces deux choix-là.
Il n'y a pas la solution intermédiaire, qui est : je refuse et je reste.
Donc, si je comprends bien, l'esprit de cet article de loi là, ça vient,
comment dire, encadrer l'obligation d'informer sur ces trois possibilités-là,
en incluant les articles de loi.
Or, on le sait, dans notre société, il y a
beaucoup, beaucoup de gens qui ont des difficultés de lecture et écriture, en
partant. Ensuite, même lire un article de loi, là, pour quelqu'un qui est
habitué à lire et à écrire, là, ce n'est pas toujours évident.
Pourquoi ne pas choisir une autre voie
plus simple, plus claire pour tout le monde, et pour les propriétaires, et pour
les locataires, c'est-à-dire de codifier ces trois possibilités-là. Et je
comprends, je comprends qu'on adopte donc l'avis qui devra... pour une
augmentation de loyer, si on adopte cet article-là et on va... soit que l'avis
contient obligatoirement l'article 1943... corrigez-moi, 1945 et 1947, où, je
suppose, le Tribunal administratif du logement va fournir, gratuitement,
j'espère, c'est juste un document, là... Non, Mme la ministre?
Mme Duranceau : Je ne sais
pas. J'attends, là. J'attends de voir où vous allez.
M. Fontecilla : Fournir un
formulaire, donc, qui contient les droits. Mais pourquoi ne pas aller au plus
simple et codifier, soit dans le Code civil ou que, même, le TAL le fait, c'est
à vous de m'en informer, contenant ces trois choix-là qui sont très simples à
comprendre. On n'a pas besoin de lire trois articles de lois qui sont quand
même complexes et qui peuvent induire, qui peuvent confondre beaucoup,
beaucoup, beaucoup de locateurs et de locataires aussi. Et donc, aller au plus
simple, et qui est très simple à comprendre : soit j'accepte et je quitte,
soit je refuse et je reste, soit je refuse et je quitte.
Mme Duranceau : Vous avez
donné deux fois la même affaire.
M. Fontecilla : Attendez, je
me suis mélangé, peut-être. Voilà. Donc, soit j'accepte et je reste, soit je
refuse et je reste, et soit je...
Mme Duranceau : Je refuse et
je quitte.
M. Fontecilla : Voilà.
Pourquoi ne pas aller au plus simple?
Mme Duranceau : Bien, c'est
ça. C'est ça qu'on veut faire.
M. Fontecilla : Non, mais
c'est parce que vous proposez... C'est qu'il faut reproduire les contenus des
articles 1945 et 1947. Donc, dans l'avis, en tant que tel, il faut qu'il y ait
l'article 1945 et 1947, ce qui est déjà compliqué, soit qu'on le transcrit soit
qu'on fait un copier-coller. Puis, ensuite, il y a toute la question de la
compréhension, là. Donc, chaque Mme Caron, là, qui est locataire ou locateur,
peu importe, là, qui a 77 ans, là...
M. Fontecilla : ...va devoir
comprendre... Ça peut être très complexe. Pourquoi ne pas faire un effort de
simplifier la vie des gens, là, et ramener ça à la plus simple expression, qui
sont trois choix très simples à comprendre?
Mme Duranceau : Oui, bien, je
pense qu'il faut qu'il comprenne...
M. Fontecilla : Ce qui
n'exclurait pas, évidemment, d'ajouter des articles de loi, là, c'est-à-dire,
en plus, si vous voulez, on peut les mettre. Ces trois choix lois... ces trois
choix-là découlent des articles 1945 à 1947, qui se lisent comme suit.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci,
M. le député de Laurier-Dorion. Alors, est-ce que nous avons un élément de
réponse de la part de la ministre? Ou est-ce qu'elle souhaite suspendre pour y
réfléchir, ou...
Mme Duranceau : Oui, bien, je
voudrais juste dire que l'avis, comme, il y a un formulaire, encore là, qui
existe, là, qui n'est pas obligatoire, qui est exactement comme vous le
suggérez, là : j'accepte le renouvellement du bail avec ces modifications,
je refuse les modifications proposées et je renouvelle mon bail, puis je ne
renouvelle pas mon bail et je quitterai le logement. Sauf que... puis là on
jase, là, mais, quand tu refuses puis tu restes dans ton bail, bien, il se
passe quand même quelque chose, là. Puis ça, il faut quand même informer le
locataire que tu as le droit de faire ça, mais le propriétaire va quand même
avoir des mesures. Parce qu'il ne faudrait pas que les gens se mettent à penser
que tu refuses, tu restes là, mais c'est nécessairement... c'est peut-être la
fin de l'histoire, mais ce n'est peut-être pas la fin de l'histoire. Ça fait
qu'il faut quand même les informer de ça, non?
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Bien, tout à
fait d'accord, tout à fait. Ça pourrait avoir une indication qui renvoie, une
explication disant : Si vous refusez et vous voulez rester, bien, le
propriétaire peut... peut utiliser, attendez, c'est 1945. Ou ça renvoie
directement... Je ne dis pas qu'il faut enlever absolument la transcription de
l'article de loi, ce que je dis, c'est qu'il faudrait la compléter par une
formulation qui est déjà largement utilisée par le TAL et qui... Il pourrait y
avoir les... les deux façons, la façon la plus simple, c'est la plus simple
expression, et qui renvoie selon les articles 1945 et 1947.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui, bien,
là, là, on est dans la rédaction... Bien, c'est l'avis, c'est ça, non, ce n'est
pas l'article de loi, c'est l'avis, ce qu'il doit contenir. On peut-tu tout
suspendre puis juste essayer de se comprendre?
Le Président (M. Schneeberger) : Je
vous l'ai offert, il n'y a pas de problème, on peut suspendre.
Mme Duranceau : Oui, oui,
non, c'est bon, merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous suspendons.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
(Reprise à 12 h 30)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux...
Le Président (M. Schneeberger) : ...et,
compte tenu de l'heure, nous devons suspendre les travaux. Alors, je suspends
les travaux jusqu'après la période des affaires courantes. Alors, bon midi à
tous.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Schneeberger) : La
Commission de l'aménagement du territoire reprend ses travaux. Nous poursuivons
l'étude détaillée du projet de loi n° 31, Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.
Ce matin, en suspendant nos travaux pour l'heure
du midi, nous étions sur l'amendement déposé par la ministre, l'amendement 0.5.1.
Il y avait eu des discussions là-dessus. Alors, on continue les discussions sur
ce point. La députée de Mille-Îles avait soulevé un questionnement. Alors, je
ne sais pas si la ministre, sur l'heure du midi, a eu des réponses plus
claires. En tout cas, je vous laisse poursuivre là-dessus.
Mme Dufour : En fait, ce n'était
pas.... Je pense que c'était plutôt des éléments soulevés par le collègue de
Laurier-Dorion, là. Moi, je vais arriver avec d'autres questionnements, mais
pas nécessairement exactement ça, c'est par rapport à l'avis.
Mme Duranceau : O.K. Je peux
offrir peut-être quelques commentaires. Puis on a regardé d'autres façons de
libeller l'article, là, mais je pense que ça complexifie... Là, restons juste
au niveau du Code civil. De l'écrire autrement, c'est plus lourd que de référer
au contenu de cette façon-là. Bien évidemment, on ne s'attend pas à ce que l'avis...
Ça dit : L'avis doit de plus reproduire le contenu des articles 1945
puis 1947. Mais on ne s'attend pas à ce qu'un locateur écrive article 1945,
1947. On s'attend à ce qu'il écrive le contenu. Bon.
Maintenant, le contenu, c'est ce que le
député de Laurier-Dorion décrivait, les trois options possibles. Et ça, le
formulaire, il y a un avis, là, qui existe, qui est produit par le Tribunal
administratif du logement qu'un locateur peut utiliser, il n'est pas obligé,
mais il peut l'utiliser, puis il est vraiment simple puis il décrit ça dans les
termes que vous suggérez. Puis la réponse à cet avis là, bien, c'est aussi un
formulaire qui est disponible. Tu as trois cases, puis tu coches celle qui te
convient. Ça fait que les formulaires existent, ils sont simples. Dans le bail,
on va reproduire le contenu des articles de loi. C'est déjà là ou ce n'est pas
là? C'est déjà là.
Dans le fond, on vient ajouter ça pour
que, sur les formulaires maison, dans le fond, il y ait toute l'information
puis que les gens sachent qu'il y a une option qui est celle de ne pas être d'accord,
de rester quand même, puis, après ça, on va en fixation de loyer. Mais moi, je
ne pense pas que c'est au niveau du Code civil qu'il faut être plus complexe dans
la rédaction. Je pense que c'est au niveau des formulaires qu'il faut que ça
soit clair, puis là ce qu'on voit, c'est que c'est clair. Puis on peut vous les
partager au besoin, là. Puis sinon, bien, je suis ouverte honnêtement à vos
suggestions. Le but de tout ça, c'est juste de mieux informer le locataire. Ça
fait que...
Mme Duranceau : ...c'était ça
la... notre objectif là-dedans, mais je vous écoute sur... Puis on ne veut pas
rajouter du «red tape» non plus du côté des propriétaires avec des formulaires
obligatoires. On n'est pas là-dedans, là, dans le locatif, là, ça fait que...
On en a assez à Revenu Québec.
Le Président (M. Schneeberger) : Donc,
merci. Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci, M.
le Président. Dans le fond, je vais juste mentionner quelque chose qui a été
mentionné lorsqu'on était suspendus. Moi, je suggérais qu'on utilise l'avis du
TAL, qui est déjà existant, dans tous les cas, dans le fond, ne pas laisser des
avis maison, où là, effectivement, il serait possible de reproduire exactement
le contenu de 1945 et 1947 sans que les gens comprennent qu'est-ce que ça veut
dire. Ils ne seraient pas en défaut, ils ne seraient pas en défaut du tout de
faire ça parce que c'est ce qu'on leur dit, que ça doit reproduire le contenu
de ces deux articles-là. Donc, ma suggestion, c'était tout simplement que tout
le monde utilise le même formulaire, celui qui est officiel, du TAL, et, comme
ça, il n'y aurait pas d'ambiguïté pour personne, il n'y aurait pas moyen de...
Parce que ce que le collègue de
Laurier-Dorion disait, c'est qu'il y avait des cas où est-ce qu'il y avait
certaines cases, entre guillemets, qui étaient manquantes, certains éléments,
et que les gens ne comprenaient pas nécessairement ce qu'ils recevaient comme
avis. Donc là, ça serait plus simple, à mon avis.
Moi, c'était une suggestion. Je ne me
battrai pas pour ça, mais je pense que ça viendrait, tu sais, enlever toute
possibilité, là, d'avoir de l'ambiguïté pour les gens.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc, si je
lis l'amendement tel qu'il est : «L'avis doit, de plus, reproduire le
contenu de 1945 et 1947», contenu qui arrive aux trois options dont on parlait
ce matin. Et, en général, une personne, un locateur qui va... qui lit ça va
dire : Bon, mais là reproduire... Pour moi, si on... si, à l'école, on me
dit : Reproduisez sur votre feuille tel article, j'aurais copié.
Mme Duranceau : L'article?
Bien oui.
M. Fontecilla : J'aurais
copié l'article, là.
Mme Duranceau : Pas le
numéro, l'article, le contenu de l'article.
M. Fontecilla : Oui, bien,
mot à mot, mot à mot. Donc, d'une part, le locateur, il va devoir aller
chercher cet article-là, 1945 et 1947, ce n'est pas tout le monde qui est
habile, et cetera, là, il y a beaucoup de gens qui n'ont jamais vu, ni de près
ni de loin, le Code civil du Québec. Effectivement, il se trouve sur Internet.
Heureusement qu'après quatre ans, là, je commence à être un peu plus familier,
là, pour aller chercher des articles, mais ce n'est pas à la portée de tout le
monde, tout d'abord.
Juste parce qu'on l'a dit, 1945 et 1947,
les gens n'ont aucune idée de quoi il s'agit, là. Là, ils vont se dire :
Je dois reproduire ces deux articles-là. O.K. Finalement, ils arrivent, là, à
trouver l'article, là, 1944 et 1945 et là ils commencent à se casser la tête.
Qu'est-ce que ça veut dire? Donc... Parce qu'en quelque sorte, c'est comme ça,
le Code civil, là, c'est du langage juridique, là. Et il doit arriver à la
conclusion en bout de compte... en bout de ligne, là, qu'il doit arriver à
trois possibilités, celles qu'on a nommées tantôt : J'accepte et je reste,
je refuse et je reste ou je refuse et je quitte. Mais ce n'est pas écrit tel
quel dans le Code civil, là. C'est une... comment dire, c'est une déduction
logique qui est tout à fait... qui est tout à fait correcte, là, comme
déduction logique, là, mais ce n'est pas à la portée de tout le monde. Et donc
moi, je pense que cette formulation-là va mêler plus que ça va clarifier la
chose.
Mme Duranceau : ...on ne va
pas là?
M. Fontecilla : Non, parce
qu'il y a une autre... il y a une autre problématique, là, qui vient s'ajouter
et c'est que, souvent, on va avoir des avis d'augmentation de loyer tronqué,
c'est-à-dire : il manque une des trois possibilités, parce que, pour
beaucoup... je ne veux pas qualifier la bonne ou la mauvaise foi, hein, pour
beaucoup de gens c'est : Voici une augmentation de loyer. Tu acceptes et
tu restes, tu refuses et tu quittes. C'est comme... C'est clair comme ça, là.
Mais non, il y a une troisième option, qui est la fixation des loyers, mais
beaucoup de gens ne le savent pas, ni les locateurs ni les locataires, enfin
surtout les locataires, je pense, là, mais... Donc, comment résoudre ce
problème-là? Ce serait en inscrivant d'une façon, soit dans le Code civil... Je
comprends qu'il y a une réticence. En fait, j'aimerais bien comprendre... mieux
comprendre la réticence de la partie... du parti ministériel à l'inscrire tel
quel sur le Code civil. Ou...
M. Fontecilla : ...Via le
tribunal administratif du logement, qui compare les formulaires du bail. Tout
le monde sait qu'au Québec il n'y a pas cinq formulaires pour le bail, il y en a
juste un. Ça, c'est une vérité pour tout le monde. Mais que ce formulaire-là,
qui est couramment... «ce formulaire-là», c'est comme... Cette procédure-là,
qui est couramment utilisée, à tous les ans, il peut y avoir des augmentations
de loyer, et on doit les communiquer au locataire, donc comment régler ce
problème-là? Soit qu'on l'inscrit dans le Code civil, soit que le TAL trouve
une façon de faire en sorte que ces trois possibilités là sont signifiées de
façon claire pour... D'une certaine façon, c'est relativement simple de
communiquer ces trois possibilités là, mais il y a toutes sortes de façons de
les écrire. Si on les laisse à la discrétion des locateurs, il peut y avoir
plusieurs types d'interprétations, et ça induit en erreur tout le monde. Donc,
pour moi, le plus simple pour moi, ce serait de l'inscrire dans le Code civil.
Vous me dites, Mme la ministre, que c'est... ça ne se fait pas, mais je n'ai
pas très bien compris pourquoi ça ne se fait pas, de l'inscrire.
• (15 h 30) •
Mme Duranceau : J'offre une
seconde ronde d'explications.
M. Fontecilla : Vas-y.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Alors, dans
le code... Je pense que d'un point de vue rédactionnel, dans le Code civil,
c'est bien écrit, là. Entre juristes, là, on va... tout le monde se comprend.
Puis c'est simple, on ne répète pas des termes. Parce que là, de répéter 1945
en termes plus simples, puis 1947 en termes aussi plus simples, bien, qu'est-ce
que ça donne d'avoir 1945 puis 1947 comme articles? Ça va juste créer de la
confusion entre ce qu'on répète à moitié puis les vrais articles de loi.
Je pense qu'au niveau du Code civil, on
vient inclure l'obligation, qui est dans le but de... Tu sais, comme je disais
tantôt, si vous voulez qu'on l'enlève, on va l'enlever, là, mais c'est vraiment
dans le but de mieux informer le locataire. Le vrai outil pour M. et Mme
Tout-le-monde, là, autant le bailleur que le locataire, c'est les formulaires
du TAL puis c'est le bail. C'est vulgarisé, là-dedans, en tout cas un peu, là,
c'est vulgarisé plus que dans la loi, puis on comprend mieux où est-ce qu'on
s'en va avec ces exigences-là.
Ça fait que moi, je pense qu'on devrait
bien plus s'attarder à l'exécution puis les outils pour bien informer, mais au
moins, ça, ça vient prévoir dans la loi que c'est une information qui doit être
transmise au complet au locataire pour éviter des cas, comme vous disiez
tantôt, où c'est tronqué, puis la troisième option n'est pas là, là, ou celle
du milieu n'est pas là. Donc là, si un avis ne contenait pas les trois, vos
comités logement sont allumés, là, bien là, l'avis, il n'est pas opposable, il
n'est pas bon. Donc, tu ne peux pas exiger... tu ne pourras pas faire ton
augmentation de loyer telle que convenu, ou en tout cas le locataire va
pouvoir, «right»?, présenter quelque chose au tribunal, puis l'avis ne sera pas
jugé acceptable.
M. Fontecilla : Moi je prends
ça.
Mme Duranceau : Bien, c'est
ça que je pensais.
M. Fontecilla : Mais, s'il
n'est pas opposable, où est-ce que ça va être écrit, ou est ce que ça va
être... ça devrait apparaître dans le Code civil?
Mme Duranceau : Bien là, les
gens... Le locataire qui le lit, ou bien les comités logement qui aident le
locataire en question, lui, il sait que la loi exige que les trois options
soient indiquées. Si elles ne sont pas là, bien là, il y a quelqu'un qui va se
faire dire que son avis n'est pas bon.
M. Fontecilla : Donc, ça
prendrait... Le locataire, s'il reçoit un avis qui n'est pas conforme,
d'augmentation de loyer, donc s'il ne répond pas... bien, en fait, qu'est-ce
qu'il va... Il dit, bon : il n'est pas conforme, je ne suis pas... option,
je ne suis pas obligé de répondre, donc l'avis d'augmentation n'a aucun effet.
Et le propriétaire, bon, comment est-ce... Le temps passe, il n'a pas eu de
réponse, donc il n'a pas répondu, donc il a accepté. Et il va s'attendre à une
augmentation. Vous voyez, là, la mécanique, je la trouve... Bien, je suis tout
à fait d'accord, si l'avis n'est pas conforme, il devrait... C'est quoi, le
terme qui... il n'est pas opposable, c'est le thème que vous avez utilisé?
Mme Duranceau : Oui.
M. Fontecilla : Donc, mais ça
devrait être écrit quelque part, il me semble.
Mme Duranceau : Est-ce que
vous me permettez de laisser Me Simard répondre?
M. Fontecilla : Tout à fait,
discutez-en.
Mme Duranceau : Parce que je
pense que lui, il le voit dans l'application, ça va être plus clair comme
réponse.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
Simard, vous vous présentez.
M. Simard (Patrick) : merci,
M. le Président. Alors, Patrick Simard, président du tribunal administratif du
logement.
Alors, pour répondre peut-être à une
partie de votre interrogation...
15 h 30 (version non révisée)
M. Simard (Patrick) : ...je
pense que c'est important de rappeler que le formulaire de bail obligatoire
contient à son endos tous les formulaires ou plutôt tous les avis, les modèles
d'avis, dont notamment celui du locataire lorsqu'il répond. Et le document, là,
qui est à l'endos, qui est la suite du contrat de bail, énonce clairement les
trois options qu'il a. Alors, il est déjà en sa possession, cet avis-là, dès
lors qu'il signe le bail obligatoire. Il s'agit juste d'aller à l'endos du bail
et ce modèle de réponse contenant les trois options est inclus.
Par ailleurs, si on n'est pas en
possession du bail, le TAL énonce sur son site le même modèle, plutôt qui est à
l'endos du bail, il est disponible à part dans un autre format. Donc, il m'apparaît
assez accessible, d'une part. D'autre part, dans la mesure où, pour répondre à
votre préoccupation, il s'avérerait que l'avis ne contient pas les trois... les
options que la loi prescrirait maintenant, il est de jurisprudence constante
chez nous que, dans la mesure où il y a un préjudice, et je serais tenté de
vous dire : Si on ne m'offre pas une option à laquelle j'ai droit, j'ai
probablement un préjudice, cet avis-là pourrait être déclaré par le tribunal
comme étant inopposable, donc sans effet, il n'existe pas.
Alors, ceci étant, je vais juste revenir à
ce que je disais d'entrée de jeu, ces documents-là sont disponibles dès lors qu'on
signe le bail, lorsqu'on... on a juste à le retourner, à son endos. Alors, ça m'apparaît
assez simple dans l'organisation des relations entre les parties de trouver les
bons avis puisqu'ils sont déjà en leur possession dès qu'on signe le bail. Il s'agit
juste d'aller à l'endos, tout est là.
Mme Duranceau : On le voit.
Si vous voulez qu'on suspende pour regarder le document, on peut vous le
montrer.
M. Fontecilla : ...je vous
crois, je vous crois. Mais voilà, parce que je vous crois, mais la dernière
fois que j'ai regardé un bail, est-ce que j'ai été amené, motivé à aller voir l'endos
du bail? C'est comme l'endos de notre relevé de carte de crédit, hein, on ne
regarde pas ça souvent, hein? Et il faudrait évidemment, il faut lire toujours
les petits caractères. Est-ce que tout le monde le fait, là? C'est la raison d'être
des petits caractères, là, justement pour que ce soit ardu pour tout le monde
de le faire. Je ne veux pas dire que l'endos du bail, c'est des petits
caractères...
Mme Duranceau : Non, non,
mais là, c'est ça, là, il faut présumer que le... tu sais, ça marche pareil,
là.
M. Fontecilla : ...il y a
beaucoup de gens qui ne sont pas portés à aller voir l'endos du bail. Et la
critique n'est pas... pas la critique, mais, en fait, l'observation n'est pas
tellement... Je pense que le TAL fait son travail de mettre à la disposition
des gens, là, c'est lorsque des locateurs, de façon malveillante ou pas, ce n'est
pas ça, le problème, là, ne donnent pas la bonne information parce qu'ils ne
sont pas tenus d'utiliser... ils peuvent faire des avis maison, et ils fournissent
une information complète. Et souvent, et là je tombe dans la malveillance, il y
a des augmentations de loyer qui sont expressément faites pour induire les
locataires en erreur et les mettre devant un choix qui est celui de quitter,
finalement, là.
Alors, comment réduire au maximum, c'est
en obligeant, selon moi, d'une certaine façon, les locateurs à l'inclure.
Comment ça pourrait être fait pour que ce ne soit pas redondant? Parce que c'est
ça que vous êtes en train... si je crois comprendre, là, c'est qu'on ne veut
pas être redondant par... dans l'article 1943 par rapport aux articles 1945
et 1946. Non, pardon, 1947.
Mme Duranceau : Si je peux me
permettre, c'est parce que je ne trouve pas que c'est dans la loi qu'il faut
aller compliquer la rédaction. Ce que vous décrivez comme problématique, ce n'est
pas quelqu'un qui est en train de lire le Code civil qui a... tu sais, le
problème de la personne que vous décrivez, ce n'est pas une personne qui lit le
Code civil, ça fait que c'est vraiment dans l'application. Là, on dit : Le
bail, il contient déjà cette information-là à son endos. Là, on vient exiger
que les avis maison contiennent aussi l'information. Puis dans un cas où ça...
où l'avis maison ne contiendrait pas l'information puis que ça cause un
préjudice, bien, il y a un recours, tu sais. Alors, on vient donner un droit
additionnel encore là aux locataires. Puis je pense que le débat, il ne devrait
pas être par rapport à comment c'est écrit dans la loi. C'est vraiment,
administrativement, comment on va faire connaître cette mesure qui existe déjà,
là, en fait, qui est déjà dans le formulaire de bail. Tu sais, je pense que ça
s'applique aux formulaires maison. Puis là, je... tu sais, je veux dire, c'est
quoi, la proportion de gens qui utilisent le formulaire maison versus bail? Je
ne sais pas, là.
M. Fontecilla : Moi...
M. Fontecilla : ...mon
expérience, c'est que beaucoup de gens utilisent un formulaire maison, là,
beaucoup de locateurs ne se réfèrent pas nécessairement... Parce que les
informations qui me parviennent, c'est que beaucoup... beaucoup d'avis ne
comportent que deux options, non pas trois. Donc, de facto, c'est un formulaire
maison.
Mme Duranceau : C'est ça,
cette proposition-là, c'est pour s'assurer que tous les locataires, peu importe
qui est leur locateur, sont bien informés de leurs droits. Puis ça va... Ceux
qui utilisent le formulaire maison, bien, il faut que leurs avis contiennent
ça. Ça fait que c'est une mesure additionnelle pour protéger les locataires
qu'on veut mettre en place.
M. Fontecilla : Et ce que Me
Simard vient de nous dire, c'est que... il a utilisé le conditionnel, là. Moi,
j'aimerais savoir, là, si'il y a une jurisprudence au tribunal administratif du
logement, là, lors d'un avis d'augmentation qui est tronqué encore une fois,
dont il manque une option sur trois, là. Est-ce que cet avis est non valide?
Quelle est la jurisprudence? Parce que tantôt vous avez parlé au conditionnel,
«pourrait contester», etc., mais, si on va voir dans le passé, là, quelle est
la jurisprudence dans ce sens-là?
• (15 h 40) •
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
vous allez répondre?
