(Onze heures quarante-trois minutes)
Le
Président (M. Villeneuve) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'aménagement du territoire ouverte. Je demande à toutes les
personnes — ainsi que moi-même,
donc — dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Alors, je tiens à saluer les gens qu'on
reçoit ce matin. Désolé pour le léger retard. Et on débuterait immédiatement et
peut-être, par la suite, on pourra discuter à savoir si on fait un partage de
temps. Mais, étant donné qu'il y a d'autres rencontres qui ont lieu pour
certains d'entre nous… et le temps qui est passé, malheureusement, est écoulé
et ne reviendra pas.
Il
y a des...
Une
voix : ...
Le
Président (M. Villeneuve) : Oui?
Le
Secrétaire : Des remplacements.
Le
Président (M. Villeneuve) : Lesquels
sont-ils? Pour les remplaçants…
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président.
Donc, pour les remplacements ce matin, M. Breton (Sainte-Marie—Saint-Jacques) est remplacé par
Mme Beaudoin (Mirabel) et M. Iracà (Papineau) est remplacé par
M. Dutil (Beauce-Sud).
Auditions
(suite)
Le Président (M. Villeneuve) : Donc, nous recevons à l'instant,
donc, Mmes Laurence Bherer — vous me direz si je prononce bien — Université de
Montréal, et Mme Sandra Breux, Institut national de recherche
scientifique. Alors, moi, sans plus tarder,
si tout le monde est d'accord, si les membres de la commission sont d'accord,
on vous laisserait immédiatement, là,
le temps d'expliquer votre mémoire et votre point de vue. Alors, à vous la
parole. Et je demanderais que vous vous présentiez, à chaque fois que
vous faites une intervention, pour la transcription des notes.
Mmes Laurence Bherer et Sandra
Breux
Mme
Breux (Sandra) : Merci. Mon nom est
Sandra Breux. Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je vous remercie de nous
avoir invitées à exposer, Mme Bherer et moi-même, notre mémoire dans
le cadre de la commission parlementaire pour l'étude du projet de loi n° 26.
Mme Bherer
est professeure en politique publique, spécialiste de politique urbaine et de
la participation publique, à l'Université de
Montréal. Je suis, pour ma part, professeure-chercheure en études urbaines à l'INRS,
et mes recherches portent principalement
sur la démocratie municipale québécoise. Nous avons toutes deux codirigé un
ouvrage, en 2011, sur les élections municipales de 2009 dans les neuf plus
grandes villes du Québec.
Le projet de loi n° 26 a deux
objectifs implicites : premièrement, rétablir la confiance des électeurs,
érodée depuis les révélations de la commission Charbonneau et l'escouade Marteau, afin
que les élections de novembre prochain ne se traduisent pas par une
baisse de la participation électorale. Le second objectif implicite, il s'agit
de mettre sur pied un mécanisme qui permette
de rétablir le principe d'équité essentiel à la tenue d'une compétition
électorale, en vue du scrutin de 2013, et ce, en attente d'une réforme
plus importante.
Nous reconnaissons l'effort du gouvernement
de vouloir garantir la qualité des élections municipales. Toutefois, nous pensons
que le projet de loi n° 26 ne répond que partiellement aux objectifs
énoncés précédemment. Nous allons revoir brièvement ces deux points et
nous terminerons par une proposition.
Tout d'abord, nous pensons que le projet de
loi actuel ne permettra pas de rétablir pleinement la confiance des citoyens et qu'il pourrait avoir des conséquences
importantes sur la participation électorale. Deux éléments étaient ce point de vue.
D'une
part, au Québec, la participation électorale à l'échelle municipale est plutôt
faible, notamment en comparaison avec le
taux de participation aux échelons provincial et fédéral. On note en effet une
différence entre les taux de
participation de 15 à 30 points. De plus, il y a une baisse de la
participation électorale à l'échelle municipale depuis une dizaine d'années. Si plusieurs causes peuvent
expliquer cette faible mobilisation et cette baisse de la participation
électorale, les chercheurs ont récemment
montré que l'échelle municipale québécoise se caractérisait par la présence d'un
fort déficit informationnel. Ce fort déficit informationnel empêcherait
en grande partie l'électeur de réaliser un choix éclairé et expliquerait,
toujours en partie, son choix de s'abstenir lors du scrutin.
D'autre part, le contexte
actuel de crise est propice à une nouvelle chute de la participation. Certes,
il est possible de penser — et en lien avec ce que je viens de dire sur le déficit
informationnel — il est possible de
penser que les électeurs ont été largement
informés, ces derniers temps, sur la politique municipale, et c'est donc mieux
informés qu'ils pourront se rendre en
masse aux urnes en novembre prochain. Toutefois, les recherches qui font un
lien, qui établissent un lien entre la corruption et le taux de
participation électorale tendent à montrer qu'il n'y a pas un lien de causalité
systématique. Les scandales de corruption
ont pour effet de créer un sentiment de désaffiliation de l'électeur vis-à-vis
du candidat et de son parti, et surtout, et
c'est là peut-être le plus important, envers les institutions politiques. Les
citoyens perdraient confiance dans la démocratie et surtout dans les
institutions politiques. Ainsi, il se créerait une forme de distanciation politique entre l'électeur et le
gouvernement, et tout au moins la démocratie, ce qui le conduirait à
rester chez lui le jour des élections. Par
conséquent, une chute de la participation électorale est particulièrement
inquiétante, car elle donne le signal
aux élus, notamment aux élus fautifs, qu'ils ne seront pas sanctionnés pour les
actes qu'ils ont commis.
Selon nous, il y a donc lieu de s'inquiéter de l'état
de la participation électorale aux prochaines élections municipaleset des conséquences probables des révélations des
scandales de corruption sur la mobilisation électorale. Nous pensons
donc que la baisse des montants admissibles aux contributions politiques est
insuffisante pour rétablir la confiance des électeurs dans le système démocratique
à l'échelle locale. Il est nécessaire, selon nous, d'adopter une mesure plus musclée pour éviter la baisse de la participation
et rétablir cette relation de confiance avec les citoyens. Nous y
reviendrons en conclusion.
•
(11 h 50) •
Voyons maintenant l'effet du projet de loi sur
l'équité du scrutin. Un des principaux objectifs des règles d'encadrement du financement politique est d'assurer la
tenue d'une compétition électorale équitable. Selon nous, la mesure proposée par le gouvernement d'abaisser les
dons ne permet que très partiellement d'assurer la tenue d'un scrutin
juste et équitable. En effet, plusieurs questions se posent.
Premièrement,
quel sera l'effet d'une telle mesure sur les candidats indépendants, une
réalité dont on sait qu'elle est fort présente, alors que bien souvent ils
doivent compter sur un petit nombre de dons et leurs proches pour rassembler un montant somme toute minime? Pour ces
candidats, réduire leur capacité de financement, c'est poser un obstacle
de taille à leur participation au scrutin. Ils font souvent campagne avec des
moyens limités et personnels, c'est-à-dire
qu'ils rassemblent un petit budget de campagne en demandant à quelques proches
de les aider. Réduire le seuil signifie, pour eux, qu'ils doivent
demander à plus de personnes pour obtenir un budget plus faible.
Cette mesure peut certes sembler bonne pour
réduire le système des prête-noms, mais, selon nous, elle ne tient pas suffisamment compte de la réalité des candidats
indépendants. Rappelons que le risque financier pour ces candidats est plus
grand. En effet, la Loi sur les élections et les référendums prévoit que
50 % des dépenses électorales seront remboursées
si le candidat obtient 15 % des votes. Le projet de loi n° 26 augmente
le taux de dépenses à 60 %. Néanmoins, il ne modifie nullement la
condition pour accéder à ce remboursement, c'est-à-dire l'obtention de
15 % des votes. Or, en fonction du
contexte que j'ai précédemment décrit sur la baisse de la participation électorale,
un score de 15 % demeure un
score relativement élevé pour un candidat indépendant. Ainsi, le projet de loi
pourrait avoir comme effet de décourager la candidature des candidats
indépendants.
Deuxièmement, le projet de loi amène un très
fort risque de créer des iniquités importantes entre les candidats sortants et les nouveaux candidats en raison de
la date à laquelle il entrerait en vigueur, c'est-à-dire le 1er juillet.
Les anciens partis seront en effet peu
touchés par cette mesure, parce qu'ils auront largement le temps de remplir
leurs coffres d'ici le
1er juillet, alors que les nouveaux candidats, dont on sait qu'ils sont
nombreux à se déclarer seulement au cours de l'été, ne pourront pas bénéficier d'une telle occasion. Par conséquent,
c'est à armes inégales qu'ils entreront dans le scrutin.
Pourquoi
est-ce si important de se soucier de l'équité à l'échelle municipale? On
pourrait en effet croire que l'iniquité qui
résulte de la seule date d'entrée en vigueur de la loi n'est pas si importante en
raison du fait que les partis fautifs,
les anciens partis, seront peut-être sanctionnés du fait qu'ils auront plus de
difficultés à obtenir des contributions. Ils seront peut-être également
sanctionnés, parce que les membres mêmes de ces partis vont quitter le parti en
question, ou peut-être même par les
électeurs, même si on a vu que les électeurs sanctionnent plus rarement les
partis fautifs, mais leur réponse est davantage du côté de l'abstention.
S'il est important de se soucier de l'iniquité
à l'échelle municipale, c'est parce qu'il est une caractéristique qu'il ne faut pas
oublier. L'échelle municipale québécoise se caractérise par le fait que la
prime au sortant est grande. Qu'est-ce
que cela veut dire? Ça veut dire que le taux de réélection des candidats
sortants est élevé. Dans l'enquête que nous avons menée sur les neuf
plus grandes villes du Québec aux élections de 2009, le taux de réélection des
candidats sortants est de 90,4 %. C'est
donc une donnée à ne pas négliger. Et, selon nous, le projet de loi, tel qu'il
est formulé actuellement, vient renforcer ce déséquilibre des forces
municipales en présence.
En
somme, dans le contexte actuel, si la réduction des contributions est
séduisante, elle risque de nuire, selon nous,
à la structuration de la scène locale à court terme. Nous pensons qu'il faut
adopter une mesure musclée et temporaire en vue de l'élection de novembre prochain, de manière à contrer la baisse
de confiance des électeurs envers les institutions municipales.
En
ce sens, le projet de loi n° 26 comporte un point qui devrait, selon
nous, être davantage creusé, celui des sanctions.
Les infractions mises au jour par la commission Charbonneau révèlent un
contrôle insuffisant des dépenses et des ressources des partis et des candidats. Nous recommandons la création d'une
brigade temporaire de contrôle des dépenses électorales pour les élections de 2013. Cette brigade de contrôle
pourrait fonctionner à l'instar des contrôles aléatoires mais réguliers
qu'effectue le ministère du Revenu sur les déclarations d'impôt des citoyens.
Et ces contrôles auraient lieu dès le début
et durant la campagne électorale, et pourraient s'appliquer à des municipalités
qui seraient tout simplement tirées au sort. Cela aurait pour principal
avantage de redonner confiance aux citoyens sans toutefois porter atteinte à un
équilibre des forces municipales déjà faible.
En conclusion, nous voulons mettre en garde les membres de l'Assemblée
nationale contre toute envie d'adopter des réformes trop rapides alors que nous
connaissons encore mal les mécanismes qui ont mené à la situation actuelle.
À moyen terme, il est certain que les recommandations de la commission
Charbonneau seront d'une grande aide pour identifier
ces mécanismes. À long terme, nous aimerions attirer l'attention des
parlementaires sur le besoin de créer des données fiables, accessibles et récurrentes pour à la fois stimuler la
recherche sur la politique municipale mais surtout pour affiner notre
compréhension de cette scène.
Le
Président (M. Villeneuve) : Merci beaucoup pour votre intervention, dans les temps, soit dit en
passant. Parlant de temps, je demanderais aux membres de la commission... Il y aura un
partage de temps, étant donné que nous avons pris 45 minutes de
retard pour l'ouverture de la séance. Alors, je vous propose que… La partie
ministérielle aurait 15 minutes, la première opposition aurait
15 minutes, ce qui nous permettrait de conserver un cinq minutes pour la deuxième opposition afin qu'ils puissent,
évidemment en cinq minutes, avoir le temps, là, de structurer… Alors, c'est
une douceur que nous vous faisons ce matin.
Si la commission est d'accord, nous procéderions ainsi. Est-ce que vous
êtes en accord avec cette proposition?
Une voix : D'accord pour la douceur.
Le Président (M.
Villeneuve) : Alors, je cède la
parole immédiatement, donc, à M. le ministre pour la suite des choses et
11 minutes.
M.
Gaudreault :
Oui. Alors, merci. Merci beaucoup pour votre présence, votre présentation. Et
merci beaucoup pour votre contribution à la
vie démocratique mais à une meilleure connaissance scientifique du monde
municipal, particulièrement les enjeux et
perspectives des élections municipales. Vous m'excuserez si je n'ai pas encore
eu le temps de le lire, comme
ministre, mais je sais que votre étude est utilisée à l'intérieur du ministère
et nous sert comme outil de travail. Alors, vous voyez qu'il est déjà
annoté. Donc, je vous remercie pour votre présence et votre contribution
aujourd'hui.
Et soyez assurées que
nous comptons également sur votre collaboration et sur vos lumières pour le
régime permanent que nous souhaitons mettre en place. Parce que je comprends
très bien les réflexions et les mises en garde que vous nous faites, mais nous sommes dans un contexte où bien sûr on
veut se donner une vision, puis on veut se donner une façon de faire, puis on veut se donner les
meilleures pratiques possible, mais nous sommes aussi dans un contexte
où le temps nous est compté — c'est le cas de le
dire, hein, M. le Président — le temps nous est
compté pour arriver avec quelque chose quand même et envoyer un signal
important pour la prochaine élection, qui est dans quelques mois.
Alors, je voudrais
juste vous entendre un peu sur ce lien qu'on doit faire entre, bien sûr, l'objectif
ultime que vous nous présentez… mais on a
quand même une obligation — en tout cas
moi, je me la donne, cette obligation-là,
comme ministre — d'envoyer tout de suite un signal. Alors, je me demande
si vous ne considérez pas que le signal qu'on
envoie avec le projet de loi n° 26,
qui est un régime transitoire… n'est-il pas quand même assez important et
suffisant pour dire : Bien, voilà ce qu'on fait comme premier pas
et voilà vers quoi nous devrons aller ensuite, vers un deuxième pas pour un
régime permanent?
• (12 heures) •
Mme
Bherer (Laurence) : Alors, Laurence Bherer. Merci pour vos commentaires, M. le
ministre. Écoutez, nous, on voit bien, en fait, que l'idée d'abaisser déjà,
en fait, à 300 $ les contributions, ça permet de rendre plus complexe
le système de prête-noms puis que c'est une
des façons d'envoyer un message, dire : Bon, on fait quelque chose au
moins pour l'élection de 2013. Mais, selon
nous, en vertu, donc, des études qu'on connaît, le lien entre les élections et
lacorruption, on pense que ça prend
quelque chose encore plus musclé parce que c'est vraiment... En fait, il faut
voir que le sentiment de désaffection
dont vous parlait ma collègue tout à l'heure, c'est-à-dire que les citoyens qui
perdent confiance envers les institutions politiques, c'est assez
difficile à reconstruire.
Et
comment il faut comprendre ça auprès de l'électeur? C'est que lui va se dire...
dans le fond, de façonschématique, là, il va dire : Cette gang-là, ils ne font pas bien
ça, puis moi, je ne veux surtout pas m'associer à eux. Ça fait qu'au lieu même d'aller les punir, les
sanctionner, je vais décider de me retirer du jeu politique et je n'irai pas
voter. Et, comme on sait qu'au niveau
municipal… Vous avez, dans notre mémoire… il y a des chiffres à la fin, là, les
chiffres dont on vous a parlé, à la fois sur la participation puis sur
la prime au sortant. Eh bien, comme au niveau municipal la participation électorale n'est déjà pas très
élevée, bien, nous, ça nous inquiète particulièrement, en fait, puisque... Et
donc c'est dans ce contexte-là qu'on pense
que ça pourrait être bien d'avoir quelque chose de temporaire, hein, on insiste
bien là-dessus, on a essayé de regarder des exemples qui existaient ailleurs,
de vouloir mettre en place une forme d'unité qui enverrait un signal clair qu'il pourrait y avoir des... mais pour le
citoyen, on le fait pour les citoyens avant tout, c'est-à-dire qu'il
risque d'y avoir des vérifications qui se font de façon aléatoire dans les
municipalités au Québec.
Le Président (M.
Villeneuve) : M. le ministre.
M.
Gaudreault :
Vous savez, on n'a jamais eu la prétention, avec le projet de loi n° 26 et
même, je vais vous dire, avec le projet de loi
qui viendra pour un régime permanent, de rétablir avec ça totalement la
confiance et que, juste à cause qu'on va
arriver avec le projet de loi n° 26 et qu'on va revoir la mécanique — je le dis avec respect quand même, là, mais il reste que, quand
on intervient dans les lois électorales, on est dans la mécanique — je ne crois pas que juste
ça, même si c'est quand même important, sera suffisant pour faire passer la
participation électorale de 45 % à 70 %. Et ce problème large de participation électorale
touche tous les niveaux politiques, même internationaux, et je pense...
En tout cas, moi, je crois que c'est
beaucoup plus sur une question d'enjeux que ça se joue. Je pense que, si les
gens se sentent interpelés par des
enjeux... Moi, j'ai vu dans ma circonscription, par exemple, une très grosse
participation à des élections scolaires,
la dernière fois, dans un quartier précis, parce que les gens se sentaient
touchés par un enjeu très, très important d'autobus scolaires qui ne
devaient pas reculer dans des culs-de-sac. C'est assez précis, mais ce qui a
interpelé les gens pour aller voter, c'était l'enjeu.
Alors, pour que l'enjeu…
que les gens s'approprient l'enjeu, il faut avoir accès à l'information. Vous
avez mentionné, dans votre présentation, qu'il
y avait un déficit informationnel. Alors, comment peut-on plus
concrètement, voire même via le projet de
loi n° 26, déjà essayer d'améliorer cet accès à l'information sans non
plus donner un avantage indu aux candidats ou aux élus qui sont déjà en
place? Parce qu'on s'est fait dire ici, par d'autres candidats de partis émergents, que le maire sortant, quand il envoie
son bulletin dans toutes les maisons, où il vante ses réalisations trois
semainesavant le déclenchement de la
campagne, c'est comme une dépense électorale non comptée puis ça défavorise les
partis émergents ou l'opposition. Alors, comment concilier cette nécessaire
information pour susciter la participation, tout en respectant l'équité entre
les partis?
Le Président (M.
Villeneuve) : Oui. Trois minutes.
Mme
Bherer (Laurence) : Alors, merci. Juste pour revenir sur la question de l'information, pour
bien expliquer, en anglais on dit qu'en fait
les élections municipales, c'est des «low-information elections», donc, c'est-à-dire,
des élections qui se caractérisent par un déficit informationnel important, qui
fait en sorte que, pour l'électeur, le coût de s'informer est assez important, ce qui fait que ça le décourage d'aller
voter. Donc, on va dire souvent que les élections locales, donc
scolaires ou municipales, sont touchées par ce manque d'information. Et ce qui
explique le manque d'information, c'est
souvent, un, la mauvaise connaissance de la répartition des compétences, qui
est particulièrement importante pour
les gouvernements locaux, le fait que les médias couvrent de façon très, très
faible, en fait, la politique municipale,
et le fait, en fait, que les forces politiques ne sont pas toujours très bien
organisées. Parce qu'on sait que le rôle des partis politiques, c'est d'avoir un rôle de médiation entre la
société et l'institution puis d'amener de l'information.
