(Dix
heures)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de l'aménagement du territoire
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Jonquière au ministre responsable de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean
sur le sujet suivant : Les décisions néfastes du gouvernement libéral pour
le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé
par M. Simard (Dubuc); M. Ouellet
(René-Lévesque) est remplacé par Mme Jean (Chicoutimi); et M. Laframboise
(Blainville) est remplacé par M. Lefebvre
(Arthabaska).
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Je vous rappelle brièvement le déroulement de l'interpellation. Dans un premier temps, le député de Jonquière
aura un temps de parole de 10 minutes, suivi du ministre pour également 10 minutes. Par la suite, des périodes de
cinq minutes seront allouées selon la séquence suivante : d'abord,
un député de l'opposition
officielle, ensuite le ministre, puis un député du groupe formant le gouvernement,
et ainsi de suite.
20
minutes avant midi, j'accorderai 10 minutes de conclusion au ministre
et un temps de réplique égal au député
de Jonquière.
Je
comprends également qu'il y
a une entente à l'effet
que le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la troisième et de la
sixième série d'interventions.
Sur
ce, M. le député de Jonquière, vous avez maintenant la parole pour les
10 prochaines minutes. M. le député.
Exposé du sujet
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. Alors, merci, M. le Président. Écoutez, ça nous fait extrêmement plaisir
d'être ici, ma collègue de Chicoutimi et moi. C'est sûr que ça serait encore
plus agréable si nous étions réunis pour parler d'un bon bilan, pour parler de bonnes nouvelles et parler
d'une situation envieuse au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Mais, si on est ici, c'est parce qu'on a
jugé tout à fait majeur, important de convoquer le premier ministre, ministre
responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean, à cette interpellation sur les décisions néfastes du gouvernement libéral pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Par
courtoisie, considérant le fait que le ministre responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean est évidemment le premier
ministre aussi en même temps, nous avions convoqué, nous avions préavisé, si on veut,
ou informé le premier ministre le 2 février dernier de la réunion d'aujourd'hui, de l'interpellation, c'est-à-dire, d'aujourd'hui.
Malheureusement, on a obtenu
la réponse du premier ministre lundi à l'effet qu'il ne pouvait pas être là. Évidemment,
nous le déplorons fortement. Nous avons pris
la peine de le convoquer longtemps à l'avance, bien, de l'aviser, à tout le moins, longtemps à l'avance,
un bon deux semaines à l'avance, et il n'est pas là. Nous considérons, et pas
juste nous, la population du Saguenay—Lac-Saint-Jean aussi sûrement, que cette absence du premier ministre démontre aussi un laisser-aller ou un laisser-faire quant aux
enjeux et aux dossiers du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alors,
en remplacement du premier
ministre, c'est peut-être
son objectif aussi à moyen terme, on le verra dans la vraie vie, mais, en l'absence du premier ministre, le premier ministre a demandé au ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, parce que vous savez que le ministère
a perdu son R, là, les Régions, on s'en aperçoit, on pourra y revenir éventuellement plus tard, mais
le premier ministre a délégué son ministre des Affaires municipales et
de l'Occupation des territoires pour le représenter sur cette interpellation
d'aujourd'hui.
Alors,
on le salue et puis on espère qu'il aura des réponses à fournir au nom du premier
ministre pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Et je salue également le député de Dubuc, adjoint parlementaire du premier
ministre, qui est ici aujourd'hui également pour participer à
l'interpellation.
Nous
devons vous dire que notre collègue de Lac-Saint-Jean est retenu pour des
obligations familiales absolument incontournables dans sa famille,
forcément, donc au Lac-Saint-Jean.
Le
premier enjeu sur lequel nous voulons intervenir pour mettre la table, comme on
dit, sur cette interpellation, c'est
la question de la démographie. Je pense que c'est tellement un enjeu
fondamental, c'est tellement un enjeu en amont que nous de pouvons pas l'ignorer. Et ça met la table justement sur
l'ensemble des questions que nous aurons l'occasion de discuter un peu
plus tard ce matin.
Quand on
parle de démographie au Saguenay—Lac-Saint-Jean, je pense que c'est important de
savoir qu'il y a une stagnation de la
population, selon les dernières données du recensement de Statistique Canada.
Entre 2011 et 2016, on parle de plus 0,5 %.
Alors, on ne peut pas parler, là, d'un accroissement de la population. Le taux
d'accroissement annuel moyen étant même de
0 % de 2011 à 2015, pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean, selon l'Institut de la statistique
du Québec.
Alors, le
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
au fond, est symptomatique de ce que vivent plusieurs, plusieurs régions
périphériques du Québec, plusieurs régions qu'on peut également identifier
comme ressources du Québec, avec un accroissement de la population faible,
voire négatif ou, à tout le moins, neutre.
Je veux
souligner que les pires statistiques d'accroissement annuel moyen de la
population sont dans les deux MRC du
comté du premier ministre, dans le comté de Roberval, soit les MRC de
Maria-Chapdelaine et Domaine-du-Roy, où on ne peut même plus parler de croissance de la population, mais bien de
décroissance parce qu'on parle de pertes de plus de 170 personnes pas en cinq ans, pas en trois ans,
des pertes de plus de 170 personnes annuellement sur les deux territoires
entre 2011 et 2015. Donc, c'est une donnée extrêmement importante.
Puis je sais que le ministre a une formation en
économie, alors il sait très bien que, si on a une démographie décroissante,
bien, c'est difficile, après ça, d'avoir une croissance économique parce qu'on
n'a plus suffisamment de population. On a
une population qui décroît, donc qui consomme moins, qui fait de la
productivité économique en baisse également
parce qu'elle n'est plus là. Elle décroît, au lieu de croître. Donc, on ne peut
pas avoir une courbe de croissance si la population, d'autre part, est
décroissante.
Mais ce
qui me préoccupe le plus, c'est concernant ce qu'on appelle le bilan
migratoire. Le Saguenay—Lac-Saint-Jean
s'était doté d'une formidable stratégie de
migration des jeunes pour obtenir un bilan migratoire positif. Même, cette
stratégie, M. le Président, était
copiée dans d'autres régions. La stratégie que s'est donnée le Saguenay—Lac-Saint-Jean au fil des ans a été un modèle qui a été copié dans d'autres
régions, avec la... en fait, ce qu'on a appelé la stratégie MigrAction. Donc,
ça a donné des résultats parce qu'entre 2004 et 2012 le solde migratoire du
Saguenay—Lac-Saint-Jean
était passé de moins 3 777... Vous
savez, la fameuse image des autobus jaunes, là, qu'on disait : Il y a un
autobus jaune qui quitte la région
par jour ou par semaine, alors c'était de moins 3 777. En 2012, on l'avait
renversé — les
autobus, ils revenaient, ils
retraversaient le parc — à plus de 332 personnes, alors que, pour 2014‑2015, la région enregistre
son bilan migratoire le plus défavorable en six ans. Et ça, ça correspond
exactement au même moment où le gouvernement libéral a coupé les budgets
de la stratégie régionale de MigrAction.
Donc, au même
moment où les jeunes, au forum jeunesse, qui étaient derrière la stratégie
MigrAction se sont vu couper leur budget, bien le bilan migratoire des
jeunes a décliné exactement au même moment. Alors, quand on dit qu'il y a des compressions qui ont des
conséquences, quand on dit que l'austérité a des conséquences, nous en avons
ici des preuves très marquantes, très évidentes.
Par ailleurs,
le taux de chômage, ce n'est pas plus reluisant. On a un taux de chômage qui
s'établit à 7,6 % le mois dernier
dans la région, donc qui est encore bien au-dessus du taux de chômage à
l'échelle du Québec, qui s'établit à 6,3 %. Alors, ajoutez à ce contexte-là le vieillissement de la main-d'oeuvre,
le retrait de la population active, qui fait diminuer le nombre de chercheurs d'emploi, et c'est la
réalité tout à fait vécue au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Un taux d'activité de
60,7 %, un taux d'emploi de 56,1 %, qui est plus bas que celui du
Québec, qui est à 60,7 %, M. le Président.
Le nombre
d'emplois dans la région, bien, ce n'est pas compliqué, c'est stagnant. C'est
toujours le même niveau qu'en 2013.
Donc, 130 000 emplois dans la région présentement, le même niveau qu'en
2013. Vous me permettrez de faire une
petite parenthèse pour rappeler, parlant d'emplois, de la fermeture tout à fait
inqualifiable, la fermeture tout à fait inacceptable de l'usine de Graphic Packaging à Jonquière. Et, malgré les appels que j'ai faits à
plusieurs reprises, malgré également les appels du syndicat des travailleurs, on parle
d'autour de 140 travailleurs à l'usine de Graphic Packaging, qui est une cartonnerie, M. le Président, dans ma circonscription, donc 140 travailleurs, malgré les appels répétés de
ma part, des élus locaux aussi, municipaux et des travailleurs, le
gouvernement du Québec n'a absolument rien fait. Le gouvernement du Québec n'a pas assumé de leadership. Le gouvernement du
Québec a laissé les choses aller, de sorte qu'aujourd'hui, si jamais
vous venez au Saguenay, j'irai vous montrer ça, M. le Président, c'est un site
littéralement à l'abandon. On a une usine qui, présentement, est à vendre pour
taxes puis qui est train de tomber en morceaux.
On a appris, la semaine dernière dans le comté
du premier ministre, la fermeture de la scierie, la fermeture temporaire de la scierie de Saint-Thomas-Didyme.
Et je termine en vous disant, M. le Président, autre triste record qui
met la table pour l'interpellation, triste record de saisies de maisons depuis
le début de l'année.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Auger) :
Merci.
M. Gaudreault :
Donc, il y aura six fois plus de saisies de maisons cette année que l'an passé
si ça continue. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de Jonquière. Je cède
maintenant la parole à M. le ministre pour également une période de 10
minutes.
Réponse du ministre
M. Martin Coiteux
M. Coiteux : Oui, merci, M. le
Président. D'abord, avant de parler du fond, simplement sur la question de la
présence ou non du premier ministre, oui, peut-être qu'ils ont convoqué pour
l'interpellation le 2 février, mais bien avant
cela, le 11 novembre dernier, le premier ministre avait déjà annoncé très
publiquement qu'il allait participer de façon très active au sommet sur
l'emploi, là, au rendez-vous national sur l'emploi, qui était prévu déjà les 16
et 17 février. Donc,
s'ils avaient pris connaissance de cette communication très publique sur la
page du premier ministre, ils auraient compris
que c'était mal choisir la date, s'ils tenaient absolument à compter sur la
présence du premier ministre. Donc, le premier ministre aurait été tout
à fait heureux d'être présent, mais il avait déjà annoncé sa participation
longtemps d'avance, le 11 novembre dernier, au rendez-vous national de
l'emploi.
Et
le député de Jonquière parle de grands défis démographiques, mais des grands
défis démographiques, ça veut dire
aussi des grands défis sur le plan de l'emploi, sur le plan de la capacité
d'avoir des employés qualifiés, que ça soit par la formation des gens qui sont déjà ici au Québec ou des nouveaux
venus, de leur intégration. Alors, c'est de ça qu'on discute. Donc, je pense que le premier ministre
est aussi aujourd'hui en train de travailler pas seulement pour l'ensemble
du Québec, mais particulièrement pour sa région parce que c'est un enjeu qui
est quand même très important.
Une
fois que j'ai dit cela, si on va maintenant sur le fond, je trouve ça quand
même un petit peu surprenant, le choix
du thème de l'opposition officielle pour cette interpellation parce que, c'est
vrai, on a mentionné tout à l'heure une certaine stabilité de l'emploi sur
une longue période, mais ça cache des mouvements qui ne sont pas à l'avantage
de l'opposition officielle. La dernière fois
qu'ils ont été au gouvernement, ça a duré 18 mois, effectivement, mais,
savez-vous quoi, M. le Président, au
cours de ces 18 mois, il s'est perdu, dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, 9 900 emplois. 9 900 emplois ont été perdus en seulement 18
mois. Le taux de chômage, qui était à 8,6 % dans la région en octobre
2012, qui correspond à l'arrivée du
gouvernement du Parti québécois pour cet intervalle de 18 mois, ce taux de
chômage, qui était 8,6 %, était rendu à 11 % en avril 2014.
Ça, c'est la réalité des chiffres.
Et, à l'opposé de
cela maintenant, donc, depuis un an, il y a 2 800 qui ont été créés dans
la région et, depuis avril 2014, il y a
8 000 emplois qui ont été créés dans la région. Alors, Dieu soit loué
qu'il y ait eu une création d'emplois après
ces 18 mois de saignée de l'emploi parce qu'autrement on ne serait pas dans une
stabilité de l'emploi au Lac-Saint-Jean, au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
On aurait été, au contraire, dans une chute assez dramatique.
Le
taux de chômage aujourd'hui au Saguenay—Lac-Saint-Jean, je ne dis pas qu'il est totalement
satisfaisant, on veut toujours faire mieux, mais il est de 6,9 %,
comparativement à 11 % en avril 2014. Alors, si on voulait de limiter
à ces chiffres-là, on dirait : Mais
pourquoi sommes-nous interpellés sur une supposée inaction, alors que les
gestes qu'on a posés, puis je ne dis
pas que c'est la seule chose qui a contribué, mais les gestes que nous avons
posés partout au Québec, mais notamment au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ont contribué à une reprise très importante de l'emploi et une baisse
extrêmement importante du chômage?
Il
y a plusieurs raisons à cela, pourquoi on a eu du succès depuis avril 2014 et
pourquoi l'opposition officielle au gouvernement n'en a pas eu pendant
ses 18 mois de pouvoir. C'est parce qu'on change beaucoup de manière de faire
au Québec depuis avril 2014. Et je sais qu'aujourd'hui on va sans doute parler
du nouveau modèle de développement économique
régional et du Fonds d'appui au
rayonnement des régions. J'en suis convaincu, qu'on va en parler, c'est
important. Mais, justement,
moi, je ne suis pas nostalgique de l'ancien modèle, pas du tout, contrairement à l'opposition officielle, qui veut toujours revenir à
cet ancien modèle. Pourquoi? Parce que l'ancien modèle, c'est un modèle où
nous... Puis évidemment les fonctionnaires du ministère des Affaires
municipales, en qui j'ai une grande confiance et j'estime grandement leur
expertise comme celle des autres ministères... Mais, néanmoins, on ne pouvait
pas avoir seuls les meilleures idées, toutes
les meilleures idées pour le développement des régions, il faut que les gens des régions
puissent dire leur mot. Et c'est ça, la nouvelle approche.
Alors,
la nouvelle approche, c'est que chacune des régions va écrire son propre
chapitre de la stratégie québécoise
de l'occupation et de la vitalisation du
territoire en choisissant ses priorités. Et, une fois ses priorités établies,
elle va se doter de son propre comité de sélection des projets et elle
va sélectionner les projets qui seront financés par le Fonds d'appui au rayonnement des régions. Alors, ça,
c'est développer les régions avec les élus des régions et en tenant compte
des priorités des régions, même en en
faisant une obligation gouvernementale, de venir en appui aux priorités
des régions. Et on parle de 100 millions de dollars qui vont aller à cette seule fin, en plus de tout
ce qu'on fait par ailleurs, d'ici une période de cinq ans. Alors, moi, je ne suis pas nostalgique du tout de
l'ancien modèle. Au contraire, je pense que le nouveau modèle va être un
modèle beaucoup plus intéressant pour l'ensemble des régions.
