(Onze heures trente-sept minutes)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'aménagement du territoire ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 122, Loi
visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des
gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs
pouvoirs.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Rousselle (Vimont) est remplacé par Mme Vallières (Richmond);
M. Gaudreault (Jonquière) est remplacé par Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par Mme Jean
(Chicoutimi).
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Nous débutons avec les remarques
préliminaires. J'invite d'abord
le ministre des Affaires municipales
et de l'Occupation du territoire à
faire ses remarques préliminaires pour une durée maximale de six minutes. M.
le ministre.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux : Merci
beaucoup, M. le Président. J'aimerais commencer en saluant mes collègues de l'opposition
officielle, de la deuxième opposition,
mes collègues du côté ministériel, bien entendu, les premiers à venir à
s'exprimer sur ce projet de loi, les représentants de la ville de Saguenay, qui
sont ici aujourd'hui. Donc, merci d'être là.
Ça me fait
extrêmement plaisir, effectivement, de commencer, là, d'amorcer cette période
de consultation sur le projet de loi
n° 122. C'est un projet de loi très important. C'est un projet de loi très
important pour le gouvernement, bien sûr, parce que c'est une des
pierres angulaires, c'est un des fondements de la modernisation de nos
relations avec les municipalités qu'on met
de l'avant avec ce projet de loi, et, en même temps, je pense que c'est aussi
très important pour l'ensemble des Québécois, très important parce que,
pour la première fois, on a là un projet de loi qui reconnaît les municipalités non pas comme des créatures du
gouvernement du Québec ou de l'État québécois, mais plutôt comme des gouvernements de proximité. Et d'ailleurs c'est
dans le titre du projet de loi et c'était dans le discours inaugural du
premier ministre prononcé devant l'Assemblée
nationale en mai 2014, lorsqu'il nous a dit : Nous désirons refonder le
partenariat entre Québec et les municipalités, bannir le terme «créatures» et
envisager l'avenir sur la base de deux ordres de gouvernement qui ont leurs responsabilités propres et qui travaillent
ensemble au service du même contribuable. C'est ça qui nous guide dans
ce projet de loi n° 122.
Ce projet de
loi n° 122, et ce n'est pas une exagération, je pèse les mots, constitue
une proposition, évidemment, mais c'est la plus grande décentralisation
des pouvoirs vers les municipalités de toute l'histoire du Québec qui est proposée par ce projet de loi n° 122. C'est
un projet de loi qui change la donne en matière de relations entre le
Québec et les municipalités, des relations
qui désormais devront être basées sur la confiance réciproque, sur une relation
de partenaires et non pas de subalternes ou de père et créatures. On
change la donne par rapport à nos relations.
• (11 h 40) •
Évidemment,
ça signifie... bien entendu, «gouvernement de proximité», ça voudra dire que
les municipalités seront davantage imputables devant leurs citoyens et
moins devant le gouvernement du Québec et ses différents ministères puisque, justement,
nous travaillons en partenaires.
Le projet de loi a été présenté le 6 décembre dernier. On a accompagné cette
présentation d'une signature d'une déclaration, avec les présidents de l'Union des municipalités du Québec et de la Fédération
québécoise des municipalités, reconnaissant formellement, effectivement,
le statut de gouvernement de proximité.
Il y a
six grandes thématiques qu'on va retrouver dans ce projet de loi. D'abord, la reconnaissance des municipalités comme des
gouvernements de proximité, et c'était une demande qui nous a été faite depuis longtemps
par les municipalités, une demande qu'on a
abordée bien franchement et avec beaucoup d'ouverture dans la cadre de la Table
Québec-Municipalités. Mais c'est plus que de la symbolique. Ça dicte le ton de
nos relations pour les prochaines décennies. Il y a évidemment une série
d'articles qui concernent l'aménagement du territoire, tous visant à accroître l'autonomie des municipalités, mais dont l'une des
mesures très importantes est l'abolition des référendums en matière d'urbanisme.
Le
référendum, faut-il le dire, c'est un modèle qui n'existe
pas ailleurs qu'au Québec. Alors, on est un peu les seuls sur la planète à procéder de cette
manière-là. Nous, ce que nous souhaitons, et c'est ce que nous proposons
avec le projet de loi n° 122, c'est de permettre à chaque ville de
développer son modèle, son propre modèle en fonction de sa réalité, de ses réalités locales, de permettre,
donc, à des modèles de s'imposer, d'émerger d'abord. La fin du mur-à-mur
permet à des modèles de s'exprimer dans les
municipalités du Québec. Et évidemment, parce
que ce que les municipalités visent devant leurs citoyens, puisqu'ils sont
soumis au test électoral et à la même imputabilité, finalement,
que nous-mêmes qui gouvernons le Québec
ou qui légiférons au Québec, à l'Assemblée
nationale... bien c'est parce qu'on a des décisions à prendre en fonction de l'intérêt collectif, et
nous faisons confiance aux municipalités qu'elles vont prendre des
décisions dans l'intérêt collectif, et c'est
pour ça qu'elles doivent penser à leur propre modèle de consultation pour faire
cet équilibre entre les droits très individuels versus l'intérêt du plus
grand nombre. Alors c'est ce qu'on propose dans le projet de loi n° 122.
Il y a des
mesures qui touchent le développement économique. Certaines ne sont peut-être
pas dans le projet de loi parce que c'est toute une démarche que nous
mettons de l'avant, mais certaines sont dans le projet de loi. Ça permet donc d'attribuer les responsabilités au
palier le plus près des gens, rapprocher, donc, la prise de décision des
citoyens. Et il y a plusieurs dispositions
ici, mais je citerai que le projet de loi propose d'habiliter une MRC à créer
et administrer elle-même un fonds de développement économique. Le projet
de loi propose également une augmentation de la limite du pouvoir d'aide à
l'exploitant d'une entreprise privée jusqu'à 250 000 $.
Beaucoup de
mesures qui touchent la transparence et l'information aux citoyens. Je répète
encore une fois qu'on veut davantage
de redditions de comptes vers le citoyen et moins, bien que le gouvernement ait
son rôle à jouer, moins de redditions de comptes vers le gouvernement.
Beaucoup de mesures qui touchent la fiscalité et
les mesures municipales afin de simplifier les procédures et d'améliorer le régime de finalement municipal, des
mesures qui touchent la gouvernance et les pouvoirs de la municipalité,
notamment en matière d'engagement de crédit, où on vient abolir l'autorisation
préalable du ministre des Affaires municipales
dans certaines circonstances, une mesure très symbolique, peut-être, mais
néanmoins très importante, et elle donne le ton aussi, le pouvoir de
désaveu du ministre des Transports à l'égard des limites de vitesse décidées
par la municipalité sur son territoire,
bien, ce pouvoir de désaveu n'existera plus une fois que nous aurons, comme je
le souhaite, adopté le projet de loi n° 122.
Alors, voilà, la table est mise, et je remercie
à l'avance tous les participants qui apporteront leur apport aux consultations.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le ministre. Nous allons
poursuivre avec le porte-parole de l'opposition officielle, M. le député
de René-Lévesque, en vous rappelant que vous disposez de 3 min 30 s.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. À mon tour de vous saluer à ce retour de session. Aussi les collègues de la partie ministérielle, bien content
de vous retrouver. M. le ministre, j'en profite pour vous souhaiter un
joyeux anniversaire en retard, mais je sais que c'était en début de semaine.
Alors, joyeux anniversaire du haut de vos 30 ans. Collègues de la deuxième opposition, bonjour. Ma nouvelle recherchiste
aussi, Chantal, qui va nous accompagner, fait maintenant partie de l'équipe. Alors, Chantal Gendron a apporté toute
son expérience du monde municipal pour améliorer ce projet de loi là.
M. le ministre en a fait mention, avant les
fêtes il y a eu effectivement une annonce médiatique, une signature très
protocolaire, qui a semblé donner une envergure à ce projet de loi là. Et on
est bien conscients, à la hauteur des dispositions, que plusieurs sujets seront
abordés. Cependant, on est un petit peu déçus. On avait demandé d'avoir des
auditions d'au moins 60 minutes, et là on est à 45 minutes. Alors, on aurait
aimé avoir beaucoup plus de temps pour permettre
d'approfondir les discussions, puisque plusieurs dispositions touchent
plusieurs sphères qui touchent le monde municipal. Donc, on va manquer un peu de temps et on va manquer un peu
de temps aussi, puisque les convocations ont été faites très dernièrement, et donc même les gens de Saguenay qui sont
aujourd'hui avec nous vont nous stipuler dans leur mémoire, on n'a pas
beaucoup de temps pour préparer.
Cependant, je
souligne l'ouverture du gouvernement d'avoir permis d'entendre tout près de 45
groupes et surtout de nous avoir
permis d'entendre les gens de l'opposition officielle de la ville de Montréal
et de Québec puisqu'effectivement en démocratie il y a un gouvernement,
mais il y a des oppositions qui peuvent avoir une opinion. Alors, on remercie
de cette ouverture-là.
Je le disais
tout à l'heure, il est bien épais en termes de dispositions, mais, à la lumière
des discussions qu'on a eues,
certains secteurs du monde municipal le trouvent bien mince en termes de
décentralisation. Et, dans certains cas, on peut voir une autonomie à effet recul dans le projet de loi en question,
et je m'explique. On met plusieurs dispositions pour donner de la latitude aux municipalités, mais, si
ça ne se fait pas à l'intensité ou au goût du gouvernement, notamment en
ce qui a trait aux articles sur la politique
d'information, de consultation ou dans le cas des avis publics, bien, par
règlement, on peut mettre des contraintes supplémentaires. Donc, on a un petit
peu l'effet recul de l'autonomie de ce côté-là.
Je salue
cependant la pertinence d'apporter beaucoup plus de reddition de comptes auprès
des citoyens. On veut une démocratie efficace, on veut une démocratie
efficiente, et la meilleure façon de l'obtenir, c'est effectivement de donner l'ensemble des moyens à la population de
questionner les décisions et d'obtenir une reddition de comptes plus efficace. Alors, ça, je salue ça parce qu'il y a
plusieurs mesures qu'on va adopter pour lesquelles on va être d'accord
pour améliorer le rôle démocratique.
Nous aurons plusieurs préoccupations,
notamment en ce qui touche les référendums, la réforme réglementaire aussi permettant d'autoriser l'utilisation de
l'eau à des fins d'agriculture sans autorisation de la CPTAQ, l'augmentation
des sommes d'aide directe aux entreprises,
l'opportunité de permettre des gré à gré dans le monde municipal en bas
de 100 000 $ et surtout la diversification des sources de revenus.
Donc, en mode collaboration, M. le Président, mais présentement en mode
questions. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de René-Lévesque.
Maintenant, au tour du député de Blainville, porte-parole de la deuxième
opposition, pour 2 min 30 s.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Oui, merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, collègues du
parti gouvernemental, de l'opposition officielle.
M.
le ministre, c'est un projet de loi important, et, pour moi, les audiences
préliminaires qui entendront les témoins seront des plus importantes.
C'est vrai que c'est un changement qui est demandé depuis des décennies par le
milieu municipal, mais il faut avoir un
souci aussi de voir si le citoyen, à la fin de l'exercice, va être gagnant. Et
ça, évidemment, ce sera la position qu'on entreprendra, nous, comme
parti politique tout au long de cette commission parlementaire.
Il
y a des changements importants, l'abolition, entre autres, des référendums dans
tout ce qui est aménagement du territoire,
permettre aux municipalités de cautionner des coops de solidarité sociale qui
peuvent engager les fonds de la municipalité,
les avis publics qui vont être changés, donc la publication qui est modifiée,
donc que ça ne sera plus un avis public
qui obligatoire dans les médias locaux, donc il y aura des intervenants qui
viendront nous solliciter par rapport à ça. Par la suite, il y a l'augmentation du pouvoir général de taxation.
Donc, les municipalités pourront être créatives. Donc, il faudra voir
quel genre de création ils pourront faire. Les redevances, bon, les redevances
de développement, la clause Gatineau, qui
est appliquée à toutes les municipalités du Québec. Donc, il y aura tout un
nouveau principe de redevances qui
sera permis. On abolit le plus bas soumissionnaire, donc, évidemment, dans
certaines parties des contrats qui peuvent donner avec... par les villes. On change ça par un système de
pondération puis d'évaluation des offres, donc un système de pointage plutôt que le plus bas
soumissionnaire. C'est important d'essayer de faire comprendre à la population
qui nous écoute que ce sera plus avantageux pour elle. Les règlements
d'emprunt qui ne seront plus soumis, pour certains, à l'approbation,
évidemment, soumis aux référendums ou aux ouvertures de registres, et tout ça,
donc, oui, c'est vrai que ça facilite, mais
il faut essayer de faire comprendre aux citoyens l'avantage qu'ils ont dans ces
mesures-là. Le droit de mutation
immobilière qui va être augmenté parce qu'on permet l'indexation. Vous savez
toute la contestation du droit de mutation immobilière au Québec, et
plein d'autres choses. Donc, c'est important qu'on entende des témoins, M. le
Président, et merci.
Le Président
(M. Auger) : C'est tout le temps que vous aviez, désolé, M. le
député de Blainville.
• (11 h 50) •
M. Laframboise :
Et voilà.
Auditions
Le Président
(M. Auger) : Merci. Nous allons maintenant débuter les auditions
en souhaitant, bien sûr, la bienvenue aux
représentants de la ville de Saguenay. M. Boivin et Me Pépin, bienvenue.
Donc, dans un premier temps, je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre présentation, et par la
suite nous allons procéder à une période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans un premier temps,
bien vouloir vous identifier et, par la suite, vous pouvez commencer
votre exposé.
Ville de Saguenay
M. Boivin
(Luc) : Luc Boivin, vice-président du comité exécutif de la ville de
Saguenay. C'est moi qui ai été désigné pour présenter le mémoire
aujourd'hui.
M. Pépin
(Robert) : Robert Pépin, conseiller juridique pour ville de Saguenay.
Le Président
(M. Auger) : Merci.
M. Boivin
(Luc) : Donc, on peut débuter. M. le ministre, membres de la
commission, merci de nous accueillir. Comme
je l'ai mentionné dans le mémoire, c'est sûr qu'on n'a pas eu beaucoup de temps
pour se préparer aujourd'hui. Ça a été un exercice qu'on a dû faire en
toute hâte. On a travaillé le soir, même en fin de semaine pour vous présenter
le mémoire qu'on a ici, devant nous, aujourd'hui.
Donc,
la ville de Saguenay accueille avec intérêt plusieurs éléments du projet de loi
n° 122, donc la Loi visant principalement à reconnaître que les
municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre
leur autonomie et leurs pouvoirs, mais on relève avec déception la volonté du
gouvernement d'introduire de nouveaux contrôles
que ville Saguenay juge inutiles et contreproductifs, et ce, pour des raisons
dont nous désirons vous informer.
De plus,
c'est avec un étonnement que, malgré leur rôle clé, les villes MRC ne puissent
pas jouir des avantages généreux attribués par des législations
particulières aux villes de Montréal et Québec, alors que des municipalités comme ville de Saguenay
ont un impact majeur sur les municipalités en périphérie et en ce qu'elle
accorde des services qu'il serait
impossible d'offrir à leurs citoyens. On joue un rôle déterminant en matière de
développement économique et touristique régional. La ville de Saguenay
contribue, en dehors de son territoire, à 1 680 000 $ en 2016 en
dehors du territoire de Saguenay.
Cette
distinction entre les pouvoirs confiés à des municipalités comme ville de
Saguenay et les pouvoirs généraux confiés
à Montréal et Québec est incompréhensible à nos yeux. À ce titre, la Loi
accordant le statut de capitale nationale à la Ville de Québec et augmentant à ce titre son autonomie et ses pouvoirs
accorde à la Ville de Québec, en son article 13, l'avantage suivant : «Un règlement d'emprunt n'est pas soumis à la
probation des personnes habiles à voter, ni assujetti à la procédure de modification prévue à l'article 565
de la Loi sur les cités et villes.» Je vais revenir plus tard sur
l'impact que ça a. Pour ville de Saguenay,
un tel assouplissement des procédures d'approbation doit faire partie du projet
de loi n° 122 à l'avantage des villes-MRC.
Nous souhaitons donc que le gouvernement du
Québec développe une sensibilité à permettre aux villes-MRC de profiter des avantages qu'il accorde en ce qui
a trait aux pouvoirs généreux confiés aux villes de Montréal et Québec
aux villes-MRC telle que ville de Saguenay.
Ceci étant
dit, nous avons suivi avec intérêt la nouvelle approche gouvernementale dans le
cadre de sa relation future avec les
municipalités, laquelle approche fera en sorte que le ministère des Affaires
municipales et de l'Occupation du
territoire, pour paraphraser le premier ministre M. Couillard, cessera
d'exercer un rôle de contrôle et de surveillance afin de plutôt
accompagner et soutenir les municipalités. En somme, tel qu'en faisait part le
premier ministre, dont nous partageons la vision, il faut faire confiance aux
municipalités, et il s'agit là d'un pari qu'il faut faire.
À cet effet,
Pierre Moreau, alors qu'il était ministre des Affaires municipales, mentionnait
avec raison, lors de son allocution
aux Assises annuelles de la Fédération québécoise des municipalités tenues le
27 septembre 2014, que les lois qui régissent les municipalités
sont trop nombreuses et souvent bien trop compliquées. Le temps est venu
d'arrêter cette spirale. Le temps est venu
de mettre fin au paternalisme bureaucratique et au paternalisme politique. Nous
sommes d'accord avec cet énoncé, qui responsabilise les municipalités et
leurs élus, en particulier en les rendant plus imputables face à leurs
citoyens.
À ce titre, nous croyons que la plupart des
dispositions du projet de loi n° 122 s'inscrivent dans le courant moderne
de rédaction des législations municipales canadiennes, accordant plus de
latitude aux élus municipaux.
La première
loi québécoise s'inspirant de ce courant législatif est la Loi sur les
compétences municipales,laquelle prévoyait, à son article 2, ce qui suit : «Les dispositions de la
présente loi accordent aux municipalités des pouvoirs leur permettant de répondre aux besoins municipaux,
divers et évolutifs, dans l'intérêt de leur population. Elles ne doivent
pas s'interpréter de façon littérale ou restrictive.»
Pour appuyer
nos propos, il est inutile de rappeler que l'article 4 ne limitait pas les
pouvoirs municipaux à un cadre strict
contrôlé par le ministère. Il s'agissait plutôt de champs de compétence ouverts
permettant aux municipalités d'être créatives en fonction des besoins de
leur population particulière.
C'est donc
avec surprise que nous avons constaté que le vieux réflexe de paternalisme du
ministère s'est encore exprimé dans
le projet de loi n° 122 pour certains aspects. À cet effet, nous désirons
attirer l'attention du ministre et des membres
de cette commission sur six points d'importance pour ville de Saguenay qui
reflètent cette approche, soient les articles 41, 52, 57, 62, 68, 70 du
projet de loi.
Pour
l'article 41 : L'article 29.3 de cette loi est remplacé par le
suivant : «29.3. Tout règlement ou résolution qui autorise une
municipalité à conclure un contrat, autre qu'un contrat de construction ou une
entente intermunicipale, par lequel elle
engage son crédit et duquel découle, même implicitement — retenez ça — une obligation pour un tiers de construire ou de rénover un bâtiment ou une
infrastructure mis à la disposition du public ou utilisés à des fins
municipales doit, sous peine de nullité, être soumis à l'approbation des
personnes habiles à voter selon la procédure prévue pour les règlements
d'emprunt.»