Alors, nous, on a de
la chance, en fait, au Québec, d'avoir des partis politiques, ce qui fait que
notre taux de participation électorale est
sans doute un des plus bas à l'échelle... pardon, excusez-moi, le moins pire,
si vous voulez, le plus haut par rapport à... en comparant à l'échelle
nord-américaine. Si on parle dans le reste du Canada ou en fait aux États-Unis, aux États-Unis, c'est souvent, dans
une grande ville, 23 %, 25 %, alors que, nous, c'est quand même plus
élevé malgré les baisses des dernières
années. Et ça, nous, c'est une chose qu'on veut vérifier… on est en début de carrière de chercheur, mais ce lien entre les
partis politiques qui quand même organisent, structurent la scène municipale,
qui fait que ça encourage la
participation. Malgré tout, ça ne veut pas dire que ce déficit informationnel n'existe
pas ici dans les élections locales, puis là nous, on pense effectivement
qu'effectivement ce n'est pas le projet de loi n° 26 qui va pouvoir régler
ça, mais, nous, ça nous inquiète malgré
tout, en fait, qu'il y ait encore une déconsidération davantage sur ces
élections-là, une mauvaise compréhension de ce qui s'y passe, et c'est donc
dans ce contexte-là qu'on fait une proposition en disant : Qu'est-ce qu'on
peut faire pour rétablir la confiance des citoyens? Voilà.
Le Président (M.
Villeneuve) : M. le ministre.
M.
Gaudreault :
Écoutez, il me reste 1 min 30 s. J'aurais évidemment
10 000 questions à vous poser, mais
on va avoir l'occasion de se reparler pour
la réforme plus permanente. Vous savez, en passant, qu'on a publié ou on met en action des campagnes pour essayer de
recruter le plus possible de candidats aux élections municipales à
venir.
Écoutez,
en 30 secondes, là, j'aimerais ça que vous me disiez quels pouvoirs de
plus que pourrait avoir le DGE, qu'il n'a pas
maintenant, pour un peu agir comme brigade, entre guillemets, comme vous avez
dit?
Mme Bherer
(Laurence) : Alors, en fait, ce
serait simplement d'être capable d'aller vérifier sur place, en plus de pouvoir
récolter les rapports de dépenses, mais de dire, pour certaines municipalités,
en fait, qu'on va aller voir sur place ce qui s'y est passé, dans les partis
politiques, pour effectivement être capable d'avoir cet effet musclé, si on
veut. C'est tout.
M.
Gaudreault : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Villeneuve) : Alors, ceci met fin aux échanges pour le parti ministériel. Je
demanderais aux parlementaires de la première
opposition, pour 11 minutes… Alors, je cède la parole au député de
Chapleau.
M. Carrière : Merci, M. le Président. Merci, Mme Breux et
Mme Bherer, d'avoir pris le temps, là, de nous sensibiliser, à l'aide de
votre mémoire. Il y a des choses intéressantes que vous nous portez à
réflexion. La première, j'aimerais savoir
votre point de vue. Qu'il y ait un projet de loi, que, si vous pouviez faire,
avec ce projet de loi… et pas de
projet de loi du tout, sur la prochaine élection, par rapport aux résultats… Je
trouve ça intéressant, là, que 100 %, à certains endroits, là, 83 %, 94 %, 90 % des candidats
sortants ont été réélus. Est-ce que ce projet de loi là viendra faire en sorte... Parce que, si on parle, là, d'élections
clés en main, etc., est-ce que ce projet de loi là pourrait amener... Est-ce que vous voyez un corollaire, ou si ça ne fera
rien, ce projet de loi là, par rapport à des résultats potentiels ou
possibles à venir?
Mme Bherer (Laurence) : Est-ce que vous voulez dire...
Le
Président (M. Villeneuve) : Mme
Bherer.
Mme
Bherer (Laurence) : Oui. Vous voulez
dire, en fait, sur la prime au sortant particulièrement, ou en général... Oui.
M.
Carrière : Non, non, pas du tout, pas
la prime... En général, là, je veux dire, le peu d'intérêt pour les citoyens, etc., là. Donc là, on voit, là, que l'avantage
que les députés... pas les députés, mais les candidats sortants, que ce soient des conseillers ou des maires, semblent
avoir, là, de façon notable, dans les neuf grandes villes, là, ce que vous
avez ressorti puis… dans votre
tableau 2… Ce projet de loi là viendra-t-il encourager ou décourager des
gens à se présenter? Puis dans ma deuxième question je reviendrai, là,
sur ce qu'on a entendu depuis le début, là, mais...
Mme
Bherer (Laurence) : Alors, c'est
sur...
Le
Président (M. Villeneuve) : Mme
Bherer? Oui. Tout simplement pour...
Mme
Bherer (Laurence) : Oui. Laurence
Bherer, oui.
Le
Président (M. Villeneuve) :
...prendre la parole.
Mme Bherer (Laurence) : Sur la question, donc… dans la
deuxième partie, on a insisté sur la question de
l'équité. C'est sûr que nous, on s'inquiète,
comme d'autres acteurs, pour les candidats indépendants, en fait, et
on... le fait que la contribution soit
réduite et le fait également… l'avantage que ça peut donner à des partis
qui sont déjà en marche, actuellement, par
rapport à ceux qui vont se décider après le 1er juillet. Par contre, c'est
clair que toute la partie sur la baisse du niveau
de contribution à 300 $, je pense que c'est quand même bien qu'il y ait
déjà ça. Je pense que c'est mieux qu'il y ait ça qu'il ne l'ait pas.
Alors, vraiment, on voit, il faut qu'il y ait ce type... Puis le fait aussi de
donner le signal de réduire le seuil de dépenses admissibles, ça aussi, c'est...
M.
Carrière : Donc, ce que je...
Mme
Bherer (Laurence) : On n'est pas en
train de dire que ça serait mieux qu'il n'y ait pas de projet de loi, hein,
non.
M. Carrière : Dans un article du Devoir du
14 mars, vous parlez d'un raccourci facile. Et il faut faire attention, là, lors...
de penser qu'un projet de loi va tout régler, etc. Et donc, ce que je
comprends, vous dites que vous êtes d'accord à la baisse de la
contribution de 1 000 $ à 300 $ et de baisser le plafond des
dépenses électorales de 30 %. Je comprends que vous êtes d'accord avec ça.
Mme
Bherer (Laurence) : Oui, on est d'accord,
mais ça nous semble insuffisant.
M. Carrière : Merci. Qu'est-ce que vous suggéreriez
qui viendrait améliorer, là? Qu'est-ce qui est
insuffisant? Qu'est-ce que vous avez...
•
(12 h 10) •
Mme Bherer (Laurence) : …insuffisant, parce que, nous, ce qui
nous inquiète, dans notre mémoire, la première
chose qui nous inquiète, c'est la baisse du
taux de participation électorale. C'est majoritairement là-dessus qu'on fait
une proposition. On pense que c'est
insuffisant pour que les citoyens pensent qu'on peut... qu'il y ait un
rétablissement de la confiance envers les institutions. Par ailleurs, du point
de vue de l'équité, là on s'inquiète parce qu'on
pense qu'effectivement ça crée de l'iniquité, en fait. Et, comme la prime au
sortant est déjà très élevée au niveau municipal, on pense que, toute
mesure qui accentue cette prime au sortant, on doit faire attention.
Alors,
on a entendu, le dernier jour, que le DGEQ a proposé, en fait, de permettre qu'il
y ait une contribution personnelle d'autofinancement
de 1 000 $. Donc, ça, on trouve que c'est à la fois une bonne idée,
mais en même temps on trouve que, d'un
point de vue démocratique, il ne faut pas trop encourager le fait que la
candidature soit dépendante des moyens
financiers qu'on a. Et on pense, en fait, donc, à la lumière de ce qu'on a
entendu, les deux derniers jours, en complément
de notre mémoire, on pense, en fait, que, si on décidait effectivement de
mettre 1 000 $ pour les contributions personnelles, un
autofinancement de 1 000 $, de laisser ça, il faudrait, en
contrepartie, qu'il y ait une baisse du
seuil admissible de votes au-delà... pour lequel ensuite on a droit à un
remboursement. En ce moment, il faut avoir 15 % du vote, en fait,
et donc on trouve que c'est très élevé. Le risque financier est assez
important. Et donc, pour que l'iniquité ne soit pas trop importante, bien, si
on décide qu'on met 1 000 $ d'autofinancement, il faut aussi ensuite
abaisser le taux de seuil admissible.
M.
Carrière : Merci. Croyez-vous qu'avec
tout ce qu'on entend — puis vous en avez
parlé dans vos articles puis dans votre
mémoire — tout ce qu'on entend, tout ce qui s'est
passé depuis quelques années… est-ce qu'on
devrait tendre plus à un financement public complet? Est-ce que vous êtes
toujours d'accord à une participation citoyenne à la démocratie, donc à
pouvoir, là, contribuer financièrement? Quelle est votre opinion là-dessus?
Mme Bherer
(Laurence) : On
n'est quand même pas des spécialistes de financement politique. On pense en fait que c'est clair… qu'en tout cas ce qui est sûr, c'est
que dans les prochaines années ça va être difficile d'avoir des contributions
politiques dans les partis politiques et que, dans le fond, le coût de la
corruption, ce que ça a amené, c'est que
toute la partie qu'on a voulu... enfin il y a une grande partie du financement
privé qui s'est ramassée à être financée par le public. Donc, c'est clair qu'il faut sans doute faire une équation
en disant qu'en augmentant une partie du financement public ça peut être
une façon d'avoir les vrais coûts de l'élection, qu'on n'avait pas.
Et, nous, ce qui nous concerne, comme dans l'article
du Devoir que vous avez lu, ce qui nous inquiète le plus dans ce qu'on entend sur la corruption... Évidemment, on
se dit : Bon, il y a des gens qui en ont profité personnellement. Mais il
y a tout un aspect qu'il nous semble qui n'est pas abordé, c'est la difficulté
de faire sortir le vote au niveau municipal.
Et il semble qu'une partie de cet argent-là a servi à aller faire sortir le
vote, c'est-à-dire informer les citoyens pour qu'ils viennent ensuite
voter. Et c'est ça, c'est ce mécanisme-là qu'il ne nous semble pas clair de
quelle façon… pourquoi…
Et, dans les derniers jours, ce qui nous a
frappées, en écoutant, là, les différents témoignages, c'est que les gens ont dit :
Oui, vous pouvez abaisser le seuil de dépenses, sauf qu'il faudra qu'on
compense pour informer les gens pour qu'ils aillent voter. Et ça, ça fait peur aux gens parce que c'est difficile de
faire sortir le vote. Donc, c'est là qu'on peut avoir besoin de l'argent, de toutes sortes de manières, pour
être capable d'engager de faux bénévoles, ou etc., parce qu'il faut
faire sortir le vote. Et ça, c'est une des
choses les plus... enfin, qui est la moins couverte, il nous semble, la
difficulté d'être un élu municipal ou scolaire. Comment faire pour que
les gens aillent voter?
M.
Carrière : Je vais vous poser une
question rapide, après ça je vais laisser la chance à mes collègues. Hier, on a
eu le président de l'UMQ qui est venu, le président de la FQM, le maire de
Sherbrooke, et les trois avaient des craintes
par rapport à... Et le titre, là, d'un article ce matin, c'est Qui voudra
être candidat?. Est-ce que ça vous amène ces mêmes craintes là?
Est-ce que vous partagez ces craintes-là?
Mme Bherer (Laurence) : Oui, tout à fait. Autant on a peur
que les électeurs ne se présentent pas, mais on a peur aussi que les gens ne se
présentent pas, et donc c'est là qu'on pense qu'il faut faire attention pour ne
pas créer des effets d'iniquité qui
vont faire que les gens aussi ne vont pas se présenter. Dans les villes de
moins de 5 000 habitants, où déjà les études du ministère des
Affaires municipales montrent en fait que l'effort demandé à la communauté, en
termes de représentation, est très important, bien ça va être encore plus
important. Ça risque en fait de faire très mal si les gens ne vont pas se présenter. On sait que dans les
municipalités de moins de 5 000 habitants, en 2005, il y a eu
604 maires élus sans opposition. Ça
veut donc dire que la compétition électorale, elle n'est pas très forte. Et ça,
c'est parce que pour une ville de
300 personnes on demande sept conseillers municipaux. C'est la même chose
que pour une ville de 10 000 personnes. Donc là, déjà, dans
ces municipalités-là, c'est difficile. Donc là je pense qu'il y a une
particularité pour ces villes, ces municipalités. Et puis ensuite, oui,
effectivement, je pense qu'on peut s'inquiéter.
M.
Carrière : Merci.
Le
Président (M. Villeneuve) : Alors, M.
le député de Beauce-Sud, pour deux minutes.
M. Dutil : Merci, M. le Président. Vous parlez
que 15 % est trop élevé. On se rappelle qu'on a affaire à un système électoral uninominal à un tour. Si on a
10 candidats, on peut bien rembourser à 10 %, mais on va rembourser
tout le monde, puis le gagnant va avoir
11 %, là. À quel taux vous situez le mode sans remboursement pour éviter
lescandidatures farfelues, donc les
gens qui n'ont aucune possibilité de l'emporter, qui le savent, qui n'ont aucun
appui, pour éviter de dilapider également les fonds publics à des
candidatures farfelues?
Mme
Bherer (Laurence) : Laurence Bherer.
Alors, ce qu'il faut voir, c'est que la plupart des candidatures farfelues au niveau municipal, c'est souvent celles
qui ne sont pas autorisées, donc des gens qui n'ont de toute façon pas le droit, qui n'auront pas de
remboursement. Et, nous, ce qu'on nous dit c'est : À partir du moment où
on pense qu'on a le droit à avoir des... qu'on doit promouvoir les candidatures
indépendantes, au niveau municipal,
puis qu'on sait que ces candidatures-là sont souvent autofinancées
personnellement par ces personnes, par ces candidats-là, bien il faut qu'on laisse la marge de manoeuvre pour qu'ils
aient plus, que leur risque financier ne soit pas trop important. Alors, on ne voit pas pourquoi ce ne serait pas
pareil aux niveaux municipal puis provincial, puis que le taux ne soit pas à 1 %.
M.
Dutil : À?
Mme
Bherer (Laurence) : À 1 %.
M.
Dutil : Le taux est à 15 % au
niveau provincial pour le candidat dans la circonscription, pour les dépenses de la circonscription. Le 1 %, c'est pour l'ensemble
du parti politique. Donc, il y a une partie qui n'est pas remboursée au candidat, si je ne me trompe pas, là, qui n'est
pas remboursée au candidat dans un comté s'il n'atteint pas 15 % de
ses dépenses de comté. C'est bien ça, je ne
me trompe pas? Il me semble que c'est ça. Donc, quand on me parle du 1 %,
on ne parle pas de la même chose, on parle
vraiment des dépenses qui sont considérées comme des dépenses
provinciales.
Mme
Bherer (Laurence) : Ça renforce le
point qu'il faudrait dans ce cas-là se soucier vraiment du candidat indépendant, si c'est une politique de vouloir
encourager… ou de ne pas le décourager, juste de voir comment on fait
pour ne pas que son risque financier soit trop important.
M.
Dutil : Alors,
moi, je conclus en disant : Oui, le problème est le même. C'est bien beau
rembourser, encore faut-il éviter d'avoir
52 candidats sur un poste qui est élu de façon uninominale à un tour. Ou
on change le système uninominal à un tour. Merci.
Le Président (M.
Villeneuve) : Alors, merci. Ça met
fin aux échanges, le temps imparti étant écoulé. Mme Bherer,
Mme Breux, merci beaucoup de votre participation...
Des voix : ...
Le Président (M.
Villeneuve) : Oh! Excusez-moi.
Une voix : La petite douceur… partie, la petite douceur…
Le
Président (M. Villeneuve) : Alors, ça, c'est le bâton et la carotte, là. Aïe, merci de... hein? Ça
ne pouvait pas passer inaperçu, de toute façon, même si j'aurais voulu. Alors, mille
excuses encore une fois. Et les échanges se poursuivent, cette fois-ci
avec le deuxième groupe d'opposition. Et, M. le député de Beauce-Nord, à
vous la parole pour cinq minutes.
M.
Spénard : Merci,
M. le Président. Alors, bienvenue, Mmes Bherer et Breux. C'est intéressant
parce que ça nous
donne une autre vision. Moi, je retiens que vous parlez beaucoup de la
confiance et aussi de l'équité, ceux qui sont en fonction, la prime au
sortant. Ça, ça m'interpelle beaucoup.
Moi, j'aimerais savoir
en ce qui concerne les dons comme tels. On envoie un message clair, le ministre
veut envoyer un message clair, à 300 $.
Vous avez vaguement parlé d'un 1 000 $ pour le candidat, mais il
faudrait augmenter le... c'est-à-dire
abaisser le taux de 15 %. Mais est-ce que vous maintenez quand même que le
candidat qui se présente, surtout pour les petites municipalités de
5 000 habitants et moins, devrait pouvoir… chaque candidat devrait
pouvoir mettre de sa poche 1 000 $ dans sa campagne?
Mme
Bherer (Laurence) : Laurence Bherer. On pense que c'est effectivement une mesure qui pourrait compenser pour une
certaine iniquité qu'il pourrait y avoir entre un candidat d'un parti politique
puis d'un candidat indépendant. Sauf
qu'on se dit que c'est une mesure qu'il ne faut pas trop encourager parce qu'on
croit qu'il ne faut pas faire en sorte qu'une
candidature soit trop dépendante, non plus, des revenus personnels qu'on peut
avoir. D'autant plus que, pour les candidats indépendants, dans
plusieurs municipalités, leur taux de succès électoral varie beaucoup, et donc
le risque financier peut être important pour
eux. Donc, dans ce cas-là, il faut faire attention en tout cas d'introduire ce
genre de mesure là qui pourrait
devenir permanente par après. Mais que je ne suis pas sûre que, du point de vue
de la démocratie, c'est une bonne chose de dire qu'on rétablit l'équité
en basant sur le fait si un candidat est capable de mettre 1 000 $ de
sa poche ou pas.
• (12 h 20) •
M.
Spénard : ...le
«love money» de la famille, là. L'autre chose, c'est parce que vous ne vous
êtes pas attaquées au financement municipal comme tel. Est-ce que vous avez regardé, à l'intérieur
de votre mémoire, la facilité ou la difficulté d'avoir du financement municipal à l'intérieur des... Parce que le
financement municipal, ce n'est pas... Bien souvent, dans les petites villes de
5 000 habitants et moins, il n'y a pas de parti politique, c'est tous
des indépendants, tout le monde se
connaît. Maintenant, le financement municipal est assez difficile. Je ne sais
pas comment on ferait si le candidat ne peut pas avoir 1 000 $ à mettre de sa poche ou de sa famille,
du «love money», qu'on appelle, 1 000 $. Alors, comment le
financement se fait?
Mme
Bherer (Laurence) : Laurence Bherer. Je pense qu'on peut s'en inquiéter pas juste pour les municipalités de moins de 5 000 habitants. Je
pense que c'est comme ça pour tous les partis politiques.
M. Spénard : …le financement se fait dans les grandes municipalités, on
a des exemples sous les yeux, là, pratiquement
à tous les jours, mais moi, je vous parle surtout des 900 petites
municipalités de 5 000 habitants et moins, là.
Mme Bherer
(Laurence) : Ah! mais... Laurence
Bherer. En même temps, comme je le disais tout à l'heure, il y a un fort taux d'élus
sans opposition dans les municipalités de moins de 5 000 habitants.
Donc, dans plusieurs municipalités, la question ne se pose même pas.
M.
Spénard : …chose
que vous avez dite, la création d'une brigade temporaire de contrôle des
dépenses électorales, comment pouvez-vous
associer ça avec le rôle du Directeur général des élections?
Mme Bherer
(Laurence) : Laurence Bherer.