M. Simard (Patrick) : Avec
plaisir. Alors, j'utilise le conditionnel parce que, si l'avis ne contient pas
les mentions obligatoires telles que proposées, à ce moment-là, il pourrait
être déclaré inopposable puisqu'il m'apparaît que ça pourrait causer préjudice
de ne pas avoir l'ensemble des droits qui me sont offerts, les options qui me sont
offertes. Je crois être capable, comme locataire, de démontrer peut-être un
préjudice à n'avoir eu que deux options sur trois, et demander au tribunal de
le rendre inopposable m'apparaît être une conclusion assez facile, je crois.
Ceci dit, je vais ajouter peut-être à
votre propos d'il y a un instant quant au formulaire de bail, est-ce qu'il
est... est-ce qu'il est souvent utilisé, est-ce qu'il est... est-ce que les
gens vont jusqu'à l'endos? Je me permettrai de vous dire : En 27 ans
d'expérience en ce domaine-là, bien souvent, les juges, chez nous, vont se
faire plaider, par exemple, l'article 3, l'article 18. Vous aurez
compris qu'il n'y a rien qui ressemble à ça dans le Code civil. Retournez le
bail et vous allez voir, c'est l'article 3 du bail, à l'arrière, qui
reproduit les articles du Code civil de manière vulgarisée. Alors, je serais
davantage d'avis que les gens vont consulter l'endos du bail plus qu'ouvrir un
code civil qu'ils n'ont probablement pas à la maison. Voilà.
M. Fontecilla : Oui. Ceci
étant dit, je reviens à ma question. Est-ce qu'il y a une jurisprudence qui
rend un avis d'augmentation nul parce qu'il n'y a pas les trois options qui ont
été clairement spécifiées?
Mme Duranceau : Ce n'était
pas dans la loi avant, là. Ce n'était pas requis par la loi avant, là, c'est...
on vient de l'ajouter, là, ça fait que, là, il n'y a pas encore de
jurisprudence.
M. Fontecilla : O.K., mais le
contenu existait, là, c'est-à-dire 45 et 47...
Mme Duranceau : Oui, mais il
n'était pas obligatoire... Oui, mais ce n'était pas obligatoire, c'étaient des
options, mais on n'obligeait pas de l'avoir dans l'avis. Dans l'avis, c'était
seulement l'augmentation de loyer prévue en pourcentage, en nombre, puis je ne
me souviens plus, là, mais nulle part l'avis ne devait contenir les trois
options en question. Là, on vient ajouter cet élément-là. Ça fait
qu'effectivement peut-être que, là, tu sais, je suis venue ajouter de
l'information qui n'était pas... qui n'a jamais été problématique, mais
c'est... vous me dites : C'est probématique, il y a juste deux des trois
options qui sont souvent présentées. Ça fait que c'est ça qu'on vient régler.
M. Fontecilla : Pas d'autre
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : ...micro, oui.
O.K., parfait. Alors, moi, je vais vous inviter à lire la deuxième section de
l'article 1945 du Code civil, parce qu'on a lu la première, tout à
l'heure, mais pas la deuxième : «Toutefois, lorsque le bail porte sur un
logement visé à l'article 1955, le locataire... le locataire qui refuse la
modification proposée doit quitter le logement à la fin du bail.» Comment
quelqu'un qui reçoit ça, dans son avis, peut comprendre qu'est-ce que ça veut
dire? Il n'a pas le choix d'aller voir c'est quoi dans le Code civil. Bien, il
ne sait même pas que c'est le Code civil, 1955, c'est... ça, c'est la fameuse
clause F, là. Mais nous, on le sait, là, parce qu'on est dedans, là, mais personne
ne va comprendre ça. Donc, moi, j'ai des grands doutes, là, sur... tu sais, je
comprends qu'on veut... on veut... c'est ça, on veut qu'il y ait plus de clarté
pour les locataires, qu'ils soient conscients de toutes leurs options, mais, tu
sais, si le locataire demande à son propriétaire c'est quoi ça veut dire,
peut-être qu'il... tu sais, il n'aura peut-être pas la bonne réponse, là. On ne
sait...
Mme Dufour : ...je ne sais pas
comment il va l'interpréter, mais ça fait que, bref, moi, je reviens à l'idée
que si c'est vulgarisé dans l'avis que le TAL propose, pourquoi que tout le
monde n'utilise pas ça? Beaucoup plus simple.
Mme Duranceau : Mais c'est
déjà là, ça.
Mme Dufour : Oui, mais
pourquoi on ne dit pas : Tout le monde...
Mme Duranceau : Mais là vous
voulez le rendre obligatoire, là. Là, on s'en va dans le formulaire, là,
puis...
Mme Dufour : Bien, l'avis est
obligatoire. L'avis est obligatoire, n'est-ce pas?
Mme Duranceau : Oui.
Mme Dufour : Donc, on ne
rajoute pas un nouvel avis, là, on dit juste : Au lieu que vous fassiez
votre avis maison, prenez celui du TAL. C'est tout. Le bail, c'est la même
chose. Ils ne peuvent pas créer un bail de même, là, il faut qu'ils prennent le
bail qui est officiel. C'est semblable.
Mme Duranceau : De toute
façon, la clause F, ça ne s'applique pas dans tous les cas, là, ça s'applique
dans les cas des logements de moins de cinq ans.
Mme Dufour : Non, mais quand
on dit qu'on doit reproduire le contenu des articles 1945 et 1947, bien,
le 1945, il implique de parler du 1955, c'est dedans. Mais la personne qui va
lire ça ne comprendra pas à quoi ça fait référence.
Mme Duranceau : Bien, moi...
Qu'est-ce que vous voulez exactement, là?
Mme Dufour : Bien, ce que
j'ai dit, je pense que je suis rendue à la troisième fois. Je le vais le dire
encore.
Mme Duranceau : Moi aussi, je
répète souvent.
Mme Dufour : Que l'avis... si
on... C'est parce que je pense que le plus simple, c'est l'avis le plus simple.
Celui du TAL a déjà été simplifié, alors c'est celui qui, visiblement, pour
tout le monde, ça serait compréhensible. Actuellement, ce qu'on comprend, c'est
que, des fois, ce n'est pas ça qui est offert aux gens, ce n'est pas un avis
aussi compréhensible. Et si on suit à la lettre l'amendement qui est proposé
ici, bien, on va reproduire exactement le Code civil pour deux articles qui
sont difficilement compréhensibles pour quand même une bonne portion de la
population.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je comprends
ce que vous dites. Je ne suis pas... tu sais, je ne suis pas en désaccord avec
le concept, mais ce qui me préoccupe, c'est d'imposer un formulaire puis les répercussions
que ça a sur les locateurs, qui ont tous leur modèle maison puis qui
fonctionnent avec ça, puis c'est dans le système automatique avec la gestion
des baux. Il ne faut pas sous-estimer, là, la machine technique en arrière de
tout ça pour les plus grands propriétaires, là. Ça fait que, peut-être, c'est
facile pour eux de modifier leurs documents.
Mme Dufour : Bien, j'imagine.
Mme Duranceau : Mais je pense
que ça vaudrait la peine de valider avant de se décider.
Mme Dufour : Ce serait
intéressant parce que, de toute façon, ils auront une modification à faire si
cet amendement-là est accepté, parce que... est adopté, parce qu'on demande de
le modifier, leur avis.
Mme Duranceau : Tout à fait.
Mme Dufour : Donc, déjà, là,
il y aura une modification à faire. La question, c'est : Est-ce qu'on leur
demande de modifier tel qui est proposé ici ou de prendre le modèle du TAL,
tout simplement? Est-ce que c'est vraiment une si grande modification que ça?
Moi, ça ne m'apparaît pas, là. Pour avoir géré des systèmes informatiques dans
le passé, là, ça ne m'apparaît pas, mais, maintenant, on peut le valider. Moi,
je serais à l'aise de suspendre le temps de vérifications.
Mme Duranceau : De
suspendre... Bien là, on va le valider pendant la nuit.
Mme Dufour : Parfait. Moi,
j'ai un autre point qui touche l'avis, mais qui traite d'un autre sujet. Donc,
je vais demander si mon collègue a terminé sur cet élément-là.
M. Fontecilla : Moi, je suis
bien d'accord de suspendre pour voir à une solution, là, mais ce qui est
certain ici, c'est que le nom, le type de la section, là, qui n'apparaît dans
le Code civil, bien, c'est offrir une meilleure protection aux locataires et
faire connaître leurs droits. Je pense qu'on n'est pas en train de faire œuvre
utile ici, là, de connaissances, de vulgarisation des lois et de leurs droits
parce qu'on tourne en boucle dans des langages très compliqués du Code civil,
là, et ce n'est pas le rôle du Code civil de faire de la vulgarisation. Mais il
demeure quand même, là, que c'est une situation qui est vécue et qui arrive
constamment, là, cette question-là, des avis d'augmentation tronqués, et ça
suscite beaucoup de problèmes.
Donc, c'est ça, je suis tout à fait
d'accord de suspendre pour trouver une façon de mieux informer et les locateurs
et les locataires de leurs obligations pour arriver à trois possibilités. Et
ceci étant dit, là... Bon, c'est bon, je suis prêt à suspendre pour une
solution.
Mme Duranceau : O.K. Alors,
merci. On va faire les vérifications puis vous revenir sur comment on fait.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors...
Ah! oui, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Mais avant qu'on
suspende, j'aimerais qu'on discute d'un autre élément de l'avis, qui n'est pas
en fait dans votre amendement, mais qui pourrait être regardé. C'est qu'on
m'informe que la jurisprudence actuelle fait en sorte...
Mme Dufour : ...sorte que
quand il y a une demande, quand il y a une contestation de l'avis frivole, la
jurisprudence fait en sorte que le locataire peut être mené à payer les frais,
les frais de cours et, attendez, je vais chercher le terme exact, les frais de
demande de révision aussi. Et donc là, ça peut être une suggestion parce qu'il y
a des règles, là, dans lesquelles... qu'il faut qu'elles soient respectées pour
que ce soit le cas, notamment que le locateur doit d'abord établir qu'il a
tenté de négocier avec le locataire en lui donnant accès aux données
pertinentes à la fixation du loyer avant de déposer sa demande, et le locateur
doit obtenir une augmentation par la décision, une augmentation au moins égale
à celle demandée dans son avis. Et là je vous donne le cas, là, c'est un cas...
c'est une jurisprudence que j'ai consultée, mais il y en a plusieurs autres où
le locataire exigeait... dans le fond, non, plutôt, le locateur demandait, dans
le fond, dans son avis, une augmentation de loyer de 10 $ par mois, ce
n'est pas beaucoup, mais le locataire l'a contestée à la cour, puis le locataire
a tenté d'expliquer la... tu sais, dans le fond, démontrer pourquoi il avait
besoin de 10 $ par mois de plus, et le locataire a quand même contesté,
est allé en cour. La cour a finalement statué que c'était 12, 79 $ par
mois que devait être augmenté le bail. Donc, le locateur était bien raisonnable
avec son 10 $ par mois. Mais là il y avait des frais parce que pour...
lorsqu'on va en cour, il y a des frais de cour et donc le juge a finalement
statué que c'était la locataire qui devait aussi payer les frais de cours et
les frais de révision, parce qu'il y a eu une révision de la cour, et ça, c'est
des frais que, j'imagine, elle n'était pas au courant qu'elle aurait à payer en
s'opposant, tu sais, à une demande... dans le fond, c'était une demande frivole
de la part de la locataire.
• (15 h 50) •
Donc, ce qu'on me suggère, puis on peut le
regarder en même temps, là, c'est peut-être d'ajouter une note qu'il peut être
possible, si ces conditions-là sont respectées, que le locataire qui conteste
soit tenu de payer ces frais-là, qu'il le sache, mais parce que là,
présentement, c'est dans la jurisprudence, c'est appliqué, mais les gens ne
sont pas au courant jusqu'à ce qu'ils soient mis devant le fait accompli en
cour.
Donc, comme il y a beaucoup de contestations
dans les derniers mois, ça peut être un élément à regarder pour ajouter dans
l'avis, tout simplement. Donc, c'était l'élément que je voulais amener à la
réflexion.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce que ça va comme ça?
Mme Duranceau : Bien oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Souhaitez-vous
rajouter quelque chose ou nous suspendons l'article?
Mme Duranceau : Non. Bien là,
le tribunal en prend bonne note, là, on me dit que c'est comme ça dans tous les
tribunaux, il y a des frais puis il y a quelqu'un qui les paye, là.
Mme Dufour : Mais de savoir
qu'il y a des conditions, tu sais, qu'il y a des conditions, que ça peut
arriver que le locataire qui conteste va être tenu de les payer. On s'entend,
quand on conteste une augmentation de 10 $ par mois, puis qu'on se ramasse
à payer 171 $, on ne l'avait peut-être pas vu venir.
Mme Duranceau : Bien non,
mais c'est ça, il ne faut pas contester si c'est frivole non plus, tu sais,
c'est ça, là.
Mme Dufour : Mais c'est ça,
mais ça, c'est déjà établi, en tout cas, moi, je souligne, c'est déjà établi
dans la jurisprudence puis pas juste dans la jurisprudence, les règles sont
claires là-dessus que si ces deux éléments-là sont respectés, bien, le
locataire va devoir payer les frais de cour. Puis ça, c'est une jurisprudence
qui date de quelques années. Les frais ont augmenté depuis.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, nous... concernant... pour suspendre l'article.
Mme Duranceau : Sur cet
article-là, on le suspend pour faire les vérifications que vous suggérez, en
fait, qu'on veut tous faire, puis on vous revient dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
alors l'article 0.5.1 est suspendu.
Mme Duranceau : Bon, alors
quel est le prochain?
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous allons au prochain article. Là, le prochain article, je vais avoir besoin
du consentement parce que c'est un article qui avait été suspendu... non, un
amendement, pardon, qui était un amendement de la députée de Mille-Îles, si ma
mémoire est bonne, 0.3.
Mme Dufour : M. le Président?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Dufour : Compte tenu des
conversations qu'on a eues tout à l'heure sur le 30 jours et le un mois,
moi, je demanderais le consentement de le retirer, cet amendement-là, oui. Le
retirer.
Le Président (M. Schneeberger) : Le
retirer? Parfait. Alors, est-ce qu'il y a consentement pour retirer
l'amendement?
Mme Duranceau : Il y a
consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Consentement. Retiré. Alors là, nous en sommes à l'article 0.6.1.
J'imagine, c'est un amendement, ça?
Le Président (M. Schneeberger) : ...c'est
un amendement, ça.
Mme Duranceau : O.K. Alors,
donc : Insérer, après l'article 0.5.1 du projet de loi, tel qu'amendé, le
suivant :
0.6.1. Ce code est modifié par
l'insertion, après l'article 1944, du suivant, donc : «944.1. Dans le mois
de la réception de l'avis visé à l'article 1944, le locataire d'un logement
sous-loué pendant plus de 12 mois est tenu d'aviser le locateur de son refus de
mettre fin au bail ou de l'aviser qu'il quitte les lieux. S'il omet de le faire,
il est réputé avoir refusé de quitter le logement.»
Alors, le commentaire : Cet
amendement propose d'introduire dans le projet de loi un nouvel article qui
introduirait l'article 1944.1 du Code civil afin de prévoir que le locataire
ayant reçu du locateur un avis l'informant de son intention de ne pas
reconduire le bail en raison du fait qu'il a sous-loué le logement pendant plus
de 12 mois... mois soit tenu d'aviser le locateur de son refus de mettre fin au
bail ou de son intention de quitter les lieux, à défaut de quoi il serait
réputé avoir refusé de quitter le logement.
Donc, ça, c'est dans la même logique que
ce qu'on a fait pour les évictions. On vient changer... On vient dire :
Qui ne répond... «Qui ne dit mot consent», là, ce n'est pas ça, c'est :
«Qui ne dit mot ne consent pas», O.K. Donc, c'est pour mieux protéger le droit
au maintien dans les lieux des... du locataire... bien, dans ce cas-là, du
sous-locataire. Donc, quelqu'un qui ne répondra pas ne sera pas présumé avoir
quitté, il est réputé vouloir demeurer dans les lieux, puis c'est le locateur
qui doit après ça introduire une demande au TAL pour... pour reprendre le
logement. Alors, que ce soit la reprise du logement, l'éviction ou la reprise
d'un... d'un logement qui est sous-loué depuis plus de 12 mois, on est dans la
même... c'est la même façon de faire. Puis cet amendement-là découle des
consultations, ça nous a été dit en consultation par différents groupes
qu'on... la sous-location était mal... ou était le seul des éléments qui n'était
pas géré comme les autres.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Oui, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Bien, il me
semble qu'on a beaucoup parlé de la sous-location, mais comme le lien entre
le... le locataire et le... la personne sous... qui est sous-locataire, entre
guillemets. Mais là, cet amendement-là, si je le comprends bien, c'est plutôt
entre le locateur et le locataire qui fait de la sous-location. Ça vient...
Mme Duranceau : C'est ça.
Mme Dufour : Ça vient
changer... Et là, c'était un...
Mme Duranceau : Mais ça
protège le sous-locataire.
Mme Dufour : Ça protège le
sous-locataire. Donc... donc, dans le fond, avant... si... si c'était sous-loué
pendant plus de 12 mois, bien, à un moment donné, on pouvait mettre fin au
bail. Là, maintenant, ce que je comprends, c'est qu'il pourrait y avoir de la
sous-location pendant des années, là, c'est ce que je comprends, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Dufour : Ça revient à une
cession de bail, non?
Mme Duranceau : Non, non.
Mme Dufour : Bien...
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que vous voulez... M. Simard, vous voulez répondre?
M. Simard (Patrick) : Si vous
permettez.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard, pardon.
M. Simard (Patrick) : Ce que
ça vient... Ce que ça vient changer, là, dans le corpus législatif, c'est
que... Certains groupes nous ont dit : Il est arrivé que des locateurs
envoient des avis sans nécessairement que ce soit réel, là, la sous-location de
plus de 12 mois. Alors, le locataire pouvait ne pas y répondre en disant :
Mais, de toute façon, c'est inexact, alors je ne réponds pas à ça. Et la
conséquence de ne pas répondre, actuellement, c'est de... c'est de ne pas faire
un... une demande au TAL pour dire : C'est inexact. Ça fait que, le 2
juillet, si quelqu'un a gardé le silence, le propriétaire peut venir au TAL et
demander son expulsion en disant : Vous n'avez simplement pas répondu à
l'avis que je vous ai adressé. Sans que l'avis, on en discute, là, de... de la
crédibilité ou de son contenu, juste le fait de ne pas répondre faisait en
sorte qu'au 2 juillet le tribunal pouvait expulser quelqu'un.
Ce que cet article-là vient faire, c'est
de dire : Lorsque le locateur envoie l'avis à l'effet que le... le... le
logement a été sous-loué pendant plus de 12 mois, si le... le locataire qui
reçoit l'avis ne répond pas, bien, il est présumé donc qu'il n'est pas d'accord
avec la position du locateur de mettre fin, et le locateur a 30 jours... a un
mois, pardon, pour déposer une demande pour faire statuer...
M. Simard (Patrick) : ...une
demande pour faire statuer sur le fait qu'effectivement il y a eu une
sous-location de plus de 12 mois et qu'il peut résilier le bail. Donc, ça ne
change pas la règle de sous-location, le 12 mois demeure, ça impose simplement
le fardeau à quelqu'un d'autre d'en faire une démonstration, à défaut de quoi
le simple silence amenait le départ.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée, députée de... Oui, ça va?
Mme Dufour : Oui, oui, oui,
merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Pour bien comprendre,
un locataire... un sous-locataire qui pendant plus des 12 mois... L'article
1944 nous dit qu'un locateur peut ne pas reconduire le bail. Donc, il a le
droit, même s'il reste. Et là vous changez seulement la procédure, là,
c'est-à-dire que, si le sous-locataire ne répond pas, il est réputé d'avoir
refusé de quitter le logement, mais, si le locateur va au TAL, il peut quand
même lui... O.K.
• (16 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que vous êtes... Député de Laurier-Dorion, ça va?
M. Fontecilla : J'aurais...
Est-ce que... ne vaudrait-il pas la peine que l'avis spécifie que l'absence de
répondre équivaut à un refus? Est-ce que l'avis ne devrait pas comporter cette
disposition légale qu'on s'apprête à adopter?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Donc là, vous
voulez que...
M. Fontecilla : En fait... un
peu, on est toujours dans la même dynamique que l'article qu'on vient de
suspendre, c'est-à-dire que l'avis comporte l'obligation faite par l'article
1944.1.
Le Président (M. Schneeberger) : Voulez-vous
qu'on suspende quelques instants, le temps de répondre?
M. Fontecilla : Est-ce que je
me fais comprendre...
Mme Duranceau : Oui, mais là,
à 19 44.1, on ne fait pas référence à l'avis, là. Bien, c'est-à-dire, ce n'est
pas là qu'on vise le contenu de l'avis.
M. Fontecilla : En fait, ce
que je voudrais, que ce soit là ou ailleurs, là, 1944.2... mais que l'avis en
tant que tel...
Mme Duranceau : En fait, le
fait de ne pas répondre...
M. Fontecilla : ...impose
l'obligation que, dans l'avis, cette information-là apparaisse.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien, c'est
justement ça qu'on veut, on veut protéger. Si tu ne réponds pas, tu es protégé,
il n'y a rien qui change, ça fait qu'on n'a pas besoin de mettre dans
l'avis : En passant, si tu ne me réponds pas, ça ne changera rien.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Oui? Parfait. Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Juste une
précision. Ici, on dit... Oui, c'est là, on dit : «Le locataire d'un
logement sous-loué pendant plus de 12 mois est tenu d'aviser le locateur de son
refus. S'il omet de le faire, il est réputé avoir refusé de quitter le
logement.» M. le sous-ministre... c'est ça? Non?
Des voix : ...
Mme Dufour : Président du
TAL... a mentionné tout à l'heure qu'il y avait des fois que des avis étaient
envoyés pour dire : Bien, je ne renouvellerai pas le bail parce que ça
fait plus de 12 mois que vous êtes en sous-location, mais ce n'était pas vrai.
Et donc, là, dans ce cas-là, il se ramassait... il n'y avait pas de
reconduction de bail, alors que c'était erroné ou que l'information était
fausse.
Mais là on vient dire «le locataire d'un
logement sous-loué pendant plus de 12 mois... s'il omet de le faire, il est
réputé avoir refusé de quitter le logement». Pourquoi on ne spécifie pas «le
locataire d'un logement sous-loué»? C'est parce que, si on précise, c'est
seulement ceux de plus de 12 mois, ceux que c'est moins de 12 mois, si c'est,
justement, que ça ne fait pas 12 mois, ça fait quatre mois, bien, eux, ça ne
change rien, là, ça ne s'applique pas à eux, «s'il omet de le faire, il est
réputé avoir refusé de quitter le logement».
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça va comme ça? La question est claire ou...
Mme Duranceau : Un instant,
là, on attend.
Mme Dufour : Bien, j'ai
besoin d'avoir confirmation parce que, quand je le lis, comme c'est écrit, ça
exclut ceux qu'on tente de viser, qui sont les cas de moins de 12 mois.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : C'est
parce qu'il n'y aurait pas de...
16 h (version non révisée)
M. Simard (Patrick) : ...de
justification à transmettre un avis de résiliation au locataire qui n'aurait
pas sous-loué pendant plus de 12 mois. Cet avis-là ne vaut rien. Alors que
là, dans la mesure où il était sous-loué pendant plus de 12 mois, l'avis
portait une conséquence. Celui dont vous me parlez ne porte pas conséquence.
Mme Dufour : Bien, il
porte... Oui, bien, il portait conséquence, parce que vous l'avez expliqué tout
à l'heure, que c'était... si l'information était fausse, entre guillements, là,
erronée. Dans le fond, ce que vous me dites, c'est qu'en ayant ce libellé-là,
si un locateur utilise la prémisse que ça a été sous-loué pendant plus de 12 mois,
donc peu importe que ce soit vrai ou pas, la personne, si elle omet... le locataire
qui omet de refuser, dans le fond, l'avis est réputé l'avoir refusé... omis de
répondre, plutôt, est réputé d'avoir refusé de quitter le logement. C'est l'intention
du législateur? Je veux juste que ce soit bien clair dans les procès-verbaux.
M. Simard (Patrick) : C'est
la lecture que nous en faisons également.
Mme Dufour : Excellent.
M. Simard (Patrick) : Tout à
fait.
Mme Dufour : C'est bon.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce que ça va? Parfait. D'autres questions? Alors, est-ce que l'amendement 0.6.1
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors, nous allons maintenant du côté de l'amendement 0.7.1.
Des voix : ...
Mme Duranceau : OK, donc ici,
insérer, après l'article 0.6.1 du projet de loi, tel qu'amendé, le
suivant, donc :
« 0.7.1. Ce code est modifié par le
remplacement de l'article 1947 par le suivant, donc :
«Le locateur peut, lorsque le locataire
refuse la modification proposée, s'adresser au tribunal dans le mois de la
réception de l'avis de refus pour faire fixer le loyer ou, suivant le cas,
faire statuer sur toute autre modification du bail. Il peut également, lorsque
le locataire qui a sous-loué son logement pendant plus de 12 mois refuse
de quitter les lieux, s'adresser au tribunal pour mettre fin au bail. S'il omet
de présenter sa demande dans le mois suivant le refus, le bail est reconduit de
plein droit aux conditions antérieures. Si le tribunal rejette la demande
visant à mettre fin au bail, mais que sa décision est rendue après l'expiration
du délai pour donner un avis de modification du bail, celui-ci est reconduit,
mais le locateur peut alors s'adresser au tribunal pour faire fixer un nouveau
loyer dans le mois de la décision finale.».