Cette
modification proposée de l'article 29.3 de la Loi sur les cités et villes
actuelle, quoiqu'intéressante, puisqu'elle n'assujettit plus les villes à l'approbation du ministère pour un
engagement de crédits au-delà d'une période de cinq ans ou 10 ans, introduit toutefois une sérieuse
limitation aux pouvoirs déjà confiés par la loi des cités municipales. En
effet, les articles 22, 34, 71, 84,
116, 117 permettent actuellement aux municipalités de confier contractuellement
à une entreprise, personne physique
ou morale un champ d'activité que celle-ci ne désire plus occuper ou pour
lequel elle ne reconnaît pas l'expertise
nécessaire pour agir au bénéfice de leurs citoyens. Ces dispositions visent des
champs d'activité spécialisés comme
l'exploitation d'aqueduc ou d'égout, l'élimination et la valorisation de
matières résiduelles, la transformation, l'entretien ou l'administration d'un réseau d'éclairage public,
l'exploitation d'installations portuaires ou aéroportuaires, l'établissement ou l'exploitation d'un
établissement d'hébergement, de restauration, de commerce ou de stationnement,
l'exploitation d'un parc régional.
Or, ces dispositions législatives comportent
toutes la possibilité que le cocontractant de la municipalité s'oblige à réaliser les travaux nécessaires et les
financer en conséquence. Il s'agit là d'une option discrétionnaire
législative intéressante pour les
municipalités. Toutefois, l'article 41 du projet de loi retire aux
municipalités la souplesse que leur conféraient
les articles précités de la loi des cités municipales en alourdissant le
processus puisqu'il assujettit les contrats de cette nature à la
procédure prévue pour les règlements d'emprunt en sanctionnant ultimement son
manquement par la nullité du contrat.
L'article 41
du projet de loi précarise toute possibilité de contrat en cette matière,
rendant négociation conditionnelle à
une potentielle approbation référendaire. Pour Saguenay, c'est 1,2 million
de dollars. Donc, insécuriser ainsi la possibilité du cocontractant... De plus, ville Saguenay étant
tenue, comme tout contractant, à l'obligation d'agir de bonne foi dans
le cadre des négociations à intervenir avec
un cocontractant, l'article 41 rend potentiellement les municipalités à
risque de recours
juridiques par une entreprise ayant pour sa part négocié de bonne foi, mais
victime d'un résultat de campagne publique négative d'un compétiteur
visant à faire échouer le projet, qui est pourtant d'intérêt pour la
municipalité. La municipalité ainsi
contrainte de choisir entre l'abandon du projet ou le scrutin référendaire se
retrouverait prise entre l'arbre et
l'écorce, causé par un conflit entre deux entreprises rivales dont l'une aurait
soulevé une petite partie de la population contre son compétiteur, mettant ainsi la municipalité dans une situation
impossible, sujette à des recours judiciaires. En somme,
l'article 41 du projet de loi réduit grandement la marge de manoeuvre.
Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Auger) :
1 min 30 s, à peu près.
M. Boivin (Luc) : O.K. Donc, ça
vous donne un peu le topo de l'article 41.
L'article 62 maintenant. Donc, ça concerne
les contrats en emphytéose. Pour Saguenay, c'est un problème sérieux. Encore
là, la loi assouplit, mais rend les règles beaucoup plus difficiles. Je vous
invite à lire le document.
Compte tenu
du peu de temps qu'on a, bien, écoutez, finir en vous disant que c'est un...
m'en aller à la conclusion.
Le
Président (M. Auger) : En fait, juste pour ne pas... excusez-moi,
M. Boivin, pour ne pas trop vous presser, M. le ministre vous
permet de continuer votre présentation, et on va prendre le temps sur celui du
ministre. Ça va?
Une voix :...
M. Boivin
(Luc) : C'est gentil, M. le ministre. C'est apprécié. C'est des points
quand même importants, puis...
Le Président (M. Auger) :
Allez-y.
• (12 heures) •
M. Boivin (Luc) : ...on a
travaillé fort. O.K. Donc, on reprend là où on était.
Donc,
l'introduction du mot «implicitement», rarement utilisé en législation au
Québec... Là, on reprend, dans le fond,
à partir d'où on était. O.K. Qui
plus est, l'article 41 du projet de loi n° 122, tel
que rédigé, rend impossible la location d'immeubles clés en main, dont une partie des travaux est à la charge, normalement, du locataire, et ce, sans l'approbation des personnes habiles à voter. Selon la procédure prévue pour les règlements
d'emprunt, l'article 41 aura donc comme effet pervers d'obliger les municipalités ne désirant pas être astreintes potentiellement à un scrutin
référendaire conclure uniquement des
baux rendant la municipalité en charge de tout et chacun des travaux devant
être faits dans les lieux loués, à moins que l'immeuble réponde exactement
aux besoins municipaux sans modification d'aucune sorte.
Or, aucune disposition législative municipale
actuelle n'assujettit ou ne contraint les municipalités pour la location d'immeubles dont les travaux
d'aménagement sont logiquement réalisés par les propriétaires de l'immeuble.
Ainsi, le projet de loi n° 122 réduit
le champ d'action discrétionnaire des municipalités en cette matière au
détriment de la logique, nous
semble-t-il, et ce, même pour les raisons mentionnées précédemment. Dans
l'absurde, les baux à être conclus avec les municipalités ne pourraient pas prévoir que le locateur est
responsable de faire toutes les réparations nécessaires au bien loué,
obligation pourtant prévue à l'article 18.64 du Code civil du Québec.
L'introduction du mot «implicitement», rarement
utilisé en législation québécoise, est en conséquence préoccupante pour les municipalités. Dans ce contexte, ce mot réfère à
un concept imprécis, qui peut être interprété de multiples façons et qui
risque d'insécuriser les municipalités intéressées à conclure un tel contrat.
Enfin, il est
intéressant de noter que cette nouvelle obligation sera impérative, malgré
qu'une municipalité se soit astreinte
volontairement à un processus d'appel d'offres public. En somme,
l'article 41 du projet de loi n° 122, tel que rédigé,
restreint les pouvoirs des municipalités déjà confiés par la loi des...
municipales et devrait être retiré.
L'article 62. L'article 62 du projet
de loi n° 122 se lit ainsi :
L'article 573 de cette loi est
modifié :
1° par l'insertion, dans la partie du premier
alinéa du paragraphe 1 qui précède le sous-paragraphe 1° et après
«journal,», de «un contrat emphytéose portant sur un immeuble de la
municipalité ou,»;
2° par
l'insertion, dans la partie du troisième alinéa du paragraphe 1 qui
précède le sous-paragraphe 1° et après «et plus», de «ou à un
contrat en emphytéose portant sur un immeuble de la municipalité».
L'article proposé au projet de loi n° 122
soumet tout contrat d'emphytéose à intervenir au processus d'appel d'offres public prévu à l'article 573,
comprenant nécessairement les contrats pour l'une des compétences des
municipalités susmentionnées attribuées par
la loi. Il s'agit d'une nouvelle restriction aux pouvoirs discrétionnaires des
municipalités de contracter avec la personne physique ou morale la plus apte à
réaliser un contrat d'une durée minimale de 10 ans.
Concrètement, l'emphytéose est régulièrement
utilisée par les municipalités comme véhicule juridique pour financer le développement en infrastructure, car
un tel contrat permet d'obtenir un rendement au bénéfice des
contribuables, profitant ainsi de la valeur
des infrastructures construites aux frais de l'emphytéote sans être tenu de se
départir de l'actif en minimisant les
risques financiers en contrepartie d'une dépense annuelle nominale.
L'emphytéote est alors tenu envers la
municipalité à toutes les réparations, même majeures, qui se rapportent à
l'immeuble et aux constructions qu'il a faites en exécution de son
obligation.
En finalité,
l'emphytéose constitue un démembrement du droit de propriété qui accorde à
l'emphytéote, le temps de sa durée, tous les attributs du propriétaire
foncier.
Dans des
champs de compétence aussi spécialisée, pour une durée contractuelle aussi
longue, qui implique des investissements
massifs du cocontractant et dont la réputation, et la pérennité, et la
solvabilité de celui-ci sont essentielles, il est crucial pour la municipalité de jouir de la
liberté contractuelle de choisir son emphytéote. À ce titre,
logiquement, les articles 22, 34, 71,
84, 116 et 117 prévoient explicitement que le contrat à intervenir avec le cocontractant
peut prévoir que celui-ci assume le financement des travaux effectués en
vertu de son contrat intervenu et que, dans un tel cas, la Loi sur les travaux municipaux ne s'applique pas à ces
travaux. Or, la LTM prévoit que les travaux d'entretien ou de réparation
ne sont pas assujettis à cette loi, ce qui établit clairement que les travaux
visés par ces articles sont d'importance ou structurels.
Cette
contrainte imposée aux pouvoirs, pourtant confiés aux municipalités par la LCM,
est d'autant plus... oui...
Le
Président (M. Auger) : M. Boivin, juste vérifier, est-ce que
vous en avez encore pour... combien de temps à peu près?
M. Boivin (Luc) : Presque fini.
Le Président (M. Auger) : Presque?
M. Boivin (Luc) : Il me reste
peut-être trois minutes.
Le
Président (M. Auger) : M. le ministre... Ça dépend du temps
également du ministre, là, du besoin du ministre.
M. Coiteux : Ce qui nous
laisserait combien de temps?
Le Président (M. Auger) : Il
reste à peu près 12 minutes.
M. Coiteux : Après les trois
minutes ou à partir de maintenant?
Le Président (M. Auger) : Non,
non, actuellement, là.
M. Coiteux : Donc, ça nous
laisserait autour d'une dizaine de minutes, c'est ce que je comprends? Ça va,
ça va, continuez.
Le Président (M. Auger) : Que
vous auriez besoin? Allez-y, vous pouvez poursuivre.
M. Boivin
(Luc) : Donc, les travaux visés par ces articles sont d'importance
et/ou structurels. Cette contrainte imposée
aux pouvoirs, pourtant confiés aux municipalités par la loi, est d'autant plus
incompréhensible qu'il est de l'essence de l'emphytéose... réalise et finance la construction des ouvrages qui
reviennent au propriétaire à la fin de l'emphytéose.
Alors même que
l'objectif déclaré du projet de loi est de confier plus d'autonomie et plus de
pouvoirs aux municipalités dans un
esprit de confiance, il est injustifié de restreindre cette liberté contractuelle
confiée par la loi pour des
compétences aussi importantes que l'approvisionnement en eau, par exemple. Il
faut se rappeler que, dans la notoire affaire
des compteurs d'eau à la ville de Montréal, un processus d'appel d'offres
public n'avait en rien permis d'obtenir la meilleure offre pour cette municipalité, loin s'en faut. Ainsi, le
critère du plus bas soumissionnaire conforme pour un enjeu aussi crucial
nous apparaît inutile et contre-productif dans les circonstances. En
conséquence, l'article 62 du projet de loi devrait être retiré.
L'article 52
maintenant. L'article 52 du projet de loi crée l'obligation pour la
municipalité de joindre à un avis de motion
le projet de règlement recherché sous peine de nullité. Cette contrainte
législative est inutile et cause un préjudice au rôle des conseillers municipaux dans le cadre de leur devoir de
représentation. Concrètement, si je vais vite, c'est que, souvent, on veut agir rapidement, on y va sur avis
de motion, on n'a pas le temps de déposer le projet. Le but de l'avis de
motion, c'est d'aviser les conseillers
autour de la table que le projet va venir puis sera voté. Puis là ce que ça va
forcer à faire, ça va retarder les travaux.
On en a un, un cas particulier. On a un parc qu'on fait à Rivière-du-Moulin. M.
le maire a dû agir rapidement parce qu'il y avait une subvention qui
serait accordée à ça. Il a annoncé aux conseillers un avis de motion en décrivant à peu près le montant du coût
de l'investissement, puis le projet va être déposé, là, au moment du vote. Ça fait que ça, s'il faut déposer le projet
de règlement au moment de l'avis de motion, je vous le dis, on va
scléroser la machine.
Le
Président (M. Auger) :
M. le ministre, nous en serions, là, à un peu moins de 10 minutes. Est-ce que
vous avez...
M. Coiteux : Oui, bien si on
peut juste donner...
M. Boivin (Luc) : Bien,
écoutez, il y avait le projet... l'article 57 aussi, l'article 70, qui était
problématique.
La conclusion. Bien, écoutez, je m'adresse à
vous... J'ai voyagé un peu partout au Canada, puis la relation entre les villes
ailleurs au Canada puis au Québec, avec le fédéral, en matière d'aide
financière, c'est une tout autre approche.
Je sais que je soulève un grand débat, là, en disant ça, mais, en matière de
développement économique, on devrait pouvoir
avoir accès à l'argent de Développement économique Canada directement au niveau
des municipalités. Présentement,
c'est fait... puis mettons-nous pas la tête dans le sable, souvent, on passe
par des corporations municipales pour obtenir telle aide.
Ça
fait que, selon moi, le projet de loi n° 122 devrait ouvrir une brèche
dans ça pour définir des paramètres pour lesquels on pourrait interpeller le fédéral en matière de développement
économique pour des infrastructures. Ça peut être des quais municipaux, puis souvent ça touche également
la sécurité des citoyens. Ce n'est pas normal, par exemple, que le maire
de Saguenay ne puisse pas appeler le commandant de la base pour avoir des
tentes sur le pont de Sainte-Anne autrement
qu'en passant par le schéma de couverture de risques. On l'a fait quand même,
mais ça s'est fait à travers le schéma de couverture de risques.
Le Président (M. Auger) :
Merci, M. Boivin. Donc, nous allons poursuivre avec le ministre pour à peu
près 8 min 30 s. M. le ministre.
M. Coiteux : Bien, merci
beaucoup, M. Boivin, pour la présentation de ce mémoire. Puis aussi, bon,
vous soulevez des enjeux qui vont au-delà du
projet de loi n° 122, là. Votre conclusion soulevait un enjeu particulier.
Peut-être que j'en toucherai un mot dans quelques instants. Mais merci d'avoir
fait cette présentation.
Je comprends
qu'on veut toujours avoir beaucoup plus de temps, c'est vrai. Mais simplement
pour souligner que le projet de loi a
quand même été déposé et largement publicisé au mois de décembre. Donc, ça
donnait l'occasion de regarder un
certain nombre de dispositions. Donc, même lorsque les avis de convocation sont
arrivés concernant les travaux, je pense
que, quand même, il s'est écoulé beaucoup de semaines pendant lesquelles tout
le monde pouvait décanter et digérer tout
ça. Et beaucoup des dispositions du projet de loi n° 122 ont été centrées
dans le détail de l'article de loi. Au moins, les grands principes ont été largement discutés avec
l'UMQ, la FQM. Et donc je pense que les municipalités concernées ont eu l'occasion de bien sentir vers où on allait et
dans quel esprit, là. Je ne dis pas que... Plus de temps est toujours mieux,
mais, ceci dit, un projet de loi, surtout un
projet de loi important, une de ses qualités, c'est qu'un jour il faudrait
qu'il soit adopté, puis qu'il soit en
vigueur, puis qu'il permette aux municipalités de bénéficier de davantage de
latitude. Je voulais juste dire ça en introduction.
Mais, ceci
dit, vous êtes allé droit au but sur certains articles qui vous préoccupaient.
Je voudrais juste vous entendre sur
le projet de loi dans son ensemble parce que, lorsque vous parlez d'un article
en particulier en disant : On aurait pu avoir plus de liberté que ce que ce que nous accorde cet
article-là, je pense que, dans l'ensemble, le projet de loi donne plus
de latitude, plus de flexibilité, plus
d'autonomie, moins de reddition de comptes tatillonne à l'égard du
gouvernement, du côté des villes, que
c'est le cas à l'heure actuelle dans le statu quo. Donc, j'aimerais vous
entendre peut-être sur l'économie générale
du projet de loi plutôt que sur deux ou trois articles. On vous écoute. On
prend note. Certainement qu'on va faire les travaux nécessaires pour voir si on peut améliorer la formulation de
ces articles-là, mais j'aimerais vous entendre sur l'économie générale
du projet de loi.
• (12 h 10) •
M. Boivin
(Luc) : Écoutez, sincèrement, je pense qu'il y a une volonté ministérielle, une volonté des
législateurs, d'arriver avec un vrai
partenariat différent d'avant avec les municipalités. Je
comprends que la reddition de comptes, c'est un élément extrêmement important pour la population. Les
gens veulent être informés.
Dans les
détails, entre la volonté puis les détails, on n'est pas capable de voir dans
les détails cet assouplissement-là par
la loi. Ça va créer beaucoup de contraintes pour la municipalité, pour nos employés, à mettre en place les mesures que vous voulez. Un exemple, là, de mettre dans le système centralisé
l'ensemble des factures pour lesquelles un
fournisseur... ça compte pour
25 000 $ pour une année, pour la ville de Saguenay, ça va représenter
cinq ou six employés qui vont taper chacune des factures dans le système
pour les mettre dans le registre public.
La question
de l'avis de motion, je vous ai parlé de l'avis de motion tout à l'heure. L'avis de motion, c'est une mesure
qui nous permet d'aller rapidement pour exécuter des travaux. Vous le savez, il faut
aller en règlement d'emprunt, il faut préparer les projets. Souvent, les
enveloppes financières sont de courte durée. Il faut dépenser l'argent avant le
31 décembre. Le fait de présenter le projet au moment de l'avis de motion
va retarder nécessairement le processus d'exécution
d'un gros mois, sinon plus, parce qu'on ne peut pas demander aux fonctionnaires
de préparer un projet lors de l'avis
de motion. Ils vont nous dire : Attendez un peu. On va le préparer, le
projet. Les fonctionnaires vont devoir prendre un soin jaloux à
s'assurer qu'entre le projet déposé lors de l'avis de motion puis le projet une
fois voté, qu'il n'y ait pas trop de différence.
M. Coiteux : Si vous permettez, je voudrais juste être certain
de bien comprendre. Notre intention, c'est que vous ayez... dans les cas où, franchement, c'est
exagéré, là, notre contrôle sur les villes, ce qu'on veut, c'est que vous ayez
moins à nous rendre compte de tout ce que vous faites, de chacun de vos faits
et gestes et de nous préaviser ou qu'on vous préautorise,
mais on ne veut pas que vos citoyens soient tenus dans l'ignorance de ce que
vous avez l'intention de faire comme
ville. Donc, dans le fond, puis je le dis de cette façon-là, on veut inverser
la reddition de comptes moins vers le gouvernement, plus vers le citoyen.
Donc, j'ai un
peu de mal à comprendre pourquoi un avis de ce qu'on a l'intention de faire donné
aux citoyens poserait un problème
dans la gestion de la ville. J'ai un
petit peu de mal avec ça, là.
J'aimerais que vous m'expliquiez davantage.
M. Boivin
(Luc) : Dans l'opération de
la ville, ça va entraîner des conséquences au niveau des délais. Ça,
c'est certain. Donc, oui, vous avez une
volonté de nous donner moins de contrôle, mais, dans les moyens qu'on va devoir
mettre en place pour s'assurer que ce projet de loi là, s'il s'inscrit tel quel, la ville de Saguenay, ce que je vous
annonce, c'est qu'on va devoir mettre
en place des mesures supplémentaires qui vont être coûteuses à mettre en place
puis qui vont être... qui vont retarder les processus. On est mieux
servis par la loi présentement que selon ce qui est proposé ici.
M. Coiteux :
Dans l'ensemble de la loi?
M. Boivin (Luc) : Non, pour les
articles qu'on a mentionnés.
M. Coiteux : Pour les articles
mentionnés. Donc, il y a deux ou trois articles qui vous apparaissent...
M. Boivin
(Luc) : Puis l'article
principal, puis on l'a étudié de tous les côtés... Peut-être
que je pourrais céder la parole à
Robert parce que nos avocats ont étudié de manière assez importante l'impact
que ça pourrait avoir, surtout qu'on a beaucoup de corporations, à la municipalité
de Saguenay. Ça fait que, Robert, peut-être donner des exemples, là.
Le Président (M. Auger) : Écoutez,
il reste trois minutes à l'échange. Je ne sais pas si vous aviez d'autres questions
ou vous vouliez entendre cette...
M. Coiteux : Bien, je veux juste préciser un petit peu ça
parce que vous me dites qu'il y a deux ou trois articles où vous me dites que ça introduit plus de contraintes
qu'à l'heure actuelle, mais, dans le reste, vous pensez que cet
équilibre entre la reddition de comptes vis-à-vis du gouvernement,
moins dans ce cas-ci et plus vers le
citoyen, ça ne vous pose pas de problème. Ça vous pose problème dans
deux ou trois articles. C'est ce que je comprends?