Écoutez, là, on n'a pas étudié dans le détail de quelle manière ou si ça ne pourrait pas être le DGEQ qui fasse
ça, qui prenne en charge notre proposition, là. Mais nous, ce qu'on
disait, c'est d'envoyer
un message en disant : Pour cette élection-là, il va y avoir des
vérifications qui vont aller plus loin, avec un système aléatoire où on va dire qu'on va aller rendre plus... regarder
en profondeur, enquêter en profondeur sur ce qui s'est passé dans les dépenses qui ont été faites. Puis,
dans le contexte d'élections, on va rencontrer les gens sur place, etc.,
pour dire qu'est-ce qui s'est passé dans
cette élection-là, pour qu'en fait il y ait une petite retenue à la fois de la
part des candidats mais aussi que les
électeurs se sentent en confiance. Mais on pense qu'ensuite il faudrait voir. J'imagine
que le DGEQ pourrait prendre ça en charge, avoir…
M. Spénard : Ma dernière question : Est-ce que vous considérez que
l'inéquité est déjà créée parce que ce projet
de loi n'a pas été adopté avant et le sera probablement juste le
1er juillet? Est-ce que vous trouvez que l'inéquité a été créée
pour l'élection de 2013 en ce qui concerne le financement?
Le Président (M.
Villeneuve) : Alors, mesdames, en
30 secondes, s'il vous plaît.
Mme Bherer
(Laurence) : Alors, est-ce que l'inéquité
existait avant ce projet...
M. Spénard : Pour la prochaine élection parce qu'il y a des partis déjà
existants qui ont six mois pour ramasser 1 000 $...
Le
Président (M. Villeneuve) : Je m'excuse, le temps étant écoulé, je vais devoir mettre fin aux
échanges et, cette fois-ci, pour de vrai.
Alors, Mme Bherer et Mme Breux, merci beaucoup de votre
participation.
Je vais demander qu'on
suspende la séance le temps que le prochain groupe puisse prendre place.
(Suspension de la séance à
12 h 23)
(Reprise à 12 h 26)
Le Président (M.
Villeneuve) : On va reprendre la
séance. Alors, j'inviterais les gens du groupe qui vient de prendre place, le
Mouvement lavallois, à bien vouloir se présenter et à faire leur exposition de
leur mémoire. À vous la parole, messieurs.
Mouvement lavallois
M. DeCotis
(David) : Merci. M. le Président, M.
le ministre, Mmes, MM. les députés, mon nom est David DeCotis. Je suis le président du Mouvement
lavallois. Aujourd'hui, avec moi, je suis accompagné avec M. Marc
Demers, notre porte-parole et conseiller politique du Mouvement lavallois.
Concernant
les villes de plus de 100 000 habitants, le Mouvement lavallois a
tenu à proposer quelques pistes de réflexion sur le financement des partis politiques
municipaux à l'approche des élections de 2013. Au nom du Mouvement lavallois, je tiens à vous remercier de nous
donner l'occasion de participer à cet exercice démocratique et de vous présenter
nos propositions. Maintenant, je cède la parole à M. Marc Demers, qui va
faire la lecture concernant notre réflexion sur le financement des partis
politiques municipaux.
M. Demers
(Marc) : Alors, Marc Demers. Bonjour
à tous. J'aimerais savoir, M. le Président, on dispose de 10 minutes
pour la présentation ou...
Le Président (M.
Villeneuve) : Il vous en reste neuf.
M. Demers
(Marc) : Il nous en reste neuf, c'est
ça.
Le Président (M.
Villeneuve) : Mais vous aurez des
questions, bien sûr, qui suivront, alors...
M. Demers
(Marc) : On a le même chronomètre.
Est-ce que chaque personne a reçu copie de notre mémoire qu'on avait fait
parvenir?
Le
Président (M. Villeneuve) : S'il a été déposé à la commission, assurément que la commission a fait suivre le document.
M.
Demers (Marc) :
Alors, on l'a fait, effectivement. Alors, dû à la contrainte de temps, je ne
lirai pas l'intégralité du mémoire, mais je
vous invite à le faire.
Alors,
nos recommandations se fondent sur la réalité qui a cours à Laval. C'est
pourquoi elles concernent les villes de
100 000 habitants, la réalité pouvant être différente pour les plus
petites villes.
C'est en tenant compte
de la controverse ayant entouré l'utilisation à des fins partisanes électorales
des fonds publics que la Loi des cités et villes destinait à des fins de
recherche et de secrétariat dans plusieurs grandes villes québécoises que le
Mouvement lavallois affirme qu'il incombe au législateur de voter des lois qui
seront rédigées le plus
clairement possible, de manière à laisser le moins de place possible à l'ambiguïté
et au litige, car ces faiblesses des textes de loi sont souvent à l'origine
d'injustices et utilisées pour tromper l'électorat à son grand détriment.
Nous
croyons que l'argent sale est à la politique ce que les stéroïdes sont au monde
du sport. Plusieurs organisations sportives majeures ont compris que c'est le
fondement même de leur existence qui était remis en cause par ces
tricheries. Le gouvernement québécois doit
réagir avec vigueur pour rétablir la confiance des citoyens. Nous vous
rappelons que Lance Armstrong a été dépouillé de ses titres.
L'ensemble
des mesures proposées visent les personnes qui donnent l'argent, mais les
personnes et les organisations qui reçoivent
cet argent ne doivent-elles pas, elles, être imputables? La première
responsabilité que doit assumer un candidat
à un poste public n'est-elle pas de s'assurer que l'argent qu'il utilise pour
se faire élire soit de l'argent
propre? Nous vous mettons aussi en garde contre les demi-mesures et les mesures
temporaires, car dans l'administration publique l'expérience démontre qu'elles
sont en place pour longtemps, ces mesures temporaires là.
• (12 h 30) •
Par cette réflexion,
nous nous donnons pour objectifs de rétablir la confiance de l'électorat envers
la classe politique, réduire l'influence de l'argent sur la classe politique,
clarifier les responsabilités des candidats et des élus concernant le
financement des partis politiques.
Nous croyons qu'il est
important de tenir compte des notions que nous appelons le potentiel de
financement politique. Ce potentiel se
compose, entre autres, du montant maximal de souscription permis, du bassin de
population, du réseau de contacts et de la
richesse de l'ensemble de l'électorat, etc. Si l'on réduit le potentiel en
réduisant le maximum admissible, il est sûrement important de préserver
le potentiel de financement autrement.
Or, nous croyons que
les personnes qui permettraient à un candidat de mener sa campagne électorale
libre de toute influence indue sont celles qui constituent son réseau de
contacts primaires, comme sa famille, ses amis, le travail. Nous sommes convaincus que les personnes ayant le statut d'électeur
au Québec pourraient avoir un intérêt
dans une candidature dans une municipalité autre, sans pour autant y avoir le
statut d'électeur. Or, les membres de ce réseau de soutien primaire du candidat sont tenus de financer les partis uniquement
dans leurs municipalités.
Ainsi,
nous proposons que la loi soit modifiée, à l'article 429, de la façon
suivante : «Seul un électeur peut faire
une contribution, et sa contribution vaut
pour l'ensemble du Québec.» Alors, un électeur au Québec donne, au municipal,
300 $, peu importe la municipalité où son intérêt se trouve.
Nous considérons que
le 1 000 $, l'année de l'élection, pour les candidats, devrait être
mis en place.
Par
ailleurs, le Mouvement lavallois trouve anormal qu'un parti politique puisse se
faire élire avec de l'argent obtenu de manière illicite, que ce soit illégal,
par voie de la corruption, ou illégal en faisant une interprétation
libérale des dispositions entourant la Loi des cités et villes. Ces fonds sont
utilisés par un parti municipal notamment à des fins de publicité électorale.
Nous connaissons tous l'importance de la campagne de publicité pour déterminer
l'issue de la campagne électorale.
Nous
proposons, pour ces motifs, d'ajouter à l'article 440 ce qui
précède : «Le Directeur général des
élections a le pouvoir de prendre charge de toute
somme d'argent ou son équivalent qui font l'objet d'un litige pour la durée de
son enquête.» Il incombe donc au parti politique de démontrer la provenance des
fonds servant à son élection. Nous ne devons
pas laisser — et ici il y a une erreur dans le texte — l'initiative
de rembourser des fonds à chaque parti
politique. Les plus intègres seraient
défavorisés. Alors, on recommande un fardeau de preuve renversé lorsqu'il y a
des éléments de preuve suffisants qui démontrent que l'argent est de
provenance douteuse.
Nous proposons
également de préciser certaines définitions et certains montants admis comme
dépenses électorales. Dans le monde
municipal, les élections sont à date fixe. Si on désire commencer notre
campagne électorale au mois de
juillet, au mois d'août, il n'y a rien qui nous empêche de faire des dépenses
qui ne seront pas comptabilisées dans le maximum. Alors, on vous suggère de réviser cette partie de la loi là
pour donner trois mois au DGE afin de considérer une dépense comme étant
une dépense électorale.
La
limite de 300 $ ne permettra pas de résoudre tous les problèmes. Nous vous
soumettons d'être créatifs à ce chapitre-là. Il faut reconnaître que, pour avoir
un retour d'ascenseur, il faut une entente entre au moins deux
personnes. Il nous semble impossible qu'il y ait retour d'ascenseur sans que l'élu
soit au courant qu'il doit retourner l'ascenseur. De plus, celui qui bénéficie
du financement illégal, c'est le candidat à l'élection. Il doit être imputable.
Des
pistes de solution vous sont transmises qui ont été utilisées dans d'autres
parties de notre société. Exemple, pour obtenir un permis d'agence d'investigation,
tu dois signer un affidavit comme quoi tu connais la loi, comme quoi tu
sais t'imposer certaines vérifications. Nous vous en soumettons ici certaines.
Cette procédure éviterait que des élus affirment…
comme il a été affirmé par le maire de Laval, dernièrement, qu'il n'a aucune
idée d'où provenait l'argent qui a servi à son élection. Lui, son
travail, c'était de serrer des poignées de main.
Autre que pour
enrichir un individu, l'argent en liquidités est utilisé pour contourner la Loi
électorale, qui plafonne les dépenses. Une partie de la population se prête
plus ou moins consciemment à ces tactiques illicites, des personnes qui apprécient travailler quelques jours
en étant payées comptant, sans pour autant le déclarer, afin de ne pas
affecter leurs autres revenus, qui sont souvent des revenus de bien-être
social, de la CSST ou d'assurance-emploi.
Nous vous suggérons d'arrimer
les lois pour que les gens qui participent à ça puissent être payés en chèques,
sans affecter leurs revenus, de façon à
rendre plus difficile le roulement de l'argent comptant lors d'élections. Nous
vous suggérons même qu'il soit, dans les règlements, obligatoire d'afficher une
affiche qu'il est interdit que qui que ce soit, en campagne électorale, soit
payé en argent comptant, une affiche qui pourrait être générée par le DGE.
Le
Président (M. Villeneuve) : Alors, M. Demers, le temps étant écoulé, peut-être conclure rapidement,
si vous voulez bien. Après, on passera à la
période d'échange.
M. Demers (Marc) : D'accord. Écoutez, on suggère aussi, pour faire très rapidement, là, les
principales choses… Les policiers sont obligés
de dénoncer, en vertu de la Loi de police, tout manquement à une loi qu'ils ont des motifs de croire qu'un collègue
aurait commis. Nous croyons que les élus devraient être soumis à une
obligation similaire.
Le Président (M. Villeneuve) : D'accord. Je dois vous arrêter,
M. Demers. Mais je sais que votre mémoire a
été déposé à la commission, donc les
parlementaires auront libre cours de le regarder et de l'analyser. Alors, on va
passer à la période d'échange, pour 11 minutes, la partie ministérielle.
M. le ministre.
M. Gaudreault : Merci, M. le Président. Alors, je
tiens à remercier M. DeCotis et M. Demers pour votre présence ici aujourd'hui. C'est sûr que l'opinion, le
point de vue des gens de Laval est particulièrement considéré et apprécié,
évidemment, à cause de la situation qui est vécue particulièrement depuis
quelques mois dans l'actualité.
J'aimerais vous entendre plus globalement sur
l'appréciation que vous faites du projet de loi n° 26 quant à l'effort gouvernemental d'envoyer un signal très clair que
les règles changent, qu'il faut redonner confiance aux citoyens à l'égard des institutions municipales. Est-ce que
vous trouvez que le régime transitoire, qui va mettre la table pour le
régime permanent que nous allons travailler éventuellement, est un signal fort
qui va contribuer à recréer cette confiance?
M.
Demers (Marc) : Alors, Marc Demers.
Nous sommes d'accord sur certains grands principes, mais nous sommes d'opinion que le message ne sera pas
suffisamment fort, parce qu'il doit rendre imputables les élus, pour une
chose, et à ce chapitre-là on trouve que les
actions posées sont trop modestes. L'autre aspect, basé sur 30 ans
d'expérience dans l'administration publique,
je suis bien prêt à croire que ce sont des mesures temporaires, en autant,
M. le ministre, que vous allez
me promettre que dans deux ans vous allez occuper les mêmes fonctions, pour
revenir avec des mesures...
M.
Gaudreault : ...pour occuper les
mêmes fonctions dans deux ans.
M.
Demers (Marc) : Oui, mais...
M.
Gaudreault : Non, non, c'est très
probable. Je peux... Il y a de très fortes chances, M. Demers, que ça…
M.
Demers (Marc) : Pouvez-vous me le
promettre? C'est ça qui était la question…
M.
Gaudreault : Moi, je peux...
•
(12 h 40) •
M.
Demers (Marc) : …pas la volonté.
Alors, vous allez comprendre que les mesures temporaires ont un caractère permanent, et dans deux ans les
priorités du gouvernement seront peut-être tout autres. Alors, nous croyons
que le gouvernement a l'obligation morale de
modifier tout ce qu'il peut modifier immédiatement et régler chacun des
problèmes présentement. Et à ce chapitre-là
on pense qu'il y a des efforts qui peuvent être faits. Il y a des pistes de
solution qui vous sont envoyées, qui sont claires mais qui sont, quant à
nous, trop modestes. La population, pour regagner confiance, a besoin d'un
message plus clair et plus ferme.
M. Gaudreault : Bien, un peu comme on discutait avec
les deux chercheuses qui vous ont précédés, ce n'est pas qu'une seule mesure qui va solutionner le problème.
M. Généreux, hier, de la FQM disait que ça prend une armada de moyens. Je le pense également. Il faut toujours
être vigilant. Vous savez qu'on a pris de très nombreuses actions,
depuis qu'on est au gouvernement, que ce
soit avec la loi n° 10, que ce soit avec la loi n° 1, que ce soit
avec le projet de loi n° 26. On
va en déposer un autre pour le régime permanent. Alors, je pense qu'on est
fortement en action en ce sens. Mais vous comprenez aussi qu'on est dans
un contexte où on est en année électorale, donc il fallait agir rapidement,
tout en se préservant aussi pour le régime permanent. C'est pour ça qu'on y va
avec deux projets de loi, là, qui vont se suivre.
Moi, j'ai une très grande préoccupation aussi
pour les partis émergents. Je ne sais pas si on peut considérer le vôtre comme un parti émergent. Je comprends qu'il a été
mis sur pied à l'automne 2008, donc première élection pour le Mouvement lavallois en 2009. Et, considérant la
situation très particulière avec un parti municipal, à Laval, qui
dominait outrageusement le paysage, avec
vraiment des fonds et des coffres très, très bien garnis, est-ce que vous
trouvez... Puis on a reçu aussi vos collègues, avec M. Gobé, là, de
l'autre parti, j'oublie toujours le nom, Action Laval, cette semaine, un petit
peu plus tôt cette semaine, qui, lui, est vraiment un parti émergent aussi.
Alors, est-ce que vous trouvez que cette loi va soutenir quand même, le projet
de loi n° 26, les partis émergents? Voilà.
M. Demers (Marc) : Alors, Marc Demers. Vous savez, construire un parti
politique puis une plateforme électorale, c'est un peu comme construire une maison. Et il n'est
peut-être pas anormal que des gens qui travaillent depuis cinq ans aient
une certaine avance sur ceux qui ont décidé de construire leur maison depuis
deux mois. Et de renverser ça serait peut-être plus néfaste qu'autre chose.
Ce
qui nuit, ce qui nuit réellement à la politique, c'est l'argent sale, c'est les
enveloppes brunes, c'est l'argent qui est plus
ou moins déclaré, c'est l'argent qui contourne la loi et c'est ça auquel il
faut s'attaquer. Alors, il y a eu, selon le ministère des Affaires municipales,
environ 1,8 million d'argent utilisé à Laval à des fins partisanes qui n'aurait
pas dû l'être. Alors, c'est ça qui fait mal.
Si on regarde la majorité des partis d'opposition au Québec, on se rend compte
qu'il n'y en a aucun de riche. Et, si on place tout le monde sur le même pied d'égalité
deux mois avant l'élection, est-ce qu'on ne crée pas un phénomène de décourager ceux
qui s'impliquent dans leurs communautés depuis quatre, cinq ans, six ans ou 10 ans bénévolement, de
dire : Ça ne vous donne rien, on va vous replacer au même niveau en
partant. Alors, il est normal qu'il y ait
une certaine différence. Mais, pour nous, le problème, c'est l'argent sale, c'est
l'argent qui vient par la porte d'en
arrière, et qui n'est pas déclaré, et qui est utilisé dans la campagne
électorale. Et à ce chapitre-là on vous donne des pistes de solution
très, très claires, qui ont été éprouvées depuis plusieurs années.
L'obligation
de divulguer, la Loi de police a été modifiée dans les années… 1999, si ma
mémoire est fidèle, et ça n'a pas fait de vague dans le milieu policier,
mais ça a comme rendu plus gênante l'omerta qui pouvait régner à
certaines places. Alors, la perception du
public à l'heure actuelle, c'est de voir qu'il y a des gens en responsabilité,
soit des postes électifs ou autres, qui n'ont rien vu ou qui ont
contribué à un système sans rien dire. Et nous vous suggérons que c'est ça qui devrait être la cible de vos mesures
et de clarifier tout élément de la loi qui peut être clarifié à ce
moment-ci, parce que vous m'avez manifesté votre intention d'être présent dans
deux ans, mais je n'ai pas entendu dire : Oui, M. Demers, je vous
promets que je serai au même poste dans deux ans.
M.
Gaudreault : Bien, écoutez, c'est
parce que je ne contrôle pas tout. Vous devriez poser la question à la première
ministre. Moi, je le souhaite, là, mais...
Bon,
revenons à votre mémoire. Vous dites, et ça m'a étonné un peu, vous proposez de
baisser le plafond des dépenses. Par exemple, pour le poste de maire, vous dites de baisser
de 0,54 $ à 0,15 $ par personne inscrite sur la liste et, pour
le poste de conseiller, de 0,42 $ à 0,15 $. Alors, ça prend quoi pour
faire campagne à Laval, une ville de 400 000 électeurs…
ou 400 000 citoyens certainement? Alors, comment vous pouvez
rejoindre les électeurs, faire une belle campagne, faire marcher la démocratie
avec un plafond qui serait encore plus bas sur un territoire aussi vaste que l'île
Jésus, avec des secteurs ruraux, urbains, etc.?
M.
Demers (Marc) :
Alors, c'est une autre façon de réduire l'importance de l'argent et d'une
campagne publicitaire. Ça va inciter les gens
à s'impliquer dans leurs communautés longtemps d'avance et à se faire connaître
autrement que par des affiches et une
campagne publicitaire, de par leur implication sociale. Et on pense que c'est
la façon saine de ramener les gens…
un intérêt des gens dans la politique. Alors, si effectivement on laisse les
entrées d'argent venir et les
plafonds élevés, bien la campagne électorale se résumera à celui qui a le plus
gros budget. Alors, c'est ce qu'on
veut tenter, de baisser l'importance de l'argent, tout en étant dans un climat
raisonnable. Alors, ces projections-là
ont été faites, basées sur l'expérience du Mouvement lavallois, les budgets
pour les campagnes électorales antérieures
et sur l'expérience que j'ai en politique provinciale au niveau de la région de
Laval. Alors, quand je regarde au niveau de la région de Laval les
budgets, au niveau provincial, qui ont été déployés pour les six comtés de
Laval, on arriverait dans des sommes raisonnables.
M.
Gaudreault :
Merci. Maintenant, une de vos grosses propositions, puis je comprends aussi que
c'est toujours dans l'optique, comme vous
dites, de contrôler l'argent sale, là, c'est que vous proposez le contrôle des
dépenses jusqu'à trois mois avant la
campagne électorale. Est-ce que vous ne trouvez pas que ça pourrait limiter des
activités qui sont par ailleurs très
correctes, là, par exemple une campagne d'investiture pour choisir un candidat
à la mairie, ou des choses comme ça? Alors, trois mois avant... Voilà.