Puis
c'est d'autant plus intéressant d'en parler qu'en vérité ce modèle-là, il est
largement inspiré de la vision que les
gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean ont développée, notamment lors du sommet économique régional qu'ils ont
tenu en 2015. C'est ça,
la source d'inspiration principale de la nouvelle façon de procéder en matière de développement économique
régional. Et donc les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui sont des gens très fiers, qui sont capables de se retrousser les
manches, bien, ils peuvent être fiers d'une
chose en plus, c'est qu'ils ont inspiré la prochaine stratégie d'occupation et
de vitalisation des territoires du Québec,
ils ont inspiré l'orientation que le gouvernement entend prendre avec la création du FARR. Et le FARR, ce n'est pas le seul
instrument qu'on utilise, mais c'est quand
même, au cours des 10 prochaines
années, 810 millions de dollars qui
vont être investis dans les régions grâce au FARR, dans toutes les régions du Québec.
Alors, ça va me faire plaisir qu'on
en parle aujourd'hui parce
que c'est un véritable acte de
modernisation, c'est un véritable acte aussi de confiance à l'égard des
régions.
Et,
parlant de confiance, autre raison pour laquelle je suis un petit peu surpris qu'on soit interpellés là-dessus, faire confiance,
ça veut dire donner de l'autonomie.
Bien, moi, je me souviens qu'en 2012 le député de Jonquière, qui était
alors ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du
territoire, avait dit, il avait annoncé qu'il avait
l'intention de déposer une loi-cadre pour accorder aux élus une plus grande
autonomie, des nouvelles compétences pour
assurer la gestion des services au plus près du citoyen. Je ne dis pas qu'il
n'a pas été occupé pendant ces 18 mois, le député de Jonquière, ministre des
Affaires municipales et aussi ministre des Transports. Je le sais, ce que ça
représente comme travail. Je suis certain qu'il était occupé. Mais, en
tout cas, ou lui ou son gouvernement ne lui a pas permis de déposer un tel projet de loi, alors que nous, au
contraire, on a déposé un tel projet de loi, qui s'ajoute à toutes les autres initiatives de confiance à
l'égard des élus municipaux, des élus
régionaux, des MRC. On est en train de mettre en oeuvre la plus grande décentralisation de pouvoirs du gouvernement du Québec vers les municipalités de toute l'histoire du Québec.
Alors, c'est ça qu'on est en train de
faire. Et là je ne vous ai pas parlé des grandes stratégies nationales qui ont
un impact aussi au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Que ça soit la stratégie de l'aluminium, que ça soit le Plan Nord, il y a
des investissements concrets qui sont associés à ces initiatives du gouvernement
du Québec.
Alors, écoutez, moi, ça
va me faire plaisir de parler de ces questions-là aujourd'hui, mais je vais en
donner quelques-uns, là, de certains de ces
événements ou de ces investissements que nous avons faits depuis le sommet
économique régional. Mentionnons le dépôt de deux rapports des groupes
de travail, soit celui de forêt... fonds d'investissement et celui de forêt...
celui des... fonds d'investissement et celui de forêt, où on traite des enjeux
relatifs à l'arbre et à la maximisation de
la possibilité forestière. Parlons du dévoilement du guide des
bonnes pratiques pour la mise en place des partenariats durables entre
la communauté innue et le milieu régional, une réalisation du groupe de travail
sur les Premières Nations, la tenue d'une
journée entrepreneuriale qui a permis à plus de 130 participants de discuter
des enjeux et alimenter le groupe de travail sur l'entrepreneuriat, un investissement
de 85 000 $ d'Emploi-Québec pour réaliser un diagnostic de l'utilisation des technologies
numériques au sein des entreprises de la région relativement aux travaux du
groupe de travail sur le numérique, un aménagement d'une bleuetière d'enseignement
et de recherche qui permettra de réaliser des tests et des expérimentations sur
la culture du bleuet afin de maintenir la compétitivité de l'industrie régionale. C'est un projet qui a reçu une aide de 42 600 $ du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec.
Également, le 6 juin
2016, le premier ministre a confirmé la signature d'une entente de
collaboration entre le gouvernement du
Québec, la ville de Saguenay et les partenaires locaux en vue d'implanter une
zone industrialo-portuaire, une ZIP, comme on dit à Saguenay, une
annonce qui s'inscrit — je
parlais des grandes stratégies nationales tout à l'heure — dans
la Stratégie maritime du Québec.
Il
y a eu d'autres investissements qui ont été faits avec le concours du gouvernement
ou l'appui du gouvernement de
différentes manières : les Serres Toundra, la Société de la Vallée de
l'aluminium, qui a reçu une bonification de son budget de
750 000 $ sur trois ans. Et j'en ai tellement d'autres! J'aurai
l'occasion d'en reparler. Mais, voyez-vous, il doit y avoir une raison pour laquelle, plutôt que de perdre le nombre
d'emplois que j'ai mentionné tout à l'heure sur une période de 18 mois, lorsque le Parti québécois
était au pouvoir brièvement, bien, nous, depuis avril 2014, on a renversé
la tendance. Il s'est créé des emplois dans la région. Le taux de chômage a
chuté à moins de 7 %. Alors, on doit faire quelque chose de bien, et ça va me faire plaisir d'en discuter au cours
des prochaines minutes, M. le Président. On aura l'occasion, donc, d'approfondir chacune de ces choses-là, mais je pense
qu'on n'a pas à avoir honte de notre bilan, bien au contraire, surtout
lorsqu'on le compare à ces 18 mois.
• (10 h 20) •
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le ministre. Nous allons
maintenant débuter la période d'échange. M. le député de Jonquière, vous avez la parole pour les cinq... Mme la députée
de Chicoutimi, pour les cinq prochaines minutes. Mme la députée.
Argumentation
Mme Jean :
Merci. Merci, M. le Président. D'entrée de jeu, chers collègues, permettez-moi
quelques minutes pour parler de ma région.
Le
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
comme vous devez vous en douter, est une magnifique région où l'on retrouve,
entre autres, non seulement des paysages à
couper le souffle, qui comprennent un lac qui est vu comme une mer, un fjord
qui donne des panoramas époustouflants, qui
permet d'ailleurs d'avoir une industrie touristique intéressante, non seulement
des ressources naturelles à profusion, que ce soit le bois, l'eau, l'électricité,
non seulement des industries créatrices d'emplois,
qu'on pense à Rio Tinto, mais qu'on pense aussi à tout le tissu industriel du
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
non seulement des infrastructures
urbaines modernes qui font l'envie de plusieurs, on a juste à penser à
l'autoroute qui nous amène chez nous, mais aussi toutes les
infrastructures qu'on a localement, mais une région où l'on retrouve aussi une population qui est fière et dynamique, une
population qui n'a pas froid aux yeux, une population qui est prête à relever
les défis que la vie moderne lui propose.
Le
Saguenay—Lac-Saint-Jean
offre un potentiel de développement et de prospérité extraordinaire en plus
d'offrir un milieu de vie où urbanité
et ruralité se côtoient. Mais tout ce potentiel, toute cette prospérité et même
ce milieu de vie extraordinaire est menacé par les politiques
centralisatrices mises en oeuvre par le gouvernement libéral depuis qu'il est au pouvoir, des politiques qui affaiblissent
les leviers de développement de la région, des régions en général, mais en
particulier de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, des politiques qui nous éloignent
des centres de décision et des milieux d'influence, des politiques qui
diminuent les services offerts à la population, des politiques qui imposent aux
citoyens de la région des déplacements indus
de plusieurs heures pour avoir accès à des services dont ils ont pourtant
droit, ces déplacements qui non
seulement sont épuisants, mais qui sont coûteux en argent, en temps, en perte
de productivité et de qualité de vie.
Mais est-ce que cette situation émeut le gouvernement? On ne le sent pas. Le
gouvernement impose son bulldozer de la centralisation, et ce, malgré
les effets dévastateurs de cette politique.
N'ayant que quelques
minutes aujourd'hui, je n'aurai pas le temps d'énumérer la liste complète des
impacts violents de ces politiques au
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Permettez-moi de vous en présenter quand même quelques-unes.
D'abord,
parlons de l'élimination des plateformes de développement économique et de
concertation, tels les CLD, la conférence régionale des élus, et
j'ajouterais même le Centre québécois de recherche et de développement sur l'aluminium, qui est aussi menacé par les budgets
qui sont moins intéressants et aussi par le laisser-aller d'un créneau
semblable à Montréal, qui s'appelle AluQuébec.
Au
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
nous sommes audacieux et dynamiques, mais cette audace et ce dynamisme doivent être concertés pour assurer notre
développement à son plein potentiel. Avec l'élimination de ces plateformes de concertation par une diminution substantielle des
financements qui y étaient associés, le gouvernement applique sa politique
de diviser pour mieux régner.
Eh
bien, je rappelle au gouvernement que la prospérité du Québec passe par la
prospérité des régions et que cette prospérité exige des outils de
concertation. Je demande donc aujourd'hui au gouvernement de redonner à la région
du Saguenay—Lac-Saint-Jean des outils de concertation
indispensables pour notre développement, certes, mais aussi pour le
développement de tout le Québec.
Mais,
M. le Président, le gouvernement ne se limite pas à éloigner nos outils de
concertation. Le gouvernement impose
sa politique de centralisation dans le domaine si important qu'est celui de la
santé. Il faut croire que cette priorité que les libéraux annonçaient, la santé, c'est la priorité, est modulable selon
qu'on soit en région ou dans les centres.
La région du Saguenay—Lac-Saint-Jean
paie la note de cette centralisation. Cette politique nous dépouille de services de santé auxquels nous avons droit. En
guise d'exemple, la directive récente du ministre
d'interdire toute chirurgie de l'oesophage à l'hôpital de Chicoutimi
sous une apparence d'économie ou pseudo-base scientifique, c'est plutôt en transfert des coûts sur la population
régionale que se fait cette économie. Ce sont maintenant les citoyens du Saguenay—Lac-Saint-Jean non seulement patients, mais aussi leurs proches qui paient la
note en transport, en pertes de revenu,
et en perte de productivité, et en perte temps. Sans compter que cette
directive entraîne non seulement une perte de service, mais fragilise la présence des spécialistes dans notre
région, entraîne des délais de diagnostic et des complications que cela
pourrait entraîner. D'ailleurs, ce matin, le Conseil des médecins faisait une
sortie sur le même sujet pour le dénoncer, ce qui est quelque chose de rare.
Un
deuxième élément éloquent, c'est la création hâtive et improvisée d'Optilab,
une oeuvre du ministre Barrette dans
son élan vers la centralisation. C'est à Chicoutimi que seront
transférés les échantillons qui proviennent de La Baie, Jonquière,
Alma, Roberval et Dolbeau-Mistassini. Les conséquences de cette centralisation
sont multiples. Par manque de temps, je vais passer tout droit, effectivement.
Malgré
les affirmations du premier ministre et du ministre de la Santé que les services à la population
ne souffriraient pas de la réorganisation, force est de constater qu'ils
se sont trompés.
Alors, je continuerai
tout à l'heure à mon deuxième bloc.
Le
Président (M. Auger) :
Merci beaucoup. Nous allons maintenant poursuivre. M. le ministre, vous avez également
cinq minutes.
M. Coiteux : M. le
Président, quelle centralisation?
J'entends le terme, il est répété et répété comme un mantra, mais il n'y
en a pas, de centralisation. C'est le contraire qu'on fait. C'est exactement le
contraire qu'on fait.
Je
sais qu'il y a... j'ai pris ce terme-là depuis hier puis je le réutilise à
nouveau parce que je pense qu'il décrit bien la situation,
il y a de la nostalgie pour un modèle qui est pas mal moins intéressant pour les régions que le nouveau modèle qu'on propose. Il y a de
la nostalgie, je ne sais pas pourquoi parce que ce modèle-là, en particulier
récemment, là, d'octobre 2012 à avril 2014, si ce modèle fonctionnait si bien,
pourquoi s'est-il perdu tant d'emplois au Saguenay—Lac-Saint-Jean?
Pourquoi le taux de chômage a-t-il tant augmenté au Saguenay—Lac-Saint-Jean? Est-ce que c'est parce que
ce modèle-là fonctionnait bien?
C'est vrai qu'on a
remis en question l'ancien modèle. C'est vrai qu'on a remis en question
l'ancien modèle. Mais, dans l'ancien modèle,
c'était du mur-à-mur partout. C'était le gouvernement du Québec qui
disait : Chaque région doit
avoir son conseil de ceci, son CLD de cela, il y a tel pourcentage qui va à
ceci, il y a tel pourcentage qui va à cela. Tout était hypernormé
partout pareil. Ça se peut qu'à deux ou trois endroits dans un Québec très
divers ça pouvait peut-être fonctionner.
Mais justement le Québec est tellement divers que chacune des régions a besoin
d'avoir son propre modèle.
Alors,
le premier geste non pas de centralisation, mais le premier geste de
décentralisation qu'on a posé comme gouvernement,
ça a été de mettre la MRC au coeur des décisions en matière de développement
économique local. Allez demander à
une MRC aujourd'hui si elle préférerait revenir à l'ancien modèle, où elle
n'était pas au coeur des décisions en
matière de développement économique local, y compris au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Elles vont tous vous dire que le
nouveau modèle est bien supérieur, bien plus intéressant parce qu'ils sont
capables de prendre des décisions qui sont davantage
ancrées sur les besoins du milieu. On n'a pas coupé dans les fonds disponibles
pour le financement des projets, on a
cessé de financer des structures administratives très lourdes, qui prenaient
une part des budgets, là, qui ne laissaient pas grand-chose pour les
projets, en vérité, puis qui obligeaient toutes les régions à avoir le même
modèle.
Et
même avant l'arrivée du FARR, quand on ajoute l'aide à la voirie locale, quand
on ajoute la bonification du Fonds de
développement des territoires, qui est justement cet instrument qu'on a mis
entre les mains des MRC, on était déjà en pleine expansion des moyens à
disposition des MRC et des régions pour financer directement des projets de
développement économique locaux. Et là on ajoute un autre instrument, qui est
le Fonds d'appui au rayonnement des régions.
C'est vrai qu'il n'est pas comme l'ancien modèle. C'est vrai qu'il n'est pas du
tout comme l'ancien modèle. S'il était
comme l'ancien modèle, là, on déciderait, nous, à Québec : Vous allez
faire ça, ça, ça et ça dans une structure qui est faite comme ça, avec
telle personne qui est là, avec tel pourcentage de dépenses administratives
admissibles. On répéterait l'ancienne manière
de faire les choses. Une vision qui va du haut vers le bas, une région qui
vient de... centralisatrice, merci, hein, qui vient de Québec vers les
régions.
