(Onze heures treize minutes)
Le Président (M. Auger) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'aménagement du territoire ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 122, Loi visant principalement à reconnaître que les
municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce
titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Rousselle (Vimont) est remplacé par Mme Vallières (Richmond);
M. Cousineau (Bertrand) est remplacé par Mme Maltais (Taschereau); M. Gaudreault
(Jonquière) est remplacé par M. Roy (Bonaventure); et Mme Richard
(Duplessis) est remplacée par M. Villeneuve (Berthier).
Auditions (suite)
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Commission de protection du territoire agricole du
Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre présentation.
Par la suite, il y aura une période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans
un premier temps, vouloir vous identifier et, par la suite, vous allez
pouvoir commencer votre présentation.
Commission de
protection du territoire
agricole du Québec (CPTAQ)
Mme Gouin (Marie-Josée) : Merci
beaucoup. Alors, M. le Président, mesdames messieurs membres de la Commission sur l'aménagement du territoire,
bonjour. Je me présente, Marie-Josée Gouin, présidente de la Commission de protection du territoire agricole du Québec. Je
suis accompagnée de Me Sylvain Lippé, directeur des affaires juridiques
et des enquêtes, ainsi que de Mme Jeanne Thériault, responsable des dossiers
stratégiques à la commission.
D'abord, laissez-moi vous remercier de votre
invitation à venir vous exposer nos commentaires concernant la modification de cinq articles à la Loi de
protection du territoire et des activités agricoles inscrits au projet de loi
n° 122 visant principalement à
reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à
augmenter à ce titre leur autonomie
et leurs pouvoirs. Nous pensons qu'il est essentiel de vous exposer article par
article l'état actuel de leur application en vue de vous informer de
l'effet des modifications proposées.
Tout au long
de ma présentation, j'utiliserai l'acronyme LPTAA pour identifier la loi de
protection et des activités agricoles. Cela dit, ça fait déjà
20 ans que les dernières modifications majeures à la LPTAA furent
apportées.
Rappelons que
la LPTAA est une importante loi d'intérêt public et elle a préséance sur les
autres intérêts en matière d'aménagement
du territoire dans la zone agricole. Son application rigoureuse et la
jurisprudence qui en découle favorisent la cohérence des décisions
rendues sur le territoire agricole. Ces décisions peuvent être contestées
devant le Tribunal administratif du Québec
et d'autres tribunaux supérieurs. Le taux de contestation des décisions au
Tribunal administratif du Québec a été de 3 % pour l'année
financière 2015‑2016.
Commençons par l'article 181 du projet de loi,
qui vise à revoir le libellé de l'article 40 afin de prendre en considération la réalité actuelle de la pratique
agricole dans la détermination du droit personnel de construire une
résidence de ferme. Selon la formulation
actuelle de l'article 40, les conditions d'éligibilité diffèrent selon que la
propriété est détenue par une
personne physique, une personne morale ou une société et confèrent un droit de
construction résidentielle si cette personne a pour principale
occupation l'agriculture.
L'article 181
du projet de loi n° 122 remplace les trois actuels premiers alinéas par
deux nouveaux avec l'objectif de
permettre aux organisations agricoles ayant des structures complexes de pouvoir
prétendre à ce droit de construction résidentielle.
La formulation proposée à l'article 181 du projet de loi ne limite l'examen de
la principale occupation de la personne qu'à l'égard du lot où la
construction de la résidence est projetée et expose d'autres problématiques qui
ne viendront pas répondre à la préoccupation. Nous pourrons en discuter plus
amplement.
Maintenant,
l'article 182 du projet de loi cherche à abroger l'article 59.4 de la LPTAA. En
raison du libellé actuel, l'effet des
décisions à portée collective est décalé parfois jusqu'à deux ans et même plus,
le temps que les outils d'aménagement,
schéma et règlement municipal, incorporent les conditions prévues à la décision
de la CPTAQ. D'une part, cela a pour
effet de retarder le bénéfice des mesures d'allègement réglementaire pour le
citoyen. D'autre part, dans l'attente des
ajustements à la réglementation municipale, la CPTAQ doit traiter les demandes
individuelles qui lui sont soumises.
La CPTAQ comprend que l'objectif est
de résoudre la confusion dans laquelle se trouve le citoyen pendant
cette période et de faire en sorte qu'il
puisse bénéficier immédiatement des allègements convenus entre les instances
municipale et agricole. À notre avis, l'effet recherché ne serait pas atteint,
car l'abrogation de l'article 59.4 créera une nouvelle confusion, notamment pour les décisions déjà rendues et dont
l'application n'est pas encore traduite dans les règlements municipaux.
Ainsi, nous proposons à notre mémoire une modification qui pourra satisfaire
l'intention.
Poursuivons avec l'article
183 du projet de loi, dont l'objectif est de limiter sur le territoire la
portée de l'article 61.1 de la LPTAA, soit d'exiger la démonstration
de l'absence d'espace approprié disponible aux fins visées par la demande hors de la zone agricole de la municipalité locale et, à défaut, de rejeter la demande. Par cet amendement plus spécifiquement, cet
exercice serait dorénavant limité aux demandes visant le territoire d'une
communauté, ou d'une agglomération de recensement, ou d'une région métropolitaine de
recensement telle que définie par Statistique
Canada. Pour la CPTAQ, il s'agit
d'un état de fait. Déjà, elle fait une distinction des enjeux connus en fonction du milieu. Nous n'entendons pas faire de commentaires sur cet amendement.
Pour ce qui est de l'article 184 du projet
de loi n° 122, cette disposition vise à introduire un troisième élément que la commission peut facultativement prendre en considération à l'article 62 de la LPTAA, soit le
plan de développement de la zone
agricole. L'intégration du PDZA dans les éléments que la CPTAQ peut prendre en
considération offrira un outil supplémentaire qui pourra notamment
servir à mieux caractériser le territoire agricole et à bonifier le contexte
des particularités régionales. La CPTAQ n'a aucune recommandation particulière.
Enfin,
l'article 185 du projet de loi n° 122 vise l'actuel article 80 de la
LPTAA, soit celui qui prévoit divers pouvoirs de réglementation conférés
au gouvernement. La CPTAQ comprend que l'objectif de la modification proposée
est de faciliter et de rendre plus efficace l'application de la LPTAA par la
soustraction de certains usages non agricoles de l'obligation de présenter une demande d'autorisation. Les usages visés
sont ceux dont les conditions d'exercice sont sans effet sur la pratique de l'agriculture ou des
développements des activités agricoles et que la CPTAQ autorise de
façon récurrente, par exemple salons de coiffure, des garderies en milieu familial ou bureaux
professionnels dans une résidence.
• (11 h 20) •
La modification
permettrait aussi à la CPTAQ de concentrer ses énergies et ses ressources sur
le contrôle d'activités plus significatives et pertinentes à sa mission.
Toutefois, les modifications proposées à l'article 185 sont
doubles, soit d'abord la suppression des pouvoirs
réglementaires actuellement contenus aux paragraphes 6.1°, les
abris en milieux boisés, et 6.4°, les panneaux publicitaires, puis l'ajout, à la
fin de l'article 80, d'un alinéa permettant au gouvernement de prévoir,
par règlement, les cas où une utilisation à une fin autre que l'agriculture est
permise sans autorisation de la CPTAQ. Nous
croyons que cette modification est majeure, puisqu'elle permet, par règlement
du gouvernement, de prévoir toute
utilisation à une fin autre que l'agriculture prohibée par l'article 26 de la
LPTAA. Or, l'article 26 est la disposition capitale qui permet la
protection du territoire agricole.
La
LPTAA est une loi de zonage. Elle a un caractère contraignant, contrairement à
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
qui encadre les exercices de planification et de réglementation des MRC et des
municipalités locales. En ce sens, l'article 185 du projet de loi enlève
à la LPTAA toute sa pertinence et sa force, puisque, par l'ouverture de son libellé, le gouvernement se donne la possibilité
de décider en lieu et place de la CPTAQ. Pour répondre adéquatement à l'objectif présumé de la modification, la CPTAQ
recommande plutôt de procéder, comme cela s'est fait antérieurement, par
l'ajout d'usages clairement énoncés et dont
l'exercice est encadré par règlement. Cette façon de faire a permis aux
citoyens de ne plus demander une autorisation de la CPTAQ pour des usages non
agricoles dont les conditions d'exercice sont bien définies et connues dans les
municipalités locales depuis plus d'une vingtaine d'années.
En
ce sens, nous recommandons de maintenir les paragraphes 6.1° et 6.4°.
D'ailleurs, les cas mentionnés à ces paragraphes
ont déjà fait l'objet d'un règlement d'application, fruit d'une réflexion et
d'une recommandation unanimes du Groupe
de travail sur la protection du territoire et le développement rural, composé
de multiples acteurs du milieu, en 1993.
La CPTAQ est disposée à produire une liste qui regroupe les utilisations non
agricoles autorisées de façon récurrente et dont l'impact est nul ou négligeable sur le territoire et les
activités agricoles afin de l'intégrer à l'article 80, modifié par l'article 185 du projet de loi. Dans un deuxième
temps, la CPTAQ offre sa collaboration pour définir les conditions d'exercice
à inscrire dans la réglementation afin de minimiser, le cas échéant, les
impacts sur le territoire et les activités agricoles.
En
conclusion, la CPTAQ offre sa collaboration pour que cet exercice législatif
puisse répondre aux préoccupations des collectivités tout en assurant la
pérennité du territoire et des activités agricoles.
Nous sommes disposés
à répondre à vos questions et nous vous remercions de votre écoute.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation.
Nous allons débuter la période d'échange, M. le ministre, et vous avez
16 min 30 s.
M. Coiteux :
D'accord, bien merci beaucoup. Alors, merci, Mme Gouin, merci aussi,
M. Lippé et Mme Thériault, pour la présentation de votre
mémoire.
Alors,
j'ai bien pris note que vous êtes en mode d'essayer de travailler avec nous
pour qu'on précise un certain nombre
de choses à l'intérieur des libellés des articles qui sont proposés dans le
projet de loi n° 122. Et notamment vous dites : Est-ce qu'on peut donner plus de certitudes quant aux
usages non agricoles en zone agricole qui pourraient être permis et qu'on le fasse autrement que par
règlement? Et vous dites : On est tout à fait disposés à fournir une liste
de ce qui est, dans la pratique, pratiquement toujours accepté.
Si
je vous posais la question pour commencer avec ça : Cette liste-là, est-ce
que vous pourriez nous élaborer un petit peu sur ce qu'elle
contiendrait, là, à l'heure actuelle?
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Oui, M. le Président, si vous me le permettez. Déjà,
depuis un certain nombre d'années, on a
regroupé, à la commission, des dossiers sans impact dans lesquels on soumet des
autorisations quasiment automatiquement.
Donc, ça touche plutôt des usages de type... des servitudes de drainage et des
installations de conduites. Il y a
des gîtes du passant, gîtes touristiques, des échanges de parcelles parfois. Il
peut y avoir aussi, au niveau des entreprises qui visent... toilettage à même un garage ou une résidence, là. Des
cliniques de massothérapie, dépôts de neige. Ce sont des usages sans
impact sur l'agriculture, parfois, qui sont déjà... qui vont être... comment je
pourrais vous dire, donc, implantés dans la résidence ou dans l'aire de droits
acquis.
M. Coiteux :
Et que vous autorisez à peu près systématiquement. C'est ce que je comprends.
Mme Gouin (Marie-Josée) : Systématiquement, et certains, parfois, à
certaines conditions. On s'assure qu'il n'y ait pas de contrainte sur
les distances séparatrices.
M. Coiteux :
Et à l'heure actuelle, donc, à chaque fois, il faut faire une demande expresse auprès de la commission pour
obtenir l'autorisation.
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Exactement.
M. Coiteux : Et ce processus-là, il peut durer combien de
temps? Ça peut représenter quoi, là, comme démarche, là, pour un citoyen,
une citoyenne qui fait une telle demande?
Mme Gouin (Marie-Josée) : Selon cette disposition-là, nous, on les
appelle les groupes 1, et ils sont inclus dans notre déclaration de services aux citoyens. Et notre déclaration de services aux citoyens compte pour 45 jours pour rendre l'orientation préliminaire. On est à
l'intérieur de ce 45 jours-là. À la suite
du 45 jours, il y a un 30 jours supplémentaire pour laisser des observations additionnelles. Ça, c'est
prescrit par la loi. Et, après ce 30 jours là, on rend la décision automatiquement
dans les journées après. Donc, 45, il faut mettre le 30 jours obligatoire, donc
on est rendus deux, trois mois, là. À trois mois, on peut rendre ces
décisions-là.
M. Coiteux :
Mais, à ça, on m'indique, puis c'est pertinent, on m'indique qu'avant d'arriver
à la commission il y a toute une série de procédures auprès de la municipalité, donc que les délais réels, là, pour la personne impliquée, sont
beaucoup plus longs que simplement votre partie à vous, là.
Mme Gouin (Marie-Josée) : Exactement. Vous avez parfaitement raison parce qu'ils doivent obtenir... à savoir si c'est conforme au schéma, si c'est conforme à la réglementation plutôt, et d'obtenir une résolution. Donc, le citoyen, par règlement, mettons, lorsqu'on
prend l'exemple de l'abri sommaire, n'a plus d'affaire à venir devant la commission,
va chercher son permis directement à la municipalité. C'est ce type d'allègement
là qui serait proposé par règlement.
M. Coiteux : Et donc, si
je comprends bien, si on avait une
liste assez exhaustive des activités qui ne posent pas de problème et puis qu'on pouvait exempter au moins
la procédure de passer par la CPTAQ, vous n'êtes pas en objection face à
ça, pas du tout.
Mme Gouin (Marie-Josée) : Non, non. Déjà, je peux peut-être
vous donner quelques chiffres, puis, cette année, là, j'ai fait sortir quelques chiffres, c'est peut-être
16 %, là, de nos décisions qui
comptent dans ces groupes-là sans impact.
M. Coiteux :
Est-ce qu'il y a, à cet égard, et je pense que vous avez déjà... même, je
pense, cette liste-là, vous l'avez
déjà élaborée, d'activités qui ne posent systématiquement jamais de problème ou
des conditions qui sont vraiment minimes?
Est-ce qu'il y a des activités où... des fois, oui, des fois, non? Est-ce que
la liste peut être élargie à des zones qui actuellement seraient un peu
plus grises?
Mme Gouin (Marie-Josée) : Bien, les zones plus grises, là, on applique...
c'est sûr qu'avec les premiers dossiers que je vous indique, dans les
dossiers qui sont sans impact, on applique quand même l'article 62. Dans les
dossiers qui nécessitent une analyse plus approfondie, on applique quand même
l'article 62, et là, bien, l'analyse est plus complète. Ce n'est pas de dire
oui ou non, mais c'est vraiment d'appliquer les critères qu'on a à l'article 62
avec la jurisprudence qui est déjà bien établie.
M. Coiteux :
D'accord. J'ai entendu aussi à quelques reprises que, dans la pratique
actuelle, il arrivait... puis c'est un
peu certains des objectifs qu'on poursuit avec les articles qui sont proposés
au projet de loi n° 122, on me disait qu'il pouvait y avoir un cas,
par exemple, où le conjoint ou la conjointe d'un exploitant agricole voudrait,
par exemple, ouvrir son bureau de notaire, on m'a donné ça comme exemple, ça
pourrait être autre chose, mais, disons, un bureau de notaire, et que, dans la pratique actuelle, on lui dit :
Regardez, il y a encore dans le village, à côté, des terrains
disponibles en zone blanche, là, comme on
dit, pour que vous puissiez faire cette activité-là. Et donc, systématiquement,
tant qu'il y a encore de la
disponibilité au village, on va interdire que le bureau de notaire soit ouvert
dans la résidence familiale, à la ferme.
Mme Gouin (Marie-Josée) : Ça peut être des cas qui sont présentés, puis je
comprends, là, sans avoir le dossier en
main, là, on a deux notions. On a la notion de l'article 61.1, qui est de voir
à des espaces, mais encore faut-il voir l'objet vraiment
et la... l'objet de la demande. Un bureau pour une personne dans son sous-sol
qui est déjà encadré par la réglementation
municipale en termes de pieds carrés, à mon avis, puis je n'ai pas les dossiers
sous les yeux, ça s'insère dans nos
groupes. Maintenant, est-ce que ce bureau-là qu'on parle avait, je ne sais pas,
plus d'employés ou il avait un volet plus commercial? Je ne peux pas vous dire. Mais, oui, il y a peut-être des
petites choses à peaufiner, mais il y avait sûrement une raison, en termes de protection d'activités
agricoles, qui était visée dans ce dossier-là pour peut-être qu'on lui dise
d'aller voir en zone blanche, dépendamment
du milieu. Est-ce qu'on est en région ou plus dans des communautés? Mais il y
a des distinctions à faire selon le dossier.
Mais, généralement, le cas d'un bureau de professionnels dans une résidence
de droit acquis irait dans les dossiers sans impact.
• (11 h 30) •
M. Coiteux : Parce qu'il est
venu à mes oreilles que c'était systématique, là. Il y a de la disponibilité en
zone blanche, on ne considérerait peut-être même pas la possibilité que ce soit
la résidence familiale sur la ferme.
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Si vous me
permettez, ce n'est pas nécessairement systématique. Ça dépend dans quel milieu. Déjà dans notre rapport annuel, on
fait la distinction, et puis je l'ai rapporté dans mon mot de présentation
en disant que l'application de l'article
61.1, on fait une différence entre les communautés plus rurales et les
communautés urbaines. Mais ce n'est pas systématique qu'on applique l'article
61.1.
Il faut que
la représentation... Il faut avoir la notion, il faut avoir l'information au
dossier. Est-ce qu'elle existe ou pas,
l'information de l'espace disponible en zone blanche? Ça ne veut pas dire que
la commission va appliquer systématiquement
l'article 61.1, qui ramène le citoyen à aller voir en zone blanche. Il faut le
savoir. Est-ce qu'il y en a ou il n'y
en a pas? Maintenant, c'est à notre discrétion de savoir si on l'applique ou
pas, selon le contexte ou le milieu qu'on se retrouve dans le contexte
du milieu agricole.
M. Coiteux :
Concernant maintenant le fameux PDZA, le plan de développement de la zone
agricole, le projet de loi propose
que ça fasse partie des éléments qui peuvent être pris en considération dans
une décision de la CPTAQ. Les gens de
la FQM sont venus nous voir hier, ont dit : Ne devraient-ils pas avoir
l'obligation au moins de le regarder? Parce que, si on utilise le terme «peuvent le regarder»,
théoriquement on peut dire : Bien, on ne veut pas le regarder, finalement.
On peut, on ne peut pas, on peut décider que
oui, on peut décider que non. Et on nous suggérait hier dans la présentation de
la FQM : Pourquoi ne pas écrire
«doit le regarder», ce qui n'implique pas nécessairement que ça devient
l'élément déterminant, là, mais c'est
un élément parmi d'autres éléments que vous auriez à considérer. Je sais que
les municipalités rurales verraient ça d'un très bon oeil. Comment, de
votre côté, vous verriez ça?
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Écoutez,
c'est un outil de caractérisation du milieu très intéressant. On
comprend aussi le travail qui est derrière l'élaboration des plans de
développement de la zone agricole. Déjà à l'article 12 de la LPTAA, la commission peut prendre en considération
tous les faits qui sont à sa connaissance. Donc, si on nous présente,
lors du dépôt d'une demande d'autorisation, les caractéristiques du PDZA dans
lequel on devrait peut-être prendre en considération, on le prend en note, on
le prend en considération, on peut déjà le prendre en considération.
Maintenant, de l'insérer à l'intérieur de
l'article 62 d'une façon facultative, comme il est présenté au projet de loi
n° 122, on peut le prendre en considération. Si on devrait le prendre en
considération, bien, ça vient s'insérer à l'intérieur de l'article 62, et c'est
une pondération qu'on fait à ce niveau-là. L'article 62, on pondère.
M. Coiteux :
Mais, à ce moment-ci, si je comprends bien, vous n'auriez pas de réelle
objection à ce qu'on remplace le «peut» par «doit», puisque, de toute
manière, vous avez à considérer un ensemble d'éléments.
Mme Gouin (Marie-Josée) : On a
à considérer un ensemble d'éléments, exactement.
M. Coiteux : Donc, ça ne
poserait pas vraiment un problème.
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Non.
M. Coiteux : Vous avez dit... Est-ce que
j'ai encore un peu de temps? Je ne sais pas si j'ai des collègues
aussi...
Le Président (M. Auger) :
5 min 30 s.
M. Coiteux : ...parce que je ne veux pas
leur prendre nécessairement du temps si jamais ils ont des questions, mais vous vouliez, je pense, vous exprimer un peu
davantage sur l'aspect de la construction d'une résidence en fonction d'est-ce que c'est une personne, est-ce que c'est
une société morale. Bon, vous voulez en donner davantage. J'aimerais ça
vous écouter là-dessus. Quelle est la nature de l'objection que vous avez à
l'égard de cet article proposé?
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Si vous me le permettez, on va peut-être travailler en
duo. Ça touche le texte législatif. Juste
pour vous ramener un peu... La problématique qui existe présentement, c'est les
nouvelles structures, hein, qu'on
connaît dans le milieu agricole. Le milieu agricole, les structures agricoles
plus complexes, ça évolue. Maintenant, c'était
d'amener peut-être une modification à l'article 40 de façon à en tenir compte.
Maintenant, la façon que ça s'est fait ou
que c'est libellé à l'article 181 du projet de loi n° 122, ça ne règle pas
le problème. Là, on rentre peut-être dans un niveau plus légal, puis je laisserais Me Lippé peut-être
expliquer un peu la distinction. C'est pour ça qu'on veut vous
l'apporter aujourd'hui,
cette distinction-là, pour qu'on puisse peut-être le retravailler autrement
pour répondre à la préoccupation, là, de ces nouvelles structures là
plus complexes qu'on retrouve en agriculture.
M. Lippé
(Sylvain) : Parce qu'on est d'accord avec l'objectif de moderniser la
loi pour accueillir ce type de demande.
Maintenant, bon, les fermes de 1978 ne sont peut-être pas exactement les fermes
de 2017. Cependant, tel que rédigé,
l'article fait en sorte que de créer quelque chose qu'on ne voudrait pas.
C'est-à-dire que la personne physique qui a une ferme, donc il est
propriétaire de la ferme... mais il y a une société d'exploitation qui s'occupe
de l'exploitation agricole. Donc, on a deux
personnalités juridiques différentes : une personne physique et une
société ou une compagnie, une personne
morale. Et donc le projet de loi, ce qu'il va permettre, c'est donc la
construction d'une résidence par la société, par une personne morale, sur un terrain qui n'appartient pas à la personne
morale, qui appartient à la personne physique. Et, pour notre loi, on ne
peut faire ça parce que ça crée un droit de propriété superficiaire.
Et si, par
exemple, il y a faillite de la personne morale, les créanciers vont vouloir
avoir la maison qui a été bâtie parce que c'est la personne morale qui a
bâti la maison, qui a financé la maison. Ça fait partie, donc, du gage, là, des
créanciers. Cependant, cette maison-là se
retrouve sur un lot qui n'appartient pas à la personne morale. Alors, il
faudrait remanier l'article pour permettre certains ajustements parce que, tel
que présenté comme ça, il va y avoir plus de difficultés qu'on en avait
précédemment.
M. Coiteux :
Bien, écoutez, on va certainement échanger au-delà de nos échanges
d'aujourd'hui là-dessus, là, à un niveau
plus technique, là, pour s'assurer qu'on a effectivement des libellés qui ne
nous occasionnent pas de problèmes comme ceux que vous mentionnez. Donc,
on va regarder ça attentivement.
Écoutez, je
pense que vous avez compris que l'intention du gouvernement en présentant ce
projet de loi dans cette partie-là de
la loi, c'est beaucoup, là, d'aider davantage l'exploitant agricole face à un
certain nombre d'enjeux qui touchent à l'aménagement du territoire et à
la CPTAQ, mais sans remettre en question la protection du territoire agricole
d'aucune manière. Donc, vous avez compris quel est notre objectif.
Je comprends
qu'il y a une inquiétude à l'égard d'un aspect où on dit : Est-ce qu'on
pourrait préciser d'avance quels sont
ces usages non agricoles qui seraient permis? Je vous indique d'avance qu'on
est tout à fait ouverts à avoir des discussions
là-dessus pour qu'on puisse clarifier les choses avant toute chose. On se met
en mode, là, totalement ouvert à discuter
avec vous, à discuter avec les autres parties prenantes de tout ça pour la
suite des choses avant qu'on arrive à l'étude détaillée article par article. Je pense qu'on poursuit les mêmes
objectifs, puis on va essayer de s'assurer de trouver les meilleures
voies de passage pour y arriver.
En ce qui me concerne, M. le Président, je pense
que...
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. le ministre. Nous allons poursuivre. Pour les 10 prochaines minutes,
M. le député de René-Lévesque, porte-parole de l'opposition officielle.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, à mon tour de vous saluer. Merci beaucoup de vos recommandations à l'intérieur du mémoire. Je pense
qu'avec votre travail ça va nous aiguiller sur quels sont les impacts
des dispositions telles qu'indiquées, mais
quelles pourraient être les modifications à apporter justement pour éviter
qu'on crée un nouveau problème tel que monsieur l'expliquait.
Vous avez concentré assurément votre analyse sur
les cinq articles, mais, si on se recule et on se met dans la position du gouvernement, ce projet de loi là se
voulait un projet de loi de gouvernement de proximité qui allait
permettre aux municipalités d'avoir plus d'autonomie et de transférer cette
reddition de comptes de la municipalité vers le gouvernement plutôt de la
municipalité vers ses citoyens. Une fois qu'on s'est dit ça et on remarque que
cinq petits articles dans 240 sont inclus,
mais qui ont un impact majeur sur la suite, comment vous trouvez que ces cinq
articles là, parce que vous êtes
d'accord sur deux, puis il y en a trois que vous demandez des modifications,
comment vous trouvez que ces cinq
articles-là amènent plus d'autonomie ou plus de proximité dans la gouvernance
de la municipalité et rendent la reddition de comptes de meilleure façon
envers les citoyens? J'aimerais vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Gouin
(Marie-Josée) : ...M. le Président. Au niveau des cinq articles, le
principal article est l'article 185. Si on parle d'autonomie, si on veut vraiment enlever une étape pour le
citoyen, c'est de vraiment concentrer et de bien encadrer les usages qu'on autorise d'une façon récurrente à
la commission depuis plusieurs années. Donc, moi, à notre avis, c'est
vraiment l'article 185 qui vient donner ce petit coup de pouce là vraiment
d'allègement pour le citoyen et dans les murs
de la commission aussi, là, pour que la commission puisse travailler d'une
façon beaucoup plus... avec plus d'effectifs sur les dossiers d'envergure, là. Mais c'est l'article 185 du
projet de loi n° 122 qui, à
notre avis, donne plus d'autonomie.
• (11 h 40) •
M. Ouellet : Et c'est sur cet article que vous demandez le
plus de modifications ou de précisions, je comprends que c'était un peu le nerf du dossier en question,
mais c'est à cet endroit-là aussi que vous demandez des ajustements pour
éviter une contrepartie ou un contre-effet non prévu, mais qui pourrait l'être
avec l'introduction de cette disposition-là.
Mme Gouin (Marie-Josée) : Exactement
parce que le texte, tel que libellé, de l'article 185 est écrit d'une façon très large. Et, encore là, si vous me
permettez de faire un duo, je me permettrais peut-être de m'adresser à
Me Lippé, qu'il puisse vraiment nous expliquer la distinction.
Le Président (M. Auger) : Me
Lippé.
M. Lippé (Sylvain) : Parce
que l'article 26 est vraiment au centre de la loi, et là 185 vient créer
les exceptions. Et, quand les
exceptions... en tout cas, ordinairement, il faut que ces exceptions-là soient
définies et non pas représenter tous les cas parce que ça vient un petit
peu éluder la portée de l'article 26, qui, comme je disais, est central,
là, pour la Commission de protection du territoire agricole.
Alors,
c'est pour ça que ça devrait, à notre avis, être défini, les articles devraient
être définis... les exceptions plutôt, comme
ça a été le cas en 1993. Ça faisait partie d'un groupe de travail qui s'était
penché sur la question. Il y avait des gens des municipalités aussi dans
ce groupe de travail là, il y avait des gens de chez nous, et ils ont convenu à
certains allègements, dont les panneaux
publicitaires et les bâtiments sommaires. Donc, on avait identifié les
exceptions. Et ce que nous suggérons,
c'est d'en identifier d'autres. Et nous, au cours des dernières années, on a
créé le groupe 1, comme on vous parlait
tout à l'heure. Donc, on a l'expertise parce que, quand on met un item dans le
groupe 1, c'est parce qu'on l'a vu à maintes et maintes reprises.
Alors, on a développé une expertise par rapport à cet item-là et on est bien
placés pour identifier des éléments qui
pourraient devenir des exceptions. Et donc, sans autorisation de la commission,
les gens dans les municipalités pourraient donc s'en servir.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, bonjour, Mme la présidente, Mme Thériault,
M. Lippé. Heureux de vous voir en commission. Très honnêtement, je suis
agréablement... pas surpris, là, mais quant aux recommandations que vous faites. J'oserais dire : Vous vous êtes
mouillés. Et je trouve ça bien parce que c'est votre rôle aussi. Vous avez une mission, qui est celle de la
protection du territoire agricole, et, en ce sens-là, moi, je tiens à vous
féliciter.
Je
vous amène tout de suite, parce que le temps file très rapidement, à la
page 14 quand vous dites : «En ce sens, l'article 85 du projet de loi enlève à la
loi — la loi,
c'est vous qui l'appliquez, en principe, là, hein — toute sa pertinence et sa force
puisque, par l'ouverture de son libellé, le gouvernement se donne possibilité
de décider en lieu et place de la commission.» C'est fort, ça, quand même.
Moi,
j'aimerais... Est-ce que vous allez jusqu'à dire que, si l'article 185,
tel que libellé, était adopté tel quel, ça remettrait en cause votre capacité de réaliser votre mission, qui est
celle d'avoir une vision d'ensemble du territoire agricole et de
s'assurer de la pérennité du territoire agricole?
Le Président
(M. Auger) : Mme Gouin.
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Oui. Je crois que vous visez juste. C'est vraiment
cette ouverture-là. Si on y va vraiment avec
cette ouverture-là, on pourrait inclure n'importe quel usage non agricole à
l'article 80 de la LPTAA sans les définir.
C'est pour ça qu'on vous amène à dire : On peut les définir dans un
règlement. De cette façon-là, la façon que c'est libellé, c'est très,
très large.
M. Villeneuve :
Et vous donniez certains exemples tantôt. Effectivement, l'article 80, on
pourrait même citer l'exemple en 7.2°, l'agrotourisme, où on l'a mis là parce
que c'était une demande du milieu, c'était quelque chose d'important à
l'époque, et on l'a nommé, et on l'a inscrit.
Donc,
moi, je comprends, de par ce paragraphe-là à la page 14, que le message
que vous envoyez, finalement, c'est
que, si on veut apporter des ajustements à la loi, qu'on le fasse dans la loi
et non pas que le gouvernement puisse procéder par simple règlement ou
décret.
Ça m'amène aussi à
vous poser d'autres questions. Combien de temps qu'il me reste, M. le
Président?
Le Président
(M. Auger) : 3 min 30 s.
M. Villeneuve :
Trois minutes. Ça m'amène à vous poser une autre question aussi au niveau... si
jamais l'article 185 était adopté tel
quel parce que les intentions sont bonnes, tout à fait, on est d'accord, mais
il n'en demeure pas moins que, s'il y avait cette ouverture-là, ça
pourrait amener certaines dérives potentielles, donc, et vous n'auriez
pratiquement plus grand-chose à dire. C'est ce que je comprends.
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Oui.
M. Villeneuve :
Parfait. Je veux vous parler du PDZA. Et j'ai parlé tantôt avec un... j'ai
échangé avec quelqu'un tantôt
là-dessus et je me posais la question. L'amener comme critère... parce que vous
avez deux façons, hein, soit avec un critère
officiel qui est dans la loi ou soit vous pouvez le regarder, là, s'il est
nommé par le demandeur dans sa demande. Le PDZA n'est-il pas qu'une simple intention? Et, est-ce que ça vaut la...
est-ce que c'est pertinent de le mettre comme un critère si ce n'est
qu'une simple intention?, parce qu'à mon avis à moi l'interprétation que je
fais du PDZA, c'est que c'est une intention.
Oui, c'est une caractérisation des lieux. Et on incite toutes les MRC à faire
un PDZA, c'est important, ça nous
permet de mieux connaître notre territoire et ça permet aussi évidemment de
prendre des décisions en ce sens-là. Mais
est-ce que c'est pertinent de le mettre — à mon avis, c'est une intention — comme critère dans l'obligation que
vous auriez à ce moment-là de le considérer?
Mme Gouin (Marie-Josée) : De le prendre en considération, la commission
peut prendre, hein, ou elle doit prendre en considération. Mais déjà,
puis je ne voudrais pas nécessairement me répéter, on peut prendre en
considération tous les faits qui nous sont soumis.
Donc, le PDZA, qui est un
outil de caractérisation, fait déjà partie du milieu lorsqu'on analyse nos
demandes. Il y a une caractérisation qui est faite. Déjà, c'est dans l'esprit
de l'analyse, l'esprit du décideur de ce contexte-là de particularités régionales qu'il y a dans une MRC. Il n'y aura pas plus
d'avantages à imposer dans l'article 62 que de le laisser facultatif.
Une voix : ...
M. Villeneuve : Oui.
Le Président (M. Auger) : Me
Lippé.
M. Lippé
(Sylvain) : Je ne sais pas
s'il y a des PDZA, par exemple, dans toutes les municipalités. Alors, si
on met ça dans le «doit prendre», ça peut
empêcher l'analyse d'une décision. Alors, peut-être qu'il faudrait dans un
premier temps le laisser dans les «peut» et le mettre dans les «doit»,
mais quand l'exercice va être terminé.
M. Villeneuve :
En fait, moi ce que je vois dans cette idée-là, du PDZA, c'est qu'on suggère
fortement... D'ailleurs, l'ancien
ministre de Côte-du-Sud en était venu à cette conclusion-là, il avait
interpellé le monde agricole chez lui pour dire : Faites votre PDZA, c'est important. Et, dans le
fond, c'est un peu ça, je pense que c'est un outil tellement
incontournable maintenant, et on incite les
gens à le faire. Et, s'il doit être pris en considération puis il n'a pas été
fait, bien, ça peut causer effectivement quelques problèmes. Mais ça, on
verra. Mais merci de la précision, M. Lippé.