Alors, cet amendement propose d'introduire
dans le projet de loi un nouvel article remplaçant l'article 1947 du Code
civil afin de prévoir que le locateur d'un logement dont le locataire ayant
sous-loué le logement pendant plus de 12 mois refuse de quitter le
logement, peut s'adresser au TAL pour qu'il mette fin au bail. Alors, l'objectif
poursuivi, c'est de faire assumer au locateur les démarches et les frais
relatifs à une demande auprès du TAL pour un avis de non-reconduction du bail pour
cause de sous-location depuis plus de 12 mois. Ça fait que c'est la
discussion qu'on avait.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
questions sur l'amendement? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Petit
commentaire. On vient de complexifier quand même fortement l'article 1947.
Et tout à l'heure, quand on parlait de l'amendement qui rajoutait, on demandait
dans l'avis d'ajouter le 1945 et le 1947, là on vient de faire une page
entière, là, juste, juste avec les deux articles, là. Ça fait que quand qu'on
disait tout à l'heure, là, que ça va devenir très difficile de compréhension
pour M., Mme Tout-le-monde, là, là, là, on en a ajouté une couche avec cette
proposition-là. Donc, je reviens, là, je reviens au fait que je pense qu'il
faudrait vraiment que tous, tous, tous utilisent l'avis du bail, autrement, là,
on va devenir, là... Les gens ne comprendront absolument pas ce qu'ils vont
lire, absolument pas.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Ça va? Est-ce qu'il y a... vous souhaitez répondre à ça?
Mme Duranceau : Oui. Bien là,
il ne faut pas trop qu'on s'obstine sur ça, là, mais, tu sais, tantôt, on
recopiait un article qui existait déjà, c'était de la redondance, là, on est
quand même... On est venu ajouter quelque chose de nouveau dans l'article, là,
ça fait qu'il y a une nuance.
Mme Dufour : Mais c'est mon
point, c'est mon point. C'est qu'on vient modifier l'article qu'on disait tout
à l'heure qu'on allait redevoir recopier dans l'avis, là. Ça fait que, tout à l'heure,
l'avis, on a ajouté l'article 1947, qui faisait trois lignes, là on est
rendu avec trois paragraphes, c'est ça qu'on va rajouter dans l'avis, c'est ce
qu'on voit là, pas les trois lignes. Alors, c'est ce que je voulais dire par...
Mme Dufour : ...elle vient
complexifier l'avis, parce qu'on demande de rajouter l'article 1947 dans son
entièreté, là.
Mme Duranceau : Vous avez
raison, puis là ça n'a pas lieu, tu sais, on s'entend.
Mme Dufour : C'est ça.
Mme Duranceau : Les cas de
sous-location, là, on le fait pour être cohérent sur toute la ligne, là, au
niveau du fardeau de la preuve, mais, je veux dire, il n'en pleut pas de ça,
là.
Mme Dufour : Mais, pour simplifier
les choses, il y aurait peut-être l'option de dire : Bien, traitons la
sous-location dans un article 1947.1 pour que l'avis, lui, reste simple.
Mme Duranceau : Je suis
d'accord, je suis d'accord. M.... Est-ce que mon avocat peut commenter...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors...
Mme Duranceau : ...ou
regarder, du moins?
M. Dumont (Luc) : Je peux...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez-y.
• (16 h 10) •
M. Dumont (Luc) : Luc Dumont,
avocat de la direction des affaires juridiques du ministère des Affaires
municipales. L'article 1947, actuellement, dans le fond, pourquoi il est écrit
comme ça, c'est qu'on a fusionné les règles qui sont prévues à 1948, qui...
lequel est modifié aussi, tout simplement parce que, dans un souci d'économie
d'articles, sans dire superflus, mais redondants, on les intègre autant que
possible dans le même article lorsqu'il s'agit, là, du même... dans le fond, du
même avis. Est-ce qu'on pourrait le subdiviser? Légalement parlant, il n'y a
rien qui l'en empêcherait, toutefois, il faudrait tout de même que je consulte
mes collègues au ministère de la Justice pour voir ce qu'ils en pensent à ce
niveau-là.
Mme Duranceau : Je pense que
c'est un bon point, parce que là, on a débattu, je ne sais pas combien de
temps, sur simplifier puis que ça soit compréhensible pour tout le monde puis,
effectivement, on en rajoute une couche ici. Je suis d'accord avec vous sur la
logique de notre discussion précédente.
Mme Dufour : Si on parle du
1948 qui existe déjà puis que, j'imagine, l'amendement suivant, c'est d'abroger
1948, bien, je pense qu'il faudrait travailler plutôt sur 1948 comme amendement
et ne pas toucher à 1947.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
que faisons-nous?
Mme Duranceau : On le...
On propose de l'adopter.
Mme Dufour : Non, non, non.
Le Président (M. Schneeberger) : Je
suspends l'article.
Mme Duranceau : On va le
suspendre, on va le coller à l'autre, puis on va les ajuster.
Le Président (M. Schneeberger) : Consentement
pour suspendre l'article... l'amendement?
Mme Dufour : On en a beaucoup
de suspendus, là, des articles.
Mme Duranceau : On en a deux,
on en a deux.
Mme Dufour : Non, non, mais
on avait toute la batch de la semaine dernière.
Mme Duranceau : C'est quoi,
la batch suspendue?
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
l'article est suspendu. Alors, nous allons maintenant à l'article...
l'amendement ou ce qui est à l'amendement 0.8.1.
Mme Duranceau : Mais on va
peut-être être dans la même situation, là.
Mme Dufour : On va devoir le
suspendre aussi.
Le Président (M. Schneeberger) : Regardez,
qu'est-ce qu'on va faire, on va suspendre la commission quelques instants,
quand vous avez pris connaissance et puis vérifié, comme ça, on va gagner du
temps.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 22)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, je vous laisse la parole à Mme la ministre.
Dans le fond, je vous laisse tout expliquer ce que vous voulez faire, puis ça
va être... ça va être plus simple. Voilà.
Mme Duranceau : Alors,
tantôt, c'était l'article... celui qui a été suspendu un petit peu plus tôt,
c'était 0.5.1, qui référait aux articles 1945, 1947. La députée de
Mille-Îles a soulevé que la référence dans cet article-là à 1947 s'en venait de
plus en plus lourde considérant les modifications qu'on fait ici, à 1947. Et
nous sommes... et je suis d'accord avec elle. Donc, ce que nous avons conclu,
c'est que l'article 0.5.1, qui était suspendu, de toute façon, parce qu'on
voulait le revoir, sera modifié pour prendre en compte le fait que 1947 serait
accepté dans sa forme proposée, et donc on va s'organiser pour que le 0.5.1
soit plus simple, reprenne le texte... les passages de 1947 qui nous
intéressent pour les fins de 0.5.1. Alors, c'est ça qu'on va faire, si tout le
monde est d'accord.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
parfait. Alors...
Mme Duranceau : Donc, il a
été lu, j'ai commenté.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il y a consentement pour reprendre l'article?
M. Fontecilla : Là, on étudie
l'article 0.8?
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
0.7.1.
Mme Duranceau : 0.7, qu'on
souhaiterait adopter, 0.7.1.
Le Président (M. Schneeberger) : Il
avait été suspendu, on le reprend.
M. Fontecilla : 0.7.1 est
suspendu.
Le Président (M. Schneeberger) : Non,
il était suspendu, on le reprend. Ça prend le consentement pour le reprendre.
M. Fontecilla : Bon, O.K.
Oui, je consens de le reprendre.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Consentement.
Mme Duranceau : Consenti à
reprendre ou consenti à adopter?
M. Fontecilla : À reprendre
la discussion, là, on revient, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Bien,
là, je n'ai pas demandé le vote. Alors, on reprend l'article. S'il n'y a pas
des... si... Il est ouvert. Maintenant, s'il n'y a pas de question sur
l'article, à ce moment-là, je vais le mettre aux voix. Alors, à ce moment-là,
est-ce que l'article... l'amendement qui introduit l'article 0.7.1 est
adopté? Adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui?
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Adopté? Parfait. Adopté. Alors là, est-ce que vous... Le 0.8, on ne le
reprend pas, si j'ai bien compris, ou est-ce que vous le...
Mme Duranceau : ...0.8.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
parfait. 0.8, je pense qu'il y avait une coquille, il n'y avait pas de .1, si
j'ai... C'est 0.8...
Mme Duranceau : ...0.8 tout
court. Donc, insérer, après l'article 0.7.1 du projet de loi tel
qu'amendé, le suivant, donc :
0.8. L'article 1948 de ce code est
modifié :
1° par la suppression, dans le premier
alinéa de «Le locataire qui a sous-loué son logement pendant plus de 12 mois,
ainsi que»;
2° par la suppression, dans le deuxième
alinéa, de «du locataire».
Alors, commentaire : Cet amendement
propose une modification de concordance à l'article 1948 du Code civil
puisque les modalités du recours lié à la non-reconduction du bail d'un
locataire ayant sous-loué son logement pendant plus de 12 mois seraient prévues
à l'article 1947.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'il y a des questions? Oui? Non? Oui? Oui, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Dans le
fond, c'est ça, juste pour les faits du procès-verbal, si je comprends bien,
c'est que, dans le fond, ce qu'on enlève ici, dans la portion du 1948, c'est ce
qu'on a intégré dans l'article 1947, et on se limite, dans le fond, à
parler de l'héritier ou liquidateur de succession, puis c'est correct parce
qu'il y avait quand même confusion des genres, là, dans l'article, là. On
parlait de deux choses complètement différentes et là on se limite à un sujet
ici. C'est... Ma compréhension est la bonne?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Bien, en
fait, là, les... 1948...
Mme Dufour : Je peux reposer
ma question.
Mme Duranceau : Oui, vas-y
donc.
Mme Dufour : Ce qu'on vient
enlever ici, dans l'article 1948, «Le locataire qui a sous-loué son
logement pendant plus de 12 mois», bien, ça, c'est ce qui a été ajouté dans
l'article 1947.
Mme Duranceau : C'est ça.
Mme Dufour : Et donc on
limite l'article 1948 à un seul élément qui est de parler des...
l'héritier ou le liquidateur de la succession d'un locataire décédé, ce qui...
avant il y avait comme deux sujets un peu... pas nécessairement de lien entre
les deux. Donc, on sépare l'article de cette façon-là. On a complexifié 1947, mais
on a simplifié 1948. C'était ça, ma question.
Mme Duranceau : C'est ça.
Mme Dufour : C'est bien...
C'est bien ça.
Mme Duranceau : Et je
confirme que votre compréhension est la bonne.
Mme Dufour : Bon, parfait.
Alors, si c'est le cas, il n'y a pas d'enjeu.
Mme Duranceau : Très bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Alors, ça va? D'autres questions? Alors, s'il n'y a pas d'autre question, nous
allons passer aux voix. Alors, est-ce que l'article 0.8 est adopté...
l'article... l'amendement qui introduit l'article, pardon, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors, article adopté.
Mme Duranceau : Je pense, il
faut aller...
Le Président (M. Schneeberger) : L'article 32.3.
Mme Duranceau : Oui, qui est
la concordance, j'imagine... l'article transitoire. 32.3. Donc, on insère,
après l'article 32.2 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«32.3 Les dispositions de l'article 944.1
du Code civil, édicté par l'article 0.7 de la présente loi, ne
s'appliquent pas à un processus de non-reconduction du bail pour lequel l'avis
prévu à l'article 944 de ce code a été transmis avant le...»
Mme Dufour : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Madame...
Oui, O.K., parfait. Questions?
Mme Dufour : Bien, comme on
a...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, bien, comme
on a suspendu l'article 1944.1, on ne peut pas adopter encore la
disposition concernant... l'article en question parce qu'il est suspendu, on ne
l'a pas... on ne l'a pas adopté encore, l'avis.
Mme Duranceau : Oui,
c'était...
Mme Dufour : C'était 6.
Mme Duranceau : ...0.7.1.
Mme Dufour : Non, le 6...
l'article 6... 0.6.1. On ne l'a pas adopté, le 0.6.1. Il est suspendu
jusqu'à ce qu'il soit réécrit.
Le Président (M. Schneeberger) : Regardez,
ce que je vais faire, je vais suspendre les travaux quelques instants pour
qu'on soit... parce que là ce n'est pas clair.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 32)
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, nous reprenons les travaux. Juste préciser que dans l'amendement qui
introduit l'article 32.3, il y a une coquille. On devrait lire «édicté par
l'article 0.7.1», rajouter le 1. Je veux juste que ce soit clair pour tout
le monde. C'est juste un correctif qu'on apporte. Sur ce, il y avait des
questions. Je pense qu'elles ont été éclaircies, là.
Mme Duranceau : Je le lis?
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
je vous laisse continuer, Mme la ministre, oui.
Mme Duranceau : Alors donc,
je vais repartir du début. Ça fait qu'on...
(Consultation)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
juste peut-être... Moi, j'avais 0.7 et, finalement, ce n'est même pas 0.7, c'est
0.6.1, qu'on me dit. Voilà.
(Consultation)
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
qu'on suspend? Parce que, là, pour le script, ça devient compliqué, puis c'est
dur à suivre, là. Alors, si c'est... on est... Est-ce que vous voulez refaire l'article
au niveau du script puis le refaire? Parce que, dans le fond, c'est juste une
coquille, mais que ce soit clair pour tout le monde, là.
Mme Duranceau : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Comment?
Mme Duranceau : Pour ceux
qui...
Le Président (M. Schneeberger) : Qui
suivent à distance, oui.
Mme Dufour : Mais ils n'entendent
pas nos conversations en dehors...
Le Président (M. Schneeberger) : Nos
milliers de téléspectateurs.
Mme Dufour : Oui, c'est ça. Il
y en a, hein, qui nous écrivent.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
vous voulez suspendre, oui?
Mme Duranceau : Bien, pour
que ce soit clair.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
bon, on va suspendre. Parfait.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 38)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, suite à... au niveau de l'erreur qui s'était
produite au niveau de l'amendement de l'article 32.3, dans le fond, j'ai besoin
du consentement pour retirer l'article. Consentement? Et nous allons redéposer
un nouvel amendement du même... avec le même chiffre de 32.3, mais qui a été...
avec l'erreur corrigée. Alors, Mme la ministre, je...
Mme Duranceau : On appelle ça
une coquille, M. le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
une coquille, une erreur.
Mme Duranceau : Une petite
coquille, d'un .1 qui manquait, 0.6.1. Toujours est-il que... Donc, j'étais
rendue, je pense, à lire le commentaire? Je vais relire l'amendement. Donc,
alors, on insère, après l'article 32.2 du projet de loi, tel qu'amendé, le
suivant :
«Les dispositions de l'article 1944.1 du
Code civil, édictées par l'article 0.6.1 de la présente loi, ne s'appliquent
pas à un processus de non-reconduction du bail pour lequel l'avis prévu à
l'article 944 de ce code a été transmis avant le», et le... on va indiquer la
date de la sanction de la présente loi. «Les dispositions de l'article 1948 de
ce code, telles qu'elle se lisaient le (indiquer ici la date qui précède celle
de la sanction), continuent de s'appliquer à un processus visé au premier
alinéa.»
Donc, cet amendement propose d'introduire,
dans le projet de loi, un nouvel article 32.3, qui est une mesure transitoire
liée au nouvel article 1944.1 du Code civil, introduit par l'article le 0.6.1
du projet de loi et à la modification proposée à l'article 1948 de ce code, par
l'article 0.8 du projet de loi. L'article aurait pour effet de maintenir les
règles applicables avant l'entrée en vigueur de la loi, et un processus de
non-reconduction du bail dont l'avis a été transmis avant cette date. Bon,
alors là, beaucoup de références, là, je ne sais pas si vous voulez prendre le
temps de regarder tout ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Avez-vous
terminé?
Mme Duranceau : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui?
Parfait. Est-ce qu'il y a des questions sur l'amendement? Députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : C'est le même
amendement, mais avec... en...
• (16 h 40) •
Le Président (M. Schneeberger) : C'est
le même amendement...
Le Président (M. Schneeberger) : ...erreur
à corriger.
Mme Dufour : O.K. Je ne me
rappelle pas quel commentaire j'avais fait à ce moment-là. J'essaie juste de me
rappeler.
Le Président (M. Schneeberger) : Mais
c'était en lien avec
l'article si je me fie, si elle avait été... Vous
demandiez tantôt si l'article avait été adopté, oui, il l'avait été, qui
faisait le lien.
Mme Dufour : O.K. On est
revenu là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Mme Dufour : O.K. Parfait.
Le Président (M. Schneeberger) : C'était
ça votre question si j'ai suivi la game, si on peut dire ainsi.
Mme Dufour : Je vous avoue
que je suis un peu perdue
en ce moment, là. On fait plusieurs choses en
même temps.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, ça va comme ça?
Mme Dufour : Oui, oui, ça va.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, à ce
moment-là, s'il n'y a pas d'autre question, est-ce
que l'amendement qui introduit l'article 32.3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Alors, nous
allons maintenant au prochain qui est un... un
amendement qui avait été déposé et suspendu du... au... avec le
numéro 0.2. Je pense que c'est la députée de Mille-Îles qui avait déposé
l'amendement.
Mme Dufour : Exact.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
on vous écoute.
Mme Dufour : Je vais juste...
je vais l'ouvrir ici
pour l'avoir proche du micro. Alors... dans le
fond, je vais vous lire l'amendement, là. Mais tu sais, en gros, ça a rapport
avec les services se rattachant à la personne quand on est dans des résidences
pour personnes âgées. Donc, insérer... Bien, en fait, il faut que je lise.
Article 0.2. (article 1895.1 du
Code civil du Québec)
Insérer, avant l'article 1 du projet
de loi, l'article suivant :
«0.2. L'article 1895.1 du Code civil
du Québec est modifié par l'ajout, à la fin, des alinéas suivants :
«Lors du renouvellement du bail, le
locateur doit réviser avec le locataire la liste des services se rattachant à
la personne choisis au bail précédent.
«En cas de suppression ou d'ajout de
services à la personne, le locateur se doit de réviser la portion du loyer se
rapportant aux services.»
L'article du Code civil du Québec se
lirait comme suit :
«1895.1. Lorsque le bail comprend des
services qui se rattachent à la personne même du locataire, le locateur doit
indiquer, dans l'annexe appropriée du formulaire obligatoire, la partie du
loyer afférente au coût de chacun de ces services.
«Lors du renouvellement du bail, le
locateur doit réviser avec le locataire la liste des services se rattachant à
la personne choisis au bail précédent.
«En cas de suppression ou d'ajout de
services à la personne, le locateur se doit de réviser la portion du loyer se
rapportant auxdits services.»
Alors, vous l'aurez compris qu'il y a
certains enjeux qui ont été soulevés par plusieurs groupes concernant les
services qui vont... puis, des fois, il semble avoir confusion en fait entre
les services à la personne et le loyer. Et lorsqu'il y a un renouvellement, on
parlait, par exemple, de la clause G, bon. Et qu'est ce que ça inclut? Est-ce
que ça inclut des services qui ne sont plus là, etc.? Il y a comme tout un
élément par rapport aux services qui manquait de précision, selon plusieurs
groupes de défense des aînés notamment, et donc c'était... c'est un amendement
qui viendrait juste préciser cet état-là, là, de réviser avec le locataire la
liste des services se rattachant à la personne.
Cet amendement-là avait été déposé, là,
début, début, début, en 0. C'est 0.2. Donc, le gouvernement, la partie
ministérielle l'avait, là, je pense. Il avait été déposé, je crois, là. Oui,
c'est ça. Je l'avais déposé. On l'avait suspendu. Donc, normalement, ils
devraient avoir eu le temps de le regarder.
Le Président (M. Schneeberger) : S'il
y avait des questions, Mme la ministre, ou...
Mme Duranceau : Non. Mais
peut-être j'offrirais
un commentaire à l'effet que le régime des RPA, je
pense que c'est un régime en soi, puis que nos règles ne sont pas tout à fait
adaptées pour les RPA qui, justement, il y a une grosse portion du montant du
loyer qui est relié aux services, puis moi, je proposerais de regarder ça dans
un tout qui concerne les RPA, alors, pas nécessairement à l'intérieur de ce
véhicule législatif ci, puis je veux le regarder. Moi, je suis d'accord qu'il
faut le regarder. Là, j'ai de la difficulté, bien franchement, à prendre juste
ce morceau-là sans considérer l'ensemble de l'œuvre.
Mme Dufour : En fait, tout ce
qu'on modifie aujourd'hui
va avoir un impact sur les RPA parce qu'ils ont
des baux avec leurs locataires, et donc la portion des services, c'est un
élément indiscutable...
Mme Dufour : ...c'est
indiscutable, là, c'est énorme, là, dans leur offre de services. Et là il y a
un enjeu au niveau de qu'est-ce qui est le loyer, qu'est-ce qui est les
services. Ce n'est pas toujours clair, surtout si on réfère à la... Tu sais, la
fixation du loyer, bien, est basée, là... l'augmentation potentielle, bien, est
basée sur l'ancien loyer, mais qu'est-ce qui était vraiment le loyer, qu'est-ce
qui était les services, ça, ce n'est pas clair lors du renouvellement du bail.
Ce n'est pas clair pour le nouveau locataire et pas plus pour l'ancien, s'il y
a eu des changements. Parce qu'il y a eu beaucoup d'augmentations, dans les
dernières années, la hausse... on a parlé d'inflation au niveau des loyers, là,
mais la hausse dans les services, ce n'est aucune commune mesure. C'est
beaucoup, beaucoup plus élevé. Alors, ça devient très difficile de suivre ça.
Ça fait que c'est une question de
transparence. Puis, l'information, elle existe, ce n'est pas... On ne demande
pas de créer de la nouvelle information, elle existe, c'est juste de réviser
avec les personnes, dire : Bien, ça, c'est ce qu'étaient les services,
c'est ça qui augmente, puis voici maintenant la portion loyer. Autrement, il y
a trop de confusion. Puis c'est déjà complexe, un bail, on en a parlé, tout à
l'heure, à quel point c'était complexe, mais, quand on rajoute les services,
là, ça devient... Et pour des personnes qui, souvent, sont plus vulnérables, dû
à leur âge, des fois, les capacités, etc., donc, puis il y a beaucoup
d'émotions là-dedans. Donc, c'est juste une simplification, juste une question
de transparence, de s'assurer qu'on révise avec la personne les services.
Mais je suis d'accord avec la ministre
qu'il va falloir faire quelque chose pour l'ensemble des RPA, mais c'est juste
que, là, on fait beaucoup de changements qui vont avoir un impact sur les RPA,
mais on ne touche pas... on n'a rien qui concerne les services. Ce qu'on dit,
c'est assoyons... tu sais, que le locateur s'assoie avec le locataire pour
réviser la liste des services avant la reconduction du bail, tout simplement.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Effectivement,
on fait beaucoup de changements, mais c'est des changements qui sont axés sur
la portion logement et non sur la portion services, en ce moment.
Mme Dufour : Il est là, le
problème, on n'y touche pas.
Mme Duranceau : Oui, oui.
Non, puis il y a des éléments qu'il faut aller toucher, qui peuvent être
touchés par règlement, à l'égard de la fixation de loyer, en lien avec ces
services-là.
Mme Dufour : Tu sais, comment
un locataire peut savoir la portion qui revient aux services, la portion qui
revient lors d'une augmentation? C'est pratiquement impossible, actuellement,
là, tu sais, c'est tout... je cherche le terme...
Mme Duranceau : Regroupé.
Mme Dufour : Regroupé
ensemble, ou «blendé», ça allait bien. Ça fait que c'est tout regroupé
ensemble, ça devient extrêmement difficile de suivre ça. Et, comme j'ai dit,
c'est souvent la portion la plus importante, là. On parlait de loyer, mais,
dans les RPA, on voit des montants bien plus substantiels, là, que les... tu
sais, des 4000$, 5000$ par mois, il y en a beaucoup.
Mme Duranceau : Bien, moi, je
suis d'accord avec vous sur le fond, là, puis sur la nécessité de revoir ça. La
seule chose, c'est que je veux le regarder dans l'ensemble de l'œuvre, puis
avec aussi les mesures que ma collègue ministre responsable des Aînés
considère, puis qu'on le regarde comme un tout. C'est pour ça que j'ai une
réticence à agir sur ça à l'intérieur de ce véhicule-ci, mais il faut faire
quelque chose, je suis d'accord.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
parfait. Est-ce que vous...
Mme Dufour : Oui. Dans le
fond, je comprends, on va... on peut le faire de façon ultérieure, mais c'est
clair qu'il va falloir venir jouer dans ces mêmes articles-là lorsque ce
sera... dans son tout. Donc, on va rouvrir le Code civil. Je me souviens avoir
entendu la ministre dire : Aïe! on n'ouvre pas ça, le Code civil, souvent.
Bien là, elle nous annonce qu'elle va le rouvrir une deuxième fois, parce que
ça va être les mêmes articles, là, on va toucher dans les mêmes, mêmes
articles. Donc, on a une opportunité de le faire maintenant. Il y a... Tu sais,
les RPA, actuellement, là, c'est un enjeu, là, il y en a beaucoup qui ferment,
il y a beaucoup, malheureusement, pour les personnes aînées, certaines fois, il
y a de l'abus, il y a de l'incompréhension aussi, parce qu'il y en a que c'est
peut-être bien correct, mais qui ne comprennent pas parce que ce n'est juste
pas clair. Donc, on a une opportunité ici d'améliorer. Mais je suis d'accord
avec elle, il faut aller plus loin que ça puis travailler dans son ensemble
aussi.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Oui, député de Laurier-Dorion.