• (10 h 30) •
Ce n'est pas ça qu'on
va faire. Je l'ai expliqué tout à l'heure. La voie a été tracée par le Sommet
économique régional du Saguenay—Lac-Saint-Jean où se sont réunis tous les acteurs
présents, puis ils ont dit : C'est quoi, nos priorités comme région? Qu'est-ce qu'on veut développer pour les
prochaines années? Le député de Jonquière, tout à l'heure, nous a parlé des défis démographiques. Bien, si
justement c'est un enjeu important pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean, qu'est-ce qui empêche le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la définition de ses priorités, dans la prochaine
stratégie d'occupation et de vitalisation,
de mettre l'accent sur les défis démographiques, de mettre l'accent sur les
défis de formation? Rien ne va les
empêcher parce que la nouvelle stratégie va prendre les priorités données par la région,
pas données par le gouvernement, données par la région, puis on va l'intégrer
dans la stratégie nationale d'occupation et de vitalisation. Et
c'est à ça que va servir le 100 millions de
dollars, à terme, du phare FARR, c'est de financer les projets qui vont
correspondre aux priorités de chacune des régions.
Il
y en a 17, là, quand on compte Montréal et Québec, mais le FARR va en appuyer 15 parce que Montréal
et Québec, on les
traite différemment. On n'est pas dans le mur-à-mur. Les fonds vont aller directement aux projets. C'est ça qu'on va faire. Bien plus que ça, la loi
est ainsi faite que, lorsque les priorités des régions, décidées par les
régions, vont devenir partie intégrante de la stratégie d'occupation et de
vitalisation du territoire du Québec, les ministères et les organismes,
ils vont être obligés, je dis bien obligés, de se mettre au service des
priorités régionales de chacune des régions.
Alors,
il va y avoir un chapitre Saguenay—Lac-Saint-Jean déterminé par les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean, puis il va y avoir un gouvernement du Québec et l'ensemble de ses ministères qui va être au service des priorités définies
par les élus régionaux, de la société civile
aussi, du Saguenay—Lac-Saint-Jean. C'est ça, le nouveau modèle. Je n'ai aucune nostalgie pour
l'ancien.
Le Président
(M. Auger) : Merci. Nous allons poursuivre. M. le député de Dubuc,
également cinq minutes.
M. Simard : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, permettez-moi, M. le
Président, de vous saluer, bien sûr,
de saluer mon collègue, M. le ministre de la Sécurité publique, et
également mes collègues de l'opposition officielle, député de Jonquière
et députée de Chicoutimi, et bien sûr député d'Arthabaska. Merci d'être ici
avec nous.
D'entrée de jeu, M.
le Président, comme le ministre, j'ai été un petit peu surpris d'entendre la
demande d'interpellation de mes collègues.
La raison, M. le Président, c'est que, bien sûr, si c'est vrai que le
passé est garant de l'avenir, je me
serais... en tout cas, tout au moins, pour l'instant, j'aurais une petite gêne
de demander ça parce qu'en réalité, M.
le Président, j'entendais tout à l'heure le député de Jonquière parler de
démographie. À ce que je sache, M. le Président, la démographie, c'est directement relié à la capacité de gagner sa vie.
Et, si on parle maintenant... si on dit que le passé, c'est garant de l'avenir, je vais faire un petit
peu un rappel, pendant les minutes que j'ai, là, de ce qui s'est passé d'abord
dans le passé et maintenant également pour l'avenir.
Je
me souviens très, très bien qu'en 2003 j'étais président de la CRE, lorsque
j'étais au municipal, j'étais président de la CRE du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je parlais très souvent avec mon collègue de Jonquière à
ce moment-là. On avait un taux de chômage, M. le Président, qui
oscillait, écoutez, entre 12.5 % et 13 % de chômage jusqu'en 2003. En 2003, c'est le parti... un nouveau gouvernement
libéral qui est entré en poste, et véritablement on avait un problème démographique important. La raison, c'est qu'il y
avait à peu près un autobus par mois qui partait pour ailleurs. On avait
un problème majeur. Il fallait qu'on y travaille.
C'est quoi qui s'est
passé? On a travaillé en collaboration, bien sûr, avec le gouvernement du
temps, le gouvernement de M. Charest,
pour s'assurer qu'on créait de l'emploi dans notre région. Qu'est-ce qui s'est
passé à ce moment-là? On a vu momentanément, au fur des mois et des
années, la diminution du départ des jeunes vers d'autres régions, Montréal et Québec, bien sûr, pour
commencer justement à gagner leur vie chez nous. Donc, le taux de chômage est
passé, de 2003 à 2012, M. le Président, avant la venue du Parti québécois au
pouvoir, passé de 12,5 %, 13 % à un taux de 7,9 %, M. le Président. Ça, c'est
intéressant. Puis, par la même occasion, ce n'est pas moi qui l'ai dit tantôt,
c'est le député de Jonquière qui a
dit que, oh! momentanément, on était correct. On n'avait plus de départ des
jeunes vers l'extérieur parce qu'ils pouvaient gagner leur vie chez
nous. C'est intéressant, ça.
Maintenant,
le Parti québécois est entré au pouvoir en 2012. À partir du moment où le Parti
québécois est entré au pouvoir, en
2012, on a commencé encore une fois à voir le taux de chômage grimper. On est grimpés
jusqu'à 11 %, M. le Président.
Ah! momentanément, encore une fois, les jeunes partaient pour aller ailleurs.
Pourquoi? Parce que les jeunes ne sont pas en mesure de gagner leur vie
chez nous.
Donc,
à partir de là, M. le Président, si on a encore une fois attrapé cette
maladie-là, il y a quelque chose qui me dit que, si ça marchait, si ça marchait, les décisions de développement
économique du Parti québécois, on le saurait, mais ce n'est pas ça qui se passe. On a une
augmentation de chômage à toutes les fois qu'ils sont là. Pourquoi, je ne le
sais pas, je laisse réfléchir les
gens là-dessus, parce que leur première préoccupation, ce n'est pas le
développement économique de notre région, M. le Président.
Quand ils ont été au
pouvoir, M. le Président, ils étaient cinq, cinq députés péquistes dans notre
région, dont trois ministres importants, M.
le Président. On aurait pu poser des gestes importants pour essayer de créer un
momentum pour véritablement diminuer,
encore une fois, le taux de chômage, continuer à faire travailler nos jeunes.
Ce n'est pas ça qui est arrivé, M. le
Président, véritablement. Qu'est-ce qu'il est arrivé? C'est, encore une fois,
on a augmenté le taux de chômage, et
puis on a créé encore du malheur dans toutes les familles de notre région. Je
pense que ce n'est pas ça qu'ils voudraient
faire, véritablement, mais ils ne réussissent pas à le faire. C'est ça qui est
tannant pour la région. C'est ça qui est plate.
Mais,
véritablement, nous, au Parti libéral, au gouvernement, on met tous les efforts
nécessaires pour développer notre région. Et j'y reviendrai plus tard, M. le
Président, là-dessus parce que c'est comme ça qu'on va réussir à gagner.
Si on veut être en mesure que... avoir un
Québec fier, avoir des régions des fières, il faut qu'on puisse nécessairement
créer des emplois et s'assurer que
les gens, dans toutes les régions du Québec, vont être en mesure de mettre du
pain sur la table de leur famille, et comme ça il n'y a personne, M. le
Président, qui va partir vers l'extérieur. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Auger) : Merci. M. le député de Jonquière, pour également
cinq minutes.
M. Gaudreault :
Oui. Écoutez, M. le Président, je ne veux pas reprendre, là, tout ce qui a été
dit par le ministre et le collègue de
Dubuc, là, mais le ministre n'arrête pas de nous dire, là, «la nostalgie».
C'est son nouveau terme, là, depuis quelques jours. Il parle de
nostalgie.
Bien, moi, je
trouve premièrement que c'est arrogant envers les gens des régions, qui ne sont
pas nostalgiques. Tout ce qu'ils veulent, là, c'est avoir de l'emploi et
du développement dans leur région.
Puis, s'il
parle de nostalgie, là, parce qu'il n'arrête pas de nous dire... puis le député
de Dubuc y a fait référence, aux
situations de l'emploi entre 2013 et aujourd'hui, là. Institut de la
statistique du Québec, là, je n'invente rien, là. Le nombre d'emplois au Saguenay—Lac-Saint-Jean en 2013 : 128 000. Le
nombre d'emplois aujourd'hui, en 2016 : 126 700. On ne me parlera pas d'une augmentation d'emplois,
là. Et c'est l'institut de la statistique qui nous le dit. Emplois à temps
plein en 2013 : 101 600. Emplois à
temps plein aujourd'hui, 2016 : 99 600. Alors, ce n'est pas une
augmentation du nombre d'emplois, ça, c'est une diminution du nombre
d'emplois.
Puis le député de Dubuc nous a dit... on avait
trois ministres forts à l'époque où on était au gouvernement, au Parti québécois, on se serait attendus à un geste
important. Savez-vous quel geste important qu'on a fait, M. le Président?
Tellement important que le gouvernement,
quand il est arrivé en place, ils l'ont maintenu? C'était d'organiser le sommet,
le sommet de la région en 2015.
On a perdu
les élections en 2014. Le gouvernement, avec M. le premier ministre, qui était
ministre de la région, n'a pas eu le
choix de maintenir cette belle initiative, qui était saluée partout, sauf
qu'ils en ont fait à peu près n'importe quoi parce qu'il y a eu
10 chantiers en juin 2015, j'y étais. On avait deux minutes de droit de
parole, là, autour de la table du sommet de
2015. Le député de Dubuc était là aussi. Donc, le gouvernement a modifié la
trajectoire d'un vrai sommet que
nous, on avait commencé à planifier comme gouvernement. On avait deux minutes
de droit de parole autour de la table. 10 chantiers qui ont été
établis, 10 sur des enjeux fondamentaux de la région. Le ministre vient de nous
dire : Ah! il y a eu deux rapports de
suivi. Deux sur 10. Ça va faire deux ans qu'on a ce chantier-là, qu'on a eu ce
sommet-là. J'arrête ici parce que je vais m'emporter.
Mais ce dont
il est important de parler aujourd'hui... Puis je voudrais qu'on arrive à la
fin de cette interpellation avec des
résultats, avec des résultats pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean en compagnie du gouvernement. Moi,
je veux parler de Rio Tinto. C'est un
enjeu fondamental au Saguenay—Lac-Saint-Jean, je n'ai pas besoin d'insister là-dessus. Vous venez d'une région, M. le Président, où Rio
Tinto a été impliqué également, à Shawinigan. Mais, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est encore extrêmement présent.
C'est un producteur privé d'électricité. Il détient de lit de la rivière Saguenay, c'est quand même
extraordinaire. Puis il y a eu une entente de continuité signée en 2006 et des
ententes d'investissement qui allaient avec ça, également.
• (10 h 40) •
Ce dont on
s'aperçoit, 10 ans après la signature de l'entente de continuité, c'est
que nous sommes encore en attente, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
d'investissements majeurs qui avaient été annoncés et convenus dans l'entente
de continuité. Il y a eu évidemment des
réalités du marché international. Depuis 2006, Alcan a été achetée par Rio
Tinto. D'ailleurs, le gouvernement libéral de M. Charest, à l'époque, n'avait pas levé le petit doigt pour
s'opposer à ça parce que le
siège social d'Alcan était à Montréal. Et, au mois de janvier, donc il y a quelque
semaines à peine, dans le comté du député de
Dubuc, Rio Tinto a annoncé des réductions d'emplois à l'usine de
Grande-Baie, qui est un modèle à travers tout le monde l'aluminium, l'usine Grande-Baie est un modèle. 103 emplois de
moins qui ont été annoncés. C'est souvent les jeunes qui vont en subir les conséquences. On en a rencontré, nous,
comme députés, des travailleurs de Grande-Baie.
Alors, la question, et on n'a jamais eu de
réponse là-dessus, on avait proposé de faire le bilan de l'entente de continuité 10 ans après en commission parlementaire. Le grand patron de Rio Tinto,
Gervais Jacques, dans une lettre ouverte il y a une semaine, à peu près,
dans Le Quotidien, a dit qu'il était prêt à collaborer.
Alors, moi,
je veux voir avec le gouvernement comment on peut faire le bilan de cette entente
de continuité parce qu'on a de grands atouts à offrir à la compagnie
au Saguenay—Lac-Saint-Jean :
une main-d'oeuvre de qualité, une énergie à bon marché, l'aluminium le plus vert au monde, des produits de niche, une
expertise. Entre une commission parlementaire,
où on fait le bilan de l'entente de continuité, et l'ouverture manifestée par
Gervais Jacques de Rio Tinto, où on
est capables de trouver la piste d'atterrissage avec le gouvernement pour
s'assurer, en 2017, pas d'avoir juste des mauvaises nouvelles, mais des
bonnes nouvelles de Rio Tinto?
Le Président (M. Auger) :
Merci. M. le ministre.
M. Coiteux : Oui. Je vais parler, bien sûr,
de Rio Tinto puis de l'aluminium, mais, comme le député
de Jonquière a commencé son dernier bloc sur la question
de l'emploi, vous me permettrez d'y revenir. Le député
de Jonquière a dit une
chose qui est tout à fait exacte quand il a commencé. Il a dit : On a
défi démographique au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Puis ça a été confirmé par
mon collègue député de Dubuc. C'est vrai qu'il y a un défi démographique. Il y
a un défi démographique au Québec
dans son ensemble, hein? La population, dans le segment
qui, habituellement, est actif sur le marché du travail, est en
diminution aujourd'hui au Québec, peut-être dans certaines régions davantage
que dans d'autres, mais elle est en diminution. Donc, c'est certain qu'il
y a un impact là sur l'économie.
Mais je
rappellerai que, pour maintenir à peu
près la stabilité de l'emploi
au Saguenay—Lac-Saint-Jean, il a quand même
fallu récupérer du terrain qui a été perdu entre octobre 2012 et avril 2014,
hein? Les 9 900 emplois perdus
pendant cette période-là, s'il avait
fallu qu'on en reste là, le bilan que nous montrait le député de Jonquière
serait pas mal pire, n'est-ce pas?
Mais, depuis, il s'en est créé 8 000. Hein, le point de départ, là, c'est
de renverser la tendance. Puis cette tendance a été renversée. Puis c'est pour ça, en
bonne partie, pas uniquement, mais c'est pour ça qu'en bonne partie le taux de chômage, il a diminué dans la région puis
que les autobus qui partent vers Montréal et Québec puis qui ne ramènent
pas les jeunes, qui les laissent à Montréal
ou à Québec, bien, leur cadence a diminué un peu. Je ne suis pas en train de
dire que tout est réglé, là, je ne suis pas en train de dire que tout est
réglé.
Et
le député de Jonquière avait peur de s'emporter en parlant du sommet
économique, mais mon collègue député de
Dubuc avait raison lorsqu'il a dit, tout à l'heure : Oui, mais il y avait
cinq députés puis trois ministres, puis des ministres importants, là, des ministres de la région qui
avaient de l'envergure au gouvernement, et puis ils ne l'ont pas organisé,
pendant ce temps-là, le sommet. 18 mois. Ils
ne l'ont pas organisé. Ça a été quoi, la vision du développement de la région
qui a été mise sur pied, qui a été mise de
l'avant par le gouvernement pendant ces 18 mois? Puis c'est quoi, la vision du
développement économique de l'opposition
officielle pour l'ensemble des régions du Québec, à part de dire :
Revenons donc à comment on faisait les choses dans le bon vieux temps?