Le Président (M. Auger) : Ça va
pour l'opposition officielle?
M. Villeneuve : Ça va.
Le Président (M. Auger) : Nous
allons poursuivre avec M. le député de Blainville pour les six prochaines
minutes et 30 secondes.
M. Laframboise : Oui. Bien, je vais reculer parce qu'on parlait du
PDZA, là. Il y aura un questionnement sur le «peut» et le «doit», là, puis évidemment j'avise M. le ministre, parce
que, bon, hier, le maire de la ville de Québec nous a dit qu'il n'y en
aura jamais de PDZA. Lui, c'est clair que la dictature du milieu agricole, ça
ne l'intéresse pas. Donc, évidemment, si on
«doit», ça, ça veut dire que la présomption... puis je sais comment vous
fonctionnez, là. S'il n'y en a pas eu,
ça veut dire qu'il n'y a pas eu d'entente avec les agriculteurs. Donc, c'est
une prise, là, tu sais. C'est une prise contre, là. Il faudrait être prudent,
peut-être dire «doit, quand il y en a un», pour être bien sûr, là, qu'on n'a
pas de problème par rapport à ça.
Moi, je
manque un petit peu de temps, là. C'est le règlement qui le veut. Je vais me
concentrer sur l'article 185. D'abord,
pourquoi?, parce qu'on a un véritable problème, là. Le projet de loi qui est
déposé sur la table, le ministre ne l'a pas déposé par plaisir, et tout ça. Ça fait des années que les
municipalités demandent un allègement administratif. Et, à la CPTAQ, il y a un problème administratif de délai.
Donc, ça, là, vous avez beau essayer de défendre, je comprends, puis c'est votre rôle, mais, dans la vraie vie, là, le
citoyen, lui, quand on parle d'un abri sommaire ou toutes autres choses
qui sont minimes, s'il est obligé d'attendre
45 jours plus 30 plus le délai... Vous dites c'est quelques jours après que les
décisions sont rendues, là, mais, dans la
vraie vie, ce n'est pas vrai, là. O.K., là? Ça, là, je ne veux pas qu'on... Il
y aura peut-être un débat sur le
travail, parce qu'il y a des commissions parlementaires qui sont chargées de
ça, sur le travail, sur l'efficacité de votre commission, mais là on est
dans une phase où il faut alléger.
Donc, moi, je vois d'un bon oeil de supprimer
6.1° puis 6.4°. Moi, je vous le dis, là, je pense que c'est un allègement. O.K.? Et je vois d'un bon oeil de
maintenir... parce que «le gouvernement peut en outre prévoir, par
règlement, les cas où l'utilisation des lots
à une fin autre [...] est permise sans autorisation de la commission», bien
oui, c'est sûr que c'est une
dictature du gouvernement si jamais ça arrive, mais en même temps, quand le
règlement va être déposé, ça va vous soulager
d'autant par rapport à la... parce que, là, je ne vois pas le gouvernement
appliquer... Tu sais, quand il va déposer son règlement, il va avoir des
conditions précises, il va avoir des... ça va être pour une situation précise.
Ça ne sera pas général, là.
C'est vrai
que l'article 185 dit «peut en outre prévoir, par règlement», mais, dans le
règlement qu'il va adopter, ça va
être sur des situations bien précises qui vont avoir été discutées avec vous
sûrement, puis tout le milieu agricole, puis le milieu municipal. Donc, il n'y a pas rien qui va être entré dans la
gorge. Sauf qu'une fois qu'il va y
avoir un règlement d'émis, bien, il n'y a
plus d'autorisation de la CPTAQ, puis c'est plus efficace pour le citoyen.
C'est ça que j'aimerais que... vous entendre sur l'efficacité, là.
Vous, vous
semblez nous dire : Il faut maintenir, mais, moi, là, ça ne me rassure
pas. C'est-à-dire que l'organisation,
là, votre 16 %, là, que vous traitez, là, moi, je voudrais bien vous l'enlever
si c'est minime, là, que vous n'ayez plus à traiter ça du tout, là, puis que ce soit traité
directement par le milieu municipal. Évidemment, ça vous soulagerait de
16 % de travail. Déjà là, on ferait un bon pas, là, tu sais. C'est
un peu ça qui est... En tout cas, essayez de... Vous voyez mon positionnement,
là. J'aimerais vous entendre.
Le Président (M. Auger) :
Mme Gouin.
• (11 h 50) •
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Je vais
faire une petite précision et après ça je vais laisser Me Lippé expliquer.
Juste pour vous dire, 6,1° et 6,4°, ce
sont des règlements déjà. Le citoyen n'a pas d'affaire à faire de demande
d'autorisation à la commission.
Déjà, c'est un règlement, et puis, par règlement, il va chercher son permis à
la municipalité. C'est déjà un allègement. C'est ce qu'on disait en disant de réintégrer 6.1° et 6.4° et de
réintégrer des nouveaux règlements de sorte que le citoyen n'aurait plus
à venir devant la commission. C'est ça, oui.
M. Laframboise : Sauf que,
permettez-moi, quand le gouvernement rajoute le deuxième alinéa, bien, c'est parce qu'il n'a plus besoin de 6.1° puis 6.4°, là. C'est parce que lui, il peut émettre
des règlements. Tu sais, c'est pour ça qu'il
faut que peut-être... Si on garde le deuxième alinéa de 185, il faut
qu'il retire 6.1° et 6.4°, là, parce
que lui, il va aller par
règlement pour traiter des situations précises, puis ça va déjà tout être
réglé, là.
Le Président (M. Auger) :
Mme Gouin.
Mme Gouin
(Marie-Josée) : Le citoyen
va devoir aller chercher son permis quand
même, là, pour son abri, là, pas à la commission, mais à la municipalité, là, exactement.
Mais je vais laisser quand même préciser la distinction puis le règlement
puis de voir vraiment la portée très large de 185 si on ne spécifie pas.
Le Président (M. Auger) : En
complément, Me Lippé.
M. Lippé
(Sylvain) : Oui, parce que
les exceptions, comme je disais tout
à l'heure, ont été déterminées par
un groupe. Donc, on parlait donc d'abri
sommaire, il n'y a aucune
autorisation qui est demandée. Et ce serait... et nous, c'est ce que nous suggérons, on pourrait vous donner
d'autres exceptions, et vous pourriez, donc, les ajouter au règlement, et
ça... Il y aurait donc un règlement qui serait fait. Par exemple, concernant
les salons de coiffure, pourquoi ne pas tout simplement ajouter un 6.8°
concernant les salons de coiffure et après adopter le règlement, qui, lui, va
déterminer les conditions, et non pas l'objet du règlement? Alors, c'est ce que
nous vous suggérons.
M. Laframboise : ...gouvernementale n'est plus là, là. Donc, avec
l'amendement qui est proposé, ça donne de la marge de manoeuvre pour être capable d'adopter des règlements lorsque le
gouvernement le veut. Si on inclut les règlements dans votre loi, ça veut dire qu'on a besoin, si on
veut faire une autre modification, de déposer une nouvelle modification
législative. Tu sais, comprenez-vous, là, le dédale, là?
Si on veut...
Par rapport à l'efficacité, là, là, on permet au gouvernement d'adopter des
règlements. Ça fait qu'il peut le faire
quand la situation l'oblige. Donc, à ce moment-là, il dépose un règlement, puis
vous, à partir de cette date-là, bien,
vous êtes obligés de respecter la réglementation qui a été déposée par le
gouvernement, comprenez-vous?, alors que ce que vous, vous voulez, c'est qu'on dépose... qu'on vous les édicte
puis... Je comprends, là, vous, c'est tout un cheminement de jurisprudence depuis des décennies. Bien, c'est
un peu ça que le milieu municipal et les citoyens, pas juste... sont un
petit peu tannés de ça, là. Comprenez-vous,
là? Puis moi, je vois quelque chose d'intéressant dans ce qui est déposé par
règlement.
Le
Président (M. Auger) : Désolé. Je sens qu'on avait le goût de
réagir, mais il n'y a plus de temps de prévu. Donc, Mmes Gouin et
Thériault, Me Lippé, merci beaucoup pour votre participation aux travaux de la
commission.
Et je suspends les travaux jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 11 h 54)
(Reprise à 15 h 5)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'aménagement du territoire
reprend ses travaux. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 122, Loi visant
principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de
proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Je souhaite maintenant
la bienvenue aux représentants de la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre présentation, et par la suite on procède à une période d'échanges
avec les trois groupes parlementaires. Dans un premier temps, bien vouloir vous
identifier. Par la suite, vous pourrez commencer votre présentation.
Fédération canadienne
de l'entreprise indépendante (FCEI)
Mme Hébert (Martine) : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, je suis accompagnée par... Mon nom est
Martine Hébert, je suis vice-présidente principale à la Fédération canadienne
de l'entreprise indépendante. Je suis accompagnée par Simon Gaudreault,
directeur des affaires économiques à la Fédération.
Alors, M. le
Président, M. le ministre, distingués membres de la commission, je tiens
d'abord à vous remercier vivement de
nous donner l'opportunité d'être devant vous aujourd'hui pour discuter du
projet de loi n° 122. Comme vous le
savez, les PME sont présentes dans toutes les collectivités où elles
contribuent activement au dynamisme local. Au niveau municipal,
le lien qu'elles entretiennent avec leur administration locale est soutenu et
il est à double sens, ce lien-là. C'est-à-dire
que les actions ou l'absence d'action des entrepreneurs ont une influence sur
le succès des municipalités, et les municipalités,
c'est la même chose, l'inverse, c'est la même chose pour les municipalités, les
actions ou l'inaction des municipalités
a aussi une influence sur le succès ou non des PME locales. Vous comprendrez
donc que nous avons pris connaissance du projet de loi n° 122 avec
beaucoup d'intérêt.
De façon générale, je vous dirais qu'on souscrit
à l'idée que les municipalités sont des gouvernements de proximité. Toutefois, leurs décisions peuvent
affecter de façon importante la croissance des entreprises, voire même
de l'ensemble de l'économie québécoise dans
certains cas. Et c'est en ce sens-là, M. le Président, que, même si on doit
saluer la volonté du gouvernement de
moderniser le cadre municipal, nous accueillons quand même avec certaines
préoccupations, là, certaines dispositions du projet de loi qui vise à leur
octroyer plus de pouvoirs, notamment en matière de taxation.
À l'instar des autres paliers de gouvernement,
les municipalités ont un impact important sur le quotidien des entreprises. Alors, parmi les outils dont elles
disposent et qui sont susceptibles d'influencer de manière très concrète
les décisions d'affaires locales, on note
bien sûr la fiscalité. En matière de fiscalité, M. le Président, je pense qu'il
est important de rappeler que les PME font plus que leur part à l'heure
actuelle au niveau municipal. On a fait l'exercice pour l'année 2015 avec les données du ministère et on a noté que les
entreprises, bien qu'elles représentent moins de 7 % des unités d'évaluation recensées sur le territoire
municipal du Québec, elles ont généré plus de 21 % des 17,7 milliards
de revenus récoltés par les municipalités en
2015. Donc, on voit bien que la part qu'elles contribuent au niveau des
taxes municipales est beaucoup plus importante que leur proportion en matière
d'unités d'évaluation.
La FCEI a
aussi démontré que, contrairement à une idée qui a souvent été véhiculée, les
municipalités ne reçoivent pas nécessairement juste 0,08 $ par
dollar de taxe et d'impôt prélevé par les gouvernements provinciaux et fédéral
au Canada, mais bien pratiquement le double,
soit environ 0,15 $. En fait, le 0,08 $ ne semble pas inclure
certaines sources importantes de
financement tel que notamment les transferts des gouvernements fédéral et des
provinces. Les municipalités disposeraient donc déjà de ressources
financières passablement importantes.
Par ailleurs,
il est intéressant de noter que plusieurs études académiques vont dans le même
sens que le message que les
entrepreneurs nous envoient puisqu'elles concluent que les sources de
financement actuelles des municipalités semblent adéquates. Encore l'automne dernier, M. le Président, un rapport du
CIRANO offrait aussi cette conclusion-là. Cela se constate aussi quand
on analyse les dépenses des municipalités. On constate vite que le manque à
gagner viendrait, probablement dans
plusieurs cas, davantage d'une difficulté à contrôler la croissance des
dépenses que d'un réel manque de revenus.
Quand on tient compte de l'inflation, en fait, on se rend compte que, sur une
période de cinq ans, les dépenses des municipalités
ont crû de plus de quatre fois plus vite que la population qu'elles desservent.
C'est là un indice qu'il faut peut-être resserrer un peu les cordons de
la bourse.
Pour ces
raisons, nous avons d'ailleurs recommandé que, si le gouvernement décidait
d'aller de l'avant avec les pouvoirs
accrus de taxation, il faudrait peut-être un petit peu baliser ces pouvoirs-là
dans le projet de loi, par exemple en introduisant
des dispositions qui garantissent, d'une part, que le fardeau fiscal global qui
va être imposé aux PME ne doit pas
croître et, d'autre part, en assurant que toute nouvelle taxe ou tarification
pourrait, par exemple, être modulée en fonction de la taille des
entreprises, comme le sous-tendent les principes de réglementation
intelligente.
On propose aussi, peut-être une autre piste de
solution, d'ajouter des dispositions qui prévoiraient qu'avant d'imposer une nouvelle taxe la municipalité doit
avoir démontré sa capacité à contrôler ses dépenses, notamment en les
ayant maintenues à la croissance de l'inflation et de la population au cours
des cinq années précédant l'instauration de la nouvelle taxe en question.
• (15 h 10) •
Alors,
parlons maintenant, M. le Président, de déséquilibre fiscal. C'est une
expression qu'on a souvent entendue dans
les enceintes de ce parlement, M. le Président. Et ce qu'il faut savoir,
c'est qu'il existe une iniquité actuellement dans le système actuel
d'impôt foncier dans les municipalités québécoises. C'est que, dans le secteur
résidentiel, on paie en moyenne, au Québec,
là, plus de deux fois le taux de taxation foncier que l'on retrouve dans le
secteur résidentiel, et ce, pour une même valeur foncière.
Certains
diront que cela est normal parce que les commerces utilisent plus de services.
Ce n'est pas nécessairement vrai
quand on considère qu'un petit commerce va souvent devoir, par exemple,
s'occuper lui-même de certains services, comme la gestion des matières résiduelles ou autre, et qu'il n'utilise
pas la bibliothèque municipale, la piscine municipale ou encore... Une petite bijouterie, je dis
toujours qu'une bijouterie ça ne prend pas plus d'eau, non plus, qu'une
famille de quatre personnes.
Donc, d'ailleurs, on a préparé un tableau, M. le
Président, que nous remettrons tantôt aux membres de la commission avec votre permission, qui montre que cet écart existe dans
les 100 plus grandes municipalités du Québec et qui mesure cet
écart pour les 100 plus grandes municipalités du Québec.
Nous
recommandons donc de voir à ce que le projet de loi favorise une réduction
aussi de l'écart de taxation entre le secteur résidentiel et le secteur
non résidentiel de façon à rétablir un petit peu plus d'équité dans le système
foncier.
Maintenant,
parlons de la paperasse. C'est un sujet qu'on aime beaucoup à la FCEI, la
paperasse. M. le Président, on le
sait, la réglementation municipale est omniprésente, elle prend beaucoup de
place dans l'environnement d'affaires des entreprises. Il est aussi souvent très complexe et fastidieux pour les
entrepreneurs de se conformer aux exigences municipales, là, qui sont nombreuses : permis multiples,
règles sur l'affichage, règles en matière d'urbanisme, de stationnement,
sur les terrasses. Ça va même des fois sur
la matière dont on fait vos chaises sur votre terrasse, devant votre
restaurant, ou encore, si vous êtes sur Le Plateau, vous êtes
chanceux, même la hauteur des plantes est réglementée.
Alors, en
matière municipale, on peut certainement, donc, être sûrs de ne pas se tromper
si on dit que l'allègement du fardeau
réglementaire, que l'amélioration de l'accès à l'information, la simplification
des processus, la réduction des délais et une
meilleure prise en compte de la réalité des PME devraient être au coeur de la
présente réforme aussi. Autrement dit, on pense, M. le Président, que le projet
de loi n° 122 représente une excellente occasion d'exiger des engagements clairs aux municipalités en matière
d'allègement réglementaire. D'ailleurs, ça nous apparaît incontournable aussi d'un point de vue de cohésion
gouvernementale, puisque, comme l'a affirmé le premier ministre lui-même,
c'est là une des priorités du gouvernement
actuel, qui a posé des gestes, d'ailleurs, intéressants en la matière, et on
souhaite qu'il va en poser encore dans le cadre de ce projet de loi là.
C'est
pourquoi, d'ailleurs, nous avons proposé d'inclure des dispositions obligeant,
par exemple, les municipalités à poser
des gestes concrets en matière d'allègement réglementaire, que ce soit en se
dotant de mécanismes d'évaluation, de réduction et de transparence
concernant le fardeau administratif qu'elles imposent aux entreprises. Ces
mécanismes pourraient comporter, par
exemple, l'adoption d'une politique d'allègement réglementaire, des objectifs
précis de réduction de la réglementation pour les entreprises, une
publication régulière des progrès réalisés, etc. On a mis une série, là,
d'exemples dans notre mémoire.
Juste un petit mot sur les permis d'alcool. La
FCEI s'inquiète de voir que le législateur vient uniformiser une pratique qui représente un dédoublement de
réglementation. On pense que, si la RACJ veut effectuer des
vérifications, qu'elle les effectue
elle-même, mais qu'elle ne transmette pas ce fardeau-là, là, sur les
entreprises, qui devront, en plus de faire leur demande de permis
d'alcool, avoir un certificat en matière d'urbanisme de la part de la
municipalité.
Alors,
écoutez, M. le Président, je pense qu'il est à souhaiter que ce projet de loi
puisse conduire à apaiser le climat de
méfiance, là, qui s'est installé autour de l'aura municipale ces dernières
années et aussi à remettre en perspective que l'établissement de saines
relations entre les entreprises et le monde municipal, c'est nécessaire à
l'épanouissement collectif. Et, en ce sens, nous supportons les grands
objectifs de ce projet de loi. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup pour votre présentation.
Nous allons commencer la période d'échange. M. le ministre, pour les 16
prochaines minutes.
M. Coiteux :
Mme Hébert, M. Gaudreault, merci d'être avec nous aujourd'hui pour
partager vos réflexions et vos recommandations
sur le projet de loi n° 122. Beaucoup de thèmes à aborder en peu de temps.
Alors, on va tout de suite aller droit
au grain. Simplement, puis, je pense, pour le bénéfice de tout le monde, pour
bien le comprendre, vous avez insisté sur le fait que c'est le contrôle des dépenses qui est important d'abord et
avant tout parce que c'est ça qui est le garant d'une fiscalité compétitive, et, dans cette fiscalité
compétitive, bien, il y a des PME qui sont affectées par des taux de
taxation, évidemment. Et je vous suis à 100 % là-dessus.
Mais,
justement, il y a d'autres initiatives du gouvernement, dans le monde
municipal, qui concourent en parallèle à ce projet de loi n° 122, et il faut en tenir compte. Le projet de
loi n° 122, c'est une pièce majeure, là, dans les projets du gouvernement à l'égard du monde municipal. C'est
même la plus grande décentralisation des pouvoirs vers les municipalités de l'histoire du Québec. Mais il y a
d'autres éléments qui se passent simultanément. Puis je vais juste en
donner deux, là, ici, pour voir qu'il y a aussi un sérieux effort qui est fait
du côté d'aider les municipalités à mieux contrôler leurs coûts.
Un, bien, il y a
tout cet allègement du fardeau administratif
et réglementaire à l'égard des municipalités. Il y a une partie qu'on est capables de faire, nous, sans
changer les lois, puis il y a un plan d'action qui est mis en oeuvre à
l'heure actuelle, et ça implique essentiellement d'arrêter de demander trois
fois la même information ou d'aller chercher une information dans un seul document plutôt que de le demander dans
différents documents sous différents formats. Je donne un exemple simple comme ça, mais ça aide déjà en
soi. Mais il y a également des dispositions de ça qui se retrouvent dans
le projet de loi pour alléger le fardeau
administratif et réglementaire des municipalités. Est-ce que ça va se traduire
nécessairement par des réductions de la taxation des PME? Pas forcément, mais
peut-être que oui, peut-être que oui, surtout à long terme parce que ça veut
dire des municipalités qui vont mieux contrôler leurs coûts.
Mais l'autre
morceau qui est fort important, puis je pense que tout le monde en a pris note,
on a quand même aussi modifié le cadre de négociation des relations de
travail dans le secteur municipal, et, dans les critères qui doivent être utilisés à chacune des étapes du processus de
négociation et dans le cas malheureux où il n'y a pas d'entente négociée
ou un tiers doit se pencher là-dessus, bien,
il y a des critères comme, par exemple, la capacité de payer des contribuables
de la ville, la situation fiscale de la
ville. Et donc il y a une série de choses qui ont été des changements très
importants que le gouvernement a amenés pour contrôler les dépenses.
Alors, c'est
sûr que, lorsqu'on aborde un projet de loi comme celui-là, on n'est pas en mode
de venir imposer des nouvelles
choses, de créer des nouvelles obligations, d'ajouter au fardeau. On est
beaucoup plus dans le domaine de la décentralisation de la prise de
décisions, c'est ce qu'on fait, et dans un esprit aussi de renforcement de la
démocratie municipale. Autrement dit, si,
dans les villes du Québec, il y a une pression citoyenne pour alléger la
paperasserie, on s'attend à ce que la
démocratie municipale va pousser aussi son administration municipale en ce
sens, comme les entreprises puis les citoyens du Québec nous ont poussés
comme gouvernement à le faire.
Je voulais
juste dire ça à titre d'introduction parce qu'il y a une philosophie, là, dans
ce projet de loi là, qui est celle de ne pas imposer des choses à partir
de la démocratie provinciale, mais de permettre à la démocratie municipale de s'exprimer pleinement. Puis c'est pour ça qu'une
bonne partie de la reddition de comptes, qui traditionnellement va de l'administration municipale vers des ministères du
gouvernement, on la redirige vers le citoyen, qui va recevoir, avec les
dispositions de ce projet de loi, plus d'information et qui pourra bénéficier
d'une plus grande transparence.
Alors, c'est
la philosophie. C'est pour ça que j'écoute un certain nombre de vos
commentaires, mais j'essaie de les rattacher
à d'autres projets qu'on mène simultanément dans le monde municipal, pas
nécessairement, forcément, toujours dans le projet de loi n° 122.
Mais
je voudrais maintenant aborder la thématique de la fiscalité parce que votre
crainte, c'est que les nouveaux instruments
qui sont donnés aux villes se traduisent par une augmentation des taxes et des
impôts. Mais ce n'est pas l'esprit dans lequel on a introduit les
changements ici qui sont proposés.
Je vous donne
un exemple. On introduit ce qu'on appelle le pouvoir général de taxation. Dit
comme ça, quelqu'un pourrait penser
le pouvoir de taxer n'importe quoi. Ce n'est pas ça que ça veut dire. C'est un
changement, encore une fois, de façon de faire les choses.
Dans la façon
traditionnelle, on dit aux villes : Voici les impôts que vous avez le
droit de prélever. Si ce n'est pas écrit
dans une loi, ce que vous avez le droit de faire, vous n'avez pas le droit de
le faire. Par définition, ce n'est pas permis, c'est interdit. On change la donne en disant : Non, tout est permis,
sauf ce qui est interdit. C'est un changement philosophique important, là, hein? Tout est permis, sauf ce qui est
interdit. Mais vous aurez pris note que, dans l'article concerné, il y a quand même pas mal
d'interdictions. Donc, s'il y a des craintes face à l'imposition d'une taxe de
vente municipale comme une TVQ, l'équivalent
municipal, ce n'est pas possible. Les impôts directs sur le revenu, ce n'est
pas possible. Donc, il y a toute une série de choses qui sont du domaine de ce
que le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral occupent comme champ
fiscal.
Pour le reste,
pourquoi on met ça? C'est parce que, sinon, l'alternative, c'est que les villes
vont toujours aller sur l'impôt
foncier, puis l'impôt foncier, puis l'impôt foncier, et les PME en paient, de
l'impôt foncier. Donc, nous, notre pari ici, c'est que ça va donner des instruments pour diversifier la base
fiscale puis créer des meilleures politiques à l'échelle municipale sans alourdir forcément la fiscalité
municipale, surtout si, en parallèle, on leur donne des outils pour
contrôler leurs dépenses. C'est un peu ça qui est l'optique ici.
Mais
j'aimerais vous entendre un petit peu sur cette philosophie-là parce que je
sais qu'il y a des petites choses qui vous inquiètent, là, mais je vous
renverrais la balle par rapport à ce que je viens de dire. Comment vous voyez
ça? C'est-à-dire, le gouvernement du Québec
décide à la place des villes versus les villes vont décider d'un certain
nombre de choses, puis on leur donne une certaine flexibilité, mais en même
temps on les aide à contrôler leurs dépenses.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Auger) :
Mme Hébert.
Mme Hébert (Martine) : Merci, M.
le Président. M. le ministre, vous avez abordé beaucoup de sujets sur la question
notamment du contrôle des dépenses. Je pense que c'est important
de réitérer, d'ailleurs, que la FCEI a donné son appui au gouvernement, hein, dans plusieurs projets de loi qui sont allés dans ce sens-là. On s'est déjà vus, justement,
sur la question du projet
de loi, là, modifiant le cadre des relations de travail. On a appuyé aussi le
gouvernement lorsqu'il a été question,
là, de légiférer sur les pensions dans le secteur municipal. Donc, on a appuyé
le gouvernement dans ce sens-là parce
qu'effectivement je pense que c'est important. Puis ce n'est pas toutes les
municipalités, là, qui ont un problème de contrôle des dépenses. Mais, lorsqu'on regarde dans l'ensemble, je pense
que c'est important, effectivement, de mettre en place les paramètres qui vont permettre de mieux contrôler les dépenses
et qui vont garantir aux citoyens que les dépenses sont bien contrôlées dans l'ensemble des
municipalités québécoises parce qu'en bout de ligne on le sait, là, les
déficits d'aujourd'hui, c'est les taxes et les impôts de demain, puis, en
matière municipale, bien, l'effet, là, est direct. Donc, là-dessus, je pense qu'on s'entend. Puis c'est
vrai que les gestes ont été posés. D'ailleurs, comme je vous ai dit
tantôt, là, on a appuyé le gouvernement.
Vous avez
parlé des fameux pouvoirs de taxation puis des taxes foncières. C'est vrai, M.
le ministre, et vous avez tout à fait
raison, en tant qu'économistes on comprend bien ça aussi, que les taxes
foncières, ce n'est pas nécessairement un système de taxation qui est idéal parce que c'est de nature plutôt
régressive dans le sens où ce n'est pas des taxes, là, qui sont, si vous voulez, accotées ou qui sont
calculées à partir de la rentabilité des entreprises. C'est plutôt sur une
valeur foncière, et ce n'est pas calculé en
fonction de la rentabilité de l'entreprise, là, qui est là. Donc, c'est sûr que
c'est le genre de taxe... et surtout
dans le système actuel, au Québec, où on sait que, dans le non-résidentiel, là,
le taux de taxation est plus d'à peu
près le double de celui qu'on retrouve dans le secteur résidentiel. Je pense
qu'effectivement c'est intéressant de diversifier la base fiscale.
Maintenant, nous, ce qu'on veut s'assurer par
rapport à ça, M. le Président et M. le ministre, ce dont on veut s'assurer, c'est que... et puis on ne présume pas,
on ne dit pas qu'à l'heure actuelle le Québec... les élus, ils ne sont
pas conscients, là, qu'il ne faut pas
utiliser ce pouvoir-là tous azimuts, mais, ce qu'on... Vous l'avez dit tantôt,
là : Tout est permis, sauf ce
qui est interdit. Et c'est là où c'est un petit peu ce qui nous fait peur parce
qu'on trouve que le projet de loi mériterait
d'être un petit peu davantage balisé. Vous l'avez bien dit, d'ailleurs,
vous-même, M. le ministre, lorsque vous avez dit : Dans le fond, l'idée, c'est de permettre de diversifier
la base... de la base de taxation au niveau municipal sans alourdir le
fardeau fiscal municipal global. Et c'est là où on...
Vous, vous
nous le dites aujourd'hui, puis on vous croit, puis je comprends que c'est ça,
l'esprit, sauf qu'on ne le retrouve
pas de façon spécifique dans le projet de loi. Et c'est là où, évidemment, nos
membres lorsqu'ils voient ça arriver, lorsqu'ils
voient qu'il y a des pouvoirs et, vous l'avez dit, tout est permis, sauf ce qui
est interdit... Il y a une bonne liste de ce qui est interdit, mais ça veut dire qu'il y a beaucoup de choses qui
peuvent être faites aussi. Alors, c'est ça qui nous inquiète.
C'est pour ça
qu'on vous demande peut-être de réfléchir à mettre certaines balises ou
certains paramètres qui vont faire en
sorte que, ce que vous nous dites, là, au niveau de ne pas alourdir le fardeau
fiscal municipal global, que ça va se réaliser non seulement
aujourd'hui, mais aussi dans le futur.
M. Coiteux : Vous savez,
Mme Hébert, la liste de ce qui est interdit est tellement longue que
toutes les villes à qui on a posé la question — puis certaines sont venues dans le cadre du
projet de loi, Québec, notamment, le maire de Québec s'est exprimé là-dessus — la liste d'interdictions est tellement
grande que, dans les faits, ce n'est vraiment pas, ce changement de
philosophie là, quelque chose qui va permettre de faire tout et n'importe quoi
puis d'alourdir le fardeau fiscal.
La plupart nous ont dit essentiellement :
On a des problèmes, par exemple, de stationnements étagés en plein centre de la ville, qui défigurent la ville. Bien,
on pourrait avoir un système de taxation différencié qui ferait en sorte
qu'on pourrait inciter à développer les
places de stationnement d'une façon qui défigure moins le paysage urbain. C'est
le genre de chose que les maires ont en tête lorsqu'on leur donne le
pouvoir général de taxer. Et donc ça n'a rien à voir avec un alourdissement du
fardeau fiscal des PME. C'est ce que je voulais dire.
Donc, il y a
dans ce mot-là, «pouvoir général de taxer», peut-être une inquiétude de
certains, mais, dans la pratique, et c'est déjà en opération à Montréal,
c'est le genre de chose qui est utilisée dans ce contexte-là.
Mais je
reviens un peu à ça parce que vous avez parlé des permis d'alcool. C'est un
autre secteur dans lequel nos lois
sont faites en disant : Bien, tout ce qui n'est pas nommément permis est
interdit. Sauf qu'à un moment donné quelqu'un ouvre un nouveau concept de terrasse, quelqu'un ouvre un nouveau concept
de quelque chose, il y a de l'innovation dans ce secteur-là, puis les lois restent surannées par rapport aux innovations du secteur, puis finalement
il ne se fait rien. Donc, tranquillement,
je pense qu'il faut aller vers des lois qui font un peu plus confiance aux
entrepreneurs qui innovent, mais aux administrations municipales aussi
qui ont à répondre à des défis aujourd'hui qui ne sont pas les mêmes qu'il y a
25, 30 ans. Nos lois dans le domaine municipal, on ne les revisite pas en
profondeur à chaque année.
C'est ça,
l'esprit. Je ne sais pas si ça vous rassure, mais j'essaie. Puis je pense que,
pour le bénéfice... Les intentions du législateur, là, on les exprime,
là, clairement au bénéfice de tous ici. O.K.?
J'aimerais
vous amener sur un autre sujet qui est dans le projet de loi parce qu'il y a
des nouveaux pouvoirs en matière de développement économique qui sont
octroyés aux municipalités. Il y en a deux en particulier sur lesquels j'aimerais vous entendre. Un, on permet aux MRC de
créer un fonds de développement économique, ce qui leur est interdit à l'heure actuelle. Le projet de loi propose
qu'une MRC puisse créer un fonds de développement économique. Ça, c'est
un premier élément. J'imagine que ça peut
avoir un impact sur beaucoup de vos membres, potentiellement, qui aient
envie de participer au développement économique de leur région puis qui peuvent
accueillir quelque chose comme ça comme favorable pour le développement des
régions puis, donc, la vitalité des PME aussi, pas seulement des territoires.
Et l'autre,
c'est une élévation des plafonds de subventions que les municipalités peuvent
octroyer à des entreprises pour favoriser le développement économique,
parce qu'encore là nos lois sont ainsi conçues que c'est interdit aux municipalités de donner des subventions. Il y a
une loi qui s'appelle Loi sur l'interdiction de subventions dans le
monde municipal. C'est comme ça qu'on
fonctionne. On interdit, on interdit. Là, on dit : Bien, on va lever un
peu le plafond. Pourquoi?, parce
qu'on s'aperçoit en pratique que ça empêche de faire des choses qui seraient
sans doute bien pour les communautés puis pour l'économie locale.
Sur ces deux
aspects-là, est-ce que vous avez regardé ça, est-ce que vous avez des choses à
nous dire là-dessus?
Mme Hébert (Martine) : On a
regardé ça, M. le ministre, effectivement, je vous dirais, sur cette question-là.
Je vais vous lancer à la blague que j'espère
que les pouvoirs de taxation, ils ne s'en serviront pas pour mettre de
l'argent dans leur Fonds de développement
économique, parce qu'on ne sera pas gagnants, qu'il va être financé autrement.
Mais je vous dirais que, de façon globale,
vous savez, lorsqu'on demande aux chefs de PME : Est-ce que vous
préféreriez, par exemple, que l'aide gouvernementale soit accrue, que ce
soit en matière de subvention, de crédit d'impôt ou autre, ou
est-ce que vous préféreriez avoir une
baisse, un allègement fiscal qui s'appliquerait à l'ensemble
des entreprises? Les chefs de PME vont toujours privilégier la solution
de l'allègement fiscal par rapport à plus de subventions.
Maintenant, je comprends que, dans le projet de
loi, ce que vous avez cherché à faire, M. le ministre, c'est justement
de donner le droit aux municipalités de pouvoir octroyer des subventions, de pouvoir
elles-mêmes aussi orienter le développement économique de la municipalité,
là, en fonction des priorités
qu'ils ont. Et, dans ce sens-là, nous, on n'est pas contre ce qui est proposé dans le projet de loi. Cependant, on est soucieux que le tout se fasse, et ça,
sans présumer, là, de quoi que ce
soit, mais que le tout se fasse selon des pratiques de saine gouvernance et des
règles de transparence, là, assez... comme les citoyens sont en droit de s'attendre, et on s'attend à ça
aussi. Donc, on s'attendrait à ce que les mécanismes qui permettent
d'assurer la transparence, la saine gouvernance et une reddition de compte
adéquate de l'utilisation de ces sommes-là soient mis en place.