• (16 h 50) •
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, on le sait tous, là, la situation, toute la situation dans le
monde du secteur locatif, de façon très générale, est plutôt complexe et avec
beaucoup de problématiques ces temps-ci...
M. Fontecilla : ...une
révision de la relation entre locateurs et locataires n'arrive pas à tous les
jours, là. C'est un projet de loi qui était très, très attendu, qui était
supposé venir régler des problèmes. Ce n'est pas tout... c'est un peu
ambitieux, mais un bon nombre de problèmes criants, là, dans le monde de la
location et d'habitation, évidemment, là. Et moi, je considère ce projet de loi
en quelque sorte comme un projet de loi omnibus parce qu'on touche à plusieurs
domaines.
Donc... Comme ma collègue de Mille-Îles,
je ne vois pas de problème. Je trouverais pertinent même d'inclure une
disposition de cet ordre-là dans l'étude détaillée du p.l. no 31, surtout
que... des associations d'aînés qui travaillent dans le domaine des RPA, là,
sont venues nous presser d'introduire un amendement de cet ordre-là à cause du
très grand nombre de malentendus, problèmes, conflits que cela suscite dans les
RPA, qui donnent des services aux résidents.
Donc, je pense que, oui, c'est pertinent.
Je comprends la volonté de la ministre de consulter ses collègues, là. J'en
suis. On pourrait très bien suspendre puis revenir plus tard, lui donner le
temps de consulter ses collègues, là. Mais je pense qu'on a ici l'opportunité,
là, de corriger certains problèmes criants, là, et ça suscite énormément,
encore une fois, de conflits, parce que les locataires en RPA souvent ne
comprennent pas pourquoi il y a des augmentations de loyer alors qu'il y avait
souvent des services qui sont donnés en moins, là. C'est un problème qui s'est
beaucoup, beaucoup posé, on va s'en rappeler, là, pendant le confinement de la
pandémie, pendant la COVID... là, lorsqu'il y avait à toutes fins pratiques
interdiction d'activités communautaires. Donc, c'est des services qui étaient
assurés par les RPA, mais pourtant il y a eu des augmentations de loyer dans
plusieurs RPA, et les gens ne comprenaient pas. Évidemment, il peut y avoir des
raisons. Peut être qu'il y avait une augmentation de la sécurité, de l'hygiène
et que sais-je, là, qui a induit les propriétaires de RPA à offrir davantage de
services dans ce domaine-là, mais, en même temps, il y a eu une diminution des
activités destinées... des activités, on va les appeler des loisirs destinés
aux résidents. Mais les gens étaient perdus dans toute cette dynamique-là et
avaient l'impression... plusieurs, en tout cas, avaient l'impression de subir
des injustices.
Donc, puisqu'on ouvre toutes sortes...
dans plusieurs domaines, dans le domaine... dans le thème des relations entre
locataires et locateurs, ce qui est le cas des RPA aussi, hein, avec la
particularité que dans les RPA, on ajoute des services, on pourrait très bien soutenir
cet amendement-là, qui d'une certaine façon vient seulement, comment dire,
définir, spécifier un protocole afin que les locateurs puissent mieux expliquer
c'est quoi la teneur de ces changements de prix, que ça concerne offrir un toit
ou ça concerne l'offre d'activités, là. Donc, moi je pense que ce serait tout à
fait justifié de l'étudier, quitte à le suspendre, encore une fois, on en a
suspendu d'autres, pour donner le temps à la ministre de consulter ses
collègues... j'en suis sûr qu'ils vont être... à 100 % sûr qu'ils vont
accepter cet amendement-là, après consultation, surtout connaissant le pouvoir
de persuasion de la ministre de l'Habitation.
Ceci étant dit, j'aurai une question à ma
collègue de Mille-Îles qui a présenté l'amendement, là. Son amendement nous
indique que le locateur, et je lis, doit réviser avec les locataires la liste
des services se rattachant à la personne choisie au bail précédent. Tantôt,
elle nous a dit... En expliquant l'amendement, elle nous en a parlé que les
locateurs pourraient s'asseoir... Elle a utilisé le terme s'asseoir. Donc,
j'aimerais bien... Est-ce que pour elle la procédure doit passer par une
rencontre physique entre le propriétaire d'une RPA et les résidents? Donc, on
doit s'asseoir à une table pour... En quelque sorte, il faut un registre
qu'effectivement ça s'est passé, ce n'est pas sur le coin de la table, là. Mais
comment elle voit...
M. Fontecilla : ...elle voit
cet aspect-là. Il y a une rencontre physique, là?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme...
M. Fontecilla : Oui, je pose
la question à ma collègue des Mille-Îles, pour mieux comprendre l'amendement,
là, lorsqu'elle dit : Lors du renouvellement du bail, le locateur doit
réviser avec le locataire... tantôt, vous aviez dit que les personnes allaient
s'asseoir ensemble, et donc ça prend obligatoirement une rencontre physique
entre le locateur et le locataire.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : On n'est pas
allé dans ces... Oui, on n'est pas allé dans ces détails là parce qu'il y a
plein de cas de figure où ça ne peut peut-être pas se faire en personne.
Pensons au cas où c'est une personne par procuration qui gère les affaires pour
son père ou sa mère ou son grand-parent, peu importe. Et donc la révision des
services se fait peut-être virtuellement, peut-être par courriel, échange, mais
c'est de s'assurer que c'est identifié, dans le fond, qu'est-ce qui est la
portion services, qu'est-ce qui est la portion loyer, et lesquels sont toujours
actifs, de ces services-là? Parce que la personne payait peut-être pour des
choses aussi qui n'ont plus lieu d'être. Et donc c'est à ça... mais de préciser
que ça doit être une rencontre physique, ça va dans des détails que... pour nous,
n'étaient pas... tu sais, ça aurait été trop complexe à mettre en place compte
tenu de tous les cas de figure possibles. Puis on a vécu avec la pandémie où on
a vu des gens travailler, c'est ça, avec des rencontres en personne, mais par
téléphone, par... il y a plein de moyens, par courriel, comme je le disais.
Mais que ce soit précisé, qu'est-ce qui est des services se rattachant à la
personne dans le bail précédent, que ce soit clair.
Et, quand on est un nouveau locataire,
bien, c'est bon aussi de savoir c'est quoi, la portion loyer puis c'est quoi,
la portion services de l'ancien locataire, parce que le point de départ, c'est
la portion loyer, ce n'est pas la portion services. Les services vont être
vraiment distincts d'une personne à l'autre, là, et même d'une année à l'autre
pour une même personne, ça peut varier. À un certain moment, on est incapacité,
on n'est pas un moyen de prendre son bain seul, par exemple. Et puis, par la
suite, bien, on se rétablit, bien, ce service-là n'est plus nécessaire, il
devrait être sorti du... de l'ensemble de la facture, entre guillemets, là,
mensuelle. Donc, c'est pour ça qu'on n'était pas allé dans ces précisions-là.
Mais c'est une bonne question, comment logistiquement ça devrait se faire.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça va comme ça? Oui. Parfait. Est-ce qu'il y a d'autres questions
là-dessus? Finalement, qu'est-ce qu'on fait avec l'amendement?
Mme Duranceau : Bien, moi, je
suis... Je trouve que c'était une bonne discussion. Puis je pense que votre
discussion puis la question que vous posez démontrent la complexité de la chose
aussi. Puis actuellement, c'est une négociation entre les parties. On sait que
c'est difficile de part et d'autre dans le contexte actuel. Puis, comme je vous
dis, moi, je suis réticente, je veux voir l'ensemble de l'oeuvre, puis, s'il
faut, bien, on révisera cet article-là éventuellement. Mais je ne suis pas à
l'aise d'insérer ça dans ce projet de loi si... sans avoir tous les tenants et
aboutissants pour les deux parties, là, de part et d'autre. Ça fait que
j'aimerais mieux regarder l'ensemble de l'oeuvre, y compris avec ma collègue
des Aînés.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Mme Duranceau : Alors, voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Bon.
Alors, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Une question
pour Mme la ministre. Je comprends vos réticences, mais est-ce que dans
votre... comment dire, votre feuille de route, il est dans votre intention, à
un moment donné au cours de ce mandat-ci, d'arriver avec une pièce législative
prenant le taureau par les cornes et puis traitant de la question des
résidences pour personnes aînées, les RPA? Est-ce que, donc, c'est prévu dans
votre calendrier des travaux?
Mme Duranceau : M. le
Président, est-ce que je suis obligée de répondre à ça? Parce que je sais que
le député de Laurier-Dorion va me questionner là-dessus tout le temps après ça.
Blague à part, oui, c'est dans mes plans de regarder ça puis de voir à
améliorer la situation de part et d'autre parce qu'elle est difficile des deux
côtés, hein, pour les RPA et les locataires aussi.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
fait que vous ne manquerez pas de travail tout de suite, M. le député de
Laurier-Dorion.
Mme Duranceau : Je vais
attendre vos bonnes recommandations.
• (17 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Voilà.
Alors, à ce moment-là, moi, je suis... je vais passer... je vais devoir passer
au vote, à moins que... par appel nominal parfait. Alors, est-ce que
l'article... l'amendement...
17 h (version non révisée)
Le Président (M. Schneeberger) : ...qui
introduit l'article 0.2 est adopté?
Une voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Dufour, Mille-Îles?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire
: M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire
: M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire
:M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'article... l'amendement est rejeté. Nous en sommes maintenant à un
autre amendement, si je suis ma liste, qui introduit l'article 0.4.1.
Alors, Mme la ministre, je vous laisse lire le verbatim.
Mme Duranceau : Oui. Donc,
article 0.4.1, qui vise l'article 1917 du Code civil du Québec :
Insérer, après l'article 0.3.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«L'article 1917 de ce code est
modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Il peut également, à la demande du
locataire, attribuer des dommages-intérêts punitifs lorsque le logement est
devenu impropre à l'habitation en raison de la négligence du locateur.»
Alors : Cet amendement propose d'introduire
dans le projet de loi un nouvel article modifiant l'article 1917 du Code
civil afin que le locataire d'un logement devenu impropre à l'habitation en
raison de sa négligence puisse être condamné à des dommages-intérêts punitifs.
Donc, écoutez, je l'ai dit souvent, là,
moi, je pense qu'il faut que le logement qui est offert en location, il soit
salubre, il faut que la santé, la sécurité puis le bien-être des locataires
soient assurés. Alors, je propose d'insérer cet amendement-là pour mieux
protéger les locataires, là, à l'égard de propriétaires qui seraient négligents
en matière de salubrité des logements.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Parfait. Merci pour les explications. Est-ce qu'on a des questions? Députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Écoutez, M.
le Président, on... j'avais l'intention de déposer un amendement similaire,
alors là-dessus... Il avait été suspendu? Il avait... c'était... Est-ce qu'on
sait le numéro?
Des voix : ...
Mme Dufour : C'était l'article 0.4
qui avait été suspendu. C'était sensiblement la même chose, là. Il y avait deux
changements dans cet article-là. Il touchait, par contre, l'article 1950,
et on disait... Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça... Non, ce n'est pas ça,
ce n'est pas 0.4. O.K. Nonobstant, c'était l'intention. Peu importe s'il a été
déposé ou pas déposé, c'était l'intention. Donc, à ce titre-là, ça va.
Par contre, il y avait un élément, c'est...
Quand je faisais cette réflexion-là, je me disais : O.K., on demande au
propriétaire d'offrir un logement salubre. Ça, c'est indéniable, c'est une condition
essentielle. Mais il y a un enjeu avec la façon qu'actuellement le calcul du
TAL se fait pour les rénovations. Donc, les délais, moi, je pense qu'on est
dans les 26 ans pour... avec les calculs actuels, les délais, pour que des
rénovations soient récupérées dans le loyer. Et donc ça décourage.
Heureusement, ça a été réduit, parce que c'était au-dessus de 50 ans il n'y
a pas si longtemps, mais ça reste que 26 ans, c'est beaucoup trop long
pour la très grande majorité des rénovations. En fait, à l'intérieur de ce 26 ans
là, il y a certaines rénovations qui vont devoir être prises peut-être trois
fois.
Alors, ça n'encourage pas le propriétaire
à maintenir son logement parce que la façon que c'est fait, bien, c'est une
perte, entre guillemets, pure actuellement pour le propriétaire. Et donc il va
le faire de bonne foi, il va faire les rénovations, il va absorber cette
perte-là, mais il y en a qui ne le feront pas puis qu'ils ne l'absorberont pas.
Parce que ce n'est pas tout le monde qui est riche, ce n'est pas tous les
propriétaires qui sont riches, ce n'est pas tous les propriétaires qui ont...
des fois, on l'a dit, il y a des loyers qui sont bas, donc, avant qu'ils soient
capables de rentrer dans leur argent, ils n'arrivent pas. En 26 ans, tu
sais, un toit, ça l'a 15-20 ans, à peu près, de durée de vie, c'est un
toit, mais, si on parle d'une... de certaines rénovations qui sont faites... en
fait, malheureusement, les planchers par exemple, s'il y a eu de la négligence,
etc., bien, là, du locataire, bien, là, le locateur doit, tu sais, rénover ça,
mais...
Mme Dufour : ...pure perte.
Donc, il y a un enjeu, et donc moi, ce que je voyais, c'est oui, je voulais
aller là, mais en autant qu'on pense à comment réduire le délai du retour sur investissement...
ce n'est pas un retour sur investissement, c'est vraiment comment les
rénovations peuvent être récupérées dans le temps. Je ne sais pas, le délai,
c'est quoi l'optimal? Parce que certains travaux, c'est vrai que se récupèrent
sur plus de 20 ans, mais la très, très grande majorité, c'est sur moins
que ça, là, probablement 15 ans et même moins dans certains cas. Donc, je
ne sais pas comment on peut travailler ça, mais je pense qu'il faut y
travailler si on veut encourager les locateurs à entretenir le parc locatif. Et
là le parc locatif, il vieillit beaucoup. Tu sais, on a parlé beaucoup des HLM,
là, dans les derniers mois, là, qui étaient en... tu sais, qu'il y en a qui ont
dépéri beaucoup à un point qu'ils ont été barricadés, bien, il y a un parc
locatif privé qui est dans... aussi dans cet état-là, qui pourrait tomber
éventuellement dans cet état-là, et là quand on les perd, mais ce n'est pas
mieux, là, on tombe avec des évictions massives pour des rénovations majeures
puis, au bout du compte, on se ramasse avec un... on n'a plus ce parc locatif
là abordable. Donc, il faut trouver le moyen que... d'encourager les locateurs
à faire les rénovations tout en rentrant dans leur argent, mais en gardant les
loyers bas. Donc, il y a un équilibre à trouver, mais, tu sais, moi, comme je
vous dis, il faudrait trouver... puis je ne sais pas comment on modifie le
calcul du TAZ parce que c'est par règlement qu'il est établi. On me dit que
dans... il y a moyen, dans une loi, de modifier un règlement. Je vous avoue
qu'on n'a pas travaillé cet amendement-là. C'est une réflexion, puis je
pense... qu'il faut entamer, et de voir comment on peut le faire. Voilà. Alors,
je suis à votre écoute là-dessus.
Mme Duranceau : Oui. Bien
non, mais je suis entièrement...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Mme la ministre.
Mme Duranceau : Je suis à la
même place que vous, là, je suis entièrement d'accord avec ça. L'amortissement
des travaux majeurs, la formule, c'est le taux des CPG plus 1 %. Ça fait
qu'on s'entend, là, quand le taux de CPG est à 1 %, c'était 2 % de
taux d'amortissement, ça donnait des périodes d'amortissement effectivement pas
loin de 50 ans, ce qui n'a pas de bon sens, là, pour... Que tu sois riche,
moins riche ou pas riche, ce n'est pas des périodes d'amortissement qui sont
raisonnables compte tenu de la durée de vie des travaux. Alors, effectivement,
il faut revoir ça, puis c'est par règlement qu'on peut... le règlement du se
tient en soi et c'est à travers le règlement de fixation de loyer qu'on peut
revoir ce calcul-là qui devra être revu effectivement. Par contre, cette année,
pronostic considérant les taux, on serait à 21 ans pour l'amortissement
des travaux. Par contre, ça ne fait aucune distinction, c'est l'ensemble... travaux
majeurs. Donc, refaire une cuisine, une salle de bain, c'est considérer comme
des travaux majeurs, puis changer un toit aussi. Puis, tu sais, ce n'est pas la
même durée de vie non plus. Alors, est-ce qu'il y a lieu de se questionner sur
les bonnes périodes d'amortissement selon la nature des travaux? Je pense que
oui, là.
Mme Dufour : Ah, ça peut être
une option intéressante parce qu'il y a certains travaux qu'on refait vraiment
plus souvent, d'autres que... Puis j'ai rencontré des locateurs qui devaient
changer la cuisine à peu près à chaque fois qu'ils changeaient de locataires.
Dépendamment le type de locataires, ce n'est pas toujours... c'est ça, au bout
du compte, là, c'est ça, ça fait que... Moi, j'ai vendu ma cuisine, là, ma...
tu sais, quand j'ai refait ma cuisine, j'ai vendu les armoires puis c'est un
locateur qui est venu me les chercher puis qui les a installées avec son fils
dans le logement, qui avait été tellement négligé par le locataire que lui
devait les refaire. Donc, il a pu le faire à faible coût grâce à ma vente, ma
cuisine, mais ce n'est pas toujours comme ça, là, quand on... Actuellement, ça
coûte cher, refaire une cuisine. Donc, il y a définitivement quelque chose, là,
qui est brisé, là, à ce niveau-là. 21 ans, c'est déjà mieux, mais c'est...
tu sais, c'est trop variable. Là, on dit le CPG plus 1 %, mais il va
falloir avoir quelque chose qui assure la prévisibilité du combien de temps on
peut rentrer... Tu sais, on ne peut pas... ça ne peut pas varier en fonction
des taux d'intérêt, là, ça n'a pas de bon sens, là.
• (17 h 10) •
Mme Duranceau : Peut-être, si
je peux offrir une explication technique, là. Quand ça a été mis en place ça,
ça visait sur la portion travaux majeurs à rendre un investisseur indifférent
entre investir dans son immeuble puis que ça lui porte... ça lui donne comme
rendement le taux du CPG plus 1 % versus...
Mme Duranceau : ...investir
dans des CPG. Mais on s'entend que, bon, les investisseurs ne vont pas tous
aller vers des CPG, là, mais, peu importe. En fait, ce n'est pas tant vers quoi
ils iraient qu'une logique de dire, bien, un investissement immobilier c'est
presque aussi stable, comme rendement, qu'un CPG, puis on y ajoute 1 %
pour le trouble additionnel d'être un locateur versus investir dans les CPG. Je
pense que, si des locateurs nous écoutent, ils diraient que leur trouble, il
est plus que 1 %, là, mais c'est la logique de 1977, là. Ça fait que c'est
juste un fait historique que j'ai incité, là.
Mme Dufour : Il n'y a pas, à
ce moment-là, de relation entre les travaux à faire, tu sais, puis le temps que
ça prend pour rentrer dans son argent, là. Ce n'est pas de ça qu'on parlait à
l'époque, là. Ce que je comprends, c'était basé sur l'investissement en
immobilier de façon générale. Mais, tu sais, quand on... si on sait que les
travaux, il faut les refaire aux 10 ans...
Mme Duranceau : ...ce n'est
pas le bon taux.
Mme Dufour : ...bien, ces
travaux-là devraient être rentrés, entre guillemets, dans le loyer à
l'intérieur de 10 ans. Autrement, c'est là que les locataires vont repousser le
moment de faire les travaux.
Mme Duranceau : Mais on
s'entend que ça a un effet à la hausse sur les loyers, hein? Moi...
Mme Dufour : Tout à fait,
tout à fait. Mais c'est ça, c'est l'équilibre, de dire : Oui, c'est vrai
que ça a un effet à la hausse, mais, si ce n'est pas fait...
Mme Duranceau : Ça crée ça.
Mme Dufour : ...ça fait en
sorte que là, les logements deviennent insalubres et, à un moment donné, ils
deviennent hors marché, parce qu'ils sont sortis du marché pour faire des
rénovations majeures. Alors, on se tire dans le pied de ne pas permettre de
rentrer dans l'argent, à un moment donné. Ça fait qu'il y a ça aussi, qu'il
faut rentrer... C'est pour ça que je dis... Je ne connais pas le chiffre exact.
Il faut peut-être l'analyser, en discuter, mais... puis par travaux, c'est une
option intéressante. Il y a des travaux qui sont vraiment... qui durent plus
longtemps, d'autres, moins longtemps.
Mais, tu sais, au moment... du moment
qu'on dit, bien, on peut offrir... on peut accorder des dommages-intérêts
punitifs, bien, il faut aussi donner l'incitatif pour faire les rénovations,
et, actuellement, ils n'existent pas. Alors, c'est ça, c'est un enjeu, là. Là,
il y a un déséquilibre pour le locateur ici, avec ça, tant qu'on ne touche pas
au TAL, au calcul du TAL, là. Puis, c'est ça, je ne sais pas c'est quoi, votre
échéancier pour revoir ça, si vous comptez le revoir, mais ça va crier, là, ça
va crier.
Mme Duranceau : Je comprends.
Le Président (M. Schneeberger) : Pour...
Ça va comme ça?
Mme Dufour : Bien, puis
peut-être une autre question, à savoir comment on définit la négligence. Tu
sais, on dit qu'il est devenu impropre à l'habitation en raison de la
négligence du locateur, mais c'est... Comment on détermine la négligence? Parce
que, des fois, ce n'est pas impropre à l'habitation à cause... ce n'est pas
toujours parce que le locateur n'a pas fait les travaux. Des fois, c'est
l'ancien locataire qui a laissé un logement insalubre, et là c'est le même
raisonnement, ça veut dire que le locateur devrait faire les travaux, les
prendre à son compte. S'il n'a pas les moyens de les payer, tu sais, on est
dans un cercle vicieux, là. Ça fait que j'aimerais comprendre c'est quoi, la...
comment c'est défini, la négligence du locateur.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : La
négligence... puis peut-être que notre président du tribunal pourra préciser,
mais... c'est quand tu ne fais pas ce que tu es supposé faire. Donc là, comment
le tribunal interprète ça, par ailleurs?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, cette notion-là de négligence, elle existe déjà, par
ailleurs, dans le code, donc le tribunal a plusieurs occasions de faire cette
analyse des comportements. Mais la négligence, comme il vient d'être énoncé,
c'est ne pas faire ce qui est requis de faire en temps opportun. Mais ceci
s'apprécie en fonction de tout le contexte. Donc, pour reprendre peut-être
l'exemple que vous suggérez ou proposez, si, par exemple, il y a un changement
de locataire, puis il y a des travaux qui sont requis, bien, on va comprendre également...
Parce qu'on la fait, cette analyse-là, à ce moment-là, notamment lorsque le
locataire qui arrive vient nous dire : Bien, le logement n'est pas en bon
état d'habitabilité. Oui, mais c'est le jour un, là. Alors, on fait cette
analyse-là, donc, le contexte, le moment, la durée, le temps qui a été pris
pour réagir.
Donc, je ne pourrais pas vous donner une
définition précise, parce que chaque cas est analysé à la lumière des faits qui
nous sont présentés, et chaque comportement, bien, tire, chacun, ses
conséquences. Alors, c'est la...
M. Simard (Patrick) : ...que
je peux vous offrir. Je peux cependant vous référer à l'article 1913 de ce
que constitue un logement impropre à l'habitation parce que c'est ce que la
mesure vise. Alors, il faut que ça constitue une menace sérieuse pour la santé
ou la sécurité des occupants ou du public ou que le tribunal l'ait déclaré, je
le paraphrase, là, ou que la ville l'ait déclaré. Alors, c'est de ça dont on
parle. Ce n'est pas de ne pas avoir changé une ampoule, on s'entend
Mme Dufour : Non, non, c'est
évident. Là, on dit, oui, une menace sérieuse pour la santé, donc des punaises
de lit, par exemple, ça, ça ferait partie d'être impropre à l'habitation ou on
n'est pas dans les menaces sérieuses pour la santé?
Des voix : ....
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Bien, la Proposition que me vous faites, c'est est-ce que les punaises de lit
pourraient engager une responsabilité telle que celles proposées, je serais
tenté de vous dire que, si ça m'était présenté, la réponse serait
vraisemblablement que ça peut constituer une menace sérieuse pour la santé. Je
pense que c'est...
Mme Duranceau : Ça ne veut pas
dire que c'est la faute du propriétaire.
Mme Dufour : Bien, c'est ça,
c'est pour ça que je pose la question.
M. Simard (Patrick) : Exact,
tout à fait. Alors, chaque cas est analysé à la lumière des faits qui sont
présentés. Alors, il faut voir tout, d'où peuvent-elles provenir, quels sont
les éléments d'origine de cette problématique-là, y a-t-il eu, par exemple,
négligence de la part d'un locataire d'intervenir, donc de donner accès à son
logement, donc c'est tout un paquet de contextes, là, qui est difficile à
définir autrement que lorsque l'ensemble de la situation, dans sa globalité,
nous est présenté.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça va comme ça, Mme la députée de Mille-Îles?