M. Boivin (Luc) : Mais c'est
majeur, entre autres sur l'article 41.
M. Coiteux : O.K. Mais, si je peux vous rassurer pour au moins
un d'entre eux que vous avez mentionné, qui est toute la question sur les emphytéoses, le 62, O.K.,
vous avez dit : Bien, vous allez nous obliger à aller, dans ce type
de contrat là, au plus bas soumissionnaire.
Je peux vous rassurer là-dessus, ce n'est pas que propose le projet de loi, là, le projet de loi, dans ce cas-ci, il prévoit justement
un mode de mise en concurrence en fonction de la grille de pondération
dans lequel le prix est un des éléments, il
n'est pas le seul. Donc, celui-là, je
pense, ça nous en fait un en moins
pour avoir une préoccupation, ce qui veut dire qu'il en resterait peut-être
deux.
Nous, on
reste avec la philosophie qu'il faut être capable, justement,
si on parle de gouvernement de proximité, de faire en sorte que les décisions d'une administration municipale... il faut que les citoyens en soient
informés, il faut que les citoyens soient capables de se faire une idée
parce que l'imputabilité, on veut qu'elle soit davantage là, moins vers le gouvernement. Mais, en même temps, je comprends
qu'il peut y avoir des aspects, là, notamment à l'égard du projet de loi
n° 41, comment on peut faire les choses. On va le regarder, mais je pense
que...
M. Boivin (Luc) : ...qu'on
souhaite entendre aujourd'hui.
M. Coiteux : ...dans l'expression «gouvernement de proximité», il est important de dire : Bien, on est redevables
devant les citoyens, donc il faut prévoir des mécanismes de consultation.
M. Boivin
(Luc) : Moi, ce que je vous demande, c'est que, dans les moyens de
faire cette reddition de comptes là, il
ne faut pas que ça entraîne des coûts supplémentaires pour les municipalités.
Comme, dans la façon d'inscrire chacune des factures pour un montant de 25 000 $, je ne sais pas si vous
le savez, là, je suis allé à la trésorerie, j'ai demandé comment ça va prendre de gens pour respecter ce qui est
demandé ici, dans le projet de loi, ils m'ont dit : Entre cinq et six
personnes. Ce n'est pas moi qui l'ai dit, là. Je suis allé à la trésorerie de
la ville de Saguenay, puis c'est quand même une ville bien articulée, là. Puis ils ont dit : Luc, ça va
demander un travail important au niveau de la bureaucratie, chez nous, pour
remplir cette demande-là.
On va le
faire, mais ce que je vous dis, c'est : Il y a-tu moyen d'assouplir ces
mesures-là pour rendre le contexte d'information
vers les citoyens plus simple pour la ville? Présentement, ce qu'on voit, c'est
que c'est complexe. Puis il y a même des... de la façon que c'est
formulé, ça peut entraîner aussi une problématique importante pour
d'éventuelles poursuites envers la ville de
Saguenay parce que, de la manière qu'on l'a compris, on va donner un contrat,
on va devoir l'amené au niveau des
élus pour un vote, il va avoir l'ouverture d'un registre, un fournisseur pas
content peut faire sa cabale pour dire : Hé! ce contrat-là qui est
donné au plus bas soumissionnaire, c'est un pas bon, c'est un ci, un ça. Puis
on a le cas actuellement...
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. Boivin. C'est tout le temps
que nous avons avions pour ce premier bloc d'échange. Nous allons
poursuivre avec l'opposition officielle. M. le porte-parole, pour 10 minutes.
M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à vous.
Je vais être honnête avec vous, vous y allez à fond de train, honnêtement, sur l'article 41, vous le
démonisez. Et, tel que le ministre l'a présenté entre son désir de
donner aux municipalités plus de pouvoirs et moins de reddition de comptes vers
l'appareil gouvernemental, le projet de loi en question donne plus de reddition de comptes vers les citoyens. Et, quand
je parcours le mémoire, je me rends compte que, sur plein d'articles qui vous amènent à rendre des comptes aux citoyens,
vous êtes totalement en désaccord, notamment l'article 41. Je vous dirais que je suis surpris de voir autant de
virulence contre cet article-là et de le décrier à plusieurs endroits
parce que je vous écoutais tout à l'heure, M. Boivin, et vous me
dites : Écoutez, la ville était mieux servie anciennement qu'elle serait présentement, avec les dispositions telles
que vous les stipulez dans votre mémoire. Mais en quoi, selon vous, une ville mieux servie par
l'ancienne loi ne pourrait pas être mieux servie pour ses citoyens ou par
ses citoyens? J'aimerais ça que vous essayez
de m'expliquer. Ça marchait bien, là ce qu'on va mettre à disposition va
moins bien marcher parce qu'on rend plus de comptes aux citoyens? J'essaie de
vous suivre, là.
M. Boivin (Luc) : Je vais vous
suivre... je vais vous l'expliquer par des cas concrets. Ce qu'on a fait tout simplement, on a fait comment ça fonctionnait
avant puis comment ça va fonctionner à partir de maintenant. C'est une approche... Tu sais, pour moi, une ville, là,
c'est une entreprise de services. On est des gens au conseil
d'administration d'une entreprise de services.
On a regardé
comment dans un cas particulier... puis on a un cas qu'on a prix, un cas
typique, on a étudié ça pas plus tard
qu'hier soir. On vient de donner le contrat d'adjudication de l'opération de
notre centre de tri, on est allé par appel d'offres, O.K., au plus bas soumissionnaire conforme. C'est fini, le
contrat est donné. Selon l'article, de la manière que c'est écrit là,
puis Robert pourrait continuer à vous l'expliquer, tu l'expliques mieux que
moi...
M. Pépin (Robert) : Avec votre
autorisation, M. le Président.
Le Président (M. Auger) : Oui.
• (12 h 20) •
M. Pépin
(Robert) : Bien, écoutez,
l'article 41... Ce qu'il faut faire attention, c'est qu'on
dit toujours : Le diable est dans les détails. L'article 41, il y a
deux choses. D'abord, on perçoit, dès le début de la lecture de l'article 41, que ça vise tout contrat. Puis on dit que, dans la mesure où
ça engage le crédit, il n'y a pas de montant. Donc, n'importe quel
montant où la municipalité engage son crédit pour n'importe quel contrat, un
contrat de gestion, un bail, n'importe quoi, même implicitement, qui comprend
nécessairement des constructions, bien, dans ce contexte-là, la municipalité
est toujours obligée d'aller dans la
procédure d'approbation des personnes habiles à voter. Mais, pour une
municipalité, savez-vous combien il
peut y avoir de contrats de gestion avec les organismes de loisirs, avec le
centre de tri, par exemple? La ville de Saguenay, historiquement, n'a jamais, dans le passé, eu cette expertise.
Elle ne veut pas l'avoir. Donc, qu'est-ce qu'elle fait depuis aussi longtemps que je me souvienne, elle
va en appel d'offres puis elle donne cette gestion-là à des entreprises
spécialisées.
Par le passé, elle respectait les dispositions
de la loi en allant en appel d'offres, mais là, maintenant, en plus, à chaque
fois qu'il va y avoir un contrat, n'importe quel type de contrat qui engage
n'importe quel montant, bien, nécessairement,
il devra y avoir procédure d'approbation des personnes habiles à voter. Je
pense que l'objectif du législateur n'était pas de couvrir un aussi
large...
Le Président (M. Auger) : Juste
un instant. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Je comprends, mais, quand je lis l'article 41, on
parle d'implicitement une obligation pour un tiers de construire ou de rénover un bâtiment ou une
infrastructure. Alors, les contrats de gestion ou l'entretien, je vais être
honnête avec vous, moi, je ne le vois pas là. Puis peut-être que vous voyez le
diable dans des détails qui n'existent pas.
Je vais
continuer sur un autre sujet, et cela, effectivement, m'a «flabbergasté» hier
soir en lisant votre mémoire, vous y
allez aussi à fond de train sur les avis de motion, l'article 52. Et là
j'essaie de suivre votre raisonnement, à savoir que... bon, puis je reprends les termes, là : «L'avis de motion a
pour but de permettre au conseil municipal de se préparer à exprimer son opinion sur un sujet qui doit faire
l'objet d'un règlement. Il s'agit d'une opportunité législative souple
et rapide.» Donc, avec la nouvelle
disposition : «Ça crée une contrainte limitant et formalisant inutilement,
par l'obligation du dépôt du projet de
règlement à l'avis de motion, l'intervention ponctuelle d'un conseiller sur un
sujet urgent et d'intérêt public.»
Alors, ce que
le ministre tente d'introduire et ce qu'il veut qu'il arrête de se passer dans
les municipalités, c'est que, dans
certains cas, on dépose un avis de motion, les conseillers municipaux et les
citoyens ne sont pas au courant de la teneur
ou le contenu, dans le fond, du règlement, et lorsqu'on passe le règlement,
dans certains cas, on a eu des dispenses de lecture, et donc on adopte le règlement, et personne n'est au courant de
qu'est-ce qu'il y avait à l'intérieur du règlement. Alors, je salue l'audace du ministère d'avoir
introduit pas cette obligation, mais cette justesse d'offrir aux citoyens et
aux conseillers qui sont autour de la table
le moment et le temps de prendre en considération le règlement lorsqu'il y aura
avis de motion. Et moi, je pense que,
démocratiquement, les décisions seront meilleures et les débats seront plus
soutenus, oui, mais arriveront à des
fins plus uniformes et surtout plus partagées parce qu'on aura eu le moment de
discuter de ce qu'il y a dans le règlement avant même de pouvoir le
voter.
Alors, je ne
comprends pas. Puis je comprends que vous nous expliquez : Bien, écoute,
il faut faire vite. Puis là il y a un
avis de motion, puis ils savent de quoi on va jaser. Donc, à la limite,
«rubber-stamping», puis on passe à d'autres choses, alors que des conseillers, certains indépendants, dans d'autres municipalités,
nous ont dit : Écoutez, nous, on veut avoir le temps d'étudier. Et là vous nous dites : Scrapez ça. Non,
non, le temps qu'on a, c'est efficient, et faites confiance aux élus
pour poser les bonnes questions. Et vous rajoutez que c'est non seulement
inutile, mais ça empêcherait les conseillers municipaux de jouer leur rôle de
façon efficace en certaines circonstances.
Alors, ce que
je comprends, c'est que moins il y aurait de temps à la discussion et aux
questions de règlement, plus un conseiller municipal peut jouer son rôle
de façon efficace. Expliquez-moi ça, là, parce que, là, de ce que je lis en
filigrane, là, tout est une question de temps et non pas de contenu.
Le Président (M. Auger) :
M. Boivin.
M. Boivin (Luc) :
Souvent, on a les annonces au niveau des aides financières qui sont très tard.
Il faut préparer les projets, puis
souvent les enveloppes financières, ça finit au 31 décembre... au 31 mars. Le
30 jours qu'on va perdre à déposer un
projet détaillé... parce que de la manière que ça se passe en public, là, on
veut faire le parc Rivière-du-Moulin. M. le maire a annoncé que... bon,
le ministre a annoncé : On veut vous aider dans ce projet-là, je veux
l'annoncer rapidement. Estime-nous à peu
près la valeur du projet. Le maire a
annoncé, par avis de motion, l'intention de déposer un projet dans 30 jours pour le parc
Rivière-du-Moulin. Jamais, jamais, jamais les fonctionnaires, lors de la séance
de lundi passé, n'auraient été en mesure de préparer, là, un projet
détaillé au moment de l'avis de motion. Ça fait que les fonctionnaires ont dit à M. le maire : Je n'ai pas de quoi...
on ne peut pas déposer le projet, il n'est pas prêt. Donc, M. le maire a
déposé son projet au prochain conseil de ville.
Ça fait que, moi, ce que je vous dis, c'est que, quand ça va être vraiment urgent,
ce qu'il va falloir faire, il va falloir faire convoquer tout le conseil de ville en séance spéciale pour déposer
un règlement au cas pas cas. Ça fait que, moi, ma réponse que j'ai à vous dire, c'est : Oui, ça
va alourdir le processus puis, oui, ça risque de retarder des décisions qui
vont être urgentes. C'est ce que j'ai à vous dire aujourd'hui.
Est-ce
que ça fonctionne bien présentement? Oui, ça fonctionne bien. Les conseillers qui
veulent de l'information sur un avis de motion appellent le directeur
général de la ville, qui dit : Écoutez, le projet, grosso modo, c'est le
parc Rivière-du-Moulin. On a des estimés
préliminaires. Ça va coûter à peu
près tant, le projet. Puis la ville
de Saguenay, ce n'est pas... les élus...
le directeur général puis la greffière doivent répondre à n'importe
quel élu qui en fait la demande sur des informations capitales pour la ville. Puis ces comme ça que ça opère à
la ville de Saguenay. Moi, ce que je vous dis, c'est que, si on dépose le règlement
détaillé, ça va retarder les processus, ça va être plus long, puis ce n'est pas
ça qu'on veut comme ville. On veut être efficients, efficaces, puis on
veut procéder rapidement pour certains travaux.
Le Président
(M. Auger) : Question, M. le député de René-Lévesque?
M. Ouellet : Bien, écoutez, je ne veux pas faire le procès de ville de Saguenay,
mais, dans d'autres municipalités, effectivement,
la procédure qui est déjà utilisée, c'est effectivement sur avis de motion.
C'est assez vague, après ça on demande
une dispose de lecture du règlement et, bref, on signe quelque chose que,
malheureusement, les gens n'ont pas pu consulter. Et ça, je pense, avec
les dispositions que le ministre apporte, on va corriger cette situation-là.
Juste en terminant,
écoutez, effectivement, le ministre — puis on va appuyer ça — va
pouvoir demander aux municipalités qui ne rendent pas... même si on a la loi
sur les organismes publics pour des informations, va pouvoir réglementer une municipalité pour rendre publiques
certaines choses lorsque les citoyens en feront une demande. Ça fait que
ça, on est d'accord. Et, pour ce qui est du
droit des municipalités de négocier directement avec le gouvernement
fédéral, je pense que c'est de nature commune que le gouvernement a un rapport
de force lorsqu'il négocie pour l'ensemble du territoire avec le Canada. Alors,
je comprends votre enjeu, mais sachez que, pour nous, force fait loi et force
obtient beaucoup plus que division par le nombre.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de René-Lévesque. Nous
allons poursuivre pour les... 6 min 30 s avec M. le
député de Blainville, porte-parole du deuxième groupe d'opposition.
M. Laframboise :
Oui, merci, M. le Président. Merci beaucoup de votre présentation.
Vous m'avez ouvert
des lumières, là, parce que, moi, le principe du projet de loi, c'était pour
que ce soit plus efficace. Mais là vous avez
tout à fait raison avec l'article 41. Tout à fait parce que 29.3 dit : «Tout règlement
ou résolution qui autorise une municipalité à conclure un contrat...» Donc, ça veut dire que, dès qu'ils vont
conclure un contrat, bien, là, automatiquement, il va... soumis à
l'approbation des personnes habiles à voter. Il n'y a pas de chiffre, il n'y a
pas de montant, il n'y a
rien. Vous avez raison. Puis ça, bien, dans la vraie vie... Puis là je vous ai
dit que je parlerais pour les citoyens,
les citoyens qui nous écoutent, de
dire : Ah! ça, c'est important, il faut que ça soit toujours fait. Mais,
tu sais, la démocratie étant ce qu'elle est, à un an et demi, deux ans
d'une élection, les gens décident de vous faire rouvrir les registres sur toutes
les dépenses, c'est l'enfer, là. Ce n'est plus vivable, là, tu sais.
Donc,
à quelque part, là... parce que le principe de dire : On veut moderniser
les appels d'offres. Maintenant, ce n'est
plus le plus bas soumissionnaire, avoir des nouveaux critères, ça va peut-être
être plus avantageux pour les citoyens, bien, tout ça risque d'être... Puis, moi, c'est l'efficacité qui m'intéresse
pour le citoyen. Là, s'il faut que vous soyez empêtrés dans des dépenses avec des ouvertures de registres,
oubliez ça, là. C'est l'efficacité de la ville qui est paralysée
complètement, là. C'est-à-dire que des gens,
des citoyens mal intentionnés pourraient paralyser la ville, là, dans... puis
dans des règlements. Donc, vous avez raison de dire que la loi actuelle
est plus avantageuse que ça. Allez-y.
M. Boivin
(Luc) : L'ouverture d'un registre, pour nous, c'est 1 900
citoyens. Puis, on le voit, avec la venue des partis politiques, la mobilisation avec les réseaux sociaux est
extrêmement facile. On l'a atteint, dans le cas des districts électoraux, assez facilement. Donc, les citoyens
sont intéressés par la vie politique. Les gens se mobilisent très
facilement. Mais, moi, pour l'opération de
la ville, ça va être une contrainte majeure puis qui va coûter de l'argent.
Puis rappelez-vous qu'un référendum coûte à Saguenay 1,2 million.
On
risque d'arriver... Puis tout contrat, ça veut dire qu'on donne un contrat à un organisme municipal,
les gens n'aiment pas le D.G. de cette corporation-là, on a un contrat,
les gens se mobilisent, signent le registre, boum! La corporation tombe complètement
au dépourvu, ça fait qu'on brise...
• (12 h 30) •
M. Laframboise :
Et surtout que la nouvelle façon de voir les soumissions, c'est-à-dire la
nouvelle façon de dire : Bon, bien, là,
ce ne serait peut-être plus le plus bas soumissionnaire, en plus on va
vivre un une période, là, où, écoute, tu
n'as pas choisi le plus bas soumissionnaire, là, c'est quoi, tes critères, ton
pointage?, écoutez, là, ça veut dire que la dépense peut
elle-même être...
M. Boivin
(Luc) : Ça, là-dessus, sur
la question des critères, les mesures qu'on va devoir mettre en place
pour s'assurer de ne pas être poursuivis
après sur l'application des critères qu'on va amener, je vous le dis, M. le ministre, ce n'est pas facile à mettre
en place. Opérationnellement, arriver avec une grille de critères d'évaluation puis dire : Toi, je ne te donne
pas le contrat parce que tu es le moins cher en vertu d'une grille qu'on a
faite avec des fonctionnaires, on s'expose à des risques de poursuite sur l'analyse puis l'évaluation de nos contrats. Puis ça, encore là, ça va coûter de l'argent
puis ce n'est pas là pour simplifier la vie dans l'opération de la municipalité.
M. Laframboise : Et la deuxième chose, M. le Président, ça m'amène à l'article 52, les
avis de motion. Là, il faut comprendre
que les avis de motion, c'est une question d'efficacité. Puis, au contraire,
là, il y a de la transparence. Tu as une
obligation de déposer un avis de motion, il faut que tu dises pourquoi. Je
dépose un avis de motion, un règlement pour tel secteur. Bon, après ça, là, le diable est dans les détails du
règlement, et tout ça. Mais là le fait... puis, souvent, vous avez
besoin de réagir très rapidement. Puis là n'oubliez pas, là, qu'il y a des
villes qui sont plus équipées pour rédiger des règlements que d'autres, là. Il
y en a d'autres qui vont être obligées d'engager des firmes indépendantes,
rédiger le règlement s'ils l'obligent en même temps que l'avis de motion.
Donc,
l'efficacité que tu veux pour la ville de régler une situation bien
particulière, pour laquelle tu as besoin d'une modification
réglementaire, puis, bon, le problème t'a été soumis, tu as des citoyens qui
veulent que tu le fasses, là, tu vas retarder ça.
Je
comprends M. le ministre, qui dit : Bien là, nous on va exiger moins de
reddition de comptes du gouvernement, mais, dans vos avis de motion puis
vos règlements, là, est-ce qu'il faut tous qu'ils soient... obtenir
l'autorisation du gouvernement ou ça ne doit
pas toujours... Ce n'est pas dans les cas où vous avez besoin d'autorisations
du gouvernement. Mais là, maintenant, ça va être dans tous les cas où
vous allez être obligés de déposer le règlement. Oui, maître.