M.
Demers (Marc) :
En fin de compte, trois mois avant, on sait que c'est une date fixe, alors,
connaissant la date fixe, les partis peuvent commencer leurs campagnes électorales. Et, pour
nous, c'est un autre moyen pratique de dire : Écoutez, s'il y a des dépenses que le DGE n'a pas
droit de regard parce qu'elles sont faites un mois, un mois et demi
avant, effectivement c'est les partis les plus riches, les partis qui ont les
moyens qui vont les utiliser. Alors, la réalité étant différente d'au provincial ou du fédéral, l'élection fixe nous permet de
dire : Donnons une perspective au DGE que, les activités faites
trois mois avant, il aura la possibilité de considérer que c'est une dépense
électorale. Ce n'est pas automatiquement, mais il y a cette possibilité-là.
M.
Gaudreault : C'est beau. Merci.
Le
Président (M. Villeneuve) : Alors, ça met fin aux échanges pour la partie ministérielle. Alors, on passerait au premier groupe de l'opposition pour
11 minutes. M. le député de Chapleau.
M.
Carrière :
Merci, M. le Président. Merci, MM. Demers et DeCotis — je ne sais pas si je le prononce bien, là, merci — alors, pour votre mémoire. Je vais vous amener tout de
suite à certaines propositions que vous avez faites, dont l'article 429, là, de la Loi sur les élections
et référendums dans les municipalités. L'article actuel dit : «Seul un
électeur de la municipalité peut faire contribution.» Et ce que vous suggérez,
c'est : «Seul un électeur peut faire une contribution.» Donc, ce que vous
suggérez, c'est qu'un citoyen, qu'un électeur, peu importe où il vit au Québec,
puisse faire don dans une autre municipalité, une autre ville.
M.
Demers (Marc) :
C'est qu'on a réduit l'intérêt d'un électeur à une municipalité, à son lieu de
résidence. Alors, tu peux demeurer à Laval et travailler à Rosemère, avoir des intérêts.
Un membre de ta famille, une personne avec qui tu as des liens privilégiés peut se présenter là. Et
je vous soumettrai que je peux habiter Laval et décider de financer le
candidat à l'élection pour l'Assemblée nationale du Lac-Saint-Jean, et c'est
tout à fait légal. Alors, c'est légal au provincial, au fédéral. On se dit, au
municipal…
Et,
si on est pour réduire l'influence ou la notion de ressources, de financement
possible en réduisant de 1 000 $ à
300 $, on dit : On peut permettre une plage à des gens qui ont un
intérêt dans une municipalité, pour une raison ou pour une autre, de dire : Bien, écoute, moi,
plutôt que financer à Laval, j'aime mieux financer à Rosemère, parce que
c'est ma famille qui se présente là, c'est
des amis, c'est des gens avec qui j'ai des liens, je travaille là et j'ai des
intérêts autres que ma résidence là. Alors, on dit d'ouvrir cette
avenue-là pour aider au financement.
• (12 h 50) •
M.
Carrière : O.K.
Merci. Ne croyez-vous pas que ça pourrait... Vous parlez d'argent sale depuis
le début, là, et on est tous, là-dessus, d'accord
avec vous. Est-ce que ça pourrait ne pas inciter des gens d'ailleurs qui
veulent faire, pour reprendre l'exemple de Laval, qui veulent faire des
affaires à Laval à trouver des prête-noms ailleurs que chez vous pour une élection clés en main, là? Ma
question : Est-ce que ça n'ouvre pas le bassin de prête-noms, etc.,
ailleurs, là, plus grand que ce qu'il ne pourrait l'être déjà?
M. Demers
(Marc) : Alors, je vous dirais, pour
contrer ce bassin-là ou cette problématique-là, on baisse de 1 000 $ à 300 $. On pense que ça, c'est
un geste concret. On pense qu'il y a d'autres propositions pour rendre la
personne qui va bénéficier de cet argent-là
imputable, ce qui veut dire que, si effectivement il est démontré qu'il y a de
l'argent… que cette personne-là s'est fait élire avec de l'argent sale, il va y
avoir des conséquences. On pense qu'à ce moment-là ça n'aura pas un impact
majeur, d'autant plus que la collusion à coups de 300 $, là, des retours d'ascenseur
à coups de 300 $, ce n'est pas énorme,
puis surtout le crédit d'impôt… Et ce principe-là est déjà mis de l'avant
lorsqu'on parle des députés de l'Assemblée
nationale. Alors, si c'est bon pour un, c'est bon pour l'autre. Alors, essayons
de simplifier la loi et que ça soit
facile à comprendre pour l'ensemble des citoyens. C'est les objectifs qu'on
vous propose dans notre... ceci, basé strictement sur l'expérience politique
que nous avons au niveau de notre parti, qui date de voilà cinq ans, six ans.
Et moi, c'est mon implication sur la scène provinciale, qui date de 12,
15 ans.
M. Carrière : Merci. Seriez-vous d'accord ou êtes-vous en faveur que le financement public prenne une plus grande
importance ou toute la place? Dans le fond, ma question : Est-ce que vous seriez d'accord à ce qu'il n'y ait
plus de financement de particuliers,
que ce soit uniquement du financement public pour les campagnes électorales
municipales? Et, si oui et sinon, pourquoi?
M.
Demers (Marc) :
Nous croyons toujours au financement populaire, un équilibre entre les deux. Si
on veut susciter l'intérêt des citoyens,
lorsque le citoyen finance ou bien il a un intérêt, il y porte attention. Je
vous dirais, pour avoir organisé dans la
communauté toutes sortes d'activités et quand les gens devaient débourser un
15 $, 20 $ pour s'inscrire,
ils étaient habituellement plus ponctuels à l'activité. Quand c'était gratuit,
bien souvent tu disais pfft! Pourtant, l'activité
pouvait être la même. Alors, oui, il y a une implication, et, oui, les gens
veulent suivre un petit peu le parti ou les gens qu'ils ont cautionnés. Alors, on pense à un équilibre entre les
deux. Alors, le remboursement à 60 %, on croit que c'est une bonne
idée, mais il faut réduire le retour d'ascenseur. C'est ça qu'il faut réduire.
Et, le retour d'ascenseur, là, il faut avoir deux personnes, là, qui vont jouer
avec les ascenseurs. Alors, c'est dans ce sens-là. Et c'est l'argent sale qui
provoque ça.
M. Carrière : Merci. L'UMQ, l'Union des municipalités du Québec, eux
autres proposent ou demandent plus un remboursement à 70 %. Vous venez de
parler de 60 %, comme le projet de loi le mentionne. Qu'est-ce que vous
privilégiez le plus?
M.
Demers (Marc) :
Écoutez, 60 %, 70 %, là, on n'a pas fait de réflexion bien, bien
poussée là-dessus, là. C'est une opinion personnelle, là. Moi, je vous dirais,
un ou l'autre, là, ce n'est pas ça qui va changer… puis ce n'est pas ça
qui va redonner confiance à l'électorat puis aux gens dans le monde politique.
Le
Président (M. Villeneuve) : Alors, il reste cinq minutes, et je crois qu'on céderait la parole, à
ce moment-ci, au député de Vimont.
M. Rousselle : Merci, M. DeCotis, merci, M. Demers, d'être ici. Merci de
votre participation, parce que je pense qu'il
est très important que tous les gens, justement, embarquent dans un projet
comme ça puis viennent dire toutes les choses qui peuvent nous aider
pour finaliser cette loi-là.
Je regardais... Parce
que je reviens avec la participation monétaire que vous parlez, qu'on peut
avoir une participation monétaire extérieure de la ville. Puis en même temps
vous avez parlé de l'importance d'être, de venir du milieu, de travailler dans
le milieu pour se faire élire. À l'inverse, là, ce n'est pas... Puis aussi, en même temps, puis là je vais tout dire ça en même
temps, là, vous parlez en même temps du lieu de résidence, que vous semblez vouloir le réduire. Je ne comprends
pas, là, quelque part. Parce que là vous permettez qu'on aille contribuer dans une ville extérieure, de l'autre
côté... Puis, vous avez raison, je pense, l'important, c'est de s'impliquer
socialement dans notre communauté, puis je pense que c'est de même que tu te
fais connaître puis c'est de même que tu... Je pense que c'est la meilleure
affaire. Puis, de l'autre côté, vous jouez aussi sur le temps de durée de
résidence dans la municipalité. Juste pour me faire comprendre.
M. Demers
(Marc) : En fin de compte, il faut
faire une distinction entre les gens qui seront candidats et les gens qui vont financer. Alors, la notion du
financement, ce qu'on vous dit, c'est que, si on réduit le potentiel du
financement politique dans une municipalité en prenant
1 000 $ puis en suggérant 300 $, il est peut-être judicieux de
maintenir ce potentiel-là avec d'autres
facteurs qui vont l'augmenter ou aider les partis émergents et les gens qui
veulent s'impliquer. Alors, on s'est
inspirés de ce qui se passe au provincial pour dire... Comme vous, vous êtes
dans Vimont. Je suis sûr que vous
avez des gens qui ont contribué de d'autres circonscriptions à votre
financement parce que c'est courant. Alors, on pense que ce n'est pas péché, ça, mais ça préserve un certain potentiel.
Alors, dans ce sens-là, on se dit : Oui, il y a une distinction
entre financer un parti politique et se présenter à l'élection. Et les gens
peuvent avoir un intérêt, comme on a expliqué, tout autre dans une municipalité
autre que le lieu de résidence. Si mes enfants se présentent, à titre d'exemple… je prenais Rosemère, tantôt, parce qu'ils
y résident, puis tout ça, puis moi qui habite Laval, je trouverais tout
à fait sain que je puisse les financer d'une façon ouverte, limpide, comme ça
se passe au provincial et au fédéral. C'est juste ça qu'on a soumis. C'est ça,
le principe. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
M.
Rousselle : Il y
a des gens de Montréal qui nous ont... M. le Président, il y a des gens de
Montréal qui nous ont parlé de réduire la période électorale — actuellement,
c'est 45 jours — de l'abaisser. Vous, c'est-u la
première fois que vous l'entendez, celle-là, ou...
M.
Demers (Marc) :
C'est la première fois qu'on l'entend, mais ce qu'on vit sur le terrain, c'est
que, puisque la date est connue, si vous êtes candidat dans un district ou un endroit,
vous allez commencer à faire votre publicité, votre cabale au moment que vous décidez. C'est ça, la
réalité. Et dans plusieurs administrations municipales on va s'arranger pour qu'il soit bon vivre dans cette ville-là.
Payés par les frais municipaux, on va distribuer des circulaires, des
fascicules à même les deniers publics pour créer une belle ambiance pour se
faire réélire, et ça, c'est malsain, O.K.? Alors, la réalité, puisqu'on connaît la date, c'est que chacun décide
de partir sa campagne au moment où est-ce qu'il veut. Alors, nous, ce qu'on s'est dit, c'est : Donnons une
visibilité plus grande au DGE. Et, puisque ça se passe au début de novembre, on
a dit : Trois mois, ça nous rapporte à
l'été, et on sait que bien souvent les campagnes publicitaires, l'été, sont
moins efficaces, et tout. Alors,
notre cible, on s'est fixé ça pour dire : Le DGE devrait avoir un droit de
regard sur tout ce qui se passe dans cette période-là. Maintenant, si
quelqu'un veut commencer sa campagne électorale 20 jours avant la date d'élection,
ça lui appartient. Nous, ce qu'on visait, c'est ça.
En passant, si vous
avez d'autres questions, parce qu'il manque de temps, on va manger au
restaurant ici.
Le Président (M.
Villeneuve) : Ah bon! Parfait.
M. Demers
(Marc) : Vous êtes tous invités, mais
on n'assume pas l'addition. On sera disponibles.
Le
Président (M. Villeneuve) : Alors, ça met fin à l'échange pour la première opposition. Alors, je demanderais à... D'abord,
je demanderais aux membres de la commission de bien vouloir prolonger pour cinq
minutes pour pouvoir permettre, justement, le cinq minutes, là, au
député de Beauce-Nord. Est-ce que vous êtes en accord? Donc, nous allons
prolonger de cinq minutes la commission. Alors, M. le député de
Beauce-Nord, à vous la parole.
• (13 heures) •
M.
Spénard : Alors,
merci, M. le Président. Alors, bienvenue, M. DeCotis et M. Demers.
Vous avez amené des points qu'on n'avait pas
entendu parler ailleurs. Élargir les dons, je trouve que ça a un certain bon
sens, à cause de l'étalement urbain aussi, parce que plus ça va, plus dans une
ville il y a de l'étalement urbain. Le monde demeure ailleurs, n'ont pas nécessairement de racines mais travaillent dans un
endroit où est-ce que les racines sont plus profondes. Peut-être
voudront-ils contribuer? Ça, je trouve ça intéressant.
Moi,
trois mois de campagne électorale, je vais vous dire que... Je ne sais pas
comment vous voyez ça. C'est parce qu'on
parlait de dépenses préélectorales dans d'autres mémoires, et vous, vous ne
semblez pas faire de différence entre la
campagne électorale et le droit de regard du DGE. Je ne sais pas, si on
parlait d'un droit de regard du DGE, mettons,
au 1er août, et la campagne électorale, 30 jours, ou 45 jours,
ou... Mais, en 30 jours, est-ce que ça se «booke»? On le fait au provincial en 33 jours, là. 30 jours,
ça doit se «booker», une campagne.
M.
Demers (Marc) :
Écoutez, on n'a pas la prétention d'être des juristes. On est des bénévoles et
on paie de notre poche pour faire du
bénévolat. Alors, le texte, vous devez le regarder en disant : Voici la
cible. Ce qu'on cible, c'est qu'on veut que
le DGE puisse réellement examiner les dépenses trois mois avant la date de l'élection,
O.K.? C'est ça, notre objectif par ce texte-là. Et ce n'est pas de dire
que la campagne électorale doit durer pendant trois mois, mais que le DGE
puisse regarder les dépenses qui s'effectuent par les candidats et candidates
pour cette période-là.
M. Spénard : O.K. Mais vous n'auriez pas d'objection à raccourcir la
campagne électorale à 30 jours.
M. Demers
(Marc) : Non.
M. Spénard : O.K. Merci. L'autre affaire qui m'apparaît intéressante,
et ça aussi, ça vient me chercher… Le financement,
je trouve que vous y allez un peu fort, à 0,15 $ par personne, là, parce
que c'est... mais, la déclaration de connaissance
de la loi… Vous parliez que la Sûreté du Québec avait une déclaration de...
mais que tous ceux-là qui se présentent
aux élections municipales signent une déclaration, soit une déclaration
préparée par le Directeur général des élections,
qu'ils doivent être au courant d'où provient l'argent et de quelle manière que
l'argent a été collecté, je pense que
ça, ça enlèverait... En tout cas, j'ai trouvé votre chose très intéressante, de
pouvoir dire : Écoutez, le maire... On en a connu, des maires : Je ne sais pas d'où
provenait l'argent, je ne sais pas, ou je ne connaissais pas ça, ce n'est
pas moi qui fais le financement. Bien, dorénavant, le maire qui se présente
devra savoir d'où vient l'argent qui contribue à son élection.
M. Demers
(Marc) : Et les conseillers.
M. Spénard : Et les conseillers aussi.
M. Demers
(Marc) : Et, je vous dirais, on s'attaque
directement au phénomène de l'élection clés en main. Et nos attentes ici ne
sont pas des attentes partisanes. On pense que l'ensemble des gens qui
composent le Parlement, le gouvernement, à l'heure actuelle, vous pouvez nous
soumettre des modifications. Et, on vous dit, là, les mesures temporaires, malheureusement, on va... Dans deux
ans, les priorités ne seront peut-être plus ce qu'elles sont là, et on
va être pris pour vivre avec ça. Alors, les problèmes, il est important de les
attaquer assez rapidement là-dessus, résister à la tentation de faire quelque
chose de partiel et temporaire.
M.
Spénard : Autre
chose aussi que... sauf que là j'ai de la misère un peu avec ça, par exemple, c'est
que vous venez
amender l'article 302 de la loi en faisant le 3.1, équilibre. Parce qu'on
a passé un projet de loi n° 10... une loi n° 10… qui est rendu une loi n° 10 maintenant, et le 302.2 : «Le conseil municipal — que vous conseillez, là — a le pouvoir de suspendre tout membre du conseil sur qui pèsent
des doutes sérieux de malversation dans le cadre de ses fonctions d'élu»…
alors que la loi n° 10 vient dire justement que c'est à un juge qu'appartient
cette fonction-là, là. Parce qu'un conseil municipal qui se rebiffe contre son
maire... Regarde, on va te suspendre, puis va-t'en chez vous, puis on va
décider, là. C'est parce que, lorsqu'on
suspend quelqu'un, il faut nécessairement qu'il y ait une action pour que le
quelqu'un en question se défende. Il faut que tu aies une action en
justice, il faut que tu aies... il faut que la cour... il faut que la loi suive
son cours. Alors, si le conseil municipal suspend, de quelle manière que la loi
va suivre son cours?
M.
Demers (Marc) :
Alors, évidemment, je vous dirais que, cette pratique-là, on la voit souvent en
droit du travail, on la voit à... et c'est
basé sur des circonstances sérieuses, et c'est une logique... une suite logique
de rendre les élus imputables de leurs décisions. Alors, lorsqu'il arrive...
puis qu'on voit, comme dans certaines municipalités, où l'ensemble du conseil
municipal...
Le Président (M.
Villeneuve) : En terminant, M.
Demers, s'il vous plaît.
M.
Demers (Marc) :
Oui, d'accord. L'ensemble du conseil municipal dit : Regarde, ça n'a pas
de bon sens qu'il soit là, là. Est-ce qu'on peut dire au conseil municipal : Ils vont
prendre des décisions? Ça ne veut pas dire sans solde, ça ne veut pas
dire... mais, à certaines fonctions, certaines choses, il ne sera plus présent
et jusqu'à ce qu'une preuve soit démontrée, comme en droit administratif ou en
droit civil, et non pas en droit criminel.
Le Président (M.
Villeneuve) : Alors, le temps imparti
pour les échanges étant terminé, je vous remercie, M. DeCotis, M. Demers. Quant à votre invitation pour aller dîner,
je rappelle aux membres de la commission que nous avons une séance de
travail immédiatement, donc dans la pièce à côté, RC.171.
Et je suspends les
travaux jusqu'à 16 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
13 h 5)
(Reprise à 16 h 5)
La Présidente (Mme
Beaudoin) : À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Nous allons poursuivre les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de
loi n° 26, Loi modifiant la Loi sur les élections et les référendums
dans les municipalités en matière de financement.
Je souhaite la
bienvenue au maire de Québec, M. Labeaume. Je vous demanderais de
présenter les gens qui vous accompagnent. Et vous disposez de 10 minutes
pour votre présentation.
M. Régis Labeaume
M. Labeaume
(Régis) : Merci. Mme la
Présidente. M. le ministre, messieurs dames les députés, je me permets de vous présenter, à ma gauche,
M. François Picard, vice-président du Comité exécutif de la ville de
Québec, et M. Alain Marcoux, ex-ministre et directeur général de la ville
de Québec.
Alors,
d'entrée de jeu, je vous remercie de nous permettre de venir vous transmettre
nos préoccupations quant au projet de
loi n° 26, qui est une mesure transitoire, évidemment, qui est un pas
dans la bonne direction pour rétablir la confiance
des citoyens dans la gouvernance des partis politiques municipaux. La
transparence du financement des partis politiques
par l'instauration de règles plus strictes et plus claires est évidemment une
priorité dans le contexte actuel… auquel nous sommes confrontés
actuellement, excusez-moi. Il est évidemment temps d'agir et de resserrer les
règles si l'on souhaite rétablir la
confiance de la population envers leurs politiciens de tous les niveaux
décisionnels. À l'heure actuelle, c'est l'ensemble
du monde municipal qui se trouve entaché par les récentes révélations, alors qu'en
réalité il n'y a qu'une minorité qui a usé de stratèges non acceptables et non
éthiques, mais c'est déjà, évidemment, trop.