M. Coiteux : J'ai encore
combien de temps?
Le Président (M. Auger) : Une
minute
M. Coiteux : Une minute? Oh! ça ne donnera pas beaucoup
de temps. Néanmoins, la principale taxe payée par les PME dans le monde municipal, c'est l'impôt foncier. Quelle alternative vous y voyez, vous?
Comment on pourrait faire en sorte que la taxation, qui repose sur les
PME dans le système actuel, pourrait être diminuée?
Mme Hébert
(Martine) : Bien, écoutez,
c'est sûr que, pour nous, un des éléments fondamentaux, une priorité, en
tout cas, au moment où on se parle, c'est la question de l'écart de taxation
entre dans le secteur résidentiel puis non résidentiel.
C'est sûr qu'il y a des dispositions du projet
de loi... d'ailleurs,
on était contents de voir qu'il y a des dispositions du projet
de loi qui vont peut-être
permettre de tendre, là, à diminuer cet écart-là, mais il y en a d'autres où on
a compris un petit peu le contraire. Ça fait que c'est sûr que ça nous
inquiète. Puis ce qu'on souhaiterait, M.
le ministre, qui soit mis en
priorité... ce soit justement de réduire cet écart-là.
Et éventuellement c'est
sûr que je ne vous cacherai pas qu'au-delà du système de taxation ce qu'on a toujours...
les chefs de PME, ce qu'ils vont préférer aussi, c'est des systèmes de
tarification plutôt que des systèmes de taxation. Donc, dans ce sens-là, je
vous dirais que la réponse à votre question en matière de priorité pour les PME
québécoises, là, c'est ça au niveau municipal.
Le Président (M. Auger) :
Merci. C'est tout le temps que nous avions pour ce premier bloc d'échange. Nous
allons poursuivre. Pour les neuf prochaines minutes et 30 secondes, M. le
député de René-Lévesque.
• (15 h 30) •
M. Ouellet : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, Mme Hébert. Bonjour, M. Gaudreault. Comme le
ministre l'a stipulé dans son préambule, le projet de loi cherche à donner beaucoup plus d'autonomie et beaucoup
plus de pouvoirs aux municipalités. Et, quand on parcourt votre mémoire,
vous semblez effectivement émettre certaines craintes sur ces nouveaux pouvoirs
là ou cette nouvelle autonomie là en y ajoutant, dans certaines de vos recommandations,
des mécanismes de contrôle.
Alors,
j'aimerais bien comprendre, dans le
fond, que votre intention, c'est que,
si l'autonomie et le nouveau pouvoir d'une
municipalité a un impact direct sur la viabilité ou la
prospérité des PME, c'est une mauvaise chose qui pourrait se passer, exemple, l'article 145, vous stipulez
deux nouvelles dispositions en disant : Bien, si vous êtes pour toucher
les PME, bien, avant d'introduire des dispositions qui garantiraient, qu'une part... que le fardeau fiscal global imposé aux PME ne doit
pas croître ou, d'autre part, que toute nouvelle taxe ou tarification doit être modulée en fonction
de la taille des entreprises.
Alors, ce que vous dites, c'est qu'avant de toucher aux entreprises
faites-le de façon à ce que ça ait peu ou pas d'impact sur ce qui existe
déjà.
Et la deuxième couche que je rajoute, c'est que
si... ajouter des dispositions prévoyant qu'avant d'imposer toute nouvelle taxe la municipalité doit avoir démontré sa capacité à contrôler ses dépenses. Donc, vous
demandez à la municipalité : Faites-nous un exercice avant de venir imposer
par impôt foncier une charge supplémentaire aux PME.
C'est ce que vous demandez?
Mme Hébert (Martine) : Tout à
fait. Vous avez saisi le sens même du message qu'on veut porter. Puis je reviens, M.
le député, si vous me permettez, sur justement la question de dire : Comment ces pouvoirs-là vont être
utilisés? Puis le ministre
disait tantôt... et je le crois, là, quand il dit : L'intention du législateur, ce n'est pas que ce soit utilisé tous azimuts ou de façon, là, irresponsable, sauf que... Et, je le sais, à Montréal,
on le voit, le maire Coderre, quand
même, le maire de Montréal a posé de bons gestes pour les entreprises, etc.
Donc, je pense
que le problème, le problème avec le genre de disposition qu'on retrouve
puis ce genre de chose là, c'est que,
vous savez, les élus passent, mais les pouvoirs de taxation, on reste pognés
avec. Et donc ça ne veut pas dire que, parce qu'on se dit ça entre nous aujourd'hui,
puis qu'on le convient puis qu'on peut convenir que, sur l'ensemble du Québec, il y a quand même
un certain consensus en la matière, que, dans 10 ans, 15 ans, 20 ans,
on ne sera pas dans un autre mode de fonctionnement ou dans un autre système
de pensée puis d'ouvrir...
Dans le fond, ce qu'on demande dans ce
sens-là, c'est de dire : Bien, il y a
des pouvoirs de taxation, là, qui sont donnés
dans le projet de loi, des pouvoirs où, le ministre
l'a bien tantôt, tout est permis, sauf ce qui est exclu, donc, ça, sachant que, quand vient le moment de vouloir
taxer, des fois, l'imagination est assez fertile, c'est comme... ce qu'on
dit, bien, ce qu'on aimerait, c'est que le projet de loi présente quand même certaines balises ou certains paramètres, là,
qui permettent d'encadrer un petit peu ça, notamment pour s'assurer que l'esprit de dire qu'on ne veut
pas que le fardeau fiscal global soit augmenté pour les entreprises,
les commerçants, les petits commerces, notamment... pour refléter, dans le fond, cette dimension-là nommément dans le projet de loi.
Comme ça, on s'assure que — les
paroles s'envolent, les écrits restent — ça reste écrit dans le projet
de loi et ça demeure une garantie pour le futur.
M. Ouellet : Vous êtes consciente, Mme Hébert, que vous
êtes à contre-courant de ce que les élus sont venus nous dire :
Plus d'autonomie, et faites-nous confiance. Si les décisions que nous prenons
pour les citoyens ou pour les entreprises ne sont pas celles qui donnent les
résultats escomptés, à chaque quatre ans nous remettons ce bilan-là et nous
pouvons effectivement être jugés pour et contre ces actions.
Vous y allez quand même
avec des propositions audacieuses dans votre mémoire. Alors,
j'aimerais vous entendre sur certaines. Page 10, les VG indépendants. On
a entendu certains groupes venir nous en parler, des vérificateurs généraux. J'aimerais d'abord
savoir si vous avez circonscrit à une dimension d'une municipalité pour mettre des VG parce que, présentement, les VG sont 100 000 en montant, et on a des groupes qui sont venus nous rencontrer
pour dire : Bien, on devrait étendre l'imposition ou la présence
d'un vérificateur général dans une municipalité entre 35 000 et moins que
100 000, donc couvrir une nouvelle partie. J'aimerais vous entendre sur
ces dispositions-là.
Mme Hébert (Martine) : Je vais
laisser M. Gaudreault répondre, si vous me permettez.
Le Président (M. Auger) :
M. Gaudreault.
M. Gaudreault
(Simon) : Merci. En fait, l'idée derrière ça, l'inspiration nous vient
de la Colombie-Britannique où il
existe une telle chose qu'un vérificateur général pour les municipalités, où ce
bureau du vérificateur là, qui est centralisé, a le mandat de mener des vérifications dans l'ensemble des municipalités
de la province. C'est lui qui choisit ses mandats. Ça peut être parce qu'il juge que, dans une certaine
municipalité, il y a un besoin de vérification ponctuel. Et il est doté
de pouvoirs et de ressources pour mener à
bien ces vérifications-là dans les municipalités. Ce que ça permet de faire,
évidemment, c'est d'élargir le mandat à l'ensemble du
monde municipal et, deuxièmement, ça procure une certaine distance, hein, entre la municipalité et le
vérificateur qui se présente dans la municipalité. Donc, de notre point de
vue, c'est une solution qui est intéressante, qui permet vraiment de mettre la
loupe, la lentille sur l'ensemble des municipalités.
M. Ouellet : Dans une autre recommandation-phare dans votre mémoire, je pourrais la
qualifier ainsi, page 11, notamment par rapport aux nouveaux fonds que
les MRC peuvent créer, vous êtes bien conscients, Mme Hébert et M. Gaudreault, que, dans certains cas suite
aux différentes coupures qu'il y a eu lieu dans les centres locaux
d'emploi, il y a des corporations qui ont tout simplement disparu, et, dans
certains cas, on s'est privé de l'expertise d'entrepreneurs autour de la table
de décision pour orienter les décisions économiques vers les bonnes choses à
faire pour les PME.
Alors,
un des ajouts, puis ce que je crois comprendre, c'est qu'effectivement lorsqu'on prendra des décisions dans ce fonds-là, qu'on consulte le milieu
des affaires, qu'il fasse quasiment même partie prenante de ces orientations.
C'est ce que je comprends dans les
recommandations. Vous voulez que les entrepreneurs locaux dans la gestion du
fonds, ou dans sa mécanique, ou dans
ses dispositions soient partie prenante des solutions mises de l'avant? C'est
ce que je comprends?
Mme Hébert (Martine) : Écoutez, c'était plus au niveau des représentants
des entreprises. Je pense, par exemple, il y a des organisations sur le
terrain, je pense, par exemple, aux chambres de commerce. Peut-être que ce
serait une bonne chose d'avoir, là, ce genre
de voix là ou, en tout cas, d'avoir ce genre d'expertise là autour de la table,
cela étant, tout en garantissant
effectivement, je vous dirais, par contre que les pratiques de saine
gouvernance et de transparence et les mécanismes
de reddition de comptes sont en place. Mais ce n'est pas mauvais d'avoir des
représentants du milieu des affaires.
Peut-être pas des entrepreneurs eux-mêmes parce que, là, on a une question de
conflit d'intérêts, mais d'avoir, en tout
cas, une expertise économique autour de la table pour être à même d'évaluer et
de juger justement de la pertinence des projets.
M. Ouellet :
Donc, si on veut être efficaces, si je comprends bien votre propos,
Mme Hébert, c'est que, si ce n'est que
des élus, il manque un acteur important, un représentant du milieu des affaires
pour pousser la réflexion et le mécanisme à atteindre les objectifs,
c'est-à-dire créer de la prospérité puis de la richesse auprès des PME.
Mme Hébert (Martine) : Je pense que ce qui est important de s'assurer,
c'est qu'il y a une expertise économique qui va se pencher sur l'appréciation des projets, qui va être capable de
faire une analyse. Est-ce que ces projets-là, les projets qui sont présentés, est-ce que ce sont des projets
qui sont viables et qui sont porteurs pour la municipalité? Je pense que
le but de notre recommandation, c'était de s'assurer que cette expertise-là
soit mise à contribution dans les processus décisionnels.
M. Ouellet :
Combien de temps, M. le Président?
Le Président
(M. Auger) : Deux minutes.
M. Ouellet : O.K. Réponse courte que je vais vous demander, mais je vais quand même
faire un préambule qui est quand même important. Bon, vous faites
mention que, maintenant, les municipalités ont pu envoyer leur rapport
financier au MAMOT, alors qu'ils le rendent disponible sur leur site Internet.
Alors, vous, vous y trouvez une perte d'information
parce que c'était concentré à une place, donc là il faut peut-être chercher un
peu partout. Mais, à ça, vous rajoutez
une nouvelle obligation : y inclure une disposition prévoyant l'inclusion
dans le rapport financier, une mention de la rémunération de chaque
dirigeant ou haut salarié de 100 000 $ et plus.
Quel
est le but de cette disposition-là et en quoi ça serait viable et bon
collectivement qu'il y ait cette... pas cette dénonciation, mais cette
présentation-là, 100 000 $ et plus, on veut savoir qui qui les gagne
puis pour quelle raison?
Le Président
(M. Auger) : M. Gaudreault.
M. Gaudreault
(Simon) : Je vous dirais que l'idée derrière ça est évidemment une
idée qui est directement connectée au
contrôle des dépenses. Donc, c'est de la transparence, c'est de l'imputabilité
dans les municipalités. De notre avis, ce qui est fait, présentement au
Québec, avec les rapports financiers, par exemple, les formulaires de rapports financiers, de prévisions budgétaires, permet un
exercice de contrôle qui est sain pour la gestion, là, des fonds publics
dans le secteur municipal. Et, du côté de ce
que vous mentionnez, la disposition sur la rémunération, on sait que la
rémunération est une composante assez
importante, merci, du budget des municipalités, là, c'est la part du lion, et
c'est ça, souvent, qui fait en sorte
que les dépenses croissent de manière importante. Alors, de pouvoir aussi
regarder, comparer les municipalités entre
elles sur certaines rémunérations qu'elles peuvent verser à la direction, par
exemple, de la municipalité, ça peut être un exercice intéressant qui se fait, comme on l'a noté d'ailleurs, dans
d'autres provinces, comme en Ontario, où une loi a été adoptée en ce
sens-là, là, il y a déjà plusieurs années.
Le Président
(M. Auger) : Merci. C'est tout le temps que nous avions. Nous
allons poursuivre avec le porte-parole de la deuxième opposition, M. le député
de Blainville, pour 6 min 30 s.
M. Laframboise :
Merci, M. le Président. Mme Hébert, M. Gaudreault, merci de votre
présence.
Évidemment,
moi, j'ai un peu moins de temps, je vais m'attarder... Bon, évidemment, votre
recommandation n° 3, retirer
tous les articles du projet de loi qui octroient de nouveaux pouvoirs de
taxation aux villes, je vais juste vous lire... Hier, le Conseil du patronat a comparu devant
notre comité, puis eux, au contraire du vous, disent : «Notre
organisation ne s'oppose pas aux
dispositions visant à assouplir et simplifier l'impôt foncier. Le CPQ attache
une grande importance à l'environnement
fiscal auquel sont exposés les entreprises et les citoyens du Québec.» Un petit
peu plus loin, il ajoute : «En ce
sens, soulignons l'importance de ne pas soumettre les immeubles résidentiels à
des charges fiscales trop élevées. Des charges
fiscales trop élevées pourraient avoir pour effet de diminuer la compétitivité
et l'attractivité de certains secteurs.»
Donc,
évidemment, le CPQ... puis je leur ai donné une chance, là, une deuxième chance
de vous rejoindre, là. Mais, pour
eux, c'est important que le taux résidentiel demeure bas pour attirer les
employés. Pour eux autres, là, c'est vraiment la main-d'oeuvre. Ils pensent à la main-d'oeuvre puis ils se disent :
Il faut être capable... donc, il faut revoir la taxation, il faut permettre des nouvelles sources de revenus pour
éviter que la taxation foncière sur le résidentiel soit trop élevée
parce que ça nous met moins compétitif mondialement. Et vous, vous nous dites
le contraire, là. Essayez juste de me faire comprendre, tout simplement.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Auger) :
Mme Hébert.
Mme Hébert
(Martine) : Oui. Bien, on ne
dit pas le contraire. Nous, on dit que les deux doivent demeurer bas. Et
ce qu'on dit, c'est que, présentement, dans
le fond, le taux de taxation qui est chargé dans le secteur non résidentiel
est, au Québec, là... D'ailleurs, M. le
Président, si vous me le permettez, je vais faire distribuer le tableau à
l'ensemble des membres de la
commission, mais, dans certaines municipalités, il est quatre fois plus élevé
que le taux dans le secteur résidentiel. Donc, tout ce qu'on veut, c'est
que les municipalités soient appelées à mettre en place des mécanismes qui vont
leur permettre de mieux contrôler leurs
dépenses de façon à limiter, justement, les augmentations de taxes foncières et
de façon aussi à ramener, si vous voulez, ce ratio-là entre le taux de
taxation non résidentiel versus résidentiel à un taux qui nous apparaîtrait
plus équitable.
Et vous
m'avez parlé du CPQ, je prends note, je prends acte de la position du CPQ.
Nous, à la FCEI, on représente les
petites et moyennes entreprises. Et, à la page 8 de notre mémoire,
d'ailleurs, on le note bien, on leur a posé la question : Est-ce que les municipalités devraient avoir le
pouvoir d'imposer de nouvelles taxes? Et la très, très vaste majorité,
en fait, les trois quarts nous ont
dit : On n'est pas du tout d'accord. Et à peu près plus de 90 % nous
on dit : On n'est pas d'accord. Donc,
on ne serait pas d'accord avec ça parce qu'ils craignent que, si vous voulez,
le fardeau fiscal global continue de croître.
Et moi, je
pense que, si le gouvernement... Ce qu'on dit aussi c'est que, si le
gouvernement décide d'aller de l'avant, ce qu'on souhaiterait, c'est que le projet de loi présente des garanties
que le fardeau fiscal global imposé dans le secteur non résidentiel,
particulièrement aux petits commerces puis aux PME, dans les municipalités du
Québec, qui, on le sait, assure le dynamisme de plusieurs municipalités, que ce
fardeau, dans le fond, là, global ne soit pas accru.
M. Laframboise : En tant
qu'ancien élu municipal, je me suis permis de leur poser la question sur le
non-résidentiel parce que les mesures que
vous avez mentionnées, 158 et 168... Eux, ils sont d'accord avec les mesures
telles que présentées, de permettre des nouveaux paliers sur le
non-résidentiel. Eux, ce qu'ils disent, c'est : On fait confiance au
marché.
Tu sais, moi,
je peux vous confirmer, là, moi, je suis député de Blainville, Blainville ne
sera pas créatif, Mirabel ne sera pas
créatif. Ça veut dire qu'à quelque part il va falloir que les autres villes
fassent des efforts parce que, sinon, ils vont se faire gruger les
entreprises. Donc, c'est un peu ça que...
Vous, ce que
je peux comprendre, c'est que votre monde, ils peuvent... Tu sais, parce que ce
que le CPQ semble dire, c'est que,
s'ils ne sont pas contents, ils peuvent toujours déménager puis changer de...
alors que, vous autres, vos commerçants ne peuvent pas nécessairement
déménager. C'est un peu ça, là?
Mme Hébert (Martine) :
Exactement. Ils sont beaucoup moins mobiles, c'est ça. C'est sûr que, si...
dépendamment du type d'entreprise, mais, lorsqu'on prend des petits commerces,
mais, tu sais bien, tu ne peux pas déménager dans la municipalité d'à côté, là,
parce que tu vas... c'est beaucoup plus coûteux. Il faut que tu refasses ta
clientèle, etc. Donc, il y a une question de mobilité aussi là-dedans, là.
M. Laframboise : Parce que le maire de Montréal, quand même, vous
l'avez souligné tantôt, là, lui, ce qu'il veut c'est la flexibilité sur le non-résidentiel parce qu'il veut permettre
aux plus petits commerçants d'avoir des taux qui sont plus bas. Et puis, je vous dis, le CPQ n'est pas contre
ça non plus. Ça, ça veut dire inévitablement... vous savez comment ça fonctionne dans une ville, là, les revenus du
résidentiel puis les revenus du non-résidentiel, ça fait à peu près une
enveloppe, si tu baisses un secteur dans le
non-résidentiel, tu vas augmenter l'autre. Puis le CPQ n'a pas pogné de boutons
avec ça, là, je vous le dis, là.
Mme Hébert
(Martine) : Oui. Mais c'est
ça que je vous dis. Nous, ce qu'on vous dit, puis je prends acte de la
position du CPQ, là, mais il faut voir la composition... Nous, à la FCEI, qui
représentons davantage les plus petites entreprises, c'est le point de vue que
nous ont exprimé, là, nos membres sur cette question-là.
M. Laframboise : Mais, on va
être d'accord avec vous, il manque un volet dans le projet de loi, c'est la surveillance. C'est-à-dire que, là, je pense que
le ministre est conscient. La Vérificatrice générale, théoriquement,
devrait avoir une certaine charge pour les
villes de 100 000 habitants et moins. Ça, tout votre volet de votre
mémoire pour dire à quelque part,
là : Il y a des mesures là-dedans, mais il faut s'assurer que c'est
correct, puis c'est fait correctement, puis on... Là, vous voulez des vérificateurs indépendants. En
tout cas, peut-être qu'on penserait à la Vérificatrice générale, qui...
tu sais, que les
vérificateurs des villes pourraient relever de la Vérificatrice générale. On a
eu des témoins qui sont venus nous dire :
Je pense qu'il manque ça dans... parce qu'évidemment on donne plus de pouvoirs
aux villes, mais, inévitablement, nous,
si on voulait être honnêtes envers les citoyens, il faudrait être capable
d'avoir une certaine reddition de comptes qui soit plus intéressante. Je
pense que vous nous le soumettez dans votre mémoire.
Mme Hébert
(Martine) : Je pense que ce
serait sage, effectivement, parce qu'à partir du moment où on parle de plus de pouvoirs, plus de pouvoirs de taxation,
plus d'autonomie, je pense que c'est important aussi en même temps
d'avoir des mécanismes, là, qui vont
permettre de garantir aux citoyens que le tout se fait selon des principes de
saine gouvernance et en toute transparence.
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Donc, Mme Hébert et
M. Gaudreault, merci beaucoup, pour votre participation aux travaux de la
commission.
Je suspends quelques instants pour permettre au
prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 48)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux en souhaitant
la bienvenue au Regroupement des conseils de quartier de la ville de
Québec.
Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre présentation, par la suite
une période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans un
premier temps, s'il vous plaît, vous identifier et, par la suite, vous pourrez
commencer votre présentation.
Regroupement des
conseils de quartier de la ville de Québec
M. Maltais
(Roch) : M. le Président de la commission, M. ministre
des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, Mmes et MM. les
députés membres de la commission, le Regroupement des conseils de quartier vous remercie d'avoir invité de nouveau notre regroupement à faire entendre leur point
de vue devant votre commission.
À cet effet, nous vous présenterons
de nouveaux arguments, par rapport à notre présentation de novembre 2016 sur le projet de loi n° 109 pour justifier
notre position sur des éléments fondamentaux touchant la démocratie municipale.
Je suis Roch
Maltais, président du Conseil de quartier du Cap-Rouge, arrondissement
Sainte-Foy—Sillery—Cap-Rouge,
et je vous présente les autres participants qui m'accompagnent, soit
Mme Johanne Elsener, présidente du Conseil de quartier de Pointe-Sainte-Foy, arrondissement
Sainte-Foy—Sillery—Cap-Rouge, et qui est porte-parole du
groupement des conseils de quartier de la
ville de Québec, M. Michel Hallé, vice-président du Conseil de quartier de
Saint-Jean-Baptiste, arrondissement
La Cité-Limoilou, et Mme Anne Baril, présidente du Conseil de quartier de
Loretteville, arrondissement La Haute-Saint-Charles.
Nous avons
été désignés pour représenter 25 conseils de quartier, qui ont signé le mémoire
que nous avons déposé, et ces
conseils sont composés de plus de 180 administrateurs répartis sur le
territoire de la ville de Québec. Alors, je cède la parole à notre
porte-parole, Mme Elsener.
• (15 h 50) •
Mme Elsener
(Johanne) : Bonjour. Alors, permettez-moi de lire l'allocution des
conseils de quartier de la ville de Québec.
Les conseils de quartier sont des organismes créés en vertu de la Charte de la
Ville de Québec. Ils représentent les citoyennes
et les citoyens des différents quartiers de la ville de Québec, et leurs
administrateurs sont élus par les citoyens des quartiers.
Il est
reconnu que la démocratie municipale s'exprime en trois étapes :
information, consultation et approbation référendaire. Le processus référendaire découle, à l'origine, d'un
contrat informel social entre le citoyen qui s'installe dans un quartier pour y vivre, élever ses enfants,
payer ses taxes foncières, et la ville, qui lui garantit en quelque sorte la
qualité de son milieu de vie par une série
de règlements d'urbanisme. Lorsque ces règlements sont changés, ce contrat
social doit être renégocié dans un contexte de saine démocratie et de
juste équilibre des forces.
Dans la
foulée du projet de loi n° 109, que nous avons commenté l'automne dernier
en commission parlementaire, l'analyse
du projet de loi n° 122 soulève encore plus d'inquiétudes et de
préoccupations de la part des conseils de quartier. Parmi celles-ci, mentionnons d'abord la mise en
place d'un régime démocratique à deux vitesses par l'abolition pure et simple du droit au processus d'approbation
référendaire pour les citoyens de la ville de Québec, contrairement aux
autres municipalités, de même que le statu
quo sur l'absence d'un tel processus d'approbation référendaire en ce qui a
trait aux modifications au règlement
d'urbanisme découlant d'un programme particulier d'urbanisme ou de
modifications touchant un projet résidentiel, commercial ou industriel
de 25 000 mètres carrés et plus de plancher.
En premier lieu, et nous insistons, les conseils
de quartier sont d'avis que le projet de loi n° 122 introduit une distorsion démocratique et une iniquité importante
entre les citoyens de la ville de Québec et ceux des autres
municipalités en ce qui a trait à
l'approbation référendaire. On peut sérieusement se demander pourquoi les
citoyens de la ville de Québec doivent
subir un tel déficit démocratique. En effet, dans la grande région de Québec,
les citoyens de Lévis pourront se prononcer par approbation référendaire
sur une modification au règlement d'urbanisme, alors que, dans une situation similaire, les citoyens de Québec seront orphelins
d'un tel processus. Cette iniquité n'apparaît certainement pas
souhaitable lorsqu'on
prétend reconnaître les municipalités en tant que gouvernements de proximité
dans une société démocratique comme le Québec.
L'exercice du
droit à l'approbation référendaire est très bien balisé par la législation. À
preuve, dans la ville de Québec, les
citoyens n'y ont eu recours qu'à cinq reprises depuis 2002. Il n'y a donc pas
eu d'abus. Nous sommes d'avis que le
droit au processus référendaire a pour effet d'équilibrer les forces du milieu.
Il devient un contrepoids essentiel dans la vie démocratique vis-à-vis l'influence et les moyens importants,
publicité, reportages, lobbying, contributions, etc., déployés par des promoteurs pour faire adopter des
projets controversés pouvant avoir un effet négatif sur le bien-être et
la santé des citoyens du quartier.
Dans ce contexte, nous ne pouvons passer sous
silence la condamnation récente, en matière de corruption municipale touchant des projets immobiliers, de
l'ex-maire de l'arrondissement Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, Michael Applebaum, trouvé coupable de
corruption le 26 janvier 2017 par la Cour de Québec, chambre criminelle et pénale, en lien justement avec un
changement de zonage qui rencontrait une résistance de la part de
groupes communautaires. Le processus
d'approbation référendaire est un garde-fou essentiel. Il permet de garder une
saine distance entre élus et promoteurs. L'abolir fragiliserait la
gouvernance municipale face à la corruption.
En outre,
l'expérience vécue par les conseils de quartier de la ville de Québec depuis
une dizaine d'années démontre que le
gouvernement fait fausse route lorsqu'il croit qu'il y aurait dictature de
l'intérêt particulier, presque de l'égoïsme, par rapport à l'intérêt
général en rapport avec le processus référendaire, que des projets peuvent être
bloqués par ce genre d'attitude. Nous
soumettons respectueusement qu'une telle perception du gouvernement n'est
absolument pas en lien avec l'objectif de proximité véhiculé dans ce
projet de loi.
L'expérience démontre que l'exercice du
processus d'approbation référendaire a permis, au final, de voir se concrétiser des projets de densification beaucoup
mieux adaptés au milieu urbanistique. À cet effet, citons ici
l'urbaniste émérite, architecte et ancien
directeur de la ville de Québec, M. Serge Viau, qui, se référant à de
telles consultations obligées et décisionnelles, affirme : Il en a
résulté du processus référendaire de meilleurs projets, mieux adaptés au
contexte urbain et non dommageables à la
personnalité des quartiers. Ils ont tous été des projets de densification.
C'est certainement le cas des îlots
Esso et Irving. Dans ce dernier cas, même son promoteur m'a avoué que le projet
était meilleur. N'eût été des référendums,
les projets originaux auraient été construits malgré certaines oppositions des
citoyens et au détriment de la cohérence d'ensemble du milieu, j'en suis
convaincue.
Nous sommes aussi d'avis que la possibilité d'un
recours au processus référendaire est un incitatif pour les promoteurs à venir sur la place publique présenter
leurs projets à la population. À titre d'exemple, citons le cas d'un
projet de densification sur le chemin Sainte-Foy, qui est pour le moins très
éloquent. Après la présentation de son projet initial,
le promoteur a pris en considération l'opinion des citoyens. Ils étaient en
faveur de la densification, mais souhaitaient voir modifier l'aménagement extérieur afin de créer un milieu favorable
à la santé de la population par la préservation des arbres urbains et la diminution des surfaces
minéralisées. Le promoteur a, par la suite, présenté un deuxième projet
qui, de son propre aveu, était meilleur que
le projet initial. Ce projet fut approuvé unanimement par le conseil de
quartier et les citoyens présents, dont plusieurs citoyens riverains au
projet.
Nous croyons
fermement que la possibilité d'un recours au processus référendaire a établi un
rapport de force qui en a résulté en
la bonification de ce projet et permis de pallier à la réglementation
municipale déficiente en matière de santé
publique. C'est dans ce jeu de négociation rendu possible grâce au recours au
processus référendaire que ce dernier joue son plus grand rôle dans le
développement durable des villes.
De plus,
l'expérience démontre que la possibilité d'un recours au processus
d'approbation référendaire n'est pas un frein à la densification, comme le témoignent les densités relatives de
villes avec référendums, comme Montréal, avec 4 662 habitants à
l'hectare, Genève avec 12 422 habitants à l'hectare, versus des villes
sans référendums : Toronto, 4 334
habitants à l'hectare, Ottawa, 316 habitants à l'hectare. D'ailleurs, les
citoyens eux-mêmes demandent, dans certains cas, une densification. À preuve, l'avis du Conseil de quartier des
Jésuites requérait, en septembre 2016, une densification plus élevée du
boulevard Henri-Bourassa dans l'arrondissement de Charlesbourg.
Le processus
référendaire est un outil essentiel qui permet aux citoyens non pas seulement
de s'exprimer, mais aussi d'avoir le sentiment de pouvoir agir sur leur
milieu. Ce sentiment suscite l'intérêt des citoyens envers les enjeux municipaux, les incite à participer à la vie
municipale. À notre avis, retirer ce droit aux citoyens ne ferait
qu'augmenter le cynisme actuel de la population envers nos dirigeants et
démobiliser les citoyens qui ont à coeur de développer des quartiers sains,
attrayants et durables.
Actuellement,
l'administration municipale peut utiliser les dispositions des articles 74.4 et
74.5 de la Charte de la Ville de
Québec pour soustraire au processus d'approbation référendaire un projet
d'établissement résidentiel, commercial ou industriel dont la superficie de plancher est supérieure à
25 000 mètres carrés. Si le recours à cette disposition peut être
justifié pour permettre, sans contestation possible, la réalisation d'un projet
de logement social ou d'un équipement collectif,
il ne l'est pas pour un projet privé, même de grande envergure. Au contraire,
un tel projet est susceptible d'avoir un impact important sur la qualité de vie et la santé des citoyens, et
ceux-ci devraient avoir le droit de se prononcer ultimement sur celui-ci
de manière décisionnelle.
Deuxièmement, la démocratie devrait être
renforcée par l'introduction, dans la Charte de la Ville de Québec, de dispositions obligeant l'administration
municipale à soumettre au processus d'approbation référendaire les
modifications au règlement d'urbanisme adoptées à la suite de la mise en vigueur
d'un PPU pour assurer leur conformité au plan d'urbanisme.
Le recours à cet outil urbanistique est devenu si général que tous les secteurs
stratégiques de la ville de Québec peuvent y être soumis sans
restriction.
On ne peut nier le bien fondé de planifier le
développement du territoire mais le recours à un programme particulier d'urbanisme entraîne un déficit
démocratique dans sa mise oeuvre. À titre d'exemple, nous soumettons que
les citoyens de la
ville de Québec, particulièrement ceux qui résident autour du boulevard Laurier
Ouest, vivent actuellement une
situation qui illustre bien ce déficit démocratique après l'adaptation d'un
PPU. En effet le projet immobilier prévu pour l'îlot des Gouverneurs,
connu sous le nom du Phare, soutenu par l'administration municipale de Québec,
et les modifications de zonage requises et
annoncées pour sa réalisation vont clairement à l'encontre du large consensus
social obtenu lors de l'adoption récente du PPU du plateau centre de
Sainte-Foy. Plus de 1 000 personnes ont participé aux consultations
publiques.
La
construction de ce large complexe immobilier, qui va changer drastiquement
l'environnement urbanistique de la ville,
sera d'une hauteur d'environ 250 mètres ou environ 65 étages, soit près de deux
fois et demie la hauteur adoptée par règlement après un long et
fructueux processus démocratique.
En raison des
considérations soulevées précédemment, les 25 conseils de quartier de la ville
de Québec signataires du mémoire
déposé à l'Assemblée nationale demandent d'apporter les modifications suivantes
au projet de loi n° 122. Premièrement,
le retrait de toutes les dispositions qui enlèvent ou restreignent aux citoyens
de la ville de Québec le droit de recourir
au processus d'approbation référendaire en matière d'urbanisme et,
deuxièmement, l'ajout au projet de loi de dispositions obligeant la ville de Québec à soumettre au processus
d'approbation référendaire les modifications proposées au règlement d'urbanisme, adoptées à la suite d'un
programme particulier d'urbanisme, ainsi que les modifications touchant les projets de développement résidentiel,
commercial ou industriel de plus de 25 000 mètres carrés de superficie de
plancher.
Nous vous remercions de votre attention et de
votre intérêt envers une saine démocratie.
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup pour votre présentation. M. le ministre, pour 15 minutes.
• (16 heures) •
M. Coiteux :
O.K. Alors, merci beaucoup. On s'était effectivement rencontrés peu avant Noël
et on avait même discuté de la même question, mais, puisqu'on avait
retiré les dispositions qui touchent les référendums en matière d'urbanisme
pour les déplacer dans le 122, on a l'occasion de s'en reparler, et j'aurai des
questions là-dessus puisque c'était l'essentiel, donc, de votre présentation
ici.
Je
commencerais de la façon suivante. Vous êtes quatre, dont, si je ne me trompe
pas, M. Hallé... donc, vous, vous êtes
vice-président du Conseil de quartier de Saint-Jean-Baptiste, et donc vous, vous êtes vice-président du conseil de quartier de
Saint-Jean-Baptiste, et donc un conseil de quartier qui est à l'intérieur de la géographie même, là, de la ville avant qu'il y ait les
fusions de tout le monde.