M. Pépin (Robert) : Oui, bien, lors des séances du conseil. C'est ce
que... Ce que je voulais dire sur l'avis de motion ou ce que le mémoire
dit pour l'avis de motion, c'est qu'en réalité la notion d'avis de motion est
bien connue depuis longtemps. C'est bien
encadré. Ça permet d'agir rapidement. C'est l'acte du conseiller. Il n'en a pas
beaucoup, d'actes individuels, le conseiller. Il a celui-là où il peut
éventuellement mentionner son intérêt sur une modification au règlement à tous
ses collègues. Et l'état du droit est clair, il faut que l'avis de motion
indique clairement l'objet.
Alors, dans cette
optique-là, moi, je pense, c'est bien encadré actuellement. Ça n'a pas besoin
d'avoir une disposition législative additionnelle.
M. Laframboise :
Il me reste combien de temps?
Le Président
(M. Auger) : Bien, vous avez encore une minute, mais M. le
ministre aurait une...
M. Coiteux :
Oui, M. le Président...
Le Président
(M. Auger) : Question de règlement?
M. Coiteux :
J'aimerais soulever l'article 212, qui me permet juste de corriger un propos,
là, ici, qui est important pour notre compréhension.
Le
Président (M. Auger) : Allez-y, M. le ministre. Mais ça ne
suscite pas de débat, là. C'est juste une information pour corriger?
M. Coiteux :
Non, c'est une information pour corriger une impression.
Le Président
(M. Auger) : Allez-y.
M. Coiteux :
Ce n'est pas tout contrat. C'est des contrats qui impliquent construction par
la suite. On s'entend? Ce n'est pas tous les contrats.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Blainville, pour une minute.
M. Laframboise : Là, je laisserai les avocats parce que, quand je le relis, là... Ça,
c'est sûr qu'on pourra faire la correction.
Si c'est ça, l'intention, là, moi, je pense qu'on va devoir modifier une partie
de 29.3 parce que, de la façon dont moi,
je le lis, là, puis je pense que de la façon dont maître le lit, ça comprend
tout contrat. Mais ça, là, je veux bien vous donner le bénéfice du doute que ce n'est pas ça que vous voulez. Puis
ça, là-dessus, j'accepte ça. C'est votre intervention, dans ce sens-là,
je n'ai pas de problème.
Ma dernière
intervention sera sur l'article 62, les emphytéoses. La seule chose que
j'aimerais que vous répondiez au ministre... Quand le ministre
dit : Bon, là, on a modifié, justement, la façon d'attribuer les contrats.
Donc, même le contrat d'emphytéose pourrait être... il y
a des nouveaux critères, puis ce n'est plus nécessairement le plus bas soumissionnaire. Donc, vous pourrez faire votre
choix. Est-ce que ça, ça vous facilite la tâche ou vous maintenez votre
retrait de l'article 62, là?
Le Président (M. Auger) :
Malheureusement, c'est tout le temps que nous avions à notre disposition. Donc,
MM. Boivin et Pépin, merci beaucoup pour votre contribution aux travaux de
la commission.
Et la commission suspend ses travaux jusqu'à
15 h 45. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à
15 h 44
)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de l'aménagement du territoire reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 122, Loi visant
principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de
proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Je souhaite
maintenant la bienvenue aux représentants de la ville de Montréal. Je vous
rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre présentation, et par la suite nous allons passer à
une période d'échange avec les trois groupes parlementaires. Dans un
premier temps, bien vouloir vous présenter. Par la suite, vous pourrez
commencer.
Ville de Montréal
M. Coderre
(Denis) : Merci, M. le Président. Alors, Denis Coderre, maire de Montréal.
Il me fait plaisir, dans un premier temps, de vous présenter la personne
qui m'accompagne, donc Lionel Perez, qui est membre de notre comité exécutif, responsable des infrastructures de la Commission des services électriques, de la gouvernance et de
la démocratie, ainsi que des
relations gouvernementales. Alors, la ville de Montréal tient à remercier les
membres de la Commission de l'aménagement du territoire de l'avoir
conviée aux consultations relatives au projet de loi n° 122.
D'entrée de jeu, la ville de Montréal accueille
avec enthousiasme ce projet de loi n° 122. Nous souhaitons évidemment qu'il soit adopté dans les meilleurs
délais. Rappelons qu'à la suite des demandes des villes de Montréal et
de Québec, de l'Union des municipalités du
Québec, de la Fédération québécoise des municipalités, le gouvernement
avait annoncé, en 2014, son intention de
transformer de façon importante les relations Québec-Municipalités. C'est avec
une grande satisfaction que nous constatons que le gouvernement a donné suite à
cet engagement pris tant à l'égard de la métropole et de la capitale que de
l'ensemble des municipalités québécoises.
Le
gouvernement a choisi la voie d'une plus grande autonomie pour les
municipalités, la ville de Montréal ne peut qu'applaudir. Les
municipalités sont en effet les mieux placées pour répondre aux besoins divers
et évolutifs sur leur territoire et dans
leurs champs de compétence. L'adoption, en juin dernier, du projet de loi
n° 109, accordant le statut de capitale nationale à la ville de
Québec, et le dépôt, en décembre dernier, des projets de loi n° 121 pour
la métropole et 122 pour les gouvernements de proximité marquent le début d'une
nouvelle ère dans la relation gouvernement-municipalités.
Les
responsabilités municipales ont, comme vous le savez, grandement évolué au
cours des dernières décennies. Le vivre-ensemble,
le développement économique et social, les enjeux environnementaux, le
développement culturel sont d'autant
d'enjeux qui se jouent au plan local. C'est un secret de Polichinelle que les
municipalités québécoises sont régies par un nombre important de lois et
de règlements. Or, s'il demeure nécessaire que les gouvernements fixent des objectifs nationaux et que des mécanismes de
reddition de comptes a posteriori soient justifiés, il s'avère par contre
peu productif d'imposer aux municipalités
québécoises un carcan de normes, d'obligations et de contrôle pointilleux. La
réalité est toujours plus complexe et
diversifiée, et les attentes de la population obligent tous les pouvoirs
publics, et notamment les
municipalités, à plus de souplesse et à une meilleure performance dans la
gestion des services offerts aux citoyens.
La ville de
Montréal constate avec satisfaction que le gouvernement propose de passer à une
nouvelle étape en ce qui concerne le
cadre législatif régissant les municipalités en proposant un ensemble de
modifications aux lois municipales. Ce
changement de cap permettra d'accroître l'autonomie des municipalités et leurs
pouvoirs d'action à titre de gouvernement de proximité, tout en
rapprochant les décisions des citoyens.
Le projet de loi propose plusieurs allègements
significatifs en matière de gestion, de reddition de comptes et d'approbation
ministérielle présentement imposées aux municipalités. Ainsi, les règlements
municipaux relatifs aux limites de vitesse ne pourront plus faire l'objet d'un
désaveu du ministre des Transports. Il s'agit là d'une action typiquement locale qu'il était aberrant de
soumettre à l'approbation du ministre. Par ailleurs, les municipalités
n'auront plus à obtenir au préalable l'autorisation du ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire lorsqu'elles engagent leurs
crédits. De nombreux autres mécanismes garantissent déjà aux citoyens une
gestion adéquate des crédits, notamment l'interdiction pour les municipalités
de faire un déficit.
Autre avancée fort intéressante, le projet de loi n° 122 propose de permettre aux municipalités
de déterminer par règlement les modalités de publication des avis publics et
de prévoir, dans la politique de gestion contractuelle, des règles d'attribution
différentes pour les contrats qui comportent une dépense d'au moins 25 000 $
et de moins de 100 000 $. Ces
modifications répondent à des demandes historiques de la ville de Montréal et
de l'UMQ. Il est temps de moderniser ces règles
conçues dans un autre siècle. Elles permettront à terme de générer des
économies appréciables pour les contribuables municipaux.
En matière
d'adjudication de contrat cependant, la ville est toutefois étonnée de ne pas
retrouver, dans le projet de loi n° 122, une disposition donnant le
pouvoir aux municipalités de conclure des ententes de gré à gré dans le cadre d'un concours de design et d'architecture sans
avoir d'autorisation préalable du gouvernement au cas par cas. Nous
avions compris que le ministre était
favorable à cette demande des municipalités. Alors, ça pourrait faire un bel
amendement.
Au plan des
outils fiscaux, la ville de Montréal est heureuse de constater que le
législateur a répondu favorablement à
notre demande de pouvoir déterminer un taux de taxation différencié à une
première tranche de valeur foncière pour les immeubles non résidentiels. Fruit des travaux du Comité de travail sur
la fiscalité non résidentielle et le développement économique mis en place par la ville en 2016,
cette mesure permettra à Montréal d'alléger sensiblement le fardeau
fiscal des petits commerçants de quartier. Bon nombre d'entre eux, notamment
dans les quartiers centraux, ont connu, depuis quelques années, une croissance importante de leur compte de taxes
découlant de la forte augmentation de la valeur foncière de leur immeuble. La ville de Montréal se réjouit
également que cette proposition novatrice qu'elle a initiée soit
disponible pour l'ensemble des municipalités.
• (15 h 50) •
En matière
d'aménagement du territoire, la ville de Montréal est particulièrement
satisfaite du contenu de l'article 1 du projet de loi, qui modifie la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme en prévoyant, dans la définition
d'«orientations gouvernementales» au sens de cette loi, l'obligation formelle
pour le gouvernement de consulter le milieu
municipal lors de l'élaboration de ses orientations en matière d'aménagement du
territoire. La notion de partenariat gouvernement-municipalités évoquée
précédemment prend ici tout son sens.
La ville de
Montréal a souvent été à l'avant-garde quant à la mise en place d'outils
novateurs liés à la gestion du territoire
municipal. Ce fut notamment le cas en matière de participation citoyenne et de
consultation publique. Depuis plus de
20 ans, depuis plus de 20 ans, la ville de Montréal a une pratique variée, une
expertise reconnue en ce domaine. En 2002, Montréal s'est donné un outil
remarquable : l'Office de consultation publique de Montréal, l'OCPM. Cet organisme indépendant est chargé de recueillir
l'opinion des citoyens sur divers sujets en lien avec le développement
de la métropole. Ses membres ne sont ni des
élus ni des employés municipaux et mènent les consultations en toute
neutralité. Les consultations publiques menées par l'OCPM permettent l'étude en
profondeur d'un projet et de ses enjeux au plan collectif. Elles donnent une voix aux citoyens en leur permettant de
poser des questions et de faire valoir leur point de vue.
Les recommandations émanant des consultations de
l'OCPM reflètent de véritables choix collectifs. Conformément à la charte des droits et responsabilités des citoyens de
la ville, les Montréalais peuvent, depuis janvier 2010, se prévaloir d'un droit d'initiative qui leur
permet de s'engager activement en proposant la consultation publique des
idées, des orientations ou des projets
novateurs qui leur tiennent à coeur et qui sont d'intérêt public. C'est
d'ailleurs à l'initiative de citoyens
que l'OCPM a été mandaté par la ville en 2016 pour mener des consultations sur
la réduction de dépendance aux énergies fossiles.
Le projet de
loi n° 122 supprime l'obligation de soumettre à l'approbation référendaire
toute modification aux règlements
d'urbanisme. Certains groupes y voient un recul au plan de la démocratie
participative. La réalité est que le processus
d'approbation référendaire, tel que défini et utilisé, constitue davantage un
outil d'opposition qu'un outil de consultation, un outil qui favorise
souvent les intérêts particuliers d'un petit groupe au détriment de l'intérêt
collectif où prédomine souvent le réflexe du «pas-dans-ma-cour». Est-ce bien
raisonnable qu'une décision basée sur l'intérêt public de l'ensemble de la collectivité puisse être remise en question
par un petit groupe ayant des intérêts particuliers dans la décision? Il
me semble que poser la question, c'est y répondre.
Au fil des
dernières années, plusieurs projets structurants, comportant des retombées
bénéfiques pour la collectivité, ont malheureusement été bloqués par de
petits groupes. Un cas très récent est celui du projet de construction d'un nouveau bâtiment multifonctionnel près du métro
Vendôme. Ce projet comportait une épicerie, un complexe résidentiel pour
personnes retraitées, le siège social de La Fondation de l'Hôpital de Montréal
pour enfants ainsi qu'une dizaine d'appartements
destinés à héberger les familles des enfants hospitalisés dans cette
institution. L'opposition de 16 personnes seulement a suffi pour bloquer ce projet, qui comportait pourtant de
nombreuses retombées positives pour l'ensemble des résidents du quartier, de l'arrondissement et même
de la ville. Puis je pourrais vous parler du cas d'une école à L'Île-des-Soeurs
aussi.
On va parler de pouvoir général de taxation.
L'article 58 du projet de loi n° 122 confère un pouvoir général de taxation à toutes les municipalités du Québec
et abroge les dispositions de la charte de la ville à ce sujet. Bien que
la plupart des articles soient semblables à ceux qui se trouvent actuellement
dans notre charte, une nouvelle disposition introduite
par le projet de loi n° 122 pose quelques difficultés. Les nouveaux articles
du projet de loi prévoient qu'une taxe
imposée en vertu de ce pouvoir ne donne pas droit au versement d'une somme
tenant lieu de taxe déterminée en vertu de la Loi sur la fiscalité municipale. Cette nouvelle soulève plusieurs
enjeux pour la ville de Montréal, qui utilise déjà ce pouvoir pour imposer une taxe sur les
stationnements situés principalement dans son centre-ville. Au-delà des pertes
de revenus, le fait de soustraire ces immeubles au versement d'un paiement
tenant lieu de taxe pour une taxe que paient les propriétaires d'immeubles
voisins comportant des parcs de stationnement soulève des enjeux d'équité.
Il me reste une page et demie, M. le Président.
En effet,
dans la mesure où l'État et la Société québécoise des infrastructures offrent,
dans leurs immeubles, des places de
stationnement au public, cela pourrait se traduire par une concurrence déloyale
sur le marché du stationnement à la journée.
En terminant,
nous tenons à profiter de l'occasion pour rappeler au gouvernement qu'il s'est
engagé à examiner, dans le cadre de
travaux à la table sur les relations municipales, les deux sujets
suivants : établir, en matière d'appel d'offres, des critères d'évaluation permettant de favoriser
certains types d'entreprises innovantes. Donc, si on voulait donner à
des jeunes entrepreneurs des start-up, on
avait déjà parlé, le premier ministre et moi, de... 10 % des contrats
pourraient être... on pourrait avoir ce type de contrat. Et, deuxièmement,
permettre aux municipalités de régir les cinémomètres photographiques, les photoradars, et les systèmes de contrôle de
circulation aux feux rouges. La ville de Montréal offre son entière
collaboration pour faire avancer ces deux dossiers le plus rapidement possible.
En
conclusion, la ville de Montréal souhaite que le projet de loi n° 122,
visant à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et, à ce titre, augmenter leur autonomie
et leurs pouvoirs, soit rapidement adopté en y intégrant les quelques
bonifications proposées dans ce mémoire.
Au cours du
mois de février, la ville de Montréal soumettra à la commission une série de
commentaires techniques portant sur
un certain nombre d'articles du projet de loi n° 122. Puis, pendant la
période de questions, je pourrai aussi répondre
à un amendement qu'on propose pour l'article 69, concernant les OBNL, où
on pense que ça n'a comme pas de bon
sens de demander tout ce processus administratif, là, pour des groupes, là, qui
n'ont pas les moyens ni le temps. On pourrait voir plusieurs OBNL devoir
mettre fin à leur existence. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le maire, pour votre
présentation. Nous allons débuter la période d'échange. M. le ministre,
pour à peu près les 15 prochaines minutes.
M. Coiteux :
Bien. Bien, d'abord, merci, merci beaucoup, M. le maire, pour cette
présentation. Vous avez fait vraiment
un survol, je ne dirais pas totalement complet du projet de loi, mais vraiment
les grandes parties du projet de loi. Donc,
en même temps, je pense que ça faisait oeuvre utile pour tout le monde, là, qui
nous écoute, quels sont les grands blocs et les objectifs du projet de
loi. Merci, M. Perez, aussi pour être présent aujourd'hui.
Je vais vous
donner l'occasion de nous parler de cet article 69 sur lequel vous aviez
des choses à dire. Peut-être que je
commencerais là-dessus parce que vous n'aviez pas eu le temps d'élaborer
là-dessus, puis je vous donnerais le temps de nous expliquer quelle est
la nature de l'amendement que vous proposeriez ici, quelle est la
problématique.
M. Coderre
(Denis) : Bien, écoutez, nous, ce qu'on veut, c'est de revoir les
dispositions pour permettre d'atteindre l'objectif recherché tout en ne
mettant pas en péril le fonctionnement de plusieurs organismes.
C'est sûr
qu'il y a une question de sécurité juridique. On veut s'assurer que tout se
fasse en toute probité. Mais, si on
demande, par exemple, à certains organismes qui ont plus que 50 % de
subvention d'être soumis à l'ensemble de la gestion au même titre que la ville de Montréal, ça veut dire que vous
avez des associations d'âge d'or, des associations sportives qui peuvent recevoir jusqu'à un million
de dollars, bien, ils sont obligés de passer à travers tout ce processus
administratif. Puis, au bout de la ligne,
bien, ils n'ont pas le temps, les capacités, et puis ça peut décourager
beaucoup, beaucoup de bénévoles aussi en ce sens.
Donc, je
pense que je comprenais l'esprit de la loi. Je pense que c'est correct parce
qu'on s'assure d'assurer que tout se
fasse en toute probité, et puis, de toute façon, nous, on a des mesures. On
s'est même donné un inspecteur général puis des mesures pour assurer que la façon dont l'argent est dépensé puis
l'octroi de contrats ou de subventions puissent bien... orchestrer, mais qu'en même temps, si on leur met
sur les épaules la même chose que si c'était un organisme municipal, je
pense que, là, on va avoir des problèmes majeurs.
Donc, je pense que ça prendrait une
clarification. Il y a peut-être, je pense, l'alinéa 4° de
l'article 69 où on pourrait faire...
soit le biffer ou l'organiser autrement juste pour le clarifier, tout en
s'assurant de la sécurité juridique des contrats, évidemment, comme j'ai
dit.
M. Coiteux :
O.K. En tout cas, on va le regarder, certainement. Maintenant, j'aimerais
aborder la thématique des référendums
en matière d'urbanisme. Comme Montréal est quand même une grande ville, c'est notre
métropole, effectivement, puis
Montréal se compare régulièrement à d'autres villes importantes dans le monde,
vous avez d'ailleurs des contacts
avec d'autres villes dans le monde, j'aimerais ça, si vous voulez bien,
élaborer un petit peu sur comment est-ce qu'on parle de mécanismes de consultation. Vous avez parlé tout à
l'heure de l'Office de consultation publique de Montréal. Comment ça se compare comme façon de consulter les
citoyens, notamment en matière d'urbanisme, là, à d'autres grandes villes dans le monde? Parce que les référendums en
matière d'urbanisme sont propres au Québec, là. Ça ne semble pas exister
nulle part ailleurs dans le monde. Ça ne veut pas dire qu'ils ne consultent pas
ailleurs dans le monde. Donc, j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
• (16 heures) •
M. Coderre
(Denis) : La seule chose que je peux vous dire à ce sujet, c'est que
je crois à la participation citoyenne. Il y a toujours la question de la
démocratie participative versus la démocratie représentative.
C'est sûr que
nous, on est élus. À tous les mois, on est imputables, on reçoit des questions
de la population. Nous, on a fait un
peu oeuvre de légion parce qu'on a eu l'obtention d'un congrès de l'ensemble
des offices de consultation dans le monde
parce que c'est vraiment assez exceptionnel, ce qu'on fait. Les CCU, par
exemple, en termes urbanistes, font l'oeuvre
de consultation. On a fait une consultation pour un projet citoyen concernant
la transition fossile. On peut faire des PPU. Par exemple, on a fait celui... PPU des gares, puis on a pris les
recommandations, puis on les a ajustées en conséquence.