C'est quoi, leur vision? Je n'en vois pas, de vision.
Maintenant,
venons-en à Rio Tinto parce que c'est quand même important. J'ai eu d'ailleurs,
moi, le... C'était avant que je sois
au gouvernement, là, ceci dit, je suis allé dans la région depuis aussi. Mais,
avant même d'être dans la région, je
suis allé visiter les installations de Rio Tinto Alcan, notamment pour
constater les investissements qu'il faisait dans AP60.
Vous savez, ça ne
veut pas dire que tout va bien dans l'industrie de l'aluminium, là. Puis ce
n'est pas juste un phénomène québécois, puis
ce n'est pas juste un phénomène Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est un marché mondial, là,
l'aluminium, qui a ses propres paramètres et puis qui dicte un petit peu ce qui
se passe partout dans le monde. Mais néanmoins
les investissements que prévoyait faire initialement Rio Tinto Alcan dans la
région, notamment, là, par rapport à
AP60, là, je mentionnais que j'ai visité les installations, Rio Tinto Alcan
s'était engagé à investir 570 millions. Or, dans les faits, ils ont investi 1,3 milliard de
dollars dans la région pour AP60. La modernisation de la centrale de Shipshaw,
c'est un engagement initial d'investir
135 millions. Dans les faits, ils ont investi 282 millions de
dollars. Et même dans un contexte de
l'industrie de l'aluminium qui n'est pas facile à l'échelle mondiale,
l'entreprise a investi près de 300 millions de dollars au cours de
la dernière année.
Alors,
est-ce qu'on voudrait que ça soit plus que ça? Oui, bien sûr, on souhaiterait
que ça soit plus que ça, et on travaille
avec Rio Tinto Alcan. Et on a mis sur pied une stratégie québécoise de
l'aluminium aussi, donc, qui a été dévoilée à Saguenay le 19 juin 2015. On a alloué à ça, nous, comme gouvernement,
justement pour appuyer les efforts des entreprises qui investissent dans la région notamment,
32,5 millions sur trois ans. Et l'un des outputs de cela, puis ça ne sera
pas le seul, c'est un des premiers,
mais il va y en avoir d'autres, c'est qu'on a accordé un financement à la
Société de la Vallée de l'aluminium
pour un projet parce que, dans le fond, ce qu'on veut aussi, ce n'est pas
seulement de produire des lingots puis
de la toile... pas de la toile, mais des tôles d'aluminium. Ce qu'on veut,
c'est produire aussi des produits transformés à même l'aluminium. Et là on a alloué 750 000 $ à ce projet-là.
Puis ça, c'est un output direct de la stratégie québécoise de l'aluminium.
Alors,
il est faux de dire que Rio Tinto Alcan n'investit pas dans la région. Il est
très faux, archifaux, de dire que le gouvernement
n'appuie pas, par ses politiques et ses stratégies, de l'investissement dans le
secteur de l'aluminium dans la région.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le ministre. Nous allons
poursuivre avec M. le député de Dubuc. Cinq minutes également, M. le
député.
M. Simard :
Merci, M. le Président. Je suis encore une fois, M. le Président, estomaqué
d'avoir entendu mon collègue de Jonquière, qui parle du sommet comme
quelque chose qui ne rend pas service à la région. Après qu'on a eu fini ce sommet-là, M. le Président, l'ensemble
des régions du Québec voulait avoir la possibilité d'en faire un, M. le Président. Pourquoi? Parce que les gens avaient
besoin de se donner une vision sur le développement de leurs régions,
alors que, dans la nôtre, c'est fait maintenant.
Ce
n'est pas fait de n'importe quelle façon, M. le Président. Il y a eu 1 200
personnes qui se sont rencontrées pendant, je vous dirai, une bonne partie de l'année 2015, c'est-à-dire tout le
printemps, avant le jour J du sommet. Et puis ces gens-là se sont posé des questions. Ils ont laissé leur
famille, ils sont allés dans des rencontres des différentes MRC pour parler
des sujets qui les intéressent, pour
s'assurer que notre région, sur les 10 prochaines années, va avoir un
développement intéressant et une
vision globale pour ne pas tirer un petit peu n'importe comment, n'importe où.
C'est ça qui s'est passé là-dessus, 1 200 personnes.
Maintenant,
par la suite, le premier ministre a rencontré, justement, les leaders de la
région pour être en mesure de se donner un travail, un suivi par rapport à ce
qui s'est donné lors de la journée du sommet. On a réuni, dans des tables de travail... 11 tables de travail qui vont
sur les différents sujets, différentes priorités qu'on s'est données pour se
développer. 150 personnes ont été choisies
pour ces tables-là, mais, sur les 11 tables, il y avait un président et, la
plupart du temps, deux coprésidents
qui travaillaient sur ces tables-là, M. le Président, et qui ont, eux, quant à
eux, réuni 150 personnes qui ont
travaillé pour être en mesure, dans les différents thèmes, là... travailler
pour se donner une vision pour être en mesure de se donner les outils pour qu'on puisse, nécessairement dans les 10
prochaines années, être en mesure de se développer.
Et,
quand j'entends, moi, mon collègue qui vient dénigrer le travail de ces
gens-là, M. le Président, je trouve ça regrettable,
honnêtement. Puis je suis convaincu, peut-être, que ce n'est pas ça qu'il
voulait faire, là, mais une chose est certaine,
c'est ça qu'il a fait dans ses propos, M. le Président. Et ça, un petit peu, ça
me choque, ça a tendance... parce que
c'est un sommet économique qui a été fait par le monde de la région pour le
monde de la région. Et, véritablement, je pense qu'on n'a pas encore fini le travail. On le sait, il y a quelques
tables qui ont remis leur analyse, et, le ministre l'a dit tantôt, le nouveau fonds qui va être
disponible au niveau du développement et du rayonnement des régions va servir
à mettre en place différents choix que la région va avoir faits.
• (10 h 50) •
On est en avance, M. le Président, sur
les autres régions qui devront faire un exercice semblable pour prioriser
des projets, et chez nous, dans notre
région, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
on a l'avantage d'avoir fait ce travail-là
et on est en avance. Donc, si on
travaille ensemble avec mes collègues de l'opposition, on va être en
mesure, encore une fois, de mettre
l'épaule à la roue tout le monde ensemble pour aller plus rapidement
vers les objectifs qu'on poursuit tout
le monde ensemble de créer de l'emploi, d'arrêter les jeunes de s'en
aller ailleurs et véritablement d'avoir un avenir chez nous.
Quand
je regarde, M. le Président, l'ensemble des projets qu'on a sur la table à
dessin au moment où on se parle, là,
je pense qu'on va avoir la possibilité, si on travaille ensemble, de ramener les gens
chez nous parce qu'ils vont être en
mesure de bien gagner leur vie, de se
rapprocher de leur famille et de bénéficier de la qualité de vie qu'on a dans
notre région, parce qu'il faut le
dire, chez nous, on a une qualité de vie incroyable. On est proche de la
nature, des grandes files d'attente
pour s'en aller au travail, on ne connaît pas ça, M. le Président, chez nous.
Quand ça prend sept minutes de plus, on prend un air, et, véritablement,
on a une qualité de vie incroyable.
Et,
véritablement, le sommet économique qui a été établi chez nous, par les gens de
chez nous, aidés par l'ACCORD, par
les fonctionnaires pour s'assurer, justement, du suivi de cet exercice-là, M.
le Président, ça va servir notre région. Et ça ne sera pas des fonctionnaires qui vont avoir fait ça. Ça ne sera pas le
gouvernement à Québec qui va avoir fait ça. Ça va être des gens de chez nous qui vont avoir
travaillé pour leur famille, qui vont avoir travaillé pour le bien de la
population, pour qu'on puisse se
développer, et on va avoir une vision, on ne tirera pas sur tout ce qui bouge,
là, on va avoir une vision globale pour être en mesure d'être des
gagnants, M. le Président, et c'est comme ça, moi, que je vois ma région.
Le Président
(M. Auger) : Merci, M. le député. Nous allons poursuivre. Pour
les cinq prochaines minutes, M. le député d'Arthabaska.
M. Lefebvre :
Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais commencer à mon tour par saluer le
ministre des Affaires municipales,
Occupation du territoire, député de Dubuc, député de Jonquière, Mme la députée
de Chicoutimi. Merci aujourd'hui de
me donner l'occasion de ma première intervention dans le cadre d'une
interpellation. Comme vous vous en
doutez, je vais revenir aujourd'hui sur le sujet que j'ai abordé cette semaine
en période de questions, sur l'entente de continuité signée par Rio
Tinto.
Mais
avant je vais faire un petit détour qui va me permettre de démontrer pourquoi
je crois qu'il est primordial que le
gouvernement en fasse plus pour la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Vous le savez, les jeunes quittent
la région du Saguenay. Encore en
décembre dernier, le président de la chambre de commerce du Saguenay-Le Fjord,
Carl Côté, disait dans Le
Quotidien, et je cite : «J'entends des gens d'affaires dire à leur
enfant de ne pas rester dans la région parce qu'il n'y a pas d'avenir
pour eux ici. Il faut réagir collectivement, rapidement. En région, l'exode
s'accentue.»
Vous
voyez, ça, ça me préoccupe beaucoup quand le président de la chambre de
commerce, M. le Président, parle à un
journaliste d'une problématique de la sorte. Et les données de l'Institut de
statistique démontrent que son affirmation, elle est vraie. De 2011 à 2015, le nombre de jeunes de moins de 20 ans
au Saguenay—Lac-Saint-Jean
a diminué de 4 %. La même chose
pour les 35 ans, qui a diminué également de 4 %. Pendant ce temps-là, la
population des 50 ans et plus a
progressé de 6,8 %. Bref, la population du Saguenay—Lac-Saint-Jean, M. le Président, vieillit, et ceux
qui devraient la remplacer et assurer
la vitalité de la région, bien, eux, ils quittent. Leur nombre diminue. L'âge
moyen y est supérieur de deux ans à l'âge moyen de l'ensemble du Québec.
Dans 20 ans, M. le Président, l'âge moyen sera de 49 ans.
C'est
vrai que le Québec au complet vieillit. Mais, quand les jeunes quittent une
région, c'est une région qui vieillit encore
plus vite. Et, quand une région vieillit encore plus rapidement, il faut se
demander pourquoi. Alors, pourquoi ils quittent?
Dans le même article,
M. Côté mentionne qu'une des problématiques, c'est qu'il n'y a pas de
grands projets gouvernementaux ou de grands
projets privés. Dans les années 90, début des années 2000, ce type de projets
permettait aux jeunes d'avoir un
emploi et surtout un emploi de qualité. Mais maintenant ils constatent qu'il
n'y en a plus pour les retenir.
J'ai
regardé les statistiques de l'emploi dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean et j'ai été surpris de ce que j'ai
vu. Malgré ce qui se passe au Québec, ce qu'on voit, c'est que, depuis le mois
d'août dernier, le taux de chômage de la région augmente. Et j'aimerais
corriger le ministre au niveau du pourcentage de chômage que le ministre avait mentionné à 6,9 %, il est bien rendu à
7,6 %, comparativement à 6,3 % pour le reste du Québec, soit
1,3 % de plus. Au-delà de ça, il
y a une partie de l'explication qu'il est encore plus difficile de trouver un
emploi en région. Et, quand on regarde les
salaires, un élément d'information encore plus significatif, en 2016, le
pouvoir d'achat des travailleurs du Saguenay—Lac-Saint-Jean
a diminué de 2 %. Le coût de la vie augmente, mais les salaires ne suivent
pas.
Pendant
ce temps-là dans le reste du Québec, les salaires ont progressé de 3 % et
le pouvoir d'achat de 1 %. Alors, les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean gagnaient, en 2016,
2 300 $ de moins que dans le reste du Québec. Ça, ce qui dit que, malgré le fait que, dans le reste du Québec,
le taux de chômage se porte relativement bien, le pouvoir d'achat des
travailleurs du Saguenay, eux, augmente. La situation se détériore. Les gens
qui trouvent des emplois doivent accepter de moins hauts salaires. Il ne
faut pas oublier qu'il y a eu également une hausse de 1 000 $ au
niveau des taxes, des différents tarifs depuis trois ans. Je crois que ça peut
expliquer pourquoi que les jeunes quittent la région.
Je
crois également que c'est pour ça que le président de la chambre de commerce a
dénoncé la situation. L'économie, il
faut être honnête, du Saguenay—Lac-Saint-Jean, présentement, est morose. Et c'est pour ça que je vous
ai parlé de Rio Tinto cette semaine et que
je vous en parle. C'est un exemple de la vision gouvernementale. Je répète les
propos de mon collègue de Jonquière, qui
rappelle que Rio Tinto a annoncé récemment la diminution de 103 emplois.
Je le répète parce que c'est important, ces emplois-là, pour la région. On
comprend que Rio Tinto va demander au gouvernement de reporter les investissements qu'il
devait réaliser d'ici la fin de 2018. Le gouvernement du Québec, dans ce dossier, ne fait rien pour exiger que Rio Tinto
respecte ses engagements et laisse aller les choses. L'économie de la région, M. le Président, doit être stimulée. C'est
la clé principale pour retenir les jeunes en région, mais malheureusement
les derniers développements laissent croire
que le ministre responsable de la région, qui est aussi le premier ministre, a
peu d'intérêt pour la question du développement économique de la région.
Le Président
(M. Auger) : Merci, M. le député d'Arthabaska. M. le ministre,
toujours cinq minutes.
M. Coiteux :
Vous me permettrez de commencer par saluer le député d'Arthabaska pour sa
première expérience en matière de...
Il n'est pas l'interpelé, il fait partie des interpelants, mais néanmoins il
participe à une interpellation. Donc, bienvenue
dans cet autre aspect de la vie de l'Assemblée nationale. Et je suis certain
qu'au-delà de nos divergences on trouvera
des occasions de travailler de façon collaborative, certainement. Mais
divergences il y a sur un certain nombre de choses, puis il va falloir
qu'on s'en parle un peu ce matin.
J'étais
quand même... j'écoutais bien, là, il y a des aspects de ce que nous a dit le
député d'Arthabaska qui étaient un
petit peu en porte-à-faux avec ce qu'on entend du leader de la deuxième
opposition, qui est le chef de son parti, parce que j'ai entendu que l'emploi progressait bien au Québec, j'ai entendu
que le pouvoir d'achat progressait au Québec, donc la capacité des ménages d'acheter des biens et
services progressait. Donc, c'est un peu en porte-à-faux avec le discours,
qui est parfois un peu misérabiliste, qu'on
entend du côté de son parti. Mais il me dit : Malgré le fait que ça va
très bien dans l'ensemble, c'est ce
que j'ai entendu, c'est vraiment ce que j'ai entendu, je ne pense pas m'être
trompé, ça va très bien dans
l'ensemble, il y a des défis particuliers dans certaines régions, dont le
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
C'est ce que j'ai entendu. Je voulais
juste le noter parce que ça veut dire qu'on pourra avoir des débats un petit
peu équilibrés, peut-être, avec son chef au cours des prochains jours,
des prochaines semaines, puis ça sera bon de se le rappeler.