M. Hallé (Michel) : Effectivement.
M. Coiteux : Et, avant la fusion des différentes municipalités, comment ça fonctionnait à Québec,
justement?
M. Hallé
(Michel) : Je ne pourrais
pas vous le dire, M. le ministre, parce
qu'à cette époque-là j'habitais à Lévis.
M. Coiteux : Vous habitiez à
Lévis. O.K.
M. Hallé
(Michel) : Alors, malheureusement, je n'ai pas connu le régime qui
s'appliquait à la ville de Québec à cette
époque-là. Donc, comme je l'ignore, j'aime autant ne pas m'avancer sur des
conjectures que je pourrais interpréter.
M. Coiteux : Mais vous savez
qu'il n'y avait pas de référendum en matière d'urbanisme à l'époque dans la
ville-centre.
M. Hallé (Michel) : C'est ce
que j'ai entendu dire.
M. Coiteux :
Oui. Et c'était vraiment comme ça. Je n'étais pas non plus en politique à
l'époque et encore moins ministre des
Affaires municipales, mais, bon, lorsqu'on amalgame, on a amalgamé en
disant : Bien, on va faire comme ça se fait à Sainte-Foy ou comme ça se fait... Ma compréhension, c'est qu'il
n'y a pas nécessairement eu un débat profond sur c'était quoi, le meilleur modèle pour consulter puis faire participer
les citoyens. C'était beaucoup plus : On va y aller avec la règle d'un des deux. C'est ma compréhension. Mais
vous me dites que vous étiez à Lévis à l'époque, mais peut-être que
d'autres pourront s'exprimer là-dessus. Comment vous voyez ça de votre côté?
Mme Elsener
(Johanne) : Bien, écoutez, comme nous vous l'avons dit en novembre
dernier, nous croyons que la démocratie
municipale procède en trois étapes : une première étape d'information, une
deuxième étape de consultations et une
troisième étape d'approbation référendaire. Nous croyons que ces trois
étapes-là sont essentielles à une saine démocratie et à un sain équilibre des forces pour développer
une ville qui soit de la meilleure qualité possible et qui respecte
aussi la santé des citoyens. Alors, nous pensons qu'il est souhaitable et
possible de bonifier les trois étapes, mais qu'il faille maintenir les trois
étapes dans ce processus démocratique là.
M. Coiteux :
Vous n'êtes pas sans savoir quand même que la troisième étape dont vous parlez,
elle ne fait pas l'unanimité. Elle est décriée dans certains milieux au
Québec parce que beaucoup de gens, puis je sais que vous vous inscrivez en faux, mais il y a beaucoup de gens au
Québec, puis pas seulement les maires, par ailleurs, je l'ai entendu
même de groupes qui défendent, là, un
urbanisme intelligent, un meilleur aménagement du territoire, une meilleure
densification du territoire, je les ai
entendus dire aussi que la procédure référendaire en urbanisme, telle qu'on la
fait au Québec, souvent sert des intérêts très,
très, très particuliers au détriment de l'intérêt général. Il n'y a pas que le
maire de Québec qui nous a dit ça, ou que le
maire de Montréal qui nous dit, ou des maires de différentes villes du Québec.
Il y a des groupes très associés à un
urbanisme, puis je dirais même progressistes, là, qui viennent nous dire ça.
Donc, vous savez que ce n'est pas une position unanime, ça.
Alors,
pourquoi ce troisième ingrédient là de la démocratie participative en matière
d'urbanisme est si essentiel?
Mme Elsener
(Johanne) : Vous savez, M. le ministre, que les conseils de quartier
ont une large expérience en consultation publique puisque nous sommes
mandatés par la ville de Québec pour mener les consultations publiques
concernant les changements de zonage. Nous avons réalisé, grâce à cette
expérience-là, que la présence du processus d'approbation
référendaire est un incitatif pour les promoteurs à venir présenter leurs
projets aux citoyens de telle sorte qu'un
dialogue s'amorce, qu'une discussion s'amorce, qu'il y ait des échanges qui
soient faits de part et d'autre, et ça mène souvent à une bonification
des projets. Et l'expérience qu'on vous a présentée, c'est un projet sur le
chemin Sainte-Foy où le promoteur est venu présenter une première version qui
était très néfaste pour la santé des citoyens.
En médecine, on sait maintenant que l'aménagement
urbain a un impact très important sur la santé, sur les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires, l'obésité,
l'hypertension, les maladies mentales, le cancer, et les municipalités ont des règlements déficients en
matière de santé publique. Alors, le projet de ce promoteur-là était de
nous faire un projet de densification qui
était bétonné de mur à mur, où on recouvrait tout le terrain d'asphalte et on
coupait un alignement d'arbres qui créait
aussi un écran visuel, mais qui aussi permettait de climatiser la ville, donc
de lutter contre les îlots de chaleur et de capter les polluants
atmosphériques.
Alors, les citoyens sont intervenus, ont
présenté un avis favorable à la densification, mais ont demandé au promoteur de revoir son plan de telle sorte à
conserver la haie d'arbres et à réduire la surface minéralisée pour
réduire l'îlot de chaleur. Le promoteur est retourné à sa planche à dessin. Il
est revenu avec un deuxième projet où il répondait aux demandes des citoyens. Et lui-même nous a dit, durant la consultation, qu'il aimait mieux sa deuxième version, qu'il était plus content
de sa deuxième version. Nous croyons fermement que, s'il n'y avait pas eu ce processus
d'approbation référendaire, ce promoteur-là ne serait pas venu présenter son
projet à la population, puisque la ville — et on a eu la confirmation
dans le mémoire de Vivre en ville — avait donné son approbation à
ce projet-là.
Alors, c'est
pour ça qu'on juge qu'il est très important de maintenir ce processus-là dans la ville de Québec, surtout que je pense
que, dans un État de droit, il est très important
d'avoir des droits qui sont équitables entre tous les citoyens qui
résident dans une même province.
M. Coiteux : Concernant cette
bonification du projet, on nous a rapporté un cas exactement inverse, là, contraire, dans le cas de l'îlot Irving, où, au
contraire, et pas seulement aux dires du maire de Québec,
mais aux dires de beaucoup d'intervenants, de gens qui... Bien, moi, je
ne suis pas résident de Québec, sauf temporairement pendant la semaine, là, mais j'ai à coeur les intérêts de la ville de Québec, comme toutes les villes du Québec de
toute façon, puis surtout sa beauté patrimoniale, son architecture,
tout ça, son harmonie urbanistique. On nous a dit que, dans le cas de
l'îlot Irving, c'est le contraire, c'est-à-dire que, suite à ce processus-là,
on s'est retrouvés avec un moins bon projet et qu'il y avait, par exemple, des éléments comme l'inclusion de logement social qui ont disparu et
que c'était directement lié à des objections qui n'étaient pas toujours
tout à fait, disons, assumées publiquement. Et là on nous a
dit : Voilà un clair cas où, dans le fond, des intérêts très
égoïstes de certains plus près ont amené un moins bon projet pour l'ensemble de
la collectivité.
C'est pour ça
que je vous dis : C'est loin d'être unanime, là, cette question-là.
Et, en même temps, la question que j'aimerais vous poser : Est-ce
qu'il n'y a pas des manières
alternatives de faire participer les citoyens? Est-ce
que ce n'est pas, dans
le fond, un besoin d'avoir une politique
de consultation bien conçue, bien élaborée, avec une rétroaction
dont on a besoin beaucoup plus que de cette étape-là qui n'existe nulle part ailleurs,
hein, qui est ce référendum en matière d'urbanisme?
Mme Elsener (Johanne) : Je vais
juste...
Le Président (M. Auger) :
Mme Elsener.
Mme Elsener
(Johanne) : Oui. Écoutez, votre intervention nécessite plusieurs
réponses. Je voudrais juste revenir au
projet de l'îlot Irving et Esso pour vous dire que les municipalités possèdent
des outils que la ville de Québec pourrait utiliser, un, pour imposer un pourcentage de grands logements. Dans la
grille de zonage, il y a une case où on peut inscrire un pourcentage de
grands logements, et les citoyens auraient été d'accord avec cette
imposition-là.
Deuxièmement, la ville de Montréal a une
politique d'intégration de logements abordables, de logements sociaux, que la ville de Québec aussi pourrait
adopter d'une façon similaire pour s'assurer qu'il y ait une inclusion
de logements sociaux et de logements abordables.
Maintenant,
pour en revenir à votre question, vous savez, on en a parlé en novembre, il y a
d'autres pays qui ont ce processus
d'approbation référendaire là. J'ai la chance d'avoir la nationalité suisse
aussi. Ensuite, toutes les municipalités sont soumises à l'approbation référendaire, il y a une équité dans ce
sens-là. Et, dans l'exemple qu'on vous a montré, les villes qui ont un
processus d'approbation référendaire sont des villes qui ont pu se développer,
devenir prospères, se densifier. On voit
Genève, 12 000 habitants par mètre... pas par mètre carré, ça aurait été
beaucoup, mais par hectare, et c'est une
densité qui est beaucoup plus élevée que Lyon, que Milan ou que de d'autres
villes européennes. Et nous avons fait une recherche du côté de
l'Ontario. Comme je vous ai dit, Toronto est moins dense que Montréal, et
pourtant il n'y a pas de processus d'approbation
référendaire. Et celui qui a fait la recherche sur notre voisin ontarien est
M. Hallé. Alors, je lui passe la parole.
Le Président (M. Auger) :
M. Hallé.
• (16 h 10) •
M. Hallé
(Michel) : Merci. Alors, M. le ministre et MM. les députés, il n'y a
pas juste un moyen de faire respecter ce que nous appelons le contrat
social, là, dans notre mémoire. Bon, le Québec s'est doté d'un mécanisme qui
est l'approbation référendaire. En Ontario,
c'est différent. Effectivement, il n'y a pas d'approbation référendaire, mais
les citoyens peuvent contester le bien-fondé
d'un règlement avec une mécanique assez simple qui est un appel à la
commission d'aménagement... commission municipale de l'Ontario, excusez,
communément appelée la CAMO.
Alors, la
façon... c'est très simple, comment ça se passe. À partir du moment où la ville
a adopté un règlement, si des
citoyens ne sont pas d'accord avec ce règlement-là, ils peuvent s'exprimer, ils
doivent s'exprimer lors des consultations, etc. Et, si la municipalité
ne change pas d'avis, il y a un recours possible à la médiation qui existe.
Puis, pour les fins des juristes qui sont dans la salle, je fais référence à
l'article 34 de la Loi sur l'aménagement du territoire de l'Ontario.
Donc, il y a
un recours à la médiation qui est possible, et même la conciliation est
possible. Et, ultimement, les citoyens
peuvent faire une plainte auprès de la CAMO, et cet organisme-là a le pouvoir
de rejeter l'appel, ou même abroger, en
partie ou en totalité, ou même modifier le règlement d'urbanisme. Alors, c'est
un pouvoir qui est autrement différent de la Commission municipale du Québec, qui, comme vous le savez, en matière
d'urbanisme, n'a qu'un pouvoir de juger de la conformité d'un règlement
de zonage avec un plan d'urbanisme ou avec un plan particulier d'urbanisme.
Alors, tout
ça pour dire qu'en Ontario les citoyens n'ont peut-être pas le pouvoir ou le
droit d'avoir un processus référendaire,
mais ils ont l'occasion de s'opposer à une modification réglementaire qui ne
ferait pas leur bonheur ou qui irait à l'encontre de leurs intérêts, là,
en termes de santé, ou de développement économique, ou etc. Donc, chacun a son système, O.K., et là ce que vous proposez, c'est
d'enlever à la ville de Québec et aux citoyens de la ville de Québec ce
droit-là, alors que vous le conservez pour une majorité de municipalités au
Québec. Donc, vous créez un système à deux
vitesses. Les citoyens de Lévis, s'ils ne sont pas d'accord avec un règlement,
peuvent demander de soumettre ce règlement-là à l'approbation
référendaire. Nous, citoyens de Québec, on n'aura plus droit à ça. Je considère...
M. Coiteux : Mais juste...
Le Président (M. Auger) : Oui,
M. le ministre.
M. Coiteux : Est-ce qu'il me
reste un peu de temps?
Le Président (M. Auger) : Deux
minutes, M. le ministre.
M. Coiteux :
Deux minutes? Je voudrais juste dire que, tout de même, ce n'est pas exactement
comme ça, puisqu'il y a la
possibilité, dans des zones franches, pour des questions de requalification
notamment, il y a possibilité, pour les villes, de ne pas avoir à se voir
imposer ça. Donc, ce n'est pas tout à fait pareil.
Mais il reste
peu de temps, et, dans l'intérêt de ce peu de temps, puisque j'ai parlé de
mécanisme alternatif, une politique
de consultation robuste, j'aimerais que vous vous exprimiez sur ce qui est en
train de se faire à Québec, là, en matière
de consultation pour réviser toute la politique de consultation en matière
d'urbanisme. Vous savez qu'il y a un travail
qui est fait par l'Institut du Nouveau Monde, puis il y a des changements qui
vont être apportés. Est-ce que vous ne voyez pas là l'occasion de faire
valoir un certain nombre de points de vue et de participer à cet exercice-là?
Le Président (M. Auger) :
M. Hallé.
M. Hallé
(Michel) : Juste une précision, M. le ministre, là. Quand vous parlez
de zone de requalification, à ce que je
sache, là, premièrement, ça n'existe pas, d'une part. Actuellement, est-ce que
c'est un projet de loi? D'autre part, ça va viser une petite partie du
territoire.
Je reviens
encore au cas de Lévis. À Lévis, il y a des PPU où, contrairement à ce qu'on
demande, quand ils font une
modification d'élément de zonage pour donner suite au PPU, il n'y a pas
d'approbation référendaire. Puis, deuxièmement, les zones de requalification, ça ne touchera pas l'ensemble du territoire.
Or, la vaste majorité des citoyens de Lévis vont conserver leur droit au processus référendaire. Alors, il faut... Moi,
je considère que vous traitez d'une façon inéquitable les citoyens de la
ville de Québec en abrogeant le processus référendaire.
Le Président (M. Auger) : Un
dernier 30 secondes. M. le ministre. Ou, pour la réponse, Mme Elsener.
Mme Elsener
(Johanne) : Pour répondre à la question de M. le ministre, nous
serions très heureux de collaborer à toute démarche d'amélioration du processus
d'information et de consultation. Nous pensons que le processus de consultation pourrait être mené d'une façon
beaucoup plus efficace ici, à la ville de Québec, en consultant en amont
des projets. Mais, ceci étant dit, nous croyons qu'il est nécessaire de
conserver le processus d'approbation référendaire.
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup. Nous allons poursuivre avec M. le député de René-Lévesque pour
9 min 30 s.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour à
vous. Je comprends que votre position est de garder tel qu'actuel le
processus référendaire, mais j'aimerais vous projeter dans une autre zone. Ce
qu'on entend issu du monde municipal, c'est
que la plupart des municipalités, présentement, qu'on a entendues et ceux qui
nous ont envoyé des commentaires à ce
sujet veulent effectivement l'abolition. Puis là on a parlé de Québec puis
Montréal, mais, dans d'autres cas, là, même la zone de requalification,
ça semble plaire à plusieurs élus.
Alors, j'aimerais juste qu'on... Dans le cas où est-ce qu'il y aurait une version mitoyenne,
quelles seraient, selon vous, les
règles actuelles qu'on pourrait changer ou améliorer dans le cas du processus référendaire? Est-ce qu'on pourrait, exemple, élargir la zone consultée? Est-ce que le
nombre d'inscriptions pourrait être regardé? Est-ce que, selon vous, parce que vous tenez à ce qu'on garde ce
modèle-là, est-ce qu'on pourrait l'améliorer, le bonifier? Et, si oui, de
quelle façon ou à quelle intensité?
Mme Elsener
(Johanne) : Nous croyons que
le processus d'approbation référendaire est un outil qui est perfectible,
comme les autres étapes aussi de la
démocratie, information et consultation. Maintenant, nous savons que d'autres
groupes ont proposé des améliorations sur ce
processus-là, comme un agrandissement de la zone référendaire. On sait que Vivre en ville a proposé cette recommandation-là, le conseil régional de l'environnement aussi à l'automne dernier. Nous serions heureux de faire des propositions au gouvernement du Québec en ce
sens-là. Nous, ici, n'avons pas été
mandatés pour vous proposer des modifications à l'outil référendaire, mais
les conseils de quartier sont ouverts à augmenter la perfectibilité de
cet outil-là et à participer à toute démarche de consultation du gouvernement
en ce sens-là.
M. Ouellet : Merci. Je vous ai entendus tout à l'heure, et
vous avez mentionné l'importance du troisième... pas du troisième pouvoir, mais la troisième étape, soit l'approbation référendaire, pour compléter le processus. Et, dans certains cas, ce processus vous permet la présentation de
projets en question. À notre point de
vue, des fois, ce processus-là
arrive peut-être un peu tard dans la logique, et donc, si on avait
un processus qui permettait de consulter en amont, peut-être qu'on arriverait plus rapidement
à une meilleure solution. Et, de part et d'autre, les gens utilisent les
exemples qui font leur affaire. Bon, c'est-à-dire que, dans certains cas, l'approbation référendaire a été bonne puis, dans d'autres cas,
elle n'a pas été bonne. Ça fait qu'on a comme deux exemples qui ont été
utilisés à maintes reprises.
Mais, si je
les enlève, là, ces deux exemples-là, ils n'ont pas existé, et je me projette
dans le futur, est-ce que,
selon vous, il pourrait exister une autre
forme de participation publique décisionnelle que les référendums
et que ce serait adéquat pour vous? Parce que les référendums arrivent
en bout de course, ais, si on avait une autre façon de fonctionner, qui respecterait vos intérêts d'avoir un... pas un
cran d'arrêt, mais une présentation formelle et une réelle discussion, est-ce que, selon vous, il existe quelque chose ou il devrait exister quelque
chose qui, en contrepartie, viendrait
remplacer les référendums actuels?
Mme Elsener (Johanne) : Il n'y aurait
pas quelque chose en contrepartie, mais il y aurait certainement des améliorations
à faire en amont pour aller chercher un consensus et aller chercher aussi une
démarche qui est plus, si vous voulez, qui est plus... comment je pourrais vous dire ça, qui est plus agréable pour tout le
monde. C'est-à-dire que, quand un promoteur vient présenter à la
population ce qu'il croit être la version finale de son projet, on comprend la frustration qu'il peut avoir à se faire demander
des modifications, alors que, si le
promoteur du projet venait en amont avec son projet avant que les plans
définitifs soient dessinés par l'architecte, que ça permettrait, ce
dialogue-là, ça permettrait d'incorporer
dans le projet les modifications souhaitées par les citoyens, et le promoteur
pourrait continuer son projet sans être obligé de recommencer, en tout
ou en partie, le projet. Donc, nous croyons fermement qu'une consultation en
amont serait souhaitée et souhaitable.
• (16 h 20) •
M. Maltais
(Roch) : Si je peux me
permettre une petite précision sur cet élément-là, la consultation en amont n'est pas perçue de la même façon par les conseils de
quartier et par la ville souvent. La consultation en amont, souvent, se
transforme en information en amont avant consultation publique du projet ficelé
parce que tout se passe entre les promoteurs,
les fonctionnaires. Et, quand le projet arrive au conseil de quartier, ce n'est
pas une consultation en amont, c'est l'information en amont
d'un projet déjà ficelé, et c'est là que, comme Mme Elsener vous dit, si
la population n'est pas d'accord
et a des éléments fondamentaux à reprocher au projet, c'est sûr que c'est
frustrant pour le promoteur. Mais c'est
parce qu'on ne lui a pas permis, avant, de faire une vraie consultation en amont avec les gens du milieu, les conseils de quartier qui doivent réagir à un projet ficelé
et non pas le préparer en amont avec les gens qui veulent le présenter.
Alors, c'était mon petit commentaire.
M. Ouellet : Donc, si je
comprends bien, ce que vous essayez de me dire, c'est que, présentement, là, la
consultation est plutôt faite sous forme d'information et pas de réelle
coconstruction pour améliorer le
projet. La question que j'aurais pour
vous, parce que, bon, il existe une
politique présentement à Québec, bon, et elle sera ou elle est en train
d'être révisée par l'Institut du Nouveau Monde, elle pourrait donner de
nouvelles pratiques, mais, présentement dans la
logique où est-ce que vous me dites : C'est de l'information, est-ce que
les gens des quartiers ont l'impression ou la certitude que leurs commentaires sont pris en compte dans l'amélioration
ou ils sont, comme vous l'expliquez, seulement en mode information, et peu importe ce qui leur sera soumis aux
promoteurs en question, la rétroaction est quasi inexistante par rapport
à l'application qu'ils ont eue dans les questions à poser? Est-ce que, ça,
c'est...
Mme Elsener
(Johanne) : Les citoyens ont souvent cette impression-là que leurs commentaires
ne sont, enfin, pas très bien reçus
et qu'ils ne sont souvent pas suivis. Et, comme on vous a dit, c'est sûr que,
quand le projet, il est tout ficelé, il est tout dessiné, ça devient difficile pour
quelqu'un de se dire : Bien là, il faut que je retourne à ma table à
dessin, il faut que je redessine tout
ça, que je repense à cet aménagement-là, alors que, si le projet avait été
présenté en amont avec les grandes lignes
du projet, les gens auraient pu intervenir, faire leurs propositions, et ensuite
le promoteur aurait pu cheminer avec ces
propositions-là. Je pense que c'est à la fois plus rentable pour le promoteur
et plus rentable aussi pour notre société de procéder de cette façon-là,
et c'est comme ça qu'on aimerait que les consultations se fassent ici, à la
ville de Québec.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée de Taschereau, pour 1 min 45 s.
Mme Maltais : Ah! mon Dieu,
1 min 45 s. Écoutez, je suis désolée. J'étais en haut, au salon
bleu, en train d'intervenir sur un autre dossier, sinon j'aurais été ici
pendant toute votre présentation, croyez-moi.
Il reste
1 min 45 s, je pense que la meilleure chose que je puisse vous
demander, c'est : Y a-t-il autre chose sur laquelle vous voulez plaider devant nous et devant le ministre, quelque
chose que vous voudriez souligner, pour laquelle il y a de l'importance? L'abolition des référendums, c'est quelque chose
de sérieux. Je sais que la ville de Québec s'en vient avec une politique de consultations publiques,
mais nous ne l'aurons probablement pas quand cette loi sera votée. Ça,
c'est un des problèmes que j'ai soulevés hier. Pourriez-vous... Il vous reste
une minute maintenant pour répondre.
Le Président (M. Auger) :
M. Hallé.
M. Hallé
(Michel) : Oui. Écoutez, on peut faire la proposition suivante :
retirer les articles abolissant le référendum du projet de loi, attendons que la ville de Québec dépose une politique
de consultation, et à ce moment-là vous pourrez légiférer pour imposer au minimum, je dis bien au minimum, ce que vous
imposez aux autres villes du Québec quand elles vont se servir de leurs zones de requalification, les
articles 85.6... bien, l'article 3, en réalité, du projet de loi, qui
précise... donne des mesures sur la
consultation, la politique d'information et de consultation, qui devra prévoir,
entre autres, un rapport de
consultation déposé devant le conseil. Et : «Le ministre peut, par
règlement, fixer toute autre exigence concernant le contenu d'une politique d'information et de consultation.» Et ça nous
fera plaisir, comme l'a dit Johanne tout à l'heure, en commission
parlementaire, de vous faire des suggestions sur la façon dont nous pensons que
la consultation, et je ne dirais pas consultation, mais concertation, doit se
passer en amont.
Le Président (M. Auger) :
Merci. Merci, M. Hallé. Nous allons poursuivre. M. le député de
Blainville, pour 6 min 30 s.
M. Laframboise : Merci
beaucoup, M. le Président. Mme Baril, M. Maltais, M. Hallé, Mme Elsener.
Évidemment vous avez deux positions, là,
inconciliables entre la position qui a été présentée par le maire de Québec
hier et celle que vous présentez
aujourd'hui. C'est inconciliable dans le sens où... Et nous, en tant que
législateurs, il faut essayer de trouver un équilibre là-dedans. Et je
vous dis ça parce que, j'entends, là, vous avez déjà la réponse à la question
de ma collègue de Taschereau, vous avez amélioré votre position, ça fait
que vous... c'est-à-dire que vous dites : On permet les référendums, on suspend ces
clauses-là. Mais vous ne demandez plus que ce qui était permis dans la loi
actuelle... parce que ce que vous dites, votre dernier paragraphe, là,
l'ajout au projet de loi des dispositions obligeant la ville de Québec à soumettre au processus d'approbation...
dont les superficies de 25 000
mètres sont soustraits du processus. Vous demandiez qu'ils soient inclus
dans le processus. Là, vous ne le demandez plus, là.
M. Hallé (Michel) : On le
demande encore.
M. Laframboise : Ah! vous le demandez encore? O.K. Non, non,
excusez, là. O.K. Je pensais que vous aviez... Vous restez sur vos
positions. Bon, O.K., parfait. Non, c'est bon. Bon, c'est parfait, là. C'est
important parce que...
Moi, je suis d'accord avec une partie de votre
intervention, qui est évidemment la consultation en amont. À Montréal, il y a l'Office de consultation publique
de Montréal pour lesquels tous les intervenants qui sont venus nous voir
nous ont dit : Ils font un excellent
travail. Ils font une consultation en amont, c'est transparent. Le problème,
c'est qu'il n'y a pas de suivi par la
ville après. Une fois qu'ils ont fait leur consultation, il n'y a pas de suivi
par la ville. Donc, déjà là à Montréal...
Puis le maire, lui, vante son office en disant : Ça va être mon processus
de consultation. Vous autres, c'est que, là, vous ne savez pas, à Québec, qu'est-ce qui sera le processus de
consultation. Moi, je vois très bien les 25 conseils de quartier être le processus de consultation. Et le
maire n'a pas dit non hier. Il voulait maintenir les conseils de
quartier. Par contre, il y a l'Institut du Nouveau Monde qui va travailler sur
une façon de procéder, mais la consultation en amont, c'est intéressant.
Ce qui m'intéresse aussi, c'est qu'après ça, si
on enlève les référendums, là, vous dites : En Ontario, il y a de CAMO. O.K. J'ai été, bon, dans un autre Parlement,
là, je connais. Pourquoi qu'on ne regarderait pas, nous, que la CMQ fasse la même chose, là, parce que, là, une fois...
Je trouve ça intéressant, là, qu'il y ait une façon pour les citoyens de
se plaindre, si jamais le processus de consultation n'avait pas été
transparent, n'avait pas été fait en amont, parce que finalement l'objectif de
tous les élus municipaux, là, ce n'est pas de rentrer dans la gorge des
citoyens un projet que personne ne veut, là.
On veut essayer de travailler. Puis, théoriquement, c'est pourquoi vous avez
juste cinq référendums, là, depuis 2002 à Québec. C'est qu'à quelque
part on réussit toujours à s'entendre, tu sais.
Donc, vous,
vous dites que c'est la menace de référendum. Moi, je pourrais vous dire, comme
le maire de Québec, qu'une bonne
consultation en amont pourrait faire le même résultat. Vous n'y croyez pas, lui
y croit. Mais est-ce qu'il y a moyen d'atteindre un équilibre là-dedans?
Mme Elsener
(Johanne) : Nous pensons que la bonne consultation en amont, elle est
possible à cause de la présence du processus
d'approbation référendaire. C'est cette motivation-là qui fait en sorte que
beaucoup de promoteurs, ainsi que la
ville de Québec, sont enclins à présenter leur projet en amont et à faire des
modifications à leur projet. Et, comme
vous le dites si bien, il n'y a pas eu d'abus de ce côté-là, du côté des
processus d'approbation référendaires. Il n'y en a eu que cinq depuis 2002. Alors, on voit mal pourquoi, alors qu'il a eu
si peu de référendums, pourquoi on devrait, si vous voulez, abolir cet outil-là, qui, de notre côté,
présente tellement d'avantages pour développer une ville de qualité, une
ville qui respecte aussi la santé des
citoyens, qui respecte la qualité des milieux de vie et qui fait en sorte qu'on
va demeurer une des plus belles villes à vivre.
M. Laframboise :
Sauf que, si vous me permettez, on est la seule province au Canada qui a le
référendum. Ailleurs, ils ont d'autres
façons de procéder qui sont toutes aussi efficaces puis qui permettent, moi, je
vous dirais, une administration plus
rapide. Je vous dirais, là, que, tu sais, la menace d'un référendum peut
alourdir le processus. Moi, je pense
ça. Vous pouvez ne pas être d'accord avec moi, mais moi, qui a à vivre ça, là...
J'ai donné un exemple hier, là, de... Je suis allé, là, dans une assemblée municipale où il y avait... et le
maire a dit carrément : S'il y a une ouverture... Je vais ouvrir les registres, puis si ça... le projet, il ne se
réalisera pas. Comprenez-vous, là? Pourquoi? Parce qu'il n'a pas le goût
de se battre. On est en année électorale. Il ne veut pas avoir de chicane. Ça
fait qu'il ne se réalisera pas, le projet. Puis c'est une résidence pour aînés
que tout le monde veut, mais certains citoyens, ça ne leur plaît pas. Donc,
c'est ça que je veux vous dire, là, par rapport à ça.
Le
Président (M. Auger) : À peu près une minute encore au débat.
Donc, Mme Elsener ou M. Hallé? M. Hallé.
• (16 h 30) •
M. Hallé
(Michel) : Oui, s'il vous plaît. Merci. Nous, ce que j'ai dit, je vais
répéter, ce qu'on vous propose, c'est un
deal. On trouve que c'est prématuré. Vous ne trouvez pas que c'est prématuré
d'abolir le processus référendaire sans
avoir absolument aucune information
sur le type de consultation qu'il va y avoir à la ville de Québec? Moi, ce que je vous propose,
c'est simple : retirez tout ça, attendons le projet de la ville de Québec, vous pourrez l'examiner, vous pourrez à ce moment-là proposer
une modification à la charte, incluant un processus de concertation, puis là on
verra. On pourra discuter intelligemment de ce qui va se passer, là. Moi, je
pense que c'est ça, la bonne façon de travailler.
Le Président
(M. Auger) : Un dernier 30 secondes.
M. Hallé
(Michel) : Ayez toutes les
données, puis là vous pourrez juger qu'est-ce
qu'il y a à faire pour le bien
des citoyens puis la démocratie municipale, tout simplement.
Le Président
(M. Auger) : Mme Elsener, en complément? M. le député,
allez-y.
M. Laframboise : Je fais confiance au maire de Québec pour son processus de
consultation, comme le maire de Montréal a fait un bon processus, tout
simplement.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Malheureusement, c'est tout le
temps que nous avions. Donc, Mmes Elsener et Baril, MM. Hallé
et Maltais, merci beaucoup pour votre participation aux travaux de la
commission.
Je suspends quelques
instants.
(Suspension de la séance à
16 h 31)
(Reprise à 16 h 33)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux en souhaitant la
bienvenue à la représentante de la
MRC du Rocher-Percé, Mme Minassian. Donc, je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre présentation, et par la suite
nous allons procéder à une période d'échange avec les trois groupes
parlementaires. Donc, à vous la parole.
Municipalité régionale de comté Le Rocher‑Percé (MRC
Le Rocher-Percé)
Mme Minassian
(Nadia) : Parfait, merci beaucoup. M. le Président de la commission,
M. le ministre, chers membres de la commission,
je vais débuter en vous remerciant de me recevoir aujourd'hui. Lorsqu'on m'a
demandé si je voulais m'exprimer sur
le sujet, j'étais emballée parce que je crois que cette loi marque un moment
historique dans la relation entre les municipalités et le gouvernement.
Je suis certaine qu'il va y avoir un avant et un après et je tiens à vous
saluer pour cette volonté.
Pendant
que je tentais de formuler des recommandations bien précises sur le contenu de
la loi — vous
allez voir, je vous ai remis une synthèse,
là, de mes propos, — je
manquais un peu d'inspiration et j'ai compris que, malgré la bonne
volonté, la pertinence et la cohérence de cette loi, il y a peu d'éléments qui
vont concrètement aider le territoire que je
représente et augmenter son niveau d'autonomie et de pouvoir. Je ne veux
surtout pas que ceci soit perçu comme étant un commentaire pour dénigrer
ce projet de loi, bien au contraire. J'aimerais profiter de cette tribune pour
vous aider à la bonifier afin qu'elle puisse répondre aux régions comme la
mienne et j'aimerais insister sur ce point.
Dans
le projet de loi n° 122, il y a déjà des villes qui se sont positionnées
en faveur de plusieurs articles intéressants, notamment sur les droits de mutation pour les transactions immobilières
qui excèdent 500 000 $, sur les pouvoirs de taxer des espaces de stationnement, sur la redevance
pour des terrains contaminés, et j'en passe. Quoique ces articles soient
fort intéressants, ils ne s'appliquent pas ou peu chez nous.
Alors, si le
projet de loi n° 122 s'intitulait loi visant l'allègement administratif et
la diversification des revenus municipaux, je dirais bravo! Mais, dans
un contexte où la loi stipule qu'elle vise principalement à reconnaître que les
municipalités sont des gouvernements de proximité
et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs, je me dois
de vous apporter des recommandations qui répondent à ma MRC et, j'ose croire, à
la Gaspésie.
Je suis préfète
élue au suffrage universel de la MRC du Rocher-Percé. Ma MRC est composée de
municipalités qui ont toutes moins de
10 000 habitants. D'ailleurs,
ceci est le cas de 1 006 des 1 134 municipalités du Québec.
1 006 municipalités ont moins de
10 000 habitants. On représente 21 % de la population du Québec, on
occupe la majorité de la surface du territoire, et ce, réparties aux
quatre coins de la province. Pourtant, il n'y a que 10 villes au Québec qui ont
plus de 100 000, et ces dernières
occupent à peine 1 % du territoire. Et je crois qu'il est là, le problème.
On doit trouver des moyens non
seulement pour décentraliser, mais également pour déconcentrer, et ce, sans
enlever rien aux autres. Alors, je pense qu'on a tous un défi, et ça va
probablement prendre plus qu'une simple loi. Par contre, on va faire de notre
mieux et je pense que c'est un beau début avec ce qu'on voit aujourd'hui.