Qu'est-ce
qu'on veut, c'est de s'assurer qu'on puisse peaufiner un dossier tout en
gardant notre capacité de prendre des décisions, mais de prendre en note
la façon dont les gens voient la chose.
Donc, miser sur la consultation, oui, s'assurer
que l'ensemble des municipalités puisse avoir une capacité consultative pour que les citoyens, en temps réel,
lorsqu'il y a un sujet important, puissent avoir un certain mot à dire,
je suis tout à fait d'accord avec ça. Mais,
de la façon dont les référendums fonctionnent, je vous l'ai dit tantôt,
l'exemple de Vendôme est criant, il y a 16 personnes qui
ont juste bloqué. Il y a des gens qui... Et ce référendum-là, souvent, là, c'est un principe du «pas-dans-ma-cour». Alors,
moi, là, regardez... puis, dans le comté de Mme Poirier, il y a des
projets au niveau du nord, là. On a une
consultation, la ville fait des consultations pour des pôles logistiques puis
des choses comme ça.
Donc, il ne faudrait pas que ça soit un outil,
de dire : Ça prend des référendums absolument. Ça devient des irritants
puis ça empêche le développement. C'est une réalité. Mais de s'assurer qu'on
puisse avoir une stratégie de... pas une
stratégie, qu'on ait des outils de consultation pour assurer que la population
puisse donner son point de vue et qu'on prenne ces recommandations, ça, c'est la démocratie participative. La
démocratie représentative, est-ce que je vais demander à un député qui a un projet de se dire : Bon,
bien, on va faire un référendum sur tous les dossiers parce qu'on sent
que les citoyens ne sont pas interpellés?
Bien, vous allez dire : Bien non! On leur parle, on organise des choses,
mais, au bout de la ligne, je suis
élu pour prendre une décision. Qui plus est, à chaque mois, on a non seulement
un conseil d'arrondissement, mais on a un conseil municipal où les gens
viennent — puis,
fiez-vous sur moi, ils viennent — poser des questions directes sur tel ou
tel dossier.
Alors, c'est
pour cette raison que moi, je salue l'approche de ce projet de loi en ce sens.
Et c'est de s'assurer qu'au bout de la ligne il puisse y avoir une
démocratie citoyenne puis une participation citoyenne.
M. Coiteux :
Il y a une autre disposition du projet de loi sur laquelle j'aimerais ça vous
entendre, peut-être avec des exemples, là, de ce que ça peut poser comme
problématique, c'est cette question du passage, là, des 25 000 mètres
carrés à 15 000 mètres carrés pour
se soustraire à un règlement d'arrondissement. Qu'est-ce qu'on ne peut pas
faire à l'heure actuelle? Où sont les
blocages à l'heure actuelle, puis comment ça, ça permettrait de réaliser des
projets qui, autrement, n'auraient pas pu être réalisés?
M. Coderre (Denis) : Je pense
que c'est au niveau du processus pour l'adopter puis faire les choses éventuellement, là. C'est pour ça que je vous dis
qu'en ayant de toute façon ce processus de consultation qu'on a déjà ça nous permet d'avoir des irritants en moins tout en
s'assurant qu'il puisse y avoir de toute façon une consultation. Donc,
je ne pense pas qu'il faut miser sur le nombre de mètres carrés, mais vraiment
sur la façon dont on se comporte comme gouvernement de proximité.
M. Coiteux : Je ne sais pas si
mes collègues auraient d'autres questions. Karine voulait poser une question.
Mme Vallières :
Il reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Auger) :
8 min 30 s, Mme la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Merci beaucoup, M. le Président. M. Perez, M. Coderre, salutations.
Merci de votre présence en commission parlementaire.
Deux points
que j'aimerais voir. J'ai été surprise par rapport aux ententes gré à gré pour
les concours de design et d'architecture.
Est-ce que vous avez un exemple qui est arrivé, oui, et quel genre de contrat,
de quelle ampleur ça a, puis quels sont les délais auxquels vous faites
référence?
M. Coderre
(Denis) : La game dans tout ça, là, c'est : Est-ce qu'on est
autonome ou on ne l'est pas? Est-ce qu'on est capable de gérer notre ville ou on ne l'est pas? Si on est toujours
obligé... Puis c'est le même principe parce que, quand vous regardez la façon... l'esprit de la loi,
c'est vraiment d'assurer que les municipalités soient considérées pas
comme des créatures des provinces, mais
comme des gouvernements de proximité. Et d'être obligé de demander la
permission pour le concours de
design, c'est un peu encore paternaliste et prendre par la main, là, je vais
être bien honnête, là. Je veux dire, nous
autres, ça fait des années qu'on voulait organiser une bibliothèque, puis ça a
pris tout le temps pour faire ce concours gré à gré. Nous, là, on s'est donné des paramètres, de toute façon.
Regardez, là, on a inventé l'inspecteur général, hein? On s'est attaqués
directement à toutes les games, puis la corruption, puis la collusion au niveau
de Montréal. On n'a pas attendu, là. On vous
a démontré qu'on a pris nos responsabilités puis on devient un exemple à suivre
en matière d'administration publique.
Donc, on se
dit : On a-tu vraiment besoin d'avoir une permission pour un gré à gré
pour un concours d'architecture, de
design? Puis c'est tellement important. Mais parlez aux jeunes dans Villeray
qui voulaient avoir une école, puis on attendait
après eux autres pour que le projet puisse aller de l'avant, là. Déjà que j'ai
les commissions scolaires, mais ça, c'est un autre dossier. Mais, très
certainement, je pense qu'on est capable de grandir sans avoir à aller chercher
cette permission. C'est un peu dans la même foulée.
Honnêtement, je ne comprends pas parce qu'on
s'en était parlé puis je comprenais que le ministre ou le gouvernement était d'accord,
mais au bout de la ligne...
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Coiteux : C'est l'occasion
d'un échange, hein, donc aussi, en même temps, quand on reçoit des gens en commission,
dont le maire de Montréal, évidemment.
Là-dessus, c'est vrai, puis je posais la question
à M. Croteau, ici, le sous-ministre en titre aux Affaires municipales et à l'Occupation du territoire :
Mais est-ce que je n'ai pas réglé ça déjà? J'avais l'impression,
effectivement, de l'avoir réglé. Dans les
faits, c'est qu'actuellement on l'autorise à la pièce, hein? On l'autorise à la
pièce. Donc, la question que vous soulevez : Est-ce que c'est encore pertinent de le faire à la pièce ou on ne devrait
pas avoir un mécanisme qui règle une fois pour toutes?, il y a un projet
de règlement en préparation qui le réglerait de façon, bien, définitive, là,
entre guillemets. Il n'y a rien de définitif dans la vie, mais du moins ça ne
serait plus à la pièce. Dans le fond, ce que vous soulevez, c'est : Est-ce
que ça peut être regardé d'un point de vue législatif plutôt que réglementaire?
M. Coderre
(Denis) : Mon seul bogue,
là, comme administrateur public
moi-même depuis de nombreuses années, c'est
que le fait de mettre ça dans une loi, là, je ne suis pas soumis à l'humeur
changeante des ministres ou des ministères. Alors, je pense que, si on le mettait dans une loi, là, hein, puis là je
vois du monde qui dit oui, là, ça pourrait être un bel amendement, M. le
ministre.
M. Coiteux : C'est un fait que,
souvent, ça dépend évidemment qui est dans l'opposition, mais c'est souvent
l'opposition qui préfère que les changements soient dans la loi plutôt que dans
les règlements. Mais, quand il y a de l'alternance,
ça alterne, les positions par rapport à cette question-là parfois. Mais, honnêtement, notre objectif là-dessus,
c'est de reconnaître la réalité des choses.
Puis la réalité des choses, ce n'est pas le genre de choses qu'on veut
autoriser à la pièce comme si on avait un
droit de vie ou de mort parce que je
pense qu'il y a des raisons tout à fait valables, là, de trouver une solution permanente. Tu avais une
autre question?
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée de Richmond.
Mme Vallières : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais y
aller d'une autre question, des fois qu'on aurait déjà une autre réponse. Donc, il y a quelque chose qui me questionne particulièrement
aussi dans ce que vous apportez, qui a été relevé par des municipalités rurales du comté du Richmond aussi, c'est
par rapport aux OBNL. Est-ce que vous avez une idée de proposition qui pourrait être un passage mitoyen entre les deux
par rapport à, non, on le laisse tomber complètement versus y aller avec
autre chose? Est-ce que ça peut compromettre la participation de la ville dans
certains projets? Et qu'est-ce que vous
répondez à ceux qui disent : Il pourrait y avoir créations d'OBNL pour
éviter peut-être publication de certains contrats par la ville? Donc,
d'autres créatures, finalement, qui seraient créées.
M. Coderre (Denis) : ...mais
M. Perez va vous répondre.
Le Président (M. Auger) :
M. Perez.
M. Perez
(Lionel J.) : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, Mme la
députée. Nous, on peut souligner, on peut
vous faire un suivi avec des exemples concrets, avec des OBNL qui reçoivent
plus que 50 % de leur budget de la ville de Montréal. Il y a quand même des OBNL importants avec des budgets annuels
de 600 000 $, 700 000 $, même 1 million de dollars, et ils ont trois, quatre employés. Le
fardeau administratif et réglementaire de leur exiger à passer par un
processus d'appel d'offres, de devoir avoir
une politique de gestion contractuelle est très onéreux et va mettre en péril
leur capacité de recevoir des fonds.
Donc, nous,
ce qu'on peut suggérer, c'est trouver une mesure qui va permettre de bien
atteindre le but visé, qui est évidemment avoir une certaine probité. À
la ville de Montréal, on est particulièrement bien équipés, comme l'a mentionné le maire, avec l'inspecteur général, qui
a soulevé des enjeux dans ce genre-là. On sait qu'il y a évidemment l'autorité des marchés... des contrats qui s'en
vient. Il y a peut-être un rôle à souligner. Mais on peut penser, par
exemple, à certains seuils, certains seuils
budgétaires annuels pour certains organismes. On ne veut pas viser des petits
OBNL qui vont peut-être aller chercher un ou deux contrats de
25 000 $ et plus et qui vont vraiment se perdre. Donc, peut-être un seuil minimal ou un certain nombre de contrats. On
peut également éliminer... par exemple, éviter des contrats répétitifs
aux mêmes adjudicateurs. Donc, il y a différentes possibilités et modalités
pour s'assurer qu'on ne va pas jouer ça.
Concernant la
création d'OBNL, il y a eu des cas très, très récents à Montréal où, justement,
on a démontré qu'il faut une certaine probité, il faut une certaine
action, mais encore une fois on parle vraiment d'OBNL importants, et on ne vise
pas des petits à cet égard-là.
Le Président (M. Auger) : Mme
la députée, ça va?
Mme Vallières :
Ça va, merci beaucoup.
Le Président (M. Auger) : M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, il reste deux minutes.
• (16 h 10) •
M. Chevarie : Oui. Merci, M. le
Président. Merci pour votre présentation.
Je vais y aller d'une question un peu plus
large. Avec le projet de loi n° 122, on sait que ça change de façon
extrêmement importante les relations entre Québec et les municipalités. C'est
un virage important qui est basé sur la confiance,
le partenariat et, en même temps, une reconnaissance que les municipalités sont un gouvernement
de proximité. Mais dorénavant, pour les municipalités, il y a un devoir
de plus grande imputabilité auprès des citoyens. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
M. Coderre
(Denis) : Écoutez, puis vous le savez, vous avez un maire, aux Îles,
assez exceptionnel, Jonathan, et, au niveau de l'Union des
municipalités, comme au niveau de la Fédération québécoise des municipalités,
il y a eu respectivement le livre bleu et le livre blanc
sur le rôle des municipalités. Et il y a eu le rapport Perrault concernant la
reddition de comptes, et tout ça.
C'est sûr que, si on
n'est pas une créature des provinces, on est un gouvernement de proximité, il
faut agir en conséquence. Donc, il faut
s'assurer d'une plus grande transparence. Il faut s'assurer qu'on ait des
comptes à rendre, on a de plus
grandes responsabilités. Et on parle tous d'une même voix au niveau du monde
municipal dans ce sens-là, que ce n'est pas un passe-droit, là. C'est qu'on veut justement s'assurer que, parce
qu'on est élus, parce qu'on est redevables envers nos citoyens, qu'on doit être davantage responsables
sur les enjeux qui viennent et puis sur cette nouvelle relation, je
dirais, de gouvernement à gouvernement, mais
de gouvernement à citoyens en même temps. Tout ce qu'on se dit, c'est
qu'on va enlever certains irritants. Autonomie ne veut pas dire indépendance,
hein? Ça veut juste dire qu'on est... une capacité d'être davantage efficients, mais on doit être davantage responsables.
Et puis à ce moment-là il n'y a pas de faux-fuyant, là. C'est que si...
Là, ça va être de votre faute, point. Ça fait qu'il faut qu'on se prenne en
main. Et ce n'est pas juste une question de relation de confiance, c'est une
question de s'assurer qu'on soit imputables à tous les niveaux.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. C'est tout le temps que
nous avions pour le premier bloc d'échange. Nous allons poursuivre. Pour
les 10 prochaines minutes, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. À mon tour de vous saluer, M. le maire, M. le
conseiller.
M. le maire, on vous
connaît une franchise assez ouverte. Je voudrais vous poser une question. Vous
avez effectivement, dans votre introduction,
statué l'importance de cette reconnaissance-là du gouvernement de proximité,
et on voit, à l'article 167, que Québec
formalise ses rencontres en créant la Table Québec-Municipalités pour laquelle
la FQM, l'UMQ, Montréal et Québec vont siéger pour discuter des
orientations gouvernementales.
La
question que j'aurais à vous poser : Trouvez-vous... parce qu'on aura le
statut de la métropole prochainement, donc
on va donner beaucoup de présence et d'envergure à notre métropole, qui est une
bonne chose, en passant. Mais trouvez-vous que, suite à cette création
de cette table-là et considérant que l'UMQ est là, Montréal ne serait pas un
peu surreprésenté?
M. Coderre
(Denis) : Vous avez un problème de surreprésentation, vous? C'est
parce que la métropole, ce n'est pas
l'ennemi. La métropole, on est là. Si on est une locomotive, on va tirer les
wagons, mais on a besoin des wagons parce qu'à un moment donné il faut
arrêter, là, de ces anciennes façons de penser que c'est l'ennemi, là. Même au
bout de la 20, d'un bord à l'autre, on
s'entend puis on travaille ensemble, là, je veux dire, puis ça, c'est
important. La première chose que j'ai
faite, c'est d'aller dans les régions puis de m'assurer justement qu'on
travaille en collaboration. Je vous annonce qu'on va annoncer un bureau de... qu'on va mettre de l'avant un bureau
des régions justement pour rehausser le rôle des régions puis empêcher
que les régions se vident. Ça fait que ça, là-dessus, là, il faut en revenir.
Ce qui est
extraordinaire, par exemple, puis, j'espère, tous partis confondus, c'est qu'on
remarque que les municipalités doivent être
dans le processus décisionnel. Chacun a sa juridiction, puis on respecte. Mais
on est les gens les plus proches de
ses concitoyens, là. Je veux dire, il y a des... quand on pose certains gestes,
il y a comme une réaction immédiate.
J'étais
justement dans le comté de M. Laframboise, à Sainte-Anne-des-Plaines, puis
on parlait avec les gens, là. C'était
immédiat, là, quand on parlait de développement durable, développement
économique. On a un rôle à jouer. Alors, au lieu que tout tombe dans les craques continuellement puis qu'on soit pognés
dans la salle d'attente, on a décidé d'être tout le monde dans la même salle puis de décider d'un commun accord sur
des grands principes directeurs, mais qu'on n'a pas besoin de se faire prendre par la main à chaque
fois pour gérer des budgets, là. Moi, j'ai un budget de 5,2 milliards,
là, puis je suis un grand garçon, puis, ça adonne bien, je suis élu. Ça fait
que je suis redevable à mes citoyens.
Mais je sais qu'on a
des besoins essentiels, comme président de la CMM, comme membre de l'Union des municipalités du Québec, comme, même, membre
associé de la Fédération québécoise des municipalités, de s'assurer qu'à à un moment donné à une même table on soit en
mesure de développer des plans directeurs. Moi, j'espère, en tout cas,
que vous ne voyez pas ça comme Montréal est le problème dans votre question.
M. Ouellet : Non, absolument pas. Je comprends que Montréal
est une locomotive. La question ou la sous-question, c'était : Est-ce qu'on est sur la même
longueur d'onde sur le chemin à parcourir. Alors, je pense que votre propos
était...
M. Coderre
(Denis) : Vous êtes de quelle région, vous?
M. Ouellet :
Côte-Nord.
M. Coderre
(Denis) : Bon, bien, justement, parlez à Réjean Porlier, là, quand je
suis allé le voir, là, dernièrement, là, à quel point Montréal a pu
jouer un rôle de premier plan, là. Quand on parle en termes des mines, par
exemple, la transformation se fait aussi à
Montréal, puis on doit travailler en toute complémentarité. Alors, si vous
voulez avoir un développement régional... au même titre, Montréal
a besoin des régions, les régions ont besoin de Montréal. Mais là, en plus, vous avez un gouvernement qui a décidé de
travailler ensemble et en complémentarité. Alors, c'est ça qui est
intéressant, là. C'est une première, que les
municipalités s'assoient à une même table que le gouvernement puis qu'on puisse ensemble... on
n'a pas besoin d'être d'accord sur tout, là, mais qu'on se donne un processus
pour s'assurer du développement
parce que c'est la même poche qui paie.
M. Ouellet :
Une autre précision que j'aimerais obtenir de votre part, l'article 69, je
pense que vous exposé effectivement une situation qui pourrait pénaliser, dans certains cas, les
OBNL, considérant l'ampleur, mais vous avez compris l'essence de la disposition que le ministre
veut intégrer. Vous avez compris aussi que, dans certains cas, dans certaines municipalités, au Québec, on a créé des OBNL parce que la municipalité ne pouvait pas faire quelque chose, avec l'OBNL on faisait d'autres choses. Mais je comprends que, dans le cas des OBNL d'oeuvres caritatives ou sociales, ça
ne s'appliquerait pas.
Alors,
je présume que, si on amenait une disposition qui exclurait, dans le fond les OBNL à vocation économique, donc elles seraient tenues de
participer aux appels d'offres publics, et qu'on excluait, dans le fond, les
OBNL plus sociocommunautaires, là, vous seriez à l'aise avec ça.
M. Coderre
(Denis) : Il y a un problème
de philosophie. D'un côté, c'est pour ça que j'ai mis sur pied
l'Inspecteur général, puis, avec déjà le Vérificateur général puis le contrôleur général, on a vraiment... on couvre tous les
angles pour protéger l'intérêt des Montréalais, O.K.? Ça, c'est une
première chose.
La
deuxième, c'est que... est-ce qu'on veut alourdir davantage? On est capable d'avoir des mesures
d'efficience puis des mesures d'imputabilité
puis de reddition de comptes sans être obligés d'appliquer exactement la même
chose. Puis je comprends que vous avez des
gens puis certains syndicats qui disent : Bon, on essaie de faire
indirectement ce qu'on ne peut pas
faire directement parce qu'on veut s'en sortir. Regarde, moi, je ne suis pas
là, là. Moi, ce que je pense qu'il faut s'assurer, c'est d'avoir une
bonne fluidité tout en protégeant la probité, en s'assurant d'une probité.
Peut-être
une clarification au niveau de l'article 69 qui va expliquer ce qu'on voulait
dire par ça, là, ça pourrait être une
chose, mais le problème de cet article-là, ça fait tellement de dommages parce
que beaucoup de ces gens-là travaillent bénévolement aussi, puis il n'y a pas beaucoup... Tu sais, même en
termes de développement, tu peux avoir des OBNL qui sont dans le
développement économique puis, s'ils vont passer leur temps à remplir de la
paperasse puis à rendre des comptes ici, à gauche puis à droite, ils ne feront
pas beaucoup de développement, hein? Ça fait que c'est juste une question de
s'assurer, là, qu'il y a un équilibre dans tout.