Depuis longtemps, je m'interroge
personnellement sur le mode de financement des campagnes électorales, des partis et des
représentants politiques. Mes interrogations sont allées jusqu'à prétendre qu'il
fallait, par équité, par souci de transparence et par souci d'intégrité,
remettre en question le financement privé des partis politiques et le remplacer
par un financement strictement public.
Déjà
en 1977, lorsque René Lévesque fait adopter la loi sur le financement des
partis politiques, il est prévu d'éviter
tout conflit d'intérêts et toute forme de retour d'ascenseur en interdisant aux
entreprises, aux syndicats et aux groupes
de pression de verser de l'argent aux partis politiques. D'ores et déjà, René
Lévesque avait raison de vouloir éviter des pressions indues de
groupuscules sur le milieu politique et de vouloir permettre aux citoyens de s'approprier
des institutions démocratiques. Malgré ces
mesures de protection, des fautifs ont trouvé les moyens — quand je dis… des fautifs et dans quelques cas des crapules — ont trouvé les moyens de se faufiler à travers les
maillages législatifs de manière telle que
leurs actions illégales minent terriblement l'image du monde politique dans son
sens large.
Bien que le projet de loi n° 26 se veut
une réforme transitoire qui sera applicable lors des prochaines élections municipales, il annonce déjà les grandes
tendances qui se dessinent pour la réforme en profondeur de la Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités, prévue, je pense, pour 2014. Dans cette perspective, il faudra
pousser encore la réflexion sur la part
relative qui devrait provenir du financement public. Je voudrais que cette
option soit davantage creusée parce que je pense toujours que l'on doit
empêcher les partis politiques de solliciter des contributions dans le secteur
privé et qu'il faut trouver l'équilibre entre le financement public et le
financement par les citoyens.
Et pourquoi un financement public? Pour
encourager une saine démocratie sans discriminer financièrement les partis politiques, pour limiter l'influence des
donateurs et décourager la corruption, pour mieux encadrer les règles d'utilisation des budgets, pour accroître la
transparence, pour favoriser l'équité et pour susciter de nouvelles
vocations.
Et,
au-delà du partage de la provenance des budgets de financement des partis
politiques entre le public et les citoyens,
il n'en demeure pas moins qu'en prévision de l'élaboration d'un régime de
financement permanent… qu'il serait souhaitable de revoir les façons de
faire des campagnes électorales, de limiter et de baliser les dépenses
relatives aux campagnes électorales, et ce,
tout en s'assurant que l'on élève le débat politique et que l'on permette une
saine démocratie. Il faut dorénavant développer des pistes créatives de
financement public qui vont au-delà d'une aide directe de financement par les
organismes publics. En effet, il faut également prévoir des aides indirectes de
l'État, dont, à titre d'exemple, l'offre de
services publics tels que la transmission gratuite des programmes politiques
par différentes formes de médias.
•
(16 h 10) •
Les
règles de contrôle des budgets devront être claires, transparentes et permettre
des redditions de comptes. Enfin, le régime
permanent devra également tenir compte des efforts d'économie d'échelle déjà
imaginés et appliqués par les villes.
À ce titre, la ville de Québec a fait l'effort de réduire le nombre de
conseillers municipaux de 37 à 21 et le nombre d'arrondissements, de
huit à six, de manière à rationaliser la représentation du territoire. Aussi,
il faudrait, pour le futur, que cette
approche soit encouragée dans les municipalités par le financement du budget de
recherche et de soutien calculé, calculé — j'insiste,
M. le ministre, Mme la Présidente — sur la base du nombre de citoyens représentés par un
conseiller.
Évidemment, la loi n° 26 répond en
partie aux attentes de l'opinion publique pour plus de transparence. En effet, en réduisant les
contributions maximums autorisées, le projet de loi n° 26 cherche
déjà à réduire l'influence des donateurs intéressés et à réduire les risques de collusion. En augmentant le
montant des dépenses électorales pouvant être remboursées par la
municipalité, le projet de loi n° 26 permet de réduire la pression des
financements privés sur l'organisation politique, d'élargir l'accès à la
démocratie ou la participation active en politique municipale. Ça permet de
baliser l'utilisation des fonds publics et de les orienter, de réduire les
inégalités politiques et d'établir une équité entre les politiciens. En abaissant le montant des dépenses électorales que ne
doit pas dépasser un parti ou un candidat, le projet de
loi n° 26 oblige les partis politiques à revoir les façons de faire
et à minimiser les dépenses.
Mme
la Présidente, à la lumière des révélations récentes dans la gouvernance de
quelques partis politiques municipaux, des changements nécessaires dans la
façon d'agir en politique municipale et des nouveaux modes de communication, il est impératif de revoir en
profondeur le financement politique municipal. Dans ce contexte, j'appuie
les principes de cette démarche transitoire
qui sera appliquée dans le cadre des prochaines élections municipales
mais à quelques nuances près. En effet, je m'interroge sur l'équité
démocratique qu'offre cette mesure transitoire dans le transfert des sources de financement proposé. Est-ce réaliste et
équitable à court terme? Car les représentants autorisés avant le 1er juillet auraient plus de budget
que ceux qui seraient autorisés après la mise en vigueur du projet de
loi n° 26.
Par conséquent, par souci de respect de la
démocratie, il est impératif d'évaluer si l'application de cette approche transitoire telle que formulée, à quelques mois
des élections, permet à l'ensemble des acteurs politiques d'atteindre leurs objectifs de campagne électorale. Aussi,
dans la perspective d'encourager les représentants politiques de s'impliquer
dans la vie démocratique, il est proposé de permettre à tous les candidats d'avoir
accès à un minimum de ressources financières nécessaires pour se faire
connaître, transmettre leurs idées et échanger avec la population en maintenant
la possibilité de verser eux-mêmes à leurs propres campagnes électorales un
montant d'au plus 1 000 $. Je réitère ma préoccupation sur les
efforts visant à augmenter la part du financement public aux dépens du
financement privé.
Enfin,
je tiens à souligner l'importance de soutenir les municipalités dans l'exercice
de leurs mandats. Il est temps de canaliser
toute la créativité jusqu'ici déployée pour l'adoption de mesures coercitives
dans la gouvernance des villes à d'autres
fins que celles de contrôle. Il est temps de passer à autre chose. Les fautifs
identifiés lors des récentes révélations ont capté toute l'attention des
paliers gouvernementaux. Il est probablement et sûrement temps de mettre
nos énergies dans le développement de nos
villes et de mettre en valeur ce qui se fait de bien. La province en sera
d'autant plus forte.
Mme la
Présidente, M. le ministre, soyez assurés de notre entière collaboration à
participer à la santé politique, économique et
sociale des villes en nous impliquant assurément dans le suivi de l'élaboration
de la réforme majeure sur le financement politique municipal qui doit être
adoptée en 2014. Voilà.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Alors, c'est terminé, M. Labeaume? Je vous remercie. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous.
M.
Gaudreault : Oui. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je tiens à saluer les collègues pour cette dernière
séance de travail en consultation avant d'aborder très bientôt, je le souhaite,
l'étude article par article du projet de loi.
Ça
me fait plaisir de vous accueillir ici, à l'Assemblée nationale. Merci beaucoup
pour votre contribution, pour votre
présentation et pour les suggestions que vous faites. Comme vous le savez,
comme vous l'avez mentionné, il s'agit d'un
projet de loi pour un régime transitoire. Nous aurions aimé agir plus
rapidement pour faire un régime permanent, mais, comme vous le savez, ce n'est pas évident. La réalité municipale
au Québec est très différente d'une région à l'autre, d'un territoire à l'autre, et on est en année
électorale. Alors, on pensait que c'était absolument important d'agir d'abord
avec un régime transitoire mais qui donne quand même, je pense, un signal très
important, d'entrée de jeu. Même s'il est transitoire, il met la table pour un
régime permanent.
Dans ce sens, j'aimerais
vous poser peut-être une première question. Ça prend combien pour faire
campagne à Québec, pour faire une bonne campagne? Je ne sais pas si je m'adresse
au bon gars, là, aujourd'hui, mais, si vous vous
remettez là où vous... Votre taux de notoriété est pas mal plus grand, là,
mais, pour faire campagne à Québec, pour couvrir le territoire, pour aller dans tous vos quartiers, là, et
soutenir tous vos candidats de vos équipes, 21 conseillers
municipaux, ça prend combien à peu près?
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. Labeaume...
M. Labeaume
(Régis) : C'est une excellente...
La Présidente (Mme
Beaudoin) : …je suis désolée, avant
de...
M. Labeaume
(Régis) : Oui, il y a un vote, là,
hein?
La Présidente (Mme
Beaudoin) : C'est parce qu'il y a un
vote. Nous devons suspendre.
M. Labeaume
(Régis) : Je vous attends?
M.
Gaudreault : Bon. Et on est suspendus
à votre réponse.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Alors, on suspend nos
travaux pour la période du vote.
(Suspension de la séance à
16 h 16)
(Reprise à 16 h 33)
La
Présidente (Mme Beaudoin) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. Labeaume, à vous la parole.
M.
Labeaume (Régis) :
Alors, à la question, Mme la Présidente — et ça m'a été confirmé par une journaliste, donc ça
doit être vrai — à la ville de Québec, Équipe Labeaume
a dépensé 262 000 $, sur une possibilité théorique permise de 350 000 $, l'autre parti,
55 000 $. Alors, avec des indépendants, ça donne peut-être
350 000 $ pour tous les partis, tous les candidats à Québec.
M.
Gaudreault : O.K. Et vous avez
dépensé, vous dites...
M. Labeaume
(Régis) : Nous, 262 000 $,
oui.
M.
Gaudreault : …262 000 $.
M.
Labeaume (Régis) :
Ensuite, le parti, bien, d'opposition, celui qui était là, 55 000 $,
et il y a eu une panoplie de candidats
indépendants. Alors, je vous dirais, au gros, gros, gros maximum,
350 000 $, mais c'est trop haut même.
La Présidente (Mme Beaudoin) : M. le ministre.
M. Gaudreault : Ça veut dire que... Est-ce que vous
croyez que le projet de loi n° 26... Parce que, je pense, vous l'avez dit dans votre présentation, vous soulevez une
crainte concernant l'inéquité qu'elle pourrait entraîner pour de nouveaux partis ou des candidats indépendants qui
voudraient se présenter. Est-ce que vous pensez que, considérant le fait que vous avez fait campagne, vous, la
dernière fois, à cette hauteur-là, que le projet de loi n° 26 peut
vraiment amener un phénomène d'inéquité pour les prochaines campagnes?
M. Labeaume
(Régis) : Honnêtement, je le dis par
acquit de conscience, mais ça ne m'empêche pas de dormir, pour être bien
honnête avec vous, tout simplement. Ce n'est pas...
M.
Gaudreault : Vous croyez...
M. Labeaume
(Régis) : Ce n'est pas une grosse
pièce du mémoire, pour être honnête avec vous, là. Ça ne m'inquiète pas, là.
M.
Gaudreault :
O.K. Donc, selon vous, êtes-vous prêt à dire que, quand on regarde l'économie d'ensemble du projet de
loi n° 26, où on abaisse le plafond des contributions à 300 $,
de 1 000 $ à 300 $, on hausse le remboursement de 50 % à 60 % et on baisse le plafond des
dépenses de 30 %... globalement, sentez-vous qu'il y a un équilibre
correct, un équilibre qui permet de passer le cap, là, pour la prochaine
campagne, ou vous trouvez que ça peut vraiment nuire à l'émergence de nouveaux
partis ou l'émergence de candidats?
M. Labeaume
(Régis) : Bien, deux, trois éléments.
Je pense que j'avais eu la chance de vous l'exprimer, M. le ministre, et je viens de le dire, tout d'abord, si on veut
permettre... Bon, je parle de la ville de Québec, là. Ce ne serait peut-être pas évident pour tout le monde à la
prochaine élection, mais, si on veut permettre à des candidats indépendants
de se présenter, permettons-leur, à eux et à n'importe quel candidat, de mettre
1 000 $, hein? Ils sont eux-mêmes les candidats. Parce qu'un candidat indépendant, ce n'est pas simple, là.
Alors, déjà, en partant, si on pouvait leur permettre, eux, une fois, d'investir 1 000 $ dans
leurs campagnes, honnêtement, ça me paraîtrait plus équitable. Parce que ce
n'est pas évident, être candidat indépendant.
Moi, je n'ai... je
suis d'accord avec le projet de loi, je suis d'accord avec les mesures. Je suis
tenté de dire que c'est un accord
conjoncturel parce que je pense qu'actuellement il faut le faire. Le seul
problème, je suis un petit peu écoeuré
de payer pour les autres, tu sais. Je vais vous le dire comme je le pense, là,
à Québec, on pense qu'on est honnêtes, on
pense qu'on gère bien, et il y a comme un festival de... au total, il y a comme
un festival de restrictions, de nouvelles lois, de nouvelles règles pour
les villes, puis, que tu sois bon, pas bon, honnête, pas honnête, il faut que
tu vives avec. Je vous dirai, le climat général, moi, je suis écoeuré un petit
peu, là, je vais vous avouer.
Sur
le financement, il n'y en a pas, de problème. Je vous dis juste que je pense
que René Lévesque, à l'époque, avait bien pensé à son affaire. Bien sûr,
historiquement, il faut voir d'où il partait, O.K.? J'espère juste qu'avec
des contributions de 100 $, dans cinq ans d'ici, quand tout le monde sera
moins nerveux, qu'on ne recommencera pas à essayer de magouiller pour essayer
de contourner la petite limite, notre 100 $ ou 300 $ éventuellement.
Je me pose juste cette question-là, parce qu'Alain
Marcoux, qui a été avec M. Lévesque à l'époque, des gens qui ont parlé au
DGE… Moi, j'ai un chef de cabinet qui a travaillé des années pendant... pour le
DGE. Tout le monde a été surpris de la tournure
des événements, de voir la capacité
de certaines crapules de contourner les règles. Alors, je me dis : Est-ce
que, parce que c'est très bas, ça
peut porter flanc à... ça peut inciter d'autres gens à essayer de les
contourner pour essayer de monter le montant? Mon seul problème, il est
là.
Nous
autres, d'Équipe Labeaume, regardez, c'est 100 $. Généralement, c'est
90 % des dons qui sont à 100 $, à peu près, là. Ça ne change rien pour notre vie.
Mais j'essaie de voir. Si je vois deux, trois coups à l'avance, là, j'ai
une petite inquiétude. J'ai une petite inquiétude. Par rapport... Par ailleurs,
je pense que maintenant, conjoncturellement, circonstanciellement, vous faites
ce qu'il faut, qui doit être fait, honnêtement. Je dis juste : Soyons
prudents pour l'avenir parce que... Tu sais,
Lévesque n'était pas fou, non plus, à l'époque, là. Il l'a réfléchi avec
Burns, si je ne me trompe pas, Alain. C'était Robert Burns? Alors, voilà.
Tu
sais, je vous exprime tout haut ce que je pense, mais je n'ai pas de certitude
non plus. Mais, tu sais, j'essaie de voir
comment, à l'avenir, ça pourrait... Tu sais, dans cinq ans d'ici, il y en a qui
n'auront pas la mémoire longue, là, hein? Je
regarde le nombre de présidents de compagnie d'ingénierie qui démissionnent un
après l'autre. Dans cinq ans, il y en
a qui vont perdre la mémoire, des donateurs potentiels ou des politiciens, puis
ça peut recommencer d'une autre façon.
Alors, comment contrer ça? Est-ce que c'est trop bas? Il faudrait y penser,
éventuellement. Je vous exprime des interrogations que j'ai, mais je n'ai
pas vraiment les réponses non plus. C'est assez facile de ma part, là.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. le ministre.
• (16 h 40) •
M.
Gaudreault :
Bien, c'est sûr que nous sommes dans une période de transition dans tous les
sens du terme, là, au sens qu'on est... Avec le projet de loi n° 26, on amène un
régime transitoire, mais, même si on arrivait avec un régime permanent
tout de suite, il y a quand même comme un phasage à faire pour passer à de
nouvelles façons ou... Puis je voudrai
revenir tout à l'heure sur les nouvelles façons. Ce que je veux dire, c'est qu'il
y a une nécessaire adaptation à faire.
Vous
êtes un maire qui est en place depuis déjà quelques années, six ans, cinq ans,
et vous savez qu'on a reçu ici plusieurs représentants de partis d'opposition,
de Québec mais aussi de Laval, de Montréal. Bon. Et eux, ils sont très
préoccupés par le fait qu'une équipe sortante ou un maire sortant dispose d'une
visibilité, par exemple, dans les publications de la ville, parce qu'il y a des bulletins qui sont
distribués, où vous signez un mot pour expliquer les nouveaux projets de
la ville. Parfois, ça arrive juste avant le déclenchement de la campagne, alors
il peut y avoir une confusion à la fois
entre le message aux citoyens et le message partisan, on va le dire comme ça.
Et on a eu des représentations ici à l'effet
qu'on devrait peut-être étendre un peu plus la période de contrôle à la fois
des dépenses électorales mais aussi un certain
contrôle sur la question de l'information, là, diffusée par les villes. Alors
là je comprends que je peux vous mettre dans une drôle de position en
vous demandant de vous prononcer là-dessus, mais je veux juste voir. Vous
réagissez comment, vous, à une proposition comme ça?
M. Labeaume (Régis) : Mme la Présidente, moi, il y a cinq
ans, personne ne me connaissait. Je me suis
présenté seul, avec une dizaine d'amis. Personne ne me connaissait. J'ai été
élu à 59 %. Alors, tu sais, on peut bien s'inquiéter de 1 000 affaires, tu es pertinent ou tu
ne l'es pas, tu sais. Alors, je suis probablement l'exemple vivant que ce n'est
pas l'argent puis la publicité qui fait la
différence nécessairement. Il y a cinq ans, personne ne me connaissait à
Québec, à part… Le premier sondage,
3 %. C'était déjà réglé pour tout le monde, la mairie, puis je n'ai pas eu
d'argent de personne quasiment, à part quelques amis. Alors, tu sais, il
faut en prendre puis en laisser.
Quant au contrôle, M. le ministre,
honnêtement, je veux revenir là-dessus, puis ce n'est pas vous personnellement, mais arrêtez de vouloir tout contrôler
parce qu'il y a des méchants quelque part, là. C'est ça que je veux vous dire,
là. Arrêtez un petit peu de contrôler. Tu
sais, c'est un festival du contrôle. Je sais qu'il y a des gains politiques à
faire pour certains politiciens là-dedans, mais, à un moment donné,
arrêtez. Nous autres, on essaie d'être honnêtes, là. Ce n'est pas parce que ça sent mauvais à Montréal puis dans
les alentours qu'on doit, nous autres, tous payer pour ça, là. On est
exaspérés, nous autres, à Québec. Je vais vous le dire, on est exaspérés. Puis
là tout le monde en profite. Tu sais, le commissaire
au lobbying veut avoir plus de force, plus de contrôle, veut gérer la vie et la
politique à notre place. Tout le monde
veut plus de contrôle. Puis il y a un gain politique à faire là-dedans. C'est
juste que nous autres, il faut continuer à gérer les villes, là, tu
sais.
Alors, quand l'opposition vous dit que le
maire... bien c'est parce que le maire, il est maire jusqu'au déclenchement des
élections. Il ne peut pas aller se cacher trois mois avant puis aller, tu sais…
comprends-tu, là? C'est la vie. Moi, là, quand je me suis présenté, personne ne me connaissait, puis tout le
monde qui était là étaient tous connus. Comment ça se fait que j'ai
gagné?
Alors, tu sais, il ne faut pas virer fou avec
ça, là. Tu es pertinent ou tu ne l'es pas. Alors, arrêtez de contrôler notre vie, là. Moi, là, regarde, qu'est-ce que c'est
que... je ne peux rien y faire, j'ai les sondages que j'ai. Je ne peux pas aller me coucher trois mois avant les élections.