J'aimerais établir des prémisses de base et je
prends pour acquis que le gouvernement du Québec reconnaisse l'importance de ses régions au niveau économique
dû à la richesse, à la diversité de ses ressources, que le gouvernement
du Québec voit un réel intérêt à développer
les régions ressources éloignées et n'a pas l'intention de tout concentrer vers
le centre et la périphérie, que le
gouvernement reconnaisse que les régions ressources éloignées ont des
particularités qui doivent être
prises en considération pour leur donner le potentiel de se développer
correctement. Je les mentionne parce que, sans une adhésion à ces principes clés, on ne peut pas aller plus loin
dans la discussion. Mais, si on y adhère et si on cherche réellement à
reconnaître les gouvernements de proximité et leur donner de l'autonomie, il y
a trois façons d'y arriver, soit en
décentralisant les sommes, ensuite en nous permettant d'assurer la pérennité de
notre environnement et, finalement, en déconcentrant le pouvoir.
En consultant votre document, Redéfinition
des relations Québec-municipalités, on y retrouve la déclinaison de la loi en moyens plus concrets, et là on est
plus en mesure de constater des éléments qui peuvent répondre à des
besoins de notre milieu.
J'aimerais apporter trois recommandations qui, à
elles seules, feront déjà une différence dans la portée de cette loi lorsqu'elle est analysée à travers les
lunettes de la MRC du Rocher-Percé.
La première recommandation est que le gouvernement confie la gestion
du FARR directement aux MRC. Cette recommandation fait directement référence à
mon point décentralisation des sommes. Ma MRC fait partie de la grande région administrative
de la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.
Notre territoire est la grandeur de certains pays d'Europe, sans compter les
Îles-de-la-Madeleine, qui, elles, ont
un statut particulier et avec raison. Je n'aurai jamais la prétention de savoir
ce qui est le mieux pour les Îles, à même
titre que je ne pourrais pas savoir ce qui est le mieux pour Côte-de-Gaspé ou
Bonaventure, qui sont mes voisins immédiats, encore moins pour Avignon
et la Haute-Gaspésie.
Alors, de par
les différences de nos territoires et de nos secteurs primaires, il est
inconcevable qu'on ait unanimement tous
les mêmes attentes et les mêmes objectifs, et ce, malgré les meilleures
relations possible autour de notre table de préfets, ça va très bien. Mais aujourd'hui le gouvernement,
par le moyen du FARR, a le choix de nous dédier un fonds qui nous laisse la liberté de s'associer dans des projets
régionaux de notre choix, avec d'autres MRC partenaires, selon le projet
et de façon ponctuelle ou, à l'opposé, le
gouvernement peut utiliser ce même moyen, le placer au centre de notre
plancher de discussion régionale et d'en faire une arène de débat.
Comme M. le
ministre l'a si bien dit, nous souhaitons que les relations entre le
gouvernement du Québec et les municipalités
soient à l'avenir basées sur la confiance réciproque, car c'est en travaillant
ensemble en tant que partenaires que nous pourrons améliorer la
livraison des services aux Québec.
Ma deuxième recommandation est que le
gouvernement abroge l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Cet article fait directement référence
à mon point sur la pérennité de notre environnement. Actuellement,
l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme établit la primauté de
la Loi sur les mines et la Loi sur les hydrocarbures
aux pouvoirs municipaux en matière d'aménagement et urbanisme. Il nous
apparaîtrait à propos d'accorder un
pouvoir de contrôle aux élus municipaux sur l'implantation des activités
pétrolières et gazières au même titre que tout autre usage et activité. Le projet de loi n° 122 est l'endroit
législatif tout désigné afin d'accorder une véritable autonomie au monde municipal à cet effet. Pour nous, l'économie
passe par l'industrie, mais pas une à l'insu d'une autre. On est les
mieux placés pour connaître nos enjeux territoriaux, et une abrogation de cet
article serait la preuve que les réels partenaires du gouvernement sont les
municipalités.
• (16 h 40) •
Ça m'apporte à ma troisième recommandation, que
le ministre prévoie, à l'article 177 de la loi, une structure de représentation
pour les régions dévitalisées, présidée par un ministre des Régions qui
siégerait à la table Québec-municipal. Cet article fait directement référence à
la déconcentration du pouvoir, que j'ai mentionnée plus tôt. Considérant l'article 176, qui stipule que la
table sera l'instance privilégiée de concertation entre le gouvernement et
le milieu municipal, nous avons raison de
croire que plusieurs décisions importantes émaneront de cette table, notamment quant à la définition des orientations gouvernementales en matière d'aménagement du territoire.
Ainsi, ces dernières servent de toile
de fond pour l'analyse de conformité des documents d'aménagement des
MRC. Alors, on croit qu'il serait pertinent de faire partie de la définition de celle-ci en amont afin qu'elle soit
modulée en fonction des différentes problématiques présentes sur
le territoire des MRC dévitalisées.
D'ailleurs, l'article 1 du p.l. n° 122 impose une plus grande consultation à l'égard des orientations gouvernementales, et nous nous en réjouissons. Par
contre, la table, telle que proposée actuellement, crée un facteur de surreprésentation des centres urbains. Alors, déjà que les municipalités de régions dévitalisées souffrent des impacts de
leur distance spatiale des masses
critiques, nous avons le double préjudice d'avoir peu d'accès aux procédures
de décision et du pouvoir. En plus, les programmes qui se déclinent de
ces orientations sont souvent appliqués de façon mur à mur dans un souci
d'équité, mais, pour une région comme la nôtre, il y a l'effet pervers de nous
rendre non admissibles.
Si on veut développer
le Québec dans une optique d'occupation dynamique du territoire, on doit
trouver une manière de donner une voie
équitable aux régions, malgré leur faible poids démographique, par la création
d'une structure qui représente les
régions les plus dévitalisées, présidée par un ministre des Régions en bonne
et due forme qui pourra apporter nos préoccupations spécifiques à la
Table Québec-Municipalités. Vous pourriez rétablir l'équilibre et la
représentation ministérielle tant souhaitée par les municipalités.
En conclusion, nous
avons un grand paradoxe au Québec : d'une part, la macrocéphalie des
grands centres urbains qui cherchent des
moyens à multiplier les services pour être en mesure de répondre aux besoins
des citoyens, mais, de l'autre, les territoires qui
cherchent des citoyens pour rentabiliser les leurs.
Le
projet de loi n° 122 permet aux grands centres et même aux régions
périphériques de diversifier leurs sources de revenus par de nouveaux
pouvoirs et plus d'autonomie parce qu'ils sont régulièrement confrontés aux situations
que cette loi traite. Mais, pour nous, dans la MRC du Rocher-Percé, la portée
de la loi est moins structurante.
J'arrive
ici aujourd'hui sans prétention avec trois recommandations : que le gouvernement confie la gestion du FARR directement aux
MRC, que le gouvernement abroge l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et que le ministre
prévoit une structure de représentation pour les régions dévitalisées présidée
par un ministre des régions qui siégera à la table Québec-municipal.
Si vous prenez en considération ces recommandations, je vous assure que
vous atteignez le but de cette loi en
changeant réellement le niveau d'autonomie et de pouvoirs de ma MRC, de la
Gaspésie et, j'ose croire, de plusieurs régions éloignées du Québec. Je vous
remercie pour votre attention.
Le
Président (M. Auger) :
Merci beaucoup pour votre présentation. Nous allons commencer la
période d'échange avec le ministre pour les 16 prochaines minutes.
M. Coiteux : Oui. Merci,
M. le Président. Bien, merci surtout,
Mme la préfète, Mme Minassian, d'être venue nous présenter le mémoire et puis d'avoir fait
un plaidoyer en faveur du développement économique des régions. C'est important.
Et,
justement, il y a un certain nombre d'éléments dans le projet de loi sur lesquels j'aimerais quand
même vous permettre de vous exprimer
aussi au-delà des trois recommandations. Puis ensuite j'en prendrai une des trois en
particulier qui me tient très à coeur parce que, ces jours-ci, avec mes
collègues ministres responsables des différentes régions, la Gaspésie est au programme, on va y aller, comme
les Îles-de-la-Madeleine sont au programme également. On va y aller. On est en train, justement,
de travailler avec les élus régionaux pour la mise en place du Fonds d'appui au rayonnement des
régions. Donc, on pourra échanger là-dessus un
peu.
Dans le projet de loi, il y a des éléments de gouvernance, je pense, qui devraient vous intéresser. En tout cas, ça intéresse
beaucoup les membres de la FQM. On en a parlé, et ils ont
fait... D'ailleurs, ils ont présenté un mémoire hier, et puis ils ont voulu étendre certaines dispositions du projet de loi. On introduit la fameuse double majorité à deux
situations : lorsqu'il s'agit
d'utiliser des sommes du FDT, le Fonds de développement des territoires, et lorsqu'il s'agit de
décider de l'utilisation des redevances des
ressources naturelles. Avant, ce n'était pas comme ça que ça fonctionnait.
C'était un autre type de votation. On
a introduit donc la double majorité, c'est-à-dire population,
mais aussi le nombre de maires qui sont concernés dans la MRC. Cet aspect-là, comment vous le voyez, de votre
perspective, là, de la MRC du Rocher-Percé?
Mme Minassian (Nadia) : Nous, chez nous, c'est déjà le
cas. On a toujours la double majorité, et c'est quelque chose qui fonctionne très bien. Moi, je suis pour
l'équité en tout temps. Alors, je vous dirai que je ne vois pas d'un
mauvais oeil pourquoi qu'on éliminerait ça dans la loi, là.
M. Coiteux :
Mais on ne l'élimine pas, on l'étend à tout le monde.
Mme Minassian
(Nadia) : Oui... que vous l'ajoutez plutôt, oui.
M. Coiteux :
Donc, ce que je comprends, c'est que, chez vous, ça fonctionnait déjà comme ça.
Ailleurs, les gens ne se mettaient pas
forcément d'accord pour que ça fonctionne comme ça. Maintenant,
la loi dit que ça va être comme ça partout, au moins pour le FDT et les redevances des ressources
naturelles. Donc, ça, c'est un exemple, là, de redonner davantage de
pouvoirs, notamment aux maires et aux municipalités, encore plus importants aux
citoyens des plus petites municipalités par rapport à... dans des situations de
MRC, il y a une grande ville centre, des plus petites communautés. Alors, on
leur donne une égale voix au chapitre au moins sur ces deux aspects-là.
Mme Minassian (Nadia) : Comme je dis, chez nous, ça fonctionne bien, mais
je pense aussi que c'est par souci d'avoir une certaine cohésion autour des tables.
Quand on a la double majorité, c'est certain qu'il y a beaucoup moins d'insatisfaction autour de la table. En tout cas, chez nous, ça
fonctionne comme ça. On fonctionne beaucoup à l'unanimité. Par contre, quand la situation
se présente, c'est toujours une double majorité, là, qui va être privilégiée,
et je pense que c'est vraiment
une formule qui devrait être priorisée.
M. Coiteux : Une autre chose, puis je ne sais pas comment ça
peut directement... dans le
fond, si vous y trouvez un
intérêt, là, mais vous savez qu'il y a une loi qui interdit aux municipalités
d'accorder des subventions directes aux entreprises
pour favoriser un projet particulier, dans un domaine particulier, lorsqu'on
pense que ça va faire la différence entre la réalisation d'un projet ou
pas de réalisation d'un tel projet. On lève le plafond au-delà duquel cette
loi-là s'appliquerait jusqu'à
250 000 $ par subvention. Est-ce que vous voyez ça d'un bon oeil, un
geste comme ça? C'est dans le projet de loi aussi.
Mme Minassian (Nadia) : Moi, je le vois d'un bon oeil. Chez nous, on
était déjà intégrés à la MRC et le CLD, alors il y avait une formule qui fonctionnait très bien. Mais c'est
certain que d'augmenter le plafond d'intervention va être vu d'un bon oeil. C'est certain que, dans des
milieux comme les miens, on est moins portés à faire des interventions
élevées, mais, quand l'opportunité va se présenter, bien sûr, on va être très
contents de pouvoir y aller plus...
M. Coiteux : Donc, désormais, si le projet de loi est adopté tel quel, bien, ce serait jusqu'à 250 000 $, à ce moment-là, qui serait permis dans toutes les régions du
Québec, forcément. Donc, ça, c'est un autre geste qui est posé. Je le
dis parce qu'avec raison vous avez des
préoccupations pour le développement économique. Je voulais juste faire
ressortir certains des aspects du projet de loi qui touchaient directement les
enjeux que vous soulevez.
Un
autre aspect, c'est qu'actuellement une MRC n'a pas le droit de mettre sur pied
un fonds de développement économique, pas le droit, elle ne peut pas le
faire. Même si vous aviez la capacité de réunir des acteurs régionaux qui voudraient travailler avec vous pour mettre sur
pied un fonds de développement économique, vous n'avez pas le droit de
le faire. Le projet de loi va vous permettre, à chacune des MRC du Québec, dont
la vôtre, de pouvoir faire ça.
Mme Minassian (Nadia) : Encore une fois, c'est fort intéressant, mais,
encore, on doit avoir accès au pouvoir pour être capable d'avoir des
conditions gagnantes pour être capable d'investir dans notre milieu. Et je
pense que ça revient... Oui, la MRC est
capable d'intervenir. Oui, on a des acteurs qui sont en mesure d'intervenir
financièrement dans des projets. Mais il faut qu'à la base on ait les
conditions gagnantes pour attirer des projets chez nous ou pour faire émaner
des projets chez nous.
M. Coiteux :
Et là j'en arriverais au FARR à ce moment-là. De un, le FARR, il n'est pas
prévu dans le projet de loi en tant que tel, il n'y a pas un article du
projet de loi qui prévoit le FARR, mais le FARR est une démarche tout à fait complémentaire à ce qu'on fait dans le projet de
loi puis, je dirais, tout à fait complémentaire à tout ce qu'on fait
dans le secteur municipal puis dans le
secteur du développement des régions depuis, disons, avril 2014, mettons ça
comme ça, parce qu'on est en train de changer l'approche de façon
générale.
Première
chose, effectivement, les MRC, par le biais du Fonds de développement des
territoires, ont un outil, là, sur lequel ils ont... d'abord, ils ont un
levier financier, mais ils ont la capacité de prendre leurs décisions. Et puis
ils peuvent décider comment ils vont allouer les sommes puis avec qui ils vont
travailler pour faire du développement économique à l'échelle de leur MRC. Et
ce fonds de développement des territoires, il n'est absolument pas remis en
question d'aucune manière. Même pour l'ensemble du Québec, la somme qui est
consacrée à ça va croître, au cours des prochaines années, de 100 millions
à chaque année à 115 millions, donc une augmentation qui est importante.
Ce
que le FARR vient faire, c'est d'ajouter autre chose. Il ne vient pas remplacer
le FDT, il vient ajouter une autre chose.
Alors, pour qu'on puisse en parler, justement parce que c'est vraiment une
recommandation très importante de votre mémoire ici, ce n'est pas, pour
nous, l'un ou l'autre, c'est l'un et l'autre, ça prend l'un et l'autre. Mais
l'un et l'autre ont des objectifs qui sont
complémentaires, mais qui sont différents. C'est important parce que, si on
faisait atterrir le FARR dans la MRC,
dans le fond, ce serait une bonification du FDT. Ce serait ça. Dans les faits,
là, ce serait d'abord et avant tout
ça. Et donc ça nous permettrait de faire plus de choses qu'on peut faire avec
le FDT, mais on ne pourrait pas faire les choses qu'il serait prévu de
faire avec le FARR.
• (16 h 50) •
Mme Minassian
(Nadia) : ...
M. Coiteux :
Oui.
Mme Minassian (Nadia) : Moi, je ne le vois pas du tout comme une bonification du FDT. J'y reviendrai, oui.
M. Coiteux : Mais certaines MRC pourraient le voir comme ça,
hein? Certaines MRC pourraient se dire : Tiens, bien, on avait un FDT, globalement 100 millions pour l'ensemble du Québec, et, oups! on aurait un autre 100 millions
éventuellement. Donc, on dirait : On a deux fois plus pour faire ce qu'on fait
avec le FDT aujourd'hui. Mais l'objectif n'est pas de faire exactement
la même chose, c'est de faire des choses différentes.
Puis
je vais vous expliquer c'est quoi, la philosophie. C'est ce qu'on va expliquer
quand on va aller en Gaspésie, bien sûr, puis ce qu'on a commencé à
expliquer dans différentes régions du Québec. Puis, honnêtement, jusqu'à maintenant,
la réception est bonne. Franchement, les gens s'organisent sur le territoire,
puis ça a bien du bon sens. Parce que vous
parlez d'occupation dynamique du territoire, le Québec a une stratégie d'occupation et de vitalisation des territoires.
On s'est donné, par la loi, l'obligation d'avoir une telle stratégie. C'est une loi qui a
été votée, si je me rappelle bien, en
2006. L'actuelle stratégie, c'est celle de 2011, qui est mise en oeuvre par
les différents ministères et les organismes, mais elle arrive à échéance
cette année, là, maintenant, et elle doit être renouvelée, elle doit être
renouvelée.
Alors, si on parle de
donner le pouvoir à l'extérieur des grands centres, de donner le pouvoir aux
régions, ce qu'on fait, là, pour le renouvellement de la stratégie, c'est que, plutôt
que, nous, déterminer quels sont les éléments de la stratégie d'occupation et de vitalisation des territoires
qui concerne la Gaspésie, on va demander aux Gaspésiens de nous dire ce qu'ils veulent avoir dans leur
chapitre Gaspésie de la stratégie d'occupation et de vitalisation dynamique
des territoires. On va aller voir, donc, les préfets, les maires, les gens que
vous pourriez vouloir vous accompagner dans cette démarche-là, puis on va vous
demander de l'écrire, ce chapitre Gaspésie de la stratégie d'occupation et de vitalisation des territoires, puis l'écrire
avec un livrable assez concret, qui est le suivant : Voici nos priorités
en matière d'occupation et de
vitalisation, en matière de développement économique
pour notre Gaspésie. Voici nos priorités. Je ne sais pas s'il va y en avoir trois, quatre, cinq, six. Il ne nous
appartiendra pas, comme gouvernement, de les décider, il va vous appartenir à vous de les décider. Et le FARR, il
va venir pour vous permettre de financer des projets qui vous permettent
de réaliser les priorités que vous allez
avoir inscrites dans le chapitre Gaspésie de la stratégie nationale. Et la loi
étant ainsi faite qu'ensuite les ministères et les organismes du
gouvernement, ils auront pour obligation, pas recommandation, pour obligation de travailler pour vous aider à
réaliser ces priorités, pour vous aider à réaliser ces projets-là. Et les
sommes vont atterrir pour les projets.
Alors,
ce n'est pas le FDT, c'est différent. C'est complémentaire au FDT, c'est tout à
fait complémentaire au FDT. Et c'est vrai que ça fait en sorte que les
préfets, notamment de la Gaspésie, vont devoir s'asseoir à un moment donné ensemble, se dire : C'est quoi, nos
priorités, nous, comme région? Quel chapitre Gaspésie on veut écrire? C'est
vrai. Mais c'est ça, la concertation.
Mais, une fois que ces priorités seront établies puis une fois que vous aurez
déterminé, vous, c'est qui, qui va décider des projets qu'on veut
retenir, bien, nous, on va déployer les sommes qui vont vous permettre de réaliser ça. Et ça part à 30 millions la première année, mais ça va atteindre 100 millions au terme de cinq ans. Autrement dit, ça va pratiquement amener
une somme équivalente en Gaspésie que ce qu'amène le FDT pour l'ensemble des
MRC concernées. C'est ça, l'optique, là.
Ce
n'est pas dans le projet de loi, mais, on se comprendra, c'est un outil puissant
pour le développement
régional. Et, en même temps, c'est de donner aux élus régionaux des responsabilités,
qui auraient dû toujours être les leurs, d'ailleurs,
d'écrire leur propre chapitre. C'est ça, l'optique. Ce n'est pas écrit dans le projet de loi, c'est peut-être pour
ça que vous... pas directement, disons, cette chose-là. Mais on va y aller, en Gaspésie prochainement, puis on
va pouvoir en parler avec vous puis vos collègues.
Le Président
(M. Auger) : Réaction, Mme Minassian?
Mme Minassian (Nadia) : Oui. En fait, j'avais quand même
saisi c'était quoi, le FARR, et je comprends que ce n'est pas dans la
loi, c'est un moyen, mais je tenais, là, à mentionner ma préoccupation. En
Gaspésie, et, si j'ai bien compris, pour le
débat, je ne vais pas dire Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine parce que les Îles-de-la-Madeleine ont vraiment un statut particulier dans le
contexte du FARR, ça va être la Gaspésie, alors, dans le contexte de la
Gaspésie, chaque MRC a des préoccupations
différentes. Alors, oui, on s'assoit autour de la table et on se concerte. On a
déjà la preuve, on l'a fait avec le
dossier de l'autocar où est-ce qu'on a été obligés de contribuer pour être
capables de ramener l'autocar Keolis chez
nous. On l'a fait avec le régime... le transport collectif chez nous, on l'a
fait avec la Régie de l'énergie où est-ce qu'on est maintenant
propriétaires d'une partie des parcs éoliens communautaires. Alors, on a
l'habitude de collaborer ensemble. Par contre, on a le choix.
Il
y a certaines MRC qui n'ont pas les mêmes préoccupations que nous pour des
simples raisons qu'il n'y a pas une infrastructure chez eux qui répond à
cette demande-là ou ce transport-là ne se rend pas chez eux. Alors, pour des différentes régions territoriales, on n'est pas en
mesure de toujours collaborer tous ensemble sur les mêmes projets. C'est
pour ça que dans une région comme la nôtre,
où est-ce qu'on est sur un grand, grand territoire avec des
préoccupations différentes, des secteurs primaires différents, c'est
intéressant d'avoir le choix de collaborer sur des projets ponctuels ensemble,
mais pas toujours les mêmes partenaires.
C'est
pour ça que, dans notre recommandation, ce qu'on fait, c'est que la MRC
l'administre, mais ça sera le FDR. On
pourra dire : On prend un fonds, et ça, c'est le fonds qu'on utilise
uniquement pour des projets régionaux qui touchent deux MRC à la fois ou
plus. Et c'est là que ça devient intéressant pour nous parce que, sinon, ça
redevient un débat autour de la table de savoir quel dossier en Gaspésie on va
prioriser. Et la réalité, c'est qu'on n'a pas tous les mêmes priorités. Et, comme
je disais, la table de préfets va très bien chez nous. On collabore, on a des
bonnes discussions, mais il y a des dossiers
qu'il y a certaines MRC qui ne se sentent pas interpellées par ces dossiers-là,
et c'est l'idée de dire : On a le choix.
M. Coiteux :
Bien, si je peux vous rassurer, notre définition... D'abord, vous avez sans
doute quand même, malgré tout, des
priorités communes. Ça, je suis convaincu que vous allez avoir des priorités
communes. Je n'ai pas de doute que les élus
régionaux de la Gaspésie vont pouvoir se trouver des priorités communes pour
l'ensemble. Mais notre définition d'un projet
qui a un rayonnement régional, ce n'est pas seulement lorsque toutes les MRC
vont se voir concernées directement. Mais, à partir du moment où ça va
dépasser les frontières d'une seule MRC, le rayonnement potentiel du projet, ça
va se qualifier.
Alors,
le FDT est pour l'autre aspect que vous mentionnez, c'est-à-dire quand on a
vraiment des choses tellement différentes
qu'on n'a aucune, aucune priorité commune possible, aucun projet commun
possible. Le FDT est là pour ça. Et
non seulement il va rester, mais le montant va croître. Le FARR, lui, c'est
lorsqu'on va dépasser les frontières de sa MRC. On n'est pas obligés d'avoir toutes les MRC à bord. L'important,
c'est que ça fasse partie des projets qui ont du sens par rapport aux
priorités communes de l'ensemble. Ça va être très flexible.
Mais
on va avoir l'occasion d'en discuter abondamment, mais c'est parce que c'est un
sujet... d'abord, vous l'avez à coeur, je l'ai à coeur, on l'a tous à
coeur. Donc, on a une belle occasion d'en parler, mais on va en parler de façon
beaucoup plus spécifique pour la Gaspésie très bientôt.
Mme Minassian
(Nadia) : Bien, je suis très contente de l'entendre, mais je ne pouvais
pas venir ici et ne pas apporter cette
recommandation-là que... pour moi, elle est primordiale, elle est primordiale
pour les autres préfets autour de la
table également. Alors, pour être intègre avec moi-même, je dois le mentionner.
On va prendre les sommes d'argent versées
et on va les administrer comme vous nous dites de le faire, mais, quand on est
en consultation, je veux bien sûr présenter le point de vue tel qu'on le
voit dans la région, là.
M. Coiteux :
C'est très bien. Est-ce que j'ai encore un peu...
Le Président
(M. Hardy) : 45 secondes, M. le ministre.
M. Coiteux :
Oh! 45 secondes. Je n'ai pas assez de temps. Je vais laisser...
M. Chevarie :
Je vais...
M. Coiteux :
Ah! une question de 45 secondes.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie :
Merci. Bien, d'abord, merci d'être là, Mme Minassian.
Mme Minassian
(Nadia) : Merci.
M. Chevarie :
C'est intéressant, votre exposé. Puis je pense qu'il y a des éléments qui...
est très collé à la réalité gaspésienne, puis en particulier de votre MRC. Vous
avez souligné une phrase importante. Vous avez parlé de décentralisation et
déconcentration aussi, et j'aimerais ça vous entendre rapidement là-dessus.
Mme Minassian (Nadia) : La déconcentration, là, c'est parce que je dois
me tenir au projet de loi, mais je pourrais en parler longtemps, de la déconcentration. Ça peut aller jusqu'aux
emplois gouvernementaux, jusqu'à tout, ça peut se décliner sur tellement
de niveaux. Mais, dans ce contexte ici, je parle de la déconcentration du
pouvoir. On a déjà la problématique de la distance, l'éloignement. Alors, c'est
beaucoup plus difficile...
Le Président
(M. Hardy) : Malheureusement, le temps est écoulé, madame.
Mme Minassian
(Nadia) : J'étais dans le vif!
Le Président
(M. Hardy) : Là, je vais passer la parole à la première
opposition officielle, M. le député de René-Lévesque...
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président
(M. Hardy) : ...pour 9 min 30 s.
• (17 heures) •
M. Ouellet : 30 secondes. On va rester dans le vif du sujet. D'ailleurs, je suis
très content que vous soyez avec nous aujourd'hui.
Je vais vous dire pourquoi, pour plusieurs raisons, mais la première, c'est
que, dans différents projets de loi, on fait des représentations pour qu'on ait de plus en plus des
municipalités de tout acabit qui viennent nous voir. Dans les projets de loi n° 83 et 110, pour les
relations de travail, on voit souvent les mêmes visages, c'est-à-dire la ville
de Montréal, la ville de Québec,
Gatineau, Sherbrooke, Laval, donc des municipalités qui représentent beaucoup
de citoyens, à savoir que, si une
décision législative qu'on prend, elle a un impact sur beaucoup de personnes...
ça, je comprends ça. Mais la contrepartie, c'est que plusieurs des
dispositions ont un autre impact sur des localités et des municipalités comme
la vôtre, à titre de préfète, et ça, ça m'interpelle beaucoup. Ça m'interpelle
parce que je viens d'un milieu qui ressemble passablement au vôtre. Je suis député
de René-Lévesque, donc, sur la Côte-Nord. Et, quand j'entends votre discours de
municipalités dévitalisées, j'ai l'impression qu'on se parle ou qu'on se chante
de la musique pas douce, mais une musique qu'on a trop longtemps entendue et
qu'on aimerait assurément changer.
Alors,
je suis content d'avoir votre vision parce que ce que vous me dites d'entrée de
jeu, quand je regarde le projet de
loi en question, il y a peu ou pas d'autonomie et de pouvoirs supplémentaires
pour notre MRC ou notre localité. Alors, ça, je pense que c'est
important que le ministre l'entende, c'est-à-dire qu'il ne règle pas tout, ce
projet de loi là. Il touche beaucoup de
monde si on satisfait... des dispositions qui satisfassent, pardon, les enjeux
de Québec et Montréal. Mais, quand on
arrive dans plein de petites municipalités au Québec, ce qu'on entend, ce qu'on
entend de vous, c'est que, malheureusement, on ne va pas assez loin dans
le cas l'autonomie et des pouvoirs des municipalités. Alors, on va entamer la
discussion sur ce sujet-là.
Une
des recommandations, c'est que vous nous dites : Écoutez,
recommandation 3, une structure de représentation pour les régions
dévitalisées présidée par un ministre des régions qui siégera à la Table
Québec-municipalités.
Alors,
comme vous l'avez vu, Québec va créer une Table Québec-municipalités. Donc,
l'UMQ-FQM, Québec et Montréal seront
présents. Et ce que vous nous demandez, c'est d'y introduire une représentation
pour des municipalités ou des localités issues de la ruralité. Est-ce
que je comprends?
Mme Minassian (Nadia) : Oui, exactement. Je vais y aller. Nous, jusqu'à
date, quand on a de la représentation à faire, on va passer par nos instances représentatives, alors la FQM, qui
font un très bon boulot, là, à nous représenter. Mais il y a des particularités qui sont spécifiques aux
régions dévitalisées, aux régions ressources éloignées, et ces
spécificités-là, on aurait aimé avoir un
ministre des Régions qui est en mesure de vraiment comprendre les enjeux qui
sont fondamentaux pour nos milieux et venir les apporter.
Honnêtement,
c'est la présence... Quand on regarde les centres urbains de Montréal, de
Québec, qui sont assis autour de la
table avec la FQM, avec l'UMQ, pour moi, c'est vraiment un déséquilibre, là, au
niveau de la représentativité des
régions. Et c'est dans ce sens-là... Je me suis posé la question : Est-ce
que, peut-être, les régions... on pourrait demander que les régions soient présentes. Est-ce qu'on pourrait
demander que les régions dévitalisées soient présentes, et les régions
éloignées? Et ça revient toujours à ce même déséquilibre. Mais là ça serait à
l'autre opposé, où ce qu'il y aurait trop de régions.
Et ça revient à une
solution. Il faut qu'on ait un ministre des Régions, qui connaît nos
préoccupations, qui connaît notre réalité puis qui est capable de venir
accompagner nos instances représentatives pour venir présenter les
problématiques qui sont très spécifiques aux régions éloignées et aux régions
ressources.
C'est
certain que cette recommandation-là vient aussi dans une optique d'une possible
fusion, là, entre les Affaires municipales,
la Sécurité publique, c'est qu'on sent qu'on va encore être plus éloignés du
ministère, là, en tant que tel, et de remettre
les r, là, à la table. Les régions ne sont plus à la table. Et là les régions
ne sont plus aux Affaires municipales. Et c'est de dire : On veut venir avoir une présence, là, au niveau du
gouvernement. Et, pour nous, ça fait partie aussi de la déconcentration
du pouvoir quand on en parle, d'avoir une représentation.
M. Ouellet : Lorsque le maire de Montréal est venu, j'ai d'ailleurs posé la question
à savoir est-ce que Montréal n'était
pas surreprésenté dans cette table-là. Et ce qu'on m'a dit, c'est que, bien,
écoutez, Montréal est la locomotive du Québec
à titre de métropole. Et, quand Montréal va bien, le Québec va bien. La réponse
que j'ai faite à M. le maire : Je suis d'accord avec vous, si la
locomotive va bien, le reste bien, mais en autant qu'on est sur le même chemin
de fer.
Et
ce que j'entends, dans le fond, de votre propos, c'est que, si on n'est pas à
cette table-là pour faire valoir cette ruralité-là,
faire valoir aussi, dans certains cas, beaucoup de dévitalisation, de quelle
façon on est capable d'influencer les orientations
du gouvernement pour qu'à l'intérieur d'un projet de loi, oui, on règle
certaines problématiques qui touchent beaucoup de personnes sur un petit
territoire, mais qu'on s'adresse aussi à des problématiques qui touchent moins
de personnes sur un grand territoire? Donc, c'est aussi important de faire ça
en matière de démocratie participative.
Mme Minassian (Nadia) : ...du pouce justement sur l'intervention de
M. Coderre, je l'ai vue. Et ce n'est pas du tout, là, pour venir pointer quoi que ce soit, mais on parle d'un homme
expérimenté aux trois paliers gouvernementaux qui a dit : Je vais travailler avec toutes les
régions du début à la fin de la 20. Alors, pour aller chez moi, c'est cinq
heures passé la 20. Et de dire
que quelqu'un qui a autant d'expérience politique puisse penser que les régions
se terminent à la 20, c'est ce qui démontre qu'on a besoin d'avoir
une voix un petit peu plus pointue, qui est capable de venir soulever les
problématiques qui sont propres à nous.
M. Ouellet : D'accord. Puis, effectivement, je pense qu'à l'intérieur on pourrait
apporter plusieurs dispositions qui permettraient effectivement de
répondre à ces appréhensions-là.
Le
FARR. Effectivement, on va en parler un peu. Le ministre en a fait mention.
Juste corriger le tir, puis vous me direz si je suis un peu dans le
champ-là. Vous êtes quand même préfète, vous avez à manoeuvrer dans le milieu
avec différents outils, il n'y a rien
d'innovant, présentement, à savoir que les élus auront entre les mains un fonds
de développement économique. Je veux dire, on l'avait à l'époque avec les
CRE, on l'avait avec les CRD. Ce n'est pas quelque chose de
nouveau. On avait cette opportunité-là, entre élus, d'avoir les fonds pour travailler au développement économique.
Alors,
pour vous, le FARR, ce n'est rien de nouveau. Puis, à vous entendre parler, ce
n'est assurément pas plus de moyens. C'est moins de moyens que nous en
avions avant. C'est ce que je comprends, là.
Mme Minassian (Nadia) : Bien, moi, je n'ai pas à être ici pour juger
est-ce qu'on est à plus ou moins de moyens qu'avant ou après. On me demande de commenter sur un projet de loi. Dans
les moyens, ce que je vois, c'est que c'est ce qu'on nous offre. Et ce que nous, on demande, c'est que ça transite par
les MRC parce que, justement, on a aboli les CRE, on a aboli des structures régionales, on a enlevé
notre représentativité autour des tables. Et justement, maintenant, on
se dit : Maintenant que ça, c'est fait,
peut-être que c'est une nouvelle formule qui devait être explorée. Et à ce
moment-là on a la table des préfets,
on a une belle collaboration autour des tables. Par contre les fonds pourraient
transiter par les MRC, et on pourrait
choisir sur quels projets qu'on contribue de façon régionale. Mais ces fonds-là
peuvent être dédiés uniquement au développement régional à plus d'une
MRC, et ça serait vu d'un très bon oeil. Et, pour moi, ça, ça serait un pas
dans la bonne direction.
M. Ouellet :
Et non pas que ça soit le ministère qui administre les fonds, tels que...