Ceci
étant, il n'en reste pas moins que la situation s'est améliorée au Saguenay—Lac-Saint-Jean depuis 2014. La situation s'est améliorée. Est-ce qu'elle s'est
améliorée au-delà de toutes nos espérances? Non, non, non. Puis c'est pour ça qu'on veut travailler ensemble avec tout
le monde pour faire en sorte qu'on ait encore de meilleurs résultats. Puis le
premier ministre est le premier à se
préoccuper de ça, comme tous les membres du gouvernement, puis tout le caucus
de notre côté, puis particulièrement
le député de Dubuc, qui est un député de la région. On a tous à coeur le
développement de la région. Mais il
faut quand même partir de la réalité des faits, puis la réalité des faits,
c'est qu'il s'est quand même créé,
depuis avril 2014, plus de 8 000 emplois dans la région puis que ça a
largement contribué à stabiliser la situation par rapport à ce déclin très important de l'emploi que je ne pars pas à
la dernière crise financière mondiale, là, en 2008, que je pars juste en
octobre 2012. Puis c'est un autre parti qui a gouverné pendant cette
période-là.
C'est
important de le noter parce que l'approche, pas par intention de mal faire...
je suis d'accord avec le député de Dubuc,
je ne peux pas imaginer un instant que le député de Jonquière, ou la députée de
Chicoutimi, ou d'autres membres de leur formation avaient l'intention de
mal faire en matière de développement économique au Lac-Saint-Jean ou au Saguenay—Lac-Saint-Jean, je suis certain qu'ils n'avaient
pas cette intention. Mais les résultats, malheureusement, n'ont pas été là. Puis il y a peut-être parce que les
instruments qu'ils utilisaient ou qu'ils n'utilisaient pas n'étaient pas les
plus appropriés. Alors, la situation
s'est améliorée. Mais elle n'est pas encore totalement à la hauteur de nos
espoirs. C'est pour ça qu'il faut continuer de travailler.
• (11 heures) •
Le
député d'Arthabaska a dit que c'était important de retenir les jeunes familles.
Oui, absolument, c'est archi-important, encore plus dans un contexte
d'une démographie qui est difficile. Mon collègue de Dubuc a dit tout à l'heure : Le premier ingrédient pour
retenir les familles, il faut qu'il y ait des jobs. J'en conviens. Donc, c'est
une bonne chose d'avoir renversé la
tendance négative, puis d'avoir créé 8 000 emplois, puis d'avoir abaissé
le taux de chômage. C'est un
ingrédient important. C'est probablement l'ingrédient le plus important. Mais
il faut aussi que ce soit des milieux accueillants.
Est-ce que le gouvernement peut tout faire? Non, mais le gouvernement a fait un
certain nombre de choses dans la
région, directement liées à ce que disait le député d'Arthabaska, comment faire
en sorte que ce soit des milieux accueillants pour les jeunes familles.
Je
vais donner des exemples. Ce n'est pas nécessairement des projets à coups de
centaines de millions de dollars, mais ça peut avoir un impact dans des
communautés locales...
M. Lefebvre :
...
Le Président
(M. Auger) : Juste un instant. M. le député d'Arthabaska?
Des voix :
...
Le Président
(M. Auger) : Pardon?
Une voix :
Le député se sent mal. Il a une chute de pression.
Le Président
(M. Auger) : Oui. Je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 1)
(Reprise à 11 h 8)
Le Président (M. Auger) : Nous
reprenons nos travaux. M. le ministre.
M. Coiteux : Bien d'abord, écoutez, l'interruption est
due à un malaise du député
d'Arthabaska, à qui je souhaite
le plus prompt rétablissement, là. On est
tous préoccupés, là, et je pense que ça va être dans nos pensées par la suite
de nos discussions.
Alors,
j'étais en train, dans mon échange
avec le député d'Arthabaska, de parler de certains investissements qui n'étaient pas nécessairement des investissements à
coups de centaines de millions de dollars, mais qui avaient un impact direct pour la... dans le fond, l'attrait des
municipalités locales au Lac-Saint-Jean pour les familles. On a financé
notamment la rénovation de la salle communautaire d'Hébertville, on a
financé le réaménagement du centre multifonctionnel L'Ascension-de-Notre-Seigneur, on a travaillé sur la bonification de
l'offre touristique de la Fondation Jardin Scullion dans la partie est
du Lac-Saint-Jean, la rénovation du chalet d'accueil du club «Perce-Neige» de
Bégin. Ce sont des investissements qui,
parfois... puis ils sont... Dans les programmes du MAMOT, là, ça peut être
différents volets de nos programmes d'infrastructure, mais ce sont tous
des investissements qui contribuent.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Nous allons poursuivre. M. le
député de Dubuc. M. le député, cinq minutes.
M. Simard : Oui, merci, M. le Président. Maintenant,
M. le Président, je veux revenir un peu sur, bien sûr, ma région, qui, par rapport à ce qu'on a dit
dans... par rapport à l'emploi. Tout à l'heure, j'entendais le
député de Jonquière,
qui parlait justement des difficultés dans
le haut du lac, c'est-à-dire plus dans le comté du premier ministre. C'est facilement comprenable, M. le Président. Pour les gens
du... Est-ce qu'on continue, là? Est-ce qu'on continue, M. le Président? O.K., je ne savais pas si
vous aviez arrêté la séance, là.
Le Président (M. Auger) : Absolument
pas, monsieur.
• (11 h 10) •
M. Simard : O.K., d'accord, merci. Parce qu'en réalité, M. le Président,
on est dans une industrie forestière. Le Saguenay—Lac-Saint-Jean correspond à peu près à 28 % de l'industrie forestière du Québec.
Donc, lorsque la forêt a des
difficultés, là, on a eu une accalmie qui fait que, bon, le taux d'emploi est quand même
supérieur à ce qu'il était parce que
la crise forestière qu'on a passée, qui ne finissait plus de finir, a eu des
impacts majeurs au niveau de la forêt et dans le haut du lac, bien sûr, M.
le Président.
Maintenant,
au moment où on se parle, oui, il y a une accalmie, mais je vous dirai que les
problèmes collatéraux, ils ont
demeuré parce que ça ne se reprend pas du jour au lendemain nécessairement, une industrie telle la forêt, qui... ça fait quasiment 10 ans qu'on a des problèmes. Mais
une chose est certaine, M. le
Président, c'est que le premier ministre a posé des gestes qui sont très importants. Tout à l'heure, le député de Jonquière parlait des deux MRC, et, véritablement, le premier ministre le sait, ça, c'est dans son comté, et il veut nécessairement être en mesure de donner la chance aux gens de son comté qui bénéficient justement
de cette industrie forestière, mais, momentanément, depuis plusieurs
années, ont des difficultés.
Donc, qu'est-ce qu'on a fait? Le premier ministre a travaillé justement pour que le projet
de... le 26 millions accordé au
zoo se fasse et qu'on puisse nécessairement donner les coudées franches pour être en mesure
d'aider le secteur touristique parce
qu'on le sait on veut augmenter...
Avec cet investissement-là, la région va mettre aussi un investissement, c'est un projet de 32 millions. Maintenant, on va augmenter l'achalandage, on veut augmenter
l'achalandage de 25 %, de passer
de 150 000 à 200 000,
chose qui va rendre service à l'ensemble de la région parce qu'en réalité le
zoo — il faut
connaître la région — est dans le haut du Lac-Saint-Jean, et,
véritablement, quand on arrive par le parc des Laurentides, on traverse la région, donc on passe dans tous les beaux
villages et on risque nécessairement d'avoir des retombées sur l'ensemble
de la région.
Maintenant,
on a aussi, comme gouvernement, investi dans les serres qui vont produire des
concombres. Tout le monde en parle,
là, ça a eu beaucoup de couverture
médiatique, très souvent négative pour toutes sortes de raisons, M. le Président, parce
qu'on le sait les syndicats sont en
maraudage, etc. Donc, on en a parlé amplement. Mais, à terme, c'est une entreprise
qui va engager 400 personnes, M. le
Président, 400 personnes dans le haut
du lac. Ça vient diversifier l'économie forestière d'une
façon extrêmement importante. Donc, de là l'importance que tout le monde de la région pousse
dans ce projet-là pour être en mesure qu'on réussisse cette
démonstration-là.
Emploi-Québec investit... si ma mémoire est
bonne, c'est 600 000 $ pour former les travailleurs de cette industrie-là, ces 400 employés qui,
nécessairement... Des serres, chez nous, on n'en a pas. On a Serres Sagami chez
nous, mais, dans le haut du lac, il
n'y en a pas. Donc, il faut former ces employés-là. 600 000 $ pour
être en mesure de bien former ces
employés-là avec une technologie qui est inexistante au Québec, une technologie
qui va permettre, encore une fois, d'être plus productif.
Soit dit en
passant, M. le Président, pour ceux que ça intéresse, IGA, tu sais, c'est
l'annonce du commanditaire, vend les
concombres de... qui se font à Saint-Félicien. Et également, si vous allez chez
Subway, M. le Président, vous mangez
des concombres de Saint-Félicien.
Donc, c'est partout au Québec. Ça, c'est le message du commanditaire, soit
dit en passant.
Mais comme
ça, M. le Président, si on met tout le monde l'épaule à la
roue, on va tous être gagnants parce
que ce sont des nouveaux emplois, qui
sont inexistants, qui viennent justement diversifier l'économie du haut du lac, et,
comme l'a dit le député de
Jonquière, je pense que le haut du lac mérite qu'on mette
ensemble les gens de la région au travail, arrêter — justement,
des fois, il faut choisir nos mots — de dénigrer cette
entreprise-là, lui donner toutes les coudées franches pour qu'elle soit
gagnante partout au Québec, M. le Président. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de Dubuc. Pour les
cinq prochaines minutes, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jean : Merci. Je profiterai quand même de l'occasion
pour souhaiter un prompt rétablissement au député d'Arthabaska, qui, on
me dit, va déjà quand même un peu mieux. Donc, les nouvelles sont bonnes.
Je
prendrai l'opportunité qui m'est offerte aujourd'hui pour partager avec vous
mes inquiétudes sur trois sujets. D'abord,
suite aux événements dont nous avons été témoins récemment, alors que la
Fondation Hôtel-Dieu de Sorel recevait une
directive ministérielle, l'interdiction d'acquérir un appareil permettant de
diagnostiquer les cancers du poumon, parce qu'il considère que les patients n'ont pas besoin de cet ajout de
service et qu'ils n'ont qu'à se déplacer à Saint-Hyacinthe, ça a été la
réponse du ministre, le ministre Barrette a appliqué le même argument
pseudo-scientifique qui justifiait l'interdiction
des chirurgies d'oesophage à Chicoutimi, qui était basé sur le volume plutôt
que le service à la population.
Mais
là n'est pas la question. Ce qui m'inquiète aujourd'hui est que nous avons à
Chicoutimi une institution dont nous
sommes très fiers, La Fondation de ma vie de l'hôpital de Chicoutimi. Depuis sa
création, en 1980, La Fondation de ma
vie supporte financièrement son hôpital sur des projets prioritaires
d'acquisition d'équipements médicaux de pointe et des projets
d'aménagement pour l'amélioration des soins aux usagers. La fondation soutient
également la mission universitaire de son
hôpital en finançant des projets de recherche et en supportant le programme
d'enseignement offert aux jeunes
médecins qui choisissent la région pour suivre leurs études. Grâce à son
dynamisme et à son implantation solide dans la communauté saguenéenne,
elle a remis, imaginez-vous bien, 20 millions de dollars à l'hôpital.
M.
le Président, nous nous inquiétons du sort réservé à notre fondation. Nous nous
inquiétons des décisions qui empêchent
une population locale de se doter d'équipements de pointe. Est-ce que le
gouvernement libéral appliquera à l'Hôpital de Chicoutimi et sa fondation la
même médecine qu'il a faite à Sorel-Tracy? La question mérite d'être posée.
L'autre
sujet dont je tiens à vous parler touche l'éducation et, plus précisément,
l'éducation des jeunes autochtones. M.
le Président, le projet d'école hors réserve a été initié à Chicoutimi. Ce
projet vise la persévérance scolaire et la réussite des élèves. Il s'agit de la seule école autochtone
hors réserve du Québec. 20 jeunes autochtones y participent, divisés en deux classes : maternelle, deuxième année. En
plus du programme régulier de l'école québécoise, les jeunes y ont accès
à des ateliers en innu et en attikamek. On y intègre des parents d'élèves
autochtones dans les comités de parents. Les partenaires
impliqués sont le Centre d'amitié autochtone du Saguenay, la commission
scolaire, le ministère de l'Éducation du
Québec et le Conseil en éducation des Premières Nations. Amorcé en septembre
2016, le projet prendra fin en juin 2017 pour des raisons financières,
parce que le gouvernement du Québec a refusé de renouveler son financement.
Pourtant,
le projet est prometteur et crée un engouement auprès non seulement de la
commission scolaire, qui désire poursuivre
le projet, mais aussi auprès de l'Assemblée des premières nations du Québec et
Labrador et aussi, et surtout, auprès des parents, qui, eux aussi,
souhaitent voir l'expérience se poursuivre. M. le Président, nous demandons au ministère de l'Éducation et au ministre délégué
aux Affaires autochtones de reconduire le financement de cet important
projet pour l'avenir des jeunes autochtones.
Enfin,
je profiterai des courtes minutes qui me restent pour mentionner qu'au Saguenay—Lac-Saint-Jean nous comptons sur une industrie
agricole importante. Cette industrie repose sur le dévouement, l'audace et
l'ingéniosité des agriculteurs. Ils
ont à coeur le bien de la population et le bien de leurs bêtes. Ils déplorent,
entre autres, la disparition des abattoirs
québécois, qui les met à la merci des abattoirs américains. En plus de voir
leurs bêtes, qu'ils chérissent, transportées pendant des heures et des
heures avant leur destination finale, ils voient leurs revenus fondre au
soleil. Est-ce que le gouvernement étudie des opportunités pour aider ces producteurs?
Ce
n'est pas le seul problème rencontré par nos agriculteurs. Ils sont face à un
sérieux problème de relève et de transfert
aux enfants. Ce problème est accentué par des politiques fiscales qui,
malheureusement, avantagent la vente à des acheteurs étrangers. Comme résultat, la ferme est vendue à des personnes
ou des entreprises localisées à l'extérieur de la région. Le problème n'est pas qu'ils soient
étrangers, mais que, souvent, la terre se retrouve en exploitation intensive
qui risque d'être néfaste à court et moyen termes.
Le
gouvernement du Québec a adopté en 2015 de nouvelles mesures fiscales pour
favoriser le transfert d'entreprises familiales à la génération
suivante. Toutefois, ces mesures se retrouvent bloquées à Ottawa, qui n'emboîte
pas le pas. Est-ce que le gouvernement
libéral entend faire les pressions qui s'imposent auprès d'Ottawa pour corriger
la situation?