Tu sais, je pense qu'il ne faut pas trop en mettre. Honnêtement, là, il
ne faut pas trop en mettre. Alors, tu sais,
le maire, là, il est maire. Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Moi,
quand j'étais là, il y avait un maire
suppléant. Il y avait quelqu'un qui était déjà élue mairesse, quand je suis
arrivé à 3 %, tu sais. Arrêtons un petit peu, mettons les «brakes».
Puis, pour donner un exemple, vous avez un
ministre qui est responsable des Institutions démocratiques, hein? Jusqu'à date, je
trouve qu'il fait un excellent travail. C'est juste que j'ai peur qu'il
devienne trop créatif. Je pense qu'au bout d'un an il ne faut plus qu'il
y ait de ministre responsable des Institutions démocratiques, parce qu'il va
chercher de l'ouvrage, puis il va faire
10 nouvelles lois, puis on ne sera plus capable de gérer, tu comprends-tu?
Il y a un problème quelque part, là.
Il faut qu'à un moment donné ça cesse parce que quelque part ça va se régler
dans les tribunaux puis avec la police,
tu sais. Mais nous autres, il faut continuer à gérer parce que là... On est
tannés d'avoir des lois puis des règlements parce que ça sent mauvais à
Montréal. On est vraiment tannés.
Une
voix : …
M.
Labeaume (Régis) : Oui, vas-y, Alain,
vas-y.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Si vous
voulez vous identifier, monsieur.
M.
Marcoux (Alain) : Alain Marcoux,
directeur général de la ville de Québec. Si d'emblée le gouvernement retenait cette suggestion-là de légiférer sur le
contenu de ce que le maire, ou les membres de l'exécutif, ou le parti au
pouvoir disaient dans la période
préélectorale, mettons, de, je ne sais pas, trois, quatre à cinq mois, en
réalité qui qu'il faudrait qui gère
ça? C'est l'administration. Et là je pense que... je ne pense pas que ce soit à
la directrice des communications, ou au directeur général, ou à un autre
fonctionnaire à indiquer : M. le maire, dans votre message dans le
journal à tous les citoyens, il y a tel bout
de phrase, là, ça, c'est partisan, là. Il y a un mécanisme à ça, là. Ça fait
que, si c'est partisan, c'est au parti de l'opposition à le dénoncer
comme quoi le maire se sert des fonds publics pour vendre des choses de son
parti plutôt que des réalisations de l'administration.
C'est comme si on disait, là : Il va y
avoir un juge, pour les partis politiques provinciaux, qui va juger ce que le gouvernement peut
rendre public dans les programmes, dans les décisions, dans les annonces qui...
les cinq, six mois qui vont précéder l'élection. D'abord, il faudrait
connaître la date d'élection. Dans le monde municipal, on la connaît. Mais là il faut faire confiance aux partis d'opposition
puis au jugement de la population. Alors, je veux dire... Non, c'est parce qu'on l'a vécu avec le secrétariat… On a
vécu ce genre de chose là, là, l'an passé, avec le ministère, dans le
contrôle des dépenses de secrétariat et
soutien. Et, d'un point de vue de certaines personnes du ministère, il fallait
que ce soient les fonctionnaires qui disent : Telle dépense, là,
oh, ça, ça va, telle autre dépense, ça ne va pas, O.K., car les critères… Les
critères généraux du soutien, ça, c'était connu, secrétariat…
Alors, disons que là ça serait transféré, parce qu'à moins
que vous inventiez un autre ombudsman quelque
part, là, qui jugerait ça, ça va être des
fonctionnaires de la ville qui vont avoir à porter un jugement sur les mots qui
sont partisans, ou pas, dans les communications puis les communiqués de
presse, les textes officiels.
M. Labeaume
(Régis) : Je vais ajouter quelque
chose.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. Labeaume.
M. Labeaume
(Régis) : Est-ce que le gouvernement
va se donner les mêmes obligations? Moi, si vous vous donnez les mêmes, je suis ouvert. Ça, c'est l'autre affaire aussi, là.
Taper sur les villes, c'est le fun, là, mais moi, je suis un petit peu
tanné. Alors, si, au gouvernement du Québec, on se donne les mêmes règles, moi,
je suis parlable. Mais, si vous ne le faites pas, je ne suis pas parlable.
M.
Gaudreault :
Bien, d'une manière ou d'une autre, les municipalités ont un code d'éthique en
vigueur. Alors, est-ce que le code d'éthique
ne doit pas être interpelé, à ce moment-là, sur les interventions de la ville,
au lieu... En tout cas, je veux dire, on a posé la question également aux gens
qui nous ont fait cette suggestion-là, là. Il
y a le code d'éthique qui est déjà en place
dans les municipalités du Québec, qui régit un certain nombre de choses. Alors,
ça interpelle davantage le code d'éthique que la loi, si on veut.
M.
Labeaume (Régis) :
M. le ministre, regardez, là, il y a le code d'éthique. Moi, quand je me suis
présenté la première
fois, j'ai dénoncé ce que j'avais à dénoncer. Puis il y avait plein de vieux
politiciens qui étaient là. J'ai tout
dénoncé, j'ai dit exactement ce avec
quoi je n'étais pas d'accord. Bon. Alors, les gens avaient le choix. Alors, tu
sais… Mais arrêtez un petit peu de
nous gérer, là. Puis je vous comprends parce qu'il faut gérer Montréal, il faut
gérer Laval, la couronne nord. Tu sais, je
comprends tout ça. Mais nous autres… Regardez, venez fouiller dans nos livres,
envoyez les enquêteurs, regardez partout. Quand vous aurez fini, là, si c'est
correct, laissez-nous gérer. C'est ça que j'ai envie de dire, là. On est
tannés.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. Marcoux.
M. Marcoux
(Alain) : Très brièvement, le code d'éthique,
s'il y a des plaintes qui concernent les élus, elles doivent être adressées au ministère des Affaires municipales. Donc, c'est
vous qui auriez à faire faire une enquête pour savoir si les mots
utilisés, les phrases, l'article, ou le communiqué de presse émis par la
mairie...
M. Labeaume
(Régis) : Ça n'a aucun sens.
M. Marcoux
(Alain) : ...est partisan ou non. Je
pense qu'il y a des petites choses plus importantes à régler dans la gestion,
là.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. le ministre.
M.
Gaudreault :
Bien, c'est sûr que je comprends ce que vous dites quand vous dites :
Laissez-nous gérer, prenez un break dans les
lois. Mais vous comprenez qu'il y a une demande, aussi, sociale importante de
gestion. Puis, si René Lévesque s'était dit
ça — vous avez cité plusieurs fois René
Lévesque — on n'aurait peut-être pas eu la loi
sur le financement des partis politiques.
Puis, à un moment donné, il faut... Puis on l'a modifiée, aussi, avec la loi
n° 2, à la dernière session, pour baisser la limite des cotisations avec
les élections au niveau national. Alors, il faut, je pense, s'ajuster avec le
temps, et c'est ça qu'on fait.
M. Labeaume
(Régis) : Je comprends très bien.
M.
Gaudreault :
Mais je voudrais revenir sur autre chose. Vous avez tenu des propos sur la
hausse du financement public, le financement
des élections. Pouvez-vous élaborer un peu plus là-dessus, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. Labeaume.
• (16 h 50) •
M.
Labeaume (Régis) :
Oui. Écoutez, une élection, voyez-vous… Les partis politiques ont au maximum, lors de l'élection, dépensé 350 000 $. Si,
hypothèse, 100 % de cette somme-là était remboursée, c'est
350 000 $. Combien de contrats à
3 % que ça prend, à Montréal, pour que ça coûte plus cher? C'est assez
simple. C'est assez simple, le calcul, ce n'est pas compliqué, là.
Remboursez toutes les dépenses électorales, à Québec, de 350 000 $,
ayez un gouvernement municipal honnête, puis
ça ne coûte pas cher. Je lisais à matin, puis c'est peut-être exagéré, entre
300 et 500 millions que ça a
coûté, la collusion, à Montréal. On parle de 350 000 $ pour se payer
de la démocratie avec des gens honnêtes, en fait des gens qui sont moins susceptibles d'être à la merci de donateurs,
comprends-tu? Alors, moi, je pense, personnellement...
Là,
j'ai arrêté de dire que tout le financement doit être public parce que je suis
un peu réaliste, ça fait que je modère mes
transports, comme on dit au lac, hein? Mais il faut trouver un équilibre entre
le financement public et le financement des citoyens. Mais plus il y
aura de financement public, moins les politiciens se rendront vulnérables. Je le pense
sincèrement. À 350 000 $, tous partis confondus, à Québec, je peux-tu
vous dire que ce n'est pas cher pour
s'aider à avoir une gestion honnête? Ce n'est pas cher. Alors, tu sais, tu
donnes 400 millions, en moyenne, de contrats par année — François — calculez juste 1 %, c'est 4 millions. Alors, tu
sais, ce n'est pas cher. Puis l'élection coûte
4 millions elle-même. C'est ça. L'élection elle-même coûte 4 millions
à la ville de Québec, puis les partis politiques dépensent 350 000 $.
Une
voix : On pourrait l'absorber.
M. Labeaume (Régis) : Alors, ce n'est pas 10 % du coût
des élections. Je ne dis pas... Je déteste demander au... Tu sais, je dis toujours : Il faut qu'on arrête
de penser de mettre de nouvelles taxes. Et je parle pour nous autres aussi. Alors, l'idée que le public paie
pour les dépenses électorales, ça m'achale, en principe. Mais, si je fais le
calcul, hein, je me dis que c'est payant, et
c'est sûr, sûr, sûr que c'est payant. S'il n'y a pas un politicien qui peut
être abordé par un ingénieur qui a contribué à sa campagne, par quiconque a
contribué à sa campagne, ça doit quelque part, au total... Peut-être que
ça aurait aidé, à Montréal, tu sais, peut-être que ça aurait aidé. Peut-être qu'à
Montréal ils auraient dû payer... donner l'argent,
sortir l'argent du trésor de la ville puis payer la campagne de tous les partis
politiques, puis déjà là ils auraient
fait une fortune juste en faisant ça, tu sais. Alors, voilà. C'est une science
inexacte, mais je la sens comme ça aussi.
Mais, ceci dit, M. le ministre, je sais que
ça ne peut pas être 100 % puis ce n'est pas dans l'air du temps, O.K.? Il faut trouver
un point d'équilibre. Mais pas sûr que les citoyens nous en voudraient d'augmenter
le financement public alors que ça ne coûte pas grand-chose à la ville
de Québec.
M. Gaudreault : Je voudrais vous entendre également...
Parce que vous avez mentionné à plusieurs reprises, dans votre présentation, que vous avez fait un
effort important, à Québec, en réduisant le nombre de conseillers municipaux de
37 à 21. Là, vous allez avoir la première élection avec 21 conseillers
municipaux au lieu de 37, ce qui change...
Une
voix : ...
M.
Gaudreault : Pardon?
M.
Marcoux (Alain) : Ça a baissé de 37 à
27, puis là, c'est...
M.
Gaudreault : Et là, maintenant, à 21.
Oui, mais...
M.
Marcoux (Alain) : Là, c'est 27 actuellement.
M.
Gaudreault : Et aux dernières
élections, c'était…
M.
Marcoux (Alain) : C'était 37 il y a
quelques années, aux dernières élections, 27, puis là ça baisse à 21.
M.
Gaudreault : C'est ça.
M. Labeaume (Régis) : Quand je suis arrivé, c'était 37. On
a baissé à 27, je me suis fait un tas de nouveaux amis. Puis je m'en fais encore à 21.
M.
Gaudreault : Oui, exact. Donc là, c'est
la première élection à 21.
M.
Labeaume (Régis) : Oui, c'est ça.
M. Gaudreault : Mais ça, ça va changer vos chiffres,
là, pour les montants de base, par exemple, que vous allez pouvoir dépenser comme... en campagne électorale,
là, comme...
M.
Labeaume (Régis) : …c'est pour ça que
je vous dis que tout doit être basé sur le nombre d'électeurs, pour que... Dans le fond, vous savez, à la Table
Québec-Municipalités, je vous en ai parlé un petit peu. Dans les calculs que vous avez, bien la ville, parce qu'il
y avait moins de conseillers, c'est elle qui avait la plus grosse baisse
dans les sommes qui étaient octroyées.
Alors, parce qu'on coûte moins cher à la ville, parce qu'on a moins de
conseillers, on était pénalisés. Et,
vous savez, là-dedans il y a deux modèles. Moi, quand je suis arrivé, j'ai
appelé ça le modèle européen : beaucoup, beaucoup, beaucoup d'élus, hein, avec peu d'électeurs par élu. Puis tu
as le modèle plus, comment dire, nord-américain ou anglo-saxon, qui
est : beaucoup moins d'élus avec beaucoup plus d'électeurs qu'ils ont sous
leur responsabilité. Moi, je trouvais que le geste à poser, c'était d'avoir
moins d'élus, parce que, quand tu demandes à tes employés, aux syndicats de se
restreindre, il faut que tu donnes l'exemple. Puis je trouvais que c'était un
bon signal à donner. Puis, savez-vous quoi, personne n'est mort, puis ça marche
encore. Ça va marcher pareil.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Il vous
reste une minute, M. le ministre.
M. Gaudreault : Oui, bien, une minute, peut-être,
pour terminer sur une chose, en vous disant merci mais en vous disant que de toute
façon je sais qu'on va se reparler pour le régime permanent. Mais je voudrais
vraiment terminer avec une question. Seriez-vous à l'aise avec une
entrée en vigueur de la loi plus rapide que le 1er juillet?
M.
Labeaume (Régis) :
Ça ne nous dérange pas. Nous autres, ça ne nous dérange absolument pas. Actuellement, ce que
vous faites, c'est tout à fait correct, pour nous autres. On pense que c'est
exactement ce qui doit être fait. Si ça entre en vigueur plus
rapidement, ça nous va très, très bien.
M.
Gaudreault : O.K. C'est beau. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Merci. Alors, je cède la
parole maintenant au groupe de l'opposition officielle pour une période de
20 min 48 s.
M. Dutil : Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. le député de
Beauce-Nord, à vous la parole.
M. Dutil : Beauce-Sud, sans doute.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Beauce-Sud?
M. Dutil : Oui.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Ah! D'accord.
Une voix : …
M.
Dutil : Oui,
Beauce-Nord, c'est... Ah! c'est parce que, vous savez, quand on a donné des
noms de comté, ils faisaient rarement donner de… Nord, Sud ou Est, Ouest. Je pense qu'il y
a quatre comtés dans la province… Et la raison, c'est qu'ils ne
voulaient pas enlever le mot «Beauce» à personne dans la Beauce, sinon ça
aurait fait une révolte. Alors, c'est la petite histoire de Beauce-Nord,
Beauce-Sud.
M. Labeaume, vous avez
soulevé plusieurs questions. Je vais revenir sur des points plus pointus, entre
autres l'autocontribution des candidats.
Vous dites qu'on devrait la laisser à 1 000 $. Moi, la question que
je me pose, c'est : Pourquoi on
devrait la limiter à 1 000 $? Et je vous dis ceci parce qu'à l'époque
où moi, je me suis présenté on s'est donné tous 1 000 $, il y a 30 ans, tous 1 000 $ — ça
en vaut 3 000 $ aujourd'hui — pour éviter de faire du
financement, pour rester bien indépendants.
Donc, on était une équipe de huit qui s'est donné un financement plus large. Je
voudrais avoir votre opinion là-dessus.
M.
Labeaume (Régis) :
...parce qu'un district électoral à Québec, c'est beaucoup moins populeux qu'un comté provincial.
Alors, je pense que 1 000 $, dans les... Écoutez, encore là, c'est
conjoncturel, là. Actuellement, ce serait correct. Peut-être que plus
tard on pourrait voir, mais je trouve que, pour un conseiller de la ville de
Québec, un candidat à la ville de Québec,
1 000 $, pour couvrir son district, je pense que c'est correct. Parce
que, dans le fond, 3 000 $, pour un comté provincial, c'est
peut-être très justifié, là, mais, tu sais, je présume, moi, qu'un comté
provincial, ça a trois, quatre... deux à trois fois plus d'électeurs que dans
un district à la ville de Québec, là.
M.
Dutil : En
pratique, au niveau provincial, on n'a pas permis aux candidats d'avoir un don
plus élevé que le 100 $ qui est prévu
pour l'ensemble de la population, ce que j'estime être une erreur. On aurait dû
permettre le 1 000 $ pour les
candidats. Ça a moins d'impact sur le plan provincial parce qu'effectivement
1 000 $, sur 50 000 $ de dépenses, c'est
relativement peu. Mais en tout cas...
M.
Labeaume (Régis) :
Si vous permettez, je pense surtout aux candidats indépendants. C'est plutôt
eux autres, là.
Vous savez, dans le fond, un parti politique, même si chaque candidat pense qu'il
est unique — c'est toujours la même affaire — dans son district, hein, c'est le propre des politiciens
que nous sommes… Et, tu sais, dans un parti
politique normalement, tu sais, le maire tire pas mal par en haut ou par en
bas, et c'est assez, là. Au municipal, c'est assez.
M.
Dutil : Oui. D'accord.
Donc, 1 000 $, est-ce que ce devrait être permanent, à votre avis, ou
si vous parlez de la conjoncture actuelle?
Moi, personnellement, je suis contre le fait qu'on baisse de 1 000 $
à 100 $, que ce soit pour la transition ou pour la loi permanente.
M.
Labeaume (Régis) :
Honnêtement, mon analyse est dans la conjoncture actuelle, puis, comme je vous disais tantôt, c'est un
accord conjoncturel pour replacer... Je comprends qu'il faut replacer les
affaires, tu sais. On comprend ça. Que
ce soit 100 $... Dans le fond, le problème, c'est toujours la confiance de
la population. Si ça peut aider, contribuer à baisser le cynisme, tant mieux pour nous autres, et je suis d'accord
avec ce qui est fait. Bon, on pourra s'en reparler dans deux, trois ans,
puis, quand ce sera... tout le monde sera apaisé, en fait, si tel... C'est ce
qui est souhaitable.
M. Dutil : En tout cas, c'était… Alors, deuxième point, il y a des endroits dans le monde où l'affichage
est permis d'une
façon plus contrôlée, c'est-à-dire que c'est l'État qui fournit les panneaux.
On met les affiches sur les panneaux, tout le monde a le même affichage, et c'est... Les panneaux sont payés par l'État,
l'affiche est payée par les partis politiques.
M.
Labeaume (Régis) :
Moi, personnellement, comme maire... Parce que j'ai encore vu, voilà pas longtemps, des affiches
de la dernière élection provinciale. Ça m'achale, tu sais. Alors, si vous me
demandez mon opinion à moi, c'est plus jamais de pancarte de qui que ce
soit. Bon. Le problème, c'est que, quand les pancartes sont permises, les
nouveaux candidats sont toujours bien
inquiets. Ils en veulent. Moi, la dernière fois, l'Équipe Labeaume, c'était
aucune affiche. On avait ce qu'on appelait
les petites pancartes à l'américaine, sur le parterre, tu sais. Les nouveaux
candidats étaient bien nerveux. Parce
qu'ils pensent qu'ils ne sont pas connus. Ils ont raison, mais, tu sais, ils
veulent exister. Et on a eu une élection partielle. Bon, on a senti l'obligation
de mettre des grandes affiches. Mais, tu sais, c'est parce que l'autre peut plus en mettre que tu en mets. Moi,
personnellement, j'aimerais une loi qui interdise tout affichage physique
dans les villes Et, comme maire, en plus, ça ferait mon affaire.
M.
Dutil : Mais, M.
le maire, ma question est la suivante : C'est que justement, pour
permettre aux candidats moins connus d'être affichés mais sans
qu'il y ait une faveur pour un ou pour l'autre qui est fonction du financement…
M. Labeaume
(Régis) : …pense que c'est bien.
• (17 heures) •
M.