Le Président
(M. Auger) : Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, quatre
minutes, à peu près.
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. M. le maire, M. Perez, ça me fait plaisir. On va
revenir aux référendums...
M. Coderre
(Denis) : Vous aimez ça, les référendums, vous autres?
Mme Poirier : Oui, oui, on aime ça, nous, les référendums.
Une petite tendance comme ça, je ne sais pas pourquoi. Vous devriez
aimer ça, vous aussi, je ne comprends pas. C'est ça, la démocratie.
M. Coderre
(Denis) : Bien là, vous êtes rendus au troisième mandat, là, c'est une
autre affaire.
Mme Poirier :
Et je vais y aller très concrètement. Puisque vous l'avez nommé, le pôle
logistique dans Mercier‑Hochelaga‑Maisonneuve,
il y a actuellement des citoyens qui se disent lésés et qui peuvent utiliser
justement leur pouvoir de ramasser des signatures pour demander des
consultations à l'Office de consultation. C'est quand même 5 000 signatures qu'ils doivent ramasser pour
ça, c'est beaucoup. On n'est pas à 17, là, comme l'exemple que vous
déposez. Est-ce qu'il n'y a pas là une forme
de — je vais
le dire comme je pense — déni de démocratie que de ne pas permettre aux citoyens d'être consultés sur un projet qui arrive
un peu de nulle part et qui vient, dans le fond, redessiner un très
grand secteur dans l'arrondissement?
M. Coderre
(Denis) : Mme Poirier, votre travail vous honore, puis je sais
que vous êtes très présente sur le terrain,
mais vous devez aussi dire qu'il y en a eu, de la consultation, et qu'on s'est
dit qu'il y a une consultation continue sur ce dossier. Vous avez le côté nord puis vous avez par la suite
souligné tout ça. Et, dans le fond, le message qu'on a envoyé, c'est que, bien, oui, il y en a une
participation citoyenne. On n'est pas là pour créer des problèmes. Et, quand
on parle justement de la question de
l'autoroute 25, c'est de s'assurer justement que les camions ne passent pas
dans le local puis qu'on puisse
ensemble s'assurer au niveau du développement. Et le pôle logistique, ça fait
longtemps qu'on en parle, là. Ce n'est pas comme si ça sort... il n'y a
pas eu de cachette en ce sens-là.
C'est
de s'assurer qu'on puisse réaffirmer et réassurer la population. Donc, le maire
de l'arrondissement, que vous connaissez bien, Réal Ménard, on a fait
une journée, il y a des mémoires qui peuvent être déposés. Il pourra y avoir éventuellement en plus un OCPM, s'il recueille le
nombre de signatures, mais ce n'est pas comme il ne s'est rien passé,
là. Donc, je ne voudrais pas qu'on donne
l'impression qu'il n'y en a pas eu, de consultation, là. Je sais qu'il y a
certains qui peuvent faire — puis je ne parle pas de vous — de la politique avec ça, mais ça, c'est un
autre dossier. Mais ce qui est important pour moi, c'est de s'assurer
justement qu'il puisse y avoir une voix qui est entendue, qu'on puisse protéger
l'intérêt de la population et qu'on puisse les réassurer tout en trouvant un équilibre
dans la façon de faire les choses.
Mme Poirier :
Mais, dans la dynamique où on vient justement enlever un de ces moyens-là qui
existent présentement, est-ce
que ce n'est pas venir dire à la population
qu'en bas de 5 000 signatures,
vous n'avez pas le droit à la parole? C'est un peu ça, ma question.
• (16 h 20) •
M. Coderre (Denis) :
Non. Ce que ça veut dire, c'est que nous, de toute façon, on est des champions
en termes de consultations. Alors, on
a fait plein d'événements. Il y a même des choses où on n'a pas eu besoin de
faire un OCPM ou une consultation puis on l'a fait pareil.
Alors, moi, ce qui
est important, puis, vous le savez, on est une administration qui est très
terrain, c'est de s'assurer que les gens
peuvent être entendus. Mais, à un moment donné, il y a des décisions à prendre
aussi, là. On est là pour prendre des
décisions. Consultation, oui. Si la consultation ne se fait pas... Puis les
gens, c'est sûr qu'il y a une élection qui
s'en vient au mois de novembre. Alors, on verra s'ils sont contents ou pas.
Mais, moi, ce qui est important, c'est de m'assurer de la quiétude des gens, qu'ils puissent avoir... parce qu'on
le sait qu'il y a eu des choses, notamment dans votre coin, qui ont pris
beaucoup de temps à être réglé, la question des bruits, et tout ça. Mais notre
but, c'est justement de faciliter les choses
tout en assurant un développement. Je pense que si... Puis vous connaissez vos
SDC, là. On travaille très, très fort pour amener plus d'emplois pour
assurer justement qu'il y ait une lutte contre la pauvreté tout en assurant
qu'il y ait une qualité de vie. Alors, il y a de la consultation,
Mme Poirier.
Le Président
(M. Auger) : Merci. En terminant. Il reste 10 secondes, donc.
Mme Poirier :
Mais je vais quand même poser la question. Vous pourrez... de répondre à un
moment donné. L'article 108 de la loi est modifié
par l'article 115, là, et là je parle au président de la CMM. On vient ajouter
un lien avec tout ce qui est contrat d'emphytéose portant sur un
immeuble de la communauté ou tout contrat. On vient ajouter l'emphytéose. Moi,
j'aimerais juste comprendre si c'est une demande de la CMM, d'ajouter cette
modification-là en tant que telle.
Le Président
(M. Auger) : Merci, Mme la députée. Donc, vous aurez du temps
pour y répondre parce que...
M. Coderre
(Denis) : ...de façon technique, M. le Président, je vais vous envoyer
ça dans le prochain rapport. Ça fait partie des réponses.
Mme Poirier :
Merci. Parfait.
Le Président
(M. Auger) : Merci. Merci beaucoup. Nous allons poursuivre. Pour
les six prochaines minutes et 30 secondes, M. le député de Blainville,
porte-parole du deuxième groupe d'opposition.
M. Laframboise :
Merci, M. le Président. Merci, M. le maire, M. Perez, de votre présence.
D'entrée
de jeu, par rapport au concours de design et d'architecture, moi, je vous... en
tout cas, je tends la main au ministre,
là. Si vous déposez un amendement pour l'inclure dans la loi, on va vous
appuyer. Je pense qu'on est rendus là pour l'autonomie des villes. Je
pense que, là-dedans... Et, si le gouvernement avait des projets particuliers puis
des partenariats avec les villes, il n'y a
rien qui empêche d'avoir une clause pour dire : Bien là, dans ce cas-là,
le concours de design peut avoir des
normes spécifiques, là. Mais je pense que je suis sur la même longueur d'onde
que vous, M. le maire.
Ma
question sur les référendums, et ça, je le prendrais différemment, M. le
maire, c'est que c'est important pour nous.
Puis je l'ai dit d'entrée de jeu, là, au début de la commission, moi, je veux
que les citoyens sentent qu'on travaille pour eux. C'est pour eux qu'on
fait ça. O.K.? Et, présentement, la façon dont ça fonctionne avec les
référendums en aménagement du territoire,
c'est lourd, c'est coûteux, puis le résultat, à la fin, c'est que, souvent, le
projet se réalise quand même, là. C'est ça que... tu sais? Et la
nouvelle façon de faire, ce que la loi dit, c'est que vous devez prouver aussi
au gouvernement qu'il y a eu des études de
faites puis qu'il y a eu des consultations publiques de faites. Donc, ce n'est
pas quelque chose qu'on lance demain matin
en disant, là : Les villes, là, elles feront ce qu'elles voudront. Ce
n'est pas ça, là. Puis je veux que vous nous expliquiez ça pour que vos
citoyens vous comprennent bien, M. le maire.
M. Coderre
(Denis) : Regardez, puis je reprends ce que Mme Poirier a dit, la
question est extrêmement légitime, O.K.? Moi, je veux qu'on sache, là,
que, même quand on parle de permis de démolition, il y a une consultation, quand on parle d'aménagement urbain, il y a une
consultation. Il y a une consultation tout le temps. Puis même, en plus,
on peut faire des consultations puis dire à
l'OCPM : Vous pouvez embarquer puis en faire davantage. Mais, trop
souvent, la réalité, on va être franc, là, c'est du «pas-dans-ma-cour». Puis ça
revient toujours à la même affaire.
Moi,
là, je ne vous parle pas au nom de maires en particulier, là, M. Demers va
parler tantôt au niveau de Laval. Mais,
au niveau de l'Union des municipalités du Québec, ce qui est très, très clair,
c'est qu'ils disent : Regarde, qu'on se donne des mesures de consultation, c'est une chose, mais, dans ce
contexte référendaire, il y a un problème avec ça. Donc, ce n'est pas une demande de Montréal, là, c'est
une réalité du monde municipal. Et puis, au bout de la ligne, moi, je
suis très, très fier parce qu'on en fait, de la consultation.
Puis on a fait le PPU
des gares, là, vous le savez, là, on a quelque chose comme 78 projets qui
représentent 21 milliards de dollars au centre-ville. Puis ça, c'est
important, là, c'est majeur. Bien, on s'est parlé, on a eu une consultation, puis, en termes de hauteur, et tout
ça, on a pris les recommandations
puis on les a appliquées. Alors, au lieu d'embarquer dans le
«pas-dans-ma-cour», c'est de travailler en amont puis de s'assurer qu'il y a
une consultation. Alors, on peut faire ça aussi.
Je
pense que ce qui est important, c'est le résultat puis que les gens sentent
qu'ils sont écoutés. Mais, la réalité, c'est qu'être consulté ça ne veut pas dire qu'on va vous donner tout ce que
vous voulez, là. Ça veut dire qu'on va prendre en considération ce que vous nous dites, puis, si ça
a de l'allure, on va le faire. En tout cas, c'est de même que je marche.
Alors, on a plein d'exemples comme ça.
Alors,
moi, je pense que ça va être, oui, un irritant de plus, mais assurons-nous, par
exemple, qu'il y ait de la consultation. Il faut qu'il y ait des mesures de
consultation, et ça, je pense qu'étant donné qu'on parle d'autonomie municipale dans le monde municipal, ils devront
démontrer qu'ils l'ont. Nous, on le fait depuis 2002, puis ça fonctionne
à merveille.
M. Laframboise : Parfait. Mon autre question, ce sera sur la taxation. Vous nous dites...
Vous voulez retirer de l'article
58, les dispositions qui prévoient qu'une taxe imposée en vertu de ce pouvoir ne
donne pas droit au versement d'une
somme tenant lieu de taxe. Donc... parce
qu'on vous donne des nouveaux pouvoirs de taxation puis, là-dedans,
bien, on vous... Je veux...
M. Coderre
(Denis) : Il y a un problème d'équité, là. M. Perez.
M. Laframboise :
Oui. Allez-y, M. Perez.
M. Coderre
(Denis) : Il est avocat, en plus.
M. Perez
(Lionel J.) : Alors, pour préciser, nous avons déjà ces pouvoirs-là
dans notre Charte de la ville de Montréal. Donc, parce que le gouvernement veut
l'étendre à toutes les municipalités, ils ont été retirés de la Charte de la ville
de Montréal. Toutefois, il y a
un bémol spécifique qui a été retiré, qu'on a présentement dans la charte, qui
est sur les en-lieu de taxes. Donc, ce qui
va avoir, on va avoir une perte de revenus parce que, présentement, on
peut recevoir ces montants d'en-lieu
de taxes. Ça n'a pas été reproduit dans le projet de loi. La ville de Montréal, avec un certain réflexe de Montréal,
on aimerait maintenir cette disposition, et c'est important,
hormis la perte de revenus... Un exemple, la Société québécoise
d'infrastructures, présentement, ça représente plus de 23 millions de
dollars par année qu'on perdrait.
Deuxièmement,
il y a une équité vis-à-vis des tiers. Il y a des entreprises privées
qui ont des stationnements, par exemple, qui eux, ils vont devoir payer
des taxes.
Troisièmement,
si jamais la SQI, elle décide de louer ce terrain, bien, elle ne va pas devoir
payer la taxe, et donc le locataire ne va pas le payer, mais celui-là
qui est propriétaire à côté, il devra.
Dernier point, il y a
un enjeu potentiel d'effet rétroactif où des éléments ou certains joueurs qui
ont payé des taxes vont pouvoir revendiquer. Et dernièrement il y a
présentement un litige, justement, avec la SQI et la ville de Montréal
sur cet enjeu-là où, en venant enlever cette disposition-là, bien, je dirais
que ça enlève tout notre argumentaire juridique qui est basé sur la Loi
de la fiscalité municipale.
M. Coderre
(Denis) : On se sert de la loi pour régler le problème.
M. Perez
(Lionel J.) : Voilà.
M. Coderre
(Denis) : Ça paraît mal.
M. Perez
(Lionel J.) : Alors, voilà.
Alors, pour toutes ces raisons-là, c'est clair pour nous qu'on devrait
s'assurer de maintenir les dispositions qui étaient dans la charte dans le projet
de loi...
Le Président
(M. Auger) : 30 secondes, M. le député.
M. Laframboise : Oui. Bien, sur le non résidentiel des nouveaux paliers, ça va vous
permettre plus de flexibilité. C'est ça, M. le maire? Allez-y.
M. Coderre
(Denis) : Ça va nous permettre une certaine modulation, puis on va
être en mesure, pour le premier
500 000 $, là, d'assurer une marge de manoeuvre, là, parce qu'évidemment, surtout pour les quartiers
centraux, là, il y a quand même une réalité,
là. Et puis au même titre qu'avec le statut de métropole, éventuellement, vous
avez vu le projet de loi... permet
des mesures de compensation. Ça fait qu'on va être en mesure de vraiment avoir
des outils, là, qui vont nous permettre d'être réellement... aider, là,
les petits commerçants, là.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup, donc, MM. Coderre et
Perez, pour votre participation aux travaux de la commission.
Je suspends quelques
instants pour permettre aux représentants de la ville de Laval de prendre
place.
(Suspension de la séance à
16 h 29)
(Reprise à 16 h 31)
Le Président
(M. Auger) : À l'ordre, chers collègues! Nous allons reprendre
nos travaux en souhaitant la bienvenue aux représentants de la ville de Laval.
Donc, je vous rappelle que
vous disposez de 10 pour votre présentation, et, par la suite, nous allons
procéder à une période d'échange avec les trois groupes parlementaires.
Dans un
premier temps, bien vouloir vous identifier et, par la suite, vous allez
pouvoir commencer votre exposé.
Ville de Laval
M. Demers (Marc) : Alors,
merci, M. le Président. Mesdames et messieurs, merci. J'aimerais présenter M. Serge Lamontagne, à ma droite, directeur
général de ville de Laval, M. Gouin, directeur du service financier de
ville de Laval, et Me Caron, de notre
service juridique, qui m'accompagnent dans le but vous éclairer sur toutes les
technicalités, si questions il y a.
Alors, la
ville de Laval salue l'ouverture du gouvernement du Québec à la reconnaissance
des municipalités comme gouvernement
de proximité et accueille favorablement... on applaudit le projet de loi.
Certaines d'entre elles, toutefois, doivent être adaptées à la réalité
des villes, dont Laval. Le temps nous étant compté, je ne traiterai ici que de
six des nombreux sujets couverts dans notre mémoire.
Le premier,
c'est la Charte de Ville de Laval. Le projet de loi n° 122 modifie les
chartes des villes de Gatineau, Lévis,
Longueuil, Montréal, Québec, mais évite de toucher à celle de ville de Laval.
Notre charte est une loi privée dont le texte original a été adopté en
1965, et qui a été modifié à répétition depuis par diverses dispositions
contenues dans 53 autres lois. Ces textes
n'ont jamais été regroupés ni consolidés dans une seule version facile à
consulter. Il en résulte un
enchevêtrement de dispositions qui constituent un véritable labyrinthe dans
lequel il est très difficile de s'y retrouver, et seul un avocat érudit
en droit municipal peut tirer des conclusions.
Laval est la
seule municipalité de plus de 100 000 âmes dont la population n'a pas
accès rapide à sa loi constitutive. Une
recherche sur Internet permet de trouver, en moins d'une minute, une version
refondue, à jour, cohérente, facile à consulter
et ayant la valeur officielle de chartes des villes de Montréal, Québec,
Longueuil, Lévis, Gatineau, et bien d'autres.
Alors, M. le
ministre, nous avons effleuré la question plusieurs fois. Je vous annonce que
je vous écrirai une lettre pour demander
votre support pour modifier la Charte de Ville de Laval, qui est une position
essentielle, je pense, pour l'ensemble des citoyens.
Le projet de loi n° 122 précise la
composition de la Table Québec-Municipalités, y inclut spécifiquement les maires de la ville de Québec et de Montréal. Laval
réclame que son maire en soit aussi un membre d'office. Laval fait
partie des trois grandes villes qui se
distinguent de manière très évidente par l'importance de sa population. La
quatrième ville en importance compte
moins de 280 000 habitants, alors que Laval en compte 425 000. La
croissance très rapide de notre population,
le dynamisme économique de notre territoire et l'importance des enjeux
environnementaux et sociaux sont seulement quelques éléments qui justifient
amplement la participation permanente à la Table Québec-Municipalités.
L'aménagement requis pour tenir compte de la
spécificité de Laval. Comme Laval exerce aussi bien les pouvoirs d'une MRC que d'une municipalité, elle a un schéma
d'aménagement, mais elle n'a pas de plan d'urbanisme. Il faut modifier le p.l. n° 122 pour en tenir
compte. Ainsi, les municipalités dotées d'un plan d'urbanisme pourront
soustraire à l'approbation référendaire la modification réglementaire touchant
les zones de requalification qui y sont inscrites. Mais, dans notre cas, ces modifications doivent recevoir la double
approbation du gouvernement et de la CMM, comme pour toute modification à un schéma d'aménagement. De toute évidence,
ceci est contraire à l'intention du projet de loi.
Par ailleurs, nous nous apprêtons à adopter un nouveau schéma d'aménagement et les dizaines et possiblement les centaines de changements aux règlements de zonage et de
lotissement qui en découlent. L'état actuel de la loi et du projet de loi nous
obligerait à ouvrir des dizaines et possiblement des centaines de registres
plutôt que d'adopter la réglementation en bloc, comme le prévoit le projet de loi n° 122 pour les municipalités qui adopteront
un nouveau plan d'urbanisme. Cela
créerait une situation invivable aussi bien pour la population
que pour l'administration municipale.
Pour régler ce problème, nous proposons au gouvernement
la même approche qui a été adoptée avec la ville de Sherbrooke en 2013, soit de nous accorder un délai de trois ans, après
l'approbation du nouveau schéma
d'aménagement, pour compléter la révision de la réglementation et nous
permettre ensuite de la soumettre en bloc à l'approbation référendaire.
Le projet de loi n° 122 permet l'augmentation de 250 000 $ de la limite prévue au pouvoir
d'aide à l'exploitant d'une
entreprise privée, sauf pour les villes de Québec et de Montréal où le maximum
est de 300 000 $. Nous demandons le 300 000 $ pour
ville de Laval.
Nous
profitons de cette occasion pour demander aussi au gouvernement de modifier les
modalités applicables à la mise en
place d'un programme de crédit de taxes. Pour qu'une entreprise soit admissible
à un tel programme, elle doit être
codifiée au rôle d'évaluation dans une des rubriques particulières, par exemple
chemin de fer, métro, service de génie ou centre touristique. Il y en a 15 au total. Si l'entreprise occupe son
propre immeuble, elle devient automatiquement admissible au programme de
crédit de taxes. Toutefois, si la même entreprise loue un espace dans un immeuble
où la majorité des occupants ne sont pas admissibles, elle perd automatiquement
son admissibilité au programme de crédit de taxes.