Enfin,
je voulais terminer sur une note joyeuse parce que j'attire l'attention sur le
fait qu'au Saguenay—Lac-Saint-Jean
on fait une production de la luzerne, qui
est l'aliment principal pour les bêtes, sans OGM. Donc, il y a des démarches
qui sont entamées pour être reconnue
comme la région agroboréale et nordique, qui permettrait d'être reconnue comme
une production biologique, ce qui
donnerait un avantage stratégique particulier aux producteurs de la région. On
espère que le gouvernement du Québec
va continuer d'ailleurs les actions qui sont enclenchées là-dedans, et qu'ils
vont poursuivre, et surtout mettre
des actions pour pouvoir accélérer le processus pour avoir cette
accréditation-là le plus vite possible.
Merci beaucoup.
Le Président
(M. Auger) : Merci. M. le ministre.
• (11 h 20) •
M. Coiteux :
Alors, merci, M. le Président. Bon, beaucoup d'éléments, beaucoup d'éléments
dans l'intervention de la députée de Chicoutimi.
Évidemment, le premier
bloc portait sur le secteur de la santé. D'abord, il faut bien comprendre
l'objectif qui est poursuivi par le
gouvernement puis l'objectif qui est poursuivi notamment par le ministre de la
Santé dans les réformes qui sont
mises en place partout au Québec, là. Ce n'est pas seulement au Saguenay—Lac-Saint-Jean, mais bien entendu que ces
réformes-là se déclinent partout au Québec.
Il y a deux
grands objectifs. D'abord, c'est l'accès, hein? C'est vraiment d'améliorer
l'accès. Donc, il y a toute une série
de mesures qui font en sorte qu'au Saguenay—Lac-Saint-Jean aussi l'accès à un médecin de
famille est facilité par les réformes qui sont mises en place, et il y a
une progression là aussi.
Il y a
évidemment aussi des mesures et des réformes qui visent à favoriser une plus
grande productivité, mais ce que ça
veut dire en définitive : un plus grand nombre de patients qui sont
traités et qui sont vus par les médecins spécialistes, qui sont
poursuivis par les réformes.
Il y a un
changement aussi dans la façon d'organiser les services de santé sur le
territoire, non pas pour retirer des
économies du secteur de la santé puis les transférer dans d'autres missions du
gouvernement, mais, au contraire, les réinvestir
directement dans les soins à la population. Et c'est vrai au Saguenay—Lac-Saint-Jean, comme c'est vrai au
Centre-du-Québec comme c'est vrai partout ailleurs, en Gaspésie, à Laval, peu
importe.
L'alternative, qui serait de ne rien faire,
évidemment, c'est qu'il n'y aurait pas d'amélioration de l'accès, il n'y aurait
pas d'augmentation de la productivité des médecins, et on se retrouverait dans
un contexte, puis on en a abondamment parlé,
avec les défis démographiques qu'on a, il y a une explosion de la demande, si
on n'est pas capables de se
réorganiser, bien, ça va vouloir dire du rationnement, et du rationnement, et
du rationnement, ce qu'on ne veut pas faire,
ce que nous ne ferons pas. Donc, le premier objectif des réformes, au Saguenay—Lac-Saint-Jean comme ailleurs, c'est
d'améliorer l'accès.
Mais il y a
deuxième objectif aussi, c'est la qualité des soins, puis la qualité des soins
est importante. Et, dans cette question de savoir à quel endroit
certaines opérations sont réalisées dans un rayon qui est raisonnable, là,
c'est pour donner la meilleure qualité de soins aux patients. Puis je convaincu
que les citoyens, les familles, les résidents du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
eux aussi, lorsqu'ils vont subir une certaine intervention chirurgicale ou un
certain type de traitement, veulent
avoir accès aux meilleurs soins possibles, accès aux meilleurs spécialistes
possibles. Et ça, bien, toute la
pratique, l'expérience et les études sérieuses qui sont faites sur le sujet
montrent que, pour certains types d'intervention, on a avantage à les concentrer à certains endroits
pour qu'il y ait un volume d'opérations suffisamment important pour que chaque personne qui va avoir à l'intervention
chirurgicale ou au traitement ait le meilleur traitement ou la meilleure
intervention chirurgicale possible.
Alors, moi, je suis convaincu que les citoyens
du Saguenay—Lac-Saint-Jean
ne sont pas différents des autres là-dessus
et veulent les meilleurs soins. C'est ça, l'objectif qui est poursuivi par le
ministre. Il y a des prises... Il y a des échanges parfois assez musclés dans cette Assemblée autour de ses
réformes, mais c'est vers là qu'on s'en va, dans ce double objectif de
l'accès et de la qualité des soins.
Concernant
les nations autochtones... On parlait, donc, des projets en éducation, des
projets qui sont d'autres natures avec
les communautés autochtones. Je suis content d'en parler parce que je ne suis
pas seulement ministre des Affaires municipales
et de l'Occupation du territoire, je suis aussi ministre de la Sécurité
publique. Et j'ai eu l'occasion d'aller à quelques reprises, d'ailleurs,
dans la région, notamment pour travailler avec la communauté de Mashteuiatsh.
Je suis content de dire, d'ailleurs, que,
pour prévenir un certain nombre de situations qui peuvent avoir même un impact
sur la réussite scolaire, on a travaillé avec la communauté de
Mashteuiatsh pour mettre sur pied un projet lié à Prévention jeunesse. C'est une des premières choses,
d'ailleurs, que j'avais faites lorsque je suis devenu ministre de la Sécurité
publique, c'est de mettre en place un
programme qui est destiné à mettre en interaction, en travail ensemble des
intervenants parfois des milieux
policiers, des intervenants des... ça peut être un centre jeunesse, comme ça
peut être une commission scolaire, comme
ça peut être une autre entité du secteur public québécois, et des travailleurs
sociaux, puis des groupes communautaires qui sont engagés sur le terrain.
Et on met en place, à Mashteuiatsh, un tel projet.
Il me reste peu de temps, sinon pour dire que
j'ai entendu le message sur la luzerne sans OGM. Simplement pour saluer le fait qu'en Europe ils aiment bien
les importations agroalimentaires sans OGM. Alors, profitons-en pour
faire la promotion des produits du Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. D'abord, M. le Président, moi, je carbure aux emplois,
et, véritablement, vous savez, ce qui m'intéresse, moi, c'est que les
gens puissent demeurer chez nous, mais y travailler, bien sûr.
Et
j'entendais, tout à l'heure, le ministre parler de Mashteuiatsh. Je dois vous
dire que, lors du sommet économique, il
y a une table importante qui a fait un guide sur les bonnes pratiques pour être
en mesure de faire du partenariat avec les
gens de Mashteuiatsh. Ça a été fait par Mme Paul, et moi, je la salue puis
je la remercie du travail qui a été fait parce que ça peut même devenir, je vous dirais, un modèle pour les autres
régions qui ont aussi des communautés autochtones chez eux, qui veulent travailler avec les
Premières Nations. Et, véritablement, je la remercie, et ça va servir à
l'ensemble du Québec.
Maintenant,
M. le Président, vous le savez, j'en ai parlé tout à l'heure, notre région,
c'est une région forestière. On a la
forêt et aussi on a l'aluminium. Donc, dans les créneaux d'excellence, on le
sait, ça fait partie des créneaux d'excellence de notre région. Et,
véritablement, le gouvernement met tout en oeuvre pour s'assurer que les gens,
les travailleurs forestiers puissent bien
gagner leur vie et bien sûr que les gens qui, eux, travaillent ou encore vont
en vacances sur un territoire forestier puissent le faire parce que
le gouvernement investit 13 millions de dollars pour
l'accès aux territoires publics dans notre région. Et ça va servir, oui,
les entreprises forestières, ça va servir également
les différents amateurs fauniques, les chasseurs, les pêcheurs, ceux qui vont prendre des photos
dans la forêt, M. le Président. Donc, il
faut avoir accès au territoire,
et le gouvernement est préoccupé par ça parce que ça, c'est du tourisme. Et, à
ce moment-là, pour bénéficier de la possibilité d'aller en forêt, bon, il faut
que le territoire soit bien couvert au niveau de son accès. Et ce montant-là va
servir cette possibilité-là.
Maintenant,
M. le Président, le gouvernement aussi a investi dans la forêt privée cette année
pour qu'on puisse s'associer avec la
forêt privée pour créer des emplois. On a un 2,5 millions qui a été mis au niveau de la mise en valeur de la forêt privée, les propriétaires privés
de la forêt sont satisfaits de cet investissement, et bien sûr on va continuer
à travailler avec ces gens-là parce qu'on va créer des emplois, M. le
Président.
Maintenant,
une chose qui est importante à la base véritablement de l'industrie forestière,
c'est la sylviculture. Donc, on sait, quand on jardine... parce que la
forêt, c'est un jardin. Si on ne le jardine pas, si on travaille mal, si on n'y travaille pas, la forêt ne poussera pas. Donc,
ça ne créera pas d'emplois. Le gouvernement sait ça et, véritablement, a
annoncé, dans le dernier budget et aussi
dans les budgets précédents, 225 millions en sylviculture pour s'assurer
que d'abord, premièrement, il y a de
la prévisibilité au point de vue des entreprises et également il y a de la
stabilité par rapport aux emplois, ce
qui donne aux familles justement le goût... ceux qui gagnent leur vie avec
l'industrie sylvicole puissent avoir une assurance que, sur les deux
prochaines années, ces gens-là vont pouvoir gagner leur vie. Et le gouvernement
est préoccupé par ça. Et dernièrement, le
premier ministre l'a annoncé, 2016‑2017, 2017‑2018... Donc les gens, les
contracteurs, les travailleurs savent exactement qu'ils vont être en
mesure de bien gagner leur vie à ce niveau-là, M. le Président.
Et toujours dans le domaine forestier, M. le
Président, on a une grande préoccupation, c'était lors de la fermeture — je n'ai pas beaucoup de temps, mais je vais
continuer tout à l'heure, M. le Président — de Louisiane-Pacifique à Chambord, quand même une industrie importante.
Et on a toujours travaillé en collaboration. Le gouvernement, le premier
ministre, avait ouvert, pour trouver des
projets d'investissement, un bureau de projets à Saint-Félicien, qui lui
voulait... ce bureau-là cherchait des projets pour se servir de cette
matière ligneuse là. Et, véritablement, il y avait le 31 décembre 2016 où ça
terminait, les choix ont été faits sur quatre entreprises. Pour les nommer au
moment où on se parle, ces entreprises-là
sont Elkem Métal, dans le comté de ma collègue de Chicoutimi, qui va recevoir
des approvisionnements forestiers, et
également Scierie Dion à Petit-Saguenay. Soit dit en passant, c'est 20 emplois
à Petit-Saguenay. C'est à peu près
comme, je vous dirai, quasiment 2 000 emplois à Montréal. C'est très
important. Ces gens-là vont avoir un avenir. L'entreprise a investi, et
ils vont pouvoir gagner leur vie. J'y reviendrai plus tard, M. le Président.
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le député. M. le député de Jonquière.
• (11 h 30) •
M. Gaudreault :
Oui. Juste rappeler, hein, l'Institut de la statistique du Québec : 2013,
128 000 emplois, 2016, 126 700
emplois. Alors, ça, c'est les chiffres bruts. Je sais que le ministre des
Affaires municipales est un homme de chiffres, alors il pourra
certainement en prendre considération.
Mais ce sur
quoi je veux insister et qui me renverse ici ce matin, c'est l'absence de
réponse du gouvernement sur Rio
Tinto. Il faut absolument revenir là-dessus. Moi, je ne reviens pas de la
réponse du ministre tout à l'heure. Je n'en reviens pas. On avait déjà eu le
modèle du premier ministre, qui s'était posé comme porte-parole de la compagnie
au lieu d'être porte-parole des travailleurs
de la région et de l'ensemble des Québécois. Bien là, on voit que le ministre
des Affaires municipales a choisi la même façon de faire, donc d'être le
porte-parole de la compagnie au lieu d'être le porte-parole des travailleurs
puis des gens de la région.
Je ne reviens pas également qu'on n'ait même pas
relevé dans mon intervention de tout à l'heure la situation à Grande-Baie, dans le comté du député de Dubuc, l'usine de Grande-Baie, 103 emplois qui
vont disparaître à l'usine de Grande-Baie
de Rio Tinto. La seule réaction du gouvernement et du député
de Dubuc, ça a été de dire :
C'est un problème de communication. Même si Rio Tinto communique bien,
c'est 103 emplois de moins pareil.
Alors, il ne
faut pas faire la... il faut être capable de faire la différence entre pointer
la lune et la lune. Alors, on ne regarde
pas le bout du doigt, on regarde ce qu'on pointe. Alors, quand le député et le
premier ministre nous ont dit après la perte
des 103 emplois : C'est un problème de communication de la compagnie, ils
le diraient avec des fleurs ou ils le disent avec un marteau, puis c'est 103 emplois de moins. Puis le ministre et le
gouvernement n'ont pas réagi à ça. C'est ça qui est scandaleux, M. le
Président.
Et moi, je
suis doublement scandalisé du fait que la seule réponse du ministre, ça a été
de nous dire : On la soutient, la
compagnie. Par exemple, on a mis en place une stratégie québécoise du
développement de l'aluminium. C'est ce qu'il nous a dit tantôt. Il nous a vanté la stratégie québécoise du
développement de l'aluminium. La stratégie québécoise, ce qu'il n'a pas dit, c'est 2015‑2025, donc sur 10 ans,
elle n'est pas juste pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean, elle s'applique pour l'ensemble du Québec, sur tout le territoire
du Québec, et il y a 32,5 millions sur 10 ans, 32,5 millions. Et ça,
c'est sa réponse, en disant : On
a la stratégie québécoise de l'aluminium pour soutenir Rio Tinto. C'est une
farce, M. le Président, de nous dire
ça. C'est une farce parce que, savez-vous quoi, juste pour l'année 2016, Rio
Tinto a vendu ses surplus de mégawatts,
126 MW, à Hydro-Québec, ça aussi, c'est un autre scandale, pour
25,7 millions. Donc, Hydro-Québec a acheté... Hydro-Québec est déjà
en surplus de 11,9 TWh, a acheté les surplus de 126 MW de Rio Tinto
pour 25,7 millions. Le ministre nous a
dit : Rio Tinto respecte l'entente de continuité parce qu'ils ont construit
la 13e turbine à Shipshaw autour de 200 millions. Bon, bien, à ce
rythme-là, là, ils vont la payer en 10 ans, là, en vendant
25 millions par année à Hydro-Québec de
surplus d'électricité, ils vont payer leur turbine. Wow! C'est tout un
développement économique, ça, c'est tout un respect de l'entente de
continuité.
Alors là, je
reviens sur mon propos d'origine. Arrêtons ici, là, de juste se lancer des
choses. Moi, je veux du concret. Gervais Jacques, le directeur général
des opérations Atlantique aluminium de Rio Tinto, a tendu la main parce que c'est vrai que Rio Tinto, là, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est le plus gros dossier. Il a
tendu la main, il dit : «Concrètement — puis je le cite — nous collaborerons, entre autres, avec le
Regroupement des Chambres de commerce du
Saguenay—Lac-Saint-Jean
pour jeter les bases d'une nouvelle approche permanente d'échange avec le
milieu.» Ça, c'est Gervais Jacques
qui dit ça. Les chambres de commerce sont prêtes à collaborer. Nous, on a
proposé une commission parlementaire.