Mme Minassian (Nadia) : C'est parce que, justement, là, on revient sur
une formule qu'on a déjà explorée dans le passé, qui a été jugée pas la bonne, là, on a aboli les CRE, et
aujourd'hui on se dit : Bien, peut-être qu'on ne devrait pas
retourner à la formule, surtout qu'on n'a plus la représentation qu'on avait à
l'époque.
M. Ouellet :
Deuxième recommandation, abroger l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Donc, ce n'est pas dans le
projet de loi, mais ce que vous nous dites, vous êtes sans doute sans vous
rappeler que le projet de loi n° 106 a été adopté sous le bâillon avant les fêtes, et
cette disposition-là a été introduite à ce moment-là. Alors, les kilomètres que vous venez de faire, aujourd'hui en
commission parlementaire, pour venir nous parler d'autonomie et de pouvoirs des municipalités, vous trouvez autant
important, sinon plus, de dire : Cet article-là, là, vous l'avez
introduit, il faut le retirer. C'est ce que je comprends.
Mme Minassian (Nadia) : Moi, ce que j'aimerais apporter ici aujourd'hui,
c'est qu'un projet de loi où on parle de donner de l'autonomie et de décentraliser des pouvoirs dans les
municipalités devient l'endroit tout désigné pour apporter cette
abrogation-là. Et, pour une région comme la nôtre, où mon industrie de base est
la pêche et où une autre industrie de base,
pour moi, est le tourisme, on ne peut pas ne pas protéger ces industries-là. Il
faut s'entendre, je suis d'avis que
l'économie passe par l'industrie. Je ne suis pas contre les hydrocarbures. Par
contre, on aimerait... je pense qu'on est les mieux placés pour juger de
comment le développement de notre territoire se fait de façon homogène pour
protéger nos industries qui sont déjà en place parce qu'eux aussi font partie
de nos industries. Et, pour ces raisons-là, on pense que c'est important
d'abroger.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de René-Lévesque, 45 secondes.
M. Ouellet : Écoutez, juste en terminant, à titre de préfète, je sais que, dans
certains cas, ça ne vous touche pas, mais les référendums, j'aimerais
vous entendre. Pour ou contre? Qu'est-ce qu'on fait avec ça?
Mme Minassian
(Nadia) : Ah! la question pour moi parce que M. le ministre est
bien au fait de la situation à Percé
actuellement. À Percé, vous savez, il y a un référendum qui a eu lieu à Percé,
et on en vit encore les conséquences. Et répondre à cette question me
met dans une très mauvaise position, mais je vais y aller quand même.
Moi,
je vis la conséquence d'un référendum chez nous actuellement et je vois... Je
n'y arriverai pas dans 15 secondes.
J'irai, au pire vous m'accorderez du temps pour le terminer. Mais je vis la
conséquence d'un référendum dans mon milieu actuellement. Je vois que
j'ai une population complètement déchirée, je n'ai plus de conseil municipal
pour représenter la ville de Percé à la MRC et c'est...
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Je dois maintenant passer la parole
au deuxième groupe d'opposition. M. le député de Blainville, pour
6 min 30 s.
• (17 h 10) •
M. Laframboise :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, Mme Minassian, d'être présente.
Moi, le règlement
fait que j'ai moins de temps. On va se concentrer sur le FARR parce que vous
avez raison d'apporter ce sujet-là. Il a été
apporté aussi par la Fédération québécoise des municipalités. Et je vais...
parce que votre recommandation à vous est de dire qu'on confie la
gestion du FARR directement aux MRC. Ce que rajoute la FQM, c'est de dire : Bon, les MRC sont les mieux
placées pour définir les priorités économiques locales et régionales et
pour administrer ensuite les aspects administratifs des projets qui sont
retenus. Et là, là-dessus, vous avez raison. Puis là le ministre, moi, je le connais, là, quand on réussit à le convaincre que
c'est intéressant, il est capable de plein de choses, notre ministre.
Et pourquoi? Parce
que, dans votre intervention, vous dites : On a compris que le FARR, c'est
au régional, des projets régionaux. Ça
pourrait être à une MRC... Il faut que ça soit à plus d'une MRC, deux MRC ou plusieurs. Et là, quand on lit ce que la FQM a écrit... et là vous
pouvez gérer administrativement aussi. Donc, vous pourriez être deux
MRC, trois MRC, tout dépendant des projets, puis être capables aussi d'apporter
le support administratif à ça.
Donc, tout le monde y
gagne, le gouvernement y gagne, on ne crée pas une structure régionale lourde.
C'est pourquoi ils ont aboli les CRE. Ils trouvaient
que c'était trop lourd puis ça coûtait trop cher administrativement. Ce
que vous leur proposez, finalement, avec la FQM, c'est de dire : Ça ne coûtera pas rien de plus
administrativement, mais on va, nous, gérer ce qui nous intéresse. C'est
ça, un peu?
Mme Minassian (Nadia) : C'est exactement ça. En fait, il y a plusieurs projets
régionaux présentement que...
on les finance quand même,
là, on les finance à partir de nos fonds. Mais, en réalité, c'est que ça nous
permettrait... pas de faire les mêmes projets qu'on fait avec le FDT au
niveau local, mais ça nous permettrait de sortir de notre MRC.
Je
vous donne un exemple bien concret, je n'en ai pas parlé avec Côte-de-Gaspé,
peut-être qu'ils ne seront pas en accord
du tout, mais, si on prend la situation de Percé, une région touristique, la
capitale touristique de la Gaspésie, les deux MRC, on chevauche en proximité de Percé, peut-être qu'il pourrait avoir
des projets bien précis là qui pourraient avoir lieu avec les deux MRC, mais je ne suis pas certaine que
Sainte-Anne-des-Monts va être intéressée... ou Haute-Gaspésie, pardon,
serait intéressée de collaborer sur ce projet-là ou Avignon.
Alors,
c'est vraiment dans une optique de dire : On a des affinités souvent avec
des MRC voisines sur d'autres projets,
tout le monde ensemble, de les choisir et ne pas avoir une pression que tout le
monde doit aller dans le même canal. C'est vraiment à ce niveau-là.
M. Laframboise : Et en rajoutant, puis je vais vous donner le temps, là... c'est que,
exemple, dans votre région, la
Gaspésie, les distances sont importantes, donc les intérêts ne sont pas
nécessairement les mêmes. Et le Québec est
comme ça. C'est une mosaïque, et puis les régions, souvent, n'ont pas les mêmes
intérêts économiques. Ça permettait... en tout cas, si je ne me trompe
pas ou... Allez-y, là-dessus, là.
Mme Minassian
(Nadia) : Non, exactement,
c'est qu'on a tous le même objectif, on a tous les mêmes problèmes. Notre problème fondamental, le problème de la
démographie, il nous touche tous. Il y a une urgence d'agir à ce
niveau-là, mais comment y arriver? Il y a
des projets précis qui n'interpelleront pas certaines des MRC. Et, pour éviter
d'arriver dans une situation où on doit débattre et choisir
régionalement quels projets précis vont être retenus, à ce moment-là, c'est
juste plus facile pour nous de passer par la MRC et c'est beaucoup plus
convivial et beaucoup plus facilitant envers la concertation régionale.
M. Laframboise : Par contre, il
y a peut-être un bémol pour le ministre, c'est qu'évidemment l'enveloppe régionale, on se trouve à la diviser, bon, parce
que ça veut dire qu'il faudrait tenir compte que chacune des MRC a un certain montant qu'elle peut joindre avec d'autres
pour être capable... C'est la seule chose parce que... le ministre, lui,
probablement que c'est ça. Il voit
une belle grosse enveloppe régionale qu'il aimerait bien que tout le monde
s'entende pour la dépenser peut-être à un seul endroit, mais, dans la
vraie vie, ce n'est peut-être pas nécessairement ça qu'est la meilleure façon.
Mme Minassian (Nadia) : En
fait, dans notre région, si on juge qu'il y a un beau projet régional qui prend
la totalité de l'enveloppe et que tout le
monde autour de la table a le consensus de dire : On va dans cette
direction-là, chacune de nos MRC versera le montant en conséquence, et
nous le ferons. Mais, en bout de ligne, c'est que peut-être c'est deux MRC qui
trouvent que ça, c'est le projet structurant pour eux et qu'eux vont vouloir
collaborer ensemble, ils pourront le faire.
On n'a pas
les mêmes réalités, et ça, c'est quelque chose que je comprends qui est
difficile. C'est pour ça que, quand
je parle de ministre des Régions ou de représentativité, on a des
particularités qui doivent être considérées. Et ça, ça en est un, la
distance. La distance fait en sorte que nos enjeux ne sont pas pareils à la
grandeur du territoire. On a la même problématique de base, la démographie,
mais comment ça se fait, ça se décline de différentes façons à la grandeur de
notre territoire.
M. Laframboise : Donc, je vous dirais, ne lâchez pas, notre
ministre vous écoute, il va vous écouter mais qu'il aille en Gaspésie,
mais je pense que c'est important, ce que vous dites.
Le r a
disparu du... tu sais, c'est le MAMOT, ce n'est plus le MAMROT, et ça fait mal,
surtout pour le développement régional. Je pense que ce serait une
façon, en passant par les MRC, la FQM nous l'a soumis, vous venez le défendre aujourd'hui, vous êtes dans la même ligne, je ne
sais pas si vous avez parlé au président de la FQM, mais, en tout cas,
vous êtes dans la même ligne.
Une voix : ...
M. Laframboise : Oui, c'est ça. Non, et c'est ça, l'important,
qu'on comprenne, nous, que le Québec, ce n'est pas tout pareil, puis les régions vivent des
situations très différentes. C'est probablement pourquoi les CRE ont disparu,
parce qu'ils trouvaient que, dans certaines régions, trop d'administration, pas
assez de... Mais, à quelque part, si on veut que
ce soit efficace, bien, il faut se fier sur l'administration en place, donc
c'est des MRC. Vous avez déjà de l'administration en place que vous
pouvez rendre utile pour des projets régionaux, puis être capables de gérer ça,
puis de remplir les formulaires nécessaires par le gouvernement, là. Moi, je
pense que vous êtes capables de le faire.
Le Président (M. Hardy) : Il
reste 15 secondes.
M. Laframboise : Merci beaucoup,
madame, pour votre participation.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Minassian, je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants du prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 15)
(Reprise à 17 h 19)
Le Président (M. Hardy) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants de la municipalité de Saint-Denis-De La Bouteillerie. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter, ainsi que les personnes qui vous
accompagnent, puis à commencer votre exposé.
Municipalité de
Saint-Denis-De La Bouteillerie
M. Dallaire (Jean) : Merci
beaucoup, M. le Président. M. le ministre, mesdames messieurs membres de la commission,
je vais immédiatement passer la parole à M. Raymond Chouinard, qui
est avec moi ici aujourd'hui, qui est le maire de la municipalité de
Saint-Gabriel-Lalemant. Il va parler au tout début, et je vais terminer pour
les 10 minutes qui nous sont allouées.
Mon nom à moi est Jean
Dallaire. Je suis maire de la municipalité de Saint-Denis-De La Bouteillerie. Merci,
M. le Président, je m'en excuse.
• (17 h 20) •
M. Chouinard
(Raymond) : Merci, Jean. M. le Président de la commission, M. le
ministre, chers membres de la commission, ma municipalité
se situe dans la plus belle MRC du Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent,
considérée comme dévitalisée. En 2010, notre communauté a décidé de se prendre
en main. Le conseil municipal et le comité de développement
ont travaillé à l'élaboration de notre premier plan de développement. En
collaboration avec les citoyens et citoyennes
de la municipalité, nous avons effectué les constats difficiles. Cependant,
nous avons aussi remarqué que nous avions de grandes forces et de
nombreuses opportunités. Le tout s'inscrivait dans une vision à long terme de
Saint-Gabriel-Lalemant. En 2020, misant sur des conditions de vie de qualité et
de bon voisinage, Saint-Gabriel-Lalemant s'est
attiré de nouvelles familles charmées par la quiétude, la beauté et le
dynamisme social de la municipalité. Des projets porteurs, orientés vers l'agrotourisme, les loisirs et les ressources
naturelles viennent appuyer la créativité et le développement durable du
territoire.
Avec le
projet de loi n° 122, nous estimons que notre milieu pourra encore plus se
prendre en main. Tout d'abord, la
hausse du seuil pour les contrats de gré à gré de 25 000 $ à
100 000 $ constitue pour des petits milieux comme le nôtre un assouplissement dans la gestion de nos contrats.
Cette flexibilité était attendue de longue date et démontre la confiance
du gouvernement envers les municipalités locales. Cependant, cette mesure ne
sera effective que si la municipalité concernée
adopte une politique de gestion contractuelle. Nous aimerions savoir comment se
présentera cette politique. Quelles
seront les balises? Est-ce que le gouvernement nous accompagnera dans sa
rédaction? Il ne faut pas oublier, en tant que municipalité dévitalisée,
nous avons des moyens et humains très limités. Une aide gouvernementale
technique et financière serait la bienvenue.
L'article 51,
qui introduit le pouvoir de déterminer par règlement les modalités de
publication des avis publics tout en
prévoyant une diffusion sur Internet, constitue une bouffée d'air frais pour
notre municipalité. Avoir la possibilité de diffuser les avis sur notre
site Internet nous permettra d'économiser cette somme d'argent et de l'allouer
ailleurs. Par contre, nous nous inquiétons grandement du projet de règlement
proposé dans l'article 70, puisqu'on indique que les renseignements à diffuser
viseront l'ensemble des règlements et politiques adoptées par la municipalité.
Nous avons l'impression que les économies
qui seront faites grâce à l'article 51 seront effacées par ce projet de
règlement. Si nous devons numériser
tous nos règlements et politiques, je n'imagine même pas la facture que ça va
représenter, surtout pour une petite municipalité comme nous. J'espère
que le gouvernement prendra en compte notre capacité de payer avant d'adopter
ce règlement. Est-ce que le gouvernement a évalué les coûts que ça va
engendrer?
Au final,
nous recevrons positivement le projet de loi n° 122. Les nouvelles
dispositions permettront à nos milieux de
nous développer de façon plus autonome avec de nouveaux outils. Seulement, cela
nécessitera une grande adaptation et des
moyens que nous n'avons pas encore. Nous espérons que le gouvernement nous
accompagnera dans cette démarche. Merci d'avoir pris le temps de
m'écouter.
M. Dallaire (Jean) : Alors, M.
le Président, je me représente. Mon nom est Jean Dallaire, je suis maire de la municipalité de Saint-Denis-De La Bouteillerie et,
au bénéfice des membres de la commission, je voudrais rajouter que je
suis également le préfet suppléant de la MRC de Kamouraska.
Alors,
d'entrée de jeu, j'aimerais vous dire que j'appuie complètement ce que mon
collègue le maire de Saint-Gabriel-Lalemant
ici, M. Raymond Chouinard, a dit concernant le règlement sur la diffusion
de l'information. Chez nous, c'est une petite municipalité d'un peu plus
de 500 habitants, et effectivement, si on doit, demain matin, tenter de colliger tous les règlements qui se sont faits,
qu'on ne sait pas encore s'ils ont été abrogés ou non depuis la création
de la municipalité — je dois vous souligner que, cette année, on
avait fêté notre 175e anniversaire — alors, ça demeure... être problématique. Il faudra probablement engager des
gens pour faire des recherches, par la suite tenter de numériser des documents qui sont écrits à la main et le faire
pour être capable de respecter ce qui avait été décidé à l'époque. Alors,
ça, je pense que là-dessus...
Puis en plus
qu'on vient... actuellement, on est en train de refaire toute notre
réglementation municipale parce qu'avec
l'adoption, au niveau de la MRC de Kamouraska, d'un nouveau SAD de la MRC, un
nouveau schéma d'aménagement et de développement qui a été approuvé par
le ministère à l'automne dernier, bien entendu, à ce moment-là, là, on va faire
un... on risque de faire un double travail à ce niveau-là.
M. le ministre, bon, j'ai entendu ce que vous avez dit à la préfète de la MRC de
Rocher-Percé concernant le FARR. Je
me permets quand même de vous interpeller encore là-dessus
parce que je considère, moi, également que je pense
qu'on a déjà actuellement des MRC et des
gens qui sont en possibilité de gérer ce fonds-là. Qu'il soit géré à des fins
régionales, j'en suis. Mais qu'on recrée à un moment donné une autre structure, je pense qu'on ne veut pas, dans des petites... on
n'a pas les moyens, chez nous, de
recréer des structures pour créer des structures pour gérer un fonds. Donc, je
me permets encore une fois de vous dire que ma position et celle également
de... et je crois qu'elle est également celle de la FQM, avec M. Lepage,
qui est là actuellement, là-dessus.
Une des questions que je me suis posé, puis peut-être
que vous allez être capable de me répondre, c'est dans la composition de ce comité-là où on parlait de membres nommés par la
MRC et de membres nommés par le ministre régional. À moins que j'aie mal lu, je n'ai pas vu nulle part quelle
était la norme de composition, et quel était le nombre de personnes nommées par le ministre
régional, et quel était le nombre de personnes nommées par la MRC à l'intérieur de cette chose-là.
Alors — et je salue le projet de loi,
bien entendu, n° 122, qui est de donner plus d'autonomie au milieu municipal — je pense qu'il faut faire confiance au
niveau de la MRC, il faut faire confiance aux élus, et je pense que tout
ce qui devrait venir
soit du ministre régional ou du gouvernement serait plus au niveau d'un
accompagnement au niveau du comité
ou, en fait, des MRC pour le gérer, un accompagnement afin de s'assurer que,
dans l'adoption des projets retenus, on va tenir compte des orientations gouvernementales. Et ça, je pense que c'est de très bon aloi
et que ça doit être comme ça.
Mon dernier
point, pour terminer, j'aimerais aussi vous parler un peu d'agriculture. Par chez nous, l'agriculture, c'est
une question qui est importante. Alors, il y a un an, on a adopté
un PDZA chez nous, au niveau de la MRC, où on dit qu'on va favoriser les terres, l'achat des terres
par les gens. La majorité des fermes chez nous sont des fermes de nature
familiale. On veut favoriser l'agrotourisme,
on veut stimuler l'économie du coin avec des banques de terres et éviter
l'achat par des groupes plus grands au niveau des terres agricoles.
Alors, moi, je pense, puis on pense, que la
CPTAQ, dans les décisions qu'elle prend, devrait tenir compte de ce qui est écrit dans les PDZA des différentes MRC
pour qu'il y ait un arrimage qui se fasse là. Et je salue là-dessus tout de suite l'article
185, qui dit : «Le gouvernement peut en outre prévoir, par règlement, les
cas où l'utilisation de lots à une fin autre
que l'agriculture est permise sans autorisation de la commission.» Alors, ça,
je pense que ça ouvre la porte à plus de souplesse, je salue ça. Il suffirait tout simplement de savoir
quels sont les cas dans lesquels ce pouvoir, entre guillemets,
discrétionnaire va être attribué au ministre et de quelle façon va être balisé
ce qui va être acceptable et ce qui ne le sera
pas à l'intérieur de ça. Je salue ça parce que je vous dis que chez
nous, ma petite municipalité, j'ai un très petit périmètre urbain, qui
n'est pas gros, mon député peut en convenir, et je peux vous dire que je suis
entouré de terres agricoles. Et actuellement je suis en train de faire une
collecte et un traitement des eaux usées.
Le Président (M. Hardy) : En
conclusion.
M. Dallaire
(Jean) : En conclusion, je vous dis tout simplement que j'ai de la
difficulté parce
qu'il faut que j'aille à la
CPTAQ pour donner un... chose terrible.
Alors, je vous remercie de nous recevoir. J'accueille positivement le p.l. n° 122.
Je pense qu'il y a des très belles choses là-dedans, il y a
des belles choses à accomplir, mais je pense qu'on peut les accomplir ensemble.
Le Président (M. Hardy) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour 16 minutes.
• (17 h 30) •
M. Coiteux : Bien, d'abord, merci
beaucoup aux deux maires d'être venus
puis aussi aux gens de la FQM qui êtes là également. Vous étiez là aussi
hier. Donc, toujours un plaisir.
Je ne vais
prendre peut-être pas tout mon temps de parole parce que
peut-être que le député
de Côte-du-Sud va avoir aussi des
questions à poser, je pense que ça va l'intéresser particulièrement, mais je vais
profiter de la partie que je veux prendre de notre temps de parole de ce
côté-ci peut-être pour vous rassurer par rapport à certaines choses, là, parce
que vous m'avez posé des questions tous les deux d'ailleurs.
Première chose,
concernant... Bon, peut-être juste une remarque, je pense
que ça va être important, là, puis je vous le dis parce que vous venez... il y en a quelques-uns
qui viennent de me dire : Le FARR, ça devrait être administré de telle façon plutôt que de telle façon. J'en profite pour vous dire que vous
nous dites que l'article 51 comporte des économies, hein? Vous faites valoir ça aussi beaucoup parce
qu'il y a des gens qui vont nous dire qu'ils ne veulent pas que vous
fassiez ces économies-là, hein? Il y a des gens qui vont faire des représentations
pour nous dire de biffer l'article 51. C'est important, pour vous,
l'article 51, donc dites-le haut et fort. Cette souplesse-là, pour vous,
est assez importante. Puis là vous nous avez
dit : C'est des belles économies,
puis on y tient. Puis c'est pour ça que l'article 51 est là. Il faut vivre dans l'ère moderne aussi. Mais vous avez des inquiétudes par rapport aux autres dispositions du projet
de loi qui disent que d'autres
informations vont devoir être rendues disponibles, puis que, là, il y a des
coûts.
Moi, je tiens à vous rassurer tout de suite à
cet effet, là. Tout de suite, tout de suite, je voudrais vous rassurer à cet effet, il n'est pas dans l'intention du
gouvernement d'avoir les mêmes exigences en la matière à l'égard des
grandes villes, des villes moyennes et des
plus petites municipalités. Ça va être un traitement qui va tenir compte de la
situation particulière de villes comme les
vôtres. Et on va faire ça dans le temps. Ça ne pourra pas se faire du jour au
lendemain, comme ça. À partir du jour un, il faut que tout ça soit rendu
disponible. Ça va se faire de façon graduelle, de façon modulée en fonction de
la taille des villes, de leur capacité aussi administrative puis du support
technologique sur lequel ils peuvent
légitimement compter. On va tenir compte de tout ça puis on va faire ça dans le
temps, on va le faire en consultation,
notamment avec la FQM et avec les municipalités concernées. Ça, je le dis tout
de suite, c'est un engagement que je
prends. C'est comme ça que ça va se faire de telle sorte qu'en aucune
circonstance ces exigences-là ne vont venir éliminer les économies
attendues de l'article 51. Il est important, cet article 51, il faut
donc l'adopter aussi tel quel. Ça, c'était la première chose que je voulais
vous dire pour vous rassurer.
L'autre
aspect, vous avez dit... Puis il y a un élément de flexibilité qui est donné
dans la loi. Vous avez qu'on a changé complètement... on est en train de
changer d'environnement au Québec, là. L'environnement précommission Charbonneau puis l'environnement postcommission
Charbonneau, c'est complètement différent. Il y aura bientôt une
Autorité des marchés publics qui va pouvoir vérifier, même en amont des appels
d'offres, si les choses ont été faites correctement
dans les municipalités. Les sonneurs d'alerte qui pourraient voir des choses
qui ne sont pas acceptables, ça va s'appliquer
aussi dans les municipalités. Il y a toute une discussion sur les vérificateurs
généraux qui est déjà en cours et qui va donner éventuellement des
dispositions.
Donc on va vivre dans
un environnement dans lequel il devient un peu... ça deviendrait très étrange
de dire que les municipalités... qu'on les
traiterait de façon plus paternaliste qu'on traite, disons, les commissions
scolaires. Les commissions scolaires
actuellement, le seuil pour les appels d'offres, c'est 100 000 $. Les
municipalités, c'est beaucoup plus bas que ça. Dans le type environnement que je
viens de décrire, où il y a des contrôles de toutes parts, pourquoi les
municipalités ne devraient tout simplement pas être traitées exactement comme
les autres entités du secteur public ou même les commissions scolaires ou les
établissements hospitaliers? C'est ça, l'approche du projet de loi.
Maintenant,
vous dites : Oui, mais c'est la question de la politique de gestion
contractuelle qu'on vous demande en échange.
Hein, il y a toujours un aspect, puis je vous ai expliqué pourquoi on demande
ça en échange aussi. Mais, encore là, le
ministère va travailler sur des modèles qui vont être largement partagés pour
que, dans le fond, vous ayez des outils de travail. Vous n'allez pas partir de zéro. Et ça aussi, encore une fois,
on va s'assurer que ça soit fait avant, là, l'implantation de tout ça, puis on est déjà au travail là-dessus,
puis il y aura des modèles qui vont être rendus disponibles. Donc, il y
aura des outils d'accompagnement. Ça aussi, je voulais vous rassurer quant à
cette question-là.
Et combien il nous
reste de temps, M. le Président?
Le Président (M. Hardy) :
11 minutes.
M. Coiteux :
11 minutes. Je vais en garder un peu pour mon ami le député de Côte-du-Sud,
mais je voudrais parler du FARR
encore une fois parce que vous y arrivez... Ah! non, on va parler du PDZA avant, puis ensuite je vais parler du
FARR.
On a eu une
discussion intéressante. Ça a commencé à la lueur de la présentation de la FQM
hier qui nous ont dit : Vous avez
inscrit la possibilité que la CPTAQ considère le PDZA. Pourquoi
pas «doit considérer le PDZA»? Et on a abordé ça aujourd'hui avec la
CPTAQ, qui sont venus nous présenter leur mémoire. Et je n'ai pas senti grande
objection à ce qu'ils considèrent, même qu'ils doivent considérer le PDZA.
Donc, moyennant un
travail efficace avec les oppositions, je pense qu'on devrait changer le mot
relativement facilement, j'ai peut-être même l'intention de le proposer, à
moins que quelqu'un le fasse avant moi, de proposer un changement du mot «peut» par le mot «doit» parce que j'ai senti que la
CPTAQ était rendue là de toute façon. Ça ne veut pas dire que ça va être le
seul instrument qui va servir à déterminer, mais quand il y en a un, là, quand
il en existe un, là, bien, il ne faudrait pas l'ignorer.
Alors,
je pense qu'on va cheminer vers ce qui vous préoccupait là-dessus.
Puis je vous remercie d'avoir dit que ces aspects-là, ça va simplifier
la vie pas seulement des petites municipalités, mais la vie des agriculteurs
qui vivent sur votre territoire, parce que c'est à eux qu'on pense en
particulier. On ne veut pas remettre en question l'exploitation agricole. On veut qu'ils aient une vie plus simple
puis on veut que les choses puissent se faire sans des délais
interminables, alors qu'il n'y a pas de raison d'en avoir. C'est ça, notre
objectif.
Le
FARR. Il n'y a pas de personnes nommées par le ministre régional, mais le
ministre régional, il faut qu'il soit là. C'est important. Le ministre régional, il faut qu'il soit là parce qu'il
doit s'assurer que les ministères et les organismes du gouvernement dans
la région soient au service des priorités qui ont été identifiées par la
région. Donc, le rôle du ministre régional,
ça va être de travailler avec les élus régionaux, pas de dire : Je nomme
du monde à la place des élus régionaux. Ce n'est pas ça du tout. Et puis
il n'y a pas de nom, il n'y a pas de modèle. C'est propre à chaque région. Chaque région va définir son modèle. C'est la
différence, une grande, grande, grande différence entre ce qui existait
avant. Avant, c'était du mur-à-mur partout.
Tout le monde avait telle structure, ça fonctionnait de telle façon. Là, chaque
région va pouvoir définir son modèle.
Je
vous entends, là, sur la question de l'atterrissage des fonds à l'intérieur de
chacune des MRC. Je vous entends, mais ça ne veut pas dire que je suis
d'accord, puis je vous le dis tout de suite. Puis la raison, c'est parce que je
ne veux pas remettre en question le FDT. Je veux que le FDT continue pleinement
de jouer son rôle. Puis je veux même que le
FDT, tel qu'on s'y est engagé comme gouvernement, vous apporte plus de fonds au
cours des prochaines années. On va
l'augmenter de 15 %. Mais ça
serait bien aussi qu'il y ait des fonds pour financer des priorités définies
par la région, pas par le gouvernement, par la région. Puis c'est pour
ça que... Ça ne vient pas de nulle part. Ça vient du fait que le Bas-Saint-Laurent, comme la Gaspésie, on en a parlé
tout à l'heure, va définir, dans la stratégie québécoise de vitalisation
des territoires, ses propres priorités. Puis
ça sera à vous de les définir, là. Ça ne sera pas à nous, au gouvernement, de
définir ça. Une fois que ça va être défini, vous allez vouloir que les projets
que vous allez souhaiter faire financer par le FARR correspondent à ces priorités-là. Moi, je suis convaincu que vous allez
avoir des bons projets. Et, à partir du moment où ça aura un impact sur
plus qu'une seule MRC, on va être prêt à les financer.
Donc, la question de
savoir ça atterrit où, ça, ultimement, ce que vous ne voulez pas avoir, c'est
toutes les tâches administratives qui viennent autour de ça? Tous les frais
administratifs qui viennent autour de ça, on les prend à notre charge. C'est
ça, le modèle. Alors, on va financer des projets. C'est ça, le modèle du FARR.
C'est
pour ça... Je vous entends, mais je ne suis pas nécessairement d'accord avec la
conclusion à laquelle certains d'entre
vous arrivez. Mais c'est correct qu'on ait cet échange-là, ce dialogue-là. Puis
on va l'avoir au Bas-Saint-Laurent bientôt,
comme on l'a eu au Centre-du-Québec, en Abitibi, comme on l'a eu en Montérégie,
comme on va l'avoir dans toutes les
régions du Québec. Il y aura un chapitre pour chacune des régions du Québec
dans la stratégie québécoise, puis c'est
la région qui va l'écrire pour elle-même et avec ses propres priorités. Sur ce,
je pense que mon collègue de Côte-du-Sud...
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Côte-du-Sud, vous avez
7 minutes à votre disposition.
M. Morin :
Oui, mais je passerai la parole à mes collègues aussi. Merci. Salutations,
M. Dallaire et M. le maire de Saint-Gabriel-de-Lalemant.
Je suis très heureux que vous soyez là. Est-ce que c'est une première pour
vous? Ça doit. Est-ce que vous êtes déjà venus en commission?
M. Dallaire (Jean) : Bien, vu
mon jeune âge, je vais dire oui, c'est la première fois.
M. Morin :
Oui. Bien, vous avez bien fait ça. Merci.
Je vais en profiter, puisque vous êtes là, pour
nous aider, on parlait de la CPTAQ, qui... souvent dans nos municipalités, il y a des irritants quand on vient
pour faire un projet de... changer une borne-fontaine, ça nous prend un CA. Est-ce que, dans votre travail de maire depuis le début, vous avez des exemples qui
pourront nous aider à préciser dans le règlement des cas où c'est vraiment
quelque chose qui n'a aucun sens de demander un CA à la CPTAQ? Quelques
exemples.
Le Président (M. Hardy) :
M. Dallaire.
• (17 h 40) •
M. Dallaire (Jean) : Bon, écoutez,
Raymond aura peut-être, mais juste répondre, M. Morin, rapidement. J'avais commencé un peu, mais là j'étais rendu sur
la fin de mon temps. Chez nous, on est en
train actuellement de travailler sur un projet de collecte et de
traitement des eaux usées. On est tellement encerclé qu'il faut faire une
demande à CPTAQ pour installer le plus près
possible du périmètre urbain ce qu'on va avoir comme traitement des eaux usées,
et on nous parle de 150 mètres. On n'a même pas 150 mètres sans être pris pour
aller demander à la CPTAQ. Donc, je me dis :
Peut-être qu'à un moment donné c'est une des choses dans lesquelles l'article 185 va permettre au ministre
de dire... dans ce genre de cas là,
pour une chose qui est un service qui va être à l'ensemble de la communauté, l'ensemble
de la municipalité, peut-être qu'il va pouvoir se servir de son pouvoir afin de
dire : On enlève ça, quelque
part, là. On n'attendra pas... parce
qu'on est encore en attente, là. C'est sûr qu'actuellement, là, il y a des
choses qui se passent, là, mais on est toujours
encore en attente de. Donc, notre projet, on attend encore parce qu'on est en
attente d'une décision de la CPTAQ pour un projet aussi important que du
traitement des eaux usées.
M. Morin : Mais est-ce
que votre demande est faite depuis...
M. Dallaire (Jean) : Notre
demande est faite depuis l'automne dernier facilement.
M. Morin : Bon, O.K.
Autre exemple, M. le maire?
Le Président (M. Hardy) :
M. Chouinard.
M. Chouinard (Raymond) : Non,
chez nous... pas ce problème, pas ce problème-là.
M. Morin :
Non, mais un problème... Est-ce que... J'aimerais avoir des exemples qui
feraient en sorte qu'on le mette dans
le règlement. Quand on a des irritants, j'en entends parler. Il y a une
municipalité près de chez vous qui, pour agrandir son réseau d'aqueduc et égouts, son périmètre, s'est fait dire
par la CPTAQ : On n'a pas d'endroit, allez vivre ailleurs, dans une
autre municipalité.
Le Président (M. Hardy) :
M. Dallaire.
M. Dallaire (Jean) : Je peux
confirmer, M. Morin, que c'est effectivement le cas. Puis, si on peut le
dire en avant de la commission, ici, il s'agit de la municipalité de
Sainte-Hélène-de-Kamouraska, qui a voulu agrandir son périmètre urbain puis qui s'est fait dire par la CPTAQ qu'il y avait des espaces de libres à ville Saint-Pascal, la municipalité d'à côté.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Côte-du-Sud.
M. Morin : Oui. Est-ce
que vous avez une question? Je peux vous laisser...
Mme Vallières :
Oui.
M. Morin : O.K.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Richmond.
Mme Vallières : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup, messieurs. Vous savez que vous avez un député vraiment très à la défense de sa région et des municipalités. Je vous le dis, on en entend souvent, souvent parler, vraiment.
Alors, merci beaucoup de vos démarches pour nous présenter, là, l'aspect général. Donc, on
comprend bien la satisfaction quant aux orientations générales données
aux municipalités par le projet de loi n° 122. Vous parliez de votre satisfaction
pour la diffusion sur Internet. Je suis allée visiter votre site en même temps.
Donc, je vois que vous y mettez quand même beaucoup d'informations. C'est très
axé sur les citoyens déjà.