Nous
demandons aussi la possibilité d'offrir le crédit de taxes aux sièges sociaux,
aux regroupements d'ateliers d'artistes
ou d'entreprises d'économie sociale et à certaines infrastructures
stratégiques, par exemple les stationnements à l'intérieur des aires
TOD. Ces ajouts sont justifiés par notre volonté de mieux structurer le
développement de notre territoire et par la
densification du développement et la promotion des usages mixtes dans les
secteurs desservis par les services de transport collectif et actif.
Les contrats
d'emphytéose. L'obligation d'aller en appel d'offres pour tous les contrats
d'emphytéose n'est pas toujours dans
le meilleur intérêt de la collectivité. Laval propose de modifier le projet de
loi de manière à lui permettre la possibilité
de conclure des contrats d'emphytéose sans appel d'offres dans des conditions
très précises : pour la réalisation de projets de logements sociaux ou de logements
coopératifs avec un OBNL qui n'auront jamais les moyens d'acquérir les terrains requis dans le cadre d'un appel
d'offres ou par la mise en valeur d'un terrain non constructible par la
conclusion d'un contrat d'emphytéose avec le
propriétaire d'un terrain adjacent. À titre d'exemple, l'Hôpital juif à Laval a
un terrain de stationnement par cette mécanique-là.
Les
permis d'alcool. Le projet de loi assujettit l'obtention d'un permis d'alcool à
la conformité de la réglementation d'urbanisme. Laval propose
d'assujettir plutôt l'obtention du permis à la conformité à l'ensemble des
règlements municipaux. Cette disposition
permettra aux autorités municipales et policières de lutter plus efficacement
contre certaines activités indésirables pour lesquelles les permis
d'alcool servent souvent de paravent, par exemple le trafic de drogue et la
prostitution.
En conclusion, nous
sommes très favorables à l'idée de donner plus d'autonomie aux municipalités.
Le projet de loi n° 122 ne peut à lui
seul concrétiser la volonté du gouvernement de reconnaître les municipalités
comme gouvernement de proximité. Il faudrait
pour cela non seulement modifier les lois, mais aussi faire évoluer les
réflexes de l'appareil gouvernemental. À titre
d'exemple, j'aimerais rappeler qu'au moment où le gouvernement exprimait
l'intention de conférer aux municipalités
une autonomie davantage conforme à la réalité de leurs responsabilités, il a
fait en sorte d'exclure les parties
d'autoriser... de la gestion des budgets de recherche et de soutien des
conseillers. Je fais ici référence à la
Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière municipale
concernant notamment le financement politique des partis politiques. Ce changement, qui n'a jamais été présenté et
abordé lors de la commission parlementaire du projet de loi n° 83, a pour conséquence d'accroître
de façon exponentielle les gestes administratifs à poser. Ce type de
mesures ne favorise pas l'accroissement de l'autonomie des municipalités, bien
au contraire.
Afin de corriger
cette situation, nous proposons de modifier la Loi sur le traitement des élus
afin que celle-ci reproduise intégralement l'article 474.0.2 de la Loi sur les
cités et villes en vigueur au 31 décembre 2016.
La
Ville de Laval vous remercie de nous permettre de partager aujourd'hui nos
préoccupations quant au projet de loi
n° 122. Ce projet de loi comporte d'excellentes mesures et constitue
définitivement un pas important dans la bonne direction pour les
municipalités. Merci.
• (16 h 40) •
Le Président
(M. Auger) : Merci, M. le maire. Nous allons débuter notre
période d'échange. M. le ministre, pour les 16 min 30 s.
M. Coiteux :
Alors, M. le maire, d'abord et avant tout, bonjour, et puis merci d'être avec
nous aujourd'hui et avec toutes les
personnes qui vous accompagnent. Et là j'en avais seulement deux, mais vous
êtes trois. Donc je ne veux pas me mélanger avec les noms, mais je salue
quand même M. Lamontagne, que j'ai eu l'occasion aussi de rencontrer, et
aussi M. Gardner.
M. Demers
(Marc) : Non. M. Gardner n'est pas ici.
M. Coiteux :
Ah! il n'est pas là. Donc, c'est pour ça que je n'ai...
M. Demers
(Marc) : M. Gouin, le directeur du service Finances.
M. Coiteux :
Donc, alors, je salue tous ceux qui vous accompagnent. Je vous remercie de vos
commentaires, qui sont des
commentaires constructifs, là. C'est-à-dire vous reconnaissez d'emblée que
c'est un projet de loi qui est intéressant pour les municipalités, puis qui est intéressant pour les citoyens des
municipalités, puis qu'il y a différentes dispositions qui vont à la fois reconnaître l'autonomie des
gouvernements de proximité puis leur permettre de donner de meilleurs
services à leurs citoyens, et que c'est
gagnant dans l'ensemble. Et vous nous faites une série de suggestions par
rapport à un article spécifique : il faudrait peut-être revoir
telle chose, il faudrait peut-être penser à telle chose.
Laissez-moi vous dire
d'emblée que cette question... Vous dites : Nous, on est une ville-MRC,
donc on a une spécificité qui fait en sorte qu'on a un seul document, qui est
le plan... le schéma d'aménagement, et non pas le plan d'urbanisme. Mais donc l'article semble nous avoir ignorés, là. C'est le
genre de chose, effectivement, qu'on a l'intention de regarder attentivement parce que l'intention,
c'est de permettre à chaque ville d'avoir son propre modèle de
consultation. Et on est tout à fait
favorables à l'idée que, plutôt que de procéder par référendum dans ces cas-là,
on procède par d'autres mécanismes de
consultation. On veut s'assurer que ça s'applique aussi à Laval. Donc, on va
regarder ça avec attention. Ça, je voulais vous le dire d'entrée de jeu.
Vous
avez fait une demande spécifique à l'égard de la Charte de la Ville de Laval.
Est-ce que je dois comprendre que c'est un travail parallèle au projet
de loi n° 122 que vous nous demandez ici?
M. Demers
(Marc) : Effectivement, M. le ministre. Mais je voulais profiter de
l'occasion de vous sensibiliser parce que c'est un problème majeur. Et
la confusion que comporte la Charte de Ville de Laval ne rend pas service à
personne. Alors, je pense que le travail s'impose. Je vous ai donné, là, un
petit exemple d'où ça vient. C'est un projet de loi privé, et on a besoin
évidemment de l'accompagnement de votre ministère. On est en train de vous
rédiger une lettre qui devrait vous parvenir, qui sera plus officielle, là,
d'ici peut-être deux, trois semaines.
M. Coiteux :
Donc, vous ne suggéreriez pas une série d'amendements au projet de loi
n° 122 pour parvenir à cet objectif, là.
M. Demers
(Marc) : On n'est pas prêts. Et, je pense, si on doit faire le
travail, ça doit avoir le mérite d'être bien fait. Alors, notre équipe y travaille depuis deux ans. Notre équipe y
travaille depuis deux ans. Il y a eu des contacts avec le ministère...
Pardon?
Une voix :
...
M. Demers
(Marc) : Et l'ENAP a participé aussi au travail. Je pense que les
citoyens de Laval méritent une loi claire,
accessible, transparente, moderne et qui va permettre à la municipalité d'être
plus efficace dans les services qu'on rend.
Et, comme le projet de loi n° 122, la cible, là, les municipalités, c'est
juste un passage. Ce qu'on cherche tout le monde à faire, c'est de donner le meilleur service aux citoyens à meilleurs
coûts. Et, pour moi, c'est ça, le projet de loi n° 122. Et la
Charte de la Ville de Laval doit être modernisée et révisée.
M. Coiteux :
D'accord. C'est tout à fait légitime, là. J'avais la crainte parce qu'on sait
qu'on va passer un certain nombre
d'heures sur ce projet de loi n° 122 et je me dis : Si on doit en
plus refaire la Charte de la Ville de Laval, là, on en a pour... mais
je...
M. Demers (Marc) : Ce n'est pas
ma demande.
M. Coiteux : Demande tout
à fait légitime et entendue. Maintenant,
puisque le projet de loi change notre façon de consulter les citoyens en matière d'urbanisme, en matière d'aménagement,
d'aller vers des pratiques qui sont beaucoup plus courantes à l'échelle même canadienne et internationale, parce que
le référendum en matière d'urbanisme est une spécificité du Québec, là, ailleurs, je ne pense pas qu'ils ne
consultent pas, bien au contraire, mais c'est une spécificité du Québec, j'aimerais ça juste vous entendre comment
ça fonctionne à Laval. Tout à l'heure, le maire de Montréal nous a expliqué comment ça fonctionne à Montréal, le
processus de consultation. J'aimerais ça qu'on puisse partager ensemble
le fonctionnement des consultations, notamment en matière de projets puis
d'urbanisme, en particulier à Laval.
M. Demers
(Marc) : Alors, évidemment, la loi nous soumet à plusieurs séances de
consultation auxquelles on doit se
soumettre, mais on y a pris goût puis on en fait beaucoup plus. À ville de
Laval, toute modification d'un secteur ou projet, on fait des
consultations. Pour notre schéma d'aménagement, ça fait tout près de deux ans
que nous sommes en consultation. Et on a
fait une consultation préliminaire qui n'est pas dictée par la loi. Et c'est
notre façon de faire. Et j'assiste à toutes les assemblées de
consultation pour les changements de zonage.
Nous, on n'a
pas fait de demande spécifique là-dessus, mais j'ai écouté le maire Coderre
tantôt et je vous exprime ma vision.
C'est que, si un promoteur a un projet, il y travaille, il investit, il doit
rencontrer certaines normes avant de le présenter à la ville. Il est présenté au service d'urbanisme de la ville.
Il y a une recommandation favorable ou non. Cette recommandation-là s'en
va au comité consultatif d'urbanisme, qui est composé de citoyens et d'élus.
Eux font une recommandation, et il y a une assemblée de consultation.
Le phénomène des assemblées de consultation,
puis ça, c'est une observation bien personnelle, c'est qu'il y a trois entités. Il y a le promoteur, qui a
travaillé très, très fort, et il y a la ville, qui, bien souvent, si le
cheminement se suit, c'est parce que nous sommes d'accord, on pense que
le projet est bon pour l'ensemble de la société. Et là il y a des citoyens qui
viennent pour l'assemblée de consultation. Bien souvent, les citoyens qui se
déplacent sont les citoyens insatisfaits.
Et, si le projet a lieu dans une zone, on est obligés d'aviser toutes les zones
contiguës. Et là il y a une formule mathématique que seuls les
scientifiques comprennent pour savoir combien ça prend de signatures.
Alors, nous,
pour vous donner un exemple, à un projet du Bois de l'Équerre, il y a eu une
consultation et il y a une séance
d'information et de consultation où on présentait le projet aux citoyens, puis
on n'était pas obligés du tout, là. O.K.,
dans le secteur de Sainte-Rose. Je pense que vous êtes peut-être au courant ou
vous avez pu en avoir des échos. Et, sur 300 quelques personnes,
80 % étaient d'accord avec le projet. Quand on a fait la consultation
précise en vertu de la loi, il y a à peu près 30 citoyens qui ont bloqué
une partie du projet. Et malheureusement, dans ces assemblées-là, les citoyens qui sont contre sont motivés à se
déplacer, et les citoyens qui disent : Oui, c'est un beau projet, mais ça
ne me concerne pas, eux, ils ne se déplacent pas.
Alors, il y a
peut-être une révision, une réflexion à être faite à ce sujet-là, même si nous,
on n'est pas en demande spécifique là-dedans.
M. Coiteux :
Mais néanmoins vous décrivez un problème qui est décrit par la vaste majorité
des villes du Québec, les grandes, les moyennes, les plus petites aussi.
Est-ce que
vous êtes dotés d'une politique de consultation en tant que telle? Vous dites
que vous en faites de plus en plus, mais est-ce que vous êtes dotés
d'une politique en la matière?
M. Demers (Marc) : Bien, on a
une façon de faire, mais il n'y a pas de politique...
M. Lamontagne (Serge) : On est
en train de l'écrire, elle va être adoptée cette année.
M. Demers (Marc) : Peut-être
répéter.
Le Président (M. Auger) :
M. Lamontagne.
M. Lamontagne (Serge) :
Oui. Bon, on a fait deux choses. On s'est créé une Direction de consultations
publiques, donc on a des employés à temps
plein systématiquement pour chacun des projets, et on est en rédaction. Donc,
on devrait adopter, cette année, une politique de consultations
publiques comme telle.
Mais
peut-être revenir sur la problématique. On est d'accord avec les zones de
requalification. Mais, si vous me permettez, je vais vous donner un
autre exemple. On est vraiment rendus... et la nouvelle administration est pro
consultation. L'exemple que je vais vous donner va vous donner l'enjeu des
zones de requalification. À Laval, on a deux
Métro qu'on est en train de requalifier. Donc, si j'utilise le projet de loi,
j'aurais identifié ces deux zones-là de façon précise, et on fait de la consultation, de la préconsulation. On est
allé en appel d'offres, on a embauché des firmes expertes, on fait des rencontres citoyennes, on fait des
analyses de recherche. Donc, ce que vous proposez, par exemple, pour deux
Métro, on est dans cette direction-là.
Mais
j'ai un secteur, par exemple, qui nous arrive... un Provigo, qui a d'autres
propriétés autour, qui a fermé depuis un
an. Jamais je n'aurais identifié ce secteur-là comme zone de
requalification. Mais aujourd'hui ce qu'on est obligés de faire, c'est deux choses : Est-ce que
j'attends, le promoteur va préparer son projet, et, la démarche que M. le maire vous a expliquée, on peut arriver à la fin puis tomber ou, ce qu'on a décidé de
faire avec le promoteur aujourd'hui, c'est qu'on change la façon de faire? Le promoteur est prêt à faire du codesign avec
le quartier. Il est prêt à rencontrer les citoyens, même avant d'avoir son projet, même avant d'avoir
ses professionnels travailler sur des plans, pour voir quel projet qu'on
va construire. Et après ça on va monter le
projet avec le promoteur et les gens du quartier pour avoir un projet final.
Et c'est ça qu'il faut qu'on regarde, de
quelle façon qu'on peut bonifier le projet de loi, et on y fait référence
là-dedans, c'est que, si on regarde cette zone-là, qu'on n'aurait jamais
pu identifier comme une zone de requalification en amont, bien, cette zone-là doit faire l'objet d'un processus
référendaire qui peut être bloqué malgré tous ces efforts de consultation,
mais pas juste de consultation. C'est plus
que de la consultation, c'est de la participation citoyenne à la définition
même du projet. Donc, il y a cet élément-là qu'il faut bonifier.
• (16 h 50) •
M. Coiteux : Bien, ça, c'est intéressant. Est-ce que je comprends donc qu'il y a une... vous êtes en train de mettre en place une politique? Est-ce que vous êtes
même en train de la formaliser, de la rédiger?
M. Demers
(Marc) : Absolument. Oui, oui.
M. Coiteux : Vous êtes en train de le faire. C'est ce
que je comprends. Puis est-ce que ça va s'appliquer à plus
que l'urbanisme et l'aménagement du
territoire? Est-ce que vous allez appliquer ça à d'autres types de consultation ou bien c'est vraiment ça que vous ciblez ici?
M. Lamontagne
(Serge) : Nous, ce qu'on est en train de faire, on veut se doter d'une — on
pourrait en jaser des heures — politique de proximité. Et, à l'intérieur de cette politique de proximité là, on
est en train de définir quels sont les services de la ville en matière spatiale, mais aussi en termes de relation citoyenne pour s'assurer que les citoyens peuvent être
impliqués. Et la politique de consultation va faire partie de cette politique
de proximité là.
M. Coiteux : O.K. Je ne sais pas s'il y a un collègue qui
voudrait... Je ne sais pas si le... Toi, est-ce que ça va? O.K.
Le Président
(M. Auger) : Cinq minutes, M. le ministre.
M. Coiteux :
J'ai encore cinq minutes?
Le Président
(M. Auger) : Oui.
M. Coiteux : J'aurais encore bien des questions, mais je
voulais continuer un petit peu là-dessus parce que je trouve que c'est peut-être un des... Je suis convaincu que c'est l'un des
thèmes qui va amener le plus de discussions. Et la réflexion qui nous mène à ça, c'est de dire : Bien, à
partir du moment où chaque ville se dote d'une politique de consultation robuste, solide, moderne, pourquoi les référendums?
Pourquoi les référendums à ce
moment-là? C'est ça qui est l'esprit, là, des propositions qu'on met sur
la table.
Moi,
je pense que le Québec est rendu là. Je pense qu'on est rendu à un degré de
qualité de vie démocratique dans les
municipalités qui nous permet d'aller là. Je ne dis pas qu'on n'y était pas
avant, là, mais on s'était, disons, convaincu, tous convaincus que la
seule façon de procéder était celle qu'on avait établie mur à mur.
Alors,
ça m'intéresse beaucoup, cette partie-là. Puis comment vous en êtes venus, là,
justement à élaborer cette politique-là? Comment ça a commencé tout ça?
M. Demers
(Marc) : Bien, écoutez, lorsqu'on est arrivés à l'hôtel de ville,
notre premier défi était un défi de zone inondable. Il y avait eu un décret qui changeait, là, des zones
inondables de 20-100 ans, 0-20 ans. Il y avait 700 familles de prises là-dedans. Alors, plusieurs ne pouvaient
plus aménager leur maison, c'était très émotif. Il y en a d'autres qui
parlaient que c'était leur patrimoine, leur fonds de pension et qu'il venait de
perdre de la valeur. Et on a décidé de réunir
tout ce beau monde là dans une salle, première assemblée de consultation, deux
écrans géants, 400 personnes, et on leur
a expliqué le chemin qu'on voulait suivre, qu'on était pour faire une
démonstration scientifique avec le ministère de l'Environnement et que ça prenait du temps. Et on est parti de même
comme première grosse assemblée de consultation, qui est un défi parce que c'était très, très, très émotif. Et finalement
ça a été apprécié de la population. On a pu voir que les gens participaient.
Dans
le vieux Sainte-Rose, on va réaménager l'arrière de l'église. On n'est pas
obligé de consulter. On a
envoyé un avis, on a dit : Écoutez, on
est en train de faire des réaménagements là, on voudrait avoir votre opinion.
Est-ce que vous êtes disponibles? Il y a une centaine de personnes qui
sont venues passer quatre heures une première fois pour échanger des idées,
voir les maquettes, et les gens l'apprécient, ils participent.
Il y a
d'autres projets. Le projet du Bois de l'Équerre, c'est un gros, gros projet
dans le secteur de Sainte-Rose encore,
près d'un boisé. Ça avait pour effet de bonifier le boisé. On a décidé de faire
des assemblées d'information avec les projets
des promoteurs et avant de parler de changement de zonage ou quoi que ce soit.
Là, il y a eu tout près... je pense que c'est 380 personnes qui ont
assisté. Les gens étaient enchantés. Puis, à la fin, on leur demandait de
remplir, ceux qui voulaient, un petit coupon
pour évaluer notre présentation puis s'ils étaient pour ou contre le projet. Et
la majorité était grandement favorable au projet, puis finalement, quand
sont arrivées les assemblées de zonage, ça a bloqué.
Alors, il y a ça. C'est un art que je n'ai pas
la prétention qu'on maîtrise de A à Z. Je pense qu'on est en train d'apprivoiser tout ça, mais il y a des gros
avantages. Et, si on va chercher l'approbation sociale avant, bien souvent
le projet va de l'avant plus rapidement. Mais il y a des suggestions pour
modifier ça.
Je pense
qu'il faut rendre de plus en plus les instances, quelle qu'elles soient, les
municipalités, les fonctionnaires... nous,
en tout cas, c'est l'opération qu'on a faite chez nous. On a délégué beaucoup
de pouvoirs du comité exécutif aux fonctionnaires, mais ils sont
imputables. L'information passe entre les mains, ils ont le pouvoir de
dépenser, ils ont le pouvoir de prendre des
décisions, mais l'information est disponible. Et ça nous rend beaucoup plus
agiles. Et je pense que le gouvernement provincial doit suivre,
peut-être, cette même philosophie-là pour les municipalités.