Le seul, à date, qui ne s'est pas prononcé sur ça pour essayer d'avoir un
avenir concret de l'aluminium au Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est le
gouvernement.
Alors, on
est-u capables de trouver une piste d'atterrissage entre la commission parlementaire
qu'on a demandée, la main tendue de
Gervais Jacques, l'ouverture à avoir une approche permanente d'échange avec le
milieu pour faire le bilan de
l'entente de continuité dans le contexte que je viens d'énoncer? Parce que, si
Rio Tinto continue de vendre ses surplus énergétiques, on pourra même
dire que c'est en contravention avec le deal de 1963 sur la nationalisation de
l'électricité, parce qu'Alcan, dans le temps, a échappé à la nationalisation
pour créer des emplois...
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le député.
M. Gaudreault : Voilà.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre, cinq minutes.
M. Coiteux :
Oui. Bien, tant mieux que Rio Tinto Alcan, par le biais de M. Jacques, ait
une main tendue à l'égard du milieu dans
lequel l'entreprise opère, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Tant mieux, mais il n'a pas parlé
d'une commission parlementaire, à ce
que je sache. Ça, c'est une demande du député de Jonquière ou de son groupe
politique, mais c'est un autre enjeu,
c'est une autre histoire. Puis ce n'est pas à moi de disposer à savoir s'il y a
une commission parlementaire ou pas
sur le sujet. Mais ce n'est pas ça qu'a dit M. Jacques. Ce qu'a dit
M. Jacques, c'est que, pour assurer des investissements qui vont être porteurs dans l'ensemble de la région au
cours des prochaines années, bien, il faut qu'on travaille tous ensemble. Puis tous ensemble, bien, quand on a une
stratégie de l'aluminium, ça veut notamment dire que le gouvernement,
dans le «tous ensemble», joue son rôle également. Et j'aimerais indiquer à cet
effet que les sommes dont j'ai parlé tout à
l'heure, qui sont consacrées à la stratégie de l'aluminium, sont sur trois ans,
ce n'est pas sur 10 ans. Donc, il ne faut quand même pas étirer
l'élastique comme le fait le député de Jonquière là-dessus.
Mais allons
au fond des choses là-dessus. Il faut faire attention comment on présente les
choses. Lorsqu'on dit qu'il y a des
emplois qui vont disparaître, c'est une chose de faire des mises à pied comme,
malheureusement, certaines entreprises
le font sans préavis parfois, puis ce
n'est pas acceptable, puis de dire : Bien, voici, on a les enjeux
suivants, et, au cours des prochaines années, par attrition, il y aura un
certain nombre de personnes qui ne seront pas nécessairement remplacées. Ce
n'est pas vrai que dans l'aluminium, c'est vrai dans plusieurs
secteurs. Et, si ça se fait de cette manière-là, bien, ça se fait d'une
façon qui est quand même plus respectueuse des gens.
Mais il faut mettre ça dans un contexte beaucoup
plus large, qui est qu'il y a eu création d'emplois, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
au net, au cours des derniers deux à trois ans, et que c'est ce qui a permis
justement au bilan de l'emploi... Le
député de Jonquière revient sur comparer l'emploi entre deux dates. Ce qu'il
oublie de dire ou ce qu'il omet de
dire à tout le monde ici, c'est que, s'il n'y avait pas eu une récupération
fulgurante de l'emploi depuis avril 2014, le bilan serait extrêmement négatif parce qu'il y a eu plus de
9 000 pertes d'emploi dans la région au cours des 18 mois au cours desquels il y avait trois ministres qui
étaient de la région au sein d'un gouvernement du Parti québécois, puis
il y avait cinq députés de la région, puis il y a eu 9 900 pertes
d'emplois. Et puis il n'y a pas eu de sommet économique régional puis il n'y a pas eu de stratégie de l'aluminium non plus.
Donc, à quelque part, ce qu'on est en train de faire, c'est certainement
en train de produire des résultats.
Le député de
Jonquière parle d'une richesse naturelle qu'on a, qui est fort importante, qui
est l'hydroélectricité. Et on l'a au
Saguenay—Lac-Saint-Jean
puis on l'a dans d'autres régions du Québec, mais le Québec dans son ensemble a
un atout qui est formidable Et si je relie ça au marché mondial de
l'aluminium, parce que, malgré tout, là, les usines... Puis j'ai parlé des investissements de 1,3 milliard pour AP60, j'ai
parlé de l'investissement de 282 millions à Shipshaw, j'ai parlé des investissements de
300 millions de Rio Tinto Alcan en 2016, 300 millions. Ça se fait
dans un contexte qui a un impact sur
la région qui est très fort, mais ça se fait dans un contexte mondial où ils
ont des compétiteurs. Et il existe une
chose comme le prix mondial de l'aluminium, et ils doivent en tenir compte dans
leurs décisions d'investissement. Et en tenant compte de l'ensemble de
ces facteurs, oui, l'entente de continuité est respectée.
Mais nous, on
a un avantage sur beaucoup d'autres. Au cours des dernières années dans le
secteur de l'aluminium, là, il y a
deux développements très importants qui ont eu un impact jusqu'au Saguenay—Lac-Saint-Jean, mais qui n'ont rien à voir avec ce qu'on pourrait vouloir faire
ici, au Québec. Il y a eu une production subventionnée à très grande échelle
en Chine qui a déstabilisé le marché mondial. Et puis il y a eu les pays du
golfe Persique également qui ont augmenté fortement
leur capacité de production d'aluminium. Et ça a entraîné une pression très,
très forte sur le prix, qui oblige une
entreprise comme Rio Tinto Alcan, qui oblige dans les faits toutes les
entreprises du secteur de l'aluminium, à faire des investissements technologiques importants. Puis c'est comme ça qu'on
va maintenir ce secteur-là comme un secteur de pointe chez nous puis c'est comme ça qu'on va maintenir l'emploi dans
un secteur aussi important que celui-là. Et les chiffres que j'ai
partagés avec vous tout à l'heure montrent que ces investissements-là dans la
région du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ils sont au rendez-vous et ils respectent l'entente de continuité. Et ça, c'est
important de le dire.
Mais ils se
font justement en tenant compte du fait que notre aluminium à nous, il n'est
pas fait avec du pétrole, il n'est
pas fait avec du gaz, il est fait avec de l'hydroélectricité. Et donc c'est de
l'aluminium propre du point de vue de la lutte aux changements
climatiques. Et il va falloir aussi, M. le Président, au cours des prochaines
années et même dès maintenant, miser là-dessus parce qu'il y a des entreprises
qui viennent au Québec à cause de ça.
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le ministre. Dernière intervention... bien, dernier échange, M. le
député de Dubuc, pour une minute.
M. Simard :
M. le Président, je n'ai pas beaucoup de temps, mais une chose est certaine, M.
le Président, dans le dossier de Rio
Tinto, oui, j'ai intervenu moi de même pour dire que c'était une très mauvaise
communication de l'entreprise. Moi,
je peux comprendre qu'une usine, il faut que ce soit rentable, il faut que ce
soit efficace pour justement rentrer
en compétition avec les autres. Ça, je comprends ça, il y a des choses à faire,
mais il faut le faire avec leurs partenaires,
leurs partenaires, d'abord le gouvernement, bien sûr, également les
travailleurs, qui sont extrêmement importants pour atteindre les objectifs qu'ils veulent atteindre. C'est avec eux
qu'il faut qu'ils travaillent. Ils n'ont pas à aller dans les médias
avant que personne d'autre puisse savoir qu'est-ce qu'ils vont faire.
• (11 h 40) •
Maintenant,
M. le Président, c'est une entreprise que je respecte, Rio Tinto, parce qu'en
réalité elle fait travailler quand même passablement de monde chez nous.
Une chose est certaine, M. le Président, eux, du Parti québécois, ils étaient là lorsqu'il y a eu une grève à Alma.
Qu'est-ce qu'ils ont fait, M. le Président, avec Rio Tinto? Ils n'ont rien
fait. Ils ont fait la file avec les
autres, ils ont été dehors avec les travailleurs puis ils ont brandi toutes
sortes de choses. Je n'ai rien... je respecte les travailleurs, puis
moi, je travaille pour les gens chez nous, M. le Président.
Conclusions
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de Dubuc. Nous en
sommes maintenant aux dernières interventions. M. le ministre, vous avez
la parole pour 10 minutes.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Merci, de me donner la parole pour 10
minutes, M. le Président. Je vais en profiter pour faire un
récapitulatif d'un certain nombre de choses qui ont été dites aujourd'hui qui
sont importantes.
D'abord, je disais
que j'étais surpris de l'interpellation parce que notre bilan, comparativement au
bilan de la précédente administration, qui
était justement celle du Parti
québécois, dans laquelle participait
le député de Jonquière,
notamment, notre bilan était bon, pas parfait, j'en conviens. Il faut améliorer
les choses, mais notre bilan était comparativement
très bon. Mais néanmoins je suis heureux de cette interpellation parce que ça a
été l'occasion de montrer justement ce qu'on fait, quelle est l'action qu'on met,
quelles sont les actions qu'on met de l'avant pour que les gens voient
qu'il y a des résultats qui accompagnent des actions très concrètes.
Alors,
notre gouvernement pose plusieurs gestes en matière d'économie, en matière de santé, en matière d'éducation dans
toutes les régions et bien entendu aussi au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Et je rappelle que le taux de chômage, qui était de 11 % en avril 2014, bien, on a
réussi à le diminuer à 6,9 %. Quand je dis «on», je pense qu'on a
participé par nos politiques, par la stabilité qu'on amène, par la
prévisibilité qu'on amène, mais aussi parce que les gens se prennent en main
à l'échelle régionale aussi, et ça, c'est extrêmement important.
C'est tellement important qu'on a l'intention d'appuyer pour l'avenir encore davantage
cette prise en main par les gens de la région, cette prise en main de leur développement économique local. Ça a donné
des fruits dans la dernière année. Il y a 2 220 emplois qui ont été créés
dans la région au net dans la dernière année.
Nous
avons notamment soutenu des entreprises comme Serres Toundra,
26 millions de dollars. Le député
de Dubuc en a parlé tout à l'heure, du grand succès de cette
entreprise. D'ailleurs, ça m'a donné quelques idées pour le lunch. Alors,
ça a permis la construction du nouveau
complexe de serre hydroponique consacrée à la culture de concombres et pour la
transformation de ses travailleurs et
l'amélioration... la formation, pardon, la formation de ses travailleurs et
l'amélioration de l'efficacité
énergétique. On a inauguré un nouveau centre de services de Revenu Québec à
Saguenay qui a permis la création de
20 emplois. On a inauguré le bloc opératoire de l'hôpital de Roberval, un
projet qui représente un investissement de 8 250 000 $.
Nous avons investi
près de 900 000 $ pour la mise en oeuvre de plusieurs initiatives
régionales visant à améliorer les conditions
de vie des personnes aînées et à lutter contre l'intimidation. Nous avons
annoncé 290 000 $ pour favoriser la mobilité étudiante et
ainsi attirer dans les quatre cégeps de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean
des étudiants venus des grands centres, pas
des gens qui prennent l'autobus partant du Saguenay—Lac-Saint-Jean pour aller à Montréal ou à Québec, le contraire, qui partent d'ailleurs
pour aller étudier là-bas. Nous avons mis en place un programme d'études en techniques d'éducation spécialisée au
Centre d'études collégiales de Chibougamau, un établissement affilié au
cégep de Saint-Félicien.
Le
Sommet économique régional du Saguenay—Lac-Saint-Jean a engendré de nombreuses retombées,
et puis je l'ai dit au cours de
l'interpellation, des retombées pour la région, mais des retombées pour tout le
Québec parce que ce sommet-là a
inspiré directement la création du Fonds d'appui au rayonnement des régions. Et
c'est quelque chose qui était d'ailleurs une des recommandations du
groupe de travail Forêt - fonds d'investissement.
Il
y a eu l'annonce au Forum Innovation Bois, à Rivière-du-Loup, de près d'une
quarantaine de mesures accompagnées d'investissements
gouvernementaux de plus de 488 millions de dollars, notamment une mesure
apportant des modifications au Fonds
Valorisation Bois, une autre recommandation du rapport dévoilé en juin dernier
par le groupe de travail Forêt - fonds d'investissement.
Alors, les
différentes stratégies gouvernementales se déploient dans toutes les régions du
Québec, mais on voit bien que non
seulement le Saguenay—Lac-Saint-Jean
n'est pas en reste du point de vue de la réception de ces investissements,
mais aussi est un inspirateur, un inspirateur de nombreuses décisions du
gouvernement dans l'ensemble des régions.
Parlant
du Plan Nord, parlons un peu du Plan Nord. On a inauguré une antenne régionale
le 21 septembre 2015 du Plan Nord
dans la région. Le programme PIQM, volet 4.1, des infrastructures du Plan Nord
a permis notamment de financer la mise en service d'une tour de
télécommunications à Girardville. C'est un investissement de
201 867 $ du gouvernement sur un projet de 302 800 $.
L'aluminium,
on en a parlé abondamment,
aujourd'hui. L'annonce de la
stratégie a été faite à Saguenay le 19 juin 2015 au lendemain du sommet économique régional dans la foulée où la Société de la
Vallée de l'aluminium a été reconnue comme groupe de travail pour
poursuivre la réflexion.
Et, dans le
cadre du discours du budget 2015‑2016, une enveloppe de 32,5 millions $ sur trois ans a été annoncée pour débute la réalisation de la stratégie, qui,
elle, se déploiera sur 10 ans. C'est une enveloppe qui va permettre de
générer des investissements importants.
Afin de
poursuivre les efforts liés développement de projets de transformation de
l'aluminium, parce que c'est
ça,
le futur aussi, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, région haute du créneau d'excellence transformation de l'aluminium,
la Société de la Vallée de l'aluminium a
reçu une aide de 750 000 $
sur trois ans justement dans le cadre de la stratégie pour l'accélération de projets de transformation au
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
D'ailleurs, un pont en aluminium de courte portée a été installé dans la municipalité de Saint-Ambroise à
l'été 2015, et d'autres projets de ce type pourraient suivre.
Le 20 mai
2016, le premier ministre du Québec, qui est responsable également de la
région, avec la ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation
et ministre responsable de la Stratégie numérique ont justement dévoilé le Plan d'action en économie numérique. C'est un
plan d'action qui prévoit des investissements du ministère de l'Économie,
de la Science et de l'Innovation de 200 millions
de dollars au cours des cinq prochaines années, auxquels s'ajoutent des investissements de 100 millions de dollars
pour le déploiement d'infrastructures numériques à travers les régions du
Québec. Et il y a des rencontres de
consultation qui se sont tenues. Il y en a une en particulier qui s'est tenue
en rapport avec cette stratégie numérique justement au Saguenay—Lac-Saint-Jean
le 6 février dernier.