Mme Dufour : Oui, merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Parfait. Une autre question? Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : tout à fait,
c'est des considérations tout à fait pertinentes, savoir à qui l'incitatif à
maintenir un actif, on va dire, en santé ou être... comment dire, décourager de
maintenir en santé, ça nous mène à des situations d'insalubrité. En ce qui me
concerne, je pense qu'il y a plusieurs aspects à regarder, là. Tout d'abord, la
logique fondamentale de l'immobilier, qui est immobilier, le mot le dit, c'est
immobile, c'est du capital qui est immobilisé et dont un jour on s'attend à ce
qu'il nous rapporte, qu'il va nous rapporter. Et c'est ça, la magie de
l'immobilier, qui va nous rapporter très gros. Donc, c'est là qu'on... c'est la
principale motivation d'un propriétaire, là, de posséder de l'immobilier, c'est
lorsque, le jour où il va le vendre, il va faire des très... des profits très,
très importants, à condition, bien sûr, d'avoir bien pris soin de son actif. Si
je ne prends pas soin de mon actif, il se déprécie, Il tombe dans l'insalubrité
et il tombe en morceaux, bien, évidemment, je ne le vendrai pas cher et mon
gain va être très, très inférieur à ce que j'aurais pu atteindre si j'avais
pris bien comme il faut soin de mon actif.
Il y a aussi les gains qu'on peut faire
dans l'administration, comment dire, quotidienne, un taux de rendement annuel
qui doit être raisonnable. Oui, un propriétaire peut faire des profits en
administrant son bien, surtout s'il est destiné à un usage commercial comme le
louer, par exemple, mais je trouve ça étrange, toujours, là, lorsque certains
locateurs se plaignent du temps que ça prend à récupérer l'investissement. À la
base, pour moi, dans la logique absolue, l'investissement sert avant tout à
maintenir son bien en santé non pas à récupérer sur le dos des locataires en
période très restreinte de temps, là, deux ou trois ans, quatre, cinq ans, là,
un investissement pour entretenir son bien, par exemple, refaire le toit, qui a
une période d'amortissement de, quoi, 15, 20 ans, peut-être que certains
pourraient nous informer, c'est quoi, les périodes d'investissement de refaire
un toit, mais je ne vois pas pourquoi la récupération de cet investissement-là
devrait se faire de la moitié du temps de l'amortissement, là. Ça, pour moi, il
y a une... comment dire, une Logique économique qui est détournée dans ce
sens-là.
• (17 h 20) •
Ceci étant dit, moi, par rapport à
l'amendement présenté par la ministre, on... concernant les dommages et
intérêts punitifs, là, tantôt...
M. Fontecilla : ...entendait
le juriste du... de votre ministère nous dire que, dans le Code civil, la bonne
foi se présume, c'est ce que j'ai compris, et c'est aux plaignants, en quelque
sorte, de prouver la mauvaise foi qui pourrait amener éventuellement à des
dommages-intérêts punitifs. Dites-moi... Vous me direz si je n'ai pas bien
compris. C'est ce qu'on nous a rapporté... on nous a expliqué tantôt.
Dans ce sens-là, lorsqu'on ajoute, à
l'article 1917 : «Il peut également, à la demande du locataire,
accorder des dommages-intérêts punitifs lorsque le logement est devenu
impropre», il revient donc au locataire de prouver que le logement est devenu
impropre.
D'autre part, lorsque... Deuxième
question, est-ce que «impropre à l'habitation», ça... Pour moi, ça implique
qu'on ne peut plus y vivre. Ce n'est pas la même... Ce n'est pas la même chose
d'un logement insalubre. En fait, je pose la question. Est-ce que c'est...
«impropre» veut dire «insalubrité», concrètement?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
M. Fontecilla : Donc, à qui
il revient de prouver que le logement est devenu impropre à l'habitation?
Est-ce que c'est au locataire? Qu'est-ce que ça lui prend pour prouver cela? Et
je reviendrai avec ma deuxième question. On va se concentrer sur une chose à la
fois.
Mme Duranceau : Bien, dans ce
cas-ci, c'est... si je comprends bien, c'est le locataire, là, qui va faire une
demande au TAL puis dire que son logement est impropre puis qu'il va faire sa
preuve. Puis là, évidemment, si c'est parce que le lavabo de salle de bain est
craqué puis que c'est esthétique, probablement que ce n'est pas impropre puis
là ça ne serait pas un bon cas. Mais, par contre, si le... tout coule puis
qu'il y a de la moisissure puis... bien là, on est probablement dans le
«impropre à l'habitation», mais là la preuve, ça sera selon le cas, là, ça va
être propre à chaque situation. Mais, effectivement, c'est le locataire, comme
il était déjà prévu, qui doit présenter sa demande au tribunal.
Et souvent il y a des rapports municipaux
qui viennent... Les inspecteurs municipaux vont donner des recommandations aux
propriétaires. S'ils ne sont pas suivis, bien, c'est... justement, ça peut
ouvrir la porte à un recours. Et puis là on vient dire : Bien, il y a un
recours qui peut être fait, mais, en plus de ça, il peut y avoir des dommages
et intérêts punitifs s'il y a une négligence qui est constatée de la part du
locateur.
Donc, moi, je veux juste revenir, là, on a
discuté de beaucoup de choses, mais l'objectif de cette mesure-là, c'est de
protéger les locataires.
M. Fontecilla : Tout à fait,
et j'en suis, et je trouve que c'est un amendement très intéressant, là, mais
je voudrais approfondir davantage la question de la preuve, là, pour prouver la
négligence du locateur, ce qui peut amener à des dommages-intérêts punitifs
relativement importants, là, je suppose, là.
Donc, le locataire, pour prouver que, par
exemple, il y a des rats ou des... S'il y a des rats, il peut y avoir un rapport
d'un exterminateur, par exemple. J'essaie de voir quels types de preuves, là,
mais... Souvent, comme vous l'avez mentionné, Mme la ministre, ça peut être un
rapport municipal, et on sait que les inspections municipales varient selon les
municipalités. C'est un code différent selon les différentes... Il y en a
que... où il y a des codes de salubrité où... qui sont plus robustes que
d'autres. Mais, déjà, c'est... lorsqu'on a... on possède un rapport d'une
municipalité concernant la salubrité, c'est, je suppose, une preuve formelle
concernant... qui peut amener à accorder des dommages-intérêts punitifs, là.
Et on sait d'ailleurs que les
municipalités, en tout cas la municipalité de Montréal, que je connais un peu
plus, la ville de Montréal peut de son propre chef introduire certaines
dispositions pour mettre de la pression sur un propriétaire pour faire certains
travaux : un mur qui risque de tomber ou certains travaux d'insalubrité,
et cetera. Est-ce que ça pourrait servir de preuve au locataire pour prouver...
pour qu'on lui accorde des dommages-intérêts punitifs, là, des procédures
telles que, par exemple, la ville de Montréal met de l'avant, là?
Mme Duranceau : Je vais
laisser répondre le président du TAL, si vous voulez bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci,
M. le Président. Alors, on va revenir peut-être à un élément,
c'est-à-dire : Que faut-il prouver pour rentrer à l'intérieur du concept
des dommages-intérêts punitifs? Donc, il y a deux éléments : premièrement,
que le logement est impropre...
M. Simard (Patrick) : ...c'est
la première chose à démontrer au tribunal et ensuite que ça relève de la
négligence, que ça constitue une négligence de la part du locataire. Pour
répondre à votre question sur les moyens de preuve, je peux vous en énoncer
quelques-uns que j'ai eu l'occasion de voir. Comme il a été énoncé, des
rapports d'inspection municipaux, des photos, des vidéos, même je vous dirais
des preuves matérielles. Les juges, chez nous, ont l'habitude de voir tout
moyen de preuve, là, pas nécessairement une vidéo ou une photo, mais parfois il
va arriver des situations où est ce que les locataires vont nous amener, par
exemple, dans un petit flacon des insectes qui se promènent chez eux. C'est un
moyen de preuve, une preuve matérielle de ce qui se passe. Des morceaux de
logement pour dire quelque chose, un morceau de tapis, là, moisi. Alors, il y a
plusieurs éléments et je vous dirais, bon, bon, mon imagination est peut-être
moins fertile que celle de d'autres, là, mais prenons pour acquis que le Code
civil prévoit que ces moyens de preuve là sont administrés par le tribunal et
analysés à leur juste valeur. Alors, voilà.
Donc, il y a plusieurs moyens d'y arriver,
mais je termine en répétant qu'il faut démontrer que c'est impropre, donc une
menace à la santé-sécurité et, autrement, que ça relève de la négligence du
locateur et non pas de l'utilisation des lieux ou de la négligence du
locataire, évidemment. Voilà.
M. Fontecilla : Pour
continuer, si vous permettez, M. le Président, Me Simard, justement, c'était la
question soulevée par ma collègue de Mille-Îles, quels sont... Est-ce qu'il y a
des critères au tribunal administratif du logement pour dire : Ça, ça
revient... c'est causé par la négligence du propriétaire ou par la négligence
du locataire? Quels sont les moyens que le tribunal possède, là, pour trancher
cette question-là? Parce que je n'ai aucun doute que le propriétaire va
dire : Ce n'est pas de ma faute, c'est de la faute de l'autre. Ça se passe
souvent comme ça dans la vie, hein? Comment le tribunal va trancher, là?
Le Président (M. Schneeberger) : M. Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Alors, simplement vous énoncer que chaque cas est analysé en fonction des faits
qui nous sont présentés. Donc, ce sont en fonction des faits qui nous sont
vraiment présentés en preuve que l'on peut déterminer c'était la responsabilité
de qui d'agir. Vous dire, par exemple, un lavabo qui est laissé avec le robinet
ouvert crée un dommage. Il y a quelqu'un qui l'a ouvert, le lavabo, je peux
identifier la cause. Par la suite, il y a des travaux qui sont requis. Alors,
les travaux, s'ils ne sont pas faits, je peux aussi identifier qui aurait dû
les faire. Alors, j'ai peut-être quelqu'un qui a ouvert un robinet, mais, en
même temps, j'ai un logement qui se dépérit parce qu'on n'a peut-être pas
accompli ce qu'il fallait être fait au moment opportun pour permettre
l'occupation des lieux sans risque à la santé. Donc, vous voyez que la
responsabilité en fonction des faits, elle peut se transférer très rapidement.
Alors, c'est dans le cadre de l'enquête, là, que le tribunal fait au moment de
l'audience qu'on peut déterminer justement qui est à l'origine de la
conséquence, là, qui amène les dommages punitifs.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Est-ce que
c'est des procédures relativement complexes? Moi, on m'a rapporté à plusieurs
reprises que les procédures pour insalubrité prennent beaucoup de temps au
Tribunal administratif du logement, et c'est à cause de la difficulté de la
preuve, donc c'est plusieurs mois, voire... ça dépasse même une année, là, dans
certains cas, parce que c'est un domaine qui exige une enquête beaucoup plus
approfondie, beaucoup plus de ressources de la part du TAL pour prendre aussi
un temps supplémentaire.
Le Président (M. Schneeberger) : Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Merci, M. le Président. Alors, je me permettrai de le rappeler, parce que j'ai
eu l'occasion de le faire au cours des derniers mois, le TAL a pris
l'engagement, il y a déjà quelques... trois ou quatre ans, que toutes les
demandes portées devant le tribunal qui concernent la santé ou la sécurité, à
laquelle une preuve est déjà déposée au moment du dépôt de la demande, je veux
préciser, par exemple, des photos, un rapport d'inspecteur municipal, le TAL a
pris l'engagement de procéder à l'audience dans les 10 jours. Je connais
peu de tribunaux qui font ça, pour ne pas dire que je n'en connais pas. Alors,
on a pris cet engagement-là et on le respecte. Et dans la mesure où... de toute
façon, les cas chez nous, urgents, je pense que c'est important de le rappeler,
parce que je ne suis pas du même avis que certains qui énoncent que nos délais
sont lents, sont longs, le délai, là, de toutes les causes urgentes, là, vous
êtes entendus en moins de deux mois chez nous. C'est 1,8 mois.
• (17 h 30) •
L'efficacité a été amenée à 75 %. Les
délais ont diminué depuis six ans. Alors, ce qu'on disait dans le passé, ça
reste du passé. On n'est plus dans le présent. Alors, tout ça pour vous dire
que...
17 h 30 (version non révisée)
M. Simard (Patrick) : ...lorsque
survient un cas de santé et sécurité, les gens sont entendus très rapidement.
Le temps qu'ils prennent pour monter leur dossier, évidemment le tribunal n'en
est pas imputable, mais, au jour où est-ce que la démarche est entreprise, je
peux vous dire qu'on répond au besoin, je pense, de manière plus qu'efficace.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, j'aurais
une question. Lorsque le tribunal accorde des dommages-intérêts punitifs et
lorsque le logement est devenu impropre à l'habitation en raison de la
négligence du locataire, et je le lis tel quel, est-ce qu'il y a une
possibilité pour les locataires de résilier son bail? Est-ce que... Ou,
peut-être d'une autre façon, est-ce que les dommages-intérêts punitifs, là...
Moi, je veux dire, si on met... s'il y a des dommages... si la preuve est faite
que... par le fait d'accorder des dommages-intérêts punitifs, moi, je n'aurais
pas intérêt à revenir dans ce logement-là, évidemment, surtout si j'ai des
enfants, etc., mais est-ce que le bail est résilié automatiquement, ou il faut
en faire la demande, ou je suis toujours tenu par ce bail-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui.
Alors, évidemment, il n'y a pas d'automatisme. Alors, ça prend quelqu'un pour
juger de la situation, le tribunal est là pour exécuter, justement, cette
analyse. Donc, pour répondre à votre question précisément, lorsque le tribunal
constate qu'il y a un état d'insalubrité, on met en œuvre la mesure. Autrement
que ça, il existe une autre formule, une autre possibilité pour le locataire,
qui peut demander au tribunal la résiliation de son bail, qui va constater au
moment où la question lui est posée sur l'état d'insalubrité : Est-ce que
c'est insoluble ou ça ne l'est pas? Le tribunal rend une décision sur la
résiliation du bail.
Ça, c'est une possibilité, mais il y en a
une seconde également qui est celle de l'abandon du logement pour le même motif.
Alors, un logement peut être abandonné dans la mesure où il constitue une
menace sérieuse à la santé et sécurité puisqu'il est en mauvais état d'habitabilité.
Mais cependant, là, il faut être capable d'en faire la démonstration,
peut-être, a posteriori. Parce qu'il est rare que quelqu'un va accepter de voir
un occupant des lieux, un locataire quitter sans y réagir. Alors, le tribunal,
souvent, va être appelé à intervenir, mais a posteriori, une fois que le départ
a eu lieu, avec les risques que ça cause, cependant, ou ce que ça crée,
puisque, si le tribunal arrive à la conclusion que l'abandon n'est pas
justifié, il y a des conséquences.
Alors, si j'avais peut-être un commentaire
à émettre, peut-être que la formule dont je parlais précédemment est peut-être
la plus sécurisante pour quelqu'un, de faire constater avant le départ. Mais il
n'a rien qui l'impose. Si vous arrivez à la conclusion qu'il y a urgence de
quitter, parce que vous croyez répondre aux critères de santé et sécurité, qui
est menacé, vous avez l'opportunité de quitter, le Code civil le prévoit.
Mme Duranceau : 1915.
M. Simard (Patrick) : L'article 1915
du code, effectivement.
M. Fontecilla : Très bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
de répondre. Alors, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Mais je
reviens à la première possibilité que vous avez mentionnée, qui me paraît
plus... comment dire, plus prudente, je... vous l'avez vous-même dit. Donc, il
y a une procédure en vertu... et vous allez sans doute me citer l'article, qui
permet d'aller au Tribunal administratif du logement et dire : Mon
logement est impropre à l'habitation, voici les preuves — par exemple, un
rapport municipal — et je demande la résiliation, et ça va être traité, bon,
dans les délais impartis. Donc, cette possibilité existe en vertu de l'article
déjà?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Bien,
pour demander la résiliation du bail, c'est de constater l'inexécution des
obligations du locataire. Alors, je pourrais vous référer à un article en
particulier. Mais c'est le fait de ne pas accomplir, pour le locataire, son
obligation de maintenir en bon état le logement, c'est l'article 1863 qui
introduit le recours. Je peux vous le lire, là. Alors :
«L'inexécution d'une obligation...», ce
que je vous disais, «...par l'une des parties...», ce serait le locateur, «...confère
à l'autre...», au locataire, «...le droit de demander, outre des
dommages-intérêts, l'exécution en nature...», donc on parlerait de faire des
travaux, «...dans les cas qui le permettent.» Et : Si... pardon. «Si l'inexécution
lui cause à elle-même ou, s'agissant d'un bail immobilier, aux autres
occupants, un préjudice sérieux, elle peut demander la résiliation.»
Si je le paraphrase, «préjudice sérieux»,
j'ai l'impression que menace à la santé et sécurité peut en constituer de
manière assez probante. Donc, ça met en œuvre la possibilité de demander la
résiliation du bail en vertu de 1863 du Code civil.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
député...
M. Fontecilla : Très bien. Je
suis dans cette situation-là, mais je sais que, dans le contexte actuel, je ne trouverai
pas une habitation... un logement aussi grand...
M. Fontecilla : ...placé,
etc., à ce prix-là. Et je ne veux pas quitter cet appartement qui est quand
même impropre à l'habitation. Mais je veux que mon propriétaire, le locateur
effectue des travaux pour rendre l'habitation propre à l'habitation. Est-ce que
c'est possible?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui,
alors, la réponse à ça, c'est oui, c'est possible par le biais d'ordonnances
d'exécution de travaux. Et là la mesure aujourd'hui amène davantage, je dirais,
d'importance à réaliser les travaux, parce que, dans la mesure où le tribunal
ordonne des travaux qui sont requis et que ça constitue une menace à la santé
ou la sécurité, alors ce serait peut-être clair que ça pourrait amener
facilement la mise en œuvre de la mesure sur les dommages punitifs maintenant,
ce qui n'était pas le cas aujourd'hui, là.
M. Fontecilla : Et dites-moi,
si jamais, ça existe toujours, des récalcitrants, le locateur refuse
d'obtempérer à l'ordonnance, qu'est-ce qui peut arriver au propriétaire? Quels sont
les moyens légaux du TAL pour vraiment faire en sorte que cette décision soit
exécutée dans ce cas-ci?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Bien,
il y a plusieurs possibilités, hein, qui mettent en œuvre peut-être cette
urgence de faire les travaux ou cet intérêt, tout à coup, qu'on a de les faire.
D'une part, l'ordonnance, elle peut entraîner aussi une diminution de loyer.
Aujourd'hui, on le voit, si cet amendement-là est adopté et la loi est adoptée,
il y aurait des dommages punitifs qui vont amener, je pense, les gens à agir,
mais autrement que ça, lorsque le tribunal fait des ordonnances, elles peuvent
être exécutées, mais dans ce cas là, comme tous les tribunaux administratifs,
au Québec, les ordonnances qui sont rendues par nous doivent être appliquées
par les tribunaux judiciaires. Alors, si quelqu'un contrevient à une ordonnance
du TAL, ça constitue à un outrage au tribunal, mais il faut se présenter devant
un tribunal judiciaire à... on n'a pas cette possibilité-là. La loi ne nous
permet pas, les tribunaux administratifs, d'aller en matière d'outrage au
tribunal dans cette mesure là.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion... Oui.
Mme Duranceau : D'où
l'importance des dommages punitifs. C'est ça, la nuance, là, puis j'aurais
peut-être dû vous le mentionner au début, mais c'est que ça permet au TAL
d'intervenir directement, d'imposer les dommages punitifs. Ça fait qu'on n'est
pas obligé de remonter à une autre instance de tribunal pour qu'il y ait une
conséquence financière. Elle va pouvoir être imposée par le TAL puis punitif,
bien, c'est punitif.
M. Fontecilla : Deux
questions. Donc, dans... pour outrage au tribunal, c'est céder au locataire
affecté d'aller à un autre tribunal, pour outrage au tribunal, il fait
appliquer la décision. Je vous paraphrase.
M. Simard (Patrick) : Dans le
cas que vous soumettez, la réponse, c'est oui.
M. Fontecilla : Parfait. Et,
dans les cas des dommages et intérêts punitifs, je suis toujours dans le cas
extrême de récalcitrants, des locateurs qui ne voudraient pas... Mettons qu'il
y a un dommage, intérêts punitifs, ça, c'est de l'argent, je ne sais pas...
voilà, relativement substantiel, mais la personne condamnée, on va le dire,
trouvée coupable, ne donne pas cet argent-là, ne signe pas le chèque. Il
revient à qui de faire en sorte que le dommages et intérêts punitifs soit
déboursé, là, si... Est-ce que ça... est-ce que c'est le tribunal qui s'en
occupe ou c'est encore une fois aux locataires d'aller à un autre tribunal pour
récupérer cette somme-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Alors,
autant dans ce cas-ci que pour toutes les autres décisions rendues par le TAL,
la partie qui bénéficie des conclusions qui en est le créancier peut déposer le
jugement à la Cour du Québec, dans ce cas-là, là, parce que c'est... on a la
même compétence, là, en matière monétaire. Donc, dépose le jugement de la Cour
du Québec et procède par voie d'exécution forcée. Pour faire court, là, on
dépose la décision du TAL, on donne ça au huissier, le huissier exécute, donc
peut faire des saisies sur une panoplie de biens. Et ces frais là, pour la
plupart, sont remboursés, mais ça, ça... une fois que la décision du TAL est
rendue, c'est les tribunaux judiciaires qui ont le bénéfice de l'exécution
forcée. C'est le propre de tous les tribunaux administratifs.
M. Fontecilla : Très bien.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Ça va comme ça. Parfait. D'autres questions? Oui, députée de Mille-Îles.
• (17 h 40) •
Mme Dufour : Oui. Tout
d'abord, je vais peut-être juste répondre aux commentaires initiaux de mon
collègue de Laurier-Dorion. Je ne parlais pas de réduire à cinq... à quatre,
cinq ans, là, du tout, plutôt de le réduire pour que ce soient des délais
raisonnables. Et je vous donne un exemple, là, réel, ma maison construite en
2007...
Mme Dufour : ...tous mes
voisins ont refait leur toiture l'an dernier, 15 ans. Donc, 15 ans,
c'est le délai. Moi, j'arrive à étirer deux ans de plus, je suis chanceuse,
mais la réalité, c'est que c'est 15 ans, une toiture. Même quand on
l'achète puis qu'ils nous disent que ça va durer 50 ans, ce n'est pas
vrai. À moins que ça soit de la tôle, là, à moins que ça soit de la tôle, quand
qu'on est en bardeaux, 15 ans. Donc, ça, c'est une réalité. Et,
actuellement, le calcul, la façon qu'il est fait, bien, ce n'est pas ça, la
réalité des... les propriétaires vont se ramasser à devoir refaire la toiture
plus rapidement que ce qu'ils vont pouvoir récupérer. Donc, premier point.
Deuxième point. J'aurais une question, en
fait, plus de compréhension. Là, ici, on vient modifier l'article 1917 du
Code civil et on fait référence à de la négligence, tu sais, «impropre à
l'habitation en raison de la négligence du locataire», mais... c'est ça, on
parle de vraiment propre à l'habitation. Mais, à l'article 1854, voilà,
là, on parle que «le locateur est tenu de délivrer aux locataires le bien loué
en bon état de réparation de toute espèce et de lui en procurer la jouissance
paisible pendant toute la durée du bail». Alors, d'une part, on parle, ici, de
jouissance paisible et là on parle propre à l'habitation. Donc, peut-être juste
m'expliquer pourquoi on est venu mettre les dommages-intérêts punitifs là ou...
et pourquoi on ne parle pas de jouissance paisible. Bref, juste la jouissance
du bien, là, c'est ce qui se parlait, peut-être juste comprendre.
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Oui, bien, je
vais référer la question à notre juriste sur ces notions-là qui sont...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui.
Alors, M. Dumont.
M. Dumont (Luc) : Oui,
bonjour. Luc Dumont, avocat à la direction des affaires juridiques du ministère
des Affaires municipales. En fait, il faut se fier à la sous-section 1, et
on parle de la délivrance du bien. Et, dans le fond, c'est de la référence au
fait, là, par rapport à la jouissance paisible du bien. Je comprends tout à
fait qu'on peut y lier le fait qu'il ne soit plus propre à l'habitation.
Toutefois, dans le fond, les obligations par rapport à ça, lorsqu'il devient
impropre à l'habitation, c'est à l'article 1917. L'article 1854 va
viser d'abord de délivrer le bien loué en bon état. Ça serait un peu difficile,
pour un locataire... un nouveau locataire qui arrive dans un logement, d'aller
chercher des dommages punitifs et de prouver que ça vient de la négligence du
locateur s'il n'y a jamais vécu. C'est plus une question sur le continuum
temporel, là.
Mme Dufour : Excusez-moi, je
ne suis pas sûre de saisir ça. Parce que quelqu'un qui emménage dans un
logement parce que c'est le seul logement disponible mais que celui-ci est
impropre... Tu sais, parce qu'il y a eu plein de cas, là, on a vu des gens
arriver, notamment des réfugiés, là, c'étaient des reportages, je pense, à
Radio-Canada, là, qu'on voyait des réfugiés arriver dans des logements puis on
se disait : Bien, mon Dieu, comment on peut offrir ça en location? Donc là,
vous dites... ce que vous venez de dire, c'est que, quand la personne arrive
dans le logement, elle ne pourrait pas avoir des dommages punitifs. Est-ce que
c'est ça que vous venez de dire?
Le Président (M. Schneeberger) : M.
Dumont.