Il y a des représentations qui sont faites par
rapport à... la FQM le fait, entre autres, justement, d'aider les municipalités dans l'élaboration de plateformes numériques pour celles qui y sont
moins, peut-être. Est-ce
que c'est quelque chose,
pour vous, même si vous êtes déjà très outillés pour le faire, qui serait bienvenu
ou vous avez déjà élaboré ce dont vous aviez besoin?
Le Président
(M. Hardy) : M. Dallaire.
M. Dallaire (Jean) : Honnêtement,
on n'a pas ou peu regardé parce qu'actuellement ce qu'on avait répondait à l'ensemble des informations qu'on
avait besoin de donner à notre population. À partir du moment où M. le
ministre nous dira, quelque part, que,
maintenant, on doit rajouter des choses, on regardera ces différentes
possibilités-là ainsi que d'autres, peut-être, là.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Merci beaucoup. Donc, c'est la direction générale chez vous qui s'occupe de la
transmission des informations via le Web.
M. Dallaire (Jean) :
Effectivement. On gère, nous autres, directement notre site Web.
Mme Vallières :
Et, par rapport aux médias locaux, vous avez, j'imagine, déjà des liens très
forts avec eux. Est-ce qu'il y a déjà des
discussions qui ont cours face à la possibilité de mettre davantage de choses
sur Internet? Est-ce que, pour eux,
c'est une difficulté ou vous voyez déjà qu'il y a une tangente vers le Web qui
est faite, là, dans vos milieux?
Une voix : Ils sont déjà
numériques.
Le Président (M. Hardy) :
M. Chouinard.
M. Chouinard
(Raymond) : Actuellement,
l'information que les gens ont, c'est le maximum qu'on peut donner, là. C'est sûr que, si le projet de loi vient à
jour, il va y avoir d'autre travail à faire, mais, comme je disais tout à
l'heure, il y a des frais pour tout ça, là. Puis on n'a pas la capacité
financière de faire tout ça, là.
Le Président (M. Hardy) :
M. Lepage.
M. Lepage
(Sylvain) : Bien, tout simplement, comme vous le savez, dans le cas
des petites municipalités, on est en discussion
avec le ministère puis on fait des représentations parce que, malgré tout ce
qui est entrevu par le ministère en termes
de règlements, ça prend des sites assez élaborés. Et, lorsqu'on se rappelle
qu'on a plusieurs de nos membres qui n'ont même pas accès à Internet à
haute vitesse, on est loin d'être dans des sites élaborés.
Alors, on est
content d'entendre ce que le ministre, évidemment, nous a dit sur le fait qu'il
y aurait des obligations à géométrie
variable, mais, malgré là, il faut quand même que le gouvernement soit
conscient que ce qui est prévu, c'est quand
même très exigeant sur le plan technique. On veut essayer, avec le ministère,
de convenir de projets pilotes pour une introduction graduelle, mais il est clair qu'effectivement ça va poser,
pour plusieurs de nos membres, comme ceux qui sont ici aujourd'hui devant vous, un défi assez important, ne serait-ce
qu'en termes de main-d'oeuvre, parce qu'un site, il faut l'alimenter, et il y a plusieurs de nos
membres où le personnel administratif ou fonctionnaire se limite à un directeur
général et à une secrétaire. Alors, dans ces
cas-là, le D.G. est déjà homme à tout faire. Vous comprendrez
qu'alimenter des sites ça prend quand même une certaine compétence, là. Je le
dis avec tout le respect pour les D.G., là, qui sont déjà assez sollicités.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée, 15 secondes.
Mme Vallières :
Oui, bien, en fait, merci beaucoup. Donc, compte tenu que le comté de Richmond,
il y a aussi beaucoup de petites
municipalités, c'est une préoccupation que l'on porte comme députée aussi de
s'assurer que... oui, le voeu est là,
mais qu'on soit capable de le rendre aussi avec la main-d'oeuvre disponible. Et
sinon, compte tenu du peu de temps, je vous souhaiterai un bon 175e.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Le temps du côté
gouvernemental est maintenant écoulé. Je cède la parole à l'opposition
officielle. M. le député de René-Lévesque, pour 9 min 30 s.
M. Ouellet : Merci. Bonsoir,
messieurs. J'aimerais juste peut-être faire du pouce sur les avis publics. Ces discussions-là ont déjà eu lieu dans certaines
municipalités chez nous, mais je veux juste bien comprendre. Est-ce que,
chez vous, tout le monde a accès à Internet dans votre municipalité?
Le Président (M. Hardy) :
M. Chouinard.
M. Chouinard
(Raymond) : Je dirais que
oui. Oui, oui, tout le monde a accès à Internet, oui, quand même, là.
M. Ouellet : O.K., parce que la discussion qu'on a sur la
nécessité de mettre les avis publics dans les journaux, c'est que, bon, les journaux dans les régions sont
gratuits, et donc cette information-là, gratuite, est disponible à tous,
alors que, dans le cas de la mise en ligne,
on comprend que, bien, pour avoir accès à Internet, il faut que tu paies, et
donc il faut que tu paies pour avoir accès à de l'information
municipale.
Alors, c'est un peu dans
la discussion qu'on a. Est-ce qu'on crée une sous-catégorie, donc ceux et
celles qui n'ont pas accès à Internet parce
que la technologie ne se rend pas ou ceux et celles qui ne paient pas Internet,
pour les raisons qui leur
appartiennent? Alors que le journal leur transmet les informations municipales
gratuites, là, dorénavant, ils n'auraient plus accès à cette
information. Ils devraient payer pour avoir accès. Est-ce que vous avez eu ce
genre de représentation? Vous êtes à l'aise, à titre d'élus, de rendre cette
information-là plutôt disponible à un coût du citoyen, et non pas à un coût
pour la municipalité?
Le Président (M. Hardy) :
M. Chouinard.
M. Chouinard (Raymond) : Chez
nous, on a quand même un petit journal local, là, à l'interne, là, puis les citoyens ont tous quand même l'information, là.
C'est fait chez... en place, là. Mais c'est sûr que ça peut créer peut-être
certains problèmes, là, au niveau de... pour
avoir l'information. Et je dis tout le monde, là. Il y a peut-être des gens,
là... regarde, je vous dis ça sous toutes réserves, il y a peut-être des gens
qui ne l'ont pas, là, regarde.
M. Ouellet : C'est pour ça que je vous pose la question, puis
ce n'est pas une question piège, là. Je comprends bien que...
M. Chouinard (Raymond) : Oui,
oui, c'est... Probablement que ce n'est pas toutes les maisons qui l'ont, là.
M. Ouellet : ...parce que moi, dans la circonscription de
René-Lévesque, là, sur la Côte-Nord, j'ai une municipalité qui demande encore Internet, accès à haute
vitesse. Ils ne l'ont pas, ils n'ont pas accès à Internet. Ça fait que, tu
sais, je veux juste que... Je voulais faire effet miroir, mais je
comprends que, dans certains cas, ça pourrait se passer.
Le Président (M. Hardy) :
M. Chouinard?
M. Ouellet : Oui, allez-y, oui.
M. Chouinard
(Raymond) : Quand même,
c'est comme je vous disais tout à l'heure, là, tous les gens reçoivent à
tous les mois un journal local. Ça fait qu'ils ont toute l'information
nécessaire. Exemple, le budget qu'on a adopté en décembre, ils ont toute
l'information de A à Z. Quand même, les gens sont... Tu prends le temps de le
lire, puis...
M. Ouellet : Est-ce que ce
bulletin-là est envoyé à la maison?
M. Chouinard (Raymond) : Oui,
directement à la maison par la poste.
M. Ouellet : Donc, chacune des
portes le reçoit.
M. Chouinard (Raymond) :
Absolument.
M. Ouellet : Parfait. Dans un autre registre, mais ça va
continuer un peu la trame de fond que j'essaie d'installer, les gens de
la FQM nous ont dit... ils ont identifié plusieurs mesures à l'intérieur du
projet de loi en disant : Bien, ces mesures-là,
elles sont bonnes, mais elles vont nous coûter des sous, et on aimerait
effectivement avoir des moyens financiers pour les appliquer. Avez-vous évalué, puis je m'adresse un peu à vous
deux, là, combien vous auriez besoin pour mettre en application, selon vos prétentions, ces
dispositions-là ou si vous avez besoin d'une enveloppe transitoire ou vous
avez besoin de moyens subséquents? Parce
qu'à vous entendre parler tout à l'heure, parler des sites Internet,
l'implantation, c'est une chose, mais la
mise à jour et l'entretien, ça prend une compétence et ça va prendre du monde,
je ne dis pas à temps plein, mais du monde qui vont s'en occuper.
Avez-vous évalué ça?
Le Président (M. Hardy) :
M. Dallaire.
M. Dallaire
(Jean) : Je vous dirais tout
de suite que, pour chez nous, non pour l'instant parce qu'on est encore
à une commission parlementaire au niveau du
projet de loi, donc on ne sait pas exactement quelles seront les
demandes, de quelle façon ça va fonctionner.
J'ai cru comprendre, de la part du ministre tout à l'heure, qu'il allait y
avoir un laps de temps puis que tout
le monde ne serait pas nécessairement traité sur le même pied, que ce soit à
Montréal, Québec, Saguenay, et d'autres, et Saint-Denis-De La
Bouteillerie, chez nous. Donc, il est difficile... en tout cas, pour moi, il
est difficile actuellement de quantifier quel pourrait être le coût que ça
pourrait représenter. Une chose qui est sûre, c'est qu'on sait qu'il va y en
avoir un parce que M. Delage disait tantôt qu'effectivement chez nous une directrice
générale, une secrétaire, c'est ça, là, le bureau municipal, là.
• (17 h 50) •
M. Ouellet : ...effectivement.
Puis ce n'est pas la première fois qu'on l'entend, puis on pose cette
question-là à l'ensemble des gens qu'on va
rencontrer aussi, d'autres municipalités. Et on veut savoir effectivement
est-ce qu'on n'a pas créé, dans le fond, dans certaines municipalités...
on implante ces dispositions-là et, avec la structure, on est capables d'absorber parce que c'est un petit peu ça, là. Je
veux dire, ce que le gouvernement met en place dans ce projet de loi là,
c'est d'enlever de la reddition de comptes vers le gouvernement et d'en
transférer vers les citoyens. Et, dans certains cas, ce qu'on entend ou ce qu'on commence à
entendre, c'est qu'il y a un coût à ce virage-là, et on essaie de le
quantifier pour voir si, effectivement, on a
des représentations à faire auprès du ministère pour dire : Bien, si vous
voulez que ça réussisse, au-delà de
la disposition législative, ça prend les moyens de l'appliquer. Alors, c'est ce
qu'on cherche à voir.
J'aimerais
vous entendre parce que je ne vous ai pas... bien, je ne vous ai pas entendu,
on n'en a pas parlé, mais ça a été
beaucoup dans les médias, ça a été beaucoup discuté aussi, contrat de gré à
gré, 25 000 $ à 100 000 $, vous en pensez quoi,
vous, comme municipalité?
M. Dallaire (Jean) : Chez nous,
on applaudit à ça, là, tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas quelqu'un qui nous amènera devant une commission quelconque, là.
Je pense que non. Je pense qu'on applaudit à ça. Je pense qu'on est
rendus là. On est rendus en 2017, là. Il y a des contrats, actuellement, qu'il
est difficile... il faut aller en soumissions, demande de soumissions pour ne
serait-ce qu'un contrat...
Chez nous, les contrats de 100 000 $
et plus, là, ça ne court pas les rues, là. Quand on a bâti notre complexe municipal, on est allés, là, en contrat de
100 000 $ et plus, mais quand on fait des routes, quand on fait de
l'asphaltage, quand on fait des choses, puis
tout ça, bien, on est 25 000 $, 30 000 $,
35 000 $, 40 000 $, 45 000 $, 50 000 $
quand on fait une bonne portion de route d'un kilomètre ou des choses du
genre, là.
Alors, c'est
sûr qu'à ce moment-là ça va nous permettre d'avoir une meilleure latitude,
mais, encore là, tout en étant des bons gestionnaires. Si, à partir de
ça, on devient des mauvais gestionnaires, bien là, à ce moment-là, on dira au ministre : Enlevez ça de là. Mais, tant et
aussi longtemps que lui reconnaît qu'on peut être des bons gestionnaires,
moi, personnellement, j'applaudis à ça. Ça va nous donner une latitude qu'on
n'avait pas auparavant.
Une voix : Et une baisse de
coûts, je présume.
M. Dallaire (Jean) : Une baisse
de coûts, effectivement, aussi parce que, là, on n'a pas besoin d'aller en soumission, de rouvrir des soumissions de ci, puis
tout ça, mais, encore là, il faudra être prudent. Je pense qu'il y aura
une prudence à avoir là-dessus puis je ne peux pas présumer pour l'ensemble des
maires au niveau du Québec.
M. Ouellet : ...vous donne le choix, vous n'êtes pas obligé
puis vous pouvez l'utiliser à géométrie variable. Ça fait que ça, je
pense que...
M. Dallaire (Jean) : Oui, c'est
ça, puis c'est ce qu'on va faire.
M. Ouellet : O.K. Il ne me
reste pas beaucoup de temps, j'aimerais vous entendre sur une autre
disposition.
M. Chouinard (Raymond) : ...
M. Ouellet : Allez-y. Vous avez
quelque chose à rajouter? Je ne veux pas...
Le Président (M. Hardy) :
M. Chouinard.
M. Chouinard (Raymond) :
C'était simplement pour ajouter... Par contre, le contrat de gré à gré, oui,
c'est merveilleux, mais ça prend absolument
des balises, là. Si les gens qui ont des mauvaises intentions, des fois, là...
Ah! c'est mon chum, je vais lui
donner le contrat, là, puis ça va être continuellement de même, on revient en
arrière, là. Mais ça prend absolument des balises, là, que le gouvernement
mettrait des bonnes balises.
M. Ouellet : O.K. Une dernière question. Vous avez fait
mention tout à l'heure que le ministre pourrait obliger à rendre d'autres choses disponibles. Vous avez
compris que dans la disposition, à l'article 70, ça dit que «le
gouvernement peut, par règlement, déterminer
les renseignements que toute municipalité a l'obligation de diffuser». C'est
une obligation de transparence. Quand
je vous ai entendu, tout à l'heure, vous n'étiez pas contre cette notion-là, mais,
si elle vient avec un coût, est-ce qu'on sera supportés techniquement et
financièrement? C'est ce que je comprends?
Le Président (M. Hardy) :
M. Chouinard.
M. Chouinard (Raymond) : Oui,
c'est ce que j'ai mentionné tout à l'heure parce que c'est quand même... c'est des coûts importants, là, puis, si
l'enveloppe suit, je pense qu'il n'y aura pas de problème là, là. C'est tout à
fait...
M. Ouellet : Si l'enveloppe ne
suit pas, puis c'est une obligation, vous allez être...
M. Chouinard
(Raymond) : Ah! là, ça va
être une autre histoire, là. Là, ça va être vraiment une autre histoire,
là. On va faire taxer. Aussi simplement que ça.
M. Ouellet : Vous avez parlé tantôt de balises de
25 000 $ à 100 000 $. On a une disposition qui va permettre
maintenant tout contrat de plus de
2 000 $... qui va passer en haut de 25 000 $ devra être
inscrit dans le SEAO. Je pense qu'on
a là effectivement de l'information qui va être permise de consulter pour
savoir s'il y a eu du fractionnement de contrats. Mais est-ce que ça,
cette inscription-là, va vous coûter quelque chose de plus?
Le
Président (M. Hardy) : M. Dallaire.
M. Dallaire (Jean) : Chez nous, je vous dirais que non actuellement parce que, déjà à l'intérieur
des redditions puis des discours de
maires que l'on fait à la fin de chaque année, on indique dedans autant tous
les contrats de 25 000 $ et plus qu'autant l'addition des contrats qui ont mené à 25 000 $ et
plus pour l'ensemble des contracteurs. Donc, à ce moment-là, ça, c'est
facile à gérer, là, au niveau local, là.
M. Ouellet :
Le mettre dans le SEAO, pour vous, ce n'est pas un problème.
M. Dallaire
(Jean) : Non, là. On a Internet.
M. Ouellet :
O.K. Oui, à haute vitesse, là.
M. Dallaire
(Jean) : Oui, à haute vitesse.
Le Président
(M. Hardy) : 30 secondes.
M. Ouellet : Écoutez, merci d'avoir fait le déplacement pour nous. Comme je disais
tout à l'heure avec la préfète, c'est
important pour nous aussi d'avoir la vision des autres municipalités du Québec,
de petite envergure, mais de
grande aventure, disons-le comme ça, là. Je
pense que vous avez vos propres défis, vous avez votre propre désir de
prospérité. Alors, c'est important pour nous. Et je tiens à souligner au ministre
qu'on devrait multiplier ça, pas juste entendre les grandes municipalités, mais
les petites localités, qui font face à de grands défis puis qui ont effectivement
des gens qui veulent les adresser.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole au deuxième groupe d'opposition. M. le député
de Blainville, pour 6 min 30 s.
M. Laframboise :
Merci beaucoup, M. le Président. M. Dallaire, M. Chouinard, M. Lepage,
merci de votre présence. Moi, j'ai commencé
ma carrière politique 18 ans
maire de Notre-Dame-de-la-Paix, un village de 722 habitants. Ça fait que ma première question, ça va être que
vous me disiez combien vous avez de citoyens puis combien de personnel
administratif vous avez, juste pour titre d'information.
M. Chouinard
(Raymond) : On est 750 habitants, et j'ai deux personnes
administratives plus un agent de développement.
Une voix :
M. Dallaire.
M. Dallaire
(Jean) : Environ 520, 525 habitants, tout dépendant, là, d'une
année à l'autre, dans les dernières années, deux, une directrice générale et
une adjointe administrative. C'est ça.
M. Laframboise : C'est important de comprendre, là, parce que, moi, à Blainville, là,
aujourd'hui je représente Blainville,
je suis allé au conseil de ville en janvier, ils ont fait l'appel d'offres, ils
ont fait un appel d'offres pour acheter de l'encre pour des imprimantes; 45 000 $, celui qui a gagné le
contrat. Tu sais, je veux juste vous dire la différence, comment on peut... comment le Québec peut être différent.
Et c'est ça que le ministre doit prendre en considération. C'est-à-dire
que, c'est vrai, les contrats de gré à gré,
c'est bon. Par contre, ça prend une politique de gestion contractuelle, bon,
comment ça va vous coûter mettre ça en place, et tout ça.
La
même chose pour l'obligation d'informatiser tous vos règlements, là. Vous savez
comment ce que c'est. Moi, j'ai connu
ça, là. Moi, c'était écrit à la main par mon... puis on regarde ça pratiquement
de façon historique, là. Vous, vous êtes dans votre 175e, là, on peut
sortir les premières résolutions qui ont été adoptées par le conseil. Mais,
encore ça, informatiser ça, c'est des coûts, là.
Moi,
je comprends la FQM, dans sa 14e recommandation, qui disait que le gouvernement
propose des outils de mise en oeuvre et qu'il supporte financièrement
les municipalités.
Vous,
dans le fond, ce que vous vous voulez... Là, le gouvernement nous dit :
Bien, ça va être à géométrie variable. Tu
sais, ça peut prendre plus de temps, mais, quand même, ça va prendre du
personnel pour le faire. Donc, vous, ce que vous voulez vous faire assurer, c'est de dire : Il y a-tu moyen
qu'à quelque part on puisse avoir un programme d'aide? C'est un peu ça?
Le Président
(M. Hardy) : M. Chouinard.
M. Chouinard (Raymond) : Oui, ce que je disais... parce que numériser des
documents, là, ça ne fait pas dans une journée,
là. Puis on en a, des documents, là. Chez nous, c'est une petite municipalité
de... Regarde, on a juste... on a 77 ans d'âge, on est tout jeune, on est la plus jeune municipalité de la MRC,
mais, quand même, on a du papier. Puis il y a des choses, comme monsieur mon confrère disait,
écrites à la main, des procès-verbaux, puis etc., des règlements. Et
numériser ça, ça coûte quand même très cher.
Certain, si on a une enveloppe budgétaire qui va avec, on va trouver les moyens
de s'organiser pour le faire.
M. Laframboise : Parce que ça, c'est ce qu'il faut entendre, là.
Ça, c'est le travail de Norbert, ça, de convaincre le ministre que, dans ses discours, il dise qu'on
puisse accompagner les municipalités qui vont avoir, comme ça... je l'ai
déjà entendu dans d'autres commissions parlementaires, le ministre dire :
Quand on aura... Il est capable de dire ça. Il
ne l'a pas dit encore, là, mais on va essayer de faire de la pression pour
qu'il puisse le dire, pour qu'il puisse venir en aide aux communautés qui en ont de besoin. Tu sais,
Blainville n'en a pas de besoin. Je vous le dis, là, avec 45 000 $
d'encre, ils sont capables de faire un bout. Mais il reste quand même qu'il y a
des communautés qui en ont de besoin.
Ça va
m'amener à certaines petites questions sur des dossiers plus précis. Bon,
l'article 52 dit : Maintenant, quand vous allez déposer un règlement avec l'avis de motion, le règlement
devra être déposé à même l'avis de motion. Est-ce que ça vous crée problème ou si... Est-ce que,
vous, quand vous déposez... Est-ce que vous faites toujours préparer
votre règlement ou bien, donc, parfois, pas souvent?
Le Président (M. Hardy) :
M. Dallaire.
M. Dallaire
(Jean) : Je vous dirais que,
chez nous, non, ça ne pose pas problème parce que, quand on dépose
l'avis de motion, on a déjà fait préparer
notre règlement parce qu'éventuellement, dès la séance subséquente, on va
adopter le règlement. Et parfois ça
va de... Souvent, ce que la loi nous permet, ça va aller seulement quelques
jours par la suite. Donc, habituellement, lorsqu'on dépose l'avis de
motion, notre règlement, on l'a déjà préparé.
• (18 heures) •
M. Laframboise : Ça ne vous arrive jamais pour des raisons
d'urgence, des fois la... Tu sais, des fois, là, il y a des règlements sur... questions d'urbanisme ou des
choses comme ça où on doit faire d'urgence puis on fait préparer... Ça
ne vous arrive pas? Vous êtes toujours capables de...
M. Dallaire
(Jean) : Non, ça n'arrive
pas. Je vous dirais par contre que, puis je tiens à le dire, dans le cas des
crues des eaux chez nous, moi, je suis sur
le bord du littoral du Saint-Laurent, on va avoir maintenant la possibilité, quelque part lorsqu'il va y avoir des grosses crues d'eau, de
pouvoir faire de l'enrochement ou d'arranger notre chemin sans avoir nécessairement avoir besoin d'un CA au
niveau de l'environnement. Quand ça arrive en plein hiver, là, puis qu'on n'a plus de route, puis qu'il faut qu'on attende que le ministère de l'Environnement vienne nous dire de quelle façon le faire,
avec la CLE, tout ça, là, là, actuellement, ça, ça va nous donner un bon coup
de main également chez nous, en tout cas.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Mais est-ce
que vous aviez... Par rapport aux avis de motion, il n'y a pas de problème.
Évidemment,
sur... quand on... Bon, le PDZA, j'ai bien
entendu le ministre,
puis je vais être d'accord avec lui que la CPTAQ doive en tenir compte, puis j'ai aimé quand il a dit : Lorsqu'il
y en a, parce qu'il faut le savoir,
là, le maire de Québec est venu nous
dire : Il n'y en aura jamais, de PDZA. Lui, il ne veut pas négocier avec
le milieu agricole. Donc, tu sais, il
ne faut pas non plus qu'il y ait des influences quand il n'y en a pas parce que
ce n'est pas toutes les MRC ou les territoires
qui ont des PDZA, là. Je pense que... lorsqu'il y en a, là, je pense que ce
serait assez intéressant. Et vous la voyez comment, là, 185, là, moi
aussi, je trouve ça bien intéressant, là, mais il y a eu des débats assez
virulents avec les représentants de la
CPTAQ, qui va permettre maintenant au gouvernement, par règlement, évidemment,
prévoir le cas où l'utilisation des... à une fin autre que l'agriculture
est permise? C'est-u terminé? Ah! 30 secondes? Donc, vous êtes d'accord avec
ça, là?
M. Dallaire
(Jean) : Bien, je pense que
je l'ai mentionné tantôt, là. À partir du moment où, à un moment donné quelque part, on va savoir quelles sont les
balises, qu'elles sont à l'intérieur de quoi, quels sont les termes sur
lesquels le ministre pourra exercer son pouvoir, on en saura un peu plus à ce
moment-là, mais, oui, on ne peut pas être contre.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. M. Dallaire,
M. Chouinard, M. Lepage, je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants du prochain
groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 18 h 5)
Le Président (M. Hardy) : Donc,
à l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter,
ainsi que les personnes qui vous accompagnent, puis à commencer votre exposé.
Fédération des
producteurs forestiers du Québec (FPFQ)
M. Gagnon
(Pierre-Maurice) : Oui.
Bonjour. Pierre-Maurice Gagnon, président de la Fédération des
producteurs forestiers du Québec,
c'est la forêt privée, de même... Je vais quand même aussi avant, par exemple... je vais commencer par l'autre bout. Je vous dis bonjour. Vous aussi,
M. Coiteux, bonjour, puis on est quand
même contents d'être ici, tous
les membres de l'Assemblée nationale. Franchement, ça nous fait toujours
plaisir. Ça n'arrive pas souvent, une fois par deux ans. C'est toujours
un peu impressionnant, mais je pense qu'on est au même niveau que vous autres.
Je vais présenter les
gens qui sont à côté de moi. Marc-André Côté, directeur général de la Fédération
des producteurs forestiers du Québec,
Yves Lachapelle, directeur général
adjoint au CIFQ — vous
vous demandez pourquoi ça se passe de
même, je vais vous donner un détail tout
à l'heure — et M. Gérald Baril, directeur des affaires
pour le Groupe Lebel et membre du conseil d'administration du Conseil de
l'industrie forestière du Québec. C'est bien ça?
Une voix :
C'est ça.
M. Gagnon
(Pierre-Maurice) : Bon,
regardez, moi, je suis président de la forêt privée, mais on s'est aperçu
des fois, à l'occasion d'un dîner, qu'on
avait intérêt à... c'est parce qu'on a compris que, pour la forêt privée puis
produire plus de bois, bien, que les industriels, des fois, ils ont les mêmes
intentions que nous autres.
Vous
savez, actuellement on produit environ 17 % du bois, de
l'approvisionnement de tout le bois qui est livré dans les usines au Québec. On serait capables, là, avec
des réglementations, des fois, municipales plus faciles, plus
facilitantes, de monter à 20 % et plus.
Et les gens de l'industrie, les gens avec qui on fait affaire, les industriels
ont compris ça. On a une très bonne
relation avec ces gens-là, parce que c'est là qu'on vend notre bois. Ils nous
disent tout le temps : On veut du beau bois, bon, beau, pas cher,
et c'est ce qu'on leur livre.
Et
là-dessus j'arrête et je vais laisser la parole, quand même. Mais ce que je
voulais dire quand même aussi, là, pourquoi
qu'on est ici, ça n'arrive pas souvent, là, c'est très rare que la loi est
changée, là, que les lois municipales sont changées et qu'on ouvre la
loi. Ça fait que, pour nous, la forêt privée, c'est une belle occasion pour
vous adresser nos souhaits et nos demandes aujourd'hui. Et là-dessus je laisse
M. Marc-André Côté continuer notre présentation et où est-ce qu'on veut
aller.
Le Président
(M. Hardy) : M. Côté.
• (18 h 10) •
M. Côté
(Marc-André) : Bonjour. Vous avez tous eu le mémoire qu'on a déposé.
Je débuterais en disant que, contrairement
à la grande forêt publique, où on retrouve un règlement provincial qui définit
les interventions qu'on peut faire
dans la forêt, en forêt privée, les interventions sont définies au niveau
municipal, soit à l'échelle de la MRC soit au niveau de la municipalité locale, en vertu des pouvoirs
qui sont conférés par les articles 79 et 113 de la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme. Donc, les municipalités locales
et les MRC ont un grand rôle à jouer sur le développement de la forêt
privée. Ces règlements définissent les
prélèvements qu'on peut faire dans la forêt, les traitements sylvicoles qu'on
peut pratiquer, la largeur des bandes
riveraines, des bandes de protection visuelle à maintenir, des largeurs
maximales pour les chemins forestiers,
des dépôts, des permis qu'on doit obtenir des municipalités. Et aujourd'hui on
est devant vous parce qu'on a de plus
en plus de difficultés à concilier les fonctions de production de bois et les
exigences de protection du couvert forestier sur le territoire privé à
travers le Québec.
Cette
situation s'explique par l'impossibilité d'établir pour nous un lieu de
discussion et de dialogue entre les élus municipaux et les acteurs du
secteur forestier pour chacune des 1 000 ou, enfin, des quelque 1 000
municipalités où on retrouve de la forêt privée au Québec. La tâche serait
titanesque. La conséquence des règlements municipaux est qu'ils ne limitent pas uniquement les coupes de
bois abusives, mais ils deviennent restrictifs pour une pratique normale
de la foresterie. Donc, les municipalités se sont dotées de codes forestiers en
soi sans détenir l'expertise puis les ressources nécessaires pour les définir
ou les appliquer sur leur territoire.
A
contrario, l'expérience des 20 dernières années montre que les réglementations
qui ont été adoptées à l'échelle des
MRC respectent plus les sciences forestières puis proviennent plus d'un
consensus entre les acteurs du secteur forestier et le monde municipal. En d'autres termes, on est capables d'avoir des
discussions dans 70, 80 lieux, donc 70, 80 MRC, on est capable d'établir un dialogue, on n'est pas
capable de le faire à 1 000 endroits, c'est-à-dire 1 000
municipalités qui adoptent des réglementations municipales.
Donc,
aujourd'hui, on vous propose d'ajouter quelque chose au projet de loi
n° 122. On vous propose d'apporter un amendement pour transférer le pouvoir de réglementer la protection du
couvert forestier des municipalités locales aux MRC afin d'harmoniser les réglementations existantes, de faciliter les
échanges entre les élus municipaux et les acteurs du secteur forestier,
de respecter davantage les sciences forestières puis de mieux concilier les
différents usages du territoire. À notre avis, ça amènerait une grande
efficacité. Cette proposition ne va pas à l'encontre de la volonté gouvernementale d'accroître le rôle du monde
municipal dans la gestion du territoire. C'est juste qu'on dit que ça
devrait... au niveau forestier, on devrait le faire plus au niveau de la MRC.
Ces
discussions-là, on les a avec le monde municipal depuis... bien depuis
au-dessus de 20 ans. Moi, quand j'ai commencé
ma carrière, voilà 22, 23 ans, on était dans cette discussion, et elle est
encore, là, d'actualité aujourd'hui. Pour nous, cette proposition va
générer des retombées pour les milieux ruraux parce qu'elle va permettre
d'accroître les activités sylvicoles, en
premier lieu, la récolte de bois et d'approvisionner davantage l'industrie
forestière dont dépendent beaucoup de communautés. C'est notre première
proposition.
On
en a une deuxième. Les municipalités, on croit, pourraient encourager davantage
l'aménagement forestier par le biais
du régime de taxation foncière. Aujourd'hui, un boisé aménagé est taxé de la
même manière qu'un boisé qui ne l'est pas.
C'est-à-dire qu'il y a une évaluation foncière qui est faite de ces deux
boisés-là et il y a un taux de taxation qui est établi pas pour les boisés, mais dans la catégorie d'immeubles où on va
retrouver les boisés, et ce taux de taxation est le même. Beaucoup de
juridictions, en fait, la majorité des États américains, l'Ontario, les pays
européens, utilisent les taux de taxation foncière pour encourager
l'aménagement forestier.
Donc,
nous, on croit que La loi sur la fiscalité municipale devrait permettre de
créer une nouvelle catégorie d'immeubles pour les boisés sous aménagement qui
sont enregistrés en vertu de la Loi sur les forêts. Les propriétaires
forestiers qui deviennent producteurs forestiers s'enregistrent auprès du
ministère des Forêts, enregistre leur
superficie, bénéficient de subventions pour faire de l'aménagement forestier.
Autrement, on se retrouve devant une situation
qui est absurde. Un boisé sous aménagement va obtenir une meilleure valeur
foncière et va être taxé davantage. Donc,
on taxe le bon comportement davantage que le... bien, comportement qu'on ne
souhaite pas, qu'on souhaite moins.
Donc,
c'était notre deuxième proposition, de créer une catégorie d'immeubles en vertu
de... bien, en fait, pour les boisés
sous aménagement en vertu de l'article 130 de la Loi sur l'aménagement durable
du territoire forestier. Ce n'est pas un bar ouvert qu'on demande, mais
c'est vraiment de viser les boisés qui sont aménagés.
Donc,
voilà le sens de nos deux propositions. On va vous laisser nous poser les
questions après l'intervention, là, de mes collègues, là, du CFQ.
Le Président
(M. Hardy) : ...Lachapelle.
M. Lachapelle (Yves) : Bon, M. le Président, M. le ministre, mesdames messieurs les députés, habituellement,
lorsque le Conseil de l'industrie forestière du Québec se présente devant vous,
c'est pour des problématiques de forêt publique
ou de marché. Aujourd'hui, on vient accompagner la Fédération des
producteurs de bois parce que la forêt privée, ça représente près de 20 % de nos approvisionnements en fibres. Et,
vous savez, depuis quelques années, on travaille très fort avec le gouvernement du Québec pour
améliorer la compétitivité dans le secteur forestier, et là on parle de bois
qui s'étend à proximité de nos usines avec des faibles coûts de transport.
Lorsqu'on regarde la possibilité
forestière dans les forêts privées versus les volumes qu'on récolte dans la
forêt privée, il y a un écart très, très important. Et nous, le Conseil de
l'industrie forestière, on appuie les démarches de la Fédération des producteurs de
bois pour trouver un contexte qui va favoriser la production de bois dans les
forêts privées au bénéfice de l'ensemble de la société parce que, même
si les bois sont de teneur privée, leur mise en valeur puis leur transformation, qui soutiennent les emplois au Québec, c'est d'intérêt
public. C'est pour ça qu'on est avec eux aujourd'hui.
Le
Président (M. Hardy) : Il vous reste 50 secondes.
M. Lachapelle
(Yves) : Ce n'est pas la première fois qu'on vient, ça veut dire.
Le Président (M. Hardy) : Bien, merci beaucoup. Je vous remercie
pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M.
le ministre, la parole est à vous pour 15 minutes.
M. Coiteux : O.K. Alors, merci beaucoup d'être venus
nous... Vous avez dit : Il y a une opportunité pour nous, là, de présenter un certain nombre de recommandations parce que ce n'est pas souvent qu'on revoit aussi en profondeur
les lois municipales. Donc, vous étiez bienvenus et vous êtes bienvenus, puis c'est
une très bonne idée d'être venus
justement nous présenter ces positions.