Dutil : …l'État
a décidé, en France plus particulièrement, de coller des panneaux. Il y en
avait 16. Parce qu'eux autres, ils ont 16 candidats à la présidence. J'étais là, je travaillais en France, à
l'époque, puis
il y avait 16 panneaux parce qu'il y avait 16 candidats à la présidence,
et chacun avait son 2 X 6. Puis, ah, sur le perron de l'église ou sur
le perron de l'hôtel de ville, il y avait ça.
M.
Labeaume (Régis) :
J'en ai déjà vu. Dans le genre, là, ça fait de la belle pollution, je vais vous
dire, si vous voulez mon avis.
M.
Dutil : Mais ils
la ramassent le lendemain de l'élection, M. Labeaume. C'est ça. C'est l'État
qui les ramasse.
M. Labeaume
(Régis) : Si c'est l'État qui les
ramasse, O.K., mais...
M.
Dutil : Ça va
mieux. Oui, l'État, la ville, dans le cas des villes. Mais en tout cas… Non, je
voulais avoir votre opinion là-dessus.
Vous
tendez de plus en plus vers un financement public. Je dois vous avouer que moi
aussi. Moi qui ai évolué dans le système de financement des partis
politiques provinciaux, au début, je croyais qu'il fallait un espace plus
grand pour le financement privé et je me rends compte qu'effectivement il faut
peut-être tendre de plus en plus vers un financement
de plus en plus public. C'est ce qu'on a fait avec la loi n° 2, en
collaboration avec le gouvernement. On a dit : Bon, regarde, les citoyens vont payer. C'est-u correct? Mais
c'est la façon de diminuer le risque d'influence indue.
M. Labeaume
(Régis) : Et, strictement au point de
vue rentabilité, c'est payant, je suis certain.
M. Dutil : Oui, ça, le calcul me semble adéquat, effectivement.
Troisième
point, les crédits d'impôt qui sont accordés quand quelqu'un donne à votre
parti. Il y a un crédit d'impôt qui n'est pas remboursable. Savez-vous combien de
gens sont exclus de ce crédit d'impôt, en pourcentage de la population, puisqu'il
n'est pas remboursable? Une petite question embêtante.
M. Labeaume
(Régis) : Je ne pense pas que ça
fasse beaucoup de différence, pour être honnête, pour nous autres, là.
M.
Dutil : Bien,
peut-être que non, mais il y a 37 % des gens qui sont des citoyens
honorables, à mon sens, puis qui participent à
la vie communautaire, qui, parce que notre système de cotisation fait qu'on a
de moins en moins d'impôt sur le revenu, de plus en plus d'impôt...
M.
Labeaume (Régis) :
Moi, personnellement, j'aurais aimé ça qu'il reste. Pour être honnête avec
vous, j'aurais aimé ça qu'on le conserve. Quel
sera l'impact de ça? Bien, écoutez, je ne sais pas, on ne l'a pas encore vécu,
là. On va le voir à la…
M.
Dutil : Je ne
parlais pas de l'enlever, là, je parlais de le rendre remboursable pour
permettre au 37 % de la population qui n'en
bénéficie pas de l'avoir. C'est de ça que je parle.
M. Labeaume
(Régis) : Ah! là, je suis un petit
peu perdu, là.
M. Dutil : Oui? C'est correct.
M.
Labeaume (Régis) : Oui, là, je suis
un petit peu perdu.
M. Dutil : Non, mais je vous demanderais peut-être d'avoir une
réflexion là-dessus...
M. Labeaume
(Régis) : On va la regarder, oui.
M. Dutil : ...parce qu'on va revenir avec une prochaine loi, donc
moi, je prévois déjà les questions pour la loi permanente, là.
M. Labeaume
(Régis) : …ça marche.
M. Dutil : Je pense que c'en est une. Je pense que ça en est une
importante. C'en est une...
M. Labeaume
(Régis) : On appelle ça prévoir. C'est
bon.
M.
Dutil : Oui,
parce que, comme je le disais l'autre jour à la commission, j'ai l'impression
que c'est le jour de la Marmotte, pour moi,
parce que je parle de ça depuis trois ans, et on a réglé ça dans le financement
provincial, on a éliminé le crédit d'impôt.
On aurait pu le rendre remboursable, ça aurait eu un effet qui était très
correct aussi, mais, au lieu de le rendre remboursable, on l'a éliminé
puis on a fait un appariement. Le DGE donne de l'argent aux partis qui reçoivent de l'argent des citoyens. Ça revient au
même, sauf que tout le monde y a accès, puis tu es remboursé tout de suite, tu n'as pas besoin d'attendre ton crédit d'impôt
six mois. Donc, c'est une facilitation. Alors, c'est la réflexion que je
vous lance pour la permanence, parce que, quand vous parlez, je pense que vous
avez une bonne influence sur le ministre, et ça pourrait peut-être faire
changer des choses dans la loi permanente.
M. Labeaume
(Régis) : Notre ministre m'influence
beaucoup aussi, vous savez.
M. Dutil : Oui, non, sans doute, sans doute, sans doute.
M. Labeaume (Régis) : Je suis un gars qui a très peu de personnalité, c'est bien
connu.
M.
Dutil : Oui.
Non, non, j'apprécie votre sens de la diplomatie, là, mais... L'autre chose sur
laquelle vous... que vous avez soulevée, c'est... Le ministre des Institutions démocratiques
effectivement nous présente beaucoup de lois, et on l'a dit, là. On est dans les institutions
démocratiques, et moi, je suis très inquiet de la vitesse à laquelle il veut
nous faire absorber des lois nouvelles, qui changent les institutions démocratiques.
Je suis heureux d'avoir, d'entendre votre opinion,
parce que moi, je suis considéré comme un partisan, donc c'est normal que je m'oppose
au ministre des Institutions démocratiques, mais je ne le fais pas dans
ce sens-là, je le fais dans le sens de la prudence que vous avez évoquée. Puis je suis content de l'avoir entendu, parce
que, si on veut aller trop vite, on va faire des erreurs, on va commettre
des imprudences. Et malheureusement le biais
qu'on introduit dans les institutions démocratiques, si on fait une erreur, il
dure longtemps. On est pognés avec, puis on a manqué de réflexion, puis on s'est
fait bousculer pour avancer plus vite, et on se retrouve dans des situations
qui sont parfois extrêmement néfastes.
M.
Labeaume (Régis) :
Si je peux... Juste là-dessus, M. le député, jusqu'à date, ça va très
bien, là. Ses décisions, je les ai toujours
appuyées. C'est l'avenir qui m'inquiète, parce que, quand c'est ta tâche à
temps plein de repenser les institutions démocratiques, comme tout ministre, il
va vouloir livrer, puis il ne voudra pas avoir de passage à vide, puis c'est peut-être à ce moment-là qu'il va être
trop créatif. C'est ça qui m'inquiète. Jusqu'à date, ça va très bien,
moi. Mais c'est peut-être une tâche qui est circonstancielle et conjoncturelle.
Peut-être que dans un an on devrait éliminer la tâche. Je pense que ça va être
assez, là.
M. Dutil : J'ai fait une recommandation non publique à la première
ministre, qui est de libérer le ministre actuel
des Transports et des Affaires municipales d'un peu de sa tâche et de les
donner au ministre des Institutions
démocratiques.
M.
Labeaume (Régis) :
…je vais vous dire, comme maire, là, Transports et Affaires municipales
ensemble, bien on est ravis, nous autres. Puis
là je le dis... excusez-moi, M. le député, je dirais tous partis
confondus, là.
M.
Dutil : Non, je
sais qu'il y a peut-être un lien entre les deux. Le problème, c'est qu'on
trouve que cette loi-là, entre autres, là, ici, là, celle qu'on a ici, là,
elle est venue très loin dans le temps. Elle aurait pu venir beaucoup plus
tôt. Quand on regarde le projet de loi, il y a huit articles, il y a
10 articles. On aurait pu l'avoir à l'automne…
Une voix : ...
M. Dutil : C'est moi qui ai la parole, Mme la Présidente?
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Oui,
monsieur…
M. Dutil : On aurait pu l'avoir à l'automne,
cette loi-là. On aurait pu discuter de nos affaires plus rapidement, et malheureusement ça n'a pas été le
cas. Ce n'est pas votre problème, c'est le nôtre. Le ministre défend beaucoup son...
M. Labeaume
(Régis) : …c'est en dehors de mes...
M.
Dutil : Oui, c'est
ça, mais le ministre défend beaucoup la complexité d'une affaire qui ne l'était
pas, et je le regrette. Mais en tout cas on va avoir l'occasion d'en débattre quand on
sera en commission parlementaire comme telle.
Point suivant, très
important, que vous avez soulevé, est-ce que l'État, on est prêts à s'imposer
les mêmes critères qu'on impose aux
municipalités? Puis, pour avoir été maire pendant un certain nombre d'années,
la réponse est malheureusement non. L'État
a imposé aux municipalités des choses qu'il ne s'est pas imposées. Vous avez
soulevé le problème, entre autres, de
l'arbitrage obligatoire, où les villes sont soumises à un diktat d'un arbitre,
sans aucun recours, alors que l'État
évidemment ne s'est jamais astreint à ça, avec les conséquences que ça a chez
vous, qui fait que souvent un cadre d'une municipalité gagne moins cher
que ceux qui sont soumis à l'arbitrage obligatoire.
Je
cite cet exemple-là parce que vous l'avez évoqué avec raison, mais il y en a
beaucoup d'autres, et je pense que, cette réflexion-là, on se doit de la faire en
profondeur. On ne doit pas négliger les impacts qu'on a sur les
municipalités, parce qu'à la fin de la journée, quand notre loi est passée,
bien ce n'est plus notre problème, c'est le problème des municipalités. Et je ne sais pas s'il y a d'autres
problèmes que celui que vous avez évoqué sur l'arbitrage, mais je pense
qu'il faudrait faire le tour de là où il y a vraiment une différence. Je
comprends que les municipalités puis la province, ce n'est pas la même chose, là, puis il y a des différences qui doivent
continuer à exister, mais, là où il y a eu cette façon de faire là, tous partis et tous gouvernements
confondus, on a fait la même... Quand on était au gouvernement, on a fait
la même erreur. Les municipalités, on les traitait d'une façon différente de la
façon dont nous, on se traitait. Si on avait une liste de tous les problèmes
qui sont soulevés à ça, je pense que ce serait utile. Je pense que ça pourrait
nous permettre d'aller revoir ces choses-là puis de prendre peut-être des
décisions différentes.
M.
Labeaume (Régis) :
Peut-être, Mme la Présidente, fondamentalement, étant ce qu'on est à la ville
de Québec, on
ne se sent pas bien, bien une créature du gouvernement. On ne se sent pas comme
ça, nous autres, hein? On sent qu'on gère nos affaires. On serait même
un petit peu indépendantistes au point de vue municipal, tu sais. Je ne sais pas. Enfin, je vous le lance de même. Et, honnêtement,
à tous égards. Parce que vous parliez de rémunération, entre autres,
M. le député. Ce qu'on impose aux villes, en termes de rémunération, par
exemple, des élus, pourquoi ce n'est pas la même
chose au niveau des élus du gouvernement du Québec, du fédéral? Il y a un
paquet de questions à se poser à ce niveau-là.
On a eu la chance d'en discuter, le ministre et moi, j'ai eu la chance de... un
peu, mais il va falloir repenser à ça. Moi,
je ne pense pas que je gère une créature de l'État, là. Honnêtement, je ne me
sens pas de même, là, ce n'est pas mon genre. Et donc, quand je ne suis
pas capable de... Puis là je ne veux pas dévier du sujet, là, mais, quand je ne
suis pas capable de décréter mes conventions
collectives pour mes employés à la ville, dans une ville de
500 000 personnes, j'ai un problème. Et je me sens vraiment,
vraiment imputable. Il va falloir y repenser, à ça. Mais je sais que, bon, c'est
des discussions à venir, je pense, hein?
M. Dutil : Bien, dans les discussions à venir, il y a aussi la
rémunération...
M. Labeaume
(Régis) : Je prévois, moi aussi, M.
le député.
M.
Dutil : Oui.
Non, c'est correct. Je pense qu'on est peut-être un petit peu en dehors du
sujet principal, mais on a également soulevé,
tout à l'heure, quand on s'est rencontrés à la porte, la rémunération et les
conditions de travail des élus. Que ce
soient des politiciens provinciaux ou que ce soient des politiciens municipaux,
je pense que tout le monde, tous les
élus sont mal à l'aise avec cette question-là parce qu'on est en parfait
conflit d'intérêts. Et je pense que les gens en ont marre que les élus décident eux-mêmes de leur rémunération. Je pense
que les gens en ont marre, disent : Regarde, ça ne se peut pas. Vous ne pouvez pas nous faire croire
que vous n'êtes pas en conflit d'intérêts, vous l'êtes. Et, quelle que
soit votre décision, elle est mauvaise. À la
fin de la journée, c'est ça que les citoyens nous disent : Quelle que soit
votre décision, elle est mauvaise,
pour une raison bien simple : c'est vous autres qui décidez de vos
affaires. Vous êtes en conflit d'intérêts. Je pense qu'on est plutôt d'accord
là-dessus. Si c'est le cas, j'aimerais l'entendre parce que ça va nous aider
à...
• (17 h 10) •
M.
Labeaume (Régis) :
Ah! non, je l'ai dit publiquement. Moi, je pense qu'un comité indépendant permanent, là — parce
qu'il ne faudrait pas que ça change à toutes les deux semaines non plus, là, c'est
dangereux ― qui décide de la rémunération de
tous les élus, tous les niveaux, je n'ai aucun problème. S'il décide que maire
de Québec, ça vaut 23 000 $, bien
je vivrai avec, là, tu sais. Mais, honnêtement, on est effectivement en conflit
d'intérêts. On est toujours mal à l'aise là-dedans. Alors, moi, je suis
d'accord avec l'idée, il n'y a pas de doute.
M.
Dutil : Et puis,
dernière question, vous avez dit que ça ne vous empêchait pas de dormir, tout à
l'heure, là, sur un sujet. J'aimerais savoir
qu'est-ce qui vous empêche de dormir.
M. Labeaume
(Régis) : On ira dîner, M. le député.
M.
Dutil : Alors, je n'ai pas d'autre
question sérieuse, Mme la Présidente. Mon collègue de Vimont aurait des
questions.
La Présidente (Mme Beaudoin) : Alors, je cède la parole au député de Vimont.
M. Rousselle : Merci, Mme la Présidente. Merci,
M. Labeaume, d'être ici. J'apprécie beaucoup qu'est-ce que vous amenez. Juste pour me mettre dans la réalité de
la ville de Québec, les gens de Montréal, ils ont venu ici puis ils ont parlé comme quoi qu'eux autres, ils ont
103 districts, puis il faut qu'ils fassent 103 rapports. Est-ce que c'est
le même problème que vous avez à Québec ou ce n'est pas pantoute pareil?
M. Labeaume (Régis) : Voyez-vous, là, j'essaie de ne pas
trop parler de Montréal, parce que, c'est un peu
tannant, on a toujours l'air des premiers de
classe, puis un premier classe, c'est détestable, hein? Alors, tu sais, j'essaie
de faire attention. Puis il y a assez de monde qui en parle.
M.
Rousselle : Non, je voulais juste
savoir si...
M. Labeaume (Régis) : Non, écoutez, je pense que... nous,
on pense, à Québec, que 21, ça va être suffisant
pour un demi-million de personnes. Bon, faites le calcul. Et on pense que des
arrondissements… six arrondissements, avec les pouvoirs qu'ils ont, limités, c'est
suffisant. Je vais vous le dire comme ça.
M.
Picard (François) : Puis ça va bien.
M.
Labeaume (Régis) : Puis ça va bien.
Comme dit François Picard, ça va bien. Alors, faites le calcul.
M. Rousselle : O.K. Donc, pour les élections, vous,
faire un rapport, ce n'est pas problématique actuellement à Québec, pour vous autres.
M.
Labeaume (Régis) : À Montréal?
M.
Rousselle : Non, pour vous autres à
Québec.
(Consultation)
M.
Labeaume (Régis) : Ah! Oui. Je ne le
sais pas, moi. Je vais regarder ça. Honnêtement, j'ai...
M.
Rousselle : Non? O.K. Un autre...
M.
Labeaume (Régis) : ...j'ai du monde
qui fait ça pour moi, alors, tu sais…
M.
Rousselle : Oui, c'est correct. Puis
je l'espère aussi que vous avez du monde qui fait ça pour vous.
M.
Labeaume (Régis) : ...hein, parce que
ça pourrait m'empêcher de dormir.
M. Rousselle : Il y a des gens qui ont apporté ici l'idée
d'abaisser — actuellement c'est 45 jours, une campagne électorale — d'abaisser ça. Ils
trouvaient ça, eux autres, trop long. Vous, pour Québec…
M. Labeaume (Régis) : Ah! bien, une campagne courte, on n'a
pas de souci avec ça. Avec plaisir. 45 jours de campagne, arrivés au premier
dimanche de novembre, puis il vente, puis il pleut, il n'y a aucun problème, ça
va nous faire plaisir. Mais M. Picard, qui est, lui, un vétéran, a
beaucoup plus d'opinions que moi là-dessus.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : M.
Picard, à vous la parole.
M. Picard (François) : Oui. Un conseiller qui fait du
porte-à-porte, qui remet un dépliant, qui veut voir son monde, en
45 jours, voir 15 000 électeurs, il n'y arrive pas. Alors, moi,
l'important, c'est de voir notre monde. Vous parliez tantôt de pancartes
électorales. Il n'y a pas de pancarte électorale, la personne fait du
porte-à-porte, remet son dépliant. Le contact
humain, c'est comme ça qu'elle va se faire élire. Alors, raccourcir la
campagne, pour moi, ça… On va le faire, le porte-à-porte, quand même,
mais moi, comme élu municipal, j'ai besoin de ces journées-là.
M. Labeaume (Régis) : Vous voyez, dans l'équipe Labeaume,
on a des points de vue différents, hein? Il y
en a qui pensent que ça n'existe pas, tu sais.
M.
Picard (François) : Mais le
porte-à-porte est tellement important.
Une
voix : ...60 jours.
M.
Picard (François) : Oui, c'est ça.
Oui, c'est ça.
M. Labeaume (Régis) : Les fonctionnaires aimeraient des
campagnes de 120 jours, eux autres, ils auraient la paix, évidemment.
Des
voix : Ha, ha, ha!
M.
Dutil : De 1 000 jours…
M.
Rousselle : Oui, c'est ça. Non, je
peux comprendre...
La
Présidente (Mme Beaudoin) : M. le
député de Vimont.
M. Rousselle : Oui. Merci. Effectivement, moi aussi,
je fais beaucoup de porte-à-porte, puis, moi, c'est impossible, toutes les faire, ça, c'est sûr et certain.
Mais, non, je voulais dire juste qu'au niveau... Parce qu'on le sait tous, là,
que 45 jours, c'est du travail dans un
local, puis en tout cas, oui, il y a du travail, mais d'habitude les gens
peuvent commencer un petit peu avant pour faire leur porte-à-porte, là,
d'habitude, là.
M. Labeaume (Régis) : Oui. Écoutez, moi, 30 jours de
campagne, j'en ai en masse parce que 30 jours intenses avec la presse, personnellement, c'est assez pour
moi, là.
M.
Rousselle : Moi, je le regardais
surtout...
M.
Picard (François) : Ça fait que ça
sera 30 pour le maire puis 45 pour nous.
M.
Labeaume (Régis) : C'est exactement
ce que... Asymétrique.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Il vous
reste environ une minute.
M.
Rousselle : Bien, juste pour vous
dire merci. Puis, regardez, je pense que votre document, il va être bien
important pour nos réflexions. Merci.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Vous n'avez
pas d'autre question? Alors, je cède maintenant la parole au deuxième groupe de
l'opposition, le député de Beauce-Nord. À vous la parole.
M.
Spénard : Merci, Mme la Présidente.