M. Dumont (Luc) : En fait,
c'est une question un peu... Dans le fond, c'est une question au niveau de
l'applicabilité de la disposition. L'article dont on parle d'abord, 1854, c'est
les obligations au niveau de la délivrance du bien. Ma compréhension de cet
article-là, donc, il est tenu de... donc, un locateur ne peut pas, ne peut tout
simplement pas délivrer un bien qui ne serait pas habitable. Est-ce que...
est-ce qu'il y aurait possibilité de faire un recours en dommages-intérêts
punitifs parce que le locateur a mis une petite annonce pour loger des... dans
le fond, pour loger un locataire, alors qu'il est impropre à l'habitation?
Est-ce qu'il pourrait avoir des dommages-intérêts punitifs? La notion d'intérêt
punitif, qui est due notamment à la négligence du locataire, se prête mal à
cette situation-là précise, parce qu'il faut que le locataire ait quand même...
soit quand même en mesure de faire la preuve, c'est-à-dire que comment...
Comment qu'il peut faire la preuve que c'est dû à la négligence? Bien, s'il n'y
a jamais vécu, s'il arrive à ce moment-là, puis qu'il arrive, puis, bon, il y a
des problèmes d'infestation, c'est... je vois mal comment, au niveau de la
preuve, ça pourrait être fait. D'où pourquoi les obligations par rapport...
M. Dumont (Luc) : ...au maintien
sont à une autre disposition. Ce n'est pas pour rien qu'il y a 1854 et il y a
1917 dans le Code civil du Québec.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme Dufour : O.K. Mais 1917,
est-ce qu'il peut s'appliquer si quelqu'un vient d'arriver puis que le logement
est impropre à l'habitation ou il faut...
Le Président (M. Schneeberger) : Me Dumont.
Mme Dufour : Sinon, c'est
quoi, le délai, tu sais...
Le Président (M. Schneeberger) : Je
pense que la ministre voudrait répondre ou elle aurait de quoi... un argument à
aller de l'avant. Allez-y.
(Consultation)
Mme Duranceau : On suspend
quelques instants.
Le Président (M. Schneeberger) : On
va suspendre? O.K.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
(Reprise à 17 h 56)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, nous avons suspendu quelques instants pour
revoir une réponse. Alors, Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Duranceau : Oui, merci,
M. le Président. Alors, je vais référer à nouveau à notre légiste qui va
pouvoir terminer son explication.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
Dumont.
M. Dumont (Luc) : Oui, merci
beaucoup. Encore une fois, Luc Dumont, avocat à la Direction des affaires
juridiques du ministère des Affaires municipales.
Donc, je vais dire clarifier ce que
j'expliquais. Ce qu'il faut comprendre, puis je ne voulais pas induire personne
en erreur, un nouveau locataire qui arriverait dans un logement qui serait
impropre à l'habitation ne perd pas le droit, là, de demander des dommages et
intérêts punitifs. Ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est une question de
temps qui doit s'écouler. Par exemple, un locataire qui... un nouveau locataire
qui arriverait, qui constate que le logement est impropre à l'habitation et qui
en avise le locateur, mais que le locateur ne fait rien, il pourrait pourvoir
des dispositions du nouvel article 1917. C'est tout simplement une
question d'écoulement du temps. Ce serait difficile à un locataire qui arrive
au moment même, la journée même, qui arrive, c'est impropre, c'est : Selon
moi, c'est impropre à l'habitation et c'est dû à la négligence du locateur, je
vais tout de suite, immédiatement, aller me chercher des dommages et intérêts
punitifs, ça serait inconséquent avec mesure-là, puis, voire même inapplicable.
Il faut quand même qu'il y ait des gestes positifs qui aient été posés.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça?
Mme Dufour : Oui, parfait.
Merci. Donc...
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Donc, je
comprends que les... dans le fond, malgré le 1854, des dommages punitifs, intérêts
punitifs pourraient être appliqués. Mais je repose ma question. La question
du... Tu sais, la jouissance paisible versus propre à l'habitation, là, tu
sais, dans le fond, tu sais, on voulait simplifier tout à l'heure, là, pourquoi
qu'on n'essaie pas, tu sais? Pourquoi qu'on a deux articles? Peut-être que...
oui, peut-être l'expliquer.
Mme Duranceau : Oui. Là, je
suis moins avocate, là, mais c'est deux concepts. La notion de jouissance
paisible, c'est que tu loues un bien puis tu loues l'espace puis tu as le droit
d'habiter dedans de manière sereine, donc il n'y a pas d'animaux qui te
dérangent, il n'y a pas de voisins qui jouent de la musique qui te dérangent,
il n'y a pas des travaux dans le bâtiment qui font en sorte qu'il y a quelqu'un
qui drille toute la journée, bon, à moins de... d'accord à ce sujet-là. Donc,
ça, c'est la notion de jouissance paisible des lieux, si je ne me trompe. Et la
notion d'impropre à l'habitation, bien, c'est toute la notion de salubrité
qu'on discutait. Alors, c'est vraiment deux concepts, c'est pour ça d'ailleurs
qu'ils sont traités distinctement aussi dans le Code civil, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autre question, est-ce que
l'amendement qui introduit l'article 0.4.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté.
Parfait. Alors là, je suis le... les...
Mme Duranceau : 32.2.
Le Président (M. Schneeberger) : 32....
Exactement. Mme la ministre.
Mme Duranceau : Oui, un
instant. Alors, je lis cette version. Donc, alors c'est une... c'est
transitoire, là, ça, je pense aussi. Alors, en lien avec 1917, là, qu'on vient
d'adopter, insérer, après l'article 32 du projet de loi, le suivant :
«32.2. Les dispositions de
l'article 1917 du Code civil telles qu'elles se lisaient le (indiquer ici
la date qui précède celle de la sanction de la présente loi) continuent de
s'appliquer à toute demande introduite devant le tribunal avant le (donc,
indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).».
• (18 heures) •
Cet amendement propose d'introduire dans
le projet de loi un nouvel article 32.2 qui est une mesure transitoire
liée à la modification à l'article 1917 du Code civil par
l'article 0.4.1 du projet de loi. L'article aurait pour effet de maintenir
l'application de l'ancien article 1917 lorsqu'une demande a été introduite
devant le TAL avant la date de la sanction de la loi...
18 h (version non révisée)
Le Président (M. Schneeberger) : ...merci
beaucoup pour les explications. Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Donc, la
sanction de la loi, admettons que c'est décembre. Là, tout ce qui est une...
Toute demande introduite devant le TAL avant décembre, dans le fond, il n'y
aurait pas de dommages punitifs possibles pour... pour une habitation impropre
à... c'est ça, impropre au... pour un logement impropre à l'habitation. Je
pense que c'est ça.
Mme Duranceau : Oui, oui, c'est
ça.
Mme Dufour : C'est ce que je
comprends.
Mme Duranceau : C'est pour ça
que c'est pour ça qu'on espère que rapidement ces mesures-là pourront être en
application effectivement.
Mme Dufour : Puis là, ça veut
dire... Quand une demande est introduite au TAL, ça peut passer combien de
temps dans le temps?
Mme Duranceau : On l'a
expliqué tantôt. Pour des cas comme ça qui sont des cas où la santé, la
sécurité puis le bien être des gens, là, sont... sont en danger, il y a une audition
dans les 10 jours. Puis après ça, les causes sont entendues à l'intérieur
de 1,8 mois. C'est ça, la moyenne.
Mme Dufour : O.K.
Mme Duranceau : Ça fait que c'est
qu'ils sont passés en...
Mme Dufour : Ça fait que, dans
le fond, on peut penser qu'assez rapidement l'ensemble des causes vont tomber
dans le nouveau régime, là.
Mme Duranceau : Oui, oui.
Mme Dufour : Tu sais, on...
Mme Duranceau : Et puis d'où
c'est ça l'importance? Bien non, c'est bon, c'est bon. Je me mêlais, là. Je n'ai
rien d'autre à ajouter.
Mme Dufour : Excellent.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va?
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres questions? Ça va comme ça? Alors, à ce
moment-là, est-ce que l'amendement qui introduit l'article 32.2 est
adopté?
Une voix : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté?
Mme Duranceau : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Là, nous en suis... là, nous en sommes à l'article... pas l'article, mais l'amendement
qui introduit un article 0.5 déposé par un député de Laurier-Dorion.
Alors, député de Laurier-Dorion, je vous laisse le lire pour renouveler notre
mémoire et puis, après ça, expliquer votre amendement.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, c'est un amendement à l'article 0.5.
Insérer, avant l'article 1 du projet
de loi, le suivant :
«0.5. L'article 1900 du Code civil du
Québec est remplacé par le suivant :
«1900. Sont sans effet les clauses qui
tendent à :
«1° limiter la responsabilité du locateur
ou l'en exonérer, ou ou rendre le locataire responsable d'un préjudice causé
sans sa faute;
«2° modifier les droits du locataire en
raison de l'augmentation du nombre d'occupants, à moins que les dimensions du
logement n'en justifient l'application, ou la clause limitant le droit du
locataire d'acheter des biens ou d'obtenir des services de personnes de son
choix, suivant les modalités dont lui-même convient;
«3° — et c'est ça l'objet principal de
cet amendement — interdire la présence d'un animal de compagnie.»
Voilà, M. le Président. À titre d'explication,
on sait qu'aujourd'hui il y a une situation particulière, crise du logement
oblige. Ça nous a été rapporté par plusieurs personnes et par la SPCA. À l'époque
des renouvellements des baux, il y a la SPCA tend à recevoir énormément d'animaux
de compagnie, d'animaux domestiques qui sont abandonnés parce que des
locataires qui déménagent ne peuvent pas... ne peuvent pas amener leur animal
de compagnie parce que c'est le locateur qui leur interdit d'apporter un animal
de compagnie. Ça fait en sorte que beaucoup de locataires doivent se
débarrasser de leurs animaux de compagnie. Souvent, ils vont les porter à la
SPCA. Ça, c'est la partie visible. Mais un grand nombre d'autres animaux sont
carrément abandonnés. Donc, ça suscite... Non seulement, bon, c'est tout un
préjudice pour un animal, mais aussi ça... et ce qui nous intéresse surtout
ici, c'est les préjudices portés au propriétaire parce que le propriétaire
développe une relation tout à fait particulière avec son animal de compagnie.
Souvent, c'est un animal de compagnie qui est... qui a un rôle thérapeutique
et/ou même l'aider dans le quotidien, dans le quotidien...
M. Fontecilla : ...de ces
personnes-là. Pensons, par exemple, aux personnes qui ont un handicap visuel,
qui se font accompagner par un chien de compagnie, qui les guide à toutes fins
pratiques, là, dans leur vie quotidienne, là. On va se rappeler qu'il y a un
phénomène discriminatoire ici, là, un propriétaire a le droit de posséder un
animal de compagnie, et ce n'est pas le cas des locataires. Oui, il y a des
propriétaires, des locateurs qui autorisent, mais à n'importe quel moment, un
locateur peut changer d'opinion et ne plus autoriser leurs locataires d'avoir
des animaux de compagnie.
Donc, il y a, comment dire, une inégalité
en termes de droit, là, entre les locateurs et les locataires parce que
ceux-ci, à tout moment, peuvent perdre un droit, que les propriétaires de façon
générale ont. Et je vous rappelle, M. le Président, que le législateur
québécois en plus reconnaît que les animaux sont des êtres doués de sensibilité
et que ceux-ci contribuent au bien être de la société québécoise, là.
D'ailleurs, il y a des études qui prouvent que le fait de posséder un animal de
compagnie induit moins de maladies de type psychologique, en santé mentale, et
même favorise une santé physique chez beaucoup, beaucoup de gens, là. Je vous
rappelle aussi que plus que la moitié des ménages québécois possèdent un chat
ou un chien, alors que seule une minorité de propriétaires immobiliers
acceptent des animaux... des locataires avec des animaux. Et je l'ai dit, ça
induit une très grande détresse, autant chez les locataires que chez les
animaux de compagnie, qui doivent se débarrasser à chaque année d'un grand
nombre d'animaux de compagnie afin d'assurer... de pouvoir occuper un logement.
Les clauses interdisant les animaux dans les logements affectent de manière
disproportionnée les personnes à faible revenu en raison de leur choix de
logement plus limité, et que cette situation déjà difficile est exacerbée par
l'état actuel du marché locatif au Québec, là.
Donc, le Québec, selon moi, devrait
prendre exemple sur d'autres juridictions ici même au Canada ou même à
l'étranger, comme la France, qui considère les clauses interdisant les animaux
dans les logements nulles et sans effet. Je vous rappelle que notre voisin avec
qui on aime se comparer, l'Ontario, interdit les clauses interdisant les
animaux de compagnie depuis 1990, donc ça veut dire que... et ça n'a pas
susciter une crise du logement ou une dégringolade de la qualité des logements
en Ontario. C'est tout à fait une situation qui n'existe pas. Cela suscite,
comment dire, un certain niveau d'inquiétude dans le public, en particulier
dans la population qui est locataire. Et la preuve est qu'il y a eu une
pétition déposée à l'Assemblée nationale qui a recueilli quelque
33 000 noms de personnes, ce qui est un nombre assez significatif et
qui correspond à l'inquiétude d'une bonne partie de la population, une partie
significative de la population québécoise, là, qui est sensible à cette situation,
beaucoup parce que c'est des défenseurs des animaux, et c'est tout à fait
légitime d'être un défenseur des animaux, mais beaucoup aussi parce qu'ils
tiennent à garder leur animal de compagnie.
Voilà ce qui m'incite à déposer cet
amendement-là puisque nous sommes en train de traiter l'ensemble des
dispositions du Code civil concernant les relations entre les locateurs et les
locataires. J'aimerais bien que la ministre montre de l'ouverture à cette
possibilité d'interdire les dispositions qui interdisent les animaux de
compagnie. Je suis sûr qu'elle pourrait être sensible à cette réalité-là.
Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour les explications, M. le député de Laurier-Dorion. Alors, Mme la
ministre, si vous voulez intervenir.
• (18 h 10) •
Mme Duranceau : Écoutez, je ne
suis pas insensible à la situation parce qu'il y a quand même des cas, tu sais,
de zoothérapie. Il y a des cas où les gens...
Mme Duranceau : ...comme vous
dites, là, c'est un... l'animal de compagnie, c'est le compagnon dans la maison
puis c'est l'appui, là, émotif, si on veut, pour les gens. Ça, je le comprends
tout à fait. Actuellement, un propriétaire et un locataire peuvent s'entendre
là-dessus puis ça peut être permis. Quand le cas est bien encadré, bien
expliqué puis ça convient, les propriétaires consentent à ça.
Ce avec quoi je suis moins à l'aise, c'est
d'imposer au propriétaire le droit... de lui imposer qu'il est obligé
d'accepter un animal de compagnie. Ça fait qu'encore là c'est... bon, c'est sa
propriété, c'est lui qui en connaît tous les enjeux, c'est lui qui sait aussi
qui sont les autres locataires, est-ce que la cohabitation va être pertinente
ou pas, est-ce que d'autres personnes dans l'immeuble craignent les chiens. Là,
tu... quelqu'un rentre avec son chien, ça vient changer toute la dynamique.
Alors, pour cette raison-là, moi, je pense
qu'on gagne à laisser les locataires et les locateurs s'entendre entre eux,
selon les cas, pour que ça fonctionne. Puis, de cette façon-là, bien, de part
et d'autre, chacun prend l'engagement de permettre à l'autre puis de... oui,
d'avoir un animal, mais de respecter, évidemment, l'environnement dans lequel
d'autres personnes vont vivre.
Alors, ce n'est pas juste des beaux cas,
là, les cas des animaux, là. Il y a des situations qui sont terribles pour ceux
qui doivent subir la présence de l'animal, parce qu'ils ne sont pas tous bien
élevés, là, les animaux. Des fois, c'est le maître, des fois, c'est l'animal,
mais...
Alors, moi, je pense que j'aime mieux le
cas par cas, négociation entre les parties puis les gens s'entendent, puis,
quand la situation est bien comprise de part et d'autre, je pense, c'est là
qu'on a la meilleure chance de... que ça fonctionne.
Par ailleurs, il y a un paquet d'immeubles
où les animaux sont permis. Puis il y en a même qui font la promotion de leur
immeuble locatif en disant : Appartement pour chien, là... avec chien.
Donc, il y en a.
Mais, ceci dit, là, je ne veux pas rentrer
dans plein de détails, juste... je comprends la situation, je ne suis pas
insensible à ça, mais je privilégie une discussion entre les parties pour
arriver à une entente à ce sujet-là plutôt que d'imposer quelque chose dans la
loi.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. Écoutez, l'un des aspects... au-delà de tout ce que j'ai nommé, mais
j'aimerais insister sur un aspect qui me paraît plus dérangeant, là, c'est
qu'il y a... on donne... Mme la ministre nous parle de... qu'elle privilégie
les pourparlers entre locateur et locataire à ce sujet-là, mais il y a une
partie qui a un droit de veto, qui est le locateur, et c'est ça qui nous...
qui... Moi, je suis tout à fait d'accord à des pourparlers puis à une...
comment dire, à des négociations ou à une entente entre locateur et locataire
concernant ce sujet, et concernant beaucoup de sujets d'ailleurs, là, mais il y
a une partie qui possède le gros bout du bâton, là, qui peut... qui a un droit
de veto et que, s'il... si cette partie-là décide qu'il n'y aurait pas... il
n'y aura pas d'animaux de compagnie, voilà, c'est... l'histoire est finie, là.
Et ça nous renvoie à une inégalité
fondamentale entre... qui est, au fond, une inégalité de moyens, là, c'est la
partie de la population qui possède un bien immobilier destiné à la location et
la partie de la population qui n'en possède pas. Et il y a une partie de la
population qui peut imposer à l'autre une interdiction d'avoir des animaux de
compagnie.
Si je me mets dans la situation suivante
où il s'agit de deux propriétaires, il n'y en a pas un des deux qui peut
imposer la décision d'avoir un animal de compagnie, c'est-à-dire si je possède
un bungalow et mon voisin a un chien, je ne peux pas lui imposer... même si son
chien me dérange, je ne peux pas lui imposer l'obligation de se débarrasser de
son animal parce qu'on est dans une relation de propriétaire à un autre
propriétaire. Mais, si... si le bungalow de...
M. Fontecilla : ...d'à côté
était mon bien, et j'ai loué, je pourrais lui... lui interdire la possession
d'un animal de compagnie. Donc, il y a comme une... il y a une inégalité
fondamentale entre... Les propriétaires, dans ce cas-ci, ont des... possèdent
des droits, possèdent une liberté que les... pour eux-mêmes et une liberté pour
imposer cette décision-là à d'autres et à d'autres personnes, dans ce cas-ci
des locataires. Et les locataires... les locataires sont tenus d'accepter, sont
dans une situation de subordination, sont tenus d'accepter la décision prise
par une autre entité dont le seul... comment dire, le seul.... le seul
avantage, c'est de posséder un bien immobilier.
Donc, à la base même, là, cette situation
pose des questions d'inégalité qui, il me semble, doivent être traitées et
résolues par le législateur, d'où la nécessité de procéder à une opération
d'équilibrer ces droits-là et de ne pas maintenir une situation où une partie
de la population peut unilatéralement décider pour imposer un choix à une autre
partie de la population. Voilà, merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a des interventions? Non. Alors, députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Effectivement, je dois dire, avoir un animal de compagnie... Il y a
plus en plus de gens, hein, qui, avec la pandémie, ont adopté un animal de
compagnie. Donc, c'est vraiment... ça fait partie de la famille et, pour
plusieurs personnes, c'est vraiment important. Puis on a vu une certaine...
bien, en tout cas, on a des échos d'une certaine difficulté à obtenir un
logement pour certains propriétaires de compagnie... d'animal de compagnie
plutôt. J'aimerais... Oui, ça ne veut pas dire la même chose.
J'aimerais souligner, par contre, la
ministre, tout à l'heure, a dit : Des fois, c'est l'animal, des fois c'est
le propriétaire. Moi, je vais dire : C'est pas mal toujours le
propriétaire qui est en défaut lorsqu'un animal se comporte mal, c'est qu'il
n'a pas été... surtout si on parle d'un chien. Je vous dirais, peut-être qu'un
lézard, c'est différent, là, mais, pour ce qui est d'un chien, c'est clair,
quand que l'animal ne se comporte pas adéquatement, c'est la... l'enjeu, c'est
le propriétaire.
Ceci dit, il y a aussi une autre réalité
qui n'est pas évidente, là, qui est les gens qui ont des difficultés en
présence d'un animal. Je pense dans des résidences pour personnes âgées qui...
où des gens ont peur des chiens. Donc là, on dit : On ne pourrait pas
interdire la présence d'un animal de compagnie, mais on ne précise pas quoi.
Est-ce qu'un... J'ai vu un chien, l'autre jour, c'était plus gros qu'un Danois,
il pesait à peu près 190 livres. Ça peut faire peur quand on... moi, ce
n'est pas mon cas, j'ai deux chiens, mais pour quelqu'un qui a peur des chiens,
ça peut faire vraiment peur. Est-ce qu'à ce moment-là il n'y a pas... Il n'y a
comme pas de balise ici, on ne propose pas de balise du tout.
Et il y a aussi l'enjeu aussi de la... des
allergies. Si je suis propriétaire d'un duplex, moi, ma fille est très, très,
très allergique aux chats, c'est pour ça que j'ai des chiens. Bien, si je suis
propriétaire du duplex puis que c'est un enjeu, la présence des chats, etc.,
pour mon enfant, bien, je ne vais peut-être pas vouloir que le propriétaire
à... tu sais, que le locataire qui loue dans mon immeuble ait quatre chats chez
lui, là. Ça fait qu'il y a comme un élément ici où, tu sais, il n'y a pas... il
n'y a pas de balise pour les nuisances que ça peut apporter à certaines
personnes. Pour la majorité des cas, il n'y aura pas de nuisance, mais il y en
a, on ne peut pas le nier.
Puis on... Puis c'est quoi, un animal de
compagnie? Ça, c'est l'autre élément. C'est quoi, un animal de compagnie? Il y
a eu des... toutes sortes d'animaux qui ont été trouvés dans les... Il y a des
gens qui ont... qui avaient des... disons, des animaux, disons, des fauves, par
exemple. Il y a eu des cas, un boa. Est-ce que c'est un animal de compagnie?
Pour certains, ça peut être. Pour les voisins, ça ne l'est peut-être pas ça.
Donc, il y a ça aussi qui n'est pas défini. Puis, pour avoir géré, pour avoir
travaillé sur le règlement qui est venu encadrer les animaux à Laval, on a eu
tout un débat. Ce n'est pas simple, ce n'est vraiment pas simple de définir ça,
«animal de compagnie», et...
Mme Dufour : ...et donc je pense
qu'il y a un risque à aller de l'avant tel quel, sans qu'il y ait de balises.
Donc, moi, pour cette raison-là, je vais m'abstenir sur cet élément-là. Mais je
pense qu'il faut aller un petit peu plus loin parce qu'il y a un enjeu puis je
vais... on va attendre, là, le résultat, mais après, je viendrai peut-être avec
un autre amendement, M. le Président.
• (18 h 20) •
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Merci beaucoup. Alors, s'il n'y a pas... Ça va? Donc, s'il n'y a pas d'autre
question, nous allons mettre aux voix l'amendement de l'article 0.5.
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fontecilla : Sous appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : Appel
nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention, M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Duranceau
(Bertrand)?
Mme Duranceau : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Abstention.
Le Secrétaire : M.Schneeberger (Drummond—Bois-Francs)?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Alors, nous poursuivons. Là, le bloc qui est
terminé...
Mme Dufour : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
allez... oui.
Mme Dufour : Avant de
terminer le bloc, je viens d'envoyer un amendement, le 0.9, qui est en lien
avec ce qu'on vient de discuter. Donc, vous allez pouvoir le... vous venez
juste, juste, juste de le recevoir. Je devais attendre le résultat avant de
vous le faire parvenir, là, sinon j'aurais pu vous l'envoyer d'avance. Donc...
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que la greffe l'a reçu?
Mme Dufour : Oui. Je vais
juste attendre qu'il soit à l'écran.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
alors nous allons suspendre quelques instants, le temps qu'il le traite. Voilà.
(Suspension de la séance à 18 h 22)
(Reprise à 18 h 24)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Alors, la députée de Mille-Îles désirait déposer un
amendement. Alors, je vous laisse lire l'amendement, députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, M. le
Président. Alors, l'objectif de l'amendement... Je vais l'expliquer avant pour
que ce soit plus clair, là. Dans le fond, l'objectif de l'amendement, c'est de
permettre, dans le fond, qu'un dépôt de garantie soit demandé dans le cas d'un
animal de compagnie. Et là je vais juste vous lire... Parce que, présentement,
là, ce n'est pas permis, les dépôts de garantie ne sont pas permis au Québec.
Puis après, je vais... Je vais vous le lire, puis après je vais donner plus de
détails...
Mme Dufour : ...donc,
l'article 0.9, article 1904.1 du Code civil du Québec : Insérer,
après l'article 0.8 du projet de loi, l'article suivant :
«0.9. Ajouter, après l'article 1904
du Code civil du Québec, le suivant :
«1904.1, le locateur peut exiger un dépôt
de garantie au locataire propriétaire d'un animal de compagnie à la signature
du bail ou à l'adoption d'un animal. Ce dépôt de garantie ne peut excéder un
mois de loyer.
«Le locataire est tenu, à la fin du bail,
de remettre le bien dans l'état où il l'a reçu. Si le locateur constate que
l'état du logement lui convient, il doit remettre le dépôt de garantie au
locataire.
«À défaut de contrevenir à l'alinéa
précédent, le locateur peut conserver ce dépôt de garantie.»