Ceci
dit, je vais vous poser des questions de quelqu'un qui n'est pas un expert, là,
du domaine de la forêt puis de l'approvisionnement forestier, juste pour
essayer de comprendre un petit peu plus c'est quoi, la problématique que vous cherchez et que vous nous recommandez de
résoudre d'une façon particulière. Comment ça fonctionne, à l'heure actuelle puis pourquoi, à l'heure actuelle, la
façon dont ça fonctionne puis la responsabilité des villes et des MRC...
en quoi ça empêche la forêt privée de devenir un fournisseur plus important de
l'industrie?
Le Président
(M. Hardy) : M. Gagnon.
M. Gagnon
(Pierre-Maurice) : Oui. Je vais vous apporter seulement un exemple.
Quand on parle que la réglementation devrait
être faite, là, pour l'abattage au niveau de la MRC, prenons le cas d'un
propriétaire qui a, je ne sais pas, sept, huit, 10 lots à bois, on
parle de même nous autres. Puis ça, c'est assez fréquent. Puis souvent que le
même propriétaire a plusieurs lots dans
plusieurs villages, mais dans la même MRC. Ça fait qu'à un moment donné, là, ça
devient, là... du côté pratique, quand tu
arrives pour exploiter la forêt, là, cette municipalité-là a telle
réglementation, l'autre en a une telle. Déjà là, c'est compliqué.
Ça
fait que, si la réglementation est uniforme au niveau de la municipalité, c'est
plus facile à gérer et, à un moment donné,
je vais vous dire une chose, ça viendra aussi que les réglementations au niveau
de 80 MRC, je ne sais pas comment qu'il y en a, là, peut-être que
ça se parlerait plus ensemble, ça serait plus uniforme et plus facile à gérer
pour moi.
Moi,
je vous parle de même, là, comme propriétaire forestier qui a des lots aussi
dans pas les mêmes municipalités, et
on en a beaucoup, des propriétaires de même parce que nos propriétaires
forestiers, souvent, on en a 134 000 au Québec, mais il y en a qui ont seulement un lot, deux
lots, tu sais, il n'a pas de problème, un boisé qu'on appelle ou deux
boisés. Un boisé, ce qu'on appelle chez nous, c'est 100 acres. Mais on a
beaucoup de grands propriétaires, mais beaucoup de moyens propriétaires. Dans
des régions comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
l'Abitibi, la Gaspésie, des gars qui ont huit,
10, 15 lots à bois, là, regardez, là, ce n'est pas... c'est fréquent. Ça
fait que ça, là, ça aiderait beaucoup, M. le ministre.
Le Président
(M. Hardy) : M. Côté.
M. Côté (Marc-André) : Oui.
J'ajouterais qu'il est important de noter que nous ne sommes pas contre la
réglementation municipale sur la protection du couvert forestier, elle était
nécessaire. Au début de ma carrière, il y en avait très peu, et puis là ça s'est accentué avec
le temps. Au départ, c'était pour empêcher ce qu'on appelait les coupes abusives. Dans le langage courant, on parlait de
pilleurs de lots : quelqu'un qui achetait un droit de coupe chez
quelqu'un ou achetait le lot, le rasait et
le revendait. Ça avait un impact sur le paysage, et l'État et tous les gens qui
interviennent en forêt privée ont dit : Il faut mettre un frein à
ça. Et les municipalités ont adopté des règlements.
Ces règlements se sont complexifiés avec le
temps, et cette complexification des règlements a mené à une réglementation à plusieurs endroits, qui crée des
anomalies par rapport à science forestière. C'est-à-dire qu'un ingénieur
forestier qui regarde le règlement
dit : Ce n'est pas compréhensible d'un point de vue forestier, c'est un
non-forestier ou un non professionnel forestier qui a dû écrire le
règlement, et, forcément, c'est souvent le cas, et donc ça permet un niveau
d'incohérence. Et, de l'autre côté, si elles deviennent de plus en plus
restrictives, les réglementations, à un moment
donné, on peut couper du bois, mais il n'y a plus de rentabilité à faire cette
opération. Donc, il y a des seuils qu'on peut atteindre où on peut
récolter le bois de façon rentable, et à un moment donné on n'a plus ce
seuil-là, on n'a plus ce seuil-là.
Et là les
réglementations n'empêchent jamais un gars d'aller chercher son bois de
chauffage dans son boisé, mais on ne
parle pas de ça actuellement. On parle de boisés qui sont mis en production
pour... enfin, on fait pousser des forêts, et l'État intervient massivement pour accompagner les propriétaires, pour
dire : Moi, je veux qu'on plante des arbres ou qu'on aménage les forêts pour qu'on puisse les récolter
un jour. Et on arrive à ce jour, et là il y a une autre constituante de
l'État qui vient et dit : Bien, tu ne
peux pas vraiment les couper nécessairement, là, ou, de la façon que tu les
coupes, on n'a pas la rentabilité à aller faire ces opérations
forestières là. Notre... Oui, oui?
Le Président (M. Hardy) :
Voulez-vous... oui.
M. Côté
(Marc-André) : Peut-être juste terminer en 10 secondes en disant
que, lorsqu'on regarde les MRC, les réglementations
sont beaucoup plus logiques. Au niveau de la protection du couvert forestier,
on intervient uniquement sur cet élément-là, et je n'aborde pas du tout
les autres domaines, là, de compétence des municipalités, là. Donc, c'est
spécifiquement sur ce point-là.
M. Coiteux :
Dans le moment, juste pour que je comprenne bien, il y a des réglementations
municipales puis il y a une réglementation de la MRC, les deux se
superposent. Il n'y a pas de hiérarchie?
Le Président (M. Hardy) :
M. Côté.
• (18 h 20) •
M. Côté
(Marc-André) : Actuellement, on a trois cas de figure. Les
municipalités peuvent dire : Je
laisse la MRC adopter le règlement.
Ils peuvent tous le laisser. On a le cas de figure où la MRC dit : Je ne
m'en mêle pas, et c'est les municipalités locales qui adoptent les
règlements, qui peuvent varier ou être semblables d'une municipalité à l'autre.
Et on a le troisième cas de figure où la MRC
adopte un règlement, mais il y a des municipalités qui disent : Bien,
moi, je m'en dissocie. Donc le règlement régional, de la MRC, couvre les trois
quarts, par exemple, des municipalités de son territoire,
et il y en a un autre quart qui dit : Non, moi, je veux avoir un règlement
plus sévère ou moins sévère. Donc, les municipalités et les MRC ont le
même pouvoir. Donc, entre elles, elles doivent s'entendre sur qui fait quoi et
elles peuvent se dissocier une et l'autre ou
elles peuvent dire : On laisse la MRC faire le règlement, puis, quatre ans
plus tard, un nouveau conseil municipal dit : Non, non, moi, je me
dissocie de ça, je veux avoir un règlement plus sévère.
Ça fait que
c'est pour ça qu'on a de la difficulté à suivre ça, là. Ça entraîne un niveau
phénoménal de réglementation qui est
impossible à suivre, même au niveau régional. Donc, c'est principalement ça, le
problème qui survient. Donc, on n'a vraiment rien contre le pouvoir
municipal d'aborder ça, mais on dit : Pour plus de cohérence, le règlement
devrait être à l'échelle de la MRC.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Pour combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Hardy) : Huit
minutes.
Mme Vallières :
Ah! merci beaucoup. Merci à l'avance de votre présence. Étant originaire de la
région de l'Estrie, comté de
Richmond, je connais sensiblement bien le dossier des propriétaires forestiers
privés que je rencontre à chaque année
d'ailleurs. Et ce qu'il faut faire comprendre aux collègues, je pense que c'est
tout l'apport économique potentiel pour lequel vous plaidez, en fait, de par l'allègement réglementaire ou
l'allègement des restrictions ou des règlements à suivre, mais aussi
dans la façon d'opérer.
Ce que je
cherche à savoir, par contre, c'est comment cet allègement que vous proposez,
en l'amenant dans la main des MRC, va
faire en sorte que les propriétaires forestiers vont vouloir exploiter
davantage parce qu'on sait que, dans certaines
situations, oui, certaines personnes se disent : C'est trop compliqué,
puis ils ne me permettent pas d'abattre. Ça fait que je laisse aller, puis je ne m'en occupe pas, puis ça reste là, et
donc, là, on a des entreprises, dont la Domtar, là, dans la région où je suis, dans le comté de Richmond, qui,
elles, pourraient bénéficier justement d'apport de bois de proximité
puis finalement qui doivent aller de plus en
plus loin pour aller chercher cet apport de bois supplémentaire. Mais
comment le fait que d'alléger le processus ou la réglementation va être un
incitatif direct pour l'exploitant forestier à sortir le bois, finalement, de
vos lots?
Le
Président (M. Hardy) : M. Côté.
M. Côté
(Marc-André) : Vous employez le terme «alléger». Dans certains cas,
les règlements vont être tout de même
restrictifs au niveau de la MRC, si, mettons, le gouvernement retiendrait notre
proposition. La seule chose, c'est qu'il va y avoir une discussion qui va s'installer entre les acteurs du secteur
forestier et les élus municipaux à cette échelle-là. Et donc on pense
que les règlements vont avoir une meilleure cohérence.
Vous
faites mention, là, de la... Ce n'est pas uniquement le règlement, là, qui fait
que les gens vont nécessairement s'engager dans la production
forestière, vous avez raison. L'État québécois, depuis 50 ans, a pris la
décision par multiples politiques de dire : Moi, je veux que la forêt
privée soit mise en valeur pour alimenter une industrie de la transformation du
bois. Et il y a des programmes, enfin, il y a une panoplie d'interventions
gouvernementales pour soutenir cette activité-là.
Et actuellement on
est devant vous pour corriger un engrenage de toutes les interventions de
l'État qu'on dit : Il y a quelque chose
qui cloche ici. Et, quand on corrige chacun de ces engrenages-là, par exemple,
le gouvernement, l'année dernière, a
apporté des mesures au niveau de la fiscalité des propriétaires forestiers,
c'était un autre engrenage, donc, nous, l'idée, là, c'est que tout tourne mieux, là. Et, à chaque fois qu'on
corrige un élément, il y a de plus en plus de propriétaires qui peuvent
s'engager dans la production forestière. Mais ce n'est pas un élément qui fait
que, tout d'un coup, il y a 25 000
propriétaires qui s'engagent dans la production forestière. C'est vraiment
toute une série de mesures qui font que les gens développent cette
activité-là sur leur propriété.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Richmond.
M. Côté
(Marc-André) : Je ne sais pas si j'ai répondu bien à votre question,
là.
Mme Vallières :
Oui.
Le Président
(M. Hardy) : Oui O.K., M. Lachapelle.
M. Lachapelle (Yves) : J'aurais juste voulu signaler une chose. On
travaille avec le ministre des
Forêts, de la Faune et des Parcs actuellement
à essayer de mobiliser le bois de la forêt privée. Puis des exercices comme ils
ont été faits dans l'Estrie, là, de
réunir tout le monde puis d'identifier qu'est-ce qui freine la mobilisation des
bois puis qu'est-ce qui pourrait être facilitant, la question de la
réglementation municipale revient constamment, constamment parce que... On a
des propriétaires qui ont changé. Ce n'est
plus des agriculteurs aujourd'hui, c'est des cols blancs, c'est des députés,
c'est des professionnels qui ont des lots à bois. Et là on a une
démarche à faire auprès d'eux, et, lorsque ça devient un peu trop compliqué, là, parce que là c'est... on a... Oui,
vous allez vous engager dans un plan d'aménagement de foresterie
durable. Donc, il y a vraiment une démarche d'assurer la durabilité,
l'aménagement des forêts. Vous allez avoir un statut de producteur puis vous
allez vous engager dans des actions.
Et
puis après ça s'ajoute la couche de réglementation municipale, qui peut être
variable, là. Et c'est cette approche-là, pour arriver avec une réglementation
municipale bien adaptée aux valeurs de la société de la région, au niveau de la MRC, c'est quelque chose qui se fait
très bien parce que ce qu'on a, on a les gens des différentes municipalités
locales qui sont au sein de la MRC et on
peut voir comment on aurait une approche qui rencontrerait les objectifs de
la région tout en ne freinant pas
inutilement la production de bois. En tout cas, c'est la réalité que vous vivez
en Estrie. Et je sais qu'en Estrie depuis plusieurs années Domtar fait
énormément d'efforts pour essayer justement de conscientiser l'ensemble des
intervenants aux solutions qui feraient que, oui, on mettrait en valeur le bois
qu'on a planté depuis les années 60, là.
Le
Président (M. Hardy) : Mme la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Donc, vous me dites qu'il y a des propriétaires de forêt privée qui sont des
députés, qui exploitent, je suis
vraiment contente pour eux autres qu'ils aient le temps de le faire. Sinon, je
comprends vos préoccupations, qui sont
fort importantes, justement, pour l'économie de plusieurs régions puis pour
l'économie de la transformation aussi, que l'on tente de maximiser en autant que possible. Est-ce que c'est la
place dans le projet de loi n° 122? Je pose la question. J'ai bien entendu dès le départ que vous
saisissiez l'opportunité de vous faire entendre. Donc, c'est ce que je retiens.
Reste à voir pour les suites, mais contente
que vous ayez pu l'exposer, de savoir que vous travaillez aussi avec notre
collègue ministre.
Le
Président (M. Hardy) : M. Côté.
M. Côté (Marc-André) :
Oui. En fait, au départ, notre intention, c'était de bien intervenir au niveau
de la révision de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, qui avait été déposée par le ministre Lessard
dans le gouvernement Charest, là, à
l'Assemblée nationale, et on était rendus à l'étude article par article de
cette loi. Et on espérait, depuis ce moment-là, depuis que le projet de
loi est mort au feuilleton, qu'il renaisse et qu'on puisse intervenir. Les
indications qu'on a du gouvernement, c'est
que le projet de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, tel qu'il avait été
déposé à l'époque, ne sera pas
redéposé à courte échéance. Et c'était notre raison pourquoi, lorsqu'on a vu le
projet n° 122, qui, pour nous, revêtait un peu un caractère un omnibus,
là, dans le sens qu'il touche quand même à beaucoup de lois du milieu
municipal, si ce n'est toutes les lois du milieu municipal, là, donc nous, on
croyait que c'était à propos de venir vous rencontrer. Mais, c'est ça, nous, on
fait des recommandations.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Côte-du-Sud, il vous reste 1 min 10 s.
M. Morin :
Oui. Merci, M. le Président, j'en ai assez. Simplement, on parle de meilleure
cohérence, mais vous connaissez
l'expérience de la MRC de Montmagny, L'Islet, Bellechasse, qui ont un seul
règlement, et que c'est un ingénieur forestier
qui l'a établi, et que c'est lui fait l'administration de ce... Ce n'est pas
parfait, mais c'est trois MRC ensemble qui ont décidé qu'ils géraient la forêt privée. Mais je peux vous dire aussi
qu'il y a des côtés moins bons parce qu'il y a des municipalités qui veulent se retirer, mais les MRC
ont décidé : Non, ne vous retirez pas. Donc, il y a une certaine
emprise de la MRC. C'est des délégations de pouvoirs, mais ça existe chez nous.
M. Gagnon
(Pierre-Maurice) : C'est justement...
Le
Président (M. Hardy) : M. Gagnon, en 20 s.
M. Gagnon
(Pierre-Maurice) : Oui. On savait qu'il y avait cet exemple-là, là,
puis c'est justement ce qu'on vous a dit tout à l'heure, là. À
l'intérieur des MRC, il y a des ingénieurs forestiers qui sont soumis à un
autre... comme vos ingénieurs forestiers, ça fait que c'est comme cohérent. Ça
fait que ça, c'est un bel exemple. Ça fait que c'est pour ça qu'on voudrait l'encadrer dans une loi parce que
dans le cas des municipalités, ils ne peuvent pas engager un ingénieur
forestier, là, quand ils sont 700, 800 personnes, là, regardez. Ça fait
que c'est ça. Ça fait que vous avez compris, c'est dans ce sens-là.
• (18 h
30) •
Le Président (M. Hardy) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Le temps du côté gouvernemental est terminé.
Je cède la parole du côté de l'opposition officielle. M. le député de Bonaventure,
vous avez neuf minutes.
M.
Roy : Merci, M. le Président. Mes salutations à M. le ministre
et son personnel. Bonjour, MM. Gagnon, Côté, Baril et Lachapelle. Bon,
on s'est rencontrés à plusieurs occasions.
Écoutez, votre
mémoire est extrêmement important pour des enjeux de, je dirais, développement
économique régional, mais ça va plus loin
que ça. C'est sûr que d'arriver à arrimer et à trouver une réglementation, un
environnement normatif qui favorise la
mobilisation des bois, comme vous appelez ça, aller chercher le bois sur des
terres privées, un environnement fiscal qui donne le goût aux
propriétaires d'aller couper du bois, ça ne peut être que bénéfique pour
l'ensemble des régions du Québec. Ça, on s'entend là-dessus. De transférer
l'environnement normatif aux MRC, de demander
un taux de taxation au gouvernement, c'est aussi quelque chose qui est dans les
livres puis, je dirais, dans vos propositions depuis longtemps.
La
question, c'est... là, le principe de la résidualité. Hein, on a déjà entendu
parler de ça. M. le ministre, vous devez connaître ça, c'est... dans l'industrie forestière, on doit prioriser, à
quelque part, le bois des forêts privées en premier et, par la suite, aller sur les terres publiques. Mais,
bon, il faut mobiliser le bois aussi sur les terres privées. Par contre, on
est dans un enjeu actuellement qui est
extrêmement important, c'est celui des négociations avec les Américains sur le
bois d'oeuvre. Le bois des forêts
privées, c'est quelque chose qui, théoriquement, ne devrait pas être taxé ou ne
devrait pas être considéré comme subventionné. Et là on a une poignée et
un argumentaire, en tout cas, moi, le mémoire que je vois-là est très
intéressant pour ça. Est-ce que — puis là je pose la question, je ne sais
pas qui va répondre — cette
démarche-là ne viendrait pas donner d'argumentaire dans les négociations avec
les Américains pour dire : Regardez, nous, on fait des efforts pour aller chercher le bois sur des terres privées pour vous
démontrer qu'on a patte blanche et qu'on n'est pas subventionnés?
Le Président (M.
Hardy) : M. Lachappelle.
M. Lachapelle (Yves) : Oui, vous savez... Merci, M. le Président. M. Roy,
vous savez que, dans la plainte que les Américains ont formulée contre
le Canada, les programmes de forêts privées sont actuellement sous examen. Ça
fait que ça, c'est clair que d'être sous examen, ça ne veut pas dire qu'il va y
avoir des conséquences de cet examen-là.
La forêt privée, dans les guerres
commerciales précédentes, a souvent été reconnue comme une source qui
était... bien, reconnue par les Américains
parce que le gros problème des Américains dans le dossier du bois d'oeuvre,
c'est que les forêts, ici, sont
publiques, sont gérées par le gouvernement. Et, dans la mentalité américaine
lorsque que le gouvernement se mêle
de quelque chose, il y a des subventions. Les Américains donnent des
subventions de façon différente mais, pour eux, le fait que... c'est la propriété publique qui est vraiment contestée de
la part des Américains. Donc, forêt privée, au départ, très positif dans
le dossier américain. Là, il faut attendre le résultat de l'examen qui est en
cours.
Le
Président (M. Hardy) : M. le député de Bonaventure.
M. Roy : Est-ce
que, bon, les amendements que vous proposez pourraient donner un argumentaire
supplémentaire pour dire : Regardez, on
travaille très fort à mobiliser les bois des forêts privés, on crée un
environnement normatif, fiscal, pour
créer de la cohérence, pour stimuler l'approvisionnement et, par ricochet,
bien, augmenter les parts de bois privé dans les moulins?
Le
Président (M. Hardy) : M. Côté.
M. Côté
(Marc-André) : Bien, moi, ce que je voudrais dire, c'est que, si
l'ensemble de la forêt canadienne était privée, je ne pense pas que les Américains auraient la même prise sur
nous dans ce dossier-là. On l'a vu dans la dernière négociation, les Maritimes ont réussi à obtenir
une exemption en démontrant que la majorité de leur approvisionnement provenait de forêts privées. Puis Yves a mentionné
qu'ici également, là, il y a des scieries frontalières qui s'approvisionnaient
principalement en forêts privées qui ont réussi à bénéficier d'une certaine
exemption. Donc, ça, c'est une chose.
Mais, avant les Américains, je crois
que ce qui est important, c'est que... Pour l'industrie, dans le fond, c'est
la sécurité des approvisionnements qui est importante. Et beaucoup de ces usines-là
sont dans le sud du Québec, dans le territoire de la forêt privée, et on doit
trouver une façon de mettre plus à profit ce territoire-là pour le
développement économique. Ça ne veut pas
dire du tout qu'on se met à bûcher la forêt privée au détriment des autres
fonctions de la forêt. En fait, les
propriétaires eux-mêmes ne veulent pas ça. Quand on fait des sondages auprès
des propriétaires, les propriétaires disent : Moi, j'ai mon boisé
de mes parents, j'espère le transmettre à mes enfants. Donc, déjà, il y a une
valeur de patrimoine qu'ils ne veulent pas
dilapider. Et la majorité des propriétaires, la très vaste majorité
disent : Moi, j'utilise mon boisé
pour plein de choses, pour les loisirs, pour un revenu d'appoint, pour faire du
sirop d'érable, pour la chasse ou rien que pour le plaisir d'être
propriétaire.
Donc,
je pense que c'est important de mentionner ça ici, de mentionner que la forêt
privée est certainement une solution,
une solution, ce n'est pas la seule, dans les conflits qu'on a avec les Américains.
Puis la forêt privée ne pourrait pas subvenir à tous les besoins de
l'industrie, les besoins en bois. Mais elle peut faire plus, ça, c'est sûr et
certain.
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Bonaventure.
M.
Roy : J'avais compris ça, là. J'avais très bien compris qu'il
n'est pas question de plumer tous les lots privés à blanc. J'essaie
juste de soutenir un argumentaire qui pourrait être positif par rapport aux
demandes.
Quelles
sont les positions des municipalités actuellement par rapport à vos
propositions? Excusez l'expression, est-ce qu'on perce des dents?
Le Président (M.
Hardy) : M. Gagnon.
M. Gagnon
(Pierre-Maurice) : On ne perce pas de dents. Au niveau de la FQM, puis
après ça... Je pense qu'il y a de l'ouverture.
Au niveau de la FQM, là, regarde, le monde... Au niveau de l'UMQ, on les a
rencontrés la semaine dernière, ça a comme été un peu plus difficile.
Mais, moi, des affaires faciles, je n'aime pas ça, là. J'aime autant que ce
soit plus difficile, puis, quand la victoire est obtenue, le gain est obtenu,
regarde, on est bien heureux.
Puis
là, M. le député, à vos questions, pour moi, vous êtes peut-être un
propriétaire aussi. Vous avez l'air à aller plus loin dans les
questions. Je ne sais pas si je me trompe, mais, en tout cas... Ça fait que,
regardez, c'est ça, là...
Une voix :
Ce n'est pas lui que je visais tantôt, là.
M.
Gagnon (Pierre-Maurice) : Non? On a une belle relation. C'est des
choses qu'on a... c'est des arguments qu'on
a amenés beaucoup au monde municipal de par la FQM, puis il y a une bonne
réception de ce côté-là. Ça fait que ça, là, je vous le dis, c'est
positif. On va continuer là-dedans.
M. Roy :
Si on a une bonne réception au niveau des municipalités, les MRC ne doivent pas
être contre, théoriquement, hein?
M.
Gagnon (Pierre-Maurice) : Non. En général, non, non. C'est sûr qu'il y
a toujours des petites chapelles. Vous savez
comment est-ce que c'est, là, des fois. Mais, en général, là, regarde, je pense
qu'on va avancer là-dedans. L'UMQ, bien,
regardez, c'est la première fois qu'on les rencontrait la semaine dernière. Ils
sont arrivés comme un cheveu... comme là,
là, les petits gars de la forêt privée, mais on est quand même 134 000,
là. Ça fait que, regarde... Puis ce qu'on disait, là, à un moment donné,
la réglementation, là... Je pense que mon temps est écoulé.
Le Président (M.
Hardy) : Non, c'est beau.
M.
Gagnon (Pierre-Maurice) : Non? Ce qu'on disait, la réglementation, là,
quand on vous a parlé aussi d'un taux distinct,
là, on a bien dit sur des forêts privées aménagées, là, tu sais, qu'il n'y
a pas trois propriétaires, puis là il y a des subventions puis des
programmes là-dedans, puis il y a des contraintes aussi, là. Là, c'est rendu
que le gars, il dit : Bien là, je fais-tu reboiser? Je ne reboiserai plus,
là. Tu sais, à un moment donné, ceux-là qui ne sont pas aménagés, regardez, là,
c'est correct aussi. Ça fait que c'est pour ça qu'on est prêts... on est
ouverts à faire la part des choses.
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Bonaventure, et j'ai monsieur...
M. Côté
(Marc-André) : Et les propriétaires, eux, sont pour ça.
Le Président (M.
Hardy) : M. Côté.
M. Côté (Marc-André) : En fait, les
propriétaires... Puis je pense, M. Baril, vous vouliez avancer quelque chose.
Mais je veux simplement, là...
M.
Roy :
Une voix : ...éclaircir
ce point-là. Je pense que c'est important.
M.
Côté (Marc-André) : Oui, O.K. Bien, les propriétaires... Je veux dire,
moi, je suis un peu le département des plaintes
des propriétaires forestiers, là. Je reçois des courriels, des appels, tout ça,
là. Il y a plus qu'un département des plaintes,
là, à voir votre sourire, M. Morin, là, mais le... Et, au niveau des
réglementations municipales, je reçois un peu, là, les cas les plus problématiques, là. Donc, écoutez, je pense que les
propriétaires sont prêts à dire : Moi, je veux préserver mon boisé, mais, à un moment donné... répondre aux
exigences de la société par les boisés, mais j'ai également un droit de
propriété chez moi. Et ça, je ne sais pas, là, quand j'en parle, on dirait que
je retourne dans des concepts lointains, là, mais
c'est quand même quelque chose qui devrait encore exister dans notre société,
le droit de propriété. Donc, les gens sont prêts à rendre des services
pour la société avec leur boisé, mais ils veulent quand même pouvoir encore
décider quoi faire chez eux. Merci.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup, merci beaucoup. Maintenant, je
cède la parole au deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Blainville, pour six minutes.
M. Laframboise : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je veux commencer par... J'ai été
président de l'Union des
municipalités du Québec, donc je peux vous... D'abord, d'entrée de jeu, je vais
vous parler de votre deuxième mesure par rapport à une catégorie d'immeubles, là, selon la loi sur l'aménagement,
mais évidemment une catégorie d'immeubles pour des fins de fiscalité municipale, là. Donc, ce que vous voulez... Vous
savez que les agriculteurs demandent la même chose. Les terres agricoles
devraient... Le problème, c'est le revenu des villes, là. Le principal revenu
des villes, c'est la taxation. Puis votre problème, c'est que, quand vous
revendez vos terrains, ils se vendent très cher, là. Vous avez du marché pour ça, là. Donc, ce n'est peut-être pas
nécessairement toujours des propriétaires de boisé qui achètent, là,
mais il y a beaucoup de citoyens des villes.
Moi, je viens de Blainville, je suis
certain qu'il y en a qui courraient... si vous mettiez vos
terres à vendre, il y a quelqu'un qui va les acheter, là.
Donc,
à quelque part, c'est
ça, le problème de l'évaluation foncière, c'est que, quand ça se paie ce prix-là, bien, tu paies tes taxes sur le prix que c'est vendu, puis c'est ça,
la valeur. Je comprends que vous voulez... les agriculteurs l'ont demandé. Je
ne pense pas qu'on soit encore rendus
là, mais je veux vous entendre, là. Je
comprends qu'il y a
un problème par rapport à ça, mais il faut que vous sachiez aussi que la
valeur est là, là. Vous les revendez demain matin, vos terres, là... Moi, je suis notaire de formation, là, puis j'ai
vu des propriétaires forestiers acheter des terres pour les revendre plus
cher une fois que le boisé était coupé parce que
les chemins étaient faits puis, bon, les chasseurs avaient bien du fun là-dessus, là. Donc, il faut faire attention aussi, là, par rapport à l'évaluation municipale. Est-ce
que je peux vous entendre là-dessus?
• (18 h 40) •
Le Président (M.
Hardy) : M. Côté.
M.
Côté (Marc-André) : Bien, en
fait, tu sais, c'est vrai, là, si j'étais un commerçant de terre à bois, je
vous dirais... mes affaires iraient bien. C'est-à-dire que j'achèterais
des terres, je les vendrais, puis il y aurait des... Mais là on ne parle pas de
ça. Là, on parle de dire : Il y a un territoire privé au Québec qu'on veut
utiliser pour approvisionner une industrie forestière, et, si tout le monde devient chasseur
et dit : Moi, j'utilise mon boisé pour faire uniquement de la
chasse, ça va amener peut-être un certain niveau de retombées, mais ça va également
faire tomber des usines de produits forestiers qui vont cesser d'investir ici.
M. Laframboise : Sauf que, présentement, le revenu des villes est basé sur l'évaluation foncière. Donc, le marché est là. Je ne vous dis pas que vous
n'avez pas raison de demander ce que vous demandez, là. C'est que, tant et
aussi longtemps que la fiscalité municipale est toujours
basée sur les évaluations foncières, à moins... C'est parce que, sinon, ce serait une aide des citoyens municipaux. C'est-à-dire qu'une fois que tu crées
un taux différencié ou tu réduis la valeur pour des fins d'aide à l'entreprise forestière, ce seraient les citoyens
payeurs de taxes municipales qui financeraient l'industrie. C'est ça que je veux vous dire tout simplement,
là. Sinon, il y a d'autres moyens au gouvernement pour vous aider, c'est
ça que je veux vous dire, comme, exemple,
les agriculteurs se font rembourser une partie de leurs taxes municipales,
puis c'est le gouvernement... Vous avez vu
ce que ça a fait, là. Il y a eu tout un débat, là. Je suis certain que vous
avez suivi ça, là. Donc, par rapport
au remboursement des taxes, c'est comme ça que ça fonctionne, sinon ce sont les
citoyens municipaux qui vont vous aider et qui vont vous subventionner.
Le Président (M.
Hardy) : M. Côté.
M.
Côté (Marc-André) : En fait, il y a plusieurs choses. Premièrement,
les propriétaires forestiers sont également des citoyens municipaux qui
vivent dans les municipalités, qui ont des maisons, qui vivent et qui, donc,
vont subir la conséquence de qu'est-ce qu'on propose, là. Donc, eux-mêmes vont
subir.
Et,
deuxièmement, nous, on parle des boisés aménagés. Les boisés qui ne sont pas
aménagés, là, pourraient, par exemple,
être taxés pour le différentiel qui est accordé aux boisés aménagés, mais cette
activité-là, là, va bénéficier aux municipalités de pleine façon, là.
Si, dans un village, il y a un quart de plus de travail à la scierie, bien, la
scierie va embaucher du monde, il va y avoir plus de monde dans la
municipalité.
Donc
là, si vous ne le regardez rien que sous le morceau de revenus de la
municipalité liés aux taxes et aux boisés, c'est insuffisant. Je pense qu'il faut vraiment regarder toute la
percolation, là, de l'activité économique qui va être générée dans un milieu rural, où, vous le savez,
l'industrie forestière est une source de développement de ces municipalités-là
à bien des endroits au Québec, puis, incidemment, là, d'ouest en est puis du
nord au sud, là. Mais on comprend puis...
Le Président (M.
Hardy) : M. le député de Blainville.
M. Laframboise : Oui. C'est ça. Ça
va m'amener à votre première recommandation, qui est d'avoir une réglementation unique. Je ne suis pas contre puis
j'ai aimé l'intervention du député de Côte-du-Sud, là, qui, bon, donnait
l'exemple où il y avait... parce que c'est
un pouvoir délégué. C'est-à-dire que les MRC peuvent se le donner présentement.
On n'a pas besoin de l'imposer. Donc, ça a été fait dans cette région-là.
Si on
l'impose, O.K., moi, je suis dans les Laurentides puis, avant, j'étais en
Outaouais, très touristique, comprenez-vous,
là, pas sûr que la réglementation régionale qui va sortir de là, ça va être
bien favorable. Si vous avez de plus en plus de préfets élus au suffrage
universel, la réglementation, ceux qui... Tu sais, là, vous ne serez pas...
Vous comprenez, là, parce qu'à quelque part la réglementation, elle ne sera pas
uniforme, elle va être encore MRC par MRC.
Moi, dans la MRC de Papineau, où j'étais préfet,
après que j'ai été parti, là, il est arrivé toute la gestion des paysages sensibles. Donc, évidemment, le secteur
forestier a été touché, là, de façon énorme, là. Donc, on a créé la
gestion des paysages sensibles. Évidemment, ça vous a empêchés de couper du
bois, là, pratiquement tout ce qui était visible des routes, là.
Donc, tu
sais, ça, là, je comprends ce que vous voulez. Vous voulez une réglementation
uniforme, là, mais il faut être conscient aussi qu'il peut y avoir des
inconvénients. Ça, je pense que vous êtes conscients de ça.
Le Président (M. Hardy) :
Monsieur...
M. Côté
(Marc-André) : Et ce que j'ajouterais : Nous, là, on cherche une
place pour dialoguer avec le milieu municipal.
Ce qu'on vous dit, c'est qu'actuellement la façon que c'est constitué, c'est
difficile d'avoir cette discussion-là à
1 000 endroits. Puis, dans les Laurentides, la réglementation régionale
risque encore d'être très contraignante pour la production forestière. Ça ne changera rien. Les acteurs en place ou les
forces en place vont demeurer, mais il va y avoir une discussion qui va
se faire de façon, à mon avis, là... Bien, il va y avoir une discussion, une
discussion que peut-être actuellement on n'a pas. Ça fait qu'on n'a pas la
prétention de croire que les MRC, tout d'un coup, ça va être des réglementations, là, de bord en bord, là, qui vont
permettre, là, les coupes forestières, là, comme dans le bon vieux
temps. Ce n'est pas du tout ça qu'on pense.
Le
Président (M. Hardy) : Je
vous remercie. Le temps est maintenant écoulé. M. Côté, M. Gagnon, M. Lachapelle
et M. Baril, je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission
ajourne ses travaux au jeudi 16 février 2017, après les affaires courantes, où
elle poursuivra son mandat. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 46)