Alors, bienvenue, MM. Labeaume, Picard et M. Marcoux. J'ai lu attentivement votre document, et il y a des
affaires que j'ai bien aimées à l'intérieur de ça. Évidemment, j'ai été
maire moi-même neuf ans, là — pas une grosse municipalité, là, 4 800 — et on est toujours un peu surpris par les pouvoirs qu'on a, tu sais, en étant maire, parce qu'il y a tout le
temps un petit accroc, à quelque part, qu'il faut vérifier. Il y a tout le
temps un ministère ou un organisme quelconque qui nous tombe dans les pattes
puis qu'on ne peut pas aller aussi vite qu'on veut.
Votre… Moi, je veux juste… j'ai une couple de
questions, mais avant ça… En tout cas, votre attitude, M. Labeaume, nous
rapproche sensiblement du livre blanc. Je ne peux pas vous demander ici ce que
vous en pensez, là...
M.
Labeaume (Régis) : De l'UMQ?
M.
Spénard : Oui.
M.
Labeaume (Régis) : Ah! on est d'accord
avec le livre blanc de l'UMQ, honnêtement. D'ailleurs, même le président Forest est venu présenter aux membres
de l'exécutif, il y a quelques jours, le livre blanc. On pense que c'est
un très bon document.
M.
Spénard : C'est un très bon document
parce que ça, ça rapatrie...
M.
Labeaume (Régis) : Très bon document.
Oui, oui, absolument.
M.
Spénard : ...ça rapatrie les pouvoirs
et...
M.
Labeaume (Régis) : Si on n'est pas à
l'UMQ, c'est pour d'autres raisons.
M.
Spénard : Oui, mais ça, c'est...
M.
Labeaume (Régis) : Mais on pense que
c'est un très bon document.
M. Spénard : O.K. C'est bon. Tantôt, vous parliez
que vous, vous n'avez pas de problème à avoir une période électorale plus courte, une campagne électorale, mais, quand je
regarde que le montant des dépenses électorales n'aura pas de... Elles vont être baissées à 60 %... de 30 %, et vous marquez que ça «oblige les
partis politiques à revoir les façons de faire
et à minimiser les dépenses». N'est-ce pas là une bonne façon de minimiser les
dépenses de mettre la campagne électorale sur 30 jours au lieu de 45?
M. Labeaume (Régis) : Moi, je vous dirai, là, les dépenses
électorales, plus elles sont hautes puis plus les... C'est parce que les
partis politiques et les organisateurs politiques se sentent absolument obligés
d'aller chercher tout l'argent qui
est nécessaire pour atteindre le plafond de dépenses. Et je l'ai toujours dit,
puis c'est pour ça que je suis d'accord avec cette mesure-là. J'ai toujours dit que la meilleure façon de faire en
sorte qu'ils ne forcent pas trop ― parce que, quand je dis «forcer»,
ça veut dire torde des bras pour avoir de l'argent, puis ça, ça coûte cher
éventuellement ― c'est d'abaisser le plafond. Moi, je suis totalement d'accord avec la
mesure de rabaisser le plafond de dépenses possibles à faire. Et,
savez-vous, plus c'est haut, plus les derniers 1 000 $ coûtent cher à
l'État ou à la ville, parce que ce sont ces 1 000 $ là, supplémentaires, qui ont fait que les gens doivent
prendre peut-être des engagements. Ça va marcher pareil. Ça va marcher
pareil. Alors, si vous haussez le plafond... Parce que la dynamique, c'est ça,
hein, les gens se sentent obligés d'aller chercher le maximum d'argent. Nous,
vous le baissez à 200 $, à Québec, ça va marcher pareil, là, tu sais. Baissez à
150 $,
ça va marcher pareil. Mais, si vous le mettez à 250 $, mes organisateurs
vont dire : Bien, il faut qu'on ramasse 250 $. C'est toujours ça, la dynamique des partis politiques.
Puis ce n'est pas nécessairement des politiciens, comme des organisateurs.
Alors, plus tu baisses le plafond, moins il y a de chances de forcer sur le
financement. Alors, moi, je suis totalement d'accord avec ça.
M.
Spénard : Pour continuer de parler
financement, vous parliez qu'au point de vue équité vous n'êtes pas d'accord
avec... Bien, vous n'êtes pas d'accord... vous êtes d'accord avec le principe
de la loi...
M.
Labeaume (Régis) : Ça ne me dérange
pas, honnêtement.
M. Spénard : ...de la loi n° 26, sauf que
vous avez des partis politiques qui vont collecter jusqu'au 1er juillet,
et il y a des indépendants qui vont se
présenter au mois d'août et qui vont vivre avec la nouvelle loi, là.
M.
Labeaume (Régis) : Oui, mais,
regardez, il faut bien qu'on pense un peu aux indépendants, hein? À Québec, moi, personnellement, ça ne me
dérange pas, là, mais, tu sais, à un moment donné, il faut penser plus loin que notre nez, là.
M.
Spénard : Oui, il n'y aurait pas de
pancarte à Québec, ça ne vous dérangerait pas. Vous pourriez vous présenter à
Montréal, M. Labeaume, puis vous n'auriez pas besoin de pancarte. Ça
donne...
La
Présidente (Mme Beaudoin) : …environ
une minute.
M.
Spénard : Pardon?
M.
Labeaume (Régis) : On ne souhaite pas
ça à Montréal. Ne souhaitez pas ça à Montréal.
Des
voix : Ha, ha, ha!
M.
Spénard : Non, je ne veux pas trop
vous faire parler. Vous parlez aussi, dans une autre place… une aide indirecte de l'État, «dont, à titre d'exemple, l'offre
de services publics tels que la transmission gratuite des programmes
politiques par différentes formes de médias», c'est-à-dire réserver du temps d'antenne,
réserver des... Ça, c'est l'État qui paierait?
M. Labeaume (Régis) : Bien, ce que je veux dire, c'est qu'en
campagne, vous savez, c'est dur de faire
passer le contenu, hein, d'essayer de faire... d'expliquer le contenu. Mais, à
un moment donné, c'est un petit peu important, le contenu, hein, au-delà des personnalités puis du spectacle. Alors, si on
avait un canal où l'État peut obliger, comment dire, les possédants de ces canaux-là de permettre
aux partis politiques d'étaler leurs contenus… Parce que je trouve toujours ça un peu de valeur, tu sais... Comme
moi, je peux passer mon contenu, mais, mon adversaire, il n'y a pas
grand monde... En tout cas, ça va être plus difficile, tu sais.
La
Présidente (Mme Beaudoin) :
M. Labeaume, rapidement parce que le temps est écoulé.
M. Labeaume (Régis) : Bien, c'est ça. Alors, c'est d'aider
à passer le contenu à la population, à leur
expliquer le contenu. Mais je m'en tiens au contenu, au contenu.
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Alors, je
vous remercie.
Je
vais suspendre nos travaux pour quelques instants, avant la période pour les
remarques finales.
(Suspension
de la séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 22)
La
Présidente (Mme Beaudoin) : À l'ordre,
s'il vous plaît!
Remarques finales
Nous en sommes à l'étape
des remarques finales. J'invite le porte-parole du deuxième groupe d'opposition
à faire ses remarques finales, pour une
durée maximale de trois minutes. À vous la parole, M. le député de Beauce-Nord.
M.
André Spénard
M.
Spénard : Oh! c'est
à moi? Bien, écoutez, je pense que les auditions sont terminées. On aura à
débattre article par article en commission
parlementaire. Je pense qu'on a eu d'excellents mémoires à l'intérieur de ce
projet-là, des mémoires que j'aurais aimé
entendre parler plus… On a eu la FQM qui en a parlé, mais j'aurais aimé
entendre parler plus des municipalités de 5 000 habitants et
moins, évidemment, parce que je suis un gars de région. Alors, j'aurais aimé en
entendre parler un peu plus.
M.
le ministre semble insister beaucoup sur le fait d'adopter cette loi-là le plus
rapidement possible. Je pense qu'il faudrait l'adopter
rapidement aussi, sauf qu'il va falloir qu'on fasse preuve de compromis, parce
que la loi, telle qu'actuellement… mérite
des amendements, et les amendements pourraient être nombreux au texte de loi
qu'on connaît présentement, suite aux
différents mémoires qu'on a vus. Parce qu'on comprend que c'est une loi
temporaire, mais on comprend aussi qu'il n'y
a pas juste... on ne peut pas envoyer n'importe quel message non plus. Et il
faut tenir compte aussi qu'il faut encourager la participation aux
élections de novembre 2013, et non pas juste des mesures coercitives qui vont
bloquer toute la participation. Là, je pense au financement, et tout.
Alors,
moi, c'est un peu ça, ma conclusion. Je pense qu'on va avoir à travailler sur
les différents articles. On va collaborer, évidemment, parce que ça envoie un
message, et, comme le dernier intervenant, M. Labeaume, le disait,
on est dans une conjoncture où ça en prend
un, message, mais pas à n'importe quel prix puis pas à n'importe quel coût.
Merci.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Merci. Maintenant, j'invite
le député de Beauce-Sud, pour l'opposition officielle, à faire ses remarques
finales pour une durée maximale de six minutes. À vous la parole.
M. Robert Dutil
M.
Dutil : Merci,
Mme la Présidente. On a reçu 12 groupes ici, et je pense qu'il y a une
certaine convergence de vues sur plusieurs
points sur lesquels il sera important de se pencher.
Le premier de ces
points-là qui semblent faire l'unanimité, c'est sur le fait que les candidats
puissent donner davantage qu'un autre
électeur à leurs propres caisses électorales. On parle de 1 000 $.
Moi, j'ai déjà mentionné qu'on comprend tous qu'un candidat ne s'autocorrompra
pas puis ne s'auto-influencera pas. Le ministre a soulevé certains arguments. Je pense que, quand on regarde la
balance des inconvénients, des arguments qu'il soulève et des avantages
que ça comporte, de permettre l'autofinancement,
je pense qu'on doit aller dans cette direction-là et j'espère qu'on fera
un consensus là-dessus. D'autant plus que,
dans le cas des municipalités de 5 000 habitants et moins, je pense
que le fait de permettre aux candidats de se donner 1 000 $
pour faire leurs campagnes électorales règle probablement l'ensemble du financement des municipalités de
5 000 habitants et moins. Et je nous vois très mal aller reprocher à
un candidat de ces petites
municipalités, alors qu'on a tant de difficultés à les recruter — les gens ne veulent pas aller en politique municipale, malheureusement — je nous vois mal aller dire à quelqu'un
qui a dépensé 1 000 $ que franchement il a manqué à quelque principe que ce
soit autre qu'une loi qui aurait été mal faite, qui n'aurait pas tenu compte d'une
particularité qui m'apparaît importante.
Ça existe, ça se fait et ça se fait, semble-t-il, d'une façon tout à fait
correcte et honnête, d'après les remarques que nous avons reçues.
On a également parlé
de la hausse du financement public de 60 % à 70 %. Je tiens à faire
remarquer que, si on le faisait, c'est une
hausse du financement public des municipalités, ce sont les municipalités qui
absorberaient cette différence-là.
Et, si tel est leur souhait… Je pense que le maire Labeaume l'a exprimé avec
une vigueur plus grande que celle des
autres membres qui sont venus ici présenter leurs mémoires mais a exprimé très
clairement qu'à la fin la réflexion qu'on
fait depuis plusieurs années nous porte à dire que plus de financement public
peut apparaître surprenant, comme position, mais est peut-être, encore
là, quand on regarde la balance des inconvénients, un moindre mal pour éviter
de la corruption au niveau du financement des partis politiques, ce que nous
souhaitons tous.
On
a soulevé la question de l'iniquité pour la question du 1er juillet. Je
maintiens… Je sais que le ministre fait beaucoup d'efforts pour nous convaincre que la loi
ne pouvait pas être déposée plus tôt. Moi, je pense que ce n'est pas le cas. Mon opinion est très différente, de ce
côté-là. On va travailler en collaboration pour essayer de sauver les
meubles, là, mais, si ça avait été présenté
au mois de novembre, au mois de décembre ou même au mois de janvier, je pense
qu'on serait beaucoup plus avancés et qu'on
pourrait aujourd'hui mettre une date de mise en vigueur plus tôt, qui, donc,
assurerait une certaine équité. Alors, il
faudra se pencher sur cette question d'équité là d'une façon, je pense, très en
profondeur, pour s'assurer qu'on ne commette pas d'impair, parce qu'on
est loin dans la saison et qu'on est de plus en plus proches de la campagne
électorale.
Je reviens sur un point aussi que j'ai
soulevé, qui semble passer totalement inaperçu mais que nous avons réglé, comme je l'ai mentionné, au niveau financement
provincial, c'est le crédit d'impôt qui n'est pas remboursable. Je pense que ce n'est pas, d'abord,
un coût si important, premièrement. Deuxièmement, il s'agit là d'une question
d'équité qui me tient beaucoup à coeur puis qui tient très à coeur aux gens
quand ils constatent le problème. Et la plus grande difficulté de ce point-là, là, c'est que les gens ne constatent pas le
problème. Et, je vous le dis, je m'en confesse moi-même, je l'ai
constaté il y a à peine quelques années parce qu'il y a une personne qui me l'a
dit. Je ne peux pas aller à ton déjeuner de
50 $, ou, si j'y vais, ça me coûte 50 $ parce que je n'ai pas le
droit au crédit d'impôt. Une personne qui n'avait aucune raison de ne pas avoir droit à ce crédit d'impôt
là, à mon sens, et qui voulait faire une participation politique mais
qui était un petit peu déçue qu'elle était traitée d'une façon différente des
autres citoyens, parce que ça s'adonnait qu'elle n'avait pas le revenu qui
faisait qu'elle payait cette sorte d'impôt là, qui est l'impôt sur le revenu.
Adoption rapide, on est d'accord, mais on va
faire le travail correctement. Moi, je suis disponible pour faire des séances et faire
les séances aussi longues qu'elles sont nécessaires, mais on va prendre le
temps de faire toutes les séances qui doivent être faites pour s'assurer
qu'on a quelque chose sur le plan municipal ― il y
a 1 000 élections, là, dans les municipalités ― faire quelque chose qui va nous permettre d'atteindre
les objectifs qu'on veut atteindre. Et ces objectifs-là,
c'est que la politique municipale soit faite d'une façon qui est crédible
auprès... les élections municipales soient
faites d'une façon qui est crédible auprès des citoyens et qu'ils considèrent
que les élus municipaux, ce sont des élus qui sont des personnes
fiables, honnêtes, qui travaillent dans le bien de la communauté, ce qui est le
cas de la plupart de ces gens-là dans notre société. Merci, Mme la
Présidente.
•
(17 h 30) •
La
Présidente (Mme Beaudoin) : Merci. M.
le ministre, la parole est à vous. Vous disposez de six minutes.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. Merci beaucoup, Mme la
Présidente. D'abord, je veux retenir de ces consultations que nous avons menées la contribution absolument intéressante
et pertinente des 12 témoins, les 12 groupes que nous avons reçus ici, que ce soient des partis politiques,
que ce soit le Directeur général des élections, que ce soient des maires,
des spécialistes, même, universitaires, des
chercheurs, des associations. Je pense que nous avons vraiment eu des
contributions qui nous ont permis d'éclairer
notre travail de législateurs, de parlementaires et je tiens vraiment à les
remercier, tous ces groupes, ces 12 groupes qui ont pris le temps,
la peine... qui ont mis de l'énergie pour venir présenter des mémoires de qualité, qui ont permis en même temps d'asseoir
le travail, de mettre la table pour le régime permanent qui viendra.
Parce que, bon, on n'a pas voulu être trop stricts, là, sur les propos par
rapport au projet de loi n° 26 comme tel, parce que plusieurs ont parlé, dans le fond, d'éléments qui
viendront dans le projet de loi sur le régime permanent, mais je pense
que ça nous a permis déjà de préparer le terrain.
D'ailleurs, j'invite les collègues à aller
consulter le document qui est en ligne sur le site du ministère des Affaires municipales,
qui s'appelle Réforme du financement politique municipal, document de
consultation, et qui permet vraiment de
faire une consultation plus à fond puis d'aller voir sur quelle réflexion on se
base, si on veut, et les principes
directeurs concernant le régime permanent, qui amène vraiment des questions
assez complexes et dans lequel on annonce clairement notre intention d'aller chercher les avis et puis d'aller
chercher les meilleures façons d'assurer l'indépendance des partis
politiques et des candidats, entre autres par la solution du financement public
accru. Je pense que le député de Beauce-Sud
se préoccupe beaucoup de la question du financement public accru, alors on pose
la question, dans le document de consultation sur la réforme du
financement politique municipal, d'un point de vue de régime permanent.
Maintenant, sur le fond des choses... En
passant, peut-être juste... Je fais un petit «rewind», là. Si on fait un choix éventuel de... Puis là-dessus j'essaie de comprendre
la position du député de Beauce-Sud, là, parce que je sens une forme de contradiction. Parce qu'il se préoccupe
beaucoup du crédit d'impôt, hein? À chaque question ou à peu près, je pense qu'il a abordé la question du crédit d'impôt
remboursable. Puis en même temps il nous dit qu'il est de plus en plus favorable à un régime public de financement, donc,
dans ce cas-là, qui n'a plus besoin de crédit d'impôt. Alors, il va
falloir qu'on se branche, là, sur quoi on fait le travail puis la réflexion.
Ceci
étant dit, sur le fond des choses, moi, ce que je remarque, c'est que de façon
très générale le projet de loi n° 26
reçoit un accueil très favorable, très favorable. Tous les groupes qui sont
venus ici nous ont dit qu'il fallait faire ça, qu'il fallait aller de l'avant, qu'il fallait donner un signal. Bien
sûr, il y a eu des variantes sur l'expression de ce signal et sur les modalités de ce signal, mais, si on prend
l'espèce de triumvirat, là, de mesures centrales de notre projet de loi,
le plafond des contributions, le plafond des
dépenses et l'augmentation du remboursement, je pense que de façon
générale nous avons eu des témoignages qui nous disent que ça passe la rampe
pour la prochaine élection.
Bien sûr, il y a des questions qui se posent
chaque fois qu'on présente un projet de loi, mais de façon générale les témoignages
que nous avons eus nous démontrent que globalement nos trois mesures, l'abaissement
du plafond des contributions à 300 $, baisser de 30 % le plafond de
dépenses et d'augmenter le remboursement à 60 %,
le remboursement des dépenses, je pense que globalement c'est quelque chose qui
reçoit l'adhésion. On a eu des interventions
sur ce qu'on appelle l'autocontribution à 1 000 $. Moi, je suis
encore très, très préoccupé par le message de cohérence qu'on doit
envoyer à la population et aux électeurs à l'effet qu'il n'y a qu'un montant
possible. Parce que déjà on amène une
distorsion dans le discours par rapport au 100 $ de la loi n° 2, le
200 $ de la loi n° 2 en année électorale. Nous, on arrive,
dans le régime temporaire, avec un 300 $. Là, on amènerait une quatrième
grille à 1 000 $ pour de l'autocontribution. Moi, je pense qu'on doit
avoir un souci ici de cohérence et de travail de clarification, de message
clair pour les électeurs.
L'autre chose, on a fait la démonstration
également, entre autres lors de nos discussions avec l'UMQ, que, quand on fait une comparaison entre l'élection au niveau
national, ici, à l'Assemblée nationale, et dans les villes, il n'y a pas tant
de différences que ça.
Puis on l'a trouvé, le fameux comté, Mme la Présidente,
qui représente les limites parfaites d'une
municipalité. Et je comprends qu'on n'y
avait pas pensé parce que c'est un nouveau comté créé avec la dernière réforme
de la carte. C'est le comté de
Granby, qui reprend les mêmes limites que de la ville de Granby. Et, pour un
maire, là, ça met, par électeur, 0,50 $ par électeur, et, pour un
candidat au poste de député, 0,70 $. Alors...
La Présidente (Mme
Beaudoin) : M. le ministre,
malheureusement le temps est écoulé.
M.
Gaudreault :
Oui. Alors, je termine vraiment en disant que je souhaite que nous puissions
faire une étude rapide de l'article par
article pour l'adopter rapidement. Merci.
La Présidente (Mme
Beaudoin) : Merci. Alors, je lève la
séance.
Et la commission,
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à
17 h 36)