Et là je pense qu'il y a une... non, c'est
tout. C'est tout. Alors, c'est un nouvel... Dans le fond, c'est un nouvel
article, là, qu'on propose d'insérer. Actuellement, dans le Code civil, dans le
fonds, à l'article 1904, on peut lire que ce n'est pas possible, d'exiger
un dépôt de garantie, là. On ne peut pas, dans le fond, demander plus qu'un
mois de loyer, on ne peut pas exiger d'avance sur le paiement, d'avance sur...
que le paiement du premier terme du loyer et on ne peut pas exiger une somme
d'argent autre que le loyer sous forme de dépôt. Le dépôt de garantie, c'est
quelque chose qui existe dans une très, très grande majorité de législatures
dans le monde entier et qui vient, en fait, garantir, entre guillemets, une
certaine assurance que le propriétaire... que le locateur peut récupérer un
petit peu quelque chose si jamais le bien n'est pas laissé en état désirable.
Il y a d'autres dispositions dans le Code
civil qui prévoient, là, qu'il peut y avoir des dommages, mais disons que ça,
c'est un élément qui a été souvent soulevé. Et là, dans le cas des animaux de
compagnie, et là... Et là mon intention, ce n'est pas d'aller dans les dépôts
de garantie pour tous, là, c'est vraiment... Dans le cas des animaux de
compagnie, il y a définitivement un besoin, un besoin, mais il y a beaucoup de
propriétaires qui ont des craintes. Et ça, ça nous a été démontré, là,
lorsqu'il y a eu des consultations particulières, il y a des propriétaires qui
nous expliquaient, qui nous racontaient des cas vécus où le logement,
malheureusement, a été détruit ou, du moins, endommagé de façon substantielle
par certains animaux. On s'entend, là, que, pour un chat, là, ce n'est pas ça,
mais l'enjeu est plus pour les chiens, qu'on va voir souvent. Mais, encore là,
les chats, par exemple, s'il y a plusieurs chats dans le logement et qu'ils
font leurs besoins allègrement sur les planchers, bien, ça peut dépérir le
plancher de façon importante.
Alors, on peut comprendre un locateur qui
a vécu ça, tu sais, qui a vécu... Il y avait un cas qui nous a été présenté,
là, deux chiens qui ont été laissés seuls pendant plusieurs jours dans le
logement, lorsque... et sans nourriture, c'est horrible, mais, lorsque le locateur
a repris le logement, non seulement le plancher était fini, en plus il y avait
eu des dommages à d'autres biens, comme les armoires de cuisine qui ont été
grafignées, etc., tu sais. Ça fait que ça, c'est une réalité qui peut arriver.
Je ne dis pas que c'est tout le temps, mais ça peut arriver. Alors, le locateur
qui vit ça, et qui doit assumer, on en a parlé, les frais pour remettre le
logement en état, et qui ne peut pas récupérer en plus, dans un temps
raisonnable, ses billes, bien, ça se peut que, la prochaine fois, il dise non,
non, qu'il ne veut pas en louer... le louer, son logement, pour des raisons
légitimes parce qu'il a vécu une histoire vraiment pas agréable.
Mais là on viendrait... Tu sais, ce qui
était la proposition de mon collègue, c'était de l'interdire. Mais là peut-être
ce propriétaire-là, s'il dit : Bien, O.K., je peux accepter, ton animal
semble correct, tu as l'air d'un bon, mais par contre, pour ne pas vivre deux
fois la même chose, j'aimerais ça un dépôt de garantie... Là, ici, on propose
un dépôt de garantie d'un mois. Actuellement, c'est interdit, il ne pourrait
pas faire ça. Puis c'est vrai que ça se fait parce que c'est des propriétaires
d'animaux qui, eux, l'offrent aux propriétaires. C'est eux qui vont de l'avant
puis qui disent : Je t'offre un dépôt garanti. Et, dans ce cas-là, c'est
légal, mais le propriétaire qui dit : Moi, j'aimerais ça, là, te l'offrir,
mais je ne le ferai pas s'il n'y a pas quelque chose en échange, un dépôt de
garantie, là, ce n'est pas légal, il ne peut pas le faire.
• (18 h 30) •
Alors, ma suggestion ici, c'est de venir
le permettre dans le cas précis d'un animal de compagnie. Alors, c'est très,
très précis. Si on n'ouvre la porte à autre chose que ça, mais ça ouvrirait,
dans le fond, ça... peut-être. Je pense qu'il y aurait plus de locateurs qui
seraient prêts à accepter des...
18 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : ...les animaux de
compagnie que ce qu'on voit présentement, même s'il y en a beaucoup, là, qui
les acceptent, mais, tu sais, on le voit dans les syndicats de copropriété, là,
on est... ce n'est pas la même chose, mais dans... on le voit de plus en plus.
Tu sais, à Québec, par exemple, moi, j'ai magasiné beaucoup, et il y a
énormément de syndicats de copropriété qui interdisent les chiens, énormément,
et beaucoup même... bien, au-dessus de 20 livres, oubliez ça, là, ça n'existe
pas, il n'y en a presque pas qui les acceptent. Alors, c'est une tendance et
qui pourrait éventuellement mener très loin et... mais on l'a vu avec la
pandémie, il y a de plus en plus de gens qui ont adopté des animaux de
compagnie. Beaucoup ont adopté des chiens puis c'est souvent le chien qui,
malheureusement, est interdit. Les chats, c'est moins fréquent, mais ça arrive
aussi. Bref, il ne faudrait pas qu'on s'en aille trop loin là-dedans parce qu'il
y a une réalité, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens qui sont des
propriétaires d'animaux puis ils en ont besoin, c'est bon pour le moral. On a
parlé des problèmes de santé mentale dans les dernières années, un animal, ça
aide à ça. Donc, c'est une question, tu sais, aussi de santé publique, mais il
y a l'autre envers, l'autre enjeu qui est la cohabitation puis les dommages que
ça peut entraîner dans certains cas. Bref, c'est une proposition de le
permettre, mais pour l'adoption d'un animal de compagnie.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les explications. Est-ce qu'il y a des questions suite au dépôt?
Mme Duranceau : Bien oui, je
vais avoir des questions. Je ne suis pas contre l'idée, honnêtement, j'aime ça.
Encore là, tu sais, il y a une négociation entre les parties, tu peux dire oui,
tu peux dire non, tu peux dire oui, mais avec un dépôt, ça fait que ça tient la
route.
Juste peut-être... Effectivement, on n'en a
pas encore au Québec. Je pense que ça se fait, là, demander des dépôts, bien
que ce ne soit pas permis par la loi, mais comme vous le disiez, les locataires
l'offrent dans certains cas. Ce qu'on comprend, c'est qu'ailleurs, quand il y a
des dépôts comme ça qui sont demandés, il y a souvent des litiges sur le...
est-ce que le dépôt va être remis, puis tout ça? Est-ce que vous avez réfléchi
à cet aspect-là, ou qu'est-ce que vous avez à offrir comme commentaires sur ce
sujet-là?
Mme Dufour : Oui, bien, c'est
vrai que ça a été regardé, discuté. Il y a différentes options, ça peut être
géré par le TAL, mais ça m'apparaît un peu compliqué. Tu sais, là on l'a fait
au plus simple, là, on l'a fait au plus simple, mais il y aurait peut-être
moyen de le préciser davantage. C'est sûr que nous, on n'a pas une armée de
légistes derrière nous quand on écrit les amendements, là, donc c'est possible
qu'il manque certains éléments et puis il est certainement perfectible, l'amendement,
mais, tu sais, je pense qu'il y a moyen de le gérer. Pour avoir vécu à l'étranger,
là, ça se gère ailleurs. Généralement, en tout cas, moi, ce que j'ai vu, c'était
géré entre le propriétaire et le...
Mme Duranceau : De bonne foi.
Mme Dufour : Oui, de bonne
foi, exactement, parce que, bien, c'est ça, ça nous a été proposé, là, de
remettre ça au niveau du TAL, il y a eu une autre proposition.
Mme Duranceau : Un fonds.
Mme Dufour : Un fonds. Mais c'est
complexe, là, c'est complexe. Donc, de bonne foi. Puis après ça, bien, c'est...
évidemment, s'il n'est pas retourné, là c'est le TAL qui gérerait le litige,
là, ça va de soi, comme tout autre élément, là, tu sais, si le loyer n'est pas
payé, si... tu sais, il y a toutes sortes de choses qui vont être gérées par le
TAL quand il y a un... mais la majorité des cas vont se gérer facilement, de
bonne foi : Je t'ai donné un dépôt de garantie, mon bail est terminé, je
te remets le logement en bon état, tu me redonnes mon dépôt. Tu sais, si quelqu'un
doit courir après son dépôt, bien, il peut aller au TAL pour l'obtenir.
Mme Duranceau : C'est ça. Tu
sais, ce qu'on comprend, c'est qu'ailleurs, il y en a beaucoup de ça, là, de
gens qui retournent parce qu'ils ne l'ont pas eu, mais moi, je pour la
discussion entre les parties.
Mme Dufour : Oui. En fait, tu
sais, actuellement, le Québec est la seule province qui n'a pas ce concept-là,
là, le dépôt de garantie, mais comme je dis, je ne veux pas l'ouvrir à tous,
moi, je le propose vraiment dans cette optique-là parce qu'il y a un enjeu
réel. Il faut qu'on puisse accueillir plus d'animaux de compagnie dans les
logements et, actuellement, il y a de plus en plus de fermeture, ça, c'est
vrai, ça, c'est vrai. Donc, moi, je suis ouverte à le suspendre s'il faut le
corriger, s'il faut...
Mme Duranceau : Oui, bien, je
pense qu'on voit des modifications qui pourraient être proposées sur la
rédaction, là, évidemment aussi à valider de notre côté, là, au niveau
ministère de la Justice, là, vu que c'est le Code civil. C'est ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Avant
de... Enfin...
M. Fontecilla : ...à titre
de... pour entamer cette discussion-là. Il faudrait que, comme législateur, on
soit... on connaisse bien comme il faut, là, les recours d'un locateur dont son
bien, son logement a été endommagé par un locataire. On entend souvent,
régulièrement, parmi les histoires d'horreur, là, faire ressurgir les cas des
locataires qui ont été négligents et qui ont endommagé... beaucoup, souvent...
bien, souvent... d'après ce qu'on voit dans certains journaux qui se spécialisent
dans ces nouvelles-là... endommagé sérieusement un logement, là. Et moi,
j'aimerais savoir, là, si c'est... et on est invités à légiférer sur cette
situation-là... j'aimerais savoir si on traite soit... tout d'abord, de
l'anecdotique, ou une situation généralisée, parce que, comme législateur, il
me semble qu'on ne doit pas légiférer sur un événement qui... des événements
qui pourraient être très minoritaires dans l'ensemble de la situation.
Mais avant d'y arriver, là, la question
que je poserais à la ministre et peut-être aussi à Me Simard, là, c'est à
savoir : Quels sont les recours d'un locateur qui a vu son bien endommagé
par un locataire, soit par un animal de compagnie ou soit pour une autre
raison, là? Est-ce qu'il y a des recours en ce moment, là? En vertu de quels
articles du Code civil? Et quelles sont les procédures existantes, à ce
titre-là?
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
maître...
Mme Duranceau : Oui. M. le
Président, j'aimerais demander au président du TAL de commenter. On a de
l'information à fournir sur ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci.
Alors, le code prévoit que le locataire doit remettre le logement dans le même
état qu'il était au moment où il en a pris possession, hormis, évidemment,
l'usure normale. Alors, dans la mesure où cette obligation n'est pas
respectée... Prenons le cas de figure parce qu'il y a eu des dommages...
présence d'un animal. Alors, le locateur peut rechercher les dommages-intérêts
qui sont équivalents aux travaux qu'il doit effectuer, donc obtenir jugement
pour obtenir le remboursement de ces travaux-là.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Donc, si je
comprends bien la réponse de Me Simard, le locateur doit apporter des
preuves, je ne sais pas, s'il y a des murs endommagés par un chien, comme quoi,
bien, il y a des factures d'un entrepreneur qui a effectué un travail de
réparation ou, etc. Donc, le recours existe, pour le propriétaire, pour
récupérer son... les dommages qui... en tout cas, les montants correspondant
aux dommages effectués par un animal de compagnie, et pas nécessairement pour
un animal de compagnie, pour tout autre dommage, là. Donc, le propriétaire...
Donc, en quelque sorte, le propriétaire peut obtenir réparation en ce moment.
Il me semble que, dans ce contexte-là, on n'a pas besoin de recourir à une
mesure, quand même, assez controversée, au Québec, à tout le moins, là, qui est
le dépôt de garantie, là, donc.
D'autre part, une fois ceci établi, est-ce
que... la question qu'on peut aussi se poser, c'est la question de l'usage
normal versus un usage négligent. Par exemple, un plancher en bois, un jour, il
finit par s'user, puis, un jour, on doit le changer, n'est-ce pas, ou on doit
le polir... Je suis moins familier, là, dans les travaux, mais il y a l'usage
normal, puis il y a l'usage qui suscite de la négligence. Comment... Encore une
fois, une question qui s'adresse peut-être à Me Simard : Comment le
propriétaire peut faire la différence entre un usage normal et un usage qui
n'est plus normal?
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre ou M. Simard.
Mme Duranceau : Oui,
Me Simard.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Me Simard.
Mme Duranceau : Un usage
normal ou plus normal.
• (18 h 40) •
M. Simard (Patrick) : Je
répondrai en vous disant qu'encore une fois là... c'est malheureux, là, de
donner un peu cette réponse-là, mais chaque cas devant le tribunal est analysé
en fonction des faits qui sont présentés. J'espère que ça donne au moins un
élément de réponse. Mais ce qui est normal, c'est que, par exemple, on a
utilisé des planchers en marchant sur les planchers. Est-ce qu'il serait normal
cependant qu'il soit rayé...
M. Simard (Patrick) : ...Deux
ou trois centimètres de rayures, le tribunal pourrait peut-être se poser la
question pour arriver peut-être à la conclusion que ce n'est pas un état dans
lequel on aurait dû s'attendre à recevoir le bien à la remise. Alors, ça dépend
vraiment du contexte. Chaque élément de l'appartement est évidemment
susceptible d'être utilisé, alors les juges sont en mesure d'apprécier
qu'est-ce qu'une utilisation normale peut amener comme conséquences puis de le
constater à même peut-être des photos qui démontreraient autre chose, tout
simplement, que la connaissance judiciaire que le tribunal a. Il faut se
rappeler que le TAL est un tribunal spécialisé, donc en ces matières-là, on a
des milliers de dossiers par année, alors chaque cas est analysé à la lumière
des faits qui nous sont présentés, avec la connaissance que les juges ont de
chacune de ces particularités.
Le Président (M. Schneeberger) : Député
de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui, merci,
M. le Président. Ceci étant dit, deux remarques concernant cet amendement-là.
Évidemment, il y a différents types d'animaux qui ont différents types de
comportement, et on entend beaucoup parler des cas des chiens. Souvent, les gens
vont dire : Ah! mais les chats, c'est différent, mais on entend aussi
parler de cas problématiques avec les chats, et ainsi de suite. Chaque animal
peut susciter des dommages, là. Mais ici, on vient... et il y a des animaux
qui, bon, ils ont peu de chance de susciter des dommages, mais on ne sait
jamais, je ne sais pas, un oiseau, par exemple, mais ici, on vient établir une
règle très générale qui concerne l'ensemble des animaux de compagnie.
Et, deuxième élément, c'est qu'en ce qui
concerne le dépôt de garantie, dans les endroits où ça a été implanté, ça a été
dit, mais j'aimerais réitérer cette situation-là, ça suscite énormément de
conflits, au point où, selon les informations dont je dispose, là, c'est
presque le principal motif de litige entre locateurs et locataires,
c'est-à-dire la récupération de ces mois de garantie. Et, des fois, dans
certaines juridictions, ça peut aller à plusieurs mois, et donc ça constitue
des sommes substantielles qui suscitent beaucoup, beaucoup de litiges, là.
Et, si je peux me permettre, dans la
formulation, tel qu'il est formulé par ma collègue des Mille-Îles, là, c'est
finalement le fait ou... Le fait de remettre ou ne pas remettre le dépôt de
garantie, il revient... la responsabilité, ou... ça revient complètement au
propriétaire, au locateur, qui a la liberté absolue de dire : Bien non, je
pense qu'il y a des dommages qui doivent être réparés, donc je garde ce
montant-là, qui, encore une fois, des fois, peut être substantiel.
Et, dernier élément, M. le Président, qui
me paraît fondamental, c'est qu'un dépôt de garantie constitue un obstacle de
taille à l'accessibilité à un logement, surtout pour les populations à plus
faibles revenus qui doivent, surtout dans le contexte actuel, là, payer des
loyers très élevés. Leur demander un mois supplémentaire, un mois
supplémentaire, ça me parait complètement... Ça ne me paraît pas approprié dans
le contexte de la crise du logement. Et, surtout si ces montants-là, il
appartiendra au propriétaire de décider si, à la fin du bail, lui, revient ou
pas, là. C'est comme... Donc voilà, pour toutes ces raisons-là, moi je pense
qu'il n'est pas pertinent d'adopter ce dépôt de garantie là. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : oui.
Alors, merci. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci.
Alors d'abord, le premier élément, à savoir s'il y a des cas au TAL pour des
logements qui n'ont pas été remis en bon état et s'il y a moyen actuellement de
récupérer des sommes si ça a été laissé en mauvais état, c'est peu pertinent
dans le cas qui nous concerne parce que c'est vraiment... La question est de
permettre un dépôt de garantie pour les animaux, une demande de dépôt de
garantie pour les animaux. Et c'est... et donc, il n'y a pas vraiment de lien
entre les deux, là. Ça ne change pas le fait qu'actuellement il y a des cas où
il peut y avoir des dommages, certes, mais l'enjeu, c'est tous les cas où ce
n'est plus permis d'avoir des animaux. Et c'est à ça qu'on répond ici. Et là,
c'est ça, à part d'interdire l'interdiction des animaux, il n'y a pas d'autre
solution offerte par le député Laurier-Dorion pour...
Mme Dufour : ...favoriser
l'accès à des logements pour ceux qui sont propriétaires d'animaux de
compagnie, devant... devant la... la hausse de logements qui l'interdisent.
Donc, si c'est une solution qui est proposée pour répondre à ce problème-là
précisément, pas les locataires qui laissent en mauvais état leur logement,
c'est plutôt répondre à la crainte qu'il y a une possibilité qu'un animal
laisse un logement en mauvais état.
Ensuite, pour ce qui est... Je comprends
l'enjeu que ça pourrait... Ce n'est pas évident pour bien des gens de payer un
dépôt de garantie, mais, présentement, l'option, c'est de se départir d'un
animal de compagnie. Si le logement ne le permet pas, l'autre option, c'est de
ne pas avoir d'animal de compagnie. Est-ce que c'est mieux? Il y a des gens, je
pense, qu'ils vont préférer pouvoir payer ce dépôt de garantie là et garder
leur animal. Mais avoir un animal, en passant, ça coûte cher. Si on est
propriétaire d'un animal, ça coûte cher. Et donc, à la base, si on a un animal,
on devrait avoir les moyens de le nourrir, d'assurer ses soins de base chez le
vétérinaire. Et plus l'animal est grand, plus que ça coûte cher. Je peux
témoigner d'expérience. Et même on devrait, même, tous, aujourd'hui, avoir une
assurance pour nos animaux de compagnie. Donc, à la base, si on est très, très,
très pauvre, est-ce qu'on va être capable d'avoir un animal de compagnie, s'en
occuper, vraiment, dans tout son cycle de vie? Je pose la question, mais il
faut pouvoir donner une option. Alors, cette option-là, et c'est une... c'est
une des options.
Ensuite, il n'y a pas d'obligation de
l'accepter non plus. Il y a toujours la possibilité de dire non, de se départir
d'un animal, mais ça donne une option supplémentaire qu'on pense qu'il y a
quand même quelques propriétaires qui prendraient cette option-là, qui
ouvrirait la porte à accueillir des animaux de compagnie, une porte qui,
actuellement, est fermée. Ce n'est pas possible, dans plein d'endroits, d'avoir
des animaux de compagnie.
Ensuite, pour ce qui est du dépôt de
garantie, comment le récupérer? Je l'ai dit tout à l'heure, il est certainement
perfectible, l'amendement, il y a sûrement moyen de l'écrire de façon à ce que
ce soit clair, qu'il n'y ait pas d'enjeu là-dessus. J'entends... j'entends
qu'il y a des gens qui ont de la difficulté, dans d'autres juridictions, à
récupérer un dépôt de garantie. Moi, pour l'avoir vécu, avoir payé un dépôt de
garantie quand je vivais à l'étranger, il n'y a pas eu d'enjeu, ça a été
simple, ça s'est fait de bonne foi. Maintenant, si on veut que ça soit plus
encadré, aucun... je n'ai aucun enjeu à ce que ça soit modifié, l'amendement,
puis qu'on le précise. Puis c'est pour ça que je suggérerais qu'on le suspende,
le temps que ce soit analysé puis regardé, pour s'assurer d'attacher toutes les
ficelles, mais, pour moi, en tout cas, je pense que c'est une option
supplémentaire pour ceux qui voudraient ouvrir la porte mais qui, actuellement,
ont peur de le faire aux animaux.
Le Président (M. Schneeberger) : Si,
j'ai bien compris vous souhaitez retirer...
Mme Dufour : Non, pas le
retirer, pas le retirer.
Le Président (M. Schneeberger) : Ou
suspendre l'article, suspendre l'article. Excusez-moi, ce n'était pas le bon
terme.
Mme Dufour : Si c'est
accepté, là, de le suspendre le temps qu'il soit analysé, regardé, puis d'y
revenir pour le voter ultérieurement ou le modifier si nécessaire, là.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.
En regardant la ministre, je pense que c'est oui.
Mme Duranceau : La ministre
est d'accord pour suspendre, analyser puis qu'on en rediscute, sans problème.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, on va suspendre l'article. Parfait.
Mme Dufour : Mais je veux
peut-être juste... juste conclure, là, qu'à défaut d'avoir quelque chose comme
ça, comme solution, là, l'alternative, là, c'est le statu quo actuel, c'est la
situation actuelle, où on voit de moins en moins de logements qui acceptent les
animaux. Il faut en être conscient, là, c'est ça, la conséquence de ne pas
aller faire quelque chose comme ça actuellement.
Le Président (M. Schneeberger) : O.K.,
parfait. Parfait.
Mme Duranceau : O.K., bon, M.
le Président.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
alors là nous allons changer de bloc.
Mme Duranceau : Tout à fait.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors
là, le bloc, je vais le lire, c'est : améliorer l'efficacité de
l'intervention du tribunal administratif du logement et offrir une meilleure
accessibilité à la justice. Alors, nous allons commencer par l'article
numéro 24.
• (18 h 50) •
Mme Duranceau : Oui, merci,
M. le Président. Alors, l'article 24, c'est dans la loi sur le tribunal
administratif du logement : L'article 9.1 de la loi sur le tribunal
administratif du logement est modifié pour... par le remplacement de «deux» par
«des».
Donc, l'article 24 du projet de loi
modifierait l'article 9.1 de la loi sur le tribunal administratif du
logement afin de permettre au gouvernement de nommer plus de deux
vice-présidents parmi les...
Mme Duranceau : ...membre du
TAL.
Alors, bien, écoutez, c'est... je pense,
ça le dit, là, permettre la nomination de vice-présidents selon les besoins. En
ce moment, d'un point de vue gestion, bien, c'est très, très restrictif. Il
faut aller dans la loi pour faire approuver la nomination d'un vice-président.
Donc, on veut... on veut juste assouplir. On ne veut pas que ça soit limité à
deux, premièrement, on veut que ça soit «des». Et évidemment ça, c'est
approuvé... ultimement, ça doit remonter à la ministre, ça?
Une voix : ...
Mme Duranceau : Conseil des
ministres. Donc, on ne verra pas une multiplication du nombre de
vice-présidents au TAL, là, sans fin, du moins sans que le Conseil des
ministres puisse statuer de la... sur la pertinence d'en avoir un de plus, deux
de plus.
Donc, c'est la proposition qui est faite.
C'est pour offrir de la flexibilité sans lier le gouvernement quant à un nombre
minimum ou maximum. Alors, voilà.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, la députée de Mille-Îles, oui.
Mme Duranceau : Ce qui est le
cas des autres tribunaux aussi.
Le Président (M. Schneeberger) : Comment?
Pardon?
Mme Duranceau : Je voulais
juste ajouter. C'est : À l'instar d'autres tribunaux administratifs, le
gouvernement devrait avoir l'opportunité de nommer le nombre de vice-présidents
qu'il juge nécessaires sans être lié par un nombre minimal ou maximal. Donc, on
vient juste aussi rendre ça cohérent entre les différents tribunaux
administratifs.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
merci beaucoup pour les explications. Députée de Mille-Îles, vous avez des
questions?