Je tiens à rappeler à cet effet que le numérique
a été l'un des thèmes discutés lors du sommet économique du Saguenay—Lac-Saint-Jean et que, justement, un groupe de
travail issu de ce sommet poursuit actuellement des travaux à cet effet. Et d'ailleurs une aide financière de
85 000 $ d'Emploi-Québec a été octroyée pour réaliser un projet de la
présence du numérique dans l'économie
de la région. Et ça, ça s'ajoute au fait que ma collègue, la ministre de
l'Économie, de la Science et de
l'Innovation, ministre responsable de la Stratégie numérique, a officiellement
lancé le programme Québec branché le 19 décembre 2016.
Stratégie maritime maintenant. Annoncée en juin
2015, la Stratégie maritime, dont je rappelle le caractère totalement nouveau parce que c'est la première de
l'histoire du Québec, qui présente une vision qui va jusqu'en 2030 pour positionner le Québec comme porte d'entrée pour
les grands marchés du nord-est de l'Amérique du Nord, comporte un plan d'action avec un cadre financier de
1,5 milliard $. Et d'ailleurs ça prévoit la création de zones
industrialo-portuaires. Et justement, justement, le 6 juin 2016,
l'implantation d'une zone industrialo-portuaire à Saguenay, au port de Grande-Anse, a été annoncée dans le cadre de la
Stratégie maritime. Et encore une fois, et encore une fois, c'est une annonce
qui s'inscrit dans la suite des travaux du
sommet économique régional où l'idée de créer une telle zone
industrialo-portuaire avait été mise de l'avant.
Alors, on le
voit, ça a donné des résultats, le sommet économique du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Quand mon collègue député de Dubuc disait : C'est un
peu dommage que le député de Jonquière ne valorise pas à sa pleine valeur
ce sommet économique par ses propos, c'est
un peu dommage parce que, voyez-vous, il y a toute une série de gestes qui
ont un impact directement sur le Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui sont issus des travaux qui ont
suivi ce sommet économique régional.
Mais, encore plus fondamentalement, pour la
suite des choses, pour revenir à ce qu'est le nouveau modèle de développement économique régional qu'on met de
l'avant partout au Québec, bien, ce sommet-là a également inspiré la nouvelle stratégie d'occupation et de
vitalisation des territoires du Québec, qui, je rappelle, repose sur une vision
qui va des régions vers le
gouvernement plutôt que du gouvernement vers les régions. On est en train, là,
d'aller dans toutes les régions du Québec pour justement discuter de
cette approche avec les élus régionaux, les préfets, les maires. Parfois, il y a d'autres gens qui se joignent à ce groupe.
Il y aura peut-être des sommets régionaux qui vont être organisés dans la foulée de tout cela pour permettre à chacune
des régions de définir ses propres priorités, pour permettre à chacune de
ces régions de se doter de son propre comité
de sélection des projets, pour permettre à chacune des régions de présenter les
projets qui ont été sélectionnés par les
régions pour que le gouvernement puisse les financer avec le Fonds d'appui au
rayonnement des régions.
Ça, c'est une
vision novatrice. Ça, c'est une vision d'avenir. Ça, c'est une vision qui
dit : Regardez, on a fait les choses
de manière différente dans le passé, mais notre Québec a changé, nos régions
ont changé, mais ils ont toujours
le même désir de se développer, ils ont
toujours le même désir de retenir les jeunes et les familles sur leur territoire,
puis nous, on va être là pour appuyer
chacune des régions du Québec et le Saguenay—Lac-Saint-Jean en particulier, qui faisait
l'objet aujourd'hui de nos discussions. Merci.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le ministre. Également pour 10 minutes, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain
Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. Le ministre aime beaucoup parler de la nostalgie, mais, quand je l'écoute,
j'ai l'impression qu'il fait de la projection envers lui-même parce
qu'il n'arrête pas de nous parler de bilan, donc du passé, ce qui est nostalgique, alors que nous, on veut parler
d'avenir, parler du développement de la région. Mais, quand même, de l'entendre
sur sa nostalgie à lui
m'a permis de constater qu'il met en valeur des annonces que nous avons faites
comme gouvernement du Parti québécois
en 2013. Alors, je veux le remercier de se faire le porte-parole, là-dessus, de
nos réalisations. Je le remercie moins
d'être porte-parole de Rio Tinto, mais, sur nos réalisations, juste trois, comme
ça, que j'ai pris au vol : Revenu Québec, les emplois au centre-ville d'Arvida, 16 millions, c'est l'annonce
que j'avais faite comme ministre et qui s'est réalisée par après. La
tour de Girardville, qui va avoir son signal cellulaire, 16 juillet 2013, avec
le collègue Denis Trottier à l'époque, on
l'avait annoncée. Une chance que le gouvernement actuel l'a maintenue, ça
aurait bien été le boutte s'il ne l'avait
pas maintenue. Le pont d'aluminium de Saint-Ambroise, je suis bien heureux
aussi que le ministre en parle, c'est dans
le comté du collègue de Dubuc, parce que moi, comme ministre des Transports, je
tenais à inclure davantage puis à
tenir compte davantage du matériau aluminium dans nos infrastructures parce que
le plus grand pont d'aluminium, qui tient
depuis plus de 50 ans, il est dans mon comté, c'est le pont d'aluminium
d'Arvida. J'invite le ministre Coiteux... le ministre des Affaires municipales à venir le visiter la prochaine fois
qu'il passera dans la région, on l'a rénové. Alors, je me disais : Si ce pont-là tient debout, puis
il est fait en arche, puis il est haut depuis 50 ans, on peut bien essayer le
matériau ailleurs, entre autres, sur
une rivière à Saint-Ambroise. Je suis heureux de voir que le ministre en parle
aujourd'hui. Mais c'étaient des réalisations, effectivement, à l'époque
où nous étions au gouvernement.
Mais une des
réalisations de son gouvernement, puis je le dis une dernière fois, là, parce
qu'à chaque fois qu'il est intervenu,
le ministre, il nous a parlé du taux de chômage, moi, je vais lui dire encore
une fois que 2013, le nombre d'emplois au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
128 600, et, en 2016, le nombre d'emplois au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
126 700. C'est-à-dire, 2013,
128 000 emplois au Saguenay—Lac-Saint-Jean et 126 700 en 2016. Alors, je
sais que c'est un économiste, le
ministre. Donc, entre 128 000 et 126,7, c'est une baisse d'emploi en trois
ans. Et il y a eu là-dessus, bien,
deux ans de gouvernement libéral. Alors, qu'on ne vienne pas me parler des taux
de chômage qui sont différents, considérant
une baisse de la population active, de plus de gens qui vont à la retraite.
Mais je tiens à lui redire, pour ne pas qu'il l'oublie, ces chiffres-là,
qui sont importants.
Mais il reste
une chose, c'est que je suis déçu des résultats de cette interpellation. Je
suis déçu des résultats de cette interpellation pour plusieurs raisons,
puis on va les énumérer. Je ne sais pas trop par où commencer, tellement qu'il y en a, mais on va commencer au moins par la
chirurgie de l'oesophage. Ça, moi, je suis outré parce que, ma collègue
en a bien parlé hier, puis c'est dans les journaux ce matin, le Conseil des
médecins et dentistes et pharmaciens du CIUSSS
du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
Hôpital de Chicoutimi, sont sortis pour dénoncer cette décision du collègue du
ministre, le collègue en Santé. Ils sont sortis. Le ministre nous dit sur les
questions de la santé puis de la chirurgie : Notre but, c'est d'améliorer l'accès, c'est d'améliorer la productivité
des médecins. Jamais il ne parle de patients. La seule fois qu'il en
parle, c'est qu'il dit que les citoyens, au fond, ils veulent des soins de
qualité, alors que les médecins de l'Hôpital
de Chicoutimi, qui connaissent ça, les chirurgiens thoraciques dans ce secteur
ultraspécialisé, ils ont sorti des études
qui démontrent hors de tout doute, puis c'est les études plus récentes que
celles invoquées par le ministre de la Santé, ça démontre hors de tout
doute qu'il n'y a pas plus de morbidité de la population s'il y a moins de
chirurgies. Puis le meilleur exemple, c'est
de dire : Oui, à Québec, ils en font plus qu'à Chicoutimi aux hôpitaux de
Québec. Au lieu d'en faire cinq, six
par année, ils en font 25, mais ils sont plus de chirurgiens. Donc, au fond,
chaque chirurgien en fait à peu près cinq, six par année. Donc, ça ne
change rien. Qu'ils en fassent cinq, six à Québec ou qu'ils en fassent cinq,
six à Chicoutimi, ce qui est important, c'est de maintenir la spécialité chez
nous. Et un patient qui est pris d'un cancer de l'oesophage, on va le faire traverser le parc des Laurentides, loin de
ses proches, de ses proches aidants, et ça, on appelle ça des soins de qualité? Puis on appelle ça
améliorer l'accès? Pourquoi? Parce que c'est juste... il faut voir la
productivité des médecins. C'est être complètement déconnecté de la
réalité.
Alors, on n'a pas eu l'once du début d'une
réponse sensible et collée aux réalités des patients du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Puis ce ne sont pas juste les députés
du Parti québécois qui disent ça, c'est la fondation de l'Hôpital de Chicoutimi — c'est rare qu'une fondation fait une sortie
politique — le
Conseil des médecins de l'hôpital — c'est rare qu'ils font une intervention politique — plus nous, plus d'autres dans la région.
C'est un des dossiers que je me fais le plus parler, moi, au Saguenay—Lac-Saint-Jean quand je me promène sur la rue Saint-Dominique, à
Jonquière. Les gens sont préoccupés
par ça parce que c'est le début d'une diminution des services de santé spécialisés au Saguenay. Zéro sensibilité de la part de ce gouvernement
sur cet enjeu-là.
Aucune réponse non plus sur l'école autochtone
hors réserve, la seule au Québec, un modèle unique au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
dans le comté de ma collègue de Chicoutimi. Aucune réponse là-dessus.
Écoutez,
j'avais prévu tout un chapitre, là, sur la question du nouveau fonds d'aide au
rayonnement des régions. Je peux quand même,
dans le temps qu'il me reste, faire un petit mot parce que le ministre
aime bien dire que tous ceux qui
critiquent ça, c'est des nostalgiques, hein, des nostalgiques d'une époque.
Bien, c'est drôle, je ne sais pas s'il va dire qu'André Paradis, le préfet de la MRC Lac-Saint-Jean-Est, qui déplore
que les nouvelles normes soient gérées de la façon centralisée par le ministère... bien, lui, il
déplore ça. Alors, c'est probablement un nostalgique, M. Paradis. Même chose
avec la préfète de la MRC du Domaine-du-Roy
dans le comté du premier ministre, c'est sûrement aussi une nostalgique parce qu'elle aussi, elle dit qu'elle croit que la CRE était une bonne table pour
favoriser la concertation régionale. Elle conclut qu'avec la table des
préfets la région conserve quelque chose, sauf qu'il n'y a plus de structure
pour échanger et travailler en concertation.
C'est madame la nostalgique, là, selon le gouvernement libéral, madame
la nostalgique, qui est la préfète de la MRC dans le comté du premier
ministre.
Le ministre
nous dit : Ces fonds-là vont être gérés en concertation avec la CAR. C'est
le fun, parce que la CAR, là, bien, c'est les employés de la fonction
publique dans notre région,
conférence administrative régionale. Entre 2015 et 2016, ils sont passés de 961 emplois à 924 pour les
employés dans le secteur Saguenay, Jonquière, Lac-Saint-Jean-Ouest et Alma,
de 961 à 924 en un an. Ça
aussi, c'est une diminution des employés de la fonction publique chez nous,
qui sont supposés supporter les élus locaux, comme le prétend le ministre,
pour gérer les fonds.
Le
temps file. Je n'ai pas le choix de revenir sur Rio Tinto. Ça,
c'est la mégadéception de cette interpellation. Et j'ai voulu, on a voulu, arriver avec quelque chose de constructif. On a, d'une
part, nous, proposé un bilan de
l'entente de continuité et des
ententes d'investissement avec Rio Tinto en commission parlementaire. O.K., je comprends que ce n'est pas la responsabilité du ministre, il faut
qu'il parle de ça avec son leader, mais on n'a jamais eu de réponse. Ça fait
six mois que j'en parle, on n'a pas encore eu de réponse.
De l'autre
côté, on a la compagnie elle-même qui est prête à mettre une structure
permanente de concertation avec la
région. Ça veut dire qu'il y a une ouverture. Après ça, on a un autre joueur,
entre guillemets, de la société civile, qui est le Regroupement des chambres de commerce du Saguenay, qui dit :
Nous, on est prêts à jouer un rôle là-dedans.
Moi, je dis : Comme député, je
suis prêt à travailler là-dedans aussi, ma collègue de Chicoutimi,
même chose, mon collègue de Lac-Saint-Jean, même chose. Puis je tends la main à mon collègue
de Dubuc, qui est d'une autre formation politique, pour avoir une structure
permanente de concertation avec la grande compagnie, pas pour gérer un plan de
stratégie de développement de l'aluminium sur l'ensemble du Québec, puis
la stratégie est 2015‑2025, M. le
ministre, là, donc
avec 32,5 millions, là. Ce n'est pas de ça qu'on parle. On parle d'avoir des investissements structurants de Rio Tinto parce
que, oui, il y a un contexte mondial, le ministre
en a parlé, mais, quand il parlait, j'avais vraiment l'impression
d'entendre un porte-parole de la compagnie, vraiment l'impression
d'entendre un porte-parole de la compagnie qui fait comme se défendre
de ne pas investir dans la région parce qu'il y a la Chine, parce qu'il y a le
Moyen-Orient. C'est vrai, la Chine, le Moyen-Orient,
on pourrait parler même du dumping par la Russie, du dumping par la Chine. Il y a
eu plein de fermetures d'usines
d'aluminium aux États-Unis dans la dernière année, c'est catastrophique, parce qu'il
y a d'autres pays qui interviennent avec toutes sortes de pratiques que
nous pourrions par ailleurs discuter.
• (12 heures) •
Mais l'enjeu
n'est pas là, c'est qu'on a un aluminium unique au Saguenay—Lac-Saint-Jean puis on a une entente de
continuité. Ça, c'est unique aussi. Pourquoi
je dis que l'aluminium est unique? Parce qu'il est produit avec
une énergie verte, renouvelable, et
l'avenir est dans les marchés de niche pour un type d'aluminium comme au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Ce que je déplore, c'est que
le gouvernement n'a pas su saisir cette opportunité d'assumer un
leadership. Présentement, ce que
nous sentons au Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est une absence totale de leadership pour s'assurer qu'on amène
la région plus loin, s'assurer qu'on va être
capable de produire un aluminium qui va être unique à travers le monde dans
des produits de niche, l'aluminium le plus vert. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de Jonquière. Bien, merci à vous tous, chers collègues,
pour votre collaboration ce matin. Je souhaite également un prompt
rétablissement au député d'Arthabaska, bien sûr.
Et, compte
tenu de l'heure, je lève la séance, et la commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux au mardi 21 février 2017, à
9 h 45, où elle poursuivra un autre mandat. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 h 1)