Vous savez,
les promoteurs, ils nous disent tous la même chose : Le temps, c'est de
l'argent. Alors, les projets, quand on est arrivés en place, qui étaient
soumis à la ville de Laval, ça prenait quelques années avant que la ville se positionne. Ça fait qu'un promoteur voulait
construire un centre d'achats, il pouvait avoir deux ans, trois ans sans
nouvelle de son projet. Là, on est rendu
qu'ils ont une opinion préliminaire en dedans de 45 jours. C'est un défi qu'on
s'est donné.
Le Président (M. Auger) :
Merci. C'était...
M. Demers (Marc) : Alors, il y
a des... Pardon?
Le
Président (M. Auger) : C'est tout le temps qu'on avait pour le
premier bloc. Donc, nous allons poursuivre avec l'opposition officielle.
M. le porte-parole, député de René-Lévesque, pour 10 minutes.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour, M. le maire, bonjour à vous et les gens qui vous
accompagnent.
D'entrée de
jeu, je voudrais souligner la qualité de votre mémoire parce que, quand on le
parcourt, on voit que vous vous êtes
posé la question sur les enjeux qui touchaient Laval, mais vous n'avez pas eu
peur de proposer des orientations ou des amendements possibles qui
auraient une incidence sur d'autres municipalités. Et d'ailleurs on aura
l'occasion d'échanger là-dessus, mais je tenais quand même à souligner la
qualité de votre travail.
Et j'aimerais
commencer par la fin de votre mémoire parce que c'est la partie la plus importante
que je pense qu'il faut qu'on place avant. C'est que vous nous dites...
puis je vais vous citer, M. le maire. En tout cas, je vais citer votre organisation. Je ne sais pas si c'est vous qui l'a
écrit, là, mais : «Le projet de loi n° 122 ne peut à lui seul
concrétiser la volonté
gouvernementale de reconnaître les municipalités comme gouvernements de
proximité. Il faudra pour cela non seulement
modifier les lois, mais aussi faire évoluer les réflexes d'un appareil
gouvernemental historiquement habitué à des attitudes plus paternalistes, voire dirigistes envers les
municipalités dans le sens du respect de cette autonomie.» Et vous
titrez la page conclusion : Faire évoluer la culture.
Donc, si je
comprends bien, puis je pense que ça va être important qu'on le dépose, là, ici
aujourd'hui, c'est que ce n'est pas
tant dans les lois qu'on va réussir à atteindre cette autonomie, mais c'est
aussi dans la culture organisationnelle qui était implantée et qui devrait être changée. Ce que je comprends,
vous voulez maintenant que les différents appareils gouvernementaux,
mais surtout le ministère des Affaires municipales, accompagnent les
municipalités plutôt qu'ils répondent aux besoins des municipalités. C'est bien
ça?
M. Demers
(Marc) : Bien, je crois qu'on doit rendre les municipalités
imputables. Nous le sommes déjà tous les quatre ans par l'élection, mais on peut l'être aussi par d'autres moyens
comme... Nos employés et nos collaborateurs le sont. Et la phrase que vous avez lue ne se veut pas un
reproche, d'aucune façon. Ça se veut un constat. Et c'est la même chose chez nous, il faut changer les réflexes et les
habitudes. Et, quand ça fait des années qu'on demande à des gens
d'accomplir le même réflexe, bien,
évidemment, il demeure. Alors, on a donné un exemple là, mais on pourrait en
donner d'autres au ministère de l'Environnement ou ailleurs.
Alors, ce qu'on dit, c'est : Il va falloir
aussi développer le réflexe, et ça prend les deux. Ça prend des lois et ça
prend le réflexe. Donc, un changement de culture d'entreprise, si je peux me
permettre. Et ça, ça prend souvent plus de temps à réaliser que la loi
elle-même à être modifiée.
Alors, c'est
ce qu'on suggère, et on donne un exemple, qui est un exemple récent sur lequel
j'ai eu l'occasion de partager avec M.
le ministre, qui a pris le temps à me consacrer la semaine passée. Alors, c'est
ça, mais il y a plusieurs autres exemples. Alors, lorsqu'on fait affaire
avec les fonctionnaires du gouvernement, bien, écoutez, on reçoit des réponses, des fois, qui sont des automatismes
pleins de bonne foi, mais il faut changer ça. Je ne sais pas si vous
voulez ajouter.
• (17 heures) •
M. Ouellet : ...un critère de succès, M. le maire, puis je
partage absolument ça puis je comprends que ce n'est pas une réprimande, mais, si vous voulez que cette
autonomie-là se transpose dans les années et dans les actions, un
changement de culture, notamment dans le
type d'accompagnement que les municipalités demandent, serait envisagé. Alors,
je partage absolument cette position-là.
M. Demers (Marc) :
Effectivement.
M. Ouellet : Dans le cas de la charte de Laval, sachez que, si
on veut travailler à déposer un projet de loi privé en fin de session, on va être là. Je suis d'accord
avec vous, c'est le capharnaüm d'essayer de se retrouver. Si on veut que
les citoyens soient aussi capables de se
référer à quel genre de décision une municipalité peut prendre, c'est quoi, sa
référence, je suis d'accord avec vous que
c'est complexe, essayer de ramasser tout ça. Alors, vous pouvez avoir notre
appui là-dessus pour un projet de loi privé pour mettre ça à jour et
surtout rendre ça conforme.
J'aimerais
vous entendre sur la compétitivité de Laval versus Montréal. Montréal,
maintenant, pourrait donner des avantages aux entreprises pour 300 000 $,
maintenant, Laval, 250 000 $. Alors, vous trouvez que le jeu de 50 000 $ est, je vous dirais,
désavantageux dans le cas de Laval et vous demandez, dans le fond, par votre
proximité, la même possibilité.
M. Demers (Marc) : Alors, la
région métropolitaine, on travaille ensemble sur tout ce qui nous unit, mais il
y a des places où est-ce que nous sommes en
compétition, et je crois que c'est strictement sain. Vous savez, dans une
équipe de hockey, les joueurs sont en compétition un avec l'autre puis, au bout
de la ligne, ils forment une équipe.
Alors, oui,
on pense que le 300 000 $ devrait être uniforme pour l'ensemble des
villes, d'autant plus qu'on est à côté de
Montréal. Un petit peu comme le prix de l'essence, là. Si je fais un kilomètre
puis je le paie 0,15 $ de moins, des fois on va le faire puis on va aller l'acheter là. Et, je
vous dirais, ça devrait peut-être être uniforme à travers la province
même, mais je ne suis pas le porte-parole de la province.
M. Ouellet : M. le maire, vous
apportez une notion importante dans le cas du crédit de taxes. J'aimerais vous
entendre là-dessus, c'est-à-dire de l'étendre à une partie d'une unité
d'évaluation qui, si elle constituait une unité d'évaluation distincte, serait répertoriée sous la rubrique admissible
selon l'avis d'un évaluateur agréé. Et là vous donnez des exemples comme des bâtiments qui comprennent le
regroupement d'ateliers d'artistes ou d'entreprises d'économie sociale
ou des bâtiments où sont exercées des activités dont le but principal consiste
à fournir à au moins un établissement affilié situé à l'extérieur de Laval des
services de gestion générale et de soutien administratif des sièges sociaux.
Alors, dans
le cas des sièges sociaux, je comprends que ça augmente la compétitivité. Je ne
suis peut-être pas au même endroit
là-dessus que vous, mais une place que je vous rejoins, c'est les bâtiments qui
comprennent les regroupements. Alors, j'aimerais vous entendre sur cette
façon de voir ces crédits de taxes là, qui, présentement, ne s'applique pas.
M. Demers (Marc) : Alors, pour
m'assurer que vous avez une réponse à la hauteur de notre mémoire, je vais
demander à M. Gouin de répondre.
Le Président (M. Auger) :
M. Gouin.
M. Gouin (Sylvain) : Oui. Bien,
l'exemple... on vous donnait l'exemple... On peut respecter une catégorie, exemple, service de génie. Prenez quatre bâtiments
de chacun 100 000 pieds carrés qui respectent les critères, donc
le crédit de taxes va s'appliquer.
L'évaluateur... parce qu'on a créé dans la loi l'obligation à l'évaluateur de
codifier un bâtiment, et c'est en vertu de ces codes-là que les
bâtiments sont admissibles ou pas au crédit de taxes. Donc, vous pourriez avoir
un service de génie, vous pourriez avoir formation en informatique, vous avez
quatre bâtiments un à côté de l'autre, 100 000 pieds carrés chacun,
et ils vont être codifiés par l'évaluateur correctement. Donc, le crédit de
taxes pourra s'appliquer.
Prenez un
cinquième bâtiment à côté, qui a quatre fois... qui a 400 000, pieds
avec les mêmes quatre occupants, mais
là ils occupent chacun 25 %. L'évaluateur se présente et il ne peut pas
catégoriser l'immeuble autrement qu'immeuble à bureaux, hein? Donc, il le met dans la classe 6 000, et à ce
moment-là l'ensemble des occupants, qui, tout seuls, sont admissibles
dans quatre bâtiments, le même bâtiment, qui regroupe les quatre, ne le seront
plus.
Donc, c'est
des... Donc, ce qu'on vient de dire ici, je pense que l'objectif, je pense, de
la loi, s'il est de permettre justement
à ce que ces services-là puissent être reconnus au sens du crédit de taxes,
s'ils sont tout seuls dans un bâtiment ou s'ils en occupent plus de 50 %, le bâtiment va être codifié de la
même façon, s'ils en occupent moins, que l'évaluateur puisse distinguer
des portions de bâtiment ou voire même... Comme je vous disais dans mon exemple
fictif, où on a quatre occupants, qui sont
les quatre à... ils pourraient être admissibles, mais, parce qu'ils occupent
moins que 50 % chacun, on a un
total de 100 % et un bâtiment aucunement admissible. Donc, c'est
l'irrégularité qu'on constate présentement où on a des projets qui
pourraient aller de l'avant, et le bâtiment serait catégorisé dans la classe
6000. Donc, c'est cette irrégularité-là qu'on soulève ici, qui est facile à
corriger.
M. Ouellet : Donc, je comprendrais que ce serait, encore une
fois, attractif pour les entreprises à venir s'installer.
M. Gouin (Sylvain) : Oui.
M. Ouellet : Il ne me reste pas beaucoup de temps. J'aimerais
vous entendre sur l'article 41. Vous avez entendu la position de
Montréal tout à l'heure, et, ce matin, Saguenay, eux autres, sont allés à fond
de train en donnant plein d'exemples
d'aberrations, selon eux, comme de quoi que l'article 41, ce serait le diable
s'il était appliqué. Alors, j'aimerais vous entendre sur cet article-là,
s'il vous plaît.
Le Président
(M. Auger) : M. Lamontagne.
M. Lamontagne (Serge) : La seule chose
qu'on dit, nous, c'est que c'est peut-être un peu précipité, l'article
41. Ce qu'on vous demande, c'est :
Est-ce qu'on peut s'asseoir puis l'analyser? Je n'irais pas à dire jusque...
comme Saguenay, que le diable est présent dans la salle, mais disons que
c'est chaud un peu. Ça mérite une certaine analyse pour qu'on regarde l'impact
de cet article-là avant de l'imposer.
M. Ouellet : Je tiens à préciser que Saguenay n'a pas dit que c'était le diable.
C'est mon interprétation de la façon dont ils l'ont démonisé, soyez-en
certains.
Est-ce que je comprends que vous allez nous transmettre
peut-être d'autres recommandations, parce que, dans votre mémoire, vous
dites sur quoi vous êtes d'accord, vous avez certaines propositions, mais
est-ce qu'il y aura d'autres documents qui suivront pour d'autres amendements
ou ce que vous avez déposé, ce sera l'essentiel?
M. Demers (Marc) : Alors, pas pour
l'instant, mais, si vous avez des questions ou des sujets sur lesquels...
ça nous fera plaisir de vous les faire suivre.
M. Ouellet :
Merci.
Le Président
(M. Auger) : Merci. Finalement, pour un dernier bloc d'échange,
M. le député de Blainville, pour 6 min 30 s.
M. Laframboise :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le maire, merci, messieurs, d'être
présents.
D'abord, je vais prendre... Moi, j'ai six minutes, donc je
vais essayer d'aller rapidement. Pour la Charte de la ville de Laval, moi, je vous appuie 250 milles à
l'heure. Je vous dirais même que ça ferait un beau projet de loi privé pour
un député de Laval, qui pourrait le déposer,
parce que, présentement, on a un menu législatif, au salon bleu, qui est
assez léger. Donc, si jamais vous êtes
prêts, là, moi, je vous dirais : Regardez la possibilité de le faire
déposer par un de vos députés de Laval comme projet de loi de député,
puis peut-être que le gouvernement décidera de l'amener, si tous les partis
sont d'accord. Je pense que ce serait une belle façon de le faire.
La Table
Québec-Municipalités, ça, vous savez, j'ai été président de l'UMQ, ça, ça
m'agace un petit peu, là. D'ailleurs, ça
m'agaçait quand j'ai vu l'article 177 où le gouvernement a décidé de limiter le
nombre de présences à la Table Québec-Municipalités. C'est un choix que
le gouvernement a fait, de nommer... Puis là je n'enlève rien au maire de Montréal, et tout ça, là. C'est une locomotive,
puis je ne veux pas lui enlever ça ni au maire de Québec, mais une Table
Québec-Municipalités, présentement, là, ce serait avec le maire de Sherbrooke
puis le président de la FQM, puis il n'y aurait aucun maire de banlieue autour
de la Table Québec-Municipalités.
À moins que le ministre nous dise que la Table
Québec-Municipalités va devenir décisionnelle, moi, j'ai toujours compris que c'était un lieu de discussion. Donc,
évidemment, il n'y a pas de décisions qui se prennent, mais on discute
puis on fait avancer des dossiers, et tout
ça. Moi, dans mon temps, il y en avait peut-être trop, de monde qui était
présent. Mais je vois mal une Table
Québec-Municipalités où Laval n'est pas là, là, tu sais, où il n'y a pas une
représentation de banlieue, là. Et puis je vois que vous en faites...
parce que vous avez sûrement déjà siégé à la Table Québec-Municipalités, vous
savez ce qui se discute. Donc, c'est pour ça que vous nous faites cette
demande-là, M. le maire?
M. Demers
(Marc) : Je n'ai jamais siégé à la table.
M. Laframboise :
Non? Jamais?
M. Demers (Marc) : Mais c'est un véhicule
pour adresser certains dossiers et certaines problématiques et aussi d'avoir disponible notre équipe d'experts, qui
vont échanger. Et, bon, c'est pour le bénéfice de 430 000 personnes,
là, grosso modo. Alors, c'est dans ce sens-là. Et il y a des enjeux importants.
Alors, c'est dans ce sens-là. Et, oui, il y a deux
associations, qui s'appellent l'UMQ... mais, si une ville décide de ne pas
faire partie de l'UMQ, elle a le droit de se faire entendre aussi, là.
Alors, moi, ce que je vous dis, c'est... il y a des villes...
Puis Laval est dans une drôle de situation parce qu'on est quand même 150 000 personnes plus grande que
la quatrième ville, et le développement économique est vertigineux, et
le développement démographique aussi. Puis on a des enjeux aussi au niveau des
gens de l'immigration. Alors, tous ces enjeux-là, il faut les adresser, et on
pense que, si c'est un véhicule qui est disponible pour d'autres villes...
• (17 h 10) •
M. Laframboise : Moi, je suis
d'accord, comme je vous dis. En tout cas, ce qui nous est proposé, à limiter ça à quatre représentants, présentement, je me
dois de constater qu'il n'y a pas de banlieue là. Donc, pour la
démocratie municipale, c'est quand même...
Oui, c'est vrai, ils peuvent être représentés par les présidents de l'union,
mais, quand même, un président de
l'union qui est maire d'une ville centre reste un maire de ville centre, hein?
Dans la vraie vie, c'est comme ça que ça fonctionne. Donc, non, je suis sensible
à ça, puis on verra avec le ministre, quand viendra le temps d'étudier
ce projet de loi là, qu'est-ce qu'on peut faire.
Ma question
qui... Bon, évidemment, c'est le temps qui va sûrement nous manquer. Votre
conclusion, bon, vous nous dites : Par rapport au financement, le
projet de loi n° 83 a modifié la façon de faire, là, par rapport au budget
de recherche, et tout ça. Et là vous nous
avez dit : Bon, ce projet de loi là, on avait mis en garde le
gouvernement, et là la réalité nous a
frappés, on est obligés d'émettre... plutôt que de transférer des sous une fois
par année à un parti politique, là on
doit émettre des chèques. Donc, administrativement, c'est plus difficile à
gérer. Puis évidemment vous concluez en disant : On aurait aimé mieux que la Loi sur les cités et villes,
qui était en vigueur le 31 décembre 2016, demeure. C'est ce que vous
nous dites en résumé, là.
M. Demers (Marc) : Bien, en fin
de compte, on n'avait pas mis en garde le gouvernement, on n'a pas eu l'occasion d'en parler. Ça a été une surprise pour
tout le monde. Il y a une phrase de soustraite au texte de loi, et on
s'en est rendu compte dans le temps des fêtes, et ça s'applique à partir du 1er
janvier. Alors, ça a des impacts majeurs au niveau
de l'administration, je pourrais laisser M. Gouin exposer, mais c'est
aussi un nid à problèmes parce que ça risque de dégénérer en plaintes de
de tous bords tous côtés non pas parce qu'il y a de la malversation, mais pour
des raisons politiques ou d'opportunisme. Et
ça devient quasiment impossible à gérer. Puis là-dessus je laisserais
M. Gouin, au niveau de l'administration municipale, prendre...
Le Président (M. Auger) :
1 min 30 s, M. Gouin.
M. Gouin
(Sylvain) : Oui, effectivement, il y a un exemple qui est donné à
l'égard, effectivement, des allocations aux partis politiques. Donc, ça, on va devoir le gérer 1/12 par mois.
Oui, ça a ajouté de la problématique. L'exemple qu'on donne par après, dont parle M. le maire, c'est que
le budget de recherche et soutien, lorsqu'un conseiller était membre
d'un parti autorisé, les allocations du
budget de recherche et soutien, le budget relevait du parti autorisé. Là,
maintenant, donc, on va se trouver,
depuis le 1er janvier, à traiter avec l'ensemble des conseillers. Donc, oui,
c'est de façon exponentielle, ces dossiers.
Si chacun des conseillers nous facture, fait un rapport une fois par mois, au
lieu de le traiter avec un parti, qui faisait une réclamation une fois
par mois, on va traiter avec 15 et 20 fois plus de personnes.
M. le maire le
mentionne, c'est un règlement provincial, l'application du budget de recherche
et soutien est très limitée, est très
pointue dans les dépenses qui sont admissibles à un remboursement. Donc, déjà,
on doit avoir beaucoup d'échanges pointus en amont avec les partis pour
s'assurer que les dépenses qui sont réalisées respectent le cadre
réglementaire. Si on doit traiter avec 15, 20 fois plus de personnes, bien que
tout le monde agisse de bonne foi, les possibilités d'erreur sont là. Donc, on
embarque dans quelque chose où on met l'appareil administratif et politique en
porte-à-faux.
Une voix : Sous pression.
M. Gouin (Sylvain) : Sous
pression, tout à fait.
Le Président (M. Auger) : C'est
tout...
M. Demers
(Marc) : Je vous résumerais que, si nous avions été consultés, je
pense qu'aucune grande ville n'aurait suggéré au gouvernement de
modifier ça dans le sens qu'on est allé.
Le
Président (M. Auger) :
Merci. C'est tout le temps que nous avions. Donc, MM. Demers, Lamontagne,
Gouin et M. Caron, merci beaucoup pour votre participation.
Et la commission ajourne ses travaux au mardi 14
février 2017, à 9 h 45, où elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 17 h 14)