Mme Dufour : Des
commentaires, oui, quelques-uns même. Écoutez, je l'ai dit assez souvent, je
viens de la ville de Laval, j'ai été huit ans au comité exécutif et je dois
vous dire que les groupes qui font des représentations... Tu sais, le comité
exécutif d'une ville, c'est l'équivalent du Conseil des ministres, O.K., pour
le gouvernement, et j'ai vu des fonctionnaires, des hauts dirigeants être très,
très, très convaincants sur la nécessité d'ajouter des postes de cadre. Et je
dois dire qu'au cours des huit ans il s'est ajouté beaucoup plus de postes de
cadre que... en proportion de la structure. Et ça a fait en sorte que la ville
a peut-être... disons, au niveau des cadres, a peut-être pris trop d'ampleur de
ce côté-là. Et ça, c'est un enjeu, je vous dis. Puis, tu sais, on parle que là,
actuellement, on s'en va vers... peut-être qu'il va falloir faire attention aux
dépenses, on parle beaucoup dans les villes, mais c'est la même chose dans les
institutions gouvernementales. Et moi, quand je vois ça, ce que je vois,
c'est : Bien, on va rajouter une vice-présidence, peut-être même deux.
Et là je voudrais souligner que le salaire
d'un vice-président, c'est presque l'équivalent de trois personnes au TAL.
Donc, en 2021, c'était un salaire qui a été voté, je ne nommerai pas la
personne, mais on a la décision ici, c'était 170 000 $, là, tu sais,
je l'arrondis, c'était 170 000 $. C'était en 2021. Donc, c'est sûr
qu'aujourd'hui c'est plus élevé que ça, là. Ça représente quand même... quand
même plusieurs personnes sur le terrain, mais... en termes de salaire, mais
actuellement on a besoin de personnes sur le terrain pour réduire les délais du
TAL.
Donc, je me pose la question si, à ce
moment-ci, c'est pertinent d'ajouter une nouvelle fonction de cadre, quand on
risque de voir des... peut-être des compressions budgétaires dans certains...
Ça va être plus difficile dans les années à venir. Puis là, bien, en ajoutant
cette fonction de cadre là, bien, est-ce qu'on va amputer des possibilités
d'ajouter des ressources, alors que, dans le fond, on a besoin d'investir pour
réduire les délais?
Je comprends, j'ai entendu M. Simard dire
que les délais étaient meilleurs, et ça peut... ça peut se voir, là, dans les
rapports annuels. Par contre, il y a encore... il y a encore des délais quand
même imposants dans certains cas, là. Quand on regarde, tu sais, les...
fixation de... tu sais, de loyer, on est encore dans des moyennes de sept mois,
au-dessus de sept mois, fixation de loyer. C'est quand même élevé, là, quand on
est un locataire ou un locateur qui attend une décision. Donc, tu sais, un
bail, c'est 12 mois, là. Ça fait que c'est quand même... c'est 60 %...
70 %... 60 %, mettons, de l'année en attente. On a le temps de
déménager puis... avant d'avoir une réponse.
Ça fait que, bref, il y a un enjeu à ce
niveau-là que moi, je vois. Puis, comme je vous ai dit, tu sais, j'ai compris
la ministre qui dit : Bien, ça va venir, ça va être approuvé par le
Conseil des ministres, mais... ça va être très convaincant, ça va être très...
Mme Dufour : ...le nouvel
organigramme que vous allez recevoir, puis je l'ai vécu plus qu'une fois et...
On a rajouté à mon avis beaucoup trop de cadres à Laval à l'époque. Puis là
j'ai peut-être des collègues qui vont m'écouter, ils vont dire : Eh!
pourquoi tu dis ça? Mais c'est la réalité. En proportion, il y a eu plus de
cadres qui se sont ajoutés que de gens sur le terrain, ceux qui font le
travail, tu sais, auprès des citoyens. Donc, il ne faudrait pas que ça soit la
même chose qui arrive ici. Alors, pour cette raison-là, moi j'ai un malaise, en
toute franchise, de voir ça ici comme proposition.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
pour les commentaires. Est-ce qu'il y a d'autres... Député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Oui. Merci,
M. le Président. Écoutez, moi, j'aurai besoin de davantage d'informations pour
me prononcer. Ça peut... Il peut être tout à fait pertinent et justifié
d'ajouter des vice-présidents à un organisme tel que le Tribunal administratif
du logement, mais j'aimerais connaître les raisons, là. Là, on est en train...
C'est un peu, comment dire, particulier. On est en train de traiter dans le...
bien, c'est la Loi sur le tribunal administratif du logement pour quelque chose
qui est quand même, dans l'absolu, une question de régie interne. Je ne sais
pas si en commission parlementaire, on devrait rentrer aussi dans le détail,
mais nous y sommes. Puisqu'il faut changer la loi, il faut poser des questions.
Donc, la question est : Pourquoi deux
vice-présidents? Parce qu'on s'entend, là, c'est changer «deux» par «des», donc
au-delà de deux, deux vice-présidents, là. Donc, la question que je poserais à
la ministre, là : Pourquoi on a besoin d'avoir plus que deux vice-présidents
au Tribunal administratif du logement, là?
Mme Duranceau : Oui. Bien...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Merci. Donc,
changer «deux» par «des», ça veut juste dire que c'est un ou plus, O.K.? Puis
actuellement, il y en a juste un. C'est que là, comme vous l'avez très bien dit
d'ailleurs, c'est une affaire de régie interne, honnêtement. Bien, si jamais on
devait... Par exemple, on a parlé des RPA, O.K., puis qu'il faut qu'on revoie
le régime, bien là, si on devait revoir certaines choses, puis avoir... Ou même
au niveau des copropriétés, revoir certaines choses puis donner plus de travail
ou de... pas «de travail», mais de responsabilité ou de compétence au TAL, bien
là, peut-être que ça nécessiterait un vice-président de plus pour chapeauter
cette division-là. Mais là, je serais obligée de retourner dans la loi pour
changer ça, alors que c'est une affaire de régie interne. Donc, moi, c'était
ça, l'idée, c'était d'avoir la flexibilité, je ne crée pas un précédent, je
n'invente rien de plus parce que les autres tribunaux administratifs jouissent
de cette latitude-là, donc on vient donner la même latitude.
Je partage la préoccupation, là, de notre
collègue des Mille-Îles. C'est sûr qu'on ne veut pas créer un empire, puis
augmenter le nombre de fonctionnaires à ne plus finir. Mais je pense que, comme
je l'ai dit, il y a un processus aussi, là. Quand on veut nommer un
vice-président comme ça, premièrement, c'est le secrétariat aux emplois
supérieurs qui est saisi du dossier. Ensuite, de ça, c'est présenté au
ministre. Avant même d'être présenté au ministre, il y a le Conseil du trésor
puis il y a le ministère des Finances qui doivent approuver le TC et les heures
rémunérées. Après ça, ça va être présenté au ministre. Après ça, ça remonte au
Conseil des ministres. Alors, ce n'est pas comme c'est quelque chose qui va se
multiplier sans qu'on s'en rende compte, là. Je pense qu'il va falloir que ça
soit attaché à un contexte. S'il y avait des restrictions budgétaires, bien,
écoutez, c'est des mandats de cinq ans aussi, donc on n'est pas pris avec ça
pour des 20 ans ou, tu sais, sans fin, c'est restreint à des mandats de
cinq ans. Donc, si, pour différentes considérations... d'un maximum de cinq
ans. Si, pour différentes considérations, il fallait réduire la masse
salariale, on va être capable.
• (19 heures) •
Alors, moi, c'est vraiment toute ma
logique. Puis vous allez voir les articles de loi qu'on se prépare à regarder,
là, les modifications, c'est toujours dans une perspective d'agilité, puis
d'agilité qu'on n'a pas ni à la SHQ ni au Tribunal administratif du logement.
Puis ça nous a mal servis dans les dernières années. Tu sais, à preuve, là, on
a été dans un carcan beaucoup trop rigide, puis là, on essaie, à travers ce
projet de loi là, d'aller chercher l'agilité qu'on n'avait pas pour être plus
efficaces, mieux servir...
19 h (version non révisée)
Mme Duranceau : ...les
citoyens au niveau du TAL puis, au niveau de la SHQ, livrer plus vite ce qu'on
a à livrer. Ça fait que c'est dans cette optique-là, là mon... mon état d'esprit,
c'est dans cette optique-là, les modifications. Je comprends qu'ils peuvent
susciter des questions, mais c'est ça, la logique.
Le Président (M. Schneeberger) : M.
le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : En effet, je
vois un peu le cheminement, là, pour obtenir un nouveau poste. Ça semble assez
rigoureux, mais, en même temps, on connaît, comment dire, la tendance
structurelle des machines bureaucratiques, là, sans être péjoratif, là, à
gonfler. C'est une réalité qui existe ici et partout ailleurs, là. Et souvent,
ça gonfle... ça commence par gonfler tout en haut, là, et c'est, comment dire,
une tendance qui est difficile de contrôler. Il faut être très très vigilant à
ce titre là.
Mais ce que je comprends de Mme... des
explications de Mme la ministre, là, c'est que cette modification-là ne vient
pas, comment dire... ne répond pas à un besoin qui est identifié aujourd'hui,
mais plutôt à un critère, un critère général, qui est celui de se doter de la
possibilité d'engager des ressources dans ce cas-ci, des vice-présidents, pour
obtenir davantage d'agilité en termes de dossiers. Ça peut être les RPA ou ça
peut être un autre dossier, là, mais ça ne correspond pas à une nécessité que
vous avez identifiée maintenant.
Mme Duranceau : Bien là,
comme je dis... puis on n'a pas touché à ça, ces règles-là, depuis 40 ans.
Là, on fait un projet de loi puis on met à jour, puis on revampe un peu le
contexte à l'intérieur duquel on va être capable d'opérer. Alors, c'est dans
cette perspective-là que le changement est fait. J'ai énuméré des cas où on
pourrait donner des compétences additionnelles au TAL, on n'est pas là
nécessairement, mais c'est des choses qu'on peut regarder. Alors, on aura la
flexibilité à ce moment-là d'avoir un VP si on en a besoin d'un. Je ne crée pas
de précédent. Les autres tribunaux administratifs jouissent d'un libellé qui
est le même dans leur loi pour nommer qui ils ont besoin de nommer, là, au
niveau de la régie interne. Donc, ce n'est pas pour un besoin spécifique
maintenant, c'est pour, comme je dis, l'agilité.
Par ailleurs, un vice-président pourrait
par ailleurs être déjà un employé du TAL à titre de juge, mais il va cumuler
deux fonctions parce que, bon, il est capable d'en prendre plus sur des tâches
administratives. Puis, c'est ça, ça se voit dans d'autres tribunaux. Donc, c'est
cette agilité-là aussi qu'on va permettre.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça? Parfait. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Oui, députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Bien, en
fait, la ministre vient de soulever un doute. Il me semble, j'ai lu dans la loi
sur le TAL que ça devait être un poste à temps plein. Je le cherche, là, parce
que je viens de le lire. Je vais faire une petite recherche.
Une voix : C'est l'article 9.2.
Mme Dufour : 9.2. Oui, c'est
ça. Le président et les vice-présidents doivent exercer leurs fonctions à temps
plein. Alors, ça ne peut pas être un juge qui exerce en même temps la fonction
de juge.
Mme Duranceau : Bien, je vais
référer la question au président du Tribunal administratif du logement qui, là,
pourra préciser. Je n'ai pas inventé ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Me
Simard.
M. Simard (Patrick) : Merci, M.
le Président. Alors, avant d'avoir une fonction administrative, donc d'être
désigné, dans mon cas, président ou, dans d'autres cas, vice-président, il faut
à la base être un juge du TAL. C'est une fonction administrative qui s'ajoute.
Mme Dufour : O.K., d'accord.
Mais à ce moment-là, pourquoi l'article 9.2 dit que ça doit être une
fonction à temps plein d'être vice-président ou président? Est-ce que je
comprends que vous êtes encore juge...
Mme Duranceau : Absolument.
Mme Dufour : ...en fonction
et que vous plaidez des causes?
M. Simard (Patrick) : Un juge
ne plaide pas.
Mme Dufour : Pas plaider,
excusez, entendez des causes.
M. Simard (Patrick) : Mais,
ceci dit, mon occupation du temps ne me le permet pas, mais, techniquement, je
peux le faire, absolument. Et ma vice-présidente le fait actuellement. Celle
qui s'occupe de l'adjudication le fait à l'occasion, lorsque requis. Avant
elle, un autre vice-président que j'avais, je vous dirais qu'il devait faire à
peu près 75 % de son temps à siéger dans des cas particuliers, dans des
cas de coordination notamment, mais il demeure un juge en fonction qui entend
aussi des causes lorsque je requiers que ce soit fait ainsi.
Mme Dufour : O.K. À quoi sert
d'abord la clause 9.2 de la loi sur le TAL?
M. Simard (Patrick) : Parce
que les juges à la base peuvent être temps plein ou temps partiel, mais un vice-président
ou un président...
M. Simard (Patrick) : ...pas
cette option-là, il doit être à temps plein. Alors, quelqu'un qui est à temps
partiel chez nous comme juge ne pourrait pas exercer une fonction administrative,
alors que, s'il n'avait pas de fonctions administratives, il pourrait être à
temps partiel, comme j'ai quelques juges à temps partiel en ce moment. Alors,
ce que 9.2 dit, c'est que, pour être dans un poste d'administration de
président ou de vice-président, on ne peut pas être à temps partiel, c'est des
fonctions à temps plein.
Mme Dufour : O.K. Mais ce
n'est pas une fonction de vice-président à temps plein?
M. Simard (Patrick) : C'est
que la fonction de vice-président, effectivement, n'a... En fait, si vous
qualifiez ça d'une fonction administrative à temps plein, la réponse, c'est
non, effectivement, il n'a pas à être administrateur du tribunal à mes côtés à
temps plein.
Mme Duranceau : Il doit par
ailleurs avoir un poste temps plein au sein du tribunal à titre de juge ou de
greffier ou je ne sais pas.
Mme Dufour : O.K., mais un
juge, tu sais, en terme salarial, là, en comparaison avec un poste de
vice-président, là, je l'ai dit tout à l'heure, là, c'était 170 000 en 2021,
là, la dernière date... en tout cas, la nomination que nous, on a retrouvée, un
juge, ça se situe à quel niveau, le salaire par rapport à... s'il est à temps
plein, je veux dire, là.
Le Président (M. Schneeberger) : Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Oui, le
juge, vous l'avez annoncé, là, actuellement, c'est 169 000 $ et
quelque chose, on arrive à 170 000 $.
Mme Dufour : Ça, le montant
que je vous parlais, c'était une vice-présidente.
M. Simard (Patrick) : D'accord,
je pourrais vous le vérifier, là, je ne l'ai pas sous les yeux, là.
Mme Dufour : Est-ce qu'il y a
une différence entre un poste...
M. Simard (Patrick) : Assurément.
Et ceux et celles qui exercent les fonctions, je vous dirais qu'on ne fait pas
ça pour ça, parce que le niveau de responsabilité qui vient avec, la charge de
travail supplémentaire, parce qu'on demeure juge malgré tout. Est-ce que ça
vaut le coup? Je ne pense pas qu'il n'y personne qui fait ça pour la
rémunération.
Mme Dufour : Mais c'est un
questionnement, parce que c'est sûr que, là, si les vice-présidents sont à
temps partiel et que, finalement, bien, il n'y a que... C'est ça, tu sais,
qu'il faut plus de vice-présidents parce que, dans le fond, les vice-présidents
sont actuellement à temps partiel, tu sais, dans leurs fonctions, bien... vous
avez mentionné une juge qui entend des causes, là. Je ne sais pas quel
pourcentage de sa tâche ça représente, mais, tu sais, est-ce que le fait que,
tu sais, si on dégage... si chacun des vice-présidents, bien, ils entendent des
causes, bien, il manque de temps pour faire leur travail de vice-président, et
donc, là, ça implique d'avoir peut-être besoin de plus de vice-présidence,
effectivement.
Le Président (M. Schneeberger) :
Me Simard.
M. Simard (Patrick) : Je
serais tenté de vous dire que l'administration que je fais depuis six ans
démontre qu'il n'y a pas personne qui manque à ses obligations de faire
progresser la performance du tribunal, bien au contraire. Mais pour vous dire,
juste pour peut être qu'on se comprenne mieux sur le vocabulaire, à la base,
nous sommes membres du tribunal, donc juges, et nous exerçons des fonctions
administratives, alors le vice-président se voit attribuer des fonctions
administratives par délégation du président.
Actuellement, il y a une vice-présidente
qui se voit déléguer les pouvoirs et les responsabilités du président.
Remarquez que, généralement, j'ai la responsabilité qui demeure quand même, là,
mais les pouvoirs du tribunal, par exemple, dans la coordination du travail des
juges, alors c'est ce qu'elle fait en ce moment. Donc, c'est un pouvoir
délégué. C'est ce que permet la désignation d'un ou d'une vice-présidente avec
un mandat administratif, c'est d'avoir, je dirais, les coudées franches, l'autorité
pour agir dans certaines sphères où est-ce qu'on va par exemple, je viens de le
dire, là, coordonner les rôles, attribuer une charge de travail particulière à
un juge en particulier par rapport à l'ensemble du groupe également. Donc,
cette fonction-là, elle s'exerce en surplus de la fonction d'être juge. Et,
bien voilà, c'est la réponse que je peux vous offrir.
Mme Dufour : O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça va? Député de Laurier-Dorion.
• (19 h 10) •
M. Fontecilla : On vient
d'apprendre qu'en ce moment il y a une seule vice-présidence. Donc, la loi
permet jusqu'à présent d'aller jusqu'à deux. Et là, par le changement à des
vice-présidents, on pourrrait dépasser même deux. Mais, très bien, moi, je...
comment dire, je partage la nécessité d'avoir un certain niveau de flexibilité
et d'agilité dans les organisations. Mais vous avez en ce moment la liberté,
Mme la ministre, de nommer... parce que je suppose que c'est vous la ministre
responsable, de nommer une autre personne à la deuxième vice-présidence. Donc,
vous avez de la marge de manœuvre avec la loi actuelle, là. Si je comprends
bien, vous voulez...
M. Fontecilla : ...Aller
au-delà des deux, vous allez à trois, et pourquoi pas quatre? C'est la limite
qui me chicote un peu. Déjà qu'il y a une capacité qui n'a pas été utilisée
jusqu'à présent parce qu'on vient d'apprendre qu'il y a, sur la possibilité de
deux, vous avez déjà une vice-présidence, vous pourrez en nommer une deuxième.
Voilà. Donc, vous vous donnez la possibilité d'aller jusqu'à trois et au-delà,
n'est-ce pas?
Mme Duranceau : Oui, je
me donne la possibilité d'avoir de la flexibilité. On a bien manqué de
flexibilité au niveau de la SHQ puis du tribunal administratif du logement,
puis là, je veux que les services aux citoyens soient rendus efficacement. Ça
ne veut pas dire de multiplier le nombre de personnes, ça dépendra s'il y a des
compétences additionnelles qui sont données au TAL, ça dépendra de
l'organisation du travail. On veut juste avoir la même latitude d'action que
les autres tribunaux. C'est juste ça.
Le Président (M. Schneeberger) : Est-ce
que ça va comme ça? Oui. D'autres questions? Alors, s'il n'y a pas d'autre
question, nous allons soumettre l'article 24 aux voix. Est-ce que
l'article 24 est adopté?
Mme Dufour : ...nominal,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Schneeberger) : oui.
Vote nominal. M. le secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Duranceau, Bertrand?
Mme Duranceau : Pour.
La Secrétaire : Mme Jeannotte,
Labelle?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire : M. Girard,
Lac-Saint-Jean?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Pour.
La Secrétaire : M. Gagnon,
Jonquière?
M. Gagnon : Pour.
La Secrétaire
: Mme
Dufour, Mille-Îles?
Mme Dufour : Contre.
La Secrétaire : M. Fontecilla,
Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Abstention.
La Secrétaire : M.
Schneeberger, Drummond-Bois-Francs?
Le Président (M. Schneeberger) : Abstention.
La Secrétaire : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
l'article 24 est adopté. Nous en sommes maintenant à l'article 26.
Juste... Peut-être juste... Parce qu'on avait l'article 26 et 25, c'est
normal qu'on présente le 26 avant? Dans mon bloc, là, le 26 est avant le 25,
juste pour savoir si c'est voulu.
Mme Duranceau : Bien, je
pense que oui. Là, je vais m'avancer, mais... Non, je vais laisser mon
sous-ministre adjoint s'avancer.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) : Il
n'y a pas de... Bon. Allez-y avec l'article 26. Il est présenté comme ça.
Mme Duranceau : Il est
plus court. Ça fait que l'article 26, c'est : L'article 12 de
cette loi est remplacé par le suivant :
«Le ministre désigne le vice-président
chargé d'assurer la suppléance du président ou d'un vice-président. Si ce
vice-président est lui-même absent ou empêché, le ministre charge un autre
vice-président de la suppléance.».
Donc, l'article 26 du projet de loi
remplacerait l'article 12 de la loi sur le tribunal administratif du
logement, en concordance avec l'article 9.1 de cette même loi tel que
modifié par l'article 24 du projet de loi. Par ailleurs, il permettrait à
la ministre responsable de l'habitation plutôt qu'au gouvernement de désigner
le vice-président chargé d'assurer la suppléance du président ou d'un autre
vice-président. Alors, l'objectif poursuivi de ça, c'est d'assouplir la
procédure de désignation d'un vice-président suppléant en permettant à la
ministre plutôt qu'au gouvernement de le désigner. C'est aussi d'assurer la
concordance avec la possibilité introduite par l'article 24 du PL 31
qu'il puisse y avoir un autre nombre de vice-présidents du TAL que deux. Alors,
encore là, c'est d'offrir la flexibilité organisationnelle voulue au TAL. Et
c'est une disposition qui est prévue pour les autres tribunaux administratifs.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Est-ce qu'il y a des questions? Députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui. Merci.
Juste pour comprendre, parce qu'effectivement on lit, là, l'article 12 du
TAL, on dit qu'il peut déjà être remplacé par le gouvernement, et là, c'est
vraiment, là... Moi, c'est la première fois que je vois ce genre d'article là,
donc juste par ma compréhension, la ministre n'est pas le gouvernement?
Pourquoi il faut qu'on précise «la ministre», et pourquoi «le gouvernement», ce
n'est pas suffisant? Qu'est-ce que ça représente quand on dit «le
gouvernement»? Comment ça se fait actuellement, remplacer un vice-président,
dans le fond?
Mme Duranceau : Ça veut
dire, quand on dit «le gouvernement», ça veut dire...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Je
m'excuse.
Le Président (M. Schneeberger) : Pas
de trouble.
Mme Duranceau : Il faut
que je monte au conseil des ministres.
Mme Dufour : O.K.
Mme Duranceau : Ça fait
que là, ça ajoute trois couches.
Mme Dufour : O.K., O.K.,
O.K. Le gouvernement, c'est le Conseil des ministres, quand on... O.K., ça fait
que, ça, je comprends que ça amène une lourdeur non nécessaire pour ce que
c'est, effectivement.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va comme ça?
Mme Dufour : Oui.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, s'il n'y a pas d'autre question... Oui, vous avez une question?
M. Fontecilla : ...Désigne...
le ministre désigne le vice-président chargé d'assurer la suppléance du
président, c'est... je veux m'assurer de bien comprendre le terme «Suppléance».
Lorsque le président ou le vice-président n'est pas là, il s'agit de le
remplacer momentanément. C'est ça que je comprends?...
M. Fontecilla : ...c'est ça
que je comprends?
Mme Duranceau : Si...
Le Président (M. Schneeberger) : Mme
la ministre.
Mme Duranceau : Si c'est le
vice... Si le... Attendez. C'est si la personne est absente ou empêchée d'être
là, c'est dans ces cas-là.
M. Fontecilla : Donc, est-ce
que c'est une... c'est une nomination momentanée, le temps que la personne....
Mme Duranceau : Oui, oui,
pendant l'absence ou l'empêchement de ladite personne.
M. Fontecilla : Est-ce que
cette... cette... cette notion de provisoire, donc on est vice- président nommé
par la ministre pendant un certain temps, et ensuite ça arrête, est-ce qu'elle
est comprise dans cette rédaction-là? Est-ce que c'est nécessaire?
Mme Duranceau : Bien là, je
ne suis pas trop sûre, là. C'est pendant que dure l'absence ou l'empêchement,
c'est juste... c'est... «Suppléance» : quand quelqu'un est suppléant,
c'est qu'il vient remplacer pendant une période donnée, puis la période donnée
est définie par l'absence ou l'empêchement.
M. Fontecilla : Donc, vous
allez signer, Mme la ministre, la suppléance, vous allez dire... vous allez
mettre une... une... une date de fin ou un moment de fin? Lorsque le M....
le... le vice-président...
Mme Duranceau : Bien, tant
qu'il est absent ou tant qu'il est empêché. Là, s'il est absent, il est absent.
M. Fontecilla : Donc, c'est
un principe, là? C'est ça que je veux dire.
Mme Duranceau : Un principe,
oui. Oui.
M. Fontecilla : O.K.
Le Président (M. Schneeberger) : Ça
va? Oui? Alors...
Mme Duranceau : On vote, on
vote.
Le Président (M. Schneeberger) : ...on
va quand même l'adopter, étant donné qu'on a fait le tour, là. Alors, est-ce
que l'article 26 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Adopté?
Parfait. Alors, c'est parfait.
Une voix : Adopté.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
juste avant de... de... de terminer pour ce soir, je voudrais apporter des
points de forme, là, concernant des articles, alors je vais les lire comme ça.
Alors, à l'amendement introduisant l'article 32.3, «insérer après l'article
32.2» est remplacé par «insérer après l'article 32», et, à l'amendement
introduisant l'article 0.4.1, «insérer après l'article 0.3.1» est remplacé par
«insérer l'article 1». Voilà. Ça, c'étaient des... des correctifs, là, au
niveau du... des greffes. C'est ça qu'on m'a dit de... de lire pour ça.
Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 19 h 17)